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#201 Marcel Aymé
Loriane Posté le : 28/03/2015 18:53
Le 29 mars 1902 naît Marcel Aymé

à Joigny le 29 mars 1902 mort à 65 ans, à Paris le 14 octobre 1967, écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Écrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, Littérature d'enfance et de jeunesse, scénario. Ses Œuvres principales sont La Table aux crevés, La Jument verte, La Vouivre, Gustalin, Les Contes du chat perché, Le Passe-muraille, La Rue sans nom
Travelingue, Uranus, La Tête des autres, Clérambard, au total plus de cent soixante articles et des contes.Prix Renaudot en 1929
Sans jamais vraiment s'éloigner de la veine populaire de ses premiers romans Brûlebois, 1927 ; la Table-aux-Crevés, 1929 ; la Jument verte, 1933, il est resté un écrivain de la pitié et de l'émerveillement Contes du chat perché, 1934-1958. Mêlant réalisme et fantaisie le Passe-Muraille, 1943, truculence et sensibilité, absurde et simplicité Lucienne et le Boucher, 1948 ; les Oiseaux de lune, 1956, il s'est acquis la réputation d'un auteur soucieux de son indépendance. Romancier (Travelingue, 1941 ; le Chemin des écoliers, 1946 ; Uranus, 1948 ou auteur dramatique Clérambard, 1950 ; la Tête des autres, 1952 ; Louisiane, 1961, il a donné de la société française, de la IIIe République à la Libération, une peinture désabusée et ironique, mise en évidence par les illustrations de Topor.

Il est resté très attaché à sa région d'origine, la Franche-Comté, à laquelle il a fait une place de choix dans ses romans : La Table aux crevés 1929 pour lequel il obtient le Prix Renaudot, La Vouivre 1941, Gustalin 1938. Mais il est néanmoins devenu un véritable parigot de Paris dont il a mis en scène les classes populaires : La Rue sans nom, la petite bourgeoisie : Le Bœuf clandestin 1939, les intellectuels et les snobs : Travelingue 1941.
En cela il fournit une étude sociale, avec un vocabulaire précis pour chaque type humain. Son langage est d'ailleurs un des plus riches de la littérature contemporaine, mêlant argot, français châtié, patois régional franc-comtois, et anglais phonétiquement francisé.
Très attaqué par la critique, y compris pour ses textes les plus inoffensifs comme Les Contes du chat perché3, son succès a été assuré surtout par le public. Au théâtre, son plaidoyer contre la peine de mort La Tête des autres, 1952 a soulevé de vives réactions, mais aussi de l'enthousiasme tout comme ses comédies grinçantes : Lucienne et le Boucher 1948, Clérambard 1950.
Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller Les Sorcières de Salem, Tennessee Williams La Nuit de l'iguane. De nombreux films, téléfilms et dessins animés ont été tirés de ses œuvres. Mais, cultivant son statut d'écrivain politiquement incorrect, il est resté très à l'écart des milieux intellectuels, ce qui l'a fait classer dans les écrivains d'abord de gauche, puis de droite, puis anarchiste de droite.
Peu d'écrivains allemands contemporains ont fait l'objet de controverses aussi vives qu'Ernst Jünger. Sa personnalité comme son œuvre – et chacune témoigne pour l'autre dans un échange réciproque – ont suscité autant d'enthousiasmes sans réserve que d'attaques passionnées. Même si l'hostilité politique nuit parfois outre-Rhin à une appréciation impartiale de ses écrits, le nombre des études universitaires qui lui sont consacrées, la richesse de ses correspondances, dont les publications posthumes se multiplient, confirment sa stature d'écrivain majeur. En France, où l'impeccable perfection de son style lui avait longtemps assuré un statut littéraire privilégié, l'orientation moralisante de certains critiques allemands fait aujourd’hui quelques émules, sans toutefois remettre en cause la réception généralement favorable de l'écrivain.

En bref

Né le 29 mars 1895 à Heidelberg, dans un milieu aisé, Ernst Jünger prend vite en horreur les valeurs bourgeoises et fait une fugue, en 1913, pour s'engager dans la Légion étrangère. Mais il a l'intention de déserter le plus vite possible, afin de courir l'aventure en Afrique : son père le fera rapatrier de justesse. Lorsque la guerre éclate, il est aussitôt volontaire pour les troupes de choc ; son héroïsme lui vaut quatorze blessures et il est décoré de la plus haute distinction allemande : l'ordre « Pour le Mérite ». Après la défaite, il reste quatre ans dans l'armée, puis demande son congé et va étudier la zoologie et la philosophie à Leipzig et à Naples. Entre 1925 et 1930, il déploie une importante activité journalistique dans des publications militaristes d'extrême droite Die Standarte, Arminius, Der Vormarsch dont il est parfois le principal rédacteur. Ses derniers articles paraissent en 1933 et son hostilité au nazisme lui fait refuser fermement toutes les avances du régime. En 1939, Sur les falaises de marbre lui attire des difficultés avec le parti, mais Hitler, qui se souvient du héros de 1914, décide de le laisser en paix. Mobilisé en septembre, Jünger se distingue surtout en allant sauver un blessé sous le feu et en protégeant les richesses artistiques de Laon. Il passe l'essentiel de la guerre à l'état-major parisien ; quoique très lié au cercle de Stauffenberg, il ne participe pas directement à l'attentat fomenté par celui-ci contre Hitler. Lorsque son échec entraîne une vague d'arrestations, Jünger est simplement renvoyé dans ses foyers, à Kirchhorst en Saxe, où il vit la débâcle. À partir de 1950, il habite, entre ses nombreux voyages autour du monde, un petit village de Souabe, Wilflingen, et poursuit son activité d'écrivain. Il publie ainsi cinq volumes de son journal de vieillesse, couvrant la période de 1965 à 1995, l'année de ses cent ans. Mais son œuvre de romancier et d'essayiste ne s'était pas pour autant interrompue, puisque l'on notera, parmi ses dernières publications, le roman Une dangereuse rencontre en 1985 et, surtout, en 1990, Les Ciseaux, méditation sereine aux approches de la mort, où il développe une sorte d'espoir matérialiste en une survie qui échappe à toute définition précise. Avant son décès, survenu le 17 février 1998, il ajoutera encore quelques pages à son journal : la dernière est datée du 17 mars 1996.

Sa vie

Puîné d'une famille de six enfants, orphelin de mère à l'âge de deux ans, ce fils d'un maréchal-ferrant est élevé par ses grands-parents maternels qui exploitent une tuilerie à Villers-Robert, Jura. Le village lui servira de décor pour La Jument verte et de nombreux autres romans tels que La Vouivre, Gustalin ou encore La Table aux crevés 1929. C'est de ce monde-là qu'il s'inspire pour décrire les très vives passions politiques, anticléricales ou religieuses du monde rural. Il expérimente d'ailleurs lui-même ces querelles à l'intérieur de sa propre famille puisqu'il faudra attendre la mort du grand-père anticlérical pour qu'il soit baptisé à l'âge de sept ans. En 1910, à la mort de sa grand-mère, il est pris en charge par une tante, employée de magasin, qui le place en pension au collège de Dole, mais il retourne passer ses vacances à la campagne où il se fait berger à l'occasion. Bien qu'élève médiocre, il prépare le concours de Polytechnique ; toutefois l'épidémie de grippe espagnole qui sévit à l'automne 1919 met fin à ses études et le laissera longtemps d'une santé fragile.

L'écrivain débutant

Après son service militaire de 1919 à 1923, il arrive à Paris où il exerce les métiers les plus divers : employé de banque, agent d'assurance, journaliste. Il ne se trouve aucun talent :
" Petit provincial cornichon, pas plus doué pour les lettres que ne l'étaient alors les dix mille garçons de mon âge, n'ayant seulement jamais été premier en composition française … je n'avais même pas ces fortes admirations qui auraient pu m'entraîner dans un sillage. "
Il profite pourtant d'une convalescence pour écrire son premier roman, très remarqué, Brûlebois publié en 1926. Suivent Aller-retour 1927, La Table aux crevés 1929 qui obtient cette même année le prix Renaudot, La Rue sans nom 1930. Mais c'est avec La Jument verte 1933 que Marcel Aymé obtient la grande notoriété. À partir de là, il considère la littérature comme un métier, il se lance en même temps dans le cinéma et commence à s'intéresser au théâtre. C'est avant la Seconde Guerre mondiale qu'il a écrit Vogue la galère, pièce qui ne sera jouée qu'en 1947.

L’écrivain reconnu puis décrié

" Marcel Aymé a passé une bonne partie de sa vie et de son œuvre à être et à faire ce que l'on n'attendait pas de lui, moyennant quoi il a fini par occuper un ministère parfaitement reconnu : celui de l'ironie politique et de l'inconfort intellectuel."
Son parcours est, en effet, déconcertant. Il est classé à gauche jusqu'à ce que, le 4 octobre 1935, il signe le Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe, qui soutient Mussolini dans la seconde guerre italo-éthiopienne. Tandis qu'en pleine Occupation il fait équipe au cinéma avec un réalisateur marxiste, Louis Daquin, il donne dans le même temps romans et nouvelles à des journaux collaborationnistes : Je suis partout, La Gerbe, mais comme il n'y a dans ses textes aucune trace d'engagement politique, il ne sera pas mis sur la liste noire des écrivains à la Libération. Il a même férocement tourné en dérision le régime nazi avant 1939, Voir : Travelingue, et La Carte ou Le Décret dans Le Passe-muraille et n'a donné aucun gage de ralliement à l'occupant après 1940. Ironie du sort, c'est une collaboration cinématographique avec la Continental film qui lui vaudra un blâme sans affichage en 1946, pour avoir favorisé les desseins de l'ennemi. En conséquence, il refuse la Légion d'honneur qui lui est proposée trois ans plus tard en 1949. Il est alors invité à l'Élysée, invitation qu'il décline en s'estimant indigne pour le motif qui a entrainé son blâme et il écrit :
"Si c'était à refaire, je les mettrais en garde contre l'extrême légèreté avec laquelle ils se jettent à la tête d'un mauvais français comme moi et pendant que j'y serais, une bonne fois, pour n'avoir plus à y revenir, pour ne plus me trouver dans le cas d'avoir à refuser d'aussi désirables faveurs, ce qui me cause nécessairement une grande peine, je les prierais qu'il voulussent bien, leur Légion d'honneur, se la carrer dans le train, comme aussi leurs plaisirs élyséens "
En réalité, ce ne sont pas ses écrits ni son scénario qui lui valent l'accusation de collaboration, c'est la défense de ses amis : Robert Brasillach en 1945, Maurice Bardèche en 1949 et Céline en 1950.

La controverse Marcel Aymé

L'écrivain a été attaqué par tous ceux qui ne supportaient pas que ses romans décrivent assez crûment la France des années quarante et celle de l'épuration, mettant sur le même pied les collaborateurs monstrueux et les revanchards sinistres, décrivant avec une exactitude désinvolte le marché noir, les dénonciations, les règlements de comptes Uranus, Le Chemin des écoliers. Mais il a surtout soutenu jusqu'au bout Robert Brasillach, tentant de faire signer à des intellectuels et des artistes de tout bord la pétition contre la peine de mort dont Brasillach était frappé. Albert Camus, Jean Cocteau, François Mauriac et d'autres l'ont signée, sauf Picasso qui venait d'adhérer depuis peu au parti communiste, ainsi que l'explique Claude Roy J'ai souffert que mon parti d'alors s'oppose à ce que je participe à une demande de grâce. Picasso a refusé aussi pour la même raison. Mais Brasillach a été fusillé quand même, de Gaulle ayant rejeté sa grâce, malgré la lettre que lui avait adressée l'ancien résistant Daniel Gallois qui avait appartenu à un mouvement de résistance : l'O.C.M,

Le succès populaire malgré tout

Bien que très blessé par cet épisode, Marcel Aymé n'en continue pas moins à publier un grand nombre de romans, de contes, de nouvelles et de pièces de théâtre. Si ses œuvres lui valent un immense succès populaire, la critique le met en pièces ou l'ignore, et cela jusqu'à sa mort. Champion du contre-courant, on lui reproche l'anti-américanisme de La Mouche bleue en pleine période pro-américaine.
À propos de sa pièce Les Oiseaux de lune, mise en scène par André Barsacq au Théâtre de l'Atelier, Elsa Triolet écrit : On rit énormément à ces oiseaux de lune. Mais hier comme aujourd'hui, qu'on pleure ou qu'on rie, il y a quelque chose de pourri dans ce royaume-là.
Et pourtant, au théâtre, Marcel Aymé obtient de grands succès en particulier avec La Tête des autres, mise en scène par André Barsacq au Théâtre de l'Atelier, une satire dont la magistrature est seule à ne pas rire.
La Tête des autres est le premier grand plaidoyer contre la peine de mort qui fait scandale. Marcel Aymé y ridiculise les procureurs de la République.

Le style et l’homme

Le style de Marcel Aymé est très élaboré. Il analyse avec esprit les travers de l'homme et de la société. Sa vision peut être noire. L’hypocrisie, l'avidité, la violence, l'injustice, le mépris, apparaissent dans ses ouvrages, aussi bien que la camaraderie, l'amitié, la bonté, l'indulgence et le dévouement. Il décrit les structures sociales de façon très réaliste, à la Balzac ou à la Zola, tout en accordant une place importante au fantastique. Son fantastique, loin d'être traditionnel, est teinté d'ironie et peut être qualifié de fantastique ludique lire dans le recueil Le Passe-muraille.

Le fantastique de Marcel Aymé

Il ne propose aucune hésitation entre deux interprétations, l'une rationnelle, l'autre surnaturelle, le schéma de Todorov enseigné un peu dogmatiquement dans les classes, sur le modèle du fantastique de Maupassant ; ce n'est pas non plus l'intrusion du mystère dans le cadre du quotidien selon la définition de P.-G. Castex, dans la mesure où il n'introduit pas souvent une atmosphère de cauchemar.
Les histoires fantastiques de Marcel Aymé sont souvent fondées sur l'irruption dans la vie d'un homme souvent peu enclin à chercher l'aventure, d'une entorse majeure aux lois physiques les plus inébranlables, qui transforme son existence, mais dont l'origine n'est presque pas envisagée, tandis que les conséquences, parfaitement logiques, obéissent aux lois naturelles : Dutilleul, le héros du Passe Muraille peut traverser les murs et la nouvelle est le récit humoristique des conséquences de cet événement sur sa vie de petit employé.
Raoul Cérusier, dans La Belle Image 1941, découvre en fournissant des photos d'identité qu'il a changé de visage et qu'il est devenu beau : l'histoire est celles des conséquences logiques de ce changement sur sa vie professionnelle et affective. Le nain du cirque Barnaboum grandit en une nuit Le nain, 1934 : le phénomène n'est ni expliqué ni décrit, mais l'histoire des conséquences de de cette perte d'identité obéit aux lois physiques et psychologiques.
Marcel Aymé ne se limite pourtant pas à une recette du fantastique : l'écrivain Martin, Derrière chez Martin, 1938, qui cède trop souvent à la nécessité de faire mourir ses personnages prématurément, après avoir été morigéné par son éditeur, reçoit la visite d'un d'entre eux, qui réclame contre le mauvais traitement que l'auteur lui fait subir. La suite de l'histoire se fonde sur les interactions entre le monde réel et celui du roman où Martin occupe la place de Dieu ; et le fantastique s'enrichit de cet échange entre le déterminisme du réel et l'omnipotence de l’écrivain. Dans Le Cocu nombreux, du même recueil, un vagabond découvre tout un village est peuplé d'êtres humains dotés de deux corps sauf les fous !, et l'on mentionne d'autres villages où une même per­sonne ha­bite quatre, dix, vingt corps et da­van­tage…

Accueil par ses contemporains

Quand il reçoit le Goncourt en 1945, Jean-Louis Bory déclare :
"Mes deux passions sont Aragon et Marcel Aymé. J'ai écrit Mon village à l'heure allemande en pensant à Marcel Aymé."
Et Antoine Blondin :
"Il disposait de beaucoup d'indulgence pour l'humanité tout entière. Sa fréquentation vous améliorait."
Toujours caché derrière des lunettes noires, parlant peu, Marcel Aymé ne s'est reconnu dans aucun courant politique.
"Son immense talent précurseur n'est pas encore suffisamment apprécié. Sa production est abondante. Marcel Aymé a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre et plus de cent soixante articles. L'ignorance dans laquelle la critique et les manuels de littérature ont tenu depuis trente ans l'œuvre de cet écrivain relève du scandale culturel."
Cette ignorance peut s'expliquer par le fait que Marcel Aymé n'a pris la précaution d'épargner personne, pourfendant la bêtise, le snobisme, la cupidité où qu'ils se trouvent : il n'a pas pris le soin de choisir un camp pour se ménager des amis. Il ridiculise les grands bourgeois, les patrons, les intellectuels, les modes et les snobismes en art Travelingue, Le confort intellectuel. L'intelligentsia l'a jugé jugé de droite, tandis que les tenants de l'ordre ne supportent pas sa causticité.
En 1950, il refuse un siège à l'Académie française.

Le langage de Marcel Aymé

Marcel Aymé a l'art de mettre en scène toutes les classes sociales avec le langage qui leur est propre. Bourgeois, snobs, parisiens, voyous, intellectuels, Travelingue, paysans (Marthe et Hyacinthe Jouquier dans Gustalin, Arsène Muselier dans La Vouivre, universitaires l'oncle Jouquier dans Gustalin, politiques et militants Gaigneux et Jourdan dans Uranus tous sont restitués avec authenticité dans leur milieu selon leur parler. Évidemment, compte tenu de ses origines franc-comtoises, l'écrivain fait une place de choix au parler franc-comtois essentiellement dans La Table aux crevés, La Vouivre, Gustalin et Brûlebois.

Le parler franc-comtois

Dans Gustalin, lorsque Marthe est partie avec Sylvestre Harmelin surnommé Gustalin, Hyacinthe rentre à la ferme et trouve la maison vide. Il doit donc faire lui-même le travail de sa femme. Il ferma le poulailler et pensa tout à coup qu'il fallait traire les vaches et porter le lait à la fruitière. Marthe avait tout préparé à l'écurie. À côté du trépied de bois, il trouva la seillere28, la bouille, Comme tante Sarah arrivait, Marthe ôta son devantier. En revenant des bois où habite sa tante Talentine, Marthe se signe en voyant trois pies et récite une comptine pour conjurer le sort : Trois aigasses. Malaigasse. Passe, passe, passe. Arsène Muselier contemple les champs de turquis dans lesquels il n'y a plus trace des serpents de la Vouivre.
Il arrive même que Marcel Aymé assume dans le récit l'emploi certains vocables franc-comtois sans prendre la distance qui siérait à un auteur parisien distingué. Le mot ticlet apparaît dans Je suis renvoyé et L'élève Martin, deux nouvelles de Derrière chez Martin qui ne sont pas régionalistes, pour désigner un loquet. Dans les deux cas, il s'agit de celui des "vécés" – puisque Marcel Aymé francise tous les anglicismes et acronymes de l'usage courant.
"On constate aussi qu'à ces termes francs-comtois se mêlent des expressions d'ancien français connu dans d'autres régions. En effet, la langue du Comté comprend une foule de mots et d'expressions différentes d'une région à une autre, mais généralement compréhensibles dans les trois départements 25 Doubs, 39 Jura, 70 Haute-Saône. Leur origine est très diverse et on trouve pêle-mêle des mots d'ancien français ou d'argot aussi bien que des vocables tirés de l'allemand ou du latin. Ainsi dans Gustalin, Marthe reproche au chien museau de faire des arias. Et Hyacinthe déclare qu'il connaît bien la maison de la Frisée qui était située entre deux foyards

L'argot et les voyous

Sa fréquentation de Céline et de Gen Paul a apporté à Marcel Aymé une riche moisson d'argot parisien qu'il a aussitôt placée dans la bouche de ses personnages. Le Bombé a une crèche à 250 balles et une poule qui ne décarre pas du cercle deux jours sur trois. Milou raconte que son père s'envoyait viande et légumes avec deux litres de picrate. Dans la nouvelle Avenue Junot Marcel Aymé cite directement son ami Gen Paul Attention à la barbouille s'écria Gen Paul à ses visiteurs. Allez pas salir vos alpagues. C'est encore moi qui me ferai incendier par vos ménagaux!

Le guerrier déconcertant

Même si les solutions qu'il suggère ne sont pas toujours de celles que valorisent les modes intellectuelles, sa méditation se situe au cœur même d'une problématique de la modernité : réflexion sur la violence et la guerre, l'avènement de la technique et la signification de l'histoire, la liberté individuelle et l'oppression de l'État, la permanence du sacré et la mort de Dieu, les puissances de la langue comme fondement du séjour humain. Héros exemplaire au sortir de la Première Guerre mondiale, il tire de notes éparses prises sur le champ de bataille un grand livre, Orages d'acier, qui lui vaut la célébrité immédiate et l'admiration de ces anciens combattants que regroupe l'association des « Casques d'acier ». Après avoir vécu les équivoques de l'engagement politique à leurs côtés, il redevient un homme privé, mais retrouve, en 1939, un large public avec Sur les falaises de marbre, où beaucoup voient une dénonciation mythique de la montée du nazisme. Pourtant, son Journal de la Seconde Guerre mondiale, à l'opposé de l'apologie militariste d'Orages d'acier, déconcerte ses premiers admirateurs nationalistes, tandis que ses liens avec le haut état-major, son hostilité au rationalisme progressiste, son absence de goût pour l'autocritique le rendent suspect à une large part de la critique marxiste et libérale, qui va parfois jusqu'à contester la valeur de son style, taxé d'académisme et de froideur. Le désarroi intellectuel qu'a entraîné depuis 1989, chez les marxistes les plus traditionalistes, la chute de l'espoir communiste en U.R.S.S. a suscité paradoxalement, plus encore en France peut-être qu'en Allemagne, un regain d'hostilité idéologique à son égard.

À l'écoute du temps

Encore presque adolescent, Jünger a été pris à partie par l'histoire, sous la forme impérieuse du premier conflit mondial, qui sonna pour beaucoup le glas du monde bourgeois. Orages d'acier 1920 et ses autres récits de guerre constituent la description fascinée d'un monde retourné à l'élémentaire, où la seule issue pour l'individu semble être le réalisme héroïque et une implacable objectivité qui isole l'artiste dans une contemplation distanciée. Mais, par-delà les immédiats problèmes politiques dans lesquels Jünger s'attarde quelque temps sans efficacité, c'est déjà aux virages de la civilisation qu'il applique sa passion de comprendre. À travers l'expérience de la guerre, il a vu s'instaurer la surpuissance de la technique qui échappe au domaine moral pour provoquer un bouleversement métaphysique. En 1932, un essai majeur, Le Travailleur, tente de cerner la nouvelle figure du Travailleur qui remplace le Paysan, le Soldat et le Prêtre à l'arrière-plan de notre destin. La conscience aiguë de l'horreur nazie multipliera ses réticences envers la modernité à laquelle il n'apportait jusqu'alors qu'une adhésion volontariste. Les journaux de la Seconde Guerre mondiale marquent un approfondissement humaniste et moral qui s'enrichira encore dans les œuvres ultérieures : Le Traité du rebelle prône contre l'État-Léviathan une dissidence de tout l'individu qui ajoute aux armes du partisan celles du penseur ; Le Mur du temps minimise les révolutions politiques, simple écume à la surface d'une réalité magique, d'une vérité quasi platonicienne dont l'histoire ne constitue que le scintillement kaléidoscopique. Sa passion conjointe des voyages et de l'entomologie, qui s'est exprimée en particulier dans Chasses subtiles et Sous le signe de Halley, l'oriente prioritairement dans ses derniers textes vers une défense des ressources naturelles de la planète dont le gaspillage par l'inconscience humaine le terrifie. Presque aussi grave que l'oubli des dieux, la méconnaissance des animaux et de la vie constitue à ses yeux une faiblesse majeure de l'homme moderne : sous ce jour, Jünger apparaît comme un pionnier de la défense des valeurs écologiques dans la littérature du XXe siècle.

Le rêveur éveillé

Considéré par le philosophe marxiste Lukács comme un représentant typique de l'irrationalisme allemand et de l'impérialisme militaire prussien, Jünger n'appréhende pas la vie de l'esprit comme simple épiphénomène qui se développerait sur des bases économiques. Sans contact direct avec le groupe surréaliste – bien que Julien Gracq ait salué en lui un grand romancier emblématique –, il puise lui aussi aux sources du romantisme allemand et du symbolisme français, cherchant comme André Breton ce « point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire cessent d'être perçus contradictoirement ». Son premier ouvrage à se dégager de l'expérience immédiate du front, Le Cœur aventureux 1929, accorde une large place aux récits de rêves que l'on rencontrera dans toutes ses œuvres, soit sous forme directe, soit comme cellule initiale du développement romanesque. L'idée première de l'univers intemporel de Sur les falaises de marbre lui apparaît dans un rêve, et la charge onirique puissante des dernières séquences du livre le combat contre les forces démoniaques du Grand Forestier, la lutte entre les chiens et les vipères, l'incendie final doit au rêve sa cohérence et sa justification. Plus ou moins mêlé d'éléments de science-fiction, ce trait persiste dans ses autres utopies romanesques Abeilles de verre, Héliopolis, Eumeswil, à côté de récits où domine l'élément autobiographique Jeux africains, Trois chemins d'écolier combiné à la tradition narrative allemande Le Lance-pierres. Jünger n'hésite pas à recourir à la drogue pour briser l'illusion des apparences (ainsi dans l'essai Approches ou pour en tirer la matière même du récit Visite à Godenholm. Pourtant, si selon sa propre expression il s'embarque sur des vaisseaux cosmiques pour traverser les empires du rêve, c'est toujours muni d'un matériel que la science a produit.

Le monde hiéroglyphique

Quant à l'art perfectionniste de Jünger, il est aux antipodes de l'écriture automatique. Dans cet âge où il lit le retrait de Dieu – même s'il fait, à la fin de sa vie, les démarches nécessaires en Allemagne pour se déclarer catholique –, la langue reste pour lui l'un des rares moyens d'accéder au sacré : l'univers apparaît comme un miroir, lui aussi fait de signes, de hiéroglyphes à déchiffrer. La foi absolue en une harmonie cachée dont les fragments nous sont livrés sous forme d'une mosaïque éparpillée se traduit par une application minutieuse à la description de l'objet, une vision distanciée mais précise comme celle que procure le microscope ou la longue-vue. Chez ce grand chasseur d'insectes, l'écriture prend parfois un aspect brillant et glacé comme un instrument d'entomologiste, lorsqu'elle n'atteint pas à la précision visionnaire de l'hallucination. Julien Hervier

Le ton des beaux quartiers

C'est une annonce compassée, presque professionnellement bourgeoise, qui consacre dans Le Bœuf clandestin, le mariage de la fille de M. Berthaud, qui habite le 17e arrondissement de Paris, rue Villaret-de-Joyeuse : Jeudi 15 septembre, en l’église Saint-Ferdinand-des-Ternes a été célébré dans l’intimité le mariage de Mlle Roberte Berthaud, fille de M. Berthaud, directeur à la banque de Provence et de Normandie, et de Mme, née Tavelet, avec M. Philippe Lardu, ingénieur des mines, fils de M. Lardut et de Mme, née Bontemps. Étaient témoins pour la mariée M. le Général de Buzières d’Amandine et M. Clovis Challebères, vice-président de la ligue pour la protection des églises de Bourgogne et membre de la Société des Gens de Lettres, et M. René Moiran, ingénieur des tabacs.
Les snobs qui se retrouvent dans Travelingue, délirent sur le monde ouvrier avec ferveur. Il me racontait que, dans un atelier, il a vu un ouvrier qui jouait de l’ocarina, et autour de lui, des ouvriers qui l’écoutaient dans des attitudes simples. Des visages compréhensifs, ils avaient le regard pur. Comme impression, c’était formidable. Il aurait fallu filmer ça. Il y avait une belle chose à faire en travelling.
Marcel Aymé, comme Boris Vian ou Raymond Queneau, ne se prive pas d’utiliser l’anglais de manière phonétique ce qui donne travelingue, coquetèle, biftèque, interviouve, métingue.

Militants et politiques

La méfiance du monde ouvrier pour les intellectuels qui militent en sa faveur est illustrée par le personnage de Gaigneux dans Uranus. Gaigneux supporte assez mal les grandes envolées verbeuses de Jourdan, qui s'animait en parlant des travailleurs dans un style fleurant la revue littéraire et le patronage. À l'entendre, la classe ouvrière devenait une divinité mille-pattes apparaissant à la fois comme une théorie de martyrs extatiques, une armée haillonneuse de paladins assoiffés d'héroïsme, et une procession d'archanges à culs roses.

Les ouvriers

Son frère Georges lui avait suggéré de s'intéresser aux milieux ouvriers, mais sa première réaction avait été négative en alléguant qu'il les connaissait mal. Cependant, à la réflexion, peut-être aidé par la lecture de faits divers, il décida de traiter le sujet en imaginant une rue peuplée d'Italiens qui allait prendre peu à peu un visage particulier. Ce sera La Rue sans nom où le langage des protagonistes est moins marqué par leur condition d'immigrés que par leur condition désolante et le racisme que l'écrivain dénonce sans ménagement. Les étrangers avaient élu le Modern Bar pour y boire leur paie à cause de l'hostilité qui se dégageait de ces lieux pour les indigènes. Dans un café où fréquentaient les Français, ils se seraient sentis exilés, au lieu que là, ils étaient dans une atmosphère qu'ils avaient créée et qu'ils aiment pour cela même. L'écrivain emploie d'ailleurs, en faisant parler les observateurs de ces immigrés, des mots qui sont toujours utilisés de nos jours. Les autres habitants de la rue, les hommes surtout, regardaient avec une méfiance agressive ces étrangers qui engrossaient couramment leurs femmes. Ils affichaient un mépris arrogant des professions de terrassier ou de maçon ... et déploraient l'envahissement de la rue par une racaille qui crevait de faim chez elle, dans un pays où les femmes, trop laides, n'arrivaient à nourrir les maquereaux qu'ils étaient tous.

Hommage

Un monument et une plaque ont été élevés à sa mémoire place Marcel-Aymé, dans le quartier de Montmartre à Paris. La statue, réalisée par Jean Marais en 1989 évoque le Passe-muraille, un de ses personnages les plus surréalistes, et une de ses plus belles œuvres écrites.

Œuvre Romans et nouvelles de Marcel Aymé.

Tombe de Marcel Aymé. Cimetière Saint-Vincent, Paris.

Roman.

Brûlebois 1926
Les Jumeaux du diable 1928
La Table aux crevés 1929
La Rue sans nom 1930
Le Vaurien 1931
La Jument verte 1933
Maison basse 1935
Le Moulin de la Sourdine (1936
Gustalin 1938. Édition illustrée de lithographies originales en couleurs de Guy Bardone, Les Bibliophiles de France, Paris 1964
Le Bœuf clandestin 1939
La Belle image 1941
Travelingue 1941
La Vouivre 1943
Le Chemin des écoliers 1946, adapté au cinéma par Michel Boisrond en 1959
Uranus 1948, adapté au cinéma par Claude Berri en 1990;
Les Tiroirs de l'inconnu 1960
L'Épuration et le Délit d'opinion , 1968, Liège, Éditions Dynamo, Collection Brimborions ;
Réédition complète des romans et nouvelles en six volumes illustrés par Roland Topor, Flammarion 1977
Chanson pour Marie-Zoé, dessins de Jean-Marie Queneau, éditions de la Goulotte - Vézelay - 2001

Recueil de nouvelles

Le Puits aux images 1932
Le Nain 1934
Derrière chez Martin 1938
Le Passe-muraille 1943, recueil de nouvelles dont Le Passe-muraille adapté au théâtre par Didier Van Cauwelaert et Michel Legrand, création à Nantes, Maison de la Culture de Loire Atlantique, du 6 au 26 novembre 1996 et aux Bouffes-Parisiens janvier 1997, mise en scène Alain Sachs, avec Francis Perrin et Isabelle Georges. Adapté au cinéma en 1951 par Jean Boyer avec Bourvil, Joan Greenwood, Marcelle Arnold.
Le Vin de Paris 1947, recueil de nouvelles qui inclut La Traversée de Paris, adaptée au cinéma par Claude Autant-Lara en 1956 sous le titre La Traversée de Paris
Les Bottes de sept lieues 1950
En arrière 1950
Les Contes du chat perché : 17 contes publiés entre 1934 et 1946, réédités in Œuvres romanesques complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, vol. III
Enjambées 1967. Illustrations de Giani Esposito, Gallimard, Bibliothèque blanche

Essais

Silhouette du scandale, Éditions du Sagittaire, 1938
Le Confort intellectuel, Flammarion, 1949

Articles de Marcel Aymé

Confidences et propos littéraires, réunis et présentés par Michel Lécureur, Paris, éditions Les Belles lettres, 1996.

