| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 47 48 49 (50) 51 52 53 ... 60 »


Francis Carco
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 Mai 1958 meurt Francis Carco



François Carcopino-Tusoli, dit Francis Carco, est un écrivain, poète, journaliste et auteur de chansons français d'origine corse, né le 3 juillet 1886 à Nouméa Nouvelle-Calédonie et mort le 26 mai 1958 à Paris. Il était connu aussi sous le pseudonyme de Jean d'Aiguières.
Sa vie durant il sera un enfant battu et déménagera sans cesse, il gardera de son enfance à Nouméa près des bagnards, une sensibilité exacerbée et un gout du malheur qu'il saura transcender en poèmes et romans remarquables.

"Prisonnier comme eux les bagnards de Nouméa, mais prisonnier de lui-même, il n'a jamais pu s'évader. C'est toujours ainsi qu'il a vu le monde, observé les êtres, dans une brume de mélancolie que nul rayon de joie ne parvenait à percer."
Roland Dorgelès sur Francis Carco.
Chez Carco, auteur méconnu d’une centaine de livres, les mauvais garçons et les filles de mauvaise vie ont un coeur qui les porte toujours vers le malheur. Souvent, devinant comment le vent va tourner, on aimerait bien "rentrer" dans l’histoire et sauver quelques âmes… Mais on ne peut qu’assister, malgré soi, à leur propre destruction.
Dans une lettre à Léopold Marchand le 17 octobre A915 Francis Carco écrit : "Je me promets de foutre, en pleine gueule des bourgeois, des romans musclés et pourris dont ils se lécheront les babines"

La silhouette du poète ténébreux aux allures de mauvais garçon, aura marqué la période des années folles. L’entre-deux guerres réservera les plus forts tirages d’édition au poète et écrivain surnommé "le Romancier des Apaches", nom donné à l'époque aux brigands. Francis Carco aura fréquenté tous les peintres, poètes et écrivains de sa génération : Paul-Jean Toulet, Jules Romain, Apollinaire, Picasso, Colette, son mari Willy, Utrillo, Maurice de Vlaminck, Derain, Suzanne Valadon, Marie Laurencin, etc… Également des illustrateurs : Eugène Clairin, Maurice Legrand, Dignimont , Chas Laborde.
Francis Carco est resté attaché à l’héritage des classiques, très loin de la production de l’inconscient préconisée par les surréalistes. Les poètes de l’École Fantaisiste se voulaient indépendants.
L’œuvre de Francis Carco sera souvent imprégnée par une attirance pour les déshérités et les marginaux de l’existence. Les souvenirs de ses premières années passées à Nouméa, le bagne de cette dernière, auront durablement marqué le poète.
Les chansons écrites par Francis Carco auront été interprétées par Fréhel, Marie Dubas, Suzy Solidor, Jean Sablon, et plus près de nous : par Edith Piaf, Monique Morelli…
Son œuvre foisonnante comprend, outre des recueils de poésies, des romans, des reportages, des livres de souvenirs, une pièce de théâtre, Mon homme, qui lancera la rue de Lappe.

Le poète à l'âme douloureuse

Sa vie

Le peintre des rues obscures Le poète et le goùt du malheur

Francis Carco passe ses dix premières années en Nouvelle-Calédonie, où son père travaille comme Inspecteur des Domaines de l'État.
Chaque jour, il voit passer, sous les fenêtres de la maison familiale de la rue de la République, les bagnards enchaînés en partance pour l'île de Nou.
Il restera marqué toute sa vie par ces images qui lui donneront le Goût du Malheur.
Son père est nommé en Métropole. Francis réside alors avec sa famille à Châtillon-sur-Seine. Confronté à l'autoritarisme et à la violence paternelle, il se réfugie dans la poésie, où s'exprime sa révolte intérieure.
Sa vie qui suit celle de sa famille sera instable à souhait et pas faite pour la construction d'un jeune homme solide.
En 1901, la famille s’installe au 31 avenue de la République à Villefranche-de-Rouergue, puis, au gré des mutations du père, à Rodez de 1905 à 1907. Il fait de fréquents séjours chez sa grand-mère au 4 rue du Lycée à Nice.
Il fait quelques séjours à Agen, où il est pion durant 4 mois avant de se faire virer par le proviseur, ayant été surpris laissant sans surveillance les élèves dont il avait la charge, puis à Lyon et Grenoble, des villes dont il parcourt et observe les bas-fonds.
Au cours de ces séjours, il rencontre les jeunes poètes qui fonderont avec lui, dès 1911, l'École Fantaisiste : Robert de la Vaissière, qui est son collègue au lycée d'Agen, Jean Pellerin, Léon Vérane, Tristan Derème…
Après toutes ces périgrinations déstabilisantes, le jeune Francis Carco monte à Paris en janvier 1910.
Il a 23 ans. Carco commence à fréquenter Montmartre. Un bon de consommation en poche, qu'il a découpé dans une revue, il se rend au Lapin Agile, où il croise notamment Pierre Mac Orlan, Maurice Garçon et Roland Dorgelès.
Après avoir poussé avec succès la goualante, chantant des chansons des Bat d'Af à l'invitation du père Frédé, maître des lieux, il est immédiatement accueilli à la grande table où se réunissent les bohèmes de ce temps.
Il est aussi l'ami d'Apollinaire, Max Jacob, Maurice Utrillo, Gen Paul, Modigliani, Pascin, Paul Gordeaux.
Il assure également la critique artistique dans les revues L'Homme libre et Gil Blas.
Sentant qu'il risque sa perte dans ce Montmartre des plaisirs et du crime, il rejoint Nice où sa grand-mère lui donne la croûte et fournit un ameublement soigné.

Il publie son premier recueil, La Bohême et mon cœur, en 1912.
Puis début 1913, Francis Carco retourne à Paris. Il s'installe alors au 13 quai aux Fleurs.
C'est là qu'il rencontre Katherine Mansfield, compagne de John Middelton Murry, journaliste londonien. Rebelle et pure jeune fille originaire de Nouvelle-Zélande, Katherine quitte quelques mois le domicile conjugal.
Il entame avec elle une relation troublante, inaboutie, un amour voué au désastre, comme il le disait lui-même, qui le marquera jusqu’à la fin de ses jours.
Il prête son appartement à Katherine pendant qu'il effectue son service militaire à Gray, près de Besançon.
Il dira que cette dernière, dans les lettres qu'elle lui adressera alors de Paris, lui a donné toute l'inspiration et les descriptions de Paris qu'il utilisera lorsqu'il publiera Les Innocents en 1916.
En 1914, il publie au Mercure de France, grâce à l'appui de Rachilde, femme d'Alfred Valette le patron de la revue, "Jésus-la-Caille", histoire d’un proxénète homosexuel, dont il a écrit la plus grande partie lors de son exil-refuge chez sa grand-mère à Nice.

Ce premier roman est applaudi par Paul Bourget.
Mobilisé en novembre 1914 à Gray en tant qu'Intendant des Postes, où il se fait remarque par son habitude d'écrire des poèmes sur les enveloppes des courriers qu'il distribue aux soldats, il rejoint, grâce à l'aide de Jean Paulhan, un corps d’aviation à Avord, près de Bourges, puis à Étampes et enfin à Longvic près de Dijon.
Il aura très peu l'occasion de voler et de mettre en valeur son brevet d'aviateur (brevet no 5016) obtenu le 10 décembre 1916, se blessant au genou gauche et étant assez vite démobilisé.
Il rencontre alors, Colette dans les couloirs du journal L'Éclair en 1917 :
" J'ai rencontré une grrrande dame"
écrira-t-il à son ami Léopold Marchand. Leur amitié durera jusqu'à la mort de Colette.
Ils passeront des vacances ensemble en Bretagne. Il la conseillera pour ses achats de tableaux.
Dans les années suivante, d'autres livres suivront, notamment "L'Homme traqué" en 1922, roman distingué, grâce au soutien de Paul Bourget, par le Grand prix du roman de l'Académie française.
Exprimant dans une langue forte et riche des sentiments très violents, "L'Homme traqué" est un des romans les plus émouvants de Francis Carco.

Viendront ensuite "L’Ombre" en 1933,
"Brumes" en 1935 dont il dira à la fin de sa vie que ce fut son meilleur roman.
Citons également : l'Équipe, Rue Pigalle, les Innocents, Rien qu'une femme, Perversité, Vérotchka l'étrangère, la Lumière noire, l'Homme de minuit, Surprenant procès d'un bourreau.
Francis Carco a aussi écrit ses Souvenirs sur Toulet et Katherine Mansfield, Maman Petitdoigt, livre illustré par le peintre et graveur André Deslignères, De Montmartre au Quartier latin, À voix basse, Nostalgie de Paris, des reportages sur le Milieu.
Mais aussi des biographies de Villon, Verlaine, Utrillo en 1938, et Gérard de Nerval en 1955.
Son œuvre est riche d'une centaine de titres, romans, reportages, souvenirs, recueils de poésie, mais aussi pièces de théâtre comme "Mon Homme" qui lancera le cabaret "la rue de Lappe" à la Bastille.
Il réside successivement à Cormeilles en Vexin où il rachète le Château Vert, domaine d'Octave Mirbeau, avec les espèces nombreuses gagnées avec "Mon Homme", puis il revient à Paris, aux pieds de la Butte, rue de Douai, puis au 79 quai d'Orsay.
En 1932, à l'occasion de conférences qu'il donne à Alexandrie, en Égypte, il fait la connaissance d'Éliane Négrin, épouse du Prince du coton égyptien Nissim Aghion. C'est le coup de foudre, Il est alors marié avec germaine jarrel, mais il n'hésite pas à quitter sa première femme, ils divorcent le 6 novembre 1935, au grand dam de ses amis de la Butte, pour accueillir à ses côtés Éliane, qui laisse son mari, ses richesses et ses trois enfants en Égypte.
Très gentleman, Nissim leur adressera un télégramme de félicitations lors de leur mariage le 11 février 1936.
En septembre 1939, le couple emménage à L'Isle-Adam, avant de s'exiler à Nice, puis en Suisse, Éliane est en effet d'origine juive.

En Suisse il retrouve son ami, le peintre Maurice Barraud, qui a illustré en 1919 "Au coin des Rues", et il se lie d'amitié avec Jean Graven, valaisan, poète à ses heures, et éminent criminologue rédacteur de "Dans la vie publique", qui représentera la Suisse au procès de Nuremberg, puis il inventera, à la conférence de Rome qui suivra la seconde guerre mondiale, le terme de "Crimes contre l'humanité".
Incapable de rester en place , après la guerre, il revient en france et s'installe à nouveau à L'Isle-Adam.
De 1948 à son décès des suites de la maladie de Parkinson, Francis Carco habitera au 18 quai de Béthune, sur l'île Saint-Louis à Paris.

Il meurt le 26 mai 1958 à 20 heures, dans les bras de Mac Orlan, en écoutant L'Ajaccienne jouée par la Garde républicaine, qui passait sous ses fenêtres.
Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux.
Son frère, Jean Marèze, qui s’est suicidé en 1942, et sa seconde femme, Éliane, décédée en 1970, reposent à ses côtés.
Francis Carco a été élu membre de l'Académie Goncourt le 13 octobre 1937 au fauteuil de Gaston Chérau.
Surnommé Le romancier des Apaches, il réalisa les plus forts tirages d'édition de l'entre-deux-guerres.

Sources d'inspiration

Il définit lui-même son œuvre comme "un romantisme plaintif où l’exotisme se mêle au merveilleux avec une nuance d’humour et désenchantement".

Dans ses livres transparaît l'aspiration à un ailleurs : Des rues obscures, des bars, des ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit .
L'enfant battu par son père corse développera une sensibilité pour ceux qui souffrent et consacra sa vie aux minorités, il en fera souvent le sujet de ses romans : Canaques, témoins de ses premières années à Nouméa, prostitués, mauvais garçons.

Mais aussi

Francis Carco était le cousin de l'historien et haut fonctionnaire Jérôme Carcopino, et le frère de Jean Marèze, poète et auteur de chansons Sombre dimanche, Escale, etc..
De nombreux peintres et illustrateurs ont été associés à ses livres :
Maurice Vlaminck, Suzanne Valadon, Gen Paul, André Derain, Pierre-Eugène Clairin, Eugène Véder, Louis Legrand, Pierre Ambrogiani, Chas Laborde. André Dignimont a notamment illustré Perversité en 1924, l'Équipe en 1925, Bob et Bobette s'amusent en 1930 et Nostalgie de Paris en 1946 .
La Légende et la vie d'Utrillo, ouvrage édité par Seheur en 1927, fut vendu à 105 exemplaires seulement.
L'ouvrage, qui contient dix lithographies originales, a été adjugé pour 4 000 €, en décembre 1998, à Drouot.
Francis Carco a écrit des chansons, dont Le doux caboulot, mis en musique par Jacques Larmanjat, et chanté par Marie Dubas en 1931 et Suzy Solidor en 1935,
L'orgue des amoureux, musique de Varel et Bailly, chanté par Édith Piaf en 1949, ou encore Chanson tendre, musique de Jacques Larmanjat, chanté par Fréhel en 1935. Carco chanta lui-même cette dernière chanson au Lapin Agile, en 1952.
Il est l'inventeur de l'expression "le Milieu" qui désigne le crime organisé en France, abrégé de sa phrase "un milieu très spécial".

Œuvres


Romans

Jésus-la-Caille, 1914
Les innocents, 1916
Badigeon aviateur, 1917
Les malheurs de Fernande, 1918
Les mystères de la morgue ou les Fiancés du IV° arrondissement, 1919, écrit en collaboration avec Pierre Mac Orlan
Scènes de la vie de Montmartre, 1919
Bob et Bobette s'amusent, 1919
L'équipe, 1919
Boudebois ou le Roman comique d'un aviateur, 1919
Rien qu'une femme, 1921
L'Homme traqué, 1922 (Grand prix du roman de l'Académie française)
Verotchka l'étrangère ou le Goût du malheur, 1923
Perversité, 1925
Rue Pigalle, 1927
La Rue, 1930
L'Ombre, 1933
La lumière noire, 1934
Brumes, 1935
Ténèbres, 1935
Blümelein 35, 1937
L'Homme de minuit, 1938
Surprenant procès d'un bourreau, 1943
Les Belles Manières, 1945
Morsure, 1949
Compagnons de la mauvaise chance, 1954
Vie romancée [modifier]
Le Roman de François Villon, 1926, La Table Ronde
La légende et la vie d'Utrillo, 1928
Utrillo, 1956, Grasset

Souvenirs

Maman Petitdoigt, 1920
Francis Carco raconté par lui-même, 1921
Promenades pittoresques à Montmartre, 1922
De Montmartre au Quartier latin, 1927
Complémentaires, 1929
Mémoires d'une autre vie, 1934
Amitié avec Toulet, 1934
Souvenirs sur Katherine Mansfield, 1934
A voix basse, 1938
Montmartre à vingt ans, 1938
Souvenirs de Montmartre et d'ailleurs, 1938
Bohème d'artistes, 1940
Nostalgie de Paris, 1941
L'ami des Peintres, (1944)
Ombres vivantes, 1947
Francis Carco vous parle, 1953
Rendez-vous avec moi-même, 1957

Autres

Instincts, 1911
La Bohème et mon cœur, 1912
Chansons aigres douces, 1913
Au vent crispé du matin, 1913
Petits airs, 1920
Messieurs les vrais de vrai, 1927
Prisons de femmes, 1931
Suite espagnole, 1931
Palace Egypte, 1933
La Route du bagne, 1936
La Rose au balcon, 1936
Petite suite sentimentale, 1936
À l'amitié, 1937
Verlaine, 1939
Poésies, 1939 (recueil de poèmes dans lequel figurent de célèbres poèmes comme À Eliane)
Morte fontaine, 1946
Poèmes en prose, 1948
La Romance de Paris, 1949

Poésies complètes, 1955 Édition illustrée d'aquarelles et dessins par P. Berger, Yves Brayer, Dignimont, A. Dunoyer de Segonzac, Fontanarosa, Thevenet, Villeboeuf, M. Vlaminck

Adaptation
1929 : Dans la rue, d'après Street Scene d'Elmer Rice, adaptation Francis Carco, théâtre de l'Apollo


liens à écouter

http://youtu.be/1mLfDKqw9YY le doux caboulot par F.Carco
http://youtu.be/NNhTrzMG1Qs Carco par J. ferrat
http://youtu.be/EX3xHbroS5A Chanson tendre par F. Carco
http://youtu.be/MTzZDhKgV5w le musée
http://youtu.be/6D5kIwsosgU fréhel chanson tendre
http://youtu.be/flIJDu3Qb4U Piaf, l'orgue des amoureux
http://youtu.be/RVwDegkY8dg pleutmorte fontaine
http://youtu.be/EQiktaukMzA Morte fontaine
http://youtu.be/DJQxb1127bo poème triste V. Ambroise




Ses pOèmes

Jardins
Il a plu. Le jardin, dans l'ombre, se recueille.
Les chrysanthèmes vont mourir sans qu'on les cueille.
Dans les sentiers mouillés, effeuillaisons de fleurs
Trop pâles ; sur le sable, où pas un bruit ne bouge,
Évanouissement des grands dahlias rouges.
Murmure indéfini de toutes ces douleurs
De choses écoutant agoniser les fleurs.
Et de blancs pigeonniers veillent le crépuscule...
Mon enfance, de moi, comme tu te recules,
Parmi ce soir qui tombe et ce jardin qui meurt !
Tu pars et tu ne reviendras jamais, peut-être :
Ton souvenir, déjà, n'est plus qu'une rumeur
Dans un halo, et qui, bientôt, va disparaître.
Et je reste à rêver, tout seul, à la fenêtre...

****

Enfance

Les persiennes ouvraient sur le grand jardin clair
Et, quand on se penchait pour se griser à l'air
Humide et pénétré de fraîcheurs matinales,
Un vertige inconnu montait à nos fronts pâles
Et nos cœurs se gonflaient comme un ruisseau grossi,
Car c'était tout un vol de parfums adoucis
Dans l'éblouissement heureux de la lumière :
Les langueurs avaient des langueurs particulières
Où se décomposait une odeur de terreau.
Tout le printemps chantait de l'éveil des oiseaux
Et, dans le déploiement des ailes engourdies,
Passait le grand élan paisible de la vie.
Une rumeur sonore emplissait la maison.
On entendait des bruits d'insectes ; des frissons
Faisaient trembler les grappes mauves des glycines
Tandis qu'allègrement des collines voisines
Un parfum de sous-bois arrivait jusqu'à nous.
Ô matins lumineux ! matins dorés et flous,
Je vous respirerai plus tard à la croisée
Et vous aurez l'odeur des feuilles reposées.
Et ce sera comme un très ancien rendez-vous.

****

On entendait le cri

On entendait le cri perçant des martinets
De la chambre déserte et close où je venais
Quand le soleil de juin accablait les sureaux
Et que les magnolias mouraient dans l’air trop chaud
Avec les lis brûlés et les roses trémières.
La chambre avait un vieux bureau lourd de poussière,
D’anciens dessins coloriés pendaient aux murs
Naïvement, et sur les chaises dépaillées,
Je me souviens d’un triste herbier, doux livre obscur,
Avec ses fleurs cueillies aux collines mouillées
Les soirs d’automne ou les après-midi d’été
Par les jardins déserts et dans l’aridité
De la campagne avec le cri sec des criquets.
Tout cela somnolait dans la chambre endormie.
Or je sais que si j’y retournais à présent
Je trouverais comme jadis à mes treize ans,
Aux pages du vieux livre mon enfance blottie
Presqu’étrangère sous la poussière du temps.

****

Printemps

Je te donne ce coin fleuri,
Ces arbres légers, cette brume
Et Paris au loin, qui s’allume
Sous ces nuages blancs et gris.
Mais tu t’en moques. Tu préfères,
Á ce soyeux et lent décor,
La bouche avide qui te mord
Et l’étreinte qui t’exaspère.
Cette nuit, l’odeur des lilas
Charge la brise et ta jeunesse
S’épanouit sous la caresse
De ma bouche experte et des doigts…

****

À Éliane

Il pleut – c’est merveilleux. Je t’aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
Par ce temps d’arrière-saison.
Il pleut. Les taxis vont et viennent
On voit rouler les autobus
Et les remorqueurs sur la Seine
Font un bruit…qu’on ne s’entend plus !
C’est merveilleux : il pleut. J’écoute
La pluie dont le crépitement
Heurte la vitre goutte à goutte…
Et tu me souris tendrement.
Je t’aime. Oh ! Ce bruit d’eau qui pleure,
Qui sanglote comme un adieu
Tu vas me quitter tout à l’heure :
On dirait qu’il pleut dans tes yeux.

