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Re: Chef d'oeuvre ? Pas chef d'oeuvre ?
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Citation :
J’ai trouvé ce roman très russe au fond ; je ne suis pas du tout spécialisé en littérature russe, mais il m’a semblé que Gary partageait avec Gogol un goût similaire pour la farce tragique, car il y a dans Education européenne quelques moments de pur comique, malgré la gravité du sujet.

Cette observation est parfaitement juste, bien sûr Gary étant Russe de naissance et de culture, il n'est pas surprenant que l' on retrouve "cette âme russe" dans son écriture et dans son analyse des sociétés qu'il du traverser depuis une petite enfance secouée et incertaine, puis ensuite dans sa vie d'adulte alors qu'il traversa l'Europe parfois avec une approche d'apatride, d'où probablement son goût pour les doubles personnalités. Il vécut l'inconfort et l'insécurité et tout naturellement il a transcrit cette perception par une écriture aux accents, comme tu le soulignes, "Gogoliens".
On trouve dans son oeuvre l'immensité, la violence et la passion de cette Russie perdue pour lui, mais qu'il porte en lui, liant somptuosité et misère, intériorité et violence, soumission et révolte.
C'est à mes yeux dans sa démesure qui le transcende et le distingue qu'il est absolument remarquable.
C'est ce petit plus qui me fait préférer son écriture à celle de Camus. mais ce n'est que mon avis perso.
Sur l'âme russe" à lire Dominique Fernandez
Merci m'sieur
Gary :
http://www.loree-des-reves.com/module ... .php?topic_id=699&forum=3
Fernandez :
http://www.loree-des-reves.com/module ... php?topic_id=1314&forum=3

Posté le : 08/11/2013 13:59
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Re: Chef d'oeuvre ? Pas chef d'oeuvre ?
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Education européenne – Romain Gary



Il y a un Romain Gary « d’avant » Emile Ajar, et c’est peut-être le meilleur. Peut-être en effet faudrait-il oublier un peu le Gary mystificateur littéraire, et le cirque, plus journalistique que médiatique (c’était dans les années soixante-dix) qu’il a provoqué avec « l’affaire » Ajar.

Il faudrait revenir aux sources. Gary était né en 1914, un 8 mai, soit six mois et un jour exactement après Camus (7 novembre 1913) dont il se célèbre le centenaire aujourd’hui même. Je ne chercherai pas à établir de parallèles hasardeux entre les deux, ne sachant pas même s’ils se sont connus, appréciés, admirés ou détestés.

En revanche, ce qui les rapproche est d’avoir atteint l’âge adulte peu de temps avant la Seconde Guerre mondiale, et d’avoir vu (de près ou de loin selon les circonstances) à peu près tout ce qui s’est passé en Europe entre 1940 et 1945.

Ce que Camus a fait de cette expérience n’est pas le sujet ici, mais Gary, lui, a écrit Education européenne, son premier roman, paru en 1945.

J’ai trouvé ce roman très russe au fond ; je ne suis pas du tout spécialisé en littérature russe, mais il m’a semblé que Gary partageait avec Gogol un goût similaire pour la farce tragique, car il y a dans Education européenne quelques moments de pur comique, malgré la gravité du sujet.

La gravité du sujet, Gary la dévoile sans fioriture quand il dépeint le désarroi d’un de ses personnages qui ne peut se faire à l’idée que l’Europe des universités et des cathédrales soit devenue l’Europe des champs de bataille et de la Shoah.

Education européenne est un texte superbe, certainement l’un des rares de Gary que la critique ne trouvera pas « mal écrit », à mon sens une leçon de lucidité dont la force et la valeur resteront intemporelles. Exemples :

- Qu'est-ce que c'est, le fascisme ?
- Je ne sais pas exactement. C'est une façon de haïr.

- Tu aimes les Russes, toi ?
- J'aime tous les peuples, dit Dobranski, mais je n'aime aucune nation. Je suis patriote, je ne suis pas nationaliste.
- Quelle est la différence ?
- Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres.


Cela tient en peu de mots, et il est bon de savoir que cela a été écrit, et que cela peut se transmettre encore. On peut rapprocher ces mots de ceux-ci : "Les racistes sont des gens qui se trompent de colère" (Léopold Sédar Senghor), on pourrait ajouter que ce sont des gens qui n’ont aucune estime pour eux-mêmes. La haine de soi peut mener très loin…



Liens :

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ducation_europ%C3%A9enne
http://fr.wikipedia.org/wiki/Romain_Gary
http://www.lemonde.fr/livres/article/ ... ysteres_1447760_3260.html

Le Goncourt « mal écrit » de Gary (1956) :

http://www.ina.fr/video/I05052876/rom ... acines-du-ciel-video.html

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Posté le : 07/11/2013 15:59
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Lucie Delarue-Mardrus
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Le 3 novembre 1874 naît à Honfleur, Lucie Delarue-mardrus, poétesse, romancière,

sculptrice et dessinatrice, journaliste et historienne française.

Elle meurt, à 70 ans, le 26 avril 1945 à Château-Gontier,


Je porte au fond de moi l'estuaire complexe,
Son eau douce mêlée à tant de sel amer.
L'Estuaire in Souffles de tempête (1918)

Onze recueils de poésie une anthologie et un recueil anonyme posthumes, au moins quarante sept récits de fiction romans et nouvelles, de très nombreux articles critique littéraire, artistique, bien-être, sociologie..., trois essais, cinq biographies, quatre récits de voyage, une autobiographie, deux pièces de théâtre publiées, de très nombreux manuscrits poésies et théâtre, scénarii, des dessins et des tableaux étonnants, des sculptures très variées, des partitions paroles et/ou musique, voici une oeuvre prolifique. Lucie Delarue-Mardrus fut une artiste complète aux dons multiples, d'une curiosité insatiable et d'une capacité de travail impressionnante.
Bien sûr, cette oeuvre est inégale, elle écrivit souvent pour manger et ne put se consacrer autant qu'elle le voulut à son genre préféré, la poésie. Il y eut des romans alimentaires, des articles où l'on tire à la ligne; mais cette créatrice polymorphe fascine encore aujourd'hui...

Dans cette longue vie foisonnante de 1874 à 1945, il est possible de distinguer quatre grandes périodes:

L'enfance jusqu'au mariage en 1900 (1874-1900)
L'apogée littéraire jusqu'à la guerre (1900-1914)
Les épreuves et la maturité des années folles (1914-1935)
Le retrait et le déclin des dernières années (1935-1945)

L'enfance et les années de formation sont cruciales. De la naissance à Honfleur le 3 novembre 1874 à son mariage original avec le célèbre Jean-Charles Mardrus 1868-1949, en 1900, vingt-six ans transforment la jeune Lucie Delarue baptisée "Simplicie Gros sot" par ses cinq soeurs en "Princesse Amande" .
Elle découvre très tôt son goût pour la poésie, Paris, le théâtre et les femmes. Malgré l'avis décourageant de François Coppée, elle s'acharne à écrire de la poésie, lit énormément, commence à être reconnue; et c'est grâce à ses poèmes qu'elle rencontre son futur mari, l'illustre traducteur des Mille et une nuits.

Ses parents ayant refusé la main de celle qu’on surnomme " Princesse Amande" au capitaine Philippe Pétain, elle épouse l’orientaliste Joseph-Charles Mardrus.
Comme elle était intimement liée à Natalie Barney, Romaine Brooks et Germaine de Castro, son mari dont elle divorcera vers 1915, qui désirait garder intacte la beauté de sa Princesse Amande, propose à Natalie Barney de lui faire un enfant à sa place.
C'est à cette époque qu'elle emménage au 17 bis quai Voltaire à Paris, où elle vivra de 1915 à 1936.

Ce mariage, le 5 juin 1900, ouvre quatorze années de célébrité, de création et de voyages.
Lucie publie des recueils essentiels, Occident, Ferveur, Horizons, La Figure de proue et Par vents et Marées.
Elle est très connue à Paris, se commet dans les soirées mondaines et voyage énormément. Elle connaît le succès.
Elle découvre, grâce à son époux, l'Afrique du Nord; Tunisie, Algérie, Maroc, Kroumirie, Egypte, Syrie..., l'Asie mineure Turquie, et l'Italie. Elle publie des reportages photographiques et, plus tard, des récits de voyage.
Le monde littéraire parisien la fête et réclame des contes et des articles.
Elle écrit une pièce de théâtre Sapho désespérée qu'elle joue, puis des romans à partir de 1908, Marie fille-mère. Elle fait de nombreuses rencontres, André Gide, Renée Vivien, Evelina Palmer et vit une brève passion avec Natalie Barney. Mardrus lui offre le Pavillon de la Reine à Honfleur.
Leur vie s'organise entre la Normandie, Paris et leurs voyages. Elle pose pour des photographes, des sculpteurs, des peintres, devient membre du jury Femina et fait des conférences.
Une série d'épreuves douloureuses brise cette période exaltante. Le couple légendaire selon Natalie Barney s'étiole.
Mardrus en a assez d'être dans l'ombre de son épouse, peut-être aussi de ses liaisons, et il a rencontré Cobrette, sa future femme, en 1914.
Il s'éloigne de Lucie.
Lucie a déjà perdu son père en 1910, mais le décès de sa mère en 1917 va l'abattre, en pleine guerre.
Elle est alors infirmière depuis la déclaration de guerre à Honfleur à l'hôpital 13.
Elle et Mardrus se sont séparés en 1915.
Elle doit vivre de sa plume. Elle a perdu son chien Roll; le terrain du Pavillon s'est éboulé.
Une période de crise et d'inquiétude caractérise ses années. Valentine Ovize dite Chattie l'aide à surmonter ses difficultés. Lucie l'emmène partout avec elle, au gré de ses conférences, 1917 et 1920.
Désormais obsédée par la mort, Lucie écrit pourtant l'un de ses meilleurs romans L'Ex-voto, fait une tournée de conférences internationale, Scandinavie, Portugal puis Belgique, voyage, Grande Bretagne, Hollande et diversifie ses talents: elle confectionne des poupées, sculpte et s'intéresse de près à Sainte Thérèse de Lisieux.
Elle continue ses pérégrinations, Alger, Tunis, Europe centrale, Suisse, publie des romans et des essais biographiques.
Elle réalise ses sculptures sur bougie, s'en va aux Etats-Unis et, à son retour, rencontre Germaine de Castro.
Toujours en partance, Belgique, Brésil, elle a la douleur de perdre sa soeur Georgina, et se sépare de Chattie, trop jalouse de Germaine de Castro.
Sa famille aussi désapprouve cette nouvelle liaison.
Nous sommes en 1935, Lucie a 61 ans, elle se consacre corps et âme à la carrière de Maine, l'accompagne au piano lors de ses récitals, lui écrit des chansons, et se sent exploitée.
Les difficultés financières s'aggravent, elle commence à souffrir de rhumatismes et le Pavillon s'effondre.
L'obtention jugée scandaleuse du Prix Renée Vivien ne suffit pas à régler ses dettes. Elle s'installe en 1937 à Château-Gontier en Mayenne.
L'écriture et la parution en 1936 de Mes Mémoires a marqué un tournant dans sa vie.
Elle est presque dans la misère, isolée et malade. Le jeune Faouaz, fils adoptif de Myriam Harry, vient la voir de temps en temps à Château-Gontier. Mais c'est à nouveau la guerre.
Elle doit vendre sa maison. Sa soeur Charlotte meurt. Elle liquide tous ses meubles et va habiter à l'étage chez Germaine et son mari, elle s'est mariée car elle est juive. Germaine doit porter l'étoile jaune et fuir la gestapo.
Seule, Lucie fabrique des poupées, malgré ses rhumatismes, et profite des visites de Faouaz.


Elle maigrit beaucoup et prend froid. Elle meurt le 26 avril 1945 à minuit. Elle a 70 ans. Mardrus meurt en 1949.

En plus de ses ouvrages, il nous reste de nombreux portraits et sculptures de Lucie Delarue-Mardrus : quatre portraits par elle-même, celui de Robert Besnard, d'Aman-Jean 1912, d'Hubert de la Rochefoucauld (détail d'un grand tableau au Musée de Rouen); de Baury-Saurel détail de Les Eclaireuses 1921 et d'André Sinet 1922.
R. Schwartz a fait une statue en pied en 1914, Yvonne Serrüys aussi, et Raymond de Broutelles son célèbre buste. Citons également les caricatures de Capiello 1910, de Sacha Guitry et de Rouveyre (dans Carcasses divines en 1914).

Quatre films au moins ont été adaptés de ses romans: Les six petites filles, film italien de Mario Bonnard "L'Istitutrice di sei bambine" avec Paolo Boetschy, Elsa d'Auro Mimi, Fernando Ribacchi,1920). );
Les trois lys et Le château tremblant (Gaumont); L'ex-voto (Germaine Dulac.
A la BIFI 13è,
il existe 3 dossiers d'archives liés à 3 projets de films à partir des romans La petite fille comme ça collection jaune, L'ange et les pervers (fonds Germaine Dulac) et La monnaie de singe (fonds Marc Allégret).
Des documents relatifs à 3 films "Chair ardente" de René Plaisetty 1932, "Le diable au coeur" de Marcel L'herbier 1926 et "Graine au vent" de Maurice Gleize 1943 peuvent être également consultés sur demande motivée avec un délai de 48h.

Lucie Delarue-Mardrus a collaboré à de nombreuses revues.
En attendant la liste chronologique de ses contributions, voici ses principales collaborations: Gil Blas, Le Matin, Le Gaulois, La Vie heureuse, La Revue blanche, Mercure de France, La Plume, La Revue de Paris, La Revue des deux mondes, La Revue, Le censeur, La Revue Hebdomadaire, L'Ermitage, Femina, Comoedia, L'Intransigeant, La Fronde...


FLORILEGE POETIQUE

Avant de créer dans ce site un onglet florilège ou meilleures pages, voici quelques extraits d'un choix tout à fait subjectif:

1901, Occident : Vision ,

Visages où reluit l’œil assommé de noir
Dans le blême du fard piqué de fausses mouches
Et que barre le rouge exaspéré des bouches,
Elles traînent à deux dans l’ombre d’un trottoir.

Elles vont avec un canaille nonchaloir
Et le parler trop près des intimités louches ;
Et des plumes de coq, silhouettes farouches,
Sur leurs chapeaux baissés tremblent au vent du soir.

Et, cependant qu’au loin ces figures de vice
Bras dessus, bras dessous, font l’agent de service
Cligner un regard dur sous un sourcil matois,

Une procession d’étoiles, aux cieux vastes
S’égrène par delà l’océan fou des toits
Pour les rêves émus et les prunelles chastes…

1902, Ferveur : Recueillement ,

Le soir a provoqué les voix dominatrices
Des rossignols puissants comme des cantatrices.

Sorti du plus profond des parcs arborescents,
Le Printemps est déjà dans l’air comme un encens.

Fermons les yeux ; goûtons les heures tout entières,
Dans le recueillement des pesantes paupières.

L’ivresse des couchants tranquilles est en nous,
Qui fait battre nos cœurs et trembler nos genoux.

− On n’aura jamais dit tout ce qu’on voulait dire
En face des moments où la journée expire,

Et l’on pleure d’angoisse à sentir vivre en soi
L’ineffable bonheur de ce muet émoi…

1904, Horizons : Résistance

Que tristement, au vol du mauvais temps qui pleure,
Octobre laisse aller quelques feuilles trop mûres !
Et comme parfois la vie avec ses mains dures
Appuie au plus meurtri de notre pauvre cœur !

Pourquoi toujours recommencer l’automne ?
Pourquoi toujours recommencer la vie ?
Quoique nos heures soient sans drame et monotones,
Oh ! combien certains soirs nous nous sentons trahis !

Mais courage ! La fin de tout est loin encore
Et nous voici debout dans notre tendresse ivre :
Aimer ! Vivre !... Aimer ! Vivre !...
− Il n’est d’irréparable et d’affreux que la mort ».

1908, La figure de proue : Printemps d’Orient


Au printemps de lumière et de choses légères,
L’Orient blond scintille et fond, gâteau de miel.
Seule et lente parmi la nature étrangère,
Je me sens m’effacer comme un spectre au soleil.

Je me rêve au passé, le long des terrains vagues
Des berges et des ponts, par les hivers pelés,
Ou par la ville, ou, les étés, le long des vagues
De chez nous, sous les beaux pommiers des prés salés.

Roulant le souvenir complexe de moi-même
Et d’avoir promené de tout, sauf du mesquin,
Je respire aujourd’hui ce printemps africain
Qui germe à tous les coins où le vent libre sème.

Ceux qui ne m’aiment pas ne me connaissent pas,
Il leur importe peu que je meure ou je vive,
Et je me sens petite au monde, si furtive !...
Mais de mon propre vin je m’enivre tout bas ;

Je m’aime et me connais. Je suis avec mon âge
De force et de clarté, comme avec un amant.
Le vent doux des jardins me flatte le visage :
Je me sens immortelle, indubitablement .

1910, Par vents et marées : Soir d’Honfleur

Honfleur attend de tous ses phares
Les bateaux qui peuvent venir.
Dans le port, barques et gabares1
Craquent sans jamais en finir.

Un peu de tempête est au large,
Un peu d’inquiétude est ici.
Ceux qui sont loin, la mer les charge,
Le vent tord leur hunier2 roussi.

Mais ils rentreront sans naufrages
Vers les phares à l’œil ouvert.
Ce n’est pas de ces grandes rages
Où plus d’une barque se perd.

Laissons se serrer nos poitrines
Un tantinet, nous qui veillons.
Tendons l’oreille aux voix marines
Qui chuchotent par millions.

Il fait bon être sous la lampe,
Quand le flot danse à l’horizon.
On met la paume sur la tempe,
On se sent bien à la maison.

Alors de très vieilles histoires,
Comme de naïfs revenants,
Passent tout au fond des mémoires,
Vaisseaux-fantômes surprenants.

Ah ! que le jeu sombre des lames
Répond bien au cœur doux-amer !
Un peu de risque sur la mer,
Un peu de tourment dans les âmes.

Oui, que notre logis chenu
Frissonne au plus noir de ses aîtres !
Nous aimons que, dans nos fenêtres,
Tout l’infini soit contenu…

Honfleur attend de tous ses phares
Les bateaux qui peuvent venir.
Dans le port, barques et gabares
Craquent sans jamais en finir
.
1 Embarcation plate pour transporter des marchandises.
2 Voile du mat de hune ; voile carrée située au dessus des basses voiles.


