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La Corse est cédée à la France 1
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Le 15 mai 1768 la Corse est cédée à la France

par la république de Gênes et a été conquise militairement par le Royaume de France lors de la bataille de Ponte-Novo, le 9 mai 1769. La Corse est une île et une collectivité territoriale française, située en mer Méditerranée. Elle a une superficie de 8 680 km2 et 1 047 km de côtes son point culminant est le Monte Cinto avec 2 706 m de hauteur. Son administration est assurée par la collectivité territoriale de Corse, la corse est composée de deux départements, la Corse-du-Sud, 2A et la Haute-Corse 2B. Au Ier Janvier 2013 sa population était de 320 208 hab, c'est à dire une densité de 36,89 hab./km2. Le Gentilé de ses habitantt est les Corses. La plus grande ville de l'île est Ajaccio
Quatrième île de Méditerranée par sa superficie, la Corse a fait partie durant près de quatre siècles de la République de Gênes avant de se déclarer indépendante le 30 janvier 1735 et d'adopter la première Constitution démocratique de l'histoire moderne 1755.
Divisée en deux départements Corse-du-Sud et Haute-Corse, avec une superficie de 8700 Km2, la Corse constitue une collectivité territoriale à statut particulier administrée par une Assemblée et un conseil exécutif.
Toponymie : Corsica et Cyrnos
Bien des légendes existent sur l'origine du nom donné à l'île de Corse. Parmi les plus tenaces, celle qui veut que les Grecs l'aient appelée Kallistê, en grec ancien Καλλίστη : la plus belle et dont on sait maintenant qu'elle est fausse.

En bref

Terre de caractère et de beauté la Corse n’a pas volé son surnom d’Île de Beauté. Du Nord au Sud, d’Ouest en Est, les merveilles qu’elle offre à ses visiteurs sont innombrables. On peut dire que la Corse a su préserver une certaine authenticité. D’ailleurs l’île se caractérise par ses minuscules villages accrochés à la montagne, ses produits du terroir et ses chants polyphoniques traditionnels. En sortant de sentiers battus, on finit toujours par dénicher une petite crique, un village de montagne au charme redoutable ou un restaurant pittoresque. La Corse, on l’ignore trop souvent, est une montagne dans la mer dont les sommets culminent à plus de 2700 mètres comme le mont Cinto, éternellement enneigé ! En un rien de temps, on passe ainsi des plages dorées à la haute montagne. la Corse possède un patrimoine naturel hors du commun. Chaque coin et recoin de Corse a de quoi surprendre, endroit magique comme il en existe nul part ailleurs, la Corse offre des paysages étonnants, du Cap Corse, au Golfe de Porto ; des Calanches de Piana, classées à l’UNESCO à la réserve de Scandola ; des gorges de la Spelunca, à la forêt d’Aïtone ou encore aux Aiguilles de Bavela ; des îles Lavezzi, au large de Bonifacio, aux îles sanguinaires, face au golfe d’Ajaccio, tout en Corse n’est que beauté et tempérament. Pour ceux qui ont le bonheur de posséder u bateau découvrir la corse côté mer est aller au paradis. Avec des plages et des côtes magnifiques, la Corse est un vrai bijou pour ceux qui abordent ses rivages en bateau ou qui font de la plongée.
http://www.curagiu.com/histoire.htm

Des historiens ont écrit :

« De vieux auteurs l'assurent et, dans la légende qu'ils nous ont transmise, une réalité précise apparaît sans doute. Une femme de la côte de Ligurie, voyant une génisse s'éloigner à la nage et revenir fort grasse, s'avisa de suivre l'animal dans son étrange et longue course. Sur le récit qu'elle fit de la terre inconnue qu'elle venait de découvrir, les Liguriens y firent passer beaucoup de leurs compagnons. Cette femme s'appelait Corsa, d'où vint le nom de Corse. C'est la légende éponyme que nous retrouvons à l'origine de toutes les cités antiques ; mais elle est de formation récente, car le premier nom de l'île est Cyrnos et non pas Corsica.
La difficulté n'était point pour embarrasser les vieux chroniqueurs, grands amateurs de merveilleux et habitués à ne douter de rien. Il y a d'autres légendes, et plus prestigieuses, sinon moins fantaisistes. Un fils d'Héraclès, Cyrnos, aurait colonisé la Corse en lui donnant son nom. Giovanni della Grossa croit que la Corse a été peuplée par un chevalier troyen, appelé Corso ou Cor, et une nièce de Didon, nommée Sica, que Corso a bâti les villes de l'île et leur a donné les noms de ses fils et de son neveu, Aiazzo, Alero, Marino, Nebbino. C'est ainsi que la Grande-Bretagne a eu son Brut, la France son Francus et que la Corse a son Corso, neveu d'Enée ».
« L'île de Corse, nommée Cyrnos par les Grecs, était baignée au nord par la mer de Ligurie Ligusticum mare, à l'est par la mer Tyrrhénienne, au sud par le détroit Taphros ou Gallicum qui la séparait de la Sardaigne Sardinia, à l'ouest par la mer Ibérique ».
Plus loin, dans son étude sur l'occupation de l'île, Xavier Poli écrit : « L'unique texte sur lequel nous pouvons nous appuyer, pour avancer que les Libyens ont occupé la Corse, est tiré de la Phocide de Pausanias, qui écrivait au iie siècle de notre ère : « A peu de distance de la Sardaigne il est une île appelée par les Grecs Cyrnos et par les Libyens qui l'habitent Corsica ». Une partie non minime de la population, écrasée dans une sédition, passa de cette île dans celle de Sardaigne et se tailla dans la montagne un territoire où elle s'établit. Les Sardes nomment ces émigrés du nom qu'ils ont apporté de leur pays, Corses ».
« La légende est plus précise, Sardus fils d'Hercule et fondateur mythique de la Sardaigne aurait eu un frère Cyrnos. À la tête d'une nombreuse armée de Libyens, l'un et l'autre auraient quitté l'Afrique pour venir s'installer, le premier en Sardaigne, le second en Corse, donnant leurs noms aux deux îles ».
Selon Ptolémée « L'île de Cyrnos, qui est aussi appelée Corsica variantes : Corsa, Corsi, Corsia, est bornée au nord et à l'ouest par la mer de Ligurie, à l'est par la mer Tyrrhénienne, au sud par la mer qui la sépare de l'île de Sardaigne ... ».
Et Xavier Poli de conclure : « C'est de Chalcis, principale ville de l'Eubée, que partit la plus ancienne colonie que la Grèce envoya vers l'Occident ; elle alla fonder Cumes entre le xie et viiie siècles av. J.-C.. Nous savons qu'un des points du territoire de Carystos, une des plus jolies villes de l'Eubée, portait le nom de Cyrnos. Il semblerait donc vraisemblable que Corsica fut baptisée Cyrnos par les colons de Cumes ; mais il convient aussi de dire que Cyrnos est un nom propre d'homme que nous trouvons dans Hérodote et dans Stobée ».
Pour sa part, dans son ouvrage Histoire de la Corse depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours édité en 1839, Camille De Friess-Colonna exprime : « Aucun historien n'a jusqu'à ce jour donné une étymologie satisfaisante des noms de Cyrnos et de Corse. Les uns assurent que Cyrnos était un fils d'Hercule, qui donna son nom au pays que nous connaissons. Les autres, et Samuel Bochard est de ce nombre, prétendent que le nom de Cyrne voulant dire, en langue phénicienne, couvert de forêts, ce nom dut être imposé à la Corse d'aujourd'hui par les voyageurs phéniciens, qui furent frappés de la richesse de ses forêts.
Quant au nom de Corse, il y a également des historiens qui veulent qu'il ait été donné à la Corse par Corsus, fils d'Hercule ; Bochart le fait dériver d'un mot phénicien, qui voudrait dire cornue, nom qui lui aurait été imposé à cause des nombreux promontoires qui s'avancent en pointe dans la mer, et des pics élevés qu'on aperçoit de loin, avant de l'atteindre. Filippini rapporte deux versions, que nous croyons devoir transcrire ici, pour faire voir jusqu'où peut aller la manie des étymologies. Voici la première : une femme de Ligurie, appelée Corsica, ayant suivi un taureau qui se rendait à la nage dans une terre inconnue, fut rejointe par ses parents, qui, étant arrivés sur ses traces dans un pays de très belle apparence, et où les pâturages étaient excellents, s'y établirent et appelèrent ce pays Corsica, du nom de la femme qui les y avait attirés. La seconde est qu'un neveu d'Énée appelé Corsus, ayant enlevé une nièce de Didon, appelée Sica, s'enfuit dans l'île à laquelle il donna le nom de Corsica.
Du géographe grec Strabon :
« L'île de Cyrnos que les Romains appellent Corsica, est un pays affreux à habiter, vu la nature âpre du sol et le manque presque absolu de routes praticables, qui fait que les populations confinées dans les montagnes et réduites à vivre de brigandages, sont plus sauvages que les bêtes fauves. C'est ce qu'on peut, du reste, vérifier sans quitter Rome, car il arrive souvent que les généraux romains font des descentes dans l'île, attaquent à l'improviste quelques-unes des forteresses de ces barbares et enlèvent ainsi un grand nombre d'esclaves ; on peut alors observer de près la physionomie étrange de ces hommes farouches comme les bêtes des bois ou abrutis comme les bestiaux, qui ne supportent pas de vivre dans la servitude, ou qui, s'ils se résignent à ne pas mourir, lassent par leur apathie et leur insensibilité les maîtres qui les ont achetés, jusqu'à leur faire regretter le peu d'argent qu'ils leur ont coûté. Il y a cependant certaines portions de l'île, qui sont à la rigueur habitables, et où l'on trouve même quelques petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiæ et Vapanes. »
— Strabon, liv. V, ch. II, 7. - Traduction d'Amédée Tardieu

Géographie de la Corse Site et situation

La Corse est située à 177 km environ au sud-est de la Côte d'Azur, à l'ouest de la Toscane 85 km et au nord de la Sardaigne 12 km. Île plutôt boisée et montagneuse, sa côte méridionale est formée de hautes falaises Bonifacio.
La distance la plus courte entre la France continentale et l'île, du cap Martin Alpes-Maritimes à la pointe de la Revellata près de Calvi, est de 170 km. L'île est située à 85 km de l'Italie continentale et à 28 km des îles de l'archipel toscan Capraia.
Faisant partie de la région géographique italienne , la Corse se situe avec la Sardaigne sur une microplaque continentale : "... c'est au cours de l'Oligo-Miocène au milieu du Cénozoïque entre environ 22 à 25 millions d'années que le bloc corso-sarde et la lanière continentale s'écartent progressivement du bloc ibérique, ouvrant derrière eux le bassin provençal, la mer d'Alboran, le bassin algérien et la mer Tyrrhénienne. La dynamique cesse avec le blocage de l'arc contre les domaines externes, apulien et africain.
La distance entre le point nord île de la Giraglia et le point sud îles Lavezzi de la Corse est de 184 kilomètres. Elle est de 83 kilomètres entre les extrémités est Alistro et ouest île de Gargalo.
Les principales villes et bourgs de l'île :
Nom corse Politonyme officiel
Aiacciu Ajaccio
Aleria Aléria
Bastìa Bastia
Bunifaziu Bonifacio
Calvi Calvi
Cervioni Cervione
Corti Corte
Lìsula L'Île-Rousse
Portivechju Porto-Vecchio
Prupià Propriano
Ruglianu Rogliano
San Fiurenzu Saint-Florent
Sartè Sartène
Vicu Vico
Zìcavu Zicavo

Environnement

Liste des sites Natura 2000 de la Haute-Corse et Liste des sites Natura 2000 de la Corse-du-Sud.
Le golfe de Porto, patrimoine mondial de l'UNESCO
Bien que de nombreuses espèces endémiques aient disparu lors de la Préhistoire ou peu après, comparativement au continent et aux îles bretonnes, la Corse bénéficie d'un environnement relativement préservé, tant sur terre que sur la côte et en mer.
L'île abrite un parc marin international, des réserves naturelles de Scandola, Finocchiarola, Biguglia, Cerbicale, Bouches de Bonifacio et Tre Padule de Suartone et le parc naturel régional de Corse, et des zones communautaires pour les oiseaux. Un observatoire conservatoire des insectes de Corse vise à conserver les espèces patrimoniales et de la biodiversité ordinaire.
Le risque d'incendie constitue une menace pour la biodiversité, alors que (en 2006) plus de 50 % des dégâts découleraient de 12 % des mises à feu liées aux pratiques d'entretien de pâturages ou chemins et zones de chasse. 15 % des incendies seraient dus à la foudre, mais n'étant responsables que de 1 % des destructions en surface. Durant la canicule de 2003, près de 20 000 ha ont brûlé avec environ 500 mises à feu13, le problème des incendies pourrait croître avec le réchauffement climatique. 402 000 hectares sont couverts de forêt en Corse.
En 1972, s'est déroulé l'affaire des boues rouges, impliquant la société italienne Montedison qui déversa du dioxyde de titane au large du Cap Corse et qui provoqua des boues rouges.
L'Assemblée de Corse loi du 13 mai 1991 bénéficie d'une compétence particulière en environnement, avec un Office de l'environnement de la Corse et un observatoire de l'environnement.
À la suite de l'adoption du SDAGE le 18 septembre 2015 par l'Assemblée de Corse pour la période 2016-2021, le comité de bassin et la collectivité territoriale de Corse indiquent dans un communiqué commun que la Corse affiche le meilleur score de rivières en bon état en France mais que certains habitants ruraux attendent encore une eau potable de qualité et un assainissement performant .

Histoire de la Corse et Révoltes et épisodes révolutionnaires en Corse.

Préhistoire

Dans son étude sur la Corse, de ses origines à l'expulsion des Sarrasins, Xavier Poli se propose de remonter aux sources, de réunir tous les textes des écrivains grecs et romains et toutes les inscriptions intéressant la Sardinia en général, et la Corsica en particulier. Il débute son ouvrage avec ces propos :
Les savantes recherches du capitaine Ferton, du commandant Caziot, des docteurs Deperet et Caujolle, du professeur Testut nous font faire connaissance avec le squelette de l'homme de ces temps reculés et posent des bases sûres à une question qui ne peut manquer de passionner les esprits que l'histoire de la Corse intéresse.
La race néolithique corse aurait été d'assez grande taille. Par son crâne allongé et sous-dolichocéphale, par la ligne âpre et assez saillante de son fémur incarné, par son tibia remarquablement platycnémique, le squelette retrouvé présente les caractères principaux de la race néolithique de l'Europe occidentale.
Cet homme, ajoute M. Ferton, utilisait pour la confection de ses armes et de ses outils, non seulement les roches du pays : le silex, le quartz et diverses roches des terrains granitiques, mais aussi les os d'animaux, et une roche étrangère à la Corse, l'obsidienne, qu'il devait recevoir du Monte-Arci, en Sardaigne. ... Les relations de commerce entretenues à Bonifacio, avec les peuplades de la Sardaigne, l'emploi coûteux qu'on y faisait de l'obsidienne, bien que le silex du pays, d'égale valeur, fût connu et utilisé, permettent de supposer que le Bonifacien des temps néolithiques était un immigré venu de la Sardaigne, peut-être originaire de l'Afrique.
Et de poursuivre : « La conclusion du capitaine Ferton serait sans réplique s'il était prouvé, après de sérieuses recherches, que l'obsidienne ne se trouve pas en Corse où l'on constate des roches d'origine volcanique.
à partir de -10 000, fréquentation humaine de l'île
vers -6500, présence humaine sur l'ensemble de l'île qui a laissé des traces, avec la Dame de Bonifacio, et au Cap Corse à Pietracorbara.
-5000 : début de la civilisation proto-corse issue de peuplements dont l'origine reste encore incertaine. La Corse aurait à cette époque connue l'influence et le peuplement de Ligures et d'Ibères. Certains évoquent également la présence possible de populations venues d'Afrique du Nord Libyques durant cette période.
-1500/-1300 : début de la civilisation torréenne. Les Korsi développent la construction de statues-menhirs et de tours.

Antiquité Chronologie

-660 : les Étrusques, installés en Toscane en -780, commercent avec les Vanacini, peuplade du Cap Corse qui travaillaient le fer et cultivaient la vigne et le blé
-616 : les Carthaginois installent des comptoirs en Corse, commerçant avec Cagnano
-565 : les Phocéens fondent Alalia, la cité du sel actuelle Aléria
-535 : après une longue bataille navale où les Phocéens perdent environ soixante de leurs navires, les Étrusques de Toscane alliés aux Carthaginois chassent les Grecs ; cette bataille marque l'effondrement de la thalassocratie phocéenne. Les Corses utilisent l'alphabet qu'ils apportent.
-453 : les Syracusains de Sicile menés par Gélon chassent les Étrusques. Apelles, amiral de Syracuse, fonde Syracusenus Portus actuelle Porto-Vecchio
-384 : Denys Dionysos Ier, tyran de Syracuse et successeur de Gélon, décide d'anéantir les prétentions puniques sur toute la mer Tyrrhénienne. Pour cela il occupe les petites îles, les points forts de la côte orientale et fait de Syracusenus Portus une base avancée dont il se sert pour surveiller les régions alentour
-280 : les Carthaginois, appuyés par des mercenaires torréens servant déjà dans les rangs de l'armée depuis le ve siècle av. J.-C., chassent les Syracusains
-259 : à la suite d'une décision prise cinq ans plus tôt au début de la Première guerre punique, les Romains entreprennent la conquête de la Corse. À la tête d'une importante flotte, Lucius Cornelius Scipio, dit Scipion l'Africain, surprend Alalia de nuit. À l'époque, il semblerait que la cité était libre, peuplée à la fois d'Étrusques et de Carthaginois. Scipion la brûle et la rebaptise Aleria
-238 : seconde expédition romaine menée par Tiberius Gracchus. La Corse est réunie à la Sardaigne et devient la province romaine de Corse-Sardaigne. Les Corses traités en vaincus et non en libérés s'insurgent
-235 : cinquième expédition de Rome en Corse dirigée par Spurius Carvilius Maximus
-232 : les Annales romaines citent un jeune Romain nommé Cristino comme étant celui qui a donné la victoire à Carvilius
-227 : à la suite d'une nouvelle révolte, Rome accorde à la Corse un régime provincial ainsi que les droits des peuples latins
-162 : début de la paix romaine après un siècle de guerre et une douzaine d'expéditions. Malgré quelques aides puniques, les Corses se sont fait massacrer : en un siècle, les deux tiers des Corses sont tués
-105 : fondation de Mariana au sud de l'actuelle Bastia

Sources

Lorsqu'ils évoquent la Corse, les écrivains antiques sont unanimes à y représenter l'homme - à l'image de la nature qui l'environne - comme hostile :
L'île de Cyrnos est connue des Romains sous le nom de Corsica. La vie y est partout misérable, la terre n'est que rocs, la plus grande partie du pays totalement impénétrable. Aussi les bandits qui occupent ces montagnes et vivent de rapines sont-ils plus sauvages que des bêtes fauves. Parfois les généraux romains y font des incursions, et après les avoir vaincus ramènent de très nombreux esclaves, et Rome voit alors avec stupéfaction à quel point ils tiennent du fauve et de la bête d'élevage. En effet, ils se laissent mourir par dégoût de la vie, ou excèdent à tel point leur propriétaire par leur apathie et leur insensibilité qu'ils lui font regretter son achat, si peu qu'il ait dépensé. Il y a cependant certaines portions de l'île qui sont, à la rigueur, habitables, et où l'on trouve même quelque petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiae et Vapanes

Haut Moyen Âge

Le port de Bonifacio
455 : fin de l'occupation romaine et invasion par des Vandales du roi Genséric, qui a conquis l'Africa romana. Premières épidémies de malaria
534 : les troupes byzantines du général Bélisaire, conquérant du royaume vandale d'Afrique, chassent les Vandales des îles de la Méditerranée occidentale, dont la Corse
550 : les Goths d'Italie du roi Totila, en guerre contre Byzance, font plusieurs incursions dans l'île
590 : le pape Grégoire le Grand s'oppose à la politique de l'empereur byzantin Maurice Ier en Corse et Italie, l'empereur étant hostile au rapprochement entre la Papauté et les Lombards
704 : première incursion des pirates sarrasins
725 : invasion par des Lombards d'Italie du roi Liutprand qui prend l'île aux byzantins
Vers la moitié du VIIIe siècle départ des Lombards et retour du Nord de l'île à l'empire byzantin, qui n'en contrôle que la côte ; les Sarrasins s'emparent du sud
771 : légende du prince romain Ugo Colonna, envoyé sur l'île par le pape Étienne III avec 1000 fantassins et 200 cavaliers, qui expulse les Sarrasins du roi Negolone après trente ans de lutte ; les garnisons de l'empereur romain d'orient Caballino perdent définitivement la Corse du Nord au profit des Francs soutenus par les Papes
774 : Le roi des Francs Charlemagne, devenu roi des Lombards, cède la Corse à la Papauté
806 : nouvelle incursion sarrasine : les envahisseurs sont chassés par une flotte envoyée par le roi Pépin d'Italie, l'un des fils de Charlemagne, devenu en 800, empereur d'Occident
807 : incursion de musulmans venus d'Espagne; ils sont délogés par un certain Burchard, un connétable envoyé par Charlemagne. Une bataille navale a lieu aux alentours de Porto-Vecchio coûtant treize navires et des milliers de morts aux envahisseurs
809 : l'Annaliste de Saint Bertin de Sithiu écrit que les Maures, partis d'Espagne, envahissent la Corse, et le samedi de Pâques détruisent une cité où ils ne laissent survivre que son évêque et quelques vieillards et infirmes. Cette cité pourrait être Aléria
825 : l'empereur d'Occident Louis le Pieux, l'un des fils de Charlemagne, envoie en Corse son fils Lothaire, puis en 828, le comte Boniface II de Toscane, pour en chasser les Maures. Ce dernier, après avoir reconquis la quasi-totalité de l'île, pourchasse les Maures jusqu'en Afrique. C'est lui qui fondera Bonifacio en 830
les moustiques anophèles ayant été introduits dans les lagunes de l'île peut-être par les eaux de ballast des chébecs sarrasins et véhiculant la malaria, les Corses fuient les côtes et rejoignent la montagne, d'autres s'embarquent pour l'Italie. Une bonne partie d'entre eux sont accueillis à la fin du IXe siècle par le pape Léon IV 845-857, qui les installe dans la ville fortifiée de Porto, à quelques centaines de mètres du port ensablé d'Ostie, à l'embouchure du Tibre
1014 : dernière incursion sarrasine de l'émir Abu Hosein Mogehid, battu par une flotte pisano-génoise.

Période de Pise, d'Aragon et de Gênes

les Cinarchesi.
Depuis le Xe siècle les marquis Obertenghi détiennent probablement des droits sur la Corse en raison de leur titre de comte de la cité de Luni à laquelle l'île est rattachée.
1077 : Grégoire VII tente de reconquérir la Corse par son vicaire Landolfo, évêque de Pise. Il le charge de réorganiser les diocèses de l'île. De 1077 à 1092, dans le cadre de la réforme ecclésiastique, un maillage religieux du territoire par un réseau de pièves est mis en place .
1091, le pape Urbain II inféode la Corse à l'un des successeurs de ce dernier, Daiberto.
1092 : Urbain II nomme archevêque Daibertus évêque de Pise qui devient métropolitain-suzerain des 6 diocèses corses : Nebbio, Mariana, Accia, Sagone, Ajaccio et Aléria.
1095 : le marquis Ugo apparaît avec le titre de marquis de Corse et exerce une autorité sur toute l'île
1119 : consécration de la cathédrale de Mariana.
1124 : le marquis Ugo meurt sans doute peu après 1124 ?, sans descendance directe.
1130 : sous l'influence de l'Église, les morts jusque là enterrés aux bords des routes, sont inhumés autour et dans les églises.
1133 : les évêchés sont séparés en deux groupes un pour Gênes et un pour Pise. Gênes obtient du pape Innocent II les diocèses de Nebbio, Mariana, Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aléria.
Entre 1150 et 1250 environ, naissance des seigneuries. Profitant du déclin de l'autorité du marquis de Massa, l'aristocratie locale s'approprie leurs droits. Les premières fortifications privées sont construites.
1195 : installation des Génois à Bonifacio
1268 : Sinucello Della Rocca, dit « Giudice della Rocca » ou de Cinarca, est maître de toute la Corse sauf le Cap Corse et Bonifacio, avec l'aide de Pise. Gênes porte la guerre en Balagne et s'installe à Calvi, édifiant une citadelle
1284 : Bataille navale de la Meloria ; Enrico Da Mare fils d'Ansaldo, cosseigneur de Rogliano, amiral de Gênes défait la marine pisane
1284 : la Corse et toute la Ligurie deviennent la propriété de Gênes qui devient dominante en Méditerranée ; Pise est évincée
1297 : le pape Boniface VIII crée le royaume de Sardaigne et de Corse, concédé en zone inféodée à la couronne d'Aragon
1336 : mort de Jean Avogari fils d'Oberto ; son fief est partagé entre ses fils : Brando à Piero, Nonza à Lucchino et Canari à André.
1347 : la Corse est génoise.
1347 - 1348 : la peste noire qui toucha toute l'Europe ne laissa en Corse que le tiers des habitants, aux dires du chroniqueur florentin Giovanni Villani
1348 : mort de Galeotto Da Mare dit Giachetto, arrière-petit-fils d'Ansaldo ; son fief est partagé entre ses enfants : Babiano a tout sauf Centuri pour Crescione ; Morsiglia va à Nicolas fils de Crescione mais il est peu après aussi seigneur de Centuri ; Pino va à Bartolomeo frère de Crescione
1358 : Sambucucciu d'Alandu dirige une révolte populaire et chasse de leurs fiefs les seigneurs, remplacés par des Caporali. Tous les châteaux sont démolis, à part 6 dont ceux de Nonza et San Colombano. Le peuple s'administre et les communes émancipées s'unissent en une confédération de la Terra del Comune, opposée au Cap Corse et à la Terra dei Signori
1359 : le territoire compris entre Brandu et Aléria, Corte et la mer, qui s'est libéré, s'allie à la république de Gênes.
1363 : persécution des Ghjuvannali. 20 000 personnes sont excommuniées.
1372 : l'Aragon réalise ses droits sur la Corse. Il aide Arrigo Della Rocca, descendant de Giudice, comte de Corse. Gênes inféode l'île à des gentilshommes génois. Arrigo s'entend avec eux pour fonder la société de la Maona et être gouverneur de la Rocca
1378 : 27 août, Gênes afferma l'île à une société industrielle et financière, composée de six membres et désignée sous le nom de Maona
1383 : fondation de Bastia par Gênes
1394 : Arrigo Della Rocca chasse tous les seigneurs de leurs châteaux et se déclara seigneur de l'île tout entière pour former la principauté italienne de Corse, au même titre que les autres régions-états d'Italie.
1397 : Arrigo, maître de presque toute la Corse durant douze ans, est vaincu par Gênes et les Corses qui se soulèvent contre lui.
1401 : mort du comte de Corse Arrigo Della Rocca. Son fils passe dans le camp de Gênes car il s'aperçoit des intentions d'invasion étrangère, sur la Corse en particulier, de la France et du royaume d'Aragon.
1420 : intervention, avec sa flotte, du roi Alphonse V d'Aragon. Vincentello d'Istria prend Bastia, échoue après son siège à Bonifacio dont la population subira la famine, et ne peut conserver longtemps Calvi. Le roi d'Aragon veut conquérir les îles italiennes de Corse, de Sardaigne et de Sicile.
1430 : rejetant la tutelle de Vincentello, les caporali de Terra del Comune proclament Simon 1er da Mare, frère d'Urbain, gouverneur général de la Corse. Ce dernier d'abord battu à Biguglia, bloque Vincentello dans Bastia en 1433.
1434 : le comte et vice-roi de Corse Vincentello d'Istria est décapité à Gênes sur demande du peuple corse qu'il aura affamé dans sa tyrannie et ses guerres.
1434 : Simon Ier Da Mare se retrouve comte de Corse, mais ne règne durant quelques années que sur les deux tiers de l'île, malgré l'appui de Gênes, des Caporali et de son fils Carlo.
1439 : mort de Simon 1er da Mare.
1453 : à la demande des Corses, l'île est gérée par l'Office de Saint Georges avec l'assentiment du pape. La domination génoise devient fondée en droit.
1454 : le château de Petralerata est cédé à l'Office de Saint Georges par son occupant, Carlo di Luciano, suivant une convention ratifiée par l'Office le 13 février
1455 : après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, les Barbaresques commencent à razzier les côtes ils le feront durant environ trois siècles. Les villages côtiers commencent à être abandonnés. Pour rassurer les populations, Gênes impose la construction de tours littorales aux frais des pievi et communautés pour protéger la population de l'île qui subit des razzias des maures.
1457 : Gênes conçoit le projet de construire une forteresse à Ajaccio.
1460 : devant la Cortès catalane, Jean d'Aragon jure l'union perpétuelle de la Sicile et de la Sardaigne à la couronne. Il n'est plus question de la Corse. C'est la reconnaissance tacite de la souveraineté génoise.
1464 : Francesco Maletta vient prendre possession de la Corse au nom du duc de Milan ; Polo della Rocca et les seigneurs du Cap Corse lui font leur soumission.
1481 : Rinuccio di Leca soulève le peuple et offre la Corse à Appiano IV, seigneur de Piombino, qui envoie immédiatement son frère Gherardo, comte de Montegna, sur l'île où on l'acclame comte de Corse.
1483 : De nombreux personnages corses prêtent serment de fidélité devant Matteo de Flisco, capitaine général de l'île de Corse, représentant de l'Office de Saint Georges.
1492 : la citadelle d'Ajaccio est en construction. Le 2 mai 1492, Alfonso d'Ornano à qui ont été confiés les travaux, écrit aux Protecteurs de San-Giorgio que les murailles de la ville étaient assez avancées pour couper les jambes à toute espèce d'ennemis.
1511 : toute l'île passe sous le contrôle direct de Gênes
1515 : mort en exil à Rome du dernier comte de Corse, Giovan Paolo di Leca
1525 : début d'une période d'épidémie de peste qui dure quatre ans.
1540 : les capucins vinrent pour la première fois dans l'île ; ils y bâtirent six monastères, à Bastia, à Brando, à Luri, en Balagne, dans le Nebbio et en Casinca.
Les Génois conduits par Giovanni d'Oria et la flotte du prince Andrea Doria son oncle, capturent à Girolata Dragut, amiral turc et l'un des corsaires les plus célèbres de l'Empire ottoman, avec neuf galères ou galiotes.
L'Office de Saint Georges permet aux Niolins de rentrer dans leur pays, à condition qu'ils n'y bâtiraient que des maisons très basses.
1541 : Dragut racheta sa liberté, puis, avec une flotte plus considérable que la première fois, il pilla et brûla Castellare, en Casinca, Monticello, en Balagne, Sarla, dans le Delà des Monts, ainsi que beaucoup d'autres villages qu'il rencontra sur son passage.
1544 : l'Office de Saint Georges fait fortifier en toute hâte Calvi où il transporte la résidence du gouverneur Niccolò Imperiale.
1545 : un certain nombre de familles prises dans toutes les localités de l'île, vont établir à Portovecchio et au Niolo.
1547 : 3 septembre, Jacopo da Mare renouvelle tous les engagements pris par son aïeul envers l'Office de Saint Georges.
1551 : Sampiero Corso occupe la Corse avec les Turcs pour le compte de la France
1555 : les Français s'allient aux Turcs qui ravagent Bonifacio, et le Cap Corse. Le corsaire turc Acarèse base ses galiotes dans l'anse d'Agnellu et occupe durant plusieurs années le pays d'Ersa. Les Génois interviendront et chasseront les ennemis.
1559 : traité du Cateau-Cambrésis. La Corse est rendue à Gênes
1569 : Gênes dote l'île de Statuts civils et criminels en vigueur presque jusqu'en 1789.
1571 : octobre - Ambroise de Negroni et quatre felouques cap-corsines construites à Santa Severa participent à la victoire de Lépante (les Ottomans perdent leur légendaire invincibilité et 117 navires.
1573 : le drapeau de la Corse apparaît pour la première fois. Dans un atlas des possessions de Philippe II roi d'Espagne avec des armoiries pour chaque province qu'il établit en 1573, le géographe italien Mainaldi Galerati décide d'y faire figurer la Corse. Comme il n'en connaît pas les armes, il décide d'y mettre une tête de maure26.
1579 : épidémie de peste à Gênes et en Corse
1583 à 1590 : famine et misère en Corse. Les Barbaresques razzient toutes les côtes de l'île. Des personnes sont enlevées, 76 villages sont ruinés ou abandonnés dans le sud, 21 dans le nord. Gènes ne parvient pas à cette période à protéger entièrement l'île car affaiblie par les guerres européennes.
1594 : parution de la première histoire de la Corse
1676 : 14 mars, arrivent des exilés Grecs à qui les Génois accordent le territoire de Paomia pour protéger les Chrétiens d'Orient.
Article détaillé : Exode des Grecs en Corse.
1715 : les Corses obtiennent l'interdiction des armes moyennant une imposition supplémentaire de deux seini par feu
1725 : naissance de Pascal Paoli
1726 : Alessandro Saluzzo est élu gouverneur
1728 : Felice Pinelli qui lui succède, surexcite les Corses par sa maladresse et sa rigueur
1729 : premier soulèvement des Corses contre Gênes à la suite de mauvaises récoltes et de nouvelles taxes
1730 : juin, arrivées du nouveau gouverneur Giovanni Francesco Gropallo, et du commissaire Camillo Doria chargé des pleins pouvoirs militaires
1730 : en décembre, consulte de Saint-Pancrace ; la Corse déclare son indépendance
1731 : à la demande de Gênes, des troupes impériales commandées par le baron de Wachtendonck arrivent en Corse
1732 : 14 janvier, le colonel de Vins avec six cents soldats allemands tentent d'occuper Calenzana et subit une lourde défaite
1732 : 26 mars, Paolo Battista Rivarola est nommé commissaire général
1732 : 7 avril, Le prince de Wurtemberg arrive à Calvi avec de nouvelles troupes allemandes
1732 : paix de Corte qui ne sera pas respectée
1733 : Wachtendonck et les dernières troupes allemandes quittent la Corse
Pascal Paoli
1733 : juillet, Paolo Geronimo Pallavicini commissaire général en remplacement de Rivarola
1733 : deuxième soulèvement des Corses contre Gênes
1734 : début septembre, Ugo Fieschi et Pier Maria Giustiniani, sénateurs, sont nommés commissaires généraux, en remplacement de Pallavicini. Ils s'annoncent comme messagers de paix
1735 : 30 janvier, déclaration d'indépendance par la consulta d'Orezza
1735 : 2 mai, Gênes envoie un commissaire général pour l'Au-delà des monts, Ottavio Grimaldi. Felice Pinelli revient en Corse comme commissaire général de l'En-deçà des monts
1735 : première Constitution corse première constitution écrite au monde
1736 : fin janvier, arrive le commissaire général Rivarola
1736 : un aventurier, Théodore de Neuhoff, ex-espion en Écosse pour étudier le rétablissement des Stuart, devient roi des Corses
1737 : 10 novembre à Fontainebleau, convention entre la France et Gênes pour l'envoi de troupes en Corse
1737 : décembre, le marquis Giovan Battista de Mari est nommé commissaire général en remplacement de Rivarola
1738 : février, Louis de Frétat, comte de Boissieux, maréchal de camp, chef du corps expéditionnaire français arrive en Corse. Il vient négocier, suivant les ordres reçus, et refuse d'ouvrir les hostilités comme le lui demandent les Génois.
1738 : 24 septembre, Frédéric de Neuhoff, neveu du roi Théodore, débarque à Ajaccio et Sagone pour tenter de soulever la Corse occidentale.
1738 : 18 octobre, ratification à Fontainebleau, entre la France et Gênes, d'un Règlement de gouvernement de la Corse
1738 : 14 décembre, les Français qui se dirigent vers le Borgu, sont attaqués. Le détachement installé dans le village réussit à se dégager. Ils battent en retraite avec des pertes
1739 : 13 janvier, le lieutenant-général Jean-Baptiste-François des Marets, marquis de Maillebois, reçoit les instructions pour aller commander l'armée du Roi en Corse, en remplacement de Boissieux malade il meurt dans la nuit du 1er au 2 février
1739 : avril, Maillebois organise en Balagne, des compagnies de volontaires corses au service de la France. Ces compagnies constituent les premiers noyaux du futur régiment Royal-Corse
1739 : mai, les pieve de Casinca, Ampugnani, Campulori, ainsi que Corte et le Nebbiu, fournissent des compagnies de volontaires corses à Maillebois, qui disposera avec les six bataillons d'infanterie, des hussards et de l'artillerie débarqués à Bastia, d'une armée de 16 bataillons à 510 hommes chacun, deux escadrons de hussards à 100 hommes et 60 miquelets. Avec les troupes génoises, les effectifs s'élèvent à dix ou onze mille soldats
1739 : décembre, l'île est en grande partie soumise. Les troupes françaises commencent à réembarquer
1740 : juin, le marquis Domenico Maria Spinola, ancien doge, est nommé commissaire général en remplacement de Giovan Battista de'Mari
1740 : 3 octobre, Frédéric de Neuhoff qui s'est soumis, et sa suite quittent la Corse
1741 : fin juin, publication du dénombrement de la population commandé par Maillebois promu maréchal le 11 février : la Corse compte 339 paroisses, 427 villages, 26 854 feux, 120 389 habitants
1741 : 6 septembre, les dernières troupes françaises quittent Calvi pour Antibes
1742 : pour faire face à une agitation naissante, les Génois envoient de nouvelles troupes sur l'île
1743 : 1er février, Théodore réapparaît à bord d'un vaisseau anglais devant L'Île-Rousse
1743 : 22 février, mort à Bastia du commissaire Spinola. Gian Benedetto Speroni prend la suppléance
1743 : 28 février, Théodore est dans le golfe d'Ajaccio avec cinq navires anglais. L'escadre attaque un navire espagnol placé sous la protection des canons génois. Il compte s'emparer d'Ajaccio. Ses partisans commencent le blocus de la ville que la population est autorisée à quitter. La flotte anglaise en repartira le 5 mars.
1743 : dans la nuit du 16 au 17 mars, le Folkestone dépose Théodore à l'embouchure de l'Arno en Toscane. Le roi a quitté la Corse pour toujours.
1747 : seconde intervention française : le commandement supérieur est exerçé par le colonel Choiseul-Beaupré ; il est renforcé en 1748 par le marquis de Cursay, colonel du régiment de Tournaisis.

