| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 37 38 39 (40) 41 42 43 ... 60 »


Armand Gatti
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 janvier 1924 à Monaco naît Armand Gatti, de son vrai nom

Dante Sauveur Gatti,


poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur mais il est aussi enfant du xxe siècle : résistant, évadé, journaliste et voyageur, ses mémorables rencontres à travers le monde ont profondément influencé son œuvre. Il passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes.
Fils d’un anarchiste italien et d’une franciscaine, Armand Gatti passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes.


Quatre mille pages, quarante-cinq pièces : l’oeuvre d’Armand Gatti, homme de théâtre et écrivain, est hantée par l’expérience des camps et des maquis d’abord celui de 40-45 bien sûr, mais aussi ceux du Guatemala, de l’Irlande du Nord et des banlieues d’ici. Hantée par le Verbe aussi, arme de résistance et de révolution. Ses mises en scène ? Jamais dans un théâtre classique, toujours dans des lieux dérangeants, habités, urbains, cités, prisons, usines. Ses spectacles ? Jamais payants, toujours avec banquets d’anarchistes. Jamais répétés, encore moins ressassés, toujours créations uniques. Ils s’étirent sur trois jours et se dispersent parfois même partout, parmi les figures de pierres. Armand Gatti n’est pas seul, bien sûr. Jean-Jacques Hocquart, Gilles Durupt, Hélène Chatelain, Stéphane Gatti, l’accompagnent depuis fort longtemps dans sa guérilla urbaine. Depuis quinze ans, de Toulouse à Marseille, de Fleury-Mérogis à Avignon, ils opèrent dans les villes ensemble. C’est ainsi, qu’à partir d’un lieu dont ils font leur base, ils vont chercher et tirent à eux tous les laissés pour compte avec lesquels ils vont fomenter leurs spectacles.

Après avoir poussé la grille, grimpé l’échelle de bois, me voilà soudain dans la hutte, "Dans la hutte habite l’homme, gardien du langage", une hutte tapissée de livres avec aussi deux tables recouvertes de pages manuscrites où se tient celui qui a la flamme dans l’oeil. La première chose qu’il fait, c’est de me présenter les chiens de la maison. Il y a Desdémone, la bâtarde qui me lèche les mains, et Tao, le barbet : "Les barbets ce sont les ancêtres de la baleine". Puis il me raconte des histoires terribles, et plus elles sont terribles, plus il dit de ces expériences qu’elles sont "pleines", "exceptionnelles", "fondamentales". Il ouvre les bras, et ses mains immenses, il les lance et les projette très haut, comme pour se grandir encore, comme pour appeler l’espace.

Rien ne prédestinait Dante Sauveur Gatti dit Armand, fils de prolétaires, à l'écriture théâtrale, pas plus qu'à la poésie. Il naît en 1924, à Monaco, d'un père, Auguste, immigré italien, éboueur, et d'une mère, Laetitia, femme de ménage. Sa vie se confond très tôt avec les batailles du siècle, celles pour l'émancipation de l'homme. Possédé par la nécessité de l'expression, il fera feu de tout bois : cinéma, poésie et, bien sûr, théâtre. Son œuvre, immense, a produit l'une des plus singulières aventures de théâtre qui soit. Un théâtre au service de la poésie et du combat, réfractaire aux conventions et aux présupposés qui l'enclavent.
Si l'œuvre peut se lire indépendamment de la biographie de Gatti, elle lui reste cependant constamment liée. Engagé dans la Résistance, en 1942, dans la Berbeyrolle, en Corrèze, Gatti est arrêté, condamné à mort puis grâcié en raison de son jeune âge. Il a découvert dans le maquis le pouvoir des mots : ses compagnons de solitude lors des longues heures de veille seront des livres de Michaux, Rimbaud, Gramsci, qu'il lit, à haute voix, aux arbres de la forêt. Ses plus beaux spectateurs, dira-t-il plus tard. Gatti est déporté au camp de travail de Linderman sur la Baltique. Là, il rencontre le théâtre à l'occasion d'une étrange cérémonie psalmodique : trois juifs y scandent : ich bin, ich war, ich werde sein : je suis, j'étais, je serai. Ce théâtre minimal, tout à la fois dérisoire en regard du camp et essentiel, met en échec la volonté des bourreaux. Un temps, pour reprendre l'un des leitmotivs chers à Gatti, l'homme est devenu plus grand que l'homme, et s'est rendu inassimilable à ce que les tortionnaires voulaient faire de lui : une victime défaite. Son théâtre, par la suite, pourra se lire, justement, comme la volonté de trouver les mots qui délivrent l'homme de ses défaites. Pour l'heure, Gatti s'échappe du camp, revient en France, s'engage dans les parachutistes et participe à la libération de Limoges.
Ancien résistant et reporter, révolutionnaire au théâtre comme en politique, il est un dramaturge de la parole errante, lyrique et baroque. Son théâtre joue à la fois du mythe et de la critique de l'histoire présente, V comme Viêt-nam, 1967 ; Chant public devant deux chaises électriques, 1968 ; la Passion du général Franco en 1968 dans une esthétique du montage, du jeu des temps et des frontières entre réel et imaginaire. Depuis 1968, il mène des créations collectives avec diverses communautés d'émigrés ou de délinquants Rosa collective, 1968 ; la Tribu des Carcana, 1974 ; le Lion, la Cage et ses ailes, 1978. En 1989, il donne les Combats du jour et de la nuit à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, autour du thème de la Révolution française. Dernier titre : la Parole errante en 1999.

Sa vie

Armand Gatti est né en 1924 à Monaco. Fils d’immigré italien, il est d’abord scolarisé au séminaire Saint-Paul à Cannes, en raison du bas coût des études. Ses lectures d'Arthur Rimbaud et son caractère déjà rebelle lui valent l’exclusion du collège.
En 1942, il s’engage dans le maquis de la Berbeyrolle en Corrèze en tant que résistant. C’est là-bas, au milieu des arbres, que sa parole de poète trouve sa place. Il récite des vers, en invente, et sa valise remplie de livres ne le quitte pas. Il se fait arrêter en 1943 par le Groupe mobile de réserve et est condamné à mort. Mais il est épargné à cause de son trop jeune âge. Il travaille pour les chantiers navals Lindemann à Hambourg. Il résiste avec le langage, avec la poésie : Antonio Gramsci, Henri Michaux, Gérard de Nerval, Louÿs ainsi que des poèmes qu’il écrit lui-même.
En 1943 toujours, il retourne, à pied, jusqu’en France. Il apprendra plus tard qu’il a emprunté le même chemin que Friedrich Hölderlin en 1802.
Mis en cause par Janine Grassin, présidente de l’Amicale des déportés de Neuengamme, Armand Gatti a admis en avril 2011 qu’il n’a jamais été au camp de Neuengamme, contrairement à ce qu'il avait affirmé par le passé.
En juillet 2011, un article du bulletin de l’Amicale des anciens déportés de Mauthausen, titre "Armand Gatti renonce à prétendre avoir été déporté".
L'affaire est reprise par Le Monde peu après.
La biographie de cet article pour la période de la seconde Guerre Mondiale est donc différente de ce qu'a raconté Armand Gatti, parfois en détails, la série d'entretiens avec Marc Kravetz sur France Culture et la biographie du même journaliste. Il a pour le moins pris quelques libertés avec les faits. En 2011, il répond au journal Le Monde qu'il n'a pas été déporté à l'intérieur du camp de Neuengamme, mais dans un camp de travail proche, les chantiers navals de Lindermann1. Or les chantiers navals en question n'employaient pas de détenus, ce n'était pas un "camp".
Son aventure ne s’arrête pas là, au contraire, elle ne fait que commencer. Une fois de retour en France, il rejoint Londres et, là-bas, s’engage au Special Air Service, il sera médaillé comme parachutiste.
À partir de 1946, il devient journaliste successivement pour le Parisien Libéré, Paris-Match, France Observateur, l’Express ou encore pour Libération. Il est couronné du Prix Albert-Londres en 1954.
Mais, dira-t-il, son statut de journaliste est surtout un moyen de gagner sa vie. En réalité, il utilise cette étiquette pour voyager et continuer son aventure politique, poétique et révolutionnaire à travers le monde. Il part en Chine, en Corée, en Sibérie, en Algérie mais aussi en Amérique du Sud : Cuba, la Patagonie et surtout le Guatemala, où son journal Le Parisien avait décidé de l’envoyer. Il participe là-bas à la guérilla, et sa rencontre avec un jeune Indien Maya, Felipe, eut une grande influence sur son travail autour du langage.
Au cours de ses nombreux voyages, il rencontre les personnes qui vont marquer profondément sa vie et son œuvre. Entre autres : Fidel Castro, Ernesto Guevara, Mao Tsé-Toung, mais aussi Henri Michaux, Kateb Yacine, Jean Vilar, Erwin Piscator et d’autres, qu’il rencontre à travers des livres, des mots, des idées.
Il n’abandonne son métier de journaliste qu’en 1959, pour se consacrer au théâtre. Il multiplie les étiquettes : auteur, metteur en scène, dramaturge, cinéaste, etc. Son travail théâtral se poursuit à Montreuil où il s’installe et commence à travailler avec ses loulous, des jeunes marginaux, sortis de prison, délinquant, drogués… en stages de réinsertion.
L’aventure de Gatti se poursuit encore aujourd’hui, aussi bien dans le théâtre que dans le cinéma et il multiplie les expériences de création et d’écriture à travers la France.

Récompenses et distinctions

Prix Albert-Londres 1954
Prix Fénéon pour Le Poisson noir 1958
Prix de la critique au Festival de Cannes pour L’Enclos 1961
Prix de la mise en scène au Festival de Moscou pour L’Enclos 1961
Prix Jean Delmas de la revue Jeune Cinéma pour Nous étions tous des noms d’arbres Cannes 1982
Prix du meilleur film de l’année au Festival de Londres pour Nous étions tous des noms d’arbres 1982
Grand prix national du théâtre Ministère de la Culture décembre 1988
La médaille de vermeil Picasso attribuée par l’UNESCO pour sa contribution exceptionnelle au développement du théâtre de notre temps mai 1994
Chevalier de la Légion d’honneur 1999
Commandeur des Arts et Lettres 2004
Prix du théâtre de la Société des Auteurs 2005
Grande médaille de vermeil de la Ville de Paris 2007
Grand prix du théâtre de l'Académie française 2013
Son œuvre

Théâtre révolutionnaire

L’œuvre de Gatti est indissociable de sa vie. Durant les dix années pendant lesquelles il fut journaliste et traversa le monde en conflit, il s’est forgé une matière pour ses pièces de théâtre. S’il a abandonné le journalisme, c’est après la rencontre avec Felipe, l’Indien guatémaltèque de 18 ans, qui lui dit vous, les gringos, les yankees, vos mots ils racontent, mais ils ne disent jamais rien. Vos paroles, vous les jetez mais vous ne les faites jamais exister. Quelques jours plus tard, Felipe se fait fusiller froidement par l’armée. Armand Gatti en réchappe et sait que désormais, le journalisme est fini pour lui. La question qu’il se pose avec évidence est alors Pour quoi écris-tu ?.
La forme théâtrale qu’il choisit après le journalisme lui vient naturellement. Mais il ne s’agit pas de la forme traditionnelle du théâtre occidental dont on a l’habitude.
En effet, les révolutions se poursuivent à l’intérieur même de son écriture : les personnages de la dramaturgie classique laissent place à des personnages dont le principal rôle est de porter le texte révolutionnaire, l’espace, les spectateurs, les voix, tout est remis en cause.
Le théâtre pour lui est avant tout une nécessité d’expression, il est fait pour répondre à ce qui était en train de se passer, de trouver le langage qui convenait… c’était en quelque sorte naître.
Il ne fait pas de théâtre dans l’objectif de représentations car il rejette violemment l’idée du spectateur-consommateur, le résultat n’est donc pas l’important. L’essentiel pour lui c’est le travail en lui-même, le Work in Progress qui passe par l’apprentissage du son, du corps, de la musique et surtout de la pensée et du verbe ; c’est la confrontation de l’individu et du texte.
La démarche politique de Gatti dans sa création théâtrale est de rassembler une communauté, celle des loulous, pour mobiliser les énergies vers un objectif commun. C’est donc une invitation à la connaissance, à l’apprentissage d’un langage qui […] permet à chacun de devenir son propre maître.
Armand Gatti interroge le langage, plus que les mots même, c’est leur sens qu’il questionne.
Car c’est la langue qui permet à l’homme de s’élever et de se révolter. Pour lui, la poésie et la révolution sont complémentaires, la langue est un outil. C’est avec cet outil qu’il choisit de combattre du côté des opprimés, pour la résistance et la cause plus grande que l’homme. Ses mots sont ceux de la prise de conscience contre ceux de la prise de pouvoir.

Un théâtre des possibles

Après la guerre, il devient journaliste pour Paris-Match, Le Parisien libéré, reçoit le prix Albert-Londres en 1954 pour un reportage : Envoyé spécial dans la cage aux fauves, coécrit une biographie de Churchill et voyage en Sibérie, en Algérie, au Guatemala, en Chine, où il rencontre Mao Zedong auquel le lie une fidélité jamais démentie. Mais très vite, les mots du journalisme se révèlent inappropriés : ils ne cessent de rétrécir le réel, de le recomposer petitement. Jean Vilar son premier père de théâtre, affirme Gatti découvre une de ses pièces, Le Crapaud buffle. Elle est créée en 1959, au théâtre Récamier.
La critique éreinte le spectacle, le jugeant hermétique et confus. Sur les conseils de Vilar, Gatti persévère, sans se soucier d'adapter son écriture aux normes dramatiques. Pour lui, le temps, l'espace, la psychologie, tels qu'ils sont représentés, ne rendent pas justice à la multiplicité du monde. Ils l'enferment au contraire dans des raisonnements purement logiques et participent de la vision carcérale que chacun a de son existence et de son devenir. Alors, plutôt que de reconstituer la mort des deux anarchistes, Sacco et Vanzetti, Gatti convoque le public et demande si Sacco et Vanzetti mourront une fois de plus ce soir, Chant public devant deux chaises électriques, 1966.
Plutôt que de tenter de retracer la vie de son père, il donne rendez-vous à tous les âges qui ont composé l'existence de l'anarchiste Auguste La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G, 1963. Bernard Dort, dans Théâtre réel, cerne l'enjeu de ce travail : il s'agit d'un théâtre des possibles, un théâtre ouvert à l'apparent insensé de la vie et qui ne tente pas de l'ordonner en deçà de ce qu'elle est. Gatti devient metteur en scène : une scène qui comme chez le metteur en scène communiste Erwin Piscator son deuxième père de théâtre ne se résigne pas à reconduire le monde dans ses limites mais, au contraire, cherche à l'élargir à tous les temps et à tous les espaces.

Révolutions et résistances

D'être devenu, progressivement, un auteur et un metteur en scène reconnu n'a toutefois pas éloigné Gatti des maquis. Ses pièces se font l'écho des luttes d'émancipation que connut le XXe siècle. Cinéaste, il a tenté, en 1962, dans El Otro Cristobal de trouver le langage adéquat pour dire la révolution cubaine. Dans L'Homme seul en 1967, il s'intéresse au destin d'un révolutionnaire chinois saisi par la défaite. Mai-68 radicalise une situation en passe d'être intenable. Sa pièce La Passion en violet, jaune et rouge 1968 est interdite de représentations au Théâtre national populaire par le pouvoir gaulliste, sur demande du gouvernement espagnol franquiste. Gatti quitte la France et s'exile en Allemagne, sur les traces de Rosa Luxembourg : quels gestes, quelles luttes, au présent, poursuivent son combat ? Il rencontre une jeune journaliste, Ulrike Meinhof, bientôt passée à la lutte armée révolutionnaire dans la R.A.F., bientôt arrêtée et suicidée. Une pièce, La Moitié du ciel et nous 1975, témoignera de sa solidarité avec les femmes militantes incarcérées. Le long poème écrit à Berlin, Les personnages de théâtre meurent dans la rue, peut être lu comme un manifeste. Lorsqu'il rentre en France en 1975, après de longues séquences de « création collective » en Belgique, son théâtre, éloigné des normes mais aussi des productions classiques, s'est définitivement passé de personnage

Expériences de création et d’écriture

À partir des années 1970/1980, Gatti commence ses expériences de créations et d’écriture théâtrales.
Elles font intégralement partie du travail qu’il élabore avec les loulous des villes de France qu’il traverse. Entre 1976 et 1977, Gatti et sa femme Hélène Châtelain orientent leur expérience autour de Vladimir Boukovski, interné en hôpital psychiatrique en Union soviétique, à la MJEP : Maison des Jeunes et de l'Éducation Permanente de Saint Nazaire. La pièce s’appellera Le canard sauvage. Et puis les expériences s’enchaînent : en 1993 à Marseille, ils travaillent sur Le Chant d’amour des alphabets d’Auschwitz, devenu Adam Quoi ?, en 1994-1995, Kepler le langage nécessaire devient Nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité. F. Nietzsche à Strasbourg, à Sarcelles en 1996-1997 ils se focalisent sur L’Inconnu n°5 du fossé des fusillés du pentagone d’Arras et sur Premier voyage en langue Maya à Montreuil en 1998.
Dans ces expériences avec les loulous, il veut retrouver les mots et le langage qui permettent d’affronter le monde.
Il ne choisit pas lui-même les loulous, ce sont des organismes sociaux qui se chargent des annonces et le seul critère est la motivation, celle de faire du théâtre.
Avec eux et son groupe de travail, La Parole Errante, il explore ses pièces, pendant plusieurs mois, afin que ces exclus retrouvent un langage et une parole qui leur sont propres, pour s’armer contre l’humiliation que leur impose la société. Le théâtre doit être l’université du pauvre.
Gatti s’emploie donc aujourd’hui à réaliser ces expériences, mais il intervient aussi dans des établissements scolaires, généralement considérés comme zones sensibles en raison des difficultés sociales et scolaires qui y règnent. Ainsi, en 2006, il passe 6 mois avec des élèves de troisième du collège Henri-Barbusse de Vaulx-en-Velin, dans le Rhône. Ces élèves ont retiré de cette aventure, qui n’est qu’un exemple parmi d’autres, un épanouissement qui, comme leur souhaitait Armand Gatti, les ferai devenir des hommes plus grand que l’homme.

Possibilisme et déterminisme

En 1977, à Saint-Nazaire, lors d'une exposition-spectacle consacrée aux dissidents soviétiques, Gatti constate l'épuisement du langage gauchiste. Partout, l'espérance révolutionnaire reflue. Avec sa tribu, il part travailler pour plusieurs années à Toulouse. C'est là qu'il systématise son travail avec les loulous : son éloignement de l'institution, des expériences malheureuses l'ont convaincu de cesser de faire du théâtre avec des acteurs professionnels. Ses créations, désormais, se feront avec des exclus : précaires, prisonniers, drogués, etc. Cela, toutefois, loin de toute volonté d'animation sociale. Gatti ne vient ni guérir ni panser les plaies d'une société inégalitaire. Ses recherches en font foi : sans abandonner ses précédentes solidarités, son inspiration redécouvre de nouveaux continents. D'une part, il revient sur la question du génocide nazi, à laquelle il avait déjà consacré plusieurs pièces dans les années 1960 et un film "L'Enclos"en 1960. Qu'est-ce qu' Auschwitz a fait au langage et à la pensée ? Comment le dire – et non le représenter – sur une aire de jeu Le Chant d'amour des alphabets d'Auschwitz, 1993 ? D'autre part, il s'intéresse à la science, ce que celle-ci transforme dans l'esprit, ébranlant les certitudes, les déterminismes, révélant les infinies possibilités qui bouleversent et l'existence et le monde Kepler, le langage nécessaire 1994 ; Incertitudes de Weiner Heisenberg, 1999. Son théâtre adopte, dans ses formes, le cheminement d'une pensée, frayant entre science et mémoire une place possible pour les combats du présent. En 1987, Armand Gatti s'est installé à Montreuil. Ses Œuvres complètes sont publiées en 1991 chez Verdier.

La Traversée des langages et La Parole errante

À compter des années 1990, Gatti s'aventure dans une nouvelle séquence d'écriture : La Traversée des langages. Le langage journalistique a fait très tôt, pour lui, la preuve de son échec. Le langage politique a failli. Gatti radicalise ces impuissances. Aucun langage, seul, n'est apte à dire la vérité. Il faut donc les convoquer tous, les traverser, ne trouver asile dans aucun en particulier. C'est du choc de leur rencontre que peuvent naître des parcelles de vérité. Ses expériences, sans acteurs, sans personnages, sans psychologie, se passent désormais de spectateurs. Quelques témoins volontaires assistent aux rares présentations, sur trois ou quatre jours, du travail mené. Une après l'autre, ses pièces-traversées, riches de tout un légendaire, Auguste Blanqui, Jean Cavaillès, Michèle Firk, conduites par une ambition incommensurable pour le théâtre et la poésie, tentent de faire advenir le mot juste sur une aire de jeu. En 1999, paraît un livre-monstre, au titre emblématique, La Parole errante, une autobiographie qui est à l'image de l'œuvre : démesurée, impossible à classifier et portée par une certitude, celle du militant Yon Sosa, que cite souvent Gatti : l'arme du guérillero, c'est le mot
La Traversée des langages est une part importante dans l’œuvre de Gatti. Il s’agit d’un cycle d’écriture entamé vers 1995, autour de la physique quantique, qui regroupe une quinzaine de pièces à sujets scientifiques. À l’occasion de ce travail, mené sur plusieurs années, il écrit une pièce sur Évariste Galois, mathématicien et résistant républicain, et sur Jean Cavaillès.
Cette pièce sera notamment travaillée pendant neuf semaines au Théâtre Jean Vilar à Montpellier par des habitants du quartier de la ville. Son attraction pour la Physique quantique révèle sa volonté de remettre en question les représentations acquises, c’est aussi un engagement de l’esprit et du corps en résistance à la pensée dominante.En 2012, un volume réunissant dix-neuf pièces sous ce titre est publié aux éditions Verdier.

La Parole errante

La Parole errante est avant tout un Centre international de création, qui a vu le jour à Montreuil en 1986 et dont la direction est revenue à Armand Gatti et son groupe de travail : Hélène Châtelain, son fils Stéphane Gatti et Jean-Jacques Hocquard. Ce lieu est né de plusieurs créations de structure dans les années 1970, qui avaient toutes le même but : associer dans une production artistique l’écriture, le théâtre, la musique, la peinture la vidéo et le cinéma. Il y a d’abord eu l’Institut de Recherche sur les Mass Médias et les Arts de Diffusions IRMMAD en 1973, puis Les Voyelles en 1975, pour produire, avec l’INA Institut National de l’Audiovisuel le reportage Le lion, sa cage et ses ailes.
En 1982, le groupe s’installe à Toulouse où il ouvre l’atelier de création populaire : l’Archéoptéryx. La Parole errante héritera de ces divers essais et expériences, et récupèrera l’ensemble du matériel de l’atelier de Toulouse.
En parallèle, le ministère de la Culture leur confie une mission : créer un lieu où serait confrontée l’écriture d’auteurs de langue française avec des groupes diversifiés. C’est ainsi que la Maison de l’Arbre ouvre ses portes en 1998, dans les anciens entrepôts du cinéaste Georges Méliès.
La Parole errante est aussi le titre d’un ouvrage d’Armand Gatti, qu’il a écrit et réécrit sur une vingtaine d’années.

Critiques et réceptions

Gatti se met à écrire du théâtre fin des années 1950 et c’est Jean Vilar qui va le faire connaître. En effet, celui-ci décide de monter Le Crapaud-Buffle en 1959 au TNP. Le théâtre de Gatti est en contrepoint total d’avec le théâtre bourgeois, il n’écrit pas pour des spectateurs et surtout refuse l’aspect fréquentation et consommation par le spectateur.
La représentation du Crapaud-Buffle est un scandale. Les critiques sont assassines, envers Vilar autant que vis-à-vis de Gatti. À cette époque où le nouveau dramaturge est plus sensible aux critiques, c’est le soutien du directeur du TNP qui va le maintenir dans la voie du théâtre. Gatti continue donc son combat, et il se détachera peu à peu des critiques.
Il rencontre néanmoins beaucoup de difficultés liées aux contraintes institutionnelles. Comment proposer un théâtre anarchiste, anti-institution, mais qui a tout de même besoin d’aides financières ? Il a plusieurs amis, qui l’aident à monter ses pièces et à les jouer dans différents théâtres français. La difficulté la plus importante à laquelle il est confronté, c’est en 1968, où il doit faire face à la censure.
Seul Malraux, alors ministre de la Culture, le soutient au sein du gouvernement. La censure touche sa pièce La Passion du Général Franco, car le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Michel Debré, voulait garder de bonnes relations avec l’Espagne. La pièce sera tout de même jouée, en Allemagne, mais aussi en France après de nombreux rejets.

Principales œuvres d’Armand Gatti

Œuvres théâtrales

Sauf mention contraire, les pièces sont mises en scène par l'auteur.
1958 : Le Poisson Noir (mise en scène en 1964)
1959 : Le Crapaud-Buffle mise en scène Jean Vilar
1960 : Le Quetzal, L'Enfant-Rat
1962 : La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G.
1962 : La Seconde existence du camp de Tatenberg, Le Voyage du Grand Tchou
1963 : Chroniques d'une planète provisoire, Notre tranchée de chaque jour
1966 : Chant public devant deux chaises électriques, Un homme seul
1967 : V comme Vietnam, La Cigogne, La Naissance
1968 : Les Treize Soleils de la rue Saint Blaise", "La Journée d'une infirmière, La Machine excavatrice..., Les Hauts plateaux..., Ne pas perdre de temps sur un titre ..., La Passion du Général Franco devenu L’Interdiction, ou Petite Histoire de l’interdiction d’une pièce qui devait être représentée en violet, jaune et rouge, dans un théâtre national
1969 : Interdit aux plus de trente ans'devenu Le Canard sauvage
1970 : Rosa Collective
1971 : L'Arche d'Adelin,
1972 : La Colonne Durruti
1974 : La Tribu des Carcana en guerre contre quoi?
1975 : Quatre Schizophrénies à la recherche d'un pays dont l'existence est contestée, La Moitié du ciel et nous
1976 : La Passion du Général Franco par les émigrés eux-mêmes
1977 : Le Joint, Le Cheval qui se suicide par le feu
1982 : Le labyrinthe
1983 : Retour à la douleur de tous, Crucifixion métisse
1984 : Nous ne sommes pas des personnages historiques
1985 : Le dernier maquis
1986 : Opéra avec titre long
1987 : Les Sept Possibilités du train 713 en partance d’Auschwitz
1988 : Le Chant d'amour des alphabets d’Auschwitz
1989 : Les Combats du jour et de la nuit à la prison de Fleury-Mérogis
1990 : Le Passage des oiseaux dans le ciel
1991 : Nos empereurs aux ombrelles trouées
1992 : Le cinécadre de l'esplanade Loretto ...
1993 : Marseille, adam quoi?
1995 : Kepler, le langage nécessaire'' devenu Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité (Frédéric Nietzsche)
1997 : L'Inconnu n°5 du pentagone des fusillés d'Arras ...
1998 : Premier voyage en langue maya", "Second voyage en langue maya avec surréalistes à bord
1999 : Les Incertitudes de Werner Heisenberg ...
2003 : Le Couteau-toast d'Evariste Galois ...
2006 : Les Oscillations de Pythagore en quête du masque de Dionysos
2010 : Science et Résistance battant des ailes pour donner aux femmes en noir de Tarnac un destin d'oiseau des altitudes
Ses œuvres sont publiées aux éditions Verdier, Le Seuil, L'Arche et La Parole errante.

Écrits

Mort ouvrier, 1962
Les personnages de théâtre meurent dans la rue, 1970
Prose pour Diato, 1979, poème écrit en hommage à son ami le poète et artiste plasticien Albert Diato
Le Monde concave, 1983
La Parole errante, 1999, roman fleuve ou livre monde autobiographique
L'Anarchie comme battement d'ailes, 2001, quatre volumes sur son épopée familiale
Les Cinq noms de Georges Guingouin, 2005, hommage à son chef de maquis
Mieux Taire, gravure de Jean-Michel Marchetti, éditions Æncrages & Co
Le Bombardement de Berlin, illustré de gravure d'Emmanuelle Amann, éditions Æncrages & C°

Œuvres cinématographiques

1959 : Moranbong réalisé par Jean-Claude Bonnardot
1961 : L'Enclos
1963 : El otro Cristóbal
1970 : Le Passage de l'Ebre Der Übergang über den Ebro téléfilm
1975 - 1977 : Le Lion, sa cage et ses ailes, huit films vidéo
1979 : La Première Lettre, sept films vidéo
1982 : Nous étions tous des noms d'arbres

Quelques ouvrages autour d'Armand Gatti

Gatti, aujourd'hui, Gérard Gozlan et Jean-Louis Pays, Paris, Le Seuil, collection Théâtre, 1970
Gatti : journal d'une écriture, Michel Séonnet et Stéphane Gatti, catalogue de l’exposition Cinquante ans de théâtre vus par les trois chats d'Armand Gatti, Artefact, 1987
L'Aventure de la Parole errante, Armand Gatti et Marc Kravetz, L'Éther vague, Toulouse, Verdier, Lagrasse, 1991
Gatti (le principe vie. Pouvoir et puissance, résistance et souvenir dans l'œuvre d'Armand Gatti), Heinz Neumann-Riegner, Romanistischer Verlag Hillen, Bonn, 1993 (ISBN 3-86143-010-X)
La Poésie de l'étoile. Paroles, textes et parcours, Armand Gatti et Claude Faber, ed. Descartes, Paris, 1997
Armand Gatti, revue Europe, no 877, mai 2002 Sommaire et introduction, Armand Gatti, poète par Jean-Pierre Hàn
Armand Gatti à Genève, Yvan Rihs, Nadine Ruegg, Claudine Pernecker, La Parole errante, 2003.
Lucile Garbagnati, Frédérique Toudoire–Surlapierre sous la direction de, L’Arche des langages. Une oeuvre de référence : Armand Gatti, actes du colloque de Besançon, Dijon, Presses Universitaires de Dijon Collection Écritures, 2004.
Catherine Brun, Olivier Neveux numéro dirigé par, AG. Cahiers Armand Gatti, n°1, 2010, 236 p. Contributions de : A. Asso, M. Bouchardon, C. Brun, M. Courtieu, D. Faroult, S. Gallet, D. Lescot, P. Mesnard, H. Neumann-Riegner, O. Neveux, A. Roche.
Catherine Brun, Olivier Neveux numéro dirigé par, AG. Cahiers Armand Gatti : Les cinémas d’Armand Gatti, n°2, La Parole errante, mai 2011, 366 p. Contributions de : N. Brenez, C. Brun, S. Dreyer, D. Faroult, J.-P. Fargier, N. Hatzfeld, J. Long, O. Neveux, A. Perraud, M. Séonnet.
Catherine Brun, Olivier Neveux numéro dirigé par, AG. Cahiers Armand Gatti : La Traversée des langages, n°3, La Parole errante, décembre 2012, 286 p. Contributions de : F. Bailly, N. Beauvallet, C. Brun, N. Chatelain, J.-M. Clairambault, S. Gatti, M. Naas, H. Neumann-Riegner, O. Neveux, R. C. Pachocki, C. Rohner, L. Wiss.
Catherine Brun, Olivier Neveux dossier préparé par, Siècle 21 : « Armand Gatti », n°22, printemps-été 2013.

