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Jacques -Henri Bernardin de Saint Pierre
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Le 19 janvier 1737 au Havre naît Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre,

écrivain et botaniste français,
fils de Nicolas Saint-Pierre et Catherine Godebout, et mort le 21 janvier 1814 à Éragny-sur Oise.
Il est l'auteur des Études de la nature et des Harmonies de la nature. Commencé vers 1773, le premier de ces deux ouvrages fut publié onze ans plus tard. Un apologue, Paul et Virginie, fut ajouté à sa troisième édition. Quant aux Harmonies, mis en chantier en 1790, publié après la mort de l'écrivain, il apparaît comme un approfondissement des Études.

De culture humaniste, puis éléve de l'École royale des ponts et chaussées, Bernardin de Saint-Pierre reçoit sa première instruction des prêtres diocésains du collège du Havre dont le programme est proche de la Ratio studiorum de la Compagnie de Jésus. Ensuite, il continue ses études chez les jésuites de Caen puis de Rouen. Parallèlement à l'enseignement du collège de Rouen, il suit à l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts les cours de dessin du peintre Jean-Baptiste Descamps et ceux de mathématiques.
L' éducation jésuite impliquait un appui sur l'humanisme littéraire des Latins et sur l'œuvre d'Aristote christianisée par Thomas d'Aquin. La vision participative de l'univers que Bernardin de Saint-Pierre présentera plus tard dans les Études et les Harmonies n'est pas étrangère à celle de la Somme contre les Gentils, achevé en 1264. Mais l'enseignement des jésuites, s'il privilégiait un humanisme contemplatif, n'excluait pas l'action. La théologie naturelle de Bernardin de Saint-Pierre est également fondée sur des informations géographiques dont les éléments et l'art de les mettre en scène doivent directement au programme d'un ordre ayant en charge la préparation des cadres de l'armée.
L'énergie missionnaire des membres de la Compagnie, leur art de théâtraliser les idées offraient aux collégiens l'enthousiasme d'une vision lyrique et optimiste dont l'écrivain paraît s'être souvenu. Cependant, l'œuvre de Bernardin de Saint-Pierre n'est pas uniquement portée par l'éducation jésuite. L'École de dessin de l'Académie de Rouen fut une école du regard dont se souviennent les pages descriptives des Études et des Harmonies, et peut-être plus encore celles des mémoires d'ingénieur rassemblés par L.-Aimé Martin sous le titre de Voyages en Hollande, en Pologne et en Russie dans la première édition des œuvres complètes, ou encore le Voyage à l'île de France, à l'île Bourbon, au Cap de Bonne-Espérance, etc., avec des observations nouvelles sur la nature et sur les hommes, par un officier du roi.

Sa vie


Montrant dès l’enfance un esprit à la fois rêveur et aventureux, goûtant les charmes de la nature, désireux de l’inconnu, Bernardin de Saint-Pierre est d'un caractère inquiet, irritable, facilement rebuté par les difficultés et les devoirs.
Après avoir appris chez un curé, à Caen, les éléments des langues anciennes, il lit avidement Robinson Crusoé, alors qu'il n'avait pas 12 ans, que lui a donné sa marraine Bernardine de Bayard ayant comme ancêtre Bayard, et demande à voyager sur la mer. Un de ses oncles, capitaine de navire, qui va à la Martinique, le prend à son bord ; les fatigues de la navigation et le service des manœuvres auquel on l’astreint font bientôt tomber ses illusions. Ramené au Havre et dégoûté de la vie maritime, il est mis au collège des Jésuites de Caen. Il s’y exalte à la pensée d’aller au loin convertir les peuples barbares ; son père calme cet enthousiasme en le renvoyant faire sa philosophie au collège de Rouen. Il entre ensuite à l’École nationale des ponts et chaussées, d’où il passe dans le corps de jeunes ingénieurs que le ministre de la guerre a établi à Versailles.
Le séjour de Bernardin de Saint-Pierre à Rouen s'achève en 1758, année où il intégra, à Paris, l'École royale des ponts et chaussées. Celle-ci est alors dirigée par un proche de Descamps, Jean-Rodolphe Perronnet. Bernardin de Saint-Pierre y séjourne peu puisque, en 1760, il est recruté comme ingénieur géographe par le département de la Guerre pour la campagne de Westphalie. Son œuvre témoigne néanmoins de la philosophie des ingénieurs des Ponts : unifier l'espace, accroître la circulation des biens, participer au développement de l'agriculture par l'amélioration et l'extension des voies commerciales. Pour un élève formé à la vision de Thomas d'Aquin, la mise en relation des hommes par le désenclavement des terres pourrait ressembler à une extension de la participation universelle. C'est du moins ce que donnent à penser les Études et les Harmonies.

Voyage

Envoyé en cette qualité à l’armée, à Düsseldorf, sa susceptibilité et son insubordination le font destituer. Il retourne au Havre, où son père s’est remarié. Ne pouvant s’accorder avec sa belle-mère, il vient à Paris en 1760, presque sans ressources. L’année suivante, il demande à être envoyé comme ingénieur à l’île de Malte, que menacent les Turcs, et l’obtient, mais, la guerre n’ayant pas lieu, il rentre à Paris avec l’intention d’enseigner les mathématiques.
Ne trouvant pas d’élèves, et pour échapper à la misère, il propose au ministre de la Marine d’aller lever le plan des côtes d’Angleterre, proposition qui reste sans réponse. Il résout alors de tenter la fortune à l’étranger et, ayant emprunté quelque argent, il part pour la Hollande, et de là se rend à Saint-Pétersbourg, plein d’espoir dans la bienveillance connue de l’impératrice Catherine pour les Français. Pourvu d’une sous-lieutenance dans le corps du génie, il ne parvient pas à faire agréer au Gouvernement le projet d’une Compagnie pour la découverte d’un passage aux Indes par la Russie. Passé en Pologne pour soutenir la cause de Radziwill contre Poniatowski, il rencontre à Varsovie la belle princesse Marie Miesnik, et conçoit pour elle une passion, dont les fureurs le font congédier au bout de quelques mois. Parti pour Dresde avec l’intention de se mettre au service de la Saxe, il se rend, à la suite de l’aventure galante la plus romanesque qui se puisse concevoir, à Berlin, où il ne peut se fixer, et rentre en France en novembre 1766.
Sans ressources, chargé de dettes, solliciteur partout éconduit, Bernardin est alors sur le point d’échanger sa vie aventureuse contre celle d’écrivain. Il se retire à Ville-d'Avray, y loue une chambre chez le curé, met en ordre ses observations et ses souvenirs de voyage et rédige des Mémoires sur la Hollande, la Russie, la Pologne, la Saxe, la Prusse. Il tourne son esprit systématique vers des spéculations hasardeuses.
J’ai recueilli, écrit-il, sur le mouvement de la terre des observations, et j’en ai formé un système si hardi, si neuf et si spécieux, que je n’ose le communiquer à personne… Je m’accroche à tout, et laisse flotter çà et là des fils, comme l’araignée, jusqu’à ce que je puisse ourdir ma toile. Ces projets littéraires encore retardés, il sollicite et obtient un brevet de capitaine-ingénieur pour l’Île de France, et part en 1768. Il y reste trois ans.

Débuts littéraires

Revenu à Paris en juin 1771, il se met à fréquenter la Société des gens de lettres. D’Alembert le présente dans le salon de Julie de Lespinasse, mais il y réussit mal et se trouve en général déplacé dans le monde des encyclopédistes. Il se lie, grâce à d’intimes analogies, plus étroitement avec Jean-Jacques Rousseau, avec lequel il va se promener à la campagne, où ils s’entretiennent longuement ensemble sur la nature et l’âme humaine. Bernardin cherche à adoucir la noire mélancolie du philosophe, et en est atteint lui-même. Dans le préambule de l’Arcadie, il se peint cherchant la solitude : « À la vue de quelque promeneur dans mon voisinage, je me sentais tout agité, je m’éloignais… En vain j’appelais la raison à mon secours, ma raison ne pouvait rien contre un mal qui lui volait ses propres forces.
Cependant, il a publié en 1773 son Voyage à l’Île de France, à l’Île Bourbon, au cap de Bonne-Espérance, par un officier du roi, Amsterdam et Paris, 1773, 2 vol. in-8°, récit sous forme de lettres à un ami, où transparaissent déjà les principales lignes de son talent, et il préparait la publication de ses Études de la nature. Il passe tout l’hiver de 1783 à 1784 à recopier cet ouvrage, à y ajouter, à y retrancher. L’ours, disait-il, ne lèche pas son petit avec plus de soin. Je crains, à la fin, d’enlever le museau au mien à force de le lécher ; je n’y veux plus toucher davantage.
Bernardin de Saint-Pierre est certainement celui qui a exprimé de la manière la plus naïve et caricaturale le finalisme anthropocentrique qui serait, selon lui, à l'œuvre dans la nature :
« Il n’y a pas moins de convenance dans les formes et les grosseurs des fruits. Il y en a beaucoup qui sont taillés pour la bouche de l'homme, comme les cerises et les prunes ; d’autres pour sa main, comme les poires et les pommes ; d’autres beaucoup plus gros comme les melons, sont divisés par côtes et semblent destinés à être mangés en famille : il y en a même aux Indes, comme le jacq, et chez nous, la citrouille qu’on pourrait partager avec ses voisins.
La nature paraît avoir suivi les mêmes proportions dans les diverses grosseurs des fruits destinés à nourrir l'homme, que dans la grandeur des feuilles qui devaient lui donner de l’ombre dans les pays chauds ; car elle y en a taillé pour abriter une seule personne, une famille entière, et tous les habitants du même hameau.Études de la nature, ch. XI, sec. Harmonies végétales des plantes avec l'homme, 1784.
Après la publication des Études, 3 vol., 1784, l’auteur, inconnu, rebuté et indigent la veille, passe en quelques jours à l’état de grand homme et de favori de l’opinion. Tout ce qui sort de sa plume est assuré du succès ; des pages comme celles de Paul et Virginie en 1787 ne rencontrent pas, à leurs débuts, l’accueil espéré et, sans l’intervention du peintre Vernet, il les aurait certainement détruites. Il demeure à cette époque au n° 21 du Quai des Grands-Augustins.

La Révolution

En 1792, à l’âge de cinquante-cinq ans, il épouse Félicité Didot, qui n’en a que vingt-deux. La même année, il est nommé intendant du Jardin des Plantes de Paris en remplacement de Auguste Charles César de Flahaut de La Billarderie, successeur de Buffon, place supprimée en 1793. Appelé, vers la fin de 1794, à professer la morale à l’École normale de l’an III instituée par la Convention, il ne paraît que deux ou trois fois dans sa chaire et, malgré les applaudissements, reconnaît qu’il n’a pas le talent de la parole. En 1795, il est nommé membre de l’Institut de France, dans la classe de langue et de littérature, où il a souvent des discussions vives et pleines d’aigreur avec ceux de ses collègues qu’il appelle les athées, Naigeon, Volney, Morellet, Cabanis. Il soutient, à partir de 1797, le culte révolutionnaire de la théophilanthropie, visant à renforcer la République en remplaçant le catholicisme par une autre religion. Lauréat de l’Académie de Besançon, il est élu à l’Académie française en 1803.
Ayant perdu sa première femme, il épouse, en 1800, Désirée de Pelleport, jeune et jolie personne, qui calme ses dernières années avant sa mort dans sa campagne d’Éragny, sur les bords de l’Oise. De son premier mariage, il a deux enfants : Paul, mort jeune, et Virginie, mariée au général de Gazan. Sa seconde femme se remarie à Aimé Martin.

L’écrivain

On remarque chez Bernardin de Saint-Pierre une différence profonde entre l’écrivain et l’homme ; celui-ci irascible, morose et tracassier ; celui-là si doux, si calme, si tendre. De la jeunesse à la fin de sa vie, l’écrivain rêve une sorte de république idéale, dont tous les habitants seraient unis par une mutuelle bienveillance alors que les moindres froissements de la vie irritaient la nerveuse susceptibilité de l’homme. Nul être n’est moins propre à réaliser le monde d’ordre et d’harmonie, cette espèce d’Éden ou d’âge d’or, que l’écrivain s’obstine à imposer à la nature. À la fin et en désespoir de cause, Bernardin renonce à la poursuite de ses projets lointains et, au lieu de vouloir exécuter les choses, il s’avise de les décrire.
L’utopiste à bout de voie, dit Sainte-Beuve, saisit la plume et devint un peintre. Ces harmonies qu’il ne pouvait réaliser sur la terre, dans l’ordre politique et civil, il les demanda à l’étude de la nature, et il raconta avec consolation et délices ce qu’il en entrevoyait : Toutes mes idées ne sont que des ombres de la nature, recueillies par une autre ombre.
Mais à ces ombres son pinceau mêlait la suavité et la lumière ; c’est assez pour sa gloire.

Dans l’Arcadie, Angers, sorte de poème en prose, Bernardin décrit la république idéale qu’il rêvait. Dans les Études de la nature, Paris, 1784, il a, suivant ses propres paroles, d’abord eu l’idée d’écrire une histoire générale de la nature mais, renonçant à un plan trop vaste, il s’est borné à en rassembler quelques portions. Dans la première partie, dirigée contre les athées, dont il fait des partisans du désordre et du hasard, il leur oppose l’ordre et l’harmonie de la Nature, où il trouve d’admirables thèmes pour son talent.
Vers la dixième étude, il commence plus directement l’exposition de ses vues et des harmonies telles qu’il les conçoit : le jeu des contrastes, des consonances et des reflets en toutes choses. La dernière partie de l’ouvrage est surtout relative à la société, à ses maux et aux remèdes qu’on y peut apporter. Le mérite et l’originalité de l’auteur est d’y substituer, d’un bout à l’autre, le sentiment, l’éloquence, le charme des tableaux à la science.
Le talent de peintre de la Nature de Bernardin est le plus apparent dans son Paul et Virginie, Paris. Chef-d’œuvre de Bernardin, dont on aurait peine à trouver le pendant dans une autre littérature, il présente, sur fond d’un paysage neuf et grand, deux gracieuses créations de figures adolescentes, et peint la passion humaine dans toute sa fleur et dans toute sa flamme. Presque tout, en a dit Sainte-Beuve, est parfait, simple, décent et touchant, modéré et enchanteur.
Les images se fondent dans le récit et en couronnent discrètement chaque portion, sans se dresser avec effort et sans vouloir se faire admirer... Ce qui distingue à jamais cette pastorale gracieuse, c’est qu’elle est vraie, d’une réalité humaine et sensible. Aux grâces et aux jeux de l’enfance ne succède point une adolescence idéale et fabuleuse. Nous sommes dans la passion, et ce charmant petit livre que Fontanes mettait un peu trop banalement entre Télémaque et la Mort d’Abel, je le classerai, moi, entre Daphnis et Chloé et cet immortel quatrième livre en l’honneur de Didon. Un génie tout virgilien y respire.
Le manuscrit de Paul et Virginie, lu dans le salon de Suzanne Necker, devant Buffon, Thomas, etc., n’eut aucun succès mais, à peine imprimé, il fut apprécié à sa juste valeur. Bernardin est, avec moins de passion et plus d’esprit, aussi parfait dans La Chaumière indienne, qui, dans sa grâce et sa fraîcheur, est un paradoxe, une attaque contre la science. Les tableaux offerts par les Harmonies de la nature, portent les traces de toutes les exagérations de la manière de leur auteur, qui ont fait dire à Joubert : II y a dans le style de Bernardin de Saint-Pierre un prisme qui lasse les yeux. Quand on l’a lu longtemps, on est charmé de voir la verdure et les arbres moins colorés dans la campagne qu’ils ne le sont dans ses écrits. Ses Harmonies nous font aimer les dissonances qu’il bannissait du monde et qu’on y trouve à chaque pas.
Les autres écrits de Bernardin de Saint-Pierre sont : Vœux d’un solitaire, qui tendent à concilier les principes nouveaux avec les idées anciennes ; Mémoire sur la nécessité de joindre une ménagerie au Jardin national des plantes; De la Nature de la morale ; Voyage en Silésie; la Mort de Socrate, drame, précédé d’un Essai sur les journaux; le Café de Surate, conte satirique ; Essai sur J.-J. Rousseau et récits de voyage.
Ses Œuvres complètes ont d’abord été publiées par Aimé Martin, édition plusieurs fois reproduite sous divers formats. Le même éditeur a publié aussi la Correspondance de Bernardin de Saint-Pierre, ses Œuvres posthumes, et ses Romans, contes, opuscules.

Œuvres

La Mort de Virginie, gravure en couleurs de Marcellin Legrand d’après Michel Lambert, fin xviiie siècle (détail). Lorient, Musée de la Compagnie des Indes.
Voyage à l’Île de France, à l’île Bourbon et au cap de Bonne-Espérance, 2 vol. (1773)

L’Arcadie (1781)

Études de la nature (3 vol.) (1784)
Paul et Virginie (1788)
La Chaumière indienne (1790)
Le Café de Surate (1790)
Les Vœux d’un solitaire (1790)
De la nature de la morale (1798)
Voyage en Silésie (1807)
La Mort de Socrate (1808)
Harmonies de la nature (3 vol.) (1814)

Liens

http://youtu.be/yiSNUzsulec Paul et Virginie
http://youtu.be/om2LUNiARqc Paul et Virginie 1 (Allemand)
http://youtu.be/83a_lWUti9Y Paul et Virginie 2
http://youtu.be/puX409Q2XiQ Paul et Virginie par céline Dion
http://youtu.be/l-lhco9z_Kc Île Maurice

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Posté le : 17/01/2014 17:39

Edité par Loriane sur 18-01-2014 22:15:34
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Haruki Murakami
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Le 12 janvier 1949 naît à Kyōto, Haruki Murakami-村上 春樹-

Murakami Haruki, écrivain, traducteur, essayiste, Japonais contemporain de genre Fiction, réalisme magique, surréalisme, picaresque, dit murakamien ses oeuvres principales sont "La Ballade de l'impossible" en 1987, "Chroniques de l'oiseau à ressort" en 1995, "Kafka sur le rivage" en 2002, "1Q84" en 2009


Le temps du désenchantement

Fils d’un professeur de littérature japonaise, le jeune Murakami Haruki passe son enfance à Ashiya, ville de la banlieue de Kōbe, il opte pour les arts théâtraux et souhaite devenir scénariste de cinéma, sans rien avoir encore à raconter, après ses études à l'université Waseda, il est pendant huit ans responsable d'un bar de jazz, le Peter Cat, dans le quartier de Kokubunji à Tōkyō. IL tombe très tôt anormalement amoureux des livres, et notamment des auteurs russes, français et anglais du XIXe siècle, Dostoïevski, Tchekhov, Tolstoï, Flaubert, Balzac, Dickens, mais aussi de Kafka, Marx, Engels ou encore de l’œuvre de son compatriote Natsume Sôseki, seul écrivain japonais dont il admet une certaine filiation. Solitaire, il grandit à Kobe et a pour principaux compagnons des chats, animaux qui apparaissent souvent dans son œuvre.
Haruki Murakami est du reste un passionné des chats, ses seuls véritables amis tout au long d'une enfance solitaire, ceci expliquant la présence invariable de cet animal dans sa littérature.
Il appartient à la génération qui a vu le Japon passer de l'état de pays vaincu en ruines à celui de troisième puissance économique mondiale.
Mais cette génération est désenchantée. Elle sait que l'histoire n'est que violence, sentiment qui trouve son expression politique dans les grandes luttes étudiantes de la fin des années 1960. Murakami, alors étudiant de la section d'études théâtrales de l'université Waseda à Tōkyō, reste à l'écart de la contestation
Cette expérience le nourrit un peu à son insu et lui permet d'écrire son premier roman Écoute le chant du vent, publié au Japon en 1979, pour lequel il reçoit le prix Gunzo
Si les auteurs japonais, en raison de la tendance générale à la mondialisation que connaît la littérature, sont de moins en moins lus comme des écrivains japonais à part entière, c'est certainement avec Murakami Haruki que cette évolution s'avère la plus nette. Au Japon, mais aussi en Asie (Chine, Corée, Taïwan), aux États-Unis ou en Europe, cet écrivain est désormais perçu comme le représentant d'une contemporanéité qui neutralise les frontières.
Dès le début des années 1960, il se tourne vers la culture américaine : j’écoutais leur jazz, dit-il, leur rock, je regardais leur télévision et lisais leur roman. Murakami Haruki trouve les auteurs américains radicalement différents des auteurs japonais : ils offraient, poursuit-il, une petite fenêtre ouverte sur le mur de ma chambre, d’où je pouvais voir un paysage étranger, un monde fantastique.
Il apprend l’anglais pour lire Francis Scott Fitzgerald et Truman Capote dans le texte et entre à l’université de Tokyo en section cinéma. De ses maîtres américains, il confiera plus tard s’être efforcé d’apprendre de Fitzgerald sa capacité à décrire des sentiments qui toucheront l’âme des lecteurs, de Capote, l’élégance et la précision extrême du style et de Carver, la spontanéité stoïque, et l’humour caractéristique.
Une langue et une écriture toujours renouvelées

Refusant le conformisme de la société japonaise, il cherche son indépendance qu’il trouve en se mariant en 1971 et en ouvrant un club de jazz 1974. Ce n’est que tardivement qu’il comprend, comme une révélation soudaine, que l’écriture – qu’il pratique déjà mais sans grand succès – lui est indispensable.
Écrire, coûte que coûte, rien que pour lui-même. Mais la langue japonaise ne lui paraissant pas adaptée à son univers personnel, et faute de maîtriser suffisamment la langue anglaise, il se met alors à réinventer sa langue maternelle, à innover en simplifiant les phrases, à raconter avec des mots différents des autres écrivains nippons.
Ce qui lui vaut, en 1979, le prix Gunzô des nouveaux auteurs pour son premier roman Écoute la chanson du vent. Il publie ensuite le Flipper de l'an 1973 1980 et la Course au mouton sauvage 1982 qui forment avec son premier roman ce que l’on appelle aujourd’hui la "trilogie du rat".
Son succès ne se dément pas, mais l’écriture romanesque étant prenante, Murakami n’hésite pas à faire une pause entre deux romans, en écrivant notamment de nombreuses nouvelles, des essais, des traductions, Capote, Carver, Irving ou en voyageant. Après avoir écrit un roman, je me repose ensuite un moment, puis quand j’ai repris mon souffle, il me vient l’envie d’écrire des nouvelles.
Quand j’en ai fini avec les nouvelles, j’entre de nouveau dans une période durant laquelle je n’ai rien envie de faire, durant cette période, je travaille principalement sur des traductions. Dans ce sens, la traduction remplit chez moi le rôle d’une certaine forme de réhabilitation littéraire, à la suite de quoi l’envie d’écrire un roman revient de plus belle.
Publiées dans des journaux et dans des recueils, les nouvelles de Murakami, à travers lesquelles il expérimente de nombreuses techniques narratives, témoignent d’une écriture plus juste et spontanée que ses romans. Essentielles dans son œuvre, elles s’enchâssent dans les trames de ses romans ou servent de brouillon ou de point de départ à des récits plus longs.

Influences

L'une des influences essentielles sur son œuvre remonte à cette période : à savoir celle des États-Unis, de leur musique, de leur cinéma, de leur littérature.
Murakami ouvre un café jazz en 1974, alors qu'il est encore étudiant. Les références musicales – au jazz, mais aussi à la musique classique, au pop ou au rock – sont d'ailleurs omniprésentes dans son œuvre.
Si son amour du cinéma l'amène à consacrer en 1975 son mémoire de fin d'études à La pensée du voyage dans le cinéma américain, l'influence du septième art sur son œuvre se lit à travers l'importance qu'il accorde à la dimension visuelle dans l'organisation de ses romans : c'est ainsi que son roman After Dark, 2004 trad. franç.
Le Passage de la nuit a en partie pour cadre un hôtel dénommé Alphaville ...
Enfin, la littérature américaine est omniprésente chez lui : non seulement il a reconnu l'influence de Kurt Vonnegut Jr, Richard Brautigan ou Raymond Chandler, mais il est aujourd'hui l'un des plus célèbres traducteurs au Japon d'écrivains américains tels que Francis Scott Fitzgerald, Tim O'Brien, Truman Capote ou J.D. Salinger. Il a également traduit et édité les œuvres complètes de Raymond Carver.

Les mondes parallèles

Les débuts littéraires de Murakami remontent à 1979, avec la parution de Kaze no uta o kike, Écoute le chant du vent, roman d'une jeunesse désabusée emportée par le temps. Suivent deux autres titres, 1973 nen no pinbōru, Le Flipper de 1973 en 1980, et Hitsuji o meguru bōken, trad. franç. La Course au mouton sauvage en 1982. Ces trois romans forment ce que la critique appelle La trilogie du Rat, du nom de l'un des protagonistes, ami du narrateur.
L'univers de Murakami se dessine nettement dès ces premiers textes, avec ses thèmes de prédilection, dont le sentiment de la perte, et l'idée que ses personnages se définissent par ce qu'ils perdent bien plus que par ce qu'ils gagnent. Pour autant, ils ne se révoltent pas contre leur sort, mais attendent, résignés, que le temps apporte des solutions ou une consolation.

En 1980, Murakami prend la décision de vivre de sa plume et cède son café-bar. La décennie voit sa renommée confirmée, avec la publication en 1985 de l'une de ses œuvres les plus importantes, Sekai no owari to hādo boirudo wandārando, trad. franç. sous le titre La Fin des temps.
Cet ambitieux roman repose sur un dispositif d'écriture complexe mettant en place deux mondes parallèles, auxquels les chapitres sont consacrés alternativement : la jonction des deux mondes s'opère lorsque les deux récits se croisent.
Les deux narrateurs, héros de chacun des mondes, s'identifient alors l'un à l'autre à l'instant même de leur disparition. Par la suite, un événement éditorial majeur crée en 1987 un véritable phénomène Murakami, tant sociologique que culturel : il s'agit de la publication de Noruwē no mori, trad. franç. sous le titre La Ballade de l'impossible, qui atteint des records de vente. Pour toute une génération, ce roman joua le rôle de requiem pour sa jeunesse passée.

