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Jérome K Jérome
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Le 14 juin 1927, à 68 ans meurt Jerome Klapka Jerome

à Northampton, Northamptonshire, Angleterre, dit Jerome K. Jerome, né à Walsall Staffordshire, Angleterre, écrivain britannique de romans humoristiques, principalement connu pour son livre Trois hommes dans un bateau.
Ecrivain britannique, de Walsall 1859-Northampton 1927, auteur de Trois Hommes dans un bateau 1889 et de Tous les chemins mènent au calvaire 1919, témoignage bouffon sur la Première Guerre mondiale.

Sa vie

Jerome Klapka Jerome est le quatrième enfant de Jerome Clapp qui a changé son nom en Jerome Clapp Jerome, un quincaillier et prédicateur laïc protestant et de Marguerite Jones, le changement ultérieur du Clapp de Jerome Clapp Jerome fils en Klapka semble inspiré par le patronyme de Klapka, un général hongrois exilé en Angleterre.
La famille au départ aisée, glisse dans la pauvreté et les dettes ; à la suite d'investissements malheureux dans une mine de charbon, les affaires paternelles s'écroulent alors qu'il n'a que deux ans. Détestant l'école, dont il fustigera à de nombreuses reprises les méthodes dans ses livres, Jerome K. Jerome la quitte à quatorze ans, car orphelin de père à l'âge de treize ans, puis de mère à l'âge de quinze ans il doit subvenir par lui-même à ses besoins, et se voir contrarié dans ses ambitions de carrière politique ou littéraire. Il enchaîne alors les petits emplois : il collecte pendant quatre ans le charbon tombé au bord des voies pour le London and North Western Railway, puis journaliste, acteur et instituteur. Il se ménage cependant du temps pour l'écriture.
Son premier ouvrage, Sur la scène et en coulisse, est publié en 1885 et sera suivi de nombreux autres livres, pièces de théâtre et articles de journaux. En 1886 paraissent Les Pensées paresseuses d'un paresseux, son premier petit succès. Mais c'est surtout Trois hommes dans un bateau, paru en 1889, qui le fait connaître du grand public. Le succès est tel qu'on estime à environ un million le nombre de copies pirates qui circulèrent dans le monde à l'époque. Ce livre reste le plus connu de Jerome K. Jerome. Toutefois, il ne rencontra jamais le succès critique. Max Beerbohm dira notamment de lui qu'il est un auteur de dixième ordre qui nous inonde de ses produits de dixième ordre, alors même que l'éditeur Harrowsmith croule sous l'effet de la demande, déclarant ironiquement que le public doit sûrement manger les livres .
Sans désemparer, Jerome K. Jerome voyage à travers le monde, notamment en Europe, en Russie et aux États-Unis. En 1914, alors qu'éclate la Première Guerre mondiale, il se rend en France et s'engage dans le conflit comme ambulancier. Deux ans plus tard, il est de retour en Angleterre et continue d'écrire.
En 1926, il publie son autobiographie : My Life and Times. L'année suivante, il est nommé citoyen d'honneur de la municipalité de Walsall avant de mourir d'une hémorragie intra-cérébrale à l'âge de soixante-huit ans.

Son style

Homme réputé pessimiste et triste par nature, Jerome K. Jerome développera paradoxalement un style humoristique bien à lui. Ses récits, presque toujours fondés sur ses propres expériences, sont écrits avec un humour souvent absurde, s'établissant sur un fort comique de situation et aimant à pointer les incohérences du comportement humain et par là même de la société dans son ensemble. Le ton employé, quant à lui, reste toujours faussement sérieux, tout en étant simple et direct, Jerome K. Jerome ayant l'habitude de s'adresser directement au lecteur dans ses ouvrages, cher lecteur y dit-il souvent.
Son style influencera de nombreux auteurs comiques, en particulier Terry Pratchett, qui combinera cet humour à la profondeur de l'œuvre de J. R. R. Tolkien pour créer son Disque-monde, satire moderne prenant comme base un univers d'heroic fantasy.

Jerome K. Jerome écrivit également quelques ouvrages au ton plus grave et sérieux, mais ce n'est pas là l'aspect distinctif retenu par le public.
Ouvrages traduits en français

autobiographie


2014 : Ma vie et mon temps 1
romans
1894 : Trois hommes dans un bateau Three Men in a Boat, 1889
1932 : L’Allemagne et moi 3 Diary of a pilgrimage, 1910
fellow, 1898.
1924 : Mes enfants et moi 5 They and I, 1909.
1951 : Tommy and C° 6 Tommy and Co, 1904.
1959 : Trois hommes en balade Three men on the bummel, 1900
1991 : Pensées paresseuses d'un paresseux Idle thoughts of an idle fellow, 1886
1992 : Arrières-pensées d’un paresseux Second thoughts of an idle fellow, 1898.
1993 : Journal d'un touriste 11 Diary of a pilgrimage, 1891.
nouvelles
1891 : Ah! le beau rêve ou La Nouvelle Utopie (The New Utopia, 1899.
1932 : Une bonne surprise.
pièces de théâtre adaptées en France
1927 : Fanny et ses gens Fanny and the Servant Problem, 1909.
1933 : Le Locataire du troisième sur la cour, une rêverie 14 The Passing of the Third Floor Back, 1908.
1956 : L'Amazone et l'accordeur 15 Miss Hobbs, 1902
1961 : L’Âme de Nicolas Snyders 16 The Soul Of Nicholas Snyders, 1925.

Adaptation au cinéma

1935 : The Passing of the Third Floor Back, film anglais de Berthold Viertel avec Conrad Veidt et Anna Lee. Adapté de la pièce de théâtre Le Locataire du troisième sur la cour, une rêverie.

Trois hommes dans un bateau sans parler du chien


Roman humoristique de Jerome K Jérome
Le titre de la version originale est Three Men in a Boat To say nothing of the Dog, l'Éditeur original J. W. Arrowsmith en langue Anglaise, la date de parution originale est 1889. Le traducteur de la version française est Henri Bouissou. Lieu de parution Paris
Éditeur Firmin-Didot, date de parution 1894, le nombre de pages : 302
"Trois hommes dans un bateau sans parler du chien" titre original : Three Men in a Boat To Say Nothing of the Dog est un roman comique de Jerome K. Jerome, publié en Angleterre en 1889. En France, il est paru pour la première fois en 1894.

L'histoire

Le roman narre les aventures de George, Harris, Jérôme et le chien Montmorency, entreprenant un voyage sur la Tamise.
Le livre est parsemé d'anecdotes comiques, mais aussi de réflexions philosophiques sur l'existence, les illusions que nous entretenons volontiers sur le monde et sur nous-mêmes, et la nécessité de ne pas trop charger de luxe la barque de sa vie.
Malgré les réticences des critiques littéraires qui reprochent à l’auteur un style considéré comme trop populaire, l'ouvrage connaît un grand succès. Pour satisfaire à la demande, des copies piratées seront même vendues aux États-Unis.
Bien que l'œuvre a pour but de faire découvrir de façon plaisante l'histoire de la Tamise, ce sont les anecdotes comiques qui en font le succès et qui rendent le livre toujours populaire de nos jours.
Un autre ouvrage de l'auteur fait intervenir les mêmes personnages, Three Men on the Bummel, publié en France sous trois titres différents selon l'époque : Trois hommes en Allemagne, Trois hommes en balade et trois hommes sur un vélo.


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Posté le : 12/06/2015 19:28
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Marin Leroy de Gomberville
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Le 14 juin 1674 meurt Marin Le Roy de Gomberville

né à Paris en 1600 poète et écrivain français il fut reçut à l'académie française en 1934.
le poète dans la tradition de Malherbe et auteur de romans précieux, l'Exil de Polexandre et d'Ériclée, 1619 ; la Carithée, 1621.


Écrivain français, dont les romans ont connu une vogue exceptionnelle, Gomberville débuta très tôt dans la poésie, mais médiocrement ; il s'intéresse de bonne heure à l'histoire : en 1620, il rédige un Discours des vertus et des vices de l'histoire, et de la manière de la bien escrire — mais déjà il s'est tourné vers le roman ; il a publié à dix-neuf ans L'Exil de Polexandre et d'Ériclée, 1619, première version de ce qui sera son œuvre majeure ; et deux ans plus tard un second roman, La Carithée. Il se fait ainsi rapidement un nom dans le monde des lettres, en même temps qu'une place enviable dans la société ; il sera l'un des premiers membres de l'Académie française et s'y montrera l'un des plus actifs. En 1629, il donne une seconde édition — en fait totalement refondue — de L'Exil de Polexandre. Le public attend une suite : mais c'est le début d'un nouveau Polexandre, le livre portera désormais ce simple titre, encore remanié, qui paraît en 1632 ; quatre autres livres suivront, jusqu'à la dernière édition, celle de 1637. Chaque fois Gomberville, selon le mot de Chapelain, rhabille son roman et en modifie l'équilibre général. Cette singulière méthode de composition ne facilite pas l'accès à une œuvre dont, dès le départ, l'intrigue était fort embrouillée et la nature indécise, tandis qu'il entraîne ses personnages d'une aventure à l'autre, et du Mexique à l'Arménie, l'auteur fait passer le lecteur du documentaire au récit fantastique, de la description exacte — ou parfois fantaisiste — de voyages et de guerres, de pays lointains et de mœurs étranges, à la relation d'exploits chevaleresques et merveilleux. Mais Gomberville fait du désordre vertu, et les contemporains ne semblent avoir été gênés ni par la longueur du livre, plus de 4 400 pages ; La Fontaine déclare l'avoir « lu vingt et vingt fois ni par son cours capricieux, Guez de Balzac voit en lui « un ouvrage parfait en son genre. C'est que, dans ce roman-fleuve où le lecteur moderne se perd, toute une génération a trouvé — outre un aliment à sa curiosité pour l'exotisme — des héros en qui se reconnaître. On s'est amusé aussi à y traquer tous les emplois de cette malheureuse conjonction car à qui, lors de ses débuts, en fougueux admirateur de Malherbe, l'auteur avait déclaré la guerre et qu'il s'était vanté, à défaut d'en avoir purgé la langue française d'avoir bannie de son Polexandre : à une ou deux bavures près, la gageure est tenue dans l'édition de 1629 ; mais Gomberville y a ensuite renoncé. De 1633 à 1642, paraît un nouveau roman, La Cythérée. Mais la maladie et la lassitude poussent l'écrivain à la retraite. Un moment tenté par le stoïcisme, ainsi qu'en témoigne la Doctrine des mœurs tirée de la philosophie des stoïques, il se convertit au jansénisme. Sans se couper du monde, il mène une vie réglée, consacrée à la dévotion et aux bonnes œuvres. Il n'abandonne sans doute pas toute préoccupation littéraire (prenant la défense de la poésie auprès des solitaires, il gagne Port-Royal au parti des malherbiens ; il publie même une suite inachevée de Polexandre, La Jeune Alcidiane, qu'il habille de sermons jansénistes mais, bientôt, il n'écrit plus que des poèmes de circonstance et de piété, et regrette le mal qu'il a pu faire avec ses romans. Palinodie comme le siècle en entendra encore... Pourtant cette image dans laquelle on fige souvent Gomberville vieilli ne sera pas la dernière : à partir de 1660, il prend ses distances vis-à-vis de Port-Royal et se consacre à nouveau à des études historiques, il réunit, en vue de la publication des Mémoires de monsieur le duc de Nevers, une énorme documentation sur l'histoire du XVIe siècle et géographiques, il traduit de l'espagnol la Relation de la rivière des Amazones, gardant ainsi jusqu'au bout cette inlassable et vaste curiosité, ce constant souci de renouvellement qui marquent son œuvre.

Sa vie

Fils d'un buvetier de la Chambre des comptes, il écrit à l'âge de quatorze ans un recueil de poésies, dont la qualité est aujourd'hui bien contestable. Peu après sa majorité, il signe une préface aux poésies de François Maynard ainsi que trois romans pastoraux, dont un resté inachevé. Une dizaine d'années plus tard, il entreprend son travail le plus ambitieux, un roman intitulé Polexandre, 5 volumes, 1632-1637, où le héros erre à la recherche de la princesse Alcidiane à travers le Bénin, les îles Canaries, le Mexique et les Antilles. L'écrivain signe aussi des traductions de l'espagnol, collabore au Journal des Savants, à sa fondation, sous la direction de Denis de Sallo. Il est également l'auteur de deux autres romans, Cythérée, 4 volumes et La Jeune Alcidiane, en 1651.
Grand ami de Robert Arnauld d'Andilly, et de la famille Arnauld en général, il adopte tôt les idées de Port-Royal. Une de ses demeures de campagne se trouve d'ailleurs à proximité de l'abbaye de Port-Royal-des-Champs, dans le hameaux dit "de Gomberville", sur la commune de Magny-les-Hameaux.
Admis parmi les premiers membres à l'Académie française au fauteuil n°21 avant le 13 mars 1634, il travaille au plan du Dictionnaire et à la rédaction des statuts. Il prononce le neuvième discours : Que lorsqu'un siècle a produit un excellent héros, il s'est trouvé des personnes capables de le louer. L'Académie se réunit plusieurs fois chez lui et il y soulève une vive discussion, qui se répercuta hors de l'Académie, en demandant à celle-ci de proscrire la conjonction car.
Devenu janséniste, il passe les vingt-cinq dernières années de sa vie dans une retraite pieuse et éloignée de l'Académie. Jean Chapelain a dit de lui qu'il parlait très purement sa langue, et les romans qu'on a vus de lui en sont une preuve.


Effroyables deserts, pleins d'ombre, et de silence

Effroyables deserts, pleins d'ombre, et de silence,
Où la peur, et l'hyver, sont éternellement ;
Rochers affreux, et nus, où l'on voit seulement
Le tonnerre, et les vents montrer leur insolence.

En quelque part des Cieux que le Soleil s'élance,
Vous estes tousjours pleins d'un froid aveuglement,
Et vos petits ruisseaux malgré leur element
Font monter jusqu'aux airs leur foible violence.

Lieu où jamais l'amour ne vint tendre ses rets,
Torrents, cavernes, troncs, si parmy ces forests
Je me tiens si content, et je vous ayme encore

Ce n'est pas qu'en efect vous ayez des appas,
Mais puisque vous avez la Beauté que j'adore,
Puis-je avoir ce Bon-heur, et ne vous aymer pas ?



Olympe levés toy, desja l'aube est levée -


Olympe levés toy, desja l'aube est levée,
Voy comme dans les airs elle semé le jour,
Desja dans le ruisseau
Diane s'est lavée,
Et desja le
Soleil a commencé son tour.

Tout nostre bois souspire après ton arrivée,
Ses oyseaux comme moy racontent leur amour,
Quelle estréme rigueur tient ton ame privée
Des plaisirs que le
Ciel espand en ce séjour ?

Desja le cerf qui brame après celle qu'il ayme

Contrefait dans ces bois ce que je suys moy-mesme,
Olympe, vien le voir, le voyla qui la tient ?

Tu te levés, ma belle, ô
Dieu ! qu'elle est humaine,
Je voy dedans ses yeux amour qui l'entretient,
Des douceurs dont sa main doit couronner sa peine.



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Posté le : 12/06/2015 19:26
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Népomucéne Lemercier
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Le 7 juin 1840, à 69 ans meurt Louis-Jean-Népomucène Lemercier

né le 21 avril 1771 à Paris, poète et dramaturge français, il est reçu à l'académie française en 1810.
Il annonça par ses tragédies le théâtre romantique, dont il se montra pourtant l'adversaire, Charlemagne, 1814 et écrivit la première comédie historique française, Pinto 1798. Académie française, 1810.

En bref

L'œuvre de Lemercier est copieuse et inaccessible. Fier, énergique, intrépide, toute sa vie est faite de contrariétés vaincues. C'est en le comparant à Chateaubriand, qui était son aîné de trois ans, que l'on s'aperçoit à quel point cet homme intelligent, convaincu d'innover, a manqué le tournant littéraire du nouveau siècle. Il est bizarre plutôt qu'original disent ceux qui l'approchent G. Vauthier ; G. Merlet l'appelle la figure la plus curieuse d'une époque ingrate. Il y avait aussi une excentricité parfois stupéfiante chez l'auteur du Génie du christianisme, mais le génie y a trouvé son compte grâce à l'enchantement du verbe, tandis qu'avec Lemercier le talent fait fausse route et les efforts d'innovation se soldent par un fiasco à peu près complet.
Il fit au théâtre une carrière prolongée, de 1788 à 1835, d'abord brillante avec le Tartuffe révolutionnaire 1795 et Pinto 1796, puis éclipsée par les romantiques. Il avait conçu en poésie un projet monumental où devait s'accomplir, en quatre médaillons symboliques, tout le programme de l'épopée rêvée par les Lumières : Moïse, la législation, Alexandre, la guerre, Homère, la poésie, Newton, la science. Visée grandiose, ambition vertigineuse : le résultat est affligeant. Dans l'Atlantiade 1812, Lemercier invente une mythologie grotesque où se coudoient des incroyables et des merveilleuses aux noms invraisemblables. La Panhypocrisiade, comédie épique en seize chants, 1819, est probablement ce qu'il a laissé de moins illisible. Victor Hugo lui succéda à l'Académie française : ce fut le coup de grâce du destin. Il était dans le tempérament de Lemercier de se démettre plutôt que de se soumettre : ce qu'il fit au moins avec Napoléon, puis avec le romantisme. L'histoire le lui a bien rendu.

Sa vie

Népomucène Lemercier, dont le père était secrétaire des commandements après avoir été intendant du comte de Toulouse et du duc de Penthièvre, eut pour marraine la princesse de Lamballe et est protégé, à ses débuts, par Marie-Antoinette qui ordonne, alors qu'il n'est âgé que de 17 ans, de créer sa tragédie de Méléagre, qui n'eut toutefois qu'une seule représentation, bien que la pièce, jouée en présence de la reine, de la princesse et de toute la cour, ait été applaudie triomphalement. Mais le jeune homme déclare aux comédiens le lendemain matin : Messieurs, mon succès d'hier m'a beaucoup touché, mais ne m'a pas fait illusion. Ma pièce est une œuvre d'enfant, c'est un enfant que le public a applaudi pour l'encourager; je n'ai qu'une manière de me montrer digne de son indulgence, c'est de ne pas en abuser. De telles bontés ne se renouvellent pas. Je retire mon ouvrage, et je tâcherai que ma seconde tragédie soit plus digne de vos talents.
Un accident survenu dans l'enfance le laisse en partie paralysé durant le restant de ses jours. Au sortir de l'enfance, écrit Jean-François Ducis, pour guérir son jeune corps dont la moitié avait été frappée de paralysie, il a passé par toutes les tortures, et il a monté de supplice en supplice dans la sphère supérieure qu'il habite. Il tient dans sa main les rênes de ce corps, il en conduit avec sagesse et fermeté la partie vivante et la partie morte. Dans la partie vivante existe son âme, avec des redoublements d'esprit, une étendue de vues, une audace de conception, qui en font pour moi un phénomène charmant, tandis que la partie morte en fait pour moi un martyr qui m'attendrit, un héros de la douleur qui m'étonne, et c'est tout cela qui m'explique les grandes passions qu'il a inspirées et ressenties, car les femmes ont des yeux pour comprendre et adorer ces prodiges.
Il donne ensuite, en 1792, un drame en vers, Clarisse Harlowe, inspiré du roman de Samuel Richardson, qui fait dire que l'auteur n'est « pas assez roué pour peindre les roueries ». Partisan de la Révolution, mais ennemi de ses excès, il les dénonce en 1795 dans Le Tartufe révolutionnaire, rempli d'allusions politiques audacieuses et qui est supprimé après la cinquième représentation. Puis il donne en 1796 une tragédie, Le Lévite d'Éphraïm avant de faire jouer, l'année suivante, son Agamemnon qui remporte un grand succès et apporte la célébrité à son auteur.
On crie au génie et on se dispute dès lors Népomucène Lemercier dans les salons du Directoire — chez Mme Tallien, Mme Pourrat ou Mme de Staël — où il est tenu, selon Talleyrand, pour l'homme de France qui cause le mieux.
C'est à cette époque qu'il accepte, par défi, de traduire en vers, sans choquer la bienséance, les œuvres licencieuses du cabinet de Naples. Il compose Les Quatre Métamorphoses 1798, c'est-à-dire celles, sous l'effet de la passion amoureuse, de Diane en chèvre, de Jupiter en aigle, de Vulcain en tigre et de Bacchus en vigne.
Il compose également un drame historique en prose, Pinto, ou la Journée d'une conspiration 1800 qui met en scène la révolution qui porta le duc de Bragance sur le trône du Portugal et annonce le drame romantique : De cette œuvre, observe Charles Labitte, aurait daté la rénovation de la scène française, s'il n'eût été coupé court aux hardiesses par la régularité de l'Empire.
Lemercier a d'abord été lié avec Bonaparte. Il a fréquenté son salon dès son mariage avec Joséphine et sa tragédie d’Ophis, sur un sujet égyptien, a été représentée le jour même où l'on apprenait à Paris la nouvelle des succès militaires de l'expédition d'Égypte : plusieurs passages en ont été vivement applaudis en l'honneur du héros du jour. Après le 18 Brumaire, Lemercier est l'hôte régulier de la Malmaison, mais sa franchise commence à indisposer le Premier Consul, qui l'appelle « mon petit romain » : il lui prédit que, s'il rétablissait la monarchie, il ne règnerait pas dix ans ; lorsque l'Empire est proclamé, il renvoie sa Légion d'honneur. Dès lors, il est en butte à la censure impériale, évite tout contact autre que purement protocolaire avec Napoléon, ne paraissant aux Tuileries qu'aux réceptions solennelles de l'Académie française, où il est élu le 11 avril 1810. Il réduit fortement son activité littéraire. À l'Empereur qui lui demandait un jour : Et vous, Lemercier, quand nous donnerez-vous quelque chose ?, il osa répondre : Sire, j'attends !
Néanmoins, à la chute de l'Empire, son inspiration s'est tarie. S'il publie en 1819 son œuvre la plus connue, La Panhypocrisiade ou la comédie infernale du XVIe siècle, le texte en avait été presque complètement terminé sous le Consulat. C'est un ouvrage étrange, déjà nettement romantique, une sorte de chimère littéraire, dit Victor Hugo, une espèce de monstre à trois têtes, qui chante, qui rit et qui aboie. La critique n'est pas tendre pour cette œuvre étonnante. Il y a dans cette œuvre, écrivit Charles Nodier dans Le Journal des Débats, tout ce qu'il fallait de ridicule pour gâter toutes les épopées de tous les siècles, et, à côté de cela, tout ce qu'il fallait d'inspiration pour fonder une grande réputation littéraire. Ce chaos monstrueux de vers étonnés de se rencontrer ensemble rappelle de temps en temps ce que le goût a de plus pur. C'est quelquefois Rabelais, Aristophane, Lucien, Milton, à travers le fatras d'un parodiste de Chapelain. Le poème fait surtout penser aux Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, dont il retrouve les accents d'indignation et la poésie étrange.
L'essor du mouvement romantique fait apparaître Lemercier décalé et démodé. Ses ouvrages n'obtiennent plus guère de succès, à l'exception de sa tragédie de Frédégonde et Brunehaut 1821, qui d'ailleurs ne reste pas longtemps à l'affiche. Oubliant que lui-même, en avance sur son temps, a été traité de fou sous l'Empire, il vitupère les Romantiques. Lorsqu'on lui dit qu'ils sont ses enfants, il répond : Oui, des enfants trouvés !

Il est le plus ferme opposant à l'élection de Victor Hugo à l'Académie Française, où, ironie du sort, c'est Hugo qui lui succèdera, au siège — le n° 14 — de Lemercier. Conformément à l'usage, Victor Hugo prononce lors de son intronisation, le 5 juin 1841, l'éloge — resté célèbre — de celui qui fut son plus ferme opposant.

