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Camille Desmoulins
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Le 2 mars 1760 à Guise naît Camille Desmoulins,

mort guillotiné à Paris le 5 avril 1794 soit 16 germinal an II,


Il est dans l'histoire des figures privilégiées qui passent à travers les drames les plus sombres en gardant toujours le charme d'un sourire et comme le rayonnement de l'amour. Une légende attendrie se forme autour de leur mémoire et l'auréole de la pitié en fait des personnages de roman dont les générations se transmettent avec une sorte de tendresse la mémoire.
Tel est Camille Desmoulins qui nous apparaît en pleine Terreur au bras de sa Lucile et semble marcher avec elle à l'échafaud comme jadis, au seuil de Saint-Sulpice; - la martyre ayant remis une robe blanche telle qu'elle la portait pour marcher à l'autel.
La postérité est femme. Et elle a souri à Camille comme Lucile lui souriait. Elle lui a beaucoup pardonné parce qu'il fut beaucoup aimé. Son appel à la pitié traversera les siècles aussi sûrement que ses dernières et déchirantes lettres d'amour.
Le petit avocat de Picardie devenu un gamin de Paris nous apparaît, tout à coup, transfiguré par l'idée de clémence, comme un justicier dans son journal, comme un poète dans sa douleur.Et elle, la jeune fille aux cheveux blonds, se change sans effort en romaine, mourant comme celui à qui son coeur de femme avait enseigné la douceur et les larmes.
Et cette poignante histoire garde ainsi comme un reflet de légende; - et l'avenir s'attendrira éternellement devant ces deux jeunes têtes coupées qui échangeront toujours, dans la séparation suprême, leur dernier regard et leur dernier baiser.

avocat, journaliste et un révolutionnaire français.
Fils d'un lieutenant général au bailliage de Guise, Camille Desmoulins entre comme boursier à Louis-le-Grand et est condisciple de Robespierre. Avocat à Paris, il est élu aux États généraux. Il se lance dans la politique. Un moment, on le compte comme l'un de ceux qui soutiennent Mirabeau ; il devient, malgré son bégaiement, un des orateurs les plus écoutés des jardins du Palais-Royal où il prononce, le 13 juillet 1789, une harangue passée à la postérité
À la fin de novembre 1789, il fait paraître le journal Les Révolutions de France et de Brabant, qui connaîtra quatre-vingt-six numéros, où il ne cesse de dénoncer le complot aristocratique. Brillant opposant au suffrage censitaire, il fait remarquer, au cours des discussions, qu'une telle loi électorale exclurait Rousseau et Jésus-Christ de l'éligibilité. S'il ne participe pas à la manifestation du Champ-de-Mars 17 juill. 1791, il doit cependant suspendre la publication de son journal.
Partisan de la paix, comme Robespierre, en 1792, il change de camp et pétitionne en faveur de la guerre avec Danton et Marat à la section du Théâtre-Français.
Après le 10-Août, il devient secrétaire général du ministère de la Justice, occupé par Danton, et il déclare qu'aux massacres de Septembre :
"tout s'est passé avec ordre ".
Élu à la Convention, il siège dans les rangs de la Montagne où il ne joue qu'un rôle effacé, peut-être parce qu'on ne voit en lui qu'un léger républicain à calembours et à bons mots, diseur de gaudrioles de cimetière . Selon l'avis de Robespierre, c'est un enfant gâté. Barère affirme pour sa part :
"Il avait beaucoup d'esprit et trop d'imagination pour avoir du bon sens. »
Desmoulins s'oppose violemment à Brissot pour qui il était "vendu à tout le monde ... acheté de personne" et contre qui il publie deux brochures, "Brissot dévoilé" et "Histoire des brissotins", où il dénonce son absence de probité et lui rappelle qu'il fut l'homme de La Fayette.
Profondément ébranlé par la condamnation des Girondins le 30 octobre 1793, il lance Le Vieux Cordelier le 5 décembre, où il attaque d'abord les "exagérés à moustaches"
les hébertistes, puis, avec un grand courage, il fait de vibrants appels à la clémence :
"L'indignation imposa l'éloquence à l'intrépide et grivoise ironie du tribun", comme l'écrit Chateaubriand.
Arrêté le soir du 31 mars 1794, jugé en même temps et dans les mêmes conditions que les dantonistes, il est exécuté le 5 avril.
Sa femme Anne Lucile Duplessis-Laridon, connue sous le nom de Lucile Desmoulins, Paris 1771-Paris 1794, était la fille d'un premier commis à l'administration des Finances. Quand son mari fut arrêté, elle protesta dans une lettre adressée à Robespierre ; accusée de complicité, elle fut condamnée à mort et exécutée le 13 avril.

Sa vie

Lucie-Simplice-Camille-Benoît Desmoulins est le fils aîné de Jean-Benoît-Nicolas Desmoulins, seigneur de Bucquoy et de Sémery, lieutenant général au bailliage de Guise, en Picardie et de Marie-Madeleine Godart. Il a sept frères et sœurs.
Né le 2 mars 1760, Camille Desmoulins est baptisé le 3 mars 1760 à l'église Saint-Pierre-Saint-Paul à Guise, comme l'indique son acte de baptême :
"1760 : le deuxième jour du présent mois est né et a été baptisé le troisième jour de mars Lucie-Simplice-Camille-Benoist, fils de maistre Jean-Benoist-Nicolas Desmoulins, lieutenant-général civil et criminel au bailliage de Guise, et de dame Marie-Magdeleine Godart, son épouse.
Le parrain, M. Joseph Godart, son oncle maternel, de la paroisse de Wiège ; la marraine, dame Magdeleine-Élisabeth Lescarbotte, de cette paroisse, qui ont signé avec nous le présent acte.
Camille entre comme boursier au lycée Louis-le-Grand, où il fait de bonnes études : il est primé au concours général, la même année que son condisciple Maximilien de Robespierre. Il devient ensuite avocat à Paris.

Avocat et journaliste à Paris

Il fait alors partie de l’entourage de Mirabeau. Malgré un bégaiement remarqué, il devient un des principaux orateurs de la Révolution française. Son premier grand discours a lieu devant la foule réunie dans les jardins du Palais-Royal devant le café de Foy le 12 juillet 1789 après la démission de Necker à Versailles, prise pour un renvoi à Paris.
Il fait ses débuts de journaliste en novembre 1789, où il publie Les Révolutions de France et de Brabant, journal qui comptera 86 numéros. Il y dénonce constamment le complot aristocratique. Il s’oppose également au suffrage censitaire, en déclarant qu’un tel mode d’élection aurait exclu Jésus-Christ ou Jean-Jacques Rousseau.
Son journal est suspendu après la manifestation du Champ-de-Mars du 17 juillet 1791, bien qu’il n’ait lui-même pas participé à cet événement. Un autre journaliste jacobin, Joseph Du Saulchoy, par admiration pour lui, prendra la relève et fera publier le journal jusqu'en décembre 1791.

Le mariage avec Lucile

Camille Desmoulins épouse Anne Lucile Laridon-Duplessis le 29 décembre 1790 en l'église Saint-Sulpice à Paris. Ce jeune couple, qui s’est écrit de nombreuses lettres d’amour, est considéré comme un symbole des "Amours sous la Révolution française". Les témoins du mariage sont notamment Maximilien Robespierre et Louis-Sébastien Mercier. L'acte de mariage dans le registre paroissial de l'église Saint-Sulpice est ainsi rédigé :

"Ledit jour, vingt-neuf décembre 1790, a été célébré le mariage de Lucile-Simplice-Camille-Benoît Desmoulins, avocat, âgé de trente ans, fils de Jean-Benoît-Nicolas Desmoulins, lieutenant général au bailliage de Guise, et de Marie-Madeleine Godart, consentants, avec Anne-Lucile-Philippe Laridon-Duplessis, âgée de vingt ans, fille de Claude-Étienne Laridon-Duplessis, pensionnaire du Roi, et d'Anne-Françoise-Marc Boisdeveix, présents et consentants, les deux parties de cette paroisse, l'époux depuis six ans, rue du Théâtre-Français, l'épouse de fait et de droit depuis cinq ans avec ses père et mère, rue de Tournon ; trois bans publiés en cette église sans opposition, permission de fiancer et de marier le même jour en ce temps prohibé de l'avent, accordée par MM. les vicaires généraux le vingt-sept de ce mois, fiancailles faites.
Présents et témoins, du côté de l'époux : Jérôme Pétion, député à l'Assemblée nationale, rue du Fauxbourg Saint-Honoré, paroisse de la Madeleine-la-Ville-l'Évêque ; Charles-Alexis Brulard, député à l'Assemblée nationale, rue Neuve-des-Mathurins, paroisse de la Madeleine-la-Ville-l'Évêque ; du côté de l'épouse : Maximilien-Marie-Isidore Robespierre, député à l'Assemblée nationale, rue Saintonge, paroisse Saint-Louis-en-l'Île ; Louis-Sébastien Mercier, de plusieurs académies, rue des Maçons, paroisse Saint-Séverin, qui tous ont certifié le domicilie comme dessus et la liberté des parties, et ont signé.
Signé :
Camille Desmoulins, époux, Laridon-Duplessis, épouse, Laridon-Duplessis, père, Boisdeveix, mère, Pétion, Brulard, Robespierre, JP Brissot, Mercier
Berardier, député à l'Assemblée nationale,
Gueudeville, vicaire de Saint-Sulpice.
Député à la Convention nationale.

Avant et après la déclaration de guerre de 1792, il est résolument partisan de la paix, comme ses amis Robespierre, Danton et Marat. Cette opinion est formulée au club des jacobins en décembre 1791, dans Jacques-Pierre Brissot démasqué en février 1792, puis à partir du 30 avril 1792 dans La Tribune des Patriotes journal cofondé avec Fréron. Après le 10 août 1792 et la chute de la Monarchie, il devient secrétaire du ministère de la Justice, dirigé par Danton.
Il devient de plus en plus engagé dans la voie d’une répression des contre-révolutionnaires. Il est élu à la Convention nationale, où il siège parmi les Montagnards, mais ne joue pas de rôle important.
Dans le procès du roi en janvier 1793 il vote contre l'appel au peuple, pour la mort et contre le sursis. Le 13 avril 1793, il se prononce contre la mise en accusation de Marat. Beaucoup de ses contemporains voient en lui un brillant orateur, mais incapable de jouer un rôle politique. Il s’oppose beaucoup à Jacques-Pierre Brissot, qui l’accuse d’être corrompu.
Il publie contre lui Brissot dévoilé et Histoire des brissotins, où il rappelle la versatilité de son adversaire, ancien proche de La Fayette.
Il s’éloigne peu à peu des Montagnards, notamment après la condamnation des Girondins le 30 octobre 1793 qu'il aurait regrettée d'après des sources thermidoriennes.
Il fonde alors un nouveau journal, Le vieux cordelier, où il attaque les Hébertistes et lance des appels à la clémence. Dans le septième et dernier numéro, resté longtemps inédit, il attaque pour la première fois Robespierre qu'il accuse d'avoir tenu au club des jacobins contre l'Angleterre le 30 janvier 1794 le langage belliciste de Brissot

Procès et exécution à Paris

Considéré comme dantoniste, Camille Desmoulins est arrêté en même temps qu’eux le 31 mars 1794. Interrogé sur son identité devant le Tribunal révolutionnaire, Desmoulins répond :
"J’ai trente-trois ans, âge du sans-culotte Jésus, âge critique pour les patriotes".
Exclu des débats à la demande de Saint-Just, il est condamné à mort. Il est guillotiné place de la Révolution en même temps que Danton et leurs amis le 5 avril 1794. Sur l'échafaud, Camille Desmoulins aurait dit : "Voilà comment devait finir le premier apôtre de la liberté !", avant de demander au bourreau Sanson de remettre à sa belle-mère une mèche de cheveux de Lucile.
Son dernier mot, avant que ne tombe le couperet, est "Lucile". Il repose actuellement au catacombes de Paris.
Son acte de décès dans l'état civil de Paris est rédigé de la façon suivante :
"Du sept floréal l'an deuxième de la République, acte de décès de Lucie-Simplice-Camille-Benoît Desmoulins, du 16 germinal, profession : homme de lettres, âgé de trente-trois ans, natif de Guise, district de Vervins, domicilié à Paris, place du Théâtre-Français.
La place du Théâtre-Français est l'actuelle place de l'Odéon.
Anne Lucile Laridon-Duplessis, femme de Camille Desmoulins, sera également guillotinée une semaine plus tard, le 13 avril 1794

Descendance en Haïti : Horace-Camille Desmoulins

Camille et Lucile Desmoulins ont eu un fils, Horace-Camille Desmoulins, né le 6 juillet 1792 à Paris dont Robespierre sera le parrain lors d’un des premiers baptêmes républicains.
La formulation de l'acte de naissance d'Horace-Camille Desmoulins, en date du 6 juillet 1792, le premier acte de l'état civil de la municipalité de Paris et signé par le greffier Pierre-Paul Royer-Collard, est un témoignage du contexte de l'époque, annonçant la république :

"Acte de naissance d'Horace Desmoulins."
Extrait du registre provisoire des naissances, constatées à la ci-devant maison commune de Paris, année 1792.
Ce jourd'hui, 8 juillet 1792, l'an IV de la liberté, est comparu devant nous officier municipal, administrateur de police, étant actuellement à la maison commune dans le lieu des séances ordinaires du corps municipal, les portes étant ouvertes, Benoît-Camille Desmoulins, citoyen membre du conseil général de cette commune, demeurant à Paris, rue du Théâtre-Français. Lequel nous a dit que le 6 de ce mois, à neuf heures du matin, il lui était né un fils du légitime mariage de lui comparant, avec Anne-Lucile-Philippe Laridon-Duplessis.
Que la liberté des cultes étant décrétée par la Constitution, et par un décret de l'Assemblée nationale législative, relatif au mode de constater l'état civil des citoyens autrement que par des cérémonies religieuses, il doit être élevé dans chaque municipalité chef-lieu un autel sur lequel le père, assisté de deux témoins, présentera à la Patrie ses enfants. Le comparant voulant user des dispositions de la loi constitutionnelle, et voulant s'épargner un jour de la part de son fils, le reproche de l'avoir lié par serment à des opinions religieuses, qui ne pourraient pas encore être les siennes, et de l'avoir fait débuter dans le monde par un choix inconséquent, entre neuf cents et tant de religions qui partagent les hommes, dans un temps où il ne pouvait pas seulement distinguer sa mère.
En conséquence, il nous requiert, pour constater la naissance et l'état civil de son fils, qu'il nous a fait présenter sur le bureau en présence de Laurent Lecointre et de Merlin de Thionville, citoyens députés de l'Assemblée nationale, de recevoir la présente déclaration, voulant que son fils se nomme Horace-Camille Desmoulins. De laquelle déclaration il requiert qu'il en soit fait transcription dans le registre qui sera ouvert conformément à la loi ci-dessus rappelée, et que la présente minute, soit par nous en attendant, déposée au greffe de la municipalité, et dont expédition lui sera donné aussi signée par le déclarant avec nous et les témoins désignés, les jours et an que dessus.
Signé : Camille Desmoulins, Merlin de Thionville, et Lecointre.

Le dépôt de l'acte ci-dessus a été fait au secrétariat de la municipalité, et reçu par moi, secrétaire-greffier, le 9 juillet 1792, l'an IV de la liberté.
Signé : Royer.
Horace Desmoulins est élevé, après l’exécution de ses parents, par sa grand-mère maternelle Anne-Françoise-Marie Boisdeveix, Mme Duplessis.
En 1800, Bonaparte lui accorde une bourse d’études au Prytanée français.
En 1817, Horace Desmoulins se rend en Haïti pour monter une affaire commerciale et il y épouse Zoé Villefranche avec laquelle il a quatre enfants à Jacmel : Adolphe Desmoulins, né le 26 juin 1819 et mort jeune, Marie-Thérèse-Camille Desmoulins, née le 16 octobre 1820 et morte en 1862, Lucile, née le 8 septembre 1822 et Horace-Camille né le 29 juin 1825. Il y meurt d’une fièvre le 29 juin 1825, alors que naît son dernier enfant, Horace-Camille.
Sa tombe se trouve toujours au cimetière de Jacmel.

Jugements contemporain

"Camille avait été pour le moins aussi ami de Robespierre que de Danton. Mon frère avait pour lui une amitié très vive; souvent il m'a dit que Camille était peut-être celui de tous les révolutionnaires marquans qu'il aimait le plus, après notre jeune frère et Saint-Just. Desmoulins était un véritable patriote, et avait plus de vertu que Danton; sans en avoir autant que mes deux frères; il avait les qualités les plus aimables, mais aussi quelques défauts qui causèrent sa perte; il était orgueilleux et irascible: dès qu'il se croyait offensé il ne pardonnait plus, et faisait jouer contre ceux dont il croyait avoir à se plaindre les redoutables traits d'une critique mordante et acerbe.
Des hommes qui étaient loin de le valoir pour le patriotisme et pour le talent, et qui étaient jaloux de sa gloire, le calomnièrent et l'accusèrent d'être vendu aux aristocrates; il n'en fallut pas davantage pour que le bouillant Camille se déchaînât, et contre ceux qui l'attaquaient, et contre ceux qui, sans l'avoir attaqué, suivaient la même ligne de conduite que ses calomniateurs. Voilà pourquoi, au lieu de repousser les imputations de quelques membres des comités qui étaient ses ennemis personnels, il attaqua les comités en masse, fronda leurs actes, révoqua en doute la pureté de leurs intentions, et se rapprocha même des aristocrates. Les calomnies redoublèrent, ou plutôt les mensonges qu'on avait débités contre lui lorsqu'il était irréprochable devinrent des vérités, lorsque, par ressentiment, il eut cessé d'être pur. De jour en jour il se sépara davantage de ses anciens amis, fit cause commune avec Danton, et, se laissant aveugler par les éloges sans nombre que les aristocrates lui prodiguaient à cause de ses hostilités avec les plus terribles révolutionnaires, il devint réellement, l'acolyte de l'aristocratie. Le malheureux Camille tournait dans un cercle vicieux; les ennemis de la révolution l'élevaient jusqu'aux nues, vantaient ses principes, son éloquence, sa modération. Toutes ces louanges le rendait suspect aux yeux des véritables démocrates, ses ennemis en faisaient des armes contre lui, et disaient : Camille est contre-révolutionnaire. Camille, que cette accusation mettait hors de lui, se ruait avec plus de fureur contre ceux qui l'accusaient, et les aristocrates redoublaient d'éloges.
C'est alors que Desmoulins publia son Vieux Cordelier, où il faisait pour ainsi dire le procès à tous les révolutionnaires, et, par contre, à la révolution. C'était une haute imprudence de sa part; c'était plus, c'était un crime. Mon frère aîné me dit tristement à ce sujet "Camille se perd".
Il ressentait un très vif chagrin de le voir déserter la sainte cause de la révolution, et, au risque de se compromettre lui-même, il prit plusieurs fois sa défense; plusieurs fois aussi il essaya de le ramener, et lui parla comme à son frère, mais inutilement.
Dans une des séances de la Société des Jacobins, où une explosion de reproches et d'accusations tombait sur Camille Desmoulins et sur son Vieux Cordelier, Maximilien prit la parole, et tout en blâmant énergiquement l'écrit chercha à justifier l'auteur. Malgré son immense popularité et son influencé extraordinaire, des murmures accueillirent ses paroles. Alors il vit qu'en voulant sauver Camille il se perdait lui-même. Camille ne lui tint pas compte des efforts qu'il avait faits pour repousser les accusations dont il était l'objet; il ne se rappela que du blâme qu'il avait déversé sur son Vieux Cordelier, et dès lors il dirigea mille diatribes acrimonieuses contre mon frère."
— Charlotte Robespierre

Œuvres

Ode
Discours à la lanterne
La France libre
L'Histoire des Brissotins juin 179I
Les Révolutions de France et de Brabant 1789-juillet 1791
Le Vieux Cordelier décembre 1793-février1794
La Tribune des patriotes avec la participation de Louis-Marie Stanislas Fréron avril-mai 1792
Jacques-Pierre Brissot démasqué février 1792
Les Nouvelles Révolutions de France et de Brabant, en collaboration avec Merlin de Thionville, novembre-décembre 1792

Citations

"Voilà mon pistolet, je saurai mourir glorieux " le 12 juillet 1789, au Palais-Royal
"Brûler n’est pas répondre "au club des Jacobins, à Robespierre
"Non contents de m’assassiner, ils veulent encore assassiner ma femme !"au procès des dantonistes, le 4 avril 1794
"Peuple on te trompe, on tue tes amis ! Mon seul crime n’a jamais été que d’avoir versé des larmes !"sur la charrette qui le conduisait à l’échafaud, le 5 avril 1794
"Bourreau, tu donneras les cheveux de ma femme à sa mère" mot qu’il lança au bourreau, avant de mourir sur l’échafaud
Lucile ! le nom de sa femme, qu’il cria avant que le couperet tombe

Cinéma et télévision

1977 - Danton, téléfilm italien avec Jean Négroni et Manuel Gélin Saint-Just
1977 - Les amours sous la révolution, Lucile et Camille Desmoulins, téléfilm de Jean-Paul Carrère, avec Bernard Alane (Camille) et Claude Jade (Lucile)
1982 - Danton, de Wajda - Patrice Chéreau dans le rôle de Camille Desmoulins
1989 - La Révolution Française : les Années Lumière, La Révolution Française : les Années Terribles - François Cluzet dans le rôle de Camille Desmoulins
2008 - Charlotte Corday - Raphaël Personnaz dans le rôle de Camille Desmoulins.
2013 : téléfilm Une femme dans la Révolution, rôle joué par Alexis Loret.

Théâtre

1835 - Georg Büchner, La Mort de Danton
1988 - La Liberté ou la mort d'après Danton et Robespierre d'Alain Decaux, Stellio Lorenzi et Georges Soria. Pièce mise en scène par Robert Hossein et jouée au Palais des congrès de Paris avec Daniel Mesguich dans le rôle de Camille Desmoulins.
2012 - 1789 les amants de la Bastille : Spectacle musical de Dove Attia et Albert Cohen, avec Rod Janois dans le rôle de Desmoulins

Roman

1872 - Alexandre Dumas, Création et rédemption "Le docteur mystérieux", "La fille du marquis"
2008 - Christophe Bigot, L'Archange et le Procureur, éditions Gallimard
Annie Jay et Micheline Jeanjean, L'inconnu de la Bastille.

Liens
http://youtu.be/bzYfUMmZWkE La passion de Lucille et Camille Desmoulins téléfilm
http://youtu.be/wLxUDbwpPuc La harangue de Desmoulins
http://youtu.be/wp9IHpmgP2Q Hymne à Camille Desmoulins
http://youtu.be/XiM74n8I2Gc Henri Guillemein conférence sur la révolution
http://www.ina.fr/video/CPB86005100/l ... -de-la-terreur-video.html Les hommes de la terreur


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Posté le : 01/03/2014 14:03
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La bible de Gutenberg
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Le 23 février 1455, le premier livre imprimé est la bible.

Johannes Gutenberg parvient à imprimer en série le premier livre en Europe avec des caractères mobiles de métal : la bible de Gutenberg.
Après plusieurs années de recherche et de travaux, Gutenberg parvient à mettre au point un système lui permettant d'imprimer en série. La bible de Gutenberg se compose alors de pages comportant chacune 42 lignes. Il reste aujourd'hui moins de 40 exemplaires de cette bible.
Un exemplaire de la Bible de Gutenberg conservé à la New York Public Library aux États-Unis
La bible de Gutenberg ou bible à quarante-deux lignes est le premier livre imprimé en Europe à l'aide de caractères mobiles
La Vulgate fut imprimée dès 1456 par Gutenberg ; d'autres éditions suivirent, Érasme, 1528. Le concile de Trente demanda une édition officielle. L'édition publiée sur l'ordre de Sixte Quint en 1590, et regardée comme définitive, fut révisée sur l'ordre de Clément VIII et publiée en 1592 ; c'est la Vulgate sixto-clémentine de nos Bibles latines.

Description

Réalisée à Mayence entre 1452 et 1455 sous la responsabilité de Johannes Gutenberg et de ses associés, Johann Fust et Pierre Schoeffer, la bible de Gutenberg se compose de deux volumes au format in-folio, ce qui signifie que chaque feuille achetée au papetier n'était pliée qu'une fois, ce qui permet d'imprimer des pages de grandes dimensions de 324 et 319 feuillets.
Elle reproduit le texte de la Vulgate, c'est-à-dire la bible latine traduite par saint Jérôme : l'Ancien Testament occupe le premier volume et une partie du second, qui contient aussi l'ensemble du Nouveau Testament.
Une partie des exemplaires a été imprimée sur parchemin, vélin, une autre sur du papier importé d'Italie.
Vendue par souscription, cette bible latine a été achetée à sa parution par des institutions religieuses, essentiellement des monastères. Sur un tirage d'environ 180 exemplaires, 48 ont été conservés jusqu'à aujourd'hui, et des feuillets isolés se trouvent dans quelques bibliothèques, comme celle du musée Correr de Venise ou de la bibliothèque municipale de Colmar.
La majorité des exemplaires se trouve en Allemagne. En France, la Bibliothèque nationale de France en possède trois exemplaires, dont un sur vélin, et la bibliothèque Mazarine un exemplaire sur papier. En Suisse, la fondation Martin Bodmer expose en permanence son exemplaire près de Genève.

Fabrication

Pour tester sa presse à imprimer et ses caractères mobiles en alliage de métal, Gutenberg commença, aux alentours de 1450, par composer des textes qu'il reproduisait sur des feuilles de papier simple, puis entreprit d'imprimer de petits livres, comme la grammaire latine de Donat.
La base du travail est alors effectuée à la main. Pour composer chaque ligne du texte, il fallait sélectionner un à un les caractères, en relief et inversés correspondant aux lettres des mots, et les placer dans un cadre spécial, la forme, situé sur le plateau de la presse.
Une fois toutes les lignes composées, la forme était enduite d'encre à l'aide de pelotes en crin de cheval. On y plaçait alors une feuille de papier préalablement humidifiée, qu'une planche de bois, la platine, venait comprimer sous l'action d'une vis en bois.
Le nombre de presses utilisées dans l'atelier de Gutenberg reste inconnu, mais la quantité de pages imprimées laisse penser qu'il en a utilisé plus d'une. Les presses étant actionnées par deux ouvriers, il est possible que l'entreprise ait nécessité jusqu'à douze ouvriers, sans compter les personnes employées à la disposition des caractères, à l'encrage, à la préparation des feuilles de papier, au pliage, etc.
La réalisation des 180 exemplaires de la Bible s'étala sur trois ans, une période à l'issue de laquelle un moine copiste aurait achevé la reproduction d'une seule Bible.

Composition

Une page de la Bible de Gutenberg, composée à partir de la Vulgate de Saint Jérôme
Les premières pages de la bible de Gutenberg comportent deux colonnes de 40 lignes par page, parfois 41. Pour économiser du papier, Gutenberg décida d'imprimer 42 lignes par page, puis de diminuer la taille des caractères.
Autre évolution : Gutenberg essaya un moment d'imprimer les titres en rouge, puis abandonna, sans doute parce que l'opération était trop fastidieuse : elle aurait demandé de passer deux fois chaque feuille sous la presse. Elle fut par la suite largement mise en œuvre par ses successeurs, dès le XVe siècle.
Pour composer sa Bible, Gutenberg a copié l'écriture dite gothique de forme textura, utilisée à l'époque pour les textes liturgiques, en particulier les missels.
Il adopte une taille de caractère similaire à celle des manuscrits de grande taille, utilisés en particulier pour la lecture à haute voix.
La Bible de Gutenberg ressemble à un codex, et comme dans les manuscrits les plus réussis toutes les fins de ligne sont soigneusement alignées sur la marge de droite. Aujourd'hui, les imprimeurs et les typographes parlent de lignes « justifiées » pour désigner cette présentation. Pour obtenir cette présentation justifiée, Gutenberg n'utilise pas des espaces de taille variable entre les mots, mais répartit des signes de ponctuation plus ou moins larges, emploie des ligatures, deux lettres accolées et fondues ensemble et remplace certains mots par leur abréviation.
L'emplacement destiné aux lettrines et aux enluminures était réservé. Un enlumineur pouvait être chargé par leur propriétaire de les dessiner une fois le livre en sa possession. Ce travail était laissé à l'appréciation des acquéreurs, qui pouvaient aussi faire appel à des rubricateurs pour faire ressortir par des couleurs les Nomina sacra et les marques de paragraphes et de verset.
Quelques années plus tard, Gutenberg imprima une bible sur 36 lignes.