Une œuvre ambitieuse

En 1985, Murakami Haruki publie l’ambitieux roman de science-fiction, cérébral et poétique, la Fin des temps, 1985, prix Junichirô-Tanizaki, basé sur une nouvelle écrite en 1973 la Ville et ses murs incertains. Il sort de cette expérience épuisé – peut-être, avoue-t-il, parce que j’avais l’impression d’écrire en ayant placé la barre une fois et demi au-dessus du maximum de mes capacités ». Il se remet alors aux nouvelles L’éléphant s’évapore, 1984 et aux traductions.
En 1986, il part pour l’Europe Mykonos, Rome, désireux de créer selon ses propres mots un nouvel influx.
Il y rédige la Ballade de l'impossible 1987, roman de formation, réaliste à sa façon, nombre de critiques dénoncent sa conception du réalisme.
Il entend alors cimenter par des mensonges intégraux et continus ce qu’on nomme le réalisme. En faisant prendre un tournant supplémentaire à ce réalisme usé jusqu’à la corde et sur-maculé de traces de doigts, il voulait essayer à sa façon de le faire renaître.
Le roman se vend à plusieurs millions d'exemplaires. Dans la foulée, Murakami publie Danse, danse, danse 1988, mais bientôt dépassé par ce succès bien qu’il vive loin du Japon, il sombre dans une dépression qui l’empêche d’écrire : Je ne parvenais même plus à tenir un journal, et j’étais devenu complètement vide.
La maturité littéraire

La publication du recueil TV people 1990 est une renaissance littéraire. De retour au Japon, le romancier publie abondamment – des nouvelles, des carnets de voyages, des traductions –, mais étouffé par la société nippone il profite d’une invitation à l’université de Princeton pour quitter son pays, trop arrogant, et s’installer, en 1991, aux États-Unis où il demeure jusqu’en 1995.
En 1992, paraît Au sud de la frontière, À l'ouest du soleil, un roman d’amour, s’inspirant des contes de la période d’Edo : J’ai voulu présenter ce monde romanesque de frontière indistincte entre conscient et inconscient, éveil et songe en tant que récit contemporain.
Ce roman est constitué de chutes d’un roman total, un grand roman de synthèse, prévu en deux tomes, mais prolongé par un troisième volet qu’il rédige alors et qu’il publiera en tomes en 1994-1995 sous le titre Chroniques de l'oiseau à ressort.
Le retour aux sources

En 1995, le tremblement de terre de Kobe et l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo le rappellent au Japon. L’attentat lui inspire un recueil de témoignages des victimes, Underground, 1997-1998, le séisme un recueil de nouvelles, Après le tremblement de terre, 2000. En 1999, il publie les Amants du Spoutnik ; en 2002, Kafka sur le rivage, une fable initiatique ; en 2004, le Passage de la nuit ; en 2009, 1Q84, en référence à 1984 de George Orwell, vendu à un million d’exemplaires à peine un mois après sa parution. Dans la plupart de ces ouvrages, derrière une plume mélancolique, le fantastique, le loufoque se mêlent au réalisme et le narrateur fait pénétrer le lecteur dans le quotidien et les états d’âme de personnages banals, s’interrogeant sur la vacuité de leurs existences. En filigrane, Murakami esquisse une critique des dérives de la société, japonaise et mondiale, dans laquelle l’individu peine à trouver sa place.
Murakami Haruki, écrivain libre et peu enclin à l’exégèse de ses œuvres, a obtenu de nombreux prix littéraires et reçu en 2009 le prix Jérusalem pour la liberté de l’individu dans la société. Certains de ses textes, notamment ses nouvelles, ont été adaptés au cinéma (Norwegian Wood, par Anh Hung Tran, 2010) et au théâtre (Après le tremblement de terre, Kafka sur le rivage.
Il a également écrit une œuvre autobiographique, Autoportrait de l'auteur en coureur de fond 2007.

Un écrivain planétaire ?

Dès lors, tous les romans de Murakami connaissent des ventes impressionnantes.
Les thèmes de prédilection de l'auteur s'enrichissent avec l'importance croissante prise par le thème du mal, incarné par des figures menaçantes que le narrateur, presque malgré lui, devra affronter. Le héros est alors confronté à sa propre histoire, comme dans Umibe no Kafuka, 2002, trad. franç Kafka sur le rivage, mais aussi au passé récent du Japon comme dans Nejimakidori Kuronikuru, 1992-1994, trad. franç. Chroniques de l'oiseau à ressorts.
Cette évolution vers une forme d'engagement explique également que Murakami ait publié en 1997 Underground, recueil d'entretiens avec les victimes de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tōkyō, auquel fait écho l'année suivante un autre recueil d'entretiens avec d'anciens membres de la secte Aum, responsable de ce carnage.

La production littéraire de Murakami se signale par sa diversité : nouvelles, dont il est l'un des meilleurs spécialistes, essais, récits de voyage... Fiction et non-fiction, en ce sens, se font écho.
Et sans doute parce que ses caractéristiques, emblématiques d'une modernité urbaine, répondent à un modèle aujourd'hui universel, son œuvre a rencontré ses lecteurs bien au-delà du Japon.

Œuvre

Le fantastique

Les écrits de Murakami sont volontiers du domaine du fantastique, mettant en scène l'entrée de l'étrange dans une vie banale. Le point culminant de cette vision fantastique est sans doute 1Q84, dans lequel les personnages principaux sortent du « monde réel » de l'année 1984 pour entrer dans une réalité déformée de l'année 1Q84, où se mélangent l'étrange et le rêve.

La musique

Les œuvres musicales ont une très grande place dans l’œuvre de Murakami. L'auteur était lui-même un passionné de jazz, et tenait un club dans Tokyo, dont il parle dans Underground et dans Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. Dans ce dernier ouvrage, il évoque également sa collection de disques et son goût pour le rock. Dans 1Q84, l'entrée dans la réalité déformée se fait au son de la Sinfonietta de Leoš Janáček, qui revient tout au long de la trilogie. Dans Le Sans Couleur Tasaki Tsukuru et ses années de pèlerinage, c'est l'œuvre pour piano Années de pèlerinage de Franz Liszt qui accompagne le voyage intérieur du personnages principal.

La lecture

Une grande partie des personnages de Murakami, sans pour autant être des lecteurs acharnés, alimentent leurs réflexions d'œuvres qu'ils ont lues ou sont en train de lire, ce qui permet une mise en abîme de la construction romanesque. Ainsi, dans la nouvelle Sommeil, l'héroïne lit Anna Karénine de Léon Tolstoï pendant ses insomnies. Dans 1Q84, Aomamé réfléchit sur Tchekhov et le rôle de l'objet, puis lit À la recherche du temps perdu de Marcel Proust à partir de Livre 2, ce qui l'amène à réfléchir sur le temps.

Liste des œuvres

Romans
Titre français Titre d'origine Date de publication Date de publication en français Éditeur français Prix et distinction
Écoute la voix du vent Kaze no uta o kike / 風の歌を聴け 1979 Jamais paru en français Prix Gunzō
Le Flipper de 1973 Sen-kyū-hyaku-nana-jū-san-nen no pinbōru / 1973年のピンボール 1980 Jamais paru en français
La Course au mouton sauvage Hitsuji o meguru bōken / 羊をめぐる冒険 1982 1990 Le Seuil Prix Nomā pour la traduction française de Patrick De Vos
La Fin des temps Sekai no owari to hādo-boirudo wandārando / 世界の終わりとハードボイルド・ワンダーランド 1985 1992 Le Seuil Prix Tanizaki
La Ballade de l'impossible Noruwei no mori / ノルウェイの森 1987 2007 Belfond Prix Yomiuri
Danse, danse, danse Dansu dansu dansu / ダンス・ダンス・ダンス 1988 1995 Le Seuil
Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil Kokkyō no minami, taiyō no nishi / 国境の南、太陽の西 1992 2002 Belfond
Chroniques de l'oiseau à ressort Nejimaki-dori kuronikuru / ねじまき鳥クロニクル 1995 2001 Le Seuil (puis rééd. par Belfond en 2012)
Les Amants du Spoutnik Supūtoniku no koibito / スプートニクの恋人 1999 2003 Belfond
Kafka sur le rivage Umibe no Kafuka / 海辺のカフカ 2002 2006 Belfond Prix World Fantasy 2006
Le Passage de la nuit Afutā dāku / アフターダーク 2004 2007 Belfond
1Q84 - Tome I & II Ichi-kyū-hachi-yon / いちきゅうはちよん 2009 2011 Belfond
1Q84 - Tome III Ichi-kyū-hachi-yon / いちきゅうはちよん 2010 2012 Belfond
Le sans couleur Tasaki Tsukuru et son année de pèlerinage Shikisai wo motanai Tasaki Tsukuru to, Kare no Junrei no Toshi / 色彩を持たない多崎つくると、彼の巡礼の年 2013 Automne 2014 Belfond

Nouvelles

Recueils de nouvelles
Les nouvelles de Haruki Murakami, d'abord publiées dans diverses revues, ont ensuité été rassemblées (et parfois remaniées) au fil de trois volumes au Japon, de même contenu en français :
1991. L'éléphant s'évapore (1998, Seuil ; 2008, Belfond) – 17 nouvelles (1980-1991)
2000. Après le tremblement de terre (en) (2002, 10/18) – 6 nouvelles (1999-2000)
2006. Saules aveugles, femme endormie (en) (2008, Belfond) – 24 nouvelles (1980-2005)
D'autres titres listés dans les bibliographies ne sont pas des inédits mais des tirés-à-part ou des tirages limités (antérieurs ou ultérieurs aux recueils ci-dessus) de certaines nouvelles.
En japonais :
2005. Tōkyō kitanshū [Les Mystères de Tōkyō] – 5 nouvelles reprises dans Saules aveugles
En français :
1996. Tony Takitani (1996, Belfond) – nouvelle tirée de Saules aveugles, femme endormie
2010. Sommeil (2010, Belfond, ill. Kat Menschik) – nouvelle tirée de L'éléphant s'évapore
Chronologie des nouvelles
Année Titre japonais Titre français Contenu dans le recueil
1980 Chūgoku-yuki no surou bōt / 中国行きのスロウ・ボート Un cargo pour la Chine L'éléphant s'évapore
Binbō na obasan no hanashi / 貧乏な叔母さんの話 L'histoire d'une pauvre tante Saules aveugles, femme endormie
1981 Nyū Yōku tankō no higeki / ニューヨーク炭鉱の悲劇 La tragédie de la mine de New-York
Supagetī no toshi ni / スパゲティーの年に L'année des spaghettis
Shigatsu no aru hareta asa ni 100-paasento no onna no ko ni deau koto ni tsuite / 四月のある晴れた朝に100パーセントの女の子に出会うことについて À propos de ma rencontre avec la fille cent pour cent parfaite par un beau matin d'avril L'éléphant s'évapore
Kaitsuburi / かいつぶり Le petit grèbe Saules aveugles, femme endormie
Kangarū-biyori / カンガルー日和 Le bon jour pour les kangourous
Kangarū tsūshin / カンガルー通信 Le communiqué du kangourou L'éléphant s'évapore
1982 Gogo no saigo no shibafu / 午後の最後の芝生 La dernière pelouse de l'après-midi
1983 Kagami / 鏡 Le miroir Saules aveugles, femme endormie
Tongari-yaki no seisui / とんがり焼の盛衰 Les vicissitudes des piqu'crocks
Hotaru / 螢 La luciole
Naya wo yaku / 納屋を焼く Les granges brûlées L'éléphant s'évapore
1984 Yakyūjō / 野球場 Les crabes Saules aveugles, femme endormie
Ōto 1979 / 嘔吐1979 Nausée 1979
Hantingu naifu / ハンティング・ナイフ Le couteau de chasse
Odoru kobito / 踊る小人 Le nain qui danse L'éléphant s'évapore
1985 Rēdāhōzen / レーダーホーゼン Les Lederhosen
Panya saishūgeki / パン屋再襲撃 La seconde attaque de boulangerie
Zō no shōmetsu / 象の消滅 L'éléphant s'évapore
Famirī afea / ファミリー・アフェア Family Affair
1986 Rōma-teikoku no hōkai・1881-nen no Indian hōki・Hittorā no Pōrando shinnyū・soshite kyōfū sekai / ローマ帝国の崩壊・一八八一年のインディアン蜂起・ヒットラーのポーランド侵入・そして強風世界 La chute de l'Empire romain, la révolte indienne de 1881, l'invasion de la Pologne par Hitler, et le monde des vents violents
Nejimaki-dori to kayōbi no onnatachi / ねじまき鳥と火曜日の女たち L'oiseau à ressort et les femmes du mardi
1989 Nemuri / 眠り Sommeil
TV pīpuru no gyakushū / TVピープルの逆襲 TV People
Hikōki-arui wa kare wa ika ni shite shi wo yomu yō ni hitorigoto wo itta ka / 飛行機―あるいは彼はいかにして詩を読むようにひとりごとを言ったか
"" L'avion ou Il se parlait à lui-même comme s'il lisait un poème Saules aveugles, femme endormie
Warera no jidai no fōkuroa-kōdo shihonshugi zenshi / 我らの時代のフォークロア―高度資本主義前史 Un récit folklorique de notre temps : la préhistoire du capitalisme à son stade ultime
1990 Tonī Takitani / トニー滝谷 Tony Takitani
1991 Chinmoku / 沈黙 Le silence L'éléphant s'évapore
Mado La fenêtre
Midori-iro no kemono / 緑色の獣 Le monstre vert
Kōri otoko / 氷男 L'homme de glace Saules aveugles, femme endormie
Hito-kui neko / 人喰い猫 Les chats mangeurs de chair humaine
1995 Mekurayanagi to, nemuru onna / めくらやなぎと、眠る女 Saules aveugles, femme endormie
1996 Nanabanme no otoko / 七番目の男 Le septième homme
1999 UFO ga Kushiro ni oriru / UFOが釧路に降りる Un OVNI a atterri à Kushiro Après le tremblement de terre
Airon no aru fūkei / アイロンのある風景 Paysage avec fer
Kami no kodomotachi wa mina odoru / 神の子どもたちはみな踊る Tous les enfants de Dieu savent danser
Tairando / タイランド Thaïlande
Kaeru-kun, Tōkyō wo sukuu / かえるくん、東京を救う Crapaudin sauve Tokyo
2000 Hachimitsu pai / 蜂蜜パイ Galette au miel
2002 Bāsudei gāru / バースデイ・ガール Le jour de ses vingt-ans Saules aveugles, femme endormie
2005 Gūzen no tabibito / 偶然の旅人 Hasard, hasard
Hanarei Bei / ハナレイ・ベイ La baie de Hanalei
Doko de are sore ga mitsukarisō na basho de / どこであれそれが見つかりそうな場所で Où le trouverai-je ?
Hibi idō suru jinzō no katachi wo shita ishi / 日々移動する腎臓のかたちをした石 La pierre-en-forme-de-rein qui se déplace chaque jour
Shinagawa saru / 品川猿 Le singe de Shinagawa

Essais et récits biographiques

Titre français Titre d'origine Date de publication Date de publication française Éditeur français
N/A Uten Enten / 雨天炎天 1990 Jamais paru en France
Portrait en Jazz Pōtoreito in jazu / ポ-トレイト・イン・ジャズ 1997 Jamais paru en France
Underground Andāguraundo / アンダーグラウンド 1997–1998 2013 Belfond
Portrait en jazz 2 Pōtoreito in jazu 2 / ポ-トレイト・イン・ジャズ 2 2001 Jamais paru en France
Autoportrait de l'auteur en coureur de fond Hashiru koto ni tsuite kataru toki ni boku no kataru koto / 走ることについて語るときに僕の語ること 2007 2009 Belfond
N/A 意味がなければスイングはない 2008 Jamais paru en France

Adaptation

2004 : Tony Takitani réalisé par Jun Ichikawa
2011 : La Ballade de l'impossible (Norwegian Wood) réalisé par Trần Anh Hùng

Prix et récompenses

Haruki Murakami a reçu le titre de docteur honoris causa de l'Université de Liège le 18 septembre 2007, puis de l'Université de Princeton en 2008.
Il reçoit en 2006, le prix Kafka2.
Il a reçu, le 15 février 2009, le prix Jérusalem pour la liberté de l'individu dans la société3,4.
Il a été pressenti à plusieurs reprises comme un possible lauréat du prix Nobel de littérature5,6.

Liens

http://youtu.be/DoQoB1etl6U extrait de la ballade de l'impossible
http://youtu.be/eekLtFR08x4 Irene Jacob lit 2 histoires Murakami


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Posté le : 12/01/2014 11:46
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Re: Pierre Seghers
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Bonjour,

J'ai trouvé cet article très bien documenté et intéressant.

Très cordialement

Christiane

Posté le : 11/01/2014 20:47
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Jack London
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Le 12 janvier 1876 à San Francisco, naît Jack London, né John Griffith Chaney

et mort le 22 novembre 1916 à Glen Ellen, Californie, est un écrivain américain dont les thèmes de prédilection sont l'aventure et la nature sauvage.
Il n'est guère de destin posthume plus insolite que celui de l'œuvre déconcertante de Jack London, qui se proclamait l'écrivain le plus célèbre et le mieux payé de son temps. Les pays socialistes admirent encore le défenseur du peuple ; ailleurs on ne se souvient que du bestiaire prodigieux qu'il inventa et du secret plaisir que peut éveiller à douze ans la lecture de récits où le sang coule en abondance. Tout aussi déroutante, sa vie brève et mouvementée est à l'image d'une Amérique en pleine mutation au seuil du XXe siècle, où la classe ouvrière mène des combats d'une violence sans précédent.
Très tôt, il s'engage dans la lutte contre une société dont il incarne cependant toutes les contradictions. Enfant gâté d'un public qu'épouvantent ses appels enflammés à la révolution, enfant terrible du Parti socialiste qu'afflige l'incohérence têtue de ses propos, il demeura insensible à toute critique, obstiné à la poursuite de ses chimères, et finalement incapable de résoudre ses conflits autrement que par le suicide.
Il a écrit L'Appel de la forêt et plus de cinquante autres nouvelles et romans connus. Il tire aussi de ses lectures et de sa propre vie de misère l’inspiration pour de nombreux ouvrages très engagés et à coloration socialiste, bien que cet aspect-là de son œuvre soit généralement négligé. Il fut l'un des premiers Américains à faire fortune dans la littérature.

Enfance

La vie mélodramatique de John Griffith dit Jack London débute à San Francisco. Fils naturel d'un astrologue itinérant qu'il ne parviendra pas à connaître et d'une spirite impénitente qui veut se suicider avant sa naissance, il reçoit le nom de son beau-père, London. Jamais il n'oubliera sa bâtardise, et une enfance misérable qui le conduit à l'usine dès l'âge de treize ans. Son éducation formelle se limitera à des études primaires, suivies tardivement d'une année de lycée et d'un semestre à l'université de Berkeley.
Jack London est né le 12 janvier 1876 à San Francisco, en Californie, aux États-Unis. La maison dans laquelle il est né, au numéro 615 Third Street, fut détruite lors du séisme de 1906. Une plaque y a été posée en 1953 par la société historique de Californie, California Historical Society.
La mère de Jack est Flora Wellman. De nombreux biographes, dont Clarice Stasz, qui a écrit la plus célèbre et la plus documentée des biographies sur Jack London écrivent que le père probable de Jack aurait été l'astrologue William Chaney. Cependant, on ne peut pas l'affirmer car le séisme de 1906 à San Francisco a détruit la plupart des registres de la ville. William Chaney aurait abandonné Flora quelques mois avant qu'elle n'accouche. Il la chassa du domicile avant de partir, car elle refusait l’avortement. Flora tenta alors de se suicider deux fois.
En raison d'une grave maladie suivant l'accouchement, Flora ne put pas s'occuper de son fils. Une ancienne esclave du nom de Virginia Alenzo Prentiss devint la nourrice de l'enfant, et peu à peu, la figure de la mère pour John Chaney.
Flora épouse, le 7 septembre 1876 un ancien combattant de la guerre de Sécession devenu veuf, John London, que tout le monde surnomme Jack. John Chaney adopte le nom de famille de son beau-père, ainsi que son surnom ; dès lors, il porte le nom de Jack London.

John London avait eu deux filles issues de son premier mariage. Le 19 février 1877, date de leur arrivée à la maison de San Francisco, Ida et Eliza sortent de l'orphelinat et sont ramenées à la nouvelle maison. Un an plus tard, Jack et Eliza souffrent de la diphtérie : la famille décide alors de déménager dans la baie de San Francisco, à Oakland pour échapper à l’épidémie.
Mais en 1881, la famille quitte à nouveau sa maison pour s'installer dans une ferme à Alameda. John devient agriculteur ; Flora, professeur de musique. Même si la famille appartient à la classe dite laborieuse, elle n'est pas aussi pauvre que Jack London l'affirme plus tard dans certains de ses écrits12. Jack intègre alors la West End Elementary School d'Alameda.
En 1883, la famille emménage à nouveau dans une ferme, dans le comté de San Mateo.
Finalement, en 1885 John London achète une ferme dans la vallée du Livermore. C'est à partir de ce moment-là que la vie de Jack commence à changer de rythme.

Jeunesse

Il vit une enfance misérable et commence une vie d'errance à quinze ans. Il exerce ensuite de nombreux métiers pour survivre : balayeur de jardins publics, menuisier, agriculteur, éleveur de poulets, chasseur de phoques jusqu'au Japon et en Sibérie, pilleur d’huîtres, patrouilleur maritime, blanchisseur, chercheur d'or au Klondike.

Très tôt, l'humiliation d'être pauvre éveille en lui cette frénésie de réussite, credo de la société qu'il dénonce : il lira tous les livres et parcourra le monde. À vingt-deux ans, il décide de devenir écrivain, comme il s'était improvisé chasseur de phoques au Japon, chemineau sur les routes du Canada et des États-Unis, chercheur d'or en Alaska. Il a découvert le marxisme, l'évolutionnisme et la philosophie allemande, il a adhéré au Parti socialiste qu'il représente deux fois comme candidat malheureux à la mairie d'Oakland. Il connaît des débuts difficiles, mais, au retour d'un bref voyage en Europe, le triomphe de The Call of the Wild, L'Appel de la forêt, 1903 inaugure une suite de romans à succès et de brillants reportages, guerre russo-japonaise, révolution mexicaine, que soulignent les scandales déchaînés par son divorce et son remariage, ses conférences révolutionnaires dans les universités et ses prodigalités extravagantes. Durant ces années de notoriété, il reprend ses vagabondages, où l'entraîne une quête inlassable d'un paradis perdu. Le dernier mirage le ramène en Californie, où il entreprend d'établir une communauté utopique et féodale qui démontrera au monde les vertus du retour à la terre. L'incendie qui détruit la somptueuse maison du Loup à la veille de son achèvement aura raison de son énergie, déjà entamée par l'indifférence croissante de ses éditeurs. Quelques mois avant sa mort, il rompt avec le Parti socialiste et, après une dernière croisière à Hawaii, il se suicide dans son ranch californien de Glen Ellen.

Les débuts

À l'automne 1894, il quitte sa vie de vagabond et retourne à Oakland pour intégrer le lycée d'Oakland en 1895. Il souhaite étudier les œuvres de Karl Marx et d'Herbert Spencer. Il écrit un certain nombre d'articles dans le journal du lycée The Aegis. Son premier récit socialiste est publié en mars 1895. Il participe aussi aux débats du Henry Clay Club, où il rencontre Edward Appelgarth et sa sœur Mabel. Il tombe amoureux de Mabel, et elle lui inspire le personnage de Ruth Morse dans son roman Martin Eden.

En 1896, il s'inscrit à l'université d'Alameda, où il vient à bout du programme de deux ans en quatre mois. Il rejoint alors la section socialiste d'Oakland du Socialist Labor Party. En militant dans les rues, il se fait arrêter, puis condamner à un mois de prison pour agitation. En septembre, il est admis à l'université de Berkeley mais il doit abandonner quelques mois plus tard, en 1897, n'ayant plus assez d'argent pour payer ses études. Le biographe Kingman indique qu'il n'a rien publié pendant sa dernière année d'étude. Il publie par la suite une brève autobiographie, Ce que la vie signifie pour moi en 1906, retraçant le chemin qui l'avait conduit à devenir socialiste.

La mise en œuvre

Jack London ne cessera d'afficher une conception mercantile de son métier et de s'imposer un travail forcé qui produira plus de quarante volumes à la cadence de mille mots par jour. Il n'en est pas moins un maître de l'imaginaire, et peut-être le seul écrivain du prolétariat, pour le citer de la littérature américaine. Son expérience désordonnée revit au fil d'une œuvre inégale, dominée par la double exigence de décrire l'horreur d'une condition dont il veut libérer l'homme et de satisfaire un désir de fuite qui lui commande d'y échapper. Plus que dans ses essais et les articles qu'il donne à la presse socialiste, il impose la force de ses convictions dans The People of the Abyss, Le Peuple des abîmes, 1903, témoignage impitoyable sur les quartiers pauvres de Londres, et surtout dans The Iron Heel, Le Talon de fer, 1908, chef-d'œuvre de la science-fiction politique où, avec une lucidité saisissante, il anticipe la terreur nazie. Mais son capital le plus fructueux reste ses nombreux romans et nouvelles de l'Alaska ou de la mer, comme White Fang, Croc-Blanc, 1906, Love of Life and Other Stories, Amour de la vie, 1907, et The Sea Wolf, Le Loup des mers, 1904, dont plusieurs seront portés à l'écran. À partir de 1910, il tente de reconquérir la faveur d'un public qui lui échappe. Il écrit sans succès pour le théâtre et le cinéma naissant ; ses intérêts du moment pour l'agriculture, puis la psychanalyse, lui inspirent ses derniers romans, tous voués à l'échec, sauf John Barleycorn, Le Cabaret de la dernière chance, 1913, confession pathétique de sa lutte contre l'alcool. Ironiquement, c'est à son amour pour les animaux qu'il devra, après sa mort, l'ultime gloire de lancer une croisade contre le dressage des chiens savants lors de la publication de Michael, Brother of Jerry, Michael, chien de cirque en 1917.