Théâtre

Lucienne et le boucher, 1948
Clérambard, 1950
Vogue la galère, 1951
La Tête des autres, 1952
Les Quatre Vérités, 1954
Les Sorcières de Salem, pièce d'Arthur Miller traduite par Marcel Aymé 1954
Les Oiseaux de lune, 1955
La Mouche bleue, 1957
Vu du pont pièce d'Arthur Miller traduite par Marcel Aymé en 1958
Louisiane, 1961
Les Maxibules, 1961
La Consommation, 1963
Le Placard, 1963
La Nuit de l'iguane adaptation française de la pièce de Tennessee Williams, 1965
La Convention Belzébir, 1966
Le Minotaure, 1967

Scénarios, adaptation et dialogues

1935 : dialogues du Domino vert, film français réalisé par Henri Decoin et Herbert Selpin
1935 : dialogues du film Crime et Châtiment, film français réalisé par Pierre Chenal
1936 : dialogues du film Les Mutinés de l'Elseneur, film français réalisé par Pierre Chenal
1946 : dialogues de Nous les gosses, premier film réalisé par Louis Daquin
1941 : scénario du Club des soupirants, film français réalisé par Maurice Gleize
1943 : adaptation et dialogues du film Le Voyageur de la Toussaint, film français réalisé par Louis Daquin
1954 : scénario de Papa, maman, la bonne et moi, film français réalisé par Jean-Paul Le Chanois
1955 : scénario de Papa, maman, ma femme et moi, film français réalisé par Jean-Paul Le Chanois
1965 : dialogues de La Bourse et la Vie, film français réalisé par Jean-Pierre Mocky

Iconographie

Album Marcel Aymé, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2001.

Adaptations pour le cinéma, le théâtre et la télévision

1934 : La Rue sans nom réalisé par Pierre Chenal avec Fréhel, Pierre Larquey, Robert Le Vigan
1950 : Garou-Garou, le passe-muraille de Jean Boyer avec Bourvil, Joan Greenwood, Raymond Souplex, Gérard Oury
1951 : La Table aux crevés d'Henri Verneuil avec Fernandel, Maria Mauban
1956 : La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara avec Jean Gabin, Bourvil, Louis de Funès
1959 : Le Chemin des écoliers de Michel Boisrond avec Françoise Arnoul, Bourvil
1959 : La Jument verte de Claude Autant-Lara avec Bourvil, Valérie Lagrange, Sandra Milo
1961 : Le Nain de Pierre Badel avec Roland Lacoste, Jean Houbé, Paul Frankeur, Evelyne Lacroix, Jacques Gripel et Fernande Albany
1967 : La Bonne peinture, de Philippe Agostini, avec Claude Brasseur, Odette Joyeux (également scénariste), Pierre-Jean Vaillard et René Lefèvre. Les peintures ont été réalisées par Ferdinand Desnos.
1969 : Clérambard d'Yves Robert avec Philippe Noiret, Dany Carrel
1973 : Vogue la galère de Raymond Rouleau avec Robert Hossein, Claude Dauphin
1974 : Les Oiseaux de lune, d'André Barsacq avec Pierre Arditi et Claude Jade
1974 : La Mouche bleue de Marcel Aymé, téléfilm de Jean-Paul Sassy, avec Robert Vattier
1976 : Gustalin de Guy Jorré avec Jean Turpin
1977 : Le Passe-muraille de Pierre Tchernia avec Michel Serrault, Andréa Ferréol et Roger Carel
1979 : La Grâce de Pierre Tchernia avec Michel Serrault, Rosy Varte et Roger Carel
1988 : La Vouivre de Georges Wilson avec Lambert Wilson, Suzanne Flon
1990 : Uranus de Claude Berri avec Michel Blanc, Gérard Depardieu
1991 : L'Huissier de Pierre Tchernia avec Michel Serrault
1991 : Héloïse de Pierre Tchernia avec Michel Serrault.
1993 : Le Bœuf clandestin de Lazare Iglesis avec Daniel Ceccaldi, Danièle Lebrun.
2003 : Les Jours où je n'existe pas de Jean-Charles Fitoussi avec Antoine Chappey, Clémentine Baert.
2010 : Le Loup / Les contes du chat perché, mise en scène Véronique Vella, avec Les comédiens de Comédie Française, du 3 au 8 décembre 2010 au théâtre de l'Ouest parisien.

Ouvrages de référence

Il est difficile de trouver des ouvrages de référence sur Marcel Aymé. L'auteur a été si obstinément classé à droite et admiré par les cercles conservateurs, que très peu d'intellectuels ont osé entreprendre une étude approfondie et objective de son travail de peur d'être taxés de fascisme, d'antisémitisme ou de tendances réactionnaires. D'autre part, Aymé avait l'art de se mettre à dos les cercles politiquement corrects y compris l'Éducation nationale dans son ensemble puisqu'on n'étudie pas ses romans dans les écoles. Seuls les Contes du chat perché sont principalement étudiés à l'école primaire en cycle 3 CE2, CM1, CM2 et au collège. En 1949, le ministère de l'Éducation nationale fait savoir à Marcel Aymé qu'il va être inscrit sur la liste de la prochaine promotion de la Légion d'honneur. Marcel Aymé se souvient du blâme sans affichage auquel il a été condamné en 1946 pour avoir vendu sous l'occupation un scénario à la Continental film.- Archives Gallimard -. L'année suivante, il décline la proposition faite publiquement par François Mauriac de présenter sa candidature à l'Académie française :Combien d'écrivains auront refusé presque simultanément l'Académie française et la Légion d'honneur? s'interroge Gabrielle Rollin dans le magazine Lire.
Pol Vandromme : Marcel Aymé, Paris, Gallimard, 1994 réédition d'un ouvrage publié en 1960.
Michel Lécureur, Lettres d'une vie, Marcel Aymé, Paris, Les Belles Lettres.
Jean Cathelin, Marcel Aymé ou le paysan de Paris, Paris, Debresse, coll. "Au carrefour des lettres", 1958, 253 p.
Jean-Louis Dumont, Marcel Aymé et le merveilleux, Paris, Debresse, 1970, 223 p.
Michel Lécureur, La Comédie humaine de Marcel Aymé, Lyon, La Manufacture,‎ 1985, 371 p.
Michel Lécureur, Marcel Aymé : un honnête homme, Paris, Les Belles Lettres-Archimbaud, 1997, 448 p. + 28 p. de planches
Album Marcel Aymé : iconographie choisie et commentée par Michel Lécureur, Paris, Gallimard, La Pléiade, coll. Album , no 40, 2001, 316 p. Inclut une table des 304 illustrations et un index des noms de personnes, de titres d'œuvres, de textes et de périodiques
Michel Lécureur, Les chemins et les rues de Marcel Aymé préface de Benoît Duteurtre ; photos de Thierry Petit, Besançon, Tigibus, 2002, 139 p. + 1 livret de 16 p. encarté
Roger Nimier, Journées de lecture (préface de Marcel Jouhandeau), Paris, Gallimard, 1965, 277 p.
Pol Vandromme, Marcel, Roger et Ferdinand, Bruxelles, La Revue célinienne no 7-8, 1984, 193 p. Concerne les relations entre Marcel Aymé, Roger Nimier et Louis-Ferdinand Céline.
Jean-Claude Véniel, Créateurs, créatures et création dans l'œuvre de Marcel Aymé, Thèse de doctorat en littérature moderne et contemporaine, présentée en 1988 devant l'université de Lille-3.
Jean-Claude Véniel, L'Œuvre de Marcel Aymé, de la quête du Père au triomphe de l'écrivain, Paris, Aux Amateurs du livre, 1990, 417 p.
Sur l'affaire Brasillach, Anne Brassié, Robert Brasillach, Paris, Robert Laffont,‎ 1987, 420 p.


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#202 Johann Wolfgang von Goethe
Loriane Posté le : 21/03/2015 17:12
Le 22 mars 1832 à Weimar meurt Johann Wolfgang von Goethe

en allemand :ˈjoːhan ˈvɔlfɡaŋ fɔn ˈɡøːtə, né le 28 août 1749 à Francfort, mort le 22 mars 1832 à Weimar à 82 ans, romancier, dramaturge, poète, théoricien de l'art et homme d'État allemand, passionné par les sciences, notamment l'optique, la géologie et la botanique, et grand administrateur.
Il est l'auteur d'une œuvre prolifique aux accents encyclopédiques qui le rattache à deux mouvements littéraires : le Sturm und Drang et le classicisme de Weimar Weimarer Klassik. En physique, il proposa une théorie de la lumière et en anatomie, il fit la découverte d'un os de la mâchoire. Il est souvent cité en tant que membre des Illuminés de Bavière, nom d'ordre : Abaris. Son Divan doit beaucoup à Hafez.
Il est notamment l'auteur des Souffrances du jeune Werther Die Leiden des jungen Werthers, Les Affinités électives, Wahlverwandtschaften, Faust I et II, Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, Wilhelm Meisters Lehrjahre ainsi que de nombreux poèmes dont beaucoup sont si célèbres que des vers en sont entrés comme proverbes dans la langue allemande : Willkommen und Abschied, Es schlug mein Herz, geschwind zu Pferde / es war getan fast eh gedacht, Mignon, kennst du das Land wo die Zitronen blühn…, Connais-tu le pays où fleurissent les citronniers, Le Roi des aulnes, Wer reitet so spät durch Nacht und Wind / es ist der Vater mit seinem Kind… Der König in Thule, etc.
Voilà un homme ! dit Napoléon à son entourage après avoir, en 1808, accordé à Goethe une audience. Il avait touché juste. Être un homme, telle était bien toute l'ambition de Goethe. Bien sûr, il doit sa gloire à son œuvre littéraire. Mais, poète, il n'était pas pour autant un homme de lettres. Son œuvre, c'est avant tout son existence. Son art, c'est l'art suprême : le difficile art de vivre, le savoir-être. De ses écrits la littérature ne représente qu'une part, la moins ample et – du moins pour certains connaisseurs – pas l'essentielle, au regard des récits autobiographiques, de la correspondance, des entretiens, des traductions, des essais critiques, des ouvrages scientifiques ; foisonnement où se manifeste sans défaillance l'inépuisable richesse de l'homme.

Pendant les quatre-vingt-trois années de son existence, le monde s'est profondément transformé. À cheval sur deux siècles, Goethe a assisté de près à l'agonie du médiéval Saint Empire romain germanique, comme aux premiers pas de l'ère moderne, scientifique, technique et industrielle. Sa jeunesse, c'est Frédéric II, roi de prusse et ami de Voltaire, c'est Louis XV, la Pompadour et le rococo ; mais lorsqu'il meurt, il y a en Allemagne deux adolescents qui se nomment l'un Bismarck, l'autre Karl Marx. Dans son enfance, Jean-Sébastien Bach vit encore ; lorsque finit son existence, Richard Wagner a vingt ans. Contemporain de trois générations successives, Goethe aura vu naître et mourir Schiller et Kleist, Novalis et Byron, Hegel et Beethoven, Mozart et Schubert, Robespierre et Napoléon Bonaparte.

En bref

Johann Wolfgang von Goethe est né le 28 août 1749 à Francfort-sur-le-Main, d'une famille bourgeoise cultivée qui accédait alors à la fortune et aux honneurs du patriciat. Francfort était une ville libre d'Empire, en Allemagne l'un des rares lieux où depuis le Moyen Âge régnait une tradition d'autonomie et de démocratie libérale.
Adolescent, il étudie, sans grand succès, le droit à l'université de Leipzig 1765-1768, puis de Strasbourg 1770-1771. Là se place sa célèbre idylle avec Frédérique Brion, la fille du pasteur de Sessenheim. Là aussi il rencontre Herder, de cinq ans son aîné, qu'il admire et dont il reçoit l'impulsion qui l'oriente vers les lettres et les arts. Pendant quelques mois, il exerce vaguement la profession d'avocat sans cause auprès du tribunal d'Empire dans la petite ville de Wetzlar 1772. Il ne s'y ennuie pourtant pas. Engagé dans une nouvelle idylle avec une jeune fille déjà fiancée, Charlotte Buff, il fuit précipitamment et rentre chez lui à Francfort 1773-1775, comme un serpent se réfugie au fond d'un trou pour changer de peau, ou comme la chenille en une chrysalide pour faire sa mue. Déjà l'idée de métamorphose l'obsède. Pour le moment, il s'agit de dépouiller l'adolescent et de donner peu à peu forme à l'adulte qu'il pressent en lui-même. Il dessine, il lit, il écrit. Il imprime à compte d'auteur un drame, Götz von Berlichingen 1773, dont le héros est un chevalier du Moyen Âge. Le succès est grand et lui taille une première réputation. Il a créé et mis à la mode un style nouveau, un genre vieil allemand qui plaît à la jeunesse préromantique. Il pourrait exploiter la veine, il a en main l'occasion de devenir le Walter Scott allemand, on sait que Walter Scott a connu les plus gros tirages et la plus grande fortune littéraire de l'époque ; il s'y refuse. Avec le succès comme avec les femmes, il tourne le dos à qui lui tend les bras. Il a la phobie du piège, il ne veut pas, comme il dit, se laisser mettre dans le sac. Que d'autres fassent valoir la recette et en tirent bénéfice ; lui, il n'écrit pas pour le public, mais pour lui-même, pour s'accomplir. Écrire n'est pas faire acte de littérature, mais pratiquer une hygiène mentale. Écrire, c'est comme dessiner : c'est tracer des contours nets, refuser le vague à l'âme, jeter un rai pénétrant de lumière dans l'ombre des profondeurs, dans ces zones de la vie intérieure où s'agitent les démons de l'obscur et de l'indéterminé ; c'est écarter un instant ces démons, conquérir sur eux au moins un répit, le temps de se ressaisir et de faire son métier d'homme. Sous la façade de celui qu'on a surnommé l'Olympien, le tréfonds recèle un monde à la Hieronymus Bosch. N'oublions pas que, sur la voie qui, du piétisme à Freud, a été ouverte par les grands explorateurs de l'inconscient, on trouve un ami de Goethe, le médecin C. G. Carus, et surtout Goethe lui-même. Son Faust, commencé en 1773, n'est finalement pas autre chose que cette exploration de l'inconscient et du rêve.
Un an plus tard, pour achever de surmonter un amour sans issue, il écrit un roman sentimental, Werther 1774. Cette fois, le voilà – à vingt-cinq ans – célèbre à travers toute l'Europe et jusqu'en Chine où l'on peint Werther sur la porcelaine des théières. Sa vie durant, un public enthousiaste et naïf va ne voir en lui que l'immortel auteur de Werther, ce qui a le don de l'exaspérer.
Cette fois encore il laisse à d'autres, à la race des suiveurs, le soin soit de se suicider à la Werther, soit d'exploiter littérairement le succès. Il n'en retient que la conviction confirmée de son don d'expression. Désormais, il aura presque toujours auprès de lui un secrétaire auquel il dicte à tout propos, sans autre propos que de donner à l'expérience intime une forme et un style. Considéré comme un des premiers écrivains de langue allemande, des éditeurs pirates publient sans son aveu ses œuvres complètes. Il a en chantier dix ou vingt projets de drames, de romans, de poèmes. Pourtant, pendant une bonne dizaine d'années, il ne publie plus rien. Son génie n'a-t-il pas été un feu de paille ?
C'est que, pour l'heure, il lui suffit d'exister, il se plaît à vivre, mais pleinement. Il a un tempérament ludique. Il adore les rencontres improvisées, les fêtes galantes, les jeux de société plus ou moins innocents, les charades et mascarades, les amusements de l'esprit et des sens, du cœur et de l'imagination. Il se complaît aux mystifications. D'ailleurs, il parsèmera son œuvre d'énigmes et de silences délibérés sur l'essentiel, qui ne s'adressent qu'aux subtils ; le bon public n'y voit que du feu, croit avoir compris et admire de confiance. Il y a en Gœthe largement autant de Méphisto que de Faust.

Sa vie, Origine

Les Goethe, vieille famille d'artisans originaires de la Thuringe, habitaient, au moment de la naissance de Johann Wolfgang, une maison de Francfort, aujourd'hui appelée Goethe-Haus. Son père, Johann Caspar Goethe 1710-1782, un juriste, qui consacra une large partie de sa vie à la création d’un cabinet d’Histoire naturelle et à une collection de tableaux, n’avait nullement besoin d’exercer quelque profession que ce fût à côté de ces activités et de l’éducation de ses enfants, étant donné qu’il avait acheté un titre de conseiller impérial. Ainsi que l'a montré René Berthelot, sa passion pour les sciences eut toute sa vie un impact sur la philosophie qu'il a développée. Homme cultivé, il voyagea en Italie, son fils se souviendra d'ailleurs dans Poésie et vérité d'une gondole qu'il aurait ramenée de Venise, et rapporta de ce voyage un journal qui ne fut publié qu'en 1932. La mère de Goethe, Catharina Elisabeth Goethe, née Textor 1731-1808, était quant à elle issue de la noblesse de robe. Fille d’écoutète, prévôt, elle épousa à 17 ans le conseiller Goethe, alors âgé de 38 ans. Mais Johann Wolfgang entretient avec ses parents des relations souvent conflictuelles, du fait notamment de l'extrême sévérité de son père.
Des nombreux enfants du couple, seuls Johann Wolfgang, le cadet, et sa sœur Cornelia Friderike Christina, née le 7 décembre 1750, survécurent, malgré une petite vérole qui manqua l'emporter en 1758.
Son éducation humaniste et scientifique en outre rigoureuse consiste en l'apprentissage de plusieurs langues dont, entre autres, le grec ancien, le latin, le français, l'anglais, l'hébreu, mais aussi la plupart des sports enseignés en ce temps comme la danse, l'équitation, l'escrime et bien d'autres activités. Elle est donnée surtout par son père, homme sévère auquel il préfère souvent la compagnie de sa mère. La relation qu'il entretient avec ses parents, principalement avec son père, est d'autant plus conflictuelle que le jeune Goethe n'a pas une nature joviale. Pourtant, ses études semblent le transformer : de querelleur, il devient un garçon modèle, apprend avec une grande facilité, se passionne pour le dessin, mais éprouve de grandes difficultés en musique.
La guerre de Sept Ans est pour lui l'occasion de découvrir la civilisation française : un officier français, le comte de Thorane, s'installe en effet dans la maison de la famille Goethe en 1759, alors que l'armée française réside à Francfort.
Thorane et le père de Goethe deviennent rapidement bons amis, si bien que ce dernier soutient les Français lors de la bataille de Rossbach, au grand scandale de son beau-père, Textor. Grâce aux bonnes relations qu'il entretient avec ce dernier, le jeune Goethe peut assister au couronnement du roi de Germanie Joseph II en 1764.

Études et premiers écrits 1765-1775

Dans sa ville natale, Francfort, il s'éprend de la jeune et belle Lili Schoenemann. Il étudie le droit à l'université de Leipzig de 1765 à 1768 et à l'université de Strasbourg de 1770 à 1771. Il y rencontre Johann Gottfried Herder, et vit une idylle avec Frédérique Brion, voir Musée Goethe à l'Auberge au Bœuf. Il fait également la rencontre de Jean-Frédéric Lobstein, le vieux, 1736-1784, l'illustre professeur de médecine de l'Académie de Strasbourg. En 1772, il est reçu docteur, revient à Francfort de mai à septembre où il est nommé avocat de la chambre impériale, puis devient magistrat à Wetzlar.
En 1773, il recommence à écrire. Au cours d'un voyage avec Basedow et Lavater sur la Lahn, il compose devant le château-fort de Lahneck le poème Geistesgruss, traduit par Madame de Staël. En 1774, il écrit les Souffrances du jeune Werther, qui le rendent immédiatement célèbre.

Weimar 1775-1786

En 1775, il s'installe à Weimar en tant qu'attaché à la cour du duc Charles Auguste, puis conseiller secret de légation dès 1776. Trois années plus tard, il est nommé commissaire à la Guerre, avant d'être anobli en 1782 et de se voir confier la direction des finances de l'État. En novembre 1775, il y entame une liaison platonique qui durera dix ans avec Charlotte von Stein, de sept ans son aînée, à qui il écrira 1 700 lettres. Il écrit durant cette période deux grands drames, tout d'abord rédigés en prose, puis retranscrits en pentamètres iambiques : Iphigénie en Tauride et Torquato Tasso. Le 3 septembre 1786, il quitte Carlsbad, maintenant Karlovy Vary en République tchèque où il faisait une cure et se rend secrètement en Italie, afin que personne ne puisse l'empêcher de réaliser l'un de ses rêves les plus chers, la découverte d'un pays que son père lui avait tant vanté.
Lors de ce séjour à Weimar, Goethe est initié dans la loge maçonnique Amalia le 23 juin 1780. Un an après, le 23 juin 1781, il est promu Compagnon et il est élevé à la Maîtrise le 2 mars 1782, en même temps que le duc Charles Auguste qui est pour lui un ami et un protecteur. Le 4 décembre 1782 il atteint le quatrième degré écossais de la Stricte Observance et il signe son obligation d'Illuminé le 11 février 1783.

Weimar Un milieu d'élite

Le duc de Saxe-Weimar est un tout jeune homme à qui sa mère, la très remarquable duchesse Anna Amalia, veut créer un entourage de qualité. Elle invite Goethe à venir à Weimar ; à la fois favori, confident, conseiller et compagnon d'aventures, il servira au jeune prince de mentor à peine plus âgé. Voilà encore un jeu qui n'est pas pour lui déplaire. Mais, cette fois, il va s'y laisser prendre. Il s'installe à Weimar en novembre 1776 ; il y restera plus d'un demi-siècle, jusqu'à sa mort. Sa présence, son rayonnement, les amis qui l'entourent, les admirateurs qu'il attire font de Weimar un haut lieu de l'esprit. Toute l'Europe de l'ère romantique y défilera pour voir Goethe, tout comme on va voir Notre-Dame de Paris, le Lido de Venise ou les burgs du Rhin.
Weimar n'est pourtant, quand il y arrive, qu'une bourgade de cinq ou six mille âmes. Le bétail piétine dans les rues boueuses. Pas de routes dans le pays, rien que de mauvais chemins où l'on risque de se rompre les os ; on ne circule guère qu'à cheval. Le château, incendié récemment, n'est qu'une ruine. On loge où l'on peut. Dans cette Saxe provinciale, peu évoluée, sans ressources et sans grâce, sans horizon, la dominante est l'ennui. Le duc, plus robuste que fin, s'occupe peu et mal de sa principauté, préférant la chasse et les filles. Mais il a de l'amitié pour Goethe, du respect aussi ; il lui fait confiance. En 1782, il obtient pour lui de l'empereur Joseph II le titre de noblesse qui permet à Goethe de s'asseoir à la table de la famille princière, ce qu'avait interdit jusque-là une étiquette strictement observée.
L'entourage ? Goethe a trouvé sur place Christophe Martin Wieland, l'homme le plus spirituel d'Allemagne, le seul peut-être à l'époque. Il fait venir Jean-Gottfried von Herder qui sera prédicateur à la cour, président du consistoire, c'est-à-dire évêque luthérien, et fondateur, n'oublions pas pourtant Vico, son prédécesseur ! de la philosophie de l'histoire qui régnera au siècle suivant. Une dame de la cour, Charlotte von Stein, est la seule femme attachante ; Goethe s'attache. Sans grande beauté, plus âgée que lui, mais fine, distinguée, élégante, sensée, équilibrée, elle prend sur lui de l'ascendant, exerce une bienfaisante et décisive influence. D'elle il apprend à contrôler ses élans, à dominer ses impulsions, à se comporter et se conduire. Il s'agit d'un amour de tête, d'une école pour adulte. La rencontrant presque chaque jour, il lui écrit pourtant – comme Diderot à Sophie Volland – mille sept cents lettres et billets, non sans songer qu'on publiera tout cela un jour. Ce qu'il n'estimait pas destiné à la publication, Goethe l'a soigneusement détruit. Si toute son œuvre n'est qu'une confession, ce n'est pas une confidence.

L'art et les déboires du gouvernement

À Weimar, deux choses l'intéressent : l'administration et la science. Conseiller du prince et ministre, il pratique l'art de gouverner. Avec son sens bourgeois de l'économique, il saura toujours gérer sa fortune, vivre de ses revenus et ne rien devoir à la faveur de qui que ce soit, il commence par doter le duché d'un budget, comparer les dépenses aux recettes et tâcher d'ajuster les unes aux autres. Il s'occupe d'aménager ce territoire sous-développé, prend soin de la viabilité, des levés topographiques, du cadastre et du recensement, de la collecte des impôts, de la levée des recrues. Comme bien des principautés allemandes, comme les cantons suisses, le duché de Saxe-Weimar tire une partie de ses ressources de la vente de soldats au roi de Prusse, lequel fait grande consommation de chair à canon. Goethe observe les agissements des sergents recruteurs, il note, il juge, s'indigne sans doute, mais garde son opinion pour lui. Il évite l'éclat, fait de son mieux pour changer cela. Il faut d'abord trouver d'autres ressources. Il fait rouvrir à Ilmenau d'anciennes mines d'argent. Il étudie la minéralogie, pour laquelle il se prend de passion. On le verra désormais, et même dans son grand âge, le marteau à la main, interrogeant les pierres au bord du chemin ; il parle avec elles, dit-on. À cette passion il va joindre celle de la botanique, de l'anatomie ostéologique, de l'optique. Il a trouvé sa grande, sa vraie vocation : celle de chercheur, de naturaliste. Son maître mot : la Nature. Il rêve d'un « roman de l'Univers » où il conterait l'histoire du granit qui est la roche originelle – et à partir de là celle de la nature tout entière ; une histoire autrement grandiose que celle de l'espèce humaine, qui s'exagère son importance. D'ailleurs il va faire une découverte : l'os intermaxillaire, sans conteste possible, rattache l'homme à la lignée des animaux et l'y intègre. En ce sens au moins Goethe est un prédécesseur de Darwin. Il réunit des collections minéralogiques, botaniques, ostéologiques ; sa maison devient un vrai muséum d'histoire naturelle.
Cependant, dans le climat de la petite ville, il étouffe. Il est surprenant qu'il n'ait jamais connu aucune des capitales cosmopolites de l'époque : ni Paris, ni Vienne, ni Londres. Berlin n'était encore qu'une garnison et une résidence, et Rome, le Vatican mis à part un immense village. La plus grande ville qu'il ait vue, c'est Naples. Les villes ne l'attirent pas, non plus que l'existence urbaine. Il ignore les foules, redoute les masses, et ne fréquente les places publiques qu'en Italie.
À Weimar, il n'y tient plus. Il est souvent amer. Il constate qu'il est décevant de gouverner quand on n'en a pas le pouvoir, c'est-à-dire quand on n'est pas soi-même le prince. Et puis ne sent-il pas remuer au fond de lui, comme dans les entrailles un fruit qui veut mûrir, les ébauches d'œuvres entreprises voilà dix ans ? Prisonnier de ses fonctions, de son entourage, de sa réputation même, brusquement il s'évade. Jetant quelques manuscrits dans une malle, nanti d'un faux passeport, ne prévenant personne que le prince, il part dans le plus grand secret vers le sud. Il franchit les Alpes et va passer en Italie une vingtaine de mois, septembre 1786-juin 1788, l'époque la plus heureuse de son existence. À Rome, dès son arrivée, il se sent comme chez lui. À trente-sept ans, sous le ciel méditerranéen, il a l'impression de s'épanouir enfin. Dans ce terroir, au milieu de ce peuple, la joie de vivre lui apparaît dans sa plénitude. C'est la révélation. Cette terre pourtant riche en souvenirs historiques, il veut en ignorer l'histoire pour n'en ressentir que plus pleinement la vie actuelle, présente, intense. Fuyant les bavards, évitant de son mieux les fâcheux qui ne percent que trop vite son incognito, il retrouve et reconnaît enfin l'homme comme un agent de la nature, chargé d'en prolonger l'œuvre. C'est là tout son humanisme.
Goethe a toujours détesté trois choses : les mathématiques, l'histoire et la métaphysique, quant à la théologie, pour lui elle n'existe pas. Il ne croit pas que ces trois constructions de l'esprit puissent apporter quelque vérité que ce soit. La nature s'ouvre bien plutôt à qui sait regarder un crâne de mouton, ossement blanchi abandonné sur le sable de la plage, ou la plante exubérante dans un coin du jardin public de Palerme. Le tout est d'apprendre à voir et d'exercer ce que les Anciens appelaient intuition, c'est-à-dire proprement le regard. Se définissant lui-même comme l'homme du regard, der Augenmensch, il s'entraîne à regarder. Il dessine, il cherche à identifier les structures profondes et permanentes du monde vivant : vertèbres et épiphyses, nervures de feuilles, cristaux de la roche, volumes des nuages. Il conçoit une théorie des formes et de leurs transformations, une morphologie où les structuralistes aurait pu trouver encore une source d'inspiration et une leçon d'observation, précise comme un croquis coté.

Vie en Italie 1786-1788 Voyage en Italie Goethe.

En Italie ! En Italie ! Paris sera mon école, Rome mon université. Car c'est vraiment une université ; qui l'a vue a tout vu », écrivait déjà Goethe en 1770. Faisant de brèves étapes à Vérone, Vicence, Padoue puis, après un séjour de deux semaines à Venise, à Ferrare, Bologne, Florence et Pérouse, il atteint enfin la Ville éternelle le 29 octobre. Il y réside au no 18 de la via del Corso. Il fréquente là des artistes allemands tels que Tischbein qui peindra son portrait le plus célèbre en 1787, ainsi que la peintre Angelica Kauffmann, et des Italiens, comme le graveur Giovanni Volpato. Il assiste au carnaval de Rome, grande fête dont il laissera une description. De mars à mai 1787, Goethe part pour le sud de l'Italie et la Sicile, accompagné de Christoph Heinrich Kniep, peintre et graveur, chargé d'illustrer ce voyage. Après un bref séjour à Naples, il se rend à Palerme où il débarque le 2 avril après un voyage en mer difficile, il a le mal de mer de quatre jours. Ce séjour l'impressionne vivement : Sans la Sicile, l'Italie n'est pas en nous un tableau achevé ; c'est ici que se trouve en effet la clef de toute chose. L'atmosphère méditerranéenne l'amenant à commencer une tragédie intitulée Nausicaa dont il n'écrira que quelques scènes. Il visitera de nombreux temples et ruines antiques, Ségeste le 20 avril, Agrigente le 24 avril, le théâtre de Taormina le 7 mai, mais ne portera aucun intérêt aux autres vestiges culturels de la Sicile, qu'ils soient byzantins, arabes ou gothiques. En effet, comme l'a noté Jean Lacoste : Faute de pouvoir se rendre en Grèce à cause de l'occupation ottomane, le poète trouve en Sicile la Grande Grèce de l'Antiquité, la possibilité de se rapprocher le plus possible de l'origine grecque, du modèle grec, sans être vraiment en présence de celui-ci, selon une démarche indirecte qui sera celle de Heidegger allant en Provence retrouver une Grèce oubliée, ou l'oubli de la Grèce.
Dans une lettre datée du 1er novembre 1786, soit seulement trois mois après son départ, Goethe voit déjà dans ce voyage Une vraie renaissance… Une deuxième naissance.