****

Dimanche

Ne parlons pas, écoute
La pluie à grosses gouttes
Dégouliner du toit
Et ruisseler aux vitres.
Il pleuvait, souviens-toi,
Comme il pleut dans mes livres.
Un vieux phono grinçait,
Le vent brassait les branches
Par ce sombre dimanche.
Un vent âpre et glacé
Et, soudain, sans qu’on sache
D’où le vent chassait,
Cet air de cor de chasse…

****

Berceuse

Ce lent et cher frémissement,
C’est la pluie douce dans les feuilles.
Elle s’afflige et tu l’accueilles
Dans un muet enchantement.
Le vent s’embrouille avec la pluie,
Tu t’exaltes ; moi, je voudrais
Mourir dans ce murmure frais
D’eau molle que le vent essuie !

C’est la pluie qui sanglote, c’est
Le vent qui pleure, je t’assure…
Je meurs d’une exquise blessure
Et tu ne sais pas ce que c’est

****

Ce n’est pas lui dont parfois, à la brune,
Le faible appel s’étend,
Au fond des bois, sur les étangs ;
Ce n’est pas lui qui rôde à travers la nuit brune,
Ce n’est pas lui que l’on entend
Fouler d’un pied léger le sable de la dune
Ou marcher à grands pas, au bord de l’eau qui fume,
Comme dans les récits d’antan.
Il n’a jamais voulu qu’être où il ne put être,
Si loin et si près à la fois
Que tu ne parviendrais pas à le reconnaître
Mais s’il savait, qu’en bas, sous ta fenêtre,
Il n’aurait, sans changer de voix,
Qu’à fredonner pour te voir apparaître :
« Beau chevalier » il volerait vers toi.
Les morts ne dorment point tous étendus sous terre.
Certains qu’on n’a pas inhumés,
Reviennent fréquemment la nuit, en grand mystère,
Hanter les lieux qu’ils ont aimés.
On les a pourtant vus tomber dans la bataille
Ou se traîner par les chemins,
Comme Renaud qui, perdant ses entrailles,
Les retenait à pleines mains.
Pour un Renaud, il en est cent, Sylvie,
Qui, vous quittant, auraient perdu la vie
Et le sachant, ne vous l’avoueraient pas.
C’est un grand mal dont on ne doit point rire :
Tout homme n’a que ce mal, ici-bas,
Pour se ruer au plus fort des combats
Avec le nom, sur ses lèvres de cire,
De celle pour qui son cœur bat.

Dans ces quelques poèmes extraits de La Bohème et mon cœur, on est loin de l’atmosphère sulfureuse qui baignera plus tard l’œuvre de Francis Carco ; mais dans le dernier poème dédié à Gérard de Nerval, et extrait de Mortefontaine, on sent poindre l’influence de François Villon.

Après 1910, peintres et écrivains délaisseront la Butte pour émigrer, à la suite de Picasso, les peintres vers Montparnasse, les poètes et écrivains vers le Quartier latin.

Intérieur

Les couples, peignoirs verts et pantalons garance,
S’appliquent à rouler au gré de la romance
Dans un tumultueux et pauvre tournoiement.

Je fume et dégoûté du moindre mouvement,
Je dédie à l’élan plaintif qui recommence,
Ô vertige, ô fadeur, ô plaisir de la danse !
Mon ennui qui voudrait se tendre atrocement.

L’alcool qui dormait s’éveille et me contemple.
L’alcool miraculeux attend qu’on ait cessé
De piétiner ce rythme au tressaut insensé,

Pour que donnant, stupide ! à tous le bon exemple
Sous le plafond crasseux et bas du mauvais temple,
S’apaise enfin ce cœur trop dur qu’on a blessé.

****

Hommage

Tes sourcils tracés au crayon,
Tes yeux que le khol illumine,
Te donnent une étrange mine
De mauvais ange et de souillon.

Le bleu pur et le vermillon
Chantent ta grâce libertine ;
Tu souris et fais la mutine
En relevant ton cotillon.

« Garde ton cœur ! » dit la romance
Mais je raille et t’offre le mien.
Quelle sera la récompense,
Lorsqu’il ne restera plus rien
À boire, au fond de la boutique
Et qu’on renverra la pratique ?

****

Le carillon

Le carillon bat dans la pluie
Méticuleuse de province.
Le carillon bat, chante et grince
Sous ma fenêtre et je t’écris :
« Il pleut. Vas-tu m’aimer longtemps ma tendre amie ? »

Je n’en sais rien. Tu n’en sais rien
Et notre amour si plein de frissons et de grâce
Pourrait mourir, comme le soleil passe,
Comme un brisement frais du vent léger s’éteint,
Sans que rien ait changé du monde et de l’espace
Sans que mon cœur en soit, hélas ! moins incertain


****

L’éventail de Marie Laurencin

Dans ce miroir incliné sur le lit,
Je vois ton corps pesant, tes belles jambes…
Le jour douteux répandu dans la chambre
Luit sourdement, partout, comme un halo.

Partout aussi c’est un parfum canaille,
C’est des frissons mêlés à des reflets
Que le miroir accueille et multiplie
Pour les jeter ensemble, pêle-mêle,

Frissons, reflets, à travers notre extase
Comme à dessein de lier à jamais
Ton souvenir, chambre étroite et maussade,
Au souvenir de celle que j’aimais…

****

Poème flou

Où va la pluie, le vent la mène
En tintant sur le toit
Et je me serrai contre toi,
Pour te cacher ma peine.

Le jardin noir aux arbres nus,
Ta petite lampe en veilleuse,
Tes souvenirs d’amoureuse
Que sont-ils devenus ?
J’écoute encor tomber la pluie :
Elle n’a plus le même bruit

****

L’ombre
A André Rousseau.


Ton ombre est couleur de la pluie,
De mes regrets, du temps qui passe,
Elle disparaît et s’efface
Mais envahit tout, à la nuit.

Sous le métro de la Chapelle,
Dans ce quartier pauvre et bruyant,
Elle m’attend derrière les piliers noirs,
Où d’autres ombres fraternelles,
Font aux passants qu’elles appellent,
De grands gestes de désespoir.

Mais les passants ne se retournent pas.
Aucun n’a jamais su pourquoi,
Dans le vent qui fait clignoter les réverbères,
Dans le vent froid, tant de mystères
Soudain se ferme sur ses pas …

Et moi qui cherche où tu peux être
Moi qui sais que tu m’attends là,
Je passe sans te reconnaître.
Je vais et viens toute nuit,
Je marche seul comme autrefois,
Et ton ombre, couleur de pluie
Que le vent chasse à chaque pas,
Ton ombre se perd dans la nuit
Mais je la sens tout près de moi…

*****

Cependant tu n’étais qu’une fille des rues,
Qu’une innocente prostituée,
Comme celle qui apparût,
Dans le quartier de Whitechapel,
Un soir, à Thomas de Quincey
Et qu’il chercha plus tard, sans jamais la trouver,
De porche en porche et d’hôtel en hôtel

Il le raconte dans un livre.

C’est là, pour la première fois, que je t’ai rencontrée.
Tu étais lasse et triste, comme les filles de Londres,
Tes cheveux conservaient une odeur de brouillard
Et, lorsqu’ils te voyaient à la porte des bars,
Les dockers ivres t’insultaient
Ou t’escortaient dans la rue sombre.

Je n’ai pas oublié l’effet que tu me fis
Dans ce livre désespéré,
Ni le vent, ni la pluie, ni le pavé qui luit,
Ni les assassins dans la nuit,
Ni les feux des estaminets,
Ni les remous de la Tamise
Entre ses mornes parapets…
Mais c’est après bien des années
Qu’une qui te ressemblait
Devait, le long des maisons grises,
Me faire signe et m’accoster.

*****

Ce n’est pas toi. C’est tout ce que tu me rappelles :
Comme j’étais triste avant de te connaître,
Comme je m’enfonçais, avec délices, dans ma tristesse.
En marchant dans les rues, en entrant dans les bars,
En suppliant la nuit les ombres de parler,
Sans cesser d’errer et d’aller…

Mais partout il était trop tard.

Un air d’accordéon s’achevait en hoquet.
On décrochait, l’une après les lumières
Et le passant à qui je demandais du feu,
Me tendait un cigare éteint.
Où me portaient mes pas, c’était la même histoire.
J’allais toujours vers les sifflets des trains,
Sur un grand boulevard trouble et peuplé de fantômes.
Là, j’attendais je ne sais qui, je ne sais quoi…
Mais les trains passaient en hurlant
Et cette attente avait l’air d’un départ.

Tu es venue pour t’en aller.
Je t’ai pourtant conduite en ces lieux désolés
Et tu m’as dit : « Quoi que tu fasses,
C’est moi, dorénavant, que tu verras parmi tous ces fantômes.

Tu me sentiras près de toi,
Tu penseras que je suis morte
Et jamais tu ne m’oublieras »

*****

Une autre fois, dans ce quartier sinistre,
Nous nous sommes assis sur un banc, à la nuit,
Et le vent qui chassait la pluie,
Les globes des hôtels meublés,
Les marlous aux chandails humides,
Les filles qui nous regardaient,
Accumulaient, autour de nous, les maléfices
Dont le cercle se rapprochait.
Alors tu t’es mise à pleurer,

A m’expliquer sans élever la voix,
Qu’un jour tu me délivrerais
De ces larves qui sont en moi…
Tu parlais et la pluie tombait.
C’était la pluie qui te faisait pleurer,
Comme un chagrin que rien n’apaise,
Comme une peine inconsolée.

Et la ronde des ombres et des feux des maisons
Tournait infatigablement
Avec ses voyous et ses filles,
Ses bars, où les phonos grinçaient,
En nous jetant quelquefois, par la porte,
Comme l’appel d’une voix morte…

La ronde que rien ne lassait

Tournait et m’emportait, avec toi qui est morte,
Tourne et m’emporte encore, avec tout mon passé,
Hors du temps, hors du monde, hors de tout ce qui est
Ou qui n’est pas, mais que toi, dans l’ombre, tu sais…


Liens à écouter


http://youtu.be/1mLfDKqw9YY le doux caboulot
http://youtu.be/NNhTrzMG1Qs Carco par J. ferrat
http://youtu.be/EX3xHbroS5A Chanson tendre
http://youtu.be/MTzZDhKgV5w le musée

http://youtu.be/RVwDegkY8dg pleutmorte fontaine
http://youtu.be/EQiktaukMzA Morte fontaine
http://youtu.be/DJQxb1127bo poème triste V. Ambroise





Photos
https://si0.twimg.com/profile_images/1812283566/image.jpg 500X313
http://www.parisrevolutionnaire.com/I ... 4_Lapin_Agile_02_mini.jpg 500X373
http://www.geocities.ws/cyberdramaturg/picasso/lapinagile.jpg 499X341 lapin agile
http://farm3.static.flickr.com/2071/2485882826_a4318a72ed.jpg 500X375
http://www.geocities.ws/cyberdramaturg/picasso/lapinagile.jpg


Attacher un fichier:



jpg  2485882826_a4318a72ed.jpg (232.49 KB)
3_51a21819b4399.jpg 500X375 px

jpg  Carco_Francis_06_mini.jpg (16.18 KB)
3_51a2184092d13.jpg 250X333 px

jpg  Carco-1930.jpg (158.81 KB)
3_51a2185676f9a.jpg 431X749 px

jpg  6a00d83451c3b369e200e553ba00dd8834-800wi.jpg (119.11 KB)
3_51a21867e3a8d.jpg 800X600 px

jpg  00310-carco_jesus_1ere.jpg (130.62 KB)
3_51a21875b74f7.jpg 649X965 px

Posté le : 26/05/2013 16:13
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


PIerre Daninos
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 Mai 1913 naît Pierre Daninos


Né à Paris Pierre Daninos commence une carrière de journaliste dès 1931.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Daninos participe à la bataille de France jusqu’à Dunkerque où il est agent de liaison avec l’armée britannique.
Après l’armistice et la capitulation, il s’exile au Brésil à Rio où il publie son premier roman, Le Sang des hommes en 1940.
De retour à Paris, il fréquente les milieux littéraires et reprend sa profession d’avant-guerre, le journalisme, collaborant notamment au Figaro.

Après avoir publié plusieurs ouvrages, il reçoit le prix Interallié pour "Les Carnets du Bon Dieu", en 1947.
Le prix Courteline couronne "Sonia, les autres et moi" en 1952.
Son plus grand succès est Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954), présentés comme les carnets d’un major anglais dont Daninos ne serait que le traducteur et jouant sur le décalage existant entre la France et l’Angleterre.
Ce journaliste français connut un succès phénoménal en 1954 avec la parution des Carnets du major Thompson, oeuvre qu’il poursuivit ensuite en plusieurs volumes jusqu’en 2000.

A travers le regard du britannique Thompson, Daninos se moque sans méchanceté des travers des Français et des Britanniques : l’oeuvre se vendit à plusieurs millions d’exemplaires et fut traduite en de nombreuses langues.
Pierre Daninos fut une figure centrale de la vie littéraire des années 50 et 60. On lui doit évidemment d’autres ouvrages comme le Jacassin, Snobissimo...

Il y eut une adaptation cinématographique, due à Preston Sturges en 1955, sous le titre The French, They Are a Funny Race. Daninos publiera entre 1955 et 2000 quatre autres volumes du major Thompson.
En 1962, Pierre Daninos publie "Le Jacassin", puis en 1964 "Snobissimo".

En juin 1967, Pierre Daninos échappe de peu à la mort suite à un accident automobile.
Il était au volant de sa Daimler, lorsque, de retour d'un banquet d'anciens combattants, il fut percuté par le général Jean Noiret, né en 1902, frère du général Roger Noiret , qui avait pris l'autoroute à contresens. Daninos resta longtemps dans le coma, ce qui lui fournit le sujet pour son ouvrage Le Pyjama (1972).

Il a également publié Un certain M. Blot (1960), consacré à un Français moyen qui passe de l'anonymat à la célébrité en gagnant un concours visant à désigner l'idéal du Français moyen, des ouvrages satiriques , La Galerie des glaces (1983) ou La France dans tous ses états (1985) et Les Carnets du Bon Dieu (1947).
Son frère Jean Daninos est l'industriel qui, passionné d'automobiles, a créé en 1954 la toute dernière marque française de voitures de prestige et de sport Facel Vega.

Il repose aujourd'hui dans un certain anonymat sous une dalle difficile à trouver, son identité gravé dans la pierre étant très peu lisible.


Son oeuvre centrale " Les carnets du major Thompson"

L'exentrique et facétieux Pierre Daninos obsverva scrupuleusement, comme nous le disons aujourd'hui, il regarda la France "au fond des yeux", ne nous épargnant rien de son humour acerbe mais juste et souvent "bonhomme"malgré tout.
"Les Carnets" connaissent un immense succès et sont traduits dans vingt-sept pays.
Rien qu'en France, ils ont été tirés à 1,19 million d'exemplaires dont plus de 300.000 dans Le Livre de Poche.
Grâce à ce personnage d'officier qui raconte ses histoires avec la France et les Français, l'écrivain et journaliste pose un regard plein d'humour et d'ironie sur les travers de ses compatriotes.
En 1962, Pierre Daninos publie "Le Jacassin", puis en 1964 "Snobissimo".
Retour sur une oeuvre "so british" et cependant terriblement Française

Le critique dirait :
"Si j'ose parler d'eux franchement, c'est que je les aime autant qu'ils aiment la reine d'Angleterre." C'est en ces termes que, le 15 janvier 1954, sir William Marmaduke Thompson - ou, plus simplement, le major Thompson - s'exprimait dans Le Figaro au sujet des Français. Mais, derrière la fine moustache de cet ancien officier britannique, se cachait un drôle de loustic : Pierre Daninos (1913-2005). Avec ce génial canular, cet écrivain aujourd'hui un peu oublié avait imaginé un formidable personnage de fiction, dont il consigna les avis et pérégrinations pendant plus de quarante ans. On retrouve ses aventures dans deux gros volumes compilant d'autres romans (Un certain monsieur Blot), traités (ah ! Snobissimo et Le Jacassin !) et, surtout, les quatre tomes des Carnets du major Thompson.

En 1953, le directeur du Figaro, Pierre Brisson, eut l'idée saugrenue et géniale de confier une chronique décalée à Daninos, journaliste renommé et auteur de plusieurs romans (dont Les Carnets du bon Dieu, prix Interallié 1947). Non sans malice, celui-ci décalqua le procédé des Lettres persanes de Montesquieu avec un Anglais au-delà de la caricature - un lecteur du Times à chapeau melon -, observant les moeurs et le caractère des Français, à travers des comparaisons plus ou moins loufoques.

Un gentleman qui joue les sociologues avec les Français
Après avoir écumé le Pakistan, l'Inde et l'immémoriale Mésopotamie, le major Thompson décide de jouer les sociologues avec les Français - il faut dire que ce veuf a épousé en secondes noces l'une des nôtres, Martine. D'autres personnages reviennent souvent dans le quotidien de ce parfait gentleman : le couple Taupin, M. Pochet ou encore le colonel Turlot...

Ah ! admirable pays de la gastronomie et de l'"hospitalité" ("les gens les plus hospitaliers du monde, pourvu que l'on ne veuille pas entrer chez eux"), du système D, et des conducteurs rouspéteurs, des vignobles d'exception et des miracles inexpliqués ! La France reste une terre de mystères pour l'ami Marmaduke. S'il n'a de cesse de chanter les louanges de la coquetterie féminine locale, certains faits dépassent sa raison so british. A commencer par la coupure de la France en deux : "fonctionnaires, qui assurent passer toujours après les autres et être traités par-dessous la jambe ; non-fonctionnaires, qui prétendent que tout le mal vient des fonctionnaires".

On prend un plaisir fou à redécouvrir la IVe République à travers Les Carnets du major Thompson (qui inspirèrent un long-métrage à Preston Sturges) et Le Secret du major Thompson ; on goûte encore mieux la verve de Daninos dans Le Major tricolore. Et pour cause : imaginez un instant ce qu'un Anglais ancré dans la tradition (mais qui, contrairement à ses compatriotes, apprécie le Général) peut penser de la France de mai 1968... "Il faudrait un expert en psychosociologie [...] pour expliquer comment un peuple heureux, en tout cas l'un des plus heureux de tous les peuples, et celui qui possède le meilleur art de vivre, a pu, par un penchant morbide pour les enquiquinements, se plonger lui-même dans le chaos."

Mais les années passent, et l'amertume pointe dans les Derniers Carnets, parus en 2000 en forme de testament. Ils se terminent sur ces mots : "A tout prendre, je préfère le toujours à l'encore, qui semble vouloir dire : "ça suffit." C'est bon. J'arrête."


Ses Citations

Parmi les citations les plus connues de Pierre Daninos on relève :

"Cartes postales : représentation idéale des lieux destinée à impressionner le destinataire en faisant mentir l'expéditeur",

"As de pique : des quatre as, le plus mal fichu" ("Le Jacassin"),

"Les Anglais ont appris au monde la façon de se tenir correctement à table. Mais ce sont les Français qui mangent" ("Les carnets du major Thompson").

Les grandes personnes ne sont que des enfants déguisés".

"Caméra: merveilleux instrument de tourisme auquel le voyageur fait voir le pays avant de le voir lui-même."

"La cuisine de l'Angleterre est à son image: entourée d'eau."

"Le cerveau, comme le parachute, doit être ouvert pour fonctionner."

"Eureka: exclamation poussée par Archimède en sortant du bain et repoussée par les historiens sérieux."