Localisations connues des bibles de Gutenberg

La 'bible à 42 lignes' de 1455 environ est un des livres les plus chers au monde. Le prix d'un exemplaire complet atteint les 10 millions de dollars.
On en trouve 12 eN Allemagne :
-Musée Gutenberg à Mayence 2 exemplaires
-Landesbibliothek à Fulda
-Universitätsbibliothek à Leipzig
-Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek à Göttingen
-Staatsbibliothek à Berlin
-Bayerische Staatsbibliothek à Munich
-Stadt- und Universitätsbibliothek à Francfort-sur-le-Main
-Hofbibliothek à Aschaffenburg
-Württembergische Landesbibliothek à Stuttgart
-Stadtbibliothek à Trèves
-Landesbibliothek à Kassel

Une en Autriche
Österreichische Nationalbibliothek à Vienne

Deux en Belgique
-Bibliothèque universitaire à Mons
-Musée Plantin-Moretus à Anvers
Reliure

Deux au Brésil
-Bibliothèque nationale de Rio de Janeiro

Une au Danemark
-Kongelige Bibliotek

deux en Espagne
-Biblioteca Universitaria y Provincial à Séville
-Biblioteca Pública Provincial à Burgos

Neuf aux états-unis
-Bibliothèque du Congrès à Washington (une des trois copies en "parfait vélin")
New York Public Library à New York
-Pierpont Morgan Library à New York (une copie vélin, deux copies papier)
-Widener Library à l’université Harvard à Cambridge dans le Massachusetts
-Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits l'université Yale à New Haven dans le Connecticut
-The Scheide Library à l’université de Princeton à Princeton dans le New Jersey
-Indiana University Library à Indiana University Bloomington à Bloomington dans l'Indiana (incomplète)
-Harry Ransom Humanities Research Center à l'université du Texas à Austin
-Henry E. Huntington Library à San Marino en Californie
Bill Gates cofondateur de Microsoft en possède un exemplaire acheté en 1994 à une vente aux enchères.

Cinq en France
-Bibliothèque nationale de France à Paris,
-une des trois copies en vélin parfait
-Bibliothèque Mazarine à Paris
-Bibliothèque municipale de Saint-Omer
-Bibliothèque municipale de Colmar : un défet de reliure provenant d'une bible a été trouvé en 2009.

Deux au Italie/Vatican
-Bibliothèque apostolique vaticane, une copie vélin, une copie papier

Une au Japon
-Keio University Library à Tokyo

Une en Pologne
Biblioteka Seminarium Duchownego à Pelpin

Une au Portugal
-Biblioteca Nacional à Lisbonne

Huit au Royaume-Uni
-British Library à Londres, une des trois copies en "parfait vélin", et une copie papier et le Fragment Bagford
-Lambeth Palace Library à Londres décorée en Angleterre
-Bodleian Library à Oxford
-Bibliothèque de l'Université de Cambridge
-Eton College Library à Eton
-John Rylands Library à Manchester
-National Library of Scotland à Édimbourg

Deux en Russie
-Bibliothèque d'État de Russie à Moscou
-Lomonosow University Library à Moscou

Une en Suisse
-Fondation Martin Bodmer à Cologny Genève

La bible

La bible est l'ensemble des textes sacrés pour les religions juive et chrétienne, censée être la a Parole de Dieu : un ou des textes sacrés.
Œuvre fondatrice de la culture judéo-chrétienne également appelée l'Écriture sainte ou les Écritures, la Bible rassemble l’ensemble des livres reconnus par les religions dites "du livre" le judaïsme, christianisme comme étant la "Parole de Dieu". La Bible n'est donc pas un livre unique, comme c’est le cas du Coran, mais un recueil de livres écrits par des auteurs différents à des époques différentes.
Les juifs comptent 39 livres dans la Bible hébraïque, appelée Ancien Testament par les chrétiens. Ils parlent souvent de la Torah qui signifie "Loi" pour désigner les Écritures dans leur ensemble. Mais ils se servent aussi de la première lettre des trois grandes divisions – la Torah, la Loi, les Nebiim, les Prophètes, et les Ketoubim, les écrits – pour former le mot Tanakh.
Les chrétiens, divisent la Bible en Ancien Testament, période de l'Alliance de Dieu avec le peuple hébreu et le Nouveau Testament, Alliance établie par Jésus-Christ, "Le Christ"
Pour l'Ancien Testament, les protestants reconnaissent les mêmes écrits que les juifs mais, ne procédant pas à la même découpe, dénombrent 39 livres.
Pour leur part, les catholiques, qui ont admis dans leur canon les livres ajoutés par la version grecque des Septante, en reconnaissent 45.
Quant au Nouveau Testament, ses 27 livres sont généralement admis par les diverses confessions chrétiennes.

Composition, en bref, de la bible :

Sauf mention spéciale catholique, protestant, les livres cités sont acceptés dans les trois canons : juif, catholique, protestant pour l'Ancien Testament, dans les canons catholique et protestant pour le Nouveau Testament.

Ancien Testament :
Pentateuque ou Torah comprend : Genèse ; Exode ; Lévitique ; Nombres ; Deutéronome.
Les livres historiques premiers prophètes : Josué ; Juges ; I et II Samuel ; I et II Rois ; I et II Chroniques ; Esdras ; Néhémie ; I et II Maccabées catholique

Livres prophétiques derniers prophètes : Isaïe ; Jérémie ; Lamentations pour catholique,et protestant ; Baruch pour les catholiques ; Ezéchiel ; Daniel, catholiques, protestant ; Osée ; Joël ; Amos ; Abdias ; Jonas ; Michée ; Nahum ; Habacuc ; Sophonie ; Aggée ; Zacharie ; Malachie

Livres poétiques et sapientiaux ou hagiographes :
Psaumes ; Proverbes ; Job ; Cantique des cantiques ; Ecclésiaste ; Sagesse (catholique) ; Ecclésiastique (catholique) ; Tobie (catholique) ; Judith (catholique) ; Esther ; Ruth

Nouveau Testament : Les Évangiles : Matthieu ; Marc ; Luc ; Jean, Actes des Apôtres

Épîtres de saint Paul aux Romains ; I et II aux Corinthiens ; aux Galates ; aux Éphésiens ; aux Philippiens ; aux Colossiens ; I et II aux Thessaloniciens ; I et II à Timothée ; à Tite ; à Philémon ; aux Hébreux
Épîtres catholiques de saint Jacques ; I et II de saint Pierre ; I, II et III de saint Jean ; de saint Jude
Livre prophétique, Apocalypse de saint Jean

La majeure partie des livres de l'Ancien Testament a été écrite en hébreu, tandis que le grec est la langue du Nouveau Testament.
L’Ancien Testament ou Bible hébraïque

La Torah

L'Ancien Testament, ou Ancienne Alliance, comprend tous les écrits se rapportant à l'Alliance de Dieu (Yahvé) avec les Hébreux. L’Ancien Testament, correspondant à la Bible hébraïque des juifs, est constitué de trois grandes parties : le Pentateuque ou Torah, les Prophètes ou Nebiim et les Écrits ou Ketoubim.
Le Pentateuque

Le Pentateuque, livre en cinq volumes des chrétiens, ou la Torah Loi des juifs, correspond aux cinq premiers livres de l’Ancien Testament : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. Ils couvrent l'histoire religieuse depuis la création du monde jusqu'à l'entrée des Hébreux en Terre promise. Leur unité de sens tient à un auteur, Moïse, selon la tradition juive et à une histoire, celle d'une Terre promise.
Pour les croyants, le récit de la révélation du vrai Dieu à Moïse sur le mont du Sinaï, Exode, XX constitue l'originalité de la Torah. De cette expérience va sortir tout le Pentateuque : l'Exode, livre clé du passage de la servitude vers le service de Dieu, et les livres qui le complètent, comme le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Les commencements et le parcours des patriarches font l'objet de la Genèse, qui a été écrite sous l'éclairage de l'expérience historique de l'Exode. En un mot, l'expérience du Sinaï permet de remonter en amont à la naissance des patriarches et au commencement du monde, et de suivre en aval toute l'histoire postérieure d'Israël fécondée par cette expérience.

Les Prophètes

La Bible hébraïque divise les prophètes en trois catégories : les prophètes antérieurs : Josué, Juges, I et II Samuel, I et II Rois, les prophètes postérieurs : Isaïe, Jérémie et Ézéchiel et les petits prophètes, l'épithète renvoyant au faible calibrage de leurs écrits.
Les chrétiens n'adoptent, eux, que les deux dernières catégories.
Les prophètes ont bénéficié d'un statut institutionnel en Israël. Mais déjà en Mésopotamie existaient des voyants qui vivaient près des temples et annonçaient l'avenir en pratiquant la divination par l'huile ou l'examen des entrailles d'animaux. En Phénicie, près d'Israël, des prophètes puisaient leur inspiration dans la musique, la danse, et parfois recouraient même à des mutilations physiques.
En Israël, ce type de prophétisme donne lieu très vite à l'émergence des figures charismatiques, chargées de veiller au message du Sinaï dans sa pureté. Appelés par Dieu, ces prophètes en deviennent les porte-parole.
"Dieu dit", telle est la formule qui revient souvent dans leur bouche. Ce sont des témoins de leur temps, hommes de Dieu, habités par l'Esprit, qui apparaissent en général en période de crise. Leur parole, souvent mal reçue mais conservée par les écrits de leurs disciples, a résisté au temps et est devenue "parole de Dieu" grâce aux communautés juives et chrétiennes, qui n'ont cessé de les lire et de s'en inspirer.
Les autres écrits ou littérature de la sagesse

Regroupés sous l'appellation de "littérature de sagesse", les livres de Job, du Cantique des cantiques, de l'Ecclésiaste, ou Qohelet, des Proverbes, de l'Ecclésiastique ou Siracide et de la Sagesse, les deux derniers absents de la Bible hébraïque portent sur l'art de conduire sa vie vers le bonheur, sans perdre de vue le destin limité de l'homme et les normes tirées des expériences des anciens et des siennes propres.
Les livres bibliques dits "de sagesse", à l'exception de quelques passages, sont tous postérieurs à l’Exil. Les réflexions et recommandations qui y sont rassemblées se nourrissent à la fois des traditions sapientielles de l'Israël ancien et d'autres littératures non bibliques, notamment égyptienne et babylonienne.

Les Psaumes

Les Psaumes correspondent à un ensemble de 150 poèmes, divisé en cinq parties, qui évoque la foi d'Israël et son rapport à Dieu. Le recueil des psaumes – du mot grec psalmoi: pincer une corde de lyre ou d'arc , traduction du terme hébreu tehillim : louange – a une longue histoire qui se termine au cours du IIIe s. avant J.-C., au moment où il a été traduit en grec dans la Septante. Il est difficile de dater les psaumes non seulement à cause de l'absence d'indications chronologiques, mais aussi parce que leur rédaction s'est parfois étendue sur une longue période et qu'ils ont connu des adaptations successives. Certains remontent au roi David, mais le rattachement de la plupart des psaumes à cette époque reculée, qui relève d'une pratique courante dans l'Antiquité, la pseudépigraphie, serait abusif. En réalité, beaucoup d'entre eux ont été écrits pendant et après l'Exil. Les psaumes sont la trace de la prière d'Israël. Parmi les genres littéraires les plus importants, notons les hymnes, les lamentations ou supplications collectives, les psaumes royaux, les lamentations individuelles ou les actions de grâce individuelle.

Le Nouveau Testament

Sujets contenus dans la bible
Le Nouveau Testament est le recueil des écrits concernant l'Alliance établie par Jésus-Christ. Livre chrétien, le Nouveau Testament est formé de 27 écrits : les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, treize Lettres de Paul, la Lettre aux Hébreux, sept lettres appelées Épîtres catholiques, et l'Apocalypse.

Les Évangiles, La Fuite en Égypte

Les Évangiles sont tous centrés sur le personnage de Jésus et sur son enseignement, mais chacun avec son empreinte. Sur leur origine, qui demeure obscure, les hypothèses sont multiples. Les trois Évangiles de Matthieu, Marc et Luc – appelés Évangiles synoptiques parce que leur ressemblance permet de les lire sous un même regard – se distinguent cependant de l'Évangile de Jean.
L'Évangile de Marc, avec 661 versets, est le plus court de tous. Il ne contient que 30 versets qui lui soient personnels. Celui de Matthieu a presque 1 100 versets
dont 300 lui sont propres. Celui de Luc est formé de 1 150 versets, dont 600 sont absents de tous les autres Évangiles. Les trois suivent une trame identique : la préparation de la mission de Jésus ; le ministère en Galilée ; la montée vers Jérusalem ; la passion ; la résurrection.
Jean eut à sa disposition des documents propres. En dehors de la Passion/Résurrection, où il suit la même trame que les autres évangélistes, il fait œuvre très personnelle à partir de récits connus pour la plupart de lui seul. Clément d'Alexandrie désigne son Évangile comme spirituel par opposition aux trois autres, déclarés matériels. Cependant, la prétention historique n'y est pas complètement absente. La critique actuelle admet de plus en plus que Jean est bien informé, qu'il connaît la géographie de la Palestine, et qu'il dispose, pour ce qui concerne les séjours de Jésus en Judée, de renseignements de première main. Mais le Jésus qu'il met en scène est un Jésus glorieux, maître des événements et des personnages, conduisant son destin avec la liberté souveraine d'un seigneur. Entre le Jésus aux accents très humains de Marc et le Christ glorieux de Jean, on mesure l'écart entre deux christologies. On peut voir là l'effet de la relecture créatrice de l'évangéliste voulant offrir à sa communauté une référence fondatrice.
Créations uniques dans leur genre, les Évangiles ne sont pas des documents d'histoire à proprement parler. Nés de la foi des disciples en la résurrection de leur maître, ils contiennent d'authentiques souvenirs de Jésus, mais sélectionnés et décrits pour répondre aux besoins des communautés chrétiennes, en particulier dans le domaine de l'enseignement et de la liturgie. De plus, en écrivain authentique, chaque évangéliste a fait œuvre de création personnelle.

Les Actes des Apôtres

Attribué à l’évangéliste Luc, le livre des Actes des Apôtres prolonge l'histoire de Jésus par celle de l'Église naissante. Il retrace ainsi les origines des communautés chrétiennes de Palestine et d'Asie Mineure, l'activité missionnaire de Pierre et de Paul, les débuts de l'Église chrétienne et l'annonce de l'Évangile aux païens jusqu'à l'arrivée de Paul à Rome.

Les Épîtres

Sur les 27 livres du Nouveau Testament, 21 sont constitués de lettres, épître vient du grec épistolè, lettre importante. Treize lettres ont été rédigées par Paul. La lettre aux Hébreux, dont l'attribution à Paul reste incertaine, est plutôt considérée comme une homélie. Les sept suivantes sont appelées catholiques parce qu'elles n'ont pas de destinataires particuliers, mais s'adressent aux chrétiens en général, le grec katholikos signifiant universel : ce sont les lettres de Pierre, Jacques, Jean et Jude. L'ordre de présentation dans la Bible se fait en fonction de la longueur : la plus longue, la lettre aux Romains, ouvre les épîtres ; la lettre à Philémon, plus courte, clôt l'ensemble des lettres de Paul ; vient ensuite la lettre aux Hébreux, suivie des lettres catholiques.
On connaît surtout les treize lettres de Paul, qui constituent un véritable traité théologique, même si tout son enseignement n'est pas entièrement exposé. Paul, passé du judaïsme au christianisme à la suite d'une expérience spirituelle survenue sur la route de Jérusalem à Damas, a joué un rôle décisif dans l'expansion de la religion nouvelle. De 52 à 67, c'est-à-dire durant les quinze ans qui séparent sa première lettre et son martyre à Rome, Paul multiplie ses écrits, dont seulement une partie a été conservée. En dehors de la Lettre à Philémon, aucune ne ressemble aux lettres privées que l'Antiquité romaine a léguées à la postérité par milliers. Il est possible que les trois dernières lettres, dites pastorales, les deux Lettres à Timothée et celle à Tite, soient des pseudépigraphes. Les lettres de Paul sont plutôt des prédications qui s'adressent à des cercles assez larges et abordent des sujets de doctrine et de morale chrétiennes. Pour la plupart, elles sont écrites à des Églises particulières, Églises de Rome, de Galatie, de Corinthe, etc. Mais cette correspondance privée est très vite devenue une référence pour l'Église tout entière.

Le Livre de l’Apocalypse

L'Apocalypse est le dernier livre du Nouveau Testament. Il a sans doute été écrit par saint Jean l'Évangéliste – vers 95, lors de son exil sur l'île de Patmos pendant la sanglante persécution ordonnée par Domitien – pour ranimer la foi des chrétiens d'Asie, terrifiés par les massacres dont ils faisaient l'objet. Ce livre d'interprétation ésotérique a eu une influence considérable sur l'art du Moyen Âge ; l'Apocalypse a souvent été figurée sur les tympans des églises.
Les Apocryphes

Les Apocryphes, écrits dès le ier s., imitent les Écritures saintes. Ils sont nés de la piété populaire désireuse d'en savoir plus sur la vie et l'entourage du Christ cycle de l'enfance du Christ mais aussi sur les apôtres. Ils ont été composés dans un but d'édification. Leur authenticité ayant été mise en doute, l'Église les a rejetés. Le canon catholique inclut certains livres, appelés deutérocanoniques, livre de la Sagesse ou livres des Maccabées que rejette le canon protestant.

Les manuscrits de la Bible

Alors qu'on a recensé au total environ 15 000 variantes dans les manuscrits de l'Ancien Testament, il en existe plus de 50 000 pour le Nouveau. Deux raisons expliquent cette différence : la fidélité des scribes hébreux dans leur transmission du texte, et le nombre limité des manuscrits pour la Bible hébraïque. Pour la Bible hébraïque, il existe des témoins antérieurs au Ier s. avant J.-C., et pour le Nouveau Testament, des copies du iie s. après J.-C.
Les découvertes, au XXe s., des manuscrits de la mer Morte ont permis de mettre au jour des textes bibliques antérieurs à l'ère chrétienne. Le document le plus impressionnant est un rouleau complet d'Isaïe, daté du ier s. avant J.-C.
Outre les quelque 8 000 copies de la Vulgate – la traduction latine la plus connue depuis le haut Moyen Âge –, le texte du Nouveau Testament nous est parvenu à travers des papyrus, 85 environ, des parchemins anciens appelés majuscules, 268 et près de 2 800 parchemins plus récents dits minuscules, ces noms viennent de l'usage de lettres majuscules ou minuscules, ainsi que 2 193 lectionnaires, destinés à être lus à la messe. La plupart de ces manuscrits ne contiennent que des fragments ; c'est le cas de tous les papyrus. Quelques-uns datent du iie s. après J.-C., le plus ancien étant daté de 120. Parmi les manuscrits, plus de 50 contiennent la totalité du Nouveau Testament. Quatre parchemins majuscules des ive et ve s. contenaient à l'origine toute la Bible grecque. Le plus célèbre est le Vaticanus, à partir duquel la plupart des traductions ont été établies.

Les traductions de la Bible

La Bible complète, Ancien et Nouveau Testament a été traduite en 310 langues ; le seul Nouveau Testament en 695 langues ; la Bible, sous forme de morceaux choisis, en 902 langues.
Cette pratique de traduire les Écritures saintes est ancienne, puisque dès le iiie s. avant J.-C. les Juifs d'Alexandrie ont pour la première fois osé quitter la langue sacrée pour d'autres univers linguistiques en traduisant la Bible en grec. Au cours du iie s. après J.-C., trois autres traductions grecques de la Bible hébraïque ont été réalisées par des Juifs. Il existe également une traduction de la Bible hébraïque en syriaque. Les chrétiens ont eu tendance à utiliser la version grecque dite des Septante, au point d’en oublier les originaux hébreux. Saint Jérôme, à partir de l'an 389, s’est laissé saisir par la vérité hébraïque et a entrepris une traduction latine du texte hébreu. L'ensemble de son travail, appelé Vulgate, s'est imposé comme la référence obligée pour tous les chrétiens d'Occident jusqu'au XVIe s., et pour les catholiques jusqu'au XXe s.
Aux XVIe et XVIIe s., les traductions sont surtout le fait des protestants ; entre 1520 et 1525, Luther traduit la Bible en allemand, et en 1611 paraît en anglais la Bible autorisée du roi Jacques. Des pays scandinaves jusqu'à la Hongrie, ces traductions de la Bible ont souvent été la première manifestation d'une littérature nationale. Enfin, il est à noter la première traduction œcuménique de la Bible en français, publiée à partir de 1972 : pour la première fois en France, catholiques et protestants se sont mis d'accord sur une traduction commune, conduite par des équipes mixtes

Les traductions

Dès l'Antiquité préchrétienne, la Bible a été traduite – il faudrait dire, plus adéquatement, produite – dans une multitude de langues. Dans ce processus, on doit, en fait, distinguer deux moments : d'une part, celui des versions anciennes, qui se prolonge jusqu'au Moyen Âge avec la traduction en slavon de Cyrille et de Méthode IXe s et la Bible arabe du juif Saadia env. 885-942, en passant par les Bibles grecque et latine, araméenne et syriaque, éthiopienne et copte, arménienne enfin ; d'autre part, celui des versions modernes , qui jalonnent l'histoire de l'imprimerie. Ces dernières atteignent un nombre impressionnant : en 1977, on a recensé mille six cent trente et une langues de diffusion surtout dans le monde protestant de la Bible, alors qu'on en comptait seulement soixante et onze au début du XIXe siècle.

Diffusion et traductions

En fait, le mouvement des traductions de la Bible est le reflet de l'extension géographique, culturelle, sociale et économique, pour ne pas dire politique, du christianisme, avec ses phases de crise et ses périodes de relance. C'est ainsi que la Réforme fut et demeure un facteur majeur de diffusion de la Bible ; à ses débuts, elle a donné la fameuse Bible de Luther : cette première traduction allemande, réalisée sur des textes originaux, eut une grande influence sur l'évolution de la langue germanique et fut adaptée notamment en danois, en suédois, en hollandais. Elle rompait avec l'utilisation du texte latin de Jérôme comme base des premières traductions de la Bible dans les langues de l'Europe occidentale encore au XVIe siècle, la Bible française de Lefèvre d'Étaples s'appuyait sur ce texte de la Vulgate. D'une certaine manière, le renouveau biblique catholique du XXe siècle semble avoir une signification identique avec la publication de la Bible de Jérusalem en 1955, qui est traduite ou adaptée dans la majorité des langues européennes.
La diffusion, sous la forme de traductions, de la partie juive de la Bible fut bien plus limitée. Contraints de conserver leur identité nationale alors qu'ils se trouvaient minoritaires, les juifs ont continué à utiliser, pour les besoins de la synagogue, l'hébreu ou l'araméen des targums. Par ailleurs, leurs efforts pour répandre la Bible au sein de leurs communautés locales souffrirent, parfois durement, des mesures des autorités chrétiennes, qui allèrent jusqu'à faire disparaître les documents eux-mêmes. Néanmoins, ils assurèrent des traductions, notamment en judéo-persan XIIIe-XVe s, en judéo-espagnol ou ladino XIIIe-XVIIIe s., en yiddish XIIIe-XVe s..

L'une des caractéristiques constantes des traductions de la Bible, c'est d'être parfois et même souvent fragmentaires. Cela tient à des raisons diverses : d'abord, aux besoins, obligatoirement sélectifs, du culte ainsi, récemment, une Bible catholique dite liturgique, avec une traduction et un découpage particuliers, a été élaborée conformément aux dispositions officielles du IIe concile du Vatican ; ensuite, au souci d'éduquer les couches populaires auxquelles on ne livre qu'un choix de prières ou de récits, adaptés dans la langue ou le dialecte du lieu ; enfin, à l'étalement dans le temps de l'énorme chantier que constitue une traduction complète de la Bible. Une telle entreprise, en effet, entraîne la parution séparée – parfois à titre de test ou d'annonce, ou bien pour de simples raisons financières – de certains livres bibliques, surtout du Nouveau Testament chez les chrétiens ou au moins chez les catholiques, en attendant l'achèvement de l'ensemble ce fut le cas de la Bible Osty. Il est même arrivé, dans un passé lointain ou tout récemment, qu'on arrête la tâche en cours d'exécution. Cette méthode de publication fragmentaire nous ramène d'ailleurs, en quelque sorte, aux sources de la Bible, qui est née, en fait, d'une organisation de type anthologique.
L'histoire de la traduction de la Bible est aussi celle d'un conflit : entre, d'une part, la volonté de restituer au mieux les données sémantiques du texte original ce qui a atteint son paroxysme avec la traduction d'Aquila ou encore avec la Bible de Chouraqui et, d'autre part, le souci de communiquer à un très grand nombre de lecteurs, au besoin par des allégements ou, au contraire, des ajouts intégrés, l'essentiel présumé du message biblique, c'est ce qu'ont fait les targums dans l'Antiquité juive, mais aussi ce qui a commandé le succès de la traduction contemporaine de Pierre de Beaumont, délibérément conçue comme devant être une vulgate moderne.

Les grandes versions anciennes de la Bible

Le souci de faire connaître la Bible à un groupe religieux donné en la traduisant dans sa langue, avec une attention particulière à ses besoins propres, a donné lieu à un certain nombre de traductions anciennes qui ont, en fait, revêtu une valeur fondatrice ou normative. Parmi elles, on peut retenir notamment, outre la traduction latine de saint Jérôme devenue la Vulgate, les versions judaïques des Septante, traduction qui fut ensuite adoptée par le christianisme des targums et d'Aquila.

La version des Septante

Dès le IIIe siècle avant J.-C., les Juifs d'Alexandrie, organisés en un politeuma, entreprirent la traduction en grec, leur langue vernaculaire, de la Loi, écrite en hébreu. Des raisons qui tenaient tant à leur besoin cultuel lecture synagogale et prédication qu'à leur souci de propagande et d'apologétique les y poussèrent. La fameuse légende des soixante-dix soixante-douze traducteurs, rapportée d'abord par la Lettre d' Aristée avant de connaître une large fortune dans la littérature patristique, valut le nom de Septante à cette traduction.
Le rôle de ce texte grec de la Bible fut déterminant dans le processus d'hellénisation du monothéisme juif, véritable refonte de la culture jusque-là figée dans les modes de pensée et d'expression hébraïques, ouverture qui fit de la Septante la Bible méditerranéenne juive, puis chrétienne. Jusqu'à saint Jérôme, qui, le premier, s'employa à la détrôner, la quasi-totalité de l'Église la considéra comme son Ancien Testament. Elle avait été la Bible des auteurs du Nouveau Testament. À l'exception de la traduction syriaque, Peschitto et de la Vulgate, et encore avec des nuances, toutes les versions dites anciennes de la Bible furent réalisées à partir de la Septante, que des auteurs juifs, tel Philon, ou chrétiens, tel saint Irénée, considéraient comme inspirée. Aussi n'est-il pas surprenant que les Juifs de la Synagogue, exclusivement pharisiens après la destruction du second Temple, 70, aient qualifié le jour de la Septante de néfaste, selon une légende talmudique, les ténèbres auraient recouvert la terre en signe de châtiment et l'aient exécré à l'égal de la commémoration du veau d'or.
On traduisit d'abord les cinq premiers livres de la Loi, le Pentateuque ; puis, progressivement, les Prophètes et les Écrits. Cette tâche se poursuivit tandis que les chrétiens, qui adoptèrent d'emblée la Septante comme leur Bible, commençaient à s'organiser en Église. Sur l'origine de cette traduction, deux thèses s'affrontent. La plus classique, adoptée par les deux grandes éditions modernes de Cambridge et de Göttingen, affirme l'existence d'une Septante originaire, Ur-Text, Ur-Septuaginta, Septuaginta-Vorlage qui aurait connu le destin classique des traditions textuelles : variantes et recensions. La plus séduisante, quoique minoritaire, est la thèse du targum grec. Les Juifs d'Alexandrie auraient traduit la Loi puis les Prophètes à l'instar des targums palestiniens, traductions araméennes, d'abord orales et plus ou moins spontanées, puis écrites, fragmentaires dans un premier temps, parce que déterminées par le découpage textuel du service synagogal, et ensuite regroupant des sections entières de la Bible. En réalité, ces deux thèses ne s'excluent pas systématiquement l'une l'autre.