Le lieu créateur

Si douloureux que ce soit, Goethe s'arrache à l'enchantement italien et retourne à Weimar. Il dira plus tard n'avoir plus jamais retrouvé ce qu'il avait connu en Italie : le bonheur. Mais la loi de l'homme n'est pas de chercher le bonheur et, une fois atteint, de s'y complaire ; sa loi, c'est de faire son métier d'homme là où le destin lui en fournit l'occasion et le moyen ; la condition de l'homme est de s'accomplir, oui, mais dans le renoncement. Un renoncement qui n'est point ascèse, mais choix délibéré. Être un homme, c'est choisir. À Weimar, comme partout ailleurs, il ne se ressent que comme un hôte de passage ; c'est tout de même le lieu où il lui est donné de poursuivre et de parfaire son œuvre. Tandis qu'il mûrissait lui-même, une décision a mûri en lui. Jusque-là dispersé par la multiplicité de ses talents, il se concentre sur les lettres et les sciences. Dorénavant, il sera écrivain et chercheur. À quarante ans, il décide de publier ses œuvres complètes. Mais pour cela il lui faut reprendre et mener à leur terme les projets : des drames, Iphigénie 1786, Egmont 1787, Torquato Tasso 1789, et surtout le Faust sans cesse remis sur le chantier jusqu'à son dernier soupir ; un grand roman, Wilhelm Meister 1794-1796 ; un cycle lyrique, les Élégies romaines, Römische Elegien, 1789-1795.
À ce moment précis, la France, ce grand voisin dont la culture lui est si familière, entre en révolution et guillotine son roi. Il ne se passionne pas, il observe de loin, tout comme, de la fenêtre d'un palazzo napolitain, il regardait flamboyer la coulée de lave au flanc du Vésuve. Géologue, il ne croit pas à la vertu des éruptions ni des tremblements de terre. Adepte de la théorie neptunienne, il pense que la roche se forme par le travail lent et constant de millions d'années, et que la société, elle aussi, doit évoluer non par voie de cataclysme, mais par sédimentation et métamorphisme. À l'échelle des âges, le marbre est plastique ; la société l'est aussi, à l'échelle des générations. La violence le laisse sceptique, il ne la tient pas pour efficace, du moins dans un sens souhaitable. Et puis, il déteste les fanatiques et les redoute : Vite, qu'on les mette en croix, dit-il ; qu'ils passent l'âge de trente ans, et ce ne sont plus que des imposteurs. Il serait faux cependant de le juger conservateur ; simplement, il croit à l'évolution plus qu'à la révolution.
En ce qui le concerne, il organise et aménage son existence, faisant leur part à la vie publique et à la vie mondaine, au travail de recherche et d'écriture, à un minimum de vie familiale. Il accueille chez lui une très jeune femme, simple, bonne, peu cultivée, son frère, pourtant, est un écrivain populaire dont l'œuvre se vend beaucoup mieux que celle de Goethe. Il n'éprouve pas de longtemps le besoin d'épouser Christiane Vulpius, en dépit des commentaires aigres-doux de la bonne société. S'il régularise la situation en 1806, c'est à la suite d'un incident mineur. Dix ans plus tard, Christiane mourra, ayant eu cinq enfants dont seul l'aîné vivra, sans d'ailleurs apporter de grandes joies à son père. Deux petit-fils, peu brillants et comme accablés par un destin trop lourd, mourront sans descendance.
Tout en recevant le tribut d'admiration de nombreux visiteurs, tout en payant son écot à la vie mondaine et de cour, Goethe sait protéger son intimité profonde en présentant aux admirateurs de plus en plus nombreux la façade « olympienne ». La majesté composée de l'attitude tient à distance les familiarités vite indiscrètes. S'il joue au grand homme, c'est sans illusion ni vanité. Il sait que ceux qui l'adulent le plus sont aussi ceux qui se soucient le moins de le comprendre. Il s'irrite de ce que personne, pas même son éditeur, ne reconnaisse le savant qu'il a l'ambition d'être avant tout. Curieusement, le culte de la personne qui s'instaure autour de lui est surtout le fait des romantiques. Ce sont eux qui les premiers, dès avant le tournant du siècle, ont dit partout que Goethe était l'une des quatre ou cinq plus grandes figures de la littérature universelle.
Une amitié pourtant, solide autant que réservée d'ailleurs : celle de Schiller. En 1788, Goethe avait fait venir à l'université d'Iéna, pour y occuper une chaire d'histoire, son cadet de dix ans, l'auteur déjà célèbre des Brigands. Il faudra pourtant à Schiller encore dix ans de marches d'approche et d'attentions répétées, de siège méthodique, pour conquérir l'amitié de Goethe. Amitié d'une nature particulière : une liaison et coopération fondée sur l'estime réciproque, sur une certaine communauté de vues, sur quelques objectifs identiques. Jamais elle ne débouchera sur un intime cœur-à-cœur. Dans ce monument qu'est leur correspondance, on sent toujours, de la part de Goethe en tout cas, la réserve. Il y a en Goethe tout un côté dont il sait que Schiller ne le comprendra jamais. C'est là, dans leur commerce, que naît ce qu'on nomme le classicisme allemand : un idéal de noble simplicité, de claire et sereine grandeur, sans fracas ni apparat. Il ne s'agit pas d'imiter les Grecs, moins encore Racine qu'on ne cesse pourtant pas d'admirer et de traduire – mais de retrouver le geste des grands créateurs. Geste infiniment simple, mais précisément : quoi de plus difficile à obtenir que la parfaite simplicité ?
Goethe et Schiller, les fondateurs du classicisme allemand ? Oui, sans doute, mais ce classicisme est mort avec eux. Ils n'ont pas fait et ne pouvaient pas faire école. Au contraire, ils ont couru le risque de ne laisser derrière eux que des épigones et de stériliser pour longtemps le génie allemand. Si celui-ci est reparti pour de hautes destinées, c'est en direction opposée et en contre-pied, comme par défi relevé.

Weimar 1788-1805

Deux ans plus tard, il revient donc à Weimar, devient ministre du Duc et s'installe avec Christiane Vulpius, issue de la petite bourgeoisie, fleuriste. Pendant la Révolution française, il revendique une identité "conservatrice" et tient une conception sceptique de la démocratie. En 1791, il devient directeur du nouveau théâtre de la Cour grand-ducale, poste qu'il conserve jusqu'en 1817. Lassé par la banalité et le provincialisme de la cour ducale, il la fuit autant que possible. Mais il ne peut faire autrement que d'accompagner le duc de Saxe-Weimar, officier de l'armée prussienne en 1792, lors la bataille de Valmy. À cette occasion, il va avoir très tôt le sentiment de l'extrême nouveauté de la Révolution française, déclarant ainsi dans sa Campagne de France : Aujourd'hui s'ouvre une ère nouvelle de l'histoire du monde .
En 1794, il se lie d'amitié avec Schiller. Ils se connaissaient déjà depuis 1788, date du retour d'Italie de Goethe, mais n'avaient jusque-là que fort peu de sympathie l'un pour l'autre : Goethe se sentant bien éloigné des préoccupations du dramaturge rousseauiste, tandis que Schiller redoutait que Goethe ne lui fasse trop d'ombre. La rencontre décisive de juillet 1794 va se faire par l'intermédiaire d'amis communs, leur entretien ne portera pas sur la littérature mais sur les sciences naturelles et la philosophie, qui comptaient alors parmi les préoccupations principales de Goethe. S'ensuivra une célèbre correspondance entre les deux écrivains allemands. Goethe participera en 1795 à la revue de Schiller, Les Heures, et y fera publier les Entretiens d'émigrés allemands dont fait partie le célèbre Conte Märchen, plus tard intitulé Le Serpent vert, et quelques poésies. L'année suivante, Goethe termine Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, le premier grand roman de formation Bildungsroman allemand. Schiller en sera l'un des tout premiers lecteurs, et donnera à Goethe un certain nombre de remarques sur l'œuvre mais celui-ci ne tiendra finalement compte que de quelques-unes d'entre elles.

La passion de la science

Après la mort de Schiller 1805, Goethe écrit le roman Les Affinités électives, Die Wahlverwandtschaften, 1809, le cycle de poèmes Le Divan occidental-oriental Westöstlicher Diwan, 1814-1819, le récit autobiographique Poésie et Vérité, Dichtung und Wahrheit, 1811-1814 ; 1831. Mais il consacre non moins de soins et plus de temps encore à une théorie anti-newtonienne des couleurs, à la recherche ostéologique, botanique, météorologique, morphologique, à des expériences sur le magnétisme. Il ne s'est jamais reconnu que trois maîtres : Shakespeare, Spinoza et Linné, le fondateur de la botanique systématique à classification binaire. Chercheur de par sa passion, son ambition et son tempérament, il va pourtant à contre-courant du mouvement scientifique de l'époque qu'on songe à Lavoisier !. Non qu'il refuse l'expérience ; bien au contraire, il est un observateur acharné ; mais il redoute l'interposition, entre l'homme et la nature, de l'instrument : balance, cornue, microscope. Longtemps il s'est refusé, par respect pour la nature, à briser la lumière dans un prisme pour en observer les couleurs.
Le laboratoire lui apparaît comme un lieu de torture où l'on voudrait vainement arracher à la nature son secret. Il refuse aussi l'application des mathématiques au geste créateur de la nature vivante. La vérité, pense-t-il, ne peut être atteinte que par l'intuition, qu'il nomme d'un mot français : aperçu. Savant, il l'est, mais à la façon des présocratiques ; c'est Héraclite égaré au seuil du XIXe siècle, au moment où Friedrich Wöhler fait à Göttingen la première synthèse d'un produit organique, l'urée, en 1827. Octogénaire, Goethe suit avec passion la controverse devant l'Institut de France entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire qui défend une thèse gœthéenne, l'unité de composition organique » et « la grande harmonie de la nature », qui serait accessible directement à l'intuition et à elle seule. Il n'y a, paraît-il, qu'à ouvrir les yeux...

Un modèle humain

Goethe passe la plus grande part de son temps à parachever pour la postérité son personnage, à classer ses collections, ses souvenirs, ses manuscrits, à mettre au point l'édition définitive de ses œuvres, à préparer vingt volumes à publier après sa mort. Comme il a, sa vie durant, travaillé à sculpter sa propre statue, il ne laisse à personne le soin d'ériger son mausolée. Il le fait sans complaisance, non pour paraître ni pour se glorifier, mais pour porter témoignage. Croyant plus à la vertu de l'exemple qu'à celle de la prédication, il s'applique à dresser l'image de ce qu'a pu être l'existence d'un homme de bonne foi et de bonne volonté, aux dons exceptionnels, et qui a eu – sans plus – sa part de chance. Et il conclut : « Qu'il soit comme il veut, ce monde était bien beau. » Dans une œuvre immense et complexe qui – sans exclure les œuvres scientifiques – est une seule et continue confession transposée, il a rassemblé une profusion inouïe de réflexions et d'observations dont aucune n'est futile ou médiocre. Mais il ne gonfle pas sa personne. Quelques semaines avant la fin, il dit à Soret : « Le génie prend son bien où il le trouve. » Et encore : Qui suis-je, moi ? Qu'ai-je créé ? J'ai tout reçu, tout accueilli, j'ai assimilé tout ce qui passait à ma portée. Mon œuvre est celle d'un être collectif qui porte un nom : Goethe.
Qu'on n'imagine pas pour autant quelque enfant gâté de la Fortune, un homme heureux au sens du vulgaire. Il disait n'avoir connu en tout que quelques semaines de félicité vraie. Sa santé lui causa toujours des déboires et il ne se maintint que par une stricte discipline psychosomatique. Il se sentait côtoyer constamment l'abîme. Hypersensible, il devait protéger un équilibre intérieur toujours fragile, toujours menacé par l'intensité même de ses fonctions et facultés perceptives. Rien de moins exact que sa réputation de sérénité. On le disait froid, insensible, indifférent même. Non. Il lui fallait simplement se contrôler, se ménager, pour survivre. Sa vie a été une lutte acharnée et ponctuée d'innombrables échecs. Il a été poursuivi par un sentiment tantôt insidieux, tantôt angoissant de solitude. Peu d'amis, perdus en cours de route pour la plupart. Un certain nombre de femmes dans son existence, mais point de compagne à part entière, associée dans le bonheur d'être deux. Il survit à son épouse, à son fils. Ses petits-enfants : des ratés. Son ambition majeure aurait été d'être reconnu comme un grand esprit scientifique ; il se mesurait à Newton et pensait avoir raison contre lui. On ne lui rendit même pas justice. Son éditeur refusa longtemps de publier ses écrits scientifiques. La pratique des arts ? Il songea quelque temps à se faire peintre ; il se croyait du talent pour le dessin ; il travailla beaucoup dans ce sens, jusqu'au jour où une amie, le peintre Angelica Kauffmann, lui dit dans un accès de franchise : « Mon cher Goethe, vous savez voir admirablement », ce qu'il interpréta sans doute exactement : « Vous ne saurez jamais vraiment dessiner » ; et il jeta ses crayons. La musique ? Lui qui écrivait volontiers des livrets d'opéra, il ne rencontra que des compositeurs médiocres ; à la mort de Mozart, il comprit que la chance d'une possible conjonction était irrémédiablement manquée. Mais il ne sut pas apprécier Beethoven, il méconnut complètement Schubert qui, pourtant, rendait ses Lieder si populaires : Goethe n'en a pas écouté un seul. Les spectacles ? Directeur du théâtre de Weimar de 1791 à 1817, il ne disposa jamais que d'acteurs médiocres, sauf Corona Schröter, trop belle, trop artiste, à qui il dut bientôt donner son congé en raison des intrigues qui se nouaient autour d'elle. Le répertoire ne lui donnait pas non plus satisfaction. Il pensait d'ailleurs en fin de compte que le théâtre de Shakespeare n'est pas scénique.

Quant à son œuvre littéraire, il n'ignorait certes pas ce qu'elle représentait, mais il ne nourrissait pas de vanité d'auteur. Il croyait que seuls quelques rares élus en pénétreraient les arcanes. Pourtant, c'est cette œuvre qui, à travers bien des malentendus, a non seulement assuré sa gloire personnelle, mais fixé définitivement un très haut niveau d'exigence et porté d'un coup au premier rang mondial la littérature de langue allemande, jusque-là provinciale et considérée comme mineure. Pierre Bertaux

La passion de la science

Après la mort de Schiller 1805, Goethe, nous laisse donc ses écrits : le roman Les Affinités électives, Die Wahlverwandtschaften, 1809, le cycle de poèmes Le Divan occidental-oriental Westöstlicher Diwan, 1814-1819, le récit autobiographique Poésie et Vérité, Dichtung und Wahrheit, 1811-1814 ; 1831. Mais il consacre non moins de soins et plus de temps encore à une théorie anti-newtonienne des couleurs, à la recherche ostéologique, botanique, météorologique, morphologique, à des expériences sur le magnétisme. Il ne s'est jamais reconnu que trois maîtres : Shakespeare, Spinoza et Linné, le fondateur de la botanique systématique à classification binaire. Chercheur de par sa passion, son ambition et son tempérament, il va pourtant à contre-courant du mouvement scientifique de l'époque qu'on songe à Lavoisier !. Non qu'il refuse l'expérience ; bien au contraire, il est un observateur acharné ; mais il redoute l'interposition, entre l'homme et la nature, de l'instrument : balance, cornue, microscope. Longtemps il s'est refusé, par respect pour la nature, à briser la lumière dans un prisme pour en observer les couleurs.
Le laboratoire lui apparaît comme un lieu de torture où l'on voudrait vainement arracher à la nature son secret. Il refuse aussi l'application des mathématiques au geste créateur de la nature vivante. La vérité, pense-t-il, ne peut être atteinte que par l'intuition, qu'il nomme d'un mot français : aperçu. Savant, il l'est, mais à la façon des présocratiques ; c'est Héraclite égaré au seuil du XIXe siècle, au moment où Friedrich Wöhler fait à Göttingen la première synthèse d'un produit organique, l'urée, en 1827. Octogénaire, Goethe suit avec passion la controverse devant l'Institut de France entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire qui défend une thèse gœthéenne, l'unité de composition organique et la grande harmonie de la nature, qui serait accessible directement à l'intuition et à elle seule. Il n'y a, paraît-il, qu'à ouvrir les yeux...

Schiller meurt en 1805, ouvrant ce que certains tiennent pour une troisième période dans la vie de Goethe.

Weimar 1805-1832

En 1806, Goethe épouse Christiane Vulpius.

En 1808, il rencontre à Erfurt l’empereur français Napoléon Bonaparte, présent dans le cadre du Congrès d’Erfurt, qui l’y décore de la Légion d'honneur.
Bien que le philosophe Schopenhauer y ait été présent, ils attendront une rencontre en 1813 pour discuter de la théorie des couleurs élaborée par Goethe.
Visiteur assidu du salon littéraire tenu par sa mère Johanna, il y rencontre artistes et philosophes dont Heinrich Reiss et le peintre Füssli.
En 1814, il se prend de passion pour Marianne von Willemer. En 1822, son épouse étant décédée depuis six ans déjà, il demande en mariage Ulrike von Levetzow 18 ans, qui refuse il en a 73. Il finit sa vie sous le nom de Sage de Weimar, fréquenté, courtisé et adulé par l'ensemble des milieux littéraires européens et plus particulièrement par Carlyle.
Il s'éteint le 22 mars 1832, c'est-à-dire à peine plus d'un mois après avoir achevé son Second Faust. Ses dernières paroles, suivant un "W" mystérieux qu'il aurait tracé dans l'air, auraient été : Mehr Licht ! Mehr Licht ! Plus de lumière ! Plus de lumière ! interprétées de manières bien différentes, certains y voyant le désespoir d'un grand homme de n'avoir pu amasser assez de savoir dans sa vie, tandis que d'autres, comme Friedrich von Müller, ne le veulent comprendre que comme une prière qu'on lui ouvrît la fenêtre, pour lui donner encore l'occasion de contempler la lumière du jour.

La vie amoureuse de Goethe

Dans son discours sur le centenaire de la mort de Goethe, Paul Valéry croit expliquer la versatilité sentimentale de Goethe, et son incapacité à se donner entièrement à une seule femme, par le fait qu'en chaque femme il recherche l'éternel féminin, c'est-à-dire la beauté physique Hélène et morale Marguerite absolue. Goethe, étant d'une extrême sensibilité qui put même affecter sa santé, ne garda son équilibre que grâce à une discipline de vie extrême que beaucoup interprétèrent comme de l'égoïsme ou de la froideur ?.
Les expériences de Goethe avec les femmes ont influencé les personnages féminins dépeints dans ses œuvres : ainsi le personnage de Charlotte dans Les Souffrances du jeune Werther correspond à la fois à Charlotte Buff et à Maximiliane von La Roche, jeune épouse de Peter Anton Brentano; la jeune Ulrike von Levetzow 1804-1899 lui inspire un dernier poème, " L'Elégie de Marienbad", qui est un magnifique chant du cygne.

Descendance familiale

L'unique fils de Goethe à avoir survécu, August, né en 1789 de ses amours avec Christiane Vulpius, décédera du vivant de son père en 1830, à l'âge de quarante ans. Et ses trois petits-enfants, Walther-Wolfgang, 1818-1885 Wolfgang-Maximilian 1820-1883 et Alma 1827-1844, n'eurent pas de descendance.

Goethe et les arts, Goethe et le dessin

Longtemps, Goethe s'est efforcé de développer ce qu'il appelait son petit talent, et cela essentiellement au cours de son Voyage en Italie, au contact de peintres expérimentés comme Tischbein. Ce talent va se porter essentiellement sur la gravure de paysage, mais Goethe ne poussera que rarement jusqu'au portrait, n'allant jamais à se considérer comme talentueux. De son goût pour le dessin, il dit dans un petit texte édité en 1821 : J'ai pensé depuis longtemps que le dessin est souvent mentionné dans mes confessions, dans les renseignements que j'ai donnés sur le cours de ma vie, si bien que l'on pourrait demander non sans raison pourquoi donc rien de satisfaisant au point de vue artistique n'a pu sortir de ces efforts répétés et de cette permanente prédilection d'amateur.

Goethe et la musique

Ludwig van Beethoven a mis en musique plusieurs poésies de Goethe dont Sehnsucht, op. 83, 1810. Goethe fit sa connaissance à Toeplitz en 1812. Il n'appréciait pas sa musique, s'en disait dérangé et n'eut aucune affinité personnelle avec lui, tant leurs caractères s'associaient mal.
En 1821, il rencontra Felix Mendelssohn, alors âgé de 12 ans, et admira les talents du jeune prodige.

Goethe librettiste

Goethe a longtemps caressé l'idée de se faire librettiste d'opéra. On compte ainsi 20 textes et esquisses d'ouvrages lyriques, soit un cinquième de sa production dramatique totale11. Don Giovanni de Mozart constitue selon lui l'idéal insurpassable vers lequel doit tendre tout opéra. Ainsi dans sa conversation avec Eckermann du 12 février 1829, il s'exclame que la musique de son Faust devrait être dans le style de Don Giovanni, et que, de fait, seul Mozart aurait pu réaliser celle-ci. Mozart obséda d'ailleurs Goethe à un tel point qu'il finit par rédiger une suite de la "Flûte enchantée".
Dans sa jeunesse 1777, avant Don Giovanni, Goethe rédige deux livrets: Erwin und Elmire, une opérette inspirée du "Vicaire de Wakefield", célèbre roman anglais d'Oliver Goldsmith, auquel il ajoute un peu d'intrigue sentimentale à la Werther et Lila accompagné de chants et de danses populaires. Puis, en 1779, Goethe entame une correspondance avec le compositeur allemand Philipp Christoph Kayser. Ainsi s'installe une collaboration qui aboutit à un Singspiel, Plaisanterie, ruse et vengeance Scherz, List und Rache qui s'avère, lors de sa représentation en 1784, un échec total. Le problème dans ces trois livrets consiste en ce que « Goethe, qui n'est pas musicien, reconnaît nécessairement au livret une antériorité dans le temps. Il considère la musique comme ornement du texte, et non le texte comme un prétexte à la musique. Il est donc ainsi aux antipodes de la célèbre formule italienne prima la musica, poi le parole, ce qui l'empêche de développer une collaboration avec des musiciens de première importance, qui, à l'instar de Mozart dans l'Enlèvement au sérail, triomphant l'année même du four de Scherz, List und Rache, préfèrent des livrets médiocres qu'il leur est loisible de modifier à merci. Une nouvelle déconvenue clôt pour un temps son activité de librettiste : en 1786, il entreprend une adaptation d'une comédie de Friedrich Wilhelm Gotter, Le Secret connu de tous, Das öffentliche Geheimnis, elle-même inspirée du Segreto publico de Carlo Goldoni. Il s'agissait d'une adaptation très libre puisque Goethe avait décidé d'emprunter de nombreux éléments au Mariage de Figaro de Beaumarchais. Or, le 1er mai 1786 est créé les Nozze de Mozart, qui va connaître un succès retentissant. Cette conjonction convainc Goethe d'abandonner son ouvrage qui ne peut concurrencer celui de Da Ponte et de Mozart. Mozart avait, pour la seconde fois, précédé Goethe en produisant un chef-d'œuvre incontestable note Dietrich Borchmeyer, commentateur de Goethe.
Goethe fait de nouvelles incursions dans le genre lyrique avec trois opéras, qu'il fait représenter à Weimar au début de la décennie 1790 : Die theatralischen Abenteuer/Les Aventures théâtrales 1790-91, Die vereitelten Ränke/Les Intrigues déjouées et, surtout Circé 1790-94. Ce sont tous trois des adaptations germanisées d'opéras italiens : les deux premiers venant de Domenico Cimarosa L'Impressario in angustie et Le trame deluse quand Circé provient de La Maga Circe de Pasquale Anfossi. Goethe qui tenait ce dernier opéra en assez haute estime "eine immer erfreuliche Oper", "Un Opéra toujours agréable" va lui assurer une certaine popularité en écrivant dans ses annales de 1791 qu'il aurait été mis en musique par Cimarosa et Mozart "Mit Cimarosa's und Mozart's Musik. En fait, il aura simplement été adjoint à cet opéra quatre arias de Mozart, tirées du Schauspieldirektor 1786, pratique courante à une époque où il n'y avait pas encore de notion de paternité littéraire.

Activité et travail scientifique Biologie

Goethe dans la campagne romaine Tischbein - 1786
Goethe s’intéresse à la botanique et publie un essai sur la métamorphose des plantes : Versuch die Metamorphose der Pflanzen zu erklären 1790. Dans celui-ci, Goethe tente d’établir une théorie générale sur la morphologie des végétaux en reconnaissant l’analogie de certaines formes comme les cotylédons, la forme des fleurs ou des feuilles. Il esquisse également une théorie de l’évolution chez les végétaux et relie la morphologie avec la phylogénie. Cette vision est très en avance sur les idées généralement tenues sur les végétaux à son époque. Il est ainsi l’un des premiers, et peut-être le premier à employer le terme de métamorphose en botanique.
Les préoccupations de Goethe dans ce domaine étaient surtout philosophiques. Il cherchait à identifier l'Urpflanze, la plante originelle.
L’arbre fétiche de Goethe était également celui de la ville de Weimar, le Ginkgo biloba. À noter que la ville de Strasbourg regorge de ginkgo biloba : un exemplaire très ancien sur le jardin de la place de la république en face de la BNU, Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, dans le jardin des plantes, que Goethe observe par ailleurs du haut de son piédestal depuis le jardin de l'université de chimie, jouxtant le jardin botanique, et un peu partout dans les nombreuses allées de la ville,par exemple dans le quartier des archives nationales.

Zoologie et ostéologie

Il s'intéresse à d'autres sciences naturelles et publie sur l’ostéologie, sa découverte de l'os intermaxillaire chez l'homme.

Optique

Spectrum Claire : le système de Newton réfuté par Goethe
Dans son Traité des couleurs, Goethe décrit les couleurs comme issues de la rencontre de la lumière et de l'obscurité, celle-ci n'étant pas une absence de lumière mais existant indépendamment. Cette réification de l'obscurité fait que la théorie de Goethe est rejetée par la physique moderne. Il propose une catégorisation des couleurs couleurs physiologiques, physiques, chimiques, y fait intervenir les notions d'harmonie, du contraste et de différence chromatique, discours sur la couleur se fondant sur l’observation des objets-dans-la-lumière, suivant son expression.
Il s'exprime aussi longuement sur la perception visuelle en affirmant notre différenciation quant à la perspective des éléments verticaux et horizontaux, les premiers semblant plus courts que les seconds, une montagne de 3 000 m semble moins grande qu'une distance vers un objet situé à 3 000 m ; ou la perception déformée et ovale de la Lune basse vers l'horizon.

Géologie

Au long de sa vie, Goethe s'attacha à constituer une collection de minéraux qui, à sa mort, comporta jusqu'à 17 800 éléments. À travers la connaissance individuelle des différentes sortes de minéraux et de roches, il désirait parvenir à une compréhension générale de la composition matérielle de la Terre et de l'Histoire de celle-ci.

Les adaptations musicales des œuvres de Goethe Principaux Lieder

Les poèmes de Goethe eurent un grand succès auprès des compositeurs romantiques, qui se décidèrent à les adapter à une forme musicale connaissant un succès toujours grandissant, le Lied.
C'est le cas par exemple pour des compositeurs contemporains, tels que Karl Friedrich Zelter, Goethe-Vertonungen, Conradin Kreutzer, Gesänge aus Goethes Faust, Karl Loewe, Lieder und Balladen nach Goethe, de Friedrich Kuhlau, Über allen Gipfeln ist Ruh et Domenico Cimarosa, Die Spröde und die Bekehrte, An dem schönsten Frühlingsmorgen.
Suivront également Mozart, Das Veilchen K.476 puis Ludwig van Beethoven avec les opus 83, 112, sur les poèmes Meeresstille et Glückliche Fahrt, 122 In allen guten Stunden, 74 Ich denke dein, 127 Neue Liebe, 131 Der Erlkönig, 134 Nur wer die Sehnsucht kennt et 151, Der edle Mensch sei hilfreich und gut du catalogue WoO de ses œuvres.
Les quelque soixante-dix lieder de Franz Schubert composés sur les poèmes de Goethe sont parmi les plus connus aujourd'hui: ce sont notamment D.118 Gretchen am Spinnrade, D.225 Der Fischer, D.257 Heidenröslein, D.328 Der Erlkönig, D.544 (Ganymed, D.764 Der Musensohn, et les quatre Lieder der Mignon D.877, tirés de Wilhelm Meister.
Robert Schumann composa lui : Liebeslied, Op. 51, No. 5, Singet nicht in Trauertönen, Op. 98a, No. 7, Heiss mich nicht reden, Op. 98a No. 5, Mignon, Op. 98a, No. 1 et Nachtlied, Op. 96, No. 1.
Felix Mendelssohn composa Meeresstille und glückliche Fahrt.
Franz Liszt composa également six lieder, en particulier le Kennst du das Land et le Es war ein König in Thule.
Johannes Brahms composa : Die Liebende schreibt, Op. 47/5, Trost in Thränen Op. 48/5, Dämm'rung senkte sich von oben Op. 59/1, Serenade Op. 70/3 Unüberwindlich Op. 72/5.
Richard Wagner composa les Sieben Kompositionen zu Goethes Faust, Op. 5 Lied der Soldaten, Bauern unter der Linde, Branders Lied, Lied des Mephistopheles, Meine Ruh ist hin, Melodram Gretchens et Lied des Mephistopheles.
Hugo Wolf composa, quant à lui, cinquante Goethe-Lieder.
Alexandre von Zemlinsky composa Zwischen Weizen und Korn Op. 2 no. 5 et Feiger Gedanken bängliches Schwanken Op. 22 no.3.
Vaclav Tomasek composa des Goethe-Lieder.
Richard Strauss composa Sechs Lieder für Singstimme und Klavier Op. 67, Erschaffen und Beleben Op. 87 no. 2, Durch allen Schall und Klang Op. 111 et Xenion Op. 131.
Nikolaï Medtner publia des Goethe-Lieder
Anton Webern composa Four Songs for Voice and Piano dont Gleich und gleich Ein Blumengloeckchen Op. 12, Two Songs avec Weiss wie Lilien et Ziehn die Schafe Op. 19 et Eight Early Songs dont Blummengruss, Der Strauss, den ich.
Anton Rubinstein composa Clärchens Lied Op. 57 et Die Gedichte und das Requiem für Mignon aus Goethe's "Wilhelm Meister's Lehrjahre Op. 91
Alban Berg composa Grenzen der Menschheit.
Béla Bartók composa Wie herrlich leuchtet mir die Natur Liebeslieder.
Alfred Keller composa Quatre Lieder, dont un de Goethe.

Opéras et œuvres vocales


Parmi les opéras inspirés par les œuvres de Goethe, il convient notamment de nommer :
Faust d'Antoni Henryk Radziwiłł en allemand- c'était la première adaptation du "Faust"
Egmont opus 84 de Beethoven
Mignon d'Ambroise Thomas d'après les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister
Werther de Jules Massenet
Faust de Charles Gounod
Mefistofele d'Arrigo Boito
La Damnation de Faust de Hector Berlioz
Les Huit Scènes de Faust de Berlioz, le Faust de Ludwig Spohr, le Docteur Faust de Ferrucio Busoni, la Faust-Symphonie de Franz Liszt, Les scènes de Faust de Robert Schumann, la seconde partie de la Symphonie nº 8 en mi bémol majeur de Gustav Mahler, la Symphonie No. 4 Scènes du Faust de Goethe d'Alexandre Lokchine et la Glückliche Fahrt de Hanns Eisler, peuvent être considérés comme très marqués par l'empreinte du poète sur le mythe du Docteur Faust.

Adaptations contemporaines

Un groupe de rock allemand a pris pour nom Faust, dans les années 1970.
Hubert-Félix Thiéfaine cite Satyros oder Der vergötterte Waldteufel dans sa chanson Diogène série 87
Le groupe allemand Rammstein s'est respectivement inspiré pour ses chansons Dalaï Lama et Rosenrot des poèmes Erlkönig et Heidenröslein de Goethe.
Le groupe rock Beelzebuben Ensemble a sorti un disque / spectacle intitulé Faust - Die Rockoper.
Pierre-Gérard Verny a adapté Goethe dans un opéra jazz : Jazz n'Faust.
Le groupe Gorillaz a composé une chanson intitulée Faust.

