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Sully Prudhomme
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Le 16 mars 1839 à Paris, naît, René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme,

poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901, membre de l'académie Française, mort à 68 ans, Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907.

Vie et oeuvre

Fils d'un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte, mais une crise d'ophtalmie le contraint à les interrompre.
Après de brillantes études, René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, travaille tout d'abord comme ingénieur, Après avoir travaillé au Creusot dans les usines Schneider, il se tourne vers le droit comme avocat puis travaille chez un notaire, avant de se consacrer à la poésie. . L'accueil favorable réservé à ses premiers poèmes au sein de la Conférence La Bruyère, société étudiante dont il est membre, encourage ses débuts littéraires.
Il publie son premier succès, Stances et Poèmes en 1865, suivi par Les Épreuves en 1866 et Les Solitudes en 1869, trois recueils de poésies sentimentales et mélancoliques. Par sa recherche de la perfection formelle, Sully Prudhomme se rapproche du mouvement parnassien, auquel il donne cependant des accents plus personnels.
Il essaie également de mêler la poésie, la science et la philosophie, et publie une traduction du poème de Lucrèce De la nature des choses, De natura rerum en 1869, suivie de compositions didactiques : La Justice en 1878 et Le Bonheur en 1888.

Au fil de sa carrière, Sully Prudhomme se détourne progressivement du genre sentimental de ce premier recueil - qu'on retrouvera encore dans Les Épreuves de 1866 et Les Solitudes de 1869 - pour adopter un style plus personnel alliant une recherche formelle qui le rattache au Parnasse, il contribue au Parnasse contemporain de Leconte de Lisle avec un intérêt pour les sujets scientifiques et philosophiques.
Il donne notamment une traduction en vers du premier chant du De Natura Rerum de Lucrèce, 1878-79. Son ambition philosophique s'exprime dans des poèmes comme La Justice en 1878 et Le Bonheur en 1888. L'extrême économie des moyens littéraires finit par y gâcher la poésie sans que la profondeur philosophique y gagne.
Il est élu membre de l'Académie française en 1881.
Son éditeur, Alphonse Lemerre, commande au peintre Paul Chabas, 1869-1937, une vaste composition peinte représentant tous les poètes du Parnasse que Lemerre édite.
Ce tableau, Chez Alphonse Lemerre, à Ville D'Avray a été exposé au salon de 1895 et représente, autour de Sully-Prudhomme, Paul Bourget, Alphonse Daudet, Leconte de Lisle ou Jules Breton. La toile a pour cadre le jardin de la propriété que l'éditeur a achetée au père de Camille Corot en 1875.
Après Le Bonheur, Sully Prudhomme délaisse la poésie pour s'intéresser exclusivement à l'esthétique et à la philosophie.
Il publie deux essais d'esthétique : L'Expression dans les beaux-arts en 1884 et Réflexions sur l'art des vers en 1892, une suite d'articles sur Blaise Pascal dans La Revue des Deux Mondes de 1890, Le Problème des causes finales en collaboration avec Charles Robert Richet en 1902, un article sur La Psychologie du Libre-Arbitre dans la Revue de métaphysique et de morale de 1906.
Premier écrivain à recevoir le prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1901, il consacre l'essentiel de la somme reçue à cette occasion à fonder un prix de poésie décerné par la Société des gens de lettres. Il crée par ailleurs en 1902 la Société des poètes français avec José-Maria de Heredia et Léon Dierx. Il est l'un des premiers partisans de Dreyfus.

Se vouant dès l'adolescence à la littérature et à la poésie, il ouvre son œuvre sur Stances et poèmes en 1865 et la poursuit par les Solitudes de 1869 et les Vaines Tendresses de 1875. Il publie en 1890 Réflexion sur l'art du vers, où il prône un classicisme formel. Cet académicien adresse son Testament poétique en 1901. Il est le contemporain exact du symbolisme, mais sans le rencontrer. Liant classicisme et mesure, il refuse d'assimiler modernité et vertige. Très goûtée en son temps, sa poésie est classique jusqu'à l'excès, voire formaliste. Que le recueil qui a fait son renom, les Solitudes, soit publié en 1978 dans une collection intitulée "Les Introuvables" dit assez le peu d'écho d'une parole qui, en son temps, eut une audience immense, elle évoque les difficultés de l'âme et de la vie moderne, mais dans laquelle on lit l'impasse du classicisme s'il refuse de se renouveler. Sully Prudhomme fut en 1901 le premier lauréat du prix Nobel de littérature.

Sa santé avait été durablement ébranlée par la guerre de 1870. Sur la fin de sa vie, elle le contraignait à vivre quasiment reclus à Châtenay-Malabry, Hauts-de-Seine, souffrant d'attaques de paralysie et travaillant à La Vraie Religion selon Pascal, 1905. Mort subitement le 6 septembre 1907, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Il avait fait de son neveu Henry Gerbault, 1863-1930 son légataire universel.

Timbre à son effigie

Le premier timbre français honorant Sully Prudhomme a été émis les 15 et 16 septembre 2007 avec mention premier jour à Paris et à Ollans, Doubs, lieu de villégiature du poète, sans mention premier jour à Châtenay-Malabry.

Son premier recueil, Stances et Poèmes en 1865 est loué par Sainte-Beuve et lance sa carrière. Il renferme son poème le plus célèbre, Le Vase brisé, élégante métaphore du cœur brisé par un chagrin d'amour :
Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine :
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre,
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n'y touchez pas.
(Sully Prudhomme, Stances et Poèmes, Le Vase brisé

Science et poésie

Manuscrit autographe de Science et poésie paru dans la Nouvelle Revue internationale en 1898, puis dans Épaves en 1908 :

Œuvres

Poésie
Stances et Poèmes, 1865
Les Épreuves, 1866
Les Solitudes, 1867
Les Destins, 1872
La France, 1874
Les Vaines tendresses, 1875
Le Zénith, poème, 1876, aux victimes de l'ascension du ballon Le Zénith
La Justice, 1878
Poésie, 1865-1888
Le Prisme, poésies diverses, 1886
Le Bonheur, 1888
Épaves, 1908
Philosophie
La Vraie Religion selon Pascal : recherche de l'ordonnance purement logique de ses Pensées relatives à la religion : suivie d'une analyse du Discours sur les passions de l'amour, Paris, F. Alcan, Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1905 Texte en ligne
Articles
« La tour Eiffel, discours de M. Sully Prudhomme » in Revue scientifique, 20 avril 1889
« Les autographes de « la nature » : M. Sully Prudhomme » in La Nature, no 887 - 31 mai 1890
« Sur l'origine de la vie terrestre » in Revue de Métaphysique et de Morale, t. 1, 1893, p. 324-345
« L’esprit scientifique et la théorie des causes finales » in Revue scientifique, 28 janvier 1899
« L’anthropomorphisme et les causes finales » in Revue scientifique, 4 mars 1899
« Le darwinisme et les causes finales — Réponse à Charles Richet » in Revue scientifique, 15 avril 1899
« Méthodes expérimentales et causes finales — Réponse à Charles Richet » in Revue scientifique, 20 mai 1899
« Critique du principe finaliste et de ses applications à la science » in Revue scientifique, 12 août 1899
« Le libre arbitre devant la science positive » in Revue scientifique, 9 décembre 1899
« Les causes finales - Septième et dernière lettre à M. Charles Richet » in Revue scientifique, no 17 - 25 avril 1902

René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)

Le vase brisé

Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut effleurer à peine :
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute ;
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n'y touchez pas.

Ce qui dure

Le présent se fait vide et triste,
Ô mon amie, autour de nous ;
Combien peu de passé subsiste !
Et ceux qui restent changent tous.

Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vus grandir !

Que de jeunesse emporte l’heure,
Qui n’en rapporte jamais rien !
Pourtant quelque chose demeure :
Je t’aime avec mon coeur ancien,

Mon vrai coeur, celui qui s’attache
Et souffre depuis qu’il est né,
Mon coeur d’enfant, le coeur sans tache
Que ma mère m’avait donné ;

Ce coeur où plus rien ne pénètre,
D’où plus rien désormais ne sort ;
Je t’aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort ;

Et, s’il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l’homme est tel
Que rien n’en périsse, je t’aime
Avec ce que j’ai d’immortel.

Sully Prudhomme
Les vaines tendresses

Cri perdu

Quelqu'un m'est apparu très loin dans le passé :
C'était un ouvrier des hautes Pyramides,
Adolescent perdu dans ces foules timides
Qu'écrasait le granit pour Chéops entassé.

Or ses genoux tremblaient ; il pliait, harassé
Sous la pierre, surcroît au poids des cieux torrides ;
L'effort gonflait son front et le creusait de rides ;
Il cria tout à coup comme un arbre cassé.

Ce cri fit frémir l'air, ébranla l'éther sombre,
Monta, puis atteignit les étoiles sans nombre
Où l'astrologue lit les jeux tristes du sort ;

Il monte, il va, cherchant les dieux et la justice,
Et depuis trois mille ans sous l'énorme bâtisse,
Dans sa gloire, Chéops inaltérable dort.


Sully Prudhomme
Les Épreuves

L’Habitude

L’habitude est une étrangère
Qui supplante en nous la raison :
C’est une ancienne ménagère
Qui s’installe dans la maison.

Elle est discrète, humble, fidèle,
Familière avec tous les coins ;
On ne s'occupe jamais d’elle,
Car elle a d’invisibles soins :

Elle conduit les pieds de l’homme,
Sait le chemin qu’il eût choisi,
Connaît son but sans qu’il le nomme,
Et lui dit tout bas : « Par ici. »

Travaillant pour nous en silence,
D’un geste sûr, toujours pareil,
Elle a l’oeil de la vigilance,
Les lèvres douces du sommeil.

Mais imprudent qui s’abandonne
À son joug une fois porté !
Cette vieille au pas monotone
Endort la jeune liberté ;

Et tous ceux que sa force obscure
A gagnés insensiblement
Sont des hommes par la figure,
Des choses par le mouvement.

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

L’Idéal

À Paul Sédille

La lune est grande, le ciel clair
Et plein d’astres, la terre est blême,
Et l’âme du monde est dans l’air.
Je rêve à l’étoile suprême,

À celle qu’on n’aperçoit pas,
Mais dont la lumière voyage
Et doit venir jusqu’ici-bas
Enchanter les yeux d’un autre âge.

Quand luira cette étoile, un jour,
La plus belle et la plus lointaine,
Dites-lui qu’elle eut mon amour,
Ô derniers de la race humaine !

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

La Prière

Je voudrais bien prier, je suis plein de soupirs !
Ma cruelle raison veut que je les contienne.
Ni les voeux suppliants d'une mère chrétienne,
Ni l'exemple des saints, ni le sang des martyrs,

Ni mon besoin d'aimer, ni mes grands repentirs,
Ni mes pleurs, n'obtiendront que la foi me revienne.
C'est une angoisse impie et sainte que la mienne :
Mon doute insulte en moi le Dieu de mes désirs.

Pourtant je veux prier, je suis trop solitaire ;
Voici que j'ai posé mes deux genoux à terre :
Je vous attends, Seigneur ; Seigneur, êtes-vous là ?

J'ai beau joindre les mains, et, le front sur la Bible,
Redire le Credo que ma bouche épela,
Je ne sens rien du tout devant moi. C'est horrible.


Sully Prudhomme
Les Épreuves

Le cygne

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
À des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
Il serpente, et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d’une tardive et languissante allure ;
La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule ;
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
À l’heure où toute forme est un spectre confus,
Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit,
L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d’une nuit lactée et violette,
Comme un vase d’argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.

Sully Prudhomme
Les solitudes

Le Long du quai

Le long du quai les grands vaisseaux,
Que la houle incline en silence,
Ne prennent pas garde aux berceaux
Que la main des femmes balance.

Mais viendra le jour des adieux ;
Car il faut que les femmes pleurent
Et que les hommes curieux
Tentent les horizons qui leurrent.

Et ce jour-là les grands vaisseaux,
Fuyant le port qui diminue,
Sentent leur masse retenue
Par l’âme des lointains berceaux.

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

Le meilleur moment des amours

Le meilleur moment des amours
N'est pas quand on a dit : « Je t'aime. »
Il est dans le silence même
À demi rompu tous les jours ;

Il est dans les intelligences
Promptes et furtives des coeurs ;
Il est dans les feintes rigueurs
Et les secrètes indulgences ;

Il est dans le frisson du bras
Où se pose la main qui tremble,
Dans la page qu'on tourne ensemble
Et que pourtant on ne lit pas.

Heure unique où la bouche close
Par sa pudeur seule en dit tant ;
Où le coeur s'ouvre en éclatant
Tout bas, comme un bouton de rose ;

Où le parfum seul des cheveux
Parait une faveur conquise !
Heure de la tendresse exquise
Où les respects sont des aveux.

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

Le Vase brisé

À Albert Decrais.

Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé ;
Le coup dut effleurer à peine :
Aucun bruit ne l’a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D’une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s’est épuisé ;
Personne encore ne s’en doute ;
N’y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu’on aime,
Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n’y touchez pas.

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

Les Yeux

À Francisque Gerbault.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l’aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.

Les nuits, plus douces que les jours,
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours,
Et les yeux se sont remplis d’ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu leur regard,
Non, non, cela n’est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu’on nomme l’invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l’autre côté des tombeaux
Les yeux qu’on ferme voient encore.

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

Mal ensevelie

Quand votre bien-aimée est morte,
Les adieux vous sont rendus courts ;
Sa paupière est close, on l'emporte,
Elle a disparu pour toujours.

Mais je la vois, ma bien-aimée,
Qui sourit sans m'appartenir,
Comme une ombre plus animée,
Plus présente qu'un souvenir !

Et je la perds toute ma vie
En d'inépuisables adieux ...
Ô morte mal ensevelie,
Ils ne t'ont pas fermé les yeux !

Sully Prudhomme
Stances Et Poèmes

Soupir

Ne jamais la voir ni l’entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l’attendre,
Toujours l’aimer.

Ouvrir les bras et, las d’attendre,
Sur le néant les refermer,
Mais encor, toujours les lui tendre,
Toujours l’aimer.

Ah ! Ne pouvoir que les lui tendre,
Et dans les pleurs se consumer,
Mais ces pleurs toujours les répandre,
Toujours l’aimer.

Ne jamais la voir ni l’entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais d’un amour toujours plus tendre
Toujours l’aimer.

Sully Prudhomme
Les solitudes

Liens
http://youtu.be/PTEfa86wnIg Le Cygne
http://youtu.be/Llm8jdP5QV8 "Le gant en chanson" 2éme partie
http://youtu.be/zxbCVGzvIIo (Avec l'accent c'est si charmant)
http://youtu.be/WtqKoozYasU L'habitude
http://youtu.be/zBfO-dYcbAk Les yeux
http://youtu.be/XGaaPz4KOgs Les yeux


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Posté le : 15/03/2014 23:43
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Maxime Gorki
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Le 16 Mars (c.Grégorien) 28 mars (c.Julien) 1868 à Nijni Novgorod empire Russe naît

Maxime Gorki,

parfois orthographié Gorky, en russe : Максим Горький, Maksim Gorki, nom de plume d’Alekseï Maksimovitch Pechkov en russe : Алексей Максимович Пешков, écrivain Théâtre, romans, récits, autobiographie
Signature russe soviétique. Il est considéré comme un des fondateurs du réalisme socialiste en littérature et un homme engagé politiquement et intellectuellement aux côtés des révolutionnaires bolcheviques, il meurt à 68 ans à Moscou en URSS.
Enfant pauvre et autodidacte, formé par les difficultés et les errances de sa jeunesse, passé par le journalisme, il devient un écrivain célèbre dès ses débuts littéraires. Auteur de nouvelles pittoresques mettant en scène les misérables de Russie profonde, voir Essais et Histoires, 1898, de pièces de théâtre dénonciatrices comme Les Bas-fonds en 1902 ou de romans socialement engagés comme La Mère, publié en 1907, il racontera aussi sa vie dans une trilogie autobiographique : Enfance/ Ma vie d'enfant en 1914, En gagnant mon pain en 1915-1916, Mes universités en 1923.

Gorki est un phénomène littéraire, politique et philosophique complexe : autodidacte sacré père des lettres soviétiques, militant bolchevique émigré après la révolution, vagabond anarchisant devenu porte-parole de Staline... Canonisé de son vivant, accusé après la fin de l'U.R.S.S. d'avoir été le chantre du goulag, l'homme intéresse plus que l'œuvre, qui fournit pourtant, dès les premiers récits, la clé de ces contradictions. Gorki – l'Amer : ce nom de plume, choisi en 1892, traduit bien la source et le but de toute l'activité de l'écrivain. Celui qui a connu dès son enfance une réalité sordide et cruelle aspire à la transfigurer par la raison, la volonté et le travail, à créer une vie plus belle et plus humaine . Dût-il pour cela mentir, ou semer des illusions. Gorki est l'un des bâtisseurs, et l'une des victimes, de l'utopie communiste du XXe siècle. Il incarne les révoltes, les espoirs et les errements de son époque. Écrivain engagé, il n'est pas pour autant un écrivain de propagande : ce rôle est réservé aux articles et aux discours, tandis que l'œuvre reste essentiellement inspirée par la Russie d'avant la révolution, décrite sous tous ses aspects, dans tous ses milieux sociaux, et éclairée par un romantisme révolutionnaire qui deviendra une composante du réalisme socialiste.

Dès ses débuts littéraires, Gorki partage l'idéal des partis progressistes et se lie avec les bolcheviks et avec Lénine. Plusieurs fois emprisonné pour ses prises de position, en particulier lors de la révolution de 1905, il quitte la Russie et voyage aux États-Unis pour collecter des fonds pour le mouvement bolchevique. À son retour en 1906, il doit s'exiler à Capri pour des raisons à la fois médicales et policières.
Rentré en Russie à la suite d'une amnistie en 1913, Maxime Gorki est proche de Lénine et des révolutionnaires, mais formule des critiques dès novembre 1917 qui lui valent les menaces du pouvoir : inquiet et malade de la tuberculose, il quitte la Russie en octobre 1921 et se fixe de nouveau dans le sud de l'Italie en 1924.
Encouragé par Staline, il revient plusieurs fois en URSS après 1929 et s'y réinstalle définitivement en 1932 : il devient un membre éminent de la nomenklatura soviétique et participe à la propagande du régime qui l'honore mais le surveille en même temps.

Il meurt en juin 1936 dans des circonstances qui ont prêté au soupçon, mais ses funérailles nationales l'établissent comme l'écrivain soviétique exemplaire qu'immortaliseront écrits et statues.

Sa vie

Maxime Gorki est né le 16 mars 1868, du calendrier grégorien, à Nijni Novgorod sur la Volga dans un milieu modeste. Il passa les premières années de sa vie à Astrakhan, où son père était agent maritime après avoir quitté son atelier d'artisan de Nijni Novgorod. L'enfant revint dans sa ville natale à la mort de son père, artisan ébéniste devenu directeur du bureau d'une compagnie de navigation à vapeur à Astrakhan et emporté par le choléra- Maxime avait trois ans - : sa mère retourna chez ses parents, qui tenaient un petit atelier de teinturerie. Orphelin de mère à dix ans, celle-ci mourra de phtisie en 1879,l'enfant est recueilli par son grand-père maternel, doyen de la corporation des teinturiers de Nijni-Novgorod et despote familial bientôt ruiné. Il fut élevé durement par un grand-père violent et une grand-mère excellente conteuse, douce et pieuse : il apprit ainsi à survivre dans un contexte difficile mais pittoresque qu'il évoquera dans le premier volet de son autobiographie, Enfance.
En 1913, Gorki évoquera dans Enfance le premier volume de sa trilogie autobiographique, les empreintes qui le marquèrent à jamais et ancrèrent en lui la volonté d' ennoblir l'homme. Dès 1878, après deux ans d'école primaire, il est forcé par son grand-père de quitter l'école à douze ans, il pratiqua plusieurs petits métiers comme cordonnier ou graveur dans la ville de Kazan. l'enfant doit gagner seul sa vie : il est chiffonnier, commis, plongeur, apprenti peintre d'icônes, figurant... En gagnant mon pain, 1916. Très affecté par la mort de sa grand-mère, il tenta de se suicider en décembre 1887 mais survécut à la balle qu'il s'était tirée près du cœur ; toutefois, celle-ci endommagea gravement son poumon et il souffrit toute sa vie de faiblesse respiratoire. Il entreprit ensuite une très longue errance à pied de plusieurs années dans le sud de l'empire russe et les régions du Caucase, lisant en autodidacte, effectuant différents métiers comme docker ou veilleur de nuit et accumulant des impressions qu'il utilisera plus tard dans ses œuvres : il racontera cette période de formation dans Mes universités.
il travaille comme portefaix, choriste, mitron, et fréquente des clochards et des cercles clandestins d'étudiants qui l'initient aux débats sur le populisme, socialisme paysan et le marxisme.Sa tentative de suicide fut provoquée à la fois par le désaccord entre le rêve et la réalité et par un amour malheureux, Gorki décide en 1888, avec un ami, Mikhail Romas, de mettre ses idées populistes au service des paysans : mais la boutique qui leur servait de base est incendiée, et l'écrivain en retire une haine durable de la paysannerie lire "Sur le paysan russe" en 1922, qui lui fera approuver le bouleversement géologique de la collectivisation forcée, en 1929-1933.
À 24 ans, il décida de rentrer dans le rang et devint journaliste pour plusieurs publications de province. Il écrivait sous le pseudonyme de Иегудиил Хламида : Jehudiel Khlamida, nom évoquant par sa racine grecque le masque et les services secrets puis il commença à utiliser aussi le pseudonyme de Gorki qui signifie littéralement amer en 1892 dans un journal de Tiflis, Кавка : Le Caucase : ce nom reflétait sa colère bouillonnante à propos de la vie en Russie et sa détermination à dire l'amère vérité.

Au cours de ses années de pérégrination à travers la Russie méridionale et le Caucase, pour comprendre le peuple.Gorki y fait la connaissance de l'écrivain populiste Korolenko, qui le guidera. Il se met en ménage avec une sage-femme et sa fille Le Premier Amour, 1923, évoque ce moment de sa vie et travaille comme clerc chez un notaire. Il s'initie à la philosophie, et notamment à Nietzsche. Gorki a déjà beaucoup lu – romans historiques, romans populaires français, romans populistes russes, folklore, Bible, grands classiques russes et étrangers : J'ai appris à écrire chez les auteurs français, dira-t-il en 1924 en parlant de la parfaite maîtrise du dialogue chez Balzac. Débordant d'impressions, révolté et idéaliste, il se met à écrire : il fait paraître son premier récit, Makar Tchoudra, en 1892 à Tiflis, sous le pseudonyme de Gorki. Il rédige alors régulièrement des chroniques pour des journaux de Nijni-Novgorod et de Samara. À partir de 1895, ses récits sont publiés par les revues de la capitale. En 1896, il épouse une socialiste révolutionnaire qui deviendra présidente de la Croix-Rouge soviétique. En 1898, il réunit vingt récits dans les deux volumes d'Esquisses et récits, qui paraissent à Saint-Pétersbourg.

Débuts littéraires et premiers engagements politiques

Le premier ouvrage de Gorki Очерки и рассказы, Esquisses et récits parut en 1898 et connut un succès extraordinaire, en Russie et à l'étranger, qui lança sa carrière d'écrivain pittoresque et social. Il y décrivait la vie des petites gens en marge de la société, les bossiaks, les va-nu-pieds, révélant leurs difficultés, les humiliations et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur profonde humanité. Gorki acquit ainsi la réputation d'être une voix unique issue des couches populaires et l'avocat d'une transformation sociale, politique et culturelle de la Russie, ce qui lui valut d'être apprécié à la fois de l'intelligentsia - il entretiendra des liens de sympathie avec Anton Tchekhov et Léon Tolstoï -, et des travailleurs les plus conscientisés.

Ce succès immédiat, et international : ces récits apportent un nouveau type littéraire. Ils dépeignent des vagabonds, des marginaux fiers de l'être, des natures fortes, indépendantes, passionnées, anarchistes et individualistes, conscientes de leur supériorité sur les petits-bourgeois, les intellectuels et les paysans, en contraste avec le pessimisme et le misérabilisme dominants, ou les personnages falots de Tchekhov. Récits-légendes La Vieille Izerguil, poèmes en prose allégoriques, Le Chant du faucon, récits réalistes à base autobiographique, Konovalov, Mon Compagnon : Gorki varie les genres, mais exalte toujours la vitalité de l'homme, plongé dans une nature sensuelle. La critique l'accusera de faire l'apologie de l'individualisme nietzschéen, mais Tchekhov reconnaîtra en lui un grand artiste. Le Gorki romantique préfère le mensonge exaltant à la vile réalité et à la vérité qui peut tuer l'espoir, Le Serin qui mentait et le pic qui disait la vérité, 1893. Par la suite, dans les années 1930, la vision-refuge de l 'avenir radieux masquera aussi pour Gorki les réalités du stalinisme. Gorki déteste les plaintes, la souffrance sacralisée par Dostoïevski, le fatalisme. Il est du côté des opprimés, des femmes, des juifs, et de tous ceux qui créent la vie.

Dans le même temps, à partir de 1899, il s'affichait proche du mouvement social-démocrate marxiste naissant et s'opposait publiquement au régime tsariste, ce qui lui valut de nombreuses arrestations : il sympathisa avec de nombreux révolutionnaires, devenant même l'ami personnel de Lénine après leur rencontre en 1902. Il gagna encore en célébrité quand il démontra la manipulation de la presse par le gouvernement lors de l'affaire Matvei Golovinski, qui fut contraint à l'exil après la dénonciation de Gorki prouvant l'implication de la police secrète, l'Okhrana, dans la rédaction et la publication du Protocole des sages de Sion. Son élection en 1902 à l'Académie impériale fut annulée par l'empereur Nicolas II, ce qui entraîna par solidarité la démission des académiciens Anton Tchekhov et Vladimir Korolenko.
Les années 1900-1905 montrent un optimisme grandissant dans les écrits de Gorki et ses œuvres les plus déterminantes dans cette période sont une série de pièces de théâtre à thèmes politiques dont la plus célèbre est Les Bas-fonds, représentée après des difficultés avec la censure en 1902 à Moscou avec un grand succès et montée ensuite dans toute l'Europe et aux États-Unis. Maxime Gorki s'engagea alors davantage dans l'opposition politique et fut même emprisonné brièvement pour cet engagement en 1901. En 1904, chez le célèbre critique Vladimir Stassov, il fit la connaissance du poète Samuel Marchak et l'invita chez lui en Crimée. Il fut de nouveau incarcéré à la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg durant la révolution avortée de 1905 : il y écrivit sa pièce Les Enfants du soleil, formellement située durant l'épidémie de choléra de 1862, mais clairement comprise comme représentant les événements de l'actualité. Sa maîtresse officielle de 1904 à 1921 est l'ancienne actrice Maria Andreïeva, bolchévique de la première heure et future directrice des théâtres après la Révolution d'Octobre.
Devenu riche par ces activités de romancier, de dramaturge et d'éditeur, il apporta son aide financière au Parti ouvrier social-démocrate de Russie, POSDR en même temps qu'il soutenait les appels des libéraux pour une réforme des droits civiques et sociaux. La brutale répression de la manifestation des travailleurs demandant une réforme sociale le 9 janvier 1905, évènement connu sous le nom de Dimanche sanglant qui marqua le début de la Révolution de 1905, semble avoir joué un rôle décisif dans la radicalisation de Gorki. Il devint alors très proche du courant bolchevique de Lénine sans qu'il soit assuré qu'il adhéra à ce mouvement : ses relations avec les Bolcheviques et Lénine demeureront d'ailleurs difficiles et conflictuelles.
En 1906, les Bolcheviks l'envoyèrent aux États-Unis pour lever des fonds de soutien et c'est pendant ce voyage que Gorki commença son célèbre roman La Mère, Мать ; qui paraît d’abord en anglais à Londres et finalement en russe en 1907 sur la conversion à l'action révolutionnaire d'une femme du peuple à la suite de l'emprisonnement de son fils. Cette expérience de l'Amérique, où il rencontra Theodore Roosevelt et Mark Twain, mais aussi les critiques de la presse qui se scandalisait de la présence à ses côtés de sa maîtresse Moura Budberg et non de sa femme Yekaterina Pechkova, l'amena à approfondir sa condamnation de « l'esprit bourgeois » et son admiration pour la vitalité du peuple américain.
Ce succès immédiat, et international : ces récits apportent un nouveau type littéraire. Ils dépeignent des vagabonds, des marginaux fiers de l'être, des natures fortes, indépendantes, passionnées, anarchistes et individualistes, conscientes de leur supériorité sur les petits-bourgeois, les intellectuels et les paysans, en contraste avec le pessimisme et le misérabilisme dominants, ou les personnages falots de Tchekhov. Récits-légendes (La Vieille Izerguil), poèmes en prose allégoriques (Le Chant du faucon), récits réalistes à base autobiographique (Konovalov, Mon Compagnon) : Gorki varie les genres, mais exalte toujours la vitalité de l'homme, plongé dans une nature sensuelle. La critique l'accusera de faire l'apologie de l'individualisme nietzschéen, mais Tchekhov reconnaîtra en lui un grand artiste. Le Gorki romantique préfère le « mensonge exaltant » à la vile réalité et à la vérité qui peut tuer l'espoir (Le Serin qui mentait et le pic qui disait la vérité, 1893). Par la suite, dans les années 1930, la vision-refuge de l'« avenir radieux » masquera aussi pour Gorki les réalités du stalinisme. Gorki déteste les plaintes, la souffrance sacralisée par Dostoïevski, le fatalisme. Il est du côté des opprimés, des femmes, des juifs, et de tous ceux qui « créent la vie ».