Prix et récompenses

Prix SACD 2005 : Prix Théâtre de la SACD

Liens

http://www.ina.fr/video/CAB8201214001 ... u-armand-gatti-video.html gatti Ina
http://www.ina.fr/video/CAB90028512/t ... ti-a-marseille-video.html Gatti théatre à Marseille
http://www.ina.fr/video/CAB91031498/avignon-gatti-video.html Armand Gatti à Avignon
http://youtu.be/KxshxHl85Rk Faire-Dieu tomber dans le temps... Gatti

Attacher un fichier:



jpg  4edab68ceeb110e60c7285a4a54d0336.jpg (12.41 KB)
3_52e3f1b7336e4.jpg 180X270 px

jpg  arton111-11104.jpg (15.31 KB)
3_52e3f1c91d7a8.jpg 193X200 px

jpg  téléchargement.jpg (7.24 KB)
3_52e3f1e3c5239.jpg 272X185 px

jpg  téléchargement (1).jpg (3.64 KB)
3_52e3f1f488a4d.jpg 275X183 px

jpg  images (18).jpg (17.00 KB)
3_52e3f20069020.jpg 189X267 px

jpg  images (16).jpg (11.80 KB)
3_52e3f20bd15e8.jpg 194X259 px

jpg  _cata_oeuvres_Theatre_68561_0007.jpg (161.15 KB)
3_52e3f22aec5a5.jpg 340X245 px

jpg  images (15).jpg (14.10 KB)
3_52e3f237aa0a7.jpg 273X185 px

jpg  images (14).jpg (14.31 KB)
3_52e3f244ad114.jpg 186X271 px

jpg  images (12).jpg (9.67 KB)
3_52e3f25221035.jpg 145X229 px

jpg  images (11).jpg (13.80 KB)
3_52e3f25e6ccdd.jpg 303X166 px

jpg  images (9).jpg (14.59 KB)
3_52e3f26aa06b9.jpg 182X272 px

jpg  images (8).jpg (12.62 KB)
3_52e3f276e1b40.jpg 188X268 px

jpg  images (7).jpg (3.93 KB)
3_52e3f2853ad98.jpg 112X163 px

jpg  images (5).jpg (11.86 KB)
3_52e3f29475743.jpg 191X263 px

jpg  _derniereseditions_29371_DVD-lion-ed-montparnasse.jpg (33.40 KB)
3_52e3f2a332248.jpg 286X470 px

jpg  cavailles.jpg (599.93 KB)
3_52e3f2b72bcfa.jpg 685X483 px

jpg  images (4).jpg (5.46 KB)
3_52e3f2c86ad85.jpg 172X248 px

gif  gatti.gif (19.83 KB)
3_52e3f2dd2dcf7.gif 132X200 px

jpg  breveon869.jpg (91.93 KB)
3_52e3f2f4549a9.jpg 462X520 px

jpg  Gatti_2001_NL.jpg (37.58 KB)
3_52e3f31375b1b.jpg 238X235 px

Posté le : 24/01/2014 22:09

Edité par Loriane sur 25-01-2014 14:20:18
Edité par Loriane sur 25-01-2014 18:23:37
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Eugène Sue
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 janvier 1804, naît à Paris Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue,

écrivain français.


Il meurt en exil le 3 août 1857 à Annecy-le-Vieux dans le Duché de Savoie du royaume de Sardaigne
Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social : Les Mystères de Paris (1842-1843) et Le Juif errant (1844-1845
).
Fils de grand médecin, sommé de poursuivre la carrière paternelle, s'y refusant, se réfugiant dans le dandysme pour finir député de la iie République, puis persécuté par Napoléon III, il est l'un des grands auteurs de romans populaires.
L'écrivain français le plus populaire du XIXe siècle, qui conféra au feuilleton ses lettres de noblesse en y intégrant le roman social. Issu d'une famille prestigieuse de chirurgiens, fils du médecin en chef de la garde des consuls, le petit Marie-Joseph Sue a pour marraine Joséphine Bonaparte et pour parrain Eugène de Beauharnais. Ces glorieux antécédents ne l'empêchent pas d'être un élève fort médiocre et turbulent ; aussi son père le retirera-t-il du collège avant la fin de ses études pour tenter de lui faire apprendre la médecine par la pratique. Nommé chirurgien surnuméraire de la maison militaire du roi, le jeune homme ne retiendra guère de son état que les joies de la vie d'étudiant. Après une malheureuse affaire de cave paternelle pillée en compagnie de ses amis de prédilection, Eugène se retrouve expédié en Espagne, lors de l'intervention armée en 1823, comme attaché au personnel médical. Nommé à Toulon en 1825, il regagne rapidement Paris, où, étalant un luxe tapageur, il compte parmi les dandys les plus remarqués de l'époque. Cinq années en tout, coupées par deux grands voyages destinés à dompter sa jeunesse indocile, dans les mers du Sud, aux Antilles et en Grèce, où il assiste au combat de Navarin.

Sa vie

Son père, Jean-Joseph Sue, fils, était chirurgien de la Garde impériale de Napoléon 1er, chevalier héréditaire par lettres patentes du 17 février 1815, issu d'une lignée de chirurgiens parisiens originaire de Provence. Sa marraine n’était autre que Joséphine et son parrain Eugène de Beauharnais. Il étudia au lycée Condorcet. Jeunesse dorée pour le futur écrivain qui va pourtant se révéler un élève médiocre et turbulent, puis un jeune homme dont les frasques défraient la chronique. Son père l’envoie en voyage pour le remettre sur le droit chemin : expédition d'Espagne 1823, puis de Grèce, puis aux Antilles.
Dandy, voyageur, il hérite à 26 ans de la fortune paternelle, devient l’amant des plus belles femmes de Paris, il est surnommé le "Beau Sue", et il adhère au très snob Jockey Club dès sa création en 1834. Il dilapide la fortune de son père en sept ans, et commence à écrire lorsqu’il est ruiné.

En 1830, la mort de son père le met à la tête d'une solide fortune : appartement d'un luxe raffiné et maîtresse officielle, Olympe Pelissier en attendant d'être amoureux de Marie d'Agoult ; il sera aussi l'un des tout premiers membres du Jockey-Club lors de sa fondation en 1833.
Pour meubler ses loisirs, il écrit des romans d'aventures inspirés de ses voyages, sacrifiant à la vogue du frénétisme avec des héros dont les actions diaboliques et la férocité sans bornes défient la société et la morale : Kernok le Pirate et El Gitano, parus dans La Mode en 1830 et réunis l'année suivante sous le titre de Plik et Plok ; Atar-Gull 1831, affichant un cynisme encore plus grinçant avec une froide analyse de la traite des nègres et un dénouement dont l'amoralisme est un pied-de-nez à nos institutions, roman qui annonce par surcroît la future esthétique des Mystères de Paris avec la dispersion de l'unité de lieu et la fragmentation du récit en épisodes.
Exception faite de Latréaumont, roman historique sur la Fronde, Eugène Sue se cantonnera jusqu'en 1838, et avec un vif succès, dans la littérature maritime : La Salamandre 1832, La Coucaratcha 1832, recueil de récits et de contes, La Vigie de Koat-Ven 1833, sans compter d'innombrables récits publiés dans des keepsakes. Il se lance enfin en 1834 dans une vaste Histoire de la marine française depuis le XVe siècle jusqu'à nos jours, précédée d'un Précis historique sur la marine française depuis le IXe siècle jusqu'au XVe, roman historique en dix volumes.

La seconde période ou manière de Sue est le roman de mœurs élégant publié en feuilleton. L'écrivain décide d'exploiter à son tour le filon pour se tirer de terribles embarras financiers. Arthur, et surtout le beau roman de Mathilde, Mémoires d'une jeune femme, remportent un fracassant succès.

Eugène Sue est l’auteur, selon ce qu’en rapporte la bibliographie établie par Francis Lacassin, de sept romans exotiques et maritimes, onze romans de mœurs, dix romans historiques, quinze autres romans sociaux dont une série intitulée Les Sept Péchés capitaux, deux recueils de nouvelles, huit ouvrages politiques, dix-neuf œuvres théâtrales comédie, vaudeville, drame et six ouvrages divers.
Sue a la plume facile, il se convertit au socialisme et écrit Les Mystères de Paris, inspiré par un ouvrage illustré, paru en Angleterre, sur le thème des mystères de Londres.
Eugène Sue ignore la trame de son roman, comme le révèle Ernest Legouvé dans Soixante ans de souvenirs. Ce roman suscite un intérêt énorme dans toutes les couches de la société. Théophile Gautier écrit : Des malades ont attendu, pour mourir, la fin des Mystères de Paris.
Le succès est immense et dépasse les frontières et il influence sa vie publique — Sue est élu député de la Seine — ainsi que son orientation littéraire. Il inspire à Léo Malet, au siècle suivant, la série Les Nouveaux Mystères de Paris.
L'année 1841 inaugure, avec ce feuilleton social, l'ère du très garnd Eugène Sue. Les premiers chapitres des futurs Mystères de Paris, écrits un peu au hasard, sous l'effet d'une sympathie naissante pour le socialisme, furent publiés à partir de juin 1842 au Journal des débats et connurent un succès sans précédent dans l'histoire du feuilleton.
L'écrivain y dépeint les bas-fonds parisiens avec un réalisme d'une telle force qu'il se transforme, de par l'horrible et le terrifiant du sujet, en une vision d'une extraordinaire poésie fantastique. Sue se livre à une révision des jugements sur le mal et le crime, y voyant le fait d'un processus inéluctable dû plus à l'accident et au malheur qu'à un vice inné ; et il dénonce avec une véhémence croissante le mécanisme aveugle de lois sociales inhumaines et l'inconscience coupable des classes bourgeoises.C'est une vaste fresque historique qui retrace l'histoire d'une famille de prolétaires à travers les âges. S'appuyant sur les théories de l'historien Augustin Thierry, il dépeint, au fil des épisodes, l'union de la bourgeoisie et du prolétariat contre l'aristocratie dominante.
Et, en novembre 1849, Maurice Lachâtre, son ami et éditeur, met en vente les premières livraisons des Mystères du peuple, utilisant pour ce faire un système de fidélisation par primes et une distribution par la poste, qui permet de déjouer la censure. Malgré ces précautions, la publication en sera interrompue à plusieurs reprises, mise à l'Index par Rome, condamnée par les évêques de France et inquiétée par la police.

Eugène Sue publie ensuite Le Juif errant, également en feuilleton dans Le Constitutionnel. On commence à mieux reconnaître l’intérêt des Mystères du peuple, fresque historique et politique dont le ton est donné par son exergue : Il n’est pas une réforme religieuse, politique ou sociale, que nos pères n’aient été forcés de conquérir de siècle en siècle, au prix de leur sang, par l’insurrection. Il est censuré par le Second Empire.
Le projet remonte aux mois qui ont suivi l’échec de la révolution de 1848. Et, en novembre 1849, Maurice Lachâtre, son ami et éditeur, met en vente les premières livraisons des Mystères du peuple, utilisant pour ce faire un système de fidélisation par primes et une distribution par la poste, qui permet de déjouer la censure. Malgré ces précautions, la publication en sera interrompue à plusieurs reprises, mise à l'Index par Rome, condamnée par les évêques de France et inquiétée par la police.

Avec Le Juif errant Le Constitutionnel, 25 juin 1844-12 juillet 1845, l'écrivain approfondit sa formule, comme en témoigne une plus grande sûreté de composition. Il y manifeste de plus un anticléricalisme d'une virulence nouvelle — nullement incompatible d'ailleurs avec le caractère chrétien de son socialisme —, assimilant les Jésuites au fléau de la peste qui ravagea Paris en 1832, et qui joue dans le roman un rôle de premier plan.

Eugène Sue publie ensuite, les Mémoires d'un valet de chambre ou Martin, l'enfant trouvé et commence Les Sept Péchés capitaux lorsque éclate la révolution de 1848. De sa terre des Bordes, en Sologne, il s'engage en écrivant dans les journaux locaux visant à endoctriner, sans grand succès semble-t-il, les populations paysannes Le Républicain des campagnes, Le Berger de Kravan.
Mais Sue devint le chantre des classes pauvres avec les Sept Péchés capitaux 1848 ou les Misères des enfants trouvés 1851 et il est triomphalement élu député sur son fief de Paris en 1849, lors d'élections de remplacement, comme républicain socialiste.
Emprisonné, lors du coup d'État du 2 décembre 1851, puis relaxé, il devance les proscriptions et se réfugie en Savoie, à Annecy, d'où il n'obtiendra jamais la permission de rentrer en France, même au moment de l'amnistie de 1853. Durant les dernières années assez tristes et amères de sa vie, il trouva un adoucissement dans l'amitié de Marie de Solms, cousine de Napoléon III, exilée comme lui, et un dérivatif dans une activité littéraire intense : Fernand Duplessis ou les Mémoires d'un mari, La Marquise Cornélia d'Alfi ou le Lac d'Annecy et ses environs, La Famille Jouffroy, Le Diable médecin en 5 parties, étude sur la condition féminine, Le Fils de famille, plaidoyer en faveur de l'enfant naturel, et surtout la vaste fresque des Mystères du peuple ou Histoire d'une famille de prolétaires à travers les âges, qui furent, dernier revers pour l'écrivain, interdits au moment de leur parution.

Eugène Sue mourut victime d'une hémiplégie.

Lorsque Louis-Napoléon Bonaparte effectua son coup d’État Eugène Sue, s’enfuit en 1851 et s’exile.
Il fut accueilli dans les États de Savoie même si le clergé local s’opposa à sa venue. De fait, le roi Victor-Emmanuel II et son chef du gouvernement, Massimo d'Azeglio, sont favorables aux idées libérales. Il finit par s’installer à Annecy-le-Vieux où il vécut de 1851 jusqu’à sa mort en 1857. C'est un autre proscrit républicain, le colonel Charras, qui assista à ses derniers instants et accomplit sa volonté d'être inhumé civilement en libre-penseur.
Eugène Sue au moment de son exil en Savoie, du royaume de Piémont-Sardaigne, s'opposa au second Empire en publiant des brochures : Jeanne et Louise ou les Familles de transportés, 1852 ; la France sous l'Empire, 1857 et poursuivit la publication de romans-feuilletons : la Famille Jouffroy 1853-1854, les Fils de famille 1856, le Diable médecin 1854-1857. Prônant les vertus laïques républicaines, il livra aussi la guerre au catholicisme dans ses Lettres sur la question religieuse 1856.
Comme l'affirme J.-L. Bory, Sue doit exister aux côtés de Balzac . Il est un exemple frappant de la métamorphose des divers courants du romantisme en un genre naissant, le reflet d'une transmutation. Du roman noir qui, dès 1797, fait frémir les lecteurs d'Ann Radcliffe, il utilise l'arsenal des châteaux ténébreux aux obscurs souterrains, les silhouettes opposées du traître et de la victime.
Le harcèlement judiciaire contre les publication d'Eugène Sue persistent et jusqu'en 1857, à ce moment, 60 000 exemplaires furent saisis.

Le choc fut tel qu’il aggrava l’état de santé du romancier. Malade et exilé, il succomba.

Ses obsèques- non catholiques- donnèrent lieu à un immense rassemblement, bien qu'elles aient eu lieu à six heures du matin, pour éviter tout rassemblement.

Il fut enterré à Annecy, au cimetière de Loverchy, dans le carré des "dissidents" non catholiques.


Malgré sa disparition, le tribunal, suivant le réquisitoire du procureur Ernest Pinard, condamna l’imprimeur et l’éditeur, et ordonna la saisie et la destruction de l’ouvrage, et donc l'ouvrage est détruit.

Distinctions

Il reçoit le 10 mars 1839 la Légion d'honneur — pour son Histoire de la Marine —, en même temps que ses confrères Alfred de Musset et Frédéric Soulié.
Il écrit à ce sujet, dans Une page de l'histoire de mes livres : J'ai reçu — unique faveur — la croix de la Légion d'honneur il y a quinze ans, grâce à la bienveillante et courtoise initiative de M. de Salvandy, alors ministre de l'instruction publique.

Œuvres

Kernok le pirate (1830)
Atar-Gull (1831)
Histoire de la Marine (1835)
Latréaumont, roman historique (1837)
Arthur, roman contemporain (1839)
Mathilde, roman contemporain (1841), (l'édition de 1845 est illustrée par Célestin Nanteuil)
Paula Monti ou l'Hôtel Lambert, histoire contemporaine (1842)
Thérèse Dunoyer, roman (1842)
Les Mystères de Paris (1842-1843)
Le Juif errant (1844-1845)
Les Sept Péchés capitaux (1847-1852)
Les Mystères du peuple (1849)
La Marquise Cornélia Alfi (1852)
Une page de l'histoire de mes livres (1857)
La Salamandre

Filmographie

Liens

Eugène Sue, film réalisé par Jacques Nahum, et notamment interprété par Bernard Verley et Pierre Arditi.
http://youtu.be/4OPDfIvwwVk Le procès contre Eugène Sue
http://youtu.be/OcHc4zo4neA Les mystères de Paris de Hunebelle
http://youtu.be/JjZ0uvuPI3g Les mystères de Paris de Hunebelle
http://youtu.be/AByXg7w7Cl0 Les mystères de Paris Vladimir Cosma


Attacher un fichier:



jpg  téléchargement.jpg (3.88 KB)
3_52e3f433eb31d.jpg 304X166 px

jpg  images (11).jpg (3.36 KB)
3_52e3f43dc6385.jpg 110X153 px

jpg  images (12).jpg (7.29 KB)
3_52e3f44799ab0.jpg 216X216 px

jpg  images (13).jpg (6.84 KB)
3_52e3f451c2923.jpg 156X240 px

jpg  images (16).jpg (11.00 KB)
3_52e3f46271914.jpg 189X267 px

jpg  images (10).jpg (7.54 KB)
3_52e3f46d580bb.jpg 248X203 px

jpg  images (17).jpg (10.55 KB)
3_52e3f4796599f.jpg 186X272 px

jpg  images (18).jpg (10.82 KB)
3_52e3f485b3131.jpg 182X277 px

jpg  images (19).jpg (4.34 KB)
3_52e3f4940fd29.jpg 158X248 px

jpg  sue-myst-peuple.jpg (5.52 KB)
3_52e3f4a1c9f17.jpg 120X187 px

jpg  images (21).jpg (9.78 KB)
3_52e3f4ac31bab.jpg 184X274 px

jpg  images (24).jpg (11.61 KB)
3_52e3f4b87999a.jpg 185X272 px

jpg  images (25).jpg (11.47 KB)
3_52e3f4c6437c7.jpg 181X279 px

jpg  images (27).jpg (6.93 KB)
3_52e3f4d6e0088.jpg 189X267 px

jpg  images (29).jpg (9.98 KB)
3_52e3f4e399156.jpg 182X276 px

jpg  images (31).jpg (13.11 KB)
3_52e3f4f12bcbf.jpg 202X249 px

jpg  téléchargement (2).jpg (10.88 KB)
3_52e3f50601907.jpg 208X243 px

jpg  téléchargement (3).jpg (4.88 KB)
3_52e3f51124d98.jpg 205X246 px

jpg  téléchargement (5).jpg (6.02 KB)
3_52e3f5207e02a.jpg 161X181 px

jpg  images (4).jpg (9.79 KB)
3_52e3f53026cde.jpg 284X177 px

jpg  images (2).jpg (3.33 KB)
3_52e3f542011c2.jpg 136X176 px

Posté le : 24/01/2014 19:49

Edité par Loriane sur 25-01-2014 18:32:54
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Achim Von Arnim
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 janvier 1781 à Berlin naît Achim von Arnim

romancier, chroniqueur, dramaturge et poète romantique allemand qui fit partie du Cénacle romantique d'Heidelberg avec Görres, Creuzer et Clemens Brentano, il meurt le 21 janvier 1831 à Wiepersdorf près de Jüterbog

Cet écrivain allemand, naît dans une vieille famille de l'aristocratie, après un voyage à travers l'Europe, publie à Heidelberg, le Cor merveilleux de l'enfant 1806-1808, recueil de chants populaires allemands collectés avec l'aide des frères Grimm et de Bettina Brentano.
Ce florilège a été conçu pour sauver de l'oubli et de la dispersion les trésors de la poésie populaire. Mais il s'agit aussi de retrouver un ton plus dru, susceptible de galvaniser un peuple désemparé. Véritable mythologie nationale, les 722 pièces du recueil mêlent des poésies populaires de la tradition orale, des poèmes d'auteurs tels que Opitz, H. Sachs ou P. Gerhard et l'apport personnel des deux auteurs.
Ce recueil, dédié à Goethe, a suscité l'admiration et l'imitation de poètes tels que Heine et inspiré des compositeurs tels que Schumann, Brahms et Mahler. Quelques-unes de ses chansons appartiennent aujourd'hui encore au fonds le plus vivant du folklore allemand. En 1814, Arnim se retire sur ses terres. Collectionneur de vieux textes, romancier à succès, auteur dramatique malheureux, Arnim reste surtout connu comme auteur de nouvelles. Lucide, engagé dans son temps, mais aussi, et de plus en plus, misanthrope et solitaire, il reproduit dans son œuvre cette dualité fondamentale.
L'action de ses récits rejoint volontiers l'univers fantastique des superstitions et des légendes : le Golem et la Mandragore prennent forme humaine Isabelle d'Égypte, 1812, le ghetto se peuple de fantômes les Héritiers du majorat, 1819. Mais il arrive aussi que l'explication rationnelle réfute les croyances populaires dont Arnim fait le thème même de ses nouvelles l'Invalide du fort Ratonneau, 1818. Représentant éminent du romantisme dit de Heidelberg, Arnim se laisse difficilement enfermer dans les caractéristiques de cette école : redécouverte du passé allemand, retour aux traditions, conservatisme teinté de nationalisme, exaltation de l'imaginaire. Par son goût, parfois excessif, du bizarre et du grotesque comme par un certain parti pris de laisser-aller dans l'écriture, il s'apparente aussi aux surréalistes, qui ont deviné en lui un précurseur.

Sa vie

Achim von Arnim est issu d'une famille ancienne de la noblesse prussienne, les Arnim. Il passe son enfance et son adolescence à Berlin et à Zernikow. Il étudie le droit et les sciences naturelles à Halle et Göttingen de 1798 à 1801.
Il commence à écrire dans des journaux de sciences naturelles, puis entreprend un voyage d'études à travers l'Europe, jusqu'en 1804.
Avec Clemens Brentano, dont il devient l'ami et le beau-frère par son mariage avec Bettina Brentano il publie Des Knaben Wunderhorn, un recueil de chants populaires Volkslieder en trois tomes entre 1806 et 1808. Cette même année, il fonde le journal romantique Zeitung für Einsiedler Journal des ermites, à Heidelberg.
De retour à Berlin en 1809, Achim von Arnim collabore aux Berliner Abendblätter, Feuilles berlinoises du soir et crée, le 18 janvier 1810, une formation politique qu'il appelle Deutsche Tischgesellschaft, Salon allemand.
D'octobre 1813 à février 1814, il est éditeur du quotidien berlinois Der Preußische Correspondent, Le Correspondant prussien. À partir de 1814, Achim von Arnim vit dans sa propriété à Wiepersdorf et contribue à la vie littéraire berlinoise par la production de nombreux articles et nouvelles que publient journaux et almanachs.
Il n'y a pas si longtemps, l'œuvre du poète et romancier berlinois Arnim suscitait chez ses rares lecteurs des réactions contradictoires parce que l'écrivain est resté longtemps dissimulé derrière le patriote et le junker conservateur. André Breton exprimait alors son enthousiasme... à la découverte des toujours plus originales et inégalables beautés cachées dans les trois nouvelles réunies un siècle auparavant par Théophile Gautier sous le titre circonspect de Contes bizarres. Deux ans après André Breton, un maître de l'Université estimait, lui, que l'œuvre d'Arnim est d'un accès difficile et exige du lecteur beaucoup de patience, et il déclarait préférer faire connaître l'homme, plus intéressant que l'auteur. Mais l'auteur seul a fait d'Arnim ce qu'il est à présent pour nous.

Solitude et indécision

Encore une journée passée dans la solitude de la poésie, écrivait Arnim en tête de sa préface aux Gardiens de la Couronne.
La solitude de la poésie et de l'homme est le trait le plus constant de son génie, et elle en fait un poète authentiquement romantique si celui-ci, comme l'a écrit Thomas Mann, n'est pas chez lui dans le monde. Cette solitude dessine, dans l'œuvre et dans la vie d'Arnim, comme des ondes concentriques dont la source est au cœur même du poète. Orphelin de mère à sa naissance, il est abandonné par son père à une grand-mère qui le confie à des précepteurs tyranniques.
Arnim s'est ainsi trouvé très tôt seul et désemparé vis-à-vis de lui-même, il semble avoir toujours été hésitant sur son propre caractère, n'avoir jamais pris sa destinée en main propre et s'être longtemps avancé dans la vie comme à tâtons. Après avoir contemplé une chute d'eau, il écrivait un jour à Brentano : Je ne sais vraiment rien de moi, si je suis eau, vapeur ou glace, ou un fragment de l'arc-en-ciel aux couleurs ardentes.
Cette incertitude se manifeste tout au long de son existence, dans la recherche d'une position sociale, dans ses longues fiançailles avec Bettina, la sœur de son ami Brentano, dans le zèle intermittent qu'il apporte à cultiver les propriétés auxquelles il se résout à demander de le faire vivre, lui et sa famille. Cette indécision n'aurait rien d'exceptionnel, en somme, car elle est le lot de beaucoup d'homme. Mais le génie poétique d'Arnim sait créer des personnages où cette solitude et cette incertitude sur eux-mêmes atteignent à une beauté tragique et mystérieuse. Ainsi les héros du long roman intitulé Pauvreté, richesse, faute et pénitence de la comtesse Dolores se trouvent-ils fiancés le lendemain du jour où ils se sont vus pour la première fois, sans savoir comment. Ils se marient, cèdent aux désordres de la ville où un habile séducteur amène Dolores à tromper son mari. Karl a le pressentiment de cet adultère resté caché, il prend la fuite et chante alors dans son profond désarroi des stances admirables, en prose rythmée, où s'exprime le combat changeant de l'amour et du désespoir.

Le recours au théâtre

Il est une autre manifestation assez curieuse de cette solitude qu'éprouve l'homme effrayé devant les incertitudes de la vie : ses héros trouvent un refuge sur la scène d'un théâtre. C'est en jouant un rôle qu'ils pensent faire comprendre aux autres ce qu'ils n'ont pu ou voulu leur dire ouvertement. De même qu'Arnim, avant son mariage, écrivait à Bettina qu'il se sentait libre et intrépide dès qu'il foulait les planches, on voit son héros Hollin, jouant le rôle de Mortimer, se poignarder réellement sur scène pour pouvoir, dans le même temps, affirmer et conclure sous les yeux de Marie un amour qu'il croit impossible. Dans une autre nouvelle, Melück se sert par deux fois du rôle de Phèdre pour exprimer d'abord sa passion naissante pour Saintrée, puis son dépit de se voir trahie.

L'intervention du rêve

L'intervention du rêve dans la vie et la confiance avec laquelle les héros d'Arnim s'y abandonnent sont un autre symptôme de leur solitude incertaine. Mais il importe ici de prévenir une confusion tentante pour notre époque. Le rêve n'est nullement, chez Arnim, le cloaque qui charrie les épaves d'un naufrage antérieur. Ses rêveurs découvrent et créent dans leurs songes un autre monde que le réel, un monde plus riche, plus harmonieux, plus vrai que celui de la vie quotidienne. Ce rêve est dirigé vers l'avenir, il commence là où finira plus tard l'œuvre de l'analyste. Cette vision est douée d'une beauté cohérente ; même si elle est symbolique et reste mystérieuse, elle présente à l'homme qu'elle enrichit ce qu'il doit acquérir pour se rapprocher des autres hommes et s'efforcer d'atteindre à une conscience et à une maîtrise plus lucide de son destin et de celui de l'humanité. Le rêve se situe ici au-delà de la passion. « La passion, écrit Arnim, permet seulement de percevoir le cœur de l'homme dans sa vérité originelle, le chant sauvage de l'homme, pour ainsi dire, et c'est pourquoi aucun poète n'a sans doute été sans passion. Mais la passion ne fait pas le poète, bien plus, personne n'a créé quelque chose de durable au plus vif de son empire, et c'est seulement après son accomplissement que chacun peut bien refléter ce qu'il a éprouvé.

L'errance

Ce recul que prennent les héros d'Arnim à l'égard d'eux-mêmes se retrouve dans un autre trait presque constant de leur situation dans le monde : ils sont de perpétuels errants, loin de leur patrie et de leur maison, qu'ils sont souvent forcés de n'observer que de l'extérieur. Telle la vie d'Arnim, à la campagne, loin de Bettina et de ses enfants demeurés à Berlin, ville dont il ne pouvait souffrir la poussière et l'agitation. Tel, dans son œuvre, l'invalide du fort Ratonneau qui observe et s'apprête à bombarder de son île la ville de Marseille où l'attendent en vain sa femme et son enfant. Le héros des Majorataires voit aussi du dehors, sans y pénétrer, la maison qui lui appartient puisqu'elle constitue le majorat. Elle est restée vide depuis trente ans, mais est toujours prête à l'accueillir, comme Bettina pour Arnim, puisqu'en dépit – ou à cause ? – de leur séparation, ils eurent bel et bien sept enfants, car cette maison est entretenue régulièrement par un majordome qui veille au linge, à l'argenterie, et nourrit des chats pour chasser les souris. Si l'on assiste bien, avec le père de Dolores, à un retour au foyer, c'est un échec quand même, car il trouve son palais en feu, et il ne lui reste plus qu'à allumer son zigaro à une poutre en flamme.

Le héros et la société

Seuls et incertains, vivant en exil, les héros d'Arnim restent aussi isolés dans leurs rapports avec les autres hommes : confusions et hallucinations marquent le retour du majorataire dans la ville ; Isabelle a un moment son double, un golem, pour rivale, et elle est entourée d'êtres étranges sortis du règne végétal ou de la légende ; Dolores se laisse séduire par son beau-frère sans le reconnaître ; la princesse croit longtemps, mais à tort, que Karl est épris d'elle et qu'elle a été réellement sa maîtresse. Ces exemples reviennent si fréquemment qu'au-delà de leur valeur individuelle c'est petit à petit l'ensemble de la société qui est ainsi mis en question.
Il n'est que de songer aux Affinités électives de Goethe, avec lesquelles Arnim avait voulu rivaliser en écrivant Dolores, pour mesurer à quel point celui-ci innove. La société où jouent tragiquement les affinités reste stable, satisfaite d'elle-même, se complaisant à son propre spectacle.
L'architecte y bâtit pour l'éternité, mais Arnim se refuse à y croire, et il écrit à Bettina, sur un ton où le sérieux le dispute à l'humour : Remercions Dieu et son serviteur Goethe de ce qu'une partie d'une époque sur son déclin est engrangée pour l'avenir en une représentation fidèle et détaillée. Arnim, lui, voit la société de son temps, entre autres, par le truchement du long rêve de l'enfant Traugott, comme un champ clos où des forces contradictoires se livrent combat. Les unes conservent vivante la leçon des temps anciens et même légendaires, porteurs du message de foi et d'harmonie qui permettra aux générations futures d'envisager sans peur les transformations inévitables et de les instaurer sans rupture avec le passé.
Les autres forces qui s'agitent au sein de la société actuelle sont celles qui refusent l'exemple du passé. Elles se montrent éprises de toutes les nouveautés et s'abandonnent dans la confusion la plus complète à une agitation stérile et destructrice.
Il faut noter que les représentants de ces deux courants opposés se recrutent indifféremment, chez Arnim, à travers toutes les classes de la société. Dolores aussi bien que les Gardiens de la Couronne, Halle et Jérusalem, Melück Marie Blainville montrent la noblesse et tout le peuple avec elle, riches en figures positives ouvertes à l'avenir et conscientes de ce qu'elles doivent lui transmettre.
Mais dans ces mêmes œuvres, on rencontre aussi, s'opposant aux précédentes et affectées comme d'un signe négatif, des silhouettes dont la conduite, les propos et les aventures grotesques, chez des gens qui se veulent tantôt naïfs, tantôt émancipés, offrent une caricature impitoyable, et féroce parfois, de la société : n'y voit-on pas deux princes, pour vider leurs querelles, lancer au combat une garnison de catins et un bataillon de musiciens ? Enfin, passant du négatif au positif, certains personnages, égarés d'abord par la séduction des idées nouvelles, reviennent ensuite à une vue plus juste de leurs tâches : le père de Dolores a cru faire fortune grâce à la loterie. Il est parti, ruiné, pour les Indes orientales et y a survécu en chassant le canard sauvage, nageant au milieu du fleuve avec la tête cachée dans une citrouille évidée. Quand il revient, assagi, en Allemagne, c'est pour se mettre comme Premier ministre au service de son souverain et assurer la prospérité de ses États. Son exemple, et bien d'autres encore, témoignent de la confiance qu'Arnim conservait, malgré le pessimisme que suscitait en lui le spectacle de son pays, dans les perspectives qu'ouvraient, au regard du voyant, les forces naissantes de son temps.

