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Re: Défi du 9 janvier 2016
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-Salut Honoré, tu me sers une friandise de maçon.
- Salut Vise à gauche, t’attaques de bonne heure au rouge qui tache, ce matin !!
- Ben quoi, il 9h30 !! Toi honoré si je t’écoutais, je devrais attendre 11h pour taper un godet de rouquin, et après il s’rait trop tard pour siffler un jaune.

Il était comme ça, Vise à gauche, (ainsi nommé car souffrant d’un léger strabisme), à cheval sur les principes !! il y avait l’heure du (ou des) …. verres de rouge, et à partir de 11heures l’heure de l’apéro.
Ca faisait plus de 50 piges qu’il pratiquait de la sorte et ce n’était pas Honoré le bistrotier qui allait changer ses habitudes.

-Sachez, M0ssieur Honoré, que quand on a mangeait salé, on ne peut plus manger sans sel !!!
- il n’empêche hier au soir t’avais mis les chaussures a bascules.
-Mais j’ne bois pas pour boire !!je vais au bistrot pour être avec des gens !
- Peut être, mais hier t’avais 3 grammes dans chaque doigt de pieds.
-Oui mais hier y avait personne au bistro !! Et puis un verre de vin c’est bon pour les artères, et moi les artères, j’en ai pas qu’une !!!
T’as raison, conclut Honoré à bout d’arguments, d’autant que sur le gorgeon, Vise a gauche était incollable,’’ licencié es-castelvin’’ qu’il était le peintre en bâtiment.

Enfin, peintre en bâtiment, peintre en bâtiment ??? c’est ce qu’il avançait quand on l’attaquait sur le boulot et son premier métier, sachant qu’il n’en pas eu de second, et que le premier, il y a belle lurette qu’il ne le pratiquait plus.

Allergique au white spirit, qu’il disait, et donc dans l’obligation de remiser les pinceaux.
-T’imagines, toi, un boulanger allergique à la farine, concluait t-il pour clore le débat sur le boulot.
C’est vrai que le boulot pourtant, il pouvait en causer ……il en avait tellement vu faire !!

-Honoré, y a quoi au menu aujourd’hui ?
-Au menu, ce s’ra Langue de bœuf avec comme légumes verts ……………. .des pates !.
-Langue de bœuf ! Ah non c’est dégueulasse, ça sort de la bouche de l’animal……. Pouah !! tu me feras des œufs sur le plat.

Assis à une table au fond de la salle, deux personnes âgées qui déjeunaient, attirèrent l’attention de Vise à gauche. En effet ils avaient commandé une portion de frites et une tranche de jambon, et le vieux bonhomme, après avoir coupé la tranche de jambon en deux, et divisé la portion de frites en deux parts égales, donnât celles-ci à sa femme.

.-Merde, dit Vise à gauche, quelle sale époque, ces pauvres vieux qui n’ont plus les moyens de s’acheter un repas chacun et sont obligés de partager un frichti pour deux !-
-Laisse tomber, Vise à gauche, ce ne sont pas tes affaires.
-T’as beau jeu de dire ça Honoré, toi le capitaliste du canon de rouge, tu bouffes à ta fin, puis se dirigeant vers la table des anciens,- excusez moi, mais si vous le voulez bien, je vous offre un second repas pour Madame.
-Merci jeune homme, répondit la vieille femme, mais tout va bien comme cela.
Curieusement, pendant que le mari mangeait, la femme avec son demi-repas devant elle, attendait ?
-Mais, dit vis à gauche qui était tenace, alors pourquoi, ne mangez vous pas ce demi repas, alors que votre mari déguste ?
- J’attends le dentier rétorqua la vieille dame !!!
- Je te l’avais dis, ce ne sont pas tes affaires, ajouta pour conclure Honoré.

Sur le cul, qu’il était le Vise à gauche au point de demander à Honoré de lui resservir un dernier verre de rouge…………..,qui ne sera pas d’ailleurs pas, l’ultime .

Pompon, le cérébral’’ du quartier, qui avait observé la scène du bout du comptoir en sirotant un t-iéme mêlécass, citant Florian le fabuliste, fit alors la remarque suivante à Vise à gauche:
-Comme quoi, le tout ne vaut pas la moitié.

Il est vrai qu’il avait les lettres le Pompon, ancien professeur de Français, il s’était lié d’amitié profonde avec la chopine, et de fait, s’était détourné de l’enseignement et de l’histoire du français, pour……. le comptoir du Français, nom du bar d’Honoré.

C’était l’homme du bon sens de cette rue Colbert, qui entre autres, pour éviter les discutions sans fin avec ceux qu’il nommait les cons, concluait avec ses compagnons du jour et d’infortune :-Laissez tomber ces cons là,…on va en trouver d’autres plus loin’’.
Ou encore, alors qu’un de ses amis de misère du godet avançait lors d’une conversation philosophique :’’On ne peut pas être, et avoir été’’, répondait :’’Ca dépend, tiens regarde, toi, ça plus de 20 ans qu’on se connait, et bien il y a vingt ans t’était cocu, aujourd’hui tu l’es encore’’, ainsi donc selon le philosophe Pompon la preuve était donnée, on pouvait être et avoir été.

-Bon alors dit Honoré , vous bouffez là ou quoi ?
-A-t-on le choix, rétorqua vise à gauche, sachant que c’était le seul bar qui lui faisait crédit !!, ajoutant :’’ de toute façon, ici ou ailleurs la mal bouffe c’est que je préfère, c’est pas si mauvais que ca, surtout quand c’est bien fait !!
-Dis moi, rétorqua Honoré, t’as été vacciné avec une aiguille à phono c’matin, on n’entend que toi !! et toi Pompon qu’est que tu grailles?
- Fais-moi une omelette aux champignons,………… avec des œufs !
-Et des champignons, glissa malicieux Honoré.
- Sans, rétorqua pompon, j’avais un ami qui était gourmand de champignons qu’il ramassait lui-même, eh bien il a cassé sa pipe, après en avoir mangé un mauvais ; sa gourmandise lui a couté la vie.
-C’est vrai, conclut Vise à gauche par cette judicieuse vérité :’’tout les champignons sont bons……………mais quelquefois, une seule fois !!!
-Remarque le Ricard ou l’abus du godet de rouge, par habitude ou par gourmandise, peuvent à terme te aussi mettre sur le carreau, avança à l’encontre de Vise à gauche, Pompon.
- De toutes façons, moi si je dois me faire faire une greffe de foie, je f’rais d’abord une enquête de voisinage.
Il n’empêche dis Pompon le littéraire, tu devrais mollir sur la gourmandise de la lichette, mais après tout comme disait De Maupassant : “De toutes les passions, la seule vraiment respectable me parait être la gourmandise.”

Posté le : 10/01/2016 10:57

Edité par kjtiti sur 13-01-2016 08:40:56
Edité par kjtiti sur 19-09-2016 17:40:40
Edité par kjtiti sur 19-09-2016 17:41:54
Edité par kjtiti sur 19-09-2016 17:43:04
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Gabrielle Channel dit Coco
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Le 10 janvier 1971, meurt à 87 ans à Paris Coco Chanel

de son vrai nom Gabrielle Bonheur Chanel, née le 19 août 1883 à Saumur, créatrice de mode, modiste et grande couturière française célèbre pour ses créations de haute couture, ainsi que les parfums portant son nom. Elle est à l'origine de la Maison Chanel, symbole de l'élégance française. Certains choix de vie de Chanel sont à l'origine de controverses, en particulier son comportement pendant l'Occupation allemande.

