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Miguel Cervantes 1
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Le 29 Septembre 1547 naît Miguel de Cervantes Saavedra

Romancier, dramaturge, romancier et poète castillan du siècle d'Or espagnol, né à Alcalà de Hénares dans l'empire espagnol, il mourra à l'age de 68 ans le 23 Avril 1616

Aux yeux de la postérité, Cervantès incarne le génie littéraire d'une nation : un destin qu'il partage avec Dante, Goethe et Shakespeare, mais qui, dans son cas, s'assortit d'un curieux privilège, celui d'être le seul écrivain espagnol à avoir atteint une renommée pleinement universelle.
Cette renommée, il la doit assurément à Don Quichotte.
Mais, si le destin de l'ingénieux hidalgo a projeté celui-ci bien au-delà du récit de ses aventures, le mythe qu'il incarne désormais est d'abord lié à l'avènement d'une forme cardinale de la fiction en prose, que l'on appelle aujourd'hui le roman moderne. Cervantès est réputé en être le créateur : réputation fondée si l'on prend la mesure exacte de sa contribution, mais qui, comme il se doit, ne lui a pas été accordée de son vivant par ses lecteurs.
S'ils ont ri aux exploits de Don Quichotte, leurs préférences sont allées davantage à La Galathée ou au Persiles, que nous ne lisons plus guère aujourd'hui, ou encore aux Nouvelles exemplaires, que nous continuons de lire, mais d'un autre œil.
La modernité de Cervantès n'est donc pas le signe distinctif d'un “système” de pensée qui, comme on l'a cru naguère, exprimerait les tensions d'un âge de crise à travers un questionnement des valeurs établies. Elle tient plutôt à la vertu d'une écriture, transparente et néanmoins ambiguë, grâce à laquelle son œuvre, inscrite au départ dans le climat culturel d'une époque aujourd'hui révolue, a débordé, au fil de ses réceptions successives, le dessein qui l'avait engendrée.
La poésie de Cervantès a été éclipsée par sa prose. Pourtant sa vocation de poète ne s'est jamais démentie, pas même au cours des années pendant lesquelles il a paru renoncer à ses premières ambitions.
Nombre de ses compositions, répandues par des copies manuscrites ou publiées anonymement dans des recueils collectifs, sont aujourd'hui perdues ou, à tout le moins, impossibles à identifier. Demeurent en revanche, outre des pièces de circonstance dont certaines ont vu leur attribution fortement contestée, les poèmes intercalés dans les comédies et les œuvres en prose.
Sur un registre très varié, qui va de la plainte lyrique à l'ironie truculente, les mètres castillans, dont le domaine s'élargit parfois à des formes inédites, y alternent avec les strophes importées d'Italie qu'ils pénètrent et modifient à l'occasion : ainsi s'affirme la liberté créatrice d'un fervent admirateur de Pétrarque et de Garcilaso, dont la réflexion sur l'écriture, souvent assumée par les personnages de ses fictions, s'exprime dans les fragments éclatés d'une poétique. Mais la tentative la plus ambitieuse que nous ait laissée Cervantès est le Voyage au Parnasse.
Ce poème burlesque en huit chapitres narre une odyssée imaginaire : le périple qui conduit l'auteur et ses amis de Madrid au sommet du Parnasse, afin de venir en aide à Apollon, en butte aux assauts de vingt mille rimailleurs. Le partage des écrivains entre les deux camps est l'occasion d'éloges de commande ; mais il s'assortit aussi d'une vision lucide de la république des lettres. Plus encore, cette équipée imaginaire permet à l'“Adam des poètes” de composer par touches successives une manière d'autoportrait, sur la toile de fond d'une histoire personnelle remodelée au confluent du vécu et du rêve.
Tout aussi vive est la passion que Cervantès a éprouvée pour le théâtre, avant même que Lope de Vega n'impose le triomphe de la comedia nueva. Les deux pièces contemporaines de son premier retour à Madrid – seules rescapées de la vingtaine qu'il aurait composées à cette date et dont dix titres ont été conservés – participent de l'effort de toute une génération qui, autour de 1580, a cherché à donner à la scène une dignité qui lui faisait défaut.
Elles n'en manifestent pas moins une originalité certaine : moins dans le choix des éléments constitutifs d'un même code théâtral, division en actes, actions “graves”, style soutenu, polymétrie adaptée aux situations que dans l'emploi toujours discret de l'horreur et de la violence, deux ressorts empruntés à la dramaturgie sénéquienne.
Plus élaborée que La Vie à Alger, qui, autour d'une fable adaptée du roman grec, ordonne des tableaux épisodiques imprégnés du souvenir douloureux de la captivité, Numance compose une vaste fresque inspirée d'un événement historique, le suicide collectif, en 133 avant J.-C., des défenseurs d'une cité celtibère assiégée par les légions de Scipion. C'est la seule tragédie authentique que nous ait laissée le XVIe siècle espagnol ; la seule où les personnages, confrontés à une situation qui les dépasse, assument leur destin en choisissant le sacrifice ; la seule dont la résurrection à la scène, menée simultanément, en pleine guerre civile espagnole, par Rafael Alberti et Jean-Louis Barrault, a su mettre en valeur le message.

Sa vie

Les informations sur la vie de Cervantes sont souvent contradictoires et difficiles à rassembler. Parce que, selon Émile Chasles : On le laissa mourir en 1616 dans le silence (…). Pendant toute la durée du XVIIe siècle, personne ne s'occupa de son tombeau ni de la publication complète de ses ouvrages.
On ignorait encore son lieu de naissance cent ans après sa mort, avant que Lord Carteret découvre que la vie de Cervantes était à écrire.
Mais beaucoup de biographes qui s'y sont essayés ont émis des hypothèses fausses, les traducteurs ont usé de supercheries, et des naïfs ont pris au pied de la lettre les récits autobiographiques de l'auteur.

Enfance

Le lieu de naissance de Miguel de Cervantes reste inconnu, même s'il naquit le plus probablement en Alcalá de Henares, en Espagne. Selon son acte de baptême, c'est en effet dans cette ville qu'il fut baptisé, et c'est également ce lieu de naissance qu'il revendiqua dans son Información de Argel "Information d'Alger", ouvrage publié en 1580.
Le jour exact de sa naissance est également incertain, mais étant donné la tradition espagnole de nommer son enfant d'après le nom du Saint du jour, il est probable que ce fut un 29 septembre, jour de célébration de l'archange saint Michel.
Miguel de Cervantes fut donc baptisé à Alcalá de Henares le 9 octobre 1547 dans la paroisse de Santa María la Mayornote. Dans l'acte de baptême on lit :
"Dimanche, neuvième jour du mois d'octobre, année du Seigneur mille cinq cent quarante-sept, fut baptisé Miguel, fils de Rodrigo de Cervantes et de sa femme Leonora. Il fut baptisé par le révérend Bartolomé Serrano, curé de Notre Seigneur. Témoins, Baltasar Vázquez, Sacristain, et moi, qui le baptisai et signai de mon nom. Bachelier Serrano."
— D'après Fernández Álvarez

Famille et parenté

Miguel de Cervantes Saavedra
Ses grands-parents paternels étaient Juan de Cervantes, juriste, et madame Leonor de Torreblanca, fille de Juan Luis de Torreblanca, un médecin cordouan.
Son père Rodrigo de Cervantes (1509-1585) naquit à Alcalá de Henares et était chirurgien.
D'après Jean Babelon : "c'était un médecin mal qualifié, et besogneux, qui exerçait son métier au cours de ses fréquentes errances", ce qui expliquerait que Miguel reçut une éducation assez peu méthodique.
Cervantes avait des ancêtres convertis au christianisme dans les deux branches de sa famille, comme l'ont signalé Américo Castro et Daniel Eisenberg. Jean Canavaggio s'oppose à cette analyse.
Il insiste sur le fait que cette ascendance "n'est pas prouvée" et compare Cervantes à Mateo Alemán pour qui les origines sont documentées. Malgré la controverse, il ne faut cependant pas en exagérer l'influence sur l'interprétation de l'œuvre de Cervantes.
Peu de choses sont connues sur la mère de Miguel de Cervantes. Elle s'appelait Leonora de Cortinas Sánchez et il est possible qu'elle eût parmi ses ascendants des convertis au christianisme.
Miguel était le troisième d'une fratrie de cinq : Andrés (1543), Andrea (1544), Luisa (1546), qui devint prieure dans un couvent de carmélites, Rodrigo (1550), soldat qui accompagna Miguel dans sa captivité à Alger. Magdalena (1554) et Juan ne furent connus que parce que leur père les mentionna dans son testament, ils moururent en bas âge.
Alors que le nom complet de Cervantes est Miguel de Cervantes Saavedra, le nom Saavedra n'apparut sur aucun document de la jeunesse de Cervantes, et ne fut pas utilisé par ses frères et sœurs.
Selon la tradition espagnole, le nom de naissance aurait dû être Miguel de Cervantes Cortinas. Miguel ne commença à utiliser le nom Saavedra qu'après son retour de captivité d'Alger, peut-être pour se différencier d'un certain Miguel de Cervantes Cortinas expulsé de la cour.
Vers 1551, Rodrigo de Cervantes déménagea avec sa famille à Valladolid. Il fut emprisonné pour dettes pendant quelques mois et ses biens furent confisqués. En 1556 la famille est à Madrid, le père se rendit à Cordoue pour recevoir l'héritage de Juan de Cervantes, grand-père de l'écrivain, et pour fuir ses créanciers.

Études

Il n'existe pas de données précises sur les études de Miguel de Cervantes. Il est probable que celui-ci n'atteignit jamais un niveau universitaire.
Valladolid, Cordoue et Séville se trouvent parmi les hypothèses de lieux possibles pour ses études. La Compagnie de Jésus constitue une autre piste puisque dans son roman Le Colloque des chiens, il décrit un collège de jésuites et fait allusion à une vie d'étudiant.
Jean Babelon pense qu'il a certainement fréquenté l'université d'Alcalá et celle de Salamanque si l'on se fie à ses écrits sur la vie pittoresque des étudiants.
Les informations qu'il fournit dans ses ouvrages ne permettent cependant pas de conclure formellement qu'il suivit un enseignement universitaire, comme le rappelle la bibliothèque virtuelle Cervantes.
En 1566, il s'installa à Madrid. Il assista à l’Estudio de la Villa. L'institution était gérée par le professeur de grammaire Juan López de Hoyos, qui publia en 1569 un livre sur la maladie et la mort de la reine Élisabeth de Valois, la troisième épouse du roi Philippe II.
López de Hoyos inclut dans ce livre trois poésies de Cervantes, notre cher et aimé disciple, qui sont ses premières manifestations littéraires : le jeune homme avait écrit ces vers en hommage à la défunte reine.
Ce fut à cette époque que Cervantès prit goût au théâtre en assistant aux représentations de Lope de Rueda et de Bartolomé Torres Naharro dont les pièces étaient jouées dans les villes et les villages par des comédiens ambulants.
Il adorait le monde du théâtre et fit déclarer à son célèbre Hidalgo, dans la seconde partie de son chef-d'œuvre Don Quichotte de la Manche : "il n'avait d'yeux que pour le spectacle".

Voyage en Italie et bataille de Lépante

La bataille de Lépante
Une ordonnance de Philippe II de 1569 a été conservée. Le roi y ordonnait d'arrêter Miguel de Cervantès, accusé d'avoir blessé dans un duel un certain Antonio Sigura, maître d'œuvres.
Si cette ordonnance concerna réellement Cervantès et non un homonyme, elle pourrait expliquer sa fuite en Italie.
Miguel de Cervantès arriva à Rome en décembre 1569.
Il lut alors les poèmes de chevalerie de Ludovico Ariosto et les Dialogues d'amour du juif séfarade León Hebreo (Juda Abravanel), d'inspiration néoplatonicienne et qui influencèrent sa vision de l'amour.
Cervantès s'instruisit du style et des arts italiens dont il garda par la suite un très agréable souvenir.
Mais malgré son goût pour la littérature, Cervantès cherchait d'abord à faire carrière dans les armes. Il s'engagea dans une compagnie de soldats de 1570 à 1574, avant d'entrer comme camerier au service de Giulio Acquaviva, qui devint cardinal en 1570 et qu'il suivit en Italie.
Il avait probablement rencontré ce cardinal à Madrid, mais ce dernier ne le garda pas longtemps comme secrétaire, et Cervantès dut prendre rang dans les régiments des tercios d'Italie, à la solde des Colonna10. Les hasards de la vie militaire l'entraînèrent sur les routes de toute l'Italie : Naples, Messine, Loreto, Venise, Ancône, Plaisance, Parme, Asti et Ferrare.
Il consigna par la suite le souvenir de ces différents séjours dans l'une de ses Nouvelles exemplaires : Le Licencié Vidriera.
Il lui arrivait de méditer sur la guerre, et de vitupérer la diabolique invention de l'artillerie.
Mais tout en combattant, il complétait son éducation littéraire par la lecture des classiques anciens et des auteurs italiens de son époque.
En 1570, le sultan Selim II attaqua Nicosie (Chypre).
Cervantès décrit l’événement dans la nouvelle L'Amant généreux qui fait partie des Nouvelles exemplaires. Il fut alors enrôlé dans la compagnie du capitaine Diego de Urbina dans le tercio de Manuel de Moncada.
La flotte, commandée par Don Juan d'Autriche, fils naturel du puissant Charles Quint et demi-frère du roi, réunit sous son pavillon les vaisseaux du Pape, ceux de Venise, et ceux de l'Espagne, et engagea la bataille de Lepante le 7 octobre 1571. Cervantès prit part à la victoire sur les Turcs dans le golfe de Patras à bord du bateau la Marquesa "la Marquise".
Dans une information légale élaborée huit ans plus tard on lisait :
" Quand fut reconnue l'armée du Turc, dans cette bataille navale, ce Miguel de Cervantès se trouvait mal et avec de la fièvre, et ce capitaine... et beaucoup d'autres siens amis lui dirent que, comme il était malade et avait de la fièvre, qu'il restât en bas dans la cabine de la galère ; et ce Miguel de Cervantès demanda ce qu'on dirait de lui, et qu'il ne faisait pas ce qu'il devait, et qu'il préférait mieux mourir en se battant pour Dieu et pour son roi, que ne pas mourir sous couverture, et avec sa santé... Et il se battit comme un vaillant soldat contre ces Turcs dans cette bataille au canon, comme son capitaine lui a demandé et ordonné, avec d'autres soldats. Une fois la bataille terminée, quand le seigneur don Juan sut et entendit comment et combien s'était battu ce Miguel de Cervantès, il lui donna quatre ducats de plus sur sa paye... De cette bataille navale il sortit blessé de deux coups d'arquebuse dans la poitrine et à une main, de laquelle il resta abîmé".
Ce fut après cette bataille qu'il gagna le surnom de manchot de Lépante, "el manco de Lepanto". Cervantès fut blessé lors de la bataille : sa main gauche ne fut pas coupée, mais elle perdit son autonomie de mouvement à cause du plomb qui lui avait sectionné un nerf.
Après six mois d'hôpital à Messine, Cervantès renoua avec sa vie militaire en 1572. Il prit part aux expéditions navales de Navarin en 1572, Corfou, Bizerte, et en 1573, il figurait dans le tercio de Figueroa lors de la Bataille de Tunis. Toutes ces missions furent exécutées sous les ordres du capitaine Manuel Ponce de León et dans le régiment du très fameux Lope de Figueroa dont il est fait mention dans Le maire de Zalamea de Pedro Calderón de la Barca.
Cervantès décrivit tous les combats navals auxquels il avait pris part et pour lesquels il gardait une juste rancœur. À tous ceux qui se moquaient de lui il répondait :
"Comme si mon état de manchot avait été contracté dans quelque taverne, et non dans la plus grande affaire qu'aient vu les siècles passés, et présent, et que puissent voir les siècles à venir !"
Plus tard, il parcourut les villes principales de Sicile et Sardaigne, de Gênes et de la Lombardie. Il resta finalement deux ans à Naples, jusqu'en 1575. Cervantès était très fier d'avoir participé à la bataille de Lépante.

Esclavage à Alger

Le 20 septembre 1575, Cervantès bénéficia d'un congé et il s'embarqua de Naples pour l'Espagne.
Mais au large des Saintes-Maries-de-la-Mer, et alors qu'il naviguait à bord de la galère espagnole El Sol, le bateau fut attaqué par trois navires turcs commandés par le renégat albanais Arnaute Mamí, le 26 septembre 1575. Miguel et son frère Rodrigo furent emmenés à Alger. Cervantès fut attribué comme esclave au renégat Dali Mamí, marin aux ordres de Arnaute.

A cette époque pendant le XVI et XVII siècle, l'esclavage était une pratique intense des populations arabes, on estime qu'entre 1530 et 1780 cette pratique tua près de 2 milions d'esclaves blancs. La côte barbaresque, qui s'étend du Maroc à la Libye moderne, fut le foyer d'une industrie florissante de rapt d'êtres humains.
Les grandes capitales esclavagistes étaient Salé au Maroc, Tunis, Alger et Tripoli.
Pendant les XVIe et XVIIe siècles, plus d'esclaves furent emmenés vers le sud à travers la Méditerranée que, ne seront plus tard, déportés, vers l'ouest à travers l'Atlantique des africains noirs. Certains esclaves italiens, anglais, espagnols, français ... étaient revendus à leurs familles contre une forte rançon, certains furent utilisés pour le travail forcé en Afrique du Nord, et les moins chanceux moururent à la tâche comme esclaves sur les galères. Mais le sort le plus inhumain fut réservé aux esclaves africains noirs qui étaient systématiquement émasculés dès leur capture, et ne laissent donc aucune descendance.
Cervantes et son frère tombèrent dans les mains des trafiquants d'êtres humains comme le furent beaucoup d'autres à cette époque.
Il fit le récit de sa mésaventure dans L'Espagnole-Anglaise, qui fait partie des Nouvelles exemplaires.
Miguel, porteur de lettres de recommandations de la part de don Juan d'Autriche et du Duc de Sessa fut considéré par ses geôliers comme quelqu'un de très important et de qui ils pourraient obtenir une forte rançon.
C'était, selon l'expression de l'époque "un esclave de rachat" pour lequel on demanda cinq cent écus d'or de rançon.
Les sources permettant de retracer la captivité de Cervantès sont des écrits autobiographiques : ses comédies Los tratos de Argel, Los baños de Argel, "Les Bains d'Alger" et Le Récit du Captif inclus dans la première partie de Don Quichotte, aux chapitres 39 à 41.
Le livre du frère Diego de Haedo, Topographie et histoire générale d'Alger de 1612, qui offre des informations importantes sur la captivité de Cervantès, a été donné pour une source "indépendante".
Cependant, l'attribution de cette œuvre à Diego de Haedo est erronée, chose que lui-même reconnut en son temps.
Selon Emilio Sola, Antonio de Sosa, bénédictin et compagnon de captivité de Cervantès, a coécrit cet ouvrage avec son ami. En conséquence, le livre de Diego de Haedo n'est pas une confirmation indépendante de la vie de Cervantes à Alger, mais un écrit de plus de la part de Cervantès et qui porte aux nues son héroïsme.
Le récit de la captivité de Cervantès est épique.
Pendant ses cinq ans d'emprisonnement, Cervantès, d'esprit fort et motivé, essaya de s'échapper à quatre occasions. Pour éviter des représailles sur ses compagnons de captivité, il assuma la totale responsabilité de ces tentatives devant ses ennemis et préféra la torture à la délation. Il n'a cependant jamais été châtié, peut-être pour des raisons politiques.

Première tentative


La première tentative de fuite fut un échec, car le complice maure qui devait conduire Cervantes et ses compagnons à Oran les abandonna dès le premier jour. Les prisonniers durent retourner à Alger, où ils furent enfermés et mieux gardés.
En butte à de dures représailles, Cervantès fut alors employé aux carrières et aux fortifications du port. Il devint ensuite jardinier sous les murs de Bab El Oued pour son maître Hassan.
L'écrivain relate en partie ce dernier épisode dans L'Amant libéral inclus dans le tome I de Nouvelles espagnoles.
Cependant, la mère de Cervantès avait réussi à réunir une certaine quantité de ducats, avec l'espoir de pouvoir sauver ses deux fils. En 1577, après avoir traité avec les geôliers, la quantité de ducats se révéla insuffisante pour libérer les deux frères. Miguel préféra que ce soit son frère qui fût libéré. Rodrigo rentra alors en Espagne en possession d'un plan élaboré par Miguel pour se libérer, lui et ses quatorze ou quinze autres compagnons.

Seconde tentative

Cervantès s'associa au renégat El Dorador, "le Doreur" pour une deuxième évasion.
Le plan prévoyait que Cervantès se cachât avec les autres prisonniers dans une grotte, en attendant une galère espagnole qui viendrait les récupérer. La galère, effectivement, vint et tenta de s'approcher deux fois de la plage ; mais finalement elle fut capturée à son tour.
Le traître El Dorador dénonça les chrétiens cachés dans la grotte. Cervantès se déclara alors seul responsable de l'organisation, de l'évasion et d'avoir convaincu ses compagnons de le suivre. Le vice-roi d'Alger, Hassan Vénéziano, le racheta à son maître pour une somme de cinq cents écus d'or.
Dans le quartier algerois de Belouizdad, "la grotte de Cervantes" est réputée avoir été la cache de Cervantes et ses compagnons.

Troisième tentative

La troisième tentative fut conçue par Cervantes dans le but de joindre par la terre Oran alors sous domination espagnole. Il envoya là-bas un Maure avec des lettres pour Martín de Córdoba y Velasconote, général de cette place, en lui expliquant la situation et lui demandant des guides.
Le messager fut pris. Les lettres découvertes dénonçaient Miguel de Cervantès et montraient qu'il avait tout monté. Il fut condamné à recevoir deux mille coups de bâtons, mais la condamnation ne fut pas appliquée car de nombreuses personnes intercédèrent en sa faveur.

Quatrième tentative

La dernière tentative de fuite se produisit en 1579 avec la complicité du renégat Giron et à l'aide d'une importante somme d'argent que lui donna un marchand valencien de passage à Alger, Onofre Exarque. Cervantes acheta une frégate capable de transporter soixante captifs chrétiens.
Alors que l'évasion était sur le point de réussir, l'un des prisonniers, l'ancien dominicain le docteur Juan Blanco de Paz, révéla tout le plan à Azán Bajá.
Comme récompense, le traître reçut un écu et une jarre de graisse. Cervantes fut repris et condamné à cinq mois de réclusion dans le bagne du vice-roi. Azán Bajá transféra alors Cervantes dans une prison plus sûre, au sein de son palais.
Il décida par la suite de l'emmener à Constantinople, d'où la fuite deviendrait une entreprise quasi impossible à réaliser. Une fois encore, Cervantes assuma toute la responsabilité.

Libération

En mai 1580, les frères Trinitaires, frère Antonio de la Bella et frère Juan Gil, arrivèrent à Alger. Leur Ordre tentait de racheter les esclaves captifs, y compris en se proposant eux-mêmes comme monnaie d'échange.
Cinq cents esclavess furent libérés par leur entremise. Les sources divergent sur les modalités d'obtention des fonds. Certaines biographies avancent que la famille fortunée de Cervantes paya sa rançon19. Pour une autre source, Fray Jorge de Olivarès de l'ordre de la Merci resta en otage contre sept mille autres prisonniers.
Enfin, pour d'autres biographes, les frères Antonio de la Bella et Juan Gil ne disposaient que de trois cents écus pour faire libérer Cervantès, dont on exigeait cinq cents pour la rançon.
Frère Juan Gil collecta la somme qui manquait parmi les marchands chrétiens. Finalement, au moment où Cervantès était monté dans le vaisseau du Pacha Azán Bajá qui retournait à Constantinople avec tous ses esclaves, l'écrivain fut libéré le 19 septembre 1580 par un acte de rachat passé devant le notaire Pedro de Ribera, et il s'embarqua le 24 octobre 1580 en route pour Denia, d'où il gagna Valence en cherchant à gagner sa vie.

Retour en Espagne

Le 24 octobre, il revint enfin en Espagne avec d'autres captifs sauvés également. Il arriva à Dénia, d'où il partit pour Valence. Vers novembre ou décembre, il retrouva sa famille à Madrid.
C'est à ce moment-là qu'il commença à écrire Le Siège de Numance, de 1581 à 1583.
Il est probable que La Galatea fut écrite entre 1581 et 1583 ; c'est sa première œuvre littéraire remarquable. Elle fut publiée à Alcalá de Henares en 1585. Jusqu'alors il n'avait publié que quelques articles dans des œuvres d'autrui ou des recueils, qui réunissaient les productions de divers poètes.
La Galatea est divisée en six livres, mais seule la première partie fut écrite. Cervantes promit de donner une suite à l'œuvre ; elle ne fut pourtant jamais imprimée. Non sans autodérision, Cervantes place dans la bouche de l'un des personnages de Don Quichotte ce commentaire sur La Galatée :
"Il y a bien des années, reprit le curé, Pedro Perez, que ce Cervantes est de mes amis, et je sais qu'il est plus versé dans la connaissance des infortunes que dans celle de la poésie. Son livre ne manque pas d'heureuse invention, mais il propose et ne conclut rien. Attendons la seconde partie qu'il promet ; peut-être qu'en se corrigeant, il obtiendra tout à fait la miséricorde qu'on lui refuse aujourd'hui."

Cervantes

Dans le prologue de la Galatée, l'œuvre est qualifiée d'"églogue" et l'auteur insiste sur l'affection qu'il a toujours eu pour la poésie.
C'est un roman pastoral, genre littéraire déjà publié en Espagne dans la Diana de Jorge de Montemayor. On peut encore y deviner les lectures qu'il a pu avoir quand il était soldat en Italie.
De retour à Madrid, il eut une aventure avec la femme d'un aubergiste qui lui donna une fille naturelle, Isabelle, en octobre 1584.
Deux mois plus tard, le 12 décembre 1584, Miguel de Cervantes se maria avec Catalina de Salazar y Palacios dans le village d'Esquivias près de Tolède où le couple déménagea. Catalina était une jeune fille qui n'avait pas vingt ans et qui lui apporta une dot modeste.
Après deux ans de mariage, Cervantes entreprit de grands voyages à travers l'Andalousie. En 1587, il était à Séville, séparé de sa femme, sans que les raisons de leur séparation ne fussent claires.
Cervantes ne parla jamais de son épouse dans ses textes autobiographiques, bien qu'il fut le premier à avoir abordé le thème du divorce dans son intermède Le juge des divorces et alors que cette procédure était impossible dans un pays catholique.
Il conclut ce texte par :
"mieux vaut la pire entente
que le meilleur divorce"

Dernières années

Nommé commissaire aux vivres par le roi Philippe II lors de la préparation de l'attaque espagnole de l'Invincible Armada contre l'Angleterre, Cervantès séjourna à Séville entre 1585 et 1589.
Il parcourut à nouveau le chemin entre Madrid et l'Andalousie, qui traverse la Castille et la Manche.
Ce voyage est raconté dans Rinconete et Cortadillo.
Mais, en 1589, il fut accusé d'exactions, arrêté et excommunié. L'affaire le mettait aux prises avec le doyen et le chapitre de Séville. Au cours de ses réquisitions à Écija, Cervantès aurait détourné des biens de l'Église. Un peu plus tard, en 1592, le commissaire aux vivres fut arrêté de nouveau à Castro del Río, dans la province de Cordoue pour vente illicite de blé. Il fut de nouveau emprisonné pour une courte période et accepta un emploi à Madrid : il fut affecté au recensement des impôts dans la région de Grenade.
C'est vers cette époque qu'il commença à rédiger Don Quichotte.
Il eut l'idée du personnage probablement dans la prison de Séville, peut-être dans celle de Castro del Río. En tout cas, selon ses dires, "dans une prison, où toute incommodité a son siège, où tout bruit sinistre a son siège, où tout bruit lugubre fait sa demeure".
La malchance poursuivit l'écrivain qui avait déposé ses avoirs chez le banquier portugais Simon Freyre, lequel fit faillite.
Cervantès se retrouva de nouveau en prison à Séville de septembre à décembre 1597 où il retourna encore en 1602 et 1603.
En 1601, le roi Philippe III s'établit avec sa cour à Valladolid qui devint pour un temps la capitale de l'Espagne. Cervantès s'y installa en 1604 dans une maison près de l'hôpital de la résurrection qui lui inspira le décor du Colloque des chiens, et de Scipion et Berganza.
À la fin de 1604, il publia la première partie de ce qui fut son chef-d'œuvre : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche.
Le livre fut un succès immédiat. Il y raillait le goût des aventures romanesques et chevaleresques qui dominait en son temps.
Cette œuvre marqua la fin du réalisme en tant qu'esthétique littéraire, créa le genre du roman moderne qui eut une très grande influence et constitue sans doute le plus bel exemple de roman picaresque.
Cependant en juin de 1605, Don Santiago Gaspar de Espeleta fut assassiné devant la maison de l'écrivain.
On accusa Cervantès sur la base d'insinuations des voisins, et sa famille fut mise à l'index. Il fut pourtant reconnu innocent.
De retour à Madrid avec la cour, Cervantès bénéficia de la protection des ducs de Lerma, de Bejar, et de Lemos ainsi que de celle du cardinal Bernardo de Sandoval, archevêque de Tolède.


En 1613 parurent les Nouvelles exemplaires, un ensemble de douze récits brefs, écrits plusieurs années auparavant. Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès :
"La peinture est sobre, juste ; le style brillant, précis ... on assiste à la naissance d'une poésie brutale et cependant jamais vulgaire".
La critique littéraire est une constante dans l'œuvre de Cervantès. Elle apparut dans la Galatea et se poursuivit dans Don Quichotte. Il lui consacra le long poème en tercets enchaînés le Voyage au Parnasse en 1614.
De même, dans Huit comédies et huit intermèdes, recueil de pièces de théâtre publié à Madrid en 1615, que Cervantès qualifie de nouvelles, "œuvres nouvelles" pour les distinguer de ses œuvres du début, le prologue présente une synthèse du théâtre espagnol depuis les origines jusqu'aux productions de Lope de Rueda et Lope de Vega.
Ce recueil réunit toute la production des dernières années de l'auteur.
La seconde partie du Don Quichotte ne parut qu'en janvier 1615 : L'Ingénieux chevalier don Quichotte de la Manche.
Cette partie sortit deux ans après la parution d'une suite apocryphe signée d'un mystérieux Alonso Fernández de Avellaneda publiée cours de l'été 1614 à Tarragone, et qui s'intitulait : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, par le licencié Alonso Fernández de Avellaneda natif de Tordesillas.
On n'a jamais pu identifier l'auteur de cette contrefaçon déloyale. On sait que Alonso Fernández de Avellaneda est le pseudonyme d'un écrivain espagnol.
Les historiens ont émis plusieurs hypothèses quant au personnage qui se cachait derrière ce nom. Il pourrait s'agir de Lope de Vega, de Juan Ruiz de Alarcón y Mendoza, ou de Tirso de Molina. Un groupe d'amis de Lope est également évoqué.
Les deux parties de Don Quichotte forment une œuvre qui donne à Cervantès un statut dans l'histoire de la littérature universelle, aux côtés de Dante, Shakespeare, Rabelais et Goethe comme un auteur incontournable de la littérature occidentale.
Honoré de Balzac lui rendit hommage dans l'avant-propos de la Comédie humaine, où il le cita comme un de ses inspirateurs aux côtés de Goethe et Dante et dans Illusions perdues il qualifie Don Quichotte de sublime :
"Enfin le grand Cervantès, qui avait perdu le bras à la bataille de Lépante en contribuant au gain de cette fameuse journée, appelé vieux et ignoble manchot par les écrivailleurs de son temps, mit, faute de libraire, dix ans d'intervalle entre la première et la seconde partie de son sublime Don Quichotte"

— Honoré de Balzac

L'étrange inventeur, comme lui-même se nomme dans Le Voyage au Parnasse, mourut à Madrid le 23 avril 1616, en présentant les symptômes du diabète. Il était alors tertiaire de l'ordre de saint François.
Il fut probablement enterré dans le couvent de cet ordre, entre les rues madrilènes Cantarranas et Lope de Vega. C'est là qu'il repose avec son épouse, sa fille et celle de Lope de Vega bien que certaines sources affirment que, Cervantes étant mort pauvre, sa dépouille fut mise en fosse commune, et est aujourd'hui perdue.
Le roman Les Travaux de Persille et Sigismonde parut un an après la mort de l'écrivain ; sa dédicace au Comte de Lemos fut signée seulement deux jours avant le décès. Ce roman grec, qui prétend concurrencer le modèle classique grec d'Héliodore, connut quelques éditions supplémentaires à son époque mais il fut oublié et effacé par le triomphe indiscutable du Don Quichotte.

Œuvres

Roman
Alcalà (1584)« La Galatea »

La Galatée fut écrite en 1584 et publiée l'année suivante à Alcalá de Henares par Blas de Robles sous le titre de Primera parte de La Galatea, dividida en seis libros Première partie de Galatée, divisée en six livres.
Le livre aurait été commencé durant la détention à Alger et seule la première des six parties annoncées fut rédigée
Le livre met en scène deux pasteurs amoureux de Galatée alors que celle-ci préfère son indépendance. C'est un roman pastoral, genre alors classique.
Le livre permet une lecture à plusieurs niveaux et plusieurs trames s’enchevêtrent.
Cette œuvre représente une étape importante pour ce genre initié au milieu du xvie siècle par Diane de Jorge de Montemayor et par Diane amoureuse de Gil Polo et dont Cervantes se serait inspiré.
Sous la forme d’un roman pastoral, cette œuvre narrative est un prétexte à une étude de la psychologie amoureuse.
Plusieurs années plus tard, dans le Colloque des chiens, Cervantes, anticipant la désuétude de ce genre, moqua le roman pastoral : l'ambiance bucolique, le printemps éternel et les reproches d'un amant à une femme indifférente.
La bibliothèque virtuelle Cervantes affirme cependant qu'il ne s'agit pas seulement d'une œuvre de jeunesse, mais qu'elle "exprime dans un mélange de prose et de vers intercalés, au travers de la recherche d'une impossible harmonie des âmes et des cœurs, le rêve de l'Âge d'Or".
Cervantes, affirma à deux reprises vouloir donner une seconde partie à Galatée, dans Don Quichotte et dans Persilès et Sigismonde :
C’est la Galatée de Miguel de Cervantès, répondit le barbier.
"Il y a bien des années, reprit le curé, que ce Cervantès est un de mes amis, et je sais qu’il est plus versé dans la connaissance des infortunes que dans celle de la poésie. Son livre ne manque pas d’heureuse invention ; mais il propose et ne conclut rien.
Attendons la seconde partie qu’il promet ; peut-être qu’en se corrigeant il obtiendra tout à fait la miséricorde qu’on lui refuse aujourd’hui. En attendant, seigneur compère, gardez-le reclus en votre logis."
— Miguel de Cervantes, L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, chapitre VI
L'œuvre se présente comme la première partie en six livres d'une églogue en prose, c'est-à-dire d'un livre pastoral.
Cervantès raconte les amours traversées, heureuses et malheureuses, de plusieurs couples de bergers et de bergères : un amant meurt, l'autre devient ermite, plusieurs ne s'accordent pas, certains se marient. Ils chantent au bord du Tage, et la poésie alterne avec la narration.
La muse Calliope intervient et célèbre les poètes espagnols contemporains de l'auteur.
Rien, en cet ouvrage, ne reflète donc la réalité. Cependant, la Galatée est plus qu'un exercice de style, plus qu'un divertissement pour les gens de loisir. Quand une plume est libérée de la contrainte des faits, elle peut esquisser et créer un univers fictif idéal, elle explore le domaine du rêve, elle construit des temples et des chaumières, elle crée une nouvelle nature et un paysage neuf, elle aménage un antimonde où nous pouvons nous abriter du monde détestable des faits vécus, diurnes et concrets, du monde des contraintes.
Cette fantastique histoire, comme les rêves, se passe partout et nulle part, maintenant et toujours. La grande affaire dans l'églogue, c'est l'amour, parce que l'amour est la grande affaire des rêveurs.
Toutefois, quelques passerelles jetées à la hâte rattachent l'idée à la réalité : Naples, le Tage et l'épisode de Timbrio et Nisida, où l'on a cru déceler des allusions au passé de l'écrivain. Les personnages cachent, sous de rustiques pelisses, des personnes fort connues dont l'auteur sollicitait l'approbation, le patronage ou le mécénat : Diego Hurtado de Mendoza, l'auteur présumé du Lazarillo de Tormes, ici sous le nom de Meliso, mort en 1575 et dont les bergers visitent la tombe ; le poète Francisco de Figueroa, retiré à Alcalá, berger ici sous le nom de Tirsis ; don Juan d'Autriche, le vainqueur de Lépante, qui, dix ans auparavant, avait recommandé le soldat Cervantès, en somme de beaux esprits et des cœurs généreux, tels qu'ils auraient eux-mêmes souhaité que l'éternité les changeât.
Élaborant son ouvrage, Cervantès se souvient de La Diana, livre pastoral de Jorge de Montemayor, des ouvrages de Bembo, de Boccace et de Castiglione.
Les Dialoghi d'Amore de Léon l'Hébreu, philosophe néo-platonicien, commandent sa conception poétique. Car les couples de bergers ne sont que les ombres portées de l' Amour et de la Connaissance, Philon et Sophia respectivement chez Léon l'Hébreu, dont le dialogue, les échanges dialectiques tissent depuis l'aube des temps l'histoire de l'humanité sur la trame et l'ourdis des appétits individuels et des événements sociaux.
Cervantès attribue donc à ses modèles vivants, transformés en bergers, des mentalités archétypes et les fait vivre dans une Arcadie utopique, plus propice que l'Espagne à leurs débats et à leurs ébats.
Entre toutes ses œuvres, Cervantès préférait La Galatea. On le comprend, même si on ne le suit pas : quand il l'écrivit à son retour de captivité, ce fut sa façon de revendiquer son droit au rêve loin des tracas du monde, de défendre le sanctuaire de ses nuits apaisées. Pour mieux affirmer leur réalité contre les trompeuses apparences des jours tumultueux, il promit même d'écrire une seconde partie de La Galatea.

