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Robert II le pieux 3 suite Les Capétiens
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Les Capétiens 987-1498


Cette dynastie royale a régné en France de 987 à 1792. On appelait autrefois ces souverains les rois de la troisième race, venus après les Mérovingiens et les Carolingiens. Les Capétiens de ligne directe régnèrent jusqu'en 1328. Des branches collatérales leur succédèrent. Les Capétiens-Valois de 1328 à 1498 ; les Valois-Orléans de 1498 à 1515 ; les Valois-Angoulême de 1515 à 1589 ; les Bourbons de 1589 à 1792. Le surnom de Capet fait sa première apparition vers 1030 dans la chronique d'Adémar de Chabanne, il s'applique alors au père d' Hugues Capet, le duc Hugues Ier. Il ne qualifie Hugues Capet qu'au début du XIIe siècle et le terme capétien apparaît pour la première fois chez le chroniqueur anglais Raoul de Diceto mort en 1202. Les révolutionnaires le donnèrent par dérision à Louis XVI détrôné le citoyen Capet et à sa famille. Le surnom vient du mot cappa, chape, et désigne le porteur d'un petit manteau. Peut-être fait-il allusion à la chape abbatiale, Hugues et son père étant abbés laïques de nombreuses abbayes. Au XIIe siècle, la chape étant devenue un chaperon ou chapeau, Hugues Capet fut considéré comme l'homme au chapeau et la légende, appuyée sur cette fausse étymologie, naquit, selon laquelle il n'avait pas pu ou voulu recevoir la couronne.
On ne citera ici que les Capétiens directs 987-1328 et les Capétiens-Valois 1328-1498 et on laissera également de côté les branches capétiennes qui ont été à la tête de principautés et seigneuries en France par exemple en Bourgogne et celles qui ont occupé des trônes étrangers à Constantinople, à Naples, en Navarre, en Hongrie aux XIIIe-XIVe siècles.

Les premiers Capétiens et la féodalité 987-1180

Élaboration de la dynastie

Lorsque, à la mort du Carolingien Louis V, Hugues Capet, duc des Francs, fut élu roi de France (on disait alors roi des Francs à Senlis par une assemblée de grands, laïques et ecclésiastiques, qui le préféra à un concurrent carolingien, Charles de Basse-Lorraine, oncle du roi défunt, puis sacré à Noyon le 1er juin ou le 3 juillet 987, la longévité et la puissance de sa postérité n'étaient pas prévisibles. Certes, sa famille avait joué un grand rôle politique depuis son arrière-grand-père Robert le Fort, d'origine inconnue, qui détint sous Charles le Chauve de grands pouvoirs, entre Seine et Loire, sur la Neustrie en voie de s'appeler France, et plus tard Île-de-France. Son grand-oncle Eudes, fils de Robert, avait été déjà élu roi après la mort de Charles le Gros, en 888, et avait régné dix ans 888-898 et son propre père Hugues Ier le Grand, duc de France de 923 à 956, avait été le tuteur de Louis IV d'Outremer 936-954 et le véritable maître du royaume. Mais le nouveau roi et ses successeurs allaient accomplir une tâche énorme : assurer la continuité dynastique, affermir le pouvoir royal face aux grands seigneurs dont beaucoup étaient aussi puissants qu'eux le comte de Périgord à qui Hugues Capet et son fils Robert demandent : Qui t'a fait comte ? réplique : Qui vous a faits rois ?, donner une base économique et administrative à la royauté, faire progresser le pouvoir monarchique et la puissance nationale dans le Midi et les défendre contre l'Empire à l'est et contre l'Angleterre dans l'ouest même du royaume, acquérir un prestige national et international, devenir des rois très chrétiens.
L'essentiel de ce programme, qui ne fut sans doute pas conçu clairement ni systématiquement par les souverains et leur entourage, fut réalisé en deux siècles, lente évolution ponctuée de succès et d'échecs sur laquelle les documents parvenus jusqu'à nous nous renseignent mal.
La continuité dynastique fut due d'abord à la chance qui assura à tous les Capétiens des héritiers mâles jusqu'en 1314, mais aussi à une politique persévérante qui choisit la primogéniture la reine Constance, troisième femme de Robert le Pieux, chercha pourtant à imposer le cadet Robert contre l'aîné Henri et imposa la succession dynastique. En effet, l'élection du roi par les grands subsista jusqu'en 1179, mais chaque souverain fit, de son vivant, élire et couronner son fils aîné : Robert le Pieux dès 988, en 1017 Hugues mort en 1025, puis Henri Ier en 1027, Philippe Ier en 1059, Louis VI à une date indéterminée, Philippe mort en 1130 en 1129, puis Louis VII en 1131 et Philippe II Auguste en 1179.