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Posté le : 14/05/2016 22:08
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La Corse est cédée à la France 2
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Le Gouvernement de Pascal Paoli 1755-1769

1755 : avril, au couvent San Francescu de Caccia, la Cunsulta de Caccia, assemblée de députés convoqués par Pascal Paoli, jette les bases de la Constitution de la future Corse indépendante.
1755 : 14 juillet, Pascal Paoli est proclamé général de la Nation par la consulte de Sant'Antone di a Casabianca, c'est le début de l'indépendance bien que celle-ci ne soit dans les faits pas reconnue.
1755 : seconde Constitution corse.
1756 : novembre, troisième intervention française. Six bataillons français débarquent en Corse, commandés par le marquis de Castries qui installe son QG à Calvi. Il sera remplacé par le comte de Vaux 1757-59.
1764 : quatrième intervention française sous le commandement supérieur de Marbeuf 1764.
1765 : ouverture de l'Université de Corse Pascal-Paoli.

La Corse française

Napoléon Ier
1768 : 15 mai, par le traité de Versailles Gênes cède la Corse, que dans les faits elle ne contrôle plus, à la France. Louis XV, qui refuse à dessein de reconnaître la République corse comme légitime, envoie son armée prendre possession de l'île. En échange, il annule la dette de Gênes.
1768 : 18 mai, le marquis de Chauvelin reçoit le commandement des troupes françaises. lieutenant-général des troupes il est nommé gouverneur général du Royaume de Corse
1768 : 9 octobre, les troupes paolistes mettent en déroute l'armée française à Borgo.
1769 : 20 février, De Vaux est nommé commandant en chef des troupes françaises en Corse.
1769 : 9 mai, les troupes de Pascal Paoli perdent la bataille de Ponte-Novo. La Corse passe sous domination militaire française. Des philosophes des Lumières, tels que Rousseau et Voltaire, s'indignent de l'injustice de cette guerre qui vient détruire une nation démocratique.
1769 : 13 juin, Pascal Paoli quitte la Corse pour la Grande-Bretagne.
1769 : 15 août, naissance de Napoléon Bonaparte à Ajaccio.
1769 : Fermeture de l'université de Corte par Louis XV.
1773 : Marbeuf, noble breton, commandant en chef des troupes françaises et gouverneur de l'île, accorde aux Grecs le droit de s'installer à Cargèse
1774 : Niolo, Talcini et Vallerustie se soulèvent. La ferme répression du général Narbonne saccage le Niolo, et six cents Corses sont envoyés au terrible bagne de Toulon.
1786 : Une enfant de Corbara, Marthe Franceschini, enlevée par des pirates en 1778, attire le Sultan alawite du Maroc. Elle deviendra Davia et impératrice du Maroc.
1789 : avril, la Corse compte 11 juridictions royales Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d'Ampugnani, Nebbiu, Sartè, Vicu et 65 pievi.
1789 : 30 novembre, le décret de réunion de la Corse à la France est adopté par l'Assemblée nationale constituante, sur la proposition de Christophe Saliceti, à la suite de la lecture des lettres de la commune de Bastia et d'habitants d'Ajaccio, réitérant les cahiers de doléances.
1789 : 22 décembre, la Constituante divise la France en 83 départements.
1790 : 21 janvier, dernière réaction des Génois avec une lettre de protestation du doge Pallavicini lue à l'Assemblée nationale. Les anciennes communautés ou paroisses prennent le nom de communes.
1790 : 26 février, par décret la Corse qui était divisée en onze juridictions royales Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d'Ampugnani, Nebbiu, Sartè et Vicu, est partagée en neuf districts ex-juridictions : Bastia, Oletta, A Porta, Cervioni, Corti, l'Isula Rossa, Aiacciu, Tallà et Vicu. Le district est partagé en cantons ex-pievi, le canton en communes. Le Conseil supérieur, créé en 1768, est supprimé.
1790 : 4 mars, lettres patentes du roi sur le décret du 26 février : L'île de Corse ne formera provisoirement qu'un seul département. L'assemblée des électeurs se tiendra dans la pieve d'Orezza ».
1790 : 7 juillet, l'Assemblée nationale décide que la Corse n'aura qu'un seul évêque comme les autres départements. Le siège est fixé à Bastia. La Corse comptait auparavant cinq diocèses : Aiacciu, Aleria, Bastia, Mariana et Nebbiu.
1790 : 14 juillet, après avoir été accueilli à Paris, Paoli amnistié rentre en Corse via Macinaggio avec le commandement militaire insulaire.
1790 : 24 septembre, Bastia est choisi provisoirement comme chef-lieu du département, avec possibilité pour le Conseil de se réunir ailleurs suivant les besoins.
1790 : 30 septembre au 14 octobre, à Bastia, première session du premier Conseil général chargé de l'administration du département. Pasquale Paoli est élu président à l'unanimité.
1791 : 27 mai, le département de la Corse obtient six députés pour la prochaine législature.
1791 : 28 juin, l'Assemblée nationale confirme la décision du Directoire du département concernant le transfert du gouvernement de l'île à Corti et fixe le siège provisoire de l'évêché à Aiacciu.
1791 : 29 septembre, en vertu du décret de la Constitution du 18 juin, l'Assemblée fixe le chef-lieu du département à Corti et le siège de l'évêché à Aiacciu.
1791 : 1er juillet, décret de la Convention : 8° L'île de Corse sera divisée en deux départements, l'un en deçà et l'autre en delà des monts ; le Comité de division fera sans délai son rapport sur l'emplacement des chefs-lieux et sur la division en districts et en cantons.
1793 : 11 août, séparation de la Corse en deux départements, le Liamone chef-lieu : Aiacciu, districts : Aiacciu, Vicu et Sartè, et le Golo chef-lieu : Bastia, districts : Bastia, Calvi et Corti.
1794 : Négociations des Anglais avec Pascal Paoli sur la cession de la Corse à la Grande-Bretagne après en avoir chassé les Français. Hood aide Paoli à occuper Saint-Florent, Patrimonio, Bastia, Calvi. Mais Hood saccage Centuri et Macinaggio. Les Anglais chassent les Français. Dernier bastion français, Calvi se rendra le 20 août. Mise en place du Royaume Anglo-Corse. Londres impose le vice-roi Gilbert Elliot.
Article détaillé : Royaume de Corse 1794-1796.
1796 : les troupes françaises reprennent l'île qui a été évacuée par les Britanniques.
1796 : la Corse compte 150 000 habitants.
1797 ; le rétablissement des lois contre le clergé provoque en Castagniccia l'insurrection de La Crucetta écrasée par le général Vaubois. Le général Augustin Giafferi, 80 ans, chef des insurgés, est fusillé à Bastia.
1801 : Le général Joseph Morand est chargé de pacifier l'île.
1804 : Napoléon Bonaparte devient empereur des Français.
1805 : Décret de sur-séance qui accorde un délai pour l'emploi de la langue française dans les actes publics en Corse, région de langue italienne jusqu'en 1858.
1807 : février, mort de Pascal Paoli à Londres.
1808 : à Isolaccio, dans le Fiumorbo le général Joseph Morand fait arrêter 167 hommes, en fusille 9 et envoie au bagne de Toulon les autres.
1811 : Golo et Liamone sont réunis, le département de Corse est restauré avec Ajaccio pour chef-lieu.
1812 : Chaque paroisse ouvre un cimetière, les morts ne sont plus inhumés dans les églises.
1814 : Napoléon Ier abdique ; il devient souverain de l'île d'Elbe. Les Anglais occupent un mois durant Bastia, Calvi, Ajaccio, Bonifacio. Napoléon de retour au pouvoir à Paris, puis battu à nouveau en juin 1815 à Waterloo par l'Europe coalisée, est déporté, cette fois sur l'île de Sainte-Hélène.
1815 : Le marquis de Rivière fut appelé, en novembre, au commandement de la 23e division militaire la Corse. Sa prudence et sa fermeté dissipèrent les troubles insurrectionnels qui désolaient cette île.
1816 : mille Fium'Orbais s'insurgent contre Louis XVIII anti-bonapartiste ; 8 000 soldats ne peuvent les soumettre. Le général Amédée Willot réconcilie tout le monde
1821 : Napoléon Bonaparte meurt à Sainte-Hélène.
1830 : les cantons ne portent plus les noms des anciennes pieves mais ceux des chefs-lieux.
1840 : voyage de Prosper Mérimée dans l'île.
1849 : 10 août, nomination du premier Monsieur Corse de l'histoire de l'île. Louis-Napoléon Bonaparte alors président de la République donne mission à Jacques Pierre Abbatucci futur garde des Sceaux de faire un rapport sur les besoins de la Corse, et le charge du suivi des dossiers relatifs à l'Île auprès des différents ministères concernés.
Le coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III est largement soutenu en Corse, département catholique, conservateur et monarchiste ; elle fait même partie des quatre départements où aucun opposant n'est arrêté.
1859 : 4 août, la Cour de cassation réaffirme que la langue française est la seule langue officielle en Corse, l'italien étant jusqu'alors la langue la plus utilisée dans l'île[réf. nécessaire]. La langue corse est désormais interdite dans l'administration.
1881 : la Corse compte 273 000 habitants.
1890 : en l'espace d'un siècle la population de l'île a presque doublé.
1905 : création de l'équipe de football du Sporting Club de Bastia.
1907 : naissance à Ajaccio du célèbre chanteur corse Tino Rossi, né Constantin Rossi.
1908 : création de l'équipe de football cortenaise.
1910 : création de l'équipe de football ajaccienne Athletic Club d'Ajaccio.
1918 : avec 11 300 morts au terme de quatre ans de guerre, la Corse est l'un des départements qui paye, proportionnellement à sa population, le plus lourd tribut en vies humaines.
1921 : le 15 mai à 2 heures, le paquebot délabré Rion venant de Constantinople, arrive dans la baie d'Ajaccio avec à son bord 3 422 réfugiés Russes. Après une mise en quarantaine sanitaire, les passagers débarquent. Certains restent définitivement, faisant souche sur l'île.
Article détaillé : Exode des Russes blancs en Corse.
1939 : interdiction du journal A Muvra, considéré comme pro-italien.

La Première Guerre mondiale

48 000 hommes sont mobilisés en Corse, outre les 9 000 hommes déjà sous les drapeaux au moment où le conflit éclate. Ce chiffre relativement élevé s'explique par le fait que l'île a le statut de place forte, qui permet l'enrôlement dans l'armée territoriale et dans sa réserve de soldats plus âgés 37 ans au minimum et 48 ans au maximum. La mission de l'infanterie territoriale est la protection des côtes et places fortes, et non l'engagement en première ligne. Toutefois, dans la confusion des premiers mois de guerre, certains soldats plus âgés sont envoyés sur le front continental, ce qui engendre en avril 1915 des protestations à l'Assemblée nationale.
Après la guerre, il sera longtemps affirmé que le nombre de tués aurait été de 30 000, voire 40 000. Ce chiffre élevé est tout à la fois dans l'intérêt des courants jacobins, qui pensent ainsi démontrer l'engagement des Corses pour le drapeau français, et des courants nationalistes, qui affirment quant à eux que la France aurait réservé un sort défavorable aux soldats corses, en les surexposant en première ligne. De fait, le 173e régiment d'infanterie composé de soldats corses fut largement utilisé en première ligne. Le maréchal Foch déclara à son sujet : Les Corses arrivent par bateaux entiers, mais des barques suffisent pour ramener les survivants. La mobilisation des conscrits corses obéissait à des règles plus sévères que celles en vigueur en France continentale, ainsi que le reconnut plus tard l'ancien Premier ministre Michel Rocard devant l'Assemblée nationale, lors de son discours du 12 avril 1989.
Selon Sébastien Ottavi, agrégé d'histoire au lycée Fesch d'Ajaccio, ce nombre est situé dans une fourchette de 12 000 à 15 000 tués, dont 10 000 morts natifs de Corse. Jean-Paul Pellegrinetti et Georges Ravis-Giordani estiment que le nombre de Corses morts au cours de cette guerre est compris entre 10 000 et 12 000 soldats insulaires. Le nombre officiel de Corses morts pour la France est de 9 751.
Ces chiffres ramènent la proportion de pertes chez les Corses à un pourcentage un peu supérieur à celui enregistré au niveau national, soit 18,2 % contre 16,8 %.
Parmi les combattants corses de la Marne, de Verdun et d'autres batailles meurtrières, se sont illustrés : le 173e régiment de ligne Aio Zitelli, le général Grossetti et les aviateurs Jean Casale et Jean-Paul Ambrogi.
L'arrivée irrégulière des bateaux entraîne de graves problèmes de ravitaillement : pain, sucre, pétrole sont rationnés. La pénurie est aggravée par l'hébergement de 2 000 prisonniers de guerre allemands, cantonnés dans les couvents et pénitenciers, puis utilisés comme main-d'œuvre dans les campagnes. De plus, la Corse devient une terre d'asile pour les réfugiés 4 000 Serbes et Syriens. Pour subvenir aux besoins de la population, les terres abandonnées à la friche sont remises en culture suivant les pratiques traditionnelles. En septembre 1918, la grippe espagnole ravage certains villages et oblige le préfet à prendre des mesures pour limiter l'épidémie cercueil plombé, ensevelissement profond.
L'armistice de 1918 est accueilli dans l'allégresse et l'anxiété du retour des blessés. Des souscriptions locales permettront d'élever dans chaque village des monuments en l'honneur des morts. En 1933, la Borne de la Terre sacrée est inaugurée à Ajaccio. Ces pertes humaines affecteront durablement la vitalité de l'île, ce qui accentuera le déclin économique.

La Seconde Guerre mondiale

1941 : à la demande de l'Italie, l'armée allemande regroupe les prisonniers de guerre corses dans des camps spéciaux : le Stalag VB et l'Oflag VC.
novembre 1942 - septembre 1943 : la Corse est occupée par les troupes italo-allemandes. À partir de novembre 1942, 80 000 soldats italiens envahissent la Corse.
14 décembre 42 : La mission secrète Pearl Harbour débarque par le sous-marin Casabianca en baie de Topiti Piana
mars 1943 : Fred Scamaroni, prisonnier à la Citadelle d'Ajaccio, se suicide afin de ne pas livrer ses compagnons sous la torture
août 1943 : exécution de Pierre Griffi le 18 août et de Jean Nicoli le 31 août à Bastia
8 septembre 1943 : à la suite de la chute du régime fasciste à Rome, les troupes allemandes occupent l'île.
Article détaillé : Libération de la Corse.
9 septembre 1943 au 5 octobre 1943 : la population se soulève, les Italiens 80 000 soldats rallient les partisans locaux 1 000 combatants et environ 4 000 soldats français pour combatre la Wehrmacht. Ajaccio devient la première ville française à être libérée. Plus de 700 soldats italiens auront été tués, mais les troupes italiennes laissent à l'armée française l'honneur d'entrer en premier à Bastia.
5 octobre 1943 : 13 000 Allemands fuient l'île, repoussés vers la mer.
8 octobre 1943 : le général de Gaulle proclame à Ajaccio : Nous devons sur le champ tirer la leçon de la page d'histoire que vient d'écrire la Corse française.... La Corse a la fortune et l'honneur d'être le premier morceau libéré de la France. Ce qu'elle a fait éclater de ses sentiments et de sa volonté, à la lumière de sa libération, démontre que ce sont les sentiments et la volonté de la Nation tout entière.
1944 : l'île devient une base importante - surnommée l'USS Corsica, le porte-avion - pour la poursuite des opérations en Italie puis pour le débarquement en Provence août 1944.
1944 : l'armée américaine éradique le paludisme, présent en Corse depuis le xiiie siècle, par épandages de DDT.
1945 : procès contre les irrédentistes. Condamnation de Petru Rocca à 15 ans de prison pour collaborationnisme.

La Corse contemporaine

1957 : création de le SETCO Société pour l'Équipement Touristique de la Corse afin de favoriser la réalisation de complexes touristiques hôtels, villages de vacances, etc.. Création de la SOMIVAC Société pour la mise en valeur agricole de la Corse. 90 % des terres ayant été promises auparavant aux paysans corses seront réservées aux rapatriés d'Algérie.
1957 : arrivée massive de rapatriés d'Algérie jusqu'en 1965; attribution de vastes terres agricoles aux agriculteurs pieds-noirs rapatriés, au détriment des agriculteurs locaux.
1960 : en avril, le gouvernement Debré décide de créer un centre d'expérimentations nucléaires souterraines dans les mines désaffectées de l'Argentella, au sud de Calvi : manifestation de protestation unanime. Le Gouvernement recule. Les essais nucléaires, qui ne peuvent plus se faire en Algérie, se feront désormais en Polynésie.
1960 : la population de l'île est retombée à 160 000 habitants.
de 1965 à mi-1970 : radicalisation des revendications d'abord régionalistes puis autonomistes et enfin nationalistes. L'île est dans un état d'isolement et de retards techniques considérables : peu de routes, des communications difficiles et coûteuses avec le continent, des installations sanitaires médiocres, une carte scolaire déplorable, pas d'université.
1970 : la Corse est administrativement détachée de Provence-Côte d'Azur et devient la 22e région métropolitaine décret du 9 janvier 1970.
1972 : affaire des boues rouges de la Montedison, déversements de produits toxiques au large du Cap Corse. Après diverses manifestations, un commando clandestin dynamitera le navire pollueur.
1975, 21 août : « affaire d'Aléria » : une douzaine d'hommes armés de fusils de chasse, représentée par le docteur Edmond Simeoni, occupe la ferme d'un viticulteur rapatrié accusé d'être mêlé à un scandale financier. En réaction, 1 200 Gendarmes et CRS, des blindés et hélicoptères cernent les bâtiments. Bilan : deux gardes mobiles tués et un militant gravement blessé. Cet événement tragique est considéré comme l'acte de renaissance du nationalisme corse.
1975 : à la suite de cette affaire, entre le 23 et le 26 août, des manifestations nocturnes ont lieu à Bastia. Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur, envoie les blindés sur Bastia. La ville connaît alors des scènes de guerre civile faisant un mort du côté des forces de l'ordre. C'est le début d'une longue période de troubles dont l'île n'émergera qu'au début du XXIe siècle. La loi du 15 mai 1975 portant réorganisation de la Corse divise l'île en deux départements.
1976 : le 5 mai, au cours d'une nuit bleue création du FLNC réclamant la reconnaissance des droits nationaux du peuple corse, le droit à l'autodétermination et un pouvoir populaire démocratique en Corse.
1976 : mise en place de la bidépartementalisation : l'île est organisée en deux départements, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud
1981 : ouverture de l'Université de Corse Pascal-Paoli à Corte.
1982 : les lois du 2 mars et 30 juillet donnent un statut particulier à la région corse et la première assemblée de Corse est élue au suffrage universel direct le 8 août. Les nationalistes jugent ces mesures insuffisantes, le FLNC reprend ses actions.
1983 : décès du célèbre chanteur corse Tino Rossi.
1989 : entre mars et avril, la Corse est paralysée par une grève des fonctionnaires sans précédent, visant à dénoncer, entre autres, la cherté de la vie sur l'île.
1989-1990 : Le mouvement nationaliste connaît ses premières divisions internes qui aboutissent à des scissions.
1991 : statut Pierre Joxe voté, l'assemblée de Corse dispose de compétences élargies, et en particulier d'un Conseil exécutif.
1992 : aux élections territoriales, les nationalistes toutes tendances confondues : Corsica Nazione, MPA, etc. dépassent 25 % des voix.
1995/1996 : les deux principales branches issues du FLNC de l'époque, le FLNC Canal Historique et le FLNC-Canal Habituel, se livrent à des règlements de comptes fratricides qui font plus d'une quinzaine de morts.
1996 : Plusieurs centaines de militants du FLNC Canal Historique tiennent une conférence de presse à Tralonca pour annoncer un cessez-le-feu. Cette manifestation, qui ressemble plus à une démonstration de force qu'à un message pacifique, en raison de l'arsenal présent lance-roquettes, fusil d'assaut, etc. et du nombre impressionnant de militants, provoque l'incompréhension et la stupéfaction générale. Jean-Louis Debré, le ministre de l'Intérieur de l'époque, sera par la suite critiqué pour avoir laissé faire et écarté du dossier corse par le gouvernement.
1998 : assassinat du préfet Claude Érignac.
1999 : affaire des paillotes. La paillote Chez Francis, construite illégalement, est incendiée tout aussi illégalement par les gendarmes du GPS au cours d'une action clandestine sur ordre du préfet Bernard Bonnet.
2000 : en août, le premier ministre Lionel Jospin propose un nouveau statut pour la Corse connu sous le nom de processus de Matignon qui est voté par l'Assemblée nationale le 4 décembre.
2002 : loi élargissant à nouveau les compétences de la collectivité territoriale de Corse et lui confiant notamment de nouvelles responsabilités dans des domaines tels la gestion des ports et aéroports, la carte des formations ou la préservation des monuments historiques.
2003 : 6 juillet : rejet par une majorité d'électeurs habitant sur l'île du projet de collectivité unique. Marquant une victoire des républicains anti-nationalistes conduits par Émile Zuccarelli, ce référendum est, selon ces derniers, un tournant décisif dans l'histoire politique récente avec l'arrêt provisoire des réformes institutionnelles.
2007 : lors de l'élection présidentielle, la Corse est l'une des régions de France qui votent le plus massivement en faveur de Nicolas Sarkozy plus de 61 % des voix, candidat élu.
2008 : 12 janvier: à la suite d'une manifestation nationaliste, ceux-ci, qui devaient initialement se diriger vers la préfecture, occupent l'Assemblée territoriale corse pendant près de trois heures s'ensuit un incendie qui ravage des bureaux dont celui du président de l'Assemblée.
2009 : le Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse PADDUC initié par la majorité UMP de l'Assemblée de Corse suscite la polémique sur l'île. Accusé, entre autres, d'être basé sur le tout-tourisme, de ne pas respecter assez l'environnement et d'empêcher le développement de l'agriculture, le projet rencontre une vive opposition. Il est finalement repoussé, et figure parmi les enjeux des élections territoriales de 2010.
2010 : la gauche, menée par Paul Giacobbi, remporte pour la première fois depuis 24 ans les élections territoriales. Les nationalistes, toute tendances confondues Femu a Corsica, autonomiste, et Corsica Libera, indépendantiste, atteignent le score historique 36 % des voix et se positionnent au centre du débat politique.
2011 : 30 juin : l'Assemblée de Corse jette les bases d'une nouvelle politique foncière et évoque des mesures qui devront s'insérer dans un nouveau statut de la Corse, que l'Assemblée devra négocier avec l'État. La gauche y est majoritairement favorable, tout comme les partis nationalistes. La gauche républicaine aujourd'hui minoritaire, y reste hostile. La droite, elle, s'est abstenue. Le débat institutionnel est relancé Corse Matin, 10 juillet 2011.
2012 : novembre : à la suite des assassinats de l'avocat Antoine Sollacaro et du Président de la Chambre de Commerce de Corse-du-Sud Jacques Nacer, le gouvernement français reconnait pour la première fois l'existence d'une mafia en Corse, et promet des mesures judiciaires spécifiques.
2013-2014: L'Assemblée de Corse vote plusieurs propositions allant dans le sens d'une nouvelle évolution institutionnelle et d'une autonomie élargie pour la Corse. Le 17 mai 2013, au terme d'un vote largement majoritaire 36 voix sur 51, soit 70 % des votants), elle vote l'adoption d'un statut de coofficialité pour la langue corse, assorti d'un programme de revitalisation linguistique. L'opinion corse, de son côté, est quasi unanimement favorable au bilinguisme et à la réintroduction de la langue (90% des personnes interrogées, selon un sondage Opinion of Corsica publié en avril 2013. Le 27 septembre de la même année, les élus corses se prononcent pour une nouvelle évolution des institutions de l'île par le biais de l'inscription d'une mention spécifique à la Corse dans la Constitution (à 46 voix sur 51. Le 25 avril 2014, à l'issue d'un vote majoritaire de 29 voix sur 51, les conseillers territoriaux proposent l'adoption d'un statut de résident permanent d'au moins cinq ans pour devenir propriétaire dans l'île afin de contrer la flambée des prix et la spéculation foncière et immobilière. À la suite de ces nouvelles propositions, un dialogue s'ouvre à nouveau entre le gouvernement français et les élus corses.
2014 : 25 juin : dans un communiqué envoyé à la presse locale, le FLNC annonce l'abandon de la lutte armée. L'organisation déclare sans préalable et sans équivoque aucune » avoir décidé unilatéralement d'enclencher un processus de démilitarisation et une sortie progressive de la clandestinité et estime qu'il est temps de passer à une phase nouvelle : celle de la construction d'une force politique pour gouverner la Corse et la conduire à l'indépendance. L'annonce est historique, et accueillie positivement par la classe politique insulaire qui y voit le début d'une nouvelle ère dans les rapports politiques en Corse.
2014 : 31 octobre : Un nouveau PADDUC, initié cette fois-ci par la majorité territoriale de gauche, est adopté par l'Assemblée de Corse. Plus consensuel que le précédent, le projet fait cependant l'objet de longues et intenses discussions avant de recevoir l'appui des élus nationalistes. Ces derniers votent le texte après avoir obtenus plusieurs garanties fondamentales, notamment sur la protection des espaces remarquables et des terrains agricoles. Malgré l'opposition de la droite et d'une élue de gauche, le texte est adopté à une large majorité, voté par 38 élus sur 51.
2015 : 1er juillet : l’Assemblée nationale adopte le projet de collectivité unique pour la Corse, voté un an plus tôt par les élus de l'Assemblée de Corse 42 voix sur 51. Ce projet prévoit notamment la fusion de la Collectivité territoriale de Corse et des deux conseil départementaux Haute Corse et Corse du Sud. L'entrée en vigueur de ce nouveau statut pour l'île est prévue pour le 1er janvier 2018.
2015 : 13 décembre : Victoire des nationalistes à l'issue du second tour des élections territoriales, la liste unie "Pè a Corsica" fusion des autonomistes de Femu a Corsica et des indépendantistes minoritaires de Corsica Libera menée par Gilles Simeoni arrive en tête avec plus de 35% des voix, conséquence de la fragmentation des partis traditionnels tant à gauche qu'à droite. Pour la première fois depuis la création de la Collectivité territoriale de Corse les nationalistes accèdent aux responsabilités territoriales.

Politique en Corse.

Les partis nationalistes, opposés à une économie uniquement axée sur le tourisme, ont réalisé une percée historique aux dernières élections régionales de mars 2010. Le 30 mars 2014, l'avocat Gilles Simeoni est devenu le premier maire nationaliste de Bastia.

Politique et administration avant la Révolution française

Liste des pievi de Corse.
Avant que soit voté à l'Assemblée nationale constituante L'Île de Corse est déclarée partie intégrante de l'empire français le 30 novembre 1789, l'île, sous domination italienne Rome, Pise, Gênes, était divisée en diocèses, pievi paroisses, communautés et fiefs. Elles étaient administrées par des évêques, piévans ou coévêques, des caporali tribuns et des seigneurs locaux jusqu'en 1641.
Le 14 décembre 1789, les communautés et paroisses deviennent des communes par la loi d'organisation municipale votée par la Constituante.

Administration de 1790 à 1982

Lorsque les circonscriptions d'action régionale CAR, équivalent des régions actuelles, sont organisées en 1960, la Corse fait partie de la CAR de Provence-Côte d'Azur-Corse. Elle en est détachée par un décret de 197038. En 1974, la Corse devient l'un des vingt-deux établissements publics régionaux et est dotée d'un conseil régional et d'un comité économique régional.
En 1975, en application de la loi du 25 mai, la Corse est divisée en deux départements, la Corse du Sud, avec Ajaccio pour chef-lieu, et la Haute-Corse, avec Bastia pour chef-lieu.

Administration depuis 1982

La Corse constitue la Collectivité territoriale de Corse CTC, statut particulier institué en vertu de la loi du 13 mai 1991. Cette loi a substitué ce nouveau statut de collectivité territoriale de la République, qui lui confère plus de pouvoir, à l'ancien statut de région.
La Corse est donc dotée d'une organisation institutionnelle originale, unique en France métropolitaine, mais comparable à celle de la plupart des autres régions européennes largement décentralisées, également comparable à celle des collectivités régies par l'article 73 de la Constitution française. Le statut de la Corse est ainsi très proche de celui de la Martinique, toutes les deux administrées par une collectivité territoriale comprenant un Conseil exécutif, une assemblée et un conseil consultatif. La spécificité de la Corse dans la République a en effet été reconnue par le pouvoir national puis traduite dans plusieurs réformes statutaires 1982, 1991, 2002 à partir d'un double fondement : favoriser l'expression du débat politique dans le cadre d'une démocratie locale rénovée, permettre la recherche de solutions adaptées aux problèmes insulaires à travers l'octroi de compétences étendues en matière d'identité et de développement. Ainsi la collectivité territoriale de Corse apparaît à l'avant-garde de la République décentralisée : par ses responsabilités accrues mais aussi une organisation rationalisée et des moyens plus importants, parmi lesquels le statut fiscal.
La collectivité territoriale de Corse comprend trois organes :
le Conseil exécutif de Corse
l'Assemblée de Corse
le Conseil économique social et culturel de Corse. Conseil exécutif
Le Conseil exécutif de Corse est l'organe exécutif de la collectivité. Il comprend neuf membres, élus par l'Assemblée parmi ses membres pour six ans.
C'est cet organe qui fait la particularité de la Corse. Il faut toutefois noter, qu'au sein de la République française, la Martinique a une organisation institutionnelle comparable à celle de la Corse. Alors que dans les autres régions françaises, c'est le président du conseil régional qui exerce à la fois l'exécutif et la présidence de l'assemblée délibérante, en Corse (et en Martinique, ces deux fonctions sont séparées.
L'Assemblée peut cependant renverser le Conseil en votant contre lui une motion de censure par 26 voix majorité absolue.
C'est actuellement Gilles Simeoni FC qui préside le Conseil.

Démographie de la Corse.

La Corse comptait 294 118 habitants au 1er janvier 200641 et 302 966 au 1er janvier 2008.
Au 1er janvier 2012, l'INSEE recense une population légale 2009 de 305 674 habitants .
Au 1er janvier 2014, l'INSEE recense une population légale provisoire de 323 092 habitants, soit une forte croissance depuis 30 ans, mais comparable à la Sardaigne, 5 fois plus peuplée avec 1,66 million d'habitants, et moins peuplée que les Baléares 1,11Mh ou la Sicile 5Mh. La Corse est donc la 4e île la plus peuplée de Méditerranée occidentale, dont les habitants insulaires sont près de 9 millions. La Corse est aussi la 4e île française la plus peuplée après la Réunion près de 850 000 habitants en 2015), la Guadeloupe plus de 400 000 habitants en 2015, la Martinique environ 380 000 habitants en 2015, et devant la Polynésie française près de 280 000 habitants en 2015), la Nouvelle-Calédonie (près de 270 000 habitants en 201 et Mayotte environ 230 000 habitants en 2015.

Immigration

En 2009, la Corse comptait 28 961 immigrés nés étrangers à l'étranger, dont 13 319 nés au Maghreb, sur une population de 305 674 soit 9,5 %.
31,2 % des nouveau-nés en 2011 en Corse, soit 962 sur 3 084, ont au moins un parent né à l'étranger quelle que soit sa nationalité, soit la plus forte proportion après la région Île-de-France 46,3 % et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur 32,6 %. Parmi ces nouveau-nés, 17,6 % ont un père né au Maghreb, soit la plus forte proportion au niveau des régions, devant les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur 14,9 %, Languedoc-Roussillon 14,1 % et Île-de-France 13,1 %.

Résidents étrangers

Au 1er janvier 2008, on recensait en Corse 24 747 étrangers déclarés sur une population totale de 302 966 habitants, soit 8 % de la population.
Résidents étrangers Population
1er janvier 2008
Maroc 10 454
Portugal 5 667
Italie 2 284
Tunisie 1 796
Algérie 825
Espagne 264
Turquie 5
Autres pays 3 155
Total 24 747

Économie de la Corse. Présentation

Les répartitions dans les trois secteurs économiques (en %) :
Primaire : 5,30
Secondaire : 15,30
Tertiaire : 79,40
La Corse possède une population active d'environ 122 300 habitants au 31 décembre 2014, en hausse de 13.000 en 7 ans 2007.
Le taux des chercheurs d'emplois sur la population active était de 10,6 % en 2002 et relativement stable.
Le PIB par habitant 24 232 euros en 2008 et de 26 554 euros en 2012, soit de 18 % inférieur à la moyenne nationale, en rattrapage de 3% en 4 ans.
L'économie corse se caractérise par la faiblesse du tissu productif et la surreprésentation du secteur tertiaire, notamment non marchand et public. La deuxième caractéristique majeure concerne les structures de production : il s'agit en très grande partie de très petites entreprises avec peu ou pas de salariés. D'un autre côté, on trouve les plus grosses structures dans la grande distribution ou dans le secteur du BTP soumis aux commandes publiques. À ceci s'ajoute une population faiblement active et vieillissante. Le secteur tertiaire, premier employeur de l'île, est marqué par la prépondérance du secteur public fonction publique d'état et collectivités territoriales.

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Posté le : 14/05/2016 22:04
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La corse est cédée à la France 3
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Le secteur primaire

Chèvres corses
L'agriculture reste le secteur productif le plus important malgré sa faible part dans le PIB. On ne peut comprendre la situation actuelle sans connaître un minimum l'histoire agraire de l'île. Les systèmes vivriers traditionnels disparaissent au début du vingtième siècle sous la pression conjuguée de la concurrence des céréales des pays neufs et de tarifs douaniers défavorables. Ces systèmes se basaient sur la culture des céréales en sec sur terrasses avec jachère biennale, voire culture sur brûlis en cas de crise alimentaire, de cultures d'appoint soignées jardins, vignes, vergers et d'un élevage semi-nomade inverse alliant terres de plaine d'hivernage et montagnes d'été avec village de montagne Niolo, Alta Rocca, Ascu, etc.. Certaines régions remplacent les cultures de céréales par le châtaignier.
La brebis corse est une composante essentielle de cette agriculture vivrière de montagne grâces à sa rusticité et ses aptitudes mixtes en lait, viande et laine. À partir de la fin du XIXe siècle, l'arrivée des industriels laitiers de roquefort sur l'île bouleverse cette économie et fait passer progressivement ses éleveurs dans l'ère industrielle.
L'autre composante est la chèvre corse, une race autochtone élevée en isolement des autres races, reconnue en 2003. D'ailleurs, tous les produits laitiers sont ici faits à base de lait de brebis et de chèvre.
Au tournant de 1945, l'intérieur est ruiné, en pleine déprise rurale et agricole. Les propriétaires fonciers ont bien souvent émigré. A 10 ans d'intervalle se produisent deux phénomènes qui vont redessiner le paysage agricole actuel : la mise en valeur de la plaine orientale et la reconquête de l'intérieur par l'agriculture et l'élevage pastoral.
Face au marasme ambiant et aux première agitations en 1950 la Corse compte environ 150 000 habitants, soit son minimum démographique le gouvernement entreprend de drainer la vaste plaine orientale, terre d'hivernage des bergers de brebis. Il s'agit d'y installer une agriculture moderne au sens des lois Pisani. À l'origine conçue pour les Corses, cette politique vient à propos pour accueillir les pieds noirs de retour d'Algérie. C'est l'origine d'une agriculture essentiellement orientée vers les cultures permanentes vignes, agrumes, kiwis, fruitiers, exercée au sein de grosses structures, à fort capital, grandes SAU, employeuse de main d'œuvre salariée souvent d'origine marocaine. Cette agriculture a connu des cycles : vin de table, kiwi, agrumes mais connaît des difficultés récurrentes, du fait de la forte capitalisation nécessaire et à l'endettement important des entrepreneurs. Si les performances se sont améliorées, l'avenir reste incertain car les exploitations ont du mal à honorer leur en-cours.
Au contraire, l'intérieur a connu une certaine reprise agricole dans les années 1970 en liaison avec le slogan vivre au pays / campà in paese. Il s'agit au contraire de structures légères peu d'investissements d'élevages de petits ruminants laitiers organisés en systèmes de types pastoraux : races rustiques, surfaces vastes mais peu productives, résultats techniques moyens ou médiocres mais d'une grande stabilité.
D'autres secteurs agricoles connaissent une belle croissance, tels la castanéiculture châtaignes et l'oléiculture. S'y ajoutent souvent une production de produits fermiers pour valoriser la main-d'œuvre familiale : fromages, agneaux, cabris, huile d'olive, veaux, charcuterie, miel. C'est un secteur en pleine évolution et organisation qui construit des démarches de qualité mais qui doit faire face à des problèmes de maîtrise du foncier, de manque de repreneurs, de difficultés financières et de mises aux normes des ateliers de transformation.
Dans ce cadre, dans les années 1990 et 2000 la brebis corse connaît un renouveau grâce à l'intégration de lait dans le cahier des charges d'appellations d'origine contrôlées de fromage fermier de Corse comme le brocciu et d'autres.
La viticulture en cave particulière combine des caractéristiques hybrides : forte capitalisation mais orientation vers une production labellisée. Ceci n'empêche pas que de vastes zones de l'intérieur soient devenues presque vides d'habitants et que certains villages n'aient plus assez de résidents permanents pour constituer un conseil municipal.

Le secteur secondaire

Le Vieux-port de Bastia
L'industrie, comme partout en Europe, a un effet d'entrainement fort pour l'économie, avec 4 à 6 emplois tertiaires induits par chaque emploi industriel local, d'où l'importance cruciale de ce tissu pour développer l'emploi en Corse.
Le secteur industriel est surtout développé dans le BTP qui dépend pour ses carnets de commande : des marchés publiques de routes et de grands bâtiments pour les plus grosses entreprises et une demande locale de résidences et de maisons très diversifiée ou touristique pour les PME et TPE de 0 à 3 salariés. Les industries agro-alimentaires, dites IAA, se développent aussi grâce à leur appui sur des entreprises de transformation des céréales, vignes, laits, fromages, viandes, huiles, poissons, produits de façon locale.
Parmi les nombreuses entreprises faisant des produits de qualité, on peut citer sans être exhaustif, le secteur des eaux minérales Saint Georges, Zilia, Orezza, des boissons notamment la brasserie Pietra qui développe outre les bières, les sodas et limonades; on peut aussi citer Torra, de la biscuiterie produisant selon des recettes locales, des plats cuisinés corses, de la charcuterie de type corse sans aucune garantie sur l'origine de la matière première mais aussi des fromageries et laiteries semi-industrielles.
D'autres ressources sont exploitées mais de façon plus marginale bois, lauze, pierres ornementales ou de construction.
La Corse est la plus développée des régions françaises en énergies propres, dites 'vertes'. L'énergie utilisée est pour 25% d'origine hydraulique 7 centrales EDF pour 136MW, mais aussi d'origine thermique 303MW, à Vazzio et Luciana. L'éolien se développe fortement avec un énorme potentiel, et notamment les fermes éoliennes du Cap Corse 3 fermes éoliennes pour 18MW, l'une des zones les plus venteuses de l'île. Plusieurs fermes photovoltaïques ont vu le jour un peu partout dans l'île Balagne, Cortenais, etc.. 93% de l'énergie est aujourd'hui produite par EDF et EDF EN, qui ont investi en Corse près d'un milliard d'euros de leurs ressources entre 2006 et 2012, pour développer et moderniser le parc de production.