En bref

André Malraux disait de Chanel qu'elle comptait, avec de Gaulle et Picasso, parmi les grandes figures de notre temps. La force de cette créatrice est d'avoir su vivre avec son époque, d'avoir pressenti les modes, accompagné le mouvement d'émancipation féminine et de s'être érigée en modèle. De l'ouverture de son premier atelier de modiste en 1909 à sa mort en 1971, elle n'a cessé d'affiner une conception résolument moderne de l'élégance.
Une ligne simple et d'avant-garde
Enfant illégitime, elle dissimula toute sa vie ses origines. Au sortir de l'orphelinat, Gabrielle Chanel est placée dans une maison spécialisée en layette, à Moulins, ville de garnison qui lui permet de se distinguer. Chantant « Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro » – qui lui valut son surnom de « Coco » –, elle est remarquée par un officier de cavalerie, Étienne Balsan, qui l'initie à la vie de château. Solitaire, animée par une indéfectible volonté de liberté, la jeune femme est exempte de préjugés. « L'irrégulière » de Balsan fréquente le demi-monde et le séduit par ses tenues très simples empruntées au vestiaire masculin. L'amant suivant, l'Anglais Arthur Capel, l'aide à s'installer à Paris comme modiste, au 160, boulevard Malesherbes, où ses créations dépouillées contrastent avec les chapeaux énormes et surchargés de l'époque. Engageant des ouvrières professionnelles, elle s'installe un an plus tard, au 21, rue Cambon. Accoutumée aux rythmes saisonniers du beau monde, elle ouvre en 1913 une boutique à Deauville, où la garde-robe simplifiée qu'elle promeut éveille l'intérêt d'une clientèle huppée. Son succès lui permet, en 1915, d'installer une seconde boutique à Biarritz, refuge du Tout-Paris qui apprécie ses toilettes souples et sportives, constituées de jersey, matériau jusqu'alors réservé aux sous-vêtements masculins. Par la force d'un travail narcissique – elle créait d'abord en fonction de son propre corps – Chanel se fait donc connaître dès la Première Guerre mondiale.
À Paris, durant l'entre-deux-guerres, elle donne l'image d'une femme à la mode, proche de l'avant-garde artistique, tour à tour mécène, collaboratrice ou amie fidèle de Serge Lifar, Serge de Diaghilev, Igor Stravinski, Misia Sert, Christian Bérard, Paul Iribe, Pierre Reverdy, Paul Morand, Colette, Jean Cocteau, Picasso, Salvador Dalí... Elle crée des costumes pour quatre pièces de Cocteau (dont Antigone en 1922) et pour les Ballets russes (dont Le Train bleu en 1924) ou participe financièrement à leur réalisation. Elle intervient à Hollywood dans Tonight or Never (1931), apporte sa contribution à de nombreux films de Jean Renoir dont la très célèbre Règle du jeu 1939, et habille plus tard Jeanne Moreau Les Amants de Louis Malle, 1958), Delphine Seyrig L'Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais, 1961 et Romy Schneider Boccace 70 de Luchino Visconti, 1962.
De la couture aux parfums et aux bijoux
Femme d'affaires, autoritaire et pragmatique, à la tête d'une entreprise qui comptera, en 1936, 4 000 employés, femme libre, dotée d'une rare indépendance d'esprit, Chanel est peu soucieuse des convenances. S'érigeant en exemple, elle contribue à la réforme du mode de vie des femmes : cheveux courts, bronzée, elle s'affiche en tenue décontractée, en pyjama de plage ou encore en pantalon à pont, la tête couverte d'une casquette de yachting. Elle conçoit, sans jamais les dessiner, des ensembles d'une grande simplicité et d'informels tailleurs de jersey, mais son ambition est plus vaste : imposer au monde une conception de l'élégance qui verrait triompher la personnalité de la femme. Ainsi, très tôt, s'intéresse-t-elle à tout ce qui vient compléter l'habillement. « Le parfum, c'est ce qu'il y a de plus important », disait-elle en citant Paul Valéry : « Une femme mal parfumée n'a pas d'avenir ! » Dès 1921, elle lance son premier parfum intitulé « Chanel no 5 », créé par Ernest Beaux, qui marque le début d'une activité prolifique et lucrative, dont l'actuelle Maison Chanel a conservé la tradition. En 1924, à l'heure où les femmes commencent à oser se farder en plein jour, Chanel, à la pointe de la modernité, imagine une ligne de soins et de maquillage.
La couturière puise son inspiration dans l'univers mouvementé de ses conquêtes amoureuses. En 1920, sa liaison avec le grand-duc Dimitri donne un tour russe aux robes-chemises qu'elle fait broder de motifs slaves. Avec le duc de Westminster, de 1924 à 1931, elle découvre l'élégance et le confort anglais : le tweed, le chandail, la veste masculine, la pelisse qui feront désormais partie de ses collections. En 1926, lasse des débordements outranciers, des perles et des paillettes des années folles, elle propose pour le soir une petite robe noire, une « Ford signée Chanel » comme la qualifie le Vogue américain qui, immédiatement, pressent son incroyable destinée. Pratique et passe-partout, cette robe courte, sobre mais raffinée, se retrouvera dans toutes les garde-robes. Paul Poiret accuse la couturière de se complaire dans le misérabilisme de luxe, de transformer les femmes en « petits télégraphistes sous-alimentés... »
Mais dans la farouche concurrence qui l'oppose à Madeleine Vionnet puis, plus tard, à la redoutable Elsa Schiaparelli, Chanel prouve qu'elle sait aussi s'adonner au luxe le plus effréné. Lorsque la mode se « féminise » et gagne en sophistication au début des années 1930, elle crée des robes de mousseline diaphanes et fluides qui gainent le corps, d'arachnéennes robes du soir de tulle ou de dentelle, ou encore, en 1938, une robe « gitane » qui fait le tour du monde. En pleine crise économique, elle élabore avec Paul Iribe, en 1932, une collection de bijoux de diamants qu'elle expose dans ses salons. Le bénéfice des entrées est versé à une œuvre caritative. Chanel n'accorde aucune importance à la valeur des bijoux. Ils ne doivent pas servir à afficher la richesse, mais à orner la femme. Il lui importe de compléter la fausse pauvreté des vêtements par l'opulence factice de l'ornement, de rompre la sévérité de ses tenues par une profusion de bijoux fantaisie d'inspiration baroque, qu'elle réalise avec le comte Étienne de Beaumont, avec Fulco di Verdura ou Madame Gripoix et, après la Seconde Guerre mondiale, avec Robert Goossens.
L'émancipation du corps de la femme
À l'annonce de la Seconde Guerre mondiale, cette femme au parcours singulier, reconnue dans le monde entier et qui a su donner ses lettres de noblesse à toute une profession ferme sa maison de couture et demeure au Ritz. Après une retraite en Suisse d'une quinzaine d'années, Chanel, qui a 71 ans, mais comprend mieux que quiconque les exigences d'une vie active, rouvre sa maison en 1954. À la suprématie du new look affichée par Christian Dior, qu'elle juge rétrograde, à cette féminité outrée qui restaure les crinolines et les corsets, elle oppose son petit tailleur. Les Américains applaudissent à la modernité de ses propositions, mais la presse française la conspue, tout en reconnaissant son erreur dès la saison suivante. Triomphante, Chanel se trouve alors en parfaite adéquation avec les aspirations de son temps : ce qui, en 1954, était qualifié « d'avant-garde » sera, la saison suivante, promu au rang enviable de « classique ».
Seconde peau, ce tailleur se porte en toutes circonstances, hiver comme été. C'est un ensemble de vêtements organiquement conçus pour permettre l'aisance du mouvement, clé de voûte de l'élégance. La veste, dénuée de col, doit être aussi souple qu'un cardigan, et la jupe portefeuille, frisant le genou, ne doit ni serrer la taille ni entraver la marche. Les poches servent à y mettre les mains et les boutons à boutonner. Même la ganse dont s'orne la veste a sa fonctionnalité : elle évite la surépaisseur de l'ourlet. L'ensemble en tweed doublé d'un matelassage de soie, fini à l'intérieur par une chaîne dorée qui vient plomber la veste, ne prend forme que sur le corps. À ce costume exclusivement réalisé sur mesure, toujours pareil et pourtant chaque fois différent, s'ajoutent des accessoires devenus emblématiques de la Maison : le sac en bandoulière, matelassé, à chaîne dorée, le catogan, le camélia, les bijoux et sandales bicolores qui affinent la jambe. Chacun de ces accessoires est élaboré en collaboration avec des artisans hautement spécialisés qui, menacés de disparaître, ont été repris par l'actuelle Maison Chanel : le bottier Massaro, le parurier Desrues, le plumassier Lemarié, le brodeur Lesage, la Maison Guillet (fleurs), le bijoutier Goossens ainsi que le modiste Michel, artisans qui ont contribué à la définition non d'une mode mais d'un style et d'un véritable art de vivre où règnent décontraction et bien-être.
À sa mort, en 1971, Mademoiselle Chanel laisse un véritable empire. Ses premiers d'atelier assurent la continuité de la haute couture, dans le plus grand respect de son œuvre. Un département de prêt-à-porter est institué en 1978. La direction revient au styliste Philippe Guibourgé avant que Karl Lagerfeld ne devienne, en 1983, le directeur artistique des collections de haute couture, de prêt-à-porter et d'accessoires. Évinçant le respect qui fige toute créativité, Karl Lagerfeld revisite tout l'héritage laissé par la Grande Mademoiselle. Sans cesse, par ses créations irrévérencieuses, il rajeunit l'image de ses clientes. En cela, il est fidèle à l'esprit même de Chanel : il est en parfaite concordance avec son temps. Catherine Ormen

