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José Rizal
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Le 19 juin 1861 naît José Rizal,

de son nom complet José Protasio Rizal Mercado y Alonzo Realonda, alias pepe, écrivain ert révolutionnaire de nationalité philippine, il naît à Calamba dans la province de Laguna Philippines dans les indes orientales espagnoles, mort fusillé à 35 ans le 30 décembre 1896 à Bagumbayan, Manille, indes orientales espagnoles, , poète, romancier, et artiste philippin. Médecin et chirurgien ophtalmologue, linguiste, il joua un rôle de premier plan dans la lutte pour l'émancipation du peuple philippin du joug colonial espagnol. Il paya cet engagement de sa vie. Il est le grand héros national dans son pays, les Philippines. Révolutionnaire, il reçoit sa formation à l'Université Ateneo de Manila, l'Université de Santo Tomas, l'Université complutense de Madrid. Il a pour distinctions le statut de Héros national des Philippines

En bref

Issu d'une famille de notables philippins, Rizal est un brillant élève des jésuites. Bachelier en 1877, il commence des études de médecine à l'université Saint-Thomas de Manille ; il les poursuivra en Espagne sans qu'il obtienne jamais le titre de docteur en médecine, faute de présenter et de soutenir sa thèse. Cependant, il exercera comme médecin à Hong Kong et aux Philippines.
Rizal a beaucoup voyagé. Il a visité notamment le Japon et les États-Unis. De 1882 à 1887, il séjourne en Espagne, entre 1888 et 1891, en Angleterre, en France, en Belgique. Comme ce sera le cas pour tant d'autres intellectuels du Tiers Monde, c'est au contact de l'Europe que les idées de Rizal s'éveillent, qu'il découvre la liberté, lui qui a déjà souffert dans sa patrie de l'arbitraire et de la discrimination colonialistes. Rizal exalte l'Europe, « la belle, la libre, la cultivée, la civilisée ». C'est en Europe (et en espagnol) qu'il écrit et publie ses deux romans qui sont ses œuvres les plus connues, Au pays des moineaux (Noli me tangere, 1886) et La Flibusterie (El Filibusterismo, 1891). Mais, comme beaucoup d'intellectuels du monde colonial, il se sent, lui aussi, partagé entre les deux cultures, entre l'Est et l'Ouest, sans cesse tenté de quitter l'un pour l'autre. Découragé par son insuccès en Europe, par les intrigues de ses compatriotes établis en Espagne, qui ne sont pas disposés à le mettre à leur tête, Rizal se rend aux Philippines, s'y sent incompris, exposé à l'hostilité des autorités et repart, après quelques mois, pour l'Europe. En 1891, il s'établit à Hong Kong, puis rentre à Manille où à cause de son action les autorités le font déporter presque aussitôt à Dapitan (Mindanao). Il y reste jusqu'en 1896. À la suite de la révolte qui éclate le 25 août de la même année et que Rizal n'a pas voulue, qu'il a même condamnée, il est, après un simulacre de procès, condamné à mort.
Rizal entend mener la lutte pour l'avancement intellectuel et moral de son peuple. Il participe au groupe La Solidaridad créé en Espagne, en 1888, par les intellectuels philippins et contribue à la publication du périodique du même nom. Il considère ses romans comme des moyens de combat social. La Liga Filipina, qu'il crée en 1892 sous la forme d'une association secrète calquée sur le modèle maçonnique, se propose d'obtenir des réformes économiques et sociales. Elle ne groupe que des membres de la nouvelle couche moyenne et disparaît avec son fondateur, exécuté à Manille le 30 décembre 1896.
Rizal n'était pas un homme d'action mais un intellectuel. Déiste, franc-maçon, il combat les congrégations et les moines espagnols, en raison de leur obscurantisme, de la tyrannie qu'ils exercent, de leur refus de céder ne serait-ce qu'un peu de place à la petite et naissante intelligentsia indigène. Rizal se méfie du peuple qui, à son avis, ne deviendra une nation que grâce à l'éducation et à la jouissance préalable d'un minimum de libertés. Sans doute prévoit-il qu'à la longue le colonialisme disparaîtra. Mais dans l'immédiat, et même à moyen terme, il se contente de réclamer des réformes : que la métropole consente à rappeler les moines espagnols, à pratiquer une politique d'assimilation, à proclamer et faire respecter l'égalité de tous devant la loi et à abolir toutes les discriminations, à introduire la liberté de la presse, de réunion et d'expression ainsi qu'un système d'éducation moderne et libre, à organiser la représentation de l'archipel aux Cortès et le recrutement de fonctionnaires locaux par des concours ouverts à tous.
Rizal a toujours été opposé au recours à la révolution, à l'insurrection. C'est sans doute pour cette raison que, dès le début de leur implantation armée aux Philippines, les Américains facilitent et encouragent le culte de Rizal, victime lui-même d'un meurtre judiciaire perpétré par un régime colonial désuet. Georges Fischer
Sommaire

Sa vie

Son exergue
Dans cet horrible drame que fut ... la Révolution philippine,
une figure se détache, noble et pure entre toutes, celle de
José Rizal, le Héros national.
Savant, poète, artiste, philologue, écrivain, qui sait quelle ...
œuvre, émancipatrice et féconde, ce Tagal, cet homme
de couleur, ce sauvage, aurait pu donner à sa patrie et à
l'humanité si la barbarie européenne ne l'avait stupidement tué ?
Ramon Sempau, Préface de Au pays des moines, Page V première traduction française du Noli me tangere.
Issu d'une riche famille philippine sino-tagale, José Rizal fit ses études de médecine à Manille. Il fréquenta également les meilleures universités européennes Madrid, Paris, Berlin. Lors de ses nombreux voyages en Espagne, France, Allemagne, Angleterre, et États-Unis, il acquiert une formation de chirurgien ophtalmologiste, obtient des diplômes en philosophie et apprend plusieurs langues. Il est l'un des linguistes les plus importants de son époque et ne maîtrise pas moins de 23 langues, dont l'allemand, l'hébreu, l'arabe. Il a traduit Schiller en tagalog et, lors de son séjour en Allemagne il a illustré les célèbres histoires de Max und Moritz, de Wilhelm Busch.
Dirigeant du Mouvement de propagande des étudiants philippins d'Espagne, il signe des articles pour le journal La Solidaridad de Barcelone en collaboration avec Marcelo H. del Pilar et Graciano Lopez Jaena (es), et propose des réformes démocratiques pour les Philippines. Il suggère notamment qu'elles soient considérées comme une province à part entière de l'Espagne et qu'elles soient représentées aux Cortes, le parlement espagnol. Il écrit plusieurs livres en espagnol, qui critiquent sévèrement le pouvoir religieux dans son pays Noli Me Tangere et El Filibusterismo, voir plus loin. Il porte la langue espagnole au sommet de sa richesse, tout en l'augmentant du vocabulaire originaire des îles. Ses livres, interdits à leur parution, circulèrent d'abord clandestinement.
Rizal milite et participe à des sociétés secrètes et revient aux Philippines. Dans la nuit du 7 juillet 1892, des conspirateurs se réunissent dans une maison à Manille pour créer la société secrète d'Andrès Bonifacio, la Katipunan Ang Kataastaasan Kagalanggalangang Katipunan ng Anak ng Bayan - La Grande et très honorable fraternité des fils du peuple, aussi désignée sous l'acronyme K.K.K. dont le sigle sera représenté sur de nombreux drapeaux révolutionnaires. Sans avoir été consulté, José Rizal sera désigné de facto comme président d'honneur du mouvement dont il n'approuve pas l'option violente. Le rôle de la Katipunan était effectivement l'organisation de l'insurrection générale des Philippines.
Les autorités espagnoles arrêtent Rizal et l'exilent dans l'île de Mindanao au sud du pays, à Dapitan. Pendant ses années d'exil, il fonde une école, enseigne les langues et les techniques agricoles. Il achète des terrains et cultive une immense plantation mettant en œuvre des techniques modernes. Il poursuit son activité de médecin et pratique au quotidien de nombreuses opérations chirurgicales dans sa spécialité, l'ophtalmologie. En 1896, alors que la guerre civile se déclenche, Rizal se désolidarise des révolutionnaires dont il stigmatise l'insuffisance intellectuelle et les méthodes. Toujours surveillé par les autorités espagnoles, l'écrivain sent le danger se rapprocher à la suite des implications de son nom dans les projets du K.K.K. Il cherche dès lors à quitter le pays et s'engage pour servir en tant que médecin volontaire, à Cuba où sévit une épidémie de fièvre jaune. Il bénéficie du soutien des loges maçonniques et du gouverneur général des Philippines, Blanco, qui favorise son départ.
Cependant, tandis qu'il navigue vers l'Espagne, Rizal est arrêté à bord de son paquebot, emprisonné à Barcelone au Fort Montjuich, et renvoyé à Manille, où il est détenu dans le fort de Santiago. Le rôle du gouverneur Blanco dans cette arrestation n'est pas encore élucidé par les historiens. Mais c'est le général Despujols qui, comme gouverneur de Barcelone, présida aux horreurs de Montjuich.

Exécution de José Rizal.

Le 30 décembre 1896, il est fusillé après un simulacre de procès. Il avait 35 ans. Devenant aussitôt un martyr, sa mort amplifie la résistance. Les États-Unis interviennent à la suite de l'appel d'Aguinaldo et après une courte guerre hispano-américaine, les Espagnols quittent les Philippines en 1898 après avoir vendu le pays au nouveau colonisateur. Passé sous la domination américaine, le pays n'acquit qu'une semi-autonomie en 1935 et son indépendance qu'en 1946.

Œuvre littéraire

Poète, dramaturge, romancier, José Rizal est l'auteur, dans sa jeunesse, d'une pièce de théâtre : El Consejo de los Dioses le Conseil des Dieux. Ses romans Noli me Tangere (N'y touchez pas, 1887), publié à Berlin et El Filibusterismo Obstructionisme ou Pillage, 1891, publié à Gand, tous deux écrits en castillan, ont joué un rôle vital pour l'unification du pays autour d'un idéal spirituel libérateur.
Noli me Tangere a été traduit une première fois en français en 1899 sous le titre Au Pays des moines, mais d'une façon, selon les critiques modernes, qui lui a retiré sa valeur littéraire, parfois même qualifiée de trahison. Une nouvelle traduction française, parrainée par l'Unesco, sera éditée en 1980 à l'initiative d'Étiemble. Le roman suivant El Filibusterismo paraîtra en français pour la première fois en 1984 sous le titre Révolution aux Philippines dans la même collection.

Un héros national

José Rizal est le héros national des Philippines. Un monument commémoratif se dresse près de la mer, à l'extrémité du parc Rizal à Manille. La statue, gardée jour et nuit par deux militaires, est en granit d'Uri. Elle a été taillée par le sculpteur suisse Richard Kissling (en), l'auteur de la célèbre statue de Guillaume Tell. On peut lire sur la plaque :
Je veux montrer à ceux qui nous refusent le droit au patriotisme que quand nous savons nous sacrifier pour notre devoir et nos convictions, qu'importe la mort si on meurt pour ce qu'on aime - pour sa patrie et pour les êtres qui nous sont chers.
Monument à José Rizal à Rizal Park
Dans le fort Santiago, à Manille, ou José Rizal fut emprisonné et exécuté, un musée lui est consacré. L'université des Philippines du Sud à Cebu possède un musée qui conserve des objets lui ayant appartenu. Son effigie figure sur des pièces, billets de banque et timbres-poste philippins. Le 30 décembre, anniversaire de son exécution est jour férié.
Ont été nommés en son honneur :
Rizal, une province des Philippines
plusieurs municipalités des Philippines
Rizal Park, un parc du centre de Manille, lieu de son exécution
De nombreuses rues et écoles des Philippines
La place José-Rizal à Paris
Article détaillé : Rizal homonymie.
Selon l'historien Philippin Reynold Fajardo, Rizal était un franc-maçon membre de diverses loges en Espagne, Allemagne, France et peut-être Angleterre.

Filmographie

À l'occasion du centenaire de la révolte des Philippines en 1998, un film a été réalisé sur la vie et l'œuvre de l'écrivain. José Rizal, Réalisation Marilou Diaz-Abaya, scénario Ricardo Lee, Jun Lana et Peter Ong Lim. Avec, dans les rôles principaux : Cesar Montano, Joel Torre, Gloria Diaz.

Citations

Il n'y a pas de tyrans là où il n'y a pas d'esclaves
L’Espagne, pour être grande n’a pas besoin d’être tyran.
Je me trouverai du côté des Philippins opprimés, parce qu'avant tout je préfère succomber pour les droits des bafoués de l’humanité que triompher pour les intérêts égoïstes d’une nation, même quand cette nation s’appelle l’Espagne.
La haine ne crée que des monstres, le crime, des criminels… Pure et sans tache doit être la victime pour que l’holocauste soit acceptable.
Les vérités latines sont des mensonges en tagal.
Croire au hasard c’est croire au miracle ; c’est toujours supposer que Dieu ne connaît pas l’avenir.
Qu’est ce que le hasard ? Un événement que personne n’avait prévu. Qu’est ce que le miracle ? Une contradiction, un renversement des lois naturelles. Imprévision et contradiction dans l’Intelligence qui dirige la machine du monde signifient deux grandes imperfections.
La balle cède devant le mot, parce que le mot s'élève dans l’harmonie des forces en présence et fait surgir une énergie que les puissances matérielles ne peuvent contenir…
Citation de sa dernière lettre au professeur Fernando Blumentritt - Mon cher frère, lorsque tu recevras cette lettre je serai mort. Demain à 7h, je dois être fusillé, mais je suis innocent du crime de rébellion…

Œuvres

Monument à José Rizal, Montréal
Noli me tangere, roman paru en 1887 à Berlin, Allemagne.
El Filibusterismo, roman paru en 1891 à Gand, Belgique.
Au Pays des moines Noli Me Tangere Roman tagal. Traduction et Annotations de Henri Lucas & Ramon Sempau. Paris. P.-V. Stock, Éditeur. 1899
José Rizal Jovita Ventura Castro, préface d'Étiemble, Noli me tangere N'y touchez pas !, Gallimard, 1980
José Rizal Jovita Ventura Castro, préface de Daniel-Henri Pageaux, El Filibusterismo Révolution aux Philippines, Gallimard, 1984
El Consejo de los Dioses le Conseil des Dieux. Manille. 1915/1916. Théâtre. texte sur le Projet Gutem
Tristan Ranx, « José Rizal, le grand révolutionnaire des Philippines, Revue Supérieur Inconnu, nouvelle série, n° 1 janvier - juin 2005
Hommage à José Rizal, Florilège, revue de création littéraire et artistique, n° 123, édition de juin 2006, Dijon
Georges Fischer, José Rizal, philippin 1861-1896, Paris, Éditions François Maspero, 1970
Hélène Goujat, Réforme ou révolution ? Le projet national de José Rizal 1861-1896 pour les Philippines, éditions Connaissances et Savoirs,
Raul J. Bonoan, « The Jesuits, José Rizal, and the Philippine Revolution », dans Archivum Historicum Societatis Iesu, vol. 58, p. 269-97, 1999
Benedict Anderson, Les bannières de la révolte. Anarchisme, littérature et imaginaire anticolonial. La naissance d'une autre mondialisation (Under three flags : anarchism and the anti-colonial imagination, London, 2007, Paris, La Découverte, 2009.



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Posté le : 18/06/2016 19:16

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Dazai Osamu,
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Le 19 juin 1909 naît Osamu Dazai 太宰 治, Dazai Osamu,

mort, à 38 ans le 13 juin 1948, un des écrivains japonais les plus célèbres du XXe siècle. Il est surtout connu pour son style ironique et pessimiste, typique du watakushi shōsetsu, ainsi que pour une obsession pour le suicide et son sens aigu de la fantaisie. Son Œuvre principale est Ningen Shikkaku 1948


Enfance et jeunesse

Son vrai nom est Shuji Tsushima 津島 修治, Tsushima Shuji?. Il est né à Tsugaru, une région assez isolée du Japon de l'époque, au nord du Tōhoku dans la préfecture d'Aomori. Son père, membre de la Chambre des pairs, était souvent en voyage et sa mère était très malade après avoir accouché de onze enfants, aussi Osamu a-t-il été élevé par les serviteurs de la famille.
Le jeune Shuji séjourna dans des pensionnats pendant toute son enfance, d'abord à Aomori et plus tard à Hirosaki. Il était un brillant élève et écrivait déjà très bien ; il édita des publications étudiantes et y contribua en y publiant quelques-unes de ses œuvres.
Sa vie commença à changer quand son idole, l'écrivain Akutagawa Ryūnosuke, se suicida en 1927. Shuji délaissa ses études, dépensa son argent en alcool, en vêtements et avec des prostituées, tout en s'intéressant au marxisme qui, à l'époque était sévèrement réprimé par le gouvernement. Il déclara souvent dans ses écrits de l'époque se sentir coupable d'être né dans « la mauvaise classe sociale. Le 10 décembre 1929, la nuit avant les examens de fin d'année qu'il n'avait aucun espoir de réussir, Shuji tenta de se suicider par overdose de somnifères. Il survécut et reçut son diplôme l'année suivante. Ce ne sera que la première des nombreuses tentatives de suicide dans sa vie.
Shuji s'inscrit alors à la faculté de littérature française de l'université impériale de Tōkyō et arrêta aussitôt d'étudier. En octobre de la même année, il s'enfuit avec la geisha Hatsuyo Oyama, acte qui lui valut d'être expulsé de sa propre famille. Neuf jours après cette décision, il essaya de se suicider par noyade sur une plage de Kamakura avec une autre femme qu'il connaissait à peine, une serveuse de 19 ans appelée Shimeko Tanabe. Elle mourra, mais Shuji sera sauvé par des pêcheurs passant par là dans leur bateau. Il aura toujours de forts sentiments de culpabilité. Choquée, sa famille interviendra pour arrêter une enquête de la police et annula son expulsion. Shuji et Hatsuyo se marièrent en décembre.
Cette situation plus ou moins heureuse ne dura pas longtemps puisque Shuji fut arrêté pour ses liens avec le Parti communiste japonais ; son frère Bunji l'expulsa de la famille et annula toute aide économique. Shuji s'enfuit et se cacha, mais Bunji réussit à lui faire parvenir un accord : si Shuji coupait tout lien avec le parti et était diplômé de l'université, il serait à nouveau le bienvenu au sein de la famille. Il accepta.