L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Mancha.

El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha "L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche" est la plus célèbre des œuvres de Cervantes.
La première partie fut publiée à Madrid par Juan de la Cuesta en 1605. Le même éditeur imprima la seconde partie, L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche, en 1615.
Cervantes y raconte les aventures du pauvre hidalgo Alonso Quichano, vivant dans la Manche et obsédé par les livres de chevalerie.
Alors que l'époque des chevaliers est déjà révolue, il prend la décision de devenir le chevalier errant Don Quichotte, et de parcourir l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés.
Il rencontre de nombreux êtres restés célèbres, Sancho Panza, paysan naïf devenu écuyer ; Rossinante son cheval famélique ; Dulcinée du Toboso, l'élue de son cœur à qui Don Quichotte jure amour et fidélité.
Les auberges deviennent des châteaux, les paysannes des princesses, et les moulins à vent des géants. Aussi bien le héros que son serviteur subissent des changements complexes et des évolutions pendant le déroulement du récit.
En parodiant un genre en déclin, comme les romans de chevalerie, Cervantès créa un autre genre extrêmement vivace, le roman polyphonique. Dans ce genre, en jouant avec la fiction, se superposent les points de vue jusqu'à se confondre de manière complexe avec la réalité elle-même.
À l'époque, la poésie épique pouvait aussi s'écrire en prose. Après le précédent de Lope de Vega au théâtre, peu respectueux des modèles classiques, Cervantès inscrivit son œuvre dans un réalisme annoncé par une longue tradition littéraire espagnole qui avait été commencée avec El Cantar del Mío Cid, pour aller vers ce que certains qualifient déjà de "réalisme magique.
"Dès cette époque, le roman investit le réel, et fait reposer l'effort d'imagination sur les lecteurs et l'auteur :
"Heureux, trois fois heureux le siècle où l'intrépide chevalier Don Quichotte de la Manche vint au monde, s'exclame le narrateur, car… il nous offre, en ces temps si pauvres en distractions, le plaisir d'écouter non seulement sa belle et véridique histoire, mais les récits et nouvelles qu'elle renferme."
— Miguel de Cervantes, Don Quichotte de la Manche, chapitre XXVIII
Avec un génie créatif indubitable, il ouvrit de nouveaux chemins à partir de terrains connus qui paraissaient alors des impasses.
Il dépassa la nouvelle italienne, court récit, pour créer le premier roman moderne dont l'influence et la renommée éclipsèrent le reste de l’œuvre de l'écrivain. Borges considère Don Quichotte comme "le dernier livre de chevalerie et la première nouvelle psychologique des lettres occidentales.
Cervantès popularisa ce style en Europe où il eut plus de disciples qu'en Espagne. Le roman réaliste tout entier fut marqué par ce chef-d'œuvre qui servit de modèle à la littérature Européenne postérieure. L'influence de Cervantès - et en particulier du Don Quichotte - dans la littérature universelle est telle que l'espagnol est souvent nommé la "langue de Cervantes".
Il est vraisemblable que l'ouvrage a circulé sous une forme manuscrite ou a été lu, du moins en partie, dès 1604.
En janvier 1605, il paraît à Madrid sous le titre La primera parte del ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha. En 1614, à Tarragone, dans le royaume d'Aragon, sort, sous le nom emprunté d'Alonso Fernández de Avellaneda, une seconde partie, faite d'une série d'épisodes attribués aux deux personnages devenus entre-temps folkloriques , Don Quichotte et Sancho Pança. Ce procédé n'a rien de choquant.
Il est même tout à fait légitime et traditionnel dans le genre chevaleresque et pastoral. En 1615, à Madrid, Cervantès donne sa seconde partie et, pour clore une série éventuelle qu'il redoute, il fait mourir son héros.
Dès l'abord, le propos est délibéré. Il s'agit d'en finir avec les livres de chevalerie, avec cette littérature mensongère et pernicieuse dont s'était nourrie toute sa génération. Un épisode du roman confirme la véhémence des sentiments de l'auteur devant leurs histoires invraisemblables et insensées : la bibliothèque de Don Quichotte est condamnée au bûcher. Sans doute, ce feu de joie cache-t-il la profonde affection que Cervantès lui-même avait portée naguère à ces livres et la désillusion qu'il éprouva lorsque la quotidienne réalité donna un cruel démenti aux rêves et aux généreux projets qu'ils avaient suscités en son esprit.
De fait Don Quichotte met en question non seulement le genre chevaleresque, mais toute la littérature de fiction.
Parallèlement, il traduit le désabusement d'une élite, celle des lettrés, lorsque, au début du règne de Philippe III, le royaume naguère si orgueilleux dut négocier avec ses ennemis pour survivre, renonçant ainsi aux chimériques espoirs d'un retournement politique et religieux en Europe entre 1550 et 1600.
Car sous le règne de Philippe II, le prince bureaucrate, l'intelligentsia avait tenu les rênes du pouvoir à tous les échelons, depuis les Conseils, organes de l'Administration, jusqu'aux favoris.
Grands commis et fonctionnaires zélés, ils étaient tous, comme Cervantès lui-même, de moyenne extraction, bien formés dans les collèges d'Alcalá et de Salamanque, et soucieux du bien public. L'avènement du nouveau roi en 1598 marque la fin de leur influence.
La frivole jeunesse dorée afflue vers Madrid, la nouvelle capitale, et la transforme en un lieu de plaisir et de débauche.
Ses jeux galants, sous cape et dans les nouveaux quartiers de la ville, fournissent la matière de la jeune comédie espagnole, qui se moque des barbons sentencieux. Cervantès a cinquante-sept ans. Il comprend qu'à son âge on ne se bat plus contre des moulins à vent.
Et la part de lui-même qui rêve encore de victoire sur le mal il la délègue à son double, un être de fiction, le ridicule et pathétique Don Quichotte.
Affaire de tempérament personnel ou bien mentalité de l'Espagnol en cette décennie, la désillusion chez Cervantès n'a rien d'amer ni de tragique. On prend acte de l'effondrement social et moral ; on sourit des mésaventures de l'idéalisme ; on s'amuse de son échec : le monde est ainsi fait. Un nouveau sentiment prend forme, une humeur particulière propre à ceux qui sont capables, prenant leurs distances par rapport à eux-mêmes, de se gausser de leurs propres déconvenues. Cinquante ans auparavant, les hommes sages se moquaient de la folie des autres : c'était l'ironie.
En 1600, ils se prennent eux-mêmes en pitié : c'est l'humour.
Un nouveau genre
Or, la pitié est le ressort même d'un genre littéraire classique, l'épopée, où le héros, accablé d'épreuves par une cruelle divinité, sait les surmonter toujours. Le lecteur ou l'auditeur versait sur lui les tendres larmes de la compassion. L'épopée est donc un chant héroïque.
L'harmonie du nombre, du vers, sous-tend le récit des prouesses et des victoires d'un élu des dieux. Cependant, l'Arioste recourt à un vers déjà prosaïque pour conter les folies amoureuses de son Roland Orlando furioso. Cervantès, qui s'inspire de cet exemple, le pousse à bout. Pour lui, la pitoyable épopée de son Don Quichotte n'est pas due à la vindicte de quelque dieu implacable.
Il n'y a donc pas lieu d'employer le vers sublime, l'hendécasyllabe. D'autre part, si son héros était vraiment fautif, Cervantès dirait ses malheurs en vers courts et sans apprêts.
Mais l'hidalgo est victime de la société qui lui refuse son accord, de l'humanité qui renie l'harmonie divine de l'âge d'or, du monde cruel, irrationnel, absurde, chaotique, incohérent, inconsistant, qui le berne et le bafoue, un monde fait rien que d'apparences et qui dément avec brutalité l'existence de l'absolu, l'existence du réel et la possibilité même du Beau, du Bon et du Vrai.
Quand l'harmonie disparaît, le vers devient prose, et l'épopée se change en roman. Don Quichotte est un roman. Comme le poème épique, dont il prend le contre-pied, il est composé d'épisodes tournant autour d'un axe : les exploits, les prouesses du héros, entendez, en ce cas, les mésaventures d'un homme intègre dans un temps sans mesure et dans un milieu déréglé.
Pourtant, Don Quichotte porte témoignage : l'honneur, la justice, la valeur ne sont pas morts puisqu'on les moque, puisqu'on le berne, puisqu'il contraint la déraison à se mesurer avec eux et avec lui. Il arrive qu'au cours du récit la pitié fasse place à l'admiration, la prose narrative au morceau oratoire sur le bonheur agreste, sur les rapports entre la pensée et l'action (entre les lettres et les armes) et sur les charmes de l'amour désintéressé.
Alors, le ton s'élève, et la phrase devient plus nombreuse, plus mélodieuse. Parfois même, la poésie lyrique, avec son pur étonnement, apparaît au détour d'un lamentable épisode.
Ce nuancement lyrique n'affecte pas toutefois le caractère essentiellement épique de l'ouvrage.
En 1600, l'âge est passé de l'éblouissement devant les mondes inconnus et les vertus, les virtualités insoupçonnées de l'homme. Renaissance et humanisme sont révolus. Cervantès regarde parfois en arrière : quel poète eût-il été au temps de Camões ! Hélas, le soleil s'est couché à jamais sur l'empire de Charles Quint, la poésie n'est plus de mise. D'ailleurs, l'inspiration lui manque. Il sera prosateur.
Or, la rhétorique le dit, il ne peut y avoir de pure épopée. La narration héroïque, même infime, même sur le plan d'un roman, doit se nuancer non seulement de lyrisme, mais encore de drame. Cervantès est donc amené à introduire le dialogue dans son récit.
C'est son mérite et son originalité d'avoir refusé le colloque rigide du XVIe s. et adopté la conversation sans apprêt, presque naturelle des gens de bon goût. Il n'en pouvait trouver le modèle ni dans l'intermède, au langage souvent vulgaire, ni dans la comédie espagnole, toujours versifiée. Il emprunte encore au genre dramatique ses effets de suspens .
Les récits de Don Quichotte s'interrompent brusquement parfois, pour rebondir deux ou trois chapitres après, comme au théâtre les scènes s'entrelacent et se renouent à distance. Mais il reste que Cervantès refuse le dénouement de type théâtral, car les événements qui affectent l'homme n'ont pas de cesse, n'ont pas de fin. C'est pourquoi il avait échoué sur la scène, laissant le sceptre de la nouvelle comédie au grand Lope de Vega, qui, lui, ne voyait dans le monde que des conflits, des joutes, des duels, des tête-à-tête amoureux, des querelles et des réconciliations.
Notons ici toute la différence qui va de l'épisode romanesque à la péripétie théâtrale, de l'intrigue romanesque à l'action théâtrale. Don Quichotte ne cesse de vivre, ne cesse de mourir, tandis que, sur les planches, un Don Juan ou un Rodrigue, en cinq ou six coups de théâtre, résolvent leur affaire dans la mort ou dans le mariage.
Les personnages

Il en a coûté à Cervantès de tuer son héros. Don Quichotte meurt-il de tristesse ou de désabusement comme on l'a dit ? C'est simplement que l'auteur n'avait plus le temps d'écrire un troisième livre où son double fût devenu berger, et de plus il voulait interdire à quelque larron d'écrire sous un nom d'emprunt une quatrième suite d'épisodes, des aventures sans rime ni raison qu'on attribuerait à ses deux chers personnages.
Entre l'auteur et le couple Don Quichotte et Sancho Pança, il existe des liens très étroits, mais peu apparents. Ainsi, ils ont tous trois à peu près le même âge et ils franchissent avec une même irrépressible vitalité les traverses de leur existence.
Avec les chevaliers errants et leurs écuyers de l'histoire et des livres, ils partagent une semblable révérence pour les vertus cardinales : la Justice, la Prudence, la Tempérance et la Force d'âme, même lorsqu'ils n'y atteignent pas. Et ils donnent des vertus théologales, la Foi, l'Espérance et la Charité, une version tout humaine : la confiance, l'espoir et la générosité. Toutes ces dispositions de l'âme qu'ils admirent ou de près ou de loin donnent à leur personne, quels que soient leurs succès ou leurs mésaventures, la qualité suprême : la valeur, la vaillance. Ainsi, la valeur de Sancho l'écuyer- l'apprenti chevalier- se mesure à ses quelques victoires sur la peur, sur ce sentiment premier de l'homme sans raison, de l'homme insensé. Don Quichotte lui-même ne tient pour victoires que celles qu'il remporte sur lui-même. Ses plus cuisantes défaites lui offrent l'occasion de se dominer : elles confirment sa vaillance.
Ses aléas passagers et relatifs témoignent paradoxalement de l'immuable présence des absolus, de l'absolu au cœur de l'homme. Quant à Cervantès, nous savons que, aux prises avec l'adversité, il n'a jamais désespéré. Dans son ultime message adressé au comte de Lemos, c'est avec le sourire aux lèvres qu'il affronte la mort. Créature de fiction et créateur refusent ensemble l'attitude et, donc, la philosophie des stoïciens : car ce n'est pas avec résignation et mépris qu'ils acceptent les coups du sort contraire ; ils ne cessent, au contraire, de réagir au nom des principes et des idées contre ce qui, aux yeux des autres, devait apparaître inéluctable, contre la condition sociale ou la condition mentale de l'homme. Le manant Sancho lui-même, qui, parfois, tergiverse, se rallie toujours en fin de compte aux idéaux de la chevalerie : n'appartient-il pas de corps, de cœur et d'esprit au système, au vieux régime féodal ?
N'est-il pas l'homme lige de son seigneur naturel ?
Or, jusqu'à Cervantès, le héros, en tant que personnage, obéissait à certaines lois traditionnelles qui remontaient à l'origine de la poésie épique. Les êtres de fiction d'Homère et de Virgile assumaient la double condition, céleste et humaine, de leurs géniteurs, des dieux et des bergères d'Arcadie : ils en avaient les défauts et les vices ; leurs comportements n'étaient pas indiqués comme exemples à suivre ou paradigmes. Les poètes se limitaient à chanter les destins de leurs personnages, apportant de la sorte une explication et une justification de leur stupre ou une consolation pour celui des auditeurs. Car on ne saurait se montrer plus sévère pour les hommes que pour les divinités.
D'ailleurs, excès ou vices et manques ou défauts ne sont que des accidents dans le mélange des humeurs, c'est-à-dire dans leur tempérament. De là vient que la médiocrité ou la faiblesse particulières aux hommes sans vertu au sens propre, sans force vitale commencent à se manifester dans la littérature héroïque du xvie s. Or, le genre épique connaît un nouveau tournant lorsque les poètes s'emparent de Roland et d'autres personnages légendaires de la cour de Charlemagne et de la cour du roi Arthur. Les héros à la nouvelle manière connaissent nos communes misères, bien qu'ils échappent à nos humiliations et à nos déboires. La folie, 'la furia' les élève au-dessus des contingences.
Cervantès s'en souvient quand il envoie Don Quichotte faire le pitre tout seul dans la sierra Morena. Une autre étape dans l'évolution du personnage est franchie avec les romans de chevalerie en prose surgis de la souche d'Amadis.
Le héros devient un parangon et un modèle presque à notre portée, et son comportement est présenté comme un paradigme à notre adresse. Il vole de victoire en victoire malgré les embûches, les jalousies et les trahisons. Les lecteurs des livres de chevalerie, sainte Thérèse, saint Ignace de Loyola, Cervantès en son jeune temps, ont cru à l'efficacité de leur exemple sur les hommes et sur le destin du monde. Or, la vertu est trop facile lorsqu'elle est portée par le succès.
Combien plus honorable, « fameuse », devient-elle lorsque le héros maintient ses principes et ses fins, son réseau d'absolus, à travers les échecs et en dépit de l'hostilité d'une société sordide.
Voilà la grande trouvaille de Cervantès. La société a beau se dégrader, Don Quichotte avec Sancho n'en démordent pas : ils se réfèrent, non sans trouble, non sans vacillations, mais avec une candeur, une naïveté originelle, à l'âge d'or parmi tous les cœurs de pierre et toutes les âmes de plomb qui les entourent. Un pas de plus, Rousseau inventera le roman de l'éducation et Goethe celui de l'apprentissage : ils montreront comment garder intactes les valeurs dans un monde dégradé ; deux pas de plus, Balzac inventera le roman moderne et montrera comment une âme innocente se corrompt dans un milieu pourri.
D'autre part, Cervantès retient la leçon de l'humanisme.
Les héros ne sont pas nés de la cuisse de Jupiter. Ils s'appellent alors Chascun, Jedermann, Everyman ; nous dirions aujourd'hui, "il uomo qualunque". Plus caractérisés, on les nomme Jacques Bonhomme ou Ulenspiegel et, en Espagne, Lazarillo, Pierre le Malicieux dans la comédie (Pedro de Urdemalas) ou bien Sancho comme tout le monde, ou bien Don (Maître Un tel) comme presque tout le monde car les Espagnols se persuadent qu'ils sont de sang noble, qu'ils sont hidalgos.
C'est le cas de Don Pablo le Fureteur El Buscón de Quevedo ; c'est celui de Don Quijote, nom que l'on aimerait traduire par Maître Alphonse de Cuissard et Cotte de Mailles, gentilhomme. Cervantès voulait créer deux antonomases : il y a réussi. Don Quichotte et Sancho Pança sont non seulement ses doubles, mais ceux de ses lecteurs, les nôtres.
Puis, une tradition littéraire le guide. En son temps, il était exclu qu'un écrivain se donnât à lui-même la parole. La convention voulait qu'il se dissimulât sous les traits d'un bouffon gracioso pour dire à tout un chacun même au public, même au roi ses quatre vérités.
Car le fou est irresponsable : Dieu parle par la bouche de l'innocent, de l'idiot du village.
Le fou domestique, à la Cour par exemple, joue le rôle indispensable de porte-parole du peuple : vox populi, vox dei ; il est tout à la fois l'opinion publique, la gazette parlée, le compère à la langue bien pendue, le messager secret, le confident bavard, une plaie bénéfique à dessein entretenue au sein de la communauté.
Pour ridicule ou agaçant qu'il soit, on courrait un grand risque à ne pas tenir compte de ce qu'il murmure si sottement. Cervantès a un certain nombre de choses à dire qui lui tiennent à cœur. Comme Lope de Vega utilise dans ses comédies le bouffon Belardo, Cervantès parle par le truchement tant de Don Quichotte que de Sancho Pança.
Aussi bien Don Quichotte est son génie familier.
Si Dieu eût fait naître Miguel de Cervantès hobereau dans un bourg de la Manche, il eût été celui-là. Ses propres aventures dans un tout autre milieu ne sont point différentes, mutatis mutandis, de celles du chevalier de la Triste Figure : il s'est attaqué aux mêmes moulins à vent, qui ont eu le dessus ; il a délivré les mêmes bagnards qui se sont moqués de lui.
Seulement, comme par un effet héraldique d'abîme, Don Quichotte lui-même a un génie familier et qui se nomme Sancho, celui qu'il eût été si Dieu avait mis ses humeurs sous la peau d'un manant. Nul ne peut se débarrasser de son double. Aussi bien saurait-on concevoir une médaille avec un avers et sans revers, une monnaie avec pile et sans face ?
Enfin, un trait capital unit indissolublement Cervantès et Don Quichotte, Cervantès et Sancho. Dans son être le plus profond et même originel, Sancho est le produit de la sagesse populaire, des proverbes et des dictons, des légendes et des romances traditionnels. Cervantès aussi : il a été nourri à la mamelle et sur les bancs de l'école de cette science, ou sagesse, commune et sans âge, qui faisait l'admiration des humanistes et l'objet de leurs compilations.
De même, Don Quichotte doit son être le plus profond et même originel aux livres de chevalerie, qui ont modelé son esprit et sa langue. Cervantès aussi, avec cette différence que sa folie résulte de la convergence d'autres lectures, celle des Anciens avec celle des Modernes, celle de l'Odyssée avec celle d'Amadis. Tous deux, créateur et créature, ont laissé déborder sur leurs jours les rêveries des longues veillées passées avec des preux et des héros ainsi que les hantises de leurs nuits les plus émues.
L'un et l'autre sont les fils de leurs lectures et de leurs expériences. Les lectures sont en partie communes, et les expériences sont analogues. Qui plus est, Cervantès, en 1614, part en guerre contre Avellaneda, l'auteur de la suite apocryphe, parce qu'il avait dénaturé son héros.
Pour lui, défendre Don Quichotte ou se défendre, c'est du pareil au même. Rien ne les sépare.
Composition du roman
Cervantès partage les idées de ses contemporains sur la théorie littéraire.
Il avait médité la Filosofía antigua poética d'Alonso Lopez Pinciano, qui parut en 1596. Peut-être même remonta-t-il- avant ou après cette date- jusqu'aux théoriciens italiens dans le courant desquels se situe cet important ouvrage, Lodovico Castelvetro en 1570, Alessandro Piccolomini en 1575 et surtout Francesco Robortello, qui combinait Aristote et Horace dans son commentaire de 1548.
Il avait aussi sous les yeux de brillantes illustrations de ces théories dans l'œuvre de Giraldi Cintio et du Tasse.
Dans le chapitre XLVII de la première partie de Don Quichotte, Cervantès tente de définir le type de roman qu'il eût aimé écrire. Certes, ses idées rendent compte non point de Don Quichotte, mais de Persiles et Sigismonde ouvrage qui allait donner dans une impasse.
Toutefois, si l'on écarte son insistance sur les connaissances encyclopédiques qu'un ouvrage littéraire devrait répandre, il reste que le roman est pour lui- nous l'avons vu- une épopée en prose, à laquelle se mêlent des éléments dramatiques et des éléments lyriques.
Les épisodes doivent exposer au lecteur un problème psychologique ou moral et même une énigme, puis proposer une solution logiquement satisfaisante.
L'auteur les multiplie donc, les imbrique ou les tresse les uns dans les autres, de sorte qu'ils apparaissent, disparaissent et réapparaissent dans le cours rectiligne de la vie du héros. Un roman n'est jamais achevé ; il peut rebondir en une deuxième ou troisième suite.
Le monde et la vie continuent : Sancho et ses enfants survivent à Don Quichotte.
Cette « ars poetica » du roman, technique de son architecture, commande une ars rhetorica, technique de son écriture.
Le langage nouveau est fait d'une sélection cohérente dans le lexique global de l'espagnol et dans sa syntaxe. Lexique et syntaxe doivent, en effet, rendre compte rationnellement d'un certain nombre de choses et de notions, c'est-à-dire les nommer, puis les lier afin de mettre un commencement d'ordre dans le chaos des données immédiates de nos sens.
Certes, il faut renoncer au vers épique, qui imposait sa parfaite cohérence au monde le plus absurde.
Mais la prose romanesque doit être harmonieuse ou, comme dirait Boèce, musicalement nombreuse, afin d'orienter le lecteur dans le labyrinthe du « vécu ». Elle ne saurait se proposer de dire la vérité, comme le fait l'épopée au degré sublime, l'épopée homérique, où interviennent les dieux et leurs absolus. Elle ne vise qu'à la vraisemblance, qui est à la mesure des hommes et de l'imperfection de leurs sens ou de leur entendement.
Car elle se situe au degré infime ou, tout au plus, médiocre c'est-à-dire moyen de ce genre littéraire. Plus la fiction romanesque s'éloigne du cours normal des événements, multiplie- à la manière byzantine- les rencontres inattendues, les hasards incroyables et les prodiges, plus il convient de raccrocher l'action à des faits incontestables situés dans des lieux et des temps familiers au public.
Ainsi, l'ouvrage devient un tissu inextricable d'inventions arbitraires, mais significatives ainsi que de réalités concrètes et sensibles. Le lecteur accepte volontiers ce mélange, car il sait d'expérience qu'il n'existe pas de limite précise entre l'imaginaire et le réel, entre le rêve et l'état de veille, entre les croyances qu'il a puisées dans les livres et l'action quotidienne qu'elles imprègnent et orientent.


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Posté le : 28/09/2013 21:45
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Le gentilhomme campagnard Alonso Quijano n'a pu s'accommoder du bouleversement politique et social qui altère les relations d'homme à homme dans son village. Il s'est réfugié dans les livres, qui ignorent les trafics honteux de la marchandise, dans ces belles histoires où les vassaux échangent comme naturellement les produits de leur labeur contre la protection du seigneur, où la terre n'appartient à personne et offre ses fruits aux âmes innocentes.
L'hidalgo de la Manche se tourne vers le passé, ou du moins vers l'image idéale qu'en offrent les livres de chevalerie, les romances faussement historiques, les légendes des pairs de Charlemagne et des compagnons du roi Arthur.
Il décide de rejoindre le pays merveilleux où règnent la vertu et l'honneur, bien au-delà de son mesquin village. Il aspire à la renommée que les chroniqueurs octroient aux chevaliers errants, car il confond l'histoire avec le récit de l'histoire, le monde avec le livre du monde. Il fourbit donc ses armes, se proclame Don Quichotte de la Manche, invente une dame de ses pensées, Dulcinée du Toboso, qui le maintienne toujours au-dessus de lui-même ; il enfourche son mauvais cheval, qu'il nomme Rossinante, et il part à la dérobée.
La première auberge sur son chemin lui paraît être un château. Il y est mal reçu : c'est sûrement un château enchanté. Le tenancier s'amuse et l'arme chevalier. Une occasion se présente de redresser un tort. Don Quichotte libère un jeune garçon que fouettait son maître. À peine a-t-il tourné le dos que le maître redouble de coups. Voilà bien un signe des temps et de nos malheurs.
Autrefois, les gentilshommes protégeaient leurs serviteurs. Les riches paysans, qui, maintenant, font la loi, les exploitent et les battent. Puis Don Quichotte s'en prend à des négociants de Tolède, tenants eux aussi du nouveau régime, des gens qui ne croient que leurs sens et pour qui l'amour n'a qu'une valeur marchande. Leurs muletiers le rouent de coups.
Dans le village, le curé, licencié de théologie, et le barbier, plus ou moins chirurgien, l'un et l'autre représentants de la nouvelle société, s'inquiètent de la disparition du gentilhomme. Un laboureur le ramène à la maison.
La bibliothèque de Don Quichotte fait alors l'objet d'un minutieux scrutin ; la plupart des ouvrages sont condamnés au feu. Les « lettrés » villageois font une exception pour Amadis de Gaule, le premier des livres de chevalerie, une autre pour La Diana de Jorge de Montemayor, le premier livre de bergerie, et quelques autres encore pour des épopées en vers et des poèmes lyriques.
C'est là l'occasion pour Cervantès de porter des jugements sur la littérature qui l'a formé et de se démarquer par rapport à ses modèles. Or, il se montre bien indulgent.
Si l'on croit dans les livres au point de vouloir ajuster sa conduite sur leurs paradigmes, les plus pernicieux sont non les plus mauvais, mais les plus efficaces. Don Quichotte en apporte le témoignage. Cervantès aimait trop la littérature. Il épargne la meilleure.
Or, un pauvre laboureur, Sancho Pança, sans doute vieux jeu et ancien régime, se laisse tenter par la Fortune et par l'hidalgo. Plutôt que de trimer sur la glèbe, il deviendra écuyer. On en a vu d'autres qui, par cette voie, accédèrent à quelque marquisat ou vice-royauté : ainsi le conquistador Pizarro, qui fut porcher en son enfance. Don Quichotte et Rossinante prennent la route de nouveau, mais, cette fois, Sancho et son âne les accompagnent.
L'hidalgo voit des géants.
L'écuyer l'avise : ce sont des moulins à vent. Qui a raison ? Ces grandes machines à moudre, d'origine hollandaise et tout récemment implantées en Castille, représentaient le dernier progrès de la technique ; elles avaient bouleversé l'exploitation des terres, elles avaient ruiné les gentilshommes campagnards et vidé les villages et les bourgs de leurs paysans, devenus inutiles. Nos deux héros y voient justement des ennemis. L'un ne s'incline pas et les défie. L'autre sait qu'il n'y a rien à faire contre eux, contre la nouvelle société. Don Quichotte, happé par les ailes, roule à terre, moulu autant que l'eût été un sac de blé.
Puis le héros aperçoit en chemin des bénédictins auprès d'un carrosse.
Il imagine que ce sont des enchanteurs qui enlèvent une haute princesse. Il les assaille. Est-ce bévue du personnage ? Est-ce malice de l'auteur ? Le lecteur, lui aussi, a droit à son interprétation : mutatis mutandis, il peut l'entendre comme une satire des ordres réguliers qui séquestrent l'Église et la revanche que Cervantès eût aimé prendre sur ce clergé qui ruine le royaume.
L'auteur feint alors d'ignorer la fin de l'histoire de Don Quichotte, mais il la retrouve par hasard dans un manuscrit rédigé par un chroniqueur arabe, Cide Hamete Benengeli. Il achète l'ouvrage à prix d'or et se le fait traduire par un « morisque », un Maure espagnol converti par force au christianisme. Est-il besoin de dire que, dans son livre, le musulman se réjouissait des défaites du chevalier de la Manche ?
Pour Cervantès, du moins, l'islam naguère tremblait devant la chevalerie. Or, maintenant, des moines poltrons et des Biscayens vaniteux, il n'a plus rien à craindre. Tel est le sens de cette simple anecdote : à bon entendeur, salut !
La faim tenaille les deux compagnons. C'est une glorieuse épreuve pour l'un, une misère avec des tiraillements d'estomac pour l'autre. Don Quichotte évoque alors l'âge d'or et son idéale communauté des biens. Il oppose la vie simple et rustique à la vie semée d'embûches de notre monde dégradé, le village de naguère à la Cour, à la ville de maintenant, surgie précisément en ce xvie s.
Un berger lui raconte à sa manière comique la noble histoire de Chrysostome, un étudiant astrologue qui désespéra et se tua pour l'amour d'une bergère, Marcelle. C'est que, aux yeux de Cervantès, la science et les récits pastoraux troublent les esprits autant que la sagesse idéale et les livres de chevalerie.
L'Amour ferait le bonheur sur cette terre s'il était partagé par tous ses habitants. Hélas ! Marcelle n'aime pas Chrysostome, et sa cruauté est l'effet même de la liberté de son cœur. La condamnerons-nous ?
Don Quichotte est roué de coups par des muletiers, une vile engeance liée au récent trafic de la marchandise. L'Espagne s'était couverte, surtout à partir de 1520, d'un réseau de routes tout au long desquelles des auberges offraient leur inconfort et leurs occasions de débauche aux négociants et à leurs valets, profiteurs du nouveau régime. La Justice et ses prévôts ne viennent pas à bout de tous ces malfaiteurs plus ou moins en règle avec la loi.
Ainsi, Sancho est berné dans une couverture de lit, tandis que Don Quichotte perd son souffle à maudire les malicieux, les diaboliques représentants du nouvel ordre social.
Deux grands nuages de poussière s'élèvent au loin. Ce sont deux troupeaux de mérinos. Don Quichotte y voit des armées qui vont s'affronter, l'une commandée par l'empereur Alifanfaron, l'autre par le roi Pentapolin. Le lecteur de 1605 aura reconnu aussitôt les deux clans rivaux de la Mesta, cette corporation de grands féodaux éleveurs de moutons qui monopolisaient le commerce de la laine. Don Quichotte prend parti.
Cervantès lui donne tort, car les uns comme les autres ont ruiné l'agriculture espagnole, en exigeant le libre passage des troupeaux transhumants. Ils ont chassé et chassent encore les hidalgos de leurs maisons fortes et les paysans des villages.
Or Philippe II, bien conseillé, avait pris des mesures contre cette très puissante et très noble corporation dans son ensemble. Là encore, Cervantès trouve le moyen de suggérer sa prise de position politique.
L'hidalgo s'en prend à une douzaine de prêtres qui accompagnent un mort jusqu'à sa sépulture. C'est une erreur ; il le confesse ; mais, dit-il, il est si facile de confondre les gens et les choses d'Église avec des fantômes et des épouvantails. Voilà encore un sous-entendu qui en dit long sur les opinions de l'auteur.
Sancho entre de plus en plus dans le jeu de son maître, mais il garde prudemment ses distances.
Il le nomme chevalier de la Triste Figure. N'est-ce pas l'attitude de Cervantès lui-même, qui sait à quoi s'en tenir sur l'efficacité des combats d'arrière-garde contre le nouveau régime ?
Un fracas épouvantable et continu alarme le couple d'amis.
Le courage et la couardise se disputent leur cœur. C'était le bruit d'un moulin à foulon, une nouvelle invention, qui peut-être allait chasser des villages les métiers à tisser avec les tisserands. Réflexion faite, le risque est moins grand que le bruit. Il n'y aura pas concurrence. Le défenseur des pauvres se détourne du faux péril. De toute façon, les Don Quichotte d'hier et d'aujourd'hui n'arrêteront pas ce qu'il est convenu de nommer le progrès.
En vain se couvriront-ils la tête de quelque heaume rutilant de Mambrin, plat à barbe d'un barbier ambulant.
Le chevalier errant délivre un groupe de forçats que la Justice envoyait au bagne. Or les malandrins ne reconnaissent pas non plus les lois de la chevalerie. Ils vivent en parasites de la société telle qu'elle est : ils ne veulent pas la détruire. Profiter de la générosité de Don Quichotte est une chose, se soumettre à ses manies est autre chose.
Don Quichotte, incompris, se réfugie dans les solitudes de la sierra Morena et les affres délicieuses de l'Amour. Comme Roland pour les beaux yeux d'Angélique, il devient fou furieux, et c'est pour Dulcinée. Trois autres formes de la passion démentielle se présentent au détour du chemin : Cardenio- cet autre Othello- se croit trompé par Lucinde ; Dorothée poursuit anxieusement Don Fernand, son amant perdu ; Anselme- autre Narcisse- n'aime en Camille que sa propre image. Mais l'Amour triomphe avec Claire et Louis.
Don Quichotte médite alors sur les rapports entre la pensée et l'action dans un éloquent discours sur les armes et les lettres. Mais le curé et le barbier jouent sur la confusion du rêve et de la réalité dans l'esprit du héros et ils le ramènent, victime d'une fausse incantation, au village sur un char à bœufs.
Cependant, le fou généreux fonce sur une procession de flagellants. Ceux-ci rejettent leur cagoule et s'apprêtent à contre-attaquer à coups de discipline. Ce fut la dernière sottise du chevalier errant : ramener les pacifiques à la violence et les pénitents au péché.
La gouvernante et la nièce accueillent tendrement l'égaré, et l'épouse de Sancho retrouve un mari à la fois plus sage, plus crédule et mûri par l'expérience. Somme toute, quelle belle vie pour un paysan que de courir les monts et les vaux, les châteaux et les auberges, sans bourse délier !
Cervantès termine alors la première partie de son Don Quichotte sur une promesse : il contera dans la prochaine la troisième sortie de son héros.
Quelqu'un le devança, qui en 1614 fit paraître une seconde partie. Il signait Alonso Fernandez de Avellaneda, un nom d'emprunt, et il cherchait simplement son profit dans l'opération.
Cervantès se hâte ; il publie la vraie suite en 1615. Dans un prologue très spirituel, il raconte des histoires de fous à propos de son stupide imitateur. Don Quichotte lui-même proteste ; il ne se reconnaît pas dans le mauvais portrait qu'on a fait de lui : on n'a voulu retenir que ses échecs pour s'en gausser. Mais que sont devenus sa valeur et sa vertu, sa foi et son espoir ? Fallait-il passer sous silence la bonté, la fidélité et le courage de Sancho, noble écuyer, prêt à reprendre la route aux côtés de son maître et seigneur, tant pour le protéger que pour risquer sa propre chance ? Ils partiront. C'est la seule réponse non à la sotte calomnie, mais à l'appel de la gloire, claironnée aux quatre vents par douze mille exemplaires de la première partie.
Dulcinée leur échappe, envoûtée par le Diable, qui en fait une vulgaire paysanne. Sur la route de Saragosse, des comédiens les accablent d'une grêle de pierres. C'est bien la revanche mesquine du nouveau théâtre contre le roman, devenu célèbre. N'empêche que Cervantès demeure dans la mémoire des hommes plus que Lope de Vega. Un bachelier, avec sa mauvaise science et sa force défaillante, tente en vain de ramener Don Quichotte à la maison, à la Raison.
Diego de Miranda, honnête homme, apprend à l'apprécier, mais blâme sa démesure lorsqu'il le voit affronter un lion en cage. Pourtant, à cœur vaillant rien d'impossible. Et la preuve, c'est que le pacifique animal lui tourne le dos. Cervantès, là-dessus, intervient pour guider ses lecteurs. Il ne veut pas choisir entre leurs interprétations, toutes également plausibles.
Il se borne à défendre la Poésie c'est-à-dire la création littérairequi comprend toutes les sciences du monde, du moins la plupart ». Qui lui donnerait tort ? L'imagination n'a-t-elle pas peuplé notre monde intérieur et notre monde extérieur de concepts bouleversants et de machines fantastiques ? Don Quichotte et Sancho assistent aux apprêts des noces du riche Gamache et de la belle Quiteria. Mais la jeune fille se fait enlever avant l'heure par le pauvre et fidèle Basile. Ainsi, la loi de la nature l'emporte sur la tricherie de la société. Notre héros s'en réjouit, et Sancho regrette le festin. Puis Don Quichotte descend au fond d'une caverne, s'endort, rêve et, à son retour, mêle et mélange dans son récit les données de ses sens et celles de son imagination. Le sceptique Sancho s'efforce de les distinguer ; un savant, plus averti, tiendrait compte des unes et des autres. Mais quelle tâche difficile ! On le voit bien quand Don Quichotte se laisse prendre au boniment d'un montreur de marionnettes. Il en corrige pertinemment les invraisemblances, mais, victime de l'illusion comique, il intervient l'épée au poing en faveur d'un personnage, un vaillant chevalier amoureux menacé par une horde d'infidèles.
Ainsi, dans cette seconde partie, l'auteur, s'assimilant de plus en plus à son personnage, se détourne des problèmes que posait l'évolution de la société à un citoyen conscient et engagé.
Il est devenu à la fois plus sage, plus philosophe, plus écrivain. Il s'efforce de démêler et de définir les rapports complexes entre l'auteur et le livre, entre la réalité et ses aspects, entre les sens et l'imagination, entre la raison et la démesure, entre les choses et les mots.
Car la folie est partout et chez ceux qui se croient les plus sensés.
Le monde et même le grand monde font une place à la déraison. Ainsi, un duc et une duchesse font un accueil triomphal- et dérisoire- au chevalier et à son écuyer, qu'ils traitent en bouffons. De fait, c'est l'essence même de la noblesse que, follement, ils bafouent, c'est leur propre condition qu'ils renient ou qu'ils rabaissent par leur mesquinerie. Lorsque Sancho Pança est nommé par plaisanterie gouverneur de l'île de Concussion, son bon sens sait déjouer les perfidies, éviter les embûches et résoudre les embarras quotidiens.
À eux deux, quelle belle leçon de politique généreuse, efficace Don Quichotte et Sancho donnent à nos sociétés, livrées aux faux prestiges et aux bas calculs, et à nos gouvernants, sordides, incapables et frivoles.
Sur la route de Barcelone, ils font la rencontre du généreux bandoulier Roque Guinart et de ses soixante hommes. Le désordre est toujours le fruit de l'injustice. Mais Roque sait freiner ses propres excès.
Bandit de grand chemin, il prend une sorte de droit de péage, souvent modéré, sur les voyageurs au bénéfice de la troupe. Car l'ordre véritable est toujours le fruit de la justice et de la discipline librement acceptée. Roque Guinart aide nos deux pèlerins nécessiteux de « son » argent. Il leur donne aussi des lettres de recommandation auprès d'un chef fort cultivé de l'un des deux clans qui se disputaient alors le pouvoir réel en Catalogne. Le lucide Cervantès légitime ainsi par ce biais devant son public espagnol une dissidence politique en Catalogne.
Puis, curieusement, le roman s'entrouvre au reportage objectif dans la manière de ce qui fut plus tard le journalisme. Car les expériences barcelonaises de Don Quichotte et de Sancho relèvent davantage de la rubrique ou de la chronique de presse que du roman. On visite une imprimerie, on assiste aux brimades à bord d'une galère, on « participe » à l'abordage d'un bateau turc.
Ce dernier récit est suivi de digressions pleines de sous-entendus politiques : les morisques exilés en 1609 devraient servir de lien entre Mores nord-africains et chrétiens espagnols, car leur alliance mettrait fin à l'odieuse tyrannie de la petite minorité turque sur l'Algérie et à la menace des Barbaresques sur les côtes d'Espagne. Il y a même, à ce propos, une nouvelle galante digne d'un feuilleton dans un périodique.Devant tant d'événements d'importance nationale et dans cette grande ville où l'individu est perdu dans la masse, Don Quichotte et Sancho perdent leur initiative ; ils deviennent et ils se sentent les jouets passifs de l'histoire qui se fait.
Oui, il est grand temps que le bachelier Carrasco les ramène, vaincus, au village, à la maison, là où les individus trouvent leur vraie dimension. Une dernière fois, les deux bons amis rêvent d'une nouvelle métamorphose où ils deviendraient l'un le berger Quijotiz, l'autre le berger Pancino.
C'est que Cervantès a épuisé le thème chevaleresque : ses héros ne parviennent plus qu'à faire des variations et des fugues à partir du motif, du leitmotiv, de la folle aventure en marge de la société établie. Il est grand temps que Don Quichotte laisse l'armure où il est engoncé pour la libre pelisse. Le bon chevalier reconnaît son erreur et le caractère utopique de la société dont il rêva et qui serait fondée sur la seule justice.
Mais il se laisse prendre à une théorie bien différente et, certes, pleine d'attraits : et si l'homme renonçait à l'usage de la force, qu'adviendrait-il ? Le refus individuel de la violence, au sein d'une communauté agreste, politiquement et économiquement immuable, voilà la panacée. Pour le prouver, il n'est que de rester sur place, en ce tranquille village de la Manche, dont Cervantès ne veut pas rappeler le nom.
Ce n'est pas le moindre paradoxe que nos deux aliénés, ainsi, continuent à se proposer de désaliéner leurs prochains, victimes du nouvel ordre économique, et à défendre les hidalgos ruinés, les paysans chassés de leurs villages contre les trafiquants en proie à la fièvre de l'or et toute l'écume de voleurs, d'aubergistes, de muletiers, de comédiens, d'escrocs, de poètes, de bandits de grand chemin et d'oisifs, ridicules stratèges de la politique.
Leur exemple est probant : ils sont parvenus à se désaliéner eux-mêmes ; ils ont vaincu les démons que les livres de chevalerie avaient installés dans leur esprit. Ils savent maintenant que l'homme s'aliène dès qu'il vit en société, que, s'il ne s'y soustrait, il ne saurait désaliéner les autres. Seule subsiste une chance : la solitude du berger pacifique dans une communauté champêtre primitive et toute simple.
Il y avait bien une autre solution, qu'amorça un jour Sancho au cours d'un entretien avec son maître : la sainte vie de l'ermite. Mais Cervantès l'élude. Le fait est significatif. Entre la faveur spirituelle du xvie s. et le conformisme religieux du xviie s., Cervantès maintient un humanisme ou réticent ou prudent à l'égard de l'Église.
Il y a même une troisième solution, la plus sûre, que notre pauvre héros et notre pauvre écrivain accueillent comme une délivrance, le double en 1615, l'autre en 1616, la mort où ils vont se retrouver enfin tels que l'éternité les change, hommes quelconques- Alonso Quijano et Miguel Cervantès- et donc immortels, dignes d'exemple jusqu'au bout, jusqu'à cette grande et ultime aventure.
Ils se retirent l'un et l'autre sur la pointe des pieds. Ils demandent pardon de leurs sottises et de leurs erreurs.
Ils ont parlé, ils parlent encore pour nous tous

