| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 31 32 33 (34) 35 36 37 ... 46 »


Apocalypse
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Apocalypse la première guerre mondiale


Episode 1 Les débuts furie

http://pluzz.francetv.fr/videos/apocalypse_,98839226.html



Episode 2 La peur

http://www.dailymotion.com/video/x1jq ... iere-guerre-mondiale_news

http://pluzz.francetv.fr/videos/apocalypse_,98839228.html



Episode 3 L'enfer

http://pluzz.francetv.fr/videos/apocalypse_,99144867.html



Episode 4 La rage

http://pluzz.francetv.fr/videos/apocalypse_,99144868.html


Episode 5 L'apocalypse
diffusion le 1 Avril

Attention

tous les liens sont cassés, pour voir le film, faites un "copié" du lien

et collez le dans l'adresse de l'URL puis faites "entrer.".

Pour ceux qui ne connaissent pas l'URL est la ligne tout, tout en haut

de votre page où se trouve l'adresse de la page que vous regardez..




Apocalypse Hitler La menace

http://www.dailymotion.com/video/xpb2 ... r-hitler-la-menace_webcam

Posté le : 19/03/2014 13:18

Edité par Loriane sur 25-03-2014 20:52:09
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:32:13
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:33:38
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:34:49
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:39:33
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:40:25
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:43:28
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:45:18
Edité par Loriane sur 26-03-2014 14:55:23
Edité par Loriane sur 26-03-2014 15:11:55
Edité par Loriane sur 26-03-2014 15:14:40
Edité par Loriane sur 26-03-2014 20:09:48
Edité par Loriane sur 26-03-2014 23:33:59
Edité par Loriane sur 26-03-2014 23:48:08
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Josef Mengele
Administrateur
Inscrit:
30/05/2013 12:47
Messages: 1622
Niveau : 34; EXP : 7
HP : 0 / 826
MP : 540 / 26786
Hors Ligne
« D'avoir échappé si longtemps aux polices les plus expérimentées a certes contribué à faire de Mengele un personnage médiatique, mais il restera avant tout dans les mémoires et dans l'histoire du xxe siècle, au même titre que le Japonais Shirō Ishii qui dirigeait l'Unité 731 en Chine occupée comme l'un des pires symboles de la médecine dévoyée et criminelle à l'œuvre sous le Troisième Reich. »
Terrifiant et utile témoignage, ma chére loriane , sur cette période de l’histoire dont les récits font toujours froid dans le dos !!!
Henri Borlant survivant de la Shoah, médecin, auteur de : »Merci d'avoir survécu » écrivait : »ll faut, il faudra sans cesse rappeler que cela fut », il semble en effet qu’il faille au quotidien rappeler que cela fut , avec le secret espoir ,hélas trop souvent déçu ,que cela serve….
Mais qu’en est t-il aujourd’hui, alors que les négationnistes les plus virulents, tels :Robert Faurisson et autre Alain Soral ,et leurs thèses xénophobes, trouvent encore écho favorable !!! avec l’aide d »un humoriste, qui ne nous fait plus rire.
Les exemples de la non acception de la différence, me semble à ce jour ressurgir plus que jamais sur une planète ou les ethnies se déchirent, ou les couleurs de peau font l’objet de polémiques à peine masquées, et ou, dans notre pays, les arguments racistes deviennent désormais acceptables !!!
Alors ,oui :Il faut, il faudra sans cesse rappeler que cela fut, et c’est de notre devoir, nous qui les sommes les enfants des martyrs de la guerre 1940 -1945, de marteler auprès de nos enfants la vérité sur cette terrible période de notre histoire , et nous devons être d’autant plus persuasifs ,que 60 ans après , pour des raisons plus ou moins avouables , certains tentent de nous le faire oublier ou de tronquer la vérité
Pour avoir visité, en bien des occasions, le Mémorial de Caen, je recommande vivement à tous les éducateurs en charge de nos enfants, la visite de ce lieu de mémoire, avec explication à l’appui. Pour ma part à chaque visite, je ne sors pas indemne, et ma colère est a chaque fois plus grande devant la négation de cette période ou nos parents ont laissé ,au mieux leur jeunesse, et au pire leur vie.
Je crois en la capacité, en cette occasion et pour l’avoir testé, des enfants à mesurer la teneur des drames de cette terrible époque, et de prêcher la bonne parole avec plus de conviction et de détermination que nous avons su le faire.

IL faut, il faudra, sans cesse répéter que cela fut…… !!!! et se battre avec ses idées pour le faire admettre.

Merci Loriane pour cette édifiante lecture.



Posté le : 17/03/2014 11:39
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Josef Mengele
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 16 mars 1911 à Günzburg en Bavière, Allemagne naît Josef Mengele l' "ange de la mort"

médecin nazi allemand et un criminel de guerre, il meurt à 67 ans le 7 février 1979 à Bertioga au Brésil.
Il a été actif notamment au camp de concentration d'Auschwitz, participant à la sélection des déportés voués à un gazage immédiat et s'est livré sur de nombreux prisonniers à des expériences pseudo-scientifiques constituant des crimes de guerre.
Après la guerre, il ne fut jamais capturé et vécut 35 ans en Amérique latine sous divers pseudonymes, dont celui de Wolfgang Gerhard sous lequel il fut inhumé en 1979 au Brésil. Il est connu sous le surnom d'ange de la mort.


Sa vie

Josef Mengele naît à Günzburg, cité médiévale située au bord du Danube. Il est le deuxième enfant et l'aîné des trois fils de Karl Mengele, 1881-1959 et de sa femme Walburga, née Hupfauer, † 1946, de riches industriels bavarois. Ses frères se nomment Karl, 1912-1949 et Alois, 1914-1974. En janvier 1930, il quitte sa ville natale pour rejoindre Munich. C’est dans cette ville qu’il va adopter l’idéologie nationale socialiste. En mars 1931, il entre dans la Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten, Ligue des Soldats du Front, Casque d’Acier, qui le rapprocha du NSDAP. En octobre 1933, il s’enrôle dans la Sturmabteilung.
Il part ensuite pour Francfort-sur-le-Main, où il étudie la médecine. En 1935, il soutient sa thèse sur L’Examen morphologique de la partie antérieure de la mâchoire inférieure dans quatre groupes raciaux, qui comme son nom l'indique, se base sur des théories raciales. L’année suivante, il passe avec succès l’Examen d’État, et commence à pratiquer à Leipzig. Il obtient son doctorat en 1938. La même année, il devient également membre du NSDAP, no 5.574.974; il entre ensuite dans la SS no 317.885 et enfin, il épouse Irène Schönbein le 28 juillet. Peu de temps après, il est nommé à l'Institut de Biologie Héréditaire et d'Hygiène Raciale de Francfort, où il travaille comme assistant d'Otmar von Verschuer, selon lequel le meilleur moyen de repérer les influences héréditaires était d'étudier les jumeaux.
Du 24 octobre 1938 au 21 janvier 1939, il effectue son service militaire au sein de la Kompanie des Gebirgsjägerregiments 137, puis s’engagea comme membre de la Waffen-SS, en 1940. Il sert comme médecin militaire sur le front de l'est dans la 5e Panzerdivision SS Wiking. Fin 1942, il est blessé au front à la jambe. Il est promu au grade de SS Hauptsturmführer ; et est décoré de la croix de fer, puis il est transféré, en mai 1943, au Bureau Central SS de l'Administration et de l'Économie, qui supervise les camps de concentration nazis, puis, le 24 mai, il est affecté au camp de concentration d'Auschwitz.

Auschwitz

Mengele est notamment chargé, comme d'autres médecins SS du camp, de la sélection des déportés qui arrivent au camp : ceux qui peuvent travailler sont temporairement gardés en vie ; les autres, dont les femmes, les enfants et les vieillards, sont immédiatement dirigés vers les chambres à gaz et exterminés. Toujours vêtu d'un uniforme bien coupé et de bottes parfaitement cirées, il fait souvent impression sur les détenus par sa politesse et son élégance. Lorsqu'il rencontre une résistance, il abandonne sa pose élégante pour fouetter de sa cravache ceux qui refusent d'être séparés de leur famille ; lorsqu'une mère attaque un SS qui veut la séparer de sa fille, il l'abat d'un coup de revolver, puis assassine également la fille avant d'envoyer la totalité des déportés du convoi vers les chambres à gaz.
Faisant partie des médecins du camp, Mengele visite régulièrement les salles de l'hôpital de celui-ci, avec le manteau blanc immaculé qu'il portait par-dessus son uniforme SS, fleurant l'eau de Cologne et sifflant des airs de Wagner : au cours de ces inspections, il désigne, en levant ou en baissant le pouce, les malades voués aux chambres à gaz, parfois simplement sur des bases purement esthétiques, une vilaine cicatrice ou une éruption cutanée équivalant à une condamnation à mort. Lors d'une de ses visites, il fait tracer une ligne horizontale sur un des murs du bloc des enfants et fait gazer ceux dont la taille est inférieure à la limite qu'il a fixée. Dans certains cas, il procède lui-même et immédiatement à une injection mortelle de phénol, en prenant un plaisir évident à son travail.
Mengele utilise également sa nomination à Auschwitz comme une occasion de reprendre sa carrière de chercheur scientifique, entamée à l'université de Francfort mais interrompue par la Seconde Guerre mondiale ; l'un de ses projets porte sur l'étude du noma, maladie qui provoque de graves mutilations faciales et dont il pense qu'elle a un caractère héréditaire, particulièrement fréquent chez les Tziganes. Dans la ligne de son mentor, Otmar von Verschuer, il met également en place des programmes de recherche pseudo-scientifiques, portant sur les jumeaux, mais aussi sur les nains, les bossus, les homosexuels… Dans ce cadre, il se considère comme un scientifique normal et tient un séminaire de recherche régulier avec ses assistants, auxquels il intègre des déportés ayant une formation médicale.
Pour ses recherches sur le noma, Mengele traite un grand nombre d'enfants souffrant de cette maladie, en leur administrant des vitamines et des sulfamides ; mais dès que les progrès sont suffisants pour attester de l'efficacité du traitement, il interrompt celui-ci et laisse les enfants rechuter.
Même quand il n'est pas de service, Mengele inspecte les nouveaux arrivants à la recherche de jumeaux ou supposés tels : il les préserve de l'extermination immédiate, les installe dans des baraques séparées du reste du camp, en conservant leurs effets personnels et, lorsqu'ils sont très jeunes, sauve leur mère de la chambre à gaz pour s'occuper d'eux. Si Mengele ne permet pas que les jumeaux soient battus ou maltraités, il les traite comme des rats de laboratoire, en leur injectant divers produits chimiques ou en leur en appliquant sur la peau, afin de mettre au jour d'éventuelles différences de réaction ; si des jumeaux tombent malades et que le diagnostic est incertain, il leur fait une injection mortelle pour les autopsier afin de déterminer les causes exactes de la maladie.

Fuite, disparition et décès

En janvier 1945, peu avant la libération de Cracovie par l'Armée rouge, Mengele quitte le camp et rejoint sa Bavière natale. Sa famille l'y accueille en soldat qui a fait son devoir. Peu sont ceux qui lui réclament des détails sur ses années de services et pendant près de cinq ans, il vit confortablement.
Cependant, les témoins aux procès des criminels de guerre commencent à citer son nom. Ses anciens collègues, son chauffeur SS, révèlent des détails toujours plus accablants. Les Américains, qui contrôlent la zone de Günsburg et qui jusque-là avaient ignoré le personnage, commencent à s'y intéresser. Mengele estime qu'il est temps de disparaître. Au début de l'année 1951, Mengele franchit clandestinement le col de Reschen et gagne Merano. De multiples détours le conduisent en Espagne d'où il s'embarque pour l'Amérique latine. Il arrive à Buenos Aires en 1952 où il ouvre quelques mois plus tard un cabinet médical dans un quartier résidentiel. Mengele n'a pas de permis de travail mais ce n'est pas un problème : il a d'excellentes relations avec la police du président Juan Perón et compte de nombreux amis dans l'influente colonie nazie.
En 1954, sûr de sa retraite, il expédie une demande de divorce à Fribourg-en-Brisgau, son dernier lieu de résidence avec sa femme, erreur qui permettra à Simon Wiesenthal de retrouver sa trace en 1959. Insouciant, Mengele fréquente allègrement les cercles mondains de Buenos Aires et épouse en seconde noces la femme de son frère Karl, mort pendant la guerre. Mais le 16 septembre 1955, le régime de Peron s'effondre. Leur protecteur disparu, la plupart des nazis réfugiés en Argentine émigrent alors au Paraguay voisin. Mengele en fait partie mais la situation se stabilisant en Argentine, il revient s'y installer. Aucune poursuite n'étant entreprise contre lui dix ans après la capitulation nazie, il prend la direction de la succursale argentine de l'entreprise familiale sous sa véritable identité.
Au début de l'année 1959, le père de Mengele meurt. Mengele n'hésite pas à rentrer à Günsburg pour assister aux obsèques. Personne ne songe alors à le dénoncer. Mais depuis quelques mois a commencé en Allemagne le grand procès d'Auschwitz et bientôt son nom est cité parmi les principaux accusés. Le 5 juillet 1959, le procureur de Fribourg-en-Brisgau lance un mandat d'arrêt contre lui. Une demande d'extradition est formulée mais les Argentins prétendent ne pas connaître son adresse. Simon Wiesenthal prend alors l'affaire en main et demande à un de ses informateurs à Buenos Aires de découvrir l'adresse exacte de Mengele, ce qui est fait le 30 décembre 1959. Deux demandes d'extraditions se heurteront à un refus poli : le passé de Mengele est jugé comme relevant du délit politique, ce qui sur un continent où les coups d'État se succèdent, ne constitue pas un motif légitime pour une extradition.
Mengele a de toute manière pris les devants. Alerté dès le début des procédures engagées contre lui, il s'est rendu au Paraguay dont il a acquis la nationalité le 27 novembre 1959. Le témoignage de deux de ses amis, le baron Alexandre von Eckstein et l'homme d'affaire Werner Jung, lui ont permis de prouver qu'il réside dans le pays depuis plus de cinq ans, condition préalable à l'obtention de la nationalité. Muni de ce sauf-conduit rassurant, Mengele rentre à Buenos Aires et attend la suite des événements. Mais la passivité des Argentins pousse les agents israéliens, qui ont récemment retrouvé et enlevé Adolf Eichmann, à agir. Ils resserrent la surveillance autour de sa villa et se préparent à l'enlever aussi. Mais Mengele leur échappe.
Il est brièvement aperçu à San Carlos de Bariloche, station de villégiature à proximité de la frontière chilienne, avant de disparaître de nouveau. Entre-temps, l'Argentine s'est décidée à lancer un mandat d'arrêt contre lui, et la piste de Mengele se perd dans la forêt brésilienne. Pendant plus d'un an, il restera introuvable. En avril 1961, un informateur, ancien membre des SS dont il s'est vite désolidarisé, alerte Wiesenthal : Mengele a été repéré en Égypte où il se prépare à gagner la Crète ou une des îles voisines. Les services israéliens s'activent mais Mengele parvient à nouveau à s'échapper.
Convaincu que l'Amérique latine est le seul endroit où il sera en sécurité, Mengele est de retour au Paraguay en 1962. Sa femme et son fils sont restés en Europe, où ce dernier poursuit ses études. Simon Wiesenthal les localise sans peine mais l'enquête révèle que Mengele n'est pas sur place, même de façon épisodique. Mengele est en effet à Asuncion, la capitale du Paraguay, véritable refuge pour anciens nazis. En juillet 1962, le Paraguay reçoit à son tour une demande d'extradition. Craignant que sa nouvelle nationalité ne le protège pas suffisamment, Mengele se retire dans une province reculée près de la frontière.
La veille de Noël 1963, Rolf Mengele, né en 1944, le fils du Dr Mengele, prévient ses camarades qu'il doit se rendre en Italie pour rencontrer un proche parent qui vit depuis de nombreuses années en Amérique du Sud. Lorsque Simon Wiesenthal, prévenu trop tard, arrive à l'hôtel milanais où le jeune homme est descendu, il apprend que la note a été réglée par le Dr Gregor Gregory, une des nombreuses identités dont use Mengele.
En août 1966, à Hohenau, petite station de villégiature prisée des Paraguayens, six hommes font irruption dans l'hôtel Tirol à la recherche du Dr Fritz Fischer. Lorsqu'ils arrivent dans la chambre de celui-ci, elle est vide, l'homme s'est échappé par les toits et ses poursuivants israéliens ont encore raté leur cible.
Mengele finit sa vie dans un deux-pièces cuisine de la banlieue de São Paulo, complètement reclus, sans aucune relation sociale de peur d'être reconnu, vivant chichement des subsides envoyés par sa famille ou d'anciens nazis.
Malgré tous les efforts internationaux pour le trouver, Mengele ne fut jamais pris et après 34 ans de fuite, il meurt noyé au Brésil en 1979, foudroyé par une attaque cardiaque durant une baignade à Bertioga.
Sa tombe fut localisée en 1985 par un effort combiné des autorités américaines, allemandes et sud-américaines. Après exhumation, il fut identifié en 1992 par des tests génétiques sur ses os, mâchoire réalisés par les légistes de l'UNICAMP, Université d'État de Campinas ; l’anthropologue Clyde Snow a confirmé l'identité de Mengele.

Postérité

Selon les services israéliens, Mengele ne constitue pas le pire des criminels nazis. D'autres médecins, tels Carl Clauberg ou Horst Schumann, lui sont bien supérieurs en ce domaine. De la même manière, son rang dans la SS était modeste et ses recherches n'ont jamais attiré l'attention d'Himmler, le chef suprême de la SS peu réticent à ce genre d'expériences. Cependant il a des centaines de victimes à son actif ; rien que pour ses expériences sur les jumeaux, il fait 111 victimes.
D'avoir échappé si longtemps aux polices les plus expérimentées a certes contribué à faire de Mengele un personnage médiatique, mais il restera avant tout dans les mémoires et dans l'histoire du xxe siècle, au même titre que le Japonais Shirō Ishii qui dirigeait l'Unité 731 en Chine occupée comme l'un des pires symboles de la médecine dévoyée et criminelle à l'œuvre sous le Troisième Reich.

Littérature, théâtre, musique et cinéma

Josef Mengele devient à partir des années 1970 un personnage littéraire et cinématographique :
Marathon Man (1975), roman de William Goldman porté au cinéma sous le même titre par John Schlesinger dans un film de 1976, avec Laurence Olivier dans le rôle de « l'ange blanc » inspiré de Mengele l'ange de la mort,
Médecins de la honte (1975), livre de Betty et Robert-Paul Truck. La vérité sur les cobayes humains d'Auschwitz. Rare édition française du témoignage accablant recueilli auprès du Dr Léon Landau, interné pendant trois ans à Auschwitz.
Ces garçons qui venaient du Brésil (The Boys from Brazil, 1976), roman de Ira Levin porté au cinéma sous le même titre par Franklin J. Schaffner dans un film de 1978, avec Gregory Peck dans le rôle de Mengele,
La Traque (The Climate of Hell), roman de Herbert Lieberman publié en 1978 qui raconte la traque en Amérique latine du docteur Gregor Grigori, un des pseudonymes de Mengele,
Sursis pour l'orchestre (1980) (TV), joué par Max Wright
La Liste de Schindler, roman de l'Australien Thomas Keneally publié en 1982 porté au cinéma en (1993) sous le même titre par Steven Spielberg, joué par Daniel Del Ponte,
Angel of Death (1986), un morceau du groupe de thrash metal américain Slayer qui raconte les expériences de Mengele.
L'Ange de la mort (Commando Mengele) d'Andrea Bianchi, film d'aventure franco-espagnol à petit budget datant de 1987, avec Howard Vernon dans le peu probable rôle d'un Joseph Mengele vieillissant à la tête d'une organisation néonazie.
Rien que la vérité (Nichts als die Wahrheit), roman de Johannes Betz et Beate Veldtrup porté au cinéma sous le même titre par Roland Suso Richter dans un film de 1999, avec Götz George dans le rôle de Mengele,
I Have No Mouth And I Must Scream, jeu vidéo d'aventure adapté d'une nouvelle d'Harlan Ellison où l'un des protagonistes, Nimdok, est l'assistant de Josef Mengele. Ce dernier est joué par Samuel Fenn.
The Grey Zone (2001), joué par Henry Stram
Le Vicaire, pièce de théâtre de l'auteur allemand Rolf Hochhuth, portée au cinéma par Costa-Gavras dans le film Amen en 2002, avec Ulrich Mühe dans le rôle du docteur inspiré de Mengele.
Out of the Ashes (2003) (TV), joué par Jonathan Cake
Unborn ou L'Entité au Québec (The Unborn), est un film américain réalisé par David S. Goyer, sorti en 2009, joué par Braden Moran
Waking the Dead, joué par Carsten Hayes
Kessler, joué par Oscar Quitak
Nazis at the Center of the Earth, Mengele étant joué par Christopher. K. Johnson
Le Médecin de famille (Wakolda), film et roman de Lucia Puenzo, Mengele est interprété par Àlex Brendemühl (2013)
Josef Mengele apparaît dans les romans Les Bienveillantes de Jonathan Littell en 2006, Une douce flamme (A Quiet Flame) de Philip Kerr en 2008 (2010 pour la traduction française) et Oméga Mineur du Belge Paul Verhaeghen, publié en néerlandais en 2004 sous le titre Omega Minor puis traduit par ses soins vers l'américain (2010 pour la traduction française de Christophe Claro). Josef Mengele est aussi le personnage principal du roman Wakolda écrit par l'argentine Lucia Puenzo en 2013.

Le vrai visage du Docteur Josef Mengele et le Programme Monarch..
Attention renseignements non vérifiés à la fiabilité douteuse mais ??

L'un des génies du mal les plus cruels des temps modernes fut le Docteur Josef Mengele. Il utilisa plus de 3.000 jumeaux pour ses recherches, pour les seules années 1943-1944. La plupart de ces jumeaux périrent. Ces jumeaux étaient sélectionnés parmi les foules envoyées dans les camps de concentration allemands. A la fin de la guerre, Mengele avait appris beaucoup de choses sur la manière de torturer des enfants, pour que ces derniers soient liés à lui d'une manière absolue.
Aujourd'hui encore, beaucoup de survivants de ces horribles expériences restent persuadés que Mengele aimait beaucoup les enfants. Ils continuent à l'aimer comme s'il était leur père. Mengele avait également réussi à créer des jumeaux artificiels par la programmation mentale. Quand il se rendait dans des bases militaires, il apportait toujours son violon avec lui. Il cachait dans sonviolon ses codes secrets pour la programmation par les couleurs.
D'autres hommes ont travaillé avec le Docteur Mengele, et sont par la suite devenus des programmeurs à part entière. Le Docteur Cameron, du Canada, devint ainsi un programmeur spécialisé dans la création d'esclaves mentaux, dans le cadre du Programme Monarch. Il était aussi
connu sous le nom de "Doctor White". Un autre programmeur, qui n'était pas un sataniste de pure lignée, était Heinrich Mueller, connu sous le nom de Doctor Blue.
Ce dernier vivait dans le nordouest des Etats-Unis, et avait deux fils, Theodore (Teddy Bear) et Michael (Robin Hood). Deux des programmeurs les plus cruels de la côte Ouest sont Jerry Lee Lewis et Michael Aquino. Ces deux hommes sont des tueurs au sang froid, et valent bien Mengele quant à leur habileté à torturer. Michael Aquino, qui appartenait aux services de renseignements américains, était en mesure de transmettre ses compétences diaboliques de programmeur mental à des dizaines d'officiers de
l'armée. Sa femme travaille avec lui, et s'appelle Lilith Sinclair. Michael Aquino a voyagé dans tous les Etats-Unis pour exercer sa fonction de programmeur.
C'est Michael Aquino qui a utilisé Cathy O'Brien comme star et victime à la fois, dans sa vidéo destinée à former des officiers aux méthodes de programmation mentale pour créer des esclaves mentaux. Les principaux programmeurs sont donc connus sous les noms des Docteurs Green, Black, White et Blue. Ces quatre programmeurs ont ensuite formé des milliers de programmeurs à temps partiel. Les meilleurs programmeurs sont ceux qui sont capables de pénétrer dans la pensée et l'intellect de
leurs victimes, un peu à l'image de l'inspecteur Colombo, joué par Peter Falk. Ce derniers fait d'ailleurs partie, dans sa vie privée, du monde des programmeurs. Il faut savoir qu'une victime du programme de contrôle mental Monarch peut avoir un certain nombre de programmeurs, mais que
cet esclave mental sera formé pour n'obéir qu'à la voix d'un nombre limité de maîtres ou d'utilisateurs. Si quelqu'un veut utiliser un esclave mental qui n'est pas programmé pour reconnaître sa voix, cela peut déclencher chez l'esclave un programme de suicide. Mais un robot humain peut aussi avoir en lui certaines parties de sa personnalité programmées pour empêcher d'autres parties de sa personnalité de le conduire au suicide. Mais l'esclave mental doit être clairement programmé pour se tenir à l'écart d'utilisateurs non identifiés, sous peine de devoir se suicider.
Nous sommes actuellement parvenus à une époque où nous sommes à la deuxième ou troisième génération d'esclaves mentaux robotisés, qui sont eux-mêmes devenus des programmeurs. Ce sont des robots humains programmés qui font actuellement la plus grande part du travail de programmation mentale. Cela signifie que la plupart des programmeurs souffrent eux-mêmes d'une personnalité fractionnée. Certains de ces programmeurs sont des militaires de carrière, qui considèrent toute "discipline" ou "méthode de formation" comme bonne, si elle permet d'obtenir des soldats qui obéissent sans discussion. Ces militaires ont perdu toute notion de limite morale à faire
respecter par les programmes de "formation". Cela explique pourquoi le système de production d'esclaves mentaux tourne actuellement à plein régime, pour produire toujours plus d'esclaves mentaux. Ceci est très inquiétant. Ceux qui parviennent à s'échapper, avec beaucoup de peine, de ce système de programmation mentale, sont en tout petit nombre, par rapport au grand nombre d'esclaves mentaux qui sont constamment créés. Depuis 1947, plus de deux millions d'Américains ont subi les méthodes de programmation mentale utilisant la torture. En 1970, la CIA dut admettre publiquement qu'elle utilisait des méthodes de programmation mentale. Pourtant, le grand public
continue à ignorer largement ce qui se passe dans ce domaine.
Le Docteur Green, ou Josef Mengele. C'est le plus important de tous les programmeurs. C'est sans doute lui qui peut être considéré comme le père de la méthode de programmation Monarch. C'était le "médecin" des camps de concentration nazis. Il fut le programmeur principal de milliers d'esclaves mentaux aux Etats-Unis.

Le Docteur Mengele était d'assez haute taille. Il avait les cheveux châtain foncé, des yeux d'un brunvert, et était fort élégant. Son caractère était semblable à celui du Dr Jekyll et M. Hyde. Il désarmait les gens par son amabilité. Il était apparemment doux, tranquille et intelligent, tout en cachant un côté profondément sadique et brutal. Il était né dans une riche famille de satanistes depuis des générations. Il devint l'un des satanistes les plus puissants dans le monde. Il était expert en
démonologie et en Cabale. Il était au moins Grand Maître des Illuminati. Mais nous ignorons jusqu'à quelle hauteur de la hiérarchie satanique il a pu accéder.
Etant membre des Illuminati, son corps ne devait porter aucune cicatrice visible. Josef Mengele ne se fit donc pas imprimer le tatouage nazi quand il rejoint les rangs des SS. Mengele devint le médecin du camp de la mort d'Auschwitz. A cette place, il occupait une position clef. Il put ainsi utiliser d'innombrables cobayes humains pour ses expériences. L'un de ses sujets de recherche principaux était de déterminer avec précision le degré de torture que divers êtres humains
pouvaient supporter. Il établit des statistiques et des tableaux précis, qui permirent aux Illuminati de connaître exactement le degré de torture à appliquer à leurs esclaves mentaux formés par le programme Monarch.
Mengele grandit à Grunzberg dans une famille connue pour son goût du secret. Sa mère était très dure. Il fit ses études à Francfort-sur-le-Main, haut lieu du satanisme allemand. Il fit son internat à Leipzig, ville connue pour héberger de nombreux chercheurs dans le domaine de l'étude du comportement humain et des méthodes modernes d'apprentissage. Plus tard, il fit partie des SA, puis des SS. A la fin de la guerre, l'armée américaine prit soin de Mengele. Les satanistes américains firent secrètement entrer Mengele aux Etats-Unis. Il fut aussi reçu dans divers pays
d'Amérique latine, pour faire croire qu'il s'y était réfugié. Mais, en réalité, Mengele passa une bonne partie de son temps à voyager dans le monde entier, pour visiter en particulier des établissements comme l'Institut Tavistock ou la base navale de China Lake, où l'on transformait des enfants innocents en esclaves mentaux.
Mengele vécut effectivement au Brésil, en Argentine et au Paraguay, mais la CIA et d'autres groupes travaillant pour les Illuminati en profitèrent pour lancer beaucoup de fausses informations à ce sujet. Tout au long de sa vie, Mengele continua à aimer la musique et la danse. Il devint un manipulateur de marionnettes humaines, et il utilisait la musique pour les programmer. Il aimait le violon et le piano. Il utilisa beaucoup la musique dans ses méthodes de programmation mentale.
Certains de ses élèves ont aussi utilisé la musique dans la programmation mentale. C'est cette
tendance à employer la musique dans la programmation mentale qui a permis à la musique "western" et "country" américaine de se développer. Ces musiques peuvent être considérées comme un sous-produit de la programmation mentale Monarch. L'industrie de la musique country n'est qu'un moyen de couvrir un important trafic de drogue, effectué par des esclaves mentaux.
L'influence de Mengele s'est aussi exercée au niveau des recherches sur les jumeaux. Mengele était fasciné par les jumeaux. Il a fait des expériences sur des milliers de jumeaux, sont la plupart périrent sous les tortures employées au cours de ces expériences. Les expériences scientifiques nécessitent souvent un groupe faisant l'objet des expériences, et un groupe de contrôle. La recherche était donc facile avec des jumeaux. C'est pourquoi Mengele en utilisait beaucoup. Aidé d'autres chercheurs Allemands et Italiens, il fit aussi des recherches sur les liens affectifs traumatiques qui pouvaient lier une victime à son bourreau, au point que ces victimes servaient leur maître avec une loyauté absolue. Dans les camps de concentration, il arrivait que Mengele sauve de la mort un certain nombre de condamnés, qui lui restèrent fidèles, malgré le fait que ces personnes savaient que Mengele torturait à mort des milliers d'autres personnes.

