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#221 Eliphas Lévi (A-L Constant)
Loriane Posté le : 07/02/2015 14:44
Le 8 février 1810 à Paris naît Éliphas Lévi, né Alphonse-Louis Constant

où il mourut le 31 mai 1875, ecclésiastique français et une grande figure de l'occultisme.
L'œuvre de Lévi représente un vrai trésor d'images dans lequel les auteurs de la période symboliste, puis les surréalistes, ont puisé abondamment.
Par sa seule période révolutionnaire, Eliphas Lévi serait passé à la postérité, même si sa vie s'était arrêtée en 1848. Mais sa célébrité tient surtout à la seconde période de son existence, celle qui va de 1854 à 1875. Lévi a d'abord le mérite d'avoir rappelé, et pratiquement codifié pour quelque temps, la vision théosophique du monde, c'est-à-dire une métaphysique fondée sur la doctrine analogique des correspondances, au sens baudelairien 1857 et traditionnel du terme. Par ce retour à la théosophie de toujours, il a contribué à spiritualiser l'ésotérisme de son temps, à répandre une Weltanschauung pour laquelle matière et esprit ne sont qu'une seule réalité. Son œuvre apparaît à cet égard aussi comme étant une réaction contre le spiritisme montant : les anges, les esprits intermédiaires, les émanations divines importent plus à Lévi que les évocations des morts, pratique impliquant une opposition entre l'en-deçà et l'au-delà, c'est-à-dire une conception dualiste. On peut donc le regarder comme un des rares philosophes de la nature en France, en un temps où l'Allemagne en comptait beaucoup. Son amitié et sa collaboration avec Louis Lucas, qui était un compagnon de Wronski et tentait d'introduire en France le principe de polarité, apparaissent significatives à cet égard : Lévi désirait, lui aussi, réconcilier les sciences occultes et les sciences traditionnelles d'une manière non réductrice, mais synthétique, englobante et créatrice. Il y a chez lui une pensée dialectique très ferme qui n'est ni celle de Hegel, ni — malgré sa philosophie de la nature — celle des présocratiques ; il se montre, au contraire, expert en maïeutique et dans l'art de rapprocher les contraires. Son esprit est plus mathématique qu'on ne l'a cru, mais selon une logique ouverte qui n'est pas incompatible avec celle du symbole.

En bref

Fils d'un cordonnier parisien, Alphonse-Louis Constant entra au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, qu'il quitta en 1836 après avoir été ordonné diacre. Les idées utopistes et humanitaires du temps l'absorbent alors tout entier : il se lie d'amitié en 1838 avec la socialiste Flora Tristan ; collabore avec Alphonse Esquiros à une revue qui révèle au public ses dons de dessinateur. Songeant encore parfois à accéder à la prêtrise, il y renonce définitivement à la suite d'un séjour, en 1839-1840, à l'abbaye de Solesmes où il a lu les gnostiques et Mme Guyon. Surveillant au collège de Juilly, où ses supérieurs le maltraitent, il compose, au grand scandale du clergé et des bien-pensants, La Bible de la liberté 1841, qui lui vaut d'être condamné la même année comme révolutionnaire et disciple de Lamennais, la prison dans laquelle il purge sa peine huit mois durant abrite aussi celui-ci ; il y lit Swedenborg. En 1843, il illustre des livres d'Alexandre Dumas et raconte, dans La Mère de Dieu, les misères de sa jeunesse. Mais c'est dans Le Livre des larmes 1845 qu'il développe pour la première fois des notions ésotérisantes. On le condamne encore à six mois de prison pour La Voix de la famine 1847, dont il ne fut pourtant pas le véritable auteur ; puis, la révolution de 1848 lui donnant plus de liberté, il commence à diriger une revue et un club. En 1851, il collabore au Dictionnaire de littérature chrétienne de l'abbé Migne, et rencontre sans doute Hoëné Wronski, dont l'œuvre fait sur lui une impression durable et l'oriente vers le messianisme napoléonien et la pensée mathématique. Il prend alors le nom d'Eliphas Lévi, se rend à Londres en 1854, y rencontre sir E. Bulwer-Lytton, évoque avec lui des esprits, dont celui d'Apollonius de Tyane, qui leur serait apparu tangiblement. Revenu en France, il achève son ouvrage intitulé Dogme et rituel de haute-magie qui paraît de 1854 à 1856, sous la signature d'E. Lévi. Alors commence le succès, mais non la fortune. En 1859, l'Histoire de la magie le consacre en attirant à lui la plupart des ésotérisants français, notamment Henri Delaage, Paul Auguez, Jean-Marie Ragon, Desbarolles, Henri Favre, Pierre Christian, Fernand Rozier, qui sera le jalon historique entre E. Lévi et Papus. E. Lévi publie en 1861 La Clef des grands mystères ; il retourne à Londres passer quelques mois auprès de Bulwer-Lytton. La maçonnerie du Grand-Orient l'admet dans son sein, mais le zèle du mage, qui prétend dèjà tout savoir sur elle, ne dure guère. Sa correspondance de neuf années avec le baron italien Nicolas Joseph Spedalieri nous livre de précieuses indications sur son évolution. Il publie Fables et symboles, 1862, ouvrage consacré au symbolisme de Pythagore, des Évangiles apocryphes et du Talmud, et La Science des esprits 1865, très critiquée à l'époque. Il travaille en même temps à un ouvrage superbe, mais d'une valeur historique contestable, Le Livre des splendeurs, qui traite surtout de la Kabbale du Zohar et qui ne paraîtra qu'après sa mort. Judith Gautier, fille de Théophile et épouse de Catulle-Mendès, se met à son école, tandis que son mari lui fait rencontrer Victor Hugo et le met peut-être en rapport avec Stanislas de Guaïta, qui plus tard lira les œuvres du mage et se fera le propagateur infatigable et autorisé de sa doctrine.
Pourtant Lévi n'échappe pas tout à fait à l'emprise du dualisme ambiant. Bien qu'il enseigne à ses disciples de se garder des voies opératives de la magie, il les suit lui-même car son tempérament, un peu comme celui de son contemporain Joseph Ennemoser en Allemagne, le porte plus vers l'expérimentation que vers l'approfondissement de l'herméneutique théosophique : chez lui, la cosmologie et ses applications dominent souvent au détriment de la cosmogonie et de l'eschatologie, encore que ce goût expérimental soit peut-être une simple concession à l'esprit du temps ; Lévi fut bien moins empiriste, en effet, que la plupart de ses contemporains, magnétiseurs et autres. Il reproche à Louis-Claude de Saint-Martin d'avoir un peu trop de penchant pour le mysticisme passif qui contemple le Verbe au lieu d'entrer dans la vie active du Verbe qui est la virilité de l'âme ; mais cette opposition à la pensée saint-martinienne reste fluctuante. C'est lui qui a inventé le mot occultisme, terme qui désigne l'aspect pratique, non la pensée, de l'ésotérisme, ainsi référé aux preuves tangibles de l'au-delà, aux pouvoirs, aux manifestations visibles de l'invisible. A l'époque symboliste, Papus et Chamuel publièrent le monumental Grand Arcane de Lévi, qui, dans cet ouvrage, se révèle vraiment le père de l'occultisme moderne. Peut-être Papus a-t-il lui-même arrangé le texte dans ce sens, développant le côté empiriste en l'amplifiant, car il semble que Lévi n'ait jamais, de son vivant, traité des sciences occultes dans l'acception papusienne du terme. Cependant, le fait que Lévi ait pratiquement commencé sa carrière de magiste lors de sa rencontre avec Bulwer-Lytton, auteur de romans fantastiques, et qu'il ait été contemporain de la naissance du spiritisme et de la littérature fantastique au sens précis du terme explique en partie pourquoi, jusqu'à l'époque présente, l'ésotérisme comme pensée ait été supplanté par l'insolite, les histoires de fantômes et le goût de l'étrange.

Sa vie

Alphonse-Louis Constant naquit le 8 février 1810, au nº5 de la rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, devenue depuis rue de l'Ancienne-Comédie à Paris, de Jean Joseph Constant et Jeanne Agnès Beaucourt. Il fut baptisé en l'Église Saint-André-des-Arts. Son père était cordonnier. Grâce à l'abbé J.-B. Hubault Malmaison, qui avait organisé dans sa paroisse un collège dispensant gratuitement les bases de l'instruction aux enfants pauvres, il fit ses premières études, puis entra en 1825 au petit séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet, dirigé alors par l'abbé Frère-Colonna, qui l'orienta peut-être déjà vers l'étude de la magie. En 1830, ayant terminé sa rhétorique, il passa selon la règle au séminaire d'Issy pour finir ses deux années de philosophie. La mort de son père intervint cette même année. Après Issy, il aboutit au séminaire de Saint-Sulpice pour faire sa théologie. Il y fut ordonné sous-diacre et tonsuré. En 1835, alors qu'il avait la charge de l'un des catéchismes de jeunes filles de Saint-Sulpice, la jeune Adèle Allenbach lui fut confiée par sa mère, avec mission de "la protéger tout spécialement et de l'instruire à part, comme si elle était la fille d'un prince".
Sa mère, fervente catholique et épouse d'un officier suisse, avait émigré en France en 1830 parce que la religion de sa fille lui semblait menacée, et toutes deux vivaient depuis dans un grand dénuement.

Le jeune abbé tomba peu à peu éperdument amoureux de sa protégée, en qui il crut voir la Sainte Vierge apparue sous une forme charnelle. Ordonné diacre le 19 décembre 1835, il quitta finalement le séminaire en juin 1836 avant de recevoir le sacrement de l'ordre ; mais entre-temps la jeune fille pour laquelle il s'était perdu l'avait délaissé.
Sa vieille mère infirme, qui avait mis toutes ses espérances en lui, fut très abattue par le départ de son fils du séminaire et se suicida quelques semaines plus tard en s'asphyxiant avec les émanations de son réchaud à charbon. A. Constant eut un instant l'idée d'entrer à la Trappe, mais ses amis l'en détournèrent. Il passa une année dans un pensionnat près de Paris, puis accompagna un ami comédien ambulant nommé Bailleul dans une tournée en province.
En 1838, il se lia d’amitié avec la socialiste Flora Tristan qui sera la grand-mère du peintre Paul Gauguin, et collabora avec Alphonse Esquiros, rencontré au petit séminaire, à une revue, Les Belles Femmes de Paris1, qui révéla au public ses dons de dessinateur. Alors qu'il parcourait les salons pour sa revue, il fit un jour la connaissance d'Honoré de Balzac, alors en pleine gloire, chez Mme de Girardin.

Songeant encore à accéder à la prêtrise, il partit pour l’abbaye de Solesmes, bien résolu à y passer le reste de ses jours. L'abbaye possédait une bibliothèque d'environ 20000 volumes, dans laquelle il puisa abondamment. Il étudia la doctrine des anciens gnostiques, celle des Pères de l'Église primitive, les livres de Cassien et d'autres ascètes, les pieux écrits des mystiques, et spécialement les livres de Mme Guyon. Durant son séjour, il fit paraître son premier ouvrage : le Rosier de Mai en 1839.
En intercédant auprès de l'archevêque de Paris, Mgr Affre, il finit par obtenir un poste de surveillant au collège de Juilly. Ses supérieurs le maltraitaient, et dans son écœurement il composa, au grand scandale du clergé et des bien-pensants, la Bible de la liberté 1841. L'ouvrage parut le 13 février et fut saisi à Versailles une heure après sa mise en vente. Un grand nombre d'exemplaires purent tout de même être sauvés, et l'abbé Constant fut arrêté dans les premiers jours du mois d'avril. Le procès eut lieu le 11 mai 1841, l'abbé fut condamné à 8 mois de prison et 300 francs d'amende. À la prison de Sainte-Pélagie, où il passa 11 mois n'ayant vraisemblablement pas de quoi régler l'amende... il retrouva son ami Esquiros et l'abbé de Lamennais. Tous les moyens furent apparemment employés pour le faire mourir de chagrin et de misère. On intercepta ses lettres pour en dénaturer le sens, l'accusa d'être un vendu à la police, et il dut en outre subir l'animosité de certains autres détenus. Il chercha des consolations dans l'étude, lisant pour la première fois les écrits de Swedenborg. Mais ses amis du dehors ne l'oubliaient pas. Une certaine Mme Legrand, très riche amie de Flora Tristan, fit en sorte d'adoucir l'ordinaire du prisonnier en lui faisant porter une nourriture plus variée.
À sa sortie en avril 1842, il obtint une commande de peintures murales pour l'église de Choisy-le-Roi grâce à l'aumônier de Sainte-Pélagie. En 1843, habitant le presbytère de Choisy, il commença l'écriture de la Mère de Dieu. Sa conduite était si exemplaire, que Mgr Affre décida de le recommander à Mgr Olivier, évêque d'Evreux. L'évêque était prêt à accueillir l'abbé à condition qu'il change son nom pour celui de sa mère, afin d'éviter tout scandale en rapport avec l'affaire de la Bible de la liberté.
C'est donc l'abbé Beaucourt qui partit pour Évreux en février 1843. Ses prédications y rencontrèrent un grand succès et suscitèrent beaucoup de jalousies parmi les prêtres du diocèse. Au mois de juin le journal l'Univers annonça la mort de l'abbé Constant, information démentie ensuite par le Populaire, puis le 22 juillet 1843 parut dans l'Écho de la Normandie un article intitulé le Nouveau Lazare dans lequel était dévoilée toute l'histoire de l'abbé Beaucourt : son identité, son procès et sa condamnation. Obligé de sortir du séminaire, il ne fut pas oublié par l'évêque d'Évreux qui pourvut à sa subsistance et chercha encore à l'aider par la commande d'une peinture murale pour un couvent. C'est dans la même année 1843, qu'il fut parrainé par des connaissances de son père pour intégrer une société secrète à Lausanne, montée en 1677 par Louis Quinault : l'Ordre Hermétique de la Rose-Croix Universelle, d'où il obtiendra le grade de Grand-Maître. Malheureusement, Mgr Olivier fut très affligé par la sortie de la Mère de Dieu 1844, et fin février 1844, l'abbé retourna à Paris en laissant sa peinture inachevée.
Il revit son amie Flora Tristan, qui mourut peu de temps après à Bordeaux. Il hésita longtemps avant de publier le manuscrit intégral de Flora Tristan, pensant qu'on l'en rendrait responsable, abandonna finalement le projet et édita le premier manuscrit sous le titre : l'Émancipation de la femme ou le Testament de la paria. À l'automne 1844, Mme Legrand lui demanda de venir à Guitrancourt afin d'achever l'éducation de ses enfants. Il y demeura un an puis retourna à Paris et fit paraître son manifeste pacifique, inspiré par Silvio Pellico : la Fête-Dieu ou le Triomphe de la paix religieuse 1845.
Les idées utopistes et humanitaires du temps l’absorbèrent alors tout entier. Deux mouvements surtout suscitèrent de sa part de profondes et longues méditations : le Saint-Simonisme et le Fouriérisme.

"L'école Saint-Simonienne, malgré ses qualités estimables, m'a toujours inspiré une vive répulsion. Ils ont de la vraie religion tout excepté l'esprit de piété; leur femme libre me fait horreur et ils ne peuvent comprendre la charité puisqu'ils méconnaissent l'amour. Ils sont froids comme l'industrialisme, tranchants, despotes et calculateurs. Je me fâche quand je les vois toucher si près à nos grandes vérités que leur sécheresse de cœur compromet et profane. Enfantin a certainement des aperçus remarquables mais il est plein d'égoïsme et de fatuité. "

— Correspondance avec le baron Spedalieri
"Fourier retourna le système de Swedenborg, pour créer sur la terre le paradis des attractions proportionnelles aux destinées. Par les attractions il entendait les passions sensuelles auxquelles il promettait une expansion intégrale et absolue. Dieu, qui est la suprême raison, marqua d'un sceau terrible ces doctrines réprouvées : les disciples de Fourier avaient commencé par l'absurdité, ils finirent par la folie.

— Histoire de la magie, p. 470
1845-1855 : Vers l'ésotérisme et l'occultisme

En 1845, dans le Livre des larmes, il développe pour la première fois des notions ésotérisantes. Durant cette période, il compose aussi des chansons et illustre deux ouvrages d'Alexandre Dumas : Louis XIV et son siècle et le Comte de Monte-Cristo. Adèle Allenbach, devenue actrice, vient le voir souvent. Elle conserva toujours la même admiration pour son petit-père dont elle accompagna le cercueil jusqu'à sa dernière demeure.
A. Constant habite quelque temps à Chantilly, puis revient se fixer à Paris, au nº 10 de la rue Saint-Lazare. Il devient l'ami de Charles Fauvety et les deux hommes fondent en 1845 la revue mensuelle : la Vérité sur toutes choses. Celle-ci ne parut que pendant 4 mois.
Depuis son retour d'Évreux, il se rendait fréquemment à Choisy-le-Roy où il avait rencontré en 1843 Mle Eugénie Chenevier, sous-maîtresse à l'Institution Chandeau. Parmi les pensionnaires de l'Institution se trouvait la jeune Marie-Noémi Cadiot, à laquelle Eugénie s'était liée d'amitié. Lorsque les deux jeunes filles sortaient le dimanche, A. Constant les accompagnait, et ils passaient tous trois de bons moments.

Eugénie Chenevier accepta d'être sa femme devant Dieu. Confiante en l'avenir, elle s'était déjà donnée à lui et attendait un enfant. Ce fils, Xavier Henri Alphonse Chenevier, qui naquit le 29 septembre 1846, vécut jusqu'en 1916, et eut lui-même un fils, Pierre, par la ligne d’Eugénie, la descendance d’Éliphas Lévi représente aujourd’hui plus de 40 personnes, à la sixième génération.
Mais Marie-Noémi Cadiot tomba amoureuse... Après avoir entretenu une correspondance enflammée avec A. Constant, elle s'échappe un beau jour de chez ses parents pour aller se réfugier dans la mansarde de celui-ci. Son père exige alors le mariage, sous la menace d'une accusation de détournement de mineure, car la jeune fille n'avait alors que 18 ans. A. Constant dut se résigner.
La cérémonie civile eut lieu à la mairie du Xe arrondissement, le 13 juillet 1846. La famille Cadiot n'avait pas voulu doter Noémi, et les deux époux étaient tellement dénués de ressources qu'ils firent leur repas avec quelques sous de pommes de terres frites achetées sur le Pont-Neuf.
Depuis l'affaire de la Bible de la liberté 1841, on empêchait A. Constant d'exprimer sa pensée en lui refusant l'insertion dans les journaux. À l'instigation de Noémi, il se remet à faire de la politique. Il collabore notamment à la Démocratie pacifique, et écrit un pamphlet virulent : la Voix de la famine. Le 3 février 1847, on le condamne encore à un an de prison et 1 000 francs d'amende. Sa femme demande grâce pour elle et l'enfant qu'elle porte auprès des ministères et obtient finalement sa libération au bout de 6 mois. Mme Constant accouche en septembre 1847 d'une fille, Marie. La petite Marie mourra en 1854 à l'âge de 7 ans, au grand désespoir de A. Constant qui l'adorait.
La révolution de février 1848 lui donnant plus de liberté, il commence à diriger une revue gauchiste : le Tribun du peuple, qui n'eut que quatre numéros, du 16 au 30 mars 1848. Il fonde ensuite avec ses amis Esquiros et Le Gallois un club politique : le Club de la montagne, composé surtout de travailleurs. Arrivent les journées de juin, insurrection des classes laborieuses amenée par la réaction pour faire périr la République naissante. Le 23 juin 1848 faillit être fatal à A. Constant : on fusilla, croyant avoir affaire à lui, un marchand de vin qui lui ressemblait au coin de la rue Saint-Martin et de la rue d'Arcis. Le 24, Mgr Affre, voulant apaiser les insurgés, reçut une balle et mourut trois jours plus tard. A. Constant désirait représenter le peuple à l'Assemblée nationale, mais sa tentative échoua. Son ami Esquiros fut en revanche élu le 13 mai 1849, et les deux hommes ne se fréquentèrent plus. le Testament de la liberté 1848, qui résume ses idées politiques, sera son dernier ouvrage du genre. À cette époque, Madame Constant, qui avait déjà publié dans la revue de son mari et fréquenté le Club des femmes de Mme Niboyet, se lance dans le monde parisien. Elle écrit dans le Tintamarre et le Moniteur du soir des feuilletons littéraires sous le pseudonyme de Claude Vignon, tiré d'un roman de Balzac. C'est une période de relative aisance pour le couple. Noémi prend des leçons du célèbre sculpteur Pradier, et grâce à cette haute relation A. Constant obtient deux commandes de tableaux du ministère de l'Intérieur.
Parallèlement, il lit la Kabbala Denudata de Knorr de Rosenroth, étudie les écrits de Jacob Boehme, Louis-Claude de Saint-Martin, Emanuel Swedenborg, Antoine Fabre d'Olivet, Chaho, et Görres.
Fin 1850, il rencontre l’abbé Jacques Paul Migne, fondateur et directeur de la librairie ecclésiastique de Montrouge, qui lui commande pour sa collection un Dictionnaire de la littérature chrétienne. Paru en 1851, l'ouvrage étonne par la science profonde qu'il renferme. Vers cette époque A. Constant rencontre le savant polonais Hoëné-Wronski, dont l’œuvre fait sur lui une impression durable et l’oriente vers la pensée mathématique et le messianisme napoléonien. Commence alors la rédaction du Dogme et rituel de la haute magie. Il prend le pseudonyme d'Éliphas Lévi, ou Éliphas Lévi Zahed, traduction en hébreu de Alphonse-Louis Constant que lui avait légué l'Ordre Hermétique de la Rose-Croix Universelle.
"La foi n'est qu'une superstition et une folie si elle n'a la raison pour base, et l'on ne peut supposer ce qu'on ignore que par analogie avec ce qu'on sait. Définir ce qu'on ne sait pas, c'est une ignorance présomptueuse; affirmer positivement ce qu'on ignore, c'est mentir."
— Dogme et rituel de la haute magie, p. 360
Mme Constant, qui avait une liaison avec le marquis de Montferrier, beau-frère de Wronski depuis quelque temps, s'enfuit un jour à Lausanne pour ne plus revenir. Profondément blessé, il se remet au travail pour tenter d'échapper au chagrin.

1854-1859 : Voyage et rencontres

Au printemps 1854, il se rend à Londres, y rencontre le Dr. Ashburner et Sir Edward Bulwer-Lytton, célèbre auteur de romans fantastiques, Zanoni, le Maître Rose-Croix est son ouvrage le plus connu, qui devient son ami et le fait admettre au sein des cercles rosicruciens. Encouragé par une amie de celui-ci initiée de haut grade, il tente une série d'évocations. Au cours de l'une d'elles, le fantôme d’Apollonius de Tyane lui apparaît en lui indiquant l'endroit de Londres où il pourrait trouver son Nyctemeron, cf. le récit du séjour dans Dogme et rituel de la haute magie, pages 132 à 135. Pourtant Éliphas Lévi demeurera toujours opposé aux expériences de magie. Quand plus tard il eut quelques disciples, il leur fit promettre de ne jamais tenter la plus petite expérience et de ne s'occuper que de la partie spéculative de la philosophie occulte.
Mle Eugénie Chenevier était à Londres depuis quelques années, où elle gagnait péniblement de quoi élever son enfant. A. Constant lui écrivit pour lui demander son pardon et il l'obtint. Pendant ce temps à Paris, son ami Adolphe Desbarolles prend avec l'ex-Mme Constant les arrangements nécessaires et fait déménager les affaires personnelles du Maître.
Revenu en France en août 1854, Éliphas loge quelque temps dans l'atelier de peintre de son ami Desbarolles, puis habite une modeste chambre d'étudiant au 1er étage du nº 120 boulevard du Montparnasse, où il achève Dogme et rituel de la haute magie, qui paraît de 1854 à 1856. Alors commence le succès, mais non la fortune.
En 1855, il fonde avec Fauvety et Lemonnier la Revue philosophique et religieuse qui paraîtra pendant trois ans et dans laquelle il écrit de nombreux articles sur la Qabbale. Délaissant un peu la philosophie occulte, il se remet à composer des chansons. L'une d'elle, dans laquelle il compare Napoléon III à Caligula lui vaut une nouvelle fois la prison. Mais quelques jours après son incarcération il écrit une autre chanson où il explique satiriquement que les juges ont commis une méprise, qu'il n'a jamais comparé personne à Caligula, et la fait porter à l'empereur qui lui pardonne. D'avril à juin 1856 il publie des chansons dans le Mousquetaire d'Alexandre Dumas grâce à Desbarolles.

Le 3 janvier 1857, un événement sanglant plonge Paris dans la stupeur. L'archevêque de Paris, Monseigneur Sibour, est assassiné par un prêtre interdit, Louis Verger, alors qu'il inaugurait la neuvaine de Sainte Geneviève à Saint-Étienne-du-Mont. Les deux nuits précédentes, Éliphas avait fait selon ses dires un rêve prémonitoire qui se terminait pas les paroles : "viens voir ton père qui va mourir ! ". Son père étant mort depuis longtemps, il n'en comprit pas immédiatement le sens. Le 3 janvier vers quatre heures de l'après-midi, Éliphas se trouvait parmi les pèlerins qui assistaient à l'office au cours duquel l'archevêque devait succomber. Mais ce n'est qu'en lisant plus tard la description de l'assassin dans les journaux, qu'il se souvint d'un prêtre pâle rencontré avec Desbarolles un an auparavant chez Mme A. et qui cherchait le grimoire d'Honorius. Cet épisode est relaté en détail dans la Clef des grands mystères 1861, pages 139 à 151.
Après trois années passées boulevard du Montparnasse, il va loger au nº 19 avenue du Maine vers juin 1857. Cette chambre ensoleillée, qu'il décore en mettant à profit ses talents d'artiste, verra les sept meilleures années de sa vie.
1859-1874 : Publications significatives, fin de vie
En 1859, la publication de l'Histoire de la magie lui rapporte 1 000 francs, ce qui est une somme pour l'époque, et le consacre en attirant à lui la plupart des ésotérisants français, notamment Henri Delaage, Luc Desages, Paul Auguez, Jean-Marie Ragon, Henri Favre, et le docteur Fernand Rozier, que l'on retrouvera plus tard aux côtés de Papus. Il connut aussi le cartomancien Edmond et le magnétiseur Cahagnet.
Sollicité par ses amis Fauvety et Caubet, il se fait recevoir maçon. Initié le 14 mars 1861 dans la loge la Rose du parfait silence, dont Caubet était le Vénérable, il déclare dans son discours de réception :
"Je viens apporter au milieu de vous les traditions perdues, la connaissance exacte de vos signes et de vos emblèmes, et par suite, vous montrer le but pour lequel votre association a été constituée...Car la rose et la croix m'ont tout donné"

— Caubet, Souvenirs, Paris, 1893
La cérémonie eut lieu en présence d'un grand nombre de frères à qui il tenta d'expliquer que le symbolisme maçonnique est emprunté à la Rose-Croix et la Kabbale. Mais ce fut peine perdue, on ne l'écouta pas.

