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Jules Verne 1
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Le 24 Mars 1905 meurt à Amiens, Jules Verne


Écrivain français auteur de 62 romans et 18 nouvelles, plus spécialement consacrés à des récits d'aventures et de science-fiction ou d'anticipation.

Le 8 février 1828, à midi, Jules Verne voit le jour à Nantes, au 4 de la rue Olivier-de-Clisson dans le quartier de l'île Feydeau, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adelaïde-Julienne Allotte de la Fuÿe (née Guillochet de La Perrière, entre les deux bras de la Loire. Il est le premier enfant de Pierre Verne et de Sophie Allote de la Fuÿe, mariés depuis un an. Son père est avoué. La famille Verne est vouée à la magistrature, haute bourgeoisie de robe, selon l'expression de l'époque. Quant à sa mère, elle descend d’une famille Nantaise d’origine écossaise qui compte de nombreux armateurs et navigateurs. En 1829, naît son frère Paul avec qui il restera lié toute sa vie. Puis quelques années plus tard viendront Anne (1837), Mathilde (1839) et Marie (1842). Le jeune ménage est installé dans un premier temps dans la maison des beaux-parents sur l’île Feydeau, puis déménage rapidement au 2, quai Jean-Bart. Les premières promenades des deux frères sont pour le port que l’on aperçoit de la fenêtre de leur appartement.

Le port de Nantes n’est plus le port actif qu’il était à la période des négriers et du commerce avec les Indes et Haïti. Il accueille désormais les cap-horniers, dont les pêcheurs de baleine, très actifs occupent toute une partie du port. C’est d’eux dont Jules Verne s’inspira pour décrire certains de personnages comme Ned Land, harponneur de baleine dans Vingt mille lieues sous les mers.

"Je revois cette Loire, dont une lieue de ponts relie chaque bras multiples, ses quais encombrés de cargaisons sous l'ombrage des grands ormes et que la double voie de chemin de fer, les tramways ne sillonnaient pas encore. des navires sont à quai sur deux ou trois rangs. D'autres remontent ou redescendent le fleuve. (...) Que de souvenirs ils me rappellent. En imagination je grimpais dans leurs haubans, je me hissais dans leur hune, je me cramponnais à la pomme de leurs mâts."

Jules et son frère qui deviendra plus tard officier de marine sont attirés et fascinés par ce monde de l’aventure. Dans les greniers de la maison familiale, ils découvrent des trésors : papiers, objets étranges, pacotilles, vieux uniformes, lunettes, sextants… Leur oncle Prudent qui deviendra oncle Prudent, un des protagonistes de Robur le Conquérant les abonde de récits de voyages qui nourrissent leur imagination. Toute sa vie, Jules Verne aimera la mer, la navigation, la géographie, les sciences naturelle, parce qu’il en aura été imprégné toute son enfance.

A 5 ans, on l’envoie chez Mme Sabin, la veuve d'un capitaine au long cours disparu en mer qui tient un cours pour enfant. L’éducation religieuse est au programme, comme l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Jules fait de l’escrime et apprend le piano. Il partage avec son père la passion de la musique et gardera d’une éducation autoritaire le respect des valeurs morales. A neuf ans, Jules et Paul entrent au petit séminaire Saint Donatien.

Robinson suisse, de J.D. Wyss (1812), grand classique de la littérature enfantine raconte l'histoire de la famille Robinson, qui s'échoue sur une île déserte. Seuls rescapés de la catastrophe, ils vont devoir apprendre à vivre seuls, loin de la civilisation, avec quelques rares objets qu'ils ont réussis à rapporter du bateau. Jules s’abreuve de romans d’aventure. Il lit Le Dernier des Mohicans de J. F. Cooper et Robinson Crusoe de D. Defoe. Mais au héros solitaire de Defoe, il préfère le Robinson suisse de J. D. Wyss (1812), un grand classique de la littérature enfantine qui jette une famille entière sur une île déserte. Toute cette littérature lui donne des envies de voyage.

Les affaires de l’avoué Pierre Verne marchent bien. La famille déménage dans un grand appartement, 6 rue Jean-Jacques. De plus, elle acquiert une propriété à Chantenay, un bourg encore retiré de Nantes où la famille passe six mois de l’année entre Pâques et la Toussaint.

"De ma chambrette, je voyais le fleuve se dérouler sur une étendue de deux à trois lieues, entre les prairies qu’il inonde de ses grandes crues pendant l’hiver. (...) Ah! cette Loire, si l’on ne peut la comparer à l’Hudson, au Mississipi, au Saint Laurent, elle n’en est pas moins un des grands fleuves de la France. Sans doute, ce ne serait qu’une humble rivière en Amérique! Mais l’Amérique, ce n’est point un état, c’est un continent tout entier!

Cependant, à voir passer tant de navires, le besoin de naviguer me dévorait. Je connaissais déjà les termes de marine, et je comprenais assez les manœuvres pour les suivre dans les romans maritimes de Fenimore Cooper, que je ne puis me lasser de relire avec admiration. L’œil à l’oculaire d’un petit télescope j’observais les navires, prêts à virer, larguant leurs focs et bordant leurs brigantines, changeant derrière puis devant. Mais, mon frère et moi, nous n’avions pas encore tâté de la navigation, même fluviale!... Cela vint enfin."

C’est là qu’au cours de l’été 1839, Jules alors âgé de 11 ans aurait fait une fugue. Le garçon a appris qu’un trois-mâts, nommé La Coralie appareille pour les Indes. Il se fait engager comme mousse à la place d’un de ses camarades avec le projet d'en ramener un collier de corail pour sa cousine Caroline. Rattrapé à Paimbœuf par son père, la correction est particulièrement sévère et Jules promet à sa mère de "ne plus voyager qu’en rêve". L'anecdote rapportée par les biographes familiaux tient certainement de la légende, mais elle démontre de la fascination du jeune garçon pour la mer et les voyages.

En 1840, les deux frères entrent au lycée. Jules n’est pas un élève brillant. Ses professeurs et ses proches garderont surtout le souvenir d’un garçon plein de vivacité et de gaieté, toujours prêt à organiser des distractions physiques comme spirituelles qui pourtant cache une grande sensibilité. Toute sa vie, il donnera de lui une apparence froide et réservée, tandis qu’au fond, il est plein de malice et de moquerie. Nombreux sont les personnages de ses romans qui seront marqués par cette dualité caractérielle : une personnalité principale refoulée et une apparence froide et rigide.

On peut noter un autre centre d’intérêt déjà présent à cette époque : les machines. Au dire de ses camarades de classe, Jules couvrait ses cahiers de dessins, de schémas représentant des machines imaginaires et invraisemblables.

Depuis des années, Jules faisait une cours discrète, mais assidue à sa cousine germaine Caroline Tronson qui avait son âge. Cette dernière rompt le charme en se mariant. Jules a 19 ans. Il doit penser à son avenir. Son père le destine à prendre sa succession, et c’est donc sans grand enthousiasme qu’il entame des études de droit à Nantes. Il étudie seul à la bibliothèque de la ville et grâce aux conseils de son père. Il se sent seul. Son frère Paul, le cadet, libre de choisir sa voie veut devenir navigateur et s’engage sur un bateau de commerce. Jules pour oublier écrit des pièces de théâtre, tout en suivant consciencieusement ses études. Pour sa troisième année de droit, Jules convainc son père de l’envoyer à Paris.

Désormais installé à Paris, Jules Verne continue d'étudier le droit avec application, tout en couvant des ambitions plus littéraires. Il écrit, il écrit et il lit beaucoup: Molière, Victor Hugo, Alfred de Musset, Dumas père, les romantiques allemands, Shakespeare... Il écrit des pièces de théâtre, d'abord des tragédies puis des comédies. Pendant dix ans, il va ainsi rédiger une vingtaine de pièces légères pour le boulevard et la comédie lyrique. C'est de là qu'il tiendra sa maîtrise des dialogues, de l'art du récit et de la mise en scène spectaculaire.

Son oncle, Francisque de la Celle de Chateaubourg, artiste peintre introduit le jeune provincial dans les salons parisiens où il s’ennuie, mais il plaît. Il rencontre des personnalités politiques, des artistes… Il fait notamment la connaissance d’Alexandre Dumas fils, puis père à qui il fait lire une de ses pièces Les pailles rompues, un marivaudage léger. Ce dernier accepte que la pièce soit jouée le 12 juin 1850 dans son théâtre, le Théâtre Historique qui deviendra Théâtre Lyrique et lui obtient un poste de secrétaire auprès de son directeur, Jules Seveste.

En fréquentant les salons, il fait la connaissance d'Alexandre Dumas fils, sensiblement du même âge que Jules Verne et qui triomphe au théâtre avec La Dame aux camélias. Le jeune homme est ravi, il a pénétré dans les milieux monde du théâtre. Cependant, il déchante très vite, sous le poids des tâches ingrates. Il travaille surtout pour les autres. Ses pièces à lui se succèdent beaucoup plus sur le papier que sur la scène. De plus, il doit continuellement se justifier auprès de son père qui espère toujours le voir reprendre ses affaires.

En janvier 1851, Pierre Verne demande à son fils de revenir à Nantes. Jules lui répond : " quitter Paris, deux ans, c'est perdre toutes mes connaissances, annihiler le résultat de mes démarches, laisser l' ennemi réparer ses brèches". L’année 1851 annonce un tournant dans ses préoccupations : il s’attaque à l’étude des grandes réalisations de la science : l’aérostation sera son premier terrain d’étude. Il écrit Un drame dans les airs et imagine alors une série : Le roman de la science.

Pour se documenter, il passe des journées à la Bibliothèque nationale, où il croise les frères Arago.
L’aîné François (1786–1853), savant physicien et astronome contribua comme ministre de la marine à l'abolition de l'esclavage. Jean (1788-1836), le second, aventurier participa à la guerre d'indépendance du Mexique où il devint général. Il inspira à Jules Verne Les Premiers navires de la marine mexicaine. Jacques (1799-1855), explorateur, bien que âgé et presque aveugle quand il le rencontre continue de voyager à travers le monde. Il est également l'auteur du Voyage autour du monde qui connut un grand succès. Ce dernier aura une profonde influence sur Jules Verne et l’orientera dans ses recherches scientifiques.
Le plus jeune des frères Etienne (1802-1892), écrivain et homme politique fut le premier maire de Paris.

Dans le salon des frères Arago, Jules Verne rencontre des explorateurs, des géographes, des artistes des étrangers... et c’est sans nul doute dans ce salon que se dessine la formule des futurs Voyages extraordinaires. A cette époque, il rencontre également Pitre-Chevalier, directeur de la revue catholique Le Musée des familles, un magazine encyclopédique. Il y publiera entre 1851 et 1853 une dizaine de textes dont quatre nouvelles. Mais pour l’instant Jules Verne est encore au théâtre où il finit plus ou moins par s’imposer. Toutes ses pièces et celles en cours trouvent des scènes, mais pas forcément le succès.

Jules a 25 ans. Pierre Verne, son père a renoncé à voir son fils lui succéder et met son étude d’avoué à vendre, ce qui lui permet de verser quelques fonds à son fils. En 1856, il rencontre celle qui va devenir sa femme, Honorine Morel – Hébée de Fraysse de Viane, une jeune veuve de 26 ans. Elle a deux petites filles Valentine et Suzanne qui ont 4 et 2 ans. Jules Verne les élèvera. Pour mener à bien cette union, il doit travailler. Sur la suggestion de son futur beau-frère, il achète un quart de part dans une charge d'agent de change. Son père lui avance des fonds. Grace à cette activité, il fera vivre sa famille pendant 10 ans.

Ils se marient le 10 janvier 1857. Il est alors mi-écrivain, mi-agent de change. Le ménage vit au grès des fluctuations de la bourse, mais nullement de la plume de l’écrivain qui commence à se décourager. A l’été 1859, Jules fait ses premiers voyages, ce sera l’Ecosse, puis en 1861 la Norvège. Honorine est à deux mois d’accoucher, mais il s’embarque tout de même pour les pays scandinaves. Six semaines à visiter les fjords et les îles… autant d’images qui resteront graver dans se mémoire : le Maelström, au large des côtes norvégiennes, c’est celui qui engloutira le Nautilus à la fin de Vingt mille lieues sous les mers, et la banquise entraperçue sera celle du Capitaine Hatteras… Mais l’accouchement approche. Jules Verne rentre juste à temps pour déclarer son fils Michel, né le 3 août 1864 qui sera son seul enfant.

Jules Verne est proche du succès, mais il l’ignore encore. Il va faire à cette époque la connaissance de Nadar, une rencontre déterminante pour son œuvre. Il fera de ce personnage haut en couleur, le Michel Ardan (anagramme de Nadar) dans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune.

Nadar, de son vrai nom Gaspar-Félix Tournachon (1820-1910) est soutien de famille à 17 ans. Après de vagues études de médecine, il se lance dans la vraie vie. Il sera tour à tour journaliste, romancier, feuilletoniste, agent secret, caricaturiste puis photographe. En 1858, Nadar est célèbre comme photographe. Fort de sa réputation de portraitiste, il se lance dans une nouvelle aventure : la photographie aérienne.

Les premières traductions françaises d'Edgar Poe datent de 1845. Celles de Beaudelaire seront publiées à partir de 1854, regroupées sous le titre des Histoires extraordinaires, puis les nouvelles extraordinaires de 1856 à 1857. En avril 1864, Jules Verne signe un article "Edgar Poe et ses oeuvres" dans le Musée des familles, ce qui prouve son intérêt pour cet auteur.

Jules Verne est séduit par cette forme nouvelle de littérature dont il s'inspirera pleinement sans jamais tenter de l'imiter, car il bute sur l'aspect fantastique morbide de l'auteur américain et le manque de crédibilité des scénarios, que ce soit dans L'aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall qui raconte un incroyable voyage dans la lune à bord d'un ballon, ou dans Le canard en ballon, une traversée de l'Atlantique en aérostat. Jules Verne cherchera toujours à rendre crédible aux lecteurs de son temps les histoires qu'il écrit.

Il inscrit ainsi son oeuvre, son projet de romans scientifiques dans toute la dimension fantastique que son imagination lui permet, tout en gardant son originalité et en délimitant parfaitement son territoire par rapport à ceux d'Edgar Poe et de Victor Hugo, autre source d'influence. C'est ainsi qu'il proposera en 1885 "Le Sphinx des glaces", une suite au célèbre roman de Poe (Les aventures d'Arthur Gordon Pym, 1838).

A l'été 1862, Hetzel prend connaissance du Voyage en l'air de Jules Verne et accepte de le publier. Un premier contrat est signé le 23 octobre 1862. Quinze autres contrats de 1862 à 1875, scelleront leur collaboration. Jules écrit à son père : "Je me marie pour la seconde fois." Et effectivement, les "deux" mariages qu'il contracte entre 1857 et 1862 le lieront jusqu'à la fin de ses jours.

Hetzel, militant républicain a le projet de fonder une librairie républicaine d'inspiration laïque. Pour mener à bien ce projet, il s'associe à l'infatigable militant de l'instruction publique, Jean Macé avec qui il fonde en 1864 son Magasin de d'éducation et de récréation, un périodique qui paraîtra jusqu'en 1906.

Hetzel, éditeur génial qui publiera les plus grands auteurs de son époque : Balzac, Stendhal, Gérard de Nerval, Georges Sand... convainc le jeune écrivain à se consacrer à une nouvelle forme de roman : "le roman de la science". "Il s'agit, selon Hetzel, de constituer une enseignement de la famille dans le vrai sens du mot, un enseignement sérieux et attrayant à la fois, qui plaise aux parents et profite aux enfants." (extrait de présentation du premier numéro)
Ainsi pendant 40 ans, vont paraître 62 romans et 18 nouvelles des Voyages extraordinaires, d'abord sous forme de feuilletons dans le Magasin, puis sous forme de volumes illustrés (65 au total).

Comme il avait titré par la Comédie humaine, l'œuvre de Balzac, Hetzel incite Jules Verne à se concentrer à son Roman de la science et à abandonner toutes les autres formes d'écriture. Le Roman de la science deviendra Voyages dans les mondes connus et inconnus, avant de se fixer définitivement en Les Voyages extraordinaires dès 1866, à l'occasion de la publication de son deuxième roman les Voyages et aventures du capitaine Hatteras. Hetzel dans sa préface fait l'apologie de son auteur : "...Conteur plein d’imagination et de feu, écrivain original et pur, esprit vif et prompt, égal aux plus habiles dans l’art de nouer et de dénouer les drames inattendus qui donnent un si puissant intérêt à ses hardies conceptions, et à côté de cela profondément instruit, il a créé un genre nouveau. Ce que l’on promet si souvent, ce que l’on donne si rarement, l’instruction qui amuse, M. Verne le prodigue sans compter dans chacune des pages de ses mouvants récits."

Le premier manuscrit, Voyage dans les airs que Hetzel tient entre ses mains est encore une histoire mal ficelée, mais on y retrouve déjà tous les ingrédients qui feront le succès des romans de Jules Verne : l'aventure, les découvertes en cours, les explorations récentes, l'utilisation dramatique de la nature et la description d'une technique, l'aérostation.

Cinq semaines en ballon raconte les aventures d'un Anglais, le docteur Samuel Fergusson, son ami écossais Dick Kennedy et son domestique Joe qui entreprennent un voyage de Zanzibar au Niger en ballon. Début 1863, quand paraît Cinq semaines en ballon, le public se passionne pour les grandes explorations africaines. De nombreuses zones du globe terrestre sont encore à découvrir. C’est le temps de la colonisation. Verne s’appuie pour écrire ce premier roman sur les cartes et les récits de ces grands explorateurs. Il sera toujours habité par un grand souci d’exactitude et de précision. Pour cela, il disposera d’une documentation impressionnantes, toujours remise à jour.

Est-ce Nadar qui inspira ce voyage en ballon ? Toujours est-il que le célèbre photographe passionné par l’aérostation espère en ce milieu de siècle à développer les clichés aériens. Depuis 1858, à bord d'un ballon, il a inventé tout un dispositif pour photographier rues, immeubles et campagnes du ciel.

En 1865, il loue une maison au Crotoy, un village de pêcheurs, niché dans l'estuaire de la Somme, avant de s'y installer définitivement en 1869. Jules Verne peut enfin aller sur la mer. En 1868, il acquiert le Saint-Michel, un bateau de pêche, dont le parrain n'est autre que son fils Michel, âgé de 5 ans. Devenu son deuxième bureau, il navigue jusqu'à Londres, et même remonte la Seine jusqu'à Paris : "Je suis amoureux de cet assemblage de clous et de planches, comme on l'est à vingt ans d'une maîtresse. Et je lui serais encore plus fidèles."

Quand il ne navigue pas, il consacre le reste de son temps à l'écriture. Honorine se plaint d'ailleurs à plusieurs reprises à Hetzel du temps excessif que son mari y passe, mais c'est surtout Michel, son fils qui souffre de l'absence de son père. A 8 ans, il est devenu "la terreur du Crotoy, pour ses bruyantes gentillesses." (lettre à Hetzel, septembre 1865). Il semble ne pas savoir quelle attitude adoptée face à son fil qui gêne sa concentration. C'est ainsi que dés l'âge de quatre ans, Michel sera envoyé en pension.

Il écrit à son père "Je travaille comme un forçat. Imagine-toi que je fais un dictionnaire ! Oui un dictionnaire sérieux; c'est une géographie de la France illustrée." En effet, en plus de son travail de romancier, Il rédige une Géographie illustrée de la France et de ses colonies pour améliorer ses revenus encore limités. Avec les gains de sa Géographie de la France, Jules Verne concrétise un vieux rêve : aller aux Etats Unis.

"Je me figurais cette masse énorme emportée par les flots, sa lutte contre les vents qu'elle défie devant la mer impuissante".

Son frère Paul a obtenu un laissé-passé sur le Great-Eastern, le plus gros bateau de son époque. Cette traversée lui inspirera plus tard deux romans : Une Ville flottante et L’Île à l'hélice. Le 9 avril 1861, ils débarquent à New-York d'où ils voyageront jusqu'au Canada pour voir les chutes du Niagara que Jules Verne décrira à plusieurs reprises dans ses romans, avant de rejoindre l'Europe par le même moyen de transport.

Une ville flottante, publiée en 1871 raconte la traversée Liverpool-New York, à bord d'un énorme navire où se trouvent plusieurs centaines de personnes, avec leur caractères différents, une vraie société. Vient se glisser une histoire romantique Fabian Mac Elwin, inconsolable à la suite d'une histoire d'amour contrariée : sa fiancée Ellen a été mariée contre son gré. Le hasard fait en sorte que Ellen, et son mari Drake se trouvent aussi sur le navire... C'est le seul récit de Jules Verne où il mêle ses propres impressions de voyage et son imaginaire d'écrivain.

Sa géographie achevée, il s'attaque à l'écriture de Vingt mille lieues sous les mers, dont le titre initial fut Voyage sous les eaux. Durant toute sa carrière, il donnera des titres provisoires à ses romans. Les titres définitifs étaient choisis pour la publication après de longues discussions avec Hetzel. Le premier tome de Vingt mille lieues sous les mers paraît le 28 octobre 1869. La guerre de 1870-1871 interrompt la publication. Le second tome ne sortira qu'en juin 1870, tandis que le grand volume illustré par Riou et Neuville ne sera publié que fin 1871. Le professeur Annorax, le narrateur de Vingt milles lieues sous les mers, ici représenté par Neuville d'après une photographie de Jules Verne imberbe. Le 19 juillet 1870, la guerre est déclarée entre la France et la Prusse. De septembre 1870 à janvier 1871, les Allemands encerclent Paris et font subir à la capitale un siège terrible. Paris capitule le 28 janvier 1871. Quand la guerre est déclarée, Jules Verne est en famille à Nantes où il est venu fêter sa légion d'honneur. Il n'y restera que trois jours. Ce sera la dernière fois qu'il verra son père. Son père décédera le 3 juin 1871, sa mère lui survivra quinze ans.

Domicilié au Crotoy, Jules Verne âgé de 42 ans n'est pas mobilisé, mais fait office de garde-côte. A bord du Saint-Michel, il longe les côtes de la Manche et de la mer du Nord. Il a envoyé Honorine à Amiens où elle possède de la famille. De cette période difficile et solitaire, sortira un de ses premiers romans sombres Le Chancellor qui sera publié en 1875 profondément remanié.

Le Chancellor, navire de commerce, quitte Charleston en direction de Liverpool. Mené par un capitaine souffrant d'aliénation mentale, le navire vogue vers le sud-est au lieu du nord-est, quand le feu se déclenche dans la cale, remplie de balles de coton. Le second, Kurtis, prend les commandes, mais le navire finit par sombrer. Les passagers et membres d'équipage prennent place à bort d'un radeau de fortune. Mais la fin et la soif les font souffrir et plusieurs meurent. Ils en sont même rendus à procéder à un tirage au sort qui déterminera lequel des survivants sera sacrifié afin que les autres puissent le manger, mais c'est à ce moment qu'ils atteignent l'embouchure de l'Amazone, dont le fort courant repousse l'eau salée à plus de 20 milles au large. Ils sont enfin sauvés.

La guerre de 70 puis la Commune de Paris ont mis à mal les affaires de la maison Hetzel. Jules verne est inquiet, pourra-t-il continuer à vivre de sa plume ? Il songe même à reprendre ses activités à la Bourse, mais l'éditeur le rassure et signe un nouveau contrat. Le Tour du monde en quatre-vingt jours sont plus gros succès est en train de naître. En 1872, Jules Verne s'installe définitivement à Amiens, où Honorine possède de la famille et se plait. Et puis Amiens n'est qu'à une soixantaine de kilomètres du Crotoy où se trouve son cher Saint-Michel.

Les premiers romans, écrits entre 1862 et 1877 sont fondés sur la fascination du XIXe siècle envers le savoir et le progrès, fascination aussitôt relativisée plus tard par l'auteur lui-même qui s'interroge sur la capacité de l'homme à en mesurer le pouvoir.

