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John Dos Pessos
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Le 28 septembre 1970 à Baltimore meurt à 74 ans John Rodrigo Dos Passos

né le 14 janvier 1896 à Chicago, écrivain moderniste de l'angue anglaise et un peintre américain.Il reçoit le prix Prix Antonio Feltrinelli, son Œuvre principale est "U.S.A."
L'abandon des valeurs traditionnelles américaines par une société avide de réussite et d'argent préside, dans les années vingt, à l'avènement des écrivains de la génération perdue. Comme eux, John Dos Passos s'interroge sur le destin de l'Amérique et du monde. Comme eux, il est l'homme d'une époque, celle de la Première Guerre mondiale, celle de l'illusoire prospérité dont les plus solides bastions s'écroulent dans le krach de Wall Street, avant que le New Deal n'apparaisse avec Franklin Roosevelt et que la guerre d'Espagne ne vienne – après la révolution d'Octobre – secouer à nouveau la lointaine Amérique. Mais si, tel un autre voyageur, Hemingway, Dos Passos s'intéresse au Vieux Monde en curieux professionnel, le thème essentiel de son œuvre – et notamment la trilogie U.S.A. – reste ancré dans trente ans de vie américaine – de la naissance du XXe siècle à la veille du Mardi noir du 29 octobre 1929. C'est l'histoire collective et individuelle de ce qu'il nomme les deux Amériques – celle de l'oppression du grand capital qui conduit Sacco et Vanzetti à la chaise électrique en 1927, et celle des immigrants et de la classe ouvrière opprimée à laquelle il s'identifie pour un temps.

Pour dénoncer l'aliénation de l'homme américain, Dos Passos fait preuve d'une originalité et d'une invention littéraire dont U.S.A. marque l'accomplissement. Dès la Seconde Guerre mondiale, cependant, un changement s'amorce dans les thèmes comme dans l'écriture, et le romancier abandonne la défense de l'under-dog, exploité et annihilé, pour se consacrer à un portrait de l'Amérique conforme à l'idéologie dominante. Il ne retrouve plus l'élan souvent lyrique ni le plaidoyer passionné de naguère. Pourtant, ni le désaveu de l'auteur, ni les réticences possibles du lecteur n'empêcheront U.S.A. comme La Condition humaine de Malraux, de rester à la fois un témoignage écrasant et un monument de la littérature.

En bref

Contemporain de Fitzgerald et d'Hemingway, ami de Cummings, fils bâtard d'un self-made man, formé dans l'esthétisme fin de siècle de Harvard, ambulancier pendant la Première Guerre mondiale, voyageur en Europe, au Proche-Orient, en Afrique du Nord entre 1920 et 1939, il entreprend de totaliser la réalité nationale dans ses trilogies, USA 1930-1936 et District de Columbia 1939-1949. Malgré les contradictions, son œuvre présente en continu une protestation contre la société américaine en même temps que l'attachement à ses valeurs.
Familier des techniques du réalisme et du courant de conscience, John Dos Passos les utilise pour asseoir une analyse sociale pessimiste. Il y décrit la vie de quelques personnages représentant différentes classes sociales, leurs espoirs et leurs désillusions. En cela il se rapproche d'un certain réalisme socialiste qu'il ne renie pas, puisqu'il avoue une admiration sans faille pour Eisenstein. De là vint d'ailleurs ce terme de « littérature cinématographique » utilisé par de nombreux critiques à propos de ses livres.
Au cours d'une longue carrière faite de succès, Dos Passos écrit quarante-deux romans, des poèmes, des essais, des pièces de théâtre et crée plus de quatre cents œuvres d'art. On retiendra surtout de lui Manhattan Transfer et sa trilogie U.S.A., écrits dans les années 1920 et 1930, période où il est à l'acmé de sa gloire littéraire.
Son œuvre principale reste la trilogie U.S.A., elle comprend Le 42ème Parallèle 1930, 1919 1932 et La Grosse Galette 1936. Son style mélange trois techniques littéraires : pour l'aspect social, des bouts d'articles de journaux succèdent à des chants populaires. L'émotion, elle, est transcrite au moyen de collages de mots et de phrases qui ne font que traduire les pensées du narrateur. C'est la fameuse chambre noire, qui peut se rapprocher du style de Céline dans la ponctuation, et qui annonce les cut-up de William Burroughs. Enfin, Dos Passos introduit dans l'œuvre quelques biographies de personnages importants durant l'époque explorée par la trilogie U.S.A. Autant de procédés qui lui permettent de dépeindre le vaste paysage de la culture américaine des premières décennies du XXe siècle. Bien que chacun des romans fonctionne de manière autonome, la trilogie est faite pour être lue comme un tout. La pensée politique et sociale que John Dos Passos développe dans ses nouvelles est très pessimiste au regard de la gestion politique et économique des États-Unis.

Sa vie

John Dos Passos est né à Chicago. Son père, d'origine portugaise il venait de Madère, était un avocat relativement aisé et qui avait donc les moyens de lui offrir la meilleure éducation. En 1907, il est envoyé faire ses études à l'université Choate Rosemary Hall de Willingford Connecticut. À la suite de quoi, accompagné d'un tuteur privé, il partit six mois faire un tour d'Europe France, Angleterre, Italie, Grèce et Europe centrale afin d'y étudier les grands maîtres de la peinture, de l'architecture et de la littérature.
À partir de 1913, il suit des cours à l'Université Harvard. Après l'obtention de son diplôme en 1916, il part en Espagne pour étudier la peinture et l'architecture. La Première Guerre mondiale faisant rage en Europe et les États-Unis ne s'étant pas encore engagés dans la guerre, Dos Passos s'engage en juillet 1917 dans le corps des ambulanciers aux côtés de ses amis E. E. Cummings et Robert Hillyer. Il travaille ensuite comme chauffeur à Paris puis dans le centre de l'Italie.
À la fin de l'été 1918, il achève les ébauches de son premier roman. Dans le même temps, il est réquisitionné dans le Corps Médical de l'Armée Américaine, à Camp Crane en Pennsylvanie. À la fin de la guerre, il est en poste à Paris où le Département de l'éducation outremer américain lui permet de rester pour étudier l'anthropologie à la Sorbonne. Un des personnages de la trilogie U.S.A. connaît globalement la même carrière militaire et reste à Paris après l'armistice.
À mesure que Dos Passos grandit, sa vision politique se tourne plutôt vers la droite. Au milieu des années 1930, il écrit une série d'articles incendiaires concernant la théorie politique communiste. Au temps où le socialisme commence à gagner en popularité l'Europe en réponse au fascisme, les romans de Dos Passos ont donc commencé à connaître un succès international déclinant. Toutefois, la reconnaissance de sa contribution au champ littéraire international vint en 1967 lorsqu'il fut invité à Rome pour recevoir le prestigieux Feltrinelli Prize. Bien que les partisans de Dos Passos aient toujours argué que ces œuvres tardives ont été ignorées à cause de son changement d'opinion politique, il y a un relatif consensus entre les critiques pour dire que la qualité de ses romans a commencé à décliner après le triomphe de U.S.A..
Entre 1942 et 1945, Dos Passos travaille comme journaliste, il se spécialise dans la couverture des évènements de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il est élu à l'Académie américaine des Arts et des Lettres, mais un tragique accident de voiture tue la femme qui partageait sa vie depuis 18 ans, Katharine Smith, et lui coûte la perte d'un œil. Il se remariera avec Elizabeth Holdridge 1909-1998 et continuera l'écriture jusqu'à sa mort à Baltimore en 1970. Sa tombe se trouve au Yeomico Churchyard Cemetery de Cople Parish, dans le comté de Westmoreland, en Virginie, pas très loin de sa dernière demeure.

Carrière littéraire Poésie de John Dos Passos.

Le premier roman de John Dos Passos, One Man's Initiation : 1917 est publié en 1920. Après cela, ce grand écrivain de la Génération perdue publie un roman antibelliciste intitulé Three Soldiers qui lui apporte une considérable reconnaissance. En 1925, Manhattan Transfer qui décrit la vie à New York dans les premières décennies du xxe siècle est un véritable succès commercial et marque l'entrée de la technique expérimentale du courant de conscience (stream-of-consciousness) dans le style de John Dos Passos.
Dos Passos, en cela révolutionnaire, a été amené à considérer la société américaine comme double : d'un côté les riches, de l'autre les pauvres, entre eux une véritable muraille infranchissable. On lui connaît de très belles pages sur la vie des syndicats américains tels que Industrial Workers of the World, sur l'injustice de la condamnation de Sacco et Vanzetti, dont il récuse la légitimité. Très vite, il rejoint le camp des intellectuels américains et européens qui militent pour l'abolition de la peine de mort. En 1928, Dos Passos passe plusieurs mois en URSS pour étudier le système socialiste. En 1932, il signe un manifeste destiné à soutenir le candidat communiste à l'élection présidentielle américaine William Z. Foster. Il retourne en Espagne avec Hemingway au moment de la Guerre civile espagnole, mais son opinion à propos du communisme avait déjà changé : il se brouille avec Ernest Hemingway et Herbert Matthews à propos de leur attitude au regard de la guerre et de leur compromission avec la propagande stalinienne.

Points et contrepoints

Lié à l'esprit d'aventure et aux tendances anarchisantes de certains immigrants par son grand-père portugais, John Roderigo Dos Passos appartient aussi à la grande tradition américaine par son père. Tambour à quatorze ans dans les armées de la guerre civile, celui-ci suit en grandissant la route désormais classique du self-made man. Réussite et promotion sociale sont consommées lorsqu'il s'établit à New York comme avocat. John Dos Passos naît en 1896 à Chicago, connaît l'enfance heureuse d'un fils de famille aisée, et, après l'école préparatoire de Choate School, termine ses études à Harvard où il entre à seize ans. Sa vocation d'écrivain s'affirme déjà : soucieux d'esthétique et de littérature, il fait paraître nouvelles, poèmes et critiques dans le mensuel de l'université où il côtoie le poète E. E. Cummings. Dûment diplômé cum laude, il quitte Harvard en 1916 et part pour l'Espagne. Là, il se passionne pour Pío Baroja dont le non-conformisme et l'exaltation des valeurs individuelles l'influencent profondément. De retour aux États-Unis, il publie la première version de Rossinante reprend la route Rosinante to the road again et s'engage dans la fameuse division d'ambulances Norton-Harjes – lieu de rencontre de la génération perdue pendant la Première Guerre mondiale. Il conte son expérience dans L'Initiation One Man's initiation, 1920, essai bientôt transposé et appuyé par Trois Soldats Three Soldiers qu'il écrit en Espagne après avoir été démobilisé en France. Ce premier roman important paraît en 1921 : Dos Passos y attaque l'appareil militaire et démystifie les symboles et la gloire de la guerre.

La prise de conscience

C'est au Moyen-Orient où il voyage, entre autres pays, comme journaliste, qu'il écrit un deuxième roman marquant : Manhattan Transfer – la gare de triage de New York – 1925. Il y aborde le mode de vie américain selon une optique déjà axée sur le rôle déterminant de la société par rapport à l'individu, et utilise une écriture polyphonique pour atteindre à une image plus percutante. Il est, dès lors, un auteur engagé. Avec d'autres écrivains portés comme lui vers la contestation politique de l'Amérique du boom, du Jazz Age et de la prohibition, il participe à la fondation du magazine New Masses qui remet en cause le système capitaliste. C'est là qu'il publiera en 1927 son fameux poème-réquisitoire : Face à la chaise électrique Facing the chair tandis qu'on l'arrête pour avoir manifesté dans la rue contre l'exécution – après sept ans de procès et d'atermoiements – de Sacco et de Vanzetti. Comme tant d'autres intellectuels de son temps, il se rend en Union soviétique où il s'entretient avec Poudovkine et Eisenstein, puis revient à New York 1929 pour épouser Katherine Smith qu'il a connue dans l'entourage d'Hemingway.
Cette période de mobilisation sociale et politique, et de militantisme, est aussi celle de sa production la plus importante. Trois pièces de théâtre sont montées à New York : L'Éboueur The Garbage Man en 1926, Airways incorporated à son retour d'U.R.S.S., et Fortune Heights en 1934. Journaliste, il couvre les grandes grèves et notamment celle des mineurs de Pennsylvanie en 1932 où, avec Theodore Dreiser, il accumule une série d'interviews accablantes – ce qui ne l'empêche pas de poursuivre sa polémique de longue date avec le Parti communiste américain dans les colonnes de New Masses.
Enfin, il écrit sa fameuse trilogie U.S.A. entre 1930 et 1936 : 42e Parallèle, 1919, La Grosse Galette The Big Money. Ce dernier volume est désigné comme meilleur livre de l'année 1936 par le Congrès des écrivains américains.

Le reflux

Dès 1940, avec La Pensée vivante de Tom Paine, Dos Passos revient aux sources de la révolution américaine guerre d'Indépendance et regrette tout haut d'avoir voté une seconde fois pour Roosevelt. Le tournant s'affirme après la Seconde Guerre mondiale qu'il effectue comme correspondant de guerre et, en 1954, il écrit La liberté est mon propos The Theme is freedom, donnant ainsi des gages à l'inquisition maccarthyste qui lui cherche des querelles rétrospectives. En 1964, il se tient au côté de Barry Goldwater pendant la campagne présidentielle, et se range parmi les faucons pour soutenir la guerre du Vietnam. Remarié et fixé dans le comté de Westmoreland Virginie, il travaille alors à une Histoire des États-Unis. Citons parmi ses ouvrages d'après-guerre dont aucun n'a connu un succès notoire : The Grand Design 1949 incorporé dans la trilogie District of Columbia – ouvrage commandé par la compagnie industrielle General Mills Inc. afin de dépeindre de façon objective et humaine la vie d'une grande entreprise. Citons encore une étude sur Jefferson, un roman autobiographique, Chosen country 1951, et bon nombre de reportages et d'articles. En 1961, il tente vainement de retrouver le ton et l'écriture des années trente avec Midcentury.

L'architecte de l'histoire

L'écrivain en prise directe sur son époque, écrit en substance Dos Passos, est l'architecte de l'histoire. Cette architecture du roman, il la cherche dès Manhattan Transfer pour aboutir finalement à la composition et à l'écriture soigneusement élaborées de U.S.A. Ma préoccupation dominante, dit-il encore, était d'essayer de découvrir ce que disaient et pensaient les gens. Pour intégrer le roman individuel dans le contexte historique et social de son temps, il est conduit à chercher de nouveaux moyens techniques en rapport avec son thème, son époque et l'effet qu'il veut produire.

Structures et techniques

Dans le bouillonnement de l'après-guerre, le monde littéraire et artistique tend à rompre avec le passé. Après le cubisme, le dadaïsme et le surréalisme ouvrent de nouvelles voies. L'Ulysse de Joyce, les idées de Meyerhold au théâtre, l'apport esthétique d'Eisenstein dans le domaine du film, impliquent une recherche de nouveaux modes d'expression correspondant à une ère où les progrès de l'industrie et des techniques changent la face du monde. L'Amérique, vue par Dos Passos, procède de ce courant. Il adopte pour écrire U.S.A. un système directement inspiré par le cinéma. Chacun des trois romans se compose de quatre sections récurrentes qui se succèdent selon une architecture élaborée. Chaque livre comporte ces quatre plans-relais de quatre points de vues : actualités newsreels, biographies, fiction romanesque – portant en exergue le nom d'un personnage, particulièrement éclairé par le projecteur – enfin l'œil de la caméra camera eye où l'auteur s'exprime selon la technique du monologue intérieur – voire du flot de conscience. Quatre images d'une société qui contribuent parallèlement à la construction de l'image clef. La place attribuée à chacune, l'ordre de présentation sont autant d'éléments du montage. La diversité s'organise autour du thème central. Les bandes d'actualités, informations fragmentaires de tous ordres, publicité, chansons, mode, expositions, événements politiques, grèves, mariages, etc. insistent – par rapprochement, opposition et allusions – sur l'absurdité de la société contemporaine, qui ne sait où elle va, mais y court à toute vitesse. Les biographies, parfois traitées sur le mode ironique, parfois lourdes d'émotion, tracent le portrait exemplaire des grands de ce monde en pleine mutation : de Ford qui fait tirer la troupe sur les grévistes à Taylor et son plan, dont le travail à la chaîne et les cadences infernales n'ont pas fini de secouer le monde ouvrier, en passant par Debs, Isadora Duncan, Edison, Rudolf Valentino, James William Bryan, Big Bill Haywood et le syndicat des Industrial Workers of the World, Frank Lloyd Wright, etc. En contrepoint, mais se rattachant toujours au contexte évoqué, se déroulent les destins individuels de la section romanesque : un univers où les existences des personnages se croisent et s'entrecroisent dans une nouvelle comédie.
Plus personnel est l'œil de la caméra, parfois traduit par le terme l'objectif, qui a le mérite d'en souligner l'ambiguïté première. Rien n'est plus subjectif en effet que ces interventions du narrateur où il exprime son monde intérieur et ses doutes en une sorte de prose poétique qui n'est pas sans évoquer l'Apollinaire de Calligrammes, le Prévert de Paroles ou la poésie de E. E. Cummings 1894-1962, et laisse parfois déborder l'émotion lyrique. Le ton, pourtant, se veut impersonnel. L'ironie sous-jacente se cache derrière une apparente objectivité. Trente ans de vie américaine se succèdent ainsi dans la rigueur de la chronologie. C'est l'histoire en train de se faire sur le fond sonore des machines devenues aliénantes par la volonté du grand capital.

La machination

Le frame up, thème central de l'œuvre, Dos Passos le rend explicite dans l'œil de la caméra. Oui, nous sommes deux nations, s'écrie-t-il dans une page qui reste une des plus bouleversantes de U.S.A. La mort de Sacco et de Vanzetti est l'aboutissement d'une vaste conspiration des classes possédantes : les anciennes valeurs sont utilisées aux fins du profit. Il n'en reste que la coquille vidée de toute substance. L'Amérique, terre d'accueil, terre libre, symbole de la démocratie, est devenue machine à opprimer. Tout idéal est une menace, toute défense devient attaque, toute rébellion est étouffée dans l'œuf au nom des grands principes : toute une Amérique se fait complice du coup monté. Reste-t-il une forme d'espoir ? Tenter sa chance aboutit à une forme d'aliénation : l'obsession du succès dénature l'homme. Chez tous les personnages de Dos Passos, la réussite masque l'échec fondamental. Un seul échappe en partie à la règle, parce qu'il se range aux côtés de la classe ouvrière : Mary French, dont les options sont celles de l'auteur. Mais, là encore, il s'agit de l'Amérique vaincue, et le combat qui continue n'est plus qu'un baroud d'honneur » auquel Dos Passos ne croit plus. À la lutte des classes, il substitue une spécificité américaine et se qualifie d'exceptionnaliste. Comme Veblen, auquel il consacre une biographie, il souffre d'une incapacité congénitale à dire : oui.
Parce qu'il a lu Marx et Lénine et qu'il s'engage personnellement dans la lutte aux côtés des plus défavorisés, Dos Passos a été parfois considéré comme un écrivain marxiste. Il apparaît en fait beaucoup plus comme un nostalgique du vieil idéal jeffersonien, revu et corrigé par Veblen. Peintre et témoin de l'échec individuel et collectif – dont il rend responsable la dégénérescence du mythe américain – Dos Passos semble fondamentalement porté vers une finalité d'ordre métaphysique et moral de la destinée humaine. La méfiance toute anglo-saxone qu'il exprime en filigrane à l'égard des transformations sociales fondées sur la lutte des classes explique sans doute sa volte-face politique et son retour au consensus de l'ordre établi.
La lecture de U.S.A. laisse l'image d'une Amérique face à un problème sans solution. Pour Dos Passos, la crainte qu'exprimaient naguère Emerson et Thoreau, Whitman et Twain est en train de se vérifier : l'Amérique pourrait bien payer de son âme le prix du succès matériel.

Carrière littéraire

Poésie de John Dos Passos.

Le premier roman de John Dos Passos, One Man's Initiation : 1917 est publié en 1920. Après cela, ce grand écrivain de la Génération perdue publie un roman antibelliciste intitulé Three Soldiers qui lui apporte une considérable reconnaissance. En 1925, Manhattan Transfer qui décrit la vie à New York dans les premières décennies du xxe siècle est un véritable succès commercial et marque l'entrée de la technique expérimentale du courant de conscience (stream-of-consciousness) dans le style de John Dos Passos.
Dos Passos, en cela révolutionnaire, a été amené à considérer la société américaine comme double : d'un côté les riches, de l'autre les pauvres, entre eux une véritable muraille infranchissable. On lui connaît de très belles pages sur la vie des syndicats américains tels que Industrial Workers of the World, sur l'injustice de la condamnation de Sacco et Vanzetti, dont il récuse la légitimité. Très vite, il rejoint le camp des intellectuels américains et européens qui militent pour l'abolition de la peine de mort. En 1928, Dos Passos passe plusieurs mois en URSS pour étudier le système socialiste. En 1932, il signe un manifeste destiné à soutenir le candidat communiste à l'élection présidentielle américaine William Z. Foster. Il retourne en Espagne avec Hemingway au moment de la Guerre civile espagnole, mais son opinion à propos du communisme avait déjà changé : il se brouille avec Ernest Hemingway et Herbert Matthews à propos de leur attitude au regard de la guerre et de leur compromission avec la propagande stalinienne.

Le prix Dos Passos

Le prix John Dos Passos est une récompense littéraire délivrée chaque année par le Département de Langue anglaise et de Langues modernes à l'université de Longwood. Le prix cherche à mettre en lumière "des écrivains américains créatifs qui ont produit un corps substantiel de publications dans lesquelles on retrouve certaines des caractéristiques de l'écriture de John Dos Passos : une exploration intense et originale de thématiques spécifiquement américaines, une approche expérimentale de la forme, et un intérêt pour une large échelle d'expériences humaines."

Œuvres littéraires

The Scene of Battle 1919
One Man's Initiation: 1917 1920
Three Soldiers 1921
A Pushcart at the Curb 1922
Rosinante to the Road Again 1922
Streets of Night 1923
Manhattan Transfer 1925
Facing the Chair 1927
Orient Express 1927
U.S.A. 1938), trilogie qui comprend :
The 42nd Parallel 1930
Nineteen Nineteen 1932
The Big Money 1936
The Ground we Stand On 1949
District of Columbia 1952, trilogie qui comprend :
Adventures of a Young Man 1939
Number One 1943
The Grand Design 1949
State of the Nation 1944
Chosen Country 1951
Most Likely to Succeed 1954
The Head and Heart of Thomas Jefferson 1954
The Men Who Made the Nation 1957
The Great Days 1958
Prospects of a Golden Age 1959
Midcentury 1961
Mr. Wilson's War 1962
Brazil on the Move 1963
The Best Times: An Informal Memoir 1966
The Shackles of Power 1966
The Portugal Story 1969
Century's Ebb: The Thirteenth Chronicle 1970
Easter Island: Island of Enigmas 1970
Lettres à Germaine Lucas Championnière 2007

Lien

http://youtu.be/K5Q5UU87MrI A propos d'Hemingway


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Posté le : 27/09/2014 16:09
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Herbert Georges Wells
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Le 21 septembre 1866 à Bromley dans le Kent, Royaume-Uni naît

Herbert George Wells


plus connu sous la signature H. G. Wells, nommé "The man on his time "mort, à 79 ans, le 13 août 1946 à Londres, écrivain britannique surtout connu aujourd'hui pour ses romans de science-fiction. Il reçoit pour distinctions le Honorary Fellow de l'Imperial College, ses Œuvres principales sont "La Machine à explorer le temps" en 1895, "L'Île du docteur Moreau"en 1896, "L'Homme invisible" en 1897, "La Guerre des mondes" en 1898, Les Premiers Hommes dans la Lune en 1901. Il fut cependant également l'auteur de nombreux romans de satire sociale, d'œuvres de prospective, de réflexions politiques et sociales ainsi que d'ouvrages de vulgarisation touchant aussi bien à la biologie, à l'histoire qu'aux questions sociales.
Il fut un auteur très prolifique qui écrivit aussi bien des romans réalistes que de la science-fiction, comme des essais sur l'histoire de l'humanité ou l'évolution future de la société. Herbert George Wells fut un socialiste convaincu. Après 1900, ses œuvres se firent de plus en plus politiques et didactiques. Il y parait que sa femme l'aurait aidé à écrire ses textes.

En Bref

Romancier, journaliste, auteur de nombreux ouvrages d'imagination, de vulgarisation scientifique ou de propagande politique, Wells fut une des figures les plus représentatives de l'Angleterre au début du XXe siècle. Son œuvre, très populaire de son vivant, resta longtemps négligée après sa mort, mais des travaux récents ont contribué à la remettre en lumière. Plus qu'au prophète de l'État universel, on s'intéresse maintenant au romancier de la société édouardienne et au créateur de la science-fiction moderne.
Vers 1900 se situe le premier grand tournant de sa carrière : il renonce à la science-fiction pour deux genres différents et complémentaires. Anticipations 1901 fut le premier d'une longue série de livres dans lesquels Wells essaya de prévoir, avec une fortune diverse, les formes de l'avenir. À ce rétrécissement du champ de sa vision correspondirent des tentatives d'action politique en faveur du socialisme. Les controverses qui naquirent de ses interventions au sein de la Société des Fabiens contribuèrent à répandre largement les idées socialistes en Angleterre. À la même époque, il se tourna vers des formes romanesques plus traditionnelles, dans lesquelles l'humour n'atténue pas toujours une critique sociale très incisive. Fondés en grande partie sur des éléments autobiographiques, Kipps 1905 et Tono-Bungay 1909 offrent la peinture d'un monde où toutes les valeurs établies chancellent, et constituent d'inestimables documents sur l'Angleterre édouardienne, en même temps que des romans d'une grande richesse.
Au cours des années qui précédèrent la Grande Guerre, la renommée de Wells ne cessa de grandir : romancier célèbre, apôtre du socialisme, critique des mœurs et des institutions de son époque, il devint le porte-parole des jeunes générations qui en firent le vivant symbole de l'opposition au monde victorien. En un temps où les valeurs les mieux établies se trouvaient mises en question et où apparaissaient les signes d'une inquiétude grandissante, la vision de Wells, fondée sur la quête des fins de l'espèce, définies en termes de biologie évolutionniste, semblait proposer à l'individu un idéal neuf et exaltant.
La Première Guerre mondiale entraîna chez lui un profond changement d'attitude. D'abord violemment militariste, Wells s'aliéna la sympathie d'une grande partie de son public. À partir de 1916 il fit soudain volte-face et, après avoir exprimé la confusion et la consternation que faisait naître en lui la poursuite de la guerre, il proposa, pour solution aux problèmes de l'heure, le recours à une divinité assez vague dont il entreprit, sans grand succès, de définir les traits dans Dieu, le roi invisible God, the Invisible King, 1917.
Avec la guerre se termina pratiquement sa carrière de romancier : de plus en plus la littérature devint pour lui instrument de propagande au service d'une cause politique. Persuadé que le seul moyen d'éviter un conflit qui risquait de mettre un terme à l'espèce humaine était de créer un État universel dirigé par une élite de savants et de techniciens, Wells consacra le reste de sa vie à tenter d'éduquer ses contemporains et à essayer de les convaincre de la nécessité d'abolir les nations. Malgré l'exceptionnel succès commercial de L'Esquisse de l'histoire universelle The Outline of History, 1920, son influence directe sur la vie politique fut peu importante. Déçu, aigri, Wells mourut à Londres laissant une œuvre immense, après avoir annoncé au monde que les jours de l'espèce humaine étaient comptés et sa fin procès

Sa vie

H.George Wells fut le cinquième et dernier enfant de Joseph Wells, un jardinier et joueur de cricket devenu boutiquier, et de Sarah Neal, une ancienne domestique. Il est né à Atlas House, 47 High Street, Bromley, dans le Kent. Sa famille appartenait à la classe moyenne peu argentée. Un héritage permit à la famille d'acheter un magasin de porcelaines qui ne fut jamais prospère. Joseph fut obligé de vendre des battes et des balles de cricket pour nourrir sa famille. Il recevait également de faibles rémunérations lors des matchs auxquels il participait.
Un incident survenu alors qu'il n'avait que sept ans fut déterminant pour la suite de sa vie. À cause d'un malencontreux accident survenu sur un terrain de sport, il dut rester alité un certain temps avec une jambe cassée. Il passait le temps en lisant des romans et se passionnait pour les autres mondes auxquels lui donnaient accès ses nouvelles lectures. C'est à ce moment-là qu'il prit goût à l'écriture. Plus tard la même année, il entra à la Thomas Morley's Commercial Academy, une école privée fondée en 1849. L'enseignement y était très erratique, plus particulièrement axé, comme Wells le raconta plus tard, sur l'écriture calligraphiée et les calculs utiles aux seuls hommes d'affaires. Wells y poursuivit sa scolarité jusqu'en 1880. Mais en 1877, un nouvel incident obscurcit la jeunesse de l'auteur : à la suite d'une chute, son père se fracture une jambe et doit abandonner sa carrière sportive qui représentait une part non négligeable des revenus de la famille.
Incapable de supporter plus longtemps leur charge de famille, les parents Wells eurent l'idée de placer leurs garçons comme apprentis dans différents corps de métier. Ainsi, de 1881 à 1883, Herbert George Wells fit un apprentissage comme marchand de tissus chez Southsea Drapery Emporium. Cette expérience lui inspira plus tard ses romans intitulés The Wheels of Chance Les Roues de la fortune et Kipps, qui décrivent la vie d'un apprenti marchand de tissus qui commente de manière critique la répartition des richesses dans le monde.
Les parents Wells ne s'entendaient pas très bien - elle était protestante et lui libre penseur -, si bien que sa mère retourna travailler comme femme de chambre à Up Park, une maison de campagne du Sussex, une fonction qui ne l'autorisait à emmener ni mari, ni famille. Ensuite, Sarah et Joseph vécurent séparément, sans toutefois divorcer, ni avoir aucune autre liaison. Herbert George Wells ne tira profit ni de son apprentissage comme marchand de tissu, ni de son apprentissage comme assistant chimiste, ni de son expérience comme enseignant auxiliaire, ce qui l'obligea à retourner régulièrement chez sa mère à Up Park, jusqu'à ce qu'il trouve une situation plus stable. H. G. Wells profitait de ses séjours à Up Park pour se plonger dans les livres de la superbe bibliothèque du lieu.

Années d'études

H. G. Wells en 1908 à la porte de sa maison de Sandgate
En 1883, son employeur le renvoya, arguant qu'il n'était pas satisfait de ses services. Mais le jeune Wells était loin d'être mécontent de ce renvoi qui marqua la fin de sa période d'apprentissage. Plus tard la même année, il devint spécialiste. L'année passée à suivre son cours fut pour Wells la plus significative de toute son éducation. Elle marqua également son écriture romanesque puisqu'il puisa dans la biologie, en particulier dans l'évolution et l'anatomie comparée nombre de créations littéraires. Comme ancien élève, il aida ensuite à créer la Royal College of Science Association dont il fut le premier président en 1909. Wells étudia dans sa nouvelle école jusqu'en 1887 avec une allocation de vingt-et-un shillings par semaine grâce à sa bourse d'études.
Ces années marquent le début de son intérêt croissant pour une réforme possible de la société. Il commença son approche du sujet en étudiant la République de Platon, puis se tourna vers les idées plus contemporaines du socialisme telles qu'elles s'exprimaient au sein de la Fabian Society et dans diverses lectures à la Kelmscott House, le domicile de William Morris. Il compta également parmi les membres fondateurs du magazine The Science School Journal, un périodique qui lui permettait d'exprimer ses propres idées sur la littérature et la société. L'année scolaire 1886-1887 fut sa dernière année d'études. Malgré sa réussite aux examens de biologie et de physique, son échec à l'examen de géologie lui coûta son passage en année supérieure et sa bourse d'études. Herbert George Wells se retrouva alors sans revenu. Sa tante Mary, une cousine de son père, l'invita à rester chez elle dans un premier temps, ce qui lui épargna la recherche d'un logement. Pendant son séjour chez sa tante, il nourrit un intérêt croissant pour sa cousine Isabel.

Mariage et liaisons

En 1891, Herbert George Wells épousa sa cousine Isabel Mary Wells, mais la quitta en 1894 pour l'une de ses étudiantes, Amy Catherine Robbins, qu'il épousa en 1895. Sa seconde femme lui donna deux fils : George Philip connu sous le surnom de Gip en 1901 et Frank Richard en 1903.
Pendant ses années de mariage avec Amy, Wells entretint des liaisons avec un grand nombre de femmes, dont l'activiste américaine du contrôle des naissances, Margaret Sanger. Il eut une fille, Anna-Jane, avec l'écrivain féministe Amber Reeves en 1909, ce qui lui valut une brouille avec son père William Pember Reeves, l'ancien ambassadeur de Nouvelle-Zélande et un fils en 1914, Anthony West, avec la romancière et féministe Rebecca West, de vingt-six ans sa cadette. Bien qu'Amy Catherine ait eu connaissance de certaines des liaisons extra-conjugales de son mari, elle resta mariée à Herbert George Wells jusqu'à sa propre mort survenue en 1927. Wells eut également une liaison avec Odette Keun et Moura Budberg. Je n'ai jamais été un grand romantique, écrivit Wells dans An Experiment in Autobiography 1934, bien que j'aie aimé très profondément beaucoup de gens.

L'artiste

Herbert George Wells s'exprimait également par le dessin. Ses croquis ornaient fréquemment les couvertures de ses propres livres. Ses dessins couvraient un large éventail de sujets, allant du commentaire politique aux critiques littéraires en passant par des sujets plus romantiques. Pendant ses années de mariage avec Amy Catherine - qu'il surnommait Jane -, il dessina un grand nombre de scènes à propos de leur mariage. Ce fut pendant cette période qu'il appela ses dessins des picshuas une déformation humoristique du terme anglais pictures. Ces picshuas firent l'objet d'études approfondies par ses élèves et un ouvrage leur fut consacré.

L'auteur de jeux

À la recherche d'une manière plus structurée de jouer à des jeux de guerre, Herbert George Wells est l'auteur de Floor Games en 1911, suivi par Little Wars en 1913. Little Wars est généralement reconnu aujourd'hui comme le tout premier wargame miniature avec figurines et Wells est considéré comme le père du wargame avec figurines.

L'écrivain

Le premier best-seller de Herbert George Wells fut Anticipations, paru en 1901. C'est peut-être son œuvre la plus explicitement futuriste, elle portait le sous-titre Une expérimentation en prophétie, An Experiment in Prophecy lorsqu'elle parut tout d'abord par épisodes dans un magazine. Ce livre est intéressant à la fois pour ses bonnes intuitions les trains et les voitures résultant de la migration des populations des centres-villes vers les banlieues ; les restrictions morales déclinant lorsque hommes et femmes recherchent davantage de liberté sexuelle et pour ses erreurs mon imagination refuse de voir un sous-marin quelconque faire autre chose qu'étouffer son équipage et sombrer au fond des mers.
Ses premiers romans, qu'on appelait à l'époque des romances scientifiques, inaugurèrent un grand nombre de thèmes devenus de grands classiques en science-fiction, comme La Machine à explorer le temps, L'Île du docteur Moreau, L'Homme invisible et La Guerre des mondes tous quatre portés à l'écran, et furent souvent considérés comme largement influencés par les œuvres de Jules Verne. Mais Wells refusait lui-même le titre de Jules Verne anglais comme il l'expliqua dans une préface qu'il écrivit pour une réédition de ses romans scientifiques Scientific romances en 1933. Wells opposait ses œuvres d'imagination et les romans d'anticipation du Français. Ses inventions n'avaient pas pour but de montrer ce qui allait se produire réellement, mais à simplement prendre possession du lecteur par l'illusion romanesque. Il comparait ses romans à L'Âne d'or d'Apulée, à l'Histoire véritable de Lucien de Samosate, à Peter Schlemil d'Adelbert von Chamisso et à Frankenstein de Mary Shelley. Wells écrivit d'autres romans, non fantastiques, qui reçurent un très bon accueil de la part des critiques, comme Tono-Bungay et Kipps. Wells fut également l'auteur de plusieurs douzaines de nouvelles, la plus connue étant The Country of the Blind 1911.
Même s'il ne s'agit pas d'un roman de science-fiction, Tono-Bungay fait une large part à la désintégration radioactive. Celle-ci joue un rôle-clé dans The World Set Free parue en 1914 le titre français est La Destruction libératrice. Ce récit contient ce qui peut être considéré comme sa meilleure intuition prophétique. Les scientifiques de l'époque savaient que la désintégration du radium dégageait de l'énergie à faible rayonnement pendant des milliers d'années. Le taux de rayonnement était trop faible pour avoir une quelconque utilité pratique, mais la quantité totale d'énergie libérée était énorme. Le roman de Wells tourne autour d'une invention non spécifiée qui accélère le processus de désintégration radioactive afin de produire des bombes qui explosent avec une puissance digne d'explosifs ordinaires, mais qui continuent d'exploser pendant des jours et des jours. Leó Szilárd reconnut que ce livre lui inspira la théorie de la réaction nucléaire en chaîne.
Wells écrivit aussi des ouvrages spécialisés. Son œuvre en deux volumes la plus célèbre fut The Outline of History 1920 qui inaugurait une nouvelle ère de vulgarisation historique à destination du grand public. Les historiens professionnels l'accueillirent avec circonspection, à l'exception de Arnold J. Toynbee qui qualifia l'ouvrage de meilleure introduction possible à l'histoire mondiale6. De nombreux autres auteurs poursuivirent dans cette voie de la vulgarisation. Wells poursuivit dans cette voie en 1922 avec un ouvrage populaire, mais beaucoup plus court : A Short History of the World, et deux autres longs traités, The Science of Life 1930 et The Work, Wealth and Happiness of Mankind 1931. Ces ouvrages de vulgarisation devinrent suffisamment populaires pour donner l'occasion à James Thurber de les parodier dans son essai humoristique intitulé An Outline of Scientists. L'introduction à l'Histoire mondiale de Wells en deux volumes fut régulièrement rééditée, avec une réédition en 2005, tandis que A Short History of the World fut réédité en 2006.

Dès les débuts de sa carrière, Wells cherchait une meilleure manière d'organiser la société, écrivant de nombreuses utopies. Ses romans commençaient généralement par la description d'un monde courant à la catastrophe jusqu'à ce que la population mondiale accède à un nouveau mode de vie : soit grâce à un mystérieux gaz libéré par une comète et qui rendait les humains plus rationnels In the Days of the Comet, soit grâce à un conseil scientifique s'emparant du pouvoir The Shape of Things to Come 1933, adapté plus tard pour le film d'Alexander Korda, Things to Come, daté de 1936. Wells fit également la description d'une reconstruction sociale d'après-guerre par l'avènement de dictateurs fascistes dans The Autocracy of Mr Parham 1930 et The Holy Terror 1939.
Wells questionna l'essence même de l'humanité en opposant les idées de nature et de culture. Toutes ses utopies ne se terminaient pas forcément de manière heureuse, comme le montre le roman When the Sleeper Wakes 1899 republié sous le titre The Sleeper Awakes, 1910 qui relève davantage de la dystopie. L'Île du docteur Moreau, plus sombre, force encore le trait. Le narrateur, prisonnier sur une île où les animaux sont changés en êtres humains par vivisection, mais sans succès, rentre en Grande-Bretagne. À l'instar de Gulliver lorsqu'il rentre du pays des Houyhnhnms, il se retrouve incapable de voir ses concitoyens autrement que comme des bêtes civilisées régressant lentement pour retrouver leur nature animale.
Wells rédigea également la préface de la première édition des journaux intimes de W. N. P. Barbellion, The Journal of a Disappointed Man Le Journal d'un homme déçu, publié en 1919. Comme beaucoup de critiques pensaient que Barbellion n'était qu'un pseudonyme, Wells fut longtemps considéré comme le véritable auteur du Journal ; Wells a toujours démenti ces allégations, mais les rumeurs persistèrent jusqu'à la mort de Barbellion cette même année.
En 1927, Florence Deeks poursuivit Wells pour plagiat, arguant qu'il avait copié la plus grande partie de The Outline of History à partir de son manuscrit intitulé The Web qui avait été soumis à l'éditeur canadien Canadian Macmillan Company et refusé. Malgré de nombreuses similarités de style et nombre d'erreurs historiques communes, la justice disculpa Wells.

En 1938, il publia World Brain, une série d'essais sur l'organisation future de la connaissance et de l'éducation, parmi lesquels on trouve un essai intitulé The Idea of a Permanent World Encyclopaedia Une idée d'encyclopédie mondiale permanente), concept à rapprocher de Wikipédia, qui parut dans l'Encyclopédie française d'Anatole de Monzie et Lucien Febvre en 1937.
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés découvrirent que les SS avaient établi une liste des intellectuels et des politiciens à assassiner immédiatement après l'invasion de la Grande-Bretagne pendant l'Opération Sea Lion. Le nom d'Herbert George Wells apparaissait en tête de liste, en cause sa conviction socialiste. Wells, devenu président du PEN club international, avait déjà eu affaire à l'Allemagne nazie en supervisant lui-même l'exclusion du PEN club allemand de la ligue internationale en 1934, à la suite de l'exclusion des écrivains non aryens.

Les idées de Wells

En dépit de ses nombreuses déclarations, Wells n'a jamais eu un esprit scientifique : ses idées naissent de ses goûts, de ses instincts profonds, de ses désirs personnels, plutôt que d'un raisonnement rigoureux. Elles sont la conséquence d'une découverte que fit Wells, avant de la placer dans la bouche d'un de ses personnages : Si le monde ne vous plaît pas, vous pouvez le changer. La leçon du darwinisme les colore, et leur ambiguïté fondamentale tient à l'existence, chez Wells, de deux éléments contradictoires : d'une part, la conscience de la fin inévitable vers laquelle se dirige l'univers, d'autre part, le désir de façonner un monde plus heureux, en modifiant le cours de l'évolution naturelle par le jeu de la volonté.
Ses idées politiques sont typiquement anglaises. Wells détestait Marx et voyait dans la classe moyenne, et non dans le prolétariat, le fondement du monde futur. Pour lui, le socialisme est un processus intellectuel et moral .... Il n'affecte le monde de la politique que de manière accessoire et accidentelle. L'éducation doit amener l'individu à prendre conscience des problèmes posés par l'évolution et à se placer volontairement au service de l'espèce. Reposant sur des données biologiques, et négligeant l'économique, ce socialisme est élitiste, non démocratique : la démocratie doit disparaître car elle repose sur la démagogie, et le pouvoir doit revenir à une élite qui, étant amenée par sa fonction à se pencher scientifiquement sur les problèmes de l'espèce, se dégagera d'elle-même. Finalement, les barrières entre les nations seront abolies et un État universel gérera les ressources de la planète au mieux des intérêts de ses habitants. Les rapports entre individus se trouveront modifiés par la prise de conscience, chez chacun, des fins de l'espèce. Tous les interdits hérités de l'ère victorienne seront levés, pour autant qu'ils n'affectent pas l'avenir des enfants. Contrairement à une opinion très répandue, Wells ne s'est jamais posé en défenseur du progrès scientifique. La volonté, correctement guidée, devait seulement permettre d'utiliser les ressources de la technologie moderne pour mettre l'humanité à l'abri d'une évolution aveugle et lui ouvrir le chemin du millénium.

Wells aujourd'hui

Son message tient en une formule qu'il a répétée au long de sa vie : l'avenir de l'humanité est « une course entre l'éducation et la catastrophe ». Obsédé par l'image de la fin du monde, il n'a cessé de mettre l'accent sur la nécessité d'un équilibre écologique et d'un système de gouvernement à l'échelle mondiale. En ce sens, sa réputation de prophète reste justifiée, même s'il s'est souvent trompé dans ses prédictions à court terme et n'a pas su définir les moyens de parvenir aux solutions qu'il préconisait. Son influence fut considérable, mais s'exerça plus dans le domaine des mœurs et de la vie en société que sur le monde de la politique ou de la littérature d'imagination. Son erreur principale fut sans doute de croire qu'il était plus urgent d'enrôler ses contemporains sous la bannière de l'État universel que de poursuivre son œuvre de romancier. Il reste cependant l'un des plus éloquents témoins d'un demi-siècle de vie anglaise et, par-delà ses dettes évidentes au victorianisme, sa vision apparaît étonnamment moderne dans sa perception des problèmes que pose à l'homme la nécessité de trouver un équilibre avec son milieu. Son œuvre d'imagination, animée par une inspiration qui déclina seulement après la Première Guerre mondiale, est aujourd'hui beaucoup plus vivante que ses ouvrages de propagande, souvent confus, et elle permet de comprendre pourquoi, après une longue éclipse, elle s'est imposée.

L'engagement politique

H. G. Wells se considérait comme socialiste, même s'il se trouvait occasionnellement en désaccord avec certains autres socialistes de son époque. Il fut membre de la Fabian Society, mais la quitta ensuite parce qu'il jugeait cette organisation beaucoup plus radicale qu'il ne l'aurait voulue. Il devint même l'un de ses adversaires les plus acharnés, reprochant à ses membres d'avoir une piètre compréhension des problèmes économiques et éducatifs. Il fut également le candidat du Labour Party à l'Université de Londres en 1922 et 1923, mais même à cette époque sa foi en son propre parti était pour le moins fragile. Ses réflexions sur le socialisme imprègnent certains de ses romans d'anticipation, tels que La Machine à explorer le temps et Les Premiers Hommes dans la Lune, romans dans lesquels les héros découvrent respectivement dans l'avenir et sur la lune, des sociétés nouvelles. Dans La Guerre des mondes il met en parallèle les attaques martiennes contre la terre et les pratiques génocidaires de l'Empire britannique en Tasmanie.
Son idée politique la plus féconde concernait la nécessité de créer un État-Monde. D'après son autobiographie, il considérait qu'à partir de 1900 un État-Monde était inévitable. Si les détails de cet État-Monde ont varié au cours du temps, son principe fondamental consistait à organiser une société qui favoriserait les sciences, mettrait fin aux nationalismes et permettrait aux citoyens de progresser en fonction de leurs mérites et non plus en fonction de leur naissance. À l'époque où il pensait qu'un État-Monde était inévitable, il réalisa également que le type de démocratie parlementaire qui était pratiquée à l'époque n'était pas satisfaisante. Ainsi, lorsqu'il travailla à la Charte des Nations unies, il s'opposa à toute mention du terme démocratie. Par ailleurs, il craignait que le citoyen moyen ne fût jamais suffisamment éduqué ou éclairé pour traiter des problèmes majeurs du monde. C'est la raison pour laquelle il pensait devoir limiter le droit de vote aux scientifiques, ingénieurs et autres gens de mérite. Mais il défendait en même temps l'idée que les citoyens devaient jouir du maximum de liberté possible, tant que celle-ci ne restreignait pas celle d'autrui. Toutes les valeurs que défendait H. G. Wells furent de plus en plus critiquées à partir des années 1920.

Jusque dans les années 1930, Wells resta convaincu de la nécessité de créer un État-Monde. Dans cette perspective, il accueillit avec enthousiasme les tentatives de Lénine de reconstruire l'économie russe, comme il le rapporta dans Russia in the Shadows 1920. Au départ, H. G. Wells pensait que Lénine pourrait engager la construction du monde planifié dont il rêvait, même s'il était lui-même socialiste foncièrement anti-marxiste, allant jusqu'à affirmer que le monde se porterait mieux si Karl Marx n'avait jamais existé. Ensuite, la politique de Joseph Staline le conduisit à changer de point de vue sur l'Union soviétique, bien que sa première impression sur Staline fût plutôt mitigée. Il n'appréciait pas ce qu'il considérait être chez Staline une orthodoxie obtuse, mais il fit tout de même l'éloge de ses qualités, disant qu'il n'avait jamais rencontré un homme plus juste, plus candide et plus honnête, rejetant ainsi la sombre réputation de Staline comme injuste, voire fausse. Il n'en jugeait pas moins la manière de gouverner de Staline bien trop rigide, ne laissant aucune place à la moindre pensée indépendante, et trop obtuse pour réellement mener à la Cosmopolis qu'il appelait de ses vœux.
À la fin de sa vie, il avait perdu beaucoup de son influence dans les milieux politiques. Ses efforts pour aider à la création de la société des Nations se soldèrent par une profonde déception, lorsque cette organisation se révéla incapable d'empêcher la Seconde Guerre mondiale. La guerre elle-même le rendit de plus en plus pessimiste. Dans son dernier livre, Mind at the End of its Tether 1945, il jugea que ce ne serait pas une si mauvaise idée de remplacer l'espèce humaine par une autre espèce. D'ailleurs, il appelait cette époque l'ère de la frustration. Il passa ses dernières années à critiquer l'Église catholique romaine et un voisin qui faisait de la réclame pour un club militaire. Comme il consacra les dernières années de sa vie à défendre des causes perdues, sa réputation littéraire déclina également. Cela dit, The Happy Turning, petit livre daté de 1944, recèle encore beaucoup d'esprit et d'imagination.

Eugénisme, engagement et désengagement pour la science et la technologie

H. G. Wells adhère à la Société eugénique en 1907, mais rejette les thèses de Francis Galton. Il s'intéresse cependant à l'eugénisme négatif.
Avec réserves ou ironies, Georges Bernanos souligna de façon suivante :
dans le dernier petit livre de Wells, l'Esprit au bout du rouleau, malédiction plutôt que testament, l'écrivain célèbre qui se crut jadis naïvement le prophète du futur paradis des machines, du nouvel âge d'or, écrit ces paroles désespérées :
"L'espèce humaine est en fin de course. L'esprit n'est plus capable de s'adapter assez vite à des conditions qui changent plus rapidement que jamais. Nous sommes en retard de cent ans sur nos inventions. Cet écart ne fera que croître. Le Maître de la Création n'est plus en harmonie avec son milieu. Ainsi le monde humain n'est pas seulement en faillite, il est liquidé, il ne laissera rien derrière lui. Tenter de décrire une fois encore la Forme des choses à venir serait vain, il n'y a plus de choses à venir. "
L'héritage

Aussi bien de son vivant qu'après sa disparition, Herbert George Wells fut considéré comme un penseur socialiste de tout premier ordre. Mais sa célébrité posthume est surtout due à ses romans et à son rôle de pionnier dans l’histoire de la science-fiction. Wells a également la réputation d'être indirectement l'inventeur de l'animation mécanisée. Les premiers mécas, les tripodes martiens, apparaissent dans son roman intitulé La Guerre des mondes.

Contribution dans l'apparition de la science-fiction

Wells est souvent reconnu comme le premier auteur de la science-fiction.
Sa carrière débutant au crépuscule de celle de Jules Verne, il franchit le pas des Voyages extraordinaires à la science-fiction mieux que quiconque avant lui, traitant de tous les thèmes qu'elle a pu aborder, à l'aide d'une machine littéraire sur laquelle se fondait chaque récit. Il ne peut en être considéré comme l'auteur, car de nombreux auteurs avant lui ont croisé cet univers, avec des styles divers, et dont il n'est que le digne successeur, portant ce type d'ouvrages au titre de littérature.
Mary Shelley et son Frankenstein ou le Prométhée moderne, ou Edgar Poe et son admirateur Jules Verne qui développait déjà les thèmes de la science-fiction moderne, ont, chacun à leur manière, débrouillé cette littérature naissante par des œuvres qui forment la genèse d'une science-fiction que l'on pressentait dans diverses œuvres qui nous mènent de Savinien Cyrano de Bergerac puis Voltaire Micromégas où voyagent des habitants de l'étoile Sirius, à Thomas More ou même à Lucien de Samosate. Ces auteurs ont en commun, pour arriver à leurs fins, d'exploiter le If Et si… en français. En traitant un à un ses thèmes principaux, Wells en a fait un genre littéraire et dans son sillage, aidé par Orson Welles, a préparé l'explosion de la science-fiction le mot science-fiction fait son apparition pour la première fois aux États-Unis en 1929, à l'occasion du lancement de la revue Science Wonder Stories.