Entre temps, Mle Eugénie Chenevier et son fils étant revenus à Paris, Éliphas fait savoir qu'il désire s'occuper de l'enfant. La mère cède à ce désir, mais une brouille survient en 1867 pour des questions d'argent et il ne reverra plus ni la mère, ni le fils jusqu'à sa mort. En 1861, il publie la Clef des grands mystères, dernier volet de la trilogie commencée avec Histoire de la magie et Dogme et rituel de la haute magie.

Le Maître travaille beaucoup, initiant à l'occultisme des érudits appartenant à la plus haute aristocratie, et même l'évêque d'Évreux, Mgr Devoucoux, à qui il donne des leçons de Qabbale. Grâce à l'argent perçu en rémunération de ses leçons, il vit dans un relatif confort matériel, enrichissant sans cesse sa bibliothèque. Avec le comte Alexandre Branicki, hermétiste, il réussit quelques expériences probantes du Grand Œuvre dans un laboratoire installé au château de Beauregard, à Villeneuve-Saint-Georges. Ce château appartenait à la veuve d'Honoré de Balzac et Éliphas devint bientôt l'ami du beau-fils de Madame de Balzac, le comte Georges Mniszech. Le château, saccagé par les Prussiens en 1870, est aujourd'hui une maison de retraite à Villeneuve-Saint-Georges.
En mai 1861, il retourne à Londres, accompagné du comte Alexandre Branicki, passer quelques mois auprès de Bulwer-Lytton, arrivé cette année-là à la tête de la Rosicrucian Society of England. Au cours de ce deuxième séjour, Éliphas Lévi rend plusieurs fois visite à Eugène Vintras, qui lui avait envoyé deux de ses disciples pour l'inviter des années auparavant. Il le considère non pas comme un prophète, mais comme un médium singulier, un intéressant sujet d'études, et lui achète même son livre l'Évangile éternel.
En juillet 1861, le baron italien N-J Spedalieri avait acheté chez un libraire de Marseille le Dogme et rituel de la haute magie et décidait de prendre contact avec l'auteur. S'ensuivit une correspondance de plus de 1 000 lettres qui dura du 24 octobre 1861 au 14 février 1874. C'est un cours de Qabbale unique, précis, rempli de figures explicatives et d'anecdotes. Spedalieri fut l'un des plus importants mécènes du professeur de sciences occultes.
Rentré à Paris, Éliphas Lévi publie le Sorcier de Meudon, dédié à Mme de Balzac, Ewelina Rzewuska Comtesse Hanska. Depuis son retour de Londres, il assiste régulièrement aux réunions maçonniques de la loge Rose du parfait silence. Le 21 août 1861, on lui confère le grade de Maître. À la suite d'un long discours sur les Mystères de l'initiation qu'il prononça le mois suivant, un Frère, le professeur Ganeval, ayant voulu présenter quelques observations sur ce qui venait d'être dit, se heurta aux protestations d'Éliphas, qui se retira et ne reparut plus en loge. Les tentatives de Caubet pour le faire revenir sur sa décision le lendemain furent infructueuses. La loge Rose du parfait silence sera mise en sommeil en 1885, mais n'y cherchons peut-être pas, comme Oswald Wirth, une relation de cause à effet.
"J'ai cessé d'être Franc-Maçon parce que les Francs-Maçons, excommuniés par le Pape, ne croyaient plus devoir tolérer le catholicisme. "
— le Livre des sages
Le 29 août 1862 paraît Fables et symboles, ouvrage dans lequel Éliphas Lévi analyse les symboles de Pythagore, des Évangiles apocryphes, du Talmud...etc. Quelques fois il fréquente incognito les réunions spirites pour se documenter. Pierre Christian, auteur de l'étrange roman l'Homme rouge des Tuileries, fut le voisin et l'ami d'Éliphas et profita de ses entretiens et de ses leçons toutes bénévoles. En 1863 meurt Louis Lucas, chimiste initié aux secrets d'Hermès, disciple de Wronski et ami d'Éliphas.
Le 15 mai 1864, Éliphas déménage dans un trois pièces au 2e étage du nº 155 rue de Sèvres, sa dernière demeure. En 1865 paraît la Science des esprits, recueil d'essais traitant à nouveau du symbolisme des Évangiles apocryphes, du Talmud, etc.absolument rien à voir avec le spiritisme. À l'été 1865, l'éditeur Larousse lui demande d'écrire quelques articles de Qabbale pour son Grand Dictionnaire. Il travaille en même temps à un ouvrage superbe, mais d’une valeur historique contestable, le Livre des splendeurs, qui traite surtout de la Qabbale du Zohar et qui ne paraîtra qu’après sa mort. À cette époque il commence à ressentir souvent des douleurs névralgiques à la tête, qui le font beaucoup souffrir. Durant le siège de Paris en 1870, sa vie fut des plus pénibles car les communications avec la province étant coupées, il ne pouvait plus recevoir de subsides de la part de ses élèves. La dureté de son service comme Garde National révèle une maladie de cœur. Une fois la Commune terminée, le Maître totalement dénué de ressources une fois de plus, trouve chez une de ses élèves, Mme Mary Gebhard, qui habitait Elberfeld en Allemagne, une longue et chaude hospitalité. Les événements lui inspirent quelques pensées qu'il réunit sous le titre les Portes de l'avenir.
À son retour d'Allemagne, il apprend la mort de la baronne Spedalieri. La mort de sa femme affecte tellement le baron qu'il se croit devenu matérialiste et athée et finit par se détourner du Maître. En décembre 1871, Éliphas Lévi termine un autre manuscrit : le Grimoire franco-latomorum, consacré à l'explication des rites de la Franc-maçonnerie. À l'automne 1872, son ex-femme, écrivain et sculpteur désormais reconnue, se marie avec le député de Marseille, Maurice Rouvier, qui deviendra ministre du commerce. Sa santé continue de se détériorer. À cause d'une maladie de cœur il est sujet à des évanouissements au cours desquels il dit avoir des visions extatiques. Pendant l'année 1873, il achève le manuscrit de l'Évangile de la science.
En novembre 1873, Judith Mendès, fille de Théophile Gautier, avait eu besoin pour un de ses romans orientaux, de renseignements sur la Kabbale chaldéenne. La renommée l'avait conduite tout droit chez Éliphas Lévi, qui invité un jour chez son père, avait prédit à la jeune fille ses succès de jeune femme en lisant dans sa main. Son mari Catulle Mendès présenta Éliphas à l'écrivain Victor Hugo, qui paraît-il connaissait les ouvrages du Qabbaliste et les avait même appréciés.
L'année 1874 fut très douloureuse à passer : une bronchite assez grave, des étouffements, et une fièvre persistante ne lui laissèrent presque aucun repos. Ses jambes s'enflèrent peu à peu et une sorte d'éléphantiasis se déclara bientôt. En janvier 1875, le Maître achève son dernier manuscrit : le Catéchisme de la paix. Le 31 mai 1875, il s'éteint au nº 155 rue de Sèvres, à l'âge de 65 ans. On l'inhuma au cimetière d'Ivry, une simple croix de bois marquant l'emplacement de sa tombe. En 1881, son corps fut exhumé et ses restes placés dans la fosse commune.

Å’uvres d'Alphonse-Louis Constant

1832 : Nemrod paru dans le Dictionnaire de littérature chrétienne
1839 : le Rosier de mai ou la Guirlande de Marie
1841 : La Bible de la liberté
1841 : l'Assomption de la femme ou le Livre de l'amour
1841 : Doctrines religieuses et sociales
1844 : la Mère de Dieu, épopée religieuse et humanitaire
1845 : la Fête-Dieu ou le Triomphe de la paix religieuse
1845 : Paix ! Paix ! Réprimande adressée par un abbé et un théologien à Timon qui n'est ni l'un ni l'autre
1845 : le Livre des larmes ou le Christ consolateur, Essai de conciliation entre l'Église catholique et la philosophie moderne
1845 : les Trois Harmonies
1846 : la Dernière Incarnation
1846 : La Voix de la famine
1847 : le Deuil de la Pologne. Protestation de la Démocratie française et du Socialisme universel
1847 : Rabelais à la Basmette
1847 : les Trois Malfaiteurs
1847 : le Sorcier de la Devinière
1848 : la Marseillaise du peuple chanson
1848 : le Règne du peuple chanson
1848 : le Testament de la liberté
1851 : Dictionnaire de la littérature chrétienne
Œuvres signées sous le pseudonyme d'Éliphas Lévi

1854 : Dogme et rituel de la haute magie tome 1 de 2
1859 : Histoire de la magie
1859 : la Clef des grands mystères suivant Hénoch, Abraham, Hermès Trismégiste et Salomon
1861 : Le Sorcier de Meudon
1863 : Appel de la Pologne à la France par un Polonais
1863 : Philosophie occulte. Première série : Fables et Symboles
1865 : Philosophie occulte. Seconde série : la Science des esprits

Ouvrages posthumes

1854 : la Clavicule universelle des clavicules de Salomon ou le Grimoire des Grimoires
1856 : Carnet de notes d'Éliphas Lévi
1860 : la Clavicule prophétique des sept esprits de Jean Trithème
1861 : les Mystères de la Kabbale ou l'Harmonie occulte des deux testaments
1861 : Cours de philosophie occulte. Lettres au baron Spedalieri
1868 - 1869 : Le Grand Arcane ou l'Occultisme dévoilé, Chamuel, 1898
1869 - 1870 : le Livre des splendeurs
1869 - 1870 : le Livre des sages
1870 : les Éléments de la Kabbale
1871 : les Portes de l'avenir ou les Dernières Paroles d'un voyant
1871 : le Grimoire franco-latomorum
1872 - 1874 : le Voile du temple déchiré
1873 : l'Évangile de la science
1873 : la Religion de la science
1873 : les Paradoxes de la haute science
1874 : la Sagesse des Anciens
1874 : le Livre d'Abraham le Juif retrouvé
1875 : le Catéchisme de la paix suivi de Quatrains de la Bible et de la Bible de la liberté
date non connue : Le Livre d'Hermès restitué et expliqué par Éliphas Lévi et commenté par Éliphas Ben Zahed, avec quarante-sept figures in texte et un album cartonné contenant les soixante-dix-huit lames du Tarot
date non connue : l'Annexe de Salomon

Baphomet, figure tirée de Dogme et Rituel de la Haute Magie de Éliphas Levi, 1854

Bibliographie

Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
Arnaud de l'Estoile, Qui suis-je ? Éliphas Lévi, Pardès, Grez-sur-Loing, 2008.
Daniel S. Larangé, Théologie mariale et discours féministe: la foi romantique en l´avenir du pouvoir féminin selon l´abbé Alphonse-Louis Constant, Tangence, 94 automne 2010,
Christiane Buisset, Eliphas Lévi, sa vie, son oeuvre, ses pensées, Guy Trédaniel, Juin 1985, Edition du Pélican, Juin 2014.

Divers

"Éliphas Lévi" est le titre d'une chanson de l'album Merci du groupe Magma
Les éditions Le Soleil Noir publièrent leurs ouvrages avec une accroche signée Éliphas Lévi.

Références

Les Belles Femmes de Paris. Par des hommes de lettres et des hommes du monde, Paris, au bureau 10 rue Christine, 1839 : comporte des lithographies signées Gsell d'après des dessins d'Alphonse Constant.
Baphomet
Kabbale
Lumière Astrale
Magie
Occultisme
Papus
Stanislas de Guaita


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#222 Jean-Louis Guez de Balzac
Loriane Posté le : 07/02/2015 14:42
Le 8 février 1654 meurt Jean-Louis Guez de Balzac

à Angoulème, nommé également " le grand épistolier", né dans la même ville le 31 mai 1597, écrivain libertin français, très réputé en son temps pour la qualité de sa prose, il excelle dans la littérature baroque, le libertinage, qui apparaît notamment dans ses Lettres. Son art de la satire mordante éclate dans Le Prince, pseudo-éloge de Louis XIII. Il est distingé par l'académie française en Mars 1634. Ses Œuvres principales sont "Lettres " 1er recueil en 1624 ; 2nd recueil en 1636, "Entretiens" en 1657, "Le Prince" en 1631

En bref

Le maître de la littérature épistolaire et l'un des créateurs de la prose classique dans la première moitié du XVIIe siècle. Balzac met d'abord sa plume au service du duc d'Épernon et tente de jouer lui-même un rôle politique. Ses ambitions sont vite déçues et, après un séjour à Rome, il se retire dans sa province natale, devenant, surtout à partir de 1628, l'ermite de la Charente. C'est comme littérateur qu'il exercera le pouvoir qu'il n'a pu ou, assure-t-il, voulu acquérir comme homme d'État ; c'est dans sa correspondance qu'il manifestera une éloquence que la situation politique interdit de déployer à la tribune ou au barreau. En 1624, il publie un premier recueil de Lettres qui obtient un succès triomphal : il sera désormais l'unico eloquente, le prince de l'éloquence. Il ne fait à Paris que des séjours de plus en plus rares, paraissant alors à l'Académie française, dont il a été l'un des premiers membres, mais où il est dispensé d'assiduité et à l'hôtel de Rambouillet. Mais on lit dans la capitale ses dissertations et ses traités : Le Prince, 1631, portrait du souverain idéal ; Le Barbon, 1648, pamphlet dirigé contre des pédants ; Le Socrate chrétien, 1652, amplification morale et panégyrique de la religion catholique ; Aristippe, qui ne paraîtra qu'après sa mort, 1658 et qui pose, à propos des mœurs de la Cour, le problème de la conciliation de la morale individuelle et de la politique. On y lit surtout ses lettres. Adressées à des grands, à des confrères, Chapelain, Conrart..., à des amis, elles abordent de multiples sujets, moraux, politiques, littéraires, ou, parfois, décrivent la vie de l'auteur dans son désert, Pour les nouvelles du grand monde que vous m'avez fait savoir, en voici de notre village »... et de cette nature qu'il sait, mieux que tout autre à son époque, peindre et chanter ; elles sont périodiquement rassemblées et publiées, et occuperont, dans l'édition posthume de 1665, un gros volume comprenant vingt-sept livres. Balzac y prolonge l'effort de Malherbe, en qui il reconnaît son maître : il veut opérer dans la prose la révolution que ce dernier a accomplie dans la poésie. Par ses idées sur la langue et sa doctrine littéraire, par son style très travaillé, très recherché, et dont — en dépit de son caractère suranné — on apprécie encore aujourd'hui l'aisance et l'exemplaire correction, par la sûreté de ses jugements aussi, il a plus de confiance dans son goût et dans la raison que dans les règles, il exerce, depuis sa province, une grande influence sur la vie littéraire du temps. Salué avec enthousiasme par les uns — surtout par la jeune génération que séduit, en outre, la figure pathétique de ce personnage valétudinaire et neurasthénique, A. Adam — comme le meilleur représentant du modernisme, attaqué avec violence par les autres qui lui reprochent de dénigrer les Anciens et de ruiner la tradition humaniste, il s'attire de nombreuses polémiques, sans compter les querelles que provoque son caractère impérieux, susceptible et rancunier. À mesure qu'il se cloître dans sa solitude, il « va devenir de plus en plus un critique littéraire. C'est là qu'il a donné sa véritable mesure et joué un grand rôle. Ses lettres sont en effet des articles de critique, et de la critique la meilleure, A. Adam. La place qu'il occupe dans le monde des lettres est si considérable, le poids dont il pèse sur son époque si grand que, de même que ce champion du naturel a été le créateur du parler Balzac Charles Sorel pourra, de cet irréductible adversaire du pédantisme, faire une énorme caricature, sous les traits du pédant Hortensius.
BC
Sa vie

Guez de Balzac, surnommé le restaurateur de la langue française, compte parmi les écrivains ayant le plus contribué à réformer la langue française. Il était le fils du maire d’Angoulême, Jean-Louis Guez, qui fut anobli et prit le nom du fief de Balzac, au bord de la Charente, où il fit bâtir son château.
Il fit des études chez les jésuites, à Angoulême et à Poitiers où il fréquenta son université pour y apprendre la théologie.
Après, Guez de Balzac fit, en 1612, des études à l’université de Leyde où il fut le condisciple, et probablement l’amant, de Théophile de Viau avec qui il échangera par la suite d’amères récriminations. Il fut ensuite le secrétaire du duc d'Épernon à Metz.
Après avoir passé deux ans à Rome de 1621 à 1623 comme agent du cardinal de La Valette, il vint à Paris où il s’était fait connaître par ses lettres qui, adressées à ses connaissances et aux personnages importants de la cour, lui firent une grande réputation. Richelieu le remarqua et lui fit donner la fonction d’historiographe et le brevet de conseiller du roi en ses conseils avec une pension de 2 000 livres.
Paru en 1624, le premier volume de ses Lettres lui valut d’emblée les plus grands éloges. Surnommé le grand épistolier, il devint l’oracle de l’hôtel de Rambouillet, côtoyant entre autres, Chapelain, Malherbe ou Boisrobert. Néanmoins l’orgueil, vu comme un signe de libertinage caractérisant ses Lettres, fera bientôt l’objet d’attaques de la part du jésuite François Garasse.
L’année suivante, accusé d’avoir pillé les auteurs anciens et modernes, il est attaqué par Jean Goulu, supérieur de l’ordre des Feuillants, dans son pamphlet Lettres de Phyllarque à Ariste de 1627.
Son naturel vaniteux s’accommodant mal tant des attaques incessantes contre ses ouvrages que des polémiques de la vie littéraire parisienne, il se retira dans sa terre de Balzac où il put satisfaire son humeur sombre en se livrant presque entièrement à des exercices de piété qui le firent nommer l’ ermite de la Charente. Ceci ne l’empêcha pas de continuer à correspondre activement avec ses amis parisiens et de rester l’arbitre du bon goût en matière de style.

Bien qu’ayant toujours répliqué par des railleries aux sollicitations de Chapelain et Boisrobert, il paraît avoir été inscrit d’office à l’Académie française en mars 1634, ce qui en fit un des premiers membres bien qu’il n’y ait probablement jamais siégé. Sa retraite à Angoulême l’y fit dispenser de la résidence. Il y fonda néanmoins le premier prix d’éloquence avec un legs de 2 000 livres.
Cet hypocondriaque au grand appétit distribua sur la fin de sa vie tous ses biens aux œuvres de charité avant de se retirer au couvent des capucins d'Angoulême où il mourut en odeur de sainteté, léguant 12 000 livres à l’hospice d’Angoulême.
Les œuvres de Guez de Balzac se composent de Lettres, adressées à Conrart, Chapelain et autres ; de Discours, d’Entretiens, de Dissertations littéraires, de petits traités, dont les principaux sont Aristippe ou la Cour, une réflexion sur le machiavélisme ; le Prince, une apologie de Louis XIII et de son ministre, dont le ton grandiloquent masque à peine les intentions satiriques ; le Socrate chrétien, essai de doctrine et de morale religieuses ; de quelques poésies françaises et de vers latins.
La réputation actuelle de Balzac se fonde essentiellement sur ses Lettres dont un premier recueil parut en 1624 et un second en 1636 : on y rencontre une élégance et une harmonie jusque-là jamais rencontrées dans aucun ouvrage en prose de langue française. Bien que la substance en soit vide et affectée, les lettres de Guez, qui connaissait également l’italien et l’espagnol, démontrent une véritable maîtrise du style en introduisant dans la prose française une clarté et une précision nouvelles qui encouragent à développer la langue française sur ses propres ressources en privilégiant les plus idiomatiques de ses éléments. Il peut donc à bon droit être crédité d’avoir réalisé pour la prose une réforme parallèle à celle de Malherbe pour la poésie.

Balzac a joué un rôle essentiel dans la formation de la prose classique. Il occupe, dans les courants culturels et stylistiques de son époque, une position médiatrice entre la Cour et l'humanisme érudit parlementaire. Descendant par sa mère d'une dynastie de robe, élève de Nicolas Bourbon, il a l' air de la Cour et les références de l'érudit, il parachève ses études à l'université de Leyde et par un séjour à Rome en 1621-1622. Dans les Lettres, 1624 qu'il adresse non seulement à la société précieuse de l'hôtel de Rambouillet mais à toute l'Europe savante, il prend soin d'adapter en français les raffinements de la rhétorique latine, Cicéron, Sénèque, les Pères de l'Église. Ces lettres portent tout à la fois sur des sujets de circonstance comme sur des questions politiques, littéraires ou morales. Le succès que rencontrent les Lettres est dû à la nouveauté avec laquelle Balzac associe panégyrique et harangue, pour montrer que le genre épistolaire est capable d'abriter toutes les formes d'éloquence. Le Prince, 1631 est une peinture du souverain idéal, tout dévoué à la chose publique. Le pouvoir trouve dans la volonté divine à la fois sa légitimité et ses limites.
Après l'échec du Prince, Balzac se rapprochera de l'humanisme dévot et sera reçu dans le cercle des frères Dupuy. Il n'a jamais fait passer les mots avant les idées, comme en témoigne le Socrate chrétien 1652, dont l'argument est de concilier la morale antique avec la religion chrétienne, en faisant l'apologie de l'éloquence laconique de la Bible. Héritier de Montaigne, par son sens de la modernité et du moi, de Malherbe, par son souci de l'élocution, Balzac fut en un temps de confusion et de désordre l'initiateur d'une éloquence équilibrée et d'une langue à la fois souple et structurée dont l'évidence classique a fait souvent oublier la genèse.

Notes

*Il grandit au sein de l'auberge familiale, Chez la mère Guez de Balzac
* "...Vous m'advisez du mal que donnent les garces, priez Dieu que les Chirurgiens ne descouvrent jamais la cause qui vous fit éviter celuy-là pour vous en donner un pire. On dit que vous estes un estrange masle ; je l'entens au rebours, et je ne m'estonne pas si vous estes si médisant contre les dames. Vous sçavez que depuis quatorze ans de nostre cognoissance, je n’ay point eu d'autre maladie que l'horreur des vostres. Mes desportemens ne laissent point en mon corps quelque marque d'indisposition honteuse, non plus que vos outrages en ma réputation, et après une très-exacte recherche de ma vie, il se trouvera que mon adventure la plus ignominieuse est la fréquentation de Balzac ". Lettre de Théophile de Viau à Guez de Balzac, 1626, in F. Lachèvre, Le Procès de Théophile de Viau, Librairie ancienne, Honoré Champion éditeur, 1909, tome premier p. 555
*Celui-là même qui essayait de faire condamner Théophile au bûcher. Il y a d’ailleurs fort à croire que, comme pour Théophile, les mœurs de Guez n’étaient probablement pas étrangères au motif véritable de l’attaque dont il fut l’objet de la part du parti dévot.
*Voltaire reprochait à Guez de s’être plus occupé des mots que des pensées.

Références

Jean Goulu, Recueil des pièces touchant l’éloquence, et les différends entre Narcisse, Phylarque & Aristarque, Paris, 1628
François Ogier, Apologie pour Monsieur de Balzac, 1627, Saint-Étienne : Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1977

Å’uvres

Œuvres diverses 1644. Paris, Honoré Champion, 1995
Les entretiens 1657. Paris, M. Didier, 1972
Aristippe, ou De la cour 1658
Les entretiens de feu monsieur de Balzac 1663
Les premières lettres de Guez de Balzac, 1618-1627, Paris, E. Droz, 1933-1934
Œuvres 1665 Genève, Slatkine Reprints, 1971
Å’uvres choisies, Paris, Larousse, 1936
Le prince, Éd. Christian Leroy. Paris : Table ronde, 1997
Épîtres latines Sous la direction de Jean Jehasse, préface de Bernard Yon, Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1982
Socrate chrestien par le Sr De Balzac et autres Å“uvres du mesme Autheur. Amsterdam, Pluymer, 1662. In-12
271 en réalité 281 puisqu’une erreur typographique ajoute dix pages à l’ouvrage : p. 1-192,


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#223 Mary Shelley 1
Loriane Posté le : 31/01/2015 19:46
Le 1er février 1851 meurt Mary Shelley

à 53 ans, à Belgravia Londres, "mère " de frankenstein, née Mary Wollstonecraft Godwin le 30 août 1797 à Somers Town, un faubourg de Londres aujourd'hui dans le district de Camden, femme de lettres anglaise, romancière, nouvelliste, dramaturge, essayiste, biographe et auteur de récits de voyage elle appartient au mouvement romantique, . Elle est surtout connue pour ses oeuvres fantastiques, tragiques, sublime dont son roman Frankenstein ou le Prométhée moderne sont les plus connus.
Fille de la philosophe féministe Mary Wollstonecraft et de l'écrivain politique William Godwin, elle perd sa mère alors qu'elle-même n'est âgée que de onze jours. Son père se remarie quatre ans plus tard. Il offre à sa fille une éducation riche et l'encourage à adhérer à ses théories politiques libérales. En 1814, Mary Godwin entame une liaison avec un homme marié, partisan de son père, Percy Bysshe Shelley. Accompagné de Claire Clairmont, la fille de la belle-mère de Mary, le couple voyage à travers l'Europe. Au cours des deux années qui suivent, Mary et Percy affrontent un endettement permanent et la mort de leur fille. Ils se marient en 1816, après le suicide de la première épouse de Percy.
En 1816, lors d'un séjour près de Genève, Mary devenue Mary Shelley écrit son premier roman, Frankenstein. En 1818, les Shelley quittent la Grande-Bretagne pour l'Italie, où meurent leur deuxième et leur troisième enfant, avant que Mary Shelley ne donne naissance à son fils, Percy Florence Shelley, qui seul survivra. En 1822, son mari se noie dans le golfe de la Spezia, au cours d'une tempête. Un an plus tard, Mary Shelley retourne en Angleterre et, dès lors, se consacre entièrement à l'éducation de son fils et à sa carrière d'auteur. Les dix dernières années de sa vie sont marquées par la maladie. Elle décède d'une tumeur du cerveau le 1er février 1851.
Jusqu'aux années 1970, Mary Shelley, outre son Frankenstein, est surtout connue pour les efforts qu'elle fit en vue de faire publier les œuvres de son mari. Les études récentes ont permis une vision plus complète de son œuvre et montré que Mary Shelley est restée toute sa vie une radicale sur le plan politique, soutenant l'idée que la coopération et la solidarité, pratiquées tout naturellement par les femmes au sein de leur famille, sont la voie qui permet de réformer la société civile.