Le secteur tertiaire

Le tertiaire privé marchand est marqué par une très forte saisonnalité liée à la quasi monoactivité touristique. Un grand nombre d'emplois offerts sont peu qualifiés et saisonniers. Avec le commerce, c'est pourtant le secteur qui est le plus dynamique ; mais il se cantonne souvent aux secteurs non délocalisables ou non concurrentiels. L'activité du secteur touristique cependant tend à s'étendre en arrière et pré-saison. Le tourisme d'affaire ainsi que le tourisme international ou thématique sportif, gastronomique, ...permettent de réguler les flux économiques sur l'ensemble de l'année.

Fiscalité Statut fiscal de la Corse.

La Corse bénéficie depuis le Consulat d'un régime fiscal dérogatoire motivé par son insularité et son état de sous-développement relatif. La dernière mesure législative qui régit le statut fiscal particulier de l'Île de Beauté date de 1994.
Des avantages fiscaux dont bénéficient les entreprises touchent notamment à l'impôt sur les sociétés dans les zones franches, et à la taxe professionnelle, réduite sur toute l'île. Les particuliers bénéficient d'avantages en matière de TVA, de taxe foncière sur les propriétés non bâties pour préserver certains secteurs de l'île, de TIPP. Ils sont par ailleurs exonérés totalement de droits de succession avantage limité à partir du 1er janvier 2012. Toutefois sur ce dernier point, il est bon de préciser qu'en France continentale, 95 % des héritiers sont de fait également exonérés de droits de succession.
L'État reverse au profit des collectivités le manque à gagner sur les taxes locales. Le coût brut est réduit : le manque à gagner en matière de recette fiscale du fait de ce statut dérogatoire était de 230 millions d'euros en 2004.
Depuis 1976, la Corse bénéficie également du concept de continuité territoriale. Elle a bénéficié de subventions au titre des fonds structurels européens relevant de l'objectif 1 qui concerne les régions dont le PIB est inférieur à 75 % de la moyenne européenne.
La Corse, qui ne fabriquait pas de produits manufacturés, était, par exception, autorisée à en importer hors taxe d'Italie ; pour éviter que l'île serve d'entrée aux produits italiens sans taxe, on a donc taxé les exportations vers la France continentale. En revanche, les produits agricoles corses étaient vendus en France continentale hors taxe.

Criminalité

Au cours de l'année 2010, 682 homicides volontaires ont été commis en France, dont 28 en Corse. Le taux d'homicide volontaire s'établit ainsi à un pour 10 800 habitants sur l'île, contre un pour 95 000 habitants sur le continent.

Transport en Corse.
Transport ferroviaire Chemins de fer de Corse.

La Corse possède un réseau ferroviaire de deux lignes seulement : Bastia - Corte - Ajaccio et Ponte-Leccia - L'Île-Rousse - Calvi. Ce réseau est géré par la CFC Chemins de Fer de la Corse et est à voie métrique.

Transport maritime

Le Sardinia Vera Corsica Ferries et le Corse SNCM à Bastia.
Le Mega Smeralda et le Pascal Paoli, à Bastia.
Le Moby Wonder à Bastia.
Le Kalliste La Méridionale.
Les liaisons maritimes entre la Corse et le continent européen sont assurées toute l'année grâce aux ports :
de Bastia 51,2 % du trafic passagers en Corse en 2011, et 1er port de Méditerranée en trafic de passagers, 2e de France après Calais
d'Ajaccio 26,5 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Porto Vecchio 9 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de ÃŽle Rousse 8,2 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Bonifacio 5,4 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Calvi 3,5 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Propriano 2,2 % du trafic passagers de la Corse en 2011
qui relient l'île à :
Marseille SNCM et La Méridionale vers et depuis Bastia, Ajaccio, Île Rousse, Porto Vecchio et Propriano
Toulon Corsica Ferries et SNCM vers et depuis Bastia, Ajaccio, ÃŽle Rousse et Propriano
Nice Corsica Ferries et SNCM vers et depuis Bastia, Ajaccio, ÃŽle Rousse et Calvi
Savone Italie - Corsica Ferries vers et depuis Bastia, ÃŽle Rousse et Calvi
Gênes Italie - Moby Lines vers et depuis Bastia
Livourne Italie - Corsica Ferries et Moby Lines vers et depuis Bastia
Portoferraio Île d'Elbe - SNCM vers et depuis Bastia, 2 à 3 fois par an
Santa Teresa di Gallura Sardaigne - Moby Lines et SAREMAR vers et depuis Bonifacio
Porto Torres Sardaigne - La Méridionale et SNCM vers et depuis Propriano et Ajaccio
Golfo Aranci Sardaigne - Corsica Ferries vers Bastia
par les compagnies de transport maritime :
Corsica Ferries, entreprise privée franco-italienne, appartenant à la famille Lota,
la SNCM, entreprise publique française jusqu'en 2005, largement privatisée depuis,
La Méridionale, société du groupe STEF-TFE,
SAREMAR, entreprise privée italienne,
Moby Lines, groupe Onorato

Transport aérien

Les liaisons aériennes sont notamment assurées par deux compagnies aériennes, Air France et Air Corsica, qui proposent des liaisons régulières. D'avril à octobre, et surtout pendant l'été, de nombreuses liaisons de charters relient sans escale la Corse à de grandes villes européennes.

La Corse possède quatre aéroports :

Aéroport d'Ajaccio Napoléon Bonaparte à 5 km à l'ouest d'Ajaccio.
Aéroport de Bastia Poretta à 16 km au sud de Bastia
Aéroport de Calvi-Sainte-Catherine à 8 km au sud-est de Calvi
Aéroport de Figari Sud Corse à 4 km au nord-ouest de Figari

Transport routier

Réseau routier de Corse-du-Sud, Réseau routier de la Haute-Corse et Signalisation bilingue en Corse.

Culture corse Langue corse

Les montagnes corses
À l'époque romaine, les habitants de l'île parlaient un latin encore très proche de celui du continent. Pour schématiser : on retiendra que la langue corse est une langue issue du bas latin et du toscan médiéval. Certaines variétés de la langue corse sont parmi les langues les plus proches de l'italien standard, car elles ont été largement influencées par le toscan lui-même à la base de l'italien. Ceci fait que l'intercompréhension avec les Italiens est excellente mais que quelqu'un parlant corse comprend difficilement des langues locales comme le calabrais, le vénitien ou même le piémontais -et vice-versa. L'hymne corse Dio vi salvi Regina est d'ailleurs écrit en italien standard et chanté en corse sans que de grandes modifications soient perceptibles entre l'écrit et l'oral ; la seule différence est que le o italien devient un u latin en corse même dans le titre qui est parfois Dìu vi salvi Regina. Ce phénomène de l'interchangeabilité du u et du o n'est cependant pas un phénomène proprement corse puisqu'on le retrouve en sicilien, en calabrais, en occitan et en catalan. Toutefois, les variétés de la langue corse dites taravaise ou sartenaise sont plus éloignées du toscan, mais nettement plus proches des langues sicilienne ou galluraise.
La langue corse actuelle a été influencée selon les micro-régions de l'île par le toscan, au nord, tandis que l'extrême sud restait soumis à l'influence du bas latin. Cela se révèle notamment dans la forme des pluriels masculins issus du neutre latin dans l'extrême sud et dans la forme initiale de termes restés proches du latin tels u casgiu pour le fromage directement issu de caseus en latin. Les linguistes décrivent ces différentes variétés comme une forme de polynomie. Les différentes variétés sont intercommunicantes mais variées.
La langue corse est le véhicule de la culture corse, riche de ses chants, ses polyphonies, ses proverbes, et de ses expressions.
Elle est l'objet de nombreuses revendications concernant sa protection et son enseignement. L'État affiche une volonté politique de promouvoir l'enseignement de la langue et de la culture corse. Il a mis en place un enseignement facultatif d'un maximum de deux heures par semaine, géré par les professeurs des écoles dans le primaire. Ces mesures sont vues par certains comme trop faibles, comparées à ce qui est fait en Espagne pour le catalan et le basque, par exemple. En 2011, la majorité de gauche au pouvoir a annoncé dans l'enceinte de l'Assemblée son intention d'aller vers un statut officiel de la langue corse, qui pourrait permettre sa réintroduction généralisée dans la société, à l'instar de ce qui a été fait en Catalogne espagnole. Cette officialisation passe cependant par une révision de la Constitution, qui est rejetée par l'Académie française.
De fait, la langue corse est considérée par l'Unesco comme une langue en voie de disparition, de même que 90 % des langues de la planète. On estime d'ailleurs depuis 2006 que la langue corse - ainsi que certaines langues italiques tels que le sicilien, le calabrais, le vénitien - est l'une des plus proches du bas-latin tel qu'il fut parlé à l'aube du Moyen Âge.
Les patronymes corses se retrouvent un peu partout en Italie, et notamment dans les régions centrales de la péninsule. C'est le cas, notamment de Benigni, patronyme qui trouve son origine en Toscane. On pense au comédien et réalisateur Roberto Benigni originaire, précisément de cette région d'Italie ainsi que Patrice Benigni, animateur, chanteur et comédien cousin d'André Santini, ancien ministre sous Nicolas Sarkozy et maire d'Issy-les-Moulineaux et de Romain Alessandrini, joueur de l'OM. Les racines corses de ces trois cousins se situent dans le Cap à Canari. Autrefois langue orale, mélange d'origines latine, italienne, elle est actuellement codifiée et structurée par l'université de Corte Università Pasquale Paoli di Corti et défendue par de nombreuses associations insulaires. Elle doit son statut de langue au fait paradoxal que la Corse fait partie de la France, ce qui lui vaut d'être séparée des autres dialectes italiens. En Italie, les dialectes régionaux ont le statut officiel de langue seulement dans leurs propres régions.

Autres langues parlées en Corse

Français
Italien
Grec
Bonifacien
Ligure
Arabe
Hébreu

Chants et polyphonie Chant corse.

Alte Voce
Jean-Paul Poletti
A Filetta
Felì
L'Arcusgi
Barbara Furtuna
Canta U Populu Corsu
Antoine Ciosi
Giramondu
I Chjami Aghjalesi
I Muvrini
Orizonte
Tino Rossi
Battista Acquaviva
Patrizia Gattaceca en solo
Petru Guelfucci
Voce Ventu
Diana di l'Alba

Cinéma en langue corse

Depuis 2006, la série télévisée Mafiosa, le clan créée par Hugues Pagan est diffusée sur Canal+.
en 2007, Robin Renucci réalise Sempre vivu ! son premier long-métrage en Corse dans le village de Olmi-Cappella. Le film est tourné en langue corse et raconte des petites histoires et confrontations entre villageois paisani.
en 2008 sort Un prophète, un film français réalisé par Jacques Audiard. Présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2009, il y a obtenu le Grand prix du jury. Quelques mois plus tard, il reçoit le Prix Louis-Delluc. Lors de la cérémonie des César du cinéma 2010, il gagne neuf récompenses dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il est sorti en salles le 26 août 2009 et a comptabilisé 1 249 000 entrées. Le film est tourné en partie en langue corse.
en 2011 sort I Tercani, un film français tourné entièrement en langue corse, réalisé par Magà Ettori et présenté en avant-première mondiale à Florence lors des 50 Giorni di Cinema Internazionale a Firenze.
Conseiller cinéma auprès du Conseil Économique Social et Culturel Corse CESCC, réalisateur et président de l'Institut Régional du Cinéma et de l'Audiovisuel - Corse IRCA, Magà Ettori est considéré comme le chef de file du Cinéma Corse Néo Contemporain.
Le Cinéma Corse Néo Contemporain est le nom du mouvement cinématographique qui fait son apparition en Corse en 2008. La principale caractéristique de ce courant est de présenter le quotidien en l'état, en adoptant une position moyenne entre scénario, réalité et documentaire et en se servant à la fois de gens de la rue et d'acteurs professionnels pour apporter un maximum de réalisme et de véracité.

Personnalités liées à la région Sportifs professionnels

Porto-Vecchio
Morhad Amdouni, né à Porto-Vecchio
Adil Rami, né à Bastia
Chahir Belghazouani, né à Porto-Vecchio
Karim El Hany, né à Sartène
Chaouki Ben Saada, né à Bastia
Wahbi Khazri, né à Ajaccio
Pascal Berenguer, originaire de Corte
François Bracci, né à Calcatoggio
Rémy Cabella, né à Ajaccio
Yannick Cahuzac, né à Ajaccio
Johan Cavalli, né à Ajaccio
Laurent Emmanuelli, de Vescovato
Mathieu Flamini, originaire de Guagno
Ludovic Giuly, originaire de Zalana
Priscilla Gneto, a grandi et vit à Porto-Vecchio
Anthony Lippini, né à Bastia
Pierre Mignoni, de Vescovato
François Modesto, né à Bastia
Pascal Olmeta, né à Bastia
Charles Orlanducci, de Vescovato
Julian Palmieri, originaire d'Omessa
Claude Papi, originaire de Porto-Vecchio
Jean-Baptiste Pierazzi, né à Ajaccio
Sébastien Squillaci, originaire de Ghisonaccia

Écrivains Écrivains en langue française

Paul Antonietti, auteur de I. F. F. I Francesi Fora
Anne-Xavier Albertini, Le Bar à tisanes
Daniel Arnaud, auteur de La Corse et l'idée républicaine et de Dernières nouvelles du front
Frédéric Bertocchini, auteur d'ouvrages historiques et de nombreuses bandes dessinées, dont Paoli, Sampiero Corso, Libera me, Jim Morrison, Poète du Chaos, Aleria 1975, Le Bagne de la honte et autres...
Paule Calliste, auteure de Quand les pierres essaient de parler, Les échos du casone, D comme mensonge
Roger Caratini, auteur de la Bordas Encyclopédie
Xavier Casanova, auteur du Codex Corsicæ
Marie-Josée Cesarini-Dasso, L'Univers criminel féminin en Corse au XVIIIe siècle, Brigida Médecin au XVIIe siècle, La Bandite
Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca, auteur de Histoire de la Corse avec Louis Villat
Gabriel Xavier Culioli, auteur de la Terre des Seigneurs, Le Complexe corse, Terres de Corse, Les Pierres de l'apocalypse, Le Chant des Saisons, Le Grand Voyage, Légendaire corse, Bandits de Corse,
Jacques Denis, auteur de Forçats corses, déportations au bagne de Toulon, 1748-1873, éditions Privat, Toulouse, 2011, Brève histoire des Cunsulte de Corse, édition Fior di Carta, coauteur Des Jurassiens à la conquête de la Corse
Jean-Toussaint Desanti, philosophe, auteur de Les idéalités mathématiques
Michel Ferracci-Porri, auteur de La Môme Moineau, Beaux Ténèbres, La Pulsion du Mal d'Eugène Weidmann., L'Affaire du Fantôme de Heilbronn, Joyeuse encyclopédie anecdotique de la gastronomie
Marie Ferranti
Jérôme Ferrari
Marie-Hélène Ferrari, auteur notamment de la série: Les Aventures du commissaire Pierucci
Nicolas Giudici
Daniel Istria, auteur de Pouvoirs et fortifications dans le nord de la Corse XI-XVIe siècle
Evelyne Luciani, Louis Belgodere, Dominique Taddéi, auteurs de Trois prêtres Balanins au cœur de la révolution Corse
Thierry Ottaviani, essayiste, auteur notamment de La Corse pour les Nuls
François de Negroni
Paul-François Paoli
Jean Pasqualini, auteur de Prisonnier de Mao 7 ans de Laogaï
Pierre Piobb
Michel Poli, Le cimetière des éléphants
Moune Poli, auteure de la Corse au poing
Xavier Poli, auteur de La Corse dans l'Antiquité et dans le haut Moyen Âge - 1907
Pierre Poggioli, auteur de plusieurs livres sur l'histoire contemporaine corse et le nationalisme
Angelo Rinaldi
Jean-Claude Rogliano
Dominique Sampieri, auteur de Les Châtaigniers de Bocognano, La Faux et le fusil
Jeanne-Hélène Sampieri, auteur de À propos d'Ajaccio...
Jean-Pierre Santini
Petr'Anto Scolca
Marie Susini
Jean Venturini poète français d'origine corse
Gilles Zerlini
Michel Zevaco, auteur de romans de cape et d'épée dont la série des Pardaillan

Écrivains en langue corse

ÃŽles Sanguinaires.
Marcu Biancarelli
Santu Casanova
Jean-Joseph Flori
Don-Joseph Giansily
Petru Rocca

Écrivains en langue italienne

Petru Giovacchini
Salvatore Viale
Il existe des écrivains en langue corse, notamment depuis le XIXe siècle, alors que jusqu'alors il avait plutôt existé une littérature corse en italien très importante. L'italien en Corse comme dans les autres régions italiennes était la langue écrite par les lettrés et cela jusqu'à la conquête française.

Écrivains en langue corse et en français

Prete Gentili Anghjulu-stefanu, de Calacuccia avec Pascura, un recueil de contes et proverbes
Marta Renucci Cristofini
Antoine Trojani, d'Asco, a écrit de nombreux livres en corse et en français dont une histoire du Sage d'Asco.

Poètes

Patrizia Gattaceca
Natale Sarocchi dit Natellulu di Rusiu

Religion Christianisme Diocèse d'Ajaccio.

La religion dominante de la Corse est le catholicisme où 92,2 % des habitants se déclarent catholique. Le diocèse d'Ajaccio comprend 434 paroisses, et 103 prêtres.
Un pèlerinage important a lieu, à chaque 8 septembre, à Notre-Dame de Pancheraccia où la Vierge Marie apparut à une enfant perdue et assoiffée au XVIIIe siècle.
A l'instar des gardes suisses, il exista aussi une Garde corse pour le Vatican. De nos jours, la liturgie est célébrée en français bien des offices y soient aussi menés ponctuellement en latin; en outre, la réalisation d'un missel en corse est à l'étude. Plusieurs archiconfréries contribuent aussi à la vie catholique de l'île.

Croyances et superstitions

Les croyances populaires en Corse sont encore aujourd'hui très largement imprégnée de cultures et coutumes païennes, probablement héritières de cultes antérieurs au christianisme. La pratique de l'Ochju rituel consistant à chasser le mauvais œil, et le mazzérisme en sont les exemples les plus célèbres.

Le mazzérisme

Le mazzérisme est un don hypothétique de prophétie funèbre exercé la nuit par des individus pendant la période des rêves. Au cours de cette activité, le mazzeru part chasser et tuer des animaux. On le surnomme le Chasseur d'âmes ou encore le Messager de la Mort. Certains auteurs estiment que le mazzérisme est une invention de romanciers et n'a jamais existé en Corse.

Franc-maçonnerie

Les plus anciennes loges de Corse datent de 1902 l'Étoile de Cyrnos, puis de 1903 l'Émancipation Ajaccienne. Au début de la seconde guerre mondiale la franc-maçonnerie a pratiquement disparu de Corse. À partir des années 1970, elle reprend force et vigueur.Dans une interview donnée à un magazine local, René Lotta, un haut dignitaire de la Grande Loge nationale française GLNF affirme même qu'un Corse sur 100 serait franc-maçon.

Gastronomie

La gastronomie corse est étroitement liée aux principaux produits du terroir : la culture des oliviers, de la vigne, de la châtaigne et des agrumes, la charcuterie de porc, le lait et le fromage de brebis, comme celui de chèvre.
C'est traditionnellement une cuisine de montagnards même si les produits de la pêche sont devenus plus importants, essentiellement grâce à la disparition du paludisme des côtes et à la tradition corse d'ostréiculture et de mytiliculture héritée des romains.
Il existe en Corse deux types d'huiles d'olive. L'une est plus verte ; elle est produite en décembre et janvier, à partir d'oliviers jeunes et d'olives en début de maturation. L'autre est une huile jaune, propre à la culture corse ; elle est faite à partir des olives ramassées sous des arbres centenaires vers le mois de mai.

Cuisine Corse

Fromages traditionnels corses cuisine corse.
Parmi les spécialités il faut noter :
l'apéritif : le Cap Corse, c'est un apéritif à base de vin et d'une plante médicinale, le quinquina. Les plus connus sont le Cap Corse Mattei et le Cap Corse Damiani
le Pastis Dami
La Liqueur du Maquis
la bière corse à la châtaigne : la Pietra
le whisky corse P&M
le vin de Corse AOC
la charcuterie corse : le prisuttu, la coppa, le lonzu, le figatellu, la salciccia, u salamu
les fromages corses : le Bastilicacciu, le Calinzanincu, le Niulincu, le Sartinesu, le Venachese
le brocciu
les beignets fritelli dans le Nord de l'île, friteddi dans le Sud de brocciu fromage de lait caillé de brebis
le migliacciu
les sardines à la Bastiaise
la pulenda, une polenta de farine de châtaigne
les nicci, crêpes à base de farine de châtaigne
le cabri en sauce avec sa polenta de farine de châtaigne
le civet de sanglier
les canistrelli, biscuits parfumés au citron, à l'anis, à la châtaigne, au vin, ou nature.
toutes sortes de fromages : le brocciu, le fromage frais de brebis, la tomme corse et une myriade de fromages corsés.
la tourte de farine de châtaigne, les falculelle, le fiadone ou le pastizzu les crustulle
les digestifs : eau de vie, liqueur de myrte, de châtaigne, de cédrat, d'arbouse, etc.
le pestu : sauce au basilic se mariant avec divers ingrédients selon les régions de Corse
les aubergines farcies : demi-aubergines farcies de viande hachée et d'ail gratinées au four et servies avec une sauce tomate et basilique.
le muscat pétillant.
les miels AOC de Corse.
Au temps des Romains, les Corses se nourrissent principalement de lait, de viande et de miel. Nous sommes dans un pays de simple culture... Le miel corse que les matrones romaines utilisaient pour faire disparaître les taches de rousseur devait être fourni, au lieu et place de la monnaie, pour le paiement des impôts.

Sport

En rugby à XV, un club SC Bastia XV évoluait en championnat national de fédérale1 mais des raisons financières les ont relégués en fédérale3. Les autres clubs sont situés en Balagne le CRAB XV Lumio, à Bastia Bastia XV, Casinca XV, à Lucciana RC Lucciana, Porto-Vecchio ASPV XV et RCOPV XV AjaccioRCA, à Ventiseri, à Propriano (Alta-Rocca XV) et à Corte. Henry Savary occupe actuellement le siège de président, André Giammarchi le poste de vice-président et Fabrice Orsini est secrétaire général. Le comité régional présente au niveau national des sélections corses dans toutes les catégories de jeunes, ainsi qu'en féminines.
Le football est extrêmement populaire et très bien représenté en ligue professionnelle par rapport au nombre de spectateurs et à la puissance économique de l'île. Pour la saison 2007-2008, par exemple, étaient présents les clubs de l'AC Ajaccio et du SC Bastia en Ligue 1 et du GFCO Ajaccio en Ligue 2 et du CA Bastia en Ligue National (Ligue 3). Malheureusement, le manque de moyens financiers couplé aux incohérences de gestion de certains dirigeants ont jeté l'ACA et le SCB en Ligue 2, alors que le Gazélec a été sportivement relégué en Championnat de France Amateurs pour la saison 2006-2007. À ce même niveau, le Club Athlétic Bastiais CAB a connu la première saison en CFA de son histoire, après une épopée en Coupe de France la saison précédente, achevée contre Istres ligue 2. En CFA2, enfin, les réserves professionnelles de l'ACA et du SCB sont présentes, ainsi que les Moustiques de l'AS Porto-Vecchio, le club de Corte, le FA Île-Rousse, le FC Borgo et l'Étoile Filante Bastiaise. Cependant, depuis son retour au sein de l'élite, l'ACA présente une régularité de gestion qui lui a permis d'attirer la confiance des instances nationales. La DNCG tant redoutée par de nombreux clubs n'a jamais eu de reproche à formuler envers le club ajaccien.
Ainsi, ce ne sont pas moins de 11 équipes pour 9 clubs différents qui jouent au niveau national.
En handball, le GFCO Ajaccio évolue en Nationale 1, le club du Hb Corte évolue en Nationale 2 et celui de Bonifacio évolue en Nationale 3.
En volley-ball, le GFCO Ajaccio accède en 2007 à la PRO A.
En compétition automobile, le Tour de Corse est un des plus grands rendez-vous des rallyes sur asphalte. De plus, les pilotes corses sont réputés rapides, à l'image d'Yves Loubet, Patrick Bernardini ou encore Paulu-Battistu Halter.
Il y a aussi 3 stations de ski sur l'île comme le Val d'Ese et Ghisoni-Capanelle par exemple.
L'absence de grandes vagues due au fait que la Corse se situe en Méditerranée, ainsi que le vent fort et régulier en fait un lieu idéal pour la pratique de la voile comme la planche à voile et le kitesurf. La baie de Figari s'est imposée comme un spot incontournable de l'île dans ce domaine.
En cyclisme, il existe un Tour de Corse cycliste. À noter que le tour de France 2013 partira de Corse pour la première fois.
En futsal, la Corse est présente depuis 2008 au sein de l'Union nationale des clubs de futsal (UNCFs), deux de ses clubs Bastia Futsal et Sartène Futsal sont présents dans les championnats nationaux pour la saison 2010-2011, la ligue corse a un club européen après sa troisième année d'existence. Elle est l'une des plus dynamiques sur le plan nation avec plus de 15 clubs en 2009, et 300 licenciés.
En voile, le Festival Nautic & Music regroupe plusieurs compétitions nautiques. Le Tour de Corse à la voile en équipage rassemble plusieurs dizaines de bateaux à la mi-octobre. Le Club de Voile de Bonifacio organise la régate de catamarans de sport lors du Raid des bouches de Bonifacio. Il organise également le Défi Inter-Iles (mi-septembre), compétition de windsurf entre la Corse et la Sardaigne.



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Posté le : 14/05/2016 22:02

Edité par Loriane sur 15-05-2016 13:53:49
Edité par Loriane sur 15-05-2016 13:54:43
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Capitulation Allemande 8 Mai 1945
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Le 8 mai 1945 signature de la capitulation de l'Allemagne

à 23 h 01, heure de Berlin, soit le 9 mai 1945 à 1 h 01, heure de Moscou, cette signature est la seconde, la première capitulation a été signée à Reims le 7 mai 1945 à 2 h 41.
Les Actes de capitulation du Troisième Reich sont constitués par les deux versions de l’Acte de reddition militaire — en anglais : Act of military surrender — qui constituent le texte légal de la capitulation du Troisième Reich par lequel le Haut Commandement des forces armées allemandes s'est rendu de manière simultanée sans condition aux hauts commandements suprêmes des forces expéditionnaires alliées en Europe et de l'Union soviétique, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en Europe.

Première capitulation

Les deux pages de l’acte de capitulation allemand, signé à Reims le 7 mai 1945 par le Generaloberst Jodl et visé par les représentants alliés sur place.
La délégation allemande est composée du Generaloberst Alfred Jodl, de l'amiral von Friedeburg et du major Wilhelm Oxenius. Le 7 mai 1945 à 2 h 41, dans une salle du Collège technique et moderne de Reims actuel musée de la Reddition qui était alors occupée par l'état-major du général Eisenhower, est signée la reddition sans condition des forces armées allemandes par Alfred Jodl, au nom du Haut Commandement des forces armées en allemand : Oberkommando der Wehrmacht et en tant que représentant du nouveau Reichspräsident, le Großadmiral Karl Dönitz.
Le document, rédigé en quatre langues, est signé pour le SHAEF par le général Walter B. Smith, chef d’état-major du général Eisenhower qui signe au nom des Alliés occidentaux, et par le général Ivan Sousloparov, seul représentant de l'Union soviétique à Reims et commandant la mission de liaison militaire. Le général français François Sevez, convoqué in extremis, est invité à le contresigner comme témoin en tant que chef d'état-major du général de Gaulle. Le texte en anglais était le seul texte faisant autorité.
L'étendue des pouvoirs dont est investi le général Susloparov n'est pas vraiment claire et il ne dispose d'aucun moyen de contacter rapidement le Kremlin. Il prend néanmoins le risque de signer pour la partie soviétique. Il fait noter cependant que le document pourrait être remplacé dans le futur par une nouvelle version (voir l'article 4). Staline se révèle très mécontent de la tournure de l'événement. Il exige que la capitulation allemande ne puisse être acceptée qu'en présence d'un représentant du Haut Commandement des forces de l'Union soviétique et il insiste pour que le protocole de Reims ne soit considéré que comme un préliminaire à la cérémonie officielle qui se tiendrait à Berlin en présence du maréchal Joukov.

Texte de l'acte de capitulation du 7 mai 1945 à Reims

traduction française
Seul le texte en anglais fait autorité

Acte de redition militaire

Nous soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous offrons la reddition sans condition au Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et, simultanément au Haut Commandement soviétique, de toutes les forces de terre, de mer et de l'air qui sont à cette date sous contrôle allemand.
Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement à toutes les autorités militaires navales et aériennes allemandes et à toutes les autorités militaires sous contrôle allemand, l'ordre de cesser de prendre part aux opérations actives à 23 heures 01 heure d'Europe centrale le 8 mai et de rester sur les positions qu'elles occuperont à ce moment. Aucun navire ni avion ne sera sabordé et aucun dégât ne sera fait à leur coque, à leurs machines ou à leur équipement.
Le Haut Commandement allemand adressera immédiatement aux commandants des forces intéressées tous les ordres donnés par le Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et par le Haut Commandement soviétique, et s'assurera de leur exécution.
Cet acte de reddition militaire ne préjuge pas de l'avenir et sera remplacé par tout autre instrument général de reddition qui sera imposé par ou au nom des Nations unies et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble.
Dans le cas où le Haut Commandement allemand ou certaines forces sous son contrôle manqueraient d'agir conformément à cet acte de reddition, le Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et le Haut Commandement soviétique prendront toutes actions punitives ou autres qu'ils jugeront appropriées.
Signé à Reims France à 2 heures 41, le 7 mai 1945.
Au nom du Haut Commandement allemand.
Signature du général JODL
En présence de
Au nom du Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées
Signature du général BEDELL-SMITH
Au nom du Haut Commandement soviétique,
Signature du général SOUSLOPAROV
Général, Armée française Témoin

Seconde capitulation

Le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel signe la capitulation de l’Allemagne à Berlin le 8 mai 1945.
Le 8 mai peu avant minuit, la seconde capitulation allemande est signée3 à Karlshorst, en banlieue sud-est de Berlin, dans une villa qui abrite aujourd'hui le musée germano-russe. Les représentants de l'URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis arrivent peu avant minuit. Après l’ouverture de la cérémonie par le maréchal Joukov, les représentants du Haut Commandement allemand, emmenés par le Generalfeldmarschall Keitel, sont invités à signer l'acte de capitulation entrant en vigueur le 8 mai à 23 h 01, heure d'Europe centrale, soit le 9 mai à 1 h 01 à l’heure de Moscou : ceci explique pourquoi la victoire est célébrée le 9 Mai, au lieu du 8, dans les pays de l'ex-URSS, notamment en Russie.

Texte de l'acte de capitulation du 8 mai 1945 à Berlin

traduction en français à partir du texte original en anglais

Acte de capitulation militaire :

1. Nous, soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous présentons la reddition sans condition, au commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et simultanément au Haut Commandement suprême de l'Armée rouge, de toutes les forces terrestres, navales et aériennes qui sont à ce jour sous contrôle allemand.
2. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement l'ordre, à toutes les autorités militaires terrestres, navales et aériennes allemandes et à toutes les forces sous contrôle allemand, de cesser leurs actions de combat à 23 h 01 heure de l’Europe centrale le 8 mai, de rester sur les positions qu'elles occupaient à ce moment et de se désarmer complètement, remettant leurs armes et équipements aux commandants alliés ou aux officiers locaux désignés par les représentants des commandements suprêmes alliés. Aucun bateau, navire ou avion ne doit être sabordé, ou aucun dommage ne doit être fait à leur coque, machines ou équipement, ainsi qu'aux machines de toutes sortes, aux armements, appareils et à tous les moyens techniques permettant la poursuite de la guerre en général.
3. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement aux commandants concernés tous nouveaux ordres publiés par le commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et par le Commandement suprême de l'Armée rouge, et il s'assurera de leur bonne exécution.
4. Cet acte de reddition militaire ne tient pas compte de tout éventuel nouvel acte de reddition général imposé par les Nations unies ou en leur nom et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble, lequel nouvel acte remplacera le précédent.
5. Si le Haut Commandement allemand ou toute force sous son contrôle n’agissaient pas selon les termes de cet acte de reddition, le commandant en chef de la Force Expéditionnaire Alliée et le Haut Commandement suprême de l'Armée rouge exerceraient toutes actions punitives ou autres comme ils le jugeraient opportun.
6. Le présent acte est établi en anglais, russe et allemand. Seuls les textes anglais et russe font foi.
Signé à Berlin, le 8 mai 1945.
Keitel
von Friedeburg
Stumpff
Pour le Haut Commandement allemand
En présence de :
Air chief marshal A. W. Tedder
Au nom du commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée
G. Joukov
Au nom du Haut Commandement suprême de l'Armée rouge
À la signature étaient également présents comme témoins :
J. De Lattre de Tassigny,
Général commandant en chef de la 1re armée française
Carl Spaatz
Général, commandant des Forces stratégiques aériennes des États-Unis.

La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01 (heure allemande), au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims.
Elle laisse un bilan sans équivalent dans l'Histoire avec plus de cinquante millions de morts militaires et majoritairement civils (400.000 Américains, autant de Britanniques, 600.000 Français, huit millions d'Allemands, dix à vingt millions de Soviétiques etc).
Défaite totale de l'Allemagne nazie
Le tournant de la guerre s'est produit lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942.
À partir de cette date, les armées allemandes subissent défaite sur défaite et reculent sur tous les fronts. En février 1945, Dresde est écrasée sous les bombes. La jonction des troupes soviétiques et anglo-américaines a lieu le 25 avril 1945 au milieu de l'Allemagne, sur l'Elbe.
Le 30 avril, le suicide de Hitler, terré dans son bunker de Berlin avec son dernier carré de fidèles, sonne le glas des espoirs allemands.
Il revient à son successeur, l'amiral Dönitz, de demander la cessation des combats aux puissances alliées. Celui-ci envoie le général Alfred Jodl, chef d'état-major de la Wehrmacht, à Reims, au quartier général des forces alliées du général Dwight Eisenhower.
Signature de la capitulation à Reims 7 mai
Le général Alfred Jodl signe dans la nuit du 6 au 7 mai, à 2h41 du matin, la capitulation sans condition de l'Allemagne. Quelques mois plus tard, il sera condamné à mort par le Tribunal de Nuremberg pour avoir contresigné des ordres d'exécution d'otages ou de prisonniers.
Le chef d'état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov signent l'acte de capitulation au nom des vainqueurs. Le général français François Sevez, chef d'état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin.
La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01.
Ratification de la capitulation à Berlin 8 mai
Pour Staline, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu'elle soit ratifiée à Berlin, au coeur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d'occupation soviétique.
Bien que la France se fût officiellement retirée de la guerre avec l'armistice du 22 juin 1940, le gouvernement du général de Gaulle obtient de Staline de se faire représenter par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny.
Cette formalité se tient au quartier général des forces soviétiques, sous la présidence du maréchal Gueorgui Joukov. Après que le maréchal Wilhelm Keitel, chef d'état-major de la Wehrmacht, a signé les protocoles de la capitulation, la délégation allemande est poussée vers la sortie et les vainqueurs donnent libre cours à leur joie dans un banquet qui se prolonge jusqu'au matin.
NB : la ratification de la capitulation à Berlin ayant été enregistrée en URSS le lendemain, à 00h01 (heure de Moscou), c'est le 9 mai que, depuis lors, Soviétiques et Russes commémorent leur victoire dans la Grande Guerre patriotique.
La capitulation n'est pas la paix
Les chefs d'État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe.
Mais malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour le contraindre à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne.
Les Français n'ayant eu aucune part à la capitulation militaire de l'Allemagne, à Reims, le 7 mai 1945, ils ont choisi par la suite de commémorer exclusivement la fin des combats, le 8 mai 1945.
En 1975, le président Giscard d'Estaing a souhaité mettre un terme à cette commémoration dans le désir de se réconcilier avec les Allemands... mais au grand scandale des associations d'anciens combattants.
En 1981, le président Mitterrand a voulu prendre le contrepied de son prédécesseur. Il ne s'est pas contenté de refaire du 8 mai un jour férié. Il en a aussi fait un jour chômé... sans rencontrer d'objections chez les citoyens (faut-il s'en étonner ? un jour de congé supplémentaire, ça ne se refuse pas). Cela fait, avec le 11 novembre, deux jours chômés pour autant de victoires sur nos « amis allemands » ! L'attention portée à cette célébration paraît d'autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est aussi marqué par la répression sanglante de Sétif.
À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu'ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, rappelons-le, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire.
Notons enfin que cette date du 8 mai 1945 marque avant tout une victoire militaire. Le nazisme proprement dit est mort avec son fondateur dans le bunker de Berlin, le 25 Avril 1945

La fin du IIIe Reich

L'Allemagne envahie, cependant que les villes du Reich étaient soumises par l'aviation anglo-américaine à des bombardements destructeurs, les chefs du IIIe Reich n'en continuèrent pas moins la lutte, rêvant de contre-offensives victorieuses ou d'armes miracles, espérant jusqu'au bout susciter la discorde entre les Alliés et demandant à la population de nouveaux sacrifices, mobilisant, dans les derniers mois, jusqu'aux adolescents de quinze ans dans le Volkssturm.
Le 30 avril 1945, dans le Bunker de la chancellerie à Berlin, Hitler se donna la mort, bientôt imité par Goebbels ; le Führer avait confié le pouvoir à l'amiral Karl Dönitz qui, espérant encore négocier séparément avec les Anglo-Américains, composa un gouvernement d'où étaient exclus les dirigeants nazis, et se résigna à capituler le 4 mai.
Les principaux responsables nationaux-socialistes – quand ils n'avaient pas péri ou disparu – ont été jugés après la guerre par le tribunal international de Nuremberg. Un certain nombre d'entre eux ont été condamnés à mort et exécutés, d'autres se virent infliger des peines d'emprisonnement, quelques-uns furent acquittés. Ont été jugés également, mais par un tribunal exclusivement américain, quelques industriels (Krupp, Flick). Parfois condamnés, ils ont été libérés au bout de peu de temps et ont repris leur place à la tête de leurs entreprises, ou Konzern.
Dans sa grande majorité, le peuple allemand avait accepté jusqu'au bout un régime qui lui avait apporté quelques maigres profits et beaucoup de souffrances. Goebbels avait réussi à persuader un grand nombre d'Allemands qu'ils étaient – volens nolens – solidaires du régime et de ses actes, et que la seule alternative était la victoire ou la disparition de l'Allemagne.