Un mauvais procès

On cite souvent, sous des formes diverses, une phrase attribuée à Goethe : Mieux vaut une injustice qu'un désordre, en y voyant le comble du cynisme. Robert Legros, professeur de philosophie à l'Université de Caen et à l'Université libre de Bruxelles, l'a expliquée en la replaçant dans son contexte. Goethe avait dit en réalité en allemand : Es liegt nun einmal in meiner Natur : ich will lieber eine Ungerechtigkeit begehen, als Unordnung ertragen, soit C'est dans ma nature : j'aime mieux commettre une injustice que tolérer un désordre, et dans une occasion bien particulière. À la fin du siège de Mayence 1793, les Français avaient obtenu le droit de quitter la ville sans être inquiétés ; la foule, montée contre eux, voulut pourtant s'en prendre à un capitaine français qu'elle accusait, d'ailleurs à tort, de certains excès. Goethe arrêta tout de suite les manifestants et, interrogé par la suite sur la raison pour laquelle il était venu au secours de ce Français, il répondit par la phrase en question. Elle signifiait, dans ces circonstances, que, quels que fussent éventuellement les torts du capitaine, la foule n'était pas autorisée à se faire justice elle-même : laisser repartir un coupable éventuel était moins grave que le laisser lyncher.

Œuvres Correspondance

Correspondance : Goethe, Carlyle (édition de Charles Eliot Norton ; traduction de Georges Khnopff. – Paris : Éditions du Sandre, 2005. – 183 p., 22 cm.
Claudia Schweizer, Johann Wolfgang von Goethe und Kaspar Maria von Sternberg, Münster 2004

Poésies

Pygmalion 1767
Prométhée Prometheus 1774
Der König in Thule 1774
Chansons de société 1776
Ballades 1787
Le Roi des Aulnes 1782
L'Apprenti sorcier
Élégies romaines 1788 - 1790
Épigrammes vénitiennes 1790
Xénies 1796 avec Schiller
La Fiancée de Corinthe Die Braut von Korinth 1797
Hermann et Dorothée 1798- traduct. de Benjamin Lévy 1881
Achilléide
Le Roman de Renart
Ginkgo biloba 1815
Divan occidental-oriental 1819
Lieds chansons
Odes
Vers inspirés par la vue du crâne de Schiller
Petite Rose
Ephéméride

Romans

Les Souffrances du jeune Werther Die Leiden des jungen Werthers 1774
Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister Wilhelm Meisters Lehrjahre 1796
Les Affinités électives Die Wahlverwandschaften 1809
Les Années de voyage de Wilhelm Meister 1826

Théâtre

J. W. von Goethe en 1779
L'Amant capricieux Die Laune des Verliebten
Goetz de Berlichingen Götz von Berlichingen 1773
Mahomet 1772-1773
Clavigo 1774
Stella 1776
Iphigénie en Tauride 1779
Nausicaa 1787
Egmont 1789
Torquato Tasso
Le Grand Cophte (1790
Le Général citoyen 1793
Les Révoltés 1793
La Fille naturelle 1804
Écrits sur les Lumières et la Philosophie de l'histoire contenant les notes inédites de Goethe à sa traduction du Neveu de Rameau de Diderot 1805, Éditions de l'Épervier, 2010
Faust I 1808 et II 1832, posthume

Autobiographie

Poésie et vérité 1811 - 1833

Ouvrages scientifiques

La Métamorphose des plantes et autres écrits botaniques Versuch die Metamorphose der Pflanzen 1790
Le Traité des couleurs 1810
Œuvres d’histoire naturelle, 1830 traduction en français par Charles François Martins, Paris, A.B. Cherbuliez et Cie, 1837
La Forme des nuages d'après Howard suivi de Essai de théorie météorologique, traduit de l'allemand par Claude Maillard, Premières Pierres, 1999

Textes sur la littérature

Sur le Laocoon 1798
Le Collectionneur et les siens 1798, édition de Carrie Asman, traduction de Denise Modigliani, Paris, Éds. de la MSH, 1999
Maximes et réflexions 1833
Entretiens de Goethe et d'Eckermann 1822 - 1833

Autres

Le Serpent vert, 1795
Voyage en Suisse
Voyage en Italie, trad. fr. Jean Lacoste, 2e éd., Paris, Bartillat, 2003
Campagne de France Goethe 1822 - trad. française par Jacques Porchat 1889
Entretiens d'émigrés allemands - Le Conte 1795 - Éditions Novalis, 1993
Discours en l'honneur de Wieland
Importance de l'individuel
Kotzebue
Sur moi-même ; fragments
Proposition amiable
Fréron
Du goût
Palissot
Piron
Voltaire
La Cène de Léonard de Vinci
Vérité et vraisemblance dans les œuvres d'art
Poésies de Jean Henri Voss
Poésies alémaniques par J-P Hebel
Sans-culottisme littéraire
Traduction de Lucrèce par Knebel
Pour les jeunes poètes
Encore un mot pour les jeunes poètes
Les animaux peints par eux-mêmes

Citations

Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß nichts von seiner eigenen. Qui ne connaît pas de langues étrangères ne sait rien de la sienne.)
Le génie prend son bien où il le trouve. Et encore : Qui suis-je, moi ? Qu'ai-je créé ? J'ai tout reçu, tout accueilli, j'ai assimilé tout ce qui passait à ma portée. Mon œuvre est celle d’un être collectif qui porte un nom : Goethe.
L'homme, de par sa haute perfection organique, ne peut être envisagé comme la mesure des animaux imparfaits, précisément à cause de sa perfection.
Un bon Allemand ne peut souffrir les Français, mais pourtant il boit leurs vins très-volontiers.
Je crois que l'homme rêve uniquement pour ne pas cesser de voir .
L'amour-propre donne à nos qualités aussi bien qu'a nos défauts plus de relief qu'ils n'en ont .


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#203 Gabrielle Roy
Loriane Posté le : 21/03/2015 16:50
Le 22 mars 1909 à Saint-Boniface naît Gabrielle Roy

à saint Boniface, Manitoba, Canada, décédée le 13 juillet 1983 à 74 ans à Québec, écrivaine canadienne francophone.
Romancière, auteur dans le Genre Roman, conte, autobiographie. Ses Œuvres principales sont Bonheur d'occasion en 1945, Rue Deschambault en 1955, La Détresse et l'Enchantement en 1984. Après avoir évoqué avec réalisme la vie urbaine à Montréal, Bonheur d'occasion, prix Femina 1945 ; Alexandre Chenevert, 1954, elle revient avec nostalgie à l'évocation de ses Prairies natales la Petite Poule d'eau, 1950 ; la Route d'Altamont, 1966 ; Un jardin au bout du monde, 1975, sans s'interdire une incursion chez les Inuits du Grand Nord, la Rivière sans repos, 1970. Des souvenirs sur son expérience d'institutrice, les Enfants de ma vie, 1977 constituent un audacieux roman d'amour. Son autobiographie posthume, la Détresse et l'enchantement 1984, est complétée par des inédits importants et des recueils de lettres.

En bref

Germaine Guèvremont 1900-1968 a porté le roman paysan à un rare degré d'excellence ; Le Survenant et Marie-Didace demeurent des réussites exceptionnelles. L'auteur possède un sens aigu de l'observation ; elle regarde ses personnages colorés et truculents d'un œil précis et d'un cœur indulgent, non sans une malice amusée. Avec Bonheur d'occasion, Gabrielle Roy 1909-1983 a banni toute préoccupation édifiante ; le récit se rapproche parfois du document, mais évite la sécheresse, grâce à la tendresse dont l'auteur ne cesse d'entourer ses créatures. La Petite Poule d'eau, éclairée d'un humour discret, souligne le monotone écoulement des ans, accordé au rythme des saisons et des événements familiers. On retrouve les mêmes qualités d'émotion intime dans Rue Deschambault, avec une pointe de détresse pitoyable dans Alexandre Chênevert. Romancier populiste, Roger Lemelin 1919-1992 est un conteur joyeux et inventif plus qu'un styliste raffiné. Au pied de la pente douce et La Famille Plouffe bouillonnent de vitalité, les cocasseries et les incongruités de l'existence quotidienne s'y déroulent à une allure endiablée. En revanche, plus ambitieux, Pierre le Magnifique est alourdi d'une idéologie peu convaincante.
Après 1945, le centre d'intérêt romanesque se déplace vers la ville. Au pied de la pente douce, 1944 ; Les Plouffe, 1948 évoque la basse ville de Québec dans son enfance populaire et facétieuse. Gabrielle Roy, née au Manitoba, est saluée à Paris par le prix Fémina pour Bonheur d'occasion, 1945, peinture des contrecoups de la guerre sur les quartiers ouvriers de Montréal.

Sa vie

Née à Saint-Boniface ville qui fait maintenant partie de Winnipeg, au Manitoba, Gabrielle Roy est éduquée à l'académie Saint-Joseph. Après une formation d'enseignante à l'École normale de Winnipeg, elle enseigne dans les écoles rurales de Marchand et de Cardinal et à l'École Provencher à Saint-Boniface.
En 1937, elle peut partir pour l'Europe et étudier l'art dramatique à Londres d'abord et ensuite à Paris. L'écriture l'attire et c'est en Europe qu'elle rédige quelques articles publiés dans l'hebdomadaire français Je suis partout, qui n'est pas mentionné dans son autobiographie car ce journal deviendra collaborationniste durant la guerre.
En 1939, elle doit revenir au Canada, la guerre mondiale étant imminente; elle s'établit à Montréal et gagne sa vie comme pigiste, tout en continuant d'écrire.
Publié en 1945, son premier roman, Bonheur d'occasion, a donné un portrait réaliste de la vie des habitants de Saint-Henri, un quartier ouvrier de Montréal. Ce premier roman urbain de la littérature québécoise a remporté plusieurs prix :

Le Prix du Gouverneur général du Canada ;
Le Prix Femina en France ;
Une médaille de l'Académie canadienne-française.
La traduction en anglais de Bonheur d'occasion The Tin Flute a été vendue partout en Amérique du Nord. Le roman a également été traduit en plusieurs langues. Il attire tant d'attention que l'auteur retourne vivre quelque temps dans l'Ouest pour échapper à la publicité.
En août 1947, elle épouse Marcel Carbotte, un médecin de Saint-Boniface, et le couple part pour l'Europe où Carbotte étudie la gynécologie pendant que Gabrielle Roy poursuit son travail d'écrivain.
Ils reviennent d'Europe en 1950 et, deux ans après, en 1952, le couple déménage à Québec. Il achète aussi un chalet à Petite-Rivière-Saint-François, tout près de leur domicile permanent de Québec. C'est là que Gabrielle passe chaque été jusqu'à sa mort et où elle rédige presque tous ses romans. L'un d'eux, Alexandre Chenevert, lui vaut en 1954 un grand succès critique. Il s'agit de la sombre histoire d'un caissier accusé de vol.

Importante écrivaine francophone de l'histoire canadienne, Gabrielle Roy a reçu de nombreux prix littéraires, y compris le Prix Femina en France. Elle obtint la Médaille de l'Académie des lettres du Québec en 1946. En 1948, la Société royale du Canada lui accorde la Médaille Lorne Pierce. En 1967, elle reçoit le titre de Compagnon de l'Ordre du Canada. Elle a également reçu le Prix du Gouverneur général trois fois, le Prix Athanase-David deux fois, le Prix Duvernay et le Prix Molson. En 1979, elle reçoit le Prix de littérature de jeunesse du Conseil des Arts du Canada pour le conte Courte-Queue illustré par François Olivier, puis traduit en anglais par Alan Brown en 1980 sous le titre de Cliptail.

Gabrielle Roy meurt le 13 juillet 1983 à Québec à l'âge de 74 ans. Son autobiographie, intitulée La Détresse et l'Enchantement, est publiée à titre posthume en 1984. Elle couvre les années de son enfance au Manitoba jusqu'au moment où elle s'établit au Québec.
Bibliothèque et Archives Canada, anciennement la Bibliothèque nationale du Canada a conservé une collection de manuscrits et archives couvrant les années 1930 à 1983, incluant des manuscrits, des tapuscrits, des dossiers sur la genèse des œuvres, des travaux publiés et inédits tels que La Rivière sans repos, Cet été qui chantait, Un jardin au bout du monde, Ces enfants de ma vie, et La Détresse et l'Enchantement, de la correspondance d'affaires et personnelle, des registres d'affaires et des souvenirs.

Hommages

La bibliothèque principale du réseau des 25 bibliothèques de Québec est nommée en son honneur, la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Plusieurs écoles francophones du Canada portent son nom dont l'école Gabrielle-Roy à Surrey, en Colombie-Britannique et l'école primaire Gabrielle-Roy à Ottawa
En 1989, la Commission de la toponymie du Manitoba a validé l'appellation Gabrielle Roy pour l'île sur laquelle elle vécut dans les années 1930, située au milieu de la rivière de la Poule d'Eau. Elle a immortalisé cet endroit avec son roman éponyme La Petite Poule d'Eau publié en 1950, qui relate sa vie, durant l'entre-deux-guerres, comme institutrice dans ce lieu perdu des grandes prairies canadiennes.
En 1997, la Commission de toponymie du Québec nomme un archipel de 300 îles ou îlots créés par la mise en eau du réservoir de Caniapiscau dans le moyen-nord québécois, Le Jardin au Bout du Monde, dans le cadre d'une commémoration du 20e anniversaire de l'adoption de la Charte de la langue française.
En 2009, sa maison natale à Saint-Boniface a été désignée lieu historique national du Canada.

Billet canadien de 20$

Une citation de Gabrielle Roy est inscrite en très petits caractères sur les billets de 20 $ canadiens produits entre 2001 et 2011 :
" Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes, sans les arts ?" " Could we ever know each other in the slightest without the arts ? "
La citation est tirée du roman La Montagne secrète

Œuvre

Bonheur d'occasion 1945 ; Prix Femina 1947
La Petite Poule d'Eau 1950 ; roman qui relate sa période d'institutrice dans les grandes plaines canadiennes près de la rivière de la Poule d'Eau.
Alexandre Chenevert 1954
Rue Deschambault 1955
La Montagne secrète 1961
La Route d'Altamont 1966
La Rivière sans repos 1970
Cet été qui chantait 1972
Un jardin au bout du monde 1975
Ma vache Bossie 1976
Ces enfants de ma vie 1977
Fragiles lumières de la terre 1978
Courte-Queue 1979 illustrations et mise en page de François Olivier
Ely! Ely! Ely! 1979
De quoi t'ennuies-tu, Éveline? 1982
Ma petite rue qui m'a menée autour du monde

Bibliographie posthume

La Détresse et l'Enchantement 1984, autobiographie
L'Espagnole et la Pékinoise illustrations de Jean-Yves Ahern 1987
Ma chère petite sœur. Lettres à Bernadette 1943-1970 1988
Le temps qui m'a manqué 1997
Le Pays de Bonheur d'occasion et autres écrits autobiographiques épars et inédits 2000
Mon cher grand fou... Lettres à Marcel Carbotte 1947-1979 2001
Femmes de lettres. Lettres de Gabrielle Roy à ses amies 1945-1978 2005
Rencontre et entretiens avec Gabrielle Roy 1947-1979 2005
Heureux les nomades et autres reportages 2007
Cet été qui chantait, suivi de deux contes pour enfants 2012


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#204 Erik Orsenna
Loriane Posté le : 21/03/2015 13:55
Le 22 mars 1947 à Paris naît Erik Orsenna

de son véritable nom Erik Arnoult, est un romancier et académicien français. Son pseudonyme, Orsenna est le nom de la vieille ville du Rivage des Syrtes dans le roman de Julien Gracq.
Universitaire de formation, Érik Orsenna mêle dans ses romans exotisme du voyage et respect de l'histoire dans un style qui, pour être érudit, n'en cultive pas moins souvent la facétie Loyola's Blues, 1974 ; la Vie comme à Lausanne, 1977 ; Une comédie française, 1980 ; l'Exposition coloniale, prix Goncourt 1988 ; Mésaventure du Paradis, 1996. Grand Amour 1993 s'appuie sur son expérience de conseiller culturel du président Mitterrand 1981-1984. Le roman qu'il publie en 1997, Deux étés, a rapidement été un succès éditorial. Élu à l'Académie française en 1998.

En bref

Erik Orsenna – pseudonyme d'Erik Arnoult – est né à Paris le 22 mars 1947. Après des études de philosophie et de sciences politiques, il choisit l'économie qui le mène à l'enseignement et à la recherche dans la finance internationale et l'économie du développement. En 1981, il rejoint le cabinet du ministère de la Coopération, et en 1983, l'Élysée, en tant que conseiller culturel, une période qu'il évoque dans son roman Grand Amour, 1993. Plus tard, auprès du ministre des Affaires étrangères, il traite de la démocratisation en Afrique et des relations entre l'Europe du Sud et le Maghreb. Il est nommé conseiller d'État en 2000. Il a été élu à l'Académie française le 28 mai 1998. Erik Orsenna est un romancier du dépaysement, un explorateur de continents, un Christophe Colomb qui voudrait préserver la planète L'Entreprise des Indes, 2010. À l'extermination des Indiens originaires de l'île Hispanola répond l'attrait de l'or auquel on sacrifie tout : les pays, les plantes, les animaux, les hommes, les femmes. Une fois l'or acquis, on échange le métal précieux contre des pays, des plantes, des animaux, des hommes, surtout des femmes : c'est l'énigme de l'imbécillité des hommes et de leur cruauté. Dans L'Exposition coloniale, prix Goncourt 1988, le père du narrateur est un libraire spécialisé dans les voyages. Son fils, qui ressemble à l'auteur, se promet de moderniser le monde. Employé en Amazonie dans une entreprise de caoutchouc en faillite, il traverse aventures et contrées lointaines à travers une vie comparable à l'Exposition coloniale de 1931. Il découvre un faux empire fait de rêves trop grands, un spectacle pour les familles :
Les chasseurs de garennes qui songeaient à l'éléphant, les pantouflards qui se voulaient explorateurs, les hommes quittés qui rêvaient d'esclavage... Avec Madame Bâ 2003, Orsenna explore à nouveau les relations de la France avec son ancien empire du Sud. La femme africaine fait le récit émerveillé de son enfance au bord de l'eau, un inventaire des effluves de sa mémoire :
... le fumet du poisson séché, l'exhalaison de la terre après l'averse, les vapeurs d'encens lorsque ma mère avait décidé de raviver l'envoûtement de son époux, la fraîcheur râpeuse du gingembre... Elle raconte l'Afrique des violences, des rêves brisés, des mafias, mais aussi l'esprit de solidarité. L’écrivain a donné une suite à ce livre avec Mali, ô Mali 2014.

Sa vie

Erik Orsenna est l'aîné d'une fratrie de trois enfants nés dans une famille de la moyenne bourgeoisie dont les deux parents, un père avec des origines cubaines et une mère issue d'une famille de paysans luxembourgeois devenus banquiers saumurois ne s'entendent pas. Il adhère au PSU à 17 ans, entre en hypokhâgne au lycée La Bruyère à Versailles.
Après des études de philosophie, de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Paris, et surtout d'économie, il devient chercheur et enseignant, dans le domaine de la finance internationale et de l'économie du développement, université de Rouen, université de Paris I, École normale supérieure, London School of Economics.
Il devient conseiller au ministère de la Coopération, en 1981 auprès de Jean-Pierre Cot, s'occupant des matières premières et des négociations multilatérales.
Il est plume de François Mitterrand6, dont il a été conseiller culturel de 1983 à 1984, avant d'être nommé maître des requêtes au Conseil d'État en décembre 1985, puis conseiller d'État en juillet 2000, il est actuellement en disponibilité de cette institution. Il est membre du Haut Conseil de la francophonie. De 1995 à 2001, il est président de l'École nationale supérieure du paysage, ENSP. En 2002, il est membre du conseil de surveillance du groupe Canal+, et il est actuellement membre du conseil de surveillance de Telfrance, depuis décembre 2004. Depuis octobre 2007, il est membre du conseil d'administration de l'École normale supérieure, désigné pour ses qualités, sur proposition du ministre des Affaires étrangères et européennes.

Il a reçu le prix Goncourt en 1988 pour L'Exposition coloniale. En 1991, il devient président de la Corderie royale - Centre international de la mer, l'année suivante il est le président fondateur de l'association Hermione-La Fayette. Il est élu membre de l'Académie française au 17e fauteuil le 28 mai 1998, le même jour que Georges Vedel. La même année, il cofonde Cytale, entreprise ayant commercialisé la première liseuse électronique en France8. Erik Orsenna est vice-président du conseil d’administration de la fondation FARM, Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde.

Essayiste, passionné d'histoire et de cartographie, Erik Orsenna recherche la confrontation avec le présent, avec en tête l'éternelle question : comment sauvegarder la nature et les traditions ancestrales, tout en saluant les technologies nouvelles ? Ses Précis de mondialisation s'efforcent de résoudre ce dilemme, Voyage au pays du coton, 2006 : L'Avenir de l'eau, 2008. Et que serait la vie de l'écrivain sans le papier ? Sur la route du papier. Précis de mondialisation III, 2012. L'écrivain nous conduit ainsi sur la Route de la soie, cette grande entreprise de tissage entre les humains qu'on appelle le commerce, où, se sont croisées, seize siècles durant, les caravanes qui venaient de Chine, transportant vers l'Occident, la soie, le fer, le bronze, les céramiques, les épices, et celles qui venaient d'Europe ou d'Arabie, apportant l'or, le verre, la laine, le lin et les religions. Le papier reste, malgré le numérique, un outil de gestion administrative et commerciale, le support privilégié de tous les savoirs et le réceptacle de la parole divine.

L'humour souriant et le ton facétieux d'Erik Orsenna trouvent leur épanouissement naturel dans l'amour du verbe, les figures de style et les métaphores qu'il recycle habilement dans sa défense de la langue française à l'adresse des enfants, avec La grammaire est une chanson douce 2001, Les Chevaliers du subjonctif 2004, La Révolte des accents 2007 et La Fabrique des mots 2013. D'un livre à l'autre, le jeune lecteur retrouve Jeanne et son frère Thomas aux prises avec la mer, la navigation, les îles et leurs marchés d'épices colorés. Madame Jargonos, inspectrice de l'Éducation nationale, gentiment moquée mais savante, n'est jamais loin. Les accents de la langue française réveillent les phrases tandis que leur absence éteint les mots. À la façon des comédiens sur la scène ou bien des épices dans les plats, ces signes accentuent nos vies. Quant au subjonctif, c'est le pays du rêve et du doute. Mais que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ? Erik Orsenna aime s'amuser. Véronique Hotte.

Il est, depuis 2009, président du prix Orange du Livre et fait partie depuis mai 2014, du conseil d'administration de l'association Orchestre à l'école.

Vie privée

Après deux enfants, deux mariages et deux divorces, il fut en couple de mars 2012 à l'automne 2013 avec l'animatrice de télévision Sophie Davant.

Œuvres

Sous le nom d'Erik Arnoult

1972 : Euro-émissions : nouvelles perspectives bancaires internationales, Mame, avec Jean-Paul Lemaire
1977 : Espace national et déséquilibre monétaire, Presses universitaires de France, Paris, texte remanié de sa thèse de sciences économiques soutenue à Paris-I en 1975 sous le titre Les Mécanismes de la création en économie ouverte
1999 : Le Conseil d'État : juger, conseiller, servir, Gallimard,

Sous le nom d'Erik Orsenna

1974 : Loyola’s blues, éd. du Seuil
1977 : La Vie comme à Lausanne, éd. du Seuil prix Roger-Nimier
1980 : Une comédie française, éd. du Seuil
1981 : Villes d’eaux, avec Jean-Marc Terrasse, Ramsay
1988 : L’Exposition coloniale, éd. du Seuil prix Goncourt
1990 : Rêves de sucre, Hachette.
1992 : Besoin d’Afrique, avec Éric Fottorino et Christophe Guillemin, Fayard,
1993 : Grand Amour, éd. du Seuil
1995 : Mésaventures du paradis : mélodie cubaine,
1995 : Rochefort et la Corderie royale.
1996 : Histoire du monde en neuf guitares, avec Thierry Arnoult, Fayard
1997 : Deux étés, Fayard
1998 : Longtemps, Fayard
2000 : Portrait d’un homme heureux : André Le Nôtre, Fayard
2001 : La grammaire est une chanson douce, Stock
2002 : Madame Bâ, Stock
2003 : Les Chevaliers du Subjonctif, Stock
2004 : Dernières nouvelles des oiseaux, Stock
2005 : Portrait du Gulf Stream. Éloge des courants : promenade, éd. du Seuil
2006 : Voyage aux pays du coton. Petit précis de mondialisation, Fayard prix du livre d'économie.
2006 : Salut au Grand Sud, avec Isabelle Autissier, Stock
2007 : La Révolte des accents, Stock
2007 : Le Facteur et le Cachalot, Les Rois Mages
2008 : La Chanson de Charles Quint, Stock
2008 : L’Avenir de l’eau, prix Joseph-Kessel 2009, Fayard
2008 : Courrèges, Xavier Barral,‎ novembre 2008, 224 p.
2009 : Et si on dansait ?, Stock
2010 : L'Entreprise des Indes, Stock
2010 : Princesse Histamine, Stock
2012 : Sur la route du papier, Stock
2013 : La Fabrique des mots, Stock. Suite et fin de sa saga sur la grammaire.
2014 : Mali, ô Mali, Stock, suite de Madame Bâ.


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#205 Elysée Reclus
Loriane Posté le : 14/03/2015 22:16
Le 15 mars 1830 naît Élisée Reclus

de son nom complet Jean Jacques Élisée Reclus, né à Sainte-Foy-la-Grande Gironde, mort à 75 ans à Thourout en Belgique le 4 juillet 1905, géographe libertaire, Communard, militant et théoricien anarchiste, il fut un pédagogue et un écrivain prolifique militant activiste, théoricien, propagandiste, géographe, il défend la Cause du communisme libertaire et l'anarchisme. Il est Formé à l'Université de Paris, La Sorbonne, il reçoit le titre de Professeur des universités. Il reçoit la médaille d’or de la Société de géographie de Paris en 1892. Il s'intéresse à la géographie sociale. Ses travaux sont :Nouvelle Géographie universelle, la terre et les hommes en 19 volumes 1876-1894, L’Homme et la Terre en 6 volumes 1905-1908
Membre de la Première Internationale, il rejoint la Fédération jurassienne après l'exclusion de Michel Bakounine. Avec Pierre Kropotkine et Jean Grave, il participe au journal Le Révolté.
En 1892, il est invité par l’Université libre de Bruxelles qui lui offre une chaire de géographie comparée. Mais le cours est suspendu fin 1893, à la suite de l'attentat d'Auguste Vaillant à Paris. En octobre 1894, avec d'autres professeurs démissionnaires, il crée alors l'Université nouvelle de Bruxelles dont les premiers cours se donnent dans les locaux de la loge maçonnique Les Amis philanthropes.
Citoyen du monde avant l’heure, précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique et de l'écologie, ses ouvrages majeurs sont Histoire d’un ruisseau, sa Géographie universelle en 19 volumes et L'Homme et la Terre en 6 volumes.
La revue Hérodote le considère comme l'un des géographes les plus importants de son temps, au point d'avoir consacré deux numéros entiers à son œuvre en 1981 et 2005
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En bref

Né en Gironde et destiné à être pasteur comme son père, Reclus suit les cours de la faculté protestante de Montauban. Il perd très vite la foi et est séduit par les idéaux socialistes de son époque. Au cours d'un séjour à Berlin, il suit les cours de géographie de Karl Ritter dont il devient le disciple. Après le coup d'État de 1851, il quitte la France et voyage en Irlande, aux États-Unis, et tente de fonder une colonie agricole en Colombie. De retour en France, il publie ses premiers ouvrages de géographie. Fondateur de coopératives de consommation et d'assurances ouvrières, et attaché aux idées anarchistes, Reclus assiste au Congrès de Berne de la Première Internationale avec Bakounine. Membre de la garde nationale pendant la Commune, il est fait prisonnier lors de la désastreuse sortie en masse du 4 avril 1871. Grâce à l'intervention de savants anglais, sa condamnation à la déportation est commuée en une peine de dix années de bannissement. Résidant en Suisse, il milite à la Fédération jurassienne anarchiste. Amnistié en 1879, il reste à Genève où il anime le journal Le Révolté qu'il a fondé avec Pierre Kropotkine et Jean Grave. La publication de la Géographie universelle, commencée en 1875, établit définitivement sa réputation scientifique, et l'Université libre de Bruxelles fait appel à lui en 1890 pour prendre en charge la chaire de géographie. Comme son ami Kropotkine, il défend jusqu'à sa mort un anarchisme pur et intransigeant.Paul CLAUDEL

Sa vie

Son père Jacques Reclus, né en 1796, était pasteur calviniste français, tout d’abord rémunéré par l’État, puis indépendant et a aussi été quelques années professeur au collège protestant de Sainte-Foy-la-Grande. Le pasteur eut, avec son épouse Zéline Trigant, née en 1805, dix-sept enfants, dont trois ne survécurent pas à la naissance.
Élisée Reclus est le frère du journaliste Élie Reclus, du géographe Onésime Reclus, de l'explorateur Armand Reclus, du chirurgien Paul Reclus, le cousin germain de Pauline Kergomard née Ducos, fondatrice des écoles publiques maternelles françaises et l'oncle de Paul Reclus qui le seconde dans ses travaux à la fin de sa vie.

Les années de formation

Quatrième enfant du pasteur Jacques Reclus, Élisée est élevé jusque vers l’âge de 13 ans par ses grands-parents maternels, à La Roche-Chalais en Dordogne, à la suite de la décision prise par son père de ne plus être pasteur rétribué. En 1838, il regagne le foyer parental, à Orthez, après le décès de son grand-père.
En 1843, il a treize ans, son père, qui souhaite le destiner à une charge de pasteur, l’envoie rejoindre son frère Élie à Neuwied, en Prusse sur les bords du Rhin, dans un collège tenu par des pasteurs luthériens Frères Moraves.
Mais Élisée supporte mal le caractère superficiel de l’enseignement religieux de cette école : il rentre en 1844 à Orthez en passant par la Belgique. Son séjour à Neuwied n'est cependant pas entièrement négatif : il a l’occasion d’y apprendre des langues vivantes, allemand, anglais, néerlandais, et le latin, ainsi que d’y rencontrer des personnalités qu’il revit plus tard.
Élevé pendant quelques années par une sœur de sa mère à Sainte-Foy, il est inscrit au collège protestant de cette ville pour y préparer le baccalauréat. Il rencontre vraisemblablement à cette période un ancien ouvrier parisien ce qui lui permet de lire Saint-Simon, Auguste Comte, Fourier et Lamennais.
En 1848, Élisée et Élie suivent des études de théologie à la faculté de théologie protestante de Montauban. Ils en sont exclus en 1849 à la suite d’une fugue qu’ils firent en juin vers la Méditerranée. C’est sans doute au cours de ces années qu’il prit goût à ce qui devait devenir sa conception de la géographie sociale.
Élisée perd très vite la foi et est séduit par les idéaux socialistes de son époque. Il décide alors d’abandonner définitivement les études théologiques. Il se rend cependant au collège de Neuwied où il est engagé comme maître répétiteur.
Il est à nouveau déçu par l’atmosphère du collège, qu’il quitte pour se rendre à Berlin en 1851. Vivant assez chichement de leçons de français, il s’inscrit à l’université pour y suivre les cours du géographe allemand Carl Ritter dont il devient le disciple.
En septembre 1851, Élisée retrouve son frère Élie à Strasbourg et ensemble ils décident de rentrer à Orthez en traversant la France, à pied, ce qui a certainement contribué à former son caractère.
Conquis dès cette époque aux idées politiques progressistes et anarchistes, il écrit son premier texte d'inspiration libertaire, Développement de la liberté dans le monde, où il évoque « l’anarchie, la plus haute expression de l’ordre. L'article est publié, vingt ans après sa mort, en 1925, dans Le Libertaire.