" La conquête du pôle Nord " : Voyages et aventures du Capitaine Hatteras (1863-1864) raconte les aventures d'Hatteras, dont le seul but est d’atteindre envers et contre tout le Pôle Nord. Abandonné par ses hommes, il doit lutter avec quelques fidèles pour survivre au milieu de la neige, de la glace et du froid. Hatteras, devenu fou finira sa vie dans un hospice où il marche invariablement vers le Nord. Jules Verne décrit assez vraisemblablement un demi siècle avant, ce que sera la conquête du pôle Nord par Peary en 1909.

" La conquête scientifique de l’espace " : Avant lui, d'autres auteurs comme Alexandre Dumas ou Edgar Poe ont décrit des voyages lunaires assez fantaisistes. Dans De la Terre à la Lune : Trajet direct en 97 heures (1864-1865), puis Autour de la Lune, il traite ce même thème dans un savant mélange de science, de technique et de fiction qui s'appuie sur les connaissances de son époque. Jules Verne dresse de façon grossière le scénario qui sera suivi cent plus tard par les Américains... Sa vision sonne si juste, qu'ils verront en Jules Verne (à tord ou à raison) le père du roman d'anticipation, qui prendra plus tard l'appellation de "science fiction".

" La géographie planétaire " : Les enfants du capitaine Grant. Voyage autour du monde (1865-1867) Ce roman se compose de trois parties : Amérique du Sud, Australie et Océan Pacifique. Lord Glenarvan et son équipage naviguent sur le voilier Duncan. Ils trouvent à l'intérieur de l'estomac d'un requin qu'ils viennent de pêcher une bouteille contenant un message de désespoir envoyé par le Capitaine Grant. Le message est rongé par l'humidité et plusieurs détails manquent, mais il est clair que le désespéré se trouve quelque part sur le 37e parallèle. Avec les enfants du disparu, ils entreprennent un long voyage autour du monde, le long du 37e degré de latitude, ce qui les amènera à traverser l'Amérique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

" La découverte des abysses ": Ce sera à travers Vingt mille lieues sous les mers. Tour du monde sous-marin (1866-1869). Après que leur navire eut été coulé par le Nautilus, le professeur Aronnax, son valet Conseil et le harponneur canadien Ned Land sont recueillis à bord du sous-marin. Prisonniers, ils doivent suivre le capitaine Nemo dans un tour du monde sous-marin, avec toutes les découvertes que cela implique, dont l'Atlantide et quelques trésors. Dans ce roman, Jules Verne imagine l'une de ses plus belles machines : le Nautilus dont il justifie la super-puissance par l'électricité, mais il crée surtout l'un de ses personnages les plus énigmatiques, le capitaine Nemo, qu'il fera réapparaître dans l'Ile mystérieuse. Qui est ce personnage, épris de liberté et d'indépendance qui peut se transformer en monstre froid aveuglé par son pouvoir ? Jules Verne interroge déjà ses lecteurs sur les méfaits du pouvoir de la science.

" L’exploration du centre de la Terre " : Voyage au centre de la Terre (1864) est un prétexte à une leçon de géologie et minéralogie, tout en plongeant le lecteur dans un monde de légendes mystérieux et féeriques. Le professeur Lidenbrock trouve un document dans lequel il apprend l'existence d'un volcan éteint dont la cheminée pourrait le conduire jusqu'au centre de la Terre. Accompagné de son neveu Axel et du guide Hans, il se rend au volcan Sneffels, en Islande, et s'engouffre dans les entrailles de la Terre.

Triomphe du Tour du monde en quatre-vingt jours : En 1872, paraît le Tour du monde en quatre-vingt jours qui sera sans conteste son plus gros succès. Si Vingt mille lieues sous les mers l'avaient rendu célèbre, le Tour du monde marquera son triomphe en France et dans le monde entier, et son adaptation au théâtre, ironie du sort fera sa fortune.

Tout le monde connaît l'histoire : pour le besoin d'un pari, le très flegmatique Britannique Phileas Fogg, accompagné de son valet français Passepartout entreprennent un tour du globe en moins de quatre-vingt jours. Ils sont retardés dans leur projet par l'inspecteur Fix, lancé à la trousse de Fogg, convaincu que Fogg est l'auteur d'un cambriolage, ainsi que par les évènements dans les divers pays qu'ils traversent. Pour ce roman, Jules Verne s'est fortement documenté sur les derniers développement des transports terrestres et maritimes. Il anticipe le système des fuseaux horaires qui sera officiellement adopté qu'en 1884.

Ce récit avait d'abord été écrit pour le théâtre, mais trop coûteuse à monter, l'œuvre était restée à l'état de projet. Suite au succès phénoménal rencontré par le roman, elle fut une deuxième fois adaptée au théâtre en collaboration avec le dramaturge Adolphe Dennery. Elle obtint elle-aussi un immense succès. En 1900, elle aura été jouée plus de 2000 fois à Paris.

En 1872, les Voyages extraordinaires sont couronnés par l'Académie française, mais Jules Verne ne sera jamais académicien. Longtemps, il pâtira de son image d'écrivain pour enfant, dont les réflexions dépassaient pourtant les préoccupations d'adolescent. Il s'en fera une raison. "Du reste, avouera-t-il sur le tard, le philosophe qu'il y a en moi a pris le dessus sur toutes ces ambitions et rien de tout cela ne troublera ce qu'il me reste à vivre (...). Depuis le jour où l'on a prononcé mon nom, pas moins de quarante-deux élections ont eu lieu à l'académie françaises qui s'est, pour ainsi dire, entièrement renouvelée depuis, mais on m'ignore toujours... Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française."

Mais cela n'empêche pas les succès littéraires. En 1873, Jules Verne publie L’Île mystérieuse qui conclut les aventures du capitaine Nemo et des enfants du capitaine Grant. Rassemblés autour de l'ingénieur Cyrus Smith, cinq américains font naufrage sur une île déserte, après leur évasion en ballon pendant la Guerre de Sécession. Contrairement à Robinson Crusoé qui avait pu récupérer divers biens et objets de son navire, les cinq héros sont totalement dépouillés et ils n'ont que leur intelligence et leurs habiletés pour survivre. Un des personnages de Les Enfants du Capitaine Grant se joint bientôt à eux et ils passent plusieurs années sur cette île. Cependant, de mystérieux phénomènes et d'extraordinaires coïncidences demeurent inexpliqués, jusqu'à ce que le Capitaine Nemo, héros de Vingt mille lieues sous les mers, fasse son apparition.

L'argent coule à flot. En 1874, il acquiert un fin voilier rapide et élégant, le Saint-Michel II et investit également dans une belle maison au 44, boulevard de Longueville à Amiens, où il habitera pendant 8 ans jusqu'en 1882.

En 1876, Michel Strogoff annonce un tournant dans l’œuvre de Jules Verne. Il abandonne les savants, les explorateurs et les industriels et leurs extraordinaires machines pour un héros plus humain. Ce roman raconte l'histoire d'un courrier spécial du tsar de Russie, qui traverse les steppes de Sibérie, pour aller prévenir le frère du tsar de la présence d'un traître dans son entourage. Son voyage de plus de 5500 km sera compromis par les Tartares qui envahissent la Sibérie, et bien sûr, par le traître lui-même, à la solde des Tartares. C'est l'œuvre de Verne qui a le plus inspiré les cinéastes.

Après le succès théâtral du Tour du monde en quatre-vingt jours, Jules Verne n'hésite pas à adapter son nouveau roman, mais cette fois, il le fait seul. Cette nouvelle pièce va rencontrer elle aussi un énorme succès. L'écrivain est au faîte de sa notoriété. Un an plus tard, est publié Un capitaine de quinze ans (1878) qui sert sans doute de dérivation à une situation familiale tendue. En effet, ses relations avec Honorine sont orageuses et il connaît de graves difficultés auprès de son fils, Michel âgé de quinze ans. Il se plaint à Hetzel de son fils qui "ne respecte rien". Le malaise s’aggrave quand Michel est placé dans une maison de correction, puis enrolé de force "par voie de correction paternelle" sur un navire qui part, pour dix-huit mois, vers les Indes.

Dans Un capitaine de quinze ans, le fils rejeté est doté de toutes les qualités, sous les traits du jeune Dick Sand, agé lui aussi de quinze ans. Dick Sand embarque comme novice sur le brick-goélette Pilgrim. À la suite d'un accident lors d'une chasse à la baleine, le capitaine Hull et tous les membres de son équipage périssent. Dick Sand prend courageusement les commandes du navire, dans l'espoir d'en ramener les passagers sains et saufs. À la suite de manœuvres du traître Negoro, le navire suit une fausse route : croyant accoster la Bolivie, Sand et ses passagers se retrouvent en Afrique, en plein milieu de l'Angola, là où la traite des esclaves fait la richesse de quelques trafiquants et de rois indigènes. Sand et ses compagnons sont tôt faits prisonniers par les complices de Negoro. La quête de la liberté sera parsemée de nombreuses épreuves...

Ce roman est l'occasion pour Jules Verne de dénoncer l'esclavagisme. Jules Verne ne donne pas dans la dentelle quand il sonne la charge contre les négriers et contre les pays qui, à l'époque où fut écrit ce roman, pratiquaient ou toléraient l'esclavage. Certains passages sont très violents et sanguinaires.

En 1877, deux évènements marquent l'apogée de sa réussite sociale et financière. Il acquiert le Saint-Michel III, soit deux ans après avoir acquis le Saint-Michel II et donne un bal costumé de deux cent personnes qui défraya la chronique Amiénoise. Il est à l'apogée de sa réussite, se partageant entre l'écriture et les voyages, pourtant les soucis familiaux ne manquent pas : son fils toujours, puis Honorine qui connaît d'inquiétants problèmes de santé à partir de 1876. Ce qui l'empêche de participer au premier bal pourtant donné en son honneur le 2 avril 1877. Finalement, Honorine dont les médecins donnaient peu d'espoir guérira. Huit ans plus tard le 8 mars 1885, avec son mari, elle accueillera les nombreux invités dans La Grande Auberge du tour du monde. Ce nouveau bal costumé fut un énorme succès, mais le couple était déjà bien installé à Amiens, Honorine tenant salon régulièrement.

"Rien de plus gracieux que ce stem-yacht avec sa haute mâture inclinée, sa coque noire relevée d'un trait clair à sa flottaison et à sa lisse, ses claires-voies à barreaux de cuivre, ses capots de teck, et l'élégance des lignes qui se profilent du couronnement à l'étrave, écrit son frère Paul." Le Saint-Michel III est un navire métallique à vapeur avec deux mâts et une haute cheminée de 32 mètres de long. L'équipage est de dix hommes. Les représentations du Tour du monde en quatre vingt jours et de Michel Strogoff permettent la réalisation de ce rêve d'enfant : naviguer, voyager.

L'écrivain à cette période signe une histoire des explorations en trois volumes : La Découverte de la Terre publiée en 1878, Les Grandes Navigateurs du XVIIIe siècle en 1879 et Les Voyageurs du XIXe siècle en 1880. Il avait commencé ce travail avant 1870, après La Géographie de la France, mais n'avait pas eu le temps de terminer cette longue tâche

Entre 1878 et 1884, Jules et Paul Verne font de nombreux voyages à bord du Saint-Michel III en mer du Nord. Il retourne sur les lieux de ses premiers voyages : l'Irlande, la Norvège, l'Ecosse puis la Hollande et le Danemark. A bord, il trouve son inspiration et prend des notes qu'il utilise pour écrire. La croisière en Ecosse sur le Saint-Michel III en 1882 lui inspire entre autre Le Rayon Vert. C’est d'ailleurs dans les grottes de Fingal qu’il situe l’intrigue.

Le rayon vert est le dernier rayon lancé par le soleil au moment où il se couche sur l'océan. Ce rayon, vert bien n'est visible que pendant une infime fraction de seconde, et encore faut-il que le ciel soit dégagé de brume et d'une pureté parfaite. Héléna Campbell promise au jeune Aristobulus Ursiclos exige pour retarder l’échéance du mariage de voir le rayon vert qui selon une veille légende highlands "a pour vertu de faire de celui qui l’a vu ne plus se tromper dans les choses de sentiment (…) de celui qui a été assez heureux pour l’apercevoir une fois, voit clair dans son cœur et dans celui des autres." Dans ce roman, le sujet est plus l’amour et la poésie que la science représentée par l’improbable Aristobulus qui voit dans la mer "une combinaison chimique d’hydrogène et d’oxygène".

En 1882, Jules Verne emménage dans un hôtel particulier. Ses seuls moments de répit sont sur le Saint-Michel III. En 1884, il entreprend cette fois une croisière en Méditerranée avec Honorine, où la renommée le poursuit d'escale en escale. Ce voyage lui inspire un de ses derniers grands personnages Mathias Sandorf, directement inspiré d’Alexandre Dumas, à qui il dédit son livre : "J’ai essayé de faire de Mathias Sandorf le Monte-Cristo des Voyages extraordinaires".

Mathias Sandorf est un comte hongrois se battant contre la domination autrichienne. Trahi, il est capturé et condamné à mort, mais réussit à s'échapper en traversant la mer Adriatique à la nage. Quinze ans plus tard, sous le nom du riche Docteur Antékirtt, Sandorf revient et se venge de ceux qui l'ont trahi dans un long périple en Méditerranée. Il retrouvera au passage sa fille qu' il croyait morte. Pour composer ce personnage adepte de philosophie orientale, explorant les confins de l’inconscients et de l’au-delà, Joules Ver ne se serait appuyé sur les découvertes du professeur Haricotà la Salpêtrer.

Jules Verne continue à travailler dure. Il se plaint dans une lettre de l' époque : "Il est quand même curieux que plus on avance en âge plus il faut travailler..". En 1884 en effet, il corrige les épreuves de Mâchais Scander, il écrit Rober le Conquérant, Un Billet de Loterie, il compose une partie de Nord contre Sud et il entame Chemin de France !

Jules Verne gagne encore gros, mais ses revenus vont diminuer de façon régulière à partir de 1885. Il a cinquante-huit ans et est en pleine forme, et pourtant... l'écrivain est inquiet. Il écrit à son frère : "Tu es gai et reste gai. Moi je ne le suis plus guère; avec toutes mes charges, l'avenir m'effraie beaucoup. Michel ne fait rien, ne trouve rien à faire, m'a fait perdre plus de deux cent mille francs et a trois garçons, et de toute évidence leur éducation va retomber sur moi. Enfin, je finis mal." Le 15 février 1886, il se sépare du Saint-Michel III dont les frais d'entretien deviennent un trop lourd fardeau.

Encore affecté de cette séparation, le 9 mars, Jules Verne est victime d'un nouveau tour du sort. Son neveu Gaston, le fils cadet de Paul l'agresse devant la porte de son jardin. Après une brève altercation, Gaston brandit un revolver et blesse son oncle au pied. Huit jours plus tard, le 17 mars, c'est à l'hôpital qu'il apprend la mort de Pierre-Jules Hetzel. Il perd un ami et un soutien. Onze mois après, viendra le tour de sa mère. Il ne pourra assister à leurs obsèques, car il souffre beaucoup, la balle n'ayant pu être extraite. Il sera de plus en plus affecté par des problèmes de santé.

A la mort de Pierre-Jules Hetzel, son fils prend la succession et laisse plus de liberté à Jules Verne. Mais aucun des romans qui seront publiés durant les vingt années suivantes, ne connaîtront jamais le succès de ces premiers voyages. Le pessimisme qui habite désormais ses romans ne convainc pas ses lecteurs habitués à plus de légèreté. Jules Verne ne cesse de modifier la vision trop optimiste dans les sciences qu'il avait laissée entrevoir dans ses premiers romans et aborde des sujets de société comme le rôle de la femme dans la société, la quête de l'identité, le rôle prépondérant de l'économie...

En s'inspirant des dessins de Léonard Vinci et de Ponton d'Amécourt, il imagine un vaisseau hélicoptère tracté par 37 hélices doubles. Robur est une sorte de frère aviateur de Nemo, mais il n'en aura jamais la consistance. Le Weldon-Institute est un club rassemblant tout ceux qui pouvaient s'intéresser à l'aérostatique, dont Uncle Prudent et Phil Evans en sont respectivement président et secrétaire du Weldon-Institute de Philadelphie, mais aussi d'intimes ennemis.

Ces "ballonistes" en sont à se disputer la meilleure manière de diriger un aérostat, lorsqu'un homme, Robur, fait irruption dans la salle de séance du Weldon-Institute : il provoque la fureur de ses membres en disant que l'avenir appartient non pas aux ballons, mais aux machines volantes. Pour prouver ses dires, il enlève Prudent et Evans et les embarque à bord de l'Albatros, une machine volante digne du Nautilus, ainsi nommée en référence au poème de Baudelaire. Robur commence un périple autour du monde, prouvant à Prudent et Evans qu'une machine volante plus lourde que l'air, et mue par l'électricité, se contrôle beaucoup mieux qu'un simple ballon.

Robur exhibe son savoir et sa force, et quitte la scène amer, un peu comme chez son créateur : "Je pars donc, et emporte mon secret. Mais il ne sera pas perdu pour l'humanité. Il lui appartiendra le jour où elle sera instruite pour en tirer profit et assez sage pour n'en jamais abuser." Dans Le Maître du monde (1902-1903), Robur réapparaît et sa folie menace la planète. Le ton et le style ont changé entre les deux oeuvres. Aucun élément d'humour ne vient pimenter le récit.

Si ses revenus ne sont plus aussi importants, il bénéficie d'une rente conséquente qui lui permette de vivre confortablement. Jules Verne décide de ne plus quitter Amiens. Il y mène une vie régulière. Il se couche tôt, travaille à ses romans et à leurs corrections, se consacre à ses recherches. Affecté par la vie et en dépit des maux dont il se plaint souvent, il est encore très actif. Il écrira la moitié de ses romans durant cette dernière partie de sa vie. Jules Verne fut toutes sa vie l'auteur régulier de milliers de pages.

Le temps a passé, Jules et son fils ont fini par se réconcilier. Ce dernier l'aide à la fin des années 1880. Ensemble, ils écrivent une ou deux nouvelles qui seront signées par le père. Puisqu'il ne veut plus voyager, il décide de s'impliquer activement à la vie de la cité. Il est élu au conseil municipal d'Amiens en 1888, où il y restera 16 ans sous l'étiquette radical-socialiste au grand dam de sa famille. Il s'implique dans les dossiers sensibles concernant les projets d'urbanisme. Préposé aux foires, il soutient les saltimbanques et fait construire un cirque en dur pour accueillir les gens du voyage.

En 1897, survient la mort de son frère Paul, dont l'amitié ne s'était jamais démentie. Jules Verne dira quelques mois après à son neveu Maurice : "Je n'aurais jamais cru pouvoir survivre à mon frère". En 1900, à la mort de leur fidèle gouvernante, le couple quitte leur hôtel particulier devenu trop grand pour la maison boulevard de Longueville qu'ils avaient habitée de 1874 à 1882. C'est là que mourra Jules Verne.

Le dernier roman l’écrivain est un récit d’une très grande noirceur : Le phare du bout du monde. Ce manuscrit a été remis à Hetzel fils, peu de temps avant sa mort. Ce sera le premier des romans posthumes. En effet, à la mort de l’écrivain, le 24 mars 1905, Michel son fils obtient la restitution du manuscrit. Il le conservera trois semaines et y fera quelques retouches avant de le rendre, mais Le phare sera le moins retouché des cinq autre romans non parus du vivant de l’écrivain que Michel Verne n’hésitera pas à remanier…

Jules Verne meurt le 25 mars 1905, terrassé par une crise de diabète. Il a soixante-dix sept ans.

Certains de ses détracteurs lui firent des reproches mais on note que comme la grande majorité des publicistes le faisaient à l'époque, l'œuvre de Jules Verne marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les sauvages , ou naturels :
Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré. – En voilà un assaut ! dit Joe. – Nous t’avions cru assiégé par des indigènes. – Ce n’étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur. – De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel. – Ni même de près, répliqua Joe.
— Cinq semaines en ballon, chapitre XIV
Cependant, Jean Chesneaux et Olivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que : "Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la barbarie africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dans Un capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef ".
Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnelle; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dans Un capitaine de quinze ans (…on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race… . Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dans Vingt mille lieues sous les mers à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une civilisation composée de Blancs s'exclame "Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? ".
Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen on saura dans L’île mystérieuse qu'il était anglais qui a fait périr toute sa famille. On apprendra dans L'île mystérieuse que le capitaine Némo était un Hindou -donc un Asiatique-, qui participa à la Révolte des Cipayes en 1857. Enfin le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans Les Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant, La Jangada, Mistress Branican.
De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notamment à propos de la guerre de Sécession. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dans un Un capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
"l’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois"

Des tiroirs de son père, Michel Verne en retire des manuscrits accumulés pendant quatorze années de travail et encore jamais publiés. Ce sont les romans dits "posthumes". Il corrige ces manuscrits inédits plus ou moins avancés. Louis-Jules Hetzel fait paraître à titre posthume, encore dix romans et un recueil de nouvelles. Ainsi les deux fils achèvent l'œuvre de leurs pères.

En 1919, la société Hachette qui a racheté la maison Hetzel en 1914 publie le dernier Voyage extraordinaire, mais le monde a bien changé depuis le premier roman de Jules Verne.


SON OEUVRE


Voici la liste complète des romans et nouvelles de Jules Verne, dans l'ordre chronologique, avec mes commentaires. Je n'ai pas tenu compte des pièces de théâtre, des poèmes et autres écrits.

Cette bibliographie commentée a été reproduite avec mon autorisation dans le numéro 57 du Journal littéraire, "Spécial Jules Verne", en mai 2005. On y trouve d'excellents articles sur Jules Verne, de même que quelques-uns de ses textes.

1. Les romans

Un prêtre en 1835
Ce roman de jeunesse, resté inachevé, a été publié sous le titre Un prêtre en 1839. Il s'agit d'un roman noir mettant en scène un avocat et un prêtre maudit dans la ville de Nantes.

Jédédias Jamet ou L'Histoire d'une succession (1847)
Ce roman de jeunesse est resté inachevé. Seuls les trois premiers chapitres ont été écrits, mais le canevas joint au manuscrit nous permet de nous faire une idée sur l'histoire : Jédédias Jamet apprend le décès de l'oncle de sa femme, un riche négociant, et doit partir à la recherche du frère du défunt, ce qui mènera le cupide héros à Rotterdam et en Amérique.

Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse (1859)
Jacques et Jonathan, deux Parisiens, veulent visiter l'Angleterre et l'Écosse. Le chemin pour s'y rendre sera long, car ils devront transiter par Nantes et Bordeaux, d'où le qualificatif "à reculons", ce qui ne veut pas dire que les Parisiens ont marché à reculons ! Le titre original de ce roman est d'ailleurs Voyage en Angleterre et en Écosse. Le manuscrit de ce roman inédit, qu'Hetzel avait refusé de publier en 1862, a été retrouvé dans les archives de la Ville de Nantes. Il s'agit en fait d'un récit de voyage dans lequel l'action et le côté scientifique manquent, mais où il y a de l'humour et de l'ironie. Plusieurs pensent que ce roman raconte le voyage de Verne aux mêmes endroits, en 1859. C'est le premier roman "écossais" de Verne, avec Le Rayon Vert et Les Indes noires. Là encore, Verne peut démontrer toute son admiration pour l'écrivain Walter Scott.

Paris au XXe siècle (1860)
Ce roman se passe à Paris, en 1960. La Technique et la Finance ont pris le contrôle, au détriment des Arts et de la Culture. Les artistes et les intellectuels sont d'inutiles bouches à nourrir. Michel Dufrénoy est un artiste intellectuel et doit faire son chemin dans cette société qui ne veut pas de lui et de ses semblables. Verne fait une critique de la société française du milieu du 19e siècle et la transpose cent ans plus tard. Pour bien apprécier, il faut bien sûr connaître la France de 1860, d'où l'importance de se procurer une édition avec des explications visant à faciliter la lecture et la compréhension. On avait aucune trace de ce volume, sauf quelques indices, comme par exemple la lettre par laquelle l'éditeur Hetzel expliquait à Verne son refus de publier ce roman. Les spécialistes de Verne en venaient même à se demander si ce livre avait vraiment existé. Ce n'est que bien des années après la mort de Verne que son arrière-petit-fils retrouva le manuscrit dans son coffre-fort.