En bref

De l'aveu même de Mary Shelley, fille unique de deux écrivains, William Godwin et Mary Wollstonecraft, sa vocation littéraire va de soi. On peut cependant admirer la précocité dont elle fait preuve dans la meilleure et la plus célèbre de ses réalisations littéraires, Frankenstein, publié en 1818 et commencé au cours de l'été 1816 qu'elle passe en Suisse en compagnie de son mari, le poète Percy Bysshe Shelley, de lord Byron et du Dr Polidori. La lecture commune d'histoires allemandes de revenants, dans leurs traductions françaises, les incite à un défi selon lequel chacun doit tenter, à son tour, d'écrire une histoire de revenants. Mais, seule Mary Shelley réussit à mener son projet à bien. Le pouvoir de sa propre vision imaginative, mais aussi les longues conversations philosophiques qu'entretiennent alors Byron et Shelley sont à l'origine de l'histoire de Frankenstein ou le Prométhée moderne (Frankenstein, or the Modern Promethus), où s'allient aux mythes de la poésie romantique certains effets de terreur propres au roman gothique en vogue deux décennies plus tôt. Le monstre sans nom, créé par Frankenstein, abhorré de son créateur, terrifiant et pourtant « trop humain », pourrait bien se nommer Adam, Caïn, Satan... À travers ces figures multiples s'expriment une même quête, une même interrogation angoissée sur la condition humaine, une même révolte désespérée. On le voit, le mythe Frankenstein, tel qu'il se développera par la suite dans la littérature populaire et surtout au cinéma, même si son caractère de « science-fiction » lui est conservé, est le plus souvent en rupture avec l'œuvre d'origine. Celle-ci s'inscrit, de par l'insertion sociale de son auteur, dans un courant littéraire où répondent, comme en écho, le Prométhée délivré (Prometheus Unbound, 1820) de Shelley, Le Dit du vieux marin (The Rime of the Ancient Mariner, 1798) de Coleridge, le Manfred (1816) de Byron, courant auquel Mary Shelley resta fidèle, comme en témoignent ses activités littéraires ultérieures, au nombre desquelles, outre des récits dont l'intérêt est essentiellement biographique, il faut citer la publication, en 1838, des œuvres annotées de son mari.

Sa vie

Marie Shelley est née Mary Wollstonecraft Godwin à Somers Town, petit faubourg londonien situé au sud de Camden Town, le 30 août 1797. Elle est le deuxième enfant de la philosophe féministe, éducatrice et femme de lettres Mary Wollstonecraft, et le premier enfant du philosophe, romancier et journaliste William Godwin. Mary Wollstonecraft meurt de fièvre puerpérale onze jours après la naissance de l'enfant et Godwin se retrouve seul à élever Mary et sa demi-sœur, Fanny Imlay, née hors mariage de l'union de Mary Wollstonecraft avec le spéculateur Gilbert Imlay. Un an après la mort de sa femme, Godwin lui rend un hommage sincère en publiant Mémoires de l'auteur de Défense des droits de la femme 1798. Ces mémoires provoqueront le scandale en révélant les liaisons de Mary Wollstonecraft et son enfant illégitime.
D'après la correspondance de Louisa Jones, nurse et femme de charge de William Godwin, l'enfance de Mary est heureuse3. Mais Godwin, souvent très endetté, et pressentant qu'il ne peut élever seul ses enfants, décide de se remarier. En décembre 1801, il épouse Mary Jane Clairmont, femme instruite, déjà mère de deux enfants – Charles et Claire. La plupart des amis de Godwin n'apprécient pas sa nouvelle femme, la trouvant querelleuse et irascible mais Godwin lui est dévoué et le mariage est heureux6. Mary Godwin déteste sa belle-mère, probablement, comme le suggère C. Kegan Paul, biographe de William Godwin au XIXe siècle, parce que cette dernière préfère ses propres enfants.
Les époux Godwin ouvrent une maison d'édition nommée M.J. Godwin, qui vend des livres pour enfants, ainsi que de la papeterie, des cartes et des jeux. Les affaires ne sont pas cependant florissantes et Godwin est obligé d'emprunter des sommes importantes pour assurer la survie de son entreprise. En 1809, l'affaire de Godwin est proche de la faillite, et lui est proche du désespoir. Il est sauvé de la prison pour dettes par des admirateurs de sa philosophie tels que Francis Place, qui lui prête de l'argent.
Mary ne suit pas une scolarité régulière, mais son père assure lui-même en partie son instruction, lui enseignant les matières les plus diverses. Godwin a l'habitude d'offrir à ses enfants des sorties éducatives ; ils ont accès à sa bibliothèque et côtoient les nombreux intellectuels qui lui rendent visite, comme Samuel Taylor Coleridge, le poète romantique, ou Aaron Bur, ancien vice-président des États-Unis. Si Godwin reconnaît ne pas élever ses enfants en accord avec la philosophie de Mary Wollstonecraft, telle qu'elle l'avait décrite dans des ouvrages comme Défense des droits de la femme 1792, Mary reçoit cependant une éducation poussée et rare pour une fille de son époque. Elle a une gouvernante, un professeur particulier, et lit les manuscrits de son père portant sur l'histoire grecque et romaine pour les enfants. En 1811, et durant 6 mois, elle est mise en pension à Ramsgate. À quinze ans, son père la décrit comme particulièrement audacieuse, quelque peu tyrannique et ayant l'esprit vif. Sa soif de connaissances est sans limite et la persévérance qu'elle met dans chacune de ses entreprises, quasiment inébranlable.
En juin 1812, son père envoie Mary faire un séjour dans la famille dissidente du radical William Baxter, près de Dundee en Écosse. Il écrit à Baxter : Je tiens à ce qu'elle soit élevée… comme une philosophe, voire comme une cynique. Les historiens spéculeront sur les raisons de son éloignement : sa santé, l'aspect sordide du commerce, ou l'initiation à la politique radicale. Mais Mary Godwin se plait dans le vaste cadre de la maison des Baxter et dans la compagnie de ses quatre filles, et elle y retournera, à l'été 1813, pour un séjour de dix mois. En 1831, dans l'introduction de Frankenstein, elle se souvient : J'écrivais alors – mais avec un style très quelconque. Ce fut sous les arbres du domaine de notre maison, ou sur les flancs désolés des montagnes toutes proches, que mes œuvres véritables, le vol aérien de mon imagination, naquirent et furent nourris.

Percy Bysshe Shelley

Mary Godwin semble avoir rencontré pour la première fois le poète et philosophe Percy Bysshe Shelley entre ses deux séjours en Écosse. À son second retour chez elle, le 30 mars 1814, Percy Shelley s’est brouillé avec sa femme et rencontre régulièrement Godwin, dont il avait accepté de renflouer les dettes. Le radicalisme de Shelley, et notamment ses visions de l’économie, qui lui avaient été inspirées par le Justice politique 1793 de Godwin, l’avait éloigné de sa riche famille aristocrate : celle-ci voulait qu’il poursuive le modèle traditionnel de l’aristocratie terrienne alors que lui voulait faire don de grandes parts de la fortune familiale à des projets visant à aider les défavorisés. D'ailleurs, Percy Shelley aura de grandes difficultés financières jusqu’au jour où il touchera son héritage, sa famille craignant qu’il ne dilapide son argent dans des projets de justice politique. De ce fait, et après plusieurs mois de promesses, Shelley annonça qu’il ne pouvait, ou ne voulait, pas payer toutes les dettes de Godwin. Ce dernier, furieux, se sentit trahi.
Mary et Percy commencent à se rencontrer secrètement au cimetière St Pancras, sur la tombe de Mary Wollstonecraft, et ils tombent amoureux - elle a presque dix-sept ans, lui près de vingt-deux. Au grand dam de Mary, son père désapprouve cette relation, essaye de la combattre et de sauver la réputation sans tache de sa fille. Au même moment, Godwin apprend l’incapacité de Shelley de rembourser ses dettes pour lui. Mary, qui écrivit plus tard son attachement excessif et romantique pour son père »25, est désorientée. Elle voit en Percy Shelley la personnalisation des idées libérales et réformistes de son père durant les années 1790, et notamment celle que le mariage est un monopole tyrannique, idée qu’il argumenta dans l’édition de 1793 de Justice politique mais désavoua plus tard. Le 28 juillet 1814, le couple s’enfuit en France, emmenant Claire Clairmont, la fille de la belle-mère de Mary, mais laissant derrière eux la femme enceinte de Percy.
Après avoir convaincu Mary Jane Godwin, qui les avait poursuivis jusqu’à Calais, qu’ils ne voulaient pas revenir, le trio voyage jusqu’à Paris, puis jusqu’en Suisse, sur un âne, une mule ou en carriole, à travers une France récemment ravagée par la guerre. C’était comme de vivre dans un roman, comme d'incarner une histoire romanesque se rappelle Mary Shelley en 1826. Durant leur voyage, Mary et Percy lisent des ouvrages de Mary Wollstonecraft et d’autres auteurs, tiennent un journal commun, et continuent leurs propres écrits. À Lucerne, le manque d’argent les oblige à rentrer. Ils voyagent alors le long du Rhin jusqu’au port danois de Marluys, pour arriver à Gravesend Angleterre, dans le Kent, le 13 septembre 1814.
La situation qui attend Mary Godwin en Angleterre s’avère semée de difficultés qu’elle n’avait pas toutes prévues. Avant ou pendant le voyage, elle est tombée enceinte. Elle se retrouve avec un Percy sans argent, et, à la grande surprise de Mary, son père ne veut plus entendre parler d’elle. Le couple et Claire emménagent dans divers meublés à Somers Town, puis à Nelson Square. Leur programme de lecture et d’écriture est toujours aussi intense et ils invitent des amis de Percy Shelley comme Thomas Jefferson Hogg et l’écrivain Thomas Love Peacock. Pour éviter les créanciers, Percy Shelley quitte leur maison durant de courtes périodes. Les lettres éperdues du couple révèleront la douleur de ces séparations.
Enceinte et souvent malade, Mary Godwin doit faire face à la joie de Percy à la naissance de son fils et de celui d’Harriet Shelley à la fin de 1814 et à ses fréquentes sorties avec Claire Clairmont. Elle est partiellement réconfortée par les visites de Hogg, qu’elle n’appréciait guère au départ mais qu’elle considérera bien vite comme un ami proche. Percy Shelley semble avoir voulu que Mary Godwin et Hogg deviennent amants. Mary ne rejette pas l’idée puisqu’elle est censée être adepte de l’amour libre. En pratique cependant, c'est de Percy Shelley qu'elle est amoureuse, et elle ne semble pas s'être aventurée plus loin que le flirt avec Hogg. Le 22 février 1815, elle donne naissance à une prématurée de 2 mois, qui a peu de chance de survie. Le 6 mars, elle écrit à Hogg : Mon cher Hogg, mon bébé est mort – Viendrez-vous me voir dès que possible. J’ai envie de vous voir – Il allait très bien quand je me suis couchée – je me suis réveillée pour le faire téter et il semblait dormir si calmement que je n’ai pas voulu le réveiller. Il était alors déjà mort, mais nous ne nous en sommes rendu compte qu’au matin - d’après son aspect, il était mort de convulsions – Viendrez-vous – vous êtes une créature si calme et Shelley a peur de la fièvre provoquée par le lait – car je ne suis plus mère à présent.
La perte de son enfant provoque une sévère dépression chez Mary Godwin, hantée par des visions du bébé, mais elle tombe enceinte à nouveau et, à l’été, elle est rétablie. Avec l’amélioration des finances de Percy Shelley suite au décès de son grand-père, Sir Bysshe Shelley, le couple part en vacances à Torquay, puis loue un cottage à deux étages à Bishopsgate, aux abords du parc de Windsor. On connaît peu de choses de cette période de la vie de Mary Godwin, son journal intime, entre mai 1815 et juillet 1816, ayant été perdu. À Bishopsgate, Percy écrit son poème Alastor, et le 24 janvier 1816, Mary donne naissance à un deuxième enfant, nommé William, comme son père, et qui fut rapidement surnommé Willmouse. Dans son roman, le dernier homme, elle décrira Windsor comme un Jardin d’Eden.

Lac Léman, Frankenstein ou le Prométhée moderne.

Brouillon de Frankenstein : " Ce fut par une sinistre nuit de novembre que je parvins à mettre un terme à mes travaux…"
En mai 1816, Mary Godwin, Percy Shelley, leur fils et Claire Clairmont partent pour Genève. Ils ont prévu de passer l'été avec le poète Lord Byron, dont Claire est enceinte43. Le groupe arrive à Genève le 14 mai 1816, et Mary se fait appeler Mme Shelley. Byron les rejoint le 25 mai, avec un jeune médecin, John William Polidori, et loue la villa Diodati à Cologny, un village dominant le lac Léman.
Percy Shelley loue une maison plus modeste, la Maison Chapuis, au bord du lac. Ils passent leur temps à écrire, à faire du bateau sur le lac, et à discuter jusqu'au cœur de la nuit.
"Ce fut un été humide et rigoureux, se rappelle Mary Shelley en 1831, et la pluie incessante nous confinait des jours entiers à l'intérieur de la maison. "
Entre autres sujets, la conversation tourne autour des expériences du poète et philosophe naturaliste Erasmus Darwin, au XVIIIe siècle, dont on prétendait qu'il avait ranimé de la matière morte, et autour du galvanisme et de la possibilité de ramener à la vie un cadavre ou une partie du corps. Autour du foyer de la villa Diodati, les cinq amis s'amusent à lire des histoires de fantômes allemandes, le Gespensterbuch traduit en français sous le titre Fantasmagoriana, ce qui donne à Byron l'idée de proposer à chacun d'écrire sa propre histoire fantastique. Peu après, rêvant éveillée, Mary conçoit l'idée de Frankenstein :
"Je vis l'étudiant blême des arts impies s'agenouiller à côté de la chose qu'il avait créée. Je vis le fantasme hideux d'un homme se lever, puis, par le travail de quelque machine puissante, montrer des signes de vie, et bouger en un mouvement malaisé et à moitié vivant. Il faut que cela soit effrayant, car l'effet de toute entreprise humaine se moquant du mécanisme admirable du Créateur du monde ne saurait qu'être effrayant au plus haut point."
Elle commence à écrire ce qu'elle croyait être une nouvelle. Avec les encouragements de Percy Shelley, elle développe cette histoire en ce qui deviendra son premier roman : Frankenstein ou le Prométhée moderne, publié en 1818. Elle décrira plus tard cet été en Suisse comme le moment où je sortis de l'enfance pour entrer dans la vie.

Bath et Marlow

À leur retour en Angleterre, en septembre, Mary et Percy emménagent à Bath et Claire Clairmont, dont ils espèrent tenir secrète la grossesse, s'installe dans la même ville, non loin de leur nouveau domicile. À Cologny, Mary Godwin a reçu deux lettres de sa demi-sœur, Fanny Imlay, faisant allusion à sa vie malheureuse. Le 9 octobre, Fanny écrit une lettre alarmante de Bristol qui incite Percy à partir à sa recherche, sans succès. Au matin du 10 octobre, Fanny Imlay est retrouvée morte dans une chambre d'hôtel à Swansea, avec à ses côtés une lettre de suicide et une bouteille de laudanum. Le 10 décembre, la femme de Percy, Harriet, est découverte noyée dans la Serpentine, à Hyde Park, Londres. Les deux suicides sont étouffés. La famille d'Harriet contrecarre les efforts de Percy, pleinement soutenu par Mary Godwin, en vue d'obtenir la garde de ses enfants. Les avocats de Percy lui conseillent de se marier pour améliorer sa cause. Leur union est célébrée le 30 décembre 1816 en l'église St Mildred, dans le quartier de Bread Street, à Londres. M. et Mme Godwin sont présents et le mariage permet de clore la querelle familiale.
Claire Clairmont donne naissance à une petite fille le 13 janvier, qui est prénommée Alba dans un premier temps, puis Allegra. En mars de la même année, la Cour de Chancery déclare Percy Shelley moralement inapte à assumer la garde de ses enfants et les place dans la famille d'un pasteur. Le même mois, les Shelley déménagent, avec Claire et Alba, à Albion House, un grand immeuble humide sur la Tamise, à Marlow, dans le Buckinghamshire. C'est là que Mary Shelley met au monde son troisième enfant, Clara, le 2 septembre. À Marlow, ils divertissent leurs nouveaux amis Marianne et Leigh Hunt, travaillent d'arrache-pied à leurs écrits et discutent souvent de politique.
Au début de l'été 1817, Mary Shelley termine Frankenstein, qui est publié anonymement en janvier 1818. Critiques et lecteurs supposent que Percy Shelley en est l'auteur, puisque le livre est publié avec sa préface et dédié à son héros politique, William Godwin. À Marlow, Mary rédige le journal de leur voyage continental de 1814, ajoutant des documents écrits en Suisse en 1816, ainsi que le poème de Percy, Mont Blanc. Le résultat est Histoire d'un circuit de six semaines, publié en novembre 1817. Cet automne là, Percy Shelley vit souvent loin de la maison à Londres pour éviter les créanciers. La menace de la prison pour dettes, leur mauvaise santé et la peur de perdre la garde de leurs enfants contribuent à la décision du couple de quitter l'Angleterre pour l'Italie le 12 mars 1818, emmenant Claire et Alba avec eux59. Ils partent sans intention de retour.

Italie

À peine arrivés en Italie, Claire et les Shelley laissent la petite Alba à la garde de Byron, qui vit alors à Venise et qui a convenu de la prendre en charge à condition que Claire renonce à ses droits maternels sur l'enfant. Ils se lancent ensuite dans une existence itinérante, sans jamais séjourner longtemps dans les villes qu'ils visitent. En voyageant, ils s'entourent aussi d'un cercle d'amis et de connaissances qui va souvent se déplacer avec eux. Le couple consacre son temps à l'écriture, la lecture, l'apprentissage, le tourisme et la vie en société. Pour Mary, l'aventure italienne est cependant gâchée par la mort de ses deux enfants – Clara, en septembre 1818 à Venise, et William, en juin 1819 à Rome. Ces pertes la laissent dans une profonde dépression et l'isolent de son mari, qui écrit dans son journal :

My dearest Mary, wherefore hast thou gone,
And left me in this dreary world alone?
Thy form is here indeed—a lovely one—
But thou art fled, gone down a dreary road
That leads to Sorrow’s most obscure abode.
For thine own sake I cannot follow thee
Do thou return for mine.

Ma chère Mary, pourquoi t'en es-tu allée,
Et dans ce triste monde seul m'as-tu laissé ?
Ton corps est bien ici – si charmant –
Mais tu as fui, partie sur une triste route
Qui conduit à la demeure la plus obscure du Chagrin
Pour ton propre bien je ne peux pas te suivre
Mais reviens pour le mien.
Pendant quelque temps, Mary Shelley ne trouve de réconfort que dans l'écriture. La naissance de son quatrième enfant, Percy Florence, le 12 novembre 1819, diminue quelque peu son chagrin, même si elle pleurera la mémoire de ses enfants perdus jusqu'à la fin de sa vie.
L'Italie offre aux Shelley, à Byron et autres exilés, une liberté politique inaccessible chez eux. Malgré le lien avec ses deuils personnels, l'Italie devient pour Mary Shelley un pays que le souvenir peindra comme un paradis. Leurs années italiennes sont une période d'activité intellectuelle et créative intense pour les deux Shelley. Pendant que Percy compose une série de poèmes majeurs, Mary écrit le roman autobiographique Matilda, le roman historique Valperga et les pièces Proserpine et Midas. Mary écrit Valperga pour alléger les difficultés financières de son père, Percy refusant désormais de l'aider. Elle est souvent malade et sujette à la dépression. Elle doit aussi faire face à l'intérêt que porte Percy aux autres femmes, telles Sophia Stacey, Emilia Viviani et Jane Williams. Partageant sa foi dans un mariage non exclusif, Mary noue ses propres liens affectifs parmi les hommes et les femmes de son entourage. Elle est particulièrement proche du révolutionnaire grec Aléxandros Mavrokordátos et de Jane et Edward Williams.
En décembre 1818, les Shelley, Claire et leurs domestiques descendent vers le sud à Naples, où ils demeurent 3 mois, recevant un seul visiteur, un médecin. En 1820, ils sont accusés et menacés par Paolo et Elise Foggi, d'anciens domestiques congédiés par Percy Shelley peu après leur mariage. Le couple révèle que, le 27 février 1819, à Naples, Percy Shelley a enregistré comme sa fille et celle de Mary Shelley un bébé de 2 mois nommé Elena Adélaïde Shelley. Les Foggi prétendent que la mère de l'enfant est Claire Clairmont. Les biographes interprètent ces évènements de façons très variées : que Percy Shelley avait décidé d'adopter un enfant de la région, que l'enfant était le sien et celui d'Elise, de Claire ou d'une femme inconnue, ou que c'était l'enfant d'Elise et Lord Byron. Mary Shelley déclare qu'elle se serait aperçue si Claire avait été enceinte, mais on ignore ce qu'elle savait vraiment. Les évènements de Naples, ville que Mary qualifiera plus tard de paradis habité par des diables, resteront enveloppés de mystère. La seule certitude est qu'elle-même n'est pas la mère de l'enfant. Elena Adélaïde Shelley mourra à Naples le 9 juin 1820.
Au cours de l'été 1822, Mary, enceinte, emménage avec Percy, Claire, Edward et Jane Williams dans la Villa Magny, isolée au bord de la mer près du hameau de San Terenzo dans la baie de Lerici. Une fois installé, Percy révèle à Claire que sa fille Allegra est morte du typhus au couvent de Bagnacavallo. Mary, qui se sent l'esprit égaré et malheureux dans la petite et lointaine Villa Magni, finit par la comparer à un cachot. Le 16 juin, elle fait une fausse-couche, perdant tellement de sang qu'elle frôle la mort. En attendant l'arrivée du médecin, Percy plonge sa femme dans un bain d'eau glacé pour stopper l'hémorragie, geste dont le médecin dira plus tard qu'il lui a sauvé la vie. Cependant tout ne va pas bien dans leur couple cet été là et Percy passe plus de temps avec Jane Williams qu'avec sa femme déprimée et faible. La plupart des courts poèmes qu'écrit Shelley à San Terenzo sont adressés à Jane au lieu de Mary.
Le bord de mer permet à Percy Shelley et Edward Williams de profiter de leur jouet idéal pour l'été, un nouveau voilier. Le bateau a été dessiné par Daniel Roberts et Edward Trelawny, un admirateur de Byron qui a rejoint la compagnie en janvier 1822. Le 1er juillet 1822, Percy Shelley, Edward Williams, et le capitaine Daniel Roberts naviguent vers le sud le long de la côte jusqu'à Livourne. Percy y discute avec Byron et Leigh Hugh du lancement d'un nouveau magazine, The Liberal. Le 8 juillet, accompagné d'Edward Williams, il reprend le chemin du retour avec un jeune matelot de 18 ans, Charles Vivian. Ils n'atteindront jamais leur destination.
Une lettre de Hunt, datée du 8 juillet et destinée à Percy Shelley, arriva à la Villa Magni. Hunt y écrit : Je vous en prie, dites-nous comment vous êtes rentrés chez vous, on dit que vous avez eu très mauvais temps après votre départ lundi et nous sommes inquiets. Le papier me tomba des mains, racontera plus tard Mary à une amie. Je tremblais de tout mon corps. Mary et Jane Williams se précipitent à Livourne puis à Pise dans l'espoir de retrouver leurs maris vivants. Dix jours après la tempête, trois corps sont rejetés sur le rivage près de Viareggio, à mi-chemin entre Livourne et Lerici. Trelawny, Byron et Hunt incinèreront le corps de Shelley sur la plage de Viareggio.