Sa vie

Née le 19 août 1883 à l'hospice de Saumur tenu par les Sœurs de la Providence, Gabrielle Chanel est issue d'une lignée de marchands forains cévenols, de Ponteils-et-Brésis près d'Alès. Née hors mariage, elle est la seconde fille d'Henri-Albert Chasnel connu sous le prénom d'Albert, un camelot originaire du Gard et d'Eugénie Jeanne Devolle connue sous le prénom de Jeanne, couturière originaire de Courpière, tous deux établis à Saumur et qui se marient un an après sa naissance, le 17 novembre 1884.
Jeanne Devolle lui donne cinq frères et sœurs : Julia-Berthe 1882-1912, qui aurait laissé à son suicide un fils, André Palasse, dont Gabrielle s'occupera, à moins qu'il ne s'agisse du propre fils de la couturière, Antoinette 1887-1920, Alphonse 1885-1953, Lucien 1889-1941 et Augustin mort en enfance. Très peu d'éléments sont connus sur l'enfance de Chanel, sur laquelle elle ne dira rien, si ce n'est qu'elle s'est murée dans la solitude et ne s'est pas sentie aimée par son père aigri, qui reprochait à son épouse chétive et ses enfants de l'avoir empêché de mener la vie de succès dont il rêvait. Cela n'empêche pas Gabrielle de vouer une véritable adoration à ce père bourru, volage et souvent absent.
La mère de Chanel meurt le 16 février 1895 à l'âge de 32 ans, épuisée par des grossesses successives, la tuberculose et le travail qu'elle effectue sur les marchés de Paris dans le froid. La jeune fille n'a alors que douze ans.
Son père la place alors avec ses deux sœurs dans l'orphelinat de l'abbaye cistercienne d'Aubazine en Corrèze. C'est probablement de cet abandon et pour faire taire les réflexions de ses camarades que « prend racine la véritable mythomanie de Gabrielle, qui s'invente un père aventurier, négociant en vins parti faire fortune à New York et lui faisant de somptueux cadeaux. Parallèlement, son père confie Alphonse et Lucien à l'Assistance publique, qui les place comme garçons à tout faire dans des familles de cultivateurs.
À l'orphelinat, elle apprend la couture et mène une vie austère et rigoureuse pendant six années qui marqueront profondément le style de la future styliste. Elle se serait inspirée du lieu pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses à l'instar de l'architecture sobre et géométrique de l'abbaye ou des vêtements qu'elle portait, col blanc, lavallière et jupe sombre, aux couleurs neutres noir et blanc comme les uniformes des sœurs et des pensionnaires dont la robe de bure leur permet de se mouvoir à l'envie ; beige comme les couleurs des murs ou pour former son logo voir les pavements anciens des sols et les C entrelacés des vitraux de l'abbatiale.
N'aspirant pas au noviciat, à 18 ans Chanel est confiée aux dames chanoinesses de l'Institut Notre-Dame de Moulins, où elle se perfectionne dans le métier de couseuse. Elle retrouve dans cette pension de jeunes filles sa tante Adrienne, qui a presque le même âge et, surtout, la même ambition de sortir de sa condition. En 1903, aptes à manier le fil et l'aiguille, les dames chanoinesses les placent en qualité de couseuses à la Maison Grampayre, atelier de couture spécialisé en trousseaux et layettes.

Gabrielle devient Coco

Vers 1907-1908, très courtisée, Chanel ne veut pas partager le sort anonyme des cousettes, et recherche un avenir meilleur. Lors d'un voyage à Vichy chez son oncle, elle se met à poser sur la scène du beuglant de La Rotonde à Moulins, un café-concert où elle fait ses premières apparitions, silencieuses. La Rotonde est notamment fréquentée par les officiers du 10e régiment de chasseurs à cheval stationné dans la capitale bourbonnaise. Aujourd'hui y est installé le Centre national de costume de scène.
Bientôt, elle ose pousser la chansonnette et se met à rêver de music-hall. Âgée de vingt-quatre ans, elle se produit en spectacle devant les officiers qui la surnomment Coco, parce qu'elle a pour habitude de chanter Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ? paroles Félix Baumaine et Charles Blondelet, musique Édouard Deransart.
Convoitée par de nombreux jeunes garçons fortunés ou titrés, elle séduit le riche Étienne Balsan, officier, homme du monde qui vient de quitter l'armée pour se consacrer à l'élevage de chevaux et aux courses. Il lui fait découvrir la vie de château au domaine de Royallieu près de Compiègne, resté célèbre pour son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est peut-être son amant, mais en tout cas son ami pour toujours.
Pendant près d'un an elle apprend les codes et les usages de la haute société, mais l’idylle ne dure que quelques mois : elle se rend compte qu’elle ne l’aime plus, elle s'ennuie et pleure. Elle a vingt-cinq ans et nulle part où aller. Sa première révolution vestimentaire, elle l'invente avec les tenues équestres qu'elle porte à cheval, non pas en robe amazone mais en jodhpurs de peau, cravate et bandeau dans les cheveux.
La fréquentation des relations de Balsan lui font cependant rencontrer un futur grand amour, l'Anglais Arthur Capel, surnommé Boy Celui-ci est un homme d'affaires qui fera fortune dans les frets charbonniers durant la Grande Guerre, et un homme de cheval possédant une écurie de polo. Ce sera un amour irrégulier il épousera malgré tout une Anglaise et sincère qui durera dix ans, jusqu'à un accident de voiture en 1919 auquel il ne survivra pas.

