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Re: Les lettres d'amour dans la littérature
Plume d'Argent
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Jusqu'à l'an passé, le magazine Nous Deux, par le biais du courrier d'Elise, organisait un concours de la plus belle lettre d'amour. Je ne sais pas si ça existe encore. Mais la lettre d'amour est un genre qui visiblement plait beaucoup.

Posté le : 28/05/2012 10:00
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Les lettres d'amour dans la littérature
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Les lettres d'amour dans la littérature

introduction "Les lettres d'amour" (fanzine 2011)

Introduction

D’une folie à l'autre...
Et puisque que l'amour nous aliène, que la folie d'amour bien souvent nous agite, et puisque nos esprits vacillent d'une passion à l'autre, c'est tout naturellement qu'après s'être intéressés à la place de l'aliénation dans la littérature, nous parlerons de l’espace occupé, toujours dans la littérature, par l'amour dans sa forme épistolaire.

Ces jolies lettres d'amours, ces tendres billets parfumés, ces trophées enrubannées et gardés en secrets dans un coffret ou une simple boite, depuis quand et pourquoi les écrivons-nous ?
Pourquoi, Qui s'est adonné, et qui s'adonne encore à cet élégant usage ?
Que confions-nous de nous, de nos aspirations et de nos émotions profondes dans ces lettres au caractère sacré ?

Comment encore parler d'amour, après tant de passions littéraires, après des siècles d'hommages rendus à ce sentiment étrange qui nous transforme et nous anime ?

Mais aussi, que reste -t-il de ce besoin de romantisme, de lyrisme et de cette poésie qui nous transcende à l'heure des SMS et des modestes textos ?
Et enfin et surtout, comment trouver les mots et dire sa tendresse sans mettre nos aveux dans ceux des si nombreux talents qui nous ont précédés ?

Ce sont là autant de questions que nous pouvons nous poser lorsqu'il est question de nos émois amoureux, ce sont autant de mystères que nous confions avec ou sans pudeur à nos plumes plus ou moins exercées et habiles.


Aimer et l'écrire semble donc, pour l'amoureux qui s'essaye à le proclamer, être toujours, une première fois, un événement unique qui ne craint de ce fait aucune comparaison, et qui est une irrésistible envolée indifférente aux regards des autres, un message toujours original qui reste donc un juste et libre élan d'amour.)

Lydia Maleville



Edito et conclusion :

Depuis les lettres mal tracées du compliment enfantin à l'hommage éternel sculpté dans le marbre des cimetières, les mots ont toujours porté nos amours.
Depuis les premiers dessins tracés sur la pierre, sur les parois, sur les os enfouis encore dans les cavernes, depuis ces signes qui nous parlent des amours primitives, jusqu'aux textos, sur l'écran du dernier smartphone, exploit de la technique, nos amours nous poussent toujours à laisser un message tangible, une trace à tout jamais concrète de nos épanchements tendres ou passionnels.

Écrire notre amour au bien aimé c'est probablement tout d'abord rendre réel, donner une existence concrète à un sentiment souvent occulte, c'est lui donner une forme et une authenticité, c'est extraire de soi un mystère qui deviendra alors visible pour enfin se révéler et exister aux yeux de l'être aimé.
Les serments ne sauraient se suffire de mots susurrés, ils ont besoin d’être matérialisés pour que s’anime leur essence. Ainsi le pacte d'amour prendra sa puissance une fois gravé sur un arbre, sur un mur, sous une image, sur un parchemin, parfois sur notre peau, sur un anneau, un bijou, sur un support dont la valeur sera le garant qui attestera de la pleine réalité de ce précieux message.

Mais écrire notre amour au bien aimé c'est aussi et surtout habiller cette ferveur de ces plus beaux atouts.
Pour offrir ce don de soi, cette panacée contre les tourments d'amour que sont les mots les plus délicieux, sur un papier choisi avec soin pour habiller ses vers, ses lettres d'éternité, les phrases de tous les jours n'ont plus cours.
La lettre d'amour est un hommage à la beauté des sentiments qui devra s'exprimer avec luxe, le compliment d'amour est un mets de roi qui se sert avec l'argenterie des grandes fêtes.
Il est stupéfiant de voir l'ingéniosité et l'éternel renouvellement de cet exercice que les êtres humains pratiquent depuis des millénaires.
Les plus grands s'y sont essayé et nous ont offert des merveilles qui ornent la littérature dans toutes les langues et sous toutes les latitudes.

Nos rois Louis XII, Henri IV, Louis XIV, Louis XV... nos poètes (Georges Sand, Victor Hugo, Musset ...) bien sûr mais également nos militaires (Napoléon Bonaparte) et nos musiciens (Chopin, Brahms, Mozart, Beethoven)... et tant, tant d'autres se sont consacrés à cet art de la lettre d'amour.
Pour les reines, les rois, les vedettes de cinéma ou encore les divers écrivains, mais aussi pour le simple galant ou la modeste galante qui appellera à l'aide l'écrivain public pour joliment déclarer sa flamme, dans cette voluptueusement ronde, toutes les histoires d'amour se suivent et ne se ressemblent pas.