Retour en Angleterre et carrière d'écrivain

Frankenstein est l’œuvre la plus merveilleuse jamais écrite à vingt ans dont j’ai entendu parler. Vous avez à présent vingt-cinq ans. Et, fort heureusement, vous avez poursuivi un parcours de lectrice, et cultivé votre esprit de la plus admirable manière pour faire de vous un grand écrivain à succès. Si vous ne pouvez pas être indépendante, qui pourrait l’être ?
Après la mort de son époux, Mary Shelley vit durant une année avec Leigh Hunt et sa famille à Gênes, où elle rencontre fréquemment Lord Byron et transcrit ses poèmes. Elle a décidé de vivre de sa plume et pour son fils, mais sa situation financière est précaire. Le 23 juillet 1823, elle quitte Gênes pour l’Angleterre et s’installe avec son père et sa belle-mère à Strand Londres jusqu’à ce qu’une petite avance de son beau-père lui permette de se loger à proximité. Sir Timothy Shelley convient d’assurer la subsistance de son petit-fils à condition qu’il soit placé auprès d’un tuteur désigné. Mary Shelley rejette immédiatement cette idée. Elle parvient à soutirer à Sir Timothy une allocation annuelle qu’elle devra rembourser lorsque Percy Florence héritera du domaine. Jusqu’à la fin de ses jours, il refusera de la rencontrer et ne traitera avec elle que par avocat interposé. Mary Shelley s’occupe de publier, entre autres, les poèmes de son mari mais elle doit se retreindre pour le bien de son fils. En effet, Sir Timothy menace de ne plus verser d’allocation si la moindre biographie du poète est publiée. En 1826, après le décès de Charles Shelley, fils de Percy Shelley et d’Harriet Shelley, Percy Florence devient l’héritier du domaine des Shelley. Sir Timothy augmente alors l’allocation annuelle de Mary de 100 à 250 £, mais demeure toujours aussi difficile. Alors qu’elle apprécie la compagnie stimulante de l’entourage de William Godwin, la pauvreté empêche Mary de sortir dans le monde autant qu’elle l'aurait souhaité. Elle se sent également rejetée par ceux qui, comme Sir Timothy, désapprouvent encore sa liaison avec Percy Bysshe Shelley.
L’été 1824, Mary Shelley déménage à Kentish Town, dans le Nord de Londres, pour se rapprocher de Jane Williams. Elle est peut-être, selon les mots de son biographe Muriel Spark, un peu amoureuse de Jane. Mais Jane la décevra ensuite en propageant des rumeurs alléguant que Percy la préférait à Mary et qu’elle ne lui suffisait pas96. À la même époque, Mary écrit son roman Le Dernier Homme 1826 et collabore avec des amis à l’écriture des mémoires de Lord Byron et Percy Shelley — c’est le début de ses tentatives d’immortaliser son époux. Elle rencontre également l’acteur américain John Howard Payne et l’écrivain américain Washington Irving. Payne tombe amoureux d’elle et la demande en mariage en 1826. Elle refuse, expliquant qu’après avoir épousé un génie elle ne peut se marier qu’à un autre génie. Payne accepte son refus et essaie, mais sans succès, de pousser son ami Irving à faire sa demande. Mary Shelley était au courant du plan de Payne, mais on ignore jusqu’à quel point elle le prenait au sérieux.
En 1827, Mary Shelley participe à un projet visant à permettre à son amie Isabel Robinson et à son amoureuse, Mary Diana Dods, qui écrit sous le pseudonyme de David Lyndsay, de s’engager dans une vie commune en France comme mari et femme. Avec l’aide de Payne, auquel elle ne donne pas tous les détails, Mary obtient de faux passeport pour le couple. En 1828, en leur rendant visite à Paris, elle contracte la petite vérole. Elle guérira des semaines plus tard, sans cicatrice, mais la fraîcheur de sa beauté envolée.
Entre 1827 et 1840, Mary Shelley est écrivain et éditeur. Elle écrit Perkin Warbeck 1830, Lodore 1835 et Falkner 1837. Elle écrit l'essentiel des cinq volumes consacrés à des auteurs italiens, espagnols, portugais et français des Vies des hommes de lettres et de science les plus éminents, qui font partie de la Cabinet Cyclopaedia de Dionysius Lardner. Elle écrit également des histoires pour des magazines féminins. Elle aide toujours son père financièrement et ils collaborent en se cherchant mutuellement des éditeurs. En 1830, pour 60 £, elle vend les droits d’une nouvelle édition de Frankenstein à Henry Colburn et Richard Bentley, pour leur nouvelle série de romans classiques. Après la mort de son père, en 1836, à l’âge de 80 ans, elle rassemble ses lettres et un mémoire pour les publier, comme il l’a demandé dans son testament, mais après deux ans de travail, elle abandonne le projet. Durant cette période, elle défend la poésie de Percy Shelley, incitant à le publier et le citant dans ses écrits. En 1837, le travail de Percy était connu et de plus en plus admiré. En été 1838, Edward Moxon, éditeur de Tennyson et beau-fils de Charles Lamb, propose de publier un recueil des travaux de Percy Shelley. Mary reçoit 500 £ pour annoter les Poetical Works 1838. Sir Timothy insiste pour que le recueil ne comporte pas de biographie. Mary trouvera tout de même un moyen de raconter l’histoire de Percy : elle inclut d’importantes notes biographiques liées aux poèmes.
Mary continue à n'aborder qu'avec circonspection d'éventuelles aventures amoureuses. En 1828, elle rencontre l’écrivain français Prosper Mérimée, qui lui fait la cour, mais la seule lettre encore existante qu’elle lui ait adressé est une lettre de rejet de sa déclaration d’amour. Elle se réjouit du retour en Angleterre de son ancien ami d’Italie Edward Trelawny, ils plaisantent même sur leur mariage dans leurs lettres. Mais leur amitié est altérée d’abord par le refus de Mary de participer à la biographie de Percy Shelley proposée par Edward, puis par la colère d’Edward lorsqu'elle l'omet dans la partie athée de Queen Mab recueil de poèmes de Percy Shelley. Dans son journal intime, entre les années 1830 et 1840, des allusions détournées suggèrent que Mary Shelley a eu des sentiments pour le politicien radical Aubrey Beauclerk, mais celui-ci l’a probablement déçue en en épousant une autre à deux reprise.
Durant ces années, la première préoccupation de Mary est le bien être de Percy Florence. Selon le vœu de son mari, son fils fréquente une public school, et, avec l’aide que Sir Timothy lui accorde avec réticence, lui fait faire ses études à Harrow. Pour éviter les frais de mise en pension, elle déménage à Harrow on the Hill afin que Percy puisse suivre les cours en tant qu’externe. Quand bien même il poursuivra ses études jusqu’à Trinity College à Cambridge, et touchera un peu à la politique et au droit, il ne montrera aucun signe des dons de ses parents. Dévoué à sa mère, il retournera vivre avec elle, après avoir quitté l’université en 1841.

fin de vie, mort

En 1840 et 1842, mère et fils voyagent ensemble sur le continent. Mary Shelley racontera ces voyages dans Errances en Allemagne et en Italie en 1840, 1842 et 1843 1844. En 1844, Sir Timothy Shelley meurt à l’âge de nonante ans, tombant de sa tige comme une fleur trop épanouie. Pour la première fois, Mary et son fils sont financièrement indépendants, même si l'héritage se révèle plus modeste qu’espéré.
Pour répondre aux vœux de Mary, Percy Florence et sa femme Jane firent exhumer les cercueils des parents de Mary pour les enterrer avec elle à Bournemouth118.
Au milieu des années 1840, Mary Shelley est la victime de trois maîtres chanteurs différents. En 1845, un exilé politique italien, Gatteschi, qu’elle a rencontré à Paris, la menace de publier des lettres qu’elle lui a écrites. Un ami de son fils paie un chef de la police pour saisir les papiers de Gatteschi, les lettres sont incluses et détruites. Peu après, Mary achète des lettres, écrites par Percy Shelley et elle-même, à un homme se faisant appeler G. Byron et prétendant être le fils illégitime de feu Lord Byron. La même année, Thomas Medwin, cousin de Percy Bysshe Shelley, prétend avoir écrit une biographie de Percy qui lui serait préjudiciable. Il demande 250 £ pour la détruire, mais Mary refuse.
En 1848, Percy Florence épouse Jane Gibson St John. Le mariage est heureux, et Mary et Jane s’apprécient mutuellement. Mary habite avec son fils et sa belle-fille à Field Place, dans le Sussex, berceau ancestral des Shelley, et à Chester Square, à Londres, et les accompagne durant leurs voyages à l’étranger.
Les dernières années de Mary Shelley sont altérées par la maladie. Dès 1839, elle souffre de migraines et de paralysie de certaines parties du corps, ce qui l’empêche parfois de lire et d’écrire. Elle meurt à l’âge de cinquante trois ans, le 1er février 1851, à Chester Square. Son médecin soupçonne une tumeur cérébrale. D’après Jane Shelley, Mary Shelley a demandé à se faire enterrer avec sa mère et son père. Mais Percy et Jane, jugeant la tombe de St Pancras « épouvantable, choisissent de l'enterrer à l’église St Peter, à Bournemouth, près de leur nouvelle maison de Boscombe. Pour le premier anniversaire de la mort de Mary Shelley, les Shelley ouvrent son bureau. Ils trouvent à l’intérieur des boucles de cheveux de ses enfants décédés, un cahier de notes qu’elle partageait avec Percy Byshhe Shelley et une copie de son poème Adonaïs dont une page entoure un tissu en soie contenant un peu des cendres et des restes du cœur de celui-ci.

Thèmes littéraires et style


La vie de Mary Shelley tourne autour de la littérature. Son père l’encourage dans l’apprentissage de l’écriture par la composition de lettres125 et son occupation préférée de petite fille est l’écriture d’histoires. Malheureusement, tous les écrits de la jeune Mary furent perdus lors de sa fuite avec Percy en 1814 et aucun de ses manuscrits encore existants ne peut être daté d’avant cette année.
On pensa longtemps que sa première publication avait été Mounseer Nongtongpaw, des vers comiques écrits alors qu’elle avait dix ans et demi pour la Juvenile Library Bibliothèque pour les jeunes de William Godwin, mais dans l'édition la plus récente du recueil de ses ouvrages qui fasse autorité, ces poèmes sont attribués à un autre écrivain. Percy Shelley encourage chaleureusement Mary Shelley à écrire : Dès le début, mon mari s’inquiétait pour que je me montre digne de ma filiation et que j’inscrive mon nom sur la page de la renommée. Il m’incitait sans cesse à obtenir une réputation littéraire.

Romans Frankenstein.

Certaines parties des romans de Mary Shelley sont souvent interprétées comme des réécritures masquées de sa vie. La récurrence du thème père-fille en particulier conforte les critiques littéraires dans leur interprétation de ce style autobiographique. Par exemple, ils analysent souvent Mathilda 1820 comme une autobiographie, en reconnaissant dans les personnages principaux Mary Shelley, William Godwin et Percy Shelley. Mary Shelley a révélé que les personnages centraux de The Last Man sont fondés sur son cercle d’intimes, en Italie. Lord Raymond, qui quitte l’Angleterre pour se battre contre les Grecs et meurt à Constantinople, est inspiré de Lord Byron ; et Adrian, l’utopique comte de Windsor qui mène ses disciples à la recherche d’un paradis naturel et meurt lors une tempête en mer, est un portrait fictif de Percy Bysshe Shelley. Cependant, comme elle l’écrit dans sa critique du roman de Godwin Cloudesley 1830, elle ne croit pas que les auteurs reproduisent simplement leur propre cœur. William Godwin considère les personnages de sa fille comme des archétypes plutôt que comme des portraits de personnes réelles. Certains critiques modernes, comme Patricia Clemit et Jane Blumberg, partagent cette vision, se refusant à une lecture autobiographique de l’œuvre de Mary Shelley.

Styles romanesques

Mary Shelley emploie les techniques de nombreux genres romanesques, notamment ceux des romans godwiniens, des romans historiques de Walter Scott et des romans gothiques. Le roman godwinien fut populaire dans les années 1790 avec des travaux comme Caleb Williams 1794 de Godwin et emploie une forme de confession à la Rousseau pour explorer les relations contradictoires entre soi-même et la société. Frankenstein présente de nombreux thèmes et procédés littéraires présents dans les romans de Godwin. Cependant, Mary Shelley critique ces idéaux des Lumières que Godwin promeut dans son œuvre. Dans Le Dernier Homme, elle utilise la forme philosophiqu godwinienne pour démontrer l’insignifiance ultime du monde. Alors que des romans godwiniens antérieurs montraient comment des individus rationnels pouvaient lentement améliorer la société, The Last Man et Frankenstein démontrent le manque de contrôle de l’individu sur l’histoire.
"On n’entendit plus jamais parler d’Euthanasia, même son nom disparut… Les chroniques personnelles, d’où est tiré le récit qui précède, se terminent avec la mort d’Euthanasia. C’est donc dans les annales publiques seulement que l’on trouve un compte rendu des dernières années de Castruccio."
Mary Shelley utilise le roman historique pour commenter les relations entre les sexes. Valperga, par exemple, est une version féministe du genre narratif typiquement masculin, dans lequel s'était notamment illustré Walter Scott143. En intégrant dans l’histoire des femmes qui ne font pas partie de la réalité historique, Mary Shelley utilise le récit pour s’interroger sur les institutions théologiques et politiques établies. Elle oppose la cupidité compulsive de conquête du protagoniste masculin à une alternative féminine : raison et sensibilité. Dans Percy Warbeck, un autre de ses romans historiques, Lady Gordon représente les valeurs de l’amitié, de l’égalité et des vertus domestiques. À travers elle, Mary Shelley offre une alternative féminine à la politique masculine fondée sur la force, qui détruit les personnages masculins. Le roman propose un récit historique plus large qui remet en cause celui qui ne relate habituellement que les évènements concernant les hommes.

L'Å“uvre d'une femme

Avec la naissance de la critique littéraire féministe dans les années 1970, les travaux de Mary Shelley, et notamment Frankenstein, commencent à attirer plus d’attention de la part des chercheurs. C’est grâce aux critiques féministes et psychanalytiques que Mary Shelley en tant qu’écrivain est tirée de l’oubli. Ellen Moers est l’une des premières à soutenir que la perte d’un bébé a eu une influence cruciale sur l’écriture de Frankenstein. Elle pense que le roman est un mythe de la renaissance dans lequel Shelley se démet tant de sa culpabilité d’avoir causé la mort de sa mère que de celle d’avoir échoué en tant que parent. D’après Moers, c’est l’histoire d’un homme qui essaie d’avoir un enfant sans une femme… Frankenstein est profondément préoccupé par l’opposition entre reproduction naturelle et artificielle. Dans le roman, l’échec de Victor Frankenstein en tant que parent est traduit comme l’expression de l’anxiété qui accompagne la grossesse, l’accouchement et en particulier la maternité.
Sandra Gilbert et Susan Gubar soutiennent dans leur ouvrage capital The Madwoman in the Attic 1979 que, dans Frankenstein en particulier, Mary Shelley répond à la tradition littéraire masculine représentée par le Paradis perdu de John Milton. Selon leur interprétation, elle réaffirme cette tradition masculine, et sa misogynie inhérente, mais en même temps elle cache des fantasmes d’égalité qui éclatent parfois dans des images monstrueuses de rage. Mary Poovey décrypte la première édition de Frankenstein comme faisant partie d’un schéma plus large de l’œuvre de Mary Shelley, qui commence par une auto-affirmation littéraire et se termine par une féminité ordinaire. Mary Poovey suggère que les multiples récits de Frankenstein permettent à Mary Shelley de diviser sa personnalité artistique : elle peut s’exprimer et s’effacer en même temps. Sa crainte de l’auto-affirmation se reflète dans le destin de Frankenstein dont l’égoïsme est puni par la perte de toutes ses attaches familiales.
Les critiques féministes se concentrent souvent sur la représentation du créateur, et plus particulièrement du créateur féminin, dans et à travers les romans de Mary Shelley. Anne K. Mellor explique que celle-ci utilise le style gothique non seulement pour explorer le désir sexuel féminin refoulé mais également comme moyen d’autocensure dans Frankenstein »158. D’après Poovey et Mellor, elle ne veut pas mettre en avant sa personnalité d’auteur. Elle se sent profondément incompétente en tant qu’auteur et cette honte contribue à sa production d’images d’anormalité, de perversion et de destruction.
Les écrits de Mary Shelley sont centrés sur le rôle de la famille dans la société et le rôle de la femme au sein de cette famille. Elle glorifie la compassion et l’affection féminine associées à la famille et suggère que la société civile ferait faillite sans elles. Elle est profondément engagée dans une éthique coopérative, de dépendance mutuelle et d’autosacrifice. Dans Lodore, par exemple, l’histoire centrale suit le destin de la femme et de la fille du personnage-titre, Lord Lodore, qui est tué lors d'un duel à la fin du premier volume, en laissant derrière lui des obstacles juridiques, financiers et familiaux que doivent négocier les deux héroïnes. Le roman est politiquement et idéologiquement engagé, notamment sur l’éducation et le rôle social des femmes. Il dissèque une culture patriarcale qui sépare les sexes et oblige les femmes à être dépendantes des hommes. D’après Betty T. Bennett, spécialiste de Mary Shelley, le roman propose des paradigmes d’éducation égalitaire pour hommes et femmes qui apporteraient la justice sociale et les moyens spirituels et intellectuels pour affronter les épreuves de la vie. Cependant, Faulkner est le seul roman de Mary Shelley dans lequel l’héroïne triomphe. Le roman avance l'idée que lorsque les valeurs féminines l'emporteront sur la violence et la destruction masculines, les hommes seront libres d’exprimer la compassion, l’empathie et la générosité de leur tempérament.

Les Lumières et le romantisme

Comme de nombreux romans gothiques de la période, Frankenstein mélange un sujet viscéral et aliénant à des thèmes qui poussent à la réflexion. Au lieu de se centrer sur les tours et détours de l'intrigue, le roman met en avant les luttes mentales et morales du protagoniste, Victor Frankenstein, et Mary Shelley imprime au texte sa propre marque de Romantisme politisé, qui critique l’individualisme et l’égoïsme du Romantisme traditionnel. Victor Frankenstein est comme Satan dans Paradis perdu et comme Prométhée : il se rebelle contre la tradition, il crée sa vie et construit son propre destin. Ces traits ne sont pas décrits de manière positive. Comme l’écrit Blumberg, son ambition sans relâche est une auto-illusion travestie en une quête de la vérité. Il doit abandonner sa famille pour satisfaire son ambition.
Illustration de la page de couverture du Frankenstein de 1831 par Theodor Von Holst, une des deux images du roman.
Mary Shelley croit en l’idée des Lumières que l’homme peut améliorer la société à travers l’exercice responsable du pouvoir politique, mais elle craint que l’exercice irresponsable du pouvoir ne mène au chaos. En pratique, son œuvre critique largement la manière dont les penseurs du XVIIIe siècle, comme ses parents, croyaient pouvoir amener ces changements. Ainsi par exemple, la créature de Frankenstein lit des livres de pensées radicales mais la connaissance qu’il en tire est finalement inutile. L'œuvre de Mary Shelley la montre moins optimiste que Godwin ou Mary Wollstonecraft, elle n’a pas foi en la théorie de Godwin qui postule que l’humanité peut en fin de compte être améliorée.
Kari Lokke, spécialiste de la littérature, écrit que The Last Man, plus que Frankenstein, dans son refus de placer l’humanité au centre de l’univers, son questionnement sur notre position privilégiée par rapport à la nature … constitue un défi profond et prophétique pour l’humanisme occidental. Plus spécifiquement, les allusions de Mary Shelley à ce que les radicaux considèrent comme une révolution ratée en France et aux réponses qu'y apportent Godwin, Mary Wollstonecraft ou Burke constituent une remise en cause de la foi des Lumières dans le progrès inéluctablement obtenu par l’effort collectif. Comme dans Frankenstein, Mary Shelley offre un commentaire profondément désenchanté sur l’âge de la révolution, qui se termine par un rejet total des idées progressistes de sa propre génération. Elle rejette non seulement les idées politiques des Lumières mais également l'idée romantique selon laquelle l’imagination poétique ou littéraire pourrait offrir une alternative.

Opinions politiques

Jusqu’à une date récente, les critiques citaient Lodore et Falkner comme la preuve du conservatisme croissant de Mary Shelley dans ses œuvres tardives. En 1984, Mary Poovey a mis en évidence le transfert du réformisme politique de Mary Shelley vers la seule sphère domestique. Elle suggère que Mary Shelley écrivit Falkner afin de résoudre sa réaction conflictuelle à la façon dont son père mêlait un radicalisme libertaire à une bienséance sociale rigoureuse. Mellor partage cette opinion, arguant que Mary Shelley fonde son idéologie politique alternative sur une métaphore de la famille, paisible, aimante et bourgeoise. Elle souscrit ainsi implicitement à la vision conservatrice d'une réforme et d'une évolution graduelles. Cette vision permet aux femmes de participer à la sphère publique, mais elle hérite des inégalités inhérentes à la famille bourgeoise.
Toutefois, ces dernières années, cette vision a été contestée. Bennett, par exemple, montre que le travail de Mary Shelley est un engagement constant dans l’idéalisme romantique et dans les réformes politiques et l’étude de Jane Blumberg des premiers romans de Shelley soutient qu’il n’est pas possible de simplement diviser sa carrière en deux moitiés, l'une radicale tout d'abord, et l'autre conservatrice ensuite. Elle soutient que Mary Shelley n’a jamais été une radicale passionnée comme son mari et le mode de vie qu'elle adopte plus tard n’est ni un tournant brusque ni une trahison. En réalité, dès son premier ouvrage, elle remettait en cause les influences politiques et littéraires de son entourage. À la lueur de cette analyse, les premières œuvres de Shelley sont interprétées comme un défi au radicalisme de Godwin et de Percy Bysshe Shelley. Le rejet inconsidéré de la famille de Victor Frankenstein apparaît alors comme la preuve de la préoccupation constante de Mary Shelley pour la famille.

Nouvelles

Shelley écrit souvent des histoires accompagnant les illustrations d’almanach, comme celle-ci qui accompagne Transformation dans The Keepsake de 1830.
Durant les années 1820 et 1830, Mary Shelley écrit fréquemment des nouvelles pour des almanachs. Entre autres, elle écrit seize nouvelles pour The Keepsake, destiné aux femmes de la classe moyenne, relié en soie et doré sur tranche. Dans ce genre, le travail de Mary Shelley est décrit comme celui d’un écrivain médiocre, verbeux et pédant. Cependant, la critique Charlotte Sussman note que d’autres grands écrivains, comme les poètes romantiques William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge, ont tiré avantage de ce marché profitable. Elle explique que les almanachs étaient un type de production littéraire majeur dans les années 1820 et 1830, The Keepsake rencontrant le plus grand succès.
Beaucoup d’histoires écrites par Mary Shelley se passent dans des lieux ou à des époques bien éloignées du début du XIXe siècle, comme la Grèce ou le règne d’Henri IV. Elle s’intéresse tout particulièrement à la fragilité de l’identité individuelle et décrit souvent la façon dont le rôle d’une personne dans le monde peut être modifié de manière cataclysmique par des bouleversements émotionnels internes ou par quelque évènement surnaturel qui reflète une scission interne. Dans ses histoires, l’identité de la femme est liée à sa valeur sur le marché du mariage alors que celle de l’homme peut être améliorée et transformée par l’argent. Même si Mary Shelley a écrit vingt et une nouvelles entre les années 1823 et 1839, elle s’est toujours perçue comme une romancière avant tout. Elle écrit à Leigh Hunt, j’écris de mauvais articles, ce qui contribue à me rendre malheureuse – mais je vais me plonger dans un roman et j’espère que ses eaux claires nettoieront la boue de ces magazines.


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#224 Mary Shelley 2
Loriane Posté le : 31/01/2015 19:44
Récits de voyages

Histoire d'une randonnée de six semaines et Errances en Allemagne et en Italie.
Lors de leur fuite en France à l’été 1814, Mary Godwin et Percy Shelley commencent un journal commun. Ce journal plus quatre lettres basées sur leur visite de Genève en 1816 ainsi que le poème de Percy Shelley Mont Blanc sont publiés en 1817 sous le titre d ’Histoire d’un circuit de six semaines. Cette œuvre célèbre l’amour de jeunesse, l’idéalisme politique et suit l’exemple de Mary Wollstonecraft et d'autres, qui ont associé voyage et écriture. Plus qu’un récit de voyage conventionnel, le livre est philosophique et réformiste ; il aborde, en particulier, les effets de la politique et de la guerre en France. Les lettres qu’écrit le couple durant leur deuxième voyage considèrent les grands et extraordinaires évènements de la défaite finale de Napoléon à Waterloo après son retour des Cent jours en 1815. Ils analysent également le caractère sublime du lac de Genève et du Mont Blanc, ainsi que l’héritage révolutionnaire du philosophe et romancier Jean-Jacques Rousseau.
Le dernier livre de Mary Shelley, écrit sous forme de lettres et publié en 1844, est Errances en Allemagne et en Italie en 1840, 1842 et 1843, qui relate ses voyages avec son fils Percy Florence et ses camarades d’université. Dans cet ouvrage, elle suit la tradition des Lettres écrites lors d'un court séjour en Suède, en Norvège et au Danemark de Mary Wollstonecraft et de son propre Histoire d’un circuit de six semaines, en cartographiant son propre paysage personnel et politique à travers un discours fondé sur les sentiments et le sens de la solidarité. Pour Mary Shelley, nouer des liens d’amitié entre les personnes est le moyen de construire la société civile et d’augmenter le savoir : la connaissance, pour éclairer et libérer l’esprit des préjugés – un plus large cercle d'amitiés avec nos semblables – tel est l’utilité du voyage.
Entre l’observation des paysages, de la culture et « des personnes, plus spécifiquement du point de vue politique, elle utilise le carnet de voyage pour analyser son rôle de veuve et de mère et pour réfléchir sur le nationalisme révolutionnaire en Italie. Elle note également son pèlerinage en des lieux associés à Percy Shelley. Selon la critique Clarissa Orr, la posture adoptée par Mary Shelley en se posant comme figure de la maternité philosophique donne à Errances l’unité d’un poème en prose, avec la mort et la mémoire comme thèmes centraux. En même temps, Mary Shelley fait le procès égalitariste de la monarchie, des différences de classes, de l’esclavage et de la guerre.

Biographies

Entre 1832 et 1839, Mary Shelley écrit de nombreuses biographies d’hommes renommés italiens, espagnols, portugais et français et de quelques femmes pour les Vies des plus éminents auteurs et scientifiques de Dionysius Lardner. Elles formeront une partie du Cabinet Cyclopaedia de Lardner, une des meilleures séries de la sorte publiée durant les années 1820 et 1830 en réponse à la demande croissante de la classe moyenne pour l’auto-éducation. Jusqu’à la republication de ces essais en 2002, leur importance dans l’ensemble de son œuvre n’était pas reconnue. D’après Greg Kucich, expert en littérature, ils révèlent les extraordinaires recherches de Mary Shelley à travers plusieurs siècles et plusieurs langues, son don pour la narration biographique et son intérêt pour la forme émergente du féminisme historiographique. Mary Shelley écrit dans un style biographique popularisé par Samuel Johnson, critique au XVIIIe siècle, dans son Vies des poètes 1779-1781, combinant sources secondaires, notice biographique et anecdote, et évaluation de l’auteur. Elle note les détails de la vie et du caractère de chaque écrivain, cite leurs écrits sous leur forme originale accompagnée de la traduction, et termine avec une évaluation critique de leurs réalisations.
Pour Mary Shelley, la narration biographique est supposée, et ce sont ses propres mots, former comme si c’était une école dans laquelle étudier la philosophie de l’histoire et enseigner des leçons. Le plus souvent, ces leçons consistent en une critique des institutions à domination masculine, telle que le droit d’aînesse. Mary Shelley souligne le goût de la vie domestique, le romanesque, la famille, la solidarité et la compassion dans la vie de ses sujets. Sa certitude que de telles forces peuvent améliorer la société relie son approche biographique avec celles d’autres historiennes féministes comme Mary Hays et Anna Jameson. Contrairement à ses romans, dont la plupart furent imprimés à quelques centaines d’exemplaires, chaque volume des Vies fut imprimé à 4 000 exemplaires faisant, selon Kucich, de son usage de la biographie pour faire avancer la cause de l’historiographie féminine dans la société, l’une de ses plus influentes interventions politiques.