L'Oncle Robinson (1861)
Ce roman raconte comment la famille Clifton et le franco-américain Flip échouent sur une île déserte. Contrairement au Robinson Suisse de Wyss, ils sont totalement dépourvus d'objets matériels et n'ont que leur intelligence et leur débrouillardise. Il s'agit d'un roman inédit et inachevé, car refusé par Hetzel vers 1870. Verne l'a plus tard utilisé pour rédiger la première partie de L'Île mystérieuse.

Le Comte de Chanteleine (1862)
Un roman politique qui se passe pendant la Guerre de Vendée (1793-1796), une insurrection anti-révolutionnaire. Le comte de Chanteleine voit sa famille se faire décimer par des révolutionnaires, menés par le méchant Karval. Avec son fidèle Kernan, il fuit et entreprend de se venger. C'est un bon cours d'Histoire, dans lequel on évoque notamment La Terreur, Robespierre, Danton, etc.

Cinq semaines en ballon : Voyage de découverte en Afrique par trois Anglais (1862)
Le Docteur Fergusson, son ami Kennedy et son domestique Joe entreprennent la traversée en ballon du continent africain, sur les traces des explorateurs du continent noir. Le roman qui a lancé la carrière de Verne en 1863. Le lecteur apprend la géographie de l'Afrique et l'histoire de ses principaux explorateurs et suit au passage un cours d'aérostation.

Voyages et aventures du Capitaine Hatteras (1863-1864)
La première partie s'intitule Les Anglais au Pôle Nord ; la seconde, Le désert de glace. Il est donc aisé de savoir où se déroulent les aventures d'Hatteras. Le Capitaine John Hatteras a un seul rêve : atteindre le Pôle Nord, pour la plus grande gloire de l'Angleterre. Malheureusement pour lui, son équipage l'abandonne en chemin et, avec quelques fidèles, il doit lutter pour survivre, au milieu de la neige, de la glace et du froid. Il rencontre un explorateur américain, Altamont, et doit lui concéder, à lui et aux États-Unis, une partie de sa gloire. Dans son manuscrit, Verne faisait mourir Hatteras dans un volcan, mais Hetzel préférait le voir survivre, quitte à ce qu'il soit fou.

Voyage au centre de la Terre (1864)
Le professeur Lidenbrock trouve un document dans lequel il apprend l'existence d'un volcan éteint dont la cheminée pourrait le conduire jusqu'au centre de la Terre. Accompagné de son neveu Axel et du guide Hans, il se rend au volcan Sneffels, en Islande, et s'engouffre dans les entrailles de la Terre. Ils ne tarderont pas à faire d'étonnantes découvertes.

De la Terre à la Lune : Trajet direct en 97 heures (1864-1865)
Trois hommes prennent place à bord d'un gigantesque obus devant être projeté vers la Lune par un non moins gigantesque canon, la Columbiad. Les Américains Barbicane et Nicholl et le Français Ardan réussiront-ils à vaincre l'attraction terrestre ? Le nom du personnage Ardan a fait couler beaucoup d'encre : il s'agit de l'anagramme de Nadar, qui était un aéronaute et photographe français, ami de Verne. Le cinéaste français Georges Méliès a fait l'adaptation cinématographique la plus célèbre de ce roman, Le voyage dans la Lune, en 1902.

Les enfants du capitaine Grant. Voyage autour du monde (1865-1867)
Ce roman se compose de trois parties : Amérique du Sud, Australie et Océan Pacifique. Lord Glenarvan et son équipage naviguent sur le voilier Duncan. Ils trouvent à l'intérieur de l'estomac d'un requin qu'ils viennent de pêcher une bouteille contenant un message de désespoir envoyé par le Capitaine Grant. Le message est rongé par l'humidité et plusieurs détails manquent, mais il est clair que le désespéré se trouve quelque part sur le 37e parallèle. Avec les enfants du disparu, ils entreprennent un long voyage autour du monde, le long du 37e degré de latitude, ce qui les amènera à traverser l'Amérique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, où ils seront faits prisonniers par des cannibales. Ce n'est bien sûr que dans les dernières pages que sera retrouvé le Capitaine Grant. Un des personnages les plus drôle de l'univers de Verne est le professeur Jacques Paganel, un Français très distrait au point de s'embarquer sur le mauvais navire et d'apprendre le portugais en pensant que c'était de l'espagnol. Ce savant se fait le porte-parole de Verne lors de conversations portant sur la géographie et l'histoire des pays visités. Plusieurs des personnages reviennent dans L'Île mystérieuse, dont le méchant Ayrton.

Vingt mille lieues sous les mers. Tour du monde sous-marin (1866-1869)
Qui n'a jamais entendu parler du Capitaine Nemo et de son sous-marin, le Nautilus !? Après que leur navire eut été coulé par le Nautilus, le professeur Aronnax, son valet Conseil et le harponneur canadien (il vient de Québec !) Ned Land sont recueillis à bord du sous-marin. La cage est dorée, mais ils sont prisonniers et doivent suivre le capitaine Nemo dans son périple autour du monde sous-marin, avec toutes les découvertes que cela implique, dont l'Atlantide et quelques trésors. C'est par l'électricité que Verne justifie la super-puissance et l'autonomie du Nautilus. Ce roman a été porté plusieurs fois à l'écran, le film mettant en vedette Kirk Douglas en étant la plus célèbre adaptation cinématographique. Le Capitaine Nemo revient dans L'Île mystérieuse et bien des choses sont alors expliquées.

Autour de la Lune (1868-1869)
La suite de De la Terre à la Lune. Après avoir placé des hommes sur orbite lunaire, Verne se devait de les faire revenir sur Terre. Cette suite, écrite en 1870, n'est pas très convaincante. Bien sûr, le lecteur pourra approndir ses connaissances lunaires et balistiques, mais sans plus. On aurait dit que Verne se sentait obligé de faire revenir sur Terre les héros de De la Terre à la Lune. Était-ce nécessaire ?

Une ville flottante (1869)
La ville flottante, c'est le Great-Eastern, un énorme navire faisant la traversée Liverpool-New York, à bord duquel se trouvent plusieurs centaines de personnes, avec leur caractères différents. Une vraie société. Le personnage principal du récit en est le narrateur, dont nous ignorons le nom. Son rôle consiste surtout à décrire ce qu'il voit, comme tout bon narrateur ! Fabian Mac Elwin prend place à bord du navire. Il est inconsolable à la suite d'une histoire d'amour qui a mal tourné : celle qui avait été sa fiancée, Ellen, a été mariée contre son gré au méchant Harry Drake. Le hasard fait bien sûr en sorte que Drake et Ellen se trouvent aussi sur le navire. À la suite d'un prétexte futile, Drake et Mac Elwin se battront en duel à l'épée, dont l'issue sera déterminée par un vrai coup de foudre, l'un des duellistes ayant malencontreusement levé bien haute son épée métallique pendant un orage. Arrivé à New York, le narrateur et l'excentrique Dean Pitferge se rendent jusqu'aux chutes du Niagara, avant de rembarquer à bord du Great-Eastern à destination de Liverpool. Ce livre est tiré des notes du voyage que fit lui-même Jules Verne en 1867. C'est d'ailleurs pourquoi je me permets de qualifier Une ville flottante de "notes de voyages romanisées".

Le Chancellor (1870-1874)
Le Chancellor, navire de commerce, quitte Charleston en direction de Liverpool. Mené par un capitaine souffrant d'aliénation mentale, le navire vogue vers le sud-est au lieu du nord-est. Et quand le feu prend dans la cale, remplie de balles de coton, rien ne va plus. Le second, Kurtis, prend les commandes, mais le navire finit par sombrer. Les passagers et membres d'équipage prennent place à port d'un radeau de fortune. Mais la fin et la soif les font souffrir et plusieurs meurent. Ils en sont même rendus à procéder à un tirage au sort qui déterminera lequel des survivants sera sacrifié afin que les autres puissent le manger, mais c'est à ce moment qu'ils atteignent l'embouchure de l'Amazone, dont le fort courant repousse l'eau salée à plus de 20 milles au large. Ils sont enfin sauvés. Il semble que la première version de ce roman ait été beaucoup plus atroce que la version finalement publiée, l'éditeur Hetzel trouvant que le roman était d'un "réalisme répugnant", ce qui n'est pas peu dire.

Aventures de trois Russes et de trois Anglais dans l'Afrique australe (1870)
Afrique du Sud, 1854 : trois savants russes et trois savants anglais ont pour mission de mesurer un arc de méridien. Si une amitié profonde unit William Emery et Michel Zorn, une grande rivalité sépare Mathieu Strux et le colonel Everest, co-dirigeants de la mission anglo-russe. Une mauvaise nouvelle vient cependant agrandir le précipice entre eux : le déclenchement de la Guerre de Crimée, opposant notamment la France et l'Angleterre à la Russie. Pour survivre, ils devront s'unir. Verne fait dire au colonel Everest, à la fin du chapitre 18 : "(...) ici, il n'y a plus ni Russes, ni Anglais ! Il n'y a que des Européens unis pour se défendre !" Réussiront-ils leur opération de triangulation ? Telle est l'intrigue de ce roman qui nous fait marcher sur les traces du docteur David Livingstone.

Le pays des fourrures (1871-1872)
En 1859, des officiers de la Compagnie de la Baie d'Hudson sont chargés d'aller fonder un fort au nord du 70e parallèle, au-delà du cercle polaire. Le fort est établi sur le Cap Bathurst, qui semble être le lieu parfait. Malheureusement, ce cap n'est pas fait de terre, mais de glace, et lors d'une éruption volcanique, le cap se détache du continent et part à la dérive, emportant tous ses occupants avec lui. Ça se gâte encore plus quand arrive le printemps et que le glaçon commence à fondre...

Le tour du monde en quatre-vingts jours (1872)
Pour les besoins d'un pari, le très flegmatique Britannique Phileas Fogg et son valet français, le débrouillard Passepartout, entreprennent le tour du monde et doivent le compléter en moins de 80 jours. Ils sont retardés dans leur projet par l'inspecteur Fix, lancé aux trousses de Fogg, convaincu que celui-ci est l'auteur d'un cambriolage, ainsi que par les événements dans les divers pays qu'ils traversent. Pensez-vous qu'ils réussiront ? Ce roman, l'un des plus célèbres de Verne, a inspiré plusieurs films.

L'Île mystérieuse (1873-1874)
Trois parties composent ce chef-d'oeuvre : Les Naufragés de l'air, L'Abandonné et Le Secret de l'île. La première partie a été rédigée d'après le manuscrit de L'Oncle Robinson, roman écrit vers 1861 et rejeté par Hetzel. Rassemblés autour de l'ingénieur Cyrus Smith, cinq américains font naufrage sur une île déserte, après leur évasion en ballon pendant la Guerre de Sécession. Contrairement à Robinson Crusoé qui avait pu récupérer divers biens et objets de son navire, les cinq héros sont totalement dépouillés et ils n'ont que leur intelligence et leurs habiletés pour survivre. Un des personnages de Les Enfants du Capitaine Grant se joint à eux bientôt à eux et ils passent plusieurs années sur cette île. Cependant, de mystérieux phénomènes et d'extraordinaires coïncidences demeurent inexpliqués, jusqu'à ce que le Capitaine Nemo, héros de Vingt mille lieues sous les mers, fasse son apparition.

Michel Strogoff. De Moscou à Irkoutsk (1874-1875)
Ce roman raconte l'histoire d'un courrier spécial du tsar de Russie, qui doit traverser les steppes de Sibérie, pour aller prévenir le frère du tsar de la présence d'un traître dans son entourage. Son voyage de plus de 5500 km sera compromis par les Tartares, qui envahissent la Sibérie, et, bien sûr, par le traître lui-même, à la solde des Tartares. Ce roman était originalement intitulé Le Courrier du Tzar. C'est l'oeuvre de Verne qui a le plus inspiré les cinéastes.

Hector Servadac. Voyages et aventures à travers le monde solaire (1874-1876)
Hector Servadac et quelques autres terrestres, dont le professeur Palmyrin Rosette, se retrouvent sur une comète après que celle-ci eut frôlé la Terre, lui arrachant au passage quelques habitants, un peu d'atmosphère, de l'eau, etc. Ils entreprennent alors un long voyage de deux ans dans le système solaire. Un des personnages du roman est le commerçant juif Isac Hakhabut : tous les défauts de l'humanité semblent s'être retrouvés dans cet homme. Hakhabut est un personnage méprisant, ne pensant qu'à faire de l'argent, même sur une comète se trouvant à plusieurs millions de lieues de la Terre. Je ne crois pas que Verne aurait pu se permettre un tel personnage s'il avait écrit son roman à l'époque actuelle : rectitude politique oblige... Il a d'ailleurs reçu une lettre de protestation du rabbin Zadoc Khan. Et en passant, qu'obtenez-vous en lisant "servadac" de droite à gauche ?

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Posté le : 24/03/2013 13:03
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John-Antoine Nau 1er Goncourt
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Le 17 mars 1918 meurt John-Antoine Nau


qui reçu le 21 décembre 1903, le premier prix Goncourt, qui récompense un écrivain de des auteurs d'expression française décerné par les frères le prix Goncourt. Ce prix crée en 1902 par Edmont de Goncourt et son frère reste aujourd'hui encore un des plus prisés de notre monde littéraire.

Au Cimetière Marin de Tréboul repose John-Antoine NAU, le premier des lauréats du Prix Goncourt. Non loin de là, longeant le stade Henri Guichaoua, se trouve la rue qui porte son nom.
C'est en effet à la villa Ker Jeanne, route de Saint Jean, que s'est éteint le poète et romancier, le 17 mars 1918, au terme d'un long voyage commencé sur les rives du Pacifique, 57 ans auparavant, sous le nom d'Eugène TORQUET.
Dans le registre des baptêmes de l'église française Notre Dame des Victoires de San Francisco se trouve inscrit celui d'Eugène Léon Edouard TORQUET, né le 19 novembre 1860, fils de Paul Torquet et de Sophie Petibeau. Ce document dissipe tous les doutes qui traînent encore dans les dictionnaires, anthologies et catalogues. John-Antoine Nau est né citoyen américain ; il l'était encore en 1915, et probablement même jusqu'à son dernier jour.

Ses parents s'étaient mariés dans la même église le 27 février 1858. Leur premier fils, Louis, né en Janvier 1859, était déjà mort quand vint le second. Suivirent encore deux fils : Jules, en Août 1862 qui n'aurait vécu que trois ans et demi ; et Charles, né le 6 mai 1864, qui se fera, lui aussi, un nom en littérature.

Petit-fils de Jean Adrien Torquet, instituteur et clerc de la paroisse de Mesmoulins près de Fécamp ; fils de Jean Pierre Nicolas Torquet, lieutenant de vaisseau retraité, marchand libraire à Bolbec, Paul Pierre Noël Adrien TORQUET y est né le 10 juin 1827. Sa mère, fille d'un enseigne de vaisseau, avait été adoptée par Jean Noël Ambroise Maillard, commis principal de marine au Havre. La mer et les lettres étaient donc inscrites au patrimoine familial.
Aîné des fils dans une fratrie de cinq, il est probable qu'après la mort de son père en 1842, Paul Torquet se sera embarqué très jeune vers des terres lointaines. On est en droit de supposer qu'il sera arrivé en Californie vers 1845, à l'époque où la province était mexicaine, et qu'il aura eu le temps d'y constituer une solide petite fortune, avant que les Américains, à partir de 1848, ne spolient les précurseurs au profit de l'immigration continentale .
Nous ne connaissons que sa dernière situation : ingénieur et actionnaire, il dirigeait une société qui importait des pièces de mécanique et construisait des machines à vapeur, et dont les ateliers, installés à San Francisco au quartier de South of Market, ont subi les dommages d'un incendie en 1863.
Le typhus devait l'emporter en quelques heures le 27 août 1864. Il laissait à sa veuve la recommandation de ramener ses enfants en France pour qu'ils reçoivent l'instruction latine et grecque qui lui avait manqué. Naturalisé américain depuis le 6 novembre 1860, secrétaire de la Société française de Bienfaisance mutuelle qui est la première société d'assurance mutuelle des Etats-Unis, homme de grand bien jouissant de la plus haute estime des san franciscains, il avait, aux dires de son fils, été honoré de funérailles publiques dans une ville endeuillée.
C'est à San Francisco que les parents d'Eugène Torquet s'étaient connus.

Sophie Petibeau avait 15 ans et son frère 14, quand ils sont arrivés, en octobre 1849, en Californie, dans le sillage d'une mère intrépide. Fille d'un receveur de rentes parisien malchanceux, sœur d'un éminent anatomiste et chirurgien, et d'un maître de forges et fondeur d'art de renommée internationale, la statue de Lafayette à Washington a été coulée dans ses ateliers, Anne Charlotte Virginie DENONVILLIERS avait épousé en 1831 Louis PETIBEAU, percepteur à Montlhéry où sont nés, en 1834 et 1835, ses deux enfants. Peu après la mort de son mari survenue en 1839, elle est partie en avant pour New York. Une fois rejointe par les siens, elle s'est lancée avec eux à travers les Etats-Unis dans le grand mouvement de la ruée vers l'Ouest. Pendant quelques années, elle a dirigé une école de jeunes filles à San Francisco ; puis, passant vers 1867 par Eastchester, près de New York, elle est allée ensuite, en pionnière de Colombie britannique, prendre la direction d'un établissement de jeunes filles à Victoria. Pendant ce temps, son fils, naturalisé américain et pharmacien, avait fondé une famille sur place, à San Francisco.

Il aurait été difficile à Sophie Torquet de se mettre en route pour la France avec trois enfants en bas âge. Aussi est-il plus plausible de penser qu'elle se sera attardée à San Francisco, pendant un temps suffisant pour qu'Eugène apprenne les trois langues en usage autour de lui, le français, l'espagnol et l'américain et qu'il s'imprègne des paysages et de la lumière des bords du Pacifique.
Eugène avait près de 7 ans quand la famille débarqua au Havre, où elle était attendue par de proches parents de son père. Il fut inscrit au Lycée impérial de la ville et il collectionna les nominations pendant ses sept premières années de scolarité. Cet exil lui a laissé des souvenirs lugubres. Pourtant il a bien accepté le remariage de sa mère en 1870 avec Louis Alfred Duchesne, médecin en exercice. Dès l'âge de 9 ans, dit-on, il composait des poésies. Mais il a raconté lui-même qu'une audace littéraire l'avait fait exclure de l'établissement, au printemps 1877.
Sans hésiter, Sophie Duchesne s'est alors installée à Paris pour inscrire ses deux fils au Collège Rollin. Au terme d'années de triste mémoire, Eugène en est sorti en 1879 avec son baccalauréat,-seul titre universitaire dont il ne manquait pas de se prévaloir.
Réfractaire à toutes les sciences, qu'elles soient exactes ou naturelles, Eugène Torquet n'avait jamais cessé de montrer de grandes dispositions pour les matières littéraires. Aussi a-t-il été tenté par la fréquentation des Hirsutes, avant de collaborer au Chat Noir dès son premier numéro. Sa famille, inquiète de cet avenir incertain, lui avait trouvé des emplois de bureau auxquels il a dû s'essayer sans succès.-On en retrouve l'évocation dans Le Prêteur d'Amour.

Majeur, prenant sa vie en main, il s'embarque en 1881 en qualité de pilotin, sur un trois-mâts faisant le commerce avec Haïti et les Antilles. Ce rude apprentissage lui a inspiré des récits qui, regroupés par les soins de Jean Royère, ont paru en 1923 sous le titre de Pilotins. Une effroyable tempête, racontée dans Force Ennemie, l'a fait renoncer à la marine à voile. C'est alors qu'il tenta une autre expérience maritime, en se faisant enrôler comme aide-commissaire aux vivres pour un voyage sur le paquebot " La France ", à bord duquel il ne fit pas preuve des capacités attendues : il y fait allusion dans Le Prêteur d'Amour.
Sans perdre le goût des pays lointains, il repart pour un long voyage d'agrément au cours duquel il aurait visité les côtes du Venezuela et celles de la Colombie,-souvenirs qu'il exploitera dans Les Trois Amours de Benigno Reyes. Faisant une dernière escale à New York, il revient en France en quête de son avenir littéraire.

Éternel rêveur, c'est alors que commence sa vie itinérante, à la découverte de nouveaux paysages que, dès qu'il en aura épuisé la veine poétique, il quittera pour d'autres.
À Port en Bessin, en 1883, il fait la connaissance d'André Lemoyne, " inventeur, a-t-on dit, de la veine maritime de la poésie ".
La même année, il s'installe à Asnières, station balnéaire des Parisiens où il retrouve son ami Paul Signac : une huile du peintre, intitulée " les bains Bailet ", datée 1883 et dédiée " à l'ami Gino ", a fait l'objet d'une vente publique en l'année 2000. À Asnières encore, Eugène Torquet rencontrera Henriette DIEUDONNÉ, avec laquelle il se mariera en juillet 1885 et qu'il emmènera en voyage de noces à la Martinique, avec l'espoir d'y rester. Un malheur dans la famille d'Henriette les a obligés à revenir en France au printemps 1886. Jamais Eugène Torquet ne pourra retourner en Martinique, autrement qu'au travers de ses écrits.

La trace de ce couple inséparable a été relevée par Jean Royère dans la préface de Thérèse Donati,-roman de John-Antoine Nau paru en 1921. Certaines des étapes méritent d'être mentionnées.
Au cours d'un long séjour à Piriac, sur l'estuaire de la Loire, Eugène Torquet entre en relation avec Dominique Caillé, avocat nantais érudit d'histoire littéraire et poète, vice-président de la Société académique de Nantes et de Bretagne.
De son passage aux Sables d'Olonne, il a restitué le paysage dans La Gennia.
Une fièvre typhoïde déclarée à Fleury sur Andelle lui a valu une convalescence au Lavandou, au cours de laquelle il a trouvé l'amitié du peintre Henri-Edmond Cross.

À Pontoise, sa mère est venue séjourner chez eux et les a suivis à Carteret,-villégiature de prédilection où Eugène Torquet et sa femme viendront à plusieurs reprises, en alternance avec des séjours hivernaux en divers lieux d'Espagne : Malaga, Soller, Barcelone. Au Seuil de l'Espoir sera commencé à Carteret en mars 1896 et terminé à Malaga en janvier 1897. Publié à compte d'auteur, cet ouvrage poétique est le premier écrit signé John-Antoine Nau.
De 1899 à 1901, le couple est installé aux îles Canaries, à Orotava del Puerto,-point de départ du héros des Trois Amours de Benigno Reyes. John-Antoine Nau y aura des démêlés avec un négociant des moins honnêtes, sur lequel il prendra une revanche caricaturale dans Les Galanteries d'Anthime Budin. Contraint de quitter l'île à cause de lui, il prend la direction de Lisbonne.
De là, il traverse le sud du pays et l'Andalousie pour aller se fixer près de Huelva, au bord du Rio Tinto. La " Lettre d'Espagne à un parent ", insérée dans les Lettres exotiques parues en 1933 aux éditions des Marges, relate ce voyage. Il se fait propriétaire, mais une malheureuse expérience de culture maraîchère dans leur jardin les contraint, en automne 1902, à revendre la maison et à retourner à Malaga pour y passer l'hiver.
Alors qu'il l'avait commencé à Orotava, c'est à Huelva que John-Antoine Nau a terminé Force Ennemie, en juin 1902. En février 1903, son roman paraît, à compte d'auteur, aux éditions de la Plume. Sans déflorer le sujet de l'ouvrage, un extrait, très caractéristique du style maritime et colonial de Nau, est aussitôt publié dans les pages de la revue. Le roman n'échappera pas à la critique de Fagus dans la Revue Blanche, puis à celle, très bienveillante, de Robert Scheffer dans la Plume.