La découverte des livres

Autodidacte, Jack a fait son éducation par les livres. En 1885, à l'âge de neuf ans, il découvrit les Contes de l'Alhambra de Washington Irving, et le livre Signa de la romancière anglaise Ouida, racontant l'histoire d'un enfant de ferme italien sans éducation qui devient un célèbre compositeur d'opéra. Il cita ce livre comme la source de son aspiration future à la littérature.
Un tournant majeur dans sa vie arrive en 1886, lorsque la famille revient enfin à Oakland. Il y découvre la bibliothèque publique de la ville, où il fait la connaissance d'Ina Coolbrith, la bibliothécaire. Cette dernière obtient le titre de première poétesse de Californie et devient un personnage important dans le monde littéraire de San Francisco. Elle le guide dans ses nombreuses lectures.
Alors qu'il se passionne pour la lecture, il ressent une attirance de même mesure pour la mer, lorsque son père l'emmène naviguer sur la baie de San Francisco. Il se met alors à travailler et collectionne les petits boulots pour acheter un esquif.
En 1887, il entre dans l'Oakland Cole Grammar School. Il continue de travailler, et réussit à se payer un skiff à soixante dollars avec lequel il entre en compétition l'année d'après, en 1888.

Le travail ou la vie vagabonde

En 1890, après que son père fut blessé par un train alors qu'il travaillait sur la voie de chemin de fer, Jack se fait engager à la conserverie de saumon Hickmott, où il s'épuise entre douze et dix-huit heures par jour, à dix cents de l’heure. Il devient peu à peu avide de liberté, un thème qu’il aborde plus tard dans ses nouvelles et ses romans. Il se servit également de son expérience ouvrière, qui débute ici, pour son œuvre.

Pour échapper à ce travail épuisant, il décide, en 1891, d'emprunter de l'argent à sa nourrice Virginia Prentiss, et d'acheter le sloop Razzle-Dazzle au pilleur d'huîtres French Frank. Il devient lui-même un pilleur d'huîtres. Dans son autobiographie John Barleycorn, il laisse même entendre qu'il a séduit Mamie, la maîtresse de French Frank.
La légende le nomme Prince des pilleurs d'huîtres. Il gagne sa vie la nuit, et devient un gros buveur, fréquentant le cabaret de Johnny Heinold : le First and Last Chance Saloon. Ces périodes d'alcoolisme sont racontées dans son roman John Barleycorn. Cependant, quelques mois plus tard, en 1892, son navire prend feu, puis coule. Il manque de mourir noyé.
Il se convertit alors et rejoint le côté de la loi. Il devient un membre de la California Fish Patrol, la patrouille de pêche de Californie pour attraper les braconniers de la baie de San Francisco.
En 1893, il s'engage sur la goélette Sophia Sutherland, pour chasser des phoques. Cette expérience l'amène jusqu'à la mer de Bering et au Japon. Son capitaine le nourrit d'histoires de mer, dont il s’est inspiré pour écrire ses romans.
Lorsqu'il rentre en août, il trouve sa famille ruinée. À la suite d'un emploi interminable dans une fabrique de jute, il se fait publier dans le quotidien San Francisco Morning Call après avoir gagné leur concours de rédaction en prose avec Typhoon off the coast of Japan, qui raconte une de ses expériences à bord du Sophia Sutherland.
Il change de travail pour aller pelleter du charbon dans une centrale électrique.
Jack London abandonne cet emploi, écœuré, lorsqu'il apprend qu’il remplace seul deux ouvriers, pour un salaire trois fois moindre, et qu’un des deux ouvriers qu’il remplace s'est suicidé.
Il trouve alors l'État de Californie dévasté par la panique de 1893 : l'Oakland est ruiné par la crise de l'emploi. Il ne retrouve pas de travail et rejoint l'armée de Kelly, une armée de cent mille chômeurs protestant contre le sous-emploi, et marchant vers Washington avec Jacob Coxey pour obtenir du président le lancement de travaux publics. Jack arrive ainsi à Washington, où il participe à la tragique manifestation du 1er mai 1894, et devient socialiste.
Mais à la fin du mois de mai, il quitte cette marche et erre dans les contrées américaines.
Il débute alors une carrière de vagabond. Ses expériences de hobo sont racontées dans son recueil de nouvelles La route The Road. À la fin de juin 1894, il est arrêté pour vagabondage et enfermé trente jours dans le pénitencier du comté d'Erié à Buffalo. Dans le recueil La route, il écrivit :
« La manière dont sont traités les hommes est tout simplement une des très moindres horreurs impubliables du pénitencier du comté d'Erié. Je dis 'impubliables' mais je devrais plutôt dire 'impensables'. Elles étaient impensables pour moi jusqu'à ce que je les voie, et pourtant je n'étais pas une poule mouillée ; je connaissais déjà les aléas du monde et les horribles abysses de la déchéance humaine. Il faudrait lâcher une boule de plomb très lourde pour qu'elle atteigne le fond de l'océan, soit le comté d'Erié, et je ne fais qu'effleurer légèrement et facétieusement la surface des choses telles que je les ai vues là-bas.

"Man-handling was merely one of the very minor unprintable horrors of the Erie County Pen. I say 'unprintable'; and in justice I must also say 'unthinkable'. They were unthinkable to me until I saw them, and I was no spring chicken in the ways of the world and the awful abysses of human degradation. It would take a deep plummet to reach bottom in the Erie County Pen, and I do but skim lightly and facetiously the surface of things as I there saw them."

La mise en œuvre

Jack London ne cessera d'afficher une conception mercantile de son métier et de s'imposer un travail forcé qui produira plus de quarante volumes à la cadence de mille mots par jour. Il n'en est pas moins un maître de l'imaginaire, et peut-être le seul écrivain du prolétariat, pour le citer de la littérature américaine. Son expérience désordonnée revit au fil d'une œuvre inégale, dominée par la double exigence de décrire l'horreur d'une condition dont il veut libérer l'homme et de satisfaire un désir de fuite qui lui commande d'y échapper. Plus que dans ses essais et les articles qu'il donne à la presse socialiste, il impose la force de ses convictions dans The People of the Abyss, Le Peuple des abîmes, 1903, témoignage impitoyable sur les quartiers pauvres de Londres, et surtout dans The Iron Heel, Le Talon de fer, 1908, chef-d'œuvre de la science-fiction politique où, avec une lucidité saisissante, il anticipe la terreur nazie. Mais son capital le plus fructueux reste ses nombreux romans et nouvelles de l'Alaska ou de la mer, comme White Fang, Croc-Blanc, 1906, Love of Life and Other Stories, Amour de la vie, 1907, et The Sea Wolf, Le Loup des mers, 1904, dont plusieurs seront portés à l'écran. À partir de 1910, il tente de reconquérir la faveur d'un public qui lui échappe.
Il écrit sans succès pour le théâtre et le cinéma naissant ; ses intérêts du moment pour l'agriculture, puis la psychanalyse, lui inspirent ses derniers romans, tous voués à l'échec, sauf John Barleycorn, Le Cabaret de la dernière chance, 1913, confession pathétique de sa lutte contre l'alcool. Ironiquement, c'est à son amour pour les animaux qu'il devra, après sa mort, l'ultime gloire de lancer une croisade contre le dressage des chiens savants lors de la publication de Michael, Brother of Jerry, Michael, chien de cirque en 1917.

Les métamorphoses de l'aventure

Artisan besogneux d'un langage dont il a retracé dans son roman autobiographique Martin Eden, 1909 la difficile conquête, London s'inscrit dans la grande tradition orale de l'Ouest par ses remarquables qualités de conteur. S'inspirant de Conrad et de Kipling qu'il admire, il se veut théoricien de l'exotisme, mais, dans ses plus belles pages, les modes de perception et d'interprétation du réel évoquent Thomas Wolfe ou Hemingway.

Narrateur prolifique, il livre à ses lecteurs une matière brute où l'apparente diversité du décor et des personnages hauts en couleur ne peut masquer l'impuissance à concevoir d'autre protagoniste que lui-même et la schématisation dérisoire des rapports humains. Seule lui importe la force d'impact de l'événement dans cette chronique de l'action où, de tous les affrontements, le plus éclatant est celui qui oppose l'homme ou la bête solitaires à la nature. S'établit alors toute une série de rapports entre l'animé et l'inanimé, qu'il donne à voir avec la minutie du technicien de la mer ou du Grand Nord, mais où chaque détail tisse un réseau d'images et de correspondances à références multiples ; cette économie de moyens contraste avec la grandiloquence pesante des discours explicatifs proliférants. C'est là que se révèle l'ambivalence fondamentale de cette œuvre qui est à la fois exaltation de la vie et fascination de la mort. Par-delà les histoires qu'il raconte, s'élabore une autre histoire, surgie d'un lieu hors du temps et de l'espace, lieu incertain où se déploie une vaste allégorie de la peur, de la faim et de la cruauté, lieu symbolique du manque absolu dont la représentation la plus adéquate est le désert blanc de l'Alaska, point de rencontre privilégié de ses errances et de ses obsessions.

Cependant, une des fonctions essentielles de l'Aventure est aussi de dramatiser la réflexion scientifique et philosophique et d'assurer l'étroite fusion du narratif et de l'idéologie. Plus visionnaire que polémiste, London s'abandonne aux excès d'un didactisme terroriste, irritant par ses naïvetés puériles, irrésistible par sa ferveur inquiète. Mais sa pensée, toujours subjective, reflète l'incohérence de choix passionnels qu'il prend pour la synthèse de ses lectures enthousiastes d'autodidacte. Avec la même sincérité et la même ardeur, il dénonce l'impérialisme anglo-saxon, et les menaces du péril jaune, se fait le champion des opprimés et le chantre de la bête blonde aux yeux bleus, soutient successivement les insurgés de Mexico et l'intervention américaine. Bien qu'il ait refuté, dans un des essais de War of the Classes. La Guerre des classes, des théories qui feront la fortune de ses récits populaires, il cède insensiblement à l'envoûtement de sa propre rhétorique. Autour du thème central de la lutte pour la vie s'organise un univers primitif et baroque où s'enchevêtrent contes et légendes darwiniens, fables nietzschéennes et paraboles marxistes, où il finit par identifier le révolutionnaire au surhomme et le socialisme à une doctrine visant à assurer la domination des races supérieures.

J'ai toujours été un extrémiste. C'est ainsi que London se définit ; il est en effet l'homme de toutes les générosités et de tous les aveuglements, extrême dans ses enthousiasmes et son pessimisme, épris de sa force, acharné à se perdre, soucieux avant tout de rester fidèle au personnage qu'il s'est choisi. De l'enfance qu'il dit n'avoir jamais connue, il ressuscite l'angoisse et les fantasmes de toute-puissance ; sa mythologie personnelle signifie la nécessité du courage face à un monde corrupteur et corrompu, où l'artiste perverti et l'homme désabusé qu'il est devenu apparaît comme le héros d'une tragédie américaine exemplaire.

La ruée vers l'or et la course au succès

Le 7 juillet 1897, le vapeur Excelsior en provenance du port de Saint-Michael en Alaska arrive dans la baie de San Francisco avec dans ses cales une tonne d'or et 15 prospecteurs qui confient avoir découvert au Klondike beaucoup d'or, un véritable Eldorado.
Le 25 juillet 1897, Jack embarque à bord du SS Umatilla à destination du Grand Nord, accompagné de son beau-frère âgé de 60 ans qui a hypothéqué sa maison pour financer leur expédition. Ils ont chacun une tonne de vivre pour tenir une année, mais le beau-frère quitte l'aventure au bout de quelques semaines découragé par le redoutable col de la Chilkoot Pass.
Arrivé à Whitehorse, Jack finalement ne prospecte presque pas, il passe beaucoup de temps dans les saloons et les cabarets où les prospecteurs racontent leurs histoires. Atteint du scorbut, il est rapatrié par le fleuve Yukon qu'il descend sur un millier de kilomètres pour rejoindre la mer où il embarque en juin 1898 pour San Francisco.
Au Klondike, il n'a pas trouvé d'or mais de la matière littéraire. En janvier 1899, le magazine The Overland Monthly publie sa première nouvelle À l'homme sur la piste, une histoire du Klondike. Il continue d’écrire et obtient une reconnaissance avec Le fils du loup mais le véritable succès arrive avec L'Appel de la forêt en 1903. À noter que L'Appel de la forêt est la traduction originale mais controversée, datant de 1906, du titre The Call of the Wild. Cette première traduction, par la comtesse de Galard, est parfois reprise et remplaçée, dans certains ouvrages, par L'Appel sauvage.

Les voyages et les publications

Il devient correspondant de presse mais son engagement politique lui vaut des ennuis, il est expulsé de Corée.
Il entame un tour du monde à bord de son navire le Snark mais, en Australie, il doit être soigné et rentre finalement en Californie. Il continue à voyager, Hawaii, le cap Horn et à militer jusqu'à sa rupture avec le Socialist Labor Party en 1901 pour rejoindre le Parti socialiste d'Amérique.
En 1903, il voyage en Europe, puis couvre la guerre des Boers pour le groupe Hearst, avant de couvrir la guerre russo-japonaise de 1904-1905 dans un reportage empreint de préjugés racistes sur les Coréens, mais qui marque son étonnement face au caractère industrialisé de la guerre moderne.
En 1907, il publie un roman sur sa traversée des États-Unis à la suite du général Coxey, Les Vagabonds du rail.

Mariages

London épousa Elizabeth "Bessie" Maddern le 7 avril 1900, le jour même où son roman Le Fils du loup est publié. Bess faisait partie de son cercle d'amis depuis un certain nombre d'années. Stasz disait :
"Ils ont tous deux reconnu publiquement qu'ils ne se mariaient pas par amour, mais par amitié et la conviction qu'ils produiraient des enfants vigoureux."
Kingman, lui, disait: "Ils étaient bien ensemble… Jack avait clairement dit à Bessie qu'il ne l'aimait pas, mais qu'elle lui plaisait assez pour faire un mariage réussi.Ils auront ensemble deux filles : Joan, née en 1901, et Bess en 1902. Le divorce est prononcé en 1905, peu avant son remariage.
Second mariage en 1905 - jusqu'à son décès :
London épouse en secondes noces Charmian Kittredge, à Chicago, le 19 novembre 1905.

Le Bohemian Club

Le 18 août 1904, London se rend, avec son ami proche, le poète George Sterling, au Summer High Jinks organisé par le Bohemian Club au Bohemian Grove, situé à quelques miles du Ranch. London a été élu membre honoraire du Bohemian Club et a participé à de nombreuses activités. Les autres membres du Bohemian Club étaient alors : Ambrose Bierce, John Muir, Gelett Burgess et Frank Norris.

Liens avec le socialisme

Ses expériences ouvrières et ses lectures lui ont donné une orientation politique socialiste, classé alors à l’extrême-gauche. Il adhère au Socialist Labor Party en avril 1896. Sa conception matérialiste de l'histoire exprimée dans Le Talon de fer en fait un véritable visionnaire : dans ce roman il décrit une révolution de type socialiste, qu'il situe aux États-Unis, et sa répression pendant trois cents ans par une société de type fasciste, bien avant son avènement, où la dictature s’allie aux capitalistes arrivés au dernier stade possible de leur évolution5.
Il se présente aux élections municipales d’Oakland en 1905, soutient de ses dons en argent et en écrits plusieurs journaux socialistes, se lie avec Eugene Victor Debs la nouvelle Le Rêve de Debs porte son nom.
Dès le début de la révolution mexicaine, il soutient la cause des insurgés. Les textes qu’il publie en leur faveur sont regroupés dans le recueil Avec vous pour la révolution.
En mars 1916, il démissionne du Socialist Labor Party, lui reprochant d'abandonner la doctrine révolutionnaire pour se tourner vers la réforme sociale négociée.

Mort

Il meurt le 22 novembre 1916 des suites d'un empoisonnement du sang causé par une urémie, maladie dont il souffrait depuis son voyage dans le Pacifique. Au moment de sa mort, il était également atteint de dysenterie, et était rongé par son alcoolisme. Certains ont répandu la rumeur que Jack s'était suicidé, mais un de ses docteurs, Alan Thompson, présent lors de sa mort, confirma la thèse de l'empoisonnement.

Le sujet du suicide avait déjà été évoqué dans un de ses romans intitulé Martin Eden, où son héros se suicide. Dans la biographie réalisée par l'écrivain, poète et chanteur Yves Simon, consacrée à cet auteur et intitulée : Jack London, le vagabond magnifique, la thèse du suicide par une overdose de morphine est retenue: Quant à sa mort, il penche plus pour un suicide que pour un accident. L'homme a trop écrit, trop vécu - au sommet de sa gloire, il s'impose de nouveaux défis : tour du monde avec son propre bateau, le Snark, reportages tous-terrains. Son cœur, sa tête sont trop pleins, son corps malade. La machine humaine a tourné au-delà de ses forces et de ses moyens. Le génie fatigué de la vie disparaît avant d'avoir eu l'idée de vieillir :
"je ne perdrais pas mes jours à essayer de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps" .

Sources d’inspiration

Jack London a lu les principaux auteurs français de l’époque, Hugo dont Les Misérables, Sue notamment ses œuvres sociales, Maupassant, des auteurs socialistes (dont Marx), Darwin, Spencer
.
Survol de l'œuvre

Il fut un auteur prolifique, écrivant plus de cinquante livres. Plusieurs de ses œuvres, en particulier les romans d'animaux, paraissent aujourd'hui dans les collections destinées à la jeunesse et connaissent toujours un grand succès. Son œuvre n'en est pas moins politiquement engagée quand par exemple il décrit l'horreur libérale des bas quartiers de l'est londonien dans Le Peuple d'en-bas
Il a utilisé son expérience dans le Grand Nord canadien, lors de la ruée vers l'or au Klondike, dans ses livres les plus célèbres tels L'Appel de la forêt et Croc-Blanc. Dans Martin Eden, il nous fait partager son expérience de jeune auteur issu d'un milieu pauvre, incompris par la femme riche qu'il aime et rejeté par la famille de celle-ci. Ce roman, mal compris à son époque, était plus une dénonciation de l'individualisme qu'un bilan romancé de sa vie.
C'est moins un idéal collectif qui anime cette vie et cette création prolifique, qu'une volonté de revanche. Dans ces symboliques histoires d'animaux, on devine sous le thème de la meute une fascination pour l'instinct primitif de survie individuelle. Des titres comme la Brute abyssale (1913), la Force aux forts (1913) révèlent cette obsession. Héros d'une époque qui a poussé le culte de l'entreprise jusqu'à la férocité, Jack London dénonce les maux d'un capitalisme anarchique et sauvage, mais cède à la fascination destructrice de cette grandeur colossale.

Œuvres dérivées

La vie et les œuvres de Jack London ont inspiré de nombreux autres artistes.

Mary Austin, Jack London, George Sterling et Jimmie Hooper sur la plage de Carmel en Californie
Influencé par Rudyard Kipling, Robert Louis Stevenson, Ouida, Charles Darwin, Herbert Spencer, Friedrich Nietzsche, David Starr Jordan, Thomas Henry Huxley, John Tyndall, Ernst Haeckel, Karl Marx
A influencé Richard Wright, Jack Kerouac, Robert E. Howard, George Orwell, Scott Sigler, Anton LaVey, Christopher McCandless, Ernest Hemingway

Adaptations cinématographiques

Liste non exhaustive.
David Wark Griffith : Pour l'amour de l'or, en 1908
Claude Autant-Lara : "Construire un feu", 1925 moyen métrage, perdu, tourné en hypergonar, ancêtre du cinémascope;
Lev Koulechov :"Dura lex"/"Selon la loi", 1926 ;
Scott R. Dunlap : "Smoke Belew", 1929 ;
William A. Wellman : "L'Appel de la forêt", 1935 ;
Michael Curtiz : Le Vaisseau fantôme, en 1941, adapté du roman Le Loup des mers
Alfred Santell : "La vie aventureuse de Jack London", 1943;
Ken Annakin : "L'Appel de la forêt", 1972 ;
Lucio Fulci : "Croc-Blanc", 1973 ;
Lucio Fulci : "Le retour de Croc-Blanc", 1974 ;
Alfonso Brescia : "Croc-Blanc et le chasseur solitaire", 1975 ;
Peter Carter : "Klondike fever", 1980 ;
Joozo Morishita : "L'Appel de la forêt", 1981 ;
Randal Kleiser : "Croc-Blanc", 1991 ;
Ken Olin : "Les nouvelles aventures de Croc-Blanc", 1993.

Adaptations en Bandes Dessinées

La Force des Forts : Manuel de Science Economique de Classe de Seconde : Scénarii Pascal Conbemale/ Jean-Paul Piriou - Dessins et illustration : Olivier Bracon (Éditions La Découverte 12 juin 1997)
Croc-Blanc : adapté en série de 3 albums par Jean Ollivier au scénario et Sonk aux dessins, Éditions Hachette, 1984-1986.
Construire un feu : adapté sous le même titre par Christophe Chabouté, Éditions Vents d'Ouest, 2007.
L'Appel de la forêt : adapté par Fred Simon, Éditions Delcourt, 201030.
Le Loup des mers : adapté par Riff Reb's,

Divers

Certains affirment que Jack Kerouac rend hommage à La Route avec le titre de son roman Sur la route. Néanmoins, il est à noter que, selon Jack London lui-même32, l'expression sur la route est en américain une expression consacrée et courante pour désigner le vagabondage des sans-abri. L'utilisation de cette expression par Kérouac peut donc être simplement appropriée au contenu de son livre.
Le nom du premier bateau de Jack London, Razzle-Dazzle, est aussi porté par :
une chanson composée par le groupe de rock Deep Purple, sur son album Bananas 2003 ;
une série télévisée, Razzle-Dazzle ;
Il apparaît aussi dans Star Trek : La Nouvelle Génération, joué par Michael Aron, dans le double épisode charnière intitulé La Flèche du temps - 1/2 et La Flèche du temps - 2/2 (Time's Arrow).
Aussi, il est brièvement cité dans le film Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. C'est Anna Karina qui invoque l'auteur en voix off : "il y a des stewards qui deviennent milliardaires, comme dans les romans de Jack London".

œuvres

Écrits d'aventures

Le Fils du loup (1900)
La Croisière du Dazzler (1902)
La Fille des neiges (1902)
Les Enfants du froid (1902)
L'Appel sauvage aussi paru sous le titre L'Appel de la forêt 1903
Le Loup des mers 1904
Patrouille de pêche aussi paru sous le titre Les Pirates de San Francisco 1905

Jack London
Le jeu du ring 1905
L'Amour de la vie (1905)
Croc-Blanc (White Fang) (1906)
Avant Adam (1907)
Les vagabonds du rail (1907)
Construire un feu (1907)
Martin Eden (1909)
Radieuse Aurore (1910)
Les Contes des mers du sud (1911)
L'Aventureuse (1911)
Quand Dieu ricane (1911)
La Peste écarlate (1912)
Le Fils du soleil (1912)
Belliou la fumée (1912)
La ruée vers l'or (Suite de Belliou la Fumée)
John Barleycorn (aussi paru sous le titre Le Cabaret de la dernière chance) (1913)
La Vallée de la lune (1913)
La Croisière sur le Snark (1913)
Les Mutinés de l'Elseneur (1914)
Le Vagabond des Étoiles (1915)
La Petite Dame dans la grande maison (1916)
Les Tortues de Tasmanie (1916)
Jerry, chien des Îles (1917)
Michael, chien de cirque (1917)
Le Bureau des assassinats (1963)
Carnet du trimard (novembre 2007 pour la traduction française)

Écrits socialistes

Le Renégat, nouvelle
Comment je suis devenu socialiste (1902)
Le Peuple d'en bas (The People of the Abyss (1903) (aussi paru sous le titre Le Peuple de l'abîme en 10|18)
Revolution (1905), pamphlet
La Route (1907), paru également sous le titre Les vagabonds du rail
Le Talon de fer (1908)
Le Rêve de Debs (1909), nouvelle en hommage à Eugene Victor Debs
Au sud de la Fente (1909), nouvelle
La Force des forts (1914), nouvelles - éd. française 2009

Autres

Quiconque nourrit un homme est son maître (1902)
L'Amour et rien d'autre, correspondance Kempton-Wace, coécrit avec Anna Strunsky (1903)
Paroles d'homme {aussi paru sous le nom Histoires du pays de l'or} (1904)
Ce que la vie signifie pour moi (1906)
Une invasion sans précédent (1910) Texte en ligne - Audio en ligne
Souvenirs et aventures du pays de l'or recueil de 8 nouvelles.
Articles, Essays, Novels, Internet Archive
The Complete Short Stories, Internet Archive
Textes en ligne :
Bouquineux
Feedbooks
Hightech
Lire des livres

Anecdotes

Les sections Anecdotes , Autres détails , Le saviez-vous ?, Citations, etc., peuvent être inopportunes dans les articles.
Pour améliorer cet article il convient, si ces faits présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcés, de les intégrer dans d’autres sections.
Dans sa chanson Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux, Michel Berger lit le livre de Jack London Souvenirs et aventures du pays de l'or.
Dans l'album La Jeunesse de Corto Maltese, Hugo Pratt se lie d'amitié avec Jack London.

Œuvres sur Jack London

Jack London photographe est un livre de Jeanne Campbell Reesman, publié en 2011, Phebus Éditions et qui retrace les voyages de l'écrivain au travers de ses clichés.
Il prit, entre 1900 et 1916, près de 12 000 clichés avec un appareil portatif glissé dans ses bagages. Seule une douzaine d'entre eux avaient été publiés jusqu'alors. Avec ses 200 photographies noir et blanc légendées par des extraits de récits ou de lettres de l'écrivain, le livre Jack London photographe fait donc figure d'événement. Présentées chronologiquement, ces images tournent autour d'une même obsession, la lutte pour la survie : des pauvres de Londres, des soldats pendant la guerre russo-japonaise, des rescapés du tremblement de terre de San Francisco de 1906… Mais au fur et à mesure qu'il bourlingue, le Californien se rapproche de ses sujets. Ses plans larges des SDF anglais réalisés en 1902 ne possèdent pas la même empathie que ses portraits de 1908, utilisant la contre-plongée pour magnifier les Samoens. La seule exception fut la révolution mexicaine. Comme le suggère l'ouvrage, parfois critique, le reporter passe à côté de la couverture du conflit : affaibli par une maladie rénale et rongé par son alcoolisme.
Jack London, texte de Charmian London, seconde femme de Jack London, illustré par des dessins de Edmond Baudoin et des photographies de Espérance Racioppi

Liens

http://youtu.be/SWxx_95Hdgw Sa vie film entier (anglais)
http://youtu.be/oksR8A-knqk L'amour de la vie extrait
http://youtu.be/90YR8H5BtLw Croc blanc extrait
http://www.youtube.com/watch?v=AEYBn9 ... L77A8042979AA6EC2&index=3 Croc Blanc
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Posté le : 11/01/2014 20:02

Edité par Loriane sur 12-01-2014 10:46:31
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Charles Perrault
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Le 12 janvier 1628 à Paris naît Charles Perrault, homme de lettres français,

célèbre pour ses Contes de ma mère l’Oye. Auteur de textes religieux, chef de file des Modernes dans la Querelle des Anciens et des Modernes, Charles Perrault est l'un des grands auteurs du XVIIe siècle. L'essentiel de son travail consiste en la collecte et la retranscription de contes issus de la tradition orale française. Il est l'un des formalisateurs du genre littéraire écrit du conte merveilleux.