Les esclaves mentaux Monarch sont programmés pour croire qu'ils ont un jumeau quelque part. De nombreux esclaves mentaux ont même été programmés pour croire qu'ils appartiennent à un groupe de quadruplés.
Dans les camps de concentration, Mengele était connu sous les noms "d'Ange de la Mort", "Père", "Papa", ou "Beau Josef". Les esclaves mentaux qui ont été programmés par lui le connaissent sous les noms de "Docteur Green", "Papa", David", ou "Fairchild". Certains esclaves mentaux se rappellent encore le bruit de ses bottes brillantes, quand il arpentait la pièce où il les programmait. Mengele aimait réduire ses victimes à l'état de véritables animaux. Pourtant, ces victimes étaient formées pour ne jamais pleurer.
Mengele était très connu pour sa méthode de programmation "Marguerite". Il effeuillait une marguerite en disant : "je t'aime", "je ne t'aime pas"… Si le dernier pétale tombait sur un "je ne t'aime pas", il mettait à mort le petit enfant, en présence des autres enfants qu'il était en train de programmer.
Mengele se trouvait à Dallas lors de l'assassinat du Président Kennedy. Ce dernier fut assassiné par des esclaves mentaux Monarch. Il existe un témoignage formellement établi devant la justice, où un témoin associe Josef Mengele à l'assassinat de Kennedy, en affirmant avoir vu Mengele dans le bâtiment où l'un des coups de feu avait été tiré. Ce témoin, Luis Angel Castillo, n'était que l'un des esclaves mentaux envoyés par les Illuminati pour assassiner Kennedy le 23 novembre 1963.
Madame Krebs, une Allemande résidant en Allemagne, travailla avec Mengele, en compagnie d'un grand nombre d'autres programmeurs, pour préparer l'assassinat de Kennedy.
En 1956, Josef Mengele demanda, et obtint de l'Argentine, un permis de séjour officiel sous son propre nom, ce qui prouve l'audace des Illuminati. Cette même année, il voyagea même dans divers pays d'Europe sous sa véritable identité.

La médecine nazie et ses victimes

Lorsque l'on entame la lecture du stimulant ouvrage d'Ernst Klee La Médecine nazie et ses victimes (traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Solin-Actes sud, 1999), on peut penser que l'objectif de l'auteur est de décrire l'implication des médecins allemands dans l'entreprise criminelle nazie. En effet, même si Ernst Klee n'anticipe pas cet objectif au début de l'ouvrage, tout conduit à y penser. L'auteur décrit minutieusement la place des médecins dans les « sélections », c'est-à-dire dans le choix des victimes pour les chambres à gaz, ainsi que dans leur utilisation comme animaux de laboratoire pour la recherche avant leur mise à mort. Le texte se structure en forme de microbiographies grâce auxquelles l'auteur dénoue le fil des événements, reconstruisant par cette succession de parcours individuels la collaboration globale des médecins avec le régime nazi. Ces microbiographies dépassent largement le cadre des années de guerre car Ernst Klee s'est occupé minutieusement de suivre la trace de ces assassins dans les décennies qui ont suivi. C'est ainsi que l'on découvre avec stupeur que, pour la plupart, ils ont mené à terme de brillantes carrières, qu'ils n'ont pas été punis pour leurs atrocités et que, de surcroît, ils ont profité des résultats des recherches meurtrières menées dans les camps.

Cependant, au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture de l'ouvrage, on s'aperçoit que les objectifs de Klee sont bien plus ambitieux et problématiques. Il faut atteindre le dernier chapitre consacré à Joseph Mengele (« Mengele. Un généticien à Auschwitz ») pour découvrir l'hypothèse de l'auteur, dont la force est si grande qu'elle est capable de requalifier tout l'ouvrage dès son début et notamment l'ensemble de ses choix méthodologiques et thématiques. En effet, le projet de Klee n'est autre que de montrer l'autonomie de la raison médico-scientifique à l'égard de la politique nazie ; comme si la première s'était servie de la deuxième pour atteindre des buts propres.

Selon Klee, avant tout, les chercheurs auraient voulu « savoir », et cette volonté farouche de savoir se serait appuyée sur la politique nazie par le seul fait que celle-ci lui aurait donné la plus grande liberté pour se développer. Il y aurait, de ce fait, une sorte de mal radical dans cette raison scientifique, mal autonome du nazisme lui-même. « Mengele n'est pas à Auschwitz par plaisir de tuer, écrit Klee, mais parce qu'il est généticien. » Et il conclut l'ouvrage par cette phrase : « Auschwitz a été un enfer pour les détenus. Et un paradis pour la recherche, qui a pu utiliser sans frein le matériau humain. » La leçon étant, en quelque sorte, qu'il faut craindre la science au moins tout autant que l'on craint le nazisme. C'est dans cette veine que Klee note, toujours dans les derniers paragraphes de l'ouvrage, que la Deutsche Forschungsgemeinschaft, l'organe central d'auto-administration de la recherche, se plaint, en 1966, « des obstacles mis à la recherche, notamment dans le domaine de la technologie génétique et de la recherche sur les embryons ». Et l'auteur indique ensuite que « à Auschwitz, ce rêve est devenu réalité : l'emprise absolue sur les êtres humains vivants et à naître ; une orgie de recherche consommatrice ».

C'est donc cette hypothèse qui explique la construction de l'ouvrage. La succession des microbiographies vise autant à montrer l'absence de punition de ces criminels que la continuité de la raison scientifique qu'ils incarnent aussi bien avant, pendant, qu'après le régime nazi. C'est donc moins des médecins nazis dont il est question que des médecins tout court. L'hypothèse explique aussi les choix thématiques opérés par l'auteur. En effet, Klee concentre ses analyses sur l'activité des médecins dans les camps de concentration et notamment sur les atrocités innommables qu'ils ont commises à l'égard des détenus. Ce choix lui a fait perdre de vue le facteur déterminant dans l'activité des médecins nazis, à savoir son inscription dans un projet qui était d'abord politique. En effet, Klee n'a pas tenu compte dans son travail, comme l'ont si bien fait Raoul Hilberg dans La Destruction des juifs d'Europe ou encore Eugen Kogon, Hermann Langbein et Adalbert Ruckerl dans Les Chambres à gaz, secret d'État, des conditions politico-juridiques par lesquelles les détenus ont pu être objet de ces traitements et de ces expériences. Avant de tuer à la chaîne, avant d'expérimenter et de détruire physiquement, le régime nazi avait anéanti ses victimes juridiquement, leur enlevant tout droit, les transformant en chair à brûler, en pure vie animale. C'est sur cette « vie nue » – la formule est de Giorgio Agamben (Homo Sacer, 1997) – dépourvue au préalable de tout droit, que les médecins nazis sont intervenus, de même que tous les autres individus qui se sont ralliés à cette entreprise de destruction. Leur crime est donc d'avoir été nazis et d'avoir soutenu cette entreprise et non d'avoir été médecins. De ce fait, le procès que Klee ouvre dans ce livre à la raison scientifique risque de faire perdre de vue la plus importante des leçons que l'histoire peut donner au temps présent.

Auschwitz

Auschwitz, également appelé Auschwitz-Birkenau, fut le plus grand des camps de concentration et d'extermination construits par l'Allemagne nazie. Situé près de la ville industrielle d'Oswiecim, dans le sud de la Pologne, Auschwitz était à la fois un camp de concentration, un camp d'extermination et un camp de travail forcé. Parce qu'il fut le camp d'extermination nazi où le plus de victimes sont mortes, Auschwitz est devenu le symbole de la « solution finale », et comme un synonyme de la Shoah.

Le site d'Auschwitz a probablement été choisi pour jouer un rôle central dans la mise en œuvre de la « solution finale » parce qu'il était situé à un embranchement ferroviaire où passaient quarante-quatre voies de chemin de fer, qui servirent à transporter jusqu'au lieu de leur mort des Juifs venus de toute l'Europe. Heinrich Himmler, le commandant du corps paramilitaire nazi des SS, donna l'ordre d'établir le premier camp, un camp de concentration, le 27 avril 1940, et le premier convoi de prisonniers politiques polonais arriva le 14 juin. Ce petit camp, Auschwitz I, resta toujours réservé à la détention des prisonniers politiques, principalement polonais et allemands. En octobre 1941 commencèrent les travaux de construction d'Auschwitz II, appelé aussi Birkenau, situé à l'extérieur du village voisin de Brzezinka. C'est là que les SS développèrent ensuite un immense camp de concentration et un ensemble de bâtiments destinés à l'extermination des prisonniers. Ils comprenaient trois cents baraquements de prisonniers, quatre grandes constructions désignées comme Badeanstalten (terme allemand désignant des bains publics), dans lesquelles en fait les prisonniers mouraient asphyxiés par le gaz, des Leichenkeller (« morgues ») où les corps étaient entreposés, et des Einäscherungsöfen (« fours crématoires »). Un autre camp (Buna-Monowitz), près du village de Dwory, plus tard appelé Auschwitz III, devint en mai 1942 un camp de travaux forcés ; il fournissait de la main-d'œuvre à une usine de fabrication de produits chimiques et de caoutchouc synthétique qu'IG Farben y avait implantée. En outre, un ensemble de quarante-cinq camps périphériques de plus petite taille, dans la plupart desquels étaient détenus des prisonniers qui effectuaient des travaux forcés, fut subordonné à Auschwitz. Pendant presque toute la période qui s'étend de 1940 à 1945, le SS-Hauptsturmführer (« Capitaine ») Rudolf Franz Höss fut à la tête des camps centraux d'Auschwitz.

Le camp de la mort et le camp de travaux forcés fonctionnaient en étroite relation. Les prisonniers qui arrivaient au camp de la mort étaient soumis à un tri, selon la méthode dite de la Selektion. Les jeunes gens et les personnes valides étaient envoyés au camp de travail forcé. Les jeunes enfants et leur mère ainsi que les personnes âgées et les infirmes étaient directement envoyés aux chambres à gaz. En outre, des milliers de prisonniers furent sélectionnés par le médecin du camp, Josef Mengele, pour servir à des expériences médicales. Les médecins d'Auschwitz testèrent des méthodes de stérilisation sur les prisonniers en les soumettant à des irradiations massives, à des injections utérines ou à d'autres traitements barbares. Les expérimentations, comme le meurtre de jumeaux sur lesquels on pratiquait des autopsies, devaient apporter des connaissances censées permettre l'expansion rapide de la « race aryenne ».

Soumis à des conditions de vie très difficiles – notamment sur le plan de l'hébergement et de l'hygiène –, nourris au minimum et travaillant jusqu'à l'épuisement, certains prisonniers devenaient improductifs ; ils étaient alors reconduits à Birkenau pour y être asphyxiés dans les chambres à gaz. Les entreprises allemandes investirent des sommes très élevées dans les usines de travail forcé adjacentes à Auschwitz. En 1942, IG Farben consacra à elle seule plus de 700 millions de Reichsmarks pour ses installations à Auschwitz III.

Entre le 15 mai et le 9 juillet 1944, quelque 438 000 Juifs hongrois furent transportés par 147 trains à Birkenau, saturant les capacités d'extermination du camp. Parce que les crématoriums étaient surpeuplés, les corps étaient brûlés sur des bûchers qu'on alimentait en partie avec la graisse des victimes elles-mêmes. Juste avant la déportation des Juifs hongrois, deux prisonniers s'évadèrent en emportant les plans du camp. Ils rencontrèrent des chefs de la résistance en Slovaquie et élaborèrent un compte rendu en fournissant en outre des cartes. Ce document parvint aux services secrets occidentaux pendant l'été de 1944, et il y eut des voix pour demander que le camp soit bombardé. Bien que le complexe industriel adjacent à Auschwitz ait été bombardé, le camp de la mort et le crématorium ne furent pas visés – un sujet de controverse plus de soixante ans après. (cf. Pourquoi les Alliés n'ont pas bombardé Auschwitz ? [Horowitz]).

En raison de l'avancée des armées soviétiques en 1944 et au début de 1945, Auschwitz fut progressivement abandonné. Le 18 janvier 1945, on fit marcher quelque 60 000 prisonniers jusqu'à Wodzislaw, où ils furent embarqués dans des trains de marchandises (beaucoup voyagèrent dans des wagons découverts) et conduits en direction de l'ouest, pour des camps de concentration éloignés du front. Pendant ce voyage, un prisonnier sur quatre mourut de faim, de froid, d'épuisement ou de désespoir. Beaucoup furent exécutés sur la route lors de cet épisode qui est aujourd'hui connu sous le nom de la « Marche de la mort ». Malades, mourants de faim, 7 650 prisonniers demeurés sur place furent trouvés par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945

Il y eut entre 1,1 et 1,5 million de morts à Auschwitz ; 90 p. 100 d'entre eux étaient juifs. Parmi les morts se trouvaient aussi quelque 19 000 Roms (Tsiganes) que les nazis détinrent dans le camp jusqu'au 31 juillet 1944, date à laquelle ils furent finalement livrés aux chambres à gaz – ce fut, avec les Juifs, le seul groupe de déportés à être gazés en étant rassemblés par famille. Par son importance numérique, les Polonais constituent le deuxième groupe de victimes d'Auschwitz : 83 000 individus de cette nationalité y furent tués ou y moururent.

Bien que les Allemands aient détruit des zones des camps avant de les abandonner en 1945, une large partie d'Auschwitz I et d'Auschwitz II (Birkenau) est demeurée intacte et a été ensuite transformée en musée et en mémorial. L'existence de ce site est menacée par la croissance de l'activité industrielle à Oswiecim. En 1996, le gouvernement polonais s'est cependant engagé avec d'autres organisations dans un effort de grande envergure pour assurer la conservation du site. Auschwitz a été classé par l'U.N.E.S.C.O. au Patrimoine mondial de l'humanité en 1979.


Wiesenthal Simon1908-2005

Simon Wiesenthal est né le 31 décembre 1908, dans une famille de marchands juifs, à Buczacz, une petite ville de Galicie alors austro-hongroise et qui deviendra polonaise après la guerre. En 1932, il obtient un diplôme d'architecte et ouvre un cabinet à Lvov, aujourd'hui Lviv, en Ukraine. La Pologne est dépecée en 1939, Lvov tombe aux mains des Soviétiques, qui ferment son cabinet.

Après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, Simon Wiesenthal est arrêté, le 6 juillet 1941. Pendant presque quatre ans, il sera envoyé dans différents camps : Belzec, Solingen, Plaszow, Gross-Rosen et Buchenwald en Allemagne, et à Mauthausen en Autriche. Il échappe plusieurs fois à la mort. Lorsque Mauthausen est libéré le 5 mai 1945 par les Américains, Simon Wiesenthal, qui a survécu à douze camps nazis, n'est plus qu'un squelette. Vingt jours plus tard, il s'adresse au commandant du camp pour lui proposer ses services dans la recherche de criminels nazis. Il a déjà une liste à présenter aux Américains, quatre-vingt-onze noms de tortionnaires qu'il s'est juré de ne pas oublier : Chaque survivant était un témoin et avait le devoir de témoigner, dira-t-il plus tard, Justice n'est pas vengeance.

En 1947, le gouvernement du Land de Haute-Autriche met à sa disposition un bureau, à Linz. Il y fonde le Centre historique de documentation juive, prend contact avec des survivants de la Shoah et se met à collecter des photos, des archives et des pièces compromettantes. Il recueille aussi les témoignages des rescapés. Il essaye d'abord de retrouver les nazis qui se sont cachés en Amérique du Sud avec l'aide de l'organisation secrète Odessa, chargée depuis la fin de la guerre de la protection des anciens S.S. Il assiste au procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946). À cette époque, Wiesenthal a des informateurs dans les milieux d'anciens nazis et l'un d'entre eux obtient confirmation de renseignements sur la localisation d'Adolf Eichmann – le planificateur de la solution finale. Retrouvé en Argentine, Eichmann est enlevé par les services secrets israéliens en 1960, jugé et exécuté le 31 mai 1962, en Israël. Simon Wiesenthal transfère le centre de documentation (fermé en 1954) à Vienne et continue de traquer d'autres responsables nazis : Gustav Wagner, adjoint au commandant de Treblinka en 1944 ; Eduard Roschmann, ancien commandant adjoint du ghetto de Riga ; Hermine Braunsteiner qui attendait les détenues, fouet à la main, à leur arrivée à Maïdanek ; le docteur Aribert Heim qui réalisa les pires expériences sur les détenus du camp de Mauthausen ; Odio Globocnik, le commandant S.S. des camps de Sobibor et Belzec... Au final, Simon Wiesenthal aide à traduire en justice plus de mille cent criminels de guerre. Il permet notamment d'arrêter Karl Silberbauer, l'officier de la Gestapo devenu policier en Autriche qui avait arrêté Anne Frank aux Pays-Bas et il débusque, en 1967, le commandant du camp de Treblinka, Franz Stangl, retrouvé à São Paulo, qui sera extradé et jugé à Düsseldorf où il mourra en prison.

Ses plus grandes déceptions ont été de n'avoir pas réussi à faire arrêter l'Autrichien Aloïs Brunner, qui fut le principal collaborateur d'Adolf Eichmann, le chef de la Gestapo Heinrich Müller et le « médecin » bourreau d'Auschwitz, le criminel Josef Mengele qui mourut au Brésil sans être inquiété. Il y eut néanmoins une ombre dans sa carrière, lorsqu'il refusa de poursuivre Kurt Waldheim, l'ancien secrétaire général de l'O.N.U., ex-président autrichien. Le Congrès juif mondial avait découvert le passé nazi de celui-ci et sa participation en tant que lieutenant de la Wehrmacht à des déportations de Juifs, notamment dans les Balkans. Simon Wiesenthal aurait eu ces informations et aurait choisi de ne pas les rendre publiques. Accusations dont il se défendra, affirmant qu'il n'avait pas de preuves de l'engagement direct de Waldheim dans ces crimes.

Malade depuis plusieurs années, Simon Wiesenthal est décédé le 20 septembre 2005 à Vienne (Autriche), à l'âge de quatre-vingt-seize ans. Il est inhumé à Herzliya en Israël. Son œuvre continue avec le Centre Simon-Wiesenthal et ses diverses représentations dans le monde. Cette organisation, fondée en 1977 à Los Angeles, se consacre à conserver la mémoire de la Shoah.

Liens
http://youtu.be/9XW42bYQYcM La vie de Josef Mengele
http://youtu.be/pGhJcVmJZfs La traque des nazis


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  220px-WP_Josef_Mengele_1956.jpg (11.76 KB)
3_5324dd403e165.jpg 220X296 px

jpg  600full-josef-mengele.jpg (9.86 KB)
3_5324dd4a798d9.jpg 200X279 px

jpg  600full-josef-mengele (1).jpg (12.41 KB)
3_5324dd61c1493.jpg 233X329 px

jpg  Otmar_von_Verschuer.jpg (105.37 KB)
3_5324dda36095b.jpg 394X500 px

jpg  ebensee051.jpg (162.74 KB)
3_5324ddb70f89d.jpg 476X370 px

jpg  dodens_engel_-_josef_mengele-20391673-frntl.jpg (55.03 KB)
3_5324ddd6e316c.jpg 321X500 px

jpg  josef_mengele_large.jpg (36.68 KB)
3_5324ddf2d8811.jpg 576X432 px

jpg  germany_deutsche.jpg (141.88 KB)
3_5324de0c7b70a.jpg 620X421 px

Posté le : 16/03/2014 00:12

Edité par Loriane sur 16-03-2014 10:19:30
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Tibère 2 suite
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne

Politique interne

Tibère ne se distingue pas pour ses tendances à la rénovation. Au cours de son règne, il fait preuve d'un strict respect de la tradition augustéenne, essayant d'appliquer toutes les instructions d'Auguste. Son but est de préserver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout en consolidant le nouvel ordre et en évitant qu'il ne prenne les caractéristiques d'un dominat. Pour mettre en œuvre son plan, il utilise des collaborateurs et de nombreux conseillers personnels qui sont des officiels qui l'ont suivi au cours des longues et nombreuses campagnes militaires qui ont duré près de quarante ans. Il convient d'ajouter que l'administration de l'État durant les premières années de son règne est reconnue, par tous, comme excellente par son bon sens et sa modération. Tacite apprécie les capacités du nouveau princeps au moins jusqu'à la mort de son fils Drusus qui a lieu en 23.
La même chose s'applique pour les relations entre Tibère et la nobilitas sénatoriale qui sont cependant différentes de celles qui s'étaient instaurées avec Auguste. Le nouvel empereur semble différent de son beau-père par ses mérites et son ascendant, celui-ci ayant mis fin aux guerres civiles, apporté la paix à l'Empire et obtenu par conséquent une grande autorité. Tibère doit baser le rapport entre le princeps et la noblesse sénatoriale sur un moderatio qui augmente la puissance des deux, superposant l'ordre hiérarchique traditionnel80. Il établit une nette distinction entre les honneurs destinés aux empereurs vivants et le culte de ceux morts et divinisés. Malgré ces mesures qui contribuent à maintenir en vie la fiction républicaine, il ne manque pas de membres de la classe sénatoriale pour s'opposer fermement à son œuvre. Mais Tibère au cours des premières années, suivant le modèle d'Auguste, cherche sincèrement à obtenir la coopération avec le Sénat, assistant souvent à ses réunions, en respectant la liberté de discussion, en le consultant également sur des questions qu'il est en mesure de résoudre par lui-même et en accroissant les fonctions administratives du Sénat. Celui-ci fait valoir que le princeps doit servir le Sénat bonum et salutarme principem senatui servire debere.

Les magistratures conservent leur dignité et le Sénat, que Tibère consulte souvent avant de prendre des décisions dans tous les domaines, est favorisé par la plupart des mesures : Même s'il est d'usage que l'empereur signale certains candidats à la magistrature, les élections continuent d'avoir lieu, au moins formellement, par l'assemblée des comices centuriates. Tibère décide de mettre un terme à la coutume, et les sénateurs ont le privilège de l'élection des juges. De la même manière, Tibère décide d'allouer aux sénateurs la tâche de juger les sénateurs eux-mêmes, ou les chevaliers de haut rang qui se sont rendus coupables de crimes graves comme le meurtre ou la trahison ; les Sénateurs sont également chargés de juger sans l'intervention de l'empereur le travail des gouverneurs de province ; enfin, est confiée au Sénat la juridiction dans le domaine religieux et social dans toute l'Italie.
Au cours de la période de son séjour à Capri, Tibère, pour empêcher que le Sénat prenne des mesures qui ne lui conviennent pas, en particulier en ce qui concerne les nombreux procès de lèse-majesté menés par Séjan, décide que toute décision adoptée par le Sénat doit être appliquée uniquement dix jours plus tard, de sorte qu'il peut contrôler, en dépit de la distance, le travail des sénateurs.
Le prince consulte souvent le Sénat par des senatus consulta, parfois sur des questions hors de sa compétence, comme par exemple les questions de caractère religieux, Tibère ayant une aversion particulière pour les cultes orientaux. En 19 les cultes chaldéen et juif sont rendus illégaux et ceux qui les professent sont obligés de s'enrôler ou d'être expulsés d'Italie. Il ordonne de brûler tous les parements et les objets sacrés utilisés pour les cultes en question, et, par l'enrôlement, il peut envoyer les jeunes juifs dans les régions les plus reculées et les plus insalubres afin d'infliger un coup sévère à la propagation du culte.
Tibère réforme, au moins en partie, l'organisation augustéenne contre le célibat, mettant l'accent sur la lex Papia Poppae : sans abolir les dispositions de son beau-père, il nomme une commission qui s'occupe de réformer l'organisation et de rendre moins sévère les peines en commençant par les célibataires ou ceux qui, bien que mariés, n'ont pas d'enfants. Des mesures sont adoptées pour freiner le luxe et garantir la moralité des coutumes.
Parmi les mesures les plus importantes, on trouve l'adoption de la lex de Maiestate qui prévoit que soient poursuivis et passibles de condamnation tous ceux qui offensent la majesté du peuple romain. Sur la base d'une loi aussi vague, sont considérés coupables ceux qui sont responsables d'une défaite militaire, d'une sédition ou qui ont mal géré l'administration. La loi, qui entre en vigueur après avoir été abrogée, devient un outil entre les mains de l'empereur, du Sénat, et en particulier du préfet Séjan afin de criminaliser les opposants politiques. Tibère, cependant, s'oppose à plusieurs reprises à ces jugements politiques, incitant les juges à agir en toute honnêteté.

Administration financière et provinciale

Tibère est excellent en gestion financière, il laisse à sa mort un surplus considérable dans les coffres de l'État. Pour ne citer que quelques exemples, les biens du roi Archélaos de Cappadoce deviennent une propriété impériale ainsi que plusieurs mines gauloises de son épouse Julia, une mine d'argent des Ruthéniens, une mine d'or d'un certain Sestus Marius confisquée en Hispanie en 33, et d'autres encore. Il confie l'administration des biens de l'État à des fonctionnaires particulièrement compétents, dont la charge ne prend fin qu'avec l'âge.
Il est toujours prêt et généreux pour intervenir en toutes circonstances lors de difficultés internes comme lorsque la plèbe urbaine souffre au cours de famine ou comme lorsqu'en 36 il instaure une aide, à la suite d'un incendie sur l'Aventin, de cent millions de sesterces. En 33, après avoir pris certaines mesures contre l'usure, il réussit à atténuer une grave crise agraire et financière causée par une réduction de la circulation monétaire, instituant, avec sa propre fortune, un fond pour financer les prêts de plus de cent millions de sesterces. Les débiteurs peuvent emprunter pendant trois ans sans intérêts en apportant en garantie des terrains d'une valeur double du prêt demandé. Dès que possible, il tente de rationaliser les dépenses publiques en matière de spectacles, en réduisant les salaires des acteurs et en diminuant le nombre de paires de gladiateurs participant aux jeux. Il réduit de 1 % à 0,5 % l'impopulaire taxe sur les ventes, et il laisse, à sa mort, 2 700 millions de sesterces dans les caisses du trésor. Aux gouverneurs provinciaux qui lui demandent d'imposer de nouvelles taxes, il s'oppose fermement, répondant que le travail du bon berger est de tondre les moutons, non de les écorcher.
Il sait choisir, en outre, des administrateurs compétents et il soigne en particulier le gouvernement des provinces. Les gouverneurs qui obtiennent de bons résultats et qui se sont distingués pour leur honnêteté et leur compétence reçoivent, en récompense, la prorogation de leur mandat. Tacite voit, en cet usage, la volonté de l'indécis Tibère de reporter sur les gouverneurs la préoccupation de la gestion des provinces et d'éviter que des personnes puissent profiter de bénéfices issus de leur charge de haut magistrat. La collecte des impôts dans les provinces est confiée aux chevaliers, qui s'organisent en sociétés d'adjudication. Tibère évite l'imposition de nouvelles taxes aux provinces et écarte ainsi le risque de révoltes. Il fait également construire des routes en Afrique, en Hispanie, surtout dans le nord-ouest, en Dalmatie et en Mésie jusqu'aux portes de Fer, le long du Danube, et d'autres sont réparées comme dans la Gaule narbonnaise.

Politique extérieure et politique militaire Les conquêtes romaines vert sous le règne d'Auguste-30 - 14.

Tibère reste fidèle au consilium coercendi intra terminos imperii d'Auguste conseil de ne plus reculer les bornes de l'Empire , c'est-à-dire la décision de maintenir les frontières de l'Empire inchangées. Il essaie de protéger les territoires internes et d'en assurer la tranquillité et il œuvre uniquement pour des changements nécessaires à la sécurité. Il réussit à éviter des guerres ou des expéditions militaires inutiles avec les répercussions sur les dépenses publique qu'on imagine et en plaçant une plus grande confiance dans la diplomatie. Il éloigne les rois et les gouverneurs qui se révèlent inaptes à leur fonction et il cherche à assurer une plus grande efficacité du système administratif. Les seules modifications territoriales concernent l'Orient lorsqu'à la mort des rois clients, la Cappadoce, la Cilicie et la Commagène sont incorporées dans les frontières de l'Empire. Toutes les révoltes qui s'ensuivent, au cours de son long principat qui dure 23 ans, sont étouffées dans le sang par ses généraux, comme celle de Tacfarinas et des Musulames de 17 à 24, en Gaule par Julius Florus et Julius Sacrovir en 21 ou encore en Thrace avec le roi client des Odryses autour du 21.
Pendant le règne de Tibère, les forces militaires sont déployées avec la disposition suivante : la protection de l'Italie est confiée à deux flottes, celle de Ravenne et du cap Misène, et Rome est défendue par neuf cohortes prétoriennes que Séjan a réunies dans un camp à la périphérie de la ville et trois cohortes urbaines. Le nord-ouest de l'Italie est gardé par une flotte au large des côtes de la Gaule composée de navires qu'Auguste avait capturés à Actium. Le reste des forces est stationné dans les provinces dans le but de garantir les frontières et de réprimer d'éventuelles révoltes internes : huit légions sont déployées dans la région du Rhin pour se protéger des invasions germaniques et des révoltes gauloises, trois légions sont en Hispanie, et deux dans les provinces d'Égypte et d'Afrique où Rome peut aussi compter sur l'aide du royaume de Maurétanie. En Orient, quatre légions sont réparties entre la Syrie et l'Euphrate. En Europe orientale, enfin, deux légions sont stationnées en Pannonie, deux en Mésie pour protéger les frontière du Danube, et deux en Dalmatie. De petites flottes de trirèmes, des bataillons de cavalerie et des troupes auxiliaires recrutées parmi les habitants des provinces, sont répartis sur tout le territoire afin qu'ils puissent intervenir là où le besoin s'en fait sentir.