En juillet 1903, John-Antoine Nau demeure à Saint-Tropez, au hameau des Canoubiers, dans une maison exiguë que Lucie Cousturier fréquentera assidûment au printemps 1905, il s'installera Plage de Granier.
Pendant ce temps, à Paris, les membres de l'Académie Goncourt s'affairent au choix des romans à mettre aux voix lors de l'attribution du Prix en décembre. Force Ennemie est l'un d'eux, et l'on cherche activement plus de renseignements sur son mystérieux auteur, déjà connu par des écrits parus dans la Revue Blanche.
Dans la nuit du 21 au 22 décembre, contre toute attente, John-Antoine Nau reçoit un télégramme lui annonçant qu'il est le lauréat. Après avoir envoyé une lettre de remerciements à chacun des membres de l'Académie, il court à Saint-Clair, chez son ami Henri-Edmond Cross, qui le garde chez lui pour faire son portrait. John-Antoine Nau ne se déplacera pas à Paris pour recueillir sa récompense : il en chargera son frère Charles, secrétaire de Maurice Donnay depuis octobre dernier.
Poursuivant son travail, il termine en 1904 la traduction du " Journal d'un Ecrivain " de Dostoïevski. Il dépose chez Messein son manuscrit d'Hiers Bleus, recueil de poèmes en attente de parution, dédié à Paul Signac. En 1905, Le Prêteur d'Amour, dédié à Lucien Descaves, est prêt pour son édition chez Fasquelle. Nau compose les poèmes de Vers la Fée Viviane, qui paraissent en 1905 aux Ecrits pour l'Art, et grâce auxquels il entre en relation d'amitié avec Jean Royère.

En avril 1906, il s'embarque pour Alger, où il séjournera trois ans avec quelques brefs retours sur terre de France. C'est de là qu'il envoie son manuscrit de La Gennia aux éditions Messein, pour sa parution en Juillet de la même année. Il fréquente le milieu algérianiste : Les Lettres de Corse et de Bretagne, parues en 1949 aux éditions " Afrique ", sont un précieux témoignage de l'amitié littéraire qu'il noua avec Robert Randau. En 1908, il confie aux éditions de La Phalange la publication de Vers la Fée Viviane, dédié à Félix Fénéon, cycle auquel il ajoute Côte d'Emeraude, qu'il avait écrit lors d'un séjour à Saint-Cast. Les réalités de la vie urbaine lui inspireront le roman truculent de Cristobal le Poète, qu'il dédiera à Gustave Geffroy. Survient en mars 1909, la mort de sa mère, qu'il évoquera dans deux passages de Thérèse Donati, et qui le rappelle en France.

Il ne fait qu'un court passage à Paris et revient sur la Côte d'Azur. L'amitié de Guy Lavaud ne parvient pas à lui faire aimer Golfe Juan et il s'installe au plus vite au Lavandou. Devenu frileux, il quitte la métropole à l'automne pour s'installer sur l'Ile de Beauté.

À Cargese, il fait la connaissance du peintre Camille Boiry qui deviendra un grand ami et qui fera un très beau portrait de l'écrivain. Fuyant sans doute l'afflux des estivants, il passe l'été 1910 à l'intérieur du maquis, à Zicavo. Mais à l'automne, il élit domicile à Porto-Vecchio, Tournant de la Marine ;-le chemin de ronde de la citadelle sera baptisé rue John-Antoine Nau.
Quatre années s'y passent où l'écrivain prend, dans le village, la place d'un bienfaiteur. Cristobal le Poète paraît en feuilleton dans la Phalange, de novembre 1910 à mai 1911 ; le roman sortira chez Ollendorff au printemps 1912. L'observation de la population corse lui inspire son roman Thérèse Donati, que, de son vivant, il hésitait à publier. En janvier 1914 paraît, chez Crès,un recueil dédié à Jean Royère, En suivant les Goélands, dont nombre de poèmes ont déjà paru dans La Phalange.
À la déclaration de guerre, il déménage de Porto-Vecchio à Ajaccio, pour une installation moins précaire. En septembre 1916, le couple quitte définitivement l'île pour se rendre à Rouen, où la sœur d'Henriette vient de mourir. Découragés par la tristesse de la ville, ils n'y resteront que quelques mois, le temps de trouver un nouveau port d'escale.
John-Antoine Nau a choisi la baie de Douarnenez et, le 17 mars 1917, ils arrivent à Tréboul. C'est là que le poète mourra un an plus tard, jour pour jour, laissant d'ultimes poèmes d'une très haute inspiration religieuse.
Réputé de caractère sauvage, John-Antoine Nau a eu de très nombreux et très bons amis, choisis certes parmi les poètes et romanciers, mais aussi parmi les artistes peintres. Il serait infiniment heureux que soient réunies, pour une publication complète, les lettres qu'il leur a écrites : Nau excellait en effet dans l'art épistolaire, où on le connaît dans toute sa spontanéité, avec sa bonne humeur.
Il n'a eu cure de son renom d'auteur, car il écrivait pour la perfection de l'art. La lecture de ses ouvrages en prose paraît ardue à qui n'a pas commencé par Les Trois Amours de Benigno Reyes. Il faut savoir passer de portraits en portraits, souvent caricaturaux, et de paysages en paysages, pour ne pas attacher une importance primordiale à l'intrigue de ses romans. On ne peut pas s'empêcher d'apprécier la langue et le style de l'écrivain.
Au Seuil de l'Espoir est un long poème épique, traversé par la quête de la femme irréelle, aux rythmes et aux couleurs duquel on se laisse prendre. Beaucoup des poèmes des recueils suivants sont des évocations autobiographiques, dédiées à divers parents et amis. Nau n'imaginait pas les paysages, il les avait vus avec des yeux de peintre et les transformait en musique.

Dès 1908, dans La Phalange qu'il dirigeait, Jean Royère a écrit un long article sur John-Antoine Nau. À partir de la mort de son ami, dont il fut le témoin, il a multiplié les publications pour que le poète et romancier ne passe pas dans l'oubli : dans les Marges d'abord en 1918, dans le Douar en 1919, dans les Belles Lettres en 1922, dans " Clartés sur la Poésie " en 1925.
Avec l'aide d'Henriette Torquet, Jean Royère a rassemblé de nombreux écrits inédits, en vers et en prose. C'est ainsi qu'ont pu paraître Thérèse Donati en 1921 ; Les Galanteries d'Anthime Budin, auxquelles sont joints différents contes et nouvelles en 1923 ; la même année, Les Trois Amours de Benigno Reyes parus initialement dans la Revue Blanche en 1902, ouvrage comportant en outre les textes constituant Pilotins, ainsi que la fantaisiste nouvelle du Duelliste ; les Poèmes triviaux et mystiques en 1924 ; enfin les nouvelles d'Archipel caraïbe en 1929 et en 1933, les Lettres exotiques, réunissant les correspondances de Nau avec différents amis entre 1896 et 1915.
L'activité littéraire de John-Antoine Nau n'avait jamais connu de trêve depuis qu'il avait remis le pied sur la terre ferme : en témoignent ses contributions aux revues de l'époque. La Revue Blanche, La Plume, Le Festin d'Esope, les Ecrits pour l'Art, Vers et Prose, La Phalange, La Grande Revue, et en dernier La Vie, sont les périodiques auxquels, entre autres, John-Antoine Nau a apporté sa collaboration par des écrits en vers et en prose, dont certains sont encore inédits à l'heure actuelle.



2 - À son baptême, Eugène Torquet avait reçu les trois prénoms de sa marraine, Eugénie Engels, et de ses deux oncles paternel et maternel, Léon Torquet et Édouard Petibeau.
L'attribution par certains dictionnaires d'un quatrième prénom, Joseph, n'est pas fondée et ne doit pas être retenue.

3. A son mariage, Paul Torquet avait pour témoins des amis, négociants et courtier maritime, fondateurs comme lui, en 1851, du Comité de Vigilance, - milice de volontaires San Franciscains, organisée pour pallier l'insuffisance des juges à sanctionner les innombrables exactions commises dans la ville en voie de peuplement rapide.

4- En 1894, à la fin d'une lettre à un ami, Eugène Torquet avait ajouté à sa signature : En religion poëtique Frère Jérôme Nau.
En abrégé, il pouvait signer J. Nau, qui sonnait comme le surnom Gino qu'on lui donnait en famille et parmi ses camarades de collège, - dont Paul Signac.
À partir de la parution d'Au Seuil de l'Espoir, il signait ses ouvrages et ses courriers John-Antoine Nau.
Comme le pense Valery Larbaud, dans son article paru en 1924 dans la Revue Européenne et repris en préface de l'édition 2000 des Trois amours de Benigno Reyes de l'Éditions Ombres, Eugène Torquet, en qualité de citoyen américain, aura anglicisé le premier prénom de son grand-père Jean Pierre Nicolas Torquet.
Son arrière-grand-père Leforsenney se prénommait Charles Antoine. Est-ce à lui qu'Eugène Torquet s'est référé, ou à Saint Antoine de Padoue pour lequel il avait une grande dévotion si l'on en juge par le titre du dernier de ses Poèmes mystiques ?
Nau est un nom des Pays de Loire. Valery Larbaud l'interprétait comme venant de l'espagnol et signifiant la nef. Eugène Torquet aurait-il voulu évoquer les navigateurs de sa famille ?


--------------------------------------------------------

Poésie

Trois premières strophes de John-Antoine Nau
•
Biadjaws
Dans l'immense vide lumineux
À des semaines des rades connues,
Le voilier envolé dans le bleu,
Éblouissant, comme brumeux
De blancheurs vibrantes et tendues,
Turgides cumulus au fil du vent,
Croise un praw lentement dérivant
Comme abandonné, qui roule
Bord sur bord en un chatoyant sommeil,
Sur le cristal croulant de la haute houle
Toute diaphane de soleil.
•
Bois hantés
Dans le calme frais des matins bleus,
Avant que le soleil qui affole les faunes
Ait fleuri le jardin pâle des cieux
De son ardente et géante corolle jaune,
Des bruits comme soyeux glissent dans les fourrés,
Des voix suavement étranges
Murmurent des mots presque soupirés ;
Et l'on dirait que des propos tristes s'échangent.
•
Goélands
Pâles, les goélands sur le ciel de soie bleue,
Semblent une vaine broderie chinoise ; —
À peine un accent qui blanchoie
Sur la luisance trop langoureuse.
•
Au seuil de l'espoir 1897
Le Jardin des jacinthes. Fleur de mirage. Poèmes 1901
Hiers bleus 1903 Texte en ligne
Vers la fée Viviane. Errances. Côte d'émeraude 1905
En suivant les goélands 1914 Texte en ligne
Poèmes triviaux et mystiques 1924
Poésies antillaises. Illustrées par Henri Matisse Fernand Mourlot 1972
Romans et récits
Force ennemie 1903. Réédition : M. Milo, Paris, 2000, 2010.
Le Prêteur d'amour 1905
La Gennia, roman spirite hétérodoxe (1906). Réédition : Austral, Paris, 1996.
Cristóbal le poète 1912
Thérèse Donati, mœurs corses 1921. Réédition : La Marge, Ajaccio, 2003.
Les Galanteries d'Anthime Budin 1923
Pilotins 1923
Les Trois amours de Benigno Reyes (1923). Réédition : Encre bleue, Villegly, 2002.
Archipel caraïbe 1929
Correspondance
Lettres exotiques 1933
Lettres de Corse et de Bretagne 1949


Plages

II en est d'un blanc pur, brillant, presque argenté;
J'en sais d'un noir roux de feu mort,
Enfers près des candeurs mourantes des jetées;
J'en sais d'or - et d'ajoncs - sous le ciel vert du Nord,
Bosquets nains, micacés par les vagues heurtées.

Et la plage rose, à l'aube incarnat,
Parterre en sable fin, je la suis comme en rêve,
Longue, longue, sous le ciel de grenats !
Et les bulles d'écume en pâles rubis crèvent
Sur la douceur florale de la grève,
Sur la plage rose à l'aube incarnat.

D'autres s'incurvent sous l'enlacement des branches
Flagellées par le vent salin, -
- Dansez, feuilles et fleurs, aux plis des mousses [blanches ! -
Frigide, un autre dort sous un ciel hyalin,
Dans les parfums brefs, sous les bises franches.

Et la lointaine, si voilée au crépuscule, -
Dont le fier horizon strié d'or violet
S'apaisait lentement sous des brumes de tulle,
La rouge où le sang du soleil coulait,
La blonde où la grotte ouvrait un mauve palais, -
Et la lointaine, si voilée au crépuscule !

J'en sais une douce et tiède, un miroir
De rêves gris et de mélancolies,
Où de tristes beaux yeux se mirèrent un soir
Et qui reflète un si douloureux désespoir
Dans les vagues remous de ses nacres pâlies !

John Antoine Nau (1860-1918). - En suivant les goélands


Traduction

Fiodor Dostoïevski : Journal d'un écrivain, 1873, 1876 et 1877, traduit du russe par J.-W. Bienstock et John-Antoine Nau (1904)

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Posté le : 17/03/2013 14:49
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Boris Vian suite
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J'irai cracher sur vos tombes

Au début de l'été 1946, Boris fait la connaissance d'un jeune éditeur, Jean d'Halluin, un assidu du Flore qui vient de créer Les éditions du Scorpion. Jean demande à Boris de lui faire un livre dans le genre de Tropique du Cancer de Henry Miller qui plaît beaucoup. En quinze jours, du 5 au 23 août, Vian s'amuse à plagier la manière des romans noirs américains, avec des scènes érotiques dont il dit qu'elles préparent le monde de demain et frayent la voie à la vraie révolution.
L'auteur est censé être un Américain nommé Vernon Sullivan que Boris ne fait que traduire. D'Halluin est enthousiaste. Boris, en introduction du livre, prétend avoir rencontré le véritable Vernon Sullivan et reçu son manuscrit de ses mains. Il y voit des influences littéraires de James Cain, il met en garde contre la gêne que peuvent occasionner certaines scènes violentes.
Jean d'Halluin a même prévu de publier des bonnes feuilles dans Franc-Tireur. Tous deux espèrent un succès sans précédent. Les premières critiques indignées leur donnent l'espoir que le scandale sera égal à celui soulevé par la publication du roman de Miller, et la critique du roman par Les Lettres françaises, qui le traite de bassement pornographique, fait monter les enchères.
Mais il lui faut bien vite déchanter lorsque France Dimanche et l'hebdomadaire L'Époque réclament des poursuites pénales identiques à celle qu'a connues Henry Miller.
D'autre part, on annonce la parution d'un deuxième Vernon Sullivan.
Mais déjà, Jean Rostand, l'ami de toujours, se déclare déçu. Boris a beau se défendre d'être l'auteur du livre, un certain climat de suspicion règne chez Gallimard qui refuse du même coup l'Automne à Pékin. Seul Queneau a deviné qui était l'auteur et trouve le canular très drôle.
L'honneur réservé à Henry Miller touche aussi, malheureusement, Boris Vian, qui est attaqué en justice par le même Daniel Parker et son Cartel d'action sociale et morale.
Boris risque deux ans de prison et 300 000 francs d'amende. Il est accusé d'être un « assassin par procuration » parce qu'on rapporte dans la presse un fait divers où un homme a assassiné sa maîtresse en laissant J'irai cracher sur vos tombes à côté du cadavre. Boris doit prouver qu'il n'est pas Vernon Sullivan et pour cela, il rédige en hâte un texte en anglais qui est censé être le texte original. Il est aidé pour ce travail par Milton Rosenthal, un journaliste des Temps modernes.
Finalement, en août 1947, le tribunal suspend les poursuites.
Mais l'affaire aura une suite que Noël Arnaud a résumée dans le Dossier de l'affaire J'irai cracher sur vos tombes
publié en 1974, et réédité en 2006 chez Christian Bourgois.



Le jazz et le déclin

La terrasse du Flore où Boris Vian retrouve ses amis

La terrasse des Deux Magots, l'autre café de Boris
Boris se réfugie maintenant dans le jazz, notamment au Club Saint Germain où il approche son idole Duke Ellington. Il va bientôt être directeur artistique chez Philips et en attendant, il donne régulièrement des chroniques dans le journal Jazz Hot où il tient une revue de la presse jusqu'en 1958 . Henri Salvador disait de lui : Il était un amoureux du jazz, ne vivait que pour le jazz, n'entendait, ne s'exprimait qu'en jazz .
Malgré sa préférence pour un jazz plutôt classique, Boris prend tout de même parti pour Charles Delaunay dans la bataille des anciens et des modernes qui l'oppose à Hugues Panassié en 1947.
La querelle porte sur le bebop qui n'est pas du jazz selon Panassié63 et que Delaunay a été un des premiers à faire découvrir en France avec Dizzy Gillepsie. Boris soutient le bebop ce qui ne l'empêche pas d'aimer le jazz traditionnel, notamment celui de Duke Ellington.
Duke Ellington est arrivé à Paris sans son orchestre qui est retenu à Londres par les lois syndicales. Boris le suit partout, fait sa promotion, et le premier concert de Duke au Club Saint Germain est un tel succès qu'il donne ensuite deux concerts à la salle Pleyel. On retrouve encore Boris au café de Flore ou aux Deux Magots, où se rassemblent intellectuels et artistes de la rive gauche, ou bien au Club du Vieux Colombier où il suit Claude Luter à l'ouverture du Club fin 1948.
Puis en 1949, on le retrouve aussi à Saint-Tropez où son ami Frédéric Chauvelot vient d'ouvrir une annexe du Club Saint Germain.
Mais bientôt, Boris est obligé de renoncer à la trompette qu'il appelait la trompinette, à cause de sa maladie de cœur.
C'est à cette époque qu'il écrit frénétiquement pour le jazz. Outre les articles de presse pour Combat et Jazz Hot, il anime une série d'émissions de jazz pour la station de radio américaine WNEW69,.
Boris a aussi une autre passion : les automobiles.
En 1947, il a acheté pour une somme dérisoire une BMW, rebut de l'armée allemande qui lui coûte très cher en réparations, jusqu'au jour où il peut acheter à son ami Peiny, garagiste, une Panhard de luxe qui le lâche à Lyon. Toute sa vie, Vian a aimé les automobiles. Sa préférée est la Brasier 1911 qu'il rachète à un vieil homme en 195073 et qui deviendra une des curiosités de Saint-Germain des Prés. Les autos sont un dérivatif contre les coups du sort qui atteignent durement l'écrivain.
Côté littérature, les choses ne vont pas fort. Jean d'Halluin peine à vendre les remakes de romans américains que produit Boris Vian sous son pseudonyme.
Elle ne se rendent pas compte signé Vernon Sullivan, ne porte pas le nom du « traducteur » (Vian). Ce roman est un échec commercial, tout comme L'Automne à Pékin et les Fourmis qui ne se vendent pas du tout.
En novembre 1948, après la loi d'amnistie de 1947, Boris Vian a officiellement reconnu être l'auteur de J'irai cracher sur vos tombes sur les conseils d'un juge d'instruction, pensant être libéré de tout tracas judiciaire. C'est compter sans Daniel Parker et son cartel moral qui attend la traduction en anglais de l'ouvrage sous le titre I shall spit on your graves et le deuxième tirage de l'ouvrage pour lancer cette procédure. Cette fois, le livre de Boris est interdit en 1949. Le fisc lui réclame des indemnités faramineuses.
L'écrivain est endetté et le couple se délite, non pour des questions d'argent, mais parce qu'une certaine lassitude s'est installée dans ce joyeux tandem.
Le 22 avril de cette même année, l'adaptation théâtrale du roman est un désastre. En 1950, la pièce de théâtre L'Équarrissage pour tous est également interdite, et Boris condamné à une amende.
Invité à un cocktail par Gaston Gallimard le 8 juin 1950, Boris rencontre une jeune femme avec la figure en triangle Ursula Kübler, danseuse suisse qui a participé aux ballets de Roland Petit. Ursula a la réputation d'une femme de caractère, très indépendante.
Boris tombe amoureux d'elle.
Déjà, Michelle et lui ont envisagé le divorce. Michelle est depuis 1949 la maîtresse de Jean-Paul Sartre. Boris et Ursula vont vivre ensemble les années difficiles jalonnées de maladie pour Boris, et de manque d'argent pour le couple.


Les années difficiles et la fin du tunnel

Reproduction du diplôme de l'Ordre de la Grande Gidouille de Boris Vian, le 22 Palotin .
Document tiré du magazine trimestriel Bizarre, J. J. Pauvert, numéro spécial Boris Vian de février 1966.

Reproduction du diplôme de membre du Collège de 'Pataphysique de Boris Vian.
Le roman de Boris L'Arrache-cœur, d'abord intitulé Les Fillettes de la reine a été officiellement refusé par Gallimard. Il est publié finalement en 1953 aux éditions Vrille et n'a aucun succès.
À partir de là, Boris renonce à la littérature.
1951 et 1952 seront des années sombres. Boris Vian vient de quitter son épouse Michelle Léglise, dont il a eu deux enfants, Patrick en 1942 et Carole en 1948, et vit difficilement de traductions dans une chambre de bonne, au 8, boulevard de Clichy où il s'installe avec Ursula, qu'il surnomme l'Ourson dans un inconfort total.
Pour le moment, Boris n'a plus un sou, mais le fisc s'acharne à lui soutirer des impôts anciens qu'il ne peut payer.
Il vit essentiellement de piges. Albert Camus l'a engagé à Combat en 1949, il travaille aussi pour Samedi Soir, France Dimanche ainsi qu'une publication considérée comme le refuge des mercenaires de la plume : Constellation.
Raymond Queneau est maintenant à l'Académie Goncourt, il est chanté par Juliette Gréco ; il maintient ses distances avec le couple pendant un temps, avant de revenir et de s'en excuser.
Boris est « au fond du trou », mais il possède une étonnante faculté à rebondir. Sa pièce Cinémassacre composée de sketches et jouée par Yves Robert et Rosy Varte à La Rose Rouge remporte un très grand succès81. Ensuite, le « 22 merdre 70 », c'est-à-dire le 8 juin 1952, il est nommé « Équarisseur de première classe » au Collège de 'Pataphysique où il retrouve Raymond Queneau puis le 22 palatin 1980 (11 mai 1953), satrape.
Dans ce groupe, il donne libre cours à son imagination pour fournir des communications et des inventions baroques telles que le gidouillographe ou le pianocktailnote . Son titre exact est Satrape et promoteur Insigne de l'ordre de la grande Gidouille, avec les Sublimes privilèges que de droit .
Dans ce collège, on retrouve d'autres célébrités comme Jean Dubuffet, Joan Miró, Max Ernst, Marcel Duchamp, Eugène Ionesco, Noël Arnaud, René Clair, François Caradec.
Dès le mois de février 1954, Boris a déposé ses textes et ses musiques à la SACEM. Un de ses textes avait déjà été enregistré par Henri Salvador. Accompagné d'Ursula, il fait le tour des music-halls, tous deux prennent des leçons de chant, cependant que Marcel Mouloudji chante Le Déserteur pour la première fois au théâtre de l'Œuvre.
La chanteuse Renée Lebas le reçoit et lui demande de retravailler ses titres et de les faire arranger par un vrai compositeur pour les mettre à son répertoire. Philippe Clay, Suzy Delair et Michel de Ré lui demandent aussi des chansons. Mais comme Zizi Jeanmaire refuse de les chanter, Vian déclare : On peut vous refuser une chanson, mais peut-on vous empêcher de la chanter ? .
Le Déserteur, chanson pacifiste de Boris en réaction contre la guerre d'Indochine, s'achevait tout d'abord par un quatrain plutôt menaçant : Si vous me poursuivez, Prévenez vos gendarmes, Que j'emporte des armes, Et que je sais tirer.
Mais lorsque Mouloudji lui fait remarquer que cette chute ne colle pas avec l'idée de pacifisme, Vian rectifie le texte ainsi : que je n'aurai pas d'armes, et qu'ils pourront tirer. La chanson connaît là un premier succès au Théâtre de l'Œuvre, puis à l'Olympia l'année suivante.
Le scandale viendra plus tard, au moment de la défaite de Diên Biên Phu. Lorsque Boris entame une tournée dans les villes de France aux côtés du comique Fernand Raynaud, sa chanson considérée comme antimilitariste est sifflée notamment à Perros-Guirec où un commando d'anciens combattants veut l'empêcher de chanter car ils voient en lui un bolchevik piétinant le drapeau français. À Dinard, le maire lui-même prend la tête des anti-Vian.
Boris doit parlementer dans chaque ville, jusqu'à finalement obtenir qu'un groupe de militaires du contingent reprennent la chanson en chœur. Pendant ce temps, à Paris, tandis que le journal Le Canard enchaîné prend la défense de l'artiste, l'éditeur Jacques Canetti reçoit des injonctions et le disque sera retiré de la vente après 1000 exemplaires vendus. La censure reste discrète dans l'immédiat, elle sera plus ferme au moment de guerre d'Algérie.
Ce qui n'empêche pas Boris de poursuivre son tour de chant.
Le 4 janvier 1955, Boris monte sur la scène des Trois Baudets, 64 boulevard de Clichy et chante La Complainte du progrès, J'suis snob, les Lésions dangereuses, les Joyeux bouchers, le Déserteur. Son accompagnateur et arrangeur est Alain Goraguer. Dans la salle, le succès est mitigé, mais Léo Ferré et Georges Brassens sont venus l'écouter, ils lui trouvent du talent. Et le Canard enchaîné ne tarit pas d'éloges sur La Java des bombes atomiques.
Jacques Canetti lui propose alors de s'occuper du catalogue de jazz pour les disques Philips. Il est chargé des rééditions, d'écrire des commentaires et de corriger les dates d'enregistrement et les noms des musiciens.
C'est un véritable emploi, avec horaires et patron.
Seule plage de récréation : Michel Legrand rapporte des États-Unis quelques disques de Rock 'n' roll. Aussitôt, Boris Vian est inspiré et il crée avec ses complices Salvador et Michel Legrand Rock and Rol Mops qu'il édite sous le nom d'Henry Cording, pseudonyme de Henri Salvador, le parolier étant Vernon Sinclair. Avec des sonorités anglo-saxonnes, le disque se vend jusqu'en Hollande. Boris est engagé avec un cachet relativement important. Mais il ne chante plus. En revanche il produit plusieurs autres Rock 'n' roll parodiques.