La Septante, pour une grande part, ne correspond pas à la conception moderne de la traduction. Véritable production biblique, elle manifeste bien des écarts par rapport au texte hébraïque réputé original. Ces plus sont de deux ordres. Plus quantitatifs : livres deutérocanoniques, Sagesse ajoutés à des livres canoniques, Daniel, Proverbes. Et plus qualitatifs : sens nouveau imputé à certains mots ; dans le Psaume XVI, par exemple, le terme fosse est rendu par corruption, ce qui permit à la lecture chrétienne du chapitre XIII des Actes des Apôtres d'y voir une prophétie de la résurrection de Jésus, ou bien, en Isaïe, VII, 14, jeune femme est traduit vierge, source du dogme évangélique de la naissance virginale de Jésus. Pour le christianisme donc, la Septante déploie les qualités conjuguées, culturelles et linguistiques, de matrice et de postérité intrabibliques.

La traduction grecque d'Aquila

Lorsque la séparation entre le judaïsme et le christianisme fut chose irréversible, les rabbins décidèrent de mettre en œuvre une traduction grecque des Écritures qui, par sa littéralité, se différenciât totalement de la vulgate grecque qu'était la version des Septante, celle-ci étant à la fois un monument de culture hellénistique et le bien propre de ces dissidents nouveaux qui s'appelaient chrétiens. Parmi les tentatives faites dans ce sens, il faut retenir surtout, au milieu du IIe siècle, la traduction d'Aquila. Elle fut utilisée par les rabbins, probablement à cause de sa fidélité littérale au texte hébraïque, mais surtout en raison de son antichristianisme : elle marquait, en effet, la rupture entre le système juif et le système chrétien. Le Talmud et les Pères la citent comme une version exemplaire pour son exactitude. D'origine grecque, du Pont, Aquila avait été baptisé, puis exclu du christianisme. Il se tourna vers le judaïsme et la tradition a fait de lui un prosélyte. Sans doute fut-il un brillant disciple du grand maître juif Aquiba, dont il semble avoir mis en œuvre, dans sa traduction, les principes d'interprétation, selon lesquels, par exemple, chacun des éléments matériellement constitutifs d'un mot hébreu, y compris l'étymologie, possède une ou plusieurs significations. Mais il est probable que Aquila n'a fait que continuer et achever une entreprise de recension grecque des textes sacrés qui avait commencé sous l'impulsion des rabbins dès la fin du Ier siècle et dont, semble-t-il, Josèphe lui-même est le témoin dans ses Antiquités juives.

Les targums

On appelle targums les traductions araméennes que les Juifs, palestiniens et babyloniens, ont faites, des siècles durant, des textes bibliques. Ainsi, un targum du Pentateuque existait probablement, peut-être même avec plusieurs variantes, dès la fin de l'ère préchrétienne. Derniers venus, les targums des Hagiographes sont très tardifs.
Le mot targum n'est pas hébraïque, ni même sémitique. D'origine hittite, il signifie annoncer, expliquer, traduire. Le traducteur officiel de la synagogue était appelé torgeman ou meturgeman.
Orales et improvisées, fragmentaires et occasionnelles vu leur finalité cultuelle, lecture synagogale, les traductions araméennes de la Bible furent très vite fixées par écrit, puis rassemblées en des blocs unitaires correspondant aux grandes unités bibliques; Pentateuque, Prophètes, etc.. Elles n'étaient pas des versions littérales. La souplesse de leur exécution permettait l'introduction aisée d'éléments d'interprétation que la piété populaire ou même des écrits parabibliques gardaient disponibles. Aussi certains passages sont-ils de vraies paraphrases. Bien plus, dans certains targums plus tardifs, on ne trouve plus rien qui, de près ou de loin, ressemble à une traduction. Dans le targum du Cantique des cantiques, par exemple, le texte biblique est lu d'un bout à l'autre comme une allégorie des relations entre Dieu et son peuple. En fait, dans la pratique targumique, le judaïsme continuait à investir les règles d'herméneutique, les réflexes de relecture et d'actualisation déjà en œuvre dans ses productions littéraires monolingues.
Plusieurs facteurs étant en cause, l'étude des targums est aujourd'hui très vivante. Les découvertes de Qumrān n'y sont pas étrangères : à côté d'un lot de fragments targumiques épars, on a trouvé un Targum de Job, ainsi qu'un ouvrage paratargumique ou prétargumique, l'Apocryphe de la Genèse, qui permet de mieux poser la question difficile des limites génériques du targum. Intervint également la découverte, en 1949, à la Bibliothèque vaticane, d'une recension complète du targum palestinien du Pentateuque, identifié en 1956, le Codex Neophiti I. Il faut mentionner aussi l'intérêt que certains spécialistes du Nouveau Testament ont apporté à cette interprétation juive de l'Écriture qui se trouve contemporaine des écrits qu'ils étudient. Enfin, les travaux philologico-historiques sur la langue de Jésus ont bénéficié de ces recherches, qu'en retour ils n'ont cessé de stimuler.

La littérature targumique existante peut se classer comme suit :

Les targums du Pentateuque : le Targum d'Onqelos ou Targum de Babylone, qui, targum officiel du Pentateuque, eut une place de choix dans le sillage du Talmud de Babylone ; son origine fut toujours discutée ; selon les avis les plus autorisés, il serait, plutôt qu'une production babylonienne, et malgré ses connivences avec des traditions mésopotamiennes, la révision en araméen littéraire d'un vieux targum palestinien. Le Pseudo-Jonathan ou Yerushalmi I , qui est authentiquement palestinien et dont le nom le plus ancien est Targum de Palestine ; très paraphrastique et composite, il contient toute une tradition ancienne de haggada et témoigne, partant, d'une exégèse contemporaine du Nouveau Testament ; sa rédaction finale est néanmoins tardive : il y est fait mention de Constantinople et de la famille de Mahomet. Un Targum fragmentaire ou Yerushalmi II : quelque huit cent cinquante versets ou débris, allant de chapitres entiers à quelques membres de phrase ou mots isolés ; de larges paraphrases s'y manifestent ; des passages très tardifs s'y mêlent à des éléments très anciens. Des Fragments de la Genizah du Caire : édités en 1930, ils représentent des traditions plus anciennes que celles du précédent. Le Codex Neophiti I, dont l'essentiel peut être daté du IIe siècle et qui est plus tardif dans son état présent, retouches rabbiniques et influences d'Onqelos.

Le targum des Prophètes : le Targum de Jonathan ben Uzziel – targum officiel des Prophètes et collection anonyme imputée à un disciple de Hillel, Ier s. ; il fut rédigé en Babylonie, entre le IIIe et le Ve siècle, à partir de matériaux d'origine palestinienne.

Les targums des Hagiographes : d'origine palestinienne pour la plupart, ils sont tardifs ; aucun n'est antérieur à la période talmudique, les seuls targums officiellement reconnus étaient les targums du Pentateuque et des Prophètes ; on peut les diviser en quatre groupes, Psaumes et Job ; Proverbes ; les Cinq Rouleaux ; les Livres des Chroniques.

La Vulgate

C'est après avoir entrepris de réviser la traduction latine du Nouveau Testament puis de traduire l'ensemble de l'Ancien Testament à partir du texte grec des Hexaples d'Origène que saint Jérôme, en 391 environ, reprit ce second projet mais en travaillant alors sur le texte original, hébreu ou araméen. Cette version juxta hebraica veritatem, en dépit des contemporains qui restèrent fidèles aux vieilles traductions latines, allait finir, au VIIIe siècle, par s'imposer universellement.
Ce n'est qu'à la fin du Moyen Âge que le terme de vulgate, vulgata editio, édition communément employée a été restreint à la traduction latine de la Bible due à saint Jérôme. Celui-ci l'employait lui-même pour désigner la traduction grecque dite des Septante ou les anciennes traductions latines.
Le concile de Trente a déclaré 8 avr. 1546 que la vieille édition de la Vulgate vetus et vulgata editio, approuvée dans l'Église par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les leçons publiques, les discussions, les prédications et les explications, et que personne ne doit avoir l'audace ou la présomption de la rejeter, sous aucun prétexte. Le contexte de ce décret montre que, parmi les éditions latines des Livres saints qui étaient en circulation, c'est la Vulgate que l'Église reconnaît comme faisant autorité.
Pie XII encyclique Divino afflante Spiritu, 30 sept. 1943 a précisé que cette authenticité n'est pas à entendre au sens critique valeur scientifique de la traduction, mais au sens juridique, en ce sens que la Vulgate est absolument exempte de toute erreur en ce qui concerne la foi ou les mœurs. Le même Pie XII et après lui le IIe concile du Vatican constitution sur la Révélation invitent à recourir aux textes originaux.
La Vulgate fut imprimée dès 1456 par Gutenberg ; d'autres éditions suivirent, Érasme, 1528. Le concile de Trente demanda une édition officielle. L'édition publiée sur l'ordre de Sixte Quint en 1590, et regardée comme définitive, fut révisée sur l'ordre de Clément VIII et publiée en 1592 ; c'est la Vulgate sixto-clémentine de nos Bibles latines.

En 1907, Pie X chargea une commission de bénédictins, de l'abbaye de Saint-Jérôme à Rome d'entreprendre une édition critique de la traduction de saint Jérôme.
Liens

http://youtu.be/2OsIvR30zOQ l'imprimerie de Guttenberg
http://youtu.be/auH_FNTNLp0 (Anglais)

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Posté le : 21/02/2014 23:52

Edité par Loriane sur 23-02-2014 00:40:00
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Antoine-Joseph Pernéty
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Le 23 février 1716, à Roanne, naît Antoine-Joseph Pernety, dit Dom Pernety,

mort à Avignon le 16 octobre 1796, bénédictin mauriste défroqué, alchimiste et écrivain.
Il se rendit célèbre en fondant en Prusse les Illuminés de Berlin puis les Illuminés d'Avignon lors de son retour en France.
Il accompagna comme aumônier l'expédition de Bougainville aux îles Malouines, puis renonça à l'état ecclésiastique. Invité par Frédéric II, il devint conservateur de la bibliothèque de Berlin. Il s'enthousiasma pour l'alchimie et la physiognomonie. De retour en France, il fonda une secte, les Illuminés d'Avignon. Son expérience d'outre-mer lui inspira le Journal historique d'un voyage aux îles Malouines en 1769 et une Dissertation sur l'Amérique et les Américains (1770), où il défend les coutumes et la pensée indigènes.


Sa vie

Neveu de l'érudit lyonnais Jacques Pernetti, il entre comme lui dans les ordres. Il avait découvert l'hermétisme, en 1757, dans la bibliothèque de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés.
Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, traducteur de Wolf et de Swedenborg, collaborateur de la Gallia christiana, auteur d'un Dictionnaire portatif de peinture, de sculpture et de gravure en 1757, Antoine Pernety est un esprit presque universel. La lecture de l'Histoire de la philosophie hermétique.

Extrêmement cultivé et érudit, en 1762-1763, il partit avec Bougainville aux îles Malouines où il reste une année en tant qu’aumônier et naturaliste.
Revenu en France, il se défroqua et se rendit pour la première fois à Avignon où il entra dans la loge des Sectateurs de la Vérité.
En 1765, Pernety à Avignon fonde son rite hermétique, sorte d'académie alchimique. La pierre philosophale qu'il recherche semble d'ailleurs bien moins une poudre de projection qu'un elixir de longue vie.
Pour fuir l'Inquisition du vice-légat d’Avignon, Grégoire Salviati, il dut s’exiler à Berlin auprès de Frédéric II de Prusse, qui le nomma conservateur de sa bibliothèque. Il put dès lors continuer ses recherches sur le Grand Œuvre et se lança dans l’étude de vieux grimoires pour découvrir le secret de la pierre philosophale.
Il se passionna pour les doctrines mystiques du suédois Emanuel Swedenborg et il fonda, avec le comte polonais Grabienka, les Illuminés de Berlin.
Surtout, il fait à Berlin la connaissance du staroste polonais Grabianka, qui lui présente l'abbé Louis-Joseph Guyton de Morveau, dit Brumore ; ce dernier lui révèle l'existence d'un personnage mystérieux nommé Élie Artiste.
Se fondant sur les théories d'Élie Artiste et sur les révélations de Swedenborg, Pernety constitue définitivement son rite hermétique, qui pratique dorénavant la théurgie et la magie divine, et permet de communiquer avec les esprits angéliques. Mais ces initiés s'adressent aussi à la Sainte Parole, sorte d'hypostase de l'Intelligence suprême, qu'ils interrogent et dont ils reçoivent des réponses.
D'illustres personnages s'affilient à la secte : Henri de Prusse, Charles Adolphe de Brühl, le futur Frédéric Guillaume II enrôlé dans les Rose-Croix d'or également, la reine de Prusse.
Son prosélytisme ne plut point au roi qui le renvoya.

Accompagné du comte, il revint à Avignon et accepta, fin 1784, l'invitation du marquis de Vaucroze, riche propriétaire terrien à Bédarrides qui se dit prêt à les accueillir chez lui, dans une de ses propriétés qui devint dès lors le Temple du Mont Thabor.
Persuadé par la Sainte Parole qu'il est l'un des annonciateurs du millénium imminent, le pontife du nouveau peuple dont Grabianka sera le roi, Pernety quitte Berlin en 1783. Brumore, ayant appris par la Sainte Parole que leur nouveau lieu de travail doit être à Avignon, s'y rend pour y constituer la secte avec La Richardière et Bouge. Grabianka s'y établit à son tour en 1785 ; y arrivent après lui Bousie et Morinval.
Brumore meurt l'année suivante, mais en 1787 la secte compte déjà une centaine de membres. Pernety, qui l'a rejointe, en établit le siège près d'Avignon, sur une petite montagne, à Bédarrides, dans la demeure du marquis Vernetti de Vaucroze, qui prend l'appellation de Thabor et dans laquelle les illuminés se mettent à pratiquer l'alchimie et les cérémonies cultuelles. Cette société n'a aucun rapport avec la maçonnerie dans son principe, mais ses rituels, par bien des côtés, ressemblent à ceux des maçons mystiques.

Dès lors, les prodiges les plus extraordinaires favorisent la société, au moins à en juger d'après les bruits répandus partout.
Charles de Suderman, convaincu de l'intérêt mystique de la secte par le baron de Staël, envoie à Avignon, en 1789, son confident Reuterholm, chambellan de la reine de Suède, ainsi que Silverhielm, capitaine des gardes du corps du roi de Suède, futur ambassadeur à Londres et neveu de Swedenborg.
En même temps, le comte de Divonne et la duchesse de Wurtemberg sollicitent l'initiation.
Mais Grabianka proteste contre le culte marial instauré par Pernety et constitue un groupe dissident appelé le Nouvel Israël, dont le chef serait Octavio Capelli, un Romain recevant des communications de l'archange Raphaël.
Grabianka initie Reuterholm à son schisme, mais l'arrestation de Capelli par l'Inquisition romaine ruine bientôt son prestige.
Quant à la société proprement dite, sa décadence se manifeste elle aussi dès 1790, à la suite des perquisitions effectuées par la légature ; en 1793, la loi des suspects disperse la plupart de ses membres. Mais Pernety, avec persévérance, continue jusqu'à sa mort à s'occuper d'alchimie.
En 1800, la société compte environ une quinzaine de membres seulement, dont Tardy de Beaufort et Chais de Sourcesol. Vernetti de Vaucroze, déçu de ne pouvoir la ressusciter, s'affilie en 1808 aux Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte. Corberon et Divonne, deux ésotéristes bien connus de l'histoire de l'illuminisme, ont fait partie des illuminés d'Avignon.

L’irruption de la Révolution française dans les états pontificaux d’Avignon et du Comtat Venaissin, dispersa les Illuminés. Arrêté, Pernety fut rapidement relâché sur l’intervention personnelle du citoyen François Poultier, représentant en mission. Il trouva refuge chez l'avocat Vincent-Xavier Gasqui qui l’installa dans son Hôtel de la place des Trois Pilats. Ce fut là qu’il décéda le 25 vendémiaire An V, soit le 16 octobre 17963.
Ses Fables égyptiennes et grecques dévoilées sont un ouvrage sur les sciences magiques et la symbolique des anciens. Il concerne l'alchimie et les éléments de la matière, les hiéroglyphes, les mythes, les dieux et toutes les représentations symboliques des anciens, l'étude de la philosophie hermétique.
Pour composer ses Fables égyptiennes et grecques, il s’inspire largement de Michael Maier, au point de garder le plan en six livres, d’Arcana Arcanissima, avec les mêmes titres qu’il traduit textuellement en français. Pernety l’explique lui-même : J’ai lu avec attention plusieurs des traités de Michaël Maïer, et ils m’ont été d’un si grand secours, que celui qui a pour titre Arcana Arcanissima, a servi de canevas à mon ouvrage… .
Dans sa Dissertation sur l'Amérique et les Américains il propose de prouver, contre le sentiment de Corneille de Pauw, que l’Amérique n’a pas été plus disgraciée de la nature que les autres parties du monde.
En son honneur est nommée une rue du 14e arrondissement de Paris, la Rue Pernety, ainsi qu'une station du métro.

Œuvres de Pernety

Manuel bénédictin, contenant l'Imitation de Jésus-Christ ;
la Règle de saint Benoist ;
les Exercices tirés de cette règle ;
et la Conduite pour la retraite du mois en 1755
Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure avec un traité pratique des différentes manières de peindre, dont la théorie est développée dans les articles qui en sont susceptibles. Ouvrage utile aux artistes, aux élèves et aux amateurs 1757 Texte en ligne
Les Fables égyptiennes et grecques dévoilées et réduites au même principe, avec une explication des hiéroglyphes et de la guerre de Troye 1758.
Réédition : La Table d'émeraude, Paris, 1982. Texte en ligne 1 2
Dictionnaire mytho-hermétique, dans lequel on trouve les allégories fabuleuses des poètes, les métaphores, les énigmes et les termes barbares des philosophes hermétiques expliqués 1758.
Réédition : Bibliotheca Hermetica, 1972 herve.delboy.perso.sfr.fr
Journal historique d'un voyage fait aux îles Malouines en 1763 et 1764 pour les reconnoître et y former un établissement et de deux voyages au détroit de Magellan avec une relation sur les Patagons 2 volumes, 1769 Texte en ligne 1 2
Discours sur la physionomie et les avantages des connoissances physionomiques 1769
Dissertation sur l'Amérique & les Américains 1769
Examen des Recherches philosophiques sur l'Amérique et les Américains, et de la Défense de cet ouvrage 1771
Les Vertus, le pouvoir, la clémence et la gloire de Marie, mère de Dieu 1790 Texte en ligne

Études sur Pernéty

Joanny Bricaud, Les Illuminés d'Avignon. Etude sur Dom Pernety et son Groupe, Paris, Librairie Critique Emile Nourry, 1927.
Jean-Paul Clébert, Guide de la Provence mystérieuse, Éd. Tchou, Paris, 1965,
Meillassoux-le Cerf, Dom Pernety et les Illuminés d'Avignon. Sainte Parole, Arche Milan, 1992, ISBN 978-8872521601
Joseph Girard, Évocation du vieil Avignon, 1958 - ré-édité Éd. de Minuit, Paris, 2000 (ISBN 2-7073-1353-X)
Serge Caillet, Dom Antoine-Joseph Pernéty, théosophe et alchimiste. Textes choisis et présentés, Signatura, 2009, 126 p.




Règles générales très instructives selon Dom Pernety

EzoOccult Alchimie > Etudes sur l'Alchimie
Règles générales très instructives selon Dom Pernety

Par Dom Pernety

Il ne faut presque jamais prendre les paroles des Philosophes à la lettre, parce que tous leurs termes ont double entente, & qu’ils affectent d’employer ceux qui sont équivoques. Ou s’ils font usage des termes connus & usités dans le langage ordinaire (Geber, d’Espagnet, & plusieurs autres.), plus ce qu’ils disent paraît simple, clair & naturel, plus il faut y soupçonner de l’artifice. Timeo Danaos, & dona ferentes. Dans les endroits au contraire où ils paraissent embrouillés, enveloppés, & presque inintelligibles, c’est ce qu’il faut étudier avec plus d’attention. La vérité y est cachée.

Pour mieux découvrir cette vérité, il faut les comparer les uns avec les autres, faire une concordance de leurs expressions & de leurs dires, parce que l’un laisse échapper quelquefois ce qu’un autre a omis à dessein (Philalèthe.). Mais dans ce recueil de textes, on doit bien prendre garde à ne pas confondre ce que l’un dit de la première préparation, avec ce qu’un autre dit de la troisième. Avant de mettre la main à l’œuvre, on doit avoir tellement combiné tout, que l’on ne trouve plus dans les livres des Philosophes (Zachaire.) aucune chose qu’on ne soit en état d’expliquer par les opérations qu’on se propose d’entreprendre. Il faut pour cet effet être assuré de la matière que l’on doit employer ; voir si elle a véritablement toutes les qualités & les propriétés par lesquelles les Philosophes la désignent, puisqu’ils avouent qu’ils ne l’ont point nommée par le nom sous lequel elle est connue ordinairement. On doit observer que cette matière ne coûte rien, ou peu de choses ; que la médecine, que le Philalèthe (Enarr. Meth. Trium. Gebr. medic.), après Geber, appelle médecine du premier ordre, ou la première préparation se parfait sans beaucoup de frais, en tout lieu, en tout temps, par toutes sortes de personnes, pourvu qu’on ait une quantité suffisante de matière.

La Nature ne perfectionne les mixtes que par des choses qui sont de même nature (Cosmopolite.) ; on ne doit donc pas prendre du bois pour perfectionner le métal. L’animal engendre l’animal, la plante produit la plante, & la nature métallique les métaux. Les principes radicaux du métal sont un soufre & un argent-vif, mais non les vulgaires ; ceux-ci entrent comme complément, comme principes mêmes constituants, mais comme principes combustibles, accidentels & séparables du vrai principe radical, qui est fixe & inaltérable. On peut voir sur la matière ce que j’en ai rapporté dans son article, conformément à ce qu’en disent les Philosophes.

Toute altération d’un mixte se fait par dissolution en eau ou en poudre, & il ne peut être perfectionné que par la séparation du pur d’avec l’impur. Toute conversion d’un état à un autre se fait par un agent, & dans un temps déterminé. La nature n’agit que successivement ; l’Artiste doit faire de même.

Les termes de conversion, dessiccation, mortification, inspissation, préparation, altération, ne signifient que la même chose dans l’Art Hermétique. La sublimation, descension, distillation, putréfaction, calcination, congélation, fixation, cération, sont, quant à elles-mêmes, des choses différentes ; mais elles ne constituent dans, l’œuvre qu’une même opération continuée dans le même vase. Les Philosophes n’ont donné tous ces noms qu’aux différentes choses ou changements qu’ils ont vu se passer dans le vase. Lorsqu’ils ont aperçu la matière s’exhaler en fumée subtile, & monter au haut du vase, ils ont nommé cette ascension, sublimation. Voyant ensuite cette vapeur descendre au fond du vase, ils l’ont appelée descension, distillation. Morien dit en conséquence : toute notre opération consiste à extraire l’eau de sa terre, & à l’y remettre jusqu’à ce que la terre pourrisse & se purifie. Lorsqu’ils ont aperçu que cette eau, mêlée avec sa terre, se coagulait ou s’épaississait, qu’elle devenait noire & puante, ils ont dit que c’était la putréfaction, principe de génération. Cette putréfaction dure jusqu’à ce que la matière soit devenue blanche.

Cette matière étant noire, se réduit en poudre lorsqu’elle commence à devenir grise ; cette apparence de cendre a fait naître l’idée de la calcination, incération, incinération, déalbation & lorsqu’elle est parvenue à une grande blancheur, ils l’ont nommée calcination parfaite. Voyant que la matière prenait une consistance solide, qu’elle ne fluait plus, elle a formé leur congélation, leur induration ; c’est pourquoi ils ont dit que tout le magistère consiste à dissoudre & à coaguler naturellement.

Cette même matière congelée, & endurcie de manière qu’elle ne se résolve plus en eau, leur a fait dire, qu’il fallait la sécher & la fixer ; ils ont donc donné à cette prétendue opération, les noms de dessiccation, fixation, cération, parce qu’ils expliquent ce terme d’une union parfaite de la partie volatile avec la fixe sous la forme d’une poudre ou pierre blanche.

Il faut donc regarder cette opération comme unique, mais exprimée en termes différents. On saura encore que toutes les expressions suivantes ne signifient aussi que la même chose. Distiller à l’alambic, séparer l’âme du corps ; brûler ; aquéfier, calciner ; cérer ; donner à boire ; adapter ensemble ; faire manger ; assembler ; corriger ; cribler ; couper avec des tenailles ; diviser ; unir les éléments ; les extraire ; les exalter ; les convertir ; les changer l’un dans l’autre ; couper avec le couteau, frapper du glaive, de la hache, du cimeterre ; percer avec la lance, le javelot, la flèche ; assommer ; écraser ; lier ; délier ; corrompre ; folier ; fondre ; engendrer ; concevoir ; mettre au monde ; puiser ; humecter ; arroser ; imbiber ; empâter ; amalgamer ; enterrer ; incérer ; laver ; laver avec le feu ; adoucir ; polir ; limer ; battre avec le marteau ; mortifier ; noircir ; putréfier ; tourner au tour ; circuler ; rubéfier ; dissoudre ; sublimer ; lessiver ; inhumer, ressusciter, réverbérer, broyer ; mettre en poudre ; piler dans le mortier ; pulvériser sur le marbre, & tant d’autres expressions semblables : tout cela ne veut dire que cuire par un même régime, jusqu’au rouge foncé. On doit donc se donner de garde de remuer le vase, & de l’ôter du feu ; car si la matière se refroidissait, tout serait perdu.

Les Fables Egyptiennes et Grecques. Dévoilées & réduites au même principe, avec une explication des Hiéroglyphes et de la Guerre de Troye. Par Dom Antoine-Joseph Pernety, Religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur. Populum Fabulis pascebant Sacerdotes Ægyptii ; ipsi autem sub nomimbus Deorum patriorum philosophabantur. Orig.l. i. Contra Celsum.

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http://youtu.be/OYqkLCrUpH4 EDIZIONI ALL' INSEGNA DEL VELTRO presenta LE FAVOLE EGIZIE E GRECHE di D. A. G. PERNETY

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Posté le : 21/02/2014 22:27

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Sainte-Sophie de Constantinople
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Le 23 février 532, La basilique Sainte-Sophie d'Istambul est reconstruite. A peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la Sagesse Divine.

La basilique Sainte-Sophie du grec Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía, qui signifie "sainte Sagesse", "Sagesse Divine", nom repris en turc sous la forme Ayasofya est une ancienne église chrétienne de Constantinople du VIe siècle, devenue une mosquée au XVe siècle sous l'impulsion du sultan Mehmed II.
Elle est édifiée sur la péninsule historique d'Istanbul. Depuis 1934, elle n'est plus un lieu de culte mais un musée. Son esplanade est à la mesure de la gloire de Byzance. Souvent surnommée la Grande Église, la basilique est dédiée au Christ, Sagesse de Dieu, selon la tradition théologique chrétienne.
La dédicace du sanctuaire est célébrée le 25 décembre.


Histoire, Les premières basiliques

La première basilique consacrée à la Sagesse Divine : Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía a été voulue par l'empereur Constantin en 330, après sa conversion au christianisme. Elle fut probablement érigée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon, sur une colline surplombant la mer de Marmara. C'est l'empereur Constance II qui consacra ce premier édifice, le 15 février 360.
C'était alors la plus grande église de la ville, elle était communément appelée Μεγάλη Ἐκκλησία, Megálē Ekklēsíā, la Grande Église. On suppose qu'il s'agissait d'un bâtiment en pierre au toit de bois.
Au début du ve siècle, l'empereur Flavius Arcadius ratifia la déposition et l'exil de l'archevêque de Constantinople saint Jean Chrysostome, à la suite d'un bras de fer avec le patriarche Théophile d'Alexandrie que Jean avait été chargé de juger. L'édifice fut alors incendié lors d'une émeute en 404.
Il fut reconstruit en 415 par l'empereur Théodose II.
Le bâtiment retrouva un plan basilical classique sous la direction de l'architecte Roufinos. La basilique fut consacrée le 8 octobre 415. Un siècle plus tard, elle subit une nouvelle fois le même sort funeste, le 13 janvier 532 pendant la sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours.
Des vestiges subsistent devant le mur ouest de l'édifice actuel depuis 1935. De ces ruines, on distingue un escalier de cinq marches accédant à un portique, et trois portes vers le narthex. Le bâtiment faisait 60 mètres de large.
Après les émeutes de Nika en 532, l'empereur Justinien entreprend de refonder l'édifice dont il pose lui-même la première pierre.