Gorki "monte" à Saint-Pétersbourg pour la première fois en 1899. Là, il rencontre tous les écrivains du camp réaliste ; en 1901, il prend la codirection des éditions Znanie Le savoir, dont il fera le bastion de la littérature réaliste, face aux tenants du symbolisme, avec quarante livraisons du recueil du même nom (1904-1913). Surveillé par la police depuis 1887, plusieurs fois interpellé, Gorki devient le flambeau de l'opposition au tsarisme. Il est L'Oiseau annonciateur de la tempête, pour reprendre le titre d'un poème en prose de 1901.

Ses premiers romans, Thomas Gordeiev en 1899, Les Trois en 1900 mettent en scène des personnages qui cherchent désespérément à donner un sens à leur vie : Thomas Gordeiev, fils d'un riche négociant de la Volga, étouffe dans son milieu, se révolte et est pris pour un fou. Dans Les Trois, la réalité s'oppose aux rêves de bonheur de trois frères. Les pièces du début du siècle, Les Petits-bourgeois en 1901, Les Estivants en 1904, Les Barbares en 1905, Les Ennemis en 1906, inaugurent une nouvelle période, celle de la littérature réaliste engagée : l'individualisme anarchiste laisse place au collectivisme socialiste, et l'écrivain dénonce, en militant, l'intelligentsia libérale coupée du peuple. Les Bas-Fonds en 1902, avec ses clochards philosophes, et le personnage ambigu du consolateur, Louka, qui ressemble au serin de 1893, apporta à Gorki une immense renommée. La pièce fut jouée au Théâtre d'art de Moscou, dont une actrice sociale-démocrate, bolchevique, Maria Andréiéva, devint la compagne de l'écrivain.

Le premier exil à Capri

Au début de l'année 1906, après la révolution de 1905, à laquelle il a participé à travers des pétitions, des appels, des discours, des articles, Gorki part pour les États-Unis avec Maria Andréiéva afin de réunir des fonds pour le Parti bolchevique, dont il sera membre de 1905 à 1917. Il y commence "La Mère" en 1907, roman de formation un ouvrier et sa mère, croyante, découvrent l'action révolutionnaire qui deviendra l'archétype du réalisme socialiste à partir de 1932, mais que la critique, même marxiste, accueillit mal lors de sa parution. Gorki y exprime, didactiquement, une conception peu orthodoxe du socialisme comme nouvelle religion, destinée à remplacer Dieu par l'homme-dieu et par le peuple sacralisé.

De 1906 à 1913, Gorki vécut à Capri à la fois pour des raisons de santé et pour échapper à la répression croissante en Russie. Il continua cependant à soutenir les progressistes russes, particulièrement les Bolcheviks, et à écrire des romans et des essais. Il bâtit aussi avec d'autres émigrés bolcheviques comme Alexandre Bogdanov ou Anatoli Lounatcharski, un système philosophique controversé intitulé Construction de Dieu qui cherchait, en prenant appui sur le mythe de la révolution, à définir une spiritualité socialiste où l'humanité riche de ses passions et de ses certitudes morales accèderait à la délivrance du mal et de la souffrance, et même de la mort. Bien que cette recherche philosophique ait été rejetée par Lénine, Gorki continua à croire que la culture, c'est-à-dire les préoccupations morales et spirituelles, étaient plus fondamentales pour la réussite de la révolution que les solutions politiques ou économiques. C'est le thème du roman La Confession, paru en 1908.
l'écrivain défend cette construction de Dieu. Dans "Confession" en 1908, un chercheur de vérité, un novice déçu par l'Église trouve la vérité dans la masse ouvrière, dont l'énergie collective guérit une paralytique : par sa volonté collective, le peuple se révèle capable de miracles. Lénine, que Gorki connaissait depuis 1905, fit tout pour briser ce courant des bolcheviks de gauche. Mais c'est ce même énergétisme, cette croyance en la toute-puissance psychophysique de l'homme qui fit plus tard chanter à Gorki les louanges de l'homme nouveau soviétique, à la fois thaumaturge et maître de la nature. Au même moment, le Gorki publiciste écrit des pamphlets contre les États-Unis, la France, dénonce l'esprit petit-bourgeois, le cynisme, contre l'individualisme et la destruction de la personnalité, et veut que l'on interdise la mise en scène des Frères Karamazov et des Démons.
Une série d'œuvres des années 1910 décrit l'ennui et la vulgarité du marais provincial russe, en même temps que les ferments révolutionnaires qui l'agitent : La Vie d'un homme inutile en 1908, portrait psychologique d'un indicateur de police, La Bourgade d'Okourov en 1909, La Vie de Matvéi Kojémiakine en 1910. Dans L'Été en 1909, écrit d'après les carnets d'un agitateur socialiste révolutionnaire à la campagne, Gorki veut montrer que la résurrection du « grand peuple russe », encore brutal et asservi, est proche. Dans un cycle de récits écrits entre 1912 et 1917, et réunis en 1923 sous le titre À travers la Russie, Gorki poursuit l'analyse du caractère russe, à travers des personnages qui incarnent son génie, son endurance, mais aussi son manque de persévérance, sa méfiance envers le progrès : telle est l'âme slave, capable de brefs et beaux embrasements, hésitant entre ce que Gorki définira dans un article de 1915 comme une âme asiatique, passive et contemplative, soumise au destin, et une âme occidentale, rationnelle et active, qui se confond avec celle de l'Homme gorkien, "L'Homme, allégorie" de 1903. Pour Gorki, comme pour Faust, qui est son idole, avec Prométhée, "au commencement était l'action", et non le Verbe.

Le compagnonnage bolchevique

Profitant de l'amnistie décrétée pour le 300e anniversaire de la dynastie des Romanov, Gorki revint en Russie en 1913 et poursuivit sa critique sociale en guidant de jeunes écrivains issus du peuple et en écrivant les premières parties de son autobiographie, Ma vie d'enfant 1914 et En gagnant mon pain 1915-1916.
Durant la Première Guerre mondiale, son appartement de Petrograd fut transformé en salle de réunion bolchevique mais ses relations avec les communistes se dégradèrent. Il écrivit ainsi deux semaines après la Révolution d'octobre : Lénine et Trotsky n'ont aucune idée de la liberté et des droits de l'homme. Ils sont déjà corrompus par le sale poison du pouvoir. Son journal Новая Жизнь Nouvelle vie fut censuré par les bolcheviks et Gorki écrivit en 1918 une série de critiques du bolchevisme au pouvoir intitulées Pensées intimes qui n'ont été publiées en Russie qu'après la chute de l'Union soviétique. Cette conception volontariste et collectiviste de la vie et de l'histoire explique aussi le ralliement de Gorki aux bolcheviks, auxquels il reprocha d'abord violemment dans "Pensées intempestives", articles de 1917-1918 d'avoir déclenché prématurément la révolution dans un pays arriéré. Ainsi il accuse le "tandem Lénine-Trotski" de faire une "expérience cruelle" sur le peuple russe, et s'effraie du déchaînement des "instincts zoologiques". Il s'efforce de sauver de la faim ou de l'arrestation écrivains et savants, défend le patrimoine culturel contre le vandalisme, lance d'ambitieux projets éditoriaux.
Il y compare Lénine à la fois au tsar pour sa tyrannie inhumaine d'arrestations et de répression de la liberté de penser et à l'anarchiste Serge Netchaïev pour ses pratiques de comploteur. En 1919, une lettre de Lénine le menaça clairement de mort s'il ne changeait pas ses prises de position. Excédé par sa "vaine agitation", Lénine lui conseille d'aller soigner sa santé à l'étranger. Gorki finit par partir, le 16 octobre 1921, pour un long exil, d'abord en Allemagne et en Tchécoslovaquie, puis à Sorrente à partir de 1924. Il suit attentivement la vie littéraire soviétique, distribuant conseils et critiques. Ses souvenirs et l'étude du passé nourrissent son œuvre : il écrit La Maison Artamonov en 1925, un roman de famille sur l'origine et la dégénérescence d'une dynastie de manufacturiers, et s'attelle en 1925 à un roman-fleuve qu'il ne terminera pas, La Vie de Klim Samguine, dédié à Maria Zakrevskaïa, sa secrétaire et nouvelle compagne. Sur fond d'événements historiques vus à travers le prisme d'un antihéros – un avocat raisonneur – Gorki suit la dissolution de l'intelligentsia libérale de 1879 à 1917.
En août 1921, il ne put sauver son ami Nikolaï Goumiliov, fusillé par la Tchéka malgré son intervention auprès de Lénine. En octobre de la même année 1921, Gorki quitta la Russie et séjourna dans différentes villes d'eau en Allemagne et ayant achevé le troisième volet de son autobiographie, Mes universités publié en 1923, retourna en Italie pour soigner sa tuberculose : installé à Sorrente en 1924, il resta en contact avec son pays et revint plusieurs fois en Union soviétique après 1929, avant d'accepter la proposition d'un retour définitif que lui fit Staline en 1932 : on discute les raisons de ce retour expliqué par des difficultés financières pour les uns, comme Alexandre Soljenitsyne, ou par ses convictions politiques pour les autres.

Staline et Gorki.

Des considérations idéologiques et financières décident Gorki à revenir en Union soviétique : après un premier voyage en 1928, organisé par Staline comme un triomphe, il passera chaque été en U.R.S.S. – à l'exception de l'année 1930 – avant de quitter définitivement Sorrente en mai 1933. Les buts fabuleux de l'utopie communiste l'emportent pour Gorki sur la réalité des camps et du travail forcé, qu'il n'ignore pas, mais sur laquelle il ferme les yeux ou qu'il justifie à l'aide de sa philosophie antipersonnaliste et relativiste d'avant la révolution : "Si l'ennemi ne se rend pas, on l'extermine" en 1930.
Sa visite du camp de travail soviétique des îles Solovetski ou Solovki, maquillé à cette occasion, le conduisit à écrire un article positif sur le Goulag en 1929, ce qui déclencha des polémiques en Occident : Gorki dira plus tard l'avoir écrit sous la contrainte des censeurs soviétiques. Il fut honoré par le régime qui exploita dans sa propagande son départ de l'Italie fasciste pour retrouver sa patrie soviétique : il reçut la médaille de l’ordre de Lénine en 1933 et fut élu président de l'Union des écrivains soviétiques en 1934, ce qui lui valut d'être installé à Moscou dans un hôtel particulier qui avait appartenu au richissime Nikolaï Riabouchinski et est devenu le Musée Gorki aujourd'hui, et on lui accorda également une datcha dans la campagne moscovite. Une des artères principales de la capitale, rue Tverskaïa, reçut son nom comme sa ville natale qui retrouvera son nom primitif de Nijni Novgorod en 1991, à la dislocation de l'Union soviétique. Le plus gros avion du monde construit au milieu des années 1930, le Tupolev ANT-20, fut baptisé lui aussi Maxime Gorki.
En 1934, Gorki est élu président de la nouvelle Union des écrivains soviétiques. Il a la satisfaction de voir le romantisme révolutionnaire reconnu comme une composante du réalisme socialiste : Gorki a toujours pensé que la littérature devait s'élever au-dessus de la réalité pour montrer ce qui est souhaitable, et éveiller les forces créatrices de l'homme, énergétiser le peuple.
Cette consécration soviétique est illustrée par de nombreuses photographies où il apparaît aux côtés de Staline et d'autres responsables de premier plan comme Kliment Vorochilov et Viatcheslav Molotov. Par ailleurs, Gorki participa activement à la propagande stalinienne comme dans l'éloge du canal de la mer Blanche à propos duquel, évoquant les bagnards du Goulag chargés des travaux, il parle de réhabilitation réussie des anciens ennemis du prolétariat .
Cependant, Gorki semble avoir été partagé entre sa fidélité au bolchevisme et ses idées sur la liberté indispensable aux artistes. Il était d'ailleurs suspect aux yeux du régime et après l'assassinat de Sergueï Kirov en décembre 1934, le célèbre écrivain fut assigné à résidence à son domicile. La mort soudaine de son fils Maxim Pechkov en mai 1935 et la mort rapide, attribuée à une pneumonie, de Maxime Gorki lui-même le 18 juin 1936 ont fait naître le soupçon d'empoisonnement, mais rien n'a jamais pu être prouvé. Staline et Molotov furent deux des porteurs du cercueil de Gorki lors de ses funérailles qui furent mises en scène comme un événement national et international le 20 juin 1936 sur la place Rouge à Moscou. André Gide qui commençait son célèbre voyage en URSS y prononça un éloge funèbre2.
Maxime Gorki est inhumé dans la nécropole du mur du Kremlin derrière le mausolée de Lénine.

Le retour en U.R.S.S.

Des considérations idéologiques et financières décident Gorki à revenir en Union soviétique : après un premier voyage en 1928, organisé par Staline comme un triomphe, il passera chaque été en U.R.S.S. – à l'exception de l'année 1930 – avant de quitter définitivement Sorrente en mai 1933. Les buts fabuleux de l'utopie communiste l'emportent pour Gorki sur la réalité des camps et du travail forcé, qu'il n'ignore pas, mais sur laquelle il ferme les yeux ou qu'il justifie à l'aide de sa philosophie antipersonnaliste et relativiste d'avant la révolution : "Si l'ennemi ne se rend pas, on l'extermine" 1930. En 1934, Gorki est élu président de la nouvelle Union des écrivains soviétiques. Il a la satisfaction de voir le romantisme révolutionnaire reconnu comme une composante du réalisme socialiste : Gorki a toujours pensé que la littérature devait s'élever au-dessus de la réalité pour montrer ce qui est souhaitable, et éveiller les forces créatrices de l'homme, énergétiser le peuple ».
En revenant en U.R.S.S., Gorki avait l'ambition d'adoucir l'attitude de Staline à l'égard de l'opposition politique Boukharine, Kamenev, Radek. Mais la mort suspecte, en 1934, de son fils Maxime, né en 1897, puis l'assassinat de Kirov, qui ouvre la voie à l'élimination des « vieux bolcheviks », mettent fin à ces espoirs : Gorki est de facto assigné à résidence, fût-elle dorée, ses contacts avec l'extérieur sont filtrés. Le "vieil ours a un anneau passé au nez", dira de lui Romain Rolland qui ira le voir en 1935. Il multiplie les entreprises éditoriales, et les articles contre le fascisme, mais ses collaborateurs seront arrêtés après sa mort, et le pacte germano-soviétique sera signé en 1939. La mort de l'écrivain, survenue le 18 juin 1936 après une courte maladie, reste entourée de mystère. Elle coïncide avec l'arrivée à Moscou d'Aragon, qui dit avoir été « harcelé » de messages de Gorki, et celle de Gide et de Pierre Herbart. En 1938, le secrétaire et les médecins de Gorki furent condamnés lors du procès du "bloc des droitiers et des trotskistes". Ils ont été réhabilités en 1988, mais non le chef du N.K.V.D., Yagoda, qui, lors du même procès, avoua avoir ordonné sa mort. De toute façon, Staline préférait un Gorki mort et mythifié à un Gorki imprévisible et toujours quelque peu hérétique. Sa disparition ouvrit la voie aux grands "procès de Moscou" contre ses amis Kamenev en août 1936, Radek en 1937, Boukharine en 1938.

L'écrivain officiel

À l'époque soviétique, avant et après sa mort, la complexité de la vie et des positions de Maxime Gorki a été gommée par l'image officielle répandue par des textes et des statues dans tout le pays. Il était présenté comme un grand écrivain russe sorti du peuple, loyal ami des bolcheviks et un des pères du réalisme socialiste. En revanche, il a été dénoncé par les intellectuels russes dissidents comme un écrivain compromis idéologiquement alors que des écrivains occidentaux soulignaient ses doutes et ses critiques du système. Aujourd'hui, ses œuvres jouissent d'une appréciation plus équilibrée.
Gorki n'est ni un personnage entièrement inféodé au pouvoir, ni une victime innocente de ses illusions. Il était dans sa nature romantique de préférer l'utopie à la réalité. De là ce dédoublement tragique entre l'individu et le collectif, le réel et l'illusion, la liberté et la contrainte. Le "chantre de la raison", comme l'appela Boukharine, devenait l'otage du régime qui eut en lui son meilleur ambassadeur. Mais, en dehors d'une pièce contre les "saboteurs" Somov et les autres, 1930, publiée en 1941, Gorki n'écrivit guère sur la période soviétique que des articles à la gloire de l'homme nouveau, ou contre les ennemis intérieurs et extérieurs. L'écrivain, grand créateur de mythes, continua à peindre le passé, dans lequel il pressentit, puis chercha les causes d'une révolution qui dévora ses enfants.

Regards sur l'œuvre

Gorki écrivait constamment, considérant la littérature moins comme un exercice esthétique, encore qu'il travaillât durement le style et la forme que comme un acte moral et politique capable de changer le monde. À la fois auteur de romans, de nouvelles, de récits autobiographiques et de pièces de théâtre, Maxime Gorki écrivit aussi de nombreux textes de réflexion comme des articles, des essais ou des livres de souvenirs sur la politique Lénine ou le monde littéraire et artistique, Léon Tolstoï, Anton Tchekhov....
On trouve au cœur de toute son œuvre sa foi dans la valeur profonde de la personne humaine, "личность". Il opposait la vitalité des individus animés par leur dignité naturelle, leur énergie et leur volonté à ceux qui succombaient à cause des conditions de vie dégradante qui leur étaient imposées. D'ailleurs, ses livres comme ses lettres révèlent un homme tourmenté, comme il se décrit souvent lui-même, cherchant à résoudre des sentiments contradictoires d'espoir et de scepticisme, d'amour de la vie et de dégoût de la vulgarité et de la petitesse de l'humanité.
On Qui ? reconnaît aujourd'hui à Gorki le mérite d'avoir exprimé la complexité morale de la Russie moderne et d'illustrer à la fois les promesses et les dangers de la Révolution russe. On reconnaît aussi généralement les faiblesses littéraires de ses œuvres engagées et démonstratives mais on salue sans restriction la veine réaliste et pittoresque des écrits autobiographiques qui restituent la vie russe de la fin du xixe siècle et son parcours personnel attachant.

Œuvres principales

Очерки и рассказы, Esquisses et Récits parut en 1898 et connut un succès extraordinaire qui lança sa carrière d'écrivain pittoresque et social. Ce recueil de textes courts publiés précédemment dans les journaux décrivait la vie des petites gens en marge de la société les bossiaks, les va-nu-pieds, révélant leurs difficultés, les humiliations et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur profonde humanité.
Les Bas-fonds : pièce de théâtre représentée en 1902 dans laquelle un idéaliste finalement admis par un groupe de personnages des bas-fonds de la société, prostituées, voleurs, criminels ... réussit à leur transmettre un message d'espoir et de pensée positive.
Les Petits Bourgeois, 1902, Мещане, théâtre où un ouvrier défend avec conviction et assurance les valeurs de la vraie humanité que l'intelligentsia a trahies.
Les Enfants du soleil, 1905, Дети солнца, pièce de théâtre formellement située durant l'épidémie de choléra de 1862, mais clairement comprise comme représentant les événements de 1905 et la tentative de révolution. Cette pièce pamphlétaire critique les intellectuels russes qui restent dans les débats théoriques alors que la situation exige un engagement dans l'action.
Les Barbares 1905 : pièce foisonnante montrant le quotidien mesquin d'une petite ville de province dont les oppositions sociales et les égoïsmes sont révélés par l'irruption de deux ingénieurs venus préparer l'arrivée du chemin de fer.
Son plus célèbre roman, La Mère 1907, Мать, dont le thème est la conversion à l'action révolutionnaire d'une femme du peuple à la suite de l'emprisonnement de son fils pour agitation sociale.
La Confession 1908, Исповедь : Matveï, enfant trouvé, cherche la vérité sur Dieu et découvre que c'est le peuple qui par son énergie collective peut changer le monde. La religiosité du propos autour de la fonction messianique du peuple a été condamnée par les marxistes, Lénine en tête.
Ma vie d'enfant / Enfance 1914, Детство, En gagnant mon pain 1915-1916, Mes universités, 1923 Мои университеты, Le Patron : récits autobiographiques de l'enfance à l'âge adulte.
Pensées intimes 1918, série de critiques du bolchevisme au pouvoir qui n'ont été publiées en Russie qu'après la chute de l'Union soviétique.
Notes de Journal 1924
Humanisme prolétarien, 1933

Adaptations cinématographiques

1926 : adaptation de La Mère, Мать par Vsevolod Poudovkine, film muet avec les acteurs Vera Baranovskaïa et Nikolaï Batalov, Musique additionnelle de S. Blok en 1935.
Marc Donskoï a réalisé plusieurs films à partir des œuvres de Gorki : L'Enfance de Gorki, 1937, En gagnant mon pain, 1938, Mes universités, 1939 et en 1954 : La Mère.
1936 : adaptation libre des Bas-fonds par Jean Renoir, avec Jean Gabin, Louis Jouvet, Vladimir Sokoloff.
1957 : adaptation très fidèle, en noir et blanc, des Bas-fonds transposés à Tokyo dans le Japon féodal par le cinéaste japonais Akira Kurosawa avec Toshirō Mifune, Isuzu Yamada, Vassilia Karpovna, Ganjiro Nakamura.
1971 : adaptation pour la télévision allemande de La Mère par Peter Stein.
1976 : Les Tsiganes montent au ciel, film soviétique d'Emil Loteanu, avec Pavel Andreïtchenko, Lialia Tchernaïa, s'inspirant des récits bessarabes de Maxime Gorki.
1983 : Les Estivants pièce représentée à la Comédie-Française, captation partiellement tournée par Jacques Rozier.
En octobre 2007, le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako annonce sa prochaine adaptation au cinéma de la pièce de Gorki Les Bas-fonds avec comme lieu du tournage la ville morte de Chinguetti en Mauritanie, septième lieu saint de l’Islam, classé patrimoine mondial de l’Humanité.

En son honneur


Timbre de l'URSS en l'honneur de Maxime Gorki
L'écrivain soviétique a été honoré dans le monde de la philatélie par des timbres à son effigie.
L'URSS a donné le nom de Gorki à de nombreux lieux comme le parc de Moscou ou une entreprise de construction automobile, basée à Gorki, Gorkovski Avtomobilny Zavod, GAZ qui a conservé son nom malgré le changement de nom de la ville.
Sa ville natale Nijni Novgorod a été rebaptisée Gorki de 1932 jusqu'à 1991; ce nom continue à désigner la ville pour le réseau de chemin de fer.
Un théâtre de Berlin, sur Unter den Linden, ex-Berlin-Est porte son nom donné au temps de la RDA.

Représentations notables

Le public français a eu l'occasion de découvrir Les Barbares pièce qui date de 1905 en 2003, lorsque Patrick Pineau l'a mise en scène à l'Odéon, à Paris. Et le 17 juillet 2006, a eu lieu, dans la cour d'honneur du palais des Papes, dans le cadre du Festival d'Avignon la première représentation des Barbares, mise en scène par Éric Lacascade, qui offrait une sorte de reconnaissance internationale à une pièce méconnue. Au cours de l'année 2006-2007, cette pièce a été présentée sur de nombreuses scènes nationales de France5.
1971 : Les Estivants de Maxime Gorki, mise en scène Edmond Tamiz, Maison de la Culture de Rennes, Grand Théâtre d'Angers

Liens
http://youtu.be/13a8h6Ebo30 images
http://youtu.be/GVQ8aCiWpkQ Gorki et Staline
http://youtu.be/aeAY_-ulj9U Max Gorki
http://youtu.be/QFNw1I2hc_M Funérailles (film amateur)
http://youtu.be/8QLpyNT3lB8 Le Tupolev "maxim Gorki

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Posté le : 15/03/2014 23:02
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Re: Philip K. Dick
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Belle analyse de l'œuvre de ce grand de la SF américaine.
Il était important de souligner à quel point il a été minoré aux USA comparé à des auteurs plus politiquement corrects comme Asimov ou Heinlein.
Le cinéma ne s'est pas trompé en reprenant quelques unes de ses nouvelles.

La période SIVA ainsi que Radio Libre Albemuth est symptomatique de son décalage avec sa profession.
Sa paranoïa (justifiée en partie) vis à vis du pouvoir américain et de Richard Nixon a même inspiré la BD anglaise Watchmen où l'Amérique est devenue ce que ce président voulait qu'elle soit: un empire ivre de puissance et manipulateur.

Merci Loriane.

Donald.

Posté le : 15/03/2014 19:24
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Leopold Ritter von Sacher-Masoch
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Le 9 mars 1895 à Lindheim en Allemagne meurt, à 59 ans Leopold Ritter

von Sacher-Masoch
,

écrivain et journaliste autrichien. Le terme masochisme est dérivé de son nom. Il naît le 27 janvier 1836 à Lemberg dans l'empire d'Autriche

Sa vie

Fils de haut fonctionnaire, il passe sa jeunesse en Galicie et à Prague. Leopold von Sacher-Masoch est né à Lemberg en Galicie, province polonaise rattachée à l'Empire autrichien. Son père, Leopold Sacher, Autrichien, d'ascendance peut-être espagnole, était préfet de police de Lemberg, puis de Prague et, enfin, de Graz. Sa mère, Ukrainienne, était la fille du docteur Franz von Masoch, qui, craignant de voir s'éteindre son nom, fit prendre aux Sacher, en 1838, le nom de Sacher-Masoch. À sa naissance, le jeune Leopold fut confié à une nourrice ukrainienne, Handscha, dont les chants et les récits le marquèrent profondément : Je ne t'ai jamais oubliée, comme je n'ai jamais oublié les contes que tu m'as dits, les airs que tu m'as chantés.Encore enfant, à Lemberg en 1846, à Prague en 1848, il est le témoin des mouvements révolutionnaires qui agitent l'Empire autrichien. À Graz, il étudie le droit, puis l'histoire, publie en 1856 L'Insurrection de Gand sous l'empereur Charles Quint.
D'abord professeur d'histoire à Graz et à Lemberg auj. Lvov, il abandonne rapidement son poste pour se consacrer à la littérature. Sous les pseudonymes de Charlotte Arand et de Zoë von Rodenbach ou sous son propre nom, il acquiert bientôt une grande notoriété comme auteur de contes folkloriques de l'Europe centrale, Histoires galiciennes, 1877-1881 ; Histoires juives polonaises, 1887. Pendant toute cette période, le public ne reconnaît aucun érotisme dans l'auteur du roman la Femme divorcée 1870 et des cycles de contes intitulés Récits du monde du théâtre" qui contient la Fausse Hermine, 1873-1879) ou Histoires de la bonne société qui contient la Vénus à la fourrure, 1870. Le destin posthume change quand le psychologue Krafft-Ebing appelle « masochisme l'érotisme où le plaisir naît de l'humiliation infligée par un être adoré.

Une seule figure, sous des formes variées, occupe l' œuvre de Sacher-Masoch : la femme aux fourrures et au fouet, qui fait de l'homme son esclave. À cette figure est liée une jouissance qu'il nomme suprasensuelle : Je trouve, écrit-il dans La Vénus à la fourrure, un attrait étrange à la douleur, et rien ne peut plus attiser ma passion que la tyrannie, la cruauté et surtout l'infidélité d'une belle femme. Or je ne puis m'imaginer sans fourrures cette femme, cet étrange idéal né d'une esthétique du laid, l'âme d'un Néron et le corps d'une Phryné.Cet idéal, qui lui valut de donner son nom au masochisme, Sacher-Masoch a tenté de le réaliser dans sa vie, notamment dans son mariage avec Wanda. Mais la réalité a déçu les attentes de l'imagination, et l'œuvre, autant que de l'exigence du fantasme, témoigne de l'absence de l'idéal : Si cette femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres.Pourtant, elle est dans l'histoire, elle hante le grand livre de l'histoire du monde qu'écrivent avec le sang des victimes les tyrans hommes et femmes : plus que la cruauté de la femme et la haine qui sépare les sexes, c'est la cruauté de l'histoire et la jouissance énigmatique des victimes que met en évidence l'humour de Sacher-Masoch.