Liens

http://youtu.be/uLSm2yTppP4 le printemps
http://youtu.be/EBIpH3y3JeI L'automne
http://youtu.be/-RZtnzQ6LYo L'echiquier
http://youtu.be/PpG3moJyAS8 Sanglot

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Posté le : 02/11/2013 22:11

Edité par Loriane sur 03-11-2013 18:09:23
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Léon Bloy
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Le 3 Novembre 1917 à Bourg-la-reine, meurt Léon Bloy " Le mendiant ingrat" ou "le pélerin

de l'absolu" romancier essayiste français, critique, historien..., Léon Bloy est surtout connu

comme polémiste, avec son roman "Le désespéré"


La violence de ses attaques a souvent masqué l'intérêt d'une œuvre qui apparaît comme celle d'un poète, formé par le romantisme et contemporain des grandes ambitions symbolistes.
À 18 ans, il troque un socialisme fanatique contre un catholicisme flamboyant sous l'influence de Barbey d'Aurevilly, qui lui fait découvrir Joseph de Maistre et le fixe définitivement "comme une chouette pieuse à la porte rayonnante de l'Église de Jésus-Christ" .
Après la guerre de 1870 , il entame une carrière de journaliste et d'écrivain : "Je pouvais devenir un saint, un thaumaturge. Je suis devenu un homme de lettres."

Sa vie

Léon Bloy, né le 11 juillet 1846 à Notre-Dame-de-Sanilhac, près de Périgueux en dordogne, il est connu pour son roman Le Désespéré, largement inspiré de sa relation avec Anne-Marie Roulé.
Il est le deuxième des sept garçons de Jean-Baptiste Bloy, fonctionnaire des Ponts et Chaussées et franc-maçon, et d'Anne-Marie Carreau, une ardente catholique.
Ses études au lycée de Périgueux sont médiocres : retiré de l'établissement en classe de quatrième, il continue sa formation sous la direction de son père, qui l'oriente vers l'architecture.
Bloy commence à rédiger un journal intime, s'essaie à la littérature en composant une tragédie, Lucrèce, et s'éloigne de la religion. En 1864, son père lui trouve un emploi à Paris. Il entre comme commis au bureau de l'architecte principal de la Compagnie ferroviaire d'Orléans. Médiocre employé, Bloy rêve de devenir peintre et s'inscrit à l'École des beaux-arts.
Il écrit ses premiers articles, sans toutefois parvenir à les faire publier, et fréquente les milieux du socialisme révolutionnaire et de l'anticléricalisme.

Timide violent et mystique

Léon Bloy alla très tôt vivre à Paris, mais ne publia son premier ouvrage qu'à près de quarante ans, en 1884.
Il vécut jusque-là d'un modeste emploi de dessinateur, tout en fréquentant le petit groupe d'écrivains qui gravitait autour de Barbey d'Aurevilly.
Il fut aussi, alors, l'ami de Huysmans, de Villiers de l'Isle-Adam, de Verlaine... Converti par Barbey en 1869, initié par l'abbé Tardif de Moidrey aux méthodes exégétiques, dont il tire tout un symbolisme de l'histoire, il prépare lointainement, dès cette époque, certains de ses ouvrages.
Aussi sa carrière littéraire, pour brève qu'elle soit, est-elle marquée par une trentaine de livres importants.

En décembre 1868, il fait la rencontre de Jules Barbey d'Aurevilly, qui habite en face de chez lui, rue Rousselet.
C'est l'occasion pour lui d'une profonde conversion intellectuelle, qui le ramène à la religion catholique, et le rapproche des courants traditionalistes.
C'est Barbey qui le familiarise avec la pensée du philosophe Antoine Blanc de Saint-Bonnet, "une des majestés intellectuelles de ce siècle" , dira Bloy plus tard.
Par la suite, Ernest Hello eut également une très forte influence sur lui ; il semble même que ce soit lui qui l'ait incité à écrire.
En 1870, il est incorporé dans le régiment des "Mobiles de la Dordogne" , il prend part aux opérations de l'Armée de la Loire et se fait remarquer par sa bravoure. Démobilisé, il rentre à Périgueux en avril 1871.
Il retourne à Paris en 1873 où, sur la recommandation de Barbey d'Aurevilly, il entre à L'Univers, le grand quotidien catholique dirigé par Louis Veuillot.
Très vite, en raison de son intransigeance religieuse et de sa violence, il se brouille avec Veuillot, et quitte le journal dès juin 1874.
Il est alors engagé comme copiste à la direction de l'enregistrement, tout en étant le secrétaire bénévole de Barbey d'Aurevilly.
En 1875, il tente sans succès de faire publier son premier texte, la Méduse Astruc, en hommage à son protecteur, puis, sans plus de réussite, la Chevalière de la mort, étude poético-mystique sur Marie-Antoinette.
Il se lie avec Paul Bourget et Jean Richepin, qu'il s'échinera à convertir sans succès, et obtient un emploi stable à la Compagnie des chemins de fer du Nord.

De la passion à l'aventure mystique : Anne-Marie Roulé

Sa vie bascule à nouveau en 1877.
Il perd ses parents, effectue une retraite à la Grande Trappe de Soligny, première d'une série de vaines tentatives de vie monastique, et rencontre Anne-Marie Roulé, prostituée occasionnelle, qu'il recueille, et convertit, en 1878.
Rapidement, la passion que vivent Bloy et la jeune femme se meut en une aventure mystique, accompagnée de visions, de pressentiments apocalyptiques et d'une misère absolue puisque Bloy a démissionné de son poste à la Compagnie des chemins de fer du Nord.
C'est dans ce contexte passablement exalté que Bloy rencontre l'abbé Tardif de Moidrey, qui l'initie à l'exégèse symbolique durant un séjour à La Salette, avant de mourir brusquement.
L'écrivain dira plus tard de ce prêtre qu'il tenait de lui le meilleur de ce qu'il possédait intellectuellement, c'est-à-dire l'idée d'un symbolisme universel, que Bloy allait appliquer à l'histoire, aux évènements contemporains et à sa propre vie.
Dès cette époque, il écrit Le Symbolisme de l'Apparition posthume, 1925.
Bloy sera associé à certaines influences qui s'exprimeront dans les mouvements les plus extrêmes du traditionalisme catholique, fortement imprégnés d'une pseudo-eschatologie étroitement liée aux apparitions suspectes entourant l'affaire de la Salette, influences que l'on retrouvera, entre autres, dans Le Salut par les Juifs, signées par une ambivalence constante entre le Christ et l'Antéchrist.
Début 1882, Anne-Marie commence à donner des signes de folie ; elle est finalement internée en juin à l'hôpital Sainte-Anne de Paris.
Bloy est atteint au plus profond de lui-même :
Je suis entré dans la vie littéraire (…) à la suite d'une catastrophe indicible qui m'avait précipité d'une existence purement contemplative",
écrira-t-il plus tard.

Souvent contraint, dès 1883, et surtout après son mariage en 1890, de collaborer à divers journaux, il y publiait des articles d'une violence extrême qui indisposèrent contre lui.
Ainsi s'organisa cette conspiration du silence qu'il sentait autour de son œuvre et qui n'était pas tout imaginaire.
Ses difficultés financières ont fait naître une sorte de légende, qu'il entretenait volontiers, celle du mendiant ingrat. L'homme était bon, en réalité, mais passionné, hanté par l'absolu, d'une intransigeance farouche ; un timide, sans doute, s'extériorisant par la violence.
Dans ses dernières années, il exerça une influence profonde sur un petit groupe d'amis, parmi lesquels on pourrait citer Jacques et Raïssa Maritain, Georges Rouault, Georges Auric...

De fait, c'est en février 1884 qu'il publie son premier ouvrage, Le Révélateur du Globe. L'ouvrage est consacré à Christophe Colomb, et Barbey d'Aurevilly signe sa préface. Suit, en mai, un recueil d'articles : Propos d'un entrepreneur de démolitions. Aucun des deux livres n'a le moindre succès.
Parallèlement, Bloy se lie avec Huysmans puis avec Villiers de l'Isle-Adam, se brouille avec l'équipe de la revue Le Chat noir, à laquelle il collaborait depuis 1882, et entreprend la publication d'un pamphlet hebdomadaire, Le Pal, qui aura cinq numéros.
En 1886, il s'installe pour six années à Vaugirard

La mort de Barbey d'Aurevilly en avril 1889 puis celle de Villiers de l'Isle-Adam en août l'affectent profondément, tandis que son amitié avec Huysmans se fissure.
Elle ne survivra pas à la publication de Là-Bas 1891, où Bloy se retrouve caricaturé.
Les circonstances de la mort de Barbey d'Aurevilly lui vaudront de violentes attaques, en mai 1891, du journal La France sous la plume du Sâr Joséphin Peladan et un procès de ce dernier à son encontre et à celle de Léon Deschamps rédacteur en chef de la revue La Plume.
La quasi-totalité de la presse d'alors salue la condamnation du Sâr en octobre 18913.
Fin 1889, il rencontre Johanne Charlotte Molbech, fille du poète danois Christian Frederik Molbech. La jeune femme se convertit au catholicisme en mars de l'année suivante, et Bloy l'épouse en mai. Toutefois, Johanne garde son nom de jeune fille francisé Jeanne Charlotte Molbech.
Le couple part pour le Danemark au début de 1891. Bloy se fait alors conférencier.
Sa fille Véronique naît en avril à Copenhague suivront André en 1894, Pierre en 1895 et Madeleine en 1897. En septembre, la famille Bloy est de retour à Paris.

Les facettes de l'Å“uvre

On peut aborder son œuvre par ses grands thèmes, ou la décrire d'abord dans sa variété.
Critique littéraire, par nécessité, Léon Bloy a pratiqué, avec une étonnante vigueur, l éreintement, condamnant pêle-mêle Zola, Huysmans, Renan, Coppée, Bourget, Barrès, réservant son admiration à Barbey d'Aurevilly, à Verlaine, à Villiers, à Baudelaire.
Ses articles ont été repris, en particulier, dans les Propos d'un entrepreneur de démolitions et dans Belluaires et Porchers. Romancier et conteur, il le fut de manière très personnelle, inventant peu, reprenant sa propre vie dans Le Désespéré 1887 ou La Femme pauvre 1897, utilisant dans les Histoires désobligeantes des événements réels, des personnages qu'il avait connus, dans Sueur de sang des épisodes authentiques de 1870 ; l'imagination transfigure plus qu'elle ne transpose et, derrière l'anecdote, suggère une interprétation. Son goût le plus profond le portait vers l'histoire, qu'il traite d'une manière romantique et symbolique, allant aux héros malheureux, Christophe Colomb, le Révélateur du Globe , Napoléon, Jeanne d'Arc, Louis XVII ou Marie-Antoinette, cherchant à leur vie une signification religieuse et presque prophétique. Grand peintre au reste, éblouissant souvent dans L'Âme de Napoléon, Constantinople et Byzance, Le Fils de Louis XVI.
D'autres œuvres sont plus nettement religieuses, mais toujours enracinées dans la réalité immédiate d'où jaillissent l'élan poétique et l'exégèse : Le Salut par les Juifs, écrit par réaction, en pleine crise antisémite, Le Sang du pauvre, réflexion sur la misère, Les Méditations d'un solitaire en 1916, Dans les ténèbres. Il a enfin publié, régulièrement, depuis 1892, son Journal, reprise fragmentaire d'un journal intime demeuré inédit.

Le Salut par les Juifs

Bloy s'est fâché avec la plupart de ses anciens amis, et commence à tenir son journal intime.
En 1892, il publie "Le Salut par les Juifs" écrit en réponse à La France juive de l'antisémite Édouard Drumont.
Il y soutient des théories personnelles telles que :
"L'histoire des Juifs barre l'histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais, et tout ce qu'on peut faire, c'est de les franchir en bondissant avec plus ou moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir."
En commentant cet ouvrage dans Le Figaro du 20 septembre 1892, Remy de Gourmont écrit que Bloy "nous fait lire cette conclusion : Israël est la croix même sur laquelle Jésus est éternellement cloué ; il est donc le peuple porte-salut, le peuple sacré dans la lumière et sacré dans l'abjection, tel que l'ignominieux et resplendissant gibet du Calvaire."
Sa situation matérielle demeure précaire, et il doit déménager en banlieue, à Antony.
Il reprend alors sa collaboration avec le Gil Blas de Jules Guérin, d'abord pour une série de tableaux, anecdotes et récits militaires inspirés par son expérience de la guerre de 1870, puis pour une série de contes cruels. Les premiers formeront Sueur de Sang, 1893 ; les seconds deviendront les Histoires désobligeantes, 1894.
L'année 1895 est particulièrement douloureuse pour Bloy. Chassé de la rédaction de Gil Blas à la suite d'une énième polémique et ainsi réduit à la misère, il perd ses deux fils André et Pierre, tandis que sa femme tombe malade.
Il reprend alors la rédaction de La Femme pauvre. Le roman est finalement publié en 1897 : comme le Désespéré, c'est une transposition autobiographique, et un échec commercial.
En 1898, il édite la première partie de son Journal, sous le titre du Mendiant ingrat, mais c'est encore un échec. Bloy quitte à nouveau la France pour le Danemark, où il réside de 1899 à 1900.

Cochons-sur-Marne

À son retour, il s'installe dans l'est parisien, à Lagny-sur-Marne, qu'il rebaptise « Cochons-sur-Marne ». Dès lors, sa vie se confond avec son œuvre, ponctuée par de nouveaux déménagements : à Montmartre en 1904, où il fait la connaissance du peintre Georges Rouault, se lie avec le couple Jacques Maritain et Raïssa Maritain (qu'il conduit à la foi et dont il devient le parrain de baptême) et le compositeur Georges Auric, puis à Bourg-la-Reine où il s'installe 3, place Condorcet le 15 mai 19114. Le 10 janvier 1916, il déménage dans la maison libérée par la famille de Charles Péguy, mort au champ d'honneur en 19144. Bloy continue la publication de son Journal : Mon Journal (1904) ; Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (1905) ; l'Invendable (1909) ; le Vieux de la Montagne (1911) ; le Pèlerin de l'Absolu (1914).
Il édite en recueil les articles qu'il a écrits depuis 1888, sous le titre Belluaires et Porchers (1905).

Sur les parvis de l'invisible

La diversité apparente masque l'unité réelle et profonde de cette œuvre, qui réside dans la notion même d'exégèse, d'interprétation du réel ; aussi rejoint-elle par ses intentions tout un courant littéraire.
S'appuyant sur l'affirmation répétée dans la Bible que tout est image, symbole, Léon Bloy poursuit à l'extrême les conséquences de cette idée : tout événement, tout être, toute chose signifie ; nous vivons dans un univers qui est autre qu'il ne paraît, nous contemplons le grand miroir aux énigmes.
L'art et la littérature ne peuvent se fixer d'autre but que cette tentative, proprement désespérée, pour déchiffrer les signes.
L'histoire, les œuvres des autres, sa propre vie même, dans son œuvre romanesque ou son Journal, les aphorismes de la sagesse bourgeoise, dans L'Exégèse des lieux communs, sont la matière de cette recherche, les apparences qui cachent la seule réalité.
Mais Léon Bloy n'a pas l'outrecuidance, ou la simplicité, de croire que l'homme, fût-il artiste et chrétien, peut comprendre ; tout au plus peut-il, par les mots, suggérer, rendre sensible la présence du mystère.
Sa conception de la littérature est donc celle d'un poète ; il en avait pleinement conscience :
"Personne n'a dit que je suis un poète, rien qu'un poète, que je vois les hommes et les choses en poète tragique ou comique et que par là tous mes livres sont expliqués. Je vous livre ce secret."

Le mot peut étonner lorsqu'on connaît seulement de Bloy ce qui frappe à la première lecture : sa violence.
Elle est bien le trait le plus constant de son œuvre et le fond même de sa sensibilité ; ne se reconnaît-il pas une nature incendiaire ?
Mais il avoue aussi une surprenante avidité de tendresse humaine.
Cette violence n'est pas brutalité, mais passion, et naît d'un constant conflit entre le désir et la réalité, entre ce qu'il rêve et ce qu'il obtient, entre ce qu'il se rêve et ce qu'il est.
Le Désespéré et La Femme pauvre éclairent mieux que toute autre œuvre ces réactions et en font saisir les aspects les plus contradictoires. La polémique même, aussi brutale soit-elle, vient d'une déception plus que d'une opposition qu'on pourrait croire systématique.
La tendresse contrariée fixe quelques-uns des thèmes clés de son œuvre : la souffrance, la révolte, l'impatience, l'attente, le rêve d'une apocalypse, en même temps qu'elle détermine une esthétique.
Poète, Léon Bloy l'est dans la véhémence, l'exagération.
"Pour dire quelque chose de valable, aussi bien que pour donner l'impression du Beau, il est indispensable de paraître exagérer, c'est-à-dire de porter son regard au-delà de l'objet."
Ce texte définit une vision du réel qui est, selon Bloy, celle de l'artiste, accentuant les traits, forçant les oppositions.
On y trouve aussi l'indication d'un style.
Il aimait, pour parler du sien, en évoquer "la richesse barbare", "l'exaspération", "la frénésie ", ce qui en marque assez justement les rythmes, le vocabulaire, les contrastes qui constituent pour lui un effet fondamental : de l'extrême recherche à l'expression basse, de la vulgarité voulue à la noblesse.
Il s'agit pour l'écrivain, disait-il, rejoignant par là nombre de ses contemporains, de retrouver "la puissance des mots humains".