« Nous étions au bord de l’abîme, mais depuis, nous avons fait un grand pas en avant. »
de Pierre Daninos

« Les hommes mettent dans leur voiture autant d'amour-propre que d'essence. »
de Pierre Daninos
Extrait du Vacances à tous prix Plus sur cette citation

« La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions. »
de Pierre Daninos
Extrait du Les carnets du major Thompson Plus sur cette citation

« Air - Quoique personne ne sache exactement ce qu’est le fond de l’air, tout le monde en parle, en général pour le trouver frais. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Autruche - Seul animal officiellement doué de sens politique. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Savoir si l’on aimerait mieux mourir de faim ou de soif est une question qui apparemment plaît toujours. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Asperge - Légume utilisé comme mesure de grandeur. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« On notera qu’en politique comme ailleurs, on ne dit “la confiance règne” que si elle ne règne pas. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Verre d’eau - Quantité de liquide dans laquelle les autres se noient. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Maîtresse - Un homme politique digne de ce nom n’en a jamais qu’une seule. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Milieux - Ceux dont on parle sont toujours autorisés, ou généralement bien informés. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« As de pique - Des quatre as, le plus mal fichu. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Bout de la langue - Sert à mettre les mots que l’on ne trouve pas. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Botte - Souvent secrète au singulier ; au pluriel, on n’en fait plus guère mais on ne les en lèche pas moins. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Chauffards - Nom des automobilistes qui vous doublent. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin


« Folle - Ce qu’une femme croit qu’elle va devenir si elle ne retrouve pas son sac. »
de Pierre Daninos

« Nous étions au bord de l’abîme, mais depuis, nous avons fait un grand pas en avant. »
de Pierre Daninos

« Les hommes mettent dans leur voiture autant d'amour-propre que d'essence. »
de Pierre Daninos
Extrait du Vacances à tous prix Plus sur cette citation

« La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions. »
de Pierre Daninos
Extrait du Les carnets du major Thompson Plus sur cette citation

« Air - Quoique personne ne sache exactement ce qu’est le fond de l’air, tout le monde en parle, en général pour le trouver frais. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Autruche - Seul animal officiellement doué de sens politique. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Savoir si l’on aimerait mieux mourir de faim ou de soif est une question qui apparemment plaît toujours. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« On notera qu’en politique comme ailleurs, on ne dit “la confiance règne” que si elle ne règne pas. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Verre d’eau - Quantité de liquide dans laquelle les autres se noient. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Maîtresse - Un homme politique digne de ce nom n’en a jamais qu’une seule. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Milieux - Ceux dont on parle sont toujours autorisés, ou généralement bien informés. »

« As de pique - Des quatre as, le plus mal fichu. »
Soyez le premier à ajouter cette citation à vos favoris

« Bout de la langue - Sert à mettre les mots que l’on ne trouve pas. »

« Botte - Souvent secrète au singulier ; au pluriel, on n’en fait plus guère mais on ne les en lèche pas moins. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Conscience universelle - On en appelle d’autant plus à elle que l’on est sûr qu’elle ne répondra pas. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Vessies - Personne n’en a jamais vu qui ressemblent à des lanternes, mais tout le monde en parle. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin

« Cyniques - Se disent des gens qui disent tout haut ce que nous pensons. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

« Civisme - On en attend toujours un peu de la part de beaucoup qui n’en montrent aucun. »
de Pierre Daninos
Extrait du Le Jacassin Plus sur cette citation

De tous les pays du monde, la France est peut-être celui où il est le plus simple d'avoir une vie compliquée et le plus compliqué d'avoir une vie simple.

En France, où l'on brille par la parole, un homme qui se tait, socialement se tue. En Angleterre, où l'art de la conversation consiste à savoir se taire, un homme brille par son côté terne.
Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954)

Folle: Ce qu'une femme croit qu'elle va devenir si elle ne retrouve pas son sac.
Le Jacassin

Il n'est pas interdit de penser que si l'Angleterre n'a pas été envahie depuis 1066, c'est que les étrangers redoutent d'avoir à y passer un dimanche.
Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954)

Il y a deux sortes de Français: les à-pieds et les en-voiture.

L'intelligence, en Angleterre, est plus appréciée comme service que comme qualité.

L'une des choses que j'apprécie le plus quand je voyage à l'étranger, c'est de penser que je vais retourner en France.

La France est divisée en 43 millions de Français... La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions.
Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954)

La France? Une nation de bourgeois qui se défendent de l'être en attaquant les autres parce qu'ils le sont.

Le cerveau, comme le parachute, doit être ouvert pour fonctionner.

Le Français? Un être qui est avant tout le contraire de ce que vous croyez.
Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954)

Le miracle est, avec la vigne, l'une des principales cultures de la France.
Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954)

Le privilège de l'Anglais est de ne comprendre aucune autre langue que la sienne. Et même s'il comprend, il ne doit en aucun cas s'abaisser à le laisser croire.
Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954)

Les Anglais ont appris au monde la façon de se tenir correctement à table. Mais ce sont les Français qui mangent.

Les Français ont une telle façon gourmande d'évoquer la bonne chair qu'elle leur permet de faire entre les repas des festins de paroles.

Les hommes mettent dans leur voiture autant d'amour-propre que d'essence.

Mieux vaut une bonne nuit avec un somnifère qu'une mauvaise sans.



Ses Publications

1940 : Le Sang des hommes
1945 : Méridiens
1946 : Eurique et Amérope
1946 : Passeport pour la nuit ou le Roi-Sommeil
1947 : Les Carnets du Bon Dieu
1949 : L’Éternel Second
1952 : Sonia, les autres et moi
1953 : Comment vivre avec ou sans Sonia
1954 : Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson
1956 : Le Secret du major Thompson
1958 : Tout l’humour du monde
1958 : Vacances à tous prix, dessins de Jacques Charmoz
1960 : Un certain M. Blot
1962 : Le Jacassin, nouveau traité des idées reçues, folies bourgeoises et automatismes
1963 : Daninoscope
1964 : Snobissimo ou le Désir de paraître
1966 : Le 36e dessous
1970 : Sept variations sur le thème de la soif
1970 : Ludovic Morateur ou le Plus que parfait
1972 : Le Pyjama
1973 : Les Nouveaux Carnets du major W. Marmaduke Thompson
1974 : Les Touristocrates
1976 : La Première Planète à droite en sortant par la Voie lactée
1977 : Made in France
1979 : La Composition d’histoire
1981 : Le Veuf joyeux
1983 : La Galerie des glaces
1984 : Auto-mémoires
1985 : La France dans tous ses états - éditeur : Hachette - (ISBN 2010088484)
1986 : La France prise aux mots - éditeur : Calmann-Lévy
1988 : Profession : écrivain - éditeur : Hachette - (ISBN 9782010109003)
1988 : Roland Garros 88 - éditeur : Hachette - (ISBN 9782851085382)
1992 : Candidement vôtre - éditeur : Le Pré aux clercs - (ISBN 2714428924)
1993 : 40 ans de vacances - éditeur : Hachette - (ISBN 2010207769)
1999: Ah, vous écrivez toujours ! - éditeur : Dauphiné Libéré (Veurey) - (ISBN 2911739183)
2000 : Les Derniers Carnets du major Thompson - éditeur : Plon - (ISBN 9782259193733)
En collaboration avec d'autres auteurs :
1950 : Savoir-vivre international, Code de la susceptibilité et des bons usages à travers le monde
1953 : Le Tour du monde du rire
1958 : Tout l’humour du monde
1969 : Le Pouvoir aux enfants

http://youtu.be/cYKMOsusm-Q interview




[img width=600]http://www.bibliexpo.com/uploads/images/article_vialatte(1).png[/img]

Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Attacher un fichier:



jpg  snob.jpg (509.40 KB)
3_51a20ea38b70b.jpg 1048X1600 px

jpg  5454908863_960733f6e4_z.jpg (166.22 KB)
3_51a20f9b60c60.jpg 388X640 px

jpg  libreriaweb-los-cuadernos-del-mayor-thompson-daninos-pierre_MLA-F-2882163172_072012.jpg (177.60 KB)
3_51a20fa84dd36.jpg 900X1200 px

jpg  RO70104902.jpg (90.15 KB)
3_51a20ff6f36a2.jpg 915X625 px

jpg  pierre-daninos-carnets-major-thompson.jpg (82.15 KB)
3_51a21005b9243.jpg 300X225 px

jpg  the-notebooks-of-major-thompson.jpg (64.52 KB)
3_51a21016dc19e.jpg 450X590 px

jpg  70.jpg (38.65 KB)
3_51a2102a8a927.jpg 438X267 px

jpg  089_001.jpg (121.11 KB)
3_51a21062e1526.jpg 999X1257 px

jpg  cover-SONIA-LES-AUTRES-ET-MOI-OU-LE-DICTIONNAIRE-Pierre-Daninos.jpg (45.98 KB)
3_51a21073cf4e3.jpg 362X500 px

jpg  9782877067829.jpg (42.78 KB)
3_51a21086d1483.jpg 400X601 px

jpg  RO90077385.jpg (30.11 KB)
3_51a2109df274e.jpg 402X616 px

jpg  Ectac.Pierre-Daninos.01.jpg (9.45 KB)
3_51a210d0b0eea.jpg 293X415 px

Posté le : 26/05/2013 15:42
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Maurice Carème
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 12 Mai 1899 naît Maurice Carème poète Belge



Maurice Carême est né le 12 mai 1899, rue des Fontaines, à Wavre, dans une famille modeste. Son père, Joseph, est peintre en bâtiment ; sa mère, Henriette Art, tient une petite boutique où les gens humbles du quartier viennent faire leurs menus achats. Une sœur aînée, Joséphine, est morte âgée d’un jour en 1898 ; une autre sœur, Germaine, naîtra en 1901 ; deux frères : Georges, en 1904 ; Marcel, en 1907. Ce dernier mourra à l’âge de huit mois.

Maurice Carême passe à Wavre une enfance campagnarde si heureuse qu’elle sera une des sources d’inspiration de son œuvre. Il fait des études primaires et secondaires dans sa ville natale.

En 1914, il écrit ses premiers poèmes, inspirés par une amie d’enfance, Bertha Detry, dont il s’est épris. Elève brillant, il obtient, la même année, une bourse d’études et entre à l’Ecole normale primaire de Tirlemont. Son professeur, Julien Kuypers, l’encourage à écrire et lui révèle la poésie française du début du XXe siècle. C’est à Tirlemont également que Maurice Carême découvre les grands poètes de Flandre.

Il est nommé instituteur en septembre 1918 à Anderlecht-Bruxelles. Il quitte Wavre pour s’installer dans la banlieue bruxelloise. L’année suivante, il dirige une revue littéraire, Nos Jeunes, qu’il rebaptise en 1920 La Revue indépendante. Il noue alors ses premiers contacts littéraires et artistiques, avec Edmond Vandercammen en 1920 et, en 1926, avec le peintre Felix De Boeck. Il épouse en 1924 une institutrice, Andrée Godron, Caprine, originaire de Dison.

Son premier recueil de poèmes, 63 Illustrations pour un jeu de l’oie, paraît en décembre 1925. Entre 1925 et 1930, il est fasciné par les mouvements surréalistes et futuristes. Il publie, en 1926, Hôtel bourgeois, en 1930, Chansons pour Caprine où apparaissent les reflets d’une vie sentimentale assez douloureuse, puis, en 1932, Reflets d’hélices. Mais, au moment de cette publication – sans doute la plus marquée par les écoles littéraires de l’époque – il a déjà pris ses distances vis-à-vis d’elles.

Il a fait, en 1930, une découverte qui va s’avérer essentielle pour toute sa démarche poétique – voire romanesque – celle de la poésie écrite par les enfants. C’est, pour Maurice Carême, une remise en question fondamentale au cours de laquelle il revient à une grande simplicité de ton. Il publie d’ailleurs deux essais consacrés à ces textes d’enfants dont il fut l’éveilleur : en 1933, Poèmes de gosses et Proses d'enfants, en 1936.

Il fut avec Géo Norge, Pierre Bourgeois, Georges Linze, Claire et Yvan Goll, André Salmon, Edmond Vandercammen, René Verboom, etc. l’un des fondateurs du Journal des poètes, en 1931. En 1933, il termine des études de déclamation au Conservatoire de Bruxelles, dans la classe de Madeleine Renaud-Thévenet. Il obtient un Premier prix. La même année, il fait construire, avenue Nellie Melba, à Anderlecht, la Maison blanche, à l’image des maisons anciennes de son Brabant. Elle deviendra, en 1975, le siège de la Fondation Maurice Carême et le Musée Maurice Carême, en 1978.

Le recueil Mère paraît en 1935. La simplicité profonde des vers lui vaut d’être remarqué par de nombreux critiques littéraires parisiens, dont celui du Mercure de France. L’œuvre reçoit, en 1938, le Prix Triennal de poésie en Belgique et inspire à Darius Milhaud sa Cantate de l’enfant et de la mère, Première mondiale au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le 18 mai 1938.

En 1943, Maurice Carême quitte l’enseignement pour se consacrer entièrement à la littérature. Il se lie la même année avec Jeannine Burny pour laquelle il écrit La bien-aimée en 1965. Secrétaire du poète jusqu’à la mort de celui-ci, elle préside à présent la Fondation Maurice Carême.

En 1947, paraît La lanterne magique. L'impact sur la jeunesse est immédiat. Les enfants se reconnaissent littéralement dans cette oeuvre. Rapidement, le nom de Maurice Carême se voit associé grâce à cet aspect de l'oeuvre à celui de poète de l'enfance.

De nombreuses œuvres paraissent et sont couronnées par des prix littéraires en Belgique et à l’étranger : Prix Victor Rossel, 1948, Prix de l’Académie française, 1949 et 1954, Prix international Syracuse, 1950, Prix populiste de poésie, 1951, Médaille de la Ville de Sienne, 1956, Prix Félix Denayer, 1957, Prix de la poésie religieuse, 1958, Prix du Président de la République française, 1961, Prix de la Province de Brabant, 1964, Prix de la traduction néerlandaise, 1967, Grand Prix international de poésie, France, 1968), Prix européen, Italie, 1976 etc.

Les années 1950-1951 sont marquées pour Maurice Carême par une nouvelle remise en question de son art. Il tente d’allier la simplicité complexe de ses vers à la magie de l’image. "Ymagier", comme on l'a dénommé dès les années 1930, il va opérer cette véritable alchimie poétique grâce à des images dont l’adéquation au texte sera telle qu’on ne verra plus de celui-ci que la nudité transparente.

A la Pentecôte 1954, Maurice Carême fait un premier séjour à l’abbaye d’Orval. C’est le début d’une période d’intense créativité, doublée d’une patiente mise au point de l’œuvre, qui ne s’interrompra qu’avec la mort. A Orval, il écrit Heure de grâce qui paraît en 1957. Maurice Carême approfondit la lecture des grands mystiques, des philosophes, des sages de l’Inde, de la Chine, se penche sur le Zen, reprend les œuvres de Teilhard de Chardin, de Rabindranath Tagore. Il fera dix-sept séjours à Orval de 1954 à 1970, mais il écrit aussi dans le Brabant particulièrement dans la région wavrienne, son lieu privilégié d’inspiration, devant la Mer de Nord à Coxyde, dans l’appartement du peintre Henri-Victor Wolvens, et à Heyst.

Le 9 mai 1972, il est nommé Prince en poésie à Paris. Pendant les six années qui lui restent à vivre, il part écrire durant l’été en France, publie quatorze recueils de poèmes, un roman fantastique : Médua, un choix de traductions des poètes de Flandre. Trois anthologies de ses poèmes paraissent, plusieurs disques sont gravés.

Il crée le 4 décembre 1975 la Fondation Maurice Carême, fondation d’utilité publique.

Il meurt le 13 janvier 1978 à Anderlecht laissant onze œuvres inédites parmi les plus graves qu’il ait écrites.

Il est enterré à Wavre dans un lieu où il a joué, enfant, Mausolée Maurice Carême.

L’œuvre de Maurice Carême comprend plus de quatre-vingts recueils de poèmes, contes, romans, nouvelles, essais, traductions. Elle n'a cessé de fasciner les musiciens tant les compositeurs que les chansonniers. De nombreuses anthologies de ses poèmes ont été publiées. Des essais, des disques, des films, des DVD lui sont consacrés. L’œuvre, couronnée par de nombreux prix littéraires, est traduite dans le monde entier et mise en musique par plus de trois cents musiciens. Un colloque consacré à son œuvre et réunissant des personnalités littéraires, artistiques et universitaires de Belgique, de Bulgarie, de l’Equateur, de France, de Hongrie, du Japon, de Pologne, de Roumanie, s’est tenu à Bruxelles, en novembre 1985, sous l’égide de la Commission française de la Culture de l’Agglomération de Bruxelles et de la Fondation Maurice Carême.


Poèmes






L'ENFANT

A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc

On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.

Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?

Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais
D'où il voyait toute la mer.

MER DU NORD


LA FILLETTE ET LE POEME

"Le poème, qu'est-ce que c'est ?
M'a demandé une fillette :
Des pluies lissant leurs longues tresses,
Le ciel frappant à mes volets,
Un pommier tout seul dans un champ
Comme une cage de plein vent,
Le visage triste et lassé
D'une lune blanche et glacée,
Un vol d'oiseaux en liberté,
Une odeur, un cri, une clé ?"

Et je ne savais que répondre
Jeu de soleil ou ruse d'ombre ? -
Comment aurais-je su mieux qu'elle
Si la poésie a des ailes
Ou court à pied les champs du monde ?

ÊTRE OU NE PAS ÊTRE



IL OFFRAIT DU COEUR

Donc, il offrait du coeur
Avec un tel sourire
Qu'on s'empressait d'ailleurs
En tous lieux de le dire.

On en voulait partout,
Mais on finit pourtant
Par se demander où
Il en trouvait autant.

Et il riait dans l'ombre.
C'était son propre coeur
Vaste comme le monde
Qu'il offrait à la ronde,

Offrait pour un sourire
Qui répondait au sien,
Offrait rien que pour dire
Aux gens : "Portez vous bien"

DÉFIER LE DESTIN

LA BISE

" Ce sont des feuilles mortes ",
Disaient les feuilles mortes
Voyant des papillons
S'envoler d'un buisson.

" Ce sont des papillons ",
Disaient les papillons
Voyant des feuilles mortes
Errer de porte en porte.

Mais la bise riait
Qui déjà les chassait
Ensemble vers la mer.

PETITES LÉGENDES



A FORCE D'AIMER

A force d'aimer
Les fleurs, les arbres, les oiseaux,
A force d'aimer
Les sources, les vals, les coteaux,
A force d'aimer
Les trains, les avions, les bateaux,
A force d'aimer
Les enfants, leurs dés, leurs cerceaux,
A force d'aimer
Les filles penchées aux rideaux,
A force d'aimer
Les hommes, leur rage de ciel,
A force d'aimer
Il devint, un jour, éternel

L'ENVERS DU MIROIR



L’ARTISTE

Il voulut peindre une rivière ;
Elle coula hors du tableau.

Il peignit une pie grièche ;
Elle s’envola aussitôt.

Il dessina une dorade ;
D’un bond, elle brisa le cadre.

Il peignit ensuite une étoile ;
Elle mit le feu à la toile.

Alors, il peignit une porte
Au milieu même du tableau.

Elle s’ouvrit sur d’autres portes,
Et il entra dans le château.

ENTRE DEUX MONDES




QUAND LES CHEVAUX RENTRENT TRÈS TARD

Il arrive que, rentrant tard
Par les longues routes du soir,
Les chevaux tout à coup s'arrêtent,
Et, comme las, baissent la tête.
Dans le charette, le fermier
N'esquisse pas le moindre geste
Pour les contraindre à se presser.
La lune, sur les blés jaunis,
Vient lentement de se lever,
Et l'on entend comme le bruit
D'une eau qui coule dans l'été.
Quand les chevaux rentrent très tard,
Le fermier ne sait pas pourquoi,
Le long des routes infinies,
Il les laisse avidement boire
Aux fontaines bleues de la nuit.

BRABANT



SIMPLE VIE

C'est du soir en fruit,
De la nuit en grappe
Et le pain qui luit
Au clair de la nappe.

C'est la bonne lampe
Qui met, sur les fronts
Rapprochés en rond
Sa joie de décembre.

C'est la vie très simple
Qui mange en sabots,
C'est la vie des humbles :
Sourire et repos.

LA FLÛTE AU VERGER



LA PEINE


On vendit le chien, et la chaîne,
Et la vache, et le vieux buffet,
Mais on ne vendit pas la peine
Des paysans que l’on chassait.

Elle resta là, accroupie
Au seuil de la maison déserte,
A regarder voler les pies
Au-dessus de l’étable ouverte.

Puis, prenant peu à peu conscience
De sa forme et de son pouvoir,
Elle tira d’un vieux miroir
Qui avait connu leur présence,

Le reflet des meubles anciens,
Et du balancier, et du feu,
Et de la nappe à carreaux bleus
Où riait encore un gros pain.

Et depuis, on la voit parfois,
Quand la lune est dolente et lasse,
Chercher à mettre des embrasses
Aux petits rideaux d’autrefois.

PETITES LEGENDES



L'OR

Il lui offrit un collier d'or.
Elle voulut encor
Des gants, des bas, des souliers d'or,
Des robes et des manteaux d'or.
A la fin, elle eut tout en or :
Sa vaisselle, son lit, ses clés,
Ses tapis et jusqu'à la corde
A pendre son linge aux fils d'or.
Mais dans son corps,
Ne battit plus qu'un coeur en or
Insensible à tout, même à l'or.

FIGURES



PARTOUT ON TUE

A quoi servirait-il de fuir ?
Partout on tue, on incarcère.
Le monde est lassé à mourir
De tant de haines et de guerres.

Et l’on a beau scruter le ciel,
Chercher derrière les nuages
Une lueur providentielle,
Rien que la nuit, que les orages.

Et l’on a beau vouloir parler
A cœur franc de ce qui nous hante.
La crainte nous serre le ventre,
Et personne n’ose parler.

Et l’on a beau vouloir crier
Qu’on a les pieds, les mains liés.
Comme personne ici ne crie,
On se tait par humilité.

DE PLUS LOIN QUE LA NUIT



POUR QUOI FAIRE ?