Premier exil

À Orthez, apprenant le coup d’État du 2 décembre 1851, les deux frères manifestent publiquement leur hostilité au nouveau régime et leur engagement républicain. Menacés d’être arrêtés, ils s’embarquent pour Londres où ils connaissent l’existence miséreuse des exilés. Élisée ne reverra la France qu’en 1857.
À Londres, il prend la mesure de l’humiliation qu’engendre la pauvreté. Élisée vit chichement de quelques leçons. En Irlande, où il est un moment ouvrier agricole, il découvre, la pauvreté de la campagne irlandaise encore très marquée par la grande famine de 1847 et la dureté de la domination coloniale anglaise.
Début 1853, il s’embarque pour La Nouvelle-Orléans. Il y exerce divers petits métiers dont celui d’homme de peine, puis est embauché comme précepteur des trois enfants d’une famille de planteurs d’origine française, les Fortier. C’est au cours de cette période, qu'il confronté à une nouvelle situation de domination, la société esclavagiste des planteurs. Révolté par la condition des esclaves, il sera un partisan indéfectible des Nordistes durant la guerre de Sécession.
Il forme le projet de s’installer en Amérique du Sud comme agriculteur et de faire venir auprès de lui son frère Élie et sa femme. Fin 1855, il part donc pour la Colombie alors Nouvelle-Grenade en traversant le Mexique et l’Amérique centrale. Il essaye pendant deux ans de s’installer comme planteur de bananes ou de café. Peu doué pour les affaires et sans capitaux suffisants pour créer son exploitation, l’échec est total. Il quitte la Colombie en 1857 grâce à l’argent envoyé par son frère aîné qui lui permet de payer ses dettes et son billet pour le retour.

Géographe et anarchiste

En juillet 1857, Élisée revient en France et se fixe chez son frère Élie, à Paris. Les deux frères y rencontrent Auguste Blanqui et Pierre-Joseph Proudhon.
Tout en donnant des cours de langues étrangères, Élisée s’engage dans ce qui allait par la suite devenir sa principale occupation : il entre dans la Société de géographie.
Fin 1858, il retourne à Orthez en compagnie de son père qui revient d’Angleterre où il est allé chercher des aides financières pour un asile de vieillards qu’il a créé dans son village.
Le 11 mars 1858, il est initié dans la loge maçonnique, Les Émules d’Hiram du Grand Orient de France. Il n’y est jamais actif et au bout d’un an il s'éloigne de la franc-maçonnerie.
Le 14 décembre 1858, il se marie civilement avec Clarisse Brian et il retourne à Paris chez Élie.
En 1859, il contribue à la Revue des deux Mondes où il donne des articles de géographie, de géologie, de littérature, de politique étrangère, d'économie sociale, d'archéologie et de bibliographie, qui sont fort remarqués.
La maison Hachette décide d’employer Élisée pour rédiger des guides pour voyageurs, guides Joanne, ce qui va l’amener à parcourir de nombreux pays européens, Allemagne, Suisse, Italie, Angleterre, Sicile, Espagne…. Son premier livre, Voyage à la Sierra Nevada de Sainte-Marthe, est publié en 1861.

En 1862, Élisée se rend à Londres pour l’Exposition universelle.

Dans le courant de l'année 1863, les deux frères vont s’installer à Vascœuil, Eure, Haute-Normandie chez leur ami Alfred Dumesnil, gendre de Jules Michelet. Adèle Dumesnil, la fille de l'historien étant décédée en 1855, Dumesnil, veuf, épouse en 1871 Louise Reclus, sœur d'Élisée et d'Élie.
Le 1er octobre 1863, il est parmi les fondateurs de la Société du Crédit au Travail, banque dont le but était d’aider à la création de sociétés ouvrières.
En juin 1864, avec son frère Élie, il est l’un des vingt-sept fondateurs de la première coopérative parisienne de type rochdalien : l’Association générale d’approvisionnement et de consommation. Élisée est élu secrétaire de L’Association, bulletin international des coopératives, fondé le 1er novembre. Il collabore à La Coopération, qui lui succède. En 1866, il fait partie avec Élie d’une société coopérative d’assurances sur la vie humaine créée à Paris sous le nom de L’Équité.

Militant de la Première Internationale et communard

En septembre 1864, les deux frères Élie et Élisée adhèrent à la section des Batignolles de l’Association internationale des travailleurs fondée le 28 septembre à Londres AIT, Première Internationale.
En novembre de la même année à Paris, Élie et Élisée rencontrent Bakounine avec qui ils entretiennent des liens amicaux et politiques forts. Ils militent ensemble à la Fraternité Internationale, société secrète fondée par Bakounine. En 1865, Élisée se rend à Florence, où il revoit Bakounine et fait la connaissance de révolutionnaires italiens.
En 1867, Élisée participe à deux réunions internationales : du 2 au 7 septembre, deuxième Congrès de l’Association internationale des travailleurs à Lausanne et du 9 au 12 septembre, premier Congrès de la Ligue de la Paix et de la liberté à Genève. Du 21 au 25 septembre 1868 il participe activement au 2e Congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté, à Berne. Il y fait une intervention que l’on considère généralement comme sa première adhésion publique à l’anarchisme. Élisée, Bakounine et quelques autres s’opposent à la majorité des congressistes sur la question de la décentralisation. Ils en tirent les conséquences et quittent la Ligue.
En 1868, il adhère à l’Alliance internationale de la démocratie socialiste fondée par Bakounine et admise, en juillet 1869, par le Conseil général de l’Association internationale des travailleurs, au nombre des sections genevoises.
Le 6 juillet et le 17 août 1869 à Londres, Élisée assiste, à titre d’invité, à une séance du Conseil général de la Première Internationale.
En 1869, il rédige son Histoire d’un ruisseau.
En 1869, il s’engage comme volontaire au 119e bataillon de la Garde nationale, puis dans le bataillon des aérostiers, dirigée par son ami intime, le photographe Nadar.
Soucieux de donner un foyer à ses filles, confiées à deux de ses sœurs à la suite de la mort de sa femme Clarisse le 22 février 1869, Élisée et Fanny Lherminez déclarent s’accepter librement l’un l’autre pour époux en mai 1870 lors d'une réunion de famille.
Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, puis de la Commune de Paris, Élisée s’engage activement dans l’action politique et militaire.
En décembre, il participe, avec André Léo, Benoît Malon et son frère Élie Reclus, à la création du journal La République des travailleurs.
Il se présente aux élections législatives du 8 février 1871. Après la proclamation de la Commune, le 28 mars 1871, il s'engage comme volontaire dans la Fédération de la Garde nationale.
Le 4 ou 5 avril 1871, à l'occasion d'une sortie à Châtillon, il est fait prisonnier les armes à la main, par les Versaillais.
Il est emprisonné à Quélern, puis sur les pontons de l’île de Trébéron près de Brest, enfin au camp de Satory, soit en tout une quinzaine de prisons en onze mois de captivité.

Bannissement en Suisse

Le 15 novembre 1871, le 7e Conseil de guerre le condamne à la déportation simple transportation en Nouvelle-Calédonie. Une pétition internationale regroupant essentiellement des scientifiques anglais et américains et réunissant une centaine de noms dont vraisemblablement Darwin, obtient, 3 février 1872, que la peine soit commuée en dix années de bannissement. Élisée Reclus se refuse à signer un recours en grâce. Sa peine sera remise le 17 mars 1879.
À la suite de sa commutation de peine, Élisée et sa famille séjournent en Italie, puis en Suisse, à Lugano, Vevey et surtout Clarens.
Il assiste au congrès de la Paix de Lugano septembre 1872, et fonde une section internationaliste en 1876 à Vevey, avec son ami cartographe Charles Perron, qui dessine pour lui dans la Nouvelle Géographie Universelle. La section publie un journal, Le Travailleur, prônant notamment l'éducation populaire et libertaire.
En février 1874, sa compagne Fanny meurt en couches. Le 10 octobre 1875, il s'unit à Ermance Trigant-Beaumont née Gonini, veuve d’un cousin de la mère des Reclus. Héritière d’une petite fortune, Ermance fait construire une maison à Clarens, au bord du lac Léman, où la famille s’installe de 1876 à 1891.

Communiste libertaire

En Suisse, il est membre de la Fédération jurassienne où il acquitte sa cotisation de membre central. Il entretient des relations suivies avec Michel Bakounine dont il préface, en 1882, Dieu et l'État et Pierre Kropotkine dont il fait la connaissance en février 1877. Une grande amitié le lie à James Guillaume.
En 1873 et 1874, il collabore à l’Almanach du peuple, et en 1877, à La Commune. Le 19 mars 1876 à Lausanne, il affirme son communisme libertaire lors d’une réunion commémorative de la Commune de Paris.
Le 3 juillet 1876, à Berne, il assiste aux obsèques de Bakounine et prononce un discours funèbre.
Au printemps 1877, il lance à Genève, la revue Le Travailleur, avec son camarade et collaborateur Charles Perron, Nicolas Joukovsky et Alexandre Oelsnitz, dans laquelle ils se déclarent an-archistes.
Amnistié en 1879, il reste à Genève où il collabore avec Jean Grave au journal Le Révolté, par Pierre Kropotkine et François Dumartheray.
Les 9 et 10 octobre 1880, il participe au congrès de la Fédération jurassienne. Il y définit son communisme libertaire, conséquence nécessaire et inévitable de la révolution sociale et expression de la nouvelle civilisation qu’inaugurera cette révolution, et qui implique notamment la disparition de toute forme étatiste et le collectivisme avec toutes ses conséquences logiques, non seulement au point de vue de l’appropriation collective des moyens de production, mais aussi de la jouissance et de la consommation collectives des produits Le Révolté, 17 octobre 1880.
En 1883, les autorités tentent de l'impliquer dans le procès mené, à Lyon, contre Kropotkine. Il est présenté comme son collaborateur dans l'organisation du parti anarchiste international qui par définition ne se prête guère à une discipline ni à une hiérarchie. Il écrit au procureur général pour se mettre à sa disposition et finalement les poursuites sont abandonnées.

Nouvelle Géographie universelle

Pendant toute cette période, il rédige certains de ses grands textes géographiques : Histoire d’une montagne 1882, ainsi que les premiers éléments de sa Nouvelle Géographie universelle, dont la publication est poursuivie régulièrement de 1875 à 1894.
Il continue aussi à voyager Algérie, États-Unis, Canada, puis Brésil, Uruguay, Argentine et Chili. En février 1886, il se rend à Naples et y rencontre le révolutionnaire hongrois Kossuth.
Au début de 1891, Élisée et sa famille reviennent en France et se fixent à Sèvres.
En 1892, il reçoit la médaille d’or de la Société de géographie de Paris.

Bruxelles et l’Université nouvelle

En 1892, à la suite de la condamnation de Ravachol, la situation devient dangereuse pour lui en France, et il décide d’accepter une proposition de l’Université libre de Bruxelles ULB qui lui offre une chaire de géographie comparée en lui décernant le titre de docteur agrégé.
Ce cours doit prendre place en mars 1894, mais deux événements vont intervenir qui vont changer l'histoire. Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant lance une bombe à la Chambre des députés à Paris. Le géographe en est jugé moralement responsable. Au même moment, un texte de Reclus intitulé, Pourquoi sommes-nous anarchistes ? est diffusé sur le campus. Dans ce texte, il condamne la bourgeoisie, les prêtres, les rois, les soldats, les magistrats qui ne font qu’exploiter les pauvres pour s’enrichir. C'est un véritable appel à la révolution : l’unique moyen d’arriver à l’idéal anarchiste, c’est-à-dire à la destruction de l’État et de toutes autorités, par l'action spontanée de tous les hommes libres. Dès lors, les événements vont se succéder rapidement.
En sa séance du 30 décembre 1893, le conseil d'administration de l'ULB prie Élisée Reclus de reporter son cours sine die, ce qui provoque la démission du recteur de l'université Hector-Denis, et de plusieurs professeurs. C’est à ce moment que surgit l’idée de créer une institution concurrente, l'Université nouvelle de Bruxelles, répondant mieux à leurs convictions philosophiques, matérialistes et positivistes, d'autant que plusieurs professeurs étrangers sont prêts à venir y donner cours. Le 30 janvier 1894, alors que l’Université libre de Bruxelles est fermée pour une durée indéterminée, les premiers cours sont donnés, rue du Persil à Bruxelles, dans les locaux de la loge maçonnique Les Amis philanthropes, elle-même à l’origine de la fondation de l’ULB. L'Université nouvelle de Bruxelles est fondée officiellement le 25 octobre 1894 : elle sera ouverte aux théories positivistes et basée sur le libre examen.
Les cours d’Élisée Reclus attirent énormément de monde, une manifestation étudiante suit sa première conférence. Son frère Élie le rejoint pour y donner des cours de mythologie. Des personnalités éminentes y enseigneront : Émile Vandervelde, Louis de Brouckère, Paul Janson, Edmond Picard, etc.
L’Université Nouvelle existe jusqu’en 1919, date à laquelle elle fusionne avec l’Université Libre de Bruxelles, mettant fin au conflit entre libéraux doctrinaires et progressistes.

La rencontre avec Alexandra David-Néel

C'est en 1886 qu'Élisée Reclus va rencontrer à Bruxelles une jeune fille appelée à devenir célèbre par la suite : Alexandra David-Néel. Il a cinquante-six ans, elle en a dix-huit. Une forte amitié se noue entre eux, qui ne cesse qu'à la mort d'Élisée. Il eut sur sa jeune admiratrice une influence certaine : le premier ouvrage écrit par Alexandra David Pour la vie parut en 1898 avec une préface d'Élisée Reclus. Ils s'écrivent à plusieurs reprises, notamment lors du séjour d'Alexandra à Hanoï, en 1895.
En 1893 Élisée se rend à Florence pour témoigner dans un procès d’anarchistes italiens, qui sont relaxés. En 1898, il a la douleur de perdre sa fille cadette. Il fonde l’Institut géographique, qui dépend de l’Université nouvelle. Cette même année, il crée aussi une société d’édition de cartes géographiques qui fait faillite en 1904. C'est aussi au cours des années 1890 qu'il se lance dans un projet de construction d'un grand Globe, destiné à représenter fidèlement la Terre avec une maquette de plus de 127,5 mètres de diamètre, à l'échelle 1:100 000. Ce projet, qui devait être réalisé pour l'Exposition universelle de 1900, réunit Reclus, Charles Perron, l'urbaniste Patrick Geddes pour réaliser le relief de l'Écosse.
Entre 1896 et 1901, il fournit plusieurs mémoires importants aux journaux scientifiques français, allemands et anglais.
En 1903, il demande à son neveu Paul Reclus de s'établir à Bruxelles pour l'aider à terminer l'édition de L'Homme et la Terre, publiée après sa mort 1905-1908 sous le contrôle vigilant de son neveu Paul Reclus .

Disparition sans cérémonie

Les Temps nouveaux du 15 juillet 1905 annoncent la mort de Reclus.
Durant les dernières années de sa vie, Élisée Reclus qui souffre d’angine de poitrine, voyage encore France, Angleterre, Écosse, Berlin.
Fin juin 1905, il apprend la révolte des marins du cuirassé Potemkine, ce qui constitue l’une de ses dernières joies.
Il meurt le 4 juillet 1905 à Torhout, près de Bruges. Conformément à ses dernières volontés, aucune cérémonie n’a lieu : seul son neveu Paul Reclus suit le cercueil.
Il est enterré au cimetière d’Ixelles, commune faisant partie de l'agglomération de Bruxelles, dans la même tombe que son frère Élie mort l’année précédente.
Il est apparenté à Franz Schrader 1844-1924, géographe, alpiniste, cartographe et peintre paysager, fils de sa cousine germaine Marie-Louise Ducos, ainsi qu'à Élie Faure 1873-1937, critique d'art.

Les idées d’Élisée Reclus

Le bannissement politique d’Élisée Reclus pour ses idées anarchistes a certainement été à l’origine de l’oubli relatif dans lequel il est aujourd’hui. Selon la géopoliticienne Béatrice Giblin : C’est bien parce qu’on ne pouvait dissocier le géographe, qui aurait dû être nanti d’on ne sait de quelle sereine impartialité scientifique, du militant anarchiste, que les représentants de l’institution universitaire ont choisi de l’oublier et de le faire oublier au plus vite.
Il est méfiant envers la valeur du progrès : Certes, l’industrie amena de réels progrès dans son cortège, mais avec quel scrupule il importe de critiquer les détails de cette grande évolution ! il faut prendre définitivement conscience de notre humanité solidaire, faisant corps avec la planète elle-même. Pour lui, le progrès s'accompagne de régrès, de régressions qui inscrivent les évolutions dans une problématique dialectique. Ainsi, dans L’Homme et la Terre il revient à de nombreuses reprises sur cette idée : Le fait général est que toute modification, si importante qu’elle soit, s’accomplit par adjonction au progrès de régrès correspondants tome VI p° 531. Reclus ne désapprouve pas l'action de l'homme sur la nature, mais cette dernière doit répondre à des critères sociaux, moraux et esthétiques.
Pour Yves Lacoste, il serait le père de la réflexion géopolitique française même si Reclus n'emploie jamais ce mot dans son œuvre.
L'un des aspects les plus marquants de sa personnalité, outre ses convictions libertaires, est sa faculté de penser et d'agir par lui-même. À 18 ans, il affirme : Je ne veux avoir sur le front la marque d'aucun maître, je veux garder ma libre pensée, ma volonté intacte, ne rendre compte de ma conduite qu'à ma conscience ! Plus tard, il sera proche de la Fédération de la libre pensée créée en 1848 et donnera des conférences dans des loges maçonniques.
En ce qui concerne ses idées religieuses, bien que formé dans sa jeunesse pour devenir pasteur, il se détache rapidement et radicalement du christianisme. Selon la géopoliticienne Béatrice Giblin : Son projet de jeunesse est alors d’établir la République chrétienne, plus tard, devenu athée, il parlera de la République universelle. Devenir athée, ne signifie pas que Reclus perde ce qui fait de lui un être religieux, s’il ne croit plus en l’existence de Dieu, il croit avec la foi du charbonnier à la liberté, condition indispensable pour qu’existe un jour la République universelle.
Élisée Reclus vécut toujours très simplement et mit les revenus qu’il avait à sa disposition grâce aux éditions Hachette ou à Ermance au service de la famille, des amis, des militants et du mouvement anarchiste.

Le géographe
Un exemple d'illustration dans La Nouvelle Géographie Universelle : Le Lac de Sete Cidades.
Prolongeant les travaux du naturaliste Carl Ritter dont il a suivi les cours à Berlin en 1851, Élisée Reclus observe la nature. Il rédige de nombreux ouvrages de géographie dont la Nouvelle Géographie universelle en 19 tomes, et L'Homme et la Terre sont sans doute les plus importants.
Son œuvre en fait un précurseur de la géographie sociale. Pour Reclus, il s’agit d’inclure la dimension humaine dans le processus géographique.
Il réfléchit aussi à l’enseignement de la géographie et souhaite mettre à la portée de chacun des outils originaux de compréhension dont le Projet de globe terrestre au 100 000e en collaboration avec l'architecte Louis Bonnier.
Pour son travail de géographe, ses engagements anarchistes lui assurent un réseau d'informateurs dans le monde entier, mais lui ont également fermé les portes de la reconnaissance universitaire française pendant le XXe siècle.

L’anarchiste
Élisée Reclus est un militant impliqué directement dans des organisations ouvrières comme l'Association internationale des travailleurs, la Fédération jurassienne, la Ligue de la Paix et de la liberté. Il est également en relation avec nombre des grandes figures du mouvement libertaire de l'époque : Bakounine, Kropotkine, Dumartheray, Jean Grave, James Guillaume, Max Nettlau, etc.
L’écrasement sanglant de la Commune de Paris l'a convaincu de l’antagonisme irréductible entre le capital et le travail, du rôle néfaste de l’État et de l’impossibilité de parvenir au socialisme par des voies pacifiques ou électoralistes, ce qui n’empêche pas des pratiques éducationnistes. De son exil en Suisse à sa mort, il ne cesse de prendre position sur les problèmes théoriques et pratiques qui se posent au mouvement libertaire : déclaration en faveur de l’union libre à l’occasion du mariage libre de ses deux filles, Le Révolté, 11 novembre 1882 ou prise de position catégorique contre le principe des élections : Voter, c’est abdiquer, Le Révolté, 11-24 octobre 1885
Sur certaines questions, il défend des positions originales. Il considère que la révolution ne se produira pas dans un proche avenir, Bulletin de la Fédération jurassienne, 11 février 1878. En opposition à Jean Grave, il se déclare favorable au droit de reprise individuelle : Le révolutionnaire qui opère la reprise pour la faire servir aux besoins de ses amis peut tranquillement et sans remords se laisser qualifier de voleur, Correspondance, t. III, 21 mai 1893. Enfin, il se montre hostile aux expériences de colonies anarchistes ou milieux libres : Il ne faut nous enfermer à aucun prix, il faut rester dans le vaste monde pour en recevoir toutes les impulsions, pour prendre part à toutes les vicissitudes et en recevoir tous les enseignements, Les Temps Nouveaux, 7-13 juillet 1900. Dans un long passage de L’Évolution, la révolution et l’idéal anarchique 1897, en accord avec Kropotkine, il se livre à un sévère réquisitoire contre Thomas Malthus. Il est également hostile au néo-malthusianisme défendu par Paul Robin.
En 1896, il publie son plus célèbre texte, L'Anarchie, reproduction d'une conférence prononcée devant les membres de la loge maçonnique Les Amis philanthropes de Bruxelles.

Élisée Reclus et la franc-maçonnerie
Le 11 mars 1858, Élisée Reclus est initié en franc-maçonnerie à la loge Les Émules d'Hiram du Grand Orient de France à Paris. Son frère Élie déjà initié à la loge Renaissance est présent.
Élisée se contente de l'initiation. Au bout d'un an, il s’en détache et ne fréquente, à nouveau, les loges que lors de son dernier exil à Bruxelles, pour y donner de nombreuses conférences sur l'anarchie. Même s'il ne fut jamais un franc-maçon actif, sa présence à Bruxelles en 1894, a une importance déterminante sur la Maçonnerie belge, et notamment sur la loge Les Amis philanthropes.

Le partisan de l’union libre
Union libre
Je crois que votre frère E. s'est trompé lorsqu'il vous répondit que chez nos camarades, la question de l'union libre a peu d'importance. Au contraire, l'opinion est désormais fixée et l'importance capitale de la liberté complète, absolue de la femme en face du masculin est reconnue chez tous les anarchistes ... Je puis dire qu'à mon avis la révolution est accomplie, le mariage officiel a virtuellement vécu. Il ne reste qu'à déblayer la voie.

Anarchisme et liberté sexuelle
Fervent partisan de l'union libre, Élisée Reclus eut trois compagnes, avec chacune desquelles le contrat social fut différent. Une constante est cependant marquée : il a toujours refusé le mariage religieux.
La première, Clarisse Briand, qu’il épouse civilement à Orthez le 14 décembre 1858, avec qui il a trois filles, la troisième ne vécut pas, avait des origines Peul sa mère était une Peul du Sénégal qui avait épousé un armateur bordelais. Clarisse meurt quelques semaines après son troisième accouchement, le 22 février 1869. Ce mariage avait une signification toute particulière pour l’anti-esclavagiste de retour de Louisiane.
En mai 1870, à Vascœuil, il s’unit avec la seconde, Fanny Lherminez, en union libre, mariage sous le soleil dit-il. Une très grande unité de vues les rassemble pendant leur courte vie commune. Fanny meurt, en février 1874, en mettant au monde un enfant qui ne vécut pas.
C’est avec sa dernière compagne, Ermance Gonini elle-même veuve, qui lui survécut, qu’il passe les trente dernières années de sa vie. Le 10 octobre 1875, à Zurich, ils s'unissent librement sans aucune formalité civile ou religieuse mais lecture d'un texte qui fut signé par les deux époux et leurs seize témoins. Ils n’eurent aucune descendance.
Le 14 octobre 1882, sans permettre à la loi religieuse et civile de s'en occuper, dans des conditions de vérité où les fiancés n'eurent point à faire de cérémonies civile ou religieuse en l'honneur d'une loi qui leur paraît injuste ou d'un culte qu'ils ne pratiquent point, ses deux filles s'unissent librement, avec des amis de son neveu Paul : Magali avec Paul Régnier et Jeannie avec Léon Cuisinier. L’autorité paternelle que je m’adresse à vous, mes filles, et à vous, jeunes hommes qui me permettez de vous donner le nom de fils. Notre titre de parents ne nous fait en rien vos supérieurs et nous n’avons sur vous d’autres droits que ceux de notre profonde affection.

L Élisée Reclus et l’espéranto
Élisée Reclus appelle de ses vœux une langue universelle qui ne viendrait pas se substituer aux langues maternelles mais qui serait une langue vraiment commune à l’humanité entière. Cette langue ne peut pas être une langue ancienne : à de nouveaux pensers il faut un instrument nouveau. Nulle langue moderne ne convient non plus au rôle de véhicule universel de l’intelligence humaine. Il cite l'espéranto en exemple et se réjouit du fait que dix ans seulement après son invention, il réunisse déjà quelques 120 000 adeptes.

Le naturiste
Élisée Reclus pensait que la nudité était l'un des moyens de développer la socialisation entre individus, il en vantait les bienfaits hygiéniques moralement comme physiologiquement, et il la mettait en perspective dans de vastes vues englobantes sur l'histoire et la géographie des cultures. Certains le considèrent comme le fondateur du naturisme.

Le végétarien
Très tôt rebuté par la viande, Élisée Reclus pratique un végétarisme strict. Il fut un « légumiste » convaincu comme il aimait à le dire et partageait cette conception avec son frère Élie.

Citations

Sur la morale
Celui qui commande se déprave, celui qui obéit se rapetisse. Des deux côtés. comme tyran ou comme esclave, comme préposé ou comme subordonné, l'homme s'amoindrit. La morale qui naît de la conception actuelle de l'État, de la hiérarchie sociale, est forcément corrompue. "La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse", nous ont enseigné les religions, elle est le commencement de toute servitude et de toute dépravation, nous dit l'histoire. 18 juillet 1892, Correspondance

Sur la famille
C’est dans la famille surtout, c’est dans ses relations journalières avec les siens que l’on peut le mieux juger l’homme : s’il respecte absolument la liberté de sa femme, si les droits, la dignité de ses fils et de ses filles lui sont aussi précieux que les siens, alors la preuve est faite ; il est digne d’entrer dans une assemblée de citoyens libres ; sinon, il est encore esclave, puisqu’il est tyran.
L'Homme et la Terre, 1905

Sur l'anarchie
Notre destinée, c'est d'arriver à cet état de perfection idéale où les nations n'auront plus besoin d'être sous la tutelle d'un gouvernement ou d'une autre nation; c'est l'absence de gouvernement, c'est l'anarchie, la plus haute expression de l'ordre. Le développement de la liberté dans le monde, 1851.

Pour que l’anarchie triomphe, il faut qu’elle soit déjà une réalité concrète avant les grands jours qui viendront. Aux compagnons, Les Entretiens politiques et littéraires, juillet 1892

Sur la révolution
... l’équilibre rompu d’individu à individu, de classe à classe, se balance constamment autour de son axe de repos : le viol de la justice crie toujours vengeance. De là, d’incessantes oscillations. Ceux qui commandent cherchent à rester les maîtres, tandis que les asservis font effort pour reconquérir la liberté, puis, entraînés par l’énergie de leur élan, tentent de reconstituer le pouvoir à leur profit. Ainsi des guerres civiles, compliquées de guerres étrangères, d’écrasements et de destructions, se succèdent en un enchevêtrement continu, aboutissant diversement, suivant la poussée respective des éléments en lutte.Ou bien les opprimés se soumettent, ayant épuisé leur force de résistance : ils meurent lentement et s’éteignent, n’ayant plus l’initiative qui fait la vie ; ou bien c’est la revendication des hommes libres qui l’emporte, et, dans le chaos des événements, on peut discerner de véritables révolutions, c’est-à-dire des changements de régime politique, économique et social, dus à la compréhension plus nette des conditions du milieu et à l’énergie des initiatives individuelles.
L’Homme et la Terre, préface du tome I, 1905.

Il est cependant des esprits timorés qui croient honnêtement à l’évolution des idées, qui espèrent vaguement dans une transformation correspondante des choses, et qui néanmoins, par un sentiment de peur instinctive, presque physique, veulent, au moins de leur vivant, éviter toute révolution. Ils l’évoquent et la conjurent en même temps : ils critiquent la société présente et rêvent de la société future comme si elle devait apparaître soudain, par une sorte de miracle, sans que le moindre craquement de rupture se produise entre le monde passé et le monde futur. Êtres incomplets, ils n’ont que le désir, sans avoir la pensée ; ils imaginent, mais ils ne savent point vouloir.
L’évolution, la révolution et l’idéal anarchique, 190251.

Sur le vote
Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant, ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage. ... Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir. Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement
Le Révolté, octobre 1885.

Sur le progrès
De quels chants de triomphe en l’honneur du progrès n’ont pas été accompagnées les inaugurations de toutes les usines industrielles avec leurs annexes de cabarets et d’hôpitaux ! Certes, l’industrie amena de réels progrès dans son cortège, mais avec quel scrupule il importe de critiquer les détails de cette grande évolution ! Les misérables populations du Lancashire et de la Silésie nous montrent que tout n’a pas été progrès sans mélange dans leur histoire ! Il ne suffit pas de changer d’état et d’entrer dans une classe nouvelle pour qu’on acquière une plus grande somme de bonheur.
L’Homme et la Terre, tome VI, 1905.
... prendre définitivement conscience de notre humanité solidaire, faisant corps avec la planète elle-même, embrasser du regard nos origines, notre présent, notre but rapproché, notre idéal lointain, c’est en cela que consiste le progrès.
L’Homme et la Terre, tome VI, 1905.

Sur l'écologie
La question de savoir ce qui dans l’œuvre de l’homme sert à embellir ou bien contribue à dégrader la nature extérieure peut sembler futile à des esprits soi-disant positifs : elle n’en a pas moins une importance de premier ordre. Les développements de l’humanité se lient de la manière la plus intime avec la nature environnante. Une harmonie secrète s’établit entre la terre et les peuples qu’elle nourrit, et quand les sociétés imprudentes se permettent de porter la main sur ce qui fait la beauté de leur domaine, elles finissent toujours par s’en repentir. Là où le sol s’est enlaidi,là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait disparaître tant de civilisations successives, il faudrait compter en première ligne la brutale violence avec laquelle la plupart des nations traitaient la terre nourricière. Ils abattaient les forêts, laissaient tarir les sources et déborder les fleuves, détérioraient les climats, entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles ; puis, quand la nature, profanée par eux, leur était devenue hostile, ils la prenaient en haine, et, ne pouvant se retremper comme le sauvage dans la vie des forêts, ils se laissaient de plus en plus abrutir par le despotisme des prêtres et des rois. Du Sentiment de la nature dans les sociétés modernes, La Revue des deux mondes, n°63, 15 mai 1866.