En Germanie

En ce qui concerne la politique extérieure le long des frontières septentrionales, Tibère suit une démarche de maintien et de consolidation d'un mur contre les Germains le long du Rhin en mettant fin, quelques années après son accession au trône, aux opérations militaires improductives et dangereuses que Germanicus a entreprises dans les années 14-16. Tacite, qui admire Germanicus et a peu de sympathie pour Tibère, impute la décision du princeps à sa jalousie à l'encontre des succès obtenus par son neveu. Tibère lui reconnaît le mérite d'avoir rétabli le prestige de l'Empire romain auprès des Germains, il considère au contraire et à juste titre, qu'une nouvelle tentative d'établir la frontière sur l'Elbe conduirait à un éloignement de la politique d'Auguste que Tibère considère comme un praeceptum ainsi qu'à une augmentation significative des dépenses militaires et à l'obligation d'engager une campagne en Bohême contre Marobod, roi des Marcomans. Tibère ne le juge ni nécessaire ni utile. Les dissensions internes au sein des tribus germaniques donnent lieu à une guerre entre Chattes et Chérusques puis à une autre entre Arminius et Marobod jusqu'à ce que ce dernier soit exilé en 19, alors que le premier est assassiné en 21. Scullard estime, en effet, que cette décision est motivée et de plus judicieuse.
En 14, alors que la révolte des légions en Pannonie est en cours, les hommes stationnés à la frontière germanique se rebellent, provoquant des actes de violence et des massacres. Germanicus, qui est alors à la tête de l'armée en Germanie et qui bénéficie de beaucoup de prestige, se charge de calmer la situation, affrontant personnellement les soldats séditieux. Ceux-ci demandent, comme leurs camarades de Pannonie, la réduction de la durée du service militaire et l'augmentation de la solde. Germanicus décide de leur accorder le congé après vingt ans de service et d'y inclure tous les soldats de réserve qui ont combattu pendant seize ans, les exemptant de toutes obligations sauf pour repousser les attaques ennemies. Il double, dans le même temps, l'héritage auquel ils ont droit, selon le testament d'Auguste. Les légions, qui ont appris depuis peu le décès d'Auguste, assurent de leur soutien le général s'il souhaitait prendre le pouvoir par la force, mais il refuse, faisant preuve de respect envers son père adoptif Tibère et d'une grande fermeté. La révolte, qui touche un grand nombre des légions stationnées en Germanie, est difficile à réprimer et se termine par le massacre de nombreux légionnaires rebelles. Les mesures prises par Germanicus pour satisfaire aux exigences des légions sont officialisées plus tard par Tibère qui attribue les mêmes indemnités aux légionnaires de Pannonie.

La campagne de Germanicus en 14.

Germanicus, après avoir repris la situation en main, décide d'organiser une expédition contre les peuples germaniques qui ont appris la nouvelle de la mort d'Auguste et la rébellion des légions. Ils pourraient décider de lancer une nouvelle attaque contre l'Empire. Germanicus confie une partie des légions au lieutenant Aulus Caecina Severus puis il attaque les tribus des Bructères, des Tubantes et des Usipètes qu'il bat nettement, accompagnant ses victoires de nombreux massacres. Il attaque les Marses obtenant neuf victoires et pacifiant ainsi la région à l'ouest du Rhin. De cette façon, il est en mesure de préparer pour 15 une expédition à l'est du grand fleuve par laquelle il aurait vengé Varus et freiné toute volonté expansionniste des Germains.
En 15, Germanicus traverse le Rhin avec le lieutenant Aulus Caecina Severus qui vainc de nouveau les Marses tandis que le général obtient une large victoire sur les Chattes. Le prince des Chérusques, Arminius, qui avait battu Varus à Teutobourg, incite tous les peuples germaniques à la révolte en leur demandant de combattre les envahisseurs romains. Il se forme même un petit parti pro-romain conduit par le beau-père d'Arminius, Ségeste, qui offre son aide à Germanicus. Celui-ci se rend vers Teutobourg où il retrouve un des aigles légionnaires perdu au cours de la bataille, six ans plus tôt. Il rend les honneurs funèbres aux morts dont les dépouilles sont restées sans sépulture.
Germanicus décide de poursuivre Arminius afin de l'affronter au cours d'une bataille, le prince germanique attaque les escadrons de cavalerie que Germanicus envoie en avant-garde, sûr de pouvoir surprendre l'ennemi. L'armée entière des légionnaires est alors obligée d'intervenir pour éviter une nouvelle défaite désastreuse. Germanicus décide de retourner à l'ouest du Rhin avec ses hommes. Alors qu'il se trouve sur le chemin du retour près du pontes longi, Aulus Caecina Severus est attaqué et battu par Arminius ce qui l'oblige à se retirer dans son campement. Les Germains, convaincus de pouvoir vaincre les légions, attaquent le camp mais ils sont sévèrement battus à leur tour et Aulus Caecina Severus peut conduire ses légions saines et sauves à l'ouest du Rhin.

Bien qu'ayant remporté une importante victoire, Germanicus est conscient que les Germains sont encore capables de se réorganiser et il décide, en 16, d'engager une nouvelle campagne dont l'objectif est d'anéantir définitivement la population entre le Rhin et l'Elbe. Pour rejoindre sans problème les territoires ennemis, il fait préparer une flotte qui doit conduire les légions jusqu'à l'embouchure de fleuve Amisia. En peu de temps, il réunit plus d'un millier de bateaux, légers et rapides, capables de transporter de nombreux hommes, mais aussi équipés de machines de guerre pour la défense. Les Romains débarquent à peine en Germanie que les tribus du lieu, réunies sous le commandement d'Arminius, se préparent à faire face aux envahisseurs et se réunissent pour combattre près du fleuve Weser, bataille d'Idistaviso. Les hommes de Germanicus, bien mieux préparés que leurs ennemis, affrontent les Germains et remportent une écrasante victoire. Arminius et les siens se retirent près du val angrivarien puis subissent une nouvelle défaite contre les légionnaires romains. Les personnes qui habitent entre le Rhin et l'Elbe sont ainsi éliminées. Germanicus reconduit ses troupes en Gaule, mais, sur le chemin du retour, la flotte romaine est dispersée par une tempête et elle subit de nombreuses pertes. L'incident donne l'espoir aux Germains d'inverser le sort de la guerre, mais les lieutenants de Germanicus prennent le dessus sur leurs ennemis.
Bien que Rome ne soit pas en mesure d'étendre sa zone d'influence, la limite fixée par le Rhin la protège d'une éventuelle révolte germanique et un événement majeur met fin aux rébellions : en 19, après avoir battu le roi pro-romain des Marcomans, Marobod, Arminius meurt, trahi et tué par ses compagnons qui ambitionnent le pouvoir.

En Orient.

En Orient, la situation politique, après une période de calme relatif suite aux accords entre Auguste et les souverains parthes, se transforme en confrontation en raison de troubles internes, Phraatès IV et ses enfants meurent à Rome alors qu'Auguste règne encore. Les Parthes demandent donc que Vononès, fils de Phraatès, envoyé précédemment comme otage, puisse revenir en Orient afin de monter sur le trône comme le dernier membre encore en vie de la dynastie arsacide. Le nouveau roi, étranger aux traditions locales, se montre désagréable aux Parthes et il est vaincu et chassé par Artaban III, et se réfugie en Arménie. Là, les rois imposés par Rome sur le trône étant morts, Vononès est donc choisi comme nouveau souverain mais Artaban fait pression sur Rome pour que Tibère destitue le nouveau roi arménien. L'empereur, pour éviter d'avoir à entreprendre une nouvelle guerre contre les Parthes fait arrêter Vononès par le gouverneur romain de la Syrie.
La mort du roi de la Cappadoce, Archélaos, qui est venu à Rome rendre hommage à Tibère, celle de Antiochos III, roi de Commagène, et de Philopator, roi de Cilicie, viennent perturber la situation en Orient. Les trois États, qui sont des vassaux de Rome, sont dans un fort contexte d'instabilité politique que les désaccords entre les partis pro-romain et les défenseurs de l'autonomie accroissent.
La difficulté de la situation en Orient rend nécessaire une intervention romaine. Tibère, en 18, envoie son fils adoptif, Germanicus, qui est nommé consul et qui se voit octroyer l'imperium proconsolaris maius sur toutes les provinces orientales. Dans le même temps, l'empereur nomme un nouveau gouverneur de la province de Syrie, Gnaeus Calpurnius Piso, qui fut consul avec Tibère en 7 av. J.-C. Le royaume d'Arménie est resté sans souverain après la destitution de Vononès, aussi, après son arrivée en Orient, Germanicus confère la charge de roi, avec le consentement des Parthes, à Zénon fils du souverain du Pont Polémon Ier. Il est couronné à Artachat. Germanicus impose que Commagène relève de la compétence d'un préteur, tout en conservant son autonomie formelle, que la Cappadoce soit transformée en province et que la Cilicie soit incluse dans la province de Syrie.
Il reçoit un ambassadeur du roi parthe Artaban qui est prêt à confirmer et à renouveler l'amitié et l'alliance des deux empires. En signe d'hommage à la puissance romaine, Artaban décide de rendre visite à Germanicus sur les rives de l'Euphrate, et demande, en échange, que Vononès soit chassé de la Syrie où il se situe depuis son arrestation, étant soupçonné de fomenter la discorde. Germanicus accepte de renouveler les liens d'amitié avec les Parthes, et consent à l'expulsion de Vononès qui a lié amitié avec le gouverneur Piso. L'ex-roi de l'Arménie est donc confiné dans la ville de Pompeiopoli en Cilicie où il décède peu de temps après, tué par des cavaliers romains alors qu'il essaie de s'échapper. En 19 Germanicus meurt après avoir évité, par des mesures adaptées, une famine qui se développe depuis l'Égypte avec des conséquences catastrophiques.
La réorganisation mise en place par Germanicus en Orient garantit la paix jusqu'en 34 : cette année-là, le roi Artaban de Parthie, est convaincu que Tibère, désormais âgé, ne s'opposera pas, depuis Capri, à la mise en place de son fils Arsace sur le trône d'Arménie après la mort d'Artaxias. Tibère décide d'envoyer Tiridate, descendant de la dynastie arsacide tenu en otage à Rome, disputer le trône parthe d'Artaban et il soutient l'installation de Mithridate, frère du roi d'Ibérie, sur le trône d'Arménie. Mithridate, avec l'aide de son frère Pharsman, réussit à s'emparer du trône d'Arménie : les serviteurs d'Arsace, corrompus, tuent leur maître, les Ibères envahissent le royaume et battent, s'alliant aux populations locales, l'armée des Parthes dirigée par Orode, fils d'Artaban.
Artaban, craignant une intervention massive des Romains, refuse d'envoyer plus de troupes contre Mithridate et abandonne ses revendications sur le royaume d'Arménie. Dans le même temps, la haine que Rome fomente auprès des Parthes envers le roi Artaban le contraint à quitter le trône et à se retirer tandis que le trône passe à l'arsacide Tiridate. Après un règne d'un an de Tiridate, Artaban rassemble une grande armée et marche contre l'arsacide qui se réfugie à Rome, où il est contraint de se retirer, et Tibère doit accepter que la Parthie soit gouvernée par un roi hostile aux Romains.

En Afrique

En 17, le numide Tacfarinas, qui a servi dans les troupes auxiliaires de l'armée romaine, rassemble autour lui une troupe nombreuse, puis plus tard, il devient le meneur de la population berbère qui vit dans les zones désertiques à proximité du Sahara occidental. Il organise une armée pour faire des raids et tenter de détruire la domination romaine et attire à ses côtés les Maurétaniens dirigés par Mazippa. Le proconsul d'Afrique Marcus Furius Camillus, s'empresse de marcher contre Tacfarinas et ses alliés, de crainte que les rebelles refusent d'engager la bataille, et il les bat nettement, obtenant les insignes du triomphe.
L'année suivante, Tacfarinas reprend les hostilités, débutant une série d'attaques et de raids contre les villages et accumulant un gros butin. Il encercle une cohorte d'armée romaine qu'il réussit à battre. Le nouveau proconsul, Lucius Apronius qui a succédé à Camillus, envoie le corps des vétérans contre Tacfarinas qui est battu. Le Numide entreprend alors une tactique de guérilla contre les Romains, mais après quelques succès, il est de nouveau battu et repoussé dans le désert.
Après quelques années de paix, en 22, Tacfarinas envoie des ambassadeurs à Rome auprès de Tibère afin de lui demander pour lui et ses hommes la possibilité de résider en permanence sur les territoires romains. Le Numide menace de déclencher une nouvelle guerre si Tibère n'accède pas à sa requête. L'empereur considère la menace de Tacfarinas comme une insulte à la puissance de Rome, et ordonne de mener une nouvelle offensive contre les rebelles numides. Le commandant de l'armée romaine, le nouveau proconsul Quintus Junius Blaesus, décide d'adopter une stratégie similaire à celle adoptée par Tacfarinas en 18 : il divise son armée en trois colonnes, avec lesquelles il peut à maintes reprises attaquer l'ennemi et le contraindre à se retirer. Le succès semble être définitif, de sorte que Tibère consent à proclamer Blaesus imperator.
La guerre contre Tacfarinas prend seulement fin en 24. Malgré toutes les défaites subies, le rebelle numide continue à résister et décide de mener une offensive contre les Romains. Il assiège une petite ville, mais il est immédiatement attaqué par l'armée romaine et forcé à la retraite. De nombreux chefs rebelles sont capturés et tués. Les bataillons de cavalerie et les cohortes légères, renforcés aussi par les hommes envoyés par le roi Ptolémée de Maurétanie, se lancent à la poursuite des fugitifs. Ces alliés des Romains décident d'entrer en guerre contre Tacfarinas car ce dernier a attaqué leur royaume. Rejoints, les rebelles numides engagent une nouvelle bataille mais ils sont durement défaits. Tacfarinas, certain de la défaite finale, se jette sur les rangs ennemis et meurt sous les coups, ce qui met fin à la révolte;.

En Gaule

En 21, les habitants de la Gaule, écrasés par les taxes, se rebellent, dirigés par Julius Florus et Julius Sacrovir. Les deux organisateurs de la révolte, un membre de la tribu des Trévires, l'autre de celle des Éduens, ont la citoyenneté romaine que leurs ancêtres ont reçue pour les services rendus à l'État et ils connaissent le système politique et militaire romains. Afin de mettre tous les atouts de leurs côtés, ils essayent d'étendre la révolte à toutes les tribus gauloises, entreprenant de nombreux voyages et gagnant à leur cause, la Gaule belgique.
Tibère tente d'éviter une intervention directe de Rome, mais, quand les Gaulois enrôlés dans les troupes auxiliaires font défection, les légions romaines marchent contre Florus et le battent près des Ardennes. Le chef des Trévires, voyant que son armée n'a pas d'autre possibilité que la fuite, se suicide, pour les siens qui sont restés sans chef, c'est la fin de la rébellion.
Julius Sacrovir prend le commandement général de la rébellion et rassemble autour de lui toutes les tribus encore prêtes à se battre contre Rome. Près d'Autun, il est attaqué par l'armée romaine et malgré sa valeur, il est battu. Pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis, il décide de se suicider ainsi que ses plus fidèles collaborateurs.
Après la mort de ceux capables d'organiser la révolte, celle-ci se termine sans la moindre réduction d'impôts.

En Illyrie et dans les Balkans L'Empire romain en 14, au début du règne de Tibère.

En 14, les légions ont à peine pris leurs quartiers dans la région de l'Illyrie qu'elles apprennent la mort d'Auguste. Une révolte éclate fomentée par les légionnaires Percennius et Vibulenus. Ils espèrent enclencher une nouvelle guerre civile à partir de laquelle ils tireront d'importants revenus et, en même temps, ils veulent améliorer les conditions dans lesquelles vivent les militaires, demandant une réduction des années de service militaire, et que leur salaire quotidien soit porté à un denier. Tibère, récemment arrivé au pouvoir, refuse d'intervenir personnellement et envoie auprès des légions son fils Drusus avec quelques citoyens romains et deux cohortes prétoriennes avec Séjan, fils du préfet du prétoire Lucius Seius Strabo. Drusus met fin à la révolte en éliminant les chefs Percennius et Vibulenus et par une répression à l'encontre des rebelles. Les légionnaires ne bénéficient de concessions qu'après celles accordées par Germanicus aux légions de Germanie.
Sur le secteur de l'Illyrie, Tibère obtient, en 15, que les provinces sénatoriales de l'Achaïe et de Macédoine soient réunies à la province impériale de Mésie, prorogeant le mandat du gouverneur Caius Poppeus Sabinus, qui reste en fonction 21 ans, de 15 à 36 et de ses successeurs.
Même en Thrace, la situation de quiétude de l'époque d'Auguste se termine après la mort du roi Rhémétalcès, allié de Rome. Le royaume est divisé en deux parties, qui sont réparties entre le fils et le frère du roi défunt, Cotys VIII et Rhescuporis III. Cotys reçoit la région proche de la côte et des colonies grecques. Rhescuporis, celle sauvage et inculte de l'intérieur, exposée à des attaques hostiles des peuples voisins. Rhescuporis décide de s'accaparer les terres de son neveu, et mène à son encontre une série d'actions violentes. En 19, Tibère, dans une tentative d'empêcher une nouvelle guerre qui aurait probablement nécessité l'intervention des troupes romaines, envoie des émissaires aux deux rois thraces afin de favoriser l'ouverture de négociations de paix. Rhescuporis ne renonce pas à son ambition, il fait emprisonner Cotys et prend possession de son royaume puis demande que Rome reconnaisse sa souveraineté sur toute la Thrace. Tibère invite Rhescuporis à rejoindre Rome pour justifier l'arrestation de Cotys. Le roi thrace refuse et tue son neveu. Tibère envoie alors chez Rhescuporis le gouverneur de la Mésie Lucius Pomponius Flaccus qui, vieil ami du roi trace, le convainc d'aller à Rome. Rhescuporis est jugé et condamné à une peine de confinement pour le meurtre de Cotys, et il meurt un peu plus tard alors qu'il se trouve à Alexandrie. Le royaume de Thrace est divisé entre Rhémétalcès II, fils de Rhescuporis qui s'est ouvertement opposé aux plans de son père, et les très jeunes enfants de Cotys, Cotys IX puis Rhémétalcès III, au nom desquels le propréteur Titus Trebellenus Rufus est nommé régenta.

Tibère dans l'historiographie

La tradition historiographique ancienne, représentée principalement par Suétone et Tacite, oublie souvent les entreprises militaires que Tibère a réalisées sous Auguste et les mesures politiques prises au cours de la première période de son principat pour ne prendre en compte, particulièrement, que les critiques et les calomnies que les ennemis ont déversées sur Tibère, ce qui a donné une description assez négative. Tibère, d'autre part, ne fit rien pour repousser les critiques et la suspicion, sans doute sans fondement, en raison de sa personnalité renfermée, mélancolique et suspicieuse. Il réussit à empêcher, par sa gestion ferme, ordonnée et respectueuse des règles établies par Auguste, que l'œuvre de ce dernier ait un caractère provisoire et soit perdue. Il parvient, en effet, au cours de son règne à assurer la continuité du système de principat, et à éviter que la situation dégénère en guerre civile, en modifiant la manière de gouverner Rome et ses provinces, comme cela s'était produit lors des guerres civiles entre Caius Marius et Sylla, Jules César et Pompée ou Marc Antoine et Octave.

citations dans l'historiographie antique

Et de sa main sanglante entassant des ruines,
Quiconque de l'exil passe au suprême rang,
Ne fonde son pouvoir que dans des flots de sang.
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère,
Suétone fournit également un portrait du physique de Tibère, qui est similaire à celui de Tacite, mais plus ample et plus détailléa 219 :
« Tibère était gros, robuste et d'une taille au-dessus de l'ordinaire. Large des épaules et de la poitrine, il avait, de la tête aux pieds, tous les membres bien proportionnés. Sa main gauche était plus agile et plus forte que la droite. Les articulations en étaient si solides, qu'il perçait du doigt une pomme récemment cueillie, et que d'une chiquenaude il blessait à la tête un enfant et même un adulte. Il avait le teint blanc, les cheveux un peu longs derrière la tête et tombant sur le cou ; ce qui était chez lui un usage de famille. Sa figure était belle, mais souvent parsemée de boutons. Ses yeux étaient très grands, et, chose étonnante, il voyait dans la nuit et dans les ténèbres, mais seulement lorsqu'ils s'ouvraient après le sommeil et pour peu de temps ; ensuite sa vue s'obscurcissait. Il marchait, le cou raide et penché, la mine sévère, habituellement silencieux. [...] Tibère jouit d'une santé inaltérable pendant presque tout le temps de son règne, quoique, depuis l'âge de trente ans, il la gouvernât à son gré, sans recourir aux remèdes ni aux avis d'aucun médecin. »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 68 (Trad. Désiré Nisard - 1855)
Alors que Dion Cassius fournit de Tibère un descriptif négatif, d'autres auteurs, parmi lesquels Velleius Paterculus, Flavius Josèphe, Pline le Jeune, Valère Maxime, Sénèque, Strabon et Tertullien en donnent une image positive et ils ne font pas allusion à la scélératesse dont l'empereur aurait fait preuve lors de sa présence à Capri.

Dans l'évangile et dans la tradition religieuse

Dans le Nouveau Testament, Tibère n'est mentionné qu'une seule fois dans un chapitre de l'évangile selon Luc qui affirme que Jean le Baptiste a commencé sa prédication publique dans la quinzième année du règne de Tibère. Les évangiles se réfèrent à Caesar ou à l'empereur, sans autre précision pour indiquer l'empereur romain régnant. Les relations entre Tibère et la religion chrétienne ont fait l'objet d'une enquête historiographique : certaines hypothèses, soutenues par Tertullien, évoquent un prétendu message de Ponce Pilate à Tibère concernant la crucifixion de Jésus. L'empereur aurait discuté de la question au Sénat et proposé la promulgation d'une loi interdisant la persécution des disciples de Jésus96. On ne sait rien de l'attitude de l'empereur envers des chrétiens, aucune mesure officielle ne fut prise mais il est certain que les disciples de Jésus n'ont jamais été persécutés sous le règne de Tibère96.
Tibère, qui est tolérant envers tous les cultes à l'exception de ceux chaldéens et juifs, n'a jamais eu confiance dans la religion alors qu'il se consacre à l'astrologie et aux prévisions du futur96. À ce propos Suétone écrita 219 :
« Il s'occupait d'autant moins des dieux et de la religion, qu'il s'était appliqué à l'astrologie et qu'il croyait au fatalisme. [...] »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 69 (Trad. Désiré Nisard - 1855)
Liens
http://www.ina.fr/audio/PHD99223682/l ... nouveaux-dieux-audio.html Les 12 César


Attacher un fichier:



jpg  220px-8095_-_Roma_-_Ara_Pacis_-_Tiberio_-_Foto_Giovanni_Dall'Orto_-_28-Mar-2008.jpg (20.06 KB)
3_5324db1e6a7e6.jpg 220X293 px

jpg  Tiberius_palermo.jpg (162.95 KB)
3_5324db2a2a263.jpg 614X800 px

jpg  tibere.JPG (127.14 KB)
3_5324db35a4159.jpg 250X370 px

jpg  TIBERE7.JPG (161.23 KB)
3_5324db46306af.jpg 1600X1148 px

jpg  tibere.jpg (14.23 KB)
3_5324db52a4ba9.jpg 170X302 px

jpg  tibere3.jpg (121.74 KB)
3_5324db638b24b.jpg 691X832 px

jpg  tibere_as_clementiae.jpg (90.04 KB)
3_5324db7119774.jpg 500X243 px

jpg  22510100699670L.jpg (108.12 KB)
3_5324db7d9e5ed.jpg 290X475 px

jpg  poster_82247.jpg (15.57 KB)
3_5324db8a1cd40.jpg 200X298 px

jpg  Rivolta_pannonica_9_jpg.jpg (243.66 KB)
3_5324db9b129f9.jpg 1127X777 px

jpg  triomphe_tibere0.jpg (16.65 KB)
3_5324dbab7e57d.jpg 250X323 px

jpg  normal_La-Mort-de-Tibere.jpg (83.57 KB)
3_5324dbbe27757.jpg 400X309 px

jpg  db_trav_av_tibere02009.jpg (19.81 KB)
3_5324dbe065ce1.jpg 400X300 px

jpg  arc84orangesud.jpg (344.74 KB)
3_5324dbee21884.jpg 1033X768 px

Posté le : 16/03/2014 00:02

Edité par Loriane sur 16-03-2014 11:23:35
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Tibère
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 16 mars 37 ap. J.-C, à Misène meurt Tibère en latin :

Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augustus,


il est inhumé dans le mausolée d'Auguste né à Rome le 16 novembre 42 av. J.-C. deuxième empereur romain de 14 à 37. son père est Tiberius Claudius Nero, sa mère Livia Drusilla, son première épouse est Vipsania AgrippinaIl appartient à la dynastie Julio-Claudienne, sa seconde épouse est julia L'aîné, il a un fils drusus II de vipsania, une fille et il adopte Germanicus.
C'est un descendant de la gens Claudia et il porte à la naissance le nom de Tiberius Claudius Nero. Durant sa jeunesse, Tibère se distingue par son talent militaire en conduisant avec succès de nombreuses campagnes militaires le long de la frontière septentrionale de l'Empire et en Illyrie, souvent aux côtés de son frère Drusus I, qui meurt en Germanie. Après une période d'exil volontaire dans l'île de Rhodes, il retourne à Rome en 4 ap. J.-C. où il est adopté par Auguste et devient le dernier des successeurs potentiels de l'empereur, se nommant dorénavant Tiberius Iulius Caesar. Il mène alors d'autres expéditions en Illyrie et en Germanie afin de remédier aux conséquences de la bataille de Teutobourg.
À la mort de son père adoptif, le 19 août 14, il obtient le nom de Tiberius Iulius Caesar Augustus et il peut lui succéder officiellement dans la fonction de princeps senatus car il est depuis 12 associé au gouvernement de l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, les deux pouvoirs majeurs des empereurs du Principat. Il met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et politiques, met un terme à la politique d'expansion militaire, se limitant à sécuriser les frontières grâce à l'action de son neveu Germanicus. Après la mort de ce dernier et de celle de son fils Drusus II, Tibère favorise la montée du préfet du prétoire Séjan. Il s'éloigne de Rome et se retire sur l'île de Capri. Lorsque le préfet essaie de prendre possession du pouvoir, Tibère le fait destituer et assassiner. L'empereur ne retourne plus dans la capitale où il est haï jusqu'à sa mort en 37. Caligula, fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, lui succède.
Tibère a été durement critiqué par les historiens antiques tels que Tacite et Suétone, mais sa personnalité a été réévaluée par les historiens modernes comme étant celle d'un politicien habile et prudent.

Avant l'accession à l’Empire, Origines de la famille et jeunesse 42 - 26 av. J.-C.

Sa naissance et son enfance mouvementée

Tibère naît à Rome,a 1,1 le 16 novembre 42 av. J.-C de l'homonyme Tiberius Claudius Nero, césarien et préteur la même année, et de Livie, de près de trente ans plus jeune que son mari. Aussi bien par la branche paternelle que maternelle, il appartient à la gens Claudia, une vieille famille patricienne arrivée à Rome lors des premières années de la période républicaine et qui se distingue au cours des siècles par l'obtention de nombreux honneurs et de hautes magistratures. Depuis l'origine, la gens Claudia se divise en de nombreuses branches familiales, parmi lesquelles celle qui prend le cognomen Nero, qui, en langue sabine, signifie "fort et valeureux" à laquelle appartient Tibère. Il peut donc se dire membre d'une lignée qui a donné naissance à des personnages d'un rang très élevé, comme Appius Claudius Sabinus ou Appius Claudius Caecus, qui comptent parmi les défenseurs de la suprématie des patriciens lors de la Guerre des ordres

Son père est parmi les plus fervents partisans de Jules César, et après sa mort, il se range aux côtés de Marc Antoine, lieutenant de César en Gaule et pendant la guerre civile, et entre en conflit avec Octave, héritier désigné de Jules César. Après la constitution du second triumvirat entre Octave, Antoine et Lépide, et suite aux proscriptions, les désaccords entre les partisans d'Octave et ceux de Marc Antoine aboutissent à un conflit ouvert et le père de Tibère continue à soutenir l'ancien lieutenant de César. Avec la guerre de Pérouse suscitée par le consul Lucius Antonius Pietas et Fulvie, épouse de Marc Antoine, le père de Tibère rejoint les partisans de Marc Antoine, fomentant des troubles qui se dessinent dans de nombreuses régions de l'Italie. Après la victoire d'Octave qui réussit à vaincre Fulvie à Pérouse et à rétablir son contrôle sur l'ensemble de la péninsule italienne, le père de Tibère est obligé de fuir avec sa femme et son fils. La famille se réfugie à Naples puis en Sicile, qui est contrôlée par Sextus Pompée. De là, la famille rejoint l'Achaïe où se rassemblent les troupes de Marc Antoine qui ont quitté l'Italie. Le petit Tibère, obligé de prendre part à l'évasion et à subir les incertitudes du voyage, vit une enfance douloureuse et mouvementée jusqu'à l'accord de Brindisi qui rétablit une paix précaire et permet aux partisans de Marc Antoine en fuite de revenir à Rome, son père Tiberius Claudius Nero semblant au départ y avoir arrêté toute action politique.