La vérité, mais pour quoi faire ?
Répétait chaque jour son frère.

La liberté, mais pour quoi faire ?
Demandait encore son frère.

La justice, mais pour quoi faire ?
Elle est trahie, disait son frère.

La révolte, mais pour quoi faire ?
On nous tuerait, geignait son frère.

Mais lui n’ajoutait jamais rien.
Un os peut contenter un chien.

COMPLAINTES



LE COEUR PUR


Il se contentait d'être
Heureux sans le paraître.
Et, se moquant des grands,
Il vivait comme un gueux,
Fuyait les gens sérieux
Et la gloire et l'argent.
On l'aurait volontiers
Arrêté, enfermé.

Mais quel homme au coeur pur
Ne traverse les murs

DÉFIER LE DESTIN



LES MACHINES

Les machines avaient commencé
Par rire comme des enfants
Qui semblaient vouloir amuser
Les gens de tous les continents.

Puis elles avaient tant grandi
Qu'elles étaient devenues comme
Des adolescents, puis des hommes
Précieusement munis d'outils.

Enfin, se fiant au silence
Et à la morne indifférence
De ceux qui en usaient,

Elles se mirent lentement
A devenir ces lourds géants
Qui nous broient dans leurs rets.

L'ENVERS DU MIROIR


LA MORTE

Il entendit la mort
Derrière cette porte,
Il entendit la mort
Parler avec la morte.

Il savait que la porte
Etait mal refermée
Et que, seule, la mort
En possédait la clé.

Mais il aimait la morte
Et quand il l’entendit,
Il marcha vers la porte
Et l’ouvrit. Il ne vit

Ni la mort ni la morte ;
Il entra dans la nuit
Et doucement, la porte
Se referma sur lui.

PETITES LEGENDES



PRIERE DU POETE

Je ne sais ni bêcher, ni herser, ni faucher,
Et je mange le pain que d’autres ont semé.
Mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur,
Je l’ai semé, Seigneur.

Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre,
Ni couler une vitre où se prend la lumière.
Mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur,
Je l’ai bâti, Seigneur.

Je ne sais travailler ni la soie, ni la laine,
Ni tresser en panier le jonc de la fontaine.
Mais ce qu’on peut tisser pour habiller le cœur,
Je l’ai tissé, Seigneur.

Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,
Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,
Je l’ai chanté, Seigneur.

Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds.
L’humble enfant que je fus est enfant demeuré,
Et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur,
Je vous l’offre, Seigneur.

HEURE DE GRÂCE



LA VIE

Comme il passait sur le sentier,
Il vit la vie dans un pommier,

La vie qui récoltait les pommes
Tout comme l’aurait fait un homme.

Elle riait, riait si haut
Qu’autour d’elle tous les oiseaux

Chantaient, chantaient si éperdus
Que nul ne s’y entendait plus.

La mort, assise au pied de l’arbre,
Aussi blanche et froide qu’un marbre,

Tenait à deux mains le panier
Où les pommes venaient tomber.

Et les pommes étaient si belles,
Si pleines de jus, si réelles

Que la mort, lâchant le panier,
S’en fut sur la pointe des pieds.

ENTRE DEUX MONDES



IL VIENDRA

" Vous verrez, dit-il, il viendra,
Celui qui est meilleur que moi."
Et le jour même de sa mort,
L'homme arriva plus simple encor
Et plus enclin à pardonner
Qu'on eût osé l'imaginer.
Mais à son tour, il répéta,
" Vous verrez, dit-il, il viendra,
Celui qui est meilleur que moi."

Voici deux mille ans
Qu'en ce monde en feu, on l'attend.

DÉFIER LE DESTIN



Liens

http://youtu.be/TvKoMTYlz7g Une poule sur un mur (Chanson)
http://youtu.be/g8XUPclX9hs le hibou
http://youtu.be/WgEgdJSZb90 réveil chanson
http://youtu.be/1gErvIH5ja4 l'écureil
http://youtu.be/FwIJ6ugzNxU il a neigé
http://www.youtube.com/watch?v=vUNJ_f ... e&list=PL0E796D4116DF6B20 9 chansons

Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l



Attacher un fichier:



jpg  b11_careme_verso_72dpi_rvb.jpg (161.36 KB)
3_518fb1783e69e.jpg 454X241 px

jpg  M.CarEme005.jpg (99.64 KB)
3_518fb1b6dba59.jpg 480X640 px

jpg  M.CarEme010.jpg (73.44 KB)
3_518fb1cf4a58c.jpg 421X563 px

jpg  M.CarEme003.jpg (76.81 KB)
3_518fb1dc61250.jpg 416X657 px

jpg  POEME_HOMME.jpg (48.98 KB)
3_518fb25753065.jpg 426X576 px

jpg  LA_TERRE_EST__RONDE.jpg (28.32 KB)
3_518fb26c77e2c.jpg 547X374 px

jpg  SOMVILLE_CALLIGRAMME.jpg (27.42 KB)
3_518fb278db5a3.jpg 478X680 px

jpg  POEME_LA_CUISINE.jpg (31.19 KB)
3_518fb28df0599.jpg 414X509 px

jpg  faure09.jpg (18.19 KB)
3_518fb2a494895.jpg 300X287 px

jpg  POEME_LA_MAIN_DE_MA_MERE.jpg (38.89 KB)
3_518fb2b735976.jpg 381X550 px

jpg  OISEAU.jpg (27.61 KB)
3_518fb2cc3af6f.jpg 435X506 px

jpg  LA_LIBERTE.jpg (29.59 KB)
3_518fb2da118ba.jpg 412X497 px

jpg  LE_MONDE_ETAIT_LUI.jpg (25.03 KB)
3_518fb2eb5a962.jpg 512X340 px

jpg  ipage23_1_0.jpg (21.32 KB)
3_518fb2f956851.jpg 492X349 px

jpg  CIEL.jpg (20.21 KB)
3_518fb318e18eb.jpg 521X340 px

jpg  CAREME5.jpg (18.07 KB)
3_518fb326851da.jpg 329X469 px

jpg  CAREME_22-25_ANS.jpg (9.80 KB)
3_518fb3385b666.jpg 291X389 px

Posté le : 12/05/2013 17:20
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Nelly Sachs
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 12 Mai 1970 meurt Nelly Sachs poétesse

L’auteur par date

1891 : Naissance de Nelly Sachs, le 10 décembre, à Berlin, dans une famille juive assimilée de la bourgeoisie berlinoise.
1897-1908 : Années d’études. Nelly Sachs fréquente l’école privée Dorotheen-Schule, dans le quartier de Moabit (Berlin) puis reçoit à partir de 1900, en raison d’une santé précaire, un enseignement privé à domicile. De 1903 à 1908, elle fréquente de nouveau une école privée fondée par Hélène Aubert, dont l’enseignement la marquera durablement. Dès 1908, elle commence à écrire quelques poèmes et textes en prose.
1906 : Découverte du roman de Selma Lagerlöf, La Saga de Gösta Berling.
1907 : Nelly Sachs entame une correspondance avec Selma Lagerlöf, à qui elle voue une grande admiration.
1908-1909 : Période d’intense crise psychologique, marquée par un amour malheureux pour celui qu’elle désignera plus tard dans son œuvre – lorsque, quelques années plus tard, il sera assassiné par les nazis – comme le « fiancé défunt », et auquel elle dédiera nombre de poèmes.
1910-1920 : Nelly Sachs travaille à l’écriture de nombreux sonnets ainsi que de poèmes de forme plus libre, mais de facture toujours très classique.
1921 : Parution de Légendes et récits (Legenden und Erzählungen).
1929 : Première publication de poèmes dans un périodique berlinois, Die vossische Zeitung.
1930 : Décès du père de Nelly Sachs. Elle lui consacrera un cycle de poèmes, Mélodie silencieuse (Leise Melodie, non publié).
1933-1939 : Ses poèmes paraissent dans le quotidien Berliner Tagesblatt puis, à partir de 1936, exclusivement dans des revues juives. Sont publiés ainsi deux cycles de poèmes, Mélodies de la Bible (Melodien der Bibel) et Chants de l’adieu (Lieder vom Abschied), ainsi que des pièces pour marionnettes et Chélion, une histoire d’enfance (Chelion, Eine Kindheitsgeschichte).
1939 : Son amie Gudrun Harlan se rend en Suède et intercède auprès de Selma Lagerlöf et du prince Eugène, frère du roi, pour que Nelly Sachs et sa mère puissent y trouver asile.
1940 : Le 16 mai, Nelly Sachs et sa mère arrivent par avion à Stockholm. Durant l’été, deux cycles de poèmes voient le jour, qui resteront inédits : Autour du château de Gripsholm : miniatures (Miniaturen um Schloß Gripsholm) et Élégies suédoises (Schwedische Elegien).
1941 : Rencontre avec le poète suédois Johannes Edfelt ; début d’une longue amitié. Première parution, dans une revue, de quelques poèmes de Nelly Sachs traduits en suédois.
1942 : Nelly Sachs effectue ses premières traductions de poésie suédoise.
1943-1945 : Intense période d’écriture qui marque le véritable surgissement de sa nouvelle langue poétique, et voit naître les premières œuvres dont elle acceptera la publication après la guerre, refusant alors toute réédition de ses œuvres antérieures : Épitaphes inscrites dans les airs (Grabschriften in die Luft geschrieben) et Ton corps en fumée à travers les airs (Dein Leib im Rauch durch die Luft) qui seront repris dans le recueil Dans les demeures de la mort. Composition des Élégies des traces dans le sable (Elegien von den Spuren im Sande), dont bon nombre seront également reprises, sous une forme modifiée et épurée, dans le même livre. Nelly Sachs compose aussi un poème scénique : Éli, mystère de la souffrance d’Israël (Eli. Ein Mysterienspiel vom Leiden Israels).
1946 : Rencontre avec le compositeur Moses Pergament, qui mettra en musique Eli. Écriture du cycle Chœurs après minuit (Chöre nach der Mitternacht), qui figurera dans le recueil Dans les demeures de la mort. Début du travail sur un poème scénique consacré à Abraham, sous le titre provisoire d’Homme d’Ur (Mann aus Ur).
1947 : Écriture du cycle Le coquillage murmure (Die Muschel saust) qui fera partie d’Éclipse d’étoile.
Parution, chez Aufbau-Verlag à Berlin, du recueil Dans les demeures de la mort (In den Wohnungen des Todes).
Publication d’une anthologie de poésie suédoise traduite en allemand par Nelly Sachs, sous le titre De vague et de granit (Von Welle und Granit), comprenant notamment des textes d’Edith Södergran, Dan Andersson, Karin Boye, Pär Lagerkvist, Johannes Edfelt, Gunnar Ekelöf, Olof Lagercrantz, Erik Lindegren, Karl Vennberg...
1947-1948 : Nelly Sachs découvre les conférences données par Hugo Bergmann sur les grands philosophes du judaïsme. Elle poursuit l’écriture d’Éclipse d’étoile.
1949 : Publication à Amsterdam, chez Bermann-Fischer, du recueil Éclipse d’étoile (Sternverdunkelung).
1950 : Mort de la mère de Nelly Sachs.
Nelly Sachs écrit la première partie d’un journal intitulé Lettres de la nuit (Briefe aus der Nacht) qu’elle poursuivra dans les périodes les plus difficiles ; il demeurera inédit.
Peter Huchel publie deux de ses poèmes dans la revue littéraire Sinn und Form qu’il dirige à Berlin Est : « Quand à l’approche de l’été... » (« Wenn im Vorsommer ») et « Peuples de la terre » (« Völker der Erde »).
1951 : Première parution d’Eli, en langue allemande, à Malmö (Suède), à l’initiative du germaniste allemand – et ami de Nelly Sachs – Walter A. Berendsohn.
Rencontre avec Lenke Rothmann, jeune femme peintre d’origine hongroise, survivante des camps.
1953 : Écriture du cycle En défaillance derrière les paupières (In Ohnmacht hinterm Augenlid), après un séjour en hôpital et une assez lourde opération.
1954 : L’Heure d’Endor (Die Stunde zu Endor) et Sous l’étoile polaire (Unterm Polarstern).
1956 : Écriture d’un bref texte autobiographique qui tente de dire la peur et le danger quotidiens vécus dans les dernières années à Berlin : Vie sous la menace (Leben unter Bedrohung). Ce texte paraît dans la revue Ariel (il restera le seul texte en prose de Nelly Sachs).
Achèvement du poème scénique sur Abraham commencé dix ans plus tôt, dont la version définitive s’intitule Abraham dans les déserts de sel (Abram im Salz).
1957 : Début du travail sur le poème scénique La chute de Samson traverse les millénaires (Simsom fällt durch Jahrtausende).
Nelly Sachs entame une correspondance amicale avec le jeune auteur allemand Peter Hamm.
Parution en Allemagne du recueil Et nul n’en sait davantage (Und niemand weiß weiter) et d’une seconde anthologie de poésie suédoise, Même ce soleil est sans patrie (Auch diese Sonne ist heimatlos).
En décembre, début de la correspondance avec Paul Celan.
1958 : Le jeune poète allemand Hans-Magnus Enzensberger rend visite à Nelly Sachs à Stockholm. Publication d’un recueil de Johannes Edfelt traduit du suédois par Nelly Sachs : Le Pêcheur d’ombres (Der Schattenfischer).
Création à la radio allemande d’Eli, adapté par Alfred Andersch.
1959 : Travail sur les poèmes scéniques En vain sur un bûcher (Vergebens an einem Scheiterhaufen) et Qu’est-ce qu’une victime ? (Was ist ein Opfer).
Eli, opéra de Moses Pergament, est créé à la radio suédoise.
Parution à Stuttgart (Deutsche Verlags-Anstalt) de Fuite et métamorphose (Flucht und Verwandlung).
1960 : Le prestigieux prix Droste de la ville de Meersburg est décerné à Nelly Sachs. Elle se rend en Allemagne, pour la première fois depuis son émigration en 1940, pour le recevoir. Elle ne reste pas plus d’une journée sur le sol allemand et se rend à Zurich, où elle rencontre Paul Celan (qui évoquera cette rencontre dans le poème Zürich zum Storchen), puis à Paris.
À son retour, Nelly Sachs est victime d’une profonde dépression et effectue un premier séjour en hôpital psychiatrique.
1961 : Le recueil Route vers le néant de toute poussière (Fahrt ins Staublose) paraît en Allemagne chez Suhrkamp.
Fondation du prix Nelly Sachs de la ville de Dortmund, dont elle est la première lauréate.
1962 : Nouveau séjour à l’hôpital psychiatrique. Écriture de la première partie d’Énigmes en feu (Glühende Rätsel, recueil également connu en France sous le titre Brasier d’énigmes grâce à Lionel Richard).
Parution chez Suhrkamp des poèmes scéniques réunis sous le titre Signes dans le sable (Zeichen im Sand), ainsi que d’un recueil de Gunnar Ekelöf traduit par Nelly Sachs.
1963 : Écriture de la seconde partie d’Énigmes en feu.
Parution d’un recueil du poète suédois Erik Lindegren traduit par Nelly Sachs : Car nos ailes sont notre seul nid (Weil unser einziges Nest unsere Flügel sind).
1964 : Publication des deux premières parties d’Énigmes en feu.
Réunion du groupe 47 à Sigtuna et à Stockholm : Nelly Sachs rencontre à cette occasion plusieurs des membres du groupe.
1965 : Second voyage en Allemagne pour la remise du Prix de la Paix du Syndicat du Livre allemand à Francfort. À cette occasion, premier et seul voyage de Nelly Sachs à Berlin depuis son exil forcé en 1940.
Écriture de la troisième partie d’Énigmes en feu.
1966 : Écriture de la quatrième et dernière partie d’Énigmes en feu et du long poème La quête de celle qui cherche (Die Suchende).
Le 10 décembre, Nelly Sachs se voit décerner, conjointement avec Joseph Agnon, le Prix Nobel de littérature.
1967 : Publication en France de Brasier d’énigmes et autres poèmes, traduit et préfacé par Lionel Richard (Lettres Nouvelles), ainsi que de nombreuses traductions en anglais, danois, hébreu, portugais, norvégien, suédois, espagnol, italien...
Nelly Sachs est faite citoyenne d’honneur de la ville de Berlin.
1968 : Nouveau séjour en hôpital psychiatrique.
Traductions de Nelly Sachs en japonais, coréen et hongrois.
1969 : Opération d’un cancer et long séjour à l’hôpital.
Publication de Présence à la nuit, seconde anthologie de poèmes de Nelly Sachs traduite par Lionel Richard (chez Gallimard).
Première représentation d’Eli à l’Académie des Arts de Berlin.
1970 : Paul Celan se suicide, en avril, à Paris.

1970 Nelly Sachs meurt à Stockholm, le 12 mai.

1971 : Parution des derniers poèmes de Nelly Sachs chez Suhrkamp sous le titre Partage-toi, nuit ! (Teile dich Nacht).
Notice biographique et bibliographique établie par Blandine Chapuis.



Portrait

Transfuge, septembre 2005
Nelly Sachs, une vie sous la menace
par Myriam Anissimov

En 1907, Selma Lagerlöf, célèbre romancière suédoise, future lauréate du prix Nobel 1909, reçut la lettre d’une jeune admiratrice qui venait de lire La Saga de Costa Berling. Âgée de seize ans, la demoiselle qui vivait à Berlin se nommait Nelly Sachs. Elle était l’auteur de quelques poèmes et textes en prose.
Cinquante et une années plus tard, l’Académie suédoise lui décernerait à son tour le prix Nobel de littérature, récompense qu’elle partagerait avec le romancier israélien de langue hébraïque, Samuel Joseph Agnon. Nelly Sachs était la première femme de lettres juive à recevoir cette distinction. À la noble assemblée qui venait de consacrer leurs œuvres, cette femme timide déclara, non sans arrogance : « Agnon représente l’État d’Israël. Je représente la tragédie du peuple juif. » En disant cela, elle n’avait pas voulu signifier que son œuvre était supérieure à celle d’Agnon, qu’elle n’aimait d’ailleurs pas. En prononçant cette phrase lapidaire, elle avait voulu attirer l’attention de l’assistance sur le sens qu’elle donnait à sa poésie, aux drames religieux qu’elle avait écrits. De fait, Nelly Sachs avait voué sa vie au « peuple juif assassiné », s’il m’est permis d’emprunter cette formule à Itzhak Katzenelson, le grand poète juif de langue yiddish, gazé à Auschwitz, auteur d’un chef-d’œuvre, Le Chant du peuple juif assassiné, écrit au camp de concentration de Vittel.
S’expliquant sur ses écrits, qu’elle désignait par le mot « choses » (en allemand « Sachen »), Nelly Sachs affirma : « J’ai constamment tenté d’élever l’indicible à un niveau transcendantal, afin de le rendre supportable dans cette nuit de la nuit, pour donner une idée de la sainte obscurité dans laquelle la crainte et la tristesse demeurent cachées. »
Léonie Sachs était née le 10 décembre 1891 à Berlin dans une famille juive de la bourgeoisie berlinoise assimilée, qui habitait une élégante demeure près du Tiergarten. Assez fortunés, Margarete et William, ses parents, confièrent d’abord l’éducation de leur fille unique à l’école privée Dortheen-Schule, dans le quartier de Moabit.
À cause de sa santé délicate, Nelly reçut à partir de 1900 les leçons de précepteurs à domicile. La petite fille rangée étudia la musique et la danse. La maison ne manquant pas de bibliothèques, le goût de la lecture fut inculqué très tôt à la fillette, qui fut ensuite à nouveau inscrite dans une école privée, fondée par Hélène Aubert, dont l’enseignement exerça sur elle une puissante influence.
Selma Lagerlöf ne laissa pas la lettre de son adoratrice sans réponse. Une abondante correspondance s’ensuivit entre Stockholm et Berlin. Au mois de novembre 1921, Nelly Sachs eut la joie d’envoyer à Selma Lagerlöf son premier recueil inédit et dédicacé, Légendes et Récits. Ces textes, assez conventionnels, trahissent l’influence du mysticisme juif et chrétien, mais surtout de la poésie romantique de Hölderlin et de Novalis.
Extrêmement réservée et fragile, Nelly Sachs se montra incapable de se détacher de sa mère, qui la couvait. Sa mélancolie s’aggrava lorsqu’elle s’éprit d’un jeune homme qui allait être assassiné par les nazis. Cet amour inspira à Nelly Sachs de nombreux poèmes. Walter Berendsohn, un de ses amis, décrit ainsi « le fiancé défunt » : « Il n’était pas juif, et n’était pas issu d’une bonne famille. Il appartenait à un réseau de résistance contre le nazisme. Il fut torturé sous mes yeux, puis exécuté. » Nelly Sachs devait ne jamais se marier.
Les poèmes de Nelly Sachs furent publiés pour la première fois dans Die vossiche Zeitung, à Berlin en 1929. Un an plus tard, William Sachs, son père décédait. Inconsolable, elle lui dédia un cycle de poèmes, Mélodies silencieuses, qui demeure inédit. Nelly vécut désormais avec sa mère jusqu’à la mort de cette dernière, en 1950.
Quelques poèmes parurent dans le périodique berlinois Berliner Tagesblatt entre 1933 et 1936. Puis, jusqu’en 1939, son travail fut exclusivement publié dans des revues juives, à cause des lois antisémites de Nuremberg, promulguées en 1934. Deux cycles parurent : Mélodies de la Bible et Chants de l’adieu, ainsi que des pièces pour marionnettes et Chélion, une histoire d’enfance.
Après la Nuit de Cristal, les Juifs d’Allemagne furent déportés à Dachau, puis dans les camps d’Europe orientale. La famille de Nelly Sachs disparut dans la Shoah. Expulsée, cette dernière se vit obligée de louer un appartement de sa maison à Paul Hofmann, le futur commandant du camp d’extermination de Maidanek. Avant qu’elle ne parte dans un camp à son tour, son amie Gudrun Harlan décida de partir pour la Suède afin d’intercéder auprès de Selma Lagerlöf et du prince Eugène, frère du roi. Elle obtint que Nelly Sachs et sa mère fussent accueillies sur le sol suédois. Les deux femmes arrivèrent par avion à Stockholm le 16 mai 1940. La communauté juive mit à leur disposition une pièce et une cuisine dans la maison du Bergundsstrand 23. Les deux femmes allaient y vivre jusqu’à leur mort. Nelly qui prenait soin de sa mère le jour, écrivait la nuit.
S’étant familiarisée avec la langue de son pays d’adoption, Nelly Sachs effectua ses premières traductions de poésie suédoise. C’est désormais de cette manière qu’elle assura sa subsistance. Elle traduisit en allemand une anthologie de la poésie suédoise, sous le titre De Vague et de granit, mais ses deux premiers cycles de poèmes écrits à Stockholm ne furent pas édités.
Nelly Sachs sortit peu à peu de son isolement lorsqu’elle rencontra le poète suédois Johannes Edfel, qui l’aida à faire publier quelques poèmes dans une revue.
Pendant les années de guerre, Nelly Sachs connaît une intense période de création, au cours de laquelle elle élabore sa nouvelle langue poétique. À l’instar de son ami Paul Celan, elle va refonder la langue des assassins. Tous deux, en introduisant dans la langue allemande l’apport hébraïque, auront relevé le défi de Theodor Adorno qui avait affirmé que toute éloquence, toute poésie seraient impossibles, barbares, après Auschwitz. Primo Levi avait reformulé ainsi la phrase : « Après Auschwitz on ne peut plus écrire de poésie que sur Auschwitz. »
Au lendemain de la Shoah, Nelly Sachs accepte la publication de son œuvre en refusant toute réédition de ses écrits antérieurs à la guerre. Tout ce qu’elle écrit est marqué par le mysticisme juif, par la tragédie de l’anéantissement, ainsi qu’en témoignent les titres de ses poèmes – Dans les demeures de la mort, Route vers le néant de toute poussière, Même ce soleil est apatride, Les Cheminées de pierre – et un texte autobiographique sur la peur dans les dernières années vécues à Berlin – Vie sous la menace. Un de ses plus célèbres poèmes, ô les cheminées, commence ainsi :