Œuvres Théâtre

Méléagre, tragédie en 5 actes 1788
Clarisse Harlowe, drame, en vers 1792
Le Tartufe révolutionnaire, comédie en 5 actes, en vers 1795
Le Lévite d'Éphraïm, tragédie en 3 actes 1796
Agamemnon, tragédie en 5 actes, représentée au théâtre de la République le 5 floréal an V 24 avril 1797
La Prude, comédie(1797
Ophis, tragédie en 5 actes, représentée au théâtre de la République le 2 nivôse an VII 1798
Pinto, ou la Journée d'une conspiration, comédie historique, créée au théâtre de la République le 1er germinal an VIII 22 mars 1800
Isule et Orovèse, tragédie en 5 actes 1803
Baudouin, empereur, tragédie en 3 actes 1808
Plaute ou la Comédie latine, comédie en 3 actes, en vers, représentée à la Comédie-Française le 20 janvier 1808
Christophe Colomb, comédie historique en 3 actes, en vers, représentée sur le théâtre de S. M. l'Impératrice et Reine le 7 mars 1809
Charlemagne, tragédie en 5 actes, représentée à la Comédie-Française le 27 juin 1816
Le Frère et la Sœur jumeaux, comédie en 3 actes, en vers, représentée au théâtre de l'Odéon le 7 novembre 1816
Le Faux bonhomme, comédie en 3 actes tombée dès le commencement du 3e acte, représentée au théâtre français le 25 janvier 1817
Le Complot domestique, ou le Maniaque supposé, comédie en 3 actes et en vers, représentée au théâtre de l'Odéon le 16 juin 1817
Ismaël au désert ou l'origine du peuple arabe, scène orientale en vers 1801, représentée au théâtre de l'Odéon le 23 janvier 1818 sous le titre Agar et Ismaël, ou l'Origine du peuple arabe
La Démence de Charles VI, tragédie en 5 actes 1820, devait être représentée au théâtre de l'Odéon le 25 septembre 1820
Clovis, tragédie en 5 actes 1820
Frédégonde et Brunehaut, tragédie en 5 actes, représentée au Second théâtre français le 27 mars 1821
Louis IX en Égypte, tragédie en 5 actes, représentée au Second théâtre français le 5 août 1821
Le Corrupteur, comédie en 5 actes et en vers, terminée le 22 novembre 1812, représentée au Second Théâtre-Français le 26 novembre 1822
Dame Censure, ou la Corruptrice, tragi-comédie en 1 acte et en prose 1823
Richard III et Jeanne Shore, drame historique en 5 actes et en vers, imité de Shakespeare et de Rowe 1824
Les Martyrs de Souli, ou l'Épire moderne, tragédie en 5 actes 1825 inspirée des écrits de François Pouqueville.
Camille, ou le Capitole sauvé, tragédie en 5 actes (1826
L'Ostracisme, comédie 1827
Richelieu ou la journée des dupes, comédie en 5 actes, en vers
L'Héroïne de Montpellier, mélodrame en 5 actes, représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 7 novembre 1835
Les Deux filles spectres, mélodrame en 3 actes et en prose, représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 8 novembre 1827
Les serfs polonais, mélodrame en 3 actes, représenté au théâtre de l'Ambigu le 15 juin 1830

Poésies et varia

Épître d'un prisonnier délivré de la Bastille 1789
Les Quatre Métamorphoses 1798
Homère, poème 1800
Alexandre, poème 1800
Les Trois fanatiques, poème 1801
Un de mes songes ou quelques vers sur Paris 1802
Les Âges français, poème en 15 chants 1803
Hérologues, ou Chants des poètes rois 1804
L'Homme renouvelé, récit moral en vers 1804
Traduction des Vers dorés de Pythagore et de deux idylles de Théocrite 1806
Discours de la nature 1806
Épître à Talma 1807
Essais poétiques sur la théorie Newtonienne tirés de l'Atlantiade ... - Paris : Collin 1808
L'Atlantiade ou la théogonie newtonienne, poème en 6 chants 1812 : Bizarre poème didactique où des divinités allégoriques représentent le calorique, l'oxygène, le phosphore, etc.
Ode sur le doute des vrais philosophes 1812
Épître à Bonaparte sur le bonheur de la vertu 1814
Épître à Bonaparte, sur le bruit répandu qu'il projetait d'écrire des commentaires historiques 1814
Réflexions d'un Français, sur une partie factieuse de l'armée française 1815
La Mérovéide ou les champs catalauniques, poème en 14 chants 1818
Du Second Théâtre-français, ou Instruction relative à la déclamation dramatique 1818
La Panhypocrisiade ou la comédie infernale du XVIe siècle, poème en 16 chants 1819
Moïse, poème 1819 et 1823
Cours analytique de littérature générale, 4 vol. 1820 : Recueil des leçons données à l'Athénée de 1811 à 1814.
Chant pythique sur l'alliance européenne 1820
Ode à notre âge analytique 1820
Le Paysan albigeois 182
Chants héroïques des montagnards et matelots grecs, traduits en vers français 1824-1825
Ode à la mémoire du Comte de Souza 1825
Almînti, ou le Mariage sacrilège, roman physiologique 1834
Ode à l'hymen, mise en musique par Luigi Cherubini
Ode sur la Melpomène des Français

Œuvre

1786Méléagre
1795Le Tartufe révolutionnaire. Agamemnon
1796Le Lévite d’Ephraïm
1798Ophis
1799Les quatre métamorphoses
1799Pinto
1801Homère et Alexandre. Les trois fanatiques. Un de mes songes
1801Ismaël au désert
1803Les âges français
1803Isule et Orovise
1804Hérologues ou chants du poète-roi
1807Épître à Talma
1808Baudouin. Plaute
1809Christophe Colomb
1810Hymne à l’hymen
1812L’Atlantiade ou la théogonie newtonienne
1813Le bonheur de la vertu
1814Épître à Bonaparte
1815Réflexions d’un Français sur une partie factieuse de l’année française
1816Le frère et la sœur jumeaux. Charlemagne
1817Cours de littérature générale professé à l’Athénée de Paris, 4 vol.
1817Le complot domestique. Le faux bonhomme
1818Du second Théâtre-Français
1818La Mérovéïde. Saint Louis
1819Panhypocrisiade, ou la comédie infernale du XVIe siècle
1820Clovis. La démence de Charles VI
1821Chant pythique sur l’alliance européenne universelle
1821Frédégonde et Brunehaut. Louis IX en Égypte
1822Le Corrupteur
1823Moïse
1824Le chant héroïque des matelots grecs
1824Richard III
1825Les martyrs de Souly
1825Remarques sur les bonnes et mauvaises innovations dramatiques
1826Camille. Dame censure
1826Principes et développements sur la nature de la propriété littéraire
1827Les deux filles spectres
1827Notice sur Talma
1828Comédies historiques
1829Caïn
1830Les serfs polonais
1830M. Lemercier à ses concitoyens, sur la grande semaine
1831Vœu d’un membre du comité polonais

La panhypocrisiade

RABELAIS :

C'est Carême-Prenant, que l'orgueil mortifie :
Son peuple, ichtyophage, efflanqué, vaporeux,
A l'oreille qui tinte et l'esprit rêve-creux.
Envisage non loin ces zélés Papimanes,
Qui, sur l'amour divin, sont plus forts que des ânes,
Et qui, béats fervents, engraissés de tous biens,
Rôtissent mainte andouille et maints luthériens.
Ris de la nation des moines gastrolâtres :
Aperçois-tu le dieu dont ils sont idolâtres ?
Ce colosse arrondi, grondant, sourd, et sans yeux,
Premier auteur des arts cultivés sous les cieux,
Seul roi des volontés, tyran des consciences,
Et maître ingénieux de toutes les sciences,
C'est le ventre ! le ventre ! Oui, messire Gaster
Des hommes de tout temps fut le grand magister,
Et toujours se vautra la canaille insensée
Pour ce dieu, dont le trône est la selle percée.
J'en pleure et ris ensemble ; et tour à tour je crois
Retrouver Héraclite et Démocrite en moi.
Hu ! hu ! dis-je en pleurant, quoi ! ce dieu qui digère,
Quoi ! tant d'effets si beaux, le ventre les opère !
Hu ! hu ! lamentons-nous ! hu ! quels honteux destins,
De nous tant agiter pour nos seuls intestins !
Hu ! hu ! hu ! de l'esprit quel pitoyable centre !
L'homme en tous ses travaux a donc pour but le ventre !
Mais tel que Grand-Gousier pleurant sur Badebec,
Se tournant vers son fils sent ses larmes à sec ;
Hi ! hi ! dis-je en riant, hi ! hi ! hi ! quel prodige,
Qu'ainsi depuis Adam le ventre nous oblige
À labourer, semer, moissonner, vendanger,
Bâtir, chasser, pêcher, combattre, naviguer,
Peindre, chanter, danser, forger, filer et coudre,
Alambiquer, peser les riens, l'air et la poudre,
Étre prédicateurs, poètes, avocats,
Titrer, mitrer, bénir, couronner des Midas,
Nous lier à leur cour comme à l'unique centre,
Hi ! hi ! tout cela, tout, hi ! hi ! hi ! pour le ventre !



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Posté le : 05/06/2015 21:48
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Henry Miiller
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Le 7 juin 1980 à 88 ans meurt Henry Valentin Miller

Pacific Palisades en Californie, romancier et essayiste américain né le 26 décembre 1891 à New York. Ses Œuvres principales sont Tropique du Cancer, Tropique du Capricorne, Jours tranquilles à Clichy, Le Colosse de Maroussi, Le Cauchemar climatisé,Lire au Cabinet, La Crucifixion en rose : Nexus, Plexus, Sexus
L'exil à Paris marque le début de la création, placée sous le signe du roman autobiographique et du refus de la culture américaine. Deux trilogies Tropique du Cancer 1934, Printemps noir 1936, Tropique du Capricorne 1939 ; la Crucifixion en rose, qui rassemble Sexus 1949, Plexus 1952 et Nexus 1960 dressent le portrait d'un écrivain obsédé du négatif, dont la référence sexuelle et ses métaphores constituent l'expression constante Big Sur et les Oranges de Jérôme Bosch, 1956 ; Virage à 80, 1973. Outre ses autoportraits J'suis pas plus con qu'un autre, 1976, il a laissé une intéressante correspondance avec L. Durrell 1963 et A. Nin 1965.
Son œuvre est marquée par des romans largement autobiographiques, dont le ton conjugue à la fois désespoir et extase. Miller s'est lui-même qualifié de Roc heureux. Son œuvre a suscité une série de controverses dans une Amérique mécanique et pécuniaire contre laquelle Miller a lutté car, pour lui, le but premier de la vie est de vivre. Il fut largement édité et célébré en Europe, cependant il faudra attendre les années 1960 pour qu'il connaisse du succès dans son pays, surtout dans l'élite américaine francophile et éduquée.
Henry Miller a été durant sa jeunesse un grand admirateur de l’écrivain Knut Hamsun ainsi que de Blaise Cendrars, qui fut également son ami et un des premiers écrivains de renom à reconnaître son talent littéraire. Sur son lit de mort, Henry Miller dira que, s'il a tellement écrit sur sa vie, ce fut uniquement pour l'amour sincère des gens et non pour la gloire, la renommée, la célébrité, etc ...

En bref

Miller a longtemps été considéré comme le principal instigateur de la révolution sexuelle qui a bouleversé l'Amérique et du même coup le monde occidental. Idée que l'auteur a récusée presque totalement. Il est certain qu'il a toujours combattu le puritanisme anglo-saxon avec vigueur, pour ne pas dire avec férocité ; il est également certain qu'il s'est plu à employer tous les mots interdits, ces mots absolument tabous dans les pays de langue anglaise : mais il ne s'agit là pour lui que d'un élément, d'un détail dans son combat pour une plus grande liberté, dans son combat contre l'hypocrisie bourgeoise qui écrase l'individu et l'empêche de s'épanouir pleinement. En effet, Miller ne se dresse pas seulement contre les mœurs sexuelles, mais contre la civilisation occidentale tout entière avec sa culture, ses traditions et ses coutumes, son histoire, ses arts, sa science, ses méthodes d'enseignement et d'éducation. Il ne voit partout que dégradation de l'homme. Ce qu'il condamne le plus ardemment, c'est son propre pays, mais uniquement parce qu'il se trouve à l'avant-garde des temps modernes. Il lui préféra la France, mais c'est la vieille France qui le séduit, et le jour où il découvrit la Grèce, la France fut rayée de sa carte d'un seul trait, comme en témoigne Le Colosse de Maroussi. Plus Miller remonte dans l'histoire, plus il s'y plaît. L'Orient l'attire beaucoup, mais les civilisations les plus primitives peut-être encore davantage. Pourtant, il ne trouve nulle part ce monde dont il rêve. Pour lui, l'homme n'a jamais connu son âge d'or et il est de moins en moins probable qu'il le connaisse jamais. Il ne reste d'espoir que pour l'individu, qui peut, dans un combat acharné, arriver à s'affranchir des contraintes sociales et enfin s'épanouir, communiquer avec les dieux, ainsi qu'il le dira lui-même. L'homme a perdu le sens du mystérieux, le sens du miraculeux, le secret de ses propres forces, et la gamme de ses possibilités, qui est presque infinie, a été réduite à une marge bien étroite. S'il a jamais connu tout cela, ce n'est que dans un état primitif, c'est-à-dire dans un état de relative inconscience.
Henry Miller fait le choix d'écrire. Henry Miller est né de parents américains d'origine allemande en 1891, à Yorkville, quartier de New York où son père était tailleur. Quelques années plus tard, la famille déménage à Brooklyn. La rue devient alors le domaine du jeune Henry et il connaît une enfance assez turbulente mais, semble-t-il, heureuse, qu'il célèbre dans plusieurs livres, surtout dans Printemps noir, Black Spring, 1936 qu'il préface ainsi : Ce qui ne se passe pas en pleine rue est faux, c'est-à-dire littérature.
Il ne fait aucune étude particulière ; il fréquente le collège, c'est tout. Vers l'âge de seize ans, il connaît un premier amour... malheureux. Il y voit lui-même la cause première du destin singulier de sa vie, ainsi qu'il le raconte dans Tropic of Capricorn 1939. Il avoue avoir pris la fuite, avoir préféré se punir, dit-il. Si seulement j'avais dit le mot qu'il fallait, je suis sûr qu'elle aurait laissé tomber l'autre, son fiancé. Étrange histoire... masochisme pur, continue-t-il.
C'est pour aller vivre avec une femme de presque vingt ans son aînée qu'il quitte la maison paternelle, où il n'a jamais connu l'affection. À cette même époque, au cours d'un voyage dans l'Ouest, il fait la connaissance d'Emma Goldman, l'anarchiste célèbre. Elle lui ouvre tout un monde, dit-il lui-même : Nietzsche, Bakounine, Strindberg, Ibsen.
Les influences qui ont formé l'écrivain sont très hétéroclites. On veut toujours faire une sorte de généalogie qui, passant par D. H. Lawrence et W. Whitman, remonterait jusqu'aux transcendantalistes américains, tels R. Emerson, H. Thoreau, mais Miller ne se laisse pas capter ainsi. S'il est dans la tradition, c'est bien plutôt dans cette seule et unique – si typiquement américaine – du self-made man, l'autodidacte en tout. Il en fait état, d'ailleurs, dans Les Livres de ma vie, The Books in My Life, 1952, où l'on voit qu'il va tout aussi aisément de Knut Hamsun à Dostoïevski, de Cendrars à Giono que de Keyserling à Élie Faure. Tandis qu'il avoue n'avoir jamais lu Melville et ne pas avoir la moindre envie de le faire. Et ceux qu'on appelle les classiques le rebutent tout autant que la plupart de ses contemporains.
En 1917, Miller se marie une première fois ; c'est un échec avant même que cela ne commence : ...Lorsque enfin je l'épousai, je me foutais éperdument d'elle, dit-il dans Le Monde du sexe, The World of Sex, 1940. Il ne connaîtra ainsi, au cours de sa vie, pas moins de cinq mariages. Mais une seule femme semble vraiment compter dans sa vie : June Edith Smith, qu'il rencontre dans un dance palace de Broadway en 1923. Il l'épouse l'année suivante et, quoique leur vie commune n'ait duré que sept ans, on peut dire qu'elle est présente dans tous ses livres. C'est elle la femme-dieu, la femme-vampire, la Mona-Mara des Tropiques et de Crucifixion en rose, The Rosy Crucifixion, Sexus, 1949. C'est durant son union avec elle qu'il quitte son emploi de gérant du personnel de la Western Union, après en avoir connu tant d'autres depuis l'âge de vingt ans, et qu'il fait le vœu de ne plus jamais travailler pour personne. Il jure de devenir écrivain ou d'en crever. Il tiendra son serment. Et c'est peut-être l'élément le plus important, aussi bien de sa vie que de son œuvre : ce besoin de liberté absolue, cette incapacité chronique de supporter quelque contrainte que ce soit. Il ne s'agit pas que de contraintes sociales ou morales ; même dans le domaine de la lecture ou de l'écriture, il lui faut tout revoir et tout refaire par lui-même. Son premier livre publié, ce fameux Tropic of Cancer 1934 est effectivement une œuvre d'auto-libération : Ceci n'est pas un livre .... C'est une insulte sans fin, un crachat à la face de l'art, un coup de pied aux fesses de Dieu, la Destinée, l'Amour, la Beauté. Il y dit aussi : Qui peut avoir le moindre respect pour ces gouvernements, ces lois, ces codes, ces principes, idées et idéaux, totems et tabous d'aujourd'hui ?

Sa vie

Henry Miller est le fils d'Heinrich Miller, un entrepreneur et un tailleur américain d'origine bavaroise et de Louise Marie Neiting. Il grandit à Brooklyn, dans un environnement familial protestant non pratiquant. Sa jeunesse est marquée par l'errance : il enchaîne les petits boulots, entame de brèves études au City College of New York. Il devient ensuite directeur du personnel d'une importante société télégraphique, la Western Union Telegraph. En 1924, il rencontre June, qui deviendra sa deuxième épouse. C'est sous son impulsion qu'il abandonne son travail de directeur de personnel afin de se consacrer totalement à la littérature. June Miller sera sa muse littéraire : dans ses romans autobiographiques, elle apparaît sous le nom de Mona, notamment dans la trilogie La Crucifixion en rose.
En 1930, Henry Miller décide de quitter les États-Unis pour ne plus y retourner, cette décision est en partie motivée par sa rupture avec June. Il embarque vers l'Europe et s'installe en France, où il vit jusqu'à ce qu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Ses premières années de bohème à Paris sont misérables ; il doit souvent lutter contre le froid et la faim. Dormant chaque soir sous un porche différent, courant après les repas offerts, la chance se présente un soir en la personne de Richard Osborn, un avocat américain, qui lui offre une chambre dans son propre appartement. Chaque matin, Osborn laisse un billet de 10 francs à son intention sur la table de la cuisine. Il reste neuf ans à Paris avant de s'embarquer pour la Grèce à l'invitation de Lawrence Durrell, un ami écrivain habitant Corfou. Il reste presqu'une année en Grèce, voyageant dans le Péloponnèse, Corfou, la Crète et l'Attique avant de rentrer aux États-Unis à l'aube du déclenchement de la seconde guerre. Henry Miller a décrit son périple grec dans le Colosse de Maroussi, 1941 qu'il considérait lui-même comme son meilleur livre.

L'écrivain

À l'automne 1931, Miller obtient un premier emploi de correcteur d'épreuves pour un journal américain, le Chicago Tribune, grâce à son ami Alfred Perlès qui y travaille déjà. Il en profite pour soumettre des articles signés sous le nom de Perlès, puisque seuls les membres de l'équipe éditoriale peuvent proposer un papier. Il écrit la même année son Tropique du Cancer à la villa Seurat, située à proximité du parc Montsouris dans le 14e arrondissement, et qui sera publié en 1934. C'est ce roman qui entraîna aux États-Unis des procès pour obscénité, selon les lois contre la pornographie en vigueur à l'époque. Ce choix de Miller de lutter contre le puritanisme fit cependant beaucoup pour libérer les tabous sexuels dans la littérature américaine, à la fois d'un point de vue moral, social, et légal.
Miller continue à écrire des romans, tous censurés aux États-Unis pour obscénité. Il publie Printemps noir 1936, puis Tropique du Capricorne 1939 qui parviennent à se diffuser aux États-Unis, vendus sous le manteau, contribuant à forger sa réputation d'écrivain underground. Il retourne à New York en 1940, puis s'installe à Big Sur Californie en 1944, où il continue à produire une littérature puissante, colorée et socialement critique.
La publication de Tropique du Cancer en 1961 lui vaut une série de procès pour obscénité, tant son livre mettait à l'épreuve les lois et la morale américaines sur la pornographie. En 1964, la Cour suprême casse le jugement de la Cour d'État de l'Illinois en affirmant la valeur littéraire de l'œuvre de Miller. Ce jugement représenta une avancée majeure dans la naissance de ce qui sera plus tard connu sous l'appellation de révolution sexuelle. Elmer Gertz, l'avocat qui a brillamment défendu le cas Miller lors de la parution du livre en Illinois, est par la suite devenu un des plus proches amis de l'écrivain. Des volumes entiers de leurs correspondances ont été publiés.

De l'interdit à la notoriété

En 1934, grâce à la contribution d'Anaïs Nin, Tropique du Cancer est publié à Paris, l'année de son divorce avec June-Mona. Il a quarante-trois ans. Il avait d'abord fait un voyage avec elle, parcouru toute l'Europe, mais lors de son deuxième séjour à Paris, elle ne vint pas le rejoindre. Il passe presque dix ans à Paris, années bien difficiles. Il connaît la misère et la faim, n'est soutenu que par quelques amis, mais les livres se succèdent. Aller-retour New York, Printemps noir, et enfin Tropique du Capricorne. Avec cet ouvrage commence l'histoire de ces sept années passées avec June, sorte de roman autobiographique qu'il continue avec Crucifixion en rose, ouvrage comportant trois volumes : Sexus, Plexus et Nexus.
La crainte de la guerre lui fait fuir Paris. Son ami et disciple Lawrence Durrel l'invite en Grèce. De retour en Amérique, il tire de cette expérience The Colossus of Maroussi, qu'il dira souvent par la suite être son livre préféré. Il ne s'agit pas de la Grèce antique, de la Grèce historique, berceau de l'histoire ; c'est une Grèce tout autre qui l'intéresse : celle des paysans et des petites gens, la Grèce qui a abdiqué et s'est retirée de l'histoire pour ne pas dire de la civilisation occidentale, celle qui vit en marge, au jour le jour. Dans ce livre se précise une nouvelle tendance vers une écriture plus calme et contrôlée, qui s'était déjà manifestée dans Printemps noir, un style plus réfléchi qui donnera toute une série d'essais, à partir de Cauchemar climatisé, The Air-Conditioned Nightmare, 1945, son livre sur l'Amérique que l'on dit acerbe et féroce et à la suite duquel il se retire à Big Sur en Californie pour vivre presque en reclus, jusqu'aux Livres de ma vie, en passant notamment par Dimanche après la guerre, Sunday After the War, 1944, Big Sur and the Oranges of Hieronymus Bosch, 1956. Ces ouvrages sont édités en Amérique, mais ne connaissent qu'un succès relatif, tandis que les livres interdits édités à Paris trouvent leur chemin clandestin jusqu'en Amérique en nombre assez considérable. Il faudra cependant attendre 1960 et l'édition de Tropique du Cancer à New York, contre lequel on ne compte pas moins d'une soixantaine de procès, pour que l'interdit soit enfin levé et que l'auteur, alors septuagénaire, soit fêté dans son propre pays. On le fera même membre de l'Institut, on tirera des films de ses livres. Il faut dire qu'entre-temps l'Amérique a bien changé. C'est une véritable transformation, pour ne pas dire une révolution, qui y a eu lieu, et dont il est sûrement l'un des principaux instigateurs.

À l'avant-garde de la mutation américaine

Miller est-il vraiment l'un des responsables de cette libération des mœurs que l'on a observée dans les années 1960-1970 non seulement en Amérique mais aussi dans le monde occidental tout entier, ou ne l'a-t-il que prévu avec beaucoup d'acuité ? Toute la question de l'importance et de l'influence de l'écrivain est ainsi formulée. Après que les hippies, ainsi que la plus grande partie de la jeunesse américaine en révolte, eurent été sous les feux de la rampe, on a perdu de vue le rôle capital qu'a eu Miller dans l'ébranlement, non seulement du puritanisme, mais de toute cette société étriquée du XIXe siècle qui se perpétue dans le XXe. On dit que les jeunes ne lisent plus Miller ou presque pas. Mais ils ont lu les Kerouac, les Ginsberg, Mailer, Corso, Ferlinghetti, qui tous sont issus presque directement de Miller. Bien sûr, avant Miller, il y avait eu D. H. Lawrence. Mais il faut savoir mesurer la distance entre les deux, qui n'est rien de moins qu'énorme. Une Kate Millett, Sexual Politics, qui ne peut certainement pas être accusée de préjugés favorables, puisqu'elle condamne Miller au nom de la femme, dit que Lawrence aurait probablement été scandalisé par lui. On oublie peut-être que, en s'attaquant avec une telle férocité aux mœurs sexuelles, Miller s'en prenait en toute connaissance de cause au fondement même de l'édifice social, qui pour lui emprisonne l'homme. Il le dit clairement dans Tropique du Cancer. Si les jeunes ne le lisent plus, en cela même ne sont-il pas fidèles à cet aspect tellement antilittéraire de Miller, où l'art, dit-il, doit être le fait de chacun ? Cet autre aspect typiquement millérien, les jeunes le mettent de plus en plus en pratique. Henry Miller semble être de la taille de ces géants authentiques qui dépassent leur époque, pour aider à la création de celles à venir, et qui ne peuvent être jugés à leur vraie mesure qu'avec beaucoup de recul. Gérald Robitaille

À sa mort, Miller fut incinéré et ses cendres dispersées à Big Sur.

L'œuvre littéraire

Sur la fin de sa vie, Miller s'adonne également à la peinture. Une activité créatrice et artistique qu'il considère comme le prolongement direct de son œuvre littéraire. Il est notamment très proche du peintre français Grégoire Michonze. Sa passion tardive pour la peinture trouve de nombreux échos dans ses écrits, notamment dans son essai Peindre, c'est aimer à nouveau. À propos de la peinture, Miller disait : Ma définition de la peinture, c’est qu’elle est une recherche, comme n’importe quel travail créateur. En musique, on frappe une note qui en entraîne une autre. Une chose détermine la suivante. D’un point de vue philosophique, l’idée est que l’on vit d’instant en instant. Ce faisant, chaque instant décide du suivant. On ne doit pas être cinq pas en avant, rien qu’un seul, le suivant. Et si l’on s’en tient à cela, on est toujours dans la bonne voie.
Miller était également un honorable pianiste amateur.
En dehors de l'écriture romanesque proprement dite, Miller entretint d'abondantes correspondances avec nombre d'écrivains, artistes et autres personnalités de son temps. De multiples recueils de ces lettres ont été publiés après sa mort et proposent autant de « clés » permettant de comprendre les multiples facettes de la personnalité d'Henry Miller.
La correspondance la plus connue, la plus caractéristique mais aussi la plus évocatrice, est celle échangée avec Anaïs Nin. Une correspondance nourrie qui débute dans les années 1930 et durera plus d'une vingtaine d'années. Ces échanges épistolaires ont fait notamment l'objet d'une publication sous le titre Correspondance passionnée.

Musées

Deux musées exposent plusieurs de ses peintures :
The Henry Miller Museum of Art à Nagano au Japon
The Henry Miller Art Museum à la Coast Gallery de Big Sur en Californie
La Dorothy's gallery, à Paris, présente en permanence une collection importante de ses œuvres graphiques.

