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Re: La terre de Emile Zola
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Pas entièrement d'accord avec toi, Loriane, sur la prépondérance des Rougon-Macquart dans l'oeuvre de Zola.

Il y a tout de même Thérèse Raquin.

Et puis j'avoue bien aimer tout de même les Trois Villes (Lourdes, Rome, Paris), il y a (au moins dans Lourdes et Rome) un aspect documentaire sur l'église catholique, le dogme, les ressorts de la foi, qui n'a pas perdu de son actualité.

Posté le : 20/10/2012 12:24
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Re: Jean-Paul Sartre Les mots
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Je reconnais que je respecte Sartre comme étant partie du panthéon français de la philosophie et de l'écriture, à ce titre là il reste incontournable, mais j'ai toujours été en désaccord avec une partie de ces thèses, je pense qu'il a dit beaucoup d'âneries. Je ne suis donc pas une inconditionnelle quoique son écriture est de haut niveau, mais bon sang, que de mauvais souvenirs lorsque j'ai voulu avaler "la semaine sainte " en entier. Une véritable purge !

Posté le : 28/09/2012 23:56
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Re: La terre de Emile Zola
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Tu as tout à fait raison les Rougon-Macquart sont le morceau de choix de Zola, bien supérieur au reste de son oeuvre, son point d'orgue, mais c'est aussi un très gros morceau qui demande beaucoup de souffle, voilà pourquoi lorsque l'on enseigne, malheureusement on ne s'y attaque pas, on sait que l'on ne sera pas suivi jusqu'au bout.
On en reste un peu frustré et laisser de côté "la terre" est dommage.
Et l’assommoir et Germinal sont plus accessibles.

Posté le : 28/09/2012 22:27
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Re: La terre de Emile Zola
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Le seul livre de Zola que j'ai lu pour l'instant, c'est : "pot bouille". Donc je ne peux faire de commentaire sur "La terre"

Je dois lire "l’œuvre" cette année, c'est l'un de mes livre analytique. Je redoute de lire le passage que vous avez qualifié "d'insoutenable", sachant que je suis assez émotive.


Votre Luciole

Posté le : 28/09/2012 21:46
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Re: La terre de Emile Zola
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On cite toujours Germinal et l'Assommoir comme les exemples typiques de ce que le naturalisme façon XIXème pouvait avoir de brutal, mais effectivement La Terre en est presque effrayant de réalisme, parfois.
Mais à mon sens la palme revient à l'Oeuvre, peut-être le plus flippant du cycle Rougon-Macquart : le passage où Zola décrit la mort du fils de Claude est presque insoutenable, plus dur à lire que la mort de Gervaise... c'est dire !

Posté le : 28/09/2012 19:35
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Re: guy De maupassant Bel-ami
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C'est un avis qui n'engage que moi, mais Maupassant a dans l'ensemble mieux réussi dans la nouvelle que dans le roman.

Mais si l'on ne s'en tient qu'aux romans, "Une vie" est bien supérieur à "Bel-Ami" (toujours à mon humble avis)

Posté le : 28/09/2012 19:28
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Re: Jean-Paul Sartre Les mots
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L'épreuve du temps a été plutôt cruelle pour les écrits de Sartre mais Les Mots a sa place parmi les très grands bouquins du siècle dernier.

Posté le : 28/09/2012 19:25
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Léon Tolstoï
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Léon TOLSTOÏ


"Léon Tolstoï est un immense écrivain mais aussi un philosophe philanthrope, un pédagogue qui engage ses convictions au travers de sa plume et de ses actions ..."

********************************************


Bibliographie :

Issu d’un famille de la noblesse, nait le 9 Septembre (28 Août calendrier Julien) Léon Tosltoï, de son vrai nom le comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï, au domaine familial de Iassnaïa Poliana, dans le gouvernement de Toula. Très tôt orphelin de sa mère (1830) puis de son père (1837), il connaîtra, hormis ces deux événements tragiques qui l’amèneront à douter précocement de Dieu et de la justice de la Providence, une enfance tranquille dans une nature opulente au contact des moujiks ; proximité d’où il puisera son amour pour ces gens simples.

Admis à l’université de Kazan (1844-1847), il s’oriente, après s’être intéressé aux langues orientales, vers la diplomatie mais sans parvenir a réussir ces examens. Il regagne alors la propriété familiale dont il est l’héritier et s’investit dans la vie de son domaine en souhaitant améliorer la vie de ses serfs. Mais la méfiance de ces derniers qui ne lui feront jamais confiance sera cause de désillusions (voir La matinée d’un jeune propriétaire). Son journal intime nous révèle qu’à cette époque Tolstoï était déjà en proie aux questions existentielles qui n’auront de cesse de façonner son œuvre et ses actes.

Cet échec, la solitude pesante et le souhait de trouver une vie vraie, active, expliquent sans doute son départ pour l’armée en 1851. Après deux années passées dans le Caucase, l’officier qu’il est devenu est happé par la guerre contre la Turquie. Sa participation à la défense de Sébastopol événement lui inspire alors ses Récits de Sébastopol. En 1855, c’est auréolé du succès de ses premiers écrits (dont sa trilogie autobiographique Enfance, Adolescence, Jeunesse) qu’il est accueilli par le milieu littéraire de St-Petersbourg où il s’installe. Mais vite lassé par cette vie mondaine, il décide d’entreprendre, entre 1857 et 1861, plusieurs voyages en Europe. Ces voyages seront aussi l’occasion pour lui de se renseigner sur les méthodes éducatives occidentales, l’éducation du peuple étant pour lui devenue une question centrale à sa réflexion. De retour en Russie, il publie une revue pédagogique (1862-1863) et fonde dans son village une école où il enseigne lui même. L’effervescence sociale avec l’abolition du servage l’amènera à s’investir d’autant plus dans la vie de son domaine.

En 1862, il épouse Sophie Andréïevnia Behrs. Fidèles l’un a l’autre (ils auront 13 enfants), ce couple connaîtra d’importantes dissensions, Sophie Andréïevnia rencontrant de plus en plus de difficulté à suivre l’évolution morale d’un mari plus accaparé par le peuple que par sa famille. Mais cet amour fut aussi source d’une stabilité propice à l’écriture. La période qui suit son mariage est celle des grandes œuvres (Guerre et Paix, Anna Karénine).

Mais à partir des années 1870-80 Tolstoï voit ressurgir ses problématiques existentielles apaisées un temps par la vie de famille. L’hallucination qu’il eut une nuit dans une auberge d’Arzamas (1869), où, en proie à un vif sentiment d’angoisse, il entendra la mort, est pour Tolstoï l’événement déclencheur. Il entame alors une sorte d'introspection en forme de quête spirituelle l’amenant à se convertir au christianisme en 1879 (voir Ma confession et Ma religion). Sur la fin de sa vie, de plus en plus guidé par une existence simple et spirituelle (abandonne le tabac, l'alcool, la chasse, la viande, prêche l’abstinence, s'habille en paysan, coupe lui-même le bois et confectionne des chaussures), il renonce a une partie des ses biens. Excédé par ses dissensions morales et familiales, il quitte, un soir de 1910 sa propriété. Il meurt 10 jours plus tard d’une congestion pulmonaire.
Le 21 novembre Léon Tolstoï est retrouvé mort à Astapovo dans une gare de campagne. Emprunt à une profonde crise spirituelle, Tolstoï avait renoncé à sa vie matérielle en quittant sa famille et sa maison de Poliana le 10 novembre. Il avait l'intention de rejoindre le Caucase en train. Mais la maladie l'empêcha d'atteindre le but de son voyage. Lors de ses funérailles, l'auteur de "Guerre et Paix" et "Anna Karenine" sera pleuré par des milliers de russes.

***********************************

La personnalité de l'écrivain, philosophe, pédagogue, engagé :