Certains couples d'amoureux ont marqué l’Histoire, et si certaines romances se sont déroulées sous de bons auspices, d'autres en revanche se sont achevées tragiquement.
C'est le cas de la destinée mortelle de Roméo et Juliette.
Le drame de leur inclination impossible et contrariée a inspiré les talents d'écriture des amants de tous temps et c'est ainsi que l'on peut voir aujourd'hui à Vérone des murs entiers couverts d'une multitude de billets doux adressés par les grands amoureux de l'amour, à leur bien-aimé (e), sous le patronage des deux héros de Shakespeare devenus les icônes éternelles de la passion.
La littérature garde comme un fleuron les étoiles épistolaires nées des belles amours de nos amoureux célèbres, que sont Héloïse et Abélard, Paul et Virginie, Tristan et Iseult, et bien sûr Roméo et Juliette pour les plus connus.
Mais aussi plus près de nous : Aragon et Elsa Triolet, Sartre et Simone de Beauvoir, Malraux et Louise de Vilmorin, Edith Piaf et Marcel Cerdan, et bien d'autres encore qui nous ont laissé des correspondances enflammées et éblouissantes...
C'est certainement pourquoi Jean-Marie Poupart dans "Le diable emporte le titre" écrit :

-"Un amour sans lettre d'amour ça ne se peut pas."

Alors que Raymond Radiguet (extrait de son roman "Le diable au corps"), lui, affirme et prétend :

-"Aucun genre épistolaire n'est moins difficile que la lettre d'amour : il n'y est besoin que d'amour."

Avons-nous tout dit sur nos épanchements et nos attachements ?
Pouvons-nous encore prêter vie à nos tendres inspirations, les petits Cupidons dodus, peuvent-ils encore nous décocher des flèches sur un joli papier fleuri, rose ou bleu sans risquer des railleries, ont-ils encore le droit de citer sans être moqués, n'est-ce point trop démodé ?
Avons-nous épuisé le sujet, sa source s'est-elle tarie ?

Il est vrai qu'il est inouï que nous puissions encore parler d'amour sans recourir à des lieux communs si souvent usés.
Comment se renouveler, peut-on à l'heure du fax, des sms, des textos et des mails parler encore d'amour ?
Mais oui, oui, bien évidemment, tout à fait, car si, et c'est indéniable, le support lui est différent, l'ardeur amoureuse, elle, reste si ingénieuse et libre qu'elle allume encore de ses feux la même beauté, ce même désir d'honorer la personne aimée avec grâce pour lui avouer son adoration.

Nous savons, il est vrai, que dans un passé même récent, la lettre d'amour pour recevoir son titre de noblesse ne se concevait pas sans un certain décorum, qu'elle devait être écrite et offerte de la main aimante, et qu'il peut-être légitime de craindre que la technique, réputée froide, si peu humaine et peu propice à l'émotion puisse stériliser les sentiments.
Écrivons-nous des lettres d'amour aussi émouvantes, aussi intimes et personnelles avec un clavier, sur un écran, un mobile, une tablette ? Quelle est la véritable valeur des mots envoyés ensuite par mail ?

Il faut reconnaître qu’avec l'ère du numérique nous voyons la forme du message changer, la lettre d'amour peut s'embellir d’artifices graphiques, des couleurs, des choix de calligraphies variées et aussi de charmantes illustrations. Chacun peut s'approprier le système numérique pour revêtir sa missive du savoir-faire de l'artiste.
Avec habilité et un minimum de maîtrise il sera possible, à chaque cœur épris, de déclarer sa flamme, de rivaliser d'élégance et de lyrisme avec les plus fameux romantiques du passé, il sera à sa demande, servi par de fidèles logiciels, le plus fameux des scribes; il sera le rival de Michel-Ange, ou Picasso, il pourra honorer et dire en esthète sa volupté si tel est son bon désir.

En résumé, pour dire encore et toujours "je t'aime" et si nous laissons parfois les mots d'hier pour ceux, plus prosaïques, d'aujourd'hui quelque soit la forme empruntée, nous voyons que ce sentiment ardent de la passion est une inspiration profonde, une nécessité incontournable inscrite dans notre humanité.
Le besoin d'aimer, de le dire , de le partager, de l'écrire est un ce sentiment essentiel, universel.
Nous aimerons, donc, indéfiniment avec fougue ou tendresse, nous l'écrirons longtemps, à tout jamais, nous ferons encore, et encore rimer amour et toujours, car le besoin d'aimer lui, est perpétuel, est intemporel.

Loriane Lydia Malevillle


Posté le : 27/05/2012 12:49
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C'est fou (suite de la folie dans la littérature)
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C'est fou (suite de la folie dans la littérature)
C'est fou !