Clins d'œil à H. G. Wells

Le personnage d'Herbert George Wells est apparu dans de nombreux romans, films et séries télévisés :
Le réalisateur George Pal fait de Wells son voyageur dans le temps dans un film daté de 1960, La Machine à explorer le temps. La plaque fixée à la machine porte à ce propos la mention humoristique «Manufactured by H. George Wells fabriqué par H. George Wells.
Dans le roman et le film intitulés C'était demain Time After Time, 1979, le personnage de H. G. Wells est joué par l'acteur britannique Malcolm McDowell qui part à la recherche de Jack l'Éventreur après que ce dernier lui a volé sa machine à voyager dans le temps. Il se retrouve alors à San Francisco en 1979.
Wells est un personnage semi-récurrent de la série Loïs & Clark, les nouvelles aventures de Superman.
Le roman de Stephen Baxter intitulé Les Vaisseaux du temps se présente comme la suite du célèbre roman de Wells, La Machine à explorer le temps, pour fêter le centenaire de sa publication. Dans son œuvre, l'auteur britannique reprend des technologies, des jargons et des personnages tirés de divers romans de Wells et fait directement référence à Wells en interpellant l'auteur, mon ami.
Dans le roman de C. S. Lewis intitulé Cette hideuse puissance That Hideous Strength, le personnage de Jules est une caricature de H. G. Wells.
La photo de H. G. Wells apparaît accrochée au mur du domicile d'un voyageur dans le temps, Alex Hartdegen, dans la version filmée de La Machine à explorer le temps, réalisée par l'arrière-petit-fils de l'auteur, Simon Wells, en 2002.
Dans son roman intitulé La Machine à explorer l'espace The Space Machine, 1976, Christopher Priest rend hommage à H. G. Wells en proposant une version modifiée de sa machine à remonter le temps. Dans le roman, le héros part sur la planète Mars et se trouve être le témoin d'une guerre civile martienne où s'affrontent des tripodes.
Dans la série Lost, dans l'épisode 14 de la saison 5, James Sawyer Ford surnomme Daniel Faraday H.G. Wells, en raison des théories du physicien.
Le 21 septembre 2009, Google change son logo pour rendre hommage à H. G. Wells.
Dans la série Warehouse 13, principalement la saison 2, H.G. Wells est une femme, Helena Georgina Wells. Grande scientifique, elle fabriqua de nombreux « artefacts ». Elle fut même agent du Warehouse 12 et tente de devenir agent du Warehouse. Elle a aussi écrit l'œuvre littéraire, publiée sous le nom de son frère qui la dissimulait derrière « sa moustache » selon elle.
Dans le clip du groupe Thirty Seconds To mars, "This is War" datant du 4 avril 2011, nous pouvons voir une citation de H. G. WELLS : "If we don't end war, war will end us."
Dans l'épisode 6 de la saison 11 des Simpson "Homer perd la boule" on peut voir des Morlocks de l'adaptation de "la machine à explorer le temps" de 1960. Les Morlocks sont également cités dans l'épisode 3 de la saison 13 "les maux de Moe".
Dans le premier épisode de la saison 4 de la série Sanctuary, le Dr James Watson déclare, après avoir appris que le Dr Helen Magnus a effectué un voyage dans le temps, qu'"H.G. serait extatique" s'il l'apprenait.
H.G Wells est un personnage énigmatique et récurrent de la websérie - New Earth, réalisée par Guillaume Bouiges.
H.G. Wells est le personnage central du roman de David Lodge A Man of Parts paru en français chez Payot et Rivages (2012) sous le titre "Un homme de tempérament".
Dans The Big Bang Theory Les 4 personnages principaux achètent une machine à voyager dans le temps et Sheldon rencontre des Murlocks tout au long de l'épisode.
Dans Doctor who , un des compagnons du docteur se nommait Herbert et est écrivain venant du 19e siècle. Plus tard quand il retourne chez lui, il dit s'appeler Herbert George Wells.
Dans Les Enquêtes de Murdoch, série 3, épisode 8 Futur imparfait, Wells apparaît comme membre d'une société défendant l'eugénisme. Il essaye de séduire Julia.
Felix J. Palma met en scène H.G. Wells dans son roman El Mapa del tiempo, paru en France sous le titre La Carte du temps en 2013 chez Pocket. Il intervient, grâce à son imagination, dans le passé et le futur et mélange les univers parallèles. Sont également évoqués Jack l'Eventreur et le film de Georges Pal.
Une phrase de H.G Wells est prononcée par le personnage principal du jeux vidéo Métro 2033 à la fin de celui-ci, la phrase est "Si on n'en finit pas avec les guerres, les guerres en finiront avec nous"

Œuvres

1887 : A Tale of the Twentieth Century, nouvelle
1888 : Les Argonautes à la conquête du temps, The Chronic Argonauts, nouvelle
1888 : The Devotee of art
1889 : Walcote
1891 : La Redécouverte de l'unique The Rediscovery of the Unique, essai
1893 : Textbook of Biologie, un manuel de Biologie
1893 : Entre étudiants A Slip Under the Microscope, nouvelle
1894 : Une fâcheuse histoire d'amour In the Modern Vein: an Unsympathetic Love Story), nouvelle
1894 : Le Triomphe d'un taxidermiste The Triumphs of a Taxidermist, nouvelle
1894 : Deux Ex Machina The Lord of the Dynamos, nouvelle
1894 : À l'observatoire d'Avu In the Avu Observatory, nouvelle
1894 : La Déconvenue de Jane ou Les Amours de Jane The Jilting of Jane, nouvelle
1894 : Par la fenêtre Through a Window ou At a Window, nouvelle
1894 : L'Île de l'aepyornis The Aepyornis Island, nouvelle
1894 : La Folie du diamant The Diamond Maker, nouvelle
1894 : Le Diamant disparu ou Une affaire d'autruches A Deal With Ostriches, nouvelle
1894 : L'Étrange Orchidée ou Une orchidée extraordinaire ou L'Orchidée extraordinaire the Flowering of the Strange Orchid) ou (The Strange Orchid, nouvelle
1894 : Le Cambriolage d'Hammerpond Park The Hammerpond Park Burglary, nouvelle
1894 : Un blanc qui deviendra nègre ou Le Vol du microbe The Stolen Bacillus, nouvelle
1894 : Le Cône The Cone, nouvelle
1894 : The Man with a nose
1894 : A Misunderstood artist
1894 : The Thing in n°7
1894 : The Thumbmark
1894 : A Family elopement
1894 : How Gabriel became Thompson
1895 : Triste histoire d'un critique dramatique The Sad Story of a Dramatic Critic, nouvelle
1895 : Un étrange phénomène The Remarkable Case of Davidson's Eyes, nouvelle
1895 : Le Trésor dans la forêt The Treasure in the forest, nouvelle
1895 : La Tête du mari histoire macabre Pollock and the Porroh Man, nouvelle
1895 : Le Phalène inconnu Genus Novo ou Le Phalène The Moth ou Genus Novo ou A Moth, nouvelle
1895 : La Machine à explorer le temps The Time Machine, son premier roman
1895 : Une catastrophe A Catastrophe, nouvelle
1895 : L'Homme volant The Flying Man, nouvelle
1895 : La Tentation d'Harringay The Temptation of Harringay, nouvelle
1895 : La Merveilleuse Visite The Wonderful Visit, roman
1895 : The Sad story of a dramatic critic
1895 : The Reconciliation
1895 : Wayde's essence
1895 : Le Mari terrible; c'est le titre anglais de la nouvelle
1895 : Our little neighbor
1895 : How Pingwill was routed
1896 : L'Île du docteur Moreau The Island of Doctor Moreau, roman
1896 : La Burlesque Équipée du cycliste The Wheels of Chance ou Les Roues de la Chance, roman
1896 : Sous le bistouri Under the Knife ou Slip Under the Knife, nouvelle
1896 : Les Champignons rouges The Purple Pileus, nouvelle
1896 : Le Trésor du rajah The Rajah's Treasure, nouvelle
1896 : La Chambre rouge The Red Room, nouvelle
1896 : Dans l'abîme In the Abyss) nouvelle
1896 : La Pomme The Apple, nouvelle
1896 : L'Histoire de feu M. Evelsham The Story of the Late Mr Evelsham, nouvelle
1896 : Les Pirates de la mer The Sea Raiders, nouvelle
1896 : L'Histoire de Plattner The Plattner Story, nouvelle
1897 : Les Argonautes de l'espace The Argonauts of the Air, nouvelle
1897 : Mon héritage The Lost Inheritance, nouvelle
1897 : L'Homme invisible The Invisible Man, roman
1897 : Récits de l'âge de pierre A Story of the Stone Age, nouvelle
1897 : L'Œuf de Cristal The Crystal Egg, nouvelle
1897 : L'Étoile The Star, nouvelle
1897 : A Perfect gentleman on wheels
1897 : The Presence by the fire
1897 : Mr Marshall's doppelganger
1898 : Les Vacances de M. Ledbetter Mr. Ledbetter's Vacation, nouvelle
1898 : Le Cœur de Miss Winchelsea Miss Winchelsea's Heart, nouvelle
1898 : L'Homme qui pouvait accomplir des miracles The Man who Could Work Miracles, nouvelle
1898 : Le Corps volé The Stolen Body, nouvelle
1898 : La Déification de Jimmy Goggles ou Le Nouveau Dieu Jimmy Goggles the God, nouvelle
1898 : Le Tracas de vivre The trouble of life, nouvelle
1898 : Le Choix d'une épouse On the Choice of a Wife, nouvelle
1898 : La Guerre des mondes The War of the World, roman
1899 : Quand le dormeur s'éveillera When the Sleeper wakes ou The Sleeper awakes, roman
1899 : Une histoire des temps à venir A Story of the Days To Come, nouvelle
1899 : Le Trésor de M. Brisher Mr Brisher's Treasure, nouvelle
1900 : L'Amour et Mr Lewisham, Love and Mr Lewisham, roman social
1900 : Une vision du jugement dernier A Vision of Judgement, nouvelle
1901 : Anticipations Anticipations of the Reaction of Mechanical and Scientific Progress upon Human Life and Thought, essai
1901 : Un rêve d'armaggedon ou Un Rêve d'apocalypse A Dream of Armageddon, nouvelle
1901 : L'Aviateur Filmer Filmer, nouvelle
1901 : Les Premiers Hommes dans la Lune The First Men in the Moon, roman
1901 : Le Nouvel Accélérateur The New Accelerator, nouvelle
1902 : Miss Waters The Sea Lady ou Miss Waters, roman
1902 : La Découverte de l'avenir The Discovery of the Future, essai
1902 : L'Apprenti fantôme ou L'Histoire du fantôme inexpérimenté ou Un fantôme sans expérience ou L'Histoire d'un fantôme inexpérimenté The Story of the Inexperienced Ghost) ou The Inexperienced Ghost, nouvelle
1902 : The loyalty of Esau common
1903 : M. Skelmersdale au pays des fées Mr Skelmersdale in Fairyland, nouvelle
1903 : La Plaine des araignées The Valley of Spiders, nouvelle
1903 : Les Cuirassés de terre The Land Ironclads, nouvelle
1903 : La Vérité concernant Pyecraft The Truth about Pyecraft, nouvelle
1903 : Mankind in the Making, essai
1903 : Le Bazar magique The Magic Shop, nouvelle
1904 : La Nourriture des dieux ou Place aux Géants The Food of the Gods, roman
1904 : Le Pays des aveugles The Country of the Blind, nouvelle
1905 : Kipps, Kipps, roman social
1905 : Une utopie moderne, A Modern Utopia, roman
1905 : Le Royaume des fourmis ou L'Empire des Fourmis The Empire of the Ants, nouvelle
1905 : The Story of the last trump
1905 : The Wild asses of the devil
1906 : Au temps de la comète In the Days of the Comet, roman
1906 : La Porte dans le mur The Door in the Wall, nouvelle
1906 : The Future in America
1908 : La Guerre dans les airs The War in the Air roman
1908 : New Worlds for old
1909 : Anne Véronique, Ann Veronica, roman social
1909 : Une fable au clair de Lune The Beautiful Suit, nouvelle
1909 : Tono-Bungay, Tono Bungay roman social
1910 : L'Histoire de M. Polly, The History of Mr Polly, roman social
1910 : Petite mère sur le Moederberg Little Mother Up the Möderberg, nouvelle
1911 : Le Nouveau Machiavel The New Machiavelli, roman
1912 : Mariage Marriage, roman
1912 : Le Grand État The Great State, essai
1914 : La Destruction libératrice The World Set Free, roman
1914 : Mon premier aéroplane My First Aeroplane, nouvelle
1914 : An Englishman Looks at the World essai
1914 : The war that will end war
1915 : Bealby
1916 : M. Britling commence à voir clair Mr. Britling Sees It Through, roman
1916 : What is coming
1917 : Dieu l'invisible roi God the Invisible King, essai
1917 : La Guerre et l'Avenir, l'Italie, la France et la Grande-Bretagne en guerre War and the Future: Italy, France and Britain at War
1918 : Jeanne et Pierre Joan and Peter, roman
1919 : La Flamme immortelle The Undying Fire, roman
1919 : Préface du journal intime de W. N. P. Barbellion, Le Journal d'un Homme Déçu The Journal of a Disappointed Man
1920 : Esquisse de l'histoire universelle The Outline of History, essai
1921 : The Grisly folk
1922 : Les Coins secrets du cœur The Secret Places of the Heart, roman
1923 : M. Barnstaple chez les hommes-dieux Men Like Gods, roman
1923 : Men like gods
1924 : A Year of prophesying
1924 : The Pearl of love
1925 : Le Père de Christine Alberte Christina's Alberta's father, roman
1926 : The World of William Clissold
1927 : Un rêve...une vie..., roman
1928 : Le Fantôme de Camford The Camford Visitation roman
1928 : La Conspiration au grand jour The Open Conspiracy, essai
1929 : La Science de la vie The Science of Life, trilogie avec Sir Julian Huxley, essai
1930 : La Dictature de M. Parnham The Autocracy of Mr Parnham, roman
1932 : The Queer story of Brownlow's newspaper
1932 : A Short history of the world
1933 : The Shape of Things to Come
1934 : Experiment in autobiography
1935 : Things to come
1936 : Le Joueur de croquet The Croquet Player, roman
1937 : Brynhild Brynhild, roman
1937 : Dolorès Apropos of Dolores, roman
1937 : Enfants des étoiles Star Begotten, roman
1937 : Answer to prayer
1938 : Une idée d'encyclopédie mondiale permanente The Idea of a Permanent World Encyclopaedia, essai
1939 : The Fate of homo sapiens
1940 : Nouvel ordre mondial The new world order
1941 : Un homme averti en vaut deux You can't be too Careful roman
1945 : L'Esprit moderne au bout du Rouleau Mind at the End of its Tether essai
1945 : Le Coin du rêve The Happy Turning: a Dream of Life, essai

Lien

http://youtu.be/iHX5dALQ5M0 L'homme invisible


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Posté le : 20/09/2014 22:35
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Françoise Giroud
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Le 21 septembre 1916 à Lausanne en Suisse naît Françoise Giroud

née Lea France Gourdji morte, à 86 ans, le 19 janvier 2003 à l'Hôpital américain de Paris à Neuilly-sur-Seine, journaliste, écrivaine et femme politique française.
Son pseudonyme de Françoise Giroud, quasi anagramme de Gourdji, que lui avait inventé Maurice Diamant-Berger pour travailler à la radio vers 1938, est officialisé par un décret paru au Journal officiel du 12 juillet 1964.
Vice-présidente du Parti radical-socialiste et de l'UDF, elle a été deux fois secrétaire d’État, et fut une personnalité majeure de la presse française.
Elle est secrétaire d'État à la Culture du 24 août 1976 au 30 mars 1977 sans le premier gouvernement Barre, son prédécesseur est Michel Guy, son successeur Michel d'Ornano, puis elle est secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de la Condition féminine de 16 juillet 1974 à 24 août 1976 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing dans le premier Gouvernement Chirac, elle a pour sucesseur Yvette Roudy en 1981


En bref

En 1945, Hélène Lazareff lui confie la rédaction du magazine Elle, fonction qu'elle assumera jusqu'en 1953. En 1951, elle rencontre le journaliste Jean-Jacques Servan-Schreiber, et devient sa compagne. C'est avec lui que, en mai 1953, elle fonde L'Express, premier magazine hebdomadaire français consacré à l'actualité générale et politique ; tous les autres suivront son exemple. À travers ce journal, le couple mènera plusieurs combats : lutte pour l'indépendance de l'Indochine puis de l'Algérie, soutien à Pierre Mendès France, campagne pour Monsieur X (Gaston Defferre), lutte en faveur de la pilule et de la légalisation de l'avortement... Françoise Giroud devient directrice de la rédaction de L'Express en 1963, puis directrice de la publication, de 1971 à 1974. En 1964, L'Express change de formule, en imitant avec succès ses homologues et prédécesseurs américains.
Pendant ces années, Françoise Giroud traverse des périodes difficiles sur le plan personnel. En 1959, Jean-Jacques Servan-Schreiber la quitte ; quelque temps après, elle fait une tentative de suicide aux barbituriques. En 1972, son fils, Alain-Pierre Danis, meurt en montagne à l'âge de trente et un ans. Elle soigne alors sa dépression nerveuse sur le divan de Jacques Lacan.
Ses convictions la conduisent ensuite à s'engager en politique. En 1974, elle appelle à voter pour François Mitterrand dans Le Provençal. Pourtant, c'est sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing qu'elle est nommée secrétaire d'État chargée de la Condition féminine, le 16 juillet 1974, auprès du Premier ministre Jacques Chirac. Elle abandonne alors ses fonctions au sein du groupe L'Express. Elle fait adopter plus de cent mesures destinées aux femmes, mais perd le combat pour l'égalité des salaires. En août 1976, elle devient secrétaire d'État à la Culture dans le cabinet de Raymond Barre, fonction qu'elle assumera jusqu'en mars 1977. Vice-présidente du Parti radical, puis de l'U.D.F., elle se présente et échoue aux élections municipales de mars 1977 dans le XVe arrondissement de Paris, sur la liste U.D.F. conduite par Michel d'Ornano. Elle démissionne de la vice-présidence de l'U.D.F. en 1979. En 1981, elle appelle à voter pour François Mitterrand.
Elle retrouve le journalisme en 1983, comme éditorialiste au Nouvel Observateur, chargée d'une rubrique sur la télévision. Elle collabore également au Figaro et au Journal du dimanche.
Commandeur de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du mérite, elle a publié une trentaine d'ouvrages. Parmi ceux-ci, on compte un recueil de portraits de personnalités Françoise Giroud vous présente le Tout-Paris, 1952, le récit de son expérience au gouvernement La Comédie du pouvoir, 1977, des recueils de souvenirs Leçons particulières, 1990 ; Journal d'une Parisienne, 1994, 1996 et 1997 ; Arthur, ou le Bonheur de vivre, 1997 ; Profession journaliste, 2001..., des biographies Alma Mahler, ou l'Art d'être aimée, 1988 ; Cœur de tigre, 1995 ; Cosima la sublime, 1996... et de nombreux romans Le Bon Plaisir, 1983 ; Mon Très Cher Amour, 1994 ; Les Taches du léopard, 2003....

Sa vie

Fille d'une juive séfarade et d'un journaliste turc né à Bagdad, Lea France Gourdji est la fille de Salih Gourdji, directeur de l'Agence télégraphique ottomane à Constantinople, et d'Elda Farragi, tous deux israélites de l'Empire ottoman.
Son père, né à Constantinople après des études de droit à Paris, épouse Elda Faraggi, de Salonique, fille d'un médecin-major, colonel dans l'armée turque. Salih Gourdji meurt précocement de la syphilis le 9 février 1927 à Ville-Évrard ce qui met sa mère en grave difficulté financière.
Élève au lycée Molière Paris, Lea France Gourdji décide de travailler à quatorze ans, et quitte l'école. Après un diplôme de dactylo décroché à l'école Remington, elle est employée dans une librairie du boulevard Raspail.
Contrainte, à moins de seize ans, de gagner sa vie après le décès de son père et la ruine de sa mère, elle devient vendeuse dans une librairie parisienne. Elle rencontre le réalisateur Marc Allégret, un ami de ses parents, qui l'encourage à se tourner vers le cinéma. Elle est scripte sur le tournage de Fanny 1932, puis de La Grande Illusion de Jean Renoir 1936 et enchaîne les films à des titres divers : scripte, assistante-metteur en scène, coscénariste et scénariste notamment pour Antoine et Antoinette, de Jacques Becker.

Le cinéma et les débuts de journaliste

Grâce aux relations de sa famille, amie de Marc Allégret, qui l'introduit d'abord auprès d'André Gide dont elle devient un temps la secrétaire, elle commence une carrière dans le cinéma à Paris. Dès 1935, sous le nom de France Gourdji elle apparaît dans le générique du film Baccara d'Yves Mirande. Puis elle devient la première femme française scripte de cinéma en étant la script-girl de Marc Allégret; dont elle tombe amoureuse alors que celui-ci entretient une relation avec l'actrice Simone Simon et de Jean Renoir, dont elle est l'assistante-metteur en scène à partir de 1937, puis de Jacques Becker dont elle est coscénariste puis scénariste sous le nom de Françoise Giroud ; ces différents métiers lui font découvrir son talent pour l’écriture.
Après l'exode de sa famille à Clermont-Ferrand où réside sa sœur Djénane lors de la Seconde Guerre mondiale, elle retourne travailler pour le cinéma à Nice puis à Paris. Baptisée avec sa mère en 1942 par l'abbé Bardet qui antidate leurs certificats à 1917, elle obtient un droit de travail pendant l'Occupation COIC sous son pseudonyme professionnel de Françoise Giroud, en se déclarant catholique11. Elle écrit également des contes dans Paris-Soir, dont la rédaction principale est installée à Lyon et des chansons comme Le Charme slave pour Andrex.
Françoise Giroud est, selon ses propres dires, un modeste agent de liaison dans la Résistance pendant la guerre. Elle est arrêtée par la Gestapo sur dénonciation et est incarcérée à Fresnes de mars à juin 1944, date à laquelle le collaborateur Joseph Joanovici la fait libérer.

Le journalisme

Au sortir de la guerre, elle est engagée par Hélène Lazareff comme directrice de rédaction 1945-1953 pour la création de Elle, alors magazine moderne et féministe. Elle écrit à l'époque aussi des portraits dans France Dimanche, l'Intransigeant et France-Soir. Ses convictions se sont affirmées, elles se révéleront dans ses prises de position contre la guerre d'Algérie, quand elle fonde L'Express, en 1953, avec son amant Jean-Jacques Servan-Schreiber, ce qui lui vaut le plasticage de son appartement 1962. Elle reste à la tête de ce journal jusqu'en 1974 en tant que directrice de la rédaction, puis de la publication, et comme présidente du groupe Express-Union, entre 1970 et 1974. Elle intervient dans Italiques en novembre 1971 pour parler de Kate Millett, Germaine Greer et Norman Mailer sur le féminisme, en mars 1972 pour commenter l'œuvre de Bertrand de Jouvenel, défendue par Raymond Aron, puis en novembre 1972 pour présenter son livre Si je mens. Françoise Giroud publie en parallèle à sa carrière journalistique plusieurs essais, dont La Nouvelle Vague, portrait de la jeunesse en 1958, inventant cette expression qui servira ensuite à qualifier le style des nouveaux cinéastes issus des Cahiers du cinéma.

La politique

Malgré un appel à voter François Mitterrand en 1974, elle milite au sein du Parti radical pour la modernisation sociale promise par Valéry Giscard d'Estaing et devient secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de la Condition féminine, entre juillet 1974 et août 1976, où elle lance cent une mesures en faveur des femmes mise en place de droits propres pour les femmes, lutte contre les discriminations, ouverture des métiers dits masculins, etc. Comme secrétaire d'État à la Culture jusqu'en mars 1977, elle entérine les décisions prises avant elle comme la loi sur l'architecture du 31 janvier 1977 et la création des DRAC.
Candidate aux élections municipales de 1977 à la demande de Giscard d'Estaing et de Michel d'Ornano, dans le 15e arrondissement de Paris, elle est au cœur d'un scandale : le sénateur Maurice Bayrou, compagnon de la Libération, porte plainte pour port illégal de la médaille de la Résistance. Djenane, sœur de Françoise, qui a créé et animé un des premiers mouvements de résistance à Clermont-Ferrand dès 1941, a reçu cette distinction après avoir été internée au camp de Ravensbrück. Selon Christine Ockrent et Laure Adler, une lettre reçue par leur mère prouverait que cette médaille aurait été attribuée aux deux sœurs mais que Françoise, qui avait rejoint le mouvement de sa sœur en 1944, n'était pas allée la chercher. Ce scandale entraîne son retrait des élections parisiennes et sa non reconduite au sein du nouveau gouvernement Barre. Sa bonne foi sera finalement reconnue et le procureur classe l'affaire en 1979.
Françoise Giroud quitte la politique en 1979 et, inspirée par sa fréquentation des ors du pouvoir, elle écrit La Comédie du pouvoir puis Le Bon Plaisir 1983, adapté au cinéma. Ce dernier livre, publié aux éditions Mazarine, raconte l'histoire d'un président de la République qui cache l'existence d'un enfant adultérin. Cependant elle ignorait tout de l'existence de l'enfant caché de François Mitterrand.
Associée à un groupe d'intellectuels français dont Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali, Philippe Mahrer, Marek Halter, Alfred Kastler prix Nobel de physique, Guy Sorman et Robert Sebbag ainsi qu'à des médecins, journalistes et écrivains, elle fonde en 1979 l'association Action contre la faim ACF.
Elle était membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité ADMD.

Retour à l'écriture

À sa sortie du gouvernement, L'Express vient d'être vendu à James Goldsmith, et Raymond Aron, éditorialiste du magazine, s'oppose à sa réintégration. Elle signe des chroniques dans le JDD, en est licenciée pour avoir critiqué Paris Match qui trahissait le secret de François Mitterrand et Mazarine Pingeot. En 1983, Jean Daniel lui propose d'être éditorialiste au Nouvel Observateur, où elle écrit durant vingt ans des chroniques de télévision. Elle produit également plusieurs émissions de télévision et publie essais, biographies et romans à succès. Elle est alors appelée comme membre du jury du prix Femina en 1992.
Elle a également été membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.
Le 16 janvier 2003, à la sortie d'une première à l'Opéra-Comique, déjà affaiblie par une première chute, la semaine précédente, alors que Florence Malraux est partie chercher leur vestiaire, elle descend le grand escalier et tombe la tête la première. Le lendemain, elle travaille tout l'après-midi à un livre d'entretiens avec Albina du Boisrouvray. Au soir, elle tombe dans le coma, et est transportée à l'Hôpital américain de Paris où elle meurt le 19 janvier sans avoir repris conscience. Elle a été incinérée le 22 janvier au crématorium du Père-Lachaise. Selon sa volonté, sa fille Caroline Eliacheff dispersa ses cendres sur des rosiers.

Vie privée

Françoise Giroud est la mère de deux enfants : un garçon Alain-Pierre Danis, né à Nice en 194125, mort d'un accident de ski le 15 mars 1972 à Tignes, fils caché d'Elie Nahmias, directeur d'une société pétrolière et une fille Caroline Eliacheff née à Boulogne en 1947 de son mariage avec Anatole Eliacheff, producteur de cinéma
À la fin des années 1950, alors qu'elle attend un enfant de Jean-Jacques Servan-Schreiber, elle doit avorter et développe par la suite une grossesse extra-utérine. Françoise Giroud pense que c'est la stérilité provoquée par cette opération qui fait que Servan-Schreiber se sépare d'elle pour épouser une stagiaire de vingt ans, Sabine Becq de Fouquières, ce qui la pousse à l'envoi de lettres antisémites aux futurs époux et à leurs parents28 et à une tentative de suicide aux barbituriques en 1960. Cependant, dans son livre Histoire d'une femme libre publié de façon posthume en 2013 elle revient sur ces faits et nie avoir envoyé ces lettres.
À la suite de ce suicide raté, elle entame en 1963 auprès de Jacques Lacan une nouvelle phase, beaucoup plus sérieuse et intense, de sa psychanalyse, qu'elle évoque dans Arthur ou Le bonheur de vivre et à laquelle elle consacre huit pages dans Leçons particulières. Elle donne comme titre à un de ses derniers ouvrages l'aphorisme par lequel elle résume la leçon qu'elle tire du changement de position subjective qu'a été l'aboutissement de cette psychanalyse : On ne peut pas être heureux tout le temps .
La mort en 1984 de son dernier compagnon, l'éditeur Alex Grall, qu'elle aide à mourir dignement, la fait replonger dans la dépression.

Rapport à la judéité

Catholique par un jeu de circonstances et athée par conviction, Françoise Giroud niera toute sa vie sa judéité pour respecter une promesse faite à sa mère. Elle ne révèlera son origine à son petit-fils Nicolas, le futur rabbin Aaron Eliacheff, qu'au printemps 1988. Elle s'expliquera sur ce sujet dans un roman posthume, Les Taches du léopard, Fayard, 2003.

Honneurs

Commandeur de la Légion d'honneur
Commandeur de l'ordre national du Mérite

Œuvres Publications

Françoise Giroud vous présente le Tout-Paris, coll. L'Air du temps, Gallimard, 1952. Préface de Marcel Achard
Nouveaux Portraits Première édition : Gallimard, 1953. Deuxième édition : Gallimard, coll. « L'Air du temps » no 35, 1954, 287 p. (notice BnF no FRBNF321706525)
La Nouvelle Vague, portraits de la jeunesse, coll. L'Air du temps, Gallimard, 1958
« L'Aventurier du journalisme » in Entretiens, Roger Vailland, éditions Subervie, 1970
Si je mens, Stock, 1972
Une Poignée d'eau, Robert Laffont, 1973
La Comédie du Pouvoir, Fayard, 1977
Ce que je crois, Grasset, 1978
Une femme honorable, Fayard, 1981 ; biographie de Marie Curie38
Le Bon Plaisir, éditions Mazarine, 1983
Christian Dior, Éditions du Regard, 360 pages, 500 illustrations 1987
Ecoutez-moi: Paris-Berlin, aller-retour avec Günter Grass, Maren Sell, 1988
Alma Mahler, ou l'art d'être aimée, Robert Laffont, 1988
Leçons particulières, Fayard, 1990
Jenny Marx ou la Femme du diable, Robert Laffont, 1992, prix Gabrielle d'Estrées
Le Journal d'une Parisienne, Le Seuil, 1994
Mon très cher amour, Grasset, 1994
Les Hommes et les femmes', avec Bernard-Henri Lévy, Orban, 1994
Cœur de tigre, Plon-Fayard, 1995
Cosima la sublime, Plon-Fayard, 1996
Chienne d'année : 1995, Journal d'une Parisienne vol. 2 , Le Seuil, 1996
Gais-z-et contents: 1996, Journal dune Parisienne vol 3, Le Seuil, 1997
Arthur ou le bonheur de vivre, Fayard, 1997
Deux et deux font trois, Grasset, 1998
Les Françaises, de la Gauloise à la pilule, Fayard, 1999
La Rumeur du monde, journal 1997 et 1998 , Fayard 1999
C’est arrivé hier. Journal 1999, Fayard, 2000
Histoires presque vraies Fayard, 2000
Profession journaliste, conversation avec Martine de Rabaudy, Hachette Littératures, 2001
On ne peut pas être heureux tout le temps, Fayard, 2001 autobiographie
Lou, histoire d'une femme libre, Fayard, 2002
Demain déjà, journal 2002-2003, Fayard 2003
Les Taches du léopard, Fayard, 2003
Histoire d'une femme libre, Gallimard, 2013

Textes de chansons

Sur des musiques de Louis Gasté :
Le Petit Chaperon Rouge, créée par Lisette Jambel 1944
Un par un vont les Indiens, chantée par Lisette Jambel, Josette Daydé, les Sœurs Étienne 1944
Quand Betty fait Boop paroles écrites en collaboration avec Louis Gasté pour le film Le Roi des resquilleurs, créée par Josette Daydé 1945
Ce n'était pas original, chantée par Jacqueline François 1945
Sur une musique de Georges van Parys, 1944 :

Il avait le charme slave, chantée par Andrex
Françoise Giroud a aussi composé des chansons pour Danielle Darrieux et Tino Rossi

Cinéma

1932 : Fanny de Marc Allégret : scripte
1935 : Baccara d'Yves Mirande : assistante-réalisatrice
1935 : Le Bébé de l'escadron de René Sti : assistante-réalisatrice
1937 : La Grande Illusion de Jean Renoir : scripte
1942 : Promesse à l'inconnue d'André Berthomieu : scénariste
1943 : Le Secret de Madame Clapain d'André Berthomieu : scénariste
1945 : L'ange qu'on m'a donné de Jean Choux : scénariste
1945 : Marie la Misère de Jacques de Baroncelli : scénariste
1946 : Au petit bonheur de Marcel L'Herbier : scénariste
1947 : Fantômas de Jean Sacha : scénariste
1947 : Antoine et Antoinette de Jacques Becker : scénariste
1949 : Ce siècle a cinquante ans : scénariste
1949 : Dernier Amour de Jean Stelli : scénariste
1950 : La Belle que voilà de Jean-Paul Le Chanois : scénariste
1951 : Les Petites Cardinal de Gilles Grangier : scénariste
1952 : L'Amour, Madame de Gilles Grangier : scénariste
1952 : Une fille sur la route de Jean Stelli : scénariste
1953 : Un trésor de femme de Jean Stelli : adaptation et dialogues
1953 : Julietta de Marc Allégret : scénariste
1959 : La Loi La Legge de Jules Dassin : scénariste
1976 : Maso et Miso vont en bateau : ministre
1985 : Le Quatrième Pouvoir de Serge Leroy : scénariste
1991 : Marie Curie, une femme honorable feuilleton TV de Michel Boisrond : scénariste

Liens
http://youtu.be/Bzck93NKCik Interview
http://youtu.be/dlXfFoBCUdE "Le bon plaisir" chez Pivot
http://youtu.be/ib-lzH-f8-Q Françoise Giroud par F. Laure Adler
http://youtu.be/-NHYk6jcIg8 Françoise Giroud parle de L'AICF


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Posté le : 20/09/2014 22:13
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Henry de Montherlant
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Le 21 septembre 1972, Paris7éme, à 77 ans meurt Henry de Montherlant

de son nom complet Henry Marie Joseph Frédéric Expedite Millon de Montherlant, né le 20 avril 1895 à Paris 7e, romancier, essayiste, auteur dramatique, poète et académicien français.Il reçoit le prix Northcliffe en 1934, ses Œuvres principales sont,
Les Jeunes Filles entre 1936-1939, La Reine morte en 1942, Le Maître de Santiago en 1947, La Ville dont le prince est un enfant entre 1951 - 1967

Héritier du culte barrésien de l'énergie, il exalte dans ses romans les Olympiques, 1924 ; les Bestiaires, 1926 les passions qui développent la vigueur physique et morale puis exprime sa vision de moraliste désabusé dans des récits les Célibataires, 1934 ; les Jeunes Filles, 1936-1939 qui tournent en dérision l'âme féminine. L'héroïsme et la haine du sentimentalisme se retrouvent dans ses drames, qui ressuscitent l'austérité de la tragédie classique la Reine morte, 1942 ; le Maître de Santiago, 1948 ; Malatesta, 1950 ; la Ville dont le prince est un enfant, 1951 ; Port-Royal, 1954 ; le Cardinal d'Espagne, 1960. Ne pouvant supporter de devenir aveugle, il se suicide. Académie française, 1960.

En bref

Pendant cinquante ans de vie littéraire, Montherlant a pris au mot tout ce qu'il sentait, convoitait, sans jamais perdre de vue l'idée de la mort. Ce ne sont pas seulement les êtres qui meurent, c'est la terre qui roule dans le vide. Dès lors, la vie des personnages de Montherlant sera un naufrage accepté lentement et plein du court étonnement de naître et de vivre.
Montherlant est le grand styliste du XXe siècle. Son ton n'appartient qu'à lui. Il sait aussi bien manier la longue phrase que communiquer en traits rapides son insolence, ou donner un profond mouvement à sa prose pour laisser fondre un cœur qui se reprend aisément, car il y a toujours une partie de lui qui juge l'auteur – ce dont témoignent assez les magnifiques Carnets.
Dans son premier livre, La Relève du matin 1920, Montherlant fait don aux plus jeunes de tout ce qu'il a appris au collège avant la mobilisation et la guerre, qui a tué les meilleurs. Ou brûlant, ou glacé, il faut que soit présent le flot de la sensibilité catholique, de peur que la mémoire ne meure. Le Songe, roman publié en 1922, est une transposition de la guerre imprégnée de L'Iliade. L'existence des soldats de 1914-1918 est haussée au rang des héros mémorables. Description conventionnelle, certes, mais convention vivace qui rendra Montherlant très nationaliste, et capable de se mobiliser de lui-même en 1938 et en 1940. Des livres comme Mors et Vita 1932, L'Équinoxe de septembre 1938 prédiront que la paix est illusion et que l'Europe va se prêter à une nouvelle folie. Mais parallèlement, avec Service inutile 1935, Montherlant n'en fera pas moins apparaître le monde comme une suite de conflits d'images ou d'idées qui ne méritent pas qu'on meure pour eux.
Un moment, avec Les Olympiques 1924 qui, proses et vers réunis, est l'un de ses plus beaux livres, Montherlant crut que la force qu'il prêtait à l'espèce humaine comme à tout ce qui vit pouvait devenir ardente, souple, artiste, et être canalisée dans la compétition sportive. Il a agi de même avec la corrida, considérée dans Les Bestiaires 1926 comme un combat singulier de la bête contre l'homme. Mais son départ en 1925, pour un voyage en Méditerranée qui va durer neuf ans, lui apprendra quelle étrange machine est la terre humaine. Là, il va côtoyer des foules qui ont faim. Il rencontrera tour à tour chez les indigènes d'Afrique du Nord la loyauté et la trahison. Il réalisera ses poussées sexuelles. Il connaîtra la terreur de vivre seul comme les plus démunis des hommes. Montherlant voudra être le Tolstoï de la décolonisation et rêvera dans La Rose de sable, roman écrit en 1930-1931 et qui ne paraîtra qu'en 1968, d'un colonialisme qui permettrait à la bienveillance de descendre sur les peuples les plus pauvres. La même vaine inspire Les Célibataires 1934. Cette fois, c'est sur la pauvreté où était tombée en 1920-1925 sa propre famille que Montherlant s'apitoie avec une ironie tendre qui fait toute la beauté de son œuvre.
Pour l'avoir subie dans sa jeunesse, Montherlant a toujours haï la pauvrerie. En mal de gros droits d'auteur, il publie de 1936 à 1939 les quatre livres des Jeunes Filles qui, tirés à plus d'un million d'exemplaires, ont créé une tension extrême entre les deux sexes. S'il a revalorisé la sensualité, Montherlant a aussi présenté les hommes et les femmes comme deux groupes rivaux également menteurs, également doucereux. Avec lui, on voit le couple entrer dans une danse risquée menant du viol au mariage, lequel équivaut à l'étranglement par mort lente, adultère et vanité mêlés.

Sa vie Les origines familiales

Henry de Montherlant est né à Paris le 20 avril 1895. Fortune et titres étaient la hantise de la famille. Dès lors qu'il épousait la fille du comte de Riancey, directeur du journal L'Union, organe du comte de Chambord, Charles Millon, le père de Montherlant, devait faire savoir qu'il était comte. On était en République, sa famille n'eut donc aucune peine à le faire admettre le jour de ses noces. Cette imposture tourna Henry de Montherlant vers le merveilleux. Il passa une partie de sa jeunesse à lire Saint-Simon, à puiser dans Plutarque et l'Antiquité les leçons d'énergie qui caractérisent le noble, tout en se disant que la vraie noblesse crée son propre courage, et qu'il tiendrait sa fierté de ses livres seuls.
De dix à treize ans, s'inspirant de Quo Vadis, Montherlant écrivit de cinq à six heures par jour. À ces récits, il préféra bientôt des œuvres personnelles : poèmes, ébauches théâtrales
La famille Millon, devenue Millon de Montherlant en 1864, par la voie gracieuse adjonction de nom par l'autorité administrative était, selon le généalogiste Louis de Saint Pierre, une famille de petite et ancienne noblesse, ce qui est d'ailleurs confirmé dans Le Grand Armorial de France dressé par Henri de Jougla de Morenas et Raoul de Warren.
Les armoiries des Millon sont décrites comme suit dans l’armorial de d’Hozier de 1696 : de sinople à la tour d’argent maçonnée de sable, enflammée de gueules, surmontée de deux épées du second garnies d’or posées en sautoir. Donc, les quatre quartiers de noblesse paternels Millon de Montherlant, Malinguehen, Bessirard de la Touche, Mauge du Bois-de-Entes ont été prouvés par MM. de Soulès et admis par l’ordre de Malte, sur rapport de M. de Cressac. Quant aux quatre quartiers maternels, les Camusat de Riancey sont nobles depuis 1709, les Lefebvre des Vaux depuis 1823 avec titre de baron en 1825, les Potier de Courcy depuis la guerre de Cent Ans, et les Gourcuff depuis les Croisades. Les Millon de Montherlant possédèrent plusieurs châteaux surtout au XIXe siècle, l'un d'eux, qui se trouve à Montherlant dans l'Oise, est classé monument historique depuis 2003.
Henry de Montherlant descend de François Millon de Montherlant.

La vocation littéraire

Henry Millon de Montherlant envisage très tôt de faire œuvre d'écrivain. À l’âge de 7 ou 8 ans, il écrit déjà de petits volumes et s’amuse à rédiger des préfaces et des postfaces. Ses récits ont pour cadre, souvent, l’Antiquité. Ce sera d'abord l'expérience du journal intime, détruit à la fin de sa vie. Son père décède lorsque Montherlant a 19 ans, sa mère une année plus tard. C'est probablement elle qui lui donnera le goût de la littérature. Quo Vadis ? de Henryk Sienkiewicz, dont elle lui fait la lecture, marquera l'ensemble de sa vie : ce roman historique lui apporte une double révélation, la révélation de l'art d'écrire, et la révélation de ce que je suis, dit-il en 1957-58. Il lui fournira les thèmes qu'il abordera tout au long de son œuvre, l'amitié, Rome et le suicide.
Renvoyé du collège Sainte-Croix pour pédérastie en mars 1912, Montherlant va commencer à dix-huit ans un récit où il va essayer d'expliquer l'affaire de mœurs à sa façon, de dégager cette partie de lui-même qui lui permettra de revivre son adolescence au collège. De ce récit, véritable for intérieur, Montherlant tirera deux œuvres : La Ville dont le prince est un enfant 1951 et, cinquante-six ans après la sanction qui le frappa, Les Garçons 1969. La poésie, la purification des passions par l'écriture, un désir porté à l'infini donnent à ces deux œuvres une grande puissance de rayonnement.
À la fin des Garçons, lorsqu'il évoque l'abbé de Pradts, en qui il a mis beaucoup de lui-même, Montherlant laisse entendre qu'il eût pu devenir un prêtre sans la foi. La guerre de 1914 le détourna de ce projet. Réformé en 1915, puis requis en août 1917, Montherlant, soldat auxiliaire, sera blessé au cours d'un exercice de tir loin des lignes. Qu'importe, le poste de secrétaire général de l'ossuaire de Douaumont, œuvre qu'il fonde en 1920, le rend vaillant entre tous
Il termine ses études à l’Institution Notre-Dame de Sainte-Croix à Neuilly, connue pour ses options catholiques progressistes proches du Sillon ; il aura Paul Archambault comme professeur de philosophie en 1911. Il y est dispensé d'éducation physique et d'instruction religieuse, mais, passionné par l'Antiquité romaine, il se révèle un excellent latiniste, et se montre aussi doué pour le dessin. Initié très jeune à la tauromachie, il exécute deux mises à mort de taurillons à l’âge de quinze ans. Son renvoi du collège Sainte-Croix de Neuilly lui fournit, bien des années plus tard, le thème de deux de ses œuvres, La Ville dont le prince est un enfant 1951 et Les Garçons 1969. Philippe Giquel, qui lui inspira le jeune héros de La Ville dont le prince est un enfant, deviendra un as de l'aviation durant la Grande Guerre, puis un journaliste réputé dans le domaine de l'aéronautique. Sa vocation littéraire se confirme avec sa première pièce, L'Exil, écrite à l'âge de dix-neuf ans, en novembre-décembre 1914. Le héros de cette pièce est un jeune snob autant de mise que d'esprit, qui croit pouvoir se débarrasser de son genre par un engagement volontaire, alors que sa mère l'empêche de s'engager.

Le culte des vertus antiques

Nourri par la lecture de Barrès, de Nietzsche et de Plutarque, il trouve un idéal dans le courage et les vertus antiques. Il apprécie particulièrement le Satyricon de Pétrone, qu'il préfacera plus tard. Il torée en Espagne avant 1914.
Durant la Première Guerre mondiale, il est affecté au service auxiliaire. En février 1918, il se porte volontaire pour être versé dans un régiment d'infanterie de première ligne. Parti au front pour mourir, il en revient grièvement blessé, selon le texte de sa citation, par sept éclats d'obus dans les reins, dont un seul put être extrait. En 1919, il devient secrétaire général de l’Œuvre de l’Ossuaire de Douaumont ; impressionné par l'exemple des Grecs d'Homère proclamant qu'en se battant, ils n'ont pas de haine, eux qui pouvaient voir en l'adversaire de la veille l'ami que l'on s'est fait par la lance, Montherlant restera fidèle toute sa vie à ces valeurs de respect pour l'adversaire qui a loyalement accompli son devoir : aussi souhaite-t-il que l'Ossuaire soit dédié à la gloire de l'homme, et donc aussi du soldat allemand, afin de mettre tout-à-fait hors d'atteinte la part humaine vraiment admirable qui s'était exercée à Verdun.
Patriote sans être nationaliste, il décrit dans Le Songe, paru en 1922, le courage et l'amitié des combattants. De 1920 à 1925, il se tourne vers le sport, notamment l'athlétisme, la tauromachie, l'équitation et le football, et fréquente les stades, où il renoue avec la fraternité des tranchées. Avec Les Olympiques en 1924, il évoque les heures de poésie que le sport nous fit vivre, dans la grâce — la beauté parfois — des visages et des corps de jeunesse, dans la nature et dans la sympathie. La même année paraît Chant funèbre pour les morts de Verdun, écrit comme un acte de piété tel que celui d'allumer une petite lampe sur un des tombeaux de son pays. Ces œuvres, en lui apportant la notoriété, lui en retirent aussi le goût : l'attrait du bonheur et de la vie devient plus fort que tout, et, selon sa propre expression, il prend le large. Laissant ses biens mobiliers au garde-meubles, il quitte la France le 15 janvier 1925 pour l'Italie, le Maroc espagnol et surtout l'Espagne.

Un théâtre de la sensibilité

En 1942, Jean-Louis Vaudoyer eut la bonne idée de commander à Montherlant une pièce espagnole pour la Comédie-Française. Le théâtre est le lieu de la grande feinte, donc de l'irresponsabilité. Tout y est interprété. Se défendant de la force obscure et vague des idéologies, ne faisant chanter à ses personnages que le chant mystérieux qui a toujours pleuré ou tonné en lui, Montherlant a écrit des œuvres qui le placent parmi les grands génies dramatiques : Shakespeare, Racine, Schiller, Hugo, Claudel.
Apparemment à l'écart de l'actualité, ces pièces sont tout de même imprégnées par les circonstances. La Reine morte 1942, c'est Hitler et tous les chefs de peuples, le pouvoir devenu un père monstrueux et qui, sachant qu'il va mourir, punit tout ce qui vit. Fils de personne 1943, c'est la tragédie des adultes qui, ayant perdu la guerre de 1940, croient recouvrer leur honneur en faisant œuvre de moralistes auprès de gamins qui eux-mêmes s'enlisent dans la France de l'Occupation et du marché noir. Malatesta 1943 est une tragédie de l'aveuglement. Le Maître de Santiago 1945-1947 évoque la fin de la colonisation, Port-Royal 1954 la tragédie d'un catholicisme janséniste lassé de tout, même de l'espérance, et où le salut devient un mystère. Face à un monde sans Dieu, le chrétien peut-il encore croire par une jouissance taciturne de lui-même ?
Montherlant a fait dire à un personnage du Cardinal d'Espagne 1966 : Il y a deux mondes, le monde de la passion et le monde du rien ; c'est tout. Aujourd'hui, je suis du monde du rien. Ses deux derniers romans, Le Chaos et la nuit 1963 et Un assassin est mon maître 1971, Montherlant semble les avoir écrits pour se persuader qu'il faut partir. Dans Le Chaos et la nuit, un vieil anarchiste espagnol est las d'avoir souffert trente ans dans la prison de ses illusions révolutionnaires et il saisit la nuée fasciste et la nuée communiste entre ses deux bras pour les écraser l'une contre l'autre. Ce pour quoi il a vécu est mort, il n'a plus peur de la mort. Dans Un assassin est mon maître, un bibliothécaire n'espère plus rien et appréhende tout. L'indifférence des autres le conduit insensiblement à la mort. Après ces deux romans et un beau livre de mémoires où il salue les ombres et les chimères qui ont entouré son adolescence Mais aimons-nous ceux que nous aimons ?, Montherlant peut entrer dans la mort le 21 septembre 1972. Cyanure et revolver, pendant cinquante ans Montherlant avait caressé ces armes qui nous remettent à la loi de l'inconnu après qu'on a ouvert dans notre esprit les portes des ténèbres – des ténèbres qui, pour Montherlant, sont toujours restées entrebâillées.

La crise des voyageurs traqués

En amateur passionné des civilisations du bassin méditerranéen16, principalement celle de la Rome antique, de l’Espagne, et des Arabes, c'est dans leurs contrées qu'il va errer jusqu'en 1932, s'adonnant à ses plaisirs et à ses sports favoris. C'est ainsi qu'à la fin de 1925, dans un élevage près d'Albacete, il est renversé par un taurillon, et le coup de corne qu'il reçoit taillade la périphérie de son poumon. Victime d'une typhoïde et de deux congestions pulmonaires, il passe quatre mois de 1926 dans des maisons de santé, et entre en convalescence à Tanger.
Dès 1925, la crise que traverse le jeune Montherlant est pour une part une crise de satiété sensuelle : J'eus sur-le-champ tout ce que je voulais, et sur-le-champ en eus par-dessus la tête. Mais elle se double aussi d'une crise métaphysique : Pourquoi vivons-nous ? Et à quoi bon ? Parti pour se livrer au détachement, il accumule les renoncements pour mieux se forger une existence tout entière de travail, lecture et réflexion, délivrée de tout ce qui n'est pas l'essentiel. Cessant de sourire à la gloriole, selon ses propres termes, il renonce à la vanité sociale, ce cancer qui ronge le monde civilisé. Il renonce à l'ambition et à l'idée de faire carrière ; il renonce à l'action, tenue dès cette époque pour risible, fors quand elle est charité ; il renonce au désir d'argent et aux intérêts du monde ; il renonce enfin au mariage. Sur le plan spirituel, il abandonne un grossier amalgame du paganisme avec un catholicisme décoratif et fantaisiste d'où tout christianisme était absent : désormais, il se tiendra à l'écart de la religion mais en la respectant. Quant à la violence du fort sur le faible, de l'Européen sur l'indigène, qu'il constate en Afrique du nord, elle a pour effet de le dégoûter de toute violence pour la vie.
Il vit trois mois par an à Paris en été et le reste du temps en Afrique du Nord. Ces séjours dans l'Algérie au début des années 1930 sont à l'origine de sa réflexion sur le principe colonial : dans ses errances, il est au contact de ces parias du peuple que sont les indigènes coloniaux, et malgré le conflit où il se trouve pris entre la patrie et la justice, il compose l'œuvre intitulée La Rose de Sable où il dénonce sous la forme romanesque les excès de la France coloniale. De retour en France en avril 1932, devant le réarmement de l’Allemagne, il publie dans le journal La Liberté un long article sur l'état de la France qui ne se prépare pas à la guerre inévitable, où le sentiment national et l'esprit public font défaut. De crainte d'ajouter aux difficultés de la France, dans un temps où le pays allait avoir besoin de tout ce qui lui restait de forces pour se défendre à la fois contre l'ennemi du dehors et contre son gouvernement, il renonce à publier La Rose de Sable. Cette publication sera étalée sur une trentaine d'années entre 1938 et 1968.
De la crise traversée par Montherlant, dénouée en 1929, se dégage, selon ses propres dires, un homme meilleur à l'équilibre retrouvé.

Montherlant durant la Seconde guerre mondiale

Dès les années 1930, il invite par de nombreux articles et ouvrages à intervenir contre l'Allemagne nazie, 1936, puis 1938. Dans L'Équinoxe de Septembre, Septembre 1938, il attaque violemment la tentation défaitiste et la lâcheté des chefs de gouvernement Daladier et Chamberlain, ce dernier qualifié de Marx brother de la Paix : Les chefs des grandes démocraties accourant l'un après l'autre, gravissant l'Olympe en suppliants pour embrasser les genoux du Jupiter à la mèche, suspendus à un froncement de ses sourcils, sans d'ailleurs prendre la peine de s'en cacher, le flattant du bout des doigts, tandis qu'ils font dans leur culotte.
Après les accords de Munich, le 29 septembre 1938, un des journaux français ayant demandé une minute de silence, Montherlant s'indigne : Chaque jour, avec une savante technique de la bassesse, on s'efforce de donner à la France une âme et une morale de midinette, Ce n'est pas de minutes de silence que nous avons besoin, c'est d'avions, Monsieur Daladier. La publication de L’Équinoxe de septembre sera interdite par l'occupant nazi pendant trois semaines en 1941.
Réformé pour blessures de guerre après 1918, empêché par deux congestions pulmonaires de reprendre du service en 1939, il assiste aux combats de la Somme et de l'Oise comme correspondant de guerre pour l’hebdomadaire Marianne: Le Solstice de Juin est ainsi consacré à la bataille de France de mai-juin 1940. Il y rappelle les paroles de six écrivains qui ont soutenu sa fermeté dans ces heures douloureuses où la vie des soldats était presque chaque jour en jeu, paroles qu'il conservait dans son portefeuille, transcrites sur un carton bristol. Dans cet essai, il défend notamment une amitié chevaleresque entre vainqueur et vaincu, à l'issue des combats, et nourrit une relation ambiguë à l'idéologie nazie, réclamant la création d'un : organisme qui ait pouvoir discrétionnaire pour arrêter tout ce qu'il juge devoir nuire à la qualité humaine française. Une sorte d'inquisition au nom de la qualité humaine française ; il voit en la victoire allemande le renversement d'un monde pourri : La victoire de la Roue solaire n'est pas seulement victoire du Soleil, victoire de la paiennie. Elle est victoire du principe solaire qui est que tout tourne... Je vois triompher en ce jour le principe dont je suis imbu, que j'ai chanté, qu'avec une conscience entière je sens gouverner ma vie. De même, il exalte la force quelle qu'en soit la fin : Le combat sans la foi, c'est la formule à laquelle nous aboutissons forcément si nous voulons maintenir la seule idée de l'homme qui soit acceptable : celle où il est à la fois le héros et le sage. Cela lui vaudra la réputation de collaborateur et des ennuis passagers à la Libération.
Cependant, de nombreux éléments montrent que ce n'était pas un collaborateur : dès 1940, il a refusé de participer à la rédaction de La Gerbe, dont le fondateur n'est autre qu'Alphonse de Châteaubriant, également président du groupe Collaboration ; il refuse de se rendre à Weimar, à l'invitation des Allemands, avec beaucoup d'autres écrivains français comme Robert Brasillach, Marcel Jouhandeau ou Abel Bonnard ; il refuse de publier dans les journaux ou revues collaborationnistes. Son dossier, successivement examiné par la Direction générale des services spéciaux du 2e Bureau, par la Commission d'épuration de la Société des gens de lettres, par la Haute Cour et par la Chambre civique, sera à chaque fois classé sans suite. Le 9 septembre 1944, un manifeste des écrivains français demande le juste châtiment des imposteurs et des traîtres . Montherlant n'est pas nommé.
Des résistants auraient reproché à Montherlant de s'être dérobé à certaines responsabilités. Montherlant répond qu'il ignorait tout de la Résistance. Léon Pierre-Quint, membre du Comité national des écrivains résumera en octobre 1945 le dossier Montherlant : La seule accusation qui pourrait être reconnue contre lui, ce n'est pas d'avoir pris un mauvais parti, c'est de n'avoir pas pris de parti du tout ; il s'agirait de savoir si un écrivain a le droit, pendant l'occupation de son pays, de rester indépendant et de vouloir garder sa liberté d'esprit, — s'il est autorisé, alors que deux camps se disputent le monde, à se tenir à l'écart.
Le Dossier Montherlant sera examiné par plusieurs organismes : en septembre 1944, la Direction générale des services spéciaux du 2e Bureau rend un non-lieu ; en février 1945, la Commission d'épuration de la Société des gens de lettres ne retient aucune charge contre l'écrivain, après l'avoir entendu. Un tribunal d'épuration composé de certains écrivains de la Résistance lui inflige une peine, une interdiction professionnelle de six mois rétroactifs de non-publication. Ils furent deux « juges sur huit à se déplacer pour entendre Montherlant; en mai 1945, la Haute Cour classe l'affaire à la suite d'une information contre Montherlant; pendant l'été 1945, une information contre Montherlant devant la Chambre civique se solde par un classement sans suite. Il n'y aura jamais d'instruction.