ô les cheminées
Sur les demeures de la mort si bien imaginées
Quand le corps d’Israël monta dissous en fumée au travers de la fumée
Comme une étoile qui devint noir…

Elle découvre les conférences d’Hugo Bergmann sur les grands philosophes du judaïsme, rencontre Lenke Rothmann, jeune femme peintre d’origine hongroise, survivante des camps, entretient à partir de 1957 une correspondance très intense avec Paul Celan, lit les contes hassidiques, la Bible, le Zohar, la Kabbale.
Survient la mort de sa mère, en 1950. Nelly traverse une grave dépression. D’autres crises prendront un caractère paranoïaque, si bien qu’elle sera hospitalisée pendant de longues périodes dans des hôpitaux psychiatriques. Ces épisodes délirants, que Nelly Sachs qualifie d’ « effroyables » dans ses lettres à Paul Celan, se poursuivront jusqu’à sa mort. Cependant, malgré la maladie psychique, malgré un cancer auquel elle succombera, Nelly Sachs continuera d’écrire, notamment des poèmes scéniques d’inspiration juive et biblique :

Eli, mystère de la souffrance d’Israël
Abraham dans les déserts de sel
La chute de Samson traverse les millénaires
En vain sur un bûcher
Qu’est-ce qu’une victime ?

La Suède accorde à Nelly Sachs la nationalité suédoise en 1953, l’Allemagne découvre son œuvre et lui décerne en 1960 le prestigieux prix Droste de la ville de Meersburg. Pour le recevoir, Sachs accepte de se rendre pour la première fois dans son pays natal depuis son émigration, mais ne reste qu’une journée sur le sol allemand, avant de rejoindre Paul Celan à Zurich. Ils se retrouveront quelques jours plus tard à Paris. Au retour de ce séjour exaltant à Paris, durant lequel Nelly Sachs séjourne chez Paul Celan et sa femme Gisèle Lestrange, elle sombre dans la dépression et est hospitalisée pour la première fois dans un service psychiatrique. En même temps que sa notoriété ne cesse de grandir.
Nelly Sachs se voit décerner le prix Nobel de littérature le 10 décembre 1966, puis est faite citoyenne d’honneur de la ville de Berlin l’année suivante. Malgré cette reconnaissance internationale, Sachs est à nouveau hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. La maladie l’accable : infarctus en 1967, nouvelle hospitalisation dans une clinique psychiatrique en 1968, opération d’un cancer au printemps 1969. Au terme de plusieurs séjours à l’hôpital, Nelly Sachs devient grabataire. Autour du 20 avril 1970, Paul Celan se suicide en se jetant dans la Seine ; le 12 mai suivant, Nelly Sachs meurt à Stockholm. Elle avait peu de temps auparavant écrit à son cher Celan, dont l’œuvre est aussi née de la Shoah : « Nous vivons tous deux au pays invisible. » Dans la solitude et l’exil, elle avait noté en 1956 : « Le plus haut souhait sur terre : mourir sans être assassiné. »


Nelly Sachs

Les lèvres et les paroles contre les pierres et la fumée


De la petite fille rangée à la poétesse du désastre
La poésie comme un vol d’oiseaux
Une poésie contre la poussière
Choix de textes
Bibliographie


Les métamorphoses du monde me tiennent lieu de pays natal.
(Nelly Sachs)


Étrange, étrange destin que celui qui fit de cette fille de famille bourgeoise juive allemande assimilée, le seul prix Nobel de littérature jamais attribué à un poète juif encore à ce jour.
Nelly Sachs, prix Nobel de littérature le 10 décembre 1966, conjointement avec Samuel Joseph Agnon, sera allée tout près des mystères de la mort, mais comme Paul Celan, elle aura osé ne pas se taire. Elle est morte le jour de l’enterrement de Paul Celan, de fatigue de vivre et de survivre. Tous deux étaient les deux grands poètes juifs de langue allemande, ceux qui témoignèrent dans la langue des bourreaux. Comme lui, elle aura connu une existence d’après le déluge et comme lui, elle ne pourra jamais combler la béance du désastre. Si on peut survivre à l’horreur, on ne peut survivre à sa mémoire.


De la petite fille rangée à la poétesse du désastre

La petite fille rangée bien au chaud dans sa famille juive berlinoise savait-elle qu’elle serait la mère douloureuse du peuple juif parti en fumée ? Savait-on que sans Sema Lagerlöf, une des grandes œuvres poétiques de notre temps n’aurait pas été transmise ?
Rien ne la prédisposait à ce cela, elle insouciante et heureuse dans une vie soyeuse et douce.
Née à Berlin le 10 décembre 1891, elle devra à son père grand amateur de littérature et de musique le fait d’être baigné dans les livres. De santé fragile, elle fréquentera surtout des écoles privées, ainsi à l’écart des autres.

Elle écrivait aimablement, ne savait du judaïsme que ce que son milieu bourgeois et assimilé voulait bien en savoir. De toute façon on n’était pas comme ses juifs pauvres et incultes de l’Europe Centrale, rien ne pouvait nous arriver tant les valeurs européennes étaient les nôtres. Cela ne pouvait être.
Le ciel ne pouvait pas tomber sur la tête d’aussi bons citoyens allemands. Mais l’histoire déroulait ses anneaux de serpent.
Dès 16 ans en 1907, elle écrivait donc et s’était liée d’amitié épistolaire avec Selma Lagerlöf, après la révélation du roman « La saga de Gösta Berling », l’année précédente. L’écrivain suédoise rendue mondialement célèbre par « les merveilleux voyages de Niels Olgerson » va se lier avec cette jeune fille romantique et exaltée.

Dans la vie de Nelly Sachs se trouve aussi une zone obscure qui sera celle de son amour pour le fiancé défunt qui la marquera à jamais.

Son premier véritable livre fut en 1921, à trente ans, un recueil « Récits et légendes », ses nombreux poèmes circulent dans les milieux littéraires allemands. Imprégnée de courant idéaliste, de Novalis, et de mysticisme latent, sa poésie était en attente d’une véritable cause, d’un objet digne de ses élans. La mort de son père en 1930 la laisse enclose dans l’amour de sa mère.
Puis vint la nuit nazie, ses lois antisémites, la persécution. De 1933 à 1939 elle se plonge par force et solidarité dans le monde juif. Ses écrits ne pouvant paraître que dans les revues juives, elle découvre le monde de ses coreligionnaires. Puis dès 1939 l’étau de la mort se resserre.

Elle doit se terrer à Berlin, dans sa propre ville natale. Pendant trois ans cette jeune fille choyée va connaître la peur, la nuit aux aguets. Cette mort qui rôde quotidiennement, elle apprend à la connaître, à la reconnaître. Comme une grande partie des juifs allemands, elle n’avait pas vu survenir, depuis 1933, la montée des périls. Prise dans la certitude de son assimilation réussie, elle ne se considérait sans doute pas comme une représentante de ce peuple dont elle ignorait la culture. Les humiliations quotidiennes, les douleurs, la souffrance, la haine aussi qui monte devant l’indifférence « des spectateurs », ses amis chrétiens, ses voisins, vont transformer son être et sa vie.
Elle ne doit sa vie qu’à l'amitié de Selma Lagerlöf et peut s’enfuir en Suède de justesse le 16 mai 1940 par avion, alors que les lourdes portes de fer de l’Allemagne se referment sur les juifs. Son exil durera toute sa vie, car elle demeurera toujours à Stockholm refusant de vivre en Allemagne.
« Je n’ai pas de pays, écrivait-elle, et, au fond, pas non plus de langue. Rien que cette ardeur du cœur qui veut franchir toutes les frontières ».

Dans ce chemin de l’exil dès 1940 avec sa mère, elle retrouve l’histoire de son peuple.
D’abord enfermée dans le silence, elle commence à reconquérir quelques paroles par l’étude de la Bible.
La Bible hébraïque traduite par Martin Buber en allemand, l’a totalement saisie. Alors elle s’imprègne des livres saints, Torah, Zohar, écrits des Hassidim (les sages). La langue de feu des prophètes et des patriarches l’a saisie et elle refait sa route vers le peuple d’Israël. Elle quitte alors les influences chrétiennes présentes dans ses premiers écrits.
Son écriture change totalement et elle donne une voix aux malheurs des juifs. Par solidarité, par redécouverte d’une culture enfouie, banalisée dans l’assimilation, elle devient celle qui crie vengeance et souvenir face à la haine et l’anéantissement. Exode et métamorphose, comme le dit le titre de ses poèmes parus chez Verdier. Métamorphosée, elle peut à nouveau écrire, la nuit exclusivement, et témoigner dès 1943.

Autant que l’histoire tragique d’un peuple, passe en filigrane l’ombre d’un homme, son fiancé, mort en camp de concentration, et dont jamais nous ne connaîtrons le nom.
Elle va vivre de traductions de poésie suédoise en allemand. Mais elle écrit fiévreusement de 1943 à 1945 ses premiers témoignages sur les mystères et les douleurs du peuple d’Israël. Elle est une autre, elle a une nouvelle langue poétique, elle a une voix en elle, une voix à suivre : parler pour les morts et les survivants. Parler pour son être cher. Parler pour son peuple. Ce n’est plus l’exil qui est dit, mais les drames de la Shoah. Et la nuit elle écrira.
« Éclipse d’étoile », son autre grand recueil est de 1949. Elle approfondit sa connaissance du judaïsme et des philosophes juifs.

Elle ne quittera plus la Suède où elle mourra le 12 mai 1970, grabataire, au bout d’elle-même. Sa poésie commence à se répandre dès 1950, ses drames religieux aussi. Son recueil « Dans les demeures de la mort » est rassemblé en 1946. C’est le véritable début de son œuvre et les bluettes de sa jeunesse sont reniées. Dès 1954 mais surtout à partir de 1957, elle se lie par correspondance avec son frère d’âme, Paul Celan : « Vous lisez mes choses, ainsi ai-je une terre ». Pourtant ils n’ont voulu se voir que deux fois en 1960, dans une auberge et sur un quai de gare.

La mort de sa mère en 1949, ses nombreux troubles dépressifs la conduisent à un nouvel exode intérieur dont elle ne peut sortir qu’en s’enfonçant encore plus profondément dans le mysticisme juif. Sa seule patrie reconnue sera celle-là.
Elle se considérera « lapidée par la nuit », et voudra chercher en convoquant toute la mémoire d’un peuple à comprendre le sens de la destinée, sur le devoir absolu de fidélité aux morts, sur le droit même de pouvoir parler en leur nom, rompant le silence de la mort comme on brise du pain à partager.

Les lèvres contre la pierre de la prière
toute ma vie j’embrasserai la mort,
jusqu’à ce que le chant de la semence d’or
brise le roc de la séparation.

La poésie comme un vol d’oiseaux

Son écriture est fragile comme une aile de papillon, car transparente, si légère que ses mots semblent fumée, sans véritable incarnation dans le langage. Ses poèmes sont des vols d’oiseaux qui passent. Tout est intérieur, parfois obscur à notre entendement car cela vient de l’au-delà des âges. Pure, si pure sa poésie, elle coule à la surface du monde, elle passe au travers de nos doigts et va se réfugier dans nos consciences. La poésie de Nelly Sachs est désincarnée et pourtant elle implose en nous. Comme l’air et la lumière si souvent présents avec la poussière dans ses poèmes, ses paroles viennent à nous.
Ces textes les plus immédiatement émotionnels sont ceux qui sont faits en mémoire des victimes du nazisme.
Certes elle n’atteint pas à la grandeur sacrée de Paul Celan, son ami, mais qui peut y prétendre ?

Elle fait elle une très grande place à la Kabbale. Le livre fondateur, le Zohar, livre des splendeurs l’accompagne à toutes les phases cruciales de sa vie. Elle revient au judaïsme dans les années suivant la montée du nazisme sous cette influence.
Quand elle sombre dans ses profonds états dépressifs, surtout en 1949 après la mort de sa mère toujours alors à ses côtés, la Kabbale la console encore.
Elle séjournera à plusieurs reprises en hôpital psychiatrique, en 1962 et surtout vers la fin de sa vie et à chaque fois c’est la lecture de la Bible et plus encore du Zohar et des récits hassidiques qui peut l'aider à continuer à lutter et à vivre.
Les clés essentielles de son œuvre sont à trouver au travers de la tradition juive.

Tout est salut dans le secret
et vit de souvenir
et la mort frémit d’oubli

La poésie de Nelly Sachs a deux niveaux : celui immédiat du lecteur pris par l’émotion, celui plus profond qui au fait de la tradition juive, comprend comment dans le travail des mots de Nelly Sachs a prolongé dans le présent tout l’exil d’un peuple.
Les mystères de sa poésie sont déduits des interprétations des commentaires hassidiques. Sable, poussière, lumière, langage, pouvoir des mots et des lettres, résurrection, constellations, irriguent ses vers.
Son approche de la tradition juive se fait, comme pour beaucoup de juifs de langue allemande (Rose Ausländer), au travers des récits hassidiques de Martin Buber et de sa traduction de la Bible, des écrits de Rozenzweig (traduction d’Isaïe), et de la présentation de la gnose juive par Gershom Sholem.

C’est par ce mélange de légendes édifiantes et de révélations des mystères que porte chaque mot, chaque voyelle, que Nelly Sachs bâtie sa conscience juive, fort éloignée des textes plus arides comme le Talmud ou autres.
Nelly Sachs, avec le sentiment de culpabilité des survivants, va écrire pour ses frères et ses sœurs exterminés. Elle empruntera à la bible ses figures archétypiques (Daniel, Moïse, prophètes et patriarches, …) qui lui serviront de boucliers et d’armes spirituelles. Sa langue va épouser un rythme propre, ses mots seront « d’une énigmatique pureté » désormais. Elle a fait sienne la pensée religieuse ; la connaissance profonde de Dieu réside dans la lumière et dans le verbe.

En plus de cette culture retrouvée Nelly Sachs découvrit une nouvelle façon d’écrire en allemand, une nouvelle oralité de la langue par la structure hébraïque plaquée sur l’allemand. Ce buisson ardent d’une langue si proche des origines va la brûler à jamais. Elle écrit des psaumes de la nuit qui ont une illumination prophétique.
La parole est dite, clamée, prophétique, allant vers l’autre. La poésie de Nelly Sachs est un questionnement. La poésie de Nelly Sachs est un souffle.

Là où le silence parle
naissance et mort surviennent
et les éléments se mêlent d’un autre mélange.

Sa double démarche de quête mystique et d’amitié épistolaire très longue avec Paul Celan jalonnent son parcours. Paul Celan l’admirait mais ne pouvait souscrire à sa religiosité, car pour lui Dieu était mort à Auschwitz. Qu’importe leur chemin parallèle fut beau.
En 1962 sa poésie s’infléchit profondément dans la mystique et le mystère avec son travail sur son recueil de toute la fin d e sa vie « Ardentes énigmes » ou « Énigmes de feu ».
Elle se tend dans sa poésie vers une poésie cosmique, une religiosité cosmique également.

je t’écris…
Tu es revenu au monde
grâce au pouvoir magique des lettres
qui à tâtons à toucher ton être
la lumière paraît
et le bout de tes doigts irradie dans la nuit
image d’étoile à la naissance
des ténèbres comme ces lignes –

Une poésie contre la poussière

Contre la poussière, matière blême, Nelly Sachs oppose le divin de la lumière et donc l’univers des mots qu’il ne faut pas détruire avec la haine.
Ses derniers textes sont empreints d’ésotérisme, ils deviennent fermés sur eux-mêmes, ramassés et obscurs. Au bout de sa route Nelly Sachs s’approchait de l’autre côté de la porte, et ne pouvait en dire les mystères que sous forme cryptée. Sa foi en l’avenir lui vient de ses méditations qui se déplient progressivement dans sa vie.
Ardentes énigmes et déjà ce précepte :
« Mystère à la frontière de la mort. Mets le doigt sur ta bouche : plus un mot, plus un mot ».
Les lettres de feu devenaient un pouvoir magique comme l’enseigne la Kabbale et Nelly Sachs allait vers cette obscure lumière. La mort n’était pas la mort mais la métamorphose.
« Je te l’écris, tu es revenu en ce monde grâce à la force des lettres magiques ».
Cela ne pouvait être la disparition dans le néant, mais une autre vie pour elle. Elle attend l’avenir, l’au-delà. Elle vit dans la résurrection, cette résurrection est sa poésie :

et bientôt on te retrouvera dans le sable
et tu seras l’hôte attendu qui vole vers les astres
et tu seras consumé dans le feu des retrouvailles
silencieusement…silencieusement

Elle croit aussi en l’État d’Israël qu’elle veut terre de justice :

« Terre d’Israël/maintenant que ton peuple/s’en revient des quatre coins du monde/pour écrire à nouveau les Psaumes de David dans ton sable/et au soir de sa moisson chanter/la parole d’accomplissement des veillées célébrantes/peut-être une nouvelle Ruth est-elle déjà là/en pauvreté tenant sa cueillette/au partage des chemins de sa migration ».
On a dit justement que pour Nelly Sachs, « Israël n'est pas qu'un pays : l'histoire juive se fait à toute heure et les prophètes sont aussi présents que la pluie ou le vent ».