L'église de Justinien, bâtiment actuel

Coupe de Sainte-Sophie

Le 23 février 532, à peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la Sagesse Divine.
Justinien choisit pour architectes le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémius de Tralles, qui mourut au bout d'un an.
Les architectes dessinèrent un bâtiment inspiré du Panthéon de Rome et de l'art chrétien primitif d'Occident. Ce style, qui a également subi, dans d'autres bâtiments, des influences iraniennes, sassanides, est aujourd'hui qualifié de byzantin.
Ce style byzantin a inspiré, à son tour, des architectes arabes, vénitiens et ottomans. La construction de l'église est décrite par l'historien byzantin Procope de Césarée, dans son ouvrage Sur les monuments, Περὶ κτισμάτων, De Ædificiis.
L'empereur avait fait venir des matériaux de tout l'Empire : des colonnes hellénistiques du temple d'Artémis à Éphèse, du porphyre d'Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d'autres de couleur jaune en provenance de Syrie. Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction.
La nouvelle église apparut immédiatement comme une œuvre majeure de l'architecture, le reflet des idées créatives des deux architectes. Il est possible que ceux-ci se soient inspirés des théories de Héron d'Alexandrie, dans la réalisation d'un dôme aussi considérable, couvrant un si large espace entièrement dégagé.
Elle n'a plus alors son plan basilical pour un plan byzantin très sophistiqué et particulier. L'empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537, avec le patriarche Mennas, avec faste et solennité. La construction ne prit que 5 années et 10 mois. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l'empereur Justin II en 565-578.
Des tremblements de terre, en août 553 et le 14 décembre 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l'abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s'écroula sur l'ambon, l'autel et le ciborium, les détruisant entièrement. L'empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, fils d'Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l'édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m2.
Cette reconstruction donna à l'église sa forme définitive, qui remonte donc au milieu du vie siècle. Pour cette nouvelle consécration, présidée par le patriarche de Constantinople Eutychius, le 23 décembre 562, le poète byzantin Paul le Silentiaire composa un long poème épique connu aujourd'hui sous le nom d'Ecphrasis.
Sainte-Sophie était le siège du patriarche orthodoxe de Constantinople et le lieu d'accueil principal des cérémonies impériales byzantines, comme le couronnement des empereurs. L'église jouait aussi le rôle de lieu d'asile pour les malfaiteurs.
En 726, l'empereur Léon l'Isaurien instaura un certain nombre d'édits contre la vénération des images. Il ordonna à l'armée de détruire les icônes, inaugurant ainsi la période , durant laquelle Sainte-Sophie fut vidée de toute représentation peinte ou sculptée.
Après un bref répit sous l'impératrice Irène, le mouvement reprit de l'ampleur : l'empereur Théophile en829-842, très influencé par les conceptions de l'art islamique, interdit les images sculptées. Une double porte de bronze portant son monogramme fut installée à l'entrée sud de l'église.
En 740, un nouveau séisme fit beaucoup de dégâts au point que l'Église orthodoxe d'Orient a décidé de commémorer tous les 26 octobre le jour du grand et effrayant tremblement de terre.
L'église souffrit fortement d'abord d'un incendie en 859, puis d'un nouveau séisme le 8 janvier 869, qui provoqua l'écroulement de la moitié de la coupole. L'empereur Basile Ier fit les réparations nécessaires.
Le 25 octobre 989, une nouvelle secousse, très importante, détruisit encore la coupole. L'empereur Basile II chargea l'architecte arménien Trdat, créateur des grandes églises d'Ani et Agine, de restaurer le dôme3. Ces réparations de grande ampleur, qui touchèrent aussi bien l'arche occidentale que la moitié de la coupole, durèrent six ans. L'église rouvrit ses portes le 13 mai 994.
Dans son livre De caerimoniis aulae Byzantinae Livre des Cérémonies, l'empereur Constantin VII Porphyrogénète, 913-919 donne tous les détails sur les cérémonies célébrées à Sainte-Sophie, tant par l'empereur que par le patriarche.

L'occupation latine

Inscription du xixe siècle, marquant, dans la basilique, l'emplacement de la tombe d'Enrico Dandolo, doge de Venise, responsable du sac de Constantinople, en 1204, au cours de la Quatrième croisade.
À la suite du siège de Constantinople, en 1204, au cours de la Quatrième croisade, l'église fut mise à sac par les Latins chrétiens. L'historien byzantin Nicétas Choniatès a décrit la prise de la ville : des reliques conservées dans l'église, comme un fragment de la tombe de Jésus ou le lait de la Vierge Marie, le linceul de Jésus, des ossements de différents saints furent disséminés vers un grand nombre d'églises occidentales. Durant l'occupation latine de Constantinople (1204–1261), la basilique devint une cathédrale catholique. Baudouin VI de Hainaut fut couronné empereur le 16 mai 1204 à Sainte-Sophie, observant au plus près les rites byzantins en usage. Le doge de Venise Enrico Dandolo, qui commanda le sac de la ville en 1204, est probablement enterré dans la basilique. La plaque qui marque l'emplacement supposé de sa tombe ne date que du XIXe siècle.
Lors de la reprise de la ville par les Byzantins en 1261, ceux-ci trouvèrent la basilique ravagée. C'est probablement à cette époque que furent ajoutés les arcs-boutants du côté ouest. En 1317, l'empereur Andronic II Paléologue fit construire quatre nouveaux arcs-boutants à l'est et au nord. Après de nouveaux dégâts causés dans le dôme par un nouveau séisme en octobre 1344, d'autres parties du bâtiment s'écroulèrent le 19 mai 1346. L'église ne put rouvrir ses portes qu'en 1354, une fois les réparations menées à bien par les architectes Astras et Peralta.

La mosquée de l'époque ottomane

Fontaine Şadirvan pour les ablutions rituelles
En 1453, immédiatement après la chute de Constantinople par les Ottomans, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya4, comme symbole de la conquête. À cette époque, le bâtiment était très délabré : plusieurs de ses portes ne tenaient plus. Cet état de la basilique a été décrit par plusieurs visiteurs occidentaux, comme le gentilhomme cordouan Pero Tafur5 et le Florentin Cristoforo Buondelmonti6. Le sultan Mehmed II ordonna le nettoyage immédiat de l'église et sa conversion en une mosquée. Contrairement aux autres mosaïques et peintures murales des églises de la ville, la mosaïque de Marie dans l'abside de Sainte-Sophie ne fut pas, pour des raisons obscures, recouverte de lait de chaux par ordre de Mehmed II7. Pendant cent ans, elle fut couverte d'un voile puis eut le même traitement que les autres7. Le sultan suivant, Bajazed II, fit ériger un nouveau minaret, en remplacement de celui construit par son père.

Le mihrab, dirigé vers La Mecque, flanqué des deux chandeliers colossaux de Soliman le Magnifique. Il est situé dans l'abside, à l'emplacement de l'autel.
Au xvie siècle, le sultan Soliman le Magnifique, 1520-1566 rapporta deux chandeliers colossaux de sa conquête de la Hongrie. Ils furent placés de chaque côté du mihrab. Mais au cours du règne de Sélim II, 1566-1577, le bâtiment commença à montrer des signes de fatigue et dut être stabilisé par l'ajout de contreforts externes massifs. Ces travaux d'envergure furent accomplis par le grand architecte ottoman Sinan, qui construisit les deux autres grands minarets de l'extrémité ouest du bâtiment, la loge originale du sultan et le mausolée de Sélim II, au sud-est, en 1577.
Les mausolées de Murad III et Mehmed III furent construits à ses côtés dans les années 1600.
D'autres additions ont été réalisées plus récemment, comme le minbar estrade pour les sermons décoré de marbres, et la loggia pour le muezzin. Le sultan Murad III en 1574-1595 plaça des deux côtés de la nef les deux grandes urnes hellénistiques en albâtre, transportées depuis Pergame.
Le sultan Mahmud Ier ordonna la restauration de l'édifice en 1739 et ajouta une médersa, une école coranique, actuellement la bibliothèque du musée, une soupe populaire, pour la distribution aux pauvres, une bibliothèque et, en 1740, une fontaine d'ablutions rituelles, Şadirvan, transformant ainsi le bâtiment en un külliye, c'est-à-dire un vaste complexe social. Dans le même temps furent construits une nouvelle galerie pour le sultan, ainsi qu'un nouveau mihrab.
La mieux connue des restaurations de Sainte-Sophie fut celle menée entre 1847 et 1849 par le sultan Abdülmecid, accomplie par plus de 800 ouvriers dirigés par deux architectes italo-suisses, les frères Gaspare et Giuseppe Fossati.
Les travaux portèrent sur la consolidation de la coupole et des voûtes, le redressement des colonnes et la révision de la décoration intérieure et extérieure. Les mosaïques de la galerie furent nettoyées.
Les anciens lustres furent remplacés par de nouvelles suspensions plus facilement accessibles. Des panneaux circulaires gigantesques furent accrochés aux quatre piliers centraux, inscrits des noms d'Allah, du prophète Mahomet et des quatre premiers califes Abu Bakr, Omar, Uthman et Ali, ainsi que de ceux des deux petits-enfants de Mahomet : Hassan et Hussein, par le calligraphe Kazasker İzzed Effendi 1801-1877.
En 1850, les Fossati construisirent une nouvelle galerie du sultan dans le style néo-byzantin, reliée au pavillon royal situé derrière la mosquée.
À l'extérieur du bâtiment furent érigés un nouveau bâtiment pour le gardien du temps et un nouveau medrese. Les minarets furent modifiés de manière à égaliser leurs hauteurs respectives. La restauration achevée, la mosquée fut rouverte dans de fastueuses cérémonies, le 13 juillet 1849.

La République de Turquie

En 1918, les Turcs, dont le pays est occupé par les puissances de l'Entente à l'issue de la Première Guerre mondiale, projettent de dynamiter Sainte-Sophie. À son arrivée au pouvoir, Mustafa Kemal Atatürk décide de poursuivre la restauration de Sainte-Sophie. La direction des travaux est attribuée au Byzantine Institute of America en 1931.
En 1934, Atatürk désaffecte le lieu du culte pour l'offrir à l'humanité, il fait décrocher les grands panneaux circulaires portant le nom d'Allah, de Mahomet et des califes : Sainte-Sophie devient un musée.
Pour l'historien Edhem Eldem, cette transformation incarne la laïcisation du pays et la promotion de l'universalisme occidental.
En 1951, le gouvernement Menderes fait remettre en place les grands panneaux aux caractères arabes portant les noms d'Allah et de Mahomet, retirés par Atatürk.
En 1993, une mission de l'UNESCO en Turquie constate plusieurs altérations : le plâtre s'effrite, la pollution a sali les parements de marbre, des fenêtres sont cassées, des peintures décoratives sont endommagées par l'humidité, le toit en plomb est vétuste.
Les efforts de restauration de l'édifice sont renforcés et continuent à ce jour.
Le long héritage de Sainte-Sophie, successivement basilique chrétienne, mosquée et musée très fréquenté, pose un défi délicat en termes de restauration. L'héritage iconographique de mosaïques chrétiennes est progressivement dévoilé mais des créations artistiques musulmanes doivent être détruites pour les mettre au jour.
Les restaurateurs tentent d'offrir au visiteur le meilleur des deux expressions artistiques et religieuses.
En 2012, une centaine de militants issus du Parti de la grande unité, un groupuscule islamiste et nationaliste violent font campagne pour que le musée redevienne une mosquée, notamment en organisant une prière musulmane sous la coupole byzantine.
En 2013, Bülent Arınç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan déclare envisager que cette transformation ait lieu. À cet effet, une commission parlementaire a été créée.

Architecture Intérieur de Sainte-Sophie

Colonne de porphyre rouge, cerclée de métal
Sainte-Sophie est l'un des plus grands exemples de l'architecture byzantine. Sa décoration intérieure, ses mosaïques, ses colonnes de porphyre et sa couverture en coupole sont d'une immense valeur artistique. Justinien a lui-même supervisé l'achèvement de la basilique, la plus grande jamais construite à ce moment, qui devait rester la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales de l'Antiquité tardive et le premier chef-d'œuvre de l'architecture byzantine.
Son influence s'est exercée profondément et de manière durable, sur l'architecture orthodoxe orientale, mais tout autant sur celles de l'Église catholique et du monde musulman.
Les plus hautes colonnes atteignent 20 mètres, et un diamètre d'au moins 1,50 m. Elles sont constituées de différents granites, marbres, porphyres, et l'on peut calculer que les plus importantes pèsent au moins 70 tonnes. Huit d'entre elles, d'ordre corinthien, ont été transportées depuis les temples de Baalbek.
La structure interne est complexe. La nef principale est couverte d'un dôme central d'un diamètre maximal de 31,25 m, un quart plus petit environ que la coupole du Panthéon de Rome, et d'une hauteur maximale de 55,60 m au-dessus du sol.
Toutes les surfaces intérieures sont plaquées de marbres polychromes, avec des porphyres rouges et verts et des mosaïques d'or qui couvrent la structure de mortier et de brique. Les gros piliers centraux se trouvent ainsi camouflés et leur aspect considérablement allégé.
À l'extérieur, on eut recours au simple stucage des murs, qui révélait le dessin des voûtes et des coupoles. Le revêtement externe jaune et rouge a été ajouté par l'architecte Fossati au cours de sa restauration de la basilique, au XIXe siècle.

Coupole

La coupole ornée autrefois d'un Christ Pantocrator.
La coupole semble ne reposer sur aucun appui solide, mais flotter en apesanteur au-dessus de sa galerie d'arcades ininterrompues de 40 fenêtres qui contribuent largement à inonder de lumière l'intérieur polychrome de la basilique. Les réparations successives au cours de l'histoire ont fait perdre au dôme sa base circulaire parfaite : elle apparaît aujourd'hui comme quelque peu elliptique et irrégulière, d'un diamètre variant de 31,24 m à 30,86 m.
La coupole est assise sur quatre pendentifs triangulaires concaves, solution déjà appliquée par les architectes romains dans des constructions de moindre ampleur, bien connue sous les noms de rachat du plan carré ou rachat de l'octogone, classique dans les constructions byzantines et postérieures. Dans le cas de Sainte-Sophie, les pendentifs reportent les forces exercées par la coupole sur quatre piliers massifs disposés aux quatre angles et contrebutés par des demi-coupoles à l'est abside et à l'ouest, entrée du bâtiment.
Il n'en est pas de même des côtés nord et sud, où les arcs sont seulement fermés par de hauts murs en demi-cercle ajourés de nombreuses petites fenêtres. Cette disposition bilatérale est la cause directe de tous les désordres que la basilique a connus tout au long de son histoire, au point qu'il a fallu, à l'époque ottomane, doter le bâtiment d'énormes contreforts, bien visibles de l'extérieur.
Mehmet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, fit recouvrir l'image du Christ Pantocrator qui ornait la coupole et la remplaça par une calligraphie et cacha les visages des anges qui la soutiennent. Un seul a été restauré dans son état initial.
Les architectes ottomans, Sinan et ses successeurs, ont montré aux yeux de tous que le contrebutement équilibré, soit par des contreforts suffisamment robustes et écartés, mosquée Süleymaniye, soit par un plan octogonal supportant beaucoup mieux les forces verticales, mosquée Selimiye d'Andrinople, soit encore par des demi-coupoles sur les quatre côtés, Mosquée bleue, apporte à ce problème une solution aussi mathématique que définitive. Apparemment, l'architecte de Sainte-Sophie tenait à conserver un plan basilical en longueur partagé par un seul axe de symétrie, au lieu du plan à deux axes croisés adopté pour les constructions d'époque ottomane.

Éléments d'architecture hellénistique
De nombreux éléments d'architecture ou décoratifs comme certains panneaux de marbre, colonnes ou chapiteaux sont des réemplois provenant de ruines antiques.

Jarre de pierre, provenant de Pergame

La "belle porte" Güzel Kapı
Les deux grandes jarres de marbre ou d'onyx appartiennent à la période hellénistique. Ces énormes vases monolithes furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Murad III. La porte de bronze marquant l'entrée latérale dans le narthex au sud-ouest, dite la belle porte, Güzel Kapı, provient d'un temple grec, probablement de la ville de Tarsus.

Réservée à l'empereur, la porte impériale était la porte principale d'entrée de la basilique, entre l'exonarthex et l'ésonarthex. Sa partie supérieure est ornée d'une mosaïque byzantine représentant le Christ et l'empereur Léon VI le Sage.
Une longue rampe, à partir de la partie nord du narthex extérieur, mène à la galerie supérieure.

La galerie supérieure, traditionnellement réservée à l'impératrice et à sa cour, présente la forme d'un fer à cheval qui entoure la nef jusqu'à l'abside. Les mosaïques les mieux conservées sont situées dans la partie sud de la galerie.

La loge de l'impératrice est située dans le centre de la galerie supérieure. De là, l'impératrice et les dames de la cour dominaient les cérémonies. Une pierre verte marque l'emplacement du trône de l'impératrice

La porte de marbre est située au sud de la galerie supérieure : elle était utilisée par les membres du synode.

Mosaïques et autres éléments décoratifs

À l'origine, du temps de Justinien, le décor intérieur était composé de motifs abstraits de placage de marbre sur les murs et, sur les courbes des voûtes, de mosaïques, parmi lesquelles subsistent celles des deux archanges Gabriel et Michael, sur les tympans de la tribune, bêma. Mais on trouvait déjà en ce temps-là quelques décorations figuratives, comme en témoigne l'éloge funèbre de Paul le Silentiaire.
Les tympans de la galerie sont revêtus d'opus sectile, figurant des fleurs et des oiseaux en tessères de marbre blanc découpées avec précision, sur fond de marbre noir. Au cours des époques ultérieures ont été ajoutées des mosaïques figuratives, détruites durant la période iconoclaste, 726-843.
Nombre d'objets précieux ou miraculeux, reliques, icônes vinrent enrichir progressivement le fabuleux trésor de la basilique. Une quantité de mosaïques et autres décors figuratifs furent ajoutés dans la seconde moitié du IXe siècle, notamment une célèbre image du Christ dans la coupole centrale, d'autres de saints orthodoxes, de prophètes, de Pères de l'Église et de figures historiques liées à l'Église orthodoxe, comme le patriarche Ignace de Constantinople ou encore des scènes de l'Évangile dans les galeries.

Mosaïques

Mosaïques à motifs géométriques, galerie supérieure
Au cours des siècles, l'église fut décorée de riches mosaïques, figurant la Vierge Marie, Jésus, les saints, ou bien des empereurs et impératrices, ou encore de motifs géométriques dans un style purement décoratif.
En 1204, lors de la Quatrième croisade, les Croisés latins saccagèrent les objets de valeur dans tous les grands édifices byzantins de la ville, y compris l'or des mosaïques de Sainte-Sophie. Beaucoup de ces objets furent envoyés à Venise par le doge Enrico Dandolo, qui avait organisé l'invasion et le pillage de Constantinople.
À la suite de la conversion du bâtiment en mosquée, en 1453, bon nombre des mosaïques furent recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans Islam de représenter des scènes figuratives. Ce processus ne fut pas accompli d'un seul coup, et des rapports existent depuis le xviie siècle dans lesquels des voyageurs déclarent avoir vu des images chrétiennes dans l'ancienne basilique.
En 1847-1849, le bâtiment fut restauré par deux frères suisses, Gaspare et Giuseppe Fossati, qui obtinrent du sultan Abdülmecid la permission de relever toutes les mosaïques qu'ils seraient amenés à découvrir au cours des travaux.
Toutefois, il n'était pas prévu de les restaurer, et même, les Fossati durent masquer à la peinture certaines figures qu'ils venaient de relever en détail : c'est le cas des visages de deux mosaïques de séraphins découvertes au cours des travaux sur les pendentifs, au centre de l'édifice.
Les deux autres figures de séraphins symétriques des pendentifs n'ont pas été retrouvées par les Fossati, qui les ont entièrement recréées. Dans d'autres cas, les Fossati se sont efforcés de combler à la peinture les parties de mosaïques endommagées, au point de parfois les redessiner complètement.
Les archives des Fossati sont parfois les uniques sources de mosaïques aujourd'hui disparues, vraisemblablement détruites par un violent tremblement de terre, en 1894. Parmi celles-ci figurait une grande mosaïque du Christ pantocrator sur le dôme, une mosaïque au-dessus d'une porte des Pauvres non identifiée, une grande image d'une croix incrustée de pierres précieuses et un grand nombre d'images d'anges, de saints, de patriarches, et de pères de l'Église.
La plupart des images manquantes se trouvaient sur les deux tympans. Les Fossati ajoutèrent un minbar, chaire, ainsi que les quatre grands médaillons sur les murs de la nef, portant les noms de Mahomet et des premiers califes de l'islam.

Mosaïques de la Porte impériale

Les mosaïques de la Porte impériale ornent le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur.
D'après leur style, on peut les dater de la fin du IXe siècle ou du début du Xe. L'empereur représenté avec un halo ou nimbe pourrait être Léon VI le Sage ou son fils Constantin VII Porphyrogénète : il s'incline devant le Christ Pantocrator, assis sur un trône incrusté de pierres précieuses et donnant sa bénédiction, la main gauche sur un livre ouvert.
On peut lire sur le livre : EIPHNH YMIN. EΓΩ EIMI TO ΦΩC TOY KOCMOY. La paix soit avec vous. Je suis la Lumière du monde.Jean 20:19; 20:26; 8:12.
IXLes deux médaillons, de chaque côté des épaules du Christ, figurent, à sa gauche, l'archange Gabriel, tenant une houlette, et à sa droite, sa mère, Marie. L'ensemble forme ainsi la scène de l'annonciation. Cette mosaïque exprime le pouvoir temporel conféré par le Christ aux empereurs byzantins.

Mosaïques de l'entrée sud-ouest

La Vierge et l'Enfant, entourés de Justinien et Constantin
Les mosaïques du tympan de l'entrée sud-ouest datent de 944. Elles furent redécouvertes lors des restaurations de Fossati, en 1849. La Vierge est assise sur un trône sans dossier décoré de pierres précieuses. L'Enfant Jésus est assis sur ses genoux, donnant sa bénédiction et tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur sa gauche se tient l'empereur Constantin, en costume de cérémonie, présentant à Marie un modèle de la ville. L'inscription à son côté dit : KΩNCTANTINOC O EN AΓIOIC MEΓAC BACIΛEY Constantin, le grand basileus parmi les saints. À son côté droit se tient l'empereur Justinien, offrant un modèle de Sainte-Sophie, avec l'inscription : IOYCTINIANOC O AOIΔIMOC BACIΛEYC, Justinien, le basileus digne d'être chanté. Les médaillons, des deux côtés de la tête de la Vierge, portent les monogrammes MP et ΘY, abréviation de MHTHP ΘEOY, Mère de Dieu.

Mosaïques de l'abside

La Théotokos la Vierge et l'Enfant Jésus
La mosaïque de la Théotokos, la Vierge et l'Enfant est la première mosaïque de la période post-iconoclaste.
Elle a été inaugurée le 29 mars 867 par le patriarche Photius et les empereurs Michel III et Basile Ier. Cette mosaïque est située très en hauteur, dans la demi-coupole de l'abside. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l'enfant Jésus sur ses genoux.
Ses pieds reposent sur un piédestal. Tant le socle que le trône sont ornés de pierres précieuses. Ces mosaïques sont considérées comme une reconstruction des mosaïques du vie siècle qui furent détruites au cours de la période iconoclaste. Les figures des mosaïques sont disposées sur le fond d'or original du VIe siècle.
Les portraits des archanges Gabriel et Michel, en grande partie détruits, sur le bêma de l'arche, datent également du IXe siècle.

Mosaïque de l'empereur Alexandre Mosaïque d'Alexandre III

La mosaïque de l'empereur Alexandre est assez difficile à trouver, cachée dans un coin très sombre du plafond du deuxième étage.
Elle représente l'empereur Alexandre III, AΛEΞANΔPOC, dans son manteau impérial, tenant un rouleau dans sa main droite et un orbe, ou globus cruciger dans la gauche. Un dessin de Fossati montre que la mosaïque a survécu jusqu'en 1849, et on pensait qu'elle avait été détruite dans le tremblement de terre de 1894. Elle fut redécouverte en 1958, sous une simple couche de peinture.
Mosaïque de l'impératrice Zoé

Mosaïque de l'impératrice Zoé

Cette mosaïque de la galerie sud date du xie siècle. Le Christ Pantocrator, vêtu d'une robe bleu foncé (comme c'est l'usage dans l'art byzantin), est assis au milieu, sur fond d'or, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. De chaque côté de son visage sont disposés les monogrammes IC et XC, pour IHCOYC XPICTOC Iēsous Khristos. Il est flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l'impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. L'empereur présente une bourse qui rappelle le don qu'il a fait à l'église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation, portant ces mots : KΩNCTANTINOC EN X, PICT, Ω TΩ Θ, ΕΩ ΠICTOC BACIΛEYC Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu. L'inscription du côté de l'empereur dit : KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω AYTOKPATΩP ΠICTOC BACIΛEYC PΩMAIΩN O MONOMAXOC « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu, roi des Romains, Monomaque. L'inscription de l'impératrice se lit comme suit : ZΩH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA Zoé, la très pieuse Auguste. Ni le visage, ni le nom de l'empereur ne sont ceux d'origine. Il est possible que la mosaïque ait d'abord représenté le premier mari de Zoé, Romain III Argyre, ou son fils adoptif, Michel IV le Paphlagonien.

Mosaïque des Comnène

Mosaïque d'Alexis Comnène pilier droit
La mosaïque des Comnène est située, elle aussi, sur le mur oriental du côté sud de la galerie. Elle a été exécutée après 1122. La Vierge Marie MP ΘY est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l'art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l'empereur Jean II Comnène, IΩ, ANNHC EN X, PICT,Ω TΩ Θ,E, Ω ΠICTOC BACIΛEYC ΠOPΦYPOΓENHTOC, AYTOKPATΩP PΩMAIΩN O KOMNHNOC « Jean, pieux empereur dans le Christ Dieu, Porphyrogénète, roi des Romains, Comnène est représenté dans un costume brodé de pierreries. Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église. L'impératrice Irène de Hongrie EIPHNH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA Irène, la très pieuse Auguste, se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le coempereur Alexis Comnène, AΛEΞIOC EN X, PICTΩ ΠI, CTOC BACIΛEYC PΩMAI, ΩN Alexis, dans le Christ, pieux empereur des Romains, est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose. On peut comparer ce groupe avec la mosaïque de l'impératrice Zoé, qui lui est antérieure d'un siècle, et voir l'évolution : l'expression des portraits se trouve maintenant plus réaliste, autrement dit, moins idéalisée. L'impératrice a des cheveux blonds tressés, des joues roses et des yeux gris, propres à montrer ses origines hongroises. L'empereur est représenté dans la dignité.

Mosaïque de la déisis

La déisis : la Vierge et Jean-Baptiste implorent le Christ
La mosaïque de la Déisis grec Δέησις : supplication date probablement de 1261. C'est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure.
Cette mosaïque est considérée comme un chef-d'œuvre pour la douceur des traits et de l'expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l'art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens des fin XIIIe-XIVe siècles, comme Duccio. La Vierge Marie, MP ΘΥ, et Jean-Baptiste, O AΓIOC IΩ. O ΠPOΔPOMOC : saint Jean Prodromos, tous deux de trois-quarts, implorent l'intercession du Christ pantocrator, IC XC, pour les péchés de l'humanité lors du Jour du jugement. La partie inférieure de la mosaïque est très détériorée, probablement à cause de la pluie venant de la fenêtre voisine.

Mosaïques du tympan septentrional

Les mosaïques du tympan nord, situées très en hauteur, figurent quelques saints personnages, parmi lesquels on reconnaît saint Jean Chrysostome, IΩANNHC O XPYCOCTOMOC et le patriarche Ignace de Constantinople, dit le Jeune, IΓNATIOC O NEOC debout, vêtus de robes blanches brodées de croix et tenant des bibles richement ornées. Les autres ont disparu, probablement lors du tremblement de terre de 1894.


