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Re: Samuel Beckett
Plume d'Or
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Lorianne,
Merci à toi. J'ai longtemps navigué sur le Net, mais vraiment tu es la personne la plus remarquable que je connaisse. Tes qualités de travail, ton talent et ta gentillesse m'émeuvent chaque jour.
Bonne Année et que tout ce que tu désires se réalise.

Posté le : 28/12/2013 19:04
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Re: Samuel Beckett
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Merci Exem.
Alors ça c'est amusant ce que tu dis, car à te lire, dans ce que tu as déposé sur L'ORée, je ne suis pas si sûre que tu aies échoué au temps que tu le croies dans ta tentative de te rapprocher du style de Beckett
Il y a dans tes choix de sujets et dans ton style des accents qui évoquent bien son oeuvre.
Je partage ton goût pour cet écrivain torturé et profond.
Il porte en lui une angoisse et une folie poétiques fertiles Sa biographie explique beaucoup de choses sur lui.
Mes lectures sont anciennes mais ont laissé leurs traces..

Posté le : 28/12/2013 12:08
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Re: Samuel Beckett
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Merci pour ce texte sur Becket. Cet auteur m'a profondément marqué. Surtout Molloy. Un chef d'oeuvre qui laisse découvrir tout ce que l'âme d'un homme peut contenir de contraire à tous les mythes de la société...
Le style de Becket dans Molloy est inimitable; je le sais pour l'avoir tenté et bien que je sois conscient d'avoir échoué, cela m'a beaucoup aidé pour mon développement littéraire.

Posté le : 28/12/2013 07:14
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Julien Gracq
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Le 22 décembre 2007 à Angers, à 97 ans meurt Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil Maine-et-Loire et mort le 22 décembre 2007 à Angers, écrivain français. Il refuse en 1951 le prix Goncourt reçu pour Le Rivage des Syrtes.
Ses Œuvres principales sont : La Littérature à l'estomac 1950, Le Rivage des Syrtes 1951, Un balcon en forêt 1958, Les eaux étroites 1976, Carnets du grand chemin 1992.


Si Au château d'Argol, son premier roman, fortement influencé par le romantisme noir et par le surréalisme, avait attiré l'attention d'André Breton, c'est avec Le Rivage des Syrtes, et surtout le spectaculaire refus de son auteur de recevoir le prix Goncourt en 1951, que Julien Gracq s'est fait connaître du public. Reconnaissance paradoxale pour cet écrivain discret qui s'est effacé derrière une œuvre protéiforme et originale, en marge des courants dominants de la littérature de son époque voire en opposition, qu'il s'agisse de l'existentialisme ou du nouveau roman. Après avoir abandonné l'écriture de fiction, Julien Gracq publie à partir de 1970 des livres qui mélangent bribes d'autobiographie, réflexions sur la littérature et méditations géographiques.
Traduites dans vingt-six langues, étudiées dans des thèses et des colloques, proposées aux concours de l'agrégation, publiées de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade, les œuvres de Julien Gracq ont valu à leur auteur une consécration critique presque sans équivalent à son époque.

Les années de formation

La Loire dans la région natale de Julien Gracq.
Second enfant d'un couple de commerçants aisés (qui ont eu une fille, Suzanne, née neuf ans plus tôt, et à laquelle il restera très attaché, Louis Poirier est né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil, petite ville des bords de Loire, entre Angers et Nantes, où ses ancêtres paternels sont installés depuis plusieurs siècles. Il y passe une enfance heureuse et campagnarde, expliquera-t-il plus tard, dont les premiers souvenirs sont associés à la lecture, il découvre très jeune les œuvres de Fenimore Cooper, d'Erckmann-Chatrian, d'Hector Malot, et surtout de Jules Verne, qui « a été la passion de lecture de toute son enfance » et à la présence, en arrière-plan, de la guerre, qui ne le touche pas directement, personne dans sa famille n'étant mobilisé.
En 1921, à l'issue de ses études primaires, il est envoyé à Nantes, où il devient interne au Lycée Georges-Clemenceau. Immédiatement, il se prend à détester la vie d'internat, qui lui apparaît comme pesante et odieuse. La découverte du Rouge et le Noir de Stendhal, dont la lecture le bouleverse, lui donne le modèle et le mode d'emploi de la révolte qui restera la sienne tout au long de son existence : une fin de non-recevoir, froide et délibérée, mais purement intérieure, assénée à l'ordre du monde socia. Louis Poirier est toutefois un élève brillant, le plus remarquable de toute l'histoire du lycée de Nantes : il obtient sept fois le prix d'excellence (avec 6 à 11 prix chaque année), trois prix et deux accessits au concours général lors des sessions 1927 et 1928.
En 1928, reçu au baccalauréat avec mention Très bien, il est admis en classe préparatoire au Lycée Henri-IV à Paris, où il suit les cours de philosophie d'Alain. Il découvre à cette époque l'art moderne, le cinéma, et la littérature contemporaine (Paul Valéry, Paul Claude.... Enfin, en 1929, il a la révélation de l'opéra wagnérien, découvert lors d'une représentation de Parsifa. En 1930, Louis Poirier est admis à l'École normale supérieure. C'est à cette époque qu'il découvre le surréalisme, à travers quelques ouvrages d'André Breton : Nadja, le Manifeste du surréalisme, peut-être aussi Les Pas perdus. Autre découverte, d'une toute autre nature, mais elle aussi marquante à sa façon : celle de l'idéologie nazie, par l'intermédiaire d'un groupe d'étudiants allemands à l'occasion d'un voyage scolaire à Budapest en 193.
Louis Poirier suit en parallèle des cours à l'École libre des sciences politiques, il en sera diplômé en 1933. Choisissant d'étudier la géographie, en hommage à Jules Verne, dira-t-il par la suite, il est élève d'Emmanuel de Martonne et d'Albert Demangeon. En 1934, Louis Poirier publie son premier texte, un article en partie issu d'un mémoire universitaire : « Bocage et plaine dans le sud de l'Anjou », qui parait dans les Annales de géographie. La même année, il est reçu à l'agrégation d'histoire et géographie, et est affecté, d'abord à Nantes, au lycée Clemenceau où il avait été élève, puis à Quimper.

Un écrivain tardif

À Quimper, Louis Poirier anime le cercle d'échecs, ainsi qu'une section syndicale de la CGT. Il est également, à partir de 1936, adhérent au Parti communiste français. Son engagement politique le pousse à prendre part à la grève – illégale – de septembre 1938, ce qui lui vaut une suspension temporaire de traitement. Mais il a des difficultés à concilier cet engagement politique avec sa pratique de l'écriture, dont l'esthétique est très éloignée du réalisme socialiste.
En effet, en 1937, après avoir obtenu un congé sans solde d'une année pour se rendre en URSS afin d'y préparer une thèse de géographie (projet avorté pour cause de non-réception du visa d'entrée dans ce pays16), Louis Poirier s'est lancé dans l'écriture d'un roman : il s'agissait là, expliquera-t-il plus tard, de son premier acte d'écriture. Il n'y a pas eu chez lui de « tentatives précoces », d'ébauches avortées rédigées au sortir de l'adolescence. Ce qui le conduira à expliquer qu'il se considère comme un « écrivain tardif » : « mon premier livre a été Au château d'Argol ; une heure avant de le commencer, je n'y songeais pas. » Ce premier roman, « plus abstrait, plus violent et plus révélateur » que ceux qui le suivront, met en scène les relations ambiguës, fortement teintées d'érotisme et de violence, entre trois jeunes gens deux hommes et une femme, dans un style inspiré d'Edgar Allan Poe et de Lautréamont19. Une fois l'écriture d'Au Château d'Argol achevée, Louis Poirier le fait parvenir aux éditions de la NRF, qui refusent le manuscrit. Il le laisse alors dans un tiroir, jusqu'à ce qu'il rencontre José Corti, l'éditeur des surréalistes, qui apprécie l'ouvrage et accepte de le publier à condition que son auteur participe aux frais d'édition. Le texte paraît augmenté d'un « Avis au lecteur » rédigé après-coup, dans lequel l'auteur revendique les influences de Wagner et du surréalisme, et récuse par avance toute interprétation symbolique du roman. Plus tard, Gracq expliquera que cet « Avis » avait pour fonction première de brouiller les pistes.
C'est à cette époque que Louis Poirier décide de prendre un pseudonyme littéraire, afin de « séparer nettement son activité de professeur de son activité d'écrivain ». Voulant que l'ensemble du nom et du prénom fasse trois syllabes et contiennent des sonorités qui lui plaisent, il se décide pour Julien Gracq. Le prénom est sans doute un hommage à Julien Sorel, le héros du Rouge et le Noir, tandis que le nom peut faire référence aux Gracques de l'histoire romaine, même s'il a peut-être surtout été choisi pour sa brièveté, sa voyelle grave et sa finale explosive.
La diffusion du Château d'Argol est confidentielle, 130 exemplaires vendus en un an, sur un tirage de 1 2002, mais celui-ci est remarqué par Edmond Jaloux, Thierry Maulnier, et surtout André Breton, qu'il connaissait déjà et à qui Gracq avait envoyé un exemplaire du roman. Le « pape du surréalisme » lui adresse en réponse une lettre enthousiaste et lors d'une conférence prononcée à Yale en octobre 1942, Breton précisera l'importance qu'il accorde à ce roman « où, sans doute pour la première fois, le surréalisme se retourne librement sur lui-même pour se confronter avec les grandes expériences sensibles du passé et évaluer, tant sous l'angle de l'émotion que sous celui de la clairvoyance, ce qu'a été l'étendue de sa conquête. »
Les deux hommes se rencontrent à Nantes en août 1939, et immédiatement est réglée la question de la non-appartenance de Gracq au groupe surréaliste, auquel il ne souhaite pas se joindre.
Il rompt la même année avec le Parti communiste, à la suite de l'annonce du pacte germano-soviétique. « Depuis, je n'ai jamais pu ni mêler quelque croyance que ce soit à la politique, ni même la considérer comme un exercice sérieux pour l'esprit », avouera-t-il plus tard, tout en précisant qu'il « lift les journaux » et « vote régulièrement ».

La période de la guerre

Affiche annonçant la création de Parsifal (1882), opéra que Julien Gracq découvre en 1929.
On a souvent dit que les fictions de Julien Gracq se caractérisent par l'attente d'un événement, dont la nature est généralement catastrophique, à l'orée duquel se concluent ses récits. À la fin de l'année 1939, cette situation dans laquelle il se plaît à se trouver en imagination rejoint l'atmosphère générale dans laquelle baigne la France de la « drôle de guerre », cette époque « très étrange » où « tout était en suspens ». « La débâcle était dans l'air, expliquera-t-il plus tard, mais il était absolument impossible de prévoir sur quoi allait déboucher cette attente très anxieuse. » Cette période très particulière d'une guerre déjà déclarée mais pas encore commencée lui fournira la matière du Rivage des Syrtes (1951) et du Balcon en forêt (1958). Louis Poirier est mobilisé à la fin du mois d'août 1939 dans l'infanterie, avec le grade de lieutenant au 137e RI.
Le régiment, d'abord cantonné à Quimper, est envoyé à Dunkerque, puis en Flandres, avant de revenir à Dunkerque, où, au mois de mai 1940, il affronte l'armée allemande durant huit jours, autour de la tête de pont de Dunkerque. Gracq est fait prisonnier et envoyé dans un stalag en Silésie, où sont également internés Patrice de La Tour du Pin, Raymond Abellio, ou encore Armand Hoog, qui devait plus tard décrire l'attitude du prisonnier Gracq en ces termes : « il était le plus individualiste, le plus anticommunautaire de tous, le plus férocement antivichyssois, il passait là-dedans comme soutenu par son mépris, sans se laisser atteindre ». Ayant contracté une infection pulmonaire, Julien Gracq est libéré en février 1941. Il retourne alors à Saint-Florent-Le-Vieil, juste à temps pour revoir son père, gravement malade, avant que celui-ci ne décède peu après.
Julien Gracq reprend alors ses activités d'enseignement, au lycée d'Angers d'abord, puis, à partir de 1942, à l'université de Caen en qualité d'assistant de géographie, où il entame une thèse sur la « morphologie de la Basse-Bretagne », qu'il n'achèvera pas.
En décembre 1943, Gracq achète à la gare d'Angers un exemplaire de Sur les falaises de marbre d'Ernst Jünger, qu'il lit d'une traite, sur un banc, dans la rue. Il racontera dans Préférences (« Symbolique d'Ernst Jünger », 1959 quel bouleversement a été pour lui la découverte de ce « livre emblématique ». Les deux hommes se rencontreront à Paris en 1952, et deviendront amis. Jünger écrira dans son journal qu'il considère Gracq comme étant celui qui, « après la mort de son cher Marcel Jouhandeau, écrit la meilleure prose française ». La critique universitaire a par ailleurs relevé, entre les œuvres du Français et celles de l'Allemand, des similitudes stylistiques et thématiques et pour Michel Murat « l'ombre des Falaises s'étend au cœur de la fiction gracquienne, du Rivage des Syrtes au Balcon en forêt, en passant par le roman inachevé dont La Route constitue le vestige ».

De 1945 au Rivage des Syrtes

En 1945 paraît le deuxième roman de Julien Gracq : Un beau ténébreux, publié lui aussi aux éditions José Corti, auxquelles Gracq restera fidèle tout au long de sa carrière littéraire. Écrit en deux temps une première partie a été rédigée en Silésie, durant la captivité de Gracq, tandis que la seconde a été écrite en même temps que les poèmes de Liberté grande en 1942, le roman raconte la rencontre entre un groupe de personnages à « l’Hôtel des Vagues », sur la côte bretonne, et un mystérieux jeune homme, Allan. L'œuvre développe, sous la forme de longs dialogues, une réflexion sur la littérature qui sera poursuivie dans les grands textes théoriques ultérieurs. Proposé pour le Prix Renaudot, Un Beau ténébreux obtient trois voix, ce qui attire l'attention sur Le château d'Argol, réédité la même année. Tous les comptes rendus ne sont d'ailleurs pas élogieux : Étiemble notamment exécute dans Les Temps modernes la première œuvre de l'écrivain, en laquelle il dénonce un exercice de style artificiel et prétentieux. À l'inverse, Maurice Blanchot, qui avait apprécié Argol, est déçu par le deuxième roman.
L'année suivante paraît un recueil de poèmes en prose, Liberté grande, d'inspiration surréaliste et rimbaldienne, écrits entre 1941 et 1943, qui pour certains ont déjà été publiés dans des revues proches de la mouvance surréaliste. L'ouvrage sera augmenté de plusieurs textes lors de rééditions ultérieures, et notamment de « La sieste en Flandre hollandaise », un des chefs-d'œuvre de la prose gracquienne.
En 1946, Julien Gracq quitte l'université de Caen. Il est nommé l'année suivante au lycée Claude-Bernard de Paris, où il enseigne l'histoire-géographie jusqu'à sa retraite en 1970, se montrant un enseignant d'une pointilleuse exactitude, qui « s'arrangeait pour que son discours s'achève à la seconde même où se déclenchaient les sonneries ». Il habite rue de Grenelle à côté de la fontaine des Quatre-Saisons.
C'est en 1948 qu'est publié le premier grand ouvrage critique de Julien Gracq : il est consacré à André Breton, envisagé non pas en tant que chef de file du mouvement surréaliste, mais bien en tant qu'écrivain, ainsi que l'indique son sous-titre : Quelques aspects de l'écrivain. Pour autant, le choix de ce sujet d'étude, outre qu'il correspond à un désir ancien d'écrire sur l'auteur de Nadja, s'inscrit dans le contexte d'une polémique autour de la nature et de l'actualité du surréalisme en regard des orientations nouvelles de la littérature « engagée » : en 1945, Benjamin Péret a écrit Le Déshonneur des poètes, qui dénonçait la notion de poésie engagée. En 1947, lui répondent Roger Vailland, dans un pamphlet intitulé Le Surréalisme contre la révolution et Tristan Tzara dans une conférence sur Le surréalisme et l'après-guerre, tandis que Jean-Paul Sartre explique au même moment que « le surréalisme n'a plus rien à nous dire ». En s'intéressant à la figure de Breton, Julien Gracq prend le parti de Breton et de Péret, aux côtés de Maurice Blanchot, de Jules Monnerot et de Georges Bataille, contre les « compagnons de route » du Parti communiste, Sartre en tête, envers qui il manifestera une hostilité constante.
La même année est publié Le Roi Pêcheur, une adaptation théâtrale du mythe du Graal écrite entre 1942-1943. La pièce est représentée à Paris en 1949, au théâtre Montparnasse, dans une mise en scène de Marcel Herrand, avec des costumes et des décors créés par Leonor Fini. Maria Casarès et Jean-Pierre Mocky interprètent les rôles principaux. Le Roi pêcheur est éreinté par la critique, qui reproche à son auteur, tantôt d'avoir laïcisé le mythe, tantôt de ne pas l'avoir adapté au goût moderne. Le fait que cette « entreprise au ton scolaire et qui pue l'artifice » (Robert Kemp dans Le Monde, ait bénéficié d'un financement public attribué par la Commission d'aide à la première pièce (dépendant du Ministère de l'Éducation nationale renforce la virulence de certains de ces critiques, qui ne manquent pas de noter que le ministre en personne était présent à la première et qu'il est sorti avant la fin de la pièce. Ulcéré, Gracq renonce à écrire pour le théâtre en 1953, il traduira néanmoins la Penthésilée d'Heinrich von Kleist à la demande de Jean-Louis Barrault.
Il règle ses comptes avec la critique l'année suivante, en publiant dans Empédocle, la revue d'Albert Camus, « La Littérature à l'estomac », un texte dont le style rappelle celui des pamphlets surréalistes. Dans ce livre que l'historienne Ariane Chebel d'Appollonia a qualifié de « pavé jeté dans la mare de l'intelligentsia parisienne sont dénoncés les différents systèmes de promotion moderne de la littérature, accusés de dénaturer la relation intime qui doit s'établir entre l'œuvre et son lecteur.
Avec le Rivage des Syrtes, publié en septembre 1951, Gracq renoue avec l'écriture romanesque. L'histoire de la déclinante principauté d'Orsenna, l'atmosphère de fin de civilisation qui l'imprègne et qui transpose sur le mode mythique les époques de la montée du nazisme et de la drôle de guerre, le style hiératique de l'auteur séduisent la critique, qui encense ce roman qui va à contre-courant d'une production littéraire dominée par l'éthique et l'esthétique existentialistes. Le roman est par ailleurs souvent comparé au Désert des Tartares de Dino Buzzati, dont la traduction française a été publiée quelque temps auparavant, mais Julien Gracq réfutera le fait qu'il ait pu être influencé par le roman de l'écrivain italien, et évoquera comme source d'inspiration La Fille du capitaine de Pouchkine. Paru en pleine rentrée littéraire, Le Rivage des Syrtes fait partie des romans sélectionnés pour le prix Goncourt, pour l'obtention duquel il fait bientôt figure de favori. Peu soucieux de laisser croire « qu’après avoir sérieusement détourné peut-être quelques jeunes (peu nombreux, qu’on se rassure) de la conquête des prix littéraires, il songe maintenant à la dérobée à se servir », Gracq écrit au Figaro littéraire une lettre ouverte dans laquelle il s'affirme, « aussi résolument que possible, non candidat ». Il réitère le lendemain, dans un entretien accordé à André Bourin, sa décision de refuser le prix s'il lui est attribué. Le 3 décembre, le jury du Goncourt rend son verdict : le prix 1951 est attribué à Julien Gracq pour le Rivage des Syrtes, à l'issue du premier tour, par six voix contre trois. Conformément à ce qu'il avait annoncé, Gracq refuse le prix. Il est le premier écrivain à agir ainsi, ce qui engendre une importante polémique dans les médias. Julien Gracq restera marqué par ce qui lui est apparu comme un abus de pouvoir, et s'abstiendra désormais de toute intervention directe sur la scène littéraire.