Une modiste à contre-couran

Gabrielle Chanel ne reste cependant pas inactive. Mettant à profit les rudiments, enseignés à Moulins, du maniement du fil et de l’aiguille et de l’initiation prodiguée par Lucienne Rabaté, célèbre modiste du moment, elle se confectionne de petits chapeaux originaux qu’elle pose très bas sur son front. Pour assister aux mondaines courses de chevaux, elle n’arbore pas les robes des grands couturiers mais ses propres réalisations. Jeune femme charmante mais au style décalé, tantôt écolière en tenue sage noire et blanche, tantôt garçonne n’hésitant pas à porter polo, cardigan, jodhpurs et pantalons, elle invente déjà un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque.
En 1909, sur les conseils de Boy Capel, son artisanat débute boulevard Malesherbes, dans la garçonnière parisienne de son protecteur Étienne Balsan. Les chapeaux qu'elle propose à ses clientes sont des déclinaisons de ceux qu'elle fabrique pour elle-même et qui, au château de Royallieu, près de Compiègne, ont séduit ses amies, des demi-mondaines qui fréquentaient le lieu. Balsan ne croit pas à un succès commercial.
N'ayant pas de formation technique, ni d'outils de fabrication, dans un premier temps Chanel achète ses formes de chapeaux dans les grands magasins puis les garnit elle-même, avant de les revendre. La nouveauté et l'élégance de son style font que, très vite, elle doit faire appel à sa cousine Adrienne et à sa sœur Antoinette pour la seconder. Ses créations de chapeaux, débarrassées des grandes plumes d'autruches ou autres froufrous volumineux, commencent à être appréciées pour leur simplicité et leur sophistication.

Ouverture des premières boutiques

Devenue la compagne de Boy Capel, Coco Chanel développe ses activités grâce à son aide. En 1910, son amant britannique lui prête les fonds nécessaires à l'achat d'une patente et à l'ouverture d'un salon de modiste au 21 rue Cambon à Paris, sous le nom de CHANEL MODES. À l’été 1913, alors que le couple séjourne à Deauville, Boy Capel loue une boutique entre le casino et l’hôtel Normandy. Comme à Paris, elle est modiste mais l’enseigne est changée en mentionnant son nom complet : GABRIELLE CHANEL ; la boutique connaît un succès certain. En 1915 à Biarritz, elle ouvre sa troisième boutique et première vraie maison de couture. Suivant son inspiration, elle raccourcit les jupes et supprime la taille. À l'instar de Paul Poiret qui supprima le corset en 1906, elle veut libérer le corps de la femme. Ses boutiques bénéficient de la clientèle de la société fortunée qui s’est repliée pendant la guerre dans ces deux stations balnéaires.

Naissance d'un style : la reine du genre pauvre

Dès 1915, l'étoffe manquant, elle taille des robes de sport à partir des maillots de garçons-d'écurie en jersey, ces tricots de corps pour les soldats, qu'elle a depuis longtemps adoptés. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel annonce cette silhouette neuve qui lui vaudra sa réputation. Pour s'y conformer, les femmes s'efforcent d'être maigres comme Coco, qui devient une des premières femmes aux cheveux courts à créer des vêtements simples et pratiques, s’inspirant d'une vie dynamique et sportive et jouant avec les codes féminins/masculins.
En 1916, elle utilise Adrienne comme mannequin à Deauville, qui est alors un lieu de villégiature à la mode. Elle-même s'y promène, testant ainsi sous les yeux d'aristocrates européennes, couvertes d'apparat et maintenues dans des corsets rigides, ses nouvelles tenues qui contrastent par leur simplicité et leur confort. La pénurie de tissus due à la Première Guerre mondiale, ainsi que le manque relatif de main-d'œuvre domestique ont créé de nouveaux besoins pour les femmes de ce milieu, et Chanel perçoit ces besoins. Elle achète à Rodier des pièces entières d'un jersey utilisé à l'époque uniquement pour les sous-vêtements masculins, et lance la marinière.
En 1918, immédiatement après la guerre, elle commence à édifier peu à peu l’une des maisons de couture les plus importantes de l’époque, qui emploie plus de 300 ouvrières, et rembourse enfin Boy Capel, refusant le statut de femme entretenue La guerre terminée, Boy doit prendre femme, selon les règles de l'aristocratie anglaise, et Chanel en éprouve une insupportable humiliation. Mais, comme sa mère, elle acceptera cette situation et continuera d'aimer Boy. La nuit du 22 décembre 1919, elle apprend qu'il s'est tué la veille au volant de son automobile. En perdant Capel, je perdais tout avouera-t-elle 50 ans plus tard.
La mort de son amant l'affecte profondément, et pour ne pas sombrer dans le chagrin Chanel se raccroche à son travail. Cette attitude sera payante, car le succès de ses modèles va grandissant et l'incite à développer encore sa maison.

Élève-décoratrice de José-Maria Sert

Après avoir habité sur les hauteurs de Garches une villa au crépi beige et aux volets noirs, couleurs qui auraient scandalisé ses voisins et qui devinrent ses couleurs fétiches en décoration, elle déménage et se rapproche de la rue Cambon. Chanel loue vers 1919 l'immense Hôtel de Rohan-Montbazon, 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré, édifié par Lassurance en 1719 pour la duchesse de Rohan-Montbazon, où elle installe un piano et quelques chaises. Trouvant les boiseries d'un vert passé couleur pois cassé — que le bail lui interdit de toucher — elle les fait recouvrir de grandes glaces. Le peintre et décorateur José Maria Sert et Misia, sa polonaise d'un désordre admirable, l'aident à meubler et décorer les pièces dans un genre baroque qu'elle adopta dans ses résidences successives : miroirs, paravents en laque de Coromandel, canapés en bois doré, lampes faites de boules inégales de cristal de Bohême, lustres à pampilles, potiches chinoises, reliures anciennes, girandoles et torses antiques sur les cheminées.
Misia Sert et Picasso y eurent leur chambre, Stravinski composa sur le piano du salon les danses andalouses Cuadro flamenco, et Diaghilev faisait répéter Garrotin, une naine danseuse venue de Séville, dans la salle à manger.

Le succès continue

Dès 1921 à Paris, à côté de la luxueuse place Vendôme, Coco Chanel annexe en quelques années les numéros 27, 29 et enfin 31 de la rue Cambon. Une adresse où se trouve aujourd'hui encore la célèbre maison de couture qui porte son nom. Elle dispose en outre de ses propres fabriques de tissus en Normandie et s'associe avec les propriétaires de la marque Bourjois — les frères Wertheimer — afin de diffuser commercialement ses parfums.
Ses liaisons masculines lui donnent souvent des motifs d’inspiration, c’est ainsi qu’elle crée des robes à motifs slaves lorsqu'elle a une liaison amoureuse avec le Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie, cousin du dernier tsar de Russie en exil qui lui aurait inspiré la forme du flacon de son célèbre N° 5 flasque de vodka des troupes russes. Elle est aussi la maîtresse du poète Pierre Reverdy, qui édite des aphorismes et citations de la couturière, avant que celui-ci de plus en plus mystique ne se retire à l'abbaye de Solesmes. Son amant Paul Iribe travaille pour elle en tant que créateur de meubles tandis que son ami François Hugo arrière-petit-fils de Victor Hugo lui dessine des faux bijoux notamment des boutons en métal.

Elle héberge Igor Stravinski et les siens pendant deux ans à Garches.