Masoch avec Fanny Pistor.

En 1869, il fait la connaissance de Fanny Pistor dont il s'engage à exécuter tous les ordres et désirs pendant six mois. L'année suivante, ils partent en Italie pour mettre en pratique cet engagement. Mais Léopold rentre seul en Autriche et écrit la version définitive de La Vénus à la fourrure ; il en avait déjà rédigé une première version au début de sa liaison avec madame Kottowitz.
Il croit avoir trouvé l'incarnation de Wanda de Dunajew, héroïne du roman en la personne d'Aurora Rûmelin qui devient sa femme en 1873. Leopold signe un contrat que Wanda c'est ainsi que désormais il appelle Aurora a rédigé, à son instigation :
"Je m'oblige, sur ma parole d'honneur, à être l'esclave de Mme Wanda de Dunajew, tout à fait comme elle le demande, et à me soumettre sans résistance à tout ce qu'elle m'imposera." déclaration située à la fin du contrat.
Pour que s'accomplisse pleinement son fantasme, il se met à chercher, mais en vain, l'homme, "le Grec"dans le roman avec lequel Wanda le cocufierait et, en outre, le ferait battre. Dans le cadre de cette recherche, un étrange échange épistolaire se produit entre le couple et un mystérieux inconnu qui signe Anatole, peut-être Louis II de Bavière. Mais petit à petit le mariage se délite, Wanda ne parvenant pas à tenir son rôle. En 1882, elle le quitte pour vivre avec un journaliste du Figaro. La douleur qu'ils éprouvent à la mort de leurs fils ne parvenant pas à les réconcilier, le divorce est prononcé en 1886.

La même année, Léopold fait un voyage à Paris où il est nommé dans l'ordre de la Légion d'honneur. Il termine sa vie à Lindheim en compagnie de Hulda Meister, sa nouvelle femme, avec laquelle il a eu deux filles, Olga et Marfa et un fils Ramon, il meurt le 9 mars 1895;

Sa philosophie naissance du "masochisme"

Un suprasensuel

Je vois que vous êtes vraiment plus qu'un romantique normal, vous ne restez pas en deçà de vos rêves, vous êtes l'homme que vous vous imaginez, serait-ce folie que de l'accomplir ; La Vénus à la fourrure.
Ses aventures féminines sont nombreuses. Une liaison de quatre ans avec Mme de Kottowitz s'achève par un échec : Dorénavant, je ne croirai plus à la fidélité d'une femme. Il transpose cette expérience dans La Femme séparée, qui connaît un rapide succès. Il écrit des contes, forme le projet d'un grand cycle de nouvelles, Le Legs de Caïn, qui devait représenter toute l'existence de l'homme et comprendre six thèmes : l'amour des sexes, la propriété, l'État, la guerre, le travail, la mort. Il ne cessera d'y travailler toute sa vie, sans parvenir à l'achever. En 1869, il rencontre Fanny Pistor, signe avec elle un contrat par lequel il s'engage sur sa parole d'honneur ... à être l'esclave de Mme de Pistor et à exécuter absolument tous ses désirs et ordres, et cela pendant six mois ; il l'accompagne en Italie, déguisé en domestique. Rentré à Graz, il écrit La Vénus à la fourrure 1870, qu'il tente à nouveau de réaliser avec celle qui, en 1873, devient sa femme, Aurora Rümelin, laquelle désormais prend le nom de Wanda de Dunajew héroïne du roman. Sacher-Masoch croit avoir trouvé son idéal : Vous êtes mon destin, comme je suis le vôtre.Il signe avec elle un contrat, qu'elle rédige à son instigation : Mon esclave, les conditions auxquelles je vous accepte comme esclave et vous souffre à mes côtés sont les suivantes : Renonciation absolue à votre moi. Hors la mienne vous n'avez pas de volonté .... Votre honneur m'appartient, comme votre sang, votre esprit, votre puissance de travail. Je suis votre souveraine, maîtresse de votre vie et de votre mort. Dès lors, il ne cesse, mais en vain, de chercher celui qu'il appelle le Grec, ce tiers grâce auquel pourrait s'accomplir le rêve érotique de La Vénus à la fourrure, ainsi résumé : La plus grande volupté, entre les bras d'une femme qui appelle l'homme avec lequel elle me trompe et me fait fouetter par lui Journal. En 1877-1878, une étrange aventure se noue entre le couple et celui qu'on a cru être Louis II de Bavière, mais qui a gardé son incognito et signait Anatole : Que peut offrir ton cœur ? Amour pour amour ? Si ton désir n'était pas un mensonge, tu as trouvé ce que tu cherches.À quoi Sacher-Masoch répond : Tes lignes ont soulevé mon âme comme la tempête soulève la mer .... Ange ou démon, je t'appartiens, si tu le veux.Mais encore une fois l'aventure s'achève dans le travesti et le malentendu. Peu à peu, le mariage de Sacher-Masoch se défait, Wanda ne parvient pas à tenir le rôle difficile qu'il lui assigne : de la souveraine, le mariage fait une mégère. En 1882, elle le quitte pour suivre le journaliste Armand, du Figaro. Après des épisodes pénibles, notamment lors de la mort d'un de leurs fils, le divorce est prononcé en 1886. La même année, Sacher-Masoch fait un voyage triomphal à Paris. Puis il épouse Hulda Meister, avec qui il termine sa vie à Lindheim.

Outre Le Legs de Caïn, dont fait partie La Vénus à la fourrure, Sacher-Masoch a écrit des contes folkloriques et nationaux, tels les Contes juifs, deux romans noirs qui décrivent la vie de sectes mystiques : La Pêcheuse d'âmes et La Mère de Dieu, ainsi que des ouvrages de critique sociale : La République des ennemis des femmes et Les Idéaux de notre temps traduit en français en 1871 sous le titre Les Prussiens d'aujourd'hui. C'est en 1886 que, dans sa Psychopathia sexualis, Krafft-Ebing tire de son nom le terme de masochisme.

La femme et l'histoire

"L'amour, c'est la guerre des sexes", l'homme et la femme sont des ennemis, oubliant parfois leur lutte dans un instant de vertige et d'illusion. En amour, un seul choix : être le marteau ou l'enclume, fouetter ou être fouettée car qui ne sait soumettre l'autre à sa loi sentira bientôt sur sa nuque un pied prêt à l'écraser. Dialectique du maître et de l'esclave, dans La Vénus à la fourrure, Séverin lit Hegel. Et il est de règle que ce soit le pied de la femme. Règle d'histoire : l'homme est livré à la femme par la passion, et la femme, livrée à sa propre loi, depuis Hélène et Dalila jusqu'à Catherine II et Lola Montez, témoigne de la cruauté qui fait sa vraie nature. Cruauté souveraine du désir : Se donner où l'on aime et aimer tout ce qui plaît, infidélité où se brise la passion. Ainsi la guerre des sexes est partout dans l'histoire, mais comme le signe majeur d'une violence plus radicale : la cruauté de la femme est celle de l'histoire elle-même. Ironique, elle démontre l'injustice et la vanité de l'ordre patriarcal et annonce sa faillite. Or, l'univers chrétien se décompose, et avec lui tout un discours, celui de la passion, celui du romantisme, dont hérite Sacher-Masoch, qui ne suffit plus à assurer le langage de l'amour. Dans ce déchirement d'un monde, voyez 1848, le souvenir de la Grèce apparaît comme l'espoir d'une renaissance impossible : la nostalgie du pur paganisme, où les dieux étaient la nature, évoque un amour qui serait joie parfaite et sérénité divine, une vie qui, comme un soleil, percerait les brouillards nordiques et l'encens du christianisme. Car, dans ces brouillards et cet encens, Vénus meurt de froid, et c'est pourquoi elle se couvre de fourrures.

Utopie et fantasme

Cette renaissance, à présent seul un Grec, portant en lui l'essence perdue de la Grèce pourrait l'accomplir, un législateur qui soit aussi un éducateur et sache faire de la femme non plus un tyran ou une esclave, mais une compagne. Passage du mythe à l'utopie : le rêve païen devient idéal du mariage, annonciateur de transformation sociale. C'est cet idéal qu'illustre Marcella. Le conte bleu du bonheur : l'amour physique couronné par l'harmonie morale, l'homme et la femme unis par le travail en commun. La paix des sexes, voilà le signe de la vie revenue dans l'histoire, et cette paix, seule en dernier ressort l'économie peut l'assurer : Ce n'est que l'association dans le travail qui pourra conduire à l'égalité des droits dans le mariage, de même que dans l'État et la société. L'infériorité actuelle de la femme est le produit de l'éducation qu'elle reçoit ; élevez-la comme une créature libre, laissez-la être de moitié dans la vie sérieuse, et elle sera votre égale, votre camarade, votre associée.

Mais le conte bleu du bonheur n'est qu'un beau rêve que la réalité d'un rêve plus cruel dissipe. En l'absence d'une femme noble et forte, mieux vaut un beau démon, une femme infidèle et sans pitié. Pas de demi-mesure. En l'absence de Marcella s'impose l'idéal inverse : Wanda, la Vénus à la fourrure, qui fait de l'homme son esclave. À l'inverse du bonheur et de son économie, la jouissance et son désordre. À l'inverse de l'utopie, le fantasme. Cela veut dire : réinvestir en jouissance les douleurs de l'histoire, réinvestir le christianisme, réinvestir la mort. Rendre à la passion son plus cruel sérieux : Les martyrs étaient des êtres suprasensuels qui trouvaient un plaisir certain dans la douleur et qui recherchaient d'horribles tourments, jusqu'à la mort même, comme d'autres recherchent la joie.Par un usage ironique du contrat retourner la loi contre elle-même, en montrer non seulement l'arbitraire mais la férocité, par là assujettir l'institution à la jouissance. Prendre au mot la plaisanterie, la métaphore au pied de la lettre. Et ainsi par l'imagination s'approprier l'histoire, en faire un théâtre, un roman, un inépuisable récit, une vaste et dérisoire mise en scène. Puis guérir l'imagination par la souffrance : L'imagination excite plus fortement que la réalité et les mauvais traitements physiques calment les nerfs. Faire enfin du châtiment la condition de la jouissance, du mariage une passion paradoxale. La démonstration est complète : non seulement la victime jouit de sa douleur, mais c'est elle en fin de compte qui institue son bourreau. La cruauté de l'histoire n'est pas un accident, elle est l'essence de notre mascarade. Alors à l'ironie cruelle de la femme répond l'humour de l'écrivain : Je souris, je ris même tout haut en écrivant mes aventures.Esthétique inséparable d'une éthique. L'écriture est la pointe de la douleur, elle est aussi l'éclat du rire, et l'art de Sacher-Masoch est lié à cette force de l'humour comme à cette rigueur du fantasme.

Un rôle impossible


Cette jouissance, encore faut-il que la femme puisse la soutenir. Aussi l'homme doit-il se faire, ici encore, éducateur et metteur en scène. Car le rôle qu'il assigne à la femme est un rôle difficile à tenir : Essayez, dit Sacher-Masoch à Wanda, de devenir dans nos échanges intellectuels une élève modeste et attentive, pour devenir dans nos échanges amoureux ma dominatrice, la femme voluptueusement cruelle de mes rêves, en me traitant comme votre esclave.Il doit la persuader qu'elle a bien la nature de son rôle, mieux, que ce rôle est sa nature même et que sa propre jouissance y est attachée. Mais nulle femme ne tient longtemps la place de cet idéal : Toutes voulaient bien l'être, mais elles étaient trop faibles.

Le Legs de Caïn

Vivre, c'est être condamné à tuer. Le legs de Caïn, c'est ce monde défectueux où tout ce qui vit, vit de meurtre et de vol. Le juste ne réclame rien de ce legs, il n'a point de patrie ni d'abri, il fuit le monde et les hommes Prologue. C'est un errant. Seul devant la mort, il doit mourir comme il a vécu, en état de fuite . Ultime perspective d'où se découvre la nudité de la mort, terme où la jouissance perd sa réalité : ce bonheur qui, toujours à portée de la main et toujours insaisissable, fuit devant nous depuis le berceau jusqu'à la tombe, n'est-ce pas la mort elle-même ? Au signe de Caïn répond la croix du Christ, dont l'épilogue devait retracer la naissance : Non pas Jésus-Christ fils de Dieu, mais Jésus-Christ l'homme sur la croix, ... l'homme sans amour sexuel, sans propriété, sans patrie, sans querelle, sans travail, qui meurt volontairement, personnifiant l'idée de l'humanité.Et pourtant une voix ne cesse de répliquer à cet appel du vide, celle de la déesse sombre et taciturne qui sans cesse enfante et engloutit, qui parle et qui ordonne : Fils de Caïn, tu dois vivre, tu dois tuer ; comprends enfin que tu es mon esclave et que ta résistance est vaine. Et bannis cette crainte puérile de la mort. Je suis éternelle et invariable, comme toi tu es mortel et changeant. Je suis la vie, et tes tourments ni ton existence ne m'importent.

Son œuvre

Une grande partie de l'œuvre de Sacher-Masoch est constituée par des contes nationaux et des romans historiques regroupés en cycles.
Ses récits ont généralement pour héroïne une femme dominatrice ou sadique, comme dans Eau de jouvence qui raconte l'histoire de la sanglante comtesse Bathory.
Deux de ses romans, "La Pêcheuse d'âmes" et "Sacher-Masoch", "La Mère de Dieu", concernent des sectes mystiques.
Tandis que "La femme séparée", qui eut à l'époque un grand succès, s'inspire de sa liaison malheureuse avec madame Kottowittz.
"La Vénus à la fourrure" fait partie du thème de l’Amour de son cycle principal, "Le Legs de Caïn" seul les thèmes de l'Amour et de la Propriété furent achevés.
Le narrateur de ce roman, ayant rêvé d'une Vénus vêtue d'une fourrure, décide d'aller raconter son rêve à son ami Séverin.
Chez celui-ci, il comprend vite que deux peintures, une reproduction de La Vénus au miroir du Titien et un tableau représentant une femme dominatrice avec un homme à ses pieds ornant le salon de son ami sont à l'origine de son expérience onirique.
Séverin lui remet alors un manuscrit intitulé Confessions d’un suprasensuel ; dorénavant et presque jusqu'à la fin du roman le lecteur aura sous ses yeux ces confessions. Roman dans le roman, Confessions d’un suprasensuel raconte comment Séverin devient volontairement l'esclave d'une femme, Wanda von Dunajew, qui, à sa demande, le maltraite et l'humilie.
À la fin du roman, Séverin affirme à son ami : "la femme, telle que la nature l'a faite, et telle qu'elle attire l'homme de nos jours, est son ennemie et ne saurait être que son esclave ou bien son tyran, mais jamais sa compagne. Cela, elle ne pourra l'être que lorsqu'elle sera son égale en droits, son égale aussi par son éducation et par son travail ".

Masochisme

C'est Krafft-Ebing qui qualifie le premier le nom de "masochisme" comme symptôme qu'il considérait comme une pathologie : "L'invention du masochiste : un psychopathe au féminin".
"Ou comment Krafft-Ebing, docte inventeur de perversions en tout genre, change Masoch en criminel du sexe pour avoir commis le pire des crimes : renier le primat du phallus, le privilège de la virilité. ... Krafft-Ebing en fait un pervers, c'est-à-dire un exclu, un réprouvé ....
Dans Psychopathia sexualis le masochisme est décrit comme monstrueux "
Le masochisme vieux comme le monde n'a été identifié en tant qu'anomalie sexuelle qu'au XIXe siècle par Krafft-Ebing.
Il faudra le courage et la liberté du philosophe Gilles Deleuze pour libérer Sacher-Masoch de l'indignité.

[size=SIZE]Œuvres traduites en français[/size]

Le Fou de Firleiouwka, Femmes slaves XXX, Revue des Deux Mondes 15 août 1889,
Parution 1995, Préface Emmanuel Dazin, Fouets et Fourrure, éditions Le Castor Astral
La Mère de Dieu, trad. Strebinger, Seyssel, 1991.
La Pêcheuse d'âmes, trad. L.-C. Collomb, préf. Jean-Paul Corsetti, Champ Vallon, Seyssel, 1991
La Vénus à la fourrure : et autres nouvelles, prés. Daniel Leuwers, Presses Pocket, Paris, 1985, (ISBN 2-266-03879-6)
Œuvres maîtresses :
La Vénus à la fourrure, Le Cabinet noir de Lemberg, La Pêcheuse d'âmes, Les Batteuses d'hommes, La Pantoufle de Sapho et autres contes, préface Cécile Guilbert, éd Robert Lafont, sortie le 21 novembre 2013
La Vénus à la fourrure, trad. N. Waquet, préface de N. Waquet, Paris, Petite Bibliothèque Rivages, 2009
La Madone à la fourrure, trad. V. Piveteau, postface de J. Allouch et V. Piveteau : Où le mariage moderne réduit le masochisme à la portion congrue, Paris, Epel, 2011
Un testament insensé, Paris, Autrement, 2009 (ISBN 9782746713550)
Contes juifs, 2007
La Femme séparée, trad. Strebinger, Marseille, Via Valerino, 1991
L’Amour de Platon, trad. J.-F. Boutout, Lagrasse, Verdier, 1991.
Esthétique de la laideur, suivi de Diderot à Petersbourg Diderot in Petersburg Traduit et introduit par Georges-Paul Villa, Paris, Buchet-Chastel, 1967
Les Batteuses d'hommes sept nouvelles, vol. I, éd. Claude Tchou, 1967
La Dompteuse, Kasimira, Krach en amour, Un duel à l'américaine, Martscha, La Hyène de la Puszta, La Dame blanche de Machow.
Le Legs de Caïn, contes galiciens cycle inachevé an, Clair de lune, Marcella. Le Conte bleu du bonheur.
L'Amour cruel sept nouvelles, vol. II, éd. Claude Tchou, 1967
La Tsarine noire, La Vénus de Murany, Les Noces sanglantes de Kiev, La Pantoufle de Sapho, La Judith de Bialopol, Eau de Jouvence, La Fontaine aux larmes.

Études et essais sur Sacher-Masoch


Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch avec le texte intégral de La Vénus à la fourrure, Les Éditions de Minuit, Paris, 1967.
Pascal Quignard, L’Être du balbutiement : essai sur Sacher-Masoch, Mercure de France, Paris, 1969.

Liens
http://youtu.be/SaS7TWLGa2o Vie et oeuvre
http://youtu.be/iM-LaP9TXwc La Vénus à la Fourrure présentation
http://youtu.be/7Lr55Zj1UN8 Présentation du film

Le 9 mars 1895 à Lindheim en Allemagne meurt, à 59 ans Leopold Ritter

von Sacher-Masoch
,

écrivain et journaliste autrichien. Le terme masochisme est dérivé de son nom. Il naît le 27 janvier 1836 à Lemberg dans l'empire d'Autriche

Sa vie

Fils de haut fonctionnaire, il passe sa jeunesse en Galicie et à Prague. Leopold von Sacher-Masoch est né à Lemberg en Galicie, province polonaise rattachée à l'Empire autrichien. Son père, Leopold Sacher, Autrichien, d'ascendance peut-être espagnole, était préfet de police de Lemberg, puis de Prague et, enfin, de Graz. Sa mère, Ukrainienne, était la fille du docteur Franz von Masoch, qui, craignant de voir s'éteindre son nom, fit prendre aux Sacher, en 1838, le nom de Sacher-Masoch. À sa naissance, le jeune Leopold fut confié à une nourrice ukrainienne, Handscha, dont les chants et les récits le marquèrent profondément : Je ne t'ai jamais oubliée, comme je n'ai jamais oublié les contes que tu m'as dits, les airs que tu m'as chantés.Encore enfant, à Lemberg en 1846, à Prague en 1848, il est le témoin des mouvements révolutionnaires qui agitent l'Empire autrichien. À Graz, il étudie le droit, puis l'histoire, publie en 1856 L'Insurrection de Gand sous l'empereur Charles Quint.
D'abord professeur d'histoire à Graz et à Lemberg auj. Lvov, il abandonne rapidement son poste pour se consacrer à la littérature. Sous les pseudonymes de Charlotte Arand et de Zoë von Rodenbach ou sous son propre nom, il acquiert bientôt une grande notoriété comme auteur de contes folkloriques de l'Europe centrale, Histoires galiciennes, 1877-1881 ; Histoires juives polonaises, 1887. Pendant toute cette période, le public ne reconnaît aucun érotisme dans l'auteur du roman la Femme divorcée 1870 et des cycles de contes intitulés Récits du monde du théâtre" qui contient la Fausse Hermine, 1873-1879) ou Histoires de la bonne société qui contient la Vénus à la fourrure, 1870. Le destin posthume change quand le psychologue Krafft-Ebing appelle « masochisme l'érotisme où le plaisir naît de l'humiliation infligée par un être adoré.

Une seule figure, sous des formes variées, occupe l' œuvre de Sacher-Masoch : la femme aux fourrures et au fouet, qui fait de l'homme son esclave. À cette figure est liée une jouissance qu'il nomme suprasensuelle : Je trouve, écrit-il dans La Vénus à la fourrure, un attrait étrange à la douleur, et rien ne peut plus attiser ma passion que la tyrannie, la cruauté et surtout l'infidélité d'une belle femme. Or je ne puis m'imaginer sans fourrures cette femme, cet étrange idéal né d'une esthétique du laid, l'âme d'un Néron et le corps d'une Phryné.Cet idéal, qui lui valut de donner son nom au masochisme, Sacher-Masoch a tenté de le réaliser dans sa vie, notamment dans son mariage avec Wanda. Mais la réalité a déçu les attentes de l'imagination, et l'œuvre, autant que de l'exigence du fantasme, témoigne de l'absence de l'idéal : Si cette femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres.Pourtant, elle est dans l'histoire, elle hante le grand livre de l'histoire du monde qu'écrivent avec le sang des victimes les tyrans hommes et femmes : plus que la cruauté de la femme et la haine qui sépare les sexes, c'est la cruauté de l'histoire et la jouissance énigmatique des victimes que met en évidence l'humour de Sacher-Masoch.

Masoch avec Fanny Pistor.

En 1869, il fait la connaissance de Fanny Pistor dont il s'engage à exécuter tous les ordres et désirs pendant six mois. L'année suivante, ils partent en Italie pour mettre en pratique cet engagement. Mais Léopold rentre seul en Autriche et écrit la version définitive de La Vénus à la fourrure ; il en avait déjà rédigé une première version au début de sa liaison avec madame Kottowitz.
Il croit avoir trouvé l'incarnation de Wanda de Dunajew, héroïne du roman en la personne d'Aurora Rûmelin qui devient sa femme en 1873. Leopold signe un contrat que Wanda c'est ainsi que désormais il appelle Aurora a rédigé, à son instigation :
"Je m'oblige, sur ma parole d'honneur, à être l'esclave de Mme Wanda de Dunajew, tout à fait comme elle le demande, et à me soumettre sans résistance à tout ce qu'elle m'imposera." déclaration située à la fin du contrat.
Pour que s'accomplisse pleinement son fantasme, il se met à chercher, mais en vain, l'homme, "le Grec"dans le roman avec lequel Wanda le cocufierait et, en outre, le ferait battre. Dans le cadre de cette recherche, un étrange échange épistolaire se produit entre le couple et un mystérieux inconnu qui signe Anatole, peut-être Louis II de Bavière. Mais petit à petit le mariage se délite, Wanda ne parvenant pas à tenir son rôle. En 1882, elle le quitte pour vivre avec un journaliste du Figaro. La douleur qu'ils éprouvent à la mort de leurs fils ne parvenant pas à les réconcilier, le divorce est prononcé en 1886.

La même année, Léopold fait un voyage à Paris où il est nommé dans l'ordre de la Légion d'honneur. Il termine sa vie à Lindheim en compagnie de Hulda Meister, sa nouvelle femme, avec laquelle il a eu deux filles, Olga et Marfa et un fils Ramon, il meurt le 9 mars 1895;

Sa philosophie naissance du "masochisme"

Un suprasensuel

Je vois que vous êtes vraiment plus qu'un romantique normal, vous ne restez pas en deçà de vos rêves, vous êtes l'homme que vous vous imaginez, serait-ce folie que de l'accomplir ; La Vénus à la fourrure.
Ses aventures féminines sont nombreuses. Une liaison de quatre ans avec Mme de Kottowitz s'achève par un échec : Dorénavant, je ne croirai plus à la fidélité d'une femme. Il transpose cette expérience dans La Femme séparée, qui connaît un rapide succès. Il écrit des contes, forme le projet d'un grand cycle de nouvelles, Le Legs de Caïn, qui devait représenter toute l'existence de l'homme et comprendre six thèmes : l'amour des sexes, la propriété, l'État, la guerre, le travail, la mort. Il ne cessera d'y travailler toute sa vie, sans parvenir à l'achever. En 1869, il rencontre Fanny Pistor, signe avec elle un contrat par lequel il s'engage sur sa parole d'honneur ... à être l'esclave de Mme de Pistor et à exécuter absolument tous ses désirs et ordres, et cela pendant six mois ; il l'accompagne en Italie, déguisé en domestique. Rentré à Graz, il écrit La Vénus à la fourrure 1870, qu'il tente à nouveau de réaliser avec celle qui, en 1873, devient sa femme, Aurora Rümelin, laquelle désormais prend le nom de Wanda de Dunajew héroïne du roman. Sacher-Masoch croit avoir trouvé son idéal : Vous êtes mon destin, comme je suis le vôtre.Il signe avec elle un contrat, qu'elle rédige à son instigation : Mon esclave, les conditions auxquelles je vous accepte comme esclave et vous souffre à mes côtés sont les suivantes : Renonciation absolue à votre moi. Hors la mienne vous n'avez pas de volonté .... Votre honneur m'appartient, comme votre sang, votre esprit, votre puissance de travail. Je suis votre souveraine, maîtresse de votre vie et de votre mort. Dès lors, il ne cesse, mais en vain, de chercher celui qu'il appelle le Grec, ce tiers grâce auquel pourrait s'accomplir le rêve érotique de La Vénus à la fourrure, ainsi résumé : La plus grande volupté, entre les bras d'une femme qui appelle l'homme avec lequel elle me trompe et me fait fouetter par lui Journal. En 1877-1878, une étrange aventure se noue entre le couple et celui qu'on a cru être Louis II de Bavière, mais qui a gardé son incognito et signait Anatole : Que peut offrir ton cœur ? Amour pour amour ? Si ton désir n'était pas un mensonge, tu as trouvé ce que tu cherches.À quoi Sacher-Masoch répond : Tes lignes ont soulevé mon âme comme la tempête soulève la mer .... Ange ou démon, je t'appartiens, si tu le veux.Mais encore une fois l'aventure s'achève dans le travesti et le malentendu. Peu à peu, le mariage de Sacher-Masoch se défait, Wanda ne parvient pas à tenir le rôle difficile qu'il lui assigne : de la souveraine, le mariage fait une mégère. En 1882, elle le quitte pour suivre le journaliste Armand, du Figaro. Après des épisodes pénibles, notamment lors de la mort d'un de leurs fils, le divorce est prononcé en 1886. La même année, Sacher-Masoch fait un voyage triomphal à Paris. Puis il épouse Hulda Meister, avec qui il termine sa vie à Lindheim.

Outre Le Legs de Caïn, dont fait partie La Vénus à la fourrure, Sacher-Masoch a écrit des contes folkloriques et nationaux, tels les Contes juifs, deux romans noirs qui décrivent la vie de sectes mystiques : La Pêcheuse d'âmes et La Mère de Dieu, ainsi que des ouvrages de critique sociale : La République des ennemis des femmes et Les Idéaux de notre temps traduit en français en 1871 sous le titre Les Prussiens d'aujourd'hui. C'est en 1886 que, dans sa Psychopathia sexualis, Krafft-Ebing tire de son nom le terme de masochisme.