Nouvelles exemplaires de 1613

Novelas ejemplares, Les Nouvelles exemplaires sont un ensemble de douze nouvelles inspirées du modèle italien caractérisé par son idéalisme.
Elles sont écrites de 1590 à 1612 et publiées en 1613. Cervantes les nomme "emplaires" parce que c'est le premier exemple en castillan de nouvelles de ce type au caractère didactique et moral inscrit dans la narration.
C'est ce qu'il explique dans le prologue du livre :
"C'est à cela que s'est appliqué mon entendement, par-là que m'emmène mon inclinaison, et plus que je ne veux le faire comprendre, et c'est ainsi, que je suis le premier à avoir nouvellé en langue castillane, car la plupart des nombreuses nouvelles qui courent dans cette langue, sont traduites de langues étrangères, et celles-ci sont les miennes propres, non imitées ni appropriées ; mon intelligence et ma plume les engendrèrent, et elles vont grandissantes dans les bras de l'imprimeur."
— Miguel de Cervantes, Nouvelles exemplaires, Prologue
C'est un ensemble de douze récits brefs.
Son inspiration est originale, et il tente diverses formules narratives comme la satire lucianesque, Le Colloque des chiens, le roman picaresque, Rinconete et Cortadill, la miscelánea et le mélange de sentences et de mots d'esprits, Le Licencié Vidriera, le roman grec, L'Espagnole anglaise, L'Amant libéral, le roman policier, La Force du sang, la narration constituée sur une anagnorèse, La Petite Gitane, Le Jaloux d'Estrémadure, dont le personnage principal Cañizares est considéré comme une "figure vraiment grande" à l'instar de Don Quichotte et du Licencié de Vidriera.

Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès.
Les nouvelles suivantes complètent le recueil : La Tante supposée, La tía fingida, L'Illustre laveuse de vaisselle, La ilustre fregona, Les Deux jeunes Filles,Las dos doncellas, Madame Cornelie, La señora Cornelia, Le Mariage trompeur, El casamiento engañoso.

Persilès et Sigismonde, histoire septentrionale de 1617
Les Travaux de Persille et Sigismonde.
Les Travaux de Persille et Sigismonde, Los trabajos de Persiles y Sigismunda, historia septentrional est la dernière œuvre de Cervantes qui employa les deux dernières années de sa vie à l'écrire sur le patron du roman grec.
Il promettait de terminer ce livre au fil de ses œuvres antérieures, dans le prologue des Nouvelles exemplaires, dans le Voyage au Parnasse et dans la dédicace de la seconde partie du Don Quichotte.
Cervantes considérait Persilès et Sigismonde comme son chef-œuvre.
Le livre fut terminé le 20 avril 1616, deux jours avant sa mort et fut publié en 1617.
Au lieu de n'utiliser que deux personnages centraux, Cervantès fait appel à un groupe comme fil conducteur de l'œuvre. Sigismonde, princesse de Frise, prend pour surnom Auristelle et Persille, prince de Thulé, devient Pérandre. Ils partent chercher auprès du Pape la légitimation de leur amour dans des aventures opposant Europe nordique et méditerranéenne.
L'histoire a pour décors les brumes nordiques où s'ajoutent des éléments fantastiques et merveilleux qui anticipent le réalisme magique. Danièle Becker voit dans ce roman "un voyage initiatique vers la connaissance du christianisme civilisateur".
D'une certaine manière, Cervantes christianise le modèle original en utilisant le cliché de l’homo viator47 et en atteignant le point culminant à la fin de l'œuvre avec l'anagnorèse des deux amoureux, à Rome :
"Nos âmes, comme tu le sais bien et comme on me l'a enseigné ici, se meuvent dans un continuel mouvement et ne peuvent s'arrêter sinon en Dieu, ou en leur centre. Dans cette vie les désirs sont infinis et certains s'enchaînent aux autres et forment une maille qui une fois arrive au ciel et une autre plonge en enfer."
La structure et l'intention de ce roman sont très complexes mais supportent toutefois une interprétation satisfaisante. La dédicace au comte de Lemos date du 19 avril 161633 soit quatre jours avant sa mort. Il cite dans sa préface quelques vers d'une ancienne romance : "Le pied dans l'étrier, en agonie mortelle, Seigneur, je t'écris ce billet."

Poésie

Voyage au Parnasse.

L'essentiel des vers de Cervantes est intégré dans des ouvrages en prose : des nouvelles et des pièces de théâtre48. Ce sont des pièces séparées utilisées pour illustrer une circonstance particulière de la pièce de théâtre ou de la romance à laquelle ils appartiennent, enterrement, chant, commémoration, etc. Cervantes s'inspire de la poésie italienne.
En dehors de ces textes, il existe deux œuvres narratives en vers, le Chant de Caliope, inclus dans Galatée, et le Voyage au Parnasse écrit en 1614 d'après César Caporal Perusino.
C'est un débat et une réflexion artistique où les écrivains de l'ancienne et de la nouvelle époque font un voyage littéraire au mont Parnasse pour s'y affronter.
La quasi-totalité de ces vers ont été perdus ou n'ont pas été identifiés.
Une croyance erronée lui attribue l'invention des vers brisés. Cervantes déclare avoir composé un grand nombre de romances et disait aimer particulièrement l'une d'elles sur la jalousie. Il a participé dans les années 1580 à l'imitation des romances antiques avec d'autres grands poètes contemporains, Lope de Vega, Góngora et Quevedo.
Ce mouvement est à l'origine de la Nouvelle Romance
Il commence son œuvre poétique par quatre compositions dédiées aux obsèques de la Reine Isabelle de Valois5. Il écrit par la suite les poèmes A Pedro Padilla, A la muerte de Fernando de Herrera, À la mort de Fernando de Herrera et A la Austriada de Juan Rufo.
Son trait le plus marquant comme poète est son ton comique et satirique. Ses principales œuvres sont Un fanfaron en spatule et culotte et un sonnet Al túmulo del rey que se hizo en Sevilla dont les derniers vers restent célèbres :

Espagnol Français
Y luego, encontinente,
Caló el chapeo, requirió la espada,
miró al soslayo, fuese, y no hubo nada50,.
Et après, incontinent,
Il enfonça son chapeau, toucha son épée,
Regarda de travers, partit, et il ne se passa rien.

Si l'intérêt littéraire premier de Cervantes va vers la poésie et le théâtre, genre qu'il n'abandonne jamais, il se sent frustré par son incapacité à n'être reconnu ni comme poète ni comme dramaturge. Il s'est efforcé d'être un poète, bien qu'il ait douté de ses capacités.
Sa confession dans le Voyage au Parnasse, peu avant de mourir, est à l'origine de nombreuses polémiques dont il ressort que son œuvre en vers n'est pas à la hauteur de son œuvre narrative :

Espagnol
Yo que siempre trabajo y me desvelo
por parecer que tengo de poeta
la gracia que no quiso darme el cielo
Moi, qui toujours travaille et suis angoissé
pour paraître avoir d'un poète
la grâce que le ciel ne m'a pas voulu donner
La Lettre à Mateo Vázquez ainsi que les livrets en prose El buscapié, Une revendication de Don Quichotte sont des faux écrits par l'érudit du xixe siècle Adolfo de Castro.


Théâtre

Manuscrit du Siège de Numance
Avec Luis Quiñones de Benavente et Francisco de Quevedo, Cervantes est l'un des principaux dramaturges espagnols, il a apporté une plus grande profondeur des personnages, un humour renouvelé, un meilleur projet et une transcendance du thème. Différentes interconnexions entre le monde théâtral et les narrations de Cervantes existent.Par exemple, le thème initial du vieux jaloux apparaît également dans Le Jaloux d'Estrémadure des Nouvelles exemplaires.
Le personnage de Sancho Panza est repris dans l’Élection des maires de Daganzo, où le protagoniste est un fin dégustateur de vin, comme l'est l'écuyer de Don Quichotte. Le thème baroque de l'apparence et de la réalité est présent dans Le Retable des merveilles où Cervantes adapte le conte médiéval Le roi est nu de Don Juan Manuel en lui donnant un contenu social.
Le Juge des divorces, comme nombre de ses pièces, est autobiographique par certain de ses aspects. Cervantès arrive à la conclusion que "mieux vaut la pire entente / que le meilleur divorce".
Pour écrire ses intermèdes, Cervantes utilise aussi bien la prose que les vers.
Les pièces importantes du théâtre de Cervantes ont été injustement mal appréciées et peu représentées.
« La verve comique que Cervantès avait montrée dans Don Quichotte, semblait le rendre éminemment propre au théâtre … ce fut par là qu'il débuta sa carrière littéraire ; mais quoiqu'il y ait eu des succès, il éprouva aussi des mortifications, et son talent dramatique ne fut point alors jugé proportionné à la supériorité qu'il a développée dans d'autres genres.
Les réticences de Cervantes aux comédies du style de Lopes alors en vogue ne sont probablement pas étrangères à cet état de fait. Les professionnels du spectacle refusent de mettre à leurs affiches les pièces de Cervantes, qu'ils jugent être des oisivetés de vieux.
ervantès le confesse dans ses Huit comédies et huit intermèdes :
"En pensant que les siècles où avaient cours mes louanges duraient encore, je me remis à écrire quelques comédies, mais je ne trouvais plus d'oiseaux dans les nids d'antan ; je veux dire que je ne trouvais plus d'auteur qui me les demandât, bien qu'ils sussent que je les avais, et ainsi, je les enfermais dans un coffre et les condamnais au silence perpétuel"
Il opte par la suite pour se passer de comédiens et publie ses pièces sans les représenter, comme il l'indique le 22 juillet 1614 dans son supplément au Parnasse.
Le Siège de Numance est la plus aboutie des imitations de tragédies classiques en espagnol et a cependant reçu un bon accueil.
a mise en scène du patriotisme, du sacrifice collectif face au général Scipion l'Africain, de la faim comme souffrance existentielle et les prophéties d'un avenir glorieux à l'Espagne ont sans doute joué un rôle dans cette reconnaissance bien que d'autres pièces oubliées mettent également en valeur ce patriotisme, comme La Conquête de Jérusalem récemment redécouverte.
De ses autres pièces, beaucoup font référence à sa captivité à Alger.
Cervantes a réuni ses œuvres non-représentées dans Huit comédies et huit intermèdes jamais représentés. Ce recueil de pièces de théâtre est publié à Madrid en 1615 à titre posthume. Il réunit toute la production des dernières années de l'auteur. Des œuvres manuscrites sont également conservées : La Vie à Alger, Le Gaillard espagnol, La Grande Sultane, Les Bagnes d'Alger.
La majorité des pièces sont aujourd'hui perdues. Seules restent Le Siège de Numance et La Vie à Alger. On attribue également à Cervantès : Les Deux bavards, La Prison de Séville, L'Hôpital des pourris, L'Intermède de romances. Son théâtre a été traduit pour la première fois en 1862 par Alphonse Royer. Le Voyage au Parnasse a été traduit par Joseph-Michel Guardia en 1864.

Œuvres perdues et attribuées

Cervantes mentionne diverses œuvres en cours de rédaction ou qu'il pensait écrire.
Parmi eux, se trouvent la deuxième partie de Galatée, Le Fameux Bernardo, probablement un livre de chevalerie autour de Bernardo del Carpio et Les Semaines du jardin. Il est également possible qu'il ait pensé écrire une suite à Belianis de Grèce.
Cervantes cite également des pièces de théâtre qui ont été représentées mais qui sont aujourd'hui perdues.
C'est le cas de La Grande Turque, La Bataille navale, Jérusalem, Amaranta ou celle de mai, Le Bois amoureux, L'Unique, La Bizarre Arsinda et La Confuse. Cette dernière figure au répertoire de Juan Acacio jusqu'en 1627. Cervantes cite également une comédie : Le Traité de Constantinople et la mort de Sélim.
Plusieurs œuvres nous sont parvenues et sont attribuées à Cervantes, sans avoir de preuve définitive. Parmi les plus connues, se trouve La Tante supposée dont la narration et le style la rapprochent des Nouvelles exemplaires. Le Dialogue entre Cilène et Sélane sur la vie paysanne est également attribué à Cervantes et on suppose qu'il s'agit d'un fragment d'une pièce perdue : Les Semaines du jardin.
La Topographie et histoire générale d'Alger constitue un cas particulier. Cette œuvre est éditée en 1612 à Valladolid, et on sait que le signataire, frère Diego de Haedo abbé de Fromista, n'en est pas l'auteur. Le livre a été écrit par un ami de Cervantès, le religieux portugais Antonio de Sosa alors qu'ils étaient ensemble en détention à Alger, entre 1577 et 1581.
Ainsi, Sosa a été le premier biographe de Cervantes ; son récit de l’épisode de la grotte où il décrit la seconde tentative d'évasion de l'écrivain figure dans le Dialogue des martyrs d'Alger.
En 1992, l'hispaniste italien Stefano Arata publie le texte d'un manuscrit d'une pièce de théâtre : La Conquête de Jérusalem par Godofre de Bullon. Dans l'article qu'Arata publie en même temps que la pièce, il affirme avoir retrouvé la pièce Jérusalem de Cervantes.
D'autres études sont publiées en 1997 puis en 2010 et concluent dans le même sens. Depuis, la pièce est effectivement attribuée à l'écrivain espagnol. Les éditions Catedra Letras Hispanas en font une première publication critique en 2009 avec la mention Œuvre attribuée à Cervantes.


Postérité
Hommages et institutions

De nombreux prix, sculptures, bâtiments et institutions gardent la mémoire de Cervantes. Cinq maisons de Cervantes peuvent se visiter à Valladolid, à Madrid, à Vélez-Málaga et à Cartagène.
À Alger, la grotte de Cervantes où il a trouvé refuge lors d'une de ses tentatives d'évasion fait aujourd'hui partie d'un jardin public.
Le plus important des prix de littérature castillane est le Prix Miguel de Cervantes. Le trophée Cervantes est, en football, un tournoi amical qui se déroule dans sa ville de naissance, Alcalá de Henares.
L'Institut Cervantes assure la promotion et l'enseignement de la langue espagnole de par le monde.
Il existe au moins 14 théâtres à son nom dans cinq pays différents. Onze sont en Espagne Almería, Malaga, Alcalá de Henares, Santa Eulalia, Béjar, Salamanque, Jaén, Murcia, Petrel, Ségovie, Valladolid, les autres sont au Mexique Guanajuato, au Maroc Tanger, au Chili Putaendo et en Argentine à Buenos Aires.


De nombreux monuments en hommage à Cervantes ont été construits dans toute l'Espagne.
Son village, Alcalá de Henares, accueille une statue sur la place Cervantes.
Madrid lui dédie divers monuments : un ensemble monumental sur la Place d'Espagne, une sculpture sur la Place de Cortes et une autre à la Bibliothèque Nationale d'Espagne et enfin une dernière sur la place où a eu lieu son enterrement.
Valladolid accueille une autre statue de l'écrivain.
De nombreux instituts, dans divers domaines, ont pris le nom de l'écrivain. On compte parmi eux des collèges et lycées dans de nombreux pays, des facultés de lettres, des bibliothèques, des cinémas Art et Essai, une revue littéraire, qui édite de 1916 à 1920 et un centre médical dans sa ville de naissance.
De très nombreuses villes de par le monde ont nommé des rues, places ou avenues d'après l'auteur du Don Quichotte.
La Semaine Cervantes est une fête célébrée dans diverses villes espagnoles alors que le festival Cervantes est organisé chaque année par l'état mexicain de Guanajuat Trois navires ont été baptisés de son nom : un destroyer argentin, 1925-1961, un croiseur espagnol68 1929-1964 et une brigantine construite en 1885 et utilisée aujourd'hui comme navire école.

Œuvres inspirées par le personnage

La Jeunesse de Cervantès, œuvre musicale pour orchestre réduit, composée par Paul Ladmirault.
Son visage, d'après le portrait présumé de Juan de Jaúregui, figure sur les pièces de 10, 20 et 50 centimes d'euro espagnoles.
Plus récemment, un roman ayant pour sujet l'épisode de la vie de Cervantès chez les barbaresques a été publié par Olivier Weber.

Œuvres inspirées de son théâtre
Le Siège de Numance, El Cerco de Numancia, tragédie en quatre actes et en vers écrite à Madrid entre 1581 et 1583, imprimée seulement en 1784.
Elle a donné lieu à de nombreuses imitations.
Lope de Vega en a tiré La Sainte Ligue en 1600, Francisco Mosquera de Barnuevo en a fait un poème La Numancia ou La Numantina en 1612 dans lequel pas une fois il ne fait référence à son illustre prédécesseur.
Rolas Zorrilla l'a reproduite dans deux comédies : Numancia cercada et Numancia destruida. Une nouvelle imitation de Lopez de Sedano a vue le jour en 1771 : Cerco y ruina de Numancia. En 1775, Ignacio López de Ayala qui a présenté une Numancia destruida.
En 1813, Antonio Sabiñón a repris la pièce sous le titre Numancia, tragedia española

Œuvres inspirées par Don Quichotte
Influences de Don Quichotte.
Don Quichotte est le modèle de nombreuses œuvres signées par d'autres auteurs que Cervantes.
Du vivant de Cervantes, une première suite une suite apocryphe des aventures de don Quichotte est publiée et est attribuée à Avellaneda. Le célèbre hidalgo est cité également dans de nombreuses œuvres littéraires, musicales, peintures et sculptures.
La comédie misicale L'homme de la Mancha de jacques Brel

Œuvres principales

Galatée (1584)
L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche (1605)
Nouvelles exemplaires (1613)
L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche (1615)
Persilès et Sigismonde, histoire septentrionale (1617)

Liens

http://www.ina.fr/video/AFE85002767/l ... vantes-a-alger-video.html Célébration à Alger
http://www.ina.fr/video/CPF86640106/d ... te-1ere-partie-video.html Théatre de la jeunesse 1
http://www.ina.fr/video/CPF86640107/d ... erniere-partie-video.html 2
http://www.ina.fr/video/I07271809/yve ... -don-quichotte-video.html
http://youtu.be/T_T4FzQHie8 Don Quichotte 4 Chansons
http://youtu.be/HUGXNcJ6SlQ Don Quichotte ballet Opéra de Paris
http://youtu.be/fpatXRF_a2E Jacques Don Quichotte de la Mancha
http://youtu.be/cYqJyOXnuWY Jacques Brel L'homme de la Mancha
http://youtu.be/kjnewj7suxU L'homme de la mancha Brel La quète
http://youtu.be/HOOfscIrDzg Homme de la mancha à Liège
Le Don quichotte de Richard Strauss


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Posté le : 28/09/2013 21:22
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Philip Dormer Stanhope Lord Chesterfield
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Le 22 Septembre 1694 naît Philip Dormer Stanhope

4e comte de Chesterfield, est un homme politique et un écrivain anglais. Il est connu sous l'appellation de Lord Chesterfield.

Lord Chesterfield fut un homme considérable sous les règnes de George Ier qui règna de 1714 à 1727 et de George II de 1727à 1760.
À peine majeur, peu après la mort de la reine Anne, le voici membre du Parlement, whig déterminé.
Il devient l'ami des grands du monde littéraire, Pope, Swift, Addison, Arbuthnot, et avec eux contribue à donner du prestige à l'essai politique et littéraire qui est une des gloires modestes de l'Angleterre de son époque.

À la mort de son père en 1726, il lui succède dans le titre, et siège à la Chambre des lords.

Membre du parti des Whigs, Lord Stanhope, comme il est appelé avant la disparition du Comte de Chesterfield, étudie à l'Université de Cambridge et réalise ce qu'on appelle à l'époque un Grand Tour, voyage de découverte sur le continent.
La mort de la reine Anne et l'avènement de George Ier le font rentrer au pays et lui ouvrent sa carrière politique, assisté par son influent parent, James Stanhope.
Il fut d'abord membre de la Chambre des communes, entra dans celle des Lords et se fit remarquer dans toutes les deux par son éloquence. Il fut ambassadeur en Hollande en 1728, vice-roi en Irlande et secrétaire d'État en 1748.
Il fut lié avec les hommes les plus distingués de l'Angleterre et de la France, particulièrement avec Voltaire et Montesquieu, et fut élu associé libre de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres en 1755.

Il eut la carrière exemplaire d'un aristocrate anglais du siècle des Lumières, ami des arts et des lettres, qui se tenait loin des excès et faisait confiance à la raison et au cœur. Il n'aurait guère émergé de la scène politique s'il n'eût légué à la postérité le recueil de lettres écrites à son fils naturel, Philip Stanhope (junior), né de sa rencontre à La Haye avec Mlle du Bouchet.
Lord Chesterfield voua à l'éducation de ce fils une attention toute particulière. Philip Stanhope (junior) était un garçon timide et gauche, dont ce père attentif voulait faire un diplomate, et les lettres qu'il lui écrivait avaient pour objet de façonner son esprit et son caractère en vue de sa réussite dans le monde.
Elles sont pleines de conseils, de recommandations, propres à lui éviter des faux pas, des erreurs fatales à l'avancement mondain dont le père rêvait pour son fils.
Le recueil complété par des lettres à son filleul, qui portait le même nom se lit comme un manuel de sagesse mondaine : "of worldly wisdom".
Il témoigne d'une connaissance avertie des vices et des ambitions des hommes, et s'efforce, sinon de préciser des règles, du moins de proposer une certaine ligne de conduite dans les rapports humains.
Il s'en dégage une philosophie non exempte d'un certain cynisme poli, car la noblesse de caractère de lord Chesterfield n'est pas entamée par la conviction qu'il est difficile de réussir en ce monde sans faire des concessions aux aspects déplaisants d'une société où trouvent place la sottise et la corruption.
Mais il est essentiel d'éviter les vices vulgaires, et de garder de "bonnes manières".
Manners make the man — les bonnes manières font l'homme —, comme dit la devise de New College, à Oxford. Les Lord Chesterfield's Letters to His Son, and Others furent publiées, en 1774, par la veuve de son fils. Une deuxième édition parut en 1790, avec les lettres à son filleul.
Elles n'ont pas cessé depuis lors d'être rééditées et lues pour leur charme un peu désuet, agréable reflet d'une forme de civilisation disparue.

L'avancement ne lui fut pas difficile. Cultivé, courtois, de bonnes mœurs, excellent orateur, ses discours à la Chambre des lords sont très remarqués, après avoir été ambassadeur à La Haye de 1728 à 1732, il devint ministre dans le cabinet Pelham en 1745 — ministère de conciliation, où les whigs laissèrent quelques places aux tories — et il occupa un temps le poste difficile de lord-lieutenant d'Irlande, où il pratiqua une politique d'apaisement.
Une fâcheuse aventure sentimentale, son amitié avec Mrs. Howard, la future comtesse de Suffolk, maîtresse du prince de Galles, lui valut plus tard l'hostilité de la reine Caroline, et lord Chesterfield ne put jamais atteindre les sommets de la vie politique.
Cependant il fut encore secrétaire d'État dans le ministère Newcastle de 1746 à 1748, et fit, en 1751, adopter le calendrier grégorien, que son pays avait jusqu'alors ignoré, la décision entra en vigueur l'année suivante.
Il mit en quelque sorte l'Angleterre à l'heure de l'Europe.
Et puis, comme Candide, en parfait gentleman, il se retira pour cultiver son jardin.


Il meurt le 24 Mars 1773 à Londres.
Aimable jusqu'à sa dernière heure, on raconte que ses derniers mots furent : "Donnez une chaise à Dayrolles", un ami venu lui rendre visite à son lit de mort.


Il nous reste de lui des discours, des textes divers et ses Lettres à son fils, enfant naturel, né d'une Française, qui mourra à 36 ans en 1768, contenant maints conseils sur sa conduite à tenir dans le monde, et sur ses études pendant un voyage qu'il faisait sur le continent; elles furent traduites en français, avec quelques suppressions, à Amsterdam, 1777, puis à Paris en 1842, par Amédée Renée.
Les Œuvres diverses de Chesterfield ont été publiées à Londres en 1774, en 4 volumes in-4, et 1853 en 5 volumes in-8.
Chesterfield refusa dans un premier temps d'aider Samuel Johnson pendant l'élaboration de son Dictionary, puis se ravisa au moment où Johnson n'avait plus besoin de lui; Johnson lui écrivit alors une courte lettre en février 1755 qui fit le tour de Londres et passe pour être la déclaration d'indépendance de la littérature. L'épisode est rapporté en détail par James Boswell dans sa Life of Johnson.

Citation

Les cours sont sans contredit le séjour naturel de la politesse et du savoir-vivre ; si cela n'était, elles seraient le théâtre du meurtre et de la désolation. Ceux qui maintenant se sourient et s'embrassent s'insulteraient et se poignarderaient si la bienséance et les formes ne s'interposaient entre eux. (Lettre à son fils, Philip Stanhope);
Soyez persuadé qu'il n'y a point d'hommes, quels que soient leurs conditions et leurs mérites, qui ne puissent, en certains temps et en certaines choses, vous être de quelque utilité ; ce qui n'arrivera jamais si une fois vous les avez blessés. On oublie souvent les injures ; mais le mépris ne se pardonne pas. Notre orgueil en conserve un souvenir ineffaçable.


Liens (en Anglais

http://youtu.be/NR3E4JE2c40 lettre de Samuel Johnson à lord Chesterfield

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Posté le : 21/09/2013 21:45
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Maurice Blanchot
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Le 22 Septembre 1907 naît Maurice Blanchot écrivain romancier, critique littéraire et philosophe français.

L'écrivain

Les rapports ou les engagements politiques de Maurice Blanchot avec l'antisémitisme et l'extrême droite font l'objet de nombreux débats, qui sont balancés par la posture de l'auteur pendant la guerre et surtout à la Libération et dans ses engagements vers le communisme ou une certaine idée de l'extrême-gauche, et contre la guerre d'Algérie, durant mai 68, contre la politique du général de Gaulle ou pour différentes causes soutenues par la Deuxième gauche.
Cela n'ôte pas l'influence qu'ont eue la pensée et l'écriture de Blanchot sur tout un pan de la culture française des années cinquante et soixante et au-delà, et notamment ce qu'on appelle la French Theory.

Dans un court texte intitulé "Pour remercier Maurice Blanchot" et prononcé le 22 septembre 1997, à l'occasion des quatre-vingt-dix ans de l'auteur, Jean Starobinski écrit :
"Il m'a fait comprendre, inoubliablement, qu'on n'a pas vraiment accompli la tâche critique tant que l'on n'en a pas fait un travail d'écriture aventurée, sans autre guide que le désir de parler au plus juste."
Ces paroles conviennent assez bien à Maurice Blanchot, partenaire invisible, "l'essai biographique" de Christophe Biden.
Faire une biographie de Blanchot est, en effet, une entreprise qui relève du défi et exige subtilité dans l'approche, pertinence du questionnement et finesse de l'écriture.
À cela il est nécessaire d'ajouter le sérieux d'une érudition qui fait de ce livre un instrument nécessaire à tous ceux qui, à l'avenir, voudront travailler sur Blanchot.
Plus encore, alors que le genre biographique semble aujourd'hui vouloir se substituer à la critique, ce livre a l'intérêt de poser aussi la question de ses limites. Que signifie faire la biographie d'un écrivain ?

Contre Sainte-Beuve, déjà, Proust a montré toute la vanité qu'il y a à vouloir inférer de la vie d'un auteur à son œuvre. Loin de tomber dans un formalisme excessif qui s'ingénierait à soustraire les écrits à tout contexte historique, Christophe Bident analyse dans le détail la totalité des textes publiés sous le nom de Blanchot, y compris ceux, très nombreux, circonstanciels, qui ont paru dans des revues, des hebdomadaires ou des quotidiens sans être repris en volume.
À partir de là, une des difficultés consistait à ne pas séparer arbitrairement, à partir d'un point de vue idéologique ou esthétique, ce que Blanchot lui-même dans une lettre du 24 janvier 1962, adressée à Georges Bataille, appelait "un double mouvement" , "un double langage" : " L'un nomme le possible et veut le possible.
L'autre répond à l'impossible."
Autrement dit, comment lier, sans les réduire l'une à l'autre, exigence politique et exigence poétique ? Quels liens, entre l'espace public que Blanchot occupa longtemps par de très nombreuses prises de position – en tant que telles offertes aux discussions, voire aux violentes polémiques – et l'espace littéraire, espace du retrait où se disent la solitude, la maladie, la mort, l'amitié ? Un des grands intérêts de cet essai biographique est de montrer que, chez Blanchot, contrairement à une idée reçue, l'écriture proprement littéraire dans les récits, les romans ou la critique ne succède pas aux écrits purement politiques.
Ses premiers récits : Le Dernier Mot, L'Idylle, 1935-1936, sont contemporains de son activité journalistique la plus militante dans la presse de droite, voire d'extrême
droite, des années 1930, plus de deux cents articles entre 1931 et 1944, parus notamment dans le Journal des débats, Le Rempart, Combat, L'Insurgé, l'écriture de la première version de son premier roman, "Thomas l'obscur", s'étend de 1932 à 1940 et elle paraîtra en 1941 et la dernière période de sa création n'est pas exempte, loin de là, d'une certaine activité sur la scène publique. Ainsi de ses prises de position dans la revue Le 14 juillet, en 1958, contre le retour au pouvoir du général de Gaulle, puis en 1960 pour le "Droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie", en mai 1968 lors de sa participation à la rédaction de tracts.

Dominante et marginale, telle est la place qu'est venue occuper au fil du XXe siècle l'œuvre narrative, critique et philosophique de Maurice Blanchot.
Cette œuvre a suscité les plus vives admirations et souffert les plus suspicieux dénigrements.
Dans un univers intime et déroutant, par un langage incisé, un lyrisme tenu, par une dramaturgie chaque fois renouvelée et jusqu'à leur propre épuisement, les récits ont offert un espace d'attention rare, celui d'une indiscrétion éthique infinie envers l'autre : envers sa mémoire, son langage, sa respiration, son secret.
L'œuvre critique a commenté des centaines de livres, de quelques classiques à presque tous les contemporains ; dans un dialogue incessant avec les écrivains et philosophes qui l'avaient précédés : Nietzsche, Hegel, Heidegger, Hölderlin, Mallarmé, Valéry, Rilke, Kafka, Sade, Lautréamont, Artaud..., et avec ceux qui l'ont accompagnée : Char, Paulhan, Sartre, Leiris, Klossowski, Laporte, Foucault, Derrida, Nancy, Duras, Mascolo, des Forêts..., elle a forgé sa propre approche de la littérature et son lexique notionnel.
Ce dialogue, Maurice Blanchot lui a donné quelques noms : entretien infini, ou amitié, et c'est dans l'amitié des auteurs qui lui furent les plus proches, et dont son nom ne peut être désormais dissocié – Emmanuel Lévinas, Georges Bataille et Robert Antelme – qu'il aura déployé une œuvre philosophique apte à maintenir, au-delà du désastre, par-delà l'effondrement des idéologies communistes et des mythologies communielles, l'exigence et la nécessité d'une pensée communautaire, fussent-elles d'abord celles d'une "communauté inavouable", d'une "communauté sans communauté".