Il compose des essais qui sont à mi-chemin entre la méditation et le pamphlet, tels que le Fils de Louis XVI en 1900, Je m'accuse en 1900 où la critique de Zola se mêle à des réflexions sur l'affaire Dreyfus et la politique française, la première série de l'Exégèse des Lieux Communs en1902, inventaire où sont analysées une à une les expressions toutes faites par lesquelles s'exprime la bêtise bourgeoise, ou les Dernières Colonnes de l'Église en 1903, étude consacrée aux écrivains catholiques installés comme Coppée, Bourget ou Huysmans.
Il poursuit dans cette veine avec L'Épopée byzantine 1906, Celle qui pleure 1908, sur l'apparition de la Vierge aux deux bergers de La Salette, le Sang du Pauvre (1909), l'Âme de Napoléon 1912, et la deuxième série de l'Exégèse des Lieux Communs 1912.
Profondément marqué par l'éclatement de la Première Guerre mondiale, il écrit encore Jeanne d'Arc et l'Allemagne 1915, Au seuil de l'Apocalypse 1916, Les Méditations d'un solitaire en 1916 et Dans les Ténèbres posthume, 1918.
Quelques mois avant sa mort il invite le poète Théophile Briant, qui lui rend visite à Bourg-la-Reine, à l'occasion d'une permission en août 1917 et auquel il offre un superbe exemplaire du Salut par les juifs. Le 3 novembre 1917, il s'éteint à Bourg-la-Reine entouré des siens. Sa tombe est inaugurée le 3 mai 1925

Violence polémique

De son œuvre, on retient surtout la violence polémique, qui explique en grande partie son insuccès, mais qui donne à son style un éclat, une force et une drôlerie uniques.
Pour autant, l'inspiration de Bloy est avant tout religieuse, marquée par la recherche d'un absolu caché au-delà des apparences historiques.
Tout, selon Bloy, est symbole : reprenant le mot de saint Paul, il ne cesse d'affirmer que nous voyons toutes choses dans un miroir, et que c'est précisément la mission de l'écrivain que d'interroger ce grand miroir aux énigmes.
Certains voient en Bloy un anarchiste de droite ou le modèle des pamphlétaires de droite, récupération dénoncée par Michèle Touret.
Opposé à l'antisémitisme, il écrit cependant :
"La Race d’où la Rédemption est sortie… porte visiblement les péchés du Monde… [et] ne fut conservée dans la plus parfaite ignominie que parce qu’elle est invinciblement la race d’Israël, c’est-à-dire du Saint-Esprit, dont l’exode sera le prodige de l’Abjection."
Ou encore :
"Les Juifs ne se convertiront que lorsque Jésus sera descendu de sa Croix, et précisément Jésus ne peut en descendre que lorsque les Juifs se seront convertis.
C'est également un adversaire de l'argent et de la bourgeoisie. Patriote, il est opposé à la colonisation, particulièrement dans le cas de l'Indochine, qu'il connaît par son frère.
Jehan Rictus avouera avoir entamé la rédaction de son journal intime à la suite de la lecture du Mendiant ingrat, journal également présent dans la bibliothèque du Docteur Faustroll.
C'est également un ami d'Alfred Jarry, qui lui a consacré un chapitre du Faustroll.
Il eut enfin un ascendant reconnu sur des écrivains majeurs du XXe siècle tels que Louis-Ferdinand Céline, Georges Bernanos ou encore, plus récemment, Marc-Édouard Nabe.
Le pape François, lors de sa première messe papale à la chapelle Sixtine, le 14 mars 2013, a cité Léon Bloy : "Celui qui ne prie pas Dieu prie le diable."

Le style sulpicien

Il introduit ce qualificatif en 1897.
« Raphaël... a tenu à faire planer ses trois personnages lumineux, obéissant à une peinturière tradition d'extase ... L'ancêtre fameux de notre bondieuserie sulpicienne ... n'a pas compris qu'il était absolument indispensable que les Pieds de Jésus touchassent le sol pour que sa transfiguration fût terrestre... »
— Léon Bloy, La Femme pauvre, I, XIII.

Å’uvres

Romans

Le Désespéré (1887), réédition en 2010 par Garnier-Flammarion avec une introduction, une notice, des notes et un dossier de Pierre Glaudes (ISBN 978-2-08-071256-1)
La Femme pauvre (1897), nouvelle édition 1999, Le Carrousel

Contes

Sueur de sang (1893)
Histoires désobligeantes (1894)

Essais

La Méduse-Astruc, 1875, 17 p., réédition Mercure de France, octobre 1902
Le Révélateur du globe, préface de Barbey d'Aurevilly, Paris, A.Sauton, 1884
Propos d'un entrepreneur de démolitions (1884)
Un Brelan d'excommuniés, éd. Savine (1889)
Christophe Colomb devant les taureaux (1890)
Le Salut par les Juifs, Paris A. Demay (1892)
Léon Bloy devant les cochons (1894)
La Chevalière de la mort (1896)
Je m'accuse (1899)
Le Fils de Louis XVI, Mercure de France (1900)
Exégèse des lieux communs (1902) réédition : coll. « Idées », Paris, Gallimard, (1968); Rivages Poche (2005) ( Téléchargement format PDF)
Belluaires et porchers (1905), réédition Sulliver (1997)
L'Épopée byzantine et Gustave Schlumberger, (1906), éd. de la Nouvelle revue
La Résurrection de Villiers de L'Isle-Adam (1906)
Pages choisies (par l'auteur), avec un portrait par Léon Bonhomme Mercure de France, 1906
Vie de Mélanie écrite par elle même (1912)
Le Sang du pauvre, Paris, Juvent (1909)
Les dernière colonnes de l'Église (1903)
Le Salut par les Juifs, édition nouvelle revue et modifiée par l'auteur Joseph Victorion et Cie, 1906
Celle qui pleure, Mercure de France (1908)
Sur la tombe de Huysmans, (1913), coll. des "Curiosités littéraires"
L'Âme de Napoléon (1912)
Exégèse des lieux communs, nouvelle série, (1913)
Nous ne sommes pas en état de guerre - 1914-1915, (1915) Paris, Maison du Livre ; Frontispice de Auguste Leroux ;
Jeanne d'Arc et l'Allemagne (1911
Méditations d'un solitaire en 1916 (1917)
Dans les ténèbres (1918) (posthume)
Le Symbolisme de l'apparition, Le mercier, (1925) (posthume)
Les Funérailles du naturalisme, (2001) (posthume), éd. Moderne Aux Belles lettres

Périodique

Le Pal : 5 numéros, ainsi qu'un sixième jamais publié, l'éditeur s'étant résigné devant l'échec financier ; réédité par Obsidiane en 2002, préfacé par Patrick Kéchichian.

Journal

Version remaniée par l'auteur à la publication :
Le Mendiant ingrat
Mon Journal
Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (Lire en ligne : Volume I Volume II)
L'Invendable
Ces quatre premiers tomes ont été réédités par Robert Laffont, coll. « Bouquins », Journal I 1892-1907, (ISBN 2-221-07067-4)
Le Vieux de la Montagne
Le Pèlerin de l'Absolu
Au seuil de l'Apocalypse
La Porte des Humbles
Ces quatre tomes ont été réédités par Robert Laffont, « Bouquins », Journal II 1907-1917, (ISBN 2-221-09097-7)
Version non remaniée :
Journal inédit I (1892-1895), Éditions l'Âge d'Homme, 1989, (ISBN 2-8251-0720-4)
Journal inédit II (1896-1902), Éditions l'Âge d'Homme, 2000, (ISBN 2-8251-0999-1)
Journal inédit III (1903-1907), Éditions l'Âge d'Homme, 2006, (ISBN 2-8251-1853-2)
Journal inédit IV (1908-1911), Éditions l'Âge d'Homme, 2013, (ISBN 2-8251-4114-4)

Correspondance

Lettres de jeunesse (1870-1893) Edouard-Champion, 1920
Lettres à sa fiancée, avec un portrait par Madame Léon Bloy Librairie Stock, 1922
Lettres à l'abbé Cornuau et au frère Dacien Le Divan, 1926
Lettres à Frédéric Brou et à Jean de La Laurencie, préface de Jacques Debout Bloud et Gay, 1927
Lettres à Pierre Termier (1906-1917), suivies de lettres à Jeanne Termier (Madame Jean Boussac) et à son mari Librairie Stock, 1927
Lettres à ses filleuls, Jacques Maritain et Pierre Van der Meer de Walcheren Librairie Stock, 1928
Lettres à Georges Knoff Les Editions du Balancier, 1929
Lettres à René Martineau Editions de la Madeleine, 1933
Lettres à Philippe Raoux, introduction et notes de Pierre Humbert Desclée de Brouwer, 1937
Lettres à Véronique, introduction de Jacques Maritain Desclée de Brouwer
Correspondance avec Henri de Groux, préface de Maurice Vaussard" Grasset, 1947
Lettres aux Montchal Typographie François Bernouard, 1947-1948
Lettres intimes (à sa femme et à ses filles), introduction de Léopold Levaux Marcel Astruc, 1952
Lettres à son ami André Dupont (1904-1916) Marcel Astruc, 1952
Correspondance avec Josef Florian, 1900-1914 L'Age d'Homme, 1990
La plupart des œuvres de Bloy sont aujourd'hui rééditées.


Liens


http://youtu.be/wIlYJWf6idI Léon Bloy Philosémite ?
http://youtu.be/AS8luQFnP6I Léon Bloy


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Posté le : 02/11/2013 21:51
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André Malraux 1
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Le 3 Novembre 1901 naît André Malraux écrivain, aventurier, homme politique

et intellectuel français. Homme politique, mémorialiste, historien de l'art, théoricien de la

littérature, essentiellement autodidacte et tenté par l'aventure Il meurt le 23 novembre 1976

à Créteil Val-de-Marne,


Entré au Panthéon en 1996, Malraux n'a jamais passé son baccalauréat, ni étudié l'archéologie ou les langues orientales, contrairement à la légende.
Homme politique, mémorialiste, historien de l'art, théoricien de la littérature, le dernier Malraux aura subverti et détourné chaque rôle, transformé chaque genre, inventé chaque fois une forme qui lui fût propre.
Aussi, de son vivant même, en est-il venu à un point extrême de solitude : on ne voit pas qu'il influence la littérature vivante à l'exception de Régis Debray et de Conrad Detrez ni la jeunesse. Peu de numéros spéciaux de revue, peu de colloques qui lui soient consacrés ; les intellectuels de gauche, qui lui doivent beaucoup, mais qu'il a dédaignés, l'entourent de silence ou lui vouent un ressentiment haineux, les pages de Simone de Beauvoir, dans Tout compte fait, sont particulièrement symptomatiques.
Peut-être Malraux s'éloigne-t-il, par sa grandeur même.
Mais, par un curieux retour des choses, lui qui a si souvent écarté le misérable petit tas de secrets que chaque homme cache, lui qui a tant brouillé les cartes pour empêcher toute enquête, se trouve au centre d'un réseau d'investigations et de témoignages.
Il a inspiré à Jean Lacouture le chef-d'œuvre du genre biographique, modèle de compréhension et de démythification.
Les Mémoires de Clara Malraux, sa première femme, comme la chronique de son second mariage, intitulée Le Cœur battant, révèlent l'homme privé dans sa vulnérabilité ; les témoignages des camarades de la guerre d'Espagne, des combattants de la brigade Alsace-Lorraine ou des compagnons du gaullisme se sont multipliés.
Le dernier livre d'Emmanuel Berl, Interrogatoire 1978, comme les Mémoires de Raymond Aron 1983 resituent Malraux dans la perspective d'une fraternité intellectuelle. On retiendra surtout les souvenirs d'Alain Malraux, son neveu, qui, dans Les Marronniers de Boulogne, a donné du Malraux des dernières années une image à la fois critique et chaleureuse. Le héros n'est nullement rabaissé par l'entreprise biographique : il s'humanise et se rapproche de nous.

En Bref

À 18 ans, il collabore au lancement d'une revue, la Connaissance, où paraît son premier article "Les origines de la poésie cubiste"1920.
Après divers textes, parus dans Action, il publie Lunes en papier en 1921.
Deux ans plus tard, ruiné par des placements boursiers, il part pour la forêt cambodgienne afin d'y retrouver un temple désaffecté, d'en ôter quelques bas-reliefs et de les revendre à des collectionneurs : arrêté à Phnom-Penh, il est condamné à trois ans de prison, avant d'obtenir un sursis et de rentrer en France en décembre 1924.
En février, il est de retour en Indochine : le temps passé à Saigon lui a révélé les abus du régime colonial et il est décidé à les combattre, d'abord par la fondation d'un journal qui défendra les intérêts des indigènes.
L'entreprise est de courte durée : victime des représailles économiques, Malraux repart en décembre 1925.
Le séjour, qui s'achève sur un échec, a néanmoins été capital dans la formation du jeune homme, qui a découvert l'Asie et a pris conscience de la réalité des problèmes sociaux.
Revenu à Paris, Malraux bénéficie d'une notoriété croissante, due au bruit persistant de sa participation très douteuse à la révolution chinoise. Il fréquente le cercle de la Nouvelle Revue française et se lie avec Gide, Groethuysen et Drieu La Rochelle
Malraux assiste à la faillite du rationalisme positiviste, qui échoue à penser la mutation considérable des conditions techniques de travail et des systèmes de représentation au début du XXe s.
En même temps s'amorce un changement radical du statut de l'artiste, de l'homme de lettres : il lui devient difficile de se penser hors la société, hors l'histoire, de ne pas être touché par les grands affrontements politiques et idéologiques, par le problème essentiel du XXe s. : capitalisme ou socialisme ?
Malraux, dilettante et amateur d'art, prend conscience de ce niveau de réalité politique en Indochine, face au problème de libération nationale.
Il y défend alors la cause des indigènes, injustement traités par une administration corrompue et possédant tous les pouvoirs, exploitant leur travail pour le profit de quelques-uns. C'est là, dans le journal qu'il publie, que Malraux développe des idées de communauté culturelle, définissant l'Indochine comme journal de rapprochement franco-anamite.
Mais il s'attaque ainsi à des effets sans en dénoncer la cause. Cette expérience historique comme les échos tout proches des mouvements révolutionnaires chinois rendent évidente l'impossibilité d'une vie sans inscription dans l'histoire, quelles que soient les amertumes de l'existence.
Qu'est-ce que la condition humaine ?

Sa vie

Georges André Malraux, né le 3 novembre 1901 à Paris 18e est le fils aîné de Fernand Georges Malraux, employé de commerce, originaire de Dunkerque, et de Berthe Félicie Lamy, originaire de la région parisienne.
Il a un frère cadet, Raymond-Fernand, mort à trois mois.
En 1905, les parents de Malraux se séparent, créant un choc dans sa vie. Son père aura d'un second mariage deux autres fils : Roland Malraux et Claude Malraux.
Il passe ainsi son enfance avec sa mère, sa grand-mère et une tante épicière au 16 rue de la Gare à Bondy dont il ne gardera pas de bons souvenirs.
Il a 8 ans lorsque son grand-père Emile-Alphonse dit Alphonse né le 14 juillet 1832 meurt, en 1909.
Contrairement à ce que Malraux laissera souvent entendre, il semble qu'il ne s'agit pas d'un suicide.
Dès l'enfance, André est atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, de tics, dont il souffrira toute sa vie.
À 14 ans le jeune Malraux, entre à l'école supérieure de la rue Turbigo, futur lycée Turgot, période durant laquelle il fréquente déjà assidûment les bouquinistes, les salles de cinéma, de théâtre, d'expositions, de concerts, etc.
Ainsi commence sa passion pour la littérature contemporaine.
En 1918, il n'est pas admis au lycée Condorcet et abandonne ses études secondaires, il n'obtiendra jamais son baccalauréat, ce qui ne l'éloignera pas de la littérature.
Il travaille en 1919, pour le libraire-éditeur René Louis Doyon, c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Max Jacob.
Doyon fonde en 1920 sa revue : La Connaissance et ouvre ses colonnes à Malraux. Il fréquente les milieux artistiques de la capitale et publie ses premiers textes dès 1920 : petits essais de théorie littéraire, comptes rendus critiques et premières proses.
Les œuvres de cette époque appartiennent au genre farfelu - c'est Malraux qui ressuscite le terme -, proses poétiques influencées par l'expressionnisme allemand et la poésie cubiste d'Apollinaire ou de Max Jacob.
C'est aussi l'époque où il joue au Père Ubu et lit Alfred Jarry. Il s'en souviendra après 1948, en adhérant au Collège de Pataphysique.
Il se marie le 26 octobre 1921 à Clara Goldschmidt et divorce le 9 juillet 1947 ; puis se remarie à Riquewihr Haut Rhin le 13 mars 1948 avec Marie-Madeleine Lioux, est André Malraux gagne l'Indochine où il participe à un journal anticolonialiste et est emprisonné en 1923-1924 pour trafic d'antiquités khmères.
Revenu en France, il transpose cette aventure dans son roman La Voie royale publié en 1930 et gagne la célébrité avec la parution en 1933 de La Condition humaine, un roman d'aventure et d'engagement qui s'inspire des soubresauts révolutionnaires de la Chine et obtient le Prix Goncourt.
Militant antifasciste, André Malraux combat en 1936-1937 aux côtés des Républicains espagnols.
Son engagement le conduit à écrire son roman L'Espoir, publié en décembre 1937, et à en tourner une adaptation filmée Espoir, sierra de Teruel en 1938. Il rejoint la Résistance en mars 1944 et participe aux combats lors de la Libération de la France.
Après la guerre, il s’attache à la personne du général de Gaulle, joue un rôle politique au RPF, et devient, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, ministre de la Culture de 1959 à 1969.
Il écrit alors de nombreux ouvrages sur l'art comme Le Musée imaginaire ou Les Voix du silence 1951 et prononce des oraisons funèbres mémorables comme lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964.

En 1996, pour le 20e anniversaire de sa mort survenue le 23 novembre 1976, ce sont les cendres de Malraux qui sont à leur tour transférées au Panthéon.

L'écrivain

Depuis sa mort, il n'est guère possible de traiter d'André Malraux sur le ton mesuré qui convient. Peu d'hommes auront été tour à tour aimés ou détestés avec tant de passion. L'heure de la synthèse posthume, de la dernière métamorphose n'est pas encore venue.
Pour une part, Malraux est entré dans ce purgatoire – dans ces limbes, aurait-il dit – qui guettent à leur mort les grands écrivains d'une génération pour laquelle rien n'était plus grand que le grand écrivain.
Comme Drieu la Rochelle, son quasi-jumeau, comme Montherlant, Aragon, Morand, ses illustres contemporains, Malraux s'éloigne peu à peu de l'actualité et de la modernité. Le silence et l'oubli n'épargnent pas celui qui tint pendant cinquante ans le devant de la scène, donnant au siècle sa légende.
Peut-être est-il trop tôt pour considérer seulement Malraux comme l'auteur de trois ensembles organisés de textes : les romans, tels qu'il les a choisis et limités pour la Bibliothèque de la Pléiade, tous écrits entre 1928 et 1937 ; l'ensemble des écrits sur l'art, que dominent Les Voix du silence 1951 et La Métamorphose des dieux 1957-1976 ; Le Miroir des limbes, réunissant les textes du mémorialiste, miroir d'une histoire et de l'Histoire. Restent toutes les traces d'une activité fébrile : préfaces, allocutions, écrits de circonstances, entretiens innombrables qui avaient le secret de donner du talent à l'interlocuteur. La postérité ne s'est pas souciée de les réunir pour donner à voir, pièces en main, l'itinéraire du plus fascinant personnage de la littérature contemporaine, au dire de Jean-Luc Godard 1958.

Une vie dans le siècle, selon le sous-titre de la meilleure biographie qui lui ait été consacrée, mais sans doute plus d'une : Jean Lacouture a esquissé les vies successives ou parallèles de Malraux ; il a aussi mesuré la part d'ombre que son héros oppose à l'enquête biographique.
On ne sait autant dire rien de l'enfance, des relations avec la famille, des choix amoureux, de la profondeur des amitiés, du secret des métamorphoses.
Or l'œuvre de Malraux, par un paradoxe qui lui est inhérent, tend toujours à imposer une image héroïque et historique de son auteur.
Le critique ne parvient guère à démêler le fictif et le biographique de cette image ; tantôt il crie à l'imposture et à la mythomanie, tantôt il reconnaît l'un des plus brillants hommes d'action de son temps, celui des engagements fiévreux, brefs, efficaces.