Consécration de la basilique sainte-Sophie de Constantinople

L'église de Constantinople, dédiée par Justinien le 26 décembre 537 à la Sainte Sagesse, Hagia Sophia, Sainte Sophie de Dieu incarnée par le Christ, a remplacé deux basiliques antérieures, la première dédiée par Constance II en 360, la seconde par Théodose II en 415.
Pour reconstruire l'édifice détruit par un incendie en 532, l'empereur Justinien fit appel à Anthémios de Tralles, architecte et mathématicien, et au géomètre Isidore de Milet.
Leur projet était centré sur une vaste coupole, 32 mètres de diamètre reposant sur des arcs et épaulée par des demi-coupoles. Les matériaux étaient des marbres colorés provenant de Grèce, d'Égypte et de diverses carrières d'Asie Mineure. À la suite de tremblements de terre en 557, la coupole s'effondra en 558 et Isidore de Milet fut chargé de sa reconstruction, achevée en 563, à la fin du règne de Justinien.
Le décor de Sainte-Sophie fut constamment enrichi, notamment de peintures et de mosaïques sur les parois et sur les voûtes tout au long de l'Empire byzantin.
Grâce à deux poèmes de Paul le Silentiaire, Description de la Grande Église et Description de l'Ambon, on peut se faire une idée précise du luxe extraordinaire du mobilier de la seconde basilique justinienne : un autel, surmonté d'un ciborium au toit en pyramide, brillait de l'éclat de l'or, de l'argent, des gemmes et des émaux. Sainte-Sophie s'inscrit dans la tradition romaine inaugurée par le Panthéon d'Hadrien, où la coupole symbolise la dimension cosmique de la puissance divine.

L'architecte Anthémios

Architecte lydien né à Tralles dans la seconde moitié du Ve siècle, Anthémios appartenait à une famille extrêmement cultivée.

L'historien Agathias nous apprend que son père était un médecin réputé et que ses frères furent respectivement maître de rhétorique, Métrodore, qui s'installa à Constantinople, juriste et médecins, dont l'un exerça à Rome.

Possédant d'excellentes connaissances en mathématiques, Anthémios a laissé divers traités, dont un sur les miroirs paraboliques et un autre consacré aux machines remarquables. Il met également au point un procédé pour tracer des ellipses. Eutokios lui dédie ses commentaires sur les quatre premiers livres des Coniques d'Apollonios.
Il s'intéresse également à l'explication des phénomènes naturels. Une anecdote rapportée par Agathias le montre persécutant un voisin en suscitant dans l'appartement de ce dernier une sorte de tremblement de terre en miniature à l'aide de vapeur d'eau dûment canalisée et en fabriquant, par un jeu de miroirs captant le soleil, des éclairs qu'il faisait accompagner de surcroît de grondements imitant le tonnerre.
Cette vaste culture scientifique n'était pas surprenante chez un méchanopoios, titre acquis au terme des études d'architecte telles qu'elles étaient conçues au moins dès l'époque hellénistique et telles qu'elles s'étaient maintenues pendant l'époque romaine, Severus et Celer, les architectes de la Domus Aurea à Rome, étaient eux aussi des machinatores.
Appelé à Constantinople, il devint avec Isidore de Milet et quelques autres Chrysès d'Alexandrie l'architecte officiel de Justinien.
À ce titre, nombreux furent ses projets, tant dans la capitale — l'église Saints-Serge-et-Bacchus paraît témoigner de la même inspiration que Sainte-Sophie — qu'en province. L'historien Procope nous le montre consulté par Justinien avec Isidore de Milet sur les précautions à prendre pour éviter que les crues n'emportent les murailles de la forteresse de Dara.
Mais le seul bâtiment connu auquel son nom est explicitement associé est Sainte-Sophie de Constantinople.

Cette église fut édifiée en cinq ans et dix mois de 532 à 537, à l'emplacement d'une première basilique consacrée en 360, qui avait déjà brûlé partiellement en 404, reconsacrée en 415 sous Théodose II, avant de brûler totalement pendant la révolte Nika en 532.
Le nouvel édifice, qui conservait le plan oblong de son prédécesseur, fut cependant couvert en maçonnerie afin, rapporte Agathias, d'éviter tout nouvel incendie, mais peut-être le fut-il parce que Justinien tenait, pour des raisons symboliques, à introduire la coupole dans une architecture traditionnelle pourvue de charpente.
Le parti adopté par Anthémios de Tralles et Isidore de Milet ne fut pas le plus simple, qui aurait consisté à épauler la coupole à l'est et à l'ouest par des berceaux, Sainte-Irène, d'après une restitution récente de l'élévation primitive ou par une calotte basse à l'ouest associée à un berceau à l'est, basilique B de Philippes.
Ils préférèrent, à partir d'un plan où se retrouvaient, aux angles, les exèdres de Saints-Serge-et-Bacchus, introduire, pour épauler à l'est et à l'ouest la coupole, deux demi-coupoles, elles-mêmes contrefortées par deux culs-de-four couronnant les exèdres d'angle.
Ce parti hardi, qui permettait d'asseoir très haut, sommet de la coupole primitive : 50 m une très large coupole, diamètre intérieur : 31,36 m, était aussi un moyen efficace de contrebuter la coupole centrale.
Le défaut du système architectural ainsi mis au point résidait dans la faible épaisseur des arcs formerets qui épaulaient au nord et au sud la coupole et dans leur contrebutement insuffisant. Surtout il n'y avait pas d'homogénéité entre les solutions que les architectes avaient retenues à l'est et à l'ouest d'une part, au nord et au sud d'autre part.
Cette erreur de conception, jointe aux tassements provoqués par une construction menée hâtivement, explique que la coupole primitive se soit effondrée en 558 après les secousses telluriques de 557.
En dépit de ces faiblesses, l'édifice témoigne du génie de ses architectes et de la modernité de leurs conceptions, ne serait-ce que dans la dissociation opérée entre les murs — simples cloisons déterminant les espaces intérieurs — et les éléments porteurs — piliers et contreforts.

Liens

http://youtu.be/TkMZ0LVhbSk Visite de Ste Sophie
http://www.ina.fr/video/VDD09000435/t ... sophie-topkapi-video.html Constantinople, la mosquée et Ste Sophie
http://youtu.be/zc12vXvkZ74 Ste Sophie




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Posté le : 21/02/2014 19:50

Edité par Loriane sur 22-02-2014 23:43:37
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Félix Faure
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Le 16 février 1899 à Paris meurt, à 58 ans, Félix Faure,

né dans le même ville le 30 janvier 1841 homme d'État français.
Ancien tanneur, négociant en cuirs, juge au tribunal de commerce avant d'occuper un poste de ministre de la Marine de 1894 à 1895, il est élu le 17 Janvier 1895, 7 éme président de la République française.
Poste qu'il occupera du 17 Janvier 1895 au 16 février 1899, soit 4 ans, 0 mois et 29 jours.Il a pour Présidents du Conseil, successivement Alexandre Ribot, Léon Bourgeois, Jules Méline, Henri Brisson, Charles Dupuy.
Il avait pour prédécesseur Jean Casimir-Perier et pour Successeur Émile Loubet.
Il fut Ministre de la Marine du 30 mai 1894 au 17 janvier 1895 sous le Président Sadi Carnot et
Jean Casimir-Perier.
De religion catholique, ce républicain modéré est marié avec Berthe Belluot avec qui il eut deux enfants, Lucie et Antoinette Faure.


Riche négociant en cuirs du Havre, d'esprit libéral, membre de la Ligue de l'enseignement, Félix Faure se distingua comme chef des mobiles de Seine-Inférieure en novembre 1870. Adjoint au maire du Havre, membre de la chambre de commerce, il fut élu en 1881 député républicain modéré il fait partie de l'Union républicaine, s'occupant surtout des affaires commerciales.
À la Chambre, il fit partie du groupe de l'Union républicaine et fut un spécialiste des affaires commerciales.
Dans le grand ministère composé par Gambetta de 1881-1882, il fut sous-secrétaire d'État à la Marine, chargé particulièrement des colonies, sous Jules Ferry, 1883-1885 et dans le premier cabinet Tirard en 1887-1888. il devient sous-secrétaire d'État au Commerce et aux Colonies, poste qu'il conserve sous Jules Ferry 1883-1885 et dans le premier cabinet Tirard en 1887-1888.
Ministre de la Marine en 1894, il quitte ce poste pour la présidence de la République en janvier 1895. Il est élu au deuxième tour grâce à la coalition des voix monarchistes et modérées contre Brisson le candidat des gauches, contre les voix radicales et socialistes ; il sut s'imposer par sa modération, sa finesse et son sens de la représentation. . À l'intérieur, alors que la France est déchirée par l'affaire Dreyfus, il se montre hostile à la révision du procès et s'appuie sur les modérés, ministères Méline et Dupuy.
Le président de la République en Russie
Le renforcement de l'alliance franco-russe est en partie son œuvre. Attaché à l'expansion coloniale, il a peut-être inspiré l'évacuation de Fachoda. Le renforcement de l'alliance franco-russe fut en partie son œuvre ; il reçut le tsar Nicolas II à Paris en 1896 et il se rendit lui-même à Cronstadt en 1897. À l'extérieur, l'expansion coloniale est marquée par la conquête de Madagascar, et Félix Faure semble avoir été l'inspirateur de l'évacuation de Fachoda, voir affaire de Fachoda.

Sa mort brutale, provoquée par un accident vasculaire cérébral à l'Élysée, quatre après son élection fut suivie de funérailles nationales, marquées par de violentes manifestations au cours desquelles Déroulède tenta vainement d'entraîner les troupes du général Roget le 23 février 1899, vers l'Elysée où était mort le président, au cours d'une intimité amoureuse avec la belle Mme Steinheil, dans des circonstances passées à la postérité.


Sa vie

Des origines familiales

Félix Faure est issu d'une famille rhodanienne modeste de menuisiers et d'ébénistes, par son père Jean-Marie Faure 1809-1889, comme par la première épouse de celui-ci, sa mère Rose Cuissard 1819-1852. Du remariage de son père, il aura un demi-frère germain, Constantin Faure, qui sera officier de marine en 1860 - disparu en mer, 1884.
Le futur président passe les trois premières années de sa vie rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris. En 1844, la famille déménage au faubourg Saint-Antoine, où son père crée une petite fabrique de meubles.
Il suit sa scolarité au collège communal de Beauvais en 1852-1854, puis à l'école Pompée 1854-1857, internat privé d'Ivry-sur-Seine, où ses résultats sont en nette amélioration. Un lycée de Beauvais porte aujourd'hui son nom.
Alors que Félix Faure n'est âgé que de onze ans, sa mère décède de la tuberculose.
Afin de parfaire sa formation, il part deux ans pour l'Angleterre, où il apprend l'anglais et les notions du commerce. Par la suite, engagé dans les chasseurs d'Afrique, Félix Faure envisage une carrière militaire, mais la campagne d'Italie de 1859 l'en dissuade.
En 1861, il effectue un stage de 18 mois à la tannerie d'Amboise.

Le mariage avec Berthe

Il épouse, le 18 juillet 1865 à Amboise, Marie-Mathilde Berthe Belluot3, de laquelle il aura deux filles :
Lucie Faure en 1866-1913, fondatrice de la Ligue fraternelle des enfants de France, épouse sans postérité de l'écrivain Georges Goyau, membre de l'Académie française 1922. Femme de lettres elle-même, elle publiera un certain nombre d'ouvrages sous le nom de Lucie Félix-Faure Goyau, notamment une biographie d'Eugénie de Guérin ;
Antoinette Faure en 1871-1950 qui épouse, en 1892, l'ingénieur René Berge, 1862-1948, avec qui, elle a trois enfants et postérité à nos jours, dont le psychanalyste André Berge;
Toutes deux seront amies de jeunesse de Marcel Proust.

Les premiers travaux

En 1863, Félix Faure est employé dans une maison de peausserie du Havre Seine-Inférieure. En janvier 1867, devenu négociant en cuir, il fonde sa première société, Félix Faure et Cie : il est ainsi l'un des premiers à acheter des cargaisons avant leur accostage en Europe. Lorsqu'il sera élu président de la République, c'est son cousin germain Marius Cremer qui le remplacera à la tête de la société.

Un franc-maçon notable

Félix Faure est franc-maçon, la ville du Havre et sa loge Aménité lui délivre le grade d'apprenti en 1865, puis de maître à partir de 1869. Il y tient des conférences en 1883 et 1885 en compagnie de Paul Doumer, autre futur président de la République élu en 1931.

Sa carrière politique

Débuts

Premier acte de son engagement en politique, Félix Faure signe avec des opposants à Napoléon III, en 1865, le programme de Nancy en faveur de la décentralisation.
Républicain modéré, de plus en plus enraciné au Havre, il fait pour la première fois acte de candidature aux élections municipales des 6 et 7 août 1870, en pleine guerre franco-allemande. Benjamin, de la liste démocratique qui remporte tous les sièges au conseil municipal, Félix Faure est élu au 22e rang.
Le 4 septembre 1870, à la suite de la bataille de Sedan, Léon Gambetta prononce la déchéance du Second Empire : la IIIe République est proclamée au balcon de l'hôtel de ville de Paris et un gouvernement provisoire est formé. Le lendemain, sur ordre du préfet, le conseil municipal du Havre est remanié et Félix Faure, ardent défenseur du nouveau régime, devient le 3e premier adjoint, à l'âge de 29 ans. Chargé de la défense de la ville, proie facile pour les Prussiens, il négocie notamment l'achat d'armes et munitions, réquisitionne plusieurs milliers de Havrais, supervise l'installation d'une ligne de défense…

À la Chambre des députés

Félix Faure fut élu député de la Seine-Inférieure de 1881 à 1885, de 1885 à 1889, de 1889 à 1893 et enfin de 1893 à 1895.

Au gouvernement

Il est sous-secrétaire d'État aux Colonies dans plusieurs cabinets successifs, puis sous-secrétaire d'État à la Marine et enfin ministre de la Marine.

La présidence de la République

À la suite de la démission de Casimir-Perier, il est élu président de la IIIe République par 430 voix sur 801 votants contre Henri Brisson 361 voix le 17 janvier 1895.
Le Président Faure contribue au rapprochement franco-russe, recevant le tsar Nicolas II dans le cadre de l'Alliance franco-russe et faisant une visite officielle en Russie, en 1897.
Il participe à l'expansion coloniale, notamment avec la conquête de Madagascar. Mais les relations avec le Royaume-Uni seront tendues avec la crise de Fachoda.
Le mandat présidentiel de Félix Faure est marqué par l'affaire Dreyfus. Félix Faure demeure, par légalisme commode, hostile à une révision du procès bien que son journal4 montre que progressivement il est convaincu de l'innocence du capitaine. La presse grinçante le surnomme Président Soleil à cause de son goût du faste.

Détail des mandats et fonctions

1870 : élu au conseil municipal du Havre
1881 - 1895 : député républicain modéré de la Seine-Inférieure de la circonscription du Havre
1881 - 1882 : sous-secrétaire d'État au Commerce et aux Colonies
1883 - 1885 ; 1888 : sous-secrétaire d'État à la Marine
1894 - 1895 : ministre de la Marine
17 janvier 1895 - 16 février 1899 : président de la République

Décorations

Chevalier de la Légion d'honneur en 1875
Grand croix de la Légion d'honneur en 1895 en tant que président de la République
Grand-maître de la Légion d'honneur de 1895 à 1899
Chevalier de l'ordre de la Toison d'or Espagne en 1898

Décès

Marguerite Steinheil., Circonstances

Félix Faure, dont on a dit qu'il était plus célèbre par sa mort que par sa vie, mourut au palais de l'Élysée le 16 février 1899, à l'âge de 58 ans. Des quatre présidents morts en fonction, il est le seul à être décédé dans le palais présidentiel.
En 1897, il avait rencontré à Chamonix, Marguerite Steinheil dite Meg, épouse volage du peintre Adolphe Steinheil, auquel fut confiée la commande officielle d'une toile monumentale intitulée La remise des décorations par le président de la République aux survivants de la redoute brûlée.
De ce fait, Félix Faure se rendit souvent à la villa Le vert logis, au no 6 de l'impasse Ronsin à Paris, où résidait le couple Steinheil. Marguerite devint rapidement sa maîtresse et le rejoignait régulièrement dans le salon bleu du palais de l'Élysée.
Le 16 février 1899, Félix Faure téléphona à Marguerite et lui demanda de passer le voir pour 17 heures après son conseil des ministres consacré à l'affaire Dreyfus. Bien qu'elle fût arrivée, les entretiens du Président avec l’archevêque de Paris François-Marie-Benjamin Richard et Albert Ier de Monaco, venus intercéder en faveur du capitaine Dreyfus, se prolongèrent, aussi absorba-t-il probablement une trop forte dose de cantharide officinale, puissant aphrodisiaque mais aux effets secondaires importants, à moins qu'il ne s'agît de l'aphrodisiaque à base de quinine qu'il se faisait apporter par son huissier comme à son habitude, afin de se montrer à la hauteur avec sa maîtresse.
Peu de temps après que le couple se fut installé dans le salon bleu de l'Élysée, ou le Salon d'Argent selon d'autres versions, le chef du cabinet Le Gall, alerté par des cris, se précipita et découvrit le président sans autre vêtement qu'un gilet de flanelle, râlant, allongé sur un divan et la main crispée dans la chevelure de sa maîtresse9, tandis que Marguerite Steinheil déshabillée réajustait ses vêtements en désordre. Félix Faure mourut vers 22 heures d'une congestion cérébrale comme on disait à l'époque.

Cause du décès

La nouvelle que le président était mort dans les bras de sa maîtresse se répandit rapidement. Si certains journaux affirmèrent, tel le Journal du Peuple du 18 février, qu'il était mort d'avoir trop sacrifié à Vénus, c'est-à-dire d'avoir abusé de ses forces durant une relation sexuelle, d'autres, tel La Presse du 22 février, se demandèrent s'il …n'avait pas été victime des dangers inhérents à sa haute fonction, si pour être plus catégorique, il est bien mort de mort naturelle. »11. Ce journal évoquait l'hostilité à son égard provoquée par son attitude dans l'Affaire Dreyfus, thèse qui fut reprise par Édouard Drumont dans son journal La Libre Parole, où il affirmait qu'un cachet empoisonné avait été placé par des Dreyfusards parmi ceux que prenait le président.

Plaisanteries, rumeurs et quolibets

Les circonstances croustillantes du décès prirent rapidement le pas sur la tragédie d'une mort subite. La légende rapporta que l'abbé Herzog, curé de la Madeleine, fut mandé par Mme Félix Faure pour lui administrer les derniers sacrements mais, sans attendre son arrivée, il fut remplacé par un prêtre de passage devant l'Élysée qui, en demandant à son arrivée : Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
se serait entendu répondre : Non, elle est sortie par l'escalier de service !.
Mme Félix Faure habitant l'Élysée et pour éviter le scandale, la maîtresse dut en effet s'éclipser tellement vite qu'elle en oublia son corset - que le chef de cabinet Le Gall gardera en souvenir.

La rumeur populaire colporta que c'était une fellation prodiguée par sa maîtresse qui avait provoqué un orgasme fatal14, ce qui valut à Marguerite Steinheil le surnom de la pompe funèbre. Les chansonniers de l'époque affirmèrent : Il voulait être César, il ne fut que Pompée, allusion au goût du président pour le faste et à la fellation qui provoqua prétendument sa mort. Cette phrase a été attribuée également à Georges Clemenceau, qui ne l'aimait guère. Ce dernier aurait également déclaré à cette occasion : En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui, et Ça ne fait pas un Français en moins, mais une place à prendre.

Obsèques mouvementées

Le président eut droit à des obsèques nationales, célébrées le 23 février 1899. Elles furent marquées par une tentative de coup d'État de la Ligue des patriotes fomenté par Paul Déroulède, qui essaiera en vain de faire prendre d'assaut le palais présidentiel. Félix Faure est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, 4e division. Son gisant en bronze, réalisé par le sculpteur René de Saint-Marceaux, le représente couché sous les plis des drapeaux français et russe, pour rappeler son rôle dans l'Alliance franco-russe.

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Félix Faure a été réalisée par le graveur polonais Wincenty Trojanowski en 1898. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet.
Filmographie

En avril 1897, il est le premier président de la République française à être filmé en voyage officiel. Charles Moisson des studios Lumière suit Félix Faure lors de son déplacement de La Roche-sur-Yon à Niort.
En 2009, Félix Faure et Marguerite Steinheil sont au cœur du téléfilm La Maîtresse du président, de Jean-Pierre Sinapi, avec Didier Bezace dans le rôle du président Faure et Cristiana Reali dans le rôle de Marguerite Steinheil.

Hommage

Un lycée porte son nom à Beauvais Picardie.
De nombreuses rues ou avenues portent son nom, comme par exemple à Paris, Lyon, Nanterre, Nice, Menton ou Rambouillet.


Article de presse
:


16 février 1899 La mort heureuse de Félix Faure

Émotion à l'Élysée. Le président de la République meurt dans les bras d'une admiratrice. Cela se passe le 16 février 1899. La victime, Félix Faure, est un bel homme de 58 ans avec une fine moustache tournée à la façon de Guy de Maupassant.

Il a été élu à la présidence de la République par une coalition de modérés et de monarchistes le 17 janvier 1895 suite à la démission de Jean Casimir-Périer. Ses contemporains le surnomment affectueusement le «Président Soleil» en raison de son amour du faste.

On raconte que, recevant à l'Élysée une grand-duchesse russe, il s'était fait servir à table avant elle. La grand-duchesse ayant protesté, le président répondit sans réfléchir : «C'est l'usage à la cour de France !».

Imprudente galanterie

La rumeur publique croit d'abord que sa compagne des derniers instants est Cécile Sorel, une actrice célèbre du moment. On saura seulement dix ans après qu'il s'agissait d'une demi-mondaine plantureuse d'à peine trente ans, Marguerite (Meg) Steinheil.

Appartenant à une célèbre dynastie industrielle du Jura, les Japy-Peugeot, elle était l'épouse d'un peintre en vogue, Adolphe Steinheil. En récompense des services particuliers de sa femme, celui-ci avait reçu quelques commandes officielles de sorte que ses oeuvres ornent encore aujourd'hui les murs de certains palais de la République.

Très vite, on se raconte de bonnes histoires sur la fin heureuse de Félix Faure, comme celle-ci :

Tandis que la dame s'est dégagée et esquivée, les domestiques transportent le président inconscient dans son lit. Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demande en arrivant :
– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
– Non, on l'a faite sortir par derrière.

Fatale pilule

Les initiés chuchotent que le président aurait succombé à un excès de zèle.

Avant de recevoir ses amies, Félix Faure avait coutume d'absorber une dragée Yse à base de phosphure de zinc. Ce médicament, le Viagra de l'époque, avait la vertu d'exciter les virilités défaillantes mais il avait aussi pour effet de bloquer la circulation rénale.

Le jour de sa mort, comme le président attendait Mme Steinheil, il avait demandé à l'huissier de sonner deux coups à son arrivée. Voilà que sonnent les deux coups : il avale en hâte une dragée Yse. Mais l'huissier a fait une erreur. C'est le cardinal Richard, archevêque de Paris, qui entre dans le bureau élyséen. Et après lui arrive le prince Albert 1er de Monaco, venu plaider la cause du capitaine Dreyfus.

Quand enfin l'huissier sonne pour de bon les deux coups, le président congédie son visiteur. Il a encore le temps d'avaler une deuxième dragée. Celle-ci lui sera fatale... Survolté par la prise médicamenteuse et l'ardeur de sa compagne, Félix Faure succombe non sans avoir arraché à celle-ci une touffe de cheveux !

Georges Clemenceau ne sera pas en reste de bons mots. «Il a voulu vivre César, il est mort Pompée», dit-il du président en guise d'oraison funèbre. Il dit aussi : «Félix Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui».

Conséquences d'une mort impromptue

Félix Faure possède une belle avenue parisienne, une station de métro et une rue à son nom bien qu'il n'ait rien accompli de marquant... comme la plupart des autres Présidents de la IIIe République.

On retient seulement qu'il ébaucha une alliance avec la Russie en recevant le tsar Nicolas II, qu'il s'opposa à la révision du procès de Dreyfus et que son gouvernement dut céder aux Anglais le Soudan après le bras de fer de Fachoda.

Deux jours après sa mort, les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles élisent Émile Loubet pour lui succéder à la présidence de la République. Cette élection sème la consternation chez les antidreyfusards. Il est conspué dans la rue aux cris de «Élu des Juifs !»

Le 23 février, pendant les funérailles de l'ancien président, le journaliste Paul Déroulède tente d'entraîner un général dans un coup d'État parlementaire en vue de préparer la guerre de revanche contre l'Allemagne. Le polémiste est banni. Mais, de retour en France en 1905, il n'aura de cesse d'exciter les esprits contre l'Allemagne... Il n'y réussira que trop bien.

Quant à Meg Steinheil, son histoire ne s'arrête pas là. Le 31 mai 1908, son mari et sa mère sont découverts assassinés au domicile conjugal, elle-même n'étant que ligotée. Soupçonnée du double crime, elle est acquittée cependant le 13 novembre 1909 et s'installe à Londres, où elle épouse en 1917 le baron Abinger. Elle finira sa vie dans le luxe et la paix, à un âge avancé.

Morale et Belle Époque

L'aventure du président Félix Faure n'a guère scandalisé ses contemporains de la «Belle Époque».
Dans cette période qui précède la Grande Guerre de 14-18, les privilégiés donnaient libre cours à leur appétit de jouissance... peut-être pour mieux dissimuler leurs angoisses existentielles (ce fut l'une des rares époques où le taux de suicide des classes aisées se révéla supérieur à celui des classes inférieures, ainsi que l'a noté l'historien Emmanuel Todd dans son essai : Le fou et le prolétaire).
Il était admis à la fin du XIXe siècle que les bourgeois mènent grand train et ne s'embarrassent pas des principes moraux qu'ils imposaient à leur épouse. Ainsi, on se moquait gentiment du leader républicain Georges Clemenceau qui affichait partout ses innombrables conquêtes. Mais l'on trouvait normal qu'il divorce de son épouse américaine, mère de trois enfants, et la renvoie aux États-Unis en 3e et dernière classe après qu'il l'ait surprise dans les bras d'un soupirant.
Le vieux Ferdinand de Lesseps, qui épousa à 64 ans une jeunette de 22 et lui fit 12 enfants, n'en continua pas moins de papillonner dans les maisons closes comme le voulaient les coutumes de l'époque. Un policier affecté à sa surveillance rapporte sa visite à 3 jeunes prostituées, à 85 ans sonnés.
Outre-Manche, David Lloyd George, Premier ministre britannique aux heures sombres de la Grande Guerre, était connu pour être «incapable de fidélité». Ainsi lui arrivait-il d'avoir six maîtresses en même temps. Cette performance devait sans doute paraître modeste au roi Edouard VII, fils de l'austère Victoria, dont les frasques faisaient le bonheur des gazettes et lui valaient une immense popularité...

Liens
http://youtu.be/8CQH-KWJdII Les voyages de Félix Faure
http://youtu.be/5fCbYq3QXRw La vie de Félix Faure par De Decker

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Posté le : 14/02/2014 21:07

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José Moreno Villa
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Le 16 février 1887 à Malaga, Espagne naît José Moreno Villa,

archiviste, bibliothécaire, poète, écrivain, journaliste, critique d'art, critique littéraire, historien de l'art, documentaliste, dessinateur et peintre espagnol du muvement Génération de 27, Surréalisme, Cubisme. Il fut une personnalité importante et engagée de l'Institution libre d'enseignement et de la Résidence d'étudiants de Madrid, où il fut l'un des précurseurs, exerçant de pont avec la Génération de 27 et qu'il fréquenta pendant vingt ans 1917-1937. Lors de la seconde République espagnole, il fut directeur de la bibliothèque royale.
Quand la guerre civile espagnole éclata, il s'exila d'abord aux États-Unis, puis au Mexique, où il continua puis termina sa carrière, et où il mourut.