La théorie et la pratique de la littérature

Monthermé, en bord de Meuse, qui fournit le modèle de Moriarmé dans Un balcon en forêt
L'emploi du temps de Julien Gracq, depuis son affectation, comme professeur d'histoire, de Janvier 1947 à juin 1970, au lycée Claude Bernard, se partage entre Saint-Florent-Le-Vieil et Paris, l'enseignement, l'écriture et les voyages, qu'il effectue de préférence en fin d'été ou au début de l'automne, la période des grandes vacances étant de préférence dévolue à l'écriture, en France ou dans les pays voisins, parfois pour des conférences.
En 1953, il rencontre Nora Mitrani, sociologue et poétesse, membre du groupe surréaliste de Paris. Le couple fréquente Elisa et André Breton, visite André Pieyre de Mandiargues à Venise, etc. Gracq restera très discret sur ce sujet et n'évoquera jamais publiquement sa liaison avec la jeune femme64, qui meurt en 1961 et dont il préfacera le recueil posthume Rose au cœur violet, 1988.
En parallèle, Julien Gracq continue à construire son œuvre. En 1952, il publie, dans une édition hors-commerce limitée à soixante-trois exemplaires, un texte rédigé entre 1950 et 1951 : Prose pour l'Étrangère, un poème en prose qui, par son écriture comme par sa thématique, n'est pas sans rappeler Le Rivage des Syrtes; et où se pose donc de manière aiguë la question du rapport qu'entretient l'œuvre narrative de Gracq, volontiers poétique dans son écriture, avec le genre du poème en prose. Entre 1953 et 1956, il entreprend la rédaction d'un autre grand roman a-temporel, dans la lignée du Rivage des Syrtes, et qui doit évoquer le siège d'une ville dans un pays déjà tombé aux mains de l'ennemi. Mais au bout de trois ans et de deux cent cinquante pages rédigées, Gracq se sent bloqué dans son processus de création, ce qui est presque une constante chez lui lorsqu'il crée une œuvre de fiction : au moment où il parvient à la dernière partie du récit, le fil « qui joint le travail fait au travail à faire » se rompt, pendant plusieurs mois, un an même dans le cas du Rivage de Syrtes. Il interrompt alors – provisoirement, pense-t-il à ce moment-là – l'écriture de ce roman pour se lancer dans un autre projet d'écriture : celui d'un récit ancré dans cette période de la drôle de guerre qui l'avait tant frappé. Le roman interrompu ne sera finalement jamais repris (seules vingt pages subsisteront, qui seront publiées en 1970 dans le recueil La Presqu'île, sous le titre de La Route. Quant au récit sur la drôle de guerre, intitulé Un balcon en forêt, il est publié en 1958. Cette histoire des vacances oniriques de l'aspirant Grange dans la forêt ardennaise déconcerte la critique, qui ne s'attendait pas à ce que l'auteur du Rivage des Syrtes produise une fiction « réaliste, ce qualificatif sera récusé par Gracq, qui n'envisageait pas le Balcon comme une rupture par rapport aux livres précédents. Le metteur en scène Michel Mitrani, frère de Nora Mitrani, en tirera en 1979 une adaptation cinématographique qui conserve le même titre.

Edward Burne-Jones, Le roi Cophetua et la mendiante vierge (1884), tableau évoqué dans la nouvelle de Gracq « Le roi Cophetua »
Le texte suivant, Préférences (1961), renoue avec la veine critique inaugurée avec André Breton, Quelques aspects de l'écrivain, et qui sera particulièrement explorée par Gracq au cours des années suivantes. L'ouvrage est en fait un recueil de textes écrits depuis 1945, qui reprend préfaces (comme « Le Grand paon » - à propos de Chateaubriand, études littéraires « Spectre du Poisson soluble »), entretien radiophonique (« Les yeux bien ouverts », ainsi que le pamphlet La Littérature à l'estomac et une conférence prononcée en 1960, «Pourquoi la littérature respire mal», où se remarque l'influence des thèses d'Oswald Spengler sur le « déclin de l'Occident ». De cet ensemble émergent effectivement les préférences littéraires de Gracq : son goût pour Jünger, Lautréamont, Rimbaud, Poe, Breton, les romantiques allemands, et certaines œuvres marginales d'auteurs classiques (Béatrix de Balzac, Bajazet de Racine...), son refus de l'esthétique existentialiste et de la littérature techniciste que constitue selon lui le Nouveau roman.
Lettrines I (1967), poursuit sur la lancée des textes critiques, auxquels sont associées des évocations de lieux, le tout relié autour d'un noyau autobiographique, ce qui constitue un infléchissement inattendu de l'œuvre d'un auteur aussi discret que Julien Gracq. En fait, seules deux périodes de sa vie sont évoquées : l'enfance et la guerre. Et encore la seconde n'est-elle traitée qu'à travers l'épisode, empreint d'irréalité, de « la nuit des ivrognes », qui revient sur la débâcle de 1940 déjà évoquée dans Un Balcon en forêt. Il n'y a en fin de compte que les souvenirs d'enfance de Louis Poirier qui sont traités sur un mode réaliste. La forme de ce livre est elle aussi nouvelle, constituée d'une juxtaposition de « notes » ou de « fragments », extraits de cahiers sur lesquels, depuis 1954, Julien Gracq jette notes ou textes plus élaborés. De ces mêmes cahiers naîtront Lettrines II 1974, En lisant en écrivant (1980) et les Carnets du grand chemin (1992).
La Presqu'île, qui paraît trois ans plus tard, marque les adieux de Julien Gracq à la fiction. Dans ce recueil sont réunies trois nouvelles : « La Route », vestige du grand roman commencé après Le Rivage des Syrtes, qu'il semble prolonger ; « La Presqu'île », récit du désir et de l'attente dans la presqu'île de Guérande, dont le réalisme rappelle en même temps qu'il met à distance le nouveau roman ; enfin « Le Roi Cophetua », qui peut être lu comme une variation autour du mythe de Perceval, transposé dans le cadre d'une maison de campagne dans la banlieue de Paris en 1917. De cette dernière nouvelle, le cinéaste belge André Delvaux a tiré en 1971 un film intitulé Rendez-vous à Bray, considéré comme la meilleure adaptation à ce jour d'une œuvre de Gracq pour le cinéma.

La consécration critique

En 1970, Louis Poirier fait valoir ses droits à la retraite et, le 30 juin, se rend pour un séjour de deux mois aux États-Unis, où il a été invité par l'université du Wisconsin en qualité de visiting professor. Il y donne des cours sur le roman français après 1945, anime un séminaire sur André Breton, et va rendre visite à August Derleth, l'ancien collaborateur de Lovecraft. De retour en France, il poursuit la publication de ses cahiers, avec Lettrines II 1974, puis Les Eaux étroites 1976, où il évoque le souvenirs des promenades qu'il faisait enfant sur les bords de l'Evre, et surtout En lisant en écrivant (1980), qui marque un tournant dans la réception critique de son travail : l'œuvre romanesque est reléguée au second plan, tandis qu'est mis en avant le travail critique et réflexif du lecteur au regard précis et profond qu'est Julien Gracq80. Réunis en seize sections, les fragments/notes qui composent En lisant en écrivant (sans virgule entre les deux, afin de signifier l'absence de solution de continuité dans la vie d'un écrivain entre l'activité de la lecture et celle de l'écriture évoquent Stendhal, Proust, Flaubert, le surréalisme, les rapports entre la littérature et la peinture, la littérature et le cinéma, etc.
Le début des années 1980 marque également la reconnaissance officielle de Julien Gracq par l'institution universitaire : en mai 1981, un premier grand colloque est organisé autour de son œuvre à l'Université d'Angers. L'année suivante, Le Rivage de Syrtes est mis au programme de l'agrégation de lettres modernes. Michel Murat termine en 1983 une importante thèse sur ce roman, qui est ensuite publiée en deux volumes aux éditions José Corti. À la fin de cette même décennie, c'est le milieu littéraire qui rend hommage à Julien Gracq : les éditions Gallimard entreprennent, honneur très rare, de publier, de son vivant, ses œuvres dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque de La Pléiade. Les deux tomes des Œuvres complètes de Julien Gracq sont publiés respectivement en 1989 et 1995, dans une édition établie sous la direction de l'universitaire allemande Bernhild Boie, qui avait en 1966 publié (en allemand) l'un des tout premiers livres consacré à Gracq, et que ce dernier choisira pour être son exécutrice testamentaire.
De son côté, ce dernier publie ses trois dernières œuvres, dont deux sont consacrées à des villes : La Forme d'une ville (1985), où est évoqué le Nantes des années d'internat de Louis Poirier, mais aussi celui de Jules Verne, d'André Breton et de Jacques Vaché ; et Autour des sept collines (1988), qui regroupe un certain nombre de réflexions écrites à propos d'un voyage en Italie en 1976. Enfin, en 1992, les Carnets du grand chemin renouent avec la veine des Lettrines, mêlant évocations de paysages, fragments autobiographiques et réflexions sur la littérature. Ces Carnets marquent la fin de l'œuvre publié de Julien Gracq, si l'on excepte le recueil des Entretiens qui paraissent aux éditions José Corti en 2002 et qui réunissent des interviews données par Julien Gracq entre 1970 et 2001. Ouvrage qui, sans faire à proprement parler partie de l'œuvre, en est une forme de prolongement. S'il continue tout de même à écrire dans ses carnets, il ne s'agit plus que de « textes bruts » qui ne sont pas destinés à devenir des livres publiés.


Saint-Florent-le-Vieil

Après avoir longtemps vécu dans son appartement de la rue de Grenelle à Paris, Julien Gracq se retire dans la maison familiale de la Rue du Grenier-à-Sel à Saint-Florent-Le-Vieil, où il vit en compagnie de sa sœur, qui disparaît en 1997. Bien qu'ayant toujours maintenu ses distances avec les milieux littéraires, il entretient plusieurs correspondances épistolaires et reçoit écrivains et chercheurs dans la maison familiale devenue trop grande pour lui et dont il ne chauffe plus toutes les pièces. Quelques mois avant sa mort, il accorde un dernier entretien à Dominique Rabourdin pour Le Magazine littéraire. Il y évoque sa disparition prochaine, dont la perspective, explique-t-il, « ne le scandalise pas » : « quoique très proche pour moi, sa pensée ne m'obsède pas : c'est la vie qui vaut qu'on s'en occupe. »
Julien Gracq s'éteint le 22 décembre 2007. La presse est unanime à lui rendre hommage. Par testament, il a légué la totalité de ses manuscrits à la Bibliothèque nationale (une copie devant en être adressée à la Bibliothèque universitaire d'Angers). Ceux-ci comprennent notamment l'ensemble de 29 cahiers de fragments intitulé Notules, soit trois mille cinq cents pages qui n'ont que partiellement été publiées, notamment dans les deux volumes de Lettrines. La partie inédite ne pourra être divulguée que vingt ans après la mort de l'écrivain. Les autres biens de Julien Gracq (meubles, photographies, correspondance avec André Breton, Jean-Louis Barrault, éditions originales accompagnées d'envois, etc.) ont été vendus aux enchères à Nantes le 12 novembre 2008. Cette vente a atteint 700 000 euros.
Les œuvres de Julien Gracq ont été traduites en vingt-six langues.

Quelques aspects de l'écrivain

L'écriture-mouvement

L'un des reproches que Julien Gracq adressait à la critique littéraire était de concevoir les œuvres comme des structures, de tenir « sous son regard le livre comme un champ déployé » et d'y chercher « des symétries, des harmonies d'arpenteur », alors que ses « secrets opératoires y relèvent exclusivement de la mécanique des fluides. » Autrement dit, pour Gracq, la littérature, y compris le roman, est rythme, « pur mouvement, prise de possession de l'espace et projection vers l'avenir » commente Bernhild Boie, bien davantage que construction. L'analyse des manuscrits de Julien Gracq a d'ailleurs montré qu'il ne s'astreignait pas à fabriquer de plan pour ses romans, qu'il n'y avait pas chez lui mise en place de stratégie romanesque préalable à l'écriture. C'est dans le mouvement même de l'écriture que se construit le roman, son style, son rythme, pratiquement sans retour de l'auteur sur ce qu'il a écrit. Il n'y a pas trace dans les brouillons de Gracq de longs passages supprimés, ou de chapitres déplacés : « j'écris toujours en suivant l'ordre du déroulement du récit », confiait Gracq à Jean Roudaut. L'image qui symboliserait le mieux ce mouvement de l'écriture gracquienne serait, selon Bernhild Boie, celle que l'on trouve dans la nouvelle La Presqu'île, où il est écrit que « toute la course de l'après-midi avait penché vers cette route perdue où la voiture accélérait et prenait le dernier relais... jamais il n'était arrivé à la mer autrement que comme un cycliste dévale une pente, le cœur battant du sentiment de l'espace qui se creuse, de tous les freins lâchés ... » ; texte qui d'après elle « reproduit très exactement le mouvement fondamental, et du livre d'où il est tiré et de l'œuvre de Gracq dans son ensemble. » Les romans de Gracq semblent ainsi reproduire les derniers moments des Aventures d'Arthur Gordon Pym : une dérive, lente d'abord, puis qui va s'accélérant à mesure que l'on s'approche de la catastrophe finale. C'est ce que Gracq expliquait dans un entretien de 2001 avec la même Bernhild Boie :
« Ce que j'écris, dans mes ouvrages de fiction, coule dans le lit du temps, va vers quelque chose, ne comporte pas, ou très peu, de bifurcations, de retours en arrière, d'inclusions parasitaires ou de péripéties ... Ces livres ne peuvent guère agir s'ils ne donnent pas le sentiment d'un mouvement porteur, continu, qui les mène moins peut-être vers un point final que plutôt vers une espèce de cataracte.
Cette pratique de la littérature, qui procède exclusivement en allant de l'avant, et qui, de la même manière que la lecture progresse selon un vecteur unique, nécessite donc que, dès l'incipit, soit trouvé l'angle d'attaque qui permettra de mener l'œuvre à son terme, faute de quoi elle est irrémédiablement perdue. C'est l'expérience qu'a faite Julien Gracq avec le roman inachevé dont il n'a pu sauver que le fragment intitulé La Route : le récit s'était dès le départ fourvoyé dans une impasse, ce dont l'écrivain ne s'est rendu compte qu'après trois ans de travail. Il a alors fallu abandonner définitivement le projet. Dans un entretien de 1981, Gracq confiait que « le livre est mort de ce qu'il n'avait pas choisi, pour l'attaquer, le ton juste : une erreur qui ne se rattrape guère. »

La maturation de l'écriture

Dans l'ouverture de En lisant en écrivant, Julien Gracq distinguait entre deux types d'écrivains : ceux qui, dès leur premier livre, écrivent déjà comme ils écriront toute leur vie » et ceux « qui voient le jour du public encore immatures, et dont la formation, parfois assez longuement, se parachève sous les yeux mêmes des lecteurs. » S'il est sans doute discutable de classer Gracq dans la seconde catégorie, l'évolution de son style est perceptible entre les premiers et les derniers écrits. Le même mouvement qui préside à l'élaboration de chaque ouvrage se retrouve dans le mouvement général de l'œuvre : c'est au fil de l'écriture que s'est affiné le style, le rythme propre de l'écriture gracquienne. La structure de la phrase s'est aérée et s'est désencombrée de ces adjectifs et de ces adverbes qui agaçaient tellement Étiemble dans le Château d'Argol.
Le lexique abandonne peu à peu la tonalité impressionniste pour chercher à rendre avec la plus grande précision possible l'acuité de la vision dont procède l'écriture. Ce que Gracq a lui-même qualifié de passage des mots-climat aux mots-nourriture, les premiers visant à provoquer un « ébranlement vibratile », à la manière d'un « coup d'archet sur l'imagination », là où les deuxièmes, plus « compacts », visent à être « happ[é]s » par l'oreille « un à un, comme le chien les morceaux de viande crue. »
Ce mouvement qui mène l'écrivain vers sa maturité stylistique est indissociable de l'évolution qui l'a mené d'une fiction fortement teintée de références d'ordre fantasmatique à l'écriture par fragments ainsi qu'à intégrer la réalité historique et géographique dans ses livres, puis à faire une place discrète à l'autobiographie.

Les fictions

On peut toutefois repérer des invariants dans les fictions de Julien Gracq. Hubert Haddad a ainsi fait remarquer que la scénographie des romans était à peu près toujours la même : un lieu clos, mais frontalier. Un château. Au château d'Argol, un hôtel, Un beau ténébreux, une forteresse Le Rivage des Syrtes, une Maison forte Un balcon en forêt. Quant à la frontière, elle est figurée la plupart du temps par la mer, en laquelle on a pu déceler l'élément fondamental du récit gracquien, ou, dans le dernier cas, par la forêt (elle-même située sur la frontière entre la France et la Belgique. C'est dans cet espace-frontière, ce seuil entre l'Ici et l'Ailleurs, cet entre-deux118 que se meuvent des personnages qui sont eux-mêmes, « par rapport à la société, dans une situation de "lisière", par une guerre, par des vacances, par une disponibilité quelconque. De sorte que cette mise sous tension du lieu de l'action mobilise plus décisivement des personnages qui sont eux-mêmes momentanément désancrés », expliquait Julien Gracq à Jean Carrière. Toutes les fictions de Gracq sont construites à partir de cet entre-deux, à la fois spatial matérialisé par la frontière et temporel : elles sont dans l'attente de l'évènement décisif, celui vers lequel tend « l'accroissement progressif de la pression » qui les conduit « jusqu'à un moment de bascule », explique Michel Murat.
Néanmoins, entre les premières et les dernières fictions, on observe de nets infléchissements. Le premier roman, Au château d'Argol (1938), s'écartait résolument de toute réalité référentielle comme de toute expérience vécue : l'espace construit y est purement imaginaire. Selon Gracq en effet, la création d'un univers diégétique autonome et séparé du réel est l'une des conditions nécessaires de la fiction. Il s'en est expliqué dans Lettrines, écrivant que :
"Quand il n'est pas songe et, comme tel, parfaitement établi dans sa vérité, le roman est mensonge, quoi qu'on fasse, ne serait-ce que par omission, et d'autant plus mensonge qu'il cherche à se donner pour image authentique de ce qui est."
Pourtant, à partir du Rivage des Syrtes (1951), même si l'univers reste fictif, commencent à être mobilisées l'expérience historique de l'auteur (la « Drôle de guerre ») et ses connaissances géographiques. Mais c'est surtout avec Un balcon en forêt 1958 que se produit la rupture, puisque pour la première fois l'univers de la fiction se confond avec l'univers réel. Confusion qui reste partielle, toutefois, puisque si l'action se déroule dans les Ardennes, à la frontière entre la France et la Belgique, les lieux qui constituent le cœur de la fiction portent des noms fictifs Moriarmé, Les Falizes. De même, dans la nouvelle « La Presqu'île », le nom de Guérande est masqué par son nom breton de Coatliguen. Il n'en reste pas moins qu'à partir de ce moment, le besoin de fiction semble se faire moins impérieusement ressentir, que la mise à distance de la vie et de l'expérience de l'auteur devient moins nécessaire, voire est ressentie comme un détour inutile. L'imaginaire ne se substitue plus au réel : « dans l'œuvre tardive, explique Michel Murat, le mythe colore le réel plus qu'il ne le construit. »