Le romancier d'avant guerre : un héros de son temps 1920-1939
Le Malraux d'avant guerre ne s'est pas trouvé d'emblée. Seuls les spécialistes de l'œuvre s'intéresseront aux Lunes en papier 1921, écrit dans la mouvance de Max Jacob, ou même au Royaume farfelu 1928, plus tardif, dont le titre indique ce qui sera une constante, mais mineure, dans le reste de l'œuvre.
Malraux va multiplier durant ces années de jeunesse des expériences assez diversifiées : animateur ou conseiller de revue d'art, technicien de l'édition, bibliophile averti, spéculateur malheureux.
Un premier séjour en Indochine, en 1923, au cours duquel il se croit habilité à découper des bas-reliefs du temple de Banteai-Srey, se termine par une condamnation à trois ans de prison ferme, peine réduite en appel, puis sans doute annulée en cassation.
Un second séjour, en 1925, le voit animer avec feu un journal, "L'Indochine" plus tard "L'Indochine enchaînée", qui proteste contre les injustices de l'empire français : cette aventure indochinoise met au premier plan un militant anticolonialiste qui tente d'organiser, en marge de son journal, le mouvement Jeune-Annam.
De retour d'Asie, il compose un essai à deux voix, La Tentation de l'Occident 1926, qui esquisse le dialogue de deux cultures, celle de la Chine qu'il substitue à l'Indochine et celle de la France : ce n'est pas encore le vrai Malraux qui écrit ici, mais déjà, avec de beaux accents, un émule de Barrès, Suarès et Claudel.
Le jeune écrivain s'intègre au groupe de la Nouvelle Revue française, qui exerce alors un pouvoir sans égal sur la vie intellectuelle. Jamais Malraux n'a tant brillé, fulguré, rayonné qu'à l'intérieur de ce groupe presque fabuleux, où il éblouit Valéry et Gide, ses aînés, séduit Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, impressionne Maurice Sachs, qui fera de lui dans Le Sabbat un portrait remarquable ; aux Décades de Pontigny, excroissance de la revue, les improvisations encyclopédiques de ce jeune intellectuel font sensation : on en trouvera les traces dans Les Cahiers de la petite dame, Mme Théo van Rysselberghe.
Avant même d'avoir donné ses chefs-d'œuvre, Malraux aura été l'étoile d'une revue qui connaît alors son âge d'or.
Durant les années trente, il restera un animateur de la N.R.F. pour les éditions d'art, la littérature anglo-saxonne et l'histoire littéraire.
Un certain culte de l'art, de la littérature et de l'intelligence critique ainsi qu'une grande compétence dans la fabrication de livres resteront chez lui les traits les plus profonds.

Avant tout écrivain, à partir du succès des Conquérants en 1928, Malraux saura se donner une stature spectaculaire de militant, par plusieurs interventions qui mêlent au savoir-faire le faire-savoir : avec André Gide, il va à Berlin réclamer la libération de Dimitrov, emprisonné par les nazis ; à Moscou, il s'adresse aux écrivains soviétiques ; à Paris, il anime déjà des groupes d'intellectuels antifascistes.
En 1935, il est le plus ardent des compagnons de route du Parti communiste, sans qu'on puisse trouver chez lui une véritable adhésion au marxisme, ni a fortiori une approbation du stalinisme. Mais voici que le tribun fébrile de la Mutualité devient en juillet 1936 un combattant et un chef militaire : il va pendant sept mois organiser l'escadrille España, participer aux combats aériens avec un courage incontesté, permettre aux républicains espagnols d'attendre l'arrivée des brigades internationales.
Le héros intellectuel est devenu homme de guerre, et il prolongera son effort pour les républicains espagnols par la propagande, les conférences, le cinéma.
La victoire finale de Franco n'ôte pas à l'intervention des volontaires français dans la guerre d'Espagne son caractère emblématique. Avant même que la guerre mondiale n'éclate, Malraux a su la vivre et la comprendre.

On peut dire que c'est la vie réelle de Malraux qui est venue, après coup, authentifier ses romans.
L'auteur des Conquérants donnait à croire qu'il avait eu un rôle considérable dans les événements de Canton, comme agent du Guomindang, à tel point qu'un homme aussi averti que Trotski lui reprochera plus tard d'avoir été l'un des "étrangleurs de la révolution chinoise" en 1925-1926.
Drieu la Rochelle, émerveillé par ces mêmes Conquérants, estime que les péripéties témoignent d'un "transfert direct de la réalité dans le récit".
Tous les contemporains ont cru à la réalité de l'expérience révolutionnaire chinoise de Malraux, que les biographes d'aujourd'hui excluent et dans laquelle on ne peut voir que la transposition ou la fabulation de l'expérience indochinoise, beaucoup plus limitée. Tentons de caractériser brièvement, dans leur succession, les romans de Malraux, non sans souligner qu'aucun de ces récits hormis le moins romanesque, L'Espoir n'a été sous-titré roman, jusqu'à la publication d'un volume de romans dans La Pléiade de 1947.

Les Conquérants décrivent la grève insurrectionnelle de 1925 à Canton, et la victoire provisoire du Guomindang et du Komintern, encore alliés, avec de nombreuses références à des personnages réels de la révolution chinoise.
Le récit est mené à la première personne par un narrateur anonyme, délégué du Guomindang, qui débarque en Indochine, puis en Chine : la forme du reportage est ainsi simulée, en même temps que le récit s'atomise en un montage de messages radio, de télégrammes, de rapports de police, d'interrogatoires.
Le lecteur est ainsi conduit à identifier Malraux en ce narrateur "homo-diégétique", dirait-on aujourd'hui, à prêter au protagoniste Garine, rival du bien réel Borodine, une existence tout aussi réelle, à lire au pied de la lettre ce récit aussi révolutionnaire dans son histoire que dans sa narration fragmentée.
À plus lointaine distance de la révolution, mais dans un contexte de guerre civile, La Voie royale 1930 présente une sorte de voyage au bout de la nuit dans la jungle du Cambodge : bien que le récit ait été inspiré par la modeste entreprise archéologique de Malraux lui-même, le merveilleux romanesque du roman d'aventure y est beaucoup plus sensible ; l'érotisme, l'exotisme et la cruauté relèvent d'une forme plus classique qui pourrait être issue de Joseph Conrad.
Ce récit paraît bien en retrait par rapport aux Conquérants, même si l'on retrouve le génie de l'ellipse, de l'allusion, de l'instantané, ainsi que les aveux les plus nets sur les relations du sexe et de la mort dans cet univers imaginaire. La veine révolutionnaire des Conquérants va, au contraire, resurgir dans La Condition humaine 1933, qui s'impose dans le roman français comme un sommet difficile à égaler Sartre et Camus s'y emploieront en vain dans les années quarante.

La Condition humaine, comme plus tard L'Espoir, illustre sans doute la ferveur révolutionnaire et littéraire des années trente qui l'ont vu naître.
Il s'agit cette fois non plus de l'intervention d'agitateurs européens à Canton, mais des héros, chinois pour la plupart, de l'insurrection de Shanghai en 1927. Cette insurrection est d'emblée vouée à la défaite, puisque les insurgés ont reçu l'ordre de leur comité central de se laisser désarmer par Tchiang Kaï-chek qui veut, quant à lui, se débarrasser une fois pour toutes des communistes, rompant l'alliance du Guomindang et du Komintern.
Abandonnant le recours facile à un narrateur européen homodiégétique, le découpage propose, dans leur diversité, les situations vécues des révolutionnaires et de leurs adversaires.
Loin d'utiliser la Chine comme un décor, Malraux opère une sorte de décentrement vers les lieux étrangers où se joue effectivement le destin du monde.
Le tour de force du romancier se marque dans le fait que ses héros chinois sonnent aujourd'hui plus vrai que ses hommes d'affaires français, et aussi dans la conviction qu'a le lecteur d'assister à un reportage qui serait en même temps un démontage de la révolution et de la répression.
Si Malraux prend ici nettement le parti des communistes chinois, il ne s'imprègne que très légèrement de marxisme : les valeurs de La Condition humaine sont celles de Pascal, Nietzsche, Dostoïevski ; l'esthétique, celle d'une tragédie multiple aux destins croisés ou parallèles, avec des ruptures constantes, une esthétique de la discontinuité, jouant sur les dialogues, la narration des actions, les descriptions figées en forme de tableaux chinois. Un style romanesque naît, qui semble inspiré du cinéma, mais qu'aucun cinéma existant ne saurait inspirer ; la figure du romancier, absente, est sans doute mise en abîme dans la figure de la mythomanie incarnée par Clappique.
Cependant, jamais Malraux n'a été plus proche de Pascal, ne serait-ce que dans le génie du fragment et du raccourci, dans le dessin des figures de la vision tragique : le terrorisme de Tchen, la contemplation opiomane de Gisors, le meurtre de compensation chez Hemmelrich, la communion du martyr chez Katow, l'intelligence de la fraternité chez Kyo, autant d'attitudes de "témoins qui se font égorger", surmontant une humiliation fondamentale dans la recherche d'un absolu.
Comme l'écrira plus tard Malraux :
"L'absolu est la dernière instance de l'homme tragique, la seule efficace parce qu'elle seule peut brûler – fût-ce avec l'homme tout entier – le plus profond sentiment de dépendance, le remords d'être soi-même."

Dans la narration polyphonique de l'événement révolutionnaire, Malraux n'a guère de prédécesseurs hormis le Vallès de L'Insurgé ; il n'aura pas non plus de successeur. En fait, réalisant un accord parfait entre tradition et modernité, il fait éclater le cadre du roman pour lui donner une triple dimension : politique, métaphysique, éthique non sans présenter le seul couple, déchiré, mais bouleversant, de son œuvre romanesque.
Le roman de la révolution concilie les vertus de la révolution avec les vertus classiques.
L'impression de lecture d'André Gide, en 1933, reste aujourd'hui la nôtre :
"[...] à le relire d'un trait, parfaitement clair, ordonné dans la confusion, d'une intelligence admirable, et, malgré cela, profondément enfoncé dans la vie, engagé et pantelant d'une angoisse parfois insoutenable ".
Le lecteur oublie ici jusqu'au statut fictif du roman, ce qui marque, en un autre sens, le triomphe du romancier.

Le Temps du mépris (1935) est qualifié par son auteur, dans la préface, de nouvelle et non point de roman ; mais un roman manqué n'a jamais fait une bonne nouvelle. Malgré des intentions exemplaires (il s'agit de dénoncer le système répressif du régime nazi) et des scènes fortes, malgré une préface qui exprime au mieux l'humanisme révolutionnaire, le récit pourrait être pris pour un pastiche de Malraux. Son auteur en a d'ailleurs interdit la réédition de son vivant, tout en en monnayant quelques pages dans ses Antimémoires. À ce livre, qu'il a qualifié de « navet », il a retiré jusqu'à l'existence. Ainsi a disparu le témoignage le plus net d'une solidarité fraternelle avec les militants communistes, quand ils figurent parmi les traqués.

D'un chef-d'œuvre à l'autre, au prix d'un faux-pas : s'il fallait choisir un seul roman de Malraux, L'Espoir 1937 rivaliserait avec La Condition humaine.
Ce n'est plus ici le triomphe de l'illusion biographique qui crédite l'auteur de ce qu'il narre, mais la conjonction miraculeuse d'une action guerrière et d'une relation presque immédiate.
Montherlant salue "ce livre qui, parmi tous les livres parus depuis vingt ans, est celui qu'on voudrait le plus avoir vécu et avoir écrit".
S'agit-il bien d'un roman ? À la différence des livres précédents le sous-titre figure ici, mais la composition, qui n'a pas la rigueur de celle de La Condition humaine, semble épouser les tumultes de la guerre d'Espagne dans ses commencements, comme si le récit sortait tout armé, tout sanglant des combats.
Les personnages innombrables sont, certes, tous fictifs, mais leur fiction se réduit peut-être à un prête-nom. Ils représentent des situations concrètes ou possibles vis-à-vis de la révolution et du fascisme : privés de toute biographie, de tout passé, face à la mort, ils retrouvent cette vie fondamentale qui obsède le récit : " [...] ce qu'il appelait idiotie ou animalité ; c'est-à-dire la vie fondamentale : douleur, amour, humiliation, innocence".
Dans un vaste tableau éclaté, dans un montage de scènes et de dialogues, c'est la naissance d'une armée révolutionnaire, depuis l'illusion lyrique à réfréner, le désir d'apocalypse à maîtriser, jusqu'au rassemblement animé par l'espoir, la volonté, la fraternité réfléchie. Rien de moins romantique que cette recherche obsessionnelle du sérieux, de l'efficacité, de la compétence technique.
L'auteur parle en organisateur d'une victoire – qui n'aura pas lieu – et non en peintre d'une défaite héroïque. Dans la narration des combats, marqués par les nouvelles technologies de la guerre, Malraux égale ou surpasse les meilleurs romanciers américains, tels Dashiell Hammett ou Ernest Hemingway ; quant aux dialogues de ces combattants anonymes, ils posent, dans des termes concis et vigoureux, l'essentiel du débat qui va être celui des années à venir. Malraux met en lumière à la fois la diversité des antifascismes et la nécessité de leur union : il s'est rapproché plus encore des communistes, n'évoque guère les trotskistes, traite d'un peu haut les anarchistes, les dissidents, les exclus.
À la différence des livres précédents, la perspective de l'ennemi – fasciste ou franquiste – n'est pour ainsi dire pas évoquée : cette littérature de guerre en temps de guerre ne s'autorise ni paix ni répit, à peine le passage furtif d'une femme en six cents pages de bruit et de fureur. Jamais Malraux n'a été plus tendu vers l'idée de victoire, dans ce livre que, lecteurs anachroniques, nous lisons comme l'épopée d'une défaite : « Manuel, sa branche de pin sous le nez, regardait les lignes brouillées de ceux d'Aranjuez et des hommes de Pepe, comme s'il eût vu avancer sa première victoire, encore gluante de boue, dans la pluie monotone et sans fin. »

L'Espoir allait devenir le livre emblématique du « sang de gauche », selon le titre d'une de ses parties. À l'inverse, le film Espoir, primitivement intitulé Sierra de Teruel, tourné dans des conditions épouvantables, en partie inachevé, jamais distribué de manière normale, interdit par la censure française en 1939, reste un grand film maudit.
Il est sans exemple qu'un écrivain ait trouvé d'emblée le sens du récit cinématographique et prodigué un génie plastique et dramatique aussi évident. Unique réalisation d'André Malraux au cinéma, Espoir devait lui inspirer son Esquisse de la psychologie du cinéma 1939, et suffit à faire de Malraux un grand cinéaste, à la manière de Jean Cocteau. Qu'il se serve d'un stylo ou d'une caméra, d'un tank ou d'un bombardier, le Malraux de ce temps, homme pressé, ignore la lenteur des apprentissages. Au sommet de son mythe, il est bien l'écrivain et l'artiste d'une gauche presque rassemblée.

Le Gaulliste, ministre, homme de l'art, mémorialiste 1939-1969

La biographie de Malraux n'est pas sans une part d'obscurité : on lui prêtait une campagne brillante dans les chars, en 1940, au vu du récit des Noyers de l'Altenburg 1943, repris dans les Antimémoires 1967 : le sort du soldat Malraux fut plus modeste et plus commun dans la débâcle générale. De 1940 à 1944, il se retire dans le midi de la France, et se consacre à des travaux littéraires qui ne verront pas tous le jour.
Il ne s'engagera dans la Résistance qu'en mars 1944, dans une organisation qui relève des services anglais... mais en quelques semaines le voici qui devient, sous le nom de colonel Berger, le fédérateur des maquis de Corrèze : arrêté par la Gestapo, libéré par les résistants, il organise et commande la brigade Alsace-Lorraine, qui se couvre de gloire militaire en 1944-1945. Cette fois, Berger-Malraux connaît enfin cette victoire que L'Espoir postulait vainement.

On ne sait précisément quand et comment s'opéra la rupture de l'auteur de L'Espoir avec les communistes : elle est déjà consommée quand il rencontre le général de Gaulle en 1945, devient son porte-parole, puis son ministre de l'Information : une sorte de pacte s'est noué entre le chef du gouvernement de la République et l'ancien révolutionnaire.
Il va quitter, en même temps que lui, le gouvernement en 1946, va fonder avec lui le R.P.F. dont il sera le délégué à la propagande et le tribun le plus inspiré, va faire comme lui sa traversée du désert.
La mutation politique de Malraux, pour prendre un signe parmi d'autres, lui fait confier à l'écrivain le plus opiniâtrement contre-révolutionnaire qu'on puisse rêver, Thierry Maulnier, l'adaptation théâtrale de La Condition humaine, que naguère Eisenstein avait voulu porter à l'écran.
Quand le général de Gaulle revient au pouvoir en 1958, Malraux figure au gouvernement comme ministre délégué et porte-parole. Il ne s'impose pas tout à fait dans cette fonction, et devient, dix ans durant, le ministre des Affaires culturelles, apportant sans doute au gouvernement son verbe et son inspiration, mais n'y trouvant pas la réalité du pouvoir politique dont il rêvait.
Ambassadeur itinérant du général de Gaulle auprès des grands de ce monde, il aura, lui aussi, à subir la révolte étudiante de 1968, dont il donnera d'ailleurs, à chaud, une analyse remarquable. En 1969 comme en 1946, il renonce à ses fonctions dès le départ du Général.
Si la carrière politique de Malraux manifeste une remarquable fidélité depuis 1945, elle reste celle d'un brillant, d'un éclatant second, dont on mesure mal toutefois l'influence sur le chef de l'État. Les fervents du premier Malraux ne l'ont guère suivi dans cette voie, tandis que les notables et militants gaullistes ont souvent été déconcertés par le style de leur grand chaman : mais le ministre de la Culture a sans doute illustré la part la plus généreuse de la Ve République du général de Gaulle.

À la continuité du choix politique correspond, durant cette période, une certaine hésitation dans l'évolution de l'écrivain.
En 1947, il publie dans la Bibliothèque de la Pléiade un volume de romans : il en écarte La Voie royale, qu'il repêchera vingt ans plus tard, Le Temps du mépris, et surtout Les Noyers de l'Altenburg en 1943.
Ce livre sera en 1948 réservé à la curiosité des bibliophiles par la volonté de son auteur, et n'a plus jamais été réédité. On est tenté de défendre ce dernier roman contre son auteur, qui l'a condamné à l'oubli pour des raisons peu claires.
Ce livre, certes hâtif et imparfait, invente une forme ouverte, intégrant le colloque intellectuel, le roman politique, le récit de guerre : c'est l'histoire, sur trois générations, d'une famille alsacienne, les Berger, où se jouent les drames du XXe siècle : indépendance de la Turquie avant 1914, expérimentation des gaz de combat dans la Grande Guerre sur la Vistule, campagne de 1940 dans les blindés. Le plus intellectuel des romans de Malraux cherche une donnée sur quoi puisse se fonder la notion d'homme, face à l'affirmation d'un grand ethnographe fictif :
"[...] l'homme est un hasard, et, pour l'essentiel, le monde est fait d'oubli".
Cette réponse est cherchée dans l'art médiéval, dans l'idée de métamorphose, dans le sentiment de la patrie. En même temps qu'il condamnait ce roman, Malraux renonçait au genre romanesque ; mais il réutilisera des passages entiers, pour ne pas dire la totalité, des Noyers de l'Altenburg, retouchés et dispersés, dans Le Miroir des limbes : ils en constituent les temps forts.