Son œuvre multiple de poète, narrateur, essayiste révèle une gamme thématique variée ainsi qu'une grande capacité pour l'investigation.
Son œuvre, cependant, ne commença à être étudiée avec un réel intérêt qu'à partir de 1977 ; pour cela de nombreux critiques et historiens regrettent que son œuvre fut ignorée et soulignent la nécessité de l'examiner.
José Moreno Villa eut un rôle prépondérant dans l'histoire de l'art en Espagne, car il permit à son pays de rapprocher la modernité aux arts plastiques.
Sa peinture allait de pair avec sa poésie — le terme peinture poétique est très souvent employé pour définir son style — et il se chargea d'être l'instigateur des styles d'avant-garde tout en adoptant et diffusant les styles picturaux les plus représentatifs de son temps, comme celui des Espagnols installés à Paris ou le cubisme.

sa vie

Débuts, influences et premiers engagements

José Moreno Villa naquit dans une famille malageña exerçant le métier du commerce de vignobles. Il passait ses étés dans une propriété que possédait sa famille à Churriana. Il n'oublia jamais les bons moments qu'il y vécut : un beau jour je perds les pédales et vous vous rendez compte que je suis de nouveau à Churriana. Si je me perds, cherchez-moi là-bas.
Il eut son premier contact avec la poésie au travers des livres que lui offraient ses parents : au lyrisme que sa mère lui transmettait avec la poésie de Gustavo Adolfo Bécquer et qui prit possession de sa sensibilité enfantine, son père lui opposait la poésie rhétorique de Gaspar Núñez de Arce.
Son père l'envoya étudier la chimie à l'Université de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne de 1904-1908 afin de moderniser la production viticole familiale.
Il fut d'abord logé dans une famille de Bâle, qui accueillait également d'autres étudiants. L'éloignement des siens, de sa terre et ses difficultés à s'intégrer alors qu'il n'avait que 17 ans, lui firent se sentir seul, abandonné dans la forêt, et pénétrer dans un monde confus et sylvestre; il refléta d'ailleurs ce sentiment dans son premier poème important, La selva fervorosa, dédié à Ramón Pérez de Ayala et qui sera inclus dans son deuxième livre, El pasajero.
Ce livre contient par ailleurs un prologue-essai sur la métaphore écrit par José Ortega y Gasset, de qui il fut très proche une fois installé à Madrid, et depuis que ce dernier reçut des mains de Alberto Jiménez Fraud, lui aussi ami intime de Moreno Villa, le premier poème que celui-ci voulait publier dans Los lunes del Imparcial ; poème que José Ortega y Gasset apporta lui-même au journal, et qui fut, selon Moreno le premier déclic dans sa carrière.
Son séjour en Allemagne fut important pour le développement de la sensibilité poétique de Moreno Villa, car c'est là-bas qu'il se rendit compte qu'il ne pourrait satisfaire les espoirs et les investissements que son père avait placés en sa carrière de chimiste et qu'il commença à écrire.
Il lut beaucoup de poésie allemande dont l'influence se fit sentir dans ses écrits, en particulier Goethe, Heine, Schiller, Uhland, Stefan Zweig, Rilke, Hofmannsthal qu'il traduisit plus tard, ainsi que la poésie d'autres auteurs étrangers comme Baudelaire, Verlaine, Poe, Novalis, le théâtre de Hauptmann, et les romans de Tolstoï, Stendhal et Flaubert, ainsi que Don Quichotte et Nouvelles exemplaires pour la première fois.
À son retour dans sa ville natale, il fonda, avec la collaboration de Miguel de Unamuno et d'Alberto Jiménez Fraud, la revue Gibralfaro, unique animateur du panorama culturel de la ville pendant longtemps et jusqu'à l'arrivée de Litoral, éditée par Manuel Altolaguirre.
Quand il arriva à Madrid, en 1910, il étudia l'histoire de l'art à l'Université centrale de Madrid et se spécialisa pour l'archéologie.
Un an plus tard, il commença à travailler au Centre d'études historiques, créé un an plus tôt, en étudiant, cataloguant et reproduisant des miniatures mozarabes, et wisigothes. Il fit de nombreuses excursions avec Manuel Gómez-Moreno de qui il était l'élève aux côtés de Ricardo de Orueta, lors desquelles il dessinait des chapiteaux ou des taquets, faisait des photographies et prenait de nombreuses notes.
Après quelques années de grandes difficultés financières et personnelles de 1912 à 1916, son ami Jiménez Fraud vint à lui et lui proposa d'intégrer la Résidence d'étudiants de Madrid dont il était le directeur, pour sa droiture morale, son goût du travail, et pour l'aide précieuse qu'il apporterait à cette institution qui venait de naître.
José Moreno Villa fut ainsi l'un des précurseurs de la Résidence, exerçant de pont avec la Génération de 27 et en y résidant du début, en 1917, à la fin, 1937. Il y enseigna l'architecture dans le cadre des Écoles Techniques ; il fit intervenir dans ses cours des figures de l'architecture telles que Walter Gropius, Erich Mendelsohn, Le Corbusier ou encore Sir Edwin Lutyens.
En plus d'y enseigner l'architecture, il participait activement à l’œuvre résidentielle en amenant les étudiants au musée du Prado, à faire des excursions avec eux et en collaborant avec la revue historique de la Résidence, Revista Residencia, pour ainsi faire partie de ceux qu'il appelait lui-même les 500, et se lia d'amitié avec Alberto Sánchez Pérez et Benjamín Palencia, avec qui il participa, en 1925, à l'Exposition de la Société d'Artistes Ibériques21 dans le Parc du Retiro, et qu'il accompagne dans l'expérience connue comme la première Escuela de Vallecas.
Quand il commença à écrire, ses principaux modèles furent Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez et Rubén Darío. Ces deux premiers ainsi que Eugenio d'Ors et Pedro Henríquez Ureña eurent dès le début et tout le long de sa carrière des mots d'encouragements : Eugenio d'Ors lui écrivaient régulièrement et pour chacune de ses publications pour le féliciter, Antonio Machado lui rendait visite dans sa chambre de la Résidence pour écouter ses poésies, et Juan Ramón fut un appui moral de tous les instants. Par ailleurs, Pedro Henríquez Ureña, qui apprenait certains des poèmes de Moreno Villa par cœur, lui offrit la possibilité de publier sa poésie au Costa Rica et il en ressortit la publication de Florilegio. Ureña écrivit d'ailleurs le prologue de ce livre, qui incluait également un article dithyrambique qu'Eugenio d'Ors avait publié dans la revue España en janvier 1915.

Son œuvre poétique

Il traversa ainsi plusieurs générations : celle de 98, celle de 27 et celle de 36. Lui-même déclara dans son autobiographie Vida en Claro que l'instinct lui disait clairement qu'il devenait plus obscur, entre deux génération lumineuses : celle des poètes de 98 et celle des Federico García Lorca, Rafael Alberti, Pedro Salinas, Luis Cernuda, etc.
Ses contemporains, loin de l'exclure de chacune de ces générations, l'intégraient d'un mode qu'ils pensaient légitimes en l'invitant à des hommages des générations antérieures, ou en l'incluant dans les revues et les anthologies.
Il se caractérisa pour son style sobre et intellectuel. Ses premiers recueils de poésie, Garba 1913, El Pasajero 1914, Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración 1916 et Evoluciones 1918, marqués par ses inquiétudes idéologiques et une tendance au symbolisme, annonçaient d'une certaine manière Lorca pour son emploi du néo-popularisme andalousiste.
Garba voyait prédominer comme thèmes l'influence du criticisme ambiant et de ses hommes : ceux de la génération 98 ; les problèmes espagnols et hispaniques, le lyrisme philosophique, hérité des lyriques allemands, des Machados, Unamuno, Darío et des inquiétudes amoureuses et philosophiques. Manuel Machado dit qu'il y avait déjà dans ce premier livre le José Moreno Villa de demain. Avec El Pasajero, la contemplation du passé signale la continuité de la pensée de Moreno Villa dans les thèmes historiques. Juan Ramón Jiménez met en avant le dynamisme de José Moreno Villa et de sa poésie dans un poème qu'il lui dédie, tandis que Moreno Villa définit lui-même sa poésie comme barroque, pleine de mouvement et de violence, montée sur des métaphores.
Moreno Villa qualifia de jouet au ressort cassé, une allégorie naïve et faible son livre suivant, Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración, qu'il écrivit en réponse au critiques reçues pour son livre précédant. Trois ans plus tard, il reprend avec Evoluciones ses thèmes des circonstances extérieures, de l'Histoire de l'art et des voyages archéologiques, il y inclut une intimité non subjective, destinée à l'objet, en pensant à cet incessant passage de l'homme, cette chaîne d'êtres qui viennent et vont pour ne plus jamais revenir, parfois si complets, si bienfaisants, si brillants Garba.
En 1924 José Moreno Villa publia Colección.
L'auteur voulut rassembler ce qu'il avait publié lors des trois dernières années dans les journaux et autres revues, afin de montrer ses différentes approches artistiques, faisant ainsi de ce livre une forme de transition entre ce qu'il avait déjà fait et la nouvelle voie qu'il commençait à prendre. Il recherche dans ce livre la paix et la pondération, l'isolement et l'élévation, la foi, la maturité ; mais c'est celle de la sérénité qui prédomine, tout en laissant des pistes montrant que l'auteur n'est nullement serein. Il faut en effet connaître le contexte historique dans lequel il écrit ces vers, à savoir qu'il s'agit de ses années les plus turbulentes et erratiques à la Résidence.
Le livre suscita beaucoup d'intérêt à sa sortie pour son approche d'une poétique depuis la perspective d'un peintre, tout en gardant le langage populaire de ses racines :
...
Déjame tu caña verde.
Toma mi vara de granado.
¿ No ves que el cielo está rojo
y amarillo el prado
que las naranjas saben a rosas
y las rosas a cuerpo humano
¡ Déjame tu caña verde !
¡ Toma mi vara de granado !
...
— José Moreno villa, Colección

« ...
Laisse-moi ta canne verte
Prends mon bâton de grenadier
Ne vois-tu pas que le ciel est rouge
et jaune est le pré ;
que les oranges ont un goût de roses
et les roses du corps humain
Laisse-moi ta canne verte !
Prends mon bâton de grenadier !
... »
— Colección

Il cherchait également à exprimer que la liberté absolue est également la solitude absolue en usant d'un processus très fréquent dans sa poésie, l'antithèse :
...
Es ser para sí, para nadie.
Es vivir para librarse de sí mismo
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

«...
C'est vivre pour soi, pour personne.
C'est vivre pour se libérer de soi-même.
... »
— Salón sin muros

Pour beaucoup le chef-d’œuvre de José Moreno Villa fut Jacinta la pelirroja en 1929, qu'il publia d'abord dans le 11e supplément de la revue Litoral de Malaga, accompagnant les poèmes de dessins, fait unique jusque là. C'est un livre audacieux et lucide, marqué par la plénitude avant-gardiste et anti-romantique.
Il y fit se marier les techniques de la poésie et de la peinture avec la musique syncopée du jazz pour se remettre de manière humoristique d'une déception amoureuse avec une jeune juive new-yorkaise.
Il poussa plus loin le surréalisme qu'il n'usait qu'avec parcimonie dans ses œuvres antérieures ; comme le dit Vittorio Bodini, important poète, traducteur et spécialiste de la littérature espagnole, peut-être que l'espace de ses poésies est le net et le splendide des premiers livres d'Alberti, mais elles sont bien à lui, ces choses qu'il y place, en accord avec un critère plus figuratif que de chant, et en les organisant sémantiquement en un jeu de relations toujours variées entre l'abstrait et le concret ; ces choses, ces concepts, ces coutumes qui proviennent des zones les plus extravagantes de la prose et du quotidien, avec une prédilection pour les néologismes et les termes qui indiquent de nouveaux mythes et coutumes du siècles: taxi, dollars, John Gilbert, films, usines, Ford, aimant, apache, photogénie, jazz, sport, garage rejettent toute systématisation logique ou mélodique pour se planter selon la pure nécessité de composition qui donne à l'ensemble une dure unité documentaire et cubiste.
Il s'agissait en tous cas d'un travail d'une intimité profonde et légitime, où Moreno Villa voulut rentrer dans le monde mystérieux qu'il avait partagé avec Jacinta, son amour frustré à New York, quelque année auparavant. Moreno Villa s'inscrit ensuite à la fièvre surréaliste et à l'écriture automatique — il l'évoqua ainsi: Je les ai écrits en me laissant emmener para la fugue des idées, sans contrôle, fasciné par le côté arbitraire et explosif, par la douceur et l'irresponsabilité. — avec Carambas 1931, puis s'adonne à la méditation existentielle de Salón sin muros en 1936, où le poète exprime avec la plus grande clarté ses préoccupations intimes : la métaphore du salon pour représenter son intimité est particulière en ceci qu'il s'agit d'un lieu intime familial — a contrario d'une chambre, par exemple. Qu'il n'ait pas de mur indique qu'il ne connaît pas lui-même ses limites. Le personnage poétique de Salón sin muros va jusqu'à ne pas se sentir », ou au moins à constater les
...
rastros de un ser cuya existencia no alcanzo
de un ser ingrávido, invisible,
soplo de sombra en la noche cerrada
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

«...
traits d'un être dont il n'atteint pas l'existence
d'un être aérien
souffle d'une ombre dans la nuit fermée
... »
— Salón sin muros

Il cherchait également à exprimer que la liberté absolue est également la solitude absolue en usant d'un processus très fréquent dans sa poésie, l'antithèse :
...
Es ser para sí, para nadie.
Es vivir para librarse de sí mismo
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

...
C'est vivre pour soi, pour personne.
C'est vivre pour se libérer de soi-même.
...
— Salón sin muros

Il demeurera l'un de ses meilleurs livres
.
Son œuvre picturale

En 1924, Moreno Villa s'inscrivit aux cours de dessin de Julio Moisés, auxquels assistaient d'autres jeunes peintres comme Salvador Dalí ou Maruja Mallo. Il abandonna cependant assez rapidement pour commencer à peindre et à expérimenter librement. Il se rappellera cette époque picturale ainsi : Mon sens de la couleur se complémentait avec celui de Juan Gris ou avec celui de Georges Braque.
Les couleurs sépia et vert profond de certains tableaux m'enthousiasmaient, jouaient avec les blancs et les ocres. Je trouvais que manier les couleurs ainsi, de la façons cubiste, offrait un plaisir plus frais et pur que les manier de la manière traditionnelle.
J'arrivais, dans mon fanatisme, à ne pas être capable de contempler un seul tableau du Musée du Prado.
Moreno Villa commençait à intégrer le monde pictural espagnol du moment et il fut inclut dans la Première Exposition des Artistes Ibériques qui eut lieu en mai 1925 dans les Palais du parc Retiro à Madrid. Cette exposition, un moment clé dans l'histoire de l'art moderne espagnol — cette exposition, appelée Salón de Artistas Ibéricos, réunit des peintres qui voulaient rompre avec l'académisme en vigueur et qui constitueraient l'avant-garde espagnole : José Luis Gutiérrez Solana, Alberto Sánchez Pérez, Salvador Dalí, Francisco Bores, Joaquín Peinado, Maruja Mallo, José Caballero, etc. —, révéla le peintre Moreno Villa à la profession en Espagne, notamment grâce à un article de la Revista de Occidente, qui fit état de cette exposition et présenta Moreno Villa comme l'un de ses grands participants.
Il y présenta trois peintures à l'huile et plusieurs dessins.
C'est à cette époque-là qu'il commença sa série de dessins appelée dibujos alámbricos, traduisible par dessins en fil de fer. Avec cette recherche de la ligne, José Moreno Villa montre déjà un esprit libre dans la création où le jeu intellectuel se traduit en arabesques à l'accent lyrique marqué.
D'ailleurs, dans son œuvre cubiste, il s'éloigne aussi des cubistes traditionnels en changeant certains codes esthétiques : son tableau Composición cubista est le parfait exemple de la volonté de Moreno Villa de donner plus d'importance au chromatisme et à la pâte picturale afin de créer une emphase esthétique qui remet en question la priorité constructive du cubisme.
L'année 1927 fut particulièrement productive dans la création plastique de Moreno Villa. Il repartit à Paris, où il rendit visite à Robert Delaunay, et pour raffermir sa relation avec les jeunes peintres espagnols établis là-bas.
Sa peinture en fut clairement influencée par Francisco Bores, Joaquín Peinado et Hernando Viñes, de qui il était particulièrement proche. Les Bodegones et les compositions réalisées cette année par Moreno Villa étaient en harmonie complète avec la nouvelle mouvance picturale — particulièrement le cubisme — qui commençait alors à surgir de la deuxième École de Paris ; les peintres qui résidaient en Espagne le considérèrent même comme l'un des plus légitimes représentants de cette tendance.
Pourtant peu de temps après, il abandonna le cubisme pour s'immerger un peu plus dans une figuration lyrique, libre et ouverte, et l'œuvre qui caractérise le mieux cette tendance est la série de gravures qu'il fit sur le Polifemo de Luis de Góngora, qui apparurent pour la première fois à l'occasion d'une exposition à Madrid, dans un lieu quelque peu insolite, puisqu'il s'agissait du salon automobile Chrysler; ou bien celles, plus lyriques et poétiques encore, comme les gravures représentant une femme et la nature.
À propos des gravures de José Moreno Villa, seulement cinq sont connues : Le Musée Reina Sofía en possède deux, Radioagicionado, Interior, les deux sont de 1927; la Bibliothèque Nationale en possède un autre, et la Résidence d'étudiants, les deux autres — ils ne sont pas datés, mais il semble probable qu'ils soient de 1927 également.
Cette peinture poétique pourrait être connectée avec certaines œuvres de Picasso de Dinard et Boisgeloup, d'Alberto Sánchez, Maruja Mallo et Benjamín Palencia. Puis il alla approfondir l'aspect surréaliste de son travail, où il s'intéressa, comme dans sa poésie, à l'automatisme, à l'onirisme, donna plus d'importance et d'essence au geste immédiat comme acte directeur et spontané.
Il réalisa une synthèse très personnelle et hybride, en fusionnant les éléments figuratifs et abstraits et en ayant recours aux techniques innovantes de son temps, tels que le dripping ou les effets de transparence. Les correspondances entre sa poésie et sa peinture semblent évidentes, comme entre son poème Cuadro cubista de Jacinta la pelirroja et ses Bodegones.
En décembre 1928, il célèbre sa deuxième exposition individuelle dans les salles de l'Athénée de Madrid, institution qui deviendrait, à partir de cette année, la salle d'expositions la plus engagée avec les nouveaux courants de l'avant-garde picturale espagnole. José Moreno Villa y dévoila son monde par le biais d'une vingtaine d'huiles sur toile et de six sur papier. D'infinies et variées tendances et essais le composaient, et ne manquait pas de surprendre le public.
Il s'affirma de cette manière dans sa nouvelle figuration ancrée dans un univers poétique, qu'il décripta plusieurs années plus tard : Un art lyrique ne peut être fait que par un peintre poète.
En 1929 il participa à l'Exposition régionale d'Art de Grenade, au Salón Permanente de Arte41 où il reçut, conjointement à son ami Joaquín Peinado, lui aussi de Malaga, le prix de peinture pour son Bodegón de las uvas.
Il y exposa toute une série de tableaux qui reflétaient son parcours pictural : en plus de ses bodegones, grâce auxquels il s'inscrivait dans la ligne des peintres espagnols installés à Paris, il y avait notamment Cisnes, qui permettait déjà de s'apercevoir de la direction que prenaient ses expérimentations d'alors, au travers de ces transparences et autres superpositions.
Dans les années trente, il s'essaya au style de son ami Salvador Dalí en reprenant certains concepts comme l'équilibre et le temps dans des œuvres comme Con la piedra a cuestas ou Viéndolo pasar.
José Moreno Villa fut également l'unique artiste à avoir exploité le grafumo, dessin sur papier fumé, entre 1931 et 1937. L'idée lui vint dans le laboratoire de physiologie de Juan Negrín, où plusieurs membres de la Résidence d'étudiants se réunissaient. Le blanc très net qui ressortait des papiers fumés utilisés pour réaliser des cardiographies attira son attention et il voulut expérimenter avec ce matériel. Le processus de préparation était particulièrement compliqué, ce qui explique le peu de grafumos réalisés.
Il en produisit deux groupes : ceux qu'il fit à Madrid, sur lesquels il imprima de la couleur — comme Pareja en la playa en 1931 et Mujeres y cabeza de toro en la playa en 1932 — ; et ceux qu'il fit à Mexico — comme Catarsis —, en noir et blanc.
Il continua ensuite à travailler principalement à l'huile — comme Curitas y piedrasou Pájaros —, en s'attachant toujours à conserver cette volonté de rapprocher le modernisme aux arts plastiques espagnols. Il eut tantôt un rôle d'avant-gardiste, tantôt un rôle de relayeur des styles picturaux les plus importants de son temps.

Activités extra-artistiques

José Moreno Villa travailla au Centre d'études historiques de 1912 à 1916, où il se spécialisa dans l'archéologie, l'architecture et l'Histoire de l'art sous la direction de Manuel Gómez-Moreno et Elías Tormo.
Il mettait un point d'honneur à ne pas mélanger la littérature et l'Histoire, mais il sut tirer profit de ses investigations historiques en appliquant leur nature évocatrice à sa littérature. Il s'enrichit de son expérience au Centre en étant aux côtés des gens de la philologie, de l'histoire du droit, de l'arabe, des mathématiques, de Ramón Menéndez Pidal, José María Hinojosa, Alfonso Reyes, Luis Bello, Miguel Asín Palacios, Julio Rey Pastor, etc. Mais ces années furent précaires pour Moreno Villa, et il abandonna ce travail pour intégrer la nouvelle Résidence d'étudiants grâce à Jiménez Fraud.
Entre 1916 et 1921 il travailla pour la maison d'édition Calleja ; il publia de nombreux articles et ouvrages sur l'Histoire de l'Art, dont un qui fut très remarqué : Velázquez en 1920.
À la suite de cela il intégra le corps des Archivistes mais fut destiné à Gijón pendant un an, comme bibliothécaire et archiviste pour Jovellanos et Ceán Bermúdez ; il avait beaucoup de temps libre et s'adonnait au tennis, consultait l'Encyclopédie française, se promenait avec le peintre Piñole, et entreprit de traduire, sous la recommandation d'Ortega y Gasset, un livre capital de Heinrich Wölfflin, Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, le problème de l'évolution du style dans l'art moderne qu'il termina en 1924.
Au travers de sa profession comme historien spécialisé dans l'art et comme responsable des archives, il fut directeur des archives du Palais, c'est-à-dire ce qui deviendrait la Real biblioteca, la bibliothèque royale, de 1931 à 1936, il contribua à l'investigation du patrimoine artistique espagnol et à la divulgation de l'architecture moderne qui commençait à se réaliser en Espagne à partir des années 1920.
À partir de 1927 et pendant une dizaine d'années, il occupait ainsi ses journées : quatre heures consacrées à ses activités d'archiviste fonctionnaire, puis le reste de son temps il le divisait en heures de peinture, d'écriture, il organisait les numéros de la revue Arquitectura il faisait visiter le Musée du Prado aux étudiants de la Résidence d'étudiants, voyait ses amis et lisait.
Il fut le premier critique et analyste d'architecture depuis sa section hebdomadaire dans le journal El Sol en 1935, où il fit un diagnostic passionné de la difficile et douloureuse situation espagnole de l'époque. Ses articles hebdomadaires se convertirent en collaborations quotidiennes et eurent une grande influence et répercussion au point d'être censurés, d'abord partiellement, puis complètement.
Dix ans plus tard fut publiée au Mexique la compilation de ces articles dans le livre Pobretería y locura en 1945 ; Juan Pérez de Ayala considéra ce livre comme l'un des meilleurs portraits de la décomposition de l'Espagne de 1935 et Azorín lui dit, à l'époque où il écrivait ses articles : Vous êtes arrivé au summum : la simplicité.
Ce livre fut publié dans un contexte de forte activité politique, à laquelle prenait part Moreno Villa en se positionnant clairement et publiquement à faveur des socialistes et de la république ; ce livre fut censuré de deux articles.
José Moreno Villa publia beaucoup de textes dans la revue España, bien qu'il ne sentît pas ses textes à leur place au milieu de textes philosophiques, politiques, sociologiques ou encore scientifiques, et peu dans la revue Revista de Occidente, où il partageait le travail d'écriture avec Ortega y Gasset, Manuel García Morente, Vela, Sacristán, Blas Cabrera et Gustavo Pittaluga, notamment.
Là où il collabora de façon très régulière et diversifiée fut à El Sol.
En effet, il publia de nombreuses études sur l'Histoire de l'Art, sur l'art d'avant-garde, puis plus tard sur l'art colonial mexicain15 ; et fut l'auteur d'articles intitulés Estudios superficiales études superficielles, entre 1926 et 1931, où il proposait des réflexions sur de nombreux problèmes de la modernité en relation avec l'urbanisme, les nouvelles constructions, les changements dans les mœurs ou sur la nouvelles peinture et ses protagonistes.
Il y écrivit ses premiers articles sur des Temas de Arte des sujets d'art, à propos des peintres baroques José de Ribera, Diego Vélasquez, Francisco de Zurbarán et Bartolomé Esteban Murillo ou modernes comme l'art noir et les peintres français Henri Rousseau, Paul Cézanne et Georges Seurat. Parmi ses articles de presse, se distinguait Una lección de museo.
Tras la morfología de Rubens Une leçon de musée. À propos de la morphologie de Rubens, publié dans Revista de Occidente.
Il accomplit par ailleurs un grand travail pour la revue officielle de l'École technique supérieure d'architecture de Madrid et comme organisateur de la première visite en Espagne de Le Corbusier.
Sachant parler allemand, il traduisit, en plus des Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, le problème de l'évolution du style dans l'art moderne de nombreux textes sur l'architecture provenant d'Allemagne et d'Autriche, contribuant ainsi de manière décisive à l'historiographie de l'art.