Les dernières années

Place Blanche, vue sur le Moulin rouge derrière lequel se trouve le 6 bis cité Véron où Boris Vian et Ursula Kübler habitaient
En 1954, Boris a épousé Ursula Kübler qui trouve un petit appartement au 6 bis Cité Véron, près de la place Blanche où ils auront pour voisins Pierre et Jacques Prévert. Boris aménage de ses mains ce logement vaste et plaisant dont la terrasse domine le Moulin rouge. C'est une manière pour lui de prendre ses distances avec Saint-Germain-des-Prés, mais il ne coupe pas totalement les ponts. Il installe rue Grégoire-de-Tours un magasin d'instruments de musique anciens, exotiques ou étranges et rencontre ses amis à la discothèque du 83 rue de Seine.
Cependant, les activités de Boris l'épuisent. Alain Robbe-Grillet envisage de rééditer l'Automne à Pékin et l'Herbe rouge aux éditions de Minuit, mais Boris se méfie. Depuis le temps que le sort s'acharne sur lui, il est las, fatigué de la connerie ambiante, de ce succès qui lui échappe depuis toujours , dit Robbe-Grillet.
« Censuré Le Déserteur?. En un sens. Sur les listes des programmes de variété des émissions figure le tampon du bannissement. Mais purement à titre préventif : peu de programmateurs auraient songé à diffuser la chanson. C'est d'abord une censure par l'omision ou l'indifférence. La véritable censure va tomber 1958 au moment où commence la Guerre d'Algérie.
Mais ce n'était plus la peine, la chanson était déjà boycottée par les radios et les maisons de disque.
Fatigué, le moral en berne, en juillet 1956, Boris s'effondre : il est frappé d'un œdème au poumon, résultat de son surmenage.
Il lui faut un lourd traitement et il se remet lentement aux côtés d'Ursula.
Il accepte de tourner un petit rôle, le cardinal de Paris dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, par défi. Mais il sait qu'il a un pied dans la tombe et l'autre qui ne bat que d'une aile.
L'Automne à Pékin, réédité aux éditions de Minuit, n'a encore une fois, aucun succès.
Mais Boris continue d'écrire des chansons pour Henri Salvador, Magali Noël, Philippe Clay.
La maison Philips lui propose de diriger une petite collection Jazz pour tous, mais c'est un énorme travail.
En 1957, est créé à l'Opéra de Nancy Le Chevalier de Neige, un opéra sur un livret de Boris Vian d'après le mythe des Chevaliers de la Table ronde, dont Georges Delerue a écrit la musique.
Malgré les avertissements de son médecin, Boris continue de se surmener, multipliant piges, traductions, écriture de chansons. Dans le Canard enchaîné, il fait l'éloge de Georges Brassens et d'un jeune chanteur très peu connu : Serge Gainsbourg. Et puis la Société Océan-Films à laquelle il a vendu ses droits, le somme de produire une adaptation de J'irai cracher sur vos tombes. Entre temps, Boris écrit le livret d'une comédie musicale-ballet et les chansons de : Fiesta, mis en musique par Darius Milhaud100.
Et il entame une collaboration avec Le Canard enchaîné qui l'a soutenu pendant l'affaire du Déserteur. Le 28 octobre 1958, il publie son premier article sous le titre Public de la chanson, permets qu'on t'engueule, ceci pour défendre le nouveau disque de Georges Brassens qui n'a pas de succès.
Son deuxième article est consacré au lancement de Serge Gainsbourg, en particulier à l'éloge du Poinçonneur des Lilas.
Au cours de l'hiver 1958, il part se reposer en Normandie avec Ursula qui voudrait chanter elle aussi. Mais Boris lui répond de se débrouiller par elle-même et il donne des chansons à la chanteuse allemande Hildegard Knef qu'il fait venir cité Véron et qu'il raccompagne devant Ursula avec une certaine muflerie.
C'est aussi un des aspects de Boris Vian que sa légende a occulté. Il est, sinon coureur de jupons, du moins un séducteur. Pour lui, l'acte sexuel et l'expérience érotique sont les pendants sains de l'amour.
Le matin du 23 juin 1959, J'irai cracher sur vos tombes, film inspiré de son roman, est projeté au cinéma Le Marbeuf près des Champs-Élysées. Il a déjà combattu les producteurs, sûrs de leur interprétation de son travail, et publiquement dénoncé le film, annonçant qu'il souhaitait faire enlever son nom du générique. Michelle est venue, tous les amis sont là. Mais Boris ignorera ce qu'est devenu son roman à l'écran : quelques minutes après le début du film, il s'effondre dans son siège et, avant d'arriver à l'hôpital Laennec, il meurt d'une crise cardiaque.
Le Collège de Pataphysique annonce la mort apparente du « Transcendant Satrape ».


Postérité

bibliothèque de Capbreton en hommage à L'Écume des jours
Si les œuvres à succès, signées Vernon Sullivan, ont permis à Vian de vivre, elles ont aussi occulté les romans signés de son vrai nom, œuvres plus importantes à ses yeux. D'après lui, seuls ces derniers avaient une véritable valeur littéraire. L'Écume des jours qui n'a aucun succès du vivant de l'auteur fera de Boris Vian un véritable mythe auprès de la jeunesse après sa mort. Il en est de même pour L'Arrache-cœur, repris dans Le Livre de poche.
Dans les années 1960 et 1970, notamment pendant les événements de mai 1968,les jeunes de la nouvelle génération ont redécouvert Vian, l'éternel adolescent, dans lequel ils se sont reconnus. Au fil des années, il devient un classique, ses ouvrages sont donnés à étudier dans des écoles.
Ses œuvres complètes sont publiées en 2003, en 15 tomes, aux éditions Fayard. À cette occasion, Ursula Vian-Kübler a organisé une petite fête cité Véron.
Finalement récupérées par Gallimard, ses œuvres romanesques négligées de son vivant, entrent à la bibliothèque de la Pléiade en 2010 après avoir connu un succès populaire que son éditeur d'origine n'avait pas prévu.
En 2009, un double album, On n'est pas là pour se faire engueuler !, rassemble des reprises ou des interprétations de texte de Vian. Il rassemble ainsi Matthieu Chédid, Thomas Fersen, Juliette Gréco, Zebda ou Jeanne Moreau.
En 2011, l’exposition « Boris Vian » à la Bibliothèque nationale de France éclaire d’un nouveau jour la naissance à la littérature de Boris Vian et le rapport qu'il entretient avec elle, en révélant nombre de manuscrits.
Les feuillets des Cent sonnets, du Conte de fées à l’usage des moyennes personnes et de Trouble dans les Andains permettent de comprendre combien sont liés écriture et humour dans cette expérience familiale de la littérature destinée à n’amuser que les proches et les voisins. Jeux de mots, personnages à clefs et pseudonymes facétieux sont la marque indélébile de cette première approche littéraire, très vite remplacée par une littérature plus grave et sérieuse, parfaitement représentée par J’irai cracher sur vos tombes.
Mais son goût de la facétie a parfois occulté son vrai talent, provoquant un malentendu qui s'est dissipé avec le temps. Incompris par ses éditeurs et ses lecteurs contemporains, il est désormais une référence poétique et humoristique. Ses talents littéraires, et musicaux ont été largement salués. Tout récemment, l'acteur Jean-Louis Trintignant a connu un grand succès avec son spectacle Jean-Louis Trintignant lit Prévert, Vian et Desnos qui a tourné dans toute la France en 2011 et tourne encore en 2012
Il a beaucoup inspiré Serge Gainsbourg, qui allait l'écouter aux Trois Baudets, et qui a aussi pris comme arrangeur Alain Goraguer110. Gainsbourg confiait dans la revue L'Arc : Là, j'en ai pris plein la gueule, il chantait des trucs terribles (...), c'est parce que je l'ai entendu que je me suis décidé à tenter quelque chose d'intéressant.

Pseudonymes

La liste complète des pseudonymes de Boris Vian est difficile à établir.
Il y a des connexions certaines et d'autres supposées.
Marc Lapprand en a analysé vingt-sept, mais il y en a d'autres. « Parmi les vingt-sept noms de plume, on trouve vingt-deux figures journalistiques, quatre figures purement littéraires (Joëlle du Beausset, Bison Duravi, Bison Ravi, Sullivan) une figure sociopolitique (Jacques Dupont), quatre noms de femmes (Andy Blackshick, Otto Link, Boriso Viana, Amélie de lamineuse), pour les chroniques de jazz : Josèphe Pignerole, Gédéon Molle, S. Culape, pour d'autres articles de presse Gérard Dunoyer, Claude Varnier, Michel Delaroche, Anne Tof de Raspail, Eugène Minoux, Xavier Clarke, Adolphe Schmürz. Dans Vernon Sullivan, les dernières lettres sont tirées du nom de Vian, Sullivan étant aussi le nom de plusieurs musiciens de jazz dont Michael Joseph « Joe » O'Sullivan.
Honoré Balzac (sans particule)
Baron Visi (anagramme)
Bison Ravi (littéraire) (anagramme) pour signer le poème Référendum en forme de ballade publié en mars 1944 dans le magazine Jazz Hot.
Boriso Viana (jazz) pseudonyme associé à Lydio Sincrazi (cf ci-dessous)
Brisavion (anagramme)
Grand capitaine (littéraire)
Butagaz (jazz)
Bison Duravi (littéraire) dérivé des précédents, pour signer L'ékume des jhours, un poème inédit en quatorze variantes.
Andy Blackshick (jazz) (Festival du rire au théâtre de Ranelagh)
Agénor Bouillon avec Henri Salvador sur un 45 tours (Barclay no 70246)
Xavier Clarke (articles de presse) — notamment dans Jazz News et À la manière de, La guerre froide des deux hot s'attiédit à Saint-Germain.
S. Culape (jazz) pour Le Spectacle de K. Dunham.
Aimé Damour pour Nous avons été trompés ! le Manifeste du Cocu (Comité d'organisation des consommateurs et usagers).
Charles de Casanove
Amélie de Lambineuse dans sa lettre Conseils à mes neveux signée : Votre Grand-tante Amélie de Lambineuse pcc Boris Vian.
Gédéon d'Éon (incertain)
Michel Delaroche (> 100 articles de presse dont Jazz News no 8 novembre 1949) De petites et de grandes nouvelles.
Joëlle du Beausset (littéraire) pour La Valse.
Gérard Dunoyer (articles de presse) et pour la publication C'est gagné pour Zizi Jeanmaire.
Jules Dupont (Socio-Politique) pour écrire son Traité de civisme, inachevé et publié « post-mortem ». Ancien combattant de réserve, officier d'académie, chef de services de la compagnie d'assurance La Cigogne parisienne.
Fanaton : Boris Vian a signé sous le pseudonyme de Fanaton les notes de pochette d'un disque de M. Dupont. Le pseudonyme est une anagramme du nom de l'éditeur : Fontana. (45 tours no 460563).
Hugo Hachebuisson, Hugo Hachebouisson (articles de presse) à rapprocher de Hugo Hackenbush, personnage de Groucho Marx dans Un jour aux courses, Les Pères d'Ubu-roi.
Zéphirin Hanvélo (avec Henri Salvador) Rapport du brigadier cycliste Zéphirin Hanvélo.
Onuphre Hirondelle (avec Henri Salvador)
Odile Legrillon pour Du nouveau dans les achats en viager.
Otto Link (jazz) et pour Silhouette du Hot-Club : Jean Berdin.
Gédéon Mauve pour Panégyrique du savant Cosinus.
Eugène Minoux pour présenter certains 45 tours, en particulier de Michel Legrand.
Gédéon Molle, Dr G. Molle, Professeur Gédéon Molle (jazz) (articles de presse) notamment Le jazz est dangereux.
Jacques K. Netty pour présenter quelques pochettes de disque en tant que directeur artistique des disques Fontana (33 tours 25 cm Philips no 76.089, entre autres disques).
Josèfe Pignerole, amateur de Jaze Bande (jazz) article sur Boris Vian (textes rassemblés par Claude Rameil) Écrits sur le Jazz et Lettre au père Noël.
Adolphe Schmürz (articles de presse) et pour Quand vos femmes se querellent.
Vernon Sinclair pour l'écriture de morceaux de rock parodique (avec Henri Salvador et Michel Legrand).
Des historiens du rock'n roll français les considèrent comme les créateurs des quatre premiers morceaux de rock'n and roll français.
Lydio Sincrazi pour plusieurs textes de chansons sur un 45 tours Pathé 45 EA , Fredo Minablo, un disque produit par Fontana : texte signé Lydio Sincrazi, adapté par Boriso Viana (Boris Vian).
Vernon Sullivan (littéraire) (1946), le plus connu. En référence à Paul Vernon, musicien de l'orchestre Abadie et Joe Sullivan, pianiste de jazz dans une prise de position contre le racisme et la discrimination.
J'irai cracher sur vos tombes, etc.
Anna Tof, Anna Tof de Raspail (articles de presse) pour présentation de disques (notamment le 45 tours chez Fontana no 460.574).
Claude Varnier (articles de presse) et pour Et dire qu'ils achètent des voitures neuves.

Å’uvres

Il a écrit onze romans, quatre recueils de poèmes, plusieurs pièces de théâtre, des nouvelles, de nombreuses chroniques musicales (dans le magazine Jazz Hot), des scénarios de films, des centaines de chansons (notamment pour Magali Noël, Serge Reggiani et Juliette Gréco).
Sous son propre nom, il a écrit des romans fantastiques, poétiques et burlesques, les plus connus étant entre autres L'Écume des jours, L'Automne à Pékin, L'Arrache-cœur et L'Herbe rouge.
Sous de nombreux pseudonymes il a également publié des romans américains et surtout de nombreux articles. Il est par ailleurs auteur de pièces de théâtre, de nouvelles (L'Oie bleue, La Brume, Les Fourmis…), de chansons, et fervent défenseur de la 'Pataphysique.
Ses chansons, très nombreuses, et dont la liste est difficile à établir car toutes n'ont pas encore été publiées, ont été chantées notamment par Jacques Higelin, Joan Baez.
La plus célèbre est Le Déserteur, chanson anti-militariste composée à la fin de la guerre d'Indochine soit le 15 février 1954, juste avant la guerre d'Algérie. Cette chanson fut censurée discrètement d'abord, puis le disque retiré de la vente après mille exemplaires vendus, malgré les modifications apportée par l'auteur au dernier quatrain litigieux, sur les conseils de Marcel Mouloudji.
Dans sa deuxième version, la chanson, chantée par Richard Anthony et par Peter, Paul and Mary sous le titre The Pacifist, connut un vif succès dans les années 1960, mais Vian était déjà mort. En 1964, Peter, Paul and mary l'ont interprété en concert, en français


Romans et recueils de nouvelles

Figure d'abord la date de publication, puis, après le titre et entre parenthèses, la date de composition.

Romans parus sous son nom

Conte de fées à l'usage des moyennes personnes (roman inachevé, 1943)
1946 : Vercoquin et le Plancton (1946)
1947 : L'Écume des jours (1947)
1947 : L'Automne à Pékin (1947)
1950 : L'Herbe rouge (1950)
1953 : L'Arrache-cœur (1953)
1966 : Trouble dans les Andains (1942-1943)
Romans parus sous le pseudonyme de Vernon Sullivan
1946 : J'irai cracher sur vos tombes
1947 : Les morts ont tous la même peau
1948 : Et on tuera tous les affreux
1950 : Elles se rendent pas compte (1948-1950)
Recueils de nouvelles
1949 : Les Fourmis (1949)
1965 : Les Lurettes fourrées (1948-1949)
1970 : Le Loup-garou (1945-1953)
1980 : Écrits pornographiques (nouvelles et poésies, 1947-1958)
1981 : Le Ratichon baigneur (1946-1952)
2009 : Les Fourmis, le Loup-garou et autres nouvelles, livre audio interprété par François Marthouret et Thibault de Montalembert, reprenant cinq nouvelles du recueil Les Fourmis et une nouvelle du recueil Le Loup-garou

Théâtre et opéra

1950 : L'Équarrissage pour tous (1947)
1958 : Fiesta (Vian)|Fiesta (livret d'opéra)
1959 ? : Les Bâtisseurs d'Empire ou le Schmürtz édition posthume 1960.
1962 ? : Le Goûter des généraux, publié en 1965 chez Jean-Jacques Pauvert avec les Bâtisseurs d'Empire
1965 : Le Dernier des métiers,
1970 : Le Chasseur français, écrit en 1955, publié pour la première fois en 1970, il est mis en scène en 1975 au Théâtre de la Villette par la Compagnie Pierre Peyrou-Arlette Thomas .
1971 : Tête de méduse (1951)
1971 : Série blême (Vian) (1954) note 3
1974 : Le Chevalier de neige (livrets d'opéra, 1952-1955)
1982 : Opéras (Vian) livrets d'opéra, 1958-1959

Au cours des années 2000, le théâtre s'est emparé de Boris Vian, piochant à loisir dans les poèmes, les chansons et les textes, pour obtenir des mélanges comme le Cabaret Boris Vian joué à Cannes par l'Ensemble 18 au théâtre de la Licorne, ou encore Cabaret Boris Vian au Studio théâtre de la comédie française programmé pour mai-juin 2013 adaptation Serge Bagdassarian ou encore le Cabaret Boris Vian par la troupe Cavatine et Rondo

Poésies

1944 : Cent sonnets
1948 : Barnum's Digest (1946-1948)
1949 : Cantilènes en gelée (1946-1949)
1962 : Je voudrais pas crever (1951-1959) recueil de 23 poèmes . Pauvert
1966 : Poèmes et chansons
1954 : Le Temps de vivre (Boris Vian)

Essais

1951 : Manuel de Saint-Germain-des-Prés.
1958 : En avant la zizique... Et par ici les gros sous, Le Livre contemporain. Ouvrage décrivant toutes les étapes de la création d'une chanson, de l'écriture jusqu'à l'enregistrement.

Chansons

On trouve une grande partie des chansons de Boris Vian dans le recueil Boris Vian 83 Chansons et Poèmes P/V/G. Mais l'inventaire intégral de ses chansons n'est pas encore terminé, bien que l'on ait déjà rassemblé 484 chansons et thèmes musicaux. Une liste complète offrirait pour le moment 535 titres et 1111 thèmes musicaux selon le site Liste complète des chansons et poèmes chantés.

Entre autres :

1952 : Allons z'enfants
1954 : Le Déserteur
1954-1959 : À tous les enfants
1955 : La Complainte du progrès
1955 : La Java des bombes atomiques
1955 : Le Petit Commerce
1956 : Fais-moi mal, Johnny
1957 : Musique mécanique
1958 : La Marche des gosses (Nick Nack Paddy Whack), adaptation française de The Children's Marching Song du film L'Auberge du sixième bonheur de Mark Robson (1958)
1959 : L'Arbre aux pendus, adaptation française de The Hanging Tree, chanson générique de fin du film La Colline des potences de Delmer Daves (1959)
Blouse du dentiste
Les Joyeux bouchers
1954 : J'suis snob
On n'est pas là pour se faire engueuler
Mozart avec nous (sur les motifs de La Marche Turque de W.A Mozart)
Barcelone
1955 : Je bois
Bourrée de complexes
La Java des chaussettes à clous
Arthur, où t'as mis le corps ?
39 de fièvre (adaptation de Fever chantée par Peggy Lee)
Rock français[modifier]
Selon Gilles Verlant, Boris Vian est, aux côtés de Henri Salvador, l'un des initiateurs du rock français dans les années 1950, alors qu'il détestait le rock (il trouvait les mélodies et textes rock simplistes). Il a écrit et adapté des tubes rock pour s'en moquer.
Selon Henry-Jean Servat, Les 4 premiers rocks en Français, selon Gilles Verlant, furent écrits par Boris Vian sur des musiques de Michel Legrand pour Henri Salvador en 1956 : Rock and Roll Mops, Vas te faire cuire un œuf, Dis-moi que tu m'aimes et Rock Hoquet chantés par Henri sous le nom de Henri Cording.
Citons aussi Rock-feller', Fais-moi mal, Johnny pour Magali Noël, D'où viens-tu Billy Boy pour Danyel Gérard. Toujours selon Gilles Verlant, Boris Vian aurait inventé le terme « tube » qu'on surnommait auparavant "saucisson".

Cinéma
Scénariste

1952 : Saint-Tropez, devoir de vacances, court métrage de Paul Paviot
1958 : La Joconde, court métrage de Henri Gruel
1959 : J'irai cracher sur vos tombes de Michel Gast

Acteur
1948 : Ulysse ou Les Mauvaises Rencontres, court métrage d'Alexandre Astruc : le lotophage
1949 : Désordre, court métrage de Jacques Baratier : lui-même
1952 : Saint-Tropez, devoir de vacances, court métrage de Paul Paviot : lui-même
1952 : La Chasse à l'homme, court métrage de Pierre Kast
1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy : le cardinal
1957 : Amour de poche de Pierre Kast : le gérant des bains
1958 : La Joconde, court métrage de Henri Gruel : le professeur des sourires
1959 : Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim : Prévan
1960 : Le Bel Âge de Pierre Kast : Boris

Vian vu par les cinéastes


1968 : L'Ecume des jours, adapté et réalisé par Charles Belmont avec Jacques Perrin, Marie-france Pisier, Sami Frey, Annie Buron, Bernard Fresson, Alexandra Stewart.
2010 : Gainsbourg, vie héroïque, film de Joann Sfar. Boris Vian apparaît épisodiquement sous les traits de Philippe Katerine
2011 : V comme Vian, téléfilm de Philippe Le Guay qui retrace une partie de sa vie. Il est incarné par Laurent Lucas
2011 : Le Cinéma de Boris Vian, documentaire de Yacine Badday et Alexandre Hilaire sur les rapports entre Vian et le monde du cinéma.
2012 : L'Ecume des jours, tournage prévu en 2012, dans une réalisation de Michel Gondry.

Traductions


Amoureux de la culture américaine, Vian a traduit en français divers textes américains, en particulier des romans noirs et des romans de science-fiction :
Le Grand Horloger (The Big Clock) de Kenneth Fearing paru en juin 1947 aux Éditions Les Nourritures Terrestres, rééditions : Nouvelles Éditions Oswald (NeO) in collection Le Miroir Obscur no 8, 1988, Christian Bourgois in « collection Série B », 1999.
Le Monde des Ā et sa suite Les Joueurs du Ā de A. E. van Vogt, parus en Rayon fantastique en 1953 et 1957.
Le Grand Sommeil et La Dame du lac (avec Michelle Vian) de Raymond Chandler, parus en Série noire.
Les Femmes s'en balancent (Dames Don't Care), avec Michelle Vian, roman de Peter Cheyney paru en Série noire en 1949.
Histoire d'un soldat (A Soldier's Story), les mémoires du Général Omar Bradley.
Le Jeune Homme à la trompette, biographie romancée du trompettiste de jazz américain Bix Beiderbecke (1903-1931), rédigé par Dorothy Baker en 1938, traduit en 1951
Tout smouales étaient les Borogoves, nouvelle de Lewis Padgett qui contient la première strophe du poème Jabberwocky de Lewis Carroll extrait de De l'autre côté du miroir:
Lfut bouyeure et les filuants toves
Gyrèrent et bilbèrent dans le loirbe...
Tout smouales étaient les borogoves
Et les dcheux verssins hurliffloumèrent..