Travaux d’annotations et de commentaires

Les qualités qui frappaient toute personne qui venait d'être présentée à Shelley, étaient, tout d’abord, la douce et chaleureuse bonté qui animait ses rapports humains d’une chaude affection et d’une prévenante gentillesse. C’était ensuite l’empressement et l’ardeur avec laquelle il était attaché à la cause du bonheur humain et à son amélioration.
Peu après la mort de Percy Shelley, Mary se décide à écrire sa biographie. Dans une lettre du 17 novembre 1822, elle annonce : Je vais écrire sa vie – et m’occuper ainsi de la seule manière propre à en tirer consolation. Cependant, son beau-père, Sir Timothy Shelley, lui interdit, avec succès, de le faire. Marie commence la promotion de la réputation poétique de Percy en 1824, avec la publication de Poèmes Posthumes. En 1839, tout en travaillant sur Lives, elle prépare une nouvelle édition de sa poésie, qui deviendra, selon les propres mots de la spécialiste littéraire Susan J. Wolfson, l’évènement canonisateur dans l’histoire de la renommée de son époux. L’année suivante, Mary Shelley publie un volume de lettres, d'essais, de traduction et d'extraits de son époux, et durant les années 1830, elle présente sa poésie à un public plus large en publiant des œuvres choisies dans la publication annuelle The Keepsake.
Elle réussit à esquiver l’interdiction de Sir Timothy en incluant dans ces éditions ses propres annotations et réflexions sur le travail et la vie de son mari. Elle déclare en 1824 : Je dois justifier ses choix. Je dois le faire aimer par la postérité. C’est cet objectif, argumente Blumberg, qui la pousse à présenter au public le travail de Percy Shelley de la manière la plus populaire possible. Pour adapter son travail à un public victorien, elle présente Percy Shelley comme un poète lyrique et non comme un poète politique. Comme l’écrit Mary Favret : Percy désincarné personnifie la poésie elle-même. Mary maquille le radicalisme politique de Percy en une forme de sentimentalisme, argumentant que son républicanisme provient d’une empathie envers ceux qui souffrent. Elle insère des anecdotes romantiques de sa bienveillance, de son attachement à la vie de famille et de son amour de la nature. Se décrivant comme la muse pratique de Percy, elle fait également remarquer qu’elle lui suggérait des améliorations quand il écrivait.
Malgré les émotions provoquées par cette tâche, Mary Shelley prouve sans aucun doute qu’elle est une commentatrice professionnelle et érudite. Travaillant à partir des carnets de note désordonnés et parfois illisibles de Percy, elle essaie de classer des écrits par ordre chronologique et elle inclut des poèmes comme Epipsychidion, destiné à Emilia Viviani, qu’elle aurait préféré laisser de côté. Cependant, elle fut obligée de faire plusieurs compromis et, comme le fait remarquer Blumberg, les critiques modernes ont trouvé des fautes dans les éditions et affirment qu’elle a mal recopié, mal interprété, volontairement occulté et tenté de montrer le poète comme quelqu’un qu’il n’était pas. D’après Wolfson, Donald Reiman, un commentateur moderne des travaux de Percy Bysshe Shelley, se réfère encore aux éditions de Mary Shelley, même s’il reconnaît que son style appartient à une époque où l’objectif du travail de mise en forme et d'annotation n’était pas d’établir des textes précis et critiques, mais de présenter un exposé complet de la carrière de l’écrivain pour le lecteur moyen. En principe, Mary croit dans la publication de chacun des mots de l’œuvre de son mari, mais elle doit supprimer certains passages, soit sous la pression de son éditeur, Edward Moxon, soit par respect pour les convenances. Pour la première édition, elle supprime par exemple les passages athées de Queen Mab. Après qu’elle les eut réintroduits dans la deuxième édition, Moxon est poursuivi et condamné pour diffamation blasphématoire, mais il échappera au châtiment. Les omissions de Mary Shelley provoquent des critiques, souvent des invectives, de la part des anciens proches de Percy Shelley, et les critiques l’accusent, entre autres, d’inclusions malvenues. Ses notes restent cependant une source essentielle pour l’étude des travaux de Percy Shelley. Comme l’explique Bennett, biographes et critiques s’accordent à penser que l’engagement de Mary Shelley pour que Shelley obtienne l'attention qu’elle pense que son œuvre mérite est la force essentielle, unique, qui a établi la renommée de Shelley durant une période où il aurait certainement disparu de la vue du public.

Notoriété

De son vivant, Mary Shelley est prise au sérieux en tant qu’écrivain, même si souvent les critiques ignorent le côté politisé de ses écrits. Après sa mort, on se souvient d’elle principalement en tant qu’épouse de Percy Bysshe Shelley et comme l’auteur de Frankenstein. L’éditeur Frederick Jones écrit même, dans l’introduction du recueil de lettres publié en 1945 : un recueil de cette taille n’est pas justifié par la qualité des lettres de Mary Shelley ou par son importance en tant qu’écrivain. C’est comme épouse de Percy Bysshe Shelley qu’elle attise notre intérêt. Cette attitude perdure en 1980 quand Betty T. Bennett publie le premier volume du texte intégral des lettres de Mary Shelley. Elle explique : le fait est que, jusqu’il y a quelques années, les chercheurs n’ont considéré Mary Wollstonecraft Shelley que comme un produit : la fille de William Godwin et Mary Wollstonecraft, qui devint le pygmalion de Shelley. Il faut attendre Mary Shelley : Romanesque et Réalité d’Emily Sunstein en 1989 pour qu’une biographie universitaire lui soit entièrement consacrée.
Les tentatives du fils et de la belle-fille de Mary Shelley de rendre sa mémoire plus victorienne en censurant des documents biographiques contribuèrent à créer une image plus conventionnelle et moins réformiste que son œuvre ne le suggère. Cette impression est renforcée par ses propres timides omissions des travaux de Percy Shelley et sa fuite devant la controverse publique durant ses dernières années. Les critiques Hogg, Trelawny et d’autres admirateurs de Percy Shelley ont aussi eu tendance à minimiser le radicalisme de Mary Shelley. Dans Souvenirs de Shelley, Byron et de l’Auteur 1878, Trelawny rend hommage à Percy Shelley au détriment de Mary, mettant en doute son intelligence et même sa paternité de Frankenstein. Lady Shelley, épouse de Percy Florence, répondit partiellement à cette attaque en publiant à compte d’auteur une collection de lettres dont elle avait hérité : Shelley et Mary en 1882.
Depuis la première adaptation au théâtre de Frankenstein, en 1823, jusqu'aux adaptations cinématographiques du vingtième siècle, telle que la première version de 1910 ou les versions plus célèbres du Frankenstein de James Wales en 1931, le Frankenstein Junior de Mel Brooks en 1974 et le Frankenstein de Mary Shelley de Kenneth Brannagh en 1994, une grande partie du public rencontre Mary Shelley pour la première fois à travers une adaptation. Durant le XIXe siècle, Mary Shelley est perçue au mieux, comme l’auteur d’un seul roman, plutôt que comme l’écrivain professionnel qu’elle était. Une grande partie de ses travaux est restée épuisée jusqu’aux trente dernières années, empêchant d'avoir une vue plus globale de son œuvre. Au cours des dernières décennies, la republication de la quasi-intégralité de ses écrits a stimulé une nouvelle reconnaissance de sa valeur. Son habitude de lire et d'étudier intensément, révélé dans son journal et dans ses lettres et reflété dans ses œuvres, est ainsi mieux appréciée. On reconnaît également sa perception d’elle-même en tant qu’auteur. Après la mort de Percy, elle écrit sur ses ambitions d’auteur : Je pense que je peux subvenir ainsi à mes besoins, et il y a quelque chose de stimulant dans cette idée. Les chercheurs considèrent à présent Mary Shelley comme une figure romantique majeure, importante tant pour son œuvre littéraire que pour sa voix politique de femme et de libérale.

Oeuvres


Frankenstein ou le Prométhée moderne, 1818
Mathilda, 1819
Valperga, ou La Vie et les aventures de Castruccio, prince de Lucques, 1823
Le Dernier Homme, 1826
The Fortunes of Perkin Warbeck, A Romance, 1830
Lodore, 1835
Falkner, A Novel, 1837
Récits de voyages
Histoire d’une randonnée de six semaines à travers une partie de la France, de l'Allemagne et de la Hollande, avec des lettres décrivant un tour sur le lac de Genève et des glaciers de Chamonix, 1817
Errances en Allemagne et en Italie en 1840, 1842 et 1843, 1844
Histoires pour enfants
Proserpine et Midas, 1820
Maurice ou le cabanon du pêcheur, 1820
Nouvelles
Une histoire de passions, 1822
L'Endeuillée, 1829
La Jeune Fille invisible, 1832
The Mortal Immortal: A Tale, 1833
Édition
Poèmes posthumes de Percy Bysshe Shelley, 1824
Œuvres poétiques de Percy Bysshe Shelley, 1839



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#225 Langston Hugues
Loriane Posté le : 31/01/2015 19:25
Le 1er février 1902 naît Langston Hughes

mort le 22 mai 1967 poète, nouvelliste, dramaturge et éditorialiste américain du XXe siècle. Sa renommée est due en grande partie à son implication dans le mouvement culturel communément appelé Renaissance de Harlem qui a secoué Harlem dans les années 1920. Quelques-unes de ses œuvres ont été publiées en France. il mêle dans ses poèmes, Blues de la lassitude, 1926 ; De beaux habits pour le Juif, 1927 ; Aller simple, 1949 ; Montage d'un rêve différé, 1951, rêve exotique et quotidien amer : les rythmes disloqués inspirés du jazz soulignent le sentiment de frustration pathétique du peuple de Harlem. Ses pièces Mulâtre, 1936 ; le Fils prodigue, 1964, ses romans, Non sans rire, 1930 et ses récits, Coutumes de Blancs, 1934 jouent constamment sur la dualité de l'apprentissage du monde par l'homme noir, tantôt livré à la nécessité d'une éducation formelle, tiraillé entre éducation abstraite et expérience du réel. Avec Simple, figure récurrente dans les contributions journalistiques, Simple dit ce qu'il pense, 1950 ; les Meilleures Pensées de Simple, 1961 ; l'Oncle Sam de Simple, 1965, il trouve un personnage emblématique de la condition et des revendications des Noirs américains.

En bref

Phénomène littéraire en quelque sorte, Langston Hughes l'est non seulement parce qu'il a pratiqué tous les genres, y compris la comédie musicale, mais parce qu'il est l'un des premiers Noirs américains à avoir vécu de sa plume et, sans conteste, celui qui a le plus œuvré pour faire connaître les productions culturelles de ses congénères du monde entier par ses recueils, anthologies, traductions, articles et contacts personnels.
Sa production littéraire représente l'aspect essentiel des activités de cet infatigable militant dont témoignent deux autobiographies, The Big Sea, 1940 ; Les Grandes Profondeurs, 1946 et I Wonder as I Wander 1956 ; Plus je bouge, plus je m'interroge. Cette œuvre reflète assez fidèlement le statut changeant de la communauté noire, ses richesses et ses difficultés. Elle s'applique surtout à revaloriser et à mettre en pratique l'héritage de l'oralité et du folklore : blues, jazz, ballades, parler du peuple ; elle emprunte plus volontiers ses thèmes et ses personnages à l'univers de la rue qu'aux milieux de la bourgeoisie noire.
Issu d'une famille noire assez aisée, il abandonna ses études pour voyager en Afrique, en Europe, puis revint à Harlem. Influencé par Whitman, Lindsay, Sandburg,
Dunbar. Hughes naquit à Joplin, dans le Missouri, le 1er février 1902 ; sa petite enfance se déroula dans une demi-douzaine de villes du Middle West et il quitta le collège en 1916. Cinq ans plus tard, il entrait à l'Université et publiait son premier poème, le célèbre Le Noir parle des fleuves, dans la revue The Crisis. Il devait voyager quatre ans en Europe et en Afrique avant de remporter les prix de poésie, dont celui d'Opportunity en 1925, et de publier les recueils qui consacrèrent sa réputation de poète majeur de la renaissance de Harlem : The Weary Blues, 1926 ; Les Blues du désespoir et Fine Clothes to the Jew 1927 ; De beaux habits au clou .
Homme de gauche, Hughes milita pendant la crise économique non seulement en faveur des Noirs faussement accusés de viol à Scottsboro, sa pièce sur ce thème tint longtemps l'affiche, mais contre l'exploitation capitaliste, le franquisme et le fascisme. Ses sympathies communistes, il avait visité l'U.R.S.S. lui valurent d'affronter la Commission sur les activités anti-américaines lors de la chasse aux sorcières du maccarthysme. Pourtant, dès les années cinquante, son gouvernement ne répugna pas à l'envoyer auprès des groupes de la diaspora noire comme officieux ambassadeur culturel. Il participa ainsi l'année précédant sa mort au festival de Dakar.
Hughes se consacra durant les années trente au théâtre de protestation avec Don't You Want to Be Free, 1938 ; Ne voulez-vous pas être libre ou Mulatto, 1935 ; Le Mulâtre avant de s'essayer à la comédie musicale avec Simply Heavenly, 1959 ; Tout simplement divin et Tambourines to Glory, 1958 ; Les Tambourins du salut. Sa production poétique, elle, est demeurée constante. En 1949, dans One-Way Ticket, Aller simple, il s'élève contre le lynchage ; Montage of a Dream Differred 1951 ; Montage d'un rêve reporté et Ask Your Mama, 1961 ; Demande à ta mère, où il emploie une technique de, jam session sur des thèmes harlémiens, représentent le point extrême de son expérimentation, tandis que The Panther and the Lash, La Panthère et le fouet le montrent, l'année de sa mort, toujours engagé politiquement.
Davantage que son roman Not without Laughter, 1930 ; Sandy, 1934 qui traite avec tendresse et réalisme d'une enfance noire, ses nouvelles, recueillies surtout dans The Ways of White Folk 1934 ; Histoires de Blancs, 1946 et dans les quatre volumes consacrés à Simple ont valu à Hughes sa réputation de prosateur et d'humoriste. Jesse B. Simple, phonétiquement : sois seulement simple lui sert, à travers d'innombrables vignettes et sketches, à critiquer la ségrégation, les préjugés sociaux et raciaux, les tracasseries de l'administration — tout ce qui empoisonne l'existence du simple citoyen de couleur dont l'astuce, le goût de la fête et même les travers sont immanquablement plus attirants que la supériorité de ceux qui le gouvernent.

Sa vie

De son vrai nom, James Mercer Langston Hughes, Langston Hughes naquit à Joplin dans le Missouri d'une mère professeur, Carrie Langston Hughes et de James Nathaniel Hughes. Après son divorce, le père de Langston émigra dans un premier temps à Cuba puis à Mexico en raison du racisme qu'il subissait aux États-Unis. Après la séparation de ses parents, le jeune Langston quitta le domicile familial pour aller vivre chez une de ses grand-mère, Mary Langston à Lawrence dans le Kansas. Mary insistera énormément auprès de Langston sur la fierté raciale du peuple noir. Après la mort de sa grand-mère, il ira vivre avec des amis de la famille, James et Mary Reed pendant deux ans. Cette période de la vie de Langston ne se révèle pas heureuse, bien qu'elle influencera considérablement le poète en devenir, en raison notamment d'une vie agitée. Plus tard, il rejoindra sa mère, qui s'est entre temps remariée, à Lincoln dans l'Illinois pour finalement s'installer à Cleveland dans l'Ohio où il suivra son enseignement secondaire.

À son école de Cleveland, L. Hughes participera au journal étudiant et écrira ses premières nouvelles, poésies et pièces de théâtre. C'est durant cette période qu'il découvrira son amour pour les livres. Parmi les références du jeune poète figurent le poète américain Paul Laurence Dunbar ou encore le poète d'origine suédoise Carl Sandburg. En 1919, L. Hughes ira rejoindre son père à Mexico pour une courte période caractérisée par des tensions entre les deux hommes qui amènera Langston à faire plusieurs tentatives de suicide. Après avoir terminé son enseignement secondaire en juin 1920, Langston retournera voir son père afin de convaincre celui-ci de financer ses études à l'Université Columbia. Or, les points de vue des deux hommes divergent: tandis que Langston se voit écrivain, James, le père, espère voir son fils suivre une carrière d'ingénieur. Malgré cela les deux hommes arrivent à se mettre d'accord, et il est décidé que Langston étudiera à Columbia aussi longtemps qu'il poursuivra en parallèle des études d'ingénierie. Ses études à Columbia se révèleront relativement concluantes bien qu'il décidera en 1922 de quitter l'institution ayant subi entre autres le racisme de ses camarades de cours. Sorti de son université, Langston privilégiera les joies de la rue d'Harlem à sa scolarité.

Pour vivre, Langston cumule donc les petits métiers comme celui d'équipier sur le S.S Malone qui sillonnera durant l'année 1923 les côtes de l'Afrique occidentale et de l'Europe. Après un court séjour parisien, L. Hughes retournera à Washington où il rejoindra sa mère. De nouveau, Langston cumule les petits boulots avant de devenir l'assistant personnel du professeur Carter G. Woodson à l'Association Pour l'Étude de la Vie et l'Histoire du Peuple Afro-Américain ou "Association for the Study of African American Life and History". Non content des contraintes imposées par le professeur Woodson, Langston passera son temps à écrire. Il quittera finalement son emploi pour celui de serveur dans un hôtel où il fera la rencontre du poète Vachel Lindsay. Impressionné par les quelques poèmes que Langston veut bien lui montrer, Vachel souhaite les voir publier, bien que certains des poèmes de L. Hughes aient été déjà publiés dans divers magazines et son premier recueil en voie de finalisation.
Ses études à l'Université de Lincoln en Pennsylvanie, qu'il débutera à la fin des années 1920, se voient sanctionnées en 1943 par l'obtention de l'équivalent américain du Doctorat en littérature. Grand voyageur, il multipliera aussi les expéditions à travers le monde bien que se sentant profondément harlémois dans son cœur.
Langston Hughes meurt à l'âge de 65 ans, le 22 mai 1967 à New York des suites d'un cancer de la prostate. Ses cendres ont été dispersées à proximité du Centre Arthur Schomberg pour la Recherche sur la Culture Noire situé à Harlem; véritable nom en anglais : Arthur Schomberg Center for Research in Black Culture.
L'orientation sexuelle de Langston a longtemps été discutée entre des attirances bisexuelle ou homosexuelle mais il est communément admis aujourd'hui parmi ses biographes que certains de ses poèmes révèlent une attirance pour les hommes.

Carrière

Effectuant ses débuts d'écrivain en tant que journaliste pour le journal officiel du NAACP, The Crisis, Langston fait publier en 1926 son premier recueil de poèmes The Weary Blues dont est extrait l'un de ses poèmes les plus célèbres : The Negro Speaks Rivers ou Le Nègre parle des fleuves dont voici une traduction libre:

J'ai connu des fleuves:
J'ai connu des fleuves anciens comme le monde et plus vieux
que le flux du sang humain dans les veines humaines.
Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves..
Je me suis baigné dans l'Euphrate quand les aubes étaient neuves.
J'ai bâti ma hutte près du Congo et il a bercé mon sommeil.
J'ai contemplé le Nil et au-dessus j'ai construit les pyramides.
J'ai entendu le chant du Mississippi quand Abe Lincoln descendit
à la Nouvelle-Orléans, et j'ai vu ses nappes boueuses transfigurées
en or au soleil couchant.
J'ai connu des fleuves:
Fleuves anciens et ténébreux.
Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves..
Acteur majeur du mouvement culturel de l'Harlem Renaissance qui verra émerger toute une série d'artistes noirs, il écrira en 1926 dans l'hebdomadaire politique américain The Nation le texte The Negro Artist and the Racial Mountain que beaucoup considèrent comme le manifeste de l'engagement artistique noir. Traduction libre:

Les jeunes artistes Nègres créent aujourd'hui dans le but de s'exprimer
notre propre peau noire, à notre manière, sans peur, ni honte
Si les blancs sont satisfaits, nous sommes ravis. S'ils ne le sont pas
ça n'a pas d'importance. Nous savons que nous sommes beaux. Et laids à la fois.
Le tom-tom pleure, et le tom-tom rit. Si les gens de couleurs
sont satisfaits, nous sommes ravis. S'ils ne le sont pas, leur mécontentement
importe peu non plus. Nous construisons nos temples pour demain,
forts comme nous savons comment, et nous sommes devant la montagne
libres à l'intérieur de nous.
Langston dépeint dans ses œuvres de la vie des prolétaires noirs partagée entre joies, désillusions, espoir, etc. le tout teinté de jazz et de blues. Ainsi L. Hughes dira plus tard: "J'ai cherché à comprendre et à décrire la vie des noirs aux États-Unis et d'une manière éloignée, celle de tout humain". Par son travail, L. Hughes a cherché à montrer l'importante d'une "conscience noire" et d'un nationalisme culturel qui unit les hommes plutôt que les oppose. Cette fierté a par la suite été reprise par de nombreux hommes de lettres comme Jacques Roumain, Nicolás Guillén, Léopold Sédar Senghor ou encore Aimé Césaire.
Langston Hughes, photographié par Gordon Parks, 1943, Library of Congress
Après la publication de multiples recueils de poésies, de pièces de théâtre, d'essais ou encore de scénarios pour le cinéma, L. Hughes entreprend la rédaction de deux autobiographies sur les encouragements de ses amis: The Big Sea qui sera traduit en français sous le titre Les Grandes Profondeurs par les éditions Pierre Seghers en 1947 et I Wonder as I Wander, celui-là non traduit.
Dans les années 1950-1960, la popularité de L. Hughes parmi les auteurs Afro-Américains a décliné en même temps que celle-ci s'est accrue à travers le monde. Il lui a été reproché de n'avoir pas modernisé son discours de la fierté noire par rapport à l'évolution de la condition des noirs aux États-Unis qui s'est améliorée à cette période. Néanmoins il reste un modèle pour bon nombre d'écrivains.

Å’uvre

Recueils de poésies

1926 : The Weary Blues. Knopf
1927 : Fine Clothes to the Jew. Knopf
1931 : The Negro Mother and Other Dramatic Recitations
1931 : Dear Lovely Death
1932 : The Dream Keeper and Other Poems. Knopf
1932 : Scottsboro Limited: Four Poems and a Play. N.Y.: Golden Stair Press
1935 : Let America be America Again
1942 : Shakespeare in Harlem. Knopf
1943 : Freedom's Plow
1947 : Fields of Wonder. Knopf
1949 : One-Way Ticket
1951 : Montage of a Dream Deferred. Holt
1959 : Selected Poems of Langston Hughes. Knopf
1961 : Ask Your Mama. Hill & Wang
1967 : The Panther and the Lash: Poems of Our Times
1994 : The Collected Poems of Langston Hughes. Knopf

Romans et recueils de nouvelles

1930 : Not Without Laughter, Knopf
1932 : Popo and Fifina, avec Arna Bontemps
1934 : The Ways of White Folks. Knopf. Publié en France sous le titre : Histoires de Blancs, éditions de Minuit, traduit par Hélène Bokanowski
1950 : Simple Speaks His Mind
1952 : Laughing to Keep from Crying, Holt
1953 : Simple Takes a Wife
1955 : Sweet Flypaper of Life, photographies par Roy DeCarava
1957 : Simple Stakes a Claim
1961 : The Best of Simple. Publié en France sous le titre : L'Ingénu de Harlem; éd: La Découverte
1963 : Something in Common and Other Stories. Hill & Wang
1965 : Simple's Uncle Sam
1996 : Short Stories of Langston Hughes. Hill & Wang

Autres ouvrages

Les deux volumes autobiographiques de Langston Hughes
1940 : The Big Sea, New York, Alfred A. Knopf. Publié en France en 1947 sous le titre : Les Grandes Profondeurs, Éditions Pierre Seghers.
1954 : Famous American Negroes. Publié en Franc en 1963 sous le titre Portraits de noirs américains : le dur chemin de la gloire. Collection : Nouveaux horizons. B ; 2. Traduit par Jeanne de Recqueville.
1956 : I Wonder as I Wander. New York: Rinehart & Co.
1956 : A Pictorial History of the Negro in America, with Milton Meltzer.
1958 : Famous Negro Heroes of America.
1962 : Fight for Freedom : The Story of the NAACP.