Le domaine royal

La base territoriale et économique de la puissance des premiers Capétiens, c'est le domaine royal. Au sens strict, le domaine royal est composé d'un ensemble de biens matériels châteaux, terres, moulins, de droits et de redevances, de vassaux directs et de rapports privilégiés avec certains évêchés, monastères et églises ; mais, comme ces ressources sont surtout concentrées dans certaines régions où le roi exerce un pouvoir direct, il est concrètement, sinon juridiquement, permis d'évaluer le domaine en termes territoriaux. Le domaine, essentiellement composé en 987 des biens patrimoniaux des Robertiens, ancêtres d'Hugues Capet, comprenait, autour du grand axe Paris-Orléans, de la Seine à la Loire, voies économiques de premier ordre, des terres fertiles qui connurent un défrichement énergiquement mené et une forte poussée démographique. Les principales acquisitions de la période il y eut aussi des pertes : mouvance du Vendômois, comté de Dreux furent Sens, Bourges, le Vexin français, le Gâtinais, la mouvance du Forez. Mais, outre les défrichements et l'équipement rural, les rois créèrent des villeneuves et favorisèrent la puissance économique des villes de leur royaume – foires et marchés –, notamment à Paris. Louis VI crée sur la rive droite le marché neuf des Champeaux, noyau du quartier des Halles. Sur ces domaines, les Capétiens installent au XIe siècle des agents domaniaux, les prévôts, chargés de percevoir droits et redevances.
Face aux grands féodaux, le roi sut user non seulement de ses droits de seigneur sur ses vassaux directs, mais il se refusa à prêter l'hommage pour les fiefs qui faisaient de lui un vassal par exemple, vassalité de l'abbaye de Saint-Denis pour le Vexin et, au cours du XIIe siècle, chercha à imposer en théorie et en pratique la suzeraineté royale à tous les seigneurs du royaume. Dans ce domaine, les Capétiens – notamment Louis VI le Gros – réduisirent les châtelains brigands Hugues de Puiset, Bouchard de Montmorency, Thomas de Marle, occupèrent ou détruisirent leurs donjons Montlhéry, 1104 ; Le Puiset, 1112 ; Coucy, 1130, et assurèrent la tranquillité et la prospérité des églises, des paysans et des marchands. Les premiers Capétiens favorisèrent aussi en général l'essor urbain et le mouvement communal, qu'il s'agisse de communes rurales coutumes de Lorris octroyées par Louis VI ou de véritables villes Louis VII aurait tenté de faire reconnaître l'appartenance de toutes les villes communales du royaume au domaine royal.
Si Robert le Pieux alla tenir une cour à Toulouse, les liens du Midi avec les Capétiens se distendirent pourtant encore dans la seconde moitié du XIe siècle. Louis VII ne se contenta pas d'intervenir en Auvergne et de séjourner en Languedoc. En épousant, en 1137, Aliénor, fille et héritière de Guillaume X d'Aquitaine, il parut étendre le domaine royal et la puissance capétienne vers le sud d'une façon décisive ; mais, en 1152, il divorça et Aliénor se remaria avec Henri Plantagenêt. Pis encore, Henri Plantagenêt devint en 1154 roi d'Angleterre et la menace qui pesait sur la monarchie capétienne depuis qu'en 1066 le duc de Normandie était devenu roi d'Angleterre et que le Capétien avait ainsi en Normandie un vassal, roi aussi et plus puissant que lui, devint plus précise et plus grave. L'empire Plantagenêt, outre l'Angleterre, comprenait en France la Normandie, l'Anjou, l'Aquitaine, presque tout l'Ouest, en dehors de la Bretagne, pratiquement indépendante. À l'est, face à l'empereur, les Capétiens avaient remporté un succès de prestige en 1124. L'empereur Henri V menaçant de détruire Reims, Louis VI appela à l' ost royal, en tant que suzerain, des contingents de tous les seigneurs ecclésiastiques et laïques, n'essuya aucun refus et Henri V, intimidé, n'insista pas. Cet épisode fut, dès l'époque, considéré comme une manifestation d'unité nationale autour du roi capétien.