Début de sa carrière littéraire

À la grande surprise de tous les concernés, Shuji honora sa promesse et se calma. Il connut l'écrivain Masuji Ibuse, qui l'aida à publier ses premières œuvres et à obtenir une bonne réputation.
Les années suivantes furent très productives ; Shuji écrira beaucoup et utilisera le nom de plume « Osamu Dazai » pour la première fois dans une nouvelle appelée Train 1933, sa première expérience dans le style autobiographique à la première personne watakushi shōsetsu qui deviendra plus tard sa signature. En 1935, il devint clair qu'il ne réussirait pas ses études, et sa recherche de travail dans un journal de Tōkyō échoua. Il finit Les Dernières années, dont il pensait que ce serait sa dernière œuvre, et tenta un suicide par pendaison le 19 mars 1935.
Moins de trois semaines après, Osamu, atteint d'une appendicite aiguë, fut hospitalisé. Pendant ce temps, il devint dépendant du Pabinal, un analgésique à base de morphine. Après un an d'addiction, on l'emmena dans une institution psychiatrique en octobre 1936, où l'on l'enferma dans une chambre et le força à se désintoxiquer. Ce « traitement » dura plus d'un mois, pendant lequel sa femme Hatsuyo commit un adultère avec le meilleur ami d'Osamu, Zenshirō Kodate. Ceci se révéla peu après, et Osamu essaya de se suicider par shinjū avec sa femme ; ils prirent des somnifères, mais ne moururent pas. Ils divorcèrent peu après. Osamu se remaria rapidement, avec une professeur de collège, Ishihara Michiko. Leur première fille, Sonoko, est née en juin 1941.
Il écrira plusieurs romans et nouvelles pendant les années 1930 et 1940, le plus souvent autobiographiques. Son premier roman, Gyofukuki 1933 est une fantaisie noire incorporant le suicide. Il écrira plusieurs nouvelles en cette période, dont Dōke no hana 1935, Gyakkō qui était candidat du premier prix Akutagawa, Kyōgen no kami 1936 et celles qui composent son recueil publié en 1936, Bannen, qui décrivent sa solitude et sa débauche.

La guerre

Le Japon déclara la guerre en décembre 1941, mais Osamu fut excusé du service militaire obligatoire à cause de ses problèmes de santé la tuberculose fut diagnostiquée. Les censeurs devinrent de plus en plus réticents à accepter son travail, mais il réussit à publier assez souvent, devenant l'un des rares auteurs à publier pendant la guerre.
Plusieurs contes qu'il publia pendant la guerre sont des reprises des contes de Ihara Saikaku 1642-1693. Il publia aussi Udaijin Sanetomo 1943 basé sur la vie de Minamoto no Sanetomo, Tsugaru 1944, Pandora no hako 1945-1946, et un recueil de contes de fées, Otogizōshi 1945.
Sa maison fut brûlée deux fois pendant le bombardement de Tōkyō par les Américains, mais lui et sa famille s'en échapperont sans blessures. Il eut un fils, Masaki, né en 1944, et une fille, Satoko qui deviendra plus tard la célèbre écrivaine Yuko Tsushima, en mai 1947.

Carrière littéraire d'après-guerre

Il atteindra l'apogée de sa carrière littéraire dans les années suivant la fin de la guerre.
Il décrira une vie sans but dans le Tōkyō d'après-guerre dans Biyon no Tsuma La Femme de Villon , 1947. Le narrateur est la femme d'un poète qui l'a abandonnée. Elle travaille pour un barman à qui son mari avait volé de l'argent. Sa détermination est testée par de dures épreuves, un viol et les délusions de son mari, mais sa volonté reste de fer.
En juillet 1947 fut publié Shayo, son œuvre la plus connue, décrivant le déclin de la noblesse japonaise après la guerre. Il devint encore plus célèbre et populaire. Toujours un grand buveur, il devint alcoolique, il eut un enfant illégitime avec l'une de ses admiratrices, et sa santé commença à se détériorer. C'est à cette époque qu'il connut Yamazaki Tomie, esthéticienne et veuve de guerre dont le mari est mort dix jours après le mariage. L'écrivain abandonna sa femme et ses enfants et emménagea avec Yamazaki, écrivant sa semi-autobiographie Ningen Shikkaku 人間失格, 1948, à Atami.

Tomie Yamazaki

Pendant le printemps de 1948 il travailla sur un roman qui allait être publié dans le journal Asahi Shinbun, Gutto bai Goodbye. Il mourut le 13 juin 1948 avec Tomie Yamazaki 山崎富栄, tous les deux noyés dans l'aqueduc de Tamagawa à côté de leur maison et alors débordant à cause des pluies récentes. Les corps ne furent retrouvés que le 19 juin, le jour de son 39e anniversaire. Il est enterré au temple Zenrin-ji dans la ville de Mitaka de la préfecture de Tokyo.
Il y a des rumeurs persistantes que sa dernière tentative de suicide n'en était pas une, qu'il fut tué par Yamazaki, qui se suicida après avoir jeté son corps au canal. Cette théorie sera au cœur de plusieurs romans et d'un drame passé à la télévision japonaise, mais il n'y a aucune preuve de sa véracité. D'autres pensent que c'est une forme de shinjū.

Style et œuvree littéraire

Le style d'Osamu est surtout marqué par son utilisation de la première personne. Toutes ses œuvres sont plus ou moins autobiographiques, mais pouvaient être écrites en tant qu'extrait de journal intime, essai, lettre, journalisme ou soliloque.
Son style est aussi très pessimiste relatif au sens de la vie, reflétant sa propre personnalité. Les personnages de ses romans trouvent souvent que le suicide souvent par shinjū est la seule manière d'échapper de leurs existences infernales, mais échouent souvent dans leurs tentatives par pure apathie envers leur propre existence, le fait de survivre ou pas leur étant parfaitement égal.
Ses œuvres oscillent entre le drame et la comédie, la mélodrame et l'humour, et il change son vocabulaire selon le style choisi.
Son opposition à certaines modes sociales et littéraires était partagée par les membres de la buraiha, dont Ango Sakaguchi et Sakunosuke Oda.

Œuvres

Dōke no Hana, 1935
Nijusseiki Kishu, 1937
Kyoko no Hoko, un roman épistolaire 1937
Ai to Bi ni Tsuite, 1939
Grillot, 1939
Banan peze, 1939
Onna no Kettō, 1940
Cours, Melos ! Hashire Melos, 1940
Shin Han okmuretto, 1941
Seigi to Bisho, 1942
Udaijin Sanetomo, 1943
Tsugaru, 1944
Otogizōshi, 1945
Sekibetsu, 1945
Shin Shokokubanashi, 1945
Pandora no Hako, 1946
Fuyu no Hanabi, 1946
Kyoshin no Kami, 1947
Diri kole ak pois chous, 1947
Biyon No Tsuma, 1947
Tokatonton, 1947
Nyoze Gabun, 1948
Ningen Shikkaku, 1948
Gutto bai, 1948

Traductions en français

Cent vues du mont Fuji (富嶽百景 - Fugaku Hyakkei, Éditions Picquier poche, 272 p. 2003
Pays natal, Éditions Picquier poche, 283 p. 2006
Soleil couchant (斜陽 - Shayō), Éditions Gallimard, Collection L'Imaginaire, 201 p. 1987
La déchéance d'un homme 人間失格 - Ningen Shikkaku, Éditions Gallimard, Collection Connaissance de l'Orient, 180 p. 1990
Mes dernières années 晩年 - Bannen, Éditions Fayard, 329 p. 1997
La Femme de Villon ヴィヨンの妻 - Biyon No Tsuma, Éditions du Rocher, Collection Nouvelle, 65 p. 2005
Les deux bossus, Éditions Picquier, Collection Contes et Légendes, 190 p. 1998
Bambou-bleu et autres contes, Éditions Le Serpent à plumes, Collection Fiction étrangère, 151 p. 2008
Le Mont Crépitant, Éditions Picquier poche, 174 p. 2009

Adaptations

Plusieurs œuvres d'Osamu Dazai ont fait l'objet d'adaptations sur divers supports.

Théâtre

Le conte Cours, Melos Hashire Melos a été adapté au théâtre par Shūji Terayama en 1972.

Animation

Deux des récits et contes d'Osamu Dazai ont été adaptés en moyens métrages d'animation dans une collection intitulée Youth Literature ou Aoi Bungaku Series produite par le studio Madhouse en 2009.
Cours, Melos! a été adapté par le réalisateur Ryosuke Nakamura et diffusé en France sous le titre Melos .
La Déchéance d'un homme a été adaptée dans la même série.


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Posté le : 18/06/2016 18:59

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Salman Rushdie
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Le 19 juin 1947 naît à Bombay Ahmed Salman Rushdie

écrivain britannique d'origine indienne. Son style narratif, mêlant mythe et fantaisie avec la vie réelle, a été qualifié de réalisme magique. Objet d'une fatwa de l'ayatollah Rouhollah Khomeini à la suite de la publication de son roman Les Versets sataniques, il est devenu un symbole de la lutte pour la liberté d'expression et contre l'obscurantisme religieux dans les médias occidentaux principalement, la personnalité étant critiquée dans de nombreux pays. Écrivain qui a reçu pour distinctions le ruban de Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres, auteur de Roman, nouvelle, essai, ses Œuvres principales sont Les Enfants de minuit en 1981, Les Versets sataniques en 1988, Le Dernier Soupir du Maure en 1995

En bref

Né à Bombay en 1947 dans une famille musulmane laïque de la bourgeoisie, Salman Rushdie poursuit ses études dans la prestigieuse Public School de Rugby avant d'être admis à l'université de Cambridge pour étudier l'histoire. Lecteur éclectique, il dévore avec autant d'avidité Jorge Luis Borges, Günter Grass, García Márquez que Les Mille et Une Nuits. Rushdie est également passionné par le cinéma de Godard, de Buñuel, de Bergman et de Kurosawa.
Un art de l'excès
D'abord publicitaire par nécessité économique, l'auteur parvient à vivre de sa plume après la publication de Midnight's Children (1981, Les Enfants de minuit). Dans son premier roman, Grimus (1975), fantaisie parodique alliant la science-fiction au thème du voyage soufi à la découverte du moi, les calembours de carabin voisinent avec les anagrammes et les références.
En 1981, le Booker Prize propulse Salman Rushdie sur le devant de la scène littéraire. Inspiré par le réalisme magique et la grande tradition épique indienne du Mahābhārata, Midnight's Children va à l'encontre des visions nostalgiques de l'Inde fournies par les récits de Paul Scott ou le film Gandhi. Le roman renverse les rapports traditionnels qui unissent fiction et réalité : ici, c'est la logique romanesque qui détermine et légitime l'histoire. Autour de Saleem, enfant miraculeux né à la minute même de l'indépendance de son pays, se déroule une fresque historico-parodique qui couvre un demi-siècle de l'évolution de l'Inde en bousculant au passage quelques personnages tabous tels que le Mahatma et Indira Gandhi. Rushdie prend à la lettre les prédictions de Nehru annonçant, à l'aube de l'indépendance, une génération magique : dans le roman, tous les enfants nés lors de la date fatidique communiquent entre eux par télépathie et constituent une sorte de réseau radiophonique merveilleux. Saleem, le protagoniste, rappelle Oskar, le jeune héros du Tambour de Günter Grass, et possède des talents extraordinaires, comme celui, parfois gênant, de lire dans les pensées de son père lorsque ce dernier imagine ses secrétaires en petite tenue... Mais le bel optimisme tourne bientôt au cauchemar, et le pays sombre dans la dictature et les déchirements ethnico-religieux.
Rabelaisienne à l'envi, cette œuvre est un roman de la profusion et de l'outrance. Elle regorge de personnages, de situations, d'intrigues et de sous-intrigues. Cette surabondance menace parfois de noyer un récit structuré cependant par l'étonnante virtuosité d'un auteur qui jongle avec les références littéraires occidentales aussi bien qu'avec Shiva, Parvati et Ganesh, le dieu éléphant. Jouant avec les conventions de la métafiction, faisant écho au Tristram Shandy de Laurence Sterne, Rushdie recrée dans l'écrit des effets d'oralité rappelant l'art des conteurs itinérants qui ravissent les auditoires indiens toujours avides d'entendre les épisodes du Rāmāyana ou l'épopée de Vyasa.
Dans Shame 1983, La Honte, le récit se déplace vers le Pakistan contemporain. Ce roman associe les techniques utilisées dans Les Enfants de minuit et une narration où alternent un récit presque journalistique et une intrigue plus proprement romanesque. Cette double structure révèle les tendances presque schizoïdes qui parcourent l'œuvre de Rushdie : le romancier doit, selon lui, revisiter l'histoire. Mais il a également le devoir d'amuser, d'intéresser et de donner sens aux événements bruts en les réarrangeant, en créant de nouveaux liens entre eux. Shame débute avec une fable échevelée narrant la naissance d'Omar Khayyam Shakil on pense évidemment aux fameuses Rubaiyat du poète persan affublé de trois mères, enfermé avec elles dans une forteresse qui ne communique avec l'extérieur que par un ascenseur de service. Dehors règnent la violence, l'intolérance et le fanatisme musulman. L'intrigue rappelle étrangement l'histoire du Pakistan moderne avec la rivalité politique entre Zia Ul Haq et Zulfikar Ali Bhutto.

Sa vie

Salman Fredich Rushdie quitte son pays à l'âge de quatorze ans pour vivre au Royaume-Uni. Il y étudie à la Rugby School puis à King's College. Sa langue maternelle est l'ourdou, mais la majeure partie de son œuvre est écrite en anglais.
Sa carrière d'écrivain débute avec Grimus, un conte fantastique, en partie de science-fiction qui passera inaperçu de la critique littéraire.
En 1981, il accède à la notoriété avec Les Enfants de minuit Midnight's Children pour lequel il est récompensé du James Tait Black Memorial Prize et le Booker Prize. Les Enfants de minuit a plus tard été désigné comme le meilleur roman ayant reçu le prix Booker au cours des 25 puis des 40 dernières années.
Après ce succès, Rushdie écrit un roman, La Honte Shame, dans lequel il décrit l'agitation politique au Pakistan et dont les personnages sont inspirés de Zulfikar Alî Bhutto et du général Muhammad Zia-ul-Haq.
En 1988, la publication des Versets sataniques soulève une vague d'émotion dans le monde musulman.
En novembre 1993, à la suite d'une vague d'assassinats d'écrivains en Algérie, il fait partie des fondateurs du Parlement international des écrivains (International Parliament of Writers), une organisation consacrée à la protection de la liberté d'expression des écrivains dans le monde. L'organisation est dissoute en 2003 et remplacée par l'International Cities of Refuge ICORN.
En 2004, il se marie pour la quatrième fois avec le mannequin et actrice indienne Padma Lakshmi. Trois ans plus tard, Salman Rushdie et Padma Lakshmi divorcent.
Salman Rushdie s'oppose au projet du gouvernement britannique d'introduire en droit le crime de haine raciale et religieuse, ce qu'il a exposé dans sa contribution La libre expression n'est pas une offense, un recueil d'essais publié par Penguin en novembre 2005.
En juin 2010, il figure, avec Isabelle Adjani, Paul Auster, Isabelle Huppert, Milan Kundera, Mathilde Seigner, Jean-Pierre Thiollet, Danièle Thompson et Henri Tisot, parmi les signataires de la pétition en soutien à Roman Polanski lancée au lendemain de l'arrestation du cinéaste en Suisse1.