Plus tard, elle emprunte à son nouvel amant, le duc de Westminster, réputé l’homme le plus riche d’Angleterre, des éléments de costume masculin, comme le chandail, la pelisse, le béret de marin ou la veste en tweed. Elle les adapte ensuite à la panoplie vestimentaire féminine, qu’elle souhaite moderne et dynamique, alliant le confort à l’élégance.
Elle est l'une des premières à lancer la mode des cheveux courts, et s’oppose résolument à la sophistication prônée par Paul Poiret qui accusait Chanel de transformer les femmes en petites télégraphistes sous-alimentées. D'après la mini-série Coco Chanel, elle aurait répliqué en disant qu'elle ne voulait pas de femmes ayant l'air d’
esclaves échappées de leur harem, en se référant à la mode orientaliste de l'époque. Chanel privilégie une simplicité très étudiée, des tenues pratiques, comme le pyjama, à porter sur la plage comme en soirée ; les premiers pantalons, la jupe plissée courte, le tailleur orné de poches. Une mode qui s'inspire du vêtement de sport des lieux balnéaires golf, tennis, plage, nautisme. Elle propose des cardigans en maille jersey sur des jupes courtes, le tout surmonté d'un chapeau cloche. De même les robes de soirée taille basse s'arrêtant au-dessus du genou, que l'on peut associer aux danses charleston populaires entre 1925 et 1935.
En 1926, la célèbre petite robe noire couleur jusqu’alors exclusivement réservée au deuil, fourreau droit sans col à manches 3/4, tube noir en crêpe de Chine, correspondent parfaitement à la mode garçonne effaçant les formes du corps féminin. Maintes fois copiée, cette Ford signée Chanel faisant référence à la populaire voiture américaine, ainsi que devait la qualifier le magazine Vogue, deviendra un classique de la garde-robe féminine des années 1920 et 30.
Récusant le qualificatif de genre pauvre souvent accolé à ses créations, Chanel veut distinguer la sobriété du dépouillement : si la toilette féminine doit être simple, elle doit en revanche être agrémentée d’accessoires. Chanel recourt, par exemple, à de faux bijoux mêlant pierres semi-précieuses, strass et fausses perles, ainsi qu’à des bracelets ornés d’un motif croix de Malte, ou encore à des broches d’inspiration byzantine ou à motifs d’animaux, de fleurs ou de coquillages. Étienne de Beaumont, Paul Iribe et surtout, entre 1929 et 1937, Fulco di Verdura, ont donné à ces faux bijoux une identité reconnaissable.
En 1927, Gabrielle Chanel fait construire à Roquebrune-Cap-Martin une maison appelée La Pausa. Elle demande à l'architecte Robert Streitz de la dessiner en intégrant quelques éléments, l'escalier et le cloître, rappelant son enfance à l'orphelinat d'Aubazine. Elle la meuble essentiellement de mobilier anglais et espagnol du XVIe et XVIIe siècles. Elle y accueille le duc de Westminster, Jean Cocteau, Pierre Reverdy, Paul Iribe, Salvador Dalí, Luchino Visconti ; une partie de la maison a été recréée au Dallas Museum of Art lors de la donation de la collection Reves. Son mobilier est désormais conservé au Dallas Museum of Art.

Un cercle d'amis artistes

Misia Sert, rencontrée en 1919 chez son amie Cécile Sorel, sera la meilleure amie de Chanel pendant l'entre-deux-guerres. Misia tenait un salon où elle recevait l'élite culturelle et artistique de Paris ; elle a introduit Chanel dans ce milieu.
Égérie de nombreux peintres et musiciens du début du XXe siècle Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Odilon Redon et Auguste Renoir, Misia Sert se fait connaître dans le milieu artistique parisien par ses talents de pianiste (elle était élève de Fauré et par sa beauté. Elle fréquente Stéphane Mallarmé et Marcel Proust, puis Erik Satie, Colette, elle se lie avec Serge Diaghilev, Picasso, Cocteau et Serge Lifar et avec le secrétaire général du Quai d'Orsay Philippe Berthelot. Les journalistes la surnomment la Reine de Paris.
La proximité de Chanel avec les artistes a été constante. En 1924, elle réalise les costumes du Train Bleu, ballet de Bronislava Nijinska sur un livret de Cocteau et une partition de Darius Milhaud, créé par les Ballets russes de Serge Diaghilev. Elle était une personnalité du Tout-Paris, amie de Cocteau, pour lequel elle créera des costumes de scène : Œdipe roi 1937 et Antigone 1943. Elle soutint financièrement Serge Diaghilev dans le besoin et régla ses funérailles à l'île San Michele de Venise. Jeanne Toussaint est sa fidèle amie qui a toujours été là quand elle avait besoin.
Elle réalise également des costumes pour le cinéma, notamment, en 1939, pour La Règle du jeu de Jean Renoir. On lui prête, en suivant Misia Sert, une liaison amoureuse avec le poète Pierre Reverdy à la fin des années 1930.

L'Empire Chanel

Parallèlement, Chanel est la première couturière à lancer ses propres parfums. Avec l’aide de son parfumeur Ernest Beaux qui conçoit : N° 5 1921, qui connaîtra une célébrité mondiale, mais aussi No22 1922, Gardénia 1925, Bois des Îles 1926 et Cuir de Russie 1926. Pour diffuser internationalement son produit, Chanel fait appel à l'expérience commerciale des frères Pierre et Paul Wertheimer qui dès 1924 possèdent 70 % des parfums Chanel. Leurs descendants Alain et Gérard Wertheimer possèdent l'intégralité de la maison Chanel aujourd'hui.
De 1927 à 1944, Chanel séjourne régulièrement au château de Corbère-Abères dans le Béarn pour poursuivre son travail à l'aide de ses cousettes. Elle s’adaptera aux mutations des années 1930, au cours desquelles elle devra affronter à la fois les revendications sociales de ses ouvrières et l’étoile montante de la Haute Couture parisienne qu'était Elsa Schiaparelli. Privilégiant alors une silhouette plus épurée, Chanel présente notamment des robes du soir légères et transparentes en mousseline de soie, en tulle ou en laize de dentelle, le plus souvent dans des couleurs faussement neutres blanc, noir ou beige, parfois brodées de perles ou de strass. Comportant une combinaison cousue à l’intérieur, la coupe très simple de ces robes permet à la femme du monde de s’habiller sans l’assistance d’une domestique. Un peu plus tard, elle crée les premières robes à balconnet, puis en 1937, le style gitane.
Chanel ne se déplaçait jamais sans ses perles, et avait un goût très prononcé pour les bijoux. Dès 1924, elle ouvre un atelier de bijoux fantaisie. Étienne de Beaumont puis le duc Fulco de Verdura contribuent au développement des bijoux de la maison.
Mais c'est en 1932 que Gabrielle Chanel défraie à nouveau la chronique. À la demande de la Guilde internationale du diamant, Chanel crée Bijoux de Diamants, sa première collection de haute joaillerie. Les diamants sont montés sur platine, une extravagance après le krach de 1929.
En 1939, elle était alors à la tête d'une entreprise de 4 000 ouvrières qui fournissaient 28 000 commandes par an.