Léon Tolstoï est à la fois chrétien et en "quête de la vérité", révolté par la pauvreté, la peine de mort, l'indifférence à autrui, l'esclavage, le militarisme, l'hypocrisie du clergé, et cet intellectuel curieux des autres cultures. Il est reconnu comme l'un des plus grands écrivains russes avec deux best-sellers mondiaux : Guerre et Paix et Anna Karénine.
Mais son évolution hors du commun fait de lui un homme attachant, d'une richesse intérieure impressionnante, et il est un des précurseurs de la non-violence.
Léon Tolstoï dénonce la duplicité, la criante contradiction entre les idéaux et la réalité dans la pratique. Comme Marx, il dénonce l'oppression et l'exploitation du travail des hommes par les bourgeois les plus nantis :
Citation :
«...Ainsi, dans le monde où l'on prêche l'enseignement du Christ suivant lequel nous sommes tous frères, on oublie que la dignité, le mérite de l'homme résident dans l'action de servir son prochain. Or, on l'exploite. Il ne peut pas supporter cette contradiction criante entre ce qui devrait être et ce qui est. Il n'aime pas ceux qui l'humilient, il recherche les moyens de se délivrer de son état de véritable esclavage et voudrait rejeter loin cet ennemi qui l'opprime...
Mais l'homme des classes dites cultivées vit dans une contradiction et une souffrance encore plus grandes. La privation des habitudes dans lesquelles il a été élevé lui serait un véritable supplice. Ces habitudes ne sont satisfaites que par le travail très dur, parfois malsain, mortel, des ouvriers exploités, - autrement dit par la violation la plus évidente, la plus grossière des principes du christianisme et de l'humanité, de la justice, même de la science (je pense aux exigences de l'économie politique) que prêche ce christianisme.
Or, cet homme cultivé qui parle des principes de fraternité, de justice, de science, vit d'une manière qui rend inévitable l'oppression des travailleurs.
Et l'être cultivé profite, durant sa vie entière, de cette exploitation de l'ouvrier. Bien plus : toute son activité tend à soutenir cet état de choses diamétralement contraire à la foi qu'il pratique. "
Léon Tolstoï entre dans l'armée à 23 ans, il a très peur de mourir pendant la guerre de crimée et fait le coup de feu contre les rebelles tchéchènes (déjà !).
Il commence à écrire avec réalisme et abandonne l'armée 5 ans plus tard.
Il écrira : "Etre en péril m'ouvrait les yeux", "La guerre est une affaire si injuste et si laide que ceux qui la font s'efforcent d'étouffer la voix de leur conscience".
C'est une véritable crise religieuse et morale qui transforme sa pensée, sa manière de vivre et de considérer le monde.
Une vraie conversion ! et sa première rencontre avec la psychose.
Il veut travailler à une nouvelle religion, mieux adaptée à l'évolution de l'humanité : "la religion du christ débarrassée de ses croyances et superstitions, et qui ne promette pas la béatitude pour plus tard mais apporte la félicité sur terre."
Les années 1879-1886 furent décisives, et cela s'observe dans ses œuvres ("Confessions", "Critique de la théologie dogmatique", "Concordance et traduction des quatre évangiles", "En quoi consiste ma foi", et "Que devons-nous faire ?") où il développe progressivement une pensée condamnant radicalement la violence, notamment celle de l'État.
Il deviendra alors un dissident dans son propre pays, excommunié et censuré par I'Eglise orthodoxe.
Dans "Le Royaume des cieux est en vous", il expose sa doctrine issue des évangiles. Partant de l'idée de la non-résistance au mal par la violence, il remarque que l'Église ne fait pas cas de ce commandement de résistance non-violente au mal.
Les prêtres bénissent les canons et l'Église soutient les soldats en dérogeant au commandement biblique :
"tu ne tueras point". Comme les quakers, il pense que le guerre est inconciliable avec les principes enseignés dans le sermon sur la montagne.
Pour lui, l'État despotique ou libéral, n'est que:
" une organisation de la violence n'ayant pour principe que l'arbitraire le plus grossier... On pense généralement que les gouvernements rendent leurs armées plus fortes afin de protéger leur Etat contre une attaque des autres.
On oublie que les soldats sont tout d'abord nécessaires aux gouvernements pour se défendre contre leurs sujets qu'ils oppriment et réduisent à une véritable servitude.
Le service militaire n'est pas compatible avec l'esprit chrétien. Un chrétien ne peut se préparer à l'assassinat de son prochain ou le commettre en étant soldat.
L'idée même de juger et condamner à mort est à l'opposé de celle de tolérance et de pardon du Christ.
Tolstoï accuse les maîtres religieux de donner des instructions contraires à celles du Christ.
Ils enlèvent à l'enseignement du Christ toute sa signification.
La duplicité est constante dans l'Église depuis qu'elle est devenue une puissance temporelle, devenant de plus en plus riche, et cela dure depuis le règne de Constantin."
Tolstoï préconise le refus de soutenir la violence de l'État en refusant de payer l'impôt ou d'effectuer le service militaire, mais il ne se lancera jamais dans des actions non violentes de ce type.
Cependant, il soutient les Doukhobors, groupe religieux pacifiste dissident de l'Église orthodoxe et aide ses membres à s'exiler au Canada .
Père de douze enfants, ses relations avec son épouse deviennent difficiles à mesure qu'il prend ses distances avec l'Église et qu'il adopte un mode de vie en communion avec ses idées -
il abandonne le tabac, l'alcool, la chasse, la viande, s'habille en paysan, coupe lui-même le bois et confectionne des chaussures», raconte son fils.
Tolstoï ouvre une école pour les enfants pauvres dans sa propriété de Iassnaïa-Poliana, et il expérimente des méthodes pédagogiques non contraignantes et non violentes, ce qui est une vraie nouveauté pour l'époque.
Tolstoï définit ainsi ce qu'il appelle la "vraie vie" : c'est
"celle qui ajoute au bien accumulé par les générations passées, qui augmente cet héritage dans le présent et le lègue aux générations futures".
Tolstoï refusait aussi la contre-violence révolutionnaire comme celle exercée lors de la première révolution russe de 1905 :
"La violence engendre la violence, c'est pourquoi la seule méthode pour s'en débarrasser est de ne pas en commettre".
Son œuvre littéraire prend elle aussi une tournure sociale, notamment à travers des essais et des récits populaires, largement diffusés dans la population russe, dont certains semblent censurés car peu diffusés.
Comme, par exemple :
" Ivan le petit sot " est le titre d'un conte philosophique antimilitariste qui démontre que non seulement il est parfaitement possible de résister à un agresseur en se passant d'armée, mais encore que cela est avantageux.
Le risque d'attaque est moins grand, car l'aggresseur n'a aucun prétexte de "défense" pour attaquer, et l'économie d'une armée permet d'arranger un compromis ou de tenir le temps qu'il faut pour convaincre l'assaillant qu'il a tort. Pas de morts inutiles, les hommes restent libres à leur travail pour résister au lieu d'être embrigadés pour guerroyer ; sachant le coût exorbitant d'une défense armée, c'est évidemment la bonne solution pour se prémunir des dangers d'une guerre !
Le succès de Tolstoï s’explique tant par son art que par son message.
Il est ainsi cet incomparable peintre des destinées humaines au réalisme sensible.
Contrairement à Dostoïevski dont les héros sont sombres et énigmatiques, Tolstoï décrit des hommes normaux, équilibrés, " lisibles ", protagonistes épurés des questions qui n’ont jamais cessé de l’obséder.
De tendancieux, ses écrits se feront de plus en plus moralisateurs s’inscrivant de fait dans ce réalisme utilitaire de la littérature russe d’alors.
Et c’est dans cette posture de moralisateur, d’apôtre, que Tolstoï est aussi rentré dans la postérité.
Sa plume, rarement censurée, fut ainsi considérée comme la voix de la conscience nationale de cette fin de siècle.
Tolstoï doit ainsi, en grande partie, son succès a son opposition au pouvoir de l’Etat et à celui de l’Eglise orthodoxe (dont il rejette le mysticisme, la violence et l’apparat) leur préférant la communauté rurale et l’amour fraternel.
A cet égard, il peut être considéré comme l’un des penseurs important et influent du mouvement révolutionnaire, sa critique radicale de l'Etat, ses préoccupations envers les masses opprimées, l'importance de ses réalisations pédagogiques, sa recherche de cohérence sur le plan personnel, en faisant un penseur proche de l'anarchisme.
Mais il s’agissait pour Tolstoï d’un anarchisme chrétien, cette résistance à l’autorité devant être intérieure et ne pas déboucher sur la colère ou la violence.
Le changement passait, pour Tostoï, par un renouvellement moral, non par la révolution. Car Tolstoï est aussi cet apôtre d’une religion différente, d’une religion du bien, non-violente (non résistance au mal)
Dans Argent et travail, Tolstoï développe sa thèse sociale qui a sa source dans l'injonction biblique :
"Tu travailleras à la sueur de ton front".
Le travail manuel est une nécessité vitale et une valeur traditionnelle, et les bureaucrates, les fonctionnaires du fisc et surtout les militaires, sont donc considérés comme des parasites de la société.
Ce sont les valets du pouvoir totalitaire qui s'appuie sur eux pour s'imposer et se maintenir. À 70 ans il écrit : "La vie de l'homme s'écoule et il a en lui toutes les possibilités d'être (bon ou méchant, bête ou intelligent).
C'est pourquoi il ne faut pas le juger : à peine avez-vous rendu votre sentence qu'il a déjà changé."
Cette pensée a influencé Nietzsche pour écrire cet aphorisme : "Il était bête et le voilà intelligent ; il était méchant et le voilà bon, et vice versa...".
Léon Tolstoï est parmi les principaux penseurs occidentaux qui ont participé à l'élaboration de la Non-violence. Gandhi dit avoir puisé ses idées essentielles dans "Le Royaume des Cieux est en vous" :
"La Russie m'a donné en Tolstoï un maître qui m'a pourvu d'une base raisonnable pour ma Non-violence."
"Il n'y a qu'une solution, celle de la reconnaissance de la loi d'amour et du refus de toute violence",
écrit Léon Tolstoï quelques jours avant sa mort (1910).


***************************************

Tolstoï et la pédagogie.

À côté de l'immense écrivain que fut Tolstoï, existe l'oeuvre du pédagogue, qui ne fut pas négligeable.

Dès sa jeunesse, Léon Tolstoï a souhaité contribuer concrètement à l'éducation du peuple. Dans son premier ouvrage, Les quatre étapes du développement dont la structure est, à cet égard, symbolique, il décrit le processus de formation du caractère de l'homme, depuis la petite enfance (moment de l'apparition de la vie morale) jusqu'à la jeunesse (époque où elle se définit complètement).

C'est en 1852-1857 que paraît la série de nouvelles autobiographiques, Enfance, Adolescence et Jeunesse; l'auteur y étudie l'univers spirituel de l'enfant, de l'adolescent, puis du jeune homme, leurs émotions, le processus d'apprentissage dans lequel ils sont engagés et leur développement moral, notamment dans le cas d'un enseignement ayant un objectif précis.
Dans ces trois nouvelles on retrouve l'idée qu'il est indispensable de respecter la personnalité de l'enfant, conviction dont est pénétré Tolstoï et qui deviendra la pierre angulaire de ses recherches pédagogiques.

La quatrième et dernière partie, qui devait s'intituler L'homme adulte, n'a pas été réellement écrite mais on la retrouve dans d'autres oeuvres du jeune Tolstoï telles que la nouvelle, "Les cosaques et le récit", "La matinée d'un propriétaire" (lui aussi, dans une large mesure, autobiographique) dont le héros abandonne l'université sans avoir achevé ses études, estimant avoir acquis sa vision du monde, compris le sens de la vie et choisi son avenir, tout en étant convaincu que l'essentiel est de faire du bien aux gens parmi lesquels on vit.
Le bonheur individuel est inséparable du bien-être d'autrui, et tant que la classe la plus nombreuse de la population - la paysannerie - continuera à croupir dans la misère et l'ignorance, le bien-être de la société et, par conséquent, le bien-être individuel demeureront
impossibles:

" Agir sur cette classe de la population simple, réceptive et innocente, la délivrer de la pauvreté, lui procurer le bien-être social et l'éducation dont, par bonheur, je bénéficie, corriger ses vices nés de l'ignorance et de la superstition, développer son sens moral et l'amener à aimer ce qui est bon ... quel avenir radieux !".

Comme le héros de son récit, Tolstoï, alors âgé de vingt et un ans, ouvre une école dans sa propriété de famille, à Iasnaïa Poliana, et entreprend de s'occuper de l'éducation des enfants des paysans.
Cette première expérience fut de courte durée: les cours lui pesaient, peut-être en raison de l'insuffisance de ses connaissances professionnelles ou parce qu'il aspirait confusément à d'autres champs d'action.
Au printemps 1851, Tolstoï entre dans l'armée; il sert d'abord dans le Caucase, puis fait partie des défenseurs de Sébastopol. Peu de temps après la guerre de Crimée (1853-1856), ayant donné sa démission, il retourne à Iasnaïa Poliana et reprend ses activités éducatives, mais cette fois avec un plus grand nombre d'enfants de paysans. Il est intéressant qu'à l'aube de cette activité nouvelle pour lui, il écrive en ce termes au poète Athanase Fet, comme pour se justifier:

" Il ne s'agit pas pour nous de nous instruire, mais bien plutôt d'apprendre à ces enfants au moins un peu de ce que nous savons ".

L'observation du comportement de l'enfant, de l'adolescent et du jeune homme par Tolstoï l'écrivain, tout comme ses tentatives d'enseignement lui révélèrent que l'éducation était loin d'être une chose facile, et que, sans expérience professionnelle, il était impossible de la pratiquer avec succès.
C'est pourquoi il se mit à consulter les ouvrages spécialisés, entrer en contact avec des éducateurs et commença à s'intéresser aux expériences poursuivies dans divers pays.
En 1857, Tolstoï entreprit son premier voyage en Europe, visitant l'Allemagne, la France et la Suisse. Tout en se familiarisant avec la culture européenne, il étudia également les méthodes d'enseignement de ces pays, et, de retour en Russie, élargit et renforça son activité d'enseignant, surtout pendant la période allant de 1859 à 1862.
De son propre aveu, ce furent trois années de passion pour cette cause.