Le retrait après la Guerre

En rupture avec la société contemporaine, cherchant à transcender les luttes partisanes, il se consacre à l'écriture de son théâtre depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y peint la grandeur et la misère des hommes et des femmes d'honneur, tiraillés par leurs passions, souvent trahis et perdus.
Durant la période de l'après-guerre, il est également l'auteur de nombreux dessins réalisés à la mine de plomb, des esquisses représentant tour à tour des scènes de tauromachie, des hommes en habits de lumière et quelques nus féminins ou masculins. Il renoncera cependant au dessin, expliquant que tout ce qui n'est pas littérature ou plaisir est temps perdu.
En 1960, Montherlant est élu à l'Académie française sans en avoir fait expressément la demande, fait rare mais non unique

La mort volontaire

En 1959, une insolation modifie son rythme de vie et provoque l'accident qui, en 1968, lui fait perdre l'usage de l’œil gauche. Devenant ensuite quasi aveugle à la suite de cet accident, il se suicide le jeudi 21 septembre 1972, le jour de l'équinoxe de septembre, quand le jour est égal à la nuit, que le oui est égal au non, qu'il est indifférent que le oui ou le non l'emporte, mettant ainsi en pratique jusqu'au bout l'équivalence des contraires de sa philosophie morale. À son domicile du 25, quai Voltaire à Paris, il avale une capsule de cyanure et, simultanément, se tire une balle dans la bouche, de crainte que le cyanure ne soit éventé. Montherlant laisse un mot à Jean-Claude Barat, son légataire universel : Je deviens aveugle. Je me tue. De cette mort volontaire, Julien Green écrit quelques jours plus tard : Ayant inventé un personnage tout de bravoure et d'éclat, Montherlant a fini par le prendre pour lui et s'y est conformé jusqu'à la fin.
Ses cendres sont dispersées à Rome, sur le Forum, entre les pierres du temple de Portunus ou temple de la Fortune virile et dans le Tibre, par Jean-Claude Barat et Gabriel Matzneff.

Les points controversés Montherlant et les garçons

Montherlant s'est toujours efforcé de cacher son homosexualité et de minimiser les rapports autobiographiques que l'on pouvait supposer entre ses œuvres traitant des garçons et sa vie sentimentale. Pour certains, son roman Les Garçons reflète assez précisément ses amours de jeunesse, comme il s'en est d’ailleurs expliqué ouvertement dans ses derniers écrits, par exemple dans Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? publié en 1973. Les Garçons a été publié en 1969, mais des passages significatifs à cet égard n'ont paru que dans la version de La Pléiade. L'auteur a toujours affirmé que son roman Les Garçons était une œuvre imaginaire construite à partir de sa courte expérience d'élève à Sainte-Croix de Neuilly et de son amitié avec Philippe Giquel dont la fille sera sa filleule.
Pierre Sipriot a écrit que Montherlant se serait souvent avancé masqué afin de cultiver une forme de secret. Par exemple sur sa date de naissance, qu'il a falsifiée, se rajeunissant d'un an il a, de plus, voulu naître le 21 avril, jour de la fondation de Rome et même l'Académie française s'y est perdue puisqu'elle donne dans sa notice officielle la date du 30 avril, ou dans le domaine de sa vie privée : Roger Peyrefitte a publié la correspondance partiellement codée qu'il a entretenue avec Montherlant en en fournissant le décryptage, semblant démontrer qu'il l'accompagnait dans sa recherche de garçons entre 1938 et 1941.
La biographie de Sipriot, qui s'appuie principalement sur Roger Peyrefitte, laisse entendre que Montherlant, au moins sur la fin de sa vie, aurait entretenu des relations sexuelles avec des jeunes hommes. D'autre part, Sipriot prétend que Peyrefitte et Montherlant faisaient des virées ensemble et entretenaient à eux deux des mères de familles complaisantes. Montherlant, qui pressentait ces révélations, avait écrit dans ses derniers carnets :
Aussitôt que je serai mort, deux vautours, la Calomnie et la Haine, couvriront mon cadavre pour qu’il leur appartienne bien à eux seuls et le déchiquetteront.
Ces révélations posthumes ont pu modifier l'image qui dominait à son sujet de son vivant, contraignant certains à renoncer à un Montherlant idéalisé, et d'autres à le relire de plus près.

Montherlant et les femmes

On a aussi montré que beaucoup de femmes s’éprirent de cet ennemi des femmes, qui affiche un goût pour les valeurs viriles et fraternelles selon l'Académie française.
Son oeuvre est traversée par un courant fortement misogyne, ainsi que le souligne Simone de Beauvoir, qui lui consacre la première partie du chapitre deux de la troisième partie Mythes de son essai Le Deuxième Sexe. C'est notamment dans les quatre romans qui forment le cycle romanesque des Jeunes Filles que se déploie cette vision négative des femmes, où les "bêtes féminines" sont "malades, malsaines, jamais tout à fait nettes" et où le héros masculin s'inscrit toujours dans un rapport foncièrement asymétrique avec la femme : "Prendre sans être pris, seule formule acceptable entre l'homme supérieur et la femme". C'est le même discours qu'il développe dans La Petite Infante de Castille : "Ce qui est agaçant chez les femmes, c'est leur prétention à la raison".
Jacques Laurent tempère ce trait de caractère : Il y a chez lui un peu de misogynie — mais pas systématique, sans méchanceté... et en général amusante. Il ne faut pas la ramener comme l'a fait par exemple Pierre Sipriot à son homosexualité. Montherlant est par ailleurs resté en contact suivi et prolongé des décennies durant avec des femmes comme Elisabeth Zehrfuss, Jeanne Sandelion, Alice Poirier, la Comtesse Govone et Banine ou encore la poétesse Mathilde Pomès et le professeur et critique Marguerite Lauze, qu'il fréquente en toutes sortes d'occasion : concerts, restaurants, voyages, recherche d'imprimeurs et d'éditeurs.
Lauze, qui fut sa compagne durant trente ans, fut désignée comme son unique héritière avec son fils Jean-Claude Barat à partir de 1952. Selon Marie-Christine Giquel, qui le tiendrait de son père, lequel le tiendrait lui-même de Montherlant, celui-ci serait le père de deux enfants.

Œuvres

Montherlant est l'auteur d'une très abondante œuvre littéraire comprenant pour l'essentiel des romans, récits, pièces de théâtre et essais, mais aussi des notes de carnets, de la poésie et une correspondance. L'essentiel de cette œuvre est disponible aux éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade deux tomes de romans, un tome de théâtre, un tome d'essais incluant les carnets.

Romans

La Jeunesse d'Alban de Bricoule :
Le Songe 1922
Les Bestiaires 1926
Les Garçons 1969
Les Célibataires 1934
Les Jeunes Filles :
Les Jeunes Filles 1936
Pitié pour les femmes 1936
Le Démon du bien 1937
Les Lépreuses 1939
Le Chaos et la Nuit 1963
La Rose de sable 1968 - Une première version, tronquée, a été publiée sous pseudonyme en 1938 ; une autre en 1954.
Un assassin est mon maître 1971
Publications posthumes :
Thrasylle 1984
Moustique 1986

Théâtre

L'Exil 1914 - 1929
Pasiphaé 1936
La Reine morte 1942
Fils de personne 1943
Un incompris 1943
Malatesta 1946
Le Maître de Santiago 1947
Demain il fera jour 1949
Celles qu'on prend dans ses bras 1950
La Ville dont le prince est un enfant 1951 - 1967
Port-Royal 1954
Brocéliande 1956
La Mort qui fait le trottoir Don Juan 1956
Le Cardinal d'Espagne 1960
La Guerre civile 1965

Récits

Les Voyageurs traqués :
Aux fontaines du désir 1927
La Petite Infante de Castille 1929
Un voyageur solitaire est un diable 1961
Publications posthumes :
Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? 1973
Le Fichier parisien 1974
Coups de soleil 1976
Quelques mois de féerie, quelques jours de galère. Inédits nord-africains 1926-1940 1995

Essais

La Relève du matin 1920
Les Olympiques 1924
La mort de Peregrinos 1927
Mors et vita 1932
Service inutile 1935
L'Équinoxe de septembre 1938
Les Nouvelles chevaleries 1941
Le Solstice de juin 1941
Textes sous une occupation 1940-1944 1963
Discours de réception à l'Académie française et réponse du duc de Lévis Mirepoix 1963
Le Treizième César 1970
La Tragédie sans masque. Notes de théâtre 1972
Essais critiques 1995, publication posthume.

Carnets

Carnets 1930-1944 1957 dans Essais 1963, La Pléiade, p. 965-1369
Va jouer avec cette poussière 1958-1964 1966
La Marée du soir 1968-1971 1972
Publications posthumes :
Tous feux éteints 1965, 1966, 1967, 1972 et sans dates 1975
Garder tout en composant tout Derniers carnets, 1924-1972 2001

Poésie

Encore un instant de bonheur 1934

Correspondance

Henry de Montherlant - Roger Peyrefitte, Correspondance 1938-1941, présentation et notes de R. Peyrefitte et Pierre Sipriot, Robert Laffont, 1983
Henry de Montherlant, Lettres à Michel de Saint-Pierre, préface de Michel de Saint-Pierre, Albin Michel, 1987
Correspondance avec Philippe de Saint Robert, in Bibliographie.

Divers

Pages catholiques, recueillies et présentées par Marya Kasterska, Plon, 1947
Dessins, préface de Pierre Sipriot, Copernic, 1979

Illustrateurs

Certaines œuvres de Henry de Montherlant ont donné lieu à des éditions d’art illustrées atteignant des prix de vente élevés aux enchères ou chez les libraires de bibliophilie, comme Les Jeunes Filles, illustrées par Mariette Lydis ou d’autres par Cocteau, Cami, Édouard Georges Mac-Avoy, Pierre-Yves Tremois...


La reine morte, Henry de Montherlant


La Reine morte 1942 d'Henry de Montherlant 1895-1972 est inspirée d'une pièce de l'auteur espagnol du Siècle d'or Luis Vélez de Guevara, Régner après sa mort Reinar despuès de morir, 1652, consacrée à l'histoire tragique d'Inès de Castro. La création eut lieu le 8 décembre 1942 à la Comédie-Française dans une mise en scène de Pierre Dux, avec Jean Yonnel dans le rôle du roi Ferrante et Madeleine Renaud dans celui d'Inès. Montherlant nota dans ses Carnets que la générale fut pour le moins tiède, avant que la pièce, sur laquelle on avait opéré dès le lendemain un certain nombre de coupes, ne connaisse un réel succès public. Mais il se défend avec ironie d'avoir instillé dans son texte les allusions à l'actualité des temps de guerre, que les spectateurs de tous bords se montraient inévitablement prompts à déceler.

L'importance des caractères

Ce drame en trois actes, d'une facture éminemment classique, se situe à la cour de Portugal. Le mariage qui doit unir le prince Pedro, fils du roi Ferrante, à l'infante de Navarre, se heurte à un obstacle insurmontable au regard des lois religieuses : Pedro, ainsi qu'on l'apprend au commencement de l'acte II, a épousé en secret Inès de Castro, fille naturelle, qui porte au demeurant un enfant de lui. Elle sera finalement exécutée, avant que Ferrante ne s'éteigne lui-même, et que ne lui succède sur le trône son fils en deuil.
Bien plus que le mouvement dramatique proprement dit, c'est la matière psychologique, ce que l'auteur nomme lui-même les caractères, qui constitue la véritable substance de la pièce de Montherlant. Le cadre et le personnel théâtraux, la cour de Montemor-o-velho au XIVe siècle fournissent le prétexte nécessaire à intensifier les relations, les sentiments et les antagonismes à l'œuvre, à bâtir surtout des figures hiératiques et surhumaines, mais agitées de violents tourments existentiels. Car les questions qui traversent La Reine morte se situent moins à hauteur d'homme qu'elles n'aspirent à un certain absolu. Dès lors, seuls le lustre d'un prestigieux passé, la pompe et le décorum inflexibles de quelque monarchie figée dans l'imagerie intimidante de ses rites conviennent à une telle exigence d'élévation.

Une parole théâtrale en quête d'absolu

Le littéraire en vient ici à déborder le théâtral, dans une volonté manifeste de sublimer le contenu psychologique par une parole poétique chargée d'images et de solennité. Il en va ainsi de la tonalité crépusculaire des discours de Ferrante, atteint en sa vieillesse par la vanité du pouvoir, et décidant de donner la mort alors même que ses mots trahissent l'arbitraire de toute action et de toute décision. Le mouvement dramatique est alors moins à chercher dans les conflits qui opposent les êtres entre eux que dans les retournements qui s'opèrent au sein même d'une conscience subjective. Les arrêts de celui qui détient le pouvoir ne souffrent ni contestation ni discussion, à tel point que le conflit entre personnages donne finalement lieu à une dramatisation intérieure. Écoutons Ferrante : Rien n'est trop sûr quand il s'agit de tuer. Ramenez le corps dans l'oratoire du palais. Il faudra que je le voie moi-même. Quelqu'un n'est vraiment mort que quand on l'a vu mort de ses yeux, et qu'on l'a tâté. Hélas, je connais tout cela. Exit le capitaine. Il serait encore temps que je donne un contrordre. Mais le pourrais-je ? Quel baîllon invisible m'empêche de pousser le cri qui la sauverait ? Il va regarder à la fenêtre. Il fera beau demain : le ciel est plein d'étoiles... – Il serait temps encore. – Encore maintenant. Des multitudes d'actes, pendant des années, naissent d'un seul acte, d'un seul instant. Pourquoi ?
Au demeurant, la quête d'absolu dont fait état La Reine morte aussi bien sur le plan thématique que sur le plan formel, à travers la composition dépouillée et presque privée d'événement des deux premiers actes, rejaillit sur sa nature même de texte théâtral. On imagine mal une telle œuvre se plier à la relecture, à la critique, et délivrer des significations insoupçonnées à l'épreuve de la scène. Montherlant lui-même affirmait à ce sujet, une douzaine d'année après sa création : Voir n'est pas lire, et seul le volume compte.

Liens

http://youtu.be/VHfnXCG578c Montherlant par lui-même
http://youtu.be/iYgccWF1tBg Montherlant lui-même
http://youtu.be/Hzvaryc1jtQ La reine morte


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Posté le : 20/09/2014 21:34
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Walter Scott
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Le 21 septembre 1832 à Abbotsford, à 61 ans meurt Walter Scott

Sir Walter Scott, 1er baronnet, poète, écrivain, romancier et magistrat écossais du mouvement romantique Il refuse la charge de poète lauréat en 1813, anobli en 1820, ses Œuvres principales sont La Dame du lac, Waverley, Rob Roy, Le Cœur du Midlothian, Ivanhoé, La Fiancée de Lammermoor, Quentin Durward Walter Scott naît le 15 août 1771 à Édimbourg

Avocat de formation, amateur d'antiquités, il parcourt d'abord l'Écosse à la recherche de son passé. Au tournant du xviiie et du xixe siècles, il se lance dans la littérature, publiant des textes anciens Sir Tristrem ou appartenant à la tradition populaire dans Les Chants de ménestrels de la frontière écossaise ainsi que des poèmes de son cru, comme La Dame du lac. Puis, devant la gloire montante de Lord Byron, il se tourne vers le roman écossais Waverley, avant d'évoluer vers le roman historique, avec Ivanhoé 1819 et Quentin Durward 1823.
C'est l'un des plus célèbres auteurs écossais avec David Hume de Godscroft, David Hume, Adam Smith, Robert Burns ou Robert Louis Stevenson, traditionnellement surnommé le Magicien du Nord Wizard of the North. Il est également, avec Wordsworth, Coleridge, Byron, Shelley ou Keats, l'une des plus illustres figures du romantisme britannique. Père du roman historique, il a contribué à forger une image romantique de l'Écosse et de son histoire. C'est à lui, notamment, que l'on doit le retour de l'usage du tartan et du kilt, dont le port avait été interdit par une loi du Parlement en 17465.

En bref

L'œuvre de Scott ne peut être appréciée à sa véritable valeur que replacée dans une perspective historique ; il serait en effet tout à fait injuste, et inexact, d'en faire un écrivain mineur à reléguer sur les rayons des bibliothèques enfantines. Créateur d'un genre narratif, le roman historique, Scott a exercé sur son époque une influence profonde et incontestable, et cela bien au-delà des frontières de son Écosse natale. Dans toute l'Europe, de 1820 à 1870, en Espagne aussi bien qu'en Russie, ses imitateurs se sont multipliés ; cette influence, exceptionnelle par son aire de diffusion, se révèle durable dans la mesure où elle marque une étape vers l'élaboration du roman dit réaliste caractéristique du XIXe siècle.
Homme de loi, libraire-éditeur, il recueille les ballades de sa contrée natale Ménestrels de la frontière écossaise, 1802 et s'attache à reconstituer la culture nationale : trois grands poèmes narratifs, le Lai du dernier ménestrel 1805, Marmion 1808 et la Dame du lac 1810, feront de lui le fétiche d'une semi-nation divisée. Éclipsé par Byron, il publie anonymement un roman historique : Waverley, ou il y a soixante ans 1814. Après l'immense succès de cette première tentative dans le domaine de la prose, viendront Guy Mannering ou l'Astrologue 1815, l'Antiquaire 1816, les Puritains d'Écosse 1816, le Cœur du Mid-Lothian, la Prison d'Édimbourg 1818, Rob Roy 1818, la Fiancée de Lammermoor 1819, Ivanhoé 1820, Kenilworth 1821, Quentin Durward 1823. Scott y explore diverses époques : XVIIIe siècle, Renaissance ou Moyen Âge, parfois en Angleterre mais surtout en Écosse, sans craindre de mêler personnages historiques et fictifs. Ce romanesque moderne se fonde sur un médiévalisme à implications politiques : le chevalier servant de la nation est l'élu naturel du peuple. La reconstitution pittoresque de la vie quotidienne du petit peuple séduira l'Europe. Ruiné par la faillite de son éditeur, Scott est obligé de décupler son activité dans ses ultimes années, publiant notamment une Vie de Napoléon 1827, la Jolie Fille de Perth 1828 et des Lettres sur la démonologie 1830.

Sa vie

La famille de Walter Scott appartient à une branche cadette du clan Scott, qui est installé dans la région frontière de l'Écosse et dépend de la Maison de Buccleuch. Le père de l'écrivain, Walter Scott 1729-avril 1799 est un bourgeois d'Édimbourg, qui a acheté la charge de Writer of the Signet, c'est-à-dire un procureur, pour la France de l'Ancien Régime en 1755. Sa mère, Anne Rutherford, est la fille aînée de John Rutherford, professeur de médecine à l'université ; elle descend des Haliburton de Newmains, qui disposent du droit héréditaire d'être inhumé dans l'abbaye de Dryburgh. Marié en avril 1758, le couple a douze enfants. Les quatre fils aînés meurent dans l'enfance: Robert, né le 22 août 1760, John, né le 28 novembre 1761, Robert, né le 7 juin 1763 et Walter, né le 30 août 1766. C'est également le cas de deux filles : Anne, née le 10 mars 1759, et Jean, née le 27 mars 1765. Viennent ensuite Robert, né en 1767, qui sert un temps dans la marine avant d'écrire des vers et des histoires d'aventures, et de mourir aux Indes, célibataire ; John, né en 1768, qui deviendra major dans l'armée et mourra à Édimbourg le 8 mai 1816 ; Anne, née en 1770, qui mourra le 19 mai 1801, après avoir été infirme toute sa vie ; Thomas, né en 1774, qui sera trésorier payeur d'un régiment de l'armée et mourra au Canada le 14 février 1823 en laissant un fils et deux filles ; Daniel, né en 1775, qui mourra dans le déshonneur à Édimbourg le 20 juillet 1806. Septième enfant, Walter, naît le 15 août 1771 à Édimbourg dans les vieux quartiers College Wynd, assez malsains.

En 1772, alors qu'il est âgé de huit mois, il contracte vraisemblablement la poliomyélite, confondue avec une fièvre liée à une forte poussée dentaire à une époque où cette maladie est encore inconnue de la médecine. Le diagnostic peut être posé de manière rétrospective grâce à la description détaillée que Scott lui-même en a faite. Il gardera comme séquelle définitive une claudication de la jambe droite. Pour le sauver, on l'envoie vivre au grand air chez son grand-père Robert Scott ancien marin et commerçant de bétail qui a rompu avec les opinions traditionnelles de la famille en devenant, de jacobite, whig et presbytérien à Sandyknowe, dans le Roxburghshire, où il vit de 1773 à 1775 avec sa grand-mère, sa tante Jenny et une vieille servante, Alison Wilson. Là, il découvre le monde de ses ancêtres, lit son premier poème une ballade populaire, s'indigne du récit des représailles anglaises de 1745. En 1775-1776, on l'envoie avec sa tante aux eaux de Bath ; au passage, il voit Londres, apprend à lire, son oncle Robert revenu des Indes l'emmène au théâtre voir Shakespeare. En 1777, à la mort de son grand-père, il rentre à Édimbourg. De retour à Édimbourg, il fait un nouveau séjour à Sandyknowe, où il visite le champ de bataille de Prestonpans et écoute les récits d'un vieux militaire, Dalgetty dont le nom apparaîtra dans Une Légende de Montrose. Bien que passionnément jacobite, il souffre des défaites anglaises de la guerre d'Amérique. Chez ses parents, il dévore les livres : les poètes, Shakespeare, les histoires ; sa mère favorise ses goûts littéraires.

Le goût du passé à la fin du XVIIIe siècle

D'une santé fragile sa paralysie partielle le laisse boiteux, Walter Scott, né à Édimbourg, passe une partie de son enfance dans les Highlands, chez ses grands-parents. C'est dans le cadre de la renaissance du gothique, the gothic revival que s'explique son action littéraire ; bercé par les contes, les ballades et les récits d'autrefois dont sa tante et sa grand-mère meublaient ses loisirs de petit garçon handicapé, Scott arrive dans la littérature au moment où tout un public se passionne pour un passé romanesque et idéalisé. Dès 1760, dans les Poèmes d'Ossian, James Macpherson avait prétendu remonter aux temps héroïques des bardes écossais ou anglais ; presque en même temps, l'évêque Thomas Percy rassemblait les textes d'ancienne poésie anglaise (Reliques of Ancient English Poetry, 1765 ; c'est encore à la même époque qu'on redécouvre Chaucer et que Chatterton tente d'imiter le style ancien. Scott lui-même entre en correspondance avec George Ellis en 1801, au moment où ce dernier est en train de réunir les textes des romans de chevalerie qu'il publiera plus tard. L'influence du mouvement allemand du Sturm und Drang et du groupe des écrivains de Göttingen vient renforcer ce goût du passé médiéval. Les premières publications de Scott se situent dans cette ligne : traduction de ballades de Bürger, dont Lenore et Le Chasseur sauvage en 1796, du drame de Goethe Götz von Berlichingen en 1799, édition d'un recueil de vieilles ballades écossaises qu'il complète par ses propres compositions, enfin publication de poèmes dramatiques se référant tous au passé, notamment le Lai du dernier ménestrel The Lay of the Last Minstrel, 1805, La Dame du lac, The Lady of the Lake, 1810. Cependant, et quelle que soit la place que l'on assigne à Scott comme poète, la contrainte de la métrique, les limites du genre et de la mode l'empêchent de sortir d'une certaine convention ; pour conférer un style nouveau à la reconstitution du passé, il faut que, découvrant la liberté qu'offre le genre romanesque, Scott donne libre cours à son talent de conteur et, allant au-delà du goût nostalgique du passé, accède au sens de l'histoire.

De 1779 à 1783, après y avoir été préparé par un professeur particulier, il étudie à la Royal High School d'Édimbourg, où il suit pendant deux ans les cours d'un certain Fraser, surtout réputé pour ses coups de fouet, puis d'Alexander Adam, auteur des Antiquités romaines, qui lui donne le goût de l'histoire. Il manifeste des dons remarquables pour le latin. Il lit énormément : Homère, l'Arioste, Boiardo, le Tasse, Ossian qu'il n'aime pas, Spenser, les Reliques of Ancient poetry de Percy 1765, L'Histoire des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem de Vertot 1726, Henry Fielding, Samuel Richardson, Tobias Smollett, des romans gothiques, des livres de colportage, des histoires, des récits de voyage. En 1783, il passe quelques mois à la campagne avec sa tante et fréquente l'école de Kelso, où il fait la connaissance de James et John Ballantyne.

Puis, de 1783 à 1786, il étudie le droit à l'université d'Édimbourg. Il a des difficultés avec le grec, suit les cours de Dugald Stewart, s'initie à la logique et à l'histoire. À 13 ans, il entre dans la loge Saint David, la même que celle où son père a été initié en 1755. En mars 1786, son père, qui veut en faire un homme de loi avocat ou procureur le prend en apprentissage dans son étude ; Scott déteste cette activité mais se soumet de bon cœur. Une hémorragie interne l'oblige peu après à garder le lit pendant plusieurs semaines. Il continue à lire beaucoup : de l'italien, du français la bibliothèque bleue, la Bibliothèque des Romans, La Calprenède, Mademoiselle de Scudéry, Joinville, Froissart, Brantôme, de l'espagnol Cervantes. Quand sa santé s'améliore, avec un de ses compagnons, il commence ses premières excursions historiques autour d'Édimbourg. Il entreprend de copier un recueil de chants populaires, fréquente un collectionneur de vieux livres et de vieux manuscrits, rencontre des hommes de lettres d'Édimbourg Robert Burns, Adam Ferguson, explore les Highlands avec son père ou des camarades, récolte des anecdotes anciennes ou récentes sur Rob Roy par exemple et découvre les sites historiques et pittoresques.
De 1789 à 1792, il complète ses études de droit à l'université, où il suit un enseignement de philosophie morale dispensé par Dugald Stewart, d'histoire universelle, de droit civil, de droit écossais avec David Hume, le neveu du philosophe. Cette dernière matière l'enthousiasme ; il est fasciné par ce qu'il regarde comme un élément capital de la culture et de la société traditionnelle de l'Écosse, dont l'édifice juridique bâti au cours des siècles garantit son identité. Il noue des amitiés profondes et durables W. Clerk, Adam Ferguson, le fils du philosophe, adhère à des clubs où il se fait connaître comme antiquaire et érudit, explore à cheval, pendant ses vacances, les régions reculées du Border et le Liddesdale, s'initie à tous les aspects du folklore écossais et à tous les vestiges de son histoire nationale. En 1792, à vingt-deux ans, il soutient en latin sa thèse de droit, Comment disposer des cadavres des criminels, puis entre au barreau, comme son père, où ses collègues le surnomment malicieusement Duns Scott du nom de John Duns Scot, théologien anglais de l'époque médiévale, qui écrivait en latin, et devient avocat en 1792. Entre 1793 et 1795, il s'efforce de gagner des procès et d'augmenter des revenus fort bas. En même temps, pendant ses vacances, il poursuit ses voyages d'antiquaire et de folkloriste, enregistre des anecdotes sur les hauts faits de Rob Roy, visite le château et le site de Craighall, Tully-Veolan, le château du baron de Bradwardine, dans Waverley, ainsi que le château de Glamis, rencontre Old Mortality, dont il se souviendra dans son roman, recueille des ballades perdues et tente même de faire des fouilles. Par ailleurs, opposé à la Révolution française et proche des idées d'Edmund Burke, il participe au maintien de l'ordre et s'engage dans une milice pour lutter contre les partisans des idéaux révolutionnaires en Grande-Bretagne. La protection du duc de Buccleuch lui permet de devenir adjudant. À cette époque, aussi, il connaît une passion malheureuse pour Williamina Beshes une jeune fille de cinq ans sa cadette et d'un niveau social nettement plus aisé qui se laisse aimer, avant de s'éprendre d'un autre, William Forbes de Pitsligo, fils d'un banquier avec lequel elle se fiance en octobre 1796 ; Scott, qui se sent trahi, en est très affecté.

Poète

À l'âge de 25 ans, il commence à écrire, compose le Chant de guerre du Midlothian 1792, sa première œuvre. Puis, atteint par la vogue de la poésie allemande, il apprend la langue allemande et traduit anonymement des poèmes de Bürger, des drames germaniques comme Götz von Berlichingen de Goethe en 1799 et des adaptations poétiques.
En 1797, pour répondre à des menaces d'invasion française, se forme à Édimbourg le Royal Edimburgh Volunteer Light Dragoons, dans lequel Scott s'engage avec enthousiasme. Au cours d'un voyage dans le Lake District, près de Cumberland, en compagnie de son frère John et d'Adam Ferguson, il fait la connaissance d'une jeune française émigrée, Charlotte Charpentier rebaptisée Carpenter, pupille du marquis de Downshire. Le 24 décembre 1797, il épouse à Carlisle la jeune femme, avec laquelle il aura quatre enfants : Charlotte Sophia, née à Édimbourg le 24 octobre 1799, Walter, né à Édimbourg le 28 octobre 1801, Anne, née à Édimbourg le 2 février 1803 et Charles, né à Édimbourg le 24 décembre 1805. Le couple s'installe à Édimbourg, George street, dans le quartier moderne, comme les parents de Scott, avant de rejoindre North Castle Street en 1798. L'été, il loue un cottage à Lasswade. Scott, lié par convictions et par fidélité à l'establishment tory, en particulier à Henry Dundas futur lord Melville, au duc de Buccleuch et à son fils, se fait nommer en 1799 shériff, une sorte de juge d'instruction itinérant du comté de Selkirk. Ses fonctions, qui ne l'empêchent pas de travailler au barreau d'Édimbourg, arrondissent ses revenus.
En 1802, il se fait connaître en publiant trois tomes de ballades écossaises, Les chants de ménestrels de la frontière écossaise, qui regroupent tous les poèmes populaires du sud de l'Écosse qui ont enchanté son enfance, des ballades collectées grâce à un immense travail et des imitations originales de Scott qui travaille sur des manuscrits du Moyen Âge et parcourt le Liddesdale pour écouter des récitants, tout en accomplissant ses devoirs militaires dans le corps des volontaires du Middlothian Yeomenry County. Le livre est publié par James Ballantyne, qui publiait un journal à Kelso et s'installe à Édimbourg. À la même époque, Scott se lie avec le poète populaire Hogg dit le berger d'Ettrick et avec William Wordsworth.
En 1804, il publie Sir Tristrem, une version qu'il juge plus pure que les versions continentales du roman de Tristan dont il a découvert le manuscrit, et qu'il croit de Thomas d'Erceldoune, dit Thomas le Rhymer. Il adapte et achève le manuscrit médiéval. Par ailleurs, à partir de 1803, il collabore à la Revue d'Édimbourg, malgré sa couleur whig, éditée par Archibald Constable et dirigée par Fr. Jeffrey. Pour se rapprocher de Selkirk, il songe d'abord à relever les ruines du château des Scott à Auld Watt, puis loue le domaine d'Ashestiel, qui sera sa demeure d'été pendant de longues années. L'état de ses finances s'améliore avec l'héritage de son oncle Robert Scott.

En 1805, Le Lai du dernier ménestrel connaît un grand succès, 15 000 exemplaires en 5 ans et lui apporte la célébrité. Le Premier ministre Pitt l'apprécie hautement. Installé à Ashestiel, entouré de ses chiens, de ses chevaux, servi par Tom Purdie, un ancien braconnier passé devant son tribunal et qui lui sera fidèle toute sa vie, il adopte le style de vie d'un gentilhomme-écrivain, qu'il conservera jusqu'à la fin. Pour garantir ses revenus, et grâce à ses protections politiques, il se fait nommer, en 1806, Clerk of the Court of Session, greffier de la Cour Suprême, fonction qui lui demande, six mois par an, cinq à six heures de travail par jour. Mais il n'a pu être nommé que comme successeur d'un titulaire qui continuera à recevoir des émoluments jusqu'à sa mort, et Scott remplira cette fonction sans recevoir de traitement jusqu'en 1812. En 1805, il s'associe avec Ballantyne, qui recherche des capitaux pour développer son imprimerie et reçoit la moitié des deux tiers des bénéfices de la firme Ballantyne, qui va connaître des années de grande prospérité. La même année, en décembre, un quatrième enfant, Charles, voit le jour.
Entre 1807 et 1810, Scott est à l'apogée de sa gloire comme poète. Il publie Marmion ou la bataille de Flodden Field en 1808, poème narratif dont la stance 17 du chant VI est particulièrement connue ; puis, en 1810, le très populaire La Dame du lac, long poème dont l'intrigue se situe dans les Highlands et qui lui rapporte deux mille guinées ; des passages traduits en allemand deviendront le libretto de l'Ave Maria de Schubert. Quand il va à Londres, il est fêté comme un prince de la mode. Dans le même temps, au prix d'un immense travail, il édite les classiques anglais, ses éditions de Dryden et de Swift sont des monuments d'érudition. Tory fidèle, il rompt avec la Revue d'Édimbourg, une polémique l'oppose à Jeffrey à propos de Fox et de l'intervention anglaise en Espagne et entre à la Quarterly Review, fondée en 1809, de couleur tory. De même, il abandonne Constable, trop whig pour s'entendre avec l'éditeur londonien Murray.
En 1811 paraît La Vision de Rodéric, le dernier roi goth d'Espagne, poème espagnol nourri d'allusions à la politique anglaise et aux victoires en Espagne. La même année, Scott réalise son vœu le plus cher : devenir un laird. Il achète, pour 150 livres, un cottage de quatre pièces, Cartley Hole Farm, sur les bords de la Tweed, entre Kelso et Melrose, qu'il agrandit et qui deviendra Abbotsford. Immédiatement, il commence des projets d'agrandissement, d'embellissement, d'achats de terres et de plantations d'arbres qui vont l'occuper onze ans.
En 1813, il publie anonymement Rokeby et Les Fiançailles de Triermain. La firme Ballantyne and Co connaît une grave alerte financière ; Scott dépense beaucoup et l'imprimerie marche mal. Constable accepte de les aider, mais ce n'est pas suffisant, et Scott doit demander au duc de Buccleuch une garantie de 4 000 livres. La même année, il refuse la proposition du Prince-Régent d'être nommé poète lauréat.

L'apport de Scott

Se sentant menacé par la gloire de Byron, Scott tente alors l'aventure du roman et publie, en 1814, Waverley ou Il y a soixante ans Waverley or 'Tis Sixty Years Ago. Le succès est immédiat en Angleterre ; il atteint son apogée vers 1820 avec la parution d'Ivanhoé et se maintient à un niveau plus qu'honorable jusqu'à la mort de l'écrivain, apportant à ce dernier fortune, titres et distinctions de toutes sortes. Mais le châtelain du beau domaine d'Abbotsford, qu'il avait restauré à grands frais, et où il mourut, connaît en 1826 un revers de fortune brutal par la faillite d'un de ses éditeurs ; la fin de sa vie en fut assombrie et rendue plus laborieuse encore. Plus de quarante romans historiques forment une œuvre abondante, inégale assurément, dans laquelle les goûts et les modes de l'époque, en particulier l'amour du fantastique, se manifestent parfois exagérément, mais qui marque, jusque dans ses défauts, un moment original de la littérature européenne. Si des romanciers étaient allés, bien avant Scott, chercher leurs sujets dans le passé, Mme de La Fayette, par exemple, ou Horace Walpole dans son Château d'Otrante, jamais encore la reconstitution de l'histoire n'avait présenté les caractères qu'elle offre dans les romans de Scott. Jusqu'alors, les auteurs de romans historiques entreprenaient de plonger leurs lecteurs dans le passé en créant l'illusion d'une abolition du temps, en évitant soigneusement toute allusion au décalage temporel. Scott au contraire s'adresse à un public du XIXe siècle qu'il prend à parti et auquel il explique comment vivaient ses ancêtres du XIIe siècle ou ses grands-parents d'il y a soixante ans ; son dessein est essentiellement d'ordre didactique, d'où la longueur des descriptions, leur précision, leur caractère technique. Objets et décors n'interviennent plus seulement dans leurs rapports avec l'intrigue, mais comme éléments essentiels d'une reconstitution, et les interventions de l'auteur prennent l'allure d'intrusions du présent dans le passé.

Mais ce n'est pas seulement dans sa façon de subordonner le récit à la mise en place d'un cadre historique pittoresque que Scott se distingue des auteurs qui l'ont précédé, c'est l'histoire elle-même qu'il conçoit d'une autre manière. Avant lui, la matière historique ne servait guère que d'élément décoratif destiné à mettre en valeur l'analyse des sentiments des héros. Devenue le sujet du roman, elle est présentée comme mouvement continuel, marqué par des étapes et des compromis entre les forces en présence : Waverley met ainsi en scène la douloureuse intégration d'une société féodale en décadence, celle des montagnards des Highlands, dans une monarchie constitutionnelle de type moderne, vers 1745 ; Ivanhoé, la disparition progressive, à partir du XIIe siècle, de l'antagonisme entre les conquérants normands et les vaincus saxons par une assimilation progressive qui aboutit à la formation de la nation anglaise ; La Jolie Fille de Perth The Fair Maiden of Perth, 1828, les luttes des bourgeois des villes, au XIVe siècle, pour obtenir le respect de leurs droits, face à une noblesse parasitaire dont l'idéal est celui d'une féodalité archaïque. L'intrigue amoureuse qui sert de prétexte à l'évocation historique n'a plus qu'une importance très secondaire ; elle n'intervient d'ailleurs, dans la plupart des romans de Scott, que dans la deuxième moitié du récit, une fois mis en place les véritables éléments du drame. On a souvent reproché à Scott la pauvreté de ses analyses psychologiques ; c'est bien mal entendre son dessein : le passé qu'il veut faire revivre en l'expliquant à ses lecteurs est appréhendé avec un recul tel qu'il oblige le romancier à ne plus voir ses personnages que dans leur situation face aux luttes qui se livrent, dans leurs rapports avec d'autres groupes sociaux, avec les idées qui ont cours, les intérêts qui se heurtent. Ce faisant, Scott renonce implicitement au mythe de l'homme ou du cœur humain éternels et universels qui expliquaient avant lui le traitement de l'histoire comme un magasin d'accessoires et de décors ; il met en scène des hommes qui dépendent quant à leurs sentiments, leurs idées et leurs réactions de tout un ensemble social complexe qui réagit sur eux. Il se peut que les situations soient grossies ou simplifiées, que les anachronismes et les inexactitudes soient fréquents, il n'en reste pas moins que l'innovation était considérable.

Influence

Curieusement, c'est moins en Angleterre que sur le continent que l'influence de Scott s'est surtout exercée ; il faut attendre 1820 et Ivanhoé pour que son nom franchisse la Manche, mais alors, telle une traînée de poudre, sa renommée s'étend à toute l'Europe. Des imitateurs plus ou moins habiles font du Walter Scott, tel Mariano José de Larra en Espagne qui compile plusieurs romans de Scott dans son Damoiseau de don Enrique le Dolent, El Doncel de don Enrique el Doliente, 1834 ; mais la leçon de Scott aboutit aussi à des œuvres aussi riches que Les Fiancés, I Promessi Sposi de Manzoni dont une première rédaction date de 1821-1823. Loin de nier sa dette à l'égard de Scott, Manzoni à plusieurs reprises l'a affirmée, et, en 1831, lors d'une entrevue avec l'auteur de Waverley, à Milan, il entend Scott déclarer que, si elle est due à son influence, cette œuvre italienne est son meilleur ouvrage, à lui Scott. Si en Allemagne, en raison d'un fort mouvement romantique de retour nostalgique vers un passé idéalisé, antérieur à Scott, son influence est peu importante, en Russie, en revanche, Gogol avec Tarass Boulba 1834 et Pouchkine avec La Fille du Capitaine, Kapitanskaja Dočka, 1836 se situent très précisément dans la voie qu'il a ouverte. En France, il n'est guère d'écrivains qui, entre 1820 et 1870, n'aient écrit un ou plusieurs romans historiques. Cette influence s'exerce d'abord dans le sens étroit d'une reconstitution formelle de l'histoire : soin du détail pittoresque, attention au cadre de la vie, mise quelquefois au service d'une exaltation nostalgique du passé, par rancœur pour le présent, comme dans Cinq-Mars de Vigny 1826. Mais d'autres écrivains essayent, chacun à sa manière, d'appliquer la leçon de Scott et de comprendre le passé pour le faire revivre en l'expliquant : Mérimée dans La Chronique du règne de Charles IX 1829 ou Hugo dans Notre-Dame de Paris 1831. Allant encore plus loin, Balzac, qui s'est mis à l'école de Scott dans Les Chouans 1829, élargira le champ d'application de la méthode en l'utilisant pour la peinture de la société du XIXe siècle et écrira La Comédie humaine. La vogue du roman historique à la Scott ne se prolonge pas au-delà de 1870, mais elle a permis une nouvelle définition des rapports de l'histoire et du roman, définition qui a largement contribué à ouvrir la voie du réalisme à l'écriture romanesque.

Le romancier de l'Écosse

En 1813, il reprend un roman ébauché en 1805, Waverley, qu'il publie anonymement chez Constable, en juillet 1814. L'ouvrage connaît un immense succès. Dans cet ouvrage, Scott décrit les aventures d'un jeune Anglais qui, par amour pour la fille d'un chef de clan écossais, se retrouve mêlé à la révolte jacobite de 1745. Pendant l'été, il fait le tour de l'Écosse par la mer, d'Édimbourg à Greenock, à bord du yacht de Robert Stevenson, le grand-père du romancier, inspecteur des phares. Par ailleurs, il rédige pour l'Encyclopædia Britannica, reprise par Constable trois articles sur la chevalerie, le théâtre et les romans épiques ou idylliques. En 1815, Scott publie coup sur coup, sous son nom un poème, Le Lord des îles, et un deuxième roman, anonymement, Guy Mannering, dont l'histoire se situe vers 1790. Devant l'engouement du public pour les poèmes de Lord Byron, dont l'immense succès de Childe Harold 1812, il abandonne la poésie pour se consacrer essentiellement au roman. Il se rend à Londres, où il a une longue conversation avec Byron, chez l'éditeur John Murray. Il est reçu par le Régent qui l'appelle Walter et porte un toast à l'auteur de Waverley. Puis il fait un voyage sur le continent, où il visite le champ de bataille de Waterloo et séjourne à Paris, où il est accueilli par Wellington, lord Castlereagh et le tsar. Il laisse un récit de son voyage dans les Lettres de Paul et dans La Bataille de Waterloo, édité au profit des veuves et des orphelins de la bataille en 1815.
En 1816 paraît L'Antiquaire, le roman préféré de Scott, dont l'intrigue se déroule à la fin du XVIIIe siècle. Mais ses besoins d'argent s'aggravent, pour agrandir Abbotsford, et il veut échapper à la tutelle du seul Constable. Aussi publie-t-il, toujours sous l'anonymat, une nouvelle série de romans chez l'éditeur londonien Murray et son correspondant écossais Blackwood, sous le titre Les Contes de mon hôte, dont la première série comprend Le Nain noir et Old Mortality, qui décrit la répression des Covenantaires sous Charles II en 1679. L'éditeur fictif est un personnage caricatural, Jedediah Cleishbotham, sacristain et maître d'école à Gandercleuch, qui est censé publier le travail d'un certain Peter Pattieson. En janvier 1817, Scott publie son dernier long poème, Harold l'Intrépide, puis part, durant l'été, à travers l'Écosse visiter les sites qui seront évoqués dans le roman auquel il travaille, Rob Roy. À Abbotsford, durant l'été, il reçoit la visite de Washington Irving, qui laissera un long récit de ce séjour.
En 1817 paraît Rob Roy, avec la mention par l'auteur de Waverley. Dans ce roman, il évoque la figure historique de Rob Roy et la révolte jacobite de 1715. Jouant de la rivalité qui oppose ses éditeurs, Scott consent à donner à Constable la seconde série des Contes de mon hôte, à condition qu'il reprenne tout le stock invendu de Ballantyne. Cette seconde série comprend Le Cœur du Midlothian 1818, dont l'histoire s'ouvre sur l'émeute Porteous, qui eut lieu à Édimbourg en 1736, et décrit le périple d'une fille du peuple, Jeanie Deans, pour sauver sa sœur, accusée d'infanticide. La même année, il assiste avec émotion à la redécouverte des Regalia d'Écosse, insignes de la royauté écossais qui avaient disparu depuis cent ans. Bien qu'il blâme sa prédilection pour les horreurs, moquées par Edgar Allan Poe, Scott collabore au Blackwood's Magazine, rival de l'Edinburgh Review.
À cette époque, il atteint un niveau exceptionnel de popularité et de fortune, au moins 10 000 £ de revenu annuel en Europe. En 1819, paraît la troisième série des Contes de mon hôte chez Constable, La Fiancée de Lammermoor, un roman noir à la manière de Roméo et Juliette évoquant l'amour de deux jeunes gens appartenant à des familles ennemies, dans l'Écosse vers 1669, et Une légende de Montrose qui décrit l'Écosse et les Highlands sous Charles Ier, pendant la guerre civile. Souffrant de plus en plus de sa jambe et de calculs biliaires, sous l'effet de fortes doses de laudanum, Scott dicte à John Ballantyne et à William Laidlaw ses romans dans une sorte de transe. Quand son état de santé s'améliore, il affirme à Ballantyne en découvrir les épisodes en même temps que les lecteurs, tant l'opium a troublé sa mémoire. La même année, il reçoit le titre de baronnet et obtient une commission d'officier pour son fils aîné, Walter, qui sera cornette chez les hussards.

Le roman historique

Le 24 décembre 1819, jour de la mort de sa mère, Scott, qui jusque-là décrivait le passé récent de l'Écosse, fait paraître son premier vrai roman historique avec l'évocation de l'Angleterre du xiie siècle dans Ivanhoé. En moins de deux semaines, le premier tirage de 10 000 exemplaires est épuisé. Suivent Le Monastère et L'Abbé, sur Marie Stuart en 1820, puis Kenilworth, qui raconte l'histoire d'Élisabeth et Amy Robsart et Le Pirate qui prend pour toile de fond la vie dans les Shetland à la fin du XVIIe siècle en 1821. En 1820, il fait un séjour à Londres pour recevoir du nouveau roi George IV son titre de baronnet le 30 mars. Il se fait faire un portrait par Thomas Lawrence et un buste par Chantrey. Sa fille Sophia se marie, le 29 avril, avec John Gibson Lockhart, un jeune écrivain tory, ami de la famille depuis plusieurs années, qui sera le biographe de Scott. John Ballantyne publie une collection de romanciers ; Scott se charge d'écrire un essai sur chacun d'entre eux ; il commence par une Vie de Fielding, puis celle de Smollett.
En 1822, Scott publie un roman, Les Aventures de Nigel, et deux poèmes historiques : The Halidon Hill et Mac Duff's Cross. La même année George IV fait une visite officielle en Écosse, il est le premier roi d'Angleterre à poser le pied sur le sol écossais depuis le XVIIe siècle. Scott organise les manifestations de bienvenue à Édimbourg : il fait figurer les clans, retrouve leur antique ordre de préséance, discipline les rivalités. Revêtu d'un tartan, dont il relance la mode aux couleurs des Campbell, il accompagne partout le roi qui a revêtu un kilt. Le roi le fait féliciter par Robert Peel. Scott en profite pour réclamer la restauration des pairies écossaises supprimées après les insurrections jacobites et le retour à Édimbourg du canon géant Mons Meg, saisi par les Anglais en 1746.
En 1823, il publie Peveril du Pic, roman inspiré de la rumeur de complot papiste qui avait agité l'Angleterre au xviie siècle. Puis c'est au tour de la France du XVe siècle et de la lutte entre Louis XI et Charles le Téméraire d'être décrites, à travers l'histoire d'un garde écossais, dans Quentin Durward. En revanche, c'est dans le passé récent de l'Écosse qu'il puise le sujet de Redgauntlet, paru en 1824, qui décrit l'écrasement définitif des conspirations en faveur des Stuart en 1767. De même, l'intrigue des Eaux de Saint-Ronan, pour une fois, se situe au XIXe siècle. Le 7 janvier 1825, Scott marie son fils, maintenant capitaine, à Jane Jobson de Lochore, fille de William Jobson, un marchand prospère, et nièce de sir Adam Ferguson, qui l'a instituée son héritière, et lui donne la propriété d'Abbostford contre une rente annuelle à verser. Il commence une nouvelle série de romans : les Histoires du temps des croisades, dont les deux récits, Les Fiancés et Le Talisman, paraissent la même année. Par ailleurs, Constable crée une collection de livres à bon marché les Constable's Miscellaneous paraissant tous les mois : le premier sera La Vie de Napoléon de Scott.

Les dernières années

Toutefois, tandis qu'il rassemble sa documentation, en vue de ce travail, les associés londoniens de Constable connaissent des difficultés financières. Ses deux éditeurs, Constable et Ballantyne, tombent à leur tour, entraînant Scott dans leur ruine42. En février 1826, il se retrouve avec 117 000 livres de dettes. Refusant de faire banqueroute, tout autant que l'idée, lancée par certains de ses admirateurs, d'une souscription nationale, il réussit à sauver ses biens, mais engage sa plume, se fait assurer sur la vie au profit de ses créanciers, vend aux enchères sa maison de Castle Street, à Édimbourg, hypothèque les meubles et le domaine d'Abbotsford, congédie la plupart de ses domestiques et renonce à tout autre revenu que ses fonctions. Il écrit un roman sur Cromwell et le futur Charles II à la fin de la Première Révolution anglaise, Woodstock vendu pour 8 000 livres à Longman, puis reprend La Vie de Napoléon. En même temps, il publie un pamphlet, les Lettres de Malachi Malagrowther, pour défendre les banques écossaises, menacées de perdre le droit de faire circuler leurs propres billets. La polémique lui vaut plusieurs inimitiés politiques, mais le gouvernement recule. Le 15 mai 1826, son épouse meurt.