Au romancier semble pour vingt-cinq ans succéder l'auteur des écrits sur l'art, qui invente à la fois une nouvelle forme de livre d'art, et un nouveau type de discours sur l'art : coup sur coup paraissent La Psychologie de l'art 1947-1949, Saturne, essai sur Goya 1950, Les Voix du silence 1951, refonte du premier ouvrage, Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale 1952, La Métamorphose des dieux dont le premier volume est publié en 1957.
Ces œuvres doublement spectaculaires, par l'éclat incantatoire du style, et par la mise en scène de l'illustration, qui propose l'immense éventail des formes inventées, n'ont pas tout à fait séduit les spécialistes ni rallié la masse des lecteurs.
Le projet de Malraux était pourtant aussi ferme que son exécution : Ce livre, nous avertit l'auteur de La Métamorphose des dieux, n'a pour objet ni une histoire de l'art – bien que la nature de la création artistique m'y contraigne souvent à suivre l'histoire pas à pas – ni une esthétique : mais bien la signification que prend la présence d'une éternelle réponse à l'interrogation que pose à l'homme sa part d'éternité – lorsqu'elle surgit dans la première civilisation consciente d'ignorer la signification de l'homme.
Cette présence ne nous est accessible que par la reproduction photographique des œuvres d'art, qui a transformé la notion de musée : Un musée imaginaire s'est ouvert, qui va pousser à l'extrême l'incomplète confrontation imposée par les grands musées : répondant à l'appel de ceux-ci, les arts plastiques ont inventé leur imprimerie. Seule notre époque, écartant la notion de sacré comme le mirage du réalisme, peut prendre conscience du sens de l'art, qui crée un monde irréductible à celui du réel et devient « un anti-destin .
Cette méditation sur l'art recourt à un style sensiblement différent de celui des romans : une prose mélodique et souvent solennelle fait écho à celles de Michelet et de Chateaubriand.
L'écrivain de ces livres ambigus, discours sur l'art autant qu'œuvres d'art, est aussi un héritier du XIXe siècle.
De retour aux affaires, l'écrivain semblait avoir renoncé à ses chères études.
Aussi la publication des Antimémoires, en 1967, écrits à l'occasion d'un voyage et d'une convalescence, fut-elle un événement politico-littéraire. En fait ce livre sera considérablement remanié en 1972, à l'occasion de sa réédition, puis en 1976, pour l'édition de La Pléiade : ces remaniements font de la première version une esquisse très imparfaite. Le nouveau style de Malraux, sans perdre tout à fait le sens du raccourci et le ton de la gouaille, s'oriente vers des formes plus amples et plus oratoires. L'auteur des Antimémoires entend, par le choix de ce titre, éluder les questions que l'on pose aux auteurs de Mémoires : il ne nous parle ni de son enfance, qu'il déteste, ni de sa vie privée, ni du détail de sa vie politique.
"Que m'importe ce qui n'importe qu'à moi ?", écrit-il avec une certaine hauteur, ce qui n'exclut pas de pathétiques embellissements voisins de ceux de Chateaubriand, cet autre écrivain-ministre. Le livre ne se contente pas de bouleverser l'ordre chronologique, en évoquant surtout les vingt-cinq dernières années : il mêle aux souvenirs, sans les distinguer, les fictions : "le colloque de l'Altenburg" est textuellement repris ; Clappique resurgit de La Condition humaine pour exposer au narrateur le découpage d'un film narrant la vie d'un aventurier, David de Mayrena, et cette fiction au troisième degré aboutit à un curieux remake de La Voie royale. Enfin le livre s'organise autour de quelques grands dialogues avec des chefs d'État illustres: Nehru, de Gaulle, Mao Zedong, qui transposent et subliment les entretiens réels qui eurent lieu.
Si ces Antimémoires fournissent une sorte d'anthologie permanente de la prose française, s'ils n'évitent pas toujours la pompe, l'apparat, les fumées de l'encens, ils rencontrent souvent l'authenticité pure.
De ces dialogues, on retiendra, à l'usage de Nehru, un plaidoyer intéressant pour l'action du ministre de la Culture :
"Nos dieux sont morts et nos démons bien vivants. La culture ne peut évidemment pas remplacer les dieux, mais elle peut apporter l'héritage de la noblesse du monde."

Le renouveau de l'écrivain : l'homme précaire de 1969-1976

En 1969, quand Malraux abandonne le ministère des Affaires culturelles, qu'il avait occupé durant dix ans, et le rôle de conseiller du général de Gaulle, on peut avoir l'impression qu'un écrivain extraordinaire, le plus éclatant de l'avant-guerre, s'est effacé devant un ministre somme toute ordinaire, pourvu de peu de moyens financiers et politiques, et qui, s'il a représenté une politique avec éclat, ne l'a jamais orientée d'une manière décisive.
Selon la formule perfide de Mauriac – le seul autre écrivain de grand renom à avoir rallié le gaullisme –, un ministère aura-t-il été un os à ronger jeté par le destin à un désir de puissance insatisfait ?
De 1957 à 1969, l'écrivain Malraux s'est astreint au silence, un silence rompu seulement par la publication des Antimémoires 1967, ou plutôt de ce qui était présenté comme le premier volume d'une tétralogie posthume ; encore l'accueil de ce livre a-t-il été perturbé par la présence envahissante, sur les médias, du ministre d'État. Tenu à distance et en suspicion par la gauche, son ancien public, Malraux faisait alors figure, avec son ministère et ses Mémoires, d'un Chateaubriand qui se serait trompé de siècle. Il était loin, l'inventeur conquérant dont son ami Drieu écrivait en 1930 : "Malraux, homme nouveau, pose l'homme nouveau."
Mais, durant les sept années qui lui restent à vivre, Malraux va se jeter à corps perdu dans l'écriture et produire une œuvre, sinon plusieurs, qui suffirait à une vie entière. On n'a jamais vu une vieillesse aussi productive, comme si la mort qui n'est pas loin suscitait une espèce de résurrection.

Le dialogue avec de Gaulle

De la vie politique, Malraux se retire en même temps que le général de Gaulle. Il ne s'exprimera sur ce plan qu'à deux reprises, dans des circonstances bien différentes : en 1971, renouant avec son aventure indochinoise comme avec son épopée espagnole, il se déclare prêt à combattre pour le Bangladesh, engagement rendu inutile par la guerre entre l'Inde et le Pakistan.
En 1974, il intervient à la télévision d'une manière bien maladroite en faveur du candidat gaulliste aux élections présidentielles, Jacques Chaban-Delmas. Les deux interventions, dont la crédibilité n'est pas évidente, indiquent la coexistence d'un gauchiste et d'un gaulliste.
En fait, c'est après son départ des affaires que le gaullisme de Malraux prend sa vraie figure – tel qu'en lui-même enfin l'écriture le change. Charles de Gaulle, dans ses Mémoires d'espoir 1970, avait déjà légué à la postérité l'effigie d'un inspirateur suprême :
"À ma droite, j'ai et j'aurai toujours André Malraux. La présence à mes côtés de cet ami génial, fervent des hautes destinées, me donne l'impression que, par là, je suis couvert du terre à terre [...].
Je sais que dans le débat, quand le sujet est grave, son fulgurant jugement m'aidera à dissiper les ombres."
Après la mort du Général, Malraux publie, en guise d'hommage funèbre, Les Chênes qu'on abat... 1971, qui se présente comme le simple compte rendu d'une longue conversation avec Charles de Gaulle, à Colombey, le 11 décembre 1969 : en fait, ce dialogue, narré et transposé par un metteur en scène qui n'oublie pas son art de romancier, savamment placé dans la perspective de la mort imminente, devient le testament du gaullisme.
Les voix du saint-cyrien et de l'ancien révolutionnaire, tour à tour gouailleuses et prophétiques, se confondent jusqu'à devenir indiscernables.
Le gaullisme se trouve ici séparé de tous les successeurs du Général et rapproché de la France révolutionnaire du XIXe siècle, selon Michelet : ce qui le caractérise, c'est la décolonisation, l'impulsion donnée au Tiers Monde, l'indépendance nationale, la tradition jacobine, le sens de l'universel.
En même temps que Malraux suggère la cohérence de son propre engagement historique, de la révolte au pouvoir, il assure au gaullisme une métamorphose semblable à celle des œuvres d'art.
Ce mythe mais Malraux n'a-t-il pas dit du Général qu'il était égal à son mythe ?, reste énigmatique, comme en témoigne le final des Chênes qu'on abat..., dubitatif dans sa grandeur : "Maintenant, le dernier grand homme qu'ait hanté la France est seul avec elle : agonie, transfiguration ou chimère. La nuit tombe – la nuit qui ne connaît pas l'Histoire."
Malgré l'écho insistant de Chateaubriand, il faut reconnaître que le gaullisme a trouvé ici sa seule incarnation littéraire, et que cette pseudo-interview, détournée vers le dialogue socratique ou la tragédie grecque, lui confère un "romanesque historique" sans égal.

L'œuvre réorganisée

"Le plus grand écrivain vivant et à coup sûr le plus singulier", écrivait encore Mauriac en 1969 : singulier en effet en ce qu'il n'a cessé de transformer et de réécrire son œuvre passée, comme de modifier le projet de son œuvre à venir.
Mais l'ensemble de cette œuvre, in extremis, se trouvera extraordinairement achevée : quelques jours avant la mort de Malraux paraissait le troisième et dernier volume de La Métamorphose des dieux ; la même année est publiée La Corde et les souris 1976, qui complète et équilibre les Antimémoires.
Les deux ouvrages sont réunis dans Le Miroir des limbes en un seul volume.
Ainsi les écrits sur l'art, les Mémoires, les romans même prenaient leur forme et leur place définitives en même temps que disparaissait l'écrivain. Enfin, un livre posthume, L'Homme précaire et la littérature 1977, allait rassembler une réflexion sur la littérature, jusque-là dispersée dans diverses préfaces, et la relier à la réflexion sur l'art.
Si la mort transforme la vie en destin, celle-ci aura par surcroît apporté la clef de voûte d'une cathédrale littéraire.

Malraux, on le sait, a renoncé au roman depuis 1943, juste avant d'être le premier auteur vivant à entrer, comme romancier, dans la Bibliothèque de la Pléiade, avec Les Conquérants 1928, La Condition humaine 1933, L'Espoir 1937.
Les Noyers de l'Altenburg 1943 reste inaccessible au grand public.
Mais Malraux en réutilise la première partie, discrètement réécrite et condensée dans les Antimémoires ; repris aussi, l'épilogue des Noyers qui montre le narrateur participant en 1940 à des combats de blindés qui relèvent de la fiction et non de la biographie.
Plus tard, dans Lazare 1974, sera reproduite mais sans aucune confusion possible la scène la plus forte des Noyers, qui évoque le premier emploi des gaz de combat par l'armée allemande, en 1916, sur le front russe. Ainsi Les Noyers de l'Altenburg se sont-ils trouvés débités, puis réutilisés intégralement, sans perdre leur caractère de fiction, dans un ensemble de Mémoires, mais s'agit-il de vrais Mémoires ?.

Il ne s'agit pas d'une solution de facilité : un simple survol de la production de Malraux montre l'acharnement mis à réécrire ses textes jusqu'à la forme la plus satisfaisante. Les Antimémoires de 1967 se trouvent profondément modifiés, en 1972, à la seule occasion d'une réédition en format de poche ! Un dialogue fondamental y est ajouté : le soliloque, face à la mort, de Malraux avec son double désespéré, Méry, à Singapour ; inversement, la très longue scène qui, réintroduisant le Clappique de La Condition humaine, présentait une vertigineuse mise en abîme de la mythomanie, est réécrite et abrégée.
Le premier volume des Antimémoires devait être suivi de trois autres, posthumes ; or le titre collectif devient Le Miroir des limbes, les Antimémoires n'en désignant plus que le premier volume. Dans un second et dernier volume, nullement posthume, intitulé La Corde et les souris, Malraux réunit divers livres publiés séparément : Les Chênes qu'on abat, déjà évoqué ; Lazare 1974, qui retrace un séjour, non pas tout à fait au royaume des morts, mais dans un service de la Salpêtrière où la résurrection succède à l'agonie ; La Tête d'obsidienne 1974, longue méditation sur Picasso, coupée de dialogues remémorés ; enfin Hôtes de passage 1975, trois dialogues plus brefs, plus bigarrés, avec Léopold Senghor, Georges Salles, Max Torrès.
Réunis, les livres, qui ont perdu leurs titres et leurs préfaces, sont aussi réécrits : Les Chênes s'augmentent d'un épilogue plus serein ; La Tête d'obsidienne, non sans profit, se voit considérablement restreinte. Les divers dialogues sont reliés par un jeu subtil de transitions et d'anamnèses, distribués dans un ordre différent, qui donne toute sa puissance au final, Lazare, dialogue avec la mort Miroir des limbes, l'auteur en modifie encore la présentation, supprimant certains titres, introduisant une conclusion générale.

Pacte autobiographique et pacte romanesque

Comment apprécier ces Antimémoires, transformés en Miroir des limbes ? Nul mémorialiste et l'auteur des Antimémoires en fait bien figure ne s'est permis, comme le fait Malraux, de mêler la fiction, avouée ou non et le souvenir, l'imaginaire et l'historique. Hésitant entre un pacte autobiographique et un pacte romanesque, le lecteur, pris de vertige, finira par évoquer la formule de Clappique :
" [...] il entrait dans un monde où la vérité n'existait plus. Ce n'était ni vrai ni faux, mais vécu ".
Ainsi, le Berger des Noyers est un héros de roman, dont on se gardera d'imputer à l'auteur la généalogie alsacienne ou la dramatique campagne de 1940 ; mais comme Malraux a pris en 1944 le pseudonyme de colonel Berger, le même Berger devient un héros réel de la Résistance, dont on espère lire l'histoire tout à fait authentique ; enfin, dans la version de Lazare, le lieutenant Vincent Berger, père du narrateur des Noyers, devient le commandant Berger, comme pour favoriser une diabolique confusion entre le héros des Mémoires et le héros du roman. Certes, Malraux n'entend pas donner sa biographie : "Je ne m'intéresse guère".
Mais il s'intéresse fort à l'image qu'il donne de lui, et en somme à son mythe, prenant avec la réalité historique des libertés considérables, procédant moins par assertions que par allusion, suggestion, ellipse, blanc ou clair-obscur.
Il serait pourtant vain d'intenter un procès de mythomanie, même si la mythification inévitable (ce que Malraux appelle ailleurs "la métamorphose d'une biographie en vie légendaire" n'est pas toujours éloignée de la mystification.
En fait, les Antimémoires, dans leur titre même, indiquent qu'il n'y a pas de frontières entre ce qui a été vécu et ce qui a été imaginé, entre l'avenir rêvé et le souvenir retrouvé.
Le Malraux mémorialiste rejoint le Malraux romancier, à partir de points de départ différents, vers un effet analogue. Le romancier des Conquérants persuadait par induction ses lecteurs qu'il s'agissait d'une expérience vécue par l'auteur ; inversement, le narrateur de ces Mémoires, ou pseudo-Mémoires nous suggère une expérience, mais transposée, métamorphosée, compensée par l'imagination.
Malraux est peut-être le seul écrivain romancier-autobiographe qui ait mis en question aussi bien le genre romanesque que le genre autobiographique, et leur opposition communément admise. Le héros des Antimémoires, comme celui des Conquérants selon Drieu," ce n'est pas Malraux, c'est la figuration mythique de son moi" .

L'homme de parole

Le choix d'un nouveau titre, Le Miroir des limbes, marque la préférence donnée à l'énigmatique sur l'intelligible.
Ces limbes représentent sans doute l'espace de la mort, que Malraux-Lazare approche ou pénètre, mais aussi le crépuscule indécis qui sépare la mort d'une civilisation de sa métamorphose, et encore la seule forme de survie qu'un agnostique puisse concevoir, cette dérive arbitraire et irremplaçable comme celle des nuées.
Dans le second volume, La Corde et les souris, ce n'est plus la mémoire qui évoque et gouverne les dialogues ; ce sont les dialogues qui suscitent, comme par distraction, les souvenirs ; la mémoire, par analogie, juxtapose les images des périodes les plus diverses et des espaces les plus étrangers, réactualise les instants de la vie rêvée et de la vie vécue.
Par ces extases de la mémoire et de la vision, Malraux rivalise bien avec Proust, quoique l'usage de l'allusion, du raccourci et de la syncope fasse aussi penser à Saint-John Perse. Les dialogues eux-mêmes, à quelques exceptions près, sont des dialogues avec des morts illustres, sur la mort des cultures ou des héros, face à la mort. Pour y échapper, d'une manière d'ailleurs précaire, il n'y a guère que les hommes de l'histoire ou les inventeurs de formes – de Gaulle ou Picasso.
Dans l'univers limbaire de Malraux, la vie est toujours vue par un Orphée revenant du domaine de la mort.