Que cette œuvre restât discrète, tout au long de sa vie, Blanchot l'a lui-même souhaité, soustrayant exemplairement sa personne à toute forme de médiatisation, tentant de s'accorder à la pensée, héritée notamment de Mallarmé, que "l'écrivain n'a pas de biographie".
C'est ainsi à une méditation active sur la légitimité, voire la possibilité de l'écrivain qu'il nous convie, en portant un regard sans faille sur les idéologies, les écritures, les ruptures et l'absolu historique, Auschwitz qui auront marqué le XXe siècle.
Un regard sans autre faille que celle de son origine, par sa plume de journaliste, Blanchot a milité à l'extrême droite dans les années 1930, une origine qu'il n'aura cessé ensuite de désavouer par ses engagements à l'extrême gauche, par l'impératif politique de sa littérature : "Pense et agis de telle manière qu'Auschwitz ne se répète jamais", pour dire enfin comment la pensée n'advient précisément que dans la fuite de l'origine, comment la littérature, contre une certaine conception française, n'advient que dans l'oubli de toute réaction.

Biographie

Jeunesse

Maurice Blanchot naît le 22 septembre 1907 au hameau de Quain à Devrouze en Saône-et-Loire, dans un milieu aisé.
Il suit ses études à Strasbourg (allemand et philosophie) jusqu'en 1925. Il fréquente l'Action française et déambule muni d'une canne au pommeau d'argent.
C'est à Strasbourg qu'il rencontre Emmanuel Levinas : "très éloigné de moi politiquement à cette époque-là, il était monarchiste."
Blanchot dira : "...Emmanuel Levinas, le seul ami — ah, ami lointain — que je tutoie et qui me tutoie ; cela est arrivé, non pas parce que nous étions jeunes, mais par une décision délibérée, un pacte auquel j'espère ne jamais manquer." Pour l'Amitié.
En 1928, il achève la lecture de Être et Temps de Martin Heidegger : "Grâce à Emmanuel Levinas, sans qui, dès 1927 ou 1928, je n'aurais pu commencer à entendre Sein und Zeit, c'est un véritable choc intellectuel que ce livre provoqua en moi. Un événement de première grandeur venait de se produire : impossible de l'atténuer, même aujourd'hui, même dans mon souvenir".
Il passe son Certificat d'études supérieures à Paris en 1929, puis se diplôme à la Sorbonne en 1930 en réalisant un travail sur la conception du dogmatisme chez les Sceptiques.
Il suit alors des études de médecine à l'hôpital Sainte-Anne, avec une spécialisation en neurologie et psychiatrie.
À partir de 1931, Blanchot collabore avec certains journaux et revues d'extrême droite : il publie son premier texte en juin 1931 dans la Revue française :
" François Mauriac et ceux qui étaient perdus ".
Critique littéraire, pendant la guerre, et chroniqueur au Journal des débats, il y devient rédacteur en chef - ... et c'est là selon Bident qu'il passera, pendant près de dix ans, le plus clair de son temps.
En 1929, Blanchot monte à Paris. Il soutient en Sorbonne un mémoire sur les sceptiques et commence des études de médecine à Sainte-Anne. Mais c'est le journalisme qui l'attire, davantage que l'université.
Il collabore à plusieurs quotidiens et revues d'extrême-droite : des contributions essentiellement politiques et parfois littéraires. Il fréquente les jeunes dissidents d'Action française guidés par Thierry Maulnier.
Anticapitalisme, antiparlementarisme, anticommunisme, spiritualisme et classicisme sont les mots d'ordre permanents.
Ajoutons l'antigermanisme et a fortiori l'antihitlérisme : Blanchot appartient aussi à un milieu de Juifs nationalistes prompts à dénoncer les exactions nazies.
En 1932, il commence la rédaction de Thomas l'Obscur.
En 1933, il entre au Rempart de Paul Levy tout en poursuivant son travail au Journal des Débats.
"Avec Blanchot, Maxence et Maulnier à des postes-clés, la "Jeune Droite" occupe cependant une place importante" dit Bident.
Anticapitalisme, antiparlementarisme, anticommunisme, spiritualisme et classicisme sont les mots d'ordre permanents.
Ajoutons l'antigermanisme et a fortiori l'antihitlérisme : Blanchot appartient aussi à un milieu de Juifs nationalistes prompts à dénoncer les exactions nazies.
Dès 1933, dans Le Rempart, un quotidien dirigé par son ami Paul Lévy, il s'insurge contre les premières expéditions de Juifs en camps de travail.

Ce sont à la fois des motifs personnels comme la mort d'une amie, d' une santé défaillante et des motifs historiques : le défaitisme national, de Munich à Vichy qui, entre 1938 et 1940, l'éloignent peu à peu de l'engagement nationaliste.
La guerre, la rencontre de Georges Bataille, le côtoiement de la Résistance jouent également leur rôle.
En juin 1944, le miracle par lequel il échappe au peloton d'exécution, contre le mur de sa maison natale, lui laisse le sentiment de la survivance "l'instant de ma mort désormais toujours en instance", écrira-t-il plus tard).
Et c'est bien par la force de la littérature, d'une littérature qu'il avait commencé à écrire et concevoir dans ses affrontements les plus extrêmes avec la mort, qu'il rompt définitivement avec les mythes identitaires :
"Écrire comme question d'écrire, question qui porte l'écriture qui porte la question, ne te permet plus ce rapport à l'être – entendu d'abord comme tradition, ordre, certitude, vérité, toute forme d'enracinement – que tu as reçu un jour du passé du monde".


La rupture par la littérature

Dès 1931, Blanchot avait commencé à écrire un roman, Thomas l'obscur, qu'après plusieurs tentatives infructueuses, il aurait détruit plusieurs manuscrits, il achève en 1940.
Le livre paraît en 1941, rapidement suivi d'un second, Aminadab en 1942.
Bien qu'elle épingle quelques défauts de jeunesse, comme l'influence trop marquée de Giraudoux ou de Kafka, la critique installe immédiatement Blanchot au premier plan de la nouvelle littérature française. On le dira ensuite proche du "nouveau roman" ; jamais cependant Blanchot ne se reconnaîtra membre d'une école.
Dans le roman, puis le récit, lui-même tient à la distinction des deux genres, il suit son propre cheminement, souterrain et souverain, peu lu mais électivement reconnu.
De la veine des premières fictions, à laquelle appartient encore Le Très-Haut en 1948, il passe à celle des récits, plus brefs, moins référentialisés, de plus en plus centrés sur la forme dense et anonyme de l'entretien. De L'Arrêt de mort en 1948 à L'Attente l'oubli en 1962 et à "L'entretien infini" en 1965, repris en tête du recueil homonyme, c'est à l'affrontement tour à tour passionnel, érotique, amical, onirique, fantastique de deux ou trois personnes que nous assistons.
Hommes et femmes au seuil de la passion ou de la disparition : Blanchot traque ce qui peut encore se maintenir entre eux, à partir de ce moment insidieux où chacun trouve en l'autre une ressource ultime, une joie divine, un secret irréductible.

D'une théâtralité extrême, sans l'apparat de la théâtralisation, l'écriture de Blanchot se concentre sur quelques événements, infimes et détonants, sur la manière dont ils retentissent dans les corps et les consciences, sur le défi qu'ils lancent à la narration d'encore pouvoir, savoir et vouloir les raconter. Avec La Folie du jour, courte fiction publiée en 1949 dans la revue Empédocle, Blanchot avait posé la question de la possibilité du récit après Auschwitz.
"Un récit ? Non, pas de récit, plus jamais", concluait-il.
S'inscrire n'est désormais possible qu'en s'effaçant : dans le respect du point le moins honteux où puisse conduire l'exposition de l'intime. C'est aussi ce que dans son œuvre critique, il appellera le "neutre".
Cette neutralité indestructible de la littérature interroge tout lecteur sur son attente forcenée de l'épisode et de l'aveu – sur son attente de la littérature.

L'espace littéraire

Le premier recueil critique paraît en 1943 : Faux Pas élève aussitôt son auteur au rang du plus prometteur des jeunes critiques.
À la Libération, Blanchot écrit dans les revues majeures : L'Arche, Critique, Les Temps modernes et, dès sa reparution en 1953, La Nouvelle Nouvelle Revue française.
Ce sont ces articles qu'il remanie pour les grands livres qui l'assurent, davantage que romans et récits, d'un renom international :
La Part du feu en 1949, L'Espace littéraire en 1955, Le Livre à venir en 1959, L'Entretien infini en 1969, L'Amitié en 1971.
Jamais pourtant Blanchot n'a dissocié écriture narrative et écriture critique.
Des phrases circulent, les mêmes, d'un récit à un essai, d'un article sur Artaud, par exemple, à certaines pages du Dernier Homme. Les préoccupations qui retentissent dans les essais critiques sont d'abord celles de l'écrivain qui cherche infatigablement de nouvelles formes, toujours plus exigeantes, d'écriture.

Cette recherche ouvre un chemin révolutionnaire à la pensée critique a l'instar de Barthes, Bataille, Deleuze, Derrida, Foucault, Sollers, qui lisent Blanchot tous les mois dans la N.N.R.F., le savent et le diront.
C'est la méditation très personnelle de certaines expériences d'auteurs qui lui donne son mouvement.
Blanchot s'intéresse aux expériences qui neutralisent la personnalité dans l'autre temps, interminable et incessant, du mourir et de l'écrire.
Il nous invite à lire le parcours de l'écrivain en Orphée. Il imagine la quête épuisante et cependant inépuisable de l'Œuvre, jamais atteinte, toujours dérobée au cœur de la nuit, l'autre nuit, celle qui accueille l'insomnie de l'artiste, désormais ouvert à la dissimulation de l'être, qui n'est encore que murmure, prose rapide et incessante dont se rapproche toujours plus l'essence du poème.
Artiste à qui rien n'apparaît cependant : ouvert au ruissellement du dehors éternel, emporté par cette parole neutre qui noue les points obscurs où l'entente commune et anonyme peut jaillir, dédoublé dans l'espace infini d'où les dieux se sont retirés, à l'horizon bouleversant qui extasie le corps et aveugle toute représentation, à commencer par la sienne, dissous, il écrit un poème qui écrit cette rencontre invisible pour aussitôt s'effacer, s'effacer comme poème, l'effacer comme poète, subsister comme rencontre de l'œuvre inatteinte avec un lecteur seul susceptible de l'affirmer à nouveau.
Ce que Blanchot nomme « le Oui léger, innocent, de la lecture ».

Politique et communauté

En 1958, après dix ans de retrait à Èze-village, près de Nice, Blanchot revient à Paris. C'est le début de l'engagement public à l'extrême gauche, en compagnie de ceux qui deviennent, après Bataille, qui meurt en 1962 et Lévinas qui ne partage pas ce combat, ses plus proches amis : Robert et Monique Antelme, Marguerite Duras, Louis-René des Forêts, Maurice Nadeau, Elio et Ginetta Vittorini.
C'est notamment dans la complicité la plus étroite avec Dionys Mascolo, véritable initiateur de toutes ces luttes, qu'il écrit contre le coup d'État gaulliste en 1958, contre la guerre d'Algérie en 1960, il est le principal rédacteur de la Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, plus connue sous le nom de « Manifeste des 121, pour le Comité écrivains-étudiants en 1968.
Avec ces mêmes amis, il consacre plusieurs années à la création d'une Revue internationale dont la rubrique centrale, intitulée "Le cours des choses", doit recueillir les fragments des auteurs de manière anonyme.
Une revue communautaire où chaque pensée serait à la fois opérée et désœuvrée par la pensée voisine. L'échec de ce projet, patent en 1964, l'abat.

Après 1968, un vif désaccord sur les positions pro-palestiniennes majoritaires à l'extrême gauche, puis un nouvel et brutal accès de maladie éloignent Blanchot de la scène publique.
C'est le temps de l'écriture philosophique et fragmentaire.
Au Pas au-delà en 1973 et à L'Écriture du désastre en 1980 succèdent La Communauté inavouable en 1983 et divers opuscules sur des écritures et des pensées amies : Celan, Foucault, des Forêts, Mascolo. Poussée à ses limites, l'exigence fragmentaire écarte tout effet de langage de sa propre reconnaissance. Elle consacre l'abandon de toute posture centrale autoritaire.
Elle confie l'écriture à un mouvement qui en soi prédispose au tout autre ; elle confie le savoir au non-savoir ; elle confie la pensée au tremblement qui l'impose avec peine comme lieu de garde de l’évènement absolu de l'Histoire : la Shoah. C'est la pensée du désastre. Penser, ce serait nommer, appeler le désastre comme arrière-pensée.

C'est donc encore la possibilité même de la pensée, aujourd'hui, que Blanchot entreprend d'énoncer. Sans nihilisme, en toute conscience, ce qu'il avait déjà écrit en 1962 dans une lettre à Georges Bataille.


Le 20 février 2003 il meurt au Mesnil-Saint-Denis dans les Yvelines.
Sa vie fut entièrement dévouée à la littérature et au silence qui lui est propre1.

Ses oeuvres

1941 : Thomas l'obscur (Gallimard).
1942 : Aminadab (Gallimard, Coll. L'imaginaire) (ISBN 2-07-077029-X)
1942 : Comment la littérature est-elle possible ? (Corti)
1943 : Faux pas (Gallimard) (ISBN 2-07-020731-5)
1948 : Le Très-Haut (Gallimard, Coll. L'Imaginaire) (ISBN 2-07-071447-0)
1948 : L'Arrêt de mort (Gallimard, Coll. L'Imaginaire) (ISBN 2-07-029699-7)
1949 : La Part du feu (Gallimard)
1949 : Lautréamont et Sade (Éditions de Minuit)
1950 : Thomas l'obscur Seconde version (Gallimard, Coll. L'Imaginaire) (ISBN 2-07-072548-0)
1951 : Au moment voulu (Gallimard, Coll. Blanche) (ISBN 2-07-020735-8)
1951 : Le Ressassement éternel (Editions de Minuit)
1953 : Celui qui ne m'accompagnait pas (Gallimard, Coll. L'Imaginaire) (ISBN 2-07-073438-2)
1955 : L'Espace littéraire (Gallimard) (ISBN 2-07-032475-3)
1957 : Le Dernier Homme (Gallimard, Coll. Blanche) (ISBN 2-07-020738-2)
1958 : La Bête de Lascaux (GLM, repris dans Une voix venue d'alleurs, 2002)
1959 : Le Livre à venir (Gallimard) (ISBN 2-07-032397-8)
1962 : L'Attente, l'oubli (Gallimard, Coll. L'Imaginaire) (ISBN 2-07-075838-9)
1969 : L'Entretien infini (Gallimard) (ISBN 2-07-026826-8)
1971 : L'Amitié, (Gallimard) (ISBN 2-07-028044-6)
1973 : Le Pas au-delà (Gallimard) (ISBN 2-07-028786-6)
1973 : La Folie du jour (Fata Morgana)
1980 : L'Écriture du désastre (Gallimard)
1981 : De Kafka à Kafka (Gallimard)
1983 : Après Coup, précédé par Le Ressassement éternel (Éditions de Minuit)
1983 : La Communauté inavouable (Éditions de Minuit)
1984 : Le Dernier à parler (Fata Morgana, repris dans Une voix venue d'ailleurs, 2002))
1986 : Michel Foucault tel que je l'imagine (Fata Morgana, repris dans Une voix venue d'ailleurs)
1987 : Joë Bousquet (Fata Morgana)
1992 : Une voix venue d'ailleurs - Sur les poèmes de LR des Forêts (Ulysse Fin de Siècle, repris dans Une voix venue d'ailleurs 2002)
1994 : L’Instant de ma mort (Fata Morgana)
1996 : Pour l'amitié (Fourbis, republié chez Farrago en 2000)
1996 : Les Intellectuels en question (Fourbis, republié chez farrago en 2000)
1999 : Henri Michaux ou le refus de l'enfermement (farrago)
2002 : Une voix venue d’ailleurs (Gallimard)
2003 : Écrits politiques (1958-1993) (Léo Sheer)
2005 : Thomas l'obscur, première version (Gallimard, posthume, non souhaitée par l'auteur)
2007 : Chroniques littéraires du "Journal des Débats" (avril 1941-août 1944) (Gallimard, posthume)
2008 : Écrits Politiques 1953-1993, (Gallimard, posthume)
2009 : Lettres à Vadim Kozovoï (1976-1998), (Manucius, posthume)
2010 : La Condition critique. Articles, 1945-1998, (Gallimard, posthume)
2012 : Maurice Blanchot - Pierre Madaule Correspondance 1953-2002, (Gallimard, posthume)



Liens

http://youtu.be/KxV3Q9-Zd50 Maurice Blanchot Le refus de servir La vie de Maurice Blanchot


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Posté le : 21/09/2013 21:39
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Alain-Fournier
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Le 22 Septembre 1914 la guerre tue Alain-Fournier

Le poète, l'écrivain

La vie d'Alain-Fournier est marquée par la retenue et la fulgurance.
Retenue : l'enfance modeste en Sologne auprès de parents instituteurs et d'une sœur aimée, Isabelle ; les études qui le conduiront à l'École normale supérieure ; l'amitié avec Jacques Rivière, devenu son beau-frère, qu'une volumineuse Correspondance a fixée pour toujours ; l'intérêt pour l'art de son temps : le symbolisme, Maeterlinck et Debussy, Péguy et Claudel.
Fulgurance : l'aventure capitale, la rencontre, en 1905, le jour de l'Ascension, d'Yvonne de Quiévrecourt.
Il l'aime aussitôt et absolument, la revoit le jour de la Pentecôte et lui parle. Il note ce qu'il a gardé de leur conversation.
Il la reverra des années plus tard, mariée et mère de famille. La guerre éclate.
Le 22 septembre 1914, le lieutenant Fournier est porté disparu. Destinée romanesque, amour impossible chez un homme qui avait tout pour lui : charme et intelligence, goût de l'absolu et jeunesse, talent enfin.
Paru en 1913, son unique roman, "le Grand Meaulnes", avait aussitôt connu le succès. Le livre évoque la rencontre du jeune Augustin Meaulnes, arrivé dans une petite école de Sologne, et de François Seurel, le narrateur. La vie de ce dernier en sera bouleversée. Le roman, plein de "ferveur, de tristesse et d'extase"J. Rivière, égrène les rêves d'une adolescence hantée par les paradis perdus de l'enfance dont Alain-Fournier fit son credo artistique, entremêlant le merveilleux poétique et l'humble réalité quotidienne.
La finesse de l'écriture rend avec art l'amertume du souvenir, les vaines espérances et une douce nostalgie.
Alain-Fournier quêta le bonheur refusé auprès d'autres femmes, les unes obscures "la petite Jeanne" ou "Loulette" la dernière célèbre, puisqu'il s'agissait de Mme Simone, actrice connue, épouse de Claude Casimir-Perier, dont Alain-Fournier était le secrétaire en 1912.
C'est auprès de Simone qu'il ébaucha une pièce de théâtre, "la Maison dans la forêt", et un autre roman, "Colombe Blanchet", publié en 1924. La même année paraît Miracles, "récits poétiques" en vers et en prose, très proches du Grand Meaulnes par leur thématique.

"Quelque chose désespérément me réclame et toutes les routes de la terre m'en séparent."
Alain-Fournier et Augustin Meaulnes, le héros du Grand Meaulnes 1913, se rejoignent dans cette phrase.
Les analogies entre la vie de celui qui prit, en 1907, juste après la khâgne, le pseudonyme d'Alain-Fournier et son roman sont manifestes : La Chapelle-d'Angillon et les paysages du Cher, les parents instituteurs, la rencontre avec Yvonne de Galais, une liaison avec Jeanne, modiste comme Valentine est couturière, la deuxième rencontre, huit ans plus tard, avec Yvonne... Ce sont les traces de ce que son ami, beau-frère et correspondant Jacques Rivière nomme "une conception littéraire" :
"Je sais bien", lui dit-il, évoquant Claudel qui, avec Gide et Laforgue, forma Alain-Fournier, "que tu penses toujours à :
“Nous ne séparerons pas la vie d'avec l'art ”.
C'est qu'Alain-Fournier "n'est pas d'ici" ; il est de l'attente, attente-souvenir du bonheur ou de l'amour, attente de lui-même :
"Je ne sais si je dois l'appeler mon amour ou moi-même", alors qu'ici "on se résigne à l'amour comme on se résigne à la vie".
Il n'est donc sans doute pas davantage d'un là-bas chrétien, même après sa nuit pascalienne du 5 janvier 1907, étant "trop psychologue" pour être catholique.
Mais cette plénitude pieuse qu'il nomme joie, et qui ne trouverait pas Dieu ailleurs que partout, finit peut-être par s'accomplir dans l'ici d'une vie pourtant encore traversée par l'absence, grâce à Simone, le cœur pur de l'épigraphe de Colombe Blanchet.

"J'ai l'intention d'écrire "sur mon visage" quelque chose de central et de très beau. Ce sera plus simple et plus doux qu'une main de femme, la nuit, qui suit avec grand'pitié la ligne douloureuse de la figure humaine. Et cependant ceux qui le liront s'étonneront d'une odeur de pourriture et de scandale.
Pour décrire les différents visages de mon âme, il faudra que Celle qui parle de mon visage, ose imaginer les masques de mon agonie à venir, il lui faudra penser à ce hoquet sanglant qui marque enfin la délivrance et le départ de l'âme : alors seulement seront évoqués les étranges paradis perdus dont je suis l'habitant".
Correspondance Jacques Rivière-Alain-Fournier, 18 juin 1909.


Enfance

Henri Alban Fournier est né le 3 octobre 1886 à La Chapelle d'Angillon dans le département du Cher, dans la maison de ses grands-parents maternels Barthe.
Il porte en deuxième prénom, à la suite de sa mère, un nom qui rappelle l'origine de son grand-père, né à Alban en Albigeois.
Dernier descendant de la famille des Marquis de Pujol de Saint-André de la Tapie, Matthieu Barthe, "ancien berger, ancien soldat, ancien gendarme" raconte Isabelle, a conservé son accent du midi et sa bonhommie du sud.

Veuf, et beaucoup plus âgé qu'elle, il a épousé Adeline Blondeau, "la plus jolie fille du pays", berrichonne née à Sury les Bois à quelques kilomètres de La Chapelle d'une famille de paysans. Ils n'eurent qu'une fille, Albanie, la mère d'Henri.
Augustin Fournier, père d'Henri, est, quant à lui, né à Nançay, village de Sologne situé à une vingtaine de kilomètres de La Chapelle. Aîné de six enfants, Augustin, qu'on appelle Auguste, est instituteur et c'est au cours de son premier poste au Gué de la Pierre, hameau voisin de La Chapelle, qu'il rencontre sa future femme Albanie, elle aussi institutrice. La mère d'Augustin s'appelle Charpentier de son nom de jeune fille et c'est le nom que choisira Henri pour les grands-parents de François Seurel dans Le Grand Meaulnes, même si le modèle en est ses grands-parents Barthe.
Sur cette toute petite-enfance d'Henri, sa soeur Isabelle a écrit un livre qui s'intitule "Images d'Alain-Fournier" (Fayard).

Trois ans après la naissance d'Henri, naît sa soeur Isabelle.
Souffrant d'une malformation de la hanche, elle avait eu les hanches déboitées à la naissance, elle restera très handicapée toute sa vie, et ce, malgré plusieurs opérations douloureuses subies alors qu'elle n'était pas encore adolescente.
François Seurel, dans Le Grand Meaulnes, est dit souffrir de coxalgie, une maladie des hanches, caractère très certainement inspiré par la situation physique de sa soeur.
Les deux enfants sont en effet très proches l'un de l'autre depuis leur plus tendre enfance : "je puis bien dire que pendant mon enfance entière, et jusqu'au jour même où Jacques surgit à son côté, il fut le seul être présent pour moi au monde", dit Isabelle dans Les Images d'Alain-Fournier.
Elle épousera son meilleur ami, Jacques Rivière, en 1910 et restera toute la vie d'Alain-Fournier sa plus grande confidente. Elle consacra le reste de sa propre vie à la mise en valeur de l'oeuvre de son frère, malgré les nombreuses critiques et oppositions auxquelles elle dut faire face.
A la naissance d'Henri, les Fournier sont nommés à Marçais dans le sud du département puis cinq ans plus tard à Epineuil le Fleuriel.
Le village et la maison d'Epineuil serviront de décor et de cadre à la majeure partie de l'histoire du Grand Meaulnes.
A l'entrée de l'école, "une longue maison rouge aux cinq portes vitrées", il est écrit aujourd'hui:
"C'est dans cette école où Alain-Fournier fut élève de 1891 à 1898 que naquit le personnage d'Augustin Meaulnes". Monsieur Lullier, qui fut instituteur depuis les années soixante dans cette école, avait consacré tout son temps libre à repérer les lieux décrits dans le roman, à retrouver les habitants du village encore vivants.
Henri et sa soeur firent leurs études primaires dans cette école, dans la classe de leur père.

Etudes

Le 3 octobre 1898, Henri, qui a douze ans, entre au lycée Voltaire à Paris pour y faire sa classe de sixième. "Il s'arrachait au doux jardin lumineux de notre enfance", dit Isabelle dans Les Images.
Durant ces deux premières années à Paris, Henri est pensionnaire chez Mme Bijard, une ancienne ajointe de Mr Fournier à Epineuil et qui dirige un pensionnat de jeunes filles. "Mornes matinées des dimanches matins au fond de la cour du 196 rue de la Roquette" (1903), "Paris que j'ai commencé par haïr d'une haine de paysan" (1905), écrira-t-il plus tard avant de partir à la découverte des trésors de Paris. Il est tout de même choyé par Mme Bijard et il collectionne tous les premiers prix. En 1901, Mme Bijard ayant quitté ses cours, Henri est pensionnaire à Voltaire où il restera jusqu'à la fin de la quatrième. Se sentant isolé, il rêve de devenir marin, influencé par les histoires d'aventures de son père.
Au terme de cette quatrième, Henri quitte alors le lycée Voltaire. A son arrivée à Brest, son avance est telle qu'il tente de passer directement de la quatrième à la seconde marine.
Il prépare l'Ecole Navale et son admission au Borda, navire école.
Mais la vie y est bien plus dure qu'à Voltaire et à cause de l'éloignement, il ne peut rentrer chez ses parents que pour les vacances de Pâques. Brest le marquera néanmoins et Le Grand Meaulnes doit à cette période d'être rempli d'images et d'allusions marines, alors même que Frantz de Galais est supposé aspirant de marine.

Au premier trimestre de la rentrée 1902, Henri obtient du lycée de passer un baccalauréat anticipé qu'il réussit.
A Noël, il rentre chez ses parents à La Chapelle d'Angillon et leur annonce qu'il ne retournera plus à Brest.
Il va terminer ses études à Paris. Il entre début janvier au lycée Henri IV comme pensionnaire pour y faire sa philo puis à la fin du mois, quitte Paris pour Bourges où il entre comme pensionnaire au lycée qui porte aujourd'hui son nom.
Il écrit: "quand je dis lycée, je pense à Bourges où les draps étaient aussi puants que les plus puants de la caserne".
Mais il est plus proche de sa famille, ses parents ayant demandé leur nomination à La Chapelle d'Angillon pour se rapprocher de Maman Barthe qui vient de perdre son mari.
C'est à Bourges qu'Henri situera le personnage de Valentine dans Le Grand Meaulnes et au jardin de l'archevêché, les rendez-vous de la petite couturière avec Frantz.
Et la mairie-école de La Chapelle d'Angillon, logement de fonction de ses parents, est décrite comme la maison d'Augustin Meaulnes.

Lakanal

Au troisième trimestre 1903, Henri réussit de justesse son baccalauréat de philosophie.
En octobre 1903, Henri entre au lycée Lakanal pour y préparer l'entrée à l'Ecole Normale Supérieure.
Le Lycée Lakanal est le lycée parisien qui accueille beaucoup de jeunes hommes de province dont les dossiers scolaires leurs permettent de prétendre à passer le Concours.
Jacques Rivière qui vient de Bordeaux, est dans la classe d'Henri. Ils ne s'entendent pas du tout.
Mais un jour tout change à l'occasion de la lecture par leur professeur d'un poème d'Henri de Régnier, "Tel qu'en songe..." ils perçoivent:
"cette voix comme à l'avance dirigée vers notre coeur que tout à coup Henri de Régnier nous fit entendre". (...) Nous fûmes bouleversés d'un enthousiasme si pareil que notre amitié en fut brusquement portée à son comble".
Jacques restera à Lakanal jusqu'à la fin de l'année scolaire 1904-1905 et échouera au concours.
Henri y demeurera un an de plus.
Il ne se présente pas en 1905 ne se jugeant pas prêt. Il ne sera pas plus chanceux l'année suivante même s'il réussit l'écrit.
Après leur rencontre si forte, plus que le programme de l'Ecole, c'est l'art et la littérature qui les intéressent et qui les poussent chaque dimanche à courir dans Paris à tous les concerts, toutes les expositions et à fouiller les libraires et les revendeurs des quais pour y trouver des livres. Lorsqu'ils seront séparés après le retour de Jacques à Bordeaux en 1906, ils échangeront une immense correspondance qui est un monument pour la connaissance de leur temps et qui permet de suivre pas à pas leur évolution en tant qu'écrivains.
Cette correspondance qui sera publiée tout de suite après la mort de Jacques Rivière en 1925, par son épouse et soeur d'Henri, Isabelle, a marqué plusieurs générations d'écrivains et de lecteurs jusqu'à ce jour.

Rencontre avec Yvonne de Quiévrecourt

Le 1er juin 1905, survient un évènement qui marque toute la vie ainsi que l'oeuvre d'Alain-Fournier.
Ce jour-là, Henri rencontre une jeune fille à la sortie du Salon de la Nationale au Grand Palais. Frappé par sa grande beauté, il la suit le long du Cours la reine, puis sur un bateau mouche jusque devant sa maison, boulevard Saint-Germain.
Sur le bateau, il écrit fiévreusement sur un carnet les premières lignes qu'il transposera textuellement dans son récit de la rencontre avec Yvonne de Galais.
Les jours suivants, "je suis revenu guetter, attendre sous ses fenêtres", raconte-t-il à sa soeur. "... le samedi soir, veille de la Pentecôte, par une averse éclatante, habillée de noir, un livre à la main, elle a soulevé le rideau, et elle a souri de me retrouver-là. ... Le lendemain matin, dimanche de la Pentecôte, je me suis mis en uniforme. Je ne veux pas lui mentir; elle doit savoir que je ne suis encore qu'un collégien".
Lorsque la jeune fille sort de chez elle le lendemain, pour aller à la messe de Pentecôte, Henri lui murmure au passage: "Vous êtes belle !" comme dans Pelléas et Mélisande de Debussy et il murmure en lui-même : "Ma destinée ! Toute ma destinée !".
Il la suit dans l'église de Saint-Germain des Prés où elle assiste à la messe.
Il la découvre dans une chapelle écartée : "le grand chapeau de roses est incliné sur deux mains jointes". A la sortie, il l'aborde et lui demande de lui pardonner. Elle répond. Il lui demande alors son nom... "Yvonne de Quiévrecourt"..., il lui répond :
"le nom que je vous donnais était plus beau... - Un nom? Quel nom?" C'est Mélisande que je voulais dire".
Une conversation s'engage et tous deux descendent lentement le boulevard jusqu'à la Seine qu'ils longent jusqu'au pont des Invalides.
C'est là qu'ils se séparent, Henri reste profondément bouleversé par cette rencontre dont il note tous les détails et qu'il transposera littéralement huit ans plus tard dans Le Grand Meaulnes.

Premiers emplois

Le 2 juillet 1905, Henri part pour l'Angleterre où il a trouvé à s'engager pour la durée des vacances comme secrétaire de la manufacture de papiers peints Sanderson and Son à Chiswick, dans la banlieue ouest de Londres.
Il loge chez le secrétaire de l'usine, Mr Nightingale. Il est embauché pour traduire des lettres commerciales

Mais pendant ses soirées et ses congés, il écrit des vers, dont le poème "A travers les étés", puis "Chant de route", édités dans Miracles ainsi que des lettres très longues à Jacques et à ses parents, sans parler des cartes postales.
Il se promène aussi dans les parks et visite les musées de Londres où il découvre les Préraphaélites tout à fait ignorés en France à l'époque et se prend d'une grande passion pour cette peinture.
Un tableau le frappe particulièrement : La Beata Beatrix de Dante Gabriele Rossetti qu'il assimile au visage de la jeune fille du Cours la Reine.
Le 16 juillet 1907, Henri est admissible à l'écrit du Concours mais le 24, il est refusé à l'oral.
Très déçu, il apprend le même jour le mariage d'Yvonne de Quiévrecourt :
"A présent, le suis seul avec la dure vie basse. Tu ne savais pas ce que c'était. C'était comme une âme éternellement avec moi. Avec son amour, je méprisais tout, et j'aimais tout. Il y avait sa hauteur et mon amour, sa grâce et ma force. Nous étions seuls au milieu du monde. Il me semblait hier que, sans elle, rien que traverser la cour aride de la maison me faisait mal. Elle n'était plus là. Je suis seul", écrit-il à Jacques.
Quelques mois plus tard, le 25 décembre, il publie Le Corps de la femme dans La Grande Revue.
Il espère toujours que "la Demoiselle" aura lu ces pages chastes et délicates qu'il lui dédie en secret.
C'est son premier écrit publié, le premier signé de son demi-pseudonyme Alain-Fournier, écrit avec un trait d'union, pour ne pas être confondu avec le coureur automobile, vainqueur du Paris-Berlin qui porte le nom d'Henry Fournier.

Service militaire

Le 2 octobre, il avait cependant commencé son service militaire au 23ème Régiment de Dragons, cantonné à Vincennes.
Isabelle raconte: "Quelques mots écrits à la hâte laissent entrevoir une détresse morale que l'on n'attendait que trop, mais aussi un écrasement physique qu'il n'avait pas un instant prévu, espérant au contraire de ces deux ans de vie dure et saine - croyait-il ! - comme un allègement, une sorte de restauration de l'âme épuisée de tristesse". Avec maman Barthe, elle lui rend visite : "il nous regarde avec une espèce de stupéfaction, comme s'il n'arrivait pas à se rappeler qui nous sommes".
Il ne supporte pas la rigueur de cette vie de cavaliers et obtient alors, grâce à des appuis, d'être versé dans l'infanterie. Il passe dans le 104ème Régiment d'Infanterie, à Latour-Maubourg.
Très vite, il est inscrit comme élève-officier de réserve et fera son stage à Laval du 15 octobre 1908 au 3 mars 1909.
Promu sous-lieutenant, Henri est affecté en avril 1909 au 88ème Régiment d'Infanterie, cantonné à Mirande dans le Gers.
Il y passe les six derniers mois de sa vie militaire et y reviendra trois fois : deux fois pour une période militaire de vingt-huit jours en 1911 et en 1913, enfin, pour y rejoindre son corps à la mobilisation de 1914.
Dès le début de sa vie de fantassin, Henri connaît les longues marches et les manoeuvres épuisantes, tout au long de l'année 1908, puis en 1909, jusqu'en septembre où il est libéré.
Ses itinéraires sont jalonnés de précieuses cartes postales qu'il ne manque pas d'envoyer à ses parents et à Jacques de tous les lieux où il cantonne.

Mariage de sa soeur

En février 1908, Isabelle, sa soeur et Jacques, son meilleur ami, se fiancent. Malgré l'échec de Jacques à l'agrégation de Philosophie, malgré l'opposition du père de Jacques, les parents Fournier décident que "leurs enfants" se marieront et qu'ils commenceront à habiter avec eux.
Lorsque la date du mariage est fixée au 24 août, Henri demande une permission du dimanche 22 au vendredi 27 août 1909. Le mariage a lieu à Paris, en l'église Saint-Germain des Prés, le 24 août.

"Les beaux enfants que vous aurez (...) regarderont sans comprendre, mais avec des yeux doux et passionnés, le pays de leur oncle (Alain-Fournier à Jacques et Isabelle Rivière, 4 juin 1908. Il y a chez Isabelle une confiance, une joie et une force cachées, qu'il faut découvrir, comme une source entre les feuilles.... Henreuse celle qui donne confiance, heureuse celle en qui l'amour peut se reposer. Heureux les mariés de septembre!" Alain-Fournier à Jacques Rivière, 7 juillet 1909.

Au début de l'année 1910, la famille Fournier s'installe 2 rue Cassini à Paris, près des jardins de l'Observatoire.
Après divers essais de collaboration journalistique, Henri obtient alors d'être chargé d'un courrier littéraire quotidien à Paris-Journal.
Il commence pour la première fois le 9 mai. Il s'agit d'une production alimentaire et Fournier ne la considère pas "comme quelque chose d'écrit par moi".
Il réussira néanmoins à se faire remarquer par ce billet quotidien, tant à cause de sa pertinence que par le tour doucement ironique et souvent même caustique et toujours très indépendant qu'il sait lui donner.


Rencontre avec Jeanne Bruneau

Cette même année 1910, Henri rencontre une petite modiste qui habite avec sa soeur rue Chanoinesse, derrière le chevet de Notre-Dame.
L'aventure qu'il débute avec elle sera transposée dans celle d'Augustin Meaulnes avec Valentine dans Le Grand Meaulnes. Il rencontre Jeanne Bruneau avec sa soeur à la mi-février "sur le quai" à Paris, un samedi après-midi et il invite les deux soeurs au théâtre.
Le roman donne la date du 13 février le 12 en réalité.
La pièce à laquelle ils assistent au théâtre Sarah Bernard est La Dame aux Camélias, jouée par Sarah Bernard elle-même.
C'est le début d'une liaison de deux ans, traversée de brouilles et de réconciliations jusqu'à la rupture définitive à la fin de 1912. Isabelle l'évoque rapidement dans Les Images, la correspondance entre André Lhote et Alain-Fournier rend compte de ces disputes violentes.
En effet, du 22 au 28 juin 1910, Henri rend visite au ménage Lhote à Orgeville à la Villa Médicis libre où André et Marguerite sont admis par le mécène Bonjean.
Henri vient accompagné de "Valentine".
Il gardera de ces quelques jours passés à Orgeville un souvenir mêlé d'amertume qu'il transposera dans le chapitre écarté du Grand Meaulnes, publié en 1924 par Jacques dans Miracles, sous le titre "La dispute et la nuit dans la cellule".
Il en restera dans le roman l'épisode épuré qu'il rapporte au chapitre Le Secret de la troisième partie, qui est le récit d'une rupture.