Œuvres

L'œuvre d'Henry Miller est proprement inclassable. Ni roman, ni nouveau roman, ni autobiographie proprement dite, ni journal personnel, elle est l'expression d'une impossibilité d'un écrivain à exister dans une société hyperpositiviste et fonctionnaliste. Elle peut se définir comme un roman de formation qui ne trouvera sa réalisation et sa reconnaissance sociale qu'à partir de la publication de Miller à Paris. Ses écrits retracent l'itinéraire d'un homme en marge du système, cherchant une réalisation de soi par un idéal de culture autodidacte et qui doit sans cesse lutter pour obtenir les moyens de poursuivre l'écriture de son œuvre. En ce sens, sa trilogie majeure, La Crucifixion en rose : Sexus, Plexus, Nexus est l'expression d'une littérature postmoderne, de l'écrivain maudit ayant pour compagnon de route des femmes en quête d'un même idéal antimatérialiste, et des hommes qui acceptent de le soutenir dans sa recherche teintée de solipsisme. C'est aussi la raison pour laquelle il est devenu, tant aux États-Unis qu'en France, dans les années 1950-70, une sorte d'écrivain générationnel, surtout de la Beat Generation, comme Jack Kerouac et William S. Burroughs, qui refusaient de reproduire le système par conformisme social.
De cette errance et de cette odyssée, on ne retient souvent que l'apologie d'une sexualité à la Wilhelm Reich, qui s'est heurtée à l'establishment judiciaire américain, celui-ci ayant longtemps empêché la publication de ses livres en raison de leur pornographie, bien légère au regard des standards de notre temps. En ce sens, son œuvre et sa personnalité ont été les précurseurs de la révolution sexuelle des années 1960. Dans la seconde partie de sa vie, il mène une vie d'ermite californien, dans une maison au large de la côte pacifique, à Big Sur, devenant une sorte d'antimodèle de la société américaine poursuivant ses rêves effrénés de consommation.

Romans, nouvelles, textes courts

Clipped Wings 1922, inédit. Seuls quelques fragments demeurent et certains passages furent recyclés dans Tropique du Cancer.
Moloch: or, This Gentile World 1928, publié seulement en 1992 en anglais et en 1998 en français Moloch, 10/18.
Tropique du Cancer 1934 Tropic of Cancer. Souvent considéré comme le chef d'œuvre de Miller mais plus sûrement le roman par lequel un écrivain américain nous est né Blaise Cendrars - revue Orbes - 1935. Une chronique de son quotidien et de ses errances parisiennes, rythmées par des repas gargantuesques et des rencontres féminines bien entendu torrides, le tout appuyé par une langue poétique et directe du plus bel effet. Une révolution dans le monde de la littérature, qui lie immédiatement Miller avec les grandes œuvres impies de Cendrars, Céline ou Rabelais. Un livre unique, incandescent et frontal.
Aller-Retour New York 1935. Une relation tragi-comique d'un voyage rocambolesque, encore une fois portée par une écriture en toute liberté. Miller peaufine son style l'adoucit, pour certains, mais garde cette indépendance de ton qui fait sa marque. Un livre éminemment drôle et acerbe.
Printemps noir 1936 Black Spring
Max et les Phagocytes 1938 Max and the White Phagocytes, traduction par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947. Recueil de six nouvelles : Max, Via Dieppe-Newhaven, L'ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, Mademoiselle Claude, Réunion à Brooklyn, Crucifixion en rose en 3 parties
L'Argent, son évolution 1938 Money and How It Gets That Way
Tropique du Capricorne 1939 Tropic of Capricorn
L'Œil du cosmos 1939 The Cosmological Eye
Le Colosse de Maroussi 1941 The Colossus of Maroussi. Relation d'un voyage en Grèce, qui dévie peu à peu vers une ode au cosmos et à la vie, à travers le portrait de quelques personnages hauts en couleurs. Le lyrisme millerien dans toute sa grandeur, poignant et immense.
La Sagesse du cœur 1941 The Wisdom of the Heart
Dimanche après la guerre 1944 Sunday after the War
Varda, le Constructeur 1944 Varda, the Master Builder
La Grande misère de l'artiste aux États-Unis 1944 The Plight of the Creative Artist in USA
Qu'allez-vous faire pour Alf 1944 What are you going to do about Alf ?. Court texte destiné à soutenir un ami dans la dèche.
Reflets d'un passé fervent 1944)Semblance of a Devoted Past
Le Cauchemar climatisé 1945 The Air-Conditioned Nightmare. Portrait de l'Amérique sous cellophane, énorme pamphlet contre le confort et la bourgeoisie, le meilleur exemple de ce qu'est la vie pour Miller.
L'Obscénité et la Loi de la réflexion 1945 Obscenity and the Law of Reflection également dans Souvenirs souvenirs
Maurizius pour toujours 1946 Maurizius for Ever
Souvenirs, souvenirs 1947 Remember to Remember
Le Sourire au pied de l'échelle 1948 The Smile at the Foot of the Ladder. Assez à part dans son œuvre, un quasi roman autour d'un personnage cher à Miller : le clown. Texte presque classique et très attachant.
Courtes histoires américaines HM et alii – 1948
Sexus 1949 1er volet de La Crucifixion en rose / The Rosy Crucifixion I. La démesure faite livre, l'acte définitif de Miller. Un énorme flot de mots pour dire la vie, à travers les rencontres, les beuveries, les excès, la littérature... Un livre douloureux et paillard.
Plexus 1952 2e volet de La Crucifixion en rose / The Rosy Crucifixion II
Amours sans importance 1955 (Night of Love and Laughter
Jours tranquilles à Clichy 1956
Un diable au paradis 1956 A Devil in Paradise, the Story of Conrad Moricand
Hamlet 1956 Hamlet, a philosophical Correspondence with Michael Fraenkel. Miller s'essaye à l'essai et tombe dans l'abscons à travers ces lettres qui parlent de beaucoup de sujets... sauf d'Hamlet !
Lire au cabinet 1957
Big Sur et les Oranges de Jérôme Bosch 1957 Big Sur and the Oranges of Hieronymus Bosch
Le Carnet rouge 1959 The Red Notebook
Nexus 1960 3e volet de La Crucifixion en rose / The Rosy Crucifixion III
Peindre c'est aimer à nouveau 1960
Water Color, Drawings and his Essay, the Angel is my Watermark ! 1962
Reste immobile comme un colibri 1962
Transit Just Wild about Harry 1963. Sa seule pièce de théâtre.
Ma vie et moi 1971. Un condensé succinct et rapide des mémoires de Miller, par lui-même.
Virage à 80° 1973
Le livre des amis 1976
J'suis pas plus con qu'un autre Éditions Alain Stanké, 1977. Le seul livre de Miller écrit directement en français et publié sous forme de manuscrit. Maladroit mais intrigant.
Jours tranquilles à Brooklyn 1978
The Theatre & Other Pieces 1979. Tirage confidentiel (500 exemplaires seulement et jamais traduit en français, cet ouvrage traite du théâtre plusieurs essais et une nouvelle.
Nexus 2 140p. Suite du premier Nexus et dernier volet inachevé de La Crucifixion en rose coll. Autrement dit, 2004
Crazy Cock Belfond, 1991
Opus Pistorum 1941 Ouvrage pornographique écrit à la suite d'une commande d'un admirateur anonyme de l'époque.
L'Œil qui voyage 2005
Aquarelles 1999. Le bonheur facile de Miller avec l'aquarelle narré à son ami Emil Schnellock.

Essais

Le Monde du Sexe 1940
Blaise Cendrars 1951
Rimbaud 1952
Les Livres de ma vie 1952
Le Temps des assassins 1956 Time of the Assassins : A Study of Rimbaud
Art et Outrage : Essais Tome 1 1959
L'Oiseau mouche : Essais Tome 2 1997
Entretiens de Paris avec Georges Belmont 1970. Entretiens radiophoniques.
Correspondance privée avec Lawrence Durrell 1963
Le Monde de D.H. Lawrence. Une appréciation passionnée, traduit par A. Catineau 1986
Correspondance privée avec Wallace Fowlie 1975
Correspondance avec Blaise Cendrars 1995
Réunion à Barcelone 1959 Reunion in Barcelona, a Letter to Alfred Perles
Correspondance avec Lawrence Durrell 1935-1980 2004
Correspondance privée avec John Cowper Powys 1994
Flash-back, entretiens de Pacific Palisades 1976
Lettres à Anaïs Nin 1967
Lettres d'amour à Brenda Vénus 1991
Lettres à Emil 1991. Les débuts laborieux de Miller avec l'écriture entre 1922 et 1934 racontés à son ami Emil Schnellock.

Ecriture, Ouvrages

Irène Blanc, Sage Miller et folle L.A 2001
Brassaï, Henry Miller, grandeur nature Grandeur nature Tome I
Brassaï, Henry Miller, rocher heureux Grandeur nature Tome II
Béatrice Commengé, Henry Miller - Ange, Clown, Voyou 1991
Mary Dearborn, Henry Miller 1991
Robert Ferguson, Henry Miller 1994
Daniel Gallagher, D'Ernest Hemingway à Henry Miller : Mythes et réalités des écrivains américains à Paris 1919 - 1939 2011
Michael Fraenkel, Défense de Tropique du Cancer 1947
Erica Jong, Henry Miller ou le diable en liberté 1997
Dominique Lacout, Henry Miller : désir et vie 1973
Alfred Perlès, Mon ami, Henry Miller 1956
Gérald Robitaille, Le père Miller 1971
Walter Schmiele, Henry Miller 1970
Robert Snyder, Henry Miller par lui-même 1977
Philippe Sollers, Libertés d'Henry Miller dans La Guerre du goût 1994
Frédéric Jacques Temple, Henry Miller 1965
Pascal Vrebos, Une folle semaine avec Henry Miller 1983

Articles sur Miller

Henry Miller, L’homme et son message, Planète n° 16 1970

Films

Jens Jørgen Thorsen, Stille dage i Clichy 1970
Joseph Strick, Tropic of Cancer 1970, avec Rip Torn
Claude Chabrol, Jours tranquilles à Clichy 1990, avec Andrew McCarthy
Philip Kaufman, Henry et June 1991, avec Uma Thurman et Fred Ward
Luc Bongrand, Paris-Miller aller/retour 1995 avec Michel Polac, Georges Belmond, Béatrice Commengé, Daniel Gervis, Maurice Nadeau, Anaïs Nin, Henry Mille et l'auteur

Théâtre

Jean Lespert & Alain Bauguil, Le Sourire au pied de l’échelle, Paris 2005 avec Danielle Marty
Pascale Roger, Henry Miller et Anaïs Nin, artistes de la vie, Paris 2005 avec Florence Boog et Jacques Lallié
Michael Zugowski, Le Sourire au pied de l’échelle, Aix-en-Provence 2007 avec Michael Zugowski
Delphine de Malherbe, Une passion, Paris 2009/2010 avec Evelyne Bouix et Laurent Grevill



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Posté le : 05/06/2015 18:33
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Saint-John Perse
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Le 31 mai 1887 naît Saint-John Perse

de son vrai nom Marie-René Auguste Alexis Leger, à Pointe-à-Pitre et mort, à 88 ans le 20 septembre 1975 à Hyères, poète et diplomate français.
Alexis Leger a utilisé d'autres noms de plume comme Saint Leger Leger en trois mots ou Saintleger Leger en deux, ou St L. Leger, et enfin Saint-John Perse à partir d'Anabase en 1924, recueil qui fut lui-même signé un temps St-J. Perse. On trouve une multitude d'interprétations quant à ces pseudonymes, mais, de son aveu même, la nécessité d'un pseudonyme avait pour rôle de séparer sa mission diplomatique de sa fonction plus officieuse de poète. Concernant l'origine du pseudonyme définitif de Saint-John Perse, il fut librement accueilli tel qu'il s'imposait mystérieusement à l'esprit du poète, pour des raisons inconnues de lui-même. Quant au choix que l'on a pu lier avec une admiration avouée pour le poète latin Perse, il a toujours affirmé qu'il s'agissait d'une simple coïncidence.
Il n'y a pas d'accent à son nom, le diplomate y tenait, de même qu'à la prononciation Leuger. De son vivant, il a voulu faire croire que Saint-Leger Leger était son vrai nom et Leger seulement une abréviation. D’ailleurs, dans le volume de ses Œuvres complètes son pléïade, il répète cette fiction. Dans sa vie privée, il s'est fait appeler par bien d'autres petits noms tels que Allan, Diego, Pierre Fenestre. Il reçut le prix nobel de l'ittérature en 1960.

En bref

Alexis Saint-Léger Léger est né à la Guadeloupe, cette France d'outre-mer qui n'a point connu la cure d'amaigrissement culturel et linguistique de Malherbe et de Voltaire. Les attaches européennes de la famille sont en Bourgogne, en Normandie et en Provence. Le milieu qu'il connut à Pointe-à-Pitre rappelle la France du XVIIIe siècle, stricte et un peu surannée, avec une touche espagnole, marquée entre autres par le formalisme rigoureux de la formation morale.
Alexis Léger vivait dans un très compliqué mélange et croisement de races et de langues. Seul garçon d'une famille de cinq enfants, il fut, une nuit, en ce monde évasif et chaud, le centre d'une sorte de cérémonie d'initiation śivaïque : titubant de sommeil, on lui fit imposer les mains ; il fut couronné de fleurs et de fruits, et marqué au front du signe de Viśnu. Palmes... Alors on te baignait dans l'eau-de-feuilles-vertes ; et l'eau encore était du soleil vert ; et les servantes de ta mère, grandes filles luisantes, remuaient leurs jambes chaudes près de toi qui tremblais...
Alexis Léger commença très tôt ses explorations terrestres et maritimes. Sa mère, toujours présente en l'œuvre, se profile dès l'enfance ; son père est déjà le Prince, et la calme présence évoquée en ces mots : Et la maison durait, sous les arbres à plumes. La mort d'une très jeune sœur introduit dans cette enfance un signe mystérieux, non point négatif, mais inscrit dans le tissu même de la vie. Double articulation, dès l'enfance, d'une connaissance précise des choses du cosmos et communion lyrique avec elles, sous le signe de l'émerveillement : Appelant toute chose, je récitais qu'elle était grande, appelant toute bête, qu'elle était belle et bonne.
Poète et diplomate français, Saint-John Perse, prix Nobel de littérature, fut une sorte de Claudel laïc. Ce précieux mandarin fait de laque était un découvreur de l'univers. Passionnément curieux de la flore et de la faune, lecteur de l'histoire géologique des pays où il passait, il joignait l'exploration du passé de la vieille Chine à l'embarquement de tout son être dans l'énorme mouvement du monde neuf.
Son œuvre, partiellement inspirée de celle de Victor Segalen, est découverte, présence, communion avec le cosmos, puissance de l'homme de chair et de sang, vie ; circulant librement d'un règne à l'autre, de l'inanimé au vivant : Péguy parlait de ressourcement ; Saint-John Perse parle de renouement. Renouement du passé et du présent, les mondes qui existent ensemble, d'une rive à l'autre. Articulation fragile, étroite, mais indivisée, de l'homme et de la femme, dans l'amour, au cœur de l'aventure cosmique. Tout cela, de proche en proche, laissant transparaître un enracinement cosmique et mystique, en une divinité présente et insaisissable, un Tao, au cœur du maelström universel.

Sa vie

Fils d'Édouard Pierre Amédée Leger, avocat-avoué à Pointe-à-Pitre à partir de 1873, et Marie Pauline Françoise Renée Dormoy, fille d'une famille de planteurs, Alexis Leger passe son enfance à Pointe-à-Pitre ainsi que dans les deux importantes demeures familiales que sont La Joséphine — une caféière sur les hauteurs de Saint-Claude au sud de Basse Terre — et Le Bois-Debout — une exploitation de canne à sucre à Capesterre — qui marqueront son imaginaire. Il fait son entrée en huitième au lycée de Pointe-à-Pitre tout récemment créé futur lycée Carnot mais suit ses parents partis pour Pau en mars 1899. Il entre en classe de cinquième au lycée de la ville, l'actuel lycée Louis-Barthou, c'est un autre lycée de Pau qui porte aujourd'hui son nom. Il fait ensuite des études de droit à Bordeaux dès 1904, puis fait son service militaire dans l'infanterie à Pau dès avant la fin de ses études.
Il rencontre assez tôt le poète Francis Jammes, en 1902, qui habite alors à Orthez, lequel le présente notamment à Paul Claudel, avec qui il entretient des relations mouvementées. Grâce à Jammes encore, il entre en relation avec André Gide et le milieu de la NRF. Gide et Jacques Rivière le poussent à publier ses premiers poèmes. Les poèmes Images à Crusoé puis Éloges paraissent dans La Nouvelle Revue française en 1909 et 1910, puis en recueil sous le titre Éloges en 1911. Valery Larbaud consacre un article très élogieux au recueil dans la revue La Phalange.

Des huîtres de Francis Jammes à l'exil 1900-1940

À la suite du tremblement de terre de 1897, qui ruina de nombreux planteurs, la famille quitta la Guadeloupe pour la France. À Pau, Alexis Léger allait trouver un monde, disparu depuis, d'exil et de légende, plein d'émigrés, de réfugiés, gravitant autour d'une ville universitaire, Bordeaux : il y rencontra Jacques Rivière, Alain-Fournier, Valery Larbaud et les huîtres énormes que Francis Jammes, à Orthez, offrait pour le goûter. À Bordeaux, il se passionne pour les Epinicies de Pindare et découvre la poésie-philosophie d'Empédocle. Il s'intéresse à la médecine, il étudie avec le professeur Régis, psychiatre de grand renom. Il s'initie à la géologie. Enfin, il se forme au droit romain.
Son père meurt subitement en 1907. Il prend en charge sa mère et ses sœurs. Sur le conseil de Claudel, il prépare le concours des Affaires étrangères, où il fut reçu 1914. Entre-temps 1911, il avait publié, sous son nom, Éloges, dans la première Nouvelle Revue française.
De 1916 à 1921, Léger séjourne en Chine, comme secrétaire à la légation de France à Pékin. Il allait découvrir un précurseur en Segalen : ce Breton essayait dans Stèles une lecture des signes géologiques et culturels de la Chine. C'est dans un petit temple taoïste désaffecté que le poète écrit Anabase, publié en 1924 sous le pseudonyme de Saint-John Perse. Au Fils du ciel dont la projection emplit l'œuvre de Segalen, il substitue le personnage du Prince, en qui il voit et la force et la tige en fleur à la cime de l'herbe ; le Prince dirige son peuple, dans les saisons, comme la moisson des orges, et dans les espaces ; en même temps, le Prince est le Poète qui chante la montée de l'humanité vers une civilisation plus haute : les quatre mois de conquête militaire deviennent les quarante saisons de l'aventure humaine, comme des pans de siècles en voyage. Le passé de l'Asie est étalé sur un espace montant.
De 1925 à 1932, Léger fut le secrétaire et le conseiller d'Aristide Briand, dont il disait : Il y avait en lui toute l'aristocratie d'un être de haute frondaison, nourri aux fortes racines de l'arbre populaire. Alexis Léger prit sa tâche au sérieux et collabora étroitement au pacte de Locarno 1927. En 1938, il s'opposa à la politique d'apaisement. L'hostilité de Hitler à son égard était connue. Aussi bien, lors de l'occupation de Paris, son appartement fut saccagé ; une cantine pleine de manuscrits littéraires fut emportée ; un billet fut placé, avec ces mots : Au diplomate le plus haï du Troisième Reich. En octobre 1940, le gouvernement de Vichy le frappa de déchéance de la nationalité française. Ne pouvant plus rejoindre sa mère – qui mourut en 1948, sans qu'il puisse la revoir –, Alexis Léger s'embarqua pour l'Angleterre et, de là, pour les États-Unis. Il a dit l'exil dans ses poèmes, où il évoque l'Europe, et sa mère, à qui il dédia le poème Neiges : Et celle à qui je pense entre toutes les femmes de ma race, du fond de son grand âge lève à Dieu sa face de douceur. C'est l'Hégire de Saint-John Perse. Le tournant majeur.

Le diplomate

Ayant réussi au concours des consulats en 1914, il est affecté au service de presse du ministre Delcassé, puis à la Maison de la presse du ministère des Affaires étrangères avant d'être nommé secrétaire de la légation française de Pékin où il reste de 1916 à 1921. Remarqué par Aristide Briand, il est nommé à l'administration centrale du ministère en 1922 puis devient en 1925 directeur du cabinet du ministre. En février 1933, il remplace Philippe Berthelot souffrant au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, avec le rang et la dignité d'ambassadeur de France, et ce jusqu'en 1940.
Peu de temps après avoir été nommé chef de cabinet d'Aristide Briand, Alexis Leger, alors germanophile ; Aristide Briand aura été son mentor et après sa mort en 1932, son disciple prolongera son influence au Quai d'Orsay et ce jusqu'en 1940. Ce que l'on a appelé la pactomanie lui sera reprochée par ses ennemis politiques. Toute sa vie, Alexis Leger a défendu la mémoire de Briand, comme en 1942 où il prononce un discours à sa mémoire à New York.
Secrétaire général du ministère des affaires étrangères, il a participé en avril 1935 à la conférence de Stresa. À ce poste pendant huit ans, il a assuré la continuité de la diplomatie française devant la valse des ministres plus d'un par an en moyenne, dont Pierre Laval. Ainsi, en mai 1936, au moment de son arrivée au pouvoir, Léon Blum, sur plusieurs sujets, demanda : Qu'en pense Leger ? Par exemple sur l'attitude à adopter face à la remilitarisation de la rive gauche du Rhin. S'agissant de la Guerre d'Espagne et de la politique de la non-intervention, le rôle de Leger a peut-être été déterminant. Lors des Accords de Munich, il semble moins complaisant que Daladier et surtout Georges Bonnet, son ministre, devant l'abandon de la Tchécoslovaquie : Hitler le qualifie à cette occasion de petit martiniquais sautillant. En juin 1940, Paul Reynaud le démet brutalement de ses fonctions pour marquer une rupture avec la politique de passivité pratiquée vis-à-vis du Reich pendant huit ans et, accessoirement, pour complaire à sa maîtresse. Leger, remplacé par François Charles-Roux, en est blessé, refuse les affectations qui lui sont proposées en compensation et s'exile aux États-Unis.
Non sans être d'abord passé par Londres, mais tout rapprochement avec de Gaulle était impossible : Leger lui dénie toute légitimité. Il est alors déchu de la nationalité française par le régime de Vichy, son appartement parisien est mis à sac et il est radié de l'ordre de la Légion d'honneur. À Washington, il a trouvé un emploi à la Bibliothèque du Congrès grâce à Archibald MacLeish, poète américain, qui en était le bibliothécaire. Il devient, avec Jean Monnet peut-être, le seul Français qu'accepte d'écouter le président Roosevelt, très hostile au général de Gaulle. Le chef de la France libre essaie de le rallier à sa cause, mais Leger refuse sèchement, ce que le Général ne lui pardonnera jamais : en 1960, à l'occasion de son Prix Nobel, Alexis Leger ne reçoit aucune félicitation du Général.
Après la publication de ses Œuvres Complètes dans La Pléiade, en 1972, deux anciens très importants diplomates du Quai d'Orsay, René Massigli et Léon Noël, le dénonceront comme faussaire : en effet, il y publie sa correspondance privée avec sa mère, qui annonce, entre 1917 et 1920, des prophéties politiques concernant la Chine et l'Union Soviétique, que l'on ne retrouve pas dans ses notes adressées, à cette époque, au ministère des Affaires Etrangères.

J'habiterai mon nom 1940-1957

À Washington, il vécut de son travail de conseiller de langue française à la Library of Congress. C'était vraiment l'exil, A name in which to live, dira de lui G. Vahanian ; il a vraiment habité son nom. Portes ouvertes sur les sables, portes ouvertes sur l'exil. Jamais Alexis Léger ne céda à la psychologie de l'émigré, qu'il ne fut du reste pas. Aucune amertume dans cette phase de sa vie. Des vocables neufs, seulement, disent le négatif de cette séparation : exil, abîme, épave, ossuaire ; des adjectifs comme vain, nul, trouble, etc.
Saint-John Perse accepte sa nouvelle patrie, l'épouse en quelque sorte. Vents 1946 marque une troisième phase de son œuvre. Partant du Canada et des côtes est des États-Unis, le poème évoque ces tourbillons énormes, mal domptés sous le genou, dont parlera Claudel à propos de ce monde neuf. C'est d'abord l'irrésistible course vers l'Ouest : C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde, de très grands vents en liesse par le monde, ... ah oui, de très grands vents sur toutes faces du vivant. Des gratte-ciel de Montréal, où des aigles nichèrent, à l'espèce de gigantesque moteur à réaction qu'est la Californie, Vents évoque, dans les villes, le soir, les filles, à la sortie des salles, ce mouvement encore du soir dans vos chevelures libres... Au cœur de ce monde de béton et d'acier, la neige, et la femme : Et c'est ruée encore de filles neuves à l'An neuf, portant, sous le nylon, l'amande fraîche de leur sexe.
En même temps, Vents est parcouru d'une autre gravitation, celle des États du sud des États-Unis, où chaque palme est d'abord son ombre. Étonnante vision, si l'on songe à l'œuvre d'un Green et d'un Faulkner, comme aussi à l'actuelle situation des États-Unis, partagés en l'exploration de l'espace et la perception personnelle du cosmos.
Au-delà de cette première signification, explicite, une autre se dessine, la polarité, la respiration cosmique masculine-féminine. Saint-John Perse eut toujours l'intuition de l'âme chevaline, dans l'être humain, et en même temps l'expérience du Prince sous l'aigrette. La double alternance des États-Unis est une sorte d'agrandissement photographique de l'être en face Gegenüber-sein et de l'être avec Mit-sein. Plus profondément encore, on perçoit le yin et le yang de la tradition chinoise.
Simultanément à ce travail poétique, Alexis Léger continua de s'intéresser activement à la politique comme d'explorer le monde – Mexique, Caraïbes, Bahamas, Tobago, etc. En 1957, il revient en France. Il partagera désormais ses étés et ses hivers entre la petite Polynésie et sa maison de Washington. En 1958, il épouse Dorothy Russel, Américaine de souche anglaise.
Au terme de cette troisième phase de l'œuvre et de la vie, il apparaît que les écrits de Saint-John Perse ne sont pas un discours sur les choses. Le procédé artistique, les rythmes, images, substantifs s'effacent, deviennent comme un miroir qui se fait oublier, au profit des choses, et du mouvement, dans l'espace et dans le temps, qui emporte l'univers. Qui fréquente l'homme et l'œuvre désire savoir le nom de tel arbre, de tel animal, de tel instrument marin ; non pour le mot, mais pour la connaissance, le contact qu'il crée entre la réalité et l'individu. C'est là un des facteurs qui rendent compte du style de Saint-John Perse. Sa phrase, par exemple, ne comporte que peu d'adjectifs, ce tissu adipeux, disait Gide, dont la multiplication dissimule une idée vague. Chez Alexis Léger, les adjectifs sont souvent des monosyllabes. Ils forment alors – par exemple des épithètes telles que grand, beau, fort, haut – une sorte de tissu interstitiel, invisible, totalement transparent qui, comme le ciment bleu qui met en valeur les pierres colorées de la mosaïque, forme une manière de treille légère, portant les substantifs, ou les verbes.
Les substantifs sont toujours d'une justesse telle que, compris – et souvent il faut recourir aux dictionnaires –, ils vous livrent, sans intermédiaire, la réalité. Ainsi « amure » désigne l'angle de la voile qui change lorsque le voilier vire de bord. Amers désigne ces signes qui aident le marinier, lui permettant de trouver son chemin. « Commerce » signifie d'abord l'échange de valeurs personnelles. Ce style explique, en partie, que l'on puisse tenter la traduction : si l'on trouve l'exact équivalent, on aura aussi « traduit, rendu » exactement la réalité. Certes, le rythme, les sonorités sont perdues. Mais pour Saint-John Perse, ses poèmes doivent se lire comme on lit, en silence, une partition musicale. Le rythme, intérieur, en même temps que respiré, est celui des choses de l'univers, dans l'homme et à travers lui.
Il serait faux de penser que les poèmes d'Alexis Léger sont fruit d'une surabondance facile, coulant de source. Les grands textes sont au contraire rigoureusement calculés, rythmés, au moindre détail. Ils représentent le résultat d'un travail technique long et pénible, qui ramène un texte de quelque trois cents pages à un poème de vingt à trente feuillets. Saint-John Perse est conscient de la double expérience : la visitation de l'être entier, au cœur de l'inspiration, et la nécessité d'un travail de polissage formel, sans lequel la visitation se perdrait dans la pulvérulence d'un hasard non gouverné. Mais il sait aussi combien l'expérience de cette visitation est vie véritable, tandis que l'autre est une sorte de mort inévitable, The Grey Light of Common Days.
Le cœur de l'œuvre et de la vie est l'homme et son renouement : renouement de la nébuleuse primordiale des îles sous le vent avec la vague cosmique, figée, des civilisations asiatiques. Renouement de la neige, de la pluie, du vent avec le monde de l'industrie : Neigeait-il, cette nuit, de ce côté du monde où vous joignez les mains ?... Ici, c'est bien grand bruit de chaînes par les rues, où vont courant les hommes à leur ombre. Renouement du vieux monde avec le nouveau, tourbillon social et industriel, qui laisse transparaître l'impermanence fondamentale au cœur des éléments. On est ici au seuil de la quatrième mutation de l'œuvre et de la vie.