L'affaire des Versets sataniques

La publication des Versets sataniques en septembre 1988 déclenche immédiatement une vive réaction dans la communauté musulmane en raison de sa description jugée irrévérencieuse du prophète de l'islam Mahomet. Le livre décrit un prophète de Dieu nommé Mahound qui mélange des vers sataniques avec le divin. L’Inde bannit le livre dès le 5 octobre, imitée par l’Afrique du Sud le 24 novembre, puis par le Pakistan, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Somalie, le Bangladesh, le Soudan, la Tunisie, la Malaisie, l’Indonésie et le Qatar les semaines suivantes. Le 14 janvier 1989, le roman est l'objet d’un autodafé à Bradford au Royaume-Uni. Le 12 février, cinq personnes sont tuées par la police pendant une manifestation à Islamabad contre l'ouvrage.
Le 14 février 1989, une fatwa réclamant l’exécution de Rushdie est émise sur Radio Téhéran par l’ayatollah Rouhollah Khomeini, guide de la révolution de l’Iran, dénonçant le livre comme blasphématoire envers l’islam. Comme le roman suggère que Rushdie ne croit plus en l’islam, Khomeini le condamne aussi pour apostasie, ce qui, selon l'interprétation actuelle majoritaire d'un hadith, est passible de mort. Khomeini précise que c’est désormais la responsabilité de tout musulman d’exécuter Rushdie et ses éditeurs :
Au nom de Dieu tout puissant. Il n'y a qu'un Dieu à qui nous retournerons tous. Je veux informer tous les musulmans que l'auteur du livre intitulé Les Versets sataniques, qui a été écrit, imprimé et publié en opposition à l'Islam, au prophète et au Coran, aussi bien que ceux qui l'ont publié ou connaissent son contenu, ont été condamnés à mort. J'appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu'ils les trouvent, afin que personne n'insulte les saintetés islamiques. Celui qui sera tué sur son chemin sera considéré comme un martyr. C'est la volonté de Dieu. De plus, quiconque approchera l'auteur du livre, sans avoir le pouvoir de l'exécuter, devra le traduire devant le peuple afin qu'il soit puni pour ses actions. Que Dieu vous bénisse tous.
— Rouhollah Musavi Khomeini
À la suite de cette déclaration, une récompense est offerte pour la mort de Rushdie, qui est contraint de vivre dès lors sous une protection financée par les autorités britanniques. En 1998, le gouvernement iranien déclare qu'il n'entreprendrait rien pour faire appliquer la fatwa, mais qu'elle ne pouvait être annulée selon la loi islamique.
Le 24 février, cinq personnes sont tuées par la police lors d'une manifestation devant le consulat britannique à Bombay. Plusieurs autres personnes sont mortes en Égypte et ailleurs. Des communautés musulmanes organisent des autodafés publics.

Le roman face au religieux

The Satanic Verses 1988, Les Versets sataniques, qui ont valu à Rushdie d'être l'objet de la part de l'imam Khomeyni d'une fatwa qui met sa vie en péril, ne sont pas un ouvrage blasphématoire. Divisé en plusieurs sections quasi autonomes, ce roman traite de l'atterrissage en douceur de Gibreel Farishta, star du cinéma de Bombay, et de Saladdin Chamcha, acteur raté reconverti dans le doublage, tous deux miraculeusement réchappés de l'explosion d'un Jumbo Jet en plein vol au-dessus de la côte anglaise. Descendant vers le sol sur une sorte de tapis volant, ils connaissent les affres de la condition d'immigré : Rushdie, qui adore donner chair aux métaphores, met en scène ces malheureux clandestins qui sentent littéralement pousser des cornes sur leur front tandis qu'ils sont chargés de force, tel du bétail, dans un panier à salade.
Le roman évoque aussi la naissance de l'Islam et, plus près de nous, un pèlerinage vers La Mecque organisé par une prophétesse indienne visionnaire qui, entraînant une foule derrière elle, prédit que les eaux de la mer d'Arabie s'écarteront pour la laisser passer. Expérience narrative à la Faulkner où voisinent des intrigues apparemment différentes, ce livre aborde la question de la foi et du doute. En soumettant le Coran à une exégèse romanesque, Rushdie rappelle les contingences qui président à la transmission de toute parole religieuse révélée. Le livre saint n'en est pas moins un texte soumis comme les autres aux lois de l'énonciation. Le roman retrace aussi les retrouvailles émouvantes entre un père mourant et son fils jadis révolté.
Paradoxalement, en Grande-Bretagne, ce sont les communautés d'origine pakistanaise, dont le roman tente d'expliquer le désarroi, qui ont organisé un autodafé. On brûle ou on condamne d'autant plus volontiers ce que l'on refuse de lire. Et ce sont d'autres non-lecteurs qui ont crié au scandale, incapables qu'ils sont de différencier fiction et pamphlet. En une scène prémonitoire, à la fin des Enfants de minuit, Rushdie imagine la foule innombrable de ses personnages qui sortent du roman et piétinent leur créateur. Toute la haine déchaînée par Les Versets sataniques pose aussi la question des limites de la liberté romanesque lorsque l'auteur, venu d'un Tiers Monde déprécié à ses propres yeux, pose sur lui un regard ironique à l'occidentale. La fiction peut-elle éviter d'être balayée par la réalité lorsque cette dernière devient trop intolérable ?
Depuis son refuge secret, Rushdie a publié Haroun and the Sea of Stories (1990, Haroun et la mer des histoires), en apparence un conte fantastique pour enfants, en réalité une allégorie élaborée de la lutte entre liberté et obscurantisme. À travers le protagoniste, on découvre en filigrane la menace qui pèse sur le créateur lorsque sa sécurité affective est menacée. L'histoire débute avec le Génie de l'eau venu démonter le « robinet à histoires » installé dans la salle de bains du héros. La suite découle de la même logique dont relève Alice au pays des merveilles ou Le Magicien d'Oz. Magie et langage ne font qu'un dans un récit qui réaffirme le pouvoir inégalé du verbe et de l'imaginaire.

Orient et occident

East, West 1994, Est, Ouest rassemble une série de nouvelles de valeurs inégales qui s'articulent autour d'une opposition géographique et culturelle entre les deux pans de l'imaginaire de l'auteur. The Moor's Last Sigh 1995, Le Dernier Soupir du Maure revient à l'inspiration magico-réaliste des Enfants de minuit. Rushdie narre les mésaventures d'une dynastie indienne, les Zogoiby, dont la fortune, bâtie sur le commerce des épices, devient une allégorie des rapports historiques entre l'Orient et l'Occident. Fasciné qu'il est par l'hybridité, Rushdie met en scène Moraes, un protagoniste indien qui compte parmi ses ancêtres un Juif andalou émigré en Inde après la Reconquête. Aurora, la mère du héros, peintre renommée et héritière de la fortune poivrière, a épousé un contremaître de son père, s'engageant ainsi dans une union à la fois scandaleuse et orageuse. Le roman se présente comme le « testament » de Moraes, « Maure » coupé de ses origines, à la recherche du paradis perdu et de l'image maternelle qu'il chérit d'un amour incestueux. Il y est question à nouveau d'adultère, de cachots, de passions destructrices, de politiciens véreux, d'hindous extrémistes. L'auteur renoue également avec l'allégorie métafictionnelle qui repose, cette fois, sur l'image de l'œuvre picturale.
La figure centrale de The Ground Beneath Her Feet (1999, La Terre sous ses pieds), une chanteuse de rock « entre deux mondes », fascine deux jeunes Indiens, dont le narrateur, un photographe, qui poursuit sa passion depuis son Bombay natal jusqu'aux États-Unis. Les différentes étapes de cette quête du désir par-delà la mort s'inscrivent dans le contexte historique de la seconde moitié du XXe siècle, dans l'Inde d'Indira Gandhi et de ses successeurs, dans l'Angleterre des radios libres et à New York, mégapole sur le point d'accéder au statut de capitale du monde.
Le protagoniste de Fury (2001, Furie) abandonne épouse et famille en Angleterre pour commencer une nouvelle vie à New York. Ce roman reprend d'une manière plus sombre la question du rapport entre créateur et création : l'artiste n'est-il qu'un adroit manipulateur de marionnettes qui finalement, échappant à son emprise, le manipulent à leur tour ? Dans cette œuvre, l'inventivité du conteur est parfois occultée par une certaine tendance à la caricature. La relation entre père absent et fils apporte toutefois une touche d'humanité salutaire dans un livre aux relents parfois nihilistes.
Avec Shalimar the Clown (2005, Shalimar le clown), Salman Rushdie revient au territoire familier de ses débuts, celui d'une narration où alternent fiction et références à l'actualité géopolitique. Max Ophuls, Juif strasbourgeois entré dans la résistance contre l'occupation allemande, puis ambassadeur américain en Inde, croise le chemin de Shalimar le Clown, un jeune Cachemiri devenu djihadiste. L'ambassadeur prend pour maîtresse la femme de Shalimar, qui donne naissance à une fille élevée en Occident. Le Cachemire représente souvent chez Rushdie le paradis perdu des origines, un lieu où les diverses confessions vivaient en relative harmonie avant que la rivalité indo-pakistanaise et l'affrontement entre l'Est et l'Ouest ne fassent voler en éclats cette belle utopie. Sans rien abandonner de sa créativité, Rushdie parvient à créer dans ce roman particulièrement réussi un équilibre entre fantaisie et rigueur narrative.
Bien intégré dans l'intelligentsia internationale tout en restant fermement ancré dans la culture de Bombay, Rushdie incarne la réalité du multiculturalisme avec ses périls et le formidable espoir qu'il représente. Pour lui, le cosmopolitisme de sa ville natale ne peut qu'inciter à la tolérance et au respect de la différence, deux vertus bien mal partagées dans un sous-continent déchiré par les luttes fratricides sectaires. Rushdie s'attache dans toutes ses œuvres à absorber la masse confuse du monde et à la restituer après avoir tenté de lui donner sens. Prestidigitateur de la narration, il occupe tout le terrain herméneutique, aligne les références érudites, les réparties qui fusent, tout en fournissant une surabondance d'explications qui s'entrechoquent et se contredisent parfois en un ballet étourdissant. La minutieuse élaboration de cette grille métafictionnelle donne une épaisseur supplémentaire à des récits aux innombrables rebondissements. Chaque roman devient ainsi un réservoir inépuisable d'histoires souvent ancrées dans l'Histoire mais dotées de l'infinie liberté des contes. Jean-Pierre Durix

Des violences sont commises à travers le monde :

Attentats contre des librairies à l’université de Californie à Berkeley qui proposait le roman et contre les bureaux de Riverdale Press, un hebdomadaire du Bronx, en réponse à un éditorial qui défendait le droit de lire le livre.
Le 11 juillet 1991, le traducteur japonais de Rushdie Hitoshi Igarashi est poignardé à mort à l'université de Tsukuba, province d'Ibaraki, où il enseignait ; son traducteur italien a été poignardé à Milan quelques jours plus tôt.
En 1993, à Oslo, l'éditeur norvégien de Rushdie, William Nygaard, survit de justesse à plusieurs coups de feu.
Le 2 juillet 1993, trente-sept personnes sont tuées lorsque leur hôtel à Sivas en Turquie est incendié par des manifestants contre Aziz Nesin, le traducteur turc de Rushdie.
Le musicien pop Cat Stevens converti à l'islam depuis 1977 et ayant pris le nom de Yussuf Islam déclara être lui-même opposé aux écrits de l'écrivain et ne montrer aucune opposition à la fatwa. La controverse soulevée par cette déclaration le poussa à préciser dans un communiqué qu'il n'encourageait pas personnellement l'application de la fatwa appelant à l'assassinat de Salman Rushdie.
Après la mort de Khomeini en 1989, Rushdie a publié un essai en 1990, De bonne foi en signe d’apaisement et a publié des excuses dans lesquelles il a réaffirmé son respect pour l’islam.
En 1999, l'État iranien a annoncé qu'il renonçait à appliquer la fatwa, ce qui n'empêche pas l'ayatollah Hassan Saneii, à la tête de la fondation du 15 de Khordad (bonyad-e punzdah-e khordad, soumise à l'autorité du guide de la révolution de l'Iran), de lancer régulièrement des annonces de primes pour la mort de Rushdie. Ainsi, déclare-t-il en 2003 qu'il augmentait la récompense de 2,8 millions de dollars US à 3 millions de dollars US. Le même groupe déclare le 14 février 2006 par communiqué de presse : La fatwa de l'imam Khomeiny à propos de l'apostasie de Salman Rushdie restera en vigueur éternellement. En septembre 2012, il porte la récompense pour le meurtre de Salman Rushdie à 3,3 millions de dollars US.
En juin 2007, Salman Rushdie reçoit le titre de chevalier par la reine d'Angleterre. Cette distinction provoque la colère du Pakistan. Une résolution est votée par le Parlement pakistanais exigeant le retrait de ce titre. Le ministre des Affaires étrangères, Ijaz Ul-Haq, estime que cette décoration pourrait justifier des attentats-suicide. Ces protestations officielles sont accompagnées de manifestations au Pakistan où des effigies de la reine Élisabeth II et de Salman Rushdie sont brûlées. L'Iran condamne également cette distinction et des voix politiques et religieuses rappellent que la fatwa contre l'écrivain est toujours en vigueur. D'autres réactions ont eu lieu en Égypte, en Malaisie, en Afghanistan et en Inde.

Réactions

L'attaque contre la liberté de l'artiste d'une part, et contre la liberté d'expression d'autre part, suscitent une émotion considérable dans le monde, dans les pays laïcs en particulier, et nombre de personnalités et d'auteurs, tels que Milan Kundera prennent la défense de l'écrivain et du libre-penseur.

International Gorillay

En 1990, peu après la parution des Versets sataniques, sort un film pakistanais intitulé International Gorillay, dans lequel Rushdie est dépeint comme un comploteur désireux de causer la chute du Pakistan en ouvrant une chaîne de casinos et de boîtes de nuit dans le pays. Le film obtient une certaine popularité auprès des spectateurs pakistanais, et il présente Rushdie comme une sorte de Rambo poursuivi par quatre guerilleros pakistanais.
La British Board of Film Classification refuse de délivrer au film un certificat6, entraînant de fait son interdiction en Grande-Bretagne. Cependant, deux mois plus tard, Rushdie écrit lui-même à l'organisme, déclarant que bien qu'il pense que le film soit une bêtise incompétente et fausse, il ne porterait pas plainte si celui-ci sortait. Il dira par la suite que si le film avait été interdit, il serait devenu la dernière vidéo à la mode en ville : tout le monde l'aurait vu. Bien que le film ait été un succès au Pakistan, il passe inaperçu en Occident. Rushdie déclare qu'une partie du film est réellement comique, celle où son personnage torture un combattant pakistanais en lui lisant des extraits des Versets sataniques.

Œuvre Romans

Grimus, 1975, science-fiction
Les Enfants de minuit Midnight's Children, 1981
Prix Booker
La Honte Shame, 1983
Les Versets sataniques The Satanic Verses, 1988
Le Dernier Soupir du Maure The Moor's Last Sigh, 1995
La Terre sous ses pieds, Plon, 1999 The Ground Beneath Her Feet, 1999
Furie Fury, 2001
Shalimar le Clown Shalimar the Clown, 2005
L'Enchanteresse de Florence, Plon The Enchantress of Florence, 2008
Joseph Anton, Plon Joseph Anton, 2012
Two Years Eight Months and Twenty-Eight Nights
Recueil de nouvelles

The Prophet's Hair, 1981, nouvelle
Est, Ouest East, West, 1994

Essais

Le Sourire du Jaguar The Jaguar Smile: A Nicaraguan Journey, 1987)
Patries imaginaires Imaginary Homelands: Essays and Criticism, 1981-1991, 1992)
Franchissez la ligne Step Across This Line: Collected Nonfiction 1992-2002, 2002)

Littérature d'enfance et de jeunesse

Haroun et la mer des Histoires Haroun and the Sea of Stories, 1991
Lukas et le feu de la vie, Plon Luka and the Fire of Life, 2010

Analyse de l'œuvre.

Rushdie est très influencé par la littérature moderne. Les Enfants de minuit emprunte des thèmes du roman Le Tambour de Günter Grass, dont Rushdie déclare qu'il a inspiré sa volonté de devenir écrivain. Le roman Les Versets sataniques est aussi clairement influencé par le roman classique russe Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov.
L'Inde et le Pakistan sont les thèmes respectivement des Enfants de minuit et de La Honte. Dans ses œuvres suivantes, Rushdie s'est tourné vers le monde occidental avec Le Dernier Soupir du Maure The Moor's Last Sigh, explorant les liens culturels et commerciaux entre l'Inde et la péninsule Ibérique, et La Terre sous ses pieds The Ground Beneath Her Feet, œuvre dans laquelle est décrite l'influence du rock 'n' roll américain sur l'Inde.

Filmographie

En tant qu'acteur
Le Journal de Bridget Jones de Sharon Maguire (2001) : Hugh Grant et Renée Zellweger lui demandent la direction des toilettes.
Peter's Friends de Kenneth Branagh 1992, film dans lequel il signe une copie de son roman controversé, Les Versets sataniques. Très brève, cette apparition peut passer inaperçue.
Une histoire de famille de Helen Hunt 2008, son rôle : le docteur Masani.

En tant que scénariste

1993 : Jackanory, série TV
2012 : Der goldene Zweig de Matthias Zucker, court-métrage
2012 : Midnight's Children de Deepa Mehta

En tant que producteur

2012 : Midnight's Children de Deepa Mehta

Distinctions

Salman Rushdie a reçu de nombreuses distinctions dont le prix littéraire de l'Union européenne. Il est aussi membre de la Royal Society of Literature et commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres. Rushdie est président du PEN American Center. Son livre Shalimar le Clown, publié en septembre 2005, a été finaliste pour le Whitbread Book Awards.
Le 24 septembre 1999, il a reçu les insignes de docteur honoris causa de l'Université de Liège.
Il a été anobli le 16 juin 2007 par la reine du Royaume-Uni, Élisabeth II.
En 2013, il reçoit le prix du meilleur scénario adapté pour Midnight's Children aux Prix Écrans canadien




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Posté le : 18/06/2016 18:26

Edité par Loriane sur 19-06-2016 15:47:45
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Re: Hervé Guibert
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Merci pour ce superbe texte à propos d'un auteur (à mon sens) sous-estimé !