La littérature fragmentaire

C'est à partir de 1954, soit au moment même où il se rendait compte que le roman qu'il était en train d'écrire était dans une impasse, que Julien Gracq commence à écrire sur un nouveau support : le cahier (il avait auparavant l'habitude d'écrire sur des feuilles volantes. Il entreprend alors d'écrire dans une forme nouvelle pour lui : de petits textes non fictionnels et sans lien précis les uns avec les autres. Ce type d'écriture, d'abord marginal dans la production de l'écrivain, va peu à peu remplacer l'écriture de fictions, au point que, hormis La Forme d'une ville, 1985, pour lequel il revient aux feuilles volantes, toute sa production écrite postérieure à La Presqu'île, 1970 ne se fera plus que sur ces cahiers, à raison d'un peu moins de quatre-vingts pages par an environ.
Les textes de ces cahiers ne sont nullement des brouillons, des esquisses préparatoires pour des œuvres futures : tous, qu'il s'agisse de notes brèves ou de fragments plus longs et plus élaborés, sont littérairement achevés et, comme pour les romans, on y décèle peu de ratures et de reprises. Il ne s'agit pas non plus d'esquisses de journal intime, pas plus que de notes prises sur le vif, y compris pour les textes qui, consacrés à Rome, sont réunis dans Autour des sept collines 1988. L'esthétique à laquelle obéit le plus cette prose désamarrée de toute urgence romanesque doit selon Bernhild Boie être recherchée du côté du fragment romantique, telle qu'il a été défini par Friedrich Schlegel :
« Pareil à une petite œuvre d'art, un fragment doit être totalement détaché du monde environnant, et clos sur lui-même comme un hérisson.
Michel Murat en revanche montre quelques réticences à utiliser le terme de fragments, qui pour lui véhicule trop de connotations théoriques difficilement applicables à l'esthétique des textes de Gracq qui, loin d'être refermés sur eux-mêmes comme des hérissons, communiquent « par tous les éléments de leur substance avec d'autres textes du même ordre, avec l'expérience intime, avec la mémoire des livres écrits et lus. »
Préférences et réticences

Le surréalisme La figure d'André Breton

Si la découverte du surréalisme, à travers la lecture de Nadja au début des années 1930, a été pour Julien Gracq une révélation, c'est surtout à travers la rencontre avec André Breton qu'elle devait opérer : le premier n'a jamais caché l'admiration qu'il portait à son aîné, avec lequel il était lié par une amitié « un peu cérémonieuse » depuis leur rencontre à Nantes en 1939. Et c'est par lui et à sa demande que Gracq a, de manière parcimonieuse, participé aux activités surréalistes, notamment en publiant des poèmes en prose dans des revues surréalistes, ceux-là même qui seront réunis sous le titre de Liberté grande en 1946, en acceptant de figurer sur une photo des membres du groupe surréaliste en 1952 et en intervenant, vers la même époque, aux côtés de Breton dans deux polémiques, la première tournant autour du christianisme présumé d'Alfred Jarry, l'autre concernant un supposé déviationnisme de Breton par rapport aux principes de l'athéisme.
Mais c'est surtout avec l'essai de 1948, André Breton, quelques aspects de l'écrivain, que se manifeste, à la fois l'hommage de Gracq vis-à-vis de « l'intercesseur » qu'a été pour lui, après Edgar Allan Poe, Stendhal et Wagner, le chef de file du surréalisme, et la prise de parti de Gracq en faveur de ce mouvement.
Le groupe surréaliste n'est pourtant évoqué dans l'essai qu'à travers la figure de Breton, et il est perçu comme constituant presque le prolongement organique de ce dernier, sans que Gracq ne se sente tenu de s'arrêter à ces autres figures majeures du mouvement qu'ont été Aragon, Artaud, Ernst ou Desnos. L'itinéraire de Breton y est décrit comme réactivant à l'époque moderne le schème mythique de la Quête, celle de la Toison d'Or ou celle du Graal, celui grâce à qui le merveilleux traverse les siècles depuis le Moyen Âge du roi Arthur et de Tristan, après que le flambeau est passé par les mains de Novalis, Rimbaud et Lautréamont. L'aspect mystique, mais surtout pas chrétien de la démarche surréaliste est souligné, l'auteur allant jusqu'à comparer « la haute période du surréalisme » « à l'état naissant d'une religion avortée, et les affinités entre le surréalisme et le romantisme allemand pour lequel Gracq n'a jamais caché son intérêt sont plusieurs fois évoquées.
Le dernier chapitre de l'essai, « D'une certaine manière de "poser la voix" », est consacré à une analyse du style d'André Breton, dont Gracq relève deux éléments essentiels : un usage à la fois singulier et protéiforme des italiques, et une syntaxe particulière, qu'il baptise du nom de « phrase-déferlante ». L'italique, chez Breton, ne servirait pas tant à signaler « de façon mécanique » la présence dans la phrase d'un terme technique ou d'un « mot courant pris dans une acception rigoureusement particulière et déjà définie », qu'à « irradier » d'un bout à l'autre la phrase dans laquelle il est incorporé, à y faire passer « un influx galvanique », « une secousse nerveuse qui la vivifie et la transfigure. » Il signale ainsi souvent « le point focal autour duquel la pensée a gravité », et autour duquel « la phrase s'organise d'un jet, prend son sens et sa perspective. » C'est le langage de l'analyse musicale qui est alors mobilisé pour rendre compte de ces usages des italiques : le mot ainsi souligné fait sentir, « par rapport à la phrase, la vibration d'un diapason fondamental », qui « déclenche à l'intérieur même de la langue tout un jeu de claviers. » Quant à la « phrase déferlante », elle s'oppose à la « phrase conclusive » : là où cette dernière se trouve « conditionnée de toutes parts par la contour rigide et pressenti de ses voisines et ne cherche plus qu'à s'imbriquer dans le contexte — à résoudre un problème mécanique d'emboîtement », la phrase déferlante vise avant tout à conserver et à projeter le plus loin possible l'élan de spontanéité initial d'où elle a surgi, sans que soit prémédité son point de chute. Ainsi, chez Breton, « jamais ... la phrase n'est calculée en vue de sa fin — jamais sa résolution finale, si brillante qu'elle puisse parfois apparaître, ne se présente autrement que comme un expédient improvisé sur le champ, une dernière chance qui permet de sortir comme par miracle de l'impasse syntaxique. »
Cette analyse du style de Breton n'est pas sans faire écho au propre style de Gracq, au point que l'on a souvent dit que ce chapitre constituait une sorte d'autoportrait littéraire de son auteur, qui se serait assimilé André Breton de la même manière que celui-ci s'était incorporé Jacques Vaché. Ainsi, cet essai, « le plus lucidement tendancieux, le plus fidèle, le plus magnifiquement amoureux » qu'on ait consacré à Breton semble avoir été écrit « dans une prose rivale, comme pour s'incorporer un mystérieux pouvoir d'engendrement », celui qui est prêté dans André Breton au chef de file du mouvement surréaliste.
Toutefois, s'il obéit à un désir né depuis la lecture de Nadja d'écrire sur André Breton, l'essai éponyme de Julien Gracq n'est pas délié de l'actualité littéraire de son époque : écrit en 1946, il ne pouvait qu'être partie intégrante du débat de l'après-guerre sur la pertinence ou non de se référer au surréalisme comme point de référence, point de vue contesté notamment par un Jean-Paul Sartre, un Roger Vailland ou encore un Tristan Tzara. En divers endroits de l'essai de Julien Gracq se repère la marque de l'inscription de son André Breton dans cette polémique d'époque : l'invocation de Benjamin Péret et à son pamphlet contre la poésie engagée (Le Déshonneur des poètes) pour définir le surréalisme, l'allusion transparente à l'Existentialisme dans la mention de « l'intellectualisme le plus desséché », etc.

Portée du surréalisme

La dimension polémique n'est pas absente non plus de la conférence intitulée « Le surréalisme et la littérature contemporaine » prononcée à Lille, puis à Anvers en 1949. Il est faux, y explique Gracq, de prétendre avec Sartre et les siens que le surréalisme n'est pas un mouvement engagé. Au contraire, ses animateurs ont engagé leur vie « dans une zone hautement dangereuse, une zone à haute tension, où Artaud a laissé sa raison, Cravan, Vaché, Rigaut, Crevel, leur vie. » Grâce au surréalisme, la littérature ne peut plus être considérée comme un passe-temps, comme une activité de loisir. Cet engagement, explique Gracq, est un engagement profond en faveur de l'Homme, un questionnement sur ce qu'il est, sur « ce que sont ses espoirs permis, ses pouvoirs réels, ses limites, ses perspectives et ses définitives dimensions. » Selon l'auteur d'André Breton, ce sont en définitive les mêmes problèmes que ceux que se pose l'humanisme contemporain, celui d'un Jean-Paul Sartre, d'un Albert Camus, d'un André Malraux. Mais l'humanisme de ces derniers, marqué par les défaites de la guerre récente, « se trahit avant tout à ses pâles couleurs et à son extraordinaire manque de santé » : à cause de ceux-là, jamais peut-être la figure de l'homme n'a été plus systématiquement rétrécie, plus soulignée son impuissance, plus condamnée son espérance, plus approfondi son souci. Face à eux, le surréalisme représente « l'affirmation plus que jamais nécessaire, la réserve inentamée d'un formidable optimisme... En face de l'homme à terre, qui est le thème préféré de la littérature d'aujourd'hui, le surréalisme dresse la figure de l'homme en expansion, triomphant un jour de la mort, triomphant du temps, faisant enfin de l'action la sœur même du rêve. »
De toute façon, quoi qu'en puissent dire ses détracteurs, le surréalisme a déjà gagné : ayant atteint à ce niveau de profondeur « qui donne à la littérature d'une époque, par-delà des ressemblances toutes formelles, un air de famille qu'elle ne se connait pas elle-même et qu'on lui reconnait un siècle après », il a trouvé quels étaient pour le XXe siècle les équivalents de ce que furent pour leur temps « les potences de Villon, les grecques de Racine, les châteaux lézardés des romans noirs à la veille de 89. » Autrement dit, il a su être « un détecteur incomparable des tendances du subconscient de son époque » ; il lui a donné ses « totems.

Limites de l'engagement surréaliste

Si André Breton est resté pour Julien Gracq « un recours obscurément disponible », il s'est toujours tenu à l'écart des activités du groupe surréaliste en tant que tel, s'abstenant notamment de signer les déclarations collectives même lorsqu'elles ont touché aux deux polémiques auxquelles il avait pris part à titre individuel. Plusieurs facteurs ont contribué à le faire se tenir à distance des manifestations surréalistes : l'héritage de Dada, en lequel il ne se reconnait pas, la proximité du mouvement avec le Parti communiste, que Gracq avait quitté après l'annonce du pacte Germano-soviétique, la conviction que l'engagement collectif était incompatible avec son activité d'écrivain. Qui plus est, Gracq ne s'intéresse guère à l'écriture automatique, à laquelle il n'accorde d'autre vertu que d'avoir, en tant qu'elle relève « du "génie" individuel aussi bien que toute autre activité littéraire consciente », permis l'éclosion de textes aussi peu gouvernés que ceux du Poisson soluble d'André Breton.
La mort de ce dernier en 1966 contribue encore davantage à détacher Julien Gracq du surréalisme, dont les dernières manifestations collectives, dans les années 1960 happenings érotiques, Exécution du testament du marquis de Sade ne correspondent guère à sa sensibilité. Sur le plan esthétique, la distance est depuis longtemps prise : à l'automne 1946, alors qu'il écrivait son essai sur Breton, Gracq entamait également l'écriture d'un roman « dont le sujet – l'Histoire – devait le porter loin d'André Breton et du surréalisme », explique Bernhild Boie. Avec Un Balcon en forêt, commencé en 1955, la rupture semble consommée : l'abandon de l'épisode de la messe de minuit initialement programmé, et vers lequel devait converger tout le récit, constitue pour Michel Murat l'un des signes que « la question surréaliste est bien éteinte : elle emporte avec elle le sacré et les univers fictifs du "roman". » On a toutefois pu déceler dans ce livre, où le cadre réaliste se mue perpétuellement par anamorphose en un cadre-rêverie hérité de l'univers du conte féerique, comme un rappel du fameux objectif assigné par André Breton dans le Second manifeste du surréalisme en 1930 :
« Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas, cessent d'être perçus contradictoirement. Or, c'est en vain que l'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point. »
Selon Hubert Haddad, l'entreprise de Julien Gracq n'a, à sa manière, jamais eu d'autre mobile que l'espoir de détermination de ce point
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La littérature fantastique

Julien Gracq est également lecteur de Poe, de Novalis et de Tolkien, dont Le Seigneur des anneaux lui a causé « une forte impression ».

Critique de la critique littéraire


Si l'œuvre de Julien Gracq a rapidement engendré une foule de commentaires et d'analyses universitaires, leur auteur s'est souvent montré dubitatif, voire hostile face aux entreprises exégétiques, qu'elles concernent ou non ses propres ouvrages. Outre la réserve qui l'a conduit à se maintenir à distance du premier grand colloque organisé autour de son œuvre, auquel il n'a pas participé, Gracq, à plusieurs reprises, a précisé dans ses livres quels étaient ses griefs contre la critique savante, ce qui ne l'a pas empêché à l'occasion de recevoir des chercheurs travaillant à l'exégèse de ses livres.
Dans un des fragments de Lettrines, 1967, Julien Gracq a ainsi reproché à celle-ci de tronquer ses objets d'étude pour les faire entrer dans le lit de Procuste de la théorie :
« Psychanalyse littéraire — critique thématique — métaphores obsédantes, etc. Que dire à ces gens qui, croyant posséder une clef, n'ont de cesse qu'ils aient disposé votre œuvre en serrure ? »
Ce qui est visé ici au premier chef, ce sont quelques-unes des grandes théories interprétatives de l'époque : la critique psychanalytique, le freudo-marxisme et la méthode psychocritique de Charles Mauron, qui avait en 1963 publié Des métaphores obsédantes au mythe personnel, chez le même éditeur que Julien Gracq. Quant à la critique thématique, elle vise peut-être directement Jean-Paul Weber, qui dans ses Domaines thématiques Gallimard, 1963 avait entrepris de commenter, entre autres, les écrits de Gracq lui-même180. Une allusion peu amène à « la critique du non-langage et de "l'écriture au degré zéro" » dans Préférences (1961) laisse à penser qu'il ne tenait pas non plus en haute estime les premiers écrits théoriques de Roland Barthes. Mais ce que Gracq, de façon plus générale, reproche à la critique littéraire, à une époque où triomphe la nouvelle critique, c'est sa volonté d'épuiser les significations et les effets des œuvres dont elle s'occupe, sa prétention à détenir un principe d'explication global et définitif. Julien Gracq a déplié cette critique dans plusieurs directions.
L'une de ces directions le conduit à s'interroger sur la dimension pétrifiante des catégories de l'histoire littéraire. Prenant l'exemple de Baudelaire, Gracq s'est amusé du fait que, suivant l'angle sous lequel elle approche son œuvre, celle-ci apparait à la critique, ou bien comme une manifestation tardive du romantisme, ou bien comme constituant l'avant-garde annonciatrice du symbolisme. Or, explique-t-il dans En lisant en écrivant, « tous les mots qui commandent à des catégories sont des pièges », dans la mesure où, au lieu de les prendre pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire de « simples outils », on les confond avec « les catégories originelles de la création », censées baliser des frontières qui par nature, surtout lorsqu'elles sont censées circonscrire le champ d'action des chef-d'œuvres, sont nécessairement approximatives et fluctuantes.
Gracq s'en prend également à la dimension téléologique de cette critique savante, telle qu'elle est majoritairement pratiquée dans les années 1960. Ce que dans une conférence de 1960 intitulée « Pourquoi la littérature respire mal » (repris dans Préférences l'année suivante) il a appelé la « critique du gaillard d'avant. » Située aux avant-postes de la modernité littéraire, elle sait dans quelle direction la littérature se dirige, et d'où doivent venir la nouveauté et l'originalité, par rapport aux perspectives de recherches ouvertes par les œuvres actuelles et passées Or, une œuvre véritablement novatrice n'est pas seulement nouvelle par rapport aux œuvres qui l'ont précédé, elle l'est également par rapport aux perspectives qu'ouvraient ces dernières : ainsi, la vraie nouveauté, explique Gracq, peut très bien être, au sens propre, réactionnaire, comme l'a en son temps été l'œuvre de Stendhal, invisible au milieu du romantisme, « non à cause de ses qualités sans emploi, comme on le dit souvent, mais plutôt parce qu'elle renvoie, de façon agressive, à l'idéologie du Directoire. »
Si les tendances les plus avancées de la critique littéraire des années 1960 sont ainsi épinglées par Julien Gracq, la critique universitaire traditionnelle fait également l'objet de réticences : la recherche patiente et exhaustive des sources des œuvres passe elle aussi à côté de l'essentiel de ce qu'elle prétend éclaircir. En effet, on a beau vouloir retrouver les sources des Liaisons dangereuses ou reconstituer la genèse de Madame Bovary, ce qu'on ne pourra jamais reconstituer, « ce sont les fantômes de livres successifs que l'imagination de l'auteur projetait en avant de sa plume ». Or, ces livres-fantômes, « rejetés par millions aux limbes de la littérature » parce qu'ils n'ont jamais connu un commencement d'exécution, quand bien même ils n'ont jamais existé que dans l'imagination de l'écrivain, sont plus importants que l'étude des brouillons pour comprendre la genèse de l'œuvre écrite. Ils continuent en effet à hanter le livre, « c'est leur fantasme qui a tiré, halé l'écrivain, excité sa soif, fouetté son énergie — c'est dans leur lumière que des parties entières du livre, parfois, ont été écrites. » C'est ainsi que toute la première partie du Balcon en forêt « a été écrite dans la perspective d'une messe de minuit aux Falizes » dont le projet finalement abandonné a informé l'écriture du livre, ou que « Le Rivage des Syrtes, jusqu'au dernier chapitre, marchait au canon vers une bataille navale qui ne fut jamais livrée. »
Mais dans le fond, ce que Gracq reproche à la critique institutionnelle, c'est de se poser en « métier », métier pour lequel il a dans En lisant en écrivant des mots très durs : « quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés! » L'agacement de Gracq n'épargne pas même Paul Valéry, pour lequel il éprouve pourtant une certaine sympathie, lorsque ce dernier se lance dans des réflexions sur la littérature qui révèlent « un écrivain chez qui le plaisir de la lecture atteint à son minimum, le souci de vérification professionnelle à son maximum. »
« Sa frigidité naturelle en la matière fait que, chaque fois qu'il s'en prend au roman, c'est à la manière d'un gymnasiarque qui critiquerait le manque d'énergie des mouvements du coït : il se formalise d'un gaspillage d'énergie dont il ne veut pas connaître l'enjeu. »
La métaphore érotique révèle en creux le type de critique littéraire qui trouve grâce aux yeux de Gracq : une critique passionnée, qui n'évacue pas la dimension désirante d'une lecture qui engage le lecteur à la manière d'un coup de foudre, avec ses vertiges et ses dangers, une critique qui relève d'un investissement personnel sensuel et profond :
« Car après tout, si la littérature n'est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu'on s'en occupe. »

Å’uvres

Tous les ouvrages de Julien Gracq ont été publiés aux éditions José Corti – il a toujours refusé que ses livres soient publiés au format poche194 – à l'exception de Prose pour l'étrangère, publié à 63 exemplaires dans une édition hors-commerce, et qui n'est repris que dans l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade. Celle-ci compte deux volumes, publiés en 1989 et 1995 sous la direction de Bernhild Boie. Elle regroupe l'ensemble des textes mentionnés dans la bibliographie suivante, à l'exception des deux derniers entretiens parus dans le recueil publié en 2002, de Plénièrement et des Manuscrits de guerre.
Au château d'Argol, (1939)
Un beau ténébreux, (1945)
Liberté grande, (1946)
André Breton, quelques aspects de l'écrivain, (1948)
Le Roi pêcheur, (1948)
La Littérature à l'estomac, (1950)
Le Rivage des Syrtes, (1951)
Prose pour l'étrangère, (1952)
Un balcon en forêt, (1958)
Préférences, (1961)
Lettrines I, (1967)
La Presqu'île, (1970)
Lettrines II, (1974)
Les Eaux étroites, (1976)
En lisant en écrivant, (1980)
La Forme d'une ville, (1985)
Proust considéré comme terminus, suivi de Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola, (1986)
Autour des sept collines, (1988)
Carnets du grand chemin, (1992)
Entretiens, (2002)
Plénièrement (Éditions Fata Morgana, 2006) (réédition d'un texte d'hommage à André Breton publié dans la NRF en 1967)
Manuscrits de guerre, (2011)195

Bibliophilie

Au château d'Argol, avec 15 eaux-fortes à pleine page de François Lunven, Les Francs Bibliophiles, 1968, in-4, en feuilles, chemise et étui.
La Route, avec huit pointes-sèches de Jean-Michel Mathieux-Marie sur double page dans le texte, Les Bibliophiles de France, 1984, petit in-8 à l'italienne, en feuilles, emboîtage.
Les Eaux étroites, avec huit eaux-fortes dans le texte de Olivier Debré, Les Pharmaciens bibliophiles, 1997, in-folio, en feuilles, emboîtage.