Exil américain et mort

Aux États-Unis, en Argentine et en France, il publie successivement Exil en 1942, Pluies et Poème à l'étrangère en 1943, Neiges en 1944. À la Libération, depuis les États-Unis, il publie Vents chez Gallimard en 1946, puis Amers en 1957. À cette date, il revient chaque été faire de longs séjours en France, sur la presqu'île de Giens où des amis américains ont acquis pour lui une propriété, Les Vigneaux. Il se marie avec une Américaine, Dorothy Russel, dédicataire de Poème à l'étrangère, qu'il appelle Dot et surtout Diane, de vingt ans plus jeune que lui. Il publie son poème Chronique en 1960, année où lui est attribué, grâce à ses amis américains et à Dag Hammarskjöld, secrétaire général des Nations-Unies, le Prix Nobel de littérature. Son allocution au banquet Nobel du 10 décembre 1960 est consacrée aux rapports entre science et poésie. Il publiera encore le recueil Oiseaux, inspiré par Georges Braque en 1963, et encore quelques poèmes dans la Nouvelle Revue Française : Chanté par Celle qui fut là en 1969, Chant pour un équinoxe en 1971, Nocturne en 1973 et Sécheresse en 1974. Il meurt le 20 septembre 1975, sur la presqu'île de Giens, dans le Var, où il repose désormais. Ses quatre derniers poèmes paraissent peu après en recueil sous le titre Chant pour un équinoxe. Peu avant sa mort, il avait légué tous ses manuscrits, papiers et objets personnels, ainsi que les livres de sa bibliothèque, à la Ville d'Aix-en-Provence, qui aujourd'hui encore abrite la Fondation Saint-John Perse. Son épouse Dorothy est décédée en 1985.

Œuvres poétiques

Alexis Leger fut certes un diplomate de premier plan. Mais in fine, l'homme a reconnu son unité dans une vocation de poète consacrée en quelque sorte dans le volume de ses Œuvres complètes. Au-delà des approches tronquées et des polémiques régulièrement réitérées à propos de son parcours diplomatique, c'est bien sa poésie, et sa poésie seule qui dit la substance d'un itinéraire à la fois personnel et esthétique. Cette substance se décline en une parole considérable qu'il importe d'appréhender avec soin, pour qui veut y apprécier l'une des grandes œuvres de l'esprit en langue française.

Esthétique littéraire

La poésie de Saint-John Perse est couramment réputée pour sa difficulté d'accès. Le vocabulaire, parfois technique, peut rebuter les lecteurs, mais pour certains, son appréhension n'est pas indispensable pour une première imprégnation de la puissance des images et de la richesse du rythme qui caractérisent le poème persien. De ce qu'on a pu nommer le cycle antillais, Éloges au cycle provençal les derniers poèmes, l’œuvre de Saint-John Perse institue dans la poésie française du XXe siècle des accents de conciliation entre les avancées de la modernité rimbaldienne et mallarméenne, avec les sources les plus archaïques de la parole poétique. André Breton voyait en 1924 en Perse un surréaliste à distance, et c'est dire les volontés diverses d'appropriations de cette esthétique singulière, par les écoles de la modernité littéraire. Les premiers poèmes d’Éloges surtout Images à Crusoé laissent entrevoir une empreinte encore symboliste, mais ce modèle sera dépassé au gré du recueil et dès Anabase, s'impose un style déclamatoire reconnaissable entre tous, qui pousse souvent l'œuvre vers des accents lyriques prononcés, Exil, Vents et Amers notamment. Pour autant, les rythmes parfois saccadés de certains moments d'Exil, l'écriture souvent resserrée des poèmes provençaux et une certaine tension vers l'autotélisme déjoué néanmoins n'en apparaissent pas moins çà et là. Même par le prisme de cette variété stylistique, la parole poétique se déploie chez Saint-John Perse comme une rhapsodie accordée à l'intériorité ainsi qu'à un élan fondamental vers le monde.
C'est à partir d'une analyse sémantique et sémiologique que l'évidence d'une unicité fondamentale de l'œuvre nous est apparue souligne Elisabeth Coss-Humbert. Les récurrences lexicales et les thèmes qu'elles sous-tendent parcourent l'œuvre entière depuis Écrit sur la porte jusqu’à Sécheresse, sans qu'il y ait la moindre rupture dans leur utilisation sémantique et cratylienne.

L'ultime messagère

Une lettre à Archibald Mac Leish dit bien la vision de l'auteur : Mon œuvre, de recréation, a toujours évolué hors du lieu et du temps : aussi attentive et mémorable qu'elle soit pour moi dans ses incarnations, elle entend échapper à toute référence historique aussi bien que géographique ; aussi vécue qu'elle soit pour moi contre l'abstraction, elle entend échapper à toute incidence personnelle. De plus en plus transparaît la présence des éléments : l'air, la terre, la mer, le feu. Au-delà de tout système, cette intuition est recherche de l'expérience indifférenciée des présocratiques. Vents est la charnière entre la thématisation du Nouveau Monde et la présence des éléments du monde. Au centre se perçoit, s'entend, se concentre et se rue le souffle. Au tourbillon américain vers l'ouest se superpose progressivement, s'incorpore, comme en étant la substance, la respiration abyssale de la vie. Les gratte-ciel, les aigles sur les toits et les filles aux longues jambes y dansent, y vibrent, y tournent, dans le Tao, le point immobile qui accélère par son immobilité même la giration de l'univers. Venu du chaos, allant vers le chaos et l'indéterminé, l'air, le souffle, les vents prennent forme, se gonflent, forment les civilisations, et les détruisent. Eâ, dieu de l'abîme, ton bâillement n'est pas plus vaste.
Le poème Amers 1957 est d'abord une célébration de l'Océan et de ses balises. C'est ensuite l'épopée de l'aventure humaine, qui osa, un jour, traverser ces étendues que la Bible associe à l'image du chaos. C'est aussi, au creux de la vague millénaire, la jointure fragile et indestructible de l'homme et de la femme. Elle se livre, nue, abîme dans un abîme, hasard dans un hasard, car, au matin, l'amant se lèvera de la couche nuptiale et partira pour les négoces, pour le grand commerce des hommes. En même temps, métamorphosant l'aventure marine, amoureuse, affleure l'élément liquide, l'Océan, l'Okeanos d'Homère, et la surface des eaux sur laquelle planait l'Esprit. Comment ne pas penser ici à l'ode de Claudel, L'Esprit et l'Eau ?
Saint-John Perse retrouve les premiers penseurs grecs, à la fois philosophes, théologues et poètes. Il découvre aussi, en Heidegger, surtout le second, celui des Holzwege et de l'exégèse de Hölderlin, ce divin, ce theion, insaisissable mais omniprésent, dont l'homme est le berger – Wacht am Sein. Alexis Léger regrette l'absence de dimension métaphysique dans la poésie moderne. Il n'entend point, par là, une systématisation poétique, du genre du De natura rerum, mais une présence de ce renouement, de cette presque identité avec le tissu secret de l'univers.
Dans les dernières années, le poète travaillait des chants sur la terre, Chanté par celle qui fut là, 1968 ; Chant pour un équinoxe, 1971, sujet mêlé au thème de la femme, selon, du reste, une tradition presque aussi vieille que le monde. Alexis Leger voulait couronner son œuvre par le thème du feu. Une maquette, en bronze, d'une sorte de victoire de Samothrace, vêtue de feu – une œuvre d'un artiste hongrois –, était pour Saint-John Perse l'ultime messagère. Comment ne pas rappeler les incidences religieuses du thème, et sa présence dans le monde des symboles bibliques ?
On considère à présent les premiers penseurs grecs comme valant par eux-mêmes, et pas seulement en ce qu'ils annonçaient Socrate et Platon. Nietzsche a dit la nécessité de retrouver cette immédiateté première, de la vie qui danse, dans le maintenant, le now qu'aime la jeune génération des États-Unis. La culture occidentale est un retour à l'élémental. Par exemple, dans la musique on redécouvre le son, comme substance sonore, miracle permanent, au sortir du silence – de l'abîme du silence disaient certains gnostiques. Ce retour aux quatre éléments rejoint, d'une part, les intuitions de Mircea Eliade et, d'autre part, les problèmes de l'environnement, de l'écologie. Enfin, plus profondément que la célébration, que la contre-culture, l'œuvre d'Alexis Léger, en sa phase présente, n'est pas sans rapport avec la somatic culture, forme de conscience, où le toucher par exemple serait le sens le plus spirituel. L'actualité de Saint-John Perse n'est pas poursuite du dernier train, derrière lequel s'exténuent tant de clercs; elle est dans un éternel concret, qui demeurera, tant qu'il y aura des hommes. Claudel a dit que cette œuvre taisait religieusement le nom de Dieu. On entrevoit pourquoi, de ces mots, c'est l'adverbe religieusement » qui retint l'attention de l'ami de Claudel que fut toujours Alexis Léger. Saint-John Perse vivant parmi les oiseaux, les arbres, les sextants et les instructions nautiques, aux côtés de sa compagne, attentive, est un ami de l'homme, et de l'univers. Mais cette amitié si fragile, si profonde, il ne l'a jamais dite qu'à mi-voix, comme un écho, un filigrane dans la pâte de la terre des hommes : Grand âge, nous voici – et nos pas d'hommes vers l'issue. C'est assez d'engranger, il est temps d'éventer et d'honorer notre aire, Grand âge, nous voici. Prenez mesure du cœur d'homme. Et encore dans le fragment publié dans la Nouvelle Revue française, du 1er janvier 1969 : Écoute, écoute, ô mon amour, le bruit que fait un grand amour au reflux de la vie. Charles Moeller

Thématiques

Une histoire de l'âme semble dessiner, au gré des poèmes, un recours suprême aux éléments du monde, neiges, pluies, grands vents, souffles océaniques, mobilisés pour atteindre le renouement de l'homme vers son élan vital. Du souffle épique d'Anabase au style volontairement dépouillé des textes du Grand âge, les poèmes de Saint-John Perse construisent, en une langue somptueuse, un édifice unique dans la littérature française moderne. L'œuvre entière, en une profonde cohérence, propose au lecteur de parcourir le réel humain comme, Une seule et longue phrase sans césure à jamais inintelligible. Le regard porté sur le monde entier des choses y demeure de bout en bout, empreint d'une volonté d'intégralité qui s'accorde à la recherche en tout, d'une plénitude existentielle, Épouse du monde ma présence !, d'une quête de l'unité. C'est sans doute en ce tribut d'une restitution à l'homme certes, mais plus intimement, à tout un chacun, du souffle premier d'une présence exaltante au monde, que l'on peut certainement considérer la richesse de cette œuvre exigeante et rare.

Œuvres

Pour certains recueils Éloges, Exil est mentionné le détail de leur composition.

Cycle Antillais
Éloges 1911
Écrit sur la porte
Images à Crusoé
Pour fêter une enfance
Éloges
La gloire des rois
Récitation à l'éloge d'une Reine
Histoire du Régent

Cycle Asiatique

Anabase 1924,
La gloire des rois
Amitié du Prince,
Chanson du Présomptif
Berceuse,

Cycle Américain

Exil 1942
Exil , Buenos-Aires, éditions les Lettres Françaises, 1942
Pluies
Neiges,
Poème à l'étrangère
Pluies Éditions Lettres françaises, 1944
Vents 1946
Amers 1956
Étranger 1948
Midi, ses fauves, ses famines 1952
Mer de Baal, Mer de Mammon... 1955
Étroits sont les vaisseaux... 1956

Cycle Provençal

Chronique 1960
L'ordre des oiseaux 1962, réédité en 1963 sous le titre Oiseaux
Chant pour un équinoxe 1971
Nocturne 1973
Sécheresse 1974
Des villes sur trois modes
L'incertain
L'animale
Cohorte ou Pour fêter des oiseaux
L'animale
Dernier aveu
Désir de créole
Poème pour Valéry larbaud ou Valéry Larbaud, ou, l'Honneur littéraire
Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1972, volume entièrement conçu par le poète lui-même sous anonymat, y compris la Biographie, les notes et notices, la bibliographie, la correspondance coupures, réécriture, voire écriture, etc.. Réédition augmentée en 1982.
Lettre sur Jacques Rivière, 1925
Silance pour Claudel, 1955
Hommage à Rabindranath Tagore, 1961

Divers

Briand discours prononcé à l'Univerisité de New York le 28 mars 1942 pour la commémoration du 80e anniversaire de la naissance d'Aristide Briand
Pour Dante discours prononcé à Florence le 20 avril 1965 pour l'inauguration du congrès international pour le 7e centenaire de Dante
Poésie (allocution prononcée à Stockholm le 11 décembre 1960 à la cérémonie de remise du Prix Nobel
Croisière aux Îles Éoliennes notes personnelles prises en juillet 1967 lors de la 5e et dernière croisière effectuée à bord de l'Aspara, 1re édition, 1987 dans les Cahiers Saint-John Perse no 8-9, nouvelle transcription présentée at annotée par Claude Thiébaut en 2012 dans Souffle de Perse, hors-série no 2

Correspondance

« Lettres de Saint-John Perse à Pierre Guerre 1, de 1951 et à Yvan Goll 8, de 1942-1943, Roger Little éd., in Cahiers Saint-John Perse, no 2 1979.
« Lettres de Saint-John Perse à Roger Caillois , 2 lettres, de 1956 et 1971, Henri Colliot, in Cahiers Saint-John Perse, no 3 1980.
« Lettre de Saint-John Perse à André Gide , de 1949, Roger Little, in Cahiers Saint-John Perse, no 5 1982.
« Annotations, Saint-John Perse à Friedhelm Kemp , 1956-1974, Friedhelm Kemp , in Cahiers Saint-John Perse, no 6 1983.
Lettres à l'étrangère, Mauricette Berne , Gallimard 1987
Lettres d'Alexis Léger à Philippe Berthelot, in Jean-Luc Barré, Le Seigneur-Chat / Philippe Berthelot, 1866-1934, Plon 1988
Correspondance Saint-John Perse / Jean Paulhan 1925-1966, Joëlle Gardes-Tamine, Cahiers Saint-John Perse, o10 1991
Lettres d'Alexis Léger à Gabriel Frizeau 1906-1912, Albert Henry, Académie royale de Belgique 1993
Correspondance avec Jean Ballard ou A ceux des cahiers du sud, 1993
Correspondance Alexis Leger / Dag Hammarskjöld 1955-1961, Marie-Noëlle Little, Cahiers Saint-John Perse, no 11 1993
Correspondance avec André Breton, Europe, no 799-800 1995
Correspondance Saint-John Perse / Roger Caillois 1942-1975, Joëlle Gardes-Tamine, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 13, Gallimard 1996.
Lettre à Auguste et Yvonne Boppe", Revue d'histoire diplomatique, no 1, 1999
Courrier d'exil / Saint-John Perse et ses amis américains / Archibald MacLeish, Francis et Katherine Biddle 1940-1970, Carol Rigolot, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 15, Gallimard 2001.
Lettres à une dame d'Amérique, Mina Curtiss 1951-1973, Mireille Sacotte, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 16, Gallimard 2003
Correspondance Saint-John Perse / Alain Bosquet 1942-1975, Michèle Aquien et Roger Little, Gallimard 2004, Cahiers de la NRF.
Lettres atlantiques Saint-John Perse / T.S. Eliot, A. Tate 1926-1970, Carol Rigolot, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 17, Gallimard 2006.
Correspondance Saint-John Perse / Henri Hoppenot 1915-1975, Marie-France Mousli, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 19, Gallimard 2009
Correspondance Saint-John Perse / Calouste Gulbenkian 1946-1954, Vasco Graça Moura (éd.), Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 21, Gallimard 2013

Honneurs et distinctions

Commandeur de la Légion d'honneur.
Prix Nobel de littérature en 1960.
Un monument de bronze, Hommage à Saint-John Perse, du sculpteur Patrice Alexandre commande passée par le Ministère de la Culture en 1985 a été inauguré en 1992 dans le jardin du Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Il s'agit de trois états du manuscrit du poème Nocturne agrandis à l'échelle monumentale.
Un musée lui est en partie consacré à Pointe-à-Pitre, sa ville natale.
Son nom a été donné à diverses voies ne allée à Pointe-à-Pitre et une autre à Paris près des Halles, une avenue à Aix-en-Provence et à Billère dans les Pyrénées-Atlantiques, une rue à Dijon et Fort-de-France, etc., à des établissements scolaires un lycée de Pau, un collège à Grand-Camp/Les Abymes, Guadeloupe, plusieurs écoles à Paris, etc., à des médiathèques à Aubervilliers, à Aurillac, à Hyères en janvier 2013,
à un parc à Reims et même un camping dans le Var, à 300 m du cimetière de Giens.
La promotion 2007 des conservateurs du patrimoine de l'Institut national du patrimoine porte son nom.

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Posté le : 30/05/2015 19:17
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Auguste Le Breton
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Le 31 mai 1999 meurt Auguste Montfort, dit Le Breton

à Saint Germain en Laye, à 86 ans, écrivain né le 18 février 1913 à Lesneven. Après une jeunesse qui faillit mal tourner, il se ressaisit et entame avec succès une carrière d'écrivain, romancier. Il est célèbre pour avoir inventé en littérature le mot rififi. Auteur prolifique de romans policiers, il a par ailleurs, écrit des ouvrages sur l'argot. Plusieurs de ses livres ont fait l'objet d'une adaptation cinématographique, en grande partie, dans les années 1950 et les années 1960 au cinéma français.

Sa vie

Son père Eugène Monfort, sans t, qui est un acrobate et un clown, un auguste d'où le prénom de son fils, meurt pendant la Première Guerre mondiale en septembre 1914. Sa mère l'oublie sur son parcours. Il sera adopté par les Pupilles de la Nation, et de la ferme bretonne où il garde les vaches, on le conduit, à huit ans, dans un orphelinat de guerre. Épris de liberté et d'aventures, il s'en évade à onze ans, puis à douze pour aller en Amérique combattre les Indiens. Rêve d'enfant… À quatorze ans, ces évasions lui valent d'être transféré dans un Centre d'Éducation surveillée, à l'époque endroits implacables. Cette enfance et cette adolescence particulières, il les racontera dans Les Hauts Murs et La Loi des rues.
Ensuite il est couvreur, terrassier, fréquente aussi la pègre. Là, il noue de solides amitiés avec les voyous de Saint-Ouen qui, logiquement le baptisent Le Breton. C'est le témoin d'une époque aujourd'hui révolue, il racontera plus tard : Maurice la Gouine, il avait même fait mettre un diam' dans la canine de son chien. Du folklore, oh la la, c'est pas aujourd'hui qu'on trouverait ça à Paris !. Lorsque la guerre survient, puis l'Occupation, il fait le bookmaker, possède des parts dans des tripots et des restaurants, affronte parfois les gangsters de la Gestapo française. À la Libération, on lui attribue la Croix de Guerre, mais non ce qu'il recherche : pouvoir pénétrer dans les orphelinats et maisons de correction pour s'informer et voir. Il reprend ses activités de bookmaker clandestin. Il raconte cette biographie sous l'Occupation dans 2 sous d'amour.

Débuts de l'écriture

En 1947, il a 34 ans, sa fille Maryvonne naît . Il décide alors de tenir le serment qu'il s'était fait lorsqu'il dormait contre les grilles de métro pour bénéficier de sa chaleur fétide : Si un jour j'ai un enfant, j'écrirai la mienne d'enfance, pour qu'il comprenne, pour qu'il reste humble et propre toute sa vie et devienne un homme . Ce sera une fille, mais qu'importe, Auguste a toujours été un homme de parole. Il prend la plume pour raconter les années de maison de correction de sa jeunesse dans Les Hauts Murs, qu'il dédie à sa fille, Maryvonne.
Il écrit par la suite La Loi des rues, mais c'est Du rififi chez les hommes édité à la Série noire qui fait de lui une vedette du polar à la française. Son avocat d'alors lui suggère de déposer le mot Rififi. Le mot reste la propriété exclusive de son auteur. Le livre deviendra un film de Jules Dassin. Le manuscrit sera refusé par plusieurs éditeurs avant finalement d'être accepté par les Presses de la Cité. Dans Razzia sur la chnouf il fera même une apparition en tant que dirigeant de tripot, lorsque Jean Gabin vient chercher un transporteur de chnouf indélicat, calibre en main. Par la suite, le cinéma puisera énormément dans l'œuvre d'Auguste Le Breton associé à des noms comme Michel Audiard, Albert Simonin, Frédéric Dard.
Auguste Le Breton a introduit l'argot moderne en 1953 avec le Rififi chez les Hommes, ainsi que le verlan en littérature ; verlen - écrit ainsi - qu'il a créé en 1942 au Café de la Poste, à Paris, comme il a créé le mot Rififi sur le quai de la Fosse, à Nantes toujours en 1942. Mot qui va entrer dans les dictionnaires et faire le tour du monde. L'argot, lui, vivra toujours, puisqu'il est le langage des rues : L'heure étant venue de dédier ce livre, je l'offre à mes involontaires professeurs d'argot, à tous ceux avec qui j'ai vécu : Aux élèves de l'Orphelinat de Guerre où j'ai poussé, aux Pupilles du Centre de Redressement où j'ai grandi, aux arsouilles des rues avec qui mes dix-huit ans ont souffert, ri, haï, aimé, volé… Puis aux ouvriers couvreurs, plombiers, briqueteurs, dépanneurs d'ascenseurs qui, tout en m'instruisant à leur façon, ont tendu vers mon adolescence sans espoir leurs amicales mains rudes.

Écrivain confirmé

S'enchaînent alors plus de 80 livres dont certains seront portés à l'écran : les mythiques Razzia sur la chnouf, Du Rififi chez les hommes, et le célèbre Clan des Siciliens. Ces films lui ont permis de côtoyer des monstres du cinéma français : des acteurs tels Gabin, Ventura, Delon, Hossein et des metteurs en scène comme Gilles Grangier, Henri Decoin et Henri Verneuil. Auguste Le Breton était moins à l’aise dans la fiction pure et dure. Il était surtout un excellent autobiographe et biographe, un excellent témoin de son époque et de son milieu. Il fait le tour du monde, ce qui lui permet de situer l'action de ces Rififis au Brésil, Mexique, Argentine, Canada, à New York, à Hong Kong. Il dira : Je ne crois pas qu'on puisse situer un roman dans un pays où l'on n'a pas vécu. Un écrivain ne doit pas vivre sans quitter sa chaise ou alors il ne sert à rien.
Amoureux de sa Bretagne natale, il partage son temps entre la région parisienne et Brignogan. Il n'était pas rare de croiser ce petit bonhomme, toujours coiffé d'un béret ou d'une casquette, emmitouflée dans une écharpe, à Lesneven pour ses achats littéraires ou à Ploudaniel, où il avait ses habitudes dans un restaurant. Le 3 juillet 1996, il inaugure la bibliothèque de Ploudaniel. Et trois ans plus tard, jour pour jour, le 3 juillet 1999, Maryvonne, sa fille, inaugure le bâtiment où se situe la bibliothèque, bâtiment qui devient l'espace Auguste le Breton. À 85 ans, en 1998, il a publié Du vent.. Et autres poèmes révélant au public un autre aspect de son talent. Il avait écrit Monsieur Crabe, un hommage à ceux et celles qui l'avaient épaulé dans sa lutte farouche contre un cancer de la gorge, dont il s'était sorti. Mais le crabe n'avait pas dit son dernier mot.
Auguste Le Breton a passé les dernières années de sa vie au Vésinet, rue Pasteur. Livrant son ultime combat contre Monsieur Crabe, il est mort d'un cancer du poumon à l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye le 31 mai 1999 à l'âge de 86 ans. Il est enterré au cimetière du Vésinet.

Son livre, Les Hauts Murs, est adapté à l'écran en 2008.