À cette époque, l'éducation ne passionnait pas seulement Léon Tolstoï, mais toute l'élite intellectuelle démocrate de Russie où se préparait une réforme scolaire.
Les projets ministériels faisaient l'objet de vifs débats au sein d'une opinion publique plutôt méfiante vis-à-vis de la politique du gouvernement tsariste dans le domaine de l'instruction publique.

Tolstoï, en particulier, estimait que les fonctionnaires de l'éducation n'étaient pas en mesure de mettre sur pied un système qui réponde aux intérêts du peuple tout entier:
"Pour que l'instruction publique puisse fonctionner, il faut qu'elle soit confiée à la société ".
Il entreprend des démarches en ce sens et projette de créer une association ayant pour objectif de "diffuser" l'éducation dans le peuple, publier une revue pédagogique, fonder des écoles là où il n'y en a pas et où le besoin s'en fait sentir, mettre au point le contenu de l'enseignement, assurer la formation des maîtres, doter les écoles des ressources matérielles nécessaires, contribuer à une gestion démocratique du système scolaire, etc."

Toutes ses tentatives pour obtenir des autorités la permission de créer une société de ce genre furent vaines mais cela ne l'arrêta en rien:

" Je consacrerai tout mon bien et toutes mes forces à la réalisation de ce programme; qu'on me le permette ou non, même si je me retrouve seul, je créerai une société secrète pour l'instruction du peuple. "

Isnaïa Poliana : l'école et la revue

Outre les écoles relevant directement du Ministère de l'instruction publique, il existait en Russie des écoles issues de l'initiative de groupements ou de particuliers. Parmi celles-ci, la plus célèbre fut l'école de Iasnaïa Poliana fondée par Tolstoï dans sa propriété de famille, près de Toula.
Au début, l'idée de Tolstoï de créer chez lui une école gratuite fut accueillie par les paysans avec incrédulité et méfiance: le premier jour, vingt-deux adolescents seulement en franchirent timidement le seuil.
Au bout de cinq à six semaines, le nombre des élèves avait plus que triplé. Bien que l'organisation de l'enseignement différât sensiblement de celle des écoles traditionnelles, le nombre des élèves (garçons et filles de sept à treize ans) ne cessa de s'accroître.

Les cours commençaient entre huit et neuf heures du matin.
À midi, une pause permettait aux élèves de déjeuner et de se délasser; puis les cours reprenaient pendant trois à quatre heures. Chaque enseignant donnait cinq à six heures de cours par jour. Les élèves étaient répartis en trois groupes, selon leur âge, leurs aptitudes, leurs résultats: cours élémentaire, cours moyen et cours supérieur.
Les places n'étaient pas assignées de manière stricte, chacun s'asseyait là où il voulait; il n'y avait pas de devoirs à faire à la maison.
En classe, la méthode la plus souvent utilisée n'était pas le cours, au sens général du terme, mais des entretiens à bâtons rompus avec les élèves, durant lesquels les enfants s'initiaient à la lecture, à l'écriture, à l'arithmétique, au catéchisme, à la grammaire, assimilaient les connaissances historiques, géographiques et les éléments de sciences naturelles accessibles à leur âge.
Ils apprenaient aussi à dessiner et à chanter. De même, le contenu de l'enseignement n'était pas immuable, il se modifiait selon le développement des enfants, les possibilités de l'école et des enseignants, les voeux des parents. Tolstoï enseignait lui-même aux grands les mathématiques, la physique, l'histoire et quelques autres disciplines; dans la plupart des cas, il exposait les rudiments des sciences sous forme d'une histoire. Les enfants n'étaient jamais punis, ni pour leur conduite ni pour leurs mauvaises notes.
En effet, le respect de la personnalité de l'élève impliquait que celui-ci prenne lui-même conscience, sans punitions et sans contraintes de la part des adultes, de la nécessité de se soumettre à une certaine discipline, indispensable au succès de l'enseignement:

"Malgré leur jeunesse, les écoliers sont des êtres humains qui ont les mêmes besoins que nous et pensent de la même manière que nous; ils veulent tous apprendre. C'est pour cela seulement qu'ils vont à l'école, et c'est pourquoi il leur sera très facile d'aboutir à la conclusion qu'il faut, pour apprendre, se soumettre à certaines conditions ".

Tolstoï et les instituteurs de son école encourageaient l'indépendance des élèves, développaient leurs aptitudes créatrices et veillaient à ce qu'ils assimilent consciemment et activement les connaissances.
Pour cela, ils avaient souvent recours aux rédactions, surtout sur des sujets libres, ce qui plaisait beaucoup aux enfants. Tolstoï voyait là un des moyens de développer chez les enfants une personnalité créatrice, leur permettant par la suite de créer de nouvelles formes de relations sociales dignes de l'homme civilisé.
Ce qui faisait la particularité de l'école de Iasnaïa Poliana, c'était son attitude à l'égard des connaissances, compétences et aptitudes que les enfants acquéraient en dehors de l'école: la valeur éducative de ces activités n'était pas niée, comme c'était le cas dans la plupart des autres écoles; au contraire, elle était considérée comme un préalable indispensable à l'obtention de bons résultats scolaires.
Dans la vie quotidienne, les sources d'information sont innombrables, mais souvent les enfants ne savent pas bien les interpréter. La tâche de l'école est donc de faire entrer dans le champ de la conscience les informations que les élèves puisent dans la vie quotidienne (un principe semblable a été, par la suite, adopté dans le système du pédagogue américain John Dewey).

À Isnaïa Poliana, les tâches de l'enseignant étaient beaucoup plus complexes que dans une école dotée d'un horaire fixe, d'une discipline contraignante, d'un assortiment de récompenses et de punitions, d'une série de sujets d'étude strictement limitée.
L'instituteur était soumis à une tension morale et intellectuelle constante; à tout moment, il devait tenir compte de l'état et des possibilités de chacun de ses élèves.
On exigeait de lui ce qu'on peut appeler de la créativité pédagogique. Quant aux résultats obtenus à Isnaïa Poliana, ils étaient différents, eux aussi, de ceux des autres écoles: "Nous (témoigne un ancien enseignant de Iasnaïa Poliana, Evgueny Markov) observions les résultats stupéfiants des élèves (de Tolstoï) en sandales de corde, parmi lesquels certains garnement délurés, arrachés à leur herse ou à leur troupeau de moutons, pouvaient au bout de quelques mois d'enseignement écrire facilement des rédactions tout à fait correctes

Les activités et l'influence pédagogique de Tolstoï ne se limitèrent pas à l'école de Iasnaïa Poliana.
En effet, vingt écoles primaires, au moins, ouvrirent simultanément sur son initiative et avec sa participation directe dans le district de Krapivna qui fait partie de la province de Toula.
Ses expériences qui, pour l'époque, étaient tout à fait inhabituelles, attirèrent l'attention de l'opinion publique, tant en Russie qu'à l'étranger, et contribuèrent au développement de l'éducation élémentaire.
Des enseignants de nombreuses villes de Russie et d'ailleurs, intéressés par l'application en milieu scolaire d'idées humanistes, se rendaient fréquemment à Isnaïa Poliana.
La présence de ces visiteurs perturbait évidemment le déroulement normal des cours mais Tolstoï, qui s'en rendait compte, ne refusait pas son autorisation à ses hôtes car les entretiens qu'il avait avec eux lui permettaient de vérifier le bien-fondé de ses idées, de les comparer aux autres méthodes d'enseignement et d'éducation connues à l'époque.

C'est pour cela que Tolstoï entreprit la publication d'une revue pédagogique intitulée "Iasnaïa" Poliana.
Son programme comprenait la description de nouvelles méthodes d'enseignement, de nouveaux principes d'administration pour l'instruction primaire, de nouveaux modes d'organisation du processus éducatif, d'expériences d'éducation extra-scolaire et de diffusion de livres parmi la population, ainsi que des monographies consacrées aux écoles ouvertes spontanément avec une analyse de leurs qualités et de leurs faiblesses, etc. Pour Tolstoï, la tâche essentielle de cette revue consistait, à propos de ces expériences d'"éducation libre", à étudier les activités spontanées faisant partie du processus d'apprentissage dont la connaissance serait d'une valeur inestimable tant pour la pédagogie en tant que science que pour l'enseignement en tant que pratique.
C'est pourquoi il chercha à élargir l'éventail des contributions, tout en spécifiant qu'il ne voulait pour collaborateurs "que des enseignants ne considérant pas uniquement leur profession comme un moyen d'existence et comme une obligation, mais également comme un domaine d'expérimentation pour la science pédagogique ".

Tolstoï lui-même publia dans cette revue quelques articles fondamentaux tels que: "L'instruction publique», "Comment enseigner à lire et à écrire", "Projet d'organisation des écoles du peuple", "À qui doit-on apprendre à écrire et qui doit le faire...", "Le progrès et la définition de l'instruction", dans lesquels il critique les vices de l'ancien système d'éducation, préconise une nouvelle école populaire et examine les moyens de développer les facultés créatrices des enfants, ainsi que de nombreuses autres questions.

L'activité pédagogique de Tolstoï fut fructueuse et lui apporta beaucoup de satisfaction, mais elle suscita la méfiance des autorités tsaristes: il fut l'objet de persécutions et les idées exposées dans Isnaïa Poliana furent considérées comme "subversives pour les principes fondamentaux de la religion et de la morale";
le douzième numéro de la revue, qui parut en décembre 1862, allait être le dernier.

C'est à cette époque que Tolstoï commença à travailler à son roman épique Guerre et paix, sans toutefois cesser de réfléchir à des expériences pédagogiques. Il parvint à la conclusion que celles-ci lui avaient permis de découvrir quelque chose qui n'existait pas dans la pédagogie contemporaine: je continue à beaucoup réfléchir sur l'éducation, et je m'apprête à écrire tout ce que je sais dans ce domaine et que tout le monde ignore ou récuse . Au début des années 70, il ouvrit de nouveau l'école de Iasnaïa Poliana et collabora de nouveau à l'organisation d'autres établissements dans tout son district, s'efforçant de «sauver tous les Pouchkine, Ostrogradski, Philarète et Lomonossov qui pullulent dans chaque école et tentent de surnager. C'est à leur intention - les "petits moujiks", comme il appelait les enfants des paysans - que Tolstoï entreprend son Abécédaire, auquel il travaille en 1871 et 1872 avec enthousiasme, et son Nouvel abécédaire, pour lequel il interrompt en 1875 la rédaction "d' Anna Karénine."