La forme narrative des Antimémoires s'est donc détournée vers une forme dialoguée, rassemblant politique, aventure et art dans un même questionnement métaphysique sur le destin.
Il se peut que Malraux ait été essentiellement un génie du dialogue. D'ailleurs, à côté de ces dialogues transcrits ou réécrits par un Malraux « interviewer » des grands de ce monde, on peut trouver un intérêt égal aux entretiens de Malraux interviewé par tel écrivain ou tel journaliste.
Le don oral de l'improvisation, qui dans les années vingt époustouflait déjà Gide et Martin du Gard, s'y retrouve à tel point que certains, comme François Mitterrand, se sont demandé avec malignité "si Malraux n'appartient pas à cette lignée d'écrivains dont le génie s'exprime tout entier dans la conversation et se dissipe dans l'écriture".
Si la seconde partie de la formule est insoutenable, la première reste vraie : on peut préférer à certaines pages de La Corde et les souris les entretiens savamment montés et agencés par Claude Mauriac, ou scrupuleusement notés par Frédéric Grover, ou même les entretiens prodigués aux hebdomadaires : dans ce genre, Malraux a précédé, mais aussi surclassé ses contemporains.
Le pouvoir oral de Malraux ne s'est d'ailleurs pas dispersé sans retour dans l'éphémère des conversations ; il est passé à merveille dans les divers médias, en particulier à la radio, mais aussi à la télévision.
Sur ses écrans, malgré le handicap de l'âge qui touche sa voix et son physique, Malraux se révèle comme un prodigieux acteur-animateur, aussi à l'aise dans la galaxie Marconi que dans la galaxie Gutenberg.
On retiendra La Légende du siècle 1972, neuf heures d'émission dont la réussite exceptionnelle est sans doute due à ses réalisateurs, Claude Santelli et Françoise Verny, mais on retrouve les mêmes qualités, la même présence dans les Voyages imaginaires, dont le réalisateur est Jean-Marie Drot.
Malraux se trouve être le seul grand écrivain à avoir réussi son passage à la télévision, où il a pu jouer un rôle quasi hugolien, écho sonore du siècle, mage et magicien des nouveaux médias.
Dans ses derniers livres L'Intemporel, L'Homme précaire, il a poussé fort loin une réflexion sur les pouvoirs de l'audiovisuel et les mutations qu'il entraîne.
Pour la télévision, Malraux a inventà la fois une pratique et une théorie, comme il l'avait fait en son temps pour le cinéma avec Espoir 1939 et Esquisse d'une psychologie du cinéma 1946– comme il n'a jamais cessé de le faire depuis ses vingt ans pour le livre d'art illustré.

Å’uvre et art

Les écrits sur l'art ne peuvent pas être séparés du reste de son œuvre, et l'achèvement de La Métamorphose des dieux a hanté ses dernières années.
Après le premier volume paru en 1957 qui deviendra dans une nouvelle édition Le Surnaturel suivront, par-delà l'intermède gouvernemental, L'Irréel 1974 et L'Intemporel 1976 : ainsi sera édifié un triptyque colossal, montage du texte et de l'image conçu par un inventeur du livre d'art, qui nous mène du IIe millénaire avant Jésus-Christ au XXIe siècle, accomplissement de ce qu'était le projet initial.
L'Irréel, qui évoque l'évolution des formes depuis Florence jusqu'à la mort de Rembrandt, fait suite au spirituel, et se définit comme un divin dédivinisé.
C'est ainsi que Donatello émancipe de la cité divine l'image privilégiée de l'homme – en faisant de l'homme un personnage d'irréel, que les nus de Botticelli font découvrir le monde dans lequel l'art délivre de la condition humaine les figures féminines sans devoir leur délivrance au monde de Dieu, et que Rembrandt découvre un trouble pouvoir qui n'est ni le sacré ni la postérité.
Dans L'Intemporel, l'art trouve son autonomie ; la communauté de l'art découvre ses héros et ses martyrs ; le fait pictural se sépare de la représentation et de l'illusion ; l'art d'Extrême-Orient dialogue avec les arts d'Occident, comme les arts sans histoire avec les arts historiques. Aujourd'hui, dans l'ère de ce que Malraux nomme l'aléatoire,
"[...] toutes les contestations, toutes les résurrections vont rencontrer l'audiovisuel [...]. Avant longtemps, l'audiovisuel découvrira le pouvoir qui le sépare profondément des musées et même du musée imaginaire : celui de ressusciter l'unité perdue."
Et l'art,"étroit et intarissable ruisseau de métamorphose", subira sans doute une imprévisible mutation.

Le couronnement de l'entreprise de Malraux n'a pas triomphé de la grande réserve, plus ou moins respectueuse, du public et des critiques. Les historiens de l'art restent pantois devant les télescopages planétaires et les synthèses époustouflantes, même s'ils saluent, de loin, « l'intrusion de l'histoire de l'art dans la tragédie grecque ». Les fidèles de Malraux ne le suivent pas toujours dans le grand jeu de la reproduction photographique des œuvres d'art. Quant au grand public, il est tenu à distance de cette fastueuse trilogie, ne serait-ce que par son prix qui la réserve à des amateurs fortunés. Il faut aussi admettre que cette symphonie héroïque de l'art, conçue dès les années vingt, a pris une allure anachronique avec ses accents qui rappellent les maîtres de la jeunesse de Malraux : Maurice Barrès, Romain Rolland, Élie Faure. Nulle part, Malraux ne fait plus figure de chasseur solitaire qu'en cette partie de son œuvre.

Mais une fois admis cet anachronisme, une fois accepté le style initiatique et oraculaire de Malraux, il faut reconnaître qu'à l'éventail des formes d'art évoquées correspond un registre d'écriture insurpassable, avec ses périodes et ses raccourcis fascinateurs, ses tâtonnements et ses éclairs, sa rhétorique de l'illustration et sa dramaturgie spirituelle.
Le discours sur l'art universel est parcouru par une fièvre communicative qui le transforme en longue traque ou en chevauchée fantastique.
Il ne tombe jamais dans la religion de l'art, ni dans aucune autre religion, puisqu'il met toujours en scène, dans une perspective agnostique, une interrogation ou une énigme. Toute cette recherche dont les obsessions et les ressassements ne sont pas niables est plus moderne qu'on ne l'a cru, car elle porte essentiellement sur les moyens de communication de la reproduction photographique à la séquence audiovisuelle, et surtout elle prend le point de vue, non de la création, mais de la réception de l'art.
André Malraux ne dialogue pas avec les créateurs, mais avec la communauté de l'art, c'est-à-dire avec tous les hommes, créateurs ou non, à qui un art est nécessaire. Mais il est possible que ce dialogue, qui se superpose à tant d'autres dans les écrits sur l'art, ne parvienne pas toujours à dominer un monologue presque somnambulique.

Du musée imaginaire à la bibliothèque

À cette recherche se rattache L'Homme précaire et la littérature 1977, parce que l'esthéticien y reprend toutes ses notions fondamentales, substituant seulement la bibliothèque au musée imaginaire, et parce qu'il esquisse, autant qu'une histoire de la littérature européenne, une histoire de l'imaginaire : dans le kaléidoscope se succèdent l'imaginaire-de-vérité, l'imaginaire-de-fiction, l'imaginaire oral de l'écriture, pour le roman, l'imaginaire-de-métamorphose pour notre temps, un temps du précaire et de l'aléatoire.
En fait, pour la littérature, passablement démythifiée, le grand jeu des métamorphoses et des résurrections opère mal, et la bibliothèque reste privée de la magie propre au musée imaginaire.
La littérature s'adresse à une secte, mais à une secte moins fervente, moins large que la communauté de l'art, car la bibliothèque ne ressuscite pas ses primitifs et n'annexe pas ses sauvages.
Malraux analyse admirablement le roman du XIXe siècle ou celui de Flaubert, mais les formules qu'ils lui inspirent frappent par leur amertume désenchantée. Il définit le premier comme un surprenant carambolage métaphysique, car jamais on n'avait tenté de saisir l'homme du dedans et du dehors à la fois, au second, après quelques pages remarquables, il concède : La bibliothèque est sauvée, non victorieuse : au mieux, le piège où se prendra, peut-être, la bêtise.
L'avocat passionné de l'art moderne se montre ici peu attentif au roman moderne et annonce, ou plutôt constate déjà, la mort de l'imaginaire-de-roman face à l'imaginaire des images.
Malraux semble aussi loin du credo littéraire de sa jeunesse, qu'on songe aux admirables préfaces à Laclos, Faulkner, D. H. Lawrence que Sartre du sien quand il écrit Les Mots.
Cet essai lucide et froid sur la fin du roman est aussi la justification d'un renoncement ancien au roman. Comme l'a écrit Jacques Bersani :
"[...] c'est bien là l'étonnante surprise que le grand chaman nous réservait pour son dernier livre [...]. L'Homme précaire, ce n'est pas le tombeau du roman, c'est le tombeau du romancier."

Homme politique, mémorialiste, historien de l'art, théoricien de la littérature, le dernier Malraux aura subverti et détourné chaque rôle, transformé chaque genre, inventé chaque fois une forme qui lui fût propre.
Aussi, de son vivant même, en est-il venu à un point extrême de solitude : on ne voit pas qu'il influence la littérature vivante à l'exception de Régis Debray et de Conrad Detrez ni la jeunesse. Peu de numéros spéciaux de revue, peu de colloques qui lui soient consacrés ; les intellectuels de gauche, qui lui doivent beaucoup, mais qu'il a dédaignés, l'entourent de silence ou lui vouent un ressentiment haineux, les pages de Simone de Beauvoir, dans Tout compte fait, sont particulièrement symptomatiques.
Peut-être Malraux s'éloigne-t-il, par sa grandeur même.
Mais, par un curieux retour des choses, lui qui a si souvent écarté le misérable petit tas de secrets que chaque homme cache, lui qui a tant brouillé les cartes pour empêcher toute enquête, se trouve au centre d'un réseau d'investigations et de témoignages.
Il a inspiré à Jean Lacouture le chef-d'œuvre du genre biographique, modèle de compréhension et de démythification.
Les Mémoires de Clara Malraux, sa première femme, comme la chronique de son second mariage, intitulée Le Cœur battant, révèlent l'homme privé dans sa vulnérabilité ; les témoignages des camarades de la guerre d'Espagne, des combattants de la brigade Alsace-Lorraine ou des compagnons du gaullisme se sont multipliés.
Le dernier livre d'Emmanuel Berl, Interrogatoire 1978, comme les Mémoires de Raymond Aron 1983 resituent Malraux dans la perspective d'une fraternité intellectuelle. On retiendra surtout les souvenirs d'Alain Malraux, son neveu, qui, dans Les Marronniers de Boulogne, a donné du Malraux des dernières années une image à la fois critique et chaleureuse. Le héros n'est nullement rabaissé par l'entreprise biographique : il s'humanise et se rapproche de nous.

Le mythomane

Personne ne nie que Malraux fut un grand mythomane.
Il a ainsi rédigé lui-même son dossier militaire, s'attribuant des blessures fictives.
Il a prétendu être entré dans la Résistance dès 1940, ce qui est faux, comme l'ont relevé Olivier Todd et d'autres auteurs avant lui : Guy Penaud, René Coustellier.
Clara Malraux, comme Olivier Todd le rappelle, prétendait que Malraux était en permanence un escroc génial.
Paul Nothomb affirmait que Malraux n'était jamais dupe de ses propres fabulations.
Dans plusieurs textes, d'ailleurs, Malraux se plaît à relativiser la valeur de la véracité. Par exemple, à propos du faux en bibliophilie (qu'il pratiqua), il fait dire à un personnage en qui il semble bien mettre un peu de lui : "La mystification est éminemment créatrice."
Dans La Voie royale, l'auteur dit en son propre nom :" tout aventurier est né d'un mythomane."
Olivier Todd estime essentielle à la compréhension de Malraux une idée exprimée dans La Condition humaine : "Ce n'était ni vrai ni faux, c'était vécu". Pendant la Seconde Guerre mondiale, Malraux aurait dit : "Je fabule, mais le monde commence à ressembler à mes fables".

Détail des fonctions gouvernementales

Ministre de l'Information du gouvernement Charles de Gaulle (2) du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre sans portefeuille du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 1er juin 1958 au 3 juin 1958)
Ministre délégué à la Présidence du Conseil du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 3 juin 1958 au 8 janvier 1959)
Ministre chargé de la Radio, de la Télévision et de la Presse du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 12 juin 1958 au 7 juillet 1958)
Ministre d'État du gouvernement Michel Debré (du 8 janvier 1959 au 22 juillet 1959)
Ministre d'État, chargé des Affaires culturelles du gouvernement Michel Debré (du 22 juillet 1959 au 14 avril 1962)
Ministre d'État, chargé des Affaires culturelles du gouvernement Georges Pompidou (1), (2), (3) et (4) (du 14 avril 1962 au 12 juillet 1968)
Ministre d'État, chargé des Affaires culturelles du gouvernement Maurice Couve de Murville (du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969).

Discours célèbres et conférences Liste non exhaustive

1934 - L'art est une conquête, discours prononcé en août au Congrès des écrivains en URSS.
1934 - L'Attitude de l'artiste, discours à la Mutualité en 1934, compte-rendu du Congrès des écrivains soviètiques à Moscou.
1935 - L'Œuvre d'art, discours au Congrès International des écrivains pour la défense de la culture (21-25-juin 1935)
1935 - Réponse aux 64, discours aux assises de l'Association Internationale des écrivains pour la défense de la culture 4 novembre 1935.
1936 - L'Héritage culturel le 21 juin 1936 à Londres au secrétariat général de l'Association des écrivains pour la diffusion de la culture.
1946 - L'Homme et la culture, conférence à la Sorbonne, le 4 novembre 1946, pour la naissance de l'UNESCO
1947 - Discours de propagande pour le RPF dont il est le délégué à la propagande le 2 juillet 1947, au Vélodrome d'hiver de Paris.
1948 - Appel aux intellectuels en mars, à la salle Pleyel, qui deviendra la postface des Conquérants.
1956 - Discours au congrès d'art et archéologie à New York et plusieurs autres aux États-Unis.
1956 - Rembrandt et nous , discours à Stockholm pour le 350e anniversaire de la naissance du peintre.1956.
1958 - juillet (Fête Nationale) - août (Anniversaire de la Libération de Paris) - septembre (Référendum sur la Constitution)
1959 - Hommage à la Grèce discours à Athènes pour la première illumination de l'Acropole
1960 - Discours à l'occasion de l'indépendance des Colonies d'Afrique noire.
1960 - Discours à l'UNESCO pour le sauvetage des monuments de Nubie.
1963 - La Joconde, discours à Washington, en janvier pour l'exposition de la Joconde à la National Gallery, devant le président Kennedy
1963 - Oraison funèbre de Georges Braque, en septembre.
1964 - Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (19 décembre 1964), repris dans Oraisons funèbres.
1965 - Oraison funèbre de Le Corbusier dans la Cour carrée du Louvre.
1969 - Oui, discours pour le oui au référendum.
1971 - Oraisons funèbres, repris dans Le Miroir des Limbes, en 1976.
1973 - Inauguration du Monument de la Résistance (2 septembre 1973), repris dans Oraisons funèbres :
"Entre ici, Jean Moulin..."
1975 - Discours à la cathédrale de Chartres pour le 30e anniversaire de la libération des camps de concentration.

Å’uvres

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Posté le : 02/11/2013 21:32
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Å’uvres

Liste des Å“uvres

1920 - Des origines de la pensée cubiste article dans La Connaissance, puis dans Action et des articles sur : Lautréamont et André Salmon.
1921 - Lunes en papier, Édition de la galerie Simon Kahnweiler Paris, gravures sur bois de Fernand Léger.
Ainsi que des textes brefs : Les Hérissons apprivoisés - Journal d'un pompier du jeu de massacre.
1922 - Des lapins pneumatiques dans un jardin français texte farfelu. Écrit dans Dés des articles sur : Gide, Gobineau, Max Jacob, et préface le catalogue de l'exposition Galanis
1924 - Écrit pour une idole à trompe textes farfelus donnés en revues et repris dans les Œuvres Complètes, vol.1, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade.
1925 - L'Indochine,journal qu'il réalise avec Paul Monin,29 éditoriaux;puis après interruption devient : L'Indochine enchaînée,25 éditoriaux,dernière parution le 24 février.
1925 - L'Expédition d'Ispahan, en août sous le pseudonyme de Maurice Saint-Rose
1926 - La Tentation de l'Occident, chez Grasset
1927 - Écrit pour un ours en peluche (in 900) - Le voyage aux îles Fortunées (Commerce) - D'une jeunesse européenne dans le livre collectif intitulé : "Écrits", chez Gallimard.
1928 - Les Conquérants, chez Grasset.
1928 - Royaume-Farfelu, chez Gallimard.
1930 - La Voie royale, Prix Interallié, chez Grasset, qu'il présente comme le 1er volume des : Puissances du désert
1932 - préface : L'Amant de lady Chatterley de D. H. Lawrence
1933 - La Condition humaine, Prix Goncourt le 7 décembre 1933216. Préface le : Sanctuaire (roman) de William Faulkner
1935 - Le Temps du mépris, chez Gallimard.
1937 - L'Espoir et, dans la revue : Verve son premier texte sur : La Psychologie de l'art
1938 - Espoir, sierra de Teruel, (mise en scène du film) qui sortira en 1945 en France sous le titre de l'Espoir.
1939 - Laclos, étude publiée dans : Tableau de la littérature française.
1941 - Le Règne du Malin, texte inachevé publication posthume.
1943 - 1948 - La Lutte avec l'ange, dont la Gestapo va brûler le manuscrit, ensuite retitré Les Noyers de l'Altenburg, 1re partie, 1943 aux Éditions du Haut-Pays à Lausanne, Suisse - 1948 France
1946 - Le Démon de l'Absolu, dont un extrait qu'il publie sous le titre de : N'était-ce donc que cela ?.
1946 - Esquisse d'une psychologie du cinéma
1947 - Les Dessins de Goya au musée du Prado et Le Musée imaginaire, premier tome de : La Psychologie de l'art, ouvrage dédié à Madeleine Malraux.
1947 - Romans parution du premier volume de ses Romans dans la bibliothèque de la Pléiade.
1948 - Le Rassemblement, hebdomadaire qu'il crée
1948 - La Création artistique. Écrit des articles dans : Le Rassemblement. Parution de The Case for de Gaulle, qui donne un dialogue entre James Burnham et Malraux
1949 - Liberté de l'esprit, revue du RPF qu'il crée et à laquelle il collabore, la direction est confiée à Claude Mauriac.
1949 - La Monnaie de l'absolu, 3e volume de la Psychologie de l'art
1950 - 1978 - Saturne et de nombreux articles dans : Carrefour, Le Rassemblement, La Liberté de l'esprit, le destin, l'Art et Goya.
1951 - Les Voix du silence, et nouvelle version de La Psychologie de l'art
1952 - La Statuaire premier tome du Musée imaginaire de la sculpture mondiale, chez Gallimard. Préface de nombreux ouvrages dont: Qu'une larme dans l'Océan de Manès Sperber
1953 - lettres préface à Chimères ou Réalités
1954 - Des bas-reliefs aux grottes sacrées et Le Monde chrétien chez Gallimard.
1957 - La Métamorphose des dieux, 1957, deviendra le premier volume (Le Surnaturel) de la trilogie qui reprend ce titre (voir plus bas).
1964 - "Entre ici...", lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (repris dans Oraisons funèbres).
1967 - Antimémoires, 1967 (première partie du Miroir des Limbes)
1971 - Les Chênes qu'on abat..., 1971 (repris dans La Corde et les Souris)
1971 - 1976 -Oraisons funèbres, 1971 (8 oraisons reprises dans La Corde et les Souris, 1976)- Préface le livre du Souvenir à Charles de Gaulle
1974 - La Tête d'obsidienne, (repris dans La Corde et les Souris)
1974 - Lazare, (repris dans La Corde et les Souris)
1974 - Le Surnaturel, (paru en 1957) sous le titre:La Métamorphose des Dieux
1975 - Hôtes de passage,(repris dans La Corde et les souris)
1975 - L'Irréel, Ma Métamorphose des Dieux.II,
1976 - La Corde et les Souris, 1976 (seconde partie du Miroir des Limbes)
1976 - Le Miroir des limbes, 1976 (I. Antimémoires + II. La Corde et les Souris + Oraisons funèbres) En octobre dans la Pléiade.
1976 - L'Intemporel, La Métamorphose des Dieux. III, 1976
1977 - L'Homme précaire et la Littérature, Gallimard, 1977 (posthume)
1998 - Entretiens avec Tadao Takemoto, Au Signe de la Licorne,1998 (partie d'un ouvrage paru au Japon)
2006 - Carnet du Front populaire (1935-1936), François de Saint-Cheron (éd.), préf. Jean-Yves Tadié, Gallimard, 2006 (posthume)
2007 - Carnet d'URSS (1934), François de Saint-Cheron (éd.), préf. Jean-Yves Tadié, Gallimard, 2007 (posthume)
2012 - Lettres choisies (1920-1976), François de Saint-Cheron (éd.), préf. Jean-Yves Tadié, Gallimard, 2012 (posthume)
2013 - Non, fragments d'un roman sur la résistance, Henri Godard et Jean-Louis Jeannelle (éd.), avant-propos et postface d'Henri Godard, collection Les Cahiers de la NRF, Gallimard, 2013 (posthume)

Édition des œuvres complètes

Les Œuvres complètes d'André Malraux sont disponibles en six volumes dans la collection "Bibliothèque de la Pléiade" (éditions Gallimard) : les deux premiers tomes sont consacrés aux œuvres de fiction ; le tome III au Miroir des limbes ; les tomes IV et V rassemblent les Écrits sur l'art ; le tome VI, intitulé Essais, rassemble des textes sur la littérature articles, préfaces, des discours et articles à caractère politique, Le Triangle noir, L'Homme précaire et la littérature ainsi que les deux Carnets posthumes (d'URSS et du Front populaire). Cet ensemble comporte un appareil critique, des index, de nombreux inédits, ainsi que, pour les volumes IV et V, les illustrations des éditions originales. Dans la même collection un Album Malraux (iconographie choisie et commentée par Jean Lescure, 517 illustrations) a été publié en 1986.