La femme et l'histoire

"L'amour, c'est la guerre des sexes", l'homme et la femme sont des ennemis, oubliant parfois leur lutte dans un instant de vertige et d'illusion. En amour, un seul choix : être le marteau ou l'enclume, fouetter ou être fouettée car qui ne sait soumettre l'autre à sa loi sentira bientôt sur sa nuque un pied prêt à l'écraser. Dialectique du maître et de l'esclave, dans La Vénus à la fourrure, Séverin lit Hegel. Et il est de règle que ce soit le pied de la femme. Règle d'histoire : l'homme est livré à la femme par la passion, et la femme, livrée à sa propre loi, depuis Hélène et Dalila jusqu'à Catherine II et Lola Montez, témoigne de la cruauté qui fait sa vraie nature. Cruauté souveraine du désir : Se donner où l'on aime et aimer tout ce qui plaît, infidélité où se brise la passion. Ainsi la guerre des sexes est partout dans l'histoire, mais comme le signe majeur d'une violence plus radicale : la cruauté de la femme est celle de l'histoire elle-même. Ironique, elle démontre l'injustice et la vanité de l'ordre patriarcal et annonce sa faillite. Or, l'univers chrétien se décompose, et avec lui tout un discours, celui de la passion, celui du romantisme, dont hérite Sacher-Masoch, qui ne suffit plus à assurer le langage de l'amour. Dans ce déchirement d'un monde, voyez 1848, le souvenir de la Grèce apparaît comme l'espoir d'une renaissance impossible : la nostalgie du pur paganisme, où les dieux étaient la nature, évoque un amour qui serait joie parfaite et sérénité divine, une vie qui, comme un soleil, percerait les brouillards nordiques et l'encens du christianisme. Car, dans ces brouillards et cet encens, Vénus meurt de froid, et c'est pourquoi elle se couvre de fourrures.

Utopie et fantasme

Cette renaissance, à présent seul un Grec, portant en lui l'essence perdue de la Grèce pourrait l'accomplir, un législateur qui soit aussi un éducateur et sache faire de la femme non plus un tyran ou une esclave, mais une compagne. Passage du mythe à l'utopie : le rêve païen devient idéal du mariage, annonciateur de transformation sociale. C'est cet idéal qu'illustre Marcella. Le conte bleu du bonheur : l'amour physique couronné par l'harmonie morale, l'homme et la femme unis par le travail en commun. La paix des sexes, voilà le signe de la vie revenue dans l'histoire, et cette paix, seule en dernier ressort l'économie peut l'assurer : Ce n'est que l'association dans le travail qui pourra conduire à l'égalité des droits dans le mariage, de même que dans l'État et la société. L'infériorité actuelle de la femme est le produit de l'éducation qu'elle reçoit ; élevez-la comme une créature libre, laissez-la être de moitié dans la vie sérieuse, et elle sera votre égale, votre camarade, votre associée.

Mais le conte bleu du bonheur n'est qu'un beau rêve que la réalité d'un rêve plus cruel dissipe. En l'absence d'une femme noble et forte, mieux vaut un beau démon, une femme infidèle et sans pitié. Pas de demi-mesure. En l'absence de Marcella s'impose l'idéal inverse : Wanda, la Vénus à la fourrure, qui fait de l'homme son esclave. À l'inverse du bonheur et de son économie, la jouissance et son désordre. À l'inverse de l'utopie, le fantasme. Cela veut dire : réinvestir en jouissance les douleurs de l'histoire, réinvestir le christianisme, réinvestir la mort. Rendre à la passion son plus cruel sérieux : Les martyrs étaient des êtres suprasensuels qui trouvaient un plaisir certain dans la douleur et qui recherchaient d'horribles tourments, jusqu'à la mort même, comme d'autres recherchent la joie.Par un usage ironique du contrat retourner la loi contre elle-même, en montrer non seulement l'arbitraire mais la férocité, par là assujettir l'institution à la jouissance. Prendre au mot la plaisanterie, la métaphore au pied de la lettre. Et ainsi par l'imagination s'approprier l'histoire, en faire un théâtre, un roman, un inépuisable récit, une vaste et dérisoire mise en scène. Puis guérir l'imagination par la souffrance : L'imagination excite plus fortement que la réalité et les mauvais traitements physiques calment les nerfs. Faire enfin du châtiment la condition de la jouissance, du mariage une passion paradoxale. La démonstration est complète : non seulement la victime jouit de sa douleur, mais c'est elle en fin de compte qui institue son bourreau. La cruauté de l'histoire n'est pas un accident, elle est l'essence de notre mascarade. Alors à l'ironie cruelle de la femme répond l'humour de l'écrivain : Je souris, je ris même tout haut en écrivant mes aventures.Esthétique inséparable d'une éthique. L'écriture est la pointe de la douleur, elle est aussi l'éclat du rire, et l'art de Sacher-Masoch est lié à cette force de l'humour comme à cette rigueur du fantasme.

Un rôle impossible


Cette jouissance, encore faut-il que la femme puisse la soutenir. Aussi l'homme doit-il se faire, ici encore, éducateur et metteur en scène. Car le rôle qu'il assigne à la femme est un rôle difficile à tenir : Essayez, dit Sacher-Masoch à Wanda, de devenir dans nos échanges intellectuels une élève modeste et attentive, pour devenir dans nos échanges amoureux ma dominatrice, la femme voluptueusement cruelle de mes rêves, en me traitant comme votre esclave.Il doit la persuader qu'elle a bien la nature de son rôle, mieux, que ce rôle est sa nature même et que sa propre jouissance y est attachée. Mais nulle femme ne tient longtemps la place de cet idéal : Toutes voulaient bien l'être, mais elles étaient trop faibles.

Le Legs de Caïn

Vivre, c'est être condamné à tuer. Le legs de Caïn, c'est ce monde défectueux où tout ce qui vit, vit de meurtre et de vol. Le juste ne réclame rien de ce legs, il n'a point de patrie ni d'abri, il fuit le monde et les hommes Prologue. C'est un errant. Seul devant la mort, il doit mourir comme il a vécu, en état de fuite . Ultime perspective d'où se découvre la nudité de la mort, terme où la jouissance perd sa réalité : ce bonheur qui, toujours à portée de la main et toujours insaisissable, fuit devant nous depuis le berceau jusqu'à la tombe, n'est-ce pas la mort elle-même ? Au signe de Caïn répond la croix du Christ, dont l'épilogue devait retracer la naissance : Non pas Jésus-Christ fils de Dieu, mais Jésus-Christ l'homme sur la croix, ... l'homme sans amour sexuel, sans propriété, sans patrie, sans querelle, sans travail, qui meurt volontairement, personnifiant l'idée de l'humanité.Et pourtant une voix ne cesse de répliquer à cet appel du vide, celle de la déesse sombre et taciturne qui sans cesse enfante et engloutit, qui parle et qui ordonne : Fils de Caïn, tu dois vivre, tu dois tuer ; comprends enfin que tu es mon esclave et que ta résistance est vaine. Et bannis cette crainte puérile de la mort. Je suis éternelle et invariable, comme toi tu es mortel et changeant. Je suis la vie, et tes tourments ni ton existence ne m'importent.

Son œuvre

Une grande partie de l'œuvre de Sacher-Masoch est constituée par des contes nationaux et des romans historiques regroupés en cycles.
Ses récits ont généralement pour héroïne une femme dominatrice ou sadique, comme dans Eau de jouvence qui raconte l'histoire de la sanglante comtesse Bathory.
Deux de ses romans, "La Pêcheuse d'âmes" et "Sacher-Masoch", "La Mère de Dieu", concernent des sectes mystiques.
Tandis que "La femme séparée", qui eut à l'époque un grand succès, s'inspire de sa liaison malheureuse avec madame Kottowittz.
"La Vénus à la fourrure" fait partie du thème de l’Amour de son cycle principal, "Le Legs de Caïn" seul les thèmes de l'Amour et de la Propriété furent achevés.
Le narrateur de ce roman, ayant rêvé d'une Vénus vêtue d'une fourrure, décide d'aller raconter son rêve à son ami Séverin.
Chez celui-ci, il comprend vite que deux peintures, une reproduction de La Vénus au miroir du Titien et un tableau représentant une femme dominatrice avec un homme à ses pieds ornant le salon de son ami sont à l'origine de son expérience onirique.
Séverin lui remet alors un manuscrit intitulé Confessions d’un suprasensuel ; dorénavant et presque jusqu'à la fin du roman le lecteur aura sous ses yeux ces confessions. Roman dans le roman, Confessions d’un suprasensuel raconte comment Séverin devient volontairement l'esclave d'une femme, Wanda von Dunajew, qui, à sa demande, le maltraite et l'humilie.
À la fin du roman, Séverin affirme à son ami : "la femme, telle que la nature l'a faite, et telle qu'elle attire l'homme de nos jours, est son ennemie et ne saurait être que son esclave ou bien son tyran, mais jamais sa compagne. Cela, elle ne pourra l'être que lorsqu'elle sera son égale en droits, son égale aussi par son éducation et par son travail ".

Masochisme

C'est Krafft-Ebing qui qualifie le premier le nom de "masochisme" comme symptôme qu'il considérait comme une pathologie : "L'invention du masochiste : un psychopathe au féminin".
"Ou comment Krafft-Ebing, docte inventeur de perversions en tout genre, change Masoch en criminel du sexe pour avoir commis le pire des crimes : renier le primat du phallus, le privilège de la virilité. ... Krafft-Ebing en fait un pervers, c'est-à-dire un exclu, un réprouvé ....
Dans Psychopathia sexualis le masochisme est décrit comme monstrueux "
Le masochisme vieux comme le monde n'a été identifié en tant qu'anomalie sexuelle qu'au XIXe siècle par Krafft-Ebing.
Il faudra le courage et la liberté du philosophe Gilles Deleuze pour libérer Sacher-Masoch de l'indignité.

[size=SIZE]Œuvres traduites en français[/size]

Le Fou de Firleiouwka, Femmes slaves XXX, Revue des Deux Mondes 15 août 1889,
Parution 1995, Préface Emmanuel Dazin, Fouets et Fourrure, éditions Le Castor Astral
La Mère de Dieu, trad. Strebinger, Seyssel, 1991.
La Pêcheuse d'âmes, trad. L.-C. Collomb, préf. Jean-Paul Corsetti, Champ Vallon, Seyssel, 1991
La Vénus à la fourrure : et autres nouvelles, prés. Daniel Leuwers, Presses Pocket, Paris, 1985, (ISBN 2-266-03879-6)
Œuvres maîtresses :
La Vénus à la fourrure, Le Cabinet noir de Lemberg, La Pêcheuse d'âmes, Les Batteuses d'hommes, La Pantoufle de Sapho et autres contes, préface Cécile Guilbert, éd Robert Lafont, sortie le 21 novembre 2013
La Vénus à la fourrure, trad. N. Waquet, préface de N. Waquet, Paris, Petite Bibliothèque Rivages, 2009
La Madone à la fourrure, trad. V. Piveteau, postface de J. Allouch et V. Piveteau : Où le mariage moderne réduit le masochisme à la portion congrue, Paris, Epel, 2011
Un testament insensé, Paris, Autrement, 2009 (ISBN 9782746713550)
Contes juifs, 2007
La Femme séparée, trad. Strebinger, Marseille, Via Valerino, 1991
L’Amour de Platon, trad. J.-F. Boutout, Lagrasse, Verdier, 1991.
Esthétique de la laideur, suivi de Diderot à Petersbourg Diderot in Petersburg Traduit et introduit par Georges-Paul Villa, Paris, Buchet-Chastel, 1967
Les Batteuses d'hommes sept nouvelles, vol. I, éd. Claude Tchou, 1967
La Dompteuse, Kasimira, Krach en amour, Un duel à l'américaine, Martscha, La Hyène de la Puszta, La Dame blanche de Machow.
Le Legs de Caïn, contes galiciens cycle inachevé an, Clair de lune, Marcella. Le Conte bleu du bonheur.
L'Amour cruel sept nouvelles, vol. II, éd. Claude Tchou, 1967
La Tsarine noire, La Vénus de Murany, Les Noces sanglantes de Kiev, La Pantoufle de Sapho, La Judith de Bialopol, Eau de Jouvence, La Fontaine aux larmes.

Études et essais sur Sacher-Masoch


Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch avec le texte intégral de La Vénus à la fourrure, Les Éditions de Minuit, Paris, 1967.
Pascal Quignard, L’Être du balbutiement : essai sur Sacher-Masoch, Mercure de France, Paris, 1969.

Liens
http://youtu.be/SaS7TWLGa2o Vie et oeuvre
http://youtu.be/iM-LaP9TXwc La Vénus à la Fourrure présentation
http://youtu.be/7Lr55Zj1UN8 Présentation du film


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Posté le : 09/03/2014 00:51
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Victoria Mary Sackville-West, Lady Nicolson,
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Le 9 mars 1892 naît à Knole dans le Kent, Victoria Mary Sackville-West, Lady Nicolson,

plus connue sous le nom de Vita Sackville-West, poétesse, romancière, essayiste, biographe, traductrice et jardinière anglaise, morte le 2 juin 1962 à Sissinghurst dans le Kent, .
Son long poème narratif, The Land, reçut le Hawthornden Prize en 1927. Elle l'obtint une seconde fois, devenant le premier écrivain dans ce cas, en 1933 avec ses Collected Poems.
Elle est connue pour avoir participé à la création de ses jardins à Sissinghurst Castle, dans le Kent, pour sa vie aristocratique exubérante, son mariage solide avec Harold Nicolson, et ses amours passionnées avec des femmes comme Violet Trefusis et la romancière Virginia Woolf.
Élevée à Knole, propriété des Sackville depuis le XVIe siècle, elle épouse le diplomate et essayiste Harold Nicolson, qui rendra compte dans Portrait d'un mariage en 1973 des tensions causées dans la vie du couple entre 1918 et 1921 par la liaison de Vita avec Violet Trefusis. Son principal recueil poétique, la Terre en 1926, évoque à la manière des Géorgiques la beauté de la campagne anglaise, mais ce sont ses romans, les Édouardiens en 1930, tableau de la jeune génération de l'establishment au début du XXe siècle, et Toute passion abolie en 1931, qui lui vaudront un énorme succès littéraire. L'affection que Virginia Woolf a éprouvée pour Vita s'exprime dans le portrait imaginaire qu'elle a donné d'elle dans Orlando.

Origines familiales

"Vita n'est pas faite pour la diplomatie, ni pour s'occuper d'un tas de bedints, petits bourgeois. Elle devrait être une grande dame, très riche, et pouvoir vivre à son gré, sans connaître aucune lutte, aucun problème. Hier, elle m'a dit qu'elle aimerait vivre seule dans une tour avec des livres !"
— Lettre de lady Sackville-West, 1912, citée par Nigel Nicolson
Victoria-Mary Sackville-West naquit à Knole House dans le Kent, fille unique de Lionel Edward Sackville-West, 3e baron de Sackville, et de son épouse - et cousine germaine - Victoria, qui fut intime d'hommes illustres et généralement très riches comme William Waldorf Astor ou sir John Murray Scott, secrétaire de la veuve du célèbre collectionneur Richard Wallace, qui lui légua en 1912 une notable partie du patrimoine Hertford-Wallace.
Étant une femme, la loi anglaise l'empêchait d'hériter un jour de cet immense château élizabéthain et de ses domaines, ce qui affecta le reste de sa vie.
Elisabeth porta toujours le surnom de "Vita".

Mariage

En 1913, Vita Sackville-West épousa Harold Nicolson, diplomate de 1909 à 1929, puis journaliste, membre du Parlement, auteur de biographies et de romans. Winston Churchill le nomma sous-secrétaire d'État à l'Information pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale. Harold Nicolson tint pendant trente ans, de 1936 à sa mort en 1968, un journal qui fut édité en 1966 sous le titre Diaries and letters, traduit en français sous le titre de Journal des années tragiques, 1936-1942, Bernard Grasset, 1971.
Harold Nicolson fut de manière déterminante un compagnon bisexuel dans ce qu'on appellerait à présent un mariage ouvert. Ils eurent tous deux des liaisons homosexuelles, ce qui n'empêcha pas une relation étroite entre les époux, comme en témoigne une correspondance presque quotidienne, publiée après leur mort par leur fils Nigel, et un entretien qu'ils donnèrent à la radio de la BBC après la Seconde Guerre mondiale.
Le couple eut deux enfants, Benedict Nicolson, 1914-1978, historien de l'art, et Nigel Nicolson, 1917-2004, politicien et écrivain.
Sa mère, rendue riche par l'héritage Scott; lui fit à son mariage une rente annuelle de 250 000 livres; après avoir acquis la maison du 182, Ebury Street à Londres, puis le "cottage délabré" de Long Barn, à seulement trois kilomètres de Knole, qu'elle restaura et agrandit sur les conseils de sir Edwin Lutyens, dernier compagnon de lady Sackville en 1936 dans les années 1930, la famille acheta le château de Sissinghurst dans la campagne du Kent, région appelée "le jardin de l'Angleterre" auquel leur nom reste attaché.

Relation avec Violet Trefusis

La liaison qui marqua le plus durablement Vita Sackville-West fut celle qu'elle entretint avec la romancière Violet Trefusis, fille d'Alice Keppel, maîtresse officielle du roi Édouard VII.
Vita avait douze ans lorsqu'elle rencontra Violet, qui en avait dix. Elles fréquentèrent la même école pendant plusieurs années. Toutes deux mariées, elles partirent plusieurs fois en voyage, la plupart du temps en France, où Vita Sackville-West se déguisait en jeune homme quand elles sortaient.
Leur liaison se termina mal, Violet Trefusis poursuivant Vita Sackville-West de ses assiduités, jusqu'à ce que les liaisons de cette dernière avec d'autres femmes prennent le dessus. Violet Trefusis cependant refusa toujours la rupture.
Le roman Challenge témoigne de cette histoire : Vita Sackville-West et Violet Trefusis commencèrent à écrire le livre ensemble, le personnage masculin, Julian, étant le surnom de Vita quand elle se faisait passer pour un homme.
Sa mère, Lady Sackville, trouva l'autoportrait assez évident pour demander que le roman ne paraisse pas en Angleterre ; le fils de Vita, Nigel Nicolson en 1973, cependant, en fait l'éloge :
"Elle s'est battue pour le droit d'aimer, hommes et femmes, rejetant les conventions selon lesquelles le mariage exige un amour exclusif, et que les femmes ne devraient aimer que les hommes, et les hommes uniquement les femmes. Pour cela, elle était prête à tout abandonner… Comment pourrait-elle regretter que ce savoir puisse atteindre les oreilles d'une nouvelle génération qui plus est infiniment plus compréhensive que la sienne ?"

Histoire d'amour avec Virginia Woolf

L'aventure pour laquelle on se souvient le plus de Vita Sackville-West est celle qu'elle eut avec la grande romancière Virginia Woolf à la fin des années 1920.
Virgina Woolf écrivit l'un de ses romans les plus célèbres, Orlando, décrit par le fils de Vita, Nigel Nicolson, comme "la plus longue et la plus charmante lettre d'amour de la littérature", sous l'inspiration de cette liaison saphique.
De manière inhabituelle, l'époque de la conception d'Orlando est bien documentée : Virgina Woolf écrivit dans son journal le 5 octobre 1927 : "C'est instantanément qu'une nouvelle stimulation anime mon esprit : une biographie commençant en 1500 et se poursuivant de nos jours, appelée Orlando : Vita ; avec pour seul changement le passage d'un sexe à l'autre " extrait publié de manière posthume par son mari Leonard Woolf.

Frivole, profonde ou angoissée, la correspondance entre Virginia Woolf et sa maîtresse Vita Sackville-West dévoile un autre visage de l’auteur de Mrs Dalloway. Exaltant.
On ne saurait imaginer personnalités plus différentes. Leurs prénoms mêmes marquent le contraste entre les deux femmes. Vita, deux syllabes qui à elles seules suffisent à dire l’impétueuse vitalité de cette aristocrate anglaise, romancière et poétesse avec du sang gitan dans les veines, mariée à un diplomate mais qui ne cache rien de son homosexualité, et que Virginia juge d’abord “plutôt rougeaude et noire et gauche”.
En face, se dresserait, hiératique, la figure virginale de Virginia, reine inaccessible des lettres anglaises, vulnérable et réservée. Une image dans laquelle l’auteur d’Une chambre à soi a bien trop souvent été figée, comme statufiée.
Virginia Woolf sous un jour nouveau
Déjà, sa correspondance avec l’écrivain et critique Lytton Strachey parue l’an passé venait dépoussiérer le mythe Woolf, montrant la romancière sous un jour facétieux et séducteur. Les lettres échangées pendant dix-huit années avec sa maîtresse Vita Sackville-West contribuent elles aussi à refaçonner notre représentation de Virginia Woolf, l’éclairant d’un jour nouveau.
Au fil de cette correspondance, les nuances se dessinent, les deux femmes – terriblement attachantes – sortent du rôle dans lequel il serait si facile de les tenir enfermées. Vita, la voyageuse, l’intrépide, fait part de ses doutes d’écrivaine, de sa quête de solitude. Quant à Virginia, elle se révèle bien moins éthérée que sa légende le laisse croire.
Elles s’échangent aussi des "gossips" mondains
Espiègle, elle aime échanger des gossips mondains avec son amie, avoue parfois être “pompette”, parle librement de sodomie et peut se montrer coquette ou aguicheuse derrière de pudiques non-dits :
“Si je te voyais me donnerais-tu un baiser ? Si j’étais au lit, est-ce que tu me –”.

Dans une société encore très corsetée, elles font toutes deux preuve d’une liberté de moeurs et de ton avant-gardiste et audacieuse, mais qui n’est pas toujours tolérée.
Ainsi,dans une lettre du 17 février 1926, Virginia Woolf écrit :
“… J’ai eu des tas d’ennuis avec des parents à moi, des gens âgés. Trois vieux messieurs, aux alentours de la soixantaine, ont découvert que Vanessa, sa soeur vit dans le péché avec Duncan Grant et que je suis l’auteur de Mrs Dalloway – ce qui équivaut à vivre dans le péché.”
Leurs époux respectifs sont bien plus arrangeants. Au sujet de son mari Harold lui-même bisexuel, Vita précise avec une charmante désinvolture : “Naturellement il n’est pas jaloux.”
Les deux femmes se rencontrent lors d’un dîner en 1922. Virginia Woolf a alors 40 ans, elle a déjà écrit trois romans et jouit d’une réelle notoriété dans le monde des lettres. De dix ans sa cadette, Vita est un auteur à succès et Virginia, à la tête de la Hogarth Press avec son mari Leonard, souhaite publier son prochain livre.
D’entrée de jeu, leur coup de foudre est moins physique que littéraire. Vita voue une grande admiration à Woolf –
“Je compare mon écriture d’analphabète à la vôtre, si savante, et je rougis de honte” – et c’est son livre Séducteurs en Equateur qui finit de conquérir Virginia : “… C’est là le genre de chose que j’aimerais écrire moi-même”.
D’abord intellectuelle, leur relation devient charnelle en décembre 1925. Le ton des lettres se fait dès lors nettement plus intime, s’agrémentant de “Ma chérie”, “Très chère créature” et de surnoms affectueux.
Leur liaison tourne à la passion ardente avec effusions et crises de jalousie, avant de s’émousser lentement, mais leur amitié ne se démentira jamais et se prolongera jusqu’à la mort de Virginia Woolf en 1941. Car au-delà de l’attrait physique, un lien bien plus puissant les unit, celui de la littérature.
Si leurs échanges épistolaires se muent parfois en considérations délicieusement frivoles sur la poudre de riz, la coupe à la garçonne ou la dernière liaison d’untel, ils se nourrissent surtout de leurs réflexions sur l’écriture.

Un regard aiguisé sur le monde intellectuel de leur temps
Leurs lettres esquissent en creux un tableau de la vie intellectuelle de l’époque, mentionnant évidemment les membres du groupe de Bloomsbury, le critique d’art Clive Bell ou les peintres Roger Fry et Duncan Grant, mais aussi Aldous Huxley, H.G. Wells, Pirandello, Thomas Hardy, D.H. Lawrence…
Au sein de ses multiples récits de voyage, Vita glisse toujours un mot de ses lectures : Proust qui la “met dans une telle rage”, Gide et bien d’autres. Leur communion atteint son apogée quand Virginia s’attelle à l’écriture d’Orlando, biographie fantasmée dans laquelle le héros, double reconnaissable de Vita, traverse les siècles et change de sexe.
“La plus longue et la plus charmante lettre d’amour de la littérature”, écrira au sujet de ce livre Nigel Nicolson, le fils de Vita.
Orlando-Vita répond à cette magnifique preuve d’amour par ces mots :
“Ma chérie, je ne sais pas comment t’écrire, le désir même m’en est presque étranger, tellement je suis comblée et confuse de voir que tu as posé un vêtement aussi splendide sur un support aussi pauvre.”
Mais, malgré l’apparente légèreté qui semble soustendre cette correspondance amoureuse, l’angoisse existentielle de Virginia la nimbe d’un voile plus sombre.
Si, pour Vita, l’écriture s’apparente à un défi, pour Virginia il s’agit d’une plongée au fond d’elle-même beaucoup plus douloureuse :“Je crois que l’essentiel lorsqu’on commence un roman est d’avoir l’impression, non pas que l’on est capable de récrire, mais qu’il est là, qu’il existe de l’autre côté d’un gouffre, que les mots sont impuissants à franchir : qu’on ne pourra en venir à bout qu’au prix d’une angoisse à perdre haleine.” Celle-là même qui la poussera au suicide le 28 mars 1941.

Autres amours

En 1931, Vita Sackville-West s'engagea dans une liaison avec la journaliste Evelyn Irons qui lui avait demandé un entretien après le succès de The Edwardians. Elle fréquenta aussi Mary Garman et d'autres femmes.

Œuvre littéraire

Au temps du roi Édouard, "The Edwardians", 1930 et "Toute passion abolie", "All Passion Spent" en 1931 sont sans doute ses romans les plus connus de nos jours.
Dans le second, Lady Slane, une femme mûre, recouvre un sens de la liberté et de la fantaisie longtemps refoulé après une vie vouée aux conventions.
Ce roman a été fidèlement adapté par la BBC en 1986 avec Dame Wendy Hiller. Son roman de science fiction Grand Canyon en 1942 est un conte édifiant ainsi qu'elle l'appelle sur l'invasion des États-Unis par les nazis. La chute inattendue en fait davantage qu'un roman d'invasion typique.
En tant que poète Vita Sackville-West fut deux fois lauréate du Hawthornden Prize en 1927 et en 1933, cas unique dans l'histoire de ce prix littéraire; en 1946 elle fut faite "Companion of Honour" pour ses services rendus à la littérature.
L'année suivante, elle tint une colonne hebdomadaire dans The Observer, intitulée In your Garden; en 1948 elle devint membre fondateur du comité des jardins du National Trust.