Pièces de théâtres majeures

1931 : Mule Bone, avec Zora Neale Hurston
1935 : Mulatto d'après sa nouvelle Father and son. Renommé The Barrier en 1950. Radiodiffusée en France en 1957 sous le titre : Le Mulâtre
1936 : Troubled Island, avec William Grant Still
1936 : Little Ham
1936 : Emperor of Haiti
1938 : Don't You Want to be Free
1947 : Street Scene, contributed lyrics
1957 : Simply Heavenly
1961 : Black Nativity
1963 : Five Plays by Langston Hughes. Bloomington: Indiana University Press
1964 : Jericho-Jim Crow

Compilations d'Å“uvres de L. Hughes

The Collected Works of Langston Hughes. Missouri: University of Missouri Press, 2001.
The Langston Hughes Reader. New York: Braziller, 1958.
Good Morning Revolution: Uncollected Social Protest Writings by Langston Hughes. Lawrence Hill, 1973.
Arna Bontemps-Langston Hughes Letters, 1925-1967. Charles H. Nichols. Dodd, Mead, & Co. 1980
Remember Me to Harlem: The Letters of Langston Hughes and Carl Van Vechten. by Emily Bernard. Knopf 2001
Langston Hughes: Before and Beyond Harlem. Faith Berry.Citadel Press 1983, 1992
The Life of Langston Hughes. Vol.1 1902-1941 I, Too, Sing America. Arnold Rampersad.New York: Oxford University Press, 1986
The Life of Langston Hughes. Vol.2 1941-1967 I dream a world. Arnold Rampersad.New York: Oxford University Press, 1988
Encyclopedia of The Harlem Renaissance. Sandra West Aberjhani.Checkmark Books 2003



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#226 Virginia Woolf
Loriane Posté le : 24/01/2015 19:12
Le 25 janvier 1882 naît Virginia Woolf

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de son nom Adeline Virginia Alexandra Stephen, morte à 59 ans le 28 mars 1941 à Rodmell, East Sussex, Royaume-Uni, femme de lettres anglaise, l'une des principales autrices modernistes du XXe siècle, Ses Œuvres principales sont Mrs. Dalloway en 1925, La Promenade au phare en 1927, Orlando en 1928, Les Vagues en 1931, Une chambre à soi en 1929 féministe.
Pendant l'entre-deux-guerres, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais. Les romans Mrs. Dalloway 1925, La Promenade au phare 1927 et Orlando 1928, ainsi que l'essai Une chambre à soi 1929 demeurent parmi ses écrits les plus célèbres.
Woolf souffrait d'importants troubles mentaux et présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui trouble bipolaire ; en 1941, à l'âge de 59 ans, elle se suicida par noyade dans la River Ouse, près de Monk's House, dans le village de Rodmell, où elle vivait avec son mari Leonard Woolf.

En bref

Issue d'une famille d'éminents victoriens, comme les appelait Lytton Strachey, Virginia Woolf a voulu dégager le roman anglais de la gangue des traditions et du formalisme qui l'enveloppait, l'affranchir de toutes les normes pour créer un roman de l'avenir. Sa recherche s'est poursuivie à travers chacune de ses œuvres romanesques, que Marguerite Yourcenar a définies comme des biographies de l'être. Ce ne sont plus les types, les caractères, les catastrophes ou les drames de l'amour qui sont les ressorts du récit, mais la transformation des consciences, cette région obscure de la personnalité que Henry James, Proust et les romanciers russes avaient déjà explorée, les instants fugitifs, les moments de vision, tout ce qui forme le halo lumineux, l'enveloppe semi-transparente qui nous entoure du commencement à la fin de notre état d'être conscient.
Influencée par Proust et Joyce, elle tenta de rendre sensible la vie mouvante de la conscience et de saisir les impressions fugitives et quotidiennes dans ses romans, où l'action et l'intrigue ne jouent presque aucun rôle

Sa vie

Virginia Woolf est née à Londres de Sir Leslie Stephen et Julia Stephen Duckworth dite aussi Julia Prinsep - née Julia Jackson : 1846–1895, elle fut éduquée par ses parents à leur domicile du 22 Hyde Park Gate, Kensington dans une ambiance littéraire de la haute société.
Les parents de Virginia étaient tous deux veufs lorsqu’ils se marièrent : ainsi, leur maison regroupait les enfants de trois mariages différents. Les enfants de Julia et de son premier époux Herbert Duckworth : George Duckworth 1868–1934 ; Stella Duckworth 1869–1897 ; et Gerald Duckworth 1870–1937. La fille de Leslie et de sa première épouse Minny Thackeray, Laura Makepeace Stephen, qui fut diagnostiquée handicapée mentale et vécut avec eux avant d’être placée dans un asile en 1891 jusqu’à la fin de ses jours. Enfin, les enfants de Leslie et Julia : Vanessa 1879–1961 ; Thoby 1880–1906 ; Virginia et Adrian 1883–1948.
Sir Leslie Stephen, écrivain, éditeur et alpiniste, était veuf de la fille aînée du romancier William Makepeace Thackeray. Julia Stephen était, quant à elle, descendante d’une famille les sœurs Pattle déjà connue pour son implication dans la vie intellectuelle de la société victorienne, comme le salon tenu au milieu du xixe siècle par sa tante Sarah Prinsep mère du peintre préraphaélite Val Princep. D'ailleurs la mère de Virginia posa comme modèle, dès son plus jeune âge, pour des artistes de l'époque comme plusieurs membres féminins de la famille. Ainsi Henry James, George Henry Lewes, Julia Margaret Cameron, une autre tante célèbre de Julia morte en 1879 et James Russell Lowell le parrain de Virginia faisaient entre autres partie des connaissances de ses parents.
Outre cette atmosphère culturelle, Virginia avait libre accès à la vaste bibliothèque de son domicile du 22, Hyde Park Gate, qui lui permit de découvrir les classiques et la littérature anglaise, à la différence de ses frères qui suivirent une éducation traditionnelle.

Après leur mariage, Virginia et Leonard Woolf partagèrent leur vie entre une maison de campagne, à Asham, et Brunswick Square, à Londres, où ils étaient liés avec tous les écrivains et les peintres qui firent partie du groupe de Bloomsbury. Célèbre entre les deux guerres, ce groupe rassemblait, entre autres, D. H. Lawrence, Katherine Mansfield, le critique d'art Roger Fry, Lytton Strachey et sa sœur Dorothy Bussy, qui fut amie de Gide. Les Woolf fondèrent ensemble la Hogarth Press qui édita certains des auteurs les plus marquants du siècle, Rilke, Svevo et Freud. Virginia Woolf avait commencé à écrire dès 1904 des articles de critique littéraire, mais c'est en 1913 qu'elle achève son premier roman, La Traversée des apparences, bientôt suivi par des articles pour le Times Literary Supplement, des essais, et d'autres romans, depuis Nuit et Jour Night and Day jusqu'à Entre les actes.

Dans ses mémoires, ses souvenirs d’enfance les plus vifs ne sont pourtant pas à Londres, mais à St Ives en Cornouailles où sa famille passait tous ses étés jusqu’en 1895. Les souvenirs de vacances en famille, les impressions laissées par le paysage et le phare de Godrevy Godrevy Lighthouse, furent des sources d’inspiration notables de ses romans, en particulier Voyage au Phare To the Lighthouse.

La mort de sa mère, décédée de la grippe en 1895, alors qu'elle avait 13 ans, et celle de sa demi-sœur Stella deux ans plus tard, entraînèrent Virginia dans sa première dépression nerveuse. La mort de son père en 1904 provoqua son effondrement le plus inquiétant. Elle fut brièvement internée.
Après la mort de leur père, Virginia, Vanessa et Adrian vendirent le 22 Hyde Park Gate et achetèrent une maison au 46, Gordon Square dans Bloomsbury. Ils y firent alors la connaissance de Lytton Strachey, Clive Bell, Saxon Sydney-Turner, Duncan Grant et Leonard Woolf, un ancien étudiant de Cambridge, membre des Cambridge Apostles tout comme Strachey. Ils formèrent ensemble le noyau du cercle d'intellectuels connu sous le nom de Bloomsbury Group.
En 1910 fut organisé un canular destiné à attirer l'attention sur le Bloomsbury Group, le canular du Dreadnought, auquel Woolf participa. Horace de Vere Cole et ses amis réussirent à tromper la Royal Navy, qui leur fit visiter le navire amiral, le HMS Dreadnought, pensant avoir affaire à une délégation de la famille royale d'Abyssinie.

Virginia Woolf était bisexuelle. Virginia épousa l'écrivain Leonard Woolf 1880–1969 en 1912. Elle le surnommait durant leurs fiançailles le Juif sans le sou. Cependant, les époux avaient des liens très forts, et en 1937 Virginia Woolf décrivait dans son journal le fait d'être une épouse comme un grand plaisir, son mariage étant complet. Ils travaillaient ensemble en tant qu'éditeurs et fondèrent en 1917 la Hogarth Press qui publia la plupart des œuvres de Virginia Woolf.
L'ambiance du groupe de Bloomsbury encourageait les rencontres et les liaisons, et en 1922, Virginia Woolf rencontra Vita Sackville-West, bisexuelle, tout comme elle. Après un essai, elles entamèrent une liaison qui dura tout au long des années 1920. En 1928, Virginia Woolf s'inspira de Vita Sackville-West pour créer Orlando, une biographie fantastique dans laquelle le héros éponyme traverse les siècles et change de sexe. Nigel Nicolson, fils de Vita Sackville-West, l'a appelé la plus longue et la plus charmante lettre d'amour de la littérature. Après leur liaison, les deux femmes restèrent amies.

Parmi ses plus grandes amies, on compte Madge Vaughn, la fille de John Addington Symonds, qui inspira le personnage Sally Seton dans Mrs. Dalloway, Violet Dickinson, et la compositrice Ethel Smyth. Elle était aussi très proche de sa sœur Vanessa Bell.

Virginia Woolf se suicide le 28 mars 1941. Elle remplit ses poches de pierres et se jette dans la rivière Ouse, près de Monk's House, sa maison de Rodmell. Elle laisse une note à son mari : J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible... Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler. .... Son corps sera retrouvé trois semaines plus tard, le 18 avril. Leonard Woolf enterrera ses cendres dans le jardin de Monk's House. « Virginia a pris sa décision en toute conscience, dira la musicienne et poète Patti Smith dans un dossier du Magazine littéraire consacré à Virginia Woolf, elle ne s'est pas précipitée vers la rivière Ouse, elle y est entrée résolue. Elle a choisi de mettre fin à sa vie comme elle l'avait menée, en esprit libre et indépendant.

L'étude de sa vie et de ses œuvres par les psychiatres contemporains conduit à penser qu'elle présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui trouble bipolaire anciennement psychose maniaco-dépressive, maladie mentale alternant des épisodes de dépression et d'excitation, souvent associée avec une grande créativité mais conduisant bien des personnes au suicide.

Å’uvre

Elle commence l'écriture comme activité professionnelle en 1905, initialement pour le supplément littéraire du Times. En 1912, elle épouse Leonard Woolf, fonctionnaire et théoricien politique. Son premier roman, The Voyage Out La Traversée des apparences, traduit aussi par "Traversées", est publié en 1915. Elle continue à publier des romans et des essais en tant qu'intellectuelle, qui rencontrent un succès aussi bien auprès de la critique que du grand public. La plupart de ses œuvres seront publiées à compte d'auteur à la Hogarth Press. Elle est considérée comme l'une des plus grandes romancières du xxe siècle et des plus grandes innovatrices dans la langue anglaise. Dans ses œuvres qui délaissent l'intrigue et la progression dramatique, elle expérimente avec acuité les motifs sous-jacents de ses personnages, aussi bien psychologiques qu'émotifs rêveries, états d'âme, pensées contradictoires ou sans lien logique, ainsi que de multiples possibilités de narration dans une chronologie diffractée ou morcelée. Selon Edward Morgan Forster, elle a poussé la langue anglaise un peu plus contre les ténèbres ; l'influence de ses réalisations littéraires et de sa créativité est encore sensible aujourd'hui.

Biographies de l'être

Ces romans révèlent un conflit incessant entre les qualités de synthèse masculines et les qualités de fusion féminines ; aucune romancière n'a sans doute mieux capté la dissolution inhérente au monde des femmes où tout se détruit au fur et à mesure de sa naissance, monde perméable et poreux infiniment vulnérable : il suffit, comme dans la nouvelle Une aventure londonienne, que passe une naine pour que la rue se peuple de monstres, pour que le moi doute de lui-même et de sa normalité. Tout porte la femme à l'évaporation du moi au lieu de la concentration : sa coquetterie, son désir de séduire et d'amadouer le monde masculin souvent décrit comme brutal et violent ; la condition inféodée où elle vit – la femme n'a pas droit aux mêmes études, aux mêmes espaces que les hommes, comme l'indique la romancière dans ses essais polémiques, Une chambre à soi, A Room of One's Own et Three Guineas ; et même cette tendance à une vie mystique où la femme cherche à s'oublier et à se perdre. Contre la dispersion Virginia Woolf n'a cessé d'opposer un travail incessant, et son Journal est peut-être l'œuvre qui révèle le mieux combien l'écriture était pour elle une arme contre la désagrégation, l'égocentrisme, la mélancolie de naissance et le doute de soi. Mais, si ce besoin d'affronter la difficulté, l'obstacle et le mot affirme une tendance virile à contrebalancer les faiblesses de la nature féminine, il procure moins une issue qu'un surcroît de tourments. Virginia Woolf conserve une certaine méfiance vis-à-vis des qualités d'observation et de synthèse nécessaires à l'écrivain : La peinture du monde est inexacte. Ce n'est qu'une peinture d'écrivain, écrit-elle dans son Journal, et encore : Je commence à haïr l'introspection. » Elle est à la fois fascinée par la contemplation du moment ce qu'elle appelle la vie mystique d'une femme et par la nécessité de fixer cet instant éphémère grâce au défi que l'écrivain ne cesse de vouloir lancer à la mort. Sa folie n'a pu que s'augmenter de ces dilemmes sans solution puisqu'ils ramènent toujours au moi qu'il faut fuir, si l'on veut atteindre à cet impersonnel qui permet le salut. La personnalité féminine subit d'ailleurs sans cesse l'agression de l'homme, car l'univers masculin est imperméable, il se suffit à lui-même, et par là même ampute le féminin. Les hommes sont renfermés, organisés, admirables, laconiques, objectifs, très bien pourvus. Dans La Promenade au phare To the Lighthouse, 1927, ce roman si plein de réminiscences, la seule présence de Mr. Ramsay souvenir de Leslie Stephen ? empêche Lily Briscoe de peindre. Dans la cruelle nouvelle de La Dame au miroir, le monde préservé d'Isabelle est fracturé, flou, méconnaissable dès qu'un homme y pénètre. La mort seule paraît plus forte que le monde masculin ; elle est un lieu de fuite et de vengeance, comme dans la nouvelle Le Legs, où une femme se suicide en laissant dans son journal le nom de son amant. Il n'y a pas de héros dans ce monde victorien fracassé, sauf ceux qui sont des projections de son jeune frère Thoby, comme le Perceval des Vagues, et l'amitié amoureuse entre femmes semble y avoir remplacé le sentiment de l'amour. Mais, dans la fable fantastique d'Orlando 1928, le héros androgyne, inspiré par la belle romancière Vita Sackville-West a beau cumuler les personnalités et les sexes, traverser le cours des siècles, il n'empêche qu'à force de vivre ainsi dans une oscillation perpétuelle il aboutit à une désintégration totale de l'être dont la faute est peut-être l'objectivité. Dois-je maintenant respecter l'opinion de l'autre sexe, si monstrueuse que je la trouve ? se demande Orlando. Si la subjectivité enferme et désespère, l'objectivité disperse et détruit la personne : une fois de plus, il n'y a d'absolu que la mort.

La difficulté d'être, au centre du roman woolfien, est essentiellement spirituelle. C'est pourquoi dans ses essais critiques The Common Reader l'écrivain se détourne de romanciers matérialistes comme Wells, Bennett et Galsworthy, peintres du banal et du transitoire, pour évoquer l'intense splendeur de la littérature élisabéthaine et se tourner vers Dostoïevski et le roman russe dont la profonde tristesse, la simplicité dépouillée décrivent les rapports de l'âme et de la sagesse. La technique de Virginia Woolf consiste à saisir les vies à travers certains instants révélateurs – ces « bribes » qu'elle aimait tant dans l'œuvre de Tchekhov –, et dont l'ensemble donne de l'être une vision impressionniste mais totale. Elle veut suggérer la complexité finalement impersonnelle de la vie en imbriquant étroitement les existences, comme dans Mrs. Dalloway 1925 où les pensées intimes, les monologues intérieurs, les instants clefs de plusieurs personnages s'entrecroisent au cours d'une durée limitée à une seule journée. Cette technique sera reprise et portée à sa perfection dans Les Vagues The Waves, 1931, dont un des personnages, Rhoda, dira des autres : Ils s'entrelacent mutuellement et forment une sorte de lanière qui me cingle au visage. Elle atteindra son expression ultime, presque décharnée, dans Entre les actes, et il est possible que la romancière fut consciente de ne pouvoir aller plus loin que ce récit, où tout se passe avant et après la représentation d'une pièce, lors des entractes, et où les caractères ne sont plus que des symboles. On voit quelle rupture Virginia Woolf a opérée avec le roman de situations traditionnel. C'est l'âme seule qui lui importe, avec ses maladies virulentes et ses fièvres furieuses. Or, écrit-elle, « l'âme est antipathique aux Anglais ; elle a peu le sens de l'humour et nul sens du comique. Elle est informe. Elle n'a qu'un mince lien avec l'intellect. Elle est confuse, diffuse, tumultueuse... Peut-être le chef-d'œuvre de Virginia Woolf, le livre où elle saisit le mieux ces moments de vision, est-il Les Vagues, où six personnages se livrent à des monologues intérieurs dont chacun concerne la solitude essentielle de l'être, cette solitude qui seule « délivre de la pression du regard, de la sollicitation des corps, de la nécessité de la parole et du mensonge, et que Virginia Woolf a voulu connaître de façon absolue dans la mort.

Travaux récent

Récemment, des études sur Virginia Woolf se sont concentrées sur les thèmes féministes et lesbiens dans son travail, comme dans l'anthologie d'essais critiques publiée en 1997 Virginia Woolf: Lesbian Readings Virginia Woolf : Lectures lesbiennes, publiée par Eileen Barrett et Patricia Cramer. Louise A. DeSalvo propose un traitement de l'abus sexuel incestueux que subit V. Woolf quand elle était jeune dans Virginia Woolf: The Impact of Childhood Sexual Abuse on her Life and World Virginia Woolf : L'impact des abus sexuels subis pendant son enfance sur sa vie et son monde. Son imaginaire est aussi étudié pour sa profondeur de vue dans des thèmes comme le syndrome commotionnel, la guerre, les classes et la société britannique moderne. Les plus connues de ses œuvres non romanesques, notamment Une chambre à soi et Trois Guinées, traitent de l'avenir de l'éducation féminine et du rôle des femmes auteures dans les canons littéraires occidentaux.
En 1982, chargée de célébrer le centenaire de la naissance de Virginia Woolf, Viviane Forrester joue et fait jouer sa pièce Freshwater à Paris, elle choisit pour metteur en scène Simone Benmussa, représentations également à New York, Londres et Spoleto, interprétée par des écrivains dont Eugène Ionesco, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Viviane Forrester, etc.
En 2002, The Hours, un film fondé sur la vie de Virginia Woolf et sur l'effet de son roman Mrs. Dalloway, a été nommé pour l'Academy Award du meilleur film. Celui-ci était adapté du roman de Michael Cunningham, publié en 1998 et prix Pulitzer. The Hours était le titre provisoire de V. Woolf pour Mrs. Dalloway. Beaucoup de spécialistes de V. Woolf sont hautement critiques sur la peinture que donne le film de V. Woolf et de ses œuvres. Selon eux, ni le roman, ni le film ne sauraient être considérés comme un exposé correct ou une critique littéraire de Mrs. Dalloway.
Enfin, de nombreuses chansons ont été dédiées à Virginia Woolf. Notamment la chanson Dans les rues de Londres 2005 de Mylène Farmer, What the Water Gave Me et Never Let Me Go du groupe anglais Florence and The Machine, ainsi que la chanson Virginia 2008 de la chanteuse finlandaise Vuokko Hovatta.
En 2011, l'ouvrage Virginia Woolf : L'écriture refuge contre la folie, collectif dirigé par Stella Harrison, avant propos de Jacques Aubert avec Nicolas Pierre Boileau, Luc Garcia, Monique Harlin, Stella Harrison, Sophie Marret, Ginette Michaux, Pierre Naveau et Michèle Rivoire, Éditions Michèles, collection Je est un autre, Paris 2011.
En 2012, une nouvelle traduction des œuvres romanesques de Virginia Woolf est parue dans la Pléiade, ainsi qu'un recueil de nouvelles, Lundi ou Mardi encore jamais traduit en français. Virginia Woolf est donc la neuvième femme de lettres à entrer dans la Pléiade.

Liste des Å“uvres

Romans

The Voyage Out 1915
Publié en français sous le titre La Traversée des apparences, trad. L. Savitzky, Paris, Le Cahier gris, 1948 ; rééditions : Flammarion, 1977 ; Le Livre de poche, 1982 ; Garnier-Flammarion, 1985.
Publié en français dans une nouvelle traduction d'Armel Guerne sous le titre Croisière, Robert Marin, 1952.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Jacques Aubert sous le titre Traversées, dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
Night and Day (1919)
Publié en français sous le titre Nuit et Jour, trad. de Maurice Bec, Catalogne, 1933.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Catherine Orsot-Naveau sous le titre Nuit et Jour, Flammarion, 1984 ; réédition, Seuil/Points. Signatures no P2604, 2011
Publié en français dans une nouvelle traduction de Françoise Pellan sous le titre Nuit et Jour, dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
Jacob's Room (1922)
Publié en français sous le titre La Chambre de Jacob, trad. Jean Talva, Stock, 1942 ; rééditions : Plon, 1958 ; Le Livre de poche, 1984.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Magalie Merle sous le titre La Chambre de Jacob, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993 ; réédition, Le Livre de poche/Biblio no 3049, 2005.
Publié en français dans une nouvelle traduction d'Agnès Desarthe sous le titre La Chambre de Jacob, Stock, 2008.
Publié en français dans une nouvelle traduction d'Adolphe Haberer sous le titre La Chambre de Jacob, dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012 ; réédition, Folio no 5501, 2012.
Mrs. Dalloway (1925)
Publié en français sous le titre Mrs. Dalloway, trad. Simone David, Stock, 1929 ; rééditions : Stock, 1958 et 1973 ; Éditions Rencontre, 1969 ; Le Livre de poche, 1984.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Pascale Michon sous le titre Mrs. Dalloway, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993 ; réédition, Le Livre de poche/Biblio no 3012, 2000.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Marie-Claire Pasquier sous le titre Mrs. Dalloway, Gallimard, Folio no 2643, 1994 ; réédition de cette traduction corrigée dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
To the Lighthouse10 (1927)
Publié en français sous le titre La Promenade au phare, trad. Maurice Lanoire, Stock, 1929, 1958, 1973, 1979 ; rééditions : Le Livre de Poche, 1974 et 1983.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Magalie Merle sous le titre Voyage au phare, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993 ; réédition, Le Livre de poche/Biblio, 2013.
Publié en français dans une nouvelle traduction d'Anne Wicke sous le titre Au phare, Stock, 2009.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Françoise Pellan sous le titre Vers le phare, Gallimard, Folio no 2816, 1996 ; réédition de cette traduction corrigée dans Œuvres romanesques, tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
Orlando, a biography (1928)
Publié en français sous le titre Orlando, trad. Charles Mauron, Delamain et Boutelleau, 1948 et 1957 ; rééditions : Stock, 1974 ; Le Livre de Poche, 1982.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Catherine Pappo-Musard sous le titre Orlando, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993 ; réédition, Le Livre de poche/Biblio no 3002, 2002.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Jacques Aubert sous le titre Orlando, dans Œuvres romanesques, tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
The Waves (1931)
Publié en français sous le titre Les Vagues, trad. Marguerite Yourcenar, Delamain et Boutelleau/Stock, 1937 ; rééditions : Plon, 1957 ; Stock, 1974 ; LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993 ; Le Livre de Poche/Biblio no 3011, 1982 et 2000.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Cécile Wajsbrot sous le titre Les Vagues, Callmann-Lévy, 1993 ; réédition, C. Bourgois, 2008.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Michel Cusin, en collaboration avec Adolphe Haberer sous le titre Les Vagues, dans Œuvres romanesques, tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012 ; réédition, Folio no 5385, 2012.
Flush, a biography (1933)
Publié en français sous le titre Flush : une biographie, trad. Charles Mauron, Delamain et Boutelleau, 1935 ; rééditions Stock, 1979 ; LGF, Le Livre de Poche/Biblio no 3069, 1987 ; Le Bruit du temps, 2010.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Josiane Paccaud-Huguet sous le titre Flush, dans Œuvres romanesques, tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
The Years (1937)
Publié en français sous le titre Années, trad. Germaine Delamain, Delamain et Boutelleau, 1938 ; réédition, Stock, 1979 ; Le Livre de Poche/Biblio no 3057, 1985 ; rééditions de cette traduction révisée par Colette-Marie Huet sous le titre Les Années : Mercure de France, 2004 ; Folio no 4651, 2008.
Publié en français dans une nouvelle traduction de André Topia sous le titre Les Années, dans Œuvres romanesques, tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
Between The Acts (1941)
Publié en français sous le titre Entre les actes, trad. Yvonne Genova, Éditions Charlot, 1944
Publié en français dans une nouvelle traduction de Charles Cestre sous le titre Entre les actes, Delamain et Boutelleau, 1947 ; Le Livre de Poche/Biblio no 3068, 1986 ; LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Michèle Rivoire sous le titre Entre les actes, dans Œuvres romanesques, tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012
Recueils de nouvelles

Kew Gardens (1919)
Publié en français sous le titre Kew Gardens, trad. Pierre Nordon, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993 ; réédion : LGF, Le livre de poche bilingue. Série anglaise no 8767, 1993.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Michèle Rivoire sous le titre Kew Gardens, dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
Monday or Tuesday (1921)
Publié en français sous le titre Lundi ou Mardi, trad. Pierre Nordon, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Michèle Rivoire sous le titre Lundi ou Mardi, dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
A Haunted House and Other Stories (1943)
Publié en français sous le titre La Maison hantée, trad. Hélène Bokanowski, Charlot, 1946.
Mrs. Dalloway's Party (1973)
Publié en français sous le titre Mrs. Dalloway dans Bond Street, trad. Pierre Nordon, LGF, Le Livre de Poche/La Pochothèque, 1993.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Michèle Rivoire sous le titre Autour de Mrs. Dalloway, dans Œuvres romanesques, tome I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
The Complete Shorter Fiction (1985)
Publié en français sous le titre La Fascination de l'étang, trad. Josée Kamoun, Seuil, 1990 ; réédition : Seuil, Points no 484, 1991 ; Seuil, Point/Nouvelles no 1145, 2003.
Carlyle's House and Other Skeches (2003)
Publié en français sous le titre La Maison de Carlyle et autres esquisses, trad. Agnès Desarthe, Mercure de France, 2004.