Auparavant le verlan s'écrivait verlen. C'est Auguste Le Breton qui a introduit ce terme :

« L'une d'elles jeta un coup de saveur sur une équipe de mirontons qui venaient de soulever la tenture bleue de l'entrée et murmura à sa pote :
« Te détranche pas, Lily, La Mondaine ... »
Pour que les caves qui les serraient de trop près n'entravent pas, elle ajouta en verlen :
«Qu'est-ce qu'ils viennent tréfou les draupers à cette heure-ci ? Pourvu qu'ils fassent pas une flera. Ça serait le quetbou ; j'ai pas encore gnéga une nethu »
— Auguste Le Breton, Du rififi chez les hommes, Gallimard, 1953, p. 36

Œuvre Romans

Série Rififi

Du rififi chez les femmes, Presses de la Cité, Un mystère no 354-354bis, 1957
Du rififi à New York Pour 20 milliards de diamants, Presses de la Cité, Un mystère no 642-643, 1962
Du rififi au Proche-Orient Le Pain, le sang et le sel, Presses de la Cité, Un mystère no 658-659, 1953
Du rififi à Hambourg Les Racketters, Presses de la Cité, Un mystère no 683, 1963
Du rififi au Mexique Chez Cuanthemoc, Presses de la Cité, Un mystère no 686, 1963
Du rififi à Barcelone Toreros et truands, Presses de la Cité, Un mystère no 695, 1964
Du rififi à Paname Face au syndicat du crime, Plon, 1964
Du rififi au Cambodge Opium sur Angkor Vat), Plon, 1965
Du rififi derrière le Rideau de Fer (Le Soleil de Prague), Plon, 1968
Du rififi à Hong-Kong Sociétés secrètes criminelles), Plon, 1968
Du rififi au Brésil Escadron de la mort, Plon, 1968
Du rififi au Canada Le Bouncer, Plon, 1969
Du rififi en Argentine Où souffle le Pampero, Plon, 1969

Série L'As

L'As des anti-gangs, Plon, Les Antigangs no 1, 1977
L'As et « Belles Chaussures », Plon, Les Antigangs no 2, 1977
L'As et le Casse du siècle, Plon, Les Antigangs no 3, 1977
L'As et la Marquise, Plon, Les Antigangs no 4, 1977
L'As et l'Ennemi public, Plon, Les Antigangs no 5, 1977
L'As et les Terroristes, Plon, Les Antigangs no 6, 1978
L'As au Sénégal, Plon, Les Antigangs no 7, 1978
L'As et les Malfrats, Plon, Les Antigangs no 8, 1978

Série Bontemps de la Brigade anti-gangs Le Masque

Paul Bontemps super-flic, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 1, 1979
Bontemps aux Bahamas, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 2, 1979
Bontemps et le Gang des postes, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 3, 1979
Bontemps et la Couronne de Russie, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 4, 1980
Bontemps et les Braqueurs du Louvre, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 5, 1980
Bontemps et le Navajo, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 6, 1980
Bontemps et les Loubards, Éditions du Masque, Brigade anti-gangs no 7, 1980

Série Bontemps de la Brigade anti-gangs Presses de la Cité

Bontemps à New York, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 1, 1981
Bontemps et les Caïds, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 2, 1982
Bontemps à Hong-Kong, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 3, 1982
Bontemps et le Sadique, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 4, 1982
Bontemps et le Jeune Tueur, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 5, 1982
Bontemps et la Mine d'El Papayo, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 6, 1983
Bontemps contre les anti-gangs, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 7, 1983
Bontemps, le Juif et le criminel de guerre, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 8, 1983
Bontemps et la Chienne rouge, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 9, 1983
Bontemps et les Jack-pots, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 10, 1984
Bontemps et les Holdopeuses, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 11, 1984
Bontemps et la Balancette, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 12, 1984
Bontemps et les Indiens, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 13, 1984
Bontemps et l'Homme chat, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 14, 1985
Les Demoiselles du porno, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 15, 1985
Gentleman gangster, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 16, 1985
Le Cogneur, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 17, 1986
Chambre forte, Presses de la Cité, Brigade anti-gangs no 18, 1986

Série Bontemps de la Brigade anti-gangs Media 1000

Bontemps en Amazonie, Média 1000, Brigade anti-gangs no 8, 1981
Bontemps et le Corrompu, Média 1000, Brigade anti-gangs no 9, 1981
Bontemps et l'Officier perdu, Média 1000, Brigade anti-gangs no 10, 1981

Romans autobiographiques

Les Hauts Murs 1954
Auguste Le Breton, La Loi des rues, iUniverse,‎ 1999. 1ère édition en 1955
Monsieur Crabe, Éditions du Rocher, 1995

Autres romans

Du rififi chez les hommes, Gallimard, Série noire no 185, 1953 ; rééditions : Le Livre de poche no 2856, 1971 ; Carré noir no 221, 1976 ; Folio no 2414 , 1992 ; Folio policier no 53, 1999
Razzia sur la chnouf , Gallimard, Série noire no 193, 1954 ; rééditions : Le Livre de poche no 3137, 1971 ; Carré noir no 223, 1976
Le rouge est mis, Gallimard, Série noire no 213, 1954 ; rééditions : Le Livre de poche no 3197, 1971 ; Carré noir no 232, 1976
Rafles sur la ville, Presses de la Cité, 1955
Les Tricards, Presses de la Cité, 1958
Les Racketters, Presses de la Cité, 1960
Les Maq's, Presses de la Cité, 1960
Priez pour nous, Presses de la Cité, 1961
Les Jeunes Voyous 1965
Brigades anti-gangs, Plon, 1965
Le Clan des Siciliens, Plon, 1967
Le Tueur à la lune, Plon, 1971
Rouges étaient les émeraudes, Plon, 1971
Les Bourlingueurs, Plon, 1972
Les Pègriots, Plon/Robert Laffont, 1973 ; réédition Le Livre de poche no 5455, 1980
Fortifs, Hachette, 1982
Deux sous d'amour, Carrère, 1986
Du Rebecca chez les aristos, Éditions du Rocher, 1991
Le Bedeau, Éditions du Rocher, 1995

Poésie

Du vent.. et autres poèmes, Plon, 1968

Mémoires

Ils ont dansé le rififi, Éditions du Rocher, 1991


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Posté le : 30/05/2015 18:41
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Le 24 mai 1887 naît Jean Balthazar Marie Mallard de La Varende

Agis de Saint-Denis, baron Agis de Saint-Denis, vicomte de La Varende, connu sous le nom de Jean de La Varende, au château de Bonneville à Chamblac Eure, mort, à 72 ans le 8 juin 1959 à Paris, écrivain français. Auteur d'une vingtaine de romans, d'une dizaine de biographies, de diverses monographies sur la Normandie et de plus de deux cents nouvelles, La Varende s'est surtout attaché à l'évocation du terroir normand avec ses curés de campagne, ses paysans et ses hobereaux, tout en exprimant sa nostalgie de l'Ancien Régime et sa passion pour la mer et les marins. Romancier, Nouvelliste, Critique littéraire, artiste peintre, Maquettiste naval. Il reçoit les Distinctions de Chevalier du Mérite maritime, et Membre de l'Académie Goncourt. ses Œuvres principales sont : Romans et principaux recueils de nouvelles : Pays d'Ouche, nouvelles, 1934, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, roman, 1936, Le Centaure de Dieu, roman, 1937, Les Manants du roi, nouvelles, 1938, Heureux les humbles, nouvelles, 1942, L'Homme aux gants de toile, roman, 1943, La Navigation sentimentale, roman, 1952, Le Cavalier seul, roman, 1955. Biographies : Anne d'Autriche, femme de Louis XIII, 1938, Le maréchal de Tourville et son temps, 1943, Guillaume le Bâtard, conquérant, 1946, Surcouf, corsaire, 1946, Suffren et ses ennemis, 1948, Flaubert par lui-même, 1951, Don Bosco le XIXe saint Jean, 1951, Le duc de St-Simon et sa comédie humaine, 1955, Jean Bart pour de vrai, 1957, Le Curé d'Ars et sa passion, 1959. Plus d'une centaine de ses nouvelles ont été publiées dans des recueils de 1959 à 2009 par l'association des Amis de La Varende, puis par Présence de La Varende voir liste des œuvres plus bas.

En bref

Jean Mallard de La Varende, Le terroir, le panache et le courage constituent le fonds de ses romans historiques où revit une Normandie orgueilleuse et brutale, vivant pour Dieu et le roi, Pays d'Ouche, 1936 ; Nez-de-cuir, gentilhomme d'amour, 1937 ; les Manants du roi, 1938 ; le Centaure de Dieu, 1938 ; la Dernière Fête, 1955 ; Monsieur le duc, 1958. On lui doit aussi des biographies affectueuses, Monsieur le duc de Saint-Simon et sa comédie humaine, 1955.

Sa vie

Jean de La Varende est le fils de Gaston Mallart de La Varende 1849-1887, officier de marine, et de son épouse d'origine bretonne, Laure Fleuriot de Langle 1853-1940. Il voit le jour en Normandie, au château familial de Bonneville. Il ne connaîtra pas son père qui meurt la même année, le 27 juillet.
En 1890, sa mère retourne chez ses parents en Bretagne, à Rennes, pour y élever ses enfants. Son grand-père maternel, le contre-amiral comte Camille Fleuriot de Langle1 1821-1914, pourtant âgé, prend une part importante dans son éducation. La Varende retint de lui nombre d'histoires de marins et de voyages, dont plusieurs sont devenues des nouvelles.
À douze ans, en 1899, le jeune Jean écrit son premier texte, La Fille du garde-chasse, dont le manuscrit est perdu. Puis, de 1900 à 1906, il fait ses études comme pensionnaire au collège Saint-Vincent de Rennes. Cette période rennaise transparaît nettement dans Geoffroy Hay de Nétumières 1908 et dans Le Roi d'Écosse 1941. Pendant cette même période, il rédige Nos amours perdues et Péché originel, dont les manuscrits sont également perdus.
Après son baccalauréat, il entre à l'École des beaux-arts de Paris, au détriment d'une carrière dans la Marine. L'École navale exige une santé qu'il n'a pas, à cause d'une déficience cardiaque. Son œuvre sera en partie un hommage à la grande bleue, à ses marins du passé. Sans regrets, il écrira, entre 1944 et 1950, un bel ouvrage homonyme sur l'École navale, publié en 1951 avec des illustrations d'Albert Brenet.
En janvier 1914, son grand-père décède et, en août suivant, lorsque éclate le premier conflit mondial, Jean de La Varende est affecté comme infirmier au 18e régiment d'infanterie de Vernon, puis sur le front comme brancardier. Il rentre définitivement en Normandie en 1919, une fois démobilisé. Il y vivra quatre décennies d'écrivain prolifique et de châtelain aux mains calleuses.

L'après-guerre

Le château de Bonneville, demeure de La Varende de 1919 à sa mort en 1959.
Le 12 décembre 1919, il épouse Jeanne Kuhlmann-Roederer, veuve de Raoul Latham. Le couple s'installe alors au château de Bonneville. De cette union naît un fils, Éric de La Varende 1922-1979.
De 1929 à 1932, il est conférencier à l'école des Roches, à Verneuil-sur-Avre, dans l'Eure. Chez lui, il entretient son domaine, ses jardins, il écrit son premier livre, édité par ses soins en 1927, L'Initiation artistique, texte d'une de ses conférences. Il écrit également quelques nouvelles et réalise, à ses heures perdues, une centaine de maquettes de navires de toutes époques.
La galerie Bernheim, à Paris, expose plus de cent de ses maquettes en 1932. Cette exposition se transporte peu après à la Société de géographie. Un catalogue est édité : Les Cent Bateaux de La Varende.

Débuts littéraires

Les débuts de La Varende en littérature sont difficiles. Il essuie de nombreux refus d'éditeurs parisiens, mais publie quelques contes au Mercure de France. C'est l'éditeur Maugard, de Rouen, qui va assurer sa notoriété en publiant une série de nouvelles, Pays d'Ouche 1934, préfacées par le duc de Broglie.
Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour.
Le même éditeur publie en 1936 son Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour. C'est le fruit d'une longue recherche démarrée dans les archives familiales, lorsqu'il découvre les lettres de son grand-oncle Achille Perrier de La Genevraye, gravement blessé en 1814, qui portait masque le faisant surnommer Nez-de-cuir ; il interroge les anciens, et débute la rédaction de son roman en 1930 pour le faire publier en 1936. Les éditions Plon rééditent ce premier roman l'année suivante : c'est un succès. Cette année-là, il obtient trois voix au prix Goncourt.
Les publications vont dès lors se succéder, chez Plon ou chez Grasset. Ses succès littéraires lui permettent de poursuivre la restauration du château de Bonneville, au Chamblac. Ses livres sont salués par des critiques, notamment dans les milieux de droite, comme Maximilien Vox, et d'extrême-droite tels que Thierry Maulnier et Robert Brasillach.En 1936, il entre à la Société des gens de lettres et, le 8 mai, remporte le prix des Vikings pour son recueil Pays d'Ouche 1740-1933, paru deux ans plus tôt.
En quelques années, les romans se succèdent où il place, sous des noms d'emprunt, ses personnages souvent tirés des histoires familiales mais que l'on retrouve dans plusieurs de ses écrits. La famille de La Bare et celle de Tainchebraye, la famille d'Anville et celle de Galart ; autant de noms que le lecteur apprend à connaître en vivant à côté d'eux, dans la glèbe normande, ou dans un salon, comme La Varende les a conçus.

La Seconde Guerre mondiale et l'Occupation

Le 22 novembre 1939, il perd son épouse Jeanne. Pendant la guerre éclair, la France étant sur le point de céder, il se rend aux Pays-Bas, puis rentre et se plonge davantage dans l'écriture.
Ce sont vingt ans d'écriture frénétique qui s'ouvrent alors, et La Varende publie à tour de bras ses nouvelles dans les revues de l'époque. Malheureusement pour son œuvre, la plupart de ces journaux sont acquis aux thèses collaborationnistes. On l'associe alors à tort cette tendance. Car, même s'il est très critique vis-à-vis de la démocratie, lui dont la ferveur royaliste ne s'est jamais démentie, ses écrits ne sont que des nouvelles littéraires, aux intrigues situées hors de son époque. Fidèle à ses convictions, il refusera de mettre sa plume au service du régime de Vichy ou de l'idéologie des journaux collaborationnistes.
Le 16 décembre 1942, La Varende est élu à l'académie Goncourt, en remplacement de Léon Daudet, et sur recommandation notamment de ses amis René Benjamin et Sacha Guitry5. Il en démissionnera un peu plus de deux ans après, réagissant aux reproches qui lui sont faits sur ses publications dans des journaux collabos et aussi sur des différends qui ont opposé les académiciens Goncourt à propos de la candidature d'André Billy, notamment critique littéraire à L'Aurore, qui a éreinté Guitry et La Varende dans divers articles, et qui incarne le refus de la collaboration.
Billy postulait pour le siège de Pierre Champion, décédé en juin 1942. En décembre 1943, une minorité d'académiciens, J.-H. Rosny jeune, René Benjamin, Sacha Guitry, La Varende refusent d'entériner l'élection de Billy, préféré à Paul Fort, réputé antisémite. En 1944, le Comité national des écrivains exclut de son sein quatre membres de cette académie : Guitry, Benjamin, Jean Ajalbert et La Varende. En décembre, une campagne de France-Soir vilipende l'académie Goncourt et ses membres. L'élection de Billy ne sera validée que le 23 décembre 1944, et La Varende démissionne dans la foulée, soit un peu avant l'entrée de Billy à l'académie, soit un peu après. Sa démission lui permettra peut-être d'éviter une exclusion, mais la faveur de La Varende auprès du public ne se démentira pas, et son enthousiasme à écrire non plus.
En 1944, sa santé chancelle et il échappe de peu à la mort. Il se repose alors à la clinique Saint-Martin de Caen, au cœur de la ville meurtrie et, de cette époque, datent ses ouvrages sur la Normandie blessée. En quelques jours, sur des bouts d'ordonnances et tout papier qu'il trouve, il parcourt en pensée le littoral normand, cette frontière entre sa terre et sa mer, dans un ouvrage intitulé Les Côtes de Normandie8, où le lecteur peut se promener avec lui, du mont Saint-Michel à Eu, de villes maritimes en baies poissonneuses.

Les années 1950

En 1953, l'amiral Lucien Lacaze, secrétaire perpétuel de l'Académie de marine à laquelle La Varende appartient encore, le pousse à postuler à l'Académie française, dont l'amiral est également membre. Le 20 novembre 1953, La Varende est candidat, sans succès, au fauteuil de Jérôme Tharaud, n'obtenant que onze voix. Une seconde candidature n'aboutira pas plus, le 31 mai 1956, lors d'une élection blanche : il est élu au siège de Lacaze, mort l'année précédente, mais retire sa candidature.
L'écrivain, dont le talent se déploie dans une succession incessante de nouvelles et de romans, continue son travail inlassable. Parmi ses écrits, plusieurs nouvelles sont encore inédites.
Il meurt à Paris en 1959 et il est inhumé, avec ses ancêtres, au cimetière de Chamblac, à proximité du château.

Postérité

Ce traditionaliste catholique à la foi tourmentée fut un fervent monarchiste et ne cacha pas ses sympathies pour le journal l'Action française. Cette position politique est très probablement la cause d'une sorte de mise sous scellés de ses écrits, assez méconnus aujourd'hui, à l'instar d'autres, Henry Bordeaux, Paul Bourget ou Michel de Saint Pierre, aussi prolifiques et très lus de leur vivant. Cependant, ses œuvres, rééditées en partie grâce à l'association Présence de La Varende, rencontrent un écho certain dans un certain milieu catholique et monarchiste.

Son œuvre

Parmi les deux cents et quelque nouvelles éditées que compte son œuvre, le terroir normand notamment le pays d'Ouche et la mer constituent les cadres principaux de ses intrigues. S'y ajoutent, bien entendu, des contes et des romans, dont les éditions numérotées sont aujourd’hui recherchées. L'attrait de la mer, sa passion pour la navigation, mais aussi, pour la Bretagne et pour l'Espagne, la mise en scène de curés de campagne, de paysans ou encore de hobereaux normands, milieu auquel il appartient, et la nostalgie de l'Ancien Régime, forment la trame essentielle de son œuvre.
Le pays d'Ouche, cadre principal des romans de La Varende. Sur cette carte du XVIIIe siècle, on voit mentionné, au sud de Bernay, le village de Chamblac, où se situe le château de La Varende.
Les recueils de nouvelles, depuis Pays d'Ouche en 1934, jusqu'à ceux édités près d'un demi-siècle après la disparition de l'auteur, font de lui l'un des maîtres du genre au XXe siècle. Plusieurs de ces nouvelles, parues dans des journaux durant les années 1930, 1940 et 1950, ont été ensuite éditées sous forme de recueils. La plupart font une trentaine de pages, quelques-unes sont longues, comme Infantillage, parue dans le recueil Dans le goût espagnol en 1946, 194 p., ou Lise, fillette de France, publiée en 1952 206 p.. L'une de ses nouvelles évoque un jeune Jean-Marie, dont le père était patron de pêche et qui disparaît en mer. Orphelin, Jean-Marie réalise dans Il était un petit navire une maquette au destin émouvant. La chute l'est davantage. On peut faire un rapprochement entre l'auteur et ce jeune garçon, habiles dans l'art du maquettisme marin, et orphelins d'un père marin.
Son œuvre, à la fois sentimentale et romantique, est très attachée au sol, au sens de la terre labourée, aimée. Elle cherche à magnifier la pureté tout en sachant décrire l'homme avec ses angoisses, ses travers et ses erreurs. Les récits ont souvent pour fond une sorte de transmission idéale des traditions rurales du passé, tant dans les chaumières que dans les châteaux. Pour lui, les deux sont liés. Les seigneurs et leurs descendants sont des manants du roi. Les paysans, les hommes du village sont de la famille du châtelain. Le château est une demeure utile, un organisme nécessaire à la ruralité, mieux, au social.
Son œuvre est à mettre dans la lignée de celles de ses maîtres en lettres, notamment Barbey d'Aurevilly, Connétable des Lettres, et Flaubert, également Normands. Il leur consacrera des essais, un pour Barbey, deux pour Flaubert. Dans le goût de Barbey, il ajoute dans L'homme aux gants de toile, deux nouvelles aux Diaboliques de Barbey d'Aurevilly.
Le cénotaphe de Frotté dans l'église de La Madeleine à Verneuil-sur-Avre œuvre de David d'Angers. L'évocation de l'exécution de Frotté et de ses compagnons, les derniers chouans, à Verneuil, le 18 février 1800, est récurrente chez La Varende.
Son œuvre romanesque n'est pas non plus négligeable, bien qu'elle soit négligée. On lui doit notamment des trilogies de familles châtelaines dans la tourmente d'après 1789, comme la trilogie d'Anville qui regroupe Le Cavalier seul, 1956, Cœur pensif, 1957 et La Partisane, 1960, ou encore les romans du cycle de La Bare avec Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, 1937, Le Centaure de Dieu, 1938, qui lui vaudra le Grand prix du roman de l'Académie française, décerné le 16 juin 1938, Man' d'Arc, 1939, Le Troisième Jour et La Dernière Fête. Dans Le Roi d'Écosse, il fait revivre les vieilles rues de Rennes à travers les tourments de son héros. Dans Monsieur le Duc, ce sont les apparitions de Tilly-sur-Seulles qui se retrouvent au milieu des tourments matrimoniaux d'une famille ducale des années 1890.
La Varende a également écrit de nombreuses biographies, des princes : Guillaume Le Conquérant, Anne d'Autriche ; des maîtresses de rois : Les belles esclaves ; des marins ou des serviteurs de la couronne : le maréchal de Tourville, Surcouf, Jean Bart, Suffren, le duc de Saint-Simon ; des saints prêtres : saint Vincent de Paul, le saint curé d'Ars, Don Bosco ; des Normands célèbres : Flaubert, Charlotte de Corday, la famille de Broglie ; et des chouans : Cadoudal, entre autres. Ces biographies laissent une large part au sentiment.
À cela s'ajoutent de nombreux essais littéraires, des compositions sur les gens et les animaux, sur la nature et les hommes. Des récits dont la finesse n'a d'égales que les tournures émancipées qu'il emploie avec assurance pour mettre le lecteur au cœur de l'intrigue, du sentiment recherché. C'est en parcourant la Normandie, à défaut de pouvoir parcourir les mers, qu'il consacra son goût du voyage à visiter des monuments, des campagnes, des recoins de sa terre normande. Il a donné plusieurs monographies importantes, telles : Les Châteaux de Normandie Basse-Normandie, Le Mont Saint-Michel, Le Haras du Pin, L'Abbaye du Bec-Hellouin, ou Le Versailles. De même, des récits de voyage au cœur de la Normandie : Par monts et merveilles de Normandie, La Normandie en fleurs, Les côtes de Normandie.
La recherche du mot juste, y compris des "normandismes", la phrase adéquate, des tournures parfois aimablement archaïques, l'image utile, tout, dans la langue de La Varende, est fait, dirait-on, pour que le lecteur prenne autant de plaisir au récit qu'au style du texte. L'œuvre de cet auteur appartient à un courant issu du xixe siècle, où se rejoignent les amoureux de la France et de ses anciennes provinces. L'entre-deux-guerres, dans ses crises sociales et politiques, a mis en avant les courants régionalistes réveillés par Frédéric Mistral et Barbey d'Aurevilly. Des écrivains comme La Varende, Alphonse de Châteaubriant, Joseph de Pesquidoux, ont senti venir la fin d'un monde rural qu'ils se sont empressés de décrire. Ces écrits recèlent alors une part de romantisme mêlé d'un naturalisme hobereau. La Varende met l'accent sur le drame vécu par ses personnages, en proie avec l'honneur qu'ils ont hérité de leur ancêtres, l'honneur du château qu'il faut maintenir, l'honneur de la terre, qu'il faut aimer.
Parmi les démons de La Varende se trouve la Révolution française. Sans surprise, il ne l'évoque presque jamais, là où elle est pourtant présente partout dans le sens où, chez lui comme dans l'histoire de France, il y a un avant et un après. L'écrivain saute par dessus cette décennie sanglante. Soit il raconte des grands personnages du XVIIIe siècle : Anne d'Autriche, Suffren, saint Vincent de Paul, et plusieurs autres, soit il déborde sur le siècle suivant, mais avec parcimonie, soit surtout il fait revivre un XIXe siècle où ses personnages sont des nobles au service du roi, ou de sa cause. Dans Man' d'Arc la jeune Manon est une Jeanne d'Arc des chouans servant la cause de la courageuse duchesse de Berry, elle accompagne ses deux nobles maîtres qui sont des vrais hommes mais c'est elle, la paysanne, qui a le plus d'affinités avec la princesse.
Dès lors, l'écriture de La Varende sert des idéaux clairs qui sont : le roi, la vraie noblesse, le monde rural, la religion catholique. Il fait chercher à ses personnages l'honneur, le courage, l'aventure, le respect. Son monde est à la fois enfermé dans ses traditions ancestrales, une certaine étiquette "hobereaute", et pourtant certaines figures sont dépeintes avec un caractère qui veut rompre avec les habitudes des chroniques châtelaines, sombrant dans le drame comme dans l'humour.
La Varende fait partie, pour cela, de ces auteurs français que l'époque suivante a laissé tomber dans l'oubli. Bien que régulièrement réédité, notamment aux éditions Grasset et Flammarion, son œuvre est absente des anthologies littéraires. L'attachement de La Varende à sa province ancestrale, la Normandie, le fait ranger parmi les écrivains régionalistes. Il est vrai que les Normands du XIXe siècle, depuis l'archéologue Arcisse de Caumont et son ami l'érudit Auguste Le Prévost, jusqu'au romancier Barbey d'Aurevilly, ont fait de la Normandie une terre régionaliste, en termes de littérature. Dans le régionalisme, qui prend l'ancienne province comme une entité ayant survécu aux chamboulements révolutionnaires, il y a attachement indéniable à l'histoire régionale, mais aussi aux monuments qui en ont été conservés. La Varende, marin sur sa terre, n'a pas voulu succomber au cosmopolitisme des œuvres sans assise foncière. Il a voulu assumer son ancrage provincial, dans les fidélités rurales qu'il conte, tout en rêvant sur ses maquettes de bateaux, naviguer sur les eaux du mystère humain.
Ses romans et ses nouvelles, même brochés, font partie des livres qu'on ne jette pas. Les belles éditions originales et les ouvrages rares sont recherchés.