Un caractère sacré

C'est surtout dans le domaine religieux que les Capétiens connurent de grands succès de prestige. Déjà Hugues Capet avait dû beaucoup à l'Église : à l'évêque Adalbéron de Reims son intervention décisive à Compiègne, aux abbayes royales un soutien efficace. Les abbayes de Fleury Saint-Benoît-sur-Loire, puis de Saint-Denis jouèrent un rôle décisif dans l'établissement d'une historiographie capétienne – où une généalogie imaginaire rattachait d'ailleurs Hugues Capet à Charlemagne, source de tout prestige monarchique – et d'une mystique monarchique. En même temps, l'idée d'une division de la société en trois catégories : clercs, chevaliers, travailleurs, faisait du roi capétien le guide nécessaire de cette troïka poème au roi Robert le Pieux de l'évêque Adalbéron de Laon. Des clercs furent les conseillers efficaces des rois qui, en retour, comblaient de dons et de privilèges églises et abbayes. Le plus célèbre de ces ministres fut Suger, abbé de Saint-Denis, conseiller de Louis VI et de Louis VII, régent pendant la IIe croisade mort en 1151. Louis VII dut un grand prestige à sa participation, avec l'empereur, à cette IIe croisade 1147-1149 et à son pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle 1154. Les rois capétiens acquirent, sur deux plans en particulier, une auréole sacrée. Malgré certains épisodes de leur vie privée, plusieurs d'entre eux, aidés par les écrivains ecclésiastiques, firent figure de dévots, sinon de saints : à Robert le Pieux, le moine Helgaud de Fleury consacre une véritable hagiographie ; Suger décrit la mort de Louis VI comme celle d'un saint ; Aliénor reproche à Louis VII de vivre comme un moine. Et surtout, le roi capétien prend un caractère sacré à cause du sacre et de son pouvoir miraculeux. Lors de la cérémonie qui se déroule à Reims au cours du XIe siècle, le Capétien est oint du chrême qui tend à l'assimiler à un évêque et lui confère une auréole d'autant plus grande que, selon la légende, le chrême aurait été apporté à saint Remi par une colombe pour le baptême de Clovis. Enfin, dès Robert le Pieux, le roi avait la réputation de guérir certains malades en les touchant et, sous Philippe Ier, la croyance s'instaura qu'il guérissait par simple toucher les écrouelles ou scrofules adénite tuberculeuse.