Mariage de sa mère Livie avec Octave

En 39 av. J.-C., Octave décide de divorcer de sa femme Scribonia de qui il a une fille, Julia, pour épouser la mère du petit Tibère, Livie, dont il est sincèrement amoureux. Le mariage présente aussi un intérêt politique : Octave espère se rapprocher du camp de Marc Antoine alors que le père de Tibère a l'intention, en accordant sa femme à Octave, d'éloigner le rival Sextus Pompée, qui est l'oncle de Scriboni. Le triumvirat demande pour le mariage l'autorisation du collège des pontifes étant donné que Livie a déjà un enfant et qu'elle en attend un second. Les prêtres accordent le mariage, en demandant, comme unique clause, que soit confirmée la paternité de l'enfant à naître. Le 17 janvier 38 av. J.-C., Octave se marie avec Livie, qui après trois mois donne naissance à un fils qui reçoit le nom de Nero Claudius Drusus. La question de la paternité, en effet, est restée incertaine : certains affirment que Drusus est né d'une relation adultère entre Livie et Octave, tandis que d'autres ont salué le fait que le bébé soit conçu en seulement quatre vingt dix jours soit le temps écoulé entre le mariage et la naissance. Il est ensuite admis que la paternité de Drusus incombe au père de Tibère car Livie et Octave ne se sont pas encore rencontrés lorsque l'enfant est conçu.
Alors que Drusus est élevé par sa mère dans la maison d'Octave, Tibère reste auprès de son père jusqu'à l'âge de neuf ans. En 33 av. J.-C., celui-ci meurt et c'est le jeune enfant qui prononce l'éloge funèbre, laudatio funebris sur les rostres du Forum Romain. Tibère se retrouve dans la maison d'Octave avec sa mère et son frère alors même que les tensions entre Octave et Marc Antoine provoquent un nouveau conflit qui prend fin en 31 av. J.-C. avec la bataille navale décisive d'Actium. En 29 av. J.-C., lors de la cérémonie du triomphe d'Octave pour la victoire finale sur Marc Antoine et Cléopâtre VII à Actium, Tibère précède le char du vainqueur, conduisant le cheval intérieur gauche, tandis que Marcus Claudius Marcellus, le neveu d'Octave, monte celui à l'extérieur droit, et se trouvant ainsi à la place d'honneura 5 Auguste, qui pense d'ores et déjà à la succession, favorise son neveu Marcellus. Tibère dirige les jeux urbains et participe, à la tête de l'équipe des "enfants les plus grands", aux Ludus Troiae qui ont lieu dans le cirque.
À l'âge de quinze ans, il revêt la toge virile, et il est donc initié à la vie civile : il se distingue comme défenseur et accusateur dans de nombreux procès, et il se consacre, en même temps, à l'apprentissage de l'art militaire, montrant des aptitudes particulières pour l'équitation. Il entreprend avec beaucoup d'intérêt des études d'art oratoire latin, de rhétorique grecque et de droit ; il fréquente des cercles culturels liés à Auguste où on parle aussi bien grec que latin. Il fait la connaissance de Mécène qui finance des artistes comme Horace, Virgile et Properce. La même passion l'anime pour la composition de textes poétiques, à l'imitation du poète grec Euphorion de Chalcis sur des sujets mythologiques, dans un style tortueux et archaïque, avec une grande utilisation de mots rares et désuets.

Tibère dans la dynastie des Julio-Claudiens

Arbre généalogique des Julio-Claudiens C. Julius Caesar II Marcie Sylla Dict III Aurelia Cotta C. Julius Caesar III S. Julius Caesar III Cos I Julia Caesaris Caius Marius Cos VII Cornelia Sylla Julia Caesaris Julia Caesaris M. Atius Balbus Caius Marius Cos I Cinna Cos IV Calpurnia Pompeia Sulla Cornelia Cinna JULES CÉSAR Dict. vie G. Octavius Atia Balba Caesonia L. Antonius Pietas Julia Caesaris Cos I P. Clodius Pulcher Pompée Trv VII • Cos III Julia Caesaris C. Claudius Marcellus Cos I Octavie la Jeune Marc Antoine Trv XII • Cos II Fulvie Scribonia AUGUSTE Emp XLI Livie Ti. Claudius Nero Clodia Pulchra 1re ép. d'Auguste M. Claudius Marcellus M. Vipsanius Agrippa Cos III Julie l'Aînée TIBÈRE Emp XXIII Vipsania Agrippina Drusus I Cos I Antonia la Jeune Antonia l'Aînée Drusus II Cos I Julia Livilla Tiberius Gemellus Agrippa Postumus Julia Vipsania Lucius Caesar Caius Caesar Cos I Agrippine l'Aînée Germanicus Cos II CLAUDE Emp XIV Messaline Cæsonia Milonia CALIGULA Emp IV Julia Drusilla Drusus III Cos II Nero Caesar Julia Livilla Agrippine la Jeune Gn. Domitius Ahenobarbus Cos I Julia Drusilla NÉRON Emp XIV Claudia Octavia Britannicus

Carrière militaire 25 - 7 av. J.-C.

Si Tibère doit beaucoup de son ascension politique à sa mère Livie, troisième épouse d'Auguste, ses capacités de commandement et de stratégie ne peuvent cependant pas être mises en doute : il est resté invaincu au cours de toutes ses longues et fréquentes campagnes, au point de devenir, au fil des années, l'un des meilleurs lieutenants de son beau-père.

Dans la péninsule ibérique et à Rome 25 - 21 av. J.-C.

L'Auguste de Prima Porta, statue d'Auguste en tenue militaire de parade. Il est possible que Tibère soit représenté sur le relief de l'armure.
En raison de l'absence de réelles écoles qui permettent d'acquérir une expérience militaire, Auguste décide d'envoyer Tibère, âgé de seize ans, en Hispanie en 25 av. J.-C., et Marcellus en qualité de tribuns militaires. Les deux jeunes gens, qu'Auguste envisage comme possibles successeurs, participent aux phases initiales de la guerre cantabre qui a commencé l'année précédente avec Auguste et qui se termine en 19 av. J.-C. sous le général Marcus Vipsanius Agrippa.
Deux ans plus tard, en 23 av. J.-C., à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans, Tibère est nommé questeur de l'annoneN 5, en avance de cinq ans sur le traditionnel cursus honorum. Il s'agit d'une tâche particulièrement délicate puisqu'il est nécessaire d'assurer l'approvisionnement en blé de la ville de Rome, qui compte alors plus d'un million d'habitants, dont deux cent mille d'entre eux ne peuvent survivre que grâce à la distribution gratuite de blé par l'État. La ville passe par une période de famine en raison d'une crue du Tibre qui détruit de nombreuses cultures dans les campagnes du Latium, empêchant même les navires de rejoindre Rome avec l'approvisionnement nécessaire. Tibère fait face à la situation avec vigueur : il achète, à ses propres frais, le blé dont les spéculateurs disposent dans leurs magasins et le distribue gratuitement. Il est salué comme un bienfaiteur de Rome. Il est ensuite chargé de contrôler les ergastules, ces lieux souterrains pour les voyageurs et ceux qui cherchent refuge pour échapper au service militaire et qui servent aussi de cachots pour les esclaves. Il s'agit, cette fois-ci, d'une tâche peu prestigieuse mais tout aussi délicate, parce que les patrons des lieux se sont rendus odieux auprès de toute la population créant ainsi une situation de tension.

En Orient 20 - 16 av. J.-C.

Au cours de l'hiver 21-20 av. J.-C., Auguste ordonne à Tibère, âgé de vingt ans, de commander une armée de légionnaires, recrutée en Macédoine et en Illyrie, et de se rendre en Orient, en Arménie. En effet, cette région est d'une importance vitale pour l'équilibre politique de l'ensemble de la zone orientale, jouant un rôle d'état tampon entre l'Empire romain à l'ouest et celui des Parthes à l'est, et les deux veulent en faire un état vassal afin d'assurer la protection des frontières contre leur ennemi respectif. Après la défaite de Marc Antoine et l'effondrement du système qu'il a imposé en Orient, l'Arménie est retournée sous l'influence des Parthes, ce qui a favorisé l'accession au trône d'Artaxias II. Auguste ordonne donc à Tibère de chasser Artaxias dont les Arméniens pro-romains demandent la destitution et d'imposer sur le trône son plus jeune frère, pro-romain, Tigrane. Les Parthes, effrayés par l'avancée des légions romaines acceptent un compromis et un accord de paix est signé par Auguste arrivé en Orient depuis Samos. Ils restituent les insignes et les prisonniers qu'ils ont en leur possession après la défaite de Crassus lors de la bataille de Carrhes en 53 av. J.-C. De la même manière, la situation en Arménie est résolue avant l'arrivée de Tibère et de son armée par le traité de paix entre Auguste et le souverain parthe Phraatès IV : le parti pro-romain peut ainsi prendre le dessus et des agents envoyés par Auguste éliminent Artaxias. À son arrivée, Tibère ne peut donc que couronner Tigrane qui prend le nom de Tigrane III au cours d'une cérémonie paisible et solennelle sous la surveillance des légions romaines. À son retour à Rome, le jeune général est célébré par de nombreuses fêtes et la construction de monuments en son honneur tandis que Ovide, Horace et Properce écrivent des vers pour célébrer l'entreprise. Le plus grand mérite de la victoire revient cependant à Auguste en tant que commandant en chef de l'armée : il est proclamé imperator pour la neuvième fois et il peut annoncer au Sénat que l'Arménie devient un vassal sans en décréter l'annexion. Il écrit dans ses Res Gestae Divi Augusti, son testament politique :
Alors que je pouvais faire de la Grande Arménie une province, une fois le roi Artaxias mort, j'ai préféré, à l'exemple de nos ancêtres, confier ce royaume à Tigrane, fils du roi Artavasde et petit-fils du roi Tigrane, par l'intermédiaire de Tibère qui était alors mon beau-fils.
— Auguste, Res Gestae Divi Augusti
En 19 av. J.-C., Tibère est promu au rang de ex-préteur ou ornamenta praetoria et il peut donc siéger au Sénat parmi les ex-praetores.

En Gaule, Rhétie et Vindélicie 16 - 14 av. J.-C.

Bien qu'Auguste, après la campagne en Orient, ait officiellement déclaré au Sénat qu'il abandonne la politique d'expansion sachant qu'une extension territoriale serait excessive pour l'Empire romain, il décide de réaliser de nouvelles campagnes pour sécuriser les frontières. En 16 av. J.-C., Tibère, récemment nommé préteur, accompagne Auguste en Gaule où ils passent les trois années suivantes, jusqu'en 13 av. J.-C., afin de l'aider dans l'organisation et la direction des provinces gauloises. Le Princeps senatus se fait aussi accompagner par son beau-fils lors de la campagne punitive au-delà du Rhin contre les tribus des Sicambres et de leurs alliés les Tenctères et les Usipètes, qui, au cours de l'hiver de 17-16 av. J.-C., ont causé la défaite du proconsul Marcus Lollius et la destruction partielle de la Legio V Alaudae et la perte des insignes.
En 15 av. J.-C., Tibère, avec son frère Drusus, mène une campagne contre la population rhète, répartie entre la Norique et la Gaule, contre les Vendéliques. Drusus a déjà précédemment chassé des territoires italiques les Rhètes mais Auguste décide d'envoyer Tibère afin de résoudre définitivement le problème. Les deux hommes attaquent sur deux fronts par une opération d'encerclement de l'ennemi sans leur laisser d'échappatoire. Ils conçoivent l'opération en tenaille qu'ils mettent en œuvre grâce aussi à l'aide de leurs lieutenants : Tibère se déplace depuis l'Helvétie tandis que son jeune frère vient d'Aquilée et de Tridentum, parcourant la vallée de l'Adige et de l'Isarco, à leur jonction est construit le Pons Drusi, Pont de Drusus à proximité de l'actuelle Bolzano pour remonter enfin par l'Inn. Tibère, qui avance depuis l'ouest, bat les Vendéliques autour de Bâle et du lac de Constance. C'est en ce lieu que les deux armées se rejoignent et se préparent à envahir la Bavière. L'action conjointe conduite par les deux frères permet d'avancer jusqu'à la source du Danube où ils remportent la victoire définitive sur les Vendéliques17. Ces succès permettent à Auguste d'assujettir les peuples de l'arc alpin jusqu'au Danube, et lui vaut, de nouveau, d'être acclamé imperator tandis que Drusus, le préféré d'Auguste, reçoit plus tard un triomphe pour cette victoire et d'autres. Sur la montagne près de Monaco, à proximité de La Turbie, le trophée d’Auguste est érigé pour commémorer la pacification d’une extrémité à l’autre des Alpes et se rappeler les noms de toutes les tribus soumises.

De l'Illyrie à la Macédoine et à la Thrace 13 - 9 av. J.-C.

En 13 av. J.-C., en gagnant la réputation d'un très bon commandant, Tibère est nommé consul et il est envoyé par Auguste en Illyrie : le valeureux Agrippa, qui a longuement combattu les populations rebelles de la Pannonie, meurt à peine rentré en Italie. La nouvelle de la mort du général provoque une nouvelle onde de rébellion chez les populations soumises par Agrippa, en particulier les Dalmates et les Breuces. Auguste confie à son beau-fils la tâche de les pacifier. Tibère, prenant le commandement de l'armée en 12 av. J.-C., met en déroute les forces ennemies grâce à sa stratégie et à la ruse dont il fait preuve. Il soumet les Breuces avec l'aide de la tribu des Scordisques soumise peu de temps plus tôt par le proconsul Marcus Vinicius. Il prive ses ennemis de leurs armes et il vend comme esclave la majorité des jeunes après les avoir déportés. Il obtient une victoire totale en moins de quatre ans notamment avec l'aide de grands généraux comme Marcus Vinicius, gouverneur de la Macédoine et Lucius Calpurnius Piso. Il met en place une politique de répression très dure contre les vaincus. En même temps, sur le front oriental, le gouverneur de la Galatie et Pamphylie, Lucius Calpurnius Piso, est contraint d'intervenir en Thrace car la population, et en particulier les Besses, menacent le souverain thrace, Rhémétalcès Ier, allié de Rome.
En 11 av. J.-C., Tibère est engagé contre les Dalmates qui se sont rebellés à nouveau, et assez vite contre la Pannonie qui a profité de son absence pour conspirer à nouveau. Le jeune général est donc fortement impliqué dans la lutte simultanée contre plusieurs peuples ennemis, et il est obligé, à plusieurs reprises, de se déplacer d'un front à l'autre. En 10 av. J.-C., les Daces poussent au-delà du Danube et font des raids dans les territoires de Pannonie et de Dalmatie. Ces derniers, harcelés par les peuples soumis à Rome, se rebellent à nouveau. Tibère, qui s'est rendu en Gaule avec Auguste au début de l'année, est donc contraint de retourner sur le front illyrien, pour les affronter et les vaincre à nouveau. À la fin de l'année, il peut finalement revenir à Rome avec son frère Drusus et Auguste.
La longue campagne se conclut, la Dalmatie est désormais intégrée de façon permanente dans l'État romain et elle subit le processus de romanisation. Elle est confiée, comme province impériale, au contrôle direct d'Auguste : une armée y est stationnée en permanence, prête à repousser toutes attaques le long des frontières et à réprimer d'éventuelles nouvelles révoltes. Auguste évite dans un premier temps d'officialiser la salutatio imperatoria dont les légionnaires ont acclamé Tibère nommé imperator par ses troupes et il se refuse à rendre les honneurs à son beau-fils ainsi qu'à autoriser la cérémonie du triomphe contre l'avis du Sénat. Tibère est autorisé à parcourir la Via Sacra sur un char décoré de l'insigne du triomphe et à célébrer une ovation exceptionnelle pénétrer à Rome en char, honneur qui n'avait encore été accordé à personne : il s'agit d'un nouvel usage qui, bien que de moindre importance que la célébration de la victoire par un triomphe, constitue néanmoins un grand honneur.

Campagne de Drusus en Germanie de 12 à 9 av. J.-C.

En 9 av. J.-C., Tibère se consacre entièrement à la réorganisation de la nouvelle province de l'Illyrie. Alors qu'il quitte Rome où il a célébré sa campagne victorieuse pour se rendre sur les frontières orientales, Tibère est informé que son frère Drusus, qui se trouve sur les rives de l'Elbe pour lutter contre les Germains, est tombé de son cheval, se fracturant le fémur. L'incident semble banal et est donc négligé. Les conditions de Drusus se dégradent fortement en septembre et Tibère le rejoint à Mogontiacum afin de le réconforter, après avoir parcouru en un seul jour, plus de deux cents miles. Drusus, à la nouvelle de l'arrivée de son frère, ordonne que les légions le reçoivent dignement, et il meurt un peu plus tard dans ses bras. À pied, Tibère conduit le cortège funèbre qui ramène la dépouille de Drusus à Rome. Arrivé à Rome, il prononce l'éloge funèbre laudatio funebris pour son frère défunt sur le Forum Romain alors qu'Auguste prononce le sien dans le cirque Flaminius ; le corps de Drusus est ensuite incinéré sur le champ de Mars et placé dans le mausolée d'Auguste.

En Germanie 8 - 7 av. J.-C.

Au cours des années 8-7 av. J.-C., Tibère se rend de nouveau en Germanie, envoyé par Auguste, pour continuer le travail commencé par son frère Drusus, après sa mort prématurée, et combattre les populations locales. Il traverse donc le Rhin, et les tribus barbares, à l'exception des Sicambres, font, par peur, des propositions de paix qui reçoivent un net refus de la part du général, car il est inutile de conclure une paix sans l'adhésion des dangereux Sicambres ; quand ceux-ci envoient des hommes, Tibère les fait massacrer ou déporter. Pour les résultats obtenus en Germanie, Tibère et Auguste obtiennent encore l'acclamation d’imperator et Tibère est nommé consul en 7 av. J.-C. Il peut donc terminer les travaux de consolidation du pouvoir romain dans la région par la construction de plusieurs ouvrages, y compris les camps romains de Oberaden it et Haltern am See, élargissant l'influence romaine jusqu'au fleuve Weser.

Éloignement de la vie politique 6 av. J.-C. - 4 ap. J.-C.

Poursuivant des intérêts politiques familiaux, Tibère est poussé par Auguste en 12 av. J.-C. à divorcer de sa première femme, Vipsania Agrippina, fille de Marcus Vipsanius Agrippa, qu'il a épousée en 16 av. J.-C. et de qui il a eu un fils, Julius Caesar Drusus. L'année suivante, il épouse Julia, la fille d'Auguste, et donc sa demi-sœur, veuve du même Agrippa. Tibère est sincèrement amoureux de sa première femme Vipsania et il ne s'en éloigne qu'avec beaucoup de regrets. L'union avec Julia connaît d'abord de l'amour et de l'harmonie, puis elle se dégrade rapidement après la mort de leur fils, né à Aquilée. L'attitude de Julia, entourée de nombreux amants, contraste avec le caractère de Tibère, particulièrement réservé.
En 6 av. J.-C., Auguste décide de conférer à Tibère la puissance tribunitienne pour 5 ans : sa personne devient ainsi sacrée et inviolable et cela lui donne le droit de veto. De cette façon, Auguste semble vouloir amener à lui son beau-fils, et il peut de plus mettre un frein à l'exubérance de ses jeunes petits-fils, Caius et Lucius César, les fils d'Agrippa, qu'il a adoptés et qui semblent être les favoris pour la succession.
Malgré cet honneur, Tibère décide de se retirer de la vie politique et de quitter la ville de Rome pour s'en aller dans un exil volontaire sur l'île de Rhodes qui le fascine depuis la période où il y avait séjourné, de retour d'Arménie. Certains affirment, comme Grant, qu'il est indigné et consterné par la situation, d'autres estiment qu'il sent le manque de considération d'Auguste à son égard pour l'avoir utilisé comme tuteur de ses deux petits-fils, Caius et Lucius César, les héritiers désignés, en plus d'un malaise grandissant et du dégoût envers sa nouvelle femme.
Il s'agit d'un choix étrange et soudain que Tibère prend au moment même où il reçoit de nombreux succès alors qu'il est au milieu de sa jeunesse et en pleine santé. Auguste et Livie tentent en vain de le retenir et le princeps évoque cette question au Sénat. Tibère, en réponse, décide de cesser de manger et jeûne pendant quatre jours, jusqu'à ce qu'on l'autorise à quitter la ville pour aller là où il veut. Les historiens anciens ne donnent pas une interprétation unique de cet événement, en effet, assez étrange. Suétone résume toutes les raisons qui ont conduit Tibère à quitter Rome :
... soit par dégoût de sa femme qu'il n'osait ni accuser ni répudier, et que pourtant il ne pouvait plus souffrir, soit pour éviter une assiduité fastidieuse, et non seulement affermir son autorité par l'absence, mais l'accroître même, dans le cas où la république aurait besoin de lui. Quelques-uns pensent que, les enfants d'Auguste étant adultes, Tibère leur abandonna de son plein gré le second rang qu'il avait longtemps occupé, à l'exemple d'Agrippa, qui, lorsque Marcellus eut été appelé aux charges publiques, s'était retiré à Mytilène, pour que sa présence ne lui donnât point l'air d'un concurrent ou d'un censeur. Tibère lui-même avoua, mais plus tard, ce dernier motif. ...
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère
Dion Cassius ajoute à ses thèses, qu'il énumère toutes aussi, que Caius et Lucius se crurent méprisés ; Tibère craignit leur colère ou encore qu'Auguste l'exile pour complots contre les jeunes princes qui sont ses héritiers, voire que Tibère était mécontent de ne pas avoir été nommé César.

Pendant toute la durée de son séjour à Rhodes près de huit ans, Tibère tient une position sobre, évitant de se trouver au centre de l'attention et de prendre part aux événements politiques de l'île sauf dans un seul cas. En fait il n'a jamais utilisé son pouvoir issu de la puissance tribunitienne dont il est investi. Cependant, quand en 1 av. J.-C. il cesse d'en bénéficier, il décide de demander la permission de revoir ses parents : il estime que, quand bien même il participerait à la politique, il n'aurait plus pu, en aucune manière, mettre en danger la primauté de Caius et Lucius César. Il reçoit un refus et décide alors de faire appel à sa mère qui ne peut rien obtenir d'autre que Tibère soit nommé légat d'Auguste à Rhodes, et donc que sa disgrâce soit en partie cachée. Il se résigne donc à continuer à vivre comme un simple citoyen, inquiet et méfiant, évitant tous ceux qui viennent lui rendre visite sur l'île. En 2 av. J.-C., sa femme Julia est condamnée à l'exil sur l'île de Ventotene anciennement Pandataria, et son mariage avec elle est annulé par Auguste : Tibère, heureux de cette nouvelle, cherche à se montrer magnanime envers Julia, dans une tentative de retrouver l'estime d'Auguste.

En 1 av. J.-C., il décide de rendre visite à Caius César, qui vient d'arriver à Samos, après qu'Auguste lui a attribué l’imperium proconsulaire et l'a chargé d'effectuer une mission en Orient où est mort Tigrane III. La question arménienne est rouverte. Tibère l'honore en mettant de côté toutes les rivalités et en s'humiliant, mais Caius, poussé par son ami Marcus Lollius, ferme adversaire de Tibère, le traite avec détachement. Ce n'est qu'en 1 ap. J.-C., soit sept ans après son départ, que Tibère est autorisé à rentrer à Rome, grâce à l'intercession de sa mère Livie, mettant fin à ce qui a été un exil volontaire : en fait, Caius César, qui n'est plus sous la coupe de Lollius, accusé d'extorsion et traîtrise et qui s'est suicidé pour éviter une condamnation, consent à son retour et Auguste, qui a confié la question à son petit-fils, le rappelle en lui faisant jurer qu'il ne se serait intéressé en aucune manière au gouvernement de l'État.
À Rome, pendant ce temps, les jeunes nobiles qui soutiennent les deux Césars, ont développé un fort sentiment de haine à l'égard de Tibère, et ils continuent à le voir comme un obstacle à l'ascension de Caius César. Le même Marcus Lollius, avant le désaccord avec Caius César, s'offre d'aller à Rhodes pour tuer Tibère et bien d'autres nourrissent le même projet. À son retour à Rome, donc, Tibère doit agir avec beaucoup de prudence, sans jamais renoncer à la résolution de retrouver le prestige et l'influence qu'il a perdus au cours de son exil à Rhodes.
Juste au moment où leur popularité atteint le niveau le plus élevé, Lucius et Caius César meurent respectivement en 2 et 4, non sans que Livie soit soupçonnée : le premier tombe mystérieusement malade, tandis que le second est tué par trahison en Arménie alors qu'il négocie avec ses ennemis une proposition de paix. Tibère qui, à son retour, a quitté son ancienne maison pour s'installer dans les jardins de Mécène, connus aujourd'hui sous le nom de Auditorium Mecenate, peut-être décorés avec des peintures de jardin par Tibère et a évité de participer à la vie publique, est adopté par Auguste, qui n'a pas d'autres héritiers. Le princeps, toutefois, l'oblige à adopter à son tour son neveu Germanicus, fils de son frère Drusus, bien que Tibère ait déjà un fils conçu avec sa première femme, Vipsania, nommé Julius Caesar Drusus et plus jeune d'un an seulement. L'adoption de Tibère, qui prend le nom de Tiberius Julius Caesar, est célébrée le 26 juin 4 avec une grande fête, et Auguste ordonne la distribution à ses troupes de plus d'un million de sesterces.. Le retour de Tibère au pouvoir suprême donne, non seulement au principat une stabilité, une continuité et une harmonie interne mais aussi une nouvelle impulsion à la politique d'Auguste en matière de conquête et de gloire à l'extérieur des frontières impériales31.
Nouveaux succès militaires
En Germanie
Les campagnes de Lucius Domitius Ahenobarbus 3 à 1 av. J.-C. et de Tibère 4 à 6 en Germanie.
Immédiatement après son adoption, Tibère est de nouveau investi de l’imperium proconsulaire et de la puissance tribunitienne quinquennale ou décennale et il est envoyé par Auguste en Germanie parce que les précédents généraux Lucius Domitius Ahenobarbus, légat de 3 à 1 av. J.-C. et Marcus Vinicius de 1 à 3 ap. J.-C. n'ont pas été en mesure d'étendre la zone d'influence conquise antérieurement par Drusus entre 12 à 9 av. J.-C.. Tibère veut aussi retrouver la faveur des troupes après une décennie d'absence.
Après un voyage triomphal au cours duquel il est à plusieurs reprises célébré par les légions qu'il a déjà commandées précédemment, Tibère arrive en Germanie, où, au cours de deux campagnes menées entre 4 et 5, il occupe de manière permanente, par de nouvelles actions militaires, toutes les terres de la zone septentrionale et centrale comprises entre le Rhin et l'Elbe. En 4, il soumet les Cananefates, les Chattuares et les Bructères, et place sous domination romaine les Chérusques qui s'en étaient soustraits. Avec le légat Caius Sentius Saturninus, il décide d'avancer encore plus dans les territoires germaniques et passe au-delà de la Weser, et en 5, il organise une opération de grande envergure qui implique l'utilisation de forces terrestres et de la flotte de la mer du Nord. Assisté des Cimbres, des Chauques et des Sénons, qui ont été forcés de déposer les armes et de se rendre à la puissance de Rome, Tibère peut étreindre dans un étau meurtrier les redoutables Lombards.
Le dernier acte nécessaire est celui d'occuper la partie méridionale de la Germanie et la Bohême des Marcomans de Marobod afin de compléter le projet d'annexion et de faire du Rhin à l'Elbe, la nouvelle frontière. Tibère conçoit un plan d'attaque impliquant l'utilisation de plusieurs légions lorsqu'une révolte éclate en Dalmatie et en Pannonie ce qui arrête l'avancée de Tibère et de son légat Caius Sentius Saturninus en Moravie. La campagne, conçue comme une manœuvre à tenaille est une opération stratégique majeure dans laquelle les armées de Germanie 2-3 légions, de Rhétie 2 légions et d'Illyrie 4-5 légions doivent se réunir en un point convenu et lancer l'attaque concertée. Le déclenchement de la révolte en Pannonie et en Dalmatie, empêche les légions de l'Illyrie de rejoindre celles de Germanie et il y a le risque que Marobod s'allie aux rebelles pour marcher sur Rome : Tibère, qui est à quelques jours de marche de l'ennemi, conclut hâtivement un traité de paix avec le chef marcoman et se dirige au plus vite en Illyriea.

En Illyrie La campagne de Tibère en Illyrie en 6.

Après quinze années de paix relative, en 6, l'ensemble du secteur dalmate et pannone reprend les armes contre le pouvoir de Rome : la raison est l'incompétence des magistrats envoyés par Rome pour gérer la province qui ont mis en place de lourdes taxes. L'insurrection commence dans la région sud-orientale de l'Illyrie avec les Daesitiates commandés par un certain Baton, dit de Dalmatie, qui est rejoint par la tribu pannone des Breuces sous le commandement d'un certain Pinnes et d'un second Baton, dit de Pannonie.
En raison de la crainte d'autres révoltes dans tout l'Empire, le recrutement de soldats devient problématique, de nouvelles taxes sont mises en place pour répondre à l'urgence. Les forces mises en œuvre par les Romains sont aussi importantes que lors de la deuxième guerre punique : dix légions et plus de quatre-vingts unités auxiliaires, ce qui équivaut à environ cent à cent vingt mille hommes.
Tibère envoie ses lieutenants en avant-garde afin de débarrasser la route des ennemis au cas où ils auraient décidé de marcher contre l'Italie : Marcus Valerius Messalla Messallinus réussit à vaincre une armée de 20 000 hommes et se barricade à Sisak pendant que Aulus Caecina Severus défend la ville de Sirmium afin d'éviter sa prise et il repousse Baton de Pannonie sur la Drave. Tibère arrive sur le théâtre des opérations vers la fin de l'année lorsqu'une grande partie du territoire, à l'exception des places-fortes, est aux mains des rebelles, et la Thrace entre aussi en guerre aux côtés des Romains.
Comme à Rome on est inquiet par le fait que Tibère tarde à régler le conflit, en 7, Auguste lui envoie Germanicus en qualité de questeur; le général, pendant ce temps, pense à réunir les armées romaines engagées dans la région le long de la rivière Save, afin de disposer de plus de dix légions. De Sirmium, Aulus Caecina Severus et Marcus Plautius Silvanus conduisent l'armée vers Sisak, éliminant les forces combinées des rebelles dans une bataille près des marais Volcées. Après avoir rejoint les forces armées, Tibère inflige des défaites successives à ses ennemis, rétablissant l'hégémonie romaine sur la vallée de la Save et consolidant les conquêtes obtenues grâce à la construction de plusieurs forts. En prévision de l'hiver, il sépare les légions, il en conserve cinq avec lui à Sisak et envoie les autres protéger les frontières.
En 8, Tibère reprend les manœuvres militaires et bat en août une nouvelle armée pannone. À la suite de la défaite, Baton de Pannonie trahit Pinnes en le donnant aux Romains mais il est par la suite capturé et exécuté par ordre de Baton de Dalmatie qui prend également le commandement des forces de la Pannonie. Un peu plus tard, Marcus Plautius Silvanus réussit à vaincre les Breuces de Pannonie qui étaient parmi les premiers à se rebeller. Débute alors l'invasion romaine en Dalmatie, Tibère dispose ses troupes pour être en mesure de lancer l'attaque finale de l'année suivante.
En 9, Tibère reprend les hostilités en divisant l'armée en trois colonnes et en mettant Germanicus à la tête de l'une d'entre elles. Alors que ses lieutenants mettent fin aux derniers foyers de rébellion, il part en Dalmatie à la recherche du chef de la rébellion Baton le Dalmate, se joignant à la colonne du nouveau légat Marcus Aemilius Lepidus. Il le rejoint dans la ville d'Andretium où les rebelles se rendent, mettant fin après quatre ans, au conflit.
Par cette victoire, Tibère est encore une fois acclamé imperator et il obtient le triomphe qu'il célèbre seulement un peu plus tard, alors qu'à Germanicus sont accordés les honneurs du triomphe ornamenta triumphalia.