Mais c'est de la folie! Ils sont fous ces romains!
Disait Astérix, et, à le lire on peut avoir le fou rire, car c'est fou comme on peut le trouver drôle et l' aimer à la folie.
Arrête de faire le fou ! disait maman, regarde ta tête, tu fais des grimaces on croirait un fou, tu vas me rendre folle de colère, en criant comme un fou, j'ai eu le fol espoir que tu ne cours pas à cette vitesse folle.
Allez soyons fou et aimons rire à en perdre la tête, aimons nos fou-rires.
Coluche en faisait sa profession de foi : « je suis l'andouille qui fait l'imbécile ».
Il avait repris ainsi, la tradition du bouffon du roi, et nous rendait fou de rire en dénonçant les folies de nos gouvernants.
La folie, nous accompagne toute notre vie, la perte de notre esprit et la crainte de perdre son contrôle est obsédante, car notre cerveau et son fonctionnement sont la bouteille à l'encre, le continent noir de notre humanité.
A fou, fou et demi, mais pas si fous que cela, les puissants de ce monde, tels les rois de France, ont su garder auprès d'eux, le bouffon, personnage symptomatique, la folie bavarde, contre pouvoir autorisé qui rendait supportable le carcan de leur autorité suprême.
Ce fou du roi, ce bouffon, était la porte de la liberté .
L'antidote de la rigidité de nos conventions sociales et de la nécessité morale qui nous freinent, et nous enferment, pour souvent stériliser nos imaginations.
Le fou du roi est le chantre de la liberté retrouvée, de l'esprit qui ne craint pas de s'aventurer sur les chemins de la déraison.
Il a le même statut que l'artiste, d'hier et d'aujourd'hui, qui expérimente et qui par sa création explore des univers qui ne se réfèrent pas obligatoirement à quelque chose d'existant.
En sortant du tangible, du concret et en échappant aux règles, l'artiste qui possède le génie, est hors de la sphère humaine et fréquente comme le fou du roi, les frontières de la folie.
C'est fou !, vraiment j'aime follement, oh, c'est vraiment dément ! disons nous devant la toile exposée, l'oeuvre nous dévoile un continuum inquiétant, hors de notre quotidien.
C'est fou, quelle esprit à conçu ça ?
Dans quel espace sommes nous ?
Quel univers étrange !?
Univers que nous allons qualifier de fou, parce qu'il nous est inconnu, non atteignable à notre analyse réglementée, que nous disons "normale".
Notre angoisse d'égarer notre jugement et de se diluer dans la folie nous fascine et nous restons captivés devant les troubles et les hallucinations, les délires, toutes ces épouvantables dérèglements dont nous avons une peur "folle", c'est fou!
Pour échapper à ce gouffre menaçant qu'est la folie, nous utilisons trop souvent des trucs de fou, qui nous font menés une vie de fou, avec des comportements déments, oui vraiment c'est dingue !
Ainsi nous conjurons nos peurs en introduisons la démence dans le langage quotidien, nous lui ouvrons la petite porte pour s'assurer qu'elle ne rentrera pas en nous par la grande porte.
Un monde fou se persuade que nous ne pouvons être fou à lier, tant que cette folie redoutée reste un simple vocable prononcé à volonté chaque jour sans raison, comme un illusoire garde-fou.

Vive les fêlés car ils laissent passer la lumière
(Michel Audiard)


Lydia Maleville

Liste non exhaustive :

Vive les dingues, les timbrés, les fêlés, les dérangés, les mabouls, les malades, les égarés, les tarés, les branquignoles, les dingos, les aliénés, les braques, les détraqués, les énergumènes, les écervelés, les désaxés, les imbéciles, les échappés, les brindezingues, les bizarres, les locos; les barjos , les cintrés, les obsessionnels, les marteaux, les givrés, les jobards, les loufs, les siphonés; les piqués, les pervers, les allumés, les fondus, les fous furieux, les abrutis, les azimutés, les biscornus, les toqués, les fadas, les tordus, les crétins, les chtarbés, les abîmés, les farfelus, les idiots,
les jetés, les frappés, les sots, les affolés, les atteints, les furieux, les hystériques, les impossibles, les enragés, les mélancoliques, les internés, les névrosés, les loufdingues, les cinglés, les branques, les délirants, les déséquilibrés, les dangereux, les piqués, les mordus, les égarés, les obsédés, les maniaques, les inconscients, les fanatiques, les exaltés, les crétins, les aberrants, les anormaux, les frénétiques,les désaxés, les givrés, les originalités, les incoercibles, les hagards, les foufous, les dangereux, les atteints, les déréglés, les zinzins, les dérangés, les idolâtres, les malades mentaux, les psychopathes, les psychosés, les infatués, les maniaques, les détraqués, les forcenés, les immenses, les absurdes, les fantasques, les phobiques, les timbrés, les folâtres, les hallucinés, les paranos, les stupides, les désespérés, les risqués, les loufoques, les sinoques, les risibles, les pétés, les violents, les siphonnés, les inconscients, les lunatiques, les écervelés, les insanes, les sonnés, les frappés, les simplets, les nouilles, les ânes, les nigauds, les gourdes, les encombrés, les patates, les pas-finis, les pas-frais, les cloches, les bécasses, les andouilles, les nigauds….....


Lydia Maleville


Posté le : 27/05/2012 12:45
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La folie dans la littérature
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La folie dans la littérature


La folie dans la littérature introduction : Une naissance est toujours un instant de bonheur, une promesse de vie, aussi nous sommes particulièrement heureux de vous présenter la venue de notre premier fanzine. Pour ce premier numéro, le thème choisi est un sujet qui donne à penser depuis la naissance de l'homme sur notre planète puisqu'il est question dans ce premier numéro de la Folie, de la démence, sous toutes ses formes qui comme vous le savez sont multiples. Nous savons que l'existence de chacun n'avance pas en ligne droite et que nos esprits nous trahissent souvent ce qui fit dire à Saint Augustin " Questio mihi factus sum", "je suis devenu question pour moi-même". Nous essaierons de voir comment la folie s'exprime dans la littérature, comment depuis la possession démoniaque, aux poètes maudits, nous avons eu la raison qui chancelle et vacille et comment ces perceptions erronées et personnelles furent souvent des actes créateurs. Beaucoup d'entre nous ont répondu au concours de poésie et au concours de nouvelles et nous découvrirons dans ce fanzine les textes sélectionnés et récompensés par l'équipe d' OR. Bonne lecture à tous et longue vie à notre Fanzine LM
La folie dans la littérature