La mort, obstinément présente dans son œuvre, n’arrête pas la vie qui doit être « ce voyage dans la contrée sans poussière ». « Dans la mort encore est célébrée la vie » est le titre d’un de ses recueils, ce titre dit sa pensée.
Nelly Sachs meurt le 12 mai 1970, le jour même de l’enterrement de Paul Celan qui venait de se suicider et dont on venait enfin de retrouver le corps.
Elle aura finalement capitulé devant le poids de la mémoire et de la douleur.
« J’attends dans un état de grâce le jour nouveau… »
Nelly Sachs allume des brasiers d’énigmes, la raison ayant failli et par tout un réseau de symboles elle crée une nouvelle cosmogonie de son peuple.
Ses prophéties, ses berceuses, ses messages d’ailleurs, sont sa poésie. Elle vole au-dessus du chaos du monde, une part dans la nuit, une part dans la lumière du firmament.
Les lèvres contre la pierre de la prière
toute ma vie j’embrasserai la mort
jusqu'à ce que le chant de la semence d'or
brise le roc de la séparation
Nelly Sachs sera ce chant.

« Deine Angst ist ins Leuchten geraten »- Ton angoisse est devenue lumière »


Poèmes de Nelly Sachs Traduits


« Il est des pierres qui sont comme des âmes » Rabbi Nachman »

À vous qui bâtissez la nouvelle maison

Quand toi, tu dresseras à nouveau tes murs -
Ton foyer, ta couche, et la table et la chaise -
Ne pends pas tes larmes, celles pour ceux qui sont partis,
Ceux qui n'habiteront plus avec toi,
Ni à la pierre
Ni au bois -
Sinon il pleurera dans ton sommeil,
Si court mais que tu dois encore accomplir. Ne soupire pas, quand tu fais ton lit
Sinon tes rêves se mêleraient
À la sueur des morts.
Ah, les murs et les objets quotidiens
Sont sensibles comme des harpes de vent
Et comme un champ où pousse la douleur
Et ils ressentent en toi ton alliance avec la poussière.
Construis, quand le sablier ruisselle
Mais ne pleure pas les minutes
Parties ensemble avec la poussière
Qui recouvre toute lumière

(Dans les demeures de la mort)

Ô les cheminées

Ô les cheminées
Sur les demeures de la mort si bien imaginées,
Quand le corps d'Israël monta dissous en fumée au travers de la fumée -
Comme une étoile qui devint noire
Le reçut le ramoneur
À moins que ce fût comme un rayon de soleil ?
Ô les cheminées !
Chemins de liberté pour la poussière de Jérémie et de Job -
Qui donc pour vous le conçut et le bâtit pierre à pierre
Ce chemin pour les fugitifs de fumée ?
Ô les demeures de la mort,
Si bien arrangées
Pour le maître de logis, qui sinon aurait été l'invité
Ô vous doigts
Gisants au seuil de l'entrée
Comme un couteau entre la vie et la mort -
Ô les cheminées
Ô vous les doigts,
Et le corps d'Israël en fumée monte en fumée !

(Dans les demeures de la mort)

Mais qui donc

Mais qui donc vida le sable de vos chaussures
Quand on vous força à vous lever pour mourir ?
Ce sable, qu'Israël était allé chercher,
Son sable d'errance ?
Sable brûlant du Sinaï,
Mélangé aux gorges des rossignols,
Mélangé aux ailes des papillons,
Mélangé à la poussière de nostalgie des serpents,
Mélangé à tout se détacha de la sagesse de Salomon,
Mélangé à l'amertume du secret de l'absinthe -
Ô vous doigts,
Vous qui avez vidé le sable des chaussures des morts,
Dès demain votre poussière sera dans les chaussures des hommes à venir !

(Dans les demeures de la mort)

Un enfant mort parle

Ma mère me tenait par la main,
Alors quelqu'un leva le couteau des adieux
La mère glissa sa main hors de la mienne
Afin que cela ne me touchât pas.
Mais très doucement elle effleura encore une fois ma hanche
Et là sa main saigna -
Depuis lors le couteau des adieux coupa
En deux la bouchée dans la gorge -
Il se dressa dans l'aube avec le soleil
Et commença à s'aiguiser dans mes yeux -
À mes oreilles percèrent et vents et eaux,
Et chaque voix de consolation me poignarda le cœur -
Lorsqu'on me conduisit à la mort
Au dernier instant je sentis encore
L'arrachement du couteau des adieux.

Dans les demeures de la mort

Vous les spectateurs
Sous les regards desquels l’on tuait.
Comme l’on sent un regard derrière soi
Vous sentez dans votre corps
Le regard des morts.
Combien d’yeux brisés vous dévisageront
Quand pour cueillir une violette vous sortirez de vos cachettes
Combien de mains implorantes et dressées
Dans les branches martyrisées
Des vieux chênes abattus ?
Combien de souvenirs poussent dans le sang
Du soleil couchant ?
Ô les berceuses qui n’ont pas été chantées
Dans le cri nocturne de la tourterelle -
Plus d’un aurait pu décrocher des étoiles
Et maintenant c’est la vielle fontaine qui doit le faire
À sa place
Vous les spectateurs
Qui n’avez pas levé de main de meurtrière
Mais qui ne ferez pas retomber de votre nostalgie
La poussière
Vous qui restez debout, là,
où elle s’est changée en lumière Quatre jours quatre nuits
Un cercueil fut ton refuge
Un restant de vie respirait - expirait -
Pour retarder la mort -
Entre quatre planches
Était étendue la souffrance du monde -
Dehors grandissait la minute pleine de fleurs
Dans le ciel jouaient les nuages

Dans les demeures de la mort

Obscur chuchotement du vent
Dans les moissons
La victime est préparée à la souffrance
Les racines sont silencieuses
Mais les épis
Connaissent beaucoup de langues maternelles -
Et le sel de la mer
Pleure dans le lointain
La pierre est une existence de feu
Et les éléments arrachent leurs chaînes
Pour s’unifier
Quand des nuages l’écriture des esprits
S’en vont prendre les figures d’origine
Secret aux frontières de la mort
« Pose le doigt sur ta bouche :
se taire se taire se taire »

(Dans les demeures de la mort)

Tu te souviens

Tu te souviens de la trace de pas, qui s’est remplie de mort
À l’approche de celui qui brandit la hache
Tu te souviens des lèvres suppliantes de l’enfant
Quand il lui fallut apprendre la séparation de sa mère
Tu te souviens des mains de la mère qui creusèrent une tombe
Pour cette chose affamée à sa poitrine
Tu te souviens des paroles perdues par les esprits
Qu’une fiancée lança en l’air à son fiancé mort

Dans les demeures de la mort

Déjà ses bras autour
Déjà ses bras autour l’enlaçant de la consolation du ciel
La mère folle se tient debout
Avec les morceaux déchirés de sa raison déchirée
Avec la mèche de sa raison calcinée
Elle met en terre son enfant mort
Elle met en terre sa lumière perdue
Incurvant ses mains comme une jarre
pour l’emplir de l’air du corps de son enfant
pour l’emplir de l’air de ses yeux, de ses cheveux
et son cœur qui flotte -
puis alors elle embrasse l’être né de l air
et meurt !

(Dans les demeures de la mort)

il fut un

il fut un
qui souffla dans le shofar -
jeta sa tête vers l’arrière,
comme le font les chevreuils, comme les cerfs
avant de boire à la source.
Souffle :
Tekia
s’en va la mort dans un soupir -
shevarim
la semence du blé tombe -
Terua
l’air parle d’une lumière !
la terre tournoie et les astres tournoient
dans le shofar,
celui-ci souffle -
et autour du shofar brûle le temple -
et celui-ci souffle -
et autour du shofar se renverse le temple -
et celui-ci souffle -
et autour du shofar se repose la cendre -
et celui-ci souffle -


(Dans les demeures de la mort)

Depuis longtemps

depuis longtemps sont tombées les ombres
maintenant on a oublié
ces coups silencieux du temps
qui emplissent la mort –
feuilles tombées de l’arbre de vie –
sont tombées les ombres de l’horrible
au travers du cristal des rêves,
illuminé par la lumière prophétique de Daniel.
Une forêt noire a poussé autour pour étouffer Israël
Chanteuse de minuit de Dieu
elle a disparu dans l’obscurité
devenue anonyme.
Ô vous rossignols par toutes les forêts du monde !
héritiers de plumes du peuple mort
poteaux indicateurs des cœurs brisés,
vous qui au jour vous remplissez de larmes,
vomissez, vomissez
cet horrible silence de la gorge devant la mort.

(dans les demeures de la mort)

Tu te souviens
(version 2)
tu te souviens de la trace de pas, que la mort a emplie
à l’approche du persécuteur.
Tu te souviens des lèvres tremblantes de l’enfant
quand il dut apprendre l’adieu de sa mère.
Tu te souviens des mains de la mère, qui creusèrent une tombe
pour cette chose morte de faim contre sa poitrine.
tu te souviens des paroles devenues démentes,
qu’une fiancée lança dans l’air vers son fiancé mort.

(Dans les demeures de la mort)

Chœur des sauvés

Nous les sauvés
dans les os creux desquels la mort déjà tailla ses flûtes,
sur les tendons desquels la mort déjà frotta son archet,
nos corps se lamentent encore
avec leur musique mutilée.
Nous les sauvés,
toujours pendent les cordes dressées pour nos cous
devant nous dans l’air bleu -
toujours se remplissent les sabliers de notre sang qui s’écoule.
nous les sauvés,
toujours nous mangent les vers de la peur.
Notre constellation est enterrée dans la poussière.
Nous les sauvés
nous vous prions :
montrez-nous lentement votre soleil.
Conduisez-nous pas à pas d’étoile en étoile.
Laissez-nous très doucement réapprendre la vie.
Sinon un seul chant d’oiseau
le plein d’un seau à la fontaine
pourraient laisser se rouvrir notre douleur mal fermée
et nous chasser comme écume au loin -
Nous vous demandons :
ne nous montrez pas encore un chien qui peut mordre -
il se pourrait, il se pourrait
que nous nous désagrégions en poussière -
sous vos yeux que nous nous désagrégions en poussière -
Qu’est-ce qui encore maintient ensemble notre tissu ?
Nous devenus sans souffle,
Dont les âmes vers lui avaient fui le minuit
bien avant que l’on ne sauve nos corps
dans l’arche de l’instant.
Nous les sauvés
nous serrons vos mains,
nous reconnaissons vos yeux -
mais seuls l’adieu nous lie encore ensemble,
l’adieu dans la poussière
nous maintient avec vous ensemble.

Chœurs d’après minuit

nous les orphelins
nous portons plainte contre le monde :
on a abattu notre branche
et jeté dans le feu -
de nos protecteurs on a fait du bois pour se chauffer -
nous les orphelins reposons dans les champs de la solitude.
nous les orphelins
nous portons plainte contre le monde :
dans la nuit nos parents jouent à se cacher de nous -
derrière les draperies de la nuit
leurs visages nous regardent,
parlent leurs bouches :
bois mort nous fûmes dans la main d’un bûcheron -
mais nos yeux sont devenus des yeux d’ange
et vous regardent,
à travers les noires draperies de la nuit
ils vous voient -
nous les orphelins
nous portons plainte contre le monde :
pierres avons nous maintenant pour jouets
pierres qui ont des visages, visages de père et mère
elles ne se fanent pas comme les fleurs, elles ne mordent pas comme les bêtes -
et elles ne brûlent pas comme du bois mort, quand on les jette dans le four -
nous les orphelins
nous portons plainte contre le monde :
monde pourquoi as-tu pris nos tendres mères
et les pères qui disent : mon enfant comme tu me ressembles !
nous les orphelins nous ne ressemblons plus à personne au monde !
Ô monde
nous portons plainte contre toi!

(Chœurs d’après minuit)

Chœur des errants

Nous les errants,
nos chemins nous les traînons derrière nous comme des paquets -
nous sommes vêtus
d’un lambeau de pays où nous faisions halte -
nous nous nourrissons
avec la casserole de la langue, apprise sous les larmes.
nous les errants,
à chaque carrefour une porte nous attend
derrière elle un chevreuil, Israël des animaux aux yeux d’orphelin
disparaît dans ses forêts bruissantes
et l’alouette jubile au-dessus des champs dorés.
Là où nous frappons aux portes
s’arrête une mer de solitude.
Ô vous, gardiens armés de glaives flamboyants,
les grains de poussière sous nos pieds d’errants
déjà commencent à faire monter le sang en nos petits-enfants
o nous errants devant les portes de la terre,
d’avoir tant salué les lointains,
nos chapeaux sont épinglés d’étoiles.
Comme mètres pliants reposent nos corps sur la terre
et mesurent tout l’horizon -
o nous les errants,
vers rampants pour les souliers à venir,
notre mort sera posée comme un seuil
devant vos portes fermées à double tour !

(Chœurs d’après minuit)

Chœur des ombres

nous ombres, ô nous ombres :
ombres des bourreaux
fixées à la poussière de vos forfaits -
ombres des victimes
dessinant contre un mur le drame de votre sang.
ô nous démunis papillons de douleur
pris au piège d’une étoile, qui tranquillement continue de brûler
quand il nous faut danser aux Enfers.
nos montreurs de marionnettes ne connaissent que la mort.
Nourrice d’or, qui nous alimente
pour un tel désespoir,
détourne o soleil ton visage
afin qu’alors nous puissions sombrer -
ou bien laisse nous refléter
les doigts dressés de joie d’un enfant
et le bonheur léger d’une libellule
sur la margelle de la fontaine.

(Chœurs d’après minuit)

Chœur des morts

Nous transpercés par le noir soleil
de la peur -
échappés de la sueur à la minute même de l’agonie.
Les morts à nous infligés sont fanés sur nos corps
comme fleurs des champs fanées sur une colline de sable.
Vous qui continuez à saluer encore comme une amie la poussière,
vous sable qui avait parole, parlez au sable :
je t’aime. Nous vous disons :
les manteaux de poussière des secrets sont en lambeaux,
l’air que l’on étouffa en nous,
les feux où l’on nous brûla,
la terre on l’on jeta nos pauvres restes.
L’eau sortit de notre sueur
s’en est allée avec nous et commence à briller.
Nous les morts d’Israël, nous vous disons :
Nous sommes déjà plus loin d’une étoile
dans notre Dieu caché.

(Chœurs d’après minuit)

Chœur de ceux qui ne sont pas nés

nous ceux qui ne sont pas nés
déjà la nostalgie nous prend
les berges du sang s’élargissent pour nous recevoir
comme rosée nous coulons dans l’amour.
les ombres du temps gisent comme questions
sur notre secret.
Ô vous, êtres d’amour,
êtres de nostalgie,
écoutez, vous aussi malades de l’adieu :
c’est nous qui commençons à vivre dans votre regard
nous dans vos mains, nous en quête de l’air bleu -
c’est nous cette odeur des matins.
Déjà votre souffle nous attire.,
dans les gouffres de votre sommeil nous allons
dans les rêves qui sont notre seul royaume sur terre
Là notre nourrice la nuit
nous élèvent,
jusqu’à ce que nous nous reflétions vos yeux
jusqu’à ce que nous parlions à vos oreilles.
Comme papillons
nous sommes prisonniers des guetteurs de votre nostalgie –
comme voix d’oiseaux trafiqués par la terre –
nous odeur des matins.
nous lumières à venir pour votre tristesse

Chœurs d’après minuit

Et tu es passé a
u travers de la mort
Comme l'oiseau en la neige
Toujours noir posant un sceau sur la fin...
Le temps a avalé
Les adieux que tu lui avais donnés
Jusqu'à l'abandon extrême
Au bout des doigts tout au long
Nuit d'yeux
Devenant sans corps
L'air a baigné - une ellipse –
La rue des douleurs

Ardentes énigmes

Dans la rue ils se heurtèrent
Deux destins sur cette terre
Deux courses de sang dans leurs réseaux d'artères
Deux respirants sur leur chemin
En ce système solaire
Sur leurs visages s'éloigna un nuage
Le temps se fendit
Le souvenir s'y précipita pour épier
Du passé et de l'avenir
Jaillirent les étincelles de deux destins
Qui tombèrent séparés –

Ardentes énigmes III

Dans ma chambre
Où sont mon lit
Une table une chaise
Et l'âtre
S'agenouille comme partout l'univers
Pour se sauver de son invisibilité
Je trace un trait
J'écris l'alphabet
Je peins sur le mur la sentence suicidaire
Sur laquelle immédiatement germent les naissances nouvelles
Déjà je retiens le firmament fermement ancré à la vérité
Alors la terre se met à marteler
La nuit se détache
Et tombe
Dent morte sous la morsure –

Ardentes énigmes

Tu es assise à la fenêtre
Tu es assise à la fenêtre
Et tombe la neige -
Ta chevelure est blanche
Et tes mains aussi
Mais dans les deux miroirs
De ton blanc visage
L'été s'est maintenu :
Paysage pour les prairies dressées dans l'invisible -
Breuvage pour les gazelles d'ombre dans la nuit
Mais disant ma plainte je plonge dans la blancheur, en ta neige -
D'où la vie s'éloigne très doucement
Comme à la fin d'une prière balbutiée -
Ah m'endormir en ta neige
Avec toute la souffrance du souffle de feu du monde
Pendant que les courbes délicates de ta tête
Déjà sombrent dans une nuit de mer
Pour une nouvelle naissance.

Obscurcissement de l’étoile

je tournais l’angle d’une sombre
rue voisine
là mon ombre se posa
sur mon bras
ce morceau de vêtement fatigué
exigeait qu’on le porte
et la couleur du néant déclara :
Tu es au-delà

Ardentes énigmes

obscur murmure du vent
dans les blés
la victime est prête aux souffrances
les racines sont silencieuses
mais les épis
savent beaucoup de langues maternelles -
et le sel dans la mer
pleure au lointain
la pierre est une existence de feu
et les éléments s’arrachent à leurs chaînes
pour la réunification
quand l’écriture des esprits des nuages
ramène les images des origines
à la frontière de la mort mystère
« mets le doigt sur ta bouche :
fais silence silence silence »

Ardentes énigmes

Ils parlent neige -
Avec ses quatre pans de monde
Le drap d'heures se replie
Guerre et amas d'étoiles blottis
L'un dans l'autre
Cherchent protection là où la nuit
Pleine de lait maternel déborde
Et de son doigt noir montre
Là où les découvertes guettent le passeur des âmes
Étincelles dans les ténèbres
Profondeur sous la neige

Ardentes énigmes

Et tu es passé au travers de la mort
comme l’oiseau dans la neige
toujours noir posant des sceaux sur la fin -
Le temps a avalé
les adieux que tu lui donnas
jusqu'à l’abandon total
au bout des doigts étendus
les yeux de la nuit
deviennent sans corps
L’air inonde - Une ellipse -
La rue des douleurs
L’enfer est nu de douleurs
Chercher
Sans mot dire
Chercher
Traversée de la nuit des corbeaux
Par tous les déluges
Et les époques glaciaires encerclé
Peindre l’air
Avec ce qui pousse derrière la peau
Pilote décapité par le couteau des adieux
Coquillage qui se noie
Su Su Su

Ardentes énigmes

mes chers morts
un cheveu de ténèbres
signifie déjà lointain
il pousse doucement au travers du temps ouvert
je meurs en comblant la minute
de mesure secrète
elle s’étire en bourgeonnant
mais derrière elle ils ont planté les langues de feu
de la terre –
une vigne qui délivre son vin à la flamme
je coule à la renverse

Ardentes énigmes

au petit jour
au petit jour
quand est retournée la pièce de monnaie de la nuit
imprimée du sceau du rêve
et que côtes, peau, prunelles
sont poussées vers leur naissance -
quand chante le coq à la crête blanche
l’effroyable instant
de la pauvreté sans Dieu est là
un carrefour est atteint -
Le tambour du roi a nom démence -
un sang apaisé s’écoule –

(Et nul ne sait comment continuer)