De nouveau en Germanie 9 - 11. La Germanie romaine de 7 à 9 défaite de Varus à Teutobourg.

En 9, après que Tibère eut défait avec succès les rebelles dalmates, l'armée romaine stationnée en Germanie et dirigée par Varus, est attaquée et battue dans une embuscade tendue par une armée dirigée par le germain Arminius alors qu'il traverse la forêt de Teutobourg. Trois légions, composées des hommes les plus expérimentés sont totalement anéanties, et les conquêtes romaines au-delà du Rhin sont perdues car elles restent privées d'une armée de garnison pour les garder. Auguste craint également que, après une telle défaite, les Gaulois et les Germains, s'alliant, marchent contre l'Italie. La décision du souverain marcoman Marobod est importante, et il reste fidèle aux pactes passés avec Tibère en 6 et refuse l'alliance avec Arminius.
Tibère, après avoir pacifié l'Illyrie, rentre à Rome où il décide de reporter la célébration du triomphe de manière à respecter le deuil imposé par la défaite de Varus. Le peuple aurait voulu qu'il prenne un surnom, comme le Pannonique Pannonicus, l'Invincible Invictus ou le Pieux Pius, qui permettrait de se souvenir de ses grandes entreprises. Auguste, pour sa part, rejette la demande en répondant que, un jour, il prendrait lui aussi le titre d'Auguste, puis il l'envoie sur le Rhin afin d'éviter que l'ennemi germanique attaque la Gaule romaine et que les provinces, à peine pacifiées, puissent se révolter de nouveau à la recherche de leur indépendance.
Arrivé en Germanie, Tibère peut mesurer la gravité de la défaite de Varus et ses conséquences qui empêchent d'envisager une nouvelle reconquête des terres qui vont jusqu'à l'Elbe. Il adopte, par conséquent, une conduite particulièrement prudente prenant toutes les décisions avec le conseil de guerre et évitant de faire appel, pour la transmission des messages, à des hommes du cru comme interprètes. De la même façon il choisit avec soin les endroits où installer les camps afin d'éviter tout risque d'être victime d'une nouvelle embuscade. Il met en place, pour les légionnaires, une discipline de fer, punissant de manière très sévère tous ceux qui transgressent les ordres. Par cette stratégie, il obtient un grand nombre de victoires et maintient la frontière le long du Rhin en s'assurant de la fidélité à Rome des peuples germaniques, parmi lesquels les Bataves, les Frisons et les Chauques qui habitent ces lieux.

Succession 12 - 14

La succession est l'une des plus grandes préoccupations de la vie d'Auguste. Il est souvent atteint de maladies qui font craindre, à maintes reprises, une mort prématurée. Le princeps épouse en 42 av. J.-C. Clodia Pulchra, belle-fille de Marc Antoine qu'il répudie l'année suivante pour épouser Scribonia et peu après Livie.
Pendant quelques années, Auguste espère avoir comme héritier son gendre Marcus Claudius Marcellus, le fils de sa sœur Octavie, qui s'est marié avec sa fille Julia en 25 av. J.-C. Marcellus est adopté mais il meurt jeune, deux ans plus tard. Auguste contraint alors Agrippa à épouser la jeune Julia, choisissant comme successeur son ami de confiance à qui il attribue l’imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne. Agrippa décède avant Auguste en 12 av. J.-C., alors que se mettent en valeur pour leurs entreprises les frères Drusus, favori d'Auguste, et Tibère. Après la mort prématurée de Drusus, le princeps donne sa fille Julia en mariage à Tibère, mais adopte les enfants d'Agrippa, Caius et Lucius Caesar : ceux-ci meurent jeunes non sans suspecter une implication de Livie. Auguste, par conséquent, ne peut qu'adopter Tibère, parce que le seul autre descendant direct masculin encore en vie, le fils d'Agrippa, Agrippa Postumus, paraît brutal et dépourvu de toutes qualités, et il est pour cela envoyé dans l'île de Pianosa.

Selon Suétone, Auguste, bien que plein d'affection envers son beau-fils, critique souvent certains aspects, mais il choisit de l'adopter pour plusieurs raisons :
"... que les seules instances de Livie lui firent adopter Tibère ; ou que son ambition même l'y détermina, afin qu'un jour un tel successeur le fît d'autant plus regretter. ...ou plutôt qu'ayant mis dans la balance les vices et les qualités de Tibère, il trouva que celles-ci l'emportaient. ... dans l'intérêt de la république ; ... un général très habile, et comme l'unique appui du peuple romain. ... le plus vaillant et le plus illustre des généraux. ..."
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère
Tibère, après avoir effectué les opérations en Germanie, célèbre à Rome le triomphe, pour la campagne en Dalmatie et en Pannonie d'octobre 1237, au cours duquel il se prosterne publiquement devant Auguste, et il obtient en 13 le renouvellement de la puissance tribunitienne et de l’imperium proconsulare maius, titres qui le désignent comme successeur. Il est élevé au rang effectif de corégent avec Auguste : il peut administrer les provinces, commander les armées et exercer pleinement le pouvoir exécutif, bien que dès l'époque de son adoption, Tibère ait commencé à prendre une part active dans le gouvernement de l'État, aidant son beau-père pour la promulgation de lois et pour l'administration.
En 14, Auguste, désormais proche de la mort, appelle auprès de lui Tibère sur l'île de Capri : l'héritier, qui n'y a jamais été, reste profondément fasciné. C'est là qu'est décidé que Tibère se rendra de nouveau en Illyrie pour se consacrer à la réorganisation administrative de la province. Les hommes repartent ensemble à Rome, mais Auguste, saisi par une soudaine maladie, est contraint de s'arrêter dans sa villa de Nola, l'Octavianum, tandis que Tibère poursuit jusqu'à Rome et part pour l'Illyrie, comme cela est convenu. Alors qu'il s'approche de la province, Tibère est rappelé en urgence parce que son beau-père, qui ne s'est plus déplacé de Nola, est désormais mourant. Selon Suétone, l'héritier rejoint Auguste et les deux ont un dernier entretien avant la mort du prince. Selon d'autres versions, au contraire, Tibère arrive à Nola quand Auguste est déjà mort. Dion Cassius ajoute que Livie provoque la mort de son mari par empoisonnement, si bien que Tibère arrive à Nola quand Auguste est déjà mort. Tacite mentionne un rumeur selon laquelle c'est Livie qui aurait tué Auguste parce qu'il s'était récemment rapproché de son neveu Agrippa Postumus, craignant que la succession de Tibère puisse être remise en question. Ces faits ne sont pas corroborés par les autres historiens et Auguste semble être décédé de causes naturelles.
Tibère annonce la mort d'Auguste alors qu'arrive la nouvelle du mystérieux assassinat d'Agrippa Postumus par le centurion chargé de sa garde. Tacite signale que le meurtre est ordonné par Tibère ou Livie ; Suétone raconte qu'on ne sait pas si l'ordre est donné par Auguste sur son lit de mort, ou par d'autres, et que Tibère soutient qu'il est étranger à ce crime, premier acte de gouvernement de Tibère ou dernière volonté d'Auguste, difficile à dire.. Craignant d'éventuels attentats sur sa personne, Tibère se fait escorter par des militaires, et il convoque le Sénat pour le 17 septembre afin de discuter des funérailles d'Auguste et de la lecture de son testament. Auguste laisse comme héritiers de son patrimoine Tibère et Livie qui prend le nom d'Augusta, mais il fait également de nombreux dons au peuple de Rome et aux légionnaires présents dans les armées. Les sénateurs décident de réaliser des funérailles solennelles au princeps défunt, le corps est incinéré au champ de Mars, et ils commencent à prier Tibère d'assumer le rôle et le titre de son père, et donc de gouverner l'Empire romain. Tibère d'abord refuse, selon Tacite et Suétone, voulant être supplié par les sénateurs afin que le gouvernement de l'État ne semble pas prendre une forme autocratique mais que le système républicain reste, au moins formellement, intact. À la fin, Tibère accepte l'offre du Sénat, avant d'en irriter les mêmes esprits, probablement s'étant rendu compte qu'il y a l'absolue nécessité d'une autorité centrale : le corps l'Empire a besoin d'une tête Tibère, d'après les propos de Gaius Asinius Gallus selon Tacite : la République, formant un seul corps, devait être régie par une seule âme. L'argument avancé par les auteurs pro-Tibère est plus probable : ils indiquent que les hésitations de Tibère pour prendre la direction de l'État sont dictées par une réelle modestie, plutôt que par une stratégie préméditée, peut-être suggérée par l'empereur Auguste.

Empereur romain

Après la séance du Sénat du 17 septembre 14, Tibère devient le successeur d'Auguste à la tête de l'État romain, regroupant la puissance tribunitienne, l’imperium proconsulare maius et d'autres pouvoirs dont bénéficiaient Auguste, et prenant le titre de princeps. Tibère reste empereur pendant plus de vingt ans, jusqu'à sa mort en 37. Son premier acte est de ratifier la divinisation de son père adoptif, Auguste, Divus Augustus, comme cela fut fait précédemment pour Jules César, en confirmant aussi le legs aux soldats.
Dès le début de son principat, Tibère se trouve devoir vivre avec l'important prestige que Germanicus, le fils de son frère Drusus qu'il a adopté sur l'ordre d'Auguste, acquiert auprès de tout le peuple de Rome. Ce prestige provient des campagnes sur le front septentrional que Germanicus a menées à leurs termes ce qui lui a valu l'estime de ses collaborateurs et des légionnaires, réussissant à récupérer deux des trois aigles légionnaires perdues lors de la bataille de Teutobourg. Sa popularité est telle qu'il aurait pu prendre le pouvoir en chassant son père adoptif dont l'accession au principat s'est accompagnée de la mort de tous les autres parents qu'Auguste a indiqués comme héritiers. Le ressentiment conduit Tibère à donner à son fils adoptif une mission particulière en Orient de manière à l'éloigner de Rome. Le Sénat décide de donner au jeune homme l’imperium proconsulare maius sur toutes les provinces orientales. Tibère, cependant, n'a aucune confiance en Germanicus, qui en Orient, se serait trouvé sans aucun contrôle et exposé à l'influence de son entreprenante femme Agrippine l'Aînée. Il décide donc de placer à ses côtés un homme de confiance : le choix de Tibère se porte sur Gnaeus Calpurnius Piso qui est un homme dur et inflexible et qui a été consul avec Tibère en 7 av. J.-C. Germanicus part en 18 pour l'Orient avec Piso qui est nommé gouverneur de la province de la Syrie. La succession n'est donc pas résolue, la rivalité entre son fils cadet Julius Caesar Drusus et le fils aîné — juridiquement l'héritier — adopté Germanicus étant latente.

Germanicus, revient en Syrie en 19, après avoir résidé en Égypte au cours de l'hiver. Il entre en conflit ouvert avec Piso, qui a annulé toutes les mesures que Germanicus a prises ; Piso, en réponse, décide de quitter la province pour retourner à Rome. Peu de temps après le départ de Piso, Germanicus tombe malade et meurt après de longues souffrances, à Antioche, le 10 octobre. Avant de mourir, Germanicus exprime sa conviction d'avoir été empoisonné par Piso et adresse une dernière prière à Agrippine afin qu'elle venge sa mort. Après les funérailles, Agrippine rentre à Rome avec les cendres de son mari où la peine de tout le peuple est grande. Tibère, pour éviter d'exprimer publiquement ses sentiments, n'assiste même pas à la cérémonie au cours de laquelle les cendres de Germanicus sont placées dans le mausolée d'Auguste. En fait, Germanicus pourrait être décédé de mort naturelle, mais sa popularité croissante accentue l'événement, qui est également amplifié par l'historien Tacite.
Dès le début, une suspicion s'installe alimentée par les paroles prononcées par Germanicus mourant qui accuse Piso d'avoir provoqué sa mort en l'empoisonnant. Ainsi, la rumeur d'une participation de Tibère se propage, presque comme l'instigateur de l'assassinat de Germanicus, ayant choisi personnellement d'envoyer Piso en Syrie. Lorsque Piso est jugé, accusé d'avoir commis, également, de nombreux délits, l'empereur tient un discours très modéré dans lequel il évite de prendre position pour ou contre la condamnation du gouverneur. Piso ne peut pas être poursuivi pour un empoisonnement qui apparaît même pour les accusateurs impossible à prouver, et le gouverneur, certain d'être condamné pour d'autres délits qu'il a commis, décide de se suicider avant que soit prononcé un verdict..
La popularité de Tibère sort amoindrie de cet épisode car Germanicus était très aimé. Tacite écrit de lui dix ans après sa mort :
...Germanicus avait l'esprit populaire et les manières affables du jeune César qui contrastaient merveilleusement avec l'air et le langage de Tibère, si hautain et si mystérieux ...
Les deux personnages ont des manières de faire très différentes : Tibère se distingue par sa froideur, sa réserve et son pragmatisme, tandis que Germanicus se fait remarquer par sa popularité, sa simplicité et sa fascination. Ronald Syme soutient qu'il est vraisemblable que Tibère choisit Piso comme son confident, lui conférant un secreta mandata ordres confidentiels pour éviter que le jeune âge de l'héritier au trône puisse conduire Germanicus à une inutile et coûteuse guerre contre les Parthes. La situation, cependant, échappe à Piso, probablement en raison des frictions entre les épouses du légat impérial et du titulaire de l’imperium proconsulaire, de sorte que l'inimitié entre les deux dégénère en conflit ouvert. La mort de Germanicus ne fait que donner un aspect négatif au personnage du princeps dans l'historiographie.

Mort de son successeur Julius Caesar Drusus 19 - 23

La mort de Germanicus ouvre la voie de la succession à l'unique fils naturel de Tibère, Julius Caesar Drusus, qui a, jusque-là, accepté un rôle mineur par rapport à son cousin Germanicus. Il a seulement un an de moins que le défunt et il est aussi intelligent, comme cela apparaît clairement dans la façon dont il fait face à la révolte en Pannonie.
Pendant ce temps, Séjan, nommé préfet du prétoire aux côtés de son père en 16, réussit rapidement à gagner la confiance de Tibère. Aux côtés de Drusus, favori pour la succession, s'ajoute le personnage de Séjan qui acquiert une grande influence sur l'œuvre de Tibère : le préfet du prétoire, qui fait preuve d'une réserve en tous points similaire à celle de l'empereur, est en fait animé d'un fort désir de pouvoir et il aspire à devenir le successeur de Tibère. Séjan voit également croître énormément son pouvoir lorsque les neuf cohortes prétoriennes sont regroupées dans la ville de Rome, près de la Porte Viminale. Entre Séjan et Drusus s'installe une situation de rivalité50, et le préfet commence à réfléchir à la possibilité d'assassiner Drusus et les autres successeurs possibles de Tibère. Il séduit la femme de Drusus, Livilla, et a avec elle une relation. Peu après, en 23, Drusus meurt empoisonné, et le public suspecte, sans aucun fondement, que Tibère aurait pu ordonner le meurtre de Drusus, mais il semble plus probable que Livilla soit seule impliquée.
Huit ans plus tard, Tibère apprend que son fils a été assassiné par sa belle-fille Livilla et son conseiller dans lequel il plaçait toute sa confiance, Séjan51,52.

Départ pour Capri et ascension de Séjan 23 - 31

Tibère se trouve une fois de plus, à l'âge de 64 ans, sans héritier, parce que les jumeaux de Drusus, nés en 19, sont trop jeunes, et que l'un d'entre eux est décédé peu après son père. Il choisit de proposer comme successeur les jeunes fils de Germanicus qui ont été adoptés par Drusus et qu'il place sous la protection des sénateurs. Séjan a, alors, de plus en plus de pouvoir, de sorte qu'il espère devenir empereur après la mort de Tibère. Il commence une série de persécutions envers les enfants et la femme de Germanicus, Agrippine, puis contre les amis de Germanicus et beaucoup d'entre eux sont contraints à l'exil ou choisissent le suicide pour éviter une condamnation.
Tibère, attristé par la mort de son fils et excédé par l'hostilité de la population de Rome, décide de se retirer d'abord en Campanie en 26, puis à Capri l'année suivante, sur les conseils de Séjan, pour ne plus jamais revenir à Rome. Il a déjà soixante-sept ans et il est probable que l'envie de s'éloigner de Rome le tente déjà depuis un certain temps. Il semble qu'après avoir vu son fils mourir, il ait parlé de sa démission. Il ne peut plus supporter de voir des gens autour de lui qui lui rappellent Drusus, sans oublier la proximité de Livie qui lui est devenue insupportable. Une maladie qui le défigure augmente sa susceptibilité mais son retrait est une très grave erreur, bien qu'il continue à gérer les problèmes de l'Empire depuis Capri.
Le préfet du prétoire, pendant ce temps, profitant de la pleine confiance de l'empereur54 prend le contrôle de toutes les activités politiques, devenant le représentant incontesté de la puissance impériale. Il réussit également à convaincre le princeps de concentrer l'ensemble des neuf cohortes prétoriennes, auparavant réparties entre Rome et les autres villes italiques, dans Rome dans la caserne de la Garde prétorienne à sa disposition, alors que Tibère a quitté Rome.

Tibère, cependant, se tient informé de la vie politique de Rome, et il reçoit régulièrement des notes qui l'informent des discussions menées au Sénat. Il peut, grâce à la création d'un véritable service postal, exprimer son point de vue, et il est également en mesure de donner des ordres à ses émissaires à Rome. L'éloignement de Tibère de Rome conduit à une progressive diminution du rôle du Sénat au profit de l'empereur et de Séjan.
Le préfet du prétoire commence à persécuter ses opposants, les accusant de lèse-majesté afin de les éliminer de la scène politique. Cette situation conduit à la création d'un climat de suspicion généralisée qui, à son tour, provoque de nouvelles rumeurs sur la participation de l'empereur aux nombreux procès politiques intentés par Séjan et ses collaborateurs. En 29, lorsque Livie qui, avec son caractère autoritaire, a toujours influencé le gouvernement, meurt à l'âge de 86 ans, son fils refuse de retourner à Rome pour les funérailles et interdit sa divinisation. Séjan peut procéder, sans être dérangé, à une série d'actions contre Agrippine et son fils aîné Nero Iulius Caesar qui est accusé notamment de tentatives de subversion, ce qui lui vaut d'être condamné au confinement sur l'île de Ponza où il meurt de faim en 3. Agrippine, accusée d'adultère, est expulsée sur l'île Pandataria où elle meurt en 3.
Le projet de Séjan a précisément pour objectif de s'assurer de la succession de l'empereur. Après avoir éliminé les descendants directs de Tibère, le préfet est désormais le seul candidat à la succession, et il tente en vain de devenir parent de l'empereur par son mariage avec la veuve de Drusus, Livilla. Il commence à viser l'attribution de la puissance tribunitienne qui aurait officiellement permis sa nomination suivante en tant qu'empereur, le rendant ainsi sacré et inviolable, et il obtient, en 31, le consulat avec Tibère. Dans le même temps, la veuve de Nero Claudius Drusus, Antonia Minor, se fait la porte-parole des sentiments d'une grande partie de la classe sénatoriale et dénonce dans une lettre à Tibère toutes les intrigues et les actes de sang dont Séjan, qui est en train d'ordonner une conspiration contre l'empereur, est responsable. Tibère, alerté, décide de destituer le puissant préfet et il organise une habile manœuvre avec l'aide du préfet de Rome Macron.

Afin de ne pas éveiller les soupçons, l'empereur nomme Séjan pontife, promettant de lui donner au plus tôt la puissance tribunitienne. En même temps, Tibère quitte la charge de consul ce qui oblige Séjan à y renoncer aussi. Le 17 octobre 31 enfin, Tibère, nomme secrètement préfet du prétoire et chef des cohortes urbaines le préfet de Rome, Macron. Il l'envoie à Rome avec l'ordre de se mettre d'accord avec Lacon, préfet des vigiles et avec le nouveau consul désigné Publius Memmius Regulus, afin de convoquer le lendemain le Sénat dans le temple d'Apollon, sur le mont Palatin. Ainsi, Tibère obtient l'appui des cohortes urbaines et des vigiles contre une éventuelle réaction des prétoriens en faveur de Séjan.
Quand Séjan arrive au Sénat, il est informé par Macron de l'arrivée d'une lettre de Tibère annonçant l'attribution de la puissance tribunitienne. Ainsi, pendant que Séjan, jubilant, prend place parmi les sénateurs, Macron, resté en dehors du temple, éloigne les prétoriens de garde, les remplaçant par les vigiles de Lacon. Puis, confiant la lettre de Tibère au consul pour qu'il la lise devant le Sénat, il rejoint la caserne de la Garde prétorienne pour annoncer sa nomination comme préfet du prétoire. Dans cette lettre, délibérément très longue et très vague, Tibère évoque différents sujets, tantôt louant Séjan, tantôt le critiquant, et à la fin seulement, l'empereur accuse le préfet de trahison, ordonnant sa destitution et son arrestation. Séjan, consterné par la tournure inattendue, est immédiatement emmené, enchaîné par les vigiles et peu après sommairement jugé par le Sénat qui s'est réuni au temple de la Concorde : il est condamné à mort et à la damnatio memoriae.
La sentence est exécutée la nuit même dans la prison du Tullianum par strangulation, et le corps du préfet est laissé à la population qui le traîne dans les rues de la ville. À la suite des mesures prises par Séjan à l'encontre d'Agrippine et de la famille de Germanicus, le peuple a développé une forte aversion envers le préfet. Le Sénat déclare le 18 octobre fête publique et ordonne l'érection d'une statue à la Libye
Quelques jours plus tard, les trois jeunes fils du préfet sont sauvagement étranglés dans la prison du Tullianum65. Son ex-femme, Apicata, se suicide après avoir envoyé une lettre à Tibère révélant les fautes de Séjan et de Livilla à l'occasion de la mort de Drusus. Livilla est jugée, et pour éviter une condamnation certaine, elle se laisse mourir de faim. Après la mort de Séjan et de sa famille, une série de procès à l'encontre des amis et collaborateurs du défunt préfet provoque leur condamnation à mort ou les contraint au suicide.

Dernières années : un nouvel exil 31 - 37

Tibère passe la dernière partie de son règne sur l'île de Capri, entouré par des hommes de savoir, des avocats, des écrivains et même des astrologues. Il fait construire douze maisons pour ensuite vivre dans celle qu'il préfère, la Villa Jovis. Tacite et Suétone racontent qu'à Capri, Tibère laisse libre cours à ses vices, s'abandonnant à ses désirs effrénés mais il semble plus probable que Tibère ait maintenu sa coutumière réserve, évitant les excès comme il l'a toujours fait et sans négliger ses devoirs envers l'État et continuant à travailler dans son intérêt.
Après la chute de Séjan, la question de la succession ressurgit, et en 33, Drusus Iulius Caesar, le plus grand des enfants de Germanicus resté en vie, meurt de faim après avoir été condamné au confinement en 30 suite à une accusation d'avoir conspiré contre Tibère. Quand Tibère, en 35, dépose son testament, il ne peut choisir que parmi trois successeurs possibles, il inclut son petit-fils Tiberius Gemellus, fils de Julius Caesar Drusus, et son petit-neveu Caligula, fils de Germanicus. Reste donc exclu du testament, le frère de Germanicus, Claude, qui est considéré comme inadapté au rôle de princeps en raison de sa faiblesse physique et de doutes sur sa santé mentale. Le favori à la succession semble être immédiatement le jeune Caius, mieux connu sous le nom de Caligula, parce que Tiberius Gemellus, également soupçonné d'être le fils de Séjan, en raison de ses relations adultères avec l'épouse de Drusus, Livilla, a dix ans de moins : deux raisons suffisantes pour ne pas lui laisser le principat. Le préfet du prétoire Macron fait preuve de sympathie à l'égard de Caius, gagnant par tous les moyens sa confiance.

En 37, Tibère quitte Capri, comme il l'a fait précédemment, peut-être avec l'idée de revenir enfin à Rome pour passer ses derniers jours. Effrayé par les réactions que la population pourrait avoir, il s'arrête à seulement sept mille de Rome et décide de repartir vers la Campanie. Il est saisi d'une maladie et transporté dans la villa de Lucullus à Misène. Après une première amélioration, il tombe le 16 mars dans un état de délire et on le croit mort. Alors que beaucoup se préparent déjà à célébrer la prise de pouvoir de Caligula, Tibère récupère une fois de plus. Si les contemporains Sénèque l'Ancien, cité par Suétone, Philon d'Alexandrie affirment qu'il est mort de maladie, un certain nombre de versions différentes existent : selon Tacite, il serait mort étouffé sur ordre de Macron, selon Dion Cassius, Caligula aurait accompli le geste. Suétone le décrit couché, appelant ses serviteurs sans recevoir de réponse, se relevant et tombant mort hors de son lit ; Suétone évoque des rumeurs d'empoisonnement lent par Caligula, de privation de nourriture, ou d’étouffement avec un coussin. En tout état de cause, du fait de la réclusion dans laquelle vivait Tibère à l'époque, il demeure impossible de se prononcer sur les causes de son décès, même si la mort naturelle, à soixante-dix-sept ans, est une hypothèse plus que plausible. Si Antonio Spinosa adhère à la thèse de l’étouffement, les historiens modernes, G. P. Baker, Gregorio Maranon, E. Kornermann, Paul Petit rejettent la théorie de l’assassinat. G. P. Baker a émis une hypothèse qui expliquerait la rumeur d’étouffement : Macron ou une autre personne, trouvant Tibère par terre au pied de son lit, aurait tiré sur lui une couverture, dans un geste de protection ou de décence.
Le peuple romain réagit avec une grande joie à la nouvelle de la mort de Tibère, fêtant sa disparition. Beaucoup de monuments qui célèbrent les entreprises de l'empereur sont détruits ainsi que de nombreuses statues qui le représentent. Certains essaient de faire pratiquer la crémation du corps à Misène mais sa dépouille est transportée à Rome où il est incinéré sur le Champ de Mars et inhumé, au milieu d'insultes, dans le mausolée d'Auguste le 4 avril, gardé par les prétoriens. Alors que l'empereur défunt reçoit de modestes funérailles, le 29 mars, Caligula est acclamé princeps par le Sénat.

Suite cliquez -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=4909#forumpost4909

Posté le : 15/03/2014 23:52
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Caroline Herschel
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
16 mars 1750 à Hanovre en Allemagne naît Caroline Lucretia Herschel

astronome britannique d'origine allemande. Elle a travaillé avec son frère Sir William Herschel. Sa principale contribution à l'astronomie est la découverte de nouvelles comètes, en particulier la comète périodique 35P/Herschel-Rigollet, qui porte son nom et la première représnetation de la voie lactée, elle reçoit en 1828 Médaille d'or de la Royal Astronomical Society et en 1846 la Prussian Gold Medal for Science, elle meurt le 9 janvier 1848 à hanovre.

Sa vie

Cinquième enfant d’une famille de musiciens, elle vécut sa jeunesse à Hanovre Allemagne. En 1757, son frère William Wilhelm Friedrich à l’origine émigre à Bath Angleterre et y entreprend une carrière en tant qu’enseignant de musique et organiste.
Lors du décès de leur père en 1767, Caroline dut devenir la responsable de la maison, telle une esclave semble-t-il. Heureusement, lorsque William revint pour un séjour à la maison en 1772, il l’invita à l’accompagner en Angleterre. Elle accepta immédiatement.
Une fois installée, elle débuta une carrière de chanteuse. William réclamait cependant constamment son assistance pour l’astronomie, qui n’était alors encore seulement qu’un loisir pour lui, ce qui nuisit à la carrière de la jeune femme dans le monde du spectacle.
Le 13 mars 1781, William devint célèbre pour sa découverte d’une nouvelle planète lui étant apparue derrière Saturne ; il la nomma Georgium Sidus, mais elle porta finalement le nom du père de Saturne dans la mythologie romaine, soit Uranus. Cette découverte d'Uranus lui permit de devenir l’année suivante l’astronome privé du roi George III, et, par conséquent, d'obtenir un salaire de deux cents livres par an.
William et Caroline déménagèrent alors près de Windsor Castle ; Caroline mit alors définitivement fin à sa carrière musicale, et se consacra désormais à assister son frère dans ses travaux d’astronomie. Sa tâche était prenante : prendre en note les observations de William, tenir la maison, répondre aux visiteurs, effectuer les calculs, polir les miroirs, préparer les catalogues et les publications, etc.
William l’encouragea à utiliser les télescopes qu’il fabriquait lui-même pour effectuer ses propres recherches dans ses temps libres.
Nous savons d’ailleurs qu’elle utilisait principalement un petit réflecteur newtonien.
De 1781 à 1797, elle découvrit donc sept comètes, dont la fameuse comète périodique d’Encke en 1786 et 17951, ainsi que trois nébuleuses, dont l’une accompagnant Messier 31 vers la galaxie d'Andromède. C’est en 1787 que George III lui accorda un salaire annuel de 50 livres sterling, ce qui fit officiellement d’elle une astronome professionnelle, la première femme en plus.
En mai 1788, elle dut encore déménager, sans William cette fois, car celui-ci, alors âgé de 50 ans, venait d’épouser la jeune veuve d’un marchand londonien dénommée Mary Pitt. Ce fut une dure épreuve pour Caroline, mais elle continua tout de même son partenariat avec son frère et fut même conquise par la gentillesse de sa nouvelle belle-sœur. Lors du décès de William à l’Observatory House de Slough en 1822, Caroline prit la décision de retourner vivre dans sa ville natale, à Hanovre où elle mourra le 9 janvier 1848 à l’âge de 97 ans et 10 mois. Il faut préciser qu’elle fut alerte et bien portante jusqu’à la fin de ses jours.
Caroline Herschel redécouvrit en 1795 la comète de Encke qui fut initialement repérée par Pierre Méchain. Cette comète est d'ailleurs la comète ayant la période la plus courte puisqu'elle repasse à proximité du soleil tous les 3,3 années.
On doit également à Caroline Herschel la première représentation de notre galaxie La Voie Lactée.
En effet, elle tenta de se forger une représentation de l'aspect que pouvait avoir notre galaxie si nous avions la possibilité de l'observer depuis l'extérieur de celle-ci. La représentation qu'elle en fit fut d'ailleurs erronée car elle avait placé le Soleil au centre de notre galaxie, ce qui on le sait aujourd'hui n'est pas sa place. Dans sa représentation, elle avait aussi montré le soleil comme une grosse étoile alors qu'on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien et que notre étoile est plutôt de taille assez réduite.
En outre, cette astronome, lors de ses recherches relatives à la Voie Lactée, était assez découragée à certains moments en raison de la difficulté de se forger une représentation de notre galaxie alors que nous sommes situés à l'intérieur d'un bras spiral de celle-ci.