Sur le naturisme
Au fond, il s’agit de savoir lequel, du nu ou du vêtement, est le plus hygiénique, le plus sain pour développement harmonique de l’homme au physique et au moral. Quant au premier cas, il ne peut y avoir aucun doute. Pour les hygiénistes, c’est une question jugée que celle de la nudité. Il n’est pas douteux que la peau reprend de sa vitalité et de son activité naturelles quand elle est librement exposée à l’air, à la lumière, aux phénomènes changeants du dehors. La transpiration n’est plus gênée ; les fonctions de l’organe sont rétablies ; il redevient plus souple et plus ferme à la fois ; il ne pâlit plus comme une plante isolée privée de jour. Les expériences faites sur les animaux ont prouvé aussi que, lorsque la peau est soustraite à l’action de la lumière, les globules rouges diminuent de même que la proportion d’hémoglobine. C’est dire que la vie devient moins active et moins intense. Encore un exemple de ce fait, que les progrès de la civilisation ne sont pas nécessairement des progrès et qu’il importe de les soumettre au contrôle de la science. La question des vêtements et de la nudité, L'Homme et la Terre

Commentaires

Pour le géographe et géopoliticien, Yves Lacoste dans la revue Hérodote en 2005 : Élisée Reclus nous a énormément apporté et depuis une vingtaine d’années notamment depuis la redécouverte de son œuvre, l’école géographique française, pour d’autres raisons a progressé. Il fut un homme du xixe siècle qui, comme bien d’autres hommes de haute culture, avait l’espérance d’un monde meilleur et ses convictions libertaires, et en vérité sa religiosité profonde, le rendaient à la fois plus lucide à moyen terme et plus utopique pour l’avenir. Nous vivons dans un monde qui a perdu ses illusions et où l’on raisonne en termes de dangers quant à l’avenir de la planète. C’est une raison majeure de nous interroger sur notre position à l’égard de l’œuvre d’Élisée Reclus .
Pour la naturaliste et historienne Valérie Chansigaud : le géographe Élisée Reclus, l’un des premiers à étudier la place de l’espèce humaine dans la nature après les révolutions industrielles, pose les bases de ce qui s’appellera plus tard l’écologie.
Selon Philippe Garnier dans Philosophie Magazine : Sa pensée mêle anarchisme et méfiance vis-à-vis du progrès, lequel s’accompagne selon lui nécessairement de régrès. Face aux idéologies saint-simonienne et positiviste qui fleurissent sous le Second Empire, il regrette la bruta­lité avec laquelle l’homme prend possession de la terre et prône la recherche d’un équilibre avec le milieu naturel. Reclus travaille à un moment où l’humanité bascule des campagnes vers les villes, où la planète est en voie de globalisation tout en présentant encore d’immenses différences de paysages et de cultures. Écologiste avant l’heure, il saisit dans une vision embrassant le social, l’économique, le psychologique, l’impact des migrations et des masses sur l’environnement. S’intéressant autant à l’Afrique centrale qu’aux volcans, à Bakounine qu’à l’union libre en passant par le régime végétarien, il a construit, avec ces classiques que sont devenus Histoire d’un ruisseau ou L’Homme et la Terre, l’une des dernières œuvres encyclopédiques.
Pierre Kropotkine, ami intime d’Élisée qu’il a rencontré pour la première fois en 1877, le défini : Type du vrai puritain dans sa manière de vivre et, au point de vue intellectuel, le type du philosophe encyclopédiste français du dix-huitième siècle.
Un fonctionnaire de police l’a jugé ainsi : M. Reclus est un homme fort instruit, laborieux et d’habitudes régulières, mais très rêveur, bizarre, obstiné dans ses idées et croyant à la réalisation de la fraternité universelle,rapport du 9 janvier 1874, Archives de la Préfecture de Police.

Œuvres

Université du Québec à Chicoutimi : Bibliographie partielle.
Revue Itinéraire : Bibliographie.
RaForum : Écrits et ouvrages publiés.

Ouvrages de géographie

Guide du voyageur à Londres et aux environs, Guides Joanne, Hachette, Paris, 1860.
Fragment d'un voyage à la Nouvelle-Orléans, Le Tour du monde, 1860, éditions du Sextant, 2013, préface de Jean Morisset.
Voyage à la Sierra Nevada de Sainte Marthe. Paysages de la nature tropicale, Hachette, Paris, 1861.
Les Villes d’hiver de la Méditerranée et les Alpes maritimes, Guides Joanne, Hachette, Paris, 1864.
Introduction au Dictionnaire des Communes de France, en collaboration avec Élie Reclus, Hachette, Paris, 1864.
La Terre. Description des phénomènes de la vie du globe, Hachette, Paris, 1868.
Histoire d’un ruisseau, Paris, Hetzel, 1869, texte intégral ; Infolio éditions, 2010, notice éditeur.
Histoire d’une montagne, La Science illustrée, Paris 1875-1876 ; Paris, Hetzel, 1882 ; Actes Sud, 1999 ; Infolio éditions, 2011, notice éditeur.
Nouvelle Géographie universelle, la terre et les hommes, 19 volumes, Paris, Hachette, 1876-1894, BNF
Nouvelle géographie universelle. Tome 1., Hachette et Cie Paris, 1879
Nouvelle géographie universelle. Tome 2., Hachette et Cie Paris, 1881,
Projet de construction d’un globe terrestre à l’échelle du cent millième, Bruxelles, 1895-1896.
Renouveau d’une Cité, Bruxelles, 1896.
L’Afrique australe, avec Onésime Reclus, Hachette, Paris, 1901.
L'empire du milieu. Le climat, le sol, les races, les richesses de la Chine, avec Onésime Reclus, Hachette, Paris, 1902, .
L’Homme et la Terre, 6 volumes, Paris, Librairie universelle, 1905-1908, préface au tome 1.
Les volcans de la Terre, 1906-1909.
Les Arméniens, Magellan et cie, 2006, notice.

Ouvrages politiques

Évolution et révolution, Genève, 1880, texte intégral.
L’Évolution, la révolution et l’idéal anarchique, Paris, Stock, 1897, extraits de l'édition de 1898.
L’Évolution, la révolution et l’idéal anarchique nouvelle version de 1902, Paris, Stock, 1906,

Textes géographiques

De l’action humaine sur la géographie physique, Revue des deux mondes, 15 décembre 1864,
Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes, Revue des deux mondes, no 63, 15 mai 1866,
Atlas de la Colombie, bulletin de la Société de géographie, 1866,
L'enseignement de la geographie, Ciel et Terre, vol. 23, 1903, p. 29-38,

Textes politiques

Le développement de la liberté dans le monde, 1851 ; Paris, Le Libertaire, 28 août 1925.
De l'esclavage aux États-Unis, quatre articles pour la Revue des deux mondes, 1860-1863
Pourquoi sommes-nous anarchistes ?, 188960,
À mon frère le paysan, Groupe de propagande communiste anarchiste, Paris, Impr. Les temps nouveaux, 1899,
L'Anarchie et l'Église, Revue des deux Mondes, 190061 ; Les Temps nouveaux, 1900 ; La Brochure Mensuelle, no 6A, juin 1923, texte intégral ; Éditions du Chat Ivre, 2013, notice éditeur.
Une opinion sur Louise Michel, L’Insurgé, 19 janvier 1905
Quelques mots d'histoire, La Société Nouvelle, novembre 1894.

Textes sur les mœurs

Unions libres. Allocution du père à ses filles et à ses gendres du 14 octobre 1882, Paris, Chamerot, 1882, imprimé pour la famille à l'occasion du mariage de ses filles Magali et Jeannie
La question des vêtements et de la nudité, L'Homme et la Terre
La grande famille, Le Magazine International, janvier 1897, format doc.
Pages de sociologie préhistorique, L'Humanité Nouvelle, février 1898;

Biographie

Vie d'Élie Reclus, 1905

Préfaces

Michel Bakounine, Dieu et l'État, Genève, 1882.
Pierre Kropotkine, Paroles d'un révolté, Paris, 1895,
Pierre Kropotkine, La Conquête du pain,
Alexandra David-Néel, Pour la vie, Bruxelles, 1902.
Jean Grave, Patriotisme-Colonisation, Paris, 1903.
Max Nettlau, Michel Bakounine, Messine, 1903.

Correspondance

Correspondance, 3 volumes, Éditions Archives Karéline, 2010.
Tome I, 1855-1870, Librairie Schleicher frères, 1911,
Tome II, 1870-1888, Librairie Schleicher frères, 1914
Tome III, 1890-1905, Librairie Schleicher frères, 1915

Conférences

La Peine de mort, Genève, 1879, texte intégral.
L'Anarchie, Bruxelles, 1894, texte intégral ; Éditions du Sextant, Paris, 2006, 2011, préf. Hélène Sarrazin, postf. Isabelle Pivert.
Discours à la séance solennelle de rentrée du 22 octobre 1895 de l’Université Nouvelle de Bruxelles, Bruxelles, Imprimerie veuve Ferdinand Larcier, texte intégral.

Anthologie

Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes et autres textes, Éditions Premières Pierres, 2002
Nombreux articles dans des revues géographiques ou anarchistes
Bulletin de la Société de géographie Paris
Revue des deux Mondes Paris
Revue germanique Paris
Le Réveil Paris
Le Globe Paris
Le Travailleur Paris
Le Révolté Genève
The Anarchist Londres
Les Temps nouveaux Paris
The Contemporary Review Londres
Humanité Nouvelle Paris-Bruxelles
Ciel et Terre, bulletin de la Société belge d’astronomie Bruxelles
La Science illustrée Paris
Revue belge de géographie, Société royale belge de géographie, Bruxelles,

Bibliographie Ouvrages

Revue Hérodote, no 22, Élisée Reclus, géographe libertaire, 1981, texte intégral,63.
Revue Hérodote no 117, Élysée Reclus, 2005, texte intégral.
Hem Day, Élisée Reclus, savant et anarchiste, Paris Bruxelles, Cahiers Pensée et Action, 1956.
Hem Day, Deux frères de bonne volonté : Élisée Reclus et Han Ryner, Bruxelles, Pensée & Action, Amis de Han Ryner, 1956.
Paul Reclus, Les frères Élie et Élisée Reclus, ou du Protestantisme à l'Anarchisme, Paris, Les Amis d'Élisée Reclus, 1964, notice.
Hélène Sarrazin, Élisée Reclus ou la passion du monde, Éditions du Sextant, Paris, 2004, notice éditeur.
Roger Gonod, Élisée Reclus, Prophète de l'idéal anarchiste, Paris, Presses de Covedi, 1996.
Henriette Chardak, Élisée Reclus. L'homme qui aimait la Terre, Paris, Éditions Stock, 199764.
Henriette Chardak, Élisée Reclus : un encyclopédiste infernal !, L'Harmattan, 2006, notice éditeur.
Joël Cornuault, Élisée Reclus, géographe et poète, Éditions Fédérop, Église-Neuve d'Issac, 1995, 2014, notice éditeur.
Joël Cornuault, Élisée Reclus, étonnant géographe, Périgueux, Éditions Pierre Fanlac, 1999, 2003 notice.
Joël Cornuault, Élisée Reclus et les Fleurs Sauvages, Bergerac, Librairie La Brèche, 2005, notice.
Crestian Lamaison, Élisée Reclus, l'Orthézien qui écrivait la Terre, Orthez Cité du Livre, 2005, notice.
Ernesto Mächler Tobar, Un nom confisqué : Élisée Reclus et sa vision des Amériques, Paris, Éditions Indigo & Coté-Femmes, 2007, notice éditeur.
Federico Ferretti, Élisée Reclus, lettres de prison et d'exil, Lardy, A la frontière éditions, 2012, notice éditeur.
Florence Deprest, Élisée Reclus et la colonisation de l'Algérie, Saint-Denis, Éditions Bouchene, 2009, notice.
Philippe Pelletier, Élisée Reclus, géographie et anarchie, Éditions du Monde libertaire, 2009, notice éditeur.
Jean-Paul Bord, Raffaele Cattedra, Ronald Creagh, Jean-Marie Miossec, Georges Roques, Élisée Reclus - Paul Vidal de la Blache, le géographe, la cité et le monde, hier et aujourd'hui, Paris, L'Harmattan, 2009, notice éditeur.
John P. Clark, Lire Reclus aujourd’hui ?, texte intégral.
Marianne Enckell, Élisée Reclus, inventeur de l'anarchisme, texte intégral.
Jean-Didier Vincent, Élisée Reclus, géographe, anarchiste, écologiste, Robert Laffont, 2010, note critique & note critique, Prix Fémina de l'essai 201065.
Didier Jung, Élisée Reclus, collection Qui suis-je ?, Pardès, 2013.
Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas, Bruxelles, Éditions Alternative libertaire, 1996, texte intégral.
Christophe Brun, Élisée Reclus. Les grands textes, Flammarion, 2014, notice, Philosophie Magazine.

Thèses


Béatrice Giblin, Élisée Reclus, géographe, Université Paris-VIII, 197166,67.
Federico Ferretti, L'Occident d'Élisée Reclus, Thèse de doctorat en Géographie sous la direction de Marie-Claire Robic et de Franco Farinelli, Paris 1, Università di Bologna, 2011, résumé.
Bertrand Guest, Écritures révolutionnaires de la nature au XIXème siècle. Géographie et liberté dans les essais sur le cosmos d'Alexander von Humboldt, Henry David Thoreau et Élisée Reclus, Thèse de doctorat en Litteratures française, francophones et comparée sous la direction de Jean-Paul Engélibert, Université Bordeaux Montaigne, 2013, résumé.

Revues

Collectif, Élisée Reclus, Chelles, Itinéraire no 14-15, 1998, sommaire68.
Marianne Enckell, Suisse. Un exil très actif, p. 60-6369.
Joël Cornuault, Les Cahiers Élisée Reclus, Bergerac, Librairie La Brèche, 56 numéros, 1996 - 2006, notice & notice.
L'Union plénière du civilisé avec le sauvage selon Reclus, s/d, texte intégral.


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#206 Rebecca West
Loriane Posté le : 14/03/2015 19:08
Le 15 mars 1983 à Londres meurt Rebecca West

dont le véritable prénom était Cicely Isabel Fairfield, née le 21 décembre 1892 à Londres, Royaume-Uni, fille de Charles Fairfield, Isabella Fairfield, son fils est Anthony West, femme de lettres et féministe anglo-irlandaise célèbre en tant que romancière et du fait de sa relation amoureuse avec H. G. Wells. Elle épouse Henry Maxwell Andrews de 1930 à 1968. Ses livres les plus connus sont : Agneau noir et Faucon gris.
Auteur prolifique et éclectique, elle écrivit des essais et des articles pour The New Yorker, The New Republic, The Sunday Telegraph, et The New York Herald Tribune. Elle fut aussi une correspondante importante du "Bookman."

En bref

Son père, un journaliste irlandais, quitte sa mère écossaise — et meurt peu après — alors que Cecily n'est encore qu'une enfant. Le reste de la famille déménage à Édimbourg où elle reçoit son éducation au George Watson's Ladies College.
Elle suit des cours pour devenir actrice, prenant le nom de "Rebecca West" d'après Rosmersholm d'Henrik Ibsen. Elle participe au mouvement des suffragettes avant la Première Guerre mondiale et travaille comme journaliste pour le Freewoman et le Clarion. Elle rencontre Wells en 1913, et leur relation dure dix ans. Ils ont un fils, Anthony West, mais Wells est déjà marié, pour la seconde fois. Il lui a également été attribué des relations avec Charlie Chaplin, Antoine Bibesco et le magnat de la presse Max Beaverbrook.
En 1930, elle se marie à un banquier, Henry Maxwell Andrews, et ils restent ensemble jusqu'à sa mort en 1968.
Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, Rebecca West voyage beaucoup, recueillant des matériaux pour des livres de voyages et politiques. Elle est présente au procès de Nuremberg. Son dernier ouvrage en tant qu'écrivain et femme de médias est le reflet de ces expériences.
Elle est nommée Commander of the Order of the British Empire CBE en 1949, et promue au rang de Dame Commander DBE en 1959.

Sa vie

Cecily Isabel Fairfield est née dans le comté de Kerry, en Irlande, le 25 décembre 1892. Elle avait dix ans lorsque mourut son père, Charles Fairfield, officier de l'armée et correspondant de guerre. Sa mère, pianiste de grand talent, trait que la romancière utilise dans The Fountain Overflows, retourna alors à Édimbourg, sa ville natale, où Cecily continua ses études tout en suivant des cours d'art dramatique. Pendant quelque temps, elle exerça le métier d'actrice, et c'est à ce moment que, s'inspirant d'un personnage de Romersholm, le drame d'Ibsen dans lequel elle jouait, elle adopta le pseudonyme sous lequel elle devait écrire. Dès 1911, elle se lança dans le journalisme. À vingt ans, elle était engagée au Clarion pour couvrir les questions politiques. Études sur la vie politique et critiques littéraires paraissaient bientôt régulièrement dans le Star, le Daily News, le New Statesman, puis dans l'American Bookman et le New Republic. En même temps, elle s'engageait dans la bataille pour le féminisme et ne tardait pas à figurer parmi les suffragettes les plus convaincues. Ses intérêts et ses modes d'expression se sont ensuite diversifiés mais c'est dans le domaine, tôt abordé, du journalisme qu'elle acquit la réputation qu'elle devait maintenir au cours de sa longue vie : celle de posséder l'un des esprits les plus pénétrants, les plus aiguisés de son temps.

Cet intérêt passionné pour le journalisme ne se démentit jamais : quoique son œuvre soit constituée principalement de romans, elle continua, tout au long de sa vie, de collaborer à divers journaux, critique littéraire au Daily Telegraph, elle publia aussi articles et nouvelles dans des revues anglaises et américaines, prenant parti dans les grands débats de l'époque. Son œuvre romanesque n'est d'ailleurs pas sans refléter de telles préoccupations. Si ses romans – dont certains paraissent aujourd'hui assez datés – connurent une grande vogue, ce sont pourtant ses rapports sur le procès des grands criminels de guerre de Nuremberg qui lui valurent sa réputation. En 1915, alors qu'elle était mariée au romancier H. G. Wells, dont elle eut un fils, Anthony West, Rebecca West acheva sa première étude littéraire, un court essai sur Henry James dont elle admirait la technique romanesque et qui devait avoir une influence sur son œuvre. Cette étude fut suivie de huit romans, parmi lesquels The Return of the Soldier en 1918, The Judge en 1922, Harriet Hume en 1929, The Harsh Voice en 1935, The Thinking Reed en 1936, The Fountain Overflows en 1956 et The Birds Fall Down en 1966. De l'un à l'autre, les mêmes grands thèmes se retrouvent : mensonge et vérité, aspects du bien et du mal, impossibilité de concilier bonheur et recherche de la vérité, nécessité d'affronter la réalité... Ces romans sont donc porteurs d'un message, mis au service d'un idéal bien précis, même si l'intrigue rappelle parfois celle d'un roman d'espionnage ou si l'excès de sentimentalité, la profusion des métaphores édifiantes en viennent à couvrir le propos principal. Ces défauts ne peuvent en tout cas dissimuler la variété des sujets de préoccupation, la curiosité intellectuelle qui les sous-tend, ni l'audace de la pensée. The Return of the Soldier utilise déjà amplement les acquis de la psychanalyse, science pourtant fort peu connue du grand public à cette époque. Dans ce même roman, Rebecca West avance l'une de ses revendications principales – la liberté pour les femmes, comme pour les hommes, d'exprimer les besoins de la sexualité. Ici, la perte de la mémoire est le moyen commode permettant d'adopter un comportement qu'interdisaient les conventions sociales.
Ces conventions, ces injustices, Rebecca West ne cessa de les dénoncer, sans perdre pour autant un sens inné de la mesure ni remettre profondément en question les lois d'une société où elle obtint et conserva une place de choix. Après avoir vilipendé l'institution du mariage pendant des années, elle surprit tous ses amis en épousant, en 1930, le banquier Henri Maxwell Andrews. À la fantaisie vestimentaire de sa jeunesse succédait l'élégance, à la vie de bohème une existence campagnarde et confortable dans une ferme du Buckinghamshire, près de Londres. En 1949, couronnement de sa carrière de femme de lettres, elle fut faite Commander in the Order of the British Empire. Cette distinction honorifique suivait la publication de plusieurs livres qui eurent un retentissement particulier. En 1937, elle avait visité la Yougoslavie ; de ce voyage elle tira une somme – les deux volumes du Black Lamb and Grey Falcon en 1942, analyse de la vie politique et culturelle et de l'histoire des Balkans. En 1946, elle écrivit une série d'articles sur les procès de William Joyce, lord Haw-Haw et d'autres agents qui collaborèrent avec l'ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale. Réunis en un volume, ils furent publiés en 1949, sous le titre The Meaning of Treason, nouvelle édition révisée en 1965 ; le rôle du traître dans la société moderne s'y trouvait étudié, mais également ceux de l'intellectuel et de l'homme de sciences. Quant aux reportages sur le procès de Nuremberg, ils firent l'objet d'un autre volume, A Train of Powder, publié en 1955 : débordant le cadre d'un simple compte rendu, ces reportages se présentent comme un essai sur le problème du crime et de la justice de nos jours. Christine Jordis

Citations

"I myself have never been able to find out what feminism is; I only know that people call me a feminist whenever I express sentiments that differentiate me from a doormat or a prostitute." -
Je n'ai jamais été à même de savoir ce qu'est le féminisme ; je sais seulement que des gens m'appellent ainsi quand j'exprime des sentiments qui me différencient d'un paillasson ou d'une prostituée.
"It is the soul’s duty to be loyal to its own desires. It must abandon itself to its master passion." - Le devoir de l'âme est d'être loyale à ses désirs. Elle se doit de s'abandonner à sa principale passion.
"Avant une guerre, la science militaire fait figure de science, comme l'astronomie. Après une guerre, elle tient plus de l'astrologie."
"J'écris pour savoir ce que je pense"

Œuvres romanesques

The Return of the Soldier 1918
The Judge 1922
Harriet Hume 1929
The Harsh Voice:Four Short Novels 1935
The Thinking Reed 1936
The Fountain Overflows 1957
The Birds Fall Down 1967
This Real Night 1984
Cousin Rosamund 1985

Essais, récits de Voyage

Henry James 1916
The Strange Necessity: Essays and Reviews en 1928
St. Augustin 1933
Black Lamb and Grey Falcon 1941, un classique de la littérature de voyage de 1 181 pages largement favorable aux Serbes donnant un compte-rendu de l'histoire et de l'ethnographie des Balkans et sur le sens du Nazisme, structuré autour de son voyage en Yougoslavie en 1937.
Tu ne feras point d'image taillée - traduction de Simone André-Maurois 1944, dans 'Les dix commandements ' dix récits sur la guerre de Hitler contre la loi morale, Albin Michel
The Meaning of Treason 1949
The New Meaning of Treason 1964
A Train of Powder 1955
The Court and the Castle:some treatments of a recurring theme 1958



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#207 Wolfgang Arthur Reinhold Koeppen
Loriane Posté le : 14/03/2015 18:48
Le 15 mars 1996 à Munich meurt Wolfgang Arthur Reinhold Koeppen

né le 23 juin 1906 à Greifswald, écrivain allemand, considéré l'un des représentants majeurs de la littérature de la RFA grâce à ses romans, Pigeons sur l'herbe en 1951, La serre, Das Treibhaus en 1953 et La Mort à Rome en 1954, qui peignent un portrait de la société allemande de l'après-guerre en utilisant des techniques filmiques, montage, influencés par Dos Passos, Döblin, Faulkner. Il reçoit pour distinctions le prix Georg-Büchner, et le prix Franz-Nabl.
D'origine modeste, il grandit dans une petite ville du Mecklembourg. Après la guerre, il renoue avec les formes narratives d'avant-garde. Sa trilogie, Pigeons sur l'herbe en 1951, la Serre en 1953, la Mort à Rome en 1954, est une critique de l'Allemagne d'après-guerre : la technique du montage exprime la perte d'identité des héros marginalisés dans le monde bourgeois. Après des textes de prose Café roman, 1972 et des récits de voyage, comme Russie, 1958 ; Amérique, 1959 ; France, 1961, il publie en 1976 le début d'une autobiographie "Jeunesse."

Sa vie

Wolfgang Koeppen est l'enfant illégitime d'une couturière en linge et d'un médecin. Il est élevé chez la mère Marie Koeppen 1877—1925 qui plus tard travaillera comme souffleuse au théâtre de Greifswald, son père, le spécialiste d'ophtalmologie Dr Reinhold Halben 1877—date de décès inconnu, le désavoue et Koeppen n'est pas en contact avec lui.
Quoiqu'il va au lycée, Realgymnasium à Ortelsburg, aujourd'hui Szczytno en Pologne de 1915 à 1919, il finit son éducation scolaire sans diplôme.
Sans être inscrit, Koeppen suit des cours universitaires de littérature allemande, philosophie et histoire d'art à l'université de Greifswald et plus tard à celles d'Hambourg, Berlin et de Würzburg.
En 1922, il se fait marin sur la mer Baltique comme aide-cuisinier.
En 1922/23, il travaille comme ouvrier dans une usine, dans un cinéma, et dans la fabrication de glace à Hambourg.
Après être engagé par un théâtre sur l'île de Rügen, puis au théâtre de Wismar, il s'installe à Berlin en 1924, ou il est testeur de lampes à incandescence chez Osram.

En 1926, il passe une saison au théâtre de Würzburg comme dramaturge, mais revient à Berlin l'année suivante où il s'associe au Dramaturgisches Kollektiv de Erwin Piscator. Il vit de journalisme et de travail occasionnel.
De 1931 à 1933, il écrit des articles dans le journal Berliner Börsen-Courier et en devient rédacteur.
À la fin de l'année 1933, Koeppen devient membre de la Chambre de la littérature du Reich, Reichsschrifttumskammer et le Berliner Börsen-Courier doit fermer ses portes.
Au printemps de 1934, il fait un voyage en Italie en passant par Zurich.
Il visite la Sicile, Venise et Rapallo.
En novembre de cette année, son premier roman Un amour malheureux, Eine unglückliche Liebe est publié chez la maison éditrice de Bruno Cassirer.
Ensuite, Koeppen émigre en Hollande, à Scheveningen La Haye ; il y écrit son deuxième roman, Die Mauer schwankt, publié 1935, également chez Cassirer et est en contact avec les émigrés allemands, dont Erika et Klaus Mann. Ne trouvant pas les moyens suffisants pour vivre, il retourne en Allemagne en 1938.
Il devient scénariste pour cinéma chez la société de production UFA à Berlin, 1944 à Munich pour la Bavaria-Film-Kunst, pourtant aucun de ses scénarios n'est utilisé. En 1944, il connaît Marion Ulrich, 25.1.1927—15.4.1984, avec qu'il se mariera en 1948.
Il passe une période caché près de Munich pour éviter d'être appelé aux armes.
Les romans Pigeons sur l'herbe, Tauben im Gras 1951, La serre, Das Treibhaus en 1953, La Mort à Rome, Der Tod in Rom 1954 sont publiés et trouvent une réception divisée de la critique littéraire.
C'est grâce à Alfred Andersch que Koeppen est chargé de produire des récits de voyage pour la radio ; il fait des voyages en Espagne 1955, à Rome 1956, en Union soviétique, à Varsovie, à La Haye, à Londres 1957, aux États-Unis 1958, en France 1959.
Wolfgang Koeppen a reçu le Prix Georg-Büchner en 1962 et le Prix Franz Nabl en 1987.

Œuvres

Eine unglückliche Liebe, 1934 Un amour malheureux, Albin Michel 1968 roman
Die Mauer schwankt, 1935 roman
Aufzeichnungen aus einem Erdloch, 1948/ réédité 1992 Pages du journal de Jakob Littner écrites dans un souterrain, Plon 2002
Tauben im Gras, 1951 Pigeons sur l'herbe, R. Laffont 1953 roman
Das Treibhaus, 1953 roman
Der Tod in Rom, 1954 La Mort à Rome, Albin Michel 1962 roman
Nach Russland und anderswohin, 1958 récit de voyage
Amerikafahrt, 1959 récit de voyage
Reisen nach Frankreich, 1961 récit de voyage
Romanisches Café, 1972 traduit par François Rey et Catherine Dejeumont, Toulouse : Éd. Ombres, 1992 récits
Jugend, 1976 (Jeunesse, traduit par Jacques Legrand, Hachette, 1979 récit autobiographique
Die elenden Skribenten, 1981 recueil d'essais
Es war einmal in Masuren, 1991 récit autobiographique 1914—1918
Ich bin gern in Venedig warum, 1994
Auf dem Phantasieroß. Prosa aus dem Nachlaß. Alfred Estermann ed., 2000
inclut le fragment de roman Die Jawang-Gesellschaft, écrit en exil en Hollande.


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#208 Publication de Notre Dame de Paris de Victor Hugo
Loriane Posté le : 14/03/2015 17:52
Le 15 Mars 1831 l'éditeur Ch. Gosselin publie "Notre Dame de Paris ",

ce roman fameux qui évoque indéfectiblement Victor Hugo dont le tire complet est " Notre-Dame de Paris. 1482 "est un roman de l'écrivain français Victor Hugo.
Le titre fait référence à la cathédrale de Paris, Notre-Dame, qui est un des lieux principaux de l'intrigue du roman.
Le roman se compose de 59 chapitres répartis en onze livres de longueur inégale. Dans la première édition du roman, paru chez Charles Gosselin en mars 1831, trois chapitres sont coupés en raison des contraintes de longueur imposées par l'éditeur : ce sont le chapitre Impopularité VI, 4 ainsi que les deux chapitres formant le livre V, Abbas beati Martini et Ceci tuera cela. Ces chapitres sont publiés dans la deuxième édition, définitive, du roman, parue chez Eugène Renduel en décembre 1831.


Résumé : Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo 15 Mars 1831

Le livre est bien intitulé Notre-Dame de Paris, car c'est autour d'elle que toute l'action gravite. Celle-ci est touffue et fouillée comme les architectures des cathédrales. C'est d'abord la cohue populaire qui encombre la grand'salle du palais de justice, où l'on va jouer un mystère de P. Gringoire. Dans cette cohue, on fait connaissance avec quelques personnages du drame : Jehan Frollo l'écolier, Trouillefou, roi de Thunes, chef des truands. Vient ensuite, à Notre-Dame, l'élection du pape des fous. L'élu du populaire en liesse, c'est le sonneur de cloches de Notre-Dame, Quasimodo, la plus abominable personnification de la laideur physique. Voici la bohémienne Esmeralda, qui danse, au milieu d'un cercle de badauds, sur le parvis de Notre-Dame.
La danseuse est guettée par l'archidiacre Claude Frollo. Claude Frollo est le prêtre du moyen âge, perdu dans la science, ne sachant ce que c'est que la femme et l'amour, et cette bohémienne qu'il n'a fait qu'entrevoir réveille en lui des passions féroces. Il la lui faut ; il essaye de la faire enlever par son sonneur, Quasimodo; la belle est sauvée des mains du monstre par une escouade d'archers, que commande un superbe gentilhomme, Phoebus de Châteaupers : le prêtre n'a réussi qu'à se susciter, dans ce beau gendarme, un rival redoutable.
Pendant que ceci se passait autour de Notre-Dame, le famélique Pierre Gringoire, chassé de son logis, s'égare à travers les quartiers perdus de la rive droite et tombe en pleine cour des Miracles, lieu interdit aux profanes, et dont la violation entraine la mort. Gringoire est amené par-devant le roi de Thunes, qui procède à l'interrogatoire, et le perplexe philosophe va mourir, à moins qu'une femme n'en veuille comme mari. Toutes le refusent, et, déjà, il a la corde passée autour du cou, lorsque Esmeralda survient, et, pour lui sauver la vie, demande qu'on lui adjuge le pauvre diable.
Inutile de dire que Gringoire n'est que le mari platonique de la bohémienne. Esmeralda songe bien à lui ! Elle est tout occupée intérieurement de son beau gendarme, Phoebus de Châteaupers. Elle ne se connaît que deux ennemis, l'archidiacre et la recluse d'une des logettes de la place de Grève, odieuse vieille à qui autrefois son enfant a été volé par des bohémiennes et qui voudrait dévorer, déchirer de ses griffes toutes les bohémiennes. La recluse a conservé un de ses petits souliers brodés de verroterie et, comme Esmeralda porte l'autre sur sa poitrine en guise de talisman, qu'on lui a dit qu'à l'aide de ce petit soulier elle retrouvera sa mère, le drame commence à se dessiner d'une façon terrible.
Esmeralda retrouve enfin Phoebus et lui laisse voir qu'elle l'aime ; le capitaine lui donne un rendez-vous et l'emmène un soir chez la Falourdel, une maison borgne du pont Saint-Michel. Il est suivi par Claude Frollo et, au moment où il va triompher des résistances de la bohémienne, il reçoit un coup de poignard qui l'étend aux pieds de la jeune fille : l'assassin prend la fuite et Esmeralda tout en pleurs est arrêtée comme auteur du meurtre. Son procès est vite instruit. L'officialité s'en est emparée, sous le prétexte qu'il y a là-dedans de la magie. Dans la chambre de la torture, Esmeralda avoue tout ce qu'on veut.
L'archidiacre, présent à. l'horrible scène, vient encore la trouver au fond de son cachot, lui promettant la liberté pour un baiser ; elle le repousse avec dégoût. Bientôt, en chemise, pieds nus et la corde au cou, un cierge de cire à la main, la pauvrette vient faire amende honorable devant le portail de Notre-Dame. Pendant ce temps, l'archidiacre s'est enfui comme un fou à travers la ville, et quand il rentre, il compte bien que sa victime est morte, il apprend qu'elle est sauvée, qu'elle a trouvé asile dans la cathédrale, protégée par les vieilles immunités ecclésiastiques. Au moment où elle s'agenouillait sous le porche, Quasimodo, qui aime aussi la bohémienne, depuis le jour que, exposé au pilori pour la tentative d'enlèvement, torturé par la soif, il a bu à la gourde que lui présentait l'oublieuse jeune fille, Quasimodo s'est laissé glisser de la galerie de Notre-Dame à l'aide d'une corde, a saisi Esmeralda et l'a entraînée dans l'église en criant de toutes ses forces : « Asile ! Asile !
Cependant les truands s'inquiètent de ne plus avoir chez eux la bohémienne ; ils ne la croient pas à l'abri de la justice dans Notre-Dame et ils projettent de l'en arracher. Une nuit, toute la cour des Miracles vient assiéger la cathédrale. Quasimodo n'y comprend rien ; il voit seulement qu'on veut lui enlever la jeune fille et il la défend par tous les moyens. La maréchaussée, ayant à sa tête Phoebus de Châteaupers, qui a survécu au coup de poignard, met les truands en déroute. Claude Frollo a profité du tumulte pour faire évader Esmeralda : il essaye encore de combattre le dégoût que la jeune fille a pour lui. Qu'elle dise un mot et il la sauvera ; mais Esmeralda le repousse toujours avec la même horreur. Furieux, le prêtre la confie aux griffes de la recluse, dont il connaît la haine féroce pour la bohémienne. En vain celle-ci supplie sa geôlière, la recluse ne lâche pas prise.
Mais voici qu'en se débattant la jeune fille laisse voir son petit soulier; la mère reconnaît son enfant. Elle veut la sauver alors, la cacher dans son trou; il est trop tard. Tristan l'Hermite arrive, arrache sa fille à cette mère changée en bête fauve et la conduit à la potence. En ce moment, deux hommes regardaient la Grève, du haut de la tour nord de Notre-Dame : c'étaient Claude Frollo et Quasimodo. Quand les derniers tressaillements agitèrent cette forme blanche que tous deux voyaient pendre au gibet, le prêtre sourit affreusement ; Quasimodo vit le sourire, et, prenant l'archidiacre à pleines mains, il le précipita du haut de la tour. L'agonie du misérable, qui se raccroche avec ses ongles aux pierres et qui, lâchant prise enfin, se broie sur le pavé, est une des plus belles pages de Victor Hugo, souvent citée. Quant à Quasimodo, il va mourir dans le charnier de Montfaucon, tenant embrassé le cadavre de celle qu'il aimait.