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TOLSTOÏ ET LA MUSIQUE

La définition par Tolstoï de "la beauté" en musique : Le naturel et non pas la perfection normative.


" Au cours de l'hiver, Natacha (quinze ans et demi) s'était mise à chanter sérieusement.
Son chant était libéré de l'application enfantine, comique, qui le gâtait naguère, mais n'atteignait pas encore la perfection. " Une belle voix, mais pas encore posée ; il faut la travailler ", disaient les connaisseurs. Ils n'émettaient d'ailleurs cette opinion que fort longtemps après que Natacha s'était tue.
Dans l'instant même où retentissait cette voix encore peu travaillée, aux respirations défectueuses, changeant de ton avec effort, ces juges sévères se contentaient d'en jouir et ne désiraient que l'entendre encore. Il y avait dans cette voix une fraîcheur virginale, une inconscience de ses propres forces, un velouté non encore élaboré, qui s'harmonisaient si bien avec les défauts de technique, qu'il semblait qu'on n'eût rien pu y changer sans la gâter. »

On aura reconnu l'apparition de la jeune Natacha Rostov dans un des premiers chapitres de Guerre et Paix, mais aussi la méfiance de Tolstoï à l'égard des "connaisseurs" qui dévalorisent la "jouissance" au profit d'une "science de l'art" (en cela, Tolstoï se range du côté de Stendhal contre les doctrinaires de l'esthétique).
On se sera fait également une première idée de ce que Tolstoï entend par "beauté" en musique : non pas la perfection, normative et froide, mais la fraîcheur, même si elle manque de "technique", et surtout, qualité prisée au-dessus de toutes les autres par l'auteur de Guerre et Paix, le naturel.

Quelque temps plus tard, Natacha se rend à l'opéra, et Tolstoï confie à ses yeux de seize ans le soin de voir et de trouver ridicule, parce que absolument dépourvu de naturel, le spectacle qu'on lui présente.

" Au milieu de la scène, il y avait des planches unies ; sur les côtés, des tableaux peints représentaient des arbres ; et derrière, une toile était tendue sur les planches.
Des demoiselles en corsages rouges et jupes blanches étaient assises au milieu de la scène. L'une d'elles, très grosse, à l'écart, sur un petit banc, au dos duquel était collé un carton vert.
Toutes chantaient quelque chose. La demoiselle en blanc s'approcha de la niche du souffleur, et, avec elle, un homme en culotte de soie collante, sur de grosses jambes, avec plume et poignard. Il se mit à chanter en écartant les bras. "

Contre l'art des élites

Ce qui est admirable ici, c'est que Tolstoï décrit l'opéra non pas avec les termes convenus du "connaisseur", mais avec les yeux innocents d'une néophyte. Dire "tréteau" ou "châssis" serait recourir à la connaissance intellectuelle du théâtre, non au témoignage des sens. Tolstoï parle donc de "planches". De même, il parle de "tableaux peints", de "carton vert", non de "décors". De "corsages rouges", de "culotte collante", non de costumes. De "demoiselles", d'un "homme", non d'actrices et d'acteurs. Il ne dit pas : "elles formaient le chœur", mais "toutes chantaient quelque chose". L'acteur ne "joue" pas mais "écarte les bras".
Tolstoï fait le candide, il donne aux choses qu'il voit le mot de tous les jours, le mot juste. Il suffit de le comparer à Flaubert pour comprendre ce qui le rend si original. Flaubert détestait lui aussi l'opéra. Tout le monde a en mémoire la fameuse soirée à l'Opéra de Rouen, et l'étonnement d'Emma Bovary devant le ténor.
"Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d'intelligence et plus d'emphase que de lyrisme achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador."
La formule est brillante, mais elle n'est pas d'Emma : elle est de Flaubert. On sent le jugement, la volonté de railler, alors que Tolstoï, par l'emploi du mot juste, impersonnel, met sous les yeux du lecteur quelque chose de ridicule en soi, dont la bouffonnerie ne peut être mise en doute.
La satire en est d'autant plus convaincante.

La maison de Tolstoi, à Iasnaïa Poliana, est devenue un musée

Tolstoï avec sa fille Alexandra au piano, en 1908, dans la résidence de l'écrivain à Iasnaïa Poliana. La comtesse Alexandra Lvovna Tolstaïa était la plus jeune fille de Tolstoï.
Elle quitta l'URSS en 1929 pour les Etats-Unis où elle créa la Fondation Tolstoï, très active dans la défense des Droits de l'homme.
Tolstoï se méfiait de l'opéra, mais il aimait passionnément la musique depuis que, tout enfant, il avait entendu sa mère jouer sur le vieux piano anglais de famille le Deuxième Concerto de John Field (très populaire en Russie, ce compositeur et pianiste irlandais était mort à Moscou en 1837) et la Sonate "Pathétique" de Beethoven.
Lui-même jouait convenablement du piano ; il avait un piano de concert dans sa maison de Moscou, et l'on peut entendre, dans cette maison transformée en musée, un enregistrement du pianiste Alexandre Goldenweiser commenté d'une voix rauque par l'écrivain lui-même.
À Moscou il recevait, outre Tchekhov, Bounine et Gorki, beaucoup de compositeurs de ses amis, et non des moindres : Rimski-Korsakov, Scriabine, Taneïev, Rachmaninov.
Dans son domaine campagnard de Iasnaïa Poliana, à deux cents kilomètres de Moscou, on voit toujours les deux pianos à queue Becker qui ornent le salon, et le meuble pour les partitions de Haydn, Grieg, Chopin, le Don Giovanni de Mozart, les concertos de Beethoven, des romances deGlinka et de Tchaïkovski. Il jouait à quatre mains avec l'une ou l'autre de ses nombreuses filles.
Son auteur préféré était Chopin, qu'il comparait à Pouchkine, mais, en écoutant le Premier Quatuor de Tchaïkovski, il pleura pendant l'"Andante cantabile" déchirant. À la fin de sa vie seulement, lorsque, dans sa campagne générale contre les riches et les institutions, il partit en guerre contre la partie de la société qui fréquente les concerts, il déclara qu'il préférait une chanson de paysan à n'importe quel morceau de musique classique.
Cependant, l'aspect social de la vie musicale est quelque chose qui l'a toujours tourmenté. Si la première qualité qu'il exigeait de la musique était le naturel, il eût voulu qu'elle ne fût pas réservée à une élite. Vieille préoccupation russe, de ne pas séparer l'art du peuple : cette préoccupation, on le sait, poussa le peintre Repine et ses amis, qui s'appelaient eux-mêmes les "Ambulants", à aller exposer leurs tableaux non pas dans les galeries chic de Saint-Pétersbourg et de Moscou mais dans les villages, devant un public forcément inculte ; et Prokofiev, quand il rentra en 1937 d'Occident en URSS, répondit au même souci : il voulait regagner un pays où il serait forcé de retrouver un langage accessible aux masses. Il s'était aperçu que l'avant-garde, art de gauche, n'intéresse que le public de droite.

" La musique devrait rester pure et désincarnée, or elle seconde puissamment l'animalité de l'homme, elle est sublime et frivole"

Plusieurs des nouvelles de Tolstoï ont pour personnages des musiciens, et pour sujet leur insertion difficile dans le monde des amateurs de musique. Dans Albert (1858) est racontée l'histoire d'un musicien tombé dans la misère, qui joue magnifiquement du violon mais sombre peu à peu dans l'alcool.
Toute l'ambiguïté des rapports de Tolstoï et de la musique apparaît dans cette nouvelle. D'une part, la musique est purification morale, élévation de l'âme, mais d'autre part, elle expose à la déchéance et à la destruction. Albert, qui joue pour gagner quelque argent dans les salons mondains, réussit, quand il n'a pas trop forcé sur la vodka, à tirer l'auditoire de ses pensées frivoles.
" Les sons se répandirent libres et gracieux et éclairèrent soudain d'une lumière incroyablement claire et pacifiante le monde intérieur de chacun des auditeurs. Aucune note fausse ou manquant de mesure ne vint troubler le recueillement des invités absorbés dans l'écoute, elles étaient toutes nettes, élégantes et chargées de sens. En silence, avec le frémissement de l'espoir, tous en suivaient le développement. De l'état d'ennui, de dispersion bruyante et de sommeil spirituel où se trouvaient ces personnes, elles passèrent, sans même s'en apercevoir, dans un monde complètement différent, qu'elles avaient oublié. Tantôt douces et tristes, tantôt impétueuses et désespérées, les notes se fondaient l'une dans l'autre librement, avec tant d'élégance, de force et de naturel qu'on ne les entendait pas une par une : elles faisaient irruption dans l'âme des auditeurs comme un torrent de poésie. "
Et chacun de se souvenir, qui de son premier amour, qui du temps où il avait connu le bonheur. Tel est le pouvoir qu'assignait Tolstoï à la musique : faire ressurgir dans l'être humain la pureté et la noblesse originelles enfouies sous les compromissions de la vie sociale.
" L'art musical est la plus haute manifestation de la puissance humaine. Il se donne à quelques élus seulement et élève celui qui est élu à une telle hauteur qu'il en a le vertige. "
Mais pourquoi avoir confié cette mission délicate à un ivrogne ?
Pourquoi avoir associé idéalisme et alcoolisme ? Albert ne profite pas lui-même du salut, au moins provisoire, qu'il procure aux autres. Il est vrai que, lorsqu'il discute musique avec ses bienfaiteurs, il défend avec feu Bellini etDonizetti, cet opéra italien que Tolstoï, semble-t-il, condamnait.
" Si Beethoven était vivant, ose dire Albert, il pleurerait de joie en écoutant La Sonnambula." Voilà la contradiction majeure que renferme la musique : elle est à la fois porte d'accès au sublime et frivolité suprême, agent de rédemption spirituelle et instrument de perte.
Pour qu'elle remplisse dignement sa très haute mission, Tolstoï assigne à la musique deux conditions.
Il veut qu'elle soit d'abord naturelle, exempte de tout artifice — quitte à manquer de perfection technique ; et soustraite au monopole des riches et des oisifs qui forment son public ordinaire pour être rendue à ceux qui n'ont que leur cœur, la droiture de leur cœur, pour l'apprécier.
Mais il y a une troisième condition, et celle-là est presque impossible à observer.
La musique, pour Tolstoï, devrait rester pure, désincarnée, selon la vocation première de cet art fait de sons aériens, impalpables ; or il se trouve qu'elle seconde puissamment ce qu'il estime être le danger le plus grand pour l'humanité.
J'en viens à cette fameuse Sonate à Kreutzer, sa nouvelle devenue tout de suite la plus célèbre, bien qu'aujourd'hui elle nous paraisse emplie d'une prédication démodée.
Tolstoï avait vingt-neuf ans quand il avait écrit Lucerne ; trente ans à l'époque d'Albert ; il en a soixante-trois lorsqu'il publie en 1891 La Sonate à Kreutzer.
L'âge l'a rendu d'une intransigeance presque sectaire. Il part en guerre, avec une violence incroyable, contre le sexe et ce qu'il appelle la concupiscence charnelle, sans épargner le mariage, qui lui paraît une prostitution légale, un crime, quelque chose qui est fondé sur la seule luxure, bien qu'on déguise ordinairement cette bestialité sous le nom hypocrite d'amour.
Le récit est placé dans la bouche d'un homme qui a assassiné sa femme, sous le coup d'une jalousie irrépressible mais parfaitement normale : si la seule vérité entre un homme et une femme est l'échange sexuel, il s'ensuit que toute femme est réduite à n'être qu'un objet sexuel, et il est par conséquent normal qu'elle soit exposée à la convoitise du premier homme venu.
Il n'y a pas d'amour durable, il n'y a que la convoitise des sens, l'appétit purement animal, cette spécialité, précise le narrateur, des pourceaux, des singes et des Parisiens.
Et la musique, que vient-elle faire dans cette histoire ? La femme du narrateur jouant du piano, un ami du couple, violoniste, se propose de l'accompagner. Et c'est le soir où ils exécutent la Sonate "à Kreutzer" de Beethoven qu'éclate la folle jalousie du mari, jalousie dont cette œuvre musicale est en partie responsable. « Ils jouaient la Sonate "à Kreutzer" de Beethoven.
Vous connaissez le premier presto ? Ouh ! c'est une chose terrible que cette sonate.
Ce mouvement-là, justement. Et, en général, la musique est une chose terrible. Qu'est-ce que c'est ? Je ne comprends pas. Qu'est-ce que la musique ? Que fait-elle ? Et pourquoi fait-elle ce qu'elle fait ?
On dit que la musique agit en élevant l'âme — sottise, mensonge. Elle n'agit ni en élevant ni en abaissant l'âme, mais en l'irritant. Comment vous dire ? La musique me pousse à m'oublier moi-même, mon véritable état, elle me transporte dans un autre état, qui n'est pas le mien : sous l'influence de la musique, il me semble que je sens ce qu'en réalité je ne sens pas, que je comprends ce que je ne comprends pas, que je peux ce que je ne peux pas. J'explique ça par le fait que la musique agit comme le bâillement, comme le rire : je n'ai pas sommeil, mais je bâille en regardant celui qui bâille, il n'y a rien de drôle, mais je ris en écoutant quelqu'un rire. »