"D'abord fut le verbe" … Nous disent les textes anciens, qui si, ils ne peuvent être regardés comme des livres d'histoire, nous enseignent malgré tout, la pensée de notre espèce à son origine.
Le mot, le langage est l'acquisition suprême qui nous relit les uns autres par la communication, c'est le lien qui ouvre la porte à l'apprentissage et construit les connexions de nos cerveaux pour nous doter en définitive, de l'outil magique de l'intelligence.
Or, cette intelligence comme tous les bijoux et comme tous les trésors du monde est sujette, par sa fragilité, à des altérations dommageables.
La folie nous a toujours intrigué, et même disons plus justement, très fortement angoissés. Il faut noter sur ce sujet que le sens donné à la folie varie d'une société à l'autre, d'une époque à l'autre..
Cet attribut dérangeant ne souffre donc pas d'une description uniforme, d'une définition universelle.
Nous savons que dans des époques plus anciennes, avant l'ère moderne, dans tous les pays, les humains, en l'absence de connaissances précises qui auraient permis des explications rationnelles, se tournaient vers l'imaginaire et le fantastique pour percer l'origine des comportements déviants.
Alors que nos sociétés occidentales étaient fondées essentiellement autour de structures rurales, et donc principalement paysannes, toutes explications prenaient sens et s' articulaient autour des religions animistes.
Les racines du mal appartenaient aux croyances sociales et étaient tout naturellement d'origines fantasmagoriques.
C'est ainsi que longtemps, celui qui échappait aux normes était "le fol", "le lunatique", "le fada", c'est à dire celui qui est touché par les fées.
La place du "fou", ou prétendu comme tel, dans ces temps, était toujours liée aux superstitions et aux peurs de l'enfer mais aussi des divers dieux, croyances et religions et par là même était déterminée et prenait place dans un panthéon propre à chaque peuple.
Ainsi « les fous » pouvaient être traités, soit comme des bêtes sauvages, soit comme des Dieux intouchables, selon la communauté à laquelle il appartenait.
Puis l'ère moderne appuyée sur les sciences et les connaissances en développement les vit disparaitre « le fou », qui furent alors qualifié de "malade mental".
Notons que ce glissement vers une explication pathologique n'est pas uniforme sur notre planète et que donc, dans les pays sans psychiatres la folie n'est toujours pas une maladie.
L'infinie diversité, la graduation souvent insaisissable des dérèglements des affections, et notre incapacité à les reconnaître et surtout à les comprendre, tout comme notre impuissance à l'endiguer, fait de la folie, aux yeux de l'humanité, un monstre aux têtes multiples qui menace chacun de nous.
La folie, expression de la peur de nos peurs, s'exprime et sous-tend, souvent en filigrane, notre profonde angoisse atavique de notre mort, cet effroi rejeté, fortement occulté, qui engendre les religions, les mythes, les croyances et aussi, mais notamment l'expression sublimée qui transcende et inhibe cette souterraine terreur : les arts.
Les arts, ce langage divin, manifestation suprême, défouloir, catalyseur, car c 'est bien évidemment dans ceux ci, dans ce cri d'amour à la vie, dans ce ravissement du beau qui nous approche du sens de Dieu, qui nous ravit, (dans son sens premier), pour échapper à notre dépendance à la chair. C'est ainsi que nous quittons les rivages de nos épouvantables effrois pour lever les yeux et parler, en nos traces laissées sur terre, avec le Divin, l'inaccessible que nous voulons atteindre et rejoindre.
Et bien naturellement, je place avant toute perfection, la littérature, qui est selon moi, une de ces échelles de Jacob, qui nous lie à l'idée de Dieu.
C'est même, à mon sens le premier des arts, qui pour moi les contient tous, et nous permet d'aborder les sciences de la connaissance, art porteur d'amour, mais aussi capable de faire chanter les mots, et donner à nos oreilles leur musique, faire danser, rythmer en créant les images. La littérature nous fait peintres, plus ou moins habiles, soit mais nous voici tous créateurs et le désir d'être est alors satisfait.
Si la littérature est la porte de notre spiritualité et nous élève c'est aussi qu'elle est pour l'écrivain, le descripteur, le décodeur des perceptions et passions indescriptibles, de nos sensations indicibles ce monde obscur, des pensées qui nous effraient et pourraient nous détruire.
Et, c'est donc tout naturellement que comme tous les arts la littérature devient tout spécialement le catalyseur, elle est cette arche d'alliance entre l' univers insaisissable et nous même, pour autant qu'elle nous permet de transcender notre mal être pour le neutraliser.
Ainsi nous parlons à Dieu, nous sommes Dieu, la littérature permet à chacun, de défaire notre souffrance mentale pour accéder à notre spiritualité.
Elle est le lieu des rencontres du ressenti, elle est la cheminée magique d'où les âmes malades ou non, s'échappent vers l'immensité et accèdent à notre éternité.

Pour ses raisons diverses, nombreux sont ceux, qui se sont un jour penchés sur la folie littéraire, et qui ont examiné, analysé, les relations et les évidentes passerelles entre la folie artistique et l'acte de création.