Occupation allemande et collaboration

À l’annonce de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, elle présente une collection « bleu-blanc-rouge » patriote puis ferme subitement sa maison de couture et licencie l'intégralité du personnel 4 000 ouvrières qui confectionnaient annuellement 25 000 modèles, les mettant toutes à la porte. Ainsi, cette annonce de la guerre donne à Chanel l'opportunité de représailles envers ses ouvrières qui, revendiquant de meilleurs salaires et conditions de travail, avaient osé arrêter le travail lors d'une grande grève nationale en 1936.
Chanel se consacre alors uniquement à son activité dans le domaine des parfums dont la boutique reste ouverte. Profitant de la confusion et des lois antisémites, elle tente de récupérer la marque de parfum N° 5, car la célèbre fragrance dont elle ne détient les droits qu’à hauteur de 10 % est en fait la propriété d'une famille juive, les Wertheimer.
Le 5 mai 1941, elle réclame aux autorités allemandes la propriété des Parfums Chanel, assurant qu'ils sont toujours la propriété de Juifs, et qu'ils ont été légalement abandonnés par leurs propriétaires les Wertheimer étant alors réfugiés aux États-Unis. Elle fait valoir un droit indiscutable de priorité, et demande réparation pour les préjudices subis pendant ces dix-sept années.
Cependant cette demande n'aboutira pas, Chanel ignorant que les Wertheimer, anticipant les lois nazies, ont fait passer légalement le contrôle des Parfums Chanel entre les mains de leur ami Félix Amiot, qui leur rendra après la guerre.
Ayant séjourné dans l'hôtel Ritz dès les années 1920, elle y loue une suite au troisième étage en 1937. Bien que l'hôtel réquisitionné soit devenu le quartier général de la Luftwaffe en 1940, elle dispose néanmoins d'une suite où elle vit durant la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1944 avec Hans Günther von Dincklage le baron Spatz. Cet ancien attaché d'ambassade allemand appartenait au renseignement militaire allemand, l'Abwehr, selon plusieurs sources, Edmonde Charles-Roux voyant plus en lui un agent d'influence mondain à Paris chargé de favoriser la collaboration. Ils auront une longue liaison amoureuse, qui se poursuivra après la fin de la guerre.
La biographie du journaliste Hal W. Vaughan , s'appuyant notamment sur des archives allemandes et du MI6 déclassifiées, révèle qu'elle fut recrutée comme espionne de l'Abwehr, devenant l'agent F-7124 sous le nom de code Westminster, en référence à son ancien amant le duc de Westminster, ce que confirme une fiche récemment déclassifiée des archives de la Préfecture de police de Paris, concernant Gabrielle Chanel et portant le même numéro d'agent et le même nom de code36. Chanel a été recrutée par le lieutenant Hermann Niebuhr qui l'a mise en relation avec le baron Louis de Vaufreland, ancien agent français de la Gestapo au Maroc et recruteur d'espions allemands, et l'a envoyée en mission en Espagne dès 1941.
En 1943, les Nazis tablant sur sa relation passée avec le duc de Westminster et son amitié avec Churchill, Chanel est chargée d'œuvrer en faveur de la conclusion d'une paix séparée entre l'Allemagne nazie et la Grande-Bretagne. Par l'intermédiaire de Walter Schellenberg, SS-Brigadeführer chef de la section espionnage du RSHA qu'elle rencontre à Berlin en avril 1943 et qu'elle aidera financièrement après son emprisonnement, et d'une amie membre de la famille Windsor, Vera Bate Lombardi, elle doit faire parvenir à Churchill une lettre qu'elle lui a rédigée, via l'ambassade de Grande-Bretagne à Madrid. L'opération baptisée Modellhut, Chapeau de couture en allemand échouera, car Lombardi dès son arrivée à Londres dénoncera Chanel et d'autres complices comme étant des espions nazis.
Hal Vaughansoutient également que Coco Chanel a été d’un antisémitisme féroce : mariée, dit-il, bien que Chanel ne l'ait pas épousé, il fut son amant vraisemblablement entre 1933 et 1935 à Paul Iribe, antisémite notoire, elle distinguait les Israélites comme les Rothschild qu'elle fréquentait et les youpins. Un ancien proche déclare à ce propos : Juif ou pas, elle s’en foutait. C’était une égocentrique qui n’avait aucune empathie pour le genre humain, qui méprisait les Allemands autant que les résistants et de Gaulle. Le groupe Chanel dément l'accusation d'antisémitisme, tout en reconnaissant une part de mystère chez sa fondatrice au sujet des révélations sur son passé.

L'après-guerre, l'exil en Suisse

En septembre 1944 à la Libération, Coco Chanel est brièvement interrogée par un comité d'épuration des Forces françaises de l'intérieur FFI mais relâchée deux heures après ; Winston Churchill, qu'elle connut en 1927 lors de sa liaison avec le duc de Westminster, serait intervenu en sa faveur. La réalité de ce point fait toujours débat, notamment sur le fait que Churchill aurait pu vouloir protéger certains hauts responsables britanniques, membres de l'élite ou de la famille royale, contre des témoignages de leurs sympathies et agissements pro-nazis lors d'un éventuel procès. Néanmoins, on peut souligner que les membres du comité d'épuration ne disposaient alors d'aucune des pièces ni des éléments concernant la collaboration de Chanel tels qu'ils sont connus aujourd'hui, ce qui peut expliquer leur décision.
Elle s'installe alors en Suisse, sur les hauts de Lausanne, au bord du lac Léman, où elle restera pendant 10 ans, tout en séjournant encore occasionnellement à Paris. Elle se fait soigner à la clinique Valmont, et l'on peut souvent la rencontrer au salon de thé Steffen, sur les hauts de Montreux, lieu de rencontre de nombreuses célébrités.
Pendant ce temps, à Paris, le « New Look » de Christian Dior fait fureur : taille de guêpe et seins « pigeonnants » obtenus par la pose d'un corset ou d'une guêpière. Elle est effondrée, tout son travail de libération du corps de la femme semblant alors réduit à néant.

Le retour à Paris, le triomphe du tailleur en tweed gansé

Pourtant, en 1954, âgée de 71 ans, Chanel accepte de rouvrir sa maison sur l'insistance de ses commanditaires, les frères Wertheimer — qu'elle tenta de déposséder pendant l'Occupation — qui comptent sur sa présence pour relancer la vente des parfums. Elle renoue avec la création mais sa première collection est mal accueillie, car elle s’inscrit à contre-courant du style de Christian Dior. Face aux balconnets et aux formes bouffantes qui font le succès de ce style après-guerre, Chanel veut imposer de nouveau des robes près du corps et une silhouette androgyne.
Le tailleur de tweed, complété par une blouse de soie, des chaussures bicolores et un sac matelassé à chaîne dorée — le 2.55 —, composent le nouveau style Chanel qui deviendra un classique, souvent copié.
Les vêtements Chanel sont portés par les actrices du moment, notamment Romy Schneider ou Jeanne Moreau dans Les Amants 1958 de Louis Malle, et Delphine Seyrig dans L'Année dernière à Marienbad 1961 d’Alain Resnais. Jackie Kennedy portait un tailleur Chanel rose lors de l'assassinat de son mari John F. Kennedy.
En 1957, elle reçoit à Dallas un Oscar de la mode. Marilyn Monroe contribue à cette consécration en affirmant qu'elle ne porte, la nuit, que quelques gouttes de N° 5.
À partir de 1954, la création de bijoux est confiée à Robert Goossens. Parallèlement, de nouveaux parfums sont créés sous l’impulsion d’Henri Robert, nouveau « nez » de la maison, qui lance Pour Monsieur 1955, N° 19 1970 et Cristalle 1974.
Chanel reçoit ses connaissances et clients dans l'appartement de deux pièces situé au deuxième étage de sa maison de couture, mais réside dans une suite de l'hôtel Ritz, situé à côté de la maison Chanel.
Les années soixante voient apparaître la mode de la minijupe, popularisée par Mary Quant et André Courrèges, mais Chanel s'y opposera et ne relèvera pas la jupe au-dessus du genou, car elle pense que les genoux sont laids. Elle ne touchera pas à son classique tailleur avec des jupes sous le genou, et restera insensible à la mode de l'époque et aux influences anglo-saxonnes véhiculées par la musique pop.
Les défilés de haute couture se déroulent dans les salons du 1er étage du 31, rue Cambon, où Chanel les suit assise sur les marches de l'escalier qui mène à l'étage supérieur, d'où elle observe les réactions de ses clientes par le biais des miroirs qui tapissent les parois de l'escalier.