VIVRE SOUS LA MENACE

Le vœu le plus haut sur cette terre: mourir sans être assassiné.
Tu n'as rien mangé. Ce que j'ai eu tant de mal à rapporter à la maison. La bouchée ne passait pas, levée à la levure noire de la peur.
S'approchaient des pas. Forts. Où le droit s'était installé. Ils cognaient à la porte. "Tout de suite!" disaient-ils, "c'est à nous, le Temps !".
La porte était la première peau déchirée. La peau du foyer. Ensuite le couteau de la séparation taillait plus profond amputant aussi la famille de membres, de membres convoyés très loin dans le temps des conquérants. Dans le temps des doigts crochus et des pas forts.
Et cela est arrivé sur cette terre. Est arrivé et peut arriver. Et l'enfant avait des chaussures neuves et ne voulait pas s'en séparer. Et dans le regard du vieillard il y avait déjà de la cendre de l'extrait de Dieu.
Et j'étais attachée à un rêve. Un rêve de doigts et de pas me bourrait d'angoisse. Les rumeurs suçaient comme des sangsues.
Cinq jours durant j'ai vécu sans parole, accusée de sorcellerie. Ma voix enfouie chez les poissons. Enfouie en lâchant tout le reste du corps, pris dans le sel de l'effroi. Enfouie, la voix, parce qu'elle n'avait rien à répondre et que "dire" était interdit.
Et tous les yeux à ma rencontre avaient viré à l'hiver. Se détachaient; n'émettaient de regard que vers ailleurs, là-bas où le droit prenait le temps par la peau du cou.
Ma main, orpheline, désapprenait de réagir.
Vivre sous la menace : dans le tombeau ouvert, se putréfier sans mort. Le cerveau ne saisit plus. Les dernières pensées tournent en rond autour du gant noir qui camouflait le numéro d'entrée de la Gestapo et manquait coûter la vie. La sueur d'angoisse avait à rester invisible.
Non, le cerveau, depuis très longtemps, ne concevait plus. Qu'était-ce ? : "Goûter la vie ?" Courir avec les nuages ? Où ? Là-bas ? Avoir la vue du printemps ? Pour quoi faire ? Me détacher de ce pilori du temps où j'étais attachée sans autre dégel que la nostalgie.
Vivre sous la menace !
Et cela arrive sur cette terre ! Et peut arriver sur cette terre ? Tu as un air de dimanche dans tes habits neufs. Tu racontes bien à tes enfants des histoires de loups dont les victimes avalées se sortent sans dommage.
Il est arrivé beaucoup de miracles. J'ai lu ça. Mais comment les miracles arriveraient-ils jusqu'au petit tas d'internés qui tremblent dans les barbelés. Les miracles aussi sont gorgés d'angoisse. Ils vont échouer là-bas, chez le seigneur de la guerre, qui les taille comme une tranche de bon pain de la lune.
Nelly Sachs
(Traduit par Antoine Raybaud)


Lien écouter regarder

http://youtu.be/N_bP68lM9Kg Les camps
http://youtu.be/KHmQVuJCBFo Six chansons de Nelly Sachs
http://youtu.be/eNbPXTv13Hg prix nobel




Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  1823-Friedrich-ruines-d-Eldena--Greifswald--1825-huile-s-to.jpg (113.00 KB)
3_518fac583eb97.jpg 598X432 px

jpg  IsaacCelnikier2.jpg (108.54 KB)
3_518fac6538f44.jpg 404X565 px

jpg  felixnussbaum_squelettes1944.jpg (111.00 KB)
3_518fac74e8119.jpg 599X392 px

jpg  poesies1.jpg (107.88 KB)
3_518fac824745b.jpg 996X450 px

jpg  sachs3.jpg (44.46 KB)
3_518facb5bbdbe.jpg 340X477 px

jpg  3691152793.JPG (82.15 KB)
3_518facd2aaae8.jpg 550X310 px

jpg  350667-peinture-attribuee-joseph-legare.jpg (39.23 KB)
3_518fad0170474.jpg 612X427 px

jpg  D-olere.jpg (26.61 KB)
3_518fad20d0d67.jpg 472X347 px

Posté le : 12/05/2013 16:54
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Charles Exbrayat
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25802
Hors Ligne

J'ai lu Exbrayat à une époque où je lisais déjà beaucoup, mais ce que je considérais comme du 'sérieux'. Je le trouvais un peu divertissant mais, bien que le terme n'était pas encore à la mode, je le classais dans la littérature de gare.
Quant aux adaptations de romans à l'écran, je partage l'avis de Lauriane. Il est bien rare que nos images coïncident avec celles du film. Sauf pour toutes les adaptations des livres de Stephen King. Il paraît qu'il contrôle toutes les mises en scène et qu'il est, à juste titre, très exigeant sur le respect du scenario.



Posté le : 07/05/2013 13:28
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Charles Exbrayat
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Je suis comme toi, je n'aime pas voir un livre que j'ai aimé devenir un film. Ce que nous lisons nous le voyons, les images des autres télescopent les miennes et je n'aime pas, je n'aime pas que l'on envahisse mon imaginaire.
Et de même pour les chansons je n'aime pas les clips, ce sont les images des autres, pas les miennes.
Et pourtant j'ai voulu voir "le désert des tartares", de Dino Buzatti, cela me paraissait un défi incroyable, faire un film sur une roman dont le sujet est l'inaction ???
Et malgré tout c'était parfait.
Merci

Posté le : 06/05/2013 18:41
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Charles Exbrayat
Modérateur
Inscrit:
11/01/2012 16:10
De Rivière du mât
Messages: 682
Niveau : 23; EXP : 75
HP : 0 / 568
MP : 227 / 20726
Hors Ligne
Je me souviens avoir lu toute la série des Imogène dans les années 78-79, bien avant des adaptations cinématographiques que je n'ai pas vues et qui m'auraient sans doute déçu...


Posté le : 06/05/2013 17:37
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Louis Christophe françois Hachette
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 5 Mai 1800 à Rethel naît Louis Christophe François Hachette,

Fondateur d'une des plus anciennes maison d'édition française qui porte aujourd'hui encore, son nom.

Biographie

Il est issu d'une famille paysanne, par la suite émigrée à Paris. Sa mère travaille comme lingère au Lycée Louis-le-Grand, ce qui permet à Louis d'y être scolarisé. Il y côtoie Louis Marie Quicherat et Émile Littré.
En 1819, il est reçu troisième au concours d'entrée au "pensionnat normal", prédécesseur de l'École normale supérieure, où il suit les cours de François Guizot. Sa carrière prometteuse dans l'enseignement est brisée lorsque le gouvernement de Joseph de Villèle décide de fermer l'établissement (1822).
Louis Hachette commence alors des études de droit, tout en gagnant sa vie comme précepteur des enfants d'un grand notaire parisien. Grâce à son aide, il acquiert en 1826 un brevet de libraire-éditeur et fonde une librairie classique, la maison d'édition Hachette, à laquelle son activité donne de très grands développements ; il y joint une librairie scientifique et littéraire d'où sont sorties de nombreuses et importantes publications.
Il fondé plusieurs recueils périodiques, comme la Revue de l'instruction publique et le Manuel général de l'instruction primaire.
Son génie du marketing est à l'origine de plusieurs innovations qui assurent le succès à sa maison d'édition :
Prospectus de la Bibliothèque des chemins de fer, reproduit en 1853 à la fin d'un ouvrage de la collection.
Il propose aux libraires de leur faire parvenir un exemplaire de toutes ses publications, avec la possibilité de les lui renvoyer s'ils ne sont pas vendus au cours de la première année.
Ce système s'est largement développé pour devenir l'office tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Il a aussi l'idée d'installer des points de vente dans les gares et crée la Bibliothèque des chemins de fer, ouvrages littéraires ou pratiques en un volume, dans une présentation commode pour le voyageur.
Il rencontre en 1853 Eugène de Ségur, président de la Compagnie des Chemins de fer de l'Est, qui lui aurait accordé l'exclusivité sous la condition qu'il publierait les histoires pour enfants de son épouse, la comtesse de Ségur, ce qu'il n'eut pas à regretter.

Ces points de vente sont devenus les boutiques Relay.
À sa mort le 31 juillet 1864, la maison d'édition Hachette est la plus grande maison d'édition française et s'étend sur 10 000 m2 boulevard Saint-Germain.

Ses gendres et associés, Louis Bréton et Emile Templier, reprennent la société et s'adjoignent plus tard ses deux fils, Alfred et Georges.
En 1914, la Librairie Hachette rachète la maison fondée par Pierre-Jules Hetzel, l'éditeur de Jules Verne.

Publications de Louis Hachette
L'instruction populaire et le suffrage universel, 1861, sans nom d'auteur et sans éditeur.
Réponse à l'auteur de la brochure intitulée Les bibliothèques scolaires et M. Hachette, Paris, 1862, 16 p.



Hommage de Jérome Hachette, un de ses descendants :


Louis, Christophe, François HACHETTE, fondateur de la Librairie Hachette est mon arrière arrière-grand-père par la descendance de son petit-fils Jean HACHETTE.

Louis avait choisi de devenir professeur: il suivait les cours de l'école Normale depuis 1819.

Après la révolution de 1789, suivie de l'épopée Napoléonienne, la monarchie était de retour avec Louis XVIII. Les étudiants épousaient souvent les idées libérales de la révolution. Monseigneur Frayssinous, évêque et Grand Maître de l'Université, les considérait comme agitateurs et dangereux pour l'avenir du royaume, particulièrement ceux qui se préparaient à enseigner. Sur ordre du ministre de l'intérieur Corbière, il ferma cette école en 1822 (elle sera rétablie en 1826 sous le nom d'Ecole Préparatoire).

Louis HACHETTE et ses camarades de promotion avaient encore deux années d'études pour obtenir leur diplôme. Ils savaient que cette carrière leur était maintenant retirée et qu'ils allaient devoir reconsidérer leur avenir.

En 1826, après avoir vécu pendant quelques années de leçons particulières à domicile et s'être préparé à une carrière d'avocat, Louis achetait avec ses économies et un prêt accordé par le notaire Henri Bréton, une minuscule librairie du quartier latin.

A 26 ans il devenait libraire par hasard!

On lui avait interdit le professorat, il allait enseigner non pas à une poignée d'élèves, mais à toute la jeunesse de France! en développant ce qui n'existait qu'à l'état embryonnaire: l'édition scolaire et universitaire.

Quelle revanche pour ce fils d'une lingère du lycée Louis Le Grand! car ce sont Louis Philippe puis Napoléon III qui passeront des commandes gigantesques pour équiper les écoles du pays, lui donnant les moyens financiers de diversifier son catalogue jusqu'aux écrivains étrangers dont il assura les traductions et la distribution des ouvrages.

Il publia des auteurs célèbres aujourd'hui encore comme la Comtesse de Ségur, George Sand, Lamartine, Michelet, Victor Hugo, Dickens.

Louis HACHETTE offrit du travail aux artistes illustrateurs, tel Gustave Doré dont le génie fût popularisé par les nombreux ouvrages qu'il illustra de ses dessins nerveux et précis, aujourd'hui recherchés des collectionneurs.

Peu après l'invention du train par les anglais, mon aïeul créa en 1852 les kiosques des gares où des livres peu coûteux aidaient à passer le temps du trajet, puis le concept nouveau des guides de voyage qui fit l'objet d'un département spécialisé.

Son fils, Georges, mon arrière-grand-père, puis son petit-fils Louis, frère de mon grand-père, qui portait le même prénom que son aïeul fondateur, allaient se succéder à la tête d'un empire devenu la première maison d'édition du monde.

Vous pouvez consulter, prélever ou imprimer les données de votre choix, compléter les informations ou apporter des correctifs, transmettre de nouvelles photos, annoncer les mariages, les divorces, les naissances et les décès en utilisant le "Livre d'or".

Un grand merci à mon père Roger Hachette d'avoir conservé les archives de famille, dont certaines remontent à l'époque de Louis XIV, qui ont été une source inestimable pour enrichir ce site. Je remercie Sébastien Caunes, établi à Toulouse, Jérôme Himely, Claire de Caumont la Force, Jean-Louis Hachette, Evrard Hachette, Philippe Krafft, Antoine Hubert Guichard, Henri-Jacques Noton, Victor Labouret, Jeanne Dalléas, Antoine Bréton, pour leurs travaux généalogiques qui ont largement contribué à enrichir l'arbre de la famille de même que tous ceux qui ont transmis d'intéressantes photos que vous pourrez retrouver sur la page des documents anciens, ainsi que Jean-Yves Mollier, auteur de la biographie de Louis Hachette, et les Editions Fayard pour leur autorisation de reproduction.

Jérôme Hachette

Hachette Aujourd'hui :

http://youtu.be/caBCzq4IHr0
http://youtu.be/DvdqhDUw6_o


Attacher un fichier:



jpg  percaline 2 002.jpg (331.66 KB)
3_5186786db1841.jpg 1600X1200 px

jpg  1011499_400.jpg (56.52 KB)
3_51867885e5f77.jpg 400X400 px

jpg  23_Louis_Christophe_HACHETTE_au_sommet_de_son_succès.jpg (45.25 KB)
3_518678975f3f5.jpg 645X370 px

jpg  9782213602790-G.JPG (12.72 KB)
3_518678b6d3968.jpg 250X384 px

jpg  hachette.jpg (50.99 KB)
3_518678c856c80.jpg 352X425 px

jpg  416.jpg (19.03 KB)
3_518678e33ca49.jpg 160X237 px

jpg  19366677.jpg (56.80 KB)
3_518678f2d0703.jpg 547X216 px

Posté le : 05/05/2013 17:21
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Charles Exbrayat
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 5 Mai 1906 naît CHARLES EXBRAYAT, à Saint Etienne.

Qui a décrété que la littérature policière est un art secondaire et sans intérêt ?
Une certaine oligarchie intellectuelle, une aristocratie de la plume a toujours regardé avec dédain, avec mépris même, et une désapprobation souveraine la littérature policière, ce qui au regard des volumes de vente de ce genre n'est probablement pas une opinion partagée par l'immense lectorat fidèle à Charles Exbrayat.
Charles Exbrayat - né le 05 mai 1906 à St Etienne, est un écrivain français, auteur de romans policiers.
Il a publié plus de cent romans dont certains ont été adaptés au cinéma et à la télévision.
Il a écrit quelques romans avec Jacques Dubessy sous le nom de plume commun de Michael Loggan.


Biographie

Après le baccalauréat passé à Nice où habitent ses parents, Exbrayat se prépare sans enthousiasme à devenir médecin mais, exclu de la faculté de Marseille pour chahut notoire, il échappe à l'École de Santé de Lyon et se tourne vers les sciences naturelles
Diplôme en poche, il enseigne successivement à Melun, Saint-Germain-en-Laye puis à Paris (Lycée Henry-IV)
IL échoue à l'agrégation, quitte l'enseignement, se détourne vers le journalisme.
Il fait ses débuts d'auteur dramatique à Genève avec " Aller sans retour " poursuit sa carrière à Paris (Cristobal, Annette ou la chasse aux papillons) et publie deux romans.
La guerre éclate. La défaite est fracassante. Charles Exbrayat rejoint la résistance et les maquis nivernais

IL trouve néanmoins le temps d'écrire deux premiers romans - Jules Matrat et Ceux de la forêt -, publiés en 1942. Débute dans le scénario et le dialogue auprès de grands réalisateurs (Christian-Jacques, Grangier, Devaivre...). Se lance dans le théâtre.
Journaliste après 1945,il devient rédacteur en chef du Centre à Nevers, quotidien pour lequel il assurera la chronique jusqu'en 1971.
Il aborde le roman policier avec "Elle avait trop de mémoire" (1957). Avec "Vous souvenez-vous de Paco?" il obtient le Grand Prix du roman d'aventures en 1958.
Infatigable, il va connaître un immense succés; plus qu'une plume, Exbraya a une patte redoutable qui lui permet de manier le polar avec un humour inimitable.
Il a été, entre autres, le créateur du personnage d'Imogène et le narrateur de ses aventures.
Amour, haine, humour, sens du rythme et du suspense, personnages hauts en couleur : les sept romans qui composent la saga d'Imogène réunissent tous les ingrédients qui ont fait la renommée d'Exbrayat. Imogène McCarthery - Jeanne d'Arc écossaise aux cheveux rouges qui ne répugne pas à faire le coup de poing et ne crache pas sur le whisky pur malt - triomphe toujours de tout : des calomnies, des assassins, de l'ennemi héréditaire anglais... et rallie tous les suffrages, aussi bien dans son village de Callander que chez ses lecteurs !
Il crée aussi les personnages de Roméo Tarchinini et de Malcom Mac Namara

Sa rencontre avec Albert Pigasse, qui dirige "Le Masque" va déboucher sur une longue collaboration. Comme nombre d'auteurs de l'après-guerre, Charles Exbrayat joue à l'écrivain anglo-saxon. Ses romans se déroulent souvent outre-Manche. Scotland Yard s'en donne à cœur joie. Les Highlanders également. Il écrit, il inonde. Trois-quatre romans par an. Un rythme démentiel mais qui n'a pas d'incidence sur la qualité de ses ouvrages. Et ils sont nombreux. Près d'une centaine à se démarquer par une certaine originalité humoristique. À la limite de l'indigeste, mais toujours du bon côté. D'ailleurs Charles Exbrayat est sûrement le plus anglais des écrivains français comiques.
Directeur de la collection "Services secrets" puis de "Club des Masques", Charles Exbrayat s'est aussi essayé avec Jacques Dubessy, à l'écriture à quatre-mains. Ensemble, et sous le pseudonyme de Michael Logan, ils ont fait vivre dix-sept aventures à l'agent de la CIA Daniel Layton.

Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma et il est aussi scénariste d'une quinzaine de films.

C'est dans sa ville natale que l'auteur s'est éteint le 8 mars 1989.

Prix

Un prix Charles-Exbrayat a été créé pour récompenser chaque année un roman policier paru dans l'année et « qui aurait plu à Charles Exbrayat ». Le jury est composé de lecteurs de communes où Exbrayat a vécu (Saint-Étienne, Tarentaise et Planfoy, dans la Loire). Le Prix Charles-Exbrayat est attribué lors de la Fête du Livre de Saint-Étienne.

Le centenaire de Charles Exbrayat a été célébré le 5 mai 2006, à la mairie de Saint-Étienne.

Le Collège Charles EXBRAYAT, situé sur la commune de La Grand'Croix accueille 650 élèves issus des écoles élémentaires de Cellieu, Farnay, St Paul en Jarez, Lorette et bien sûr La Grand'Croix.


Oeuvres

Œuvres publiées au Masque
La majeure partie des œuvres de Charles Exbrayat a été initialement publiée par la Librairie des Champs-Élysées à Paris, soit dans lacollection « Le Masque » soit, plus rarement, dans la collection « Club des masques »

Série Imogène
Titre Collection N° Année Pages ISBN
Ne vous fâchez pas, Imogène ! Le Masque no 647 1959 191 p. (ISBN 2-70241-906-2)
Imogène est de retour Le Masque no 706 1960 242 p. (ISBN 2-70242-074-5)
Encore vous, Imogène ? Le Masque no 753 1962 242 p. (ISBN 2-70242-077-X)
Imogène, vous êtes impossible ! Le Masque no 801 1963 250 p. (ISBN 2-70242-076-1)
Notre Imogène Le Masque no 1070 1969 190 p. (ISBN 2702419178)
Les Fiançailles d'Imogène Le Masque no 1176 1971 190 p. (ISBN 2-70242-004-4)
Imogène et la veuve blanche Le Masque no 1406 1975 254 p. (ISBN 2-70242-075-3)

Série Tarchinini
Titre Collection N° Année Pages ISBN
Chewing-gum et spaghetti Le Masque no 665 1960 252 p. (ISBN 2-70243-280-8)
Le Plus Beau des bersagliers Le Masque no 779 1962 256 p. (ISBN 2-70242-000-1)
Chianti et Coca-Cola Le Masque no 897 1966 190 p. (ISBN 2-70242-159-8)
Le Quintette de Bergame Le Masque no 978 1967 190 p. (ISBN 2-70242-306-X)
Ces sacrées Florentines Le Masque no 1046 1969 190 p. (ISBN 2-70241-857-0)
La Belle Véronaise Le Masque no 1210 1972 256 p. (ISBN 2-70241-919-4)
Des amours compliquées Le Masque no 1457 1976 252 p. (ISBN 2-70241-922-4)
Mets tes pantoufles, Roméo Le Masque no 1713 1983 188 p. (ISBN 2-70241925-9)
Série McNamara
Titre Collection N° Année Pages ISBN
On se reverra, petite ! Le Masque no 824 1964 250 p. (ISBN 2-70241-998-4)
Le colonel est retourné chez lui Le Masque no 875 1965 190 p. (ISBN 2-70241-885-6)
Un joli petit coin pour mourir Le Masque no 1020 1968 192 p. (ISBN 2-70240-961-1)