Quel bilan, bien entendu provisoire, peut-on établir de l'œuvre d'Arnim ? À part quelques précurseurs comme Von Hippel et ses Vies en ligne ascendante, Arnim est sans doute le premier dans la littérature allemande qui ait vu aussi nettement le destin de l'homme confronté à la découverte de forces nouvelles et qui le dépassent : ce sont, en lui-même, le rêve, l'amour et la fidélité ; et, en dehors de lui, les courants naissants de l'histoire et de la société. Après Arnim, la recherche d'une unité classique de l'humanité n'est plus possible, non plus que celle d'une promotion religieuse ou magique appelée par le premier romantisme allemand. Arnim pressent une nouvelle extension de l'homme, et il ne recule pas devant elle.

Œuvres

Recueil
Des Knaben Wunderhorn, 1808, avec Clemens Brentano2.
Pièces de théâtre
Halle und Jerusalem (Halle et Jérusalem), 1811.
Schaubühne, 1813.
Die Gleichen, 1819.
Romans
Hollin's Liebeleben, 1802.
Ariel's Offenbarungen, 1804.
Armut, Reichtum, Schuld und Buße der Gräfin Dolores, 1810.
Isabella von Ägypten (Isabelle d'Égypte), 1812.
Die Kronenwächter. Bertholds erstes und zweites Leben, 1817.
Nouvelles
Der Wintergarten (Le Jardin d'hiver), 1809.
Der Tolle Invalide auf dem Fort Ratonneau, 1818.
Die Majoratsherren (Les Héritiers du Majorat), 1820. Publié en français dans l'anthologie Les Romantiques allemands, aux éditions Desclée de Brouwer, 1956 et 1963, traduction d'Armel Guerne. Réédition Phébus, 2004.

Liens
http://youtu.be/NKgisXIAxQ4 la lumière pour dormir
http://youtu.be/JgmVxZUnH6M portrait de Bettina von Arnim

Attacher un fichier:



jpg  1045px-Ludwig_Achim_von_Arnim.jpg (222.70 KB)
3_52e3f5c597b01.jpg 1045X1024 px

jpg  Bettina_von_Arnim.jpg (244.02 KB)
3_52e3f5d3d73ed.jpg 788X1072 px

jpg  Des_Knaben_Wunderhorn.jpg (74.02 KB)
3_52e3f5e7cb8a4.jpg 550X880 px

jpg  ludwig-achim-von-arnim-21491998.jpg (415.28 KB)
3_52e3f60acc98c.jpg 1293X1300 px

jpg  1795.jpg (83.20 KB)
3_52e3f617ad324.jpg 260X400 px

jpg  Hartwig-Schulz-Hrsg+Achim-von-Arnim-und-Clemens-Brentano-Freundschaftsbriefe-II.jpg (14.08 KB)
3_52e3f62876902.jpg 149X250 px

jpg  Achim_von_Arnim_-_Marie_Meluck_Blainville_3.jpg (8.73 KB)
3_52e3f6383c079.jpg 170X220 px

jpg  6539.jpg (45.93 KB)
3_52e3f687ab68e.jpg 260X400 px

jpg  isabel-de-egipto-ludwig-achim-von-arnim-lit-fantastica-8557-MLV20005837876_112013-F.jpg (194.34 KB)
3_52e3f6b30812e.jpg 900X1200 px

jpg  HR_56600100562181_1.jpg (145.97 KB)
3_52e3f6c1b8e63.jpg 455X578 px

jpg  four-romantic-tales.jpg (271.26 KB)
3_52e3f6d0369a9.jpg 525X781 px

jpg  1206260_8907390.jpg (37.36 KB)
3_52e3f6dfc3561.jpg 300X436 px

jpg  Pochette-1612large.jpg (22.27 KB)
3_52e3f6ee0b4b6.jpg 190X263 px

jpg  20861936.jpg (77.56 KB)
3_52e3f6fd29251.jpg 480X640 px

Posté le : 24/01/2014 16:28

Edité par Loriane sur 25-01-2014 18:40:19
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


François Coppée
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 janvier 1842 à Paris naît François Edouard joachim Coppée

poète, dramaturge et romancier français. Il est membre de l'académie Française, il meurt à 66, à Paris le 23 mai 1908,
Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète du souvenir d'une première rencontre amoureuse, Septembre, au ciel léger, de la nostalgie d'une autre existence, Je suis un pâle enfant du vieux Paris ou de la beauté du crépuscule. Le crépuscule est triste et doux , il rencontra un grand succès populaire.

Poète, connu pour sa manière simple et intimiste de dépeindre la vie des humbles. Il débuta comme petit employé au ministère de la Guerre et connut le succès en 1869 avec une pièce de théâtre, Le Passant. Son recueil de poèmes Les Humbles en 1872 est le mieux connu et le plus caractéristique. Il fut élu à l'Académie française en 1884. Après une grave maladie, il revint au catholicisme et publia La Bonne Souffrance en 1898, roman inspiré de cette expérience.
Il manifesta une grande activité politique à l'occasion de l'affaire Dreyfus, en participant à la fondation de l'association antisémite dite Ligue de la patrie française, avec Barrès et Jules Lemaitre.
Ses mélodrames faisaient le bonheur des lecteurs de feuilletons. Coppée subit d'abord l'influence de Hugo et, plus encore, de Leconte de Lisle, mais, délaissant le Parnasse, il s'orienta bientôt vers une poésie intimiste et petite-bourgeoise, où l'émotion se fait prosaïsme et cliché sentimental ; ce qui lui vaudra les railleries et parodies des pièces de l'Album zutique attribuées à Rimbaud. Coppée gardera cependant le goût d'un certain achèvement formel. Admirateur de Verlaine, il lui consacra quelques chroniques.
Auteur de comédies et de drames d'inspiration romantique, il fut, en poésie, un disciple de Leconte de Lisle, avant de s'affirmer comme le peintre prosaïque de la vie du petit peuple. Lors de l'affaire Dreyfus, il fut président d'honneur de la Ligue de la patrie française.

Sa vie

Il naît à Paris au 2, rue de l'Abbé-Grégoire. Son père était un fonctionnaire et il eut une mère très attentive. Après être passé par le lycée Saint-Louis il devint employé de bureau au ministère de la guerre et s'attira bientôt les faveurs du public comme poète de l'école parnassienne.
Ses premiers vers imprimés datent de 1864. Ils furent réédités avec d'autres en 1866 sous la forme d’un recueil Le Reliquaire, suivi 1867 par Intimités et Poèmes modernes 1867-1869.
En 1869 sa première pièce, Le Passant, fut reçue avec un grand succès au théâtre de l’Odéon et par la suite Fais ce que dois 1871 et Les Bijoux de la délivrance 1872, courts drames en vers inspirés par la guerre, furent chaleureusement applaudis.
Après avoir occupé un emploi à la bibliothèque du Sénat, Coppée fut choisi en 1878 comme archiviste de la Comédie Française, poste qu'il garda jusqu'en 1884. Cette année-là, son élection à l'Académie française l’amena à se retirer de toutes les charges publiques. Il continua à publier à intervalles rapprochés des volumes de poésie, parmi eux Les Humbles 1872, Le Cahier rouge 1874, Olivier 1875, L'Exilée 1876, Contes en vers etc. 1881, Poèmes et récits 1886, Arrière-saison 1887, Paroles sincères 1890.
Dans ses dernières années, il produisit moins de poésie, mais publia encore deux volumes, Dans la prière et la lutte et Vers français. Il avait acquis la réputation d’être le poète des humbles. Outre les pièces mentionnées ci-dessus, deux autres écrites en collaboration avec Armand d'Artois et quelques petites pièces d'importance mineure, Coppée écrivit Madame de Maintenon 1881, Severo Torelli 1883, Les Jacobites 1885 et d'autres drames sérieux en vers, dont Pour la couronne 1895, qui fut traduit en anglais, For the Crown par John Davidson et représenté au Lyceum Theatre en 1896.

La représentation d'un bref épisode de la Commune, Le Pater, fut interdite par le gouvernement 1889. Le premier récit en prose de Coppée, Une Idylle pendant le siège, parut en 1875. Il fut suivi par différents volumes de nouvelles, par Toute une jeunesse 1890 où il essayait de reproduire les sentiments, sinon les souhaits réels, de la jeunesse de l'auteur, Les Vrais Riches 1892, Le Coupable 1896, etc. Il fut fait officier de la Légion d'honneur en 1888.
La réimpression d’une série d'articles brefs sur des sujets divers, intitulée Mon franc-parler, parut de 1893 à 1896 ; en 1898 vint La Bonne Souffrance, le résultat de son retour à l'Église catholique, qui lui valut une grande popularité. La cause immédiate de son retour à la foi fut une grave maladie qui le fit deux fois approcher de la mort. Jusqu’alors il avait manifesté peu d'intérêt pour les affaires publiques, mais il rejoignit la section la plus exaltée du mouvement nationaliste, en même temps qu’il continuait à mépriser le système de la démocratie. Il prit une part importante aux attaques contre l’accusé dans l'affaire Dreyfus et fut un des créateurs de la fameuse Ligue de la patrie française fondée par Jules Lemaitre et sa maîtresse, Madame de Loynes et où il retrouve un ami, Paul Bourget, déjà croisé lors des dîners des Vilains Bonshommes et dont il est parrain lorsque ce dernier entre à l'Académie française.
En vers et en prose, Coppée s’appliqua à exprimer l'émotion humaine de la façon la plus simple : le patriotisme instinctif, la joie d’un nouvel amour et la pitié envers les pauvres, traitant chacun de ces sujets avec sympathie et pénétration. La poésie lyrique et idyllique, grâce à laquelle on continuera à se souvenir de lui, est animée par un charme musical et à quelques occasions, comme La Bénédiction et La Grève des forgerons, montre par moments un puissant pouvoir d'expression.
Il mourut à Paris au 12, rue Oudinot et fut inhumé au cimetière du Montparnasse.

Jugements divers

Son premier recueil, Le Reliquaire 1866, l'avait placé au sein du mouvement poétique du Parnasse. Mais dès ses Intimités 1868, il s'en était détourné pour se tourner vers une poésie du quotidien, utilisant des mots de tous les jours, mais dans une prosodie classique, sans échapper au prosaïsme et au conformisme. Robert de Montesquiou a rapporté qu'Anatole France, lui avait conté avoir lu, sur une couronne mortuaire, l'inscription : Le cercle des joueurs de boules de Neuilly, et avoir tout de suite pensé aux vers des Humbles de Coppée, en particulier au Petit Épicier.
Les poètes maudits de son temps Verlaine, Rimbaud, Charles Cros, aimaient à pasticher ses dizains. De son côté, il avait commenté ainsi le sonnet des Voyelles :
Rimbaud, fumiste réussi,
Dans un sonnet que je déplore,
Veut que les lettres O, E, I
Forment le drapeau tricolore.
En vain le décadent pérore,
Il faut sans mais , ni car , ni si
Un style clair comme l'aurore :
Les vieux Parnassiens sont ainsi.
En mai 1874, dans son Avertissement de la Première Édition du Cahier Rouge, il astreint cette tâche au poète :
« Selon nous, le poëte n'a plus à s'occuper de ce qu'il a déjà accompli, mais seulement de ce qu'il se propose de faire encore. C'est vers la perfection qu'il rêve, et non vers le succès qu'il constate, que doivent tendre ses progrès; et, pour notre compte personnel, quand une fois nous avons donné notre livre à l'impression, nous n'en prenons pas plus souci que les arbres printaniers, que nous voyons de notre fenêtre, ne s'inquiètent de leurs feuilles mortes du dernier automne.

Œuvre

Poésie

Manuscrit autographe d'un poème paru dans la Nouvelle Revue internationale en 1898 Tu frémis en songeant....
Le Reliquaire, 1866
Matin d'octobre
Décembre
Les Intimités, 1867
Poèmes divers, 1869
Ruines du cœur
Poèmes modernes, 1869 dont L'Angélus, Le Père et La Grève des forgerons
Les Humbles, 1872
Les Humbles dont La Nourrice et Émigrants
Écrit pendant le siège
Quatre sonnets
Promenades et intérieurs
Plus de sang !
Le Cahier rouge, 1874
Olivier, 1876
Les Récits et les Élégies, 1878 dont L'Exilée
Le Naufragé, 1878
Contes en vers et poésies diverses, 1880 dont L'Enfant de la balle et La Marchande de journaux
Arrière-Saison, 1887
Les Paroles sincères, 1891
Dans la prière et dans la lutte, 1901
De pièces et de morceaux
Des Vers français, 1906
Sonnets intimes et poèmes inédits, Vers d'amour et de tendresse, posthume, 1927

Théâtre


Le Passant, comédie en un acte, en vers, 1869
Deux douleurs, drame en un acte, en vers, 1870
Fais ce que dois, épisode dramatique, 1871
Les Bijoux de la délivrance, scène en vers, 1872
L'Abandonnée, 1871
Le Rendez-vous, 1872
La Guerre de cent ans
Le Luthier de Crémone, comédie en un acte, en vers, 1876
Le Trésor, 1879
La Korrigane, 1880
Madame de Maintenon, drame en cinq actes avec un prologue, en vers, 1881
Severo Torelli, drame en cinq actes, en vers, théâtre de l'Odéon, 21 novembre 18831
Les Jacobites, drame en cinq actes, en vers, théâtre de l'Odéon, 21 novembre 18851
Le Pater, drame en un acte, en vers, 1889 (également publié dans Le Figaro du 23 décembre 1889)
Pour la couronne, drame en cinq actes, en vers, 1895

Romans, contes et nouvelles

Une idylle pendant le siège, 1874 ; édition critique de Than-Van Ton That : 2005
Contes en prose, 1882
Vingt Contes nouveaux, 1883
Le Banc, idylle parisienne, 1887
Contes rapides, 1888
Henriette, 1889
Toute une jeunesse, 1890
Les Vrais Riches, 1889
Rivales, 1893
Longues et brèves, 1893
Contes tout simples, 1894
Le Coupable, 1896
La Bonne Souffrance, 1898
Contes pour les jours de fête, 1903

Articles, essais & divers

Signature de François Coppée.
Mon franc-parler
L'Homme-affiche, 1891
Souvenirs d'un Parisien
La Bataille d'Hernani
La Maison de Molière
La Gangrène maçonnique, avec André Baron, éditeur A. Pierret, 1899

Mnémotechnie

Dans l'apprentissage du néerlandais par des francophones, la phrase mnémotechnique François Coppée prend son thé chaud relève les fins de radicaux de verbes f, c, p, s, t, ch auxquels il faut adjoindre la particule "t" pour la formation du prétérit et du participe passé.

Toponyme

Au 1 boulevard du Montparnasse dans le 6e arrondissement de Paris se situe un restaurant éponyme, nommé ainsi en hommage à sa prolifique oeuvre littéraire5. L'établissement propose notamment des réunions d'amateurs d'art ou de poésie donnant au lieu un esprit littéraire bien particulier.

Adaptations au cinéma

Le Luthier de Crémone, film réalisé par David Wark Griffith en 1909

Liens

http://youtu.be/jZp65V-Xox0 A quatre mains
http://youtu.be/HOEFglKqasQ Sérenade de Zanetto
http://youtu.be/FEosKdcYNf4 la vague et la cloche
http://youtu.be/Eof0goCXJyw Adagio
http://youtu.be/_GLJa80JFyM poème
http://youtu.be/qKbIbbkBOiI La famille du menuisier
http://youtu.be/IZQE_z6qfTY Chaussures en bois de petit Loup

Attacher un fichier:



jpg  François_Coppée.jpg (61.21 KB)
3_52e3f7704c6ee.jpg 688X886 px

jpg  coppee.jpg (30.09 KB)
3_52e3f77e2bcc9.jpg 282X422 px

jpg  François_Coppée_1842-1908_(1895).jpg (56.54 KB)
3_52e3f789d22b3.jpg 479X596 px

jpg  1312506-François_Coppée.jpg (29.12 KB)
3_52e3f79995713.jpg 331X550 px

jpg  Coppee_Francois_15_max.jpg (36.51 KB)
3_52e3f7b5e9d46.jpg 600X800 px

jpg  coppee (1).jpg (23.60 KB)
3_52e3f7c41a292.jpg 233X326 px

jpg  1540-1-e1d29.jpg (14.70 KB)
3_52e3f7d70f6cb.jpg 250X320 px

jpg  coppee (2).jpg (12.13 KB)
3_52e3f7e415a04.jpg 128X155 px

jpg  coppee-caric.jpg (25.89 KB)
3_52e3f7eee969f.jpg 279X400 px

jpg  dam30 Coppee.jpg (121.17 KB)
3_52e3f7fa4ebda.jpg 461X640 px

jpg  Journal la vie populaire 53 1888 F.JPG (5.58 KB)
3_52e3f82d2715c.jpg 134X176 px

jpg  2ij2eys.jpg (338.29 KB)
3_52e3f84490cb6.jpg 720X550 px

jpg  le-coupable-francois-coppee-ed-alphonse-lemerre.jpg (95.36 KB)
3_52e3f852646c8.jpg 840X840 px

jpg  1300676.jpg (35.78 KB)
3_52e3f89e87710.jpg 316X500 px

jpg  24194478.jpg (147.88 KB)
3_52e3f8afb7923.jpg 800X575 px

jpg  Francois_Coppee_-_Henriette.jpg (10.26 KB)
3_52e3f8bab8aa8.jpg 170X220 px

jpg  cerises-2.jpg-2.jpg (105.08 KB)
3_52e3f8c64413d.jpg 600X450 px

jpg  64946_200X200.jpg (13.42 KB)
3_52e3f8d3ba159.jpg 200X200 px

Posté le : 24/01/2014 16:05

Edité par Loriane sur 25-01-2014 18:48:07
Edité par Loriane sur 25-01-2014 18:49:23
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Gérard De Nerval
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 26 janvier 1855, à paris, à 46 ans meurt Gérard de Nerval,

pseudonyme de Gérard Labrunie, est un écrivain et un poète romancier, nouvelliste, dramaturge français, du courant romantique né le 22 mai 1808 à Paris dans l'empire français. Il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles, la plus célèbre étant Sylvie et de sonnets, Les Chimères publié en 1854.
Le XIXe siècle a considéré Gérard de Nerval comme un écrivain mineur : aimable compagnon, doux rêveur, gentil poète. Dans sa Sylvie, déjà tenue pour une réussite exquise de son art, on goûtait le charme idyllique de la narration, sans guère saisir les résonances intérieures. Aurélia, Les Chimères, œuvres d'un abord plus difficile, demeuraient méconnues ou peu comprises.
En toute justice, le XXe siècle a promu Nerval au rang des plus grands ; sa gloire est définitivement assise. Mais, par une réaction excessive, certains exégètes accordent aujourd'hui trop d'importance aux spéculations chimériques dont ses contemporains, les plus proches amis exceptés, se contentaient un peu inconsidérément de sourire.
Si Gérard de Nerval n'est pas ce « fol délicieux » qu'évoquait Maurice Barrès, il n'est pas non plus un héros de la connaissance, un porteur de message. Sa quête fiévreuse à travers les mythologies et les théosophies ne révèle que l'inquiétude de son esprit. Sa grandeur est de s'y être engagé jusqu'à en mourir, et d'en avoir figuré les épisodes avec une lucidité pathétique, contrôlée par un art vigilant.

Au matin du 26 janvier 1855, le poète Gérard de Nerval était trouvé pendu rue de la Vieille-Lanterne à Paris, à proximité de l'actuelle place du Châtelet. La plupart de ses contemporains n'avaient jamais vu en lui qu'un gentil poète, un sympathique bohème, un polygraphe de talent. Pendant trois générations, nul ne chercha à pénétrer le sens profond de son œuvre. Et si Mallarmé, Remy de Gourmont le lurent et surent tirer profit de leur lecture, il fallut attendre Apollinaire pour trouver un disciple avoué : quand, en 1914, parut la grande biographie d'Aristide Marie, il écrivit dans le Mercure de France : "Je l'aurais aimé comme un frère."
Si Nerval ne fut jamais vraiment oublié de ses pairs, jusque vers 1935 il restait absent des histoires de la littérature française, ou bien son nom était relégué dans quelque note en bas de page.
Le reclassement général des valeurs artistiques auquel procédèrent les surréalistes les conduisit à faire de Nerval l'un de leurs ancêtres. Dans son premier Manifeste du surréalisme 1924, Breton plaçait explicitement le nom même du surréalisme et certaines tendances fondamentales du mouvement sous le patronage de la préface des Filles du feu.
Gérard c'est de ce prénom qu'il signa ses premiers ouvrages a pris place dorénavant à côté des autres grands romantiques français ; le centenaire de sa mort, en 1955, fut l'occasion de nombreuses et chaleureuses manifestations, et Jean Senelier, qui tient à jour la bibliographie du poète, a publié un fascicule spécial pour la seule période qui va de 1960 à 1967 : c'est dire l'extraordinaire développement des études nervaliennes.
Nerval a lui-même déclaré :"Je suis du nombre des écrivains dont la vie tient intimement aux ouvrages qui les ont fait connaître."
Le destin de Nerval a l'allure d'une création de l'art ; l'œuvre et la vie semblent se nourrir l'une de l'autre.

Sa vie

Jeunesse


Fils d'Étienne Labrunie, médecin militaire, et de Marie-Antoinette Laurent fille d'un marchand linger de la rue Coquillière, Gérard de Nerval naît le 22 mai 1808, vers 20 heures, à Paris, au 96 rue Saint-Martin, actuellement le no 168. Baptisé le 23 à Saint-Merri, il est confié quelques mois plus tard à une nourrice de Loisy, près de Mortefontaine. Nommé le 8 juin suivant médecin militaire adjoint à la Grande Armée, le docteur Labrunie est rapidement promu médecin et attaché, le 22 décembre, au service de l'armée du Rhin2. Le 29 novembre 1810, sa mère meurt à Głogów, en Silésie alors qu’elle accompagnait son mari.
De 1808 à 1814, Gérard est élevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, à Mortefontaine, dans la campagne du Valois, à Saint-Germain-en-Laye et à Paris. Au printemps 1814, le docteur Labrunie retrouve la vie civile et s'installe avec son fils à Paris, au 72, rue Saint-Martin3. Gérard reviendra régulièrement dans ces lieux évoqués dans nombre de ses nouvelles.
En 1822, il entre au collège Charlemagne, où il a pour condisciple Théophile Gautier, une amitié durable avec son condisciple Théophile Gautier. C'est en classe de première, année scolaire 1823-1824 qu'il compose son premier recueil resté manuscrit de cent quarante pages : Poésies et Poèmes par Gérard L. 1824 qu'il donne plus tard à Arsène Houssaye en 1852 a figuré à l'exposition Gérard de Nerval à la Maison de Balzac à Paris en 1981-82.
Il a déjà écrit, sous le nom de Gérard L. un panégyrique de Napoléon Ier : Napoléon ou la France guerrière, élégies nationales, publié chez Ladvocat et réédité en 1827 par Touquet5. L'année suivante, il écrit deux Épîtres à Monsieur Duponchel caché sous le pseudonyme de Beuglant.
Dès juillet 1826, il se lance dans la satire à la suite du scandale de l'Académie française qui a préféré Charles Brifaut à Alphonse de Lamartine. Il compose alors une Complainte sur l'immortalité de Monsieur Briffaut, orthographe de l'auteur, puis une pièce dans le même esprit : L'Académie ou les membres introuvables, ce qui lui valut d'être recalé au concours de l'Académie en 1828.
Le 28 novembre 1827, le Journal de la Librairie annonce la parution de ses traductions de Faust en volume in-32 qui porte le titre : Faust, tragédie de Goethe, traduite par Gérard en 1828.

Premiers pas vers le succès

Le 1er mai 1829, pour faire plaisir à son père, Gérard accepte d'être stagiaire dans une étude de notaire. Mais il pratique le métier mollement. Il a autre chose à faire. En bon soldat du romantisme, il est convoqué par Victor Hugo pour faire partie de la claque de soutien à Hernani, mission dont Gérard s'acquitte volontiers, voir Bataille d'Hernani.
1830 est l'année des deux révolutions : la révolution romantique à laquelle Gérard participe, et la révolution politique, celle des Trois Glorieuses à laquelle il ne participe qu'en badaud. La politique ne l'intéresse pas. Les barricades lui ont cependant inspiré un poème-fleuve : Le peuple, son nom, sa gloire, sa force, sa voix, sa vertu, son repos publié en août 1830 dans le Mercure de France du XIXe siècle. Il publie encore un pamphlet : Nos adieux à la Chambre des Députés de l'an 1830 ou, Allez-vous-en vieux mandataires, par le Père Gérard, patriote de 1789, ancien décoré de la prise de la Bastille… et En avant, marche! publiés dans Le Cabinet de lecture le 4 mars 1831.
Gérard a surtout deux importants projets : une anthologie de la poésie allemande et une anthologie de la poésie française, deux ouvrages pour lesquels il lui faut une abondante documentation à laquelle il accède grâce à Alexandre Dumas et Pierre-Sébastien Laurentie qui lui font obtenir une carte d'emprunt, ce qui lui évite de perdre du temps en bibliothèque.

La première anthologie porte le titre de Poésies allemandes, Klopstock, Schiller et Bürger, Goethe, précédée d'une notice sur les poètes allemands par M. Gérard. L'œuvre est accueillie avec moins d'enthousiasme que Faust , dont le compositeur Hector Berlioz s’est inspiré pour son opéra la Damnation de Faust.
La seconde anthologie est un Choix de poésie de Ronsard, Joachim du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Guillaume du Bartas, Jean-Baptiste Chassignet, précédé d'une introduction par M. Gérard.
Ces deux ouvrages ne rencontrent pas un succès éclatant. Mais à l'automne 1830, le Cénacle mis en place par Sainte-Beuve pour assurer le triomphe de Victor Hugo et qui rassemble les écrivains reconnus : Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Charles Nodier, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac. Les réunions ont lieu rue Notre-Dame-des-Champs, soit chez Hugo, soit chez le peintre Eugène Devéria, frère d'Achille Devéria, mais ce cénacle commence à se disperser.
Apparaît un nouveau cénacle : le Petit-Cénacle, dont l'animateur est le sculpteur Jean Bernard Duseigneur qui reçoit dans son atelier, installé dans une boutique de marchand de légumes, où il retrouve Pétrus Borel et Célestin Nanteuil avant de publier La Main de gloire en septembre.
Mais c'est surtout à ce moment-là que Nerval a envie d'écrire des pièces de théâtre à la manière d'Hugo. Deux de ses œuvres reçoivent un très bon accueil au théâtre de l'Odéon : Le Prince des sots et Lara ou l'expiation. Toutes n'ont pas le même succès mais Gérard ajoute un nom d'auteur à son prénom.
Il devient Gérard de Nerval, pseudonyme adopté en souvenir d'un lieu-dit, le clos de Nerval près de Loisy à cheval sur la commune de Mortefontaine.

Premières folies, premières expériences;

Une des caractéristiques du Petit-Cénacle est la propension de ses membres au chahut, à la boisson, aux farces, aux jeux de mot et au bousin ou bouzingo, barouf. C'est d'ailleurs à la suite d'une de ces manifestations du groupe que les agents du guet interviennent et arrêtent trois ou quatre Jeunes-France dont Nerval fait partie avec Théophile Gautier. Enfermé à la prison de Sainte-Pélagie, Nerval écrit un petit poème aussitôt publié dans Le Cabinet de lecture du 4 septembre 1831. De nouveau dans la nuit du 2 février 1832, les Jeunes-France sont arrêtés, pris pour des conspirateurs, et cette fois leur peine est plus longue.
Nerval ne sort de prison que pour apprendre une mauvaise nouvelle : le 2 avril 1832, une épidémie de choléra vient d'éclater. Son père lui demande de le seconder et Gérard ne peut qu'accepter. Il se fait médecin en 1832, mais lors de la deuxième épidémie, en 1849, Gérard, qui signe alors de Nerval, se réfugie chez Alexandre Dumas où il rencontre Franz Liszt. Puis il part en voyage pour la Suisse.
À son retour, en 1833, Nestor Roqueplan lui ouvre les colonnes de son journal : La Charte de 1830. Mais déjà un autre ami, Édouard Georges lui propose d'écrire avec lui un roman-feuilleton, dont l'action se déroulerait dans la Bretagne des chouans. Le vif succès remporté en 1829 par Les Chouans de Balzac fait hésiter Nerval. Pourtant, l'envie de visiter la région de Vitré l'emporte et il en revient avec un récit : L'Auberge de Vitré qu'il exploitera plus tard dans le prologue de son roman Le Marquis de Fayolle, roman édité après la mort de Nerval en 1856 par Édouard Gorges, qui l'a remanié et achevé.
Il fut membre de la goguette des Joyeux et de la goguette des Bergers de Syracuse.

L'écrivain

En janvier 1834, à la mort de son grand-père maternel, il hérite d'environ 30 000 francs. Parti à l'automne dans le Midi de la France, il passe la frontière, à l'insu de son père, et visite Florence, Rome puis Naples. En 1835, il s’installe impasse du Doyenné chez le peintre Camille Rogier, où tout un groupe de romantiques se retrouve, et fonde en mai le Monde dramatique, revue luxueuse qui lui fait dilapider son héritage et que, lourdement endetté, il doit finalement vendre en 1836. Faisant alors ses débuts dans le journalisme, il part en voyage en Belgique avec Gautier, de juillet à septembre. En décembre, il signe pour la première fois Gérard de Nerval dans Le Figaro.
Le 31 octobre 1837 est créé à l'Opéra-Comique Piquillo sur une musique de Monpou ; Dumas signe seul le livret, malgré la collaboration de Nerval ; l’actrice Jenny Colon tient le premier rôle. Nerval se serait épris de cette actrice qui ne le lui aurait pas rendu. Selon certains exégètes, il lui aurait voué un culte idolâtre même après la mort de celle-ci, et elle serait la figure de la Mère perdue, mais aussi de la Femme idéale où se mêlent, dans un syncrétisme caractéristique de sa pensée, Marie, Isis, la reine de Saba, ce qui fait débat parmi les spécialistes de Nerval. Durant l'été 1838, il voyage en Allemagne avec Dumas pour préparer Léo Burckart, pièce retardée par la censure. Après la première de L'Alchimiste, écrite en collaboration avec Dumas, le 10 avril 1839, Léo Burckart est finalement créé au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 16 avril. Dans le même temps, il publie Le Fort de Bitche, 25-28 juin dans Le Messager et Les Deux rendez-vous, 15-17 août – qui deviendra plus tard Corilla – dans La Presse. Puis, en novembre, il part pour Vienne, où il rencontre la pianiste Marie Pleyel à l'Ambassade de France.
De retour en France en mars 1840, il remplace Gautier, alors en Espagne, pour le feuilleton dramatique de La Presse. après une troisième édition de Faust, augmentée d'une préface, et de fragments du Second Faust en juillet, il part en octobre en Belgique. Le 15 décembre a lieu la première de Piquillo à Bruxelles, où il revoit Jenny Colon et Marie Pleyel.