Fin de carrière

Avec les événements de mai 1968, la vague hippie change la donne de la mode. Chanel affirmait que les modes n’étaient bonnes que lorsqu’elles descendaient dans la rue, et pas quand elles en venaient. Chanel devient tyrannique, s’enferme dans son monde fait d’essayages, de défilés, de mannequins et de courtisanes. Edmonde Charles-Roux écrit : Jamais Chanel n'aima avouer que son art de vivre était fait de recettes empruntées à Sert. La violence qu'elle apportait à le nier la dénonçait. À 80 ans passés, l'âge où sa rage d'imposture s'était développée jusqu'au délire.. Sèche et acariâtre, elle est très seule, accompagnée dans ses dernières années parfois par Jacques Chazot et surtout par sa confidente de longue date, Lilou Marquand. Elle déteste la jeunesse en minijupe ou en blue-jean, crache sur le féminisme. Elle souffre de blessures intimes jamais cicatrisées que masque mal sa réputation de « femme de fer » ne montrant pas son désespoir. Aimée de Heeren était une amie fidèle, avec laquelle elle partageait de bons souvenirs du duc Hugh Grosvenor.
Le 10 janvier 1971, à l'âge de 87 ans, elle meurt de vieillesse dans sa suite de l'hôtel Ritz à Paris. Elle est enterrée au cimetière du Bois-de-Vaux, section 9, à Lausanne en Suisse, dans une tombe qu'elle a elle-même dessinée, réalisée par Jacques Labrunie, mari de sa petite-nièce Gabrielle Palasse-Labrunie, sa seule descendante directe. Dans son testament rédigé le 11 octobre 1965, Chanel lègue sa fortune estimée par la presse à 10 millions de dollars de l'époque à la fondation Coga initiales de Coco et Gabrielle administrée par Gabrielle Palasse-Labrunie et des avocats suisses, chargée de verser des rentes à ses proches, ses employés ou des artistes.

Anecdotes

C'est Coco Chanel qui lança la mode des peaux bronzées, après un bronzage accidentel lors de ses vacances en mer du Nord, alors qu'avant les peaux claires étaient à la mode. À la fin de sa vie, elle reviendra sur cette mode en insistant sur l'aspect dangereux de trop fortes expositions au soleil.
Ses intimes la surnommaient « Mademoiselle ».
De 1955 à sa mort, elle se rendait à son travail presque quotidiennement vêtue d'un imperméable attaché à la taille qu'elle nommait « caoutchouc ».
Elle fait partie des cent personnalités les plus marquantes du xxe siècle, selon un classement du magazine Time réalisé en 1999.

Citations

« Si vous êtes née sans ailes, ne faites rien pour les empêcher de pousser. »
« C'est la solitude qui m'a trempé le caractère, que j'ai mauvais, bronzé l'âme, que j'ai fière, et le corps, que j'ai solide. »
« C'est avec ce qui ne s'apprend pas qu'on réussit. »
(propos que lui prête P.Morand dans "L'allure de Chanel", 1976
« Si une femme est mal habillée, on remarque sa robe mais si elle est impeccablement vêtue, c'est elle que l'on remarque »
« Je ne fais pas la mode, je suis la mode. »
« J’ai rendu au corps des femmes sa liberté ; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage. »
« Quand on me demande mon âge, je réponds : Après 50 ans, ça dépend des jours. »48
« La mode se démode, le style jamais. »
« Chanel est d'abord un style. La mode se démode. Le style, jamais. »
« Avec les accessoires, le plus important c’est de toujours enlever le dernier que l’on a ajouté. »
« Une femme sans parfum est une femme sans avenir. »

Postérité

Dans la boutique Chanel, 31 rue Cambon, un escalier Art déco escalier célèbre tapissé de centaine de miroirs et aux marches en moquette couleur beige-sable, gansées de cuir blanc mène à son appartement trois-pièces situé au second étage. Ce lieu se visite si l'on est bonne cliente ou journaliste. Resté tel qu’elle l’avait décoré, il est marqué par son opulence huit paravents de Coromandel sur pieds ou cloués au mur, tentures de soie recouvertes d'or, sofa en suède aux coussins matelassés et surpiqués préfigurant peut-être le sac 2.55 de Chanel, chaise de nourrice sur laquelle elle travailla toute sa vie, lustres aux pampilles en cristal de roche, quartz et améthyste, nombreux bibelots.

Cinématographie

1981 : Chanel solitaire est un film franco-britannique réalisé par George Kaczender
2008 : Coco Chanel est une télésuite en deux épisodes ; une coproduction européenne, dans laquelle Shirley MacLaine incarne la couturière de retour de Suisse, à 71 ans, et Barbora Bobulova campe Coco Chanel à partir de ses 18 ans.
2009 : Coco avant Chanel, film réalisé par Anne Fontaine. Audrey Tautou interprète la jeune Coco Chanel.
2009 : Coco Chanel et Igor Stravinsky, film réalisé par Jan Kounen, avec Anna Mouglalis qui interprète Mademoiselle Chanel, relate sa relation amoureuse avec le compositeur Igor Stravinsky à la même période que la création de son Sacre du printemps.
2013 : Once Upon a Time…, court-métrage en noir et blanc réalisé par Karl Lagerfeld à la Cité du Cinéma de Luc Besson avec Keira Knightley dans le rôle de Coco Chanel disponible sur le site internet de la Maison Chanel.

Comédie musicale

Coco est une comédie musicale américaine de Michael Benthall.

Romans

Coco Chanel et Igor Stravinsky est un roman de Chris Greenhalgh paru en 2003.
L'Évangile selon Coco Chanel : leçons de vie de la femme du monde plus élégante est un roman de Karen Karbo paru en 2009.

Posté le : 09/01/2016 22:49
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Re: Défi du 9 janvier 2016
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Chère Delphine,
Chères Loréennes et chers Loréens,

Comme j'en avais l'intention, j'ai voulu redorer le blason de la gourmandise, avec humour, du moins je l'espère, sans prétentions.
Voici donc la petite oeuvre impromptue que j'ai intitulée : "Faut-il douter que la gourmandise soit une vertu?"

Je vous en souhaite bonne lecture :

En cet équipage vous me voyez meurtri,
Ignorer la gourmandise, j’en suis surpris,
Et la considérer comme un vilain défaut,
Ma volonté d’en découdre est prise d’assaut.
Comme bourguignon, je lui élève un autel
Pour chasser tous ceux qui contre elle forme un cartel.

La gourmandise, un défaut, mais quelle bêtise,
Alors que sa fréquentation nous est exquise.
Elle vous conduira à tant de raffinements,
Je vous l’accorde, avec un risque d’abonnement,
Mais, en convive fidèle, vous serez sous son charme.
Sans abus, vous n’aurez pas à tirer l’alarme.
Vous savourez les arômes boisés d’un vin
Et un gibier aux endives, en ballotin.
Vous dégustez des grenadins de veau au madère,
Servi avec un grand rouge à sa robe altière.
Parmi les convives qui mangent avec envie,
Vous faites en leur compagnie l’éloge de la vie.
Reviennent en vous les souvenirs de votre enfance,
Les saveurs que vous y aimiez en abondance.

La gourmandise serait un péché capital,
Mais nenni, fuyons ce concept occidental,
Il ne s’agit que d’un acte d’amour sincère,
Charitable, au service de la bonne chère.
Croyez moi, elle est une vertu cardinale,
Nous ouvrant la voie à de belles bacchanales.
Je vous l’assure, les péchés seraient bien ailleurs.
Ainsi, manger des pommes de terre sans chaleur,
En gourmet avare, avec un appétit d’oiseau.
Etre un gourmet paresseux, au bord d’un ruisseau,
Avalant une banane et bien d’autres fruits.
Ou l’envieux qui dans l’assiette d’un autre s’introduit !
A tant faire que de pécher, autant le faire bien,
Devenons un gourmet courageux mais stoïcien.
Le foie gras et le saumon vous enchanteront.
Quelques beaux crustacés vous émerveilleront.
Vous appréciez un pavé de biche aux girolles,
Vous êtes disposés à chanter une barcarolle,
Après quelques gorgées d’un Volnay élégant.
Je veux vous le dire sans mettre des gants :
Dire que la gourmandise est un vil péché
Est un dire qui ne doit plus être prêché.