La Royal Astronomical Society publia, en 1798, son index au Flamsteed’s Observations of the Fixed Stars, son catalogue regroupant 560 étoiles omises dans le British Catalogue ainsi qu’une liste des errata de ce dernier.
En 1828, elle compléta le catalogue débuté par son frère, Zones of all the Star Clusters and Nebulae Observed by Sir William Herschel.
Tout son travail porta fruit, puisqu’elle reçut en 1828 la médaille d'or de la Royal Astronomical Society, dont elle fut en 1835 la première femme membre honoraire, et reçut en 1846 la médaille d'or de la science par le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse.
Il est aussi à noter que l'astéroïde 281, Lucretia a été nommé d'après son deuxième prénom et que le cratère C. Herschel dans le Sinus Iridium sur la Lune a été également été nommé en son honneur.

Liens
http://youtu.be/Cvp6SlwvELw sa vie en Anglais
http://youtu.be/BcpHNInerqA Symphonie de William Herschel

Attacher un fichier:



jpg  Caroline-Herschel-01.jpg (40.47 KB)
3_5324d40be9ab3.jpg 550X690 px

jpg  caroline-herschel-1-sized.jpg (28.36 KB)
3_5324d4171b000.jpg 280X340 px

jpg  herschel_poster.jpg (100.01 KB)
3_5324d42788aba.jpg 425X301 px

jpg  Herschel-fig11.jpg (737.73 KB)
3_5324d43d3c7eb.jpg 1389X966 px

jpg  herschel_c1.jpg (37.34 KB)
3_5324d45e42b2c.jpg 314X426 px

jpg  Caroline-and-William-Herschel-01.jpg (36.02 KB)
3_5324d48480835.jpg 300X436 px

jpg  mariamitchell.jpg (8.47 KB)
3_5324d496afab7.jpg 213X237 px

jpg  cherscel.jpg (31.92 KB)
3_5324d4a2003e1.jpg 386X488 px

jpg  herschel_c_w.jpg (56.07 KB)
3_5324d4afb3876.jpg 305X450 px

jpg  car1.jpg (86.97 KB)
3_5324d4bfde8cd.jpg 600X430 px

jpg  Maria-Mitchell.jpg (48.51 KB)
3_5324d51c77ac9.jpg 507X599 px

jpg  H4080046-Portrait_of_Caroline_Herschel-SPL.jpg (15.75 KB)
3_5324d529476d7.jpg 228X350 px

jpg  searching-stars-story-caroline-herschel-marilyn-b-ogilvie-paperback-cover-art.jpg (16.22 KB)
3_5324d536ebd27.jpg 200X318 px

jpg  mzi.logpswrf.225x225-75.jpg (20.29 KB)
3_5324d5543a7b4.jpg 169X225 px

jpg  images.jpg (13.00 KB)
3_5324d563e4772.jpg 251X201 px

jpg  images (1).jpg (12.00 KB)
3_5324d56f0d01c.jpg 200X240 px

jpg  20081124_comet_sweeper.jpg (39.46 KB)
3_5324d57abb6ea.jpg 300X374 px

jpg  96680948_amazoncom-double-stars-the-story-of-caroline-herschel-.jpg (9.48 KB)
3_5324d588c96c5.jpg 300X300 px

jpg  6114-25.jpg (12.77 KB)
3_5324d59654d0b.jpg 233X350 px

jpg  NGC253HunterWilson.jpg (18.77 KB)
3_5324d5a1ba7cf.jpg 325X371 px

jpg  The-Comet-Sweeper4.jpg (88.67 KB)
3_5324d5af1b27a.jpg 904X604 px

jpg  2010-10-13-nasa-wise-sculptor-galaxy.jpg (70.59 KB)
3_5324d5bc4773e.jpg 425X318 px

jpg  carolinaherschel02.jpg (115.39 KB)
3_5324d5c86031f.jpg 500X396 px

Posté le : 15/03/2014 23:35
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 9 mars 1890 à Koukarka, Empire russe naît Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov,

en russe : Вячеслав Михайлович Молотов, homme politique et diplomate soviétique du parti politique PCUS. Chef du gouvernement de l'URSS de 1930 à 1941, Premier vice-président du Conseil des ministres de l'URSS du 16 août 1942 – 29 juin 1957, il a pour prédécesseur Nikolai Voznesensky et Maxime Litvinov, et pour Successeur Nikolaï Boulganine et Dmitri Chepilov, ministre des affaires étrangères jusqu'en 1949, membre titulaire du Politburo de 1926 à 1957, il était considéré comme le bras droit de Joseph Staline. Il demeura un membre influent du Parti communiste de l'Union soviétique jusqu'à son éviction lors de la déstalinisation. Il meurt mort le 8 novembre 1986, à 96 ans à Moscou, RSFS de Russie

Le terme cocktail Molotov est un hommage ironique des soldats finlandais à Viatcheslav Molotov, ministre des affaires étrangères de l'Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, plus exactement lors de la guerre d'Hiver.

Militant bolchevik depuis 1906, il entre au bureau politique du parti en 1926 et est président du Conseil des commissaires du peuple, 1930-1941. Appelé aux Affaires étrangères en mai 1939, il signe avec Ribbentrop le pacte germano-soviétique. Ministre des Affaires étrangères jusqu'en 1949 puis, après la mort de Staline, jusqu'en 1956, il est aussi le premier vice-président du Conseil des commissaires du peuple puis des ministres de 1941 à 1957.
Il participe à la tentative du Praesidium du parti d'évincer Khrouchtchev en1957 et est exclu du Praesidium puis, en 1962, du parti. Il a été réintégré au parti en 198
Molotov, l'un des principaux personnages de l'entourage de Staline, fut son lieutenant et son bras droit pendant des décennies. Issu d'une famille bourgeoise, Molotov adhère au bolchevisme à la fin de 1906 et milite parmi les étudiants et les lycéens. En 1912, il devient secrétaire de rédaction de la Pravda à Saint-Pétersbourg et fait alors la connaissance de Staline, qui en est le rédacteur en chef. Membre du bureau du comité central à la fin de 1916, il dirige à nouveau brièvement la Pravda en l'absence de Staline. Nommé secrétaire du comité central du Parti communiste ukrainien en 1920, il devient membre et secrétaire du comité central du Parti communiste russe en 1921, membre de l'Orgburo et suppléant au bureau politique il sera titulaire en 1925. Homme d'appareil dévoué à Staline, il remplace Boukharine à la tête du Komintern en 1929, et Rykov à la présidence du Conseil des commissaires du peuple en 1930, poste qu'il occupe jusqu'en 1940. Il est étroitement associé aux grandes purges staliniennes. À la veille du pacte germano-soviétique dont il sera l'artisan, il remplace Litvinov au poste de commissaire du peuple aux Affaires étrangères, poste qu'il occupera pendant dix ans. Dès lors, il participe à toutes les négociations diplomatiques : conférence de Téhéran en 1943, Yalta, San Francisco, Potsdam en 1945, conférence de la paix à Paris, puis sessions de l'Assemblée générale des Nations unies. Nommé premier vice-président du Conseil des ministres en 1946, il ne fait pas partie du nouveau secrétariat du comité central, signe d'une certaine disgrâce. Attaqué en juin 1955 pour son attitude inflexible envers Tito, il doit alors démissionner en 1956 du poste de ministre des Affaires étrangères, qu'il détenait depuis la mort de Staline. En 1957, il est accusé d'être à la tête du groupe « antiparti opposé à Khrouchtchev au sein du bureau politique et perd toutes ses fonctions. Ambassadeur soviétique en république populaire de Mongolie, puis représentant soviétique à l'Agence internationale de l'énergie atomique à Vienne, il est accusé au XXIIe congrès en 1961 de complicité dans les crimes de Staline et exclu du parti en 1962. Il est réintégré en 1984.

Sa vie

Viatcheslav Molotov est né à Koukarka, aujourd'hui Sovetsk en Russie, sous le nom de Viatcheslav Mikhaïlovitch Skriabine, Вячесла́в Миха́йлович Скря́бин.
Après des études au Gymnasium, école secondaire ou lycée de Kazan, il s'inscrit en 1906 au Parti ouvrier social-démocrate de Russie, POSDR sous le pseudonyme de Molotov du russe : molot молот, marteau, abandonnant son patronyme de Skriabine.
En 1912, il est l'un des fondateurs de la Pravda.

Ascension dans l'appareil du parti communiste d'Union soviétique

En 1927, il est, avec Alexandre Chliapnikov, le plus ancien bolchevik à Pétrograd lorsque éclate Révolution de Février, alors que Lénine est encore en exil en Suisse. Après avoir appuyé le gouvernement provisoire, il se rallie à l'analyse et à la politique de Lénine, mais joue un rôle mineur dans la Révolution d'Octobre et dans la guerre civile russe.
Son ascension au sein du parti s'explique par sa fidélité à Joseph Staline à partir de 1922.
Du 19 décembre 1930 au 6 mai 1941, il est président du Conseil des commissaires du peuple, Sovnarkom, présidence du gouvernement de l'Union soviétique. Il fut également secrétaire du Comité central jusqu'en 1935. À la fin des années 1930, il fit partie avec Lazare Kaganovitch, Nikolaï Iejov et Kliment Vorochilov du groupe restreint de cinq membres qui prenait toutes les décisions importantes en compagnie de Staline.

Holodomor.

Travailleur infatigable, il fut un des chefs de la dékoulakisation dans les campagnes, 1930-1933. Il n'hésita pas à se rendre en Ukraine pour conforter la politique stalinienne et inciter les communistes défaillants à rester fermes contre les paysans révoltés.
Pendant les Grandes Purges de 1937-1938, Molotov fut le dirigeant soviétique le plus souvent reçu dans le bureau de Staline au Kremlin, avant même le chef suprême de la police Nikolaï Iejov. Il ne se cacha jamais d'avoir soutenu fermement la politique de la Grande Terreur, qui aboutit à 680 000 exécutions en deux ans et à l'envoi de centaines de milliers de personnes au Goulag.
Sa signature apparaît aux côtés de celle de Staline sur de très nombreuses listes de condamnations à mort collectives.
Dans des entretiens dans les années 1970 avec le journaliste Félix Tchouïev, Molotov fut sans ambiguïté : Staline était le principal responsable de la Terreur, et nous l’encouragions, qui étions actifs, j’ai toujours été actif, toujours favorable à ce que des mesures soient prises . Comme membre du Politburo, il continua d'approuver fréquemment les exécutions en masse des ennemis du peuple. Par exemple, le 5 mars 1940, il signa, comme tout le Politburo, l'ordre, préparé par Lavrenti Beria d'exécuter des milliers de prisonniers de guerre polonais, surtout des officiers, qui est connu comme le Massacre de Katyń.
Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov est ministre des Affaires étrangères de 1939 à 1949.
Il signe le Pacte germano-soviétique avec le régime hitlérien en août 1939.

Déclin politique

À la mort de Staline, en mars 1953, Molotov est à nouveau chargé du ministère des Affaires étrangères. Dmitri Chepilov lui succède en 1956.
Après la mort de Staline, il s'oppose à la déstalinisation menée par Nikita Khrouchtchev et tente avec les partisans staliniens, comme Lazare Kaganovitch, de s'opposer à ce qu'il considérait comme un coup d'état de Khrouchtchev.
Suite à sa défaite politique lors d'un Congrès spécial organisé en 1957, il est exclu du Politburo, alors appelé Présidium du Comité central.
Khrouchtchev le nomme ambassadeur en Mongolie de 1957 à 1960, puis délégué soviétique permanent auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique, AIEA à Vienne de 1960 à 1961.
En 1964, il est exclu du parti.
Il y est réintégré en 1984, mais ce n'était que symbolique : selon Molotov, l'URSS était perdue depuis le coup d'état khrouchtchévien.

Il meurt le 8 novembre 1986 et repose au cimetière de Novodiévitchi, à Moscou.

Vie privée

Il était l'époux de la femme d'État Polina Jemtchoujina.

Le cocktail Molotov

Le célèbre cocktail Molotov, ou bombe à essence, lui doit son nom. Il lui fut donné par les soldats de l'armée finlandaise pendant l'invasion de leur pays par les Soviétiques en 1939, par dérision.
La ville de Perm
La ville de Perm s'est appelée Molotov de 1940 à 1957, en son honneur.

Un cocktail Molotov est une arme incendiaire artisanale dont le composant principal est une bouteille en verre en partie remplie de liquide inflammable, habituellement de l'essence ou de l'alcool.
Bien que communément associée aux forces militaires irrégulières et aux manifestations, les cocktails Molotov sont également massivement utilisés par les armées régulières en manque d'armes anti-char. Dans le civil, elles sont plus fréquemment utilisées lors d'épisodes d'insurrection urbaine.
L'armée finlandaise était mal équipée en armes antichars et largement dépassée en nombre contre les chars d'assaut de l'Armée rouge, aussi emprunta-t-elle un dispositif incendiaire improvisé de la guerre d'Espagne en 1936-1939.
Dans ce conflit, les nationalistes du général Francisco Franco avaient utilisé cette arme contre les chars T-26 soviétiques qui soutenaient les républicains espagnols lors d'un échec de soutien à l'infanterie près de Tolède : un cocktail Molotov lancé sur un char, en particulier dans la zone du bloc moteur, détruisit le blindé, la chaleur faisant prendre feu à son réservoir d'essence et fondre certains tuyaux d'alimentation, les flammes privèrent aussi le moteur de son alimentation en oxygène.
Quand Molotov clama dans des émissions de radio que l'Union soviétique ne bombardait pas mais livrait plutôt de la nourriture aux Finlandais affamés, ceux-ci commencèrent à appeler les bombes aériennes soviétiques les paniers pique-nique de Molotov.
Bientôt ils répondirent en saluant l'avancée des chars soviétiques avec des « cocktails Molotov. D'abord le terme a été employé pour décrire seulement le mélange brûlant lui-même, mais dans l'utilisation pratique le terme a été bientôt appliqué par métonymie à la combinaison de la bouteille et de son contenu.
L'utilisation finlandaise de cette bombe incendiaire à main se répandit très vite à travers toute l'Europe durant la guerre, malgré les dangers de son utilisation pour le lanceur.
La production de ces armes artisanales commença en série dans une distillerie d'État à Rajamäki. Elles évoluèrent, en contenant des capsules d'acide sulfurique qui enflammaient le liquide lors du bris de la bouteille, évitant ainsi d'avoir à allumer une mèche. Entre décembre 1939 et mars 1940, cette usine de 92 personnes produisit 542 194 cocktails Molotov.
Pendant la guerre israélo-arabe de 1948, les membres du kibboutz israélien de Degania sont parvenus à arrêter un assaut syrien de chars en utilisant des cocktails Molotov. Ils ont été aussi fréquemment employés contre les chars soviétiques avec une grande efficacité lors de l'insurrection de Budapest en 1956.
Aujourd'hui ces armes sont parfois utilisées lors d'émeutes ou de manifestations violentes4.

Principe de fonctionnement

Une bouteille en verre est partiellement remplie de liquide inflammable, habituellement essence ou alcool, généralement méthanol ou éthanol. L'embout de la bouteille est bouché par le haut avec un bouchon hermétique, essentiellement liège ou caoutchouc.
Un morceau de tissu est solidement fixé autour du haut de la bouteille; juste avant l'emploi, le chiffon est imbibé de liquide inflammable, et allumé. Lancée sur la cible, la bouteille se brise sur l'impact, répandant sur la cible son contenu inflammable, qui est alors mis à feu par le chiffon en flamme.

Variantes

Une variante consiste à utiliser ensemble deux réactifs hypergoliques. La bouteille sera ainsi remplie du premier, tandis que le chiffon sera imbibé du second. L'avantage majeur étant qu'il n'est dans ce cas pas nécessaire d'incendier le chiffon, la réaction chimique qui découle du mélange des deux substances se traduisant par une violente explosion. Cette méthode reste néanmoins très peu employée du fait de la dangerosité de la préparation et de la manipulation d'un tel projectile.
Au cours de l'histoire, diverses substances ont été ajoutées au cocktail Molotov de base pour en augmenter sa capacité destructrice :
des substances auto-inflammables telles que le phosphore blanc garantissent l'explosion de la bouteille lorsqu'elle frappe la cible ;
des agents épaississants tels que le goudron qui font coller le liquide brûlant sur la cible, le goudron cause aussi une épaisse fumée noire opaque ;
de l'acide qui aide à pénétrer les surfaces non-inflammables.
de la poudre noire, Méthode Omega qui permet à la préparation d'avoir des effets explosifs.
Une petite quantité de détergent, liquide vaisselle par exemple empêche l'essence de s'évaporer trop vite et lui permet de brûler plus longtemps, le détergent sert également de dispersant.
Les cocktails Molotov sont semblables au principe des bombes au napalm. Le napalm, acronyme de naphtalène et palmitate était à l'origine préparé en associant du naphtalène, de l'essence et de l'acide palmitique comme agent d'épaississement; ces deux derniers étant les ingrédients principaux des cocktails Molotov. Ce type de cocktail Molotov peut également être lancé à partir d'un fusil de chasse modifié.

Liens

http://youtu.be/zyCkY4bftvM Rencontre avec Hitler
http://youtu.be/r2zmv8zRlxQ Staline et Molotov
http://youtu.be/bRVco9YIgW8 Molotov discours 22 Juin 41 (Russe)
http://youtu.be/XjfgwuVSzLs Pacte (de Molotov) de non agression entre Hitler et Staline


Attacher un fichier:



jpg  220px-Molotov.bra.jpg (9.94 KB)
3_531b98a54dcf9.jpg 220X288 px

jpg  186212627.jpg (78.84 KB)
3_531b98b21aa49.jpg 600X340 px

jpg  2.jpg (15.93 KB)
3_531b98bc67e95.jpg 280X367 px

jpg  Bundesarchiv_Bild_183-1984-1206-523,_Berlin,_Verabschiedung_Molotows.jpg (39.91 KB)
3_531b98c9f077a.jpg 800X552 px

jpg  publishable.jpg (147.47 KB)
3_531b98d923f1f.jpg 1024X736 px

jpg  91391.jpg (17.62 KB)
3_531b98e6ccbf0.jpg 269X240 px

jpg  1.jpg (54.81 KB)
3_531b9924a14ae.jpg 273X400 px

jpg  3.jpg (36.30 KB)
3_531b9935d2698.jpg 354X450 px

jpg  Molotov3.jpg (32.18 KB)
3_531b9940eca55.jpg 432X270 px

jpg  nkvd-execution.jpg (23.17 KB)
3_531b994d5562f.jpg 322X300 px

jpg  tumblr_l0tizk7Lrf1qzfmh5o1_500.jpg (122.27 KB)
3_531b995f67002.jpg 470X700 px

gif  poster_189703.gif (29.91 KB)
3_531b99843a231.gif 200X309 px

jpg  51GaGgjxAuL.jpg (48.01 KB)
3_531b999947136.jpg 333X500 px

jpg  blog -pacte avec diable_cover.jpg (52.23 KB)
3_531b99a7b2166.jpg 400X649 px

jpg  kolchoze.jpg (112.72 KB)
3_531b99b869a4f.jpg 598X454 px

jpg  Holod_Poster_Ukr.JPG (47.13 KB)
3_531b99c2315c4.jpg 730X520 px

jpg  Katyn---AFP-Roger-Viollet--469x239.jpg (41.19 KB)
3_531b99cf380b4.jpg 469X239 px

jpg  Churchill_Truman_et_Stalinne_lors_de_la_conference_de_Potsdam.jpg (98.47 KB)
3_531b99dd93ec0.jpg 803X607 px

jpg  katynbyandrzejwajda.jpg (42.16 KB)
3_531b99eddb69b.jpg 544X264 px

jpg  zastalina.jpg (15.59 KB)
3_531b99fee707e.jpg 340X127 px

jpg  Kustodiev_The_Bolshevik.jpg (365.78 KB)
3_531b9a100639d.jpg 1341X983 px

jpg  17460.jpg (22.00 KB)
3_531b9a2b29cc4.jpg 395X300 px

jpg  Munich.jpg (44.60 KB)
3_531b9a4700f20.jpg 500X333 px

jpg  Molotov-c5fca.jpg (29.37 KB)
3_531b9a6e5341f.jpg 250X327 px

jpg  cocktail-molotov (2).jpg (7.15 KB)
3_531b9a7a32ae0.jpg 268X187 px

jpg  Molotov-cocktail-Ukraine.jpg (176.35 KB)
3_531b9a8a1289b.jpg 460X345 px

jpg  cocktail-molotov (1).jpg (33.40 KB)
3_531b9aa3c42a6.jpg 500X250 px

jpg  cocktail-molotov.jpg (123.46 KB)
3_531b9ab0cccc8.jpg 480X320 px

Posté le : 08/03/2014 23:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Honoré Gabriel Riqueti Comte de Mirabeau
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 9 mars 1749 au Bignon-Mirabeau naît Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau,

plus communément appelé Mirabeau, simultanément ou successivement révolutionnaire français, ainsi qu’écrivain, diplomate, franc-maçon, journaliste et homme politique français.
Surnommé "l'Orateur du peuple " et " la Torche de Provence", il reste le premier symbole de l’éloquence parlementaire en France. Il meurt à 42 ans le 2 Avril 1791 à Paris
Un noble déclassé adversaire de l'absolutisme


"Ne vous effrayez pas" dit-on à son père le marquis, avant de lui montrer l'héritier de son nom, fort vigoureux mais affreux de visage. Sans illusions, le marquis écrivait à son frère le bailli : " Ton neveu est celui de Satan. Une petite vérole mal soignée acheva de donner à Mirabeau un physique effrayant ; il dira lui-même :" Quand je secoue ma terrible hure, il n'y a personne qui osât m'interrompre. " À quinze ans, il est "gauche dans ses manières, disgracieux dans sa tournure, sale dans ses vêtements" ; il aime parler, mais agace par son ton tranchant et sa suffisance. Il a "l'air d'un paysan".
Sa jeunesse est orageuse. Son père, irrité de ses débauches et de ses prodigalités, le fait plusieurs fois emprisonner. L'enlèvement de Sophie de Monnier lui vaut de passer trois ans au donjon de Vincennes, où il écrit des Lettres à Sophie en 1792 et un Essai sur les lettres de cachet et les prisons d'État en 1782. À la veille de la Révolution, il se lie avec le duc d'Orléans, pour qui il a peut-être travaillé. Rejeté par la noblesse, il est élu député aux États généraux par le tiers état d'Aix.
Il s'impose aussitôt par son éloquence prestigieuse, son intelligence et même sa laideur impressionnante.
Dans un siècle où les apparences sont tout, le comte de Mirabeau est déjà un déclassé : on ne reconnaît pas en lui le gentilhomme. Entré au service, en 1767, dans un régiment cantonné à Saintes, il fait scandale : dettes de jeu, promesse de mariage à une fille du peuple séduite, brouille avec son colonel, désertion enfin. On l'enferme six mois dans la citadelle de l'île de Ré. Mais Mirabeau ne perdra plus jamais ses goûts de jeune débauché : inconduite sans grâce, ni choix, ni délicatesse, excès de table et de boisson, dépenses effrénées malgré ses dettes criardes. Capitaine de dragons en 1771, il quitte l'armée, épouse après une vilaine intrigue une héritière provençale et s'établit au château de Mirabeau : quinze mois après, menacé de contrainte par corps, une lettre de cachet l'en met à couvert. Tout au long de sa vie, l'arbitraire royal évitera à Mirabeau les condamnations régulières. Assigné à résidence à Mirabeau même, il est cependant interdit comme prodigue et le restera jusqu'à sa mort. Mais il prolonge ses frasques : en 1774, à Vence, où il est allé voir une de ses sœurs avec laquelle ses relations sont au moins équivoques, il se bat aux poings contre un gentilhomme du lieu. Condamné à un blâme, peine symbolique mais infamante, il est derechef enfermé par lettre de cachet au château d'If puis au fort de Joux, en Franche-Comté. Il profite d'un régime adouci pour séduire Sophie de Ruffey, jeune femme de vingt et un ans mariée au sexagénaire marquis de Monnier. C'est un roman d'amour et une odyssée : les deux amants fuient à Amsterdam en 1775. Suivent trois années de détention. Mirabeau lit et écrit.
En 1775, au château d'If, il avait composé un Essai sur le despotisme inspiré de Rousseau ; à Vincennes, il est éclectique, s'essaye à tous les genres, depuis un pamphlet contre les lettres de cachet jusqu'à l'Erotika Biblion. Sa méthode de travail se fixe alors et ne variera plus. Il n'a pas grande imagination à partir de rien ; il exprime difficilement sa propre pensée surtout par écrit. Mais son esprit agile tire aisément parti du travail d'autrui, le modifie, y met sa marque, se l'approprie. C'est son talent. D'où la nécessité de plagier ou d'avoir des collaborateurs : après 1789, Mirabeau disposera d'un véritable atelier d'auteurs à son service. Il ne sera jamais un véritable écrivain ni un vrai orateur ; ce sera toujours un littérateur, un parleur. Son père le dépeignait très tôt comme "la pie des beaux esprits et le geai des carrefours". Sorti de Vincennes, Mirabeau participe aux scandaleuses disputes familiales puis, prestement réhabilité par les juges franc-comtois, il va plaider lui-même, à Aix-en-Provence, contre sa femme qui obtient, malgré lui, un jugement de séparation. L'éloquence de l'avocat improvisé est remarquée, mais Mirabeau est tout à fait discrédité. Pour vivre, il se fait journaliste financier avec un succès médiocre : il est "à la solde de l'agio ", selon son père ; pour Grimm, qui dénonce sa vénalité, c'est "l'Arétin moderne".
Il attaque les ministres, mais, en fait, n'est que l'agent de spéculateurs en Bourse. Mêlé à de sordides intrigues diplomatiques, il va à Berlin dans le dessein, entre autres, de fournir une maîtresse au roi de Prusse ; il échoue, mais écrit une étude sur La Monarchie prussienne : ce n'est qu'un éloge du grand Frédéric, mais le sujet est à la mode, et l'auteur en tire une meilleure réputation. Mirabeau ne s'occupe plus dès lors que de politique. Élu aux États généraux par le tiers état d'Aix-en-Provence — car la noblesse n'a pas voulu de lui — il est mal reçu à Versailles parmi ses collègues et dans le public. Mais, après son éclat de désobéissance face au marquis de Dreux-Brézé, Le 23 juin 1789, au nom de ses collègues refusant d'obéir au roi, il apostrophe le marquis de Dreux-Brézé par des mots célèbres :
"Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes." Il contribue à la nationalisation des biens du clergé. Voulant une monarchie constitutionnelle mais forte, il réclame – sans succès – le veto absolu pour le roi. En mai 1790, il entre secrètement au service de Louis XVI, qui le pensionne.
il est le tribun du parti patriote. Il ne sera pourtant jamais autre chose. Si les auteurs royalistes lui jettent son passé au visage, l'Assemblée nationale, en novembre 1789, le vise directement en interdisant à ses membres de devenir ministres. Par la volonté même de ses amis, Mirabeau n'est que l'écho sonore de la Révolution alors qu'il rêve de gouverner. Or, très vite, dès le printemps 1790, il est dépassé par le courant révolutionnaire. Quand, en mai 1790, il se vend à la cour qui éponge ses dettes, il ne se renie pas. Dans une suite de notes hebdomadaires, il conseille à Louis XVI de terminer la Révolution. Son plan prévoyait que le roi, réfugié loin de Paris au milieu d'une force armée loyale, n'aurait pas cherché à rétablir l'Ancien Régime (Mirabeau était soupçonné de vouloir prendre la place vacante de Necker. Ce projet était trop audacieux pour la faiblesse de Louis XVI.

Enfance

Cinquième enfant et second fils de Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, économiste de renom, et de Marie-Geneviève de Vassan, Mirabeau est issu d'une famille de la noblesse provençale.
Selon Victor Hugo, né onze ans après la mort de Mirabeau, ce dernier était d'une "laideur grandiose et fulgurante". Il est né avec un pied tordu, deux grandes dents et surtout une tête énorme, ce qui a fait dire qu’il était hydrocéphale. Il a également la langue enchaînée par le filet. Avant de présenter l'enfant à son père, la nourrice le prévient :" Ne vous effrayez pas". Et l'accoucheur d'ajouter : "Il aura beaucoup de peine à s'exprimer ".
À l'âge de trois ans, il est défiguré par une variole mal soignée ; son visage en garde de profondes cicatrices. Son enfance est marquée par la sévérité de son père qui n'a pas d'affection pour lui. Il est placé par son père chez l'Abbé Choquard à Paris. Il est emprisonné sur l'Île de Ré par lettre de cachet pour dettes. En 1754, son père écrit à son frère, le bailli de Mirabeau : "Ton neveu est laid comme celui de Satan". Il a également pour habitude de l'appeler "Monsieur l'ouragan".