Posté le : 14/06/2016 16:14
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Georges Feydeau
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Le 5 juin 1921 meurt Georges Feydeau

né Georges Léon Jules Marie Feydeau, à Rueil-Malmaison, il a 56 ans, auteur dramatique français, connu pour ses nombreux vaudevilles, né à Paris 9e le 8 décembre 1862. Ses Œuvres principales sont : Le Dindon, La Puce à l'oreille, La Dame de chez Maxim

En bref

Fils du romancier Ernest Feydeau, Georges Feydeau prend la relève de Labiche et porte à sa perfection le vaudeville. Il est pris très tôt par le démon d'écrire et, dès la fin de ses études, il entre dans une double carrière mondaine et théâtrale. Il écrit d'abord des monologues que des acteurs célèbres récitent dans les salons, et deux courtes pièces en un acte représentées à l'Athénée (Amour et Piano et Le Diapason, 1883, qui passent inaperçues. En 1887, il tire quelque gloire de Tailleur pour dames, mais suivent encore cinq années de difficultés. Monsieur chasse inaugure une ère de triomphes ininterrompus. Au rythme d'une à quatre pièces par an, Feydeau, à la fois auteur et metteur en scène, puise son inspiration chez Maxim's et sur le Boulevard, où il fait la célébrité du théâtre des Nouveautés en y créant la plupart de ses grandes œuvres : Champignol malgré lui 1892, Un fil à la patte 1894, L'Hôtel du libre-échange 1894, La Dame de chez Maxim 1899, La Puce à l'oreille 1907, Occupe-toi d'Amélie ! 1908. Puis son genre évolue vers des comédies Le Bourgeon, 1906 ; La main passe, 1907 et des vaudevilles en un acte Feu La Mère de Madame, 1908 ; On purge bébé, 1910 ; Léonie est en avance, 1911 ; Mais n'te promène donc pas toute nue, 1912 ; Hortense a dit J'm'en fous, 1916. Malgré l'engouement de ses contemporains pour son théâtre, Georges Feydeau finit sa vie en solitaire mélancolique, séparé de sa femme et de ses deux enfants, jusqu'au jour de 1919 où il doit entrer dans une maison de santé. Sa production dramatique avait pris fin en 1916.
Plusieurs critiques contemporains n'ont pas hésité à trouver une parenté entre Feydeau et Eugène Ionesco. En effet, les deux auteurs « mettent l'accent sur l'ennui, la platitude, le manque d'initiative et d'imagination, l'isolement, l'impossibilité et le refus de communiquer, le désespoir, l'inutilité du langage Arlette Shenkan. L'un et l'autre créent un univers absurde à la fois parfaitement logique et parfaitement fou Gilles Sandier. Cette idée donne à réfléchir mais ne doit pas faire oublier que le cadre et les règles des œuvres de Feydeau sont liés respectivement à la Belle Époque et au vaudeville.
Médecins, rentiers, hommes de loi, militaires, cocottes, tous les personnages s'agitent tels des pantins à la poursuite de leur convoitise, chacun cherchant à humilier l'autre ; peinture de la bourgeoisie aisée de la IIIe République dont le grand souci et le seul, semble-t-il, est une soif effrénée de plaisirs coûteux. Milieu superficiel et artificiel enfermé dans ses préjugés. Tous les procédés du vaudeville sont exploités avec une habileté de technicien du rire : coïncidences, rencontres imprévues, coups de théâtre, malentendus. Même artifice pour chaque pièce, le héros commence par un mensonge qui, s'enchaînant à d'autres, le précipite dans une succession ininterrompue de quiproquos et de situations extravagantes d'où naît un comique irrésistible. Le spectateur, du même coup, se trouve entraîné dans un mouvement accéléré qui tourne au vertige. On passe de la réalité banale à la folie. La machine comique est aussi, pour finir, une machine infernale Gilles Sandier.
Auteur à la mode et démodé, Feydeau connaît aussi bien en France qu'à l'étranger un regain de succès. Depuis 1961, la Comédie-Française reprend régulièrement Un fil à la patte. Hélène Lacas

Sa vie

Georges Feydeau est le fils présumé de l'écrivain Ernest Feydeau et de Léocadie Boguslawa Zalewska2, une Polonaise. De ses propres déclarations, sa mère lui aurait révélé qu'il était le fils de Napoléon III. D'autres sources indiquent qu'il serait le fils du demi-frère de l'Empereur, le duc de Morny, lui-même fils naturel du comte de Flahaut qui était lui-même fils illégitime présumé de Talleyrand. Voir aussi Famille de Talleyrand-Périgord
Enfant désobéissant malgré une jeunesse dorée, il martyrise sa sœur Diane-Valentine3. Très jeune, Georges Feydeau perd son insouciance lorsque son père devient hémiplégique en 1869 et il néglige ses études pour se consacrer au théâtre, encouragé par son père. Il tente une carrière d'acteur en vain, jouant notamment dans la compagnie le Cercle des Castagnettes qu'il a fondée. Il se tourne alors vers l'écriture. Sa première pièce, Par la fenêtre, est jouée pour la première fois en 1882, alors qu'il n'a que 19 ans. Sa première grande pièce, Tailleur pour dames, qui est fort bien accueillie en 1886 au théâtre de la Renaissance, lui vaut les encouragements de Labiche. Pour gagner sa vie, il tient la rubrique Courrier des théâtres dans le journal de son beau-père Henry Fouquier.
Il se marie le 14 octobre 1889 avec Marie-Anne Carolus-Duran, fille du peintre Charles Émile Auguste Durand dit Carolus-Duran dont il devient l'élève, et de Pauline Croizette ; la peinture expressionniste sera son grand plaisir. Ce mariage d'amour se soldera par un échec, non sans lui donner une fille et trois fils :
Germaine 1890-1941, qui épouse notamment Louis Verneuil;
Jacques 1892-1970, ancien combattant, il est blessé en septembre 1914. Croix de guerre 1914-1918 avec palmes;
Michel 1900-, père du comédien Alain Feydeau;
Jean-Pierre 1903-1970, mort des suites d'un accident de voiture, scénariste et dialoguiste de films.
Il puise son inspiration de sa vie de noctambule triste, notamment chez Maxim's, au cours de laquelle il perd beaucoup d'argent au jeu, prend de la cocaïne dans l'espoir de stimuler ses facultés créatrices et trompe son épouse avec des hommes et des femmes. Il écrit la plupart de ses pièces avec son collaborateur Maurice Desvallières.
Après le succès de Tailleur pour dames en 1886, Feydeau connaît une période difficile. Ses œuvres suivantes, La Lycéenne, Chat en poche, L'Affaire Édouard…, ne reçoivent au mieux qu'un accueil tiède. La consécration vient en 1892 avec le succès retentissant des pièces Monsieur chasse !, Champignol malgré lui et, dans une moindre mesure, Le Système Ribadier, œuvres qui lui valent le titre de roi du vaudeville. Dès lors, Feydeau enchaîne les réussites : L'Hôtel du libre échange et Un fil à la patte en 1894, Le Dindon en 1896, La Dame de chez Maxim en 1899, La main passe en 1902, Occupe-toi d'Amélie en 1908.
En septembre 1909, après une violente dispute avec Marie-Anne qui a pris un amant, il quitte le domicile conjugal de la rue de Longchamp cette séparation aboutira au divorce en 1916 et prétextant les embarras d’un déménagement, s'installe pour quelques jours dans un palace tout proche de la Gare Saint-Lazare, le Grand Hôtel Terminus, chambre 1896. Ce lieu devient en fait son domicile pour une dizaine d’années. À la suite de cette séparation, Feydeau renouvelle le genre du vaudeville par une étude plus approfondie des caractères dans ses comédies de mœurs en un acte, montrant notamment la médiocrité des existences bourgeoises, qu'il tourne en ridicule : On purge bébé 1910, Mais n'te promène donc pas toute nue ! 1911.
Très aimé de ses contemporains et des autres auteurs, il est témoin avec Sarah Bernhardt, le 10 avril 1919, au mariage d'Yvonne Printemps et Sacha Guitry, un ami qui le visitera quand il sera interné pour des troubles psychiques dus à la syphilis dans la clinique du docteur Fouquart à Rueil-Malmaison.
Après un séjour de deux ans dans cette maison de santé, il meurt en juin 1921, à l'âge de 58 ans.
Georges Feydeau repose au cimetière Montmartre, inhumé avec son père dans la 30e division. Sa sœur repose avec leur mère au cimetière de Passy.

Théâtre

1873 : Églantine d'Amboise
1882 : Par la fenêtre
1883 : Amour et Piano ; Gibier de potence
1886 : Fiancés en herbe ; Tailleur pour dames
1887 : La Lycéenne
1888 : Un bain de ménage ; Chat en poche ; Les Fiancés de Loches
1889 : L'Affaire Édouard
1890 : C'est une femme du monde ; Le Mariage de Barillon
1892 : Monsieur chasse ! ; Champignol malgré lui ; Le Système Ribadier
1894 : Un fil à la patte ; Notre futur ; Le Ruban ; L'Hôtel du libre échange
1896 : Le Dindon ; Les Pavés de l'ours
1897 : Séance de nuit ; Dormez, je le veux !
1899 : La Dame de chez Maxim
1902 : La Duchesse des Folies-Bergères
1904 : La main passe
1905 : L'Âge d'or
1906 : Le Bourgeon
1907 : La Puce à l'oreille
1908 : Occupe-toi d'Amélie ; Feu la mère de Madame
1909 : Le Circuit
1910 : On purge bébé
1911 : Mais n'te promène donc pas toute nue ! ; Léonie est en avance ou le Mal joli ; Cent millions qui tombent inachevée
1913 : On va faire la cocotte inachevée
1914 : Je ne trompe pas mon mari
1916 : Hortense a dit : « Je m'en fous ! », création au théâtre de la Renaissance avec notamment Raimu
Pièces inédites
L'amour doit se taire
À qui ma femme ?
Deux coqs pour une poule
L'Homme de paille à ne pas confondre avec la pièce homonyme d'Eugène Labiche
Monsieur Nounou
La pièce L'affaire Tringlet-Patifon créée par la Compagnie des Gens en juin 2015 est inspirée librement de La Dame de chez Maxim, du Dindon et de Chat en Poche.
Voir aussi la catégorie Pièces de théâtre de Feydeau

Monologues

Aux antipodes 1883
Le Billet de mille
Les Célèbres 1884
Le Colis 1885
Complainte du pauv' propriétaire 1916
Les Enfants 1887
L'Homme économe
L'Homme intègre 1886
J'ai mal aux dents
Le Juré
Le Mouchoir 1881
Patte en l'air 1883
La Petite Révoltée 1880
Le Petit Ménage 1883
Le Potache 1882
Les Réformes
Tout à Brown-Séquard !
Trop vieux
Un coup de tête 1882
Un monsieur qui est condamné à mort 1899
Un monsieur qui n'aime pas les monologues 1882
Le Volontaire 1884


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Posté le : 03/06/2016 18:26

Edité par Loriane sur 04-06-2016 21:04:14
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Géraud Valet de Reganhac
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Le 5 juin 1719 naît Géraud Valet de Reganhac

à Cahors dans le Lot, juriste et un poète français, quelque peu oublié de nos jours, mais fort apprécié à son époque. et mort le 18 juin 1787 dans le domaine familial de Reganhac à Cézac, Lot,

Sa vie

Géraud était le fils de Pierre de Valet de Reganhac, né en 1685, et de Marie de Marciel.
En 1744, Géraud Valet de Reganhac participa avec son cousin Jean-Jacques Lefranc de Pompignan à la fondation d'une société savante qui deviendra plus tard l'Académie de Montauban, reconnue par lettre patente de Louis XV, datée de Dunkerque le 17 juillet 1744.
Ami de Jean-François Marmontel, il est présenté à Voltaire, venu à Toulouse lorsqu'il s'est intéressé à l'affaire Calas. Le grand philosophe des Lumières souhaite le voir devenir ministre de l'Instruction, mais Géraud Valet refuse la proposition en ces termes : « Nec nosco, nec cognocere volo magnos » Je ne connais, ni ne veux connaitre les grands.
En 1758, il est avocat au Parlement de Cahors et devient l'année suivante avocat au Parlement de Toulouse.

Œuvres

En 1756, Géraud Valet de Réganhac publia :
Ode sur la prise du fort Saint-Philippe
Ode sur la désertion et le retour
Éloge de Louis XII
Cours de littérature et de poésie
Éloge de la poésie lyrique
La nature sauvage et la nature cultivée
ainsi qu'une traduction en prose et en vers français de l' Art poétique d'Horace.
Par ailleurs, il écrivit deux discours qui furent couronnés par l'Académie des Jeux floraux de Toulouse :
L'esprit philosophique est-il plus utile que nuisible aux belles lettres ?
N'est-il pas honteux d'avoir plus de ménagement pour les vices que pour les ridicules ?
Lauréat des Jeux floraux, il remporta trois fleurs au concours Clémence Isaure, et le 7 mai 1759, il fut nommé maître ès jeux floraux. En 1761, il lit à l'Académie son « Discours sur l'ode », et en 1767, il fait l'éloge de Clémence Isaure.
En 1775, il publie des Études lyriques d'après Horace.
Le 21 juin 1777, trois de ses odes sont lues devant Monsieur, frère du roi Louis XVI et futur roi Louis XVIII, au cours d'une séance de l'Académie des Jeux floraux à Toulouse.

Vie familiale

Le 28 novembre 1752, il épouse sa cousine Anne de Valet de Calamane, avec laquelle il eut un enfant - un fils unique - Pierre Marie Joseph, né le 27 octobre 1753 à Pechpeyroux, lui aussi poète, qui sera trésorier général de France au bureau des Finances de Montauban.
Sa femme meurt le 5 juin 1773, et lui-même décède quelques jours après son soixante-huitième anniversaire, à la suite d'une attaque d'apoplexie, le 18 juin 1787, dans son domaine de Réganhac Pechpeyroux.


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Posté le : 03/06/2016 17:28

Edité par Loriane sur 04-06-2016 21:28:53
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Gérard de Nerval
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Le 22 mai 1808 à Paris naît Gérard Labrunie dit Gérard de Nerval

écrivain et poète, romancier, nouvelliste, dramturge français du mouvement romantique il meurt dans la même ville le 26 janvier 1855 à 46 ans. Figure majeure du romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles la plus célèbre étant Sylvie et de sonnets Les Chimères publié en 1854. Ses Œuvres principales sont : Voyage en Orient en 1851, Les Filles du feu en 1854, Odelettes

Sa vie

Fils d'Étienne Labrunie, médecin militaire, et de Marie-Antoinette Laurent, fille d'un marchand linger de la rue Coquillière, Gérard de Nerval naît le 22 mai 1808, vers 20 heures, à Paris, au 96 rue Saint-Martin actuellement le no 168. Baptisé le 23 à Saint-Merri, il est confié quelques mois plus tard à une nourrice de Loisy, près de Mortefontaine. Son père est nommé le 8 juin suivant médecin militaire adjoint à la Grande Armée, il est rapidement promu médecin et attaché, le 22 décembre, au service de l'armée du Rhin. Le 29 novembre 1810, sa mère meurt à Głogów, en Silésie alors qu’elle accompagnait son mari. De 1808 à 1814, Gérard est élevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, à Mortefontaine, dans la campagne du Valois, à Saint-Germain-en-Laye et à Paris. Au printemps 1814, son père retrouve la vie civile et s'installe avec son fils à Paris, au 72, rue Saint-Martin. Gérard reviendra régulièrement dans ces lieux évoqués dans nombre de ses nouvelles.
En 1822, il entre au collège Charlemagne, où il a pour condisciple Théophile Gautier. C'est en classe de première année scolaire 1823-1824 qu'il compose son premier recueil resté manuscrit de cent quarante pages : Poésies et Poèmes par Gérard L. 1824 qu'il donne plus tard à Arsène Houssaye en 1852. Ce recueil a figuré à l'exposition Gérard de Nerval à la Maison de Balzac à Paris en 1981-824. Il a déjà écrit, sous le nom de Gérard L. un panégyrique de Napoléon Ier : Napoléon ou la France guerrière, élégies nationales, publié chez Ladvocat et réédité en 1827 par Touquet. L'année suivante, il écrit deux Épîtres à Monsieur Duponchel caché sous le pseudonyme de Beuglant. Dès juillet 1826, il se lance dans la satire à la suite du scandale de l'Académie française qui a préféré Charles Brifaut à Alphonse de Lamartine. Il compose alors une Complainte sur l'immortalité de Monsieur Briffaut orthographe de l'auteur, puis une pièce dans le même esprit : L'Académie ou les membres introuvables, ce qui lui valut d'être recalé au concours de l'Académie en 1828.
Le 28 novembre 1827, le Journal de la Librairie annonce la parution de sa traduction de Faust en volume in-32 qui porte le titre : Faust, tragédie de Goethe, traduite par Gérard 1828.