Un institut fut même crée qui s'intéressa à la vie mouvementée des créateurs et des romanciers, ainsi que des poètes.
Notre époque qui pense devoir tout planifier veut maintenant régner sur les esprits et imposer le politiquement correct, la pensée unique. Ces règles se révèleront dangereuses par leur effet stérilisateur, elles sont la ruine de la fantaisie et du délire créateur. Notre époque régressive ne voudrait donc plus que des " écrits vains".
Ferons nous fi de nos fleurons de l'écriture qui flirtaient avec la démence et nous ont offert des bijoux inaltérables ?
Aurions-nous internés, mis dans un nid de coucou, les pensionnaires de la maison du Dr Blanche à Pigalle ? Baudelaire ? Gérard De Nerval, Guy De Maupassant, Gounod, Van Gogh.... ?

Nous devons tant, aux crises hallucinatoires de Rimbaud, aux souffrances de Gérard De Nerval, aux angoisses de Cocteau, aux phases maniaco-dépressives de Goethe; tout autant qu’aux tendances suicidaires de Virginia Wolf, à l'obsession sanglante de Yukio Mishida; aux perceptions "borderlines", comme nous le disons aujourd'hui, du si grand Gogol et au tout aussi magistral TolstoÏ. Celui-ci nous auraient-il laissé le magnifique « livre d'un fou » ?
En revanche, nous nous devons à la prudence et nous ne pouvons tomber dans le piège de l'excès qui nous amènerait à proclamer que la démence est un synonyme de génie, bien évidement non ! Cependant, nous avons reçu un merveilleux héritage de nombreuses divagations fécondes, absurdes et cousues de syllogismes qui valent bien la prétendue sagesse.
Nodier pointe dans ces écrits "le prolongement infini des perceptions du sommeil qui fait la monomanie".
Il est simple de se reconnaitre dans cette assertion puisque nous sommes tous des rêveurs, nous avons tous côtoyé les visions, nous avons tous vécu nos ambiguïtés de divagateurs, et nous savons tous ce que nous devons à ces états de névropathes que certains vont chercher dangereusement dans les "paradis artificiels", alors qu'il n'est nul besoin de rechercher si loin, puisque nos perversions, nos folies, nos errances, et nos romantismes, fixées soudain sur le papier prennent enfin, sens et leurs lettres de noblesse.
Les fous de la littérature, éveillent les passions, ils ont notamment inspirés Raymond Queneau, qui avant 1930 commence avec Charles Nodier et Gustave Brunet, un ouvrage, où il tente de comprendre, et d'analyser un certain nombre d'écrivains fous dont Jean-Pierre Brisset (mon préféré!) qui rattachait notre langage à celui des grenouilles et expliquait ainsi en partie nos origines)

Le questionnement sur la folie de la littérature est constant dans les âges et nous ne pouvons que souhaiter qu'il persiste et que ce foisonnement créatif, ces puissants ou amusants délires, ces fantaisies de nos âmes humaines diverses mais exceptionnelles ne soient jamais, non jamais asséchées par la dictature de la normalité qui nous menace et nous ramène avec force à la fourmilière.
Aurions-nous la sottise de stériliser ses expériences humaines ? Ces déviances productives ?
Nieront nous le charme de celui qui à un grain ?
Cesseront nous de nous échapper dans nos ailleurs dans nos magies divines?

Vive les fous, car ils sont nos richesses.


Lydia Maleville

Posté le : 27/05/2012 12:41
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Les Holorimes
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Remis en vogue par Bacchus :

Holorimes ou Olorimes ou homophones sont des vers dont la rime est faite du vers en entier
C'est un sacré casse-tête extrêmement distrayant.
Allez-y pour jouer :

Exemples d'holorimes célèbres :

Marc Monnier le distique est souvent attribué, à tort, à Victor Hugo !

Gall, amant de la reine, alla, tour magnanime,
Galamment de l'arène à la tour Magne, à Nîmes.

Charles Cros (Coffret de santal)

Dans ces meubles laqués, rideaux et dais moroses
Où, dure, Ève d'efforts sa langue irrite (erreur !)
Ou du rêve des forts alanguis rit (terreur !)
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des mots roses.

Lucien Reymond

Dans cet antre, lassés de gêner au Palais,
Dansaient entrelacés deux généraux pas laids.

Au Café de la Paix, grand père, il se fait tard.
Oh ! qu'a fait de la pègre en péril ce fêtard ?

Dans ton site sévère assistant sa prestance
Danton cite ces vers, assis, stance après stance.

Ah! quitte ainsi ta tante et va, l'heure est amère,
A qui t'incita tant, Ève, à leurrer ta mère.

L'annonceras-tu, eh! ami: « Dix sous l'attente »
L'ânon sera tué à midi sous la tente.

Ah! l'Iran maudit vint à l'heure et rêve ailé
A lire en mots divins, t'a le " Vrai " révélé.
Comment déjà, d'Islam à La Mecque fidèle
Commandait jadis l'âme, Allah, mais que fit d'elle ?
Ainsi, tentait de voir en versets te citer,
Incitant, tes devoirs envers cette cité.
Là, c'est décrit cent fois, le regard d'Allah perce.
Lassé des cris sans foi, l'heureux garda la Perse.
Cher, cher athée errant, seul, ivre d'aise irai
Chercher à Téhéran ce livre désiré.
Ah! par une aide à l'âme est, dit-on, le message
Apparu, né d'Allah. Méditons-le, mes sages.

David P. Massot

À Lesbos, à Tyr, l'évangile est appris.
Ah ! Laisse, beau satyre, l'Ève en gilet t'a pris.