Débuts tumultueux

Il étudie à la faculté de droit de l'université d'Aix-en-Provence où il fréquente, notamment Jean Étienne Marie Portalis, futur rédacteur du code civil.
En 1768, il est incorporé à un régiment, mais contracte des dettes, ce qui provoque de nouveau la colère de son père. Il gagne une réputation de libertinage :" Mais le monde ne pardonna pas à Mirabeau cette sorte de férocité, d'exaspération physique que remplaçait chez lui la légèreté du libertinage à la mode : une fougueuse nature éclatait dans ces vices, au lieu de la gracieuse corruption qu'on était accoutumé à admirer".
Après avoir participé à la campagne de Corse en 1768-1769, il épouse Émilie, fille du puissant marquis de Marignane, qui avait refusé sa main au comte de Valbelle. Ils ont un fils, Victor, mort en bas-âge en 1778.

Emprisonnement à Vincennes et au fort de Joux

Pour le soustraire à ses créanciers, son père le fait plusieurs fois enfermer au fort de Vincennes, et finalement exiler en 1775 au château de Joux, en Franche-Comté. Là, Mirabeau use de son charme auprès du gouverneur pour se rendre de nombreuses fois à Pontarlier : à l'occasion des fêtes organisées pour le sacre de Louis XVI de France, il y rencontre Sophie de Monnier, jeune femme mariée au marquis de Monnier, président de la chambre des comptes de Dole, et de près de cinquante ans son aîné, qui devint sa maîtresse. Ils s'enfuient tous deux aux Provinces-Unies, tandis qu'on les juge à Pontarlier par contumace, Sophie sera condamnée à l'enfermement à vie dans une maison de repentance pour crime d'adultère, Mirabeau à mort pour rapt et séduction.
Durant sa fuite, en 1776, Mirabeau publie son Essai sur le despotisme, qui dénonce l’arbitraire du pouvoir royal : "le despotisme n’est pas une forme de gouvernement […] s’il en était ainsi, ce serait un brigandage criminel et contre lequel tous les hommes doivent se liguer. "Les deux amants seront rattrapés à Amsterdam: Sophie arrêtée, Mirabeau se livrera. Après avoir mis au monde une fille, prénommée Gabrielle Sophie, elle est condamnée à être enfermée au couvent des Saintes-Claires, à Gien, où elle est effectivement conduite en 1778. Lui échappe au bourreau, mais retourne, à cause d'une autre lettre de cachet, au donjon de Vincennes, durant quarante-deux mois. Gabrielle Sophie sera confiée à une nourrice de Deuil et décédera en 1780 sans que son père n'ait jamais pu la connaître.
Mirabeau est donc emprisonné au donjon de Vincennes de 1777 à 1780. Il y rencontre Sade, qui y est enfermé à la même époque. Il y écrit beaucoup : des lettres, notamment à Sophie de Monnier, publiées en 1792 sous le titre de Lettres à Sophie, chef-d’œuvre de la littérature passionnée, ainsi qu’un virulent libelle contre l’arbitraire de la justice de son temps, Des Lettres de cachet et des prisons d'État, mais aussi une œuvre érotique particulièrement crue.
Des Lettres de cachet et des prisons d'État sera publiée en 1782. Les décès coup sur coup de ses deux seuls petits-enfants, Victor et Gabrielle Sophie, adoucit Mirabeau père, qui ne souhaite pas que sa lignée s'éteigne. Il accepte de faire libérer son fils aîné, à condition de détenir une autre lettre de cachet qui pourrait le renvoyer en prison : Mirabeau fils accepte la condition, et doit lui-même écrire aux ministres pour appuyer la requête paternelle.
Il est donc libéré le 13 décembre 1780, mais reste sous la tutelle vigilante de son père. Celui-ci le force notamment à demander une lettre de cachet contre Briançon, un de ses anciens amis, et surtout à le soutenir contre sa propre mère, en procès contre son mari au sujet de son héritage. En 1781, Mirabeau fuit Paris et ses créanciers ; il se rend à Gien, où il voit Sophie dans son couvent, mais repart bientôt et ne la reverra plus. Sophie, bien que libre en 1783, après le décès du marquis de Monnier, restera près du couvent de Gien, et se donnera la mort en 1789. Se réconciliant avec son père, qui commence à voir en lui la puissance politique et l'intelligence, Mirabeau se concentre désormais sur l'absolution de ses différentes condamnations. S'il ne purge pas sa peine avant mai 1782, il devra 40 000 livres de dommages et intérêts ; il se livre donc le 8 février 1782 à Pontarlier, et demande l'absolution aux juges. Sa défense est assez simple : une femme mariée ne peut être victime de rapt, et Sophie l'a suivi parfaitement librement, la séduction ne pouvant donc être retenue.
Sa femme demande la séparation de corps en 1782 et est défendue par Portalis. Mirabeau défend sa propre cause dans ce procès qui défraie la chronique. Il le perd, après une joute oratoire, assez hostile, entre les deux orateurs. Mirabeau ne montre pas de ressentiment à l'encontre de Portalis car, non seulement il reconnaît publiquement ses qualités oratoires et sa loyauté, mais, de surcroît, il le consultera plus tard sur une affaire et demandera son appui lors de la campagne électorale de 1789 pour les états généraux, en Provence.

Débuts en politique

En juin 1786, Talleyrand, avec qui il est lié, lui obtient une mission secrète à Berlin, où il reste six mois pour le compte du Contrôleur général des finances de Louis XVI, Charles Alexandre de Calonne. Il tente en vain d'être nommé à un vrai poste diplomatique. A son retour en janvier 1787, furieux de n'avoir rien obtenu, il publie un pamphlet Dénonciation de l'agiotage, mars 1787 qui entraîne une lettre de cachet et le contraint à fuir à Liège.
Il fait partie en 1788, entre autres avec Brissot, Clavière et Condorcet, des fondateurs de la Société des amis des Noirs, créée pour l'abolition immédiate de la traite des Noirs et progressive de l'esclavage dans les colonies.

Le député du Tiers État et le tribunal

Mirabeau se présente en Provence aux élections des États généraux de 1789. Repoussé par la noblesse, il publie un discours véhément adressé aux nobles provençaux. Il est alors nommé par le Tiers état, à Aix et à Marseille.
Le 7 mai 1789, le Courrier de Provence, le journal que le nouveau député publie depuis le 2 mai, est saisi. Une interdiction de publier les comptes-rendus des séances des États généraux est édictée. Mirabeau n’en tient pas compte et continue à publier le compte-rendu des séances de l’Assemblée, ainsi que les analyses des questions politiques à l’ordre du jour, d’abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses commettants du 10 mai au 25 juillet 1789, puis sous le titre Courrier de Provence, qui paraît encore après la mort de son fondateur jusqu’au 30 septembre 1791.
Lors de la séance royale du 23 juin 1789, Mirabeau fait une réponse à Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, venu apporter l’ordre de dissolution de l’Assemblée constituante signé par le roi Louis XVI, que le Moniteur rapporte deux jours plus tard en ces termes :
"Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au Roy ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États-Généraux, vous qui n’avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes."
La tradition la ramenant à «Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes ". Il ne tarde pas à devenir l’un des plus énergiques orateurs de l’Assemblée nationale et de la société des Jacobins.
Le surnom d’hercule de la liberté lui est donné par l'abbé Sieyès. À la sortie de l'Assemblée nationale, alors que la foule l'applaudit vivement, il proclame en désignant Mirabeau: " Vive, vive l'hercule de la liberté". Montrant son ami en retour, ce dernier répondit " Voilà Thésée ".
Le 9 juillet 1789, il rédige une adresse au roi pour lui demander de retirer les troupes étrangères massées autour de Paris.

Mirabeau, député du Tiers État

Le 8 mars 1790, il prononce au club des Jacobins un discours resté longtemps inédit contre la traite des Noirs, dont une formule "bières flottantes" dénonçant les navires négriers fera mouche puisqu'elle sera reprise, légèrement déformée en "longues bières", par Brissot en février 1791, puis par Robespierre en avril 1793. Il défend ensuite le système du concours des pouvoirs en matière de paix et de guerre en mai 1790 5 mois plus tard, en octobre 1790, il prononce un vibrant discours où il propose que la couleur blanche soit remplacée par les couleurs bleu, blanc et rouge sur les bâtiments de la marine royale, les matelots devant maintenant crier "Vive la nation, "la loi et le roi" au lieu de "Vive le roi". Au cours de son discours, les royalistes radicaux expriment leur opposition.

Retournement

La dégradation de la monarchie détermine son revirement politique. Il devient le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en étant notamment le conseiller privé de Louis XVI, fonction pour laquelle il se fait rémunérer en livres d'or par heure.

Décès

En avril 1791, il était, pour Mirabeau, temps de mourir.Sa mort prématurée 2 avril est un deuil national.
Sa mort à Paris, le 2 avril 1791 provoque une grande affliction du peuple. C'est la suite d'une maladie que certains attribuent à un empoisonnement, d'autres à sa vie de débauché. La rue où il meurt, rue de la Chaussée-d'Antin est rebaptisée rue Mirabeau . Le 4 avril, après une cérémonie religieuse dans l'église Saint-Eustache, où Joseph-Antoine Cerutti prononce son oraison funèbre, son corps est transporté en grande pompe au Panthéon et y reste jusqu’au 12 septembre 1794, 26 fructidor an II.
Mais la découverte de l’armoire de fer en novembre 1792 révèle qu’il avait pris clandestinement contact avec le roi et sa cour. Espérant être ministre de la monarchie constitutionnelle, il avait prodigué ses conseils et donné des informations. Un comité est chargé d'examiner l'accusation. La Convention décide d'exclure sa dépouille du Panthéon. Elle y est remplacée par celle de Marat. Transportée au dépôt mortuaire du grand cimetière de Saint-Etienne-du-Mont, Sainte-Catherine dans le 5°, très voisin du Panthéon, cimetière désaffecté en 1833, on retira le corps du cercueil de plomb et on l’y inhuma. En 1798, sa sœur procéda à son exhumation et l’inhuma au cimetière de Clamart de manière anonyme. Malgré des recherches entreprises en 1889, ils ne seront pas retrouvés.
Les papiers personnels de la famille Riquetti de Mirabeau et de Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de Mirabeau sont conservés aux Archives nationales sous la cote 119AP

Citations de Mirabeau

Plat commémoratif de la mort de Mirabeau. Vers 1791, Musée Carnavalet, Paris.
La mémoire collective se souvient de Mirabeau pour :
"Les emprunts qu’a faits Necker à Genève "doivent être considérés au nombre des plus chers, des plus mal organisés et des plus ruineux que la France ait été contrainte de payer".
Il faut proclamer des axiomes tellement simples, évidents et féconds qu’il serait impossible de s’en écarter sans être absurde. À propos de la Déclaration Des Droits de l'Homme.
Il existe quelqu’un de pire que le bourreau, c’est son valet.
La présomption une fois déroutée dans un sot cause la confusion et la haine, dans une âme honnête elle opère la reconnaissance et la docilité. Ce fut mon cas. Je priai mon maître de s’expliquer et de m’instruire, car j’étais un pauvre jouvenceau de quarante-deux ans. à propos de sa rencontre avec François Quesnay
Êtes-vous Bretons ? Les Français commandent. Discours à l’Assemblée Constituante du 9 janvier 1790.
Ne faut-il pas qu'un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple ? Discours sur les finances, cité par le Robert
Il faut décatholiciser la France afin de la démonarchiser et la démonarchiser pour la décatholiciser
Allez dire à ceux qui vous envoient que la force des baïonnettes ne peut rien contre la volonté de la nation Phrase adressée au chef de cérémonie, demandant la dispersion des membres du tiers état de l'Assemblée Nationale lors de la séance du 23 juin 1789.
Tout citoyen a le droit d’avoir chez lui des armes et de s’en servir, soit pour la défense commune, soit pour sa propre défense, contre toute agression illégale qui mettrait en péril la vie, les membres ou la liberté d’un ou plusieurs citoyens. Proposition d'un article lors de la rédaction de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
Le droit est souverain du monde .

Œuvres de Mirabeau

Discours

1785 : Dénonciation de l’agiotage au roi et à l’assemblée des notables
1787 : Suite de la dénonciation de l’agiotage au roi et à l’assemblée des notables
10 mai 1789 : Sur la liberté de la presse
26 septembre 1789 : sur la Contribution du quart
6 mars 1790 : Au club des Jacobins, discours contre la traite des Noirs.
20 et 22 mai 1790 : sur le Droit de paix et de guerre
novembre 1790 et janvier 1791 : sur la Constitution civile du clergé
février 1791 : sur l’Émigration

Œuvres

Essai sur le despotisme, publié anonymement - 1775 Londres ;
Lettres originales de Mirabeau, écrites du donjon de Vincennes, pendant les années 1777, 1778, 1779 et 1780, contenant tous les détails sur sa vie privée, ses malheurs et ses amours avec Sophie Ruffei, marquise de Monnier, recueillies par Pierre Louis Manuel,
Errotika Biblion, Abstrusum excudit, Rome pour Paris critique par Jean-Pierre Dubost sous le titre Erotika Biblion, Honoré Champion, Paris, 2009].
Ma Conversion, Paris, 1783 réédité notamment sous le titre Le Libertin de qualité ; repris dans Romanciers libertins du XVIIIe siècle, Tome II, Bibliothèque de la Pléiade, Paris 2005
Considérations sur l’ordre de Cincinnatus, ou Imitation d’un pamphlet anglo-américain, suivies… d’une Lettre… du général Washington… et d’une Lettre de feu M. Turgot,… au Dr Price sur les législations américaines, Londres, 1784,
Lettres à M. Lecoulteux de la Noraye sur la Banque de Saint-Charles et la Caisse d'escompte, Paris 1785
Sur les actions de la Compagnie des eaux, Paris, 1785
Le Rideau levé ou l’éducation de Laure, 1786,L'attribution traditionnelle ce cet ouvrage à Mirabeau est fortement contestée par Jean-Pierre Dubost
Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des juifs et en particulier sur la Révolution tentée en leur faveur en 1753 dans la Grande-Bretagne, Londres, 1787,
De la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand, vol. 1, Londres,‎ 1788
Arlequin réformateur dans la cuisine des moines, ou Plan pour réprimer la gloutonnerie monacale, 1789, Rome
Élégies de Tibulle, suivies des Baisers de Jean Second - 2 Volumes - Traduction de Mirabeau - Paris, 1798
Chefs-d'œuvre oratoires de Mirabeau, précédé d'une notice biographique, tome Premier, éd. Collin de Plancy, 1822
L’œuvre érotique du comte de Mirabeau, (inclut Erotika Biblion, Ma Conversion, Hic et hec paternité contestée, Le Rideau levé, ou l’éducation de Laure paternité contestée, Le chien après les moines, Le degré desâges du plaisir) introduction, essai bibliographique et notes de Guillaume Apollinaire, Bibliothèque des curieux, Paris, 1921 ;

Condamnations

D'abord emprisonné en 1774 au Château d'If, il est assigné à résidence au Fort de Joux en mars 1775, s'enfuit, mais il est de nouveau emprisonné de 1777 à 1780 au Château de Vincennes. Il est définitivement libéré en 1780.

Références

L'écrivain Alexandre Dumas, père met en scène Mirabeau dans plusieurs de ses romans historiques ayant trait à la période révolutionnaire, dans la "série" romanesque intitulée Mémoires d'un médecin.

Armoiries

D’azur, à la bande d’or, accompagnée en chef d’une demi fleur de lis d’argent, défaillante à dextre et florencée du même, et en pointe de trois roses du dernier

Liens
http://youtu.be/xXCAYdVb3_0 2000 ans d'histoire Mirabeau
http://youtu.be/PYiLa_5eQO4 Mirabeau à l'assemblée Nat 1 le 23 Juin 1789
http://youtu.be/QICBIQzkCjg mirabeau Assemblée Nat 2
http://youtu.be/FMFHgjlZ680 le pont Mirabeau par Pow wow
http://youtu.be/kyi50LWPAqY Sous le pont Mirabeau L.Ferré

Attacher un fichier:



jpg  Honoré_Gabriel_Riqueti_de_Mirabeau,_pained_by_Joseph_Boze.jpg (15.64 KB)
3_531b90070539d.jpg 273X388 px

jpg  Honoré_Mirabeau_4.jpg (162.58 KB)
3_531b901164cef.jpg 728X774 px

jpg  doc-282.jpg (7.50 KB)
3_531b901c35145.jpg 212X190 px

jpg  mirabeau.jpg (20.50 KB)
3_531b903950cfd.jpg 444X600 px

jpg  mirabeau (1).jpg (41.53 KB)
3_531b904642429.jpg 250X276 px

jpg  1004997-Honoré_Gabriel_Riqueti_comte_de_Mirabeau.jpg (19.68 KB)
3_531b906003797.jpg 244X400 px

jpg  Mirabeau-DreuxBreze.JPG (153.98 KB)
3_531b907d37df6.jpg 340X295 px

jpg  mirabeau-guy.jpg (18.66 KB)
3_531b908ec11af.jpg 340X340 px

jpg  2153054-M.jpg (13.47 KB)
3_531b909d11669.jpg 180X313 px

jpg  cours-mirabeau.jpg (66.34 KB)
3_531b90ab8b4e7.jpg 550X412 px

jpg  1311395-Honoré_Gabriel_Riqueti_comte_de_Mirabeau.jpg (38.76 KB)
3_531b90ba863f6.jpg 339X550 px

jpg  Mirabeau1.jpg (44.40 KB)
3_531b90c6d0d08.jpg 314X365 px

jpg  054[amolenuvolette.it] 1831 esquisse finale pour mirabeau et le marquis de breux-brézé devant le tiers état, huile sur bois, 77x101 cm.jpg (822.32 KB)
3_531b90df38ec5.jpg 2489X2136 px

jpg  L10-08-Mirabeau-16.JPG (102.22 KB)
3_531b90ecef615.jpg 400X300 px

jpg  Pont_mirabeau_injalbert_abondance.jpg (538.71 KB)
3_531b90fd40e06.jpg 2272X1704 px

jpg  pont-mirabeau-plaque.jpg (878.76 KB)
3_531b9111ded59.jpg 1188X1119 px

Posté le : 08/03/2014 22:52
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Ukraine et Russie
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Ukraine Une « petite Russie » en quête d'identité

L'Ukraine a été ainsi baptisée en 1187 d'après un mot slave qui veut dire «frontière» ou «marche».

Ce grand État en mal de visibilité s'étire de fait aux marges du monde russe, dont il a été le berceau, et à la jonction entre le monde orthodoxe et le monde catholique. Indépendant depuis 1991 seulement, il peine à trouver sa place entre un Occident attirant mais lointain et une Russie proche mais crainte.
Cliquez pour afficher l


Le berceau de la Russie

L'Ukraine s'étend de part et d'autre du Dniepr et au nord de la mer Noire. Elle est un peu plus vaste que la France 600.000 km2 mais moins peuplée.
Ses 45 millions d'habitants ont été aussi longtemps désignés sous l'appellation de «Petits-Russiens» du fait de leur parenté étroite avec la Russie.
Mieux, c'est même autour de Kiev, capitale actuelle de l'Ukraine, que la nation russe est née, aux alentours de l'An Mil, avant qu'elle ne soit divisée en trois groupes principaux : Russes proprement dits, Ukrainiens et Biélorusses, avec des langues nationales qui ont lentement et légèrement dérivé par rapport à l'ancienne langue commune.

Les divisions

Les plaines fertiles de l'Ukraine, recouvertes d'une épaisse couche d'humus, le «tchernoziom», ont vu passer de nombreux peuples nomades (Scythes et Sarmates, Goths et Huns) avant d'être enfin occupées par des Slaves ainsi que des Varègues (Vikings).

Après le baptême du grand-prince de Kiev Vladimir, en 988, une fédération prospère de principautés marchandes s'épanouit autour de Kiev et de la dynastie des Riourikides. Elle doit toutefois combattre de nouveaux venus, Khazars, Bulgares, Petchenègues et Coumans.
Au nord-ouest de Kiev et du Dniepr, les principautés de Volhynie et Galicie s'émancipent de Kiev et s'unissent en 1199 mais c'est pour tomber deux siècles plus tard, en 1386, sous la coupe de l'État polono-lituanien de la dynastie des Jagellon.
Les nouveaux souverains, catholiques bon teint, supportent mal leurs sujets orthodoxes de rite byzantin. Le concile de Florence, en 1439, décrète l'union de l'Église de Galicie à Rome.
En juillet 1569, par l'Union de Lublin, l'État polono-lituanien se mue en une «République unie» dirigée de fait par les Polonais.

Orthodoxes contre «Uniates»
[
img width=600]http://www.herodote.net/_images/kiev-sophie2.jpg[/img]
Tolérants à l'égard des protestants et des juifs, les Polonais se montrent par contre impitoyables envers les chrétiens orthodoxes d'Ukraine.
En 1596, par le synode de Brest-Litvosk, ils imposent la création d'une Église catholique ukrainienne dite «uniate», autrement dit rattachée à Rome. Ses fidèles conservent les rituels byzantins et le slavon comme langue liturgique tout en faisant allégeance au pape.
À vrai dire, seules les élites et la bourgeoisie urbaine se rallient à cette Église uniate, moins de 10% de la population actuelle du pays. Le peuple des campagnes demeure pour l'essentiel fidèle à la tradition orthodoxe.
Aujourd'hui encore, ces questions religieuses divisent l'Ukraine et altèrent ses relations avec l'Occident, les Ukrainiens étant devenus méfiants à l'égard de tout ce qui vient du monde catholique.
Les seigneurs polonais ne sont pas tendres non plus avec leurs sujets ukrainiens. Ils s'attribuent d'immenses domaines dans le pays et réduisent peu à peu leurs paysans au servage, alors même que ce statut, qui fixe les paysans et leur descendance au domaine, est en voie de disparition dans toute la chrétienté occidentale.

À partir du XVIe siècle, beaucoup de paysans ukrainiens s'enfuient vers le Sud, au-delà des cataractes du Dniepr, et se constituent en communautés indépendantes, les Cosaques Zaporogues d'une expression mongole ou tatar qui signifie : «hommes libres d'au-delà des rapides».
Au nombre de quelques milliers, ils se réunissent dans leur quartier général, sitch, sur une île du Dniepr, dans une assemblée, Rada au cours de laquelle ils élisent un porte-parole ou un chef, hetman.
Dans un premier temps, les rois de Pologne leur laissent leur liberté de mouvement dans la mesure où ils défendent le territoire contre les incursions des Tatars musulmans de Crimée et du littoral de la mer Noire.
Ce danger diminuant, ils tentent de rétablir leur autorité. Mais les Cosaques se révoltent sous la direction de leur chef, l'hetman Bogdan Chmielnicki, et, par le traité du 18 janvier 1654, se placent sous la protection du tsar qui règne à Moscou.

La Pologne proteste et il s'ensuit une longue guerre qui se termine par le traité de paix d'Androussovo du 31 janvier 1667. À cette occasion, la Russie des Romanov, en pleine ascension, récupère la rive orientale du Dniepr. Vingt ans plus tard, Kiev et Smolensk passent à leur tour à la Russie. Seule la Galicie demeure polonaise.
Cliquez pour afficher l


Domination russe

Dans l'esprit du tsar, l'Ukraine est terre russe et n'a droit à aucun statut particulier. Ainsi le métropolite de Kiev, chef religieux de l'Église orthodoxe ukrainienne, est placé sous l'autorité du patriarcat de Moscou. C'est dès lors du joug russe que commencent à pâtir les Cosaques et autres Ukrainiens.
Le 14 juillet 1700, à l'issue d'une guerre contre l'empire ottoman, le tsar Pierre le Grand obtient la cession de l'embouchure du Don, sur la mer d'Azov, avec, enfin, un accès sur la mer Noire. C'est le moment où débute la Deuxième Guerre du Nord, qui met aux prises la Suède de Charles XII avec la Russie de Pierre le Grand et ses alliés.
Le nouvel hetman des Cosaques, Ivan Mazeppa, décide de profiter de l'occasion pour obtenir des Suédois l'indépendance de l'Ukraine. Et Charles XII, désireux de soutenir son providentiel allié, décide de le rejoindre avec son armée au lieu de marcher sur Moscou.
Après un difficile hiver en Ukraine, il met le siège devant Poltava mais en est délogé le 8 juillet 1709 par des renforts russes. Charles XII et Mazeppa n'ont plus d'autre choix que de demander asile à la Turquie. C'en est fini pour deux siècles des espoirs d'indépendance ukrainienne.

En 1764, Catherine II la Grande destitue le dernier hetman et, en 1775, à la suite de la révolte de Pougatchev, un Cosaque du Don, elle détruit le sitch des Zaporogues et abolit les dernières libertés cosaques.

Odessa, la «Nouvelle Russie»,

Potemkine et Richelieu
Cliquez pour afficher l


Le traité de Kutchuk-Kaïnardji 21 juillet 1774 consacre une nouvelle défaite de l'empire ottoman et permet à Moscou de consolider sa présence sur la mer d'Azov.
La Crimée est annexée en 1783 par le prince Grigori Potemkine, favori et amant de la tsarine Catherine II, qui en devient le premier gouverneur russe.
C'en est fini de ce khanat, dernière survivance de la Horde d'Or mongole.
Ayant chassé les Tatars du Don, Potemkine fonde dans cette «Nouvelle Russie» plusieurs villes dont le port de Sébastopol, base navale destinée à tenir la mer Noire.
En 1794, l'empire ottoman cède encore à la Russie l'embouchure du Dniepr, à l'ouest de la péninsule de la Crimée. Catherine II décide d'y fonder une nouvelle forteresse sous le nom d'Odessa, librement inspiré d'Odysseus, nom grec d'Ulysse !.
En 1803, le tsar Alexandre 1er donne à Odessa et à la Nouvelle Russie un gouverneur français en la personne d'Armand du Plessis, duc de Richelieu et arrière-petit-neveu du cardinal.
En dix ans, cet émigré, qui a fui la Révolution, et une épouse bossue, va faire d'Odessa la «perle de la mer Noire» et une «Saint-Pétersbourg du Sud» en style rococo.
Il va ensuite revenir en France pour accomplir une brillante carrière ministérielle au service de Louis XVIII.

La reconquête de l'Ukraine par Moscou est complétée à la faveur des deux premiers partages de la Pologne, en 1772 et en 1793. Ils font passer l'ensemble du territoire ukrainien mais aussi la Biélorussie sous l'autorité du tsar.
Au XIXe siècle, la montée des nationalismes conduit le gouvernement tsariste à réprimer les forces centrifuges.
Alexandre II, bien que réputé «libéral», interdit la langue ukrainienne dans l'imprimerie et à l'université et c'est de l'autre côté de la frontière, en Autriche-Hongrie, dans l'université de Lvov ou Lemberg, Ruthénie, que les lettrés et intellectuels ukrainiens trouvent refuge.

Le peintre et poète romantique Taras Chevtchenko, 1814-1861, fils de serfs et serf lui-même, est le symbole de cette renaissance douloureuse de la culture ukrainienne à travers sa courte vie, tissée de servitude, de prison et d'exil.
Avec la première Révolution russe, en 1905, une éclaircie se fait jour. Le Manifeste publié par Nicolas II le 30 octobre 1905 promet de respecter les nationalités. Aussitôt fleurissent en Ukraine des dizaines de journaux dans la langue nationale.

La première indépendance

Les Révolutions russes de 1917 offrent aux nationalistes ukrainiens une opportunité inattendue de recouvrer leur indépendance et le droit de pratiquer leur langue, si peu différente qu'elle soit du russe.

À Kiev, une assemblée, Rada réunie le 15 mars 1917 constitue une République autonome ukrainienne avec Vinnichenko à la présidence du Conseil des ministres. Mais Lénine et les bolchéviques, après qu'ils aient pris le pouvoir le 6 novembre 1917, lui opposent une République soviétique d'Ukraine, proclamée à Kharkov en décembre 1917. La Rada réplique en annonçant le 22 janvier 1918 un «État du peuple ukrainien, souverain, libre et indépendant».
Attaquée par les bolchéviques, la Rada de Kiev signe avec l'occupant austro-allemand une paix séparée.
Après l'armistice de Brest-Litovsk du 3 mars 1918, par lequel les Russes se retirent de la Grande Guerre, les Allemands occupent Kiev et leurs alliés autrichiens Odessa, avec la complicité des Cosaques.
À la défaite austro-allemande succède la guerre civile. Les nationalistes ukrainiens, l'armée bolchévique et l'armée tsariste de Denikine se font face.
À la mêlée se joignent les Cosaques et les anarchistes de Nestor Makhno, mais aussi des troupes occidentales et notamment françaises qui apportent leur soutien à Denikine, contre Lénine et les bolchéviques.
Denikine ayant refusé de faire alliance avec les nationalistes, ce sont finalement les bolchéviques qui l'emportent... mais à moitié seulement car le traité de Riga de 1921 avec la Pologne laisse la Galicie et la Volhynie à cette dernière.
La création de l'URSS, le 30 décembre 1922, fait de l'Ukraine la deuxième République du pays après la Russie. La langue ukrainienne en devient la langue officielle.
Mais ces concessions politiques cachent mal l'emprise très forte du Kremlin sur le Parti communiste ukrainien et la hiérarchie administrative.
Dans les années 1930, sous le prétexte de lutter contre le «nationalisme bourgeois», Staline décapite les élites ukrainiennes. Et sous prétexte de lutter contre les «koulaks», paysans riches, il provoque une famine gigantesque par voie administrative ! C'est l'Holodomor, deux à six millions de morts.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en dépit des horreurs de l'occupation allemande, illustrées par les massacres de Babi Yar, Kiev, les nationalistes locaux ont la tentation d'en profiter pour acquérir enfin l'indépendance.
Leur chef Stepan Bandera proclame celle-ci dès le 1er juillet 1941, une semaine après l'invasion allemande. Mal lui en prend. Il est arrêté par les Allemands eux-mêmes, Hitler ne voulant pas d'une alliance avec les Ukrainiens, qu'il méprise autant que les autres Slaves.
Cliquez pour afficher l

Dans le demi-siècle qui suit, jusqu'à l'éclatement de l'URSS, la République socialiste soviétique d'Ukraine va subir sans mot dire la tutelle de Moscou et du Parti communiste. Avec une maigre consolation : un siège à l'ONU, de même que la Biélorussie, la troisième composante du peuple russe.