En compagnie de notre amie la gourmandise,
Nous développons une affection dans la franchise,
Avec celles et ceux qui partagent notre table,
Plus indissoluble que celle d’un amour stable.
La finesse des plats aux fumets si sauvages
Et la subtilité des saveurs, de bon présage,
Nous conduisent à des sensations vraiment divines
Que la sensualité de l’âme avoisine.
Mes ami(e)s, que vos papilles soient en alerte
Devant les mets dressés sur une table ouverte.
Qu’elles opèrent le sésame de la jouissance
Au contact des gigots, des volailles, des gibiers.
Que les vins que vous aimez d’ici et d’ailleurs
Fassent ruisseler en vous des plaisirs en couleurs.
Et n’allez dire que c’est une nouveauté ;
La gourmandise fait l’éloge de la beauté.
Assurément, elle mérite une ovation,
Et de ne pas être livré à l’abandon.
Et n’allez pas me dire le contraire, voyons !

Lorsque d’ici bas je devrai quitter mon land,
Je veux m’en aller de cette terre en gourmand
Et saluer le monde au milieu de friands,
ET pouvoir dire un verre de Bourgogne à a main :
Je te salue la gourmandise avec entrain,
Heureux de t’avoir servi comme un suzerain.

Je vous souhaite un bon dimanche.

Amitiés de Bourgogne, bien sûr.

Jacques

Posté le : 09/01/2016 21:59
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Re: Parution de mon premier recueil
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Clap clap clap, si tu savais combien cela me fait plaisir.!!
Vraiment bravo, c'est une si belle nouvelle. Je suis très contente.
Après le 1 j'espère que nous découvrirons le N°2

Posté le : 09/01/2016 21:47
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Re: Défi du 9 janvier 2016
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Hantise

Postée à la fenêtre de ma chambre, je regarde le soleil se lever et éclairer les immeubles gris de ma cité. La nuit fut longue à nouveau. Je me suis pourtant couchée dans le lit défait. Les yeux rivés au plafond, j’ai cogité, ressassé, imaginé mais pas dormi ni rêvé.
Par habitude, je me rends dans la cuisine, ou plutôt, je m’y traîne, les pieds de plomb. La boîte de café trône, ouverte, sur le plan de travail. Je me penche au-dessus de celle-ci et hume cette odeur qui m’a toujours rappelé mon enfance chez mes grands-parents, grands amateurs de pur arabica. Ce n’est pas cette odeur caractéristique mais le souvenir de cette dernière qui me fait sourire. En effet, mon odorat n’est plus.
Dans la boîte à pain béante, un pain au chocolat me nargue. Il doit être rassis maintenant, depuis le temps qu’il se morfond d’être mordu goulûment. Je passe devant le frigo et me demande dans quel état doivent être les aliments à l’intérieur. Ma laitue ne doit plus être qu’une flaque verte et mon camembert, un nid de vers blancs. Beurk ! Je grimace en continuant mon chemin.
Je traverse la salle à manger. Le dressoir est recouvert d’une épaisse couche de poussière. Qu’aurait pensé ma mère ? Elle, ménagère irréprochable, qui a usé son existence à récurer tous les recoins de sa maison. Le parquet ciré nous renvoyait notre reflet, tel un miroir et on aurait pu manger sur la lunette des toilettes tellement elle était désinfectée.
Finalement, me voici dans le salon. Je tourne la tête en direction du canapé et sursaute. Depuis le temps, je devrais pourtant être habituée. Et bien, non ! Je ne peux me résoudre à voir chaque jour mon corps inerte, allongé là, en plus dans une position un peu étrange. En effet, les jambes et le buste sont sur le sofa mais la tête pend, à l’envers, et les bras sont sur le sol. L’expression de mon visage est ridicule car j’ai les yeux exorbités et la langue sortie.
Que s’est-il passé ? Il me faut de plus en plus de concentration pour me remémorer ce matin-là. En voyant le bol qui trône sur la table du salon, je me rappelle maintenant. La veille, j’avais fait les courses et je m’étais acheté un grand sachet de M&M’s aux cacahuètes, dont j’ai vidé le contenu dans un bocal.
Ce matin-là donc, j’avais un peu la flemme. Cela m’arrivait souvent le week-end. En effet, désespérément à la recherche d’un job depuis des mois, je me rendais compte que les samedis et dimanches ressemblaient aux autres jours de la semaine. J’avais donc décidé de lire, affalée dans le canapé du salon, avant de prendre mon petit-déjeuner. J’ai ouvert le bocal et en ai extrait quelques bonbons que j’ai avalés rapidement. Le dernier dans la main, j’ai eu envie de m’amuser. Je l’ai lancé au-dessus de moi, très haut, puis je l’ai rattrapé dans la bouche.
Le seul problème est que le M&M’s s’est coincé dans ma gorge. Je ne parvenais plus à respirer. J’ai bien tenté de tousser, je me suis frappé la poitrine avec force. Ensuite, j’ai tenté la position « tête en bas », qui n’a pas apporté la libération espérée. Et finalement, j’ai trépassé en silence.
Depuis lors, j’erre dans mon appartement, constatant chaque jour un peu plus les ravages de la putréfaction. Heureusement que je ne sente plus rien ! Aujourd’hui, les premiers vers sortent de mon nez. Il y aura bien un moment où quelqu’un s’inquiétera plus de l’odeur que de mon sort. C’est mon seul espoir de pouvoir être libérée de cette prison. Il faut que quelqu’un sache !
Soudain, j’entends du raffut dans l’entrée. On sonne, on frappe, on crie mon nom. Du moins, je crois que c’était le mien. De petits bruits dans la serrure et la porte s’ouvre. Des hommes en uniforme bleu entrent. Je les vois faire la grimace avant de se pincer le nez et avancer précipitamment à travers toutes les pièces jusqu’à ce qu’ils le trouvent. Mon corps est là, mon regard les dévisage et ma bouche leur tire la langue comme si elle voulait leur crier : « Trop tard ! ».
Un policier s’approche, pose sa main sur ce qui fut mes yeux bleus et les referme enfin, à jamais. Je me sens soudain légère, vaporeuse et surtout libre ! Adieu monde cruel qui tue ses habitants à coup de cacahuètes multicolores.

Posté le : 09/01/2016 19:24
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Re: comment suprimer son compte
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Si tu ne l'alimentes plus ton compte restera en sommeil pendant que tu iras chasser tes fautes; et même tu pourras mettre deux " p " à supprimer.
Bon courage.

Posté le : 09/01/2016 19:12

Edité par Loriane sur 10-01-2016 23:46:17
Edité par Loriane sur 11-01-2016 08:59:21
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Posté le : 09/01/2016 17:18
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Re: Défi du 9 janvier 2016
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Mes amis,

Vous me voyez ravie de votre engouement à répondre à ce défi avec gourmandise. Vos plumes sont affûtées comme des épées prêtes à donner le change.

À bientôt donc.

Couscous

Posté le : 09/01/2016 12:40
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Parution de mon premier recueil
Plume d'Or
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Parait aux éditions jets d'encre, ce mois-ci, mon premier recueil de poésies ( poésie des jours ) ; Il s'agit de certains poèmes de mes débuts à l'orée, jusqu'au printemps 2015.
Merci de l'intérêt que vous porterez à ces premiers pas.
Amitiés,
Louis.

Posté le : 09/01/2016 12:11
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Parait ce mois de janvier, mon premier recueil de poésie ( Poésie des jours ) aux éditions jets d'encre, au prix de 13 euros 50.
Il s'agit de la reprise de certains poèmes de mon début à l'orée, jusqu'au printemps 2015.

Posté le : 09/01/2016 12:07
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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