Exil

José Moreno Villa n'a jamais vraiment su se consacrer de façon stable à une activité ou à un métier. C'est dans la continuité de cette forme d'éternel intérimaire et son engagement pour la République qu'il fut amené à s'exiler, d'abord aux États-Unis, puis au Mexique, où il passera un certain temps, à partir de 1937.
Au Mexique — lieu où me menèrent les vagues à un moment inespéré — il fut l'un des premiers membres d'El Colegio de México es, d'abord appelé Casa de España.
Il intégra là-bas un groupe d'intellectuels qu'il fréquentait déjà à Montparnasse : Federico Cantú es, Alfonso Reyes, Luis Cardoza y Aragón, Renato Leduc es.
Cette étape eut une importance capitale dans sa vie et dans son œuvre, car comme lui-même l'admit, son style s'est mexicanisé.
Sur ce pays il écrit Cornucopia de México en 1940, dans lequel il déclara être capable de conserver un style de peinture mexicain, même en étant dans des lieux très éloignés, tels que la Norvège : Pour évoquer rapidement une grande série de signes mexicains, c'est-à-dire d'éléments plastiques comme des maisons, des chemins, des villages, des profils et visages, des fêtes traditionnelles, des chansons, des vêtements, ainsi que le langage, les idiotismes, la phonétique et toute la grammaire.
Il échangea, hors de l'Espagne, son jeu avant-gardiste pour la nostalgie dans une poésie ré-humanisée qui s'exprimait dans les formes classiques ou néo-popularistes et dans la retenue verbale.
Ces poèmes de l'exil révélèrent aussi la découverte de cette nouvelle réalité depuis la perspective d'un poète qui approfondit la mémoire mais observe également le présent avec la mesure et la dignité du banni :
...
Sentémonos aquí bajo la noche,
frente al volcán, en este pedacito
de tierra que se mueve en el espacio.
...
— José Moreno villa, Cornucopia de México

« ...
Asseyons-nous ici sous la nuit,
face au volcan, sur ce petit morceau
de terre qui se meut dans l'espace
... »
— Cornucopia de México

Legs, mort et reconnaissance

José Moreno Villa commença sa réflexion sur son moi profond comme il l'appelait lui-même avec Salon sin muros, Son œuvre poétique, en 1936, puis il publia trois ans plus tard dans la revue mexicaine Taller le texte intitulé Topografía de la casa paterna : Visión supersticiosa, Topographie de la maison paternelle, Vision superstitieuse, titre qui devint par la suite celui du premier chapitre de son autobiographie Vida en claro, et qui marquera le ton et le développement du livre.
C'est en 1944 qu'il fut publié avec une édition mexicaine a été conjointe entre le Colegio de México, es et le Fondo de Cultura Económica, avant d'être rééditée en 1976 en Espagne avec l'aide du Mexique par le même fond, puis finalement en 2006 par le biais de la maison d'édition espagnole Visor Libros, seule.
Il y explique son legs en ces mots : Ce que j'ai fait bénéficiera les autres : quelque livre, qui, même les plus mal écrits, serviront à ne pas répéter mes fautes ; et une part d'articles, de peintures, de dessins, de leçons et de conférences.
En 1949, il publia le livre La música que llevaba, dans lequel il réunit, alors en exil au Mexique, une anthologie personnelle de son œuvre entre 1913 et 1947. En plus d'offrir une large introduction sur sa trajectoire vitale et artistique, dans cette double condition de poète et peintre, elle permet de mieux suivre - grâce surtout à la nouvelle édition de 1998, où les textes sont ordonnés chronologiquement et où quatorze poèmes écrits entre 1947 et 1955 ont été ajoutés - l'évolution naturelle de sa poésie depuis ses premiers livres dans lesquels le poète cherchait une voix personnelle entre une génération de 98 définie par certains comme épigonale et l'influence du cubisme, jusqu'aux poèmes de l'exil, de la ré-humanisation et de la nostalgie.
José Moreno Villa mourut en 1955, au Mexique. Il laissa derrière lui l'œuvre d'un poète non professionnel qui avait rejeté, les objets de luxe, les perles, les rubis, les aurores roses, et le seul mérite pour lequel il souhaitait être reconnu, était celui d'avoir été le premier à avoir adopté, dans la poésie espagnole, les mots, et particulièrement les adverbes, prosaïques.
En général, il est considéré comme un « poète de transition », étant donné qu'il peut être considéré d'une certaine manière comme un précurseur de la génération de 27. Mais le principal de son œuvre appartient clairement à la poétique du groupe. Le musée de Malaga conserve quarante-neuf des œuvres de José Moreno Villa, qui ont été réalisées suivant des techniques et des styles différents.
Juan Ramón Jiménez fit deux portraits ironiques de lui, dans Españoles de tres mundo en 1960 : Je ne sais pas ce qu'il a cet ami, qui, chaque fois qu'il vient, nous va bien ou encore il est fait de bois choisi, nu, naturel par moments, ou rarement étouffée ici et là-bas avec sobriété et rigueur.
En 1989, La Résidence d'Étudiants de Madrid installa la bibliothèque de José Molina Villa entre ses murs.
Il est reconnu Hijo de la Provincia de Málaga, traduisible par enfant chéri de la région de Málaga le 15 juin 1998.
L'écrivain Antonio Muñoz Molina l'inclut dans son roman La noche de los tiempos en 2010, en créant un personnage basé sur lui, et étant l'un des amis du protagoniste principal, Ignacio Abel. Il revendiqua ainsi sa figure de précurseur des idées qu'il ne sut ou ne put rentabiliser et que d'autres s'approprièrent.
En 2012, la Journée nationale du livre de Málaga fut dédiée à José Moreno Villa, comme Auteur de l'année 2012 ; ainsi fut préparée une exposition dans le Centro Andaluz de las Letras es, qui en plus édita 100,000 exemplaire d'une anthologie du poète réalisée par Rafael de Cózar.
À cette occasion, Julio Neira, le directeur général du Libros, Archivos y Bibliotecas du Conseil régional voulut ainsi célébrer celui qui fut le plus important intellectuel du xxe siècle, selon lui
À l'occasion de sa mort, Manuel Altolaguirre écrivit le poème José Moreno Villa, en hommage a son ami :
...
poeta desterrado nunca fuiste
porque la luz y el fuego
traspasaron los cielos
...
Pero al verte y no verte,
José Moreno Villa
siento el mundo pequeño
y quisiera pensar que lo tuviste
desde niño al alcance de tu mano.
— Manuel Altolaguirre, José Moreno Villa

«...
poète exilé jamais tu ne fus
parce que la lumière et le feu
traversèrent les cieux
...
Mais de te voir et de ne pas te voir
José Moreno Villa
je sens que le monde est petit
et j'aimerais penser que tu l'as eu
dès l'enfance à portée de la main.
— José Moreno Villa

Octavio Paz y alla lui aussi de son hommage, à sa manière, en faisant le portrait de la vivacité de Moreno Villa qu'il dépeignit comme un oiseau :
Visages de Moreno Villa, jamais sculptés ni dessinés, toujours mobiles, changeants, sautant de la surprise à la lassitude : vivacité, lyrisme, mélancolie, élégance sans l'hombre d'un dommage. Jamais lourd ni insistant. Moreno Villa, oiseau. Mais, quel type d'oiseau? … Un oiseau fantastique. Un oiseau rare. Et pourtant, familier de notre ciel et notre terre. … Oiseau solitaire, bien que ne rejetant pas ses relations avec ses semblables.
…Geste d'un oiseau dans son arbre, de poète dans son nuage … Et d'ailes. Il ne savait ni ne pouvait marcher au milieu de la foule : des ailes pour voler.
De la liste des prodiges desquels nous nous rappelons, celui de l'oiseau qui parle et de l'arbre qui chante, il ne faut pas oublier celui du poète qui peint dira de .lui Xavier Villaurrutia.

Œuvre

Poésie

Garba 1913
El pasajero, prologue de José Ortega y Gasset 1914
Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración 1916
Bestiario 1917
Evoluciones. Cuentos, Caprichos, Bestiario, Epitafios y Obras paralelas 1918
Florilegio 1920
Patrañas 1921
Colección. Poesía 1924
Jacinta la Pelirroja. Poema en poemas y dibujos 1929
Carambas 1931
Puentes que no acaban 1933
Salón sin muros 1936
Puerta severa 1941
La noche del Verbo 1942
La música que llevaba. Antología poética 1913-1947, Editorial Losada 1949
Voz en vuelo a su cuna Avance de ese libro inédito. Posthume 1961
Voz en vuelo a su cuna prologue de León Felipe, épilogue de Juan Rejano es. Posthume 1961

Lien
http://youtu.be/8PxG9HbcKGA Despues de todo ... poème en espagnol


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Posté le : 14/02/2014 19:50

Edité par Loriane sur 15-02-2014 23:45:40
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Johannès Stöffler
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MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 16 Février 1531 à Blaubeuren Johannes stöffler meurt de la peste,

mathématicien, physicien cartographe et astronome Allemand il naît le 10 décembre 1452, à Justingen près de Blaubeuren sur Alb Souabe. Il est connu sous le nom latin de Stofflerinus.

Sa vie

Professeur de mathématiques à l'Université de Tübingen, il a écrit plusieurs travaux qui ont largement circulé en Europe du seizième siècle.

L'astrolabe

Il apporte une collaboration notable à la navigation en réadaptant, en perfectionnant l'astrolabe dans "Elucidatio fabricae ususque astrolabii", astrolable qui sera régulièrement revu et perfectionné.
Voir : "Traité de la composition et fabrique de l'astrolabe et de son usage, avec les preceptes des mesures géométriques, le tout traduit du latin de Jean Stofler ... avec quelques annotations sur l'usage de l'astrolabe et mesures géométriques faites par Jean Pierre de Mesmes "
L'astrolabe est un instrument suffisamment précis pour que la précession des équinoxes y soit manifeste : de ce fait les astrolabes du xve siècle ne sont plus utilisables de nos jours. Sur la gravure, la pointe le plus en haut à droite, qui clôt le cercle externe, et marque la position de Antarès, est sensiblement dans l'alignement de la graduation 28° du Scorpion, 238°.
Cette étoile est actuellement Y2000 à 247°, soit 7° du Sagittaire. La précession des équinoxes étant de 1° pour 72 ans, la différence de 10° correspond à un âge de l'ordre de 700 ans, l'original est donné pour 1208, la différence vient probablement de ce que la gravure a introduit de petits écarts supplémentaires.
Dans l'astrolabe du xvie siècle ci-contre, la position d'Antarès est donnée à 0,5° du Sagittaire, soit un décalage de 6,5° et un âge apparent de l'ordre de 470 ans. L'astrolabe étant daté de 1569, l'écart de 40 ans, soit un demi-degré paraît simplement dû aux erreurs de réalisation et de lecture
Ils incluent également les Éphémérides en 1482, dans lequel il a prévu des éclipses et des événements astrologiques jusqu'à 1518 et l'analyse " Elucidatio æ Ususque Astrolabii", publié à Oppenheim en 1513, dans lequel il a décrit une conception d'astrolabe largement cité par des auteurs postérieurs.
Il a inventé un modèle spécial de quadran qui est devenu connu sous le nom de " quadran de stöffleur ".
Ayant reçu sa formation initiale à l'école de monastère Blaubeuren, il s'est fait inscrire à l'Université nouvellement fondée d'Ingolstadt le 21 avril 1472, où il a été par conséquent promu Baccalaureus en septembre 1473 et le Maître en janvier 1476.
Après la fin de ses études il a obtenu la paroisse de Justingen où il, en plus de ses obligations cléricales, s'est intéressé par l'astronomie, l'astrologie et la fabrication d'instruments astronomiques, des horloges et des globes célestes.
Il a conduit une correspondance vive avec des humanistes principaux - par exemple, Johannes Reuchlin, pour qui il a fait un Equatorium et a écrit des horoscopes.
En 1499 il prédit qu'un déluge couvrirait le monde le 20 février 1524.
En 1507, à l'instigation de Duke Ulrich I il est élu à la présidence nouvellement établie de mathématiques et l'astronomie à l'Université de Tübingen, où il a excellé dans l'enseignement riche et des activités de publication et où il a finalement été élu recteur dans 1522.
Ses écrits " Elucidatio fabricae ususque astrolabis", publiés en plusieurs éditions, serviront pour longtemps, aux astronomes et experts comme un travail de référence.

l'horloge astronomique de Tübingen,

Stöffleur a commencé la construction de l'horloge astronomique en 1510.
En 1531, les archives brûlent. Des recoupements confirment avec certitude sa participation à sa construction.
L’emplacement actuel de l’oriel au premier étage reçoit cette horloge jusqu'en 1848.
Elle est ensuite déplacée au dessus du troisième étage et fait désormais partie intégrante de la toiture après construction d’un pignon.
La lecture des différentes complications est rendue difficile par son éloignement.
Cette horloge a deux cadrans horaires: un dans la rue à gauche du bâtiment et le grand sur la place.
Ce qui saute aux yeux, c’est que lors de la rénovation des cadrans, cela n’a pas été fait de façon conventionnelle.
Le cadran principal, pour 4h ou 16h, affiche, IIII, et l’autre cadran sur le coté, IV.
Le cadran supérieur renferme les signes du zodiaque, le cadran original de 1511 avec les signes du zodiaque se trouve aujourd’hui au musée municipal
Un cercle avec 90 cases noires, probablement un calendrier circulaire avec l’ancienne méthode de calcul du cycle des saisons, basé sur 360 jours.
Les anciens calendriers définissaient 4 saisons, elles-mêmes définis par des solstices ou équinoxes.
A chaque saison il s'est effectué 3 cycles de lunes. A chaque cycle de lune, il y a environ 30 alternances de jours et de nuits.
Chaque début ou fin de saison correspond à des phénomènes observables: solstice ou équinoxe, 21 juin, 21 décembre, 20 mars, 23 septembre.
En mettant en relation le cercle des 4 saisons, les cycles de lunes, le nombre de jours et de nuits, on obtient un cycle de lune.
Ainsi, le nombre de jours dans chaque saison comptait environ 90 jours, d’où probablement ce cadran actuel qui a été recopié comme l’ancien.
Il existe un autre cercle de 32 cases noires, parfois à distances inégales.
Les épactes annuelles sont l'excès de l'année solaire sur l’année lunaire, peut être est-ce l’explication ! Cela se passe sur un cycle de 19 ans. Les mois peuvent avoir 32 jours, mais à quoi cela servirait il aujourd'hui si ce n'est pour pour un mathématicien

Munissez-vous d’une boite d’aspirine et allez voir ce site…
En 1979, on a installé une horloge maître synchrone avec une horloge à quartz et un carillon, qui joue le "Kopenhagener Rathausschlag" seulement à 9h, 12h, 16h et 18h en raison des protestations des riverains.
C'est grâce à deux amateurs d'horloge d'Ulm et de Tübingen que l’horloge a repris vie et fonctionne sans défaillance.

Fin de vie

Philipp Melanchthon et Sebastian Münster se classent parmi ses étudiants les plus célèbres. Quand une épidémie de peste provoque la division et le déplacemen de son université à la campagne environnante en 1530.

Il a été enterré dans le choeur de l'universitaire

Ses écrits

1493: Un globe céleste pour l'Évêque de Konstanz. Ce globe, comme le maintien de plante de pied et l'objet le plus important de son atelier, est exposé au Landesmuseum Württemberg dans le Vieux Château à Stuttgart.
1496: Une horloge astronomique pour la Cathédrale de Konstanz.
1498: Un globe céleste pour l'Évêque de Vers.
1499: Un Almanach (Almanach la nova plurimis Annis venturis inserentia) publié en collaboration avec l'astronome Jakob Pflaum d'Ulm, qui a été désigné comme une suite de l'éphéméride de Regiomontanus. Il avait une grande circulation, a subi 13 éditions jusqu'à 1551 et a exercé un effet fort sur l'astronomie de Renaissance.
1512: Un livre sur la construction et l'utilisation de l'astrolabe (Elucidatio fabricae ususque astrolabii), publié dans 16 éditions jusqu'à 1620 et, en 2007, pour le premier.


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Posté le : 14/02/2014 18:47

Edité par Loriane sur 16-02-2014 00:39:59
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Rhéticus
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Le 16 ou 15 février 1514, naît à Feldkirch, Vorarlberg, Georg Joachim

de Porris, en allemand von Lauchen, surnommé Rheticus,

parfois Rhæticus c'est-à-dire originaire de Rhétie, la Rhétie romaine correspond à peu près à l'actuel Tyrol, astronome et mathématicien autrichien, mort le 4 décembre 1574 à Košice, Kassa dans le royaume de Hongrie. Il est passé à la postérité pour avoir décidé Copernic à publier son grand œuvre, le De revolutionibus orbium coelestium qui présente en détail sa théorie héliocentrique. Rheticus en a d'abord présenté lui-même les principes essentiels dans sa Narratio Prima parue en 1540.
Ce premier rapport reste considéré comme une excellente introduction aux idées de Copernic.
En mathématiques, il est également connu pour ses travaux sur les tables trigonométriques. Les meilleures de l'époque, publiées bien après sa mort en 1596 par son élève Valentin Otto dans l’Opus Palatinum de Triangulis, lui sont essentiellement dues.

Sa vie

Rheticus, de son nom de baptême Georg Joachim Isorin, nait à Feldkirch dans une famille aisée du Tyrol autrichien. Son père Georg Isorin est le médecin de la ville, sa mère Thomasina de Porris est de bonne famille italienne. En 1528 son père est condamné pour escroquerie et décapité1 et ses enfants ne peuvent plus porter son nom. Georg Joachim prend alors à 14 ans le nom de sa mère, de Porris, des poireaux. Plus tard il adoptera parfois la traduction allemande von Lauchen. D'abord éduqué par son père, Rheticus étudie ensuite dans sa ville natale. Pendant cette période il fait la rencontre du médecin et érudit protestant Achilles Gasser, de 9 ans son ainé, celui-ci reprendra en 1538 le poste de son père à Feldkirch, dont il devient le protégé et un ami proche. Il poursuit ses études à Zurich où il se lie avec Conrad Gessner qui est son camarade de classe, et a l'occasion de rencontrer Paracelse.
Recommandé par Gasser, il s'inscrit en 1532 à l'université de Wittenberg, alors centre du Luthéranisme, où il obtient un diplôme de maîtrise en 1536. Étudiant brillant, il est remarqué par le grand théologien luthérien Philippe Melanchthon qui est aussi passionné d'astronomie, et à qui Martin Luther a confié l'université. Celui-ci lui attribue dès l'obtention de son diplôme un poste d'enseignant de mathématiques pour les premières années. La même année Erasmus Reinhold, arrivé 2 ans avant Rheticus à Wittenberg et déjà enseignant, se voit confié la chaire d'astronomie. En 1538, Melanchthon autorise Rheticus à laisser ses enseignements pour voyager afin de parfaire son éducation en astronomie.
Rheticus se rend à Nuremberg auprès de l'astronome, mathématicien et cartographe Johann Schöner. Il y fait également connaissance de l'imprimeur Johann Petreius, expert dans l'édition mathématique et astronomique, et qui est en bons termes avec Schöner. Il semble que ce soit à Nuremberg, et probablement par Schöner, qu'il ait été informé des idées de Copernic sur l'héliocentrisme5 et qu'il ait décidé alors de se rendre à Frauenburg, Frombork pour rencontrer celui-ci.
Il peut paraître curieux qu'un jeune universitaire protestant se rende aussi facilement en Prusse royale, polonaise et catholique rendre visite à un chanoine auprès duquel il va rester finalement 2 ans, mais l'opposition entre catholiques et protestants n'était pas encore aussi vive qu'elle le sera après le concile de Trente. De plus le chanoine Copernic, ainsi que son ami, l'évêque Tiedemann Giese, étaient gens d'église et catholiques convaincus mais tolérants aux idées de la Réforme et d'ailleurs minoritaires sur ce point parmi leurs confrères.

Disciple de Copernic

Rheticus arrive à Frauenburg Frombork en mai 1539. Copernic est alors âgé de 66 ans. Il avait écrit près de 30 ans auparavant un court exposé de son modèle cosmologique, le Commentariolus. Le fascicule, qui n'avait circulé que sous forme manuscrite en un très petit nombre d'exemplaires annonçait un traité plus conséquent. Entre temps, il avait découvert l'Almageste de Ptolémée, imprimé en 1515 sous sa forme complète, et en avait fait le modèle de son propre ouvrage, qui était pour l'essentiel achevé bien avant l'arrivée de Rheticus. Mais, bien que sollicité depuis plusieurs années par son ami Tiedemann Giese, alors évêque de Kulm, Chelmno, Copernic se refusait à publier ses travaux, préférant fignoler au fil des ans un manuscrit dont il était conscient qu'il pouvait être amélioré. Il craignait également d'être mal compris, et les polémiques qui s'ensuivraient.
Rheticus rapportera plus tard que Copernic aurait souhaité un temps se limiter à publier ses tables de position des planètes, sans expliciter l'hypothèse sur laquelle elles étaient construites.
Rheticus est accueilli chaleureusement par Copernic, ainsi que par Giese11. La visite va se prolonger 2 ans, avec quelques interruptions), bien plus que ne le prévoyait au départ Rheticus, qui est enthousiasmé par les idées nouvelles et la personnalité de son hôte. Il se fait le disciple de son Précepteur et Maître Dominus Doctor Præceptor Copernic. Celui-ci n'avait jamais eu d'élève, et Rheticus restera le seul.
Rheticus, bien que malade un temps, prend rapidement connaissance du manuscrit de Copernic. En septembre 1539, il le synthétise avec brio dans un rapport qu'il adresse à Johannes Schöner, à Nuremberg.
En 1540 il se rend à Dantzig Gdańsk pour faire imprimer l'envoi à Schöner, c'est la Narratio prima, le premier rapport : la première fois qu'est imprimée une présentation du modèle héliocentrique de Copernic. L'opuscule est dédié à Johann Schöner, et présente les travaux du Docteur Nicolas Copernic de Thorn. Mais Rheticus a préféré rester un anonyme jeune étudiant de mathématiques. La brochure est un succès. Par l'intermédiaire de Gasser, elle sera réimprimée à Bâle en 1541, cette fois-ci sous le nom de Rheticus.
Rheticus a obtenu, avec l'aide de Giese, que Copernic accepte de publier ces travaux. Il va passer près de 2 ans auprès de Copernic pour l'aider à préparer son manuscrit. Rheticus doit reprendre ses cours à Wittemberg de mars à juillet 1540. De retour à Frauenburg il propose à Copernic de copier son manuscrit pour le faire publier à Nuremberg par Petreuis, qui a été enthousiasmé par la Narratio prima et a proposé ses services à Rheticus.
L'impression d'un travail aussi technique que celui de Copernic n'était pas simple, et il n'existait pas d'imprimeur compétent à proximité de Frauenburg.
Rheticus retourne à Wittenberg à l'automne 1541, et il emporte avec lui le manuscrit du De revolutionibus. Il est élu doyen en 1541, et y enseigne l'année 1541-1542.

En 1542 il fait imprimer à Wittenberg une petite brochure, De lateribus et angulis triangulorum qui contient les extraits du livre de Copernic au sujet de la trigonométrie plane et sphérique, et à laquelle il ajoute une table de demi-cordes sous-tendues par un cercle, en termes modernes de sinus. La table est plus précise que celle du De revolutionibus, elle est donnée de minute en minute, 10 minutes pour le De revolutionibus, et, en valeur entière ramenée à un rayon de 107, 105 pour le De revolutionibus.
La table indique également l'angle complémentaire ce qui en fait la première table connue de cosinus, le nom n'apparaît pas. Bien que Rheticus ne l'attribue ni à Copernic, ni à lui-même, elle lui serait due selon certains historiens, mais il semble que les données soient essentiellement reprises des tables de Regiomontanus. Les calculs de tables trigonométriques, avec d'autres contributions à venir constitueront l'originalité de la contribution de Rheticus à l'histoire des mathématiques.
En mai 1542, il apporte le manuscrit de Copernic à Nuremberg pour le confier à Petreius, et supervise la longue et complexe impression. Il faut graver les bois pour les nombreux diagrammes du livre, et Rheticus a le temps de faire un aller-retour à Feldkirch.
Il reçoit une offre de poste à Leipzig, plus intéressante en particulier financièrement que sa position à Wittenberg, mais qui l'oblige à quitter Nuremberg à l'automne 1542, avant la fin de l'impression du traité de Copernic. Il confie alors la relecture des épreuves à Andreas Osiander, un théologien protestant ami de Petreuis, et intéressé par l'astronomie.
L'évènement a plus de conséquences que prévu. Osiander choisit de renommer le De revolutionibus en De revolutionibus orbium cœlestium, et surtout il y ajoute anonymement une préface de son cru qui fait du système héliocentrique de Copernic une simple hypothèse mathématique, ignorant l'avis à ce sujet de Copernic qu'il a sollicité par lettre en 1541. Rheticus en est informé trop tard pour pouvoir s'y opposer. L'impression est terminée fin mars 1543. Copernic, à qui les premières épreuves ont été envoyées et qui a rédigé une première feuille d'errata, souffre d'une attaque qui le laisse à moitié paralysé en décembre 1542 et meurt le 24 mai 1543. La défense de son œuvre passe à ses amis Giese et Rheticus. Giese s'oppose en vain à la préface d'Osiander, allant jusqu'à demander au conseil municipal de Nuremberg d'intervenir.
Il sollicite Rheticus pour que celui-ci y substitue une biographie de Copernic et une justification de ce que le système héliocentrique ne contredit pas la Bible. Rien ne sera fait. La préface, en dehors d'un cercle d'initiés, sera longtemps attribuée à Copernic lui-même.
Les historiens attribuent à Rheticus une biographie de Copernic aujourd'hui perdue. Il a également écrit une défense du système héliocentrique contre une lecture trop littérale de la Bible, probablement à cette époque, mais qui n'a été imprimée et publiée, anonymement que plus d'un siècle plus tard, en 1651.
À la mort de son maître, Rheticus hérite du manuscrit original du De Revolutionibus, non celui qui a servi à l'impression, mais celui sur lequel Copernic travaillait, et qu'il avait continué de corriger après le départ de son disciple. Le manuscrit existe toujours, après quelques détours il se trouve aujourd'hui à la bibliothèque Jagellonne de l'université de Cracovie, où Copernic avait débuté ses études.

Rheticus ne put rester assez longtemps à Nuremberg pour surveiller toute l'impression du De revolutionibus : il s'était, en effet, fait nommer professeur de mathématiques à l'université de Leipzig, où il devait se rendre en personne pour le début de l'année universitaire, à la mi-octobre 1542. Petreius confia la tâche de réviseur à un autre de ses amis, Andreas Osiander 1498-1552, éminent pasteur luthérien, passionné de mathématiques, qui était certainement compétent mais se crut autorisé à écrire une lettre préface qui diminuait considérablement la portée de l'œuvre de Copernic. Cette préface non signée, dans laquelle beaucoup virent l'œuvre de Copernic lui-même, présentait le système héliocentrique comme une hypothèse parmi d'autres possibles, fiction « calculatoire » un peu plus efficace que la fiction ptoléméenne.

Pendant que ces événements se déroulaient à Nuremberg, loin de là, à Frombork, Copernic tombait gravement malade. Il avait déjà pris la précaution de se choisir, comme coadjuteur dans son canonicat, un parent éloigné. Ayant reconnu la gravité de la maladie de Copernic, le père du coadjuteur demanda, le 30 décembre 1542, à l'évêque de Warmie, Johannes Dantiscus, d'intervenir pour que son fils pût prendre possession sans difficulté du canonicat qui devait être bientôt vacant. Copernic donc, dès la fin de 1542, touchait au terme de sa vie.

Le 29 janvier 1543, l'évêque de Warmie écrivait à l'un de ses amis – l'astronome hollandais Gemma Frisius (1508-1555) – qui éprouvait un grand intérêt pour l'œuvre de Copernic que celui-ci, souffrant des effets d'une attaque de paralysie, était maintenant presque mourant. Une hémorragie cérébrale, suivie de la paralysie de tout le côté droit, entraîna sa mort, le 24 mai 1543. La tradition veut que, le même jour, un exemplaire de l'édition de Nuremberg du De revolutionibus lui soit parvenu alors qu'il était sur le point d'expirer. L'anecdote est hagiographiquement trop séduisante pour que l'on se prive de la rapporter.

Sens et limite d'une révolution
Parmi les grandes œuvres qui jalonnent la route de l'astronomie, celle de Copernic est peut-être la plus contestée. Ainsi ce dernier apparaît-il comme ayant été par deux fois fauteur de troubles. Fauteur de troubles en son temps, parmi les astronomes, les philosophes et les théologiens. Fauteur de troubles aujourd'hui, parmi les historiens des sciences, les uns le considérant, non seulement comme le père de l'astronomie moderne, mais de toute la science moderne, les autres le traitant comme négligeable. Faux débat, bien souvent, qu'illustre cette fausse question : Copernic est-il le dernier astronome du Moyen Âge ou le premier des Temps modernes ?

Or, s'il est vrai que l'œuvre scientifique de Copernic est déroutante déroutante par sa minceur même, par les conditions de son apparition et, il faut bien l'avouer, par certaines de ses faiblesses, s'il est vrai que Copernic lui-même a été en grande partie ignorant de ses propres richesses, Copernic mauvais copernicien, la simple objectivité oblige à cette constatation qu'avec lui, et avec lui seul, s'amorce un grand bouleversement d'où sortiront l'astronomie et la physique modernes. Les jugements et les choix d'un Galilée et d'un Kepler pèsent plus lourd dans la balance que les arguties des compteurs d'épicycles ! À notre avis, il s'agit donc d'une révolution. Mais encore faut-il savoir de quoi l'on parle.

Au temps de Copernic, l'astronomie était dominée depuis quatorze siècles par l'œuvre de Ptolémée. Si ce n'est pas dans l'Almageste lui-même, c'est au moins dans ses adaptations, ses paraphrases et ses commentaires que les étudiants apprennent cette science. Dans l'Almageste se mêlent trois composantes bien distinctes : d'abord, une vision globale du monde, une cosmologie ; ensuite, un outil mathématique, essentiellement la trigonométrie, au service de la résolution des triangles plans et sphériques ; enfin, une astronomie pratique, en l'occurrence un ensemble de modèles géométriques, de tableaux de chiffres et de « recettes de cuisine » permettant de localiser à un moment donné les astres « vagabonds » (les planètes, la Lune et le Soleil) sur le grand quadrillage immuable des étoiles fixes.

Si la trigonométrie et la pratique astronomique peuvent être innocentes, il n'en saurait être de même pour la cosmologie. Une cosmologie suppose une philosophie de la nature, pour le moins une physique, au sens moderne du terme. La cosmologie de Ptolémée est tributaire d'une physique qui règne depuis déjà cinq siècles, celle d'Aristote. Il en résulte une série d'axiomes qui longtemps verrouilleront l'astronomie.

Premièrement, le géocentrisme, qui veut que la Terre, rigoureusement immobile, siège au milieu du monde, unique centre des mouvements célestes. Deuxièmement, une dichotomie de l' Univers : d'une part, le monde terrestre, qui va jusqu'à l'orbe de la Lune, monde du changement, du périssable, de la génération et de la corruption, monde des mouvements rectilignes, vers le haut pour les éléments légers, l'air et le feu ; vers le bas, pour les éléments lourds, la terre et l'eau) ; d'autre part, le cosmos, au-delà de l'orbe de la Lune, monde de l'immuable, de la non-physique, du cinquième élément, l'éther. Troisièmement, l'axiome du mouvement circulaire uniforme ou de ses combinaisons comme étant le seul mouvement possible pour les corps célestes – avec, comme pour marquer les limites de l'emprise idéologique sur les sciences, la tricherie géniale de Ptolémée, l' équant.