Dessins, croquis

200 dessins et croquis réalisés depuis la fin de la guerre à sa séparation d'avec Madeleine, sont présentés par cette dernière et son fils Alain dans un livre " L'Univers farfelu d'André Malraux " paru le 23 septembre 2009 aux éditions du Chêne, sous la direction de Marie-Josèphe Guers
Bibliographie générale des œuvres[modifier | modifier le code]
Jacques Chanussot - Claude Travi, Dits et Écrits d'André Malraux. Bibliographie commentée, Éditions Universitaires de Dijon, 2003
Claude Pillet, Dix mille textes pour André Malraux, cdrom joint au livre Le sens ou la mort, essai sur Le Miroir des limbes d'André Malraux, Berne - Berlin - New York, éd. Peter Lang, 2010.

Décorations

Décorations françaises

Officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
Médaille militaire Le site de l'Ordre de la Libération n'évoque pas cette distinction.
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance avec rosette

Décorations étrangères

Distinguished Service Order (GB)
Médaille de la Résistance tchécoslovaque
Grand Croix de l'Ordre de la Couronne royale (Belgique)
Grand Croix de l'Ordre National de la République du Tchad
Grand Croix de l'Ordre du Soleil (Pérou)
Grand Croix de l'Ordre de la Couronne de Chêne (Luxembourg)
Grand Cordon de l'Ordre National du Cèdre (Liban)
Grand Croix de l'Ordre du Lion (Finlande)
Grand-croix de l’ordre de l’Éléphant blanc (Thaïlande)
Grand Croix de l'Ordre de la République (Égypte)
Grand Croix de l'Ordre Royal du Sahametrei (Cambodge)
Grand Croix de l'Ordre Nichan I Homayoun (Iran)
Grand Croix de l'Ordre National Honneur et Mérite de la République d'Haïti
Grand Croix de l'Ordre Al Kawrah al Urdini (Jordanie)
Grand Croix de l'Ordre d'El Quetzal (Guatemala)
Grand Croix de l'Ordre royal de Dannebrog (Danemark)
Grand Croix de l'Ordre du Mérite de la République (Autriche)
Grand Croix de l'Ordre du Ouissam alaouite (Maroc)
Grand Croix de l'Ordre de Saint-Olaf (Norvège)
Grand Croix de l'Ordre de Georges(Grèce)
Grand Croix de l'Ordre de l'Etoile Polaire (Suède)
Grande-Croix de l'Ordre de Sant'Iago de l'Épée (Portugal)
Grand Croix de l'Ordre National de l'Aigle Aztèque (Mexique)
Grand Croix de l'Ordre du Libertador (Venezuela)
Grand Croix de l'Ordre du Mérite de mai (Argentine)
Grand Croix de l'Ordre du Mérite Fédéral (RFA)
Grand cordon de l’ordre du Soleil levant (Japon)
Grand Officier de l'Ordre National de Côte d’Ivoire
Grand Officier de l'Ordre National de Madagascar
Grand officier de l’ordre de la Croix du Sud (Brésil)
Grand Officier de l'Ordre National du Niger
Grand Officier de l'Ordre du Mérite de Centrafrique
Grand Officier de l'Ordre du Mérite de la République (Italie)
Grand Officier de l'Ordre de l'Etoile Equatoriale (Gabon)
Grand Officier de l'Ordre du Mérite (Congo)
Grand Officier de l'Ordre du Mérite (Sénégal)
Grand Officier de l'Ordre du Mérite (Mauritanie)
Grand Officier de l'Ordre National de la République (Haute-Volta)
Grand Officier de l'Ordre National du Mérite (Togo)
Grand Officier de l'Ordre National de la République du Dahomey
Commandeur de la République Espagnole

Bibliographie

Notices d’autorité : Système universitaire de documentation • Bibliothèque nationale de France • Fichier d’autorité international virtuel • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat

Travaux historiques

Charles-Louis Foulon, Janine Mossuz-Lavau, Michaël de Saint-Cheron, Dictionnaire Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2011.
Collectif, De Gaulle-Malraux, actes du colloque de l'Institut Charles de Gaulle du 13 au 15 novembre 1986, Paris, Plon, 1987.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, Malraux et l'Inventaire général, actes de la journée d'études à la BNF le 23 mai 2003, numéro hors série de Présence d'André Malraux, La Documentation française, 2004, 112 p.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, Malraux Ministre au jour le jour, souvenirs de son ancien directeur de cabinet André Holleaux. Préface de Pierre Moinot - Avant-propos de Jean Grosjean, La Documentation Française, 2004, 187 p.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, André Malraux ministre. Les Affaires culturelles au temps d'André Malraux, 1959-1969, édité par A. Girard et G. Gentil, La Documentation française, 1996, 522 p.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, Le ministère des Affaires culturelles et la mission culturelle de la collectivité. Rapport rédigé en 1968 par Antoine Bernard, conseiller d'État, directeur du cabinet d'André Malraux de 1965 à 1969 et publié de nouveau à l'occasion des journées d'étude sur " le ministère Malraux ", 1989, 115 p.

Biographies

Gaétan Picon, Malraux par lui-même, Seuil, 1958.
Denis Marion, André Malraux, Seghers, 1970.
Jean Lacouture, Malraux, une vie dans le siècle, Seuil, 1973. « Jean Lacouture a joué un rôle éminent dans la mythification de Malraux (comme dans celle de Hô Chi Minh ou de Mauriac). » (Olivier Todd, André Malraux, une vie, éd. Gallimard, 2001, p. 668.)
Olivier Todd, André Malraux, une vie, Gallimard, 2001.
Rémi Kauffer, André Malraux : le roman d'un flambeur. Hachette, 2001
Jean-Claude Larrat, André Malraux, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche », 2004
Curtis Cate, Malraux, Perrin, Paris, 2006, 828 p. (ISBN 2-262-02582-7). Traduction de André Malraux : a Biography, Hutchinson, Londres, 1995.
Clara Malraux
Dominique Bona, Clara Malraux, nous avons été deux, Grasset & Fasquelle, Paris, 2010. 469 p.

Essais

Raphaël Aubert, Malraux & Picasso Une relation manquée, Paris/Gollion, Infolio, 2013
Raphaël Aubert, Malraux ou la lutte avec l'ange. Art, histoire et religion, Genève, Labor et Fides, 2001.
Yves Beigbeder, André Malraux et l'Inde, thèse (université de Paris-IV), 1983. (« Beigbeder est un des rares malruciens qui, tout en admirant Malraux, ne verse pas dans la surenchère hagiographique. » Olivier Todd, André Malraux, une vie, éd. Gallimard, 2001, p. 659.)
Anissa Benzakour-Chami, André Malraux, une passion, EDDIF, 2001, 433 p.
Cahier Malraux, Editions de l'Herne, Cahiers de l'Herne, n° 43, Paris, 1982, 492 p., dirigé par Michel Cazenave, (ISBN : 9782851970466)
Suzanne Chantal, Le cœur battant, Grasset Paris 1976.
Alexandre Duval-Stalla, André Malraux - Charles de Gaulle : une histoire, deux légendes, Paris, Gallimard, 2008.
Marc Fumaroli, L’État culturel, Paris, De Fallois, 1991.
Henri Godard et Jean-Louis Jeannelle (dir.), Modernité du Miroir des limbes : un autre Malraux, Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Série Recherches sur André Malraux », 2011.
Geoffrey T. Harris, De l'Indochine au RPF, une continuité politique. Les romans d'André Malraux, Éditions Paratexte, Toronto, 1990, 223 p. (ISBN 0-920615-24-4)
Dominique Hervier, André Malraux et l'architecture, Ed. Le Moniteur / Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, 2008
Jean-Louis Jeannelle, Malraux, mémoire et métamorphoses, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », 2006.
Jean-Louis Jeannelle, Résistance du roman : genèse de « Non » d’André Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2013.
Jean Lacouture, Malraux, itinéraire d'un destin flamboyant, Bruxelles, André Versaille Éditeur, 2008.
Joël Loehr, Répétitions et variations chez André Malraux, Honoré Champion, 2004
Jean-Louis Loubet del Bayle, L'illusion politique au xxe siècle, Des écrivains témoins de leur temps, Economica, 1999.
Jean-Francois Lyotard, Signe Malraux, 1996.
Alain Malraux, Les Marronniers de Boulogne, Paris éditions Bartillat, 2001.
Guy Penaud, André Malraux et la Résistance, éd. Fanlac, 1986.
Claude Pillet, Le sens ou la mort, essai sur Le Miroir des limbes d'André Malraux, Berne - Berlin - New York, éd. Peter Lang, 2010, accompagné d'une bibliographie complète sur cdrom (Dix mille textes pour André Malraux).
Philippe Poirrier, L'État et la culture en France au xxe siècle, Paris, Le Livre de poche, 2006.
Philippe Poirrier, Art et pouvoir de 1848 à nos jours, Cndp, 2006.
Michaël de Saint-Cheron, André Malraux et les juifs Histoire d'une fidélité, Paris, DDB, 2008.
Michaël de Saint-Cheron, André Malraux, ministre de la fraternité culturelle, précédé de "Conversations avec André Malraux, Paris, Kimé, 2009.
Perrine Simon-Nahum, André Malraux : l'engagement politique au 20e siècle, Armand Colin, 2010
Françoise Theillou, Malraux à Boulogne, la maison du Musée imaginaire, 1945-1962, Paris éditions Bartillat, 2009.
Solange Thierry et al., André Malraux et la modernité - exposition du centenaire de sa naissance Musée de la Vie romantique, Paris 2001.
Philippe Urfalino, L'invention de la politique culturelle, Paris, Hachette, 2004.
Marie-Ange Rauch, Le conquérant de la rue de Valois, in Revue des deux Mondes, numéro spécial : les mille et un visages de Malraux, Paris novembre 1996.
Sophie de Vilmorin, Aimer encore : André Malraux 1970-1976, Gallimard, Paris 1999
Jean-Pierre Zarader, Malraux et la pensée de l'art, Paris, Vinci, 2003.
Catharine Savage Brosman, Malraux, Sartre, and Aragon as Political Novelists, University of Florida Press, 1964, (ASIN B001OK3Z1Q)

Revues littéraires

Présence d'André Malraux. Revue dirigée par Henri Godard, de 2001 à 2006; par Nathalie Lemière-Delage, de 2007 à 2010; par Evelyne Lantonnet, à partir de 2011.
Présence d'André Malraux sur la Toile. Revue électronique liée au Séminaire Malraux qui se tient en Sorbonne. Revue du site animé par Claude Pillet et actif depuis 2009.
Revue André Malraux Review. Revue fondée par Walter G. Langlois et publiée depuis 1969 aux États-Unis. Un volume annuel est publié à l'Université d'Oklahoma par Michel Lentelme.
La Revue des lettres modernes, série André Malraux. Le vol. 13 (Malraux et la question des genres littéraires) a été publié en 2009 par Jean-Claude Larrat.

Voir aussi

Filmographie
de René Jean Bouyer : Le mystère Malraux, film de FR3 et France 5, durée: 90 min et 52 min, diffusé en novembre 2006; sur les deux chaînes Fr3 et France 5.

Discographie

André Malraux - Grands Discours 1946-1973, coffret de 3 CD audio, sélection de François Busnel, Frémeaux & Associés - Ina.
André Malraux - Audition du 12 mai 1976, commission des libertés de l'Assemblée nationale, CD audio, sous la direction de Jean-Louis Debré, Frémeaux & Associés - Assemblée nationale.

Articles connexes

Sur les autres
André Malraux,
Ministère français de la Culture
Liste des ministres français de la Culture

Liens externes

Amitiés internationales André Malraux Le site de recherche et d'actualité malrucienne.
André Malraux Le site de recherche et d’information dédié à André Malraux : littérature, art, religions, histoire, culture.
Exposition virtuelle pour un musée imaginaire, adaptation multimédia des Voix du silence
Biographie en tant que Compagnon de la Libération
Discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon
Biographie du ministère de la culture
Site du Comité d'histoire du Ministère de la Culture et des Institutions culturelles
Allocution prononcée le 3 novembre 2003 par Olivier Todd devant l'Académie des sciences morales et politiques et débat qui suivit.

Liens

http://youtu.be/vZbeMLga6gA Entré de Jean Moulin au Panthéon
http://youtu.be/qnWMVMYMaGg Interview de Malraux
http://youtu.be/nO8pWKzUrlI Interview de Malraux sur les chats
http://youtu.be/KgkeguefM-8 Raymond Aaron parle de Malraux
http://youtu.be/HLueP8m_U0Y L'Inde de André Malraux
http://youtu.be/oy_uZF4WbyI La prophétie de A. Malraux sur internet
http://youtu.be/3u9sXqhP5gU Discours d' André Malraux
http://youtu.be/gTty-syLDFs Malraux raconte l'Espagne
http://youtu.be/m2HGf1QOGSQ Le Goncourt de André Malraux

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Posté le : 02/11/2013 21:26
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Re: Chef d'oeuvre ? Pas chef d'oeuvre ?
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Merci pour cette mise en avant d'un compatriote que je ne connaissais pas et que tu m'as fait découvrir.

Ses dialogues sont en effet trucculents. J'adoooore son humour belge, mais c'est un peu normal je crois.

Merci Iktomi.

Couscous

Posté le : 29/10/2013 06:40
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Re: Chef d'oeuvre ? Pas chef d'oeuvre ?
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C'est très intéressant et ça me fait d'autant plus plaisir que je voulais le mettre en page d'accueil mais pour une question de date, il est passé à l'as.
Malgré tout je trouve son humour plus Belge que Français, est-ce qu' il a fait aussi du roman policier comme Audiard ?
Dommage qu'il n'est pas donné aussi dans le cinéma, car il a un sens de l'image qui aurait pu nous offrir de belles choses.
Merci pour cette belle découverte.

Posté le : 28/10/2013 23:28
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Dylan Thomas
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Le 27 Octobre 1914 Naît à swansea au pays de Galle Dylan Marlais Thomas poète écrivain

Poète gallois de langue anglaise, Thomas a été reconnu comme l'un des poètes gallois les plus importants du XXe siècle.
Le plus déroutant des poètes anglais de l'entre-deux-guerres, Dylan Thomas, déploie en d'étranges images et masque tout à la fois derrière des jeux de mots une angoisse du temps qui trouve son champ d'élection dans les thèmes conjugués de la naissance, de la sexualité et de la mort.

Il a évoqué ses expériences littéraires, ses admirations de jeunesse, Freud, Hopkins, Joyce et sa dérive à travers l'amitié, l'amour et l'alcool dans les nouvelles de son Portrait de l'artiste en jeune chien, 1940.
Avec la publication de Dix-Huit Poèmes, 1934, puis de Vingt-Cinq Poèmes 1936, de la Carte du Tendre, 1939 et de Morts et Initiations, 1946, il étonne par la nouveauté de sa langue, dont les rythmes inhabituels s'ordonnent suivant une syntaxe spécifiquement poétique.
Bohème, indépendant, mais reconnu comme un maître, il écrit des essais, des nouvelles et un drame radiophonique, Au bois lacté, 1953, et il réunit en 1952 les éléments épars de son œuvre sous le titre de Poèmes choisis, 1934-1952. Après sa mort, on a publié de lui un roman inachevé, Aventures dans le commerce des peaux, 1955, et deux recueils de récits, De très bonne heure le matin, 1954 ; Vue sur la mer, 1955.
Dylan Thomas est largement considéré comme l’un des plus brillants poètes du XXe siècle de langue anglaise ; on le considère comme le leader de la littérature anglo-galloise. Son univers vif et fantastique était un rejet des conventions de son siècle. À l’inverse de ses contemporains qui tendaient vers des sujets politiques et sociaux, Thomas exprimait ses émotions avec passion et cela se ressent dans son style, à la fois intime et lyrique.
Thomas a néanmoins écrit quatre poèmes traitant de la guerre dont le plus célèbre est "A Refusal to Mourn the Death, by Fire, of a Girl in London".
Il était plus proche des poètes romantiques que des poètes de sa génération. Il différait en fait, de la majeure partie des auteurs des années 1930 dans l’utilisation de la poésie orale.
Ceci coïncide avec la diffusion de la radio et des techniques d'enregistrements. Caedmon, une entreprise promouvant la littérature auditive fut lancée avec le poème de Thomas : "A Child's Christmas in Wales".
L’ami d’enfance et compositeur Daniel Jones, les poètes Vernon Watkins et Charles Fisher ainsi que les artistes Alfred Janes et Mervyn Levy faisaient partie du cercle d’amis de Dylan Thomas, cercle parfois nommé les Kardomah Boys, du nom du café où ils se voyaient.
C’est le poète romantique anglais et éditeur du Sunday Referee, Victor Benjamin Neuberg, qui le fit connaître, l’invita à Londres et le présenta aux critiques influents de la capitale. Il fut particulièrement remarqué grâce à la pièce de théâtre radiophonique "Under Milk Wood", pour son poème "Do not go gentle into that good night" , interprété comme un plaidoyer pour la vie qu'il aurait dédié à son père mourant et enfin pour les histoires courtes "A Child's Christmas in Wales" et "The Outing".