Le roman

L'intrigue se déroule à Paris en 1482. Les deux premiers livres I et II du roman suivent Pierre Gringoire, poète sans le sou. Gringoire est l'auteur d'un mystère qui doit être représenté le 6 janvier 1482 au Palais de justice en l'honneur d'une ambassade flamande. Malheureusement, l'attention de la foule est vite distraite, d'abord par le mendiant Clopin Trouillefou, puis par les ambassadeurs eux-mêmes, et enfin par l'organisation improvisée d'une élection du Pape des fous à l'occasion de la Fête des Fous qui a lieu ce jour-là. Le sonneur de cloches de Notre-Dame, Quasimodo, est élu Pape des Fous en raison de sa laideur. Le mystère finit par s'arrêter, faute de public. Gringoire, à cette occasion, entend parler d'Esmeralda, une danseuse bohémienne qui passe pour égyptienne. L'ayant aperçue, il la suit dans les rues de Paris à la tombée de la nuit. Esmeralda manque d'être enlevée par Quasimodo, lequel agit pour le compte d'un mystérieux homme vêtu de noir, qui n'est autre que l'archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, mais elle est sauvée par l'intervention d'un capitaine de la garde, Phœbus de Châteaupers. Un peu plus tard, Gringoire recroise la route d'Esmeralda et continue à la suivre, mais il se retrouve sans le vouloir au cœur de la Cour des miracles, le quartier hanté par les pires truands de la capitale. Il manque d'y être pendu, et doit la vie à l'intervention d'Esmeralda qui le prend pour mari, mais seulement pour le sauver.
Le livre III évoque Notre-Dame de Paris, son histoire et ses restaurations mal pensées, puis donne une vision d'ensemble de la ville de Paris telle qu'elle apparaissait à un spectateur médiéval regardant la capitale du haut des tours de la cathédrale.
Le livre IV, au cours d'une analepse, revient sur la naissance de Quasimodo, sur la jeunesse de Claude Frollo et sur les conditions dans lesquelles l'archidiacre a adopté le bossu. Frollo, dont la vie est entièrement consacrée à la quête du savoir, ne porte d'affection qu'à deux personnes : son frère Jehan, un écolier dissipé qui dépense régulièrement leurs maigres économies au cabaret et dans les maisons de passe ; et le bossu Quasimodo, qu'il a recueilli tout enfant lorsqu'il a été abandonné devant la cathédrale. Frollo n'a jamais éprouvé de passion pour les femmes, dont il a une piètre opinion, et il déteste les bohémiens.
Au livre V, Frollo, à qui son savoir et ses connaissances en théologie ont permis de devenir archidiacre de Notre-Dame, reçoit la visite de Jacques Coictier, médecin du roi, accompagné d'un mystérieux visiteur, le compère Tourangeau. Tous trois discutent de médecine et d'alchimie, et, en partant, le mystérieux personnage révèle être l'abbé de saint-Martin de Tours, c'est-à-dire le roi Louis XI en personne. Au cours de la discussion, Frollo a fait allusion à la révolution technique que représente l'invention de l'imprimerie : le livre va provoquer le déclin de l'architecture, qui représentait jusqu'à présent l'œuvre la plus aboutie de l'esprit humain. Dans le chapitre suivant, Ceci tuera cela, Hugo développe cette réflexion de son personnage.
Au livre VI, Quasimodo est jugé au Châtelet pour sa tentative de rapt. L'affaire est écoutée par un auditeur sourd, et Quasimodo est sourd lui-même : le procès est une farce, et Quasimodo, sans avoir été écouté et sans avoir rien compris, est condamné à deux heures de pilori en place de Grève et à une amende. Sur la place de Grève, dans un entresol, se trouve le Trou aux rats, qui sert de cellule à une recluse volontaire, la sœur Gudule. Un groupe de femmes, Gervaise, Oudarde et Mahiette, discute non loin de là ; Mahiette raconte l'histoire de Pâquette, surnommée la Chantefleurie, dont l'adorable fillette a été enlevée encore nouveau-née, quinze ans plus tôt, par des bohémiens, et remplacée par un enfant bossu dont on comprend qu'il s'agit de Quasimodo, plus tard recueilli par Frollo. La Chantefleurie aurait été rendue folle de douleur par la perte de sa fille, qu'elle n'a jamais retrouvée. Mahiette est persuadée que sœur Gudule n'est autre que la Chantefleurie, car celle-ci garde dans sa cellule un petit chausson d'enfant, seul souvenir de sa fille. De plus, la recluse voue une haine féroce aux bohémiens, et en particulier à Esmeralda. Peu après cette conversation, Quasimodo est amené en place de Grève et subit son supplice. Il doit son seul réconfort au geste généreux d'Esmeralda qui lui donne à boire.
Le livre VII commence plusieurs semaines plus tard. Esmeralda danse sur le parvis de Notre-Dame, tandis que Gringoire, qui s'est fait truand, est à présent jongleur. Esmeralda est regardée par la foule, mais aussi par Frollo, du haut des tours, et par Phœbus de Châteaupers. Celui-ci se trouve alors chez sa future épouse, Fleur-de-Lys, dont la maison fait face à la cathédrale. Reconnaissant la bohémienne, il la fait monter chez Fleur-de-Lys. Esmeralda, qui, en secret, est éperdument amoureuse de Phœbus, suscite la jalousie de Fleur-de-Lys à cause de sa beauté. Esmeralda est trahie par sa chèvre, Djali, à qui elle a appris à disposer des lettres pour former le nom de Phœbus : elle est alors chassée. Frollo accoste Gringoire pour le faire parler à propos d'Esmeralda, et comprend qu'elle est amoureuse de Phœbus. Les jours passent. Frollo devient peu à peu obsédé par sa passion pour l'Égyptienne et par sa jalousie pour Phœbus. Alors que son frère Jehan, qui dépense régulièrement tout son argent dans les cabarets et les maisons de passe, vient lui demander de lui prêter de l'argent, Claude Frollo reçoit la visite de maître Jacques Charmolue, et Jehan doit rester caché dans un coin pendant leur conversation. En quittant la cathédrale, Jehan croise Phœbus, qui est de ses amis. Phœbus, qui n'est nullement amoureux d'Esmeralda mais a envie de passer une nuit avec elle, a donné rendez-vous à la bohémienne dans un cabaret le soir même. Claude Frollo, qui a vu Jehan aborder Phœbus, abandonne son entretien avec Charmolue pour suivre discrètement les deux hommes. Lorsque Phœbus abandonne Jehan ivre mort après qu'ils ont bu ensemble, Claude l'aborde et demande à pouvoir assister à ses ébats avec la bohémienne, moyennant paiement ; Phœbus accepte. Esmeralda vient au rendez-vous, où Phœbus se montre très entreprenant ; mais au moment où elle va céder à ses avances, Claude Frollo surgit et poignarde le capitaine, avant de s'enfuir par une fenêtre donnant sur la Seine.
Au livre VIII, Esmeralda est arrêtée et jugée pour le meurtre de Phœbus de Châteaupers, qui a été gravement blessé. Elle est également soupçonnée de sorcellerie. Elle apprend que Phœbus est probablement mort, et, abattue, cesse de plaider son innocence. Soumise à la torture, elle avoue tout ce dont on l'accuse. Quelque temps après, Frollo vient la voir dans son cachot, confesse son amour pour elle et offre de l'aider, mais elle refuse et le repousse, toujours éprise de Phœbus dont elle le croit le meurtrier. En réalité, Phœbus a survécu et guérit progressivement, mais décide de s'abstenir de revoir Esmeralda, de peur que toute l'affaire ne compromette sa bonne réputation et son futur mariage. Quelques jours après, Phœbus se trouve chez Fleur-de-Lys au moment où Esmeralda est amenée sur le parvis de la cathédrale pour être pendue. Esmeralda aperçoit Phœbus vivant et l'appelle, mais il se retire précipitamment : Esmeralda, désespérée, s'abandonne à la mort. Mais Quasimodo intervient soudain, s'empare d'elle et la traîne dans l'église, où le droit d'asile la met à l'abri.
Au livre IX, Quasimodo veille sur Esmeralda dans la cathédrale. Il tente de lui faire comprendre que l'apparence physique ne fait pas tout et que Phœbus ne l'aime pas, mais la bohémienne refuse d'entendre raison. L'amour de Quasimodo pour Esmeralda commence à prendre le dessus sur sa loyauté envers Frollo, au point que, lorsque Frollo tente de faire violence à la bohémienne, Quasimodo l'en empêche. Quasimodo tente de persuader Phœbus de venir voir Esmeralda, mais il échoue.
Au livre X, grâce à une idée de Gringoire approuvée par Frollo, tous deux ayant leur raison de vouloir sauver Esmeralda, les truands avec lesquels vivait Esmeralda viennent pour la délivrer. Jehan Frollo se fait par la suite tuer dans le tumulte. Frollo profite du désordre qui règne sur le parvis de Notre-Dame pour emmener Esmeralda avec lui hors de la cathédrale, accompagné de Gringoire.
Au livre XI, Esmeralda, Gringoire et Frollo quittent l'île. Gringoire s'enfuit avec Djali, la chèvre d'Esmeralda. Resté seul avec Esmeralda, Frollo lui réitère ses déclarations d'amour et essaie de la convaincre : il peut l'aider à s'échapper et ainsi la sauver de la mort si elle accepte de l'aimer. Mais elle refuse toujours. Furieux, il la livre aux griffes de la vieille recluse du Trou-aux-rats, en attendant l'arrivée en force de la Justice. Mais au lieu de cela, la sœur Gudule reconnaît en l'Égyptienne sa propre fille, Agnès, volée par des gitans quinze ans auparavant. Elle ne peut cependant en profiter, car les sergents de ville la retrouvent, et la traînent à nouveau au gibet. Du haut de Notre-Dame, Quasimodo et Frollo assistent à l'exécution, par pendaison, d'Esmeralda. Quasimodo, furieux, désespéré, précipite le prêtre du haut de la tour, et va lui-même se laisser mourir dans la cave de Montfaucon, tenant embrassé le cadavre d'Esmeralda, enfin uni à lui pour l'éternité.

Personnages principaux

Pierre Gringoire : le personnage de Gringoire s'inspire librement du poète et dramaturge réel du même nom. Dans le roman, Gringoire est un artiste sans le sou qui cultive une philosophie du juste milieu. Il suit Esmeralda jusqu'à la Cour des miracles, puis est sauvé de la pendaison par elle lorsqu'elle accepte de se marier avec lui, mais elle n'a pas le moindre sentiment pour lui. Gringoire se fait alors truand.
Esmeralda : Esmeralda est une bohémienne qui séjourne à la cour des miracles. Âgée de seize ans, elle gagne sa vie en dansant dans les rues de Paris et sur le parvis de Notre-Dame. Remarquable par sa beauté, elle incarne l'innocence et la naïveté. Les désirs qu'elle suscite sont le principal engrenage de la fatalité qui lui coûte également la vie à la fin du roman. Le malheur d'Esmeralda est causé par l'amour impossible qu'elle éveille chez l'archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qu'elle craint et déteste. De son côté, Esmeralda entretient une passion naïve et aveugle pour Phœbus de Châteaupers, un capitaine de la garde dont elle admire la beauté. Le bossu de Notre-Dame, Quasimodo, qui éprouve envers elle un amour sans illusion, tente en vain de lui faire comprendre que la beauté ne fait pas tout. Considérée par tous comme une Égyptienne, Esmeralda est en réalité la fille perdue d'une Rémoise, Paquette.
Claude Frollo : lointainement inspiré d'un personnage réel, Claude Frollo est l'archidiacre de Notre-Dame, mû par sa foi et son appétit de savoir. Frollo entretient son frère Jehan, et a recueilli et élevé Quasimodo. Il se trouve par la suite déchiré entre son amour pour Dieu et la passion mêlée de haine qu'il voue à Esmeralda.
Quasimodo : abandonné par ses parents dès la naissance à cause de sa difformité, il a été déposé devant Notre-Dame. Frollo l'a recueilli et élevé, et est le seul à savoir communiquer avec lui par signes ou avec l'aide d'un sifflet. Bossu, borgne, sourd et boiteux, il apparaît au début du roman comme une brute à la botte de Frollo, mais se révèle ensuite doté de sensibilité et d'intelligence. L'amour et le dévouement qu'il porte à Esmeralda finissent par supplanter son obéissance envers Frollo.
Jehan Frollo : le jeune frère de Claude Frollo est un étudiant dissipé qui fréquente les truands de la Cour des miracles, mais compte aussi Phœbus de Châteaupers parmi ses connaissances de taverne. Lors de l'assaut de la cathédrale, il meurt fracassé contre la muraille de la cathédrale puis jeté dans le vide par Quasimodo.
Phœbus de Châteaupers : capitaine de la garde, il est attiré par la gitane Esmeralda sans avoir de réels sentiments pour elle. Il est déjà fiancé à Fleur-de-Lys, qui s'avère très jalouse de sa rivale.
Fleur-de-Lys de Gondelaurier: fiancée de Phœbus, elle est très jalouse d'Esmeralda. Elle ne pardonne à ce dernier qu'après la mort de sa rivale.
Clopin Trouillefou : Un des chefs de la bande des truands, il occupe une place importante à la Cour des miracles.
Louis XI de France : cruel, avare et calculateur, le roi de France n'apparaît que dans quelques scènes, mais il joue un rôle décisif dans la répression de la révolte des truands qui tentent de sauver Esmeralda. Intéressé par la quête de la pierre philosophale, il vient à Notre-Dame sous une fausse identité, celle du compère Tourangeau, pour s'entretenir d'alchimie avec Claude Frollo. Louis XI apparaît fréquemment comme un personnage machiavélique dans les œuvres romantiques du xixe siècle, et en particulier dans les romans de Walter Scott.

Psychologie des personnages

Esmeralda

Victor Hugo fait jaillir Esmeralda de la pénombre du moyen âge, du marécage de la cour des Miracles, comme un feu follet capricieux, voltigeant, rapide. La délicieuse fille d'Égypte est éclairée d'une lueur étrange. Elle est la vie libre, fantasque, elle est le charme et la beauté. Mais ceux qui la regardent danser sur son tapis d'Orient, avec sa chèvre aux pattes et aux cornes d'or, croient émanée d'un soupirail d'enfer la clarté qui dore sa chair et illumine ses, regards. Elle représente, pour les badauds et les commères du Parvis et de la Grève, le maléfice et l'incantation. C'est elle qui jette des sorts aux animaux, qui attire, séduit et enlève les enfants, incendie les sens et le cœur des hommes.
La pauvre fille, pourtant, est bien innocente des ravages et des envies que causent sa beauté-brune, sa peau couleur d'ambre, sa taille svelte, ses pieds agiles, ses bras souples qui agitent le tambour de basque, son allure de guêpe. Elle n'est même pas une bohémienne. Elle est, hélas ! un des premiers modèles de l'enfant volé par des saltimbanques, et qui retrouve sa mère, grâce à une amulette, au dernier chapitre de tant de romans, au dernier acte de tant de mélodrames !
Elle est aussi une femme véridique, naïve, sincère, ingénue, amoureuse. Tous ceux qui la voient sont épris d'elle, le poète Pierre Gringoire, l'archidiacre Claude Frollo, le sonneur de cloches, Quasimodo. Elle ne se soucie, ni du poète, ni du prêtre, ni du monstre. Elle est éblouie par le casque, le baudrier, l'épée, les éperons d'or, le cheval, le panache, les moustaches du capitaine Phoebus de Châteaupers. Celui-là seul, qui est ainsi vêtu, est un homme pour elle. Celui-là seul est digne de l'amour qu'elle rêve. « Il y a longtemps, dit-elle naïvement, que je rêve d'un officier qui nie sauve la vie. Et Claude Frollo gémit : « La voir amoureuse d'une livrée de soldat ! Et Quasimodo pleure en regardant caracoler l'officier : Il n'est besoin que d'être beau en dessus.

Quasimodo

Victor Hugo met Quasimodo en opposition à Esmerald. En face de la fine créature dansante qui effleure le pavé gras de la ville de son vol de libellule, il sculpte ce « géant brisé et mal ressoudé »,borgne, bossu, sourd ; il fait pleurer le fauve aux cheveux roux, cette face épouvantable en accord avec les statues des monstres et des démons, avec les larves qui rampent et les gargouilles qui vomissent dans tous les recoins et sur toutes les gouttières de la cathédrale.
Dans le merveilleux monument qu'il a édifié, le poète a trouvé place pour ce corps informe qui emprisonne un esprit. Il montre merveilleusement que l'église est devenue tout l'univers pour le malheureux déposé dans l'auge des enfants trouvés le dimanche de la saint Quasimodo de l'an 1467. Notre-Dame, c'est sa forêt, son océan, sa montagne. Pour lui, les vitraux se colorent en fleurs, les chapiteaux s'épanouissent en feuillages, les tours se creusent en grottes, Paris soupire et mugit comme la mer. Il converse avec les statues, entend tout ce monde muet et se fait entendre de lui. Enfin, il a. ses cloches, les petites qui gazouillent et carillonnent, les grosses qui clament et bourdonnent.
Une merveilleuse leçon d'existence est donnée ainsi par Hugo avec le personnage affreux, dédaigné, épouvantable, solitaire, puisque de toutes les horreurs qui pèsent sur lui, de tous les acharnements du destin, il sait faire du bonheur.
La seconde leçon, c'est que Quasimodo veut davantage, et qu'il déchaîne le malheur. Il garde le souvenir de celle qui a étanché sa soif de misérable exposé au pilori. Il s'éprend de la beauté qui passe et qui danse. Dès lors il est perdu. La fatalité s'abat sur lui comme sur Claude Frollo, comme sur Esmeralda. Et c'est lui qui devient l'instrument de cette fatalité. Il livre Esmeralda à Frollo, qui la livre au bourreau, et il précipite Frollo dans l'abîme, avant que de s'en aller à Montfaucon mourir en étreignant le cadavre de celle qu'il a aimée.
Il a aimé. Après tout, c'est la violence et la douceur de ce sentiment qui font sa vie achevée. Ceux qui n'ont pas souffert comme lui ne connaissent pas toute la saveur de la vie. Le pauvre Quasimodo, du moins, aura accompli son destin.
Toute cette succession d'événements, de péripéties, de catastrophes, est bien romantique, sans doute, mais songez à tout ce que l'on, trouve d'inattendu et de fantastique dans les faits divers et les comptes rendus des tribunaux où aboutissent tant d'existences ordinaires, bourgeoises de façades, ravagées à l'intérieur par des perversions de sentiments et des cataclysmes de passions. Et puis, si l'on veut, le duo d'Esmeralda et de Quasimodo, ce sera l'une des formes de l'éternel mythe de la Belle et de la Bête.

Genèse et publication du roman

En 1828, l'éditeur parisien Gosselin propose à Victor Hugo d'écrire un roman dans la lignée de l'auteur écossais Walter Scott, alors très à la mode en France, et que Hugo apprécie beaucoup, il lui a consacré un article, Sur Walter Scott, à propos de Quentin Durward, dans la revue La Muse française, en 1823. Le 15 novembre 1828, Victor Hugo signe un contrat avec l'éditeur Gosselin. Dans ce contrat, Hugo s'engage à livrer à Gosselin un roman à la mode de Walter Scott. Le contrat d'origine prévoit la livraison du roman en avril 1829 ; en contrepartie, Gosselin s'engage à publier aussi deux autres projets de Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné et Les Orientales, et à rééditer ses deux romans précédents, Bug-Jargal et Han d'Islande. Mais très vite, les retards s'accumulent et les rapports entre Hugo et Gosselin se détériorent complètement à partir du printemps 1830. Hugo est alors occupé par ses autres projets littéraires : l'écriture de la pièce Marion Delorme, qui n'est finalement pas créée au théâtre, et l'écriture et la création du drame romantique Hernani, puis la bataille à laquelle la pièce donne lieu à sa création le 25 février 1830. En mai 1830, après des menaces de procès de la part de Gosselin puis plusieurs médiations, Hugo s'engage à terminer le roman au plus tard le 1er décembre 1830, sous peine de devoir verser à l'éditeur des indemnités de retard de 10 000 francs ; la livraison du roman terminé doit valoir à Hugo 2 000 francs comptant, 2 000 à nouveau un peu plus tard, et un franc par exemplaire vendu.
La liberté guidant le peuple, 28 juillet 1830 d'Eugène Delacroix représente les Trois Glorieuses qui surviennent pendant la rédaction de Notre-Dame de Paris.
En juin 1830, Hugo commence à rassembler la documentation nécessaire au roman, et rédige, en juin ou en juillet, un premier scénario. Fin juillet, il commence à peine la rédaction du premier chapitre lorsque la Révolution de Juillet éclate à la suite des ordonnances impopulaires prises par le roi Charles X. Hugo met précipitamment sa famille à l'abri et confie ses biens, dont ses manuscrits, à son beau-frère ; pendant ces déménagements, il égare un cahier contenant deux mois de notes de recherches documentaires. Il parvient à négocier un nouveau délai de deux mois, portant l'échéance au 1er février 1831. Début septembre, il reprend la rédaction du roman, qui se poursuit cette fois sans nouvelle interruption majeure. Dans une lettre à Gosselin le 4 octobre, Hugo indique que le roman sera probablement plus long que prévu, et demande à disposer de trois volumes, au lieu des deux prévus initialement : Gosselin refuse catégoriquement, à cause des dépenses supplémentaires que cela occasionnerait, ce qui contraint Hugo à mettre de côté trois chapitres Impopularité, Abbas beati Martini et Ceci tuera cela, qu'il compte bien publier plus tard dans une édition complète chez un autre éditeur. La rédaction du roman est achevée le 15 janvier.
La première édition de Notre-Dame de Paris paraît ainsi chez Gosselin le 15 mars 1831, précédé d'une brève préface où Hugo évoque l'inscription ἈΝΑΓΚΗ, Fatalité qu'il aurait vue dans un recoin obscur de l'une des tours et qui lui aurait inspiré le roman. Dans cette préface, Hugo inclut une critique brève mais sévère contre les restaurations hâtives dont sont victimes les monuments historiques en général et Notre-Dame de Paris en particulier. Le 12 décembre 1832, Hugo publie chez Renduel une deuxième édition, définitive, intégrant les trois chapitres laissés de côté par l'édition Gosselin, ainsi qu'une note ajoutée à l'édition définitive. Dans cette Note, Hugo invente l'histoire d'un cahier contenant les trois chapitres qui se serait égaré et n'aurait été retrouvé qu'après la parution de la première édition, ce qui lui permet de passer sous silence les démêlés avec Gosselin. Il insiste par ailleurs sur le fait que les chapitres sont inédits et non pas nouveaux.

Accueil critique

Au moment de sa parution, le roman de Hugo reçoit dans la presse française des critiques en majorité élogieuses. En mars 1831, la critique de la Revue de Paris salue en particulier le talent avec lequel Hugo fait revivre le Paris du XVe siècle, et la façon dont il fait de la cathédrale la grande figure du roman, sa véritable héroïne peut-être. Paul Lacroix, dans le numéro de mars-avril 1831 du Mercure du XIXe siècle, considère lui aussi la cathédrale comme en quelque sorte le personnage principal du livre, et apprécie surtout la façon dont le roman, qu'il qualifie d'immense ouvrage, coordonne ses différents éléments, ainsi que la variété des tons et des couleurs … l'alliance merveilleuse de la science à l'imagination. Le Journal des débats, en juin-juillet 1831, salue la puissance imaginative du roman, qui rend notamment possible la reconstitution du Paris médiéval, mais aussi la variété et l'éclat de son style.
Plusieurs critiques et écrivains, tout en formulant des avis favorables à propos du roman, lui reprochent un manque de spiritualité dans son évocation de la cathédrale et de la religion. Charles de Montalembert, dans le journal L'Avenir des 11 et 28 avril 1831, indique qu'il est de son devoir de signaler comme une erreur un penchant vers la matière qui prédomine selon lui dans le roman, et affirme plus loin : on n'y voit nulle trace d'une main divine, nulle pensée de l'avenir, nulle étincelle immortelle. Sainte-Beuve, dans un article paru en juillet 1832 dans le Journal des débats, reproche au roman son ironie qui joue, qui circule, qui déconcerte, qui raille et qui fouille, ou même qui hoche la tête en regardant tout d'un air d'indifférence, tandis que le traitement des personnages n'abandonne cette ironie que pour obéir à une logique de fatalité que Sainte-Beuve juge dépourvue de toute pitié, et il en conclut : Il manque un jour céleste à cette cathédrale ; elle est comme éclairée d'en bas par des soupiraux d'enfer. Le poète Lamartine émet un avis proche dans une lettre qu'il adresse à Hugo le 1er juillet 1831 après avoir lu le roman : tout en qualifiant le livre de Shakespeare du roman et d'épopée du Moyen Âge, il le juge immoral par le manque de Providence assez sensible.
L'avis le plus sévère est celui du romancier Honoré de Balzac, qui écrit à Berthoud le 19 mars 1831 : Je viens de lire Notre-Dame — ce n'est pas de M. Victor Hugo auteur de quelques bonnes odes, c'est de M. Hugo auteur d’Hernani — deux belles scènes, trois mots, le tout invraisemblable, deux descriptions, la belle et la bête, et un déluge de mauvais goût — une fable sans possibilité et par-dessus tout un ouvrage ennuyeux, vide, plein de prétention architecturale — voilà où nous mène l'amour-propre excessif.

Thèmes principaux Un roman historique

Notre-Dame de Paris relève du genre du roman historique, qui est à la mode au début du XIXe siècle, de même que la période du Moyen Âge qui suscite un intérêt nouveau de la part des écrivains et des poètes à partir des années 1820, sous l'impulsion d'auteurs comme Chateaubriand ou Madame de Staël. Le chapitre Paris à vol d'oiseau, en particulie, présente une tentative de reconstitution historique du Paris de 1482.
Mais Victor Hugo ne se considère pas comme tenu de respecter la vérité historique à tout prix et n'hésite pas à modifier le détail des faits et à resserrer l'intrigue pour faire mieux ressortir le caractère de personnages historiques comme Louis XI ou pour mettre en avant sa vision de l'Histoire. En cela, il applique à son roman les principes exposés dans un article À propos de Walter Scott qu'il a publié en 1823, et où il affirme : j'aime mieux croire au roman qu'à l'histoire, parce que je préfère la vérité morale à la vérité historique.

Réflexion philosophique entre progrès et drame de la fatalité

Le roman historique tel que le conçoit Hugo comporte également une part de réflexion philosophique et morale. Sa mise en scène du xve siècle et d'événements tels que le soulèvement populaire pour libérer Esmeralda vise moins à une reconstitution exacte de l'époque qu'à nourrir une réflexion politique adressée aux lecteurs français du XIXe siècle vivant sous la monarchie de Charles X. Le roman propose une philosophie de l'histoire et une théorie du progrès exposés en détail dans le chapitre Ceci tuera cela. Quant au sort tragique des personnages principaux, il nourrit une réflexion sur le destin traversée par la notion d’Anankè Fatalité.

Un cadre de réflexion politique

La dimension politique du roman fournit à Hugo l'occasion d'affirmer, de manière plus ou moins directe, ses convictions politiques sur plusieurs sujets. Le combat le plus explicite mené par l'auteur à l'occasion du roman est un plaidoyer pour la préservation du patrimoine architectural dont la cathédrale Notre-Dame de Paris n'est que l'un des représentants les plus connus, et qui est mis en péril à l'époque du roman par des destructions pures et simples ou par des restaurations qui défigurent l'architecture d'origine des monuments : Hugo poursuit en cela le combat entamé plusieurs années plus tôt, par exemple dans un article qu'il publie en 1825, Guerre aux démolisseurs ! dont des rééditions paraissent en 1829 et 1932 la seconde remaniée et augmentée. Hugo mène également une réflexion sur la justice : la justice médiévale est présentée dans le chapitre Coup d'œil impartial sur l'ancienne magistrature comme une mascarade injuste où l'accusé pauvre est condamné d'avance et est tournée en dérision jusqu'à l'absurde dans une scène de satire féroce, le procès de Quasimodo, accusé sourd condamné par un juge sourd sans que ni l'un ni l'autre n'aient rien compris à l'affaire ; mais elle est aussi montrée comme soumise à l'irrationnel et à la superstition, le procès d'Esmeralda condamnée pour sorcellerie. De plus, lorsqu'il décrit le gibet de la place de Grève, Hugo donne une évocation effrayante de la peine de mort, qu'il dénonce comme barbare et qu'il affirme destinée à être abolie par le progrès de l'Histoire : il poursuit en cela le combat entamé avec Le Dernier Jour d'un condamné, dont la première édition paraît anonymement en 1829 avant Notre-Dame de Paris et qu'il complète d'une préface signée de son nom lors de la réédition de 1832. Enfin, le roman contient une réflexion politique sur le pouvoir royal à travers le personnage de Louis XI.