En bref

Le XIXe siècle a considéré Gérard de Nerval comme un écrivain mineur : aimable compagnon, doux rêveur, gentil poète. Dans sa Sylvie, déjà tenue pour une réussite exquise de son art, on goûtait le charme idyllique de la narration, sans guère saisir les résonances intérieures. Aurélia, Les Chimères, œuvres d'un abord plus difficile, demeuraient méconnues ou peu comprises.
En toute justice, le XXe siècle a promu Nerval au rang des plus grands ; sa gloire est définitivement assise. Mais, par une réaction excessive, certains exégètes accordent aujourd'hui trop d'importance aux spéculations chimériques dont ses contemporains, les plus proches amis exceptés, se contentaient un peu inconsidérément de sourire.
Si Gérard de Nerval n'est pas ce « fol délicieux » qu'évoquait Maurice Barrès, il n'est pas non plus un héros de la connaissance, un porteur de message. Sa quête fiévreuse à travers les mythologies et les théosophies ne révèle que l'inquiétude de son esprit. Sa grandeur est de s'y être engagé jusqu'à en mourir, et d'en avoir figuré les épisodes avec une lucidité pathétique, contrôlée par un art vigilant.
Rêveries d'enfance et de jeunesse : Né à Paris, Gérard Labrunie, Nerval est un pseudonyme emprunté à un clos familial avait deux ans lorsque sa mère mourut, en Silésie. Elle accompagnait son mari, médecin de la Grande Armée. Gérard voua un culte à sa mémoire, et le traumatisme causé par cette absence est à l'origine de son tourment.
Il vécut ses premières années dans le Valois, chez son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, qui possédait une petite maison à Mortefontaine. Au retour de son père, en 1814, il le suivit à Paris. Il prépara son baccalauréat au collège Charlemagne. L'été, cependant, il retrouvait les forêts de son enfance. Mortefontaine, mais aussi Chantilly, Senlis, Chaalis, Ermenonville l'ont imprégné de souvenirs. Lorsque la maison d'Antoine Boucher fut vendue, en 1825, cet événement familial marqua pour lui la fin d'un premier cycle affectif.
Non moins important pour sa vie intérieure apparaît, dans sa dix-neuvième année, un autre séjour provincial, chez des parents du côté paternel, à Saint-Germain-en-Laye. Gérard s'y éprit d'une cousine, Sophie de Lamaury, qui devait rapidement se marier. De cette aventure, longtemps ignorée, datent sans doute ses premières ferveurs sentimentales.
Ainsi, les rêveries de Nerval sont nées, au moins pour une part, du regret d'une mère qu'il n'a pas connue, d'une jeune fille qu'il n'a pas conquise. Elles flottent autour du Valois et de Saint-Germain, qui sont les deux hauts lieux de la géographie nervalienne.

Premiers pas vers le succès

Le 1er mai 1829, pour faire plaisir à son père, Gérard accepte d'être stagiaire dans une étude de notaire. Mais il pratique le métier mollement. Il a autre chose à faire. En bon soldat du romantisme, il est convoqué par Victor Hugo pour faire partie de la claque de soutien à Hernani, mission dont Gérard s'acquitte volontiers, voir Bataille d'Hernani.
1830 est l'année des deux révolutions : la révolution romantique à laquelle Gérard participe, et la révolution politique, celle des Trois Glorieuses à laquelle il ne participe qu'en badaud. La politique ne l'intéresse pas. Les barricades lui ont cependant inspiré un poème-fleuve : Le peuple, son nom, sa gloire, sa force, sa voix, sa vertu, son repos publié en août 1830 dans le Mercure de France du XIXe siècle. Il publie encore un pamphlet : Nos adieux à la Chambre des Députés de l'an 1830 ou, Allez-vous-en vieux mandataires, par le Père Gérard, patriote de 1789, ancien décoré de la prise de la Bastille … et En avant, marche! publiés dans Le Cabinet de lecture le 4 mars 1831.
Gérard a surtout deux importants projets : une anthologie de la poésie allemande et une anthologie de la poésie française, deux ouvrages pour lesquels il lui faut une abondante documentation à laquelle il accède grâce à Alexandre Dumas et Pierre-Sébastien Laurentie qui lui font obtenir une carte d'emprunt, ce qui lui évite de perdre du temps en bibliothèque.
La première anthologie porte le titre de Poésies allemandes, Klopstock, Schiller et Bürger, Goethe, précédée d'une notice sur les poètes allemands par M. Gérard. L'œuvre est accueillie avec moins d'enthousiasme que Faust, dont le compositeur Hector Berlioz s’est inspiré pour son opéra la Damnation de Faust.
La seconde anthologie est un Choix de poésie de Ronsard, Joachim du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Guillaume du Bartas, Jean-Baptiste Chassignet, précédé d'une introduction par M. Gérard.
Ces deux ouvrages ne rencontrent pas un succès éclatant. Mais à l'automne 1830, le Cénacle mis en place par Sainte-Beuve pour assurer le triomphe de Victor Hugo rassemble des écrivains reconnus : Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Charles Nodier, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac. Les réunions ont lieu rue Notre-Dame-des-Champs, soit chez Hugo, soit chez le peintre Eugène Devéria, frère d'Achille Devéria, mais ce cénacle commence à se disperser. Apparaît un nouveau cénacle : le Petit-Cénacle, dont l'animateur est le sculpteur Jean Bernard Duseigneur qui reçoit dans son atelier, installé dans une boutique de marchand de légumes, où il retrouve Pétrus Borel et Célestin Nanteuil avant de publier La Main de gloire en septembre.
Mais c'est surtout à ce moment-là que Nerval a envie d'écrire des pièces de théâtre à la manière d'Hugo. Deux de ses œuvres reçoivent un très bon accueil au théâtre de l'Odéon : Le Prince des sots et Lara ou l'expiation. Toutes n'ont pas le même succès mais Gérard ajoute un nom d'auteur à son prénom.
Il devient Gérard de Nerval, pseudonyme adopté en souvenir d'un lieu-dit, le clos de Nerval près de Loisy, un champ cultivé par son grand père maternel, à cheval sur la commune de Mortefontaine.

Premières folies, premières expériences

Une des caractéristiques du Petit-Cénacle est la propension de ses membres au chahut, à la boisson, aux farces, aux jeux de mots et au bousin ou bouzingo barouf. C'est d'ailleurs à la suite d'une de ces manifestations du groupe que les agents du guet interviennent et arrêtent trois ou quatre Jeunes-France dont Nerval fait partie avec Théophile Gautier. Enfermé à la prison de Sainte-Pélagie, Nerval écrit un petit poème aussitôt publié dans Le Cabinet de lecture du 4 septembre 1831. De nouveau dans la nuit du 2 février 1832, les Jeunes-France sont arrêtés, pris pour des conspirateurs, et cette fois leur peine est plus longue.
En 1833, Nestor Roqueplan lui ouvre les colonnes de son journal : La Charte de 1830. Mais déjà un autre ami Édouard Gorges lui propose d'écrire avec lui un roman-feuilleton, dont l'action se déroulerait dans la Bretagne des chouans. Le vif succès remporté en 1829 par Les Chouans de Balzac fait hésiter Nerval. Pourtant, l'envie de visiter la région de Vitré l'emporte et il en revient avec un récit : L'Auberge de Vitré qu'il exploitera plus tard dans le prologue de son roman Le Marquis de Fayolle, roman édité après la mort de Nerval en 1856 par Édouard Gorges, qui l'a remanié et achevé.
Il fut membre de la goguette des Joyeux et de la goguette des Bergers de Syracuse.

L'écrivain

En janvier 1834, à la mort de son grand-père maternel, il hérite d'environ 30 000 francs. Parti à l'automne dans le Midi de la France, il passe la frontière, à l'insu de son père, et visite Florence, Rome puis Naples. En 1835, il s’installe impasse du Doyenné chez le peintre Camille Rogier, où tout un groupe de romantiques se retrouve, et fonde en mai le Monde dramatique, revue luxueuse qui consume son héritage et que, lourdement endetté, il doit finalement vendre en 1836. Faisant alors ses débuts dans le journalisme, il part en voyage en Belgique avec Gautier, de juillet à septembre. En décembre, il signe pour la première fois Gérard de Nerval dans Le Figaro.
Le 31 octobre 1837 est créé à l'Opéra-Comique Piquillo sur une musique de Monpou ; Dumas signe seul le livret, malgré la collaboration de Nerval ; l’actrice Jenny Colon tient le premier rôle. Nerval se serait épris de cette actrice qui n'aurait pas répondu à ses sentiments. Il fréquente alors le salon de Madame Boscary de Villeplaine, où une rivalité amoureuse l'oppose au financier William Hope pour la conquête de l'actrice.
Selon certains exégètes, il aurait voué un culte idolâtre à Jenny Colon, même après la mort de celle-ci, et elle serait la figure de la Mère perdue, mais aussi de la Femme idéale où se mêlent, dans un syncrétisme caractéristique de sa pensée, Marie, Isis, la reine de Saba, ce qui fait débat parmi les spécialistes de Nerval. Durant l'été 1838, il voyage en Allemagne avec Dumas pour préparer Léo Burckart, pièce retardée par la censure. Après la première de L'Alchimiste, écrite en collaboration avec Dumas, le 10 avril 1839, Léo Burckart est finalement créé au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 16 avril. Dans le même temps, il publie Le Fort de Bitche 25-28 juin dans Le Messager et Les Deux rendez-vous 15-17 août – qui deviendra plus tard Corilla – dans La Presse. Puis, en novembre, il part pour Vienne, où il rencontre la pianiste Marie Pleyel à l'Ambassade de France.
De retour en France en mars 1840, il remplace Gautier, alors en Espagne, pour le feuilleton dramatique de La Presse. Après une troisième édition de Faust, augmentée d'une préface, et de fragments du Second Faust en juillet, il part en octobre en Belgique. Le 15 décembre a lieu la première de Piquillo à Bruxelles, où il revoit Jenny Colon et Marie Pleyel.
À la suite d'une première crise de folie le 23 février 1841, il est soigné chez Mme Marie de Sainte-Colombe, qui tient une maison de correction Sainte-Colombe, créée en 1785 au 4-6 rue de Picpus. Le 1er mars, Jules Janin publie un article nécrologique dans Les Débats. Après une seconde crise, le 21 mars, il est interné dans la clinique du docteur Blanche, à Montmartre, de mars à novembre.
Le 22 décembre 1842, Nerval part pour l'Orient, passant successivement par Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte et Naples. De retour à Paris dans les derniers mois de 1843, il publie ses premiers articles relatifs à son voyage en 1844. En septembre et octobre, il part avec Arsène Houssaye, directeur de L'Artiste, en Belgique et aux Pays-Bas. De juin à septembre 1845, il remplace Gautier, alors en Algérie, dans La Presse.
Son Voyage en Orient paraît en 1851. Il affirme dans une lettre au docteur Blanche datée du 22 octobre 1853, avoir été initié aux mystères druzes lors de son passage en Syrie, où il aurait atteint le grade de refit, l’un des plus élevés de cette confrérie. Toute son œuvre est fortement teintée d’ésotérisme et de symboles, notamment alchimiques. Alors qu’on l'accusait d’être impie, il s'exclama : Moi, pas de religion ? J’en ai dix-sept… au moins.
Entre 1844 et 1847, Nerval voyage en Belgique, aux Pays-Bas, à Londres… et rédige des reportages et impressions de voyages. En même temps, il travaille comme nouvelliste et auteur de livrets d’opéra ainsi que comme traducteur des poèmes de son ami Heinrich Heine recueil imprimé en 1848. Nerval vit ses dernières années dans la détresse matérielle et morale. C'est à cette période qu'il écrira ses principaux chefs-d’œuvre, réalisés pour se purger de ses émotions sur les conseils du docteur Émile Blanche pour le premier, pour la dimension cathartique du rêve et contre l'avis du docteur Blanche pour le second : Les Filles du feu, Aurélia ou le rêve et la vie 1853-1854.
Au bas d'un portrait photographique de lui, Gérard de Nerval écrivit : Je suis l'autre.
Gustave Doré, La Rue de la Vieille-Lanterne : Le Suicide de Gérard de Nerval, 1855.
Le 26 janvier 1855, on le retrouva pendu aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne voie aujourd'hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet, le lieu de son suicide se trouverait probablement à l'emplacement du théâtre de la Ville, pour délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver, selon la formule de Baudelaire. Ses amis émirent l'hypothèse d'un assassinat perpétré par des rôdeurs, au cours d'une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés, mais le suicide est la thèse généralement reconnue. Toutefois le doute subsiste, car il fut retrouvé avec son chapeau sur la tête alors qu'il aurait normalement dû tomber du fait de l'agitation provoquée par la strangulation.
On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 francs, somme qui, selon lui, aurait suffi pour survivre durant l'hiver. La cérémonie funéraire eut lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse qui lui fut accordée malgré son suicide présumé du fait de son état mental. Théophile Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au cimetière du Père-Lachaise.

Bohème littéraire et bohème galante

C'est à Saint-Germain, semble-t-il, qu'il parachève une de ses premières entreprises littéraires, la traduction du premier Faust de Goethe. Mais c'est à Paris que s'oriente, décidément, sa vocation d'écrivain. Avec Théophile Gautier, son condisciple de Charlemagne, il fréquente le « cénacle » de Victor Hugo, participe à la bataille d'Hernani, se mêle à la bohème artiste des Jeune-France. Il se plaît dans la compagnie de cette jeunesse turbulente. Cependant, il cultive en lui-même un domaine secret. Dans quelques poèmes se devine, déjà, une délicate nostalgie : Fantaisie (1832) a pour cadre le château de Saint-Germain ; à l'appel d'un air magique apparaît une dame en habits anciens qu'il reconnaît pour l'avoir rencontrée, peut-être, dans une existence antérieure ; ainsi commence l'élaboration mythique du thème sentimental qui dominera ses œuvres essentielles.
En 1834, à la faveur d'un modeste héritage, il s'installe, avec Arsène Houssaye et Camille Rogier, tout près du Louvre, impasse du Doyenné, dans un petit hôtel qu'il meuble avec un goût raffiné. Pour lui et pour le groupe de ses amis, c'est une époque de vie frivole et insouciante : « Quels temps heureux ! on donnait des bals, des soupers, des fêtes costumées ; on jouait de vieilles comédies [...]. Nous étions heureux, toujours gais, quelquefois riches » (Petits Châteaux de bohème).
Riche, Gérard de Nerval ne le demeura pas longtemps, car il eut tôt fait de dissiper son héritage. Heureux, non plus : une aventure douloureuse allait, de nouveau, le blesser. Dans sa bohème galante du Doyenné, il est devenu amoureux de Jenny Colon, cantatrice légère et comédienne. Il lui voua d'abord une admiration silencieuse, puis la poursuivit, finit par se déclarer à elle et, semble-t-il, toucha un moment son cœur ; mais elle préféra bientôt à la romanesque idylle un mariage de raison et épousa, en 1838, un flûtiste de l'Opéra-Comique.

La poursuite des chimères

Le mariage de Jenny Colon ne paraît pas avoir entraîné de bouleversement dans l'existence de Nerval : il demeure un bohème des lettres, tantôt dissipé, tantôt pressé par la nécessité d'assurer sa vie quotidienne ; il y parvient, plutôt mal, en écrivant pour des journaux, pour des libraires, pour des directeurs de théâtre. Un long travail intérieur, cependant, commence à s'accomplir en lui. Éloignée de son horizon terrestre, Jenny reste dans son souvenir, avec Sophie, comme une incarnation fragile de l'Éternel Féminin dont il poursuit la quête. Cependant, il se passionne pour les sciences occultes, s'initie au pythagorisme, à l'alchimie, médite sur le pouvoir des nombres ou sur les harmonies des couleurs, entretient en lui une fièvre de connaissance parfois délirante.
Après la mort de la comédienne, survenue en 1842, un voyage en Orient (1843) nourrit sa recherche exaltée. Aux nostalgies sentimentales et aux curiosités intellectuelles se mêlent des aspirations religieuses. En passant au large des côtes grecques, il évoque l'aventure de Francesco Colonna, devenu moine à la suite d'un désespoir d'amour, et qui, la nuit, « rejoignait en esprit la douce Polia aux saintes demeures de Cythérée ». Au pied des Pyramides, il pense aux joies de l'initié, admis après mainte épreuve à contempler la Déesse universelle, à la fois mère et amante, d'abord sous les traits évanescents de la femme aimée, puis sous l'aspect d'une Vierge éternelle. Au Liban, il s'intéresse à la religion des Druses et s'enflamme pour la fille d'un cheik. Dans toutes les mythologies, il découvre des symboles semblables : la Vénus païenne, l'Isis égyptienne, la Vierge chrétienne se confondent dans son imagination, comme se confondent dans son souvenir les créatures humaines qu'il a aimées.
Désormais, Nerval se voue délibérément aux recherches ésotériques. Il compose des monographies sur les « illuminés », ses frères, qui ont cherché, comme lui, en marge des dogmes, une Vérité et une Beauté idéales. Il collabore à des revues occultistes, Le Diable rouge, l'Almanach fantastique, Le Diable vert. Son exaltation spirituelle se nourrit d'innombrables lectures.
En 1851, l'édition définitive de la relation du Voyage en Orient s'enrichit de deux longs récits qui portent la marque de son obsession fondamentale. Dans l'Histoire du calife Hakem, le héros et son double Yousouf sont tous deux fascinés par une image de l'Éternel Féminin. Dans l'Histoire de la reine du matin, Adoniram, l'architecte de Salomon, qui, comme lui, « rêve toujours l'Impossible », et Balkis, reine de Saba, se reconnaissent destinés l'un à l'autre de toute éternité.
Ces fables érudites et passionnées témoignent du climat ordinaire où se meut la pensée de Nerval. Mais d'alarmants désordres viennent par moments la secouer. Interné une première fois, dès 1841, pour troubles mentaux, l'écrivain traverse encore des crises graves : en 1851, puis, à intervalles plus rapprochés, pendant les deux dernières années de sa vie. Au mois d'octobre 1854, il quitta la clinique du Dr Émile Blanche, à Passy, pour mener une existence cahotée. On le retrouva pendu, à l'aube du 26 janvier 1855, dans une ruelle parisienne. Un suicide est probable.