Autres textes

Modern Fiction (1919)
Publié en français dans un choix de textes sous le titre L'Art du roman, trad, Rose Celli, Seuil, 1963 et 1991 ; réédition : Seuil, Point/Signatures no P2084, 2009.
Freshwater (1923), une pièce de théâtre écrite pour les proches de l'auteur.
Publié en français sous le titre Freshwater, trad. Élisabeth Janvier, Des Femmes, 1981.
The Common Reader (1925)
Publié en français dans un choix de textes sous le titre Essais, trad, Claudine Jardin, Seghers, 1976.
Publié en français dans un choix de textes sous le titre Beau Brummel, trad, de Guillaume Villeneuve, Obsidiane, 1985.
Publié en français dans un choix de textes sous le titre Entre les livres, trad, de Jean Pavans, La Différence, 1990.
Publié en français dans une version intégrale incluant The Second Common Reader sous le titre Le Commun des lecteurs, trad. Céline Candiard, L'Arche, 2004.
Victorian Photographs of Famous Men and Fair Women (1926) - introduction de la première monographie sur la photographe Julia Margaret Cameron, dont elle était la petite-nièce.
Time Passes (1926)
Publié en français sous le titre Le temps passe, édition bilingue, trad. Charles Mauron, postface James M. Haule, Le Bruit du temps, 2010.
A Room of One's Own (1929)
Publié en français sous le titre Une chambre à soi, trad. Clara Malraux, Gonthier, 1965 ; rééditions : Denoël, 1977 ; 10/18 no 2801, 1996.
Publié en français dans une nouvelle traduction d'Élise Argaud sous le titre Une pièce bien à soi, Payot & Rivages, Rivages poche. Petite bibliothèque no 733, 2011.
Publié en français dans une nouvelle traduction annotée de Jean-Yves Cotté sous le titre Une pièce à soi, éditions publie.net (publication numérique et papier) 2013.
On Being Ill (1930)
Publié en français sous le titre De la maladie, trad. Élise Argaud, Payot & Rivages, Rivages poche. Petite bibliothèque no 562, 2007.
The London Scene (1931)
Publié en français sous le titre La Scène londonienne, trad. Pierre Alien, C Bourgois, 1984 et 2006.
A Letter to a Young Poet (1932)
Publié en français sous le titre Lettre à un jeune poète, trad, de Jacqueline Délia, Arléa, 1996.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Guillaume Villeneuve sous le titre À John Lehmann, lettre à un jeune poète, Mille et Une Nuits, Petite collection no 203, 1998.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Maxime Rovere sous le titre Lettre à un jeune poète, Payot & Rivages, Rivages poche. Petite bibliothèque no 785, 2013.
The Second Common Reader (1933)
Publié en français dans une version intégrale incluant The Common Reader sous le titre Le Commun des lecteurs, L'Arche, 2004
Three Guinees (1938)
Publié en français sous le titre Trois guinées, trad. Viviane Forrester, Des Femmes, 1977 ; réédition : 10/18 no 3451, 2002.
Publié en français dans une nouvelle traduction de Léa Gauthier sous le titre Trois guinées, Blackjack éditeur, 2012.
Publié en français dans une nouvelle traduction annotée de Jean-Yves Cotté sous le titre Trois guinées, éditions publie.net (publication numérique et papier) 2014.
Roger Fry: a Biography (1940)
Publié en français sous le titre La Vie de Roger Fry, trad. Jean Pavans, Payot, 1999 ; réédition : Payot & Rivages, Rivages poche no 397, 2002.
Thoughts on Peace in an Air Raid (1940)
Publié en français sous le titre Pensées sur la paix dans un raid aérien, essai traduit de l'anglais par David Leblanc, Liberté, n° 278 (novembre 2007), p. 106-110.
The Death of the Moth and Other Essays (1942)
Publié en français sous le titre La Mort de la phalène, trad. Hélène Bokanowski, Seuil, 1968 ; rééditions : Seuil, Points/Roman no 59, 1982 ; Seuil, Points/Nouvelles no 1193, 2004.
Publié en français sous le titre La Mort de la phalène, trad. Marie Picard, Sillage, 2012.
Publié en français sous le titre La Mort de la phalène, dans Œuvres romanesques, tome I et II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
The Moment and Other Essays (1948)
The Captain's Death Bed And Other Essays (1950)
A Writer's Diary (1953), extraits du Journal de l'auteur.
Publié en français sous le titre Journal d'un écrivain, trad. Germaine Beaumont, Éditions du Rocher, 1958 ; rééditions : 10/18, (2 vol.) no 1138-1139, 1977 et 2000 ; C. Bourgois, 1984.
Granite and Rainbow (1958)
Moments of Being (1976)
Publié en français sous le titre Instants de vie, trad. Colette-Marie Huet, Stock, 1977; réédition : Le livre de poche/Biblio no 3090, 1988 ; nouvelle édition : Stock, 2006.
Books and Portraits (1978)
Publié en français dans un choix de textes sous le titre Elles, trad. Maxime Rovere, Payot & Rivages, Rivages poche. Petite bibliothèque no 759, 2012.
Women and Writing (1979)
Publié en français sous le titre Les Fruits étranges et brillants de l'art, trad. Sylvie Durastanti, Des Femmes, 1983.
The Diary of Virginia Woolf (1979)
Publié en français sous le titre Journal, trad. Colette-Marie Huet, (8 vol.), Stock, 1981.
Journal intégral, 1915-1941, collection La Cosmopolite, Stock, 2008 ; traduit par Marie-Ange Dutartre et Colette-Marie Huet ; préface de Agnès Desarthe
The Letters of Virginia Woolf (1975-1980)
Publié en français dans un choix de textes sous le titre Lettres, trad. Claude Demanuelli, Seuil, 1993 ; réédition sous le titre Ce que je suis en réalité demeure inconnu : lettres, 1901-1941, Seuil, Points no P2314, 2010.
Publié en français dans un autre choix de textes sous le titre Correspondance Virginia Woolf - Lytton Strachey, trad. Lionel Leforestier, Le Promeneur, 2009.
The Letters of Vita Sackville-West to Virginia Woolf (1984)
Publié en français sous le titre Correspondance 1923-1941, avec Vita Sackville-West, trad. Raymond Las Vergnas, Stock, 1986 et nouvelle édition 2010 ; réédition : Le Livre de poche/Biblio no 32989, 2013.
Collected Essays (2009)
Publié en français dans un choix de textes sous le titre L'Écrivain ou la Vie, trad. Élise Argaud, Payot & Rivages, Rivages poche. Petite bibliothèque no 600, 2008.
Publié en français dans un autre choix de textes sous le titre Lectures intimes, trad. Florence Herbulot et Claudine Jardin, Robert Laffont, 2013.



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#227 Somerset Maugham
Loriane Posté le : 24/01/2015 18:03
Le 25 janvier 1874 à Nice naît William Somerset Maugham

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dramaturge et romancier britannique du Modern Movement, il est fait, Compagnon d’Honneur, ses Œuvres principales sont L'Envoûté en 1919, La Passe dangereuse en 1925, Le Sortilège malais en 1926. Il meurt à 91 ans, le 16 décembre 1965, à Cap Ferrat en France, Après la Première Guerre mondiale, où il servit dans l'Intelligence Service, la critique dans ses pièces se fit plus cinglante (le Cercle, 1921 ; À l'est de Suez, 1921 ; Pour services rendus, 1932) et il s'en prit aux institutions sociales, la Flamme sacrée, 1928, créant des personnages fortement typés. Il reste surtout comme un maître du roman : l'autobiographique Servitudes humaines 1915, la Lune et six pence 1919, le Fil du rasoir 1944 sont des chants de la désillusion, évoquant la vanité des aspirations humaines et les pièges de l'amour. Dans ses nouvelles, il prend, à travers la peinture de la haute société ou de l'Extrême-Orient, une distance de plus en plus nette avec son siècle.

En bref

Né à Paris où son père était en poste à l'ambassade de Grande-Bretagne, Maugham eut une vie longue et mouvementée : agent secret et grand voyageur, il s'installa finalement en France, en 1946, au Cap-Ferrat. Écrivain extrêmement prolifique et cosmopolite : romans, nouvelles et théâtre ; ce sont ses dons de conteur qui sont éclatants. Influencé par les naturalistes français, il écrivit des romans qui restent ses meilleures œuvres : Liza of Lambeth, 1897, son expérience médicale, surtout Servitude humaine, Of Human Bondage, 1915, largement autobiographique ; La Lune et six pence, The Moon and Six pence, 1919 ; Des gâteaux et de l'ale, Cakes and Ale, 1930. À ces grands titres, il faut ajouter Le Voile peint, The Painted Veil, 1925, Le Fil du rasoir The Razor's Edge, 1944 et Catalina 1948.
Grand maître de la nouvelle — on l'a appelé le Maupassant anglais—, ses Complete Short Stories remplissent trois volumes et certaines sont universellement connues par les films qui en ont été tirés, Quartet, Trio, Encore.
Son théâtre est aussi très abondant : ce fut Lady Frederick, en 1907, qui le fit connaître, et son succès ne se démentit jamais jusqu'en 1933 (en 1908, quatre de ses pièces étaient simultanément données à Londres. Ce théâtre brillant, raffiné, spirituel, parfois amer — engagement personnel qui jaillissait de la nature profonde de Maugham — amusa et intéressa toujours le public. Écrivain extrêmement compétent, observateur lucide et précis, il lui a manqué, pour atteindre à un premier ordre de grandeur, la passion de l'homme et de son destin. Ses personnages vivent davantage de son habileté technique que de sa chair et de son sang.

Sa vie

Il naît à Paris, quatrième fils de parents britanniques vivant en France et qui avaient organisé la naissance de leur enfant pour qu’elle ait lieu à l’ambassade britannique, de telle façon que – si ce n’est pour la géographie, du moins pour la loi – il soit né au Royaume-Uni, ce qui par ailleurs lui permettrait de ne pas être soumis au service militaire français.
Son père, Robert Ormond Maugham, âgé alors de cinquante ans, était un juriste anglais chargé des affaires juridiques de l'ambassade britannique à Paris. Son grand-père, également prénommé Robert, était également un juriste de renom et l'un des fondateurs de l’English Law Society. On s'attendait donc à ce que l’enfant marche sur leurs traces. Ce fut en fait son frère aîné Frederic Herbert Maugham qui embrassa la carrière juridique et devint Lord Chancellor entre 1938 et 1939.
Âgée de 35 ans à la naissance de William, sa mère Edith Mary née Snell, fille d’un commandant de l'armée coloniale britannique aux Indes, souffrait de tuberculose pulmonaire et les médecins lui prescrivirent les accouchements comme remède. William avait trois frères plus âgés, qui étaient tous déjà pensionnaires au Dover College en Angleterre lorsqu'il atteignit l’âge de trois ans ; il fut donc élevé comme un enfant unique.

Enfance

L’enfant grandit au cœur de Paris, dans un monde « proustien1 » de bourgeois fortunés et cosmopolites. Le salon familial accueillait écrivains et peintres, l'appartement était riche en livres et objets d'art. Confié à des gouvernantes françaises, il ne fréquente que des enfants parisiens huppés, passe l'été à Trouville, l'hiver à Pau avec sa mère, beauté2 et modèle de piété, qu'il vénère. Le premier auteur qu’il lut fut Jean de La Fontaine, dont il récitait les fables à sa mère à l’heure du thé. It was France that educated me, France that taught me to value beauty, distinction, wit and good sense, France that taught me to write.
Il a huit ans quand sa mère meurt à quarante-et-un-ans de tuberculose, après l’accouchement d’un fils mort-né. Traumatisé par cette disparition, Somerset gardera la photo de sa mère dans sa chambre toute sa vie. Deux ans plus tard, son père meurt d'un cancer. Ces morts précoces auraient déclenché son bégaiement.
Bien que ne parlant que français5, il est recueilli par un oncle paternel, Henry MacDonald Maugham, vicaire anglican de Whitstable, un petit port du Kent dans le sud de l’Angleterre. Son oncle, quinquagénaire snob marié à une aristocrate allemande, sans enfant sera, semble-t-il, le modèle du missionnaire de la célèbre nouvelle Rain.
De 1885 à 1889, il étudie à la King’s School de Cantorbéry. En hiver 1888, à la suite d'une pleurésie, il fait un séjour à Hyères Côte d'azur, puis un second séjour l’hiver suivant, et part pour Heidelberg, où il étudie l’allemand de 1890 à 1892.

Carrière

Somerset Maugham est bisexuel ; sa vie personnelle a été à ce propos parfois rapprochée de celle d'Oscar Wilde.
En 1892, il entreprend des études de médecine.
En 1894, il effectue un voyage en Italie, avec escale à Paris lors de vacances universitaires. Il aimera toujours la liberté tant artistique que sexuelle qu'il y découvre.
En 1895, âgé de vingt et un ans, vivant à Londres et y étudiant la médecine, il voit Oscar Wilde, qu’il admire. Celui-ci vient de rencontrer le succès avec sa brillante comédie The Importance of Being Earnest mais il doit affronter le scandale public de ses relations homosexuelles. Dès lors, Maugham décide de vivre sa vie affective hors de ce pays si rigoureux.
Toute sa vie, il sera un errant, linguistique comme sexuel, en quête d’ancrage.
En 1897, il obtient son diplôme de médecine, mais tente de vivre de sa plume.
Pendant la Première Guerre mondiale, il est membre du British Secret Service en Europe.
En 1915, année de la naissance de sa fille Liza, il entame une liaison avec Gerald Haxton, jeune Américain de vingt-trois ans, qui se poursuivra jusqu'à la mort de ce dernier en 1944. Il passera la seconde partie de sa vie avec Alan Searle, surnommé le bronzino boy, rencontré en 1928, qui veillera sur lui avec beaucoup de tendresse jusqu'à la fin. Pour le remercier, Maugham l'adoptera. Gerald restera cependant le grand amour de sa vie.
On a dit de lui qu’il fut l’auteur le mieux payé des années 1930.
Maugham est nommé dans l'Ordre des compagnons d'honneur CH le 10 juin 1954 London Gazette du 10 juin.

En 1954, dans un essai, il établit une liste de dix romanciers et des dix romans qui, selon lui, appartiennent à la catégorie des plus grands, 5 en anglais, 3 en français, 2 en russe. Ce sont : Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, de Henry Fielding ; Orgueil et Préjugés, de Jane Austen ; Le Rouge et le Noir, de Stendhal ; Le Père Goriot, d'Honoré de Balzac ; David Copperfield, de Charles Dickens ; Madame Bovary, de Gustave Flaubert ; Moby-Dick, d'Herman Melville ; Les Hauts de Hurlevent, d'Emily Brontë ; Les Frères Karamazov, de Fiodor Dostoïevski ; Guerre et paix, de Léon Tolstoï.
Il est l'oncle de Robin Maugham, auteur de The Servant.

Å’uvres

Maugham écrivit des comédies, des romans psychologiques et des histoires d'espionnage.

Bibliographie

Romans, critiques littéraires, livres de voyage

1897 : Liza of Lambeth (Liza)
1898 : The Making of a Saint
1899 : Orientations
1901 : The Hero
1902 : Mrs Craddock
1904 : The Merry-go-round (Mademoiselle Ley ou Manèges)
1905 : The Land of the Blessed Virgin: Sketches and Impressions in Andalusia
1906 : The Bishop's Apron (Thème repris de la pièce Loaves and Fishes)
1908 : The Explorer
1908 : The Magician
1915 : Of Human Bondage (Servitude Humaine)
1919 : The Moon and Sixpence (L’Envoûté)
1921 : The Trembling of a Leaf
1922 : On A Chinese Screen (Le Paravent chinois)
1925 : The Painted Veil (La Passe dangereuse)
1926 : The Casuarina Tree (Le Sortilège malais) - une des 100 Key Books of The Modern Movement 1880-1950 de Cyril Connolly
1930 : The Letter (Stories of Crime)
1928 : Ashenden: Or the British Agent (Mr Ashenden, agent secret)
1930 : The Gentleman In The Parlour: A Record of a Journey From Rangoon to Haiphong (Un gentleman en Asie)
1930 : Cakes and Ale: or, the Skeleton in the Cupboard (La Ronde de l'Amour)
1932 : The Book Bag
1932 : The Narrow Corner : Le Fugitif
1933 : Ah King
1934 : The Judgement Seat
1935 : Don Fernando
1936 : Cosmopolitans - Very Short Stories
1936 : My South Sea Island
1937 : Theatre (La Comédienne)
1938 :The Summing Up (Mémoires)
1939 : Christmas Holiday (Vacances de Noël)
1939 : Princess September and The Nightingale
1940 : France At War (La France sous les armes )
1940 : Books and You
1940 : The Mixture As Before
1941 : Up at the Villa (Il suffit d'une nuit)
1941 : Strictly Personal
1942 : The Hour Before Dawn
1944 : The Unconquered
1944 : The Razor's Edge (Le Fil du rasoir)
1946 : Then and Now (Plus ça change ou La Mandragore)
1946 : Of Human Bondage - An Address
1947 : Creatures of Circumstance
1948 : Catalina
1948 : Quartet
1948 : Great Novelists and Their Novels
1949 : A Writer’s Notebook (Et mon fantôme en rit encore)
1950 : Trio
1951 : The Writer’s Point of View
1951 : The Complete Short Stories
1952 : Encore
1952 : The Vagrant Mood
1953 : The Noble Spaniard
1954 : Ten Novels and Their Authors
1958 : Points of View
1962 : Purely For My Pleasure

Théâtre

1903 : A Man of Honour
1912 : Lady Frederick
1912 : Jack Straw
1912 : Mrs Dot
1912 : Penelope
1912 : The Explorer
1913 : The Tenth Man
1913 : Landed Gentry
1913 : Smith
1913 : The Land Of Promise
1920 : The Unknown
1921 : The Circle
1922 : Caesar's Wife
1922 : East Of Suez
1923 : Our Betters
1923 : Home And Beauty
1923 : The Unattainable, d'après son roman The Bishop's Apron (1906)
1924 : Loaves And Fishes
1927 : The Constant Wife
1927 : The Letter
1928 : The Sacred Flame
1930 : The Bread-Winner
1932 : For Services Rendered
1933 : Sheppey

Nouvelles

Ordre alphabétique
1. A Bad Example (1899)
2. A Casual Affair (1934)
3. A Chance Acquaintance (ultérieurement intégrée à la nouvelle Mr Harrington's Washing)
4. A Domiciliary Visit (ultérieurement intégrée à la nouvelle Miss King)
5. A Friend in Need (1925)
6. A Man from Glasgow (1947)
7. A Man with a Conscience (1939)
8. A Marriage of Convenience (1906)
9. A Point of Law (1903)
10. A String of Beads (1927)
11. A Traveller in Romance (1909)
12. A Trip to Paris (ultérieurement intégrée à la nouvelle Giulia Lazzari)
13. A Woman of Fifty (1946)
14. An Irish Gentleman (1904)
15. An Official Position (1937)
16. Appearance and Reality (1934)
17. Before the Party (1923)
18. Behind the Scenes (ultérieurement intégrée à la nouvelle His Excellency)
19. Cousin Amy (1908, réécrite plus tard sous le titre The Luncheon)
20. Cupid and The Vicar of Swale (1900)
21. Daisy (1899)
22. De Amicitia (1899)
23. Episode (1947)
24. Faith (1899)
25. Flirtation (1906, écrit en 1904)
26. Flotsam and Jetsam (1940)
27. Footprints in the Jungle (1927)
28. French Joe (1926)
29. German Harry (1924)
30. Gigolo and Gigolette (1935)
31. Giulia Lazzari (1928)
32. Good Manners (1907)
33. Gustav (ultérieurement intégrée à la nouvelle The Traitor)
34. His Excellency (1927)
35. Home (1924)
36. Honolulu (1921)
37. In a Strange Land (1924)
38. Jane (1923)
39. Lady Habart (1900)
40. Lord Mountdrago (1939)
41. Louise (1925)
42. Love and Russian Literature (ultérieurement intégrée à la nouvelle Mr Harrington's Washing)
43. Mabel (1924)
44. Mackintosh (1920)
45. Masterson (1929)
46. Mayhew (1923)
47. Mirage (1929)
48. Miss King (1928)
49. Mr Harrington’s Washing (1928)
50. Mr Know-All (1925)
51. Neil MacAdam (1932)
52. P & O (1923)
53. Princess September (1922)
54. Pro Patria (1903)
55. R. (ultérieurement intégrée à la nouvelle Miss King)
56. Rain (1921)
57. Raw Material (1923)
58. Red (1921)
59. Salvatore (1924)
60. Sanatorium (1938)
61. Straight Flush (1929)
62. The Alien Corn (1931)
63. The Ant and the Grasshopper (1924)
64. The Back of Beyond (1931)
65. The Book Bag (1932)
66. The Bum (1929)
67. The Buried Talent (1934)
68. The Choice of Amyntas (1899)
69. The Closed Shop (1926)
70. The Colonel’s Lady (1946)
71. The Consul (1922)
72. The Creative Impulse (1926)
72a. The Criminal (1904)
73. The Dark Woman (ultérieurement intégrée à la nouvelle The Hairless Mexican)
74. The Door of Opportunity (1931)
75. The Dream (1924)
76. The End of the Flight (1926)
77. The Escape (1925)
78. The Facts of Life (1939)
79. The Fall of Edward Barnard (1921)
80. The Flip of a Coin (ultérieurement intégrée à la nouvelle His Excellency)
81. The Force of Circumstance
82. The Fortunate Painter (1908)
83. The Four Dutchmen (1928)
84. The French Governor
85. The Greek (ultérieurement intégrée à la nouvelle The Hairless Mexican)
86. The Hairless Mexican (1927)
87. The Happy Couple (1908)
88. The Happy Man (1924)
89. The Human Element (1930)
90. The Judgement Seat (1934)
91. The Kite (1947)
92. The Letter (1924)
93. The Lion’s Skin (1937)
94. The Lotus Eater (1935)
95. The Luncheon (1924)
96. The Making of a Millionaire (1906)
97. The Man with the Scar (1925)
98. The Mother (1909)
99. The Noblest Act
100. The Opium Addict
101. The Outstation (1924)
102. The Poet (1925)
103. The Point of Honour (1947)
104. The Pool (1921)
105. The Portrait of a Gentleman (1925)
106. The Promise (1925)
107. The Punctiliousness of Don Sebastian (1899)
108. The Romantic Young Lady (1947)
109. The Round Dozen (1923)
110. The Social Sense (1929)
111. The Spanish Priest (1906)
112. The Taipan (1922)
113. The Three Fat Women of Antibes (1933)
114. The Traitor (1927)
115. The Treasure (1934)
116. The Unconquered (1943)
117. The Verger (1929)
118. The Vessel of Wrath (1931)
119. The Voice of the Turtle (1935)
120. The Wash-Tub (1929)
121. The Yellow Streak (1925)
122. Virtue (1931)
123. Winter Cruise (1943)

Adaptations au cinéma

Liste partielle
1926 : The Magician, film muet américain réalisé par Rex Ingram, avec Alice Terry et Paul Wegener
1933 : Haute Société (Our Betters), film américain réalisé par George Cukor, avec Constance Bennett ; d'Après le roman éponyme
1934 : Le Voile des illusions (The Painted Veil), film américain réalisé par Richard Boleslawski, avec Greta Garbo, George Brent, Herbert Marshall, Warner Oland et Jean Hersholt
1942 : The Moon and Sixpence, film américain réalisé par Albert Lewin, avec George Sanders, Herbert Marshall
1946 : Le Fil du rasoir (The Razor’s Edge), film américain réalisé par Edmund Goulding, avec Tyrone Power, Anne Baxter, Gene Tierney et Clifton Webb ; d’après le roman éponyme.
1953 : La Belle du Pacifique (Miss Sadie Thompson), film américain réalisé par Curtis Bernhardt, avec Rita Hayworth
1964 : Servitude humaine (Of Human Bondage), film américain réalisé par Ken Hughes, avec Kim Novak et Laurence Harvey, d’après le roman éponyme
2000 : Il suffit d'une nuit (Up at the Villa), film britannico-américain réalisé par Philip Haas, avec Kristin Scott Thomas et Sean Penn, d’après la nouvelle éponyme.
2005 : Adorable Julia (Being Julia), film canado-américano-hongrois réalisé par Istvan Szabo, avec Annette Bening, Jeremy Irons ; d’après le roman La Comédienne.
2006 : Le Voile des illusions (The Painted Veil), film sino-canado-américain réalisé par John Curran, avec Naomi Watts, Edward Norton, Liev Schreiber et Diana Rigg ; d’après le roman éponyme.

Sources

(en) W. Somerset Maugham, Collected Stories, Everyman's Library, 2004
W. Somerset Maugham, Les Nouvelles complètes, préface de Robert Merle, Omnibus, Presses de la cité, 1992


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#228 Re: Paul Léautaud
Iktomi Posté le : 23/01/2015 19:29
Les Entretiens de Léautaud avec Robert Mallet, c'est quelque chose qu'il faut avoir entendu, j'ai eu la chance de le faire il y a trois ans, et puis la lecture de son Journal littéraire a aussi été un grand moment.

Le drame de Léautaud à mon sens aura été une certaine impossibilité à s'accomplir comme écrivain hors du champ somme toute restreint de la critique et de l'analyse littéraires.

Après sa mort, certains ont eu la tentation d'en faire une icône de l'anarchisme de droite (Je ne pense pas du tout à Pierre Perret en l'occurrence, pour que les choses soient claires) mais je crois que c'était mal le comprendre. C'était surtout un esprit libre et indépendant, c'est devenu rare de nos jours, vous ne trouvez pas ?

Il a expliqué lui même dans les Entretiens pourquoi il préférait recueillir un chien perdu ou battu plutôt que secourir un humain en détresse, je vous laisse juge de ses propos et je peux même donner à ceux que ça intéresse le lien pour se les procurer.