Discographie

Les Préférences de Julien Gracq. Entretiens avec Jean Daive et Jean Paget, Ina/France Culture/scam, coll. « Les grandes heures », 211873, 2006 (entretiens radiophoniques, 2 CD)
Œuvres, Editions Des femmes-Antoinette Fouque, coll. « La bibliothèque des voix », 2004 (lectures par l'auteur d'extraits de ses livres, 2 CD)
Un balcon en forêt, dit par Alain Carré, Autrement Dit, 2009 (lecture intégrale 5CD ou 1 CD MP3)
Le Rivage des Syrtes, dit par Alain Carré, Autrement Dit, 2010 (lecture intégrale 9 CD ou 1 CD MP3)

Adaptations

La Riva delle Sirti, de Luciano Chailly (opéra adapté du Rivage des Syrtes, 1959)
Un Beau ténébreux, de Jean-Christophe Averty (téléfilm, 1971)
Rendez-vous à Bray, d'André Delvaux (film adapté de la nouvelle Le Roi Cophetua, 1971)
Un Balcon en forêt, de Michel Mitrani (film, 1978)
La presqu'île, de Georges Luneau (film adapté du récit du même nom, 1986)

Liens

http://youtu.be/t_hnOezot_U Décès de Julien Gracq
http://youtu.be/7_SkbMnxx4Q Julien Gracq et Dali
http://youtu.be/XnNWNVZy-BU Chez Julien Gracq
http://youtu.be/TK5rsqN_ed0 Hommage à Julien Gracq
http://youtu.be/SiwsQRh3TDk les manuscrits de guerre de Julien Gracq par Bretrand Fillaudeau


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Posté le : 21/12/2013 18:06
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Samuel Beckett
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Le 22 Décembre 1989, à 83 ans meurt Samuel Beckett


Écrivain, dramaturge, poète, Irlandais d'expression française et anglaisedu mouvement absurde, auteur de La Trilogie : Molloy, Malone meurt, L'Innommable, prix nobel de littérature, il naît le 13 avril 1906 à Foxrock, à Dublin Influencé par Dante Alighieri, Arnold Geulincx, James Joyce, Buster Keaton, Seán O'Casey, Marcel Proust, Jean Racine, Arthur Schopenhauer, John Millington Synge, W. B. Yeats
Il a influencé Edward Albee, Paul Auster, John Banville,Eqrem Basha,William S. Burroughs, Marina Carr en, Philip K. Dick, J. M. Coetzee, Gilles Deleuze, Rodrigo García, Václav Havel, Sarah Kane, Barry McCrea, David Mamet, Maguy Marin, Bruce Nauman, Edna O'Brien, Damian Pettigrew, Harold Pinter, Alberto Ruy-Sánchez, Sam Shepard, Tom Stoppard, David Warrilow

Pour Samuel Beckett plus que pour tout autre écrivain moderne – sauf peut-être Kafka –, la création littéraire aura signifié exil, isolement, résl'écrivain multipliera, toute son existence, fugues, évasions et autres évitements. D'abord, au Trinity College de Dublin, en étudiant les langues romanes, italien et français ; puis en voyageant longuement dans les pays d'où proviennent ces langues en 1928, il est lecteur d' anglais à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, en choisissant de vivre en France l'essentiel de sa vie d'adulte et d'écrire en français une grande part de ses œuvres ; enfin en fuyant autant qu'il lui fut possible, jusqu'à sa mort en 1989, la gloire qui avait fondu sur lui à la suite de ses succès internationaux au théâtre et du prix Nobel de littérature obtenu en 1969.
S'il est l'auteur de romans, tels que Molloy, Malone meurt et l'Innommable et de textes brefs en prose, son nom reste surtout associé au théâtre de l'absurde, dont sa pièce En attendant Godot en 1952 est l'une des plus célèbres illustrations. Son œuvre est austère et minimaliste, ce qui est généralement interprété comme l'expression d'un profond pessimisme face à la condition humaine. Opposer ce pessimisme à l'humour omniprésent chez lui n'aurait guère de sens : il faut plutôt les voir comme étant au service l'un de l'autre, pris dans le cadre plus large d'une immense entreprise de dérision. Avec le temps, il traite ces thèmes dans un style de plus en plus lapidaire, tendant à rendre sa langue de plus en plus concise et sèche. En 1969, il reçoit le prix Nobel de littérature pour son œuvre, qui à travers un renouvellement des formes du roman et du théâtre, prend toute son élévation dans la destitution de l'homme moderne.

Sa vie

Il est né dans une famille bourgeoise irlandaise protestante : l'événement fut signalé dans la rubrique mondaine d'un journal irlandais, The Irish Times daté du 16 avril.
La demeure familiale, Cooldrinagh, située dans une banlieue aisée de Dublin, Foxrock, était une grande maison. La maison, le jardin, la campagne environnante où Samuel grandit, le champ de courses voisin de Leopardstown, la gare de Foxrock sont autant d'éléments qui participent du cadre de nombre de ses romans et pièces de théâtre. Il est le deuxième fils de William Frank Beckett, métreur et May Barclay Roe, infirmière. Beckett et son frère aîné Franck sont d'abord élèves à la Earlsford House School, dans le centre de Dublin, avant d'entrer à la Portora Royal School d'Enniskillen, dans le comté de Fermanagh – lycée qui avait auparavant été fréquenté par Oscar Wilde.
Beckett étudie ensuite le français, l'italien et l'anglais au Trinity College de Dublin, entre 1923 et 1927. Il suit notamment les cours de A. A. Luce, professeur de philosophie et spécialiste de Berkeley. Il obtient son Bachelor of Arts et, après avoir enseigné quelque temps au Campbell College de Belfast, est nommé au poste de lecteur d'anglais à l'École normale supérieure de Paris sur les recommandations de son professeur de lettres françaises et mentor Thomas Rudmose-Brown.
C'est là qu'il est présenté à James Joyce par le poète Thomas MacGreevy, un de ses plus proches amis, qui y travaillait aussi depuis 1926 mais avait décidé de quitter son poste pour se consacrer entièrement à la littérature. Cette rencontre devait avoir une profonde influence sur Beckett, qui devint garçon de courses puis secrétaire de James Joyce qui souffrait des yeux, l'aidant notamment dans ses recherches pendant la rédaction de Finnegans Wake.
C'est en 1929 que Beckett publie son premier ouvrage, un essai critique intitulé Dante... Bruno. Vico.. Joyce., dans lequel il défend la méthode et l'œuvre de Joyce dont certains critiquent le style obscur. Les liens étroits entre les deux hommes se relâchèrent cependant lorsque Samuel repoussa les avances de Lucia, la fille de Joyce, dont il s'est rendu compte qu'elle était atteinte de schizophrénie, maladie que refusait de voir son père.
C'est aussi au cours de cette période que la première nouvelle de Beckett, Assumption, fut publiée par l'influente revue littéraire parisienne d'Eugène Jolas, Transition. L'année suivante, il est le lauréat d'un petit prix littéraire pour son poème Whoroscope, composé à la hâte en 1929, et inspiré par une biographie de Descartes que Beckett lisait alors.
En 1930, il revient au Trinity College en tant que lecteur et écrit en 1931 un deuxième essai en anglais intitulé Proust. En 1932, pour la revue "This Quarter", il traduit un poème d'André Breton, Le Grand secours meurtrier, paru en France dans le recueil Le Revolver à cheveux blanc et ayant pour thèmes les convulsionnaires de Saint-Médard et Lautréamont. Il se lasse assez vite de la vie universitaire, et exprime ses désillusions d'une manière originale : il mystifie la Modern Language Society de Dublin en y portant un article érudit au sujet d'un auteur toulousain nommé Jean du Chas, fondateur d'un mouvement littéraire appelé concentrisme ; ni du Chas ni le concentrisme n'ont jamais existé, sinon dans l'imagination de Beckett, mais cela lui permet de se moquer du pédantisme littéraire. Pour marquer ce tournant important de sa vie, inspiré par la lecture des Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, de Goethe, il écrit le poème Gnome, que publie le Dublin Magazine en 1934.
Après plusieurs voyages en Europe, notamment en Allemagne, il se fixe en janvier 1938 définitivement à Paris, rue des Favorites, dans le 15e arrondissement, peu avant la Seconde Guerre mondiale. Son premier roman, Murphy, fit l'objet de trente-six refus avant d'être finalement publié par Bordas en 1947.
Le 7 janvier 1938, Beckett est poignardé dans la poitrine par un proxénète notoire dont il a refusé les sollicitations. Gravement blessé, il est transporté d'urgence à l''hôpital Broussais. La publicité entourant l'agression attire l'attention de Suzanne Dechevaux-Dumesnil en, femme curieuse de théâtre et de littérature qui a rencontré Sam au cours d'une partie de tennis quelques mois auparavant. Il entame une liaison avec celle qui deviendra son épouse.
Lors de la déclaration de la guerre, il se trouve en Irlande. Il regagne alors précipitamment la France, préférant la France en guerre à l'Irlande en paix.
Il participe activement à la résistance contre l'occupation nazie. Il est recruté au sein du réseau Gloria SMH par son ami, le normalien Alfred Péron. Quand le réseau est dénoncé, Samuel Beckett, prévenu par la femme de son ami Péron, échappe de peu à la police allemande. Il se réfugie d'abord dans la capitale chez l'écrivain Nathalie Sarraute, puis de 1942 à avril 1945 à Roussillon, dans le midi de la France. Beckett apprend en 1945 que Péron est mort après la libération du camp de Mauthausen. Le 30 mars 1945, il se voit décerner la Croix de Guerre avec étoile d'or.Selon son biographe James Knowlson, l'œuvre de l'écrivain est profondément marquée par les récits de déportation des camarades de Péron et par la guerre.

Se consacrant entièrement à la littérature depuis les années 1930, il entre dans une période de créativité intense de 1945 à 1950, période qu'un critique a appelé le siège dans la chambre.
Au début des années 1950, Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, publie la première trilogie beckettienne de romans à clef : Molloy, Malone meurt, L'Innommable.
Les années 1960 représentent une période de profonds changements pour Beckett, dans sa vie personnelle comme dans sa vie d'écrivain. En 1961, au cours d'une cérémonie civile discrète en Angleterre, il épouse sa compagne Suzanne Déchevaux-Dumesnil, principalement pour des raisons liées aux lois successorales françaises. Le triomphe que rencontrent ses pièces l'amène à voyager dans le monde entier pour assister à de nombreuses représentations, mais aussi participer dans une large mesure à leur mise en scène. En 1956, la BBC lui propose de diffuser une pièce radiophonique : ce sera All That Fall "Tous ceux qui tombent". Il continue à écrire de temps à autre pour la radio, mais aussi pour le cinéma Film, avec Buster Keaton et la télévision.
Il recommence à écrire en anglais, sans abandonner pour autant le français.
Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 1969 : il considère cela comme une catastrophe ; en fait, il rejette par là une certaine industrie beckettienne, au sens où cette récompense accroît considérablement l'intérêt de la recherche universitaire pour son œuvre. D'autres écrivains s'intéressent à lui, et un flot constant de romanciers et de dramaturges, de critiques littéraires et de professeurs passent par Paris pour le rencontrer. Son désarroi de recevoir le prix Nobel s'explique aussi par son dégoût des mondanités et des devoirs qui y sont liés ; son éditeur Jérôme Lindon ira tout de même chercher le prix. Cioran, ami et admirateur de Beckett, écrira dans ses Cahiers : "Samuel Beckett. Prix Nobel. Quelle humiliation pour un homme si orgueilleux ! La tristesse d'être compris !".
Les années 1980 sont marquées par sa seconde trilogie : Compagnie en, Mal vu mal dit, Cap au pire.
Suzanne Beckett, son épouse, décède le 17 juillet 1989.

Beckett, atteint d'emphysème et de la maladie de Parkinson, part dans une modeste maison de retraite où il meurt le 22 décembre de la même année. Il est enterré le 26 décembre au cimetière du Montparnasse.

Analyse de l'Å“uvre

Beckett n'a jamais consenti à commenter son propre travail d'écrivain, mais la critique, elle, a été très prolixe à son sujet et, aussi, très contradictoire. Au point de consacrer, successivement ou simultanément, plusieurs Beckett, des Beckett existentialiste , métaphysique ou absurdisant des années cinquante au Beckett populaire salué par Bernard Dort au début des années quatre-vingt, sans oublier le Beckett littéral de Robbe-Grillet et du nouveau roman. La vérité est que l'auteur de Molloy et de En attendant Godot n'en finira jamais de décourager toute approche systématique.

Doué d'un talent protéiforme, qui lui permet de s'illustrer tant dans la poésie que dans le roman, aussi bien au théâtre qu'à la radio, à la télévision, au cinéma, voire dans l'essai critique, Beckett s'emploie en fait à convertir cette profusion des dons en rareté de la production, à effacer les frontières entre les genres et entre les arts, à abolir la notion même d'œuvre et à lui substituer celle, volontairement déceptive, de fragment. Tout en éblouissant son public par ces jeux de langage qui vont du simple calembour à la construction syntaxique la plus acrobatique, en passant par les curiosités lexicographiques dont sont hérissés ses romans et ses pièces, il s'impose en définitive comme le moins formaliste des écrivains. Beckett, en effet, cherche plus à exprimer la condition humaine, au sens de Malraux, qu'à se repaître, à la Ionesco, d'une communication en pleine déréliction. Et s'il « épingle » dans l'homme contemporain un pur être de langage, que sa seule parole – ou simplement son débit mental – fait et défait à son gré, sans recours, c'est afin de témoigner sobrement de la tragi-comédie d'être au monde.

Réputée pessimiste, voire sinistre, l'œuvre de Beckett, lieu par excellence du paradoxe, a provoqué des hoquets de rire chez plus d'un lecteur ou d'un spectateur, lesquels ont alors découvert son extraordinaire tonicité. Notre auteur est, en vérité, maître en humour, que ce dernier soit ou non la politesse du désespoir. Humour volontiers sarcastique d'une entreprise littéraire qui, selon Adorno, s'impose comme l'une des plus significatives des lendemains de la catastrophe mondiale de la Seconde Guerre mondiale, de l'après-Hiroshima comme de l'après-Holocauste. Catastrophe, c'est d'ailleurs le titre ironique d'un des dramaticules de Beckett et le thème récurrent de toute sa production littéraire et dramatique, avec l'aimable « fiasco », petite répercussion individuelle de l'universelle faillite...

L'emploi du temps

Parmi les influences qui ont pu s'exercer sur Beckett, celle de Proust – auquel il consacre un essai en anglais dès 1931 – n'est sans doute pas la moins forte. Certes, Joyce pourra un temps subjuguer son cadet, qui fut son ami et son secrétaire, et continuer à long terme de hanter son esprit notamment lorsqu'il s'agit pour Beckett de mettre en scène la relation de l'homme au langage. Mais, avec Proust, la relation paraît plus nette et plus fondamentale. Dès Murphy 1938, Beckett reprend le travail du roman là où Proust l'a laissé. Ou, plutôt, il le prend à contresens, comme un véhicule fou remonte une autoroute au-devant de la catastrophe.

À la recherche du temps perdu se présentait comme une quête où la mémoire tenait du talisman, de l'auxiliaire magique, et au bout de laquelle il s'agissait de parvenir à une réconciliation avec soi-même et avec le monde, dans l'apaisement du temps retrouvé de l'œuvre d'art. Quand l'auteur du cycle romanesque qui se poursuit avec Molloy, Malone meurt 1951, L'Innommable 1953, trois textes écrits en français, et qui comprend également Watt 1953, composé en anglais dix ans auparavant déboule dans son passé, c'est pour n'y retrouver qu'une terre aride, désertique, dévastée, inhospitalière à jamais. Et, s'il se laisse porter lui aussi par son monologue intérieur, la voix têtue, quasi impersonnelle et pratiquement épuisée qui le traverse ne lui parle que de sa mort annoncée et lui signifie qu'elle l'a, en tant que sujet, renié, congédié :
" ... Il faut essayer, dans mes vieilles histoires venues je ne sais d'où, de trouver la sienne, elle doit y être, elle a dû être la mienne avant d'être la sienne, je la reconnaîtrai, je finirai par la reconnaître, l'histoire du silence qu'il n'a jamais quitté, que je n'aurais jamais dû quitter, que je ne retrouverai peut-être jamais, que je retrouverai peut-être, alors ce sera lui, ce sera moi, ce sera l'endroit, le silence, la fin, le commencement, le recommencement, comment dire, ce sont des mots, je n'ai que ça, et encore, ils se font rares... L'Innommable."

Qu'il s'agisse des poèmes notamment Whoroscope, 1930, des nouvelles, des romans, ce qui, au fond, va de soi ou bien du théâtre ce qui est plus étonnant, voire paradoxal, l'œuvre s'inscrit dans le temps plus que dans l'espace. Les lieux beckettiens – chambre, rue, chemin, fossé, jarre, portion de désert ou de sables mouvants – favorisent une habitation du temps plutôt que de l'espace. Beckett constate d'ailleurs dans son essai sur Proust que l'écrivain refusera les lois de l'espace. Il ne veut pas juger la grandeur et le poids de l'homme aux mesures de son corps ; il préfère utiliser la mesure des ans.

Depuis Murphy, chaque texte de Beckett se présente, pour reprendre le titre d'un roman de Michel Butor, comme un « emploi du temps ». Telle est sans doute la seule pratique commune de notre auteur avec celle des écrivains du nouveau roman : établir le constat sans faille, faire le relevé comportemental de la façon dont leurs créatures occupent le temps, et cela dans un espace qui, de banal ou ordinaire qu'il peut paraître à première vue, finit par ressembler, à force de superpositions et entrecroisements de trajets réels ou mentaux dans le temps, au plus complexe des diagrammes ou des labyrinthes. Ainsi, l'espace n'a de valeur que comme métaphore du temps ; lorsqu'il devient, par usure, concrétion, aspiration, etc. marque du temps :
" Hier, lit-on encore dans le Proust de Beckett, n'est pas un jalon que nous aurions dépassé, c'est un caillou des vieux sentiers rebattus des années qui fait partie de nous irrémédiablement, que nous portons en nous, lourd et menaçant "

Inventaire bégayant, itératif du temps enfui, dans un espace menacé de disparition, par une subjectivité qui, sans conviction, tente de fixer le cadastre de son improbable destinée. Inventaire débité, à la place du sujet, par quelque tiers plus ou moins inclus, tout à la fois concerné et dégagé :
"J'ai renoncé avant de naître, ce n'est pas possible autrement, il fallait cependant que ça naisse, ce fut lui, j'étais dedans, c'est comme ça que je vois la chose, c'est lui qui a crié, c'est lui qui a vu le jour, moi je n'ai pas crié, je n'ai pas vu le jour... " Pour finir encore et autres foirades, 1976.