Charles Péguy

Le 28 septembre 1910, Henri écrit sa première lettre à Charles Péguy. Une grande amitié naît alors entre les deux écrivains qui se confient mutuellement leurs peines et leurs travaux. Péguy lui envoie un billet, alors qu'il vient de lire dans La NRF de septembre 1911, sa nouvelle intitulée Portrait :
"Vous irez loin Fournier, vous vous souviendrez que c'est moi qui vous l'ai dit".
Ils se voient souvent aux Cahiers et en avril 1912, Péguy s'entremet même auprès de Claude Casimir-Perier qui cherche un secrétaire pour l'aider à finir son livre, alors qu'Henri a perdu son travail à Paris-Journal à cause du changement de directeur.
Henri sera marqué par cette influence, par cet esprit proche du sien.
C'est Péguy qui l'aidera, comme dit Jacques, "à saisir son rêve par les ailes pour l'obliger à cette terre et le faire circuler parmi nous".
De son côté, Fournier écrit : "je dis, sachant ce que je dis, qu'il n'y a pas eu sans doute depuis Dostoievski, un homme qui soit aussi clairement "Homme de Dieu" lire dans Correspondance Jacques Rivière- Alain-Fournier.
Le Ier juillet 1911, Alain-Fournier écrit à Marguerite Audoux, l'auteur de Marie-Claire avec laquelle il a lié une amitié profonde depuis déjà une année.
Le livre de l'ancienne bergère - qui a eu le prix Femina en 1910 - a fait date pour lui, et c'est là qu'il comprend qu'on puisse "écrire des contes qui ne soient pas des poèmes".

Marguerite Audoux

"Tel est l'art de Marguerite Audoux : l'âme dans son livre est un personnage toujours présent mais qui demande le silence.
Ce n'est plus l'âme de la poésie symboliste, princesse mystérieuse, savante et métaphysicienne.
Mais, simplement, voici sur la route deux paysans qui parlent en marchant: leurs gestes sont rares et jamais ils ne disent un mot de trop; parfois, au contraire, la parole que l'on attendait n'est pas dite et c'est à la faveur d'un silence imprévu, plein d'émotion, que l'âme parle et se révèle".
Alain-Fournier, Chroniques et critiques
C'est avec son admiration pour Péguy, l'un des éléments décisifs qui ont contribué à lui faire trouver son "chemin de Damas", en septembre 1910.
Depuis cette époque, les relations d'Alain-Fournier avec les deux écrivains seront de plus en plus amicales. Il écrit donc pour raconter à Marguerite Audoux la visite qu'il a faite aux lieux décrits par elle dans Marie-Claire : le village de Sainte-Montaine et la ferme des Berrué située en pleine Sologne non loin de La Chapelle d'Angillon. Longue description accompagnée d'un dessin au crayon. Berrichon comme elle, Henri se plaît dans ce pays de Marie-Claire.
Il envoie la même carte postale de l'église de Sainte-Montaine à Léon-Paul Fargue, le protecteur de Marguerite Audoux, à son père et à Jacques.
L'échange de lettres avec Marguerite Audoux se poursuivra jusqu'à la guerre.
En 1913, Fournier racontera à cette correspondante privilégiée ses retrouvailles avec Yvonne de Quiévrecourt à Rochefort, mais la priera ensuite de détruire ses lettres avant son départ pour le front, ce qui sera fait, malheureusement.
En effet, en décembre 1912, le frère de Jacques, Marc Rivière, qui fait ses études de médecine navale à Rochefort, apprend à Henri qu'il a rencontré dans cette ville la famille de Quiévrecourt et qu'il joue au tennis avec la soeur d'Yvonne.

Retrouvailles avec Yvonne De Quiévremont

Le 11 avril 1913, il écrit à Henri pour lui conseiller de passer à Rochefort en revenant d'une période militaire à Mirande. Il lui promet de le présenter.
Henri s'y rend le 2 mai et rencontre effectivement Jeanne de Quiévrecourt, la soeur d'Yvonne. Celle-ci, qui réside à Rochefort avec son père, haut responsable dans la Marine Nationale, sa mère et son jeune frère, se propose d'avertir sa soeur qui, elle, habite à Toulon, du passage de Fournier et de son souhait de la revoir.
Quelques mois plus tard - selon toute probabilité du 1er au 4 août 1913, un faisceau d'éléments convergents nous permettant aujourd'hui de retenir ces dates - Fournier, appelé par Marc, retourne à Rochefort.
Pendant quatre jours, il revoit la jeune femme, cause longuement, amicalement avec elle. Yvonne est mariée et mère de deux enfants qu'Henri fait sauter sur ses genoux. Le dernier jour, il lui fait lire la lettre qu'il avait écrite dix mois auparavant.
La jeune femme très troublée, lui rend la lettre sans rien dire. Il ne nous en reste que le brouillon. C'est Henri lui-même qui a noté ces événements dans un petit carnet noir conservé pieusement après sa mort. Malheureusement, aucune lettre ni aucun document ne précisent exactement la date de ce deuxième voyage. Après avoir quitté Rochefort, Henri ne reverra jamais la jeune femme mais il lui écrira encore des lettres dont plusieurs ne seront pas envoyées.
Lorsque paraît Le Grand Meaulnes, Fournier le lui envoie à Toulon, dédicacé. Le mari d'Yvonne lira plus tard le roman à ses deux enfants et leur révèlera que leur mère en est l'héroïne.

Madame Simone, Simone Casimir-perrier

Ce qu'ignore Yvonne de Quiévrecourt lors de la rencontre de Rochefort, c'est que la vie sentimentale de son admirateur est depuis plus d'un mois fortement bouleversée. Fournier, qui a été engagé comme secrétaire de Claude Casimir-Perier, a partagé la vie du couple jusqu'à en devenir peu à peu l'intime.
Simone, sensible à son charme qui la change de l'atmosphère artificielle dans laquelle elle vit, en fait progressivement son compagnon et son homme de confiance.
Simone rend ainsi compte de la parfaite courtoisie du "secrétaire" et dès la première rencontre affirme :
"j'ai tout de suite vu que j'avais affaire à un gentilhomme".
L'actrice adulée joue les pièces à la mode et y invite Henri dans sa loge. Cela devient une habitude.
Elle l'emmène également dans sa propriété de Trie la Ville où il lui apporte le manuscrit du Grand Meaulnes achevé et le lui fait lire.
Simone souhaite connaître sa famille. A la première visite, sa mère Albanie est éblouie et séduite.
Le 29 mai 1913, lors de la première du Sacre du Printemps qui est un fameux charivari, Simone l'emmène chez elle à la sortie de la pièce qu'elle a joué ce soir-là, Le Secret, et le garde jusqu'à l'aube.
Chaste nuit encore cependant. Le 8 juin, le jeune homme se découvre enfin et adresse à celle qui occupe ses pensées une longue déclaration d'amour :
"Sachez que je vous aime, belle jeune femme... La nuit du Sacre, en rentrant, j'ai vu qu'une chose était finie dans ma vie et qu'une autre commençait, une chose admirable, plus belle que tout, mais terrible et peut-être mortelle".
Le 18 juin, il devient l'amant de Simone.

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Achévement du grand Meaulnes

Le Grand Meaulnes est achevé au début de l'année 1913. La publication du roman est alors l'occasion d'un grave différend entre Jacques et Henri.
Depuis six mois, Henri Massis avait retenu le roman pour sa revue L'Opinion et l'ouvrage devait tout normalement être édité en volume aux éditions de La Nouvelle Revue Française.
Simone, la maîtresse d'Alain-Fournier, va bouleverser ce plan et s'entremettre auprès d'Emile-Paul.
Le 21 avril, elle écrit à Henri :
"Emile-Paul ne veut éditer qu'un très petit nombre d'auteurs et votre roman l'intéresserait dans la mesure où vous seriez candidat - candidat désigné - au Prix Goncourt.
Cela vous va-t-il ? Si oui, laissez faire".
Et Fournier laisse faire. En compensation, Fournier dont le manuscrit a finalement été refusé par L'Opinion, le donnera à paraître en revue dans La NRF, de juillet à novembre 1913, mais le volume sera édité chez Emile-Paul.
Rivière qui est secrétaire à La NRF et qui travaille beaucoup avec Gaston Gallimard à la promotion du comptoir d'édition de la revue, prend très mal ces manoeuvres et il lui écrit une lettre si violente que Fournier la déchirera.
Toutefois ce différend ne ternira pas longtemps l'amitié entre les deux beaux-frères, mais dès ce moment, la vie de Fournier est tournée ailleurs.
Il commence à écrire un nouveau roman : Colombe Blanchet, et, sous l'influence de Simone, esquisse une pièce de théâtre : La Maison dans la forêt.
Aucun des deux ouvrages ne sera achevé.

Publié donc chez Emile-Paul, "Le Grand Meaulnes" est donné par la presse comme le prix Goncourt 1913.
Le Président du Jury, Lucien Descaves, qui en est le grand défenseur, se heurte à une farouche opposition sans doute aggravée par la campagne menée par madame Simone.
Après onze tours de scrutin qui n'arrivent pas à dégager une majorité, l'académie Goncourt se rabat finalement sur Marc Elder pour "Le Peuple de la mer".
Henri avait écrit à Jacques quelques mois plus tôt :
"je ne demande ni prix, ni argent, mais je voudrais que Le Grand Meaulnes fût lu", Correspondance Rivière-Fournier, le 2 mai 1913.
La presse fut unanime à stigmatiser le choix du jury Goncourt et "la question des Prix littéraires" fut un sujet de débat en cette fin d'année 1913.

La Guerre


Le 1er août 1914, Henri est mobilisé comme Jacques. Il écrit à sa soeur : "je pars content". Jacques est dans le même corps d'armée que lui le 17ème.
Il se rend à Marmande pour rejoindre son unité tandis qu'Henri part en auto de Cambo où il était avec Simone, pour Mirande.
Ils y parviennent le 2 août à minuit. Henri est promu lieutenant.
Le 9 août, le 288ème R.I. part à pied pour Auch d'où le régiment s'embarque en train le 12 août à 9 heures du soir.
Le 24 août, Jacques est fait prisonnier et Isabelle n'aura plus de nouvelles de lui pendant trois mois.
Le 1er septembre, le 288ème entre dans la bataille.
Péguy est tué le 7 septembre 1914 à Villeroy.
Pendant ce temps, Isabelle s'installe à Bordeaux dans la famille de Jacques où Simone, suivie d'Albanie Fournier la rejoint, espérant agir auprès du gouvernement et spécialement d'Aristide Briand, pour faire retirer Henri du front, mais c'est sans résultat, naturellement.
Le 11 septembre, Henri écrit sa dernière carte à Isabelle, carte qu'elle recevra le 21 seulement.

Le 22 septembre, Henri est tué sur les Hauts de Meuse.
Son corps ne sera retrouvé que soixante-dix-sept ans plus tard dans la fosse commune où l'avaient enterré les Allemands avec vingt de ses compagnons d'arme.

Le 10 novembre 1992, tous ont été ré-inhumés dans une tombe individuelle dans le cimetière militaire du secteur de Saint-Rémy la Calonne.

Une poignée de terre d'Epineuil a été déposée sur sa tombe.


Chronologie des publications

1913 : le Grand Meaulnes (publié de juillet à novembre dans La Nouvelle Revue Française, puis chez Émile-Paul la même année) ; très nombreuses rééditions, dont sept éditions de poche parues à partir de 1971, puis en 2008, 2009 et 2010, ainsi qu'une édition savante de Marie-Hélène Boblet, chez Honoré Champion en 2009.
1924 : Miracles (poèmes et nouvelles, rassemblés par Jacques Rivière), Gallimard ; réédités et complétés en 1986 chez Fayard par Alain Rivière.
1926 : Correspondance avec Jacques Rivière, publiée par Isabelle Rivière chez Gallimard en 4 volumes de 1926 à 1928 (deux rééditions d'abord en 2 volumes en 1947, puis complétée et entièrement refondue en 2 volumes par Alain Rivière et Pierre de Gaulmyn en 1991).
1929 : Lettres à sa famille (1905-1914); réédition complétée sous le titre Lettres à sa famille et à quelques autres' par Alain Rivière en 1991 chez Fayard.
1930 : Lettres au petit B. (Le « petit B. » est René Bichet, poète, ancien camarade du lycée Lakanal, ami d'Alain-Fournier et de Jacques Rivière) ; réédition complétée par Alain Rivière en 1986 chez Fayard.
1973 : Charles Péguy - Alain-Fournier, Correspondance, Paysages d'une amitié, présentée par Yves Rey-Herme, rééditée et complétée en 1990 chez Fayard.
1986 : La peinture, le cœur et l'esprit. Correspondance inédite (1907-1924). André Lhote, Alain-Fournier, Jacques Rivière (William Blake & Co).
1990 : Colombe Blanchet - Esquisses d'un second roman inédit. Transcription d'un manuscrit de 133 pages éparses (esquisses et brouillons, notes préparatoires), Le Cherche Midi, 1990.
1992 : Alain-Fournier, Madame Simone, Correspondance 1912-1914, présentée et annotée par Claude Sicard, Fayard, 04/11/1992, (ISBN 978-2-213-02998-6)


Liens

http://www.ina.fr/video/2511570001 Une amitié d'autrefois Ina
http://www.ina.fr/video/I04211526 Suzanne Flon lit Alain Fournier Ina
http://youtu.be/bSQRTkFwToc Une maison un écrivain Alain fournier lu par Patrick Poivre d'Arvor

Le grand Meaulnes

http://youtu.be/6S6oi0NKja4 1
http://youtu.be/kpFAaeWD5RI 2
http://youtu.be/eHnN_Kh-PJ8 3
http://youtu.be/TAA25syPt_k 4
http://youtu.be/M4le9CIeOl8 5
http://youtu.be/LdtMrZ5mz1o 6
http://youtu.be/6rM9PgkNNS0 7
http://youtu.be/p9qiouOQKi4 8
http://youtu.be/MQYnVGRBSV0 9
http://youtu.be/EqZm84KXcsM 10
http://youtu.be/ro18Dvmok8U fin

http://youtu.be/AHG7vluPnxE Le grand Meaulnes chanté par Richard Anthony



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Posté le : 21/09/2013 20:18
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Robert penn Warren
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le 15 Septembre 1989, décède Robert Penn Warren

Écrivain, poète, critique littéraire "New Formalism" : Mouvement des droits civiques américain.


Sa vie

Robert Penn Warren, est né en 1905 à Guthrie, petite ville du sud du Kentucky, Warren appartenait à une vieille famille sudiste ; ses deux grands-pères avaient participé à la guerre de Sécession, et l'un d'eux chez qui il passait ses vacances aimait raconter les batailles auxquelles il avait participé.
Son père, évoqué dans "Who Speaks for the Negro" ?, était un personnage difficile avec qui le jeune Warren entretenait des relations ambiguës ; Warren a reconnu que le "vrai“ et le "faux“ pères étaient pratiquement dans toutes les histoires qu'il écrivait.

Etudes

Après ses études secondaires, le jeune Warren aurait aimé devenir officier de marine, mais une blessure à l'œil l'obligea à se replier sur les études et à s'inscrire à l'université Vanderbilt, où enseignaient alors le poète et critique John Crowe Ransom ainsi que Donald Davidsom qui lui fit lire The Waste Land de T. S. Eliot dès sa parution.
Allen Tate était lui-même étudiant à l'université.
Professeurs et étudiants se réunirent dans un groupe littéraire dynamique, "les Fugitifs", qui publia deux revues dans lesquelles Warren fit paraître vingt-quatre poèmes.
En quittant Vanderbilt en 1925, il alla à Berkeley pour y faire une maîtrise et ensuite à Yale.
Une bourse lui permit d'aller passer deux ans à Oxford, de 1928 à 1930.
C'est pendant son séjour qu'on lui demanda d'écrire une biographie de John Brown, un des héros du mouvement anti-esclavagiste au XIXe siècle ; l'ouvrage, John Brown. The Making of a Martyr, parut en 1929 et eut peu de succès.
C'est alors aussi que Ransom, Davidson et Tate lui demandèrent d'écrire un essai pour l'important recueil d'articles I'll Take My Stand, 1930 destiné à défendre la culture agraire et jeffersonienne du Sud contre la culture industrielle et urbaine du Nord.
Warren écrivit un article sur la ségrégation raciale, thème qu'il allait reprendre en 1956 dans Segregation.
The Inner Conflict of the South pour dire aux gens du Sud que leur principal problème était d'"apprendre à vivre avec eux-mêmes".


Professorat et premières parutions.

Après avoir terminé ses études, il alla enseigner au Southern College, à Memphis, puis à l'université de Louisiane.
C'est là qu'il rencontra Cleanth Brooks, un des fondateurs de la Nouvelle Critique avec qui il allait éditer le très influent ouvrage Understanding Poetry, 1938 et fonder en 1935 la Southern Review où parurent des textes d'Auden, Burke, Eliot, Huxley, Blackmur, McCarthy et bien d'autres.
Cette revue, l'une des plus importantes de son époque, disparut en 1942, date à laquelle Warren fut nommé responsable du programme de création littéraire à l'université du Minnesota à Minneapolis. En 1950, il passa à Yale pour y enseigner l'écriture de théâtre ; il démissionna de ce poste en 1956.

À partir des années 1940, son parcours personnel se confondit avec sa carrière littéraire qui avait débuté avec la publication des Thirty-Six Poems en 1935. En France, on a tendance à oublier que Warren était d'abord un poète.
Il publia notamment Eleven Poems on the Same Theme, 1942, Brother to Dragons, 1953, Promises, 1957 qui lui valut le prix Pulitzer, You, Emperors, and Others, 1960, Audubon.
A Vision, 1969, Or Else-Poem, 975, et Chief Joseph of the Nez Percé, 1983. Dans son essai Pure and Impure Poetry,1943, il a exposé ses principes naturalistes en matière de poésie, insistant sur la nécessité de faire coexister le vulgaire et le métaphysique, afin de créer un effet de choc et de montrer la nature duelle de l'individu. C'est ainsi que le langage populaire et le langage plus formel se côtoient dans ses poèmes.
Le projet poétique de Warren était avant tout existentiel comme le suggère cette phrase tirée de Democracy and Poetry, 1975 :
"Ce que la poésie célèbre avec le plus de force, c'est la capacité de l'homme à se confronter à l'intériorité profonde et obscure de sa nature et de son destin."

On retrouve aussi ce projet dans les romans. Le premier, Night Rider, 1939, insiste sur la dimension morale des combats que se menaient alors les planteurs du Sud. Le deuxième, At Heaven's Gate, 1943, dénonce avec force le vide spirituel dont souffre le Nord urbain.
Le troisième, All the King's Men, 1946, prix Pulitzer, montre ce que deviennent certains hommes au contact de la politique. Le héros de ce roman n'est pas Willie Stark, réplique du gouverneur démagogue Huey Long, mais son complice Jack Burden, un journaliste féru d'histoire qui nous montre comment l'avidité des uns et les petites lâchetés des autres provoquent le pourrissement des mœurs.
La technique de ce roman est assez complexe : les nombreux retours en arrière permettent à Burden d'effectuer une "excursion dans le passé".
Ce roman fut porté à l'écran en 1949 et marqua sans doute le sommet de la gloire pour Warren.
Il fut suivi en 1950 par World Enough and Time, fondé sur un fait-divers de 1825, la célèbre tragédie du Kentucky au terme de laquelle une femme avait conduit son mari à assassiner un colonel qui l'avait autrefois séduite.
Au lieu de faire raconter l'histoire par un des acteurs, Warren a inventé un historien anonyme qui a découvert la vérité dans un journal intime. Dans A Band of Angels (1955), Amantha Starr, fille de planteur, raconte à la première personne comment elle a été vendue en esclavage pour payer les dettes de son père, puis émancipée lors de la guerre deSécession.
Dans The Cave, 1959, Warren a écrit une sorte de version moderne de l'allégorie de la caverne de Platon. Wilderness, 1964, Meet Me in the Green Glen, 1971 se passent tous les deux dans le Tennessee et examinent l'évolution économique et sociologique de la région.
Le roman le plus important et aussi le plus autobiographique de ces vingt dernières années est A Place to Come to, 1977.
Il raconte l'histoire d'un professeur de soixante ans qui passe en revue sa propre vie et découvre le poids du passé sur son destin. La structure narrative est assez complexe, avec une multitude d'enchâssements et de retours en arrière.

Fin de vie

Universitaire et critique de talent, Robert Penn Warren a su mener de front sa carrière poétique et romanesque, tout en restant fidèle à son Sud natal.

Il meurt à Stratton dans le Vermont le 15 septembre 1989, à l'âge de 84 ans.



Liste des récompenses et oeuvres pricipales

Il reçut le Prix Pulitzer du Roman en 1947 pour son plus célèbre roman Les Fous du roi puis le Prix Pulitzer de Poésie en 1957 et 1979.
Il est le seul à avoir été récompensé dans ces deux catégories.
En 1957 il est lauréat du prix de Rome américain (Rome Prize) en littérature. et en 1979

Les Fous du roi
Brother to Dragons
Band of Angels
le Grand Souffle, 1950 ; Wilderness, 1951 ;
l'Esclave libre, 1955,
ses recueils de poèmes Pondy Wood, 1930 ;
Poèmes choisis 1923-1943, 1944 ;
Promesses, poèmes 1954-1956, 1957 ;
Incarnations, 1968 ;
Une rumeur véridique, 1981 ;
Chef Joseph des Nez Percés, 1983,
ses essais littéraires, Essais choisis, 1958 témoignent d'un esprit cosmopolite, attaché à la réalité de son Sud natal, ainsi que le montre sa participation au mouvement agrarien et autant soucieux de justice sociale et de renouveau moral, Ségrégation, 1956 que d'une authentique réflexion littéraire, proche de la "Nouvelle Critique" .

Adaptations

1949 : Les Fous du roi (All the King's Men) est un film américain réalisé par Robert Rossen.
1957 : L'Esclave libre (Band of Angels) de Raoul Walsh
1958 : Les Fous du roi (All the King's Men) est un téléfilm américain réalisé par Sidney Lumet.
1999 :Les Fous du roi (All the King's Men) est un téléfilm britannique réalisé par Julian Jarrold.
2006 : Les Fous du roi (All the King's Men) est un film américain réalisé par Steven Zaillian

Liens

http://youtu.be/9sx-HDFQf9E dicussion avec James Dickey (anglais)
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Posté le : 14/09/2013 23:23

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James Fenimor Cooper
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Le 15 Septembre 1789 à burlington dans le new-jersey naît

James Fenimore Cooper.


Ecrivain américain, il est notamment l'auteur du livre Le Dernier des Mohicans


Parfois surnommé le Walter Scott américain, James Fenimore Cooper est le pionnier du roman aux États-Unis, comme son roman est par excellence celui du pionnier. Doué d'une riche invention et d'un sens inné du romanesque, l'écrivain s'est inspiré d'exemples européens, mais son expérience américaine lui a fourni l'essentiel de sa matière.

La jeunesse du monde entier l'a aimé, des auteurs tels que Balzac, Conrad et D. H. Lawrence ont fait son éloge.
Notre siècle préfère en lui le démocrate jeffersonien, le pamphlétaire et le critique social ; nombre de contemporains voient dans les récits de Bas de cuir un des maîtres mythes de la nation américaine, et en leur auteur l'un de ceux qui ont su le mieux exprimer une ère révolue, mais capitale dans la formation des États-Unis.

Sa vie

Cooper est né à Burlington dans le New Jersey, mais a passé son enfance au manoir d'Otsego Hall, à Cooperstown, New York : son propre père, homme politique et colon, avait fondé cette ville sur la frontière encore à demi sauvage qui devait fournir à l'écrivain quelques-uns de ses meilleurs thèmes.
Il va à l'école à Albany et à New Haven. Il entre à l'université Yale à l'âge de 14 ans et reste le plus jeune étudiant jamais entré dans cette université.
Il est xpulsé de Yale College, et trois ans après, il s'engage dans la marine américaine.
Cooper commence en 1806 une carrière navale qu'il abandonnera lorsque ses projets de navigation se trouveront contrariés.

Un homme indépendant

En 1810, il épouse une héritière new-yorkaise et mène la vie d'un gentleman-farmer dilettante jusqu'au moment où, ses cinq frères étant morts, il se trouve responsable de leurs familles. Il s'installe alors à dans le comté de Westchester dans l'État de New York.
En 1820, à la suite d'un pari avec sa femme, Cooper rédige Precaution, roman de mœurs dans la manière de Jane Austen ; encouragé, il relève un défi après l'autre : The Spy, L'Espion, 1821 – roman semi-historique et national –, The Pioneers, Les Pionniers, 1823 – roman de la frontière –, The Pilot, Le Pilote, 1824 – roman maritime.
Le succès vient très vite le récompenser ; une fois la fortune familiale rétablie, l'écrivain part pour l'Europe en 1826, résolu à faire le "grand tour" et à veiller sur ses intérêts littéraires en Grande-Bretagne.
Il vivra en Europe de 1826 à 1833.
Plusieurs volumes retracent ces pérégrinations, au cours desquelles Cooper fréquente la haute société de l'Ancien Monde et rencontre notamment Scott et La Fayette ; d'autres ouvrages reflètent son engagement politique, parfois peu opportun, mais toujours convaincu : ainsi Notions of the Americans en 1828, qui défend les États-Unis contre les préjugés anglais ; ou The Bravo Le Bravo en 1831, où il soutient l'idéal démocratique contre le monarchisme.
Après son retour à Cooperstown en 1833, l'écrivain fait figure d'émigré et ne peut que constater à quel point son idéal jeffersonien s'accorde mal avec la réalité de la démocratie jacksonienne.
Ce sont alors des pamphlets et des romans qui défendent son point de vue envers et contre tous. Jusqu'à sa mort à Cooperstown, Cooper a fait alterner œuvres d'imagination, érudition historique et œuvres de polémique où il a défendu les droits de l'individu contre les pressions de la masse et des journaux.
Les grands thèmes

La frontière

La série des "Bas de cuir" comprend, dans cet ordre, The Deerslaye, "Le Tueur de daims", 1841, "The Last of the Mohicans", Le Dernier des Mohicans en 1826, "The Pathfinder", Le Guide, en 1840, The Pioneers, Les Pionniers en 1823, et "The Prairie" La Prairie en 1827.
Elle met en scène, au rythme palpitant des captures, des poursuites et des évasions, le pionnier "Natty Bumppo" alias Bas de cuir, qui est un Blanc élevé chez les bons Indiens Delaware, et opposé aux cruels Iroquois.
De par sa race, Bas de cuir est allié aux colons européens, dont il facilite l'implantation, mais sans admirer leur mode de vie, auquel il préfère la solitude des forêts primitives et la société naturellement harmonieuse des Indiens.
Cette épopée des rivalités entre Anglais et Français sur le nouveau continent ne manque pas de pittoresque, même si l'auteur affectionne le mélodrame.
Le critique moderne y trouvera volontiers un mythe archétypal, celui du héros sacrificiel qui aide à l'installation d'une civilisation moralement inférieure et qui en sera la victime au même titre que les indigènes.

La mer

Le thème de la poursuite et des aventures en série revient dans les romans maritimes de Cooper.
Le Pilote a établi le genre que Melville devait illustrer.
Ce sont des histoires hautes en couleur – piraterie, espionnage, chasse au trésor.
Éléments romanesques assez conventionnels, sans doute, mais relevés par une profonde sympathie pour le sujet, qui inspire à l'auteur de mémorables portraits et une peinture convaincante de la vie nautique.
Une monumentale histoire de la marine américaine en 1839 confirme le sérieux des sources auxquelles a puisé l'écrivain.

Critique sociale et politique

Elle s'exprime dans des œuvres polémiques telles que "Notions of the Americans ou The American Democrat", Le Démocrate américain, 1838, et plus souvent dans des romans qui, sous une forme symbolique ou allégorique, annoncent les opinions de l'auteur. Hobereau querelleur et infatigable chicaneau, Cooper a cependant su s'élever au-dessus de ses démêlés privés pour en dégager la signification générale.
Parce qu'il était imbu de sa classe et soupçonneux envers le peuple, il a lutté contre l'invasion du mercantilisme et la médiocrité culturelle du monde jacksonien ; il n'a cessé de défendre les droits de la propriété foncière et la valeur sacro-sainte des contrats ; tels sont les thèmes qui se retrouvent dans "Homeward Bound et Home as Found" Retour au pays en 1838 ou dans la trilogie : Satanstoe, The "Chainbearer", Le Porte-Chaîne, "The Redskins", Les Peaux-Rouges entre 1845-1846.
Il est évident que son long séjour en Europe a encouragé chez Cooper une attitude aristocratique qui l'a fait détester de ses compatriotes. Par sa critique virulente de la démocratie américaine, il annonce un pamphlétaire comme H. L. Mencken entre 1880-1956.

Originalité de Cooper

Parce qu'il a découvert les sources nationales du romanesque, de l'humour et du tragique, et parce que sa renommée a très vite franchi les frontières, Cooper peut être tenu pour le premier grand romancier des États-Unis, et le plus influent de son époque. Au cours d'une carrière fiévreuse, il a traité une multitude de sujets, créé une foule de personnages, dont les plus mémorables sont Bas de cuir et Harvey Birch, le yankee roublard et patriote de L'Espion.
C'est du terroir qu'il a tiré le sujet de ses meilleures œuvres, d'une Amérique bien observée, même si le tableau est parfois estompé par la nostalgie du passé ou caricaturé par l'irritation du présent.
James Fenimore Cooper excelle à rendre deux mondes en voie de disparition au XIXe siècle : la frontière, la marine à voile.
Malgré ses qualités d'action et de "suspense", qui en font l'ancêtre du "western", son œuvre n'est pas dépourvue d'artifice ni de facilité.
Idéaliste et chauvin, l'écrivain s'empêtre trop souvent dans un style ampoulé et prétentieux dont Mark Twain s'est cruellement moqué ; ses idylles, ses portraits de femmes se signalent par leur convention et leur fadeur quasi caricaturale.
Mais on trouve aussi chez lui, quand le sujet l'inspire, de belles descriptions et d'admirables tirades qui évoquent Chateaubriand.
Il restera sans doute le premier critique sévère des Américains et le créateur d'un mythe où s'expriment la fascination et le remords du Blanc devant l'élimination brutale des autochtones.

Il meurt à Cooperstown dans l'État de New York le 14 septembre 1851

Liste de ses oeuvres

James Fenimore Cooper par Brady
Précaution (Precaution) (1820)
L'Espion (The Spy) (1821)
Les Pionniers (The Pioneers) (1823) : Volume IV de la saga Bas-de-cuir (Leatherstocking)
Le Pilote (The Pilot) (1824) Texte en ligne
Lionel Lincoln (1825)
Le Dernier des Mohicans (The Last of the Mohicans) (1826) : Volume II de la saga Bas-de-cuir
La Prairie (The prairie) (1827) : Volume V de la saga Bas-de-cuir
Le Corsaire Rouge (The Red Rover) (1828)
Notions of the Americans: Picked up by a Travelling Bachelor (1828)
The Wept of Wish-ton-Wish (1829)
The Water-Witch (1830)
Le Bravo (The Bravo: A Venetian Story) (1831)
L'Heidenmauer / Le camp des païens (The Heidenmauer) (1832)
Le bourreau (The Headsman: The Abbaye des Vignerons (1833)

A Letter to My Countrymen (1833)
Les Monikins (The Monikins) (1835)
Le Démocrate américain (The American Democrat) (1835)
Homeward Bound (1838)
Home as Found (1838)
Navy of United States (1839)
Le Lac Ontario (The Pathfinder) (1840) : Volume III de la saga Bas-de-cuir
Mercedes of Castille (1841)
Le Tueur de daims / L'Œil de Faucon (The Deerslayer) (1841) : Volume I de la saga Bas-de-cuir
Les Deux Amiraux (The Two Admirals) (1842)
Le feu-follet (Wing and Wing / Jack O'Lantern) (1842)
Autobiography of a Pocket Handkerchief (1842)
Wyandotté (1843)
Ned Myers (1843)
Sur mer et sur terre (Afloat and Ashore or the Adventure of Miles Wallingford) (1844)
Littlepage Manuscript (2 tomes) (1845, 1846)
Le Cratère (The Crater of Vulcan Peak) (1847)
Oak Openings (1848)
Jack Tier (1848)
Les Lions de mer (The Sea Lions) (1849)
Les Mœurs du Jour (The Way of the Hour) (1850)


Liens :

http://youtu.be/ztwjQux14bY Le dernier des Mohicans
http://youtu.be/4XamcT13dy4 Le dernier des Mohicans
http://youtu.be/Aaih2S7b4nk Le dernier des Mohicans
http://youtu.be/qzCCmM3OF60 Le dernier des Mohicans

Hors sujet mais j'aime trop :
http://youtu.be/BuLiKz39ZOM La dernière danse des Mohicans par Theme-irish dancing



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Agatha Christie
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Le 15 septembre 1890 à Torquay naît Agatha Christie"la duchesse de la mort"


Romancière britannique, auteur de quatre-vingts ouvrages, pour la plupart policiers, d'une vingtaine de pièces de théâtre et de plusieurs recueils de nouvelles, Agatha Christie représente un des plus grands succès littéraires du XXe siècle. Elle a contribué à fixer les règles du roman policier de type classique où le meurtre et l'enquête se déroulent en lieu clos et dont les détectives, Hercule Poirot comme Miss Marple, résolvent l'énigme par la rigueur du raisonnement et la pénétration psychologique. La complexité de l' intrigue, l'ingéniosité de la machination criminelle et le caractère inattendu de la solution du problème, malgré les indices dont le texte, jusque dans sa lettre, est saturé, contrastent avec le cadre souvent familial et traditionnel des maisons anglaises où se déroulent ses drames ; cela confère à ses romans tous les aspects d'un divertissement intellectuel.

Sa vie

Agatha Christie, de son vrai nom Agatha Mary Clarissa Miller, est née à Torquay dans le Devon, dans la maison victorienne d'Ashfield d'une mère anglaise et d'un père américain.
Celui-ci meurt lorsqu'elle est encore enfant.
Sa mère lui donne une éducation originale et l'encourage précocement à écrire.
Alors que son frère et sa sœur sont placés en pensionnat, ses parents lui offrent une éducation à domicile soignée : sa gouvernante lui apprend à écrire et son père l'arithmétique, puis c'est essentiellement sa mère qui s'occupe d'elle suite à la mort de son père lorsqu'elle a onze ans.
Cette éducation lui permet d'écrire très tôt des poèmes, des contes et des nouvelles, encouragée par sa mère.
Elle nourrit son imagination par des contes et poèmes puisés dans la bibliothèque familiale, notamment ceux de Mary Louisa Molesworth, Lewis Carroll et Edward Lear et l'intérêt de sa mère pour les religions et l'ésotérisme, ses enfants pensant qu'elle a le don de lire dans la pensée d'autrui.
Enfant enjouée mais timide et solitaire qui passe beaucoup de temps avec ses animaux, elle raconte qu'un moment fort de son existence est d'avoir joué comme figurante dans une production théâtrale locale de Yeoman of the Guard.
En 1902, elle est inscrite pour la première fois dans une école à Torquay, la Miss Guyer's Girls School.
En 1906, quand elle a seize ans, sa famille accepte de l'envoyer à Pari, accompagnée de sa mère, pour y faire l'apprentissage d'une carrière de chanteuse et pour finir ses études dans des maisons d'éducation françaises, chez Mademoiselle Cabernet à Paris, puis aux Marronniers à Auteuil, enfin chez Miss Dryden à Paris qui fait office de Finishing School. Voulant embrasser une carrière d'artiste lyrique, elle y étudie notamment le chant et le piano, mais son trac et sa timidité excessive auront raison de ses talents.
Aussi, elle regagne Torquay, station balnéaire où viennent se réfugier de nombreux belges pendant la Première Guerre mondiale.
Elle reconnaîtra s'être inspirée pour son personnage d'Hercule Poirot plus particulièrement de réfugiés belges vivant dans une paroisse voisine après la Grande Guerre, de même les paysages de sa région natale ont inspiré de nombreuses intrigues de son détective belge.


Premièrs romans

Sa sœur, qui lui a fait découvrir les énigmes bien ficelées de Sherlock Holmes et Arsène Lupin, la met depuis longtemps au défi d'écrire un roman policier.
Elle s’attelle alors à son premier roman policier, "The Lonely Petit" dont l'intrigue se passe au Caire.
Elle l'envoie à divers éditeurs sous le pseudonyme de "Monosyllaba", mais là encore tous le refusent.
Clara suggère alors à sa fille de demander conseil à un ami de la famille, l'écrivain à succès Eden Phillpotts.
Il l'encourage à persévérer et la recommande à son agent littéraire, Hughes Massie.
Ce dernier, non convaincu par son roman, lui suggère d'en écrire un second.
Elle écrit alors son premier roman policier, "La Mystérieuse Affaire de Styles", "The Mysterious Affair at Styles"mais envoyé sans succès à plusieurs éditeurs, il ne sera publié qu'en 1920, au Bodley Head.