In memoriam

À la suite d'une première crise de folie le 23 février 1841, il est soigné chez Mme Marie de Sainte-Colombe, qui tient la maison de correction Sainte-Colombe, créée en 1785 au 4-6 rue de Picpus; il est interné à Montmartre chez le docteur Blanche jusqu'en novembre. Le 1er mars, J. Janin fait l'épitaphe de son esprit dans le Journal des débats. Nerval relèvera l'étonnant article qu'il a bien voulu consacrer à mes funérailles. D'emblée, il récuse les interprétations qui voudraient le présenter comme un homme marqué par ses crises : à ces menaces d'enfermement il oppose sa volonté d'écrire sans renier pourtant l'expérience qu'il a traversée. D'où l'attitude ambiguë du poète à l'égard de son mal : il demande bien à Janin de réparer. Je passe pour fou, grâce à votre article nécrologique , mais n'en revendique pas moins une singularité dont l'essence lui paraît indéniablement poétique J'ai fait un rêve... j'en suis même à me demander s'il n'était pas plus vrai que ce qui me semble explicable et naturel aujourd'hui . L'élaboration de son mythe personnel, se ressourçant aux données de son érudition ésotérique, s'exprime à propos d'un petit voyage en France, imaginé, mais non réalisé, dont il expose l'inspiration dans une lettre à Cavé le 31 mars 1841.
Le 1er mars, Jules Janin publie un article nécrologique dans Les Débats. Après une seconde crise, le 21 mars, il est de nouveau interné dans la clinique du docteur Blanche, à Montmartre, de mars à novembre.

Le 22 décembre 1842, Nerval part pour l'Orient, passant successivement par Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte et Naples. De retour à Paris dans les derniers mois de 1843, il publie ses premiers articles relatifs à son voyage en 1844. En septembre et octobre, il part avec Arsène Houssaye, directeur de L'Artiste, en Belgique et aux Pays-Bas. De juin à septembre 1845, il remplace Gautier, alors en Algérie, dans La Presse.
Son Voyage en Orient paraît en 1851. Il affirme dans une lettre au docteur Blanche datée du 22 octobre 1853, avoir été initié aux mystères druzes lors de son passage en Syrie, où il aurait atteint le grade de refit, l’un des plus élevés de cette confrérie. Toute son œuvre est fortement teintée d’ésotérisme et de symbole, notamment alchimique. Alors qu’on l'accusait d’être impie, il s'exclama : Moi, pas de religion ? J’en ai dix-sept… au moins.
Entre 1844 et 1847, Nerval voyage en Belgique, aux Pays-Bas, à Londres… et rédige des reportages et impressions de voyages. En même temps, il travaille comme nouvelliste et auteur de livrets d’opéra ainsi que comme traducteur des poèmes de son ami Heinrich Heine, recueil imprimé en 1848. Nerval vit ses dernières années dans la détresse matérielle et morale. C'est à cette période qu'il écrira ses principaux chefs-d’œuvre, réalisés pour se purger de ses émotions sur les conseils du docteur Blanche pour la première, pour la dimension cathartique du rêve et contre l'avis du docteur Blanche pour la seconde : Les Filles du feu, Aurélia ou le rêve et la vie 1853-1854.

Après un semblant de guérison, mais Nerval avoua plus tard à Georges Bell qu'il avait eu une rechute à Beyrouth, en 1843, et en 1849 il a dû se soigner), il vécut constamment à partir de 1851 sous la menace d'une nouvelle crise et fut interné des mois durant tantôt à la clinique du docteur Blanche à Passy, tantôt à la maison de santé municipale (du docteur Paul Dubois. Des crises graves sont contemporaines ou voisines de la naissance des œuvres majeures ; c'est, en particulier, le cas pour Sylvie (1853). Dans les derniers mois de son existence, Nerval semble avoir fréquenté habituellement les bas-fonds de Paris. Les Nuits d'octobre, où transparaît l'influence de Restif de La Bretonne et de Sébastien Mercier, nous apportent un reflet de cette expérience. Le mystère de la mort de Gérard ne sera sans doute jamais entièrement élucidé. Le suicide semble d'autant plus probable que le poète, se livrant à des spéculations sur les dates, a plusieurs fois calculé la date approximative de sa mort, et qu'il avait, dans les jours précédant celle-ci, rendu visite à de nombreux amis, pour leur dire adieu. Cette disparition, qui couronne sa vie d'une auréole de martyr, a longtemps faussé l'interprétation de l'œuvre.
Nerval reste difficile à connaître en raison des multiples masques, les uns souriants, les autres inquiétants, qu'il a portés. C'était un tendre et un délicat qui, souvent, cachait sa souffrance sous le voile de l'humour. Il a ainsi contribué lui-même à créer la légende du fol délicieux dont sa mémoire fut longtemps victime et qui fut entretenue par tous ceux qui, consciemment ou non, visaient à diminuer la portée de son message.

Le narrateur est imaginaire

Toute une partie de l'œuvre de Nerval préfigure celle de Marcel Proust et forme comme les débris de ce qui, un moment, dans l'esprit de l'auteur, dut être envisagé comme formant une vaste autobiographie imaginaire. C'est à propos de Restif de La Bretonne que Gérard a donné la définition de ce qu'il nomme son réalisme : Lorsqu'il manquait de sujets, ou qu'il se trouvait embarrassé par quelque épisode, il se créait à lui-même une aventure romanesque, dont les diverses péripéties, amenées par les circonstances, lui fournissaient ensuite des ressorts plus ou moins heureux. On ne peut pousser plus loin le réalisme littéraire.On voit donc qu'il s'agit d'un art de la transposition ou plutôt, suivant la formule énoncée dans Sylvie, de la recomposition. Mais n'est-ce-pas le cas de tout art digne de ce nom ?
L'autobiographie romancée de Nerval vise à saisir de multiples aspects du moi nervalien et fait appel aux ressources du rêve et de la rêverie, comme aussi aux interférences du vécu, des réminiscences livresques et de l'imaginaire. Cela aboutit à la création d'un réseau très complexe de thèmes et de mythes.
Au cycle ainsi défini, on peut rattacher les fragments des Mémoires d'un Parisien 1838-1841, les Nuits d'octobre 1852, Petits Châteaux de Bohême 1853, Promenades et souvenirs 1854-1855, la plus grande partie des Filles du feu 1854, la Pandora 1854, Aurélia 1855. La confrontation de ces textes divers est passionnante et instructive, parce qu'elle permet de voir, dans un cas privilégié, comment fonctionne l'imagination mythifiante, comment le mythe se constitue à partir des réalités objectives.
Gérard, dans une première période, utilise à des fins personnelles des mythes préexistants, pour aboutir à la constitution d'une véritable, mythologie personnelle. Une étude comme celle de Kurt Schärer, Thématique de Nerval 1968, qui s'inscrit dans le prolongement des travaux de G. Poulet, Sylvie ou la pensée de Nerval, recueilli dans Trois Essais de mythologie romantique, 1966, confirme l'importance dans cette œuvre de tout ce qui a trait à la temporalité et à la superposition de moments différents. À cet égard, la structure de Sylvie 1853 est très révélatrice : les époques de l'existence du narrateur s'y superposent en un subtil alliage de la réminiscence, de la rêverie et de la réalité actuelle ; en outre, la première moitié de la nouvelle se déroule la nuit, la seconde le jour.

Suicide

Au bas d'un portrait photographique de lui, Gérard de Nerval écrivit : Je suis l'autre.
Le 26 janvier 1855, on le retrouva pendu aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne, voie aujourd'hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet, le lieu de son suicide se trouverait probablement à l'emplacement du théâtre de la Ville, pour délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver, selon la formule de Baudelaire.
Ses amis émirent l'hypothèse d'un assassinat perpétré par des rôdeurs, au cours d'une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés, mais le suicide est la thèse généralement reconnue. Toutefois le doute subsiste car il fut retrouvé avec son chapeau sur la tête alors qu'il aurait normalement dû tomber du fait de l'agitation provoquée par la strangulation.
On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 francs, somme qui, selon lui, aurait suffi pour survivre durant l'hiver. La cérémonie funéraire eut lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse qui lui fut accordée malgré son suicide présumé du fait de son état mental. Théophile Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au cimetière du Père-Lachaise.

L'art de l'écrivain

Même si l'on négligeait la portée du témoignage humain, l'œuvre de Nerval conserverait sa principale vertu qui tient à la pureté du langage. Si sa poésie est dense et souvent elliptique, sa prose se modèle avec une parfaite souplesse sur les impressions et les émotions qu'elle exprime. Le narrateur d'Aurélia, décrivant ses délires, reproduit avec une grande précision de trait, associée à une harmonie impondérable, les formes entrevues en rêve : La dame que je suivais, développant sa taille élancée dans un mouvement qui faisait miroiter les plis de sa robe en taffetas changeant, entoura gracieusement de son bras une longue tige de rose trémière, puis elle se mit à grandir sous un clair rayon de lumière, de telle sorte que peu à peu le jardin prenait sa forme, et les parterres et les arbres devenaient les rosaces et les festons de ses vêtements, tandis que sa figure et ses bras imprimaient leurs contours aux nuages pourprés du ciel. Celui de Sylvie rappelle avec fraîcheur les coutumes et les fêtes de son Valois, transfigurant les paysages et les personnages familiers de son enfance par la magie du souvenir ; sa phrase limpide et transparente défie souvent le commentaire. Aucun abandon, pourtant, dans cette fluidité : l'artiste est toujours attentif, quoique discret. Il lui arrive même quelquefois, pour reprendre son propre terme, si expressif, de perler ; il associe précieusement des mots comme les perles d'un collier ; chacun brille d'un éclat propre, mais leur pouvoir suggestif est multiplié, parce qu'ils se fondent tous dans l'harmonie de la phrase : ... Adrienne, fleur de la nuit éclose à la pâle clarté de la lune, fantôme rose et blond glissant sur l'herbe verte à demi baignée de blanches vapeurs. L'idéalisme romantique, dont Gérard de Nerval incarne le pur esprit, ne s'est jamais exprimé avec plus de délicatesse.

Nerval, comme son ami Baudelaire, n'a jamais pu venir à bout d'un roman. Le Prince des sots, pour lequel il hésita longtemps entre le drame et le roman, est demeuré à l'état d'ébauche. Le Marquis de Fayolle est inachevé ; de Dolbreuse, il ne reste qu'un carnet de notes publié en 1967. Mais il a écrit quelques contes ; le meilleur est la Main enchantée, auquel il faut joindre l'Histoire du calife Hakem et l'Histoire de la reine du Matin et de Soliman, qui prirent place dans le Voyage en Orient. Dans cet ouvrage, Nerval a ramassé dix années d'expériences, de lectures et de rêveries. En dépit de la surprenante étendue des emprunts à l'Account of the Manners and Customs of the Modern Egyptians de William Lane, ce livre est profondément original, et typique de la manière de Nerval. Pour s'en assurer, il suffit de le comparer à l'Itinéraire de Paris à Jérusalem ou bien au Voyage en Orient de Lamartine.
Les Illuminés, en particulier les études sur Jacques Cazotte et sur Quintus Aucler, permettent de mieux connaître l'orientation des curiosités de l'écrivain et ses démarches intellectuelles les plus fréquentes.
Une partie non négligeable de l'œuvre de Nerval est formée par les textes de critiques littéraire et dramatique regroupés la Vie des lettres, la Vie du théâtre, tomes I et II des Œuvres complémentaires et par les articles de genre et de variétés dispersés dans de nombreuses publications Variétés et fantaisies, tome VIII des Œuvres complémentaires. Dans ces textes, tantôt l'on admire la justesse d'un sens critique secondé par une immense culture, tantôt l'on retrouve l'humoriste tendre et un peu désabusé. Certains furent publiés sous des pseudonymes autres que celui de Nerval : C. de Chatouville, A. B. de Chesne, Bachaumont.
Le théâtre

Gérard de Nerval vu par Apollinaire

Apollinaire dans La vie anecdotique raconte :
Estimant peu ce qui se fait rapidement, il mettait sa prose par petites tranches de dix lignes au plus sur des bandes de papier reliées entre elles par des pains à cacheter. Un manuscrit d’un volume représentait ainsi cinq ou six cents parcelles, mais il n’y avait pas un mot qui ne fût excellent.
Tout le monde a lu sa charmante nouvelle intitulée Sylvie. Lorsqu’il était en train de la faire, il alla passer huit jours à Chantilly uniquement pour y étudier un coucher de soleil dont il avait besoin.
Un jour, dans le jardin du Palais-Royal, on vit Gérard traînant un homard vivant au bout d’un ruban bleu. L’histoire circula dans Paris et comme ses amis s’étonnaient, il répondit :
En quoi un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas…

Œuvres

Poésie

Napoléon et la France guerrière, élégies nationales 1826
Napoléon et Talma, élégies nationales nouvelles 1826
L'Académie ou les membres introuvables 1826, comédie satirique en vers
Le Peuple 1830, ode
Nos adieux à la Chambre des Députés ou allez-vous-en, vieux mandataires 1831
Odelettes 1834, dont: Une allée du Luxembourg
Les Chimères 1854

Contes, nouvelles et récits

La Main de gloire : histoire macaronique ou La Main enchantée 1832
Raoul Spifame, seigneur des Granges 1839, biographie romancée, publiée ensuite dans Les Illuminés
Histoire véridique du canard23 1845
Scènes de la vie orientale 1846-1847
Le Monstre vert 1849
Le Diable rouge, almanach cabalistique pour 1850
Les Confidences de Nicolas 1850, publiée ensuite dans Les Illuminés Édition critique de Michel Brix, 2007
La tombe de Nerval au Père-Lachaise.
Les Nuits du Ramazan 1850
Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy 1851
Voyage en Orient 1851
Contes et facéties 1852
La Bohème galante 1852
Lorely, souvenirs d’Allemagne 1852
Les Illuminés 1852
Les Nuits d'octobre 1854 24 Les Nuits d'octobre parurent en plusieurs livraisons dans L'Illustration, d'octobre à novembre 1852, avant de connaître des rééditions tirées à part.
Sylvie 1853
Petits châteaux de Bohème 1853
Les Filles du feu : Angélique, Sylvie, Jemmy, Isis, Émilie, Octavie, Pandora, Les Chimères 1854
Promenades et souvenirs 1854
Aurélia ou le rêve et la vie 1855
La Danse des morts 1855

Romans

Nerval a écrit deux romans :
Le Prince des sots, tiré de la pièce du même titre de Nerval, fut publié par Louis Ulbach en 1888, mais sous une forme très altérée. Le véritable texte de Nerval fut publié en 1962 par Jean Richer. Ce roman, fort méconnu, porte sur le règne de Charles VI le Fol.
Le Marquis de Fayolle, paru en feuilleton en 1849 dans Le Temps, fut laissé inachevé par son auteur, et fut achevé par Édouard Gorges et publié en 1856. L'action porte sur la Révolution en Bretagne. On peut trouver la version authentique de Nerval dans la collection de la Pléiade.

Théâtre

N'ont été publiées au xixe siècle que sept pièces personnelles de Nerval. Les titres, voire le texte, d'autres pièces non publiées, nous sont également parvenus.
Les deux plus anciens titres sont parus sous la forme de plaquettes :
Monsieur Dentscourt ou Le Cuisinier d'un grand homme 1826.
L'Académie ou Les Membres introuvables 1826.
Les trois titres suivants sont issus de la collaboration entre Alexandre Dumas père et Nerval :
Piquillo 1837, drame signé par Dumas.
L'Alchimiste 1839, drame signé par Dumas. C'est surtout le début de la pièce qui porte la marque de Nerval.
Léo Burckart 1839, drame signé par Nerval.
Nerval publia ensuite :
Les Monténégrins 1849, drame, en collaboration avec E. Alboize. Musique de Limnander. Il existe une première version, différente, sous forme de manuscrit, de cette pièce, qui date de 1848.
L'Imagier de Harlem 1852, drame relatif aux premiers temps de l'imprimerie, avec Méry et B. Lopez.
Il subsiste des fragments ou des indications, sous forme de manuscrit, des pièces suivantes toutes ces pièces n'ont pas été forcément achevées :
Nicolas Flamel 1830.
Faust années 1830.
Lara ou L'Expiation, même pièce que La Dame de Carouge 1831.
Le Prince des sots, dont il subsiste un fragment : Guy le Rouge.
Louis de France.
Le Magnétiseur 1840.
Les Trois ouvriers de Nuremberg 1840.
De Paris à Pékin 1848.
Pruneau de Tours 1850.
La Main de gloire 1850.
La Forêt-Noire ou La Margrave vers 1850.
La Mort de Rousseau 1850.
La Fille de l'enfer, Aurore ou Francesco Colonna 1853.
La Polygamie est un cas pendable 1853.
Corilla" a été intégré dans "Les Filles du feu.
Panorama.
Dolbreuse, même pièce que Le Citoyen marquis.
Des titres suivants, évoqués à certains moments par Nerval, il ne reste rien, et certains n'ont probablement jamais été écrits :
Tartuffe chez Molière.
La Mort de Brusquet.
Beppo.
L'Abbate.
L'Étudiant Anselme.
L'Homme de nuit.
Fouquet.
La Fiancée d'Abydos ou de Corinthe.
Première coquetterie d'étudiant.
Les Walkyries.
une imitation d'une tragédie de Racine.
La Reine de Saba, dont Nerval reprit l'histoire dans Le Voyage en Orient.
Nerval a également écrit les adaptations suivantes :
Han d'Islande (années 1830), d'après le roman de Victor Hugo. Publié en 1939 et republié par les éditions Kimé en 2007.
Jodelet ou L'Héritier ridicule, d'après Scarron, publié par les éditions Kimé en 2002.
Le Nouveau genre ou Le Café d'un théâtre, d'après Moratin, fut achevé par Arthus Fleury et publié en 1860. Il existe une autre pièce assez voisine de ce titre, et inachevée, "Erreur de nom", qui a été publiée en 1962.
Le Chariot d'enfant, en collaboration avec Méry, d'après l'Indien Soudraka, fut publié en 1850.
Misanthropie et repentir, d'après Kotzebue, fut représenté après la mort de Nerval, en 1855.
Une Nuit blanche fut représentée une unique fois en 1850, puis interdit par le futur Napoléon III.

Traductions

Faust (828
Poésies allemandes (Klopstock, Goethe… 1830
« Der König in Thule », « Le Roi de Thulé » de Goethe

Pamphlet

Histoire véridique du canard, dans Monographie de la presse parisienne avec Honoré de Balzac 1842

Liens

http://youtu.be/qyoUJZxLiKU Epitaphe
http://youtu.be/CUUbVUZF1JA Le Homard de Gérard de Nerval
http://youtu.be/zm-9MJrHQ0g Madame et souveraine
http://youtu.be/hovkm4hdOvQ El desdichado par Jean Vilar
http://youtu.be/j61AfJJLUDg Les chimères
http://youtu.be/j61AfJJLUDg Le temps
http://youtu.be/eUe8XXRq6WE Fantaisies
http://youtu.be/VWtsa4H9hGQ Laisse moi
http://youtu.be/QmZWusNTwBk Le Valois Chimérique

,


Attacher un fichier:



jpg  images (27).jpg (10.79 KB)
3_52e3faaadedc0.jpg 206X244 px

jpg  A2t.jpg (5.16 KB)
3_52e3fab99bcbb.jpg 192X263 px

jpg  téléchargement (2).jpg (6.75 KB)
3_52e3fad24266c.jpg 227X222 px

jpg  téléchargement (3).jpg (5.74 KB)
3_52e3fadd2e7f4.jpg 262X188 px

jpg  téléchargement (5).jpg (7.19 KB)
3_52e3faea53747.jpg 160X252 px

jpg  544).jpg (5.71 KB)
3_52e3faf51c663.jpg 109X179 px

jpg  images (2).jpg (14.92 KB)
3_52e3fb002a2ea.jpg 180X280 px

jpg  images (4).jpg (5.26 KB)
3_52e3fb0d48cbc.jpg 192X192 px

jpg  images (5).jpg (6.54 KB)
3_52e3fb19aa8d3.jpg 243X207 px

jpg  images (6).jpg (4.44 KB)
3_52e3fb26a92e6.jpg 108X180 px

jpg  images (7).jpg (4.72 KB)
3_52e3fb3357002.jpg 108X179 px

jpg  images (9).jpg (10.31 KB)
3_52e3fb3febc7e.jpg 268X188 px

jpg  images (10).jpg (3.45 KB)
3_52e3fb4b6082a.jpg 111X176 px

jpg  images (11).jpg (4.34 KB)
3_52e3fb55e2019.jpg 109X179 px

jpg  images (12).jpg (5.13 KB)
3_52e3fb606d6df.jpg 107X181 px

jpg  images (15).jpg (9.82 KB)
3_52e3fb69cdffe.jpg 267X189 px

jpg  images (17).jpg (5.28 KB)
3_52e3fb744d371.jpg 109X178 px

jpg  images (18).jpg (9.94 KB)
3_52e3fb7e6ae31.jpg 183X275 px

jpg  images (19).jpg (4.01 KB)
3_52e3fb8c37365.jpg 109X179 px

jpg  images (21).jpg (3.64 KB)
3_52e3fb9827738.jpg 111X176 px

jpg  images (25).jpg (6.32 KB)
3_52e3fba5775ea.jpg 184X274 px

jpg  images (24).jpg (10.79 KB)
3_52e3fbb89145c.jpg 206X244 px

Posté le : 24/01/2014 15:29

Edité par Loriane sur 25-01-2014 19:00:31
Edité par Loriane sur 25-01-2014 19:01:27
Edité par Loriane sur 26-01-2014 18:38:11
Edité par Loriane sur 26-01-2014 18:38:50
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Patricia Highsmith
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 19 janvier 1921 à Fort Worth, Texas États-Unis, naît Mary

Patricia Plangman, Patricia Highsmith


romancière américaine connue pour ses thrillers psychologiques, à partir desquels ont été tirés une douzaine de films. Son premier roman, L'Inconnu du Nord-Express, a été adapté trois fois au cinéma, notamment par Alfred Hitchcock en 1951. En plus de sa série de romans mettant en scène le personnage de Tom Ripley, elle a écrit un certain nombre de nouvelles, toutes teintées d'humour noir. Elle meurt le 4 février 1995 à locarno en Suisse.

De très nombreuses adaptations cinématographiques, les plus fameuses étant L'Inconnu du Nord-Express d'Alfred Hitchcock en 1951, Plein Soleil de René Clément en 1960 et L'Ami américain, de Wim Wenders en 1977, ont contribué à populariser l'univers de Patricia Highsmith. Un univers qui, s'il s'appuie sur les formes et les conventions du roman policier, sait aussi en jouer à merveille pour distendre au maximum le temps de la narration, et introduire le lecteur dans un univers équivoque où le dédoublement est la loi. Si elle a connu le succès avec l'Inconnu du Nord-Express et la série des Ripley, Patricia Highsmith, poète de l'angoisse plus que de la peur Graham Greene, est aussi l'auteur d'une œuvre plus secrète, qui culmine avec Le Journal d'Édith.

Sa vie

De Fort Worth à Saratoga Springs
Ce n'est qu'à l'âge de douze ans que Mary Patricia Highsmith fait la connaissance de son véritable père, qui avait abandonné le domicile conjugal cinq mois avant sa naissance. La mère étant également partie, la fillette avait été confiée à sa grand-mère qui l'élèvera jusqu'au retour de la mère, trois ans plus tard, remariée à un nommé Stanley Highsmith, qui adopte l'enfant et lui donne son nom.
Le trio quitte le Texas pour New York où les disputes entre la mère et le beau-père sont monnaie courante. La jeune Mary Patricia se réfugie dans la lecture de romans : ceux de Lewis Caroll et d'Herman Melville d'abord, puis d'Henry James et de Marcel Proust.
Après son baccalauréat, elle entre au Barnard Collège de Columbia.
Elle participe également à plusieurs manifestations antifascistes lors de la guerre d'Espagne. En 1942, son diplôme en poche, elle part pour Taxco Mexique dans l'intention de rédiger un roman, mais échoue dans sa tentative.
Rentrée à New York, elle loue un modeste studio dans la 56e Rue, place une de ses nouvelles dans Harper's Bazaar, rédige des scénarios de bandes dessinées, notamment pour la série des Superman.
C'est au cours de cette période qu'elle envisage d'écrire un roman qui reposerait sur un échange de meurtres. Elle se met au travail, propose le manuscrit à six éditeurs et essuie autant de refus. Son ami Truman Capote, qui n'est pas encore l'auteur de "De sang froid", mais journaliste au New Yorker lui propose alors de sous-louer son studio contre une recommandation auprès de la fondation Yaddo, à Saratoga Springs, qui héberge dans des conditions optimales de jeunes créateurs pour leur permettre de mener à bien leurs projets. Strangers on a Train L'Inconnu du Nord-Express paraît finalement en 1950 et sera porté à l'écran par Alfred Hitchcock, un an plus tard.
Après un roman publié sous le pseudonyme de Claire Morgan (Carol en 1953), en raison de la description de relations lesbiennes qui connaissent une fin heureuse, un séjour en Europe lui inspire le personnage cruel et mystérieux de Monsieur Ripley qu'elle réutilisera dans quatre autres romans au cours de sa carrière.
Le roman, publié en 1955, est l'un de ses plus grands succès. Grand prix de littérature policière, il sera l'objet de deux adaptations cinématographiques :Plein Soleil et Le Talentueux Mr Ripley.
Patricia Highsmith s'établit ensuite en Europe, d'abord en Angleterre, puis en France et en Suisse où ses livres suivants sont plus appréciés que dans son pays d'origine. Son œuvre se compose d'une vingtaine de romans, d'un grand nombre de nouvelles et d'un essai L'Art du suspense.

L'un est l'autre

L'histoire tient en quelques lignes. Guy Haines, jeune architecte, est en route pour Metcalf en vue de discuter des termes de son divorce avec Miriam, son épouse. Dans le train, il fait la connaissance d'un certain Charles Anthony Bruno. Ils engagent la conversation qui tourne à la confidence. Bruno laisse entendre à Haines qu'il pourrait tuer Miriam. À lui, en échange, de supprimer son père. Un double meurtre sans mobile. Un double crime parfait auquel Haines ne peut souscrire, contrairement à Bruno qui exécute froidement la part du contrat qu'il s'est lui-même attribuée. Toute la suite du roman s'ordonne autour du chantage qu'il organise ensuite pour contraindre Haines à tenir une promesse qu'il n'a jamais faite mais que lui, Bruno, considère comme acquise. La descente aux enfers peut commencer...

Dans The Blunderer Le Meurtrier, 1954, une manière de chef-d'œuvre, Highsmith troque le meurtre échangé contre un meurtre imité : Melchior Kimmel, libraire, a assassiné sa femme à un arrêt d'autobus. Walter Stackhouse, avocat d'affaires, qui cherche à divorcer de la sienne, a connaissance de ce meurtre, d'écrit comme un accident par la presse. Pas plus lui-même que la police ne soupçonnent alors Kimmel. Mais Stackhouse échafaude un plan qui doit aboutir au même résultat. Sinon que la femme de Stackhouse se suicide sur l'itinéraire de l'autocar que son mari avait décidé de suivre et que, en se comportant comme un parfait coupable, il va permettre à la police de remonter la piste Kimmel...

Outre une certaine contiguïté entre les matrices des deux romans, on notera également des similitudes dans le comportement psychologique des protagonistes : le tempérament déterminé des deux assassins qui s'oppose à la faiblesse, voire à la veulerie de leur « complice » ou de leur imitateur, la situation sociale plus qu'honorable des maillons faibles de l'engrenage, Haines est architecte, Stackhouse avocat, les pressions que Bruno comme Kimmel s'emploient à exercer sur leurs vis-à-vis respectifs, le rôle moteur joué par deux femmes, des personnages de second plan mais capitaux : ainsi Anne avec Haines et Ellie au regard de Stackhouse, la manière peu orthodoxe qu'ont les deux policiers, 'Arthur Gérard de L'Inconnu du Nord-Express, le lieutenant Corby du Meurtrier de conduire leur enquête...

Plusieurs romans de Patricia Highsmith seront centrés sur cette dualité (l'un et l'autre certes, mais également, dans leur symétrie, l'un est l'autre) qui suscite un rapport de dominant à dominé. Cette polarité, d'évidence, rappelle Dostoïevski. À ceci près, qu'elle regarde moins du côté de Raskolnikov (Crime et Châtiment) que du côté de Goliadkine Le Double. Certes Raskolnikov est double, mais en son for intérieur seulement. Au contraire de Goliadkine, qui doit affronter la présence d'un double réel, d'un autre lui-même qu'il se refuse, au fond, à assumer, tout comme Guy Haines et Walter Stackhouse.

Un sentiment personnel de danger

Le succès public et l'adaptation filmique de L'Inconnu du Nord-Express lui ayant rapporté de l'argent, Patricia Highsmith voyage, séjournant à Londres, Paris, Salzbourg, Zürich, Majorque, Cagnes-sur-Mer, avant de gagner l'Italie et de s'installer près de Naples, à Positano. C'est là que va naître son unique personnage récurrent, Tom Ripley, héros d'une pentalogie romanesque qui inspirera de nombreux metteurs en scène, parmi lesquels René Clément, Wim Wenders et Anthony Minghella. En 1961, la romancière apprend que son roman The Two Faces of January, Les Deux Faces de janvier, finalement publié en 1964 vient d'être refusé pour la seconde fois par son éditeur, tout comme le sera The Glass Cell, La Cellule de verre, 1964, un roman qui, contrairement aux autres, ne lui était pas venu d'une idée personnelle, mais de la lettre que lui avait adressée un prisonnier qui voulait devenir écrivain.

Après avoir changé d'éditeur, Patricia Highsmith quitte définitivement les États-Unis pour l'Europe. C'est d'abord l'Angleterre, où elle acquiert sa première maison. Là, elle s'inspire de la campagne anglaise pour écrire The Story-Teller, L'Homme qui racontait des histoires, 1965 dans lequel elle extrêmise cette sorte d'« afféterie dans le processus du glissement progressif vers le crime qu'une certaine critique lui reprochera. À tort, car c'est précisément cette lenteur extrême qui autorise la mise en place du mécanisme destiné à placer le lecteur dans l'état d'envoûtement qui va lui permettre de se tenir au plus près du protagoniste majeur, tout en pénétrant dans l'univers si particulier de l'auteur avec, selon l'expression de Graham Greene, un sentiment personnel de danger .

Délaissant la campagne anglaise, Patricia Highsmith opte ensuite pour la France : Fontainebleau puis Samois, Montmachoux, Montcourt où elle rédige, entre autres et au meilleur d'elle-même Edith's Diary (Le Journal d'Edith, 1977), vingt ans de la vie d'une femme, tableau d'une existence à vau-l'eau où se mêlent réalités et fantasmes, imaginaire et quotidien.