N'étant plus à proprement psychologique, comme chez Proust, le temps, chez Beckett, ne fait pas le détail : une journée y équivaut à une vie ou à une minute. Ce temps indistinct, il ne s'agit, selon l'antienne bien connue, que de le tirer. À travers les sables, bien sûr. Et jusqu'à être recouvert par le tas... Sous le signe de la répétition et des menues variations qu'elle engendre, l'homme égrène la litanie des instants qui, selon des habitudes supérieures, finissent par s'organiser en journées puis en existences complètes. Rien ne se perd mais très peu se transforme d'une heure, d'un jour, d'une vie à l'autre. Naissance et mort ne sont-elles pas, pour le narrateur ironiquement figé dans sa toute-puissance dérisoire, le même instant ? Mais, si tout conspire à l'immobilité définitive – inertie du sujet, fixité de l'espace –, ce n'est que pour souligner cette scabreuse évidence que quelque chose suit son cours. Beckett éclaire d'étrangeté le cours ordinaire de la vie, révélant ainsi ce scandale généralement inaperçu : la perpétuation envers et contre tout de l'espèce la plus bancale qui soit, la nôtre, l'humaine.

L'éternel va-et-vient

Tous les personnages des romans et des premières pièces de Beckett sont des errants. Quand ils ne vont pas par les chemins, c'est dans leur tête qu'ils vagabondent, tels Malone ou Hamm de Fin de partie 1957. Cette errance, dont les protagonistes, très courbés, voire effondrés et réduits à la reptation, semblent, selon une expression de l'auteur, mourir de l'avant , nous fait penser à quelque odyssée parodique dont le héros serait un Ulysse moderne à la façon de Joyce ou de Pound : l' homme moyen sensuel.Nées retraitées , à l'instar de Murphy, les créatures beckettiennes s'échinent en apparence à amorcer leur retour vers le monde. En fait, ce retour n'est qu'un trompe-l'œil qu'elles effectuent en marche arrière ou en faisant du surplace. Ainsi elles se retrouvent toujours plus en retrait du monde, laissées pour compte dans les marges ou les no man's land, échouées. Là, sur le sable d'une existence végétativo-méditative, elles peuvent se livrer à leur non-activité de prédilection : cette supination qui, les ravalant à l'état de vieux fœtus, donne libre cours à leur lente et méthodique agonie.

La pure sensualité – entendons ce qu'il reste de très vieilles pulsions pratiquement exténuées, ces histoires de gamelle et de vase – l'emporte invariablement sur tout projet, serait-ce même, chez Malone et Hamm, le projet de se raconter et d'écrire. Aspiration – littérale bien souvent (Oh les beaux jours, 1963 – à ou par le nirvana d'un individu qui retourne au ventre liquide de la mère ou au magma originel. Jusque dans cet état inerte de la matière dont il aurait voulu ne sortir jamais. Et si, comme au stéthoscope ou grâce à une sonde, nous captons ce qu'il subsiste de vie autonome dans l'être beckettien blotti en son terrier, le bruit et le mouvement quasi animaux, la pulsation que nous percevons alors sont ceux d'un permanent va-et-vient. Va-et-vient d'une berceuse qui jamais ne s'interrompt – de Murphy au dramaticule précisément intitulé Berceuse 1982 –, mouvement pendulaire diversement décliné – berceuse, aller et retour en marchant, piétinements, reptations et autres vagabondages immobiles – mais où toujours le corps du personnage, quasi réduit à l'état de poids mort, fait balancier entre le moi et le monde. Un moi en éclats qui ne parvient plus à se rassembler ; un monde désertifié qui s'évanouit dans son propre brouillard. Le va-et-vient beckettien, ou la portion congrue – la nôtre, aujourd'hui – de l'éternel retour.

Compulsif à l'extrême, le personnage beckettien est le siège de toutes sortes de va-et-vient et d'un autoérotisme qui ne font qu'exalter, selon un processus étudié par Freud, l'attente de la fin et le commerce solitaire – mi-désespéré, mi-réjoui – avec la mort. Il faudrait cependant se garder de voir dans le solipsisme des personnages autre chose qu'un génial faux-semblant. Car la noria beckettienne L'humanité ... est un puits à deux seaux. Pendant que l'un descend pour être rempli, l'autre monte pour être vidé, Murphy délimite l'espace d'une réelle communication où l'autre ne cesse jamais d'avoir sa place, ne serait-ce qu'entre soi et soi-même. D'une certaine manière, l'œuvre de Beckett, tous registres de création confondus, est un formidable précis de communication à hauteur de notre époque et, surtout, à la mesure d'un être moderne s'éprouvant, selon Blanchot dans La Communauté inavouable, « comme extériorité toujours préalable, ou comme existence de part en part éclatée, ne se composant que comme se décomposant constamment, violemment et silencieusement.

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Plus encore que le corps du personnage, le va-et-vient concerne en effet le langage, la parole tels qu'entre deux ou plusieurs pôles ils ne cessent de circuler et, pour tout dire, de tourner en rond. Les pôles, ce peuvent être des personnages distincts à peine distincts, en vérité, tellement ils forment couple, comme Molloy et Moran, Mercier et Camier, Hamm et Clov, Nagg et Nell, Winnie et Willie, Vladimir et Estragon, surtout, qui ne sont peut-être qu'ego et alter ego en costume de scène ou bien, simplement, les différentes voix, les différents rôles d'un même personnage : Seul. C'est vite dit. Il faut dire vite. Et sait-on jamais, dans une obscurité pareille ? Je vais avoir de la compagnie. Pour commencer. Quelques pantins. Je les supprimerai par la suite. Si je peux L'Innommable. Ou encore : Oui, j'ai été mon père, et j'ai été mon fils, et je me suis posé des questions et j'ai répondu de mon mieux Nouvelles et Textes pour rien, 1955.

Chaque tête beckettienne est ainsi le lieu d'une procréation insensée, d'un soliloque généralisé où l'esclave engendre le maître, l'enfant ses géniteurs, l'homme ou la femme son conjoint, le paralytique son compère l'aveugle, l'être ses parasites. L'écrivain irlando-français n'en a jamais fini d'explorer les circuits d'une communication dont le dialogue serait devenu l'astre mort et ne subsisteraient plus que les satellites : soliloque, monologue, aparté et autres manifestations solitaires du langage. Comme l'a écrit Ludovic Janvier, nous n'avons jamais affaire chez Beckett, écrivain rompu aux ambivalences de la condition de l'homme moderne, qu'à un « monologue habité » ou à un dialogue déserté. En d'autres termes, au plus extraverti et au plus peuplé des soliloques : Puis parler, vite, des mots, comme l'enfant qui se met en plusieurs, deux, trois, pour être ensemble, et parler ensemble, dans la nuit Fin de partie. D'enfantines et rassurantes au début, les voix intérieures ne tardent pas à tourner à l'aigre. Comme les trois juvéniles voix féminines du dramaticule Cette Fois 1978 qui évoquent bientôt les Parques, occupées à creuser de leur présence obsessionnelle la tombe de Souvenant. C'est ainsi que Beckett, ayant ligaturé les extrêmes de la vie, naissance et mort, nous invite à faire le tour de ce que nous pouvons, à notre convenance, appeler notre condition, notre aliénation ou, encore, pour parler comme Flaubert, notre bêtise d'homme moderne. Beckett précise : J'ai connu Molloy et la suite le jour où j'ai pris conscience de ma bêtise.

La Comédie

Et l'écrivain irlando-français boucle son esthétique du va-et-vient en passant lui-même sans cesse d'une langue à l'autre, traduisant ses textes français en anglais, et ses textes anglais en français. Ou bien en alternant prose et théâtre. Car, pour Beckett comme pour Genet, le théâtre n'est pas une dérivation de la création littéraire. Il s'impose au contraire, à un moment donné (à vrai dire assez tôt, Éleuthéria, première pièce toujours inédite, datant de 1947, comme une nécessité intrinsèque à la poursuite de l'œuvre. Comme le détour qui permet à Beckett, nourri dès l'adolescence par la lecture de Dante, de donner forme à sa propre Comédie.

L'art étant, selon le credo beckettien, contraction, l'espace théâtral, par ses strictes limites physiques et l'espèce de compression qu'il exerce sur les corps et les paysages humains, ne peut que séduire un auteur qui, par ailleurs, dépouille de plus en plus ses textes de toute tendance anecdotique ou descriptive, narrative même, au profit du seul soliloque. Or quel instrument mieux que la cage de scène pourrait donner toute sa résonance à ce dialogue à l'intérieur d'une seule tête ? Enfin, il a l'ambition beckettienne de donner à voir l'invisible. Ce désir de forcer l'invisibilité foncière des choses extérieures jusqu'à ce que cette invisibilité elle-même devienne chose, non pas simple conscience de limite, mais une chose qu'on peut voir et faire voir à propos de la peinture des Van Velde dans Le Monde et le Pantalon, 1989 trouve au théâtre son accomplissement : le lieu où rendre palpables, concrètes, où donner corps aux forces invisibles qui trament et orientent nos existences.

Dès En attendant Godot, porté à la scène en 1953 par Roger Blin, et de plus en plus radicalement avec chaque pièce nouvelle Fin de partie, 1957 ; La Dernière Bande, 1959 ; Oh les beaux jours, 1963, Beckett jouera à plein de ce pouvoir du théâtre de rendre sensible et visible l'invisible. Pas à la manière allusive d'un Maeterlinck qui, dans L'Intruse ou Les Aveugles, fait sentir la présence de la mort à travers un souffle de vent glacé dans les arbres, mais de façon directe et matiériste , aussi bien que matérialiste, en inventant un théâtre de l'être-là , un théâtre de la seule et de la pure présence, ainsi que l'a écrit Robbe-Grillet. Théâtre aussi – pour reprendre une expression chère à un autre dramaturge de ce théâtre dit de l' absurde, Arthur Adamov – de la littéralité. « Une pièce de théâtre, note l'auteur de La Parodie dans des termes qui conviennent également à celui de En attendant Godot, doit être le lieu où le monde visible et le monde invisible se touchent et se heurtent, autrement dit la mise en évidence, la manifestation du contenu caché, latent, qui recèle les germes du drame. Ce que je veux au théâtre ..., c'est que la manifestation de ce contenu coïncide littéralement, concrètement, corporellement avec le drame lui-même. Ainsi, par exemple, si le drame d'un individu consiste dans une mutilation quelconque de sa personne, je ne vois pas de meilleur moyen pour rendre dramatiquement la vérité d'une telle mutilation que de la représenter corporellement sur la scène.

D'où cette accentuation permanente du corps sur la scène beckettienne. Non seulement les « poitrines plantureuses , les visages trop blancs, les chapeaux et les cheveux en désordre, les nez violacés , les voix fêlées , etc., mais aussi les enfouissements dans la terre, Oh les beaux jours ou dans des jarres Comédie, 1966, les amputations, les boiteries Clov dans Fin de partie, mais encore le recours à des accessoires mettant le corps crûment à l'étal, tels la poubelle de Nagg et Nell ou le fauteuil roulant de Hamm dans Fin de partie. La physique beckettienne du théâtre retourne chaque chose en son contraire : les oripeaux en vêtements de fête costumes de chemineaux de Didi et Gogo dans En attendant Godot, les mutilations et autres réductions, dissimulations du corps en une extrême majoration, en une sorte d'expressionnisme de l'individu réduit à sa plus petite dimension. Plus Beckett atrophie, mutile, dépèce le corps humain, plus il en augmente la présence et la visibilité scénique.


Il y a là un phénomène qui, plus qu'à la poétique d'Antonin Artaud, renvoie à la peinture d'un Françis Bacon : une même façon d'exhausser le corps, de le mettre en exergue afin de mieux rendre compte de la façon à la fois abusive et dérisoire dont la viande humaine occupe l'espace et le temps. La sellette, le chevalet, chez l'auteur de Oh les beaux jours, c'est le plateau de théâtre, mais traité, entre la rusticité des tréteaux et l'implacable technologie des éclairages, comme une chambre étroite où soumettre l'homme à la question, comme un Enfer ou un Purgatoire à la Dante. Espace, à la fois comique et cosmogonique, où Beckett opère in vitro sur l'humanité : projecteur mobile qui extorque leurs paroles aux trois personnages enjarrés dans Comédie ; chambre des tortures de Acte sans paroles I où – test d'intelligence dérapant vers la tragédie – un personnage, isolé et aveuglé par une éblouissante lumière, tente, à grand renfort de ruses et de détours, de s'emparer d'une carafe d'eau accrochée aux cintres du théâtre. Espace d'une Comédie mais sans plus de dieu. Séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine " Le Dépeupleur, 1970. Vaste et, en même temps, restreint, le vieux coin, le vieux refuge des créatures beckettiennes, afin que le ciron pascalien puisse continuer de rêver qu'il occupe le centre de l'univers :

HAMM. – Fais-moi faire un petit tour. Clov se met derrière le fauteuil et le fait avancer. Pas trop vite ! Clov fait avancer le fauteuil. Rase les murs. Puis ramène-moi au centre. Clov fait avancer le fauteuil.J'étais bien au centre, n'est-ce pas ?

Ce matiérisme évident du théâtre beckettien aurait dû décourager toute interprétation par trop spiritualiste ou intellectualiste. Or il n'en a rien été. Beckett a connu, après le succès de Godot et la formule brillante mais perverse d'Anouilh " Les Pensées de Pascal jouées par les Fratellini ", un peu le même sort que Kafka : réduction de l'œuvre à quelques symboles extérieurs – l'absence réputée allégorique de Godot supplantant la présence obstinée de Vladimir et Estragon. "On n'est pas en train de ... de signifier quelque chose ? ", s'interrogent avec horreur – et humour – les personnages. "Mais si, mais si...", répond avec componction une grande partie du public et de la critique. Quarante ans plus tard, le malentendu – né d'un refus de prendre Beckett à la lettre – n'est toujours pas entièrement dissipé.

Le geste testamentaire

De même que Genet n'a cessé de transposer au théâtre, ainsi qu'il le déclarait lui-même dans sa Lettre à Pauvert , le geste liturgique de l'élévation, Beckett, lui, ne semble jamais mettre en scène, dans ses pièces et dans toute son œuvre, que le moment de l'agonie, travail symétrique à celui de la naissance, dernier et vain combat pour tenter de donner un sens à la vie.
"Je consulterai ma conscience périmée, je gâcherai mon agonie pour mieux la vivre Malone meurt". Du cours de l'existence, le dernier théâtre et les ultimes récits de Beckett, c'est-à-dire aussi bien Solo et Berceuse 1982 que Soubresauts 1989, ne nous donnent à voir et, surtout, à entendre le visuel étant de plus en plus l'objet d'un deuil que le temps à la fois très court et très long, le temps dichotomique de ce trépas à la faveur duquel toute une vie repasse par la tête d'un personnage récitant , souvenant, bref, agonisant. Gisant debout sur son vertical reposoir le Souvenant de Cette Fois : « Vieux visage blême légèrement incliné en arrière, longs cheveux blancs dressés ", la créature fait interminablement ses adieux au monde au cours d'une cérémonie secrète et sans faste.
" Muette toute sa vie ... pratiquement muette ... même à elle-même », Bouche de Pas moi est soudain saisie par " une voix que d'abord ... elle ne reconnaît pas ... depuis le temps ... puis finalement doit avouer ... la sienne ... nulle autre que la sienne ...". Or que dit cette voix de la dernière heure qui, pour être celle de Bouche ne sort pas moins des ténèbres extérieures ? " Comment ç'avait été .... Comment elle avait vécu."

Déjà en faveur dans le théâtre de Strindberg et chez les dramaturges expressionnistes, l'écriture de l'agonie est sans doute la forme littéraire et théâtrale qui correspond le plus étroitement à la recherche beckettienne d'un art condensé, contracté. « À peine venu parti », telle est la formule lapidaire du Souvenant de Cette Fois. Mais, de surcroît, ce temps de l'agonie permet au sujet – ce « je » qui, même mis à mort, entend continuer de se dire – de témoigner une dernière fois de l'humaine condition en prenant son existence à rebours. À contre-vie, dans une sorte de posture ou de geste testamentaires. L'extrême économie des textes de Beckett des deux dernières décennies est donc une économie de l'extrême. Là où la vie ne saurait plus être, selon une expression de Solo, qu'un moins à mourir .

Dans sa radicalité, Beckett, cet écrivain qui, en adoptant le français, entendait s'appauvrir encore davantage, détruit les formes canoniques de la littérature, bouscule les frontières entre les genres et même entre les modes – épique, lyrique et dramatique. À partir de La Dernière Bande – soliloque d'un sexagénaire entièrement occupé à réécouter, d'anniversaire en anniversaire, d'anciens enregistrements de lui-même – commence de se produire chez Beckett une confluence du théâtre et de la prose qui sera totale à la fin de sa vie. Pièces comme Pas moi 1971, Solo, Cette Fois, si proches d'un roman soliloqué comme L'Innommable, où l'on n'entend plus que la ou les voix qui peuplent un même être. Ou bien récits largement oralisés, qui appellent le théâtre, que les metteurs en scène, depuis les années soixante-dix, ont souvent tendance – du Dépeupleur des Mabou Mimes à Premier Amour de Christian Colin, en passant par Compagnie de Daniel Zerki – à préférer aux pièces elles-mêmes. Parce que, selon eux, ces récits sont exempts des indications scéniques et de la théâtralité trop univoque qui bride des premières pièces.

Parcours somme toute mallarméen de la modernité on relève le même processus de confluence ou de croisement du dramatique et de l'épique chez Marguerite Duras, peut-être aussi chez Thomas Bernhard, déjà chez Kafka... où le texte se trouve écartelé et en crise entre les deux aspirations, les deux destinations contradictoires du livre et de la scène. Parcours toujours ouvert, jalonné d'« échecs » de plus en plus exigeants plutôt que de réussites, de fragments plutôt que d'œuvres achevées et de formes brèves plutôt que de grandes formes. Parcours marqué, juste dans la circularité ou le mouvement en spirale de la plupart des textes, non pas par la diversité de l'invention mais par le jeu de la répétition et des variations quasi imperceptibles. On reconnaîtra là le geste simple et ample en définitive d'une œuvre qui, à l'instar de celle de Kafka, paraissait a priori complexe et énigmatique : dispersion des cendres du langage, particules encore fécondes – qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore – de cette très vieille maladie qu'on appelle l'homme.