Maquettes

Passionné par la mer, mais n'ayant jamais pu embarquer en raison d'une santé fragile, Jean de La Varende a réalisé une collection impressionnante de maquettes de bateaux et de navires, composée de plus de 2 000 éléments. Une partie de cette collection est toujours conservée dans son château du Chamblac.
Il fut membre correspondant de l'Académie de Marine, à laquelle il avait postulé après demande auprès de son secrétaire perpétuel, son ami l'amiral Lacaze. Sa candidature fut fortement soutenue par le rapporteur Gustave Alaux.
En décembre 1933, Jean de La Varende est nommé chevalier du Mérite maritime en tant qu'artiste peintre et archéologue naval. Le 9 juin 1934, sa maquette du Pourquoi Pas ? est exposée au musée de Géographie au moment où l'on y célèbre Charcot.

Œuvres

Avertissement :Les ouvrages publiés dans des éditions posthumes sont marqués d'une astérisque * après le millésime de l'édition originale.

Romans

Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, Rouen, Maugard, 1936 ; Paris, Plon, 1937.
Le Centaure de Dieu, Paris, Grasset, 1938.
Le Sorcier vert, Paris, Sorlot, 1938.
Man' d'Arc, Paris, Grasset, 1939
Le Roi d'Écosse, Paris, Grasset, 1941.
L'Homme aux gants de toile, Paris, Grasset, 1943.
Le Troisième Jour, Paris, Grasset, 1947.
Indulgence plénière, Paris, Grasset, 1951.
La Dernière Fête, Paris, Flammarion, 1953.
Le Souverain Seigneur, Paris, Grasset, 1953.
La Sorcière, Paris, Flammarion, 1954.
L'Amour de monsieur de Bonneville, Paris, Plon, 1955.
Six Lettres à un jeune Prince, Paris, La Palatine, 1955
Le Cavalier seul, Paris, Flammarion, 1956.
Cœur pensif, Paris, Flammarion, 1957.
Monsieur le Duc, Paris, Flammarion, 1958.
Un sot mariage, Paris, Hachette coll. Bibliothèque verte, 1959.
L'Amour sacré et l'Amour profane, Paris, Flammarion, 1959*
La Partisane, Paris, Flammarion, 1960*
Le Non de monsieur Rudel, Paris, Flammarion, 1962*

Nouvelles

Pays d'Ouche : 1740-1933, Rouen, Maugard, 1934 : 14 nouvelles.
Contes amers, Rouen, Henri Defontaine, 1937.
Les Manants du roi, Paris, Plon, 1938 : 11 nouvelles.
Contes sauvages, Rouen, Henri Defontaine, 1938 : 3 nouvelles.
Illustrations de Pierre Le Trividic
La Comtesse de Barville, chouanne suppl. aux Manants du roi, Les Amis des beaux livres, 1938 : nouvelle.
La Phœbé ou les derniers galériens, Lausanne, Guilde du Livre, 1939 : nouvelle.
Heureux les humbles, Paris, Gallimard, NRF, 1942 : 9 nouvelles.
Amours, Monaco, Le Rocher, 1944 : 2 nouvelles, rééditées dans : Amours en 1949 édition augmentée.
Le Saint-Esprit de monsieur de Vaintimille, conte de Noël, Nantes, Bleuchet et Van Den Brugge, 1944 : nouvelle.
Le Petit Notaire, Paris, Maximilien Vox, 1944 : nouvelle, réédité dans : Eaux vives en 1955 ; et dans Seigneur ! Tu m'as vaincu... en 1961.
Contes amers ou Contes sauvages II, Rouen, Henri Defontaine, 1945 : 7 nouvelles.
Dans le goût espagnol, Monaco, Le Rocher, 1946 : 3 nouvelles. Rééditées en 1968 avec la nouvelle Lise, fillette de France 1946.
Bateaux, contes inédits, Paris, Maximilien Vox, 1946 : 30 nouvelles.
Le Roi des aulnes suivi de La fin du cèdre, Paris, Denoël, 1947 : 2 nouvelles.
Le Bouffon blanc, Paris, Éd. Sautier, 1947, nouvelle, rééditée dans : Terre sauvage 1970.
Contes fervents, Rouen, Henri Defontaine, 1948 : 8 nouvelles.
La Tourmente, Monaco, Le Rocher, 1948 : 3 nouvelles dont Lise, fillette de France 1946.
Les Gentilshommes, suite romanesque, Paris, Wapler, 1948 : 13 nouvelles.
Esculape, Paris, Wapler, 1949 : 3 nouvelles.
Amours, Monaco, Le Rocher, 1949 : 5 nouvelles dont Le Roi des aulnes 1947.
Le Miracle de janvier, Paris, R. Cayla, 1949 : 2 nouvelles.
Rouge et or : nouvelles espagnoles, Paris, Lubineau, 1951 : 3 nouvelles.
Lise, fillette de France, Paris, Plon, 1952, réédition seule.
Bric-à-brac, suite romanesque, Monaco, Le Rocher, 1952 : 7 nouvelles.
La Valse triste de Sibelius, Genève et Paris, La Palatine, 1953 : nouvelle.
Eaux vives, Paris, La Belle Édition, 1955 : 7 nouvelles dont Le Petit notaire 1944.
L'Empreinte, Paris, Herbert et Rey, 1959 : 3 nouvelles.
Princes et manants, Paris, Gautier-Languereau, 1960* : 14 nouvelles dont 1 inédite.
Seigneur, tu m'as vaincu..., Paris, Fayard, 1961* : 8 nouvelles dont 3 inédites et Le Saint-Esprit de monsieur de Vintimille 1944.
Jean-Marie, Paris, Les amis de La Varende, 1961* : nouvelle.
Le demi-solde, Paris, Les amis de La Varende, 1962* : nouvelle.
L'Objet aimé, Paris, Plon, 1967* : 8 nouvelles dont 5 inédites.
Le Plat Pays, Lausanne, D. Viglio-Gonin, 1967 : 5 nouvelles.
Terre sauvage, Paris, Livre de Poche, 1969 : 7 nouvelles déjà éditées dans Contes amers 1945 et Contes fervents 1948.
Les Chevaliers de Malte, Paris, Les amis de La Varende, 1970 : 3 nouvelles dont 1 inédite.
Des marins, de l'honneur et des dames, Paris, Plon, 1971* : 71 nouvelles dont 40 inédites, 23 déjà parues dans Bateaux 1946, et aussi Jean-Marie 1961*
Ratapoil et compagnie, Paris, Les amis de La Varende, 1975* : 2 nouvelles.
Provinciales, Les amis de La Varende, 1976* : 2 nouvelles.
Rudes histoires, Les amis de La Varende, 1980* : 4 nouvelles.
De bric et de broc, Les amis de La Varende, 1981* : 4 nouvelles.
Nautoneries, Les amis de La Varende, 1983* : 2 nouvelles.
L'Objet rare, la femme unique, Les amis de La Varende, 1985* : 6 nouvelles.
Chantons tous son avènement, Les amis de La Varende, 1985* : 9 nouvelles.
Terroirs et traditions, Les amis de La Varende, 1987* : 4 nouvelles.
La Comtesse de Barville, chouanne, Les amis de La Varende, 1988* : nouvelle.
Tendres confessions, Les amis de La Varende, 1988* : 5 nouvelles.
De tout un peu, Les amis de La Varende, 1987* : 5 nouvelles.
L'Admirable Inconnue, Tilly-sur-Seulles, Présence de La Varende, 1990* : nouvelle.
La voile et la mer, Tilly-sur-Seulles, Présence de La Varende, 1991* : 2 nouvelles.
Ouche, terroir bien aimé, Tilly-sur-Seulles, Présence de La Varende, 1997* : 3 nouvelles dont 2 inédites.
L'Indifférente, Monaco, Le Rocher, 1999* : 9 nouvelles dont 7 inédites.

Biographies

Geoffroy Hay, comte des Nétumières, Paris : Demoulin, 1908
Anne d'Autriche, Paris : Éd. de France, 1938
Grands Normands, Rouen : Henri Defontaine, 1939
Mademoiselle de Corday, Rouen : Henri Defontaine, 1939
Le Maréchal de Tourville et son temps, Paris : Éd. de France, 1943
Rodin, Paris : Rombaldi, 1944
Guillaume le Bâtard, conquérant, Paris : Maximilien Vox, 1946
Surcouf, corsaire, Paris : Marcus, 1946
Monsieur Vincent, suivi de l'Autre Île réédition, Monaco : Le Rocher, 1947
Suffren et ses ennemis, Paris : Éd. de Paris, 1948
Les Belles Esclaves, Paris : Flammarion, 1949
Don Bosco, Paris : Fayard, 1951
Flaubert par lui-même, Paris : Seuil, Collections Microcosme "Écrivains de toujours", 1951
Tourville, Paris : Marcus, 1951
Cadoudal, Paris : Éd. française d'Amsterdam, 1952
Monsieur le duc de Saint-Simon et sa comédie humaine, Paris : Hachette, 1955
Jean Bart pour de vrai, Paris : Flammarion, 1957
Le Curé d'Ars et sa passion, Paris : Bloud et Gay, 1958

Monographie

Les Châteaux de Normandie Basse-Normandie, Rouen, éd. Paul Duval, 1937
Illustrations de Robert Antoine Pinchon
Le Mont Saint-Michel, Paris, Calmann-Lévy, 1941
Les Côtes de Normandie, Rouen, Defontaine, 1948
Le Haras du Pin, Paris, Le Fer à cheval, 1949
Les Broglie, Paris, Fasquelle, 1950
La Normandie en fleurs, Paris, Plon, 1950
L'Abbaye du Bec-Hellouin, Paris, Plon, 1951
L'École navale, Paris, Amiot-Dumont, 1951
La Navigation sentimentale, Paris, Flammarion, 1952
En parcourant la Normandie, Monte-Carlo, Les Flots bleus, 1953
Au seuil de la mer, Bourg-la-Reine, D. Vigliano, 1955
Images du Japon : au soleil levant, Paris, A. Cochery, 1956
Les Châteaux de Normandie : itinéraire sentimental, Paris, Plon, 1958
Versailles, Paris, H. Lefebvre, 1958
Caen, Caen, Éd. Publica, 1959*
Les Augustin-Normand, Le Havre, Impr. Le Floch, 1960*

Essais

Initiation artistique, Verneuil, L'Éducation, 1927
L'Autre Île, Paris, M. Cox, 1944
La Noblesse, Les amis de La Varende, 1964*

Autres écrits

Les Cent Bateaux, Caen, Impr. des Papeteries de Normandie, 1932
La Marine bretonne, Rennes, Éd. de Bretagne, 1938
Broderies en Bretagne, Pont-l'Abbé, Le Minor, 1947
Le Cheval et l'Image, Paris, Éd. Le Fleuve étincelant, 1947
Au clair de la lune, Nantes, Bleuchet et Van Den Brugge, 1948
Mers bretonnes, Nantes, Bleuchet et Van Den Brugge, illustrations de Mathurin Méheut 1950
L'Eau, Paris, Lanauve et Tartas, 1953
Le Mariage de Mademoiselle et ses suites, Paris, Hachette, 1956
Ah, monsieur, Paris, Hachette, 1957
Les Centaures et les jeux, Paris, Lanauve de Tartas, 1957
Chassez-vous ?, Liège, Editions Dynamo, 1957, 11 p. : bois gravés par A. Jusserat.
Bestiaire, Paris, Lanauve de Tartas, 1958

Correspondances


Hermann Quéru, La Varende, l'ami [édition de lettres de l'écrivain], 1966 - Editions Notre-Dame, Coutances, 221 p.

Traduction

La Rose des vents, Paris, Plon, 1949, traduction du recueil de nouvelles de Concha Espina, La rosa de los vientos, 1915

Publications posthumes

Le Jacobus Stainer, Paris : Fayard, 1962
Ô Pia !, Paris : P. Gaudin, 1963
Vénerie, Paris : Lanauve de Tartas, 1965
Un Français peut-il vivre à la campagne ?, Paris : Les amis de La Varende, 1966
Par monts et merveilles, Paris : Klein, 1966
Le bestiaire de La Varende, Paris : Lacroix frères La vie des bêtes, 1966
Initiation artistique, Paris : Les amis de La Varende, 1967
La mélancolie, Paris : Les amis de La Varende, 1971
Son altesse le Cheval, Paris : Les amis de La Varende, 1972
Molière, Paris : Les amis de La Varende, 1973
Suprêmes arguments, Paris : Les amis de La Varende, 1974
Grandeur et misère de l'officier français, Paris : Les amis de La Varende, 1977
À Dieu mon âme, Paris : Les amis de La Varende, 1978
La Normandie des manoirs, Paris : J.-M. Lester, 1980
Barbey d'Aurevilly, Paris : Les amis de La Varende, 1982
Lettres à Michel de Saint Pierre, Nexon : H. Anglard, 1983
Esquisses littéraires, Paris : Les amis de La Varende, 1984
Les apparitions de Tilly, Paris : Les amis de La Varende, 1986
Racines de l'histoire, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 1992
Du Dandysme, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 1993
Monsieur de Saint-Simon à la Ferté-Vidame, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 1994
Les marines de La Varende, Bouhet : La Découvrance, 1995
Cinémagrées, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 1995
Cet extraordinaire M. Jules Verne, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 1996
Falaise, berceau de Guillaume le Conquérant, un amateur, 1996
histoires cynégétiques, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 2002
Autoportrait, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 2003
Hollande 1940, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 2004
Gentilhomme d'hier et d'aujourd'hui, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 2004
Prière d'insérer, Tilly-sur-Seulles : Présence de La Varende, 2005
À Cien ouvert. Images du terroir, Dinan : Terre de Brume, 2007, 122 p.
Mers, côtes et marins de Bretagne, Dinan : Terre de Brume, 2008, 108 p.
Brodeurs et broderies en Bretagne avec également des textes d'Auguste Dupouy et Florian Le Roy, Dinan : Terre de Brume, 2009, 122 p.
Le Cheval roi, Paris : Actes sud coll. Arts équestres, 2009, 189 p.
Mes plus beaux Noëls, Versailles : Via Romana, 2010, 118p.
Mes plus beaux contes sacrés, Versailles : Via Romana, 2011, 201p.
Promenades, Janzé : Éditions Charles Herissey, 2011, 186p.
Mes petits contes marins, Versailles : Via Romana, 2012, 175p

Filmographie

Nez de cuir, film d'Yves Allégret (1951), avec Jean Marais, Françoise Christophe, Jean Debucourt, Valentine Tessier.


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Posté le : 16/05/2015 14:47
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Mikhaïl Cholokhov
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Le 24 mai (11 mai) 1905 naît Mikhaïl Aleksandrovitch Cholokhov

en russe : Михаил Александрович Шолохов, à Kroujlinine, près de Vechenskaïa, Empire russe, mort, à 78 ans,à Vechenskaïa Union soviétique le 21 février 1984, écrivain, romancier, nouvelliste soviétique. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1965. il reçoit les distinctions du prix Nobel de littérature en 1965, du prix Staline en 1941, prix Lénine en 1960. Il appartient au mouvement réalistme socialisme, sa langue d’écriture est le russe. Le Don paisible est notamment l'auteur du roman Le Don paisible 1928-1940, fresque épique sur l'évolution du monde cosaque, de 1912 à 1922, de Terres défrichées 1932-1960, évoquant la collectivisation dans les campagnes, et de Destinée humaine 1957, dont émane une leçon de lucidité et d'humanisme.

En bref

Écrivain lauréat, comblé d'honneurs, Mikhail Alexandrovitch Cholokhov se prétendait avant tout communiste et ensuite écrivain : de fait, il apparaît bien comme l'homme d'un peuple et d'un régime au service desquels il a mis toute sa vie et toute son œuvre. Membre éminent de l'Union des écrivains et grand maître des lettres soviétiques, il a soutenu par ses déclarations et par ses livres la ligne définie lors des différents congrès dans les domaines tant économique que politique : ainsi Terres défrichées, le roman de la collectivisation des terres en 1930, a pu être considéré dans son pays comme une sorte de manuel d'études sur les problèmes agraires.
Mikhail Cholokhov est né en 1905 à Kroujilino près du Don d'une mère analphabète, descendante de ces serfs fugitifs qui ont peuplé la région. Son père est alors gérant de diverses maisons de commerce. Cholokhov partage la vie des Cosaques dépeinte dans la première partie du Don paisible. La guerre civile l'empêche de terminer ses études au gymnase, et à quinze ans il doit travailler. Successivement commis, expéditionnaire, il participe en même temps à la lutte armée avec les Rouges contre les Cosaques révoltés en 1919-1920. Il compose des pièces de théâtre et il en interprète les rôles comiques avec brio sur la scène du théâtre de son village. Après son mariage en 1924, il connaît son premier succès littéraire avec les Récits du Don 1925, recueil de nouvelles publiées d'abord dans les revues et qui le rapprochent des écrivains cosaques Séraphimovitch et Trenev. Un séjour à Moscou de 1922 à 1925 le détourne définitivement des cercles littéraires qu'il juge artificiels et dont il se fera le critique mordant.
De retour dans sa province, il ne la quittera que pour de brefs séjours à l'étranger en 1930, invité par Gorki à Sorrente, il est retenu par les autorités à Berlin, voyage en France, en Scandinavie, en Italie et – l'épisode est célèbre – aux États-Unis avec Khrouchtchev et à Moscou. Il commence la grande épopée du Don à laquelle il travaille près de quinze ans, premier volume publié en 1928, dernier volume en 1940, et en 1930 Terres défrichées, œuvre de longue haleine vol. I, 1932 ; vol. II, 1959.
La guerre de 1940 le déracine comme tant de millions de Soviétiques brassés par de gigantesques mouvements de population. Correspondant de presse, il est envoyé sur tous les fronts, et il compose une série d'articles, œuvres de publiciste, de 1941 à 1949 : Sur le Don, La Science de la haine, 1942 cette haine que les envahisseurs inculquent au mécanicien Guérassimov, porte-parole de Cholokhov dont la mère a été tuée au cours d'un bombardement, Le Dit de la patrie 1948, Lumières et ténèbres 1949. Il décrit les souffrances et les vertus du peuple soviétique, la barbarie des Allemands. Ces articles préparent naturellement l'œuvre finale, Le Destin d'un homme 1956 et Ils ont combattu pour la patrie vol. I, 1959 ; vol. II, 1967 qui témoigne d'un univers élargi et d'un humanisme plus lucide. Ces derniers ouvrages occupent une position éminente dans un courant littéraire extrêmement fécond en U.R.S.S, celui du roman soviétique de guerre mais ne parviennent pourtant pas toujours à éviter le cliché et la banalité dans le tragique.

Sa vie

Mikhaïl Cholokhov est né au village de Kroujlinine, près de Vechenskaïa, dans la région du Don, en 1905. Son père est issu d'une famille de commerçants1 et sa mère est d'origine ukrainienne, illettrée et veuve d’un Cosaque. Il doit interrompre ses études en 1918 en raison de la Guerre civile qui a atteint la région du Don. Il s'engage dans l'Armée rouge et participe aux combats contre les dernières bandes de partisans de l'Armée blanche. Cette expérience aura une grande influence sur son œuvre littéraire.
En 1922, une fois la situation redevenue calme, il s'installe à Moscou, où il exerce divers petits métiers : débardeur, maçon et comptable. Il assiste également à des ateliers de formation des écrivains et publie ses premières nouvelles dans différents journaux, dont Molodoï Leninets, Ogonyok, Projektor, Smena et la Revue de la jeunesse paysanne, dont il fera partie du comité de rédaction à partir de 1927. Il fréquente également les cercles littéraires du Komsomol et les poètes du mouvement de la Nouvelle garde Novaya gvardiya. En 1924, il retourne s'installer à Vechenskaïa, où il se marie et se consacre à plein temps à la littérature.
Il publie son premier ouvrage en 1925, un recueil de nouvelles intitulé Nouvelles du Don Donskie Rasskazy. Il y raconte la vie des villages de la région du Don pendant la Guerre civile russe et les conflits entre paysans qui se retrouvent des deux côtés de la fracture idéologique.

Le Don paisible

En 1928, Mikhaïl Cholokhov publie le premier tome de ce qui sera son œuvre majeure, Le Don paisible. Il s'agit d’un roman sous forme d'épopée qui dépeint la vie dans la région du Don au cours de la période de la Première Guerre mondiale et de la Guerre civile. Le roman, qui comprend quatre tomes, est centré sur le personnage de Grigori Melekhov, jeune officier cosaque. L'action commence en 1912, alors que la région est encore paisible et prospère, se poursuit avec la mobilisation de Grigori et ses proches au déclenchement de la Première Guerre mondiale à l'été 1914. Il décrit les premières escarmouches contre l'armée allemande, et la détérioration progressive de la situation à mesure que le conflit s'enlise. Avec la Révolution d’octobre 1917 et le retrait des troupes russes du conflit, Melekhov est démobilisé et cherche à reprendre la vie agricole, mais il est rapidement rattrapé par la Guerre civile. Il changera de camp à quelques reprises, assistera et participera à de nombreux combats et massacres, avant de finir dans le camp des perdants en 1922.
Le roman a été longtemps présenté comme l'archétype du réalisme socialiste soviétique appliqué au roman. Cependant, cette description pose problème à plusieurs niveaux : Grigori Melekhov n'a rien du héros socialiste, étant plutôt un personnage tragique, ballotté par les forces de l'histoire sans trop savoir où il s'en va. La description du Don d'avant-guerre est plutôt idyllique, et il n'est pas évident de croire, à la fin du roman, que l'on se dirige vers un quelconque « avenir radieux ». De plus, les deux côtés du conflit civil sont montrés avec sympathie, et le blâme pour les atrocités et massacres est bien réparti entre les partis. En fait, la comparaison avec Guerre et Paix de Léon Tolstoï est plus appropriée : les deux romans ont une dimension épique et essaient d'englober la totalité du conflit qui a secoué la Russie au début de leur siècle respectif, la différence étant que Tolstoï choisit ses protagonistes dans l'aristocratie francophile de Moscou, et Cholokhov chez les Cosaques du Don. En raison des problèmes évoqués ci-dessus, la publication du roman subira des ratés à partir du troisième tome, qui traite en détail de la Guerre civile. La revue Oktiabr en suspend la publication en 1929, et il ne sortira en volume qu’en 1933, après l'intervention de Joseph Staline en personne qui devient un des soutiens de l'auteur. Le quatrième tome devra attendre 1940 pour voir le jour, mais à partir de cette date, le destin de l'œuvre change rapidement.

La polémique

Encensé par la critique officielle, le roman est traduit en de nombreuses langues et diffusé massivement avec l'aide des presses de l'État. Il est présenté comme la première grande œuvre de la nouvelle littérature soviétique. Ceci causera une réaction à partir des années 1960, et en particulier à la suite de l'attribution du prix Nobel de littérature à Cholokhov en 1965, mais la question du plagiat s'est posée dès 1929.
Plusieurs critiques, dont Alexandre Soljenitsyne et Roy Medvedev, expriment leurs doutes quant à l'identité de l'auteur véritable du roman. Leurs arguments sont fondés sur le fait que Cholokhov est trop jeune pour avoir été témoin des événements décrits ; qu'il n'a pas le niveau d'éducation requis pour avoir produit un tel chef-d'œuvre ; et que les positions officielles de l'écrivain et la qualité du reste de sa production littéraire ne s'accordent pas avec le traitement sympathique et objectif réservé aux Cosaques dans le roman. Ils avancent la thèse que le véritable auteur en serait Fiodor Krioukov, écrivain cosaque et anti-bolchévique décédé de fièvre typhoïde en 1920. Cette controverse a longtemps fait rage, mais semble avoir trouvé aujourd'hui sa conclusion définitive.
En 1991, en effet, le journaliste russe Lev Kolodny Лев Ефимович Колодный a retrouvé le manuscrit original du Don paisible ainsi que d'autres papiers de travail, qui ont ensuite été formellement authentifiés par un groupe d'experts graphologues comme étant bien de la main de Cholokhov.

Manuscrit original retrouvé

Longtemps considéré comme perdu, le manuscrit du Don paisible était en fait entre les mains d'une parente de l'écrivain russe, aujourd'hui décédé, Vassili Kudachov Васили Кудашов, ami de Cholokhov. La propriétaire de ce manuscrit, qui est restée anonyme, a vainement tenté de vendre celui-ci aux enchères, via la maison Sotheby's en 1994, pour la somme de 500 000 dollars. Un tel montant n'ayant pas pu être trouvé à l'intérieur du pays cette parente ne voulait pas que le manuscrit soit vendu à l'étranger, le manuscrit a finalement été acquis par le gouvernement russe pour une somme demeurée inconnue. Ce sont des experts de l'Institut de littérature russe de l'Académie des Sciences de Moscou Института русской литературы РАН qui ont, depuis, confirmé la paternité de Cholokhov, comme l'a annoncé très officiellement Nikolaï Skatov, directeur de l'Institut, à l'agence ITAR-TASS en 1999.