Postérité


Sissinghurst Castle est maintenant géré par le National Trust. Ses jardins sont les plus visités d'Angleterre.
Une plaque commémorative lui rend hommage, ainsi qu'à Harold Nicolson, sur la maison d'Ebury Street à Londres London SW1

Bibliographie sélective

Ouvrages en langue française
Escales sans nom Stock, 1987 ;
L'Héritier : une histoire d'amour Salvy, 1998 ;
Ceux des îles Salvy, 1994 ;
Toute passion abolie Salvy, 1991, puis Autrement/Littératures, 2005 ;
Plus jamais d'invités ! Autrement/Littératures, 2007 ;
Pepita Salvy, 1997 ;
Une Anglaise en Orient Anatolia, 1993 , puis éditions 10/18, 1995 ;
Au temps du roi Édouard Grasset, 200
500, puis Payot/Rivages, 2006 ;
Histoire de famille Salvy, 1995 ;
Les Invités de Pâques Salvy, 1990 ;
Séducteurs en Équateur Christian Bourgois, 2001;
Correspondance Stock, 1985 ;
Haute société Autrement/Littératures, 2008 ;
Paola Autrement/Littératures, 2009 ;
Correspondance 1923-1941, avec Virginia Woolf Stock, 2010;
Infidélités Autrement/Littératures, 2013

Ouvrages en langue anglaise

Poésie
Poems of West and East 1917
Orchard and Vineyard 1921
The Land 1927
The Garden 1946

Romans

Heritage 1919
The Dragon in Swallows Water 1921
The Heir 1922
Challenge 1923
Grey Waters 1923
Seducers in Escuardo 1924
The Edwardians 1930
All Passion Spent 1931
The Death of Noble Godavary and Gottfried Künstler 1932
Thirty Clocks Strike the Hour 1932
Family History 1932
The Dark Island 1947
The Easter Party 1953
No Signposts in the Sea 1961

Essais et correspondance

Passenger to Teheran Hogarth Press, 1926, reprinted Tauris Parke Paperbacks 2007
Knole and the Sackvilles 1922
Saint Joan of Arc Doubleday 1936, reprinted M. Joseph 1969
Pepita Doubleday, 1937, reprinted Hogarth Press 1970
The Eagle and The Dove M. Joseph, 1943
Daughter of France: The Life of Marie Louise d'Orleans Doubleday, 1959
Letters of Virginia Woolf and Vita Sackville-West, Turnaround Publisher Services, 2004
Traductions
Duineser Elegien: Elegies from the Castle of Duino, by Rainer Maria Rilke trns. V. Sackville-West, Hogarth Press, London, 1931

Liens
http://youtu.be/w0a3dQWyxKM Vita Sackeville et Virginia Wolf
http://youtu.be/Zh-iUJncz8M Sissinghurst Castle Cranbrook Kent - Vita Sackville West's
http://youtu.be/eEwTubURWbI Sissinghurst

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Posté le : 09/03/2014 00:20
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Anna Laetitia Barbauld,
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Le 9 mars 1825 à Stoke Newington meurt Anna Laetitia Barbauld, bɑrˈboʊld, née Aikin

le 20 juin 1743 à Kibworth Harcourt dans le Leicestershire, célèbre poétesse romantique, essayiste et auteur de littérature pour enfants anglaise.
"Femme de lettres "ayant publié des œuvres de divers genres, Anna Laetitia Barbauld eut une carrière couronnée de succès, à une époque où les femmes écrivains professionnelles étaient rares.
Elle était une enseignante appréciée de la Palgrave Academy et une écrivain pour enfants innovante : ses livres de lecture comme Lessons for Children ont mis en place un modèle de pédagogie utilisé pendant plus d'un siècle. Ses essais ont démontré qu'il était possible pour une femme de s'engager publiquement en politique, et d'autres femmes écrivains l'imitèrent. Plus important encore, sa poésie joua un rôle fondamental dans le développement du romantisme en Angleterre. Anna Barbauld fut également critique littéraire et son anthologie des romans britanniques du XVIIIe siècle ont contribué à l'élaboration du canon actuel.
Sa carrière littéraire prit brutalement fin en 1812 avec la publication du poème Eighteen Hundred and Eleven, qui critiquait la participation de la Grande-Bretagne aux guerres napoléoniennes. Des critiques virulentes la choquèrent et elle ne publia rien d'autre durant le reste de sa vie. Sa réputation fut encore salie quand de nombreux poètes romantiques qui s'étaient inspirés d'elle au début de la Révolution française se retournèrent ensuite contre elle dans leur période plus conservatrice. Durant le XIXe siècle, on ne se rappelle Anna Barbauld que comme un écrivain pour enfants au ton pédant, et elle est pratiquement oubliée pendant le XXe siècle ; mais la montée des critiques littéraires féministes dans les années 1980 renouvelèrent l'intérêt porté à ses œuvres et restaurèrent sa place dans l'histoire littéraire.

Jeunesse

Anna Laetitia Aikin naquit le 20 juin 1743 à Kibworth Harcourt dans le Leicestershire. Son père, le révérend John Aikin, était le directeur de l'Académie dissidente de la ville, et ministre d'une église presbytérienne des environs. La situation de sa famille à Kibworth permit à Anna Laetitia d'étudier le latin, le grec, le français et l'italien, et d'autres matières généralement considérées comme non adaptées aux femmes à cette époque. Son penchant pour les études déplaisait à sa mère, qui s'attendait à la voir finir vieille fille si elle devenait intellectuelle ; Anna Laetitia ne fut jamais aussi proche d'elle que de son père. Cependant, sa mère était fière de ses réussites, et écrivit plus tard à propos de sa fille :
"J'ai en effet connu une petite fille qui avait aussi soif d'apprendre que ses instructeurs pouvaient avoir soif de lui enseigner, et qui à deux ans pouvait lire des phrases et de petites histoires dans son livre, couramment, sans épeler ; et qui six mois plus tard savait lire aussi bien que la plupart des femmes ; mais je n'en ai jamais connu une autre pareille, et je crois que je n'en connaîtrai jamais."
En 1758, la famille Aikin déménagea à Warrington, le révérend ayant accepté un poste d'enseignant à la Warrington Academy. L'académie forma plusieurs lumières du moment, comme le philosophe et théologien Joseph Priestley, et était surnommée "l'Athènes du Nord" pour son atmosphère intellectuelle stimulante.
Une autre personnalité célèbre de l'académie était peut-être Jean-Paul Marat, car les archives de l'établissement suggèrent qu'il y fut maître de français durant les années 1770. Il pourrait avoir aussi été un soupirant d'Anna Laetitia : il aurait écrit à John Aikin son intention de devenir citoyen anglais pour l'épouser.
Archibald Hamilton Rowan tomba également amoureux d'elle et la décrivit comme possédée d'une grande beauté, dont elle garda des traces distinctes jusqu'à la fin de sa vie. Sa personne était mince, son teint exquis et clair avec tous les signes d'une santé parfaite ; ses manières étaient correctes et élégantes, et ses yeux bleu foncé brillaient de la lumière de l'esprit et de l'imagination. Malgré les angoisses de sa mère, Anna Laetitia reçut de nombreuses demandes en mariage à cette époque, mais elle les refusa toutes.

Premiers succès littéraires et mariage

Joseph Priestley vers 1763 déclare :
"Mme Barbauld m'a dit que c'était la lecture de certains de mes vers qui l'ont d'abord encouragée à écrire en vers."
En 1773, Anna Laetitia Aikin publia son premier livre de poèmes, sous l'impulsion de ses amis qui avaient apprécié ses vers et l'avaient encouragée à les faire éditer. Le recueil, simplement intitulé Poems, Poèmes fut édité quatre fois en seulement un an et Anna Laetitia fut surprise par son propre succès.
Elle devint une figure littéraire respectée rien que pour Poems. La même année, elle pulia Miscellaneous Pieces in Prose, Pièces diverses en prose, conjointement avec son frère John Aikin, qui fut également bien reçu. Les essais qu'il contenait, dont beaucoup étaient d'Anna Laetitia furent comparés favorablement à ceux de Samuel Johnson.
En mai 1774 malgré quelques doutes, Anna Laetitia épousa Rochemont Barbauld, petit-fils d'un huguenot français et ancien élève de la Warrington Academy. Selon sa nièce Lucy Aikin écrit :
"Son attachement à M. Barbauld était l'illusion d'une imagination romantique — non d'un cœur tendre. Si ses vrais sentiments avaient été provoqués plus tôt par une atmosphère plus intellectuelle, elle ne se serait jamais permis d'être prise par de folles démonstrations de passion amoureuse, d'être ébranlée par des manières françaises théâtrales, ou de concevoir une passion aussi exagérée comme une base sûre sur laquelle fonder une structure sobre de bonheur domestique. Mon père a supposé que cette union mal faite est due en grande partie à la mauvaise influence de Julie ou la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, M. B. tenant le rôle de Saint-Preux. Anna Laetitia Barbauld a été informée par un bon ami qu'il avait déjà subi une attaque de folie, et qu'elle devait rompre ses fiançailles à cause de cela."
Alors, a-t-elle répondu,
"si je devais le décevoir maintenant, il deviendrait certainement fou. » Il n'y avait rien à répondre à cela ; et avec une sorte de générosité désespérée, elle s'est ruée vers son destin mélancolique."
Après le mariage, le couple déménagea dans le Suffolk, où Rochemont Barbauld avait reçu le poste de directeur d'une congrégation et d'une école de garçons. Anna Laetitia Barbauld en profita pour réécrire certains psaumes du Livre des Psaumes, une occupation courante au XVIIIe siècle, et les publia sous le nom de Devotional Pieces Compiled from the Psalms and the Book of Job Pièces de dévotion compilées des Psaumes et du Livre de Job. Un de ses essais est lié à ce travail : Thoughts on the Devotional Taste, on Sects and on Establishments, qui explique sa théorie du sentiment religieux et des problèmes inhérents à l'institutionnalisation de la religion.
Il semble qu'Anna Laetitia Barbauld et son mari s'inquiétaient de ne jamais avoir d'enfant, et, en 1775, après seulement un an de mariage, elle demanda à son frère de lui permettre d'adopter un de ses enfants :
"Je suis consciente que ce n'est pas une petite chose que nous demandons là, pas plus qu'il n'est facile pour un parent de se séparer de son enfant. C'est pourquoi je dirais que sur un grand nombre, on peut facilement prendre un. Quoiqu'il y ait une grande différence entre avoir un enfant ou ne pas en avoir, je pense qu'il n'y a que peu ou pas de différence entre en avoir trois, ou quatre ; cinq, ou six ; car quatre ou cinq sont assez pour exercer tout son content de soin et d'affection. Nous y gagnerions, mais tu n'y perdrais pas."
Finalement, son frère accepta et le couple adopta son fils Charles. C'est pour lui qu'Anna Laetitia Barbauld écrivit ses deux livres les plus célèbres : Lessons for Children, Leçons pour les enfants, en 1778-1779 et Hymns in Prose for Children, Hymnes en prose pour les enfants en 1781.

Palgrave Academy

Anna Laetitia Barbauld et son mari passèrent onze ans à enseigner à la Palgrave Academy dans le Suffolk.
Rapidement, elle ne fut pas amenée à diriger seulement sa maison, mais aussi celle de l'école — elle y était comptable, femme de ménage et gouvernante. À l'ouverture de l'école, il n'y avait que huit élèves, mais quand les Barbauld la quittèrent en 1785, il y en avait environ quarante, preuve de l'excellente réputation que l'école avait acquise. Les principes éducatifs des Barbauld attirèrent les dissidents anglais ainsi que les anglicans. Palgrave remplaçait la discipline des écoles traditionnelles comme Eton, basée sur les châtiments corporels, par un système d'amendes et de travaux d'intérêt général, ainsi que, apparemment, par des « procès de jeunes, c'est-à-dire des procès dirigés par et pour les élèves eux-mêmes.
De plus, à la place des études classiques habituelles, l'école offrait un programme pratique mettant en avant les sciences et les langues modernes. Anna Laetitia Barbauld enseigna elle-même les fondamentaux de la lecture et de la religion aux plus jeunes, et la géographie, l'histoire, la composition, la rhétorique et la science aux classes les plus avancées. C'était une enseignante très impliquée, produisant une chronique hebdomadaire de l'école et écrivant des pièces de théâtre jouées par les élèves21. Elle eut une grande influence sur beaucoup de ses élèves ; l'un d'entre eux, William Taylor, qui devint un grand spécialiste de la littérature allemande, appelait Anna Laetitia Barbauld la mère de son esprit.

Engagement politique et Hampstead

En septembre 1785, le couple Barbauld quitta Palgrave pour un tour de France ; la santé mentale de Rochemont s'était détériorée et il n'était plus capable de continuer son travail d'enseignement. En 1787, ils déménagèrent à Hampstead, où Rochemont s'était vu proposer la direction d'une chapelle presbytérienne. Anna Laetitia Barbauld se lia d'amitié avec la poétesse Johanna Baillie. Même s'ils ne tenaient plus une école, le couple n'abandonna pas sa tâche d'éducation ; ils avaient souvent auprès d'eux un ou deux élèves qui leur avaient été recommandés par des amis.
C'est à cette époque, à l'aube de la Révolution française, qu'Anna Laetitia Barbauld publia ses œuvres politiques les plus radicales. De 1787 à 1790, Charles James Fox tenta de convaincre la Chambre des communes de voter une loi accordant les droits de citoyens à part entière aux Dissidents anglais.
Quand cette loi fut rejetée pour la troisième fois, Anna Laetitia Barbauld publia l'un de ses pamphlets les plus passionnés : An Address to the Opposers of the Repeal of the Corporation and Test Acts.
Les lecteurs furent choqués de découvrir qu'une argumentation aussi bien raisonnée provenait d'une femme.
En 1791, après la tentative ratée de William Wilberforce de rendre le commerce d'esclaves hors-la-loi, elle publia Epistle to William Wilberforce Esq. On the Rejection of the Bill for Abolishing the Slave Trade, qui ne se contentait pas de plaindre le sort des esclaves, mais avertissait également les Britanniques de la dégénérescence culturelle et sociale qu'ils risquaient s'ils n'abandonnaient pas la pratique de l'esclavage. En 1792, elle reprit ce thème de responsabilité nationale dans un sermon contre la guerre, Sins of Government, Sins of the Nation, qui affirmait que chacun est responsable des actions de la nation : Nous sommes appelés à nous repentir des péchés de la nation, car nous pouvons les aider, et parce que nous devons les aider.

Stoke Newington et la fin d'une carrière littéraire

En 1802, le couple Barbauld s'installa à Stoke Newington où Rochemont devint pasteur de la chapelle de Newington Green.
Anna Laetitia Barbauld apprécia de revenir près de son frère John Aikin, car la santé mentale de son mari déclinait rapidement. Rochemont développait une violente antipathie pour sa femme, et il était susceptible d'avoir des attaques de folie furieuse dirigées contre elle.
Un jour au dîner, il a attrapé un couteau et l'a poursuivie autour de la table, et elle n'a pu se sauver qu'en sautant par la fenêtre.De telles scènes se répétèrent, attristant et mettant en danger Anna Laetitia Barbauld, mais elle refusa de quitter son mari.
Rochemont se noya dans la New River en 1808, et elle fut rongée par le chagrin. Lorsqu'elle se remit à l'écriture, elle publia Eighteen Hundred and Eleven 1812, qui décrivait l'Angleterre comme une ruine. L'œuvre fit l'objet de critiques si virulentes qu'Anna Laetitia Barbauld ne publia plus rien d'autre durant le reste de sa vie, quoiqu'il soit désormais considéré par les spécialistes comme sa plus belle réussite poétique. Elle mourut en 1825 alors qu'elle était une écrivain renommée, et fut enterrée dans le caveau familial de St Mary à Stoke Newington. Après sa mort, une stèle de marbre fut dressée dans la chapelle de Newington Green avec l'inscription suivante :

En mémoire de ANNA LETITIA BARBAULD Fille de John Aikin Et Épouse du
Révérend Rochemont Barbauld
Autrefois le Ministre Respecté de cette Congrégation.
Elle est née à Kibworth dans le Leicestershire, le 20 juin 1743,
et morte à Stoke Newington le 9 mars 1825.
Gratifiée par le Donneur de tout Bien
D'Esprit, de Génie, de Talent et de Grande Compréhension,
Elle Employa ces Grands Dons
à Promouvoir la Cause de l'Humanité, de la Paix, de la Justice,
de la Liberté Religieuse et Civile
de la Pure, Ardente et Affectueuse Dévotion.
Que les Jeunes, Nourris de ses Écrits dans le Pur Esprit
de la Moralité Chrétienne;
Que ceux d'Âge Mûr, Capables d'Apprécier
la Précision, l'Imagination Brillante, et le Puissant Raisonnement
de ses Compositions Littéraires
Que les quelques Survivants qui partagèrent sa Délicieuse
et Instructive Conversation
Soient Témoins
Que ce Monument ne Relate
Aucun Compliment Exagéré.

Postérité

À sa mort, Anna Laetitia Barbauld fut acclamée par Newcastle Magazine comme incontestablement la première meilleure de nos poétesses, et l'un des plus éloquents et puissants de nos écrivains ; l'Imperial Magazine affirma que aussi longtemps que les lettres seront cultivées en Grande-Bretagne, ou à quelque endroit où la langue anglaise sera connue, le nom de cette dame sera respecté.
Elle fut favorablement comparée à Joseph Addison et Samuel Johnson, ce qui était extraordinaire pour une femme écrivain du XVIIIe siècle. Cependant, en 1925, on ne se souvenait d'elle que comme d'une auteur pour enfants moralisante, au mieux. Ce ne fut qu'à l'avènement de la critique littéraire féministe dans les années 1970 et 1980 qu'Anna Laetitia Barbauld commença à être réintégrée dans l'histoire littéraire.
La disparition d'Anna Laetitia Barbauld du paysage littéraire est due à plusieurs raisons. L'une des plus importantes est le dédain de Samuel Taylor Coleridge et William Wordsworth, deux poètes ayant connu une période radicale dans leur jeunesse, et ayant puisé leur inspiration dans sa poésie, mais plus tard, étant entrés dans une période plus conservatrice, ils rejetèrent ses œuvres. Une fois ces poètes reconnus, leurs opinions firent autorité. De plus, le ferment intellectuel auquel Anna Laetitia Barbauld avait largement contribué — en particulier dans les Académies dissidentes — fut, au XIXe siècle, associé à la classe moyenne philistine, comme l'appelle Matthew Arnold. La bourgeoisie réformiste du XIXe siècle, à cette époque, fut tenue pour responsable des excès et des abus de l'ère industrielle.
Alors que les études littéraires se développaient en une discipline à part entière à la fin du XIXe siècle, l'histoire des origines du romantisme anglais se développa en même temps ; selon cette version de l'histoire littéraire, Coleridge et Wordsworth étaient les poètes dominants de cette époque. Cette vision fit autorité pendant près d'un siècle. Même avec la montée de la critique féministe dans les années 1970, Anna Laetitia Barbauld ne reçut toujours aucune reconnaissance. Selon Margaret Edzell, les critiques féministes cherchaient à ressusciter une forme particulière de femme — en colère, résistant aux rôles dévolus aux femmes à son époque, et tentant de créer une sororité avec d'autres femmes. Anna Laetitia Barbauld n'entrait pas bien dans ces catégories, et ce n'est pas avant que l'on réexamine le romantisme et son canon à travers une profonde réorganisation du féminisme lui-même, que l'on retrouva l'image de la voix vibrante d'Anna Laetitia Barbauld.

Analyse littéraire

Poésie

La poésie d'Anna Laetitia Barbauld, qui traite d'une grande variété de sujets, a d'abord été lu par des critiques littéraires féministes cherchant à retrouver des femmes écrivains qui avaient été importantes à leur époque, mais avaient ensuite été oubliées par l'histoire littéraire. Le travail d'Isobel Armstrong reflète ce type d'étude : elle affirme qu'Anna Laetitia Barbauld, comme d'autres poétesses romantiques :

The Mouse's Petition, extrait de Poems d'Anna Laetitia Barbauld en 1772
... n'ont pas non plus consenti à l'idée d'un discours spécial réservé aux femmes, ni n'ont accepté qu'on les considère comme appartenant au royaume de l'irrationnel. Elles se sont engagées dans deux stratégies pour traiter le problème du discours affectif. D'abord, elles ont utilisé les formes féminines traditionnelles du langage, mais en les tournant vers l'analyse et en les utilisant pour réfléchir. Ensuite, elles ont défié les traditions philosophiques masculines qui amenaient à un discours décrédibilisant l'expérience féminine, et ont remanié ces traditions.
Dans son analyse de Inscription for an Ice-House, Isobel Armstrong met en relief la réponse d'Anna Laetitia Barbauld à la caractérisation du sublime par Edmund Burke et aux théories économiques d'Adam Smith dans Wealth of Nations comme preuve de cette interprétation.
Le travail de Marlon Ross et d'Anne K. Mellor représentent une autre manière d'appliquer le point de vue de la théorie féministe à la redécouverte des femmes écrivains. Ils affirment qu'Anna Laetitia Barbauld et d'autres poétesses romantiques ont fait émerger une voix féminine distincte dans la sphère littéraire. En tant que femme et Dissidente, Anna Laetitia Barbauld avait un point de vue unique sur la société, selon Ross, et c'est cette position spécifique qui l'a obligée à publier des commentaires sociaux. Mais Ross ajoute que les femmes de l'époque subissaient une double contrainte : elles pouvaient choisir de parler de politique dans des genres non-politiques, et donc risquer de beaucoup diminuer la clarté et la précision de leur passion politique, ou elles pouvaient choisir des genres littéraires ouvertement politiques en essayant de les imprégner d'un style féminin reconnaissable, risquant encore une fois d'atténuer leur but politique.
Donc, Anna Laetitia Barbauld et les autres poétesses romantiques écrivaient souvent des poèmes occasionnels. Ces poèmes, traditionnellement, étaient des commentaires souvent satiriques des événements nationaux, mais à la fin du XVIIIe siècle, ils devenaient de plus en plus sérieux et personnels. Les femmes écrivaient des poèmes sentimentaux, un style alors très en vogue, pour des occasions personnelles comme la naissance d'un enfant, et affirmaient qu'en commentant ainsi les petits événements de la vie, elles établissaient les fondements moraux d'une nation. Des spécialistes comme Ross et Mellor affirment que cette adaptation des styles existants est l'une des voies par lesquelles ces poétesses ont créé un romantisme féminin.

Essais et poèmes politiques

Les textes politiques les plus marquants d'Anna Laetitia Barbauld sont : An Address to the Opposers of the Repeal of the Corporation and Test Acts 1790, Epistle to William Wilberforce on the Rejection of the Bill for Abolishing the Slave Trade 1791, Sins of Government, Sins of the Nation 1793 et Eighteen Hundred and Eleven 1812. Selon Harriet Guest, « le thème repris sans cesse dans les essais d'Anna Laetitia Barbauld dans les années 1790 est celui de la constitution du peuple comme un corps religieux, civique et national, et elle s'emploie toujours à mettre en valeur la continuité entre les droits des individus et ceux du public.
Pendant trois ans, de 1787 à 1790, les Dissidents anglais avaient tenté de convaincre la Chambre des communes d'annuler le Test Act et le Corporation Act, deux lois limitant les droits civiques des Dissidents. Quand l'annulation fut rejetée pour la troisième fois, Anna Laetitia Barbauld revint brutalement sur la scène publique après neuf ans de silence. Son pamphlet accusateur est écrit sur un ton mordant et sarcastique ; il commence par nous vous remercions pour le compliment aux Dissidents, quand vous supposez que dès qu'ils auront accès aux lieux de pouvoir et de profit, ces lieux en seront remplis.
Elle affirma que les Dissidents méritaient les mêmes droits que tous les autres : Nous le demandons en tant qu'hommes, nous le demandons en tant que citoyens, nous le demandons en tant que bons sujets. De plus, elle affirma que c'était l'isolation forcée imposée aux Dissidents qui les écartait, et rien d'inhérent à leur forme de culte. Enfin, en appelant au patriotisme britannique, elle ajouta qu'on ne pouvait pas permettre aux Français d'être meilleurs que les Anglais en termes de liberté.
L'année suivante, en 1791, après l'échec des efforts de William Wilberforce pour faire accepter par le Parlement l'abolition du commerce d'esclaves, Anna Laetitia Barbauld écrivit Epistle to William Wilberforce on the Rejection of the Bill for Abolishing the Slave Trade. Elle y appelait la Grande-Bretagne à rendre des comptes pour le péché que représente l'esclavage ; dans des tons violents, elle condamna l'avarice d'un pays content de permettre à sa richesse et à sa prospérité de venir du travail d'êtres humains en esclavage. De plus, elle donnait une image du maître et de la maîtresse de plantation révélant toutes les faiblesses de l'entreprise coloniale : une femme indolente, voluptueuse, monstrueuse et un homme dégénéré, affaibli.
En 1793, quand le gouvernement britannique appela la nation à soutenir la guerre, les Dissidents anglais pacifistes comme Anna Laetitia Barbauld furent confrontés à un dilemme moral : obéir à l'ordre et violer leur conscience en priant pour la victoire d'une guerre qu'ils désapprouvaient ? Observer le soutien mais prêcher contre la guerre ? Défier la proclamation et refuser de prendre la moindre part au soutien ? Anna Laetitia Barbauld en profita pour écrire un sermon intitulé Sins of Government, Sins of the Nation, traitant de la responsabilité morale de l'individu ; pour elle, chaque individu est responsable des actions de sa nation puisque chaque individu fait partie de la nation. Cet essai tente de déterminer quel est le bon rôle de l'individu dans l'état, et, alors qu'elle affirme que l'insubordination peut miner un gouvernement, elle admet qu'il y a des limites de conscience que l'on ne peut pas franchir même pour obéir au gouvernement. Le texte est une considération classique de l'idée d'une guerre injuste.
Dans Eighteen Hundred and Eleven en 1812, écrit alors que le Royaume-Uni était en guerre contre la France depuis dix ans et était sur le point de perdre les guerres napoléoniennes, Barbauld publia une satire choquante du style de Juvénal ; elle y décrivait l'empire britannique comme sur le déclin alors que l'Amérique était en pleine croissance. Elle y affirmait que c'est à l'Amérique qu'allait revenir toute la prospérité et la renommée du Royaume-Uni, ce dernier n'étant plus qu'une ruine vide. Elle attribuait directement ce déclin à la participation du Royaume-Uni aux guerres napoléoniennes. Cette vision pessimiste du futur du Royaume-Uni fut, de manière prévisible, très mal accueillie : les critiques, que ce soit dans les magazines libéraux ou conservateurs, allaient de la prudence à la négation paternaliste, voire à la condamnation outrée. Anna Laetitia Barbauld, choquée par ces réactions, se retira de la vie publique. Même alors que le Royaume-Uni était finalement sur le point de gagner la guerre contre Napoléon, elle ne put s'en réjouir. Elle écrivit à une amie : Je ne sais pas comment me réjouir de cette victoire, aussi splendide qu'elle soit, contre Buonaparte, quand je pense à l'horrible perte en vies, la masse de misère, que de tels combats gigantesques peuvent occasionner.

Littérature pour enfants

Les œuvres d'Anna Laetitia Barbauld Lessons for Children et Hymns in Prose for Children furent une révolution dans la littérature pour enfants.
Pour la première fois, les besoins de l'enfant lecteur étaient sérieusement pris en considération. Anna Laetitia Barbauld demanda à ce qu'on imprime ces livres en gros caractères avec de larges marges, pour les rendre plus facilement lisibles par les enfants ; plus important, elle y développa un style de dialogue informel entre parent et enfant qui fut dominant dans la littérature pour enfants pendant toute une génération. Dans Lessons for Children, un livre de lecture en quatre volumes adapté à l'âge de ses lecteurs, elle utilise le concept d'une mère instruisant son fils. Très probablement, de nombreux événements décrits dans le livre sont inspirés de l'expérience d'Anna Laetitia Barbauld elle-même quand elle instruisit son propre fils adoptif Charles. Mais cette série de livres est plus qu'un moyen d'apprendre à lire : elle initie également l'enfant lecteur aux éléments des systèmes de symboles de la société et aux structures de concepts, inculque une éthique, et l'encourage à développer une certaine forme de sensibilité. Le livre expose également à l'enfant les principes de la botanique, la zoologie, les nombres, les changements d'état en chimie ... le système monétaire, le calendrier, la géographie, la météorologie, l'agriculture, l'économie politique, la géologie, et l'astronomie. La série devint relativement populaire, et Maria Edgeworth commenta, dans le traité d'éducation Practical Education 1798 coécrit avec son père, que c'est un des meilleurs livres pour les sept à dix ans qui existe actuellement.
Lessons for Children et Hymns in Prose for Children eurent un impact sans précédent pour des livres pour enfants ; non seulement ils influencèrent la poésie de William Blake et William Wordsworth, mais ils furent également utilisés pour apprendre à lire à plusieurs générations d'écoliers. Le spécialiste de la littérature pour enfants William McCarthy affrime que Elizabeth Barrett Browning pouvait encore réciter les premières lignes de Lessons for Children à l'âge de trente-neuf ans. Samuel Johnson et Charles James Fox ridiculisèrent les livres pour enfants d'Anna Laetitia Barbauld en disant qu'elle gaspillait ses talents; cependant, elle-même pensait que ce qu'elle faisait était noble et en encourageait d'autres à la suivre. Selon sa biographe Betsy Rodgers, elle a donné du prestige à la littérature de jeunesse, et en n'abaissant pas son niveau en écrivant pour les enfants, elle en a inspiré d'autres pour écrire à un niveau aussi élevé. Grâce à elle, Sarah Trimmer et Hannah More sont encouragées à écrire pour les enfants pauvres et organiser à une grande échelle des écoles du dimanche ; Ellenor Fenn conçut et écrivit une série de livres de lecture et de jeux éducatifs pour les enfants des classes moyennes, et Richard Lovell Edgeworth entama l'une des premières études systématiques du développement de l'enfant, qui mena non seulement à un traité sur l'éducation coécrit avec sa fille Maria Edgeworth, mais aussi à un important recueil d'histoires pour enfants par Maria elle-même.
Anna Laetitia Barbauld coécrivit également avec son frère John Aikin une série en six volumes intitulée Evenings at Home 1793. C'est un mélange d'histoires, de fables, de drames, de poèmes et de dialogues. Sur de nombreux points, cette série concentre les idéaux de l'éducation de l'époque des Lumières : la curiosité, l'observation, et le raisonnement. Par exemple, la série encourage l'apprentissage des sciences à travers des activités quotidiennes : dans un chapitre intitulé A Tea Lecture, l'enfant apprend que la préparation du thé est « tout simplement une opération de chimie, ce qui est suivi de leçons sur l'évaporation et la condensation. Le texte met également l'accent sur le rationalisme : dans Things by Their Right Names, un enfant demande à son père de lui raconter l'histoire d'un meurtre sanglant. Le père commence à raconter, en utilisant des tournures propres aux contes de fées comme il était une fois, mais surprend son fils avec certains détails, comme le fait que les meurtriers ont tous des casques d'acier. À la fin, l'enfant comprend qu'on lui a raconté une bataille, et le père conclut par Je ne connais aucun meurtre qui soit ne serait-ce qu'à moitié aussi sanglant. La tactique consistant à défamiliariser le monde pour forcer le lecteur à réfléchir rationnellement à son sujet, et le message anti-guerre, sont tous deux très présents dans Evenings at Home. Michelle Levy, spécialiste de cette période, affirme que la série encourageait les lecteurs à « devenir des observateurs critiques et, en cas de nécessité, des résistants explicites à l'autorité. Cette résistance est apprise et pratiquée à la maison ; selon Michelle Levy, « Evenings at Home ... revendique que la réforme sociale et politique doit commencer dans la famille; ce sont les familles qui sont responsables du progrès ou de la régression.
Selon Lucy Aikin, la nièce d'Anna Laetitia Barbauld, sa tante a écrit dans Evenings at Home les chapitres : The Young Mouse, The Wasp and Bee, Alfred, a drama, Animals and Countries, Canute's Reproof, The Masque of Nature, Things by Their Right Name, The Goose and Horse, On Manufactures, The Flying-fish, A Lesson in the Art of Distinguishing, The Phoenix and Dove, The Manufacture of Paper, The Four Sisters et Live Dolls.