Liste des Å“uvres

Le premier livre de Samuel Beckett à être publié en français, Murphy a été publié par Bordas en 1947. Ensuite, les œuvres de Samuel Beckett sont publiées aux Éditions de Minuit. Elles sont publiées en anglais chez Faber & Faber théâtre ou chez Calder Publishing (en) (romans) et chez Grove Press aux États-Unis.
Œuvres en français

(Entre parenthèses après le titre, la date d'écriture, si elle peut être précisée)
1947 : Murphy (roman) (1938)
1951 : Molloy (roman, depuis traduit en anglais par Beckett avec Patrick Bowles) (1947)
1952 : Malone meurt (roman) (1948)
1952 : En attendant Godot (pièce en deux actes) (1949)
1953 : L'Innommable (roman) (1949)
1955 : Nouvelles et Textes pour rien (1946-1950)
1945 : Premier Amour,Les Éditions de Minuit, 1970, ISBN 2-7073-0141-8
L'Expulsé (traduit par Beckett avec Richard Seaver comme The Expelled)
Le Calmant - The Calmative
La fin (traduit avec Richard Seaver comme The End)
Textes pour rien - Texts for Nothing
1957 : Fin de partie (pièce en un acte)
1957 : Acte sans paroles I
1961 : Acte sans paroles II
1961 : Comment c'est (roman) (1960)
1963 : Oh les beaux jours (pièce en deux actes)
1966 : Bing (pièce) (1966)
1967 : Têtes-mortes (écrits brefs), Les Editions de Minuit (1988), (ISBN 978-2-7073-0337-0)
1968 : Poèmes (1937-1949)
1968 : Watt (roman) (1945), publié en anglais en 1953 par Olympia Press, traduit par Ludovic et Agnès Janvier avec la collaboration de Samuel Beckett puis publié par Minuit en 1968
196925 : Sans (nouvelle) (1969)26
1970 : Mercier et Camier (roman) (1946)
1970 : Le Dépeupleur (nouvelle) (1968-70)
1976 : Pour finir encore et autres foirades
Pour finir encore
Immobile
Foirade I
Foirade II
Foirade III
Foirade IV
Au loin un oiseau
Foirade V
1978 : Pas, suivi de Quatre esquisses (pièces)
1979 : Poèmes (publiés une première fois en 1968 par Minuit), suivi de Mirlitonades
1980 : Compagnie, traduit par l'auteur depuis Company (1978)
1981 : Mal vu mal dit
1982 : Catastrophe (pièce dédiée à Václav Havel, date d'écriture)
1988 : L'image (1950)
1991 : Cap au pire traduit de l'anglais par Edith Fournier, édition originale numérotée de 1 à 9, édité par les Éditions de Minuit, écrit en 1982, publié en 1983
1995 : Eleutheria (publication posthume d'une pièce écrite environ en 1947, traduit en anglais par Michael Brodsky)
2012 : Notes de Beckett sur Geulincx (1967)
2012 : Peste soit de l'horoscope et autres poèmes (1930)

Å’uvres en anglais

1929 : Dante... Bruno. Vico.. Joyce (essai)
1930 : Whoroscope (poème) (traduit par Edith Fournier en 2012 comme Peste soit de l'horoscope et autres poèmes, éditions de Minuit)
1931 : Proust (essai sur Marcel Proust)
1934 : More Pricks than Kicks (recueil de contes, traduit par Edith Fournier en 1994 comme Bande et Sarabande, éditions de Minuit)
Dante and the lobster - Dante et le homard (1932)
Fingal (1934)
Ding-dong (1934)
A Wet Night - Rincée nocturne (1934)
Love and Lethe - Amour et Léthé (1934)
Walking Out - Promenade (1934)
What a Misfortune - Quelle calamité (1934)
The Smeraldina’s Billet Doux - Le Billet Doux de la Smeraldina (1934)
Yellow - Blême (1934)
Draff - Résidu (1934)
1935 : Echo's Bones and Other Precipitates (poèmes publiés par Europa Press)
The vulture
Euneg I
Euneg II
alba
Dortmunder
Sanies I
Sanies II
Serena I
Serena II
Serena III
Malacoda
da tagte es
echo's bones
1938 : Murphy (roman, depuis traduit en français par Beckett avec Alfred Péron)
1953 : Watt (roman, traduit par Beckett avec Agnès et Ludovic Janvier)
1957 : All That Fall (traduit en français par Beckett avec Robert Pinget comme Tous ceux qui tombent) (captation TV de Michel Mitrani en 1963)
1957 : From an Abandoned Work - D'un ouvrage abandonné
1958 : Krapp's Last Tape (traduit en français par Beckett avec Pierre Leyris comme La Dernière Bande (pièce)
1959 : Embers (depuis traduit par Beckett avec Robert Pinget comme Cendres)
1961 : Happy Days - Oh les beaux jours (pièce)
1962 : Words and Music - Paroles et musique
1963 : Play - Comédie (pièce)
1963 : The Old Tune (pièce depuis La manivelle de Robert Pinget)
1967 : Eh Joe (pièce pour la télévision, écrite en avril-mai 1965)
1967 : Film (scénario du film par Alan Schneider avec Buster Keaton réalisé en 1965)
1969 : Breath - Souffle
1970 : First Love - Premier Amour (nouvelle) (1946), Les Éditions de Minuit, (ISBN 978-2-7073-0141-3)
1973 : Not I - Pas moi (pièce écrite en 1972)
1976 : That Time - Cette fois (pièce écrite entre juin 1974 et août 1975)
1976 : Footfalls - Pas (pièce)
1976 : Ghost Trio - Trio fantôme (traduit en français par Edith Fournier) (pièce pour la télévision, accompagnée du Largo du 5e Trio pour piano (The Ghost) de Beethoven)
1977 : ...but the clouds... (traduit en français par Edith Fournier) (pièce pour la télévision)
1982 : A Piece of Monologue - Solo (pièce, écrite en 1979 pour David Warrilow)
1981 : Ohio Impromptu - Impromptu d’Ohio (pièce)
1981 : Rockaby - Berceuse (pièce écrite entre l'automne 1979 et juin 1980)
1983 : Worstward Ho - Cap au pire, traduction française d'Edith Fournier (1991)
1983 : What Where - Quoi où (pièce)
1984 : Quad (pièce), traduit en français par Edith Fournier, réédité aux Éditions de Minuit en 1992 avec un texte de Gilles Deleuze, « L'Épuisé »
1984 : Nacht und Traüme (pièce, accompagnée des sept dernières mesures du Lied de Schubert Nacht und Traüme, traduction française d'Edith Fournier)
1989 : Stirrings Still - Soubresauts (prose rédigée entre 1983 et 1986)
1992 : Dream of Fair to Middling Women (publication posthume d'un roman inédit rédigé en 1931-1932, repris en partie dans les nouvelles de More Pricks than Kicks)

Liens

http://youtu.be/A5niePmKL9w Interview
http://youtu.be/79GSWYVavcY En attendant Godot 1
http://youtu.be/rsTpMppttr8 En attendant Godot 2



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Posté le : 21/12/2013 16:55

Edité par Loriane sur 22-12-2013 13:51:25
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Alphonse Daudet
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Le 15 Décembre 1897 dans la nuit, à Paris meurt Alphonse Daudet

écrivain et auteur dramatique français, né à Nimes dans le département du Gard, le 13 Mai 1840,il laisse des contes, des romans de la poésie, ses oeuvres principales sont , les lettres de mon moulin, le petit chose, Tartarin de Tarascon


Sa vie

Alphonse Daudet naît à Nîmes le 13 mai 1840, dans une famille catholique et légitimiste. Il passe la majeure partie de son enfance à Bezouce, un petit village situé dans le Gard. Après avoir suivi les cours de l'institution Canivet à Nîmes, il entre en sixième au lycée Ampère de Lyon où sa famille s'installe en 1849. Alphonse doit renoncer à passer son baccalauréat à cause de la ruine en 1855 de son père, commerçant en soieries. Il devient maître d'étude au collège d'Alès. Cette expérience pénible lui inspirera son premier roman, Le Petit Chose en 1868. Dans ce roman, se trouvent des faits réels et inventés, comme la mort de son frère. Daudet rejoint ensuite son frère à Paris et y mène une vie de bohème. Il publie en 1859 un recueil de vers, Les Amoureuses. L'année suivante, il rencontre le poète Frédéric Mistral. Il a son entrée dans quelques salons littéraires, collabore à plusieurs journaux, notamment Paris-Journal, L'Universel et Le Figaro.
En 1861, il devient secrétaire du duc de Morny (1811-1865) demi-frère de Napoléon III et président du Corps Législatif. Ce travail lui laisse beaucoup de temps libre, qu'il occupe à écrire des contes, des chroniques mais le duc meurt subitement en 1865 : cet événement est le tournant décisif de la carrière d'Alphonse.
Après cet évènement, Alphonse Daudet se consacra à l'écriture, non seulement comme chroniqueur au journal Le Figaro mais aussi comme romancier. Puis, après avoir fait un voyage en Provence, Alphonse commença à écrire les premiers textes qui feront partie des Lettres de mon moulin. Il connut son premier succès en 1862-1865, avec la Dernière Idole, pièce montée à l'Odéon et écrite en collaboration avec Ernest Manuel - pseudonyme d'Ernest Lépine. Puis, il obtint, par le directeur du journal L'Événement, l'autorisation de les publier comme feuilleton pendant tout l'été de l'année 1866, sous le titre de Chroniques provençales.


Certains des récits des Lettres de mon moulin sont restés parmi les histoires les plus populaires de notre littérature, comme La Chèvre de monsieur Seguin, Les Trois Messes basses ou L'Élixir du Révérend Père Gaucher. Le premier vrai roman d'Alphonse Daudet fut Le Petit Chose écrit en 1868. Il s'agit du roman autobiographique d'Alphonse dans la mesure où il évoque son passé de maître d'étude au collège d'Alès (dans le Gard, au nord de Nîmes). C'est en 1874 qu'Alphonse décida d'écrire des romans de mœurs comme : Fromont jeune et Risler aîné mais aussi Jack en 1876, Le Nabab en 1877 – dont François Bravay est le "modèle" – les Rois en exil en 1879, Numa Roumestan (1881) ou L'Immortel en 1883. Pendant ces travaux de romancier et de dramaturge, il écrivit dix-sept pièces, il n'oublia pas pour autant son travail de conteur : il écrivit en 1872 Tartarin de Tarascon, qui fut son personnage mythique. Contes du lundi en 1873, un recueil de contes sur la guerre franco-allemande de 1870, témoignent aussi de son goût pour ce genre et pour les récits merveilleux.
Daudet subit les premières atteintes d'une maladie incurable de la moelle épinière, le tabes dorsalis, une complication neurologique de la syphilis. Il continue cependant de publier jusqu'en 1895. Il décède le 16 décembre 1897 à Paris, à l'âge de 57 ans. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Chronologie de sa vie

Année Événements
1840 13 mai : naissance à Nîmes d'Alphonse Daudet, fils de Vincent Daudet, courtier en soieries, et d'Adeline Reynaud. Alphonse a deux frères aînés : Henri, né en 1832, et Ernest, né en 1837.
1845-1847 Daudet est élève des Frères des écoles chrétiennes.
1849 La famille Daudet s'installe à Lyon.
1850 Études secondaires au lycée Ampère.
1859 Répétiteur au collège d'Alès.
1858 Daudet arrive à Paris.
1859 Les Amoureuses. Rencontre de Frédéric Mistral à Paris.
1860 Secrétaire du duc de Morny.
1861 Daudet vit avec Marie Rieu, rue d'Amsterdam. Il tombe gravement malade et part pour le Midi.
1862 Voyage en Corse.
1865 Alphonse Daudet écrit les Lettres de mon moulin à Clamart, où il réside avec son ami Paul Arène.
1866 Douze Lettres de mon moulin paraissent dans L'Événement.
1867 Mariage avec Julia Allard.
1868 Le Petit Chose. Premier séjour à Champrosay, hameau de Draveil
1869 Publication des Lettres de mon moulin.
1871 25 avril : alors que la Commune est proclamée, Daudet quitte Paris pour Champrosay.
1872 L'Arlésienne, Tartarin de Tarascon.
1873 Contes du lundi.
1876 Jack.
1879 Il est atteint d'une maladie incurable de la moelle épinière.
1882 Mort de la mère d'Alphonse Daudet.
1887 Achat de la maison de Champrosay, où il recevra de nombreux hommes de lettres. Son ami Edmond de Goncourt y mourra en 1896.
1891 Mariage de Léon Daudet, fils aîné d'Alphonse Daudet et un des futurs meneurs de l'Action française, avec Jeanne Hugo, la petite-fille de Victor Hugo.
1895 Divorce de Léon et de Jeanne Daudet. Les Daudet se lient avec Marcel Proust. Publication de La Petite Paroisse.
1896 Mort de Paul Arène, ami de Daudet, âgé de 53 ans. Publication de La Fédor.
1897 Publication du Trésor d'Artalan.
Dernier déménagement des Daudet, rue de l'Université.
En automne, l'affaire Dreyfus éclate. Daudet affiche ses convictions anti-dreyfusardes.
16 décembre : Daudet meurt brusquement en son domicile parisien au 41, rue de l'Université. Il avait 57 ans. Après un service religieux à Sainte-Clotilde, Émile Zola, au Père-Lachaise, prononce le discours d'usage. Les funérailles nationales, demandées par Georges Clemenceau, sont refusées.

Œuvres premières

Par catégories
Romans
Le Petit Chose, Hetzel, 1868
Le Nabab, Charpentier, 1871
Tartarin de Tarascon, 1872
Jack, Dentu, 1876
Les Rois en exil, Dentu, 1878
Fromont jeune et Risler aîné, Le Bien Public, 1879
Sapho, Charpentier, 1881
Le Roman du chaperon rouge, Michel Lévy, 1899
Notes sur la vie, Charpentier, 1899
Recueils de contes et de nouvelles
Lettres de mon moulin, 1870
Contes du lundi, 1873
Nouvelles
Promenades en Afrique (Le Monde illustré, 27 décembre 1862)
La Mule du pape (Le Monde illustré, 3 et 10 janvier 1863)
Le Curé de Cucugnan (L’Événement du 28 octobre 1866, puis dans les Lettres de mon moulin en 1869)
Le Bon Dieu de Chemillé qui n'est ni pour ni contre (légende de Touraine, L'Événement, 21 juillet 1872)
Le Singe (L'Événement, 12 août 1872)
Le Père Achille (L'Événement, 19 août 1872)
Salvette et Bernadou (Le Bien public, 21 janvier 1873)
Le Cabecilla (Le Bien public, 22 avril 1873)
Wood'stown, conte fantastique (Le Bien public, 27 mai 1873)
La Dernière Classe
Théâtre
La Dernière Idole, drame en un acte et en prose, avec Ernest Lépine. Paris, théâtre de l'Odéon, 4 février 1862. Pièce entrée au répertoire de la Comédie-Française en 1904.
Les Absents, musique de Poise. Paris, Opéra-Comique, 26 octobre 1864.
L'Œillet blanc, avec Ernest Lépine. Paris, Théâtre-Français, 8 avril 1865.
Le Frère aîné, avec Ernest Lépine. Paris, théâtre du Vaudeville, 19 décembre 1867
Lise Tavernier. Paris, théâtre de l'Ambigu, 29 janvier 1872.
L'Arlésienne, pièce de théâtre en trois actes, d'après la nouvelle de Daudet, musique de Georges Bizet. Paris, théâtre du Vaudeville, 1er octobre 1872
Fromont jeune et Risler aîné, adapt. du roman de Daudet par Daudet et Belot. Paris, théâtre du Vaudeville, 16 septembre 1876
Jack, d'après le roman de Daudet. Paris, théâtre de l'Odéon, 11 janvier 1881.
Le Nabab. Paris, théâtre du Vaudeville, 30 janvier 1880.
La Petite Paroisse (1895), pièce en 4 actes et 6 tableaux, avec Léon Hennique, mise en scène André Antoine, théâtre Antoine, 21 janvier 1901

Par ordre chronologique

Liste des Å“uvres de Alphonse Daudet par ordre chronologique
Année Œuvre Genre Publication originale Texte Note
1858 Les Amoureuses Recueil de poésie Succès d'estime. Ces poèmes séduisent l'impératrice Eugénie qui lui permettra de devenir secrétaire du duc de Morny demi-frère de Napoléon III.
1861 La Double Conversion
1862 La Dernière Idole Drame en un acte et en prose, de Daudet et Ernest Lépine, qui signe du pseudonyme de Ernest Manuel
Représentation le 4 février 1862 au théâtre de l’Odéon. La pièce entre au répertoire de la Comédie-Française en 1904.
1862 Roman du Chaperon rouge Roman Michel Lévy, 1862
1863 Chapatin le tueur de lions Le Figaro, 1863
1864 Les Absents Musique de Poise
Représentation le 26 octobre 1864 à l’Opéra-Comique.
1865 L'Œillet blanc Pièce de théâtre de Daudet et Ernest Lépine
Représentation le 8 avril 1865 au Théâtre-Français
1865 Lettres sur Paris Publication dans Le Moniteur universel du soir, 1865
1865 Lettres du village Publication dans Le Moniteur universel du soir, 1865
1866 Le Petit Chose Roman autobiographique
Parution dans Le Moniteur universel du soir, à partir du 27/11/1866
Hetzel, 1868

Théàtre

1867 Frère aîné Pièce de théâtre de Daudet et Ernest Lépine qui signe du pseudonyme de Ernest Manuel
Représentation le 19 décembre 1867 au théâtre du Vaudeville
1870 Les Lettres de mon moulin Recueil de nouvelles de la 1re série dans L’Événement, 1866
1870 Tartarin de Tarascon Roman
Publication dans Le Figaro en février-mars 1870
Dentu, 1872
Texte, 1er volet de la trilogie de Tarascon
1871 Lettres à un absent
1872 Lise Tavernier Pièce de théâtre
Représentation le 29 janvier 1872 à l’Ambigu
1872 L'Arlésienne Pièce de théâtre en trois actes, d'après la nouvelle de Daudet.
Musique de Georges Bizet Représentation le 1er octobre 1872 au théâtre du Vaudeville
1873 Contes du lundi Lemerre, 1873
1874 Femmes d'artistes Lemerre, 1874
1874 Robert Helmont Recueil
Publication en feuilleton dans Le Moniteur universel
Dentu, 1874

Å’uvres secondes, adaptations

Cinéma

L'Arlésienne
L'Arlésienne d'Albert Capellani France, 1908
L'Arlésienne d'André Antoine France, 1922. Avec Lucienne Bréval, Gabriel de Gravone, Ravet, Berthe Jalabert, Maguy Deliac, Charles de Rochefort, Maria Fabris
L'Arlésienne de Jacques de Baroncelli France, 1930. Avec José Noguero, Germaine Dermoz, Blanche Montel, Charles Vanel, Maurice Schutz, Jim Gerald, Jean Mercanton
L'Arlésienne de Marc Allégret France, 1942
La Belle Nivernaise
La Belle Nivernaise de Jean Epstein France, 1924. Avec Blanche Montel, Maurice Touze, Madame Lacroix, Pierre Hot, Max Bonnet, Jean-David Evremond
Le Nabab
Le Nabab de Albert Capellani France, 1913
Le Petit Chose
Le Petit Chose de Georges Monca France, 1912
Le Petit Chose d'André Hugon France, 1923
Le Petit Chose de Maurice Cloche France, 1938
Sapho
Sapho, de Léonce Perret (1934) avec Mary Marquet

Télévision

Dans les années 1960-1970 sous forme de feuilleton "Jack".