La transcription du drame intérieur

Or, ces deux dernières années, si cruelles, sont aussi, pour l'écrivain, les plus fécondes. Sentant le danger qui le menace, il s'emploie, dans les périodes de répit, à « recomposer » sa tragique aventure. Ses œuvres les plus émouvantes révèlent comment son rêve a pris naissance, puis s'est épanoui et épanché dans la vie réelle, jusqu'à désorganiser sa représentation du monde.
Dans Sylvie (une nouvelle écrite au printemps de 1853, entre deux internements, et incorporée aux Filles du feu), Gérard de Nerval remonte aux premières années de son existence ; il évoque le charme vaporeux du Valois et transpose les premières émotions de son cœur. À la grâce rustique de Sylvie s'oppose le prestige rayonnant d'une jeune fille destinée au couvent, Adrienne. Le narrateur, délaissant le réel pour l'idéal, sacrifie l'amicale Sylvie au souvenir de l'inaccessible Adrienne dont il poursuit vainement le fantôme et dont il croit découvrir, beaucoup plus tard, une incarnation nouvelle dans la comédienne Aurélie. Mais Aurélie se dérobe ; Adrienne et Sylvie lui ont déjà échappé. Conscient de son échec, il est rendu à une solitude désespérée. Nerval a vécu une aventure analogue à celle de ce narrateur : Sylvie ressemble aux petites paysannes du Valois qui furent ses compagnes ; Adrienne rappelle ses rêves d'adolescent ; Aurélie est une image de Jenny Colon.
Dans Aurélia, un récit en prose rédigé pour la plus grande partie chez le Dr Blanche, Gérard de Nerval retrace l'histoire de sa vie intérieure depuis la rupture avec Jenny, rupture entraînée par une faute dont il entend porter seul la responsabilité. Ses rêves délirants, analysés ou transposés, y prennent une signification ambiguë. Ce sont des témoignages cliniques fournis par le malade lui-même ; mais ce sont aussi des images d'une méditation exaltée. Il se persuade, en effet, qu'une correspondance existe entre les événements de notre vie quotidienne et les mystères de l'au-delà. Le songe lui apparaît comme un moyen de passer d'une sphère à l'autre, de saisir le sens caché que révèlent nos aventures terrestres, de percer les « portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible ». En même temps, il s'attache à considérer les crises qu'il a traversées comme des épreuves purificatrices. Dans ses états seconds, il a connu, certes, après de folles extases, des retombées, des angoisses, des paniques ; il a eu des hallucinations terribles, des visions de déluge et d'apocalypse. Une nuit, cependant, lui est venue une illumination radieuse ; la déesse mystérieuse à laquelle il a voué un culte apparaît et lui dit : « Je suis la même que Marie, la même que ta mère, la même aussi que sous toutes les formes tu as toujours aimée. À chacune de tes épreuves, j'ai quitté l'un des masques dont je voile mes traits, et bientôt tu me verras telle que je suis. » Dès lors, il s'est senti pardonné et sauvé. Au cours d'un dernier rêve, Aurélia, qu'il avait cru perdre en perdant Jenny, Aurélia, archétype de toute beauté incarnée en des formes éphémères, est retrouvée, brillant au firmament d'un éclat éternel. Nouvel Orphée, le héros se croit sorti victorieux de sa « descente aux Enfers ». Mais le désordre des derniers mois vécus par Nerval donne à penser que sa certitude s'est évanouie et que le rêveur désenchanté a retrouvé sa fondamentale inquiétude.
Au-delà des épisodes du destin tourmenté qu'évoque encore l'énigmatique Pandora, un récit en prose achevé quelques semaines avant de mourir, Les Chimères, suite de sonnets composés dans un état de « rêverie surnaturaliste », condensent en vers intemporels l'expérience sublimée du poète : aux souvenirs se mêlent des réminiscences livresques, des allusions à l'astrologie ou à l'alchimie. Nerval a voulu dissuader ses lecteurs d'y chercher autre chose qu'une incantation. Pourtant, les deux chefs-d'œuvre de cette suite rappellent les moments principaux de son aventure. Dans « El Desdichado », il se remémore les illusions d'un passé disparu et prend conscience d'une fatalité redoutable : il se décrit sous l'aspect d'un chevalier noir, hanté par le malheur ; non pas tout à fait désespéré, car certains souvenirs conservent une vertu apaisante, mais déshérité et envahi par la mélancolie. Dans « Artémis », les heures de la vie et les formes féminines qui les représentent sont évoquées dans leur ronde : chacune d'elles, quand elle s'inscrit pour un instant au sommet du cadran, occupe la place laissée par la précédente et destinée à n'être jamais vide ; elles témoignent, à chaque envol, de la vanité de l'expérience humaine en quête d'éternité :
La Treizième revient... C'est encor la première ;Et c'est toujours la Seule –, ou c'est le seul moment :Car es-tu Reine, ô Toi ! la première ou dernière ?Es-tu Roi, toi le Seul ou le dernier amant ?...

L'art de l'écrivain

Même si l'on négligeait la portée du témoignage humain, l'œuvre de Nerval conserverait sa principale vertu qui tient à la pureté du langage. Si sa poésie est dense et souvent elliptique, sa prose se modèle avec une parfaite souplesse sur les impressions et les émotions qu'elle exprime. Le narrateur d'Aurélia, décrivant ses délires, reproduit avec une grande précision de trait, associée à une harmonie impondérable, les formes entrevues en rêve : « La dame que je suivais, développant sa taille élancée dans un mouvement qui faisait miroiter les plis de sa robe en taffetas changeant, entoura gracieusement de son bras une longue tige de rose trémière, puis elle se mit à grandir sous un clair rayon de lumière, de telle sorte que peu à peu le jardin prenait sa forme, et les parterres et les arbres devenaient les rosaces et les festons de ses vêtements, tandis que sa figure et ses bras imprimaient leurs contours aux nuages pourprés du ciel. » Celui de Sylvie rappelle avec fraîcheur les coutumes et les fêtes de son Valois, transfigurant les paysages et les personnages familiers de son enfance par la magie du souvenir ; sa phrase limpide et transparente défie souvent le commentaire. Aucun abandon, pourtant, dans cette fluidité : l'artiste est toujours attentif, quoique discret. Il lui arrive même quelquefois, pour reprendre son propre terme, si expressif, de « perler » ; il associe précieusement des mots comme les perles d'un collier ; chacun brille d'un éclat propre, mais leur pouvoir suggestif est multiplié, parce qu'ils se fondent tous dans l'harmonie de la phrase : « ... Adrienne, fleur de la nuit éclose à la pâle clarté de la lune, fantôme rose et blond glissant sur l'herbe verte à demi baignée de blanches vapeurs. » L'idéalisme romantique, dont Gérard de Nerval incarne le pur esprit, ne s'est jamais exprimé avec plus de délicatesse. Pierre-Georges Castex

Œuvres Poésie Fantaisie

Napoléon et la France guerrière, élégies nationales 1826
Napoléon et Talma, élégies nationales nouvelles 1826
L'Académie ou les membres introuvables 1826, comédie satirique en vers
Le Peuple 1830, ode
Nos adieux à la Chambre des Députés ou allez-vous-en, vieux mandataires 1831
Odelettes 1834, dont: Une allée du Luxembourg
Les Chimères 1854
Contes, nouvelles et récits
La Main de gloire : histoire macaronique ou La Main enchantée 1832
Raoul Spifame, seigneur des Granges 1839, biographie romancée, publiée ensuite dans Les Illuminés
Histoire véridique du canard 1845
Scènes de la vie orientale 1846-1847
Le Monstre vert 1849
Le Diable rouge, almanach cabalistique pour 1850
Les Confidences de Nicolas 1850, publiée ensuite dans Les Illuminés Édition critique de Michel Brix, 2007
La tombe de Nerval au Père-Lachaise.
Les Nuits du Ramazan 1850
Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy 1851
Voyage en Orient 1851
Contes et facéties 1852
La Bohème galante 1852
Lorely, souvenirs d’Allemagne 1852
Les Illuminés 1852
Les Nuits d'octobre 1852 Les Nuits d'octobre parurent en plusieurs livraisons dans 'Illustration, d'octobre à novembre 1852, avant de connaître des rééditions tirées à part.
Sylvie 1853
Petits châteaux de Bohème 1853
Les Filles du feu : Angélique, Sylvie, Jemmy, Isis, Émilie, Octavie, Pandora, Les Chimères 1854
Promenades et souvenirs 1854
Aurélia ou le rêve et la vie 1855
La Danse des morts 1855

Romans

Nerval a écrit deux romans :
Le Prince des sots, tiré de la pièce du même titre de Nerval, fut publié par Louis Ulbach en 1888, mais sous une forme très altérée. Le véritable texte de Nerval fut publié en 1962 par Jean Richer. Ce roman, fort méconnu, porte sur le règne de Charles VI le Fol.
Le Marquis de Fayolle, paru en feuilletons en 1849 dans le journal Le TempsNote 1, fut laissé inachevé par son auteur, et fut achevé par Édouard Gorges et publié en 185624. L'action porte sur la Révolution en Bretagne. On peut trouver la version authentique de Nerval dans la collection de la Pléiade.
Théâtre
N'ont été publiées au xixe siècle que sept pièces personnelles de Nerval. Les titres, voire le texte, d'autres pièces non publiées, nous sont également parvenus.
Les deux plus anciens titres sont parus sous la forme de plaquettes :
Monsieur Dentscourt ou Le Cuisinier d'un grand homme 1826.
L'Académie ou Les Membres introuvables 1826.
Les trois titres suivants sont issus de la collaboration entre Alexandre Dumas père et Nerval :
Piquillo 1837, drame signé par Dumas.
L'Alchimiste 1839, drame signé par Dumas. C'est surtout le début de la pièce qui porte la marque de Nerval.
Léo Burckart 1839, drame signé par Nerval.
Nerval publia ensuite :
Les Monténégrins 1849, drame, en collaboration avec Jules-Édouard Alboize de Pujol. Musique de Armand Limnander de Nieuwenhove. Il existe une première version, différente, sous forme de manuscrit, de cette pièce, qui date de 1848.
L'Imagier de Harlem 1852, drame relatif aux premiers temps de l'imprimerie, avec Méry et B. Lopez.
Il subsiste des fragments ou des indications, sous forme de manuscrit, des pièces suivantes toutes ces pièces n'ont pas été forcément achevées :
Nicolas Flamel 1830.
Faust années 1830.
Lara ou L'Expiation, même pièce que La Dame de Carouge 1831.
Le Prince des sots, dont il subsiste un fragment : Guy le Rouge.
Louis de France.
Le Magnétiseur 1840.
Les Trois ouvriers de Nuremberg 1840.
De Paris à Pékin 1848.
Pruneau de Tours 1850.
La Main de gloire 1850.
La Forêt-Noire ou La Margrave vers 1850.
La Mort de Rousseau 1850.
La Fille de l'enfer, Aurore ou Francesco Colonna 1853.
La Polygamie est un cas pendable 1853.
Corilla" a été intégré dans "Les Filles du feu.
Panorama.
Dolbreuse, même pièce que Le Citoyen marquis.
Des titres suivants, évoqués à certains moments par Nerval, il ne reste rien, et certains n'ont probablement jamais été écrits :
Tartuffe chez Molière.
La Mort de Brusquet.
Beppo.
L'Abbate.
L'Étudiant Anselme.
L'Homme de nuit.
Fouquet.
La Fiancée d'Abydos ou de Corinthe.
Première coquetterie d'étudiant.
Les Walkyries.
une imitation d'une tragédie de Racine.
La Reine de Saba, dont Nerval reprit l'histoire dans Le Voyage en Orient.
Nerval a également écrit les adaptations suivantes :
Han d'Islande années 1830, d'après le roman de Victor Hugo. Publié en 1939 et republié par les éditions Kimé en 2007.
Jodelet ou L'Héritier ridicule, d'après Scarron, publié par les éditions Kimé en 2002.
Le Nouveau genre ou Le Café d'un théâtre, d'après Moratin, fut achevé par Arthus Fleury et publié en 1860. Il existe une autre pièce assez voisine de ce titre, et inachevée, "Erreur de nom", qui a été publiée en 1962.
Le Chariot d'enfant, en collaboration avec Méry, d'après l'Indien Soudraka, fut publié en 1850.
Misanthropie et repentir, d'après Kotzebue, fut représenté après la mort de Nerval, en 1855.
Une Nuit blanche fut représentée une unique fois en 1850, puis interdit par le futur Napoléon III.

Traductions

Faust 1828
Poésies allemandes Klopstock, Goethe… 1830
« Der König in Thule », « Le Roi de Thulé »de Goethe
Pamphlet
Histoire véridique du canard, dans Monographie de la presse parisienne avec Honoré de Balzac 1842,
Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d'aînesse...
Les hauts faits des Jésuites...


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Posté le : 21/05/2016 20:15
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Maria Hedgeworth
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Le 22 mai 1849 meurt Maria Edgeworth

à 82 ans à Edgeworthstown, née le 1er janvier 1767 à Black Bourton Oxfordshire, romancière et moraliste anglo-irlandaise.
du mouvement : " The Parent’s Assistant, Castle Rackrent, Belinda, The Modern Griselda, Leonora, The Absentee

Sa vie

Elle est la fille de Richard Lovell Edgeworth, un Irlandais assez excentrique, et fort intelligent, qui s’occupa du développement de son esprit, l’encouragea à écrire et eut quelque part à ses premiers ouvrages. Elle débuta en 1800 par son Essay on Irish bulls, suite de tableaux de mœurs irlandaises, peints avec fermeté et finesse. Le même talent, uni à une fiction intéressante, se montre dans Castle Rackrent 1801. Le naturel, le bon sens, en opposition avec la sensiblerie romanesque à la mode de ses Popular tales Contes populaires parus en 1801, lui attirèrent les suffrages. Dans Leonora 1806, elle élargit son cadre en abordant des sujets comme la séduction et l’infidélité conjugale.
Elle continua, avec un plein succès, dans ses Tales of fashionable life Contes de la vie fashionable, Londres, 1809, 3 vol., dont chacun est destiné à représenter une passion, un état de l’âme propre à certaines positions sociales.
Trois autres volumes de Contes, publiés en 1812, et qui parurent au moins égaux aux précédents, contiennent trois récits : Vivian, peignant les malheurs qui naissent de la faiblesse de la volonté ; Émilie de Coulanges, la vie d’une femme française à la mode ; The Absentee l’Absent, ou les suites funestes pour l’Irlande de l’absence des riches possesseurs du sol.
En général, les œuvres d’Edgeworth ont un but utile, sans rien perdre de l’effet artistique.
Edgeworth consacra son talent à l’éducation de l’enfance et à la moralisation du peuple, et composa dans ce but un grand nombre de petits ouvrages, où le plus souvent la leçon ressort du simple récit des faits, et dont la plupart sont devenus populaires.
Elle débuta par l’Éducation pratique avec son père 1798, que suivirent bientôt l’Éducation familière, le Guide des parents, les Contes moraux pour les jeunes garçons, les Contes pour les jeunes filles, les Contes populaires, les Contes du beau monde Tales of fashionable life, les Jeunes industriels, et une foule d’autres.
Edgeworth perdit son père en 1817. Elle acheva les Mémoires commencés par lui Memoirs of Richard Lovell Edgeworth, 1820, 2 vol..
Elle avait encore composé, en collaboration avec lui : l’Aide des parents Parent’s Assistant, 1795, recueil de contes pour l’éducation des enfants ; Lettres pour les dames lettrées Letters for literary ladies, 1795 ; Essais sur l’éducation pratique Essays on practical education, 1798, complétés par les Leçons juvéniles Early lessons, contenant Frank, Rosamund, Hamet et Lucy 1822-25, 4 vol.
Les autres romans d’Edgeworth sont : Patronage 1824, 4 vol, peinture sarcastique de la vie du grand monde ; Harrington 1817, écrit pour combattre les préjugés contre les Juifs ; Hélène 1834, 3 vol., etc.
Ils témoignent d’une originalité et d’une puissance d’invention que l’abondance des productions ne parvint pas à affaiblir. On lui doit aussi d’intéressants romans sur l’Irlande, comme Ormond 1817, tableau de mœurs irlandaises, qui donnèrent, après la publication de Waverley en 1814, l’idée à Walter Scott, avec qui elle a entamé une longue correspondance et à qui elle a rendu visite à Abbotsford, de peindre les mœurs de l’Écosse. Presque tous ses ouvrages ont été traduits par Louise Swanton, Élise Voïart, Élisabeth de Bon, Augustine Gottis, Eugénie Niboyet, Adèle Sobry, etc.