En octobre, il part à Paris en compagnie de sa fille Anne pour faire un voyage d'études, qui doit compléter les nombreux documents mis à sa disposition par le gouvernement britannique, en vue de sa Vie de Napoléon. Il est unanimement fêté. En 1820, la traduction du roman Ivanhoé avait créé un engouement extraordinaire, qui avait lancé la mode des romans historiques, et un accord avait été passé entre son éditeur de Londres et celui de la rue de Saint-Germain-des-prés, permettant à chacun de ses livres de paraître simultanément à Londres et à Paris, avec la traduction d'Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret. Lors de son séjour, on joue Ivanhoé, sur une musique de Rossini, à l'Opéra, Louis XI à Péronne, adapté de Quentin Durward au Théâtre français, Leicester de Scribe et Auger, tiré du Château de Kenilworth et La Dame blanche, une adaptation inspirée à la fois du Monastère et de Guy Mannering à l'opéra-comique. Il est même reçu par le roi Charles X.
En 1827, pour la première fois, Scott reconnaît, au cours d'un dîner et en réponse à un toast, qu'il est le Grand Inconnu. Au début de l'été paraît en neuf volumes La Vie de Napoléon, qui crée une polémique avec le général Gourgaud qui manque de finir en duel, la première série des Chroniques de la Canongate, un recueil de Mélanges et rembourse plus de 35 000 livres.
En 1828, il continue à produire abondamment, publie la suite des Chroniques le roman La Jolie Fille de Perth, qui se situe en Écosse à la fin du XIVe siècle, commence à faire paraître les Contes d'un grand-père une histoire de l'Écosse dédiée à son petit-fils John Hugh Lockhart, dont la publication se poursuit jusqu'en 1831. En outre, il entreprend, chez l'éditeur Cadell, une réédition complète de ses romans, les Waverley Novels édition dont Scott parle comme étant son Magnum Opus ; il rédige une Préface générale, où il expose les raisons et les modalités pratiques de ses années d'anonymat qui paraîtra en 1829 et reprend tous ses romans, qu'il enrichit méthodiquement de notes.
En 1829, son second fils engage une carrière dans la diplomatie. Assisté de sa fille Anne, il publie Anne de Geierstein, qui est un succès commercial, écrit un drame, La Tragédie Ayrshire, tiré d'un fait divers du xviie siècle, une autre pièce, La Maison d'Aspen, et entame son Histoire d'Écosse. Cette même année, en réponse à un courrier enthousiaste de sir Thomas Dick Lauder, il affirme son scepticisme au sujet des allégations des frères Allen, qui prétendent posséder un manuscrit ancien attribuant des dessins de tartans spécifiques aux différents clans écossais. Cela n'empêchera pas les deux frères de publier en 1842 leur fameux Vestiarium Scoticum, qui, ironie de l'histoire, contribuera à la tradition désormais répandue d'attribuer un tartan à un clan. Toutefois, le travail l'épuise, et sa santé se dégrade ; il souffre notamment de crises de rhumatisme aiguës et de problèmes de vue. Le 15 février 1830, il a une grave attaque d'apoplexie, dont il se remet. Une seconde crise intervient en novembre. La même année, il publie la quatrième série des Contes d'un grand-père et ses Lettres sur la démonologie et la sorcellerie. Mais, affaibli, il doit résilier sa charge de Clerk of the Court of Session. Il refuse les propositions de postes ou de sinécures du ministère whig. Il lui reste 60 000 livres de dettes.

Après la révolution de 1830, il organise la réception à Édimbourg de Charles X, qui s'est réfugié au palais de Holyrood, demeure de ses ancêtres Stuart. En novembre, il est victime d'une nouvelle attaque, d'autant que l'agitation politique pour la réforme électorale lui crée de vives inquiétudes. Profondément conservateur, proche des tories, il tente de s'opposer à ce projet de loi qui sera adopté en 1832, qui vise à modifier le découpage électoral inchangé depuis l'époque des Tudor, à mieux représenter les grandes villes et à faire disparaître les bourgs pourris, et multiplie les meetings. La réforme adoptée, il est persuadé que la Révolution française va traverser la Manche et détruire les dernières traditions du Royaume-Uni. Malgré son prestige, il est violemment conspué lors d'une réunion électorale à Jedburgh.

Obsédé par ces craintes, surmené par le travail, affaibli par la maladie, il craint, par ailleurs, de perdre son génie. Son nouveau roman, Robert, comte de Paris, avance difficilement, et il doit le réécrire. Il subit une nouvelle attaque en avril 1831. Pour son dernier roman, Le Château périlleux, qui se situe dans le château de Douglas, il fait un ultime voyage à travers l'Écosse. Dans cet ouvrage, il évoque la figure du barde et devin Thomas le Rhymer et de son poème Sir Tristrem, qu'il avait édité en 1804.
Mais sa santé réclame un climat chaud. Le gouvernement met une frégate à sa disposition, et, en octobre, il part en compagnie de son gendre Lockhart pour Malte et l'Italie. Pendant le voyage, à la demande expresse de son gendre, il rédige partiellement un nouveau roman, Le Siège de Malte. Débarqué à Naples le 27 décembre 1831, deux mois après son départ de Portsmouth, il visite Rome où il s'incline devant le tombeau du dernier des Stuart, puis se repose quelque temps à Tivoli et à Frascati. Pour rentrer en Angleterre, il décide de descendre le Rhin. Néanmoins, en juin 1832, il est frappé par une nouvelle crise et débarque à Nimègue, dans un état grave. Quand il arrive à Londres, il est presque inconscient et presque muet et ne s'anime qu'en entendant parler d'Abbotsford et de l'Écosse. Ramené en bateau à Abbotsford.

Il meurt de paralysie le 21 septembre 1832. Il est enterré le 26 dans les ruines de l'abbaye de Dryburgh, où repose déjà son épouse Charlotte.

À sa mort, il devait encore 54 000 livres. Ses héritiers négocient avec Cadell la cession de ses droits d'auteur, pour lesquels l'éditeur verse 33 000 livres47.

Famille

Sir Walter Scott, 1st Bt, par Sir William Allan, 1831 National Portrait Gallery, Londres.
Marié le 24 décembre 1797 à Marguerite Charlotte Charpentier, fille de Jean Charpentier, écuyer du roi sous l'Ancien Régime, et de Charlotte Volere, Walter Scott a eu quatre enfants :

Charlotte Sophia, née à Édimbourg le 24 octobre 1799, mariée le 29 avril 1820 à John Gibson Lockhart, morte le 17 mai 1837 ;
Walter Scott, 2e baronnet d'Abbotsford (1832), né à Édimbourg le 28 octobre 1801, cornette au 18e régiment de hussards 10 juin 1819, lieutenant 24 octobre 1821, capitaine (16 juin 1825), major (28 février 1828), lieutenant-colonel du 15e Dragons 31 mai 1839, marié le 7 janvier 1825 à Jane Jobson de Lochore, mort sans héritier le 8 février 1847 de retour des Indes à bord du Wellesley au large du Cap de Bonne-Espérance, inhumé à l'abbaye de Dryburgh ;
Anne Scott, née à Édimbourg le 2 février 1803, morte à Londres le 25 juin 1833, célibataire ;
Charles Scott, né à Édimbourg le 24 décembre 1805, étudiant au Brasenose College d'Oxford, clerc au Foreign Office, attaché à l'ambassade de Naples puis secrétaire privé de sir John Macneill, chargé d'une mission à la Cour de Perse, mort d'un désordre inflammatoire à Téhéran le 28 octobre 1841.
Charlotte Sophia Scott et John Gibson Lockhart ont eu deux fils et une fille:

John Hugh Lockhart, né en février 1821, mort le 15 décembre 1831 ;
Walter Scott Lockhart, né le 16 avril 1826, lieutenant au 16e Lanciers, héritier d'Abbostford 1847, mort à Versailles le 10 juillet 1853 ;
Charlotte Harriet Jane Lockhart, née le 1er janvier 1828, mariée le 19 août 1847 à Robert Hope mort le 29 avril 1873, héritière d'Abbotsford en 1853, morte à Édimbourg le 26 octobre 1858.
De son union avec Robert Hope, Charlotte Harriet Jane Lockhart a eu un fils et deux filles :
Mary Monica, née le 2 octobre 1852, héritière du domaine d'Abbotsford en 1873, mariée le 21 juillet 1874 à Joseph Constable Maxwell 1847-1923, troisième fils du treizième Lord Herries, morte le 15 mars 1920 ;
Walter Michael Hope, né le 2 juin 1857, mort le 11 décembre 1858 ;
Margaret Anne Hope, née le 17 septembre 1858, morte le 3 décembre suivant.
Mary Monica Hope-Scott d'Abbotsford a eu huit enfants de son mariage avec Joseph Constable Maxwell :

Walter Joseph Maxwell-Scott, né le 11 avril 1875, étudiant à Stonyhurst College, entré dans l'armée en 1896, capitaine en 1902 puis major-général, mort le 3 avril 1954 ;
Mary Josephine Maxwell-Scott, née le 5 juin 1876, morte le 29 juillet 1922 ;
Joseph Maxwell-Scott, né le 25 mai 1880, sous-lieutenant de la Royal Navy, mort le 20 décembre 1911 ;
Malcolm Maxwell-Scott, né le 22 octobre 1883, contre-amiral, mort le 23 février 1943 ;
Herbert Constable-Maxwell-Scott, né le 14 mars 1891, mort le 9 février 1962 ;
Winifride Constable-Maxwell-Scott, morte le 12 mars 1880 ;
Alice Constable-Maxwell-Scott, morte le 30 août 1908 ;
Margaret Constable-Maxwell-Scott, morte le 10 décembre 1912.

Postérité

Scott a été un précurseur pour deux tendances majeures qui se sont affirmées avec le temps : le roman historique, dont le succès lui a valu d'innombrables imitateurs au XIXe siècle, et la culture des Hautes Terres de l'Écosse, après le cycle d'Ossian de James Macpherson, dans ses romans écossais comme dans les usages vestimentaires, puisqu'il a rétabli l'usage du kilt et des tartans. En son honneur, la gare centrale d'Édimbourg a été nommée Waverley en 1854 et son image apparaît sur les billets émis par la banque d'Écosse. Un monument à son nom se trouve aussi à Édimbourg.
À l'inverse d'un Dumas qui décrit dans ses romans des personnages historiques, Walter Scott crée des personnages de fiction, qui jouent un rôle secondaire au regard de l'Histoire, pour camper les héros de son intrigue. Ce choix, repris notamment par Pouchkine dans La Fille du capitaine, permet de mettre en scène plus directement les gens du peuple face aux grands personnages historiques et de montrer plus facilement les deux camps en présence. Surtout, Scott déploie tous ses talents de conteur dans ses romans, n'hésitant pas à passer d'une scène à l'autre du comique au tragique.

C'est également sur son modèle que se fondera Honoré de Balzac, qui a rendu hommage à Walter Scott dans l'avant-propos de la Comédie humaine. Le jeune auteur, entré en littérature en écrivant des romans de commande à la Walter Scott, aboutira avec Les Chouans, qui marquent un tournant décisif de son œuvre, à ce talent de conteur qui, selon la définition de Victor Hugo dans la préface de Cromwell, rend vivante la réalité de l'époque qu'il décrit.
Scott montre une prédilection particulière pour les personnages de bores raseurs, qui peuplent nombre de ses romans. En outre, ses ouvrages sont marqués par le bilinguisme, avec des passages en anglais et d'autres en broad Scots. Lui-même parlait la langue des Lowlands, marquée par l'anglais et le scandinave, au contraire du parler celtique des Highlands, le gaélique écossais. De même, parmi une foule d'auteurs, où l'on retrouve le chroniqueur Jean Froissart, son œuvre fourmille de références à la Bible du roi Jacques et à Shakespeare, régulièrement cités.

En 1897, le duc de Buccleuch dévoile un buste de marbre blanc de l'auteur dans le coin des poètes, dans l'abbaye de Westminster. Offert par un groupe d'admirateurs de Scott, c'est une copie du buste de Sir Francis Chantrey à Abbotsford, réalisée par John Hutchison. Sur le support de marbre vert est inscrite la phrase suivante : Walter Scott 1771-1832.

L'œuvre de Scott n'a pas été exempte de critiques. Dans Vie sur le Mississippi 1883, Mark Twain reproche à Scott d'avoir fait paraître la bataille sous un jour romantique, considérant que cette vision a joué dans la décision du Sud de se lancer dans la guerre de Sécession en 1861. On considère que Twain vise Scott quand il parodie les histoires de chevalerie dans Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur, de même que dans Les Aventures de Huckleberry Finn, où, au treizième chapitre, le bateau à vapeur qui fait naufrage porte le nom de Walter Scot. De son côté, Émile Zola a déploré la nocivité de ses histoires sur des générations de lectrices. Tentant, dans son discours critique, de bannir l'insolite parce qu'il n'a, à ses yeux, aucune valeur scientifique, il en situe l'origine dans Scott et ses personnages de marginaux pittoresques
En France, son œuvre a créé la vogue des romans historiques dans les années 1820-30, et tous les grands romanciers de la première moitié du XIXe siècle lui ont rendu hommage, se définissant par rapport à lui soit pour l'imiter, comme Balzac et Hugo, soit pour s'en distinguer, comme Stendhal. Passée une période de succès énorme — il se vend 20 800 exemplaires d’Ivanhoé et de L'Antiquaire, 20 000 de Quentin Durward entre 1826 et 1830, pour un tirage moyen, à l'époque, de 1 000 exemplaires—, Balzac évoque en 1831 la lassitude du public français aujourd'hui rassasié de l'Espagne, de l'Orient, des supplices, des pirates et de l'histoire de France Walter-Scottée .

Son œuvre a également inspiré plusieurs artistes de la période romantique, dont Ary Scheffer qui a peint en 1832 Effie et Jeanie Deans dans la prison d'Édimbourg, toile inspirée d'un épisode du Cœur du Midlothian et conservée au Musée de la Vie romantique, à Paris.
Après avoir connu un immense succès durant tout le xixe siècle, l'œuvre de Walter Scott est tombée quelque peu dans l'oubli après la Première Guerre mondiale, étant reléguée à la littérature d'enfance et de jeunesse, dans des versions expurgées. En 1902, déjà, Gilbert Keith Chesterton déplore la négligence des lecteurs de son temps à l'égard de l'œuvre de Scott, dont l'origine viendrait, suppose-t-il, de ce qu'ils ne supportent plus ce qui leur semble des longueurs.
Le ton est donné à partir du classique d'E. M. Forster, Aspects du roman 1927, qui contribue au désamour à l'égard de Scott, décrit comme un auteur maladroit au style négligé, bâtissant des intrigues bancales. Ses romans sont alors jugés trop lourds ; sa prolixité et ses digressions s'opposent à la concision et au souci dans l'arrangement des effets d'un Stevenson.
Scott a également souffert de l'ascension de Jane Austen. Jugée tout au plus comme une « romancière pour femmes au XIXe siècle, Austen a commencé à être considérée, au XXe siècle, comme l'un des plus importants romanciers britanniques des premières décennies du XIXe siècle. Dans le même temps qu'Austen accédait aux premiers rangs de la littérature britannique, l'intérêt pour Scott a diminué, alors même qu'il avait été l'un des premiers hommes de lettres à distinguer le génie de sa consœur.
Après des décennies d'oubli, on assiste à un regain d'intérêt pour son œuvre depuis le bicentenaire de sa naissance, dans les années 1970 et 1980. La tendance postmoderniste vers les récits discontinus, avec l'introduction de la première personne, constitue un terreau plus favorable à l'épanouissement des ouvrages de Scott que le goût moderniste. En dépit de toutes ses maladresses, Scott est maintenant jugé comme un créateur important et une figure majeure dans l'histoire de la littérature en Écosse et dans le monde. En France, ses romans font ainsi l'objet d'une édition dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade aux éditions Gallimard.

Bibliographie

Poésie

Chant de guerre du Midlothian, 1792
Les Chants de ménestrels de la frontière écossaise The Minstrelsy of the Scottish Border, 1802-3
Sir Tristrem, 1804
Le Lai du dernier ménestrel The Lay of the Last Minstrel, 1805
Ballades et Pièces lyriques Ballads and Lyrical Pieces, 1806
Marmion, ou la bataille de Flodden-Field, 1808
Le Jeune Lockinvar Young Lockinvar, 1808
La Dame du lac The Lady of the Lake, 1810
La Vision de Rodéric, le dernier roi goth d'Espagne The Vision of Don Roderick, 1811
Les Fiançailles de Triermain The Bridal of Triermain, 1813
Rokeby (Rokeby: A Poem, 1813
La Bataille de Waterloo The Field of Waterloo, 1815
Le Lord des îles The Lord of the Isles, 1815
Harold l'Intrépide Harold the Dauntless, 1817
Halidon Hill, esquisse dramatique tirée de l'histoire d'Écosse Halidon Hill : a dramatic sketch from Scottish history, 1822
La Croix de Mac Duff Mac Duff's Cross, 1822

Romans et nouvelles Les Waverley Novel

Waverley, 1814
Guy Mannering, 1815
L'Antiquaire The Antiquary, 1816
Rob Roy 1817
Ivanhoé Ivanhoe, 1819
Kenilworth, 1821
Le Pirate The Pirate, 1821
Les Aventures de Nigel The Fortunes of Nigel, 1822
Peveril du Pic Peveril of the Peak, 1823
Quentin Durward, 1823
Les Eaux de Saint-Ronan St. Ronan's Well, 1823
Redgauntlet, 1824
Récits des croisés, Les Fiancés Tales of the Crusaders, The Betrothed, 1825
Récits des croisés, Le Talisman Tales of the Crusaders, The Talisman, 1825
Woodstock, 1826
Chroniques de la Canongate, 2e série, La Jolie Fille de Perth, ou Le Jour de la Saint-Valentin Chronicles of the Canongate, 2nd series, The Fair Maid of Perth, 1828
Anne de Geierstein, ou La Fille des brumes Anne of Geierstein, 1829

Les contes de mon hôte

1re série, Le Nain noir Tales of my Landlord, 1st series, The Black Dwarf, 1816
1re série, Les Puritains d'Écosse Tales of my Landlord, 1st series, Old Mortality, 1816
2e série, Le Cœur du Midlothian, aussi traduit La Prison d'Édimbourg Tales of my Landlord, 2nd series, The Heart of Midlothian, 1818
3e série, La Fiancée de Lammermoor Tales of my Landlord, 3rd series, The Bride of Lammermoor, 1819
3e série, Une légende de Montrose Tales of my Landlord, 3rd series, A Legend of Montrose, 1819
4e série, Robert, comte de Paris Tales of my Landlord, 4th series, Count Robert of Paris, 1831
4e série, Le Château périlleux Tales of my Landlord, 4th series, Castle Dangerous, 1831

Contes de sources bénédictines

Le Monastère Tales from Benedictine Sources, The Monastery, 1820
L'Abbé Tales from Benedictine Sources, The Abbot, 1820

Contes et nouvelles

Chroniques de la Canongate, 1re série, comprenant La Veuve des Highlands, Les Deux Bouviers, Le Miroir de ma Tante Marguerite, La Mort de Laird'Jock et La Fille du Chirurgien Chronicles of the Canongate, 1st series, 1827 nouvelles
Contes d'un grand-père, Tales of a Grandfather, 1re série, 1828 ; 2e série, 1829 ; 3e série, 1830

Traduction

La Chasse The Chase, and William and Helen : two ballads from the German of Bürger de Gottfried August Bürger, Édimbourg, Manners & Miller, 1796
Götz von Berlichingen Goetz of Berlichingen with the Iron hand: A Tragedy, Translated from the German of Goethe, Author of 'The Sorrows of Werter' de Johann Wolfgang von Goethe, Londres, J. Bell, 1799

Récits, essais

Les Antiquités de la frontière de l'Angleterre et de l'Écosse The Border Antiquities of England and Scotland, 1814-1817
Lettres de Paul (Paul's Letters to his Kinsfolk, 1816
Essai sur la chevalerie Essay on Chivalry, 1818, dans l'édition 1815-1824 de l'Encyclopædia Britannica
Antiquités provinciales et Scènes pittoresques de l'Écosse (Provincial Antiquities and Picturesque Scenery of Scotland, 1819-1826
Biographie littéraire des romanciers célèbres Lives of the Novelists, 1821-1824 9 vols.
Un essai sur les romans An Essay on Romance, 1824, dans le supplément à l'édition 1815-1824 de l'Encyclopædia Britannica
Lettres de Malachi Malagrowther Letters of Malachi Malagrowther, 1826
Vie de Napoléon The Life of Napoleon Buonaparte, 1827
Discours religieux Religious Discourses, 1828
Histoire d'Écosse History of Scotland, 1829-1830, 2 vols.
Essais sur la ballade Essays on Ballad Poetry, 1830
Lettres sur la démonologie et la sorcellerie Letters on Demonology and Witchcraft, 1831

Théâtre

Le Destin malheureux de Devorgoil The Doom of Devorgoil, 1830
La Maison d'Aspen The House of Aspen, a Tragedy, 1830
Auchindrane, la Tragédie d'Ayrshire Auchindrane, the Ayrshire Tragedy, 1830

Œuvres complètes

The Waverley Novels, 1829-1833 48 vols.
Poetical Works, 1833-1834 12 vols.
Miscellaneous Prose, 1834-1871 30 vols.

Éditions récentes de l'œuvre de Walter Scott

Waverley, Rob-Roy, Suivi de La fiancée de Lammermoor, Robert Laffont, coll.Bouquins,‎ 1981. Préface, présentation, chronologie et note de Michel Crouzet, traduction d'Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret.
Woodstock, éditions Florent-Massot,‎ 1994. Avant-propos d'Henri Suhamy et chronologie ; traduction et annotations de Defauconpret.
La Veuve des Highlands et autres contes surnaturels, Rennes, Terre de Brume, coll. Terres Fantastiques,‎ 1999. Textes choisis par Xavier Legrand-Ferronnière, préface de Michel Meurger, traduction de Jean Cohen, Defauconpret, Albert Montémont et autres. Contient Les Aventures de Martin Waldeck extrait de L'Antiquaire, Phantasmagoria, Histoire d'une apparition, Le Récit de Willie le vagabond extrait de Redgauntlet, La Veuve des Highlands, Les Deux Bouviers ces deux derniers faisant partie des Chroniques de la Canongate, Le Miroir de ma tante Marguerite, La Chambre tapissée ou la Dame en sac ces deux derniers faisant partie des Keepsake Stories, Le Récit de Donnerhugel extrait d’Anne de Geierstein.
L'Antiquaire, Nice, Alandis,‎ 1999.
Waverley et autres romans, Gallimard, coll. bibliothèque de la Pléiade,‎ 2003. Introduction de Jean-Yves Tadié, traduction et présentation de Waverley par Henri Suhamy, traduction et présentation du Nain noir par Alain Jumeau, traduction et présentation du Cœur du Mid-Lothian chronologie, bibliographie par Sylvère Monod.
Redgauntlet, Éditions du Rocher, coll. Motifs,‎ 2007, 2 vols. Préface de James McCearney, traduction d'Albert Montémont.
Ivanhoé et autres romans, Gallimard,‎ 2007. Introduction de Jean-Yves Tadié, chronologie de Sylvère Monod. Traduction, présentation et notes d'Ivanhoé par Henri Suhamy, traduction de Quentin Durward par Philippe Jaudel, présentation et notes par Pierre Morère, traduction, présentation et notes du Talisman par Sylvère Monod. Notices et complément bibliographique d'Henri Suhamy.
Quentin Durward, Paris, AlterEdit,‎ 2007 .
Le Talisman, éditions Phébus, coll. Libretto,‎ 2008. Introduction et appendice traduits par Paul Bensimon ; traduction de Claude Dandréa.
La Fiancée de Lammermoor, éditions Phébus,‎ 2008 . Traduction de Louis Labat.
Le Château périlleux, L'Aube, coll. Les Populaires,‎ 2009. Traduction de Defauconpret.
Kenilworth, Éditions Phébus,‎ 2009. Traduction de Defauconpret.
Anne de Geierstein, Paris, AlterEdit,‎ 2011

Œuvres consacrées à Walter Scott

James M. Bennett, Walter Scott, Waverley : Imaginaire romantique et réalité historique, Éditions Messène, coll. Prépa Capes-Agrégation,‎ 1998
(en) John Buchan, Sir Walter Scott, New York, Coward-McCann Inc.,‎ 1932
Reginald William Hartland, Walter Scott et le roman frénétique.
Michael Hollington, Sir Walter Scott, Paris, Éditions Ellipses,‎ 1998
(en) Richard H. Hutton, Vie de Sir Walter Scott, Londres et New York, MacMillan & Co,‎ 1888
Georges Lamoine, Waverley de Sir Walter Scott, Paris, Éditions du Temps,‎ 1998
Georges Lamoine (dir.), Waverley de Sir Walter Scott, Paris, Éditions du Temps, coll. Lectures d'une œuvre ,‎ 1998
Camille Le Rocher, Profils d’écrivains anglais. Études biographiques, Lille, Paris, Desclée, de Brouwer Walter Scott
Louis Maigron, Le Roman historique à l'époque romantique : essai sur l'influence de Walter Scott, Paris, Honoré Champion,‎ 1912
Fiona McIntosh-Varjabédian, La Vraisemblance narrative : Walter Scott, Barbey d'Aurevilly, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle,‎ 2002
Jean-Pierre Naugrette, Walter Scott, Waverley, Paris, Éditions Didier érudition/CNED de Poitiers, coll. « Didier concours,‎ 1998
Muriel Pécastaing-Boissière (maître de conférence en civilisation britannique à l'université de Paris IV-Sorbonne, Walter Scott, précurseur de l'Angleterre victorienne , Clio,‎ 2002
Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Paris, Éditions De Fallois,‎ 1993
Henri Suhamy (dir.), Waverley de Sir Walter Scott, Paris, Éditions Ellipses, coll. Capes, agrégation d'anglai,‎ 1998
Hubert Teyssandier, Les Formes de la création romanesque à l'époque de Walter Scott et de Jane Austen, Paris, Éditions Didier,‎ 1977

Liens

http://youtu.be/V9o9-nEpOQg Walter scott's castle 1
http://youtu.be/4cAHzEsYvTU Walter Scott's castle 2
http://youtu.be/p86GmANzo0g Walter Scott's Home
http://www.ina.fr/video/AFE85008920/i ... oins-de-15-ans-video.html Ivanhoé héros des français
http://youtu.be/d-JG7Ws624w Ivanhoé
http://youtu.be/rJQA


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Stephen King 1
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Le 21 septembre 1947 à Portland, dans le Maine États-Unis naît

Stephen Edwin King, plus connu sous le nom de Stephen King,
,

écrivain américain, romancier, nouvelliste, scénariste, réalisateur de langue anglaise, il aborde les styles Horreur, fantastique, science-fiction, thriller, fantasy sour les pseudonymes de Stephen Edwin King, Richard Bachman, John Swithen , il reçoit le prix World Fantasy, Prix Hugo, Prix Locus, O. Henry Award et le National Book Award, ses Œuvres principales
sont Salem en 1975, Shining, l'enfant lumière en 1977, Le Fléau entre 1978 et 1990, Dead Zone en 1979, Simetierre en 1983, Ça en 1986, Misery en 1987, La Ligne verte en 1996, Sac d'os en 1998, La Tour sombre entre 1982 - 2012

Souffre-douleur de ses camarades de classe, le jeune Stephen, élevé par sa mère, se réfugie dans la lecture, notamment celle de romans fantastiques et de bandes dessinées. L’écriture s’impose à lui alors qu’il est encore enfant et ne cesse dès lors de le faire vivre. Après une scolarité brillante et une maîtrise d’anglais, il exerce divers petits métiers avant de devenir enseignant tout en se consacrant à la rédaction de nouvelles et de romans.
Il a publié son premier roman en 1974 et est rapidement devenu célèbre pour ses contributions dans le domaine de l'horreur mais a également écrit des livres relevant d'autres genres comme le fantastique, la fantasy, la science-fiction et le roman policier. Tout au long de sa carrière, il a écrit et publié plus de cinquante romans, dont sept sous le pseudonyme de Richard Bachman, et environ deux cents nouvelles, dont plus de la moitié sont réunies dans neuf recueils de nouvelles. Depuis son grave accident survenu en 1999, il a ralenti son rythme d'écriture. Ses livres ont été vendus à plus de 350 millions d'exemplaires à travers le monde1 et il a établi de nouveaux records de ventes dans le domaine de l'édition durant les années 1980, décennie où sa popularité a atteint des sommets.
Longtemps dédaigné par les critiques littéraires et les universitaires car considéré comme un auteur populaire, il a acquis plus de considération depuis les années 1990 même si une partie de ces milieux continue de rejeter ses livres. Il a souvent été critiqué pour son style familier, son recours au gore et la longueur jugée excessive de certains de ses romans. À l'inverse, son sens de la narration, ses personnages vivants et colorés, et sa faculté à jouer avec les peurs des lecteurs ont toujours été salués. Au-delà du caractère horrifique de la plupart de ses livres, il aborde régulièrement les thèmes de l'enfance et de la condition de l'écrivain, et brosse un portrait social très réaliste et sans complaisance des États-Unis à la fin du XXe siècle et au début du siècle suivant.
Il a remporté de nombreux prix littéraires dont treize fois le prix Bram Stoker, sept fois le prix British Fantasy, cinq fois le prix Locus, quatre fois le prix World Fantasy, et une fois le prix Hugo et l'O. Henry Award. Il a reçu en 2003 la médaille de la National Book Foundation pour sa remarquable contribution à la littérature américaine et, en 2007, l'association des auteurs de romans policiers américains Mystery Writers of America lui a décerné le titre de grand maître. Ses ouvrages ont souvent été adaptés pour le cinéma ou la télévision avec des fortunes diverses, parfois avec sa contribution en tant que scénariste et, à une seule reprise, comme réalisateur.

En bref

Né à Portland dans le Maine, l'Américain Stephen King est à la fois le héros fondateur et le principal représentant de ce genre populaire et trop décrié qu'on appelle la Terreur moderne ou la Mainstream Horror, et qui réalise une synthèse paradoxale entre le fantastique et le roman naturaliste : Vampires, loups-garous, je n'y crois pas, mais je crois aux meurtriers. Je crois à l'étranger qui vient dans votre maison au milieu de la nuit, frappe à votre porte, entre et vous tue. Un vampire est un voleur de vie, un meurtrier est un voleur de vie. L'un est la métaphore de l'autre. ... Mon opinion est que les monstres nous attrapent toujours à la fin. Le monstre peut être le cancer. Le monstre peut être une attaque. Le monstre peut être une crise cardiaque. Mais, à la fin, les monstres m'auront et ils vous auront"
C'est en vrai naturaliste que King défend le droit à la métaphore, même incongrue. Pour lui, il existe une véritable gradation du fantastique : la terreur au sommet, l'horreur en dessous, et la révulsion tout à fait en bas .
Stephen King tient à dire toute la vérité, y compris la part maudite qui défie le vraisemblable – Il y a une part de nous qui est horrible, il y a des jours où les gens ne se sentent pas humains, où ils sont de mauvaise humeur, où ils sont fatigués" Dossiers de Phénix, no 2 – sans pour autant cesser d'être eux-mêmes, ou d'être le mal qui cabriole au fond d'eux-mêmes. Apparemment King ne croit pas en Dieu, mais il croit au diable, au père Noël – en tant que métaphores – et aussi aux chiens enragés Cujo, 1981, aux voitures qui rendent fous ceux qui les conduisent, Christine, 1983 et aux autres accessoires de la terreur moderne. Et surtout il n'a pas oublié l'enfant qu'il fut et qui y croyait.
Il fut dans les années 1950 un adolescent gorgé de films d'épouvante à bon marché, où il se reconnaissait : Quand vous voyiez, un jeune acteur en tenue de collégien se transformer en loup-garou, vous ne pouviez pas vous empêcher de rappeler à la surface vos propres inquiétudes quant aux fréquentations douteuses de votre fille. Les adolescents eux-mêmes, dont moi ; je parle d'expérience trouvaient avec les monstres concoctés dans les grands studios américains une occasion de contempler des individus encore plus affreux qu'ils ne croyaient l'être eux-mêmes" Préface à Danse macabre.
Puis vint l'âge adulte et avec lui la perspective d'être envoyé faire la guerre au Vietnam, la radicalisation politique, le feu dans les campus. Et la colère de voir un film comme L'Exorciste 1973 présenter – avec tous les moyens d'une superproduction cette fois – une adolescente possédée du diable. À cette profession de foi pédophobe, Stephen King va opposer son premier roman, Carrie 1974, où une héroïne du même âge, élevée par une mère puritaine, s'affole devant ses premières règles et devient la risée de son collège. Mais un pouvoir parapsychologique – la télékinésie – s'est éveillé en elle avec la puberté ; une grêle d'objets s'abat bientôt sur ses persécuteurs – sans pour autant lui procurer la paix. Car un tel pouvoir est une malédiction : dans Charlie 1980, l'héroïne est douée de pyrokinésie et les services secrets la recherchent pour faire d'elle une bombe vivante.
Ainsi les enfants sont innocents – ou, s'ils sont coupables, ils le sont malgré eux. Les adultes, en général, ne les comprennent pas. Dans Shining 1977, Danny, âgé de cinq ans, a un pouvoir de précognition, mais ses parents ne le prennent pas au sérieux. Pourtant, ce qu'il lit dans l'avenir, c'est que son père va vouloir le tuer. Un livre comme Shining suggère une idée inconfortable : que nous sommes tous à la limite la plupart du temps Dossiers de Phénix, no 2.
Le héros de Stephen King, c'est l'enfant ; ou l'enseignant qu'il fut, en contact avec l'enfance ; ou l'écrivain qu'il est devenu, accroché à l'État du Maine où il est né, attentif à ressusciter ses souvenirs ceux de six à douze ans, notamment pour y puiser l'inspiration : Les enfants ne pensent pas en ligne droite, ils pensent dans les coins, ils ont l'esprit tordu .... Nous permettons à nos enfants d'être fous jusqu'à ce qu'ils aient environ huit ans, puis nous leur disons : „Pourquoi ne grandis-tu pas ? Grandis !“ Dossiers de Phénix, no 2. King, lui, n'a jamais vraiment accepté de grandir.
Mais jusqu'où peut-on aller dans le refus ? L'écrivain est par excellence l'homme qui cultive ses réminiscences et suit son intuition. L'écrivain à succès, lui, peut être privé de ce droit. Misery 1987 évoque ainsi un romancier qui vient de tuer l'un de ses personnages. Une admiratrice psychotique va l'obliger à le ressusciter, en usant de violence sur sa personne. Elle n'aura pas peur de tuer l'artiste et au besoin l'homme, faisant preuve d'une folie meurtrière qui n'est rien moins qu'enfantine.
La Part des ténèbres 1989 met en scène un autre écrivain qui rencontre le succès en écrivant sous un pseudonyme, tandis qu'il signe de son vrai nom des romans plus ambitieux mais ignorés par la critique. Exaspéré, il met en scène l'enterrement de son pseudonyme, et celui-ci revient, tel un fantôme, pour se venger. Tout homme se partage entre plusieurs identités. Stephen King est devenu en 1977 Richard Bachman, auteur de cinq romans – dont l'un, Blaze, ne sera publié qu'en 2007 –, mort en 1985 d'un cancer du pseudonyme, c'est-à-dire du dévoilement de la supercherie. La perte d'un double – ou dans Misery, l'interdiction de l'assassiner – est une lésion de la personnalité, qui appelle vengeance. Ces deux romans exceptionnellement riches sont souvent considérés comme les plus originaux qu'ait produits l'auteur. Certains disent : ses chefs-d'œuvre.

Sa vie

Les parents de Stephen King sont Donald Edwin King, né le 11 mars 1914, ancien capitaine de la marine marchande devenu représentant, et Nellie Ruth Pillsbury, née le 3 février 1913, pianiste. Ils se marient le 23 juillet 1939. Le 14 septembre 1945, le couple, qui pense ne pas pouvoir avoir d'enfant, adopte un nouveau-né, David Victor King. Néanmoins, Ruth finit par tomber enceinte et Stephen Edwin King naît le 21 septembre 1947 au Maine General Hospital de Portland, dans le Maine. En 1949, Donald King, coureur de jupons invétéré à qui le rôle de père de famille ne convient pas, abandonne soudainement le domicile familial pour ne jamais réapparaître. Dès lors, Ruth King et ses deux enfants vivent dans des conditions financières souvent très difficiles et déménagent fréquemment, Ruth occupant de petits emplois et s'installant tour à tour près du domicile de ses nombreuses sœurs. De 1949 à 1958, la famille King réside ainsi successivement à Fort Wayne Indiana, West De Pere Wisconsin, Chicago, Malden Massachusetts et Stratford Connecticut. À l'âge de quatre ans, le jeune Stephen connaît ses premières rencontres avec l'horreur. Dans la vie réelle tout d'abord, quand un train écrase un camarade de jeu sous ses yeux. Puis en écoutant l'adaptation radiophonique d'une nouvelle de Ray Bradbury, Mars Is Heaven, qui le terrifie. Pendant l'année scolaire 1953-1954, le jeune Stephen est retiré de l'école en raison de divers problèmes de santé et passe l'essentiel de son temps à la maison, où il écrit ses premières histoires d'enfant.
Affiche de La Chambre des tortures, The Pit and the Pendulum, 1961, film ayant fait une grande impression sur le jeune Stephen King.
En 1958, la famille King retourne dans le Maine, à Durham, pour que Ruth puisse s'occuper de ses parents dont la santé est déclinante. Cette année-là, Ruth King offre à son fils sa première machine à écrire pour Noël et Stephen écrit plusieurs nouvelles, largement inspirées par les bandes dessinées d'EC Comics, notamment Les Contes de la crypte, et les films de science-fiction et d'horreur. En 1960, Stephen découvre une caisse de livres qui appartenaient à son père et dans laquelle se trouve The Lurking Fear and Other Stories, une anthologie de nouvelles de H. P. Lovecraft qui constitue sa première lecture d'horreur sérieuse. Entre 1958 et 1966, il se rend en stop quasiment tous les samedis au cinéma Ritz de Lewiston, distant d'une vingtaine de kilomètres de Durham, pour satisfaire sa passion du cinéma. En 1961, il expédie pour la première fois une de ses nouvelles, The Killer, à un magazine publié par Forrest J Ackermanz . Il autopublie ses premiers récits vers la même période à l'aide d'une machine à ronéotyper que son frère utilise pour publier le journal Dave's Rag le Torchon de Dave auquel Stephen contribue. Il vend ainsi sa première histoire, une novélisation du film La Chambre des tortures The Pit and the Pendulum, 1961, aux élèves de son école mais la principale l'oblige à rembourser ses gains.
De 1962 à 1966, Stephen King va à l'école secondaire de Lisbon Falls. Il est bon élève, sauf en physique et en chimie, mais n'est ni très sociable, ni athlétique en raison de ses problèmes de poids. Il joue au poste d'offensive tackle dans l'équipe de football américain du lycée. En 1963, il écrit son premier roman, The Aftermath, texte de 50 000 mots resté inachevé et jamais publié. À partir de 1964, il travaille comme journaliste sportif pour le journal hebdomadaire de Lisbon Falls et y apprend de son rédacteur en chef à corriger ses textes en supprimant les mots superflus. La première histoire qu'il réussit à faire publier, après de nombreux refus, est I Was a Teenage Grave Robber qui paraît en 1965 dans un fanzine d'horreur sous le titre In a Half-World of Terror. Durant sa dernière année de lycée, il écrit la première version de Rage mais la laisse inachevée.
Après avoir obtenu son diplôme de fin d'études secondaires, King étudie la littérature à l'université du Maine d'Orono de 1966 à 1970. C'est pendant sa première année à l'université, qu'il écrit Marche ou crève, premier roman dont il réussit à venir à bout. Il le présente à un concours du premier roman organisé par Random House, qui le rejette rapidement à la grande détresse de King. En 1967, il réussit pour la première fois à vendre une nouvelle, The Glass Floor, au magazine Startling Mystery Stories, qui la lui achète 25 dollars. Il écrit aussi des nouvelles qui paraissent dans le magazine littéraire du campus, Ubris, et dans le journal des étudiants, Maine Campus, pour lequel il écrit également des articles dans une rubrique intitulée King's Garbage Truck à partir de 1969.
Le professeur Burton Hatlen aide King à développer son talent à travers ses ateliers littéraires et l'encourage à persévérer dans l'écriture. Sa deuxième vente professionnelle est la nouvelle L'Image de la faucheuse, qui lui rapporte 35 $ au printemps 1969z 5. Quelques mois plus tard, King rencontre Tabitha Jane Spruce, elle aussi étudiante en lettres, à la bibliothèque du campus et tombe amoureux d'elle. Durant sa dernière année à l'université, King achève le roman Sword in the Darkness, une histoire très sombre qui a pour toile de fond une émeute raciale dans une petite ville, mais il ne réussit pas à la vendre à un éditeur et ce roman demeure inéditz 6. Au printemps 1970, il écrit également les deux premiers récits de ce qui constituera plus tard Le Pistolero ainsi que la nouvelle Poste de nuit, que le magazine masculin Cavalier lui achète 200.
Stephen King sort de l'université du Maine avec un diplôme et un certificat d'enseignant en anglais ainsi qu'une mention en élocution et en art dramatique. Il emménage dans un appartement à Orono avec Tabitha mais il n'arrive pas à trouver un poste d'enseignant et doit se résigner à travailler dans une blanchisserie industrielle. Il essaie de compléter les maigres revenus de son ménage en envoyant des nouvelles à des magazines et se marie avec Tabitha le 2 janvier 1971 alors qu'elle est enceinte de leur premier enfant, une fille prénommée Naomi qui naît cinq mois plus tard. En 1971, King trouve un poste de professeur d'anglais à l'école secondaire de Hampden, pour un salaire de 6 400 $ par an, mais continue à travailler dans la blanchisserie pendant les vacances d'été car la situation financière du foyer, qui vit de 1971 à 1973 dans une caravane à Hermon, est devenue plus précaire encore avec la naissance d'un deuxième enfant, Joseph Hillstrom, en 1972. Durant cette période difficile, où trois romans qu'il a écrits, Rage, Blaze et Running Man, sont refusés par les éditeurs, King développe une dépendance à l'alcool en cherchant du réconfort dans la boisson. Par ailleurs, il vend notamment les nouvelles Le Cinquième Quart, histoire de gangsters qui est la seule qu'il ait publiée sous le pseudonyme de John Swithen, et Cours, Jimmy cours, achetée par Cavalier 500 $, la plus forte somme qu'un récit lui ait rapporté jusqu'alors.

Carrière Années 1970

En 1972, alors que Stephen King a 25 ans, il entreprend la rédaction de Carrie, l'histoire d'une adolescente souffre-douleur de ses camarades de classe qui développe un pouvoir de télékinésie, mais, doutant de la qualité de son récit, il jette les trois premières pages à la poubelle. Tabitha les retrouve et, après les avoir lues, encourage son mari à persévérer dans sa tentative. King termine donc Carrie et expédie le manuscrit à la maison d'édition Doubleday. L'éditeur accepte le roman en mars 1973 et fait signer à King un contrat type qui l'engage pour cinq romans. Doubleday programme sa publication pour l'année suivante, versant à King une avance sur les droits d'auteur de 2 500. La famille King déménage pour Bangor et Stephen commence à écrire un nouveau roman, Salem, quand Doubleday l'informe que les droits en édition de poche de Carrie ont été vendus pour 400 000 $, somme dont la moitié lui revient. King décide alors d'arrêter sa carrière d'enseignant et de se consacrer uniquement à l'écriture. Sa mère meurt en décembre 1973 d'un cancer de l'utérus diagnostiqué quelques mois auparavant, sa sœur Ethelyn lui ayant fait la lecture de Carrie un mois avant sa mort. Carrie est finalement publié par Doubleday le 5 avril 1974 à 30 000 exemplaires, dont 13 000 sont vendus la première année.
Le Stanley Hotel, à Estes Park dans le Colorado, a inspiré la création de l'hôtel Overlook de Shining, l'enfant lumière 1977.
Après la mort de sa mère, King et sa famille déménagent à Boulder, dans le Colorado, où King entreprend la rédaction de Shining, l'enfant lumière après avoir imaginé les bases de l'histoire lors d'un bref séjour au Stanley Hotel d'Estes Park. Ils reviennent s'installer dans le Maine en 1975, King achetant sa première maison à Bridgton, et Salem est publié par Doubleday le 17 octobre 1975. Ce roman est une sorte de version modernisée de Dracula dans laquelle le vampire s'installe dans une petite ville du Maine. Il s'inspire aussi de Peyton Place pour le regard qu'il porte sur la mentalité régnant dans les petites villes. Toujours en 1975, Carrie est publié en édition de poche et se vend à plus de 1 300 000 exemplaires en moins d'un an. Salem, dont les droits en édition de poche ont été vendus par Doubleday pour 500 000 $, sort dans le même format en août 1976 et se vend à 2 250 000 exemplaires en six mois.
En 1976, King ressent le besoin d'engager un agent littéraire pour le représenter car il n'est pas satisfait du faible pourcentage qu'il touche sur les droits d'auteur et que Doubleday refuse de renégocier son contrat. Il choisit de se faire représenter par Kirby McCauley, qui a gagné sa confiance en vendant certaines de ses nouvelles à des magazines généralistes, et ce dernier négocie en 1977 un nouveau contrat avec Viking Press qui engage King sur trois livres pour 2 500 000.
Shining, l'enfant lumière paraît le 28 janvier 1977. Le roman met en scène la famille Torrance qui passe l'hiver seule dans un hôtel hanté par une présence maléfique, laquelle veut s'emparer du jeune Danny, doté d'un pouvoir télépathique, en utilisant son père. Considéré comme l'un des meilleurs romans de King, Shining, l'enfant lumière étudie la désintégration de la cellule familiale à travers l'isolement, la folie et l'alcoolisme, ce dernier facteur reflétant de façon inconsciente les propres problèmes de King avec la boisson. Le roman se vend la première année à environ 50 000 exemplaires en édition cartonnée et dépasse légèrement les ventes de Salem en édition de poche. Il entre brièvement sur la liste des best-sellers du New York Times, tous les romans de King allant devenir des best-sellers à partir de ce moment, à l'exclusion de ceux parus en édition limitée ou sous son pseudonyme.
King se crée en effet le pseudonyme de Richard Bachman d'une part car les standards de l'édition de l'époque ne permettent pas à un auteur de publier plus d'un livre par an, et d'autre part pour se libérer de la pression que sa notoriété grandissante lui apporte désormais. Le premier roman qu'il publie sous son pseudonyme, et qui sort directement en édition de poche en septembre 1977, dans l'indifférence générale, est Rage, roman de jeunesse entamé en grande partie au lycée et auquel il a mis la dernière main en 1971. Le sujet de ce drame psychologique est un lycéen qui abat son professeur, prend ses camarades de classe en otage et les pousse à confier publiquement ce qu'ils ont sur le cœur.
Toujours en 1977, King vend sa maison de Bridgton et emménage en Angleterre avec sa famille, qui comprend désormais un troisième enfant, Owen, né en février, dans le but d'y rester un an pour y écrire un roman se déroulant dans ce pays. Cette tentative est toutefois un échec et la famille King revient dans le Maine au bout de seulement trois mois, King achetant une maison à Lovell qui deviendra par la suite sa résidence estivale. Durant son bref séjour en Angleterre, King rencontre néanmoins l'écrivain Peter Straub et les deux hommes sympathisent rapidement, évoquant une possible collaboration dans le futur.
Le Fléau 1978 est un roman épique et post-apocalyptique où a notamment lieu une explosion atomique.
En 1978, King accepte un poste de maître de cours offert par l'université du Maine et s'installe à Orrington pour un an. Cette année-là, deux nouveaux livres de King sont publiés par Doubleday. Danse macabre, qui paraît en février, est un recueil de vingt nouvelles dont la plupart ont déjà été publiées dans divers magazines. C'est ensuite au tour du Fléau de paraître au mois de septembre. Roman épique et post-apocalyptique dans lequel la quasi-totalité de la population meurt à la suite d'une pandémie de grippe créée en laboratoire et où les survivants sont ensuite irrésistiblement attirés par deux puissances opposées pour reproduire la lutte éternelle du Bien contre le Mal, le Fléau est l'une des œuvres les plus ambitieuses de King et est considérée comme l'un de ses chefs-d'œuvre. Doubleday ayant jugé le roman trop volumineux, King doit opérer d'importantes coupures, supprimant environ 250 000 motsz 16. Les ventes du Fléau connaissent un niveau comparable à celles de Shining, l'enfant lumière.
Marche ou crève, le deuxième roman de King édité sous son pseudonyme de Richard Bachman, est publié en édition de poche en juillet 1979. Écrit dix ans auparavant, Marche ou crève est un récit dystopique dans lequel les États-Unis sont devenus une dictature militaire et où une grande marche réunissant cent jeunes gens est organisée annuellement, la fortune étant promise au dernier marcheur survivant. Il est souvent considéré comme le meilleur roman publié sous le pseudonyme de Bachmans. Un mois plus tard, c'est au tour de Dead Zone de sortir en librairie. Premier livre publié chez le nouvel éditeur de King, Viking Press, Dead Zone présente un contenu nettement moins horrifique que les précédents romans que King a publiés sous son nom et narre l'histoire de Johnny Smith, un enseignant qui se réveille d'un long coma avec le don de voir le passé ou le futur des gens par un simple contact. Ce don tourne peu à peu à la malédiction et provoque chez Smith un dilemme moral quand il découvre qu'un politicien en pleine ascension va être dans le futur responsable d'un désastre à grande échelle. Dead Zone se vend à 175 000 exemplaires la première année et est le premier roman de King à parvenir à la première place de la liste des best-sellers du New York Times.