Travail éditorial

Anna Laetitia Barbauld édita plusieurs œuvres majeures vers la fin de sa vie, qui contribuèrent toutes à former le canon littéraire de l'époque tel qu'il est connu aujourd'hui. En 1804, elle édita la correspondance de Samuel Richardson, et écrivit une longue introduction biographique de cet homme qui fut peut-être le romancier le plus influent du XVIIIe siècle. Son essai de 212 pages sur sa vie et ses œuvres était la première véritable biographie de Richardson. L'année suivante, elle édita Selections from the Spectator, Tatler, Guardian, and Freeholder, with a Preliminary Essay, un recueil d'essais sur l'esprit, les manières et le goût. En 1811, elle réalisa The Female Speaker, une anthologie de littérature sélectionnée pour les jeunes filles. Parce que, selon sa philosophie, ce que l'on lit étant jeune nous forme, elle prenait en considération la délicatesse de ses lectrices et dirigeait leur choix vers des sujets plus particulièrement appropriés aux devoirs, aux occupations et aux dispositions du sexe faible. L'anthologie était divisée en sections comme pièces didactiques et morales ou pièces descriptives et pathétiques; elle incluait des vers et de la prose, écrits entre autres par Alexander Pope, Hannah More, Maria Edgeworth, Samuel Johnson, James Thomson et Hester Chapone.
Mais c'est sa série en cinquante volumes, The British Novelists, publiée à partir de 1810 avec un long essai introductif sur l'histoire du roman, qui lui a permis de placer sa marque sur l'histoire littéraire. C'était la première édition anglaise à faire des critiques historiques complètes et était en tous points une entreprise de création d'un canon. Dans l'essai qu'elle fit pour ce recueil, Anna Laetitia Barbauld légitimait le roman, qui était alors un genre controversé, en le reliant à la littérature antique de Perse et de Grèce. Pour elle, un bon roman est un récit épique en prose, avec plus de personnages et moins, et dans les romans modernes, rien de machinerie surnaturelle. Elle affirmait que la lecture de romans avait de nombreux avantages : non seulement c'était un plaisir domestique mais aussi un moyen d' inculquer des principes et des sentiments moraux à la population. Anna Laetitia Barbauld écrivit aussi l'introduction biographique de chacun des cinquante auteurs présentés dans la série.

Œuvres


1768 : Corsica: An Ode
1773 : Poems
1773 : Miscellaneous Pieces in Prose avec John Aikin
1775 : Devotional Pieces, Compiled from the Psalms and the Book of the Job
1778 : Lessons for Children of Two to Three Years Old London: J. Johnson
1778 : Lessons for Children of Three Years Old London: J. Johnson
1779 : Lessons for Children from Three to Four Years Old London: J. Johnson
1781 : Hymns in Prose for Children London: J. Johnson
1787 : Lessons for Children, Part Three London: J. Johnson
1788 : Lessons for Children, Part Four London: J. Johnson
1790 : An Address to the Opposers of the Repeal of the Corporation and Test Acts
1791 : An Epistle to William Wilberforce, Esq. on the Rejection of the Bill for Abolishing the Slave Trade London: J. Johnson
1792 : Civic Sermons to the People
1792 : Poems. A new edition, corrected. To which is added, An Epistle to William Wilberforce London: J. Johnson
1792 : Remarks on Mr. Gilbert Wakefield's Enquiry into the Expediency and Propriety of Public or Social Worship London: J. Johnson
1792-1796 : Evenings at Home, or The Juvenile Budget Opened avec John Aikin, six volumes
1793 : Sins of Government, Sins of the Nation
1794 : Reasons for National Penitence Recommended for the Fast Appointed on February 28, 1794
1798 : « What is Education? » Monthly Magazine
1800 : Odes, by George Dyer, M. Robinson, Anna Laetitia Barbauld, J. Ogilvie, &c.Ludlow: G. Nicholson
1802 : The Arts of Life avec John Aikin
1804 : The Correspondence of Samuel Richardson . . . to which are prefixed, a biographical account of that author, and observations on his writing, London: Richard Phillips74, édition avec une introduction biographique, six volumes
1805 : Selections from the Spectator, Tatler, Guardian, and Freeholder, with a Preliminary Essay London: J. Johnson, édition avec une introduction, trois volumes
1805 : The Poetical Works of Mark Akenside London: W. Suttaby, édition
1810 : The British Novelists; with an Essay; and Prefaces, Biographical and Critical, by Mrs. Barbauld, London: F. C. & J. Rivington, édition avec un essai introductif et des introductions biographiques des auteurs, 50 volumes
1810 : An Essay on the Origin and Progress of Novel-Writing
1811 : The Female Speaker; or, Miscellaneous Pieces in Prose and Verse, Selected from the Best Writers, and Adapted to the Use of Young Women London: J. Johnson édition)
1812 : Eighteen Hundred and Eleven London: J. Johnson
1825 : The Works of Anna Laetitia Barbauld. With a Memoir by Lucy Aikin, Volume 1 London: Longman, édition par la nièce d'Anna Laetitia Barbauld, Lucy Aikin
1826 : A Legacy for Young Ladies, Consisting of Miscellaneous Pieces, in Prose and Verse London: Longman74, édité par Lucy Aikin après la mort d'Anna Laetitia Barbauld

Liens

http://youtu.be/pdzmAnpIeWk Les droits de la femme par A.I. Barbauld
http://youtu.be/HOJNiagqX1o "Pour les pauvres"
http://youtu.be/itUUxw7lGgk Dialogue entre les morts : Mme de Maintenon et Héléne de Troie (Anglais)
http://youtu.be/jT4JBS8o34s Citations de A.L.Barbauld (Anglais)

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Posté le : 09/03/2014 00:07
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Taras Chevtchenko
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Le 9 mars du calendrier grégorien ou 25 février, calendrier Julien, 1814

naît à Moryntsi près de kiev, Taras Hryhorovytch Chevtchenko,


en ukrainien : Тарас Григорович Шевченко, poète, peintre et humaniste ukrainien, il décéde à Saint-Pétersbourg le 10 mars calendrier grégorien, 26 février 1861, calendrier Julien.
Il est généralement considéré comme le plus grand poète romantique de langue ukrainienne.
Figure emblématique dans l'histoire de l'Ukraine, il marque le réveil national du pays au XIXe siècle. Sa vie et son œuvre font de lui une véritable icône de la culture de l'Ukraine et de la diaspora ukrainienne au cours des XIXe et XXe siècles siècles. L'université de Kiev Taras-Chevtchenko porte son nom.

Chevtchenko est né dans une famille de paysans serfs à Moryntsi, un village près de Tcherkassy, en Ukraine, qui à l'époque faisait partie de l'Empire russe. Il perd très vite sa mère, en 1823, puis son père, en 1825, devenant orphelin à l'âge de douze ans, ce qui rajoute de la douleur à sa vie qui en est déjà remplie. Enfant il montra de véritables talents pour la peinture. Il travaille et étudie chez un diacre. C'est à cette époque qu'il découvre certaines œuvres de la littérature ukrainienne. Mais il aime aussi dessiner, alors il fait ses premiers essais chez un peintre.
À 14 ans, Chevtchenko devient un serviteur chez un seigneur nommé Pavel Engelhardt. Il part avec lui pour Vilnius, ce dernier y demeura de l'automne 1828 jusqu'au début de l'année 1831. Un soir, le seigneur surprend Chevtchenko dessiner à la lueur d'une bougie devant l'un des tableaux de la maison. Il l'accuse d'avoir failli brûler le précieux tableau et le fait battre aux écuries. Mais la femme d'Engelhardt, une âme charitable, fait remarquer que s'il l'envoie en apprentissage d'art il l'aura pour peintre personnel. Le jour suivant, Chevtchenko suit les cours du peintre Yan Roustem à l'Université de Vilnius.
Plus tard, Engelhardt part pour Saint-Pétersbourg et Taras Chevtchenko poursuit son apprentissage durant 4 ans en compagnie d'un peintre nommé Shiriaev. Taras Chevtchenko passa son temps libre en esquissant les statues des jardins impériaux d'été de la capitale. C'est à ce moment qu'il fait la connaissance de l'artiste ukrainien Ivan Soshenko. Ce dernier le présentera à d'autres compatriotes comme Yevhen Hrebinka et Vasyl Hryhorovytch, ainsi qu'au peintre russe Venetsianov. Grâce à eux, il put rencontrer un célèbre peintre et professeur nommé Karl Briullov. Ce dernier mit en jeu dans une loterie son portrait du poète russe Vassili Joukovski, ce qui lui permit d'acheter et de rendre pour 2 500 roubles la liberté à Taras Chevtchenko le 5 mai 1838. Vassili Joukovski lui-même avait usé de son influence pour obtenir sa liberté, il en fut remercié en 1838 à travers un poème de Taras Chevtchenko nommé Kateryna.

Artiste et chantre national

Peu après, Taras Chevtchenko s'inscrit à l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg et y fait ses études sous la direction de Briullov. En 1840, sa première collection de poésie, Kobzar Le Barde, composée de huit poèmes romantiques, fut publiée à Saint-Pétersbourg. Pour illustrer son poème Kateryna, Chevtchenko peint en été 1842 un tableau homonyme, qui reste de nos jours une des images emblématiques de la peinture ukrainienne.

Puis ce fut la publication de son poème épique Haidamaky en 1841 et de la ballade Hamaliia en 1844. Tout en vivant à Saint-Pétersbourg, Taras Chevtchenko effectua trois voyages en Ukraine, le premier en 1843, le deuxième en 1845 et le troisième en 1846. Ces voyages le marquèrent profondément. Il rendit visite à ses parents et son entourage. Il rencontra, à l'aide de la famille princière Repnine de grands auteurs et intellectuels ukrainiens comme Panteleimon Kulish et Mykhailo Maksymovych.
Scandalisé par l'oppression tsariste et la destruction de son Ukraine natale, Taras Chevtchenko décida de saisir, dans un album de gravures, certaines des ruines historiques de sa patrie et des monuments culturels qu'il appela Zhyvopysna Ukraina, l'Ukraine pittoresque.
Après avoir terminé ses études à l'Académie des beaux arts en 1845, Taras Chevtchenko devint un membre de la Commission d'archéologie de Kiev et voyagea partout en Ukraine pour esquisser des monuments historiques, architecturaux et recueillir les traditions folkloriques. À ce même moment, il écrivit certains de ses poèmes d'histoire les plus satiriques et politiquement subversifs, comme le Fils, un rêve, Sova, le hibou, Ieretyk, l'hérétique Slipyi, l'homme aveugle, Velykyi lokh, la grande voûte, et Kavkaz, le Caucase. Il les réunit avec d'autres poèmes dans un album intitulé Try lita, Trois ans.
Au contact des réalités sociales, sa pensée se radicalise et son œuvre, en 1846 à Kiev, Taras Chevtchenko rejoignit la Confrérie de "Cyrille et Méthode", organisation politique secrète qui avait pour objectif d'abolir le servage et d'établir l'égalité sociale. Comme les autres membres de la fraternité, il fut arrêté le 5 avril 1847, déporté à Orsk, puis à Novopetrovsk, privé du droit d'écrire et de peindre : il n'abdique pas, mais exhale sa nostalgie, flétrit l'autocratie, les Rois, 1848 et compose en russe des récits autobiographiques, le Musicien, l'Artiste, 1854-1856. Amnistié, 1857, la santé ruinée, il rallie le camp démocrate, exalte ses martyrs, les Néophytes, 1857, prêche l'abolition du servage et prophétise un avenir meilleur, le Songe, 1858. Il compose une édition augmentée du Kobzar, mais celle-ci ne parut intégralement qu'en 1876 à Prague, avec les poèmes interdits par la censure russe. Il est considéré comme le père de la littérature nationale ukrainienne.
Le poète fut mis en prison à Saint-Pétersbourg. De plus, après la découverte et la confiscation par les autorités impériales de ses poèmes satiriques anti-tsaristes issus de son album, Taras Chevtchenko reçut une punition particulièrement sévère. Il fut condamné à servir comme simple soldat dans le corps spécial d'Orenburg, un régiment installé dans une région lointaine de Russie, près de la mere noire.

Ce fut la période la plus difficile dans la vie du poète. Le tsar Nicolas Ier en personne donna l'ordre d'interdire à Chevtchenko d'écrire et de peindre. Durant son exil, Chevtchenko servit également dans une forteresse d'Orsk. Le poète réussit toutefois à continuer de peindre et d'écrire en cachette. Il inscrit ses poésies dans quatre petits livrets qu'il avait l'habitude de cacher dans ses bottes. Dans ses œuvres, il parle toujours de son pays natal, l'Ukraine, qui lutte contre l'oppression et aspire à la liberté. Beaucoup de ses dessins et peintures faits au cours de son exil représentent la vie des Kazakhs. Plus tard, de 1848 à 1849, il partit comme peintre dans une expédition militaire pour étudier et décrire la mer d'Aral.
Peintre et poète, Tarass Chevtchenko est unanimement considéré comme le grand poète de l'Ukraine et le fondateur de la littérature ukrainienne.
Le Kobzar, recueil des poésies de Chevtchenko, paraît la même année que Un héros de notre temps de Lermontov, en 1840. Entre ces deux livres, que de choses différentes et que de choses communes. Remarquons que le titre de Lermontov convient à désigner Chevtchenko lui-même, car il fut un héros (et un héraut...) de son temps, comme ses contemporains à qui il fait penser : Mickiewicz, Peto″fi.

L'Ukrainien et sa terre

Et commence alors sa vie de peintre, de poète, de révolutionnaire. Pour lui c'est tout un, car il vécut pour l'indépendance d'une Ukraine démocratique, et pour cette cause il ne cessa de peindre, d'écrire et d'agir. Il participa à des organisations et des mouvements patriotiques ; il connut la prison, l'exil, la surveillance policière et même l'interdiction de peindre et d'écrire. Sa courte vie fut bien remplie. On ne peut qu'être étonné par l'abondance de ses œuvres : de très nombreux poèmes, dont certains sont fort longs, des milliers de vers, deux romans historiques, une vingtaine de romans, des dessins et des tableaux, malgré le temps consacré à l'action et les années de prison et de forteresse. L'enthousiasme l'a porté à travers sa vie :
Pourquoi suis-je né dans ce monde ?
Pourquoi tant aimer mon Ukraine ?
L'Ukraine, toujours l'Ukraine. Elle est présente partout dans les poèmes de Chevtchenko, comme elle l'était dans ses pensées. Présence physique de son territoire, de la plaine, du Dniepr qui, avec ses îles, ses récifs, le vent sur ses eaux, est comme une personnification de l'Ukraine vivante ; présence des villages, des chaumières, des kourgans, ces éminences tumulaires. Présence de ses traditions populaires, de son histoire, de l'aujourd'hui ; espoir et inquiétude pour son avenir. Toute l'œuvre du poète a ses assises dans l'histoire de son peuple en lutte constante pour son indépendance : contre les rois de Pologne, les sultans de Turquie, les tsars de Russie. Toute son œuvre est une exaltation de l'héroïsme cosaque. Elle est pleine de bruit et de fureur, pleine de batailles, de violences, de sang, d'incendies, de larmes, d'invectives, d'appels.

Un conteur épique

La poésie de Chevtchenko est souvent une poésie épique. Épiques, non seulement ses longs poèmes – récits évoquant les exploits passés des Ukrainiens, comme les Gaïdamaks dont le sujet est emprunté à l'insurrection paysanne de l'Ukraine en 1768, mais aussi des poèmes moins longs, comme Gamalia, ce récit de l'expédition des Cosaques partis arracher aux Turcs leurs frères prisonniers. Il est aussi de courts poèmes où le lyrisme personnel rejoint un souffle d'épopée, celui de la lutte et de la souffrance de l'Ukraine.
Si Chevtchenko est un conteur, le plaisir de raconter et de versifier n'est pas son principal mobile. Il est clair que dans chaque récit Chevtchenko projette ses préoccupations actuelles, que chaque poème est écrit à la lumière de celles-ci, que ces poèmes doivent servir le patriotisme ukrainien, fonder l'espoir et l'action de son peuple : le passé garantit l'avenir. Aux yeux de Chevtchenko, l'épopée est écrite par le peuple ukrainien, pour lui, pour son action libératrice. Comme font les auteurs d'épopée, Chevtchenko s'est servi des récits historiques, des contes populaires, des légendes, des poèmes transmis par la tradition orale, par les kobzars, les kobzars, des bardes en somme, chantaient en s'accompagnant de la kobza, une sorte de vielle ; c'est pourquoi les poèmes de Chevtchenko ont été réunis sous le titre de Kobzar, les éditions successives ayant été enrichies de poèmes nouveaux.
Et notre poète a tout refondu au feu de sa forge. Puissante forge que cet homme bon, sensible, sentimental, impatient, véhément, si tendre pour ses amis et compagnons de lutte, qui parfois se sent bien seul et las, mais qui malgré tout ne désarme pas.

Poète naïf et révolutionnaire

Il veut donc une Ukraine indépendante. Il appelle sans relâche le peuple à s'unir, à lutter : "Levez-vous... Fraternisez... Brisez vos chaînes... Aiguisez la hache... " Ces expressions reviennent constamment. Il sait que la liberté n'est jamais octroyée, qu'elle doit être conquise par le peuple. Et ce peuple, il l'aime, c'est sa passion, son espoir. Mais il n'est pas sans clairvoyance à son égard, pas sans impatience non plus ; il va jusqu'à le traiter de lâche, d'imbécile, vautré qu'il est dans la mare de l'esclavage.
S'il hait tous les tyrans, c'est au tsar de Russie que va sa plus forte haine, pour lui sont ses plus violentes invectives. Il n'épargne pas non plus les seigneurs ukrainiens, plus attachés à leurs biens, à leurs privilèges qu'à leur pays. L'Église aussi est un ennemi. Elle est l'alliée des puissants, elle trompe le peuple.
À l'égard de Dieu, les sentiments de Chevtchenko ne sont pas simples. Il refuse le dieu de l'Église ; son Dieu est plutôt celui de Hugo. Il est bon, mais comment laisse-t-il commettre de pareils crimes ? Est-il aveugle, ignorant, impuissant ? A-t-il partie liée avec les seigneurs ? En tout cas, il ne faut pas s'en remettre à lui, il faut agir.
Récits, évocations, appels à l'action, recommandations, confidences, les poèmes de Chevtchenko sont des rêves éveillés. Il n'y a pas plus rêveur que cet homme d'action. Est-ce lui qui rêve ? Est-ce l'Ukraine ? Est-ce le Dniepr ? On serait tenté de dire que cet homme rêve assez fort pour être la voix même de sa terre et de son peuple.
"... Et de moi-même à moi si grande est la distance
Que je ne comprends plus ce que dit l'innocence."
Ces vers d'Alfred de Vigny sont le négatif de Chevtchenko : de lui-même à lui, il n'y a pas de distance ; quel poète a plus d' innocence ? Pas de distance non plus entre son peuple et lui, entre lui et sa parole. Pas d'humour entre lui et lui ; de l'ironie, certes, mais à l'égard des puissants.
Il croit entièrement, sans la moindre réserve, en ce qu'il est, en ce qu'il pense. En ce sens, Chevtchenko est ce poète naïf dont rêvait Goethe. Chevtchenko rêvant son pays, son peuple et leur histoire, rêve dans un langage qui est en puissance le langage de son peuple, qui sera celui de son peuple. Le langage a la simplicité nécessaire à sa fonction. Il est frais et neuf. Il s'adapte au mouvement des poèmes, car ceux-ci sont pleins de mouvements ; leur allure varie, mais, le plus souvent, ils sont rapides. Il n'y a pas de temps à perdre. Il faut aller au but, le plus vite possible.
Un serf, un autodidacte, un kobzar. Un barde, donc primitif, naïf. Un poète très loin de nous, tellement différent... Est-ce bien sûr ? Est-ce toujours vrai ? Certes, Chevtchenko est marqué par son époque, son esthétique est celle de son temps. On craignait moins alors les longueurs, les répétitions. Ce qui peut nous paraître lieu commun avait alors besoin d'être proféré. Et si la pensée ne nous paraît pas toujours claire, n'oublions pas qu'il y avait la censure.
Reste le sauvage, le tendre Tarass, quand il est lui-même, et la voix qui vient de loin dans le temps, de sa terre incarnée en lui. Alors, l'abrupte poésie, cet accent rauque et impérieux, ces raccourcis, tout à coup cette ouverture sur des profondeurs qu'il est comme étonné d'entrevoir. Il y a sa fougue, son élan, il y a aussi dans les récits cette espèce d'incohérence qui tient des rêves, des cauchemars, qui est celle des très vieux poèmes épiques, où se manifeste quelque chose que la poésie moderne cherche à faire apparaître.

Dernières années

En 1850, Taras Chevtchenko fut transféré à la forteresse de Novopetrovskoïe, au bord de la mer Caspienne, où les consignes sur son exil furent plus durement respectées. Il réussit cependant à créer plus de cent aquarelles et dessins. Il écrivit également plusieurs nouvelles en langue russe. Il fut libéré de son exil militaire en 1857, deux ans après la mort de Nicolas Ier. Mails il lui fut alors interdit de vivre en Ukraine. Après avoir passé une grande partie des années suivantes à Nijni Novgorod, au bord de la Volga, il s'établit à Saint-Pétersbourg. Ce n'est qu'1859, qu'il fut autorisé à rendre visite à ses parents et à ses amis en Ukraine. Mais il y fut retenu, interrogé, puis renvoyé à Saint-Pétersbourg. Taras Chevtchenko resta sous la surveillance de la police jusqu'à sa mort, en 1861.
Il fut enterré à Saint-Pétersbourg. Deux mois plus tard, conformément à ses vœux, ses restes furent transférés en Ukraine. Le peuple ukrainien organisa à son poète de grandes funérailles. Sa dépouille fut inhumée sur Chernecha Hora, la Montagne du Moine près de Kaniv, une ville proche de son lieu de naissance. Depuis, sa tombe est considérée comme un lieu de pèlerinage par des millions d'Ukrainiens.
Il fait l'objet d'un tel culte que, pendant la Seconde Guerre mondiale, ce fut à l'arme blanche que le mont au sommet duquel il est enterré fut repris aux Allemands, comme l'a conté l'écrivain russe Polévoï.

Influence

Taras Chevtchenko occupe une place exceptionnelle dans l'histoire culturelle de l'Ukraine. Son nom reste un des symboles les plus marquants du réveil de l'esprit national ukrainien au XIXe siècle. Vers la fin du xixe siècle, son Kobzar devient le livre de référence d'enseignement de la langue ukrainienne.
Le poème Testament est maintenant chanté par toute l'Ukraine, elle qui reconnaît en Chevtchenko son poète et qui célébra en 1964 le cent cinquantième anniversaire de sa naissance par de grandioses et émouvantes cérémonies.
De ses 47 ans, Chevtchenko en vécut 24 au servage et 10 en exil. Sa vie tragique et son amour pour son pays et sa langue reflètent dans l'imaginaire de ses compatriotes le destin du peuple ukrainien qui lutta à travers des siècles pour sa culture et sa liberté. L'influence de son œuvre dans la vie culturelle et politique de l'Ukraine est immense.
Taras Chevtchenko est le poète national des Ukrainiens.

Œuvres

1840 : Kobzar
1841 : Les Haïdamaques
1844 : Le Rêve ; La Servante ; Caucase
1845 : L'Hérétique ; Testament, son plus célèbre poème ; Trois ans
1848 : Les Rois
1856 : L'Artiste
1857 : Les Néophytes

Legs

Au cours des années 1880, le promoteur principal de Taras Chevtchenko fut le radical et prééminent galicien Ivan Franko. Il écrivit, pour évoquer les aspects différents de sa créativité, Des contributions à l'évaluation de la poésie de Taras Chevtchenko.
De nombreux monuments au poète furent érigés en Ukraine et à travers le monde.
Un square Taras-Chevtchenko (abritant un buste du poète) se trouve dans le 6e arrondissement de Paris.
La ville d’Aktaou, au Kazakhstan, porta le nom de Chevtchenko de 1964 à 1992, en l’honneur de Taras Chevtchenko qui fut envoyé en exil dans la région. En revanche, l'ancienne forteresse de Novopetrovskoïe, où le poète avait été exilé, également au Kazakhstan, est aujourd'hui la ville de Fort-Chevtchenko.

Filmographie

La vie de Taras Chevtchenko a inspiré la réalisation de plusieurs films ou programmes télévisés. Parmi ceux-ci, on compte notamment :
Taras Chevtchenko de Piotr Tchardynine, 1926
Taras Chevtchenko de Igor Savtchenko, Alexandre Alov et Vladimir Naumov, 1951

Musique

Les paroles de chansons du groupe de black metal atmosphérique ukrainien Drudkh sont inspirées entre autres des poèmes de Taras Chevtchenko.
Il s'agit également du titre d'une chanson du groupe anglais New Order, jouée en 1981 à l'Ukranian National Home de New York

Liens
http://youtu.be/5HyJtaerOCM Poème pour l'Ukraine
http://youtu.be/9c4oVzxyn5U Chevtchenko poème Anglais/Ukrainien
http://youtu.be/ZtK4_vddehE Statue de Chevtchenko à Yalta
http://youtu.be/ZuqEepVl4Ks Poèmes dits en Ukrainine illustrés
http://youtu.be/3WUi15lAgfw dits en Ukrainien
http://youtu.be/06fUP12oIRw Chant Ukrainien
http://youtu.be/pas5upWWLlI Hymne Ukrainien
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Posté le : 08/03/2014 23:21
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Henri Troyat
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Le 2 mars 2007, meurt à 95 ans, à Paris, Henri Troyat né Lev Aslanovitch Tarassov ;

en russe moderne : Лев Асланович Тарасов, né à Moscou, Empire russe le 1er novembre 1911, mort à Paris, France le 2 mars 2007, est un écrivain français de Roman, essai, biographie, théâtre. Il sera distincté du Prix du roman populiste en 1935, du Prix Goncourt en 1938, il sera élu membre de l'Académie française au fauteuil 28, et recevra le prix des Ambassadeurs en 1978.
Ses Œuvres principales sont "L'Araigne" en 1938, "Tant que la terre durera" en trois tomes de 1947 à 1950, et " Les semailles et les moissons" en cinq tomes, 1953-1958, suivi d'autres suites romanesque et de nombreux romans. Il débute par une dure peinture de la province avec Faux Jour en 1935 et l'Araigne en 1938. Soixante ans plus tard, dans son livre de souvenirs, "Un si long chemin" paru en 1976, il aura à cœur de rappeler clairement les origines arméniennes de ses deux parents. La révolution bolchévique l'amène à quitter la Russie dès 1917 : après bien des péripéties, il arrive en France à dix-neuf ans.