À la suite d'une perquisition sans motif apparent des douanes françaises, Patricia Highsmith s'établit en Suisse, à Aurigeno, puis après une opération du poumon à Londres, à Tegna, où elle se fait construire une maison selon ses plans, qui ressemble à celle que Guy Haines aurait aimé bâtir pour y vivre heureux avec Anne. Elle publie encore trois romans, Une créature de rêve en 1986, Smallg : une idylle d'été (1994) et le dernier livre de la série Ripley, (Ripley entre deux eaux, 1992), avant de s'éteindre, le 4 février 1995, léguant la totalité de ses biens à Yaddo, la fondation où était née l'idée de son premier meurtre échangé.

Elle affirmait n'avoir aucun goût particulier pour le roman policier, vivait essentiellement seule pour ne pas être dérangée dans ses travaux d'écriture et appréciait la compagnie des chats.

Elle meurt, âgée de 74 ans, des suites d'une leucémie.
Son fonds d'archives se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne.

Témoignage

Graham Greene dont elle était l'amie dira d'elle :
« On ne cesse de la relire. Elle a créé un monde original, un monde clos, irrationnel, oppressant où nous ne pénétrons qu'avec un sentiment personnel de danger et presque malgré nous. Car nous allons au-devant d'un plaisir mêlé d'effroi. »

Prix et distinctions Prix et nominations

1946 : O. Henry Award pour la meilleure publication d'une première nouvelle, L'Héroïne1
1951 : Nomination pour le prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman pour L'Inconnu de Nord-Express
1956 : Nomination pour le prix Edgar-Allan-Poe du meilleur roman pour Monsieur Ripley
1957 : Grand prix de littérature policière pour Monsieur Ripley
1964 : Silver Dagger Award des Crime Writers' Association of Great Britain pour Les Deux Visages de Janvier
1975 : Prix de l'Humour noir pour L'Amateur d'escargot

Distinction

1990 : Officier dans l'ordre des Arts et des Lettres

Œuvre

Romans


Série Tom Ripley
The Talented Mr. Ripley (1955)
Publié en français sous le titre Monsieur Ripley / Plein soleil / Le Talentueux Mr Ripley, Paris, Calmann-Levy, coll. « Traduit de », 1956 & 2000
Ripley Under Ground (1970)
Publié en français sous le titre Ripley et les Ombres, Paris, Calmann-Lévy, coll. Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1970
Ripley's Game (1974)
Publié en français sous le titre Ripley s'amuse / L’Ami américain, Paris, Calmann-Lévy, « Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle », 1974 & 1982
The Boy Who Followed Ripley (1980)
Publié en français sous le titre Sur les pas de Ripley, Paris, Calmann-Lévy, 1980
Ripley Under Water (1991)
Publié en français sous le titre Ripley entre deux eaux, Paris, Calmann-Lévy, 1992

Autres romans

Strangers on a Train (1950)
Publié en français sous le titre L'Inconnu du Nord-Express, Paris, Calmann-Lévy, 1951
The Price of Salt ou Carol (1952), signé Claire Morgan
Publié en français sous le titre Les Eaux dérobées / Carol, Paris, Calmann-Lévy, 1985 et 1990
The Blunderer (1954)
Publié en français sous le titre Le Meurtrier, Paris, Calmann-Levy, 1960
Deep Water (1957)
Publié en français sous le titre Eaux profondes, Paris, Calmann-Lévy, 1958
A Game for the Living (1958)
Publié en français sous le titre Jeu pour les vivants, Paris, Calmann-Lévy, 1963
This Sweet Sickness (1960)
Publié en français sous le titre Ce mal étrange / Dites-lui que je l'aime, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1966
The Cry of the Owl (1962)
Publié en français sous le titre Le Cri du hibou, Paris, Calmann-Lévy, coll. Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1964
The Two Faces of January (1964)
Publié en français sous le titre Les Deux Visages de Janvier, Paris, Robert Laffont, 1968
The Glass Cell (novel)|The Glass Cell (1964)
Publié en français sous le titre La Cellule de verre, Paris, Robert Laffont, 1966
A Suspension of Mercy ou The Story-Teller (1965)
Publié en français sous le titre L’homme qui racontait des histoires, Paris, Robert Laffont, coll. Week-end, 1966
Those Who Walk Away (1967)
Publié en français sous le titre Ceux qui prennent le large, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1968
The Tremor of Forgery (1969)
Publié en français sous le titre L’Empreinte du faux, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1969
A Dog's Ransom (1972)
Publié en français sous le titre La Rançon du chien, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1972
Edith's Diary (1977)
Publié en français sous le titre Le Journal d’Edith, Paris, Calmann-Lévy, 1978
People Who Knock on the Door (1983)
Publié en français sous le titre Ces gens qui frappent à la porte, Paris, Calmann-Lévy, 1983
Found in the Street (1987)
Publié en français sous le titre Une créature de rêve, Paris, Calmann-Lévy, 1986
Small g: a Summer Idyll (1995)
Publié en français sous le titre Small g : une idylle d’été, Paris, Calmann-Lévy, 1995

Nouvelles

Recueils originaux

Eleven ou The Snail-Watcher and Other Stories (1970)
Publié en français sous le titre L’Amateur d’escargots, Paris, Calmann-Lévy, 1975
Little Tales of Misogyny (1974)
Publié en français sous le titre Toutes à tuer, Paris, Julliard, 1976
The Animal Lover's Book of Beastly Murder (1975)
Publié en français sous le titre Le Rat de Venise et autres histoires de criminalité animale à l’intention des amis des bêtes, Paris, Calmann-Lévy, 1977
Slowly, Slowly in the Wind (1976)
Publié en français sous le titre L'Épouvantail, Paris, Calmann-Lévy, 1979
The Black House (1981)
Mermaids on the Golf Course (1985)
Publié en français sous le titre Les Sirènes du golf, Paris, Calmann-Lévy, 1984
Tales of Natural and Unnatural Catastrophes (1987)
Publié en français sous le titre Catastrophes, Paris, Calmann-Lévy, 1988
Nothing That Meets the Eye: The Uncollected Stories (2002)
Recueil posthume publié en français sous le titre Le Meilleur ami de l’homme et autres nouvelles, Paris, Calmann-Lévy, 2004

Recueils publiés uniquement en France

La Proie du chat, Paris, Calmann-Lévy, 1981
Le Jardin des disparus, Paris, Calmann-Lévy, 1982
Nouvelles, Paris, Presses Pocket no 2712, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 1, 1987
Le Bestiaire : cinq nouvelles, Paris, Presses Pocket no 2717, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 2, 1987
Contes immoraux, Paris, Presses Pocket no 2726, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 3, 1988
L’Amour et la Haine : nouvelles, Paris, Presses Pocket no 3088, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 4, 1988
Les Cadavres exquis de Patricia Highsmith : nouvelles, Paris, Calmann-Lévy, 1989
Patricia Highsmith : nouvelles, Paris, Calmann-Lévy, hors commerce, 1995
On ne peut compter sur personne, Paris, Calmann-Lévy, coll. Suspense, 1996
Des chats et des hommes, Paris, Calmann-Lévy, 2007

Nouvelles isolées

Alibi parfait (The Perfect alibi, 1982), in EQMM no 122, 03/1958 ;
L’Amateur de frissons (The Thrill Seeker, 1960), in EQMM no 155, 12/1960 ;
Méfiez-vous des photographes (Camera Finish, 1960), in EQMM no 244, 05/1968 ;
Comme un oiseau prêt à s’envoler (Poised to Fly, 1969), in EQMM no 269, 07/1970 ;
Thème et Variations (Variations on a Game, 1973), in Alfred Hitchcock magazine, 06/1973 ;
Jour d’expiation (Day of Reckoning, 1974), in EQMM no 323, 01/1975 ;
L’Homme qui écrivait des livres dans sa tête (The Man Who Wrote Books in his Head, 1974), in Galaxies intérieures 2, Denoël, “ Présence du futur ” no 271, 1979 ;
Djemal (The Tale of Djemal, 1975), in EQMM no 339, 05/1976 ;
Les choses avaient mal tourné (Things had gone badly, 1980), in Polar hors-série no 2, 03/1981 ;
La Longue marche hors de l’Enfer (A Long Walk from Hell, 1988), in Le Nouvel Observateur, 1988
La Nature et la Folie (The stuff of Madness)
Cadavres à domiciles (Homebodies)

Anthologie

Patricia Highsmith: Selected Novels and Short Stories (2010)

Essai

Plotting and Writing Suspense fiction (1981)
Publié en français sous le titre L'Art du suspense : mode d'emploi, 1987

Littérature pour enfants

Miranda the Panda is on the Veranda (1958), écrit en collaboration avec Doris Sanders

Œuvres réunies en volumes

Œuvres / Patricia Highsmith, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins ; vol. 1, 1991 ; vol. 2, 1992
Dernières Nouvelles du crime, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1994

Adaptations Scénarios

Plein Soleil, in L’Avant-Scène Cinéma n° 261, 02/1981 ;
L’Inconnu du Nord-Express, in L’Avant-Scène Cinéma n° 297-298, 12/1982 ;
Le Talentueux Monsieur Ripley, in L’Avant-Scène Cinéma n° 491, 04/2000

Cinéma

1951 : L'Inconnu du Nord-Express d'Alfred Hitchcock
1960 : Plein soleil de René Clément, d'après Monsieur Ripley
1963 : Le Meurtrier de Claude Autant-Lara
1969 : Histoire d'un meurtre de Robert Sparr, d'après L'Inconnu du Nord-Express
1977 : Dites-lui que je l'aime de Claude Miller, d'après Ce mal étrange
1977 : L'Ami américain de Wim Wenders, d'après Ripley s'amuse
1978 : La Cellule en verre de Hans W. Geissendörfer
1981 : Eaux profondes de Michel Deville
1984 : Le Journal d'Edith de Hans W. Geissendörfer
1987 : Le Cri du hibou de Claude Chabrol
1999 : Le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr. Ripley) d'Anthony Minghella, d'après Monsieur Ripley
2002 : Ripley s'amuse (Ripley's Game) de Liliana Cavani
2005 : Mr. Ripley et les ombres (Ripley Under Ground) de Roger Spottiswoode, d'après Ripley et les ombres
2009 : Le Cri du hibou de Jamie Thraves
2013 : The Two Faces of January de Hossein Amini
2014 : Carol de Todd Haynes (en préparation)

Télévision

1962 : Annabel (d'après Ce mal étrange), épisode n° 7 de la saison 1 de Suspicion (The Alfred Hitchcock Hour), série télévisée américaine créée par Alfred Hitchcock et diffusée sur CBS
1990 : Les Cadavres exquis de Patricia Highsmith (Patricia Highsmith's Tales), série télévisée franco-britannique en douze épisodes de 52 minutes, diffusée sur M6

Liens

http://youtu.be/HShl-cozhIQ Interview
http://youtu.be/0r8ZxQGLOxo l'inconnu du nord express extrait
http://youtu.be/IZ3Yr58P1UM plein soleil
http://youtu.be/RLC2JSCiPvs Le talentueux Mr Ripley



Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  patricia-highsmith.jpg (459.88 KB)
3_52daf870151fe.jpg 530X733 px

jpg  PatriciaHighsmith.jpg (42.66 KB)
3_52daf88524031.jpg 360X430 px

jpg  Pathigh.jpg (21.28 KB)
3_52daf8998995e.jpg 339X430 px

jpg  priestessses.jpg (61.21 KB)
3_52daf8d69f949.jpg 530X629 px

jpg  patricia_highsmith.jpg (25.41 KB)
3_52daf8eeaa4a8.jpg 200X269 px

gif  280889_highsmithP.gif (23.77 KB)
3_52daf8fc70822.gif 180X234 px

jpg  Highsmith_on_After_Dark.JPG (217.66 KB)
3_52daf90b21bfb.jpg 1372X1002 px

jpg  the finals again.jpg (41.89 KB)
3_52daf9205fbd1.jpg 530X555 px

jpg  patricia-highsmith (1).jpg (17.96 KB)
3_52daf93a8ecd0.jpg 340X462 px

jpg  Patricia-Highsmith-in-1962-Talented-Mr.-Ripley-US-1st-Edition-300x205.jpg (20.10 KB)
3_52daf949e3563.jpg 300X205 px

jpg  $(KGrHqV,!jUE9HsbmL0iBPiRCjqBKg~~60_35.jpg (14.60 KB)
3_52daf95720d94.jpg 225X300 px

jpg  Highsmith_Tremor_First.jpg (67.95 KB)
3_52daf96435340.jpg 504X759 px

jpg  strangers-on-a-train.jpg (32.91 KB)
3_52daf96e8b09a.jpg 350X537 px

jpg  highsmith-home1.jpg (223.24 KB)
3_52daf97e9a76c.jpg 600X450 px

jpg  200px-PatriciaHighsmith_RipleyUnderGround.jpg (17.75 KB)
3_52daf98a90509.jpg 200X299 px

jpg  Highsmith_January.jpg (116.21 KB)
3_52daf99ad72ab.jpg 576X863 px

jpg  300x300.jpg (29.06 KB)
3_52daf9a5b9fd2.jpg 300X300 px

jpg  highsmith-Ripleys-Game-book-cover-2.jpg (33.72 KB)
3_52daf9b997d32.jpg 323X500 px

jpg  images.jpg (13.86 KB)
3_52daf9c72e71a.jpg 182X278 px

Posté le : 17/01/2014 23:29

Edité par Loriane sur 18-01-2014 23:02:10
Edité par Loriane sur 18-01-2014 23:05:55
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Lionel Ray
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 19 janvier 1935 à Mantes-la-Ville, naît Lionel Ray, né Robert Lorho,

poète et essayiste français

Qui suis-je ? Quel est cet étrange inconnu qui m’habite ? Telle est une des interrogations que se pose Lionel Ray tout au long d’une œuvre commencée voici un demi-siècle.

Robert Lorho est né en 1935 d'un père d'origine bretonne, décoré de la croix de guerre étoile d'argent en 1918, et d'une mère wallonne. Il passera son enfance dans la ville de Mantes-la-Jolie.
Après avoir publié quelques recueils sous son vrai nom, Robert Lorho, agrégé de langue et littérature françaises, professeur de khâgne au lycée Chaptal, prend en 1970 à l'âge de trente ans, le pseudonyme de Lionel Ray.
Son métier de poète, il le vit en se renouvelant infatigablement, en changeant d'identité, en une éternelle renaissance.
Son avant dernier recueil L'Invention des bibliothèques a été publié sous le nom de Laurent Barthélemy, un jeune poète que Lionel Ray aurait découvert. Son dernier livre de poèmes Entre Nuit et Soleil en 2010 approfondit davantage cette question d'identité, qui est le thème fondamental de son œuvre. "Je est un autre".
Lionel Ray vit à Saint-Germain-en-Laye.
Il aborde un versant neuf de lui avec les Métamorphoses du biographe en 1971, qui mène à une déconstruction féconde et inventive du langage, poursuivie avec L'interdit est mon opéra en 1973, marqué par l'introduction du récit et des audaces typographiques. Partout ici même en 1978 renoue avec la lisibilité.
Cette date est aussi celle de la naissance du néolyrisme. Approches du lieu en 1983 et le Nom perdu en 1981, dont le titre renvoie à la pseudonymie, prolongent cette tentative tandis que, dès l'orée de leur titre, Comme un château défait en 1993 et Syllabes de sable en 1996 témoignent d'une tonalité plus sombre. Le parcours de Ray est emblématique d'une double postulation de la parole poétique contemporaine : le lyrisme et le formalisme.

Aragon présente ses nouveaux poèmes dans Les Lettres françaises en 1970, 1971, 1972, il salua comme un événement poétique considérable la venue de Lionel Ray dans la poésie française
De 1971, avec Les Métamorphoses du biographe, à 1996, avec Syllabes de sable, Lionel Ray a donné une dizaine de recueils de poèmes qui témoignent d'un art très élaboré du vers et de la composition. Si mutation et métamorphoses sont les termes élus par Lionel Ray, ils peuvent aussi servir à approcher un travail qui, à l'écart des théories, a cherché à éviter les retours nostalgiques à l'académisme comme la fuite en avant dans le formalisme. Le lyrisme qui caractérise son œuvre est tout sauf facile : les élans spontanés de la subjectivité sont ici constamment brimés par un travail sur la matière même du langage.
Le sujet qui parle ou qui chante n'oublie jamais qu'il parle de quelque chose, du concret du monde, et que ce qu'il dit s'adresse toujours à quelqu'un, ce destinataire inconnu, anonyme qu'est le lecteur. Les mots simples, les syntaxes accordées au rythme de la prosodie laissent transparaître le sens, le font jaillir dans des coulées heureuses, non exemptes d'inquiétudes. Comme un château défait, 1993, prix Supervielle en 1994, et Syllabes de sable 1996, disent avec pudeur l'irréparable, l'ineffable perte : Ce désarroi des pas d'avant / sur des chemins jamais aboutis : / maison des vents, maison d'absence... C'est de l'intérieur même du chant que se disent les ruptures.
Ce n'est certainement pas un hasard si, en 1976, Lionel Ray a consacré un essai à Rimbaud : la poésie, à défaut de rythmer l'action ou de la devancer, accompagne les hommes, intensifie leur séjour, refuse tricheries et stratagèmes. Lionel Ray se sent proche d'auteurs comme Supervielle, C. Milosz, Aragon, mais aussi Michaux, auquel il a consacré un Tombeau, dans Une sorte de ciel. Il a publié également deux anthologies de poésie bengalie, 2006 et 2007, en collaboration avec Sumana Sinha.
Il publie l'essentiel de son œuvre aux éditions Gallimard.
Lauréat de prix tels que le Prix Goncourt de la poésie en 1995, le Prix de la Société des gens de lettres, le Grand Prix de Poésie de la Ville de Lyon/Prix Roger-Kowalski, Prix de poésie Pierrette Micheloud 2010 et beaucoup d'autres, Lionel Ray est président de l'Académie Mallarmé, il est également membre des comités de la revue Europe, du journal mensuel Aujourd'hui poème et de plusieurs jurys de prix de poésie, Mallarmé, Max Jacob, Alain Bosquet.
Il anime des ateliers d'écriture à l'université de Paris 4-Sorbonne et dans d'autres villes. Invité en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Inde, Lionel Ray se dit "cet oiseau qui ne s'attarde pas.

Œuvres

Lionel Ray au festival Voix Vives à Sète le 27 juillet 2010
Si l'ombre cède, collection jeune poésie nrf, Gallimard, 1959, 40p.
Les Métamorphoses du biographe ; suivi de la parole possible, Gallimard, 1971, 131 p.
Lettre ouverte à Aragon sur le bon usage de la réalité, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1971, 111 p.
L’Interdit est mon opéra, Gallimard, 1973, 116 p.
Arthur Rimbaud, Seghers (Poètes d’aujourd’hui), 1976, 183 p. Nouvelle édition 2001.
Partout ici même, Gallimard, 1978, 191 p.
Aveuglant aveuglé, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1981, np.
Le Corps obscur, Gallimard, 1981, 112 p.
Nuages, nuit : poèmes, Gallimard, 1983, 123 p.
Empreintes, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
L’Inaltérable, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
Voyelles et consonne, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
Approches du lieu ; suivi de Lionel Ray et l'état chantant par Maurice Regnaut, Moulins : Ipomée, 1986, 115 p.
Le nom perdu : poèmes, Gallimard, 1987, 127 p.
Une sorte de ciel : poèmes, Gallimard, 1990, 114 p. (Prix Antonin-Artaud)
Comme un château défait : poèmes, Gallimard, 1993, 151 p. (Prix Supervielle 1994; Prix Goncourt de poésie 1995)
Syllabes de sable : poèmes, Gallimard, 1996, 170 p.
Pages d'ombre : poèmes. Gallimard, 2000. (Grand prix de poésie de la société des gens de lettres, 2001; Prix Kowalski de la ville de Lyon; Prix Guillevic de la ville de Saint-Malo)
Aragon : Seghers, "Poètes d'aujourd'hui", 2002).
Matière de nuit : poèmes. Gallimard, 2004.
12 poetas bengalis : recueil de poésie bengalie en version française et espagnole, en collaboration avec Sumana Sinha, Ed. Lancelot, 2006. Murcia.
Tout est chemins : Anthologie de la poésie bengalie en version française en collaboration avec Sumana Sinha, éd. Le Temps des cerises, Paris. 2007.
L'Invention des bibliothèques (les poèmes de Laurent Barthélemy): Gallimard, 2007.
Le Procès de la vieille dame. Eloge de la poésie. Recueil d'essais. Éditions de la Différence. 2008.
Entre nuit et soleil : Gallimard, 2010. Prix de poésie Pierrette-Micheloud 2010
Lionel Ray a collaboré régulièrement avec des peintres :
Le dessin est une mémoire : autour de l’œuvre graphique de Le Yaouanc, Association culturelle de la Faculté des lettres et des langues de l’Université de Poitiers : Éditions de la Licorne, 1996, np .
Plusieurs ouvrages sur et avec le peintre cubain Joaquin Ferrer : Joaquin Ferrer ou l'Imaginaire absolu (monographie, éd. Palantines, Quimper, 2001, 130 illustrations).
Sumana : recueil de neuf poèmes d'amour dédiés à son épouse, accompagné de la peinture de Bardet C.J. et de la traduction bengalie de ces poèmes par Sumana Sinha.
Comme nuage et vent, recueil de 6 poèmes accompagnés de 4 gravures en eau-forte de la calligraphe Els Baekelandt (Éditions Sanchez-Alamo, graphisme analogique de la zone opaque, Paris, 2006

poésies

Je ne suis pas qui je suis,
ce masque dans la nuit anonyme
cette voix qui monte comme un fleuve
ni ces pas ne sont miens.

Nous sommes seuls dans ce pays
de sel de pierre de vent
dans ce grand incendie de paroles
dans ce miroir tournant.

Qui es-tu qui que tu sois
ce mort en travers de ma route
cette chose de sang et d'ombre
qui bouge et ne bouge pas.

Tu vis à l'écart de toi-même,
quel est ce visage absent
cet étranger que tu traînes
et qui rame à contre-courant ?
In Comme un château défait
****
Peut-être il reviendra
avec un visage inchangé,
ne le dérange pas !

Le temps s'applique,
jamais effarouché.

C'est pour ça que la musique
dit toujours que tu l'aimes
même si le monde est déserté.
In Comme un château défait © Poésies/Gallimard 2004 p 22
****
Le peu de poids que l'on pèse
dans le soir ! le peu
de cendres ! comme entre les mots

Le soudain silence ! et l'énorme
nuit ! le seul lieu,

ce mouvement, l'ombre qui
le glace,
et ce visage de vitrail !
Ibid p 23
****
Lire la mémoire aux volets fermés,
ses crimes, ses clés, ses caves,
le château des pluies,

Lire la prose des ombres, le babil
des abeilles, cette chose noire et douce,

Lire au soir le blason des nuages
lorsque l'eau se ride et que tu allonges
la main, tirant le fond noir du ciel.
Ibid p36
****
C'était perdu dans la nuit -,
au plus profond de la forêt.
Le temps se posait dans ton nom

Comme l'oiseau sur la plus haute
cime. Le temps mystérieux comme

une forêt, comme une clairière
dans la forêt, comme
une harde de cerfs dans la forêt.
Ibid p56
****
Tu aurais voulu des aventures
en pays imprévisibles
et frapper fort
sur le tambour terrestre.

Tu aurais guerroyé mille et cent ans
sous des soleils inflexibles
pour des tribus de corbeaux,
des peuples de lynx ou d'étoiles.

Tu t'es retiré dans un rêve
n'ayant tué ni la cruelle chimère,
ni la nuit grave,
ni le Temps aux pieds de plomb
Ibid p62
****
L'oubli comme une clef qui se ferme,
comme un nom sans personne,
comme un trou qui s'effondre

En lui-même. Et c'est aussi du temps
qui se dissipe dans la croissance de la nuit.

Cette suave pluie
où rien ne pense, et qui trace dans les cours
une écriture indéchiffrable.
Ibid p 83
****
Il y a la nation des nuages
la langue cruelle de la lune d'été,
les oiseaux courageux, et rien.

Il y a l’œil solaire, quelqu'un, personne,
une poignée de paroles, et rien.

Il y a une femme endormie,
l'heure qui est palpable comme son épaule,
la houle pacifique, et rien.
Ibid p 86
****
Je donnerai toutes les nuits du monde
pour cette femme inventée
comme une grande clarté rouge.

Comme un pays abandonné
avec sa chevelure de poudre.

Je donnerai toutes les pluies
toutes les preuves tous les silences
pour celle qui dort près de moi,
même absente.
Ibid p 97
****
Que peuvent-ils les mots sur tant d'abîme ?
La mort qui n'est que mort, toute la mort,
cette griffe noire sur les corps pliés.

Les soucis les brûlures les années
et bientôt la pierre impitoyable

Que peuvent-ils ? la terre elle-même se tait.
Tout repose dans la fausse mémoire
du temps qui les ignore, du temps vain et sans voix
Ibid p 110
****
Comme on glisse hors de soi
aux confins de la veille et du songe,
on regarde une autre demeure, un corps chantant.

Qui est cet homme proche de toi
si peu semblable et pourtant ressemblant,

Dans le tumulte des soifs et des mondes,
broyant le grain des paroles,
cherchant la source brève, la présence sans nom ?
Ibid p 115

Un instant tu as oublié le nom
des choses : la nuit est vide,
l'heure n'est plus cette écriture
du sable et des oiseaux.

Un instant tu es entré dans
la non-vision du soleil, dans
l'immobile minuit, dans la cave
de l'impossible naissance

Du monde. Il n'y avait nulle
apparence, nul être, pas même
la trace d'un brin d'herbe ou l'hypothèse

D'un nuage, ni début ni fin,
seulement cette mesure de l’in-
connaissable et la parfaite absence.
In Syllabes de sable © Poésies/Gallimard 2004 p 159
****
Devant toi, venu
d'un quartier d'enfance, que vois-tu
ne sachant plus où ni quand :
ciel craintif, orage contenu ?

Quel jour déclinait, brouillard
d'heures en dérive, avec
un bruit de roues, jusqu'au
fond du soir ?

Tu marchais le long des roseaux
sombres du fleuve, minuscules
myosotis ici ou là, camélias stériles

Et sans parfums, tu respirais un souffle
lent venu de la forêt voisine :
ta vie quelque part existait.
Ibid p165
****
Tu n'es personne. Ce qui tourne
autour de toi, paroles, maisons,
visages, tourne autour d'un centre
qui n'existe pas.

Ton lieu est vers le dehors
dans la nuit de toute langue,
tu vis en lisière,
corps exilé, corps étranger.

Et comme un orchestre caché, tu ne sais
quels instruments en toi
résonnent, cordes ou cuivres, harpes ou tymbales,

Serait-ce le pas des nuits qui s'imprime
sur le sable et se dissout
dans la mémoire éteinte.
Ibid p 170
****
Une sorte de chant
pareil au jour qui traverse
un feuillage et descend,
furtif, jusqu'à l'herbe pauvre.

Un chant qui parle d'octobre
et d'eau cachée,
de lointains sans amertume,
fronts mêlés, collines heureuses.

Et ce besoin d'espace entre
les mots, comme une disposition
de traces et de froissements.

Ici entre les fleurs, avec le grain
des ombres, la vie circule et boit,
fugitive, à d'anciennes sources.
Ibid p178
****
Je t'attendais à la porte des heures :
le silence est si vaste.
Que sont devenues ces traces d'eau
fuyante entre les pierres ?

Écoute au miroir des heures vides
sonner les chiffres de la nuit,
ils ne sont la voix de personne
sinon du sable qui s'épuise.

Les heures traversent l'obscur,
passantes proches, venues
de quel ciel, de quel monde

Vain ? maintenant que tu n'es plus
qu'une parole étrangère
et qui s'en va ?
Ibid p 186
****
Ces pauvres choses qui nous étaient
si proches, cartes et plumiers,
règles, compas, la nuit dispersée,
la confiance ancienne.

Aux quatre coins du monde,
les clameurs, les phares,
écoliers et chevaux, l'incroyable
beauté des rires et des voix.

Tout cela qui s'éloigne comme
un ballet d'éphémères, une feuille
au fil de l'eau flottant.

On ne voit plus devant soi
qu'abîme, une ombre, une autre,
des murs froids, des effondrements.
Ibid 192
****
Il n'y a pas d'hiver
dans les choses,
ni grilles
ni paroles stagnantes.

II n'y a pas d'énigme
dans le lait, il n'y a
pas de brume dans la pierre,
ni rire dans les nœuds d'angoisse.

Mais il y a des terres enfouies
et qui renaissent,
des récits qui circulent entre

La chair et le souffle,
des cités lyriques entre soleil et pluie
et dans tes yeux le temps fertile.
Ibid p 240
****
Toi qui n'existes pas et qui habites
quel pays quelle parole,
toi qui n'es d'aucun lieu
sinon celui que dit le poème.

Tu écoutes ce léger bruit d'eau
qui circule dans l'air qui nous attend,
dans la transparence du feuillage
qui touche au bleu du soir.

Tes yeux sont dans la buée de couleurs
visités par un rêve qui n'a pas de mur,
tu as la bouche invariable

De l’enfance à Noël
inguérissable à la limite
immobile du grand sommeil.
Ibid p 241
****
Syllabes de sable, c'est l'été,
rien ne bouge
sinon, séparé du monde,
ce mort en toi qui se lève.

Tu le connais,
toi l'outragé, toi l'humilié
qui vois tout cela.

Viens, je te conduirai
dans l'incendie du temps
loin de
la quotidienne imposture.

Jusqu'à ce trait d'écume
blanche comme le sommeil,
là-bas : les nuages, l'oubli.
Ibid p 263
****
Changer de maison avec d'autres bagages,
changer de ciel pour un château sans âge,
changer de souffle, de pieds, de ventre,
devenir un battement d'aile d'oiseau,

La saveur de l'air, la gaieté du chemin,
l'eau profonde d'un puits, lieu
sincère qui rit au nuage ;

Changer de rue comme on change de crâne,
circuler dans le hennissement des chevaux,
dans la sève du sycomore et la senteur
heureuse des pierres : devenir

Du sommeil flottant dans un rosier fleuri
ou dans l'étreinte du regard extrême :
tel est l'art insensé de poésie.
Ibid p 307

Liens

http://youtu.be/42Q5qFD3q-Q A une morte


Attacher un fichier:



jpg  03615.jpg (5.80 KB)
3_52daf656a9eca.jpg 111X167 px

jpg  photo-lionel-ray.jpg (330.37 KB)
3_52daf665a654e.jpg 1100X763 px

jpg  auteur_460.jpg (8.34 KB)
3_52daf670784e4.jpg 180X242 px

jpg  RAY .JPG (20.97 KB)
3_52daf67acc2c5.jpg 287X320 px

jpg  121806234_-et-autres-poemes-french-edition-9782070757312-lionel-.jpg (5.37 KB)
3_52daf68510102.jpg 300X300 px

jpg  IMG_2765.jpg (152.01 KB)
3_52daf691d1480.jpg 1000X715 px

jpg  IMG_2763-150x150.jpg (10.93 KB)
3_52daf69b682f5.jpg 150X150 px

gif  James-et-Lionel.gif (117.98 KB)
3_52daf6a6511c8.gif 567X419 px

jpg  sitetrouv10.jpg (45.46 KB)
3_52daf6b119913.jpg 393X260 px

jpg  6a00d8345238fe69e2013484aba3f9970c-150wi.jpg (9.11 KB)
3_52daf6bd47534.jpg 150X226 px

jpg  Ray-Lionel.jpg (92.95 KB)
3_52daf6ca7a719.jpg 300X450 px

jpg  1710 RIMBAUD.jpg (13.11 KB)
3_52daf6dd336cf.jpg 207X250 px

jpg  téléchargement.jpg (5.81 KB)
3_52daf6e83f80a.jpg 276X183 px

jpg  site-ray.jpg (33.02 KB)
3_52daf6f762b96.jpg 360X238 px

jpg  L.Ray__0.jpg (10.83 KB)
3_52daf7050a6f3.jpg 344X257 px

Posté le : 17/01/2014 22:50

Edité par Loriane sur 18-01-2014 22:52:18
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jean-François Revel
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 19 janvier 1924 à Marseille naît Jean-François Revel de son vrai nom

Jean-François Ricard
,

philosophe, écrivain et journaliste, il reçoit le prix chateaubriand en 1996, il est officier de la légion d'honneur, et membre de la légion d'honneur au fauteil 24, ses Œuvres principales sont, Ni Marx ni Jésus en 1970, La Tentation totalitaire en 1976, La Connaissance inutile en 1996, Le Voleur dans la maison vide. Mémoires en 1997, Le Moine et le philosophe en 1997, Baudelaire polémiste, 1968, la politique; Comment les démocraties finissent, 1983 ; L'Obsession anti-américaine, 2002, l'art Pour l'Italie, 1958, la gastronomie Un festin en paroles, 1979.
il meurt le 30 avril 2006 à 82 ans au Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne.