Conséquences

L'effondrement du IIIe Reich a eu pour l'Allemagne et les Allemands des conséquences graves. Parce qu'elle avait envahi et pillé la plupart des pays européens, l'Allemagne a suscité longtemps la haine et la méfiance des peuples qu'elle avait tenté d'asservir. Pendant les décennies qui ont suivi, plusieurs pays ont craint une renaissance du nazisme et se sont efforcés de se prémunir contre elle.
Au lendemain de la guerre et jusqu'en 1949, l'autorité suprême a été exercée en Allemagne par les Alliés Union soviétique, États-Unis, Grande-Bretagne, France. Le territoire du Reich s'est trouvé notablement réduit à l'est Prusse-Orientale, territoires situés au-delà de la ligne Oder-Neisse. Sur le territoire du Reich furent établis, de 1949 à 1990, deux États à systèmes sociaux et politiques différents : la république fédérale d'Allemagne à l'ouest, la République démocratique allemande à l'est.
Telles sont les principales conséquences pour l'Allemagne et son peuple de la politique menée par les nationaux-socialistes.

Jugements et problématique

Sans doute aucune autre période de l'histoire de l'Allemagne n'a-t-elle suscité, de la part des historiens, à la fois autant d'intérêt et de jugements passionnés, souvent contradictoires.
Le IIIe Reich a fait naître et fait naître encore une littérature surabondante et de qualité fort inégale. Trop d'auteurs ont semblé vouloir réduire l'histoire de ce régime fasciste à la biographie de quelques-uns des personnages apparus sur le devant de la scène. Plus tard, on a insisté à l'excès sur les aspects « secrets » ou « fantastiques » du IIIe Reich.
Pour les uns, le IIIe Reich est un accident tout à fait fortuit et, à la limite, presque inexplicable dans la longue histoire de l'Allemagne. Il constituerait une césure totale, comme en témoigne l'expression « année zéro » employée à propos de 1945. Nous avons, au contraire, tenté de montrer que le national-socialisme surgissait à un moment précis de l'histoire allemande, que les nazis n'avaient pas accédé au pouvoir sans de multiples appuis et qu'ils ne l'avaient pas assumé seuls : le succès et le triomphe de ce mouvement sont liés à certains intérêts économiques. L'idéologie du national-socialisme elle-même s'alimente pour une part aux traditions nationalistes et chauvines qui existaient en Allemagne avant Hitler. La tentative d'hégémonie européenne de Hitler s'inscrit dans la ligne des visées pangermanistes qui se sont exprimées avant et pendant la Première Guerre mondiale. Le national-socialisme est un fascisme auquel l'époque et les particularités de l'histoire allemande donnent sa spécificité.
Qui est responsable des crimes du IIIe Reich ? Faut-il attribuer au peuple allemand une responsabilité collective ou faut-il rejeter tout le poids des crimes commis sur quelques coupables que l'on chargera d'autant plus qu'ils sont morts ? Quelques voix courageuses se sont élevées en Allemagne même, au lendemain de la guerre (Karl Jaspers), contre cette dernière interprétation. Les électeurs qui ont donné 12 millions de voix au national-socialisme, les Allemands qui ont approuvé l'établissement de la dictature hitlérienne, sans parler de ceux qui ont élaboré, encouragé ou exécuté les mesures répressives ou racistes, portent, à n'en pas douter, une part de responsabilité qu'on ne saurait, par contre, faire supporter aux victimes, par exemple aux Allemands qui ont résisté, parfois au péril de leur vie.
La période du IIIe Reich a longtemps été, en Allemagne occidentale, après la guerre, une période taboue. Dans les familles, tout comme dans les livres d'histoire, on en parlait peu ou on n'en parlait pas. Tout un peuple semblait se refuser à assumer un passé qui le plongeait dans un malaise collectif, refusant du même coup de prendre la mesure exacte des conséquences du IIIe Reich (Unbewältigte Vergangenheit). Dans les pays de l'Est, au contraire, où le jour de la capitulation hitlérienne était célébré comme une fête nationale, on expliquait, quelquefois non sans schématisme, le IIIe Reich comme l'aboutissement de la politique de la grande bourgeoisie allemande impérialiste, sans étudier suffisamment ce qu'avait eu de spécifique ce régime politique, sans essayer de découvrir les motivations concrètes et le comportement réel des diverses couches de la population allemande.
De nombreux historiens occidentaux ont tenté de faire de Hitler et de son équipe les maîtres absolus du IIIe Reich et donc les seuls responsables, assez machiavéliques pour abuser leurs alliés (la droite conservatrice) et les évincer du pouvoir. Dans la même ligne s'inscrivent toutes les « explications » qui recourent à la fascination qu'aurait exercée Hitler, à la puissance démiurgique qui aurait émané de ce personnage. C'est passer du domaine de l'histoire à celui de la magie. Hitler et ses ministres n'ont jamais été des hommes seuls. Des forces politiques et économiques connues ne leur ont pas ménagé leur appui, même après la dissolution des partis. Aussi bien un État moderne de 70 millions d'hommes, et qui plus est un système dominant ou s'efforçant de dominer l'Europe entière, requiert-il la collaboration active de centaines de milliers de personnes : le IIIe Reich a bénéficié de la collaboration d'un corps de fonctionnaires conservateur et antirépublicain que le régime précédent avait laissé subsister.
Il est plus intéressant et plus important de rechercher pourquoi ces milliers ou ces millions de personnes ont suivi, approuvé le national-socialisme, de découvrir les intérêts que ce système politique a favorisés, d'étudier l'idéologie qu'il incarnait et propageait. Car, si l'on a pu dire qu'avant leur accession au pouvoir les nazis promettaient tout à tout le monde, il est bien évident que certaines catégories sociales ont tiré profit du IIIe Reich et que d'autres en ont été les victimes, fussent-elles parfois consentantes.
Enfin il est un autre type de « jugement » qui paraît fort contestable, celui qui consiste à distinguer dans le IIIe Reich deux périodes : l'une bénéfique, l'autre néfaste. On oppose le Hitler bâtisseur des autoroutes au chef de guerre responsable du désastre de Stalingrad et finalement de la défaite avec toutes ses conséquences. « En sa qualité de nation la plus puissante du continent, l'Allemagne [en sept. 1938] pouvait obtenir satisfaction en ce qui concernait ses légitimes revendications nationales (mais non impérialistes) et devenir le pilier oriental d'un bloc quadripartite dressé en face de la Russie bolcheviste », écrivent H. Mau et H. Krausnick, et par « légitimes revendications » ils entendent l'annexion de l'Autriche et le dépècement de la Tchécoslovaquie. Porter pareil jugement, c'est se refuser à voir que les autoroutes avaient d'abord des buts stratégiques, que toute la politique nationale-socialiste débouche sur la tentative d'instaurer l'hégémonie allemande en Europe et de soumettre les autres peuples à la loi nazie. C'est par le réarmement qu'a été résolue la crise économique, c'est vers la guerre d'agression et de conquête que toute l'économie du Reich a été orientée à partir de 1936.
À la veille de la guerre, l'Allemagne possède 3000 kilomètres d'autoroutes, objet de prestige international mais aussi et d'abord instrument stratégique dont la réalisation a été confiée par Hitler à Fritz Todt dès 1933.
D'une façon générale, pendant longtemps les historiens se sont plus attachés à étudier l'idéologie du régime dont on a bien montré la genèse et les variations, l'organisation du parti et les institutions politiques que les résultats économiques. On peut se demander si l'importance donnée par Goebbels, avec un art certain de la mise en scène, à la propagande n'avait pas précisément pour but de masquer aux yeux du plus grand nombre les problèmes économiques ou d'en détourner l'attention. En République démocratique allemande surtout, les aspects économiques du IIIe Reich ont fait l'objet d'une étude approfondie.
Peut-être a-t-on un peu trop insisté parfois sur l'irrationalité du système. S'il est vrai que Hitler maintenait volontiers côte à côte, dans les domaines diplomatique et militaire, des organismes parallèles, aux compétences volontairement mal définies de façon à s'assurer un rôle d'arbitre, il n'en reste pas moins que, tout compte fait, la machine de guerre allemande était fort bien organisée. L'extermination dans les camps d'une main-d'œuvre potentielle s'explique aussi par une contradiction inhérente au système. Ces milliers de prisonniers constituaient, certes, une main-d'œuvre possible, mais ils étaient aussi des adversaires politiques souvent irréductibles que le régime, à ce titre, s'efforçait d'anéantir.
Est-ce à dire que l'histoire du IIIe Reich ne comporte plus désormais de vastes zones de clair-obscur ou même d'ombre ?
On est assez bien informé sur la composition sociologique du Parti nazi. On sait que les classes moyennes y étaient surreprésentées et que les cadres du parti en sont issus dans leur majorité. Or le régime, en dépit de ses promesses antérieures, n'a nullement servi les intérêts de la petite bourgeoisie. Comment expliquer ce phénomène ?
Ou encore, dans le succès de la propagande hitlérienne, quelle part attribuer aux arguments nationalistes, quelle part aux arguments socialisants ? Et quelles fractions de la classe ouvrière ont cédé à cette argumentation ? (On sait qu'avant 1933 le national-socialisme a remporté ses plus grands succès dans les régions rurales à dominante protestante, alors qu'il « mordait » plus difficilement sur le prolétariat urbain et sur les zones catholiques, mais en fut-il de même après 1933 ?) Plus généralement, on n'a sans doute pas encore assez étudié en quoi le national-socialisme se distinguait des autres fascismes. Quelles étaient ses composantes nationales ?
Ce ne sont là que quelques-unes des questions que soulève ce régime. Gilbert Badia



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Posté le : 06/05/2016 19:13

Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:41:07
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Antoine Lavoisier 1
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Le 8 mai 1794 à Paris Antoine Laurent Lavoisier

est guillotiné à 50 ans, le ci-devant de Lavoisier, né le 26 août 1743 à Paris, chimiste, philosophe et économiste français, souvent présenté comme le père de la chimie moderne, qui se développera à partir des bases et des notions qu'il a établies et d'une nouvelle exigence de précision offerte par les instruments qu'il a mis au point. Il a inauguré la méthode scientifique, à la fois expérimentale et mathématique, dans ce domaine qui, au contraire de la mécanique, semblait devoir y échapper. Il a un diplôme d'avocat.Il est le directeur de thèse de Guettard.il a pour étudiants en thèse : Bertholet, Chaptal, Fourcroy, Hallé. Il soit sa renommée au principe de
conservation de la matière dit en France « loi de Lavoisier ». Il a reçu pour distinctions la médaille d'or de l'Académie des Sciences en 1766,Il fait partie des Hommes illustres Louvre, et des savants inscrits sur la tour Eiffel. Il était également rentier et fermier général de son métier ce qui lui couta sa vie.
Au delà de la découverte de l'oxydation, des composants de l'air et de l'eau, de l'état de la matière, ses contributions à la révolution chimique sont à la fois techniques, expérimentales et épistémologiques. Elles résultent d'un effort conscient d'adapter toutes les expériences dans le cadre d'une théorie simple dans laquelle, pour la première fois, la notion moderne d'élément est présentée de façon systématique. Lavoisier a établi l'utilisation cohérente de l'équilibre chimique, a utilisé ses découvertes sur l'oxygène, dont il a inventé le nom ainsi que ceux de l'azote et de l'hydrogène, pour renverser la théorie phlogistique, et a développé une nouvelle nomenclature chimique qui soutient, ce qui se révélera inexact, que l'oxygène est un constituant essentiel de tous les acides. Précurseur de la stœchiométrie, il a surtout traduit des réactions dans les équations chimiques qui respectent la loi de conservation de la matière, donnant à celle-ci une solide assise expérimentale.
Financier de son métier, soucieux d'établir des statistiques précises utiles à ce qu'il appelle à la suite de Condorcet l'arithmétique politique, il a été sollicité par l'administration royale puis révolutionnaire sur de très nombreux sujets depuis l'instruction publique jusqu'à l'hygiène en passant par le système monétaire. Il a aussi produit dans la lancée de Joseph Black la première théorie expérimentale de la chaleur, à travers l'étude non seulement de la combustion mais aussi de la respiration et de la fermentation des sols.

En bref

Le chimiste Lavoisier n'a en rien enrichi l'inventaire des choses naturelles, ni découvert quelque phénomène qui eût été inconnu avant lui. Mais on lui doit, en revanche, d'avoir conçu et mis à l'épreuve une méthode de penser la représentation de l'univers matériel. Grâce à lui, le rapport de la substance au substantif sera désormais pensé au moyen de pesées. L'analytique doit trouver son image exacte dans le dénotatif, et celui-ci rend compte par la composition vocalique de la structure associative des combinaisons.
La consistance de son système repose sur le principe newtonien d'économie : Rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l'opération ; que la qualité et la quantité des principes sont les mêmes et qu'il n'y a que des changements, des modifications. Dès lors, le champ matériel des transformations est réductible en droit aux équations qui décrivent les occurrences des combinaisons, ce qui entraîne l'obligation corrélative de clore tout système expérimental, afin d'en tenir l'exacte définition quantitative.
Lavoisier paiera d'exemple dans cette exigence de clôture qui aura d'immenses conséquences dans la théorie des phénomènes naturels : la thermodynamique ne se constituera-t-elle pas comme un corps de relations descriptives de systèmes isolés ?
C'est également en vertu de son principe d'économie que Lavoisier constate l'inutilité de donner au phlogistique une fonction médiatrice et introduit l'action effective de l'oxygène. Celle-ci chevillera, mais imparfaitement, la distribution élémentaire des substances, selon un projet didactique aussi bien que cosmologique. Son apport fondamental, en définitive, aura été de lier dans un effort de représentation, tout à la fois scrupuleuse et globale, une méthode de nomenclature rationnelle, une classification méthodique et une théorie de la matière où tout est résoluble en réarrangements de combinaisons. Le développement de la thermodynamique clarifiera certaines implications du projet de Lavoisier, mais son mérite incontestable est d'avoir, par sa mise en ordre temporaire d'un savoir errant, fondé positivement la chimie moderne. Une jeunesse studieuse : La famille Lavoisier a pour berceau la petite ville de Villers-Cotterêts, dans le Soissonnais. Le postillon Antoine Lavoisier, mort en 1620, y était chevaucheur des écuries du roi. Ses descendants s'élevèrent peu à peu dans la hiérarchie sociale, grâce à leur travail, à l'esprit d'économie, à une sage gestion du patrimoine, aux mariages calculés avec des jeunes filles riches et à la limitation des naissances. Leur mentalité de possédants bourgeois avait pour lointain objectif l'achat d'une charge entraînant l'accession à la noblesse non fieffée.
Jean-Antoine Lavoisier 1715-1775, descendant d'Antoine à la cinquième génération, fit ses études à la faculté de droit, à Paris, et succéda, en 1741, à un oncle procureur au parlement de Paris. En 1742, il épousa Émilie Punctis, fille d'un riche avocat. De cette union naquirent deux enfants : Antoine Laurent, le 26 août 1743, et, deux ans plus tard, Marie-Marguerite-Émilie, qui devait décéder à l'âge de quinze ans. Devenu veuf en 1746, le procureur s'établit chez ses beaux-parents où sa jeune belle-sœur, Clémence Punctis, se consacra aux deux orphelins.
Externe au collège Mazarin dont les cours de sciences étaient réputés, le jeune Antoine Laurent se révéla un brillant élève. En 1760, dans la classe de rhétorique, il obtint le second prix de discours français au concours général des collèges parisiens. Il suivit ensuite les leçons de mathématiques élémentaires de l'abbé Nicolas-Louis de La Caille, qui avait installé un petit observatoire dans l'établissement et qui lui donna le goût des observations météorologiques. En philosophie, il fut particulièrement frappé par les idées de Condillac sur le langage.
À sa sortie du collège, il poursuivit ses études dans deux directions, afin de suivre la double vocation à laquelle le poussaient une curiosité sans cesse en éveil, une intelligence exceptionnelle et une capacité de travail peu commune : celle d'exercer des fonctions d'administrateur à l'échelon élevé, correspondant à la fortune devant lui revenir, et celle de se livrer en même temps à des recherches scientifiques. Inscrit, suivant l'exemple paternel, à la faculté de droit, il fut reçu bachelier, licencié en 1764, et obtint le titre d'avocat en parlement.
Parallèlement à ces études juridiques, il suivit les cours de physique expérimentale de l'abbé Nollet, il apprit des rudiments de botanique avec Bernard de Jussieu au Jardin du roi et assista aux cours de chimie que l'apothicaire Guillaume-François Rouelle donnait en son officine de la rue Jacob. Rouelle enseignait en particulier la technique de manipulation des airs, le mot gaz, forgé par le chimiste flamand J. B. Van Helmont à partir du nom grec chaos, apparaîtra pour la première fois en français dans le Dictionnaire de chimie de P.-J. Macquer en 1766, au moyen d'un appareillage constitué par des tubes en verre coudés, aboutissant sous une cloche plongeant dans une cuve à eau. L'enseignement de Rouelle, s'il intéressa Lavoisier par les techniques opératoires qu'il recommandait, le dérouta cependant au point de provoquer de sa part les réflexions suivantes :
« Lorsque j'ai commencé pour la première fois à suivre un cours de chimie, quoique le professeur que j'avais choisi passât pour le plus clair et le plus à portée des commençants, quoiqu'il prît infiniment de peine pour se faire entendre, je fus surpris de voir de combien d'obscurité les premiers abords de la science se trouvaient environnés. J'avais fait un bon cours de physique... j'avais abordé avec quelque fruit les mathématiques élémentaires... J'étais accoutumé à cette rigueur de raisonnement que les mathématiciens mettent dans leurs ouvrages. Jamais ils ne prouvent une proposition que celle qui la précède ait été démontrée. Tout est lié, tout est enchaîné depuis la définition du point, de la ligne, jusqu'aux vérités les plus sublimes de la géométrie transcendante.
Dans la chimie, c'était tout une autre marche. Dès les premiers pas, on commençait par supposer au lieu de prouver, on me présentait des mots qu'on ne savait point encore définir ou, du moins, qu'on ne pouvait définir qu'en empruntant des connaissances qui m'étaient absolument étrangères et que je ne pouvais acquérir que par l'étude de toute la chimie. Ainsi on commençait la science en supposant déjà que je la savais.
Lavoisier compléta sa culture scientifique en s'initiant à la minéralogie et à la géologie, que lui enseigna un ami de sa famille, le géologue Jean-Étienne Guettard, conservateur de la collection d'histoire naturelle du duc d'Orléans au Palais-Royal.

Sa vie

Le collège des Quatre-Nations où Lavoisier a été écolier, et où siègera l'Académie des sciences à partir de 1805.
Né le 26 août 1743 à Paris, dans une famille aisée, Antoine Laurent de Lavoisier est baptisé le jour de sa naissance en l’église Saint-Merrin. Orphelin de sa mère à l'âge de cinq ans, il hérite ainsi une grande fortune.
En 1754, à l'âge de onze ans, il intègre le collège des Quatre-Nations. Les cours incluent chimie, botanique, astronomie et mathématiques. En classe de philosophie, la dernière année, il a pour professeur l'astronome Nicolas-Louis de Lacaille, auprès duquel il s'enthousiasme pour la météorologie, passion qui ne le quittera jamais.
À l'automne 1761, il s'inscrit à la Faculté de droit civil et canonique. Il y suit le cursus habituel, qui lui délivre en deux ans le baccalauréat en droit et l'année suivante, en 1764, la licence qui lui permet de s'inscrire au barreau de Paris. Il ne plaidera cependant jamais.
Durant ces études de droit, il assiste à des conférences sur les sciences naturelles. Paris frisonne alors de l'esprit encyclopédique. L'université est agitée par l'abolition du monopole qu'exercent les jésuites sur l'enseignement, la sécularisation de leurs écoles et la création d'écoles d'application, telle, en 1747, l'École des ponts et chaussées, dans lesquelles l'enseignement moral et religieux s'efface devant celui des sciences et des techniques. L'étudiant Lavoisier adhère à la démarche expérimentale que, dans la ligne cartésienne, professe Étienne de Condillac depuis une dizaine d'années dans les salons parisiens. Il est un lecteur avide du Dictionnaire de la chymie que vient de publier Pierre Macquer, le théoricien des affinités électives entre corps chimiques, qui préfigurent les équations chimiques. Son premier essai portera sur l'hydratation du gypse et fait l'objet d'une conférence qu'il donne en 1764 à l’Académie des sciences.
Deux ans plus tard, il est lauréat du concours de l’Académie des sciences pour un essai sur l'éclairage public des salles de spectacle et reçoit au nom du roi une médaille d'or. Cette même année 1766, il assiste Jean-Étienne Guettard, botaniste de l'Académie des sciences, dans l'élaboration de l'atlas minéralogique de la France. Il fait des relevés minéralogiques depuis déjà trois ans. Entre juin et novembre 1767, ils travaillent ensemble à une étude géologique de l’Alsace et de la Lorraine. Leur collaboration se prolongera jusqu'en 1780. Parrainé par Henri Louis Duhamel du Monceau, grand ami de son père, Antoine de Lavoisier est élu membre de l’Académie des sciences le 18 mai 1768, qui siège au Louvre, à l’âge de vingt-quatre ans5, soit deux ans avant un autre jeune collaborateur de Jean-Étienne Guettard avec lequel il a appris à travailler, Balthazar Georges Sage, lequel fondera en 1778, l'École des mines.

Fermier général 1770-1774

Deux balances ayant appartenu à Lavoisier, exposées au Musée des arts et métiers. Du modèle de celle de la Ferme, elles sont reliées par des tuyaux à des récipients à gaz sous pression.
Ses études de droit sont d'une importance capitale dans la vie de Lavoisier. Elles l'amènent en effet à s'intéresser à la politique française, et lui permettent d'acquérir en 1770 une charge de fermier général. Âgé de vingt-six ans, il entre ainsi au conseil d'administration de la compagnie privée à laquelle le roi délègue le monopole de la collecte des impôts. C'est ce poste de fermier général qui est à l'origine de ses principales découvertes scientifiques en chimie. Affecté au secrétariat chargé de la perception des impôts à l'octroi de Paris, il y dispose en effet d'une balance, qui sert à détecter les fraudes, la plus précise d'Europe, et c'est cette balance qu'il utilise pour procéder à des pesées moléculaires de divers gaz avec une marge d'erreur inégalée jusqu'alors.
Toutefois ce poste le tiendra éloigné pendant trois années de ses recherches. Il n'abandonnera cependant jamais son rôle d'expert en finance. Il proposera en 1790, à la faveur de la Révolution, une réforme du système monétaire français et en 1791 un changement d'assiette du système d'imposition. Dans son travail pour le gouvernement, il participe au développement du système métrique pour fixer l'uniformité des poids et des mesures dans l'ensemble de la France.
Le 16 décembre 1771, il épouse, à l'église Saint-Roch à Paris6, Marie-Anne Pierrette Paulze, la fille d'un fermier général, alors âgée de treize ans. Au fil du temps, celle-ci se révèle une aide et une collaboratrice scientifique précieuse pour son époux. Elle traduit pour lui des ouvrages anglais, parmi lesquels l'Essai sur le Phlogistique de Richard Kirwan et les recherches de Joseph Priestley. Elle réalise de nombreux croquis et gravures des instruments de laboratoire utilisés par Lavoisier et ses collègues. Elle écrit et publie également les mémoires de Lavoisier, et accueille des soirées où d'éminents scientifiques débattent des questions liées à la chimie.
À l'automne 1772, il se lance dans une recherche de plusieurs années sur ce qui cause la combustion. Reproduisant les expériences de Joseph Black, rencontrant à Paris, en octobre 1774, Joseph Priestley, qui a observé le 1er août précédent le dégagement d'un mystérieux air déphlogistiqué, il expose en avril 1775 dans un fameux mémoire appelé Mémoire de Pâques que la combustion a une cause nécessaire, la présence de cet air déphlogistiqué, qu'il baptisera en 1779 oxygène. Partant, il démontre la nature composée de l'air, et nommera, également en 1779, la partie qui n'est pas de l'oxygène, azote. C'est en 1778, qu'il publiera une description de l'effet de cet oxygène, l'oxydation, effet qu'il appelle acidification, et en 1783 qu'il montrera que l'eau est composée d'un gaz observé par Henry Cavendish, gaz qu'il baptise hydrogène.

Régisseur des Poudres 1775-1788

La Ferme générale est chargée depuis 1633 d'administrer pour le roi la Surintendance des Poudres et Salpêtres. C'est à ce titre qu'elle propose et obtient de créer en 1775, la Régie Royale des Poudres et Salpêtres, ancêtre de la SNPE et de l'actuel SIMu. Lavoisier en est un des quatre fermiers délégués aux postes de régisseurs8. Il est logé dans un hôtel du Grand Arsenal situé le long de l'actuel rue Bassompierre, où il dispose d'un laboratoire. Ses travaux portent sur l'amélioration de la production de la poudre et s'étendent au domaine de l'agrochimie. Il crée un nouveau procédé de production du salpêtre en utilisant la potasse d'Alsace. Son action se traduit par un redressement financier spectaculaire. Les bénéfices reversés par la Régie à l'état lui valent d'être reconnu.
Régisseur des Poudres par délégation de la Grande ferme, Lavoisier n'en continue par moins d'exercer sa charge au sein de celle-ci. Il y joue, comme le fait Goethe auprès du Duc de Saxe, un rôle de conseiller ministériel. À la suite de la guerre des farines, il s'oppose ainsi au nouveau ministre des finance, le physiocrate Turgot, et à l'inspecteur au Monnaies que celui-ci vient de nommer, Nicolas de Condorcet, dans leur projet d'une taxation des navires de commerce à la jauge. Pour lui, le seul impôt qui vaille est territorial et porte sur les revenus du capital.
Son travail d'académicien reste néanmoins primordial. En 1777, il lit devant l'Académie des Sciences un premier rapport sur la physiologie de la respiration.
En 1778, peu après la mort de son père, il acquiert le domaine et le château de Freschines à Villefrancoeur, dans le Blésois. Sa femme en assure depuis Paris l'administration et le couple se rend sur place régulièrement, quelques semaines par an, pour rencontrer l'intendant et mesurer les progrès. C'est là que le savant acquiert la conviction que l'humus ne produit pas spontanément la végétation, mais que celle-ci à besoin de deux sources de chaleur, le soleil et le fumier. Sa ferme est d'abord pour lui un objet d'étude de la rentabilité d'une exploitation et lui sert de modèle économétrique.
Gravure du XIXe siècle montrant Lavoisier au laboratoire en 1788 avec le fils d'un ami, son jeune assistant Pont de Nemours, physiocrate et franc maçon qui fondera en 1802 la poudrerie DuPont, aujourd'hui acteur mondial majeur.
À partir de 1779, commence une fructueuse coopération avec un professeur de mathématiques trentenaire en poste à École des cadets gentilshommes qui a été distingué par l'Académie des Sciences, Pierre-Simon de Laplace.
En 1784, Lavoisier fait partie d'une commission nommée par Louis XVI pour étudier la pratique du magnétisme animal avec le médecin Joseph Ignace Guillotin, l'astronome Jean Sylvain Bailly et l'ambassadeur des États-Unis en France, Benjamin Franklin.
Quand le 27 novembre 1788 le roi convoque les États généraux, c'est à lui, seigneur blésois et scientifique déjà rendu célèbre par les multiples mémoires et rapports qu'il a publiés, que la classe les nobles de Blois confie la rédaction de leur cahier de doléances. Il y reprend l'idée formulée par Thomas Jefferson dans le préambule de la Déclaration d'indépendance des États-Unis que le bien commun est le bonheur : Le but de toute institution sociale est de rendre le plus heureux qu’il est possible ceux qui vivent sous ses lois. Le bonheur ne doit pas être réservé à un petit nombre d’hommes; il appartient à tous. Ce n’est point un privilège exclusif qu’il faut disputer; c’est un droit commun qu’il faut conserver, qu’il faut partager et la félicité publique est une source dans laquelle chacun a le droit de puiser la sienne.

La Révolution 1789-1794

Député suppléant d'Alexandre de Beauharnais, Antoine de Lavoisier, très au fait en tant que fermier général de ce qu'a été au début du siècle le système de Law et du fonctionnement du dollar continental, est celui qui, à l'automne 1789, propose à la Constituante une monnaie d'escompte qui fluidifie les échanges à un moment où la sécularisation des biens du clergé provoque une inflation de ceux-ci. Ce sera l'assignat. Favorable à une réforme profonde de l'Ancien régime et l'instauration d'une monarchie constitutionnelle, il renonce à sa particule et adhère au printemps 1790 à la Société de 1789, second parti politique après le Club breton que fonde son collègue démissionnaire de la Monnaie Nicolas de Condorcet à l'imitation de celui-ci pour en contrecarrer l'influence. Tout en continuant ses recherches au laboratoire des Poudres, il adresse en 1792 à la Convention un projet d'éducation nationale.
L'Arrestation de Lavoisier, représentation fantasmatique réalisée en 1876 par le peintre historique Ludwig von Langenmantel.
Il est l'un des trois commissaires du Comité des finances de la Convention chargé de réformer le système de perception des impôts quand la Terreur éclate. Lavoisier, dont l'image est associée à la dévaluation qui a suivi la transformation des assignats en monnaie de nécessité et qui aurait profité aux émigrés, est dénoncé aux autorités révolutionnaires avec les vingt-sept autres fermiers généraux comme traître à la nation par Antoine Dupin, lui-même ancien employé de la ferme. Il est incarcéré avec son beau-père, Jacques Paulze, le 28 novembre 1793 à la prison de Port Libre et accusé d'avoir spéculé contre l'intérêt des citoyens. L'Ami du peuple le vilipende comme trafiquant de tabac frelaté par de mauvaises conditions de stockage. Il est condamné cinq mois après son arrestation, le 5 mai 1794, malgré la courageuse défense de son disciple et collaborateur Jean Noël Hallé.
Ayant demandé un sursis pour pouvoir achever une expérience, il s’entend répondre par le président du tribunal révolutionnaire, Jean-Baptiste Coffinhal : La République n'a pas besoin de savants ni de chimistes ; le cours de la justice ne peut être suspendu. Il est guillotiné place de la Révolution le 8 mai 1794, à l'âge de cinquante ans, en même temps que l'ensemble de ses collègues de la Ferme. Son corps, dépouillé, est empilé dans la fosse commune des Errancis.
Le lendemain de l'exécution de Lavoisier, le grand mathématicien Louis de Lagrange commente : Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable.
Son matériel et ses notes sont saisis mais ses travaux d'économétrie, dont il avait fait don à l'Assemblée constituante, peuvent être repris et publiés en 1796 par Lagrange. Après maintes tribulations, sa femme et collaboratrice, Marie Anne Lavoisier, rassemble ses papiers personnels. Ils sont conservés aux Archives nationales sous la cote 129AP. Avec la collaboration de leurs amis savants, elle édite ses derniers travaux en forme d'exposé de la méthodologie de la chimie moderne.

Lavoisier, père de la chimie moderne. La découverte de l'oxydation

Les instruments de Lavoisier rassemblés par ses élèves au Musée des Arts et Métiers, à Paris.
L'une de ses plus importantes recherches a été de déterminer la nature du phénomène de combustion, ou oxydation rapide. Ses expériences permettent de démontrer que la combustion est un processus qui implique la combinaison d'une substance avec du dioxygène. À travers cette découverte, c'est toute la conception de la chimie qui est bouleversée.
À l'automne 1772, doutant que la matière, comme l'enseigne Aristote, prenne des formes différentes – fluides, solides, gazeuses – par une seule loi générale de dégénérescence, il se lance dans une recherche sur la combustion des métaux qui, paradoxalement, gagnent du poids au terme de leur calcination. Ses résultats font l'objet de deux publications dans le bulletin de l'Académie des sciences, sur les exemples de la production d'acide phosphorique et de la calcination des sulfures. Lavoisier cherche une cause au processus de combustion qui puisse expliquer qu'elle ne soit pas qu'une dégradation d'état, cause qu'il n'appelle pas encore oxygène.
Il consacre l'année 1773 à reproduire les expériences de Joseph Black et finit par découvrir que le gain de poids des métaux calcinés est dû à l'absorption par ceux-ci de l'air fixe, découvert quelques années plus tôt par son aîné écossais. Les comptes-rendus sont publiés l'année suivante dans Opuscules physiques et chimiques.
En octobre 1774, il rencontre Joseph Priestley en visite à Paris et résout son problème de calcination de l'oxyde mercurique, qui dégage un gaz mystérieux. Il démontre dans son célèbre Mémoire de Pâques, présenté à l'Académie des sciences le 26 avril 1775 que, lorsque la combustion est faite au charbon de bois, ce qui se dégage est l'air fixe, et que ce dernier est produit par la combustion du carbone en présence de l'« air déphlogistiqué observé par Joseph Priestley. Il en déduit que le gaz mystérieux est un composant présent dans l'air en permanence dans une certaine proportion et le renomme air vital.
En 1778, dans les ouvrages Sur la combustion en général et Considérations générales sur la nature des acides, il démontre que l'air déphlogistiqué, responsable de la combustion, est aussi une source d'acidité. Ce n'est qu'en 1779 qu'il nomme cette partie vitale de l'air : oxygène du grec signifiant formeur d'acide, et l'autre partie : « azote » (du grec signifiant sans vie.
À partir de 1780, il démontre également le rôle du dioxygène dans la respiration végétale et animale, ainsi que son rôle dans la formation de la rouille, autre forme d'oxydation lente.

Changement du paradigme des éléments et de la chaleur

Calorimètre utilisé par Lavoisier à partir de 1780. Le double bord rempli de glace assurait le maintien de la température à zéro dégré.
L'explication de Lavoisier sur la combustion remplace la théorie phlogistique, qui postule que les matériaux relâchent une substance appelée phlogiston lorsqu'ils brûlent dans le récipient en question.
Les contemporains de Lavoisier sont en effet convaincus de la théorie aristotélicienne, défendue jusqu'après 1787 devant la Société royale de Londres par Richard Kirwan et son collègue Joseph Priestley, selon laquelle la matière est composée de quatre éléments fondamentaux – la terre, l'air, l'eau et le feu –, dont les variations de dosage détermineraient la nature des corps. Pour expliquer les échanges entre ces éléments et leurs variations, le bon sens a dû construire l'hypothèse ad hoc d'un cinquième élément, le phlogistique, sorte d'éther, dans lequel baignerait tout corps et qui échapperait à toute observation directe.
Schéma de la célèbre expérience du phlogiston dessiné par Madame Lavoisier en 1783 et publié à la veille de la Révolution dans le Traité élémentaire de chimie.
Dès 1774, Lavoisier s'attaque à cette théorie en démontrant devant ses collègues de l'Académie que le dépôt formé par l'évaporation n'est pas une mutation de l'eau en terre, mais le résidu de matières déjà présentes dans le récipient. Il sera le premier à infirmer l'antique théorie, mais ce n'est qu'en 1780 qu'il établit expérimentalement, avec Laplace, dans un célèbre mémoire, que la chaleur n'est pas un fluide, mais le résultat de l'agitation de ce que les savants appellent déjà des molécules
Il abonde ainsi dans le sens de l'hypothèse d'une chaleur latente, que suppose la théorie du calorique avancée en 1761 par Joseph Black devant ses collègues de la future Société royale d'Edimbourg. Lavoisier n'ira cependant pas jusqu'à rejeter le concept de fluide calorique bien que celui ci conserve à la chaleur le caractère d'éther et que les concepts d'état de la matière et de chaleur latente, qu'il n'a pas su tirer lui même, n'ont pas besoin de supposer un tel éther. Ce sera Joule qui le fera en 1843.
En 1783, dans ses Réflexions sur le phlogistique, Lavoisier, comme Galilée cent soixante dix ans plus tôt avec la conception aristotélicienne du mouvement, démontre que cette théorie phlogistique, si elle répond aux impressions ordinaires, n'est pas conforme à l'expérience scientifique.
Avec Laplace, il réalise en outre une expérience qui met en évidence que l'air inflammable, découvert par Henry Cavendish et qu'il baptise hydrogène du grec formeur d'eau, réagit avec l'oxygène pour former une rosée, qui est de l'eau, comme l'avait déjà remarqué Priestley, sans toutefois l'expliquer. La synthèse de l'eau démolit deux mil cinq cents ans de dogme aristotélicien, selon lequel l'eau est un élément, et réhabilite la théorie épicurienne de Lucrèce sur les atomes. Elle démontre aussi qu'un corps qui se liquéfie n'est pas un corps qui se transforme en un autre, comme le postule la théorie aristotélicienne, mais que le même élément chimique peut, selon les conditions de pression et de température, changer d'état. Le concept sous jacent d'état de la matière est, quant à lui, totalement nouveau, et ouvre la voie, insoupçonnée par Lavoisier, à une thermodynamique statistique.