Partisan des Modernes dans la querelle qui les opposait aux Anciens, Charles Perrault se rendit célèbre grâce à ses Contes : en faisant se rencontrer la tradition orale et l'écriture mondaine et lettrée, il permit au conte de devenir un genre littéraire à part entière.
En 1697, les Histoires ou Contes du temps passé – ouvrage paru avec, en frontispice, Contes de ma mère l'Oye – rencontrent un éclatant succès. Qui ne connaît aujourd'hui Barbe-Bleue, mari sanguinaire, le Petit Chaperon rouge, qui se promène dans les bois sans se méfier du loup, la Belle au bois dormant, que seul l'amour du prince charmant peut réveiller, Peau d'âne, qui doit échapper à l'amour incestueux de son père, ou le Chat botté, image et symbole de ce que peut la ruse pour l'ascension sociale ? La rencontre de la littérature orale traditionnelle, archaïque et naïve, et de l'écriture mondaine et lettrée – combinée au didactisme moral craintes ancestrales, violence, sexualité, que les adaptations animées des studios Walt Disney édulcoreront – fait de ce recueil une des œuvres les plus populaires et les plus énigmatiques de la littérature française. La cruauté, l'effroi, le merveilleux, la familiarité et la malice y sont savamment dosés, grâce à une technique du récit qui privilégie l'évocation sur la démonstration, en rendant quotidien le fantastique.
Les Histoires, ou Contes du temps passé avec des moralités, de Charles Perrault, parurent tous les huit : La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-Bleue, Le Maître Chat, ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon, ou la Petite Pantoufle de verre, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet sous le nom de son fils, Pierre Darmancour, Qui avait alors dix-neuf ans –, le 11 janvier 1697. D'abord publiés séparément, La Marquise de Salusses, ou la Patience de Griselidis 1691, Les Souhaits ridicules en 1693 et Peau d'Âne en 1694 furent ajoutés par la suite dans l'édition Lamy de 1781. L'autre titre parfois donné au recueil, Contes de ma mère l'Oye, allusion aux fées aux pieds palmés, les fées pédauques médiévales, et aux nourrices qui parlent en cacardant comme des oies, a seulement figuré sur un exemplaire manuscrit de 1695. Chef de file des Modernes, il meurt à Paris le 16 mai 1703

Enfance et débuts

Charles Perrault est né dans une famille bourgeoise, de Pierre Perrault, avocat au parlement, originaire de Tours et qui sera parlementaire à Paris, et Paquette Le Clerc. Il était le dernier d'une fratrie de Sept enfants dont quatre frères, et le jumeau d'un cinquième mort en bas âge.. La critique moderne, M. Soriano a vu dans cette gémellité avortée la source des choix esthétiques de l'écrivain, hanté par une incertitude fondamentale concernant son existence ou la nature même de sa personnalité.
Jean, l’aîné, avocat comme son père, meurt en 1669 ; Pierre 1611-1680, receveur général des finances, perd pour indélicatesse son crédit auprès de Colbert en 1664 ; Claude 1613-1688, docteur en médecine, membre de l’Académie des sciences et du Conseil des bâtiments, publie des ouvrages d’histoire naturelle et d’architecture ; Nicolas 1624-1662, amateur de mathématiques et théologien, est exclu de la Sorbonne pour jansénisme en 1656 ; Marie, l’unique fille, meurt à treize ans ; il aura également un frère jumeau, François, mais celui-ci meurt en bas âge, à 6 mois.
Charles Perrault est baptisé le 13 janvier 1628 en l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris. Son parrain est son frère Pierre et sa marraine est Françoise Pépin, sa cousine.
Charles Perrault fait des études littéraires brillantes au collège de Beauvais à Paris dont il raconte, dans ses Mémoires, qu’y étant élève de philosophie, il quitta la classe à la suite d’une discussion avec son professeur, en compagnie d’un de ses camarades. Tous deux décident de ne plus retourner au collège, et ils se mettent avec ardeur à la lecture des auteurs sacrés et profanes, des Pères de l'Église, de la Bible, de l’histoire de France, faisant de tout des traductions et des extraits. C’est à la suite de ce singulier amalgame de libres études qu’il met en vers burlesques le sixième livre de l'Énéide et écrit les Murs de Troie ou l’Origine du burlesque.
Reçu avocat en 1651 après avoir obtenu sa licence de droit, il s’inscrit au barreau mais, s’ennuyant bientôt de traîner une robe dans le Palais, il entre en qualité de commis chez son frère qui était receveur général des finances.

Au service des Académies

Bras droit de Colbert, il est chargé de la politique artistique et littéraire de Louis XIV en 1663 en tant que secrétaire de séance de la Petite Académie, puis en tant que contrôleur général de la Surintendance des bâtiments du roi. Dès lors, Perrault usa de la faveur du ministre au profit des lettres, des sciences et des arts. Il ne fut pas étranger au projet d’après lequel des pensions furent distribuées aux écrivains et aux savants de France et d’Europe.
Perrault contribua également à la fondation de l’Académie des sciences et à la reconstitution de l’Académie de peinture5. Il fit partie, dès l’origine, de la commission des devises et inscriptions qui devint l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Entré à l’Académie française en 1671, il y donna l’idée des jetons de présence, de rendre publiques les séances de réception et de faire les élections par scrutin et par billets, afin que chacun fût dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait.
Perrault était un touche-à-tout littéraire qui s’essaya au genre galant avec Dialogue de l’amour et de l’amitié 1660 et Le Miroir ou la Métamorphose d’Orante. Toutes ses productions littéraires se bornaient à quelques poésies légères, comme le Portrait d’Iris, lorsqu’il lut à l’Académie, le 27 janvier 1687, un poème intitulé : le Siècle de Louis le Grand. Ce poème, où Perrault, parlant avec assez peu de respect d’Homère, de Ménandre et des plus révérés d’entre les auteurs classiques, plaça pour la première fois le XVIIe siècle au-dessus de tous les siècles précédents, tient une place importante dans l’histoire des lettres en ce qu’il inaugure la Querelle des Anciens et des Modernes.
Perrault, qui sera le chef de file des partisans des Modernes, y explique l’égalité nécessaire entre les différents âges par une loi de la nature :

À former les esprits comme à former les corps,
La nature en tout temps fait les mêmes efforts ;
Son être est immuable, et cette force aisée
Dont elle produit tout ne s’est point épuisée :
Jamais l’astre du jour qu’aujourd’hui nous voyons
N’eut le front couronné de plus brillants rayons ;
Jamais dans le printemps les roses empourprées
D’un plus vif incarnat ne furent colorées.
De cette même main les forces infinies
Produisent en tout temps de semblables génies.

À cette lecture, Boileau se leva furieux, disant que c’était une honte de la supporter. D’autres académiciens, qui y voyaient une flatterie pour eux-mêmes, applaudirent vivement. Racine félicita ironiquement Perrault d’avoir si bien mené ce jeu d’esprit et d’avoir si parfaitement rendu le contraire de ce qu’il pensait.
Ainsi naquit une des plus fameuses querelles littéraires, s’il est vrai, comme on l’a dit, que ce fut pour répondre à Racine que Perrault entreprit une démonstration méthodique de sa thèse et publia le Parallèle des anciens et des modernes, Paris, 1688-1698, 4 vol. in-12, ouvrage spirituellement écrit sous forme de dialogue entre un président savant et un peu entêté, un chevalier léger, agréable et hardi, et un abbé qui représente la modération. Son quatrième tome consacre une part importante à l’architecture, reprenant les idées que son frère Claude Perrault avait développé dans ses ouvrages, en se posant à l’encontre des canons éternels de la notion du beau.
Boileau répondit par des épigrammes et dans les Réflexions sur Longin. Dans cette discussion, où les adversaires avaient à la fois raison et tort à différents point de vue, et où, suivant chacun sa voie, ils se répliquaient sans se répondre, Perrault l'emporta en général par l’urbanité. On l’injuriait, il ripostait d’un ton spirituellement dégagé :

L’aimable dispute où nous nous amusons
Passera, sans finir, jusqu’aux races futures ;
Nous dirons toujours des raisons,
Ils diront toujours des injures.

Perrault se laissa cependant aller à quelques paroles trop vives dans son Apologie des femmes, qu’il publia en 1694, pour répondre à la satire de Boileau contre les femmes. Les deux ennemis furent réconciliés, du moins en apparence, en 1700 et leur querelle fut continuée par d’autres écrivains.
Perrault avait commencé en 1696 et termina en 1701 un ouvrage intitulé les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, recueil de cent deux biographies, courtes, précises et exactes, accompagnées de magnifiques portraits gravés.
Mais ce qui a fait l’immortelle popularité de Charles Perrault, ce n’est ni cette riche publication, ni ses discussions littéraires, c’est le petit volume intitulé Contes de ma mère l’Oye, ou Histoires du temps passé, 1697, petit in-12, édition très rare et contrefaite la même année qu’il publia sous le nom de son jeune fils, Perrault d’Armancourt.

Critiques de l'œuvre de Charles Perrault

En couchant par écrit les versions de contes qu'il avait entendues et en raison de la forte légitimité accordée à l'écrit, les contes dits de Perrault ont souvent pris le pas sur la multitude des autres versions du patrimoine oral français et mondial. Ainsi, Pierre Dubois pense que Charles Perrault a considérablement modifié la perception de la fée en faisant des belles de mai mentionnées dans les anciennes croyances des femmes raffinées, délicates et élégantes fréquentant la cour dans ses contes, détruisant ainsi leur symbolisme originel lié au renouveau de la nature.
Selon lui, il détourne et dénature les fées des saisons avec l'ajout de ses morales.
Cependant, le point de vue de cet auteur, Pierre Dubois, est lié à la perception écologique que l'on a des fées en cette fin de XXe et début de XXIe siècle, bien que nombre d'auteurs de Fantasy dont il fait partie ne cite pas les fées comme étant des ordonnatrices de la Mère Nature. Pour Perrault les fées sont surtout les instruments du Destin et des magiciennes comme elles l'ont été durant tout le Moyen Âge.
Ne disait-on pas fée pour désigner un objet magique, alors que tout ce qui était lié à la nature et à son renouveau était selon Paracelse plutôt du domaine des éléments et de leurs représentants, les elfes, les lutins, les trolls. Dans la légende arthurienne de la Table Ronde, Viviane et Morgane ne sont pas des fées des saisons mais bel et bien des magiciennes.
Les fées de Perrault ne sont pas les délicates fréquentant la cour comme dit cet auteur de bandes dessinées, le conte "Les Fées" met en scène une magicienne qui tour à tour endosse l'apparence d'une vieille femme puis d'une dame pour rendre justice à la bonté, la fée de Cendrillon transforme une citrouille en carrosse mais nulle part il n'est question d'une femme de cour, elle est une marraine, une protectrice et quant à la vieille fée dans La belle au bois dormant, elle serait plus proche de la sorcière jeteuse de sorts. Perrault était un écrivain philosophe qui a laissé dans ses contes les traces d'un enseignement hermétique comme le souligne Armand Langlois dans son analyse des contes de Perrault.
Il n'était pas un auteur de Fantasy, il n'a jamais prétendu endormir les enfants avec de jolies histoires mais c'était un moraliste qui a utilisé le merveilleux pour éduquer 18et donner une direction pour l'accomplissement de la personne humaine.

Les Contes

Chronologie des éditions
En 1691, Perrault publie une nouvelle en vers :
La Marquise de Salusses ou la Patience de Griselidis
La Belle au Bois Dormant
En 1693, il publie un premier conte en vers dans le Mercure galant :
Les Souhaits ridicules
En 1694, il réunit dans une même édition les deux œuvres précédentes et y ajoute une troisième histoire, deuxième conte en vers :
Peau d’Âne
En 1696 paraît dans le Mercure galant un conte en prose : La Belle au bois dormant.
L’année suivante, sort de chez Claude Barbin un volume intitulé Histoires ou Contes du temps passé 1697.
Ce volume contient les huit contes en prose suivants :
La Belle au bois dormant
Le Petit Chaperon rouge
La Barbe bleue
Le Maître chat ou le Chat botté
Les Fées
Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, verre étant la graphie exacte utilisée dans l'édition originale de 1697,

Cendrillon
Riquet à la houppe
Le Petit Poucet
Ce recueil subit deux contrefaçons la même année : l'édition de Jacques Desbordes, à Amsterdam, Histoire ou Contes du temps passé. Avec Moralitez, et l'édition "Prince de Dombes", à Trévoux, Histoires ou Contes du temps passé. Avec des Moralitez.
La paternité des Contes
Il fait paraître son recueil sous le nom de son troisième fils, Pierre Darmancour, ou d’Armancour, Armancour étant le nom du domaine que Charles vient d’acquérir et d’offrir à Pierre. Ce dernier, né en 1678, aspirait à devenir secrétaire de Mademoiselle, nièce de Louis XIV, à qui est dédicacé l’ouvrage.
De plus, Perrault voulait éviter une nouvelle polémique entre Anciens et Modernes, il était le chef de file de ces derniers avec la publication de ses Contes.
Il s’était réconcilié avec Boileau en 1694.
Le nom de son fils lui a donc été d’une grande aide pour éviter la reprise de la querelle.
Cependant, des avis pour l'attribution des Contes en prose au fils subsistent, insistant sur le fait qu'ils étaient trop maladroits et trop immoraux pour être de la main du père.

Le chef-d’œuvre de Perrault

En 1683, Perrault, ayant perdu à la fois son poste à l’Académie et sa femme, décide de se consacrer à l’éducation de ses enfants et c'est alors qu'il écrit les Contes de ma mère l’Oye en 1697.
Il meurt le 16 mai 1703 dans sa maison de la rue de l'Estrapade sur la Montagne Sainte-Geneviève et est inhumé le lendemain en l'église Saint-Benoît-le-Bétourné en présence de son fils Charles Perrault.
Le genre des contes de fées est à la mode dans les salons mondains : les membres de la haute société assistent aux veillées populaires et prennent note des histoires qui s’y racontent. Son recueil intitulé Contes de ma mère l’Oye, où les contes sont à la fois d’inspiration orale, la Mère l’Oye désigne la nourrice qui raconte des histoires aux enfants) et littéraire, Boccace avait déjà écrit une première version de Griselidis dans le Décaméron. Le travail que Perrault opère sur cette matière déjà existante, c’est qu’il les moralise et en fait des outils à l'enseignement des jeunes enfants. Ainsi, il rajoute des moralités à la fin de chaque conte, signalant quelles valeurs il illustre.
Marc Soriano dit de Perrault qu’il est le plus méconnu des classiques : tout le monde connaît ses contes, mais très peu connaissent sa version des contes : ainsi, chez Perrault, le petit chaperon rouge et sa grand-mère finissent mangés par le loup : la version postérieure où le chasseur les sort du ventre est de Grimm. De même, c’est dans Disney que le baiser du prince réveille la Belle au bois dormant : chez Perrault, elle se réveille toute seule après que le Prince s'est agenouillé près d'elle. De même, on a longtemps eu un doute sur la fameuse pantoufle de verre : était-elle en verre ou en vair ? C'est en fait Balzac qui, pour rationaliser les contes de Perrault, modifia le conte en prétendant qu'il s'agissait d'une pantoufle de vair. Il s'agissait bien d'une pantoufle de verre. Sur le sujet, voir l'article concernant Cendrillon. Et la postérité a préféré ne garder que ce que Perrault appelait le conte tout sec, c’est-à-dire le conte de fée, en oubliant les moralités. Or, les moralités de Perrault sont tout aussi essentielles à ses contes que ne le sont les moralités des Fables de La Fontaine.

Un art du naturel

Tenant de ceux, les Modernes, qui revendiquaient une liberté de la littérature par rapport aux modèles antiques contre ceux, les Anciens qui en prônaient l'imitation, académicien depuis 1671, bon politique sous Colbert, chef de file et champion de la dramaturgie moderne, du nouvel art chrétien, des auteurs contemporains du siècle de Louis XIV, de la langue, de la littérature et de la nation française, Charles Perrault se lançait dans une entreprise pédagogique et mondaine. En redécouvrant les contes populaires français – où l'on pourrait retrouver l'écho de nombreuses histoires folkloriques, retravaillées par l'auteur, racontées peut-être à ses propres enfants, et certainement lues dans les salons –, en les traduisant – en collaboration, comme pour tout art de salon – en langage galant et moderne, en vers ou en prose, en leur donnant une nouvelle légitimité, Perrault démontrait qu'on peut écrire avec clarté et enjouement, tout en mélangeant les styles. Sous le couvert du divertissement léger et enfantin, il faisait aussi œuvre de théoricien.
Ce qui compte avant tout, c'est l'effet : il s'agit de donner une allure populaire, traditionnelle et naïve, naturelle en un mot, à ce qui a été longuement travaillé, et d'ajouter au canonique "il était une fois", un esprit ironique qui fasse penser et sourire, simultanément. En même temps, Perrault renvoie à une autorité traditionnelle donnée comme française le fond des âges, sa sagesse proverbiale, distincte de l'Antiquité convenue. En cela, il se place dans le sillage de L'Astrée 1607-1627 de Honoré d'Urfé, et des pratiques de salon qui lui sont bien connues. Les jeux mondains des moralités et des énigmes, voire des bouts-rimés, parcourent ces contes qui sont aussi destinés aux cercles aristocratiques et bourgeois, dominés par les femmes, et très présents à la ville : il s'agit d'y cultiver l'esprit, sans prétention ni pédantisme, de renoncer aux références antiques, d'introduire un peu de doute et de profondeur, mais sans ostentation, bref de se distinguer des partisans des Anciens, et surtout de se situer loin de la cour dévote et de son roi déclinant.

Un regard nouveau sur l'enfance

Les gens de goût sont donc les lecteurs des Contes. Ils savent que les bagatelles apparentes ne sont pas de pures bagatelles, Préface aux Contes, que la pédagogie et le récit enjoué sont aussi agréables à l'esprit qu'utiles à la réflexion, ne serait-ce que par la morale louable et instructive qu'ils développent au travers d'une simplicité retrouvée. Le traité de Fénelon, De l'éducation des filles en 1687, puis Les Aventures de Télémaque. Parallèlement, la dévotion à l'Enfant Jésus se déploie avec toute l'ardeur possible, comme si l'on aspirait à une image nouvelle de l'homme et de Dieu. Après la fable, les contes sont donc à la mode, grâce à l'abbé de Villiers et à ses Entretiens sur les contes de fées en 1669, grâce à Perrault peut-être, mais aussi aux écrivains féminins : les Contes des fées de Mme d'Aulnoy, 1697, premier conte publié en 1690, entre autres textes qu'on relit de nos jours, Mlle Lhéritier, 1695 ; Catherine Bernard, 1696, montrent qu'on veut alors un style de la douceur, capable d'introduire un point de vue critique sur la littérature consacrée qui précède. Sous la douceur, sous le désir d'instruire et de former, sous la pudeur, la bienséance et l'honnêteté, s'élabore l'idée que la nature peut révéler des vérités ou des conduites bien éloignées des morales admirables et convenues. La célèbre formule "Il était une fois" permet d'imaginer des lieux, des fées, des situations, de faire la part belle à l'idéal moral et de terminer par une fin heureuse où l'on se marie, et où l'on a beaucoup d'enfants. Mais elle met aussi en scène pour le lecteur tout le fond archaïque de ces récits : dévorations fantasmatiques, incestes et vengeances, injustices familiales : Le Père et la Mère les menèrent dans l'endroit de la Forêt le plus épais et le plus obscur, et dès qu'ils y furent, ils gagnèrent un faux-fuyant et les laissèrent là. Le petit Poucet ne s'en chagrina pas beaucoup, parce qu'il croyait retrouver aisément son chemin par le moyen de son pain qu'il avait semé partout où il avait passé ; mais il fut bien surpris lorsqu'il ne put en retrouver une seule miette ; les Oiseaux étaient venus qui avaient tout mangé. Les voilà donc bien affligés, car plus ils marchaient, plus ils s'égaraient et s'enfonçaient dans la Forêt. La nuit vint, et il s'éleva un grand vent qui leur faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient n'entendre de tous côtés que des hurlements de Loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n'osaient presque se parler ni tourner la tête. Entre ces deux pôles, l'ironie complice permet de jouer et de déchiffrer. Car Perrault ne se perd pas dans le merveilleux : il l'utilise et le met en distance. Au dénouement, le Petit Poucet fait ses comptes : il se met au service du roi, fait fortune en jouant les messagers de guerre, la double en servant des dames qui veulent avoir des nouvelles de leurs amants et, de retour au pays, établit sa famille avec tout son argent.

Longtemps considérés comme des ouvrages pour la jeunesse et presque dissociés de leur auteur, parce que donnés comme objets de folklore, les Contes de Perrault ont pu, depuis les années 1960, être réinvestis par la critique historique, psychanalytique et symbolique. Ils ont également donné lieu à de nombreuses illustrations et transcriptions cinématographiques, de Walt Disney, Cendrillon, 1950 ; La Belle au bois dormant, 1959 à Jacques Demy, Peau d'Âne, 1970.

1653 : Les Murs de Troie ou l’origine du Burlesque
1659 : Portrait d’Iris
1660 : Ode sur la paix
1663 : Ode sur le mariage du Roi
1668 : Dialogue de l’amour et de l’amitié, Discours sur l’acquisition de Dunkerque par le Roi
1669 : Le Parnasse poussé à bout
1674 : Courses de têtes et de blagues faites par le Roi et par les Princes et Seigneurs, Critique de l’Opéra
1679 : Harangue faite au roi après la prise de Cambrai
1683 : Épître chrétienne sur la pénitence
1685 : Ode aux nouveaux convertis"
1686 : Saint-Paulin, évêque de Nole
1687 : Le Siècle de Louis le Grand
1688 : Ode de Mgr le Dauphin sur la prise de Philisbourg, Parallèle des Anciens et des Modernes en ce qui regarde les Arts et la Science
1691 : Au Roi, sur la prise de Mons
1692 : La Création du Monde
1693 : Ode du Roi, Dialogue d’Hector et d’Andromaque
1694 : L’Apologie des Femmes, Le Triomphe de sainte Geneviève, L’idylle à Monsieur de la Quintinie
De 1696 à 1700 : Les Hommes illustres qui ont paru en France…
1697 : Histoires ou contes du temps passé ou Conte de ma mère l’Oye, Adam ou la création de l’homme
1698 : Portrait de Bossuet
1699 : Traduction des Fables de Faërne
1701 : Ode au Roi Philippe V, allant en Espagne
1702 : Ode pour le roi de Suède
1703 : Le Faux Bel Esprit
1755 : Mémoire de ma vie posthume
1868 : L’Oublieux posthume, Les Fontanges posthume

Autres œuvres de Perrault

Poème de la peinture
Parallèles des Anciens et des Modernes (1688)
Adaptations chorégraphiques

Les contes de Perrault inspirèrent plusieurs chefs-d'œuvre du ballet classique, comme :
Cendrillon
La Belle au bois dormant
Adaptation cinématographique

Il existe de très nombreuses adaptations cinématographiques de ses contes, parmi lesquelles :
Le Petit Chaperon rouge, film français d’Alberto Cavalcanti en 1929
Cendrillon, dont la version la plus connue est le dessin animé de 1950 par les studios Disney
La Belle au bois dormant, entre autres par les studios Disney en 1959
Le Petit Poucet, réalisé par Olivier Dahan et sorti en 2001.
Représentations actuelles de l’œuvre de Perrault

le Bois des contes du parc d'attractions Efteling où les contes les plus connus prennent vie.
les Scènes animées des Contes, automates créés par Armand Langlois, sont exposées depuis 2005 au château de Breteuil.


Charles Perrault, le Petit Poucet

En 1697, les Histoires ou Contes du temps passé – ouvrage paru avec, en frontispice, Contes de ma mère l'Oye – rencontrent un éclatant succès. Qui ne connaît aujourd'hui Barbe-Bleue, mari sanguinaire, le Petit Chaperon rouge, qui se promène dans les bois sans se méfier du loup, la Belle au bois dormant, que seul l'amour du prince charmant peut réveiller, Peau d'âne, qui doit échapper à l'amour incestueux de son père, ou le Chat botté, image et symbole de ce que peut la ruse pour l'ascension sociale ? La rencontre de la littérature orale traditionnelle, archaïque et naïve, et de l'écriture mondaine et lettrée – combinée au didactisme moral craintes ancestrales, violence, sexualité, que les adaptations animées des studios Walt Disney édulcoreront – fait de ce recueil une des œuvres les plus populaires et les plus énigmatiques de la littérature française. La cruauté, l'effroi, le merveilleux, la familiarité et la malice y sont savamment dosés, grâce à une technique du récit qui privilégie l'évocation sur la démonstration, en rendant quotidien le fantastique.

Classiques par leur élaboration formelle, par leurs préoccupations pédagogiques et par leur orientation rationaliste, baroques par leurs thèmes merveilleux, par leur art de l'implicite et de l'ironie, permettant ambiguïté et doubles lectures, les Contes apparaissent comme une parfaite illustration de la théorie de la modernité professée par leur auteur : la tradition orale contre l'imitation de l'antique. Ils portent également à son apogée le genre du conte de fées, alors en vogue à la fin du xviie siècle. En 1976, le psychanalyste Bruno Bettelheim verra dans ce genre littéraire un moyen d'atteindre les couches obscures de l'inconscient Psychanalyse des contes de fées. Enfin, le succès des Contes dans les programmes scolaires a été et reste aussi grand que celui des Fables de La Fontaine.

Lien

http://www.ina.fr/video/LXD09006060/jean-claverie-video.html Illustration des contes par Claverie
http://youtu.be/JpGPAgYsEqA Extrait de la belle au bois dormant
http://youtu.be/4cHycj7_nh0 Extrait du chat botté
http://youtu.be/Y5cZvQwLsws Ma mère L'Oye de Ravel
http://youtu.be/4vnS55MI-Vs Peau d'âne la chanson du film
http://youtu.be/3FQeQIMrQO0 Cendrillon inspiré du conte de Perrault

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Umberto Eco
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Le 5 janvier 1932 à Alexandrie dans le Piémont Italie, naît Umberto Eco, universitaire,

érudit et romancier italien.