" Même dans notre société Chrétienne c'est à peine s'il y a un homme sur cent qui fasse usage de l'art, effrayante et terrible musique"

" La musique, elle me transporte instantanément, directement dans l'état d'âme où se trouvait celui qui l'a écrite. Je me fonds à lui intérieurement et me transporte avec lui d'un état dans un autre état, mais pourquoi je le fais, je n'en sais rien. Celui qui l'a écrite, la Sonate "à Kreutzer",Beethoven, lui, il savait pourquoi il se trouvait dans cet état — cet état l'a mené à certaines actions, il avait pour lui un sens, alors que pour moi il n'en a aucun. C'est pourquoi la musique ne fait qu'irriter, elle n'achève rien. Une marche militaire, mettons, on la joue, les soldats défilent, la musique a atteint son but ; on a joué un air de danse, j'ai dansé, la musique a atteint son but ; on a chanté une messe, j'ai communié, la musique là aussi a atteint son but — autrement, elle ne peut qu'irriter, et que faire de cette irritation ? Rien. Et c'est pour ça que la musique agit parfois de façon si terrible, si effrayante. En Chine, la musique est une affaire d'État. C'est ce qu'elle devrait être. Est-ce qu'on peut admettre que n'importe qui puisse hypnotiser une ou deux personnes à sa guise, et en fasse ensuite ce qu'il veut ? et surtout que cet hypnotiseur soit un homme sans morale, le premier venu "
Selon le narrateur, le violoniste a hypnotisé sa femme, il s'est servi de son violon pour l'amener au plaisir qu'il voulait en tirer. Tout s'est noué entre eux par " le lien de la musique, cette forme raffinée de concupiscence charnelle ". Pour le vieux Tolstoï, donc, la musique, qui devrait être, en principe, communion des âmes, n'est qu'une branche de l'animalité.
Est-ce en souvenir de cette nouvelle, où Beethoven fait figure de criminel et d'assassin, que Tolstoï, sept ans plus tard, dans son essai Qu'est-ce que l'art ?, désigne à la vindicte publique le compositeur allemand ? On est très surpris de la sévérité de cette condamnation infligée à celui de tous les artistes modernes qu'aurait dû épargner sa hargne. La thèse générale de cet essai est que l'art moderne est coûteux, réservé à une poignée de nantis, et de toute façon trop compliqué en soi, trop obscur pour être accessible au peuple, même si le peuple avait les moyens de se rendre au théâtre ou au concert.
"Nous affirmons que l'art que nous possédons est le seul réel, et cependant les deux tiers de la race humaine vivent et meurent sans se douter de cet art unique et suprême. Et, même dans notre société chrétienne, c'est à peine s'il y a un homme sur cent qui en fasse usage ; les quatre-vingt-dix-neuf autres vivent et meurent, de génération en génération, écrasés par la tâche, sans jamais goûter à notre art, qui est d'ailleurs d'une telle nature que, s'ils y goûtaient, ils seraient hors d'état d'y rien comprendre. "
Fort d'une pareille conviction, Tolstoï condamne Baudelaire, Maeterlinck, Mallarmé parmi les écrivains, Monet et Manet parmi les peintres, Schumann, Berlioz et Liszt parmi les musiciens.
Nous sommes d'autant plus ahuris de découvrir que, pour l'admirateur de Victor Hugo, de Dickens, de Mozart, de Chopin, pour celui qui réclamait un art accessible à tout le monde, dans toutes les classes de la société, vraiment universel, l'auteur de l'Hymne à la joie n'ait pas eu droit à plus d'indulgence.

Beethoven : trop compliqué;

" La Neuvième Symphonie de Beethoven passe pour une des plus grandes œuvres de l'art. Pour me rendre compte de ce qui en est au juste, je me pose avant tout la question suivante : cette œuvre exprime-t-elle un sentiment religieux d'un ordre supérieur ? Et je réponds aussitôt par la négative, puisque la musique, en aucun cas, ne saurait exprimer de tels sentiments. Je me demande ensuite : cette œuvre, faute de pouvoir appartenir à la catégorie supérieure de l'art religieux, possède-t-elle au moins la seconde qualité de l'art véritable de notre temps, à savoir : d'unir tous les hommes dans un même sentiment ? Et cette fois encore je ne puis répondre que négativement : car d'abord je ne vois pas que les sentiments exprimés par cette symphonie puissent aucunement unir les hommes qui n'ont pas été spécialement élevés, préparés, à subir cette hypnotisation universelle ; et, de plus, je n'arrive pas à me représenter une foule d'hommes normalement constitués qui puissent comprendre quoi que ce soit à cette œuvre énorme et compliquée, sauf pour de courts passages, noyés dans un océan d'incompréhensibilité. Et ainsi, bon gré mal gré, force m'est de conclure que cette œuvre relève de ce qui est pour moi le mauvais art. Par un phénomène curieux, le poème de Schiller, introduit dans la dernière partie de cette symphonie, énonce, sinon clairement, du moins expressément, cette pensée : que le sentiment (Schiller ne parle, à dire vrai, que du sentiment de la joie) unit tous les hommes et fait naître en eux l'amour. Mais, outre que ce poème n'est chanté qu'à la fin de la symphonie, la musique de la symphonie entière ne répond nullement à la pensée exprimée par Schiller, car c'est une musique tout à fait particulariste, n'unissant point tous les hommes, mais seulement quelques hommes, qu'elle contribue par là à isoler du reste de l'humanité. "
Alors, Tolstoï, un béotien ? un âne bâté ? un simple rebelle ? On serait tenté de le croire, à entendre de telles énormités. Par surcroît, beaucoup de ses prophéties se sont révélées fausses : Monet, par exemple, est devenu un des peintres les plus populaires du monde.
Je pense, pour ma part, que Tolstoï était parfaitement conscient du caractère outré de ses diatribes et qu'il n'avait foi qu'en leur vertu provocatrice. Nous faire réfléchir, nous tirer de notre torpeur culturelle et du consensus mou qui continue aujourd'hui à nous endormir, tel était son but. Et quand il écrivait à sa femme Sophie :
"Beethoven ou Glinka ne sont pas aussi admirables que la complainte des Bateliers de la Volga ",
n'annonçait-il pas, ne préparait-il pas certaines des réflexions contemporaines qui doutent de la supériorité du "grand art" et mettent en parallèle une paire de bottes et Shakespeare ?
Quelle belle et fraîche insolence ! Quelle bonne grâce à mettre lourdement les pieds dans le plat ! C'est cela, la vraie subversion qui rend Tolstoï éternellement jeune : prendre à rebrousse-poil les idées les mieux reçues.

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TOLSTOÏ ET LA FOLIE ET LE SUICIDE.
"DU SUICIDE" de Léon Tolstoï

C'est en 1910 que Léon Tolstoï écrit un pamphlet sur le suicide, qui ne sera jamais terminé, ni publié de son vivant car il meurt quelques mois plus tard.
Ce texte est une réponse aux nombreuses lettres que l'auteur a reçues de personnes suicidaires, qui ont perdu leur envie et leur joie de vivre, lui demandant conseil.
Car Léon Tolstoï est considéré à la fin de sa vie comme un sage connu dans le monde entier.
Après plusieurs mois de recherches, à visiter des centres psychiatriques afin de s'imprégner de cette souffrance et lire de nombreux textes sur le sujet, Léon Tolstoï nous fait part de son avis.
Il nous explique ce qui, selon lui, est la cause de "la folie de notre vie", en mettant constamment en rapport ce mal contemporain avec la religion et les problèmes de la société du XXe siècle.
L'auteur est contre la religion, contre la science et le progrès, et nous montre dans cette analyse qu'ils sont responsables de la folie croissante du monde.
Le suicide n'est finalement qu'un prétexte à un texte beaucoup plus philosophique sur la folie humaine.
L'auteur pose de nombreuses questions, sur l'absurdité de notre système, sur la folie des hommes qui les poussent à accepter l'inacceptable sans se poser de questions.
Et à ces questions il apporte ce qui, selon lui, est la seule réponse possible : nous sommes tous atteint d'une folie que l'on appelle "la culture de notre temps".
On retrouve dans cet essai, l'ultime pensée de l'auteur sur un sujet qui l'a préoccupé pendant des années, et qui est toujours autant d'actualité au XXIe siècle.
Une lecture très intéressante et d'actualité, qui nous fait découvrir le dernier écrit de ce grand penseur qu'est Léon Tolstoï et qui nous fait réfléchir sur notre propre univers, notre propre société.