As et saouls vantent au Lycée Janson de Sailly;
Assez souvent au lit ces gens sont de saillie.

Appelons Nicéphore aux attraits ordonnés
A Paul honni, c'est fort, osa trésor donner.

Gabriel de Lautrec

À Lesbos, à Tyr, l'évangile est appris.
Ah ! Laisse, beau satyre, l'Eve en gilet t'a pris.

As et saouls vantent au Lycée Janson de Sailly;
Assez souvent au lit ces gens sont de saillie.

Appelons Nicéphore aux attraits ordonnés
A Paul honni, c'est fort, osa trésor donner.

Eau, puits, masseur, raide huis, habit, table, chandelle,
Oh! puis, ma saur, réduits habitables, chants d'elle.

Eurydice ! Pluton ! dix ans ! Vaincs la mort fée !
Euh ! Ris dis, se plût-on dis ? En vain clame Orphée

Jean Goudezki (Sonnet)

Je t'attends samedi, car, Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne!
Allons - bravo ! - longer la rive au lac, en pagne;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.

Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche!
L'attrait : (puis, sens !) une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombres, thé, des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit.

Et, le verre à la main, - t'es-tu décidé ? Roule
Elle verra, là mainte étude s'y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes et les gens !

Comme aux Dieux devisant, Hébé (c'est ma compagne)...
Commode, yeux de vice hantés, baissés, m'accompagne...
Amusé, tu diras : " L'Hébé te soule, hé ! Jean ! "

de Montesquiou

Que la mélancolie
Que là met l'ancolie
Résonne au creux du coeur.
Raisonne, ocreux, d'Ukeur ! (marquis)

Ah là, Mêle, ancolie
A l'âme élans, colis
A la mélancolie.

Victor Hugo

O fragiles hébreux ; allez Rebecca tombe !
Offre à Gilles zèbre, oeufs ; à l'Erèbe, hécatombe !

Deux générales déjeunaient
De jeunes râles des genêts

Et ma blême araignée, ogre illogique et là
Aimable, aime à régner au gris logis qu'elle a. (attribué à Hugo par Orion, un des correspondants de Fatrazie)

Max Morise

L'heure dure, idée, rosace à seins découverts,
Et me tue comme en ses ateliers. Eau, déborde !
Aime, tu commençais à te lier, ô Desbordes.

Sous le vent, la mort descend, écho ! Maint Corse erre
Soulevant l'âme lors des sangs, et comme un corsaire
L'ire du poète aurait voulu tes vachers,
Lyre dupe, ô étau, rêve où luttait Vaché.

Cassave

Dans ces bois automnaux, graves et romantiques,
Danse et bois aux tonneaux, graves et rhum antique.

Net et vibrant, le chant d'une bergeronnette
Naît et vibre en le champ d'une bergère honnête.

Hérédia lisant Verlaine - Ah joli don !!
Erre et dit à Lise en vert lainage : « Oh! lis donc. »

Saoul, l'heureux gars Raimu descend, pas sans dangers,
Sous le regard ému des cent passants d'Angers.

Prévert

Sceaux d'hommes égaux morts
Seaux d'eau, mégots morts

Claude Gagnière (grand compilateur devant l'Eternel : son dernier livre est indispensable)

Lolo rime
L'holorime
Sa muse
S'amuse

Anonymes (cités par Claude Gagnière)

L'imperator si lent lève l'avis odieux
L'impair a tort s'il enlève la vie aux dieux

Ah! La belle Espagnole et la mer en goguette.
À la baie, laisse Pagnol... et la mère Angot guette.

L'un dit: « Comment cela se mène?»
Lundi commence la semaine.

Ah! Lui, Léo, vit nègre !
À l'huile et au vinaigre.

Autres anonymes

Dans cet antre, lassés de gêner au palais,
Dansaient, entrelacés, deux généraux pas laids

Marcel Hérault

La chemise
Lâche mise
L'abaisse
L'abbesse
Sa fesse
S'affaisse

François Le Lionnais

Hou ! lippe, eau !
Où lippe ? haut ?
Houx lit peaux
Houle Lippo
Où lit, pot .

Lucienne Desnoues

Ah ! ce qu'on sert de faux ré
A ce concert de Fauré

La masurka de Chopin t'honora
dans
La masure qu'a, de chaux, peinte Honorat

Jules Laforgue (?) signalé par un aimable correspondant (Yves Pauplin) mais parfois attribué à Luc Etienne. Enquête en cours.

Eprise, hélas, Eve nue offrit son bec à Satan
Et prise, et lasse, et venue au frisson, bécasse attend.

Claude Koenig

Cosette, hautaine, hardie, écrin touchant
Causaient aux Thénardier crainte ou chants.

C'est l'acacia, l'invitation
C'est là, qu'assis, Alain vit à Sion



Posté le : 20/05/2012 17:31
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Explications sur le Haïku et le Tanka
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Le haïku, terme popularisé par Shiki (1867-1902), est une forme classique de la poésie japonaise dont la paternité est attribuée à Bashô (1644-1694). Depuis plus de trois siècles, le haïku, ainsi que le autres formes poétiques d'origine japonaise, elle progresse depuis au Japon, puis est venue jusqu'à nous en Occident.