Années 1980

La William Arnold House, demeure victorienne de Bangor construite en 1854 est achetée par Stephen King en 1980.
Stephen King continue d'écrire à un rythme effréné et son roman suivant, Charlie, sort en août 1980. Dans ce livre, Andrew McGee et sa fille Charlie, dotée d'un pouvoir de pyrokinésie, sont traqués par une agence secrète gouvernementale qui veut étudier le pouvoir de la petite fille, King exprimant dans ce roman toute la méfiance qu'il éprouve envers le gouvernement américain. Charlie confirme que King est désormais l'une des valeurs sûres du milieu de l'édition avec une nouvelle première place sur la liste des best-sellers du New York Times et 285 000 exemplaires vendus la première année. La même année, King achète la William Arnold House, une demeure victorienne de Bangor comportant 23 pièces et dont il fait sa résidence principale.
King publie trois nouveaux livres en 1981. Chantier, qui paraît en mars sous le pseudonyme de Richard Bachman, est l'étude de l'obsession d'un homme refusant de quitter sa maison, qui doit être détruite pour permettre la construction d'une autoroute, et sombrant peu à peu dans la folie. Le mois suivant, King publie son premier livre non-fictif, Anatomie de l'horreur, dans lequel il étudie le genre horrifique à travers ses différents médias. Cet essai écrit dans son style narratif habituel remporte le prix Hugo et le prix Locus. Enfin, dans le roman Cujo, édité en août, un énorme Saint-Bernard se fait inoculer le virus de la rage et se transforme en redoutable machine à tuer qui piège dans leur voiture une femme et son enfant. Ce livre ressemble à un roman de Bachman dans le sens où aucun élément fantastique n'y intervient et l'idée initiale de King était d'ailleurs de le publier sous son pseudonyme. Cujo se vend à 350 000 exemplaires la première année et remporte le prix British Fantasy.
Ce rythme élevé de trois parutions par an est maintenu en 1982. Comme l'année précédente, King publie un nouveau roman sous le pseudonyme de Bachman, Running Man, qui paraît en mai et dont il a écrit la première version en une semaine au début des années 1970. Ce roman dystopique situé dans un futur proche met en scène un homme qui participe à un jeu télévisé dans lequel il doit échapper pendant un mois à des tueurs lancés à ses trousses, et représente la première incursion importante de King dans le domaine de la science-fiction. En juin, King publie, dans une édition limitée à 10 000 exemplaires, Le Pistolero, court roman composé de cinq nouvelles publiées auparavant dans un magazine et qui est le premier volume du cycle de La Tour sombre, épopée au croisement de plusieurs genres littéraires retraçant la longue quête de la mythique Tour sombre par le pistolero Roland de Gilead. Enfin, Différentes Saisons, publié en août, est un recueil de quatre récits trop longs pour une nouvelle et trop courts pour un roman et dont seul le dernier comporte un élément surnaturel. Ces récits sont considérés comme les meilleures œuvres de taille intermédiaire de King, particulièrement Le Corps, qui fait partie de ses fictions les plus autobiographiques. Malgré son format inhabituel, le livre est un succès commercial, parvenant à la première place de la liste des best-sellers du New York Times.
King poursuit le même rythme de parution en 1983 avec trois nouveaux romans. Christine, sorti en avril, qui narre l'histoire d'un adolescent tombant sous l'influence d'une Plymouth Fury modèle 1958 hantée par une présence maléfique, puis Simetierre et L'Année du loup-garou, publiés tous deux en novembre. L'Année du loup-garou est un récit sur le thème de la lycanthropie paru en édition limitée. Il devait à l'origine être un calendrier avec des vignettes de 500 mots écrites par King avant de se transformer en un court roman accompagné d’illustrations de Bernie Wrightson. Dans Simetierre, Louis Creed est émotionnellement dévasté par la mort de son fils, âgé de deux ans, et décide de le ramener à la vie en l'enterrant dans un cimetière micmac que son voisin lui a fait découvrir. Roman sur la perte d'un enfant et l'idée que certaines choses sont pires que la mort, il est considéré comme le plus sombre ayant été écrit par King. L'écrivain lui-même, trouvant son histoire trop terrifiante, décide initialement de ne pas le publier avant de changer d'avis car son contrat avec Doubleday l'oblige à fournir encore un roman à son ancienne maison d'édition. Précédé par sa réputation, Simetierre est le plus grand succès commercial de King jusqu'alors, se vendant à 657 000 exemplaires la première année. Christine s'étant pour sa part vendu à 303 000 copies, King classe pour la première fois deux de ses romans dans les dix meilleures ventes de fiction annuelles aux États-Unis avec la 3e place pour Simetierre et la 5e pour Christine.
En 1984, King aborde le genre de la fantasy avec la parution de deux romans, Les Yeux du dragon et Le Talisman. Les Yeux du dragon est un conte pour enfants classique que King écrit pour sa fille Naomi après avoir réalisé qu'elle n'a jamais lu un de ses livres par manque de goût pour ses récits horrifiques. Il paraît en édition illustrée et limitée à 1 250 exemplaires chez Philtrum Press, petite maison d'édition fondée par King en 1982 pour pouvoir imprimer des livres destinés à ses relationsz 18. Le Talisman, coécrit avec son ami Peter Straub, est la concrétisation d'un projet dont les deux hommes discutaient depuis plusieurs années. Mêlant fantasy et horreur, il retrace la quête initiatique du jeune Jack Sawyer, qui voyage à travers les États-Unis et dans un univers parallèle où la magie a remplacé la science pour trouver le talisman seul capable de sauver sa mère. Bénéficiant d'une promotion de grande envergure de la part de Viking Press, le Talisman, sorti le 8 novembre, se vend à 880 000 exemplaires en moins de deux mois et se classe en tête des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1984.
La Peau sur les os, cinquième roman publié sous le pseudonyme de Richard Bachman, sort quelques jours après le Talisman. Ce roman, dans lequel un homme est frappé par une malédiction qui lui fait perdre 1 kg par jour, est le premier signé Bachman à sortir en édition cartonnée ainsi que le premier publié sous ce pseudonyme à faire intervenir un élément surnaturel. Les similitudes de la Peau sur les os avec les romans de King attirent l'attention des spécialistes et Steve Brown, un employé de librairie, découvre la supercherie en examinant les formulaires de copyright de la Bibliothèque du Congrès. En janvier 1985, Brown écrit une lettre à King dans laquelle il lui annonce sa découverte et son intention de tout dévoiler publiquement, et l'écrivain le prend alors de vitesse en avouant en février que Bachman et lui sont la même personne. Les ventes de la Peau sur les os explosent, passant en quelques semaines de 28 000 à 280 000 exemplaires.
King publie Brume, un nouveau recueil de nouvelles composé de vingt textes, le 21 juin 1985. Brume est souvent perçu comme contenant bon nombre des meilleures nouvelles de l'écrivain, la nouvelle homonyme et Le Chenal, qui a remporté le prix World Fantasy de la meilleure nouvelle en 1982, étant particulièrement mises en avant. Le livre reste neuf semaines consécutives à la première place de la liste des best-sellers du New York Times, fait sans précédent pour un recueil de nouvelles, et remporte le prix Locus du meilleur recueil de nouvelles. En octobre, et pour répondre à l'énorme demande du public qui n'arrive pas à se les procurer, les quatre premiers romans de Richard Bachman sont publiés en un seul volume sous le nom de The Bachman Books. C'est à cette époque que la popularité de King atteint des sommets et que l'écrivain devient un phénomène médiatique. Dans la semaine du 17 au 24 novembre 1985, il établit un nouveau record en plaçant cinq de ses livres sur la liste des best-sellers.
Ça, créature monstrueuse du roman homonyme 1986, est capable de prendre la forme de ce qui effraie le plus ses victimes mais adopte souvent celle d'un clown.
Ça, le roman suivant de King, est publié le 15 septembre 1986 et confirme la popularité de l'écrivain. Pour la première fois dans l'histoire de l'édition, le premier tirage d'un roman atteint le chiffre d'un million d'exemplaires. Condensé de tout ce que l'écrivain sait de l'horreur et de l'enfance, Ça retrace la lutte entre sept enfants, puis adultes, et une entité maléfique qui prend la forme des peurs les plus profondes de ses victimes. Roman complexe qui est le plus long publié par King jusqu'alors, il suit une structure de narration non linéaire en alternant entre deux périodes de temps principales ainsi qu'entre les différentes perspectives des personnages principaux, et est généralement considéré comme l'un de ses chefs-d'œuvre. Ça se classe en tête des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 19867 et remporte le prix British Fantasy.
En février 1987, une version légèrement remaniée des Yeux du dragon est publiée par Viking Press, l'éditeur habituel de King. Ce roman très éloigné du style et du genre habituels de l'écrivain devient néanmoins lui aussi un best-seller avec plus de 500 000 exemplaires vendus la première année. Trois nouveaux romans de King sont édités la même année. Les Trois Cartes, 2e volume de la Tour sombre dans lequel Roland de Gilead se rend à New York à trois époques différentes pour en ramener des compagnons de quête, sort en mai et toujours en édition limitée. Misery, huis clos dans lequel un écrivain est, après un grave accident, recueilli et séquestré par une admiratrice schizophrène qui l'oblige à écrire un roman pour elle, paraît le mois suivant. Commencé en 1984, ce roman exempt de toute trace de surnaturel était à l'origine prévu pour être publié sous le pseudonyme de Bachman avant que King ne soit obligé de changer ses plans à la suite de la révélation de son identité secrète. Misery remporte la première édition du prix Bram Stoker. Enfin, Les Tommyknockers est publié en novembre. King mêle horreur et science-fiction dans ce long roman où un vaisseau extraterrestre exerce son influence néfaste sur les habitants d'une petite ville lorsqu'il est déterré. Les Tommyknockers et Misery sont deux nouveaux best-sellers qui se classent respectivement aux 1re et 4e places des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1987.
Écrits en grande partie en 1985 et 1986, Misery et les Tommyknockers sont aussi une métaphore de l'addiction de King à cette époque. À sa dépendance à l'alcool, l'écrivain a en effet désormais ajouté une dépendance à la cocaïne et aux médicaments. Réalisant à quel point la condition de son mari se dégrade, Tabitha intervient pour lui faire prendre conscience de la situation. Réunissant ses proches, elle vide devant lui un sac contenant les restes de sa consommation récente de drogues et d'alcool et lui donne le choix : se faire soigner ou quitter la maison. Mis devant ses responsabilités, King part suivre une cure de désintoxication. Il a arrêté toute forme de drogue et est resté sobre depuis lorse 16. Cette épreuve interrompt néanmoins son activité créatrice et il a beaucoup de mal à retrouver son rythme, connaissant un blocage de l'écrivain de presque un an auquel il met fin en venant à bout de la nouvelle La Saison des pluies.
La fonction traditionnelle de psychopompe des moineaux joue un rôle déterminant dans La Part des ténèbres 1989.
La conséquence directe de cette pause créative forcée est qu'aucun nouveau livre de King ne sort en 1988, à l'exception de Nightmares in the Sky, un livre de photographies de gargouilles avec des textes accompagnateurs de King. Le premier véritable livre de King à paraître depuis les Tommyknockers est le roman La Part des ténèbres, publié le 20 octobre 1989, dans lequel le pseudonyme d'un écrivain prend vie et cherche à s'emparer de celle de son créateur. La Part des ténèbres est directement inspiré par l'expérience vécue par King avec Richard Bachman, son « double littéraire. Deux ans après son dernier succès, King quitte les années 1980 avec un nouveau best-seller, 2e au classement des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1989.

Années 1990

Après de longues négociations avec son ancien éditeur Doubleday, King est enfin libre de publier Le Fléau sous la forme qu'il souhaitait. Une nouvelle édition du roman, comprenant environ 150 000 mots supplémentaires, ce qui en fait le livre le plus long de King, et réactualisée sur le plan des références culturelles et politiques, est éditée le 23 avril 1990. Les ajouts faits par King introduisent plus de variations de rythme, enrichissent la psychologie des personnages, intègrent deux longs passages certainement supprimés en 1978 pour cause de censure, et solidifient la conclusion du roman. En septembre 1990, c'est un deuxième recueil de quatre récits de taille intermédiaire qui paraît. Four Past Midnight, Minuit et Minuit dans l'édition française, est néanmoins très différent de Différentes Saisons car les histoires qui le composent se placent résolument dans les genres fantastique et horrifique. Ce recueil remporte le prix Bram Stoker dans sa catégorie. Minuit 2 / Minuit 4 et la nouvelle édition du Fléau se classent respectivement aux 2e et 7e places des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1990.
Roland de Gilead, personnage principal du cycle de La Tour sombre dont Terres perdues, 1991 est le troisième volume, s'inspire directement du personnage joué par Clint Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand.
Ayant retrouvé son rythme d'écriture, King publie deux nouveaux romans en 1991. Terres perdues, publié en août dans une édition limitée à 30 000 exemplaires, est le 3e volume du cycle de La Tour sombre. Le petit groupe de pistoleros formé par Roland de Gilead s'y retrouve désormais au complet et se lance sur ce qui constitue la première véritable étape de sa quête dans un monde post-apocalyptique. Dans Bazaar, édité en octobre, King fait ses adieux à la petite ville de Castle Rock, apparue pour la première fois dans Dead Zone et dans plusieurs de ses récits depuis lors, en l'entraînant dans une spirale de violence et de destruction provoquée par les manigances du mystérieux propriétaire d'un nouveau magasin. Avec ce roman se terminant de façon cataclysmique pour Castle Rock, King semble vouloir tourner une page de sa carrière.
Avec ses deux romans suivants parus en 1992, Jessie et Dolores Claiborne, les deux premiers volets d'une « trilogie féministe, King confirme ce sentiment en prenant ses distances avec le genre qui a fait sa gloire. Jessie, huis clos psychologique où l'héroïne est menottée à un lit pendant l'essentiel du récit, et Dolores Claiborne, écrit sous la forme d'un monologue ininterrompu où une femme avoue le meurtre de son mari abusif, sont deux portraits de femmes qui se libèrent chacune à leur manière de la domination masculine. De cette trilogie, poursuivie plus tard avec Rose Madder, Dolores Claiborne est généralement considéré comme le roman le plus abouti. Bien que ces deux romans soient, à l'exception d'une scène commune, dépourvus de tout élément surnaturel, les lecteurs de King lui demeurent indéfectiblement fidèles, Dolores Claiborne et Jessie parvenant tous deux à la première place de la liste des best-sellers du New York Times et se classant respectivement aux 1re et 3e places des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1992.
Après Rêves et Cauchemars, un recueil de 22 nouvelles et de deux textes sur le baseball, supprimés de la version en français, publié en septembre 1993, King continue à surprendre ses lecteurs avec son nouveau roman. Insomnie, édité en septembre 1994, est en effet un roman méditatif au rythme lent et dont les personnages principaux sont deux personnes âgées souffrant d'insomnies et de visions impliquant trois êtres rappelant les Parques. Le roman prend une autre tournure quand King vient y greffer un débat social, le droit à l'avortement, et le relie de façon prononcée au cycle de la Tour sombre. King publie ensuite le troisième volet de sa trilogie féministe, Rose Madder, en juin 1995. Ce roman aborde directement le thème de la violence conjugale avec son héroïne qui, après des années de sévices, cherche à refaire sa vie loin de son mari, un policier sadique qui entend bien la retrouver. L'élément fantastique est introduit au milieu du récit par le biais d'un tableau qui est un portail vers un univers parallèle. Bien que ces trois livres se classent dans les dix meilleures ventes annuelles de fiction aux États-Unis, ils ne connaissent pas le succès obtenu par la plupart de leurs prédécesseurs depuis le début des années 1980 et King semble sur le déclin, le magazine Entertainment Weekly soulignant sa baisse de popularité.
La Ligne verte 1996 est le surnom donné dans ce roman-feuilleton à la bande de linoléum conduisant des cellules des condamnés à mort à la chaise électrique.
King retrouve cependant les sommets dès 1996. Sa nouvelle L'Homme au costume noir, qui narre la rencontre d'un jeune garçon avec le Diable, remporte cette année le prestigieux O. Henry Award, récompensant la meilleure nouvelle parue dans la presse nord-américaine l'année précédente, après avoir également obtenu le prix World Fantasy de la meilleure nouvelle. L'écrivain se lance ensuite dans deux concepts originaux. Il remet tout d'abord à l'honneur le genre du roman-feuilleton, tombé en désuétude, en publiant en édition de poche les six épisodes de La Ligne verte au rythme d'un épisode par mois entre mars et août 1996. La Ligne verte, dont l'action se situe dans les années 1930, a pour cadre le quartier réservé aux condamnés à mort d'un pénitencier où est enfermé John Caffey, accusé du viol et du meurtre de deux fillettes et doté d'un pouvoir curateur. King continue à mettre en avant des thèmes sociaux en y dénonçant le racisme et la peine de mort.
Ses deux romans suivants, Désolation et Les Régulateurs, ce dernier étant publié sous le nom de Richard Bachman, sortent ensuite simultanément le 24 septembre 1996. Les deux livres mettent en scène des personnages portant les mêmes noms et qui sont confrontés au même adversaire, une force maléfique nommée Tak, mais dans des situations et des décors radicalement différents. Dans le match opposant King à Bachman, c'est le premier qui sort vainqueur, Désolation devançant les Régulateurs au classement des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1996 avec une 3e place contre une 5e et étant mieux accueilli par la critique. King établit cette année-là un nouveau record en plaçant huit livres sur la liste des best-sellers du New York Times. La Ligne verte remporte par ailleurs le prix Bram Stoker alors que Désolation est le lauréat du prix Locus du meilleur roman d'horreur.
Magie et Cristal, le 4e volume de la Tour sombre, est publié le 4 novembre 1997 en édition limitée à 40 000 exemplaires et revient en grande partie sur un épisode crucial de la jeunesse de Roland de Gilead. À la même période, King change de maison d'édition pour la deuxième fois de sa carrière et signe un contrat avec Scribner après vingt ans de collaboration avec Viking Press. Mais l'avocat qui lui tient lieu d'agent littéraire depuis 1988 négocie ce nouveau contrat avec fracas, attirant l'attention du milieu de l'édition en demandant 17 000 000 $ d'à-valoir pour le prochain roman de King. Ce dernier, gêné par le battage médiatique, renonce à cette considérable avance sur droits d'auteur pour devenir à la place le partenaire de Scribner en négociant une avance de 2 000 000 $ par livre et un partage à 50% des profits. Le premier roman publié chez Scribner est Sac d'os, qui paraît le 22 septembre 1998. À travers son personnage principal, un écrivain, veuf depuis peu, qui doit simultanément faire face à des fantômes hantant sa résidence et à un multimillionnaire qui veut séparer une mère de son enfant, King y évoque certains aspects de son métier. Cette histoire d'amour hantée, comme l'appelle King, est généralement considérée comme faisant partie de ses meilleures œuvres. Sac d'os est aussi son premier livre à remporter trois prix majeurs, le prix Bram Stoker, le prix British Fantasy et le prix Locus, et se classe à la 3e place des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1998.
Chasse-cœurs en Atlantide, le deuxième récit de Cœurs perdus en Atlantide 1999, revient sur l'opposition pacifique des étudiants de l'université du Maine à la guerre du Viêt Nam, Stephen King s'inspirant directement pour cela de sa propre expérience d'étudiant.
En 1999, King publie deux nouveaux livres. Dans La Petite Fille qui aimait Tom Gordon, édité en avril, une petite fille se perd dans les bois du Maine et cherche à retrouver la civilisation en puisant du réconfort dans le joueur de baseball des Red Sox de Boston Tom Gordon qui devient son ami imaginaire. Cœurs perdus en Atlantide, publié en septembre, est un recueil de nouvelles assez particulier, les cinq récits le composant, dont deux constituent la plus grande partie du livre, étant reliés par le personnage de Carol Gerber, qui sert de fil rouge. Avec ce recueil, King revient sur les années 1960 et la guerre du Viêt Nam, un sujet qu'il voulait évoquer depuis longtemps, et intègre le seul élément fantastique à travers le pouvoir psychique du personnage de Ted Brautigan, qui fera sa réapparition dans le dernier volume de la Tour sombres. Cœurs perdus en Atlantide et La Petite Fille qui aimait Tom Gordon, deux livres au contenu très peu horrifique, se classent respectivement aux 6e et 8e places des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 1999.
Entre la publication de ces deux livres, la vie de Stephen King a toutefois radicalement changé. Il est en effet victime d'un grave accident survenu à proximité de sa maison de Lovell le samedi 19 juin 1999. Alors qu'il marche sur le bord de la route, il est renversé par une camionnette dont le conducteur, Bryan Smith, est distrait par son chien se trouvant sur le siège arrière. Souffrant de nombreuses fractures, neuf à la jambe droite et une du col du fémur, d'un poumon perforé et de quatre côtes cassées, il reste hospitalisé trois semaines durant lesquelles il subit cinq interventions chirurgicales. Il sort de l'hôpital le 9 juillet et se remet à écrire le 24 du même mois, les premières séances étant très laborieuses en raison de la douleur constante qu'il éprouve à rester longtemps en position assise mais l'écriture ayant à moyen terme un effet thérapeutique. King rachète le véhicule à l'origine de cet accident pour le détruire à coups de masse et afin qu'il ne puisse pas être revendu sur des sites de ventes aux enchères à des fans un peu trop intéressés par sa proximité tragique avec leur auteur favori. À la suite de cet accident, King décide d'acheter une nouvelle maison à Sarasota, en Floride, afin de passer l'hiver sous un climat plus favorable à son état de santé.

Années 2000

King commence les années 2000 en étant l'un des premiers écrivains à explorer le marché du livre numérique. En mars, il publie sous ce format la nouvelle Un tour sur le Bolid', écrite pendant sa convalescence. L'expérience est une réussite totale avec 400 000 téléchargements le premier jour et une demande qui demeure élevée pendant plusieurs semaines, faisant de ce e-book le premier best-seller numérique. Encouragé par ce succès, King décide d'aller plus loin en proposant de télécharger le premier chapitre du roman The Plant directement sur son site web et de payer 1 $ de façon optionnelle, l'écrivain s'engageant à continuer tant qu'un nombre suffisant de lecteurs acceptent de payer. Les trois premiers chapitres de The Plant ont été écrits entre 1982 et 1985 et distribués par King à ses relations pour Noël avant que l'écrivain n'abandonne l'histoire après avoir réalisé qu'elle se rapprochait trop de La Petite Boutique des horreursz 24. Entre juillet et décembre 2000, King remanie puis écrit six chapitres du récit au rythme d'un par mois mais le nombre de lecteurs payants diminue progressivement et l'écrivain finit par abandonner le projet.
Stephen King collabore pour la 2e fois avec son ami Peter Straub à l'occasion du roman Territoires 2001.
Écriture : Mémoires d'un métier, livre qui tient à la fois de l'essai sur l'art d'écrire et de l'autobiographie et sur lequel King travaillait déjà avant son accident, est publié le 3 octobre 2000. Ce livre remporte le prix Bram Stoker et le prix Locus dans sa catégorie. En 2001, King publie deux romans qui sont les premiers à avoir été entièrement écrits après son accident. Dreamcatcher, qui paraît en mars, mêle horreur et science-fiction, les victimes d'un virus extraterrestre développant à l'intérieur de leur corps des créatures qui les tuent en arrivant à maturité. Territoires, édité en septembre, est la 2e collaboration de King avec Peter Straub et reprend le personnage principal du Talisman vingt ans après les événements de ce roman. King y établit plusieurs connexions avec La Tour sombre. Dreamcatcher et Territoires se classent respectivement aux 4e et 6e places des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 2001.
En 2002, King annonce qu'il va prendre sa retraite d'écrivain après avoir terminé le cycle de la Tour sombre en raison du sentiment qu'il éprouve de se répéter et des douleurs engendrées par les séquelles de ses blessures. Il renonce finalement à cette idée, mais ralentit néanmoins son rythme d'écriture. Deux nouveaux livres de King sortent cette année-là. Tout est fatal, paru en mars, est un recueil de 14 nouvelles dont la grande majorité ont été écrites dans la deuxième moitié des années 1990. Roadmaster, publié en septembre, est l'histoire d'un étrange véhicule entreposé dans un hangar par les policiers d'une petite ville. Ce roman dont le premier jet a été écrit par King avant son accident est moins bien accueilli que la plupart de ses livres. Même s'il occupe pendant une semaine la 1re place de la liste des best-sellers du New York Times, il échoue à intégrer les dix meilleures ventes annuelles de fiction aux États-Unis, première fois que cela arrive à un roman de King, à l'exception de ceux parus en édition limitée ou sous le pseudonyme de Richard Bachman, depuis la première édition du Fléau en 1978.
Depuis juillet 2003, King partage environ toutes les trois semaines ses opinions sur la culture populaire dans une colonne de l'Entertainment Weekly appelée The Pop of King la pop de King. En novembre, il reçoit la prestigieuse médaille de la National Book Foundation pour sa remarquable contribution à la littérature américaine, ce qui provoque quelques remous dans le milieu académique. Environ à la même période, King souffre d'une pneumonie, causée indirectement par son accident qui a fragilisé son poumon, et met plusieurs mois à s'en remettre.
King s'est entretemps attaché à terminer le cycle de la Tour sombre, commençant par remanier le premier volume, Le Pistolero, pour le rendre plus cohérent avec les tomes ultérieurs. Les Loups de la Calla, édité en novembre 2003, est directement inspiré par le western de John Sturges Les Sept Mercenaires. Les deux tomes concluant la saga, Le Chant de Susannah et La Tour sombre, sont publiés en juin et septembre 2004 et voient la quête de Roland de Gilead et de ses compagnons parvenir à son terme. King s'y adonne à la métafiction en se mettant en scène comme personnage, relatant notamment son accident sous la forme de fiction, mais de façon assez fidèle, dans le dernier volume. Le 7e volume du cycle, au titre homonyme, remporte le prix British Fantasy.
King change ensuite complètement de genre avec la publication de Colorado Kid, un roman policier dans lequel deux vieux journalistes content à leur jeune stagiaire l'affaire la plus mystérieuse de leur longue carrière. Ce court roman paraît directement en édition de poche le 4 octobre 2005. L'année suivante, il revient à son genre de prédilection avec Cellulaire, publié en janvier 2006, et dans lequel un signal transmis via les téléphones portables contamine les gens et les transforme en fous furieux assoiffés de sang. Ce roman est à la fois un hommage aux films de zombies et une attaque directe contre l'utilisation massive des téléphones portables. Histoire de Lisey, paru en octobre 2006, présente un contenu nettement moins horrifique et est considéré par son auteur comme le meilleur livre qu'il ait écrit. Inspiré par la pneumonie qui l'a atteint en 2003, ce roman met en scène la veuve d'un écrivain qui suit un jeu de pistes post-mortem laissé par son défunt mari, qui était à la fois affligé d'une malédiction familiale et doté d'un don bien particulier, tout en étant harcelée par un déséquilibré. Histoire de Lisey et Cellulaire se classent respectivement aux 6e et 8e places des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 2006, et Histoire de Lisey remporte par ailleurs le prix Bram Stoker.
Duma Key 2008 a pour cadre principal une île fictive de la côte de Floride.
Le 26 avril 2007, King reçoit le titre de Grand maître de la Mystery Writers of America à l'occasion de la 61e cérémonie des prix Edgar-Allan-Poe. En juin, il publie sous son pseudonyme de Richard Bachman le roman Blaze. Écrit au début des années 1970, c'est un roman à suspense psychologique, hommage littéraire à Des souris et des hommes, où un kidnappeur légèrement attardé se prend d'affection pour l'enfant qu'il a enlevé. King le remanie profondément avant de le soumettre à la publication. Le roman suivant de King, Duma Key, paraît en janvier 2008. Premier roman de King qui a pour cadre principal la Floride, son histoire est celle d'un homme qui s'installe sur un key après un grave accident et qui peint des tableaux, en rapport avec le passé trouble de l'île, qui peuvent altérer la réalité. Quelques mois plus tard, en novembre, King publie Juste avant le crépuscule, un recueil de treize nouvelles écrites, à une exception près, au cours de la décennie écoulée. Duma Key et Juste avant le crépuscule remportent tous deux le prix Bram Stoker dans leurs catégories respectives.
En février 2009, King renoue avec le marché du livre numérique en publiant une nouvelle, Ur, à l'occasion du lancement de la deuxième génération de l'Amazon Kindle et disponible uniquement sur le site Amazon.com. Cette nouvelle présente un Kindle ayant une fonction de recherche dans des univers parallèles. King coécrit également avec son fils Joe Hill une autre nouvelle, Plein Gaz, à l'occasion d'une anthologie rendant hommage à Richard Matheson30. Le 10 novembre 2009 paraît le roman Dôme, un projet que King avait par deux fois déjà abandonné dans le passéo 6 et qui est son troisième livre le plus volumineux après le Fléau et Ça. Dans ce roman allégorique sur des questions écologiques et politiques, une petite ville est brusquement coupée du reste du monde par un dôme transparent et infranchissable.

Années 2010

22/11/63 doit son nom à la date de l'assassinat, le 22 novembre 1963, de John Fitzgerald Kennedy à Dallas.
En 2010, King coscénarise avec Scott Snyder les cinq premiers numéros de la série de comics American Vampire. En novembre de la même année, il publie Nuit noire, étoiles mortes, son troisième recueil de quatre récits de taille intermédiaire, dont un seul relève du genre fantastique. Ce livre remporte le prix Bram Stoker ainsi que le prix British Fantasy du meilleur recueil. 22/11/63, le roman suivant de King, paraît le 8 novembre 2011, après avoir demandé un travail de recherches en amont bien plus important que l'écrivain n'en a l'habitude. Dans ce thriller uchronique que King avait l'intention d'écrire depuis le début de sa carrière, un enseignant remonte le temps par l'intermédiaire d'un portail qui conduit en 1958 dans le but d'empêcher l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Ce roman est le plus grand succès commercial de King depuis Sac d'os, avec quatre semaines passées à la 1re place de la liste des best-sellers du New York Times et une 2e place au classement des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 2011 avec plus de 919 000 exemplaires vendus.
King retrouve ensuite l'univers de La Tour sombre avec La Clé des vents, le 8e volume du cycle, dont les événements se situent entre Magie et Cristal et Les Loups de la Calla, et qui est publié en février 2012. Il utilise pour ce livre la technique du récit dans le récit, le récit encadrant cédant rapidement la place à une histoire de jeunesse de Roland de Gilead au cours de laquelle il conte une autre histoire, l'essentiel du roman, à un jeune garçon. Il collabore ensuite à nouveau avec son fils Joe Hill pour l'écriture de la nouvelle In the Tall Grass, publiée en deux parties dans un magazine pendant l'été 2012.
En 2013, King publie deux nouveaux romans. Il renoue tout d'abord avec le roman policier avec Joyland, paru le 4 juin directement en édition de poche, qui met en scène un jeune employé d'un parc d'attractions se lançant sur la piste d'un tueur en série ayant sévi dans ce parc. Docteur Sleep, roman qui reprend le personnage de Danny Torrance, le jeune héros de Shining, l'enfant lumière désormais adulte, en le mettant aux prises avec un groupe d'immortels se nourrissant d'enfants possédant le même don que lui, est édité le 24 septembre. Pour assurer la promotion de ce roman très attendu, King se rend pour la première fois en France et en Allemagne et y donne plusieurs interviews et conférences38. Docteur Sleep remporte le prix Bram Stoker et se classe à la 2e place des meilleures ventes de fiction aux États-Unis en 2013 avec plus de 942 000 exemplaires vendus.
Son livre suivant, publié le 3 juin 2014, est un autre roman policier, dont le titre est Mr. Mercedes, dans lequel un criminel qui a tué plusieurs personnes en les écrasant avec sa voiture nargue le policier à la retraite qui était chargé de l'affaire et prépare un nouvel attentat encore plus meurtrier. Ce roman sera le premier d'une trilogie centrée sur le personnage de Bill Hodges, policier à la retraite. Le second volume dont le titre annoncé est Finders Keepers, devrait paraître lors du premier semestre 2015. Entre ces deux romans sortira Revival, roman programmé pour le 11 novembre 2014, dans lequel un pasteur qui a maudit Dieu conclut un pacte avec un guitariste, et qui aborde les thèmes du fanatisme religieux, de l'addiction et de la musique.

Vie privée

Stephen King vit avec sa femme Tabitha qu'il a épousée le 2 janvier 1971 et avec laquelle il a eu trois enfants prénommés Naomi née le 1er juin 1971, Joe né le 4 juin 1972 et Owen né le 21 février 1977, les deux derniers étant également écrivains. Il a été élevé dans la religion méthodiste et affirme qu'il croit en Dieu mais n'a pas besoin de religion organisée. Il possède et occupe trois maisons différentes suivant les époques de l'année : une à Bangor, Maine, une à Lovell, Maine, et une à Sarasota, Floride, où il passe l'hiver. Il est propriétaire de deux stations de radio à Bangor : WZON, station d'informations sportives retransmettant les rencontres locales, et WKIT, station de rock classique. Atteint d'une prédisposition génétique à la dégénérescence rétinienne, il sait devoir affronter la possibilité de devenir aveugle.

Centres d'intérêt Baseball

Stephen King s'intéresse au baseball depuis son enfance et est devenu un fan inconditionnel de l'équipe des Red Sox de Boston en 1967. Il assiste fréquemment à leurs matchs, tant à domicile qu'à l'extérieur.
En 1989, King est entraîneur assistant de l'équipe de baseball de son fils Owen, la Bangor West Team, qui évolue dans la Little League du Maine et qui remporte cette année-là le championnat de l'État. Il raconte son expérience dans Head Down, un essai paru dans le New Yorker et dans la version américaine de Rêves et Cauchemars. Dans ce même recueil se trouve un deuxième texte en rapport avec le baseball, Brooklyn in August, un poème qui ne fut également pas traduit dans la version française du recueil. En 1992, Stephen King offre 1 200 000 $ à la ville de Bangor afin de permettre la construction d'un nouveau terrain de baseball pour les équipes de jeunes. Ce terrain est baptisé officiellement Shawn Trevor Mansfield Stadium, en hommage au fils d'un entraîneur local mort d'une méningite, mais est plus connu sous le surnom de Field of Screams le terrain des hurlements.
En 2004, King coécrit avec Stewart O'Nan Faithful: Two Diehard Boston Red Sox Fans Chronicle the Historic 2004 Season, retraçant la saison 2004 des Red Sox jusqu'à leur victoire en Série mondiale de baseball, la première pour l'équipe depuis 1918. En 2005, il apparaît dans le film Terrain d'entente Fever Pitch où il lance la première balle de la journée d'ouverture de la saison. En avril 2010, il publie un court roman, Blockade Billy, dont le personnage principal est un joueur de baseball détenteur d'un terrible secret.

Moto

L'écrivain est également un passionné de la marque de motos Harley-Davidson. À l'automne 1994, il traverse les États-Unis avec sa Harley à l'occasion de la tournée promotionnelle du roman Insomnie, s'arrêtant dans dix villes, du Vermont à la Californie, pour des séances de dédicaces dans des librairies indépendantesb 24. En novembre 1997, il passe ses vacances en traversant l'Australie en Harley de Sydney jusqu'à Perthz 29.

Musique

Stephen King a collaboré avec John Mellencamp pour créer la comédie musicale Ghost Brothers of Darkland County 2012.
Musicien amateur, King joue de la guitare dans un petit groupe, The Mune Spinners, alors qu'il est étudiant à l'université du Mainer 20. Plus de vingt ans plus tard, devenu célèbre, il assure la guitare rythmique au sein du groupe Rock Bottom Remainders, créé en 1992 et presque uniquement composé d'écrivains, dont font également partie Matt Groening, Barbara Kingsolver, Al Kooper, Greil Marcus et Amy Tan. Le concert que le groupe donne en 1992, dans lequel il interprète des reprises de standards du rock 'n' roll des années 1950, a tellement de succès que King propose de faire une tournée de huit concerts en 1993, tournée relatée dans le livre Mid-Life Confidential: The Rock Bottom Remainders Tour America with Three Chords and an Attitude 1994, écrit en commun par les membres de la formation. Le groupe se réunit par la suite à quelques occasions et donne son dernier concert en 2012.
King a également collaboré à plusieurs reprises avec des musiciens. En 1988, il enregistre une introduction pour une chanson de l'album-concept Imaginos du groupe Blue Öyster Cult. Il écrit dans les années 1990 la première version du scénario, profondément remaniée par la suite, du court-métrage Ghosts 1997 de Michael Jackson. En 2010, il réécrit les dialogues, dont il est le narrateur, de l'album-concept Black Ribbons de Shooter Jennings. En 2012, il concrétise un projet plusieurs fois repoussé avec Ghost Brothers of Darkland County, une comédie musicale dont il a écrit le livret avec une musique de John Mellencamp et une production de T-Bone Burnett. La comédie musicale est présentée pour la première fois sur scène à Atlanta en avril 2012, et le CD de Ghost Brothers of Darkland County est sorti le 19 mars 2013.

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Posté le : 20/09/2014 19:38
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Engagement politique et social

Stephen King vote pour la première fois lors de l'élection présidentielle américaine de 1968 et apporte sa voix au candidat républicain Richard Nixon en croyant sa promesse selon laquelle il sortirait les États-Unis de la guerre du Viêt Nam. Voyant ses espoirs vite détrompés, il se tourne en moins d'un an vers le radicalisme contre la guerre, appelant dans ses articles les étudiants de l'université du Maine à la grève et faisant des comptes-rendus de manifestations pacifiques. Depuis cette époque, King a toujours soutenu le parti démocrate. Il apporte notamment son soutien aux candidats démocrates Gary Hart durant la campagne présidentielle de 1984 et Barack Obama durant celle de 2008.
En 1986, King prend publiquement position contre la censure à l'occasion d'un référendum organisé dans le Maine sur l'interdiction à la vente de produits obscènes (par exemple les magazines pornographiques. L'écrivain, dont plusieurs livres ont été retirés des bibliothèques scolaires à travers tout le pays, s'exprime à ce sujet dans les médias locaux et affronte le président de la Christian Civic League du Maine, à l'origine du référendum, lors d'un débat radiophonique. Il fait notamment valoir l'argument que la définition de l'obscénité est particulièrement floue et que cette loi ouvrirait la porte à certaines dérives. Le référendum est finalement rejeté à une large majorité.
Il s'est également exprimé à plusieurs reprises à propos du débat concernant la législation des armes à feu aux États-Unis, faisant part de son désir de restreindre l'accès aux armes à feu. Dans son essai Guns, paru sous forme de livre numérique en janvier 2013, il milite pour l’interdiction de vendre et de posséder des armes automatiques et semi-automatiques.
En 2011, il prend la parole lors d'un rassemblement de protestation contre la politique budgétaire du gouverneur de Floride Rick Scott et exprime à cette occasion son rejet du mouvement Tea Party et son désir que la tranche d'imposition la plus haute, dont il fait partie, soit taxée à 50% au lieu des 28% actuel.

Philanthropie

Stephen King et sa femme Tabitha participent à de nombreuses œuvres philanthropiques dans le Maine et ont fondé en 1986 la Stephen & Tabitha King Foundation afin d'assister les déshérités de cet État, notamment dans les domaines de l'éducation et des soins médicaux. Par l'intermédiaire de la fondation, ils donnent chaque année 10% de leurs revenus à diverses organisations, caritatives pour la plupart.
Parmi ses nombreux dons, l'écrivain a offert : plusieurs millions à la Milton Academy, école privée de Milton où ses trois enfants ont étudié, pour la construction d'un théâtre baptisé Ruth King Theater en 1989 ; 750 000 $ pour financer les travaux de construction d'une nouvelle aile pour la bibliothèque publique de Bangor en 1989 ; 750 000 $ pour permettre la création d'une nouvelle unité pédiatrique à l'Eastern Maine Medical Center de Bangor en 1992 ; 1 400 000 $ pour la construction d'une nouvelle piscine municipale, le Beth Pancoe Memorial Aquatic Center, à Bangor en 200452 ; 70 000 $ afin d'aider les familles du Maine dans le besoin à payer les factures de chauffage en 2011 ; 3 000 000 $ pour permettre la construction d'un nouveau toit pour la bibliothèque de Bangor en 2013.

Œuvre Méthode de travail

Stephen King écrit dans son autobiographie, publiée en 2000, qu'il s'est fixé un quota journalier de deux mille mots, environ dix pages, et ne s'arrête pas d'écrire tant qu'il ne l'a pas atteint, avouant par ailleurs qu'il était plus prolifique au début de sa carrière. En 2006, il affirme que son rythme d'écriture a encore diminué et qu'il est désormais plus proche des mille mots par jour. Il s'appuie sur une méthode de travail intuitive en partant d'une situation de départ et en écrivant spontanément, sans bâtir d'intrigue à l'avance, à l'exception de quelques romans comme Dead Zone, Insomnie ou Rose Madder. L'évolution des personnages détermine alors celle de l'histoire et sa conclusion, qui est souvent différente de celle qu'il avait envisagé initialemente 20. Après avoir terminé le premier jet du récit, il se sert ensuite de l'étape de relecture pour mettre en avant la thématique ou le symbolisme qu'il a repéré.

Style littéraire

La principale qualité de Stephen King, reconnue même par ses détracteurs les plus acharnés, est son sens de la narration, son talent de conteur capable de captiver le lecteur à travers une histoire rendue très rapidement intéressante. Ses personnages vivants et colorés, qui prennent une identité bien définie en quelques phrases, et son aisance à susciter la frayeur en frappant l'imagination de ses lecteurs, font également partie de ses forces en tant qu'écrivain. Le réalisme de ses personnages et des situations qui les introduisent sont d'ailleurs un facteur déterminant dans sa réussite à faire accepter par ses lecteurs l'irruption de l'horreur.
À l'inverse, il lui est régulièrement reproché d'avoir écrit des romans trop longs qui auraient été bien meilleurs sous une forme plus condensée, comme Les Tommyknockers ou Insomnie. Son style, notamment au début de sa carrière, a été qualifié par certains critiques de besogneux, voire de maladroit, et son recours à des scènes explicites pour provoquer la révulsion a également été critiqué. Sa méthode d'écriture intuitive est enfin la cause de conclusions parfois qualifiées d'assez plates. Néanmoins, le style familier, les dialogues parfois vulgaires et le recours à des scènes choquantes sont totalement assumés par King, qui les justifie par un souci de réalisme et d'efficacité.
King crée un grand nombre d'interactions entre ses livres où certains faits, certains personnages se croisent ou se retrouvent d'un roman à un autre. Dolores Claiborne et Jessie en sont un exemple flagrant ainsi que le diptyque Désolation et Les Régulateurs. Ses œuvres ont également beaucoup de cadres en commun, la majorité se situant dans le Maine, la ville fictive de Castle Rock en étant l'exemple le plus célèbre. Des histoires semblant souvent n'avoir aucun lien entre elles sont en fait liées par des personnages secondaires récurrents ou des références à des événements s'étant déroulés dans une histoire précédente, par exemple, le personnage de Cynthia reliant Rose Madder à Désolation.
La Tour sombre, constitué de huit volumes, est un cycle qui lui permet de lier tous ces romans à une seule réalité, constituée d'univers parallèles, et de donner à son œuvre une dimension épique plutôt que de considérer ses cross-over comme anecdotiques. King qualifie d'ailleurs le cycle de Jupiter du système solaire de mon imagination. Bon nombre de ses romans font référence au cycle de la Tour sombre et vice-versa, souvent à travers des détails plus ou moins mineurs mais parfois de façon beaucoup plus essentielle, les connexions avec Insomnie, Cœurs perdus en Atlantide, Salem et Territoires étant les plus signifiantes. L'un des personnages de King qui revient le plus fréquemment est Randall Flagg, incarnation du mal dont la présence se décline sur plusieurs mondes parallèles ; il est ainsi l'homme en noir dans La Tour sombre, le sorcier maléfique dans Les Yeux du dragon, ainsi que le principal antagoniste du Fléau et, sans doute, de Bazaar.
King interrompt régulièrement la narration, parfois au milieu d'une phrase, pour indiquer en italiques ou entre parenthèses les pensées d'un personnage ou un souvenir qui ressurgit. Il intègre dans son récit de multiples références à la culture populaire et des détails précis, résultant de son observation de la société, dans un souci de réalisme et afin que le lecteur puisse aisément s'identifier au monde présenté.
Les romans publiés sous le nom de Richard Bachman se caractérisent par des éléments plus ancrés dans la réalité, une narration plus compressée qui traduit un sentiment d'urgence avec le temps qui passe ou un compte à rebours qui s'égrène, et un personnage principal qui poursuit une obsession.

Thèmes

L'œuvre de King est parsemée de références à l'histoire et à la culture américaines, et particulièrement leurs côtés les plus sombres. Elles apparaissent le plus souvent dans les histoires de ses personnages, étant un facteur d'explication de leurs peurs les plus primaires. La violence, en particulier la violence au sein de la cellule familiale, le racisme et les aspects négatifs de la nature humaine en général sont des thèmes récurrents dans ses œuvres, qui portent un regard quasiment naturaliste et dénué de complaisance sur la société américaine, et notamment la vie dans les petites villes.
Les livres de King se placent souvent dans le courant littéraire naturaliste qui part du principe que l'être humain est soumis à la destinée mais qu'il peut l'influencer dans une certaine part en prenant des décisions dictées par sa morale. L'élément le plus terrifiant, dans son œuvre, n'est pas l'intrusion du surnaturel mais le degré d'implication qu'elle exige de la part de l'humanité, ce qui met ainsi en lumière la vulnérabilité de nos institutions : le gouvernement, le système scolaire, les communautés locales et la cellule familiale.
Les personnages principaux de ses livres sont très souvent eux-mêmes des écrivains : Ben Mears dans Salem, Bill Denbrough dans Ça, Paul Sheldon dans Misery, Thaddeus Beaumont dans La Part des ténèbres, Mike Noonan dans Sac d'os… King expose divers aspects de son métier dans sa trilogie de l'écrivain . Il évoque les rapports parfois délicats entre un écrivain et ses admirateurs dans Misery 1987, la puissante influence que peut exercer sur lui ses créations dans La Part des ténèbres 1989 et la hantise du plagiat dans Vue imprenable sur jardin secret 1990. Plus tard, il aborde également le blocage de l'écrivain dans Sac d'os 1998.
L'enfance est également un thème majeur de l'œuvre de King, surtout dans ses premières œuvres, et les enfants jouent fréquemment des rôles essentiels dans ses histoires : Shining, l'enfant lumière, Charlie, Le Talisman, Ça, Désolation… La séparation entre le monde des adultes et celui des enfants est clairement établie et, dans les romans où des enfants ou des adolescents jouent les premiers rôles, les parents, et la famille en général, sont généralement définis comme ayant une influence destructrice sur leurs rejetons. Le thème de l'enfance sacrifiée, au centre de la plupart des romans de King depuis Carrie, trouve sa résolution dans Ça, roman dans lequel King aborde tout ce qu'il voulait exprimer sur le sujet.
La confrontation entre le Bien et le Mal est l'un des thèmes récurrents de l'univers de King, comme dans Le Fléau, le cycle de la Tour sombre et Bazaar. L'œuvre de King étant essentiellement morale, le Bien triomphe la plupart du temps mais le Mal ne disparaît jamais vraiment et corrompt régulièrement l'humanité. Le Mal se concentre souvent dans un bâtiment qui en est son émanation directe, un mauvais endroit, par exemple Marsten House dans Salem, l'hôtel Overlook dans Shining, l'enfant lumière, l'hôtel noir dans le Talisman, la maison de Neibolt Street dans Ça, et le manoir de Dutch Hill dans Terres perdues.
Parmi les autres thèmes récurrents de l'œuvre de King, on trouve la méfiance envers la technologie et les institutions Charlie, Cellulaire, les Tommyknockers, le Fléau ; le paradoxe entre l'existence de Dieu et les événements effroyables qui se produisent sur Terre le Fléau, Désolation, la Ligne verte ; et la frontière séparant la réalité de l'imaginaire la Part des ténèbres, Sac d'os.

Influences

Richard Matheson est selon Stephen King sa principale influence littéraire.
Stephen King a appelé Richard Matheson, l'auteur qui m'a le plus influencé en tant qu'écrivain. Les deux auteurs, entre autres parallèles stylistiques, intègrent régulièrement les pensées d'un personnage dans une narration à la troisième personne. La lecture de Matheson a notamment prouvé à King qu'un récit d'horreur pouvait tout à fait s'intégrer dans un cadre urbain, et même de proximité. À la suite de la disparition de Matheson, en juin 2013, King lui a rendu un vibrant hommage.
Il admire le travail de H. P. Lovecraft, dont l'influence se ressent dans le travail de King par l'invention d'anciennes et étranges divinités et l'insertion dans le récit de coupures de presse ou d'autres documents comme instruments de narration. Sa nouvelle Crouch End est un hommage non déguisé au Mythe de Cthulhu, et les nouvelles Celui qui garde le ver et Mémé font également particulièrement référence à Lovecraft. Cependant, King met l'accent sur les dialogues et la représentation des personnages, deux éléments notablement absents chez Lovecraft. King critique d'ailleurs ouvertement cette pauvreté des dialogues chez Lovecraft, prenant comme exemples des passages de la Couleur tombée du ciel.
Edgar Allan Poe a exercé lui aussi une certaine influence sur le style de King. Il lui rend hommage dans Shining, l'enfant lumière, avec des références au Masque de la Mort Rouge, et surtout dans sa nouvelle La Cadillac de Dolan dont l'intrigue reprend celle de la Barrique d'amontillado.
Il a déclaré son admiration pour Shirley Jackson. Salem s'ouvre sur une citation de Maison Hantée, roman qui a également influencé la création de l'hôtel Overlook dans Shining, l'enfant lumière et de la bâtisse hantée de Rose Red, alors qu'une scène décisive de La Tempête du siècle s'inspire de sa nouvelle la Loterie.
Il a dédicacé sa nouvelle le Molosse surgi du soleil à John D. MacDonald qui, pour sa part, a écrit la préface de Danse Macabre et fait partie des auteurs de romans noirs qui ont le plus influencé King avec Raymond Chandler, James M. Cain et Ross Macdonald. La nouvelle La Dernière Affaire d'Umney est un pastiche des romans noirs se déroulant dans les années 1930.
Le roman Sa Majesté des mouches 1954, de William Golding, est l'un des préférés de King et est évoqué dans plusieurs de ses livres, notamment Cœurs perdus en Atlantide. La ville de Castle Rock tire son nom d'un lieu de ce romand.
Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien a exercé une grande influence sur l'écriture du Fléau et du cycle de la Tour sombre, qui sont les deux œuvres de King les plus proches de l'épopée.

Accueil critique et académique

L'horreur étant considéré comme un sous-genre littéraire par une grande partie des critiques et des universitaires, Stephen King a été rejeté d'emblée par ces milieux, et souvent même sans qu'ils n'aient lus un seul de ses romans. Cette situation a néanmoins commencé à changer dans les années 1990 à partir du moment où un nombre de plus en plus important d'études sérieuses ont été réalisées dans des publications universitaires alors que les critiques se sont faites de plus en plus favorables avec le temps. En 2008, à l'occasion de la sortie de Duma Key, King explique ce revirement en partie par le fait que la plupart des critiques qui l'ont éreintés au début de sa carrière sont morts ou ont pris leur retraite et que la nouvelle génération qui a pris leur relève a grandi avec ses livres et est donc mieux disposée à son égard.
Une fraction importante des critiques et des universitaires continue néanmoins de penser que King, en tant qu'auteur populaire qui touche un très large public, ne mérite pas d'être pris en considération sur le plan de la valeur littéraire. La polémique déclenchée par le National Book Award lui ayant été décerné en 2003 illustre bien la division qui règne à son sujet parmi les intellectuels. Harold Bloom, critique littéraire connu pour ses attaques envers les écrivains connaissant un grand succès populaire, a notamment vu dans cette récompense une nouvelle preuve de la décadence culturelle des États-Unis. Des écrivains acclamés par la critique ont pris publiquement la défense de King : Joyce Carol Oates, considérée pour le prix Nobel de littérature, l'a présenté dès 1997 comme un écrivain sérieux et important ; et Michael Chabon, lauréat du prix Pulitzer, a affirmé après la lecture d'Histoire de Lisey n'avoir jamais été plus persuadé de sa grandeur.
Dans les années 1980, Douglas E. Winter, critique littéraire, et Michael R. Collings, professeur de littérature à l'université Pepperdine, ont été les premiers à s'intéresser de façon académique à l'œuvre de Stephen King. En 1995, Michael R. Collings estime que certains livres de King, notamment Salem, Shining, l'enfant lumière, Dead Zone, Ça et la version intégrale du Fléau, tous déjà étudiés de façon académique, ont de bonnes chances de résister à l'épreuve du temps et de devenir des classiques.

Traduction de ses œuvres en français

Depuis Ça, la traduction de la plupart des romans de Stephen King, y compris ceux écrits sous le pseudonyme de Richard Bachman, a été principalement assurée par William Olivier Desmond. Avant cela, quasiment chaque livre avait un traducteur différent. Depuis, seules certaines œuvres ont été traduites par d'autres personnes, par exemple La Petite Fille qui aimait Tom Gordon et Roadmaster, traduits par François Lasquin, les derniers tomes de la saga de La Tour sombre, traduits par Marie de Prémonville hormis La Clé des vents, traduit par Jean-Daniel Brèque, ou encore Histoire de Lisey, traduit par Nadine Gassie. Après Dôme, dernier roman traduit par William Olivier Desmond, décédé en 2013, Nadine Gassie a repris le rôle de traductrice principale de l'écrivain en traduisant Nuit noire, étoiles mortes, 22/11/63, Docteur Sleep et Joyland.

Bibliographie

Romans

Carrie, Gallimard, 1976 Carrie, 1974
Salem, Alta, 1977 Salem's Lot, 1975
Shining, l'enfant lumière, Alta, 1979 The Shining, 1977
Publié initialement sous le titre L'Enfant lumière
Le Fléau, Alta, 1981 The Stand - Unabriged, 1978
Première édition
Dead Zone, Jean-Claude Lattès, 1983 The Dead Zone, 1979
Charlie, Albin Michel, 1984 Firestarter, 1980
Cujo, Albin Michel, 1982 Cujo, 1981
Christine, Albin Michel, 1984 Christine, 1983
L'Année du loup-garou, Albin Michel, 1986 Cycle of the Werewolf, 1983
Simetierre, Albin Michel, 1985 Pet Sematary, 1983
Les Yeux du dragon, Albin Michel, 1995 The Eyes of the Dragon, 1984
Le Talisman, Robert Laffont, 1986 The Talisman, 1984
Coécrit avec Peter Straub. Publié initialement sous le titre Le Talisman des territoires
Ça, Albin Michel, 1988 It, 1986

Paru en deux tomes

Misery, Albin Michel, 1989 Misery, 1987
Les Tommyknockers, Albin Michel, 1989 The Tommyknockers, 1987
La Part des ténèbres, Albin Michel, 1990 The Dark Half, 1989
Le Fléau, Jean-Claude Lattès, 1991 The Stand: The Complete & Uncut Edition, 1990
Édition intégrale, révisée par l’auteur
Bazaar, Albin Michel, 1992 Needful Things, 1991
Jessie, Albin Michel, 1993 Gerald's Game, 1992
Dolores Claiborne, Albin Michel, 1993 Dolores Claiborne, 1992
Insomnie, Albin Michel, 1995 Insomnia, 1994
Rose Madder, Albin Michel, 1997 Rose Madder, 1995
La Ligne verte, Librio, 1996 The Green Mile, 1996
Publié en six volumes puis en intégrale par les éditions 84 en 1997
Désolation, Albin Michel, 1996 Desperation, 1996
Sac d'os, Albin Michel, 1999 Bag of Bones, 1998
La Petite Fille qui aimait Tom Gordon, Albin Michel, 2000 The Girl Who Loved Tom Gordon, 1999
Dreamcatcher, Albin Michel, 2002 Dreamcatcher, 2001
Territoires, Robert Laffont, 2002 Black House, 2001
Coécrit avec Peter Straub. Suite du Talisman
Roadmaster, Albin Michel, 2004 From a Buick 8, 2002
Colorado Kid, J'ai lu, 2006 The Colorado Kid, 2005

Roman court

Cellulaire, Albin Michel, 2006 Cell, 2006
Histoire de Lisey, Albin Michel, 2007 Lisey's Story, 2006
Duma Key, Albin Michel, 2009 Duma Key, 2008
Dôme, Albin Michel, 2011 Under the Dome, 2009
Blockade Billy, 2010
22/11/63, Albin Michel, 2013 11/22/63, 2011
Joyland, Albin Michel, 2014 Joyland, 2013
Docteur Sleep, Albin Michel, 2013 Doctor Sleep, 2013
Suite de Shining, l'enfant lumière
Mr. Mercedes, 2014
Revival, 2014
À paraître le 11 novembre 201458
Finders Keepers, 2015
Suite de Mr. Mercedes - À paraître au cours du premier semestre 2015

Cycle de La Tour sombre

Article détaillé : La Tour sombre.
1 - Le Pistolero, J'ai lu, 1991 The Gunslinger, 1982
2 - Les Trois Cartes, J'ai lu, 1991 The Drawing of the Three, 1987
3 - Terres perdues, J'ai lu, 1992 The Waste Lands, 1991
4 - Magie et Cristal, Éditions 84, 1998 Wizard and Glass, 1997
5 - Les Loups de la Calla, J'ai lu, 2004 Wolves of the Calla, 2003
6 - Le Chant de Susannah, J'ai lu, 2005 Song of Susannah, 2004
7 - La Tour sombre, J'ai lu, 2005 The Dark Tower, 2004
8 - La Clé des vents, J'ai lu, 2012 The Wind Through the Keyhole, 2012

Publiés sous le nom de Richard Bachman

Rage, Albin Michel, 1990 Rage, 1977
Marche ou crève, Albin Michel, 1987 The Long Walk, 1979
Chantier, Albin Michel, 1987 Roadwork, 1981
Running Man, Albin Michel, 1988 The Running Man, 1982
La Peau sur les os, Albin Michel, 1987 Thinner, 1984
Les Régulateurs, Albin Michel, 1996 The Regulators, 1996
Blaze, Albin Michel, 2008 Blaze, 2007

Recueils de nouvelles

Danse macabre, Alta, 1980 Night Shift, 1978
Différentes Saisons, Albin Michel, 1986 Different Seasons, 1982
Recueil de quatre romans courts : Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank, Un élève doué, Le Corps et La Méthode respiratoire
Brume, Albin Michel, 1987 Skeleton Crew, 1985
Minuit 2 et Minuit 4, Albin Michel, 1991 Four Past Midnight, 1990
Recueil de quatre romans courts, séparés en Les Langoliers et Vue imprenable sur jardin secret dans Minuit 2 et Le Policier des bibliothèques et Le Molosse surgi du soleil dans Minuit
Rêves et Cauchemars, Albin Michel, 1994 Nightmares & Dreamscapes, 1993
Cœurs perdus en Atlantide, Albin Michel, 2001 Hearts in Atlantis, 1999
Recueil de deux romans courts et trois nouvelles
Tout est fatal, Albin Michel, 2003 Everything's Eventual, 2002
Juste avant le crépuscule, Albin Michel, 2010 Just After Sunset, 2008
Nuit noire, étoiles mortes, Albin Michel, 2012 Full Dark, No Stars, 2010
Recueil de quatre romans courts

Essais

Anatomie de l'horreur, Éditions du Rocher, 1995 Danse Macabre, 1981
Écriture : Mémoires d'un métier, Albin Michel, 2001 On Writing: A Memoir of the Craft, 20 Secret Windows, 2000
Essai et nouvelles
Faithful, 2004
Coécrit avec Stewart O'Nan. Livre sur la saison des Red Sox de Boston
Guns, 2013
Essai au sujet de la législation sur les armes à feu aux USA

Livres numériques

Un tour sur le Bolid', Le Livre de poche, 2000 Riding the Bullet, 2000 The Plant, 2000
Inachevé Ur, 2009
Plein Gaz, Jean-Claude Lattès, 2014 Throttle, 2009
Coécrit avec Joe Hill.
Mile 81, 2011
Un visage dans la foule, Bragelonne, format numérique, 2014 A Face in the Crowd, 2012
Coécrit avec Stewart O'Nan.
In the Tall Grass, 2012
Coécrit avec Joe Hill.
Sale Gosse, Albin Michel, format numérique, 2014 Bad Little Kid

Scénarios

Peur bleue, J'ai lu, 1990 Silver Bullet, 1985
La Tempête du siècle, Albin Michel, 1999 Storm of the Century, 1999

Distinctions Récompenses

Sauf mention contraire, cette liste provient d'informations de la Science-Fiction Awards Database du magazine Locus. Les années mentionnées sont celles de la remise des prix.
Année Récompense Catégorie Œuvre
1980 Prix Balrog Meilleur recueil de nouvelles ou anthologie Danse macabre
Prix World Fantasy Prix spécial —
1981 Prix British Fantasy Prix spécial —
1982 Prix British Fantasy Meilleur roman Cujo
Prix Hugo Meilleur livre non-fictif Anatomie de l'horreur
Prix Locus Meilleur livre non-fictif
Prix World Fantasy Meilleure nouvelle Le Chenal
1983 Prix British Fantasy Meilleure nouvelle La Méthode respiratoire
1986 Prix Locus Meilleur recueil de nouvelles Brume
1987 Prix British Fantasy Meilleur roman Ça
1988 Prix Bram Stoker Meilleur roman Misery
1991 Prix Bram Stoker Meilleur recueil de nouvelles Minuit 2 / Minuit 4
1995 Prix World Fantasy Meilleure nouvelle L'Homme au costume noir
1996 O. Henry Award Meilleure nouvelle
Prix Bram Stoker Meilleure nouvelle longue Déjeuner au Gotham Café
1997 Prix Bram Stoker Meilleur roman La Ligne verte
Prix Locus Meilleur roman d'horreur Désolation
Prix Ozone Meilleur roman fantastique étranger
Grand prix de l'Imaginaire60 Meilleur essai Anatomie de l'horreur
1999 Prix Bram Stoker Meilleur roman Sac d'os
Prix British Fantasy Meilleur roman
Prix Locus Meilleur roman d'horreur
2000 Phantastik Preis Meilleur roman étranger Cœurs perdus en Atlantide
2001 Prix Bram Stoker Meilleur livre non-fictif Écriture : Mémoires d'un métier
Prix Locus Meilleur livre non-fictif
2003 National Book Award Ensemble de sa carrière —
Prix Bram Stoker Ensemble de sa carrière —
Phantastik Preiz Meilleur roman étranger Territoires
2004 National Magazine Awards Meilleure fiction Aire de repos
Prix World Fantasy Ensemble de sa carrière —
2005 Prix British Fantasy Meilleur roman La Tour sombre
Phantastik Preis Meilleur roman étranger
2007 Prix Bram Stoker Meilleur roman Histoire de Lisey
Prix Edgar-Allan-Poe Ensemble de sa carrière —
2009 Prix Bram Stoker Meilleur roman Duma Key
Meilleur recueil de nouvelles Juste avant le crépuscule
2010 Prix Shirley Jackson Meilleure nouvelle longue Morality
2011 Prix Bram Stoker Meilleur recueil de nouvelles Nuit noire, étoiles mortes
Prix British Fantasy Meilleur recueil de nouvelles
2012 Los Angeles Times Book Prize Meilleur thriller 22/11/63
Prix Bram Stoker Meilleure nouvelle courte Herman Wouk is Still Alive
2013 National Magazine Awards Meilleure fiction Batman and Robin Have an Altercation
2014 Prix Bram Stoker Meilleur roman Docteur Sleep

Nominations

Cette liste, qui recense uniquement les principales nominations obtenues par des œuvres de Stephen King, provient d'informations de la Science-Fiction Awards Database du magazine Locus. Les années mentionnées sont celles de la remise des prix.