Passionné de Linguistique, herméneutique, épistémologie, esthétique, littérature, Signe, encyclopédie, métaphore, lecteur modèle, sémiosis illimitée, ses Œuvres principales sont Le Nom de la rose
Le Pendule de Foucault, Lector in fabula, Sémiotique et Philosophie du langage, Les Limites de l'interprétation
Reconnu pour ses nombreux essais universitaires sur la sémiotique, l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie, il est surtout connu du grand public pour ses œuvres romanesques.
Il est influencé par Aristote, Abélard, Thomas d'Aquin, Guillaume d'Ockham, Charles S. Peirce, Karl R. Popper, Structuralisme. Titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l’École supérieure des sciences humaines à l’université de Bologne, il en est professeur émérite depuis 2008.

Sémiologue de renommée internationale, auteur de nombreux essais sur l'esthétique et les médias, figure tutélaire des lettres italiennes, Umberto Eco est venu tardivement au roman avec Le Nom de la rose, qui connut un succès considérable. Le Moyen Âge, les relations entre cultures haute et basse, la réflexion sur les rapports entre signes et sens ne constituent pas pour autant chez lui des champs distincts. Au contraire, ils convergent dans une même méditation, à la fois érudite et ludique, sur l'homme éternel producteur de fables.

Sa vie

Umberto Eco fait ses études supérieures à Turin, où il soutient en 1954 une thèse de fin d'études sur l'esthétique chez saint Thomas d'Aquin, qui sera publiée en 1956 sous le titre "Il Problema estetico in San Tommaso". Il travaille d'abord comme assistant à la télévision, de 1955 à 1958 ; il s'intéresse dans un premier temps à la scolastique médiévale, Sviluppo dell'estetica medievale, 1959, puis à l'art d'avant-garde, L'Œuvre ouverte, 1962 et à la culture populaire contemporaine, Apocalittici e integrati, 1964. Il rencontre un succès immédiat en Italie.
Devenu ensuite un pionnier des recherches en sémiotique, La Structure absente, 1968, Trattato di semiotica generale, 1975, il développe une théorie de la réception Lector in fabula, Le rôle du Lecteur qui le place parmi les penseurs européens les plus importants de la fin du XXe siècle, à partir de 1956, il collabore aux revues Il Verri et Rivista di estetica. Il réalise ensuite pour la maison d'édition Bompiani une histoire illustrée des inventions, puis, en 1960, devient directeur d'une collection d'essais philosophiques. En 1963, avec de jeunes intellectuels comme Nanni Balestrini et Alberto Arbasino, il participe à la fondation du Groupe 63. La réflexion sur une esthétique nouvelle qui y est conduite se place notamment sous le signe de Joyce, Borges, Gadda – des auteurs qui resteront centraux pour Umberto Eco. De 1966 à 1970, il enseigne successivement à la faculté d'architecture de Florence, à la New York University et à la faculté d'architecture de Milan. Il obtient en 1971 la chaire de sémiotique à la faculté de lettres et de philosophie de l'université de Bologne et, en 1992, devient titulaire de la chaire européenne au Collège de France. Il dirige également l'Institut des disciplines de la communication et est le président de l'International Association for Semiotic Studies.


Son premier roman, Le Nom de la rose 1980 connaît un succès mondial avec 17 millions d'exemplaires vendus à ce jour et des traductions en vingt-six langues, malgré un contenu dense et ardu. Umberto Eco met en application dans ce policier médiéval ses concepts sémiologiques et ses théories du langage, ceux-là mêmes qu'il enseigne à Turin. En 2002, le quotidien La Repubblica le vend comme supplément au journal tirage spécial à cette occasion : 2 millions d'exemplaires.
Son deuxième roman, Le Pendule de Foucault 1988 connaît également un énorme succès, quoique pour des raisons inverses : le public, guidé par Eco, part à la découverte de symboles énigmatiques ou prophétiques, à rebours de la dénonciation de l'ésotérisme qui est pourtant le propos de l'auteur, mais celui-ci démontre par la même occasion que le lecteur est libre de ses interprétations théorie qu'Eco continue de développer dans ses œuvres théoriques sur la réception, Les Limites de l'interprétation en 1990. Le livre tourne d'ailleurs en ridicule l'interprétation à outrance des faits avérés ou légendaires de l'histoire, en tirant avec un égal succès des dimensions d'un simple kiosque à journaux le même genre d'informations de portée cosmique que certains se croient fondés à lire dans celles de la pyramide de Khéops.
Umberto Eco donne ensuite plusieurs conférences sur ses théories de la narration en littérature, Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs 1996, sur la traduction, Experiences in translation 2000, et sur la littérature, De la littérature 2003.
Tout au long de sa carrière, il écrit régulièrement dans des quotidiens et des hebdomadaires des chroniques sur des sujets de l'heure, avec un souci de débusquer du sens là où on serait porté à ne voir que des faits.
Plusieurs recueils, dont seulement certains ont été traduits, regroupent les textes les plus amusants, Pastiches et Postiches 1988 Diario minimo, 1963 et Comment voyager avec un saumon 1998 Il secondo diario minimo, 1992. Certains autres recueils regroupent des textes plus polémiques, Croire en quoi 1998, Cinq questions de morale 2000, Islam et occident 2002.
Parmi ses activités les moins connues, Umberto Eco est membre du Forum international de l'Unesco 1992, de l'Académie universelle des cultures de Paris 1992, de l'Académie américaine des arts et des lettres 1998 et a été nommé au conseil de la bibliothèque d'Alexandrie 2003. Il a assuré en 1992-1993 un cours à la chaire européenne du Collège de France sur le thème La quête d'une langue parfaite dans l'histoire de la culture européenne.
Fin octobre 2009, Umberto Eco propose l'ouvrage Vertige de la liste qui est traduit par Myriem Bouzaher.
En 2010, il est titulaire de plus de trente doctorats honoris causa.
Il est élu membre associé de l’Académie royale de Belgique, Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques le 7 mars 2011.

Le monde des signes

Ses premières expériences à la télévision italienne ont mis très tôt Umberto Eco en contact avec la communication de masse et de nouvelles formes d'expression, comme les séries télévisées ou la variété. Il y découvre le kitsch, les vedettes du petit écran et, plus généralement, certains aspects de la culture populaire abordés, entre autres, dans Appocalittici e integrati 1964, La Guerre du faux, recueil publié en France en 1985 à partir d'articles écrits entre 1963 et 1983, et De Superman au surhomme 1978. Dans Apocalittíci e Integrati, notamment, il distingue, dans la réception des médias, deux positions : l'apocalyptique, tenant d'une vision élitaire et nostalgique de la culture et l'intégré qui privilégie le libre accès aux produits culturels sans s'interroger sur leur mode de production. À partir de là, Eco plaide pour un engagement critique à l'égard des médias.
Par la suite, ses recherches l'amèneront à se pencher sur les genres considérés comme mineurs tels que le roman policier ou le roman-feuilleton, dont il analyse les procédés et les structures, mais également sur certains phénomènes propres à la civilisation contemporaine, comme le football, le vedettariat, la mode ou le terrorisme.

Si la curiosité et le champ d'investigations d'Umberto Eco connaissent peu de limites, le centre constant de son intérêt reste la volonté de voir du sens là où on serait tenté de ne voir que des faits.
C'est dans cette optique qu'il a cherché à élaborer une sémiotique générale, exposée, entre autres, dans La Structure absente 1968, Le Signe 1971, Traité de sémiotique générale 1975, et qu'il a contribué au développement d'une esthétique de l'interprétation. Il se préoccupe de la définition de l'art, qu'il tente de formuler dans L'Œuvre ouverte 1962 : il y pose les premiers jalons de sa théorie en montrant, à travers une série d'articles qui portent notamment sur la littérature et la musique, que l'œuvre d'art est un message ambigu, ouvert à une infinité d'interprétations dans la mesure où plusieurs signifiés cohabitent au sein d'un seul signifiant.
Le texte n'est donc pas un objet fini, mais au contraire un objet ouvert que le lecteur ne peut se contenter de recevoir passivement et qui implique, de sa part, un travail d'invention et d'interprétation.
L'idée-force d'Umberto Eco, reprise et développée dans Lector in fabula en 1979, est que le texte, parce qu'il ne dit pas tout, requiert la coopération du lecteur. C'est pourquoi le sémiologue élabore la notion de "lecteur modèle", lecteur idéal qui répond à des normes prévues par l'auteur et qui non seulement présente les compétences requises pour saisir ses intentions, mais sait aussi interpréter les non-dit du texte. Le texte se présente comme un champ interactif où l'écrit, par association sémantique, stimule le lecteur, dont la coopération fait partie intégrante de la stratégie mise en œuvre par l'auteur.

Eco romancier

Dans Les Limites de l'interprétation 1991, Umberto Eco s'arrête encore une fois sur cette relation entre l'auteur et son lecteur. Il s'interroge sur la définition de l'interprétation et sur sa possibilité même. Si un texte peut supporter tous les sens, il dit tout et n'importe quoi. Pour que l'interprétation soit possible, il faut donc lui trouver des limites. Elle doit être finie pour pouvoir produire du sens. Umberto Eco s'intéresse là aux applications des systèmes critiques et aux risques de mise à plat du texte, inhérents à toute démarche interprétative.
Dans La Recherche de la langue parfaite en 1993, il étudie les projets fondateurs qui ont animé la quête d'une langue idéale.
L'idée développée est que la langue universelle n'est pas une langue à part, langue originelle et utopique ou langue artificielle, mais une langue idéalement constituée de toutes les langues.

Professeur, chroniqueur et chercheur, Umberto Eco est également romancier. Ses œuvres de fiction sont d'une certaine façon l'application des théories avancées dans L'Œuvre ouverte ou Lector in fabula. Ses deux premiers romans, Le Nom de la rose en 1980 et Le Pendule de Foucault en 1988, se présentent comme des romans où se mêlent ésotérisme, humour et enquête policière.
À chaque page, l'érudition et la sagacité du lecteur sont sollicitées par une énigme, une allusion, un pastiche ou une citation. Le premier roman, situé en 1327, sur fond de crise politique et religieuse, d'hérésie et d'Inquisition, se déroule dans une abbaye où a lieu une série de crimes qu'un prêtre franciscain tentera d'élucider. À partir de là, trois lectures seront possibles, selon qu'on se passionnera pour l'intrigue, qu'on suivra le débat d'idées, ou qu'on s'attachera à la dimension allégorique qui présente, à travers le jeu multiple des citations, "un livre fait de livres".
L'Umberto Eco lecteur de Borges et de Thomas d'Aquin est plus que jamais présent dans ce roman qui connut un succès mondial et fut adapté en 1986 par Jean-Jacques Annaud. Le Pendule de Foucault mêle histoire et actualité à travers une investigation menée sur plusieurs siècles chez les Templiers et au sein des sectes ésotériques, tandis que L'Île du jour d'avant e,n 1994 est une évocation de la petite noblesse terrienne du XVIIe siècle. Il s'agit du récit d'une éducation sentimentale, mais également, à travers une description de l'identité piémontaise, d'un roman nostalgique et en partie autobiographique : l'auteur se penche sur ses propres racines, comme il le fera dans cette manière d'autoportrait, et peut-être son livre le plus personnel, qu'est La Mystérieuse Flamme de la reine Loana 2004. Amnésique à la recherche de son passé, Yambo reconstruit son identité en s'appuyant sur ses lectures de jeunesse des années 1930, quand les romans d'aventures français et les bandes dessinées américaines croisaient la propagande fasciste.

Chez Umberto Eco, le romancier et l'érudit ne sont jamais loin du sémiologue passionné de par la littérature.


Travaux

Il fonde en 1988 avec Alain le Pichon l'Institut international Transcultura, réseau universitaire international.
Depuis 20 ans, ensemble avec ses partenaires chinois, africains ou indiens, l’Institut développe une approche de la connaissance réciproque et des méthodologies qu’elle suscite. Il s’agit, en considérant la réalité des forces et des ressources culturelles en présence, de proposer des scénarios d’échanges culturels et artistiques, fondés sur ce principe de réciprocité.

L'abduction
Umberto Eco distingue quatre niveaux d'abduction.

Oeuvres

Romans

Tous les romans sont traduits en français par Jean-Noël Schifano
1980 : Le Nom de la rose (Il nome della rosa) - Grasset, 1982 - (prix Strega, prix Médicis étranger) dont a été tiré un film de Jean-Jacques Annaud, avec notamment Sean Connery et Christian Slater. Le roman a été augmenté d'une Apostille, traduite par M. Bouzaher.
1988 : Le Pendule de Foucault (Il pendolo di Foucault) - Grasset, 1990
1994 : L'Île du jour d'avant (L'isola del giorno prima) - Grasset, 1996
2000 : Baudolino (Baudolino) - Grasset, 2002 - Prix Méditerranée Étranger 2002
2004 : La Mystérieuse Flamme de la reine Loana (La misteriosa fiamma della regina Loana) - Grasset, 2005
2010 : Le Cimetière de Prague (Il cimitero di Praga) - éditions Grasset, 560 pages, 2011

Essais

Le Problème esthétique chez Thomas d'Aquin (1993) (traduction de Il problema estetico in Tommaso d'Aquino, 1970, édition revue et développée de Il problema estetico in San Tommaso, 1956, sa thèse de doctorat)
Art et beauté dans l'esthétique médiévale (1997) (traduction de Arte e bellezza nell'estetica medievale, 1987, seconde édition de « Sviluppo dell'estetica medievale » in Momenti e problemi di storia dell'estetica, 1959)
L'Œuvre ouverte (1965, seconde révision 1971) (version originale révisée de Opera aperta, 1962 et incluant Le poetiche di Joyce, 1965) (extrait)
Il Nuovo Medioevo (1972) con Francesco Alberoni, Furio Colombo e Giuseppe Sacco (en espagnol : La Nueva Edad Media)
Pastiches et postiches (1996) (version augmentée de Diario minimo, 1963)
La Structure absente, introduction à la recherche sémiotique (1972) (édition révisée de La Struttura assente, 1968)
Le Signe, histoire et analyse d'un concept, adapté de l'italien par Jean-Marie Klinkenberg (1988) (Segno, 1971).
A semiotic Landscape. Panorama sémiotique. Proceedings of the Ist Congress of the International Association for Semiotic Studies, La Haye, Paris, New York, Mouton) 1979 (avec Seymour Chatman et Jean-Marie Klinkenberg).
La Guerre du faux (1985 ; 2008 pour la nouvelle édition chez Grasset) (tiré de Il costume di casa, 1973; Dalla periferia dell'impero, 1977 ; Sette anni di desiderio, 1983)
Beatus de Liébana (1982) (Beato di Liébana, 1973)
La Production des signes (1992) (version partielle de A Theory of Semiotics, version augmentée anglaise de Trattato di semiotica generale, 1975)
De Superman au Surhomme (1993) (Il superuomo di massa, 1976)
Lector in fabula ou la Coopération interprétative dans les textes narratifs (1985) (Lector in fabula, 1979)
Apostille au Nom de la Rose (Postille al nome della rosa, 1983)
Sémiotique et philosophie du langage (1988, PUF) (Semiotica e filosofia del linguaggio, 1984, Einaudi)
De bibliotheca (1986) (conférence du 10 mars 1981, Milan)
Notes sur la sémiotique de la réception (1987) (Actes Sémiotiques IX, 81. Documents de recherche. Centre national de la recherche scientifique - groupe de Recherches sémio-linguistiques (URL7 de l'Institut national de la langue française) École des hautes études en sciences sociales)
L'Énigme de la Hanau 1609 (1990) (Lo strano caso della Hanau 1609, 1989) (« Enquête bio-bibliographique sur l'Amphithéâtre de l'Éternel Sapience... de heinrich Khunrath. »)
Les Limites de l'interprétation (1992) (I limiti dell'interpretazione, 1990)
Comment voyager avec un saumon, nouveaux pastiches et postiches (1998) (traduction partielle de Il secondo diario minimo, 1992)
Interprétation et surinterprétation (1995) (Interpretation and overinterpretation, 1992)
La Recherche de la langue parfaite dans la culture européenne (1993) (La ricerca della lingua perfetta nella cultura europea, 1993)
Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs (1996) (Six Walks in the Fictional Woods, 1994)
Incontro - Encounter - Rencontre (1996) (en italien, anglais et français)
Croire en quoi ? (1998) (In cosa crede chi non crede ?, 1996)
Cinq questions de morale (2000) (Cinque scritti morali, 1997)
Kant et l'ornithorynque (1999) (Kant e l'ornitorinco, 1997)
(en) Serendipities: Language and Lunacy, Mariner Books, 1999
De la littérature (2003) (Sulla letteratura, 2002)
La Licorne et le Dragon, les malentendus dans la recherche de l'universel (collectif, 2003), sous la direction de Yue Daiyun et Alain Le Pichon, avec les contributions d'Umberto Eco, Tang Yijie, Alain Rey. Éditions Charles Léopold Mayer.
Histoire de la beauté (2004) (Storia della bellezza, 2004)
À reculons, comme une écrevisse (A passo di gambero, 2006)
Dire presque la même chose, expériences de traduction (2007) (Dire quasi la stessa cosa, esperienze di traduzione, 2003)
Histoire de la laideur (2007) (Storia della bruttezza)
Histoire de la beauté (2008) (Storia della bellezza)
La quête d'une langue parfaite dans l'histoire de la culture européenne Leçon inaugurale au Collège de France (1992), CD audio, Ed. Le Livre qui parle, 2008.
Vertige de la liste (Vertigine della lista), Flammarion, 2009. Cet essai est le pendant d'une exposition et d'une séries de conférences orchestrés par Eco, invité du musée du Louvre en novembre 2009.
De l'arbre au labyrinthe (2011) (Dall'albero al labirinto)
Confessions d'un jeune romancier (2013)

En collaboration

De consolatione picturae, entretien avec Gianfranco Baruchello, Milan, Galleria Schwarz, 1970
Jean-Claude Carrière et Umberto Eco, N’espérez pas vous débarrasser des livres, Grasset,‎ 2009 (ISBN 978-2246742715, présentation en ligne)

Œuvres pour la jeunesse

Les trois cosmonautes, avec Eugenio Carmi, Grasset, 1989

Traductions

Umberto Eco a traduit en italien les Exercices de style, l'un des ouvrages les plus célèbres de l'écrivain français Raymond Queneau dont il est ami et admirateur proche, par beaucoup de ses travaux, de l'Oulipo.

Liens

http://youtu.be/6K227-Dqhkg Mensonges et vérités
http://youtu.be/C8Y0its-bzI Bulle de savoir
http://youtu.be/fxMa3IuuDAg Le nom de la rose (espagnol)


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Posté le : 04/01/2014 22:05
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Jacques Laurent-Cély
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Le 5 Janvier 1910, à Paris, naît Jacques Laurent-Cély, journaliste, romancier,

et essayiste français,
ayant publié sous divers pseudonymes dont celui de Cécil Saint-Laurent, et élu à l'Académie française en 1986. Militant royaliste dans sa jeunesse devenu anarchiste de droite, son nom reste associé au mouvement littéraire dit des Hussards, il meurt le 29 décembre 2000, à 81 ans, à Paris, il fut distingué par le prix du quai des orfèvres, et le Goncourt, ses Œuvres principales sont : Les Corps tranquilles en 1948, Les Bêtises en 1971, Histoire égoïste en 1976

Jeunesse

Petit-fils du président du Conseil général de la Seine, fils d'un avocat inscrit au barreau de Paris, combattant de la Grande guerre et militant de Solidarité française de François Coty, Jacques Laurent-Cély était par sa mère neveu d'Eugène Deloncle.
Ayant suivi des études au lycée Condorcet, il entreprend une licence de philosophie à la Sorbonne, et s'engage rapidement à l'Action française de Charles Maurras, en écrivant au journal L'Étudiant français. Il présentera plus tard son engagement ainsi : c'est parce que je rencontrais l'Action française que j'échappais au fascisme.
En 1939, il doit interrompre ses études, à cause de la mobilisation.
Il ne joua qu'un rôle limité sous l'Occupation, avec un modeste poste au Bureau d'études du Secrétariat général à l'Information du régime de Vichy sous l'autorité de Paul Marion, où il fit la connaissance d'Angelo Tasca mais aussi de François Mitterrand, et contribua à Idées, revue de la Révolution nationale fondée en 1941 .
En août 1944, il est chargé d'établir un contact entre le maréchal Pétain et une unité auvergnate des Forces françaises de l'intérieur que dirige Henry Ingrand, Pétain envisageant alors un accord avec la Résistance pour rejoindre le maquis. Ce projet n'aura pas de suite, à cause du départ du maréchal à Sigmaringen, tandis que Jacques Laurent-Cély rejoindra à la fin du mois un bataillon des FFI devant opérer une jonction avec l'armée du général de Lattre de Tassigny. Remonté à Paris sous l'épuration, il est brièvement incarcéré mais finalement relâché.

L'écrivain Hussard

Après la Guerre, il entreprend une carrière d'écrivain : ayant écrit sous divers pseudonymes pour vivre des chroniques théâtrales comme Jean Paquin, quelques petits romans sentimentaux tels Dupont de Ména, Roland de Jarnèze ou des policiers : Roland de Jarneze, Alain de Sudy, Gilles Bargy, Laurent Labattu, J.C Laurent, puis en 1948 une étude historique plus connue, Quand la France occupait l'Europe, sous le nom d'Albéric Varenne.
Mais il se fait véritablement connaître du public par des romans publiés dès la fin des années 1940, dont les plus célèbres restent Les Corps tranquilles, paru en 1948 auquel Le Petit Canard, paru en 1954, constituera un post-scriptum, et la série populaire de Caroline Chérie, qui fera l'objet de douze traductions et de deux adaptations cinématographiques, en 1951, puis en 1968.
L'année 1951 voit la parution de son premier essai, Paul et Jean-Paul, dans lequel il se livre à un parallèle entre Paul Bourget et Jean-Paul Sartre, attaque Les Temps modernes et l'existentialisme. Dans le même temps, il fonde en 1953 la revue littéraire La Parisienne qui accueillit la plume de Jean Cocteau, Jean-François Deniau, Henry de Montherlant, Jacques Perret ou encore Marcel Aymé, dans laquelle il écorna André Malraux, lui reprochant de « vivre tranquillement en pelotant des chefs-d'œuvre plastiques après avoir envoyé tant de jeunes gens au casse-pipe », puis dirige l'hebdomadaire Arts de 1954 à 1959.
Son nom est alors associé au mouvement littéraire des Hussards, auxquels se rattachent aussi Antoine Blondin, Michel Déon et Roger Nimier, incarnant alors la droite littéraire. À cette qualification, Bernard Frank préférera toutefois celle, plus ironique, de fasciste.

Un auteur engagé

C'est par la guerre d'Algérie qu'il reprend son engagement politique : offusqué par la trahison du général de Gaulle par son projet d'autodétermination en 1959, il lance la revue L'Esprit public, qu'on présentera souvent comme l'organe officieux de l'OAS. Il la quitte toutefois en 1963, en désaccord avec les idées européistes et révolutionnaires de Jean Mabire.
En 1964, il attaque violemment le général de Gaulle par son pamphlet Mauriac sous de Gaulle, qui lui vaudra une condamnation pour « offense au chef de l'État ». Lors de ce procès, il déclara : « La situation de l'histoire des affaires est unique.
Vingt ans après la Terreur, n'importe quel historien pouvait dire ce qu'il pensait de la Terreur ; vingt ans après le 18 brumaire, n'importe quel historien pouvait dire ce qu'il pensait du 18 brumaire ; vingt ans après la Terreur blanche, n'importe quel historien pouvait s'exprimer librement sur la Terreur blanche ; vingt ans après le 2 décembre, on pouvait parler du 2 décembre selon sa conviction ; vingt ans même, pour prendre un événement plus rapproché, après l'arrestation de Caillaux sous Clemenceau, on pouvait défendre Caillaux si on le voulait, ou en tout cas écrire un livre d'histoire absolument libre sur ce qui s'était passé entre 1914 et 1918.
Mais vingt-cinq ans après le 18 juin, j'apprends par le réquisitoire qu'il est interdit de le commenter. Il publie peu après avec Gabriel Jeantet, ancien membre de La Cagoule puis résistant Année 40, où il conteste l'importance de de Gaulle, le planqué, dans l'organisation de la Résistance.

Retour au roman

Délaissant la politique, il y reviendra cependant par son autobiographie Histoire égoïste en 1976, Jacques Laurent refait surface dans le monde littéraire, par la publication de son roman Les Bêtises, qui obtiendra le prix Goncourt en 1971, puis avec Les Sous-Ensembles flous en 1981.
L'ensemble de son œuvre sera couronné la même année par le Grand prix de littérature de l'Académie française et, deux ans plus tard, par le Prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco.
Fait chevalier de la Légion d'honneur, il est élu à l'Académie française le 26 juin 1986, au fauteuil 15, succédant à Fernand Braudel, et publia en 1988 un dernier essai remarqué sur Le Français en cage, dans lequel il s'en prend au zèle excessif que déploient les policiers du langage dès que l'occasion leur est donnée de condamner. Jacques Laurent se suicide le 29 décembre 2000. Après sa disparition, il est remplacé à l'Académie par Frédéric Vitoux le 13 décembre 2001.