Les grands Capétiens et l'unité territoriale 1180-1314

De Philippe II Auguste 1180-1223 à Philippe IV le Bel 1285-1314, cinq souverains d'envergure, dont trois ont un règne d'une longueur et d'une importance exceptionnelles Philippe Auguste, Louis IX et Philippe le Bel, règnent sur un pays qui devient le plus prospère, le plus puissant et le plus prestigieux de la chrétienté. Les Capétiens recouvrent la plus grande partie des domaines passés sous domination anglaise, étendent l'influence de la monarchie aux régions touchées par le commerce maritime, en Méditerranée, dans l'Atlantique et la Manche, en mer du Nord. Ils rattachent solidement au royaume et au domaine royal le midi de la France et renforcent la « centralisation » monarchique. Mais, dès la fin du règne de Saint Louis 1226-1270, apparaissent des difficultés liées aux transformations de l'économie, en particulier au développement du secteur monétaire et à la crise des revenus seigneuriaux ainsi qu'aux luttes sociales dans les villes.

L'essor économique

Au début du XIVe siècle, le roi de France est réputé le plus puissant de la chrétienté parce que la population de son royaume est la plus nombreuse vingt millions environ contre quatorze à l'Allemagne, quatre à l'Angleterre. Le développement des échanges extérieurs et intérieurs a entraîné, à peu près au même moment qu'à Gênes, Florence et Venise et avant les autres États européens, la reprise de la frappe de l'or écu de Saint Louis, 1263 et l'émission de gros d'argent. Les défrichements ont continué en beaucoup de régions et les rendements se sont élevés, notamment sur certains domaines bien gérés aux terres fertiles, en Artois notamment. Deux produits ont pris au XIIIe siècle une grande importance dans les exportations françaises : le vin et le sel. Les revenus du roi de France lui permettent de mener une politique d'achat de fidélités, surtout de part et d'autre des frontières du royaume, dans le Nord-Est et l'Est, en bordure de l'Empire, en distribuant des fiefs de bourse ou fiefs-rentes. Paris devient, grâce à la présence habituelle du roi capétien et de ses services, une capitale prospère et forte Halles et murailles de Philippe Auguste, réglementation des corporations sous Saint Louis conservée dans le Livre des métiers du prévôt Étienne Boileau, peuplée 200 000 habitants au début du XIVe siècle, de loin la plus populeuse de la chrétienté, rayonnant par son Université statuts de 1215 et de 1231 – on dit que l'Italie a le pape, l'Allemagne l'empereur, la France l'Université, son art Notre-Dame de Paris, Sainte-Chapelle, ateliers de miniatures et d'ivoires. Louis IX fournit à la chrétienté le modèle vivant du roi chrétien, et sa canonisation en 1297 rehausse le prestige de la dynastie capétienne et du royaume de France.

Le roi, empereur en son royaume

Dès 1190, la chancellerie royale emploie parfois à la place de rex Francorum, « roi des Francs », le titre de rex Francie, « roi de France », attestant l'unification du royaume. L'expression devient usuelle en 1204 et le terme de regnum Francie, royaume de France, apparaît en 1205. Le terme de couronne, de plus en plus usité, reflète la croyance en une idée et une réalité monarchique transcendant la personne du roi. Celui-ci devient « empereur en son royaume », ce que le pape Innocent III reconnaît de facto dans la lettre Per venerabilem (1202). À la fin de la période, une violente querelle entre Philippe IV le Bel et le pape Boniface VIII se termina par l'affirmation de l'entière souveraineté du Capétien au temporel : il récusait aussi bien l'ingérence du pape au nom des « deux glaives » que celle de l'empereur. À cette époque, les conseillers du roi, formés dans les facultés de droit (à Orléans, Toulouse ou Montpellier, car Paris n'avait pas de faculté de droit civil) et nommés pour cette raison les « légistes », mirent au point la théorie du roi non seulement « empereur en son royaume », mais aussi supérieur aux lois, rex solutus legibus.