Nominations Cinéma et télévision

En 1976, Brian De Palma réalise Carrie au bal du diable, premier film adapté de l'œuvre de Stephen King. Le film est un succès commercial et critique et contribue à lancer la carrière de l'écrivain en le faisant connaître du grand publica. À partir des années 1980, plusieurs réalisateurs renommés adaptent à leur tour des livres de King : Stanley Kubrick avec Shining 1980, David Cronenberg avec Dead Zone 1982, John Carpenter avec Christine 1983 et Rob Reiner avec Stand by Me 1987 et Misery 1990. À côté de ces adaptations réussies, auxquelles il faut ajouter celles de Frank Darabont, plusieurs autres films tirés de l'œuvre de King sont considérés comme très médiocres, notamment Les Démons du maïs 1984, Charlie 1984, La Créature du cimetière 1990, The Mangler 1995, La Peau sur les os 1996 et Dreamcatcher 2003.
King fait ses débuts au cinéma en 1982 en écrivant le scénario de Creepshow, réalisé par George Romero avec qui il se lie d'amitié et qui réalisera plus tard La Part des ténèbres 1993. En 1986, King se lance dans la réalisation en adaptant Poids lourds, une de ses nouvelles. Mais le film, Maximum Overdrive, est un cuisant échec artistique et commercialz et vaut à King une nomination pour le Razzie Award du pire réalisateur. En 1991, il développe un scénario original pour la mini-série Contretemps mais les audiences sont décevantesz.
La seule adaptation que King a totalement désavouée est Le Cobaye The Lawnmower Man, 1992, dont une seule scène présente un lien avec la nouvelle qui a donné son nom au film. Furieux de voir son nom associé à ce film dans un seul but publicitaire, King intente un procès à la société de production New Line Cinema afin que son nom soit retiré de tout le matériel promotionnel du film. Le tribunal lui donne raison et condamne de plus New Line à lui verser 3 400 000 $z.
Frank Darabont a réalisé trois films adaptés de l'œuvre de Stephen King et les deux hommes sont amis.
King autorise les réalisateurs débutants, la plupart étant des étudiants en cinéma, à adapter ses nouvelles sous forme de court métrage contre la somme d'un dollar symbolique à condition que le film ne soit pas distribué dans un but commercial sans son autorisation et qu'une copie lui soit envoyée. Ce système, surnommé Dollar Baby par l'écrivain, permet à Frank Darabont de réaliser en 1983 une adaptation de Chambre 312 qui impressionne King quand celui-ci la visionnez. Darabont établit par la suite sa réputation en réalisant trois adaptations qui comptent parmi les plus réussies de l'œuvre de King, Les Évadés 1994, La Ligne verte 1999 et The Mist 2007, et les deux hommes sont amis depuis 1994. King est également ami avec le réalisateur Mick Garris et les deux hommes ont collaboré à plusieurs reprises, avec des hauts, notamment l'adaptation du Fléau 1994, et des bas, La Nuit déchirée 1992, film d'après un scénario original de Kinga .
King a écrit plusieurs scénarios adaptés de ses propres livres, notamment ceux du film Simetierre 1989 et de la mini-série Le Fléau 1994. Il a toujours affirmé qu'il n'était pas satisfait du traitement de Shining, l'enfant lumière dans le film de Kubrick et, en 1997, il produit et scénarise une nouvelle adaptation de son roman sous forme de mini-série, réalisée par Mick Garris et plus fidèle à l'œuvre originalez, qui remporte le Saturn Award du meilleur téléfilm. En 1998, il écrit la première version, révisée ensuite par Chris Carter, du scénario d'un épisode de la série télévisée X-Files, dont il est devenu un admirateur trois ans plus tôt après avoir rencontré David Duchovny sur le plateau d'un jeu télévisé. L'épisode, intitulé La Poupée, se déroule dans le Maine et met en scène une petite fille possédée par une poupée maléfiquer.
King écrit ensuite notamment trois scénarios originaux pour des mini-séries, le premier étant celui de La Tempête du siècle 1999, qui remporte le Saturn Award du meilleur téléfilm. C'est ensuite le tour de Rose Red 2002, mini-série pour laquelle King a l'idée d'organiser une campagne de marketing qui pousse des milliers de personnes à croire que la maison hantée nommée Rose Red existe vraimentw 6. Il développe enfin Kingdom Hospital 2004, série de 13 épisodes basée sur L'Hôpital et ses fantômes de Lars von Trier et qui s'ouvre sur une scène directement inspirée par le grave accident dont il a été victime en 199970.
King a également souvent interprété de petits rôles dans des adaptations cinématographiques ou télévisées de ses histoires, ainsi qu'un rôle plus important dans Creepshowa 7. En plus de ces caméos, il prête sa voix à son propre personnage dans Une fille de clown 2000, un épisode des Simpson, et il incarne un « nettoyeur » nommé Bachman, chargé de faire disparaître un cadavre, dans un épisode de la série télévisée Sons of Anarchy 2010.
King déclare en 2008 que ses trois adaptations préférées sont Stand by Me, Les Évadés et The Mist. L'année suivante, il dévoile dans le livre Stephen King Goes to the Movies ses dix adaptations favorites sans donner d'ordre de préférence. Outre les trois déjà citées, on y trouve Chambre 1408, Cujo, Dolores Claiborne, La Ligne verte, La Tempête du siècle, Misery et Un élève doué.

Filmographie Réalisateur
1986 : Maximum Overdrive

Scénariste


1982 : Creepshow
1985 : Cat's Eye
1985 : Peur bleue
1986 : Maximum Overdrive
1987 : Histoires de l'autre monde série télévisée, épisode Sorry, Right Number
1989 : Simetierre
1991 : Contretemps mini-série, épisodes 1 à 5
1992 : La Nuit déchirée
1994 : Le Fléau mini-série
1997 : Shining mini-série
1998 : X-Files, épisode La Poupée
1999 : La Tempête du siècle mini-série
2002 : Rose Red mini-série
2004 : Kingdom Hospital mini-série
2006 : Désolation téléfilm
2014 : A Good Marriage
2014 : Under the Dome série télévisée, saison 2 épisode 1

Acteur

1981 : Knightriders : l'homme-sandwich
1982 : Creepshow segment La Mort solitaire de Jordy Verrill : Jordy Verrill
1986 : Maximum Overdrive : un homme à la banque ATM
1987 : Creepshow 2 segment L'Auto-stoppeur : le conducteur du camion
1989 : Simetierre : le pasteur
1991 : Contretemps mini-série, épisode 5 : le chauffeur de bus
1992 : La Nuit déchirée : le fossoyeur
1994 : Le Fléau mini-série : Teddy Weizak
1995 : Les Langoliers mini-série : Tom Holby
1996 : La Peau sur les os : Docteur Bangor
1997 : Shining mini-série : Cage Creed
1999 : La Tempête du siècle mini-série : l'avocat dans une publicité à la télévision
2000 : Les Simpson épisode Une fille de clown : lui-même voix
2000 : Frasier série télévisée, saison 8, épisode 8 : Brian voix
2002 : Rose Red mini-série : le livreur de pizzas
2004 : Kingdom Hospital mini-série : Johnny B. Goode
2005 : Terrain d'entente : lui-même
2007 : Chronique des morts-vivants : le journaliste à la radio voix
2010 : Sons of Anarchy série télévisée, saison 3, épisode 3 : Bachman
2014 : Under the Dome série télévisée, saison 2, épisode 1 : Client au resto-bar demandant un café à Angie

Adaptations cinématographiques

Année Titre français Titre original Réalisateur Commentaire
1976 Carrie au bal du diable Carrie Brian De Palma Adaptation du roman Carrie
1980 Shining The Shining Stanley Kubrick Adaptation du roman Shining, l'enfant lumière
1982 Creepshow Creepshow George A. Romero Adaptation de la nouvelle La Caisse The Crate ainsi que de la nouvelle La Fin solitaire de Jody Verill et scénarios originaux de Stephen King parus sous le même titre, dessinés par Bernie Wrightson
1983 Cujo Cujo Lewis Teague Adaptation du roman Cujo
1983 Dead Zone The Dead Zone David Cronenberg Adaptation du roman Dead Zone
1983 Christine Christine John Carpenter Adaptation du roman Christine
1984 Les Démons du maïs Children of the Corn Fritz Kiersch Adaptation de la nouvelle Les Enfants du maïs Children of the Corn dans Danse macabre
1984 Charlie Firestarter Mark L. Lester Adaptation du roman Charlie
1985 Cat's Eye Cat's Eye Lewis Teague Segment Quitter's Inc., : adaptation de la nouvelle éponyme (Desintox, Inc. dans Danse macabre
Segment The Ledge : adaptation de la nouvelle éponyme La Corniche dans Danse macabre
1985 Peur bleue Silver Bullet Daniel Attias Adaptation du roman L'Année du loup-garou Cycle of the Werewolf
1986 Maximum Overdrive Maximum Overdrive Stephen King Adaptation de la nouvelle Poids lourds Trucks dans Danse macabre
1986 Stand by Me Stand By Me Rob Reiner Adaptation de la nouvelle Le Corps The Body dans Différentes Saisons
1987 Creepshow 2 Creepshow 2 Michael Gornick Adaptation de la nouvelle Le Radeau he Raft et scénarios originaux de Stephen King
1987 Running Man The Running Man Paul Michael Glaser Adaptation du roman Running Man
1989 Simetierre Pet Sematary Mary Lambert Adaptation du roman Simetierre
1990 Darkside, les contes de la nuit noire Tales from the Darkside: The Movie John Harrison Adaptation de la nouvelle Le Chat d'enfer The Cat from Hell
1990 La Créature du cimetière Graveyard Shift Ralph S. Singleton Adaptation de la nouvelle Poste de nuit Graveyard Shift dans Danse macabre
1990 Misery Misery Rob Reiner Adaptation du roman Misery
1992 La Nuit déchirée Sleepwalkers Mick Garris Scénario original de Stephen King
1993 La Part des ténèbres The Dark Half George A. Romero Adaptation du roman La Part des ténèbres
1993 Le Bazaar de l'épouvante Needful Things Fraser Clarke Heston Adaptation du roman Bazaar
1994 Les Évadés The Shawshank Redemption Frank Darabont Adaptation de la nouvelle Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank Rita Hayworth and the Shawshank Redemption dans Différentes saisons
1995 The Mangler The Mangler Tobe Hooper Adaptation de la nouvelle La Presseuse The Mangler dans Danse macabre
1995 Dolores Claiborne Dolores Claiborne Taylor Hackford Adaptation du roman Dolores Claiborne
1996 La Peau sur les os Thinner Tom Holland Adaptation du roman La Peau sur les os
1997 Les Ailes de la nuit The Night Flier Mark Pavia Adaptation de la nouvelle Le Rapace nocturne The Night Flier dans Rêves et Cauchemars
1998 Un élève doué Apt Pupil Bryan Singer Adaptation de la nouvelle Un élève doué Apt Pupil dans Différentes Saisons
1999 La Ligne verte The Green Mile Frank Darabont Adaptation du roman-feuilleton La Ligne verte
2001 Cœurs perdus en Atlantide Hearts in Atlantis Scott Hicks Adaptation de la nouvelle Crapules de bas étage en manteau jaune
2003 Dreamcatcher Dreamcatcher Lawrence Kasdan Adaptation du roman Dreamcatcher
2004 Fenêtre secrète Secret Window David Koepp Adaptation de la nouvelle Vue imprenable sur jardin secret dans le livre Minuit 2
2004 Riding the Bullet Riding the bullet Mick Garris Adaptation de la nouvelle Un tour sur le Bolid', parue dans le recueil Tout est fatal
2007 Chambre 1408 1408 Mikael Håfström Adaptation de la nouvelle 1408, parue dans le recueil Tout est fatal
2007 The Mist The Mist Frank Darabont Adaptation de la nouvelle Brume, parue dans le recueil du même nom
2009 La Cadillac de Dolan Dolan's Cadillac Jeff Beesley Adaptation de la nouvelle La Cadillac de Dolan, parue dans le recueil Rêves et Cauchemars
2013 Carrie, la vengeance Carrie Kimberly Peirce Nouvelle adaptation du roman Carrie
2014 A Good Marriage A Good Marriage Peter Askin Adaptation du roman court Bon Ménage
2014 Mercy Mercy Peter Cornwell Adaptation de la nouvelle Mémé
2015 Cell Cell Tod Williams Adaptation du roman Cellulaire

Adaptations télévisées

Année Titre français Titre original Réalisateur Format Commentaire
1979 Les Vampires de Salem Salem's Lot Tobe Hooper Mini-série d'une durée totale de 180 minutes Adaptation du roman Salem
1984 L'Ordinateur des dieux The Word Processor of the Gods Michael Gornick Épisode de 30 minutes de la série Histoires de l'autre monde Adaptation de la nouvelle Machine divine à traitement de texte (Word Processor of the Gods) dans Brume
1986 Le Spectre de grand-mère Gramma Bradford May Épisode de 30 minutes de la série La Cinquième Dimension Adaptation de la nouvelle Mémé Gramma dans Brume
1987 Désolé, bon numéro Sorry, Right Number John Harrison Épisode de 30 minutes de la série Histoires de l'autre monde Adaptation de la nouvelle Désolé, bon numéro Sorry, Right Number dans Rêves et Cauchemars
1990 « Il » est revenu It Tommy Lee Wallace Mini-série d'une durée totale de 190 minutes Adaptation du roman Ça
1991 Vengeance diabolique Sometimes They Come Back Tom McLoughlin Téléfilm Adaptation de la nouvelle Cours, Jimmy cours Sometimes They Come Back dans Danse macabre
1991 The Moving Finger The Moving Finger Ken Meyers Épisode de 30 minutes de la série Monsters Adaptation de la nouvelle Le Doigt téléscopique The Moving Finger dans Rêves et Cauchemars
1991 Contretemps Golden Years Divers Mini-série de 7 épisodes de 40 minutes Scénario original de Stephen King
1993 Les Tommyknockers The Tommyknockers John Power Mini-série d'une durée totale de 180 minutes Adaptation du roman Les Tommyknockers
1994 Le Fléau The Stand Mick Garris Mini-série d'une durée totale de 360 minutes Adaptation du roman Le Fléau
1995 Les Langoliers The Langoliers Tom Holland Mini-série d'une durée totale de 180 minutes Adaptation de la nouvelle Les Langoliers The Langoliers dans Minuit
1997 Shining The Shining Mick Garris Mini-série d'une durée totale de 270 minutes Deuxième adaptation du roman Shining, l'enfant lumière
1997 Le Dentier claqueur Chattery Teeth Mick Garris Segment du téléfilm anthologique Quicksilver Highway Adaptation de la nouvelle Le Dentier claqueur Chattery Teeth dans Rêves et Cauchemars
1997 Les Révélations de Becka Paulson The Revelations of Becka Paulson Steven Weber Épisode de 45 minutes de la série Au-delà du réel Adaptation de la nouvelle Les Révélations de Becka Paulson The Revelations of Becka Paulson dans 22 Histoires de sexe et d'horreur
1997 Trucks : Les Camions de l'enfer Trucks Chris Thomson Téléfilm de 90 minutes Adaptation de la nouvelle Poids lourds (Trucks) dans Danse macabre. Remake du film Maximum Overdrive, réalisé par Stephen King.
1998 La Poupée Chinga Kim Manners Épisode de 45 minutes de la série X-Files : Aux frontières du réel Scénario original de Stephen King
1999 La Tempête du siècle Storm of the Century Craig R. Baxley Mini-série de 250 minutes Scénario original de Stephen King
2002 Rose Red Rose Red Craig R. Baxley Mini-série de 240 minutes Scénario original de Stephen King
2002 Carrie Carrie David Carson Téléfilm de 130 minutes Deuxième adaptation du roman Carrie
2002-2007 Dead Zone The Dead Zone Divers Série télévisée comportant 6 saisons Adaptation du roman Dead Zone
2004 Kingdom Hospital Stephen King's Kingdom Hospital Craig R. Baxley Mini-série adaptée de la série originale L'Hôpital et ses fantômes The Kingdom de Lars von Trier Mini-série de 15 épisodes, dont 11 scénarisés par Stephen King
2004 Salem Salem's Lot Mikael Salomon Mini-série de 180 minutes Adaptation du roman Salem
2006 Désolation Desperation Mick Garris Téléfilm de 130 minutes Adaptation du roman Désolation
2006 Rêves et Cauchemars Nightmares & Dreamscapes Divers Mini-série de huit épisodes Huit histoires tirées des recueils Danse macabre, Rêves et Cauchemars et Tout est fatal
2009 Children of the Corn Children of the Corn Donald P. Borchers Téléfilm Nouvelle adaptation de la nouvelle Les Enfants du maïs
2010-en cours Les Mystères de Haven Haven Divers Série télévisée en cours de production Adaptation très libre de Colorado Kid
2011 Bag of Bones Bag of Bones Mick Garris Téléfilm en deux parties Adaptation du roman Sac d'os
2013-en cours Under the Dome Under the Dome Divers Série télévisée en cours de production Adaptation du roman Dôme

Films et téléfilms dérivés de l'œuvre de Stephen King

Année Titre français Titre original Réalisateur Format Commentaire
1987 Les Enfants de Salem A Return to Salem's Lot Larry Cohen Film Suite des Vampires de Salem
1992 Le Cobaye The Lawnmower Man Brett Leonard Film Moins de 10 minutes basées sur la nouvelle La Pastorale, intégrées à une histoire n'ayant rien à voir avec Stephen King
1992 Simetierre 2 Pet Sematary II Mary Lambert Film Suite de Simetierre
1993 Les Démons du maïs 2 Children of the Corn II: The Final Sacrifice David Price Film Suite des Démons du maïs
1995 Les Démons du maïs 3 Children of the Corn III James D.R. Hickox Film Suite des Démons du maïs
1996 Les Enfants du diable Sometimes They Come Back… Again Adam Grossman Film direct-to-video Suite de Vengeance diabolique
1996 Les Démons du maïs 4 Children of the Corn IV: The Gathering Greg Spence Film direct-to-video Suite des Démons du maïs
1996 Ghosts Ghosts Stan Winston Moyen métrage Histoire d'origine de Stephen King puis réarrangée par Michael Jackson et les scénaristes
1998 Les Démons du maïs 5 Children of the Corn V: Fields of Terror Ethan Wiley Film direct-to-video Suite des Démons du maïs
1999 Carrie 2 : La Haine The Rage: Carrie 2 Katt Shea Film Suite de Carrie
1999 Le Diable des glaces Sometimes They Come Back… for More Daniel Zelik Berk Film direct-to-video Pseudo-suite de Vengeance diabolique
1999 Les Démons du maïs 6 Children of the Corn 666: Isaac's Return Kari Skogland Film direct-to-video Suite des Démons du maïs
2001 Les Démons du maïs 7 Children of the Corn: Revelation Guy Magar Film direct-to-video Suite des Démons du maïs
2002 The Mangler 2 The Mangler 2 Michael Hamilton-Wright Film direct-to-video Pseudo-suite de The Mangler
2002 Firestarter : Sous l'emprise du feu Firestarter 2: Rekindled Robert Iscove Téléfilm Suite de Charlie
2003 Le Journal d'Ellen Rimbauer The Diary of Ellen Rimbauer Craig R. Baxley Téléfilm Préquelle de Rose Red
2005 The Mangler Reborn The Mangler Reborn Matt Cunningham et Erik Gardner Film direct-to-video Pseudo-suite de The Mangler
2006 Creepshow 3 Creepshow 3 Ana Clavell et James Dudelson Film direct-to-video Pseudo-suite de Creepshow
2011 Children of the Corn : Genesis Children of the Corn: Genesis Joel Soisson Film direct-to-video Suite des Démons du maïs

Liens
http://youtu.be/1iD2NiyAVAU Les Tommyknockers
http://youtu.be/1BnJG9LsZA0 La grande librairie reçoit Stephen King
http://youtu.be/d_E5nAyULUE Le retour vengeance diabolique
http://youtu.be/d_E5nAyULUE Stephen King au grand Rex
http://youtu.be/hgLImCyDn6U Desperation


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Posté le : 20/09/2014 19:36
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Virgile
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Hors Ligne
Le 21 septembre 19 av. J.-C. à Brindes à 50 ans meurt Virgile,

en latin Publius Vergilius Maro né vers le 15 octobre 70 av. J.-C. à Andes, dans l'actuelle Lombardie poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste, ses Œuvres principales sont : Bucoliques, Géorgiques, Énéide
Déjà célèbre en son temps, tenu en haute estime par l'empereur Auguste, Virgile est apparu très tôt comme le plus grand poète de Rome. Il l'est assurément par la perfection technique de tout ce qu'il a écrit, par l'étendue de sa sensibilité, la profondeur de ses intuitions. De surcroît, les Romains ont eu l'impression de recevoir de lui l'image idéale qu'ils avaient à se former d'eux-mêmes. Après la dislocation de l'Empire, il est demeuré le représentant le plus éminent de l'humanité romaine, voire des grandeurs de l'âme païenne ; c'est à ce titre qu'il tient tant de place dans l'œuvre de Dante.

Aux temps modernes, sa gloire n'a guère subi d'éclipses ; chaque époque littéraire, chaque âge de la sensibilité trouvant des raisons de s'intéresser à lui : maître de noblesse et de pathétique au XVIIe siècle ; animateur au XVIIIe siècle de bergeries suaves ; pour les romantiques, poète de la nature vierge. Vers la fin du XIXe siècle, les universitaires ont affecté un moment de ne lui reconnaître qu'un talent distingué. On l'a, depuis, redécouvert comme prophète de la réconciliation humaine dans une cité universelle, comme poète des grandeurs du travail humain. Claudel, Giono, Valéry, si différents, l'ont également admiré. La philologie la plus scrupuleuse doit bien reconnaître qu'en dépit de leur diversité ces interprétations s'enracinent toutes dans la réalité d'une œuvre que le temps jusqu'ici semble avoir moins usée qu'enrichie.

En bref

Virgile avant Virgile


Comme tant de Romains illustres, Publius Vergilius Maro était, d'origine, un provincial, né dans la cité de Mantoue à une époque où les Transpadans n'avaient pas encore la citoyenneté romaine. Des traditions qui remontent très haut et qui trouvent dans son œuvre de singuliers appuis font de lui un rural, ce qui dans une civilisation fondamentalement urbaine est, en revanche, assez exceptionnel ; mais ce fut là sans doute une des premières chances du futur poète. On localise sans invraisemblance le domaine de Virgile près du bourg de Góito, à l'endroit où la route de Mantoue à Brescia franchit le Mincio, région de collines assurément plus conformes au paysage des Bucoliques que le plat pays d'Andes, où la tradition a longtemps cherché le poète, au sud-est de Mantoue.
Il n'est pas facile de le situer socialement : on ne le voit à aucun moment préoccupé d'une carrière politique ou administrative ; les élections, le forum, la vie de parti semblent lui avoir inspiré une sorte d'horreur. Il est étrange qu'il n'ait pas, au terme de son adolescence, entrepris ce voyage en Grèce qui achevait alors habituellement une éducation libérale. Dans la bourrasque des guerres civiles, il paraît n'avoir pas été capable de conserver ses biens. En revanche, il est affectivement très enraciné, gardant toute sa vie la nostalgie du pays natal ; il cultive avec un soin particulier les légendes qui l'embellissent en l'associant aux fastes de la glorieuse civilisation des Étrusques. Toute sa vie, il a été un homme du souvenir, trouvant dans le passé ses raisons les plus sûres d'espérer en l'avenir. Il était homme de méditation, ayant le goût de voir en chaque chose, au-delà de la surface où s'arrête un regard incurieux, d'autres réalités qui sont promesse.
On s'est demandé s'il ne devait pas une part de sa formation à un séjour d'études qu'il aurait fait à Naples vers sa vingtième année : il y aurait entendu les leçons d'épicuriens célèbres. Mais il est difficile de distinguer cet hypothétique séjour, à cause des liens qu'il nouera par la suite avec les milieux napolitains lors de son installation définitive en Campanie à partir de 37. Les premiers poèmes de Virgile, ses Bucoliques les plus anciennement écrites, se comprennent bien, croyons-nous, comme œuvres d'un homme qui jusqu'alors n'aurait guère quitté sa province. À la génération précédente, les Cisalpins déjà, avec Catulle, Valerius Cato, avaient tenu quelque place dans la vie littéraire du monde romain. Les goûts qui prévalaient alors étaient de ceux qui peuvent tenir en haleine de petits cercles d'amateurs : dans le sillage des poètes alexandrins du IIIe siècle, c'était une poésie mondaine, raffinée, experte à donner forme à des sentiments fugitifs, à des nuances délicates, aux petites péripéties de la vie de société.
À la fin de 43, les remous de la politique amènent dans l'Italie du Nord, comme gouverneur et chef d'armée, un grand personnage, C. Asinius Pollio. De six ans plus âgé que Virgile, il avait bien connu Catulle et il était lui-même poète à ses heures. On comprendra que les lettrés et amateurs de la province aient accueilli sa venue comme une heureuse chance. Les Arcadiens qu'évoquent souvent les Bucoliques sont les amis qui se retrouvent autour de Pollion en un petit cénacle où la poésie fournit le mot de passe. Replacée dans ce milieu, la IIIe Bucolique nous fait atteindre un premier Virgile, un Virgile naissant, habile à démarquer Théocrite, à aiguiser des pointes, à travestir ses amis en bergers.

Sa vie

Selon la tradition, Virgile naît à Andes, qui porte aujourd'hui le nom de Virgilio en son honneur, près de Mantoue, en Gaule Cisalpine, sous le consulat de Crassus et de Pompée, dans une famille modeste. Les historiens actuels considèrent plutôt qu'il est issu d'une famille bourgeoise, sa mère Polla Magio étant la fille d'un riche marchand et son père Vergilius Maro, dont le praenomen n'est pas connu3, étant un petit propriétaire terrien de Mantoue vivant de l'apiculture, de l'agriculture et de l'élevage et qui veille scrupuleusement à ses études.
Crassus et Pompée sont à nouveau consuls lorsque le jeune homme revêt la toge virile, le jour même où disparaît Lucrèce. Tout un symbole, sans doute, bien que l’empreinte de l’auteur du De rerum natura sur l’œuvre de Virgile soit probablement moins forte que celle de Catulle, son voisin de Vérone, dont il y a tout lieu de supposer qu’il le connut personnellement, ainsi que d’autres poètes en vue, qu’il salue dans les Bucoliques, tels que Aemilius Macer est-ce le Mélibée des Bucoliques ?, C. Helvius Cinna, du cercle de Catulle, L. Varius Rufus, futur éditeur de l’Enéide, et Q. Horatius Flaccus Lycidas dans la Buc. 9 ?. Mais c'est Horace qui devient son ami le plus intime, au point que ce dernier l'appellera animae dimidium meae, la moitié de mon âme.

De même, il se lie très tôt amitié avec Quintilius Varus, le futur grand critique, et Cornelius Gallus, le fondateur de la poésie élégiaque romaine. Il fait des études approfondies dans les domaines les plus divers, lettres, philosophie, droit, médecine, mathématiques en particulier, d’abord à Crémone, puis à Milan, ensuite à Rome, et enfin à Naples, ville de culture grecque où il suit les cours de professeurs de rhétorique et de philosophie grecque, notamment de maîtres prestigieux comme Siron et Philodème, l’un et l’autre de sensibilité épicurienne.
C’est sans doute durant la guerre civile elle éclata quand il avait vingt ans qu’il entre en relation avec Asinius Pollion, homme de lettres qui appartient au cercle de Catulle et des poètes néotériques, mais aussi figure politique importante et chef militaire qui prendra parti pour Marc Antoine dans la rivalité qui opposera celui-ci à Octave, petit-neveu et héritier de Jules César. Pollion commande plusieurs légions en Cisalpine lorsque Octave, au lendemain de la victoire de Philippes (-42), entreprend de déposséder en masse les paysans italiens afin de récompenser les légionnaires césariens. La guerre fait rage de nouveau, mais le parti des spoliateurs prend le dessus, et Pollion, en infériorité, doit se replier. Le domaine paternel de Virgile est, semble-t-il, confisqué, et ses légitimes propriétaires manquent même d'y laisser la vie. Cependant, les interprétations des Bucoliques varient.
Selon la tradition, après trois années passées à se documenter en Asie Mineure et en Grèce pour composer l’Énéide, il est victime d'une insolation près de Mégare, interrompt son voyage de documentation et meurt peu après son retour à Brindes en -199. Bien que Virgile ait demandé à ses amis et exécuteurs testamentaires Lucius Varius Rufus et Plotius Tucca de brûler après sa mort l’Énéide inachevé, donc imparfait, Auguste s'y oppose et fait publier l'œuvre par L. Varius Rufus.
Incinéré, ses cendres sont conformément à son désir transportées à Pouzzoles. C'est à l'entrée de la grotte de Pouzzoles, appelée Crypta Neapolitana, qu'est située une grande ruine que la tradition honore comme le tombeau présumé de Virgile en sur lequel une épitaphe rappelle sa vie résumée en un distique qu'il aurait composé à ses derniers moments :
Mantua me genuit, Calabri rapuere, tenet nunc Mantoue m'a donné la vie, la Calabre me l'a ôtée, et maintenant
Parthenope. Cecini pascua, rura, duces. Naples garde mon corps. J'ai chanté les pâturages, les campagnes, les héros.

— Épitaphe de Virgile
Œuvres Bucoliques

Cette œuvre visait à ramener les Romains à l'agriculture. La première édition se composait des neuf premières bucoliques du grec ancien βουκόλος/boukólos, le bouvier, harmonieusement disposées en deux groupes de quatre autour de la cinquième pièce, comme autant de planètes gravitant autour d’un astre. Cet astre, c’est Daphnis, souvent assimilé à Jules César fraîchement assassiné, ce qui sous-estime gravement la subtilité virgilienne. En fait, la cinquième bucolique pourrait bien nous présenter deux Daphnis, l’un ténébreux, celui de Mopse masque d’Octavien, et qui figure en effet le feu dictateur, l’autre lumineux, celui de Ménalque masque de Virgile, qui représente Catulle, secrètement éliminé par le premier.
On ne peut qu’admirer les impeccables proportions de ce petit temple pythagoricien, pour reprendre la métaphore de Paul Maury qui fut le premier à les mettre en évidence en 1944. L’architecture la plus visible, qui donc équilibre les quatre premières pièces 83, 73, 111 et 63 vers = 330 par les quatre dernières 86, 70, 110, 67 vers = 333 autour du pivot central 90 vers, se redouble d’une autre, plus secrète, qui les couple par cercles concentriques I + IX ; II + VIII ; III + VII ; IV + VI, lesquels correspondent à des thèmes malheurs des paysans expropriés ; tourments de l’amour ; joutes poétiques ; élévation au niveau universel et cosmique autant qu’à des formes alternance de dialogues et de chants continus, et obéissent aux mêmes proportions numériques que dans la première architecture, soit : I + IX + II + VIII 333 vers, face à III + VII + IV + VI 330 vers.

Les Bucoliques poème social

Assurément, l'auteur des Bucoliques n'était pas, jusqu'à sa trentième année, resté reclus dans son village. Études à Crémone, à Milan, nous dit-on, sans doute un voyage ou un séjour à Rome ; peut-être ici ou là aurait-il noué quelque amitié avec tel de ceux que nous voyons ensuite traverser sa vie. Nous en saurions beaucoup plus si nous étions sûrs de devoir attribuer à Virgile un bref poème Catalepton, 5 où un tout jeune homme, ce semble, fait à l'éloquence, à ses camarades d'études, aux Muses même des adieux ironiques parce qu'il a résolu de gagner les havres de la béatitude sous la conduite de Siron, un épicurien célèbre qui enseignait à Naples vers la fin de la République. Malheureusement, ce poème nous est parvenu dans des conditions bien suspectes, et c'est plutôt à une période ultérieure de sa vie, après 38 avant J.-C., que Virgile est effectivement entré en rapports suivis avec les épicuriens de Campanie. Quoi qu'il en soit de ces voyages, on notera que, dans toute son œuvre, la vie urbaine, la grande ville est évoquée toujours avec aversion ou effroi. Il semble bien douteux que Virgile y ait fait des expériences heureuses, bien douteux qu'antérieurement aux Bucoliques il soit resté longtemps absent de son cher pays.
En tout cas, c'est là que nous le retrouvons en 42 avant J.-C., au moment où des malheurs imprévus, conséquence des guerres civiles, vont s'abattre sur des cités restées jusqu'alors paisibles. Partout les paysans sont dépossédés de leurs biens au profit de vétérans qu'il faut payer de leurs loyaux services. Ces drames vont le toucher profondément ; peut-être exproprié lui-même, il aura, vers 38 avant J.-C., quitté son pays. Il en porte dans les Géorgiques la vive nostalgie ; jusque dans l'Énéide, qu'il s'agisse d'Andromaque, d'Évandre, d'Énée ou de Didon, il aura toujours une tendresse spéciale pour les exilés.
Les Bucoliques et le drame de l'exil

Virgile, les Bucoliques

Le volume des Bucoliques nous donne à lire dix pièces dont la composition prend place entre 42 et 38 avant J.-C. Elles ont été écrites indépendamment les unes des autres, mais le recueil présente un plan si étudié, une cohérence si volontaire qu'il faut assurément partir de l'ensemble achevé, même si l'on veut, en un second temps, s'interroger sur la genèse de chacun des poèmes. L'analogie des sujets impose le rapprochement deux à deux d'un certain nombre de pièces : I et IX concernent le malheur des paysans expropriés ; II et VIII disent les souffrances de l'amour dans des cœurs simples ; III et VII magnifient le chant des bergers ; IV et VI s'élèvent à des méditations cosmologiques, l'une tournée vers l'avenir des hommes, l'autre vers les ténèbres du passé légendaire ; il n'est pas impossible d'établir entre V et X des liens comparables. Des égalités d'une exactitude presque parfaite entre le nombre des vers de chacune des unités à discerner I + II + III + IV= VI + VII + VIII + IX ;I + IX + II + VIII= III + VII + IV + VI ; etc. confirmeraient, s'il en était besoin, des intentions très arrêtées.
Un recueil de poésie se prête mal à faire ressortir comme tel l'effet architectural de ces dispositions embrassées ; il convient plutôt de reconnaître l'effet qui en résultera pour un lecteur qui lit les pièces, comme il se doit, à la suite. À partir de Bucolique VI, il va retrouver en chaque pièce quelque thème déjà rencontré dans la première partie du recueil, mais dilaté, approfondi ; et, en même temps, à mesure qu'il progresse, une tristesse poignante, de plus en plus sensible, imprègne tout. Un commentaire de détail serait ici nécessaire pour montrer comment cette double impression est soutenue continûment, se renforce. Mais les faits les plus saisissables parlent assez haut, déjà : l'amour est assurément dépeint sous des traits plus sombres en Bucolique VIII qu'en Bucolique II ; à la mort et à l'apothéose de Daphnis Bucolique V correspondent les langueurs sans espoir de Gallus Bucolique X ; en Bucolique IX, les paysans se sont résignés à un malheur définitif, qui semblait, naguère encore Bucolique I, scandaleux, accidentel, peut-être passager.
Cette orientation du recueil ne nous permet pas de l'interpréter comme un simple badinage, le jeu d'un lettré qui s'amuserait à se travestir et à travestir ses amis en bergers ou voudrait nous faire sourire de la gaucherie, des naïvetés de paysans promus à la dignité de poètes. Un tel projet n'est pas totalement absent des pièces que des indices sûrs nous font reconnaître comme les plus anciennes II et III, mais Virgile l'a ensuite écarté, et ces poèmes conservés ont pris leur valeur principale de ce qu'ils font ressortir la différence des autres.
On approche de plus près l'intention du poète en prenant le recueil comme un programme de vie, selon une ouverture généralisante – anthropologique ou humaniste – qui ne fait défaut à aucune des œuvres de Virgile : on la retrouvera aussi bien dans les Géorgiques, poème de l'homme au travail, que dans l'Énéide, épopée de l'homme au service de l'histoire. Les Bucoliques, ainsi comprises, nous présenteraient un idéal dont le poète entend nous inspirer l'attrait, dont il nous fait apparaître aussi combien il est vulnérable : une vie simple aux confins de la pauvreté ; une vie adossée à l'immense Nature ; l'homme invité à tenir une partie dans le concert de ses voix, comblé de s'y sentir accueilli. Non pas un homme d'ailleurs, mais les hommes, car l'univers bucolique exclut l'isolement, suppose une société : le chant y est amébée, c'est-à-dire alterné par couplets qui se répondent, chacun recevant les suggestions de son partenaire pour les incorporer à son chant, faire mieux, monter plus haut et, à son tour, offrir à l'émotion de son ami l'occasion d'un plus noble élan. Civilisation du village et des champs. Hélas ! les convulsions de la politique, les prestiges de la ville viennent désorganiser cet univers vraiment humain. Plus gravement encore, il arrive que les chanteurs ne s'accordent pas, que l'homme dévoré par une indigne passion ne sache plus rien recevoir de ses amis ni de la Nature. La Nature elle-même peut se faire dangereuse : si l'homme ne sait pas s'accorder à elle dans une noble exaltation, elle l'égare en mille vertiges et le ramène à l'animalité.
Mais les Bucoliques ne se donnent pas comme une œuvre intemporelle. Encadrées dans les poèmes majeurs de la dépossession et de l'exil, elles sont une protestation contre les malheurs injustifiés des paysans, la revendication de leur qualité d'hommes, l'apologie – qui a valeur sociale non moins que généralement humaine – de la civilisation dont ils vivent. Jamais, dans la littérature antique, on n'avait lu rien de tel ; le paysan y était l'homme âpre au gain, crispé sur ses avoirs, ou le balourd, le niais dont on s'amuse ; Théocrite lui-même avait rarement dépassé ce niveau. Les Bucoliques s'inscrivent dans ces recherches qui, à la fin de la République, tendent à introduire l'homme « ordinaire » dans une littérature exclusivement peuplée jusqu'alors de dieux, de héros et de princes. Il porte avec lui des drames, des souffrances, une profondeur qui ne sont pas moindres ; désormais, on ne méconnaîtra plus sa majesté. L'élégie romaine est à interpréter de la sorte, mais on voit que la bucolique, cherchant ses acteurs dans la catégorie la plus méprisée du monde antique, va plus loin. Virgile, sans doute, en a eu le sentiment quand il a évoqué Géorgiques, IV, 565 les audaces de sa jeunesse.
Le classicisme romain, dans l'ordre de la poésie, commence avec les Bucoliques ; les malheurs des années 40 avant J.-C. ont été décisifs. Aux yeux d'un poète qui, en d'autres temps, n'eût été, peut-être, qu'un artiste distingué, la gravité de l'existence humaine s'est dévoilée tout d'un coup. Impossible, désormais, de se satisfaire des jeux dont s'était amusée la génération précédente dans une Rome agitée, mais encore sûre d'elle-même. En se disloquant sur les routes de l'exil, le petit monde des paysans, la pauvre humanité, a imposé l'évidence d'une capacité de souffrir, donc de ressentir, jusqu'alors méconnue. Rétrospectivement, les valeurs touchantes dont était faite sa vie, au moment où tout allait disparaître, apparaissaient en un jour plus clair. Impossible, désormais, d'oublier les hommes et de vivre en marge. À la même époque, Horace a connu un ébranlement analogue. L'accord de deux tempéraments si différents est sûrement significatif de la réalité d'un moment spirituel.
Les épicuriens de Naples

Géorgiques

Ce poème didactique, terminé en -2913, se divise en quatre livres 514, 542, 566, 566 vers, abordant successivement la culture des champs, l’arboriculture spécialement la vigne, l’élevage et l’apiculture:
Livre I - blé et saison du laboureur ;
Livre II - vigne et olivier ;
Livre III - élevage du bétail ;
Livre IV - le rucher.
S’inspirant surtout d’Hésiode, de Lucrèce et d’Aratos, mais aussi de Théophraste, de Varron, de Caton l'Ancien, voire d’Aristote, Virgile trace son chemin propre en infusant à l’intérieur de la matière proprement didactique, souvent aride et ingrate en soi, ce que l’on pourrait appeler l’âme virgilienne, faite d’une extraordinaire empathie à l’égard de tous les êtres, qui anime l’inanimé, comprend de l’intérieur végétaux et animaux, participe activement au travail à la fois pénible et exaltant du paysan.
Les Géorgiques sont beaucoup moins un traité d’agriculture aussi ne visent-elles pas à l’exhaustivité qu’un poème sur l’agriculture ; elles s’adressent au moins autant à l’homme des villes qu’à l’homme des champs. Elles offrent à l’amateur de poésie un plaisir sans cesse renouvelé, autant par leur sujet même qui ressource les Muses dans la fraîcheur et l’authenticité de la nature, que par le souffle qui les soulève de bout en bout, et par l’extraordinaire variété de leur style. Virgile sait agrémenter son sujet d’épisodes variés et de véritables morceaux de bravoure qui sont autant de respirations dans le poème. On peut citer les Pronostics de la guerre civile, l’Hymne au Printemps, l’Éloge de l’Italie, l’Éloge de la vie champêtre, l’Épizootie du Norique, le Vieillard de Tarente, Aristée et ses abeilles, Orphée et Eurydice.

Les Géorgiques

Dix ans plus tard, en 29 avant J.-C., comme il ressort des derniers vers des Géorgiques, nous retrouvons Virgile à Naples. Mais un récit d'Horace Satires, I, 5 nous invite à faire remonter cette installation jusqu'en 37 avant J.-C. ; un texte de Properce II, 34 paraît nous dire que notre poète acheva ses Bucoliques dans la région de Tarente. Tout cela s'accorde assez bien : vers 38 avant J.-C., Virgile a dû quitter son pays ; après un essai pour se fixer à l'autre extrémité de l'Italie – il s'en souviendra dans la peinture du vieillard de Tarente Géorgiques, IV, 125 –, il finit par s'établir en Campanie, où l'appelaient peut-être quelques souvenirs de ses années d'études.
C'est à ce moment, croyons-nous, qu'il entre en rapport avec les épicuriens de Naples, se lie plus étroitement avec Horace, avec L. Varius Rufus, qui sera un de ses exécuteurs testamentaires, peut-être avec Philodème, tous poètes et philosophes. Ces rapports à l'épicurisme nous sont expressément affirmés par la tradition antique ; ils ressortent, ce semble, de documents presque contemporains retrouvés dans les cendres d'Herculanum ; ils nous en apprennent sur Virgile moins que nous ne voudrions. L'épicurisme romain présentait une diversité de formes qui a longtemps échappé aux Modernes, égarés par les poncifs d'une littérature de controverse ou séduits par la cohérence et le ton dogmatique de l'exposé de Lucrèce. Inversement, bien des thèmes qu'on a tendance à lui attribuer en propre recherche du bonheur, aversion pour les tracas où la vie se disperse, amour du loisir apparaissent de plus en plus comme le bien commun de toutes les écoles. Il n'est donc jamais facile de déceler dans une œuvre des traces sûres d'épicurisme ni de dire comment un épicurien conçut son épicurisme.
Compte tenu de ces réserves, on pourra noter, cependant, que les épicuriens – plus que d'autres écoles, où prédominait un certain individualisme – avaient le culte de l'amitié ; ils s'efforçaient, dans leurs groupes, d'en instituer les conditions matérielles ; Virgile, meurtri, déraciné, a pu y être très sensible, retrouvant dans ces échanges quelque chose des dialogues poétiques où il avait saisi l'image de l'harmonie des âmes. La religiosité épicurienne, particulièrement concrète et ne répugnant pas à l'anthropomorphisme pour traduire l'expérience de la proximité des dieux, n'était pas, non plus, pour lui déplaire. Enfin, il est possible qu'il ait reconnu quelque chose de ses intuitions les plus chères dans cette sorte de monisme qui, aux antipodes du dualisme platonicien, constitue d'éléments uniques bêtes, hommes et dieux, sans en exclure les plantes mêmes et les rochers ; la quatrième Bucolique a été lue souvent comme un poème épicurien, quoiqu'elle reflète plutôt, croyons-nous, le monisme des stoïciens.
Mais Virgile, pas plus qu'Horace, n'a jamais été l'homme d'une doctrine. Non pas qu'il eût été un éclectique ou un indifférent. Seulement, la vocation intellectuelle des poètes est de traduire des évidences ou des pressentiments que les systèmes n'arrivent pas à mettre en forme et, comme, en sus de leurs images, de leurs moyens d'expression spécifiques, ils ont besoin d'un certain minimum de mots déjà connus et de concepts, ils les empruntent, sans aucun scrupule, aux philosophes qu'ils connaissent. Ne nous hâtons pas de conclure qu'ils en sont devenus les adeptes : leur souci principal est de rester fidèles à eux-mêmes et de rendre communicable ce qu'ils sont seuls à pouvoir dire.
Les Géorgiques, poème des patiences

Virgile, les Géorgiques

Sous les dehors d'un poème didactique renouvelé d'Hésiode, les Géorgiques, qui vont désormais occuper notre poète, sont un éloge lyrique des activités de l'homme des champs. La parenté avec les Bucoliques est apparente ; l'œuvre n'en est pas moins très différemment orientée : les Bucoliques nous offraient le spectacle d'une harmonie réalisée ou qui eût été possible – sa destruction ou sa corruption n'en sont que plus poignantes ; les Géorgiques nous parlent de travail, d'effort, non plus de repos, de poésie ou de contemplation. L'homme ne s'est pas pour autant distancé de la Nature ; la Nature, elle aussi, travaille ; il est un Bouvier dans le ciel ; le retour périodique des constellations imite, aux confins du monde, le cycle des travaux de la terre ; point de repos nulle part. À supposer que le poète eût été épicurien, cette valorisation du travail ne l'eût pas nécessairement séparé de ses amis : l'épicurisme a toujours contesté la réalité d'un âge d'or révolu ; seul un patient effort a conduit l'humanité où elle est. Quoi qu'il en soit, cette orientation est bien un acquis définitif du poète : l'agriculture des Géorgiques annonce déjà le héros tenace de l'Énéide et son obéissance à son dur destin : Labor verus.
Un texte célèbre, au livre I, précise en toute clarté l'une des significations que le poète attribue au travail : trop heureuse, notre espèce se fût engourdie ; c'est la dureté, l'hostilité parfois des circonstances qui ont fait de nous des hommes véritables ; mais, comme la pente de l'âme de Virgile est à la reconnaissance, il ajoute que c'est un dieu ami des hommes non pas jaloux, comme dans la fable grecque qui a voulu qu'il en fût ainsi vers 121-146. Il est tentant d'expliquer dans la même perspective le singulier complexe de légendes qui, à la manière d'un mythe platonicien, achève le poème. On se souvient habituellement de l'élément le plus pathétique, le deuil d'Orphée retrouvant et perdant Eurydice ; mais la signification austère de tout l'ensemble pourrait bien être que, dans la lutte contre la mort, symbole de toutes les adversités, ce n'est pas la poésie qui a puissance : Orphée échoue ; c'est Aristée, l'homme des champs, qui réussit par sa docilité aux ordres d'en haut et la patience de ses techniques. Le travail met l'homme debout, mais aussi il bâtit le monde.
Il est évident que ce changement de cap n'est pas dû simplement à l'influence d'Hésiode, succédant à celle de Théocrite. Un poète choisit ses modèles en rapport avec ses desseins. Plutôt ne méconnaissons pas le retentissement qu'ont pu avoir dans l'âme de Virgile des événements qui, à cette date, allaient très vite et préparaient effectivement une des plus grandes mutations de l'histoire. Les Bucoliques répondaient à un moment d'extrême espérance la paix semble assurée par la victoire définitive des héritiers de César suivi d'une accablante rechute les héritiers de César ne s'entendent pas, la guerre recommence, l'Italie est déchirée. Puis l'espoir a revécu, mais un autre espoir ; peut-être pourra-t-on reconstruire, mais ce sera long, et la seule chance de l'homme est dans son travail obstiné : C'est ainsi qu'a grandi la puissante Étrurie, et Rome parvenue au faîte de ce monde Géorgiques, II, 533. Ce n'est pas un hasard si le nom de Mécène, un administrateur, c'est-à-dire un homme de patience, est mêlé à l'histoire des Géorgiques, sans doute dès l'origine. Un administrateur, mais, il est vrai, un épicurien aussi, un demi-compatriote, un amateur de poésie, l'homme qui serait digne de devenir l'ami d'Horace. La conversation et l'exemple du second d'Octave ont pu révéler au poète désemparé que tout n'était pas perdu, que, même malheureux, les hommes et la terre demeuraient, que lui, Virgile, il pourrait encore, sans se démentir, glorifier la divine campagne. L'entreprise des Géorgiques, que Mécène a peut-être rendue psychologiquement possible, à laquelle il semble, au cours du temps, avoir pris une part de plus en plus effective, a sans doute été pour le poète la planche du salut, la sortie du désespoir, le retour à la vie.
Les Géorgiques sont composées de quatre chants, dont le poète, en un prologue, nous a lui-même donné le contenu : le blé livre I, la vigne livre II, le bétail gros et petit livre III, les abeilles livre IV. En fait, il y a davantage dans le premier livre, et notamment tout un calendrier rustique avec les belles images qu'appellent l'évocation des astres, les nuages changeants, les bourrasques d'automne. C'est, nous semble-t-il, le plan d'un traité d'agriculture, mais on notera que, dans l'Antiquité, aucun traité ne paraît avoir été divisé de la sorte. Du point de vue littéraire, le problème à résoudre était inverse de celui qu'avait posé l'agencement des Bucoliques ; il s'agissait alors de faire l'unité de pièces fort différentes ; ici, le problème était d'éviter que les livres ne ressemblent trop aux chapitres successifs d'un ouvrage didactique. Virgile s'en est tiré avec adresse et de mille manières : il contraste l'effort de l'homme qui prédomine dans le livre I avec la spontanéité miraculeuse de la Nature livre II ; il peint le livre III de couleurs sombres qui rappellent un peu la Bucolique VI et Lucrèce fureur de l'amour chez les animaux ; les fléaux et maladies qui les frappent, mais, avec les abeilles, le livre IV est toute lumière : en ces petits atomes de vie rutilante, Virgile nous fait admirer les étincelles d'un feu divin qui pénètre tout l'univers ; les sages abeilles nous offrent aussi le modèle de la cité ordonnée, qui s'établit d'elle-même lorsque le chef inspire respect et affection.
On s'est demandé si l'œuvre avait été, dès le début, conçue sous la forme que nous lui connaissons. Les livres III et IV avec un prologue spécial et maintes correspondances semblent former un tout particulièrement lié. Mais est-ce à dire qu'il y a eu d'abord des Géorgiques en deux livres et qu'à la fin du livre II l'éloge célèbre de la vie rurale O fortunatos nimium… valait comme la conclusion d'un ouvrage ? Jean Bayet a fait valoir, avec des arguments très forts, la thèse de premières Géorgiques constituées du seul livre I sans l'actuel prologue ; elles auraient été composées vers 37 avant J.-C., antérieurement à la publication du De re rustica de Varron, dont les mots et les développements ne transparaissent que dans la suite donnée ultérieurement les livres II à IV à ce poème primitif ; la fin du livre se ressentirait de l'angoisse de temps encore incertains. Cette esquisse, inspirée d'Hésiode et de Caton pour la documentation agricole, d'Aratos pour le calendrier météorologique, aurait donné au poète l'idée d'une œuvre plus ample, qui ne se fut achevée qu'après la victoire d'Actium 31 avant J.-C. et la consolidation définitive de la paix. Récemment, René Martin a fait ressortir que les livres I et II, gravitant autour du petit domaine et de la polyculture, ont de tout autres perspectives que le livre III, où il est question de grands pâturages et d'immenses troupeaux ; Mécène, lié à la classe des latifundiaires, aurait exigé de Virgile cette adjonction à un poème qui semblait ne vouloir connaître que la petite exploitation familiale ; contre ces exigences, Virgile se serait un moment débattu ; il aurait fini par céder, mais en protestant contre le caractère impérieux des ordres du ministre ; il aurait ajouté le livre des abeilles comme une contrepartie à demi ironique au livre qui lui était imposé sur le grand élevage. Cette représentation des rapports de Virgile et de Mécène est-elle bien plausible ? Il est sûr que, dans l'Antiquité, plus encore que de nos jours, coexistaient des formes très diverses de l'activité rurale ; mais ce qui est très différent pour un sociologue ou un économiste peut apparaître moins dissemblable à un poète.