Le haïku est un poème traditionnel , bref qui comporte 17 Syllabes, réparties en 3 vers courts : 5-7-5 mesures ou pieds pour nous occidentaux.
Cette forme poétique évoque , ou fait allusion aux saisons, il est léger, souvent subtil mais il peut être humoristique ou insolite, étrange.
Il évoque les cinq saisons et le temps qui passe. Chaque saison est suggérée par 7 poèmes. Les saisons :
printemps, été, automne, hiver et Nouvel An qui selon les almanachs et la poésie Japonaise est la cinquième saison. Les haïkus s'expriment toujours en métrique souple et toujours impair.
5-7-5 est souvent employé mais on peut aussi trouver 7-7-5 ou encore 7-7-3.
Ils s'illustrent souvent de gammes, échelles, et même d' inflexions mélodiques qui s’inspirent librement de la forme fluide et chantante de la calligraphie orientale.
LM.


Le TanKa

Le tanka est la forme poétique classique la plus ancienne et on la retrouve dès les premières anthologies japonaises; ainsi, il y en a 4,170 dans le Manyôshû (vers 760).

Le tanka est un poème à forme fixe construit en deux parties, la deuxième venant comme réponse, ou relance, à la première; cette première partie est un tercet de 17 (5/7/5) syllabes et la deuxième est un distique de 14 (7/7) syllabes, ou vice versa. Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n'est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes. Le tanka classique n'était pratiqué qu'à la Cour impériale; il est toujours considéré comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire. Poème lyrique, exquis, raffiné, il explore des sentiments "nobles", tels l'amour, la solitude et la mort, selon un ensemble de règles des plus sophistiquées.

Si les formes poétiques ont traversé les frontières du Japon et si le haïku est largement répandu en Occident, la pratique du tanka reste relativement rare. Il semble bien que le haïku, forme encore plus brève, ait fasciné davantage que le tanka. Qui sait ce qui serait advenu si, en 1905, Julien Vocance et Paul-Louis Couchaud avaient choisi le tanka au lieu du haïku pour écrire Au fil de l'eau, le premier recueil empruntant une forme poétique japonaise...

Bien que millénaire, le tanka reste toujours populaire au Japon même. A la suite du succès phénoménal de Sarada Kinenbi (Salad Anniversary, 1987), recueil de tankas vendu à plus de huit millions d'exemplaires, Machi Tawara, une jeune poète de 26 ans, a reçu 200,000 tankas de ses lecteurs et lectrices.

Extraits d’un texte de André Duhaime (Copyright © 1996)

Posté le : 11/03/2012 12:54
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Explication sur la Villanelle et le pantoum
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La villanelle

La villannelle est une forme poétique venue de l'Italie, née chez les paysans (villanellus ) qui a donné la Villanella.
Tchano va nous initier.
En fait c'est une danse un chant de poesie pastorale avec couplet et refrain. La forme stricte (comme dans "Les lilas") est venue bien plus tard, vers le 17 éme siècle environ.
Elle se compose de cinq tercets et d'un quatrain final.
La répétition des vers est rigoureuse dans cette forme récente :
A(1) b A(2)
a b A(1)
a b A(2)
a b A(1)
a b A(2)
a b A(1) A(2).
J'aime beaucoup écrire les villanelles, c'est un travail de canevas et le thème bucolique me convient très bien.
C'est un joli jeu mais bon, c'est vrai que ça manque peutt-être de mouvement. Il y a quelque chose de figé dans ces formes anciennes.




Le Pantoum
La forme fixe du pantoum, ou plus exactement pantoun, est définie par Théodore de Banville dans son Petit traité de Poésie française.
Le pantoun consiste en une suite de quatrains (d'octosyllabes ou de décasyllabes - le même mètre est conservé dans tout le poème.) où s'appliquent deux systèmes de reprises :
le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe sont repris respectivement comme premier et troisième vers de la strophe suivante,
le tout dernier vers du poème reprend le premier.
L'alternance des rimes masculines et féminines impose un nombre de quatrains pair. Le nombre de quatrains est illimité, mais doit être supérieur à six.
Cette forme permet de donner au poème une musicalité particulière très typée.
La particularité vraiment originale du pantoum réside dans le sens : il développe dans chaque strophe, tout au long du poème, deux idées différentes :
La première idée, contenue dans les deux premiers vers de chaque strophe, est généralement extérieure et pittoresque.
La deuxième idée, contenue dans les deux derniers vers de chaque strophe, est généralement intime et morale.
On peut parler également d'entrecroisement thématique : le poème parle de deux sujets , l'un descriptif, l'autre sentimental en alternance , par demi-quatrains.
Dans un pantoun, il faut éviter de travailler par vers-phrase : un vers doit se connecter au vers qui le précède dans un quatrain comme au vers qui lui succède dans le quatrain suivant sans pour autant constituer un vers totalement indépendant d'un point de vue syntaxique ; il peut ne contenir que des compléments sans verbe ou des subordonnées auxquelles l'adresse du poète pourra donner plusieurs sens suivant le vers qu'elles complètent.
De plus les deux distiques constituant un quatrain sont indépendants l'un de l'autre, le second vers devant impérativement se terminer sur une ponctuation forte : point, point d'exclamation, point d'interrogation. Cette ponctuation est rendue impérative par la présence des deux thèmes qui n'enjambent jamais l'un sur l'autre.
Une erreur fréquemment commise est de prendre le poème Harmonie du soir de Baudelaire comme exemple de pantoun. Pourtant ce poème n'a qu'un vague lien avec cette forme, comme nous le verrons plus bas. Les exemples les plus aboutis de pantouns sont à rechercher chez Leconte de Lisle.
Origine
Le pantoum français dérive du « pantun berkait » malais, c'est-à-dire « pantoun enchaîné », à cause du mécanisme de reprise des vers. Un pantun malais en tant que tel est constitué d'un quatrain unique.