Journalisme


Boris Vian, qui qualifiait les journalistes de « pisse-copie », était lui-même un mercenaire de la plume, notamment pour des revues telles que Constellation. En tant que critique musical, il a livré des articles à Jazz Hot, de 1946 à 1958, à Combat70, et au Canard enchaîné100, à la revue Les Temps modernes, no 9 à 13, et 108 à 111. Un recueil de ces chroniques se trouve dans le livre Chroniques du menteur, édition Le Livre de poche-Hachette.


A écouter

http://youtu.be/gjndTXyk3mw le déserteur
http://youtu.be/5qXkV1e6yZY Je bois
http://youtu.be/DdXBlH12pJQ Fais moi mal Johnny
http://youtu.be/yMqZlHHzcM8 on n'est pas là pour se faire engueuler
http://youtu.be/E776XisGHlk un grand coup de claques dans la gueule
http://youtu.be/Qi892cBXuaM la java des bombes atomiques
http://youtu.be/w-8JmG8XqEY les joyeux bouchers
http://youtu.be/ojY1Sj1-E0Q j'suis snob
http://youtu.be/YFN-XE7CUIo le bluz du dentiste
http://youtu.be/nxITjugiYPU la complainte du progrès
http://youtu.be/fn4RNJuWaEw Magali Noêl mes 5 meilleurs chansons de B.Vian

A regarder

http://youtu.be/GdM7bU5mrvI Film l'écume des jours
http://youtu.be/3MCbvAp7K8I Télé en avant la zizique
http://youtu.be/axWmDxEdLU0 Téléconcours de piano de jazz Boris Vian
http://youtu.be/Y0Tf6rsTpLU Film j'irais cracher sur vos tombes




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Posté le : 10/03/2013 14:34
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Boris Vian
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Boris Vian naît le 10 Mars 1920, dans la région parisienne à Ville-d'Avray.

Figure mythique du Paris d'après-guerre, Boris Vian a marqué la vie intellectuelle et artistique française d'une empreinte singulière. Cet écrivain, auteur, chanteur et musicien, disparu prématurément, laissa derrière lui une œuvre moderne et insolite, véritable patrimoine dont les générations suivantes n'ont cessé de s'inspirer.


Cadet de sa famille, il grandit au milieu de trois frères et soeurs : Lélio, Alain et Ninon. Ses parents, Paul et Yvonne, élèvent leurs enfants dans une atmosphère joyeuse où culture et raffinement tiennent une large place. Paul Vian, rentier, enseigne à sa petite famille le respect des libertés et la méfiance de l'Eglise et de l'Armée. En 1929, la crise financière touche la famille qui quitte la villa les Fauvettes pour s'installer dans l'appartement du portier.

Fête et métallurgie


Handicapé par une santé fragile, Boris est instruit à domicile par une institutrice particulière. C'est ainsi que très tôt, il sait lire et écrire. A 10 ans, les classiques de la littérature française n'ont plus de secret pour lui. A 12 ans, il connaît ses premiers problèmes cardiaques. Il ne cessera d'en souffrir. Adolescent, Boris est élève au lycée de Sèvres, au lycée Hoche de Versailles puis à Condorcet à Paris. Il prépare des études classiques caractérisées par l'étude des langues latine et grecque. Parallèlement, il apprend seul l'anglais. Brillant et cultivé, il passe un premier baccalauréat à 15 ans, puis un second lorsqu'il en a 17.

Non seulement le jeune Boris maîtrise la langue française, la littérature et la manipulation des mots, mais il se passionne dès ses 16 ans pour la musique et en particulier le jazz, forme musicale encore peu écoutée en France. Il acquiert très vite une connaissance pointue du genre et devient membre du Hot Club de France. Il se met alors à la trompette à 17 ans. A la veille de la Guerre, Boris est un jeune homme qui partage son temps entre l'écriture, la musique et l'organisation de soirées mémorables dont il est un des piliers avec ses frères. Parfois jusqu'à 400 personnes se pressent dans la salle de bal construite au fond du jardin de la villa de Ville-d'Avray. Célèbre pour son sens de la fête et son goût du canular, il est maître es-réjouissances en tous genres.

En 1939, il évite la mobilisation en raison de sa santé défaillante et intègre l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures à Angoulême, où elle a déménagé pour cause de guerre. Il en ressort en 42 bardé du diplôme d'ingénieur, section métallurgie.

Amis, amours et aérotechnique


En 1939, Boris rencontre une jeune femme nommée Monette avec laquelle il se fiance. En 40, la famille Vian quitte Paris et s'installe en Gironde. C'est là, à Capbreton, qu'au cours de l'été 1940, Boris fait la connaissance de celle qui va devenir sa première épouse, Michèle Léglise, également réfugiée dans les Landes avec sa famille. Ils se marient le 3 juillet 1941 et auront deux enfants, Patrick en 42 et Carole en 48. Ce même été, il fait aussi la connaissance de Jacques Loustalot, dit "le Major". Ce très jeune homme de 15 ans frappe Vian par son comportement délirant et excentrique. Les deux hommes deviennent très proches jusqu'au décès accidentel du Major en 48.

Parallèlement à ses activités d'ingénieur, Boris Vian commence à écrire son premier ouvrage en 41, "Les cents sonnets", ouvrage qui ne sera pas édité avant 1984 ! Passionné par la culture de l'absurde, par l'exploration des exercices intellectuels les plus surréalistes, Vian développe des activités variées comme le Cercle Legâteux, déjà créé avant-guerre. Ce club d'amis permet à ses adhérents entre autres de jouer aux échecs, de tourner des courts métrages et même de mettre au point des modèles réduits au sein de "La Section volante, déchaînée, sociale et cosmique de la science aérotechnique". Aussi sérieux que loufoque, ce cercle permet aussi à certain de s'adonner à la pratique fort ludique des bouts-rimés sous la houlette de Vian lui-même. Tout est bon pour réunir les amis, s'amuser tout en s'adonnant à chaque fois à un exercice intellectuel. Vian ne cesse de créer et d'imaginer.

Tout juste diplômé, il intègre l'AFNOR, association française de normalisation, dans la section verrerie. Cette entreprise des plus sérieuses, lui inspirera de nombreux écrits. Il en démissionnera en 46.

En 42, il écrit "Troubles dans les Andains" qui sera également publié très tardivement, en 1966 seulement. C'est à cette époque qu'il devient trompettiste dans l'orchestre du clarinettiste Claude Abadie, qui est alors rebaptisé orchestre Abadie-Vian. Boris y retrouve Alain et Lélio, respectivement batteur et guitariste. Ensemble, ils participeront à de nombreux concours et tournois d'amateurs de jazz.

Livres, trompette et tabou


Vers 44, Vian publie ses premiers textes sous des pseudonymes tels Bison Ravi (anagramme de Boris Vian) ou Hugo Hochebuisson. Sous le nom de Bison Ravi, il écrit un poème qui évoque l'interdiction du jazz américain par les Allemands. A cette époque, il se lance aussi dans l'écriture de ses premières chansons comme "Au bon vieux temps", texte écrit sur une musique d'un de ses amis, Johnny Sabrou. Mais cette activité, qui prendra toute son ampleur dans les années 50, est encore marginale dans son travail.

En 45, il signe un contrat chez Gallimard pour son roman "Vercoquin et Plancton". 1946 est l'année de parution de son plus célèbre roman, "L'Ecume des jours". C'est à ce moment-là qu'il rencontre le couple Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, piliers du gotha littéraire de Saint-Germain-des-Prés. Quelques mois après "L'Ecume des jours", Vian publie "J'irai cracher sur vos tombes", pastiche des romans noirs américains. Il le signe Vernon Sullivan et fait alors passer Vian pour le traducteur. L'ouvrage fait scandale par son contenu un tantinet iconoclaste. Mais c'est un best-seller dès 47. Idem avec "Les morts ont tous la même peau" en 47 et "Et on tuera tous les affreux" en 48. Scandale et réussite.

La Guerre terminée, la vie reprend de plus belle et en particulier, la vie artistique et culturelle. Des lieux s'ouvrent, le jazz envahit la capitale, les plus jeunes générations se lancent dans une fête permanente, fête à laquelle Vian participe activement. Il monte une chorale en 47 qu'il nomme "Le petite chorale de Saint-Germain-des-Pieds". Parmi les nouveaux lieux à la mode, on compte Le Tabou, 33 rue Dauphine, au coeur de Saint-Germain-des-Prés. Cette boîte de jazz minuscule devient vite un point incontournable du Paris qui bouge dans les années d'après-guerre. Boris et Alain Vian l'animent avec leur orchestre. L'histoire laisse même entendre que Boris en aurait écrit "l'hymne" : "Ah ! Si j'avais un franc cinquante". On y croise Juliette Gréco, égérie de Saint-Germain et future star de la chanson, ainsi que la jeunesse existentialiste du moment. Boris doit malheureusement cesser la trompette à la même époque pour raisons de santé. En revanche, il demeure plus que jamais une sommité en matière de jazz et intègre la rédaction du magazine Jazz Hot en 46. Pendant plus de 10 ans, il rédigera pour eux une revue de presse et de nombreux articles.

Chansons, théâtre et Ursula


A la fin des années 40, Vian laisse le Tabou au profit d'une autre cave de jazz, le Club Saint-Germain-des-Prés, à deux pas de là, rue Saint Benoît. Il y reçoit de célèbres jazzmen américains dont Duke Ellington, Charlie Parker ou Miles Davis. Multipliant à l'infini ses activités, Vian écrit à cette époque ses premiers spectacles de cabaret. Il se met également à la traduction de romans noirs dont ceux de Raymond Chandler dans la série "Série noire", chez Gallimard. En 49, parallèlement à Jazz Hot, il devient rédacteur en chef de Jazz News. De plus en plus, il partage son temps entre ses diverses occupations et délaisse son emploi à l'Office professionnel des industries et commerces du papier et du carton.

Peu de domaines littéraires échappent à Vian. S'il a commencé à écrire des chansons des années auparavant, 49 marque son premier succès en la matière avec le titre "C'est le be-bop" interprété par un jeune chanteur fou de jazz, Henri Salvador, sur une musique du pianiste de jazz Jack Diéval. Avec de dernier, Vian collaborera jusqu'au tout début des années 50. En revanche, Vian et Salvador se retrouveront au cours des années 50 pour produire des dizaines de succès.

Au début des années 50, Vian se consacre beaucoup au théâtre. En 1950, est monté "L'Equarrissage pour tous" dont le rythme textuel est très musical et très syncopé. Plus que jamais, Vian joue avec les mots et les transforme en autant de notes au sein d'un ballet vocal. La même année, il écrit d'ailleurs sa première comédie musicale, "Gialiano". En 51, il écrit "Le goûter des généraux" qui ne sera pas joué avant les années 60. Puis en 52, Vian connaît le succès avec "Cinémassacre ou les cinquante ans du septième art" puis "Paris varie ou Fluctuat nec mergitur" en fin d'année.

Séparé de Michèle, il s'installe en 51 avec une jeune danseuse allemande, Ursula Kubler. Ils se marient en 54.

Son rythme d'écriture ne cesse de s'accélérer. De plus, les soucis d'argent le poussent à traduire à tour de bras pour Gallimard. Après le théâtre, le roman, la poésie et la chanson, Boris Vian s'emballe pour un nouveau genre littéraire, la science-fiction, style encore méconnu en Europe. Cette découverte lui inspirera une chanson quelques années plus tard, "la Java martienne".

Pataphysique et musique


En 1952, Boris Vian intègre le Collège de pataphysique en tant qu'Equarisseur de première classe. Sous ces appellations à la signification obscure, se cache un cercle de gens étudiant la pataphysique, science du virtuel et des solutions imaginaires, concept mis à jour à la fin du XIXème siècle par l'écrivain Alfred Jarry. Quelques mois plus tard, Vian y est nommé Satrape, puis l'année suivante, Promoteur insigne de l'Ordre de la Grande Gidouille, échelons divers et prestigieux de cette assemblée qui compte parmi ses membres des noms tels que Raymond Queneau, Eugène Ionesco ou Jacques Prévert. Boris consacrera beaucoup de temps au Collège jusqu'à la fin de ses jours.

A partir de 1954, Boris Vian commence à consacrer beaucoup de temps à la chanson. Le début de la guerre d'Indochine lui inspire en particulier un titre aujourd'hui mythique, "le Déserteur", manifeste anti-militariste. Fort d'un répertoire déjà solide, le producteur Jacques Canetti l'engage en 1955 dans son cabaret, les Trois Baudets, ainsi que sur la scène de La Fontaine des Quatre Saisons. Il y rencontre un certain succès qui lui valent d'enregistrer son premier disque en avril. Sous le titre "Chansons possibles et impossibles", Vian y reprend les titres de son tour de chant. L'album, tiré à 1000 exemplaires, est censuré à cause de la chanson "le Déserteur" dont le propos est jugé scandaleux par beaucoup. Le scandale surgira également au cours de la tournée que Boris Vian donne tout au long de l'été. Certains concerts donnent lieu à de violentes réactions du public.

Après le jazz, le roman noir, la science fiction, Vian insuffle à son travail un nouveau style venu d'Amérique et encore marginal en France, le rock'n'roll. Sur des musiques composées par Alain Goraguer, Michel Legrand et Henri Salvador, Vian écrit des textes souvent drôles et brillants. A partir de 56, il enregistre de nombreux disques chez Philips, en tant qu'interprète mais aussi que réalisateur. C'est ainsi qu'on découvre de célèbres titres tels que "Rock'n'roll Mops" par Henry Cording (alias Henri Salvador) ou "Fais-moi mal Johnny" par Magali Noël. Outre le rock, Boris s'inspire de styles musicaux les plus divers dont la java que jusque-là, personne n'avait sorti de son image populaire. Cela donnera des titres tels que "la Java des bombes atomiques", "la Java des chaussettes à clous", "la Java javanaise" ou "Java mondaine". Sous des dehors très drôles, Vian cache parfois des textes engagés et contestataires. Il sait à merveille allier les deux.

De plus en plus renommé pour la singularité de ses chansons, de nombreux chanteurs font appel à lui dont Renée Lebas et Mouloudji qui impose la chanson "Le Déserteur".


Création, surmenage et rideau


En dépit de graves œdèmes pulmonaires qui se multiplient, Vian ne cesse guère ses multiples activités. Il écrit des livrets d'opéra ("Fiesta" en 58 sur une musique de Darius Milhaud), des commentaires de films documentaires ("la Joconde" en 57), joue dans des films ("Un amour de poche" de Pierre Kast), traduit des pièces de théâtre (August Strindberg) et devient directeur artistique pour Philips en 57, puis pour les disques Fontana l'année suivante.

Il écrit de plus en plus de chansons dont beaucoup restent des perles du répertoire : "J'suis snob", "les Joyeux bouchers", "On n'est pas là pour se faire engueuler" ou "Je bois". En outre, en 1958, il finit d'écrire "En avant la zizique…", spectacle inspiré de son expérience dans les maisons de disques. En cette grande époque de la chanson "littéraire" - on chante Prévert, Aragon, Queneau et même Sartre -, le travail de Vian est vivement remarqué.

Très fatigué, Boris Vian essaie de se reposer plus fréquemment. Mais ses activités nombreuses ne lui laissent pas de répit. En 59, il connaît beaucoup de difficultés avec l'adaptation cinématographique de "J'irai cracher sur vos tombes", projet dont il sera finalement écarté. En avril, il fait une ultime apparition au cinéma dans "les Liaisons dangereuses" de Roger Vadim, avec Jeanne Moreau.

Après Philips et Fontana, c'est chez Barclay que Boris Vian devient directeur artistique. Mais il n'aura guère le temps d'y inscrire sa patte. Le 11 juin 59, Boris et Ursula donnent une grande fête chez eux, cité Véron, pour fêter le nouveau chef du Collège de pataphysique.

Quelques jours plus tard, le 23 juin, il assiste au visionnage du film "J'irai cracher sur vos tombes" mais meurt dès les premières images de cette adaptation dans laquelle il ne se reconnaissait pas.

Il laisse un vide énorme dans la vie artistique de l'époque. Mais son empreinte ne cesse de se confirmer depuis. Ses chansons ont été maintes fois interprétées par des artistes aussi divers que Jacques Higelin, Serge Reggiani, Mouloudji, Catherine Sauvage, les Frères Jacques, Yves Montand, Bernard Lavilliers ou même Maurice Chevalier qui en 57, a repris l'inoubliable "Pan Pan poireau pomme de terre". De fort nombreux disques et coffrets posthumes furent publiés depuis sa mort. Enfin régulièrement, des spectacles reprenant ses titres sont montés en France dont "En avant la zizique", joué en août 99 à Paris.

Certains de ses ouvrages sont des classiques de la littérature française, étudiés dans les écoles et analysés dans les facultés. Par son sens de l'humour mêlé de désespoir, son goût de l'absurde, d'une certaine irrévérence et ses choix frondeurs, Boris Vian est devenu une figure révérée par les plus jeunes générations. Son oeuvre est le résultat d'une totale ouverture d'esprit et d'une pensée libre. Sa modernité n'est plus à démontrer.



A écouter

http://youtu.be/gjndTXyk3mw le déserteur
http://youtu.be/5qXkV1e6yZY Je bois
http://youtu.be/DdXBlH12pJQ Fais moi mal Johnny
http://youtu.be/yMqZlHHzcM8 on n'est pas là pour se faire engueuler
http://youtu.be/E776XisGHlk un grand coup de claques dans la gueule
http://youtu.be/Qi892cBXuaM la java des bombes atomiques
http://youtu.be/w-8JmG8XqEY les joyeux bouchers
http://youtu.be/ojY1Sj1-E0Q j'suis snob
http://youtu.be/YFN-XE7CUIo le bluz du dentiste
http://youtu.be/nxITjugiYPU la complainte du progrès
http://youtu.be/fn4RNJuWaEw Magali Noêl mes 5 meilleurs chansons de B.Vian

A regarder

http://youtu.be/GdM7bU5mrvI Film l'écume des jours
http://youtu.be/3MCbvAp7K8I Télé en avant la zizique
http://youtu.be/axWmDxEdLU0 Téléconcours de piano de jazz Boris Vian
http://youtu.be/Y0Tf6rsTpLU Film j'irais cracher sur vos tombes


La suite --> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=2194#forumpost2194

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Posté le : 10/03/2013 14:29
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Paul Géraldy
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Le 10 Mars 1983 à Neuilly meurt Paul Géraldy



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Paul Lefèvre, dit Paul Géraldy, né à Paris le 6 mai 1885 et mort à Neuilly-sur-Seine le 10 mars 1983, est un poète et dramaturge français. Il laisse une oeuvre intimiste et sentimentale.
On a surtout retenu de son œuvre, tenue pour un peu surannée, le recueil Toi et moi, qui, en 1913, atteint des tirages jamais vus pour un ouvrage de poésie, mettant en scène, sous le signe du colloque sentimental, les petits moments de l'amour, de l'attirance initiale à la solitude retrouvée.
Il publie son premier recueil "Les Petites Âmes" en 1908 et connaît un très grand succès populaire avec son second recueil "Toi et moi" en 1912.
Son théâtre est un théâtre psychologique traditionnel dans lequel il met en évidence les relations familiales au sein de la petite bourgeoisie intellectuelle de l'entre-deux-guerres.

Sa poésie est simple, souvent naïve et peut sembler aujourd'hui désuète, comme dans "L'Abat-jour", mais était novatrice à l'époque.
Il obtint un succès net auprès d'un public surtout féminin : un ouvrage de poésie est considéré comme un succès quand il atteint les 10 000 lecteurs, "Toi et moi" en toucha un million.
Il livre ses confidences avec des mots de tous les jours "Vous et moi".
Géraldy ne figure pas dans les principales anthologies de la poésie française de la fin du XXe siècle, ce qui l'a rendu presque inconnu de la génération née après guerre.
Le journaliste Jean-François Kahn le redécouvre et le fait redécouvrir au public le temps d'une émission télévisée au début des années 1980, peu de temps avant sa mort.
Il regretta dans cette émission de n'avoir jamais la visite de jeunes poètes venant lui montrer leurs œuvres.
Il fut un hôte assidu de Sainte-Maxime, dans sa villa "Toi et moi".
Il a vécu à Saint Saturnin pendant la guerre de 1914 chez le futur général Gérodias qui s’illustra lors de la dernière guerre.
Sa sœur, Marguerite Gérodias, qui avait une belle voix, avait été élève de Ninon Vallin à l’Opéra de Paris avec Germaine Lubin, cantatrice française spécialiste de Wagner.
Or Germaine Lubin était l’épouse de Paul Géraldy, ce qui explique leur présence à Saint Saturnin à cette époque


Quelques uns de ses poèmes


Bonjour !

Comme un diable au fond de sa boîte,
le bourgeon s'est tenu caché...
mais dans sa prison trop étroite
il baille et voudrait respirer.

Il entend des chants, des bruits d'ailes,
il a soif de grand jour et d'air...
il voudrait savoir les nouvelles,
il fait craquer son corset vert.

Puis, d'un geste brusque, il déchire
son habit étroit et trop court
"enfin, se dit-il, je respire,
je vis, je suis libre... bonjour !"

Paul Géraldy (1885-1983


Chance

Paul Géraldy (Paul Lefèvre, 1885-1983)
Et pourtant, nous pouvions ne jamais nous connaître !
Mon amour, imaginez-vous
tout ce que le Sort dû permettre
pour que l’on soit là, qu’on s’aime, et pour que ce soit nous ?
Tu dis : « Nous étions nés l’un pour l’autre. » Mais pense
à ce qu’il a dû falloir de chances, de concours,
de causes, de coïncidences,
pour réaliser ça, simplement, notre amour !
Songe qu’avant d’unir nos têtes vagabondes,
nous avons vécu seuls, séparés, égarés,
et que c’est long, le temps, et que c’est grand, le monde,
et que nous aurions pu ne pas nous rencontrer.
As-tu jamais pensé, ma jolie aventure,
aux dangers que courut notre pauvre bonheur
quand l’un vers l’autre, au fond de l’infinie nature,
mystérieusement gravitaient nos deux coeurs ?
Sais-tu que cette course était bien incertaine
qui vers un soir nous conduisait,
et qu’un caprice, une migraine,
pouvaient nous écarter l’un de l’autre à jamais?
Je ne t’ai jamais dit cette chose inouïe :
lorsque je t’aperçus pour la première fois,
je ne vis pas d’abord que tu étais jolie.
Je pris à peine garde à toi.
Ton amie m’occupait bien plus, avec son rire.
C’est tard, très tard, que nos regards se sont croisés.
Songe, nous aurions pu ne pas savoir y lire,
et toi ne pas comprendre, et moi ne pas oser.
Où serions-nous ce soir si, ce soir-là, ta mère
t’avait reprise un peu plus tôt ?
Et si tu n’avais pas rougi, sous les lumières,
quand je voulus t’aider à mettre ton manteau ?
Car souviens-toi, ce furent là toutes les causes.
Un retard, un empêchement,
et rien n’aurait été du cher enivrement,
de l’exquise métamorphose !
Notre amour aurait pu ne jamais advenir !
Tu pourrais aujourd’hui n’être pas dans ma vie !…
Mon petit cœur, mon cœur, ma petite chérie,
je pense à cette maladie
dont vous avez failli mourir…

Paul Géraldy (Paul Lefèvre, 1885-1983)


Paul Géraldy

Chérie, explique-moi pourquoi
tu dis : « mon piano, mes roses »,
et : « tes livres, ton chien » ... pourquoi
je t'entends déclarer parfois:
"c'est avec mon argent à moi
que je veux acheter ces choses."
Ce qui m'appartient t'appartient !
Pourquoi ces mots qui nous opposent:
le tien, le mien, le mien, le tien?
Si tu m'aimais tout à fait bien,
tu dirais : « les livres, le chien »
et : « nos roses ».