Après plusieurs mois de "chasse au mari" au cours desquels elle entretient quatre relations successives, elle rencontre au cours d'un bal donné en 1912 par Lord et Lady Clifford à "Chudleigh", le sous-officier Archibald Christie, séduisant aviateur appartenant au Royal Flying Corps.
Ils tombent rapidement amoureux et se fiancent.
Son fiancé étant sur le point d'être appelé pour la Première Guerre mondiale, elle épouse le jour de Noël 1914 Archibald Christie dont elle conservera le patronyme comme nom de plume.
Elle donne naissance à sa fille unique, Rosalind, le 5 août 1919.
Durant la Grande guerre, elle s'engage dans un détachement de Secours Volontaire comme infirmière bénévole dans la mairie de Torquay transformée en hôpital de la Croix-Rouge, puis en 1916 comme assistante-chimiste dans une pharmacie d'un hôpital militaire et obtient son diplôme de pharmacienne en avril 1917.
La préparation de nombreux remèdes pour les blessés lui permet de se familiariser avec les poisons et autres drogues qui apparaissent dans ses romans24. Pendant son temps libre, elle écrit son premier roman policier, La Mystérieuse Affaire de Styles, à la suite d'un pari avec sa sœur.
La lecture du Mystère de la chambre jaune, de Gaston Leroux, serait à l'origine de sa vocation.
De retour de la guerre, son mari Archibald Christie est promu colonel et affecté au Ministère de l'Armée de l'Air Rising, le couple s'installe au 5 Northwick Terrace dans le quartier St. John's Wood du centre de Londres.
Son mari rencontre vite des difficultés financières, aussi voit-elle dans la publication de ses textes un moyen d'augmenter les revenus du couple.

La "duchesse de la mort"

En 1920, elle trouve enfin un éditeur, Bodley Head, qui accepte de publier son premier roman, La Mystérieuse Affaire de Styles, où Hercule Poirot apparaît pour la première fois28.
Naïve, ayant signé un contrat qui l'engage pour six romans tout en étant mal rétribuée, elle prend un agent, Edmunk Cork, qui le restera pendant toute sa carrière littéraire et la fera publier chez l'éditeur William Collins and Sons .
Elle obtient d'abord un succès d'estime par ses nouvelles mais c'est en 1926, avec la publication de son septième roman, "Le Meurtre de Roger Ackroyd" et ses 8 000 exemplaires, ce qui est un succès de librairie pour l'époque, qu'Agatha Christie devient une des figures majeures du roman policier.
Son succès est désormais assuré, grâce aux personnage de Hercule Poirot et de Miss Marple.
Ses ouvrages se succèdent ensuite au rythme d'un ou deux par an.
En 1926, Le Meurtre de Roger Ackroyd "The Murder of Roger Ackroyd" la rend célèbre.
Les romans vont alors se succéder au rythme ininterrompu de deux par an.

La disparition de l'écrivain

Le 3 décembre 1926, très affectée par la mort de sa mère et l'infidélité de son mari, amoureux de Nancy Neele, dactylo dans la compagnie d'assurance pour laquelle il travaille, il lui a annoncé son intention de divorcer, Agatha Christie disparaît.
Le lendemain, la police retrouve sa voiture, une Morris Cowley, abandonnée près de l'étang de Silent Pool.
La presse britannique s'empare alors de l'affaire : suicide d'une femme délaissée, meurtre commandité par son époux voulant retrouver sa liberté, coup de publicité d'une romancière voulant renforcer le succès de ses livres...Les hypothèses ne manquent pas. 15 000 bénévoles assistent la police dans ses recherches et les journaux promettent une récompense de 100 £35.
Elle est retrouvée douze jours plus tard dans le Swan Hydropathic Hotel, hôtel de la station balnéaire d'Harrogate, où elle s'était inscrite comme pensionnaire sous le nom de "Mrs Teresa Neele", nom de la maîtresse de son mari.
Agatha Christie prétend alors ne se souvenir de rien et ne pas reconnaître son mari venu la chercher. Elle ne s'expliquera jamais sur cette disparition rocambolesque. De nombreux témoignages semblent indiquer qu'elle a organisé cette disparition pour mettre dans l'embarras son mari qui obtiendra finalement le divorce en 1928.
La thèse de la vengeance pour l'infidélité de son mari est également d'actualité.
Cette disparition d'Agatha Christie a inspiré des œuvres de fiction. Un manuscrit qu'elle aurait écrit pendant cette période est au centre d'une enquête du héros de bande-dessinée Ric Hochet, Le Secret d'Agatha.
Dans Agatha Christie mène l'enquête, un épisode de la série de science-fiction britannique Doctor Who, le Docteur et Donna Noble rencontrent l'écrivaine peu avant sa disparition, expliquée par un phénomène extra-terrestre.
Cet épisode a inspiré à Florence de Baudus Le secret d’Agatha, interprétation romancée développant la théorie d’un séjour secret au Touquet.

Nouveau mariage

En 1930, elle épouse l'archéologue Max Mallowan, avec lequel elle fera plusieurs séjours sur des sites archéologiques, au Moyen-Orient, qui lui fourniront le cadre de certains romans et seront par ailleurs l'objet d'un récit de voyages, publié sous le nom d'A. C. Mallowan.
Elle l'épouse discrètement en secondes noces le 11 septembre 1930, se méfiant de la presse depuis l'affaire de sa disparition car cette dernière ne manquerait pas d'évoquer le mariage entre une anglicane divorcée et un catholique qui a décidé de se convertir à l'anglicanisme.
Elle l'accompagne alors en Syrie et en Irak pour des campagnes de fouilles archéologiques, qu'elle transposera comme décor dans quelques histoires, notamment Meurtre en Mésopotamie22. Sa citation apocryphe Un archéologue est le meilleur mari qu'une femme puisse avoir :
"plus elle vieillit, plus il s'intéresse à elle" est en fait la formule d'un chroniqueur londonien, Beverley Nichols, qui l'a attribuée à Agatha Christie pour mieux se moquer d'elle.
En 1938, le Greenway Estate dans le Devon est acquis par le couple Mallowan qui s'en sert de résidence d'été, les descendants d'Agatha Christie en feront don en 2000 à la National Trust32 qui l'ouvre au public qui peut ainsi pénétrer dans l'intimité de la "duchesse de la mort".
Durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'elle vit dans son appartement londonien de Lawn Road, elle travaille comme préparatrice dans la pharmacie du University College Hospital de Londres où elle parfait sa connaissance des poisons, éléments importants dans ses romans.
En 1952, la pièce de théâtre The Mouse Trap est présentée pour la première fois à Londres.
En 1955, elle fonde l’Agatha Christie Limited (ACL), société propriétaire de ses droits d'auteur détenue aujourd'hui à 36 % par sa famille et à 64 % par le groupe Chorion, société qui reçoit plus de 300 demandes de licences par an.

Diffusée à travers le monde à plus de deux milliards d'exemplaires, son œuvre policière est traduite dans une vingtaine de langues. Agatha Christie a fait paraître, d'autre part, des romans, sous le nom de Mary Westmacott : Loin de vous ce printemps, Absent in the Spring, 1944 ; The Rose and the Yew Tree, en 1948, des poèmes, des nouvelles ainsi qu'une autobiographie.
Elle laissera à ses héritiers la charge de publier après sa mort un dernier roman, écrit en 1940, conservé plus de trente ans dans un coffre de banque, Hercule Poirot quitte la scène, Curtain : Poirot's last Case, 1976, dans lequel disparaît après elle le plus célèbre de ses détectives.

L'intrigue policière

En 1936, dans la préface de Cartes sur table "Cards on the Table", Agatha Christie propose à ses lecteurs de découvrir parmi quatre suspects, et sur la simple analyse des marques de jeu, le coupable d'un crime commis pendant une partie de bridge.
Ce défi jeté à la sagacité de l'enquêteur est caractéristique de son œuvre et des formes d'énigmes qui s'y trouvent élaborées.
Le meurtre, comme l'affirme souvent Hercule Poirot, ne peut être réduit à la dimension d'un pur événement ; il s'explique d'abord par la personnalité de la victime, puis par celle de l'assassin.
Le coupable ne sera donc désigné qu'au terme d'une investigation le plus souvent psychologique des antécédents du crime : recherche de mobiles, plus que d'indices ; du pourquoi, autant que du comment.
Il pourra même s'agir parfois d'une véritable reconstruction rétrospective d'un drame déjà ancien, là où, tout indice matériel ayant disparu, le problème devient purement intellectuel.
Cinq Petits Cochons, "Five Little Pigs" en 1942 illustre au mieux cette forme d'énigme qui sera privilégiée par l'auteur dans la dernière partie de son œuvre.

L'aspect psychologique du problème posé sera accentué par le nombre limité des suspects possibles et par le resserrement du drame dans l'enclos d'une pension de famille, d'un petit village, d'un hôtel de vacances, d'un site archéologique ou d'une réception. Lieux tranquilles, dont le charme souvent provincial fait ressortir le caractère inattendu et tortueux du crime accompli.
L'image de la maison, d'un terrain familial où se noue le drame derrière l'écran des traditions anglaises et du conformisme social, traverse toute l'œuvre d'Agatha Christie, du premier jusqu'au dernier roman qui se déroulent tous deux dans la même résidence de campagne ; ce qui n'exclut pas des variations sur la forme de ce milieu protégé, tour à tour bateau, compartiment de train ou d'avion, île ou collège.
Le crime qui fournit l'occasion de l'enquête possédera donc généralement un caractère privé.
Il est non seulement prémédité mais accompli à la faveur d'une véritable mise en scène : on peut citer, comme l'une des plus célèbres, celle de Dix Petits Nègres, "Ten Little Niggers" en 1939, où l'assassin parvient à se dissimuler parmi ses propres victimes en se faisant passer pour mort.
Les intrigues d'Agatha Christie varient ainsi autour du thème fondamental du crime parfait, de son élaboration par un meurtrier brillant et de son élucidation par une enquête raisonnée. La victime semble donc le prétexte d'un duel entre la machination criminelle et la déduction du policier.

La méthode d'Hercule Poirot

Apparu dès le premier roman, le personnage du détective belge se retrouve dans une trentaine des meilleurs ouvrages d'Agatha Christie.
Proclamant que pour découvrir un coupable il suffit de s'asseoir dans un fauteuil et de réfléchir en utilisant rationnellement les "petites cellules grises" de son cerveau, Hercule Poirot s'oppose à l'héroïsme du détective aventurier ainsi qu'à Sherlock Holmes, son prédécesseur le plus illustre dans la littérature policière anglaise : même s'il semble l'imiter en se donnant pour compagnon, dans plusieurs romans, un doublet de Watson, le capitaine Hastings, dont la naïveté sert de repoussoir à la logique de ses déductions, il considère comme secondaire la chasse aux indices matériels si importante chez Conan Doyle et lui préfère l'enquête psychologique.
Ce petit homme vieillissant, tiré à quatre épingles, prosaïque et maniaque, soucieux de son confort autant que de la morale, restera fameux par son crâne en forme d'œuf, son dandysme, ses cheveux teints, son énorme moustache ; personnage ambigu, vaniteux, paternel, non dépourvu de ridicules qui peuvent conduire son adversaire à le sous-estimer.

Sa méthode est guidée par un amour de l'ordre, des lignes droites et de la symétrie, qui lui fait percevoir la moindre irrégularité d'un ensemble par ailleurs cohérent : elle vise essentiellement à l'inventaire de ces "petits faits", détails qui peuvent paraître insignifiants ou négligeables, et à leur classement, avant de les agencer les uns aux autres selon la technique du puzzle.
Ils seront patiemment rassemblés à l'occasion d'interrogatoires ou de confidences que Poirot sait provoquer, qui lui donnent les armes d'une interprétation psychologique du crime et pourront lui permettre de jouer à la fin d'une enquête le rôle paternel d'entremetteur ou de marieur, autant que celui de justicier. Justicier d'ailleurs privé, dont les critères sont parfois plus sentimentaux que juridiques, qui peut laisser l'assassin s'échapper ou décider de clore l'affaire si le coupable lui paraît avoir le droit de son côté, ainsi dans Le Crime de l'Orient-Express, "Murder on the Orient-Express" en 1934.

Le dévoilement du criminel dans les derniers chapitres est l'objet d'une théâtralisation organisée par le détective lui-même.
Ayant rassemblé les protagonistes du drame, Poirot reconstitue les étapes de son enquête, envisage plusieurs hypothèses et désigne à chaque fois un meurtrier plausible. Ces fausses pistes retardent d'autant le coup de théâtre de l'accusation finale, destinée à confondre le criminel, dont la culpabilité apparaît comme la solution la plus logique.
Ainsi s'achève le duel ; la mise en scène du détective, en répondant à celle de l'assassin, souligne la parenté qui peut exister entre eux et qu'Agatha Christie a brillamment illustrée à plusieurs reprises, notamment dans Le Meurtre de Roger Ackroyd, où l'assassin est le narrateur associé à l'enquête, et dans le dernier roman, où Poirot, avant de disparaître, devient meurtrier par amour de la justice.

Miss Marple et le raisonnement analogique

Agatha Christie a su renouveler la forme des enquêtes en créant un certain nombre de policiers ou d'amateurs qui reviennent dans son œuvre à plusieurs reprises : le couple de Tommy et Tuppence Beresford, le colonel Race, le surintendant Battle, Mr. Quinn ou Parker Pyne, découvreurs occasionnels, sans compter le personnage d'Ariane Oliver, auteur de romans policiers, sous le masque de laquelle Agatha Christie semble avoir voulu se représenter avec humour. Parmi ces détectives, le personnage de Miss Marple apparaît en 1930 dans L'Affaire Prothéro (The Murder at the Vicarage), pour jouer un rôle de premier plan dans une douzaine de romans. Vieille demoiselle dont la vie semble se limiter à son petit village, à ses travaux de jardinage, à l'observation de ses semblables et aux rumeurs du voisinage, Miss Marple trouve la solution des énigmes par une méthode personnelle, intuitive et empirique, fondée sur son « expérience de la nature humaine », liée à l'observation systématique de son milieu et procédant par analogies ; l'enquête semble moins établir de liens entre les faits qu'entre les individus ; c'est parce que tel personnage lui en rappelle tel autre que va peu à peu se tisser un réseau d'associations, capable de confondre le coupable. Ici encore l'élucidation est principalement psychologique ; elle tendra même peu à peu à devenir morale, l'aptitude à pénétrer la démarche du criminel dénotant une sensibilité au « mal », dont l'existence est constamment soulignée d'un roman à l'autre.

Le bien et le mal

N'importe qui peut devenir criminel ou victime ou détective.
Cette morale implicite de l'œuvre d'Agatha Christie, illustrée par la variété des types d'assassins ou d'enquêteurs qu'elle propose, se durcira toutefois dans un certain nombre de romans d'espionnage, Destination inconnue, "Destination Unknown" en 1954, Passager pour Francfort "Passenger to Frankfurt" en 1970.
Des thèmes s'y trouvent accentués jusqu'à l'outrance : la lutte manichéenne entre le bien et le mal, l'existence de criminels internationaux, organisateurs des troubles de la civilisation et des mouvements de la jeunesse, la nécessité de sauver le vieux monde et les traditions sont les ressorts de développements souvent schématiques dont la naïveté contraste cependant avec l'ambiguïté de l'intrigue du dernier roman.
Poirot détective devenu criminel avant de se laisser mourir semble en effet plutôt confirmer cette loi des livres d'Agatha Christie, que l'auteur, le lecteur, le détective, la victime et le meurtrier sont étroitement liés par des affinités et par des rôles toujours susceptibles de permuter.

Fin de vie.

Agatha Christie meurt le 12 janvier 1976 dans sa résidence de Wallingford, près d'Oxford.
Elle suit de peu ses personnages fétiches, car :
Hercule Poirot s'éteint en août 1975 avec Hercule Poirot quitte la scène, le New York Times ayant même publié une nécrologie le 6 août 1975.
Miss Marple résout sa Dernière Énigme en 1976, mais le titre est posthume, et le personnage ne meurt pas dans l'œuvre, à l'inverse d'Hercule Poirot.

Œuvre

Agatha Christie est l'un des écrivains les plus connus au monde si l'on considère le nombre de langues dans lesquelles son œuvre a été traduite, plus de 7 135 traductions, ce qui en fait l'auteur le plus traduit en langues étrangères selon l'Index Translationum, et l'importance des tirages de ses romans qui en fait la romancière la plus vendue au monde selon le Livre Guinness des records.
Bien que ce type d'estimation soit toujours délicat de 2,5 à 4 milliards de livres vendus dans le monde, sachant qu'il s'en achète encore 4 millions par an25, Agatha Christie est considérée comme l'auteur le plus lu de l'histoire chez les Anglo-Saxons après William Shakespeare, seule la Bible dépasse son œuvre en nombre d'exemplaires vendus.
Agatha Christie a écrit 66 romans, dont 6 romances sous le pseudonyme de Mary Westmacott qui correspond à ses écrits les plus personnels, 154 nouvelles réunies en une quinzaine de recueils, 20 pièces de théâtre, quelques poèmes et une autobiographie : auteur prolifique, elle écrit ses romans en six semaines en moyenne mais, de 1954 jusqu'à 1976, n'en publie que deux ou trois par an dont un traditionnellement pour les fêtes de fin d'année, événement littéraire à l'origine du slogan de son éditeur : a Christie for Christmas, un Christie pour Noël.
Une grande partie d'entre eux se déroule à huis clos, ce qui permet au lecteur d'essayer de deviner le coupable avant la fin du récit. Agatha Christie est un auteur important dans le domaine du roman policier, autant sur le plan commercial qu'en raison des innovations qu'elle a introduites dans ce genre bien que le dictionnaire de la littérature anglaise, The Oxford Companion to English Literature, en écrit que son style est quelconque et ses personnages légers.
N'hésitant pas à s'écarter des sentiers battus, elle donnait notamment à son lecteur un nombre d'indices suffisant pour résoudre l'énigme.
Un de ses premiers romans, Le Meurtre de Roger Ackroyd, est célèbre pour la façon dont elle utilise le narrateur pour créer la surprise finale.
Avec plus de 100 millions d'exemplaires, son roman les Dix petits nègres, publié en 1939, est, dans la liste des ouvrages les plus vendus au monde, le premier roman policier et le septième livre tous genres confondus.
Une grande partie de ses romans et nouvelles a été adaptée au cinéma ou à la télévision, 20 films et plus de 100 téléfilms, en particulier Le Crime de l'Orient-Express, Dix petits nègres, Mort sur le Nil et Le Train de 16 h 50. La BBC a également produit des téléfilms et des émissions radiophoniques de la plupart des histoires qui mettent en scène Hercule Poirot et Miss Marple. L'une de ses pièces de théâtre, The Mouse Trap, La Souricière, a été présentée pour la première fois à Londres en 1952 au St Martin's Theatre, et détient, depuis, le record de la pièce jouée le plus longtemps sans interruption.
Certains de ses romans sont adaptés en bande dessinée par les éditions Claude Lefrancq et Emmanuel Proust, Mort sur le Nil et Le Crime de l'Orient-Express de Jean-François Miniac, Dix petits nègres, Le Meurtre de Roger Ackroyd, etc.
Ses intrigues et la façon dont elle construit ses énigmes policières sont également très prisées en murder party jeux de rôle policiers.
En août 2006, deux nouvelles inédites mettant en scène Hercule Poirot ont été retrouvées dans la maison de famille de Greenway45 ; elles ont été publiés en 200946 sous la responsabilité de John Curran et sous le titre de Agatha Christie's Secret Notebooks: Fifty years of mysteries in the making47, et, en 2011, pour la traduction française, Les carnets secrets d'Agatha Christie : Cinquante ans de mystères en cours d'élaboration.

Romans et recueils de nouvelles mettant en scène Hercule Poirot

Hercule Poirot apparaît dans 33 romans et 52 nouvelles.
Titre français Type Année Titre britannique Éventuel titre américain
La Mystérieuse Affaire de Styles roman 1920 The Mysterious Affair at Styles
Le Crime du golf roman 1923 Murder on the Links
Les Enquêtes d'Hercule Poirot nouvelles 1924 Poirot Investigates
Le Meurtre de Roger Ackroyd roman 1926 The Murder of Roger Ackroyd
Les Quatre roman 1927 The Big Four
Le Train bleu roman 1928 The Mystery of the Blue Train
La Maison du péril roman 1932 Peril at End House
Le Couteau sur la nuque roman 1933 Lord Edgware Dies
Le Crime de l'Orient-Express roman 1934 Murder on the Orient-Express Murder in the Calais Coach
Drame en trois actes roman 1935 Three-Act Tragedy Murder in Three Acts
La Mort dans les nuages roman 1935 Death in the Clouds Death in the Air
A.B.C. contre Poirot roman 1935 The ABC Murders
The ABC Murders (1935)
The Alphabet Murders (1966)
Cartes sur table roman 1936 Cards on the Table
Meurtre en Mésopotamie roman 1936 Murder in Mesopotamia
Mort sur le Nil roman 1937 Death on the Nile
Témoin muet roman 1937 Dumb Witness Poirot Loses a Client
Le Miroir du mort nouvelles 1937 Dead Man's Mirror
Rendez-vous avec la mort roman 1938 Appointment with Death
Le Noël d'Hercule Poirot roman 1938 Hercule Poirot's Christmas
Murder for Christmas (1938)
A Holiday for Murder (1947)
Je ne suis pas coupable roman 1940 Sad Cypress
Un, deux, trois... roman 1940 One, Two, Buckle My Shoe
The Patriotic Murders (1940)
An overdose of Death (1953)
Les Vacances d'Hercule Poirot roman 1941 Evil under the Sun
Cinq petits cochons roman 1942 Five Little Pigs Murder in Retrospect
Le Vallon roman 1946 The Hollow
Les Travaux d'Hercule nouvelles 1947 The Labours of Hercules
Recueil de nouvelles initialement publié, en France, en deux volumes : les Travaux d'Hercule suivi de Les Écuries d'Augias.
Le Flux et le Reflux roman 1948 Taken at the Flood There is a Tide
Mrs McGinty est morte roman 1952 Mrs McGinty's Dead
Les Indiscrétions d'Hercule Poirot roman 1953 After the Funeral Funerals are fatal…
Pension Vanilos roman 1955 Hickory, Dickory, Dock Hickory, Dickory, Death
Poirot joue le jeu roman 1956 Dead Man's Folly
Le Chat et les Pigeons roman 1959 Cat Among the Pigeons
Le Retour d'Hercule Poirot (1959)
Christmas Pudding (1962)
nouvelles The Adventure of the Christmas
Pudding and Other Stories
Recueil de trois nouvelles dont une, la seconde, ayant donné son nom au recueil, met en scène Hercule Poirot.
Les Pendules roman 1963 The Clocks
La Troisième Fille roman 1966 Third Girl
La Fête du potiron (1969)
Le Crime d'Halloween (1999)
roman 1969 Hallowe'en Party
Témoin à charge nouvelles 1969 Recueil spécifiquement français, contenant 8 nouvelles inédites en volume en France, dont les cinq dernières mettent en scène Hercule Poirot
Une mémoire d'éléphant roman 1972 Elephants Can Remember
Poirot's Early Cases nouvelles 1974 Recueils spécifiquement britannique et américain (de composition différente) dont le contenu correspond approximativement à celui du recueil français Le Bal de la victoire
Hercule Poirot quitte la scène (1975)
Poirot quitte la scène (1993)
roman 1975 Curtain:Poirot's Last Case
Le Bal de la victoire nouvelles 1979 Recueil spécifiquement français, dont la composition correspond très approximativement à celle des éditions britannique et américaine de Poirot's Early Cases

Romans et recueils de nouvelles mettant en scène Tommy et Tuppence

(Thomas Beresford et Prudence Cowley)
Mr Brown (1922) (The Secret Adversary)
Le crime est notre affaire (1929) (Partners in Crime) initialement publié en France en deux volumes : Associés contre le crime (chapitres 1 à 12) et Le crime est notre affaire (chapitres 12 à 23)
N ou M ? (1941) (N or M?)
Mon petit doigt m'a dit (1968) (By the Pricking of my Thumb)
Le Cheval à bascule (1973) (Postern of Fate)
Romans et recueils de nouvelles mettant en scène Miss Marple
Miss Marple apparaît dans 12 romans et 20 nouvelles25.
L'Affaire Protheroe (édité initialement, en France, sous le nom : L'Affaire Prothéro (1930) (The Murder at the Vicarage)
Miss Marple au Club du Mardi (1932) (The Thirteen Problems) – recueil de nouvelles initialement publié, en France, en deux volumes : Miss Marple au Club du Mardi suivi de Le Club du Mardi continue (1966)
Un cadavre dans la bibliothèque (1942) (The Body in the Library)
La Plume empoisonnée (1942) (The Moving Finger)
Un meurtre sera commis le... (1950) (A Murder is Announced)
Jeux de glaces (1952) (They do it with Mirrors [Royaume-Uni] ou Murder with Mirrors… [États-Unis])
Une poignée de seigle (1953) (A Pocket full of Rye)
Le Train de 16 h 50 (1957) (4:50 from Paddington [Royaume-Uni] ou What Mrs Gillicudy Saw [États-Unis] et Murder She Said [réédition États-Unis])
Le miroir se brisa (1962) (The Mirror Crack'd from Side to Side [Royaume-Uni] ou The Mirror Crack'd [États-Unis])
Le major parlait trop (1964) (The Caribbean Mystery)
À l'hôtel Bertram (1965) (At Bertram's Hotel)
Némésis (1971) (Nemesis)
La Dernière Énigme (1976) (Sleeping Murder)
Marple, Poirot, Pyne et les autres, recueil de 8 nouvelles inédites écrites entre 1929 et 1954 et publiées pour la première fois en français au Masque en 1986

Autres romans à suspens

Il s'agit pour la plupart de romans policiers de type whodunit, mais également de romans d'espionnage.
L'Homme au complet marron (1924) (The Man in the Brown Suit)
Le Secret de Chimneys (1925) (The Secret of Chimneys)
Les Sept Cadrans (1929) (The Seven Dials Mystery) constituant une sorte de suite au Secret de Chimneys
Cinq heures vingt-cinq (1931) (The Sittaford Mystery [Royaume-Uni] ou The Murder at Hazelmoor [États-Unis])
Pourquoi pas Evans ? (1934) (Why didn't they ask Evans? [Royaume-Uni] ou The Boomerang Clue [États-Unis])
Un meurtre est-il facile ? (1939) (Murder is Easy [Royaume-Uni] ou Easy to Kill [États-Unis])
Dix petits nègres (1939) (Ten Little Niggers [Royaume-Uni] ou And Then There Were None [États-Unis, 1940] et Ten Little Indians [États-Unis, 1965])
L'Heure zéro (1944) (Towards Zero)
La mort n'est pas une fin (1945) (Death comes as the End), roman policier situé dans l'Égypte antique
Meurtre au champagne (1945) (Sparkling Cyanide [Royaume-Uni] ou Remembered Death [États-Unis])
La Maison biscornue (1949) (Crooked House)
Rendez-vous à Bagdad (1951) (They came to Baghdad)
Destination inconnue (1954) (Destination Unknown)
Témoin indésirable (1958) (Ordeal by Innocence)
Le Cheval pâle (1961) (The Pale Horse)
La Nuit qui ne finit pas (1967) (Endless Night)
Passager pour Francfort (1970) (Passenger to Frankfurt)

Autres recueils de nouvelles policières


Le Mystérieux Mr Quinn (1930) (The Mysterious Mr Quin)
Le Mystère de Listerdale (1934) The Listerdale Mystery and Other Stories
Mr Parker Pyne (1934) (Parker Pyne investigates) connu aussi sur le titre Parker Pyne, professeur de bonheur
Christmas Pudding (1962), au Club des Masques et Le Retour d'Hercule Poirot au Masque (1959) (The Adventure of the Christmas Pudding and Other Stories) (Trois nouvelles, dont la seconde, Christmas Pudding, avec Hercule Poirot)
Témoin à charge (1969, en français au Masque) (Witness for the prosecution), recueil de 8 nouvelles inédites dont les cinq dernières mettent en scène Hercule Poirot
Allô, Hercule Poirot (1971), recueil composite de six nouvelles (dont seulement trois mettant en scène Hercule Poirot), publié en France
Le Flambeau, recueil de 9 nouvelles inédites écrites entre 1925 et 1934 et publiées en français au Masque en 1981
Marple, Poirot, Pyne... et les autres, recueil de 8 nouvelles inédites écrites entre 1929 et 1954 et publiées en français au Masque en 1986
Dix brèves rencontres, recueil de nouvelles d'Agatha Christie (1982) qui résulte de la diffusion, au Royaume-Uni, d'une série télévisée en 10 épisodes titrée : The Agatha Christie Hour. Les nouvelles 1, 8 et 10 sont déjà parues dans le recueil Le Mystère de Listerdale, les nouvelles 2 et 3 sont déjà parues dans le recueil Mr Parker Pyne, les nouvelles 4, 7 et 9 sont déjà parues dans le recueil Le Flambeau.
Publié en France, en 1983, par La Librairie des Champs-Élysées <Trois souris (recueil de nouvelles publié en 1985 en France),
(Three Blind Mice and other stories) (ISBN 2-7024-1608-X)
Tant que brillera le jour (recueil de nouvelles) (While the Light Lasts and Other Stories), recueil posthume (1997) de neuf nouvelles, dont deux mettant en scène

Hercule Poirot Pièces de théâtre

1928 : Alibi (Alibi), adaptation par Michael Morton du roman Le Meurtre de Roger Ackroyd (1926) ;
1930 : Black Coffee, pièce originale d'Agatha Christie ;
1936 : Love from a Stranger, adaptation par Franck Vosper de la nouvelle Philomel Cottage (1924) ;
1940 : La Maison du péril (Peril at End House), adaptation par Arnold Ridley du roman La Maison du péril (1932) ;
1943 : Dix petits nègres (Ten Little Niggers/Ten Little Indians), adaptation par Agatha Christie de son roman Dix petits nègres (1939) ;
1945 : Rendez-vous avec la mort (Appointment with Death), adaptation par Agatha Christie (dans une mise en scène de Terence De Marney) du roman Rendez-vous avec la mort (1938) ;
1946 : Mort sur le Nil, adaptation par Agatha Christie du roman Mort sur le Nil (1937) ; pièce jouée sous le titre Death on the Nile au Royaume-Uni et sous le titre Hidden Horizon aux États-Unis ;
1949 : L'Affaire Protheroe (Murder at the Vicarage), adaptation par Moie Charles and Barbara Toy du roman L'Affaire Protheroe (1930) ;
1951 : Le Vallon (The Hollow), adaptation par Agatha Christie de son roman Le Vallon (1946) ;
1952 : La Souricière (The Mousetrap), adaptation, par Agatha Christie, de sa nouvelle Trois Souris (1948). C'est la pièce qui totalise actuellement le plus grand nombre de représentations consécutives au monde, plus de 23 000 depuis sa création dans le West End de Londres.
1953 : Témoin à charge (The Witness for the Prosecution), adaptation par Agatha Christie de sa nouvelle Témoin à charge (1925) ;
1954 : La Toile d'araignée (Spider's Web), pièce originale d'Agatha Christie ;
1956 : L'Heure zéro (Towards Zero), adaptation par Agatha Christie et Gerald Verner du roman L'Heure zéro (1944) ;
1958 : Verdict (Verdict), pièce originale d'Agatha Christie ;
1958 : Le Visiteur inattendu (The Unexpected Guest), pièce originale d'Agatha Christie ;
1960 : Go Back for Murder, adaptation par Agatha Christie du roman Cinq petits cochons (1943) ;
1962 : Afternoon at the seaside, pièce originale d'Agatha Christie ;
1962 : The Rats, pièce originale d'Agatha Christie ;
1962 : The Patient, pièce originale d'Agatha Christie ;
1972 : Fiddlers Three (précisions manquantes) ;
1973 : Akhénaton (Akhnaton), pièce originale d'Agatha Christie, écrite en 1937 ;
1981 : Cartes sur table (Cards on the Table), adaptation par Leslie Darbon du roman Cartes sur table (1933) ;
1993 : Un meurtre est-il facile ? (Murder Is easy), adaptation (non publiée) par Clive Exton du roman Un meurtre est-il facile ? (1939) ;

Autres romans

Publiés sous le pseudonyme de Mary Westmacott
Musique barbare (1930) (Giant's Bread)
Portrait inachevé (1934) (Unfinished Portrait)
Loin de vous ce printemps (1944) (Absent in the Spring)
L'If et la rose (1948) (The Rose and the Yew Tree)
Ainsi vont les filles (1952) (A Daughter's a Daughter)
Le Poids de l'amour (1956) (The Burden)

Roman coécrit

L'Amiral flottant (1931) coécrit avec Dorothy L. Sayers

Novélisations de ses pièces

Charles Osborne a novélisé trois pièces de théâtre d'Agatha Christie :
Black Coffee (1998, d'après la pièce éponyme créée en 1930) ;
Le Visiteur inattendu (The Unexpected Guest) (1999, d'après la pièce éponyme créée en 1958) ;
La Toile d'araignée.

Adaptations des romans

Au cinéma

1932 : Le Coffret de laque réalisé par Jean Kemm, d'après Black Coffee ;
1934 : Lord Edgware Dies, réalisé par Henry Edwards, d'après le roman homonyme ;
1945 : Dix Petits Indiens, réalisé par René Clair, d'après Dix petits nègres ;
1957 : Témoin à charge, réalisé par Billy Wilder ;
1961 : Le Train de 16 h 50, réalisé par George Pollock ;
1963 : Meurtre au galop, réalisé par George Pollock, d’après les Indiscrétions d’Hercule Poirot ;
1964 : Passage à tabac (Murder ahoy), de George Pollock, sur un scénario non adapté d'une œuvre d'Agatha Christie ;
1964 : Lady détective entre en scène, réalisé par George Pollock, d’après Mrs. McGinty est morte ;
1965 : Les Dix Petits Indiens, réalisé par George Pollock, d'après Dix petits nègres ;
1966 : ABC contre Hercule Poirot, réalisé par Frank Tashlin (Pour la petite histoire, Austin Trevor qui, dans les années trente, jouait Hercule Poirot dans Le Coffret de laque et Lord Edgware Dies y fait une apparition dans le rôle d'un majordome).
1974 : Dix petits nègres, réalisé par Peter Collinson ;
1974 : Le Crime de l'Orient-Express, réalisé par Sidney Lumet ;
1978 : Mort sur le Nil, réalisé par John Guillermin ;
1979 : Le miroir se brisa, réalisé par Guy Hamilton ;
1981 : Meurtre au soleil, réalisé par Guy Hamilton, d’après Les vacances d’Hercule Poirot ;
1984 : Témoin indésirable, réalisé par Desmond Davis ;
1987 : Rendez-vous avec la mort, réalisé par Michael Winner ;
2004 : Mon petit doigt m'a dit..., réalisé par Pascal Thomas, d'après By the Pricking of My Thumbs ;
2007 : L'Heure zéro, réalisé par Pascal Thomas ;
2008 : Le Grand Alibi, réalisé par Pascal Bonitzer, d'après The Hollow ;
2008 : Le crime est notre affaire, réalisé par Pascal Thomas, d'après Le Train de 16 h 50.
2012 : Associés contre le crime, réalisé par Pascal Thomas, est une histoire originale se contentant de reprendre le titre d'un recueil de nouvelles.

À la télévision Téléfilms

1982 : Un meurtre est-il facile ?, réalisé par Claude Whatham ;
1983 : Le Major parlait trop, réalisé par Robert Michael Lewis ;
1983 : Meurtre au champagne, réalisé par Robert Michael Lewis ;
1985 : Jeux de glaces, réalisé par Dick Lowry ;
1985 : Le Couteau sur la nuque, réalisé par Lou Antonio ;
1986 : Meurtre en trois actes, réalisé par Gary Nelson ;
1986 : Poirot joue le jeu, réalisé par Clive Donner ;
1989 : L'Homme au complet marron, réalisé par Alan Grint ;
2006 : Petits meurtres en famille, réalisé par Edwin Baily.