L'Énéide poème de l'espoir

Le prologue du livre III des Géorgiques évoque indirectement les cérémonies par lesquelles Octave célébra en août 29 avant J.-C. son triple triomphe et dédia en octobre 28 avant J.-C. le temple palatin d'Apollon. Dans un monde qui s'était vu au bord de l'abîme, on se reprenait à vivre. Mais il est clair que, désormais, tout repose sur le vainqueur, qui, en janvier 27 avant J.-C., va prendre le nom d'Auguste et fonder, sans bien le savoir peut-être, un nouveau régime politique ; tout va reposer sur son activité, son humanité, son bon sens. Au jugement de bien des Modernes, rien ne saurait l'absoudre du crime d'avoir restitué un État, alors que la République était morte. Les contemporains, qui se souvenaient du proche passé, n'ont pas été si sévères : Virgile, Horace, comme beaucoup d'autres, surtout parmi les petites gens, lui furent reconnaissants, l'accompagnèrent de leur confiance et de leurs vœux, voulurent, autant qu'ils le pouvaient, l'aider.
C'était une ancienne tradition de célébrer en vers les exploits des grands hommes. On avait dû plus d'une fois inviter notre poète à chanter la geste d'Auguste ; mais comment faire ? Le parti auquel Virgile s'est arrêté nous permet d'entrevoir comment le problème se posait à ses yeux. Il a d'abord très bien compris que la grandeur de ce qui se réalisait maintenant et grâce à Auguste dépassait la personne d'Auguste ; l'important était que Rome eût trouvé un nouvel équilibre, la solution de difficultés longtemps traînées dans la douleur, et repartît pour un avenir neuf. Il ne s'agissait donc pas de conter les campagnes militaires ou l'œuvre législative du prince, mais de faire apparaître l'heure présente comme accomplissant, surélevant en une grande mutation tout l'acquis de l'histoire romaine. On sait que tout un jeu d'annonces, d'allusions, de préfigurations fait confluer effectivement dans l'Énéide les épisodes les plus marquants de la tradition nationale. Surtout, les moments décisifs du poème symbolisent, à ce plan, l'essentiel : Énée, renonçant à Didon et aux tentations de l'opulence, Énée mettant fin aux guerres du Latium, adresse le langage le plus clair à des Romains durement saignés par quatre-vingts ans de guerres civiles et conscients, désormais, qu'une grande part de leur infortune découlait de la corruption qu'engendrent les richesses. Auguste, précisément, c'est la renonciation à l'impérialisme de conquête et de pillage, c'est l'exemple d'une vie modeste et laborieuse, c'est la pacification, la réconciliation inlassablement poursuivie – malgré les complots, l'ingratitude – de tous les citoyens.
Si Virgile s'en était tenu là, l'Énéide eût été seulement – ce qu'elle est aussi – une sorte de Pharsale inversée, méditation lyrique sur le destin national saisi dans l'unité d'un moment exceptionnel. Mais notre poète, en sus, avait formé un autre dessein beaucoup plus difficile à réaliser et que nous avons aussi plus de peine à ressaisir : il a voulu composer une épopée dans le genre homérique et où il recueillerait d'ailleurs le plus grand nombre possible d'éléments homériques ; il y aurait des dieux et des déesses ; elle serait centrée sur un héros dont il est question dans l'Iliade comme adversaire d'Achille ou de Diomède ; elle serait donc tissée d'événements antérieurs de plusieurs siècles à la fondation même de Rome, liée à un monde qui avait toujours été, et en Grèce même, un monde de convention.
Il est vrai que la légende existait. Au moins depuis le iiie s. avant J.-C., on racontait qu'après la chute de Troie Énée, fils de Vénus, le plus vaillant de ceux qui survivaient, s'était exilé sur l'ordre des dieux, emportant avec lui les pénates de la vieille cité. Après un long voyage, il avait abordé au Latium ; mal accueilli d'abord, obligé de combattre, il avait fini par s'imposer, rassemblant Troyens et Latins dans l'unité d'un peuple. De sa race, bien plus tard, sortiraient un jour Romulus, le fondateur et, dans une autre lignée, les lointains ancêtres des Julii. Tel serait, en effet, le canevas de l'Énéide ; la légende avait une certaine valeur dynastique, étant liée depuis quelque cent ans à la famille d'Auguste ; César, le dictateur, n'avait pas négligé de s'y référer, fier de pouvoir se donner comme le petit-fils d'une déesse. Mais tout cela n'existait alors que comme un filet ténu, à peine perceptible dans l'ensemble des traditions légendaires des Romains, et il fallait en faire la branche maîtresse de l'arbre, la flèche de sa croissance ; il faudrait donc l'étoffer prodigieusement, l'aménager aussi en telle manière qu'on pût sans disparate y rapporter l'œuvre présente d'Auguste, les aspects principaux, les épisodes majeurs du devenir romain.
Toutes ces difficultés, Virgile les a affrontées, évidemment parce qu'il a cru très important de bâtir aux origines du nouvel État l'équivalent de l'édifice homérique. S'agit-il principalement, à cette époque, d'une volonté d'égaler la littérature latine à la grecque ? Ou plutôt notre poète, comme les plus lucides de ses contemporains, comme Auguste lui-même, n'aurait-il pas été sensible à une urgence plus fondamentale ? Une civilisation qui se renouvelle ou veut reprendre un second souffle doit se donner des références sacrées. Ceux qui sont de grands créateurs dans l'ordre politique ont aimé toujours ériger des monuments, organiser des fêtes un peu théâtrales ; c'était particulièrement nécessaire à Rome, où l'on avait le goût du grand spectacle, du rituel, des cérémonies. Dans la littérature, l'analogue le plus exact de tout cela est une épopée où le divin se mêle à l'histoire ; en plein xixe s., Hugo l'avait bien compris, qui conte la « légende des siècles » pour enraciner dans le plus lointain passé les acquis récents de la Révolution.
À distance, il est vrai, les frises de Persépolis, les processions de l'Ara Pacis, les litanies interminables des Quatre Jours d'Elciis peuvent donner l'impression un peu accablante d'une pompe gratuite ; il y a des pages de l'Énéide qu'un lecteur moderne ne lira pas sans étonnement – batailles conventionnelles réglées comme des tournois, jeux votifs, cortèges funèbres, conseils des dieux – s'il ne sait y reconnaître le déploiement d'une grande tapisserie que les Romains sont invités à contempler désormais, tendue par leur passé, décorative et programmatique. Comprenons qu'elle masque l'incertain marais qui sert de berceau à toutes les aventures historiques et d'où il apparaît si bien que les plus belles réussites dont on est le plus fier n'étaient pas attendues, auraient pu ne pas être, sont donc intrinsèquement précaires, sans consistance. Pour l'époque même de Virgile, Tite-Live l'a dit avec beaucoup de netteté : Dans le récit du lointain passé, on s'est toujours permis de mêler l'humain au divin, pour rendre plus auguste l'origine des villes, et si jamais nation a eu le droit de sanctifier ses origines et de les rattacher à une volonté des dieux, la gloire aujourd'hui acquise par le peuple romain est assez grande pour que le genre humain reçoive une telle prétention d'aussi bon cœur qu'il a reçu son empire.

D'ailleurs, la singularité du destin de Rome fait qu'en dépit de tant de siècles écoulés la glorification de cette cité conserve encore, pour maint lecteur de l'Énéide, sa puissance de séduction. Les Romains du temps d'Auguste ont cru sérieusement que leur ville était appelée à faire l'unité politique du genre humain et il faut avouer que, dans leur horizon géographique, de l'Irlande à l'Iran, du Sahara à la mer du Nord, ils y avaient presque réussi. L'Énéide sonne donc comme le poème de l'empire universel et, au-delà, comme prophétie de l'unité humaine rassemblée par les dieux et réconciliée. C'est ainsi que saint Augustin, que Dante ont pu la lire, et que, peut-être, les hommes du prochain siècle y liront l'annonce de la tâche qui les attend.
Il existe dans l'Énéide un autre élément de continuité et d'unité. La face intérieure, l'âme de cette grande figuration solennelle par quoi est définie la mission de la cité, c'est le destin personnel d'Énée, le protagoniste. À le prendre comme un type de l'homme historique, c'est-à-dire de l'homme appelé à faire l'histoire, il mérite la même qualité d'attention que les figures les plus notables de la tragédie grecque, Œdipe, Héraclès, Ajax ; la différence est que la peinture virgilienne est plus explicite, laisse moins à la rêverie personnelle du lecteur.
La diversité des interprétations et des appréciations témoigne de la complexité des intentions du poète. On a toujours été sensible à la moralité d'Énée, un peu triste, un peu grise, a-t-on dit, vêtue d'un uniforme trop quotidien : Fils, je te lègue la vertu, la peine qui ne ment pas. D'autres t'enseigneront le bonheur l'Énéide, XII, 435. Nous ne nous étonnons pas qu'on lui ait reproché d'avoir laissé Didon pour suivre l'appel des dieux, ni qu'on ait trouvé, en certaines époques, que ces dieux tenaient décidément trop de place dans sa vie. La critique moderne s'attache souvent à faire apparaître que Virgile ne l'a voulu exempt ni d'incertitudes ni de faiblesses ; peut-être, dans les derniers livres du poème, nous montre-t-il un homme que la lutte a fini par durcir. La vie n'est pas un roman rose ; elle dégrade souvent, par les efforts démesurés qu'elle impose, ceux qui, à l'origine, avaient mis le cap sur la générosité et l'oubli de soi ; Virgile, comme les Tragiques, dont il se rapproche de plus en plus, n'avait aucune raison de le dissimuler. Ce qui réussira, selon l'Énéide, c'est l'œuvre d'Énée, c'est Rome, que d'incessants appels saisissent dans l'avenir ; le destin d'Énée est de lutter tant qu'il peut ; il est, au lendemain d'une victoire suprême – amère victoire, souillée par les Furies – , de s'effacer politiquement au bénéfice de l'ordre qu'il a instauré ; le poète laisse entrevoir que, dans peu d'années, son héros va disparaître « tombant avant le temps, sans sépulture, au milieu des sables ». Si Énée, comme il est presque évident, est une figure d'Auguste, ce sont là des avertissements sévères et une dure prophétie.
Mort et perpétuité de Virgile

Virgile s'arrête avec l'Énéide ; la grande épopée, à ce qu'il semble, ne fut publiée qu'après sa mort (survenue, d'après les Vies, le 21 septembre 19 avant J.-C. ; une tradition constituée déjà à l'époque de Néron voulait qu'à l'approche de la fin il eût demandé qu'on la détruisît, comme trop imparfaite. Nous avons peine à discerner ce qui l'inquiéta : il n'avait pu écrire une œuvre aussi complexe sans réfléchir longuement sur les problèmes de composition et d'unité interne ; de ce point de vue, l'Énéide nous paraît, d'ailleurs, parfaitement réussie. Ou s'agissait-il de maladresses mineures dans les derniers livres, qui, hormis le douzième, semblent avoir été écrits plus vite ? Il est difficile de penser que son doute allait plus profond et qu'à son Énéide il ne croyait plus. Toute sa vie, alors, se fût effondrée à ses yeux ; car Énée, les Romains dans les combats de l'histoire, le paysan des Géorgiques dans son labeur quotidien, qu'avaient-ils fait d'autre en somme, tels au moins que le poète les avait posés, qu'avancer courageusement en direction de ces valeurs – paix, amitié entre les hommes, entente avec la nature et les dieux – dont sa campagne natale, dont les bergers de sa jeunesse lui avaient apporté la révélation ? Dans cette vie qui va finir, tout tenait ensemble.
Auguste, en tout cas, n'abandonnait pas. Dans deux ans, sur le champ de Mars, il allait enterrer les vieilles souillures, ouvrir le siècle nouveau si souvent annoncé dans l'Énéide. Horace serait présent pour dire les paroles que Virgile aurait pu dire, reprendre ses mots mêmes. L'Empire porteur de paix durerait longtemps, laissant ensuite dans le souvenir des hommes la nostalgie ineffaçable de ses bienfaits. Quant aux autres parties de l'espérance ou des pressentiments virgiliens – établissement d'une communauté de tous les hommes, position au terme de leurs efforts d'un espoir inexpugnable, paix des dieux –, il n'était évidemment au pouvoir d'aucun homme, et fût-il empereur, de les faire aboutir. Pourtant, quelques années plus tard, vers le milieu du siècle qui va commencer, elles allaient être prises en charge par un humble inconnu, bientôt connu partout, dont on penserait un jour que Virgile et les Sibylles l'avaient peut-être annoncé : ille deum vitam accipiet… Virgile père de l'Occident, oui, mais plus encore peut-être, entre les cités antiques et l'État universel, entre les religions et le christianisme, l'homme de la charnière des temps.

Énéide.

Offrir à Rome une épopée nationale capable de rivaliser en prestige avec l'Iliade et l’Odyssée, tel est le premier défi que Virgile avait à relever en entreprenant l’Énéide au cours des 11 dernières années de sa vie. Mission réussie, puisque, l’œuvre à peine publiée, son auteur fut communément salué comme un alter Homerus, le seul capable de disputer à Homère sa prééminence au Parnasse.
Virgile ne cache d’ailleurs nullement son ambition. Au niveau architectural le plus visible car l’Enéide fait jouer simultanément plusieurs géométries, le poème se compose d’une Odyssée chants I à VI : les errances d’Énée, rescapé de Troie, pour atteindre le Lavinium suivie d’une Iliade chants VII à XII : la guerre menée par Énée pour s’établir au Lavinium.
Mais l’émulation avec Homère se manifeste surtout par le nombre considérable des imitations textuelles, dont les critiques s’employèrent très tôt à dresser la liste, cela quelquefois dans une intention maligne, et pour accuser Virgile de plagiat. À quoi celui-ci répliquait qu’il était plus facile de dérober sa massue à Hercule que d’emprunter un vers à Homère. Et de fait, loin d'être servile ou arbitraire, l’imitation virgilienne obéit toujours à une intention précise et poursuit un projet qu’il appartient au lecteur de découvrir à travers l’écart, parfois minime, qui la sépare de son modèle - Homère ou l’un des nombreux autres écrivains, tant grecs que latins, auxquels Virgile se mesure tout en leur rendant hommage. Ce jeu intertextuel presque illimité n’est pas la moindre source de la fascination qu’exerça toujours l’Énéide sur les lettrés.

Le second défi consistait à filtrer l’actualité de Rome à travers le prisme de la légende. Deux fils s’entrelacent constamment pour former la trame de l’Énéide, celui des origines troyennes de Rome et celui de la Rome augustéenne. Plus d’un millénaire sépare ces deux fils. Pour franchir un tel abîme temporel, et annuler en quelque sorte le temps, le poète, outre l’usage systématique qu’il fait de l’allégorie, ne s’interdit pas de recourir éventuellement à la prophétie, et peut même, au beau centre de l’œuvre, descendre jusqu’aux enfers afin d’en ramener une vision panoramique, sub specie aeternitatis, de la grandeur romaine vue comme devant encore advenir.
Il fallait montrer comment, à partir de presque rien, Rome s’était élevée jusqu’à l’empire du monde. Il fallait faire ressortir le dessein providentiel qui avait présidé à cette irrésistible ascension. Surtout, il fallait montrer comment, à travers la personne sacrée d’Auguste, l’Histoire venait trouver son achèvement et son couronnement dans une paix et un bonheur universels. C’est du moins ce qu’Auguste attendait, ou plutôt ce qu’il exigeait de lui.
Jacques Perret, dans sa préface de l’Enéide, écrit Le poème … devait dire cela précisément : la naissance de la paix, … après d’horribles guerres … Ce résultat serait l’œuvre d’un homme sage, pieux … Mais … une substitution décisive était intervenue. Le protagoniste du poème ne serait pas Octave Auguste mais Énée. Le personnage d’Énée dissimule donc une seconde identité, celle du princeps. Dès lors, toutes les descriptions du fils de Vénus étaient censées être des odes à Auguste. Mais pour sauvegarder sa liberté d'expression, Virgile avait recours à un système de double écriture, cacozelia latens, dont, selon M. Vipsanius Agrippa, il était l'inventeur.

Appendix Vergiliana

La gloire de Virgile repose fermement sur ces trois piliers que sont les Bucoliques, les Géorgiques et l’Enéide. Dans l'Antiquité, on lui attribuait également un certain nombre d'autres poèmes, que Scaliger, dans son édition de 1573, réunit sous le titre d'Appendix Vergiliana.

Ce recueil comprend :

le Culex moucheron ou moustique : ce moucheron ou moustique alerte un berger en le piquant, lui sauve la vie ; l'insecte mort se voit honoré d'une tombe par le berger ;
les Dirae : ces malédictions sont prononcées par un amant contre la terre qu'il a dû abandonner chassé par des vétérans de l'armée romaine, en abandonnant sa bien-aimée ; celle-ci, Lydia, est honorée par un poème d'amour portant son nom en annexe aux Dirae, avec un éloge de la campagne où elle vit ;
l'Aetna, consacré au volcan Etna ;
le Ciris : évocation de la métamorphose en oiseau Ciris de Scylla, fille du roi de Mégare ;
le Catalepton : recueil de poèmes courts, dont certains semblent être d'authentiques œuvres de jeunesse de Virgile.
Dans une phase postérieure, on a encore ajouté à la collection :

la Copa : poème portant le nom d'une cabaretière syrienne qui invite un voyageur au plaisir en dansant devant son établissement ;
les Elegiae in Maecenatem : pièce nécrologique rapportant les dernières paroles de Mécène, bienfaiteur de Virgile, à l'empereur Auguste ;
le Moretum : poème gastronomique décrivant en détail la préparation d'un plat local de Cisalpine.

Postérité

Ayant acquis l'immortalité littéraire grâce à son épopée, Virgile va influencer nombre d'écrivains du Moyen Âge et de la Renaissance, tel Ronsard, qui rédige La Franciade(inachevée dans la volonté de donner un équivalent français et de l'époque moderne à l'Énéide. En littérature, il deviendra également un personnage de roman, d'abord dans la Divine Comédie de Dante Alighieri, où il guide Dante lui-même dans un voyage à travers l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis, mais aussi notamment dans La Mort de Virgile de de l'auteur autrichien Hermann Broch, qui relate fictivement le dernier jour de l'écrivain latin.
Le départ de Virgile pour la Grèce est l'occasion d'un propempticon poème d'adieu d'Horace.

Bibliographie Éditions de son œuvre

Virgile trad. Jacques Perret, Énéide, vol. 1, Paris, Belles Lettres,‎ 2002,
Virgile. Œuvres Complètes. Tome 1 : Enéide. Tome 2 : Bucoliques-Géorgiques. Traduction, Jean-Pierre Chausserie-Laprée. Avant-propos de Cl. Michel Cluny

Études

André Bellessort, Virgile, sa vie et son temps, Perrin,‎ 1920.
Robert Brasillach, Présence de Virgile.
Gabriel Faure, Au pays de Virgile, Charpentier et Fasquelle, 1930.
Annick Loupiac, La Lettre et l'Esprit, Peeters Leuven, 2008.
Jacques Perret, Virgile, Seuil, 1959.
Sainte-Beuve, Étude sur Virgile, Garnier, 1857. Texte de cette étude annoté par Henri Goelzer en 1895.
Jean-Yves Maleuvre, Violence et ironie dans les Bucoliques de Virgile, Touzot,‎ 2000
Theodor Haecker, Virgile, Père de l'Occident. Préface de Rémi Brague, Paris, Éditions Ad solem,

Monographies

Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, Littérature latine, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige manuels,‎ 2005

Liens
http://youtu.be/owT-hQ4Sz88 Les Georgiques lectures
http://www.ina.fr/audio/P14070980/virgile-et-auguste-audio.html Virgile et Auguste
http://www.ina.fr/audio/PHD99223679/l ... s-et-ecrivains-audio.html Empereurs et écrivains Rome


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Posté le : 20/09/2014 18:55
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Alighieri Dante
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Le 14 septembre 1321 à Ravenne meurt Alighieri Durante degli Alighieri dit Dante

poète, écrivain et homme politique florentin né entre la mi-mai et la mi-juin 1265 à Florence.
Père de la langue italienne, il est, avec Pétrarque et Boccace, l'une des trois couronnes qui imposèrent le toscan comme langue littéraire. Ses Œuvres principales sont :
Comedia, De vulgari eloquentia, Convivio, De Monarchia, Vita Nuova

Le septième centenaire de la naissance de Dante a donné en 1965 la mesure de la diffusion de son œuvre dans le monde. En France seulement, trente-sept traductions totales ou partielles de La Divine Comédie ont été éditées ou rééditées depuis 1921. La question s'est une fois de plus posée de l'actualité véritable de Dante, de ce que son œuvre signifie pour les lecteurs de notre temps, de ce qu'elle leur propose et leur promet. Ce n'est pas affaire de distance chronologique : Dante a été beaucoup plus en faveur au XIXe siècle qu'au cours des trois siècles précédents. La première actualisation critique de la Comédie s'est faite dans le climat platonicien de la Florence du Quattrocento, la seconde dans le climat romantique de l'Europe libérale.
On hésite à affirmer, avec T. S. Eliot, que La Divine Comédie est le plus promptement offert de tous les grands poèmes, celui où il est le plus aisé d'entrer de prime abord. Mais disons que l'effort initial du lecteur, secondé dans la plupart des éditions par les notes indispensables, n'est pas plus considérable que pour d'autres grandes œuvres. On a tôt fait de découvrir que le grand poème de Dante n'est pas seulement un édifice médiéval, une cathédrale imposante et dûment classée : c'est un poème de l'imminence au regard du destin du monde, des chances de l'homme dans cette vie, et non seulement dans une autre, des anxiétés aussi que fait peser sur la conscience collective l'appréhension d'une fin des temps.

En bref

Le nom de Alighieri s'écrivait à l'origine Allighieri avec deux L . Le second L a été perdu pour des raisons sans doute liées à l'aisance typographique. L'orthographe ancienne de son nom a été respectée sur la sculpture du piédestal de sa statue du portique du Palais des Offices à Florence. La Divina Commedia dans la version italienne de Ugo Foscolo éditée par la Torino Tipografia Economica en 1852 est signée Dante Allighieri.
Fils de Alaghiero degli Alaghieri, la forme Alighieri, qui fait autorité depuis Boccace, est sans doute illégitime et de Bella fille de Durante degli Abati ?, Dante appartenait, économiquement, à la petite noblesse florentine, même si sa famille, d'antique tradition guelfe, descendait sans doute, par son trisaïeul Cacciaguida, de l'illustre famille des Elisei, que la légende faisait remonter aux Romains, mythiques fondateurs de Florence.
Durante, syncopé en Dante, degli Alighieri naît entre la mi-mai et la mi-juin 1265, dans la famille florentine des Alighieri, dont le nom, dans sa forme originale, est Alaghieri, favorable à la faction des guelfes favorables au Pape et qui aurait joué un rôle important dans la vie de la cité. Son père, Alighiero di Bellincione, était un guelfe blanc, mais il ne souffrit pas de la vengeance des gibelins, favorables à l'Empereur, après leur victoire à la bataille de Montaperti, et ce salut donna un certain prestige à la famille. La mère de Dante, Bella degli Abati, Bella est un diminutif de Gabriella, mais signifie aussi belle physiquement, mourut alors que Dante avait treize ans, en 1278, son père décéda quatre ans plus tard, en 1282. Alighiero emménagea peu de temps après avec une nouvelle compagne Lapa di Chiarissimo Cialuffi ; il n'est d'ailleurs pas certain qu'ils se soient mariés, et eut avec elle deux enfants, le demi-frère de Dante, Francesco, et sa demi-sœur, Tana Gaetana.
Quand Dante eut 12 ans, en 1277, son mariage fut négocié avec Gemma, fille de Messer Manetto Donati, qu'il épousa ensuite. Les mariages négociés à des âges précoces étaient alors fréquents et constituaient une cérémonie importante, qui exigeait des actes officiels signés devant notaire.
Peu de choses sont connues sur l'éducation de Dante ; on présume qu'il étudie à domicile. Il séjourne sans doute quelque temps à Bologne et reçoit à Florence les enseignements de l'école franciscaine de Santa Croce, de Rémi de Florence de l'école dominicaine de Santa Maria Novella et de Brunetto Latini. Il rencontre des poètes et noue une solide amitié avec Guido Cavalcanti. Il est quasi certain qu'il étudie la poésie toscane, au moment où l'école poétique sicilienne, un groupe culturel originaire de Sicile, a commencé à être connue en Toscane. Ses centres d'intérêts le portent à découvrir les ménestrels, les poètes provençaux et la culture latine. Évidente est sa dévotion pour Virgile Tu se' lo mio maestro e 'l mio autore; tu se' solo colui da cu' io tolsi lo bello stilo che m'ha fatto onore, écrit-il dans la Divine Comédie.
Au cours du Moyen Âge les régions d'Italie unifiées sous l'Empire romain se séparent progressivement, laissant une douzaine de petits états, de sorte que la Sicile est aussi éloignée culturellement et politiquement de la Toscane que celle-ci l'est de la Provence : les régions ne partagent ni la même langue, ni la même culture et les communications sont difficiles.
Dante a de nombreux enfants avec Gemma, il est probable que seuls Jacopo, Pietro et Antonia aient été ses enfants légitimes. Antonia entre dans les ordres sous le nom de sœur Béatrice. Un autre homme, Giovanni, se réclame de sa filiation et l'accompagne lors de son exil, mais aucune preuve n'existe que ses prétentions soient justifiées.

Sa Vie

Entre guelfes et gibelins Lorsque Dante y naquit, dans la seconde quinzaine du mois de mai 1265, Florence était en voie de devenir la plus puissante cité de l'Italie centrale et l'une des plus considérables de l'Occident chrétien. Dès 1250, un gouvernement communal, imposé par les forces associées de la bourgeoisie et de l'artisanat, avait mis fin à la suprématie des maisons nobles. Deux ans plus tard étaient frappés les premiers florins d'or, qui allaient devenir bientôt, et pour trois siècles, les dollars de l'Europe marchande. Les conflits entre les guelfes, acquis à l'autorité temporelle des papes, et les gibelins, défenseurs de la primauté politique des empereurs, tournaient de plus en plus à l'affrontement entre les bourgeois et les nobles ou aux guerres de prépondérance entre cités voisines et rivales. Dante vécut dans ce climat de luttes sociales et de guerres régionales, où l'empire et la papauté constituaient des pôles d'engagement ou des prétextes d'alliance plus que des causes embrassées pour elles-mêmes. Quand il naquit, sa ville était depuis cinq ans aux mains des gibelins, qui en avaient chassé les guelfes ; en 1266, Florence repassait aux mains de ces derniers, et les gibelins en étaient expulsés à leur tour, perdant à jamais la partie. Les guelfes allaient se diviser un peu plus tard en Noirs et Blancs, et c'est comme Blanc que Dante devait être un jour proscrit, lui aussi à jamais.

Sous le signe de l'amour

Issu d'une famille noble mais sans fortune, orphelin de mère à treize ans, orphelin de père dans les cinq années qui suivirent, sa première jeunesse ne peut être entrevue qu'à travers de très rares documents d'archives et la narration romancée de la Vita nova. Il y a tout lieu de penser que ce petit livre, comme Dante l'appelle lui-même, de La Vie nouvelle a été composé entre 1291 et 1293 ; il comprend 31 poésies 25 sonnets, 1 ballade et 5 chansons, écrites à partir de 1283 si l'on en croit un passage de la prose, tout ensemble explicative et narrative, qui forme autour des poèmes comme un tissu conjonctif. La Vie nouvelle, c'est la jeunesse de Dante illuminée par son amour pour Béatrice, la révélation primordiale que cet amour lui apporte au début de son existence. Il n'a pas neuf ans lorsqu'il s'éprend de celle qu'il aimera pour l'éternité et qui est alors une enfant de huit ans. Mais ce ne sera pas un amour sans troubles, sans alarmes, ni sans tentations adverses.

Un très doux salut

De la Vita nova et de quelques poésies laissées hors du recueil, mais appartenant, de façon manifeste ou probable, à la même période que les pièces du livre, il découle que cet amour passa d'abord par deux phases bien distinctes. Dante se dit âgé de dix-huit ans lorsqu'il reçoit de Béatrice un très doux salut qui lui fait voir les confins de la béatitude. À la suite de cette rencontre, il fait un songe mystérieux, décrit dans un sonnet de couleur surréaliste avant l'heure, et sa passion grandit au point d'émouvoir plusieurs de ses amis, mais aussi d'éveiller leur curiosité bavarde. Soucieux de cacher son amour aux indiscrets, Dante fait mine d'être successivement épris de deux autres femmes, appelées au rôle d'écrans, jusqu'au jour où Béatrice, elle-même abusée par ce simulacre, lui refuse son salut. Or il découvre, après un accès de douleur et de larmes, que, le salut de la gentilissima ne lui étant plus accordé, Amour a placé tout son bonheur dans ce qui ne peut lui être ôté, à savoir dans les paroles qu'il dit à la louange de sa dame . Aussi prend-il le parti de se vouer à cette louange et inaugure-t-il, par la première chanson incluse dans la Vita nova chap. XIX, ce doux style nouveau qu'il revendiquera un jour comme point de départ de la poésie lyrique de toute sa génération.

Béatrice et la Vita Nuova

C'est en 1274 que Dante aurait rencontré pour la première fois Béatrice. De son vrai nom Bice di Folco Portinari, elle épouse Simone de Bardi et meurt en 1290. On sait peu de chose d'un amour dont l'histoire est sublimée dans Vita Nuova ou Vita nova, composé entre 1292 et 1294 dans laquelle il décrit sa première rencontre avec Béatrice, âgée seulement de neuf ans, puis la deuxième, advenue neuf années plus tard, il expliquera plus tard le sens symbolique du neuf, chiffre de Béatrice. Dans la Vita Nuova, Dante décrit sa passion et son désespoir à la mort de Béatrice. Il raconte la crise profonde qui s'ensuit, son errance et son aventure avec une noble dame sans doute une allégorie pour désigner la philosophie, et enfin son repentir. Bien que Vita Nuova soit probablement inspirée par la vie personnelle de Dante, de nombreux critiques mettent en doute l'existence réelle de Béatrice, préférant voir en elle une figure allégorique certains considèrent encore aujourd'hui que dans la Divine Comédie, Virgile représente la raison naturelle, et Béatrice la théologie.
Un rêve fait par Dante, et qui accompagne le premier poème inséré dans le livre, nous éclaire : Dante voit apparaître le dieu Amour dans une nuée de feu, portant Béatrice nue dans un drap couleur de sang. Amour tient dans sa main le cœur enflammé de Dante et le donne à manger à Béatrice, puis s'élève vers le ciel avec elle. Ce rêve montre la richesse et la puissance évocatrice du poète dans la Vita Nuova, œuvre difficile à interpréter : la tradition mystique la nuée de feu par exemple croise la tradition courtoise, l'histoire du cœur mangé, les appels aux fidèles d'amour et les rassemblements de dames invitent à des lectures ésotériques, tandis que les visions et les rêves énigmatiques placent l'œuvre dans une dimension à la fois eschatologique la mort de Béatrice comme horizon et mystérieuse. En effet, si Béatrice a été souvent comparée à une sainte, par référence à l'hagiographie franciscaine notamment, et si une des meilleures façons de s'approcher de cette figure de femme souveraine est d'étudier les analogies marquées avec le Christ, la Vita Nuova, bien au-delà de la simple description des vertus ou la narration des miracles qui ponctuent la vie des saintes, semble envelopper les mystères de Béatrice. La dimension rituelle présente surtout dans la première partie du livre prend ici certainement tout son sens. Il est difficile de savoir si Dante envisageait véritablement un culte de Béatrice qui orienterait ainsi toute son œuvre, mais il est certain que sa conception de la cité est tributaire de la vie et de la mort de Béatrice : en effet, après la mort de la gentilissima la très noble, la très courtoise, Florence est veuve et Béatrice devient un nom commun Florence a perdu sa Béatrice écrit le poète.
La Vita Nuova, qui se distingue déjà du courant stilnoviste, se compose d'une trentaine de poèmes, des sonnets pour la plupart, qui brûlent d'une ardeur amoureuse et mystique à la fois. Quarante-deux chapitres en prose commentent les vers au fur et à mesure. Dante achève son œuvre par une annonce introduite après le dernier sonnet comme une vision paradisiaque. Il écrira quelque chose que jamais personne n'a écrit pour chanter la gloire de l'être-aimé. Peut-être pensait-il déjà à son chef-d'œuvre la Divine Comédie.

La dévotion amoureuse

Il ne s'agit pas d'un simple changement de style. Le passage de l'imploration insistante ou de la rhétorique impersonnelle du cœur à une poésie d'exaltation atteste la détermination de vivre un amour qui soit la preuve et le fruit d'une liberté vraie. La conversion à la louange ne marque pas seulement une nouvelle direction de nature thématique et stylistique : c'est l'indice d'une découverte psychologique qui seconde l'aspiration morale, et que celle-ci, à son tour, enrichit. Le sentiment intime de liberté, compris comme le refus d'une aliénation étroitement passionnelle et la justification de sa dignité intérieure, que Dante avait d'abord escompté de la « très noble vertu » émanant du salut de Béatrice, il l'attend désormais des paroles de gloire qu'il adresse à la gentilissima, c'est-à-dire de la célébration assidue des perfections que l'amour lui fait découvrir en elle ; là réside l'essentiel, qui fait que cet amour est son amour, et qui ne peut lui être ôté. C'est, longtemps avant Stendhal, la cristallisation mise au cœur de l'authenticité amoureuse ; c'est également l'esquisse d'un programme de libération hors des contingences qui avaient compromis le bonheur d'aimer dans l'affaire des femmes-écrans, après la réaction de Béatrice offensée par des rumeurs cancanières. Se plaindre de cette réaction signifierait pour Dante laisser son amour à la merci des malentendus, l'exposer à des faits ou des propos indépendants de son libre vouloir, au lieu que l'exaltante accumulation en sa conscience des innombrables sujets d'aimer Béatrice que son amour lui dicte est l'acte probant de sa liberté souveraine. Toute problématique du sentiment cessant, la dévotion amoureuse est perçue comme un bonheur achevé, effet d'une passion qui se rend heureuse et se voit justifiée en se délivrant de tout ce qui ne dépend pas d'elle. Il n'est plus besoin de réciprocité certaine ni d'acquiescement courtois. Du coup s'évanouit le langage amoureux traditionnel de la victoire ou de la défaite, de la conquête ou de l'abandon.
Le poète explorait cette terre nouvelle de l'amour quand Béatrice mourut, à l'âge de vingt-quatre ans. Sa douleur lui révéla que les perfections dont se nourrissait son amour, loin de se muer en abstractions invulnérables, n'avaient pas cessé d'être pour lui des qualités de la vie sensible de la gentilissima. De cette douleur va naître une pitié de soi, qui conduira Dante à trop se réjouir de voir une dame jeune et belle, émue de compassion pour lui ; mais une vision lui représentera bientôt Béatrice telle qu'elle lui était apparue dans son enfance, et il n'en faudra pas davantage, à en croire le récit de la Vita nova, pour le détourner de la tentation. Le petit livre prend fin sur un sonnet et un chapitre en prose, où il est permis de discerner la première idée de la grande œuvre où Dante dira un jour de Béatrice ce qui jamais ne fut dit d'aucune femme.

Un florentin engagé

Dante joue un rôle très actif dans la vie politique de Florence. Dans les troubles qui agitent alors l'Italie, Dante est un guelfe ardent : il se signale dans plusieurs expéditions contre les gibelins d'Arezzo, de Bologne et de Pise, et contribue beaucoup par sa valeur à la victoire de Campaldino 1289, remportée sur ceux d'Arezzo, ainsi qu'à la prise du château de Caprona, enlevé aux Pisans 1290.
Il remplit avec succès un grand nombre de missions politiques et est nommé prieur de Florence en 1300, c'est-à-dire qu'il devient un des magistrats suprêmes de l'exécutif. Mais les guelfes, qui dominent à Florence, se sont divisés en deux factions : les Noirs, favorables à la politique papale de Boniface VIII, et les Blancs, partisans d'une plus grande autonomie de la ville. En 1300, le pape Boniface VIII revendique le vicariat impérial sur les communes toscanes. À partir de ce moment-là, Dante s'engage de plus en plus fermement du côté des guelfes blancs, c'est-à-dire contre la politique d'ingérence du pape. En octobre 1301, membre du Conseil des cents, il se rend à Rome pour tenter une ultime démarche de conciliation. Pendant ce temps, Charles de Valois, représentant du pape, se rend à Florence et s'empare de la ville avec l'aide des guelfes noirs triomphants. Les procès commencent. Dante apprend sur le chemin du retour qu'il est condamné pour concussion, gains illicites et insoumission au pape et à Charles de Valois. Il refuse de se présenter en accusé. Un deuxième procès, instruit le 10 mars 1302 par le podestat Cante de' Gabrielli da Gubbio, le condamne au bûcher. Tous ses biens sont confisqués, il est exilé avec d'autres guelfes blancs et ne reviendra jamais à Florence. Le décret de bannissement de Dante de la ville de Florence ne sera d’ailleurs révoqué qu’en 2008.

Les consolations du savoir, et d'autres

Où cesse le témoignage de la Vita nova commence celui, encore moins documentaire, des Rime, c'est-à-dire de la somme, variable suivant les éditeurs, des poésies éparses qu'on peut attribuer à Dante, 54 certaines, de 20 à 27 d'attribution douteuse. C'est dans une part de ce corpus qu'on cherche volontiers les traces de l'égarement avoué plus tard au début de l'Enfer et à la fin du Purgatoire : un égarement qui aurait entraîné Dante aussi bien vers de fausses conceptions philosophiques que vers les sollicitations de l'amour charnel et des plaisirs vulgaires.
Le plus assuré est qu'entre la mort de Béatrice et les premières années de l'exil Dante s'adonna intensément à l'étude de la philosophie, terme qui désigne sous sa plume l'ensemble de la science profane ; qu'il composa des poésies d'amour d'où le style de la louange est bien absent, et le souvenir de Béatrice plus encore ; qu'il échangea des vers de nature diverse avec plusieurs poètes de son temps ; enfin qu'il se mêla activement, à partir de 1295 au moins, à la vie politique de sa cité.
Parmi les pièces lyriques qui semblent appartenir à cette période, les poésies de la pierre, rime petrose méritent une mention particulière. Le premier motif qui s'y déploie est celui d'une passion née au cœur de l'hiver, à contre-saison, quasiment contre la loi de nature, d'une ardeur inquiétante et comme exaspérée au milieu d'un monde assombri et glacé. Cet appétit d'amour sert de support à une suite de descriptions systématiques du paysage hivernal, souvent rendues plus insistantes par la répétition à la rime d'un nombre limité de mots : extension thématique et virtuosité prosodique s'y conjuguent comme les signes avant-coureurs d'une entreprise poétique autrement vaste et difficile, vers laquelle Dante paraît s'acheminer alors par plusieurs voies.
Une de ces voies est la fréquentation des « écoles des religieux et des disputes des philosophes, pour reprendre ses propres termes, accompagnée de la lecture de plusieurs auteurs latins que laisse déjà deviner dans ses derniers chapitres la prose de la Vita nova. Dans le traité du Convivio Le Banquet, commencé vraisemblablement en 1303-1304 et interrompu à la fin du IVe livre l'ouvrage devait en compter 15, Dante fera de ce noviciat philosophique un remède à la douleur où la mort de Béatrice l'avait plongé ; mais, à son témoignage même, il se prit bientôt pour la science scolastique et la poésie des Anciens d'une passion dont la vertu consolatrice n'était plus la seule raison. Cette passion du savoir, d'un savoir total, ne le quittera plus : elle se retrouve aussi bien dans les chansons doctrinales du Convivio et les longs commentaires qui y font suite que dans plusieurs poésies allégoriques des Rime, dans l'essai linguistique en latin De vulgari eloquentia, entrepris et laissé en suspens au cours des premières années de l'exil, dans le traité politique De monarchia, vraisemblablement écrit, en latin également, autour de 1311, pour soutenir la cause de l'empereur contre les prétentions temporelles de la papauté, dans les épîtres latines, elles aussi d'objet politique, dans la dissertation de physique du globe Quaestio de aqua et terra 1320, dans les églogues latines 1319-1320 et enfin, il va sans dire, dans le trésor de science offert par la Comédie.

L'exil

Une autre sorte de préparation, non moins passionnée et plus déchirante, à la grande œuvre allait lui venir d'où il ne l'attendait sans doute guère en 1293, l'année où des ordonnances de justice, promulguées à Florence, retiraient aux nobles le droit de participer aux affaires publiques. Ce droit ne fut restitué, deux ans plus tard, qu'à ceux qui renieraient pratiquement leur rang en s'inscrivant dans une corporation professionnelle. C'est ce que fit Dante, admis dans l'art des médecins et apothicaires, qui était aussi celui de la librairie, avec la mention de poète... De la fin de 1295 à l'automne de 1301, on suit sa trace dans des procès-verbaux de commissions et de magistratures communales. Cependant, la lutte fait rage entre Blancs et Noirs. Dante est en 1300 du nombre des six prieurs, chargés de l'autorité exécutive, qui tentent vainement d'apaiser le conflit en proscrivant les chefs des deux partis. Comme le pape Boniface VIII intrigue avec acharnement en faveur des Noirs, trois émissaires lui sont dépêchés en 1301 par les Blancs au pouvoir. Dante est l'un d'eux. Il n'a pas regagné Florence que les Noirs, qui viennent de s'en rendre maîtres, le bannissent, le 27 janvier 1302, du chef de prévarication ; six semaines plus tard, la condamnation est répétée et aggravée par une sentence qui le voue au bûcher s'il vient à être pris sur le territoire de la commune. Le sentiment d'avoir été indignement joué par Boniface VIII, qui l'avait retenu à Rome après avoir renvoyé les deux autres émissaires, ne l'abandonnera plus jusqu'à sa mort, survenue à Ravenne le 13 septembre 1321 : d'où la véhémence qu'il ne cessera de manifester dans la Comédie contre le pape lui-même et la curie pontificale tout entière.
Dans les premiers temps de l'exil, Dante songe à assiéger la ville, aux côtés d'autres exilés guelfes blancs ou gibelins. Mais il y renonce bientôt et se met à errer de ville en ville, luttant contre la misère, cherchant protection auprès des cours de l'Italie du nord : Forlì, Vérone, Sienne, Mulazzo ou encore Arezzo. En juillet 1306, il se trouve à Padoue et en octobre de la même année à Château-Neuf sur la Magra. Il vient passer quelque temps à Paris, où il fréquente l'université et s'arrête finalement à Ravenne chez le podestat Guido Novello da Polenta, où il meurt de la malaria dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321, après avoir fait de vains efforts pour rentrer dans sa patrie.

La Divine Comédie

Nul ne met plus en doute que la Comédie à laquelle l'admiration de la postérité ajouta l'épithète divine, et dont le titre définit, suivant les catégories littéraires d'alors, un style moins noble et soutenu que celui de la tragédie, dont le modèle est l'Énéide de Virgile, ait été composée tout entière pendant l'exil de Dante. L'odyssée qu'elle conte est celle du poète lui-même, perdu au milieu du chemin de la vie dans la forêt obscure du péché, sauvé du péril par l'intercession de la bienheureuse Béatrice, et accomplissant un pèlerinage salvateur dans l'autre monde, sous la conduite de Virgile d'abord Enfer et Purgatoire, puis de Béatrice elle-même Paradis.
Commencée sous le trinôme dominant de la philosophie, personnifiée par Virgile, de l'amour, dont les limites contraires, successivement expérimentées par Dante au temps de la louange et à l'époque des poésies de la pierre, reparaissent, d'une part, avec l'intervention de Béatrice au chant II de l'Enfer et, d'autre part, avec le célèbre épisode de passion sans frein dont l'héroïne est, au chant V, Françoise de Rimini, enfin de l'ardeur politique en quête de justifications idéologiques et morales, la Comédie s'achève après l'intégration absolue du savoir philosophique dans la vérité de Dieu, l'élévation de l'amour, plus que jamais pierre de touche de la liberté, au rang de principe de tout bien et de tout mal, la résolution des problèmes politiques par la doctrine de la légitimité universelle et éternelle de l'Empire, assise à la fois sur les conclusions de la philosophie, les desseins révélés de Dieu et le terme que ces desseins laissent voir dans l'histoire du monde futur.
Cette structure démonstrative n'est pas la patiente application d'un programme arrêté d'avance point par point. La composition du poème, qui n'a pris fin que peu de temps avant la mort de Dante, s'est échelonnée sur quinze ans et plus. Sans vouloir réduire la Comédie à une œuvre en chronique, tributaire des événements survenus dans cet intervalle, il est clair, à de nombreux indices, que des circonstances biographiques et historiques toutes fraîches en ont alimenté l'inspiration. La netteté architecturale du poème ne doit pas donner le change : il ne s'agit pas d'un plan agrandi au pantographe, ni d'un édifice où tout est calculé au départ. La Comédie forme un récit vivant qui absorbe et renvoie à tout instant le dernier vécu, ne se refusant pas les feintes prophéties quand l'urgence polémique ou lyrique veut qu'il soit parlé de faits survenus depuis 1300, date fictive du voyage dans l'au-delà. Dante y est continuellement présent, non comme un auteur qui parcourrait par la mémoire une époque révolue de sa vie, mais comme un poète instructeur qui vit à la fois sa création et les raisons permanentes d'où elle naît, toujours rallumées et pressantes dans le monde qui vit mal.
Il est le sujet de son poème, il n'en est pas la matière. Cette matière, c'est, cas unique dans la littérature de tous les temps, l'univers saisi dans sa totalité, de l'infime à l'incommensurable, du naturel le plus commun, voire le plus trivial, au surnaturel le moins imaginable. Cette matière, en un mot, c'est le tout.
L'itinéraire que dessine le parcours peut n'être qu'une coupe verticale allant de la plus basse extrémité de l'univers à la plus haute, tout vient s'y rassembler. Entre le centre de la Terre, où Lucifer, dans sa ténébreuse prison de glace, occupe la pointe de l'immense excavation en cône renversé qui contient l'Enfer et l'Empyrée, où Dieu est perçu comme un océan de lumière, ce que Dante ne peut faire affluer sous son regard vient s'agréger massivement au récit directeur par l'inépuisable jeu du souvenir et de la métaphore. Où l'expérience fait défaut, l'imagination la plus prodigieuse prend la relève et crée tout à la juste mesure, dérisoire ou colossale, que requiert la dimension de l'épisode ou du décor. Où manque le mot, Dante le façonne, et il le léguera, pour longtemps parfois, à une langue dont il est à la fois le premier grand artiste et, pour une large part, le fondateur en fait d'expression littéraire.

Le monde du poème

Un ordre arithmétique
Donner une image, même schématique, du monde de la Comédie est ici chose impossible. À peine peut-on esquisser l'ordre qui préside à la description des trois royaumes de la damnation, de la pénitence et de la béatitude. Les damnés se distribuent d'abord suivant la nomenclature grégorienne des péchés capitaux, mais, signe peut-être d'une interruption suivie d'un changement de programme dans la composition du poème, les deux derniers péchés, à savoir l'envie et l'orgueil, cèdent la place à une répartition plus complexe qui occupe plus des deux tiers des chants de l'Enfer. Aux termes de ce classement, fondé sur la morale d'Aristote, les péchés passés précédemment en revue après le cercle des Limbes, la luxure, la gourmandise, l'avarice et la prodigalité, la colère et la paresse entrent dans la catégorie de l'incontinence, qui est la moins grave des trois dispositions vicieuses de l'âme, les deux autres étant la violence et la fraude. La violence est punie au 7e cercle, subdivisé en 3 zones renfermant 5 variétés, la fraude au 8e, subdivisé en 10 fosses dont certaines présentent également des distinctions ; la trahison, enfin, fournit un 9e cercle, subdivisé en 4 zones. Aux 9 cercles de l'Enfer correspondent, sur la montagne du Purgatoire, qui s'élève à l'antipode de Jérusalem, au milieu de la mer inconnue, 9 régions : l'Antipurgatoire, lieu d'attente où s'expie la négligence tant politique que religieuse, 7 terrasses réservées aux péchés capitaux et le Paradis terrestre au sommet. De même, le Paradis offre 9 sphères concentriques étagées autour de la Terre, les âmes des bienheureux apparaissant dans l'une ou l'autre à Dante et à Béatrice suivant le mérite principal qui leur a ouvert le chemin des cieux.
On relèverait bien d'autres homologies et symétries entre les trois sections de la Comédie et à l'intérieur de chacune d'elles. Mais ce parti d'ordre arithmétique et rationnel n'est jamais contraignant, en ce qu'il ne détermine nulle part les limites d'une scène, d'un exposé ou d'un épisode : il en est de quelques vers alors que tel d'entre eux tient trois chants entiers Paradis, XV à XVII, les uns s'achèvent avec le chant, d'autres se prolongent dans le suivant ou s'interrompent pour reprendre plus loin. Partout le mouvement inégal et inopiné de la vie se répand dans les harmonies d'une architecture aussi gigantesque que rigoureuse.