Jean-François Revel – de son vrai nom Jean-François Ricard – est né à Marseille le 19 janvier 1924 dans une famille franc-comtoise. Après des études en classes préparatoires au lycée du Parc à Lyon, il intègre l’École normale supérieure en 1943. Engagé très jeune dans la Résistance, cet élève de l'École normale supérieure devient agrégé de philosophie, matière qu'il enseigne en Algérie, au Mexique 1950-1952, en Italie 1952-1956 avant de revenir en France.
Il quitte l'Éducation nationale en 1963. Dans ses premières œuvres, il met durement en cause les maîtres à penser des années 1960. Journaliste à France-Observateur, où il dirige la rubrique littéraire 1960-1963, il s'engage jusqu'en 1970 en politique dans la gauche socialiste. Éditorialiste puis directeur de L'Express, il démissionne par solidarité avec Olivier Todd, rédacteur en chef, licencié en 1981. Chroniqueur sur plusieurs stations de radio Europe no 1, R.T.L., il entre au Point en 1982.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Jean-François Revel s'engage dans la Résistance à Paris sous les ordres d'Auguste Anglès. Une fois sorti de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et agrégé de philosophie, il enseigne en Algérie encore département français, à l'étranger au Mexique et en Italie, puis en France, à Lille, jusqu'en 1963.
Il se marie une première fois avec Yahne Le Toumelin peintre française dont il aura un fils et une fille : Matthieu Ricard, moine bouddhiste, écrivain, porte-parole du dalaï-lama en France, et Ève Ricard, écrivain.

Jean-François Revel avait fait preuve dans sa critique des philosophes d'une ironie féroce.
Cet auteur fécond suivait un fil directeur : la critique des ennemis de la liberté, mais aussi des mensonges, de la lâcheté et de l'hypocrisie de ceux qui cédaient devant eux. Le terme de résistance, aux tyrannies, petites et grandes, intérieures et extérieures pourrait résumer son œuvre et celui de polémique , son naturel stylistique. Revel fut en effet un formidable pamphlétaire à la manière de Voltaire Mario Vargas Llosa. Les analyses de ce polyglotte s'appuyaient sur une lecture boulimique des œuvres et de la presse internationale. Celle-ci le lui rendait bien et Revel était sans doute un des intellectuels français les plus connus hors de France depuis les années 1970.
Face à un gaullisme où il pensait repérer boursouflures nationalistes et autoritarisme et à une gauche qu'il jugeait trop complaisante à l'égard du communisme, dans lequel il voyait un ennemi juré de la démocratie, il s'affirma de plus en plus libéral.

Il se consacre ensuite à sa carrière de journaliste et d'écrivain. Il collabore ainsi de manière très régulière à la revue d'art L'Œil de 1961 à 1967.
En 1967, il épouse en secondes noces la journaliste Claude Sarraute, fille de l'écrivain Nathalie Sarraute. Le 26 mars 1970, il débat avec François de Closets et Marc Gilbert dans Volume de La femme sur la lune réalisé par Fritz Lang. Pamphlétaire et essayiste, il collabore à France-Observateur, puis devient à la fin des années 1970 directeur de L'Express, journal qu'il quittera en mai 1981 en signe de solidarité avec Olivier Todd, licencié par le propriétaire du journal Jimmy Goldsmith.
Jean-François Revel a œuvré également comme éditorialiste à des stations de radio : Europe 1 1989-1992, RTL 1995-1998.
À partir de 1982, il est chroniqueur pour le journal Le Point. Socialiste jusqu'en 1970, il rompt avec cette famille politique en publiant son premier essai politique à grand succès, Ni Marx ni Jésus, qui sera traduit dans plus de vingt langues. En 1976, il publie La Tentation totalitaire, puis un an plus tard La Nouvelle Censure.
En plus de la politique et la philosophie sujet de son premier essai pamphlétaire Pourquoi des philosophes et de son Histoire de la philosophie occidentale. De Thalès à Kant), Jean-François Revel a aussi écrit sur la littérature Sur Proust, 1960 et 1997, l'histoire de l'art L'Œil et la connaissance, 1998 et la gastronomie Un festin en paroles, 1985.

Revel a beaucoup fait pour populariser en France la bipolarité démocratie/totalitarisme qui rendait à ses yeux secondaire l'opposition droite/gauche et hiérarchisait la gravité des maux qui menaçaient les démocraties. Pour lui, les dictatures classiques ne sauraient être assimilées aux systèmes totalitaires. Les premières contrôlent une population, exigent leur soumission. Les seconds veulent refondre le social, créer un homme nouveau. Leur emprise sur tous les plans de la vie sociale et les techniques mises en œuvre pour y parvenir laissait encore au début des années 1980 planer un doute sur la réversibilité de ces régimes. Jean-François Revel fustigea d'autant plus les dirigeants des États démocratiques pour leurs faiblesses à leur égard.
Il dénonça encore dans l'anti-américanisme un trop facile pot-pourri d'arguments discutables destiné à donner corps à un bouc émissaire de nos propres insuffisances, et, dans ses dernières années, défendit les États-Unis dans leur lutte contre l'islamisme radical, vu comme une nouvelle forme de totalitarisme. Il contribua aussi à faire connaître la pensée des libéraux sud-américains, notamment le Vénézuélien Carlos Rangel ou le Péruvien Mario Vargas Llosa.
Athée, porté à un matérialisme hédoniste et rationaliste, Revel savait que l'irrationnel alimentant sous différentes formes le mensonge envers soi-même était largement répandu. C'est pourquoi les batailles qu'il mena ne doivent pas cacher un certain pessimisme anthropologique, formulé dès La Tentation totalitaire : pour lui, la liberté, qu'il chérissait et défendait si vigoureusement, n'est pas, loin de là, l'aspiration de tous les hommes.
Si l'on ajoute un formidable appétit de vie, de voyages, de rencontres, de connaissances, Jean-François Revel apparaît comme un personnage à part dans la vie culturelle française, un « marginal » (Lire, février 1997), où cohabitaient Thucydide, Cyrano de Bergerac et Gargantua : et qui savait que la seule argumentation, aussi rationnelle fût-elle, ne peut triompher. Même son style, ses recours au trait d'esprit n'y pouvaient suffire. L'accès aux institutions et à leur légitimation était un facteur important pour qu'une idée ait une influence large et durable. Voilà une des raisons, sans doute, pour lesquelles Jean-François Revel souhaita entrer à l'Académie française, où il fut reçu en 1997. Il meurt le 30 avril 2006.
La même année, il publie ses mémoires sous le titre Le Voleur dans la maison vide ainsi que Le Moine et le philosophe, un dialogue avec son fils Matthieu Ricard, moine bouddhiste tibétain, tiré à 350 000 exemplaires en France et traduit en 21 langues.

Jean-François Revel meurt le 30 avril 2006 et est enterré le 5 mai au cimetière du Montparnasse 10e division.

Pensée

En philosophie, l'essentiel de sa contribution tient dans un essai qui connut un très grand succès en 1957, Pourquoi des philosophes.
Il y explique comment la philosophie a épuisé son rôle historique qui était de donner naissance à la science. Depuis Kant, la biologie, la physique et plus tard la psychologie se sont détachées de la philosophie qui est devenue un genre littéraire. La discipline qui consistait à tenter de donner une explication globale de la réalité a donc abouti à l'émergence de la science. C'est ce qui conduira Revel à se moquer de l'existentialisme, du bergsonisme, du lacanisme, de Hegel, et de tous ceux qui prétendaient proposer des systèmes globaux d'interprétation du réel à la place des scientifiques.
Revel est souvent défini comme un philosophe rationaliste. Pour Revel, c'est toute la philosophie en tant qu'interprétation du monde qu'il convient de rejeter. La philosophie, ennemie de la science et de la vérité, voilà ce que Revel révèle.
On lui doit la théorisation en 1979 du droit d'ingérence.
Après la signature du Programme commun du Parti socialiste avec les communistes français en 1972, il rompt avec François Mitterrand, à qui il reproche de priver la gauche de toute chance d'accéder au pouvoir en se laissant phagocyter par les communistes.
Il dénonce un grand nombre de propositions du programme commun émanant directement du PCF, particulièrement en matière d'édition et d'information. Hostile au gaullisme, il ne cessera de reprocher au Parti socialiste ses collusions avec les totalitarismes communistes. À ceux qui lui reprocheront de se rapprocher des libéraux, il répondra que pour lui, la gauche a toujours été libérale, mais que c'est la gauche française qui a cessé de l'être.
Pour Revel, le socialisme n'est viable que dans une économie performante, car l'État-providence ne peut vivre que soutenu par une économie productive. Or, les économies capitalistes libérales ayant prouvé qu'elles étaient les plus efficaces à faire s'améliorer le niveau de vie des sociétés humaines, le libéralisme ne devrait pas être rejeté par la gauche française in La tentation totalitaire en 1976.
Il fut un contributeur régulier de la revue Commentaire fondée par Raymond Aron et Jean-Claude Casanova en 1978. Dans les milieux intellectuels, Jean-François Revel a été l'un des principaux critiques français du marxisme, dont le poids l'a amené à s'éloigner de la gauche politique.

Décorations

Officier de la Légion d'honneur
Officier de l’ordre de la Croix du Sud du Brésil
Grand officier de l’ordre de Henri le Navigateur du Portugal
Commandeur de l'ordre d'Isabelle la Catholique

Œuvres

Histoire de Flore, Julliard, 1957.
Pourquoi des philosophes, Julliard, 1957
Pour l'Italie, Julliard, 1958.
Le Style du général, Julliard, 1959.
Sur Proust, Julliard, 1960.
La Cabale des dévots, Julliard, 1962.
En France, la fin de l'opposition, Julliard, 1965.
Contrecensures, Jean-Jacques Pauvert, 1966.
Lettre ouverte à la droite, Albin Michel, 1968.
Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, 1970.
Idées de notre temps, Robert Laffont, 1972.
Descartes inutile et incertain, 1976.
La Tentation totalitaire, 1976.
La nouvelle censure, 1977.
La Grâce de l'État, 1981.
Comment les démocraties finissent, Grasset, Paris, 1983, (ISBN 2-246-28631-X)
Le Rejet de l'État, 1984.
Une anthologie de la poésie française, Robert Laffont, 1984.
Le Terrorisme contre la démocratie, Hachette, 1987.
La Connaissance inutile, 1988.
L'Absolutisme inefficace, ou Contre le présidentialisme à la française, 1992.
Le Regain démocratique, 1992.
Histoire de la philosophie occidentale, de Thalès à Kant, Editions Nil, 1994, rééd. Pocket, 2003.
Le Moine et le philosophe (dialogue avec son fils Matthieu Ricard), 1997.
Le Voleur dans la maison vide. Mémoires, Plon, 1997, (ISBN 2-259-18022-1)
L'Oeil et la Connaissance, écrits sur l'art, Plon, 1998.
Fin du siècle des ombres, 1999.
La Grande Parade. Essai sur la survie de l'utopie socialiste, 2000.
Les Plats de saison. Journal de l'année 2000, Plon, Editions du Seuil, 2001.
L'Obsession anti-américaine, 2002.
Fin du siècle des ombres, Pocket, 2002.
Un festin en paroles : histoire littéraire de la sensibilité gastronomique de l'Antiquité à nos jours, Tallandier, 2007.

Posté le : 17/01/2014 21:52
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Edgar Allan Poe 2 suite
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne

Postérité Influence littéraire d'Edgar Allan Poe dans la culture populaire,

Edgar Poe est un auteur prolifique, qui laisse deux romans, de nombreux contes et poèmes, outre ses essais, ses critiques littéraires et son abondante correspondance. Une partie importante de ses contes et poèmes ont été traduits en français par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. D'une très grande qualité littéraire, ces traductions comportent cependant quelques erreurs et libertés par rapport à l'original, parfois graves pour la compréhension de la pensée de Poe.
Si les poèmes ont pu faire l'objet de retraductions, le rôle joué par Baudelaire dans la célébrité de Poe en Europe empêche tout travail en ce sens, et seuls les textes qu'il a laissé de côté ont fait l'objet de traductions plus récentes. On trouve plusieurs contes et poèmes de Poe en accès libre sur le web.
Pendant longtemps, l'image d'Edgar Poe fut tronquée ; elle l'est encore dans une partie importante du public.
Poe fut victime d'un pasteur baptiste bien-pensant, par ailleurs littérateur jaloux, Rufus Griswold 1815-1857 — le pédagogue vampire, selon le mot de Baudelaire —, qui s'acharna à détruire son image.
Le 9 octobre 1849, déjà, il écrivait dans le New York Tribune : Edgar Poe est mort. Il est mort à Baltimore avant-hier. Ce faire-part étonnera beaucoup de personnes, mais peu en seront attristées. … L'art littéraire a perdu une de ses plus brillantes et de ses plus bizarres célébrités.
Par la suite, chargé avec James Russell Lowell et Nathaniel Parker Willis d'assurer l'édition des Œuvres posthumes de Poe, il rédigea une notice biographique parue en tête du troisième tome, chef d'œuvre d'ambiguïtés suggestives, de faux vraisemblables, de mensonges masqués, d'imaginations superbement jouées selon Claude Richard.
Il prétendit ainsi qu'il était alcoolique, mélancolique, c'est-à-dire victime d'un déséquilibre mental, et que c'était un personnage sinistre qui avait des éclairs de génie. Les légendes qu'il forgea eurent longtemps seules droit de cité, malgré les protestations des amis de Poe Sarah Helen Whitman, John Neal, George Rex Graham, George W. Peck, Mrs Nichols ou Mrs Weiss. C'est grâce aux travaux de John Henry Ingram 1880, James A. Harrison 1902 et Arthur Hobson Quinn 1941 que la vérité sur le travail de l'écrivain fut rétablie, avec l'édition, en 1902, des œuvres complètes de Poe, dite Virginia Édition, qui comporte dix-sept volumes.
En France même, où ses œuvres ont connu très tôt un large écho, grâce essentiellement aux efforts de Charles Baudelaire, nombre d'études témoignent d'une méconnaissance assez large du poète américain.
Une part des légendes qui se colportent ont d'ailleurs été transmises par Baudelaire, lui-même, qui s'est reconnu dans cette image de l'écrivain hanté et misérable et l'a présenté avec trop d'insistance comme le parangon des poètes maudits et sulfureux. Même s'il dénonce largement les légendes colportées par Rufus Griswold parmi lesquelles celle de l'alcoolisme de Poe, rappelant que, selon plusieurs témoins, il ne buvait généralement que fort peu, il décrit ce supposé alcoolisme comme un moyen mnémonique, une méthode de travail. De même, il lui attribue ses propres penchants pour la drogue.

Plus tard, en 1933, Marie Bonaparte se livra à une importante étude psychanalytique, qui est fréquemment citée parmi les grandes critiques de Poe et de son œuvre, et qui a eu une grande influence sur la réception de l'œuvre de Poe, ne serait-ce qu'en raison de son analyse des textes de Poe suivant le prisme de la psychanalyse freudienne. Cela dit, plusieurs critiques considèrent son ouvrage comme assez contestable dans sa manière de reproduire et d'amplifier certaines légendes véhiculées par Griswold. Par exemple, elle affirme qu'Edgar Poe aurait aperçu, dans sa petite enfance, ses parents faisant l'amour, déduisant de cet événement des complexes dont témoigneraient, selon elle, ses textes. Influencée par les légendes répétées à l'envi depuis Griswold, qui présentent Poe comme un être neurasthénique, alcoolique, drogué, marqué par la fatalité, elle fait partie des analystes qui considèrent que Poe a écrit une œuvre largement autobiographique, transcrivant sur le papier ses propres terreurs. Pour ce faire, si elle corrige certaines erreurs de la traduction de Baudelaire, elle se livre elle-même à certaines déformations, pour justifier son propos. Ainsi, la phrase : Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de l'âme — que j'ai déduit cette terreur de ses seules sources légitimes et ne l'ai poussée qu'à ses seuls résultats légitimes., tirée de la préface des Contes du grotesque et de l'arabesque, devient, sous sa plume : Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de mon âme. Pour ces critiques, cette lecture ignore pour une part le travail de l'écrivain et méconnaît la pensée de Poe, que l'auteur prétend qualifier de nécrophile en partie refoulé en partie sublimé. Ainsi, selon le psychanalyste Édouard Pichon, les études des psychanalystes sur les artistes, représentées surtout, en France, par celles de Laforgue sur Baudelaire et de Marie Bonaparte sur Edgard Poë, contiennent maints éléments intéressants, mais Freud a le bon sens d'écrire que la psychanalyse ne peut rien nous dire de relatif à l'élucidation artistique". Par ailleurs, et dans une perspective très différente de celle d'une Marie Bonaparte ou d'un René Laforgue, Jacques Lacan a également livré un commentaire psychanalytique de la nouvelle intitulée La Lettre volée.

Hommages

Depuis 1917, une statue d'Edgar Allan Poe réalisée par Moses Ezekiel est installée dans le campus de la faculté de droit de l'université de Baltimore, à l'initiative de l'Edgar Allan Poe Memorial Association of Baltimore, fondée en avril 1907 par le Women's Literary Club of Baltimore.
Une statue en bronze de l'auteur, œuvre de Charles Rudy, a été offerte à la ville de Richmond par le Dr George Edward Barksdale. Installée avec un socle de granit rose sur le square près du Capitole de l'État de Virginie le 30 janvier 1959, elle a été inaugurée le 7 octobre suivant.
Une plaque commémorative a été apposée le 19 janvier 1989, pour le 180e anniversaire de sa naissance, sur la façade d'un immeuble pres de Carver Street, actuellement, Charles Street South, dans le quartier de Bay Village, à Boston, où il a vu le jour. Puis, le 27 avril 2009, lors du bicentenaire de sa naissance, le maire de Boston, Thomas Menino, a inauguré avec Paul Lewis, professeur à Boston College, le square Poe, situé dans le même quartier, à l'angle de Boylston Street et de Charles Street, en face du Boston Common
L'université de Virginie, à Charlottesville, conserve la mémoire d'Edgar Allan Poe et de la chambre où il a vécu de février 1826 à mars 1827. On a donné son nom à l'allée, Poe Alley qui borde le bâtiment.
La West 84th Street, à New York, a été baptisée Edgar Allen Poe Street. Elle est située dans l'Upper West Side, au nord-ouest de Manhattan, entre Riverside Park et Central Park, et coupée par Broadway. C'est là que se trouvait la ferme des Brennan, où les Poe ont vécu quelque temps entre 1844 et 1845. On trouve également une place à son nom dans le Bronx, à proximité du cottage où les Poe ont habité entre 1846 et 184962.
En 1927, une voie a été ouverte dans la zone de la butte Bergeyre, située dans le quartier du Combat, au sud-ouest du 19e arrondissement de Paris, à proximité du parc des Buttes-Chaumont ; elle a été baptisée rue Edgar-Poe l'année suivante.
Plusieurs autres rues portent son nom dans le monde, notamment à Berkeley, Bologne, Carhaix-Plouguer, Fontaine-le-Comte, Hartsdale État de New York, Le Havre, Laredo Texas, Mérignac, Nîmes, Niort, Palerme, Palo Alto, Portland, Providence, Reggio d'Émilie, Richmond, São José dos Pinhais, San Diego, Staten Island, Tours, Woodmere État de New York, Xàbia ; des avenues à Ames, Cleveland, Dayton, East Meadow, Lithopolis Ohio, Mount Pleasant Caroline du Sud, Newark, Northridge Ohio, Somerset New Jersey, Stafford Virginie, Urbana, Vandalia Ohio, Westfield, Worthington Ohio ; des places à Baldwin État de New York, Fairfield, Piscataway, Shelton, South Plainfield New Jersey, Westerville Ohio ; des cours à Annandale Virginie, Kendall Park New Jersey et Morganville New Jersey, à Norfolk, New Windsor État de New York, North Wales Pennsylvanie, Roxbury New Jersey, Staten Island, Williamstown New Jersey.
Plusieurs écoles ont adopté son nom, notamment les écoles élémentaires d’Arlington Heights Illinois, de Suitland, dans le comté de Prince George (Maryland) (Maryland), ou de Girard Estate, au sud de Philadelphie, inscrite dans le NRHP depuis le 4 décembre 1986, ainsi que l’école élémentaire et secondaire (Junior High School) de San Antonio. À Paris, un lycée privé sous contrat, le lycée Edgar-Poe, porte son nom depuis sa création en 1965 dans le 10e arrondissement de Paris.

Demeures conservées

Musée Edgar Allan Poe de Richmond.
La plus ancienne des maisons existant encore où ait vécu Poe se trouve à Baltimore. Elle est conservée sous la forme d’un Musée Edgar Allan Poe. Poe est censé avoir vécu dans cette maison à 23 ans, quand il s’installa une première fois avec Maria Clemm et Virginia ainsi que sa grand-mère et, peut-être, son frère William Henry Leonard Poe. Elle est ouverte au public, de même que le siège de la Société Edgar Allan Poe.
Poe, son épouse Virginia et sa belle-mère Maria ont, par la suite, loué plusieurs maisons à Philadelphie, mais seule la dernière de ces maisons est encore debout. La maison de Spring Garden, où vécut l’auteur en 1843-1844, est aujourd’hui conservée par le Service des parcs nationaux en tant que Site historique national Edgar Allan Poe. Elle se situe entre la 7e rue et la rue Spring Garden et est ouverte du mercredi au dimanche de 9 heures à 17 heures.
La dernière maison de Poe, un cottage dans le Bronx, à New York, est également conservée.
La plus ancienne maison de Richmond, baptisée Virginia, où Poe n’a jamais vécu, est aujourd’hui le siège d’un Musée Edgar Allan Poe, centré sur les premières années de l’écrivain auprès de la famille Allan.

Adaptation de ses œuvres

Liste d'adaptations d'œuvres d'Edgar Allan Poe à la télévision et au cinéma.

The Fall of the House of Usher

Au cinéma la première adaptation est le film français muet en 1928 La Chute de la maison Usher réalisé par Jean Epstein. Suit un court métrage muet d'horreur américain la même année : The Fall of the House of Usher réalisé par James Sibley Watson and Melville Webber. Il faut attendre 1960 pour voir La Chute de la maison Usher, film fantastique américain réalisé par Roger Corman. Dans les années 2000 plusieurs film ont été réalisés.
The Fall of the Louse of Usher film d'horreur anglais de Ken Russell interprété par lui-même et Mediæval Bæbes. L'année suivante : Descendant72 film hollandais en anglais avec Katherine Heigl et Jeremy London.
En 2004 : Usher écrit et réalisé par Roger Leatherwood. Et en 2006, The House of Usher film policier réalisé par Hayley Cloake.
Trois opéras ont également été écrit : La Chute de la maison Usher opéra inachevé, il travailla à sa partition de 1908 à 1917, mais ne l'acheva jamais en un acte et deux scènes que Claude Debussy composa sur son propre livret. Une première version de The Fall of the House of Usher par Glass et une seconde The Fall of the House of Usher un opéra rock de Peter Hammill.

The Tell-Tale Heart (1843)

La première adaptation eu lieu en 1914 : La Conscience vengeresse The Avenging Conscience ou Thou Shalt Not Kill en anglais film américain réalisé par D. W. Griffith. Puis Le Cœur révélateur The Tell-Tale Heart en anglais court-métrage américain réalisé par Jules Dassin, sorti en 1941.
Un nouveau court métrage américain de moins de dix minutes portant le même titre The Tell-Tale Heart sort en 1953. Un troisième film portant le même titre original sort en 1960, il s'agit d'un long métrage d'horreur de 78 minutes réalisé par Ernest Morris. En 2009 sort le long métrage anglo-américain Tell tale réalisé par Michael Cuesta avec Josh Lucas, Lena Headey et Brian Cox.
En 2012, Ryan Connolly sort un court-métrage d'horreur psychologique Tell.
Le jeu vidéo The Dark Eye dans ses énigmes fait référence à Poe et à The Tell-Tale Heart.

The Raven (1845)

The Raven a été adapté six fois au cinéma à commencer en 1915 par un film muet sur la biographie d'Edgar Allan Poe réalisé par Charles Brabin avec Charles Brabin dans le rôle d'Edgar Poe. Puis en 1935 sort le film horreur américain Le Corbeau The Raven de Lew Landers avec Boris Karloff et Béla Lugosi.
En 1963 sort le film fantastique américain Le Corbeau de Roger Corman avec à nouveau Boris Karloff, Jack Nicholson et Vincent Price. La quatrième adaptation The Raven82 sort en 2006 dirigée par le réalisateur allemand Ulli Lommel. En 2011 le réalisateur britannique Richard Driscoll sort Evil Calls: The Raven. En 2012 la sixième adaptation se nomme L'Ombre du mal ou Le Corbeau au Québec, The Raven, qui est un thriller américain réalisé par James McTeigue.

Œuvres

Théâtre


Politien (Politian, Richmond, Southern Literary Messenger, deux livraisons, décembre 1835–janvier 1836, inachevé)
"Edgar Poe, le fantôme de Baudelaire", adaptation libre de la correspondance de Baudelaire et de Barbey d'Aurevilly par Gérald Stehr, TriArtis éditions, mai 2013, ISBN : 978-2- 916724-46-1

Romans

Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, deux livraisons, Southern Literary Messenger, janvier-février 1837 ; en volume, juillet 1838)
Le Journal de Julius Rodman (The Journal of Julius Rodman, six livraisons, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, janvier-juin 1840), inachevé

Essais

Lettre à B… (Letter to M., Poems, New York, Elam Eliss, 1831 ; Letter to B —, Richmond, Southern Literary Messenger, juillet 1836)
Le Joueur d'échecs de Maelzel (Maelzel's Chess Player, Richmond, Southern Literary Messenger, avril 1836)
Philosophie de l'ameublement (The Philosophy of Furniture, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, mai 1840)
Quelques mots sur l'écriture secrète (A Few Words on Secret Writing, Philadelphie, Graham's Magazine, juillet 1841)
Exorde (Exordium, Philadelphie, Graham 's Magazine, janvier 1842)
La Philosophie de la composition (The Philosophy of Composition, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1846), titre exact de La Genèse d'un poème
L'Art du conte Nathaniel Hawthorne (Tale-Writing-Nathaniel Hawthorne, Godey's Ladys Book, novembre 1847)
Eureka (Eureka: A Prose Poem, New York, Wiley & Putnam, mars 1848)
Le Fondement de la métrique (The Rationale of Verse, Richmond, Southern Literary Messenger, octobre 1848)
Marginalia (New York, J. S. Redfield décembre 1850), recueil posthume de brefs textes parus dans divers journaux entre 1844 et 1849
Le Principe poétique (The Poetic Principle, Southern Literary Messenger, 31 août 1850), posthume