Séries télévisées

1983-1984 : Le crime est notre affaire ;
1984-1992 : Miss Marple (série britannique) ;
1989-présent : Hercule Poirot (série britannique) ;
2004-présent : Miss Marple (série britannique);
2008-présent : Les Petits Meurtres d'Agatha Christie (série française)

Au théâtre

Devinez qui ?, adapté par Sébastien Azzopardi, d'après Dix Petits Nègres.
Cette pièce a été créée en 2003, au Théâtre du Palais-Royal, à Paris, mise en scène par Bernard Murat, avec Jean-Pierre Bouvier, Urbain Cancelier, Pierre Cassignard, Michel Cremades, Éric Desmarestz, Roger Dumas, Yves Gasc, Laurent Gérard, Philippe Laudenbach, Josiane Lévêque, Marie Leburgue, Agnès Pelletier, Alice Taglioni.
La Souricière – en anglais : The Mousetrap – est une pièce de théâtre policière d'Agatha Christie.
C'est la pièce qui totalise le plus grand nombre de représentations consécutives au monde, plus de 23 000 depuis sa création dans le West End de Londres en 1952.
Sébastien Azzopardi a été nommé dans la catégorie Meilleure Adaptation aux Molières 2004

En bande dessinée

T.1 - Le Secret de Chimneys, de François Rivière et Laurence Suhner (Emmanuel Proust Éditions, 2002)
T.2 - Mort sur le Nil, de François Rivière et Solidor (Emmanuel Proust Éditions, 2002)
T.3 - Dix Petits Nègres, de François Rivière et Frank Leclercq (Emmanuel Proust Éditions, 2002)
T.4 - Le Crime de l'Orient-Express, de François Rivière et Solidor (Emmanuel Proust Éditions, 2003)
T.5 - Mister Brown, de François Rivière et Frank Leclercq (Emmanuel Proust Éditions, 2003)
T.6 - La Nuit qui ne finit pas, de François Rivière et Frank Leclercq (Emmanuel Proust Éditions, 2003)
T.7 - Le Crime du golf, de François Rivière et Piskic (Emmanuel Proust Éditions, 2004)
T.8 - Le Meurtre de Roger Ackroyd, de Bruno Lachard (Emmanuel Proust Éditions, 2004)
T.9 - L'Affaire Protheroe, de Norma (Emmanuel Proust Éditions, 2005)
T.10 - L'Homme au complet marron, de Hughot et Mohamed El Baïri (Emmanuel Proust Éditions, 2005)
T.11 - Le Train Bleu, de Piskic (Emmanuel Proust Éditions, 2006)
T.12 - Meurtre en Mésopotamie, de François Rivière et Chandre (Emmanuel Proust Éditions, 2005)
T.13 - Les Quatre, d'Alain Paillou (Emmanuel Proust Éditions, 2006)
T.14 - Témoin indésirable, de Chandre (Emmanuel Proust Éditions, 2006)
T.15 - Le Crime d'Halloween, de Chandre (Emmanuel Proust Éditions, 2007)
T.16 - Cartes sur table, de Frank Leclercq (Emmanuel Proust Éditions, 2009)
T.17 - Témoin muet, de Marek (Emmanuel Proust Éditions, 2009)
T.18 - Cinq Petits Cochons, de Miceal O'Griafa et David Charrier (Emmanuel Proust Éditions, 2009)
T.19 - La Maison du Péril, de Didier Quella-Guyot et Thierry Jollet (Emmanuel Proust Éditions, 2009)
T.20 - Les Oiseaux du lac Stymphale, (Emmanuel Proust Éditions, 2010)
T.21 - Poirot joue le jeu, de Marek (Emmanuel Proust Éditions, 2011)
T.22 - Le Couteau sur la nuque, de Marek (Emmanuel Proust Éditions, 2012)
T.23 - Les vacances d'Hercule Poirot, de Didier Quella-Guyot et Thierry Jollet (Emmanuel Proust Éditions, 2012)
T.24 - Rendez-vous avec la Mort, de Marek (Emmanuel Proust Éditions, à paraitre en 2013)

Livres-audio en français

Romans et nouvelles mettant en scène Miss Marple :
Miss Marple (1), lu par Michael Lonsdale, Éditions Thélème, Paris, 2004, 1 CD.
Miss Marple (2), lu par Michael Lonsdale, Éditions Thélème, Paris, 2004, 1 CD.
Miss Marple (3), lu par Guillaume Galienne, Éditions Thélème, Paris, 2004, 1 CD.
Miss Marple (4), lu par Xavier Gallais, Éditions Thélème, Paris, 2005, 1 CD.
Miss Marple (5), lu par Gabrièle Valensi, Éditions Thélème, Paris, 2005, 1 CD.
Miss Marple (6), lu par Thierry Hancisse, Éditions Thélème, Paris, 2005, 1 CD.
Romans mettant en scène Hercule Poirot :
Le Meurtre de Roger Ackroyd, lu par Guillaume Galienne, Éditions Thélème, Paris, 2004, 3 CD.
Meurtre en Mésopotamie, lu par Guillaume Galienne, Éditions Thélème, Paris, 2004, 3 CD.
Mort sur le Nil, lu par Guillaume Galienne, Éditions Thélème, Paris, 2004, 3 CD.
Le Crime de l'Orient-Express, lu par Denis Podalydès, Éditions Thélème, Paris, 2004.
La Mystérieuse Affaire de Styles, lu par Françoise Gillard, Éditions Thélème, Paris, 2004, 3 CD.
Cartes sur table, lu par Denis Podalydès, Éditions Thélème, Paris, 2005, 3 CD.
Autres romans :
Dix petits nègres lu par Michael Lonsdale, Éditions Thélème, Paris, 2004, 3 CD.
L'Homme au complet marron, lu par Michel Vuillermoz, Éditions Thélème, Paris, 2004, 3 CD.
Destination inconnue, lu par Jean-Baptiste Malartre, Éditions Thélème, Paris, 2005, 3 CD.

Pièces radiophoniques en français

Le meurtre de Roger Ackroyd, avec Henri Crémieux dans le rôle d'Hercule Poirot ; adaptation de Jean Cosmos ; production artistique :
Germaine Beaumont et Pierre Billard ; diffusion le 22/10/1957 sur la Chaîne Parisienne (RTF), dans la collection Les Maîtres du Mystère .
La plume empoisonnée, avec Denise Gence dans le rôle de Miss Marple ; adaptation d' Hélène Misserly ; production artistique : Germaine Beaumont et Pierre Billard ; diffusion le 25/11/1958 sur la Chaîne Parisienne (RTF), dans la collection Les Maîtres du Mystère.

Honneurs et postérité

En 1955, elle est la première récipiendaire du prix Grand Master Award et du prix Grand maître, prix le plus prestigieux décerné par l'Association des Mystery Writers of America pour sa pièce Témoin à charge, "Witness for the Prosecution".
Elle est élue présidente du Detection Club en 1957, succédant à Dorothy L. Sayers.
En 1971, Agatha Christie reçoit la distinction de dame commandeur de l'ordre de l'Empire britannique des mains de la reine Élisabeth II. Agatha Christie est devenue ce jour-là Dame Agatha Christie.
En 1979, sort Agatha, un film de Michael Apted, inspiré de la vie d'Agatha Christie, et plus particulièrement de l'épisode de sa disparition mystérieuse en décembre 1926. Dans ce film, c'est Vanessa Redgrave qui interprète le rôle d'Agatha Christie.
Le manoir géorgien de Torre Abbey abritait une collection de manuscrit originaux d'Agatha Christie, exposant son fauteuil ainsi que sa machine à écrire Remington de 1937. Cette collection a été transférée dans sa résidence de Greenway en 2008

Liens

http://youtu.be/Cgo5Wir6wdY Dix petits indiens film inspirés des "dix petits négres"
http://youtu.be/XnZ7qZYcETA Le meurtre de Roger Ackroyd
http://youtu.be/uLpRkQRkGq8 le couteau sur la nuque
http://youtu.be/IVt11eYmSGo La mort dans les nuages
http://youtu.be/ooqjMcxl6FQ Pension Vanilos
http://youtu.be/QAp6sMJBxI4 Enigme à Rhodes
http://youtu.be/UKB_24e_eiU Mystère en mer
http://youtu.be/40pWUnI4ZqE tragédie à Mardson manor


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Posté le : 14/09/2013 22:23
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Frédéric Mistral
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Le 8 septembre 1830 naît Frédéric Mistral Poète

écrivain et lexicographe français de langue d'oc, il naît à Maillane dans les Bouches-du-Rhône, où il est mort le 25 mars 1914 et où il est inhumé.

Mistral fut membre fondateur du Félibrige, membre de l'Académie de Marseille, Maîtres ès-Jeux de l'Académie des Jeux floraux de Toulouse et, en 1904, Prix Nobel de littérature.
Son nom en provençal est Frederi Mistral (ou Mistrau).

Mistral n'est pas, comme on l'a dit, le poète de la Provence. Il est le poète d'une idée de la Provence.
À cette idée, il a consacré sa vie d'homme et voué son œuvre d'écrivain. Pour illustrer et défendre cette idée, il a élaboré ce que ses disciples ont appelé la doctrine mistralienne, doctrine assez fluctuante pour que des familles d'esprit fort différentes aient pu se réclamer de lui.
Quel que soit le jugement porté sur l'influence intellectuelle de Mistral, une chose est assurée : il a pris place parmi les grands poètes de l'humanité.
Il aurait pu devenir notaire, avocat, magistrat, député, ministre peut-être.
Mais ne supportant pas de voir sa langue maternelle reléguée au rang de patois, Frédéric Mistral préfère se faire poète. Mieux encore ! Il fait voeu de restaurer son idiome par la poésie, se faisant l'apôtre des pays d'Oc.
De tous les grands écrivains et poètes, il est le seul au monde qui, par la poésie chantant sa province et composée dans sa langue régionale répudiée par les écoles de France, ait été couronné du prix Nobel de Littérature.
Au fil des ans, si le nom du Mistral survit, le souvenir de son oeuvre s'estompe.
Les écoles ont depuis longtemps évincé ses écrits. Pour cause : ses poèmes et sa prose, dont toute la sève coule de sa langue maternelle, sont exagérément rangés sur les étagères des langues minoritaires, du folklore. Aussi, chaque citation, chaque article, chaque ouvrage nouveau s'élève en barricade contre l'oubli de sa mémoire, contre l'oubli d'une langue, contre l'oubli tout simplement.

Sa vie

Sa famille, ancienne et anoblie, originaire du Dauphiné, était fixée à Saint-Remy de Provence depuis le XVIe siècle.
Il naquit du second mariage d'un propriétaire rural qui avait été aux guerres de la République et faisait valoir son bien. Il est le fils de ménagers aisés : François Mistral et Adélaïde Poulinet, par lesquels il est apparenté aux plus anciennes familles de Provence : Cruvelier, Expilly, Roux nés Ruffo di Calabria, elles-mêmes très étroitement apparentées entre elles ; marquis d'Aurel.
Mistral porte le prénom de Frédéric en mémoire "d'un pauvre petit gars qui, au temps où mon père et ma mère se parlaient, avait fait gentiment leurs commissions d'amour, et qui, peu de temps après, était mort d'une insolation."
Il a conté lui-même sa jeunesse biblique dans le mas de ce patriarche, avec une émotion large et simple qui en fait le récit inoubliable comme un poème légendaire , préface des Iles d'or, 1re éd.,1875.
Son éducation dans ce milieu traditionnel, parmi ces moeurs antiques, fut exceptionnellement populaire.
Son père, qui l'avait eu à cinquante-cinq ans, était pour lui le Sage, le Maître austère et vénéré. Sa jeune mère l'éleva tout près d'elle, avec la poésie d'une âme chrétienne, hantée de rêves et de douces chansons.
Vers dix ans, après cette libre et saine enfance parmi les travailleurs des champs, il fut mis à l'école, puis envoyé dans un pensionnat d'Avignon pour y faire ses études classiques.
D'abord tristement dépaysé, le petit Provençal ne tardait pas à s'attacher aux peintures des poètes anciens où il retrouvait les tableaux éternels de la vie rurale.
Il y pratiqua lou plantié, école buissonnière comme il le narre dans ses Memòri e raconte, où au chapitre IV, il part cueillir des fleurs de glai, des iris d'eau pour sa mère.
Puis, en 1839, il est inscrit au pensionnat de Saint-Michel-de-Frigolet. Il n'y resta que deux ans, cet établissement ayant fermé, et fut placé au pensionnat Millet d'Avignon.
En 1845, il fut logé au pensionnat Dupuy, où entrait dans ce pensionnat, comme professeur, un jeune homme de Saint-Remy, Joseph Bonmanille, qui écrivait des vers provençaux.
Il avait fait ses premières armes dans un recueil périodique de Marseille, Lou Boui-abaisso, où il s'était bien vite distingué par son souci des sujets nobles et de l'épuration linguistique.
On ne peut guère faire exception, parmi les innombrables rimeurs provençaux du Boui-abaisso, dans cette préoccupation de la dignité de la langue et du style, que pour lui et Crousillat, de Salon, qui "retrempait déjà sa lame dans les fontaines antiques", a dit Mistral.
Mais Crousillat devait rester un rêveur et un isolé, tandis que Roumanille était impatient d'action.
Dès L'âge de douze ans, Mistral, instinctivement révolté du mépris où il voyait tenu son parler natal par les fils de bourgeois qui l'entouraient, s'était essayé en cachette à des vers provençaux.
Sa rencontre avec Roumanille, qui avait fait ses preuves, décida de sa vocation. Roumanille achevait alors ses Margarideto en 1847.
Durant cette période, il suivit ses études au Collège royal d'Avignon, dans l'actuelle rue Frédéric Mistral, et passa, en 1847, son baccalauréat à Nîmes.
Reçu bachelier, il fut enthousiasmé par la révolution de 1848 et se prit d'admiration pour Lamartine.
Ce fut au cours de cette année qu'il écrivit Li Meissoun, Les Moissons, poème géorgique en quatre chants, qui resta inédit6.
Sa famille le voyant bien devenir avocat, il étudia le droit à Aix-en-Provence de 1848 à 1851, où il sortit de la Faculté avec sa licence en droit.
Il se fait alors le chantre de l'indépendance de la Provence et surtout du provençal " première langue littéraire de l'Europe civilisée".
C'est au cours de ses études de droit qu'il apprit l'histoire de la Provence, jadis État indépendant.
Émancipé par son père, il prit alors la résolution « de relever, de raviver en Provence le sentiment de race … ; d'émouvoir cette renaissance par la restauration de la langue naturelle et historique du pays … ; de rendre la vogue au provençal par le souffle et la flamme de la divine poésie.
Pour Mistral, le mot race désigne un "peuple lié par la langue, enraciné dans un pays et dans une histoire" .

L'éveil du provençal

A peine m'eut-il montré, dans leur nouveauté printanière, ces gentilles fleurs de pré, a écrit Mistral dans préface des Îles d'or, qu'un beau tressaillement s'empara de mon être et je m'écriai : Voilà l'aube que mon âme attendait pour s'éveiller à la lumière! J'avais bien jusque-là lu quelque peu de provençal, mais ce qui me rebutait, c'était de voir que notre langue était toujours employée en manière de dérision ... Roumanille, le premier sur la rive du Rhône, chantait, dans une forme simple et fraîche, tous les sentiments du coeur .... Embrasés tous les deux du désir de relever le parler de nos mères, nous étudiâmes ensemble les vieux livres provençaux et nous nous proposâmes de restaurer la langue selon ses traditions et caractères nationaux ; ce qui s'est accompli depuis avec l'aide et le bon vouloir de nos frères les félibres."
A l'exemple de Roumanille, Mistral, rentré à Maillane, ses classes terminées, s'essaya donc en provençal, et rima un poème en quatre chants, Li Meissoun en 1848.
Il en a conservé quelques strophes parmi les notes de Mireille et dans les Îles d'or. Mais son père, devinant que la vocation le portait plus aux travaux de l'esprit qu'à l'agriculture, l'envoya faire son droit à Aix-en-Provence. Il y retrouva le premier confident de ses rêves, Anselme Mathieu, poète comme lui. C'était le compagnon songeur, naïf et soumis qu'il fallait à ce futur chef de peuple.
Les trois ans fructueux passés à étudier et à rêver, dans la vieille capitale de la Provence, confirmèrent chez Mistral la résolution d'honorer son pays en restituant au provençal sa dignité perdue.

Roumanille groupait alors tous les poètes vivants de langue d'oc dans le feuilleton d'un petit journal d'Avignon, la Commune.
Sa culture classique, entée sur un vif instinct populaire, devait communiquer à tant d'éléments disparates l'impulsion directrice et l'épuration critique nécessaires à une restauration. Son disciple Mistral, devenu le confident et l'intelligent auxiliaire de ses projets, ne tardait pas à concevoir un réveil national par la réhabilitation de l'idiome de son pays.
C'est ce qu'un éminent lettré, ami et conseiller de Roumanille, Saint-René Taillandier, pressentait déjà dans ces lignes d'une lettre (1851) :

"Je comprends que vous soyez forcés d'admettre de braves gens qui ont plus de bonne volonté que d'inspiration; mais la colère de M. Mistral me charme: voilà un vrai poète qui prend au sérieux comme vous cette renaissance de la poésie provençale. Il sent vivement les tristes destinées de cette langue qui a donné l'essor à toutes les littératures nationales de l'Europe, et il siffle les mauvais poètes. Voilà un digne héritier des maîtres du XIIe siècle."
Roumanille et Mistral publièrent ainsi le premier recueil collectif des poètes d'oc, Li Prouvençalo (1852).
Roumanille les avait rassemblés; Mistral, avec les deux courts poèmes qui encadraient le choeur, semblait conduire la campagne, tandis que Saint-René Taillandier, en une chaleureuse introduction, savante pour l'époque, justifiait litterairement l'entreprise, en invoquant les droits séculaires de la langue ressuscitée.
De cette publication sortit le premier "congrès des poètes provençaux", à Arles, 1852, où plus de trente écrivains "patois" répondirent à l'appel de Roumanille. Celui-ci ne tardait pas à publier le manifeste attendu relatif à la réforme orthographique, préface des Sounjarello, 1852, question capitale pour l'établissement de la restauration linguistique. Mistral avait collaboré à la dissertation : l'orthographe rationnelle en sortait à peu près fixée.
-

Frédéric Mistral 1830-1914.

Un nouveau congrès, dû à l'initiative de J.-B. Gaut, eut lieu à Aix-en-Provence, 1853, suivi d'un nouveau recueil collectif, Lou Roumavagi dei Troubaire. Ainsi s'appelaient encore les rénovateurs provençaux. Mistral leur donna le nom mystérieux de félibres, dans l'assemblée restée légendaire de Fontségugne, le 21 mai 1854. C'est là qu'entre sept poètes amis, du pays d'Avignon, furent jetées les bases de la renaissance linguistique, littéraire et sociale du Midi, appelée dès ce jour Félibrige.
Elle se manifesta d'abord par la fondation, due à Théodore Aubanel, 1854, d'un organe populaire, l'Armana prouvençau. Roumanille et Mistral devaient, pendant plus de quarante ans, en être les principaux rédacteurs, y faire évangéliquement l'éducation de leur peuple, et, joyeux ou graves, sincères toujours, lui enseigner son âme.
Tout en collaborant à l'Armana, et en étudiant le passé provençal Mistral incarnait le rêve de sa jeunesse dans une création où se reflétaient peu à peu les mille aspects de nature et de moeurs de son pays natal, transfigurés par la divine exaltation de son coeur.
C'était Mirèio en 1859, poème en 12 chants, vaste idylle épique où la Provenceput saluer son poète, et la France découvrir, dans le génie d'un inconnu, des trésors ignorés de son propre génie. Pour les félibres eux-mêmes, ce fut une révélation.
Adolphe Dumas et Reboul se firent les parrains de Mireille, qui, présentée par eux à Lamartine, éveilla l'émotion solennelle chez le vieil Orphée endormi. Tout le mondes sait quel baptême de gloire fut pour Mistral l'"Entretien littéraire que lui consacra Lamartine :

"Un grand poète épique est né! ... Un vrai poète homérique dans ce temps-ci; un poète né, comme les hommes de Deucalion, d'un caillou de la Crau; un poète primitif dans notre âge de décadence; un poète grec à Avignon ; un poète qui crée une langue d'un idiome, comme Pétrarque a créé l'italien : un poète qui, d'un patois vulgaire, fait un langage classique d'images et d'harmonie, ravissant l'imagination et l'oreille."
Et à ces litanies géniales succédait un. enthousiaste résumé de Mireille, confirmé par ces conclusions :
" Oui, ton poème épique est un chef-d'oeuvre, que dirais-je plus? il n'est pas de l'Occident, il est de l'Orient; on dirait que, pendant la nuit, une île de l'Archipel, une flottante Délos, s'est détachée de son groupe d'îles grecques ou ioniennes et qu'elle est venue sans bruit s'annexer au continent de la Provence embaumée, apportant avec elle un de ces chanteurs divins de la famille des Mélésigènes".
Tout a été dit sur l'art concis, sobre, attique, simple et savant, éloquent et objectif de l'incomparable poème rustique. Mais il est un côté de cette couvre, genuine entre toutes, que la généralité des critiques, étrangers à la Provence pour la plupart, n'a su ni pu comprendre. C'est la poésie propre au au pays provençal, ce que les troubadours nommaient amor.
Telle chose qui paraît grossière ou vulgaire au lecteur parisien fait tressaillir un Provençal. La vue des collines bibliques du pays arlésien, "cette aridité aromatique qui enivre les ermites et suscite les mirages ", comme a dit Mistral, peut offusquer un franchimand : elle exalte un coeur méridional... Ce qu'on aura, du moins, reconnu sans conteste à Mistral et à ses meilleurs disciples, c'est l'originalité : ils évitent les banalités générales; ce qu'ils ont chanté n'était pas encore dans l'horizon.

Mireille

L'unanimité des suffrages accordés à Mireille sanctionnait la renaissance provençale, donnait à Mistral lui-même la foi résolue en sa mission.
Jusque-là, il avait pu dire, comme dans l'invocation du poème, "qu'il ne chantait que pour les pâtres et les gens des mas" . - "Qu'en dira-t-on en Arles ?" pensait-il anxieux en composant Mireille.
Mais l'aspect de l'oeuvre achevée élargit l'ambition qu'il avait formée pour sa langue. Les notes de Mireille en témoignent.
Déjà la conscience du rôle, qu'il pouvait apporter à l'oeuvre de Fontségugne lui était apparue.
L'école de Roumanille, dont Mireille le sacrait chef et prophète, faisait chaque jour plus d'adeptes.
La langue était fixée, créée la "langue des félibres", et, grâce à l'Armana, peu à peu adoptée par le peuple, ce vulgaire illustre dont, nouveau Dante, il avait doté son pays en épurant et enrichissant son dialecte natal, était immortel ayant suscité un chef-d'oeuvre.
Il restait à imprimer au mouvement une direction "nationale".
C'est en exaltant le sentiment régional et en y entraînant les félibres, c'est en prouvant à son pays l'existence d'une culture méridionale à travers les siècles, c'est en mettant en lumière les droits imprescriptibles de son peuple, qu'il est parvenu à faire d'une renaissance littéraire une "Cause" sociale.
Avec l'Ode aux Catalans en 1859 et le Chant de la Coupe Mistral scella le rapprochement des Provençaux et des Catalans, leurs frères de langue; son sirvente fameux, et resté longtemps suspect, de la Comtesse, allégorie véhémente à la Centralisation; ses discours aux jeux floraux d'Apt en 1862, première sortie officielle des félibres, où fut rédigé le premier statut de l'association, de Barcelone en 1868, alors qu'il accourait avec Roumieux, Paul Meyer et Bonaparte Wyse à l'appel de la Catalogne ressuscitée, enfin de Saint-Remy, la même année, devant les Catalans chaudement accueillis à leur tour et la presse parisienne convoquée pour la première fois.

Ainsi, du félibrige populaire de Roumanille, - engendré par ses pamphlets politiques, ses Noëls et ses Contes, - Mistral faisait peu à peu un félibrige national. Ceci était apparu clairement dans son second ouvrage, Calendau, poème en douze chants 1867, qui, pour les Provençaux, balançait désormais la gloire de Mireille.
Mais combien différents, les deux poèmes!
Mireille, c'était la Provence de la Crau, de la Camargue et du Rhône; Calendal, la Provence de la montagne et de la mer.
Mireille c'était le miel vierge, Calendal la moelle du lion. Célébrant les hauts faits d'un jeune pêcheur de Cassis pour la délivrance et l'amour d'Esterelle, dernière princesse des Baux, mariée à l'infâme aventurier Severan, Mistral avait tenté de peindre tout le paysage, trop vaste, cette fois, de son Iliade agreste, en accumulant les évocations nostalgiques et passionnées du passé provençal.
Ce souci oratoire et encyclopédique, écueil des plus grands poètes, avec la longueur d'un récit qui en rendait peut-être inharmonique l'ordonnance, restreignirent le succès de Calendal dans le public, malgré l'incomparable maîtrise de l'exécution.

Peu à peu, grâce à l'impulsion souveraine de Mistral, le félibrige passait le Rhône.
Après avoir suscité de chauds prosélytes comme Louis Roumieux et Albert Arnavielle, à Nîmes et à Alès, il provoquait à Montpellier, par les soins du baron de Tourtoulon et de son groupe, la création d'une Société pour l'élude des langues romanes, dont les travaux devaient justifier scientifiquement ce relèvement de la langue d'oc (occitan).
Fort de l'appui des savants et des lettrés officiels, jusque-là réfractaires, le mouvement félibréen, déjà catalan-provençal, ne tardait pas à devenir latin. La fête mémorable du centenaire de Pétrarque à Avignon en 1874, due à l'initiative de Berlue-Pérussis et effectivement présidée par Aubanel, fut la première consécration internationale de la nouvelle littérature, et de la gloire de Mistral.
Un grand concours philologique de la Société romane en 1875, puis les Fêtes Latines de Montpellier en 1878, où la jeune femme du poète fut proclamée reine du félibrige, affirmèrent définitivement l'importance d'une renaissance poétique, familiale à ses débuts, que le père de Calendal et de Mireille avait élargie aux proportions d'un mouvement social.

Trois ans auparavant, la royauté intellectuelle de Mistral s'était imposée à tout le midi de la France par la publication du recueil de ses poésies, Lis Iselo d'or (les Îles d'or, 1875), où éclatait le génie du maître dans sa sérénité, sa variété puissante et son autorité de représentant d'un peuple.
Peu après, le félibrige s'organisait en Avignon, 1876, et le poète proclamé grand maître : capoulié de la fédération littéraire des provinces méridionales, devenait, aux yeux des initiés, le chef incontesté d'une croisade de l'Occitanie pour la reconquête de sa dignité historique.

L'espèce de pontificat dont il était désormais investi n'arrêtait pas l'essor de sa production. Un nouveau poème, de forme plus légère, dans le style des épopées chevaleresques de la Renaissance, Nerto, chronique d'histoire provençale du temps des papes d'Avignon, ramenait soudain sur Mistral l'attention de la critique, pour la séduction et l'infinie souplesse de son génie. Après s'être vu comparer à Homère, à Théocrite et à Longus, il évoquait maintenant le charme fuyant d'Arioste.

Un voyage qu'il faisait à Paris en 1884, après vingt ans d'absence, mettait le sceau à sa notoriété française et à sa gloire provençale. Il apparut environné d'une armée d'adeptes. Paris, qui ne connaissait que le poète, salua une littérature dans la personne de son chef.
L'Académie française couronna Nerte comme jadis Mireille. Mistral n'hésita pas à célébrer devant la capitale le quatrième centenaire de la réunion de la Provence à la France : "Comme un principal à un autre principal", selon les termes du contrat historique.
Et il rentra dans sa Provence, consacré chef d'un peuple.

Renaissance provençale

La Renaissance provençale s'étendait chaque jour.
Mistral lui donnait enfin l'instrument scientifique et populaire qui lui manquait pour sa défense, le dictionnaire de son langage national. C'était l'oeuvre bénédictine de sa vie, le Trésor du félibrige. Les divers dialectes d'oc sont représentés dans ce prodigieux inventaire d'un idiome illustre, riche, harmonieux, bien vivant, sauvé et restitué dans son honneur ethnique par d'intransigeants défenseurs, au moment où tout conspirait pour hâter sa décrépitude. Toutes les acceptions, accompagnées d'exemples tirés de tous les écrivains d'oc, tous les termes spéciaux, tous les proverbes sont patiemment recueillis dans ce répertoire encyclopédique qu'on ne remplacera pas. L'Institut lui attribua un prix de 10.000 F.

En 1890, Mistral publia une oeuvre dramatique longtemps caressée, la Rèino Jano, "tragédie provençale".
Malgré son éloquence picturale et la rare beauté de quelques chansons qui reposent le lecteur de l'alexandrin monotone, cette « suite » lumineuse d'évocations de la Provence angevine du XIVe siècle n'obtint auprès du public que le demi-succès de Calendal.
Les franchimands n'ont pas comme les félibres la religion de la reine Jeanne.
Si cette tragédie, essentiellement nationale pour les Provençaux, fut jugée à Paris médiocrement dramatique, il en faut attribuer le reproche à ce qu'on n'a pas tenu compte à l'auteur de la popularité familière qu'il accorde à la légende de son héroïne parmi son public naturel.

En attendant, de voir représenter sa Reine Jeanne sur le théâtre d'Orange restauré par les félibres, Mistral poursuivait sa tâche de poète d'action. La cause s'étendait, appelant des organes plus vivants que le livre ou l'almanach.
Après avoir contribué pendant quarante ans au succès de l'Armana prouvençau et présidé à la fondation de la Revue félibréenne en 1885, il se fit rédacteur principal d'un journal provençal d'Avignon, l'Aioli, créé en 1890, devenu par ses soins le moniteur trimensuel du félibrige.

Tout en gardant ainsi la direction effective du mouvement méridional, - officiellement présidé par Roumanille de 1888 à 1891 et depuis sa mort par Félix Gras, - Mistral publiait çà et là quelque chapitre de ses futurs Mémoires, quelque exhortation à son peuple, discours, poésie ou chronique.
Enfin il donnait le jour à un nouveau poème, sept ans porté comme les précédents, le Poème du Rhône, 1897.
C'est à la fois le plus raffiné et le plus ingénument épique de ses livres.
Capital dans son oeuvre, tant pour la profondeur et l'étendue de la pensée que pour l'originalité de la versification, il apparaît aussi comme le plus symbolique de son génie.
C'est avec les traditions d'un pays qu'il a tramé la soie chatoyante, vivante, éternelle du Rhône, ce poème du cours d'un fleuve. Ces traditions, il a exalté son peuple à en restaurer l'honneur par l'exemple radieux, le labeur fécondant de sa vie.
Et son génie même de poète, clair, lumineux, limpide, avec ses regrets du passé, telle l'inconsciente nostalgie des Alpes qui, par un lointain atavisme, hante sa sérénité, ce génie, autant que provençal, n'est-il pas rhodanien?

On en connaîtra mieux les racines profondes par les Mémoires qui paraîtrront en 1906 sous le titre de Moun espelido, Memòri e Raconte. Dans un exposé de sa vie harmonieuse, il dira tous ses souvenirs d'écrivain célèbre et de campagnard provençal. Des portraits de grands hommes et de grands paysans se dresseront dans son récit. D'autres ouvrages paraîtront encore; Discours e dicho en 1906, Lis óulivado en 1912.


Fin de vie

Entre-temps, Mistral aura été couronné du prix Nobel de Littérature en1904. Il consacrera le montant de ce prix à la création du Museon Arlaten à Arles.
Frédéric Mistral y habita jusqu'en 1875, année ou il put aménager dans la maison qu'il avait faite construire à Maillane, juste devant la Maison du Lézard.
Un an plus tard, le 27 septembre 1876, il épousait à Dijon, Marie Louise Aimée Rivière.
Ce fut ici qu'ils vécurent.

Frédéric Mistral y meurt le 25 Mars 1914.

La maison devint, après la mort du poète le 25 mars 1914 et celle de sa veuve, le 6 février 1943, le Museon Frederi Mistral.

Dans son testament du 7 septembre 1907, Mistral avait légué à sa commune de Maillane, sa maison avec les terrains, jardin, grille, murs, remise et constructions qui l'entourent ou en dépendent... avec les objets d'art, les tableaux, les gravures, les livres et la bibliothèque qu'elle contient, afin qu'on en fasse le musée et la bibliothèque de Maillane, et aussi les meubles qui sont dans la maison à condition qu'ils n'en soient pas enlevés ». Il spécifiait en outre que la commune n'entrerait en possession qu'après la mort de son épouse.
Le Museon est classé monument historique depuis le 10 novembre 1930, son mobilier depuis le 10 février 1931, ce qui à permis à cette demeure de conserver l'aspect qu'elle avait du vivant de Frédéric Mistral5.

L'Action aura été son plus beau poème. C'est pour faire triompher cet idéal, le relèvement de sa Provence, qu'il a été tour à tour poète, orateur, philologue, mais surtout Provençal.
La vita nuova que son action latente infuse au corps apostolique du Félibrige, n'a pas seulement régénéré sa Provence, en l'érigeant à la hauteur d'un idéal social. Elle a provoqué une exaltation du sentiment provincialiste, devenue tendance générale en France, qu'on l'appelle fédéralisme ou simplement décentralisation. On sait les idées de Mistral sur ce régionalisme qui permettrait aux énergies locales de s'épanouir librement.
On ne devait y parvenir, selon lui, que par une Constituante, les élus du système actuel étant trop intéressés à ménager les répartitions départementales pour toucher au morcellement de l'abbé Sieyès.

Mais il a toujours refusé de devenir le chef effectif d'un mouvement politique.
"Qui tient sa langue tient la clef qui de ses chaînes le délivre ",
a-t-il dit, entendant bien que dans une langue vit l'âme même d'un peuple. Et, se réservant la direction du mouvement linguistique, il a voulu rester poète. C'est la pureté de sa gloire qui en aura fait la puissance.
Il n'est pas jusqu'à sa personne qui n'ait su conquérir les foules, alors que son oeuvre charmait les lettrés et le peuple.
Car il eut toujours le sens profond de la vitalité de sa langue, la foi dans un renouveau de sa gloire.
Tout différent en ceci de Jasmin qui se proclamait le dernier poète de la langue d'oc. Si Mistral n'est pas l'unique ouvrier de la renaissance provençale, du moins doit-elle à son oeuvre d'avoir pu prendre essor et de vivre.

Félibre mainteneur depuis 2006, Gérard Baudin fonde dès 1979 le Conservatoire documentaire et culturel Frédéric Mistral. Auteur de nombreux ouvrages d'histoire locale et régionale, il est également le créateur de la revue Échos de Provence. La curiosité de l'auteur et sa soif de rassembler une collection complète sur le père du Félibrige permettent de présenter ici la première biographie illustrée de Frédéric Mistral.

Son oeuvre

Par son œuvre, Mistral réhabilite la langue d'oc en la portant aux plus hauts sommets de la poésie épique : la qualité de cette œuvre sera consacrée par les plus hauts prix.
Il se lance dans un travail de bénédictin pour réaliser un dictionnaire et, à l'instar des troubadours, écrire des chants, et des romans en vers, à l'imitation d'Homère, comme il le proclame dans les quatre premiers vers de Mirèio, se définissant comme un humble élève du grand Homère:
"Cante uno chato de Prouvènço,
Dins lis amour de sa jouvènço,
A través de la Crau, vers la mar, dins li blad,
Umble escoulan dóu grand Oumèro, iéu la vole segui."

"Je chante une jeune fille de Provence,
Dans les amours de sa jeunesse,
À travers la Crau, vers la mer, dans les blés,
Humble élève du grand Homère."

Lexicographie : Lou Tresor dóu Felibrige


Frédéric Mistral et le Félibrige

Mistral est l'auteur du Tresor dóu Felibrige , qui reste à ce jour le dictionnaire le plus riche de la langue d'oc, et l'un des plus fiables pour la précision des sens. C'est un dictionnaire bilingue provençal-français, en deux grands volumes, englobant l'ensemble des dialectes d'oc.

Mireille et le prix Nobel de 1904
" Mirèio".
Son œuvre capitale est Mirèio Mireille, publiée en 1859 après huit ans d'effort créateur.
Mirèio, long poème en provençal, en vers et en douze chants, raconte les amours contrariées de Vincent et Mireille, deux jeunes provençaux de conditions sociales différentes. Le nom Mireille, Mirèio en provençal, est un doublet du mot "meraviho" qui signifie "merveille ".
Mistral trouve ici l'occasion de proposer sa langue mais aussi de faire partager la culture d'une région en parlant entre autres des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui d'après la légende auraient chassé la Tarasque, et de la fameuse Vénus d'Arles.
Mistral fait précéder son poème par un court Avis sur la prononciation provençale.
Mireille, jeune fille à marier d'un propriétaire terrien provençal tombe amoureuse de Vincent, un pauvre vannier qui répond à ses sentiments.
Après avoir repoussé trois riches prétendants, Mireille, désespérée par le refus de ses parents de la laisser épouser Vincent, court aux Saintes-Maries-de-la-Mer afin de prier les patronnes de la Provence de fléchir ceux-ci.
Mais ayant oublié de se munir d'un chapeau, elle est victime d'une insolation en arrivant au but de son voyage et meurt dans les bras de Vincent sous le regard de ses parents.
Mistral dédie son livre à Alphonse de Lamartine en ces termes :

Vincent et Mireille, par Victor Leydet

Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature à la une du magazine Le Petit Journal en 1904 :

"À Lamartine
Je te consacre Mireille : c'est mon cœur et mon âme ;
C'est la fleur de mes années ;
C'est un raisin de Crau qu'avec toutes ses feuilles
T'offre un paysan ".

Et Lamartine de s'enthousiasmer : "Je vais vous raconter, aujourd'hui, une bonne nouvelle ! Un grand poète épique est né. …Un vrai poète homérique, en ce temps-ci ; ... Oui, ton poème épique est un chef d'œuvre ; … le parfum de ton livre ne s'évaporera pas en mille ans."

Mirèio a été traduite en une quinzaine de langues européennes, dont le français par Mistral lui-même.
En 1863, Charles Gounod en fait un opéra.
Le prix Nobel de littérature attribué à Frédéric Mistral, en 1904, pour Mirèio récompensait une œuvre en langue d’oc, langue minoritaire en Europe et constitue de ce fait une exception.
Déjà, en 1901, lors de la première session du prix Nobel de littérature, il faisait figure de favori fort du soutien des intellectuels romanistes de l'Europe du Nord dont l'Allemagne.
Pourtant, en dépit des rumeurs qui couraient, le comité suédois décerna le premier Nobel à Sully Prudhomme, candidat officiel de l'Académie française10.
Élu en 1904, le prix faillit pourtant lui échapper à cause d'une mauvaise traduction suédoise de son œuvre.
Il dut cependant partager sa distinction avec José Echegaray.
Son prix Nobel qui récompensait une langue minoritaire, resta unique jusqu'en 1978, où Mistral fut rejoint par Isaac Bashevis Singer pour son œuvre écrite en Yiddish. L’Académie suédoise accompagna l'attribution du Nobel à Mistral en ces termes :
"en considération de sa poésie si originale, si géniale et si artistique, ..., ainsi qu’en raison des travaux importants dans le domaine de la philologie provençale".
La légitimité poétique de la langue provençale était reconnue à l’échelle internationale puisque le prix Nobel signalait sa valeur universelle et la sortait de l’a priori régionaliste.