Un poète précoce

Dylan Marlais Thomas, né à Swansea, pays de Galles, mort à New York, fut un écrivain précoce mais ne connut qu'une assez brève carrière.
Au cours de ses études, 1925-1931 au lycée de sa ville natale – où son père enseignait l'anglais –, il compose déjà d'habiles poèmes.
Certains d'entre eux, et ce sera aussi le cas pour quelques autres jusqu'en 1934 sont écrits en collaboration, notamment avec Daniel Jones, les deux "mystificateurs" composant alternativement vers pairs et impairs.
La période suivante, qui le voit travailler pour le South Wales Daily Post et tenir des rôles au Swansea Little Theatre, est riche en activité poétique : après quelques pièces qui paraissent dans le New English Weekly et le Sunday Referee, elle culmine avec la publication en décembre 1934 du recueil Eighteen Poems.
En 1936, année de l'exposition surréaliste de Londres, à laquelle il participe, Thomas fait paraître la nouvelle série des Twenty-Five Poems.
Marié en 1937 à Caitlin MacNamara, dont il aura trois enfants :
Llewelyn (1939-2000) ;
Aeronwy Thomas (1943-2009) ;
Colm Garan (né en 1949).
Il donne à la veille de la guerre, août 1939 La Carte du Tendre, The Map of Love, qui comprend une quinzaine de poèmes et sept petites œuvres en prose, dont celle à laquelle le volume doit son titre, et, en avril 1940, Portrait de l'artiste en jeune chien, Portrait of the Artist as a Young Dog, dans lequel il évoque des souvenirs marquants de son enfance.
Réformé, il écrit de 1940 à 1944 plusieurs scénarios de films documentaires, et apporte de 1945 à 1950 sa collaboration à la B.B.C.
Après la publication, en 1946, du recueil de poèmes Morts et entrées, Deaths and Entrances, il s'oriente davantage vers la prose et la production d'œuvres dramatiques : scénario d'un long métrage,
Le Docteur et les démons, The Doctor and the Devils, 1953,
et pièce "vocale", le célèbre Au bois lacté, Under Milk Wood-A Play for Voices qui paraîtra en volume après sa mort, en 1954 ;
il se fait aussi lecteur de poèmes, et c'est au cours de son quatrième voyage aux États-Unis, où il rencontrait à ce titre un très vif succès, auquel sa réputation de buveur bouffon n'était pas étrangère dans certains milieux, qu'il meurt quelques jours après son trente-neuvième anniversaire.
En dehors des œuvres poétiques rassemblées en 1952, Collected Poems, on notera, en publication posthume :
Très tôt un matin, Quite Early one Morning, 1954, qui réunit diverses causeries faites à la B.B.C. ; Une vue de la mer, A Prospect of the Sea, 1955, où l'on trouve de brèves histoires et des essais que l'auteur souhaitait conserver et qui constitue pour une part un complément à l'autobiographie du Portrait ; quant au curieux Aventures dans le commerce des peaux, Adventures in the Skin Trade, 1955, dont certains passages avaient paru séparément en 1941 et en 1953, c'est une fantaisie romanesque, demeurée inachevée, qui mêle constamment rêve et réalité.

Le jeu verbal et l'angoisse existentielle

Naissance, sexualité et mort sont les principaux thèmes des poèmes que Thomas écrit avant la guerre. Le premier est souvent abordé sous son aspect brutal, obstétrique, mais se prolonge, par le biais de rêveries sur la vie prénatale, jusqu'au moment même de la conception, rejoignant ainsi le thème de la sexualité.
La mort, elle, provoque chez le poète moins l'effroi devant l'arrêt des fonctions vitales ou la corruption du tombeau qu'une permanente angoisse, à demi exorcisée par la bouffonnerie et les jeux de mots, devant le déclin progressif d'un être voué à la destruction finale.
Ainsi se soudent fortement, en une histoire unique, qui a sa réplique au niveau cosmique, puisque l'univers est au pouvoir de ce même destin dans le poème " The force that through the green fuse drives the flower...", par exemple, des thèmes dont chacun, pris isolément, n'est évidemment pas propre à la poésie thomasienne.
Se dévoile alors, en dominante sous-jacente et unificatrice, le thème du temps destructeur qui sclérose et anéantit depuis le commencement du monde comme depuis la naissance de chaque être particulier ; il donne lieu non à un lyrisme conventionnel qui déplorerait la fuite des heures, mais à de riches et curieuses constellations d'images dans lesquelles dominent les substances capables de se liquéfier ou de se durcir, non seulement l'eau et son altération en neige ou en glace, mais encore le miel, la cire, le goudron et, de façon très générale, toutes celles qui connaissent des états divers et peuvent donc connoter le changement.
Le symbolisme de Thomas, surtout dans les trois premiers recueils, mais les échos s'en prolongent au-delà, ne va pas sans une grande ambiguïté.
Celle-ci a notamment sa source dans la valorisation constante de l'élément marin : signe de la vie prénatale bienheureuse, lorsque le fœtus à l'abri du temps ignore le multiple et n'a qu'une vague prémonition de son douloureux destin, il est également associé au thème de la naissance, le jaillissement hors des océans est l'analogue de la venue au monde, mais il s'impose aussi comme symbole de mort, soit que l'existence prenne l'apparence d'une navigation périlleuse, soit que le poète imagine la destruction ultime comme une plongée ou comme un naufrage dans quelque mer des Sargasses.
Du lexique de l'anglais l'auteur exploite à plein les sonorités, qu'il agence en un réseau complexe d'allitérations et d'assonances prolongées souvent bien au-delà du vers ; il en utilise aussi toutes les ressources sémantiques, faisant apparaître ici tel mot dans un contexte qui, superficiellement, invite le lecteur à en accepter tel sens, mais le réintroduisant plus loin avec une signification autre ou, de manière plus déroutante, choisissant un autre vocable synonyme du premier pour un sens auquel la précédente occurrence de celui-ci ne faisait pas immédiatement songer.
Bref, le jeu auquel se livre Thomas montre assez l'importance qu'il attache conjointement à la texture phonique du mot et aux latences sémantiques, faits d'homonymie et de polysémie dont il est chargé, mais il révèle également combien le poète demeure sous l'empire d'associations obsédantes qui, par-delà les manipulations apparemment gratuites que subit le vocabulaire, laissent se réinstaurer l'angoisse du temps et de la mort.
À cet égard – et l'impression est renforcée par les méandres d'une syntaxe souvent personnelle, qui crée parfois des mots composés à la limite de la transgression grammaticale, favorise elle aussi l'ambiguïté et contribue à l'hermétisme de maints passages –, il y a congruence quasi parfaite entre le traitement que Thomas impose à la langue, l'engendrement des images en un perpétuel conflit et l'auto-analyse à laquelle l'auteur avouait s'être complu tout en ayant par ailleurs l'ambition de communiquer une expérience commune à tous les hommes.

De ces obscurités, souvent délibérées malgré leur apparence parfois trompeuse d'écriture automatique, Thomas s'éloigne peu à peu après 1940, sans que pour autant s'évanouisse jamais complètement l'angoisse.
La guerre, en le mettant au contact de la souffrance d'autrui, sera l'occasion de poèmes de circonstance, dans lesquels le thème de la mort, s'appliquant à des objets précis, se fera moins étrange et moins diffus. Corrélativement, le thème de l'enfance, qui apparaissait jusqu'ici avec une coloration plus anxieuse due au fait qu'il se subordonnait à celui de la mort, acquiert une place de choix ; il est, comme dans les œuvres en prose, nourri de réminiscences heureuses et de liberté, et prend pour paysage d'élection non plus l'ensemble du cosmos, mais plus humblement, et, ici encore, plus spécifiquement la nature galloise.
Le style, enfin, est devenu moins opaque.
Peut-être une œuvre comme Under Milk Wood, pièce radiophonique qui obtint le prix Italia montre-t-elle la direction qu'aurait prise le génie de Thomas si la mort n'avait interrompu sa carrière : le poète y garde son goût pour le jeu verbal prestigieux, mais relègue au second plan ses obsessions propres pour mettre en scène les habitants d'une communauté galloise en folie dont il contemple avec amour et humour les désirs les plus secrets.

Il dècède au états-unis, à New-york le 9 novembre 1953, à l'âge de 39 ans

Les mémoriaux

Was there a time
poème mural en Leyde
De nombreux mémoriaux ont été construits ou convertis pour rendre gloire au célèbre poète dont la citation la plus connue est :
"Do not go gentle into that good night".
Divers lieux sont proposés aux touristes à Swansea: une statue dans le quartier maritime, le théâtre Dylan Thomas et le centre à son nom, anciennement le guildhall de la ville. Ce dernier est devenu un centre de littérature, où des expositions et des conférences sont tenues durant le festival annuel Dylan Thomas.
Un autre monument se trouve près de la maison où il a grandi à Cwmdonkin Park. Le mémorial situé en retrait dans un parc est signé de quelques lignes de l’un de ses poèmes préférés:
"Fern Hill" - Oh I was young and easy in the mercy of his means
Time held me green and dying
Though I sang in my chains in the sea.
La maison de Thomas à Laugharne, appelée le Boat House, fait également mémorial.
Plusieurs pubs à Swansea sont aussi associés au poète.
L’un des plus vieux de la ville, le No Sign Bar était un lieu qu’il fréquentait régulièrement.
Il fut renommé le Wine Vaults d’après l’histoire "The Followers".
Pour commémorer l'anniversaire de sa naissance, sa maison d'enfance a été restaurée et ouverte au public, accueillant ainsi une exposition permanente sur son enfance, le tout dans un cadre et un mobilier d'époque. source

Dylan et Dylan

On a suggéré que Bob Dylan, né Robert Allen Zimmerman, a changé son nom en hommage à Dylan Thomas.
Bob Dylan l’a souvent nié, déclarant dans une interview donnée en 1966 :
"Get that straight, I didn’t change my name in honor of Dylan Thomas. That’s just a story. I’ve done more for Dylan Thomas than he’s ever done for me ":
"Réglons ça, je n’ai pas changé mon nom en l’honneur de Dylan Thomas. C’est juste une histoire. J’ai fait plus pour Dylan Thomas, qu’il n’en a jamais fait pour moi".
En 1965, il clame qu’il s’est servi du nom d’un de ses oncles nommé Dillon et ajoute que :
" I've read some of Dylan Thomas' stuff, and it's not the same as mine " :" J’ai lu quelques trucs de Dylan Thomas et ils sont différents des miens".
Dans sa biographie de 2004 : Chronicles Vol.1, Dylan admet finalement que Dylan Thomas fut un critère pertinent dans le choix de son pseudonyme, changeant son nom de plume de Dillon à Dylan.
Bob Dylan est aussi connu sous le nom de Robert Milkwood Thomas, en référence à Under Milk Wood.

Œuvres poétiques

And death shall have no dominion
Under Milk Wood, 1952, (radio)
Fern Hill
Do Not Go Gentle Into That Good Night
From Paris to Bahia (Correspondances)
Traduit en français

Vision et prière, poèmes traduits par le poète Alain Suied, coll. Poésie Gallimard
Lettres d'Amour, The Love letters, Bernard Pascuito Edition
Portrait de l'artiste en jeune chien, Portrait of the artist as a young dog,traduit par Francis Dufau-Labeyrie, Les Éditions de Minuit, Collection étrangère, 1947

Quelques poèmes de Thomas, Dylan

Mon oiseau d'or

Mon oiseau d’or, le soleil
A ouvert ses ailes, s’est envolé
De sa cage, le ciel,
O balancement !
Et, comme son ombre épuisée
Blanche d’amour,
La lune, mon oiseau d’argent
S’envole à nouveau
Vers son perchoir d’étoiles.

Dylan Thomas,

******
N'entre pas sans violence dans cette bonne nuit
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.

Bine que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en un verre baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Les hommes violents qui prient et chantèrent le soleil en plein vol,
Et apprenant, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.

Dylan Thomas

*****

En Anglais

Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day ;
Rage, rage, against dying of the light

Tough wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.

Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay
Rage, rage against dying of the light

Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieved it on its way,
Do not go gentle into that good night.

Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meters and be gay,
Rage, rage against the dying of the light.

And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light.

Dylan Thomas

*****
Laisse-moi fuir

Etre libre Du vent pour mon arbre !
De l’eau pour ma fleur !
Vivre de soi à soi
Et noyer les dieux en moi
Ou écraser leurs têtes vipérines sous mon pied.
Pas d’espace, dis-tu, pas d’espace,
Mais tu ne m’y incluras pas
Même si ta cage est robuste.
Ma force sapera ta force ;
Je déchirerai l’obscur nuage
Pour voir moi-même le soleil
Pâle et déclinant, pousse atroce.

Dylan Thomas,

*****
Voici la mer

Voici la mer, verte et claire
Et dans ses flancs, mille poissons
Ondulant leurs écailles en silence
Dans un monde d’herbes vertes et claires.
Voici mille cailloux : mille yeux
Tous plus vifs que le soleil.
Voici les vagues : des danseurs
Sur un parquet d’émeraude
Font des pointes
Pour danser la mer
Légers comme pour une pantomime.

Dylan Thomas

*****
Elle dansait

silence enveloppé de lumière
Brume dans une clarté de lune ;
Une musique qui charmait la vue
Mais l’oreille, étrangère.

Un enchantement, une fée vêtue
D’un mouvement – doux comme le sommeil ;
Ellipse de toutes les joies
Somme de toutes les larmes.

Sa forme : l’esprit d’un poète,
Toutes-sensations !
Elle – substance du vent,
Profil d’une pensée lyrique ;

Un être, parmi les choses terrestres
- Abandonné par le ciel ;
A travers le temps, sur les ailes de lumière
Vers l’illimité !
Elle dansait

Dylan Thomas

Liens

http://youtu.be/1mRec3VbH3w "Do Not Go Gentle Into That good Night"
http://youtu.be/s1fTlIsUGks Anthony Hopkins lit Dylan Thomas

http://www.youtube.com/watch?v=C-dVR8 ... hare&list=RD02FjJt4P4w8io Under Milk Wood read by Dylan Thomas

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Posté le : 27/10/2013 12:23
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Re: Chef d'oeuvre ? Pas chef d'oeuvre ?
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Maurice Tillieux
(1921-1978)


Si l’on voulait risquer une comparaison, on pourrait dire que Maurice Tillieux, c’était le Michel Audiard belge. Ce qui les rapproche, puisque la géographie les sépare, c’est d’abord la génération à laquelle ils appartenaient : Audiard était né en 1920, Tillieux en 1921.

Et ce qui, à l’intérieur de leur génération, les rapproche, c’est bien évidemment le style. Vous verrez un peu plus loin quelques citations extraites de l’Intégrale Gil Jourdan ainsi que d’un album unique consacré à un éphémère prédécesseur de Gil Jourdan : Marc Jaguar.

La parenté de style est évidente, et bien évidemment il serait absurde de penser que Tillieux et Audiard se seraient mutuellement plagiés.

Il faut bien le reconnaître, j’ai l’air de me focaliser quelque peu sur le Tillieux « textuel », au risque de laisser au second plan le Tillieux « graphique », ce qui ne serait pas très juste. Car Maurice Tillieux fut un des Grands de la bande-dessinée franco-belge des années 50, 60, et 70. Dans mon Panthéon personnel de la BD, il vient au deuxième rang, juste après Franquin, juste avant Lambil.

Au début de sa carrière, Tillieux souhaitait plutôt suivre les traces d’Hergé et travailler dans un style « ligne claire ». C’est l’insistance de son éditeur Charles Dupuis qui l’a contraint à faire dans le « gros nez ».

Je crois qu’il n’y a pas lieu de regretter que les choix graphiques de Maurice Tillieux aient été détournés par des considérations éditoriales qui n’avaient pas grand-chose de philanthropique, car ses albums (peu en importe le style) nous permettent encore de savourer la verve et la gouaille d’un fameux scénariste-dialoguiste. Mais il n’a pas fait de films, comme qui vous savez.

Vous voyez bien qu’on ne peut pas les confondre…

Le style Tillieux :

Quelques perles pêchées pour vous dans l’Intégrale Gil Jourdan :

« - Vous m'avez demandé, chef ?

- Alors le phénomène, c'est vous ! En tout cas, je n'ai pas le choix ! Il faut que je vous prenne tel que vous êtes ! Parlez-vous italien ?

- Je n'en sais rien, chef !

- Vous parlez ou vous ne parlez pas ?

- Je n'en sais rien, chef ! Je n'ai jamais essayé ! »


« - Un bon coup d'eau fraîche ?

- Jamais entre les repas ! Quand j'aurai besoin d'une gourde, je vous appellerai ! »



« - Valait mieux que je vienne... je n'aurais pas pu dormir !

- Moi, c'est le contraire ! Je pourrais très bien dormir, mais il a fallu que je vienne ! »


« - Je ne te l'ai jamais dit, mais j'ai des yeux de hibou.

- Et une cervelle de canari... Tu ne me l'as jamais dit non plus, mais j'avais deviné. »


« - Mais que se passe-t-il encore ?

- Si vous dormiez un peu moins, on n'aurait pas besoin de faire une édition spéciale chaque fois que vous vous réveillez ! »




Et je ne résiste pas au plaisir de ressortir d’autres pépites prises cette fois dans Marc Jaguar :

« - Je viens de rater deux films !...
- Moi, j'ai raté ma vie, et je ne fais pas cette tête-là ! »

« - Ils doivent dormir !

- A moins d'être hibou, chouette ou évadé, c'est en général ce qu'on fait à deux heures du matin !! »


« - Tout ce que j'ai dit peut-être vérifié ! Vous voyez bien que nous sommes innocents !...
- C'est vrai ! Il ne faut pas avoir beaucoup de graines dans le figuier pour ne pas le voir !
- A propos d'arbres fruitiers, encore une réflexion de ce genre, et je vous file une pêche qui vous laissera le souvenir de son noyau ! »



Quelques liens consacrés à Maurice Tillieux et à la bande dessinée :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Tillieux

http://www.bedetheque.com/auteur-202-BD-Tillieux-Maurice.html

http://twinants.chez.com/pages/bio.htm

https://fr-fr.facebook.com/pages/Maurice-Tillieux/182476278042

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_claire

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gros_nez

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Posté le : 24/10/2013 09:41
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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