La deuxième indépendance

Le 24 août 1991, dans la confusion qui suit l'éviction de Mikhaïl Gorbatchev, dirigeant de l'Union soviétique, le Parlement ukrainien proclame l'indépendance de la République dans les frontières artificielles dessinées par les dirigeants bolchéviques.

Après quelques disputes, Moscou et Kiev finissent par s'accorder sur le cas particulier de la péninsule de Crimée, traditionnellement russe mais rattachée à l'Ukraine par Nikita Khrouchtchev en 1950. Moscou conserve en particulier l'usage du port militaire de Sébastopol.
Pauvre, dépendante de la Russie pour ses approvisionnements en gaz, saturée qui plus est en équipements nucléaires, dont l'ex-centrale de Tchernobyl, la nouvelle Ukraine est handicapée par l'absence d'État de droit et la prévalence d'une ploutocratie affairiste issue des anciens cadres du parti communiste.
Elle doit au surplus composer avec son importante minorité russe ou russophone, importante en Crimée et à l'Est, en particulier à Kharkiv ou Kharkov et autour du gisement charbonnier du Donbass, sur les bords du Donets, un affluent du Don.

Dans les premières années, le président Léonid Kravtchouk consolide l'indépendance du pays en nouant des rapports plus étroits avec l'Union européenne. Son successeur Leonid Kouchtma, élu en 1994, se rapproche du grand frère russe et de Vladimir Poutine.
Le 21 novembre 2004, l'élection truquée du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch à la présidence de la République jette l'opposition dans la rue. La capitale Kiev est en ébullition. C'est la «Révolution orange». Pacifique, elle se solde par l'arrivée au pouvoir de Viktor Iouchtchenko.
Le vainqueur est défiguré par ce qui semble être une tentative d'empoisonnement à la dioxine.
Les dissensions entre le nouveau président et son Premier ministre Ioulia Timochenko, une femme charismatique à la belle natte blonde, entraînent le renversement de celle-ci dès 2006 par la nouvelle majorité législative et son remplacement par Viktor Ianoukovitch. Ce dernier remporte l'élection présidentielle du 25 février 2010, pour de bon cette fois. Mais il est renversé par la rue au terme d'une nouvelle révolution, cette fois dramatique et sanglante...

Russie De Kiev à Moscou, naissance d'un peuple

La Russie, l'Ukraine et la Biélorussie sont les trois États héritiers de la nation russe, laquelle est née il y a un peu plus de mille ans de la réunion des Slaves orientaux sous la bannière du christianisme orthodoxe.
Les aléas qui ont conduit à la formation de ces États n'enlèvent rien à leur très grande proximité, tant linguistique que politique et culturelle.

Un espace immense dont la population décroît

La Russie, capitale : Moscou compte 140 millions d'habitants dont 80% de russophiles, sur 17 millions de km2, de la Baltique à la mer du Japon. L'Ukraine, aussi appelée «petite Russie» capitale : Kiev, a 45 millions d'habitants dont un cinquième de russophones, à l'Est du Dniepr, sur 600.000 km2, la France et le Bénélux réunis. Enfin, la Biélorussie, ou «Russie blanche» capitale : Minsk, compte 9 millions d'habitants sur 200.000 km2.
Avec une fécondité en berne depuis plusieurs décennies et à peine un enfant et demi en moyenne par femme, avec également de mauvaises conditions sanitaires et une espérance de vie très faible, d'une dizaine d'années inférieure à celle des pays occidentaux, la population de ces différents pays tend à décroître. Le phénomène prend une ampleur alarmante en Russie, avec la multiplication des villages fantômes, y compris aux portes des grandes villes.

L'Europe orientale avant les Slaves

Que sait-on de ces régions aux temps anciens? Peu de chose. Les grandes plaines fertiles d'Europe orientale sont envahies par des Indo-européens à la fin du IIe millénaire avant notre ère, les Cimmériens.
- Les Scythes et les Sarmates, à partir du VIIe siècle av. J.-C. :
Au VIIe siècle av. J.-C., ils sont chassés par des nomades quelque peu mystérieux, les Scythes. Ces guerriers ont l'avantage d'être les premiers à seller les chevaux, les autres montant à cru. Leurs tombes révèlent aussi leurs talents d'orfèvres.
Ils s'installent entre la mer Caspienne et la mer Noire, le Pont-Euxin des Grecs, en contact avec des colons venus de Grèce qui fondent des cités en Tauride, aujourd'hui la presqu'île de Crimée et en Colchide, la Géorgie actuelle. Sans compter la belle cité d'Olbia, à l'embouchure du Dniepr, dans le golfe d'Odessa.
Dans les forêts du nord s'installent pendant ce temps des populations nomades finno-ougriennes de type asiatique. Elles sont à l'origine des langues parlées en Finlande, Estonie ou encore Hongrie.
Les Scythes sont à partir du IVe siècle av. J.-C. bousculés par de nouveaux venus, les Sarmates, des Indo-Européens proches d'eux et auxquels se rattachent les Alains.
Ces derniers vont participer beaucoup plus tard aux «Grandes Invasions» de l'empire romain. Les Ossètes, un peuple musulman du nord du Caucase, se réclame aujourd'hui des Alains et des Sarmates...
Cliquez pour afficher l


- Les Goths, les Huns et les Bulgares, à partir du IIe siècle :

Arrivent à partir du IIe siècle de notre ère des Goths, nomades de langue germanique. Ils ne restent pas longtemps en repos car, derrière eux, repoussés par les Chinois, se pointent les redoutables Huns, nomades de type turco-mongol. Un premier affrontement entre les Goths et les Huns est signalé en 375.
Les Goths se remettent en marche et finissent leur course au cœur de l'Occident romain. Les Huns font à leur tour une incursion en Occident sous la conduite d'Attila. Elle va causer leur ruine en 451, aux Champs Catalauniques.
Dans le sillage des Huns apparaissent de nouveaux cavaliers non moins redoutables, les Bulgares. De type asiatique, comme les précédents, ils mêlent des éléments turco-mongols et finno-ougriens.
Dans la boucle de la Volga, le grand fleuve de la Russie, qui se jette dans la mer Caspienne, une partie d'entre eux édifie un puissant royaume, avec pour capitale une cité dénommée Bolgary. Ces Bulgares vont se convertir à l'islam et leur royaume va perdurer jusqu'à l'invasion mongole, en 1236. Les «Tatars de Kazan» sont leurs descendants.
D'autres Bulgares, sous la conduite du khan, roi Asparuch, franchissent le Danube en 679 et s'installent dans les Balkans, où ils vont se fondre parmi les Slaves déjà présents sur place.
- Les Slaves et les Khazars, à partir du VIe siècle :
Les Slaves sont des Indo-Européens apparus en Europe dans le sillage des Germains, lesquels les appellent Wendes. Ils sont cités pour la première fois sous le nom de Slaves, qui dériverait du mot «slova» (parole), par l'historien Procope de Césarée, VIe siècle.
Des communautés slaves font souche le long du Dniepr, le grand fleuve qui traverse l'Ukraine du nord au sud et se jette dans le golfe d'Odessa. Ces cultivateurs ont une organisation sociale fondée sur le mir, un groupement de familles à la dimension du village, qui possède la terre en commun.
Plutôt pacifiques, ils voient passer vers 560 les Avars, des nomades turcophones qui vont ensuite atteindre la plaine du Danube où ils seront écrasés par les troupes de Charlemagne. Ils révèleront aux Francs la technique de l'étrier, un accessoire qui, en donnant aux cavaliers une grande stabilité, leur assure la supériorité sur le fantassin ; il va contribuer à la prééminence de la chevalerie au Moyen Âge.

Mais les Slaves ont surtout à faire avec les Khazars, un peuple turc qui se fixe au VIIe siècle sur le cours inférieur de la Volga et du Don, lequel se jette dans la mer d'Azov, à l'est de la Crimée.
L'empire khazar noue des relations commerciales avec Byzance, via la mer Noire. Il arrête l'expansion musulmane dans le Caucase. Et, dans des conditions mystérieuses qui nous échappent encore, ses élites se convertissent au judaïsme à la suite du roi Bulan, autour de 861. Beaucoup de juifs ashkénaze (européens) descendraient de cette «Treizième Tribu» d'Israël, selon l'expression de l'essayiste Arthur Koestler.
Les Khazars sortent de l'Histoire à l'orée de l'An Mil après les défaites infligées par le prince de Kiev Sviatoslav en 968 puis par l'empereur de Byzance Basile II.
Il est temps dès lors de nous pencher sur les Slaves qui ont survécu aux turbulences, dans ces grandes plaines d'Europe orientale si propices aux invasions, tant de l'Est que de l'Ouest de Napoléon à Hitler.
Cliquez pour afficher l


Kiev, la «mère de toutes les villes russes»

Les Chroniques des temps passés, écrites par des moines de Kiev au XIIe siècle, racontent à leur manière les origines de la Russie.

Au IXe siècle, profitant de l'effacement des peuples de la steppe, les Slaves colonisent l'espace qui s'étend du golfe de Finlande à la mer Noire. Ils vendent leurs productions, blé, le miel et les fourrures, aux marchands qui suivent les grands fleuves, le Dniepr et la Volga vers le sud, le Volkhov, la Dvina ou encore le Niemen vers le nord.

C'est la «route de l'ambre» ou «route des Varègues», d'après le nom donné dans cette région aux Scandinaves, Normands ou Vikings, qui nourrissent un commerce prospère avec Byzance.
L'un de ces marchands varègues, Riurik ou Rourik, prend vers 856 la direction de Novgorod, une ville d'étape proche de la Baltique. De lui vont descendre tous les futurs souverains russes, ce qui en fait le fondateur quelque peu mythique de la Russie. Le mot lui-même (Rous) dériverait de Varègue.
Le prince crée de fait un embryon d'État slave. En 882, son successeur Oleg le Sage s'empare de Kiev, sur le cours supérieur du Dniepr, et y établit sa capitale : «Oleg s'établit prince de Kiev. Et il dit : Que cette ville soit la mère de toutes les villes russes. Il avait avec lui les Varègues, les Slaves et tous les autres. Et à partir de ce moment, on les nomma les Russes» Chroniques des temps passés.

La Russie de Kiev prend la forme d'une fédération de principautés dont Oleg est le grand-prince. Sa population de paysans et de marchands est représentée par des assemblées locales, lesquelles font contrepoids à l'aristocratie de boyards, guerriers nobles.
Enrichie par le commerce entre Byzance et la Scandinavie, elle apparaît comme une société relativement prospère au regard des critères de l'époque, tandis que l'Occident carolingien est ravagé par les invasions et les guerres privées.
Igor, successeur d'Oleg le Sage, doit combattre les Khazars et des nomades surgis de la steppe, les Petchenègues. Sa veuve sainte Olga exerce la régence au nom de leur fils Sviatoslav 1er. Elle se fait baptiser et, en 955, est reçue à Constantinople par le basileus, empereur Constantin VII Porphyrogénète. Ainsi le christianisme fait-il une entrée discrète à Kiev.
Aux affaires de 962 à sa mort, dix ans plus tard, Sviastoslav consolide la Russie kiévienne face aux Khazars et aux Bulgares de l'Ouest, en entretenant une alliance avec les basileux Nicéphore Phocas et Jean Tzimiscès. Il périt dans un affrontement avec les Petchenègues.

Son fils Vladimir le Grand, saint Vladimir fait le grand saut en recevant le baptême en 988 ou 989, à Kiev, selon le rite byzantin. Il s'y résout en vue de consolider son alliance avec le basileus Basile II, dont il épouse la soeur, Anne Porphyrogénète.
Ainsi les Slaves orientaux, Russes mais aussi Serbes et Bulgares se séparent-ils des Slaves occidentaux (Polonais, Croates, Tchèques... en choisissant de se tourner vers Byzance et l'orthodoxie plutôt que vers Rome et la catholicité...
La Russie connaît son âge d'or au siècle suivant, sous le règne du fils et successeur de saint Vladimir, Iaroslav le Sage (1015-1054), qui dote Kiev et Novgorod de splendides églises dédiées à Sainte-Sophie. L'une de ses filles, Anne de Kiev, va épouser le roi capétien Henri 1er, petit-fils d'Hugues Capet. Deux autres de ses filles sont mariées l'une au roi de Hongrie, l'autre au roi de Norvège !

Mais elle se divise à sa mort du fait des conflits entre les prétendants qui, les uns et les autres, ont reçu des principautés en apanage *. Las des guerres, le peuple de Kiev choisit comme grand-prince Vladimir II Monomaque en 1113, et c'est à lui que revient l'honneur de rétablir l'unité du pays.
Cliquez pour afficher l
Précaire intermède : le grand-prince, à sa mort, en 1054, partage ses possessions entre ses trois fils et les guerres fratricides reprennent. En 1169, Kiev est mise à sac. La «mère de toutes les villes russes» va dès lors s'effacer au profit d'une nouvelle cité, Vladimir, au nord-est du pays.
Dans cette «période de dispersion», l'aire de peuplement russophone s'étend toutefois vers les monts de l'Oural et la Volga, où la toponymie garde le souvenir des populations antérieures. Ainsi de la rivière Moskva et de la cité éponyme construite sur ses rives (Moscou), qui signifierait l'«eau des vaches» dans la langue des Zyriènes, la population du cru.

Une société féodale et commerçante est en voie de se constituer. C'est le pendant orthodoxe de la chrétienté occidentale, avec pas moins de trois cents villes petites ou grandes, surtout dans la «Grande Russie» la Russie actuelle, à l'Est du Dniepr, plutôt que dans la «Petite Russie», à l'Ouest du Dniepr, victime d'instabilité politique. Mais une catastrophe va tout remettre en cause : l'irruption des Mongols de Gengis Khan.

Et les Mongols sont arrivés...

C'est le 31 mai 1223, à la bataille de la Kalkha, près de la mer d'Azov, que les Russes ont pour la première fois affaire aux Mongols. Ceux-ci, sous la conduite de deux généraux de Gengis Khan, les écrasent sans rémission mais n'exploitent pas leur succès et regagnent la steppe.
Les choses sérieuses débutent en 1236 quand Batu Khan, l'un des petits-fils et successeurs du grand conquérant, se lance avec 150.000 cavaliers à l'assaut de l'Occident. Il détruit le royaume de Grande Bulgarie, sur la Volga, puis pénètre en terre russe.

Vladimir est détruite le 7 février 1238. Novgorod, quant à elle, est heureusement sauvée par le dégel printanier qui oblige les Mongols à faire retraite.
Ce répit permet au prince Alexandre de Novgorod de battre sur la Neva, le 15 juillet 1240, les Suédois qui voulaient profiter des difficultés des Russes pour coloniser leur territoire. Il y a gagne le nom d'Alexandre Nevski.
Là-dessus, le jeune héros affronte les redoutables chevaliers Teutoniques le 5 février 1242 sur les glaces du lac Peïpous.
Si la principauté de Novgorod est sauvée, il n'en va pas de même des terres méridionales. Batu Khan s'empare de Kiev le 6 décembre 1240 et la détruit puis il bouscule les Polonais et les Allemands à Legnice, en Galicie, le 9 avril 1241.
Au même moment, ses généraux défont les Hongrois du roi Béla IV à Mohi, au sud des Carpathes, le 11 avril 1241. C'est là le point extrême de leurs avancées. La mort inopinée du grand-khan Ogodaï les amène à se retirer pour s'occuper de sa succession.
Le morcellement de l'empire mongol aboutit à la création du khanat de la Horde d'Or, sur les bords de la Caspienne. Son quartier général est fixé à Saraï, une cité commerçante sur le delta de la Volga, au nord de la mer Caspienne, qui va perdurer jusqu'à sa destruction par Tamerlan en 1396.

Les princes russes du Nord se voient contraints de faire allégeance au khan de la Horde d'Or et de lui verser un tribut. Ils n'en gardent pas moins une relative autonomie et surtout le droit de pratiquer leur religion.
Fer de lance de l'identité russe, l'Église orthodoxe tend à se renforcer, il en ira de même du patriarcat de Constantinople lorsque celui-ci tombera sous la tutelle ottomane. C'est que les Mongols se montrent tolérants en matière religieuse, en dépit de leur islamisation au début du XIVe siècle, sous le khan Ôzbek, 1312-1340.
À la même époque, le grand-prince Ivan 1er Kalita, sans cesser de faire allégeance aux Mongols, fait l'unité de la Russie autour de Moscou et prend le titre de «prince de Moscou et de toute la Russie». La ville s'est en effet beaucoup développée du fait de l'arrivée de réfugiés chassés de la Russie méridionale par les Mongols.

Dimitri, «grand-prince de Moscou», combat avec succès les Bulgares, puis les Lituaniens, un peuple encore païen, qui se fait, à l'ouest, de plus en plus envahissant. Le 8 septembre 1380, à Koulivoro polié, le «champ des Bécasses», sur les rives du Don, il remporte une écrasante victoire sur les Lituaniens du prince Jagellon alliés aux Mongols du khan Mamaï.
Cliquez pour afficher l

La Horde d'Or connaît sa première défaite mais les Mongols n'ont pas dit leur dernier mot. Le 26 août 1382, Tokhtamych, un lieutenant de Tamerlan met Moscou à feu et à sang et oblige Dimitri Donskoï à un lourd tribut.
Au XIVe siècle, au début de la Renaissance occidentale, l'invasion mongole au sud et la poussée polonaise et lituanienne à l'ouest conduisent au fractionnement du peuple russe en trois entités qui vont chacune évoluer à leur façon.

À l'ouest, dans les plaines du Pripet et de la Dvina, les Russes blancs ou Biélorussiens passent jusqu'au XIXe siècle sous la domination lituano-polonaise. Au sud-ouest, sur le Dniepr et la mer Noire, les Petits-Russiens ou Ukrainiens, d'un mot slave qui désigne une «marche» ou une province périphérique subissent d'abord l'occupation mongole puis l'occupation lituano-polonaise, avant de passer au XVIIIe siècle sous la tutelle de Moscou.

Le triomphe improbable de Moscou

Au début du XVe siècle, le grand-prince Vassili II accélère le déclin de la Horde d'Or en appuyant les khans mongols rivaux, voire en leur donnant des terres en échange de leur allégeance.
Cette politique mal comprise lui vaut d'être chassé du Kremlin, la forteresse de Moscou, par son cousin. Suprême déchéance, il est aveuglé. Néanmoins, avec le soutien des Moscovites et de l'Église, il retrouve le pouvoir et reprend sa politique.
À la mort de Vassili l'Aveugle, en 1462, ses quatre fils se partagent l'héritage en accordant la prépondérance à l'aîné, Ivan III.
Le 12 novembre 1472, Ivan III épouse Sophie Paléologue, nièce du dernier empereur byzantin, Constantin XI Paléologue, tué les armes à la main lors de l'entrée des Turcs dans sa ville. Le grand-prince de Moscou adopte du coup pour blason l'aigle à deux têtes du basileus et se pose en héritier des Byzantins.

Il s'applique dès lors à rassembler sous son autorité l'ensemble des terres russes et notamment la principauté de Novgorod. La ville est occupée en 1478 et épurée de ses opposants.
Ivan le Grand «oublie» comme par hasard de faire allégeance à la Horde d'Or et, en 1480, sur les marches de la cathédrale de l'Assomption, rejette officiellement leur tutelle.
Cliquez pour afficher l

En 1502, le khan de Crimée, allié d'Ivan III, s'empare de la capitale des Mongols, Saraï. Et l'année suivante, Ivan III inflige une défaite aux Lituaniens. Tout lui sourit.
À sa mort, le 27 octobre 1505, Ivan III le Grand, grand-prince de Moscovie et «Rassembleur des terres russes», laisse un embryon d'État moderne et centralisé à son fils Vassili III. Celui-ci renforce le pouvoir autoritaire et autocratique du souverain jusqu'à sa mort, le 3 décembre 1533.
N'ayant pas d'enfant après vingt ans de mariage, il divorce et se remarie, mais fait aussi incarcérer ses frères pour éviter qu'ils ne lui succèdent. De la sorte va s'éteindre à la génération suivante la dynastie des Riourikides, issue en ligne directe de la descendance de Riurik.
En attendant, c'est un enfant de quatre ans qui succède à Vassili III sous le nom d'Ivan IV.
Le 16 janvier 1547, alors qu'il n'a que seize ans, il met fin à la régence de sa mère Hélène et du conseil de boyards et se fait couronner par le métropolite de Moscou Macaire.
Il prend alors le titre de «tsar», déformation phonétique du mot César, synonyme d'empereur, et se pose en héritier des basileus de la «deuxième Rome», Byzance.
Après quoi il épouse Anastasia Romanov, issue de l'une des principales familles aristocratiques de Moscou. C'est d'elle que sera issue la deuxième, et dernière dynastie russe.

Le nouveau tsar se lance alors à la conquête du redoutable khanat de Kazan, sur la Volga. La ville est prise le 2 octobre 1552 et ses habitants réduits en esclavage. Il en finit avec les derniers royaumes mongols de la Russie méridionale en s'emparant aussi du khanat d'Astrakhan, sur la Volga inférieure.
Dans les steppes du bas Don, les Cosaques, cavaliers semi-nomades, tant russes que tatars, par-dessus tout avides de liberté, font allégeance à Ivan IV de façon toute formelle. Mais ils lui rendent service en faisant obstacle aux entreprises militaires du khanat de Crimée.
De nombreux paysans russes se montrent attirés par la colonisation des terres nouvellement conquises, avec l'espoir d'y bénéficier de la liberté. Mais Ivan IV restreint leur liberté de circulation pour complaire aux boyards et aux propriétaires terriens qui lui fournissent les ressources dont il a besoin pour la guerre.
En 1603, près de vingt ans après sa mort, ses successeurs en arrivent à interdire aux paysans de quitter le domaine sur lequel ils sont nés. Ainsi le servage s'impose-t-il en Russie sous sa forme la plus extrême alors qu'il a depuis longtemps déjà disparu de presque tout l'Occident.
L'empire russe, qui s'étend désormais sur cinq millions de km2, prend une forme originale, éloignée des standards occidentaux, avec un souverain autocratique, une administration virtuelle et une absence de contre-pouvoirs efficaces, des nobles turbulents et une paysannerie misérable.
Avec l'accession au trône de Michel Romanov, en 1613, une nouvelle dynastie va guider l'empire jusqu'à sa chute finale en 1917 et en faire la première et la plus vaste puissance coloniale des temps modernes…

L'Ukraine unie à Moscou pour le meilleur et le pire

Analyse de la crise qui secoue l'Ukraine en la replaçant dans la longue durée historique...
Le 21 novembre 2013, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a brutalement interrompu les négociations avec l'Union européenne après que son homologue russe Vladimir Poutine l'eut menacé de représailles économiques s'il les menait à terme. Il est vrai que l'Ukraine est très dépendante de la Russie, avec un commerce qui se développe entre les deux pays bien plus vite qu'avec l'Union européenne asthénique.

Pour les partisans d'une démocratisation à l'occidentale, cette reculade de leur président a fait l'effet d'une douche froide en éloignant la perspective d'une modernisation du pays et de ses institutions. Elle a aussi révolté les ultranationalistes, inquiets du retour de l'Ukraine dans le giron de Moscou. La capitale ukrainienne est donc entrée en ébullition neuf ans jour pour jour après la «révolution orange».
Cliquez pour afficher l



Mariés pour le meilleur et le pire

Aussi appelé «Petite-Russie», l'Ukraine, plus vaste que la France et à peine moins peuplée, 45 millions d'habitants, est une partie centrale du monde russe. Kiev est la «mère de toutes les villes russes», selon une formule de son fondateur.
Au demeurant, le pays, qui n'a jamais été indépendant avant le XXe siècle, est l'assemblage de plusieurs régions qui ont connu des histoires très diverses : à l'ouest, la Volhynie et la Galicie capitale : Lvov, longtemps occupées par la Pologne ou l'Autriche catholiques ; à l'est, des provinces longtemps occupées par les Mongols avant d'être intégrées à la «Nouvelle Russie» de Catherine II, y compris la Crimée et les territoires des Cosaques ; au centre, la région de Kiev, berceau de la nation russe.
Résultat, il compte pas moins de dix millions de citoyens russophones et les liens familiaux et matrimoniaux entre Russes et Ukrainiens demeurent très nombreux.
Il n'empêche que le pouvoir moscovite n'a pas toujours été bienveillant à l'égard des Ukrainiens, qu'il s'agisse des catholiques, tournés vers l'ouest, des Cosaques du sud, perpétuels rebelles, et plus généralement des paysans, plus autonomes que les paysans grands-russes. À l'époque de la dictature soviétique, Staline a infligé à cette paysannerie des souffrances qui dépassent l'entendement et sont assimilées par les Ukrainiens à un génocide, l'Holodomor.

Mais comme dans certains couples qui se déchirent mais persistent à cohabiter, ces difficultés n'ont jamais remis en question la soumission de l'Ukraine à Moscou.
Il a fallu la faillite du communisme soviétique, suivie de l'implosion de l'URSS en 1991 et de son éclatement pour qu'émerge une Ukraine indépendante, sans guère d'unité nationale, selon les frontières artificielles dessinées soixante-dix ans plus tôt.
Les événements dramatiques de cet hiver 2013-2014 montrent que l'Histoire est en train de rattraper la réalité. Elle re-unit dans la douleur des communautés qui n'auraient jamais dû être dissociées.

Impossible divorce

Mettons-nous un instant dans la peau d'un Russe de Moscou ou Vladivostok. Il n'est pas concevable pour lui que se dresse un «rideau de fer» entre son pays et l'Ukraine, entre la «Grande-Russie» et la «Petite-Russie». Cela reviendrait à l'isoler complètement entre des mondes plus ou moins hostiles : l'Extrême-Orient chinois, l'Asie centrale turque, l'Europe atlantique.
On n'imagine pas davantage qu'il accepte un «rideau de fer» au sein même de l'Ukraine, entre une partie russophone qui reviendrait dans le giron russe et une partie occidentale, sans réalité historique, qui chercherait sa voie aux côtés d'une Union européenne désargentée et sans leadership.
Quoi que pensent les Russes de leur président Poutine, de sa brutalité et de son autoritarisme, ne doutons pas qu'ils partagent sa volonté de conserver l'Ukraine - et la Biélorussie, ou «Russie blanche» - dans la sphère d'influence de Moscou. Si certains grands pays comme le Japon peuvent se délecter d'une solitude hautaine, il n'en va pas ainsi de la Russie qui, comme les autres États européens, a besoin d'être entourée d'amis et d'alliés.
Dans ces conditions, il était pour le moins maladroit que les Européens aient pu laisser croire aux Ukrainiens qu'ils pouvaient nouer avec eux un accord d'association tout en multipliant les attaques verbales contre la Russie post-démocratique de Poutine.

Incompréhension occidentale

L'Occident a presque toujours cultivé une grande méfiance à l'égard de la Russie, mi-européenne, mi-asiate. Il est vrai que la seule fois où des relations cordiales se sont établies entre la France et la Russie, elles ont conduit à la Grande Guerre de 1914-1918 ! Faut-il en rester là ? En 1990, les nations riches du G8 ont fait la sourde oreille aux appels à l'aide de Mikhaïl Gorbatchev, avec pour résultat l'implosion de l'URSS et le chaos actuel.
Aujourd'hui, Vladimir Poutine, soucieux de désenclaver son pays, tente de reconstituer autour de Moscou une «Union eurasiatique» douanière, économique... et plus si affinités. L'Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie, l'Arménie, la Moldavie, l'Azerbaïdjan et même le Kazakhstan sont sommés d'y adhérer en dépit de ses tares, absence de démocratie et corruption massive.

Le nouveau «tsar de toutes les Russies» dispose de moyens de pression importants avec les réserves de gaz naturel grâce auxquelles il tient à sa merci l'Ukraine, la Biélorussie... mais aussi l'Europe occidentale et plus particulièrement l'Allemagne.
L'Union européenne, qui a perdu beaucoup de sa morgue dans la crise actuelle, a moins que jamais intérêt à se détacher de cette autre Europe. On voudrait que ses dirigeants fassent pour une fois preuve d'esprit visionnaire et d'audace, qu'ils nouent enfin des relations de bon voisinage avec la Russie et s'abstiennent de toute stigmatisation inutile, qu'ils aident au rapprochement entre Kiev et Moscou et encouragent les deux partenaires à se démocratiser et assainir leur économie en leur offrant la perspective d'un partenariat Est-Ouest profitable à tous.
À défaut, l'Ukraine risque de sombrer, à la façon de la Biélorussie voisine, vers une dictature personnelle sous protectorat russe. C'est le sens de la sanglante répression des manifestants de la place de la Liberté, Maïdan Nezalejnosti, à Kiev, en ce mois de février 2014.

L'Union européenne peut éviter la tragédie non pas en menaçant Kiev de «sanctions» illusoires et contre-productives mais en se rapprochant de la Russie comme de l'Ukraine et pourquoi pas? de la Biélorussie en vue de les apprivoiser toutes ensemble et les rallier à elle. Rien d'autre, en somme, que le rêve de De Gaulle d'une Europe qui s'étendrait «de l'Atlantique à l'Oural».

Posté le : 04/03/2014 19:37

Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:36:55
Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:39:59
Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:46:43
Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:49:31
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Vauban
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne

Posté le : 01/03/2014 23:01
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 31 32 33 (34) 35 36 37 ... 46 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
114 Personne(s) en ligne (71 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 114

Plus ...