Contes et nouvelles

Voir la catégorie dédiée : Catégorie:Nouvelle d'Edgar Allan Poe
Metzengerstein (Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 14 janvier 1832)
Le Duc de l'Omelette (The Duc De L'Omelette, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 3 mars 1832)
Un événement à Jérusalem (A Tale of Jerusalem, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 9 juin 1832)
Perte d'haleine (Loss of Breath, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 10 novembre 1832)
Bon-Bon (Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 1er décembre 1832)
Manuscrit trouvé dans une bouteille (MS. Found in a Bottle, Baltimore, Baltimore Saturday Visiter, 19 octobre 1833)
Le Rendez-vous (The Assignation, Richmond, Godey's Lady's Book, janvier 1834)
Bérénice (Berenice, Richmond, Southern Literary Messenger, mars 1835)
Morella (Richmond, Southern Literary Messenger, avril 1835)
Lionnerie (Lionizing, Richmond, Southern Literary Messenger, mai 1835)
Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (The Unparalleled Adventure of One Hans Pfaall, Richmond, Southern Literary Messenger, juin 1835)
Le Roi Peste (King Pest, Richmond, Southern Literary Messenger, septembre 1835)
Ombre (Shadow - A Parable, Richmond, Southern Literary Messenger, septembre 1835)
Quatre bêtes en une (Four Beasts in One - The Homo-Cameleopard, Richmond, Southern Literary Messenger, mars 1836)
Mystification (American Monthly Magazine, juin 1837)
Silence (Silence - A Fable, Baltimore, Baltimore Book, automne 1837)
Ligeia (Baltimore American Museum, septembre 1838)
Comment écrire un article à la Blackwood (How to Write A Blackwood Article, Baltimore, Baltimore American Museum, novembre 1838)
Une position scabreuse (A Predicament, Baltimore, Baltimore American Museum, novembre 1838)
Le Diable dans le beffroi (The Devil in the Belfry, Philadelphie, Saturday Chronicle and Mirror of the Times, 18 mai 1839)
L'Homme qui était refait (The Man That Was Used Up, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, août 1839)
La Chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, septembre 1839)
William Wilson (Philadelphie, The Gift: A Christmas and New Year's Present for 1840, octobre 1839)
Conversation d'Eiros avec Charmion (The Conversation of Eiros and Charmion, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, décembre 1839)
L'Homme d'affaires (The Business Man, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, février 1840)
Philosophie de l'ameublement (Philadelphie, mai 1840)
Pourquoi le petit Français porte-t-il le bras en écharpe? (Why the Little Frenchman Wears His Hand in a Sling, Philadelphie, Tales of the Grotesque and Arabesque, 1840)
Préface des Contes du Grotesque et de l'Arabesque (Philadelphie, 1840)
L'Homme des foules (The Man of the Crowd, Philadelphie, Graham's Magazine, décembre 1840)
Double assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1841)
Une descente dans le Maelstrom (A Descent into the Maelström, Philadelphie, Graham's Magazine, mai 1841)
L'Île de la fée (The Island of the Fay, Philadelphie, Graham's Magazine, juin 1841)
Colloque entre Monos et Una (The Colloquy of Monos and Una, Philadelphie, Graham's Magazine, août 1841)
Ne pariez jamais votre tête au diable (Never Bet the Devil Your Head, Philadelphie, Graham's Magazine, septembre 1841)
Éléonora (Eleonora, Philadelphie, The Gift for 1842, 4 septembre 1841)
La Semaine des trois dimanches (Three Sundays in a Week, Saturday Evening Post, 27 novembre 1841)
Le Portrait ovale (The Oval Portrait, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1842)
Le Masque de la Mort Rouge (The Masque of the Red Death, Philadelphie, Graham's Magazine, mai 1842)
Le Jardin paysage (The Landscape Garden, Snowden's Ladies' Companion, octobre 1842), texte fondu plus tard dans Le Domaine d'Arnheim
Le Mystère de Marie Roget (The Mystery of Marie Roget, Snowden's Ladies' Companion, novembre et décembre 1842, février 1843)
Le Puits et le Pendule (The Pit and the Pendulum, The Gift: A Christmas and New Year's Present, 1843)
Le Cœur révélateur (The Tell-Tale Heart, The Pioneer, janvier 1843)
Le Scarabée d'or (The Gold-Bug, Philadelphie, Dollar Newspaper, 21 et 28 juin 1843)
Le Chat noir (The Black Cat, Philadelphie, United States Saturday Post, 19 août 1843)
De l'escroquerie considérée comme l'une des sciences exactes (Diddling, intitulé à l'origine : Raising the Wind; or, Diddling Considered as One of the Exact Sciences, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 14 octobre 1843)
Un matin sur le Wissahicon (Morning on the Wissahiccon, The Opal, automne 1843)
Les Lunettes (The Spectacles, Dollar Newspaper, 27 mars 1844)
Le Canard au ballon (New York, 13 avril 1844)
Souvenirs de M. Auguste Bedloe (A Tale of the Ragged Mountains, Godey's Lady's Book, avril 1844)
L'Enterrement prématuré (The Premature Burial, Dollar Newspaper, 31 juillet 1844)
Révélation magnétique (Mesmeric Revelation, Columbian Magazine, août 1844)
La Caisse oblongue (The Oblong Box, Godey's Lady's Book, septembre 1844)
L'Ange du bizarre (The Angel of the Odd, Columbian Magazine, octobre 1844)
La Lettre volée (The Purloined Letter, The Gift: A Christmas and New Year's Present, automne 1844)
C'est toi l'homme !, d'abord traduit sous le titre: Ecce homo (Thou Art the Man, Godey's Lady's Book, novembre 1844)
La Vie littéraire de Monsieur Thingum bob, ancien rédacteur en chef de L'Oie soiffarde The Literary Life of Thingum Bob, Esq., Richmond, Southern Literary Messenger, décembre 1844
Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade (The Thousand-and-Second Tale of Scheherazade, Godey's Lady's Book, février 1845)
Petite Discussion avec une momie (Some Words with a Mummy, The American Review, avril 1845)
Puissance de la parole (The Power of Words, Democratic Review, juin 1845)
Le Démon de la perversité (The Imp of the Perverse, Philadelphie, Graham's Magazine, juillet 1845)
Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (The System of Doctor Tarr and Professor Fether, Philadelphie, Graham's Magazine, novembre 1845)
La Vérité sur le cas de M. Valdemar (The Facts in the Case of M. Valdemar, The American Review, décembre 1845)
Le Sphinx (The Sphinx, Arthur's Ladies Magazine, janvier 1846)
La Barrique d'amontillado (The Cask of Amontillado, Godey's Lady's Book, novembre 1846)
Le Domaine d'Arnheim (The Domain of Arnheim, Columbian Lady's and Gentleman's Magazine, mars 1847)
Mellonta Tauta (Flag of Our Union, février 1849)
Hop-Frog (Flag of Our Union, 17 mars 1849)
Von Kempelen et sa découverte (Von Kempelen and His Discovery, Flag of Our Union, 14 avril 1849)
Un Entrefilet aux X (X-ing a Paragrab, Flag of Our Union, 12 mai 1849)
Le Cottage Landor (Landor's Cottage, Flag of Our Union, 9 juin 1849)
Introduction du recueil Le Club de l'In-Folio (1850, posthume)
Le Phare (The Light-House, Londres, Notes and Queries 25 avril 1942, manuscrit incomplet)

Poèmes

Poésie (Poetry, écrit en 1824, édition posthume)
Ô, temps! Ô, mœurs! (O, Tempora! O, Mores!, écrit en 1825, édition posthume, non authentifié par Poe)
Tamerlan (Tamerlane, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Chanson (Song, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Imitation (Imitation, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Un rêve (A Dream, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Le Lac (The Lake, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Les Esprits des morts (Spirits of the Dead, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
L'Étoile du soir (Evening Star, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Rêves (Dreams, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Stances (Stanzas, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Le Jour le plus heureux (The Happiest Day, 15 septembre 1827, The North American)
À Margaret (To Margaret, vers 1827, édition posthume)
Seul (Alone, écrit en 1829, édition posthume)
À Isaac Lea (To Isaac Lea, écrit vers 1829, édition posthume)
À la rivière —— (To The River ——, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
À —— (To ——, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
La Romance (Romance, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
Le Pays des fées (Fairy-Land, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
À la science (Sonnet - To Science, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
Al Aaraaf (Al Aaraaf, 1829, Tamerlane, and Minor Poems)
Un acrostiche (An Acrostic , écrit en 1829, édition posthume)
Elizabeth (Elizabeth, écrit en 1829, édition posthume)
À Hélène (To Helen, 1831, Poems)
Un péan (A Pæan, 1831, Poems)
La Dormeuse (The Sleeper, 1831, Poems)
La Cité dans la mer (The City in the Sea , 1831, Poems)
La Vallée de l'angoisse (The Valley of Unrest, 1831, Poems)
Israfel (Israfel, 1831, Poems)
Énigme (Enigma, 2 février 1833, Baltimore Saturday Visiter)
Fanny (Fanny, 18 mai 1833, Baltimore Saturday Visiter)
Le Colisée (The Coliseum, 26 octobre 1833, Baltimore Saturday Visiter)
Sérénade (Serenade, 20 avril 1833, Baltimore Saturday Visiter)
À quelqu'un au paradis (To One in Paradise, janvier 1834, Godey's Lady's Book)
Hymne (Hymn, avril 1835, Southern Literary Messenger)
À Elizabeth (To Elizabeth, septembre 1835, Southern Literary Messenger, réédité sous le titre : To F——s S. O——d en 1845)
Ode à la reine de mai (May Queen Ode , écrit vers 1836, édition posthume)
Chanson spirituelle (Spiritual Song, écrit en 1836, édition posthume)
Hymne latin (Latin Hymn, mars 1836, Southern Literary Messenger)
Ballade de noces (Bridal Ballad, janvier 1837, Southern Literary Messenger, publié d'abord sous le titre : Ballad)
À Zante (Sonnet - To Zante, janvier 1837, Southern Literary Messenger)
Le Palais hanté (The Haunted Palace, avril 1839, American Museum)
Un sonnet - Le silence (Silence–A Sonnet, 4 janvier 1840, Saturday Courier)
Lignes sur Joe Locke (Lines on Joe Locke, 28 février 1843, Saturday Museum)
Le Ver vainqueur (The Conqueror Worm, janvier 1843, Graham's Magazine)
Lénore (Lenore, février 1843, The Pioneer)
Une chanson de campagne (A Campaign Song, écrit en 1844, fragment - édition posthume)
Terre de songe (Dream-Land, juin 1844, Graham's Magazine)
Impromptu. À Kate Carol (Impromptu. To Kate Carol, 26 avril 1845, Broadway Journal)
À F—— (To F——, avril 1845, Broadway Journal, réédité sous le titre :To Frances le 6 septembre 1845 dans le Broadway Journal)
Eulalie (Eulalie, juillet 1845, American Review: A Whig Journal)
Épigramme pour Wall Street (Epigram for Wall Street, 23 janvier 1845, Evening Mirror)
Le Corbeau (The Raven, 29 janvier 1845, Evening Mirror)
Le Droit divin des rois (The Divine Right of Kings, octobre 1845, Graham's Magazine)
Une valentine (A Valentine, 21 février 1846, Evening Mirror, publié originellement sous le titre : To Her Whose Name Is Written Below)
Le Médecin bien-aimé (Beloved Physician, écrit en 1847, inachevé, édition posthume)
Profondément en terre (Deep in Earth, écrit en 1847, inachevé, édition posthume)
À M. L. S—— (1847) (To M. L. S——, 13 mars 1847, The Home Journal)
Ulalume (Ulalume, décembre 1847, American Whig Review)
Lignes sur la bière (Lines on Ale, écrit en 1848, édition posthume)
À Marie Louise (To Marie-Louise, mars 1848, Columbian Magazine)
Une énigme (An Enigma, mars 1848, Union Magazine of Literature and Art)
À Hélène (To Helen, novembre 1848, Sartain's Union Magazine)
Un rêve dans un rêve (A Dream Within A Dream, 31 mars 1849, The Flag of Our Union)
Eldorado (Eldorado, 21 avril 1849, Flag of Our Union)
Pour Annie (For Annie, 28 avril 1849, Flag of Our Union)
À ma mère (To My Mother, 7 juillet 1849, Flag of Our Union)
Annabel Lee (Annabel Lee, 9 octobre 1849, New York Daily Tribune, édition posthume)
Les Cloches (The Bells, novembre 1849, Sartain's Union Magazine, édition posthume)

Liens

http://youtu.be/NElAKX8mCOI La chute de la maison Uscher
http://youtu.be/OJeIACeSf-M Le corbeau brrr...
http://youtu.be/tsp0y7N-YtA Histoires extraordinaires
http://youtu.be/n0zkFo3IkcY Burton et Allan Poe
http://youtu.be/gfOjuj3Pyjg Le coeur révélateur
http://youtu.be/b1d4DfM-kk4 La lettre volée
http://youtu.be/wOL_Ef0A3is Le diable dans le beffroi
http://youtu.be/7l31vTPjRwU Manuscrit trouvé dans une bouteille
http://youtu.be/Y5LIAkJJELw Waldemar en Allemand (ambiance)


Attacher un fichier:



jpg  220px-Edgar_Allan_Poe_portrait.jpg (12.62 KB)
3_52daf03f061c6.jpg 220X273 px

jpg  Edgar-Allan-Poe.jpg (98.13 KB)
3_52daf070aa162.jpg 329X451 px

gif  zpoeimgi.gif (22.40 KB)
3_52daf0f38f691.gif 350X236 px

jpg  edgar-allan-poe1.jpg (295.83 KB)
3_52daf1035f8c0.jpg 1200X1688 px

jpg  Edgar_Allan_Poe_by_magnetic_eye.jpg (392.84 KB)
3_52daf11340712.jpg 612X842 px

jpg  edgar_allan_poe_by_nevermore_ink-d49xd3t.jpg (182.67 KB)
3_52daf11fa137c.jpg 900X1107 px

jpg  6a00e54fe4158b88330192ac7d2dfb970d-320wi.jpg (85.77 KB)
3_52daf1433db0e.jpg 317X500 px

jpg  edd34eaa2098b0ba_EDGAR-ALLAN-POE.jpg (24.95 KB)
3_52daf14fe7b4d.jpg 272X404 px

jpg  edgar-allan-poe-enquete1.jpg (39.38 KB)
3_52daf15bdec7e.jpg 300X457 px

jpg  edgar-allan-poe-41.jpg (188.53 KB)
3_52daf16f230df.jpg 719X900 px

jpg  nevermoreb.jpg (118.68 KB)
3_52daf17c6f51c.jpg 420X789 px

jpg  Edgard-Allan-Poe-iPoe-ebook-IDBOOX.jpg (8.83 KB)
3_52daf197ec7d1.jpg 250X191 px

jpg  EAP-edgar-allan-poe-11425491-500-500.jpg (143.94 KB)
3_52daf1a56ce37.jpg 500X500 px

jpg  dark-tales-le-chat-noir-edgar-allan-poe_feature.jpg (15.13 KB)
3_52daf1b1eaf61.jpg 175X150 px

jpg  Edgar_Allan_Poe.jpg (24.66 KB)
3_52daf1bb8645a.jpg 290X314 px

Posté le : 17/01/2014 19:15

Edité par Loriane sur 18-01-2014 22:27:58
Edité par Loriane sur 18-01-2014 22:29:20
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Edgar Allan Poe 1
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 19 Janvier 1809 naît à Boston Massachussets, Edgar A.Perry, soit Edgar

Allan Poe,


Romancier, nouvelliste, poète, critique littéraire et éditeur de langue anglaise auteur de Roman policier, fantastique, parodie, satire, du mouvement romantisme, il décède le à 40 ans le 7 Octobre 1849.
ses oeuvres principales sont, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Ligeia, La Chute de la maison Usher, William Wilson, Double assassinat dans la rue Morgue, Le Masque de la Mort Rouge, Le Puits et le Pendule, Le Cœur révélateur, Le Scarabée d'or, Le Chat noir, La Lettre volée, Le Corbeau, La Barrique d'amontillado, Hop-Frog, Annabel Lee

Écrivain américain dont on retiendra au premier chef l'éclectisme, Edgar Poe, bien que sa célébrité repose plus particulièrement sur quelques contes fantastiques ou policiers et deux ou trois poèmes, s'est en réalité illustré dans tous les genres littéraires : critique, essai, conte, roman, poésie, dialogue et traité philosophiques. Sa vie et son œuvre ont toujours donné lieu à des débats passionnés et suscité des commentaires contradictoires, tant chez les critiques que parmi les écrivains de tout premier rang. De plus, l'estime où l'on tient l'œuvre de Poe en France depuis que Baudelaire consacra tous ses efforts à la traduire et à la commenter, de 1856 à 1865, constitue encore aux yeux de certains Américains un des plus étonnants mystères de l'histoire littéraire. Les controverses d'ordre biographique ont été, pour la plupart, suscitées par le mémoire calomniateur que le révérend Rufus Griswold publia peu après sa mort par dépit ou jalousie. Les nombreuses études psychanalytiques de l'œuvre et de la personnalité d'Edgar Poe ont prolongé ce débat qui conserve toute son actualité et s'organise principalement autour des sources de son génie : folie ou maîtrise artistique supérieure.

Il fut l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour ses contes — genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique — il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique.
Né à Boston, Edgar Allan Poe perd ses parents, David Poe Jr. et Elizabeth Arnold, dans sa petite enfance ; il est recueilli par John et Frances Allan de Richmond, en Virginie, où il passe l’essentiel de ses jeunes années, si l’on excepte un séjour en Angleterre et en Écosse, dans une aisance relative.
Après un bref passage à l’Université de Virginie et des tentatives de carrière militaire, Poe quitte les Allan. Sa carrière littéraire débute humblement par la publication anonyme d’un recueil de poèmes intitulés Tamerlan et autres poèmes en 1827, signés seulement par un Bostonien.
Poe s’installe à Baltimore, où il vit auprès de sa famille paternelle et abandonne quelque peu la poésie pour la prose. En juillet 1835, il devient rédacteur-assistant au Southern Literary Messenger de Richmond, où il contribue à augmenter les abonnements et commence à développer son propre style de critique littéraire. La même année, à vingt-sept ans, il épouse sa cousine germaine Virginia Clemm, alors âgée de 13 ans.
Après l’échec de son roman Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Poe réalise son premier recueil d’histoires, les Contes du Grotesque et de l’Arabesque, en 1839. La même année, il devient rédacteur au Burton's Gentleman's Magazine, puis au Graham's Magazine à Philadelphie. C'est à Philadelphie que nombre de ses œuvres parmi les plus connues ont été publiées.
Dans cette ville, Poe a également projeté la création de son propre journal, The Penn plus tard rebaptisé The Stylus, qui ne verra jamais le jour. En février 1844, il déménage à New York, où il travaille au Broadway Journal, un magazine dont il devient finalement l’unique propriétaire.
En janvier 1845, Poe publie Le Corbeau, qui connaît un succès immédiat. Mais, deux ans plus tard, son épouse Virginia meurt de la tuberculose le 30 janvier 1847. Poe envisage de se remarier, mais aucun projet ne se réalisera. Le 7 octobre 1849, Poe meurt à l’âge de 40 ans à Baltimore.
Les causes de sa mort n’ont pas pu être déterminées et ont été attribuées diversement à l’alcool, à une drogue, au choléra, à la rage, à une maladie du cœur, à une congestion cérébrale, etc.
L'influence de Poe a été et demeure importante, aux États-Unis comme dans l'ensemble du monde, non seulement sur la littérature, mais également sur d'autres domaines artistiques tels le cinéma et la musique, ou encore dans des domaines scientifiques.
Bien qu'auteur américain, il a d’abord été reconnu et défendu par des auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête. La critique contemporaine le situe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle.
Sommaire

Une famille de comédiens

Il naît le 19 janvier 1809 dans une modeste pension de famille du 62, Carver Street, à Boston, dans le Massachusetts. Sa mère, Elizabeth Arnold, 1787-1811 est la fille de deux acteurs londoniens, Henry ou William Henry Arnold et Elizabeth Smith.
À la mort de son père, en 1796, elle suit sa mère en Amérique. Arrivée le 3 janvier à Boston à bord de l’Oustram, elle monte sur les planches trois mois plus tard, âgée d'à peine neuf ans. Elle rejoint ensuite avec sa mère, qui meurt quelque temps après, une petite troupe de théâtre, les Charleston Players.
Durant l'été 1802, elle se marie avec le comédien Charles Hopkins, à Alexandria, en Virginie, qui meurt trois ans plus tard, le 26 octobre 1805.
À 18 ans, déjà veuve, elle épouse un garçon tuberculeux et alcoolique de 21 ans, David Poe Jr, dont le père, le général David Poe Sr., un commerçant patriote de Baltimore originaire d'Irlande, s'était illustré durant la guerre d'indépendance. David Poe Jr. avait abandonné ses études de droit pour s'engager, en juin 1805, dans les Charleston Players. C'est là qu'il a rencontré Elizabeth Arnold Hopkins, qu'il épouse le 14 mars 1806. À l'époque, ils jouent au Federal Street Theater de Boston. Elizabeth est danseuse et chanteuse, mais David est alcoolique, tuberculeux et piètre acteur.

Edgar est le deuxième des trois enfants du couple. Son frère, William Henry Léonard, né le 30 janvier 1807, mourra le 1er août 1831, à l'âge de 24 ans, alcoolique et tuberculeux, tandis que sa sœur, Rosalie, née le 20 décembre 1810, contractera à douze ans une maladie inconnue, peut-être une méningite, qui la laissera handicapée mentale et nécessitera une mise sous tutelle durant toute sa vie5.
En septembre 1809, la famille quitte Boston pour le New York Park Theater.
Le 18 octobre, David Poe, qui a sombré dans l'alcoolisme, joue son dernier rôle ; il fugue quelques mois plus tard, en juillet 1810. Il meurt sans doute peu après, en décembre 1810. La même année, Elizabeth donne naissance à une fille, Rosalie. Elle fait une tournée dans le Sud, accompagnée d'Edgar, William Henry a été confié à son grand-père paternel. Mais malade, elle ne joue que par intermittence.

Le 9 octobre 1811, à Richmond en Virginie, malade, elle doit s'aliter. Le 25 novembre, un journal local lance un appel à la générosité des citoyens de Richmond, sous le titre Au cœur humain : Mrs Poe, allongée sur son lit de douleur et entourée de ses enfants, demande votre aide et la demande peut-être pour la dernière fois !. Le 8 décembre 1811, Elizabeth est emportée par le mal qui la ronge, peut-être la pneumonie, à l'âge de 24 ans, après avoir joué près de deux cents rôles, laissant ses enfants orphelins. Deux semaines après ses obsèques, le théâtre de Richmond brûle pendant une représentation, et la troupe, privée de théâtre, quitte la ville après avoir laissé Edgar et Rosalie à la charité de la bourgeoisie de la ville.
Tandis que William Henry demeure avec son grand-père David Poe et sa tante Maria Clemm, Edgar est recueilli par un couple de riches négociants de tabac et de denrées coloniales de Richmond, John et Frances Allan, et Rosalie 1810-1874 par les Mackenzie. Le 7 janvier 1812, Edgar est baptisé par le révérend John Buchanan, vraisemblablement sous le nom d'Edgar Allan Poe et avec les Allan pour parrain et marraine.

Une éducation d'aristocrate virginien

Edgar passe son enfance à Richmond, chez ses parents adoptifs, qui l'élèvent avec tendresse. En 1814, à peine âgé de 5 ans, il commence ses études primaires sous la conduite de Clotilda ou Elizabeth Fisher. L'année suivante, il passe brièvement, à l'école de William Ewing.
En 1815, en effet, John Allan 1780-1834, qui est d'origine écossaise, décide de partir en Grande-Bretagne pour y étudier le marché et, si possible, ouvrir à Londres une succursale. La Bible occupe une grande place dans la vie d'Edgar, et ce malgré le rationaliste John Allan. Edgar, qui a six ans, quitte l'école de Richmond et embarque avec ses parents et la jeune sœur de Mme Allan, Ann Moore Valentine appelée Nancy à Norfolk Virginie à bord du Lothair.
Débarqués à Liverpool le 29 juillet, les Alan gagnent d'abord l'Écosse. Mais le marché écossais se révèle mauvais, et la famille s'installe bientôt à Londres. Edgar suit, de 1816 à 1818, des études primaires à l'école des demoiselles Dubourg 146 Sloan Street, Chelsea, Londres, où il est connu sous le nom de Master Allan et étudie notamment la géographie, l'orthographe et le catéchisme anglican, puis à la Manor House School de Londres, à Stoke Newington, dirigée par le révérend John Bransby, elle pourrait avoir servi de modèle au collège de William Wilson, sous le nom d'Edgar Allan.
Il suit des études classiques et littéraires solides, apprenant le grec, le latin, le français et la danse. Il fait preuve d'un caractère irritable et parfois tyrannique envers ses camarades, mais obtient de brillants résultats scolaires, en latin et français notamment. L'école mettant également l'accent sur la condition physique des élèves, Edgar devient un athlète accompli.
En août 1818, les Allan visitent l'île de Wight, probablement à l'occasion de vacances, et peut-être le site de Stonehenge. Mais la situation se dégrade. D'abord, sa mère adoptive, dont la santé a toujours été fragile, tombe sérieusement malade, ce qui a pour effet de la rendre nerveuse, irritable. Par ailleurs, en 1819, John Allan connaît de graves ennuis financiers : la bourse de tabac s'effondre, puis un employé l'escroque. Le jeune Edgar, qui est séparé de sa famille, fait une première fugue

Le 8 juin 1820, la famille Allan est à Liverpool, où elle embarque sur le Martha. Arrivée à New York le 22 juillet après 31 jours de trajet, elle prend le 28 un steamboat à destination de Norfolk et se réinstalle à Richmond, le 2 août. Edgar reprend le chemin de l'école, où il obtient, là aussi, d'excellents résultats, mais commence à manifester un certain penchant pour la solitude et la rêverie.
En 1823, les affaires de John Allan sont moribondes et la vie à la maison des Allan s'en ressent. Edgar continue à rédiger des poèmes qu'il adresse aux élèves de l'école où se trouve sa sœur.
Les relations avec ses parents adoptifs sont ambivalentes. Il est encouragé par sa mère dans ses travaux d'écritures, mais les tours qu'il joue à certains habitants de Richmond causent le désespoir de son père.
Ce dernier prend ombrage du caractère assez fier de l'adolescent, et s'éloigne progressivement de son épouse, toujours malade. Edgar, très attaché à Frances Allan 1784-1829, réprouve l'adultère de son père adoptif. John Allan voudrait voir Edgar devenir marchand, mais le jeune homme ne rêve que de poésie et envisage, à la rigueur, une carrière dans l'armée. Il trouve souvent refuge chez la mère d'un camarade, Jane Stith Stanard, qui est l'inspiratrice du poème À Hélène en 1831. Son décès, en 1824, affectera grandement Edgar.

À la suite du décès de son oncle William Galt, en mars 1825, John Allan hérite de plusieurs centaines de milliers de dollars. Cette somme lui permet de payer ses dettes et d'acheter un manoir en briques appelé Moldavia pour 14 950 dollars.
Entre 1821 et 1825, Edgar fréquente les meilleures écoles privées de Richmond, où il reçoit l'éducation traditionnelle des gentlemen virginiens. Il est inscrit à l'English Classical School de John H. Clarke 1821-1822, qui lui fait lire Ovide, Virgile et César, puis Homère, Horace et le De Officiis de Cicéron, puis il fréquente le collège William Burke 1823-mars 1825 et l'école du Dr Ray Thomas et de son épouse.
À cette époque, il écrit ses premiers vers satiriques, tous perdus aujourd'hui, excepté O Tempora! O Mores! Par ailleurs, il est très influencé par l'œuvre et le personnage de Lord Byron.
Bon élève, il se montre excellent nageur et passionné de saut en longueur. En juin ou juillet 1824, il nage six ou sept miles le long de la James River, tandis que son maître suit sur un bateau. Du 26 au 28 octobre 1824, lors de son voyage aux États-Unis, le général La Fayette visite Richmond. Les volontaires juniors de la ville participent aux cérémonies organisées pour lui souhaiter la bienvenue ; Edgar est lieutenant des volontaires.
Le 14 février 1826, il entre à la nouvelle université de Virginie, à Charlottesville15, que vient de fonder Jefferson (elle a ouvert ses portes le 7 mars 1825), où il suit avec brio des cours de langues ancienne et moderne5. Mais M. Allan lui a donné juste assez d'argent pour s'inscrire. Excédé par les dettes de jeu et les frais courants d'Edgar, qui s'élèvent à 2 000 dollars, alors qu'il vient de passer avec succès ses premiers examens, John Allan refuse de le réinscrire et le ramène à Richmond en décembre 1826 pour l'employer dans sa maison de commerce. Par ailleurs, il ruine ses fiançailles avec Elmira Royster 1810-1888 ; le père de la jeune fille s'empresse de la marier à un riche négociant, Alexander Shelton.

Rêves de gloire et pérégrinations

Comme son beau-père refuse de le renvoyer à l'université, il quitte sa famille adoptive, probablement le 24 mars 1827, et s'embarque sous le nom d'Henri Le Rennet sur un bateau qui descend la James River jusqu'à Norfolk. Arrivé à Boston en avril, il espère survivre en publiant ses poèmes. Il y passe deux mois, comme acteur ou soldat, on l'ignore. Le 26 mai, sous le nom d'Edgar A. Perry, pseudonyme qu'il réutilisera pour signer certains contes, après s'être vieilli de quatre ans, il s'engage pour cinq ans comme artilleur de seconde classe dans l'armée fédérale.
À la même époque, il fait paraître à ses frais, chez Calvin F.S. Thomas à Boston, une mince plaquette anonyme Tamerlan et autres poèmes sur laquelle est inscrit A Bostonian et dont 50 exemplaires à peine sont vendus. Il n'en existe aujourd'hui que 12 exemplaires.
En novembre, sa batterie est transférée à Fort Moultrie, sur l'île Sullivan (en, face à Charleston, cette île servira de décor au très populaire Scarabée d'or. Malgré sa rapide promotion au grade d'artificier, puis de sergent-major, le 1er janvier 1829 et l'amitié de ses supérieurs, Edgar s'ennuie. John Allan lui refuse la lettre d'autorisation sans laquelle il ne peut démissionner.
Le 15 décembre 1828, la batterie d'artillerie où il sert est transférée au Fort Monroe en Virginie5.

Le 28 février 1829, Frances Keeling Allan meurt. Elle est inhumée le 2 mars au cimetière de Shockoe Hill. Prévenu tardivement, Edgar n'arrive que le soir du jour des funérailles de cette mère tant aimée. Durant ce séjour, Edgar se réconcilie provisoirement avec son père adoptif, qui accepte de l'aider à démissionner de l'armée et d'appuyer sèchement sa candidature à West Point, école des officiers de l'armée américaine. Le 4 avril, Edgar est libéré de l'armée.
Une nouvelle histoire de dettes entraîne une nouvelle brouille entre les deux hommes.
Libéré de l'armée en avril 1829, sans le sou, Edgar va attendre son admission à West Point à Baltimore. Il séjourne auprès de sa tante Maria Clemm 1790-1871, sœur cadette de son père, qui a perdu son mari en 1826 et vit dans un extrême dénuement, entourée de sa mère impotente, Elizabeth Cairnes Poe, d'un fils tuberculeux, Henry 1818-après 1836, et de deux filles, Elizabeth Rebecca 1815-1889 et Virginia 1822-1847, qui est éperdue d'admiration devant son cousin, ainsi que du frère d'Edgar, William Henry. Dans cette ville, il fait paraître un second recueil de poèmes, Al Aaraaf, Tamerlan et poèmes mineurs chez Hatch and Dunning en décembre 1829.
Muni de chaleureuses lettres de recommandation de ses anciens officiers et d'une froide supplique de John Allan, il se rend à pied à Washington, pour solliciter son admission dans la prestigieuse académie de John Eaton, Secrétaire à la guerre.
Ses démarches n'ayant obtenu aucun succès, il retourne à Baltimore.
Edgar est admis à West Point en juin 1830. Il y fait de brillantes études, meilleures dans les disciplines académiques que dans les exercices militaires. John Allan, cependant, se remarie avec Louisa Patterson, qui lui donnera trois fils. Excédé par l'avarice de John Allan, qui lui refuse à nouveau l'argent nécessaire à ses études, et réfractaire à la discipline, Edgar se fait volontairement renvoyer de West Point, en refusant de se rendre en classe ou à l'église après jugement de la cour martiale, le 8 février 1831. Le 6 mars, il quitte l'école avec des lettres de recommandation de ses supérieurs.

Des débuts littéraires difficiles

De retour à Baltimore, chez Maria Clemm, il recherche vainement un emploi. Ses articles et ses contes sont tous refusés. Enfin, il envoie cinq nouvelles au concours du Philadelphia Saturday Courrier, qui promet au gagnant un prix de 100 dollars. Il n'obtient pas le prix, mais ses contes, notamment Metzengerstein sont publiés, sans son nom, en 1832 par le Saturday Courrier, qui les paie très mal.
Ainsi commence sa carrière de journaliste. Dans l'indigence, il pratique aussi le métier de pigiste nègre et continue son travail d'écrivain, consacrant ses loisirs et ses maigres revenus à l'éducation de sa petite cousine Virginia. En 1831, il fait paraître chez Elam Bliss à New York Poèmes, seconde édition, dédié au corps des cadets des États-Unis et précédé du premier manifeste critique d'Edgar, la Lettre à M… reprise par la suite sous le titre Lettre à B…, qui bénéficie d'un accueil peu favorable5.
En 1833, le New England refuse de publier son premier recueil : Contes du club de l'In-Folio. En revanche, en octobre, il enlève le 1er prix du concours du Baltimore Saturday Visiter avec le Manuscrit trouvé dans une bouteille, qui lui apporte une certaine notoriété et l'amitié de John P. Kennedy, membre du jury et célèbre romancier. Grâce à ses recommandations, il peut publier ses premiers comptes rendus de critique littéraire au Southern Literary Messenger.
En août 1835, il est enfin engagé par Thomas W. White comme directeur de la section littéraire du journal. Toutefois, il n'est pas libre : il doit se conformer au programme de la revue, qui soutient la littérature sudiste, et satisfaire l'admiration infantile de T. W. White pour les discours des gentlemen virginiens. La griffe d'Edgar apparaît dans ses nombreux pamphlets contre les romanciers populaires du Nord de l'époque. Il s'attaque notamment au best-seller de Theodore Fay, Norman Leslie, coqueluche de New York et des journaux nordistes tels le Knickerbocker, le Commercial Intelligencer ou la North American Review. Son talent de polémiste éclate, et il rénove l'esprit du Southern. Ses opérations médiatiques, comme la série : Autobiographies pastiches de lettres d'écrivains, font monter le nombre d'abonnés au journal5.
Il épouse clandestinement Virginia le 22 septembre 1835.
Le 16 mai 1836, il l'épouse publiquement, et la jeune fille, qui n'a que 13 ans, le rejoint à Richmond avec sa mère.
Toutefois, il s'estime, à juste titre, mal payé et ne supporte plus les reproches sur son supposé alcoolisme, notamment dont l'accable, en public, T. W. White, pour empêcher son brillant rédacteur de prendre trop d'ascendant et garder le contrôle de son journal. Aussi décide-t-il de quitter le Southern.
En février 1837, il s'installe à New York, où la New York Review lui a fait une proposition. Mais le journal a cessé de paraître quand il arrive. Mrs Clemm ouvre une pension à Manhattan, où Edgar s'installe avec Virginia. Il y achève Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et y révise Les Contes de l'In-Folio.