Bandes dessinées

Les Lettres de mon moulin Tome 1. Adaptation et dessins Mittéï. Dupuis, 1979. (Les meilleurs récits du journal de Spirou). (ISBN 2-8001-0652-2)
Les Lettres de mon moulin Tome 2. Adaptation et dessins Mittéï. Dupuis, 1982. (Les meilleurs récits du journal de Spirou). (ISBN 2-8001-0942-4)
Les Lettres de mon moulin Tome 3. Adaptation et dessins Mittéï. Dupuis, 1985. (Les meilleurs récits du journal de Spirou). (ISBN 2-8001-1171-2)
Le Petit Chose. Je Bouquine, mai 1993, no 111.
La Chèvre de Monsieur Seguin. Je Bouquine, février 1996, no 144.
Les Lettres de mon moulin Intégrale. Adaptation et dessins Mittéï. Joker éditions, 2002. (ISBN 2-87265-216-7)
Tartarin de Tarascon. Adaptation et dessins Pierre Guilmard ; livre audio lu par Yvan Verschueren. Adonis, 2007, 64 p. (Romans de toujours). (ISBN 978-9953-493-03-9)

Versions audio

La Chèvre de Monsieur Seguin / Alphonse Daudet ; voix de Jacques Probst; mis en musique par la Fanfare du Loup, Genève, illustrations de Anne Wilsdorf. Éditions Quiquandquoi, Genève. Diffusion, distribution L'atelier du poisson soluble 1 livre-CD.
La Chèvre de Monsieur Seguin / Alphonse Daudet ; voix de Pierre Brasseur. Paris : Adès ; Maurepas : distrib. Adès, 1987. 1 livre-disque : 45 t. (Le Petit ménestrel).
La Chèvre de Monsieur Seguin / Henri Tomasi ; Alphonse Daudet ; voix de Michel Galabru ; chants Jacqueline Maréchal ; Maîtrise et orchestre de chambre de l'O.R.T. F. ; Jacques Jouineau, dir. Paris : Adès ; Maurepas : distrib. Adès, 1990. 1 cass audio : Dolby. (Évasion jeunesse).
Les Lettres de mon moulin d'après l'œuvre d'Alphonse Daudet ; voix de Franck Fernandel. Villetaneuse : Vogue ; Villetaneuse : distrib. Vogue France, 1991. 1 disque compact (1 h 6 min 15 s).
La Cabano ; La Cabro de mossu seguin ; Le Secret de meste Cournilho ; La Miolo dou papo / Alphonse Daudet ; [Interprètes non mentionnés]. Avignon : Centre départemental de documentation pédagogique (Vaucluse) ; Avignon : distrib. Centre départemental de documentation pédagogique (Vaucluse), 1991. 1 cass audio.

Une renommée ternie
Image fausse de l'écrivain provença

Alphonse Daudet, archétype de l'écrivain provençal, a passé moins d'un an de sa vie à Fontvieille et n'a jamais habité le moulin que visitent les touristes.

Antisémitisme

L'antisémitisme d'Alphonse Daudet transparaît dans le portrait qu'il dresse d'un de ses personnages, l'usurier Augustus Cahn 5 (pour Kahn ou Cahen ?) dans Salvette et Bernadou, conte de Noël (1873) : « Que diable le vieil usurier compte-t-il faire de tout cela ? Est-ce qu'il fêterait Noël, lui aussi ? Aurait-il réuni ses amis, sa famille, pour boire à la patrie allemande ?... Mais non. Tout le monde sait bien que le vieux Cahn n'a pas de patrie. Son Vaterland à lui, c'est son coffre-fort. Il n'a pas de famille non plus, pas d'amis ; rien que des créanciers. Ses fils, ses associés plutôt, sont partis depuis trois mois avec l'armée. Ils trafiquent là-bas derrière les fourgons de la Landwehr, vendant de l'eau-de-vie, achetant des pendules, et, les soirs de bataille, s'en allant retourner les poches des morts, éventrer les sacs tombés aux fossés des routes. » Il importe, bien sûr, de resituer ce texte dans un contexte général peu favorable aux Juifs de France.
En 1886, il prête de l'argent à Édouard Drumont, futur fondateur de la Ligue antisémitique de France, pour permettre à ce dernier de publier à son compte un violent pamphlet : La France juive.
Il décède en pleine affaire Dreyfus, en ayant eu le temps d'afficher des convictions anti-dreyfusardes malgré sa proximité avec Émile Zola. Celui-ci prononcera néanmoins son oraison funèbre au cimetière du Père Lachaise.

Alphonse Daudet est le père de Léon et de Lucien Daudet. Il est le frère cadet d'Ernest Daudet.

Arbre généalogique descendant

Jacques Vincent Daudet 1806-1875, tisserand et négociant en soieries épouse en 1829 Marie Adélaïde dite Adeline Reynaud 1805-1882, originaire d'Auriolles Ardèche
Henri Daudet 1832-1856
Ernest Daudet 1837-1921, écrivain et journaliste
Louis Marie Alphonse Daudet 1840-1897, journaliste, conteur, romancier, dramaturge épouse en 1867 Julia Allard 1844-1940.
Léon Daudet 1867-1942, écrivain, journaliste et homme politique épouse de 1891-1895 Jeanne Hugo, petite-fille de Victor Hugo puis en 1903 Marthe Allard (1878-1960), journaliste à L'Action française sous le pseudonyme de « Pampille »
Dr François Daudet dit François Léon-Daudet, médecin et journaliste français
Philippe Daudet 1909-1923
Claire Daudet 1918-1969, épouse du docteur Paul Biardeau 1910-1990
Lucien Daudet 1878-1946, littérateur français
Edmée Daudet 1886-1937. Parrain : Edmond de Goncourt épouse le 10-10-1906, André Germain, écrivain, fils d'Henri Germain cassé par Rome en 1908
Anna Daudet 1848-? x 1874 Léon Allard

Membres

Mme Alphonse Daudet par Renoir 1876
Frère
Ernest Daudet, écrivain et journaliste français, né à Nîmes en 1837, mort aux Petites Dalles en 1921, frère aîné d'Alphonse Daudet.
Épouse
Julia Daudet (1844-1940), née Allard, Madame Alphonse Daudet, épouse et collaboratrice d'Alphonse Daudet.
Enfants
Léon Daudet, écrivain, journaliste et homme politique français, né à Paris en 1867, mort à Saint-Rémy-de-Provence en 1942, fils aîné d'Alphonse Daudet ;
Lucien Daudet, littérateur français, né à Paris en 1878, mort en 1946, fils cadet d’Alphonse Daudet.
Edmée Daudet née en 1886, morte en 1937, filleule d'Edmond de Goncourt, premier mariage avec André Germain, écrivain, second mariage avec Robert Chauvelot, littérateur et conférencier
Petits-enfants
Dr François Daudet (dit François Léon-Daudet), né en 1915, médecin et journaliste français, fils de Léon Daudet ;
Philippe Daudet, né en 1909, mort mystérieusement en 1923, fils de Léon Daudet.
Belle-fille
Marthe Daudet (1878-1960). Épouse de Léon Daudet, journaliste de l'Action française sous le pseudonyme de « Pampille ».
Lieux daudétiens

Liens
Daudet
http://youtu.be/3Tpe_PbRiTc la dernière classe
http://youtu.be/WVoiUzgF_mQ Le secret de Me Cornille
http://youtu.be/3TpZsXZ_T4o Le curé de Cucugnan
http://youtu.be/d_Nv26sUDgA La chèvre de Mr Seguin
http://youtu.be/wPT-0N6tc7w La mule du Pape
http://youtu.be/0ZIvgoaxM9Y L'arlésienne
http://www.youtube.com/watch?v=gKdmv7 ... e&list=PL51CEF57C4B83E7F9 Alphonse Daudet


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Posté le : 14/12/2013 14:23

Edité par Loriane sur 15-12-2013 16:36:06
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Georges Feydeau
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Le 8 décembre 1862, à Paris 9ème naît Georges Léon Jules Marie Feydeau

dramaturge français, il est auteur dramatique, connu pour ses nombreux Vaudevilles et il meurt à Rueil-Malmaison le 5 juin 1921.

Il est le fils présumé de l'écrivain Ernest Feydeau et de Léocadie Boguslawa Zalewska, une Polonaise.
De ses propres déclarations, sa mère lui aurait révélé qu'il était le fils de Napoléon III.

D'autres sources indiquent qu'il serait le fils du demi-frère de l'Empereur, le duc de Morny, lui-même fils naturel du comte de Flahaut qui était lui-même fils illégitime présumé de Talleyrand. Voir aussi Famille de Talleyrand-Périgord.
Enfant désobéissant malgré une jeunesse dorée, il martyrise sa sœur Diane-Valentine. Très jeune, Georges Feydeau perd son insouciance lorsque son père devient hémiplégique en 1869 et il néglige ses études pour se consacrer au théâtre, encouragé par son père.
Il tente une carrière d'acteur en vain, jouant notamment dans la compagnie le Cercle des Castagnettes qu'il a fondée. Il se tourne alors vers l'écriture.
Sa première pièce, Par la fenêtre, est jouée pour la première fois en 1882, alors qu'il n'a que 19 ans. Sa première grande pièce, Tailleur pour dames, qui est fort bien accueillie en 1886 au théâtre de la Renaissance, lui vaut les encouragements de Labiche. Pour gagner sa vie, il tient la rubrique « Courrier des théâtres » dans le journal de son beau-père Henry Fouquier.

Il se marie le 14 octobre 1889 avec Marie-Anne Carolus-Duran, fille du peintre Charles Émile Auguste Durand dit Carolus-Duran dont il devient l'élève ; la peinture expressionniste sera son grand plaisir. Ce mariage d'amour se soldera par un échec, non sans lui donner une fille et trois fils :
Germaine, qui épouse notamment Louis Verneuil ;
Jacques, ancien combattant, il est blessé en septembre 1914. Croix de guerre 1914-1918 avec palmes ;
Michel, père du comédien Alain Feydeau ;
Jean-Pierre mort des suites d'un accident de voiture, scénariste et dialoguiste de films.
Il puise son inspiration de sa vie de noctambule triste, notamment chez Maxim's, au cours de laquelle il perd beaucoup d'argent au jeu, prend de la cocaïne pour stimuler ses facultés créatrices et trompe son épouse avec des hommes et des femmes.
Il écrit la majorité de ses pièces avec son collaborateur Maurice Desvallières.
Après le succès de Tailleur pour dames en 1886, Feydeau connait une période difficile. Ses œuvres suivantes, : La Lycéenne, Chat en poche, L'Affaire Édouard, …, ne reçoivent au mieux qu'un accueil tiède. La consécration vient en 1892 avec le succès retentissant des pièces Monsieur chasse !, Champignol malgré lui et, dans une moindre mesure, Le Système Ribadier, œuvres qui lui valent le titre de « roi du vaudeville ».
Dès lors, Feydeau enchaine les réussites : L'Hôtel du libre échange et Un fil à la patte en 1894, Le Dindon en 1896, La Dame de chez Maxim's en 1899, La Main passe en 1902, Occupe-toi d'Amélie en 1908.
En septembre 1909, après une violente dispute avec Marie-Anne qui a pris un amant, il quitte le domicile conjugal de la rue de Longchamp, cette séparation aboutira au divorce en 1916 et prétextant les embarras d’un déménagement, s'installe pour quelques jours dans un palace tout proche de la Gare Saint-Lazare, le Grand Hôtel Terminus, chambre 1896.
Ce lieu devient en fait son domicile pour une dizaine d’année.
À la suite de cette séparation, Feydeau renouvelle le genre du vaudeville par une étude plus approfondie des caractères dans ses comédies de mœurs en un acte, montrant notamment la médiocrité des existences bourgeoises, qu'il tourne en ridicule : On purge Bébé 1910, Mais n'te promène donc pas toute nue ! 1911.
Très aimé de ses contemporains et des autres auteurs, il est témoin avec Sarah Bernhardt, le 10 avril 1919, au mariage d'Yvonne Printemps et Sacha Guitry, un ami qui le visitera, quand il sera interné pour des troubles psychiques dus à la syphilis dans la clinique du docteur Fouquart à Rueil-Malmaison.
Après un séjour de deux ans dans cette maison de santé, il meurt en juin 1921, à l'âge de 58 ans.
Georges Feydeau repose au cimetière Montmartre, inhumé avec son père dans la 30e division.

Théâtre

Une scène de La Dame de chez Maxim.
Voir aussi la catégorie Pièces de théâtre de Feydeau
1873 : Eglantine d’Amboise
1882 : Par la fenêtre
1883 : Amour et Piano ; Gibier de potence
1886 : Fiancés en herbe ; Tailleur pour dames
1887 : La Lycéenne
1888 : Un bain de ménage ; Chat en poche ; Les Fiancés de Loches
1889 : L’Affaire Édouard
1890 : C’est une femme du monde ; Le Mariage de Barillon
1892 : Monsieur chasse ! ; Champignol malgré lui ; Le Système Ribadier
1894 : Un fil à la patte ; Notre futur ; Le Ruban ; L'Hôtel du libre échange
1896 : Le Dindon ; Les Pavés de l’ours
1897 : Séance de nuit ; Dormez, je le veux !
1899 : La Dame de chez Maxim
1902 : La Duchesse des Folies-Bergères
1904 : La main passe
1905 : L'Âge d'or
1906 : Le Bourgeon
1907 : La Puce à l'oreille
1908 : Occupe-toi d'Amélie ; Feu la mère de Madame
1909 : Le Circuit
1910 : On purge bébé
1911 : Mais n'te promène donc pas toute nue ! ; Léonie est en avance ou le Mal joli
1911 : Cent millions qui tombent (inachevée)
1913 : On va faire la cocotte (inachevée)
1914 : Je ne trompe pas mon mari
1916 : Hortense a dit : "Je m'en fous!", création au théâtre de la Renaissance avec notamment Raimu

Monologues

La Petite Révoltée
Le Mouchoir
Un coup de tête
J'ai mal aux dents
Trop vieux
Un monsieur qui n'aime pas les monologues
Aux antipodes
Patte en l'air
Le Petit Ménage
Le Potache
Le Billet de mille
Les Célèbres
Le Volontaire
Le Colis
Les Réformes
L'Homme économe
L'Homme intègre
Les Enfants
Tout à Brown-Séquard !
Le Juré
Un monsieur qui est condamné à mort
Complainte du pauv'propriétaire

Pièces inédites

L'Amour doit se taire
L'Homme de paille (à ne pas confondre avec la pièce homonyme d'Eugène Labiche)
Deux coqs pour une poule
À qui ma femme ?
Monsieur Nounou

Liens

http://youtu.be/vlUkySbE-Uo Chat en poche (au théatre ce soir)
http://youtu.be/zuHJXIyctdE Feu la mère de Madame, (comédie Française)
http://youtu.be/CeW6OJqxzxQ Le dindon (Comédie française)
http://youtu.be/jQpZ_92ukew Un fil à la patte
http://youtu.be/vlUkySbE-Uo Chat en poche
http://youtu.be/VHlPlcOoZvg Monsieur Chasse (Théatre Marigny)



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Posté le : 08/12/2013 01:18
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Gérard de Villiers
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Le 8 décembre 1929 à Paris naît Gérard Adam De Villiers écrivain, journaliste et éditeur,

auteur français de romans d'espionnage, romans policiers, reportages, souvenirs, mort dans la même ville le 31 octobre 2013 à 83 ans .

Gérard Adam de Villiers est le fils de Jacques Boularan, auteur de théâtre sous le pseudonyme de Jacques Deval, et de Valentine Adam de Villiers. La famille Adam de Villiers est une famille bourgeoise d'apparence noble de l'île de La Réunion.

Diplômé de l'IEP Paris et de l'ESJ Paris, ayant fait la guerre d'Algérie comme officier, il travaille plus tard à Minute, Rivarol, Paris-Presse, France-Dimanche et pour le site Atlantico.
Depuis 1965, il écrit des romans d'espionnage avec pour héros un personnage récurrent : Son Altesse sérénissime le prince Malko Linge, surnommé S.A.S. Outre cette série qui reçoit un très grand succès populaire, 150 millions de livres vendus, il écrit des livres de mémoires : Sabre au clair et pied au plancher, Mes Carnets de grand reporter. On lui doit aussi des livres d'enquête, notamment en 1970 Papillon épinglé où il démystifie le récit prétendument autobiographique d'Henri Charrière, Papillon.
Et, en 2005, une enquête sur l'enlèvement en Irak des journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot.
Gérard de Villiers se décrit comme « résolument à droite, libéral, anticommuniste, anti-islamiste, anticommunautariste, antisocialiste », et il déclare avoir été accusé, à tort, de racisme.
Le 30 janvier 2013, Gérard de Villiers, qui est largement ignoré sinon méprisé par la critique littéraire en France, se voit consacrer un long article à la une du New York Times.
Dans cet article, l'auteur, un journaliste confirmé spécialiste des relations internationales, explique la valeur et la fiabilité étonnantes des informations contenues dans les romans de Gérard de Villiers, au point que de nombreux diplomates lisaient ses livres11. Hubert Védrine, interrogé à son sujet déclare : « L'élite française prétend ne pas le lire, mais ils le lisent tous. ».
Le Courrier international a publié une traduction de cet article en février 2013.
Ses livres de la série S.A.S. étaient parmi les favoris de Jacques Chirac.
En août 2013, M, le magazine du Monde consacre sa couverture et publie un long article illustré sur l'auteur de S.A.S. et révèle que Gérard de Villiers a travaillé pour le SDECE qui utilisait S.A.S. pour faire de la désinformation15. Cet article, ainsi que deux autres datés de 2013, sont reproduits à la fin du tome 200 La vengeance du Kremlin.
Il meurt à Paris le 31 octobre 2013 des suites d'un cancer du pancréas. À sa demande, son décès est annoncé sur Twitter par son avocat. Des journalistes et des écrivains lui ont aussitôt rendu hommage comme Renaud Girard, Vladimir Fédorovski, Jean des Cars, Jean-Sébastien Ferjou et Pierre Jovanovic.
Gérard de Villiers s'était marié quatre fois et était le père de deux enfants.

Å’uvre

Œuvres littéraires

Il est notamment l'auteur depuis 1965 des romans d'espionnage érotique S.A.S. qui racontent les aventures du prince autrichien Malko Linge, employé par la CIA. Ses romans étaient en phase avec l'actualité de son époque (guerre civile et autres). Ses romans d'espionnage se caractérisent par une forte dose de violence et d'érotisme. Dans la série S.A.S., il emploie souvent l'expression « un ange passe », à tel point que certains lui en attribuent la paternité19.
Article détaillé : S.A.S. (série littéraire).

Scénariste et producteur pour le cinéma

1980 : Brigade mondaine : Vaudou aux Caraïbes de Philippe Monnier
1983 : S.A.S. à San Salvador de Raoul Coutard (scénariste et producteur), mettant en vedette Miles O'Keeffe
1991 : SAS : L'Œil de la veuve (Eye of the Widow) d'Andrew V. McLaglen avec Richard Young qui interprète le personnage de Malko Linge

Éditeur

En tant qu'éditeur et directeur de collections, Gérard de Villiers a publié de nombreux styles de littérature, parmi lesquels des romans généralistes, fantastiques, ou pornographiques. Il s'agit notamment :
série Brigade mondaine : romans policiers de Michel Brice narrant les aventures de Boris Corentin, l'as des as de la Brigade de répression du proxénétisme et de son fidèle subordonné Aimé Brichot ; le premier est un don Juan, le second est père de famille
série L'Aventurier des étoiles de E. C. Tubb
série L'Implacable de Richard Sapir et Warren Murphy
série L'Exécuteur de Don Pendleton
série Blade, Voyageur de l'Infini, romans de science-fiction par un collectif d'auteurs sous le pseudonyme de Jeffrey Lord
série JAG romans de science-fiction dans un monde post-apocalyptique, par un collectif d'auteurs sous le pseudonyme de Zeb Chillicothe
collection Le Cercle, romans érotiques

Liens

http://youtu.be/aG1D6849kPU S.A.S san Salvador
http://youtu.be/KpCU0kkCEYE SAS et les services secrets



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Posté le : 07/12/2013 20:28
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Jean-Pierre Chabrol
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Le 1 Décembre 2001, à Génolhac dans le Gard, meurt Jean-Pierre Chabrol, un écrivain

et scénariste français né le 11 Juin 1925 à chamborigaud dans le Tarn.