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Posté le : 09/09/2012 11:50

Edité par Loriane sur 10-09-2012 09:31:05
Edité par Loriane sur 10-09-2012 09:33:47
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Frédérico Garcia Lorca
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Andalousie, passion, sang, flamenco et poésie. Le 19 Août 1936, Frédérico Garcia Lorca, tomba sous les balles Franquiste. Le rossignol à la plume d'or n'est plus sur sa branche et pourtant il chante et nous enchante encore de ses vers envoûtants.

Il naît le 5 juin 1899 à Fuente Vaqueros, celui que l'on nomma le "rossignol andalou" passa son enfance dans la province de Grenade.
Poète, dramaturge, musicien et peintre, Federico Garcia Lorca a transcendé les genres pour explorer les tréfonds de son âme et de sa sensibilité andalouses. Menant son combat en faveur des plus démunis, il a puisé sa force dans sa connaissance du peuple et de sa culture.
Il porta très haut la bannière de l'art populaire, les yeux émerveillés, l'esprit ouvert, le coeur généreux, Lorca fait figure d'avant-gardiste, sorte de romantique décadent.
La poésie de Frédérico Garcia Lorca est un torrent et la musique en est son lit. Celle-là s'évertuant à porter gracieusement celle-ci. "Avec les mots, on dit des choses humaines ; avec la musique, on exprime ce que personne ne connaît ni ne peut définir mais qui existe plus ou moins fortement en chacun de nous. La musique est l'art par nature", avoue Frédérico Garcia Lorca.
Les murs de sa maison en sont imprégnés et sans cesse y tourne le gramophone familial. Bercé aux sons des douces chansons inspirées de la vie rurale, Frédérico Garcia Lorca éprouve très tôt sa sensibilité d'artiste.
"Mon enfance a consisté à apprendre les lettres et les chansons avec ma mère, à être un enfant savant dans le village".
Plus tard, c'est sa rencontre et son amitié avec le guitariste Manuel de Falla qui orientera définitivement son chant vers le folklore musical de sa terre natale
Aux côtés du musicien, Lorca s'imprègne sans retenue des chansons ancestrales de son pays. Plus fort encore, de cette amitié naît l'engagement de toute sa vie : oeuvrer à la renaissance de l'expression la plus pure de l'émotion espagnole et andalouse, le flamenco.
Frédérico Garcia Lorca s'évertuera en permanence d'en nourrir l'ensemble de ses réalisations artistiques et de développer une nouvelle considération morale pour cette musique qu'il perçoit comme la quintessence de l'expression populaire.
Parmi les chants flamenco, il en est un plus intime, plus intérieur que les autres.
Le cante jondo ou "chant profond".
Garcia Lorca en parle mieux que personne :
"Il s'agit d'un chant purement andalou. C'est profond, véritablement profond, plus encore que tous les puits et toutes les mers qui entourent le monde, beaucoup plus profond que le coeur actuel qui le crée et que la voix qui le chante, parce qu'il est presque infini.. Il n'y a rien, absolument rien de comparable en Espagne, que ce soit au niveau du style, de l'atmosphère ou de la justesse et de l'émotion ."
C'est avec un ravissement non dissimulé que Lorca se laisse enivrer par son élégance authentique. Il est notamment à l'origine du premier concours de cante jondo organisé à Grenade en 1922. Il y obtient la reconnaissance des intellectuels pour ce chant jusqu'ici proscrit aux marges des langages artistiques espagnols.
Frederico Garcia Lorca apparaît dès lors comme l'organe vital d'une démarche artistique moderne et progressiste, consistant à (sup)porter cette expression séculaire pour en dégager les fondements d'un art "primitif andalou". Expression la plus archaïque de l'identité andalouse, le poète veut sortir le cante jondo de la marginalité et du discrédit dans lesquels il croupit depuis trop longtemps.
Un retour à ses origines lui permet de justifier la gratitude légitime qu'il mérite. "Nous devons (aux tribus gitanes) la création de ces chants, âme de notre âme ; nous leur devons les gestes rituels de la race, la construction de ces chemins lyriques par lesquels s'envolent tous les maux."
Avec Federico Garcia Lorca, le flamenco acquiert une force universelle et libératrice. Son recueil "Romancero gitan" en est l'illustration la plus accomplie. Avec ce morceau de poésie musicale, la culture populaire la plus ancestrale prend ses lettres de noblesse. Le génial rossignol transcende le flamenco en tant que musique populaire anecdotique pour en extraire un nouvel élan créateur.
Pour Frédérico Garcia Lorca l'état émotionnel est l'esprit créateur; Faire fi de la forme et du style au profit d'une expression artistique plus instinctive, immédiate, afin de révéler nos émotions les plus pures.
Frédérico Garcia Lorca s'engage alors totalement sur la voix ouverte par l'impressionnisme, prolongée par l'expressionnisme et parachevée par le surréalisme, dont il se fait un illustre représentant.
Dans l'art, on ressent souvent les choses sans pour autant pouvoir les expliquer.
Dans le flamenco, cette magie est le duende, sorte d'esprit follet s'invitant aux rassemblements andalous autour de la danse et des chants flamenco. Lorca met en place toute une étude à ce sujet.
Frédérico Garcia Lorca déclare le rencontrer "endormi dans les ultimes chambres du sang", là où l'émotion est à son comble et où repose l'essence pure de l'homme andalou.
Habité de ce charme mystérieux et indicible, le cante jondo est un art libre qui vit et évolue au-delà même de l'artiste.
Le "cantaor" emprunte et interprète, à l'écoute de ses sensations. Mais au final, "les poèmes du cante jondo ne sont de personne." Dans ce nouvel écrin, entre conscience et subconscience, le chant primitif andalou revit et prend place au panthéon des plus grandes expressions artistiques.
Cette obstination acharnée de Lorca à revaloriser la culture populaire procède d'un autre combat, plus vaste encore.
Dans la république espagnole balbutiante, le grand poète de la nation défend vigoureusement le droit de chacun à accéder au savoir. En 1932, Lorca le dramaturge monte son projet de 'La Barraca', une troupe de théâtre itinérante et gratuite. De village en village, elle présente à un public populaire, le plus souvent illettré, les grandes oeuvres du répertoire espagnol. Un triomphe !
Avant d'être économiques, pense-t-il, les revendications doivent être culturelles.
Du pain pour vivre, mais pas "en esclaves d'une terrible organisation de la société."
Dans sa pièce de théâtre 'La Maison de Bernarda Alba', Garcia Lorca nous emmène au coeur d'un foyer andalou composé exclusivement de femmes et subissant l'autorité tyrannique de leur mère. Les quatre murs de la maison se dressent alors de toute leur hauteur, symbole de l'enfermement dont souffre la société espagnole.
Des livres et du théâtre Frédérico Garcia Lorca veut un peuple fier de sa terre, conscient de son existence et de sa culture. Avant de prier pour qu'une pluie divine vienne arroser ses semis ou pour qu'un soleil dore généreusement ses champs de vignes.
un homme doit avant tout pouvoir se délecter de tous les fruits de l'esprit humain, à la lumière de la connaissance. Ainsi seulement pourra-t-il résoudre les problèmes auxquels il est confronté, symbole de l'intelligence persécutée, la peine, la douleur, la passion et le suicide hantent ses écrits.
Des histoires d'amours contrariées ou incomprises dans 'La Savetière prodigieuse' ou 'Yerma'.
Des hommes à la jalousie violente dans 'Noces de sang'.
L'angoisse du temps qui passe dans 'Lorsque cinq ans seront passés'.
Garcia Lorca se penche sur cette recherche existentielle du sens à donner à la vie.
A travers ce travail introspectif, l'artiste chasse ses propres déchirements. Il y dissimule ses doutes et ses désirs. Notamment, comment assumer son homosexualité dans un pays où le sentiment amoureux ne peut être considéré qu'à travers le prisme d'un catholicisme acéré ?
Ecoeuré, l'artiste partira d'ailleurs aérer son esprit aux Etats-Unis et à Cuba.
De retour, Frédérico Garcia Lorca publiera le recueil "Poète à New York", dans lequel il évoque avec soulagement son homosexualité dans le poème "Ode à Walt Whitman". Néanmoins, ce mal-être persistant restera en filigrane dans bon nombre de ses créations.
Prodige aux envolées lyriques au destin tragique, le rossignol andalou est abattu en plein vol le 19 août 1936, dans un champ d'olivier, près de Grenade, par des membres de la Falange española .
En hommage au poète fusillé, l'écrivain et critique d'art Jean Cassou écrira :
"Ce que les balles fascistes ont frappé dans cette gorge et dans ce coeur est autre chose que la simple vie d'un ennemi : c'était une des sources mêmes, une des jaillissantes fontaines de l'émotion universelle.
L'Andalousie se meurt, l'Andalousie est morte…"
Frédérico Garcia Lorca laisse derrière lui une oeuvre sensuelle et engagée.
Elle relie tradition et surréalisme, en revisitant une culture ancestrale pour en faire l'étendard d'un processus créatif moderne.
Pourtant, son inclination sexuelle désignée comme "amorale", son engagement intellectuel contestataire surtout ont fini par avoir raison de celui qui, avec d'autres, comme Manuel de Falla ou Picasso, ont très largement contribué à l'émergence d'un nouvel âge d'or de la création artistique espagnole.
De ses vers, le poète à l'habit de lumière laisse monter le chant des vertes montagnes de sa terre grenadine, sur lesquelles semblent dévaler de blanches avalanches.
Ces villages aux ruelles étroites le long desquelles les oranges viennent tenter le passant.
Des oranges qui renferment leur amertume dans une enveloppe chaleureuse et sucrée.
A l'image de l'artiste, enthousiaste et affectueux à l'extérieur, mais rongé en dedans par une douleur âpre et acide.
Frédérico Garcia Lorca n'est pas un poète andalou. Il est l'Andalousie..
LM



liens :

vie de Frederico Garcia Lorca
http://youtu.be/yt0BALshdTY
http://youtu.be/hM13XbdQzPs
http://youtu.be/fjToeTZqiN4
http://youtu.be/W5dgAfGIKJA
http://youtu.be/zA0r57fOXiQ

Lien noce de sang et flamenco
http://youtu.be/AEgLavh2-D

Jean Ferrat Chante Frédérico Garcia Lorca
http://youtu.be/pnxOjtZPoSE

Nilda Fernandez chante Garcia Lorca
http://youtu.be/kqFGIU-NVMk


Flamanco
http://youtu.be/KS2UI54zAXY

LA romanca de la luna
http://youtu.be/ufMTgT6Xffw
http://youtu.be/G03oGsAz3ZM

A las cinco de la tarde
http://youtu.be/jb7jS-4HCGI

Histoire de Franco
http://youtu.be/qXhxhNqMHZU

La guitarra
http://youtu.be/LYtUtPriGjM

la casa infiel
http://youtu.be/nzKBq4N7Xc0

Bodas de sangre
http://youtu.be/mhOy1Jk3yxQ

romantia de la guardia civile(chantée)
http://youtu.be/x8uMVGTk3ew

CANTE JONDO Alméria pirri fandangos
http://youtu.be/-gb4sXAZyfE


CANTE JONDO Fraguerro El Alcayatas
http://youtu.be/3ZcIE0ndfZE


Et juste pour le plaisir Nilda et Lalanne
http://youtu.be/EgIySq36-Sk

Nilda Fernandez Madrid
http://youtu.be/fTlnf2TrGQ4

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Posté le : 27/08/2012 12:57
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Guillaume Apollinaire
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GUILLAUME APOLLINAIRE

Est né , le 26 Août 1880, à Rome Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky, (Guillaume, Albert, Vladimir, Apollinaire de Kostrowitzky), de nationalité Polonaise, sujet de l'empire Russe, fils de Angélique de Kostrowitzky (et fils putatif de François Flugi d'Aspermont).
IL grandira sans père et sa mère lui parle polonais et Italien
.