Sa Mort

En septembre 2011, l'ami de Jacques Laurent, Christophe Mercier, révèle que l'écrivain s'est donné la mort par tristesse, suite au décès de son épouse quelques mois plus tôt, et pour ne pas connaître la déchéance physique de la vieillesse. Article de Pierre Assouline sur son Blog La République des Lettres" : comment Jacques Laurent a choisi sa mort

Son oeuvre

Sans même tenir compte de ses nombreux pseudonymes, il y eut de bien nombreux Jacques Laurent au cours de la seconde moitié du XXe siècle, depuis le publiciste, jusqu'au membre de l'Académie française, élu en 1986.
On le trouve au premier rang dans la plupart des polémiques des années 1950 opposant gauche et droite, résistance gaulliste et vichysme renaissant, Les Temps modernes et La Parisienne, L'Express et Arts.
Formé par Maurras, Léon Daudet et Jacques Bainville, Jacques Laurent se révéla un polémiste de vocation, le meilleur de cette extrême droite littéraire qui, sous le terme de hussards, sut revendiquer la liberté et le plaisir d'écrire.
Une fois révolu le temps des polémiques, il faut convenir que le meilleur rôle de Jacques Laurent n'est pas celui de l'anti-Sartre providentiel, qu'il revendique avec son Paul et Jean-Paul, entendons Bourget et Sartre. Plus tard, en 1977, Laurent écrira l'un de ses plus beaux livres, Roman du roman.
Le chapitre premier, qui présente à la fois un souvenir d'adolescence et une vocation immédiate de romancier, égale, par son écriture jubilante, un autre récit d'enfance, Les Mots, du rival exécré. Jacques Laurent, dans le genre de l'essai, ne pouvait écrire que contre le détenteur d'une position dominante, qu'il eût nom de Gaulle, Sartre, Mauriac, Barthes, ou l'université. La limite de sa pensée tient à cette pugnacité constitutionnelle.
Les romans signés Jacques Laurent sont nombreux, passionnants, tout à fait inégaux, même à l'intérieur du même récit.
Le lecteur de Laurent croit reconnaître, à l'origine de cette production, un engagement juvénile du côté de Vichy, au cabinet de Paul Marion, beaucoup plus avancé que ne le dit l'auteur d'Histoire égoïste en 1976. Dans le périodique Idées, où Drieu la Rochelle signe ses professions de foi collaborationnistes, un certain Jacques Bostan va aussi fort loin dans ce sens.
Le choc de l'épuration et l'échec d'un premier roman très ambitieux, Les Corps tranquilles 1948, vont susciter une fièvre romancière qui ne cessera de transposer les thèmes d'une scène originaire, qui est aussi, dans l'Histoire, une défaite à conjurer.
Dès Le Petit Canard ehn 1954, un style allègre et sec, limpide et mordant, obstinément froid est trouvé.
C'est avec Les Bêtises, prix Goncourt en 1971,que le romancier s'impose à la critique et au public. Le personnage laurentien – qu'il soit homme ou, plus souvent, femme – est toujours quelqu'un qui double sa vie par l'écriture, qui évolue entre une vraie vie, qu'il tient pour fausse, et plusieurs fausses vies, qui s'imposent comme vraies. En racontant les vies multiples, et en présentant les œuvres fictives d'un homme qui écrit les Bêtises de Cambrai, Laurent invente un dispositif de roman spéculaire vertigineux.
On trouvera sans doute plus d'émotion et même de pathétique dans Les Sous-ensembles flous en 1981, un roman nourri par les inquiétudes métaphysiques d'Éros et de Thanatos. Ici, un grand romancier semble être né d'un philosophe à la vocation assurée, mais avortée. Voué au libertinage aussi érudit qu'érotique, Jacques Laurent excelle dans la création de figures de femme à la double ou triple vie. Ainsi, dans Les Dimanches de mademoiselle Beaunon en 1982, le romancier réconcilie-t-il un lecteur assoiffé d'identification avec un genre romanesque qui, disait-on, avait éradiqué la notion même de personnage.
D'un roman plus tardif, Le Miroir aux tiroirs en 1990, on retiendra l'épisode d'une femme qui sacrifie sa vie érotique à l'écriture du journal de cette même vie, et qui affronte le grand dilemme entre vivre sa vie et la raconter.
Et si les romans les plus plaisants et les plus généreux de l'auteur étaient ceux que, dès 1947, il a signés Cécil Saint-Laurent, et qui, avec la verve des grands feuilletonistes, mettent en scène ces merveilleuses descendantes de Moll Flanders que sont Caroline, Clotilde, Bernadette, Hortense ?
Ces épopées érotico-historiques ont constitué un triomphe durable du roman populaire, mais aussi une révolution des mœurs publiques et littéraires. Ici, Jacques Laurent est vraiment devenu le fils prodige et prodigue d'Alexandre Dumas père.

Œuvres

Sous le nom de Jacques Laurent
1947 : La Mort à boire, roman (Jean Froissart)
1948 : Les Corps tranquilles, roman (La Table ronde)
1951 : Paul et Jean-Paul, essai (Grasset)
1954 : Le Petit Canard, roman (Grasset)
1964 : Mauriac sous de Gaulle, essai (La Table ronde)
1965 : Année 40, essai (avec Gabriel Jeantet) (La Table ronde)
1966 : La Fin de Lamiel, essai (Julliard)
1967 : Au contraire, essai (La Table ronde)
1968 : Choses vues au Viêt Nam, essai (La Table ronde)
1969 : Lettre ouverte aux étudiants, essai (Albin Michel)
1971 : Les Bêtises, roman (Prix Goncourt, 1971) (Grasset)
1972 : Neuf perles de culture, essai (avec Claude Martine) (Gallimard)
1976 : Histoire égoïste, essai (La Table ronde)
1979 : Le Nu vêtu et dévêtu, essai (Gallimard)
1980 : Roman du roman, essai (Gallimard)
1981 : Les Sous-Ensembles flous, roman (Grasset)
1982 : Les Dimanches de Mademoiselle Beaunon, roman (Grasset)
1984 : Stendhal comme Stendhal, essai (Grasset)
1986 : Le Dormeur debout, roman (Gallimard)
1988 : Le Français en cage, essai, (Grasset)
1990 : Le Miroir aux tiroirs (Grasset)
1994 : Du mensonge, essai (Plon)
1994 : L'Inconnu du temps qui passe (Grasset)
1997 : Moments particuliers (Grasset)
1999 : L'Esprit des lettres (Éditions de Fallois)
2000 : Ja et la Fin de tout (Grasset)
Sous le nom de J.C Laurent
1950 : "Ne touchez pas à la hache !", roman policier (S.C.E.L / Éditions "Je sers" no 1 de la Collection Œdipe)
Sous le nom de Cécil Saint-Laurent
1947 : Caroline Chérie
1949 : Captain Steel (adapté de Praise at morning de Mildred MacNeilly)
1950 : Le Fils de Caroline chérie
1951 : Les Caprices de Caroline
1953 : Sophie et le crime (Prix du Quai des Orfèvres)
1953 : Lucrèce Borgia
1954 : La Fille de Mata-Hari
1954 : Une sacrée salade
1957 : Prénom Clotilde
1961 : Les Agités d'Alger
1961 : Les Passagers pour Alger
1963-1967 : Hortense 1914-18
1969 : Les Petites Filles et les Guerriers
1970 : La Communarde
1972 : Lola Montes
1975 : La Bourgeoise
1978 : La Mutante
1986 : L'Erreur
Sous le nom d'Albéric Varenne
1948 : Quand la France occupait l'Europe (éditions le Portulan)
Autres pseudonymes
Laurent Labattut, Gilles Bargy, Dupont de Mena, Luc d’Ébreuil, Roland de Jarnèze, Alain Nazelle, Jean Parquin, Gonzague de Pont-Royal, Marc de Saint-Palais, Alain de Sudy, Edgar Vuymont.

Filmographie

1950 : Quai de Grenelle (d'après le roman "La mort à boire")
1951 : Caroline chérie
1953 : Un caprice de Caroline chérie
1953 : Lucrèce Borgia
1954 : La fille de Mata-Hari
1955 : Le fils de Caroline chérie
1955 : Frou-Frou
1955 : Sophie et le crime
1955 : Les mauvaises rencontres (d'après le roman "Une sacrée salade")
1955 : Lola Montès
1956 : Paris canaille
1959 : Le Secret du chevalier d'Éon
1960 : On roule à deux (Téléfilm)
1962 : Le Masque de fer
1964 : De l'amour
1965 : 14-18
1967 : Sept hommes et une garce
1967 : Lamiel (d'après le roman "La fin de Lamiel")
1968 : Caroline chérie
1968 : Manon 70
1969 : Quarante-huit heures d'amour (Scénario, réalisation et dialogues)
1969 : Les Femmes

Liens

http://www.ina.fr/video/CPB89006045 Chez pivot (INA)
http://youtu.be/QX01YX3BzHc Jacques Laurent et les chats
http://youtu.be/hSL6g0A_XEw un caprice de Caroline Chérie
http://youtu.be/eY1h-qHNTMQ Le fils de caroline Chérie


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Posté le : 03/01/2014 21:55

Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:50:41
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Charles D'Orléans
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Le 5 Janvier 1465 à Amboise, à 70 ans, meurt Charles d'Orléans,

né à Paris le 24 novembre 1394, duc d'Orléans, prince français, connu surtout pour son œuvre poétique réalisée lors de sa longue captivité anglaise. Il est le fils de Louis Ier, duc d'Orléans, le frère du roi de France Charles VI, et de Valentine Visconti fille du duc de Milan.
Il est comte de Valois et de Blois, issu de la branche capétienne des Valois, il est prétendant au duché de Milan, Comte d'Asti, il participe au Conflits de la Guerre de Cent Ans et il prend une part à la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, fils de Louis 1er duc d'Orléans et de Valentine Visconti, marié à Isabelle de Valois et de Marie de clèves, il a trois enfants , Marie, louis et Anne.

Le poète

Le rapport entre la vie et les poèmes de Charles, duc d'Orléans, fils de Louis d'Orléans, qui fut tué par Jean sans Peur en 1407, et père de Louis XII, est plus compliqué que ne le ferait croire, par exemple, un rapprochement entre les ballades où il nous parle de son exil et l'histoire qui nous apprend ses vingt-cinq ans de captivité en Angleterre, après Azincourt en 1415. L'espace, de mer et de temps, qui le sépare de tout ce qu'il aime constitue le lieu où s'élabore le théâtre allégorique de sa pensée : là se joue le drame intérieur d'une conscience cherchant à faire régner la sagesse de la raison sur un cœur tenté par la passion ou envahi par la mélancolie.
Rentré en France en 1440, et réunissant autour de lui quelques amis qui partagent ses goûts et cultivent ses manies, le poète évoque, sans doute, en rondeaux vifs et animés, les plaisirs du monde quotidien, mais c'est pour creuser encore l'écart entre les yeux qui se divertissent du spectacle et la pensée qui réfléchit.
Le calendrier poétique ramène les petits événements des jours qui passent au rythme essentiel de la vie. Le manuscrit personnel du prince, où sont conservés ses poèmes, parfois autographes, avec les répliques que lui donnent ses amis, s'organise d'abord selon un plan esthétique distinguant nettement les ballades amoureuses, encadrées par les deux fictions de la Retenue et de la Départie d'amour, les ballades diverses, les chansons, les caroles et les complaintes.
La plupart de ces poèmes, transcrits avec soin, ont été composés en Angleterre.
Ils ont pour thème directeur le service d'une dame dont l'identité intrigue les biographes, et qui n'est pas nécessairement l'une de ses deux premières épouses, Isabelle de France ou Bonne d'Armagnac.
Plus significatif est le dédoublement qui se manifeste déjà entre le moi amoureux et la pensée qui le surveille.
Par la suite, la composition du recueil se brouille : des poèmes sont rajoutés au fur et à mesure de leur création, avec moins de soin dans la présentation. Les rondeaux ne prétendent plus être chantés, les ballades s'ajoutent aux deux cahiers déjà constitués. Peut-on retrouver désormais un ordre chronologique ? Le désordre de ces feuillets, le caprice du prince rendent une telle enquête difficile dans le détail.
Mais on remarque le retour des mêmes thèmes, la surimpression de sentiments divers et, par un rapprochement fortuit ou calculé, la rencontre d'impressions contradictoires. Dans un langage resté très pur, le vocabulaire s'enrichit de notations concrètes, la métaphore fait marcher plus subtilement l'allégorie, le vers plus dense ébauche un dialogue plein de vivacité.
Poésie qui est encore un art de la conversation : avec la dame, avec l'entourage, avec soi-même. Les images gravitent autour de thèmes symboliques riches de suggestions et les refrains ou sentences résument le savoir accumulé par d'austères lectures. Pas de pédantisme en ces cahiers de poésie : l'élégance est de déguiser le raffinement philosophique sous les costumes du monde familial

Sa vie

Il naît à l'hôtel royal Saint-Pol, à Paris. Son enfance est marquée par les rivalités qui opposent son père à Jean sans Peur, duc de Bourgogne, rivalités à l'origine de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Son père est tué sur l'ordre du duc de Bourgogne le 23 novembre 1407.
En sa qualité d'aîné, il recueille la plus grande part de l'héritage dont le duché d'Orléans, les comtés de Valois et de Blois, et les seigneuries de Coucy et de Chauny.
Il épouse en 1406 sa cousine germaine Isabelle de Valois 17 ans, fille de Charles VI, et veuve de Richard II d'Angleterre.
Celle-ci meurt à vingt ans en donnant le jour à une fille. Charles se remarie en 1410 avec Bonne d'Armagnac, fille du comte Bernard VII d'Armagnac, grand féodal du Sud-Ouest, transférant le conflit familial à la maison d'Armagnac.
À la mort de sa mère, le 4 décembre 1408, il hérite du comté d'Asti et de quelques terres lombardes.
En 1415, survient la reprise de la guerre, Charles d'Orléans fait partie de l'armée française poursuivant Henri V retraitant dans le nord de la France. À la débâcle d'Azincourt, le 25 octobre 1415, Charles d'Orléans est fait prisonnier et emmené en Angleterre.
Sa libération est conditionnée par le paiement d'une rançon. Il reste vingt-cinq ans en Angleterre, années pendant lesquelles il développe son œuvre.

En effet, il ne se trouve personne pour payer sa rançon. Sa seconde épouse est morte à la fin de 1415, son beau-père, le comte Bernard VII d'Armagnac, a été massacré par les partisans de Jean Sans Peur en 1418 et, en 1420, disparaît son frère cadet, Philippe, comte de Vertus.
Son duché d'Orléans est laissé sans défense et les Anglais assiègent Orléans sans même songer à demander au duc, leur prisonnier, de leur ouvrir les portes ; siège auquel mit fin Jeanne d'Arc.
Il est enfin libéré le 5 novembre 1440, contre une rançon de 220 000 écus, représentant partiellement la dot de sa nouvelle épouse, car le 26 novembre 1440, à 46 ans, il épouse Marie de Clèves, âgée de 14 ans, nièce du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et petite-fille du meurtrier de son père Jean sans Peur.
En 1447, il récupère son comté d'Asti et rentre en France l'année suivante pour finir sa vie retiré à Blois.
En 1457, le 19 décembre, alors qu'il a 63 ans, son épouse accouche d'une fille, Marie, et, le 27 juin 1462, alors qu'il a 68 ans, Marie de Clèves accouche cette fois d'un fils, Louis, le futur roi Louis XII.
En 1464, elle est de nouveau enceinte, pour la troisième fois, et donne naissance à une fille, Anne, quelques mois avant la mort de son mari.

Charles d'Orléans meurt à Amboise le 5 janvier 1465, sur le chemin du retour, alors qu'il venait d'assister à Poitiers à une assemblée des princes du Sang et des grands féodaux.

Il est inhumé en l'église du Saint-Sauveur à Blois : plus tard, ses restes funéraires furent rapatriés à Paris, avec ceux de sa famille par son fils, le roi Louis XII


Œuvres


Charles Ier d’Orléans,
Illustration d'un recueil de poèmes du duc d'Orléans commémorant son emprisonnement dans la Tour de Londres
Charles d'Orléans est l'auteur d'une œuvre considérable :
131 chansons, 102 ballades, sept complaintes et pas moins de 400 rondeaux. Il est aussi l'auteur de pièces poétiques en langue anglaise.

" Le cri de la rue"
Le Livre contre tout péché
La Retenue d'Amours
Le Songe en complainte
La Départie d'Amour
Hiver vous n'êtes qu'un vilain
En la forêt de longue attente (éd. Gallimard, Poésie NRF, 2001 (ISBN 978-2-07-032795-9)).
Clément Marot sera un fervent admirateur de cette œuvre.[réf. nécessaire]
Rondeau de printemps
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie:
"Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie, "
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;
Chacun s'habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau.

Bibliographie

Principales éditions des œuvres de Charles d'Orléans

Ballades et rondeaux, Paris, Le Livre de Poche, collection Lettres gothiques , 1992.
En la forêt de longue attente et autres poèmes, édition bilingue de Gérard Gros, Paris, Gallimard, collection « Poésie / Gallimard », 2001.
Poésies, Tome 1, La retenue d'amour. Ballades, chansons, complaintes et caroles éditées par Pierre Champion, Paris, Honoré Champion, collection « Classiques français du Moyen Âge », 2010.
Le Livre d'Amis : Poésies à la cour de Blois (1440-1465), édition bilingue, publication, traduction, présentation et notes de Virginie Minet-Mahy et Jean-Claude Mühlethaler, Paris, Honoré Champion, collection « Champion Classiques Moyen Âge », 2010.

Études historiques et littéraires

Mary-Jo Arn, The Poet's Notebook: The Personal Manuscript of Charles d'Orléans (Paris, BnF MS fr. 25458), Turnhout, Brepols, 2008.
Pierre Champion, La Vie de Charles d'Orléans. 1394-1465, Paris, Honoré Champion, collection Bibliothèque du xve siècle, no 15, 1911. 3e édition : 2010.
Claudio Galderisi, Le Lexique de Charles d’Orléans dans les Rondeaux, Genève, Droz, 1993, 277 p. Extraits en ligne.
Claudio Galderisi, Charles d’Orléans : ‘Plus dire que penser’, Bari, Adriatica Editrice, 1994, 128 p.
Claudio Galderisi, ‘En regardant vers le païs de France’. Charles d’Orléans : une poésie des présents, Orléans, Paradigme, Medievalia, 2006, 220 p.
Claudio Galderisi, Charles d’Orléans, Paris-Rome, Memini, Bibliographie des écrivains français, 2012, 174 p.
Xavier Hélary, entrée ORLÉANS Charles duc d' (1394-1465), in Philippe Contamine, Olivier Bouzy, Xavier Hélary, Jeanne d'Arc. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 2012, p. 893-894, (ISBN 2-221-10929-5).
Thierry Martin, Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais, anthologie bilingue, QuestionDeGenre/GKC, 2007.
Gilbert Ouy, « À propos des manuscrits autographes de Charles d'Orléans identifiés en 1955 à la Bibliothèque nationale », in Bibliothèque de l'école des chartes, no 118, 1960, p. 179-188, [lire en ligne].
Littérature
Hella S. Haasse, En la forêt de longue attente. Le roman de Charles d'Orléans, Paris, Seuil, 1991.
Postérité
Ses poèmes ont été enluminés par Henri Matisse
Trois chansons mises en musique par Claude Debussy


Poèsie

Bien moustrez, Printemps gracieux

Bien moustrez, Printemps gracieux,
De quel mestier savez servir,
Car Yver fait cueurs ennuieux,
Et vous les faictes resjouir.
Si tost comme il vous voit venir,
Lui et sa meschant retenue
Sont contrains et prestz de fuir
A vostre joyeuse venue.

Yver fait champs et arbres vieulx,
Leurs barbes de neige blanchir,
Et est si froit, ort* et pluieux
Qu'emprés le feu couvient croupir ;
On ne peut hors des huis yssir**
Comme un oisel qui est en mue.
Mais vous faittes tout rajeunir
A vostre joyeuse venue.

Yver fait le souleil es cieulx
Du mantel des nues couvrir ;
Or maintenant, loué soit Dieux,
Vous estes venu esclersir
Toutes choses et embellir.
Yver a sa peine perdue,
Car l'an nouvel l'a fait bannir
A vostre joyeuse venue.


En la forest d'Ennuyeuse Tristesse

En la forest d'Ennuyeuse Tristesse,
Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye,
Si rencontray l'Amoureuse Deesse
Qui m'appella, demandant ou j'aloye.
Je respondy que, par Fortune, estoye
Mis en exil en ce bois, long temps a,
Et qu'a bon droit appeller me povoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
Me respondy : " Amy, se je savoye
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t'ayderoye ;
Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye
De tout plaisir, ne sçay qui l'en osta ;
Or me desplaist qu'a present je te voye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

- Helas ! dis je, souverainne Princesse,
Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
Cest par la Mort qui fait a tous rudesse,
Qui m'a tollu celle que tant amoye,
En qui estoit tout l'espoir que j'avoye,
Qui me guidoit, si bien m'acompaigna
En son vivant, que point ne me trouvoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va. "

ENVOI

Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ;
De mon baston, affin que ne fervoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C'est grant pitié qu'il couvient que je soye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.


En acquittant nostre temps vers jeunesse

En acquittant nostre temps vers jeunesse,
Le nouvel an et la saison jolie,
Plains de plaisir et de toute liesse
- Qui chascun d'eulx chierement nous en prie -,
Venuz sommes en ceste mommerie*,
Belles, bonnes, plaisans et gracieuses,
Prestz de dancer et faire chiere lie
Pour resveillier voz pensees joieuses.

Or bannissiez de vous toute peresse,
Ennuy, soussy, avec merencolie,
Car froit yver, qui ne veult que rudesse,
Est desconfit et couvient qu'il s'en fuye !
Avril et may amainent doulce vie
Avecques eulx ; pource soyez soingneuses
De recevoir leur plaisant compaignie
Pour resveillier voz pensees joieuses !

Venus aussi, la tresnoble deesse,
Qui sur femmes doit avoir la maistrie,
Vous envoye de confort a largesse
Et plaisance de grans biens enrichie,
En vous chargeant que de vostre partie
Vous acquittiés sans estre dangereuses ;
Aidier vous veult, sans que point vous oublie,
Pour resveillier voz pensees joieuses.


Que me conseillez-vous, mon coeur ?

Que me conseillez-vous, mon coeur ?
Irai-je par devers la belle
Lui dire la peine mortelle
Que souffrez pour elle en douleur ?

Pour votre bien et son honneur,
C'est droit que votre conseil céle.
Que me conseillez-vous, mon coeur,
Irai-je par devers la belle ?

Si pleine la sais de douceur
Que trouverai merci en elle,
Tôt en aurez bonne nouvelle.
J'y vais, n'est-ce pour le meilleur ?
Que me conseillez-vous, mon coeur ?



Le beau souleil, le jour saint Valentin


Le beau souleil, le jour saint Valentin,
Qui apportoit sa chandelle alumee,
N'a pas longtemps entra un bien matin
Priveement en ma chambre fermee.
Celle clarté qu'il avoit apportee,
Si m'esveilla du somme de soussy
Ou j'avoye toute la nuit dormy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.

Ce jour aussi, pour partir leur butin
Les biens d'Amours, faisoient assemblee
Tous les oyseaulx qui, parlans leur latin,
Crioyent fort, demandans la livree
Que Nature leur avoit ordonnee
C'estoit d'un per* comme chascun choisy.
Si ne me peu rendormir, pour leur cry,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.

Lors en moillant de larmes mon coessin
Je regrettay ma dure destinee,
Disant : " Oyseaulx, je vous voy en chemin
De tout plaisir et joye desiree.
Chascun de vous a per qui lui agree,
Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy,
A prins mon per dont en dueil je languy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee. "

ENVOI

Saint Valentin choisissent ceste annee
Ceulx et celles de l'amoureux party.
Seul me tendray, de confort desgarny,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.



Je meurs de soif en couste la fontaine

Je meurs de soif en couste la fontaine ;
Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
Aveugle suis, et si les autres maine ;
Povre de sens, entre saichans l'un d'eulx ;
Trop negligent, en vain souvent songneux ;
C'est de mon fait une chose faiee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ;
Je joue et ris, quant me sens douloreux ;
Desplaisance j'ay d'esperance plaine ;
J'atens bon eur en regret engoisseux ;
Rien ne me plaist, et si suis desireux ;
Je m'esjoïs, et cource a ma pensee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je parle trop, et me tais a grant paine ;
Je m'esbays, et si suis couraigeux ;
Tristesse tient mon confort en demaine ;
Faillir ne puis, au mains a l'un des deulx ;
Bonne chiere je faiz quant je me deulx ;
Maladie m'est en santé donnee,
En bien et mal par Fortune menee.

ENVOI

Prince, je dy que mon fait maleureux
Et mon prouffit aussi avantageux,
Sur ung hasart j'asserray quelque annee,
En bien et mal par Fortune menee.


Las ! Mort, qui t'a fait si hardie

Las ! Mort, qui t'a fait si hardie
De prendre la noble Princesse
Qui était mon confort, ma vie,
on bien, mon plaisir, ma richesse !
Puisque tu as pris ma maîtresse,
Prends-moi aussi son serviteur,
Car j'aime mieux prochainement
ourir que languir en tourment,
En peine, souci et douleur !

Las ! de tous biens était garnie
Et en droite fleur de jeunesse !
Je prie à Dieu qu'il te maudie,
Fausse Mort, pleine de rudesse !
Si prise l'eusses en vieillesse,
Ce ne fût pas si grand rigueur ;
ais prise l'as hâtivement,
Et m'as laissé piteusement
En peine, souci et douleur !

Las ! je suis seul, sans compagnie !
Adieu ma Dame, ma liesse !
Or est notre amour departie,
Non pourtant, je vous fais promesse
Que de prières, à largesse,
orte vous servirai de coeur,
Sans oublier aucunement;
Et vous regretterai souvent
En peine, souci et douleur.

Dieu, sur tout souverain Seigneur,
Ordonnez, par grâce et douceur,
De l'âme d'elle, tellement
Qu'elle ne soit pas longuement
En peine, souci et douleur !



Mon cuer, estouppe* tes oreilles

Mon cuer, estouppe* tes oreilles
Pour le vent de merencolie !
S'il y entre, ne doubte mye,
Il est dangereux a merveilles.

Soit que tu donnes ou tu veilles,
Fais ainsi que dy, je t'en prie ;
Mon cuer, estouppe tes oreilles
Pour le vent de merencolie !

Il cause doleurs nompareilles
Dont s'engendre la maladie
Qui n'est pas de legier guerie.
Croy moy, s'a Raison te conseilles,
Mon cuer, estouppe tes oreilles !



France, jadis on te soulait nommer

France, jadis on te soulait* nommer,
En tous pays, le trésor de noblesse,
Car un chacun pouvait en toi trouver
Bonté, honneur, loyauté, gentillesse,
Clergie, sens, courtoisie, prouesse.
Tous étrangers aimaient te suivre.
Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance,
Qu'il te convient maint grief mal soustenir,
Très chrétien, franc royaume de France.

Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ?
Connais-tu point pourquoi es en tristesse ?
Conter le veux, pour vers toi m'acquitter,
Ecoute-moi et tu feras sagesse.
Ton grand orgueil, glotonnie, paresse,
Convoitise, sans justice tenir,
Et luxure, dont as eu abondance,
Ont pourchacié vers Dieu de te punir,
Très chrétien, franc royaume de France.

Ne te veuilles pourtant désespérer,
Car Dieu est plein de merci, à largesse.
Va-t'en vers lui sa grâce demander,
Car il t'a fait, déjà piéça, promesse
(Mais que fasses ton avocat Humblesse)
Que très joyeux sera de te guérir;
Entièrement mets en lui ta fiance,
Pour toi et tous, voulut en croix mourir,
Très chrétien, franc royaume de France...

Et je, Charles, duc d'Orléans, rimer
Voulus ces vers au temps de ma jeunesse ;
Devant chacun les veux bien avouer,
Car prisonnier les fis, je le confesse ;
Priant à Dieu, qu'avant qu'aie vieillesse,
Le temps de paix partout puisse avenir,
Comme de coeur j'en ai la désirance,
Et que voie tous tes maux brief finir,
Très chrétien, franc royaume de France !


Liens

http://youtu.be/6GLIweNRKNs Trois chansons par Debussy
http://youtu.be/gyelDMBwPTE hyver vous n'êtes qu'un vilain
http://youtu.be/_2IxsBHmk1I Polnareff chante Charles D'Orléans
http://youtu.be/tXZ-2ZWVIyk Laurent Voulzy sur des vers de Charles D'Orléans

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Posté le : 03/01/2014 20:03

Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:23:13
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Pierre Seghers
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Le 5 Janvier 1906 naît à Paris Pierre Seghers, poète, éditeur et résistant français.

Il est le plus célèbre éditeur français de poésie, créateur en 1944 de la collection Poètes d'aujourd'hui. Résistant de la première heure, il fut proche de Louis Aragon, Paul Éluard, Robert Desnos et René Char.poète, il meurt le 4 novembre 1987 à Créteil

Le nom de Pierre Seghers ne saurait déjà échapper à tous ceux qui, de quelque manière, s'intéressent à l'histoire de la poésie française vers le milieu de ce siècle. Longtemps en effet l'activité la plus notoire de Pierre Seghers a été celle d'un éditeur, et d'un éditeur de poèmes. "Le Temps des merveilles" est une œuvre poétique dispersée pendant quarante ans dans les revues et divers petits recueils. Il s'agit pourtant bien d'une œuvre, dont l'unité et la solidité incitent à supposer quelque vertu transmise par un grand-père qui sculptait des chaires d'église et par un père d'abord menuisier. Retenant du surréalisme les leçons de liberté dans la métaphore, avec sa langue d'une clarté vigoureuse, sa métrique souple et sensible où — de l'alexandrin au verset ou aux rythmes légers de la chanson — l'héritage du vers français fructifie, Pierre Seghers délivre un lyrisme tour à tour amoureux, engagé, familier, intime, épique d'une rare diversité de thèmes et de nuances, et qui n'est pas sans correspondances même formelles avec l'art sans doute plus brillant d'Aragon.
Mais le chant y revêt parfois cette ampleur qu'on admire par exemple chez le grand poète grec Ritsos, et la simplicité juste et chaleureuse du ton fait de cette œuvre, indépendante des groupes et des théories, l'expression la plus achevée de ce dont rêvèrent les amis de l'école de Rochefort : une poésie de l'homme pour les hommes, aussi immédiatement partageable que le malheur, l'amour et le pain.

Origines familiales

Né en 1906 dans une famille d'artisans originaire du Nord,Les Seghers sont originaires de la région d’Anvers. Pierre Seghers descend d’une branche de cette famille installée dans le nord de la France au milieu du xixe siècle. Parmi les Seghers, on compte 3 célèbres peintres flamands du XVII siècle : les frères Daniel (1590-1661) et Gérard (1591-1651) Seghers, et Hercule Seghers, vers 1589 - vers 1638. Louis Seghers, grand père de Pierre Seghers, s’engage jeune à la Légion étrangère et combat en Algérie dans les années 1860.
Il s’établit ensuite comme sculpteur sur bois. Il forme à cet artisanat son fils Charles, né en 1866. En 1900, à 35 ans, Charles Seghers suit un oncle passionné de photographie et se lance dans la recherche de procédés photographiques.
Il s’installe près de Grenoble, puis à Paris. Des découvertes empiriques d’émulsions chimiques lui assurent un certain succès et l’amènent à voyager en Europe où ses procédés sont exploités. Une concurrence accrue et une protection insuffisante de ses découvertes le conduisent à la faillite. En 1912, il quitte Paris pour Carpentras où il a retrouvé du travail. Il y met au point un papier photographique utilisé pour les relevés aériens dans l'aviation naissante.

Enfance et jeunesse en Provence

Fils unique de Charles Seghers (1866 – 1932) et de Marthe Lebbe, 1886 – 1977, Pierre Seghers naît rue Claude-Lorrain à Paris XVIe, le 5 janvier 1906. Il a 6 ans lorsque ses parents s’installent à Carpentras. Le petit parisien y découvre la vie au grand air dans cette Haute-Provence de collines rousses, la plus douce terre de tous les pays, où j'ai appris à lire, à nager, à aimer. Cette enfance sous le soleil de Provence le marquera profondément.
Au Collège de Carpentras, Hugo, Racine Bérénice surtout, Musset me furent des révélations, des feux d’artifices dans la nuit des études. Je devins bientôt le plus jeune assidu de la Bibliothèque Inguimbertine. pendant ces années, il se lie d’une amitié durable avec le futur poète André de Richaud (1907 – 1968). Bachelier dès l'âge de 16 ans, il est néanmoins contraint de gagner sa vie.
Il est d'abord brièvement saute ruisseau, clerc de notaire débutant chez un notaire de Carpentras.
Il est ensuite surnuméraire dans l’administration du Cadastre, ce qui lui donnera l'occasion d'arpenter tout le Vaucluse pendant 2 années.

L’Administration puis le Commerce


En 1925, muté à Paris par son Administration, le jeune Pierre Seghers âgé de 19 ans s’installe dans la capitale. Après une année à Clamart, il parvient à louer une petite chambre place Dauphine coin de verdure enfoncé dans Paris, triangulaire, provinciale et silencieuse. (…) Innombrable Paris m’enthousiasmait, m’engloutissait. (…) La vie, la poésie, Paris m’apprenait tout. Le jeune Seghers fréquente les marchands de livres rares et éditeurs de poésie des échoppes de la place Dauphine. Il fait ses premiers achats chez les bouquinistes des quais de Seine.
Son service militaire l’envoie en Corse au 173e régiment d'infanterie et l’extrait de la vie de bureau et de sa tristesse des contentieux, des pauvres réclamations triées et rejetées pour vice de forme.
Son service militaire achevé, il quitte l’Administration et retourne à Carpentras où il épouse en 1928 une amie de jeunesse, Anne Vernier.
Il est embauché par un oncle de sa femme qui lui enseigne tout des achats et des ventes, des voyageurs, des échéances et des affaires. Rapidement, il se met à son compte et vend du matériel pour bars et hôtels. Pendant 10 années, de Clermont-Ferrand, à Nice, passant par Marmande et Briançon, il sillonne le sud de la France pour développer son négoce :une dizaine d’années passées de tabourets en tabourets, à courir d’hôtellerie en auberge, à prendre l’existence à bras-le-corps, dix années de bonheur fou à vivre comme un homme. La vie de couple ne résiste pas à ces voyages incessants. Seghers demeurera toutefois toute sa vie lié à Anne Verdier par une affectueuse amitié.
Pendant toutes ses années de voyageur de commerce, il écrit «de mauvais poèmes dans les cafés, dans les salles d’attente, dans les trains». Mallarmé, Laforgue, Whitman, Carco, Verlaine, P.-J. Toulet puis Rilke, accompagnent ses déplacements. «Dans les petites villes de province, le chemin de la poésie est un labyrinthe intérieur. Personne avec qui s’entretenir de ses secrets, l’aventure poétique commence comme un long soliloque. (…) J’étais double. Ma seule zone de calme, de réflexion, mon puits secret était la poésie

Vers 1930, Pierre Seghers fait la connaissance aux Baux-de-Provence du typographe et graveur Louis Jou. Dans son atelier de la rue du Vieux-Colombier à Paris, Louis Jou fait découvrir au futur éditeur l’amour de la fabrication des beaux livres.C’est chez Jou que j’ai respiré pour la première fois l’odeur de l’encre, que j’ai entendu sonner sous l’ongle les feuilles de papier, que j’ai pris dans les casses ces magiques petits blocs de plomb qui deviennent des livres. Louis Jou lui fait notamment découvrir le grand poète et mathématicien persan Omar Khayyam. Enfin Jou me révéla Omar Khayyam.
Une nuit inoubliable où la poésie, la vie et Dieu ne faisaient qu'un. En 1932, le père de Pierre Seghers, ruiné, solitaire et dépressif se suicide. Louis Jou deviendra alors pour Pierre Seghers plus qu'un maître en édition, un père spirituel.
Bonne Espérance

Après Les Angles, Pierre Seghers s'installe à Villeneuve-lès-Avignon en 1934. Il s’est installé dans une tour du XIVe siècle, ancienne livrée du Cardinal de Giffon, située dans la montée du Fort Saint-André. En 1937, venant de franchir le cap des 30 ans, il rassemble ses poèmes en un recueil qu’il nomme Bonne Espérance. Faute de trouver un éditeur, il décide en 1938 de créer une maison d’édition, Les Éditions de la Tour, afin d’éditer ce recueil.

La revue Poésie


Soldat de 2e classe, il est mobilisé le 6 septembre 1939 à la caserne Vallongue à Nîmes. Il s'aperçoit qu'exactement que 25 ans plus tôt, en septembre 1914, un autre poète était mobilisé dans cette même caserne : Guillaume Apollinaire. Marqué par ce clin d'œil du destin, n'étant utile à rien, figurant sans emploi dans une mascarade, je décidai de me trouver à moi-même des buts. Ainsi naquit l'idée de fonder une revue de poètes-soldats.
À Forcalquier, où sa section est détachée, il publie en novembre 1939 le premier numéro de Poètes Casqués ou P.C. 39. Imprimée à 300 exemplaires, elle se veut la revue des poètes de la Résistance, ouverte à toutes les voix. En colophon, une citation d'André Suarès : Beau mensonge de l'art, si pourtant tu étais la seule vérité. Seghers y engage toutes ses économies, 450 francs, tout ce que j'avais alors. Le succès est immédiat ; bulletins d'abonnement et de mandats-postaux affluent. Louis Aragon est l'un des premiers abonnés ; il adresse à Seghers en décembre 1939, pour le numéro suivant de la revue, le manuscrit d'un long poème inédit : Les Amants séparés. Le chroniqueur littéraire André Billy salue cette jeune revue dans Le Figaro. Plusieurs écrivains écrivent à Seghers ou s'abonnent pour l'encourager : Jean Paulhan, Max Jacob, Jules Romains, Armand Salacrou ou bien encore Gaston Gallimard. Chaque numéro de la revue rend hommage à une figure tutélaire qui fut liée à la première Guerre mondiale : Péguy, Alain-Fournier, Apollinaire, Alan Seeger, etc.
« Pour comprendre ce qui se joue en France, autour de Pierre Seghers et des poètes qu’il publiera durant les années de guerre, il faut rappeler ce que furent les conditions d’écriture sous l’Occupation. Le papier est rationné, le plomb nécessaire à l’impression souffre parfois de pénurie, les imprimeurs sont placés sous surveillance, les publications soumises à la censure. Des centaines de livres d’auteurs juifs ou antinazis sont détruits.
Pis encore, dès les premiers temps de l’Occupation, bien des éditeurs français pratiquent l’autocensure. Dans ce contexte délétère, Seghers fait preuve de pragmatisme et d’une énergie à toute épreuve. Il lance les appels à contribution, assure la correspondance, la lecture et le choix des textes, rédige des notes, vérifie que l’imprimeur pourra se procurer le papier nécessaire, se rend deux jours par mois à Lyon pour y corriger au marbre les épreuves et donner le bon à tirer, gère le suivi des commandes.Abonnements, fichiers, adresses, enveloppes, expéditions, j'étais le maître Jacques de l’entreprise.
Au début de l’année 1940, Seghers en appelle à la mobilisation des poètes-soldats. Le ton de sa circulaire est solennel : Union sacrée, lien fraternel. Dans un article de Poésie 40 consacré à Pierre Seghers, le poète et critique littéraire belge André Fontainas souligne que la revue qui vient d’être fondée aux Armées est sans précédent dans l’histoire de la poésie française parce que les poètes, qui sont trop souvent indifférents les uns aux autres ou luttent entre eux, ont pour la première fois l’occasion historique de regarder ensemble dans la même direction. Seghers n’est pas de ceux qui divisent ; il n’est d’aucune chapelle, d’aucune école. Ce qu’il veut, c’est servir la Poésie.

La Résistance

Démobilisé en zone sud, Seghers retourne s’installer à Villeneuve-lès-Avignon. Il a entendu l’appel du général de Gaulle, mais décide de résister de l’intérieur avec les armes qui sont les siennes : développer la revue Poésie et s’en servir pour rassembler tous ceux qui veulent maintenir l’espérance.
Nous allions être obligés, avec la revue, de parler à mots couverts, d’utiliser les grilles des allusions, le feu sous la langue, d’utiliser une littérature de contrebande, de déjouer la censure, d’organiser et d’entretenir à notre échelon, une aventure qui allait singulièrement dépasser la poésie et la littérature.
Il sent la nécessité de se rapprocher d’Aragon.Avec lui, il me paraissait urgent de rétablir des liaisons, de tout reprendre dans un pays distendu, divisé, crevé comme un osier percé. Dans La Rime en 1940, publié dans Poésie 40, Aragon, homme insurgé, surréaliste tapageur, romancier à l’écriture novatrice, déclare qu’il n’écrira plus que des poèmes d’amour.
Face à la langue de détention qu’impose l’occupant, les poètes inventeront une langue d’évasion, en recourant à la rime, aux formes fixes, aux ballades héritées du Moyen Âge.
Au mot de poésie, le censeur s’assoupit, écrira Seghers dans La Résistance et ses poètes. Plus d’une fois, durant les années de guerre, le poème d’amour aura déjoué les pièges de la censure. L’exemple le plus significatif est sans doute celui du poème Liberté écrit par Paul Éluard en juillet 1941.
Seghers applique les préceptes d’Aragon et élargit son projet éditorial. P.C. 39 cède la place à P.C. 40 qui devient, après l'Armistice de juin, Poésie 40, Poésie 41, etc. À partir de 1942, Poésie n’est plus seulement une revue, mais une collection, une marque éditoriale, qui publie tour à tour des recueils, des anthologies, ou des livres rédigés à plusieurs mains. Une Anthologie de la Poésie espagnole est ainsi publiée avec Poésie 41, Poésie 42 accueille les poèmes que Pierre Emmanuel rassemble sous le titre Combat avec tes défenseurs. Au printemps suivant, c’est une Anthologie de Poètes prisonniers qui paraît dans un cahier spécial de Poésie 43.
À la fin de l’été 1941, Aragon et Elsa Triolet séjournent chez Seghers à Villeneuve-lès-Avignon.
Aragon y achève Le Crève-Cœur et compose le recueil Les yeux d'Elsa que Seghers publie. Il publie aussi deux nouvelles que cette dernière vient de terminer : Mille regrets et Le Destin personnel.
Le 23 octobre 1941, apprenant l'exécution des otages de Châteaubriant, Seghers rédige le poème Octobre qui sera publié à plusieurs reprises pendant la guerre, la première fois en 1942, sans nom d’auteur, dans la revue Traits que dirige à Lausanne François Lachenal, haut fonctionnaire suisse auprès du gouvernement de Vichy, qui joue un rôle décisif dans la résistance littéraire.
En septembre 1941, à l’initiative d'Emmanuel Mounier, de Pierre Schaeffer et de Roger Leenhardt, se retrouve aux Rencontres de Lourmarin5 une petite communauté de musiciens et de poètes venus de tous les horizons : Max-Pol Fouchet, qui arrive d’Alger, Armand Guibert de Tunis, Lanza del Vasto, Pierre Emmanuel, Georges-Emmanuel Clancier, Claude Roy, Jacques Baron, Alain Borne, etc. Seghers s'y lie notamment avec Loys Masson qui devient secrétaire de la revue Poésie jusqu'en 1943.
Pendant l'Occupation, l’habileté de Seghers consiste à avoir constamment deux fers au feu.
Tandis qu’il poursuit ouvertement un travail d’éditeur, soumettant à la censure allemande les livres de poésie, des ouvrages plus subversifs paraissent avec un faux visa de censure. Par ailleurs, il confie ses poèmes à des revues clandestines et signe de pseudonymes. En 1943, plusieurs de ses poèmes, Octobre, Paris-Pentecôte, Le beau travail, Un prisonnier chantait paraissent sous le nom de Louis Maste et de Paul Ruttgers aux Éditions de Minuit clandestines dans L’Honneur des poètes, anthologie dirigée par Paul Éluard. En 1944, la revue Europe publie Fidélité sous le nom de Robert Ruyters.
La littérature française se révèle d’une vitalité et d’une richesse inouïes durant les trois dernières années de guerre. Il revient à Pierre Seghers d’avoir fait souffler l’esprit de résistance sur toutes les voiles de la poésie. Sa force est d’avoir accordé une égale importance aux poètes connus et inconnus, aux anonymes et aux figures de proue de la littérature contemporaine.

Éditeur

Seghers quitte Villeneuve-les-Avignon et s’installe à Paris dès la Libération en août 1944. Il installe à Montparnasse sa jeune maison d'édition, d'abord boulevard Raspail, puis rue de Vaugirard.
L’édition se présente d’abord pour Seghers comme le prolongement naturel de sa revue clandestine. Mais rapidement un coup de génie éditorial va bouleverser la structure même de son entreprise : l’invention, en mai 1944, de la fameuse collection Poètes d’aujourd’hui. Initiée par le volume consacré à Paul Éluard, la collection a pour vocation de rendre les poètes et la poésie accessibles au plus grand nombre. Un format inhabituel, presque carré, 15,5 cm × 13,5 cm, en fait un livre de poche avant l’heure. Le principe adopté par Seghers dès le premier numéro est celui du diptyque. Chaque monographie comporte deux parties : une étude consacrée au poète, puis un choix de textes. La fameuse collection ira de Paul Éluard, le no 1, jusqu'au no 270, Jude Stefan, en 1994.
À la Libération, Pierre Seghers entreprend plusieurs voyages à travers l’Europe. À l’origine de ces voyages, une rencontre au Quai d’Orsay avec Marie-Jeanne Durry, elle-même poète et résistante. Le Quai d’Orsay souhaite faire sortir la France de l’isolement dans lequel elle s’est trouvée pendant la guerre, en missionnant à l’étranger des acteurs de la vie culturelle sous l’Occupation. Seghers va à Baden-Baden, Berlin, en Tchécoslovaquie, et en Hongrie. À son retour à Paris en 1946, Seghers compris qu’il s’est trompé.
Sa récente adhésion au Parti communiste, donnée par solidarité avec ses compagnons de Résistance, est une erreur. Sa rupture avec le Parti Communiste le séparera un temps de ses amis de Résistance restés fidèles au parti.
De ses voyages en Europe, puis en Égypte, au Liban et dans plusieurs colonies d'Afrique Noire, Seghers revient animé par la volonté d’ouvrir sa maison d'édition aux richesses insoupçonnées des poésies du monde. Deux collections aux formats homothétiques lui permettront de tisser la toile dont le lectorat de l’après-guerre a besoin : P.S. et Autour du monde.
Après la revue P.C.Poètes Casqués, vient P.S., une collection de recueil aux initiales de son créateur. L’éditeur dont les moyens sont limités emploie une formule moins coûteuse : l’abonnement. Il s’agit de cahiers bi-mensuels, in-12, brochés, de faible pagination, dont le format, 108 × 180 mm préfigure là encore le livre de poche. La collection P.S. s’ouvre en 1948 sur un 32 pages, tiré à cent exemplaires, qui paraît aujourd’hui inattendu : Doc-Lap de Georges Danhiel, recueil consacré à la lutte de l’Indochine pour son indépendance. Avec la plaquette suivante, Seghers publie l’un des chefs-d’œuvre de la poésie d’Éluard, Corps mémorable, qu'il rééditera en 1957 avec des photographies de Lucien Clergue. Le troisième titre, Pays, met à l’honneur une jeune femme, Véronique Blaise, qui deviendra sa seconde épouse en 1951.
Plus de cinq cents plaquettes seront publiées dans la collection P.S.. Seghers écrira que La collection P.S. rassemble ceux qui sont déjà des poètes notoires et ceux qui peuvent le devenir. Elle n’est pas une collection commerciale, mais une chance donnée aux jeunes poètes.
La collection « Autour du monde » a pour vocation d’explorer les terres inconnues de la poésie universelle. Cette collection de couleurs vives est aisément identifiable : un sablier en orne la première de couverture, tandis qu’une petite sirène, devenue l’emblème de la maison d'édition, rappelle que Seghers fut l’ami du fondateur des Éditions de La Sirène, Blaise Cendrars. Le premier titre est publié en 1952 : Pär Lagerkvist, suédois qui vient d'obtenir le prix Nobel de Littérature, Bertolt Brecht, Erick Lindegren, un autre suédois.
L’Espagne, où le franquisme continue à étouffer la liberté, est très représentée : Miguel Hernandez, Miguel de Unamuno, Rafaël Alberti, Jorge Guillen, Blas de Otero, Juan Ramon Jimenez, Gabriel Celaya, José Herrera Petere, Antonio Machado, etc. Seghers fut le premier à éditer en France Fernando Pessoa L’Ode maritime portant le no 26 de la collection. Avec Autour du monde, Seghers publie les poèmes de Pablo Neruda, Yannis Ritsos, Anna Akhmatova, Salvatore Quasimodo, Vinícius de Moraes, Tennessee Williams, E. E. Cummings, Langston Hughes, et même de Mao Tsé Toung, ainsi les poèmes eskimos collectés par Paul-Émile Victor. On doit à cette collection le premier livre publié en français de Fernando Pessoa, Ode maritime, ou bien encore le seul livre disponible en France, Platero et moi, lorsque Juan Ramón Jiménez reçoit le prix Nobel en 1956.
Le succès des monographies de la collection Poètes d’aujourd’hui incite Seghers à créer d'autres collections au format identique. Poésie et chansons, mais aussi Écrivains d’hier et d’aujourd’hui-où Dante voisine avec Dickens, Camoëns avec Coleridge, Schiller avec Shelley-, Philosophes de tous les temps -Bachelard, Bergson, Calvin, Descartes, Gramsci, Héraclite, Montaigne, Nietzsche, Platon, Spinoza…-, Musiciens de tous les temps, Savants du monde entier, Théâtre de tous les temps, Destins politiques, et Cinéma d'aujourd'hui. Ces monographies s’adressent à tous ceux qui désirent connaître les protagonistes des problèmes scientifiques de leur temps, les grands auteurs dramatiques, les metteurs en scène, les théoriciens du théâtre, ou bien « ces hommes qui mènent le monde ». Comme la collection Poètes d’aujourd’hui, chaque volume, bien illustré, comprend une étude, biographique ou critique, et un large choix de textes.
La collection Melior offre par de vastes anthologies reliées le meilleur de la poésie universelle : La Poésie chinoise contemporaine, La Poésie bulgare, La Poésie hongroise, La Poésie brésilienne, La Poésie japonaise, des origines à nos jour, Poètes de l’Île Bourbon, La Poésie négro-américaine, etc. Il crée en outre une collection de vulgarisation des savoirs qui va rencontrer une large audience parmi les universitaires : Clefs pour : Clefs pour la linguistique, Clefs pour le zen, Clefs pour le structuralisme, Clefs pour la psychologie, etc.
C'est au service de la poésie qu'au cours des Trente Glorieuses le fondateur de la revue Poètes Casqués 39 se sera avant tout dépensé sans relâche.

La chanson, sœur de la poésie

La chanson est, je crois, plus naturellement partagée. Elle est une activité de l’homme plus directement sensuelle, où la parole, le chant, le mouvement sont intimement liés. (…) Ni la cadette, ni l’aînée de la poésie, elle fait partie au même titre que la poésie, du trésor d’une langue.
Pour Seghers, poésie et chanson sont nourries par la même sève, animées par le même souffle. Au scandale parfois de ses contemporains, il fait entrer dès 1962 la chanson dans la collection Poètes d'aujourd'hui. Ainsi le no 93 est consacré à Léo Ferré, le no 99 à Georges Brassens, le no 119 à Jacques Brel, le no 121 à Charles Aznavour. Faisant fi de l'indignation de certains10, il crée en 1966 une collection dédiée aux poètes-chanteurs : Poésie et chansons. Le Poètes d'aujourd'hui no 93 consacré à Léo Ferré devient le no 1 de cette nouvelle collection, le no 99 consacré à Georges Brassens devient le no 2, le no 119 consacré à Brel, le no 3, et ainsi de suite11. La collection accueille Aznavour, Guy Béart, Anne Sylvestre, Barbara, Serge Gainsbourg, Mouloudji, Julien Clerc, et bien d’autres. Manifestant son estime pour les poètes-chanteurs, Seghers soutiendra publiquement en 1983 la candidature de Charles Trenet à l’Académie française.
Seghers est lui-même auteur de nombreuses chansons. Pour lui, la chanson n'est pas loin de la poésie des troubadours et de la fin'amor. Les titres de certaines de ses chansons en attestent : Les Gisants, Beauté, mon beau souci, Le Cœur félon, Les Amours légendaires, etc. À partir des années 1960, ses chansons sont interprétées par les grands noms de la chanson française. Par exemple, Merde à Vauban est mis en musique et interprété par Léo Ferré, et le Voyou et la voyelle est chanté par Juliette Gréco.