Un écrivain reconnu

En 1838, il se fixe à Philadelphie pour reprendre ses activités régulières de journaliste appointé. Il tente d'y vivre de sa plume, mais ses quelques piges ne le sortent pas de la misère. La même année paraissent Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, qui n'ont aucun succès.
En juin 1839, William Burton offre à Edgar la place de rédacteur en chef adjoint au Burton's Gentleman's Magazine. Il y est encore moins libre qu'au Southern, car il doit servir l'opportunisme de Burton, qui lui a recommandé de faire preuve d'indulgence dans ses comptes rendus critiques.
Toutefois, il s'entend bien avec Burton, et leur collaboration permet au Gent's Mag, qui publie La Chute de la maison Usher, Le Diable dans le beffroi et William Wilson, de devenir le mensuel le plus en vue de Philadelphie. En revanche, la publication en volume des Contes du grotesque et de l'arabesque, en 1840, n'obtient qu'un succès d'estime. La même année, Edgar se livre à une critique de Longfellow, auquel il reproche le manque d'unité de ses textes, et inaugure une série de dénonciations de plagiats.
En janvier 1840, il entreprend la publication en livraisons successives d'un roman de l'Ouest, Le Journal de Julius Rodman, médiocre fiction restée inachevée et pleine d'emprunts aux journaux de voyage contemporains. En juin, il quitte Burton pour fonder le Pen Magazine, revue littéraire dont il serait le seul maître. Il fait circuler des tracts aux plus grandes célébrités littéraires américaines, mais le projet échoue lorsque le commanditaire, George Graham, se retire.
En octobre, Graham, qui possède le Saturday Evening Post et le mensuel Casket achète pour 3 500 dollars le Burton's Gentleman's Magazine (qui compte alors 3 500 abonnés) et le rebaptise Graham's Gentleman's Magazine. Dans le premier numéro paraît le conte L'homme des foules.
En juin 1841, Edgar est engagé comme rédacteur associé par son ami George Graham.
Il touche un salaire annuel de 800 dollars. Pour la première fois, il jouit d'une réelle indépendance. La plupart de ses grands articles et l'essentiel de son œuvre critique ont paru dans les pages du Graham's Magazine. C'est également la période la plus heureuse de sa vie. Il poursuit ses attaques contre les cliques et les coteries de New York et de Boston, qui dictent leur loi aux éditeurs et aux journalistes des grands centres urbains. Le tirage de la revue passe à 25 000 exemplaires, chiffre exceptionnel pour l'époque.
Un malheur vient cependant frapper sa famille. Un soir de janvier 1842, alors qu'elle chante pour des amis, Virginia est victime d'une hémorragie causée par la rupture d'un vaisseau de la gorge. Elle reste plusieurs mois entre la vie et la mort.
Peu après, le 6 mars, Edgar rencontre Charles Dickens, en tournée aux États-Unis, avec lequel il discute de l'instauration d'un copyright international. Dickens lui promet de lui trouver un éditeur en Angleterre. En mai, Edgar quitte le Graham's Magazine, repris par le projet de fonder sa propre revue, baptisée cette fois The Stylus.

Espérances et errance

En mars 1843, il se porte candidat à un poste de l'administration qui lui laisserait le temps d'écrire, grâce aux contacts de son ami F. W. Thomas. Toutefois, malgré le soutien de Robert Tyler, le fils du président des États-Unis, il ne peut obtenir aucun poste. Pendant la campagne présidentielle de 1840, il avait rédigé plusieurs pamphlets politiques opportunistes contre le candidat démocrate Martin Van Buren, Le Diable dans le beffroi et son colistier Richard Mentor Johnson, L'Homme qui était refait, pour obtenir les bonnes grâces du parti whig. De retour à Philadelphie le 13 mars, il vit à nouveau de maigres piges5.
En 1844, Edgar s'installe dans le nord de Manhattan, à la ferme Brennan, où il travaille avec acharnement à une Histoire critique de la littérature américaine qui ne verra jamais le jour. Par ailleurs, il écrit des Marginalia, brèves notes journalistiques souvent tirées de ses articles antérieurs. Enfin, il accepte un emploi subalterne au New York Mirror de son ami Nathaniel Parker Willis et remet à plus tard son projet du Stylus.
Le 28 janvier 1845, il publie Le Corbeau, qui a un succès extraordinaire. Paru dans l'Evening Mirror, le poème est repris dans de nombreux journaux. Sa renommée grandit. Une sélection de ses contes paraît chez les prestigieux éditeurs Wiley et Putnam à New York, puis un recueil de poèmes, Le Corbeau et autres poèmes en novembre 18455.
Plusieurs de ses comptes rendus critiques sont publiés dans le Broadway Journal de Charles Frederick Briggs et John Brisco, hebdomadaire d'information artistique et culturelle. Le 22 janvier 1845, il devient collaborateur permanent du journal et lance une campagne célèbre à New York sous le nom de Guerre Longfellow : Edgar et Outis », un correspondant anonyme, Edgar lui-même selon certaines hypothèses, échangent de violentes diatribes, l'une ridiculisant Longfellow, l'autre accusant Le Corbeau de plagiat. En juillet, Edgar parvient à éliminer Briggs, l'un des deux actionnaires du journal.
En octobre, Brisco cède ses parts à Edgar, qui concrétise alors son rêve, en devenant l'unique propriétaire de l'hebdomadaire. Toutefois, il s'aliène les journalistes et le public bostonien lors d'une conférence, volontairement obscure, sur son poème Al Aaraaf. Le 3 janvier 1846, Edgar dépose le bilan du Broadway Journal pour cause de det

En mai, Virginia étant de plus en plus malade, la famille s'installe à Fordham, quartier du Bronx, dans la grande banlieue de New York. Il apprécie les jésuites de l'université de Fordham et flâne fréquemment dans son campus, conversant avec les étudiants et les professeurs. La tour du clocher de l'université de Fordham lui inspire le poème Bells. À cette époque, Edgar tombe gravement malade et, ne pouvant plus écrire, sombre dans la misère. Le foyer est soutenu par une amie, Marie Louis Shew, mais leur pauvreté est telle qu'un entrefilet dans le New York Express du 5 décembre appelle les amis du poète à l'aide.

Le 30 janvier 1847, Virginia décède à Fordham, à l'âge de 24 ans. Edgar, gravement malade, est soigné par Mrs Shew et Maria Clemm.
À cette époque, il est très occupé par son projet de poème en prose, Eureka ou Essai sur l'univers matériel et spirituel. Il s'engage dans une quête frénétique d'amitiés féminines avec Mrs Lewis, dont il corrige les poèmes sentimentaux contre rétribution, avec Mrs Nancy Locke-Richmond, qui habite à Lowell, dans le Massachusetts, dont il s'éprend et qui sera l'Annie des derniers poèmes, enfin, avec Mrs Sarah Whitman, qui vit à Providence, dans le Rhode Island, poétesse spiritualiste à qui il adresse le second poème À Hélène et qu'il demande en mariage. En novembre 1848, dans des circonstances assez obscures, il absorbe une forte dose de laudanum qui manque de l'empoisonner. De plus, il s'est mis à boire, lors de la maladie de Virginia, entre 1842 et 1847, et il est victime de crises d'éthylisme. Il souffre même un moment d'une attaque de paralysie faciale.
Le 13 novembre, Mrs Whitman accepte de l'épouser s'il renonce à l'alcool. Le 23 décembre, à Providence, il donne devant deux mille personnes sa célèbre conférence sur Le Principe poétique qui ne sera publiée qu'après sa mort. Deux jours plus tard, 25 décembre, doivent être célébrées les noces avec Mrs Whitman.
Toutefois, le lendemain, celle-ci reçoit une lettre anonyme lui apprenant de prétendues relations immorales entre Edgar et une de ses amies. De plus, on lui apprend que son fiancé a passé la nuit à boire avec des jeunes gens dans une taverne de la ville. Aussitôt, elle décide de rompre avec lui.
De retour à Fordham, Edgar reprend son projet de revue littéraire avec E.H.N. Patterson. Après une visite à Mrs Richmond, il entreprend un voyage dans le Sud pour rassembler des fonds en faveur de sa revue. Parti de New York le 30 juin 1849, il séjourne tout l'été à Richmond, où il retrouve Elmira Royster Shelton, veuve depuis la mort de son mari en 1844, avec laquelle il songe à se marier, et redonne sa conférence sur Le Principe poétique, qui rencontre un très grand succès. Il la refait également à Norfolk Virginie.

Une mort mystérieuse

Le 27 septembre, Edgar quitte Richmond en bateau pour Baltimore, où il débarque le lendemain. On perd alors sa trace pendant quatre jours.
Le 3 octobre 1849, Joseph W. Walker envoie un message au Dr James E. Snodgrass : Cher Monsieur, — Il y a un monsieur, plutôt dans un mauvais état, au 4e bureau de scrutins de Ryan, qui répond au nom d'Edgar A. Poe, et qui paraît dans une grande détresse et qui dit être connu de vous, et je vous assure qu'il a besoin de votre aide immédiate. Vôtre, en toute hâte, Jos. W. Walker.L'endroit où Edgar réapparaît, plus connu sous le nom de Gunner's Hall, était une taverne, qui comme souvent à l'époque servait de lieu de vote pendant les élections.
Le Dr Snodgrass et Henry Herring, l'oncle d'Edgar, viennent chercher l'écrivain, qu'ils présument ivre. D'après les différents témoignages, au lieu de son costume de laine noir, il portait un manteau et un pantalon d'alpaga de coupe médiocre, vieillis et salis, et dont les coutures avaient lâché en plusieurs points, ainsi qu'une paire de chaussures usées aux talons et un vieux chapeau tout déchiré, presque en lambeaux, en feuilles de palmier.
La chemise était toute chiffonnée et souillée, et il n'avait ni gilet ni faux-col.

Conduit au Washington College Hospital, il alterne entre des phases de conscience et d'inconscience. Aux questions qu'on lui pose, il répond par des phrases incohérentes. Son cousin, Neilson Poe, venu lui rendre visite, ne peut le voir.
Edgar meurt, officiellement d'une congestion cérébrale, le dimanche 7 octobre, à 3 h ou 5 h du matin. Il est inhumé dans le cimetière presbytérien de la ville, le Westminster Hall, maintenant intégré à l'école de droit de l'université du Maryland.
Plusieurs théories ont été émises pour expliquer la mort d'Edgar. On a prétendu, ainsi, qu'il serait mort des suites d'une trop grande consommation d'alcool. D'autres mettent en avant des ennuis de santé. En 1847, il avait été victime d'une longue maladie qui lui aurait causé une lésion au cerveau. De même, en 1848, le Dr John W. Francis aurait diagnostiqué une maladie du cœur, diagnostic qu'Edgar Poe aurait d'ailleurs rejeté.
Enfin, dans ses lettres à Maria Clemm, les 7 et 14 juillet, il indique qu'il est malade, parlant d'une amélioration de son état le 19.
Parmi les maladies qui auraient pu causer sa mort, on a parlé de la tuberculose, de l'épilepsie, du diabète ou de la rage.
Autre hypothèse mise en avant : il aurait retrouvé des anciens de West Point, qui l'auraient invité à boire. Rentrant seul, dans un état d'ivresse, il aurait été volé et battu par des brutes et aurait erré dans les rues pendant la nuit, avant de sombrer inconscient.
Cependant, la théorie la plus largement admise est qu'il aurait été victime de la corruption et de la violence, qui sévissaient de manière notoire lors des élections. De fait, la ville était alors en pleine campagne électorale, pour la désignation du shérif, le 4 octobre et des agents des deux camps parcouraient les rues, d’un bureau de vote à l’autre, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis au bureau de vote. Pour parfaire le stratagème, on changeait la tenue de la victime, qui pouvait être battue. Le faible cœur d'Edgar Poe n'aurait pas résisté à un tel traitement.

La tombe d'Edgar Poe

Poe est enterré lors d'une cérémonie réduite à sa plus simple expression et placé dans une tombe non marquée qui progressivement sera recouverte d'herbes.
En 1860, sa famille se mobilise pour offrir une pierre tombale de marbre blanc au poète négligé de Baltimore portant l'épitaphe : Hic Tandem Felicis Conduntur Reliquae. Edgar Allan Poe, Obiit Oct. VII 1849 et sur l'autre face l'inscription : Jam parce sepulto , mais la pierre est détruite accidentellement avant même sa mise en place.
Grâce à une souscription initiée en 1865 et relayée par les élèves de l'université du Maryland, Poe est réinhumé le 1er octobre 1875 sur un nouvel emplacement, et une véritable cérémonie est organisée sur sa nouvelle tombe le 17 novembre qui mentionne cette fois une date de naissance erronée 20 janvier au lieu du 19.
Le nouveau monument n'a aucune épitaphe, même si plusieurs suggestions ont été faites en particulier par Oliver Wendell Holmes. La pierre tombale mentionne seulement les noms et les dates de ses occupants. En 1885, les restes de Virginia Poe, enterrés en 1847 à New York, ont été apportés à Baltimore et inhumés avec ceux de Poe et de Maria Clemm, désormais réunis. Ce monument sera dégradé par le temps, remplacé par un monument en bronze, lui-même volé et remplacé.
Ce n'est finalement qu'en 1913 qu'une autre pierre commémorative est repositionnée, d'abord au mauvais endroit, puis finalement à l'emplacement originel de la tombe d'Edgar Poe, dans le cimetière presbytérien de Baltimore avec l'épitaphe suivante tirée du poème Le Corbeau : Quoth the Raven, "Nevermore. Le corbeau dit : Jamais plus !.
Depuis 1949, les admirateurs de Poe se réunissent chaque année sur sa tombe, à l'anniversaire de sa naissance, le 19 janvier.
À l'occasion du bicentenaire de sa naissance, des funérailles solennelles, présidées par John Astin ont été organisées par le Poe House and Museum de Baltimore le 11 octobre 2009, son enterrement n'ayant pas été annoncé publiquement en 1849 et l'assistance autour de son cercueil s'étant alors résumée à dix personnes.
Chaque 19 janvier de 1949 à 2009, une mystérieuse personne a déposé sur sa tombe trois roses et une bouteille de cognac.

Sa personnalité

Doté d'une vaste intelligence, Edgar Allan Poe était un homme très courtois mais d'une férocité sans égale, qui le brouilla avec de nombreuses personnes.
Ses amis étaient toujours frappés par sa tenue soignée à l'excès et la clarté de son élocution. De même, ses manuscrits se distinguent par la fermeté, la régularité et l'élégance de son écriture et ne comportent que peu de ratures. Très souvent, il écrivait sur des feuilles de bloc-notes qu'il collait les uns aux autres de manière à former des rouleaux très stricts. Une analyse graphologique de ces manuscrits a été réalisée, et elle révélerait une intelligence ne dormant jamais, d'une indépendance extrême à l'égard des conventions, et qui contrôle, ou cherche toujours à contrôler, une extraordinaire sensibilité, somme toute, un cérébral.
Dans son travail, il se méfiait du premier jet, du spontané. Pressé par le besoin d'argent, il livrait le plus souvent des contes non revus aux journaux ou revues auxquels ils étaient destinés. Toutefois, lors des republications, il apportait à ceux-ci d'importants changements, toujours dans le sens d'un meilleur resserrement du texte. Durant les derniers mois de son existence, il révisa de près ses fictions et ses écrits théoriques ou critiques en vue de la première grande édition de ses œuvres, qui parut à New York en 1850.
Très conscient de son intelligence, logicien, il aimait faire montre de ses capacités analytiques. Ainsi, lors de la publication en feuilleton de Barnabé Rudge (1841), roman de Dickens, il aurait deviné la fin de l'intrigue avant la parution des dernières livraisons. De même, Le Mystère de Marie Roget est inspiré d'un fait réel, l'assassinat de Mary Cecil Rogers à New York en 1841, dont le corps avait été retrouvé dans l'Hudson, près de la rive du New Jersey. Dans une lettre datée du 4 juin 1842, il explique que, dans son conte, en faisant faire à Dupin, une analyse très longue et rigoureuse de la tragédie et en reprenant les opinions et les arguments de la presse », il démontre « le caractère fallacieux de l'opinion reçue et a indiqué l'assassin d'une manière qui donnera un nouvel élan à l'enquête, expliquant que la jeune femme n'a pas été assassinée, comme on le pensait, par une bande de voyous.
Sa supériorité dans l'art d'écrire fut aussi marquée par quelques canulars, où il appliqua sa théorie de l'effet. Le 13 avril 1844, il fit paraître dans un numéro spécial du New York Sun un conte, Le Canard au ballon, présenté comme un fait réel. Par cette adroite mystification, il marquait son retour sur la scène littéraire new-yorkaise. Quant à La Vérité sur le cas de M. Valdemar, conte paru en 1845, l'éditeur, qui le publia comme un pamphlet, et les journaux qui le reprirent dans les éditions anglaises le présentèrent comme un rapport scientifique parce qu'ils avaient été dupés.
Elizabeth Barrett Browning lui écrivit pour louer la puissance de l'écrivain et cette faculté qu'il a de transformer d'improbables horreurs en choses qui paraissent si proches et si familières.

Idéaliste, il était aussi très ambitieux, ce qu'il ne cachait pas. Il confia un jour à John Henry Ingram : J'aime la gloire, j'en raffole ; je l'idolâtre ; je boirais jusqu'à la lie cette glorieuse ivresse ; je voudrais que l'encens monte en mon honneur de chaque colline et de chaque hameau et de chaque ville et de chaque cité sur terre .
Dès l'enfance, il lisait Byron, dont l'influence devait marquer ses premiers poèmes, Coleridge et la plupart des romantiques de son époque. Par la suite, il devait se démarquer de ces auteurs et se signala par des critiques assez féroces contre Coleridge. Il connaissait aussi parfaitement la littérature classique et goûtait particulièrement Pope. Il professa une grande admiration pour Ondine, conte de Friedrich de La Motte-Fouqué, pour Shelley, pour le génie de Dickens, notamment pour Le Magasin d'antiquités, pour Hawthorne. En revanche, il exprimait de sévères critiques à l'égard de Carlyle, d'Emerson qu'il considérait comme la respectueuse réplique du premier, de Montaigne, dont l'emploi de la digression dans ses Essais était en contradiction avec ses idées sur la nécessaire unité d'un texte.
De même, s'il pouvait dire de John Neal que son art est grand, il est d'une nature élevée », il mettait en avant ses échecs répétés (…) dans le domaine de la construction de ses œuvres, due, selon lui, soit à une déficience du sens de la totalité, soit à une instabilité de tempérament.
Malgré ses efforts, il ne vécut jamais dans une réelle aisance, mais connut souvent la misère, même s'il bénéficia de son vivant d'une réelle célébrité, surtout par ses activités de journaliste et son poème Le Corbeau.

Poe et l'alcool

L'alcoolisme de Poe a été démesurément exagéré, pour suggérer que sa vie aurait été une longue suite de beuveries et le disqualifier en tant qu'auteur. D'abord, il paraît déraisonnable de considérer qu'il ait pu écrire ou concevoir ses poèmes ou ses contes sous l'influence de l'alcool, ne serait-ce qu'en raison de la longueur, de l'arrondi et de la construction soignée de ses phrases. Ensuite, son flirt avec l'alcool était intermittent - s'il lui arrivait de boire plusieurs jours de suite, il pouvait ne pas toucher une goutte d'alcool pendant des mois ou des années.
Avant 1841, il n'existe aucun document témoignant de ses rapports à l'alcool. En avril 1841, il écrivit au docteur J. Evans Snodgrass : Je suis tempérant jusqu'à la rigueur... À aucune période de ma vie je n'ai été ce que les hommes peuvent appeler intempérant... Mon tempérament sensible ne pouvait supporter une excitation qui était de chaque jour chez mes compagnons. Pour faire court, il est parfois arrivé que je sois complètement ivre. Pendant quelques jours, après chaque excès, j'étais invariablement cloué au lit.
Mais cela fait maintenant quatre années entières que j'ai abandonné toute espèce de boisson alcoolisée - quatre ans, à l'exception d'un seul écart... quand j'ai été incité à recourir occasionnellement au cidre, dans l'espoir de soulager une attaque nerveuse ». Il est possible qu'il ait découvert l'alcool à l'université en 1826, comme nombre d'autres jeunes gens, mais l'un de ses camarades a témoigné du fait qu'il était réputé, parmi les professeurs, pour sa sobriété, son calme et sa discipline. Par la suite, il est demeuré de longues années sans boire — il obtint trois lettres de recommandation lors de son départ de l'armée en 1829. Sa consommation aurait repris à West Point, mais les témoignages à ce sujet sont douteux. Plus tard, l'un de ses amis a fait état d'une consommation modérée de liqueur, durant son séjour à Baltimore, en 1832.
C'est à Richmond, en 1835, qu'on trouve les premières traces avérées d'une consommation d'alcool excessive, mais occasionnelle. Dans sa lettre à Snodgrass, Poe explique : Pendant une brève période, quand j'habitais à Richmond et publiais le Messenger, j'ai certainement cédé à la tentation, avec de longs intervalles, suscitée de tous côtés par l'esprit de convivialité du Sud.
Après plusieurs années de sobriété, à la suite de son départ dans le Nord, il semble qu'il se soit remis à boire, en diverses occasions, à l'époque de la maladie de son épouse, la succession des améliorations intermittentes et des rechutes l'ayant fait sombrer dans la dépression. Vers la fin d'août 1849, Poe rejoignit la division Shockoe Hill des Sons of Temperance, à Richmond. Quant aux rumeurs d'alcoolisme, elles sont fondées sur le fait que, d'une part, il ne supportait pas l'alcool, et que, d'autre part, plusieurs personnes, soit qu'elles fussent fâchées avec lui, comme Thomas Dunn English, soit qu'elles pussent se compter comme ses ennemis, ont profité de ces quelques occurrences où il est apparu ivre pour généraliser et prétendre qu'il était alcoolique, cela afin de le blesser et de salir son honneur, puis sa mémoire. De même, si le vin est un thème fréquent, dans les contes de Poe, il apparaît toujours sur un mode satirique ; les personnages décrits comme des connaisseurs sont généralement ivres ou sots ; le plus noble des vins n'apparaît pas comme un moyen de rendre la vie plus agréable ou plus riche, mais comme un piège pour l'imprudent et le faible.
Le vin servait à Poe de métaphore — à travers lui, il se moquait des prétentions de l'Homme et dénonçait ses tares.

Ses écrits

L'ambition d'Edgar Poe était de créer une véritable littérature nationale. En effet, à cette époque, l'influence européenne était prépondérante et la production du vieux continent affluait aux États-Unis dont la littérature — hormis Washington Irving et James Fenimore Cooper — ne brillait guère que par ses histoires d'horreur — l'auteur le plus connu étant alors Charles Brockden Brown — et ses romans sentimentaux.
À ce titre, son œuvre de critique littéraire fut marquée par une véritable exigence de qualité, ainsi que la dénonciation des facilités et des plagiats. Longfellow fut la plus illustre de ses victimes ; il ne répondit jamais à ses accusations, encore que ses amis se fissent un plaisir, en réponse, de calomnier Edgar Poe dans les milieux littéraires new-yorkais.
Edgar Poe a laissé d'importants écrits théoriques, influencés par August Wilhelm Schlegel et Coleridge, qui permet de donner sens à son œuvre. Ses réflexions littéraires renvoient à ses conceptions cosmogoniques. Dans Eureka, il explique que l'univers, à l'origine, était marqué par l'unicité. Il a éclaté par la suite en quelque chose que l'on pourrait rapprocher de la théorie du Big Bang, mais il aspire à retrouver son unité. De même, en littérature, l'unité doit l'emporter sur toute autre considération. D'où la théorie de l'effet unique qu'il développe dans Philosophie de la composition, traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un poème: le but de l'art est esthétique, c'est-à-dire l'effet qu'il crée chez le lecteur.
Or, cet effet ne peut être maintenu que durant une brève période, le temps nécessaire à la lecture d'un poème lyrique, à l'exécution d'un drame, à l'observation d'un tableau, etc. Pour lui, si l'épopée a quelque valeur, c'est qu'elle est composée d'une série de petits morceaux, chacun tourné vers un effet unique ou un sentiment, qui élève l'âme.
Il associe l'aspect esthétique de l'art à l'idéalité pure, affirmant que l'humeur ou le sentiment créé par une œuvre d'art élève l'âme et constitue, de ce fait, une expérience spirituelle. Le poème, le conte, le roman ne doit tendre que vers sa réalisation, et toute digression doit être rejetée. De même, le roman à thèse, où l'intrigue est entrecoupée de dissertations sur tel ou tel sujet, est à proscrire. Adversaire du didactisme, Poe soutient, dans ses critiques littéraires, que l'instruction morale ou éthique appartient à un univers différent du monde de la poésie et de l'art, qui devrait seulement se concentrer sur la production d'une belle œuvre d'art.
L'univers, dit-il, est un poème de Dieu, c'est-à-dire qu'il est parfait. Mais l'Homme, aveugle aux œuvres de Dieu, ne voit pas cette perfection. C'est au poète, qui a l'intuition de cette perfection, grâce à son imagination créatrice, de la faire connaître à l'humanité. Mais certains poètes mégalomanes, guidés par ce que les Grecs anciens appelaient hubris, au lieu d'admettre l'impossibilité de l'imitation parfaite de l'intrigue de Dieu par l'Homme, prétendent se livrer à une concurrence sacrilège. Marqués non par l'imagination créatrice, mais par la fancy — une fantaisie délirante créant l'erreur, l'illusion —, ils ne voient pas la perfection de la création divine ; leur esprit aveuglé interprète le monde en fonction de leur cœur, de leur propre tourment intérieur ; ils sont voués au néant par leur ambition prométhéenne. Dans la première catégorie, on peut citer le chevalier Auguste Dupin, Double assassinat dans la Rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget et La Lettre volée, William Legrand, Le Scarabée d'or ou le baron Ritzner von Jung Mystification. De même, dans certains contes, l'illusion est révélée par un parent au narrateur fiévreux qui a fui une épidémie de choléra dans Le Sphinx, par des lunettes qu'on offre au narrateur myope dans Les Lunettes, par la révélation des causes psychosomatiques de la sorte de catalepsie dont souffre le narrateur dans L'Enterrement prématuré.
Dans la seconde catégorie, la figure la plus marquante est Roderick Usher, dont l'influence néfaste contamine le regard du narrateur et lui fait voir comme surnaturels des phénomènes qui ont, en fait, une explication rationnelle, Poe disséminant adroitement les indices de cette explication dans le texte.

Dans La Lettre volée en anglais, The Purloined Letter, Edgar Poe imagine une intrigue où un certain D, peut-être un frère du héros, le chevalier Auguste Dupin, comme semble l'indiquer la citation de la tragédie Atrée et Thyeste de Crébillon père : Un destin si funeste, / S'il n'est digne d'Atrée, est digne de Thyeste. vole à une dame de qualité une lettre compromettante. Pour la cacher aux policiers, qui surveillent ses allers-retours et fouillent son hôtel pendant son absence, il la met bien en évidence dans un tableau accroché au mur. L'aveuglement des policiers, à l'esprit médiocre, renvoie à l'aveuglement des hommes, incapables de saisir la perfection de l'intrigue de Dieu. Quant à D., Poe le décrit comme dominé par la fancy, au contraire du chevalier Dupin, qui finit par l'emporter, grâce à son imagination créatrice.
La narration, chez Poe, est marquée par la polysémie, dont témoignent les nombreux jeux de mot, dans les textes tragiques comme dans les textes comiques.
Le narrateur, qui se signale le plus souvent par des lectures néfastes, littérature fantastique à l'allemande, romans gothiques, ésotérisme, métaphysique, décrit une histoire déformée par sa fancy, il ne maîtrise pas son écriture, dans laquelle plusieurs indices permettent d'appréhender la réalité sous-jacente.
Nombre d'histoires d'Edgar Poe, principalement celles qui devaient figurer dans les Contes de l'In-Folio, qu'elles relèvent du tragique ou du comique, appartiennent au registre de la parodie. Son but est de démontrer l'inconsistance des fausses gloires de son temps, dont seuls quelques-uns ont échappé à l'oubli.
Ainsi, Metzengerstein imite les horreurs inventées dans les romans gothiques, comme Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Élixirs du diable d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. L'histoire repose sur la croyance en la métempsycose, pour laquelle Edgar Poe a toujours manifesté un profond mépris et qui relevait pour lui de l'aliénation mentale. Dans Le Duc de l'Omelette, il se moque des maniérismes et du style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans Un événement à Jérusalem, qui reprend un roman de Horace Smith, Zilhah, a Tale of the Holy City, 1829, il ridiculise l'orientalisme des romantiques. Quant à Manuscrit trouvé dans une bouteille, il représente un pastiche des récits de voyage. De même, des contes comme Bérénice raillent les outrances auxquelles se livraient les revues de l'époque. Le Roi Peste, de son côté, démonte les mécanismes du roman Vivian Grey 1826, récit plein de fantaisie débridée à travers lequel, non sans incongruité, Benjamin Disraeli entendait dénoncer l'ivrognerie. De même, dans Comment écrire un article à la Blackwood et A Predicament, la satire dénonce l'absurdité des contes à sensation, qui faisaient la fortune du Blackwood's Magazine, très célèbre revue d'Édimbourg. Quant à l'héroïne, Psyché Zenobia, c'est une femme de lettres américaine, un bas-bleu, Margaret Fuller, dont les sympathies pour les transcendantalistes suffisaient à énerver Poe31.
Plus largement, quand l'actualité ne venait pas lui fournir un sujet, il puisait assez souvent dans ses nombreuses lectures (que favorisait son travail de critique littéraire) pour concevoir et construire ses œuvres de fiction. Ainsi, Hop Frog est inspiré de l'accident advenu à Charles VI lors du bal des ardents, tel que l'a décrit Jean Froissart dans ses Chroniques. De même, William Wilson est directement inspiré de la trame d'un poème dramatique que Byron aurait eu l'intention d'écrire, dont Washington Irving avait révélé le contenu dans The Gift en 1836. Nathaniel Hawthorne s'était lui-même servi de ce matériau pour rédiger Howe's Masquerade.
Il s'est également inspiré, pour sa nouvelle La Barrique d'amontillado, de La Grande Bretèche d'Honoré de Balzac.
Il pouvait aussi faire appel, comme tout écrivain, à son expérience personnelle. Ainsi, Un matin sur le Wissahicon relate au départ une promenade qu'il avait faite à Mom Rinker's Rock et la rencontre d'un daim apprivoisé, même s'il s'éloigne vite de la simple transcription de souvenirs pour se livrer à une contemplation émerveillée de la nature et à une réflexion sur l'altération des paysages créée par la présence humaine, et plus largement sur les rapports entre l'industrie humaine et la beauté

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=4413#forumpost4413


Posté le : 17/01/2014 19:13

Edité par Loriane sur 19-01-2014 15:39:08
Edité par Loriane sur 19-01-2014 15:40:03
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 37 38 39 (40) 41 42 43 ... 60 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
57 Personne(s) en ligne (33 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 57

Plus ...