-1882,
Le 18 Juin, naissance de son demi-frère Alberto Eugenio Giovanni.
-1883/84
Apollinaire est à Bologne, il apprend à lire et écrire en Italien
-1887
Installation à Monaco d'Angélique et de ses deux fils. Sa mère fichée comme "femme galante" vit dans des conditions difficiles, elle rencontre de nombreuses difficultés, malgré tout ses deux fils sont élevés au collège Saint-Charles de Monaco
-1888/96
Apollinaire se met à l'écriture dés sa sixième.
-1896-1897
, Apollinaire passe quelques mois au collège de Cannes, puis il étudie la rhétorique au lycée de Nice. Il est passionné par l'écriture, la lecture et veut devenir journaliste. en dépit de cela il quittera le lycée de Nice sans obtenir le baccalauréat, et ne le repassera pas. Il se révèle déjà de sensibilité anarchiste et se positionne en temps que Dreyfusard
-1899,
La famille passe quelque temps à Aix-les-bains, puis Lyon et s'installe à Paris. Apollinaire dévore les bouquinistes et la bibliothèque Mazarine. Sa mère part pour Spa en Belgique et les deux frères resteront en séjour à Stavelot. Rencontre d'une jeune fille, Mareye, de son vrai nom Marie Dubois. Ebauche de L'Enchanteur pourrissant.
-1900
C'est le retour à Paris. Apollinaire travaille dans une officine financière, la Bourse parisienne, et fréquente la bibliothèque Mazarine. Il apprend la sténo, et sert de nègre à l'avocat bohème Esnard, qui publie le roman-feuilleton Que faire? dans Le Matin.
-1901,
Apollinaire collabore à Tabarin, hebdomadaire satirique de Montmartre. Il publie ses trois premiers poèmes signés Wilhelm Kostrowiztky, dans la revue La Grande France. Il aime sans retour Linda Molina da Silva, sœur d'un de ses amis, et lui adresse des poèmes.
Puis il fera un séjour en Rhénanie (Allemagne) comme précepteur pour la famille de Milhau. Il rencontre Annie Playden, la gouvernante dont il s'éprend.
-1902,
Voyage en Allemagne et en Autriche-Hongrie. En accompagnant la famille Milhau, il visite Cologne, Hanovre, Berlin, Dresde, Munich. Il visite seul Prague et Vienne. La Rhénanie et l'Allemagne lui inspirent poèmes, contes et articles, dont il se servira de retour en France. Annie l'ayant définitivement éconduit après l'avoir longtemps encouragé, il rentre fin août. À l'automne, il commence à collaborer à l'hebdomadaireL'Européen; la Revue blanche publie des contes signés Guillaume Apollinaire.
Première publication dans La Revue Blanche de L'Hérésiarque. Il travaille comme journaliste à L'Européen et employé dans une banque.

-1903-1904
ILe 18 avril, il assiste au caveau du Soleil d'or à une soirée de la revue" La Plume" et rencontre Alfred Jarry et André Salmon. Avec ce dernier Il publie sa propre revue Le Festin d'Esope, qui s'arrêtera après 9 numéros en Août 1904.. Première version de L'Enchanteur pourrissant.
Puis séjours à Londres où Annie se montre distante.
1905,
Publie un seul numéro de la Revue Immoraliste et de Les Lettres modernes. En Janvier Il rencontre Derain, Vlaminck, Max Jacob et Picasso. Le Bateau Lavoir et Le Lapin Agile sont des lieux de ralliement où se retrouvent de jeunes artistes. Paul Fort fonde Vers et Prose. Apollinaire y collabore. "La plume "
Annie ayant définitivement quitté l'Angleterre pour les Etats-Unis. Apollinaire reprend et achève «La Chanson du mal aimé». À la fin de l'année, quatre de ses poèmes paraissent dans Vers et prose, la revue de Paul Fort. À partir de septembre, il travaille dans une banque.
1906
Année difficile. Il peine à écrire et regrette Annie. Il fréquente Jean Moréas, Mécislas Golberg et Paul Fort. Il rédige Les onze mille Verges qu'il publie sans nom d'auteur début 1907.
1907
,
Il Publie ses deux romans érotiques, Les Exploits d'un jeune don Juan [b]Louis de Gonzague Frick lui ouvre les pages de La Phalange dirigée par Jean Royère. Il quitte le domicile de sa mère au Vésinet et s'installe seul rue Henner, au pied de la butte Montmartre. Sa rencontre avec Marie Laurencin ouvre une période de renouveau créateur dont témoignent des poèmes comme «Le Brasier» et «Les Fiançailles». Il publie plusieurs contes, poèmes. Il commet un article sur Matisse dans La Phalange.et Les Onze mille verges. [/b]
1908,
Apollinaire écrit dans La Phalange, publication d'Onirocritique et du noyau du Bestiaire. Conférence consacrée à la poésie symboliste au Salon des Artistes indépendants. Apollinaire écrit une préface au catalogue de l'exposition du Cercle de l'art moderne du Havre qu'il intitule 'Les Trois vertus plastiques." Il décide de vivre de sa plume: il passe un contrat avec La Bibliothèque des Curieux (édition des classiques de l'érotologie pour les collections «Les Maîtres de l'amour» et «Le Coffret du bibliophile»; 1ère publication sur Sade en 1909) Il tient une chronique des romans à La Phalange; il fait régulièrement des conférences. Il commence à se faire connaître comme critique d'art en écrivant sur Braque et le Douanier Rousseau. Il se rapproche momentanément de Georges Duhamel d'une part, d'autre part de Jules Romains.
1909,
Début de la collaboration en tant que critique d'art à L'Intransigeant et au Mercure de France. Poèmes publiés dans La Phalange.
Sa mère s'étant installée au Vésinet, Apollinaire, qui n'a pas encore de logement personnel, partage son temps entre Paris et les bords de Seine, où il rencontre Derain et de Vlaminck qui peignent ensemble depuis 1900. En mai, il retourne à Londres auprès d'Annie et s'en revient rassuré
1910
,Appolinaire s'installe à Auteuil pour se rapprocher de Marie Laurencin.
Mystification: Apollinaire écrit des articles de critique sur la littérature féminine et des poèmes sous le pseudonyme de Louise Lalanne. Le premier mai, "La Chanson du mal-aimé" (Alcools) paraît dans Le Mercure de France. Le 13 juillet, son ami André Salmon se marie et Apollinaire compose un poème pour l'occasion. En décembre, son premier livre, L'Enchanteur pourrissant, illustré de bois de Derain, paraît à cent exemplaires. Apollinaire déménage au 15 de la rue Gros, puis au 37. 1910, Il publie, en octobre, un recueil de contes, L'Hérésiarque et cie.
Chroniqueur à La Démocratie sociale, il collabore à Paris-Journal et tient la rubrique «La Vie artistique» de L'Intransigeant. En octobre, il publie un recueil de contes L'Hérésiarque et Cie, qui manque de peu le Prix Goncourt.
1911
En Mars, publication de Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, illustré par des gravures de Raoul Dufy.dont plusieurs poèmes seront mis en musique par Francis Poulenc après la Grande Guerre
Chroniqueur, il commence la rubrique de la vie anecdotique au Mercure de France qu'il tiendra jusqu'à sa mort. Le 7 septembre, inculpé pour complicité de vol dans l'affaire des statuettes ibériques dérobées au Louvre par son ami belge Géry Piéret, il est incarcéré à la Santé, où il écrit les poèmes qui prendront place dansAlcools sous le titre "A la santé" Apollinaire est incarcéré à la Santé. Le 12, soutenu par ses amis il est relâché et l'affaire se termine par un non-lieu. Apollinaire à la Santé: une promenade virtuelle.
1912,
Avec Salmon, Tudesq, Dalize et André Billy ce sera la fondation de la revue, Les Soirées de Paris. Apollinaire y contribue avec des poèmes, des notes d'art et des échos à chaque numéro. Il prend en charge la direction de la revue à partir de 1913.
1913,
. Rupture avec Marie Laurencin en Juin, après 5 ans de vie commune. Apollinaire écrit "Le Pont Mirabeau."
Le premier janvier, Apollinaire s'installe au 202, Boulevard Saint Germain, son dernier domicile. En février, les futuristes italiens exposent à Paris. En mars, il publie les Méditations esthétiques. Les peintres cubistes
En avril, il publie Alcools, sélection concertée de sa production poétique de 1898 à 1913. En corrigeant les épreuves, il avait supprimé toute la ponctuation et changé le titre initial, Eau de vie, en Alcools, plus riche et plus insolite. Le 29 juin, Apollinaire publie L'Antitradition futuriste en français et en italien. cela semble un geste ambigu d'un désir de rapprochement avec l'avant-garde Italienne. Il se lie d'amitié avec Picabia et fait la connaissance de Blaise Cendrars. En mai, il fait paraître un livre de critique d'art, Les Peintres cubistes.
En novembre, le n° 18 des Soirées de Paris inaugure la nouvelle série de la revue: reprise par le peintre Serge Férat et sa cousine, peintre et écrivain, Hélène d'Œttingen, dirigée par Apollinaire, elle prend un tournant résolument moderne.
1914,
Apollinaire écrit ses premiers calligrammes, il fréquente de plus en plus Montparnasse-le centre cosmopolite de la peinture. Il séjourne à La Baule et en Normandie (Deauville) avec André Rouveyre au moment où la guerre est déclarée. Mobilisation générale. Il fait sa demande de naturalisation française. En septembre, il rencontre Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou. Engagé, le 6 décembre, il part pour le trente-huitième régiment d'artillerie de campagne, à Nîmes. Lou l'y rejoint le lendemain. Liaison très sensuelle.
Polémiques avec Henri-Martin Barzun sur le simultanéisme.
En mars, L'Intransigeant lui ôte sa rubrique artistique en lui reprochant de prendre trop vivement le parti du cubisme.
En juin, «Lettre-Océan», le premier «idéogramme lyrique», est publié dans Les Soirées de Paris. Mariage de Marie Laurencin avec un peintre allemand.
Le 1er août, Apollinaire et Rouveyre rentrent précipitamment de Deauville où ils étaient chargés de couvrir la «saison». Ils se fontphotographier boulevard Poissonnière.
Le 10 août, Apollinaire dépose une demande d'engagement volontaire assortie d'une demande de naturalisation; elle sera provisoirement rejetée.
En septembre, à Nice depuis le début du mois, il rencontre Louise de Coligny-Châtillon le 27, la courtise sans la vaincre, lui envoie des poèmes et la renomme Lou («Je pense à toi»).
Le 4 décembre, il signe son engagement pour la durée de la guerre.
Le 6 décembre, il arrive au 38e Régiment d'artillerie de Campagne de Nîmes. Lou (Poèmes à Lou, Lettres à Lou) le rejoint le 7 pour une semaine de passion.
1915
Ultime rencontre avec Lou le 28 mars. Apollinaire se porte volontaire pour le front. Il est nommé brigadier. Il a rencontré, Le 2 Janvier dans un train, une jeune femme, Madeleine Pagès, qui vit près d'Oran et avec qui il entre en correspondance. (Pour Madeleine seule)
Le 4 Avril il part pour le front Il devient 'son fiancé. Il commence à échanger des lettres avec une jeune poétesse de Montpellier, Yves Blanc, sa marraine de guerre.
Le 17 juin, le recueil, Case d'armons est imprimé.
Le 1er septembre, après avoir été agent de liaison, brigadier fourrier et observateur aux lueurs, il est chef de pièce. Dans le secteur des Hurlus, il participe à la seconde offensive de Champagne qui débute le 25 septembre, au cours de laquelle Blaise Cendrars perd son bras droit.
Il est nommé Maréchal des logis le premier septembre. Il est affecté dans les environs de Reims; c'est la guerre des tranchées. En décembre, séjour en Algérie dans la famille de Madeleine.
Il passe les fêtes de Noël et du Jour de l'an à Oran auprès de Madeleine (Lettres à Madeleine).
1916
Il est naturalisé français le 9 mars par décret.
Le 17, il est atteint à la tête par un éclat d'obus. Il est trépané en mai. Il abandonne définitivement ses projets de mariage avec Madeleine, Pierre Reverdy fonde Nord Sud. Le 9 mai, il subit une trépanation visant à enlever l'hématome dû au choc de la blessure. Sa convalescence sera longue et douloureuse.
Le 17 mai, il reçoit une citation à l'ordre du régiment et la Croix de guerre.
En octobre, Apolliniare publie le Poète assassiné, recueil de contes prêt dès avant la guerre et auquel il vient d'ajouter un ultime chapitre.
1917
Il renoue avec les milieux artistiques et reprend ses activités littéraires et journalistiques. André Breton (qui lui écrit depuis décembre 1915) et Philippe Soupault se tournent vers lui. Pierre Reverdy le désigne comme chef de file de la jeune génération dans sa revue Nord-Sud.
Le 18 mars, il emploie publiquement l'adjectif «sur-réaliste» dans le programme du ballet Parade (Satie, Cocteau, Picasso, Massine).
Le 24 juin, première controversée de la pièce "Les Mamelles de Tirésias"(Apollinaire et Les Mamelles de Tirésias) au Conservatoire Maubel à Montmartre. Dans cette pièce il donne sa définition du sur réalisme. Pour caractériser mon drame je me suis servi d'un néologisme qu'on me pardonnera car cela m'arrive rarement et j'ai forgé l'adjectif surréaliste qui ne signifie pas du tout symboliste comme l'a supposé M. Victor Basch, dans son feuilleton dramatique, mais définit assez une tendance de l'art […] Et pour tenter, sinon une rénovation du théâtre, du moins un effort personnel, j'ai pensé qu'il fallait revenir à la nature même, mais sans l'imiter à la manière des photographes."
Le lendemain, il prend ses fonctions à la Censure.
Le 26 novembre, conférence sur l'Esprit nouveau au Vieux-Colombier, lue par Pierre Bertin.
Il publie plus de poèmes que dans aucune autre année. Publication deVitam impendere amori. Il écrit un scénario de cinéma, La Bréhatine,avec André Billy. Il rencontre Amélia, dite Jacqueline, Kolb, «la jolie rousse».
1918,
Le premier janvier, atteint de congestion pulmonaire, il entre à l'hôpital. Le 2 mai, il épouse Jacqueline Kolb à la mairie du VIIème arrondissement. Vollard et Picasso sont ses témoins. Il collabore au Temps,au Siècle, à Paris-Midi, à L'Intransigeant, à L'Excelsior et à L'Information. En janvier 1918, Les Mamelles de Tirésias paraissent aux éditions SIC. En avril, les éditions du Mercure de France publient Calligrammes, dédié à la mémoire de René Dalize, mort au combat le 7 mai 1917.Poèmes de la paix et de la guerre 1912-1916. Il prépare deux pièces et un opéra bouffe, Casanova. Il publie quelques chroniques aux éditions de la Sirène sous le titre Le Flâneur des deux rives. Il travaille à La Femme assise.
Le 28 juillet, il est promu lieutenant.
Le 9 novembre, il meurt à l'âge de 38 ans de la grippe espagnole dont l'épidémie ravage l'Europe. Engagé pour la durée de la guerre, il est déclaré «Mort pour la France».
Il est inhumé le 13 au Père-Lachaise.
Sa mère et son frère le suivent de près dans la mort en 1919.