Il est l'auteur de grands cycles romanesques qui évoquent la Russie et la France contemporaines comme Tant que la terre durera, 1947-1950 ; les Semailles et les Moissons, 1953-1956 ; la Lumière des justes, 1959-1962 ; les Eygletière, 1965-1967. Henri Troyat se fait le biographe des grandes figures de la Russie tsariste : "les personnages politiques" "Catherine la Grande", 1977 ; "Pierre le Grand", 1979 ; "Alexandre Ier", 1981, On lui doit aussi des biographies de ses maîtres dont Dostoïevski, 1940 ; Pouchkine, 1946 ; Tolstoï, 1965 ; Tchékhov, 1984 ; et celle d'Ivan le Terrible, 1982 ; d' : Tourgueniev, 1985 ; Gorki, 1986 ; Flaubert, 1988 ; Maupassant, 1989 ; Alexandre II, 1990 ; dont il a fait ses maîtres dont Dostoïevski, 1940 ; Pouchkine, 1946 ; Tolstoï, 1965 ; Tchékhov, 1984 ; puis des auteurs français : Zola, 1992 ; Verlaine, 1993 ; Balzac, 1995 ; Nicolas I er, 2000.

Sa vie

Henri Troyat quitte la Russie avec sa famille en 1917 après la Révolution d’octobre. Il fait toutes ses études en France, au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine. Il obtient ensuite une licence en droit.
Après bien des péripéties, il arrive en France à dix-neuf ans. Des études de droit et sa naturalisation lui permettent d'occuper un poste de rédacteur à la préfecture de la Seine, un emploi qu'il conservera jusqu'en 1943. Mais sa passion est ailleurs.
À vingt-cinq ans, et tandis qu'il est encore sous les drapeaux, il publie son premier roman, Faux jour 1935, immédiatement récompensé par le prix du roman populiste. Trois ans plus tard, le prix Goncourt est décerné à L'Araigne.
C'est donc un écrivain déjà célèbre − l'Académie française lui offre un prix pour l'ensemble de son œuvre en 1938 − qui va s'engager pendant quarante ans dans la publication de romans, "La Neige en deuil", 1952 ; Grimbosq, 1976 ; Le Pain de l'étranger, 1982, de nouvelles, "La Geste d'Ève", 1964 ; "Les Ailes du diable", 1966 ou de récits de voyage.
Surtout, il va attacher son nom à la rédaction régulière de cycles romanesques, qui prennent pour cadre la France ou la Russie.
Dix romans "français" vont connaître un succès colossal : Tant que la terre durera, 1947-1950 ; Les Semailles et les moissons, en cinq volumes, 1953-1957 ; Les Eygletière, 1965-1967. Onze autres sont "russes" : "La Lumière des justes", 1959-1963 ; "Les Héritiers de l'avenir", 1968-1970 ; "Le Moscovite", 1973-1975.
À chaque fois, Henri Troyat se documente précisément et fait de l'histoire le fond de scène sur lequel se jouent des destins singuliers.
Les personnages connaissent les affres de la France d'après la Grande Guerre ou, quand ils sont russes, de la Russie des tsars jusqu'à la révolution d'Octobre.
La boulimie d'écriture ne s'arrête pas là. Alors qu'il est élu à l'Académie française au fauteuil de Claude Farrère 1959, il multiplie la publication de Biographies
C'est au total la somme impressionnante de plus de soixante romans, trente biographies, huit essais et deux pièces de théâtre qu'il laisse à la postérité. Troyat est un écrivain populaire qui s'adresse non à ses pairs en littérature, mais à des lecteurs plus ordinaires, passionnés par les romans qui embarquent des personnages dans les tourbillons de la grande et de la petite histoire.
Les bouleversements formels du genre romanesque au XXe siècle, de Proust à Joyce ou de Céline à Faulkner, n'ont aucunement affecté ces dizaines de milliers de pages rédigées selon la grande tradition du roman russe et français du XIXe siècle. D'où son succès considérable auprès du grand public, qui a cru reconnaître en Troyat un nouveau Balzac.
À ceci près que le créateur de la Comédie humaine parlait de ses contemporains, alors que Troyat a traversé tout un siècle pour parler du précédent. Habile dans l'art d'agencer, à travers scènes et dialogues, les effets de réel dans la peinture des personnages et des climats domestiques, il sait user des ressources du roman pour rendre le climat d'une époque.
S'il pratique peu l'écriture du moi à proprement parler, Aliocha en 1991 ne s'en présente pas moins comme un roman d'apprentissage dans lequel le vieil homme retrace son expérience propre. Ses intrigues comme son style trahissent une forte nostalgie pour un passé englouti, en même temps qu'un imaginaire tourmenté qu'habitent des personnages brutalisés par la vie : "Le mort saisit le vif" en 1942, Le Front dans les nuages en 1977, Viou en 1980, La Dérision en 1983, Marie Karpovna en 1984, Le Bruit solitaire du cœur en 1985, etc. Cette œuvre permet une réflexion privilégiée sur le divorce entre la littérature légitimée des clercs et la lecture romanesque effective qui est celle, comme on le voit avec Troyat, de dizaines de milliers de personnes.

Au cours de sa carrière particulièrement prolifique de romancier et de biographe, il écrit plus de cent ouvrages. Il est élu membre de l'Académie française en 1959, au fauteuil 28, à la place de Claude Farrère.
En 1974, il apparaît dans Italiques pour débattre avec Nella Bielski de la rentrée littéraire.


Cette carrière, jalonnée par les titres et les honneurs, s'est poursuivie sans grand changement jusqu'à sa mort..
Henri Troyat est décédé à Paris dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 mars 2007 à l'âge de 95 ans.

La cérémonie religieuse a eu lieu le 9 mars à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski, avant son inhumation au cimetière du Montparnasse.

Son épouse est décédée en 1997.

Distinctions

Tombe d'Henri Troyat au cimetière du Montparnasse
Membre de l'Académie française depuis le 21 mai 1959. À la date de sa mort, début mars 2007, il en était le plus ancien membre, doyen d'élection.
Grand-croix de la Légion d'honneur
Commandeur de l’ordre national du Mérite
Commandeur des Arts et des Lettres
L'Office des timbres de la Principauté de Monaco a honoré Henri Troyat en émettant un timbre-poste à son effigie à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, timbre-poste dessiné par Cyril de La Patellière.

Condamnation pour plagiat

En 2003, Henri Troyat et les éditions Flammarion ont été condamnés pour plagiat, "contrefaçon partielle" est le terme juridique concernant sa biographie de Juliette Drouet, la maîtresse de Victor Hugo, publiée en 19976. La cour d'appel de Paris les a condamnés à verser 45 000 euros de dommages-intérêts à Gérard Pouchain et Robert Sabourin, auteurs du livre Juliette Drouet ou la dépaysée, éd. Fayard, 1992. Henri Troyat s'est pourvu en cassation, puis s'est désisté. L'Académie française, contrairement à ses statuts,article 13, n'a pas pris de sanction contre son Immortel, âgé de 85 ans au moment du plagiat.

Romans

Faux Jour 1935, Prix du roman populiste
Le Vivier (1935)
Grandeur nature (1936)
La Clef de voûte (1937)
L'Araigne (1938, Prix Goncourt)
Judith Madrier (1940)
Le mort saisit le vif (1942)
Du philanthrope à la rouquine (1945)
Le Signe du taureau (1945)
Suite romanesque : Tant que la terre durera en 7 tomes
Tant que la terre durera : 3 tomes (1947)
Le Sac et la Cendre : 2 tomes (1948)
Étrangers sur la terre : 2 tomes (1950)
La Tête sur les épaules (1951)
La Neige en deuil (1952)
Suite romanesque : Les Semailles et les Moissons
Tome I : Les Semailles et les Moissons (1953)
Tome II : Amélie (1955)
Tome III : La Grive (1956)
Tome IV : Tendre et Violente Élisabeth (1957)
Tome V : La Rencontre (1958)
La Maison des bêtes heureuses (1956)
Suite romanesque : La Lumière des Justes
Tome I : Les Compagnons du coquelicot (1959)
Tome II : La Barynia (1960)
Tome III : La Gloire des vaincus (1961)
Tome IV : Les Dames de Sibérie (1962)
Tome V : Sophie ou la Fin des combats (1963)
Une extrême amitié (1963)
Suite romanesque : Les Eygletière
Tome I : Les Eygletière (1965)
Tome II : La Faim des lionceaux (1966)
Tome III : La Malandre (1967)
Suite romanesque : Les Héritiers de l'avenir
Tome I : Le Cahier (1968)
Tome II : Cent un coups de canon (1969)
Tome III : L'Éléphant blanc (1970)
La Pierre, la Feuille et les Ciseaux (1972)
Anne Prédaille (1973)
Suite romanesque : Le Moscovite
Tome I : Le Moscovite (1974)
Tome II : Les Désordres secrets (1974)
Tome III : Les Feux du matin (1975)
Le Front dans les nuages (1976)
Grimbosq (1976)
Le Prisonnier n°1 (1978)
Suite romanesque ou Trilogie Viou :
Tome I : Viou (1980)
Tome II : À demain, Sylvie (1986)
Tome III : Le Troisième Bonheur (1987)
Le Pain de l'étranger (1982)
La Dérision (1983)
Marie Karpovna (1984)
Le Bruit solitaire du cœur (1985)
Toute ma vie sera mensonge (1988)
La Gouvernante française (1989)
La Femme de David (1990)
Aliocha (1991)
Youri (1992)
Le Chant des insensés (1993)
Le Marchand de masques (1994)
Le Défi d'Olga (1995)
Votre très humble et très obéissant serviteur (1996)
L'Affaire Crémonnière (1997)
Le Fils du Satrape (1998))
Namouna ou La Chaleur animale (1999)
La Ballerine de Saint-Pétersbourg (2000)
La Fille de l'écrivain (2001)
L'Étage des bouffons (2002)
L'Éternel Contretemps (2003)
La Fiancée de l'ogre (2004)
La Traque (2006)
Le Pas du juge (2009)
La Folie des anges (2010)
La Perruque de Monsieur Regnard (2010)
La Voisine de palier (2011)
Recueils de nouvelles

La Fosse commune (1939)
Le Jugement de Dieu (1941)
Le Geste d'Ève (1964)
Les Ailes du diable (1966)

Liens

http://youtu.be/WzpJ2K7uYmQ Annonce de sa mère ( son faible)
http://youtu.be/IIWMKOwuSnk Henry Troyat et les animaux
http://youtu.be/aCpnXTTeRiY La lumière des justes (générique)

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Posté le : 01/03/2014 14:57
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John Irving
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Le 2 mars 1942 naît à Exeter, New Hampshire, John Winslow Irving, romancier et scénariste américain. Son quatrième roman, Le Monde selon Garp, paru en 1978, lui a apporté une reconnaissance internationale qui fait de chacune de ses nouvelles productions un bestseller. est distingué du "National Book Award", son oeuvre principale est "Le Monde selon Garp".
Il s'est vu récompenser en 2000 par un Oscar du cinéma pour le scénario de L'Œuvre de Dieu, la part du Diable adapté de son sixième ouvrage.
Comme ses autres ouvrages, il associe une intrigue bien construite, des personnages hauts en couleur et un humour macabre, tout en évoquant des thèmes contemporains.

Conjuguant burlesque et tragique, ses romans foisonnants, pourfendeurs de conformismes, proposent la vision d'un monde chaotique et tendre, le Monde selon Garp, 1976 ; l'Œuvre de Dieu, la part du diable, 1985 ; Une prière pour Owen, 1989 ; Un enfant de la balle, 1994 ; Une veuve de papier, 1998.John Irving perfectionne son usage de l'hyperbole et de la transfiguration du réel afin d'éclairer la condition humaine, dans The Hotel New Hampshire en 1981, L'Hôtel New Hampshire, adapté au cinéma en 1984 par Tony Richardson, où une famille peu conventionnelle est frappée par la tragédie.
De même, dans A Prayer for Owen Meanyen 1989, Une prière pour Owen, porté au grand écran sous le titre Simon Birch en 1998 par Mark Steven Johnson, un minuscule garçon aux allures de messie change la vie du narrateur. Le roman est aussi un hommage au Tambour de Günter Grass.

Naissance et jeunesse

John Irving est né à Exeter dans le New Hampshire, dans des circonstances qui ont depuis alimenté les thèmes et l'action de plusieurs de ses romans : sa mère Helen, une descendante des Winslow, l'une des plus anciennes et plus distinguées familles de Nouvelle-Angleterre, l'a mis au monde hors des liens du mariage, en refusant de dévoiler l'identité du père de l'enfant. Helen Winslow s'est plus tard mariée avec Colin F. Irving, professeur à la prestigieuse Phillips Exeter Academy. John Winslow devint alors John Irving, prenant le nom de son père adoptif. Jusqu'au milieu du xxe siècle, il ne chercha jamais à découvrir l'identité de son père biologique : "J'avais déjà un père", disait-il.
Il apprit beaucoup plus tard, à 60 ans, le nom de son géniteur, John Blunt Sr., alors que celui-ci était déjà mort. Le fait de n'avoir pas connu son père a été à l’origine de l'un de ses romans, Je te retrouverai, et a marqué beaucoup de ses œuvres, les femmes y élevant souvent leurs enfants seules. Étant né durant la seconde guerre mondiale, les blessés de guerre sont souvent présents dans ses livres comme en témoigne L'Œuvre de Dieu, la part du Diable.
John Irving fit ses études à Exeter, où il fut un étudiant médiocre, à cause d'une dyslexie alors non diagnostiquée, mais un lutteur exceptionnel. L'émancipation des femmes, la lutte et la vie universitaire en Nouvelle-Angleterre occupent une place importante dans ses romans, en particulier dans Le Monde selon Garp et Une Prière pour Owen. Le cadre principal de ces deux romans est celui de la Phillips Exeter Academy.

Études

Pendant ses études à Exeter, John Irving fut conseillé par Frederick Buechner, romancier et célèbre théologien presbytérien et George Bennett, professeur de littérature, qui plus tard l’aidèrent à accéder au Iowa Writers' Workshop Atelier des écrivains de l'Iowa, le plus prestigieux des programmes de diplômés en littérature américains, à l'époque le seul du genre.
Il fréquente une école privée, Phillips Exeter Academy, où il s'adonne à la lutte – sa passion pour cette discipline, qu'il cultivera toute sa vie durant, reviendra régulièrement dans ses textes, il passe par les universités de Pittsburgh Pennsylvanie et de Vienne Autriche, puis obtient une licence de littérature anglophone à l'université du New Hampshire en 1965 et une maîtrise dans la même discipline à l'université de l'Iowa en 1967.
John Irving obtint finalement son diplôme de l'Université du New Hampshire. Dans l’Iowa, il étudia au côté des futurs romanciers Gail Godwin, John Casey, and Donald Hendrie, Jr., entre autres. Il fut alors conseillé par Kurt Vonnegut, Jr..
Dès lors et jusqu'en 1978, John Irving enseigne dans divers établissements supérieurs, notamment le Windham College Vermont, l'atelier d'écriture de l'université de l'Iowa, le Mount Holyoke College Massachusetts et l'université Brandeis, Massachusetts.
En 1963, il obtient une bourse pour aller étudier à l’étranger et c’est à Vienne en Autriche que John Irving rencontra sa première femme Shyla Leary, étudiante en histoire de l’art. Ils se marièrent après que Shyla fut tombée enceinte et eurent finalement 2 garçons, Colin en 1965 et Brendam en 1969, avant de divorcer au milieu des années 80. John Irving se remarie alors avec son agent Janet Turnbull, avec laquelle il aura un troisième fils, Everett.

Premiers écrits

En 1968, John Irving publie Setting Free the Bears, Liberté pour les ours !, qu'il avait ébauché à l'occasion de son mémoire de maîtrise. La carrière de John Irving démarra à l’âge de 26 ans avec cette publication !.
Le livre fut relativement bien accueilli par la critique mais ne fut pas un succès d’édition. Ce roman picaresque moderne suit les aventures de deux jeunes gens qui traversent l'Autriche à moto et préparent en secret la libération des animaux du zoo de Vienne.
Ses deuxième et troisième romans L'Épopée du buveur d'eau et Un Mariage poids moyen furent accueillis de la même manière. Frustré par le manque de promotion de ses romans assuré par sa première maison d’édition Random House, il choisit d’offrir son quatrième roman Le Monde selon Garp, partiellement autobiographique, en 1978 à Dutton Books qui lui promet un effort marketing plus important.
John Irving connaît, alors, son premier succès de librairie à l'étranger grâce à ce roman, , ouvrage tragicomique empreint de violence qui relate la vie et la mort du romancier T. S. Garp. Les lecteurs se montrent en effet sensibles à l'univers et aux thèmes qui font le style d'Irving – l'élitisme de l'école privée qu'il a fréquentée en Nouvelle-Angleterre, l'atmosphère des milieux viennois, la lutte, l'infidélité, l'absence du père. Dès lors, ils vont se passionner pour son œuvre.
Le roman fut un best-seller international et un phénomène culturel. Il fut plus tard porté à l’écran par George Roy Hill dans un film mettant en scène Robin Williams dans le rôle de Garp et Glenn Close dans celui de sa mère. John Irving y fait une brève apparition lors de l’un des matchs de lutte universitaire de Garp.

L'importance de Garp

Garp transforma John Irving, obscur écrivain universitaire, en un romancier connu de tous, garantissant un best-seller pour toutes ses publications ultérieures. Garp fut suivi de L'hôtel New Hampshire en 1981 qui fut relativement mal accueilli par la critique. Comme pour Garp, un film en fut rapidement adapté, réalisé par Tony Richardson avec à l’affiche Jodie Foster, Rob Lowe, et Beau Bridges.
En 1985, il publia L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable, une épopée surprenante, centrée sur un orphelinat du Maine. Le roman explore sans détour le sujet controversé de l’avortement et est certainement le meilleur exemple de l’influence de Charles Dickens sur l’œuvre de John Irving. Il poursuit en 1989 avec Une Prière pour Owen, une autre épopée d’une famille de la Nouvelle-Angleterre autour du thème de la dévotion. Encore une fois, l’action prend place dans un pensionnat de Nouvelle-Angleterre, John Irving puisant son inspiration pour ses personnages dans ses influences habituelles, notamment Le Tambour de Günter Grass, La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne, et dans l’œuvre de Dickens.
Pour la première fois, John Irving s’intéresse aux conséquences de la Guerre du Viêt Nam – particulièrement à la conscription, John Irving ayant échappé à l’appel pour le Viêt Nam à la suite de la naissance de son premier fils. Owen Meany devient la meilleure vente de John Irving depuis Garp, et est aujourd’hui fréquemment présent dans les listes de lecture des étudiants américains.

Plus récemment

John Irving revient chez Random House pour son livre suivant Un enfant de la balle (1994). Sans doute son livre le plus compliqué et difficile, qui lui vaut le rejet de la critique mais un nouveau succès d’édition, comme le sera La quatrième main publié en 2001. Entre ces deux romans, Une veuve de papier en 1998 sera beaucoup mieux accueilli par la critique.
Son roman Until I Find You a été publié en juillet 2005. Il a été traduit en français sous le titre Je te retrouverai.
En juin 2005, The New York Times publia un article qui révèle que son dernier roman contient deux éléments de sa vie personnelle qu’il n’avait pas révélés jusque là : un abus sexuel, commis à l’âge de 11 ans par une femme plus âgée, et l’arrivée récente dans sa vie de son père biologique.
En 1999, après presque dix ans d’écriture, le scénario de John Irving pour L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable aboutit à un film réalisé par Lasse Hallström et mettant en scène Michael Caine, Tobey Maguire, Charlize Theron, et Delroy Lindo. John Irving y fait également une apparition dans le rôle d’un chef de gare.
En 2004, Une veuve de papier a été porté à l’écran sous le nom Lignes de vie, The Door in the Floor, avec Jeff Bridges et Kim Basinger.
La publication du Monde selon Garp ayant assuré sa fortune personnelle, John Irving a pu se concentrer uniquement à l’écriture de ses fictions comme à une vocation, acceptant de temps à autre des postes d’enseignement et de lutteur à travers l’équipe universitaire de son fils. En plus de ses romans, il a également publié Trying to Save Piggy Sneed en 1993, un recueil comprenant une brève biographie et quelques nouvelles non publiées et Mon cinéma en 2003, son compte-rendu du long processus menant à l’élaboration du scénario de L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable.
En 2009, il publie Dernière nuit à Twisted River. Il y raconte l'histoire difficile d'une relation entre un père et son fils tout au long de plus d'un demi siècle de vie, une vue émaillée par les tourments, l'aventure, et la violence.
En 2012, il publie À moi seul bien des personnages, roman sur l'identité sexuelle.
Aujourd’hui, il partage son temps entre ses résidences dans le Vermont, à Toronto, et New York.

Thèmes récurrents

Vous pouvez aider en ajoutant des références. Voir la page de discussion pour plus de détails.
Un certain nombre de thèmes récurrents traversent l'œuvre de Irving, parmi lesquels la Nouvelle-Angleterre, les prostituées, la lutte, Vienne, l'Iowa, les ours, les accidents mortels ou les relations sexuelles entre adolescents et femmes plus âgées.
Il n'est pas rare que l'un des ou les parents d'un des personnages principaux soit absent ou inconnu ou encore que l'un des personnages principaux travaille dans l'industrie du cinéma d'une manière ou d'une autre. Il est question de parties du corps sectionnées dans plusieurs romans, langue, doigt, pénis, autres. Plusieurs romans ont un personnage qui est écrivain.
Roman Nouvelle-Angleterre Prostituées Lutte Vienne Ours Accident mortel Parent absent Cinéma Jeune homme / femme adulte
Liberté pour les ours !
L'Épopée du buveur d'eau
Un mariage poids moyen
Le Monde selon Garp
L'Hôtel New Hampshire
L'Œuvre de Dieu, la part du Diable
Une prière pour Owen
Un enfant de la balle
Une veuve de papier
La Quatrième Main
Je te retrouverai
Dernière nuit à Twisted River
À moi seul bien des personnages

Œuvres

Liberté pour les ours !, Éditions du Seuil, 1991 en Setting Free the Bears, 1968, références des éditions
L'Épopée du buveur d'eau, Éditions du Seuil, 1988 en The Water-Method Man, 1972
Un mariage poids moyen, Éditions du Seuil, 1984 en The 158-Pound Marriage, 1974
Le Monde selon Garp, Éditions du Seuil, 1980 en The World According to Garp, 1978
L'Hôtel New Hampshire, Éditions du Seuil, 1982 en The Hotel New Hampshire, 1981
L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable, Éditions du Seuil, 1986 en The Cider House Rules, 1985
Une prière pour Owen, Éditions du Seuil, 1989 en A Prayer for Owen Meany, 1989
(fr) Les Rêves des autres, Éditions du Seuil, 1993
Un enfant de la balle, Éditions du Seuil, 1998 en A Son of the Circus, 1994, références des éditions Trying to Save Piggy Sneed, 1996
En partie traduit en français sous le titre Les Rêves des autres
références des éditions
La Petite Amie imaginaire, Éditions du Seuil, 1996 en The Imaginary Girlfriend, 1995
Une veuve de papier, Éditions du Seuil, 1999 en A Widow for One Year, 1998, références des éditions
Mon cinéma, Éditions du Seuil, 2003 en My movie Business, 1999
L'Œuvre de Dieu, la part du Diable, scénario, Éditions Points, 2000, en The Cider House Rules: A Screenplay, 1999
La Quatrième Main, en The Fourth Hand, 2001, références des éditions
Le Bruit de quelqu'un qui essaie de ne pas faire de bruit, Éditions du Seuil, 2005, en A Sound Like Someone Trying Not to Make a Sound, 2004
Je te retrouverai, Éditions du Seuil, 2006, en Until I Find You, 2005)
Dernière nuit à Twisted River, Éditions du Seuil, 2011, en
À moi seul bien des personnages, Éditions du Seuil, 2013, en In One Person, 2012
Édité en livre audio en français aux éditions Thélème

Liens
http://youtu.be/_j5mTfUdMKY Le monde selon John Irving Part 1
http://youtu.be/ANqnmFNmHMs Le monde selon john Irving Part 2
http://youtu.be/-L_HqK0lWOc Le monde selon John Irving part 3
http://youtu.be/GZYJyiOx8JQ Le monde selon JohnIrving part 4


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Philip K. Dick
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Le 2 Mars 1982 à Chicago dans l'État de l'Illinois, meurt Philip Kindred Dick

mort le 2 mars 1982 à Santa Ana en Californie aux États-Unis, auteur américain de romans, de nouvelles et d'essais de science-fiction, il meurt à 53 ans le 2 mars 1982 à Santa Ana en Californie.
Il écrit aussi sous le pseudo Richard Phillups, Jack Dowland, Mark Van dyke, Horselover fat et PKD? Il appartient au mouvement de science-fiction, fantastique post-modernisme. Il est distingué du prix Hugo, Prix John Wood Campbell Memorial, Prix British Science Fiction, Graoully d'Or, du Prix Nebula.

Ses Œuvres principales sont "Le Maître du Haut Château" en 1962, "Le Dieu venu du Centaure" en 1965, "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" en 1968,
"Ubik" en 1969, "Confessions d'un barjo" en 1975 et "Substance mort" en 1977
Philip kindred Dick est influencé par : Heidegger, Flaubert, Alfred E. van Vogt, James Joyce, Balzac, Kant, Marcel Proust, Carl Jung, Samuel Beckett, Dostoievsky, John Sladek, Nathanael West, Jorge Luis Borges, Jack Spicer, en, Herbert George Wells, il a influencé : Terry Gilliam, Jean Baudrillard, Slavoj Žižek, David Cronenberg, Richard Linklater, Ursula K. Le Guin, Andy et Lana Wachowski, Jonathan Lethem, Fredric Jameson, Roberto Bolaño, Rodrigo Fresán, Charlie Kaufman, Christopher Nolan, El-P, Michel Gondry

De son vivant, il a reçu plusieurs prix de littérature, comme le prix Hugo pour Le Maître du Haut Château, et le prix John Wood Campbell Memorial pour Coulez mes larmes, dit le policier. Alors qu'il a passé la majorité de sa carrière dans une quasi-pauvreté, son apport à la science-fiction est important, et certaines de ses œuvres ont été adaptées au cinéma pour devenir des films culte : Blade Runner, Total Recall, Minority Report, Planète hurlante, A Scanner Darkly …
Si Jules Verne et H. G. Wells ont mis en place au début du XXe siècle les conditions d'un nouveau genre littéraire, la science-fiction, si A. E. Van Vogt, Ray Bradbury, Isaac Asimov, et quelques autres, se sont assuré, deux générations plus tard, une renommée importante, c'est probablement au romancier de science-fiction américain Philip K. Dick qu'il revient d'avoir écrit l'œuvre la plus personnelle, dans un domaine où les difficultés psychologiques de l'auteur ont inspiré avec bonheur la thématique et la construction de récits à la facture faussement classique. Ces derniers sont à l'origine de nombreux films, tels que Blade Runner R. Scott, 1982, Total Recall, P. Verhoeven, 1990, The Truman Show P. Weir, 1998, Minority Report S. Spielberg, 2002, Dead Zone et eXistenZ D. Cronenberg, 1984 et 1999, ou encore Next.
Dans toute l'œuvre de Philip K. Dick, les mêmes thèmes, sans cesse, posent la même question : qu'est-ce qu'exister, pour soi comme pour l'autre ? Sa réponse romanesque est le doute, un doute inlassable et ravageur attaquant l'un après l'autre les fils qui retiennent la vie.