L’écrivain soviétique

En 1932, Mikhaïl Cholokhov adhère au Parti communiste de l'Union soviétique4, et à partir de cette date sera comblé d'honneurs et présenté comme l'écrivain officiel du régime. Il est élu au Soviet suprême en 1937, sera membre du Comité central du PCUS, membre de l'Académie des sciences de l'URSS, Président de l'Union des écrivains soviétiques, et lauréat de nombreux prix. Il défend sans états d'âme les prises de position du régime et bénéficie du privilège d'effectuer plusieurs voyages à l'étranger, dont en 1959 alors qu'il accompagne le Secrétaire-général Nikita Khrouchtchev en visite officielle aux États-Unis. Cependant, sa production littéraire n'est plus à la hauteur de son statut officiel.
Il entame la publication de son second grand cycle romanesque en 1932. Intitulé Terres défrichées Podnyataya tselina, il raconte la collectivisation des terres agricoles du Don à partir de 1930. Or, un problème survient peu après la publication du premier volume, soit la famine majeure de l’hiver 1932-1933 qui résulte de la collectivisation forcée et causera des millions de morts. Cholokhov écrit une lettre à Staline en 1933 pour dénoncer les violences commises contre les paysans et pour demander l'envoi de nourriture dans sa région pour contrer les pires effets de la famine. En 1937, il proteste contre les arrestations massives qui ont lieu dans sa région. Ces prises de position lui valent contre lui l'ouverture d'une enquête par le NKVD qui ne prend fin que par l'intervention de Staline en personne. Par la suite, Cholokhov sera toujours des plus dociles, suivant tous les oukases du régime. La seconde partie de Terres défrichées ne verra le jour qu’en 1960, et sera remarquable par ce qu'elle tait : la résistance des paysans à la collectivisation, la terreur imposée contre eux, et la famine qui s'ensuit. Quelques semaines après sa sortie, le roman vaut à son auteur le Prix Lénine, la plus haute distinction littéraire soviétique, et le livre devient une lecture quasi-obligatoire pour les dirigeants de sovkhozes et kolkhozes.
Le reste de l'œuvre de Cholokhov est bien pâle par rapport à la considération officielle dont il jouit. À l'entrée de l'Union soviétique dans la Seconde Guerre mondiale, il entame ce qui devrait être un nouveau cycle romanesque devant rivaliser avec les deux déjà en train, intitulé Ils se sont battus pour la patrie Oni srajalis za rodinu. La matière première ne lui manque pas, puisqu'il est correspondant de guerre pour les journaux soviétiques Pravda et Krasnaya Zvezda, couvrant le front à Smolensk, Stalingrad et en Biélorussie. Pourtant, après la publication d'un premier volume en 1942, le roman sera laissé en plan. Par la suite, il n'écrit que quelques nouvelles. L'une d'elles, Le Destin d'un homme Sudba tchiloveka, 1957 devient un film à succès, mais ce n'est pas nécessairement un gage de sa valeur littéraire. It is among the least impressive works produced by a Nobel writer, along with Hemingway's posthumously published book True at First Light 1999. Il s'agit d’une des œuvres les moins impressionnantes produites par un lauréat du Prix Nobel, avec le livre posthume d'Hemingway True at First Light 1999

Avec la fin de la période de Détente dans les relations est-ouest après le déclenchement de la Guerre d'Afghanistan 1979-1989, l'intérêt pour Cholokhov en Occident baisse rapidement, et il est pratiquement oublié lorsqu'il décède à Vechenskaïa en 1984, étant considéré comme le simple apparatchik d'un régime discrédité. Par exemple, l'écrivain roumain exilé Virgil Gheorghiu présente un romancier inspiré par une certaine image de Cholokhov dans son roman Dieu ne reçoit que le dimanche 1975, en la personne d’un ancien garde de camp de prisonniers sans la moindre culture qui publie sous son nom les œuvres écrites par un des détenus dont il a la garde, et en retire tous les honneurs que le régime peut lui attribuer. C'est malheureux, car Le Don paisible, quel que soit son auteur réel ou la contribution effective de Cholohov lui-même à sa rédaction, constitue un des chefs-d'œuvre de la littérature russe du XXe siècle. Il est triste que l'œuvre ait pâti de son association abusive avec un régime politique et une théorie littéraire qu'elle transcende facilement. Son épouse est décédée en 1992.

L'écrivain et le peuple

À propos des affaires Pasternak, Daniel-Siniavski, Cholokhov s'est fait remarquer par son rigorisme, et il est l'un des rares intellectuels à approuver, en termes modérés il est vrai, l'intervention en Tchécoslovaquie. Homme public et politique, Cholokhov l'est aussi par son appartenance au Soviet suprême depuis l'année critique de 1937 et par son activité de communiste dans la région du Don. Son œuvre littéraire, saluée dès le début par Gorki, père spirituel des lettres soviétiques, est, par son importance, à la mesure du peuple auquel il appartient et dont il nous retrace la gigantesque et tragique épopée pendant plus d'un demi-siècle. Elle lui a valu le prix Staline, le prix Lénine de littérature et l'ordre de Lénine, récompense civique suprême. En 1965 enfin, l'acceptation du prix Nobel de littérature a apporté à Cholokhov la consécration internationale définitive.
Longtemps dans son pays, Cholokhov a incarné l'idéal nouveau de l'écrivain soviétique : son œuvre monumentale naît en symbiose et collaboration étroite avec le peuple dont elle se veut la voix. Ses livres, annoncés, critiqués, corrigés dans les usines et les kolkhoz, ont été à la fois des événements publics – un peu à la manière des feuilletons de Dickens – et des textes de référence pour les jeunes écrivains désireux d'assimiler les canons du réalisme socialiste. Cette œuvre, diffusée par millions d'exemplaires, plus de 5 millions en U.R.S.S. pour Le Don paisible, traduit en 50 langues, a été élargie et prolongée par la scène en 1935-1936, le compositeur Dzerjinski présente son opéra Le Don paisible et, en 1937, Terres défrichées, par le cinéma films de Guérassimov, en 1956, Le Don paisible et de Bondartchouk, Le Destin d'un homme, 1959, tiré de la nouvelle qui porte ce titre, etc.. Ainsi s'établit un nouveau type de relations entre le public et l'écrivain, retiré dans son village de Viochenskaïa,nom aussi prestigieux pour le Soviétique moyen que le fut Yasnaïa Poliana au temps de Tolstoï, mais disposant des puissants porte-voix que sont la radio, la presse et la tribune du palais du Kremlin.

La ligne et le réalisme socialiste

L'œuvre de Cholokhov appartient à une littérature d'affirmation du socialisme, une littérature combative ; de guerre, alors que Soljénitsyne et Tvardovski marqueront le tournant vers des écrits de contestation. L'écrivain de l'époque de Cholokhov a un devoir : susciter la foi dans la révolution et le parti ; le grand critère de l'art est la représentation réaliste de la vie à partir des positions du parti. Cholokhov, disciple de Gorki, aborde donc les problèmes brûlants de son temps dont il a une connaissance particulière et vécue. Je ne rassemblais pas les documents, je les ratissais et les mettais en tas. Vivez un mois dans un kolkhoz et vous saurez ! déclaration aux écrivains bulgares. Les premiers récits du Don nous présentent les images pittoresques et sanglantes, la cruauté est le trait dominant de l'œuvre de la vie des Cosaques dans les premières années de la guerre civile et surtout les luttes qui déchirent les familles divisées en Rouges et Blancs. Dans la nouvelle Le Grain de beauté, par exemple, le père, un Cosaque révolté, reconnaît son fils dans le garde rouge qu'il vient de tuer et se suicide de désespoir. Ces nouvelles restent teintées d'un manichéisme primaire et d'un optimisme résolu. L'auteur ne s'est pas encore assez abstrait du bain de réalité et ne parvient pas à brosser un tableau complet de la réalité dans toute sa variété et complexité – tel est le but de la littérature, dit Cholokhov à Sofia en 1951.
C'est dans Le Don paisible que Cholokhov réussit la grande synthèse de l'époque en images, la synthèse de l'élément historique et de l'élément humain : il n'est plus question de familles ni de héros isolés, mais de la terrifiante épopée de la paysannerie russe. Le récit est centré sur la vie de Grégoire Mélékhov un paysan moyen. Fidèle aux théories de Staline, Cholokhov montre ses hésitations devant la révolution. Grégoire prend part à la révolte des Cosaques contre le pouvoir soviétique, puis, gagné à la cause socialiste, passe dans l'Armée rouge. Il est finalement rejeté pour sa vie passée et se retire dans son village. Il représente l'homme qui n'a pas trouvé sa voie pendant la révolution. Le Don paisible révèle aussi l'aspect inhumain de la guerre, la fin d'un mode de vie patriarcal et l'espoir d'une société nouvelle illustré par l'apparition de la famille de Dounia. Si la première grande œuvre de Cholokhov est engagée, le héros central n'est pas un héros positif ; il apparaît plutôt comme le point de rencontre tragique de deux conceptions de la vie et se distingue par là des personnages schématiques des premières nouvelles.
Plus didactique, le roman Terres défrichées oppose de façon systématique les bons communistes, Yagoulnov, Davidov, Razmetov aux mauvais contre-révolutionnaires et koulaks Polovtsev, etc.. L'œuvre décrit les luttes, les résistances des paysans et le triomphe final de la ligne. Pourtant, le héros comique, le vieux Choukar, qui rachète le roman par sa verve, son personnage haut en couleur, ne parvient pas à nous faire oublier les erreurs de la collectivisation, les millions de koulaks exterminés à cette époque et que l'auteur passe sous silence. Cholokhov sacrifie trop clairement aux nécessités de la politique cette vérité parfois rude mais toujours courageuse qu'il exige de l'écrivain. Dans les dernières œuvres, toutes militantes, Cholokhov met en évidence l'anéantissement féroce du monde socialiste par les troupes de Hitler, la destruction de la famille dont le bonheur précaire a coûté tant de peines et de courage. Le recours au mythe du soldat russe et le messianisme humanitaire sont certainement très orientés. Mais dans la dénonciation du fascisme, l'écrivain dans la ligne parvient à servir le peuple sans toutefois parfaitement l'éclairer.

La tradition et son renouvellement

L'art de Cholokhov se distingue d'abord par un instinct et une science extraordinaires du langage : nous reconnaissons en lui l'héritier de Gogol avec qui il partage le même goût du terme savoureux, de la métaphore suggestive. Les déformations de mots, dues à la prononciation et aux particularités dialectales, rappellent au lecteur étranger les tours de force de Joyce par leur bizarrerie, mais intégrés au milieu vivant de la conversation. Cholokhov conduit de main de maître le dialogue à plusieurs voix, et les discours des Choukar, des Christonia, par leur bonne humeur toute méridionale proche de la verve d'un Sean O'Casey, se terminent le plus souvent en éclats de rire assez puissants pour faire tomber les glaçons du toit et effrayer les moineaux. Le chœur de l'épopée antique est remplacé ici par les commérages du village cosaque.
Cette intensité du style découle du relief des personnages extrêmement nombreux et variés, plus de cent dans Le Don paisible. Et, en ce sens, Choukar nous semble le plus typique des héros de Cholokhov : bavard, menteur, mais doté d'un solide bon sens populaire, il atteint dans la solitude de la vieillesse la dimension tragique d'un Falstaff. Pourtant, si la peinture des caractères tourne souvent à la charge caricaturale à la manière d'un Gogol, ou à l'exagération féroce d'un Norris, le grossissement naturaliste n'exclut pas une grande finesse de l'analyse psychologique.
Par la minutie des détails, Cholokhov demeure l'élève de Tolstoï, dont l'exemple lui a donné aussi le sens de l'architecture : dans Le Don paisible – le Guerre et Paix soviétique –, profondeur et analyse ne le cèdent en rien aux beautés de la composition. Le personnage de Grégoire Mélékhov, écartelé entre deux femmes et deux mondes, a une faille comme les héros de Shakespeare. Le dénouement pourtant ne vouera pas cet Antoine à la mort, mais à la terre où les vertus du travail pourront lui conserver quelque grandeur.
Car c'est dans le registre pathétique que Cholokhov crée ses personnages les plus fascinants, les femmes surtout, Aksinia, Nathalie, puis quelques ouvriers, Guérassimov, le mécanicien de La Science de la haine, et Sokolov, avec qui l'auteur évoque la guerre dans Le Destin d'un homme, livre où la conversation s'épure au point de devenir le monologue intérieur de toute une humanité sortie de la guerre.
Mais le pathétique n'évite pas non plus l'écueil du pathos, de même que le lyrisme romantique qui triomphe dans la description somptueuse de la nature verse parfois dans un symbolisme facile des éléments. Cholokhov ne cherche pas vraiment à rénover la technique littéraire – il s'est associé d'ailleurs à la critique des formalistes des années trente –, il a plutôt recours à l'utilisation astucieuse des grands maîtres du passé comme le voulait Gorki. Cholokhov n'adresse pas son œuvre aux happy few, mais au citoyen moyen. C'est donc moins par l'originalité de ses recherches esthétiques que par l'humanité profonde des thèmes, la fraîcheur des sensations et de la vision, la truculence de sa langue et le souffle épique de son inspiration qu'il s'impose à nous comme écrivain.
Depuis une vingtaine d'années, toutefois, si le succès évident de l'œuvre ne faisait que se confirmer dans les anciens pays socialistes, le scandale qui couvait et alimentait toutes les conversations dissidentes a éclaté au grand jour en Occident : coup sur coup, en 1975, deux ouvrages, le premier anonyme de D... avec une Préface d'Alexandre Soljénitsyne et le second de R. A. Medvédev, ont spéculé sur l'authenticité du premier volume du Don paisible : ce tome, si différent des autres par son ton et sa coloration, doit-il être vraiment attribué à Cholokhov ou ne serait-il qu'un emprunt inavoué que l'écrivain a fait à un officier russe blanc tué pendant la révolution ? Médisance ou vérité, la nouvelle a été accueillie comme un fait de propagande antisoviétique à Moscou, si imposante est devenue la stature d'un homme qui a sut s'identifier à celle du régime...Jean Perrot

Œuvres Romans

Tikhii Don, 4 vol., 1928-1940 - Le Don paisible
Podnyataya tselina, 2 vol. 1932-1960 - Terres défrichées
Oni srajalis za rodinu, 1942 - Ils se sont battus pour la patrie inachevé

Nouvelles

Donskie rasskazy, 1925 - Nouvelles du Don
Lazorevaya Step', 1926 - La Steppe de Lazorevy
Nauka Nenavisti, 1942 - La Science de la haine
Slovo o Rodine, 1951 - Gloire à la Patrie
Sudba Tcheloveka, 1956-1957 - Le Destin d'un homme

Lauréats du prix Nobel de littérature

1901-1925 Sully Prudhomme (1901) · Mommsen (1902) · Bjørnson (1903) · Mistral, de Echegaray (1904) · Sienkiewicz (1905) · Carducci (1906) · Kipling (1907) · Eucken (1908) · Lagerlöf (1909) · von Heyse (1910) · Maeterlinck (1911) · Hauptmann (1912) · Tagore (1913) · non décerné (1914) · Rolland (1915) · Heidenstam (1916) · Gjellerup, Pontoppidan (1917) · non décerné (1918) · Spitteler (1919) · Hamsun (1920) · France (1921) · Benavente (1922) · Yeats (1923) · Reymont (1924) · Shaw (1925)
1926-1950 Deledda (1926) · Bergson (1927) · Undset (1928) · Mann (1929) · Lewis (1930) · Karlfeldt (1931) · Galsworthy (1932) · Bounine (1933) · Pirandello (1934) · non décerné (1935) · O'Neill (1936) · du Gard (1937) · Buck (1938) · Sillanpää (1939) · non décerné (1940–1943) · Jensen (1944) · Mistral (1945) · Hesse (1946) · Gide (1947) · Eliot (1948) · Faulkner (1949) · Russell (1950)
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Posté le : 16/05/2015 11:01
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Jules Supervielle
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Le 17 mai 1960, à 76 ans meurt à Paris, Jules Supervielle

ou Julio Luis Supervielle, né le 16 janvier 1884 à Montevideo en Uruguay, poete et écrivain franco-uruguayen. Il reçoit pour distinctions la Légion d'honneur, il est fait Chevalier en 1933; puis Officier en 1939, il écrit en françaisdes poésies, nouvelles fantastiques ses Œuvres principales sont Le Forçat innocent en 1930, L'Enfant de la haute mer en 1931, Les Amis inconnus en 1934, La Fable du monde en 1938, Gravitations en 1925,

En bref

Poète original, influencé par Laforgue et Valery Larbaud Débarcadères, 1922 ; Gravitations, 1925, il est d'abord le chantre de la transparence et de l'équilibre de l'écriture avant d'évoluer vers une expression plus sensible Naissances, 1951 ; le Corps tragique, 1959. Son théâtre, la Belle au bois, 1932 et ses nouvelles l'Homme de la pampa, 1923 ; le Jeune Homme du dimanche et des autres jours, 1955 révèlent une fantaisie ironique et illustrent le thème des métamorphoses.
L'Uruguay a donné coup sur coup trois poètes aux lettres françaises : Laforgue, Lautréamont, Supervielle. Trois hommes que tourmente une inquiétude métaphysique. De quoi imaginer quelque genius loci, ou jurer par Taine. Mais ce troisième Uruguayen était du Pays basque. Et, s'il est vrai que Paulhan, dans une lettre inédite à Supervielle, déplore que le Choix de poèmes qui est de l'auteur lui-même insiste sur le poète précieux aux dépens du métaphysicien, qui serait le vrai Supervielle, celui-ci n'écrivait-il pas à Etiemble combien il était heureux de voir que celui-ci l'estimait également comme poète domestique ? Ne serait-ce pas que ce poète, que plusieurs bons juges, dont Paulhan, tiennent pour le premier de sa génération, nul en effet n'a le droit de le lier à quelque école que ce soit : philosophique, politique ou prosodique R. Speaight ?
Dans les archives de Supervielle, j'ai relevé ce fragment d'une lettre qui lui fut adressée, le 8 mars 1927, par une familière de Rainer Maria Rilke, et selon laquelle Rilke était très heureux de votre lettre, celle évidemment de Supervielle que je lui ai lue. Peut-être qu'elle fut sa dernière grande et pure joie ! Il a levé son doigt en me regardant et il a dit : ce sera un grand poète duquel on parlera. Et combien il s'était réjoui de pouvoir lire votre livre : Le Voleur d'enfants. Quelle pitié que les circonstances actuelles de l'édition ne permettent pas la publication in extenso de ce qui subsiste de la correspondance entre Supervielle et Paulhan. Pilar Supervielle l'avait confiée à Jeannine Kohn-Etiemble, afin qu'elle pût l'éditer avec le soin qu'elle avait pris pour les 226 Lettres inédites de Jean Paulhan adressées au signataire de cet article ! Et quelle autre pitié que n'y figurent pas les premières lettres, qui doivent dater de 1927-1928, car c'est alors que les deux hommes se lient d'une amitié sans faille, et que Paulhan contribue à modifier la poétique de son ami. J'ai profité de ses remarques, qui m'ont paru justes la plupart du temps, et fécondes toujours, lit-on dans : Jules Supervielle-Etiemble, correspondance, 1936-1959, par Jeannine Etiemble, Paris, 1969 ; lettre du 8 décembre 1939, capitale pour l'intelligence du poète, qui, en quatre pages denses, fait le bilan de sa vie littéraire.

Sa vie

Né en Uruguay, il perd ses parents très tôt. Élevé par son oncle et sa tante, il fait ses études à Paris et, sans perdre contact avec Montevideo et l'Uruguay, fréquente les milieux littéraires de l'avant-garde parisienne à partir des premières années du XXe siècle. Supervielle s'est toutefois tenu à l'écart des Surréalistes. Désireux de proposer une poésie plus humaine et de renouer avec le monde, il rejetait l'écriture automatique et la dictature de l'inconscient, sans pour autant renier les acquis de la poésie moderne depuis Baudelaire, Rimbaud et Apollinaire, ainsi que certaines innovations fondamentales du surréalisme.
Attentif à l'univers qui l'entourait comme aux fantômes de son monde intérieur, il a été l'un des premiers à préconiser cette vigilance, ce contrôle que les générations suivantes, s'éloignant du mouvement surréaliste, ont mis à l'honneur. Il a anticipé les mouvements des années 1945-50, dominés par les puissantes personnalités de René Char, Henri Michaux, Saint-John Perse ou Francis Ponge, puis - après la parenthèse avant-gardiste des années 1960-70 - ceux des poètes désireux de créer un nouveau lyrisme et d'introduire une certaine forme de sacré ou, tout au moins, une approche plus modeste des mystères de l'univers, sans remise en cause radicale du langage : Yves Bonnefoy, Edmond Jabès, Jacques Dupin, Eugène Guillevic, Jean Grosjean, André Frénaud, André du Bouchet, Jean Follain, pour ne citer qu'eux.
Ses admirateurs ou successeurs spirituels se nomment René Guy Cadou, Alain Bosquet, Lionel Ray, Claude Roy, Philippe Jaccottet ou encore Jacques Réda…

Un poémier

Ce hors venu du temps et de l'espace, qui de ses bras d'albatros bat l'air à gauches coups d'aile, ce grand minotaure distrait qui s'absente merveilleusement de tout ce qui l'ennuie, cet homme le plus familier qui soit et ce personnage légendaire, impossible en effet de lui coller une étiquette.
Fantaisiste, ou anxieux ? abscons, ou pompier ? cosmique, ou domestique ? intimiste, ou métaphysicien ? Disons mieux, ou moins mal : fantaisiste et anxieux ; abscons rarement et pompier quelquefois dans ses premiers recueils, cosmique et domestique, intimiste et métaphysicien dans ceux de sa maturité, etc.
Pour ceux qui l'aiment et l'admirent tel qu'il vécut, tel qu'il survit en son œuvre, c'est d'abord mais sûrement un poémier à l'état sauvage, qu'une heureuse greffe, entée par Jean Paulhan, sut transformer en poète. Poémier-né, il devint peu à peu l'auteur – et combien ratureur, et combien docile aux conseils – de chacun de ses poèmes, sans jamais perdre les vertus qui le constituaient poémier de la pampa. Fragile et puissant comme l'ombú, cet arbre volumineux qui n'est pourtant qu'une herbacée : un cœur hésitant, des angoisses, et quelles insomnies, et cette mémoire en lui d'autant plus féconde, plus créatrice, que plus fortement oublieuse.
Alors que son siècle s'efforçait d'obscurcir le jour et l'évidence, Supervielle s'évertua et réussit à élucider l'obscur qui le hantait. Au plus noir de sa nuit, brille toujours sa Bételgeuse. Pour accoucher le plausible et la cohérence, suffit d'une bougie : celle de l'esprit critique. Humblement, modeste Supervielle – ce disant, pas si modeste que ça ! – mobilise à cette fin les mots de tous les jours, et choisit les moins beaux / pour leur faire un peu fête. Il entend qu'on l'entende ; quitte à se faire traiter de poète discursif. Il sait gré au théâtre de l'avoir préservé du jargon des vaticinants. Avec la patience du savant, il tâtonne et titube en cheminant au-devant de soi-même et du monde. De soi-même : en quête de ce lointain intérieur que Michaux, son ami, explorait vers le même temps par des voies plus hasardeuses. Du monde : émerveillé devant tous ces matins et tous ces soirs, tous ces bœufs de la Chine, toutes ces vaches de la pampa ; non moins attentif aux victimes de toutes les injustices. Ce distrait, qu'une rare faculté d'absence protégeait en effet contre les importunités mondaines, célébra Bolívar le libérateur, les Boers opprimés qui bientôt allaient devenir oppresseurs, les républicains espagnols, la France libre, les Hongrois de 1956 ; il parla pour la petite servante qui portait muselière en Amérique du Sud, afin qu'elle ne fût pas tentée de voler un morceau de sucre.
Quand des esprits secs et plats se flattent d'être fous et parfois tentent périlleusement de le devenir, rapprenons à goûter, dans les contes, les romans, les pièces, et surtout dans les poèmes de Supervielle, un rêve en effet, mais toujours surveillé, comme disait Octave Nadal. Une fable du monde, en effet, mais qui se donne pour telle. Un anarchiste, sans doute, mais qui sut obtenir de soi un classique. Un poète, finalement, bien tempéré. Courtisé par la folie, un homme qui lui échappa de justesse, grâce à l'écriture presque toujours la plus sage.

Un prosateur

Favorisé d'une double nationalité, et jusqu'en 1940 d'une fortune en Uruguay, il dut à cette conjoncture de ne jamais gagner sa vie, de ne jamais écrire pour un public, ou pour l'argent ; de connaître aussi bien l'Atlantique et les débarcadères que la pampa, l'Iguazú, ou le 47 boulevard Lannes; enfin, de passer la guerre de 39 à Montevideo, où il écrivit les Poèmes de la France malheureuse, beaucoup de contes et du théâtre. Mais il resta fidèle au pays natal, ce qui nous vaut Boire à la source. Les caractères de sa poésie imprègnent toute sa prose : plus d'un conte fut d'abord un poème, tel roman devint conte ou pièce de théâtre. Ni L'Homme de la pampa ni Le Voleur d'enfants ne répondent sans doute à notre idée du roman. Féeries, plutôt, en dépit de ce qu'ils nous révèlent des profondeurs d'un homme qui se déguisa d'abord en humoriste triste. Mais les meilleurs des contes : L'Enfant de la haute mer, Le Bœuf et l'âne de la crèche, Le Bol de lait, dix autres, composeraient une anthologie en son genre unique dans la littérature française : force métamorphoses, un bestiaire qui serait le négatif de celui de Lautréamont – rien que des bêtes innocentes, ou qui se rendent inoffensives –, un agrément, une fantaisie qui ne sauraient dissimuler la gravité des obsessions, hantise des parents perdus, de la mort, tous les tons en un seul récit, voilà qui d'emblée lui valut des admirateurs.
Il eut quelque mal, en revanche, à s'imposer sur la scène. Quelle idée aussi de se hasarder au théâtre quand on a les conflits en horreur ! L'échec de Bolivar est pourtant dû à des raisons politiques au moins autant qu'aux faiblesses du dramaturge. Quand le fascisme tentait de s'imposer en France, ce Bolivar parut déplacé : il prônait le libertador ! La Belle au bois charma quand même avant 1939 ; après 1945, Robinson, Shéhérazade et surtout Le Voleur d'enfants, qui fut le grand succès de Supervielle dramaturge. Point de vis comica dans ces œuvres, qui ne tiennent que par la vertu de la poésie et du vers parfois de mirliton. Expérience néanmoins décisive, car la simplicité du poète fut conquise en partie grâce à la discipline qu'exigeaient de lui la rigueur scénique et le langage de théâtre.