Pendant quatorze siècles donc, cette astronomie devait fonctionner sans troubles graves. Les astronomes, à partir des modèles et des paramètres de Ptolémée au besoin légèrement modifiés, dressaient des tables des mouvements planétaires, lunaires et solaires, tables qu'ils remettaient à jour lorsque les écarts entre les prévisions et les observations devenaient intolérables. Et – singularité de la révolution copernicienne – au temps de Copernic, cette situation pouvait se perpétuer ; aucun progrès dans la précision des observations (pas plus d'ailleurs que dans l'outil mathématique ou la physique du monde) ne venait obliger à bouleverser le système du monde. On en a une preuve dans le fait que Tycho Brahe (1546-1601), astronome des générations suivantes qui fera gagner un facteur dix à la précision des observations, refusera l'héliocentrisme copernicien et imaginera un système mixte entre celui de Ptolémée et celui de Copernic.

Pourtant, en 1543, ce dernier avait offert au monde savant un nouveau système cosmologique en contradiction totale avec les apparences et le vécu immédiat. Et cela dans un ouvrage, le De revolutionibus, qui se voulait construit à l'image de l'Almageste et où l'on retrouve les trois composantes de celui-ci : une cosmologie totalement nouvelle sur laquelle nous reviendrons ; un outil mathématique rigoureusement identique à celui des prédécesseurs ; une astronomie pratique qui n'est ni plus ni moins efficace que celle de Ptolémée et où foisonnent effectivement, à ce niveau opératoire, les épicycles, les excentriques et les épicycles d'épicycles. Autant, et peut-être même plus, que dans l'astronomie pratique de Ptolémée. Peu de changements donc. Simplement, dans la grande machinerie de l'Univers, en apparence toujours aussi complexe, Copernic se contente de permuter le lieu, et la fonction, de deux pièces, la Terre et le Soleil. On serait tenté de dire : la révolution copernicienne, c'est, bien entendu, l'héliocentrisme, mais ce n'est que l'héliocentrisme. Peut-être. Mais quelle brèche se trouve ainsi ouverte dans l'ancienne conception du monde et quelle dynamique est offerte aux générations suivantes ! Et d'abord, quoi qu'en pense Arthur Koestler dans Les Somnambules, quelle simplification du monde ! Le nombre des cercles n'a rien à voir ici ; ce sont leurs fonctions qui comptent.

Chez Ptolémée, au centre du monde, siège la Terre, immobile ; puis vient la Lune, qui tourne en un mois ; puis Mercure, Vénus et le Soleil, qui bouclent leurs révolutions sur le déférent en un an ; puis Mars en deux ans, Jupiter en douze ans et Saturne en trente ans ; enfin, les étoiles fixes, qui accomplissent leurs révolutions en un jour. Quelle pagaïe ! De plus, pour comprendre, sans même chercher à calculer, les mouvements irréguliers des planètes, mouvements directs, stations et rétrogradations, impossible de faire l'économie du premier et grand épicycle. Ajoutons que, pour comprendre les comportements différents des planètes inférieures – Mercure et Vénus, qui ne s'éloignent pas du Soleil – et des planètes supérieures – Mars, Jupiter et Saturne, qui prennent toutes les élongations possibles –, il faut leur donner deux statuts cosmologiques différents, c'est-à-dire croiser les rôles des déférents et des premiers épicycles.

Chez Copernic, l'Univers s'harmonise. Au centre, le Soleil ; puis viennent Mercure, Vénus, la Terre, qui prend rang de simple planète, Mars, Jupiter et Saturne, puis la sphère des étoiles fixes. Là, point de rupture : il y a un lien simple entre les distances par rapport au Soleil et la durée des révolutions, de celle de Mercure (88 jours) à celle de Saturne 30 ans et, pour finir par l'immobilité de la sphère des fixes. Stations et rétrogradations s'expliquent par le jeu des mouvements des planètes et de la Terre ; le comportement différent de Mercure et Vénus, par leurs positions respectives entre la Terre et le centre du monde. Dans une première approche, le monde se déchiffre sans qu'on fasse intervenir le premier épicycle ; les déférents y suffisent. Le premier épicycle, de dimension modeste, n'est là, on le sait maintenant, que pour rendre compte des écarts entre le mouvement circulaire supposé échoir aux astres et le mouvement elliptique réel. Car le mouvement circulaire est maintenu par Copernic, et même renforcé. Pour lui, l'une de ses fiertés, outre la nouvelle cosmologie qu'il a offerte au monde, est d'avoir aboli l'équant, inadmissible entorse au mouvement circulaire uniforme. Un seul des trois verrous saute donc explicitement, celui du géocentrisme. Copernic ne se prononce pas sur la dichotomie du monde ; mais, implicitement, la Lune n'étant plus qu'un satellite de la Terre, cette dichotomie devient insoutenable. Le troisième verrou sort renforcé de la bataille. Pourtant quelle bombe à retardement Copernic laisse-t-il sur son lit d'agonie ! Le mouvement de la Terre autour du Soleil ouvre une stratégie nouvelle à l'astronomie, que Kepler utilisera en étudiant le mouvement de Mars après en avoir retranché celui de la Terre. Le même Kepler, sans cette mise en évidence d'un lien simple entre distances et périodes de révolution, n'aurait jamais eu l'occasion de mettre son acharnement de mathématicien à la recherche de la troisième loi des mouvements planétaires. Voilà ce qu'il en est, notamment, pour l'astronomie.

Mais, plus profondément peut-être, la nouvelle astronomie devait bouleverser la physique. Une cosmologie, disions-nous, ne saurait être innocente. Celle de Ptolémée s'appuyait sur une physique, celle d' Aristote, qui l'avait largement précédée. Copernic propose une nouvelle cosmologie sans faire œuvre de physicien ; et cette cosmologie est incompatible avec la physique d'Aristote. Le monde savant se retrouve face à une cosmologie pour ainsi dire suspendue dans le vide. Il faut choisir. Ou bien adhérer à la cosmologie nouvelle, répudier la physique d'Aristote et donc se voir obligé de construire une nouvelle physique. Ou bien garder la physique d'Aristote et refuser l'héliocentrisme. C'est bien dans ces termes que Galilée qui a de bonnes raisons, lui qui a vu les phases de Vénus et les satellites de Jupiter, d'adopter la cosmologie de Copernic) pose le problème de la physique dans la première « journée » du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Adepte de la nouvelle cosmologie, il construira une nouvelle physique avec le succès et les conséquences que l'on sait. Le chemin est ouvert qui conduira à Newton.

Professeur à Leipzig

La suite des évènements fait apparaître une certaine instabilité dans le caractère de Rheticus. Mais il assure tout d'abord ses enseignements à Leipzig pendant 3 ans. Il obtient alors l'autorisation de s'absenter, et part pour l'Italie où il rencontre Jérôme Cardan. Pendant son séjour à Lindau, début 1547 il souffre de désordres mentaux tels qu'une rumeur court qui le dit mort. Il enseigne cependant à Constance le dernier semestre de 1547. Il se rend ensuite à Zurich où il étudie la médecine auprès de Conrad Gessner, son ancien condisciple. Il retourne à Leipzig, où il a été élu doyen, fin 1548 et reprend ses cours. Il y publie en 1550 ses Ephemerides novae éphémérides astronomiques, fondées sur la cosmologie de Copernic30, puis en 1551 les premières tables trigonométriques qui lui soient réellement dues, le Canon doctrinæ triangulorum. Celles-ci sont les premières tables à présenter les 6 fonctions trigonométriques, sinus, cosinus, tangente et leurs inverses, cosécante, sécante et cotangente, cependant pas sous ces noms que Rheticus n'apprécie pas. Elles sont données de 10' en 10', en valeur entière ramenée à un rayon de 107. Même si elles ne sont pas adoptées par tous les astronomes, elles influencent directement Francesco Maurolyco en 1558, et François Viète pour les tables moins précises 10-5, mais de minute en minute de son canon mathematicus publié en 1579. Elles inspireront également bien sûr les futurs travaux de Rheticus. Peu d'exemplaires du Canon doctrinæ triangulorum nous sont parvenus, il a été redécouvert et étudié dans une publication de 1845 par Auguste de Morgan.
Fortement endetté, Rheticus est compromis en 1551 l'année de publication du Canon doctrinæ triangulorum dans une affaire homosexuelle avec un jeune étudiant. Poursuivi par le père, il doit quitter en urgence Leipzig, il sera condamné en son absence à 101 ans d'exil et à la confiscation de ses biens. Il perd à partir de ce moment le soutien de Melanchthon et de son réseau. Malgré des sollicitations ultérieures, il abandonne aussi définitivement sa carrière d'universitaire.

Médecin à Cracovie

Rheticus se rend à Prague, le royaume de Bohême est à l'époque sous dépendance des Habsbourg, mais abrite une importante communauté protestante et y reprend des études médicales. Après avoir décliné une invitation à enseigner à Vienne, il s'installe en 1554 à Cracovie, où il va pratiquer la médecine pendant 20 ans en disciple de Paracelse tout aussi révolutionnaire dans son domaine que Copernic en astronomie. Dans ce domaine Rheticus semble cependant s'être contenté d'être praticien.
Il n'abandonne pas pour autant l'astronomie, l'astrologie, et les mathématiques, où sa grande passion reste l'établissement de tables trigonométriques. En 1568, il écrit à Pierre de La Ramée au sujet d'un projet d'observatoire astronomique fondé sur le principe des obélisques égyptiens.
En 1574, l'année de sa mort, il est à Košice, alors dans le royaume de Hongrie, sous domination autrichienne où il a été invité par un riche mécène. Un jeune mathématicien impressionné par son Canon doctrinæ triangulorum, Valentin Othon, ou Otto, vient l'y retrouver. Rheticus a maintenant presque l'âge de son maître Copernic quand lui-même était parti à sa recherche. Otto va l'aider à son grand œuvre, la publication de nouvelles tables trigonométriques bien plus précises que celles existantes, l'Opus Palatinum de triangulis. Mais Rheticus meurt le 4 décembre 1574, avant de voir son travail achevé. Son élève hérite de son manuscrit et du manuscrit original de Copernic. Il ne pourra publier les tables qu'en 1596. Quant au précieux manuscrit du De Revolutionibus, il passera dans d'autres mains à la mort d'Otto.
L'Opus Palatinum de triangulis sera corrigé par Pitiscus, et ce dernier utilisera cet ouvrage ainsi que les manuscrits de Rheticus pour son Thesaurus mathematicus. Les tables de Rheticus et Pitiscus seront largement diffusées, mais verront leur intérêt décliner avec la découverte des logarithmes, qui va bouleverser les méthodes de calculs.

La publication du De revolutionibus

Il est probable que Copernic, en ces années 1520, non seulement pratiquait l'astronomie, mais aussi travaillait déjà au livre qui devait être l'Almageste des Temps modernes et amorcer cette grande révolution astronomique et physique dont les Principia de Newton allaient être le sommet et l'achèvement, un siècle et demi plus tard. À lire le récit des nombreuses charges que Copernic dut assumer, on comprend que l'ouvrage ne pouvait que lentement avancer. En tout cas, le Commentariolus en fait foi, Copernic avait, depuis déjà au moins une dizaine d'années, choisi l'héliocentrisme comme système du monde. Il travaillait donc, sans doute épisodiquement, à son grand ouvrage, mais il n'est pas certain qu'il ait eu l'intention de le publier un jour, malgré l'insistance de son ami le plus intime, Tiedemann Giese (1480-1550), alors évêque de Chełmno. Lorsque Bernard Wapowski (1450-1535), secrétaire du roi de Pologne, lui rendit visite à l'automne 1535, Copernic lui annonça qu'il avait rédigé de nouvelles tables planétaires qui devaient servir de bases au calcul d'un almanach beaucoup plus exact que ceux qui étaient alors en circulation et qu'il souhaitait que cet almanach fût effectivement publié. Le manuscrit, aujourd'hui perdu, fut envoyé par Wapowski à Vienne mais ne fut jamais édité.

Si Copernic était disposé à livrer au public de simples colonnes de chiffres, il en allait tout autrement des principes novateurs sur lesquels ces chiffres étaient fondés. Il ne tenait nullement, semble-t-il, à provoquer les philosophes et les théologiens par la publication de ses théories révolutionnaires. Il pensait, comme il l'écrit dans le livre I du De revolutionibus, qu'il fallait « ne confier les secrets de la philosophie qu'à des amis fidèles et à des proches, et ne pas mettre ces secrets par écrit, ni les révéler à n'importe qui ». Et, lorsque, le 1er mai 1536, le cardinal Nicolas Schönberg (1472-1537) offrit de faire copier à ses frais les œuvres de Copernic, ce dernier ne lui communiqua rien et ne permit aucune copie ! En tout cas, par les amis fidèles, Giese, Wapowski, Schönberg, et par les quelques privilégiés qui avaient disposé d'une copie manuscrite du Commentariolus, les théories de Copernic cheminaient lentement dans le monde savant. Suffisamment pour atteindre Wittenberg et intéresser George Joachim von Lauchen, dit Rheticus.

Rheticus, 1514-1574, unique disciple que Copernic ait eu de son vivant, arriva à la fin de mai 1539 auprès de lui, à Frombork. Il dut se mettre aussitôt au travail et assimiler très vite l'essentiel de ses théories, puisque, dès 1540, un résumé des thèses coperniciennes, la Narratio prima, fut publié anonymement à Gdańsk. Philipp Melanchthon, 1497-1560, principal guide intellectuel de l'Allemagne luthérienne et protecteur de Rheticus à l'université de Wittenberg, eut l'honneur de recevoir les premiers feuillets de la Narratio en cours d'édition. L'accueil fut plutôt bon et la sortie de cet opuscule d'une soixantaine de pages ne provoqua pas l'explosion redoutée par Copernic. Et, l'année suivante, en 1541, une deuxième édition de la Narratio, signée par Rheticus cette fois-ci, vit le jour à Bâle. Grand ami de Rheticus, le médecin Achilles Pirmin Gasser, 1505-1577 avait accepté d'en écrire la préface. Aussi Copernic laissa-t-il imprimer son De revolutionibus et entreprit-il de faire les retouches finales à son manuscrit, encore que la lecture du dernier livre de l'ouvrage donne une fâcheuse impression de brouillon inachevé.

Rheticus fit une copie du manuscrit, en y apportant, avec l'accord de Copernic, quelques corrections mineures. Le 29 août 1541, Rheticus pria le duc Albert de Prusse d'intervenir auprès de l'Électeur de Saxe et de l'université de Wittenberg, afin qu'il lui fût permis de publier le De revolutionibus de Copernic. Trois jours plus tard, le duc répondit à sa demande et Rheticus reprit, peu après, ses fonctions de professeur de mathématiques à Wittenberg. En revanche, il semble que ni l'Électeur de Saxe, ni l'université de Wittenberg n'accordèrent l'autorisation demandée.

Si Rheticus parvint à publier, sans difficulté, à Wittenberg en 1542, un ouvrage purement technique de Copernic, le De lateribus et angulis triangulorum, le problème était entièrement différent avec le De revolutionibus et, bien que les autorités de Wittenberg n'eussent pas été hostiles à sa personne – il avait été élu doyen de la faculté des arts le 18 octobre 1541 –, Rheticus estima que l'atmosphère régnant à Wittenberg n'était pas propice à la publication d'un ouvrage qui risquait de provoquer d'âpres controverses. Et, en effet, les sentiments anticoperniciens étaient très forts dans la citadelle du luthéranisme. Si, par la suite, l'Église catholique devait se rattraper, c'est, dans un premier temps, au sein du monde protestant que les réactions furent les plus négatives. Aussi Rheticus décida-t-il de prendre un autre congé à la fin du semestre d'hiver, le 1er mai 1542. Il gagna Nuremberg, où résidait l'imprimeur Johannes Petreius 1497-1550, avec lequel il était en excellents termes et qui était spécialisé dans l'impression d'ouvrages mathématiques et astronomiques. En août 1540, Petreius avait publié un ouvrage qu'il avait dédié à Rheticus ; dans cette dédicace, il avait fait une allusion à la Narratio prima et exprimé l'espoir que la publication du grand ouvrage de Copernic couronnerait les efforts de Rheticus. Et c'est chez Petreius que, vers la fin de mai 1542, furent imprimés, et corrigés par Rheticus, deux cahiers du De revolutionibus. Le mois suivant, en juin 1542, Copernic composa sa belle dédicace au pape Paul III, qui est l'un des plaidoyers les plus convaincants en faveur de la liberté d'expression. L'astronome y fait preuve d'une clarté d'esprit et d'un courage qui démentent l'expression, littérairement efficace mais totalement fausse, de « chanoine craintif » sous laquelle Arthur Koestler désigne Copernic.

Rheticus ne put rester assez longtemps à Nuremberg pour surveiller toute l'impression du De revolutionibus : il s'était, en effet, fait nommer professeur de mathématiques à l'université de Leipzig, où il devait se rendre en personne pour le début de l'année universitaire, à la mi-octobre 1542. Petreius confia la tâche de réviseur à un autre de ses amis, Andreas Osiander 1498-1552, éminent pasteur luthérien, passionné de mathématiques, qui était certainement compétent mais se crut autorisé à écrire une lettre préface qui diminuait considérablement la portée de l'œuvre de Copernic. Cette préface non signée, dans laquelle beaucoup virent l'œuvre de Copernic lui-même, présentait le système héliocentrique comme une hypothèse parmi d'autres possibles, fiction « calculatoire » un peu plus efficace que la fiction ptoléméenne.

Œuvres

Joachim Rheticus, Narratio prima de libris revolutionum Copernici, sur Linda Hall Library, Dantzig,‎ 1540, également disponible sur Wikisource, trad. Henri Hugonnard-Roche et Jean-Pierre Verdet, avec la collaboration de Michel-Pierre Lerner et Alain Philippe Segonds. Wrocław ; Warszawa ; Kraków : Ossolineum, 1982, Studia Copernicana ; .
Tabula chorographica auff Preussen und etliche umbliegende lender, Wittenberg, 1541.
avec N. Copernic De lateribus et angulis triangulorum, Wittenberg, impr. Johannes Lufft, 1542.
Ephemerides novae Leipzig, impr. Wolfgang Gunter, 1550.
Canon doctrinae triangulorum, Leipzig, impr. Wolfgang Gunter, 1551.
Opus palatinum de triangulis avec Valentinus Otho, Neostadii in Palatinatu, excudebat Matthaeus Harnisius, 1596, lire enligne, numérisation e-rara.ch.
Cujusdam anonymi epistola, de terrae motu, Utrecht 1651 ; ouvrage écrit vers 1540 qui défend le système héliocentrique contre une lecture trop littérale de la bible. Il s'agit de la Narratio Secunda, longtemps supposée perdue sans avoir été publiée (Koyré 1961, p 92), retrouvée et identifiée en 1973 par Reijer Hooykaas, qui l'a traduit dans G. J. Rheticus' treatise on holy scripture and the motion of the Earth, North Holland, 1984.

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François-Louis de bourbon-Conti
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Le 9 février ou 22 février, selon le Journal du marquis de Dangeau,

en 1709, à Paris, à 44 ans meurt François Louis de Bourbon,

comte de La Marche, comte de Clermont, prince de La Roche-sur-Yon, puis 3e prince de Conti en 1685, chevalier de l'ordre du St esprit, en 1683 lieutenant général de la cavalerie, il participe à plusieurs Conflits, Il fera la Guerre des Réunions, et la guerre de la Ligue d'Augsbourg où il se distinguera par des faits d'armes aux sièges de Courtrai et de Dixmude en 1683, siège de Philippsburg., Bataille de Fleurus en 1690, siège de Mons en 1692, Siège de Namur en 1692, Bataille de Steinkerque, Bataille de Neerwinden en 1693, dit le Grand Conti, est né à Paris le 30 avril 1664, fils de Armand de Bourbon-Conti et de Anne-Marie Martinozzi, il épouse Marie-Thérése de Bourbon-Condé avec qui il a 7 enfants : dont Mlle de Conti 1689-1720 et Louis Armand II de Bourbon-Conti 1695-1727 ;
Surnommé le grand Condé il appartient à la maison de Bourbon,

Sa vie

Fils d'Armand de Bourbon-Conti, 1629-1666, premier prince de Conti, et de la princesse née Anne Marie Martinozzi, il est le frère cadet de Louis Armand Ier de Bourbon-Conti, 1661-1685, 2e prince de Conti. Il est baptisé le jour de sa naissance en l'église Saint-Sulpice avec pour parrain son oncle, le Grand Condé, et pour marraine sa tante, la duchesse de Longueville.
Considéré comme un enfant intelligent, il reçut une excellente éducation et se distingua à la fois par son indépendance d'esprit et par l'agrément de ses manières. Ces qualités, alliées à une haute naissance, furent jugées dangereuses par Louis XIV qui s'en méfiait et le tenait à distance.
Son père meurt en 1666 et sa mère en 1672 le confiant avec son frère aîné à leurs oncles, le duc de Longueville et le prince de Condé.
En 1683, il participa, avec son frère, aux sièges de Courtrai et Dixmude, et se distingua l'année suivante au siège de Luxembourg où il monta à l'assaut d'un bastion à la tête de ses grenadiers.
En 1685, il assista, avec son frère, les partisans de l'Empereur en Hongrie, contribuant à la défaite des Turcs à Gran.
De là, il écrivit quelques lettres impertinentes à sa belle-sœur, la princesse de Conti, fille du roi et de la duchesse de la Vallière,(dont on prétendait qu'il avait été le premier amant au lieu de son frère qui lui répondait sur le même ton. Ces lettres, dans lesquelles il se moquait de Louis XIV en l'appelant le roi du théâtre , furent interceptées et ce persiflage lui valut, à son retour en France, d'être temporairement exilé à Chantilly, où il fut blessé par un cerf lors d'une chasse, le 9 octobre 1685 il devait conserver une cicatrice entre l'œil et la tempe. C'est au cours de cet exil qu'il devint prince de Conti à la mort de son frère aîné Louis Armand Ier de Bourbon-Conti le 9 novembre 1685.

Le 2 juin 1686, sur les instances de son oncle, le Grand Condé, Louis XIV lui conféra la qualité de chevalier de l'ordre du Saint-Esprit avec les autres princes du sang.
Dès le 25 septembre 1688, la guerre de la Ligue d'Augsbourg ayant éclaté, Conti, n'ayant pas reçu de commandement du roi, partit comme simple volontaire pour participer au siège de Philippsburg. En mai 1689, il suivit son ami intime le maréchal de Luxembourg aux Pays-Bas et prit part à la victoire de Fleurus en 1690.
En 1692, Il participa au siège de Mons et à celui de Namur, il fut nommé lieutenant général le 3 mai. À Steinkerque le 3 août, il eut deux chevaux tués sous lui. Il fut blessé d'un coup de sabre avant d'abattre son agresseur à la bataille de Neerwinden en 1693.
Revenu à la cour, auréolé de prestige militaire et ne dédaignant pas les hommages tant féminins que masculins, Conti s'insinua dans les bonnes grâces du Grand Dauphin, ce qui acheva de lui aliéner le roi. Avec le dauphin, il fit la campagne de Flandre en 1694, revenant à la Cour à la fin septembre.
À la mort de son cousin, le duc de Longueville, en 1694, et conformément au testament de ce dernier, Conti prétendit à la principauté de Neuchâtel et entra en rivalité avec la sœur du duc, la duchesse de Nemours. Quoique les tribunaux eussent prononcé en sa faveur, il ne put obtenir des Suisses l'assistance militaire sollicitée et, par ordre du roi, dut s'incliner en 1699.

Jean Louis Charles d'Orléans-Longueville

En 1697, Louis XIV lui offrit le trône de Pologne, vacant à la suite du décès de Jean Sobieski l'année précédente, et assura son élection le 25 juin 1697 grâce aux pots-de-vin distribués par l'abbé de Polignac. Conti partit d'assez mauvaise grâce pour son royaume, empruntant une escadre commandée par Jean Bart.
Il est vrai qu'il laissait à Versailles la duchesse de Bourbon, pour qui il avait une tendre affection. Pour vaincre ses préventions, Louis XIV lui remit 2 400 000 livres et 100 000 livres pour ses frais d'équipage. Escorté jusqu'à Dantzig par une escadre commandée par Jean Bart, il trouva son rival, l'électeur de Saxe Auguste II le Fort, déjà installé sur le trône polonais et donna à son escadre l'ordre de le ramener aussitôt en France où il arriva le 12 décembre et où le roi lui fit malgré tout bonne figure.
Conti vécut alors dans une quasi-oisiveté, se consacrant à agrandir et à embellir ses propriétés, notamment son château de L'Isle-Adam. Mais les déboires rencontrés par les armées françaises durant les premiers temps de la Guerre de Succession d'Espagne convainquirent Louis XIV de nommer Conti, dont les qualités militaires étaient hautement estimées, à la tête des troupes en Italie. Mais le prince tomba gravement malade avant d'avoir pu rejoindre le front et mourut à Paris en février 1709. Selon ses dernières volontés, il fut inhumé auprès de sa mère dans l'Église Saint-André-des-Arts où un monument de marbre blanc sculpté par Nicolas Coustou, élevait le long du pilier droit du chœur, en dessous du jambage de l'arc, supportant son épitaphe gravée en lettres d'or sur une plaque de marbre noir :

D.O.M | Franciscus Ludovicus Borbonius |regii sanguinis princeps de Conti Natus Lutetiæ Parsiorum pridie kalandas maii anno M DC LXIV In Belgicarum urbium Cortraci, Dixmudæ | Lucemburgi obsidionibus posito tirocinio | in Hugariam adversus Turcas profectus | Lotharingiæ principi, duci veterano, juvenis admirationi fuit | Domum reversus, tradidit se in disciplinam patrui Condæ | qui, paulo post extinctus, in eo revixit | A prima usque pueritia Delphino unice dilectus | in Germania Philippoburgum, Manheimium, Aliasque urbes expugnanti, | in Flandria principis Arausicani impetus incredibili celeritate prævertenti | comes ubique adfuit et adjutor | Ludovico Magno Montes et Namurcam obsidenti | utilem operam navavit. | Ad Steenkercam, ad Nerwindam | laborantem et pene inclinatam aciem ita restituit, | ut Lucemburgius victor maximam ei partem gloriæ concederet. | In Poloniam boborum judicio et voluntate ad regnum vocatus | Contraria dissidentium civium factione desideranti patriæ redditus, | otium, minime iners, bonarum artium studiis, lectioni, erudis colloquiis impendit. | Ingenio magno et excellente, ita aptus ad omnia, ut quicquid ageret, ad id unum natus esse videretur | D familia, de Amicis, de humano genere optime meritus, | Gallorum amor et deliciæ, heu breves!| dignam Christiano principe | et pretiosam in conspectu Domini | Mortem obiit, Lutetiæ Parisiorum VIII kalandas | Martii, anno Christi M DCC IX, Ætatis XLV. | Ad sanctos plæ matris cineres, | uti ipse jusserat, | uxor mœrens posuit. - Requiescat in pace.

Son Oraison funèbre fut pronocée par le père Jean-Baptiste Massillon, de la Congrégation de l'Oratoire.
Ce mausolée à la Révolution fut recueilli par Alexandre Lenoir et déposé aux Petits-Augustins avant d'être mis aux Musée des Monuments français sous le no 206. Il est mentionné par Lenoir comme ayant été rendu aux églises : A St Séverin, mausolée de François Louis de Bourbon, on ignore ce qu'est devenu ce marbre.

Ascendance Ancêtres de François-Louis de Bourbon

Mariage et descendance

Avec la permission du roi et une dispense du Pape, en raison de la parenté proche, il épousa, le 28 juin 1688 à Versailles, la petite-fille du Grand Condé, Marie-Thérèse de Bourbon-Condé 1666-1732, fille de son cousin Henri Jules de Bourbon-Condé 1643-1709, 5e prince de Condé et de la Princesse Palatine Anne de Bavière 1648-1723. Elle l'aima passionnément, mais lui, homosexuel notoire, s'intéressa fort peu à elle. Ils eurent néanmoins sept enfants :
- (1693-1693) ;
-(1694-1698), prince de La Roche-sur-Yon ;
-Marie Anne de Bourbon-Conti (1689-1720), Mlle de Conti, qui épousa en 1713 Louis IV Henri de Bourbon-Condé (1692-1740);
-Louis Armand II de Bourbon-Conti (1695-1727), prince de Conti marié en 1713 à Louise-Elisabeth de Bourbon-Condé (1693-1775) ;
-Louise-Adélaïde de Bourbon-Conti (1696-1750), Mlle de La Roche-sur-Yon ;
-(1697-1699), Mlle d'Alais ;
-Louis-François (1703-1704), comte d'Alais.

Armoiries

"De France, à la bordure de gueules et au bâton de même péri en bande"

Liens

http://www.youtube.com/watch?v=tH4lYM ... L819353166D11AF16&index=1 Musique louis XIV
http://youtu.be/v1xdSVWyiB0 tombeau du prince de Conti

suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=4617#forumpost4617

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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