La conservation des masses dans le changement d'état de la matière

Les expériences de Lavoisier sont parmi les premières expériences chimiques véritablement quantitatives jamais exécutées: c'est en ce sens qu'il assure le passage de l'alchimie, discipline symbolique à visée spirituelle plus qu'expérimentale, à la chimie, dont il est le fondateur. Il a prouvé que, bien que la matière change d'état dans une réaction chimique, la masse totale des réactifs et des produits reste identique du début jusqu'à la fin de la réaction. Il brûla du phosphore et du soufre dans l'air, et montra que les produits pesaient plus que les réactifs de départ. Néanmoins, le poids gagné était perdu par l'air. Ces expériences ont été des preuves à la base de la loi de conservation de la matière. Lavoisier a aussi étudié la composition de l'eau, et il appelle ses composants oxygène et hydrogène.
Réclame publiée par Liebig en 1929 montrant Berthollet, inventeur de l'équilibre chimique, à l'école de Lavoisier, inventeur du concept d'équation chimique.
La maxime Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme attribuée à Lavoisier, est simplement la paraphrase du philosophe grec présocratique Anaxagore : Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. Dans son Traité élémentaire de chimie de 1789, Lavoisier parle de la matière en ces termes :
On voit que, pour arriver à la solution de ces deux questions, il fallait d'abord bien connaître l'analyse et la nature du corps susceptible de fermenter, et les produits de la fermentation ; car rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l'opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu'il n'y a que des changements, des modifications.
Sous la plume de Lavoisier quantité de matière désigne la quantité d'éléments chimiques mis en jeu lors d'une réaction. En posant la réaction chimique en terme laplacien d'équation, Lavoisier rend possible ce qu'en 1792 le berlinois Jeremias Richter appellera stœchiométrie mais ce ne sera qu'en 1802 qu'un disciple de Lavoisier, Claude Louis Berthollet, définira l'équilibre chimique lui permettant d'établir la première classification des éléments.

Une nomenclature des éléments chimiques

Symboles des éléments avant Lavoisier.Suite et fin de la même liste.
Avec le chimiste Claude Louis Berthollet et d'autres, Lavoisier conçoit une nomenclature chimique ou un système des noms qui sert de base au système moderne. Il la décrit dans la Méthode de nomenclature chimique 1787. Ce système est toujours en grande partie en service au XXIe siècle, y compris des noms tels que l'acide sulfurique, les sulfates et les sulfites.
Son Traité élémentaire de chimie 1789 est considéré comme le premier manuel chimique moderne, et présente une vue unifiée des nouvelles théories de chimie, fournit un rapport clair de la loi de la conservation de la masse et nie l'existence du phlogiston. En outre, Lavoisier clarifie le concept d'un élément comme substance simple qui ne peut être décomposée par aucune méthode connue d'analyse chimique, et conçoit une théorie de la formation des composés chimiques des éléments.
De plus, son ouvrage contient une liste d'éléments ou substances qui ne peuvent être décomposés davantage, incluant l'oxygène, l'azote, l'hydrogène, le phosphore, le mercure, le zinc et le soufre. Dans sa liste figurent aussi la lumière et la chaleur, toutes deux qui ne sont plus considérées comme étant de la matière selon la physique moderne.
Table des rapports déposée en 1718 à l'Académie des sciences par l'apothicaire Étienne Geoffroy pour expliquer l'élection d'un élément pour un autre plutôt qu'un troisième. Elle a été vue comme l'origine de la révolution lavoisienne.

Traduction anglaise de la table déposée par Lavoisier en mai 1787.

Lavoisier, précurseur de la physiologie

Expériences de Lavoisier sur la respiration humaine. Marie Anne de Lavoisier s'est représentée elle-même dans son rôle de greffière.
À partir de 1780, Lavoisier collabore avec le mathématicien Pierre-Simon Laplace. Ensemble, ils poursuivent des expériences, entre autres, sur la respiration. Ces expériences sur l'oxydation lente font suite à celles sur l'oxydation rapide.
Les deux académiciens mettent en évidence, en comparant la quantité de dioxyde de carbone produite par un cochon d'Inde placé dans un calorimètre maintenu à zéro degré et la quantité de chaleur nécessaire pour que de la glace produise la même quantité de dioxyde de carbone dans le même calorimètre, que la respiration est une production de chaleur continue semblable à une combustion lente. Ils démontrent que la respiration est une étape de la thermogenèse nécessaire à l'homéostasie.
Les expériences sont poursuivies à partir de 1789 avec l'ingénieur Armand Seguin, l'inventeur de la première usine, mais le projet d'une description complète de cet aspect de la physiologie animale sera interrompu par la Révolution.

Lavoisier, un agronome discrer La mode du gentleman-farmer

En 1778, trois ans après la mort de son père, Lavoisier achète le domaine de Fréchines près de Blois et se prend d'une passion discrète pour l'agriculture. Il se rend trois fois par an sur ses terres, pour deux à trois semaines, en compagnie de Madame Lavoisier qui assure la correspondance avec le gestionnaire local, le notaire Lefebvre.
Ce domaine est l'occasion pour Lavoisier de mettre en pratique les travaux de Duhamel du Monceau. Après dix ans, Lavoisier rédige un compte-rendu de ses recherches pour la Société royale d'agriculture et déclare qu'il lui faudra encore une décennie pour confirmer ses résultats. Peu avant sa mort sur l'échafaud, il rédige un traité d'agriculture qu'il déclare pratiquement terminé en 1793.

Le bétail, un mal nécessaire

Expérience réalisée dans les années 1770 du procédé d'Archimède d'une combustion à travers des lentilles optiques.
En 1791, Lavoisier présente à la Constituante un mémoire, De la richesse territoriale du royaume de France, dans lequel il chiffre en vue d'en évaluer la ponction fiscale tolérable, le « produit national net, notion physiocratique qui prend en compte une seule catégorie de revenus, celle des propriétaires du sol. ...C'est dans ce mémoire que Lavoisier constate que les bestiaux ne sont que les instruments employés pour cultiver et pour fumer et que le bénéfice qu'ils procurent n'est qu'un léger accessoire. Il affirme alors — et la formule connaîtra une grande fortune — que le bétail est un mal nécessaire.

La végétalisation

Détail des lentilles optiques concentrant la lumière du soleil sur un matériau combustible.
Ses idées sur l'utilisation du fumier sont très conventionnelles pour l'époque. Ainsi, il montre que des apports massifs permettent d'augmenter lentement les rendements. Vers la fin de sa vie, il est confronté à la théorie de l'humus soutenue par Jean Henri Hassenfratz. Cette théorie, qui postule que seul l'humus est capable de nourrir les végétaux, est fausse et prévalut jusqu'aux travaux de Justus von Liebig en 1840.
Lavoisier rédige anonymement un programme de recherche que l'Académie des sciences aurait dû proposer au concours en 1794, date où la Convention supprime l'Académie et condamne Lavoisier. Dans ce programme, Lavoisier décrit le cycle des composants de la matière à la surface de la terre (le cycle réduction-oxydation et oppose la « végétalisation la photosynthèse à la combustion et aux fermentations. En ce sens, il annonce les grandes découvertes agronomiques du XIXe siècle. Lavoisier, est le promoteur de l'hygiénisme

Carrière administrative et premiers travaux scientifiques

La description que Lavoisier a laissée d'une aurore boréale observée en 1763 constitue le plus ancien document conservé touchant son activité scientifique. Dès cette année 1763, il avait commencé des levés géologiques dans le Bassin parisien, afin d'aider Guettard à établir la carte minéralogique de la France. Celui-ci, ne pouvant envisager de dresser une carte géologique, se proposait essentiellement de noter par des signes sur la carte l'emplacement des carrières de matériaux de construction et celui des affleurements des gîtes minéraux utiles à l'économie. Il estimait en outre intéressant de lever en ces emplacements une coupe précise du sous-sol, indiquant dans les terrains sédimentaires les différentes couches distinguées par leurs caractères lithologiques.
Guettard attira l'attention de Lavoisier sur les problèmes posés par l'étude des roches sédimentaires. En 1764, Lavoisier examina de nombreuses variétés de gypse, détermina leur solubilité dans l'eau et fut l'un des premiers à expliquer la prise du plâtre, en montrant que le gypse, sous l'action de la chaleur, perd une certaine quantité d'eau, qu'il reprend au cours de sa solidification. Il communiqua ses travaux sur le gypse à l'Académie royale des sciences en 1765 et 1766.
Dans l'intervalle, il concourut pour le prix de 2 000 livres créé par l'Académie, à la demande du lieutenant de police, sur le meilleur moyen d' éclairer pendant la nuit les rues d'une grande ville, en combinant ensemble la clarté, la facilité du service et l'économie. Dans son mémoire, il étudia les différents types de lanternes à chandelle ou à huile, simples ou à réverbère elliptique ou hyperbolique, l'influence de la nature du combustible, la forme des mèches, et terminait par des expériences relatives à l'intensité de la lumière comparée à la consommation de combustible. Le 9 août 1766, l'Académie partagea le prix entre trois fabricants qui avaient expérimenté des lanternes de formes diverses et décerna une médaille d'or à Lavoisier, dont le mémoire portait en épigraphe Signabitque viam flammis. Et marquera la route par des flammes, mettant au futur un hémistiche de Virgile (L'Énéide, livre V, vers 526.
En 1767, de juin à novembre, Lavoisier accompagna Guettard en Lorraine et en Alsace, dans une tournée de levé de la carte minéralogique. Afin de déterminer la nature des eaux échantillonnées au cours de ce voyage, il avait emporté un aréomètre en argent à niveau constant d'immersion, dont il interprétait les charges grâce aux tables qu'il avait préparées sur la solubilité des principaux sels contenus dans les eaux courantes ou minérales.
L' Académie royale des sciences, créée par Colbert en 1666, réunissait un nombre limité de travailleurs scientifiques, convenablement pensionnés au sommet de la hiérarchie et chargés en particulier de donner un avis sur les questions scientifiques ou techniques qui intéressaient l'administration royale. La valeur prometteuse des premiers mémoires de Lavoisier et l'amitié que lui portait Guettard lui laissaient espérer une admission prochaine dans la savante compagnie. Le 18 mai 1768, à la suite d'un décès, l'Académie élut exceptionnellement deux sujets pour remplir la place d'adjoint chimiste, Lavoisier et l'ingénieur des Mines G. Jars. Lavoisier fut chargé de nombreux rapports dès son entrée à l'Académie, où il devait rapidement gravir les échelons successifs de la hiérarchie.
Appuyé par un ami de la famille, La Galaizière, intendant de la Lorraine, Lavoisier entra dans la Ferme générale en qualité d'adjoint du vieux fermier général François Baudon, qui, en 1768, lui céda un tiers de sa part, moyennant un apport de 520 000 livres. En 1771, Lavoisier fit porter à la moitié sa part, qui devint entière à la mort de Baudon 1779. Lavoisier débuta à la Ferme sous les ordres de Jacques Paulze, directeur de la Commission du tabac, et remplit au début les fonctions d'inspecteur régional. Dans ses déplacements, il tenait un journal de voyage et un registre de notes géologiques avec le même souci d'observation que s'il eût encore accompagné Guettard.
Apprécié de Paulze, il épousa en 1771 sa fille, Marie-Anne-Pierrette, qui poursuivit ses études afin de devenir sa collaboratrice, et n'eut pas d'enfant.
En 1772, le père de Lavoisier acquit un office de conseiller secrétaire du roi, maison, finances et couronne de France, qui, avec le titre d'écuyer, transmettait la noblesse héréditaire.
En 1775, Turgot créa la Régie des poudres et salpêtres. Nommé l'un des quatre régisseurs, Lavoisier vint habiter à l'Arsenal, où le laboratoire qu'il installa devint le rendez-vous des chimistes.
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Posté le : 06/05/2016 18:47
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Les grands travaux scientifiques

En 1768, il entreprit d'approfondir la nature des quatre éléments considérés depuis l'Antiquité comme porteurs d'une réalité inaccessible à l'analyse scientifique : la terre, l'eau, l'air et le feu.
Certes, les chimistes contemporains utilisaient déjà la balance, car depuis la diffusion de la mécanique newtonienne tous connaissaient le principe de la conservation de la matière, que personne n'avait éprouvé le besoin de formuler explicitement ; mais, comme en dehors des essais sur les métaux précieux la chimie n'avait pas dépassé le stade d'une analyse qualitative imprécise, la pesée ne faisait pas partie des manipulations systématiques. Lavoisier, qui sa vie durant devait rechercher la précision en toute chose, aborda ce problème avec le souci de suivre par la pesée les modifications qu'entraînaient toutes les manipulations. Son attention se porta en premier lieu sur les expériences par lesquelles on avait prétendu prouver la possibilité de changer l'eau en terre. En observant le développement d'un végétal dans un vase empli de terre simplement arrosée, Van Helmont avait cru pouvoir conclure que l'eau devait se changer en terre pour former la masse de ce végétal. Boyle avait abouti à la même conclusion, après avoir constaté qu'une once d'eau distillée deux cents fois dans un vase finissait par y laisser six drachmes de terre. Lavoisier répéta l'expérience dans un pélican de verre hermétiquement clos et pesé à l'avance, dans lequel il maintint l'eau en ébullition durant cent jours. Il constata que le poids total du système n'avait pas varié et que la quantité de matière terreuse passée à la longue en dissolution ou en suspension dans l'eau avait un poids égal à celui perdu par le pélican.
Lavoisier s'intéressa ensuite aux problèmes de saturation des phosphates, à l'étude des sels magnésiens, du bleu de Prusse, de l'acide spathique et de l'acide citrique. Son attention ayant été attirée en 1772 sur les nouveaux « airs » découverts par Joseph Priestley, il décida d'étudier ces « airs » et les phénomènes de la combustion. Commençant par répéter les expériences de ses prédécesseurs, il fut dès l'abord frappé par l'augmentation du poids des métaux par la calcination. Cette constatation lui ayant montré l'inutilité de recourir à la théorie du phlogistique cf. CHIMIE-Histoire, il fit part de ses idées dans deux articles anonymes publiés dans le Journal de physique en octobre 1773 et en mars 1774. En janvier 1774, il fit paraître sous son nom le premier tome des Opuscules physiques et chimiques, dans lesquels il faisait l'historique des « émanations élastiques qui se dégagent des corps pendant la combustion, pendant la fermentation et pendant les effervescences » et exposait de « nouvelles recherches sur l'existence d'un fluide élastique fixé (acide carbonique) dans quelques substances et sur les phénomènes qui résultent de son dégagement ou de sa fixation ». Priestley, de passage à Paris en octobre 1774, annonça à Lavoisier qu'en chauffant sur une cuve à mercure le précipité per se (oxyde mercurique rouge), au moyen des rayons solaires concentrés par une forte lentille, il venait d'obtenir ce qu'il appelait l'« air déphlogistiqué ». Lavoisier refit l'expérience et fut le premier à comprendre que l'air privé de phlogistique était en réalité un « air » particulier. Il venait de découvrir que l'air de l'atmosphère était un mélange de deux gaz différents : l'air vital, l'oxygène et la mofette (l'azote), le phlogistique n'ayant rien à voir dans sa composition.
Les expériences ultérieures de Lavoisier établirent le rôle de l'air vital dans la formation de l'acide phosphorique et de l'acide sulfurique, ce qui l'amena à lui donner en 1779 le nom de principe oxigine, qu'il écrira plus tard principe oxigène (oxus, acide), au sens de principe acidifiant. Cette conception trop absolue le conduisit à méconnaître la nature de l'acide muriatique (acide chlorhydrique) et surtout celle du chlore qu'il considérait, non comme le radical de l'acide muriatique, mais, au contraire, comme de l'acide muriatique oxygéné.
Dans toute combustion, reconnut Lavoisier, il y a dégagement de la matière du feu et de la lumière. La théorie du phlogistique reposait sur ce fait exact qu'il se perd quelque chose dans les réactions chimiques, notamment dans la combustion et l'oxydation, mais ce quelque chose n'est pas de la matière pesante, c'est de la chaleur. Lavoisier fut ainsi conduit à se représenter la chaleur comme un fluide igné, constituant la matière commune du feu, de la chaleur et de la lumière, qu'il appela le calorique. De même que le rôle de l'eau est double, suivant qu'il s'agit de l'eau de combinaison ou de l'eau de dissolution, il convient, écrivait-il, de distinguer dans les corps le feu de dissolution, c'est-à-dire le feu libre, celui qui se borne à élever la température des corps, et le feu de combinaison. Presque tous les corps, ajoutait-il, peuvent exister dans trois états différents : l'état solide, l'état liquide, l'état d'« air » ou de vapeur, tous trois ne dépendant que de la quantité plus ou moins grande de la matière du feu dont les corps sont pénétrés et avec laquelle ils sont combinés.
La théorie de la formation des acides amenait Lavoisier à supposer que la combustion de l'air inflammable (hydrogène), isolé en 1766 par Cavendish, devait produire un acide. Déconcerté par les premiers résultats, il fit construire deux caisses pneumatiques, afin de pouvoir expérimenter en grand avec précision. Le 24 juin 1783, dans son laboratoire de l'Arsenal, il combina dans une cloche l'air déphlogistiqué et l'air inflammable tiré du fer par l'acide vitriolique. L'opération produisit de l'eau pure, qui ne rougissait pas la teinture de tournesol. Lavoisier en conclut que l'eau n'est pas une substance simple et qu'elle est composée d'air inflammable et d'air vital. En juillet suivant, l'Académie royale des sciences nomma Lavoisier l'un des commissaires chargés d'examiner une machine aérostatique inventée par C. et R. Montgolfier. La question provoqua des recherches sur la préparation en grande quantité de l'hydrogène en faisant passer de l'eau sur du fer rougi et conduisit Lavoisier aux expériences sur la décomposition et la recomposition de l'eau, qu'il réalisa en février et mars 1785. En avril suivant, Berthollet annonça à l'Académie qu'il abandonnait la théorie du phlogistique et se rangeait aux idées de Lavoisier.
Dans la connaissance des composés organiques, Lavoisier fit un premier pas par ses idées sur le rôle de l'oxygène dans la génération des acides organiques. Il constata la fixation de l'oxygène sur le sucre, dans la formation de l'acide oxalique au moyen de l'acide nitrique. Étudiant la fermentation du vin, il reconnut la décomposition du sucre : une portion du carbone se transforme en acide carbonique, tandis que l'autre, unie à l'hydrogène et à l'eau ajoutée, constitue l'alcool. En 1787, Berthollet découvrit que l'azote était le principal constituant de l'ammoniaque, de l'acide prussique et des matières animales. Cette découverte ruinait les théories animistes et montrait définitivement que les êtres vivants ne formaient pas un domaine différent du reste de la nature, vérité qu'avait pressentie Lavoisier en étudiant la respiration et la chaleur animales.
Lorsque, en 1776, il avait repris les expériences sur les faits signalés par Priestley, Lavoisier avait constaté à son tour que l'air privé d'oxygène par l'oxydation du mercure était devenu aussi méphitique que l'air altéré par la respiration d'un moineau et dont il avait absorbé l'acide carbonique par la potasse. Après avoir reconstitué l'air primitif en ajoutant l'oxygène disparu à la première mofette provenant de l'oxydation du mercure et à la seconde mofette provenant de la respiration animale, il avait constaté que dans les deux cas cet air permettait aussi bien d'entretenir la combustion que la vie animale. Les relations entre l'air, l'oxygène et l'acide carbonique dans la respiration étant établies, restaient à comprendre l'action de l'oxygène sur l'être vivant et l'origine de l'acide carbonique. L'analogie avec la couleur des oxydes de mercure et de plomb amena Lavoisier à attribuer la coloration rouge du sang artériel à l'absorption d'oxygène. Il compara la chaleur animale à celle des combustions vives, estimant que l'air fournissait l'oxygène et la chaleur, tandis que le sang véhiculait le combustible, restitué incessamment par les aliments. En 1783, il reprit la question avec Laplace. Tous deux mesurèrent les effets de la respiration d'un cochon d'Inde, qu'ils comparèrent à la combustion d'une bougie, en utilisant une balance et un calorimètre. « Lorsqu'un animal est dans un état permanent et tranquille, de telle sorte qu'après plusieurs heures le système animal n'éprouve point de variation sensible, la conservation de la chaleur animale est due au moins en grande partie, conclurent-ils, à la chaleur que produit la combinaison de l'oxygène respiré avec la base de l'air fixe que le sang lui fournit. » La respiration, signala Lavoisier, est l'origine d'une combustion lente, analogue à celle du charbon. À partir de 1789, il poursuivit avec son élève, Armand Seguin, l'étude de la respiration et de la transpiration. Dans le prix sur la nutrition proposé en 1793 par l'Académie des sciences, il dressa un programme de recherches sur la chimie physiologique en demandant l'étude des fonctions du foie.
Dès son arrivée à la Régie des poudres, Lavoisier s'était préoccupé d'améliorer et d'accroître la fabrication du salpêtre, afin de supprimer les importations considérables de ce produit venant de l'Inde. Sous son impulsion, plusieurs mémoires furent publiés et l'on perfectionna les procédés de raffinage lavage à froid du salpêtre brut. La production française de salpêtre doubla de 1776 à 1788 et permit d'approvisionner l'armée américaine. Le jeune Éleuthère Irénée Du Pont de Nemours, fils du physiocrate, que Lavoisier forma en 1788 à l'Arsenal, compléta ses connaissances à la poudrerie d'Essonnes, acquérant ainsi la spécialisation qui lui permettra de monter, en 1804, à Wilmington Delaware, une poudrerie appelée à un très grand avenir.

La méthode de nomenclature chimique

Louis-Bernard Guyton de Morveau, avocat général au parlement de Bourgogne de 1762 à 1782, avait appris la chimie dans les livres de P. J. Macquer et s'était fait un nom par le cours de chimie qu'il professait à Dijon, ainsi que par ses découvertes : propriétés désinfectantes du chlore, emploi du blanc de zinc dans la peinture... Chargé par un éditeur de rédiger le Dictionnaire de chimie pour la collection de l'Encyclopédie méthodique, Guyton ressentit l'intérêt de mettre un peu d'ordre dans le fatras de faits à exposer. Vers 1760, on ne connaissait encore que six acides, deux « terres solubles », onze substances métalliques et une trentaine de sels. Certains composés des métaux étaient désignés par référence aux dieux de l'Antiquité : Vénus (cuivre), Mars (fer), Jupiter (étain). Les autres produits chimiques avaient reçu un nom qui rappelait leur aspect, l'une de leurs propriétés, leur origine ou leur inventeur, ainsi huile de vitriol (acide sulfurique), huile de tartre par défaillance (potasse mélangée de carbonate de potassium), laine philosophique (oxyde de zinc), sel sédatif (acide borique), sel d'yeux d'écrevisses (acétate de calcium), sel d'Epsom (carbonate de magnésium), liqueur fumante de Libavius (chlorure stannique), sel de Seignette (tartrate de sodium). La découverte de nouveaux corps depuis 1766 avait provoqué une inflation de synonymes, qui causait une énorme confusion : le gaz carbonique, par exemple, appelé esprit sauvage par Van Helmont, avait reçu près d'une vingtaine de dénominations. Cette anarchie était encore accrue par les noms du commerce, les droguistes appelant couperose verte le vitriol de Mars et couperose blanche le vitriol de zinc. Pour limiter l'étendue de ce désordre, des chimistes frappés par l'emploi du terme générique de chaux (oxydes) et s'inspirant des méthodes de classification des naturalistes, avaient groupé certains composés que rapproche une parenté évidente, tels les sels d'un même acide, et formé la classe des vitriols et celle des nitres. Dans un Mémoire sur les dénominations chimiques, la nécessité d'en perfectionner le système, et les règles pour y parvenir, publié en mai 1782 dans le Journal de physique, Guyton posa les cinq règles fondamentales du langage chimique rationnel :
– Chaque substance doit avoir un nom et ne pas être désignée par une circonlocution.
– Le nom d'un composé chimique doit en évoquer les constituants et le caractériser sans rappeler le nom de l'inventeur (en application des deux premières règles, « sel marin à base de terre pesante » devenait muriate de barote, « sel de succin retiré par la cristallisation » était à remplacer par acide succinique cristallisé, « sucre de Saturne » par acétate de plomb, « lune cornée » par muriate d'argent.
– Toute substance de composition incertaine doit recevoir une dénomination ne signifiant rien, plutôt qu'une autre pouvant exprimer une idée fausse ainsi Bergman conseillait de désigner l'air essentiel à la respiration par l'expression d'air sain ou d'air pur, au lieu d'air déphlogistiqué, «jusqu'à ce que l'on ait pleinement éclairci les faits qui semblent y annoncer la présence du phlogistique .
– Les termes nouveaux sont à former d'après des racines prises dans les langues mortes les plus généralement répandues, c'est-à-dire le grec ou le latin cette règle avait conduit Guyton à proposer d'appeler barote la terre du spath pesant, d'après barus, lourd.
– Enfin les noms doivent être assortis au génie de chaque langue (dans le tableau qui terminait son Mémoire, Guyton donnait une liste des termes proposés, groupés par famille de corps.
Malgré ses contacts avec Lavoisier, au cours de deux séjours à Paris en 1775 et 1779, Guyton était resté partisan de la théorie du phlogistique, d'après laquelle il écrivit le premier demi-volume du Dictionnaire de chimie paru le 8 mai 1786. En décembre suivant, Guyton partit pour Paris, où il demeura huit mois. C'est alors qu'il se convertit à la nouvelle doctrine (exposée dans le deuxième demi-volume du Dictionnaire de chimie publié le 23 novembre 1789 et qu'avec Lavoisier, Berthollet et de Fourcroy il mit au point la nomenclature chimique. Sa nomenclature de 1782 fut conservée à quelques retouches près. Un genre unique, le masculin, fut adopté pour les noms de corps simples, manganèse, molybdène, platine et tungstène cessant d'être féminins. Barote fut remplacé par baryte, répondant mieux à l'étymologie. L'innovation la plus importante fut la création de trois noms pour les corps étudiés par Lavoisier : oxygène, hydrogène, azote, qui se prêtaient aisément à la dérivation en verbes et substantifs. Sous l'influence de Lavoisier, des suffixes en -ate, -ite, -ique furent adoptés pour les corps de même nature ; vitriols, acètes, borax, proposés en 1782 par Guyton, devinrent sulfates, acétates, borates. Le 18 avril 1787, Lavoisier lut à l'Académie royale des sciences son Mémoire sur la nécessité de réformer et de perfectionner la nomenclature chimique, où il plaçait l'œuvre entreprise avec les trois autres chimistes sous le patronage de Condillac et exposait la philosophie suivie pour établir la nomenclature. Les corps simples, c'est-à-dire ceux qui n'ont pu jusqu'à présent être décomposés, ou éléments, sont divisés en cinq classes. La première classe comprend ceux qui paraissent approcher le plus près de l'état de simplicité : lumière, calorique, oxygène, hydrogène, azote. Viennent ensuite la deuxième classe (vingt-cinq bases acidifiables), la troisième (dix-sept substances métalliques), la quatrième (cinq terres) et la cinquième (trois alkalis). Le tableau de la nomenclature dispose ces cinq classes en colonnes : colonne I (substances non décomposées) au regard de laquelle les nouveaux noms proposés pour les combinaisons se répartissent en colonnes II (substances mises à l'état de gaz par le calorique), III (substances combinées avec l'oxygène), IV (substances oxygénées gazeuses, suivies à partir de l'arsenic par les oxydes avec diverses bases), V (substances oxygénées avec bases) et VI (substances combinées sans être portées à l'état d'acide). Au bas du tableau sont indiquées les dénominations appropriées de diverses substances plus composées et qui se combinent sans décomposition (muqueux, gluten, sucre, amidon, huile fixe, huile volatile, arôme, résine, extractif, extracto-résineux, résino-extractif, fécule, acohol, savon). Dans son mémoire du 18 avril 1787, Lavoisier avait notamment écrit : « Il est temps de débarrasser la chimie des obstacles de toute espèce qui retardent ses progrès, d'y introduire un véritable esprit d'analyse, et nous avons suffisamment établi que c'était par le perfectionnement du langage que cette réforme devait être opérée. Nous sommes bien éloignés sans doute de connaître tout l'ensemble, toutes les parties de la science ; on doit donc s'attendre qu'une nomenclature nouvelle, avec quelque soin qu'elle soit faite, sera loin de son état de perfection ; mais pourvu qu'elle ait été entreprise sur de bons principes, pourvu que ce soit une méthode de nommer, plutôt qu'une nomenclature, elle s'adaptera naturellement aux travaux qui seront faits dans la suite ; elle marquera d'avance la place et le nom des nouvelles substances qui pourront être découvertes et elle n'exigera que quelques réformes locales et particulières. » Le 5 mai 1787, J.-H. Hassenfratz et P.-A. Adet, élèves de Lavoisier, présentèrent à l'Académie un Mémoire sur les nouveaux symboles établis en accord avec la nomenclature. Dans son Rapport sur les nouveaux caractères chimiques lu le 27 juin suivant, Lavoisier donnait les indications suivantes, révélatrices de ce fait que, malgré son génie, il ne pouvait penser qu'en homme du XVIIIe siècle : « Tous les corps de la nature sont solides, liquides ou aériformes suivant le degré de chaleur auquel on les expose. Il est donc nécessaire de distinguer dans toute espèce de gaz le calorique qui fait office de dissolvant et la substance qui lui est unie, et qui lui sert de base. L'air vital a donc sa base, et c'est à cette base que nous donnons le nom d'oxygène. Nous distinguons également la base du gaz inflammable, et c'est elle que nous désignons par le mot d'hydrogène. Nous ne dirons donc pas que l'air vital se combine avec les métaux pour former les chaux métalliques ; cette manière de nous énoncer ne serait pas suffisamment exacte ; mais nous dirons que, lorsqu'un métal est élevé à un certain degré de température, lorsque ses molécules ont été écartées jusqu'à un certain point les unes des autres par la chaleur et que leur attraction a été suffisamment diminuée, il devient susceptible de décomposer l'air vital, d'enlever sa base, c'est-à-dire l'oxygène, au calorique et qu'alors ce dernier devient libre. » L'ensemble de ces mémoires fut imprimé en août 1787 sous le titre : Méthode de nomenclature proposée par MM. de Morveau, Lavoisier, Bertholet [sic] et Fourcroy. On y a joint un nouveau système de caractères chimiques, adaptés à cette nomenclature par MM. Hassenfratz et Adet. Lavoisier remania son mémoire sur la nomenclature pour former le discours préliminaire du Traité élémentaire de chimie présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes, publié en 1789.

L'agronome et l'économiste

L'expérience agronomique que Lavoisier tira de l'exploitation de ses propriétés, dont il pesa la production, lui valut de faire partie, de 1785 à 1787, du Comité d'agriculture, où il se lia avec le physiocrate Pierre-Samuel Dupont et présenta plusieurs mémoires sur le parcage des bêtes à laine, sur les fumiers et sur le trèfle. Dans ce domaine de la chimie agricole, son œuvre devait être reprise et poursuivie par Jean-Baptiste Boussingault (1802-1887).
Quoique noble, Lavoisier représenta en 1787 l'électorat de Romorantin dans l'ordre du tiers à l'assemblée provinciale de l'Orléanais. Il rédigea plusieurs rapports copieux pour le Bureau du bien public et de l'agriculture. Au sujet de la corvée, dont il avait souligné le caractère d'injustice au Comité d'agriculture, il proposa d'abolir les privilèges de la noblesse et de faire payer la prestation par les inscrits aux rôles des vingtièmes. À propos de l'agriculture, il insista sur l'état d'insalubrité de la Sologne. Traitant du commerce et de l'industrie, il demanda le remplacement des droits frappant les marchandises par un abonnement de la province. Enfin, il préconisa la création à Orléans d'une caisse d'épargne du peuple alimentée par des versements destinés à procurer une rente viagère à l'âge de soixante ans. Ces rapports montrent que Lavoisier partageait encore les illusions de Charles-Alexandre de Calonne sur la possibilité de faire adopter des réformes par la noblesse et le clergé.
En mars 1789, à Blois, après avoir été rejeté par le tiers état du bailliage, il fut accueilli par la noblesse qui l'élut député suppléant aux états généraux. La question des assignats retint d'autant plus son attention qu'il faisait partie de la Caisse d'escompte. À la Société de 1789, réunissant des partisans de la monarchie constitutionnelle, il lut, le 29 août 1790, des Réflexions sur les assignats et sur la liquidation de la dette. Estimant à 2 milliards de livres le numéraire existant en France, à 1 800 millions les domaines nationaux susceptibles d'être mis en vente, il considérait, compte tenu des assignats déjà émis et du déficit prévisible sur les rentrées d'impôts, que l'émission du solde des assignats pourrait tout au plus atteindre le milliard, à condition d'être faite lentement.
Le 15 mars 1791, Lavoisier présenta à la Constituante un mémoire sur la richesse territoriale de la France, où il chiffrait le produit national net, en vue de situer la limite de la ponction fiscale tolérable, car pour lui « ce n'est pas aux prétendues nécessités des États que l'impôt doit être proportionné, mais à leur richesse disponible ». Ce qu'il appelait produit national net correspondait à la notion physiocratique d'une seule catégorie de revenus, celle des propriétaires du sol. Afin de déterminer le revenu territorial convertible en argent, qui totalise ce que consommaient les Français, Lavoisier commença par différencier les consommateurs par sexe, groupe d'âge, habitat (citadins ou ruraux) et profession, en se fondant sur les travaux démographiques de Moheau et de La Michaudière. Une vaste enquête sur les budgets familiaux d'après les statistiques de la Ferme générale et les observations des curés de campagne lui avait permis d'estimer les dépenses des ménages des villes et des campagnes. Il recoupa cette estimation par comparaison avec la paie du soldat, supposée égale à la consommation moyenne de l'homme adulte ; il trouva que la consommation individuelle moyenne atteignait 110 livres par an et correspondait à 2 750 millions de livres pour une population de 25 millions d'habitants. Le revenu net du royaume, représenté par la valeur des céréales consommées, s'élevait à 1 200 millions de livres, lorsque le blé valait deux sols la livre, mais devait être abaissé à 1 milliard pour tenir compte des prix réels du blé, du seigle et de l'orge. Lavoisier considérait que l'imposition foncière, fixée au sixième par la Constituante, ne pourrait dépasser 210 millions de livres, soit 30 millions de moins que prévu. Le mémoire de Lavoisier se terminait par des tableaux détaillés concernant la répartition de la population, le cheptel, la consommation de céréales, de viande et de vin, la surface des cultures. Sa qualité valut à son auteur d'être nommé l'un des six commissaires de la Trésorerie nationale. Dans cette branche de l'économie politique, Lavoisier apparaît, de même qu'en chimie agricole et en physiologie, comme un précurseur sans disciples.

Les autres travaux scientifiques

Le 17 décembre 1788, Lavoisier lut à l'Académie des sciences des observations générales sur les couches modernes horizontales ; il y formula la théorie géologique du « profil limite » dans les régions côtières.
Ses nombreux rapports à l'Académie, quel qu'en soit le sujet, sont remarquables par la rigueur du raisonnement et la qualité du style au service d'une pensée sans cesse en alerte devant l'étendue des faits restant à étudier. Le souci de la précision, qu'il apportait en toute chose, le conduisit, par exemple, à déplorer l'absence de nivellement de précision. « Nous n'avons point encore un nivellement exact depuis Paris jusqu'à l'océan, déclarait-il. Ce serait une entreprise bien digne des ingénieurs des Ponts et Chaussées et qui serait très utile pour la physique. On varie sur cette hauteur depuis 42 pieds jusqu'à 180. » Cette réflexion lui était inspirée par sa participation à la commission des poids et mesures de l'Académie, chargée de définir les bases du système métrique. Son travail le plus notable en ce domaine consista, en janvier 1793, à déterminer avec R. J. Haüy la valeur de la nouvelle unité de masse, le grave (appelé kilogramme par la suite) ; leur résultat était approché à 1/20 000 près par défaut. Les documents qui subsistent révèlent que Lavoisier n'avait pas la même conception de l'étalon de masse sous l'Ancien Régime que la plupart des autres physiciens. Pour lui, l'étalon était le marc creux (demi-livre) de la pile de Charlemagne, actuellement au C.N.A.M., et non la pile considérée d'ordinaire comme pesant exactement 50 marcs. Les discussions provoquées par cette divergence d'interprétation amenèrent Lefèvre-Gineau à reprendre la détermination en 1799.
La suppression des Académies, décrétée le 8 août 1793 par la Convention, précéda de peu la fin de l'activité scientifique de Lavoisier, marquée par son emprisonnement le 28 novembre 1793 en même temps que ses anciens collègues de la Ferme. Les lettres qu'il recevait l'avaient rendu suspect bien avant la loi du 17 septembre 1793. Le gouvernement révolutionnaire considérait avec quelque raison les fermiers généraux comme des ennemis de la République, qui devaient être guillotinés le 19 floréal an II 8 mai 1794. Le partisan de la monarchie constitutionnelle qu'était Lavoisier portait, sans s'en rendre compte, quelques-unes des contradictions fondamentales de son époque de transition brutale. Par son activité à la Ferme, il avait été l'un des soutiens financiers de l'Ancien Régime, alors que, par ses travaux de laboratoire, il faisait progresser la science et contribuait par là même à l'avènement au pouvoir de la grande bourgeoisie. Mais il saisissait imparfaitement le sens des événements qu'il vivait. Cette incompréhension donne un caractère dramatique au mouvement dialectique de l'histoire et confère au destin de l'illustre chimiste sa grandeur tragique. Arthur

Célébration

Son nom est inscrit sur la tour Eiffel, façade Trocadéro, il est, en outre, représenté sur l'hôtel de ville de la capitale.
En 1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Lavoisier à un cratère lunaire.
Hommage du sculpteur Dalou au penseur qu'incarne Lavoisier, réalisé soixante douze ans après la mort de celui-ci.
Lavoisier représenté par Jacques Léonard Maillet en 1853 parmi les Hommes illustres dans la cour Napoléon du Louvre.
Principaux écrits de Lavoisier

Géologie

Instruction sur l'établissement des nitrières et sur la fabrication du salpêtre, Imprimerie Royale, Paris, 1777, 83 p.
Avec J. E. Guettard, Description de deux mines de charbon de terre: situées au pied des montagnes de Voyes, l'une en Franche-Comté, l'autre en Alsace, avec quelques expériences sur le charbon qu'on en tire., Académie des sciences, Paris, 1778, 7 p.
Avec J. E. Guettard & B. G. Sage, Analyse de l'eau du lac asphaltite. Lu le 23 Juillet 1778., Académie des sciences, Paris, 1778, 4 p.
L'art de fabriquer le salin et la potasse, publié par ordre du Roi, par les régisseurs-généraux des Poudres & Salpêtres, Paris, 1779.

Thermique

Avec P. S. Laplace, Mémoire sur la chaleur, in Mémoires de l'Académie des sciences, p. 355–408, Académie des sciences, Paris, 1780.
Avec J. B. Le Roy, Rapport fait à l'Académie des sciences, sur la machine aérostatique, Académie des sciences, Paris, 1783, 27 p.
Avec P. S. Laplace, Mémoire contenant les expériences faites sur la chaleur, pendant l'hiver de 1783 à 1784, par P. S. de Laplace & A. K. Lavoisier, 1792.