Un langage concret

Grandiose jusqu'à atteindre, surtout dans le Paradis, les extrêmes frontières, signifiées avec une extraordinaire force d'évidence poétique, de l'exprimable et du concevable, la vision de Dante se traduit dans un langage concret, intensément figuratif, par lequel le didactisme scientifique, moral, politique ou religieux se revêt d'un inoubliable relief. Cela n'est pas seulement vrai de l'Enfer, où défilent les épisodes, entre tous célèbres, de Françoise de Rimini V, de Farinata X, de Pierre des Vignes XIII, de Brunet Latin XV, des simoniaques XIX, des prévaricateurs et de leurs diables XXI-XXII, d'Ulysse XXVI, de Guido da Montefeltro XXVIII, de Bertrand de Born XXVIII, d'Hugolin XXXII ; ce l'est également, et le pouvoir d'émotion n'y est pas moindre, des grands moments du Purgatoire avec Caton d'Utique I, Manfred (III), les récits de mort violente du chant V, la grande invective politique du chant VI, la féroce description morale de la vallée de l'Arno XIV, le réquisitoire d'Hugues Capet contre la monarchie française XX, la réapparition de Béatrice au Paradis terrestre ; ce l'est, enfin, des principaux épisodes du Paradis, ceux de Justinien et de Romieu de Villeneuve VI, de Charles Martel VIII, de Cunizza da Romano et de Folquet de Marseille IX, suivis de l'éloge de saint François et de saint Dominique aboutissant à l'âpre dénonciation de leurs disciples dégénérés XI-XII, de la rencontre du poète avec son trisaïeul Cacciaguida XV-XVII, de la vision colossale de l'aigle céleste d'où part une accusation véhémente contre la corruption et le cynisme de la curie apostolique XVIII-XX, accusation que feront retentir à nouveau dans le Ciel saint Pierre Damien XXI, saint Benoît XXI et saint Pierre lui-même XXVII.
Ces passages illustres sont en majeure part engagés. Il en est peu qui soient dénués de rapport avec la réalité politique contemporaine, qu'il s'agisse de luttes communales, de conflits dynastiques, des faiblesses et compromissions de l'Église, dévoyée par ses ambitions temporelles, de l'infructueux essai de restauration du pouvoir impérial en Italie tenté par Henri VII de Luxembourg et soutenu par le poète avec la plus énergique ferveur. À mesure que la Comédie avance, l'horizon politique s'élargit de Florence à la Toscane, de la Toscane à l'Italie, de l'Italie à l'Europe, de l'Europe à la Terre entière.

La voie de l'universel

Même par cette amplification de la vision historiale, chargée de passion et d'espoir et poétiquement transcendée par son inscription dans l'éternel divin, le poème tend de plus en plus à faire coïncider sa matière avec l'universel, la somme de l'advenu, du connaissable et du possible. Mais Dante ne s'efface jamais derrière l'inépuisable flux de ce qu'il évoque ou enseigne. Non qu'il parle de lui avec l'intérêt d'un mémorialiste : bien que tout le poème soit écrit à la première personne, Dante ne livre nulle part le nom de sa famille, de son père, de sa mère, de ses enfants. Tout ce qu'on peut apprendre de sa lignée est repoussé dans un temps lointain, quasiment mythique, celui de son trisaïeul mort en combattant les Infidèles dans la milice d'un empereur. La vanité de l'autobiographie lui reste étrangère. Il ne fait compter son personnage que pour ce qu'il offre d'exemplaire dans le sens de l'erreur ou de la vérité, de la faiblesse ou de la force, du péché ou du salut de tous. Les traits conférés à sa personne sont ceux, et non d'autres, qui la rendent hautement représentative de l'humanité entière en quête de bonheur terrestre – car une des fins assignées à l'homme, lit-on dans Il Convivio, est d'être heureux dès cette vie – et de salut dans l'autre monde.
Il se fait maître et prophète dans l'acte de sa création poétique, au milieu des morts ranimés par son verbe comme des vivants qu'il appelle autour de lui, tout en se livrant lui-même comme sa première créature, un moment aveuglée par la débilité morale et l'ignorance. Là encore, une totalité se constitue, en ce que la leçon impartie aux autres est justement celle dont le poète a lui-même besoin pour se sauver. Dante reste ainsi, d'un bout à l'autre de son œuvre, l'image de la Chrétienté mise en péril mais rachetable : il est en somme, à tout instant, lui-même et chacun.
Le cours du grand poème, avec ses 100 chants et ses 14 229 vers, suit la conjonction de son destin personnel, élevé à un sens exemplaire qui le convertit en figure de la destinée de l'homme chrétien, et d'une représentation historiale qui intègre dans le sort présent de ce dernier le chemin précédemment accompli par toute la famille humaine, de sorte qu'une perspective diachronique, remontant de l'actualité la plus brûlante jusqu'aux origines des sociétés, s'ouvre auprès du témoignage synchronique de l'immuable vouloir divin. L'histoire du monde est celle d'une liberté graduellement conquise, comme Dieu l'a voulu, par l'effet de la sagesse des premiers législateurs ; par la connaissance rationnelle des lois morales dont l'honneur revient à la philosophie grecque ; par l'instauration d'un ordre politique universel fondé sur la justice et la charité dont la Terre est redevable aux Romains ; enfin par la Révélation chrétienne qui achève et rend manifeste le pouvoir – et le devoir – de liberté donné à l'homme par Dieu. Ainsi se conclut dans le poème, par des certitudes historiales, la quête inaugurée jadis à travers les impulsions du sentiment amoureux.

La poésie de Dante

Mais plus sensible que toutes est l'amplification résolue qui, après la force pathétique et l'intensité expressionniste de l'Enfer, s'accentue avec l'émotion plus élégiaque et plus pénétrante du Purgatoire et aboutit au miraculeux triomphe de l'imaginaire dans le Paradis. Des trois cantiques, c'est l'Enfer qui est le plus connu, le plus populaire peut-on dire : le goût du pittoresque, répandu par la critique romantique, y est pour beaucoup. Dante avait pourtant la conviction, maintes fois affirmée dans son poème, qu'en s'élevant d'un royaume à l'autre, il élevait chaque fois sa poésie par un dépassement de niveau qui la rendait digne d'une matière sans cesse plus haute. À six siècles et demi de distance, rien n'oblige, certes, à partager cette vue, si assurée qu'elle soit pour le poète. Quiconque, cependant, veut pénétrer dans le monde de la Comédie doit refuser l'échelle, éliminatoire dans ses conséquences de fait, qui met telle section au-dessus de l'autre ou ramène la Comédie à un chapelet d'épisodes plus ou moins beaux.
Ce monde apparaît peut-être comme un monde de jadis par son contenu historique et doctrinal, mais il s'avère étonnamment actuel par sa substance morale, son angoissante incertitude au bord du futur, porteur pour Dante d'une prochaine fin des temps, par la dimension planétaire où il se déploie, par le jaillissement d'un langage poétique de compréhension illimitée, dont l'exacte discipline, celle des tercets enchaînés, n'entrave jamais le pouvoir d'invention. Mais la Comédie n'est vraiment d'aujourd'hui et de toujours que prise dans son ensemble. Rien ne l'archaïse autant que la glane des épisodes pour morceaux choisis. On ne peut entrer que totalement dans le poème le plus total qui ait jamais été écrit. Ce n'est qu'en l'embrassant en son entier, par une lecture qui ne s'arrête pas aux moindres détails d'époque, qu'on peut y percevoir tout à fait la puissance et le prix de la poésie de l'ineffable auprès de celle du concret, saisi avec le plus violent réalisme, de la poésie aussi des désespoirs sans fin, des déchirements de l'âme, des attentes anxieuses, des grandes espérances, des allégresses surhumaines, de la poésie, enfin, qui se dégage d'une participation morale passionnée, fruit d'une bouleversante expérience vécue, et non simple estimation dogmatique des actes de la vie humaine.

C'est pourquoi le Paradis ne doit pas être considéré seulement comme la troisième section du poème, mais comme sa conclusion. Sans doute, les exposés théologiques ou scientifiques y sont fréquents, mais non au point d'en constituer la majeure part ou l'essentiel. Et la poésie n'y sombre pas, quoi qu'ait écrit Benedetto Croce, à moins qu'on ne refuse le titre de poésie à ce qui déserte l'évidence pour communiquer ce que nul autre moyen d'expression ne peut signifier pleinement. C'est où Dante affronte l'indicible qu'il atteint le sommet de son art, lorsque, se disant en présence de l'inexprimable, il convertit son aveu d'impuissance en un prodige de poésie, qui ouvre justement sur l'inexprimable les perspectives infinies que son imagination pressent. Et de tels aveux s'ordonnent eux-mêmes en une suite de dépassements multiplicateurs, de plongées de plus en plus profondes dans l'immensité des mystères célestes, jusqu'au moment où le don de vision et de langage du poète, si haut soit-il, s'abîme extatiquement en Dieu, au sein de cet amour qui mène le soleil et toutes les étoiles .
Depuis six siècles et plus que la Comédie est lue, commentée, explorée, exploitée comme une mine inépuisable de controverses, la somme des études qui forment la dantologie est proprement colossale. On ne saurait faire le compte de toutes les interprétations, thèses, discussions et disputes auxquelles Dante a donné lieu. De nos jours, abstraction faite des travaux de pure érudition et, bien entendu, des hypothèses de caractère ésotérique, deux lignes principales d'interprétation se dessinent : celle qui, considérant avant tout Dante comme un poète catholique, tend à expliquer son œuvre par la cohérence absolue de sa foi, et celle qui, faisant leur part à des influences culturelles et à des mouvements passionnels relativement indépendants de la vision catholique du monde et de la vie, préfère entendre cette œuvre comme le témoignage d'un siècle sollicité par des appels hétérogènes, parfois hétérodoxes, et la création d'une conscience qui ne fut pas insensible à tous ces appels. On trouve de part et d'autre des arguments historicistes et des raisons d'ordre idéologique ou poétique.

Son tombeau

Son tombeau, qui date de 1780, commandé par le cardinal légat Luigi Valenti Gonzaga, se trouve à Ravenne, via Dante Alighieri en bordure du couvent franciscain, au centre historique de la ville. Encore aujourd'hui, les Florentins voudraient bien récupérer son corps pour le placer dans un sarcophage prévu dans son cénotaphe qu'on peut voir, élevé par Luigi de Cambray Digny avec les statues de Stefano Ricci, dans la nef de la basilique Santa Croce de Florence, mais Ravenne refuse toujours de restituer à cette ville les restes d'un personnage qu'elle a banni.

Œuvres Les traités

De vulgari eloquenti
De vulgari eloquentia.
Les années de l'exil sont pour Dante une période d'intense activité intellectuelle. En 1303, il se penche sur la question de la langue vulgaire et il en fait l'objet d'un traité en latin : De vulgari eloquentia. Le thème central de l'œuvre est l'éloquence de la langue vulgaire: il tente de trouver un vulgaire illustre, digne d'assumer les caractères de langue littéraire.
Ce traité assume une grande importance comme traité de stylistique et de métrique. Selon le projet originaire, ce traité aurait dû être divisé en 4 livres, mais le travail de Dante s'achève au chapitre XIV du livre II. Le premier livre est consacré à l'origine des langues, puis à l'analyse des différents dialectes italiens. Dante arrive à la conclusion qu'aucune langue vulgaire n'est supérieure à une autre et donc susceptible de s'imposer. Il met donc son espoir dans la constitution d'une langue vulgaire unitaire qui pourrait être répandue dans toute la péninsule italienne. Dans le deuxième livre, Dante montre qu'une langue vulgaire mais soignée peut être utilisée pour les plus nobles sujets, et peut même s'appliquer au style tragique. Dante définit comme vulgaire la langue que l'enfant apprend de sa nourrice, pendant que la grammaire c'est-à-dire le latin est une langue immuable et artificielle. Pour cela, la langue vulgaire doit être considérée comme la plus noble.

Il Convivio

Il apparaît qu'en 1305 Dante cesse la rédaction du De vulgari eloquentia sans l'avoir achevé, puisqu'il n'a écrit que deux livres sur les quatre initialement prévus. Il semble qu'il mette alors en pratique ses idées puisqu'il se lance dans la rédaction d'une œuvre monumentale en toscan : le Convivio. Il y aborde les sujets habituellement traités en latin tels que : les hiérarchies angéliques, l'éloge de la philosophie et de la science comme voie de l'épanouissement de l'homme, l'exaltation de la noblesse comme valeur intellectuelle et morale conquise par l'individu. Il semble que Dante se donne pour mission d'ouvrir les portes de la culture et de la science antique et contemporaine au plus grand nombre. Cela dit, certains passages du Convivio visent à défendre l'auteur des accusations portées contre lui. Il dit son amertume d'avoir été rejeté par Florence, sa ville natale qui l'a élevé en son sein. Le Convivio devait initialement comporter quinze traités, mais seuls les quatre premiers seront achevés.

De Monarchia

Dante revient au latin pour exprimer ses opinions politiques dans son traité De Monarchia, rédigé entre 1313 et 1318. C'est peut-être le décès d'Henri VII en 1313 qui lui donnera l'idée de ce nouveau traité. En effet, avec la mort du monarque disparaissent tous les espoirs de Dante de voir un jour l'autorité impériale restaurée sur la péninsule, au détriment de celle du pape. Dans le premier livre du traité, Dante fait l'éloge de la monarchie universelle comme système politique idéal pour garantir la justice et la paix et, par conséquent, le bonheur des hommes. Le deuxième livre vise à montrer que c'est le peuple romain qui doit posséder l'autorité suprême, car il est héritier de l'Empire romain selon le droit, c'est-à-dire selon la volonté de Dieu, et non seulement selon la force. Enfin le troisième et dernier livre traite des rapports entre l'empereur et le pape, tous les deux tirent leur autorité de Dieu, mais chacun doit l'exercer dans son propre champ de souveraineté : le domaine spirituel pour le pape et le domaine temporel pour l'empereur. Le traité est jugé hérétique et sera par la suite mis à l'index jusqu'en 1881.
Dante est également l'auteur probable de Quaestio de aqua et terra, un court traité portant sur les positions respectives des sphères de l'eau et de la terre, qui vise à prouver que l'eau n'est nulle part plus haute que les terres émergées.
En dehors des traités, il nous est parvenu de lui deux églogues en latin construites à la manière de Virgile dont il est, depuis sa jeunesse, un fervent admirateur. Ces textes sont des réponses adressées à Giovanni del Virgilio qui enseigne alors la rhétorique à l'université de Bologne et qui reproche à Dante d'avoir écrit la Divine Comédie en toscan plutôt qu'en latin.

Une expérience poétique originale

Le recueil des Rimes qui réunit 54 pièces est un véritable lieu d'expérimentation poétique. Bien que le rassemblement et l'organisation de ces textes soit postérieur à Dante, il est probable qu'il soit l'auteur de la majeure partie des poésies. Parmi ces expérimentations, on peut retenir rime petrose qui regroupe deux chansons qui font le portrait d'une femme au cœur de pierre et qui ne sont pas sans rappeler la poésie des troubadours provençaux.

La Divine Comédie

Dante et Virgile en Enfer 1850, William Bouguereau, Musée d'Orsay, Paris.
Dante commence la rédaction de la Divine Comédie dès 1306 et la poursuivra vraisemblablement jusqu'à sa mort. L'œuvre initiale portait simplement le nom de « Comedia », mais par la suite les principaux commentateurs (en particulier Boccace) et les éditions modernes du texte lui ont adjoint le qualificatif de « divina ». L'œuvre raconte le voyage imaginaire du narrateur qui se retrouve brusquement plongé dans une forêt sombre. Là, il rencontre Virgile qui l'invite à pénétrer dans le monde de l'au-delà. Dante le suit et c'est par la visite de l'enfer que commence son périple, suivra le purgatoire et enfin le paradis. Il faudra à Dante toute la semaine sainte de l'année 1300 pour effectuer la totalité de ce voyage. Guidé par Virgile, il descend d'abord à travers les neuf cercles de l'enfer, gravit ensuite les sept gradins de la montagne du purgatoire jusqu'au paradis terrestre et enfin s'élève dans les neuf sphères concentriques du paradis. Virgile lui servira de guide jusqu'à la porte du paradis, mais il ne peut aller plus loin car étant né avant la venue du Christ, il n'a pas pu bénéficier du sacrifice du messie. C'est donc Beatrice Portinari, sa muse, qui prend le relais et qui va guider Dante dans l'Empyrée. Elle lui ouvrira la porte du salut, puis saint Bernard conduira le narrateur dans la Rose céleste jusqu'à la vision suprême.
Le récit, rédigé à la première personne, est un véritable voyage initiatique. Au cours de son périple, Dante va rencontrer une centaine de personnalités, depuis les grandes figures mythiques de l'antiquité comme les philosophes, jusqu'aux personnalités locales contemporaines de Dante. Cette œuvre monumentale offre ainsi de nombreuses lectures différentes ; elle est à la fois le récit du parcours personnel de Dante, un manuel théologique chrétien de description de l'au-delà, un roman à valeur éthique et morale ou encore une réflexion sur la recherche du salut éternel. Une partie du génie de Dante réside en ce savant mélange de lieux imaginaires et d'expériences concrètes. Bien que l'action se situe dans un univers métaphysique en un sens, Dante sait décrire les lieux avec force détails et leur donne beaucoup de réalisme en les peuplant de toutes ces figures célèbres ou anonymes.

Publications

La Divine Comédie (titre original Comedia : « Comédie » 1472, posthume, qui ne sera appelée Divina Commedia : « Divine Comédie », qu'à partir de l'édition de 1555) :
L'Enfer achevé en 1314
Le Purgatoire 1316
Le Paradis 1321
Des traités :
De vulgari eloquentia 1303-1304 inachevé
De la monarchie (De monarchia 1313-1318 ouvrage où il se montre favorable à l'empereur et qui fut condamné à Rome
Le Banquet Il Convivio 1304-1307
Des poésies lyriques
Un prosimètre mélange de prose et vers: la Vita nova 1293-1295. Ed. critique bilingue J.Ch. Vegliante, Garnier 2011.

Éditions italiennes

Les œuvres de Dante ont été réunies par Cristoforo Zapata de Cisneros, chez Antonio Zatta, Venise, 1757, 5 volumes in-4.

Traductions en français

Le premier auteur français à mentionner Dante est Philippe de Mézières, dans son œuvre allégorique le Songe du vieil pèlerin, rédigée en 1389. Voir dans le livre I, au chapitre 396.
De Monarchia, par Sébastien Rhéal 1855.
Œuvres complètes, traduites et commentées par André Pézard, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1965.
La Comédie (Enfer, Purgatoire, Paradis - et Postface), éd. bilingue par Jean-Charles Vegliante, Paris, Imprimerie Nationale, 1996-2007. Nouvelle éd. La Comédie - Poème sacré, Paris, Poésie/Gallimard, 2012 (poche bilingue, 2014 2).
Vita Nova, traduction de Georges Nicole, postface et notes de Joël Gayraud, éd. Mille et une nuits, Paris, 1995. Vie nouvelle, éd. critique bilingue de Jean-Charles Vegliante, Garnier classiques, 2011
Vingt poèmes, choix, traduction de l'italien et présentation par Armand Farrachi, Éditions de la Différence, coll. Orphée , Paris, 1994
Dante La divine comédie : Manuscrit du xve siècle de la Bibliothèque Marciana de Venise, commenté par Sergio Samek-Ludovici récits de Nino Ravenna, traduit par B Soulié;

Postérité littéraire

L'étude des écrits de Dante se nomme la Dantologie.
Dante a inspiré de nombreux écrivains, notamment Honoré de Balzac, qui lui rend hommage et qui cite son œuvre dans La Comédie humaine dont le titre est une référence à la Divine Comédie. Il le cite aussi dans de nombreux romans :
" Cette Béatrix déjà devenue dans sa pensée ce qu'était Béatrix pour Dante, une éternelle statue de marbre aux mains de laquelle il suspendrait ses fleurs et ses couronnes " ou encore :
"Le visage glacé de madame d'Aiglemont était une de ces poésies terribles, une de ces faces répandues par milliers dans la Divine Comédie de Dante Alighieri."
En 2010, Marc-Édouard Nabe publie son roman L'Homme qui arrêta d'écrire, transposition intégrale et particulièrement fidèle de la Divine Comédie dans le Paris des années 20009. Le roman arrive en finale pour le prix Renaudot.
Le pape Benoît XV lui consacre sa onzième encyclique, In Praeclara Summorum, publiée le 30 avril 1921 à l'occasion du sixième centenaire de sa mort.

Peinture

Le plus ancien portrait de Dante, attribué à Jacopo di Cione, palais de l'Art des Juges et Notaires, Florence
Portrait de Dante 1465, Domenico di Michelino, cathédrale Santa Maria del Fiore, Florence.
La Barque de Dante ou Dante et Virgile aux enfers 1822, Eugène Delacroix, Musée du Louvre, Paris.

Cinéma

Outre les adaptations au cinéma de son œuvre littéraire (notamment la Divine Comédie), l'écrivain est représenté dans différents films :

1911 : L'Enfer, de Francesco Bertolini, Giuseppe De Liguoro et Adolfo Padovan, produit par Milano Film, joué par Salvatore Papa
1911 : L'Enfer, film italien de Giuseppe Berardi et Arturo Busnengo, produit par Helios Film
1913 : Dante et Béatrice (it), de Mario Caserini, joué par Oreste Grandi
1922 : Dante nella vita e nei tempi suoi (it), de Domenico Gaido, joué par Guido Maraffi
1924 : Dante's Inferno (it), de Henry Otto, joué par Lawson Butt

Jeux vidéo

1999 : Final Fantasy, développé par Square devenu depuis Square Enix : Dans Final Fantasy VIII, IX et X, l'attaque « Feu de l'enfer » de l'invocation Ifrit se nomme Divine Comédie en référence à son œuvre la Divine Comédie.
2001 : Devil May Cry, développé par Capcom Production Studio 4, édité par Capcom : Plusieurs personnages, lieux, armes et ennemies sont largement inspirés de la Divine Comédie.
2009 : Assassin's Creed II, développé par Ubisoft Montréal, et édité par Ubisoft : Il y sera présenté comme faisant partie de la confrérie des assassins dans le caveau Auditore.
2010 : Dante's Inferno, développé par Visceral Games, édité par Electronic Arts : Inspiré de son œuvre la Divine Comédie.

Numismatique

C'est le portrait de Dante par Raphaël qui a été retenu après un vote populaire pour figurer sur la face nationale italienne de la pièce de deux euros.

Liens

http://youtu.be/ZyQokV68moA La divine comédie par didier Ottaviani
http://www.ina.fr/video/CPC96007514/d ... divine-comedie-video.html I livre I jour
http://youtu.be/IWOeyPwH41w L'enfer de Dante
http://youtu.be/k1kbYmVzhAo La divine comédie


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Posté le : 13/09/2014 23:20
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Vladimir Volkoff
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Le 14 Septembre 2005, à 72 ans , à Bourdeilles en Dordogne meurt

Vladimir Volkoff


né à Paris le 7 novembre 1932, écrivain, enseignant, traducteur et officier du renseignement français, auteur de nombreux romans ayant trait notamment à l'histoire russe, à la Guerre froide et à la guerre d'Algérie, d'essais consacrés à la désinformation, mais également dramaturge, poète, biographe et traducteur, il écrit des nouvelles, de la science-fiction, de l'espionnage, des biographies, de la littérature pour la jeunesse.Sa langue de prédilection pour l’écriture est le français, mais il a publié des romans en anglais et des textes en russe. Il sévit sous de nombreux noms : Lieutenant X, Basile Septime, Lavr Divomlikoff, Rholf Barbare, Victor Duloup, Gil Hérel.
Il reçoit le prix Jules Verne en 1963, le Grand prix du roman de l'Académie française en 1982, ses Œuvres principales sont, Le Retournement en 1979, Les Humeurs de la mer en 4 volumes, en 1980, Le Montage en 1982, Langelot série pour la jeunesse, entre 1965-1986, Larry J. Bash série pour la jeunesse, entre 1980-1984

En bref

Écrivain français. Fils de Russes blancs réfugiés à Paris, Vladimir Volkoff, muni d'une licence de lettres, goûte à l'enseignement avant d'être mobilisé pendant la guerre d'Algérie. Ses premiers romans ne lui assurent qu'une faible notoriété, jusqu'à ce que, en 1979, Le Retournement, roman d'espionnage dédié à Graham Greene, le projette sur l'avant-scène. Le livre sera traduit en douze langues. Suivent plusieurs dizaines de romans et d'essais où s'expriment ses convictions d'orthodoxe convaincu et d'homme de droite dans la lignée de Maurras : ainsi de sa diatribe La Désinformation, arme de guerre 1986, de son apologie Du Roi 1987 ou de son roman historique Les Hommes du tsar 1989. Arrière-petit-neveu de Tchaïkovski, Volkoff a rédigé une biographie de ce compositeur.
Il étudie les lettres, enseigne l'anglais, le français et le russe. Il participe à la guerre d'Algérie. Auteur de science-fiction Métro pour l'enfer, 1963, de théâtre la Confession d'Igor Maksimovitch Popov du KGB, 1982 , essayiste, biographe, il cherche dans ses romans à définir en lui l'homme écrivain, dans la lignée de Dostoïevski et de L. Durrell, entreprise évoquée dans L'exil est ma patrie 1982. Bilan des illusions d'une époque, ses récits, surtout la tétralogie des Humeurs de la mer, sont des instruments de lucidité dans un univers pollué intellectuellement et politiquement le Retournement, 1979 ; le Montage, 1982 ; le Professeur d'histoire, 1985.
Sous le nom de Lieutenant X, il est également l'auteur de séries de romans policiers pour la jeunesse : Langelot et Larry J. Bash. Pour la série Larry J. Bash, il fait croire qu'il est le traducteur et utilise le pseudonyme de Gil Hérel. Il a écrit sous d'autres pseudonymes : Victor Duloup (Volkoff signifie "fils du loup" en russe), Basile Septime, Lavr Divomlikoff anagramme de Vladimir Volkoff et Rholf Barbare.

Sa vie

Les Volkoff, d’origine tatare, ont servi les tsars depuis Ivan le Terrible. Le grand-père de Vladimir Volkoff, le général Vladimir Aleksandrovitch Volkoff a disparu pendant la révolution, probablement fusillé par les bolcheviks après avoir commandé la garnison d’Omsk sous le gouvernement de l’amiral Koltchak. Par sa famille maternelle, les Porokhovstchikoff, Volkoff est le petit-neveu du compositeur Tchaïkovski. Son grand-père, Ioury Serguéïévitch, sapeur, est mort en France en 1937, après avoir été prisonnier en Allemagne, appris l’horlogerie en captivité, décrotté des wagons à bestiaux à Metz, et travaillé comme ajusteur chez un facteur d’orgues.
Ses parents, échappés de la Révolution et émigrés en France, se rencontrent et se marient à Paris. Son père Nicolas travaille comme laveur de voiture et gardien de nuit dans un garage, et sa mère Tatiana comme brodeuse.
Volkoff vit ses premiers mois dans une maison de la rue Olivier de Serres, dans le quinzième arrondissement de Paris, puis dans un pavillon de Vanves, l’un comme l’autre démolis depuis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père, engagé dans la Légion étrangère, est fait prisonnier. Vladimir Volkoff vit à Barenton, dans la Manche, avec sa mère, dans une maison sans chauffage, ni électricité, ni eau courante.
Il va à l’école du village, puis au collège de Domfront dans l’Orne.
Sa mère, tout en surveillant ses études françaises, lui donne tous les éléments d’une éducation russe. L’enfant grandit entre deux alphabets, deux calendriers où les deux fêtes de Pâques tombent rarement le même dimanche et celle de Noël à treize jours d’écart, deux civilisations à absorber. Il apprend à penser dans une autre langue que celle de ses interlocuteurs.
Rentré à Paris, il fréquente le lycée Claude Bernard, et s’il est capable, très vite, d’écrire de courts poèmes en russe, c’est en français qu’il s’embarque pour l’aventure littéraire qui durera toute sa vie. Il fait ses études supérieures à la Sorbonne, où il obtient une licence de lettres classiques, puis un doctorat de philosophie à l’université de Liège.
En 1955, Volkoff s’installe avec sa mère à Amiens, où il a trouvé une place de professeur d’anglais dans un collège de jésuites.
Des différends de famille firent que mes parents se séparèrent et que, rigoureux jusqu’à la cruauté, je ne revis plus jamais mon père. Plus tard, le père, gravement malade, lira avec plaisir la série des Langelot. Le père et le fils reprennent contact. Nous nous pardonnâmes du fond du cœur ce que nous avions à pardonner. Avec la relation père-fils d’autant plus essentielle pour le chrétien Volkoff qu’ elle est à l’image de la jointure Dieu le Père-Dieu le Fils, le pardon demandé et reçu est un autre thème essentiel de l’œuvre de Volkoff.

L’armée

En 1957, son sursis d’incorporation expire et il part pour le service militaire. Volontaire pour servir en Algérie, il est d’abord affecté dans le Sud tunisien et termine l’école de Cherchell dans un bon rang. Le 7 juin 1958, il est nommé officier. Je pris à cet instant la décision de m’assumer pleinement en tant que Français, puisque des vies françaises me seraient confiées sans que cela me rendît en rien moins Russe.
Décidé à rester en Algérie, Volkoff choisit l’Encadrement de la jeunesse algérienne, supprimé aussitôt créé. Il est alors affecté au 22e régiment d’infanterie coloniale qui garde la frontière marocaine.
Sa connaissance de plusieurs langues le fait affecter dans un bureau, ce qui lui convient fort peu.
Ayant demandé d’être muté dans une section plus active, Volkoff est initié à la doctrine du RAP renseignement, action, protection. Cette expérience, qui ne se passe pas sans heurts, est, au demeurant, l'une des sources de son inspiration romanesque.
Tout en écrivant son roman le plus intimiste, La Chambre meublée, des nouvelles comme La Grenade, ou encore un texte très inspiré de Faulkner, Opération Barbarie, qu’il ne publiera que quarante ans plus tard avec une postface Évolution de mes convictions, il mûrit la quintessence de son œuvre : Les Humeurs de la mer, une partie des Chroniques angéliques et du Berkeley à cinq heures, et son dernier roman, Le Tortionnaire, pour n’en citer que quelques-uns.
Les années passant, Volkoff se découvre un amour fou pour ce pays, aussi bien ses paysages que sa population.
C’est là qu’il se marie une première fois, mariage qui se termine très vite par un divorce, après la naissance d’une fille, Tatiana, qui aura elle-même un fils. La guerre d’Algérie se termine dans des conditions que Volkoff n’acceptera jamais, aussi quitte-t-il ce pays aimé pour toujours.
Rentré en France, il est engagé au ministère des Armées, et publie dès 1962 L’Agent triple, qui n’est pas son premier texte, mais le premier à être accepté par un éditeur.

Les années américaines

Un seul salaire et une seule publication ne suffisent pas à le faire vivre avec sa mère et sa fille. Sous le pseudonyme de Lieutenant X, il crée le personnage de Langelot, un jeune sous-lieutenant facétieux qui travaille dans les services secrets et à qui il arrive de multiples aventures. La série, publiée de 1965 à 1986 dans la Bibliothèque verte, a fait l'objet de plusieurs rééditions. Volkoff aimait dire de ces romans qu’il les avait écrits avec autant de conscience et de plaisir que ses autres livres. La série, par son goût de l'action, a une visée éducative valeurs du combat pour la patrie transmises à la jeunesse de l'époque.
Volkoff est également l'auteur d'une série qui connut moins de succès, constituée par les récits d'un jeune détective américain, Larry J. Bash. Cette série de romans policiers est marquée par un esprit du Sud profond mais tourne en dérision les préjugés contre les Noirs, qui étaient encore très vivaces.
Au cours d’un voyage dans le sud des États-Unis, où il est allé saluer sa tante Natacha, émigrée à Atlanta, Volkoff trouve un poste de professeur de littérature et de civilisation françaises dans un collège de jeunes filles et se fixe à Atlanta avec sa famille. Sa passion du théâtre peut s’y exercer pleinement car il monte une troupe à qui il fait jouer les textes de Molière, Supervielle, mais aussi les siens.
Avec l’escrime qu’il pratique depuis l’enfance, Volkoff se découvre aussi une nouvelle passion, la chasse, devant soi ou à l’affût, heureux de pouvoir, dans la solitude des nuits, attendre « le lever du soleil et la visite du premier daim. La lecture des ouvrages du Père Serge Boulgakoff est alors une révélation.
Volkoff, qui vivait dans une torpeur religieuse, retourne à la religion avec une énergie nouvelle. Ce retournement sera aussi un thème majeur de son œuvre. En 1978, Volkoff se marie pour la seconde fois : la bonne, d'après son autobiographie.
L’enseignement lui laisse assez de temps pour écrire. C’est pendant ces longues années que, s’essayant au roman relativiste, il écrit les quatre volumes des Humeurs de la Mer, hommage au Quatuor d’Alexandrie de Lawrence Durrell.
Sans se faire trop d’illusion sur la publication de cette tétralogie de quelque mille pages, ou alors peut-être posthume, Volkoff écrit un texte qu’il pense plus facile à publier, Le Retournement. Vladimir Dimitrijevic, l’éditeur de l’Âge d’Homme, lui propose de publier le tout, en association avec Bernard de Fallois, alors éditeur chez Julliard. Le Retournement, vendu à plus de 100 000 exemplaires, est un grand succès, mais les Humeurs ne sont pas en reste. En décembre 1982, Le Monde titre 1982 : l'année Volkoff ; Jean-François Kahn écrit dans Le Matin de Paris du 3 janvier 1983 une chronique intitulée L'année Volkoff, hélas !
La gloire est enfin là, et Volkoff fait désormais plusieurs séjours dans l’année à Paris.
Ce succès lui vaut de rencontrer le patron des services de renseignement extérieur français, Alexandre de Marenches, qui, venant de découvrir la doctrine de Sun Tzu, se demande comment avertir l’opinion publique du danger de la désinformation.
Estimant qu’un ouvrage technique n’aurait aucun impact, Marenches propose à Volkoff d’en faire un roman. Ce thème de l’empaumement des âmes fascine Volkoff.
C’est ainsi qu’il écrit Le Montage, traduit en douze langues, et qui obtient le Grand prix du roman de l’Académie française.
Volkoff est donc le premier en France à étudier la manipulation de l’information, à laquelle il consacre six ouvrages.
Invité sur le plateau de l'émission Apostrophes le 24 septembre 1982 pour son roman Le Montage, Vladimir Volkoff est violemment pris à partie par le journaliste et écrivain Pierre Joffroy qui le qualifie de raciste anti-juif et anti-musulman et de fasciste.
Volkoff porte plainte pour injures publiques et gagne son procès.
En 1985, inspiré par son expérience américaine, il publie Le Professeur d'histoire, dans lequel il décrit la confrontation cocasse entre un homme de lettres, pétri des traditions classiques, et une jeune héritière moderne. En 1991, le communisme s’effondre en Russie.
À Volkoff, qui vient de publier une bande dessinée sur saint Vladimir, se voit offrir le visa no 1 pour Saint-Pétersbourg. Ce premier voyage sera suivi de beaucoup d’autres.

Retour en France

En 1994, il revient vivre en France, dans une maison qu’il avait acquise à Bourdeilles, au cœur du Périgord. Dans le même temps commence le conflit yougoslave qui va labourer et ensemencer la dernière décennie de son existence. Pour tenter de faire comprendre aux Français le tragique de la situation, il écrit un premier roman, La Crevasse, puis un second, L’Enlèvement, sur lesquels s’étend un profond silence médiatique.
D'après lui, l’effondrement de la Russie communiste n’avait pas fait mourir la désinformation, qui s’exerce désormais sous d’autres formes. Pour la dénoncer, Volkoff crée et dirige aux éditions du Rocher une collection d’essais sur le sujet.
Ainsi paraissent La Désinformation et le journal Le Monde, de François Jourdier, La désinformation par les mots : les mots de la guerre, la guerre des mots, de Maurice Pergnier, Ovni, 60 ans de désinformation, de François Parmentier, La désinformation par l’éducation nationale, de Christine Champion, ou encore Désinformation et services spéciaux de Sophie Merveilleux du Vignaux.
Avec Daniel Trinquet, alors journaliste à Radio France, il a fondé l’Institut d’études de la Désinformation, qui aurait été financé en partie par l'UIMM.
Le dernier titre, Désinformation vue de l’Est est écrit par Volkoff lui-même dans les tout derniers mois de sa vie : il est publié après sa mort, en 2007.
En 2004, Volkoff publie L’Hôte du Pape, roman inspiré d’un fait réel : la mort brutale d’un métropolite russe orthodoxe dans les bras du pape Jean-Paul Ier au terme d’une entrevue confidentielle. Le Tortionnaire est le dernier roman de Vladimir Volkoff qui revient, quarante après, sur les questions brûlantes de la guerre en Algérie. C’est en terminant les corrections de ce texte que Volkoff meurt à Bourdeilles le 14 septembre 2005.

Volkoff écrivain


Avec le thème du prince, des relations père-fils, de la Russie éternelle, un autre thème, tout aussi essentiel, habite l’œuvre entière de Volkoff : la question du mal. Volkoff l’interprète de façon très personnelle. Nourri de Dostoïevsky, il n’en a pourtant pas la même analyse. Dostoïevsky est mort sans avoir pu répondre à la question, mais Volkoff la pose différemment : Non pas le mal : pourquoi ? mais le mal : pour quoi faire ?
Dans l’œuvre de Volkoff, le mal est présent, utile et fécond. La pureté d’Abel, pour Volkoff, est stérile, et c’est Caïn, le criminel, qui est fécond. Dans le grand champ du monde qui contient étroitement mêlés le bon grain et l’ivraie de la parabole évangélique, Volkoff estime qu’il ne nous appartient pas de dissocier ce mélange qui ne pourra l’être qu’au Jugement dernier.
De même que la connaissance de la vie est indissociable de la connaissance du mal, l’action ne peut se concevoir sans une certaine acceptation du mal, en tout cas de sa présence. C’est ce qui pousse les personnages de Volkoff à agir, mais sur une corde raide :
Aussi bouc que possible tout en restant agneau pour être sauvé de justesse. Et le colonel Samson d’ajouter : Le mal de Dieu, c’est nous, il faut nous faire une raison.

Il existe pourtant des armes contre le mal. Pour Volkoff, la beauté en est une, essentielle. Elle peut combattre le mal car elle est partie intégrante du culte divin. Les liturgies orthodoxes qui, pour Volkoff, appartiennent par la beauté de leurs icônes, des vêtements sacerdotaux et de leurs chants à l’ordre de la transfiguration, sont omniprésentes dans ses romans.
Les personnages volkoviens hantés par la question du mal, hommes de fidélité ou de trahison envers leurs pères, leurs chefs militaires ou religieux, ont un dernier point commun : ils touchent tous, de près ou de loin à l’univers du renseignement, et cela dès son Métro pour l'enfer publié en 1963.
Or, comme aimait le répéter Volkoff, ses romans ne sont pas des romans d’espionnage, mais des romans sur l’espionnage et il n’est pas de plus riche domaine à exploiter pour le romancier chrétien en quête de héros modernes.
Ultime arme contre le mal : le pardon. De L’Interrogatoire au Tortionnaire, du Retournement à L’Hôte du Pape, il n’existe pas de roman de Volkoff sans un interrogatoire ou une confession suivis de retournements et de conversions. Le guerrier dans la solitude du renseignement à obtenir, le pécheur face à son confesseur, il n’y a que chez Volkoff que l’on peut prendre la mesure de ce rapprochement.
Pour Volkoff, la différence entre interrogatoire et confession n’est que… Le pardon demandé et reçu. Or le pardon réciproque, il l’écrit lui-même, est tout simplement la clef du monde.
Plusieurs ouvrages de Volkoff, et notamment sa Petite histoire de la désinformation et son Manuel du politiquement correct, examinent les conditionnements auxquels il juge que ses concitoyens sont soumis et qui auraient créé en eux, à force de répétition, comme une seconde nature. Il s'attache à les démonter un par un avec humour. De convictions monarchistes, il publia plusieurs essais « engagés » : Du roi, puis Pourquoi je suis moyennement démocrate, enfin Pourquoi je serais plutôt aristocrate. C'est toutefois dans un de ses romans, Le Professeur d'histoire, qu'il décrira le plus clairement l'engagement vis-à-vis de l'institution royale, tel que l'éprouve son personnage.
Aussi russe qu’on peut l’être, par le sang de tous ses ancêtres, sa foi orthodoxe, sa langue maternelle c’est-à-dire celle qu’il apprit la première, sa fidélité à la Russie, mais français par sa naissance puis son engagement comme officier en Algérie seconde naissance, Volkoff aime à répéter qu’en russe, le mot patrie a deux traductions : rodina, la patrie où l’on est né, et otchizna, le pays des pères, celui de l’hérédité. Pour lui, les deux mots signifient concrètement deux pays, chance inconfortable mais combien féconde pour le romancier.
Cet amour de Volkoff pour la patrie est nourri par l'amour de la personne du Prince. « Du monde de Volkoff, le prince est la clef de voûte. Sous diverses formes le roi, le tsar, l’empereur, le chef militaire, le poète, le père, il joue un rôle dans presque tous les ouvrages de Volkoff, et même tous, dans la mesure où, pour Volkoff, le prince est une métaphore constante, quelles que soient les contradictions ou du moins les antinomies qu’elle suppose. Le prince et les fidélités à son égard sont un thème majeur de l’œuvre de Volkoff.

En marge de son œuvre majeure, on doit également à Vladimir Volkoff quelques romans et nouvelles de science-fiction.

Oeuvres

Romans


L’Agent triple, Julliard, Paris 1962
Métro pour l'enfer, Hachette, coll. Le Rayon fantastique no 118, 1963, 252 p.
Les Mousquetaires de la République, La Table ronde, Paris 1964, 320 p. Paris 1985
Les Trois Scorpions sous le pseudonyme de Rholf Barbare, Albin Michel, Paris 1965, 210 p.
Le Trêtre sous le pseudonyme de Lavr Divomlikoff, Robert Morel, Les Hautes Plaines de Mane 1972, Marabout, sous le nom de Vladimir Volkoff, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1983, 340 p. Presses-Pocket, Paris 1985.
en espagnol : El Traidor, Acervo, Barcelona 1972
en néerlandais : De Kerkvrader, Nijch & van Ditmar, Rotterdam 1972
en allemand : Der Verräter, Paul Zsolany, Wien Hamburg 1973, Heyne Buch, München 1976
en anglais : The Traitor, Doubleday, Garden City New York 1973, Heinemann, London 1974, Popular Library, New York 1976, Corgi, London 1977
L’Enfant posthume (ous le pseudonyme de Lavr Divomlikoff, Robert Morel, les Hautes Plaines de Mane 1972, L’Âge d’Homme, Lausanne 1990, 166 p.
Le Retournement, prix Chateaubriand 1979, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1979, 360 p Presses-Pocket, Paris 1988, L’Âge d’Homme 2004, précédé de Un quart de siècle après Le Livre de poche, Paris, 2005.
en espagnol : La Reconversion, Argos Vergara, Barcelona 1980
en finnois : Igor Popov Käänty Mykset, WSOY, Helsinki 1980
en brésilien : A Conversâo, Nova Fronteira, Rio de Janeiro 1980
en italien : Il Voltefaccia, Bompiani, Milano 1980
en suédois : Major Popovs Omvändelse, Coeckelberghs, Stockholm 1981
en allemand : Die Umkehr, Hoffman und Campe, Hamburg 1981
en japonais : Haykawa, Tokyo 1981
en anglais : The Turn-Around, Bodley Head, London 1981, Doubleday, Garden City New York 1981, Corgi, London 1982.
Les Humeurs de la mer, tétralogie romanesque : Olduvaï, 457 p, La Leçon d’anatomie, 456 , Intersection, 437 p., Les Maîtres du temps, 441 p, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1980.
Une Histoire surannée quelque peu, L’Âge d’Homme, Lausanne 1982, 54 p.
Le tire-bouchon du Bon Dieu, Presses Pocket no 5142, 1982, 223 p.
Le Montage, Grand Prix du roman de l’Académie française 1982, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1982, 348 p, Presses-Pocket 1983.
en italien : Il Montaggio, Rizzoli, Milano 1983
en néerlandais : Het Oprijtsjik Orkest, Manteau, Amsterdam 1983
en espagnol : El Montaje, Plaza & Janes, Barcelona 1983
en argentin : El Montaje, Atlantida, Buenos Aires 1983
en allemand : Die Absprache, Klett-Cotta, Stuttgart 1984
en suédois : Montajet, P.A. Norstedt & Söners, Stockholm 1984
en anglais : The Set-Up, Bodley head, London 1984, Arbor House, New York 1985, Methuen, London 1985
en japonais : Hayakawa, Tokyo 1985
en polonais : Montaz, Polonia, London 1986
en russe : Operatsia Tverdyi Znak, Overseas Publications Interchange, London 1987
en serbe : Montaza, Knjizevna Zajednica, Novi Sad 1989
The Underdog Appeal, Renaissance Press, Macon Georgia 1984, 229 p. traduction française en cours.
La guerre des pieuvres, Presses Pocket no 5169, 1983, 188 p..
Le Professeur d’histoire, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1985, 254 p Presses-Pocket, Paris 1986.
Nouvelles américaines, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1986, 241 p.
L’Interrogatoire, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1988, 200 p.
en espagnol : El Interrogatorio, Noguer, Barcelona, 1990
en portugais : O Interrogatorio, Difel, Lisboa, 1990
en serbe : Saslusavanje, L’Âge d’Homme, Belgrade 1997
Les Hommes du tsar, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1989, 397 p. Le Livre de Poche, Paris 1990.
Le Bouclage, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1990, 589 p. Le Livre de Poche, Paris 1992.
La Chambre meublée, L’Âge d’Homme, Lausanne 1991, 166 p.
Les Faux Tsars, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1992, 408 p. Le Livre de Poche, Paris 1994.
Le Berkeley à cinq heures, prix de la Ville d’Asnières, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1993,282 p Le Livre de Poche, Paris.
Le Grand Tsar Blanc, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1995, 402 p. Prix des Intellectuels indépendants 1995. Le Livre de Poche, Paris 1997
La Crevasse, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1996, 179 p.
en serbe : Ponor, Nas Dom/L’Âge d’Homme, Belgrade, 1997
Chroniques angéliques, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1997, 345 p. Le Livre de Poche, Paris 1999
en russe, Agel’skie Khroniki, Saint-Pétersbourg, Amfora, 2002
en serbe, Andjeoski letopisi, Belgrade, Nas Dom/l’Âge d’Homme, 2001.
Il y a longtemps mon amour, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris / Lausanne 1999,156 p.
L’Enlèvement, Le Rocher, Paris 2000, 510 p.
Opération Barbarie, suivi d’une postface, Les Syrtes, Paris 2001, 223
Le Contrat, Le Rocher, Paris 2002, 194 p.
La Grenade, Les Syrtes, Paris 2002, 95 p.
Le Complot, Le Rocher, Paris 2003, 435 p.
L’Hôte du Pape, Le Rocher, Paris 2004, 335 p.
Les Orphelins du Tsar, Le Rocher, Paris, 2005, 290 p.
Le Tortionnaire, Le Rocher, Paris, 2006, 292 p. publication posthume

Pour la jeunesse
romans

série Langelot : 40 titres parus sous le pseudonyme de Lieutenant X, publiés de 1965 à 1986 aux éditions Hachette dans la collection Bibliothèque verte. Réédition par Hachette et par Le Triomphe, Paris 2000. Série traduite en allemand, espagnol, turc, indonésien, afrikaans.
série Larry J. Bash : 10 titres publiés de 1980 à 1984 aux éditions Hachette dans la collection Bibliothèque verte.
série Corinne : 2 titres : Corinne : Première Mission 1981 et Corinne et l'As de trèfle 1983.
bande dessinée
Vladimir Krasnoïe Solnychko, Ed. Le Lombard, Saint-Pétersbourg, 1991.
En français : Vladimir le Soleil radieux, Lombard Bruxelles 1992 Prix de la bande dessinée chrétienne, 1992.
Alexandre Nevsky, Ed. Le Lombard, Bruxelles, 1995.
conte et récit
Peau-de-bique, récit, illustrations de Françoise Moreau, Ed. Hachette, Paris, 1994 .
Conte d’Ivan le Nigaud, de la belle Vassilissa et du carrefour magique, Ed. L’Âge d’Homme, Lausanne, 2001.

Essais et souvenirs

Les Vers Centaures de P.S. Porohovchikov rédaction finale de Vladimir Volkoff, Les Cahiers du Nouvel Humanisme, Le Puy 1952, 62 p.
Vers une Métrique française, French Literature Publications Company, Columbia South Carolina 1977, repris par Summa, Birmingham Alabama, 200 p.
La Civilisation française sous le pseudonyme de Victor Duloup, manuel, New-York, Harcourt, Brace ans World, 1970, 327 p.
Le Complexe de Procuste, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1981, 189 p. .
en espagnol : Elogio de la Diferencia, Tusquets, Barcelona 1984
Lawrence le Magnifique, essai sur Lawrence Durrell et le roman relativiste, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1984, 140 p.
Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1985, 343 p.
La Désinformation, arme de guerre, textes de base présentés par Vladimir Volkoff, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1986, 274 p. l’Âge d’Homme, Lausanne, 2004
Du Roi, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1987, 88 .
en italien : Il Re, Guida, Napoli 1989
Vladimiriana, recueil d’articles sur saint Vladimir, L’Âge d’Homme, Lausanne 1989, 106 p.
La Trinité du Mal, ou Réquisitoire pour servir au procès posthume de Lénine, Trotsky, Staline, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1991,117 p.
La Bête et le Venin ou la Fin du communisme, Fallois/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1992, 166
Lecture des Évangiles selon saint Luc et saint Marc, L’Âge d’Homme, Lausanne 1996, 234 p
Petite Histoire de la désinformation, Le Rocher, Paris 1999, 289 p.
en portugais : Pequena Hist?ria da Desinformaç?o, Lisbonne 2000
en serbe : Dezinformacija, Belgrade, Nas Dom/ L’Âge d’Homme, 2001.
Désinformation: flagrant délit, Le Rocher, Paris 1999, 150 p.
Manuel du politiquement correct, Le Rocher, Paris 2001,175 p.
Désinformations par l’image, album, Le Rocher, Paris 2001, 127 p.
La Garde des ombres, Fallois/L’Âge d’homme, Paris 2001, 215 p.
Pourquoi je suis moyennement démocrate, Le Rocher, Paris 2002, 100 p.
Pourquoi je serais plutôt aristocrate, Le Rocher, Paris, 2004, 150 p.
Lecture de l’Évangile selon saint Jean, l’Âge d’Homme, Lausanne/Paris, 2004, 276 p.
La Désinformation vue de l’Est, Le Rocher, Paris, 2007 publication posthume,
Douce orthodoxie, préface de Lydwine Helly, l’Âge d’Homme, Paris/Lausanne, 2011 ouvrage posthume, 213 p. .

Biographies

Tchaikovsky, a self portrait, Robert Hale, London 1975, Crescendo, Boston 1975, repris par Taplinger, New York, 348 p. + 12 p.
en français : Tchaïkovsky, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1983, 441 p. + 16 p. de planches
Vladimir le Soleil rouge traduit de l’anglais par Gérard Joulié, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1981410
en anglais : Vladimir the Russian Viking, Honeyglen, London 1984, Overlook Press, Woodstock, New York, 1985
en japonais : Chuokoron-Sha 1986
en russe : Vladimir Krasnoïe Solnychko, L’Âge d’Homme, Lausanne 1983

Théâtre


Pierrot et le Matamore, tragi-comédie montée aux États-Unis et jouée à la télévision américaine vers 1973.
La confession d’Igor Maksimovitch Popov du KGB, d’après Le Retournement, au théâtre Marie Stuart, 1982. La pièce est reprise en 1993, au théâtre Mouffetard sous le titre Retournements.
L’Amour tue, comédie, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1983, 168 p. jouée au théâtre de l’Athénée en 1983 . La pièce est montée aux États-Unis en 1984 sous le titre Love kills, au Macon Little Theater.
Yalta, tragédie, Julliard/L’Âge d’Homme, Paris/Lausanne 1983 jouée au Théâtre Firmin Gemier, Antony, 1984, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1984, reprise en 1985 au Théâtre d’Art de Liège, et au théâtre Mouffetard, Paris, 1998, 155 p.
Le Mistère de saint Vladimir, prix Alfred de Vigny 1988, L’Âge d’Homme, Lausanne 1988, 67 p.
Œdipe, L’Âge d’Homme, Lausanne 1993, 71 p.
L’Interrogatoire - Le Réquisitoire, L’Âge d’Homme, Lausanne 1995, 126
Charme slave, comédie, L’Âge d’Homme, Lausanne 2002, 126 p.
L’Hôte du Pape, Le Rocher, Paris, 2006

Science-fiction

Métro pour l’enfer, prix Jules-Verne 1963, Hachette, Paris 1963, Presses-Pocket, Paris 1981, 256 p. , l’Âge d’Homme, Lausanne, 2005
Le Tire-bouchon du bon Dieu, Presses-Pocket, Paris 1982, 223 p. , L’Âge d’Homme, Lausanne,
La Guerre des pieuvres, Presses-Pocket, Paris 1983, 184 p. L’Âge d’Homme, Lausanne, 2005

Avec Jacqueline Dauxois-Bruller

L’Exil est ma patrie, entretiens, Le Centurion, Paris 1982
Alexandra, Albin Michel, Paris 1994, 523 p. Le Livre de Poche, Paris 1996, Le Rocher, Paris 2003.

Liens

http://youtu.be/_4oGp_MKJlY Le nouvel an russe
http://youtu.be/lfTqBJLix7E Vladimir Volkoff (silencieux)
http://www.ina.fr/video/CPB82052480/i ... desinformation-video.html La désinformation
http://www.ina.fr/video/CPB79055824/p ... ages-de-russie-video.html Personnages de Russie
http://www.ina.fr/video/CPB89000981 Des tsars aux tsars


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Posté le : 13/09/2014 19:54
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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