(Toi et moi)



Absence

Ce n'est pas dans le moment
où tu pars que tu me quittes.
Laisse-moi, va, ma petite,
il est tard, sauve-toi vite !
Plus encor que tes visites
j'aime leurs prolongements.
Tu m'es plus présente, absente.
Tu me parles. Je te vois.
Moins proche, plus attachante,
moins vivante, plus touchante,
tu me hantes, tu m'enchantes !
Je n'ai plus besoin de toi.
Mais déjà pâle, irréelle,
trouble, hésitante, infidèle,
tu te dissous dans le temps.
Insaisissable, rebelle,
tu m'échappes, je t'appelle.
Tu me manques, je t'attends !

Paul Géraldy (1885-1983)
Toi et Moi


Âmes, Modes

Tu ne serais pas une femme
si tu ne savais pas si bien
te faire et te refaire une âme,
une âme neuve avec un rien.
À ce jeu ta science est telle
que, chaque fois que je te vois
tu fais semblant d’être nouvelle,
Et j’y suis pris toutes les fois.

Paul Géraldy (1885-1983)
Toi et Moi


Méditation

On aime d’abord par hasard
Par jeu, par curiosité
Pour avoir dans un regard
Lu des possibilités

Et puis comme au fond de soi-même
On s’aime beaucoup
Si quelqu’un vous aime, on l’aime
Par conformité de goût

On se rend grâce, on s’invite
À partager ses moindres mots
On prend l’habitude vite
D’échanger de petits mots

Quand on a longtemps dit les mêmes
On les redit sans y penser
Et alors, mon Dieu, on aime
Parce qu’on a commencé

Paul Géraldy (1885-1983)
Toi et Moi


Nerfs

Non ! Ne t'enfuis pas !
Ce geste ! de te repousser de moi,
cette rigueur, cette voix,
ce mot brutal - reste ! reste !
ne s'adressaient pas à toi.
Je ne gronde et vitupère
que contre mon propre ennui.
C'est sur toi qu'en mots sévères
se délivrent mes colères,
mais c'est moi que je poursuis.
T'en vouloir? De quoi ? Je pense
à ton cœur sans récompense.
Je le voudrais rendre heureux.
C'est de mon insuffisance,
pauvrette, que je t'en veux.
Ris-toi donc du méchant geste
et pardonne aux mots mauvais.
En toi ce que je déteste.

Paul Géraldy (1885-1983)
Toi et Moi


Quelques citations

(1885-1983)

« L'amour,
c'est l'effort que font les hommes
pour se contenter d'une seule femme.»


Quand elles nous aiment, ce n’est pas vraiment nous qu’elles aiment. Mais c’est bien nous, un beau matin, qu’elles n’aiment plus.

de Paul Géraldy


A regarder

http://youtu.be/LgWRb-DLBAc toi et moi théatre
http://youtu.be/KegzxHjLlQg l'abat jour
http://youtu.be/2R3Akv4kWXg despédidas (en espagnol)


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Posté le : 10/03/2013 14:24
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Léo Malet
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Léon Jean Malet décéde le 3 Mars 1996
.


Il est né le 7 Mars 1909 à Montpellier.
Dans les 3 ans qui suivent sa naissance le jeune Léon perdra successivement ses deux parents et son frère, à cinq ans il est orphelin et seul. La tuberculose emporte tout d'abord son père, puis son frère et enfin sa mère.
Ce sont ses grands parents maternels, les Refreger, qui le recueillent et l’élèvent.
D’après ses dires, il doit son goût pour la lecture à son grand-père Omer, un ouvrier tonnelier, à l’esprit bohème, qui ressemblait à Lénine et à Poincaré.
Après le certificat d’études, il rejoint l’école supérieure Michelet, mais très vite il abandonne les études et entre dans la vie active. Tour à tour, commis calicot puis obscur employé de banque, il se tourne vers la chanson et publie un premier texte "Y’a des poires cher nous ".
C’est à ce moment là que l’histoire fait irruption dans sa vie.
Le 24 novembre 1923, le fils du royaliste Léon Daudet, alors qu’il venait de passer à l’anarchisme, est retrouvé mort
dans un taxi parisien.
Léon Malet se passionne pour cette affaire et, c’est tout naturellement, qu’il se rapproche des milieux libertaires.
En mai 1925, il rencontre André Colomer, un dirigeant anarchiste, de passage à Montpellier pour
une conférence traitant du thème "Deux monstres, Dieu et la Patrie, ravagent l'humanité".
A Paris.
En novembre de cette année, celui que tout le monde appelle Léo "monte" à Paris dans l’espoir de devenir
chansonnier.
André Colomer lui offre pour un temps le gîte avant de l’orienter vers le "Foyer Végétalien" de la rue de
Tolbiac et de le recommander à Maurice Hallé directeur du cabaret "La vache enragée" et co-fondateur de la commune libre de Montmartre.
Engagé comme chansonnier le 25 novembre 1625 dans ce cabaret il connaît un certain
succès en partie 'grâce à son accent'.
Mais sa paye ne lui permet pas de faire face et il est contraint de travailler comme manœuvre de-ci de-là, de feindre les accidents du travail et de coucher sous les ponts, enfin, de manger de la "vache enragée".
Arrêté pour vagabondage, il est emprisonné à la Petite Roquette avant d’être libéré grâce à l’intervention de son
grand-père.
Il s’embarque pour Mâcon, rejoint Lyon puis Valence, Montpellier et revient enfin à Paris.
De la chanson…
Un soir de 1928, alors qu’il se produit dans un cabaret, Léo Malet est chahuté par une jeune fille, mécanographe à la
société Maggi…
Quelque temps plus tard, il se met en ménage avec Paulette Doucet et échappe ainsi à la cloche.
Pour autant, ils ne se marient que le 16 avril 1940.
Ensemble, ils fondent le "cabaret du poète pendu… qui tire la langue aux imbéciles"… mais le succès n’étant pas au
rendez-vous, il ne la tire que le temps d’une saison.
Et Léo Malet s’en vient à vendre des journaux à la criée.
Sa vie ira du surréalisme au trotskisme et une fois de plus, l’histoire va frapper à sa porte :
Alors qu’il travaille pour la société Ménage et qu’il installe des bidets, il croise le surréalisme.|
Aussitôt, il rédige quelques textes poétiques.
A son retour de Limoges, où il a été reformé par l’armée, il reçoit, le 12 mai 1931, une lettre d’André Breton, à qui il avait écrit, et qui le convoque à une réunion du groupe au café Cyrano place Blanche.
Il écrit de la poésie, et, après avoir rencontre André Breton en 1931, il rejoint le groupe des "Surréalistes".
Il milite brièvement avec Benjamin Péret au parti trotskyste POI , le parti ouvrier internationaliste de 1936 à 1939, de nombreux surréalistes étant alors proches du trotskisme.
En mars 1932 il signe le manifeste "l’affaire Aragon devant l’opinion publique", rencontre Dali, se lie avec Magritte et invente quelques procédés de création comme le" décollage" ou "objet-miroirs".
En mai 1936, il participe à l’exposition d’objets surréalistes. Il est aussi condamné en compagnie de Georges Bataille pour "cris dans un théâtre".
Il est dans la provocation et en 1938, à la demande de Marcel Duchamps, il expose un mannequin lors de l’Exposition Internationale du Surréalisme, mannequin qui sera retiré le soir même .
Du surréalisme au trotskisme, il n’y a qu’un pas, que Malet franchit en hébergeant Rudolf Klement , et en dirigeant le bulletin de la FIARI : Fédération internationale de l’art révolutionnaire indépendant, fondé par Léon Trotski, André Breton et Diego Rivera.
Du stalag au surréalisme
En 1939, espérant échapper aux tracasseries policières, il s’installe à Châtillon sous Bagneux, malheureusement en mai 40, il est conduit à la prison de Rennes pour atteinte à la sécurité de l’état.
La chance veut qu’à l’entrée des troupes d’occupations les gardiens libèrent les prisonniers et voilà Léo sur la route de Paris.
Arrêté de nouveau, mais par les allemands, il est expédié dans un stalag à Sandbostel. Heureusement, le médecin du camp, admirateur des surréalistes, obtient son rapatriement en France en mai 1941.
De retour à Paris, il renoue avec les surréalistes du groupe "La main à la plume", il commence à écrire pour une nouvelle collection "Minuit" qui s'est donnée pour objectif de parodier la littérature policière anglo-saxonne, interdite alors en France.
Il utilise alors divers pseudonymes: Frank Harding, Léo Latimer, Lionel Doucet, Jean de Selneuves, Noël Letam, Louis Refreger et, en association avec les écrivains Serge Arcouët et Pierre Ayraud sous le pseudonyme collectif de John-Silver Lee.
Sous le nom de Omer Refreger, il écrit aussi quelques romans de cape et d'épée, parus aux Éditions et Revues Françaises, introuvables aujourd'hui, si ce n'est chez les collectionneurs.
Mais en 1942, il proteste contre le bombardement de Boulogne-Billancourt par la RAF.
Paul Eluard le traite d’hitléro-trotskiste…
Et "la main à la plume" adopte les positions de Malet! A cette occasion, Eluard et Malet rompent tous liens.
Mais cela n’empêche pas Léo de rompre aussi avec le surréalisme, car Polar et surréalisme lui semblent incompatibles.
Or, en 1941 il a publié "Johnny Métal" à la demande de son ami Louis Chavance et "120 rue de la gare" en 1943 à la demande d’Henri Fillipacchi.
La plupart de ces premiers romans policiers seront réédités sous le nom de Léo Malet.
Car à partir de 1943, ce nom de Léo Malet devient vite un nom incontournable du roman policier, "du roman noir tricolore" avec "120 rue de la Gare", dans lequel il met en scène un détective qui devient vite aussi célèbre que son auteur : le célèbre Nestor Burma qui sera parfaitement bien interprété plus tard par le chanteur-acteur Guy Marchand dans la série télé du même nom.
Nestor Burma
Sept romans vont suivre jusqu'en 1949, avec une récompense en 1948, le tout premier "Grand Prix de Littérature policière" pour "Le cinquième procédé", puis l'auteur abandonne son héros pour écrire sa "Trilogie noire" avec "La vie est dégueulasse en 1948" aux Éditions S.E.P.E, "Le soleil n'est pas pour nous" en 1949, il faut attendre vingt ans pour le troisième et dernier opus"Sueur aux tripes" publié chez Losfeld en 1969 avec la réédition des deux premiers.
La plupart des aventures de Nestor Burma ont pour cadre la ville de Paris, surtout dans la série des "Nouveaux mystères de Paris", un projet que Léo Malet débute en 1954, sous la houlette de l'éditeur Robert Laffont, avec Le soleil naît derrière le Louvre : son objectif étant d'emmener son détective dans les différents arrondissements de Paris, le titre de la série, comme on l'a compris, étant bien sûr un clin d'œil aux "Mystères de Paris" d'Eugène Sue.
Léo Malet s'y montre " un peintre" remarquable de la ville, de son atmosphère et de ses secrets.
Le 15ème et dernier tome des "Nouveaux Mystères de Paris", et "L'envahissant cadavre de la Plaine-Monceau" paraît en 1959; l'année précédente l'auteur se voit décerné "Le Grand Prix de l'Humour noir" pour cette série.

Certains des romans avec Nestor Burma pour héros au nombre de 32 au moins, ont été adaptés en bandes dessinées par Jacques Tardi et le personnage de Burma, comme signalé plus haut, a inspiré une série télévisée avec Guy Marchand.
Quatre de ces aventures ont été adaptées au cinéma, parmi eux :
"120 rue de la Gare" réalisé par Jacques Daniel-Norman en 1946;
"Énigme aux Folies Bergère" par Jean Mitry en 1959;
"La Nuit de Saint-Germain-des-Prés" en 1977 par Bob Swaim et
"Nestor Burma, détective de choc" par Jean-Luc Miesch en 1982.

Léo Malet abandonne définitivement son héros en 1972 en même temps que son métier de romancier, même s'il lui arrive encore d'écrire quelques articles ou de donner des interviews dans lesquelles, il tient des propos plutôt "tendancieux".
A partir de 1981, année du décès de son épouse, il tombe dans une grande dépression, dépression qui était latente depuis de très nombreuses années et qui le suivra jusqu’à sa mort.
Il donnera en Juin 1985, un entretien au journal "libération", entretien qui fera scandale pour ses propos xénophobes.

Il décédera d'une crise cardiaque le 3 Mars 1996 à Chatillon sous Bagneux.



Et pendant ce temps ... :

1- Philippe Daudet (1909-1923) du fils de l'écrivain, journaliste et militant royaliste français Léon Daudet et petit-fils de l'écrivain Alphonse Daudet
Philippe Daudet, le 22 novembre 1923, confie à l’administrateur du Libertaire sa sympathie pour l'anarchisme et lui fait
part de son intention de commettre un attentat contre Raymond Poincaré, président du Conseil, ou Alexandre Millerand, alors président de la République.
Le lendemain, il reformule ses désirs d’assassinat politique à Le Flaouter, libraire anarchiste, pornographique et indicateur de police.
Ce dernier tente de l'en dissuader, lui demande de revenir dans l'après-midi et prévient le Contrôleur Général Lannes, beau-frère de Poincarré, de la Sûreté Générale de ses intentions.
Le 24 novembre 1923, vers 16 heures Philippe Daudet est atteint d'une balle à la tête alors qu’il se déplaçait en taxi. Il décède, à 14 ans, deux heures plus tard à hôpital Lariboisière
2- André Colomer est né à Cerbère, élevé ensuite à Paris, il découvre à 12 ans l'idéal anarchiste au cours de la lecture
des œuvres de Zola. En août 1922, il devient directeur de la Revue Anarchiste.
Le 24 novembre 1923 a lieu l'affaire
Philippe Daudet pour laquelle Colomer révélera plus tard que Le Flaoutter était un agent provocateur, indicateur de
police. Suite à sa "thèse de l'assassinat" de Philippe Daudet, Colomer quitte le Libertaire pour créer l'hebdomadaire
l’Insurgé. En 1927, il adopte les thèses du bolchevisme et adhère au PCF.
Accueilli avec sa famille à Moscou, il meurt en 1931.

3- En 1920, le dessinateur Poulbot et quelques turlupins, dont Maurice Halle, propriétaire du cabaret La Vache enragée, proclamèrent ainsi la commune libre de Montmartre. Outre un noble désir de protéger petites gens et espaces verts de la spéculation immobilière, leur parti "antigrattecieliste" préconisait "la construction de trottoirs roulants pour se rendre d'un bistrot à l'autre"!

4- Enfin, un jour, Léo Malet monte à bord d’un train sans billet et est débarqué à Mâcon.

5- De plus, Il aurait acheté un numéro de la "Révolution Surréaliste" à la librairie José Coti alors qu’il se rendait sur un chantier où il devait installer des sanitaires.

6- "Le soliloque du poète pendu" parait dans le numéro de juillet de la "Revue anarchiste".

7- En juillet 1931 l'édition française de la Littérature de la Révolution mondiale, organe de l'Union internationale des Écrivains révolutionnaires ou UIER publie "Front Rouge", écrit par Aragon à Moscou, pour preuve de son ralliement à la 3éme internationale.
A ce moment, Aragon est poursuivi et inculpé en janvier 1932 pour "excitation de militaires à la désobéissance et provocation au meurtre".
Les surréalistes, sur l'initiative de Breton, lancent en défense d’Aragon une pétition qui recueille plus de trois cents signatures. La pétition se termine ainsi :
"Nous nous élevons contre toute tentative d'interprétation d'un texte poétique à des fins judiciaires et réclamons la cessation immédiate des poursuites."
Mais la défense de Breton contient des attaques voilées à l’encontre du PCF.
L’Humanité le 10 mars 1932 y répond en ces termes :
"Notre camarade Aragon nous fait savoir qu'il est absolument étranger à la parution d'une brochure intitulée : Misère de la Poésie.
L' " affaire Aragon " devant l'opinion publique, est signée André Breton. Il tient à signaler clairement qu'il
désapprouve dans sa totalité le contenu de cette brochure et le bruit qu'elle peut faire de son nom, tout communiste
devant condamner comme incompatible avec la lutte de classe et par conséquent comme objectivement
contre-révolutionnaires, les attaques que contient cette brochure.

8- Léo Malet avait agrémenté l’entre-jambes de son mannequin d’un aquarium avec un poison rouge…mais son "expulsion" résulte aussi du fait qu’un autre exposant (Max Ernst) avait placé, lui, une lumière rouge en lieu et place du sexe du mannequin.

9- 14 juillet 1938 : Rudolf Klement, secrétaire de la Ligue communiste Internationaliste, disparaît à Paris, assassiné par un inconnu : son corps sans tête est retrouvé le 24 août 1938 dans la Seine.

10- "La Main à plume" (1941-1944) est une publication collective et un groupe qui a maintenu actif le surréalisme sous l'Occupation, en l'absence d'André Breton et d'une grande partie des forces vives du mouvement.
Le nom de la publication est tiré d'" Une saison en enfer" d'Arthur Rimbaud : "La main à plume vaut la main à charrue".
Certains de ses membres ont pris part à la lutte armée, ce qui les a rapprochés du Parti Communiste.

11- Malgré tout Eluard lui adresse une lettre d’amitié lors de la parution du "Frère Lacenaire"

12- Louis Chavance est un scénariste, monteur et acteur français né le 24 décembre 1907 à Paris, décédé le 21 septembre 1979 à Paris.

13- Henri Filipacchi, né à Smyrne aujourd'hui Izmir, en Turquie en 1900, et mort à Marnay en Haute-Saône le 10 septembre 1961, était un éditeur français. Il est à l’origine de la Bibliothèque de la Pléiade
Aux débuts de l'Occupation allemande, la Propaganda Staffel le charge de recenser les livres "susceptibles
d'indisposer les autorités d'occupation" : il établit alors une liste de plus de mille ouvrages qui deviendra la "Liste Otto" le 28 septembre 1940. A la libération La Commission d’épuration classe l'affaire. En 1953, il lance "Le Livre de Poche"

Son oeuvre :

Résumés

Abattoir ensoleillé (Fleuve Noir - 1972)
L'auberge de banlieue avec L'enveloppe bleue (NeO - 1982)
Les paletots sans manches (La Butte aux Cailles - 1980)
~

Série Nestor Burma

120, rue de la Gare (Pocket - 2009)
Drôle d'épreuve pour Nestor Burma (Fleuve Noir - 1968)
Énigme aux Folies-Bergères (Euredif - 1971)
Gros plan du macchabée suivi de Hélène en danger (Fleuve Noir - 1985)
Le cinquième procédé (Fleuve Noir - 1985)
L'homme au sang bleu (10/18 - 1989)
Nestor Burma dans l'île (Fleuve Noir - 1970)
Nestor Burma contre C.Q.F.D. (Éd.La Butte aux cailles - 1979)
Nestor Burma court la poupée (Fleuve Noir - 1971)
Nestor Burma et le Monstre ( Fleuve Noir - 1984)
Nestor Burma en direct (Fleuve Noir - 1967)
Nestor Burma revient au bercail (Fleuve Noir - 1967)
Un croque-mort nommé Nestor ( Fleuve Noir - 1969)
~

Autres titres avec Nestor Burma

La femme sans enfant
Le deuil en rouge
Les neiges de Montmartre
Poste restante
Un aventure inédite de Nestor Burma.


Série Les Nouveaux Mystères de Paris (avec Nestor Burma)

Boulevard... Ossements (T-11)( Le Livre de Poche - 1973)
Brouillard au Pont de Tolbiac (T-9) (Fleuve Noir - 1983)
Casse-pipe à la Nation (T-12) (Fleuve Noir - 1983)
Corrida aux Champs-Élysées (T-7)(Fleuve Noir - 1982)
Des kilomètres de linceuls (T-2) (Le Livre de Poche - 1976)
Du Rebecca rue des Rosiers ( T-14)(Le Livre de Poche - 1977)
Fièvre au Marais (T-3)( Fleuve Noir - 1988)ou L'ours et la culotte
La nuit de Saint-Germain-des-Prés (T-4)(Fleuve Noir - 1982) ou Le sapin pousse dans les caves
Le soleil naît derrière le Louvre (T-1)(Fleuve Noir - 1981)
L'envahissant cadavre de la Plaine-Monceau (T-15)(Fleuve Noir - 1995)
Les eaux troubles de Javel (T-10)(Fleuve Noir - 1983)
Les rats de Montsouris (T-5)(Le Livre de Poche - 1974)
M'as-tu-vu en cadavre ? (T-6)(Presses de la Cité - 1989)
Micmac moche au Boul'Mich (T-13)(Le Livre de Poche - 1975)
Pas de bavards à la Muette (T-8)(Presses de la Cité - 1989)
~

Série La trilogie noire

La vie est dégueulasse (T-1)(Pocket - 2010) ou Il fait toujours nuit
Le soleil n'est pas pour nous (T-2)(Pocket - 2010)
Sueur aux tripes (T-3)(Pocket - 2010)
~

Série Johnny Metal

Johnny Metal ( Fleuve Noir - 1993)
~

Autres titres

À bord du vaisseau fantôme (Frank Harding - Johnny Metal)
Affaire double (Frank Harding - Johnny Metal)
Aux mains des réducteurs de têtes (Frank Harding - Johnny Metal)
Cité interdite (Frank Harding)
Derrière l'usine à gaz (Omer Refreger)
Erreur de destinataire (Omer Refreger)
Faux frère
Gérard Vindex, gentilhomme de fortune(Omer Refreger)
Journal secret (Autobiographie)
La cinquième empreinte ( Lionel Doucet)
La forêt aux pendus (Jean de Selneuves)
La louve du Bas-Craoul
La soeur du Flibustier (Omer Refreger)
Le capitaine Coeur-en-berne (Omer Refreger)
Le dé de Jade (Frank Harding - Johnny Metal)
Le dernier train d'Austerlitz
Le diamant du Huguenot (Omer Refreger)
Le gang mystérieux (Frank Harding - Johnny Metal)
Le sang innocent
Le tiroir
Le voilier tragique
L'évasion du Masque de Fer(Omer Refreger)
L'ombre du grand mur
Miss Chandler est en danger (Frank Harding - Johnny Metal)
Mort au bowling (Frank Harding)
Pas de veine avec le pendu
Recherché pour meurtre (Frank Harding)
Solution au cimetière
Un héros en guenilles (Omer Refreger)
Vengeance à Ciudad-Juarez


http://www.youtube.com/watch?v=0cETuo ... e&list=PLA6DBE1866674671C Musique de Nestor Burma
http://www.youtube.com/watch?v=0cETuo ... e&list=PLA6DBE1866674671C


http://youtu.be/2LB3CvyigUo les maitres du mystère
http://youtu.be/n5dthN8gki4 Interviex INA

http://youtu.be/v1Xb8gPXMr0 00
http://youtu.be/JSvpncI9YIg 01

http://youtu.be/_e47Rw0Bfx8 03

http://youtu.be/nra83sCLzLM 05

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Posté le : 03/03/2013 10:05
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Re: Molière
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L'avare, oui, surtout avec Louis de Funès, cet acteur n'est pas ma tasse de thé mais dans ce rôle d'excité complètement allumé il fait merveille.

Posté le : 21/02/2013 10:10
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Re: Molière
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L'avare, oui, surtout avec Louis de Funès, cet acteur n'est pas ma tasse de thé mais dans ce rôle d'excité complètement allumé il fait merveille.

Posté le : 21/02/2013 09:58
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Re: Molière
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Quouaaaa ? Il est pas mort sur scène ?

Moi j'adore l'avare ! Il en fait quinze fois trop, mais il existe quand même des gens comme ça !