L'Elégie


(féminin ; étymologiquement « chant de deuil »)
Une élégie est un poème lyrique qui a généralement pour thème la fuite du temps, l’amour (notamment les peines de la vie amoureuse), la mort, la mélancolie, etc.
L’adjectif élégiaque désigne un ton, un thème, un poème exprimant une plainte douloureuse, la mélancolie, ou un poète qui a écrit des élégies.

L'élégie, dans l'Antiquité grecque, ne se définit pas par un ton « élégiaque », ni par un sujet, même si elegos peut signifier « chant de deuil » et si l'Etymologicum Magnum redonne l'étymologie populaire e e legein, « dire hélas ! ». L'élégie est un poème composé en distiques élégiaques (groupes de deux vers ; un hexamètre dactylique et un pentamètre), accompagné de la flûte. Les fragments conservés de Tyrtée ou de Solon, les distiques transmis sous le nom de Théognis nous montrent aussi des élégies guerrières ou une élégie politique. L'élégie devient poésie de l'amour ou de la douleur chez Callimaque puis à Rome, notamment avec Tibulle et Properce ; les Tristes d'Ovide disent la douleur de l'exil. La complainte médiévale s'apparente, par le ton, à l'élégie, qui retrouve, avec la Renaissance, le thème douloureux. Dès le xiie s., les élégies latines de Settimello ont préparé la voie au Canzoniere de Pétrarque et les distiques latins de Sannazzaro influencent la Pléiade et son expression de la fuite du temps, de la fragilité des êtres (Du Bellay, les Regrets ; Ronsard, Élégies, mascarades et bergeries). Camões au Portugal, Chiabrera en Italie illustrent le genre, qui, en Angleterre, devient majeur avec Spenser et Milton (Lycidas, 1637). Sont ainsi fixées les conventions élégiaques modernes : scène pastorale, invocation aux Muses, lien de la personne pleurée à la nature, méditation sur la destinée et le mal du monde, conclusion sur une note d'espoir – la mort est le commencement de la vie. Le xviie s. français, aux exceptions près, mais notables, de Théophile de Viau et de La Fontaine (Élégie aux nymphes de Vaux), ne favorise pas le genre, qui retrouve avec le sensualisme et l'épicurisme du xviiie s. (Parny, Bertin) une tonalité antique que précise Chénier (Élégies). Le préromantisme anglais et allemand donne sa véritable propriété au thème de la lamentation : les Nuits de Young, l'Élégie écrite dans un cimetière de campagne de Thomas Gray imposent la méditation douloureuse et rêveuse ; Gessner et sa sentimentalité, Goethe et les notations sensuelles des Élégies romaines fixent la double expression de l'élégie du xixe s. Il ne s'agit plus alors de considérer la forme, mais l'omniprésente mélancolie, illustrée par Lamartine et Musset. La thématique du deuil et du souvenir subsiste chez Tennyson (Ode sur la mort du duc de Wellington), chez Pouchkine (Élégie sur le portrait de F. M. Barclay de Tolly) et culmine dans l'Adonais de Shelley, inspiré par la mort de Keats. Avec les Élégies de Duino de Rilke, la poésie est intériorisation progressive dans la parole de toutes choses périssables ; elle marque le recouvrement commun des deux domaines illimités de la vie et de la mort ; dans cet innommable, elle reste capable de recueillir tout objet et toute douleur, de composer les figures du Christ et du Saltimbanque. Juan Ramón Jiménez a usé du genre pour suggérer la pureté du dire poétique et l'opposer à la dégradation que porte tout souvenir. Aragon (Élégie à Pablo Neruda, 1966) prend prétexte du tremblement de terre qui a dévasté le Chili pour « exhaler la grande déploration par quoi la Terre même est accusée de trahison envers les poètes » et pour faire état de ses incertitudes politiques. Élégies (1967) de Jean Grosjean se conforme davantage au genre, tandis que B. Vargaftig inscrit Description d'une élégie (1975) dans la mouvance de Change et d'Action poétique.

exemple:
Le lac de Lamartine

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
10 Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
20 Laissa tomber ces mots :

« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
30 Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
40 Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
50 Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
60 De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !


Posté le : 11/03/2012 12:30

Edité par Loriane sur 19-06-2013 19:11:23
Edité par Loriane sur 19-06-2013 19:12:22
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Re: Vos Lectures
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Cristale, on m'a déjà parlé de ce livre dans mon entourage. Je me suis un peu bloquée sur le titre du livre que je trouve un peu trop commercial. Je vais le chercher en librairie pour me faire ma propre opinion...

Posté le : 09/03/2012 20:35
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Re: Vos Lectures
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Black Boy de Richard Wright.

Lu pour la première fois à douze ans.

Ce livre a changé ma vie.

Posté le : 08/03/2012 20:21
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Re: Vos Lectures
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Le pouvoir du moment présent d' Eckhart Tollé. C'est un guide spirituel. Génial! il m'a beaucoup appris et je conseille vivement cette lecture à tous ceux qui cherchent la voie d'une spiritualité à l'occidentale!

Posté le : 06/03/2012 13:59
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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