Œuvres en français

Angélina, ou l’Amie inconnue, traduit de l’anglais par Eugénie Niboyet...
Aujourd’hui, et non demain ;
Bélinda, conte moral traduit de l’anglais par L. S. ... et F. S. ...
Château Rackrent, préface et traduction de Pierre Leyris ;
Conseils à mon fils, ou les Deux Familles, la Chaumière de Rosanna et le Nègre reconnaissant, par Le Turban, conte oriental, par J. Moser,... Edgar et Alfred, par Mistriss Opie,... Traduction libre de l’anglais par T. P. Bertin ;
Conseils à mon fils, ou les Deux familles, la Chaumière de Rosanna et le Nègre reconnaissant ;
Conseils à mon fils, ou les Deux familles ;
Contes à ma petite nièce ;
Demain, Le Nègre reconnaissant Un créancier traduit de l’anglais par Henry Jousselin
Éducation familière, ou Série de lectures pour les enfans, depuis le premier âge jusqu’à l’adolescence, [avec son père]. traduit de l’anglais par Louise Sw. Belloc ;
Éducation pratique, traduction libre de l’anglais par Charles Pictet ;
Émilie de Coulanges ;
Fanny, ou Mémoires d’une jeune orpheline et de ses bienfaiteurs ;
Forester, ou la Manie de l’indépendance, traduit de l’anglais par Eugénie Niboyet ;
Frank ;
Glenfell, ou les Macdonalds et les Campbells ;
Harrington, traduit de l’anglois par Charles-Auguste Defauconpret ;
Hélène, traduit de l’anglais par Louise Sw.-Belloc ;
Histoire de Gervais, ou le Petit boiteux ;
Hors de dettes, hors de danger : qui ne dissipe pas, ne manque jamais de rien ;
Jervas le boiteux, ou les Avantages de l’instruction, traduction de E. P.
La Bonne Tante ;
La Femme de neige, traduit par Mme A. Renault, née Tardivel ;
La flûte brisée ;
La Marchande de paniers, traduit de l’anglais par Eugénie Niboyet ;
La Mère intrigante, traduit de l’anglais par Jos. Joly ;
La nouvelle Griselidis
La Petite Rosamonde, traduit et imité de l’anglais par Mme A. Ballot...
La Révolte au pensionnat, conte traduit de l’anglais par Eugénie Niboyet
L’Absent, ou la Famille irlandaise à Londres ;
Lady Anne ou Premières années d’une jeune orpheline suivie de L’école de Charité traduction de Mme H*** ;
L’Ami des parens
Laurence le paresseux, traduit de l’anglais par Eugénie Niboyet
Le Livre des familles, recueil de contes, nouvelles et drames, traduit par Mlle A. Sobry...
Le Mime, suivi du Pigeon blanc, traduits de l’anglais par Eugénie Niboyet
Le Modèle des femmes, traduit de l’anglais par Elisabeth de***
Le Nègre reconnaissant, traduction de E. P.
le Père Positivement Old Poz, comédie enfantine à cinq personnages, traduction par Émile Chasles
Le Pigeon blanc, traduction de E. P.
Le Testament, traduit de l’anglais par D. Pradier...
Le Vase prussien ;
L’École de charité ;
L’Ennui, ou Mémoires du comte de Glenthorn, traduit de l’anglais par É. de Bon ;
Les Bracelets, conte traduit de l’anglais par Eugénie Niboyet ;
Les deux Grisélidis, histoires traduites de l’anglais, l’une de Chaucer, l’autre de Mlle Edgeworth ;
Les Deux Manufacturiers ;
Les Enfans, ou les Caractères ;
Les Gants de Limerich ;
Les Jeunes industriels, faisant suite à l’Éducation familière, traduit de l’anglais, avec de nombreuses additions, par L. Sw. Belloc et Ad. Montgolfier ;
Les Protecteurs et les protégés, traduit librement de l’anglais par Jean Cohen ;
Lettres intimes de Maria Edgeworth : pendant ses voyages en Belgique, en France, en Suisse et en Angleterre, en 1802, 1820 et 1821 ;
Marie, ou l’Éducation d’une jeune fille jusqu’à douze ans, traduit par Marie Françoise, corrigé dans le sens catholique et augmenté ;
Mourad le malheureux, traduit de l’anglais par H. Jousselin ;
Nouveaux contes populaires, traduits de l’anglais par Mme Élise Voïard ;
Ormond, roman traduit de l’anglais par A.-J.-B. Defauconpret ;
Paresse et travail. Précipitation et lenteur ;
Rosamonde, traduit et imité de l’anglais par Mme A. Ballot ;
Saladin l’heureux, traduction nouvelle, par E. P. ;
Scènes de la vie du grand monde, traduit de l’anglais par P.-L. Dubuc ;
Simple Suzanne, ou la Reine de mai, traduit de l’anglais par Louise Sw. Belloc c'est l'un des contes qui figurent dans le recueil The Parent's Assistant ;
The Parent's Assistant contes pour les enfants. The Orange man. The Little dog Trusty. The Cherry orchard. The White pigeon. Tarlton. Lazy Lawrence. Old Poz. Traduit de l'anglais par J. Sévrette ; suivis d’un choix de poésies. Nouvelle édition avec une notice biographique et littéraire et des notes grammaticales,...
Un Cœur de mère ;
Victimes du luxe ;
Victoire, ou On a souvent besoin d’un plus petit que soi, traduit de l’anglais par A. Ballot ;
Vivian, ou l’Homme sans caractère, traduit de l’anglais par Jos. Jo


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Posté le : 21/05/2016 18:57
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Jules Renard
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Le 22 mai 1910 meurt Pierre-Jules Renard

dit Jules Renard à Paris dans sa 46ème année, écrivain et auteur dramatique français, né à Châlons-du-Maine Mayenne le 22 février 1864 écrivain et auteur dramatique français. Il reçoit la légion d'honneur et il est reçu à l'académie Goncourt. ses Œuvres principales sont L'Écornifleur en 1892, Poil de Carotte en 1894, Journal, 1887-1910 publié en 1925

En bref

Jules Renard naquit à Châlons-du-Maine (Mayenne). Il était le dernier-né de François Renard, alors âgé de quarante ans, et d'Anne-Rosa Colin, de douze ans plus jeune que son mari, avec lequel elle ne « s'entendait plus », pas plus qu'elle ne s'entendra avec son fils. De vieille souche paysanne et nivernaise, du côté paternel, il fait, au lycée de Nevers, des études suffisamment brillantes pour qu'on l'envoie à Paris préparer l'École normale supérieure. Il y renonce vite, décidé à tenter sa chance dans les lettres, en cherchant sans conviction quelque emploi. Il lit beaucoup et il écrit : des vers, qu'une actrice récite dans de modestes salons et dont il tire une mince plaquette (1886) ; des nouvelles, pour lesquelles il cherche un éditeur ; un roman, qu'il ne publiera jamais. Les vers sont quelconques ; les nouvelles font songer à du Maupassant teinté de Daudet ; le roman, villageois, dramatique, social et sentimental, est dans la lignée réaliste. Le mariage de Renard en 1888 avec une toute jeune fille lui apporte une certaine aisance, lui permet d'éditer ses nouvelles, à compte d'auteur, et de participer en tant que principal actionnaire à la fondation du Mercure de France, où il commence à se faire connaître comme critique et comme prosateur.
Dans Sourires pincés (1890), son vrai début, Coquecigrues, La Lanterne sourde (1893) et Le Vigneron dans sa vigne (1894), les histoires villageoises se mêlent aux croquis parisiens. L'Écornifleur (1892) et La Maîtresse (1896), écrits en réaction contre les romans psychologiques et mondains (Bourget, Maupassant), relatent en chapitres brefs et en dialogues incisifs les aventures sentimentales peu reluisantes d'un pâle homme de lettres, l'une dans un ménage bourgeois, l'autre avec une femme entretenue. C'est l'impitoyable constat du médiocre et du banal.
Le succès de Sourires pincés, puis de L'Écornifleur, vaut à Renard d'utiles amitiés (M. Schwob, L. Descaves) et l'accès aux grands quotidiens et aux revues. Il y publie des textes courts, qu'il réunit ensuite en volume. Ce sont des choses vues ou vécues (des moments de son enfance, un bouquet d'arbres, la pluie, la rivière, un maçon au travail, un paysan qui fauche ou qui tue le cochon, les animaux de la basse-cour ou des champs), auxquelles une prose de plus en plus nette, solide et serrée donne valeur de poème.
En 1896, Renard a loué, à Chitry (Nièvre), un ancien presbytère où il passe désormais, avec sa femme et ses enfants, plusieurs mois chaque année, loin de l'agitation factice de Paris. Poil de carotte (1900) et Histoires naturelles (1896) lui ont valu une certaine notoriété, mais la consécration lui viendra du théâtre.

Sa vie

Pierre-Jules Renard naît, par hasard, à Châlons-du-Maine en Mayenne : son père, François Renard 1824-1897, est entrepreneur de travaux publics et travaille alors à la construction du chemin de fer de Laval à Caen. Il a épousé le 8 octobre 1854 Anne-Rosa Colin, fille de Victor Colin, quincaillier à Langres, élevée par son oncle Émile Petit, l'associé de François Renard. Si sa mère est une catholique dévote et bigote, son père est républicain, franc-maçon et anticlérical. Le jeune Renard est le dernier de la fratrie, après une fille aînée, Amélie décédée en 1858, une seconde fille également prénommée Amélie née en 1859 et un troisième enfant, son frère Maurice né en 1862. La mère de Jules Renard a vingt-huit ans lors de la naissance de son dernier enfant. Elle ne supporte plus son mari et elle aura la même attitude envers son dernier fils.
En 1866, la famille s'installe à Chitry-les-Mines, lieu de naissance de François Renard, le père de Jules, qui y devient maire. La scolarité de Maurice et de Jules se déroule à Nevers, en pension. Jules est reçu bachelier ès lettres en 1883 au lycée Charlemagne à Paris, mais il abandonne le projet de se présenter au concours de l'École normale supérieure, préférant fréquenter les cafés littéraires, les théâtres et certains milieux du journalisme. Je suis de la vieille école, moi, de l'école qui ne sait pas lire , écrit-il dans son ouvrage, Bucoliques.

Les débuts et le mariage de Jules Renard

Jules Renard ne connaît pas un succès immédiat comme auteur : il fait nombreuses lectures, fréquente les milieux littéraires, collabore à des journaux, publie des poèmes Les Roses, plaquette publiée à compte d'auteur en 1886 et des nouvelles Crime de village en 1887 dans la Revue de Paris de Léo d'Orfer. Le début de son roman Les Cloportes caractérise ces années au cours desquelles Jules survit grâce à la petite pension que lui versent ses parents. Il habite, début 1888, l’Hôtel des Étrangers, 24 rue Tronchet, près de sa fiancée, Marie Morneau 1871-1938, qui habite 44 rue du Rocher ce sera son adresse parisienne toute sa vie. En 1888, il conclut un mariage de raison avec Marie, qui lui apporte une dot qui s'avère précieuse pour lui. Malgré tout, ce mariage se révèle heureux. De cette union naissent un garçon, Jean-François Fantec en février 1889 et une fille, Julie Marie Baïe en mars 1892.

Premiers succès

Lorsque, en 1889, de jeunes écrivains fondent le Mercure de France, Renard est un des principaux actionnaires : il est à la fois critique et prosateur, rédacteur en chef et administrateur. Le succès arrive avec L'Écornifleur, publié en 1892, qui raconte l'histoire d'un littérateur parasite. Alphonse Allais, Edmond Rostand, Courteline, les Goncourt, Tristan Bernard, Lucien Guitry et Sarah Bernhardt font partie de son entourage. En 1894, il entre à la Société des gens de lettres et rédige Le Vigneron dans sa vigne ainsi que Poil de Carotte. Je cours les dangers du succès, note-t-il dans son Journal qu'il rédige en 1897 et 1910, mais qui n'est publié que de façon posthume, de 1925 à 1927, et constitue un témoignage précieux sur la vie littéraire de la Belle Époque. Dans cette œuvre majeure dont le manuscrit a été amputé puis brûlé par sa veuve, Jules Renard manifeste une grande lucidité, un humour féroce qui cache une infinie tendresse mais aussi une misanthropie et une certaine complaisance envers son malheur.

La controverse de La Demande

On attribue souvent à Renard La Demande. En réalité, il signe cette pièce avec Georges Docquois. Mais ce dernier, dans un article postérieur de deux ans à la mort de Renard, explique que, s'inspirant de la nouvelle de Jules Renard, les deux amis composèrent chacun un acte. Un arbitre préféra celle de Docquois, et ce fut celle-ci qui fut jouée au théâtre municipal de Boulogne-sur-Mer en janvier 1895. Jules Renard regretta vite de s'être prêté à cette aventure médiocre.

Renard et Rostand

En 1895, Renard se lie d'amitié avec Edmond Rostand ; c'est une amitié difficile, mêlée d'envie qui, si elle ne gêne pas l'admiration de Jules Renard pour Cyrano de Bergerac, se dévoile peu à peu dans le ton un peu aigre de ses écrits. Dans un passage de son Journal, Jules Renard raconte la première de Cyrano ; il y détecte immédiatement un chef-d'œuvre. Mais à son enthousiasme se mêle aussitôt une tristesse littéraire : celle de n'avoir pas réussi à faire aussi bien que Rostand. Renard connaîtra à son tour le succès, en 1897, avec Le Plaisir de rompre pièce à référence autobiographique, qui évoque la rupture de Renard et de Danièle Davyle, pensionnaire de la Comédie-Française après une liaison de plusieurs années, lorsque Renard s'est marié. La pièce Le Pain de ménage, en 1898 est un nouveau succès, mais Edmond Rostand n'assiste à aucune représentation, malgré l'insistance de Jules Renard. Certaines analyses, celles de Léon Guichard notamment, font état à cet égard de l'admiration de Jules Renard pour Mme Rostand comme, dans la pièce, Pierre admire Marthe.

Le militant républicain

À partir de 1896, Renard passe plusieurs mois par an à Chaumot, proche de Chitry-les-Mines Nièvre, dans une petite maison de curé nommée La Gloriette. En 1897, son père, malade depuis quelque temps et se sachant incurable, se suicide d'un coup de fusil de chasse en plein cœur. En 1900, Jules Renard accepte la Légion d'honneur et devient conseiller municipal de Chaumot le 6 mai. Entre 1901 et 1903, il rédige de nombreux articles pour le journal L'Écho de Clamecy : la tonalité est laïque, anticléricale et républicaine. Succédant à son père, il devient maire de Chitry le 15 mai 1904. Élu sur une liste républicaine, il s'engage dans la lutte contre l'ignorance et une de ses mesures les plus spectaculaires sera la gratuité des fournitures scolaires.
Lors de l'affaire Dreyfus, il soutient Émile Zola et critique sévèrement sa condamnation. Il se révèle un admirateur enthousiaste et presque délirant de Victor Hugo.

Homme de lettres, Renard vécut pour écrire, pour écrire « juste » et pour écrire « vrai ». À l'écart des écoles et des vogues passagères, rebelle à toute influence autre que celle des classiques français, il abandonne bien vite les formes usées de la nouvelle et du roman, pour devenir un maître de l'expression condensée, de la page parfaite. Il fixe un regard aigu, parfois cruel, sur les petits bourgeois, sur la famille et sur l'enfant. Il repose son œil clair, parfois attendri, sur les prés et les bois, les animaux et les paysans, et projette sur lui-même, sans ménagements, le rayon de sa lanterne sourde. Il entend faire coïncider, le plus exactement possible, la littérature et la vie, l'impression et l'expression, la poésie et la vérité.

Renard trouve sa matière et son style La diversion du théâtre

L'exemple et la réussite de ses amis (Rostand, Tristan Bernard, A. Capus) l'amenèrent à écrire pour le théâtre où il ne voyait cependant qu'un « exercice inférieur ». D'emblée, ce fut le succès, avec des interprètes comme Granier (Le Plaisir de rompre, 1897), Brandès et Guitry (Le Pain de ménage, 1898), puis Antoine, qui joue Poil de carotte avec Desprès (1900), Monsieur Vernet avec Cheirel et Signoret (1903) et monte La Bigote à l'Odéon (1910). Ni drame en vers, ni théâtre d'amour ou de boulevard, ni pièce à thèse, le théâtre de Renard sort de son œuvre et de ses expériences. Il tourne autour du couple (une rupture : Le Plaisir de rompre ; une tentation : Le Pain de ménage, Monsieur Vernet), du mariage et de la famille (Poil de carotte et La Bigote). On y retrouve le sérieux de sa vie et les qualités de sa prose, dans la sobriété et la densité des répliques. Renard est devenu une figure parisienne. On le décore. Il entre à l'académie Goncourt. Mais il éprouve des remords. Le théâtre lui assure quelques ressources bien nécessaires, mais le détourne de sa vocation propre : la page vraiment « écrite ». Il lui faut se ressaisir, se retrouver, à la campagne.