Merci Loriane pour ce bel article.


#229 Gaston Gallimard
Loriane Posté le : 17/01/2015 19:17
Le 18 janvier 1881 à Paris naît Gaston Gallimard
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mort le 25 décembre 1975, Neuilly-sur-Seine, éditeur français, fondateur des éditions Gallimard qui occupent une place majeure dans la vie littéraire française du XXe siècle. Il a mené également des entreprises extra-littéraires : administrateur de théâtre, patron de presse, producteur de cinéma et organisateur de concerts.

En bref

Fils de Paul Gallimard et de Lucie Duché, Gaston Gallimard appartient à une famille de bourgeois parisiens cultivés qui fréquentait les livres, les peintres, les gens de théâtre, elle possédait les Variétés. Peut-être est-ce auprès de ceux-ci que Paul prit l'idée du roman dialogué en un prologue et cinq journées dont l'action se passe en Dalmatie à la veille de 1848 et qui, intitulé Les Étreintes du passé, sera publié en 1928, à tirage limité, par la Librairie Gallimard. Gaston, qui devait confier plus tard : J'ai grandi au milieu de Corot, de Renoir, de Van Gogh, de Cézanne, habita lui-même la grande maison familiale, avec sa femme Yvonne, née Redelsperger, et Claude, son fils unique. Il épouse, en secondes noces, Jeanne Dumont. Ancien élève du lycée Condorcet, Gaston Gallimard devient secrétaire d'un parlementaire, puis de Robert de Flers. Il fréquente les milieux littéraires et le monde du théâtre. Il donne alors des chroniques au Figaro et, sous la signature du Moucheur de chandelles, au Journal amusant. Surtout, il entre en relations, par l'intermédiaire de Jean Schlumberger, avec un petit groupe d'hommes chargés d'ambition littéraire et s'apprêtant, en 1908, à fonder la Nouvelle Revue française : André Gide, Jacques Copeau, Marcel Drouin, André Ruyters, Eugène Montfort, Henri Ghéon.

Sa vie

Son père, Paul Gallimard 1850-1929, est un rentier qui traduit les œuvres de John Keats pour Le Mercure de France et collectionne les livres rares, comme il le fait des tableaux impressionnistes. Il est ami avec Auguste Renoir. Il fréquente aussi les théâtres. Il a épousé Lucie Duché 1858-1942. Son grand-père est Gustave Gallimard 1821-1918, d'une famille originaire de Saint-Florentin en Bourgogne et sa grand-mère Henriette Chabrier 1829-1918, originaire d'Auvergne. Son arrière-grand-père, Sébastien Gallimard 1794-1873, avait épousé Eugénie Martineau 1799-1878, petite-fille de Louis-Simon Martineau, avocat, député de Paris aux États généraux et à la Constituante, rapporteur du comité sur la Constitution civile du clergé en 1790.
Gaston Gallimard étudie pendant sept ans au Lycée Condorcet, où il fait la connaissance de Roger Martin du Gard. Il arrête ses études après avoir obtenu son baccalauréat en 1898. À vingt ans, Gaston Gallimard est un dandy qui semble destiné à suivre les traces de son père. Il devient secrétaire de l’auteur dramatique Robert de Flers. Alors qu'il passe ses vacances d'été dans la villa familiale de Benerville-sur-Mer (Calvados), il rencontre Marcel Proust en 1907 ou 1908.

La Nouvelle Revue française

En 1910, la Nouvelle Revue française crée un comptoir d’édition et engage Gallimard comme gérant. Celui-ci apporte avec André Gide et Jean Schlumberger le capital nécessaire.
Le 17 décembre 1912, à Paris, Gallimard épouse Yvonne Redelsperger (1884-1968).
En 1913, il est nommé administrateur du théâtre du Vieux-Colombier qui vient d’être créé. Il fait connaissance avec la comédienne Valentine Tessier, qui deviendra sa maîtresse.
En 1914, naît son fils, Claude.
Lors de la Première Guerre mondiale, Gallimard cherche par tous les moyens à se faire réformer. Il fait plusieurs séjours dans des sanatoriums. Ses activités d’éditeur tournent au ralenti. En 1917, il part pour New York pendant six mois, où il accompagne la troupe du Vieux-Colombier dans une tournée de propagande pour la culture française.
En 1918, après un second séjour aux États-Unis, il décide de créer une véritable entreprise clairement distincte de la NRF, la librairie Gallimard. Son frère Raymond jusqu'alors actionnaire, le rejoint pour se charger de la gestion.
Au début des années 1920, une campagne de presse contre l’influence croissante de la NRF est lancée. La riposte face à cette croisade de longues figures mobilise tout l’entregent de Gallimard.
En 1928, la création de ZED-publications vise à lancer des hebdomadaires Détective, Voilà, Marianne… et des revues Revue du cinéma… tout en protégeant la librairie Gallimard des éventuels échecs. L’hebdomadaire de faits divers Détective rencontre un très grand succès.
En 1930, Gallimard divorce et se remarie avec Jeanne-Léonie Dumont.
En 1933, il produit le film Madame Bovary de Jean Renoir, dont le rôle principal est tenu par Valentine Tessier. C’est un échec commercial.

La parution, en 1909, d'un second numéro 1 de la revue, le premier ayant provoqué un éclatement du groupe, était suivie deux ans plus tard de la création d'une petite maison d'édition, décidée à ne publier que ce qui semblait correspondre aux valeurs de la revue, où apparaissent notamment Valery Larbaud, Jules Romains, Paul Valéry, André Suarès, Paul Claudel, Émile Verhaeren, Léon-Paul Fargue. La Première Guerre mondiale interrompt la publication de celle-ci. En 1917, Gaston Gallimard, avec Copeau, accompagne aux États-Unis la troupe du théâtre du Vieux-Colombier, fondé en 1913 et amené à se transplanter à New York, dans le cadre de la propagande officielle de la France auprès de ses alliés américains. À la fin de la guerre, en 1919, la maison d'édition, de simple amicale devient société anonyme sous le nom de Librairie Gallimard. C'est alors la grande période de la souveraine entreprise, qui, sous la direction de Gaston, assisté de ses frères Raymond et Jacques, de son fils Claude, de son neveu Michel, mort prématurément, de ses petits-fils Christian et Antoine, va faire de son catalogue une sorte de Bottin des lettres françaises, et même étrangères Dostoïevski, Dickens, Conrad, Chesterton, Butler, plus tard Joyce et Faulkner.
Cet aventurier de l'édition, ce découvreur et juge du génie, qu'on a dit aussi travailleur par sa passion du livre que paresseux par vocation, a peu écrit. Il laisse surtout des articles publiés dans la Nouvelle Revue française : Les Cent Un Propos d'Alain, déc. 1911 ; Exposition de dessins, d'eaux-fortes et de lithographies de Frank Brangwyn galerie Durand-Ruel, févr. 1912 ; Exposition de portraits de Renoir galerie Durand-Ruel, août 1912 ; Première Rencontre avec Marcel Proust, janv. 1923. L'histoire et le labeur de Gaston Gallimard se confondent, pour la plus grande part, avec ceux de sa maison d'édition et de la revue qui lui a donné naissance.

Gallimard et l'Occupation

Gallimard fuit la Seconde Guerre mondiale dans le sud de la France et ne revient à Paris qu’après l’Armistice de 1940. Il cède la direction de la NRF à Drieu La Rochelle, auteur fasciste militant, et accepte de s’autocensurer contre un contingent de papier. L’attitude de l’éditeur est ambiguë. Il accueille dans ses bureaux des réunions clandestines des Lettres françaises fondées par Paulhan tout en publiant des traductions de classiques allemands, comme Goethe, pour se concilier l’Occupant. Il refuse avec habileté le pamphlet de Lucien Rebatet Les Décombres mais n’hésite pas, dans sa proposition de rachat des Éditions Calmann-Lévy, à déclarer sa maison aryenne à capitaux aryens. La guerre est l’occasion d’une autre entreprise extra-littéraire : les concerts de la Pléiade que Gallimard organise à partir de 1943.

Après-guerre

Le suicide de Drieu La Rochelle et le soutien sans faille d’écrivains résistants Camus, Malraux… permettent à Gallimard de protéger la librairie Gallimard de l’épuration qui suit la Libération. Chargée de tous les péchés, la NRF est interdite de publication. Gaston Gallimard rachète en 1946 à Jeanne Loviton 90 % des parts de son concurrent, les éditions Denoël, que la maîtresse de Robert Denoël venait d'hériter après l'assassinat, jamais complètement élucidé de ce dernier en décembre 1945.
En 1960, Albert Camus et Michel, le fils de Raymond frère de Gaston et fils spirituel de Gaston, se tuent dans un accident de voiture. Jeanne Gallimard meurt en 1968.
Gaston Gallimard, dont les forces déclinent, passe progressivement le pouvoir à son fils Claude. Il meurt en 1975. Grâce à l'action de son petit-fils, son nom a été donné en 2011 à une partie de l'ancienne rue Sébastien-Bottin : rue Gaston-Gallimard.

Ouvrages

Textes de Gaston Gallimard
Friedrich Hebbel, Judith, tragédie en cinq actes traduite de l'allemand par Gaston Gallimard & Pierre de Lanux. Paris, Éditions de la Nouvelle Revue française, 1911.
Il a inventé des auteurs, un public », En souvenir de René Julliard, Paris, René Julliard, 1963, p. 50.
Correspondances
Jean Paulhan / Gaston Gallimard, Correspondance, édition établie, présentée et annotée par Laurence Brisset, Gallimard, 2011.
Marcel Proust / Gaston Gallimard, Correspondance, édition établie, présentée et annotée par Pascal Fouché, Paris, Gallimard, 1989.
Jacques Rivière / Gaston Gallimard, Correspondance 1911-1924, édition établie, présentée et annotée par Pierre-Edmond Robert avec la collaboration d'Alain Rivière, Paris, 1994.

Éditions Gallimard

Maison d'édition française créée en 1911 par Gaston Gallimard Neuilly-sur-Seine 1881-Paris 1975 et les fondateurs de la Nouvelle Revue française et dont la raison sociale fut jusqu'en 1919 "Éditions de la Nouvelle Revue française" .
Les premiers auteurs édités furent Gide, Claudel, Bloch, Larbaud et Martin du Gard. Pendant la Première Guerre mondiale, la maison entreprit l'édition complète des œuvres de Ch. Péguy. Elle connaît depuis un développement littéraire continu en éditant les plus grands auteurs français, dont Proust, Morand, Montherlant, Malraux, Kessel, Alain, Paulhan, Saint-Exupéry, Breton, Éluard, Aragon, Sartre, Camus, Tournier, Modiano, Le Clézio et étrangers dont Dostoïevski, Hardy, Conrad, Hemingway, Dos Passos, Faulkner, Steinbeck.
De nombreuses collections reflètent la diversité actuelle du catalogue. La Bibliothèque de la Pléiade présente les chefs-d'œuvre de la littérature universelle, l'Encyclopédie de la Pléiade, le tableau des connaissances actuelles. Dans de grandes collections Essais, Bibliothèque des idées, Bibliothèque des histoires, Bibliothèque de philosophie, Bibliothèque des sciences humaines, l'Espèce humaine, Connaissance de l'inconscient ont été publiés des textes fondamentaux de la pensée contemporaine. La Blanche, Du monde entier, Le Manteau d'Arlequin théâtre sont des collections littéraires. L'Univers des formes est consacré aux beaux-arts. La Connaissance de l'Orient est spécialisée dans l'Extrême et le Proche-Orient. L'Aube des Peuples s'attache à collecter les textes fondateurs des civilisations anciennes. La Série noire regroupe des romans policiers. Gallimard publie aussi des guides touristiques, des livres pour la jeunesse et des collections d'ouvrages au format de poche Folio, Idées, Archives, Découvertes, L'Imaginaire, etc..

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#230 Sylvain Maréchal
Loriane Posté le : 16/01/2015 23:17
Le 18 janvier 1803 meurt Pierre Sylvain Maréchal

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à Montrouge, à 52 ans, né le 15 août 1750 à Paris, écrivain, poète, journaliste, et pamphlétaire français. Militant républicain, précurseur de la grève générale et de l’anarchisme, il participa avec Gracchus Babeuf à la conjuration des Égaux. ses Œuvres principales sont Fragments d’un poème moral sur Dieu en 1780, Jugement dernier des rois, pièce de théâtre en 1793 Manifeste des égaux en 1801 Voulant délivrer l’homme de toute servitude, Sylvain Maréchal, l’homme sans Dieu, est sans doute l’un des plus fervents partisans de l’athéisme durant la Révolution. Incarcéré en 1788 pour ses idées républicaines et athées, et pour avoir proposé la laïcisation du calendrier, Almanach des honnêtes gens, il s'engagea dans la Révolution ; il collabora au journal jacobin les Révolutions de Paris et fonda, en 1790, le Tonneau de Diogène. Son Jugement dernier des rois 1793 est une des rares réussites de théâtre populaire et militant. Sa Fête de la Raison 1794, sur une musique de Grétry, lie l'opéra à la fête révolutionnaire. Après Thermidor, il adhéra aux idées de Babeuf et rédigea le Manifeste des Égaux. Il échappa au procès de 1796 et continua son combat militant par la publication de son Dictionnaire des athées 1800. Il adhéra au babouvisme et s'opposa au coup d'État de Bonaparte. Il est l'auteur d'une abondante littérature d'inspiration athée Correctif à la Révolution, 1793 ; Dictionnaire des athées anciens et modernes, 1800.

En bref

Avocat au Parlement de Paris, Sylvain Maréchal doit renoncer à plaider pour des raisons de santé et va occuper l'emploi plus modeste de sous-bibliothécaire au collège Mazarin. En 1781, il publie les fragments d'un poème moral sur Dieu, puis en 1784 le Livre échappé au Déluge, parodie de la Bible ; enfin, en 1788, une sorte de calendrier philosophique, l'Almanach des honnêtes gens, qui est brûlé par ordre du bourreau, mais dont s'inspirera Fabre d'Églantine pour son calendrier révolutionnaire. Maréchal accueille avec enthousiasme la Révolution et inspire la politique de déchristianisation menée par la Commune de Paris. Sous le Directoire, il publie Code puis Culte et loi d'une société d'hommes sans Dieu, vision utopique d'une société sans prêtres et sans dieux. À un athéisme militant, il joint des idées sociales qui le rapprochent de Babeuf. Son égalitarisme l'entraîne à faire partie de la conjuration babouviste et à rédiger le Manifeste des Égaux. Il échappe à la répression menée par le Directoire contre Babeuf et ses complices. Fut-il un agent double introduit à l'intérieur de la conspiration ? L'historien Georges Lefebvre le laisse entendre. Ainsi s'expliquerait qu'il n'ait pas été impliqué dans le procès de Vendôme intenté à Babeuf, en 1796. Son activité antireligieuse ne se ralentit pas pour autant. Sur l'invitation de l'astronome Lalande, il compose en 1800 son célèbre Dictionnaire des athées anciens et modernes où il fait figurer de façon inattendue saint Augustin, Pascal et Bossuet. Cette œuvre marque le point culminant d'un courant athéiste où s'illustrent les poètes Parny et Desorgues ainsi que le philosophe Dupuis, auteur de l'Origine de tous les cultes, courant dont la violence dépasse celle des derniers libertins comme Piis. Occupé à négocier le Concordat, Bonaparte fait interdire la diffusion du Dictionnaire de Maréchal. Celui-ci meurt peu après. Son fanatisme antireligieux a fait oublier qu'il fut aussi un homme de théâtre. Joué en 1793, son Jugement dernier des rois rencontra un grand succès.

Sa vie

Pierre-Sylvain Maréchal est le fils de Pierre Maréchal et de Brigide Meunier ; il naît le 15 août 1750 à Paris, rue des Prêcheurs où son père tient une boutique de marchand de vin. Son père le destine dans son enfance au commerce, mais il réussit à l'en dissuader ; à la sortie du collège, il suit des études de droit et devient avocat au Parlement de Paris. Toutefois, souffrant de bégaiement, il s'oriente vers la littérature. À l'âge de 20 ans, se livrant à la poésie légère, il publie des Bergeries, un recueil d’idylles, dont le succès lui vaut d’obtenir en 1770 un emploi de sous-bibliothécaire au collège Mazarin4, dont il retirera une grande érudition. Toutefois, admirateur des philosophes — Rousseau, Voltaire, Helvétius, Diderot —, il fréquente un cercle d’auteurs incroyants et développe une philosophie basée sur un socialisme agraire où les biens seraient mis en commun. Les thèmes utopistes de l'âge d'or qu’il reprend dans ses œuvres sont parfois qualifiés d'anarchisme utopique. Se faisant moraliste, il écrit Le Temple de l'Hymen 1771, livre dans lequel il attaque les riches et prône le retour à la simplicité rustique des origines, Le Livre de tous les âges 1779, influencé par Mably et Morelly, qui présente le travail comme le premier devoir de l'Homme et développe une critique de l'inégalité, des Fragments d'un poème moral sur Dieu 1781, réédités en l'an VI sous le titre : Le Lucrèce français, où il se revendique comme athée et remplace le culte de Dieu et de la foi par ceux de la vertu et de la raison, L'Âge d'or 1782 et Livre échappé du déluge 1784, dans lequel il parodie la Bible et s’attaque à la religion, qu’il considère comme un instrument des gouvernements oppressifs et un moyen d’exploitation sociale et économique ; ses critiques du pouvoir absolu et son athéisme affiché lui font perdre son emploi.

Sylvain Maréchal est alors obligé de vivre modestement de ses œuvres littéraires et collabore à différents ouvrages. Il n'en continue pas moins à exprimer ses idées. En 1785-1787, ses Tableaux de la Fable manifestent son idéal de société égalitaire, fondée sur une communauté des biens.
En 1785, son nom figure dans la liste des membres de la loge La céleste amitié, constituée à Paris par le Grand Orient de France. Il est possible qu'il ait appartenu à une loge maçonnique dès 1777.
En 1788, il fait paraître son Almanach des Honnêtes Gens dans lequel, rejetant le calendrier grégorien, il substitue aux saints des personnages célèbres, annonçant ainsi le futur calendrier révolutionnaire ; l'ouvrage est condamné à être brûlé par le Parlement et son auteur interné trois mois. Pour son humiliation, il purge cette peine, non dans la célèbre Bastille, où étaient enfermés les opposants politiques, mais à la sinistre prison parisienne de Saint-Lazare, où étaient enfermés les gens de mœurs douteuses. Par la suite, tous ses écrits paraissent de manière anonyme, ce qui lui permet d'échapper aux poursuites judiciaires et d'écrire jusqu’à sa mort.

Sorti de prison, Sylvain Maréchal s’enthousiasme pour la Révolution française naissante et mène une action de propagandiste ; il publie Le Tonneau de Diogène, un journal anticlérical paru entre janvier et mars 1790, diverses brochures et un Dictionnaire des Honnêtes Gens en introduction à son almanach pour 1791, et collabore à partir d'octobre 1790 aux Révolutions de Paris, dont il est rédacteur en chef et au sein duquel il conduit une virulente campagne anticléricale. Homme à tout faire de Louis-Marie Prudhomme, qui l'emploie aussi bien à des besognes journalistiques qu'à la correction des épreuves ou la révision de l'orthographe des hommes politiques, il publie dans le no 147, daté du 28 avril-5 mai 1792, un article anonyme dénigrant Robespierre. Craignant de perdre une partie de ses lecteurs avec la création prochaine du Défenseur de la Constitution, Prudhomme ne voit en l'Incorruptible qu'un dangereux concurrent et fait son possible pour jeter le discrédit sur son entreprise. On a rencontré rarement, dans les annales du journalisme révolutionnaire, un spécimen aussi complet de bassesse et d'ignominie, un oubli aussi total de la plus élémentaire dignité professionnelle, selon Gérard Walter. Cette attaque vient s'ajouter aux campagnes dirigées par la presse girondine, Le Patriote français de Joseph-Marie Girey-Dupré, Aubin-Louis Millin de Grandmaison dans la Chronique de Paris contre Robespierre dans le cadre du débat sur la guerre. En réaction Sébastien Lacroix publie une brochure, L'Intrigue dévoilée, ou Robespierre vengé des outrages et des calomnies des ambitieux, dans lequel il dénonce les différents ennemis de l'Incorruptible, Brissot, Condorcet, Guadet, Prudhomme, etc.. Marat, Desmoulins et Hébert, également engagés dans le combat contre la guerre, accusent, quant à eux, le journal d'avoir été stipendié par la Gironde. Pourtant, hormis ce texte, tous les articles consacrés par Sylvain Maréchal à la question de la guerre manifestent son opposition, depuis décembre 1791 jusqu'au printemps 1792. Dans le no 130, il critique sévèrement le projet d'Adresse aux Français présenté par Vergniaud à la Législative et, considérant que la guerre est un jeu de prince, affirme : La gloire, nous n'en voulons pas, nous ne voulons que le bonheur. En janvier 1792, dans le no 134, il exprime ses craintes à l'égard d' une guerre longue, ruineuse, incertaine dans ses issues. En mars, dans le no 141, à la mort de Léopold II, il juge que, comme le plus ou moins de certitude de la victoire ne légitime point une invasion... cette mort ne doit rien changer à la disposition des esprits. Sa théorie pacifique de la transformation révolutionnaire est un autre aspect de son progressisme idéologique.

Le 28 avril 1792, il épouse Marie-Anne-Nicolas Desprès, fille d'un négociant de Dijon née le 16 février 1764 et sœur de Jean-Baptiste-Denis Desprès 1752-1832, secrétaire du conseil d'agriculture au ministère de l'Intérieur, auteur de pièces jouées au Vaudeville. Il l'appelle Zoé. La cérémonie religieuse se déroule dans l'église Saint-Nicolas-des-Champs.
En 1793, il fait paraître un Correctif à la Révolution, qui lui fixe pour but la reconstruction de la société sur la base de communautés familiales de centaines de personnes séparées les unes des autres, remplaçant l'État et le gouvernement par un ordre patriarcal. À la même époque, il s'essaye au théâtre — Le Jugement dernier des rois est donné le 17 octobre 1793, au lendemain de l'exécution de Marie-Antoinette — et à l'opéra — en collaboration avec André Grétry pour La Fête de la Raison, jouée après Thermidor sous le titre : La Rosière républicaine —, et compose des hymnes pour les fêtes décadaires.
Sous la Convention thermidorienne, il dénonce la Terreur dans son Tableau historique des événements révolutionnaires de l'an II 1795.

Toutefois, lié avec Gracchus Babeuf, qu'il a rencontré en mars 1793, il s'engage dans la conjuration des Égaux et rédige le Manifeste des Égaux 1796, qui en fait l’un des précurseurs du communisme et, selon certains, l’un des premiers anarchistes. Membre du directoire secret de salut public, il parvient cependant à échapper aux poursuites, quand la conspiration est éventée.
Dans ses ouvrages suivants, il reprend son combat athée, notamment à travers la brochure Culte et lois d'une société d'Hommes sans Dieu an VI, et écrit plusieurs textes inspirés par l'actualité. Retiré à Montrouge, il se consacre avec Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande un Dictionnaire des athées après le coup d'État du 18 brumaire.
Encore peu soucieux des droits de la femme, comme la Révolution, il rédige en 1801 un texte, très controversé, sur un Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes. Marie Armande Jeanne Gacon-Dufour soutient contre lui à cette occasion une polémique qui instaure, entre eux, l’occasion d’une étroite liaison.

Le 18 janvier 1803, à midi, il meurt à Montrouge, entouré de son amie Madame Gacon-Dufour, de sa femme et de sa belle-sœur. Il est inhumé le lendemain. Il laisse un ouvrage, De la Vertu, publié à titre posthume en 1807.

Publication

Période classique poésies
Bergeries 1770
Chansons anacréontiques 1777
Essais de poésies légères suivis d’un songe 1775
Fragments d’un poème moral sur Dieu 1780
Période pré-révolutionnaire
Dieu et les prêtres 1781
Fragments d’un poème philosophique 1781
L'Âge d’Or, recueil de contes pastoraux 1782
Livre échappé du déluge 1784
Almanach des Honnêtes Gens 1788. Cet almanach aura le triste privilège d’être l’une des dernières publications brûlées en place publique.
Apologues modernes, à l’usage d’un dauphin 1788
Période révolutionnaire
Dame Nature à la barre de l’Assemblée nationale 1791
Jugement dernier des rois, pièce de théâtre 1793
Le Tableau Historique des évènements révolutionnaires de l'an II 1795
Pensées libres sur les prêtres 1798
Le Lucrèce français 1798
Culte et Lois d’une société d’hommes sans Dieu 1798
Les Voyages de Pythagore 1799
Histoire universelle en style lapidaire 1800
Dictionnaire des Athées anciens et modernes 1800
Manifeste des égaux, avec Gracchus Babeuf 1801
Pour et contre la Bible 1801
Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes, satire féministe
La Femme abbé 1801
Ouvrages posthumes
Histoire de la Russie, réduite aux seuls faits importants 1807
De la vertu 1807

Bibliographie

Françoise Aubert, Sylvain Maréchal: passion et faillite d'un égalitaire, Goliardica,‎ 1975.
Maurice Dommanget, Sylvain Maréchal : l’égalitaire, l’homme sans dieu, éditions Spartacus,‎ 1950.
Casimir Alexandre Fusil, Sylvain Maréchal: ou, L'homme sans Dieu, h. s. D., 1750-1803, Librairie Plon,‎ 1936, 273 p..
Maurice Genty et Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, coll. « Quadrige »,‎ 2005, « Maréchal Pierre Sylvain », p. 715-716.
Daniel Mornet, Les Origines intellectuelles de la Révolution française 1715–1787, Armand Colin,‎ 1967
Jean-Daniel Piquet et Monique Cubells (dir.), La Révolution française : la guerre et la frontière, 119e Congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, octobre 1996, Paris, Éditions du CTHS,‎ 2000, « La déclaration constitutionnelle de paix à l'Europe, grand sujet de débat entre 1791 et 1794 », p. 387-397.
Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas, Éditions Alternative libertaire Bruxelles, 1996,



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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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