Jeunesse

Philip et sa sœur jumelle Jane Charlotte, naissent le 16 décembre 1928, de Dorothy Kindred Dick et Joseph Edgar Dick, travaillant tous deux au Département de l'Agriculture des États-Unis. Sa mère n'ayant pas assez de lait, et personne dans son entourage ne lui ayant suggéré de compléter le régime des nourrissons avec des biberons Jane meurt quelques semaines plus tard le 26 janvier 1929.
Ce décès affectera Philip Dick jusqu'à la fin de ses jours. Toute sa vie il sentira qu'une partie de lui-même est manquante, ce qui est très probablement à l'origine de la dualité exceptionnellement forte de son œuvre : on en voit un écho dans son roman Dr Bloodmoney, en la personne du petit frère interne, mort-né, en relation télépathique avec son jumeau adulte. Assez jeune, il souffre de vertiges et plus tard on lui diagnostique une schizophrénie qui sera réfutée par la suite. Terrorisé par ce qu'il imagine, il découvre la science-fiction dans le magazine de nouvelles Stirring Science Stories et y décèle la seule issue possible pour extérioriser ses angoisses.
Quand il a quatre ans, ses parents divorcent et il reste seul avec sa mère, à Berkeley. Bien que le psychologue conjugal ait prédit que la séparation n'affecterait pas l'enfant, celui-ci s'en plaindra pourtant toute sa vie. Son père rompt définitivement toute relation avec la famille.
Il développe très tôt un rapport aigu avec la musique.
À 12 ans, il sait reconnaître un grand nombre d'opéras, symphonies ou concertos rien qu'en entendant les premières notes. Il se passionne également pour les lectures de Edgar Poe et Lovecraft.
Après avoir commencé à l'Université de Californie des études philosophiques qu'il ne terminera jamais, le maccarthisme étant alors à son apogée, il est renvoyé pour sympathies communistes.
Il s'adonne alors à sa passion principale : la musique, au point d'en faire son métier. Il travaille en effet comme programmateur pour une station de radio, et dans le même temps, comme vendeur de disques dans un magasin à Berkeley, Universal Music. On reconnaît là de nombreux éléments autobiographiques utilisés dans Radio libre Albemuth, son fascinant roman posthume et paranoïde, qui recrée avec un remarquable pouvoir évocateur l'époque très particulière où se préparait, à Berkeley, la vague hippie et les mouvements ultérieurs des années 1960.
La plupart des biographes supposent que ce sont les pulps américains, Galaxy, Fantasy and Science Fiction, Astounding Stories, etc. qui lui ont fait découvrir la science-fiction. Alors qu'il est encore au collège, il commence à écrire ses premiers textes de SF et de poésie, dont certains sont publiés dans le Berkeley Gazette, le tout premier étant The Devil, daté du 23 janvier 1942.
En mai 1948, Jeanette Marlin devient sa première femme. Il en divorcera 6 mois plus tard leurs centres d'intérêt divergeaient totalement pour se remarier en juin 1950 avec Kleo Apostolides, d'origine grecque, militante gauchiste mineure, fichée au FBI car accusée de communisme. Dick doit alors affronter la visite de deux agents fédéraux, qui lui demandent d'enquêter sur sa femme. Il refuse, mais finit pourtant par se lier avec l'un d'entre eux, George Scruggs, fasciné par les discours de Dick et sa profession mystérieuse d'écrivain. Là encore, cette épouse ultragauchiste et ces événements sont relatés presque sans changement dans Radio libre Albemuth.

Les débuts dans l'écriture

Poussé par sa femme, il entame en 1952 une carrière d'écrivain professionnel. Ses débuts sont ignorés par le monde qui regarde avec circonspection cet auteur dont les concepts scientifiques sont assez bizarres et le style littéraire non exempt de défauts. Après de très nombreuses nouvelles écrites durant cette période, comme Beyond Lies the Wub, M. Spaceship, The Gun, The Variable Man, The Builder, Second Variety, pour ne citer que les plus connues, il décide de se lancer dans le roman, plus rémunérateur.
Son premier roman, Loterie solaire, très politique, est publié en 1955. Il s'inspire de l'idée des stratégies mixtes en théorie des jeux pour suggérer l'idée qu'en contexte concurrentiel des nations il peut être avantageux de tirer au sort les gouvernants avec une périodicité aléatoire.
Côté vie de famille, les relations se dégradent peu à peu. Dick, qui écrit surtout la nuit, ne peut plus supporter de voir sa femme plus active que lui, et le regard des voisins, qui le voient chaque matin paresser dans la véranda, le met mal à l'aise. Il se sent sans cesse traqué, épié, surveillé. Pour réussir à soutenir un rythme de travail rapide, il prend toutes sortes de médicaments, en particulier des amphétamines, qui le plongent régulièrement dans des dépressions terribles.
Son côté paranoïaque s'amplifie au fil des mois : s'il ne réussit pas, estime-t-il, c'est parce qu'il est victime de complots fomentés contre lui. Un double effet joue en fait contre lui :
la science-fiction n'est plus un genre à la mode, le phénomène des pulps étant passé.
le style de Dick arrive trop en avance pour le public des États-Unis de l'époque, dont l'humeur est davantage à l'euphorie qu'à la suspicion. Ses nouvelles et romans ne rencontreront le succès en France qu'après 1968 et aux États-Unis que dans la foulée du film Blade Runner.
Cela n'arrange en rien, dans l'immédiat, la situation psychologique et financière du romancier.
Il divorce de sa femme en 1958 et rencontre Anne Williams Rubinstein dont le mari vient de mourir. Commence un flirt où Anne et Philip ont l'impression de se comprendre l'un et l'autre comme s'ils n'avaient jamais connu personne d'autre. Les trois petites filles de Anne se lient très vite avec ce gros homme barbu qui débarque chez elles sans crier gare et épouse leur mère le 1er avril 1959. Une fille, Laura Archer, naît de cette union le 25 février 1960.
La femme de Philip l'encourage à écrire une œuvre qui fasse de lui un auteur célèbre et reconnu. Il commence alors la rédaction du Maître du Haut Château.
Encore une fois, le couple tourne mal. Anne voit en Dick l'image d'un écrivain qu'il n'est pas et ne tient pas à être, celui-ci ne pouvant se décider à abandonner son genre de prédilection, la science-fiction, bien que son rêve soit d'être reconnu comme écrivain de littérature générale. Sa femme ouvre une bijouterie. Philip se sent une nouvelle fois entretenu par sa femme, bon à rien. Il soupçonne Anne d'avoir contre lui des idées de meurtres.
Il déclarera plus tard : C'était une psychotique meurtrière. Elle me faisait peur et par deux fois elle a tenté de me tuer.
Lorsque Anne quitte la maison en emmenant sa fille, il sombre dans la dépression. Le divorce a lieu en 1964.

Le succès

En 1962, Le Maître du Haut Château est publié : c'est un immense succès. Un public dickien commence à se créer, enthousiasmé par l'œuvre. L'année suivante, le roman gagne le prix Hugo. En 1963 et 1964, il enchaîne les romans : Les Clans de la Lune alphane, Nous les martiens, Simulacres et Le Dieu venu du Centaure, ce dernier étant l'un de ses romans les plus connus. Cette grande production s'explique par le fait qu'il consomme en masse des amphétamines, quand il arrêtera, son rythme d'écriture se fera moins fort.
En 1964, il se remarie avec Nancy Hackett, qui a 21 ans. Il a avec elle un second enfant, Isolde Freya, surnommée tout simplement Isa. À nouveau, le mariage ne fonctionne pas. Dick accuse sa femme de vouloir faire comme les autres et de chercher malgré lui à l'intégrer dans ce qu'il appelle la bonne société californienne. La vie mondaine ne l'intéresse pas : il se consacre entièrement à ses livres, et sort de moins en moins de chez lui. Les assassinats de Robert Kennedy et de Martin Luther King le révoltent, et il cesse de voter cette même année.
Durant cette période, Dick écrit Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, qui servira de base au film Blade Runner, mais aussi et surtout Ubik qui sera plus tard vu comme le chef-d'œuvre de l'écrivain.
En 1970, il est au bout du rouleau : il a de forts ennuis avec le fisc et sa femme, l'actualité mondiale le rend amer, en particulier la guerre du Viêt Nam. Il écrit à cette époque Coulez mes larmes, dit le policier, qui porte l'empreinte de sa déprime du moment. Nancy part en emmenant Isa en septembre.
Cette période est la plus sombre de sa vie.
Seul, abandonné par sa femme, l'auteur ouvre sa maison à tous les drogués, hippies ou junkies de passage. Plus une journée ne passe sans qu'il se drogue, ce qui provoque chez lui de longues périodes de délire. Cette expérience le pousse à écrire Substance mort, dans lequel un policier est chargé de surveiller un drogué qui n'est autre que lui-même, écrit en 1975, publié en 1977.
Il cherche à plusieurs reprises, sans succès, à se faire interner en hôpital psychiatrique, parvenant cependant à passer quelques jours en salle d'examen. Dick est peut-être paranoïaque, schizophrène, mais ne présente pas les symptômes caractéristiques d'un drogué dur : il est bien en chair et en forme physiquement.
Le 17 novembre 1971, un événement bouleverse sa vie. Lorsqu'il rentre chez lui, il trouve les fenêtres fracassées, les portes fracturées, les serrures forcées et constate la disparition de plusieurs de ses affaires : on avait fait sauter son armoire-classeur à l'épreuve du feu, manifestement au moyen d'explosifs du type plastic, classeur où il conservait tous ses trésors : textes, vieux pulps de sa jeunesse, collections diverses… Aussitôt, ses peurs paranoïaques remontent à la surface : il accuse tour à tour le FBI et le KGB de vouloir attenter à sa vie. Sa plainte en justice reste sans suite.
Puis il part s'installer à Vancouver qu'il a découvert lors d'une conférence de science-fiction le 12 février 1972 et où il a directement envisagé d'émigrer. Il tente de refaire sa vie là-bas, tombe plusieurs fois amoureux de filles bien plus jeunes que lui, qui le repoussent à chaque fois, prenant souvent peur devant cet homme gauche qui réclame leur affection. Il tente alors de se suicider en prenant une forte dose de tranquillisants.
Il survit et se fait interner à X-Kalay, centre de désintoxication pour héroïnomanes. Il y découvre l'enfer des drogués durs dont le cerveau a subi des lésions irrémédiables. Il arrête la drogue, tout en continuant à consommer des médicaments divers et variés.
Après trois semaines à X-Kalay, Dick émigre à Fullerton. Il est hébergé par deux étudiantes fans de ses œuvres et rencontre l'écrivain amateur Tim Powers.
En juillet, il fait la connaissance de Tessa Busby, jeune fille réservée, qui a alors dix-huit ans. Le couple emménage et ils fondent ensemble un foyer. Il recommence alors à écrire.
L'Europe, en particulier la France, commence à s'intéresser à lui. Substance mort se voit publié durant cette période, ainsi que la version finale de Coulez mes larmes, dit le policier, qui est nommé en 1974 pour le prix Nebula et pour le prix Hugo. On lui propose d'adapter Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? en film.
Dick avait fait de son corps, comme l'écrit Emmanuel Carrère dans sa biographie, un shaker à cocktails chimiques.
À cette époque, on parlait beaucoup des flashbacks d'acide, où les anciens drogués des années soixante avaient soudain des hallucinations hors du commun, et pouvaient être pris de pulsions meurtrières inattendues, phénomène qui faisait peur et fascinait les Américains moyens. Peut-être cela explique-t-il la raison qui poussa Philip à verser dans le mystique, lui qui avait toujours voulu prouver que notre monde était faux, qu'il existait une réalité supérieure, et que lui seul semblait s'en apercevoir. Ainsi des commentateurs reprochent
souvent à Dick de pratiquer une philosophie mystique. Peut-être le terme de métaphysique serait-il mieux choisi. Toute son œuvre théologique le prouve La Trilogie divine, et Dick fixe souvent ses fictions sur une documentation conséquente.
Il s'abonna à des revues sectaires, lut les publications de l'Église de scientologie, déclara avoir eu plusieurs révélations divines, et, invité en 1977 à une conférence de SF à Metz en France, prononça devant une foule ébahie un discours très étrange où il expliqua qu'il aurait été contacté par des extraterrestres en mars 1974 et qu'il entretenait depuis cette date une correspondance avec eux.
L'Exégèse, ouvrage énorme plus de 8 000 pages, date de cette époque. Il s'agit d'un essai où toutes ses révélations sont soigneusement notées, et où s'affrontent Philip K. Dick et Horselover Fat imprégné de gnose valentinienne, unique et même personnage, Philippe signifie en grec l'ami des chevaux qui s'écrit en anglais horse lover ; Dick signifie gros en allemand, fat en anglais.
Dans plusieurs de ses romans de cette dernière période, l'ancien président Richard Nixon, sous son nom dans SIVA ou une version fictive, apparaît comme une figure maléfique de ce que Dick qualifie d' Empire, L'Empire n'a jamais pris fin est une phrase récurrente dans SIVA, synonyme de démiurge aveugle, Samaël.

Revenu s'installer en Californie à partir de 1974, de nouveau marié et père de famille, Dick vit longtemps des revenus de ses ventes en France, où il sera l'un des auteurs de science-fiction parmi les plus traduits et commentés ; puis il recommence à écrire – avec moins de bonheur qu'auparavant si l'on excepte Substance mort en 1977, brillante synthèse, à peine romancée, de sa rencontre avec la drogue. Après le départ de sa dernière épouse, hanté par des délires mystiques et menacé d'une défaillance cardiaque, Dick produit des textes habités par l'idée de la mort et l'espérance de la survie, comme Siva en 1980 et sa suite L'Invasion divine en 1981.

Sa mort sera en quelque sorte une répétition prosaïque d'Ubik : tombé dans le coma après une hémorragie cérébrale, Il a un accident vasculaire cérébral le 18 février 1982, et meurt d'une défaillance cardiaque, il s'éteint au bout d'une période de dix jours, le 2 mars 1982, peu de temps avant la sortie de Blade Runner en 1982, l'adaptation à l'écran que Ridley Scott avait tirée d'un de ses romans, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? en 1968, et qui devait lui assurer une plus grande reconnaissance dans son pays.

Il est enterré à Fort Morgan, Colorado, aux côtés de sa sœur Jane, sans avoir jamais su à quel point son œuvre allait devenir mythique.

En 1983, un an après sa mort, un prix littéraire est créé en son hommage et baptisé le Prix Memorial Philip K. Dick

L' Œuvre

Dick se définit comme un philosophe de fiction.
Dick a écrit à propos de ses romans:
Dans mon écriture je m’interroge sur l'univers, je me demande à voix haute s'il est réel, et je me demande si nous le sommes tous.
Suis-je mort ? Suis-je vivant ?
Chez Dick, le monde est faux, tout y est simulacre : la nourriture, synthétique ; les objets de plastique, friables ; les animaux, des mécaniques ; les amis se révèlent être des androïdes sans émotion et soi-même l'on se réveille, après une opération, avec un corps rempli d'électronique, pour apprendre qu'on est un robot (La Fourmi électronique, 1969). L'univers entier n'est que faux-semblant. Dans Le Maître du Haut-Château (1962), les nazis, qui ont gagné la Seconde Guerre mondiale, se sont installés aux États-Unis, qu'ils partagent avec leurs alliés japonais. Les Américains asservis n'ont alors d'autre espoir que de croire en un livre, une Bible interdite qui proclame qu'il ne faut pas croire le témoignage des sens, car il existe une réalité ultime où les Allemands ont perdu la guerre... Au fond du désespoir, il ne reste plus qu'à nier le réel. À la place du vide creusé par le rejet des sensations s'installe un environnement illusoire fait des fantasmes, des craintes et des rêves des personnages. Mais, à fuir dans un quasi-délire le réel insupportable, les héros dickiens vont être confrontés à leur désir de mort, et cet univers de substitution, en proie à l'excès de fantasmes se révélera presque toujours plus insupportable encore que le vrai. Un autre roman, peut-être le chef-d'œuvre de Philip K. Dick, est exemplaire de cette dérive : il s'agit du Dieu venu du Centaure (1964), dont les héros cherchent à échapper, par l'entremise des hallucinogènes, à un monde effroyable : dans un futur proche, la Terre est surpeuplée, menacée de destruction par un soleil qui se réchauffe. Des colons sont envoyés sur Mars, où ils tentent de survivre malgré l'hostilité silencieuse d'un climat insoutenable. Regroupés par petites unités frileuses dans les « clapiers », ils renoncent à cultiver le sol difficile pour passer leurs journées sous l'emprise de diverses drogues qui aggravent encore leur isolement.

Les questions sur la mort traversent l'œuvre de Dick : elles suivent d'abord le fil rouge qui mène à la sœur jumelle morte. Dans Docteur Bloodmoney (1965), une petite fille contient, à l'intérieur de son ventre, son frère jumeau qui n'est jamais né. Avec celui qui n'est ni mort ni vivant, elle a d'incessantes conversations. Il lui raconte le bruit que font les cadavres sous la terre ; elle lui décrit les contours d'un monde qu'il ne percevra jamais. Au fil des ans, Dick transpose dans l'écriture les questions que lui pose son corps malade. Dans Ubik, il imagine qu'il est possible de maintenir une activité électrique crépusculaire dans le cerveau des morts, grâce à la cryogénie. Celui qui se réveille en semi-vie ne se doute d'abord de rien. Tout au plus remarque-t-il autour de lui des sortes de messages étranges ; puis, peu à peu, il voit disparaître les repères de son existence ; les objets les plus quotidiens s'écroulent en poussière, puis reviennent quelques instants, lumières clignotantes d'une vie qui se retire. Suis-je mort ? Suis-je vivant ? Est-ce que j'existe pour les autres ? Pour ceux dont je suis issu ? Telles sont les questions qui se font écho dans l'œuvre de Dick et remettent en cause l'écriture elle-même.

Le doute, en effet, va se replier sur lui-même pour faire vaciller les cadres de l'écriture. Certains textes deviennent alors d'immenses métaphores de la difficulté de créer pour un auteur : un livre comme Le Guérisseur de cathédrales (1969), écrit dans une période de grande dépression, présente un héros incapable de faire œuvre. Sans travail, faute de commande, il ne peut espérer que des tâches de seconde main : il répare les poteries cassées. Lorsqu'il essaie de produire des porcelaines nouvelles, le résultat est repoussant à ses propres yeux. Toute sa vie, il sera en quête d'un public qui reconnaisse son talent, mais le perdra aussitôt atteint, de peur de s'aliéner à lui. Ce thème de l'écrivain raté, plus apte à imiter qu'à créer, se retrouvera souvent, ainsi dans Au bout du labyrinthe (1970) avec le Tench, créature extraterrestre capable de reproduire tout objet qui lui est présenté pour en faire une copie fragile, qui bientôt retombe en poussière. Parfois, au contraire, l'écrivain idéalise son métier, à l'image de celui de sa mère : l'écrivain-héros du Maître du Haut-Château tient entre ses mains les fils de la réalité ; celui d'Un auteur éminent (1953) réécrit la Bible ; les Kalendes du Guérisseur de cathédrales (1969) sont les producteurs d'une œuvre qui décrit, jour après jour, le futur. L'auteur n'est plus alors à l'origine d'une création personnelle. Il se fait le porte-parole d'une vérité ultime à laquelle Philip K. Dick semblait croire les dernières saisons de sa vie, au prix de sa créativité. C'est pourquoi les quelques récits mystico-romanesques qu'il a laissés seront oubliés, alors que les grands textes des années 1960 resteront le parfait miroir des angoisses d'un auteur aux prises avec l'écriture.

Nombre des histoires de Philip K. Dick ont pour thèmes la modification et la manipulation de la réalité. Ces thèmes sont particulièrement présents dans les nouvelles Jeu de guerre, Souvenir à vendre, ainsi que dans les romans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, La Vérité avant-dernière, Le Dieu venu du Centaure, Le Maître du Haut Château ou Ubik.
Nombreux sont ceux qui pensent que ces caractéristiques proviennent directement de la paranoïa qui marquait sa santé mentale fragile, notamment en raison de sa consommation de drogues, surtout des amphétamines et de médicaments. Mais la critique sociale et le cynisme des puissants qui "imposent une réalité fictive" sont aussi très présents chez lui.
Il est très connu pour avoir créé dans ses romans une atmosphère sombre, inspirant ainsi les cyberpunks bien qu'il ait vécu trop tôt pour les connaître. Mais cette atmosphère glauque tient en fait à l'intrigue héritée du gnosticisme qui hante la plupart des romans de Dick : le faux, qui régit ce monde, et que nous percevons comme le vrai, doit être démasqué. Aussi Dick est, avec Daniel F. Galouye, l'un des inventeurs du thème romanesque du simulacre en science-fiction, avec ses romans Le Temps désarticulé 1959 et Simulacres 1964.
Le style d'écriture dickien n'a rien de flamboyant. Thomas Disch a écrit un des meilleurs textes sur Dick dans l'introduction d'un des recueils de nouvelles qui lui ont été consacrés: "Dick's prose seldom soars and often is lame as any Quasimodo" "la prose de Dick s'élève rarement, et est souvent aussi boiteuse que Quasimodo". De même, la profondeur de l'analyse psychologique n'est pas sa force première opus cité: "The characters in even most of his memorable tales have all the depth of a 50s sitcom" Même les personnages de ses œuvres les plus mémorables ont juste la profondeur de ceux des sitcoms des années 1950. Dick est, comme le fait remarquer Disch, avant tout un auteur d'idées, et c'est probablement pour cela que ses nouvelles et romans ont été autant adaptés au cinéma, ou ont inspiré d'autres auteurs de science-fiction, comme Ursula Le Guin pour The Lathe of Heaven, Disch lui-même pour 334, et qu'il est régulièrement cité comme un des inspirateurs du mouvement cyberpunk.
Il ne faut guère chercher de logique dans l'œuvre de Dick en terme d'opinions morales ou politiques, particulièrement à la fin de sa vie.
Bien que lié surtout dans sa jeunesse à des féministes ou des gauchistes, il écrira en 1973 une nouvelle The Pre-persons qui lui vaudra une lettre particulièrement courroucée de Joanna Russ, ce qui ne l'empêchera pas de maintenir sa position violemment anti-avortement.
Durant les dernières années de sa vie, il consacre la plupart de son temps à écrire l'Exégèse, texte monumental sur son œuvre dont une seule partie est publiée aux États-Unis. Elle est issue des interrogations de Dick sur une expérience mystique qu'il a vécue en mars 1974, laquelle est aussi à l'origine de SIVA, œuvre emblématique de la fin de sa vie. On y trouve des fragments de l'Exégèse, à l'intérieur d'une histoire qui est une véritable mise en abîme de sa propre vie. À sa mort on découvre chez lui plus de 8 000 pages du dialogue qu'il entretient avec lui-même depuis cette expérience. Un exemple parmi d'autres : en écoutant la chanson des Beatles Strawberry Fields Forever, il diagnostique que son fils est atteint d'une hernie inguinale, ce qui sera confirmé par des examens ultérieurs.
En plus des 45 romans publiés, Dick a écrit près de 121 nouvelles.
Les nouvelles sont parues regroupées en français chez l'éditeur Denoël en quatre tomes de 1994 à 1998 (1 - 1947-52; 2 - 1952-53; 3 - 1953-63; 4 - 1963-81), et furent regroupées ensuite en deux gros volumes en 2000, réédités en 2004, dans la collection Lunes d'encre : 1947-1952 (tome 1), et 1953-1981 (tome 2).

Adaptations

L'œuvre de Philip K. Dick a eu une grande influence sur le cinéma, notamment depuis l'adaptation de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? par Ridley Scott Blade Runner, 1982.
Hormis Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, deux autres de ses romans ont été adaptés : Confessions d'un barjo et Substance mort, tandis que Ubik est toujours en projet. Les autres films sont issus de nouvelles.

Adaptations cinématographiques

Après la mort de Philip K. Dick, plusieurs scénarios ont été inspirés plus ou moins fidèlement de ses œuvres :
1982 : Blade Runner de Ridley Scott, d'après le roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Do Androids Dream of Electric Sheep?, 1968.
1990 : Total Recall de Paul Verhoeven, d'après la nouvelle Souvenirs à vendre We Can Remember it for You Wholesale, 1966.
1992 : Confessions d'un barjo de Jérôme Boivin, d'après le roman éponyme Confessions of a Crap Artist, 1975.
1995 : Planète hurlante Screamers de Christian Duguay, d'après la nouvelle Nouveau Modèle Second Variety, 1953.
2009 : Planète hurlante II Screamers: The Hunting.
2002 : Impostor de Gary Fleder, d'après la nouvelle éponyme Impostor, 1953.
2002 : Minority Report de Steven Spielberg, d'après la nouvelle éponyme The Minority Report, 1956.
2003 : Paycheck de John Woo, d'après la nouvelle éponyme Paycheck, 1953.
2006 : A Scanner Darkly de Richard Linklater, d'après le roman éponyme A Scanner Darkly, 1977.
2007 : Next de Lee Tamahori, d'après la nouvelle L'Homme doré The Golden Man, 1954.
2011 : L'Agence The Adjustment Bureau de George Nolfi en, d'après la nouvelle Rajustement, Adjustment Team, 1954.
2012 : Total Recall - Mémoires Programmées Total Recall de Len Wiseman, une deuxième adaptation de la nouvelle Souvenirs à vendre, après la première du même nom.

Projets cinématographiques en cours et/ou avortés

Aux débuts des années 1970 après avoir lu Le Dieu venu du Centaure, John Lennon eut l'envie d'adapter le film au cinéma, sans suite.
Michel Gondry a en projet de réaliser Ubik dans la décennie 2010.
Ridley Scott a prévu d'adapter Le Maître du Haut Château, the Man in the High Castle sous forme d'une mini-série.

Inspirations

La trame de fond du film The Truman Show de Peter Weir 1998, avec Jim Carrey, est largement inspirée du roman de Dick Le Temps désarticulé, Time Out of Joint, 1959.
Parmi les admirateurs de Dick, on trouve le cinéaste canadien David Cronenberg.
Sa rencontre avec l’auteur a lieu en 1984 : Dino De Laurentiis, qui avait produit son film Dead Zone, lui fait parvenir un scénario écrit par Dan O'Bannon et Ronald Shusett basé sur la nouvelle de Dick Souvenirs à vendre. Mécontent du résultat, il décide de le réécrire et travaille dessus pendant une année il écrit en tout douze versions différentes de l’histoire, mais se heurte constamment au mécontentement de Shusett, aussi producteur du film.
Il décide finalement de quitter le projet, sa vision de l’histoire étant trop éloignée de celle que Shusett envisage. Il reste toutefois fortement intéressé par l’œuvre de Dick qu’il découvrira durant les années suivantes.
En 1999, Cronenberg sort son film eXistenZ, qu’il considère comme étant son film dickien, celui contenant le plus de thèmes proches de l’œuvre de Dick. Il a d’ailleurs inclus une sorte d’hommage dans le film par le biais d’un sac en papier où est inscrit Perky’s Pat, en référence à la nouvelle The days of Perky Pat, 1963, qui est, en partie l'inspiration du roman Le Dieu venu du Centaure, The Three Stigmata of Palmer Eldritch, 1965.
Ray Faraday Nelson ami et collaborateur de Dick, a écrit la nouvelle Les Derniers Jours de Philip K. Dick, en lecture directement sur son site en anglais: en The Last Days of Philip K. Dick.
Requiem pour Philip K. Dick de Michael Bishop titre origina : Philip K. Dick is dead, alas, 1987 est un roman-hommage-pastiche des romans de science-fiction de Philip K. Dick. En particulier il reprend la structure du Maître du Haut Château c'est une uchronie dans l'univers de Coulez mes larmes, dit le policier.
"Le Temps incertain" de Michel Jeury 1973, œuvre phare du roman de SF français, commence par une citation de Philip K. Dick.
Dans la série d'animation Code Lyoko, le nom du pensionnat, Kadic, est inspiré du nom Philip K.

Autres adaptations

En 1976, est diffusée sur France Culture une adaptation du Maître du Haut Château par Catherine Bourdet, réalisée par Henri Soubeyran, avec René Clermont et Pierre Trabaud.
En 1987, au Centre Georges Pompidou est créé par l'IRCAM l'opéra de Tod Machover (en), VALIS, adapté du roman du même nom SIVA dans la traduction française.
En 1993, au festival d'Avignon, Louis Castel monte un spectacle d'après Comment construire un univers qui ne s'effondre pas deux jours plus tard.

Bandes dessinées

Do Androids Dream of Electric Sheep ? inspiré de Blade Runner texte intégral du roman original : tomes 1 à 6 dessinateur Tony Parker (aidé de Blond), collection Atmosphères, EP Éditions 2011 à 2013;
Dust to Dust préquelle, Chris Roberson scénario et Robert Adler dessin: tomes 1 et 2, EP Éditions (2012 et 2013).

Musique

V.A.L.I.S. titre de l'album Four de Bloc Party est inspiré du livre SIVA.

Liens

http://youtu.be/DoZ3tJeLl6k Interview
http://youtu.be/0-zFRgiqPtk Philip K. Dick le visionnaire
http://youtu.be/qZtlYFYl3oI Philip Dick documentaire 1
http://youtu.be/0dyjicdqj60 Philip K Dick documentaire 2
http://youtu.be/VXNAtoEB7sU Philip K. Dick documentaire 3
http://youtu.be/shTGU3JaVtw Philip K Dick documentaire 4
http://youtu.be/kJm403kt9A4 Philip K. Dick documentaire 5
http://youtu.be/8E7-9bVd2co Philip K. dick Beyond the door

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Posté le : 01/03/2014 14:15

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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