Le retour au village

Son installation à « la Gloriette », en 1896, lui a fait reprendre contact avec la terre et les paysans. Attiré par le socialisme, lié avec France, Jaurès et Blum, il se sent une âme d'apôtre. Ardent dreyfusard, antimilitariste et anticlérical, il mène dans L'Écho de Clamecy le combat pour son idéal laïc et républicain (Mots d'écrit, 1908, et Causeries, 1910). Il fait des conférences aux paysans et aux instituteurs. Délégué cantonal, il est élu conseiller municipal de Chaumot (1900), puis maire de Chitry (1904, réélu en 1908). Le contact est difficile. Si, à Paris, il est « paysan du Danube », à Chitry, il est « le Monsieur de Paris » ou « Monsieur Jules ». Mais, du moins, il observe ses « frères farouches », qu'il est si difficile de comprendre et d'aider, et décrit leurs mœurs dans une série de textes (Le Vigneron dans sa vigne, éd. augm. 1901 ; Bucoliques, éd. augm. 1905) et surtout dans Ragotte (1908), où il grave, sans images et sans humour, la vie d'une humble domestique, la sienne, et de son mari, le jardinier Philippe, et qui est un chef-d'œuvre de vérité et d'émotion secrète. Mais, prématurément vieilli, il se sent de plus en plus las. Il préside, le 15 février 1910, sa dernière séance du conseil municipal de Chitry, rentre à Paris pour se mettre au lit et mourir, dans le modeste appartement où il a vécu depuis son mariage. Il a noté dans son Journal, avec un mélange de satisfaction et d'amertume : « D'ailleurs, j'ai fini. Je pourrais recommencer et ce serait mieux, mais on ne s'en apercevrait pas. Il vaut mieux mettre fin. » On l'enterra à Chitry, civilement.
Rongé par le scrupule, Renard n'était jamais content. Il n'en avait pas moins conscience d'être devenu l'écrivain qu'il se proposait d'être : celui du mot juste et mis à sa place. Rien à ajouter ; rien à retrancher. Il conserve des admirateurs fervents, à l'étranger comme en France. Mais on le prend souvent pour un humoriste professionnel (alors qu'il exprime simplement l'humour, féroce ou cocasse, de la vie) et l'on connaît surtout le créateur de Poil de carotte et de Mme Lepic, le chasseur d'images d'Histoires naturelles, que gâtent parfois l'esprit ou la préciosité, le Théâtre et le Journal. Mais c'est dans Le Vigneron, Bucoliques et Ragotte qu'on trouvera les meilleures pages, les plus humaines et les plus sobres, de ce poète en prose. Léon Guichard

Jules Renard Derniers honneurs

Jules Renard est élu membre de l'académie Goncourt le 31 octobre 1907, au fauteuil de Huysmans grâce à Octave Mirbeau, qui a dû menacer de démissionner pour assurer son succès.
Son élection est aussi appuyée par les frères J.-H. Rosny : Après de nombreux votes, ajournements et retournements de situation, Jules Renard devient enfin membre de l’Académie Goncourt en 1907. Il succède à Joris-Karl Huysmans, grâce au soutien des frères Rosny : Alors, dit Justin Rosny, il faut que Renard ait l’unanimité. Il faut bien accueillir un artiste tel que lui Journal, 26 octobre 1907. Il précise d'ailleurs, le même jour : Ayant la voix des Rosny, auxquels je tenais et rajoute, quelques jours plus tard : Je pensais à l’Académie : tout le monde y pense, mais je n’espérais pas être élu Journal, 12 novembre 1907.
Il prend sa nouvelle charge très au sérieux et participe à toutes les réunions.
Sa mère, travaillée par le spectre de la folie, meurt en 1909 en tombant dans le puits de la maison familiale, accidentellement ou suicidée. Jules Renard décède au 44 rue du Rocher d'artériosclérose à l'âge de 46 ans. Il est enterré civilement le 27 mai 1910 à Chitry-les-Mines. Sa tombe en forme de livre ouvert, que Jules Renard a fait tailler en 1900 après la mort subite de son frère Maurice, est notamment entretenue par l’association Les Amis de Jules-Renard.
En 1933, la place Jules-Renard dans le 17e arrondissement de Paris est créée en hommage.

Jugements et citations

Il est, selon Charles Du Bos, un Montaigne minuscule dont La Bruyère aurait affûté le style.
Par ailleurs, on l'accuse de misogynie. Il écrit, par exemple, dans son Journal 1905 : Les femmes cherchent un féminin à auteur : il y a bas-bleu. C’est joli, et ça dit tout. À moins qu’elles n’aiment mieux plagiaire ou écrivaine.

Publications

Œuvres romanesques
Crime de village 1888
Sourires pincés 1890
L'Écornifleur 1887
La Lanterne sourde 1893

Deux fables sans morale 1893
Le Coureur de filles 1894
Histoires naturelles 1894
Poil de carotte 1894
Le Vigneron dans sa vigne 1894
La Maîtresse 1896
Bucoliques 1898
Les Philippe 1907
Patrie 1907
Mots d'écrit 1908
Ragotte 1909
Nos frères farouches 1909
Causeries 1910



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Posté le : 21/05/2016 18:47

Edité par Loriane sur 25-05-2016 14:45:06
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Catulle Mendès
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Le 22 mai 1841 naît Catulle Mendès

à Bordeaux, écrivain et poète,librettiste français, du mouvement Parnasse décadentiste français. il meurt à 67 ans Saint-Germain-en-Laye le 7 février 1909. Ses Œuvres principales sont : Philoméla en 1863, Méphistophéla en 1890, Les Oiseaux bleus en 1888, Le Chercheur de tares en 1898

En bref

Poète parnassien, épigone de Baudelaire, de Banville, de Leconte de Lisle, de Gautier dont il épousa la fille, Judith, Catulle Mendès fonda en 1860 La Revue fantaisiste puis, à partir de 1866, donna son élan au Parnasse contemporain. Il se fit remarquer par l'aspect très recherché et vaguement décadent de sa poésie qui n'est pas sans avoir marqué le jeune Verlaine. Il est aussi l'auteur d'une épopée inspirée de Swedenborg Hespérus, 1872. Son œuvre d'homme de lettres est abondante : pièces de théâtre notamment des comédies en vers, romans estimés licencieux Les Mères ennemies, 1880 ; Le Roi vierge, 1881 ; La Première Maîtresse, 1887, feuilletons de critique dramatique et musicale, essais Légende du Parnasse contemporain, 1884 ; L'Œuvre wagnérienne en France, 1899. On a pu lui reprocher de manquer de rigueur, de trop sacrifier aux modes successives et de se laisser aller à des productions par trop commerciales. Claude Burgelin

Sa vie

Catulle Mendès est issu d'une lignée de Juifs portugais. Après une enfance et une adolescence à Toulouse, Mendès arrive à Paris en 1859. Il se fait connaître en 1860 en fondant La Revue fantaisiste, à laquelle collabore notamment Villiers de l'Isle-Adam. Il publie en 1863 son premier recueil de poèmes, Philoméla, et sympathise avec Théophile Gautier jusqu'à ce qu'il décide d'épouser sa fille, Judith Gautier, le 14 avril 1866. Théophile Gautier n'assistera pas à la noce. À la suite d'un voyage en Allemagne qui le laisse ébloui, Catulle Mendès se range avec ardeur dans le camp des défenseurs du compositeur Richard Wagner.
Il entre ensuite dans le groupe d'écrivains qui se réunit chez Louis-Xavier de Ricard tout d'abord, chez Leconte de Lisle ensuite, où François Coppée, Léon Dierx, José-Maria de Heredia et Théodore de Banville comptent parmi les habitués. Sous l'impulsion de Louis-Xavier de Ricard et de Catulle Mendès, naît le Parnasse, dont Mendès se fera l'historien en publiant plus tard La Légende du Parnasse contemporain. Il participe activement aux recueils du Parnasse contemporain.
Le couple Mendès/Gautier ne durera pas. Vers 1869, peut-être même dès 1866, Catulle Mendès entretient une liaison avec la compositrice Augusta Holmès. Après la séparation de son couple en 1878, Mendès s'installe chez Augusta Holmès. Mendès et Holmès auront cinq enfants : Raphaël 1870-1896, Huguette, Claudine, Hélyonne1 et Marthian + jeune avant de se séparer en 1886, après qu'Augusta eut, semble-t-il, été ruinée par Mendès. Les trois filles sont le sujet du tableau d'Auguste Renoir, Les Filles de Catulle Mendès. Hélyonne, épousera Henri Barbusse. Par la suite, Mendès, qui avait trois autres filsQui ?, Marcel, Raymond et Robert, se remarie avec la poétesse Jeanne Nette, qui sera sa compagne et dont il aura également un fils, Primice Catulle Mendès5 1897 - Chemin des Dames, 23 avril 1917, mort pour la France, filleul de Sarah Bernhardt.
D'une dernière relation avec la comédienne Marguerite Moreno 1871-1948, il aura un dernier fils.
Le 8 juin 1891 il se bat en duel avec René d'Hubert directeur du Gil Blas.
Le corps sans vie de Catulle Mendès est découvert le 7 février 1909 dans le tunnel de chemin de fer de Saint-Germain-en-Laye : on a supposé qu'il avait ouvert la porte de son wagon en se croyant à destination.
L'œuvre de Catulle Mendès, très abondante, est tombée dans l'oubli. Il est considéré comme le représentant d'une esthétique fin-de-siècle, utilisant, avec une certaine préciosité, un vocabulaire recherché et brillant. Les critiques de l'époque lui reprochaient une superficialité et une manière ostensible de suivre la mode du jour. Sa poésie, au parfum décadent, était très appréciée de Verlaine. Il est également l'auteur de courts récits érotiques.

Anecdotes

Il est dit que Catulle Mendès a présenté l'occultiste Éliphas Lévi à Victor Hugo. En 1876, il propose à Guy de Maupassant d'entrer dans la Franc-maçonnerie, mais celui-ci refuse.
Friedrich Nietzsche a dédié ses Dithyrambes pour Dionysos à Catulle Mendès, le célébrant comme le plus grand et le premier satyre vivant aujourd’hui ― et pas seulement aujourd’hui.

Œuvres Poésie

Philoméla, Hetzel, 1863
Sonnets
Pantéléia, Hetzel, 1863
Sérénades, Revue française
Pagode, dans Le Parnasse contemporain, 1866
Soirs moroses
Contes épiques, 1870-1876
Hespérus, La Librairie des Bibliophiles, Jouaust éditeur, avec un dessin de Gustave Doré et une préface, 1872 ; rééd. in Poésies de Catulle Mendès, Sandoz et Fischbacher, 1876 : rééd. Paul Ollendorff, 1885.
Intermède, 1871
Le Soleil de minuit
Poésies 1892
Poésies nouvelles 1893
La Grive des Vignes 1895
Les Braises du Cendrier
Alfred Bruneau a mis en musique les poésies de Catulle Mendès : Lieds de France et Chansons à danser. Jules Massenet a mis en musique La Lettre. Le compositeur polonais Ignacy Jan Paderewski a composé des chants sur ses poésies : "Douze mélodies sur des poésies de Catulle Mendès" op. 22.

Romans

La Vie et la mort d'un clown 1879
Les Mères ennemies 1880
Le Roi Vierge 1881
Le Crime du vieux Blas, éditions Henry Kistemaeckers, Bruxelles, 1882
Zo'Har 1886, rééd. 2005, Éditions Palimpseste
L'Homme tout nu 1887
Luscignole, Dentu, 1892
Verger fleuri
La Première Maîtresse 1894, rééd. 2013, Éditions Palimpseste
Gog 1896
Méphistophéla 1890 ; réédition Méphistophéla, Séguier, Bibliothèque Décadente , 1993, présentation Jean de Palacio
Les Oiseaux bleus, réédition Séguier, Bibliothèque Décadente, 1993, présentation Jean de Palacio
Grande-Maguet
La Femme-Enfant 1891, rééd. 2007, Éditions Palimpseste
La Maison de la Vieille
Rue des Filles-Dieu, 56
Le Chercheur de Tares 1898

Nouvelles

Lesbia. — Ce recueil contient : Lesbia • Vieux meubles • Chemise noire • Quittes • L'amour en danger • Regards perdus • Les autres • Idylle d'automne • Le miracle • Les deux avares • Preuves • Le don qui suffit • Le lit enchanté • Le cœur de Balbine • Les fleurs et les pierreries • Justice après justice • L'ombre vaincue • La princesse muette • Tourterelle • Nécessité de l'héroïsme • L'armure • Suite dans les idées • Rompre • L'autographe • Hygiène.
Le Rose et le Noir, Paris, E. Dentu, 1885. — Ce recueil contient : Les Hirondelles • L'Inattendue • Don Juan au paradis • Le Portrait ressemblant • Les Fleurs dans l'eau • Danger de la charité • La Nuit de noces • La Cuisine des anges • Fatalité • L'Hôte • Les Ailes déçues • Tristesse des Sirènes • Le Possédé • La Bonne Journée • La Voie inutile • La Robe de noces • L'Incendiaire • La Momie • La Joueuse de flûte • La Layette d'Isamberte • L'Exclu • Mariage aux lucioles • La Convertie • Les Azalées • L'Occasion • Tendresse de la justice • L'Arbre sacré.
Le Confessionnal.
La Messe rose.
Arc-en-Ciel et Sourcil-Rouge.
Monstres parisiens.
Incendies, recueil de nouvelles, Stalker éditeur, 2006.

Contes


Les contes du rouet, Frinzine & Cie éditeurs, 1885
La petite servante • Il ne faut pas jouer avec la cendre • Mademoiselle Laïs • Touffe de myosotis • La convertie • La bonne journée • Léa, Mariage aux lucioles • L'homme de lettres • La vie et la mort d'une danseuse • Jeanne • Jeunes mères • Le lâche • Le ramasseur de bonnets • Le miroir • Les mots perdus • Les deux marguerites • George et Nonotte • Le mangeur de rêves • Le marquis de Viane • Les hirondelles ;
Séverin en Pierrot dans Chand d'habits !, pantomime de Catulle Mendès
Affiche par Happichy, 1896.

Théâtre

La Part du roi 1872
Les Frères d'armes 1873
Justice 1877
Les Mères ennemies 1882
Le Capitaine Fracasse 1878
La Femme de Tabarin 1887
Médée 1898
La Reine Fiammette 1898
Le Fils de l'étoile 1904
Scarron, musique Reynaldo Hahn, 29 mars 1905, Théâtre de la Gaîté-Lyrique
Glatigny, drame funambulesque en vers, mêlé de chansons et de danses, en cinq actes et six tableaux 1906
La Vierge d'Avila Sainte Thérèse, drame en cinq actes et un épilogue, en vers 1906
Farces.

Livrets d'opéra

Le Capitaine Fracasse 1878, opéra-comique en trois actes et six tableaux, d'après le roman de Théophile Gautier, musique d'Émile Pessard .
Gwendoline 1886, pour l'opéra d'Emmanuel Chabrier. Texte sur Gallica.
Isoline 1888, pour l'opéra d'André Messager
Rodrigue et Chimène 1893, opéra inachevé en trois actes, musique de Claude Debussy.
La Carmélite 1903, comédie musicale en quatre actes et cinq tableaux, musique de Reynaldo Hahn ; Texte sur Gallica.
La Reine Fiammette 1903, drame lyrique en quatre actes et six tableaux, musique de Xavier Leroux.
Le Fils de l'étoile 1904, drame musical en cinq actes, musique de Camille Erlanger. Texte sur Gallica.
Ariane 1906, pour l'opéra de Jules Massenet
Bacchus, pour l'opéra de Jules Massenet15 Livret sur Gallica
Briséïs, avec Éphraïm Mikhaël, drame en trois actes, musique d’Emmanuel Chabrier ;
Traduction française de Hänsel und Gretel de Humperdinck Opéra de Paris, 1900

Arguments de ballet

Le Cygne, ballet en un acte, musique de Charles Lecocq Opéra comique de Paris, 20 avril 1899
La Fête chez Thérèse, ballet-pantomime en deux actes, musique de Reynaldo Hahn, 1910 ; argument sur Gallica

Essais

La Vie pour rire, feuille hebdomadaire dirigée par Mendès et Armand Silvestre E. Dentu, 1888, sources BnF.
Les 73 Journées de la Commune du 18 mars au 29 mai 1871 1871
La Légende du Parnasse contemporain 1884.
Richard Wagner 1886
L'Art au Théâtre, 3 volumes : 1895, 1896, 1897
L'Œuvre wagnérienne en France
Rapport à M. le ministre de l'Instruction publique et des beaux-arts sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900 ; précédé de Réflexions sur la personnalité de l'esprit poétique de France ; suivi d'un Dictionnaire bibliographique et critique et d'une nomenclature chronologique de la plupart des poètes français du XIXe siècle Imprimerie nationale, 546 pages, 1902

Citation

Reste. N'allume pas la lampe...
Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.
Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et délicieux.
Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...
Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli

Coule dans les cheveux profonds des brumes tristes.
Soirs moroses, 1876


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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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