Il laisse un opéra-bouffe Casanova (musique d'Henri Defosse), une pièce en répétition Couleur du temps, un recueil de chroniques Le Flâneur des deux rives (1919), un roman inachevé La Femme assise et le manuscrit des Diables amoureux (recueil de ses travaux pour la Bibliothèque des Curieux qui paraîtra en 1964).


Liens :

http://www.ina.fr/art-et-culture/litt ... laume-apollinaire.fr.html
Illustrations, peinture Marie Laurencin
Portrait de G. Apollinaire

[b] MAREYE (Maria Dubois)

Mareye était très douce étourdie et charmante
Moi je l'aimais d'Amour m'aimait-elle, qui sait?
Je revois parfois à la lueur tremblotante
Des lointains souvenirs cet Amour trépassé.

Sur ma bouche je sens celle de mon amante
Je sens ses petites mains sur mon front glacé
Ses mains dont doucement elle me caressait
Ses rares mains de sainte pâle ou bien d'infante

Mon amante d'antant dans quels bras t'endors-tu
Pendant l'hiver saison d'amour où les vents pleurent
Où les amants ont froid où les passants se meurent

Sous les tristes sapins meurent en écoutant
Les elfes rire au vent et corner aux rafales?
Songes-tu quelquefois quand les nuits sont bien pâles
Que telles nos amours sont mortes les étoiles?

G. Apollinaire
********
ANNIE

Sur la côte du Texas
Entre Mobile et Galveston il y a
Un grand jardin tout plein de roses
Il contient aussi une villa
Qui est une grande rose

Une femme se promène souvent
Dans le jardin toute seule
Et quand je passe sur la route bordée de tilleuls
Nous nous regardons

Comme cette femme est mennonite
Ses rosiers et ses vêtements n'ont pas de boutons
Il en manque deux à mon veston
La dame et moi suivons le même rite
[Alcools] G.A
*********

LA CHANSON DU MAL AIME
[trois premières strophes]

Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Qui tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Egypte
Sa sœur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour
G.A

*******


MARIE


Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie

Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux

Les brebis s'en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d'argent
Des soldats passent et que n'ai-je
Un cœur moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Sais-je où s'en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles d'automne
Qui jonchent aussi nos aveux

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

[Alcools]
Apollinaire dit Marie

*********

LE PONT MIRABEAU

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


[Alcools]

********

Louise de Coligny-Châtillon (Lou)



Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne

Le ciel est plein ce soir de sabres d'éperons
Les canonniers s'en vont dans l'ombre lourds et prompts

Mais près de toi je vois sans cesse ton image
Ta bouche est la blessure ardente du courage

Nos fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi

Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d'un obus
qui éclate au nord

Je t'aime tes mains et mes souvenirs
Font sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles

[Poèmes à Lou]
*******
Madeleine Pagès

POUR MADELEINE SEULE

Lune candide vous brillez moins que les hanches
De mon amour
Aubes que j'admire vous êtes moins blanches
Aubes que chaque jour
J'admire ô hanches si blanches
Il y a le reflet de votre blancheur
Au fond de cet aluminium
Dont on fait des bagues
Dans cette zone où règne la blancheur
O hanches si blanches


[Poèmes à Madeleine]

******
Jacqueline Kolb
(la jolie rousse)

LA JOLIE ROUSSE


Me voici devant tous un homme plein de sens
Connaissant la vie et de la mort ce qu'un vivant peut connaître
Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l'amour
Ayant su quelquefois imposer ses idées
Connaissant plusieurs langages
Ayant pas mal voyagé
Ayant vu la guerre dans l'Artillerie et l'Infanterie
Blessé à la tête trépané sous le chloroforme
Ayant perdu ses meilleurs amis dans l'effroyable lutte
Je sais d'ancien et de nouveau autant qu'un homme seul
pourrait des deux savoir
Et sans m'inquiéter aujourd'hui de cette querre
Entre nous et pour nous mes amis
Je juge cette longue querelle de la tradition et de l'invention
De l'Ordre et de l'Aventure

Vous dont la bouche est faite à l'image de celle de Dieu
Bouche qui est l'ordre même
Soyez indulgents quand vous nous comparez
A ceux qui furent la perfection de l'ordre
Nous qui quêtons partout l'aventure

Nous ne sommes pas vos ennemis
Nous voulons vous donner de vastes et étranges domaines
Où le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillir
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité
Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait
Il y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenir
Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
De l'illimité et de l'avenir
Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés

Voici que vient l'été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c'est le temps de la Raison ardente
Et j'attends
Pour la suivre toujours la forme noble et douce
Qu'elle prend afin que je l'aime seulement
Elle vient et m'attire ainsi qu'un fer l'aimant
Elle a l'aspect charmant
D'une adorable rousse

Ses cheveux sont d'or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les rose-thé qui se fanent

Mais riez riez de moi
Hommes de partout surtout gens d'ici
Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
Ayez pitié de moi
[Calligrammes]
*******
La marraine de guerre
(Jeanne-Yves Blanc)


POUR Y. B.

Bien qu'il me vienne en août votre quatrain d'avril
M'a gardé de tout mal et de toute blessure
Votre douceur me suit durant mon aventure
Au long de cet an sombre ainsi que fut l'an mil

Je vous remercierai s'il se peut je l'assure
Quand nous aurons vaincu le Boche lâche et vil
Dont la vertu française a ressenti l'injure


[Poèmes à la marraine]

*******


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Posté le : 27/08/2012 11:21
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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