La part du fantastique

Les dimensions philosophique et politique du roman n'empêchent pas par ailleurs celui-ci d'emprunter en partie ses procédés au roman gothique anglais du XVIIIe siècle, avec la part de fantastique qu'il contient : le principal personnage de Notre-Dame de Paris rattachant le roman à ce genre est l'archidiacre Claude Frollo, qui s'inscrit dans la lignée de la figure de l'homme d'Église maudit et possédé par le démon tel qu'il apparaît dans les textes fondateurs du genre comme Le Moine de Lewis paru en 1796 ou Melmoth ou l'homme errant de Charles Robert Maturin, paru en 1820. Plusieurs scènes de l'intrigue reprennent des procédés narratifs courants du genre, comme les enlèvements, les enfermements ou la persécution d'un personnage par un autre, en l'occurrence celle d'Esmeralda par Frollo. Si aucun événement du roman ne relève réellement du surnaturel, les personnages baignent dans un univers de croyances qui provoque leur effroi ou, dans le cas de Frollo, une dérive vers le mal et la folie ; le fantastique réside davantage dans la perception qu'ont les personnages du monde qui les entoure, et que Hugo rend sensible grâce aux procédés de la narration romanesque qu'il emprunte au roman gothique.

Postérité

Gérard de Nerval, dès 1832, mentionne le roman dans un poème, Notre-Dame de Paris, où il évoque les hommes de l'avenir qui viendront contempler la cathédrale, Rêveurs, et relisant le livre de Victor. En 1833, l'historien Jules Michelet évoque le roman dans son Histoire de France au Moyen Âge : Je voulais du moins parler de Notre-Dame de Paris, mais quelqu'un a marqué ce monument d'une telle griffe de lion, que personne désormais ne se hasardera d'y toucher. C'est sa chose désormais, c'est son fief, c'est le majorat de Quasimodo. Il a bâti, à côté de la vieille cathédrale, une cathédrale de poésie, aussi ferme que les fondements de l'autre, aussi haute que ses tours

Ce roman a fait l'objet de plusieurs adaptations :

1836 : La Esmeralda, opéra en 4 actes de Louise Bertin
1844: La Esmeralda est un ballet en 5 tableaux de Jules Perrot, sur une musique de Cesare Pugni
1847: La Esmeralda - opéra d’Alexandre Dargomyjski
1883: Esmeralda, opera d’Arthur Goring Thomas
1902: La fille de Gudule, ou Esmiralda ballet – ballet d’Alexandre Gorski sur la musique d’Antoine Simon compositeur
1911 : Notre Dame de Paris, film de Albert Capellani
1923 : Notre Dame de Paris The Hunchback of Notre Dame, film de Wallace Worsley
1931 : Notre Dame de Paris, film de Jean Epstein
1939 : Quasimodo The Hunchback of Notre-Dame), film de William Dieterle
1940 : The Hunchback of The Notre-Dame, adaptation en comics de Dick Briefer
1956 : Notre-Dame de Paris, film de Jean Delannoy
1965: Notre-Dame de Paris ballet – ballet de Roland Petit
1977 : Le Bossu de Notre-Dame, mini-série de Robert Muller
1982 : Le Bossu de Notre-Dame, film de Michael Tuchner et d'Allan Hume
1978 : Notre-Dame de Paris, spectacle de Robert Hossein
1987 : Quasimodo, émission de télévision québécoise pour la jeunesse de François Labonté
1996 : Quasimodo, dessin animé par Bahram Rohani
1996 : Le Bossu de Notre-Dame The Hunchback of Notre Dame, film d'animation de Walt Disney Company
1997 : Quasimodo Notre-Dame de Paris The Hunchback, téléfilm américain de Peter Medak
1998 : Notre-Dame de Paris, comédie musicale de Luc Plamondon et Richard Cocciante
1999 : Quasimodo d'El Paris, comédie de Patrick Timsit
2002 : Klokkeren fra Notre Dame, comédie musicale du compositeur danois Knud Christensen
2009 : Le Bossu de Notre-Dame, pièce de théâtre, Théâtre le Point Virgule, texte et mise en scène Olivier Solivérès.
2012 : Notre-Dame, bande dessinée scénarisée par Robin Recht et dessinée par Jean Bastide, deux tomes.


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#209 Louise Colet
Loriane Posté le : 07/03/2015 18:12
Le 8 mars 1876 à Paris, meurt Louise Colet

née Révoil de Servannes à Aix-en-Provence le 15 août 1810 poétesse française.
Plus que par ses poésies, les Fleurs du Midi, 1836, ou par ses romans, Lui, 1860, la Servante, Une histoire de soldat, 1856, elle occupe une place de choix dans la vie littéraire de son siècle grâce à ses correspondances, en particulier celle avec Flaubert, capitale, pour qui elle fut une Muse turbulente, Barbey. À noter également son engagement féministe républicain et anticlérical, elle fonda un journal de soutien à l'Italie naissante.
Connue essentiellement aujourd'hui par sa liaison orageuse et intermittente avec Flaubert, 1846-1855. Au long de l'abondante correspondance que ce dernier lui adressa, on voit s'élaborer et s'affermir les principes majeurs de son esthétique et de sa doctrine littéraire, en même temps qu'on assiste à la gestation de Madame Bovary.
Le personnage passionné que fut Louise Colet a souvent été victime de la misogynie de la critique littéraire. On a fait de cette femme auteur, qui eut des liaisons ou des flirts avec nombre de célébrités de l'époque, notamment Cousin, Musset, Vigny, Hugo, le prototype du bas-bleu arriviste à la plume incontinente, un des modèles d'Emma Bovary, une caricature de George Sand. Certes, ses ouvrages sont médiocres : essais historiques, poèmes laborieusement académiques fabriqués avec l'aide de Flaubert et de Bouilhet, romans autobiographiques, indiscrets et perfides, comme Une histoire de soldat, 1856 ou Lui, 1860, mettant en scène Flaubert et Musset. Mais on n'a peut-être tant souligné sa vanité, ses comportements extravagants, ses outrances sentimentalo-sexuelles ou sa faiblesse littéraire que pour mieux masquer en quoi, avec sa revendication véhémente à être reconnue en tant que femme et en tant qu'auteur, Louise Colet peut symboliser un passage obligatoire dans l'histoire de l'émancipation féminine. Il est symptomatique de voir que cette femme de gauche, qui ne cacha pas ses sympathies pour 1848 et pour la Commune, finit pauvrement ses jours, oubliée et méprisée de cette intelligentsia qui, trente ans plus tôt, fréquentait assidûment son salon et recherchait ses faveurs.

Sa vie

Âgée d’une vingtaine d’années, Louise Révoil épouse Hippolyte-Raymond Colet, un musicien académique, en partie afin d’échapper à la vie provinciale et de résider à Paris.
À son arrivée à Paris, Louise Colet commence à publier ses poèmes et obtient bientôt le prix de l’Académie française d'un montant de deux mille francs, le premier de quatre prix de l’Académie qu’elle obtiendra. Dans son salon littéraire elle a fréquenté nombre de ses contemporains du monde littéraire parisien, tels que Victor Hugo.
En 1840 elle met au monde sa fille Henriette, mais ni son mari ni son amant Victor Cousin n’acceptent d’en reconnaître la paternité.
Le journaliste Alphonse Karr révèle dans un pamphlet la liaison adultère.
Furieuse, Louise Colet l'agresse avec un couteau de cuisine. Karr s'en tire avec une égratignure, et avec élégance refuse de porter plainte au grand soulagement de Victor Cousin.
Elle devient ensuite la maîtresse de Gustave Flaubert, d'Alfred de Vigny, d’Alfred de Musset et d’Abel Villemain.
Après la mort de son mari à Paris, le 21 avril 1851, Louise Colet et sa fille subsistent grâce à ses écrits et à l'aide de Victor Cousin.

Elle est inhumée à Verneuil-sur-Avre, Eure.

Le 26 mai 2014, le conseil municipal de Grenoble décide l'appellation d'un nouveau square dans le quartier Vigny Musset du nom de Louise Colet.

Œuvres

Fleurs du midi, 1836
Penserosa, 1839
La Jeunesse de Goethe, 1839
Les Funérailles de Napoléon, 1840
La Jeunesse de Mirabeau, 1841
Les Cœurs brisés, 1843
Deux femmes célèbres, Madame du Châtelet et Madame Hoffmann-Tanska, Pétion, 18475
Lui, 1859
L'Italie des Italiens, 4 volumes, 1862
Les derniers marquis suivi de Deux mois aux Pyrénées, 1866

Notes sur sa vie

Son père, Antoine Révoil, fils de commerçants lyonnais, devenu Directeur des Postes sous la Révolution à Aix-en-Provence, a épousé Henriette Leblanc héritière du chateau de Servannes situé à Mouriès, au pied de l'Oppidum des Caisses de Jean-Jean. Ils auront 6 enfants dont la benjamine est Louise. Le peintre Pierre Révoil est à la fois le cousin germain du père de Louise, ainsi que le propre beau-frère de Louise quand il épouse sa sœur aînée Joséphine Révoil. Voir Joseph S. Jackson, Louise Colet et ses amis littéraires, Yale Romanic Studies XV, 1937
Anne Boquel et Étienne Kern, Une Histoire des haines d'écrivains de Chateaubriand à Proust, Flammarion 2010, p.160-161
Correspondance de Flaubert, la Pléiade.
Site de Grenoble, 1h50'/6h04'

Bibliographie

Francine du Plessix Gray : Mon cher volcan, ou, La vie passionnée de Louise Colet, J.-C. Lattès 1995
Gustave Flaubert : Lettres à Louise Colet sur le site de la Bibliothèque électronique de Lisieux ; et Magnard 20
Joëlle Gardes, Louise Colet : Du sang, de la bile, de l'encre et du malheur, Éditions de l'Amandier,‎ 2015, 184 p.

Iconographie

Le musée Calvet d'Avignon possède un fonds Louise Colet, dont un médaillon en bronze de Franz Woltreck 1800-1847, un autre médaillon en bronze d’Hippolyte Ferrat, réplique de celui de la tombe de son époux au cimetière de Montmartre, Paris.



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#210 Charles Sorel
Loriane Posté le : 07/03/2015 16:49
Le 7 ou 8 mars 1674 meurt Charles Sorel

à Paris, écrivain de son nom, sieur de Souvigny, né à Paris en 1582, 1597, 1599 ou 1602, alias : Carolus Sorellus, M. D. S., Nicolas de Moulinet sieur du Parc, Jean de Lalande ou de La Lande, M. de L'Isle, Alcidon, Tyrène, Chevalier Rozandre romancier, critique et écrivain français du XVIIe siècle.
On sait assez peu de chose de sa vie, sinon qu'il fut secrétaire du comte de Cramail, qu'il acheta la charge d'historiographe du roi à son oncle, qu'il se fit plus connaître par ses parodies et pamphlets que par ses témoignages d'amitié : contre-épreuve de son indépendance d'esprit. Son œuvre est vaste, diverse, et difficile à maîtriser tant il multiplia les pseudonymes et les masques, et pratiqua l'ambiguïté avec délectation. Il débuta avec des romans, Histoire amoureuse de Cléagénor et de Doristée, 1622 qui témoignent rapidement d'un souci de vraisemblance et de réalisme, Nouvelles françaises. Dans la tradition picaresque espagnole et la veine satirique néolatine, cet étonnant tableau des mœurs du siècle, au collège, à la campagne, chez les écrivains, à la cour... témoigne d'une grande audace intellectuelle, exprimée dans une langue d'une richesse singulière : Dans mon livre, on peut trouver la langue française tout entière, Advertissement de 1626 ; il défend d'ailleurs le droit à la diversité lexicale dans un pamphlet contre le purisme académique, le Rôle des présentation. On lui doit aussi une satire du romanesque pastoral, dans la lignée du Don Quichotte, le Berger extravagant, un tableau caricatural de la société parisienne et de railleuses Lois de la galanterie . Son œuvre de critique et d'histoire littéraire, la Bibliothèque française, 1664 ; De la connaissance des bons livres, 1671, ses ouvrages historiques, Histoire de la monarchie française sous Louis XIV et encyclopédiques la Science universelle sont un témoignage important sur la vie intellectuelle du XVIIe s.


En bref

Bien qu'étant un professionnel de la littérature, Charles Sorel répugne à signer ses livres ou bien les signe de pseudonymes, si bien qu'« aujourd'hui encore il n'est pas possible de dresser un catalogue sûr de ses œuvres A. Adam. Grand liseur — ainsi qu'en témoigne, entre autres, sa remarquable Bibliothèque françoise ou le choix et l'examen des livres françois qui traitent de l'éloquence, de la philosophie, de la dévotion et de la conduite des mœurs, et aussi de l'histoire, 1664 —, Sorel est un polygraphe qui publie de nombreux et gros volumes. Historiographe du roi à partir de 1635, compilateur, lié aux cercles précieux, et, à ce titre, auteur de dissertations psychologiques et morales, de guides littéraires, de récréations galantes , il est surtout connu comme romancier : après plusieurs récits qui marquent une évolution du romanesque au vraisemblable, il fait paraître Francion, 1623-1633, son chef-d'œuvre, Le Berger extravagant, 1627, qui est, ou plutôt voudrait être, à la littérature pastorale ce que Don Quichotte est aux romans de chevalerie, et Polyandre, 1648, qui caricature un certain nombre de types de la société parisienne, en particulier le financier. L'Histoire comique de Francion en laquelle sont descouvertes les plus subtiles finesses et trompeuses inventions, tant des hommes que des femmes de toutes sortes de conditions et d'adages. Non moins profitables pour s'en garder que plaisantes à la lecture... met en scène un jeune gentilhomme gaillard et aventureux qui tient à la fois de Gil Blas de Santillane et de Fabrice del Dongo, et narre à la première personne ses tribulations. Sorel, qui avait coutume de prendre des notes et de mettre par escrit toutes les choses remarquables qu'il avait ouyes pendant le jour dans les compagnies promène son héros à travers les milieux les plus divers. Roman picaresque et roman d'apprentissage, peinture de mœurs et portrait d'une individualité forte, Francion, où la pensée est audacieuse mais prudemment édulcorée dans les rééditions et le style savoureux, donne de son temps un tableau âpre et vivant.Bernard Croquette

Sa vie

Charles Sorel est issu d'une famille de robins. Son grand-père était magistrat dans une ville de Picardie. Après avoir servi dans les troupes de la Ligue, son père s'est établi à Paris, où il a acheté une étude de Procureur du Parlement, et épousé une sœur de Charles Bernard, lecteur de Louis XIII et premier historiographe de France, dont il eut deux enfants : Charles et Françoise. La date de naissance de Sorel est mise en doute. Elle est fondée sur son acte de décès mais impliquerait qu'il ait écrit L'Histoire comique de Francion à l'âge de vingt ans. Charles Sorel fait ses études dans un collège parisien, peut-être le collège de Lisieux.
Son père l'aurait poussé à entreprendre des études de droit mais ses premiers écrits semblent indiquer une volonté de s'introduire à la Cour. On dispose d'assez peu d'informations biographiques mais Émile Roy affirme qu'il est secrétaire ou domestique du comte de Cramail en 1621, avant de s'attacher au comte de Marcilly en 1622 puis au comte de Barradas, auquel il dédie L'Orphise de Chrysante. Il participe en 1623 à la composition du livret du Ballet des Bacchanales aux côtés de Théophile de Viau, Boisrobert, Saint-Amant et Du Vivier. Il fréquente donc les milieux libertins.
Polygraphe, il alterne œuvres de fiction et œuvres d'érudition. Il affiche dès 1628 une ambition d'historien avec la publication de l'Avertissement sur l'histoire de la monarchie française qui dénonce les légendes et les mythes qui farcissent les histoires de France aux siècles précédents. Il professe la volonté d'écrire une nouvelle histoire qui allie véracité et qualité du style. Ce vaste projet de ne sera jamais réalisé, mais Sorel rachète en 1635 la charge de premier historiographe de France laissée vacante par son oncle maternel Charles Bernard. Il continuera d'écrire tout au long de sa vie des traités historiques et des pièces de circonstance mais sans aucun apport notable.
La suppression des charges d'historiographe en 1663 par Colbert l'oblige à vendre la maison familiale et à se retirer chez un de ses neveux. Il y décède en 1674 en bon chrétien, ayant apparemment renié les idées libertines de sa jeunesse.

Œuvre romanesque

L'ensemble de son œuvre romanesque a été publiée anonymement ou sous des pseudonymes. Sorel souhaitait en effet donner de lui-même une image d'érudit qui se combinait mal avec une œuvre romanesque avouée. Cependant il laisse à l'intérieur d'autres œuvres les indices permettant d'identifier les œuvres qui lui tiennent le plus à cœur.
Il publie en 1621 L'Histoire de Cléagénor et de Doristée, puis en 1622 Le Palais d'Angélie, recueil d'histoires dans la tradition du Décaméron. Il reprend en 1623 le principe de l'écriture de nouvelles avec la publication des Nouvelles françaises. Ce recueil de cinq nouvelles assez longues s'inscrit dans la lignée des Nouvelles exemplaires de Cervantes. Elles constituent une étape importante dans l'évolution du genre dans la mesure où elles s'éloignent à la fois de la longueur démesurée des romans et de la très grande brièveté des fabliaux médiévaux, tout en racontant des histoires sérieuses et non simplement amusantes.
Mais 1623 est surtout l'année de publication de son œuvre romanesque la plus connue et la plus reconnue : L'Histoire comique de Francion, publiée d'abord en sept livres, revue et allongée en onze livres en 1626, puis en douze livres en 1633. Cette œuvre constitue l'une des premières histoires comiques à la française et restera l'un des chefs-d'œuvre du genre. Sorel y tourne en ridicule les romans pastoraux et propose une satire parfois vive de la société de son temps.
Il met en place dans le Francion une réflexion sur l'écriture romanesque qui sera reprise et développée dans Le Berger extravagant en 1627, sous-titré Anti-Roman en 1633. Il s'agit d'un roman burlesque, où le fils d'un marchand parisien, l'esprit perturbé par la lecture excessive de bergeries inspirées de L'Astrée, se choisit une maîtresse peu avenante, et devient le pasteur d'une douzaine de moutons sur les bords de la Seine. Sorel nous livre ici une satire efficace, proche de la farce, du roman héroïque.
Il reviendra au genre de la nouvelle en 1642 avec La Maison des jeux. Enfin, sa dernière tentative dans le domaine de la fiction sera le Polyandre, roman comique en 1648. Ce roman tente de proposer une peinture de la société parisienne à travers quelques personnages très typés. Il restera inachevé.

Ouvrages érudits

Outre quelques écrits à prétention historique, Sorel produit divers ouvrages relevant de l'érudition.

La Science universelle

Cette entreprise est probablement celle à laquelle Sorel a consacré le plus de travail et qui lui tenait le plus à cœur, comme en témoigne notamment le chapitre qu'il lui consacre dans La Bibliothèque française ainsi que les multiples éditions qu'il en a fait faire. L'ouvrage commence par la publication en 1634 de La science des choses corporelles, un volume sans nom d'auteur, mais dont le verso de la page de titre porte Carolo Sorello, novae encyclopaediae assertori dignissimo, À Charles Sorel, très digne libérateur de la nouvelle encyclopédie, dédicace qui rend manifeste la vocation encyclopédique de l'ouvrage.
Sorel, toutefois, qui connaît bien les encyclopédies et qui leur consacrera une large section dans le quatrième volume de La Science universelle, se défend dans son avant-propos d'avoir voulu compiler un abrégé des sciences, à la façon de certains de ses prédécesseurs. Il se moque particulièrement des ouvrages en latin qui ne font que répéter ce qu'ont dit les auteurs anciens — une critique qui revient encore dans La Bibliothèque française, où il déplore que certains n'aient eu fiance jusques icy qu'en ce qui est écrit en latin, ou en ce qui est traduit du latin p. 448. Pour lui, « il importe de séparer ce qu'il nomme la véritable science et le vrai savoir » de toutes les impostures, celles de la doxa comme celles de la naïve crédulité. Son entreprise est marquée par le désir de soumettre les savoirs au crible de la raison moderne — celle de Francis Bacon et de son souci de l'expérience. Bref, Sorel veut donner une doctrine qui soit appuyée sur la raison et l'expérience.
Il critique les escholes où l'on n'apprend rien que deux ou trois langages qui n'ont plus cours avec quelques antiquitez inutiles, et où la plupart s'employent plutôt à charger leur mémoire qu'à fortifier leur jugement. Au contraire de ces pratiques, il faut tendre à s'assimiler le véritable savoir, car si nous voulons être parfaitement heureux, il ne faut rien ignorer de ce qui se peut savoir. Pour cela, il faut réaliser une parfaite Encyclopédie, ou un cercle & enchaisnement de toutes les Sciences et de tous les Arts, car Quiconque possédera la science universelle … pourra parler et écrire sur le champ de quelque sujet que ce soit …
Le volume II, intitulé De l'Être et des Propriétés des Choses Corporelles, paraît en 1637. Il est suivi en 1641 par "De l'Usage, & de la Melioration et Perfection" Imitation des choses Corporelles & des choses Spirituelles. Ces trois premiers volumes sont réédités avec un quatrième en 1644, intitulé De l'Usage des Idées, ou de l'origine des Sciences & des Arts, & de leur Enchainement. Du Langage, de l'Écriture, & des Chiffres. L'ensemble des quatre volumes, publié sous le titre général La Science universelle, connaîtra trois éditions jusqu'en 1667, selon Sorel, et une quatrième en 1668.
Malheureusement, la démarche de Sorel est entachée de naïveté et de sérieuses lacunes au point de vue scientifique. Particulièrement préoccupé de la liaison des sciences et des arts, il cherche à ordonner les connaissances de façon parfaitement logique, persuadé que tout s'enchaîne à partir d'un principe premier. Il s'en explique ainsi
"Un écrivain de ce siècle … s'étant imaginé qu'il y avoit une Science universelle qui comprenoit toutes les autres, s'est employé à la rechercher pour sa propre utilité et pour celle d'autruy. N'ayant rencontré nulle part ce qu'il dsiroit, qui estoit de voir cecy reduit à un ordre le plus naturel qu'on se pûst imaginer, il y a travaillé selon l'idée qui luy en est venue en l'esprit.
Cette recherche des principes premiers amène l'auteur à se demander ce que sont les caractéristiques de la vraye Eau, du vray Feu, de la vraye terre. Ailleurs, il s'efforce de démontrer que « Tous les corps simples sont blancs, y compris la Terre. Cette quête l'amène aussi à soutenir que l'air n'est qu'une humidité étendue qui s'épaissit après en eau ".
Écrivant un siècle après la parution de l'ouvrage majeur de Copernic — dont la thèse héliocentrique sera confirmée par les observations de Galilée —, Sorel préfère toutefois s'en tenir à la position de l'Église et rejette catégoriquement l'opinion des astronomes et des philosophes qui publiant une vieille opinion renouvelée ont voulu nous persuader que le soleil est immobile et que c'est la Terre qui tourne. De même, il désigne comme des philosophes vulgaires ceux qui attribuent les marées à l'action de la lune.

Jugement de la postérité

Dans son Roman bourgeois, Furetière dénoncera l'ambition savante de Sorel, caricaturé sous le nom de Charoselles, comme une forme de vain pédantisme. La Science universelle est cependant un ouvrage précieux pour ce qu'il montre de l'état de la doxa et de la lente progression de l'esprit des Lumières au milieu du XVIIe siècle. Il constitue aussi un jalon dans le développement des encyclopédies, le discours suivi adopté par Sorel étant à l'extrême opposé de l'organisation alphabétique qui s'imposera par la suite, notamment dans Le Grand dictionnaire historique de Moreri dont le premier volume parait en 1674.
Si l'ambition de Sorel nous semble aujourd'hui dérisoire, elle était encore parfaitement recevable à l'époque où cet ouvrage a été rédigé. Comme le note Frédéric Loliée :
"Jadis, quand un cerveau puissant s'était incorporé un nombre déterminé de faits, de pensées de mots et de formes, quand il dominait de toute cette masse acquise l'étroitesse des connaissances de son temps, il lui était permis de se demander à lui-même sans trop de faste et sans trop de présomption s'il n'avait pas véritablement réalisé le but irréalisable de l'ambition intellectuelle, s'il n'avait pas atteint le De omni re scibili. Il n'y a pas deux siècles, on croyait encore à la merveille du savant universel. "

Ouvrages bibliographiques

Ses connaissances bibliographiques lui permettent d'écrire deux ouvrages fort utiles pour ceux qui s'intéressent à la littérature du XVIIe siècle : La Bibliothèque française en 1664 réimprimé en 1667, puis De la connaissance des bons livres en 1671. Il y dresse un panorama de la littérature française et livre ses propres analyses.

Bibliographie

Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat

Ouvrages de Charles Sorel

Éditions originales, Bibliographie selon Émile ROY:

Histoire amoureuse de Cléagénor et de Doristée, 1621
Histoire amoureuse de Cléagénor et de Doristée. Contenant leurs diverses fortunes avec plusieurs autres estranges avantures arrivées de nostre temps, disposées en quatre livres, Paris, Toussainct Du Bray, 1621.
Le palais d’Angélie, Paris, Toussainct du Bray, 1622.
Nouvelles françaises où se trouvent divers effets de l'amour et de la fortune, Paris, Pierre Billaine, 1623.
L'Histoire comique de Francion, Paris, Pierre Billaine, 1623. Le roman est augmenté en 1626, puis, de nouveau en 1633. Dans cette dernière édition, il est intitulé La vraie histoire comique de Francion et paraît sous le nom de Nicolas de Moulinet, sieur du Parc.
L'Orphize de Chrysante, Paris, Toussainct Du Bray, 1626.
Le Berger extravagant, Paris, Toussainct Du Bray, 3 volumes 1627-1628. Réédition sous le titre d' Anti-Roman en 1633, Paris, Toussainct Du Bray. disponible sur Gallica
Advertissement sur l’Histoire de la monarchie française, Paris, Claude Morlot, 1628,
Histoire de la monarchie française où sont descrits les faicts memorables & les vertus heroïques de nos anciens rois, Paris, Claude Morlot, 1629. Deuxième édition : Paris, Louys Boulanger, 1630. disponible sur Gallica
Suite et conclusion de la Polyxene, François Pomeray et Toussaint Du Bray, 1632. Cf. Gabrielle Verdier, "Sorel et le mystère de la Polyxène" in Charles Sorel Polygraphe, Textes rassemblés par Emmanuel Bury et édités par Eric Van der Schueren, Les Presses de l’Université Laval, 2006.
Nouveau recueil de lettres, harangues, et discours différents, François Pomeray, 163O. Cf. Olivier Roux, "Réapparition d'un ouvrage égaré" in XVIIe siècle, Presses universitaires de France, no 242, janvier 2009, p. 159-178.
Pensées chrétiennes sur les commandements de Dieu, Paris, Jean Jost, 1634.
La vraye suite des adventures de la Polyvene du feu sieur de Moliere, Suivie & concluë sur ses memoires, Paris, Anthoine de Sommaville, 1634.
Charles Sorel, La science des choses corporelles : Première partie de la science humaine, où l'on connaît la Vérité de toutes les choses du Monde par les forces de la Raison, Paris, Pierre Billaine,‎ 1634 disponible sur Gallica
Portrait métaphorique de Charite, extrait du : Berger extravagant édition de 1627.
Des Talismans ou Figures faites sous certaines constellations… tiré de la seconde partie de la Science des choses corporelles, par le sieur de l'Isle, Paris, Antoine de Sommaville, 1636.
La solitude et l’amour philosophique de Cléomède, Premier sujet des Exercices Moraux de M. Ch. Sorel, Conseiller du Roy & Historiographe de France, Paris, Antoine de Sommaville, 1640.
La défense des Catalans, Paris, Nicolas de Sercy, 1642.
Remonstrance aux peuples de Flandre. Avec les droicts du Roy sur leurs Provinces, Paris, Nicolas de Sercy, 1642.
La Fortune de la Cour, ouvrage curieux tiré des Mémoires d'un des principaux Conseillers du duc d'Alençon, frère du Roy Henri III, Paris, Nicolas de Sercy, 1642.
La Maison des jeux, Paris, Nicolas de Sercy, 1642.
Les Loix de la Galanterie, in Recueil des pièces les plus agréables de ce temps, Paris, Nicolas de Sercy, 1644. Réédition des Les Loix de la Galanterie : Aubry, Paris, 1855. Texte en ligne 1 et 2

Charles Sorel :

Polyandre 1648
Polyandre, Histoire Comique, Paris, Veuve Sercy / Augustin Courbé, 1648. disponible sur Gallica
Discours sur l'Académie françoise establie pour la correction et l'embellissement du langage, pour sçavoir si elle est de quelque utilité aux particuliers et au public, et où l'on voit les raisons de part et d'autre sans déguisement, Paris, Guillaume de Luyne, 1654.
De la perfection de l'homme, où les vrays biens sont considérez, et spécialement ceux de l'âme, avec les méthodes des sciences, Paris, Robert de Nain, 1655. disponible sur Gallica
Description de l'Isle de portraiture et de la ville des portraits, Paris, Charles de Sercy, 1659.
Relation véritable de ce qui s'est passé au royaume de Sophie, depuis les troubles excités par la rhétorique et l'éloquence. Avec un discours sur la Nouvelle Allégorique, Paris, Charles de Sercy, 1659. disponible sur Gallica
L'Histoire de la monarchie française sous le règne du roy Louis XIV, contenant tout ce qui s'est passé de plus remarquable entre les couronnes de France et d'Espagne, et autres païs estrangers, Paris, Jean-Baptiste Loyson, 1662.
Chemin de la fortune ou les bonnes règles de la vie pour acquérir des richesses en toute sorte de conditions et pour obtenir les faveurs de la cour, les honneurs et le crédit, Entretiens d'Ariste sur la vraye science du monde, Paris, Jean-Baptiste Loyson, 1663.
Œuvres diverses, ou Discours meslez, Paris, Compagnie des libraires du Palais, 1663.
Charles Sorel, La bibliothèque française, Paris, Compagnie des libraires du Palais,‎ 1667
Divers traités sur les droits et les prérogatives des Roys de France, Tirez des Memoires Historiques & Politiques De M. C. S. S. D. S. , Paris, Compagnie des Marchands libraires du Palais, 1666.
Charles Sorel, La science universelle : Tome premier. Contenant les avant-discours touchant les Erreurs des Sciences & leurs Remèdes. Avec le livre I. Livre de l'Etre et des Propriétés des Corps Principaux, qui sont la Terre, l'Eau, l'Air, le Ciel, & les Astres, Paris, Jean Guignard,‎ 1668
Charles Sorel, La science universelle : Tome second. De l'Etre et des Propriétés des Choses Corporelles Livre II. traitant des Corps Derivez, comme sont les Meteores, les Terres diverses, les Pierres, les Metaux, & les Animaux, Paris, Jean Guignard,‎ 1668
Charles Sorel, La science universelle : Tome troisième. De l'Usage, & de la Melioration et Perfection ou Imitation des choses Corporelles & des choses Spirituelles, Paris, Jean Guignard,‎ 1668
Charles Sorel, La science universelle : Tome quatrième. De l'Usage des Idées, ou de l'origine des Sciences & des Arts, & de leur Enchainement. Du Langage, de l'Ecriture, & des Chiffres., Paris, Jean Guignard,‎ 1668 disponible sur Gallica
De la connoissance des bons livres, ou Examen de plusieurs autheurs, Paris, André Pralard, 1671.
Les récréations galantes, contenant : Diverses questions plaisantes… le Passe-temps de plusieurs petits jeux ; quelques enseignes en prose ; le Blazon des couleurs ; l'Explication des songes ; et un Traité de la phisionomie, suite et II. partie de la Maison des jeux, Paris, Étienne Loyson, 1671. disponible sur Gallica
L'histoire des pensées, mêlée de petits jeux, nouvelle galante, Paris, Étienne Loyson, 1671.
De la prudence ou des bonnes règles de la vie pour l'acquisition, la conservation et l'usage légitime des biens du corps et de la fortune, et des biens de l'âme…, Paris, André Pralard, 1673.

Rééditions actuelles

Histoire comique de Francion, in Romanciers du XVIIe siècle, édition établie par Antoine Adam, Gallimard, Pléiade, 1958.
Histoire comique de Francion, édition de Fausta Garavini chez Folio classique, 1996.
La Sœur jalouse, extraite des Nouvelles françaises a été publiée par Roger Guichemerre dans Dom Carlos et autres nouvelles françaises du xviie siècle, folio classique, 1995.
Polyandre. Histoire comique, édition critique de Patrick Dandrey et Cécile Toublet, Éditions Klincksieck, 2010



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Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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