Hors-série
Titre Collection N° Année Pages ISBN
Elle avait trop de mémoire Le Masque no 583 1957 190 p. (ISBN 2-70241-977-1)
La nuit de Santa Cruz Le Masque no 592 1957 256 p. (ISBN 2-70241-978-X)
Vous souvenez-vous de Paco ? Le Masque no 616 1958 244 p. (ISBN 2-70242-200-4)
Ce mort que nul n'aimait Le Masque n°625 1958 244 p. (ISBN 2-70240-685-8)
L'inspecteur mourra seul Le Masque no 638 1959 244 p. (ISBN 2-70242-431-7)
Cet imbécile de Ludovic Le Masque no 674 1960 192 p. (ISBN 2-70241-866-X)
Amour et sparadrap Le Masque no 680 1960 244 p. (ISBN 2-70241-261-0)
Aimez-vous la pizza ? Le Masque no 700 1960 244 p. (ISBN 2-70242-170-9)
Avanti, la mùsica ! Le Masque no 715 1961 244 p. (ISBN 2-70242-243-8)
Des demoiselles imprudentes Le Masque no 721 1961 192 p. (ISBN 2-70242-002-8)
Les Blondes et Papa Le Masque no 727 1961 222 p. (ISBN 2-70241-926-7)
Méfie-toi, Gône ! Le Masque no 741 1961 244 p. (ISBN 2-7024-1639-X)
Le Quadrille de Bologne Le Masque no 1821 1961 256 p. (ISBN 2-7024-1815-5)
Dors tranquille, Katherine Le Masque no 762 1962 256 p. (ISBN 2-7024-2011-7)
Une ravissante idiote Espionnage 2e série no 5 1962 254 p. [pas d'ISBN]
Le temps se gâte à Zakopane Espionnage 2e série no 11 1962 254 p. [pas d'ISBN]
Espion, où es-tu ? M'entends-tu ? Espionnage 2e série no 15 1962 254 p. [pas d'ISBN]
Olé !... Torero ! Le Masque no 788 1963 239 p. (ISBN 2-70241-999-2)
Les Filles de Folignazzaro Le Masque no 797 1963 254 p. (ISBN 2-70241-816-3)
Quel gâchis, inspecteur ! Le Masque no 814 1963 252 p. (ISBN 2-70241-489-3)
Les Douceurs provinciales Le Masque no 1744 1963 252 p. (ISBN 2-7024-1500-8)
Et qu'ça saute ! Le Masque no 1750 1963 187 p. (ISBN 2-7024-1504-4)
La Honte de la famille Le Masque no 831 1964 246 p. (ISBN 2-70241-817-1)
Les Messieurs de Delft Le Masque no 839 1964 190 p. (ISBN 2-70241-818-X)
Barthélemy et sa colère Le Masque no 854 1964 188 p. (ISBN 2-70241-834-1)
Vous manquez de tenue, Archibald ! Le Masque no 872 1965 190 p. (ISBN 2-70240-217-8)
Une petite morte de rien du tout Le Masque no 893 1965 188 p. (ISBN 2-70240-218-6)
Joyeux Noël, Tony Service secret no ? 1964 190 p. [pas d'ISBN]
Mandolines et barbouzes Service secret no ? 1965 190 p. [pas d'ISBN]
Les Dames du Creusot Le Masque no 904 1966 188 p. (ISBN 2-70241-819-8)
Plaies et bosses Le Masque no 919 1966 188 p. (ISBN 2-70242-405-8)
Le Voyage inutile Le Masque no 925 1966 190 p. (ISBN 2-70240-222-4)
Une brune aux yeux bleus Le Masque no 935 1966 252 p. (ISBN 2-70241-546-6)
Le Dernier des salauds Le Masque no 958 1967 190 p. (ISBN 2-70241-868-6)
Mortimer !... Comment osez-vous ? Le Masque no 969 1967 190 p. (ISBN 2-70241-993-3)
Pour Belinda Le Masque no 975 1967 190 p. (ISBN 2-70241-886-4)
Il faut chanter Isabelle ! Le Masque no 992 1967 188 p. (ISBN 2-70241-887-2)
Les Amours auvergnates Le Masque no 1001 1968 190 p. (ISBN 2-70241-992-5)
Chant funèbre pour un gitan Le Masque no 1012 1968 192 p. (ISBN 2-70242-172-5)
Félicité de la Croix-Rousse Le Masque no 1033 1968 190 p. (ISBN 2-70241-991-7)
Cet imbécile de Ludovic Club des masques no 85 1969 192 p. (ISBN 2-70240-126-0)
Les Amoureux de Leningrad Le Masque no 1061 1969 190 p. (ISBN 2-70241-494-X)
Tout le monde l'aimait Le Masque no 1086 1969 252 p. (ISBN 2-70241-888-0)
Le Clan Morembert Le Masque no 1098 1970 188 p. (ISBN 2-70241-889-9)
Un bien bel homme Le Masque no 1116 1970 190 p. (ISBN 2-7024-2266-7)
Des filles si tranquilles Le Masque no 1123 1970 246 p. (ISBN 2-70241-989-5)
Pour ses beaux yeux Le Masque no 1167 1971 248 p. (ISBN 2-70241-918-6)
Les Menteuses Le Masque no 1141 1970 186 p. (ISBN 2-70242-555-0)
Au « Trois Cassoulets » Le Masque no 1154 1971 190 p. (ISBN 2-70241-890-2)
La Petite Fille à la fenêtre Le Masque no 1188 1971 184 p. (ISBN 2-70242-311-6)
Pourquoi tuer le pépé ? Le Masque no 1220 1972 252 p. (ISBN 2-70241-920-8)
Ton amour et ma jeunesse Le Masque no 1227 1972 252 p. [pas d'ISBN]
Quand Mario reviendra Le Masque no 1240 1972 252 p. (ISBN 2-70240-317-4)
Sainte crapule Le Masque no 1256 1973 250 p. (ISBN 2-70241-928-3)
Qui veut affoler Martine ? Le Masque no 1278 1973 252 p. (ISBN 2-70240-418-9)
Porridge et polenta Le Masque no 1291 1973 250 p. (ISBN 2-70242-057-5)
C'est pas Dieu possible ! Le Masque no 1308 1974 252 p. (ISBN 2-70241-927-5)
Bye, bye, chérie ! Le Masque no 1330 1974 192 p. (ISBN 2-70242-121-0)
J'aimais bien Rowena Le Masque no 1345 1974 252 p. (ISBN 2-70242-498-8)
Marie de nos vingt ans Le Masque no 1380 1975 250 p. (ISBN 2-70242-085-0)
Le petit fantôme de Canterbury Le Masque no 1392 1975 252 p. (ISBN 2-70242-064-8)
Deux enfants tristes Le Masque no 1423 1976 188 p. (ISBN 2-70242-368-X)
Tu n'aurais pas dû, Marguerite Le Masque no 1430 1976 254 p. (ISBN 2-70241-921-6)
Des amours compliquées Le Masque no 1457 1976 252 p. (ISBN 2-7024-0574-6)
En souvenir d'Alice Le Masque no 1469 1977 188 p. (ISBN 2-70241-923-2)
La Balade de Jenny Plumpett Le Masque no 1481 1977 254 p. (ISBN 2-70242-174-1)
Fini de rire, fillette ! Le Masque no 1512 1978 254 p. (ISBN 2-70240-716-1)
Un cœur d'artichaut Le Masque no 1536 1978 186 p. (ISBN 2-70240-778-1)
Caroline sur son banc Le Masque no 1556 1979 190 p. (ISBN 2-70242-151-2)
Trahisons en tout genre Le Masque no 1566 1979 186 p. (ISBN 2-70242-009-5)
Le Nez dans la luzerne Le Masque no 1597 1980 192 p. (ISBN 2-70240-999-7)
Le château des amours mortes Le Masque no 1608 1980 186 p. (ISBN 2-70241-924-0)
La haine est ma compagne Le Masque no 1634 1981 220 p. (ISBN 2-70242-369-8)
Une vieille tendresse Le Masque no 1645 1981 190 p. (ISBN 2-70241-239-4)
Le Sage de Sauvenat Le Masque no 1667 1981 254 p. (ISBN 2-70242-061-3)
Ma belle irlandaise Le Masque no 1719 1983 220 p. (ISBN 2-70242-511-9)
La Plus Jolie des garces Le Masque no 1728 1983 154 p. (ISBN 2-70241-441-9)
L'honneur de Barberine Le Masque no 1741 1984 192 p. (ISBN 2-70241-863-5)
Vous auriez pas vu la Jeanne des fois ? Le Masque no 1755 1984 158 p. (ISBN 2-70241-537-7)
Un garçon sans malice Le Masque no 1782 1985 188 p. (ISBN 2-70241-536-9)

Œuvres publiées chez d'autres éditeurs
La route est longue, Jessica, Éditions Rombaldi, coll. « Romans - La Redoute », 1968, 236 p. [pas d'ISBN]
Un matin, elle s'en alla, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche » n° 4839, Paris, 1976, 410 p. (ISBN 2-25301-431-1)
Jules Matrat, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche » n° 5261, Paris, 1979, 317 p. (ISBN 2-25302-218-7)
Série: Les bonheurs courts,
Tome I: La Lumière du matin (1981 éditions Albin Michel)
Tome II: Le chemin perdu (1982 Albin Michel)
Tome III: Les soleils de l'automne (1983 Albin Michel)
Tome IV: La désirade (1985 Albin Michel)
La Lumière du matin, Le Livre de poche n° 5653, Paris, 1982, 470 p. (ISBN 2-25302-969-6)
Le Château vert, Éditions J'ai lu, coll. « J'ai lu » n° 2125, Paris, 1987, 414 p. (ISBN 2-27722-125-2)
Rachel et ses amours : chronique villageoise, Albin Michel, Paris, 1987, 318 p. (ISBN 2-226-03120-0), reparu chez De Borée, coll. « Terre de poche », 2008, 428 p. (ISBN 978-2-84494-725-3)
Ceux de la forêt, Éditions J'ai lu, coll. « J'ai lu » n° 2476, Paris, 1988, 185 p. (ISBN 2-27722-476-6)
Mademoiselle Évelyne, suivi de Les Amoureux du Ribatejo, Bayard, coll. « Bonne soirée », 1997, 128 p. (ISBN 2911750187)

Romans signés Michael Loggan
Layton entre en scène, Le Masque, coll. Service secret, 1964
Alors, Layton, la vie est belle ?, Le Masque, coll. Service secret, 1964
Layton et les châtelaines, Le Masque, coll. Service secret, 1964
Layton sous les cerisiers en fleur, Le Masque, coll. Service secret, 1964
Layton et la jolie cubaine, Le Masque, coll. Service secret, 1964
En douceur, Layton, Le Masque, coll. Service secret, 1964
Carré de dames pour Layton, Le Masque, coll. Service secret, 1965
Layton joue à la poupée, Le Masque, 1965
Seriez-vous jaloux, Layton ?, Le Masque, 1965
Layton s'énerve, Le Masque, 1966
Où courez-vous Layton ?, Le Masque, 1966
N'insistez pas, Layton !, Le Masque, 1967
Layton et les joies de la famille, Le Masque, 1967
Layton au paradis, Le Masque, 1967
Layton et la valse des espionnes, Le Masque, 1968
Layton ne fait pas de cadeau, Le Masque, 1969
Piège pour Layton, 1969

Scénariste
1950 : L'Inconnue de Montréal de Jean Devaivre
Adaptations

Cinéma
1962 : Il cambio della guardia (en France, En avant la musique) de Giorgio Bianchi (avec scènes tournées par Sergio Leone, non mentionné au générique), adaptation du roman Avanti la musica
1964 : Une ravissante idiote de Édouard Molinaro
1969 : La Honte de la famille de Richard Balducci
2010 : Imogène McCarthery de Franck Magnier et Alexandre Charlot

Télévision
1974 : La Mort d'un enfant (du roman de Charles Exbrayat), téléfilm de Jean-Louis Muller
1989-1991 : Imogène, série télévisée avec Dominique Lavanant
1997 : Rachel et ses amours, téléfilm de Jacob Berger


Liens

http://youtu.be/TuQBQUaXFDg Interview de Ch. Exbrayat
http://youtu.be/1BeX1IKUtF0 Extrait de Imogène

Attacher un fichier:



gif  exbrayat.gif (423.04 KB)
3_518653de9d870.gif 1191X1684 px

jpg  9782226014788-X.jpg (499.60 KB)
3_518653fa71bf7.jpg 500X782 px

jpg  Image-Hosted-by-ImageShack-.jpg (129.60 KB)
3_5186540d24df5.jpg 400X550 px

jpg  9782702434901-T.jpg (117.95 KB)
3_51865425b1b30.jpg 600X980 px

jpg  9782702439197-G.jpg (27.76 KB)
3_51865444d4407.jpg 250X405 px

jpg  BKpra2nyxUk.jpg (37.13 KB)
3_5186545149eb9.jpg 604X364 px

jpg  exbrayatc.jpg (5.27 KB)
3_518654621e885.jpg 150X200 px

jpg  le-tour-d-europe-d-exbrayat--integrale-exbrayat---tome-3--137080-250-400.jpg (29.27 KB)
3_51865470df754.jpg 250X390 px

jpg  une-ravissante-idiote-114868-250-400.jpg (21.04 KB)
3_518654854d01d.jpg 250X384 px

Posté le : 05/05/2013 14:46
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Pierre Schœndœrffer
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 5 Mai 1928 naît Pierre Schœndœrffer, à Chamalières

Artiste, écrivain, romancier, réalisateur, cinéaste, scénariste et documentariste français.

Lauréat de l'Académie française, primé par un Oscar, il était membre de l'Académie des beaux-arts depuis 1988.

Pensionnaire au lycée technique d'Annecy pendant la guerre, il lit Fortune carrée de Joseph Kessel, qui lui redonne courage en lui indiquant le chemin de "la vraie vie".
Tout à son rêve de devenir marin, lui qui n'a jamais vu la mer, il embarque sur un chalutier à voile.

Voulant être cinéaste, mais sans relations dans ce milieu, il s'engage au service cinématographique de l'armée. Il part en Indochine, pays qui le fascine et dont il étudie la civilisation.
Demandant à remplacer un de ses camarades qui avait été tué, il filme les horreurs et la misère des combats.
À Diên Biên Phu, il est caporal-chef. Il a 24 ans.

Quand il est fait prisonnier à l'issue de la bataille de Diên Biên Phu, le cinéaste soviétique Roman Karmen — qui reconstitue la bataille pour la propagande de l'URSS — lui épargne le pire.
Le Việt Minh lui confisque toutes les pellicules qu'il avait filmées du conflit.
Son orientation vers le documentaire est un corollaire de cette privation.

De retour, il connaît la déception des anciens combattants de toutes les époques, et l'opprobre de la part des communistes et des gens de gauche qui lui reprochent son engagement dans l'armée française.

Au Maroc et pendant la guerre d'Algérie, il est journaliste.

En 1958 et 1959, il réalise ses premiers longs métrages : La Passe du diable dans un scénario de Joseph Kessel, Ramuntcho et Pêcheur d'Islande qui sont des adaptations des romans éponymes de Pierre Loti.

En 1965, La 317e Section, film de fiction quasi documentaire sur la guerre d'Indochine, obtient le Prix du scénario au Festival de Cannes 1965.

En 1967, il réalise au Vietnam avec Dominique Merlin un film documentaire avec l'armée américaine, La Section Anderson, qui reçoit l'Oscar du meilleur documentaire 1968 et de nombreuses distinctions internationales.

Pierre Schœndœrffer écrit, en 1976, le roman Le Crabe-tambour, qui obtient le grand prix du roman de l'Académie française. Il l'adapte pour le cinéma.
Pour réaliser le film Le Crabe-tambour, il tourne pendant sept semaines sur un navire de guerre, l'escorteur d'escadre Jauréguiberry, pendant l'hiver dans l'Atlantique nord.
Sorti en novembre 1977, il reçoit trois Césars en 1978 :
meilleur acteur,
meilleur acteur dans un second rôle,
meilleure photographie
et est nommé pour le meilleur film et le meilleur réalisateur.

En 2003 il écrit L'Aile du papillon.

En 2007, il se rend en Afghanistan, un demi-siècle après avoir découvert le pays aux côtés de Joseph Kessel, invité par le 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), dont il est soldat de 1re classe d'honneur.

Il meurt, à 83 ans, le 14 mars 2012 à l’hôpital militaire Percy de Clamart, où il avait été transféré quelques jours auparavant à la suite d’une opération chirurgicale.

Pierre Schœndœrffer est le petit-fils de l'architecte Paul Friesé (1851 - mort pour la France 1917), et l'oncle par alliance de Patrick Chauvel, comédien, reporter-photographe de guerre et réalisateur de documentaires français.

Pierre Schœndœrffer était marié à la journaliste Patricia Chauvel, Schœndœrffer. Il est le père de :

Frédéric Schœndœrffer, cinéaste
Ludovic Schœndœrffer, acteur
Amélie Schœndœrffer, actrice


Prix et distinctions

De nombreux prix littéraires, cinématographiques et audiovisuels ont couronné son œuvre au fil des années dont :

1967 : Oscar du meilleur film documentaire pour La Section Anderson
2008 : Prix Henri-Langlois de la ville de Vincennes en tant que réalisateur

Distinctions militaires

Médaille militaire
Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs : six citations dont une palme
Croix du combattant volontaire.

Distinctions civiles

Officier de l'ordre national du Mérite
Commandeur de la légion d'honneur
Commandeur des palmes académiques
Officier des Arts et Lettres
23 mars 1988 : élu membre de l'Académie des beaux-arts, section Cinéma et audiovisuel3
Président de l'Académie en 2001 et en 2007
Vice-président, élu pour l'année 2012 au moment de sa mort


Filmographie


En tant que réalisateur

1958 : La Passe du diable
1959 : Ramuntcho
1959 : Pêcheur d'Islande
1963 : Attention ! Hélicoptères (court métrage documentaire)
1965 : La 317e Section
1966 : Objectif 500 millions
1967 : La Section Anderson (documentaire)
1977 : Le Crabe-tambour
1982 : L'Honneur d'un capitaine
1989 : Réminiscence ou la Section Anderson 20 ans après (documentaire)
1992 : Diên Biên Phu
2004 : Là-haut, un roi au-dessus des nuages

Sur Pierre Schœndœrffer

2011 : Pierre Schœndœrffer, la sentinelle de la mémoire (60 min), réalisé par Raphaël Millet, documentaire de long métrage consacré à l'œuvre de Pierre Schœndœrffer. Il retrace son parcours, depuis ses premières années dans la marine marchande, son engagement dans l'armée française, et l'influence que cela a eu sur l'ensemble de son œuvre.


Influences


Apocalypse Now de Francis Ford Coppola fait indirectement référence à L'Adieu au roi, John Milius, grand admirateur du roman de Schœndœrffer qu'il connaissait depuis 1970, s'en étant en partie inspiré pour écrire le scénario d'Apocalypse Now.
L'Ennemi intime de Florent Emilio Siri se présente comme étant d'inspiration schoendoerfférienne.
Oliver Stone, avant le tournage de Platoon se référa à La Section Anderson comme source de documentation et d'inspiration.

Œuvre écrite

Romans

1963 : La 317e Section adapté par lui-même au cinéma en 1965
1969 : L'Adieu au roi (Prix Interallié, 1969) ; adapté au cinéma en 1989 : L'Adieu au roi de John Milius
1976 : Le Crabe-tambour (Grand prix du roman de l'Académie française, 1976) ; adapté par lui-même au cinéma en 1977
1981 : Là-haut ; adapté par lui-même au cinéma en 2004
2003 : L'Aile du papillon (Prix littéraire de l'armée de terre - erwan bergot ; Prix Encre Marine 2003 de la Marine nationale)
Là-haut, Un roi au-dessus des nuages
Pêcheur d'Islande
La guerre dans les yeux
La Section Anderson
Diên Biên Phú
Dien Bien Phu 1954/1992, De la bataille au film, Editions Fixot-Lincoln, 1992
Préface de Pierre Schœndœrffer pour l'album La Guerre d'Indochine de Patrick Buisson, Editions Albin Michel, 2009


Liens :

http://youtu.be/gIAIAO6BOD8 le crabe-tambour entier
http://youtu.be/Ov86wcRzR7s interview de Pierre Schœndœrffer
http://youtu.be/mj9enTc0H1E Hommage
http://youtu.be/oiHhA8p8Ous extrait de la 317éme section (film de 1964)
http://youtu.be/k1H5BJfrG0c musique dans le crabe-tambour
http://youtu.be/k1H5BJfrG0c extrait de l'honneur d'un capitaine
http://youtu.be/-2czt9JX2J0 dien bien phu (commentaire de Pierre Schœndœrffer )


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  20120314-pierre-schoendoerffer.jpg (149.49 KB)
3_518640edaa43d.jpg 640X421 px

jpg  dia-9112.jpg (210.83 KB)
3_518641082fde9.jpg 1024X676 px

jpg  Les-obseques-de-Pierre-Schoendoerffer-presidees-par-Francois-Fillon_article_popin.jpg (151.81 KB)
3_5186412725fd8.jpg 1027X682 px

jpg  38-79-thickbox.jpg (94.69 KB)
3_518641416a0c2.jpg 600X600 px

jpg  9782246783060.jpg (43.13 KB)
3_518641505daa3.jpg 400X645 px

jpg  18_5c272.jpg (218.90 KB)
3_5186417a814fb.jpg 453X600 px

jpg  schoen10.jpg (35.82 KB)
3_5186418a95dfe.jpg 220X389 px

jpg  safe_image.jpg (75.10 KB)
3_518641a231811.jpg 720X405 px

jpg  23736174.jpg (42.61 KB)
3_518641b0f1398.jpg 338X450 px

Posté le : 05/05/2013 13:27
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 47 48 49 (50) 51 52 53 ... 60 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
79 Personne(s) en ligne (34 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 79

Plus ...