Jean-Pierre Chabrol est né le 11 juin 1925 à Chamborigaud au premier étage de la mairie qui était à l'époque le logement de l'Instituteur.
C'est au cœur des Cévennes qu'il a été élevé, au sein d'une famille d’instituteurs de l’école laïque. Son grand-père paternel, "chevrier biblique", paysan, digne descendant des Camisards, l’influencera beaucoup.
Il effectue ses études primaires et secondaires à Alès à l'école du Quai Neuf (actuel quai des Prés Rasclaux) où ses parents enseignent. Il s'intéresse très tôt au dessin et à la poésie. Il prend des cours de dessins avec le peintre génolhacois André Chaptal et participe en 1942 au Salon de l'Art Cévenol à Alès avec plusieurs œuvres.
Après un rapide passage en khâgne à Paris, il entre dans la Résistance au printemps 1944 et se retrouve « par hasard » dans un maquis F.T.P. Engagé dans la Brigade du Languedoc qui regroupe des soldats issus des maquis du sud, qui le conduit jusqu’à Berlin, il ne retrouve la vie civile qu’en 1945, à Paris.
Dès ce moment, les grands thèmes de son œuvre future sont établis : les Cévennes, l’épopée des Camisards, le maquis et surtout les petites gens, le peuple qu’il a si bien décrit.
C’est à la rédaction du journal l’Humanité où il travaille en tant que dessinateur puis comme journaliste (il en deviendra chef de rédaction) qu’il rencontre Louis Aragon qui l’encourage à écrire son premier roman, La dernière cartouche. D’autres suivent régulièrement dont Le bout-galeux qui obtient le Prix populiste. Malgré son éloignement du Parti communiste en 1956, ses livres sont traduits en allemand (RDA), tchèque, bulgare... Il est l’ami de Georges Brassens, Léo Ferré, Jacques Brel, Jean Ferrat, Pierre Mac Orlan, Catherine Sauvage..
Il créée pour l'Humanité une sorte de bande dessinée humoristique de style médiéval, Le barlafré, avec le dessinageur Marcel Tillard.
En 1961, il publie Les fous de Dieu qui passe près du prix Goncourt, et est adapté pour la télévision. Tout en continuant son métier d’écrivain (la trilogie des Rebelles), il collabore alors régulièrement à des émissions de radio et de télévision. Il voyage beaucoup.
À la fin des années 1970, il collabore à l’écriture de pièces avec le Théâtre de la Jacquerie.
Très affecté par la mort de son épouse Claudine, il se lance ensuite dans une nouvelle carrière en montant lui-même sur scène comme conteur, mais il continue à publier différents ouvrages, entre autres en collaboration avec son ami Claude Marti, ou l’inénarrable recueil de dessins satiriques intitulé Le petit Chabrol illustré.
Il revient pleinement à la littérature en 1993 avec Le Bonheur du manchot, en hommage à son père. La banquise, publié en 1998, et adapté pour la télévision par sa fille Elsa. Il obtient le Prix du Sud le 12 janvier 1995 pour son roman Le Bonheur du manchot.
Après avoir fait figurer de nombreuses chansons dans ses livres, il en confie deux au chanteur wallono-cévenol Jofroi.
Il meurt dans le mas familial, à Pont-de-Rastel (commune de Génolhac) à quelques kilomètres de Chamborigaud, pendant la nuit du 1er décembre 2001. Il est enseveli dans le caveau familial face au mas familial dans la rue qui porte maintenant son nom.

Principales œuvres littéraires

Romans
1953 : La dernière cartouche : un premier roman partiellement autobiographique d’une enfance alésienne et d’un engagement dans la résistance. L’action se déplace ensuite, pendant la guerre d’Indochine. Cette partie a pu être faite grâce à un de ses amis Nathan Chapochnik entré dans la résistance dès 1941, commandant FTPF dans le Var à partir de juin 44, il poursuit sa carrière au sein de l'Armée dont il démissionne en 1950 en désaccord avec la guerre menée en Indochine. C'est grâce à la correspondance envoyées à son épouse et communiqué à Jean-Pierre Chabrol que ce dernier a pu faire si "vrai" la partie sur l'Indochine. La dédicace de JP Chabrol à son ami "Chapo" est : "A mon cher Chapo, ce livre dans lequel il a tant mis. Fraternellement. Jean-Pierre Chabrol."[réf. nécessaire]
1955 : Le bout-galeux : la banlieue parisienne dans les années d’après-guerre. Le boulot, la vie, les gens, Prix du roman populiste 1956.
1957 : Fleur d’épine : les « vacances » d’été en Corse d’ « émigrés » sur le Continent…
1958 : Un homme de trop : le maquis et les maquisards au quotidien. Costa-Gavras en tirera un film en 1967 avec une pléiade d’acteurs célèbres.
1959 : Les innocents de mars : les derniers jours de l’Allemagne nazie et un rare témoignage sur les « enfants du Führer ».
1961 : Les fous de Dieu : les Camisards et une plongée dans l’âme cévenole. Une adaptation télévisée sera réalisée par Jean L'Hôte pour la RTF en 1963.
1963 : La chatte rouge : folles aventures dans le Paris d’après guerre.
1964 : Mille millions de Nippons : les aventures d’un Français au Japon.
1965 : Les rebelles (Tome I de trois tomes) : une passionnante fresque des années 1930 à Paris, en Cévenne et en Allemagne.
1966 : La gueuse (Les Rebelles, tome II), Plon : Noël Tarrigues n'a pas dix-neuf ans, mais dans la mine de La Vernasse on n'en connaît pas de plus dur à la tâche, ni à la douleur. Bien sûr, il aime Emmeline, « la petite bohémienne », qui le lui rend bien, mais son cœur appartient en vérité aux gueules noires, à ses camarades entassés à La Vernasse dans un bas-quartier qui porte un nom for-midable « les Cannibales ».
1967 : Je t’aimerai sans vergogne: une vibrante histoire d’amour qui donnera naissance à sa version théâtrale ""Ma déchirure"".
1968 : L'embellie (Les Rebelles, tome III), Plon
1970 : Le canon fraternité : la Commune de Paris dans un quartier populaire. Plus vrai que tous les livres d’histoire et un autre regard sur Paris.
1972 : Les chevaux l’aimaient : l'amour fou entre un jeune ouvrier et d'une adolescente "simplette" sur fonds de l'arrivée de l'électricité dans les villages des Cévennes. Une belle et tragique histoire marquée par l'ambiance pédophile du début des années 70.
1975 : Le bouc du désert, Gallimard : une étrange reconstitution historique des guerres de religion autour d'Agrippa d'Aubigné, et bien plus que cela.
1977 : La folie des miens Gallimard, (ISBN 978-2070183616)
1978 : Caminarèm, Robert Laffont : écrit avec le chanteur-poète occitan Claude Marti, c'est l'histoire bouleversante et profonde de la révolte des viticulteurs audois pendant l'été 1975 (ISBN 9782221000021).
1980 : Vladimir et les Jacques, Grasset (Paris) : le roman de la création d’une pièce de théâtre au sein d’une troupe enthousiaste (ISBN 2246253616).
1982 : Le lion est mort ce soir, Grasset (Paris) : une hilarante et désespérée histoire d’amour teintée de mystère (ISBN 9782246244417).
1993 : Le bonheur du manchot, Robert Laffont : sorte d’autobiographie déguisée en biographie paternelle (ISBN 9782221077009).
1995 : Les aveux du silence : ou le psychanalyste manipulé… , Robert Laffont (ISBN 9782221081631)
1998 : La banquise, Presses de la Cité : retour sur la période de la guerre avec beaucoup de compréhension pour ses différentes catégories de victimes (ISBN 9782258049567)

Nouvelles

1954 : Le voleur de noces : un recueil bien oublié aujourd’hui…
1966 : Titane et Bougrenette : livre illustré pour enfants
1967 : L’illustre fauteuil et autres récits
1968 : Ma déchirure, Conte dramatique en seize tableaux, Gallimard
1969 : Contes d'outre temps , Plon
1972 : Le crève Cévenne, Plon : un cri de détresse et de désespoir devant un pays qui meurt dans l’indifférence. Réédité en 1993 dans Gens de la cévenne, Presses de la Cité (ISBN 2-286-08844-6)
1976 : Le balafré éditions de la Farandole, coécrit avec Marcel Tillard.
1983 : Portes d’embarquement , Plon : nouvelles d’un grand voyageur ; inspiré de chroniques radiophoniques. (ISBN 9782259010511)
1985 : Contes à mi-voix , B. Grasset (Paris), (ISBN 2246370213)
1997 : Les mille et une veillées, Robert Laffont, (ISBN 9782221085462)
2000 : Colères en Cévennes : nouvelles et introspection. Jean Hur, le double littéraire de Jean-Pierre Chabrol, disparaît. Son créateur nous dit au revoir… , Robert Laffont, (ISBN 222108635X)

Scénariste

1968 : Provinces (émission "La voûte"), réalisation de Jean L'Hôte

Liens

http://www.ina.fr/video/CPF86627116 Les conteurs JP Chabrol Ina
http://www.ina.fr/video/CPF86627983 Brassens et JP Chabrol Ina
http://youtu.be/N8_NAR7oEoM JP. Chabrol et son chien
http://youtu.be/s97i3GIk9Qk Une biographie de JP Chabrol, primée


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Posté le : 30/11/2013 22:59
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Tahar Ben Jellon
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Le 1er décembre 1944 à Fès au Maroc naît Tahar ben Jelloun écrivaine et poète de

langue Française.

Écrivain marocain de langue française, originaire de Fès, ville dont son œuvre explore la topographie mythique, Tahar Ben Jelloun a soutenu une thèse de psychiatrie sociale, dont il a tiré un essai sur la misère morale et sexuelle des immigrés maghrébins, La Plus Haute des solitudes en 1977.
Après avoir fréquenté une école primaire bilingue arabo-francophone, il étudie au lycée français de Tanger jusqu'à l'âge de dix-huit ans, puis fait des études de philosophie à l'université Mohammed V de Rabat, où il écrit ses premiers poèmes — recueillis dans Hommes sous linceul de silence en 1971. Il enseigne ensuite la philosophie au Maroc.
Mais, en 1971, à la suite de l'arabisation de l'enseignement de la philosophie, il doit partir pour la France, n'étant pas formé pour la pédagogie en arabe. Il s'installe à Paris pour poursuivre ses études de psychologie.
Venu à la littérature dans la mouvance de la revue Souffles, qui liait la critique de la situation marocaine à un travail littéraire de subversion des formes, il s'est installé à Paris pour y devenir écrivain et journaliste. Homme de dialogue, il incarne l'intellectuel moderne du Maghreb, passeur de culture entre les deux rives de la Méditerranée.
Ses poèmes, rassemblés dans plusieurs recueils À l'insu du souvenir, 1980 ; Les amandiers sont morts de leurs blessures, disent « l'homme éclaté », la mise au jour par la quête poétique d'une mémoire couturée de cicatrices : mémoire du poète ou mémoire collective des villes de l'enfance, Fès ou Tanger ; échos des colères populaires ou douleurs de la guerre palestinienne.

À partir de 1972, il écrit de nombreux articles pour le quotidien Le Monde. En 1975, il obtient un doctorat de psychiatrie sociale.
Son écriture profitera d'ailleurs de son expérience de psychothérapeute ; La Réclusion solitaire, publiée en 1976. En 1985, il publie le roman L'Enfant de sable qui le rend célèbre.

Ses romans choisissent l'irréalisme de l'écriture et mêlent les codes et les genres. Roman-poème, Harrouda en 1973 emprunte son nom à la prostituée mythique des villes marocaines et invite à déchiffrer tous les signes qui s'inscrivent sur le corps des hommes et des villes : cicatrices, tatouages, graffiti, etc. — autant de traces qui dénoncent les censures traditionnelles, les manipulations de la parole sacrée, les blessures de la colonisation...

Sans perdre son goût pour la sémiologie, l'œuvre ultérieure s'enrichit de la familiarité des maîtres de la pensée arabe aussi bien que de Nietzsche ou de Borges. Le choix de formes littéraires en dérive, les discontinuités narratives, les surgissements de bouffées lyriques permettent de faire entendre la parole des sans-paroles : les travailleurs immigrés dans La Réclusion solitaire en 1976 ; les femmes et toutes les victimes de l'injustice sociale marocaine auxquelles la figure populaire de Moha le Fou, Moha le Sage en 1978 prête sa voix.
Après La Prière de l'absent en 1981, et L'Écrivain public en 1983, L'Enfant de sable en 1985 retrouve les arabesques aléatoires du conteur traditionnel pour traiter le thème de la fille, la huitième d'une famille sans enfant mâle élevée comme un garçon, et plonge ses lecteurs dans le vertige de l'identité impossible.
La Nuit sacrée prix Goncourt de 1987 poursuit cette variation sur le conte arabe. Avec Les Yeux baissés en 1991, Tahar Ben Jelloun renoue avec une veine plus réaliste pour évoquer la double exclusion qui frappe la femme émigrée

Tahar Ben Jelloun vit actuellement à Tanger avec sa femme et ses enfants Merième, Ismane, Yanis et Amine, pour qui il a écrit plusieurs ouvrages pédagogiques Le Racisme expliqué à ma fille, 1998. Il est aujourd'hui régulièrement sollicité pour des interventions dans des écoles et universités marocaines, françaises et européennes

Å’uvres


Les Cicatrices du soleil, 1972
Hommes sous linceul de silence, 1971
Harrouda, 1973 - rééd. Gallimard, 2010
La Réclusion solitaire, 1976
Les amandiers sont morts de leurs blessures, poèmes, 1976, prix de l'amitié franco-arabe 1976
La Mémoire future, Anthologie de la nouvelle poésie du Maroc, 1976
La Plus Haute des solitudes, 1977
Moha le fou, Moha le sage, 1978, prix des Bibliothécaires de France, prix Radio-Monte-Carlo 1979
À l'insu du souvenir, poèmes, 1980
La Prière de l'absent, 1981
L'Écrivain public, récit, 1983
Hospitalité française, 1984
La Fiancée de 12, suivie d'Entretiens avec M. Saïd Hammadi ouvrier algérien, théâtre, 1984
L'Enfant de sable, 1985
La Nuit sacrée, 1987, prix Goncourt
Jour de silence à Tanger, récit, 1990
Les Yeux baissés, roman, 1991
Alberto Giacometti, 1991
La Remontée des cendres, poème (édition bilingue, version arabe de Kadhim Jihad), 1991
L'Ange aveugle, nouvelles, 1992
Éloge de l'amitié1994
L'Homme rompu, 1994
La Soudure fraternelle, 1994
Poésie complète, 1995
Le premier amour est toujours le dernier, nouvelles, 1995 (ISBN 978-2-02-030030-8)
Les Raisins de la galère, 1996 (ISBN 978-2-213-59474-3)
La Nuit de l'erreur, roman, 1997
Le Racisme expliqué à ma fille, 1997
L'Auberge des pauvres, 1997
Le Labyrinthe des sentiments ,1999
Cette aveuglante absence de lumière, 2001 (ISBN 978-2-02-053055-2)
L'Islam expliqué aux enfants, 2002
Amours sorcières, 2003 (ISBN 978-2-02-063887-6)
Le Dernier Ami, 2004 (ISBN 978-2-02-066267-3)
La Belle au bois dormant, 2004 (ISBN 978-2-02-063999-6)
Partir, 2006 (ISBN 978-2-07-077647-4)
Yemma, 2007 (ISBN 3827007585)
L'École perdue, 2007, Gallimard jeunesse
Sur ma mère, 2008 (ISBN 978-2070776467)
Au pays, 2009 (ISBN 978-2070119417)
Le texte d'un album-photo : Marabouts, Maroc, 2009, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070127047)
Beckett et Genet, un thé à Tanger, 2010, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070130030)
Jean Genet, menteur sublime, 2010, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070130191)
Par le feu, 2011, Gallimard (ISBN 978-2070134885)
L'Étincelle — Révolte dans les pays arabes, 2011, Gallimard (ISBN 978-2070134717)
Que la blessure se ferme, 2011, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070137343)
Le Bonheur conjugal, 2012, Éditions Gallimard
Au seuil du paradis, 2012, éditions des Busclats

Les œuvres de Tahar Ben Jelloun à travers le monde

Ainsi L'Enfant de sable publié au Seuil et La Nuit sacrée, Prix Goncourt 1987, sont traduits en quarante-trois langues, dont, en dehors de l'arabe, des langues européennes et de l'anglais l'indonésien, le lituanien, le vietnamien, le hindî, l'hébreu, le japonais, le coréen, le chinois, l'albanais, le slovène, etc.
Le racisme expliqué à ma fille un succès de librairie vendu à plus de 400 000 exemplaires, est traduit en trente-trois langues, dont les trois langues principales d'Afrique du Sud l'afrikaans, le swati et l'ixixhosa, le bosniaque et l'espéranto.
La plupart de ses livres ont été traduits en arabe, certains par l'auteur lui-même.

Récompenses et distinctions

En 1976 il reçoit le prix de l'amitié franco-arabe pour son recueil de poèmes Les amandiers sont morts de leurs blessures.
Le 1er février 2008, il reçoit des mains du président de la République française Nicolas Sarkozy la Croix de Grand Officier de la Légion d'honneur.
Il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'Université de Montréal (2008).
Il est élu membre de l'Académie Goncourt, en remplacement de François Nourissier démissionnaire.
Il reçoit le prix Ulysse en 2005 pour l'ensemble de son œuvre.
Il reçoit le prix IMPAC à Dublin en juin 2004. Ce prix, décerné par un jury international après une sélection faite par 162 bibliothèques et librairies anglo-saxonnes, couronne le roman Cette aveuglante absence de lumière, écrit à la demande d'un ancien prisonnier du bagne de Tazmamart au Maroc, et après un entretien avec celui-ci.
Il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain 1993.
Il est lauréat du prix Goncourt en 1987, pour son œuvre La Nuit sacrée.
Tahar Ben Jelloun est l'écrivain francophone le plus traduit3 au monde.
Le 20 juillet 2010, Tahar reçoit le prix international de poésie « Argana », décerné par la Maison de poésie du Maroc4.
Le 21 juin 2011, il reçoit le prix de la paix Erich-Maria Remarque pour son essai L'étincelle — Révolte dans les pays arabes5.
En mai 2012, il est promu Commandeur de l'ordre national du Mérite en France.

Prises de positions sur la société française

Dans Le Monde du lundi 6 septembre 2010, TBJ écrit une lettre au Président de la République l'invitant à plus de discernement dans ses propos.
Nicolas Sarkozy s'était exprimé à Grenoble sur la possibilité de déchoir de la nationalité française une personne qui aurait commis un grave délit Il prétend lui rappeler sa position de chef de l'État et l'usage qu'il se devrait d'en faire vis-à-vis des valeurs de la République et de sa Constitution.
Liens

http://youtu.be/0zXu8h3JcBk L'écriture en partage 1
http://youtu.be/RXsg1qu5864 L'écriture en partage 2
http://youtu.be/-VxdZicTmAY L'écriture en partage 3
http://youtu.be/TpjjYNPktu4 L'écriture en partage 4
http://youtu.be/bY_8_SI5U7I Dialogue avec Tahar Ben Jelloun
http://youtu.be/ymCM7G2X0lg Tahar Ben Jelloun dialogues


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Posté le : 30/11/2013 21:49
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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