Dialogue avec les peintres


La vie de Seghers est marquée par un dialogues permanent avec peintres, photographes et graveurs. Un des ses premiers ouvrages est consacré en 1944 à Jean Dubuffet. Ses poèmes sont illustrés par les peintres Félix Labisse, Antoni Clavé, Jean Piaubert, Alekos Fassianos, oui encore Zao Wou Ki. Il écrit 2 recueils de poèmes illustrés de photographies de Fina Gomez. Il écrit de longs textes, marqués par le clair-obscur, sur des gravures de Piranèse, des dessins de Victor Hugo, et les tableaux de Monsu Desiderio. Il noue à Montparnasse de nombreuses amitiés avec par exemple Fernand Léger, Antoni Clavé, Mario Prassinos, Joe Downing ou Jean Lurçat.
Pour incarner ce dialogue entre peinture et poésie, Seghers va créer et diffuser des poèmes-objets. Le plus célèbre est celui qu'il commanda à Fernand Léger en 1952, à la mort de Paul Éluard, pour illustrer le poème Liberté.
S'éloignant de ses publications habituelles, il prend le risque de publier des ouvrages de photographies : en 1949 La Banlieue de Paris, photographies du jeune Robert Doisneau avec un texte de Blaise Cendrars, en 1954, Mont Athos photographies et texte de Jacques Lacarrière, ou en 1957, Corps mémorables d'Éluard illustré de photographies de Lucien Clergue.

Après l'édition, servir autrement la poésie

En 1968, Seghers n'a pas l'âge des étudiants qui manifestent. Il applique néanmoins un changement radical à sa vie. Il épouse Colette Peugniez rencontrée une première fois en 1945, de 22 ans sa cadette, qui lui donnera une fille l'année suivante. Le monde de l'édition subit de profondes mutations ; la production des livres s'industrialise et les maisons d'édition perdent une à une leur indépendance.
En 1969, Seghers vend sa maison d'édition et sa société de distribution L'Inter à son ami Robert Laffont que Louis Jou lui a présenté pendant la guerre. Libéré des responsabilités d'une maison d'édition et d'une société de distribution, Seghers peut ainsi se consacrer à ses propres travaux :
en 1972, il lit un poème de Pierre Torreilles dans Italiques
en 1974 il publie un ouvrage détaillé, enrichi de sa propre expérience, sur les poètes et la poésie engagée de la Résistance : La Résistance et ses poètes.
en 1975, il soutient une thèse de doctorat à l'université Paris-X, sur La Poésie en France et la culture populaire.
de 1973 à 1978, il se consacre à la traduction des 3 grands poètes persans Omar Khayyam, Hafez et Saadi.
en 1978, il rassemble son œuvre poétique personnelle dans le volume Le Temps des merveilles et est l'invité de Jacques Chancel pour un Grand Échiquier.
à partir de 1979, il produit et anime des soirées poétiques (Galaxies Cendrars, Lorca, Prévert, Victor Hugo visionnaire, les poètes persans, etc.) à la Comédie des Champs-Élysées, au Théâtre du Châtelet et au Théâtre de la Ville, pour le Festival d'automne à Paris.
en 1983, à la demande de Jacques Chirac, maire de Paris, il crée la Maison de la Poésie de la Ville de Paris.
en 1984, il recrée sa revue Poésie 84, Poésie 85, etc. qu'il dirige jusqu'à sa mort.
Au cours de ces 20 années, Seghers ne cesse d'être le pèlerin de la poésie, et de parcourir la France et le monde pour faire entendre la voix des poètes.
Empli d'énergie jusqu'à ses 80 ans, atteint d'un cancer découvert trop tard, il meurt le 4 novembre 1987. Il est enterré au cimetière du Montparnasse, à quelques mètres du haut du boulevard Raspail où il s'était installé dès la Libération. Des poèmes sont lus par ses amis Simone Valère et Jean Desailly. Son éloge est fait par son ami Pierre Daix et par Jacques Chirac, alors premier ministre.

Citations

« Tout poète est un Magellan qui souhaite ouvrir aux autres comme à lui-même de vastes et d’étranges domaines, un aventurier qui fore en lui pour que jaillissent la beauté, la vérité, la vie, l’innombrable du monde », in Piranèse, Ides et Calendes, 1961
« Contre l'occupant, l'avilissement, la mort, la poésie n'est ni refuge, ni résignations, ni sauvegarde : elle crie », in La Résistance et ses poètes, Seghers, 1974
« Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose. Je la tiens pour essentielle à l’homme, autant que les battements de son cœur », in Le Temps des merveilles, Seghers, 1978
« Je ne considère pas le poème comme faisant partie de la littérature. Affaire de doctes et de poseurs-jurés, vaste domaine ou potager, la littérature et ses hommes de lettres ont pour principal souci d’arpenter et de jalonner, de mettre en pots et en charmilles des écrits qui n’en demandaient pas tant. […] Autre est la poésie. Elle ne se situe pas d’elle-même dans tel ou tel cul-de-sac des Dédales. Elle n’entre pas dans le labyrinthe avec l’ambition, la volonté de marquer son couloir. Un lien déraisonnable la lie aux mots, à la musique et aux parfums. Elle n’a pour ordre que celui de la vie. Un chant profond, un regard qui va, sans l’avoir voulu, au-delà de tous les points de fuite, un pouvoir singulier, celui de l’évidence, celui de l’existence. Extrait cité dans Poésie 88, Hommage à Pierre Seghers

Œuvres

Poésie

Bonne-Espérance, Éditions de la Tour, Villeneuve-lès-Avignon, 1938
Pour les quatre saisons, revue Poésie 42, Villeneuve-lès-Avignon, 1942
Octobre, revue Traits, Lausanne, 1942, puis L’Honneur des poètes, Éditions de Minuit, 1943
Le Chien de pique, Ides et Calendes, Neuchâtel, 1943. Réédition en 2000.
Le Domaine public, Poésie 45, 1945, et Parizeau, Montréal, 1945
Le Futur antérieur, Éditions de Minuit, coll. L’Honneur des poètes, 1947
Jeune fille, illustré par Félix Labisse, Éditions Seghers, 1947
Menaces de mort, La Presse à bras, 1948
Six Poèmes pour Véronique, Poésie 50, 1950
Poèmes choisis, Éditions Seghers, 1952
Le Cœur-Volant, Les Écrivains réunis, 1954
Poèmes, Schwarz, Milan, 1956
Racines, photographies de Fina Gomez, Intercontinentale du Livre, 1956
Les Pierres, Intercontinentale du Livre, 1958
Piranèse, Ides et Calendes, 1961
Dialogue, Éditions Seghers, 1965
Les Mots couverts, Éditeurs français réunis, 1970
Dis-moi, ma vie, André de Rache, Bruxelles, 1972
Au Seuil de l'oubli, 1976
Le Mur du son, Sofia-Pesse, 1976
Qui sommes-nous ?, Bizkupic, Zagreb, 1977
Le Temps des merveilles, Éditions Seghers, 1978
Commediante, poème illustré par Alekos Fassianos, Anke Keno, 1984
Fortune, Infortune, Fort Une, Lyons International, 1981, puis Éditions Seghers, 1984
Poèmes pour après, gravure d'Antoni Clavé, Pierre Fanlac éditeur, 1989
Éclats, gravure de Zao Wou Ki, Fanlac, 1992
Derniers écrits, Fanlac, 2002
Comme une main qui se referme, Poèmes de la Résistance, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2011

Chansons

En 1972, avec le poète et parolier brésilien Vinícius de Moraes (photo : Alecio de Andrade).
Chansons et complaintes, tome I, Éditions Seghers, 1959
Chansons et complaintes, tome II, Éditions Seghers, 1961
Chansons et complaintes, tome III, Éditions Seghers, 1964
Douze chansons, musique de Léonce Marquand, Éditions Seghers, 1964
Pierre Seghers chanté par…, Poètes & chansons, 2006.
Ses chansons sont chantées par Léo Ferré, Jacques Douai, Juliette Gréco, Marc Ogeret, Hélène Martin, Catherine Sauvage, Monique Morelli, Roger Lahaye, Francesca Solleville, Béatrice Arnac, Simone Bartel, Les Trois Ménestrels, Jacques Doyen, Serge Kerval, Aimé Doniat, etc. Les chansons les plus connues sont :
Merde à Vauban et Des filles, il en pleut… chantées par Léo Ferré
Les Voyous, La Panthère, La Vie s'évite chantées par Juliette Gréco
Adios amigos chantée par Catherine Sauvage
La Nana d'néné par Ted Scotto

Prose

Richaud-du-Comtat, Stols, Maastricht, 1944
L'Homme du commun, sur Jean Dubuffet, Poésie 44, 1944
Considérations, ou Histoires sous la langue, Collection des 150, 1945
Clavé, Poligrafa, Barcelone, 1971
La Résistance et ses poètes, 1940-1945, Seghers, 1974, rééd. Marabout 1978, rééd. Seghers 2004
Louis Jou, architecte du Livre et des Baux, Seghers, 1980
Monsù Desiderio, monographie sur le peintre baroque, Robert Laffont, 1981
Victor Hugo visionnaire, Robert Laffont, 1983

Anthologie

L'Art poétique, avec Jacques Charpier, Seghers
L'Art de la peinture, avec Jacques Charpier, Seghers
La France à livre ouvert, Éditions Guy Victor
Le Livre d'or de la poésie française (3 volumes), Éditions Marabout, 1968
Poètes maudits d'aujourd'hui, Seghers, 1972. Rééd. sous le titre Anthologie des poètes maudits, Pierre Belfond, 1985

Traductions & adaptations

Nicolas Vaptzarov, Poème choisis, adaptés du bulgare, Seghers, coll. Autour du monde, 1954
Gyulia Illyès, Poèmes adaptés du hongrois, Seghers, coll. Autour du monde, 1955
Dragomir Pétrov, Poèmes adaptés du bulgare, Seghers, coll. Autour du monde, 1969
Lubomir Levtchev, Le Chevalier, la Mort, le Diable adaptés du bulgare, Seghers, coll. Autour du monde, 1975
Saadi, Le Gulistan ou Le Jardin des roses, Seghers, 1977
Hâfiz, Le livre d'or du Divan, Seghers, 1978
Omar Khayyâm, Les Rubâ'iyat, Seghers, 1979

Théâtre

Paris-la-poésie, Comédie des Champs-Élysées, 1979
Paris Chœur du Monde, Comédie des Champs-Élysées, 1979
Les Jeunes de l'An 200, Comédie des Champs-Élysées, 1979
La Galaxie Cendrars, Théâtre de la Ville, 1981
La Galaxie Federico Garcia Lorca, Théâtre de la Ville, 1981
La Galaxie Prévert, Théâtre de la Ville, 1981
La Galaxie Saint-John-Perse, Théâtre de la Ville, 1983
La Galaxie Piranèse, Théâtre de la Ville, 1983
Victor Hugo Visionnaire, Théâtre du Châtelet, 1983
L'Âme russe, Théâtre du Châtelet, 1983
Le Jardin des roses, Théâtre de la Ville, 1984

Films

Araya, 1959 réalisation Margot Benacerraf, scénario et texte Pierre Seghers, dit par Laurent Terzieff. Prix International de la Critique, Festival de Cannes 1959. Réédition DVD Films du Paradoxe, 2009
Les Malheurs de la guerre, film sur les peintures de Félix Labisse, 1962
Le Bonheur d’être aimée, sur les peintures de Félix Labisse, 1962
Quand l’orage a passé, avec Jacques Charpier, film sur Louis Aragon, 1972.

Honneurs et distinctions

Distinctions

1942 : Grand prix de poésie de l'Académie française16
1959 : prix Guillaume-Apollinaire13 pour l'ensemble de son œuvre poétique
1960 : prix Paul-Cézanne
1971 : Grand Aigle d'or de la poésie
1976 : Prix Hristo Botev (en)
1979 : Grand Prix de poésie de la Ville de Paris
Docteur honoris causa de l'Université de St Andrews en Écosse
Membre de l'Académie Mallarmé
Décorations[modifier | modifier le code]
commandeur de la Légion d’honneur
commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres
officier de l’ordre de la Croix du Sud (Brésil)
officier de l’Ordre de la Couronne (Belgique)

Hommages


Plaque boulevard Raspail, Paris
Jardin Pierre-Seghers à Paris (XXe arrondissement)
la grande salle de la Maison de la Poésie de la Ville de Paris
plaque boulevard Raspail, Paris XIVe
Médiathèque Pierre Seghers à Igny (Essonne)
avenue Pierre Seghers à Avignon (Vaucluse)
rue Pierre Seghers à Villeneuve-lès-Avignon (Gard)
rue Pierre Seghers à Plaisir (Yvelines)
rue Pierre Seghers à Portes-lès-Valence (Drôme)
rue Pierre Seghers à Corbeil-Essonnes (Essonne)
rue Pierre Seghers à Domont (Val d'Oise)
rue Pierre Seghers à Ancenis (Loire-Atlantique)
square Pierre Seghers à Lens (Pas-de-Calais)
impasse Pierre Seghers à Carpentras (Vaucluse)
allée Pierre Seghers à La Roche-sur-Yon (Vendée)
clos Pierre Seghers à Guyancourt (Yvelines


Ouvrages

Pierre Seghers par Pierre Seghers. Collection Poètes d'aujourd'hui no 164, Seghers, 1967
Pierre Seghers, un homme couvert de noms, Colette Seghers, Robert Laffont, 1981. Réédité par les Éditions Seghers en 2006
Un homme fou fou de poésie portrait de Pierre Seghers en 4 films de 52' réalisés pour l'ORTF par Jean-Marie Drot en 1974
Hommage à Pierre Seghers, la longue phrase d’une vie, revue Poésie 88, publiée avec le concours de la Maison de la Poésie de Paris, contributions de Marie-Claire Bancquart, Georges-Emmanuel Clancier, Pierre Dubrunquez, etc. sous la direction de Colette Seghers, no 21, janvier-février 1988
Pierre Seghers, revue Faites entrer l’Infini, contributions de Colette Seghers, Jean-Marie Berthier, Claude Couffon, Bruno Doucey, et al., no 38, décembre 2004
Pierre Seghers : poésie la vie entière, Bruno Doucey, Éditions Musée du Montparnasse, 2011

Exposition

Une exposition intitulée « Pierre Seghers : poésie la vie entière » a eu lieu au Musée du Montparnasse, à Paris, du 7 juillet au 7 octobre 2011 et à Villeneuve-lès-Avignon du 1er décembre 2012 au 31 mars 2013. Cette exposition a été réalisée en grande partie grâce au fonds Pierre Seghers détenu par l'IMEC (Institut mémoires de l'édition contemporaine). L'exposition avait pour commissaire, Albert Dichy, directeur littéraire de l'IMEC, assisté de Virginie Seghers. Un catalogue sur la vie et l'œuvre de Pierre Seghers, rédigé par Bruno Doucey, ancien directeur des Éditions Seghers, a été publié à cette occasion.

Liens

http://youtu.be/O7TQmH_k_o0 Pierre Seghers lu par Bruno Doucey
http://youtu.be/erm5N0rrLhw Pierre Seghers lu par lui-Même
http://youtu.be/JmAbWrqPWPY Pierre Seghers au musée du Montparnasse
http://youtu.be/HwHpjJfN7cw auteur de "Merde à Vauban"
http://youtu.be/Tr8AwWMBSR8 Serfe KervaL chante Seghers





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Posté le : 03/01/2014 18:27

Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:29:55
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Léon-pamphile Le May
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Hors Ligne
Le 5 Janvier 1837, à Lotbinière Québec, naît Léon-Pamphile Le May

romancier, poète, conteur, traducteur, bibliothécaire et avocat québécois, décédé le 11 juin 1918 à Deschaillons

Le jeune Léon-pamphile le May étudie à Trois-Rivières chez les frères des écoles chrétiennes et au petit séminaire de Québec, où il se lie d'amitié avec Louis-Honoré Fréchette. Il étudie le droit en 1858 puis décide de se trouver un emploi à Portland dans le Maine et à Sherbrooke.
Revenu chez lui, il entreprend d'entrer chez les oblats et commence ses études de philosophie et la théologie.
De santé fragile, il doit abandonner ses études, mais il se remet au droit et devient traducteur à l'Assemblée législative du Canada-Uni. Pour la plus grande partie de sa vie, il habite à la ville de Québec.
Ayant parallèlement trouvé du temps pour l'écriture, il est admis au barreau du Québec en 1865. À l'âge adulte, il modifie la graphie de son nom, passant de Lemay à LeMay puis finalement Le May. Ses ouvrages les plus connus sont Les Contes vrais, Le pèlerin de Sainte-Anne, Picounoc le maudit.
Il traduisit les œuvres de William Kirby et Henry Wadsworth Longfellow.
En 1867, il devient le premier responsable de la bibliothèque de l'Assemblée législative du Québec, ayant été nommé par Pierre Chauveau. Il construit la bibliothèque législative à partir de presque rien, accumulant un total de 33 804 volumes lors de son départ.
À cette époque, sa carrière littéraire est florissante, et il tient des correspondances avec Antoine Gérin-Lajoie, Joseph-Charles Taché et François-Xavier Garneau. Poétiquement, il est romantique comme Octave Crémazie, mais en même temps il est plus personnel, s'inspirant notamment de Lamartine.
Pour accroître sa collection, il tisse des liens avec la Belgique, le Brésil, les États-Unis, la France, la Norvège et le Royaume-Uni. Le May est encouragé par Pierre-Étienne Fortin mais reçoit les reproches d'Edmund James Flynn pour avoir effectué des transactions douteuses avec Arthur Dansereau. Néanmoins, le député James McShane vient à sa défense.
Membre fondateur de la société royale du Canada en 1882, il reçoit un doctorat honorifique de l'Université Laval en 1888. En 1892, il est remplacé par Narcisse-Eutrope Dionne, ayant été forcé à la retraite par le gouvernement en même temps qu'Arthur Buies.
Le May est honoré de la rosette d'Officier de l'instruction publique en 1910, titre remis par le gouvernement français. D'inspiration libérale, il avait composé des poèmes en l'honneur de Wilfrid Laurier, Félix-Gabriel Marchand, Louis Riel et Honoré Mercier.
Même s'il habite en ville, il préfère l'air frais de la campagne. Il reste l'ami de Louis Fréchette, Napoléon Legendre et Adolphe Poisson
Il s'éteint à Deschaillons en 1918 en compagnie de ses proches. La bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec est nommée en son honneur depuis 1980.
Ses livres continuent à être republiés pendant les années 1970, les années 1980 et les années 1990. L'école secondaire de Sainte-Croix de Lotbinière porte aussi son nom2
.
Œuvres

Critique du recueil Les Épis dans La Patrie

Poésies

Essais poétiques (1865)
Deux poèmes couronnés par l'Université Laval (1870)
Les Vengeances (1875)
La Perle cachée (1876)
Une gerbe (1879)
La Chaîne d'or (1879)
Petits poèmes (1883)
Tonkourou (1888), nouvelle édition refondue des Vengeances de 1875.
Les Gouttelettes (1904)
Les Épis (1914)
Reflets d'antan (1916)

Romans

Le Pèlerin de Sainte-Anne (1877), réédition 1998
Picounoc le maudit (1878), réédition 1972
L'Affaire Sougraine (1884), réédition 1999
Fêtes et corvées (1898)
Le Pèlerin de Sainte-Anne (1930), version expurgée, destinée à la jeunesse, du roman de 1877.
Batailles d'âmes (1996), édition posthume d'un roman inédit publié dans La Patrie du 4 novembre 1899 au 26 janvier 1900.

Contes

Fables canadiennes (1882)
Fables (1891)
Contes vrais (1899) En 1907, Le May double ce recueil par la publication d'une seconde édition revue et augmentée de vingt et un contes - 551 pages - chez Beauchemin, Montréal, réédition moderne aux Presses de l'Université de Montréal, coll. Bibliothèque du Nouveau Monde, 1993.

Autres ouvrages

Catalogue de la Bibliothèque de la législature de Québec (1870)
Rouge et bleu (1891), comédies
Maison paternelle (1929), publication posthume

Traduction

Évangéline et autres poèmes de Longfellow, textes de Henry Longfellow, traduction de Le May, édition posthume en 1978, réédition 2009
Le Chien d'or de William Kirby

Léon-Pamphile LE MAY (1837-1918)


A un vieil arbre

Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t'ai vu, n'est-ce pas ? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l'orage avait un noble geste,
Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.

D'autres, autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste ;
Et toi-même, aujourd'hui, sait-on ce que tu fus ?

O viel arbre tremblant dans ton écorce grise !
Sens-tu couler encore une sève qui grise ?
Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés ?

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,
Et, pour tromper l'ennui dont ma pauvre âme est pleine,
J'aime à me souvenir des nids que j'ai bercés.


Chant du Matin

Les vapeurs du matin, légères et limpides,
Ondulent mollement le long des Laurentides,
Comme des nuages d'encens.
Au murmure des flots caressant le rivage,
Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage,
Mêlent de suaves accents.

La nature, au réveil, chante une hymne plaintive,
Dont les accords touchants font retentir la rive
Du Saint-Laurent aux vagues d'or ;
Glissant, comme une feuille au souffle de l'automne,
Sur le flot qui module un refrain monotone.
Une barque prend son essor.

Vogue ! vogue ! faible nacelle !
Des premiers feux du jour nouveau !
Berce ! berce ta voile blanche
Qui se relève et qui se penche,
Comme pour se mirer dans l'eau :

Devant toi la mer étincelle
Tandis que je reste au rivage,
Au pied du vieux chêne sauvage
Où je viens rêver si souvent !
Où, quand le monde me rejette,
L'écho fidèle, au moins, répète

A la lune

Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante,
On dirait que des feux s'allument tout au fond.
Tu donnes un baiser à l'océan profond,
Et l'océan frémit comme une âme vivante.

Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ?
Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous confond.
Sous ton voile brillant comme l'or qui se fond,
N'es-tu qu'un astre mort où règne l'épouvante ?

Donne au toit sans lumière un rayon de pitié,
Au rêve du poète, une aile audacieuse,
Et sur les nids d'amour plane silencieuse.

Tu n'offres à nos yeux souvent qu'une moitié...
De même faisons-nous, blonde lune que j'aime ;
Cachons-nous des défauts par ce vieux stratagème.

Mes notes qu'emporte le vent.

Et que m'importe la louange
Des hommes dont l'amitié change
Comme le feuillage des bois !
S'il faut chanter, ma lyre est prête :
Vers mon Dieu, si je suis poète,
J'élèverai ma faible voix.

C'est lui qui fait naître l'aurore !
C'est lui que la nature adore
Dans son sublime chant d'amour !
Il nous sourit, et l'humble hommage
Que lui présente le jeune âge,
Est toujours payé de retour.

C'est lui qui recueille nos larmes !
C'est lui qui dispense les charmes
Dont se revêtent les saisons !
C'est lui qui dit aux fleurs de naître,
Au brillant soleil de paraître,
Pour venir dorer nos moissons !

C'est lui qui donne aux nuits leurs voiles
Ornés de brillantes étoiles
Qui tremblent dans les flots luisants;
Qui verse les molles ondées
Dans nos campagnes fécondées
Par les sueurs des paysans !

Il parle, et le monde s'agite,
Le soleil se lève plus vite,
Et tout adore sa splendeur !
Il parle, et tout l'univers tremble,
Et les astres volent ensemble,
En se racontant sa grandeur !

Dans ma misère il me visite,
Quand tour à tour chacun m'évite,
M'abandonnant seul à l'ennui.
Quand m'échappe une plainte amère,
Il me dit : " Pauvre enfant, espère,
C'est moi qui serai ton appui. "

Quand l'amertume nous inonde,
Qu'il n'est plus d'amis en ce monde,
Seul il ne se retire pas.
Quand nous chancelons dans la voie,
Du haut du ciel il nous envoie
Un ange qui soutient nos pas.


Pompéi

Par des chemins de fleurs, au temple qu'on voit là,
Des prêtresses s'en vont. Leurs bandes triomphales
Dansent cyniquement au rythme des crotales.
Jamais tissu discret alors ne les voila.

Vénus veut des honneurs. C'est sa fête, et voilà
Que la ville s'éveille. Et les chastes Vestales
S'enfoncent tour à tour dans l'ombre de leurs stalles,
Et le dieu de l'amour sourit dans sa cella.

Mais quel éclat nouveau, quel merveilleux effluve,
Environnent ton front, malheureuse cité ?
Le ciel met-il un nimbe à ta lubricité ?

Sur la ville en amour, l'implacable Vésuve
Étendait, lourdement, ce grand linceul de feu
Que vingt siècles d'efforts n'ont soulevé qu'un peu !



La Maison paternelle

Depuis que mes cheveux sont blancs, que je suis vieux,
Une fois j'ai revu notre maison rustique,
Et le peuplier long comme un clocher gothique,
Et le petit jardin tout entouré de pieux.

Une part de mon âme est restée en ces lieux
Où ma calme jeunesse a chanté son cantique.
J'ai remué la cendre au fond de l'âtre antique,
Et des souvenirs morts ont jailli radieux.

Mon sans gêne inconnu paraissait malhonnête,
Et les enfants riaient. Nul ne leur avait dit
Que leur humble demeure avait été mon nid.

Et quand je m'éloignai, tournant souvent la tête,
Ils parlèrent très haut, et j'entendis ceci :
- Ce vieux-là, pourquoi donc vient-il pleurer ici ?



La mer morte

Près des. monts de Judée, arides, sans fraîcheurs,
Et des monts de Moab aux sèves fécondantes,
L'Asphaltite maudit berce ses eaux mordantes,
Où jamais ne tomba le filet des pécheurs.

Les rocs nus sont rayés de sinistres blancheurs.
Serait-ce un reste froid de vos cendres ardentes,
Impudiques cités ? Les vagues abondantes
Ont-elles pu laver le front de vos pécheurs ?

De la vie en ce monde on se croit à la borne ;
Nul chant n'y réjouit la solitude morne ;
A ne fleurir jamais ces bords sont condamnés.

Dors en ton gouffre amer, sur ton lit de bitume ;
Ta coupe est décevante et pleine d'amertume...
N'es-tu pas faite, ô mer ! des pleurs de tes damnés ?



L'univers est un poème ...

Mystérieux moment où l'on commence à vivre...
La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu.
L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu
Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.

Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre,
Dans le monde insondable on voudrait lire un peu,
Pour voir si le travail alterne avec le jeu,
Et si les coeurs parfois mêlent la flamme au givre.

La Terre pleure et rit. L'homme ainsi l'a voulu.
Dès le premier dîner il se montre goulu
Et verse le vin pur sur la pomme indigeste.

Le poète, à l'aspect de la voûte céleste,
Se dit, rêvant de vers et tombant à genoux
Le monde est un poème et Dieu l'a fait pour nous.

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Posté le : 03/01/2014 17:37

Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:58:05
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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