Posté le : 19/02/2013 20:07
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Hervé Bazin
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Le 17 Février 1996 meurt à 84 ans le grand écrivain Français

HERVÉ BAZIN



CITATIONS :

- " Il est significatif que le statut de la femme demeure à peu prés inchangé là où les religions sont encore puissantes. Partout ailleurs, il est remis en question. ( Ce que je crois . 1977 ) "

- " Mais plutôt que d'enseignement, c'est d'éducation qui manque aujourd'hui la jeunesse " ( Ce que je crois -1977 )

- " Où peut-on être mieux qu'au sein d'une famille ? .... Partout ailleurs ! "

ENFANCE ET ADOLESCENCE :

Hervé Bazin de son véritable nom Jean-Pierre Hervé Bazin est né le 17 avril 1911 à Angers dans une famille bourgeoise profondément catholique.

Son grand Père Ferdinand-Jacques Hervé, juriste brillant, avocat puis professeur de droit, écrit sous le pseudonyme de Charles Saint Martin et il ajouta à son nom de famille Hervé, celui de son épouse Marie-Claire Bazin.

Il est le petit neveu de René Bazin, journaliste, romancier et académicien.

Son père, Jacques Hervé Bazin docteur en droit, est avocat et enseignera pendant plusieurs années à l' université catholique de Hanoï en Indochine.

Sa mère, Paule Guilloteaux, femme séche et autoritaire, petite fille de banquier et fille de Jean Guilloteaux, député puis sénateur du Morbihan - c'est lui qui organisera le mariage de sa fille âgée de 18 ans, fraîchement sortie du pensionnat religieux de Vannes, avec Jean-Pierre Hervé Bazin, impressionné par le prestige de cette famille - en contrepartie, elle apporte une immense dot.

Pendant l'absence de leurs parents en Asie, deux des trois enfants sont élevés par leur grand mère, au décés de celle-ci, les parents reviennent en France, en descendant du train, leur mère les gifle sans ménagement ne supportant pas les gestes d'affection qu'ils ont envers elle et leur ordonne de porter les valises.

Jean-Pierre Hervé Bazin passe son enfance à Marans dans le Maine et Loire et s'oppose à cette mère, acariâtre et autoritaire. Dominé par sa femme, le père reste indifférent à la maltraitance de l'enfant et préfère passer ses journées à collectionner les insectes.

En 1940, il a 19 ans, il emprunte la voiture de son père, a un accident de voiture et devient en partie amnésique, il est condamné à une longue hospitalisation - ce qui le conduira plus tard, en 1954, à parcourir la France avec un photographe Jean-Philippe Charbonnier pour dénoncer en janvier 1955, dans la revue
"Réalités ", l'état lamentable des établissements psychiatriques -.

Il fugue plusieurs fois pendant son adolescence, refuse de passer ses examens à la faculté catholique de droit d'Angers et à 20 ans il rompt avec sa famille pour s'inscrire à la faculté de lettres de la Sorbonne. Toute sa vie il restera marqué par les souvenirs douloureux de son enfance dus aux rapports conflictuels avec sa mère.

DEBUT LITTERAIRE:

Parallèlement à ses études à la Sorbonne, il exerce divers petits métiers, écrit de la poésie pendant une quinzaine d'années, sans grand succès, devient journaliste littéraire, interview Aragon, Paul Claudel, Paul Fort, Paul Valéry.... crée une revue poétique en 1946 " la Coquille ", mais Paul Valéry lui conseille de se consacrer à la prose malgré l'obtention du prix Apolinaire pour " Jour " en 1947 et " A la poursuite d'Iris " en 1948;

Il publie la même année " Vipère au poing " un roman largement autobiographique tiré de son enfance malheureuse, ce premier roman, suivi de beaucoup d'autres, obtint un succès considérable et rata de peu le prix Goncourt, Colette, alors présidente, s'y opposant formellement.

POLITIQUE

Hervé Bazin - pseudonyme imposé par Grasset - choisit d'être un homme libre, avec une sensibilité de gauche, il fut lié au " Mouvement pour la Paix " proche du parti communiste, peut être aussi pour contrer sa famille qui est de droite , bourgeoise et conservatrice, il refuse d'être considéré comme un auteur engagé, il revendique le fait " d' écrire pour alerter " et jeta toujours un regard attentif sur les évolutions de la société en France et dans le monde.

Il a soutenu les époux Rosenberg durant leur procès.

MARIAGES:

Marié quatre fois, il eut 7 enfants.
Il épousa Odette Danigo en 1934, un fils naquit de cette union
En 1945 il épousa Jacqueline Dussolier, 4 enfants naissent.
En 1967 c'est Monique Serre-Gray qui lui donne un enfant.
et enfin en 1988, sa dernière épouse, Odile L'Hermitte lui donne un fils, Il a 75 ans.

PARTICIPATIONS ET DISTINCTIONS:

IL est, pour la critique littéraire, le " romancier de la famille " ses thèmes de prédilections étant l'éducation, la famille, la justice, la paix , il dépeint avec justesse les moeurs de la France et de la bourgeoisie étouffante et conformiste, il est sensible aux mutations de son époque dont ses romans se font les herméneutes.

Une cinquantaine de romans jalonnent son parcours littéraire, généralement inspirés par son enfance ou pris dans la vie
courante de l' époque. Ses oeuvres très psychologiques, sont toujours étudiées dans les écoles, collèges et lycées.

En 1957, il obtint le grand prix littéraire de Monaco, le prix Lénine en 1980, il est nommé grand officier de la légion d' honneur.

Malgré à sa fonction de critique littéraire, un recueil de nouvelles en 1963 " Chapeau bas "ainsi qu'un essai consacré à la réforme de l'orthographe : "Plumons l'oiseau " en 1966, il publie un roman presque chaque année.

Membre de l'académie Goncourt en 1958 , il en devient président en 1973 et y restera jusqu'à sa mort, il dynamisa l'institution notamment en participant à la création du Prix Goncourt des Lycéens.

En 1950, il participe avec d’autres écrivains comme Marcelle Auclair, Jacques Audiberti, Émile Danoën, Maurice Druon et André Maurois, au numéro de la
revue La Nouvelle équipe française de Lucie Faure, intitulé « L’Amour est à réinventer ».

Hervé Bazin toujours attaché à sa province angevine, où il situe bon nombre de ses romans, à l'instar de Mauriac, il est l'un des auteurs les plus lus de la deuxième moitié du XX éme siècle, il fût un grand romancier dans la continuité de Balzac et des grands réalistes du XXI ème siécle. Sa modernité tient à son attention de la vie quotidienne et aux problèmes de la famille.

Ses oeuvres sont rééditées régulièrement.

DECÉS :

Il passe les dernières années de sa vie à Cunault sur les bords de la Loire; Il y décéde suite à un accident cérébral.
Suivant son désir, il est incinéré à Cunault et ses cendres sont dispersées sur La Maine. Une pierre tombale est dressée au cimetière de son village.


Bibliographie de Hervé Bazin

Hervé Bazin a écrit les oeuvres suivantes:

A la poursuite d'Iris, poèmes, 1948
Vipère au poing, roman autobiographique, 1948
La Tête contre les murs, roman, écrit d'août 1948 à février 1949, publié en 1949
La Mort du petit cheval, roman autobiographique, suite de "Vipère au poing", écrit de décembre 1949 à août 1950, publié en 1950
Le bureau des mariages, nouvelles, 1951
Lève-toi et marche, roman, écrit en 1951, publié en 1952
Humeurs, poèmes, 1953
Contre vents et marées, 1953
L'Huile sur le feu, roman, écrit d'oct. 1953 à février 1954, publié en 1954
Qui j'ose aimer, roman, écrit de novembre 1955 à oct. 1956, publié en 1956
La Fin des asiles, essai/enquête, 1959
Au nom du fils, roman, écrit d'avril 1959 à septembre 1960, publié en 1960
Chapeau bas, nouvelles, 1963 : Chapeau bas, Bouc émissaire, La hotte, M. le conseiller du cœur, Souvenirs d'un amnésique, Mansarde à louer, La Clope
Plumons l'oiseau, essai, 1966
Le Matrimoine, roman, écrit en 1966, publié en 1967
Les Bienheureux de La Désolation, récit / enquête, 1970, sur l'évacuation des habitants de l'île de Tristan da Cunha suivant une éruption volcanique en 1961, leur malaise au sein de la société de consommation britannique où l'on tentait de les intégrer, puis leur volonté inébranlable de retourner vivre sur leur île, l'un des lieux les plus durs de la planète.
Cri de la chouette, roman autobiographique (suite de Vipère au poing et de La Mort du petit cheval), écrit en 1971, publié en 1972
Madame Ex, roman, écrit en 1974, publié en 1975
Traits, 1976
Ce que je crois, 1977
Un feu dévore un autre feu, 1978
L'Église verte, roman, 1981
Qui est le prince?, 1981
Abécédaire, 1984
Le Démon de minuit, 1988
L'École des pères, roman, 1991
Le grand méchant doux, 1992
Oeuvre poétique, 1992
Le Neuvième jour, 1994

FILMS :

- " Vipère au poing " , publié en 1948 à connu deux adaptations cinématographiques, une pour la télévision en 1970 réalisée par Pierre Cardinal, avec Alice Sapritch et un film de cinéma réalisé en 2004 par Philippe de Broca - qui décéda quelques jours après la sortie du film - avec comme acteurs principaux Catherine Frot et Jacques Villeret

- " La tête contre le mur " adaptation du roman publié en 1949 qui raconte la vie dans un hôpital psychiatrique, a été réalisé en 1959 par Georges Franju, avec Jean- Pierre Mocky co-adaptateur et Jean-Charles Pichon, auteur des dialogues, sur une musique de Maurice Jarre. Avec comme acteurs principaux, Pierre Brasseur , Anouk Aimée , Paul Meurisse et Charles Aznavour.


MANUSCRITS:

En 1955, l'ors d'un déménagement, Hervé Bazin confie ses manuscrits et sa correspondance aux archives
municipales de la ville de Nancy. Aprés sa mort, ses six premiers enfants demande la vente de ce fonds à L' hôtel
Drouot en 2004 . Sa dernière épouse Odile Hervé Bazin , accompagnée de son fils de 10 ans, s'y oppose.

La bibliothèque universitaire d' Angers, soutenue par les collectivités locales réussit à préempter ce patrimoine, soit
22 manuscrits, environ 9000 lettres.Il manque le manuscrit de " Vipère au poing" vendu par Hervé Bazin dans les années 1980 et celui des " Bienheureux de la désolation" , recueilli par son fils le jour de la vente.


Querelles de famille autour des archives d'Hervé Bazin
Par Monique Raux
In Le Monde du 18/06/2004

NANCY
de notre correspondante
Huit ans après la mort d'Hervé Bazin, décédé à 85 ans en février 1996, ses archives se trouvent projetées au coeur d'une querelle de famille, de celles qui forment la trame des romans de l'auteur de Vipère au poing. Ces lettres et manuscrits déposés aux archives municipales de Nancy selon la volonté de l'auteur vont être rendus à ses héritiers. Ainsi en a décidé la première chambre du tribunal de grande instance d'Angers, saisie par une partie de la famille. C'est en 1995 que l'écrivain a confié à la ville de Nancy tous ses manuscrits, tapuscrits - à l'exception de Vipère au poing, qui a disparu-, ainsi que 1518 correspondances privées.
Michèle Maubeuge, attachée culturelle à la ville, devenue au fil des ans, une amie d'Hervé Bazin, se souvient de la visite effectuée à Angers un jour de novembre. «Nous étions là. parmi ses objets familiers. Sur son bureau, il y avait deux machines à écrire. La vieille Underwood, qu'il avait troquée en 1945contre une bouteille de cognac à un soldat américain, dont les touches devenaient de plus en plus duresmais sur laquelle il avait tapé tous ses manuscrits, sauf le dernier, et une Olivetti plus récente Il y avait aussi son buste en bronze. Et, dans un grand meuble en chêne des années 1950, tout son courrier, classé par ordre alphabétique ainsi que ses manuscrits.»
Michèle Maubeuge explique qu'Hervé Bazin, qui fut président de l'Académie Goncourt, avait apprécié le soin avait lequel Nancy, dépositaire des archives de l'académie, les avait traitées, numérisées, valorisées et mises à la disposition des chercheurs. Il était soucieux de ce qu'iladviendrait, après lui, de ses archives personnelles, qui prenaient une place folle chez lui, et craignait leur dispersion. Parmi les lettres, Il yen avait du général de Gaulle, des échanges épistolaires avec Francois Nourrissier, Louis Jouvet, Jean-Paul Sartre, Jean Giono, Bernard ClaveL Il conservait même les bristols. «ll y avait aussi ses notes, ses travaux préparatoires et des grands plans en couleurs. Ainsi, il savait ce que tel personnage, placé à tel endroit du jardin, voyait exactement», précise-t-elle.

VENTE AUX Enchères

Cependant, Hervé Bazin n'a pas voulu signer les papiers officiels qui faisaient de Nancy la propriétaire de ces archives. «Il craignait que cela ne soit mis dans l'actif de la succession et avait peur que ses héritiers n'aient pas les moyens de payer. En dépit de son succès, il n'avait pas amassé de fortune. Il venait très souvent en aide aux gens, à ses proches. Il donnait », insiste-t-elle. Les héritiers- ses anciennes femmes et ses enfants-, sa dernière épouse, désireuse de respecter la volonté de son mari, ont exigé la restitution du fonds.
Le tribunal d'Angers leur a donné raison, en février. «Il est constant que le fonds Hervé Bazin est détenu par la mairie de Nancy à la suite d'un dépôt effectué par Hervé Bazin lui-même de son vivant le 9 décembre 1995», rappellent les magistrats. «Toutefois, ajoutent-ils, une donation ou une volonté testamentaire ne se présume pas et doit être expressément exprimée par l'auteur lui-même.» Les juges concluent donc que le témoignage rapporté par un tiers selon lequel l'écrivain craignait une dispersion de son travail d'homme de lettres après sa mort «si sincère soit-il, ne saurait établir la réalité de l'intention libérale de M. Hervé Bazinou d'un legs de ses archives non dépourvues d'une valeur économique de par sa notoriété».
Un notaire est chargé par la famille de vendre aux enchères le fonds et de faire le partage des gains. Auparavant, avec l'accord des héritiers, Nancy a quand même pu numériser tous les documents afin de les tenir à disposition des chercheurs travaillant sur l'oeuvre d'Hervé Bazin.




TEMOIGNAGES :

Témoignage dans lequel Françoise Chandernagor évoque avec émotion, peu de temps après le décès dHervé Bazin, la simplicité et la sincérité de lécrivain.
« … Jusquà ma récente élection à lAcadémie Goncourt, je ne lavais rencontré quune seule fois, il y a sept ou huit ans, lors dun court voyage à Moscou. Cest lui qui était venu vers moi, mavait parlé avec bienveillance de mes derniers livres et mavait encouragée à un moment où javais besoin de lêtre. Comment cet homme que je ne connaissais pas, qui était pour moi une de ces étoiles lointaines vers lesquelles on nose pas même lever les yeux, comment ce « confrère » avait-il senti quun tel geste de lui, en un tel instant, me serait précieux ? Je ne sais pas, mais je sais que jai immédiatement éprouvé, pour sa simplicité et sa générosité, ma reconnaissance infinie ».

Mais aussi son rôle à lAcadémie Goncourt
« Puis, il y eu, en mai dernier, ce coup de fil si inattendu : il me proposait dentrer à lAcadémie Goncourt, et je nignore pas que cest à lui et à François Nourissier que je dois dy figurer aujourdhui. A partir de ce jour, je crois avoir encore rencontré votre mari trois ou quatre fois ; cest peu, certes, pour connaître un homme, mais jai été frappée par sa vivacité desprit, son habileté diplomatique (il en faut dans cette assemblée !), sa malice, et cette jeunesse, cet appétit qui le tenait. Il présidait nos débats comme le chat guette la souris : immobile, silencieux, presque lointain, mais lil aux aguets, et tout à coup, au moment décisif, le « coup de patte » - la phrase qui fait mouche, la décision qui lève les derrières hésitations… Dans ce rôle, je sentais quil samusait. »


Madame Odile Hervé Bazin, sa dernière épouse, a eu l'amabilité, pour " Le Dévorant ", de confier, son sentiment sur l'homme qu'elle nous propose de découvrir.


Ce n’est pas simple d’évoquer un être disparu. Peur de le trahir, de ne pas transmettre au plus juste ce que lui ressentait et aurait eu envie d’exprimer. Hervé Bazin l’a lui-même écrit à propos des biographies : « L’embêtant, dans le genre, c’est que les morts n’aient plus le droit de réponse. »

Qui était Hervé Bazin ? Comment s’est-il construit à partir d’une enfance compliquée ? Un récent colloque, organisé par l’Université d’Angers où sont déposées toutes ses archives, s’intitulait : Hervé Bazin. Connu et inconnu. Ce titre me semble bien refléter une réalité.

En effet, si l’écrivain s’est livré sans mesure, quitte à prendre des coups, il n’en est pas de même pour l’homme. Secret et pudique, exigeant vis-à-vis de lui-même, extrêmement attentif aux autres, observateur pointu de tout ce qui l’entourait et des idées du siècle. Je l’ai souvent entendu dire « qu’un écrivain fait son miel de tout. »

Revenons à l’enfance d’Hervé Bazin. Il aurait pu en sortir détruit. « J’ai été si longtemps réprouvé que je m’étonne toujours d’être distingué par qui que ce soit : j’ai l’impression qu’il se moque ou qu’il n’est pas très futé » constatait Hervé Bazin à l’âge mûr et déjà célèbre, traduit en plus de quarante langues. Sentiment de doute, toujours, mais aussi formidable combativité et féroce goût pour la vie. Rien de passif chez lui, rien de tiède. Écrire, donc être au monde, était un besoin viscéral « pour témoigner, pour alerter, pour célébrer aussi. » Revanche de l’enfant repoussé ?

Les lecteurs, fidèles depuis 1948, ne s’y trompent pas. Ils sentent l’exigence qui animait l’écrivain, son désir de les toucher, de leur apporter quelque chose, de trouver la phrase la plus juste.

Son écriture forte et limpide, qui fait mouche, est le résultat d’un travail acharné. Chaque livre avançait dans la douleur et l’incertitude. Mais laissons-lui la parole : « Vous le savez, je considère avec étonnement et modestie une carrière que durant des années rien n’annonçait. Je sais ma chance et je trouve normales certaines rancunes comme certaines résistances de la part des gens qui ne comprennent pas toujours que ce qu’on a été ne préjuge pas de ce qu’on devient. Ne pas se trahir, ne pas se laisser récupérer, c’est un souci. Mais il en est d’autres : surmonter ses contradictions, ses fureurs, ses partis pris, vivre son âge, se remettre en question au nom même d’une réussite toujours relative, toujours provisoire où finit par dominer le sentiment d’avoir à la mériter davantage et d’assumer la responsabilité que comporte une large audience. »
Hervé Bazin, un écrivain engagé (combats au service de la paix dès 1954, de la littérature – son action à l’Académie Goncourt de 1958 à 1996, à la Société des gens de Lettres… –, de l’enfance maltraitée, de la libération de la femme…). Un homme à redécouvrir.

Odile Hervé-Bazin


Chronique pour son anniversaire...

Hervé Bazin, ci-dessous photographié en compagnie de sa mère en 1956 dans une librairie à Angers, est né le 17 avril 1911 - et non pas 1918 comme l'a fait croire l'éditeur de Vipère au poing qui le trouvait trop âgé pour la sortie de son premier roman après guerre. Jean-Pierre H-Bazin de son vrai prénom aurait eu 100 ans ce dimanche s'il n'était pas décédé le 17 février 1996, quelques jours après François Mitterrand!


En marge du manuscrit d'Acte de Probité, nouvelle du début des années cinquante, l'écrivain dessinait volontiers.

Lorsqu'il dressait le plan d'un roman, Hervé Bazin écrivait et illustrait son propos à l'aide de schémas, crobards, tableaux, comme ici en débutant La tête contre les murs, l'un de ses plus beaux textes inspiré par son propre séjour dans un Hôpital psychiatrique proche d'Angers.

En fait, Hervé Bazin m'a expliqué lors de notre dernière rencontre peu avant sa mort qu'il cherchait toujours à se représenter trés exactement ses personnages et à comprendre le mieux possible les sujets auquels il consacrait ses livres. La science, l'espace, la vie, la médecine, la paternité et la maternité, la famille faisaient partie de ses passions comme la littérature et la musique.

Ce que je retiens de cet immense bonhomme, à la fois en tant qu'auteur parmi mes préférés depuis l'adolescence et comme homme, avec qui la discussion devenait un vrai échange et était trés agréable, c'est son sens inné du contact avec autrui et un goût immodéré pour la découverte du monde, dont il n'hésitait pas à dénoncer les travers les plus intimes comme ceux de la société en général.

Mais il parlait surtout beaucoup du quotidien de monsieur et madame tout le monde, comme dans "il n'arrive jamais rien", une histoire courte qui se passe dans l'ouest, dans son Segréen d'enfance, qui parle de l'ennui d'un couple et du refus d'en sortir. Tout le contraire de cet esprit voyageur, curieux, enjoué, écologiste avant l'heure et dont les romans ont fait le tour du monde en plus de quarante langues différentes!
Happy Birthday Hervé Bazin

VIPERE AU POING

Sa première œuvre pose crûment les relations d’une mère et de son fils. Jean Rezeau, surnommé Brasse-Bouillon, a une mère qui ne l’aime pas. Lui et son frère l’ont surnommée Folcoche, contraction de « folle » et « cochonne ». La haine monte entre Folcoche et Brasse-Bouillon jusqu’à la tentative d’assassinat. Le roman s’achève sur une proclamation de Jean qui déclare que, vipère au poing, il chassera tous ceux qui tenteront de violer son indépendance. Dans le climat pudibond de l’après-guerre, ce roman fait scandale. Le public se passionne pour ces « Atrides en gilet de flanelle » (M. Nadeau).
Bazin retrouve Folcoche dans deux autres romans : La Mort du petit cheval (1950) et Le Cri de la chouette (1972). Dans ce dernier roman, Brasse-Bouillon a quarante-huit ans. Il est père de famille. Surgit Folcoche qui tente de semer la zizanie et se prend de passion pour Salomé, fille d’un premier mariage de l’actuelle femme de Jean. Mais Folcoche n’est pas faite pour l’amour : elle en meurt sous le regard de son fils, d’où toute haine a désormais disparu.
Entre-temps, Bazin a publié La Tête contre les murs (1949), qui met en scène l’univers des hôpitaux psychiatriques, Lève-toi et marche (1952), l’histoire d’une paralytique, et L’Huile sur le feu (1954) qui conte les relations dramatiques d’une adolescente et de son père incendiaire. Avec Qui j’ose aimer (1956), Hervé Bazin retrouve le climat familial qui lui est propre : il s’agit cette fois d’inceste entre une fille et son beau-père. Au nom du fils (1960), en revanche, chante les joies de la paternité même si le père mis en scène n’est, dans la réalité, que le beau-père de ses enfants. On pourrait estimer que ce dernier roman marque la fin du trajet d’Hervé Bazin : il est parti de la haine filiale pour aboutir à l’amour paternel. Il continue cependant son exploration de l’univers de la famille avec Le Matrimoine (1967) ou Madame Ex (1975) ; il fait une incursion du côté du roman d’idées avec Les Bienheureux de la désolation (1970) et de l’essai avec Ce que je crois (1977). Il publie également des nouvelles (Le Grand Méchant Doux, 1992) et — nostalgie de sa jeunesse ; — rassemble son Œuvre poétique (1992).


La Tête contre les murs

Arthur Gérane est un jeune homme désoeuvré, fainéant, petit malfrat en devenir qui s'entend bien avec sa soeur mais mal avec son père, juge d'instruction. Le jour où il revient à la maison familiale, c'est au milieu de la nuit, pour le voler. Impliqué dans un accident avec la voiture paternelle qu'il vient de dérober, il se retrouve, sur les conseils d'un ami de son père, interné dans un asile psychiatrique. C'est le début d'une longue itinérance dans les services de santé mentale du pays.

Biographie rédigée par Grenouille



Nécrologie
http://youtu.be/v9bAkWwwXZQ

Vipère au poing

http://www.youtube.com/watch?v=JmWUPA ... 20NdZyQ5EZZFEQHP0qD8qSM7C

http://www.youtube.com/watch?v=JmWUPA ... 20NdZyQ5EZZFEQHP0qD8qSM7C


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Posté le : 17/02/2013 12:22
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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