Principales œuvres

Mirèio (1859) - en ligne graphie mistralienne, graphie classique - version française
Calendau (1867) - en ligne
Coupo Santo (1867)
Lis Isclo d’or (1875) - en ligne : partie I, partie II
Lou Tresor dóu felibrige ou Dictionnaire de provençal-français, (1879) - [1]
Nerto, nouvelle (1884) - en ligne
La Rèino Jano, drame (1890) - en ligne
Lou Pouèmo dóu Rose (1897) - en ligne
Moun espelido, Memòri e Raconte (Mes mémoires) (1906) - en ligne
Discours e dicho (1906) - en ligne
La Genèsi, traducho en prouvençau (1910) - en ligne
Lis óulivado (1912) - en ligne
Proso d’Armana (posthume) (1926, 1927, 1930) - en ligne

Postérité

Sa célébrité doit beaucoup à Lamartine qui chante ses louanges dans le quarantième entretien de son Cours familier de littérature, à la suite de la parution du long poème Mirèio.
Alphonse Daudet, avec qui il était lié d'amitié, lui consacre, d'une manière fort élogieuse, l'une de ses Lettres de mon moulin, Le Poète Mistral11.
Plusieurs établissements scolaires portent son nom comme le Lycée Mistral d'Avignon. De nombreuses voies portent aussi son nom, à Nice, Aix-en-Provence, Saint-Gence, Noiseau, Figeac etc.

Musée Frédéric-Mistral


Musée Frédéric-Mistral sa maison de Maillane ou il vécut de 1876 à sa mort en 1914.
(Ouvert tous les jours sauf les lundis et jours fériés

Philatélie

En 1941, la poste émet un timbre postal de 1 franc, brun carminé.
En 1980, la poste émet un deuxième timbre postal grand format de 1,40 franc surtaxé 30 centimes, noir qui fait partie de la série Personnages célèbres

Numismatique

L'écrivain est l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions » afin de représenter la Provence-Alpes-Côte d'Azur, la région où il a vécu.
- diverses Voies, collèges, bibliothèques ... portent le nom de Frédéric Mistral
Sites, lieux et établissements portant le nom de Frédéric Mistral

Citations

-Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut.
-Les cinq doigts de la main ne sont pas tous égaux.
-Quand le Bon Dieu en vient à douter du monde il se rappelle qu'il a créé la Provence.
-Chaque année, le rossignol revêt des plumes neuves, mais il garde sa chanson.
-Le soleil semble se coucher dans un verre de Tavel aux tons rubis irisés de topaze. Mais c'est pour mieux se lever dans les cœurs.
-La Provence chante, le Languedoc combat
-Qui a vu Paris et pas Cassis, n'a rien vu. (Qu'a vist Paris e noun Cassis a ren vist.)


Liens

http://youtu.be/l29GMGkiBio Hommage à F. Mistral à Maillane

http://youtu.be/VxgFVm2e-LA Frédéric Mistral

http://youtu.be/rxnAIv9v9OA Vincent et Mireille spectacle

http://youtu.be/EBM7Ubulg28 Mireille Marcel Amont

http://youtu.be/E_3sJ4r9nM4 Le chapeau de Mireille



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Posté le : 07/09/2013 20:42

Edité par Loriane sur 10-09-2013 10:31:58
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Frédéric Mistral
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Le 8 septembre 1830 naît Frédéric Mistral Poète

écrivain et lexicographe français de langue d'oc, il naît à Maillane dans les Bouches-du-Rhône, où il est mort le 25 mars 1914 et où il est inhumé.

Mistral fut membre fondateur du Félibrige, membre de l'Académie de Marseille, Maîtres ès-Jeux de l'Académie des Jeux floraux de Toulouse et, en 1904, Prix Nobel de littérature.
Son nom en provençal est Frederi Mistral (ou Mistrau).

Mistral n'est pas, comme on l'a dit, le poète de la Provence. Il est le poète d'une idée de la Provence.
À cette idée, il a consacré sa vie d'homme et voué son œuvre d'écrivain. Pour illustrer et défendre cette idée, il a élaboré ce que ses disciples ont appelé la doctrine mistralienne, doctrine assez fluctuante pour que des familles d'esprit fort différentes aient pu se réclamer de lui.
Quel que soit le jugement porté sur l'influence intellectuelle de Mistral, une chose est assurée : il a pris place parmi les grands poètes de l'humanité.
Il aurait pu devenir notaire, avocat, magistrat, député, ministre peut-être.
Mais ne supportant pas de voir sa langue maternelle reléguée au rang de patois, Frédéric Mistral préfère se faire poète. Mieux encore ! Il fait voeu de restaurer son idiome par la poésie, se faisant l'apôtre des pays d'Oc.
De tous les grands écrivains et poètes, il est le seul au monde qui, par la poésie chantant sa province et composée dans sa langue régionale répudiée par les écoles de France, ait été couronné du prix Nobel de Littérature.
Au fil des ans, si le nom du Mistral survit, le souvenir de son oeuvre s'estompe.
Les écoles ont depuis longtemps évincé ses écrits. Pour cause : ses poèmes et sa prose, dont toute la sève coule de sa langue maternelle, sont exagérément rangés sur les étagères des langues minoritaires, du folklore. Aussi, chaque citation, chaque article, chaque ouvrage nouveau s'élève en barricade contre l'oubli de sa mémoire, contre l'oubli d'une langue, contre l'oubli tout simplement.

Sa vie

Sa famille, ancienne et anoblie, originaire du Dauphiné, était fixée à Saint-Remy de Provence depuis le XVIe siècle.
Il naquit du second mariage d'un propriétaire rural qui avait été aux guerres de la République et faisait valoir son bien. Il est le fils de ménagers aisés : François Mistral et Adélaïde Poulinet, par lesquels il est apparenté aux plus anciennes familles de Provence : Cruvelier, Expilly, Roux nés Ruffo di Calabria, elles-mêmes très étroitement apparentées entre elles ; marquis d'Aurel.
Mistral porte le prénom de Frédéric en mémoire "d'un pauvre petit gars qui, au temps où mon père et ma mère se parlaient, avait fait gentiment leurs commissions d'amour, et qui, peu de temps après, était mort d'une insolation."
Il a conté lui-même sa jeunesse biblique dans le mas de ce patriarche, avec une émotion large et simple qui en fait le récit inoubliable comme un poème légendaire , préface des Iles d'or, 1re éd.,1875.
Son éducation dans ce milieu traditionnel, parmi ces moeurs antiques, fut exceptionnellement populaire.
Son père, qui l'avait eu à cinquante-cinq ans, était pour lui le Sage, le Maître austère et vénéré. Sa jeune mère l'éleva tout près d'elle, avec la poésie d'une âme chrétienne, hantée de rêves et de douces chansons.
Vers dix ans, après cette libre et saine enfance parmi les travailleurs des champs, il fut mis à l'école, puis envoyé dans un pensionnat d'Avignon pour y faire ses études classiques.
D'abord tristement dépaysé, le petit Provençal ne tardait pas à s'attacher aux peintures des poètes anciens où il retrouvait les tableaux éternels de la vie rurale.
Il y pratiqua lou plantié, école buissonnière comme il le narre dans ses Memòri e raconte, où au chapitre IV, il part cueillir des fleurs de glai, des iris d'eau pour sa mère.
Puis, en 1839, il est inscrit au pensionnat de Saint-Michel-de-Frigolet. Il n'y resta que deux ans, cet établissement ayant fermé, et fut placé au pensionnat Millet d'Avignon.
En 1845, il fut logé au pensionnat Dupuy, où entrait dans ce pensionnat, comme professeur, un jeune homme de Saint-Remy, Joseph Bonmanille, qui écrivait des vers provençaux.
Il avait fait ses premières armes dans un recueil périodique de Marseille, Lou Boui-abaisso, où il s'était bien vite distingué par son souci des sujets nobles et de l'épuration linguistique.
On ne peut guère faire exception, parmi les innombrables rimeurs provençaux du Boui-abaisso, dans cette préoccupation de la dignité de la langue et du style, que pour lui et Crousillat, de Salon, qui "retrempait déjà sa lame dans les fontaines antiques", a dit Mistral.
Mais Crousillat devait rester un rêveur et un isolé, tandis que Roumanille était impatient d'action.
Dès L'âge de douze ans, Mistral, instinctivement révolté du mépris où il voyait tenu son parler natal par les fils de bourgeois qui l'entouraient, s'était essayé en cachette à des vers provençaux.
Sa rencontre avec Roumanille, qui avait fait ses preuves, décida de sa vocation. Roumanille achevait alors ses Margarideto en 1847.
Durant cette période, il suivit ses études au Collège royal d'Avignon, dans l'actuelle rue Frédéric Mistral, et passa, en 1847, son baccalauréat à Nîmes.
Reçu bachelier, il fut enthousiasmé par la révolution de 1848 et se prit d'admiration pour Lamartine.
Ce fut au cours de cette année qu'il écrivit Li Meissoun, Les Moissons, poème géorgique en quatre chants, qui resta inédit6.
Sa famille le voyant bien devenir avocat, il étudia le droit à Aix-en-Provence de 1848 à 1851, où il sortit de la Faculté avec sa licence en droit.
Il se fait alors le chantre de l'indépendance de la Provence et surtout du provençal " première langue littéraire de l'Europe civilisée".
C'est au cours de ses études de droit qu'il apprit l'histoire de la Provence, jadis État indépendant.
Émancipé par son père, il prit alors la résolution « de relever, de raviver en Provence le sentiment de race … ; d'émouvoir cette renaissance par la restauration de la langue naturelle et historique du pays … ; de rendre la vogue au provençal par le souffle et la flamme de la divine poésie.
Pour Mistral, le mot race désigne un "peuple lié par la langue, enraciné dans un pays et dans une histoire" .

L'éveil du provençal

A peine m'eut-il montré, dans leur nouveauté printanière, ces gentilles fleurs de pré, a écrit Mistral dans préface des Îles d'or, qu'un beau tressaillement s'empara de mon être et je m'écriai : Voilà l'aube que mon âme attendait pour s'éveiller à la lumière! J'avais bien jusque-là lu quelque peu de provençal, mais ce qui me rebutait, c'était de voir que notre langue était toujours employée en manière de dérision ... Roumanille, le premier sur la rive du Rhône, chantait, dans une forme simple et fraîche, tous les sentiments du coeur .... Embrasés tous les deux du désir de relever le parler de nos mères, nous étudiâmes ensemble les vieux livres provençaux et nous nous proposâmes de restaurer la langue selon ses traditions et caractères nationaux ; ce qui s'est accompli depuis avec l'aide et le bon vouloir de nos frères les félibres."
A l'exemple de Roumanille, Mistral, rentré à Maillane, ses classes terminées, s'essaya donc en provençal, et rima un poème en quatre chants, Li Meissoun en 1848.
Il en a conservé quelques strophes parmi les notes de Mireille et dans les Îles d'or. Mais son père, devinant que la vocation le portait plus aux travaux de l'esprit qu'à l'agriculture, l'envoya faire son droit à Aix-en-Provence. Il y retrouva le premier confident de ses rêves, Anselme Mathieu, poète comme lui. C'était le compagnon songeur, naïf et soumis qu'il fallait à ce futur chef de peuple.
Les trois ans fructueux passés à étudier et à rêver, dans la vieille capitale de la Provence, confirmèrent chez Mistral la résolution d'honorer son pays en restituant au provençal sa dignité perdue.

Roumanille groupait alors tous les poètes vivants de langue d'oc dans le feuilleton d'un petit journal d'Avignon, la Commune.
Sa culture classique, entée sur un vif instinct populaire, devait communiquer à tant d'éléments disparates l'impulsion directrice et l'épuration critique nécessaires à une restauration. Son disciple Mistral, devenu le confident et l'intelligent auxiliaire de ses projets, ne tardait pas à concevoir un réveil national par la réhabilitation de l'idiome de son pays.
C'est ce qu'un éminent lettré, ami et conseiller de Roumanille, Saint-René Taillandier, pressentait déjà dans ces lignes d'une lettre (1851) :

"Je comprends que vous soyez forcés d'admettre de braves gens qui ont plus de bonne volonté que d'inspiration; mais la colère de M. Mistral me charme: voilà un vrai poète qui prend au sérieux comme vous cette renaissance de la poésie provençale. Il sent vivement les tristes destinées de cette langue qui a donné l'essor à toutes les littératures nationales de l'Europe, et il siffle les mauvais poètes. Voilà un digne héritier des maîtres du XIIe siècle."
Roumanille et Mistral publièrent ainsi le premier recueil collectif des poètes d'oc, Li Prouvençalo (1852).
Roumanille les avait rassemblés; Mistral, avec les deux courts poèmes qui encadraient le choeur, semblait conduire la campagne, tandis que Saint-René Taillandier, en une chaleureuse introduction, savante pour l'époque, justifiait litterairement l'entreprise, en invoquant les droits séculaires de la langue ressuscitée.
De cette publication sortit le premier "congrès des poètes provençaux", à Arles, 1852, où plus de trente écrivains "patois" répondirent à l'appel de Roumanille. Celui-ci ne tardait pas à publier le manifeste attendu relatif à la réforme orthographique, préface des Sounjarello, 1852, question capitale pour l'établissement de la restauration linguistique. Mistral avait collaboré à la dissertation : l'orthographe rationnelle en sortait à peu près fixée.
-

Frédéric Mistral 1830-1914.

Un nouveau congrès, dû à l'initiative de J.-B. Gaut, eut lieu à Aix-en-Provence, 1853, suivi d'un nouveau recueil collectif, Lou Roumavagi dei Troubaire. Ainsi s'appelaient encore les rénovateurs provençaux. Mistral leur donna le nom mystérieux de félibres, dans l'assemblée restée légendaire de Fontségugne, le 21 mai 1854. C'est là qu'entre sept poètes amis, du pays d'Avignon, furent jetées les bases de la renaissance linguistique, littéraire et sociale du Midi, appelée dès ce jour Félibrige.
Elle se manifesta d'abord par la fondation, due à Théodore Aubanel, 1854, d'un organe populaire, l'Armana prouvençau. Roumanille et Mistral devaient, pendant plus de quarante ans, en être les principaux rédacteurs, y faire évangéliquement l'éducation de leur peuple, et, joyeux ou graves, sincères toujours, lui enseigner son âme.
Tout en collaborant à l'Armana, et en étudiant le passé provençal Mistral incarnait le rêve de sa jeunesse dans une création où se reflétaient peu à peu les mille aspects de nature et de moeurs de son pays natal, transfigurés par la divine exaltation de son coeur.
C'était Mirèio en 1859, poème en 12 chants, vaste idylle épique où la Provenceput saluer son poète, et la France découvrir, dans le génie d'un inconnu, des trésors ignorés de son propre génie. Pour les félibres eux-mêmes, ce fut une révélation.
Adolphe Dumas et Reboul se firent les parrains de Mireille, qui, présentée par eux à Lamartine, éveilla l'émotion solennelle chez le vieil Orphée endormi. Tout le mondes sait quel baptême de gloire fut pour Mistral l'"Entretien littéraire que lui consacra Lamartine :

"Un grand poète épique est né! ... Un vrai poète homérique dans ce temps-ci; un poète né, comme les hommes de Deucalion, d'un caillou de la Crau; un poète primitif dans notre âge de décadence; un poète grec à Avignon ; un poète qui crée une langue d'un idiome, comme Pétrarque a créé l'italien : un poète qui, d'un patois vulgaire, fait un langage classique d'images et d'harmonie, ravissant l'imagination et l'oreille."
Et à ces litanies géniales succédait un. enthousiaste résumé de Mireille, confirmé par ces conclusions :
" Oui, ton poème épique est un chef-d'oeuvre, que dirais-je plus? il n'est pas de l'Occident, il est de l'Orient; on dirait que, pendant la nuit, une île de l'Archipel, une flottante Délos, s'est détachée de son groupe d'îles grecques ou ioniennes et qu'elle est venue sans bruit s'annexer au continent de la Provence embaumée, apportant avec elle un de ces chanteurs divins de la famille des Mélésigènes".
Tout a été dit sur l'art concis, sobre, attique, simple et savant, éloquent et objectif de l'incomparable poème rustique. Mais il est un côté de cette couvre, genuine entre toutes, que la généralité des critiques, étrangers à la Provence pour la plupart, n'a su ni pu comprendre. C'est la poésie propre au au pays provençal, ce que les troubadours nommaient amor.
Telle chose qui paraît grossière ou vulgaire au lecteur parisien fait tressaillir un Provençal. La vue des collines bibliques du pays arlésien, "cette aridité aromatique qui enivre les ermites et suscite les mirages ", comme a dit Mistral, peut offusquer un franchimand : elle exalte un coeur méridional... Ce qu'on aura, du moins, reconnu sans conteste à Mistral et à ses meilleurs disciples, c'est l'originalité : ils évitent les banalités générales; ce qu'ils ont chanté n'était pas encore dans l'horizon.

Mireille

L'unanimité des suffrages accordés à Mireille sanctionnait la renaissance provençale, donnait à Mistral lui-même la foi résolue en sa mission.
Jusque-là, il avait pu dire, comme dans l'invocation du poème, "qu'il ne chantait que pour les pâtres et les gens des mas" . - "Qu'en dira-t-on en Arles ?" pensait-il anxieux en composant Mireille.
Mais l'aspect de l'oeuvre achevée élargit l'ambition qu'il avait formée pour sa langue. Les notes de Mireille en témoignent.
Déjà la conscience du rôle, qu'il pouvait apporter à l'oeuvre de Fontségugne lui était apparue.
L'école de Roumanille, dont Mireille le sacrait chef et prophète, faisait chaque jour plus d'adeptes.
La langue était fixée, créée la "langue des félibres", et, grâce à l'Armana, peu à peu adoptée par le peuple, ce vulgaire illustre dont, nouveau Dante, il avait doté son pays en épurant et enrichissant son dialecte natal, était immortel ayant suscité un chef-d'oeuvre.
Il restait à imprimer au mouvement une direction "nationale".
C'est en exaltant le sentiment régional et en y entraînant les félibres, c'est en prouvant à son pays l'existence d'une culture méridionale à travers les siècles, c'est en mettant en lumière les droits imprescriptibles de son peuple, qu'il est parvenu à faire d'une renaissance littéraire une "Cause" sociale.
Avec l'Ode aux Catalans en 1859 et le Chant de la Coupe Mistral scella le rapprochement des Provençaux et des Catalans, leurs frères de langue; son sirvente fameux, et resté longtemps suspect, de la Comtesse, allégorie véhémente à la Centralisation; ses discours aux jeux floraux d'Apt en 1862, première sortie officielle des félibres, où fut rédigé le premier statut de l'association, de Barcelone en 1868, alors qu'il accourait avec Roumieux, Paul Meyer et Bonaparte Wyse à l'appel de la Catalogne ressuscitée, enfin de Saint-Remy, la même année, devant les Catalans chaudement accueillis à leur tour et la presse parisienne convoquée pour la première fois.

Ainsi, du félibrige populaire de Roumanille, - engendré par ses pamphlets politiques, ses Noëls et ses Contes, - Mistral faisait peu à peu un félibrige national. Ceci était apparu clairement dans son second ouvrage, Calendau, poème en douze chants 1867, qui, pour les Provençaux, balançait désormais la gloire de Mireille.
Mais combien différents, les deux poèmes!
Mireille, c'était la Provence de la Crau, de la Camargue et du Rhône; Calendal, la Provence de la montagne et de la mer.
Mireille c'était le miel vierge, Calendal la moelle du lion. Célébrant les hauts faits d'un jeune pêcheur de Cassis pour la délivrance et l'amour d'Esterelle, dernière princesse des Baux, mariée à l'infâme aventurier Severan, Mistral avait tenté de peindre tout le paysage, trop vaste, cette fois, de son Iliade agreste, en accumulant les évocations nostalgiques et passionnées du passé provençal.
Ce souci oratoire et encyclopédique, écueil des plus grands poètes, avec la longueur d'un récit qui en rendait peut-être inharmonique l'ordonnance, restreignirent le succès de Calendal dans le public, malgré l'incomparable maîtrise de l'exécution.

Peu à peu, grâce à l'impulsion souveraine de Mistral, le félibrige passait le Rhône.
Après avoir suscité de chauds prosélytes comme Louis Roumieux et Albert Arnavielle, à Nîmes et à Alès, il provoquait à Montpellier, par les soins du baron de Tourtoulon et de son groupe, la création d'une Société pour l'élude des langues romanes, dont les travaux devaient justifier scientifiquement ce relèvement de la langue d'oc (occitan).
Fort de l'appui des savants et des lettrés officiels, jusque-là réfractaires, le mouvement félibréen, déjà catalan-provençal, ne tardait pas à devenir latin. La fête mémorable du centenaire de Pétrarque à Avignon en 1874, due à l'initiative de Berlue-Pérussis et effectivement présidée par Aubanel, fut la première consécration internationale de la nouvelle littérature, et de la gloire de Mistral.
Un grand concours philologique de la Société romane en 1875, puis les Fêtes Latines de Montpellier en 1878, où la jeune femme du poète fut proclamée reine du félibrige, affirmèrent définitivement l'importance d'une renaissance poétique, familiale à ses débuts, que le père de Calendal et de Mireille avait élargie aux proportions d'un mouvement social.

Trois ans auparavant, la royauté intellectuelle de Mistral s'était imposée à tout le midi de la France par la publication du recueil de ses poésies, Lis Iselo d'or (les Îles d'or, 1875), où éclatait le génie du maître dans sa sérénité, sa variété puissante et son autorité de représentant d'un peuple.
Peu après, le félibrige s'organisait en Avignon, 1876, et le poète proclamé grand maître : capoulié de la fédération littéraire des provinces méridionales, devenait, aux yeux des initiés, le chef incontesté d'une croisade de l'Occitanie pour la reconquête de sa dignité historique.

L'espèce de pontificat dont il était désormais investi n'arrêtait pas l'essor de sa production. Un nouveau poème, de forme plus légère, dans le style des épopées chevaleresques de la Renaissance, Nerto, chronique d'histoire provençale du temps des papes d'Avignon, ramenait soudain sur Mistral l'attention de la critique, pour la séduction et l'infinie souplesse de son génie. Après s'être vu comparer à Homère, à Théocrite et à Longus, il évoquait maintenant le charme fuyant d'Arioste.

Un voyage qu'il faisait à Paris en 1884, après vingt ans d'absence, mettait le sceau à sa notoriété française et à sa gloire provençale. Il apparut environné d'une armée d'adeptes. Paris, qui ne connaissait que le poète, salua une littérature dans la personne de son chef.
L'Académie française couronna Nerte comme jadis Mireille. Mistral n'hésita pas à célébrer devant la capitale le quatrième centenaire de la réunion de la Provence à la France : "Comme un principal à un autre principal", selon les termes du contrat historique.
Et il rentra dans sa Provence, consacré chef d'un peuple.

Renaissance provençale

La Renaissance provençale s'étendait chaque jour.
Mistral lui donnait enfin l'instrument scientifique et populaire qui lui manquait pour sa défense, le dictionnaire de son langage national. C'était l'oeuvre bénédictine de sa vie, le Trésor du félibrige. Les divers dialectes d'oc sont représentés dans ce prodigieux inventaire d'un idiome illustre, riche, harmonieux, bien vivant, sauvé et restitué dans son honneur ethnique par d'intransigeants défenseurs, au moment où tout conspirait pour hâter sa décrépitude. Toutes les acceptions, accompagnées d'exemples tirés de tous les écrivains d'oc, tous les termes spéciaux, tous les proverbes sont patiemment recueillis dans ce répertoire encyclopédique qu'on ne remplacera pas. L'Institut lui attribua un prix de 10.000 F.

En 1890, Mistral publia une oeuvre dramatique longtemps caressée, la Rèino Jano, "tragédie provençale".
Malgré son éloquence picturale et la rare beauté de quelques chansons qui reposent le lecteur de l'alexandrin monotone, cette « suite » lumineuse d'évocations de la Provence angevine du XIVe siècle n'obtint auprès du public que le demi-succès de Calendal.
Les franchimands n'ont pas comme les félibres la religion de la reine Jeanne.
Si cette tragédie, essentiellement nationale pour les Provençaux, fut jugée à Paris médiocrement dramatique, il en faut attribuer le reproche à ce qu'on n'a pas tenu compte à l'auteur de la popularité familière qu'il accorde à la légende de son héroïne parmi son public naturel.

En attendant, de voir représenter sa Reine Jeanne sur le théâtre d'Orange restauré par les félibres, Mistral poursuivait sa tâche de poète d'action. La cause s'étendait, appelant des organes plus vivants que le livre ou l'almanach.
Après avoir contribué pendant quarante ans au succès de l'Armana prouvençau et présidé à la fondation de la Revue félibréenne en 1885, il se fit rédacteur principal d'un journal provençal d'Avignon, l'Aioli, créé en 1890, devenu par ses soins le moniteur trimensuel du félibrige.

Tout en gardant ainsi la direction effective du mouvement méridional, - officiellement présidé par Roumanille de 1888 à 1891 et depuis sa mort par Félix Gras, - Mistral publiait çà et là quelque chapitre de ses futurs Mémoires, quelque exhortation à son peuple, discours, poésie ou chronique.
Enfin il donnait le jour à un nouveau poème, sept ans porté comme les précédents, le Poème du Rhône, 1897.
C'est à la fois le plus raffiné et le plus ingénument épique de ses livres.
Capital dans son oeuvre, tant pour la profondeur et l'étendue de la pensée que pour l'originalité de la versification, il apparaît aussi comme le plus symbolique de son génie.
C'est avec les traditions d'un pays qu'il a tramé la soie chatoyante, vivante, éternelle du Rhône, ce poème du cours d'un fleuve. Ces traditions, il a exalté son peuple à en restaurer l'honneur par l'exemple radieux, le labeur fécondant de sa vie.
Et son génie même de poète, clair, lumineux, limpide, avec ses regrets du passé, telle l'inconsciente nostalgie des Alpes qui, par un lointain atavisme, hante sa sérénité, ce génie, autant que provençal, n'est-il pas rhodanien?

On en connaîtra mieux les racines profondes par les Mémoires qui paraîtrront en 1906 sous le titre de Moun espelido, Memòri e Raconte. Dans un exposé de sa vie harmonieuse, il dira tous ses souvenirs d'écrivain célèbre et de campagnard provençal. Des portraits de grands hommes et de grands paysans se dresseront dans son récit. D'autres ouvrages paraîtront encore; Discours e dicho en 1906, Lis óulivado en 1912.


Fin de vie

Entre-temps, Mistral aura été couronné du prix Nobel de Littérature en1904. Il consacrera le montant de ce prix à la création du Museon Arlaten à Arles.
Frédéric Mistral y habita jusqu'en 1875, année ou il put aménager dans la maison qu'il avait faite construire à Maillane, juste devant la Maison du Lézard.
Un an plus tard, le 27 septembre 1876, il épousait à Dijon, Marie Louise Aimée Rivière.
Ce fut ici qu'ils vécurent.

Frédéric Mistral y meurt le 25 Mars 1914.

La maison devint, après la mort du poète le 25 mars 1914 et celle de sa veuve, le 6 février 1943, le Museon Frederi Mistral.

Dans son testament du 7 septembre 1907, Mistral avait légué à sa commune de Maillane, sa maison avec les terrains, jardin, grille, murs, remise et constructions qui l'entourent ou en dépendent... avec les objets d'art, les tableaux, les gravures, les livres et la bibliothèque qu'elle contient, afin qu'on en fasse le musée et la bibliothèque de Maillane, et aussi les meubles qui sont dans la maison à condition qu'ils n'en soient pas enlevés ». Il spécifiait en outre que la commune n'entrerait en possession qu'après la mort de son épouse.
Le Museon est classé monument historique depuis le 10 novembre 1930, son mobilier depuis le 10 février 1931, ce qui à permis à cette demeure de conserver l'aspect qu'elle avait du vivant de Frédéric Mistral5.

L'Action aura été son plus beau poème. C'est pour faire triompher cet idéal, le relèvement de sa Provence, qu'il a été tour à tour poète, orateur, philologue, mais surtout Provençal.
La vita nuova que son action latente infuse au corps apostolique du Félibrige, n'a pas seulement régénéré sa Provence, en l'érigeant à la hauteur d'un idéal social. Elle a provoqué une exaltation du sentiment provincialiste, devenue tendance générale en France, qu'on l'appelle fédéralisme ou simplement décentralisation. On sait les idées de Mistral sur ce régionalisme qui permettrait aux énergies locales de s'épanouir librement.
On ne devait y parvenir, selon lui, que par une Constituante, les élus du système actuel étant trop intéressés à ménager les répartitions départementales pour toucher au morcellement de l'abbé Sieyès.

Mais il a toujours refusé de devenir le chef effectif d'un mouvement politique.
"Qui tient sa langue tient la clef qui de ses chaînes le délivre ",
a-t-il dit, entendant bien que dans une langue vit l'âme même d'un peuple. Et, se réservant la direction du mouvement linguistique, il a voulu rester poète. C'est la pureté de sa gloire qui en aura fait la puissance.
Il n'est pas jusqu'à sa personne qui n'ait su conquérir les foules, alors que son oeuvre charmait les lettrés et le peuple.
Car il eut toujours le sens profond de la vitalité de sa langue, la foi dans un renouveau de sa gloire.
Tout différent en ceci de Jasmin qui se proclamait le dernier poète de la langue d'oc. Si Mistral n'est pas l'unique ouvrier de la renaissance provençale, du moins doit-elle à son oeuvre d'avoir pu prendre essor et de vivre.

Félibre mainteneur depuis 2006, Gérard Baudin fonde dès 1979 le Conservatoire documentaire et culturel Frédéric Mistral. Auteur de nombreux ouvrages d'histoire locale et régionale, il est également le créateur de la revue Échos de Provence. La curiosité de l'auteur et sa soif de rassembler une collection complète sur le père du Félibrige permettent de présenter ici la première biographie illustrée de Frédéric Mistral.

Son oeuvre

Par son œuvre, Mistral réhabilite la langue d'oc en la portant aux plus hauts sommets de la poésie épique : la qualité de cette œuvre sera consacrée par les plus hauts prix.
Il se lance dans un travail de bénédictin pour réaliser un dictionnaire et, à l'instar des troubadours, écrire des chants, et des romans en vers, à l'imitation d'Homère, comme il le proclame dans les quatre premiers vers de Mirèio, se définissant comme un humble élève du grand Homère:
"Cante uno chato de Prouvènço,
Dins lis amour de sa jouvènço,
A través de la Crau, vers la mar, dins li blad,
Umble escoulan dóu grand Oumèro, iéu la vole segui."

"Je chante une jeune fille de Provence,
Dans les amours de sa jeunesse,
À travers la Crau, vers la mer, dans les blés,
Humble élève du grand Homère."

Lexicographie : Lou Tresor dóu Felibrige


Frédéric Mistral et le Félibrige

Mistral est l'auteur du Tresor dóu Felibrige , qui reste à ce jour le dictionnaire le plus riche de la langue d'oc, et l'un des plus fiables pour la précision des sens. C'est un dictionnaire bilingue provençal-français, en deux grands volumes, englobant l'ensemble des dialectes d'oc.

Mireille et le prix Nobel de 1904
" Mirèio".
Son œuvre capitale est Mirèio Mireille, publiée en 1859 après huit ans d'effort créateur.
Mirèio, long poème en provençal, en vers et en douze chants, raconte les amours contrariées de Vincent et Mireille, deux jeunes provençaux de conditions sociales différentes. Le nom Mireille, Mirèio en provençal, est un doublet du mot "meraviho" qui signifie "merveille ".
Mistral trouve ici l'occasion de proposer sa langue mais aussi de faire partager la culture d'une région en parlant entre autres des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui d'après la légende auraient chassé la Tarasque, et de la fameuse Vénus d'Arles.
Mistral fait précéder son poème par un court Avis sur la prononciation provençale.
Mireille, jeune fille à marier d'un propriétaire terrien provençal tombe amoureuse de Vincent, un pauvre vannier qui répond à ses sentiments.
Après avoir repoussé trois riches prétendants, Mireille, désespérée par le refus de ses parents de la laisser épouser Vincent, court aux Saintes-Maries-de-la-Mer afin de prier les patronnes de la Provence de fléchir ceux-ci.
Mais ayant oublié de se munir d'un chapeau, elle est victime d'une insolation en arrivant au but de son voyage et meurt dans les bras de Vincent sous le regard de ses parents.
Mistral dédie son livre à Alphonse de Lamartine en ces termes :

Vincent et Mireille, par Victor Leydet

Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature à la une du magazine Le Petit Journal en 1904 :

"À Lamartine
Je te consacre Mireille : c'est mon cœur et mon âme ;
C'est la fleur de mes années ;
C'est un raisin de Crau qu'avec toutes ses feuilles
T'offre un paysan ".

Et Lamartine de s'enthousiasmer : "Je vais vous raconter, aujourd'hui, une bonne nouvelle ! Un grand poète épique est né. …Un vrai poète homérique, en ce temps-ci ; ... Oui, ton poème épique est un chef d'œuvre ; … le parfum de ton livre ne s'évaporera pas en mille ans."

Mirèio a été traduite en une quinzaine de langues européennes, dont le français par Mistral lui-même.
En 1863, Charles Gounod en fait un opéra.
Le prix Nobel de littérature attribué à Frédéric Mistral, en 1904, pour Mirèio récompensait une œuvre en langue d’oc, langue minoritaire en Europe et constitue de ce fait une exception.
Déjà, en 1901, lors de la première session du prix Nobel de littérature, il faisait figure de favori fort du soutien des intellectuels romanistes de l'Europe du Nord dont l'Allemagne.
Pourtant, en dépit des rumeurs qui couraient, le comité suédois décerna le premier Nobel à Sully Prudhomme, candidat officiel de l'Académie française10.
Élu en 1904, le prix faillit pourtant lui échapper à cause d'une mauvaise traduction suédoise de son œuvre.
Il dut cependant partager sa distinction avec José Echegaray.
Son prix Nobel qui récompensait une langue minoritaire, resta unique jusqu'en 1978, où Mistral fut rejoint par Isaac Bashevis Singer pour son œuvre écrite en Yiddish. L’Académie suédoise accompagna l'attribution du Nobel à Mistral en ces termes :
"en considération de sa poésie si originale, si géniale et si artistique, ..., ainsi qu’en raison des travaux importants dans le domaine de la philologie provençale".
La légitimité poétique de la langue provençale était reconnue à l’échelle internationale puisque le prix Nobel signalait sa valeur universelle et la sortait de l’a priori régionaliste.

Principales œuvres

Mirèio (1859) - en ligne graphie mistralienne, graphie classique - version française
Calendau (1867) - en ligne
Coupo Santo (1867)
Lis Isclo d’or (1875) - en ligne : partie I, partie II
Lou Tresor dóu felibrige ou Dictionnaire de provençal-français, (1879) - [1]
Nerto, nouvelle (1884) - en ligne
La Rèino Jano, drame (1890) - en ligne
Lou Pouèmo dóu Rose (1897) - en ligne
Moun espelido, Memòri e Raconte (Mes mémoires) (1906) - en ligne
Discours e dicho (1906) - en ligne
La Genèsi, traducho en prouvençau (1910) - en ligne
Lis óulivado (1912) - en ligne
Proso d’Armana (posthume) (1926, 1927, 1930) - en ligne

Postérité

Sa célébrité doit beaucoup à Lamartine qui chante ses louanges dans le quarantième entretien de son Cours familier de littérature, à la suite de la parution du long poème Mirèio.
Alphonse Daudet, avec qui il était lié d'amitié, lui consacre, d'une manière fort élogieuse, l'une de ses Lettres de mon moulin, Le Poète Mistral11.
Plusieurs établissements scolaires portent son nom comme le Lycée Mistral d'Avignon. De nombreuses voies portent aussi son nom, à Nice, Aix-en-Provence, Saint-Gence, Noiseau, Figeac etc.

Musée Frédéric-Mistral


Musée Frédéric-Mistral sa maison de Maillane ou il vécut de 1876 à sa mort en 1914.
(Ouvert tous les jours sauf les lundis et jours fériés

Philatélie

En 1941, la poste émet un timbre postal de 1 franc, brun carminé.
En 1980, la poste émet un deuxième timbre postal grand format de 1,40 franc surtaxé 30 centimes, noir qui fait partie de la série Personnages célèbres

Numismatique

L'écrivain est l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions » afin de représenter la Provence-Alpes-Côte d'Azur, la région où il a vécu.
- diverses Voies, collèges, bibliothèques ... portent le nom de Frédéric Mistral
Sites, lieux et établissements portant le nom de Frédéric Mistral

Citations

-Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut.
-Les cinq doigts de la main ne sont pas tous égaux.
-Quand le Bon Dieu en vient à douter du monde il se rappelle qu'il a créé la Provence.
-Chaque année, le rossignol revêt des plumes neuves, mais il garde sa chanson.
-Le soleil semble se coucher dans un verre de Tavel aux tons rubis irisés de topaze. Mais c'est pour mieux se lever dans les cœurs.
-La Provence chante, le Languedoc combat
-Qui a vu Paris et pas Cassis, n'a rien vu. (Qu'a vist Paris e noun Cassis a ren vist.)


Liens

http://youtu.be/l29GMGkiBio Hommage à F. Mistral à Maillane

http://youtu.be/VxgFVm2e-LA Frédéric Mistral

http://youtu.be/rxnAIv9v9OA Vincent et Mireille spectacle

http://youtu.be/EBM7Ubulg28 Mireille Marcel Amont

http://youtu.be/E_3sJ4r9nM4 Le chapeau de Mireille


Posté le : 07/09/2013 20:40
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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