Chimie

Opuscules physiques et chimiques, Durand, Didot & Esprit, Paris, 1774.
Mémoire sur l'existence de l'air dans l'acide nitreux, et sur les moyens de décomposer & de recomposer cet acide, Académie des sciences, Paris, 1776, 10 p.
Sur la nature du principe qui se combine avec les métaux pendant leur calcination et augmente leur poids., Académie des sciences, Paris, 26 avril 1775.
Sur la combustion en général, Académie des sciences, Paris, 1778.
Considérations générales sur la nature des acides, Académie des sciences, Paris, 1778.
De l'action du feu animé par l'air vital, sur les substances minérales les plus réfractaires, Académie des sciences, Paris, 1785.
rééd. in F. L. Ehrmann, Essai d'un art de fusion à l'aide de l'air du feu ou air vital, Cuchet, Paris, 1787.
Avec L. B. Guyton de Morveau, C. L. Berthollet & A. F. Fourcroy, Méthode de nomenclature chimique, Cuchet, Paris, 1787.
Avec A. F. Fourcroy, L. B. Guyton de Morveau, Cadet, Baumé, d'Arcet & Sage, Nomenclature chimique, ou synonymie ancienne et moderne, pour servir à l'intelligence des auteurs., Cuchet, Paris, 1789.
Traité élémentaire de chimie, présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes, vol. I & II, Cuchet, Paris, 1789, rééd., Cultures et Civilisations, Bruxelles, 1965.

Économie

Notes pour servir de supplément au rapport des commissaires de l'Académie royale des sciences sur un projet d'établissement de nouvelles prisons, Académie des sciences, Paris, 1770.
Instruction sur les moyens de suppléer à la disette des fourrages, et d’augmenter la subsistance des bestiaux, Supplément à l’instruction sur les moyens de pourvoir à la disette des fourrages, publiée par ordre du Roi le 31 mai 1785, Conseil d'État, Paris, 1785, in-4°, 16 p.
Instruction sur le parcage des bêtes à laine, Imprimerie Royale, Paris, 1785, 19 p.
Réflexions sur les assignats & sur la liquidation de la dette exigible ou arriérée lue à la Société de 1789, Clousier, Paris, 29 août 1790, 35 p.
Idées de circonstance soumises à la Société de 1789 par un de ses membres, Postillon impr., Paris, 14 janvier 1791, 8
De la richesse territoriale du royaume de France, Assemblée constituante, Paris, 1791, 66 p.,
rééd. in coll. Mélanges d'éçonomie politique, Guillaumin & cie., Paris, 1847.
De l'état des finances de France, au premier janvier 1792, Du Pont, Paris, 1791, 90 p.
Rapport des commissaires réviseurs des trois compagnies de finances, aux représentans du peuple chargés de surveiller leurs travaux et lu aux Comités des finances et de comptabilité, Convention nationale, Paris, 1794, 187 p.

Posthumes

Dir. Delagrange, Collection de divers ouvrages d'arithmétique politique, CC. Corancez & Rœderer impr., Paris, 1796.
Préf. Veuve Lavoisier, Mémoires de physique et de chimie, 1805.
C. Potelet, Catalogue de livres faisant partie de la bibliothèque de feu Madame Lavoisier, comtesse de Rumford, Galliot lib., Paris, 1836, 56 p.
Misc. in G. Bertrand & A. Léveillé, Catalogue de l'exposition à l'occasion du deuième centenaire de Lavoisier, Palais de la découverte, Paris, novembre 1943-janvier 1944.
M. Sadoun-Goupil & P. Bret, dir. R. Fric, préf. L. de Broglie, Correspondance, vol. I-VI, Albin Michel, Paris, 1955.
M. Goupil, préf. A. Horeau, Oeuvres de Lavoisier: correspondance., Comité Lavoisier de l'Académie des sciences, Paris, 1986.
Dir. Pietro Corsi & Patrice Bret, Œuvres complètes d'Antoine Lavoisier en ligne, CRHST CNRS, Paris, 2003
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Posté le : 06/05/2016 18:46

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Les fermiers guillotinés 1
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Le 8 mai 1794 28 fermiers généraux, récolteurs d'impôt guillotinés,


ils payèrent de leur vie sur l'échafaud, la colère que leur rôle fit naître dans le peuple. la question reste posée de savoir si le procès qu'on leur fit visait des individus ou bien essentiellement l'institution à laquelle ils appartenaient.
Après la suppression de la Ferme en 1791 une commission composée de 6 fermiers et assistés de trois adjoints fut chargée de clôturer les comptes. Les difficultés de liquidation furent immenses. Le bail avait été résilié avec effet rétroactif au 1er juillet 1789, extraire des comptes les sommes comptabilisées jusqu'en avril 1791 était déjà chose quasi impossible, de plus la commission ne disposait pas de toutes les pièces.
Écrivains et historiens n'ont cessé, depuis le XVIIIe siècle, de dénoncer les tares de la Ferme générale. L'étude objective de l'institution n'est pas encore terminée. La tâche n'est, en effet, pas aisée. La dispersion des archives de la Ferme au début de la Révolution, la persécution, puis l'exécution de vingt-huit fermiers généraux parmi lesquels Lavoisier les 1er et 3 floréal 20-22 avril 1794 sont autant d'éléments qui multiplient les difficultés matérielles et intellectuelles d'une recherche déjà difficile en soi. Les abus du système d'affermage d'impôts et de l'inévitable instauration d'une para-administration particulièrement efficace sont évidents. Mais aucune étude historique n'est valable si elle se contente d'être structurelle. Or, la Ferme générale et le milieu social qui en est le support ont singulièrement évolué. Elle n'existe en tant que telle qu'à partir de 1680 bail Fauconnet. Bien plus, son organisation définitive ne se met en place que vers 1725-1726. Étroitement surveillée par le contrôle général des Finances et par la Cour, la Ferme, devenue un rouage essentiel de l'État, se transforme en une administration de moins en moins abusive. Parallèlement se constate un changement analogue du milieu humain. Aux traitants de l'époque de Turcaret succèdent les Lavoisier ou les La Popelinière. Les quarante rois non couronnés de la France se situent à l'un des tournants de l'évolution de la société française ; la civilisation du XVIIIe siècle leur doit quelques-uns de ses traits les plus distinctifs.

Des écrits hostiles

Cahiers de doléances, œuvres littéraires, pamphlets politiques n'ont cessé d'exprimer, tout au long du siècle des Lumières, des sentiments de haine à l'encontre des fermiers généraux. Le cahier de Salmonville-la-Rivière (Rouen) donne le ton : « Ce sont les sangsues de l'État. C'est une vermine qui le dévore, c'est une peste qui l'infecte. Nous supplions très humblement Sa Majesté de nous en délivrer pour toujours et d'exterminer tellement les racines de cette pernicieuse plante qu'elle ne repousse jamais. » M. Marion citait, voici longtemps, le cahier de Menetou-Couture (Bourges). Il demande « l'abolition entière des fermes, qui ne contribuent qu'à enrichir une vingtaine d'hommes de la fortune desquels on ne parle que par millions qu'ils gagnent sur les fermes et qui, en ruinant les peuples, ne contribuent en rien au soulagement de l'État ». Le marquis de Mirabeau ne dit pas autre chose dans sa Théorie de l'impôt. Pour lui, il n'est qu'une seule réforme nécessaire et suffisante : la suppression de la Ferme. Il est inutile d'allonger la liste des « anti-financiers » (Darigrand, 1764), tant ce genre de littérature a proliféré.

L'élaboration du système

Fermes et fermiers, traitants et partisans avant 1680
L'explication de l'affermage des impôts réside dans l'histoire même de la monarchie française. L'incapacité d'admettre la légitimité de l'impôt, inhérente à la mentalité du Moyen Âge français, a provoqué la mise en place d'une fiscalité directe à la fois fragmentaire, hypocrite et toujours en retard sur les besoins. Il était commode de disposer à date fixe de sommes prévisibles levées par des compagnies financières ou par des banquiers.
Dans le monde rural français, le vocabulaire du fermage apparaît au XIIIe siècle (1260, Bretagne). Au cours des périodes de reconstruction du paysage agricole pendant et après la guerre de Cent Ans, noblesse et bourgeoisie ont mis au point un procédé de gestion remplaçant la gestion directe : la ferme générale d'une terre ou d'une seigneurie. L'État devait reprendre ce moyen d'action (1508 : premier affermage des aides). D'autre part, le coût croissant des guerres força les rois de France à contracter des emprunts, principalement auprès des banquiers italiens et allemands. Le remboursement étant rien moins qu'assuré, les taux d'intérêts étaient exorbitants et les prêts s'accompagnaient de prises de gages. Puis, il s'avéra plus sûr de remplacer la prise de gages par un système de levées. L'exemple venait d'Italie où États-villes et principautés urbaines utilisaient ce type de procédé, d'ailleurs hérité de l'Empire romain. François Ier n'a fait que généraliser des méthodes déjà usuelles dès l'époque de Charles VII. Au XVIe siècle, la place de Lyon, lieu de rencontre des banquiers italiens ou allemands, fournit aux Valois les prêts de 1517, 1544, 1551 ; en 1555, se constitue le « grand parti », syndicat financier italien. La catastrophe financière de 1559 ne retarde guère l'évolution en cours. Les banquiers étrangers dominent encore en France jusqu'au début du règne de Louis XIV, mais partisans et traitants français renforcent leurs positions. Sully, plus ou moins prisonnier des Rambouillet, Zamet et Moysset, réserve les fermes aux Français. En 1604, Jean de Moysset prend la ferme des gabelles, la ferme générale des aides et les cinq grosses fermes créées en 1584. L'influence de ses successeurs croît proportionnellement aux dépenses de guerre. Les anticipations étant devenues avec les assignations le moyen de gouvernement par excellence, un Gondi, un Herwart (qui devient contrôleur général), un Jabach, un Fouquet occupent les premières places de l'État. La participation de Mazarin aux prêts usuraires de Fouquet préfigure le système des « croupes » (intérêt versé par les fermiers généraux à leurs prêteurs) du XVIIIe siècle. Face aux abus, la royauté ne peut réagir qu'épisodiquement : arrestation de Fouquet et condamnation par la Chambre de justice (nov. 1661-juill. 1665). Louis XIV reconnaît lui-même : « Je voulus rebailler mes fermes qui, jusqu'alors, n'avaient pas été portées à leur juste prix, et afin d'éviter les fraudes [...] je me trouvai moi-même aux enchères » (Mémoires). La « remise en ordre » des finances tentée par Colbert repose, pour une part, sur l'augmentation des impôts indirects, donc sur un contrôle plus poussé des activités des fermiers. En 1669, il regroupe sous le nom de « fermes unies » gabelles, aides et les cinq grosses fermes. Il fallut encore une bonne décennie pour aboutir au premier bail « général », le bail Fauconnet de 1680.

La période de transition 1680-1726

L'examen des actes de société passés devant notaires révèle l'étonnante imbrication des intérêts de la bourgeoisie financière parisienne avec ceux des milieux d'affaires provinciaux. Les diverses sociétés affer mantes, organisées comme de véritables sociétés par actions, ce dès la fin du XVIIe siècle, sont dirigées par un petit nombre d'hommes, souvent issus des milieux des miseurs municipaux et des manieurs d'argent de l'État.

Pourtant, les guerres de la fin du règne de Louis XIV mirent souvent les sociétés fermières en difficulté. De 1680 à 1696, le taux nominal du produit de la Ferme se maintient encore autour de 63 millions de livres. Mais le bail Templier se solde par un revenu d'à peine 50 millions. De cette époque date la terrible réputation des « partisans ». Les réussites fort inégales des traitants expliquent leur impitoyable dureté. Pour les adversaires de Law, la condition même de sa chute est de s'emparer du bastion majeur qu'était la Ferme. Elle fait partie de l'« anti-système », qui s'oppose au nouveau système.

La Ferme générale au XVIIIe siècle 1726-1789

Après 1726, la Ferme générale a acquis ses caractéristiques quasi définitives. La réforme de 1780 n'apporte que des transformations de second plan. La Ferme est devenue une organisation gigantesque de 20 000 à 25 000 agents réguliers. Ce corps se recrute essentiellement parmi les anciens soldats : vers 1770, un cinquième des gardes provient de l'armée. En 1789, les Fermes rapporteraient environ 250 millions de livres sur un total de 475 millions ( ?) de recettes budgétaires. Dans l'ensemble, les fermes auraient fourni la moitié des revenus de l'État, la Ferme générale à elle seule le tiers. Les baux sont renouvelés tous les six ans, le prête-nom servant de couverture aux cautionnaires qui sont les quarante fermiers généraux. Inamovibles, « quasi-fonctionnaires » (Marion), ils ne peuvent prétendre à ce titre qu'après avoir franchi les obstacles du contrôle général, des futurs collègues et du système des croupes, le vrai scandale du système résidant en ce dernier obstacle. Très vite, la croupe devient la contrepartie des trafics d'influence. Procédé d'enrichissement rapide, elle a pu être aussi un moyen de surveillance. Elle rendait, en effet, la fraude sur les bénéfices presque impossible. Quant au contrôleur général, il touche un pot-de-vin unique de 300 000 livres (suivant les usages notariaux de l'époque), transformé ultérieurement en une gratification annuelle de 50 000 livres.
Les fermiers généraux, dont le nombre passe en 1756 de 40 à 60, étaient entourés de 27 adjoints, de 25 régisseurs généraux et de 19 administrateurs de domaines. Necker démembre la Ferme générale en 1780 : de ce fait, le nombre des fermiers généraux est ramené à 40, plus « 25 intéressés de la deuxième et troisième compagnie ». La rémunération du fermier général est double. Elle consiste d'abord dans des revenus fixes garantis par l'État : 10 p. 100 sur le premier million du cautionnement et 6 p. 100 sur le reste (soit 100 000 livres avant 1768, 133 600 livres après cette date). S'y ajoutent 24 000 livres de « fixe », 4 200 livres de frais de bureau, 1 500 livres d'indemnité pour les fermiers en tournée de contrôle dans les provinces, soit au total un peu plus de 160 000 livres. La réforme de 1786 ne réduit ce premier type de revenu que dans des proportions assez limitées. Il est bien évident, cependant, que l'essentiel de la rémunération provient d'une autre source, d'autant que ce fixe est pratiquement absorbé, et au-delà, par les croupes. Il n'est pourtant pas possible de calculer d'une manière précise les dividendes rapportés par l'exploitation fiscale du pays. D'après La Forbonnais, le bénéfice moyen s'élevait, vers le milieu du XVIIIe siècle, de 30 à 35 p. 100 du capital. « Les moindres affaires rendent 25 p. 100, il y en a qui rendent de 60 à 90 p. 100. » Il paraît certain que ces chiffres ont été largement dépassés au cours de la première moitié du siècle ; il est probable que le revenu a nettement diminué après 1750.
La Ferme générale est donc une véritable institution d'État. Dans la liste d'attribution publiée par l'Almanach royal, la « direction générale de toutes les fermes du Roi » est du ressort du contrôleur général. Elle figure au troisième rang, après le trésor royal, les parties casuelles, avant le clergé ! La Ferme est la para-administration qui compte le plus d'employés. Ceux-ci sont les « para-fonctionnaires » les plus favorisés de l'Ancien Régime. La Ferme établit en 1768 le premier système cohérent de retraites pour ses agents âgés, blessés ou infirmes. Elle prélève, suivant l'importance du salaire, 2, 3 ou 4 deniers par livre et y ajoute une somme équivalente, de manière à créer un fonds de retraite. La Ferme veille jalousement sur la qualité du recrutement de ses commis, surtout pour les agents du domaine et des droits domaniaux. Cette qualité était plus difficile à maintenir lors du recrutement des agents chargés de la répression des fraudes sur la gabelle. Mais tous les témoignages impartiaux, tel celui de Mollien, insistent sur la compétence et l'humanité de la plupart des commis. Leur sinistre réputation est injustifiée.
Quatre noms résument et symbolisent les confluences sociales que permet la Ferme : Mme de Pompadour, Helvétius, La Popelinière et Lavoisier.
Fille d'un ancien commis des frères Pâris (eux-mêmes fermiers généraux), Jeanne Antoinette Poisson épouse Lenormand d'Etioles, neveu de fermier général et fermier général lui-même. A-t-elle été l'instrument des Pâris contre le contrôleur général Orry ? L'ascension sociale d'Helvétius n'est pas moins typique, celui qui fut l'un des plus jeunes fermiers généraux (à vingt-trois ans, en 1738) l'est devenu grâce au système des croupes, c'est-à-dire, en l'occurrence, par l'influence de la reine Marie Leczinska. Le salon de Mme d'Helvétius est fréquenté par Duclos, d'Alembert, d'Holbach, l'abbé Raynal, Marmontel, Grimm, ainsi que par des politiques comme Chamfort, Condorcet et Turgot. Quant à Alexandre Le Riche de La Popelinière, son orchestre privé est dirigé par Rameau, puis par Gossec et Stamitz ! Couperin le Grand fréquente la luxueuse maison d'Auteuil et lui dédie une pièce-portrait au clavecin.
Le plus célèbre, cependant, des fermiers généraux est Lavoisier. Par son mariage, il entre dans la famille du futur contrôleur général, l'abbé Terray. En 1774, il devient lui-même fermier général. En 1775, Turgot lui confie la régie des Salpêtres. Les bénéfices de sa charge lui permettent de consacrer quelque 10 000 livres par an à ses expériences de laboratoire, somme énorme pour l'époque. Grâce à ce qui subsiste de sa fortune, il peut faire figure de financier du parti des Girondins.
L'ancienne France est, à bien des égards, la France de la Ferme générale. Au-delà de la puissance de l'institution, ces hommes comptent parmi les plus remarquables que ce pays ait produits. Leurs détracteurs, passés ou présents, l'oublient trop facilement. La Ferme générale, qui a longtemps été l'un des piliers de l'Ancien Régime, n'a pas été étrangère à sa chute. Le prix des baux est allé sans cesse croissant. Quelle a été la profondeur de la désaffection qui en a, incontestablement, résulté ? Protecteurs des philosophes, plus ou moins philosophes eux-mêmes, nombre de fermiers ont été, très tôt, des réformateurs (modérés) en puissance. Et, surtout, la réforme de Necker a profondément affecté l'ensemble des fermiers généraux. Il n'est pas sûr que les critiques n'aient eu raison sur l'essentiel. Ainsi, la Ferme générale a cessé d'être un recours obligatoire de l'État. De 1780 à 1789, quelques-uns d'entre eux ont fait partie de ce « mur d'argent » auquel se sont heurtés Necker et Calonne. D'autres sont restés neutres. Mais cette neutralité même est nouvelle, et préjudiciable à l'État. Ambiguïté presque normale aux yeux de l'historien : la Ferme, fondée sur d'évidents abus, a été aussi la citadelle du ferment intellectuel qui a mis en cause les abus même dont elle vivait. Jean Meyer

La Ferme générale

La Ferme générale est la jouissance d'une partie des revenus du roi, consenti par ce dernier, sous certaines conditions, à un adjudicataire dont les cautions forment la Compagnie des fermiers généraux. Créée par Louis XIV, à l'initiative de Colbert en 1680, l'institution avait pour vocation de prendre en charge la recette de tous les impôts indirects, droits de douanes, droits d'enregistrement et produits domaniaux. Par extension la Ferme Générale est le corps de financiers qui prend à ferme les revenus du roi ; ils ne sont donc pas de simples banquiers. La Ferme n'assura pleinement l'ensemble de ces fonctions qu'entre 1726 et 1790.
Les dirigeants et actionnaires de cette compagnie financière chargés du recouvrement de l'impôt sont appelés les fermiers généraux.
L'établissement de la Ferme générale est l'aboutissement d'un mouvement de concentration qui avait commencé sous le règne d'Henri IV. À l'origine les fermes étaient très morcelées Chaque nature de taxes faisait l'objet d'un bail distinct par province, bailliage voire prévôté. Tout était amodié jusqu'au revenu des cures et des greffes de tabellion. Du fait de cet émiettement, le pouvoir royal n'était pas à même d'apprécier à la valeur de ce qu'il amodiait. Les baux étaient le plus souvent consentis pour des prix dérisoires et les adjudicataires réalisaient des bénéfices énormes. Par ailleurs, le plus souvent, pour ne pas avoir les soucis de la gestion, ils rétrocédaient le bail à des sous fermiers dans des conditions financières beaucoup plus exigeantes, qui pour s'assurer un bénéfice appliquaient les tarifs avec une extrême rigueur et souvent excès qui a grandement contribué à l'impopularité de l'institution.
C'est pour mettre un terme à ces abus et permettre au trésor royal des rentrées plus substantielles, que Sully s'attache à partir de 1599 au regroupement des fermes qui aboutira en 1604.
À partir des années 1670, s'amorce un mouvement de regroupement des baux consentis antérieurement qui débouche sur l'acte fondateur de la Ferme Générale en mai 1680. Par un arrêt du Conseil du Roi du 20 juin 1680 un bail unique est consenti au sieur Fauconnet. Ce bail marque le début véritable de la Ferme Générale, quand bien même, a peine consenti il est remis en question. En mars 1693, en effet, l'édit qui soumet tous les actes notariés à la formalité de l’enregistrement dans les 15 jours de leur rédaction et qui est l’acte fondateur de tous les dispositifs suivants de taxation des faits juridiques débouche sur un bail distinct de la ferme. Le besoin de compétences et de connaissance juridique pour exercer cet office conduit à en confier la gestion à une ferme particulière Bail Augustin Bonnel du 1er mars 1693. En 1705, les droits d’insinuation et de contrôle sont réunis dans un bail unique Bail Chaplet de 1705. Cette fusion donne naissance à l’administration de l’enregistrement, qui ne relèvera de la Ferme Générale qu’à partir de 1726.
Les difficultés récurrentes du Trésor Royal et les expédients mis en œuvre par Louis XIV pour trouver des ressources immédiates, débouchèrent sur une période confuse jusqu'à la fin du règne. Le système recommença à fonctionner avec la Compagnie des Indes, mais la banqueroute de Law, puis la faillite de la Compagnie amenèrent la royauté à constituer de nouvelles régies distinctes.
En 1726 le Cardinal Fleury rétabli le bail unique au profit de la Ferme qui fonctionnera dans ce cadre jusqu'en 1780.
En 1780 Necker démembre la Ferme générale qui ne conserve que la perception des traites, des gabelles et des produits du tabac.
Les Aides et Traites intérieures sont abolies en octobre 1790 et la gabelle le 20 mars 1791, de facto la Régie des Aides et la Ferme générale n'existent plus.
Trois ans plus tard, s'ensuivit une série de procès et d'exécutions.
Principes généraux d'assiette et de recouvrement de l'impôt sous l'Ancien Régime;

La fiscalité de l'Ancien Régime

A Bas les Impôts !
Elle comporte trois grandes catégories d'impôts, par ailleurs sont rattachés à la fiscalité les produits de la vente des monopoles, notamment les tabacs et les produits de la gestion dues Domaines.

Les impôts directs

Essentiellement La Taille, la Capitation et le Vingtième
La taille royale, qui se stabilise au début du XIV e comprend la Taille personnelle et le taille réelle. La Taille personnelle est le droit commun. elle est réputée frapper l'ensemble du revenu, quel qu'en soit l'origine. Seuls les roturiers et les serfs payait cet impôt. Les nobles et les ecclésiastiques en étaient exemptés. Il existait de nombreuse exceptions personnelles pour les roturiers exerçant des fonctions royales ou réelles comme pour la plus part des villes du royaume. En fait la Taille personnelle frappait essentiellement le monde rural, fermiers et cultivateurs.
La taille réelle frappait les revenus des immeubles. Les biens d'église et les biens nobles en étaient exemptés, mais un bien roturier entre les mains d'un noble ou d'un prélat demeurait imposable. Moins injuste que la Taille personnelle elle était mieux acceptée.
La capitation et le vingtième sont des impôts extraordinaires créés à la fin du règne de Louis XIV et sous Louis XV pour faire face aux dépenses de la Guerre de Sept Ans, en principe temporaires ils devinrent rapidement perpétuel et demeurèrent jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. À l'origine ces impôts devaient frapper tous les ressortissants du Royaume. Le clergé racheta sa contribution à la capitation à titre définitif en 1710 moyennant uns somme de 24 millions, la noblesse obtenait le plus souvent des décharges ou des réductions et les agents du recouvrement ne mettait pas beaucoup d'énergie pour faire rentrer leurs cotes. Dans un système ainsi biaisé, la capitation devint rapidement un supplément qui ne frappait pratiquement que les taillables.
Ces impôts directs, particulièrement contestables dans leur répartition ont concentré tous les mécontentements et sont à la base du rejet de l'impôt jusque dans la période moderne. Faute d'un interlocuteur clair pour porter ces critiques, c'est sur la Ferme qu'elles se cristalliseront, quand bien même elle n'a jamais participé à leur recouvrement.

L'imposition des faits juridiques

L’Ancien Régime est à la base de la création de l’administration de l’enregistrement, qui constituera le modèle des futures administrations financières.
En mars 1693, Louis XIV, soumet par un édit, tous les actes notariés à la formalité de l’enregistrement dans les 15 jours de leur rédaction.
C’est l’acte fondateur de tous les dispositifs suivants de taxation des faits juridiques.
Le préposé tient un registre coté et paraphé par le juge. L’enregistrement est une analyse sommaire de l’acte ; le contrôleur paraphe chaque feuillet et y mentionne les N° de volume, de la page et de l’article du registre sur lequel il a procédé à l’enregistrement. Ces mentions doivent être reproduites par le notaire sur la grosse et les expéditions qu’il délivre.
La Régie de l’Enregistrement, puis la Direction Générale des impôts, fonctionneront sur ces bases jusques en 1970.
Cette régie particulière fut distincte de la Ferme Générale jusques en 1726. Entre 1726 et 1780. Elle est partie intégrante des attributions de la Ferme mais fait l'objet, jusqu'en 1756 Bail Henriet d'un sous affermage par généralités à diverses compagnies. Elle ne redevient autonome qu'avec la réforme de Necker. Outre les revenus des domaines et le recettes des bois, elle gérait les droits sur les immeubles et les actes qui y sont relatifs, droits de contrôle, d'insinuation et centième denier droits de franc-fief, droits d'hypothèques les droits de formules timbres et exploit, les perceptions opérées sur les jugements et actes judiciaires petit-scel et amendes et elle assurait la gestion des abonnements

Les impôts indirects

Ils sont le cœur des attributions de la Ferme. À l'exception des Aides qui firent l'objet de sous-fermes jusqu'en 1756 ; les gabelles et traites et droits d'entrées sur Paris furent depuis 1681 toujours gérées directement par la compagnie des fermiers généraux.

Les Aides

Il s'agit des droits indirects sur la circulation des produits, des droits sur la vente en gros, et la vente au détail, des droits de péage ou de rivière et des droits joints à la ferme des aides, poinçons, marques diverses, formules sur les papiers et parchemins Même en cette matière, les privilèges étaient nombreux les nobles étaient dispensés des droits de gros, l’église n'était pas imposé sur les productions des biens d'église et bon nombre d'officiers royaux bénéficiaient d'exemptions ou de privilèges divers. Par ailleurs l'application des droits n'étaient pas uniforme dans toute les Généralités ou Pays d'élection Les aides proprement dites ne se levaient que dans le ressort des cours des Aides de Paris et de Rouen, dans les autres parties du royaume existaient des impôts semblables avec d'autres taux et une autre assiette. Il en résultait une grande complexité et un contentieux particulièrement abondant.

La Gabelle

Carte des Gabelles en 1780 issue d'un compte-rendu établi Necker
C'est à l'origine un impôt de consommation sur divers produits alimentaires (vin, huile etc. qui en définitive deviendra un impôt sur la vente de sel monopolisée par l'état. Cet impôt variait encore plus que tous les autres dans son assiette et dans son application géographique. Certaines provinces en étaient exemptées, soit parce qu'au moment de leur annexion dans le royaume, elles avaient négocié le maintien de leur franchise, c'est notamment le cas de la Bretagne, des Flandres, de l'Artois, l'Alsace ou encore du Béarn, soit parce que, d'abord soumise à la Gabelle, elles avaient acheté leur affranchissement moyennent une grosse somme d'argent. Il s'agit des Pays Rédimés.

S'agissant des pays imposables on distinguait les Pays de Grande Gabelle et les Pays de Petite Gabelle.
Dans les Pays de Grande Gabelle le commerce du sel n'était pas libre et sa consommation était, en certains lieux, obligatoire, chaque chef de famille devait acheter au grenier à sel une quantité minimum que l'on appelait le devoir de gabelle ou sel de devoir qui ne pouvait être employé que pour le pot ou la salière. Pour tous les autres usages et notamment les salaisons, il fallait acheter d'autre sel, sauf à démonter que la quantité de sel de devoir était supérieure aux besoins de la famille.
En 1769,les pays de grande gabelle comprenaient 250 greniers à sel dont 179 de ventes volontaires, 34 de ventes forcées et 37 mixtes dont certaines paroisses relevaient de 'un ou l'autre régime Cette différence de régime concernait essentiellement les paroisses frontalières des pays exemptés ou proches du bord de mer ne laissait aucune espérance de consommation dans les greniers, s'ils eussent été de ventes volontaires ; l'impôt y a pourvu.
Dans les Pays de petite Gabelle10, la vente du sel n'était pas libre et ne pouvait se faire que par le grenier à sel de la ferme. le prix était supérieur au prix marchand mais moins élevé que dans les pays de grande gabelle. Par contre la consommation était libre. il existait au moins quatre tarifs différents auxquels s'ajoutaient des taxes annexes diverses, variables selon les pays.
Dans un mémoire à l'assemblée des notables de 1787 on peut lire un impôt, si considérable dans sa quantité, qu'il excède les produits des deux vingtième ; si disproportionné dans sa distribution qu'il fait payer dans une province vingt fois plus qu'on ne paye dans une autre ; si rigoureux dans sa perception que son seul nom inspire l'effroi, un impôt qui frappant une denrée de première nécessité pèse sur le pauvre presque autant que sur le riche, et qui par l'attrait violent qu'il présente à la contrebande, fait condamner, tous les ans, à la chaîne ou à la prison plus de cinq cents chefs de famille et accumule plus de 4000 saisies par années : tels sont les traits qui caractérisent la gabelle
Les notables, assemblés en 1787, ont condamné la gabelle« la gabelle est jugée. Son régime est décidé de nature si défectueuse qu'il n'est pas susceptible de réforme. Les réformes proposées par Calonne échouent et entraînent sa disgrâce et le rappel de Necker qui renoue avec les méthodes financières traditionnelles, il ne peut s'opposer à la suppression de la gabelle en mars 1790 mais en désaccord avec l'assemblée constituante et doit démissionner, sur l'instigation de Mirabeau le 3 septembre 1790

Les Traites

Les traites sont l'équivalent des droits de Douanes mais elles s'appliquaient non seulement aux frontières du royaume mais encore à l'intérieur de celui ci, de province à province, voire de ville à ville.
Ce système particulièrement lourd avait déjà été vivement critiqué par Vauban dès 1698 Car il faut parler à tant de bureaux pour transporter les denrées, non seulement d'une province ou d'un pays à un autre, par exemple de Bretagne en Normandie, ce qui rend les Français étrangers aux Français même, contre les principes de la vraie politique qui conspire toujours à conserver une certaine uniformité entre les sujets qui les attache plus fortement au Prince, mais encore d'un lieu à un autre dans la même province
Il était le fruit d'une lente construction historique, avec au départ pour objectif de d'éviter l'exportation de leur lieu de production des produits de première nécessité, mais rapidement les préoccupations fiscales prirent le dessus, en 1621 Louis XIII crée le regroupement des cinq grosses fermes, toutes les provinces qui n'avaient pas fait le choix de ce rattachement au royaume furent réputées étrangères. En définitive sous le règne de Louis XV on distingue trois catégories de Province :
Les cinq grosses fermes dans l'enceinte desquelles Colbert avait fait supprimer la quasi totalité des droits levés précédemment
Les Provinces réputées étrangères qui n'avaient pas accepté le tarif établi par Colbert en 1664, elles payaient les droits de douanes selon les tarifs des coutumes antérieures, entre elles et à l'intérieur de chacune d'elle où subsistaient de nombreux péages locaux. Elles payaient en outre les droits de douanes pour le commerce avec les cinq grosses fermes et l’étranger
Les provinces traitées comme pays étrangers. Il s'agit des trois dernières provinces rattachées à la France :
L'Alsace
les Trois Évêchés
La Lorraine Ces provinces commerçaient librement avec l'étranger et pour le commerce avec le reste du royaume payaient les mêmes droits que les provinces réputées étrangères.

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Posté le : 06/05/2016 17:33
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Les fermiers guillotinés 2
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Les modalités de recouvrement

Sous l'Ancien Régime, l'organisation d'une administration d'état, chargée d'encaisser les revenus et les impôts royaux n'était pas concevable. quatre modes principaux de recouvrement existaient:
L'Office
La Régie
La Ferme
L'Abonnement
Les Offices
Un office est dans la France du bas Moyen Âge et de l'époque moderne, une charge personnelle octroyée par un souverain ou un seigneur à un individu ; il s'agit d'une véritable délégation de pouvoir de la part du détenteur de la souveraineté. Charles Loyseau, juriste français du xvie siècle, définit l'office comme une dignité avec fonction publique ordinaire. L'office constitue jusqu'au XVIIIe siècle la base de fonctionnement de l'administration publique, notamment dans les domaines de la justice et de la finance. Le titulaire de l'office est appelé officier. Il doit, en échange de la dignité que lui confère l'office et les gages qui lui sont rattachés, accomplir un service administratif.
Les officiers du Roi étaient, des employés indépendants qui tant qu'ils respectaient les règlements définissant leurs fonctions et leurs devoirs, étaient totalement libres de conduire leur office comme ils l'entendaient, avec conscience ou nonchalance, directement ou par l'intermédiaire de préposés qu'ils rémunéraient.
Le paiement du prix de leur office tenait lieu de brevet de compétences. À l'origine l'office est concédé gratuitement par le roi,mais rapidement le système débouche sur la vénalité des offices 1522, création du Bureau des Parties Casuelles, puis ils deviennent héréditaires 1604 Edit de la Paulette
L'affermage pouvait répondre à ces inconvénients, à condition d'être consenti à des compagnies financières suffisamment structurées et disposant d'une surface financière suffisante, pour faire face aux avances, gérer les services de recouvrement, recruter du personnel, organiser leur formation et contrôler leur activité.
Les difficultés récurrentes du Trésor Royal et les expédients mis en œuvre par Louis XIV pour trouver des ressources immédiates, débouchèrent sur une période confuse et une multiplication des offices de toute nature pour trouver des ressources immédiates jusqu'à la fin du règne.

La Régie Recouvrement des impôts directs

Seuls les impôts de répartition comme la Capitation ou la Taille faisaient l'objet d'une collecte directe et étaient au demeurant très impopulaires.
Dans le cadre de la Régie, les titulaires ne perçoivent que la rémunération prévue au contrat, les éventuels bénéfices restent la propriété du propriétaire de la chose mise en régie, à moins qu'il ne soit prévue qu'outre les émoluments prévus ils perçoivent une part des bénéfices Régie intéressée
Le produit attendu était fixé par le roi, puis décliné au niveau des généralités et des élections la composant, une fois validé il était transmis aux élus de chaque élection. Ces derniers en répartissaient le montant entre chaque paroisse de l'élection où la répartition était effectuée par des répartiteurs élus par les contribuables eux mêmes . L'arbitraire le plus grand régnait à tous les niveaux de la répartition.

Les autres impôts

Dans la période difficile du début du XVIIIe, les baux à ferme ne trouvent plus preneur, voire les baux en cours sont largement déficitaires et sont de fait transformés en régies. Avec la réforme Necker, une nouvelle forme de délégation se met en place, l’Administration Générale des Domaines et Droits domaniaux, et La Régie Générale des Aides fonctionnent sous le statut de régie intéressée.
S'agissant, à titre d'exemple, de l' Administration des Domaines.chacun des 30 administrateurs formant la compagnie apporte au capital un sol de 366 000 livres et verse au Trésor un cautionnement d’un million de livres. Chaque administrateur perçoit une rémunération fixe de 28 000 livres par sol, et en intérêts du cautionnement 5 % sur 800 000 livres 7 % sur les 200 000 livres supplémentaires. Au titre de l’intéressement, la Compagnie percevait au-delà d’un produit net de 42 millions un bénéfice égal à 25 % du bénéfice supplémentaire dont le montant était réparti au prorata des sols, il fut de 18 000 livres par sol en 1781, 28 000 en 1782, vraisemblablement près de 50 000 livres en 1783.
Dans cette configuration, l'adjudicataire ne supporte pas les risques mais ne reçoit que 25 % des rentrées supplémentaires au-delà de la somme prévue au bail. Cette organisation s’approche de la délégation de service public contemporaine où l'État confie à un organisme privé des missions relevant d'un service public.
En 1783 la Ferme Générale est également à compter du 1er janvier 1784 transformée en régie intéressée, mais cet arrêté qui entraîne la chute du contrôleur Général Henri Lefèvre d'Ormesson est rapportée dès la prise de fonction de Calonne son successeur ;

La Ferme

L'affermage trouve son origine dans la ferme des prévôts.
On adjugeait déjà, sous Philippe Auguste, à une personne, pour un temps déterminé et pour une certaine somme le droit de percevoir tous les revenus de la couronne de la prévôté et l'adjudicataire, pour le temps du bail était nommé prévôt.
Les fermes furent, à l'origine, très morcelées. Chaque nature de revenus ou de taxes faisait l'objet d'un bail particulier par province et plus fréquemment par bailliage et même prévôté. Ce morcellement ne permettait pas au concédant d'avoir une exacte appréciation de la valeur des revenus qu'il concédait. Concédé le plus souvent pour des prix dérisoires, les baux généraient des bénéfices énormes. Le plus souvent rétrocédés à des sous-fermiers, pour des prix largement supérieurs, ils conduisaient ces derniers à une application intransigeante et souvent excessive des tarifs.
À partir de 1598 Sully s'attache à regrouper les Fermes . Il n'aboutira à un bail unique qu'au 1er octobre 1604. Le nouvel acquéreur, Charles du Ham, se fit adjuger le bail pour 5 années au prix annuel de 670 000 livres. Par comparaison la somme des baux de l'année 1605 représentait à peine plus de 100 000 livres.En 1607, il promulgue un Règlement Général sur les traites pour tenter d'harmoniser les procédures.
Dans le même temps, il cherche à constituer l'ensemble du royaume en un unique territoire douanier et somme, mais sans succès, les provinces réputées étrangères de se réunir aux Cinq Grosses Fermes.