Le poète

Supervielle ne parlait pas volontiers de ses premiers recueils. C'est qu'il ne devient maître de son métier que vers 1930. Dans son Choix de poèmes 1947, il eut pourtant raison de réhabiliter Débarcadères. En 1930, c'est Le Forçat innocent, dédié à Paulhan, son conseiller et l'un de ses plus sévères amis. Dès lors, Les Amis inconnus 1934, Oublieuse Mémoire 1949, Le Corps tragique 1959, etc., composent divers moments d'une Fable du monde 1938 qui serait aussi bien une Fable de moi-même, car le poète s'adresse aussi familièrement à ses humérus, à ses pulsations, aux ténèbres de sa chair, qu'aux arbres, au dix de grive et au quatre de renard, à tout le jeu de cartes des animaux et même à cet Inconnu, ce Dieu de poète qu'à la veille de 1939 il supplie en vain de penser à l'homme. Lorsque Supervielle apprit que Descartes considérait son œuvre de philosophe comme une fable du monde, la fable de mon monde me plaît trop pour manquer à la parachever, il se félicita de cette rencontre, car il n'a jamais considéré que l'expérience poétique fût incompatible avec l'exercice attentif de la raison. Il citait volontiers le mot de Wilde sur l'esprit critique : celui qui crée. Quand on étudie les variantes des poèmes de Supervielle, on découvre que l'image se concentre de plus en plus ; que le poète ajoute rarement, supprime souvent ; que les poèmes en vers réguliers ne varient guère, alors que les vers libres changent du tout au tout ; que l'inspiration s'accorde en lui à l'artisanat, et que ce petit-fils d'horloger n'a aucun scrupule à polir, ajuster quelques vers des années durant afin de les amener à ce point exquis de précision et de simplicité où disparaît toute trace de l'effort qu'ils exigèrent : Je pense de plus en plus à la cohérence, écrivait-il dès 1946, à la plausibilité du poème, aux trouvailles qui, loin de vous sauter à la figure, s'accrochent au texte, de toute leur force.
Pour plusieurs écrivains d'aujourd'hui, Supervielle aura été, outre le poète de sa génération, celui qui, rendant à la vie un perpétuel hommage quand même, parce qu'il se réconciliait finalement, malaisément, avec la mort, je te donne la mort pour sa grande clémence / et pour son contenu qui ne peut pas finir, les aura guéris de la blessure que leur avait portée le Rimbaud du je me révolte contre la mort. Etiemble

Les grands évènements de la vie de Supervielle par dates

Une famille très unie
De 1880 à 1883 : Bernard, oncle du poète, fonde en Uruguay une banque avec sa femme Marie-Anne. Cette entreprise devient rapidement familiale : Bernard demande à son frère Jules, père du poète, de venir le rejoindre en Uruguay. Jules fait du trio un parfait quatuor en épousant sa propre belle-sœur, Marie, sœur de Marie-Anne et future mère du poète.
Naissance d'un orphelin
1884 : Le poète naît à Montevideo, en Uruguay, d'un père béarnais et d'une mère basque. La même année, le petit Jules et ses parents rentrent en France pour rendre visite à leur famille. C'est à Oloron-Sainte-Marie que se produit un tragique accident : son père et sa mère meurent brutalement, sans doute empoisonnés par l'eau d'un robinet ou victimes du choléra. L'enfant est d'abord élevé par sa grand-mère.
1886 : son oncle Bernard ramène le petit Jules en Uruguay, où il l'élève avec sa femme comme s'il était son propre fils.
Les débuts d'une vocation littéraire
1893 : À l'âge de neuf ans, le petit Jules apprend par hasard qu'il n'est que le fils adoptif de son oncle et sa tante. Il commence la rédaction d'un livre de fables sur un registre de la banque Supervielle.
1894 : Son oncle et sa tante s'installent à Paris. Jules y fera toutes ses études secondaires.
1898 : Jules découvre Musset, Hugo, Lamartine, Leconte de Lisle et Sully Prudhomme. Il commence à écrire des poèmes en cachette.
1901 : Il publie à compte d'auteur une plaquette de poèmes intitulée Brumes du passé. Il passe ses vacances d'été en Uruguay en 1901, 1902 et 1903.
De 1902 à 1906 : Jules poursuit ses études, depuis le baccalauréat jusqu'à la licence de lettres. Il fait aussi son service militaire mais, de santé fragile, il supporte mal la vie de caserne.
L'entrée dans la vie adulte
1907 : il épouse Pilar Saavedra à Montevideo. De cette union naîtront six enfants, nés entre 1908 et 1929.
1910 : il dépose un sujet de thèse sur le sentiment de la nature dans la poésie hispano-américaine. Des extraits paraîtront dans le Bulletin de la bibliothèque américaine.
Il publie Comme des voiliers, son second recueil de poèmes.
1912 : après de nombreux voyages, il s'installe à Paris, dans un appartement, 47, boulevard Lannes, où il demeurera pendant vingt-trois ans. Mais, très souvent, il traversera l'Atlantique pour se rendre en Uruguay, sa seconde patrie.
De 1914 à 1917 : Jules est mobilisé. Il exercera notamment des activités au ministère de la Guerre, en raison de ses compétences linguistiques. À partir de 1917, il lit beaucoup et découvre Claudel, Rimbaud, Mallarmé, Laforgue et Whitman.
1919 : son troisième recueil Poèmes de l'humour triste est envoyé à plusieurs écrivains déjà connus, notamment Gide et Valéry, qui lui répondent favorablement. Ils le mettent en contact avec La Nouvelle Revue française NRF.
Naissance d'un poète
1922 : parution de son premier recueil important de poèmes : Débarcadères.
1923 : c'est le début d'une longue amitié avec Henri Michaux, qui deviendra son ami intime. C'est aussi cette année-là qu'il publie son premier roman : L'Homme de la pampa.
1924 : parution de sa première nouvelle importante, La Piste et la Mare, dans la revue Europe.
1925 : il se lie avec le grand poète autrichien Rainer Maria Rilke et publie un des recueils poétiques majeurs du xxe siècle : Gravitations.
1927 : il devient l'ami intime de Jean Paulhan et lui soumet désormais tous ses textes.
1931 : parution de son premier recueil important de nouvelles fantastiques : L'Enfant de la haute mer, qui rassemble cinq textes publiés entre 1924 et 1930 et trois inédits. À cette époque, il s'adonne à de nombreuses activités littéraires et acquiert la reconnaissance de la critique, y compris en Uruguay. Sa première pièce importante, La Belle au bois, voit aussi le jour à cette époque. Par ailleurs, il ne cessera de remanier ses textes, donnant lieu à de multiples rééditions, et les fait passer souvent d'un genre littéraire à un autre.
1938 : il se lie avec Etiemble.
Les années d'exil
1939 : Avec la déclaration de guerre commencent des années difficiles : la tension internationale, des difficultés financières et des ennuis de santé, problèmes pulmonaires et cardiaques conduisent Jules Supervielle à s'exiler pour sept ans en Uruguay. Il est nommé officier de la Légion d'honneur.
1940 : La banque Supervielle fait faillite ; le poète est ruiné. Mais son activité littéraire est toujours aussi intense et ses pièces de théâtre seront par la suite montées par de grands metteurs en scène, dont Louis Jouvet. Il continue par ailleurs de s'adonner à des traductions Guillen, Lorca, Shakespeare... et recevra plusieurs prix littéraires tout au long de ces années de la maturité.
1944 : Il fait une série de conférences à l'université de Montevideo sur la poésie française contemporaine.
La consécration
1946 : Supervielle rentre en France, ayant été nommé attaché culturel honoraire auprès de la légation d'Uruguay à Paris. Il publie ses premiers contes mythologiques sous le titre Orphée, édité en 1950 chez Gallimard sous le titre Premiers pas de l'univers.
1951 : il publie un récit autobiographique intitulé Boire à la source, ainsi que quelques pages précieuses sur sa conception de la poésie : en songeant à un art poétique, à la suite de son recueil poétique Naissances. À cette époque, il souffre d'arythmie et des séquelles de son affection pulmonaire.
1959 : il fait paraître son dernier recueil poétique, Le Corps tragique.
1960 : Supervielle est élu prince des poètes par ses pairs. Le 17 mai, il meurt dans son appartement parisien ; il est inhumé à Oloron-Sainte-Marie. En octobre, la NRF fait paraître un numéro spécial qui lui rend hommage.
De 1966 à 1987 : parution aux éditions Gallimard; collection Poésie de ses principaux recueils poétiques.
1976 : Pilar meurt à son tour ; elle est enterrée aux côtés de son mari.
1990 : la ville d'Oloron-Sainte-Marie crée le prix Jules-Supervielle ; parmi ses lauréats, on relève les noms de poètes contemporains majeurs : Alain Bosquet, Eugène Guillevic, Henri Thomas, Jean Grosjean et Lionel Ray.
1996 : parution des œuvres poétiques complètes de Jules Supervielle dans la Bibliothèque de La Pléiade, aux éditions Gallimard.

Principales œuvres

1919. Les poèmes de l'humour triste poèmes
1922. Débarcadères poèmes
1923. L'Homme de la pampa roman
1925. Gravitations poèmes
1926. Le Voleur d'enfants roman
1930. Le Forçat innocent poèmes
1931. L'Enfant de la haute mer nouvelles
1932. La Belle au bois théâtre
1933. Boire à la source récit
1934. Les Amis inconnus poèmes
1936. Bolivar théâtre
1938. La Fable du monde poèmes
1947. Le Petit bois et autres contes, Paris, édité par Jacques et René Wittmann
1948. Robinson théâtre
1949. Shéhérazade théâtre
1959. Le Corps tragique poèmes

Études critiques


Claude Roy, Jules Supervielle, Éd. Pierre Seghers, coll. Poètes d'aujourd'hui, 1964
Claude Roy, Supervielle, Paris, Poésies P., NRF, 1970
Sabine Dewulf, Jules Supervielle ou la connaissance poétique - Sous le soleil d’oubli, coll. Critiques Littéraires, en deux tomes, Paris, éd. L’Harmattan, 2001
Sabine Dewulf, La Fable du Monde, Jules Supervielle, coll. Parcours de lecture, Bertrand-Lacoste, 2008
Collectif dirigé par Sabine Dewulf et Jacques Le Gall, Jules Supervielle aujourd'hui, Actes du colloque des 1er et 2 février 2008 à Oloron-Sainte-Marie,
Sabine Dewulf, Le Jeu des Miroirs, Découvrez votre vrai visage avec Douglas Harding et Jules Supervielle, éd. Le Souffle d'Or, 2011
Jacques Le Gall, Les Pyrénées, postface, éd. Le Festin, coll. "Les Cahiers de l'Eveilleur", 2006
Odile Felgine, L'Ecriture en exil, Dianoïa, PUF, 2014.

Actualités

Une émission sur Jules Supervielle a été réalisée par France Culture le dimanche 29 avril 2007 dans l'émission Une vie, une œuvre.
Les éditions Le Festin Bordeaux éditent les textes Saint-Jean-Pied-de-Port et Oloron issus de Boire à la source, livre aujourd'hui quasiment introuvable. Ils évoquent le retour à la terre natale qui fut aussi celle où ses parents moururent tragiquement, alors qu'il n'était âgé que de quelques mois. C'est en 1926 que le poète effectue ce pèlerinage dans les rues, les maisons de sa petite enfance. Précision des descriptions, émotion, ces textes plongent le lecteur dans le Pays basque de la fin du XIXe siècle.
Le Lycée français de Montévidéo a le nom de Jules Supervielle.
L'oeuvre La Belle au bois a été mise en scène par le Collectif Quatre Ailes, qui a choisi de saisir l'univers merveilleux de cette pièce dans un décor d'images et de tricot. La création du spectacle a eu lieu en janvier 2011 à la Scène Watteau, Théâtre de Nogent-sur-Marne.


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Posté le : 16/05/2015 10:04
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Michel-Jean Sedaine
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Le 17 mai 1797, à 77 ans meurt Michel-Jean Sedaine

à Paris,né le 2 juin 17191 à Paris, auteur dramatique français.
Il débuta par des chansons, un vaudeville bouffon, la Tentation de saint Antoine, et une Épître à mon habit 1745. Auteur de Poésies fugitives 1750, d'un poème didactique, le Vaudeville 1756, il vint à l'art dramatique en 1756. Il accumula les succès à l'Opéra-Comique, avec l'aide de Philidor ou de Monsigny : On ne s'avise jamais de tout 1761, le Roi et le Fermier 1762, Rose et Colas 1764, ou, dans un genre plus sombre, le Déserteur 1769. Deux pièces sont restées au répertoire de la Comédie-Française : la Gageure imprévue 1768, badinage à la manière de Marivaux sur les dangers qui guettent un cœur sensible qui s'ennuie, et surtout le Philosophe sans le savoir 1765 la meilleure réussite de la comédie sérieuse
Sedaine montre un négociant, M. Vanderk, dans sa vie familiale, à la veille du mariage de sa fille. Mais Vanderk fils doit se battre en duel et toute la famille est bouleversée. Drame bourgeois, l'œuvre de Sedaine l'est d'abord par son contenu idéologique : elle fait un éloge vigoureux du commerce et des commerçants ; elle présente un tableau valorisé de la vie intime et domestique d'un aristocrate converti aux valeurs familiales et au mode de vie bourgeois. À la fin de sa vie, Sedaine se tourna vers l'opéra avec Richard Cœur de Lion 1784, musique de Grétry et la tragédie Maillard ou Paris, 1782.


En bref

Aîné d'une famille de sept enfants, Sedaine ne compte parmi ses ascendants que travailleurs, maîtres maçons, menuisiers ou serruriers. Son père, entrepreneur des Bâtiments du roi, se ruine et meurt de chagrin, le laissant chef de famille. Pour vivre, il se fait maçon ; Diderot nous dit que son ami a gâché le plâtre et coupé la pierre trente-cinq ans de sa vie et Sedaine lui-même se présente à ses contemporains comme maçon poète. Car il a le goût des lettres. Il publie des pièces poétiques d'un caractère franc et enjoué, comme l'Épître à mon habit, mais sa vocation le porte vers le théâtre : de 1756 à 1761, il écrit une suite de comédies à ariettes, Le Diable à quatre, Blaise et le savetier, etc., qui font de lui le roi, presque le créateur de l'opéra-comique. Il collabore avec des musiciens connus, Philidor, Monsigny, Grétry. En 1764, il donne Rose et Colas, paysannerie chère au XVIIIe siècle, pleine de fraîcheur et de conventions, qui était sa pièce préférée.
Puis il aborde la scène officielle de la Comédie-Française pour laquelle il écrit deux pièces : Le Philosophe sans le savoir 1765, drame bourgeois dans le genre sérieux, et La Gageure imprévue 1768, sorte de marivaudage. Le Philosophe sans le savoir est né d'une idée : réhabiliter le nom de philosophe bafoué par Palissot comédie des Philosophes, 1760. C'est l'exemple même du drame bourgeois tel que le rêvait Diderot, s'opposant point par point à la tragédie. On y trouve une peinture des conditions de vie dans un milieu moyen, et une prédication morale, qui en fait une sorte de manifeste théâtral des philosophes. Le succès de Sedaine continue à l'Opéra-Comique. Le Déserteur 1769 est la plus caractéristique de ses productions de cette époque, opéra-comique larmoyant aux situations tour à tour poignantes et comiques ; c'est un succès durable, qui fournit toute une génération de sujets d'estampes et de pendules. Le succès de Richard Cœur de Lion 1784 ouvre à Sedaine les portes de l'Académie française 1786. Il n'aurait guère pu prévoir alors que l'air « Ô Richard, ô mon roi, l'Univers t'abandonne..." deviendrait bientôt l'un des chants de ralliement des royalistes contre-révolutionnaires. Mais la Révolution le ruine et le prive du titre d'académicien. Il meurt infirme et pauvre, mais entouré de sa famille, ayant été le modèle des époux et des pères.
Cet homme bon, foncièrement honnête, eut un grand nombre d'amis parmi les gens de lettres et les artistes. Les lacunes de sa première éducation lui ont permis d'être un écrivain original et novateur. Denise Brahimi

Sa vie

Fils d’un maître maçon parisien qui avait obtenu le statut envié d’entrepreneur des Bâtiments du Roi avant de faire faillite, il est orphelin à 13 ans. Il doit quitter le collège des Quatre-Nations et, pour subvenir aux besoins de sa famille, se faire ouvrier, gagnant sa vie comme tailleur de pierre ou comme plâtrier. Il complète en autodidacte son instruction par ses lectures, et s’exerce, dans ses moments de liberté, à composer des vers. Il est remarqué par l’architecte et entrepreneur Jacques François Buron, qui le prend dans ses bureaux, d’abord comme employé, puis comme chargé d’affaires. Les loisirs que lui laissent cet emploi, le jeune homme les occupe aux spectacles de la Foire et de la Comédie-Italienne.
Il rapporte avec humour ces vicissitudes dans une des pièces de son premier recueil de poésies, l’Épître à mon habit 1752. Ce poème est à vrai dire le seul remarquable du recueil, et qui ait conservé quelque notoriété. Avec naturel et sensibilité, l’auteur expose le pouvoir d’un bel habit en France et les changements qui survinrent dans sa vie lorsqu’il lui fut donné d’en revêtir un :

Ah ! mon habit, que je vous remercie !
Que je valus hier, grâce à votre valeur !

Cette pièce est remarquée par un ancien magistrat, nommé Lecomte ou Le Comte, qui pensionne l’auteur à hauteur de 1 200 livres sous prétexte d’inspecter les maisons qu’il possède. Délivré des soucis d’argent, Sedaine commence en 1756 une brillante carrière de librettiste qui devait durer près de quarante ans. Fréquentant les cafés littéraires et quelques salons, il se lie avec D'Alembert, qui avait été son condisciple, avec Favart et, surtout, avec Diderot, dont il partage les conceptions sur l’art dramatique. Ainsi lié aux Encyclopédistes, Philosophes et réformateurs, il épouse leurs querelles et leurs principes.
Comme librettiste, Sedaine s’essaie à tous les genres : opéras-comiques historique Richard Cœur-de-Lion, amusants Le Diable à quatre, Rose et Colas, graves Le Roi et le Fermier, voire larmoyants Le Déserteur.

Pour le théâtre proprement dit, il n’a composé que deux tragédies, sans grand intérêt, et deux comédies, restées célèbres, et qui assurent aujourd’hui l’essentiel de la renommée de leur auteur : Le Philosophe sans le savoir 1765 et La Gageure imprévue 1768.
Grâce à sa plume, Sedaine acquiert une honnête aisance et s’installe rue des Puits, dans le quartier du Marais. Grâce au marquis de Marigny, il devient secrétaire de l’Académie royale d'architecture en 1768, ce qui lui permet de disposer d'un vaste appartement au palais du Louvre et de jouir d'une pension de 1 800 livres. Protégé de Catherine II de Russie, il bénéficie de ses libéralités qui lui permettent d’acheter une petite propriété à Saint-Prix, près de Montmorency. Il est convié par Marie-Antoinette à Versailles pour lui faire répéter certains de ses ouvrages. Enfin, couronnement de sa carrière, il est élu membre de l’Académie française le 9 mars 1786.

Il s’était marié tardivement en 1769 avec Jeanne Suzanne Sériny, dont il a trois ou quatre enfants pour qui il est un père de famille exemplaire. Il recueille également des orphelins, les jeunes Guéret, dont Anne et Louise, et protège le peintre David, neveu de l’architecte qui l’avait aidé dans sa jeunesse, dont il encourage les débuts artistiques. Néanmoins, bien qu’ayant accueilli favorablement la Révolution française, il récuse le jacobinisme et rompt avec le jeune peintre. Ceci lui vaut d’être écarté de l’Institut de France lors de la création de ce dernier en 1795. Il ne prend aucune part aux événements révolutionnaires, même s’il lui arriva de secourir des personnes persécutées, et meurt sous le Directoire en 1797.

Postérité critique

Le caractère éminemment respectable et sympathique du personnage de Sedaine a souvent coloré le jugement porté pour son œuvre. Au XIXe siècle, une pièce comme Le Philosophe sans le savoir est même mise au rang des ouvrages de génie. Depuis, on est beaucoup revenu de cette exagération, et, si l’œuvre de Sedaine conserve quelque notoriété, elle le doit en grande partie au talent des compositeurs qui ont mis ses ouvrages en musique François-André Danican, connu sous le nom de François-André Philidor, Pierre-Alexandre Monsigny, André Grétry pour citer les plus célèbres. Pourtant, après les avoir beaucoup décriés, on admet aujourd’hui la qualité des livrets de Sedaine, à qui l’on reconnaît le mérite d’avoir fixé le genre de l’opéra-comique.
Son style est souvent incorrect, et généralement plat et fade. Jean-François de La Harpe s’est plu à le souligner dans son Cours de littérature. Sa poésie, assez abondante, reste généralement prosaïque, et l’auteur lui-même déclarait, à propos de son recueil de poésies fugitives publié en 1760 :
J’ai regret, au lieu de m’être livré à ces frivolités, de n’avoir pas donné une pièce de théâtre.

Œuvre

Théâtre

L'Impromptu de Thalie ou la Lunette de vérité, comédie en 1 acte en vers, 1752
Anacréon, pastorale en 1 acte, 1754
Le Diable à quatre ou la Double Métamorphose, opéra-comique en 3 actes, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Laurent le 19 août 1756
Blaise le savetier, opéra-comique en 1 acte mêlé d’ariettes, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 9 mars 1759
L'Huître et les Plaideurs ou le Tribunal de la chicane, opéra-comique en 1 acte, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Laurent le 17 septembre 1759
Les Troqueurs dupés, comédie en 1 acte en prose mêlée d’ariettes, musique de Charles Sodi, représentée pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 6 mars 1760
Le Jardinier et son seigneur, opéra-comique en 1 acte, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 18 février 1761
Les Bons Compères ou les Bons Amis, opéra-comique en 1 acte, musique de Jean-Benjamin de Laborde, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 5 mars 1761
On ne s'avise jamais de tout, opéra-comique en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Laurent le 14 septembre 1761
Le Roi et le Fermier, opéra-comique en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 22 novembre 1762 : Cette pièce est sur le même sujet que Le Roi et le Meunier de Charles Collé, première version de La Partie de chasse de Henri IV car elle est également inspirée d’un « conte dramatique » de Robert Dodsley, Le Roi et le Meunier de Mansfield (1736), qui avait été traduit en français en 1756.
L'Ouvrage du cœur, comédie en 1 acte en prose, représentée pour la première fois au Théâtre de Nicolet en 1763
L'Anneau perdu et retrouvé, opéra-comique en 2 actes, musique de Louis Claude Armand Chardin et Jean-Benjamin de Laborde, représenté pour la première fois au Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 20 août 1764
Rose et Colas, opéra-comique en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 8 mars 1764
Le Philosophe sans le savoir, comédie en 5 actes et en prose, représentée pour la première fois sur le Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain le 2 décembre 1765 109 représentations jusqu’en 1793
Aline, reine de Golconde, opéra-ballet en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à la Salle des Machines le 10 avril 1767
Philémon et Baucis, opéra en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à Bagnolet chez le duc d’Orléans, 1766
La Gageure imprévue, comédie en 1 acte en prose, représentée pour la première fois au Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain le 27 mai 1768 102 représentations jusqu’en 1793
Les Sabots, opéra-comique en 1 acte avec Jacques Cazotte, musique d’Egidio Romualdo Duni, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 26 octobre 1768
Le Déserteur, opéra en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 6 mars 1769 : cette pièce précède le drame de Louis-Sébastien Mercier publié sous le même titre l’année suivante
Thémire, pastorale en 1 acte en prose mêlée d’ariettes, musique d’Egidio Romualdo Duni, représentée pour la première fois à Fontainebleau le 20 octobre 1770
Le Mort marié, opéra-comique en 2 actes, musique de Francescho Bianchi, représenté pour la première fois à Metz en 1771.
Le Faucon, opéra-comique en 1 acte en prose mêlée d’ariettes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à Fontainebleau le 2 novembre 1771
Le Magnifique, comédie en musique en 3 actes, musique d’André Grétry, représentée pour la première fois à Versailles le 19 mars 1773
Ernelinde, princesse de Norvège, tragédie lyrique en 5 actes, musique de François-André Philidor, représentée pour la première fois à Versailles le 11 décembre 1773
Les Femmes vengées ou les Feintes infidélités, opéra-comique en 1 acte, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à Toulouse, salle du Capitole, 1775
Félix ou l'Enfant trouvé, comédie en 3 actes en prose, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représentée pour la première fois à Fontainebleau le 10 novembre 1777
Aucassin et Nicolette ou Les Mœurs du bon vieux temps, comédie mêlée d’ariettes, représenté pour la première fois à Versailles le 30 décembre 1779
Les Journalistes, comédie en 5 actes en prose, représentée pour la première fois à Tsarskoïe Selo, en Russie, le 28 avril 1781
Maillard ou Paris sauvé, tragédie en 5 actes en prose, représentée pour la première fois chez Madame de Montesson en janvier 1782
Thalie au nouveau théâtre, vaudeville en prose mêlée d’ariettes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien salle Favart le 28 avril 1783
Richard Cœur de Lion, opéra-comique en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien salle Favart le 21 octobre 1784
Amphitryon, opéra en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois à Versailles le 15 mars 1786
Le Comte d'Albert, drame en 2 actes en prose et en vers, mis en musique par André Grétry, représenté pour la première fois à Fontainebleau le 13 novembre 1786
La Suite du comte d'Albert, opéra-comique en 1 acte, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien salle Favart le 8 février 1787
Raoul Barbe-Bleue, opéra-comique en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois le 2 mars 1789
Raymond V, comte de Toulouse ou l'Épreuve inutile, comédie en 5 actes en prose, représentée pour la première fois à la Comédie-Française le 22 septembre 1789
Guillaume Tell, opéra en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien salle Favart le 9 avril 1791
Pagamin de Monègue, opéra-comique en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny et Bernardo Porta, représenté pour la première fois au Théâtre des amis de la patrie en mars 1792
Basile ou À trompeur, trompeur et demi, comédie en 1 acte, musique d’André Grétry, représentée pour la première fois au Théâtre Italien salle Favart le 17 octobre 1792
Albert ou le Service récompensé, opéra en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien salle Favart le 9 janvier 1796
L'Amoureux goutteux, opéra-comique en un acte, musique de Stanislas Champein
Alcine, opéra en 3 actes
Protogène, opéra en 1 acte
La Noce de Nicaise, intermède

Varia

Épître à mon habit, 1751
Poésies fugitives, 1752
Le Vaudeville, poème didactique en 4 chants, 1758
Recueil de poésies, 1760
Bagatelle, 1770
Discours de réception à l’Académie française, 1786


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Posté le : 16/05/2015 09:28
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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