Cinq Grosses Fermes.

Les bases de la Ferme unique avaient été jetées par une série de textes pris à l’initiative de Colbert avec l'ordonnance de Louis XIV donnée en mai 1680, de juin 1680, l'ordonnance donnée à Versailles en juillet 1681 et le règlement du 25 juillet 1681.Cette série de textes se clôture par l'ordonnance de février 1687 sur le fait des cinq grosses fermes. Pour autant, ces dispositions d'une grande précision ne seront jamais totalement mises en œuvre en raison des difficultés récurrentes du Trésor Royal et des expédients mis en œuvre par Louis XIV pour trouver des ressources immédiates, qui débouchèrent sur une période confuse jusqu'à la fin du règne
L’Ancien Régime est à l’origine de tous les contrats publics et de toutes les formes de délégation. Contrainte par nécessité en raison de la faiblesse structurelle des rentrées fiscales pour faire face, le plus souvent dans l’urgence, aux besoins du trésor royal, la monarchie n’a pas d’autres solutions.
La délégation fiscale et domaniale est l’une d’entre elles. Elle consiste à vendre ou à louer la recette des impôts directs et indirects et les revenus du domaine royal. C’est la forme la plus encadrée juridiquement et la plus contrôlée en raison de son importance
L'affermage repose sur un bail, le roi concédait à un particulier, pour une durée limitée, le droit de recouvrer des impôts et d'en conserver le produit, moyennant le versement d'une somme d'argent, appelé prix du bail. Le Trésor acquérait ainsi une avance considérable de capitaux permettant de préparer le budget ou du moins les dépenses annuelles de l’État. Derrière le titulaire du bail, en fait un simple prête nom, rémunéré forfaitairement à ce titre par les actionnaires, le capital de la Compagnie, qui correspond au prix à verser au Trésor royal, est divisé en parts, les sols, dont les actionnaires doivent se libérer dans les délais prévus au contrat. Ils sont rémunérés par une rente sur le montant de ce capital. Le capital est garanti pour le Roi, l’adjudicataire supporte les aléas, mais conserve les produits de l'impôt perçus au-delà de la somme prévue au bail.
Ce système disparaît en 1780 pour l’Administration Générale des Domaines et Droits domaniaux, et La Régie Générale des Aides. Il devait en être de même au 1er janvier 1784 pour la Ferme Générale, mais l'arrêté du 24 octobre 1783 qui prévoyait cette mesure est rapporté avant sa mise en oeuvre.

L'Abonnement

L'abonnement est une convention qui a réduit à un prix certain et à une quantité fixe, des choses et des droits incertains 25 En matière fiscale le roi passait ainsi avec les pays d'états, certaines villes ou le clergé des contras par lesquels, pour une période donnée ou à perpétuité il abandonnait le produit d'un ou plusieurs impôts en contrepartie d'une somme soit globale, soit périodique. Ainsi en matière de Taille de nombreuses villes avaient acheté leur exemption au prix d'un abonnement pris sur les produits de leurs octrois, ce même certains pays d'État. Le clergé s'était déchargé de la capitation par un Traité d'abonnement du 17 avril 1710 moyennant le paiement, à titre d'exemption définitive de la somme de 24 millions de livres. L'abonnement ne concernait pas les impôts relevant de la Ferme, par contre, sous des conditions strictement encadrées par les ordonnances de 1680 et 1681, les fermiers peuvent consentir des abonnements avec les sous-fermiers.

La Ferme Générale entre 1680 et 1780 Les différents baux

Le bail est consenti à un fermier qui est un particulier au nom duquel le bail de la Ferme Générale est passé et dont les Fermiers généraux sont cautions pendant la durée du bail. Le nom de cet adjudicataire est le seul qui figure sur l'arrêt du conseil par lequel les nouveaux fermiers généraux sont mis en possession des fermes du roi. Cet arrêt est rendu le plus souvent un an ou six mois avant l'expiration du bail en cours. Il doit être revêtu de lettres patentes pour qu'il soit enregistré dans les cours souveraines et dans les juridictions auxquelles est attribué la connaissance des litiges relatifs aux droits des fermes. Tous les arrêts et jugements rendus sur les faits des fermes ne font état que de l'adjudicataire. Les actes judiciaires de toute nature sont passé en son nom et signifié à son domicile élu soit à l’hôtel des Fermes à Paris, soit en province dans tous les bureaux de perception. Par ce nom on entend l'ensemble de ses cautions ; il est collectif pour désigner le corps de la Ferme Générale ou la compagnie des fermiers généraux. L'adjudicataire est, généralement un homme de basse extraction,à titre d'exemple Girardin, adjudicataire en 1750, était le valet de chambre de Machault d'Arnouville. il n'est en définitive qu'un prête-nom et reçoit pour ses services un traitement annuel de 4 000 livres. Il n'exerce aucune fonction dans les bureaux de la Ferme. En dernier lieu, l'adjudicataire percevait un traitement de 6000 £ durant les six années du bail, puis un traitement de 300 £ les six années suivantes.
Le bail prévoit qu'aucune action ne pourra être intentée contre le Fermier au-delà du délai de deux ans après son expiration. Les action intentées en cours de bail ou dans le délai de 2 ans se prescrivent dans le délai de 10 ans, comme les actions entre particuliers. Il est dès lors déchargé, 10 ans après l'expiration du bail, de la garde et de la représentation des registres, sauf instance en cours d’instruction.
Les fermiers généraux sont, à l'origine bail Fauconnet au nombre de 40, ils peuvent consentir des sous-fermes. Le sous fermiers sont responsables devant eux. En 1756, lors de la constitution du bail Henriet, les sous-fermes furent interdites et le nombre d’administrateurs porté à 60.
Les modalités d'organisation des adjudications, déroulement des enchères, enregistrements des baux étaient très précisément réglées parle règlement du 25 juillet 1681, mais ces formalités tombèrent rapidement en désuétude. En fait, peu de personnes disposaient de la surface financière pour assumer la charge des baux, et dans la dernière année du bail en cours les Fermiers en place négociaient avec le Contrôleur Général des Finances les conditions d'un nouveau contrat sans qu'il soit besoin de formalités particulières.
Ce tableau des différents baux depuis 1680 est principalement issu d'un mémoire autographe de Lavoisier complété des éléments retiré de l'article Fermier Généraux du Répertoire Guyot .Il faut distinguer trois périodes distinctes, jusqu'en 1703 où la Ferme générale trouve son assise et développe ses activités, notamment en matière de tabac, mais à partir de 1691 les préoccupations du monarque ne sont plus dans l'organisation de la collecte de l'impôt . À partir de 1703 s'ouvre une période trouble qui fait suite aux difficultés rencontrées à partir de 1691 avec les conséquences des Guerres de Louis XIV. Entre 1703 et 1726, la situation est extrêmement confuse, les baux ne trouvent plus preneurs, certains doivent être transformés en Régie. La Banqueroute de Law et la faillite de la Compagnie des Indes rendent la gestion de l'impôt, même sous forme de Régie, impossible. La situation s'assainit enfin à partir de 1726 avec le bail Carlier.

Tableau des différents bau

1e année
Montant total de chaque bail

Livres Livres
1681-1687 Bail Fauconnet 26 juillet 1681 56 670 000 384 744 000
1687-1691 Baux Domergue et Charrière 18 mars 1687 63 000 000 378 000 000
1691-1697 Bail Pointeau 11 septembre 1691 61 000 000 315 316 583
1697-1703 Bail Templier 30 avril 1697 59 000 000 354 000 000
1703-1707 Bail Ferreau 18 août 1703 et 10 septembre 1707
1707-1713 Régie Isambert 4 septembre 1708 et renouvellement annuel
1713-1715 Régie Nerville 29 août et 9 décembre 1713
1715-1718 Baux Bonnet et Manis 25 juin et 5 octobre 1715 28 juin 1718
1718-1719 Bail Lambert 28 juin 1718 27 août 1719
1719- 1720 Bail Pillavoine 23 septembre 1719 5 septembre 1720
1721- 1726 Régie Cordier, Girard et Simon
et autres

11 septembre 1721 renouvelé annuellement


jusqu'au 1er octobre 1726

1721-1726 Bail rétroactif Bourgeois 10 septembre 1726 70 000 000 461 000 000
1726-1732 bail Carlier 20 août 1726 80 000 000 480 000 000
1732-1738 bail Desboves 9 septembre 1732 84 000 000 504 000 00030
1738-1744 bail Forceville 1er juillet 1738 91 083 000 546 498 000
1744-1750 bail La Rue 15 octobre 1743 92 000 000 552 000 000
1750-1756 bail Girardin et Bocquillon31 28 octobre 1749 et 6 mars 1751 102 765 000 616 590 000
1756-1762 bail Henriet 31 août 1756 110 000 000 660 000 000
1762-1768 bail Prévost 6 juillet 1762 124 000 000 744 000 000
1768-1774 bail Alaterre 24 novembre 1767 132 000 000 792 000 000
1774-1780 bail David 26 avril 1774 162 000 000 972 000 000
1780-1786 bail Salzard Nicolas Salzard 126 000 000 756 000 000
1787-1791 bail Mager Jean-Baptiste Mager 150 000 000 900 000 000

La période 1681 - 1703

Colbert est à l'origine du Bail unique, mais à partir de 1681 son influence est moins grande dans les décisions du roi. Il meurt en 1683 et ses successeurs n'auront plus la même place dans la conduite des affaires du royaume. À partir de 1667, Louis XIV s'est engagé dans une suite sans fin de guerre qui ne seront entrecoupées que de courtes périodes de paix. L'homme d'influence est désormais Louvois. La réorganisation de l'armée, le coût des différentes campagnes vont mettre le royaume au bord de la banqueroute. C'est la Ferme qui contribuera à prévenir une telle perspective. À l'expiration des baux Domergue et Charrière, pendant lesquelles les rentrées fiscales avaient beaucoup souffert des conséquences de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg, le Contrôleur Général des Finances, M. de Pontchartrain, convaincu que le seul moyen de rétablir la perception des droits et de s'assurer un crédit permanent, était de passer un seul bail de tous les droits que les deux compagnies avaient partagés entre 1687 et 1691, réunit les cautions des deux compagnies sous un seul bail consenti au nom de Pointeau. Ce bail se solda par plus de 50 millions de livres de pertes. Les fermiers avaient prévu cette situation et avaient, dés la signature, averti M. de Ponchartrain qu'ils ne pourraient en supporter le prix. Le Contrôleur Général consentit un bail aux conditions avantageuses et exigea néanmoins leur engagement en les assurant que le roi leur tiendrait compte des pertes subies. Cet engagement fut tenu et le déficit d'exploitation fut couvert par diverses ordonnances de comptant sur le Trésor Royal. Mais pour faire face à l'exploitation, les fermiers durent à plusieurs reprises recourir à l'emprunt au cours du bail. Dans les faits ce bail fonctionna comme une Régie, le Roi assumant les risques à la différence des baux à ferme. En fin de bail les fermiers touchèrent pour une gratification de 800 000 £ pour leurs peines et soins. C'est au cours de cette période que les règles d'administration de la Ferme se structurent, sur le plan de l'organisation des services centraux, des tournées de vérifications et la tenue de la comptabilité.
En 1697, avec les mêmes cautions, un nouveau bail fut passé au nom de Thomas Templier, au prix de 59 millions de livres par année en temps de guerre. Il comportait une clause particulière, en cas de retour de la paix : le bail ne devait pas subir de modifications quand bien même les augmentions d’impôts décidées en 1680 et 1681, notamment sur les papiers timbrés et le sel, cesseraient d'être perçues six mois après la signature de la Paix.
Ce bail connut des fortunes diverses. Quatre années de paix, deux de guerre avec la Guerre de succession d'Espagne en 1701. Les tabacs sont retirés de la Ferme et affermés séparément moyennant 1 500 000 £, le roi multiplie les créations d'offices particuliers en matière d'Aides et de Domaines, la sous régie consentie par les fermiers généraux ne peut plus faire face à ses engagements. Les cautions du bail Templier sont obligés de la mettre en surséance à hauteur de 2 400 000 £, l'augmentation des droits, notamment sur le sel, entraîna une chute considérable de la consommation ; à l'inverse, les droits sur les passeports et le droit de fret remis aux Hollandais affermé 1 600 000 £ en rapportèrent plus de 3 500 000 £. En fin de Bail, les fermiers reçurent à titre de gratification une somme globale de 2 millions de livres. Ils décidèrent qu'elle serait partagée, avec les autres bénéfices, entre toutes les cautions, leurs veuves ou héritier à proportion de part contributive et par part égale sur chaque année du bail. Cette mesure devient la règle et sera appliquée jusqu'en 1780.

1703 - 1726 : le désordre dans le recouvrement de l'impôt

A partie de 1703 s'ouvre une période grande confusion. Sur les dernières années du règne de Louis XIV, le difficultés financières du Trésor royal sont endémiques. Pour y faire face le monarque multiplie la création d'offices qui ne trouvent pas preneurs, résilie les baux en cours pour aliéner les droits dans certaine généralités en général pour une période de 10 ans parfois à perpétuité. Dans un tel contexte les baux de la Ferme Générale ne trouvent plus preneurs et dans les faits les bail Ferreau fonctionnera comme un régie et c'est ce dispositif qui sera mis en oeuvre pour les gestions d'Isambert et Nerville. Sur le plan de l'impôt le règne de Louis XIV s’achève sur une situation particulièrement dégradée.
Les baux suivants de 1714 à 1720 ne sont en fait que des régies, ils seront tous résiliés avant leur terme normal. Après la banqueroute de Law, le bail Pillavoine fut résilié.Il avait été consenti sous la caution de la Compagnie Perpétuelle des Indes, que Law avait entraîné dans sa chute. Entre 1721 et 1726, le recouvrement est éclaté entre plusieurs régies, dont les compétences varient tout au long de la période et dont il s'avéra au moment de la passation du bail Carlier impossible d'arrêter les comptes. Le Ministre prit alors la décision, unique dans l'histoire de la Ferme, de réunir toutes ces régies sous un seul bail rétroactif, dit bail des restes, qui fut consenti le 10 septembre 1726 à Louis Bourgeois pour un prix total de 461 000 000 pour la période du 1 octobre 1720 au 1er octobre 1726. Le bail des restes laissât aux fermiers un bénéfice de plus de 6 millions selon les indictions de Lavoisier
L'organisation de la Compagnie évolue peu au cours de cette période. Le seul changement d'importance est celui qui fut fait par la Compagnie des Indes, par sa délibération du 15 juin 1720, dans l’ordre de la comptabilité des provinces. À une centralisation par direction fut substituée une centralisation nationale pour chaque catégorie de droits. Des bureaux spécialisés furent créés à l’Hôtel des Fermes où chaque comptable envoyait, à la fin de chaque année, ses comptes et l'ensemble des pièces justificatives. Cette procédure permettait tout à la fois d'accélérer les opérations de centralisation et d'en sécuriser le contenu. À partir des différentes centralisations, il était établi une carte des produits nets qui était utilisée pour la détermination des prix des baux suivants. Ce dispositif a été mis en œuvre jusqu'à la fin de la Ferme Générale.

1726 - 1780 : La Ferme retrouve l'intégralité de ses compétences

Entre 1726 et 1780 la Ferme connait une évolution essentielle dans ses missions. Jusqu'en 1756 elle est avant tout une compagnie financière qui gère l'organisation, après cette date elle devient un rouage essentiel dans la gestion des besoins financiers du trésor royal.
Jusqu'en 1756, les avances au trésor sont en moyenne de 8 millions par an et le fonds que constituent les fermiers est essentiellement un fonds de roulement pour faire face aux premières dépenses. À partir de 1756 le fonds que constituent les fermiers est essentiellement constitué par les avances consenties au trésor royal. Avances qu'il ne pourra rembourser et qui passera de 60 millions en 1756 à 93,6 millions en 1774.

1726 - 1756 La Ferme gestionnaire de l'impôt et des monopoles

Le prix du bail Carlier fut porté à 80 millions, hors les produits du tabacs. C'est une évolution significative, les produits de même nature n'avaient jamais produit plus de 52 millions et étaient même tombés à 47 à la fin du règne de Louis XIV. Les fermiers de cette période sous affermaient les Aides et le Domaines et constituaient un fonds de roulement pour faire face aux frais de fonctionnement en attendant les premières rentrées. Ainsi le fonds d'avance du bail de Boquillon était de 26 millions, le quartier d'avance fourni par les sous-fermiers des aides et domaines montait à 7,883,000, en sorte que le fonds total mis en caisse était de 33,883,000, sur laquelle somme il devait être porté au Trésor royal, à titre de cautionnement du prix du bail, celle de 8 millions : il restait en caisse, pour les services et les besoins, 25,883,000 livres. 33 pour faire face, dans de meilleures conditions, à leur besoins de trésorerie, les fermiers recourent, dans des limites raisonnables, à l'emprunt par des billets à l'ordre du Receveur Général des Fermes .
Cette période se caractérise par une progression rapide des droits

1756 - 1780 Un rôle de gestionnaire, mais aussi de préteur du trésor royal

En 1755 la France entre dans la Guerre de Sept ans, les besoins du trésor pour la soutenir sont très important, il n'est pas envisageable de les couvrir intégralement par l'impôt. Le rôle de la Ferme change alors de dimension, elle n'est plus seulement gestionnaire de l'organisation des fermes, elle devient l'organisme préteur du trésor royal. Les négociations pour le nouveau bail conduites par M. de Séchelle, Contrôleur des Finances aboutissent à une construction radicalement différente:

Bail Henriet - 1756

Le nombre des fermiers est porté à 60
L'avance faite au trésor est porté de 8 à 60 millions
l'avance est remboursable par tranche de 6 millions annuels sur la durée du bail, le solde en fin de bail
Les sous-affermages sont désormais interdits
Ces clauses fragilise grandement la Ferme. Les fermiers avaient constitués un fonds de 60 millions par un apport individuel d'un million qui fut versé intégralement au trésor. La suppression su sous affermage les privait en outre du quartier d'avance environ 8 millions fourni par les sous fermiers des aides et du Domaine. Ils n'ont dès lors plus de fonds de roulement et durent recourir à l'emprunt à hauteur de 60 millions en 1756. Ils comptaient en réduire l'importance avec les remboursements annuels du trésor, mais celui-ci ne put faire face à ses engagements. Le moindre aléas dans la gestion ne pouvait qu’entraîner une banqueroute générale . Aussi un arrêt du 21 novembre 1759 ordonna la suspension du paiement des billets de la Ferme et leur réinscription sur les recettes générales des finances.
Cela étant les produits restèrent soutenus et laissât un bénéfice de 240 000 livres à chaque fermier général soit un bénéfice total de 14,4 millions de livres. Il aurait été supérieur en l'absence des opérations d'emprunts imposées par le gouvernement et de l'augmentations de 4 sols par livre du prix du tabac.

Bail Prévost 1762

Le bail Prévost, se déroule dans les mêmes conditions et les mêmes défaillances du trésor. Mais les recettes restent soutenues et la ferme prend des dispositions pour accélérer le recouvrement afin de diminuer le volume de ses emprunts. En définitive, selon Lavoisier, ce bail à donné un bénéfice de 332 000 livres à chaque fermier général, soit un bénéfice total de près de 20 millions de livres.

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Posté le : 06/05/2016 17:33
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Les fermiers guillotinés 3
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Bail Alaterre 1768

Pour autant le bail Alaterre n'est porté qu'à 132 millions, soit une augmentation de 12 millions. Mais le trésor exigeait une avance de 92 millions. Les fermiers consentirent à cette nouvelle exigence et constituèrent un fonds d'avance de 93,6 millions de livres, se décomposant en 72 millions d'avances dans le bail Prévost les cautions des deux baux étaient les mêmes, de 20 millions versés au trésor dont ils devaient être remboursés par fraction égale sur chacune des six années du bail. Fragilisé par la suspension des paiements de ses billets en 1759, la Ferme ne pût faire face à ses engagements et en février 1770 il fallut ordonner la suspension indéfinie du paiement des billets des fermes. Cette mesure fut modifiée en novembre suivant par un remboursement annuel par tirage au sort dans la limite de 3,6 millions de livres. Les produits restèrent soutenus sur la période mais diverses mesures prises par le pouvoir royal et notamment la retenue des deux dixièmes du bénéfice du bail imposées au mépris de l’engagement initial ont grandement diminué les profits. Lavoisier ne donne pas de chiffres, mais à partir de ses précisions on peut évaluer le bénéfice de chaque fermier entre 170 et 260 000 livres.

Bail David 1774

C'est une ferme lourdement endettée que celle issue du bail David. Le remboursement des billets à ordre antérieurs représente une charge, sur les 6 années du bail de 21,6 millions de livres. L'abbé Terray impose par ailleurs des conditions très dures pour le nouveau bail. Il est amputé des droits de greffes, des revenus fixes du domaine de la couronne et de diverses catégories d'aides représentant un montant de l'ordre de 8 millions de livres, néanmoins le prix annuel du bail est fixé à 152 million en augmentation de 20 millions sur le précédent. Les fermiers constituèrent un fonds de 93,6 millions soit 1 560 000 livres par part. Le bail du 2 janvier 1674 a enfin été modifié par un arrêté du 20 du même mois imposant aux fermiers un partage des bénéfices calculé après imputation de tous les frais y compris les intérêts que se versaient les fermiers sur leur cautionnement: Revenait ainsi au trésor :
50 % sur les 4 premiers millions
40 % entre 4 et 8 millions
30 % de 8 à 12 millions
20 % au delà de 12 millions

La Ferme après 1780

En 1780 la Ferme est démembrée . L’arrêté de règlement du 9 janvier 178034 crée, à côté de la Ferme générale, deux autres régies, l’Administration générale des domaines et droits domaniaux et la Régie générale des aides, la Ferme générale ne conservant que la perception des traites, des gabelles et des produits du tabac. Le produit en représentait en 1780 environ 80 millions35 il est de 101 millions dans les résultats de 178736. Compte tenu de cette évolution le nombre de fermiers est ramené à 40.

Le bail Salzard 1780 - 1786

Le bail Salzard du 27 mars 1680 est néanmoins arrêté à la somme annuelle de 126 millions de livres. La progression des produits par rapport au bail David est de l'ordre de 40 millions par an. Au-delà des 126 millions, les bénéfices sont partagés par moitié entre le roi et les fermiers. Les fermiers doivent constituer un fonds de 1 560 000 par part soit 62, 4 millions, toutefois une 41 e place est créée le roi disposant de la possibilité d'y admettre les cadres de la Ferme qu'il aura choisi et qui cotiseront au fonds à hauteur des droits qu'il leur aura consenti et percevront la quote-part des bénéfices correspondants qui seront donc divisé en 41 parts. Le fonds ainsi créé est donc de 63,96 millions de livres. article XII
Le nouveau bail prévoyait une avance au trésor de 30,9 millions de livres, à titre de prêt et d'avance ou de cautionnement article XIII, la nouvelle compagnie doit poursuivre par ailleurs le remboursement des bons dont le paiement avait été suspendu en 1770, à raison de 3,6 millions par année..
Les tarifs furent augmentés uniformément d'1/10 par un édit de 1781 qui produisit environ 11 millions de recettes complémentaires.
D'importantes évolutions accompagnent ce bail, le durcissement qui s'ensuivit dans le contrôle des entrées de Paris aggravera très significativement l’impopularité de la Ferme.

Le mur des Fermiers généraux

La barrière d'Italie dite aussi de Fontainebleau
En 1784, sur une idée de Lavoisier, les fermiers généraux, voulant arrêter les progrès toujours croissants de la contrebande, et faire payer les droits d'entrée à un plus grand nombre de consommateurs, obtiennent de Charles Alexandre de Calonne, alors contrôleur général des finances, de dresser une enceinte autour de Paris ; 54 barrières sont mises en service avant 1790. La veille du 14 juillet 1789, les parisiens s'en prennent aux barrières, plusieurs sont incendiées et le mur partiellement détruit. Le 1er mai 1791, les droits d'entrées sur paris sont abolis.

Mur des Fermiers généraux Réforme des franchises droits d'entrées

Toujours à partir d'une proposition de Lavoisier, intervint une réforme des droits d’entrées pour limiter la fraude liées aux franchises dont bénéficiaient les pourvoyeurs des Invalides, de l'École Militaire, de la Bastille et de plusieurs communauté religieuses. Lavoisier avait démontré que la consommation possible de ces divers établissements était largement inférieure aux livraisons réelles et que ce surplus profitait à des commerces qui faussaient la concurrence en vendant à bas prix. La franchise fût remplacé par une rente annuelle équivalente.

Depuis la fin de la guerre de Cent Ans, les Parisiens étaient exemptés de l'impôt direct : la taille. Ces conditions avantageuses étaient destinées à attirer de nouveaux habitants vers la capitale ravagée et dépeuplée. En revanche, la royauté institua un impôt indirect (ou aide) sur la plupart des marchandises entrant dans Paris, et ces taxes augmentèrent au fur et à mesure que croissaient les besoins du Trésor. Les plus élevées et les plus détestées de ces taxes frappaient le vin, breuvage dont les Parisiens faisaient une consommation considérable puisque, si l'on retient le chiffre élevé de 650 000 habitants dans les années 1780, on obtient une moyenne annuelle de plus de cent litres par tête. Pour échapper à ces droits qui doublaient le prix du vin, la contrebande sévissait sur une grande échelle ; les fraudeurs avaient inventé toutes sortes de moyens dont le plus original était l'emploi de larges tuyaux enterrés qui permettaient de faire passer les barriques sous la barrière de l'octroi. Cette barrière, enfermant depuis le début du siècle les vingt quartiers de Paris, s'avérait à la fois trop étroite et trop perméable. Aussi la construction d'une nouvelle enceinte aux allures de fortification fut-elle entreprise en 1786. Le mur des Fermiers généraux, long de vingt-trois kilomètres, englobait les nouveaux quartiers de l'ouest et les anciens faubourgs, encore partiellement champêtres, et où prospéraient les auberges et guinguettes. Ces établissements vendaient du vin à 3 sous, frelaté et de mauvaise qualité. La construction du nouveau mur fut donc très mal accueillie de la population et encore plus des vignerons ; les marchands de vin fomentèrent une émeute aux barrières en juillet 1789. La Constituante aurait bien volontiers maintenu les taxes qui étaient d'un bon rapport. Elles furent néanmoins abolies en 1791 devant l'opposition populaire et rétablies seulement en 1798. Le mur des Fermiers généraux ne disparut qu'en 1860 avec une partie du vieux Paris et ne laissa derrière lui qu'une mauvaise réputation et cet alexandrin anonyme : Ce mur murant Paris rend Paris murmurant. Solange Marin

Le bail Mager 1786 - 1791

Les fermiers garantissait par le bail arrêté le 8 mars 1786 un produit de 144 millions par an payable par douzième mensuel, le partage des bénéfices n'intervenant qu'au delà de 150 millions. Au-delà du douzième ils étaient autorisés à prélever une somme suffisante pour assurer à chacun d'eux une rémunération de 60 000 livres outre les intérêts de leurs fonds d'avance. Ils assuraient la gestion des droits de douanes sous le régime de la Régie.
Le bail est résilié par le décret du 20 avril 1791 avec effet rétroactif au 1er juillet 1789

Le corps des fermiers généraux

De 1726 à la fin de l'Ancien Régime il y eut 223 fermiers généraux et 71 adjoints dont 56 étaient les fils ou les neveux des titulaires. La plus grande partie d'entre eux était originaire de la moyenne bourgeoisie, médecins, officiers roturiers, marchands, receveurs des tailles etc. Avant d'entrer dans la compagnie ils s'étaient élevés dans la hiérarchie sociale. Quelques familles avaient été anoblies au XVIIe siècle. certains fermiers, nommés sous Louis XV, étaient fils de hauts magistrats, Avocats au Parlement Trésoriers Généraux ou banquiers.
Peu de fermiers étaient de basse extraction, André Haudry, était fils d'un boulanger de Corbeil, Claude Dupin, qui devint l'un des hommes les plus fastueux de son temps, était fils d'un receveur des tailles de Châteauroux. Honoré Chambon, sous fermier dans la compagnie du bail David puis fermier à partir de 1732, était un ancien commis d'un receveur des domaines, certains le disent même ancien laquais ; En raison des mises de fonds nécessaires pour espérer accéder aux fonctions, ils sont pour la moitié d'entre eux issus de milieux du milieu des manieurs d'argents . Dans ses origines, le corps des fermiers généraux n'est en définitive pas différent des autres corps de la société du XVIIIe siècle, si ce n'est son accession plus récente à la noblesse.
La liste des fermiers généraux et leurs origines et qualités de 1720 à 1751 contenue dans l'ouvrage de Barthélemy Mouffle d'Angerville confirme en tout point cette composition du corps des fermiers généraux.
Pour beaucoup de familles la ferme générale aura été une plateforme pour accéder à la noblesse de robe ou d'épée. Ainsi en 1726 plus du 1/3 des fermiers étaient roturiers, mais ils ne sont plus que 17 % en 1774 et 10 % en 1786 à la mise en place du bail Mager44Les anoblissements furent obtenus essentiellement par l'achat d'offices de secrétaires du roi.
Yves Durand note une tendance à l'endogamie professionnelle du milieu de la Ferme générale, seulement 1/3 des membres de la Compagnie n'ont aucun lien de parenté ou d'alliance avec les autres familles de la ferme. Les Fermiers ont par les alliances de leurs filles des liens avec la haute noblesse et la robe. ainsi de crée, a coté de la robe et de l'épée une noblesse de la finance, qui ne se confond pas avec le commerce

Son insertion dans le siècle des lumières

Après avoir souligné le conservatisme des fermiers généraux, d'anciennes traditions, qui constituaient le noyau dirigeant de la ferme de 1780 et … qui croyaient que chaque renouvellement de bail les rendait aliénataires, pour six ans, des impôts qu'ils devaient administrer et à la proportion desquels le gouvernement ne pouvait faire aucun changement dans cette période, Mollien porte sur les fermiers de 1780 un jugement largement positif« la très grande majorité des fermiers-généraux de 1780, par la culture de l'esprit et l"aménité des mœurs, tenait honorablement sa place dans les premiers rangs de la société française ; et plusieurs, par la direction qu'ils avaient donnée à leurs études, auraient été disposés à mieux servir l'état, même avec moins de profit
Certains fermiers, restent connus surtout pour leur faste et l"énormité de leurs dépenses, tels Claude Dupin, Etienne-Michel Bouret, auquel on attribuait un revenu de 1 500 000 livres ou encore de de Jean-Joseph de Laborde qui dépensa dans la reconstruction du Château de la Ferté-Vidame la somme insensée de 14 millions de livres. et où Il reçut Louis XV, le futur Joseph II d'Autriche et le duc de Choiseul. Mais la ferme compte aussi certaines des personnalités intellectuelles les plus brillantes du siècle des lumiéres. Claude-Adrien Helvetius, philosophe et poète français, qui entre dans la ferme en 1738, mais qui reste pour la postérité l'auteur de De l'esprit et dont le salon de son épouse accueillit les plus grandes figures du siècle des lumières, Jean Baptiste Seroux d'Agincourt, historien de l'art, auteur d'une monumentale Histoire de l’Art par les Monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu’à son renouvellement au XVI, faisant encore autorité et réédité en 2005 et peut être surtout, Antoine Lavoisier, considéré comme le père de la Chimie moderne, illustrent le haut niveau de culture que l'on pouvait trouver parmi les fermiers de la 2 e moitié du XVIIIe.
Ils auront l'appui de l'église, car catholiques par opposition aux banquiers le plus souvent protestants. Ils contribueront à l'embellissement de Paris, en s'installant dans les nouveaux quartiers de l'ouest où ils font construire de splendides hôtels particuliers, leur train de vie fastueux, leurs maîtresses, leur luxe susciteront jalousies et convoitises et sans doute plus tard contribua à la fureur qui les emportera.

Rémunérations et charges des fermiers généraux Les bénéfices

La rémunération des fermiers est constituée par la différence entre le prix du bail et les recouvrements réels. Ils percevaient en outre une rémunération fixe et se servaient un intérêts sur le montant des avances faites. Mais ce n'est qu'en se fondant sur les bénéfices du bail que ce traitement fixe et ces intérêts étaient prévus au bail, en sorte qu'en cas de perte, les fermiers devaient déduire ce qu'ils auraient reçu eau cours du bail et n'auraient d'autres ressources que ce que le bon vouloir du roi voudrait bien leur accorder pour prix de leur travail. C'est ce qui fut fait à la liquidation des baux Pointeau, et Templier pour lesquels les fermiers obtinrent du roi une indemnité globale de 800 000 et 2 000 000 livres. Cela étant, ces situations sont demeurées exceptionnelles et le plus souvent le bénéfices étaient très importants. Cette affirmation de Lavoisier demeure surprenante, le bail Pointeau a été conclu dans des conditions qui ne laissaient espérer aucun résultat positif, les fermiers qui en étaient conscient avait attiré l'attention du Contrôleur Général sur cette situation qui les assura que le roi leur tiendrait compte de leurs pertes. Il paraît étonnant qu'à ce titre, ces négociateurs avisés se soient contentés d'une gratification globale des 800 000 livres soit 200 000 livres par part pour l'ensemble de la période. des recherches complémentaires restent à faire sur les conditions réelles de clôture ces comptes des baux Pointeau et Templier.
Les évaluations du bénéfice réel des différents baux sont difficiles à établir. Si les profits des fermiers généraux ont suscité une abondante littérature, peu de travaux historiques se sont intéressés à cette question. Clamagéran, dans son histoire de l'impôt, évalue le bénéfice moyen de chaque année du bail Carlier à 11 000 000 de livres auxquels il faut ajouter le bénéfice du bail des restes passé avec les mêmes cautions, que, reprenant le chiffrage du fermier général Durand de Mezy, il évalue à 39 million de livres47. Si l'on suit ce calcul le bénéfice brut annuel moyen de chaque fermier serait de 437 500 livres. Pour sa part Lavoisier évalue les bénéfices annuels de chaque fermier du bail Henriet 1756 à 240 000 livres et celui du bail Prévost à 332 000 livres . Sur le bail Alaterne 1768, sans donner de chiffres précis, il indique que les bénéfices auraient été égaux à celui du bail Prévost sans la retenue des 2/10 e sur les bénéfices ordonné postérieurement à la signature par un arrêt du Conseil et l'augmentation des droits des fermes imposés par l'édit de novembre 1771 qui a entraîné une diminution des produits sur les droits de la ferme concernés par les augmentations les plus fortes de de 4 et 6 sols par livre. A partir de ces précisions on peut évaluer le bénéfice de chaque fermier entre 170 et 260 000 livres.
La seule évaluation connue des bénéfices du bail David est celle de Nicolas François Mollien, ancien agent du Contrôle Général des Finances, chargé à partir de 1781 de la surveillance de la Ferme Générale. Il fait état, dans ses mémoires d'une rémunération moyenne de 300 000 livres par an et par siège Elle est à prendre avec précaution, car ne reposant sur aucune donnée précise, pour autant elle ne s'écarte pas des chiffres avancés par Lavoisier sur les baux antérieurs.

Les charges

Le bénéfice de chaque fermier ne constituait pas sa rémunération nette, car chaque place était grevée de charges particulières.

Les croupes et pensions

Les fermiers généraux qui ne disposaient pas des moyens financiers pour subvenir aux besoins de leurs charges s’adjoignaient des associés qui, naturellement, participaient aux bénéfices à hauteur de leur apport.
Mais à coté de ces croupiers le roi en imposait d'autres qui n’apportaient rien mais recevaient néanmoins un dividende pris sur la part de bénéfice de la place grevée. Par ailleurs le Roi assignait parfois des pensions sur certaines parts. Mais au delà de la charge que représentaient ces pratiques pour les fermiers concernés, elles devinrent un élément de la négociation du prix du bail et contribuaient à la réduction du prix des fermes.
La liste des bénéficiaires est édifiante. Le Roi percevait le quart de deux place et la moitié dune 3e place ; l'abbé Terray possédait une croupe d'1/4 dans deux charges et une pension de 22 000 livres dans une autre ; Mme de Pompadour ; Mme Du Barry, mais encore les tantes de Louis XVI, le valet de chambre de Louis XV, une chanteuse du concert de la Reine, divers officiers des petites écuries etc. Turgot à son arrivée au pouvoir en 1774 ne peut toucher aux dispositions des baux en cours, mais il fait part, à l'avenir de son intention de n'accorder à l'avenir aucune de ces faveurs à toute personne étrangère aux fermes. Pour autant, démis de ses fonctions en mai 1776, les promesse de Turgot seront oubliées lors de la conclusion du bail David.
Le bail David était ainsi grevé d'une charge annuelle de 404 000 livres au titre des pensions et pour les croupes le bénéfice de 12,5 places soit sur la base d'un bénéfice de 100 000 livres par place une somme de 1 250 000 livres au titre des croupes. ces prélèvements représentaient 27,5 % des bénéfices totaux.
Ces croupes n'étaient pas sans inconvénients pour le bon fonctionnement de la Ferme. Dune part elle contribuait à mettre sur la place publique des pratiques que la compagnie ne souhaitait pas dévoiler, d'autre part elle compromettait la libération du fonds d'avance, à hauteur des retards ou défaut de paiement des croupiers de complaisance et pouvait compromettre la bonne gestion de la trésorerie. A ce titre Lavoisier donne cet exemple La Ferme générale ; privée d'un fonds nécessaire à ses avances, aurait été exposée à manquer à son service, si elle n'avait pas pris les précautions de retarder ses approvisionnements de tabac ; et ce retard lui a coûté plus de 1,800,000 livres par le surenchérissement des matières occasionné par la révolution des colonies anglaises de l'Amérique septentrionale

Les pots de vins

Les fermiers devaient assumer divers pots de vins soit à l'occasion de la cession ou de l'acquisition de leur charges en raison du trafic sur les brevets d'admission dans la Cie des Fermes. Le plus important était la rémunération que touchait le contrôleur des finances à la signature de chaque nouveau bail . Initialement fixé à 100 000 livres, cette pratique devint courante au renouvellement de chaque bail. L'abbé Terray exigea 300 000 livres lors de la signature du bail David en 1774 et 1 °/°° sur le montant total du bail soit une somme totale de 452 000 livres Lors des discussions pour la fixation des clauses du bail Salzard de 1780, Necker, renonça à toute forme de rémunération.

La rémunération nette

Elle reste difficile à apprécier, en reprenant les données du bail David, il ressort les éléments suivants:
Selon l’évaluation de Mollien le bénéfice des 60 parts seraient de 18 millions de livres. A déduire le 10 e d'amortissement, soit 1, 8 million, le montant des croupes sur 12,5 part soit 3,75 millions et les pension 404 000 livres et enfin le pot de vin de l'Abbé Terray 452 000 livres. Le bénéfice à répartir est donc de 12 498 000 livres soit en moyenne par part 208 300 livres.
Encore faut il tenir compte des intérêts de l'emprunt que les fermiers sont amenés à faire pour couvrir leur fonds d'avance de 1 560 000 livres ; Lavoisier estime cette somme, y compris les frais de notaire de 1,5% la première année, et sur la base d'un taux moyen de 6% à la somme de 93 600 livre. En suivant ce raisonnement la rémunération nette moyenne de chaque fermier serait de 114 700 livres.

Ce calcul appelle les observions suivantes

Les croupes, pensions représentent plus de 25 % du bénéfice brut,
21 places ne sont pas grevées de croupes, 5 seulement ne sont grevées ni de croupes, ni de pensions,
Les croupes correspondant à 2 places sont des engagements entre fermiers généraux
Tous les fermiers ne sont pas amenés à emprunter la totalité de leur fonds d'avance du fait de la continuité des cautions d'un bail sur l'autre et de la reprise des actifs du bail précédent. L’évaluation de Lavoisier ne peut s'appliquer pleinement qu'à un fermier nouvellement admis dans la compagnie et ne disposant pas d'une surface financière lui permettant de faire face à tout ou partie de son fonds d'avance. Ces situations sont l'exception.
Le calcul de Lavoisier est contestable, les avances au Trésor du bail Alaterre 92 millions, ont été, à l'exception d'une somme de 10 millions, remboursées en cours ou en fin de bail, la quasi totalité des fermiers qui se retrouvent dans le bail suivant, n'ont donc pas à faire l'avance de la totalité du fonds de 1 560 000 livres. La rémunération nette devrait avoir été plus proche de 150, voire 160 000 livres que du chiffre avancé par Lavoisier.

Organisation de la compagnie des Ferme

La Ferme Générale est la jouissance d'une partie des revenus du roi, consenti par ce dernier, sous certaines conditions, à un adjudicataire dont les cautions forment la Compagnie des fermiers généraux. Les charges, clauses et conditions de cette mise à disposition sont consignées dans un arrêt du conseil.

Nomination aux fonctions

Seules les personnes titulaires d'un brevet de Fermier Général, délivré par le roi, pouvaient faire partie de la Compagnie. Un arrêté du conseil de 1687 avait modifié le règlement de 1681 rendant libre l'accès aux fonctions.Lorsqu'une place devenait vacante, le successeur était choisi par ceux dont il allait être le collègue, mais à partir de 1707, il faut un brevet du roi. Les brevets firent l'objet de transactions multiples. Accordés à des courtisans qui n'avaient aucune intention d'exercer la fonction, ils étaient monnayés. Louis XV en fit don aux futurs gendre de son premier chirurgien pour constituer des dots à ses filles. Le roi autorisa même der fermiers à vendre leur place sous la forme de bons anonymes dont la cession faisait l'objet de "pots-de-vin".
Certains fermiers n'obtinrent leur place que grâce à l'intervention de personnes influentes auprès du roi qui, en rémunération de leurs bons offices percevaient une pension prélevée sur les profits de leur protégés.

Organisation générale

Avant 1756, les droits sur les Aides et le droit du Domaine étaient données en sous-fermes à d'autres compagnies par Généralités . Après cette date, tous les droits sont réunis en une seule, mais bien qu'il n'y ait qu'une seule compagnie, chaque partie de la Ferme avait ses préposés, ses dépenses et ses recettes séparées. Chacune de ces trois parties avaient son propre encadrement. C'est cette organisation que reprendra Necker lorsqu'en en 1780 il démembra la Ferme. Avant 1756, les droits sur les Aides et le droit du Domaine étaient données en sous-fermes à d'autres compagnies par Généralités . Après cette date, tous les droits sont réunis en une seule, mais bien qu'il n'y ait qu'une seule compagnie, chaque partie de la Ferme avait ses préposés, ses dépenses et ses recettes séparées. Chacune de ces trois parties avaient son propre encadrement. C'est cette organisation que reprendra Necker lorsqu'en en 1780 il démembra la Ferme.
Depuis 1756, la Ferme générale avait son siège principal à Paris à l'hôtel des Fermes, situé sur l'actuelle cour des Fermes. Elle disposait par ailleurs de deux autres bâtiments à Paris : l'hôtel de Bretonvilliers dans l'Ile Notre-Dame et l’hôtel de Longueville près du Louvre.

Hotel de Longueville, annexe parisienne de la Ferme Générale Les dirigeants

Le fonctionnement des services centraux s’articulait autour de trois grandes sections: Les comités Les correspondances Les tournées Les comités, au nombrhe de 26 durant la 4e année du bail David, couvraient tous les secteurs d'administration et charges de la ferme. Le plus important était celui des caisses et des frais de la Régie. On y trouvait des comités du personnel, des retraites,du contentieux, un comité pour chacun des produits de la ferme, gabelles, traites, tabacs etc;. Sous le bail David, la Régie des Aides était gérée par un comité particulier, divisé en 4 départements, placés chacun sous la direction de 2 fermiers et comportant 12 membres. La régie des domaines et droits joints comprenait 2 comités, placés sous l'autorité de M. Poujeaud. Chaque comité était placé sous l'autorité d'un président et comprenait de 6 à 20 fermiers. Les décisions des comités étaient notifiées aux services locaux par les départements de correspondance qui comprenaient plusieurs bureaux à compétence géographique; selon leur importance chaque département comprenait de 1 à 4 fermiers qui avait chacun une compétence géographique déterminée. La section des tournées comprenait les deux ou trois fermiers que désignait le Contrôleur Général des Finances pour inspecter les services de la Ferme en province. Les tourneurs avaient de très larges attributions, ils vérifiaient les caisses, le fonctionnement des bureaux et des magasins, l’état des stocks et la tenue des entrepôts et greniers à sel

Le personnel des service centraux

Dans sa monographie sur les produits des fermes, Lavoisier donne le détail des personnels de la Ferme. Les services centraux représentent 680 personnes employées L'organisation est placée sous l'autorité d'un Receveur et d'un contrôleur général, assistée de 6 contrôleurs particuliers, 4 caissiers, 8 compteurs et 10 porteurs d'argent. Sous leur autorité 43 bureaux différents, couvrant l'administration de la ferme personnel, retraites, cautionnement, contentieux et des bureaux spécialisés par mission ou produits relevant des attributions de la Ferme. A la tête de chaque bureau, l'un des 56 Directeurs, voire 2 dans les plus importants. Le service du contentieux est divisé en 2 sous directions. Chaque bureau comprend selon son importance 1 à 3 sous chef de bureau qui sont au nombre de 81. Enfin 347 commis et 52 commis principaux qui forment l'encadrement de premier niveau sont répartis dans les divers bureaux. 65 inspecteurs ou vérificateurs, attachés aux différents bureaux s'assurent de la qualité des travaux. Auprès du service du contentieux est placé un conseil comprenant 10 avocats et 1 procureur. La ferme emploie également 2 aumôniers 4 suisses, 2 portiers 1 tapissiers, 2 facteurs et 4 monteurs de bois, La Ferme est une administration particulièrement structurée tant au niveau de l'exercice de ses missions que sur le plan du contrôle interne de ses agents. Ce type d'organisation constituera le modèle des futures administrations financières qui verront le jour après 1791.

Brigadier des Fermes du Roi

Les services extérieurs Les gabelles, traites et tabacs

La gestion des gabelles traites et tabacs occupait 23554 employés dont 42 directeurs, 79 contrôleurs généraux ou inspecteurs, 85 receveurs généraux, 287 receveurs pour les gabelles,987 receveurs pour les traites, 588 contrôleurs, 453 entreposeurs et les 21118 employés de brigades, dont 352 capitaines dont le montant de la rémunération représente selon Lavoisier une dépense annuelle de près de 7 500 000 livres, soit une rémunération individuelle moyenne de 350 livres. Les brigadiers des compagnies de gabelles sont mal payés peu ou pas instruits, ils sont souvent brutaux et excessifs dans l'exercice de leurs missions. Un officier pour 60 hommes en moyenne, ne permet vraisemblablement pas un encadrement de nature à éviter les excès. C'est à ces compagnies qu'est associé le terme de gabelous et l'image la plus négative de la Ferme auprès de ses assujettis.

Les Aides, Les régies des entrées de Paris et des domaines

2440 employés assuraient la gestion des aides, dont 156 directeurs, 115 receveurs généraux, 76 sous-receveurs, 80 contrôleurs ambulants, 121 contrôleurs de villes, 1892 receveurs et commis, non comptés les buralistes. que Necker évalue à 4700. Ils percevaient de si petites rémunérations qu'ils n'acceptaient pareilles fonctions qu'en appoint de leurs autres occupations. Sous le contrôle de la ferme, elle ne les considérait pas comme faisant partie de son personnel Les entrées de Paris emploient un personnel nombreux, 655 personnes, et très divers. Lavoisier en donne le détail suivant: 1 directeur, 7 commis, 1 contrôleur général des entrées, 1 receveur général, 1 contrôleur, 1 agent pour le contentieux, 3 garçons de bureaux, 11 vérificateurs ; 1 directeur des comptes, 1 sous-chef, 3 commis, 2 vérificateurs, 1 garde-magasin de la formule, 1 inspecteur, 1 compteur, 1 timbreur, 9 distributeurs, 1 directeur de la régie des bières, 1 inspecteur, 2 contrôleurs, 7 commis aux exercices, 4 surnuméraires, 1 receveur, 2 contrôleurs, 10 commis pour l'exercice des maisons détachées, 1 inspecteur général de la jauge, 18 contrôleurs jaugeurs, 6 employés à cheval, 453 à pied, 5 contrôleurs ambulants à cheval, 5 à pied, 26 receveurs des barrières ou autres, 65 contrôleurs aux barrières, 3 portiers. La régie des domaines employait, selon Lavoisier 30 directeurs, 36 inspecteurs, 58 vérificateurs, 152 contrôleurs ambulants et 608, contrôleurs des actes. Necker fait pour sa part état de 2600 contrôleur des actes, mais pour une très grand nombre d'entre eux, ce n'était qu'une activité accessoire, peu rémunératrice et la ferme, comme les buralistes, ne les considérait pas comme des employés permanents Au total la ferme employait 680 personnes dans les services centraux, 27 533 personnes dans les services extérieurs essentiellement dans les brigades des gabelles, et de manière ponctuelle environ 5 000 buralistes et 2 000 contrôleurs des actes. L'ensemble de ces agents étaient rémunérés sur les produits bruts de l'impôt et exerçaient les droits de l'État, Ils dépendaient cependant d'une compagnie financière privée. On peut les comparer à des fonctionnaires, en charge de la mission régalienne d'assiette et de contrôle de l'impôt mis à la disposition d'une société de droit privé ; ce n'est pas le moindre paradoxe de la fiscalité d'ancien régime.

Procès des Fermiers ou procès de la Ferme

Si le XVIIIe ne connaît pas de grandes révoltes antifiscales comme sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV, l'hostilité contre l'affermage de l'impôt grandit cependant. La multiplication des octrois et la présence de plus en plus importante des gabelous a pour effet une exaspération des milieux populaires qui s'exprime dans les cahiers de doléance rédigés avant les États généraux. Ils y sont décrits comme « les sangsues du peuple, une peste qui infecte le royaume, une vermine qui dévore la nation La Ferme générale est donc l'une des principales institutions de l'Ancien Régime qui fut le plus vivement critiquée pendant la Révolution.
Les fermiers généraux en payèrent le prix sur l'échafaud : 28 d'entre eux furent guillotinés le 8 mai 1794. la question reste posée de savoir si ce procès visait des individus ou bien l'institution à laquelle ils appartenaient.

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Posté le : 06/05/2016 17:32
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Les fermiers guillotinés 4
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Les prémisses

Après la suppression de la Ferme en 1791 une commission composée de 6 fermiers et assistés de trois adjoints fut chargée de clôturer les comptes. Les difficultés de liquidation furent immenses. Le bail avait été résilié avec effet rétroactif au 1er juillet 1789, extraire des comptes les sommes comptabilisées jusqu'en avril 1791 était déjà chose quasi impossible, de plus la commission ne disposait pas de toutes les pièces.
Deux ans après sa mise en place les opérations n'étaient toujours pas terminées. À la Convention des dénonciations violentes à la tribune de Jean louis Carra et de Louis Bon de Montaut accusèrent les fermiers généraux de retards volontaires pour dissimuler des bénéfices illicites De février à juin les interventions se multiplièrent. Carra, Mais aussi Dupin,qui ne cessait de répéter qu'ils avaient détournés 30 millions dans un seul de leurs comptes, Cambon qui promit une rentrée de 200 millions de livres si on les exécutaient Il fut décidé, sur la proposition de Montaut et de Vadier le 2 juin 1793, d'apposer à titre conservatoire les scellés sur les documents des fermiers, ce qui eut pour conséquence première d’empêcher la poursuite des travaux de clôture pendant 5 mois. Cinq anciens employés de la Ferme dont Gaudot ancien Receveur indélicat qui avait été renvoyé de la ferme pour un détournement de 500 000 livres, se présentent à la convention et offrent de découvrir de grands abus dont ils affirment avoir eu connaissance. Le 27 septembre l'Assemblée décida que les 5 dénonciateurs, qui sont nommés réviseurs, auraient à constater les abus et les excès des accusés. La Convention leur promet une indemnité proportionnelle aux malversations qu'ils découvriront. Le même décret décide, dans son article III, que leurs travaux seront soumis à la vérification des commissaires à la comptabilité et désigne deux de ses membres dont Dupin, pour veiller à la bonne exécution de ces dispositions Le 24 novembre a la demande de Bourdon de l'Oise qu'ils fussent arrêtés livré au glaive le loi si leurs comptes n'étaient pas rendus au bout d'un mois » les fermiers furent emprisonnés. à la prison de Port-Libre. Le 24 décembre ils furent transférés à l'hôtel des fermes, transformés en prison et mis en possession des comptes qu'ils remirent au comité des finances en début de l'année suivante. De son coté Lavoisier rédigeait un mémoire en défense à partir des questions posées par Dupin. Dans cet exercice Dupin commence à sortir du rôle qui lui a été assigné par le décret du 27 septembre, il était chargé de veiller à la conduite des travaux par les réviseurs, à la qualité des leurs accusations et des réponses des fermiers généraux. il n'a pas à poser les questions aux prévenus à la place des réviseurs. Dès le stade de l'instruction il prend place parmi les accusateurs. Pendant les 5 mois de l'instruction, il maintiendra les accusés dans l’ambiguïté sur son rôle exact. le mémoire en défense des accusés ne sera pas remis à la commission des finances63. Le 12 janvier 1794 23 nivôse An II, Dupin fait prendre par la convention un décret préliminaire par le quel la convention déclarait qu'il était de son devoir de pas laisser s'altérer la gage national et ajoute que les biens des fermiers généraux seraient désormais placés sous la main de la nation et administrés par la régie de l'enregistrement comme ceux des émigrés , le 28 nivôse suivant la convention va encore plus loin en décidant qui mettait dans les mains de la nation les biens meubles, immeubles et revenus des Fermiers généraux que les biens de tous les fermiers des baux David, Salzard et Mager. la finalité du procès est désormais claire, il s'agit de mettre la main sur l'ensemble des avoirs des fermiers généraux. A la dissolution de la ferme en avril 1791, l'état devenait redevable des avoirs des fermiers à la clôture des comptes. Cette dette représentait une somme de plus de 48 millions de livres. Il est évident que les finances publiques des années 1793-1794 ne pouvaient faire face à une telle dépense. Le mémoire en défense ne sera pas remis aux commissaires à la comptabilité, selon les descendants et parents des fermiers exécutés, Dupin leur aurait fait valoir que la publicité de ce mémoire indisposerait contre eux le comité des finances

L'accusation

C'est lui qui sera vraisemblablement le rédacteur du mémoire des réviseurs à la commission des finances et dans son rapport a la convention lors de la séance du 16 floréal An II, non seulement il valide la totalité de leurs conclusions mais encore il accable les accusés. Le 16 floréal, Dupin sort de son rôle d'arbitre prévu par le décret du 27 septembre 1793 et intervient en tant que rapporteur du comité des finances. Son réquisitoire. repose sur 8 chefs d'accusation:
Pendant le bail David d'avoir pris des intérêts à 10 et 6% au lieu de 4% comme le prévoyait le bail;
D'avoir introduit de l'eau dans le tabac dans la proportion d'1/7 e
De ne pas avoir versé chaque mois les droits qui leur avait été donné en régie
D'avoir fait substituer à l'imposition du 10e une participation sur les bénéfices; D'avoir sollicité et obtenu une indemnité pour les produits retirés de leur bail en cours; De s'être partagé des fonds qui devaient revenir au trésor ;
D'avoir versé des gratifications extraordinaires sans fondement, au détriment du trésor
D'avoir liquidé les débets de leurs comptes avec de l'argent qui devait revenir au trésor.
Aucun de ces chefs d'accusation n'est susceptible , en admettant qu'ils soient démontrés, de constituer un crime contre l'état. Ils ne constituent que des délits de droit commun. Au moment de l'ouverture de leur procès, la compétence du tribunal révolutionnaire est ainsi définie Il sera établi à Paris un tribunal criminel extraordinaire, qui connoîtra de toute entreprise contre-révolutionnaire, de tous attentats contre la liberté, l’égalité, l’unité, l’indivisibilité de la république, la sûreté intérieure et extérieure de l’État, et de tous les complots tendant à rétablir la royauté, ou à établir toute autre autorité attentatoire à la liberté, à l’égalité, et à la souveraineté du peuple, soit que les accusés soient fonctionnaires civils ou militaires, ou simples citoyens »68 Néanmoins ce décret est adopté sans discussions.

Les inculpés

Ils sont au nombre de 39, la majorité d'entre eux 35 sont jugés entre le 16 et le 23 floréal An II. Avant cette date deux fermiers avaient été jugés et exécutés. Paul de Kolly , ancien fermier des baux David et Salzard fut jugé et exécuté le 4 mai 1793, non pour sa participation à la ferme, mais pour sa participation au complot dit de la caisse de commerce de la rue de Bussy aux fins de procurer des fonds aux frères du roi pour servir leurs projets contre révolutionnaires. le 12 prairial an II.Le 29 germinal An II 18 avril 1794 fut condamné Jean Joseph de Laborde, financier, porteur d'une demi part en association avec Dollé dans le Bail David, non pour son appartenance à la ferme, amis avec d'autres pour « correspondances et intelligence avec les ennemis de la république, pour leur fournir des secours en hommes et argent et favoriser le succès de leurs armes sur le territoire français.
Ce n'est qu'avec le procès du 16 floréal que débute les véritables procès des fermiers généraux en raison de leur appartenance à la ferme. Le 16 floréal 31 personnes sont inculpées, le 22 une mise en accusation et trois le 23 du même mois,. Après ce qui constitue le réel procès des fermiers et de la ferme, deux autres condamnations interviendront ; le 12 prairial Claude François Simonet fut condamné pour avoir été auteur ou complice des délits commis par les ex-fermiers généraux, mais aussi comme auteur ou complice de la conspiration du août 1792. Enfin le 4 thermidor an II 24 juillet 1794 sera condamné le dernier fermier général, Jean Benjamin de La Borde, dans les dernières condamnations avant la chute des Robespierre, il est condamné avec d'autres sous une accusation très générale dont on peut extraire ce motif convaincus de s'être déclarés les ennemis du peuple en participant .....aux dilapidations des fermiers généraux ... qui ne peut concerner que lui, seul fermier de la la fournée du 4 messidor. Pour autant cela ne peut être le motif de sa condamnation, n'aurait il pas été ex fermier, qu'en ces derniers jours de la terreur il n'aurait pas échappé à la mort. Sourd aux conseils de ses amis, il aurait fait hâter son procès et sera condamné cinq jours seulement avant la chute de Robespierre. Le dernier des fermiers condamné était un musicien, compositeur et historien de la musique, cartographe et grand voyageur. Homme de lettre, on lui doit un livre de pensées et maximes où l'on peut lire Deux choses manquent ordinairement à la fortune, de l'avoir bien acquise et d'en user sagement, que bon nombre de ses collègues fermiers auraient du méditer
En définitive 39 fermiers généraux seront inculpés, 3 pour des motifs étrangers à leur condition d'ex fermier, 35 au motif exclusif de leur appartenance à l’institution, et le dernier sous plusieurs chefs d'accusation dont celle d'avoir été ex fermier. Ce nombre est largement en deçà des inculpations possibles.En application du décret du 23 nivôse et pour faciliter le séquestre des biens des fermiers, le 29 nivôse a été publié la liste des citoyens intéressés dans les baux David, Salzard et Mager. Cette liste, qui n'est toutefois pas exempte d'inexactitudes, comporte tous les fermiers et sous fermiers ayant participé à l'un ou plusieurs des baux en cause qu'ils soient, au moment de sa publication, morts, émigrés ou vivants. Le croisement de cette liste avec les listes publiées par la ferme elle même des fermiers des Baux David, Salzard et Mager, aboutit aux constations suivantes :
123 personnes figurent sur la liste dont 122 ayant eu la qualité de fermiers ou de sous fermiers dans un ou plusieurs baux concernés
Edme Gauthier d'Hauteserve figure sur la liste du 29 nivôse avec la mention N'a jamais été fermier-général Ancien commis aux Aides, puis directeur a Rethel, il n’apparaît sur aucune liste des fermiers, il décède en 1844, toutefois figure sur la liste des fermiers généraux de la 4e année du bail David un Gauthier d'Hauteserbes dont on ne retrouve aucune trace.
3 fermiers seulement ont émigré, ce qui tendrait à prouver qu'ils n'avaient pas de craintes particulières avant le 16 floréal An II
43 sont décédés avant l'établissement de la liste du 29 nivôse, dont 1 fermiers exécuté, Paul de Kolly
39 fermiers sont inculpés dans les divers procès ,
37 fermiers ou sous fermiers auraient donc échappés aux poursuites.

Les laissés pour compte

Antoine louis Bertin de Blagny, fermier du bail David,
Pierre Bouilhac, sous fermier de son père, décédé, dans le Bail David, ne figure pas dans les baux suivants,
Jean Doazan, Sous fermier de son père décédé dans le bail Mager, franc-maçon77 comme son père qui avait été capitaine d'un bataillon des Feuillants en 1789. Dupin arguera pour sa défense que c'est sur son intervention auprès du Comité de Sureté Générale, qu'il aura été libéré
Benigné Dollé, ancien caissier de la Caisse d'escompte qui était associé pour 1/2 part avec Jean Joseph de Laborde
Claude Gaudard D'Aucourt, fermier du Bali David,
Charles François Gaudard d'Aucourt de Plancy, sous fermier de son père,
Gaudot de la Bruère, figure sur la liste de la 4e année du bail David en qualité de sous fermier de D'Arjuzon
Gauthier d'Hauteserbes, fermier la 4e année du bail David. Aucune autre trace.
Laurent Grimod de la Reynière, fermier du bail David, décédé le 6 nivôse An II
André Haudry de Soucy 1765 - 1844, fermier du bail David, ne parît pas avoir été inquiété
Jean Baptiste d'Arnay, fermier du bail David
Procès des 16 au 19 floréal an II78

Nom des inculpés

Salzard
Bail Mager
Bail David
Bail Mager
Clément Delaage , père
70 ans natif de Saintes, fermier général, ex noble
Denis Henri Fabus Vernaud, 47 ans
ex noble natif de Paris,fermier général
depuis 1787, sans département, et depuis
commandant de bataillon dans la section
dite de Molièret-Lafontaine
Louis Balthazar,
Dangé de Bagneux,
55 ans ,natif de Paris
, ex fermier général
Nicolas Devismes, 44 ans, natif de Lagrelle,
ex secrétaire de Capet,fermier
adjoint en 1785, titulaire en 1788
ayant le département d'Alsace
Jacques Paulze ,71 ans , natif de Montbrisson, Louis Antoine Prévot D'Arlincourt fils, ex noble,
55 ans,natif et demeurant à Paris, fermier général depuis 1783
ayant le département des gabelles
de Provence,domicilé à Magny
les Hameaux, district de Versailles
Antoine-Laurent Lavoisier,
50 ans, ex noble, ex fermier général à Paris
Clément Cugnot-Lepinay, 55 ans,
natif de Paris, ex noble, Fermier Général
François Puissant , ex noble,
âgé de 60 ans, natif de Port Égalité
Jérôme François Hector
Salleure de Grissiens, 64 ans, demeurant à Paris, ex noble,
fermier général des baux Salzard
et Mager,ayant le département
des domainesdes généralités
de Picardie et du Soissonnais
Antoine-Victor Saint Amand,
74 ans, natif de Marseille, ex noble Fermier général
Etienne Marie De la Haye, 36 ans, natif de paris,
ex noble, adjoint à son père jusqu'en 1791,
et depuis titulaire de la ferme jusqu'à la révolution
ayant les départements des gabelles et tabacs
dans les généralités de Tours et d'Orléans
Gilbert Georges Montcloux,
68 ans, natif de Montaigu secrétaire de Capet,
fermier général
François Mesnage de Pressigny, 61 ans,
natif de Bordeaux, ex noble, ayant les
départements des traites et tabacs
de la généralité de Guyenne
Antoine-François
Pascel de Saint -Cristaux
44 ans ,natif de Rennes,
ex noble, fermier général
Guillaume Couturier, 60 ans, natif d'Orléans,
fermier général depuis 1781
salines de Franche-Comté, Lorraine
et pays de Gex,
et en 1788 président des grandes gabelles
Louis Marie Lebas-Courmont
52 ans,natif de Paris,
fermier général,
Receveur Général des Aides en 1781
Louis Philippe Du Vaucel, 40 ans, natif de Paris,
ex noble, adjoint à la ferme du bail Salzard,
sans département, ensuite titulaire en 1785
Jean-Baptiste Boullongne
de Préninville, ex noble, 45 ans fermier général
sans département,membre
de la commune de Paris,
natif de Paris et y demeurant
Alexandre Philibert Pierre Parseval, 36 ans,
natif de Paris , ex noble, fermier adjoint,
et titulaire sans département,
ayant eu ensuite la direction de la Lorraine
et des trois évêchés pour le sel et le tabac,
commandant du bataillon
de la bibliothèque jusqu'en 1791
Charles René Parseval
Frileuse, 35 ans ,fermier général
sans département,commandant
de la garde nationale de Suresnes,
domicilié à Paris et Nantes
Jean François Didelot, 59 ans,
natif de Paris, ex noble,régisseur,
fermier général pendant le bail David,
ayant les aides dans les généralités
d’Alençon et de Caen .
Domicilié Chalons sur Marne
Nicolas- Jacques
Papillon d'Auteroche, 64 ans,
ex noble,natif de Chalons sur Marne,
y demeurant, fermier général,
chargé des traites dans
la province de Champagne
Jean Louis Loiseau Berranger, 62 ans,
natif et demeurant à Paris,ex noble, f
ermier adjoint, puis titulaire ayant
le département des marchandises prohibèes
Jean Germain Maubert Neuilly,
64 ans, natif de Paris, ex noble, secrétaire notaire
devant la cour des aydes,
fermier général, des généralités
de Berry et de Bourbonnais,
domicilié à Noisy le Grand
René Albert Sanlot, 65 ans, natif de Rouen,
régisseur général adjoint à la ferme générale
pendant le bail David, ayant les généralités
du Soissonnais et de la Picardie
chargé des aides des généralités de Lyon,
Moulins, Bourges et Orléans
Jacques-Joseph Brac
de Laperrière, 68 ans, originaire de Ville-Affranchie,
ex noble,fermier général,
domicilié à Paris
Clément François Philippe
Delaage de Bellefaye, 35 ans,natif et demeurant à Paris,
adjoint à son père et ex noble comme lui.
Claude-François Rougeot,
65 ans,natif de Dijon,
à la ferme générale depuis 1762,
secrétaire général de l'hôtel des Fermes
Étienne Marie De La Hante, 50 ans,
natif de Crépy Seine et marne
adjoint à la ferme depuis 1785
François-Jean Vente,
68 ans, natif de Dieppe, ex noble, fermier général
depuis 1767 ayant les entrées
de Paris et élection

Procès du 22 floréal

inculpé Bail David Bail Salzard Bail Mager
Claude Joseph Saint Germain Villeplat, 66 ans
natif de Valence, domicilié à Valence
Procès du 23 floréal an II83
Inculpés condamné à mort
Claude-Alexis Prévost Darlincourt, 67 ans,
natif de Doulens domicilié à Paris et au Mont
Valérien, ex secrétaire de Capet, ex fermier général
pendant le bail de David
Jean Pierre Claude Douet, âgé de 73 ans, natif de Commune-Affranchie, Domicilié à Paris, rue Bergère, fermier général pendant le bail de David ,de Salzard et de Mager
Louis Mercier, 78 ans, natif de Paris, y demeurant, rue Bergère, fermier Général
pendant le bail de David et de Salzard
Fermiers généraux hors-liste
Pour les fermiers généraux déjà répertoriés :
Catégorie:Fermier général.
Pour ceux qui sont absents de la liste ci-dessus :
Alexandre-Marc-René Estienne d'Augny
Pierre-François Bergeret
Pierre-Jacques-Onesyme Bergeret
Geoffroy Chalut de Verins
Léonard du Cluzel
Claude Godard d'Aucour
Denis Joseph Lalive d'Épinay
Jean ou François Le Juge ?
Philbert de Parseval 1696-1766
Jacques-Jérémie Roussel
Jean-Jacques Marie Verdun de Montchiroux, intendant du Comte d'Artois.

Fermiers généraux guillotinés Le premier procès 16-19 floréal an II

Présidé par Antoine Fouquier-Tinville au nom du Tribunal révolutionnaire, le procès et jugement des 28 fermiers généraux s'ouvrit le 8 mai 1794. L'acte d'accusation est très détaillé, et fait ressortir ce qui leur est reproché, et notamment d'avoir :
sous le bail David, placé 72 millions des sommes allouées à 10 % au lieu de 4 % autorisés ;
introduit de l'eau dans le tabac et fait payer celle-ci au prix fort ;
surfacturé l’État sur des opérations de prélèvements nullement onéreuses ;
retenu des sommes bénéficiaires au lieu de les verser immédiatement au Trésor public ;
offerts des gratifications extraordinaires on dirait aujourd'hui des pots-de-vin ;
consolider les comptes débiteurs avec l'argent public, etc.
Aucun autre montant n'est cependant indiqué dans l'attendu, quand, trois jours plus tard, le 19 floréal, une série de questions est posée au jury où l'idée d'un complot des fermiers contre l'intérêt général est sensiblement appuyée. Le jugement est rendu le soir même et les 28 fermiers sont condamnés à mort, devant être exécutés dans les 24 heures, place de la Révolution.
Quelles ont été les principales sources de l'accusation ? Outre des témoignages et des lettres de dénonciation, trois baux servirent à lancer les arrestations : le bail David, le bail Salzard et le bail Mager, autrement dit, sur des affaires remontant parfois à 1768, furent contestés les prises d'intérêts aux termes renégociés, et on parla de concussion. Le bail Mager, supprimé en 1791, mentionne, par le biais d'un recollement effectué par la Convention nationale, 50 noms. Sur ce, on trouve bien les 40 fermiers-généraux cautionnaires et leurs 10 adjoints, en ligne. Mais la liste des 28 premiers condamnés inclut également des fermiers ayant cautionné les baux précédents et qui ne se trouvaient pas forcément dans celui de Mager.
Dans la matinée, trois adjoints des fils de fermiers associés à l'emploi avaient été remis en prison et ne furent donc pas exécutés : Étienne-Marie Delahante, Étienne-René-Agnan Sanlot de Bospin et Clément-François Delaage de Bellefaye, fils.

Le second procès


Il s'ouvre le 24 floréal an II 13 mai 1794. Trois nouveaux fermiers généraux avaient été arrêtés et assignés sous surveillance à leurs domicile depuis la fin de l'année 1793, l'instruction dura donc près d'une année. Le premier est Charles-Adrien Prévost d'Arlincourt, 75 ans, qui, bien que disposant de nombreux certificats de civisme, de non-émigration, de serment à la Convention, etc., se voit reprocher d'avoir été fermier sous le bail David ; un avocat lui est commis d'office. Le deuxième est Louis Mercier de Montplan, 78 ans, qui avait été dénoncé par trois citoyens, membres des comités révolutionnaire du Faubourg-Montmartre et Poissonnière, d'avoir dissimulé une importante quantité de marchandises en ses diverses propriétés, ce qui entraîna une longue série de perquisitions et de pétitions-dénonciations. Enfin le troisième, Jean-Claude Douet, 73 ans, au domicile également perquisitionné et dans la cave duquel on découvrit quantités d'or et d'argent 155 880 livres ; de plus, son épouse, appelée à témoigner, est ensuite accusée d'avoir correspondu avec deux ennemis du peuple, Dietrich, maire de Strasbourg, et le duc du Châtelet, tous deux guillotinés. Les trois accusés sont exécutés le 14 mai 1794, suivis par Marie-Claude Batailhe-Francès, épouse Douet.

Procès annexes - bilan

On compte 6 autres anciens fermiers exécutés lors de procédures annexes, suite à des arrestations qui remontaient au mois d'octobre 1793. La cas de Magon de La Balue, 81 ans, est assez atypique, il est en partie lié à la liquidation de la Caisse d'escompte : c'est, avec Jean-Joseph de Laborde, l'un des rares banquiers guillotinés sous la Révolution.

On compte donc au total 37 exécutions et seulement 8 survécurent : outre Étienne-Marie Delahante, Étienne-René-Agnan Sanlot de Bospin et Laage de Bellefaye fils, relaxés comme adjoints, on trouve Verdun de Montchiroux, apparemment protégé car rayé de la liste d'accusation, Guillaume Perier, Legendre de Luçay (emprisonné, deux fois évadé, puis relâché comme maître de forge et munitionnaire, utile à la République, Papillon de Sannois, Saleur de Grizien fils, les Savalette père et fils sauvés par Barrère, George de Montcloux fils, et Vismes de Saint-Alphonse.
Il conviendrait de mentionner Doazan père et fils et Chicoyneau, emprisonnés, Luzine, Marcenay de Saint Prix, Pignon qui n'était qu'adjoint, et Alliot de Mussey, qui émigra. De son côté, Alexandre Estienne d'Augny 1715-1798 quoiqu'ancien fermier général démissionnaire en 1768, fut également mis en état d'arrestation le 5 frimaire : il échappa à la guillotine et fut libéré le 5 fructidor an II. Gauthier des Préaux et Varanchan émigrèrent ; Bourlier de Saint-Hilaire, Taillepied se firent oublier. Quant à Jacques-Marie Digeon, bien que mentionné « directeur des fermes du Roi, il est mort le 24 décembre 1815.

Liste des fermiers et adjoints exécutés

Le 3 ou 4 mai 1793 ?
Pierre-Paul de Kolly, 53 ans, né à Paris Ancien Fermier général, mais condamné pour un autre motif que son appartenance à la Ferme. Complot de la caisse de commerce de la Rue Buffy

Les 28 du 8 mai 1794 19 floréal an II

Jacques-Joseph Brac de La Perrière, 68 ans, né à Villefranche .
Guillaume Couturier, 60 ans, né à Orléans.
Clément Cugnot de L'Épinay, 44 ans, né à Paris.
Louis-Balthazar Dangé de Bagneux, 55 ans, né à Paris.
Nicolas Deville de Noailly, 44 ans, né à Lagrèle.
Jean-François Didelot, 59 ans, né à Chalons-sur-Marne.
Louis-Philippe-Alexandre Duvaucel, 40 ans, né à Paris.
Denis-Henri Fabus (de Vernan), 47 ans, né à Paris.
Clément de Laage père, 70 ans, né à Saintes guillotiné le 8 mai 1794.
Étienne de La Haye des Fossés, 36 ans, né à Paris.
Antoine Lavoisier, 50 ans, né à Paris.
Louis-Dominique-François Le Bas de Courmont, 52 ans, né à Paris.
Jean-Louis Loiseau de Béranger, 62 ans, né à Paris.
Jean-Germain Maubert de Neuilly, 64 ans, né à Paris.
Marie-François Ménage de Pressigny, 60 ans, né à Bordeaux.
Gilbert Georges de Montcloux père, 68 ans, né à Montaigne Montaigut-en-Combrailles.
Nicolas-Jacques Papillon d'Auteroche, 64 ans, né à Paris lire Chalons-sur-Marne ?.
Adam-François Parcel de Saint-Christau, 44 ans, né à Rennes.
Alexandre-Philbert-Pierre de Parseval, 36 ans, né à Paris.
Charles-René Parseval-Frileuse, 35 ans, né à Paris.
Jacques Paulze, 72 ans, né à Montbrison.
Louis-Adrien Prévost d'Arlincourt fils, 50 ans, né à Évreux.
François Puissant de La Villeguérif, 59 ans, né à Port-l’Égalité 56 Port-Louis.
Claude-François Rougeot, 76 ans, né à Dijon.
Alexandre-Victor de Saint-Amand, 74 ans, né à Marseille.
Hiérosme-François-Hector Saleur de Grizien, 64 ans, né à Évreux.
Jean-Baptiste Tavernier dit de Boullongne de Magnanville, 45 ans lire 44 ; né à Paris.
François-Jean Vente, 68 ans, né à Dieppe.

Le 11 mai 1794 22 floréal an II

Joseph Starot de Saint-Germain de Villeplat, 66 ans, né à Valence

Le 14 mai 1794 25 floréal an II

Jean-Claude Douet, 73 ans, né à Ville Affranchie Lyon.
Louis Mercier de Montplan, 78 ans, né à Paris.
Charles-Adrien Prévost d'Arlincourt père, 73 ans, né à Doullens, ci-devant secrétaire de Capet.

Le 31 mai 1794 12 prairial an II

Claude-François Simonet de Coulmiers, 42 ans, né à Dijon. condamnè pour les crimes des autres fermiers généraux et pour avoir participé au complot du 10 août et de civers vols pour fournir des secours aux ennemis de la france
Le 22 juillet 1794 4 thermidor an II




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Posté le : 06/05/2016 17:28

Edité par Loriane sur 07-05-2016 15:14:44
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Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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