L'extension du domaine royal

Cependant, les grands Capétiens avaient soutenu contre les rois d'Angleterre des luttes où ils remportèrent des succès décisifs qui accrurent considérablement le domaine royal malgré l'amputation répétée de certains grands fiefs donnés en apanage à des frères ou à des fils de roi. Entre 1203 et 1205, le roi d'Angleterre Jean sans Terre ayant été condamné par la cour de France à la perte de ses domaines français pour félonie 1202, Philippe Auguste conquit la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le nord du Poitou et de la Saintonge. En 1214, la victoire remportée à Bouvines par Philippe Auguste sur l'empereur et le comte de Flandre alliés à l'Angleterre fit du Capétien le plus puissant seigneur de son royaume et d'Europe. En 1224, Louis VIII soumit l'ensemble du Poitou et de la Saintonge et prit La Rochelle, grand port du vin, au roi d'Angleterre qui ne conservait que la Guyenne avec Bordeaux. Saint Louis, après avoir repoussé une attaque d'Henri III, fit renoncer le roi d'Angleterre à ses droits sur les territoires perdus et lui fit prêter hommage pour la Guyenne et divers domaines dans le Sud-Ouest traité de Paris, 1258.
Les Capétiens mirent aussi la main, outre diverses acquisitions secondaires, sur le comté de Mâcon, sur la Champagne et la Brie dont l'annexion définitive au domaine royal ne se fit qu'en 1361, et Philippe le Bel fit entrer dans la mouvance française une partie du Barrois, la châtellenie de Tournai et Lyon.
Surtout, les Capétiens firent au XIIIe siècle des progrès décisifs dans le Midi à la faveur de la croisade contre les Albigeois. L'intervention de Louis VIII puis de Saint Louis, sous la régence de Blanche de Castille, valut au Capétien, au traité de Paris 1229, le Bas-Languedoc futures sénéchaussées de Beaucaire-Nîmes et de Carcassonne-Béziers et l'expectative du reste des domaines du comte de Toulouse Toulousain, Albigeois, Rouergue, Quercy et Agenais pour son frère, Alphonse de Poitiers, et sa femme, Jeanne de Toulouse. L'influence capétienne, forte à travers Alphonse à partir de 1249, se transforma en possession à la mort d'Alphonse et de Jeanne en 1270. Inaugurée par Simon de Montfort au début du siècle, la pénétration française par les coutumes du Nord, le droit romain et les lents progrès de la langue d'oïl se développa avec les fonctionnaires capétiens. La solution des problèmes territoriaux dans le Midi fut complétée par le traité de 1258 avec le roi d'Aragon renoncement du Capétien au Roussillon et à la Catalogne, de l'Aragonais au Languedoc, l'entrée de Montpellier dans la mouvance française 1293 et l'acquisition du comté de Bigorre en 1293. Mais la Navarre ne fut que provisoirement réunie à la Couronne 1314-1316.
Ainsi les Capétiens s'installaient solidement sur les façades maritimes où renaissait le commerce international, en Méditerranée où était fondée Aigues-Mortes, dans l'Atlantique d'où les « rôles d'Oléron » définissant à la fin du XIIe siècle le droit maritime pour les bateaux transporteurs de sel se diffusèrent en Flandre, en Angleterre et dans la Baltique, dans la Manche où la conquête de la Normandie fut complétée par l'acquisition du port de Honfleur 1281, dans la mer du Nord enfin où les « affaires de Flandre » prirent une importance capitale sous Philippe le Bel qui y connut des fortunes diverses.

La centralisation monarchique

Une fois leur domaine dilaté et leur royaume affermi, les grands Capétiens consolidèrent leur pouvoir grâce au développement d'une administration centralisée. Dans le domaine apparaissent sous Philippe Auguste des fonctionnaires royaux, représentants du roi et de ses prérogatives, les baillis, qui se stabilisèrent au cours du XIIIe siècle dans des circonscriptions territoriales ou bailliages (dans certaines provinces, ces officiers et leur ressort gardèrent, dans leurs fonctions nouvelles, le vieux terme de sénéchal et de sénéchaussée). Des « enquêteurs royaux » allèrent, à partir de Saint Louis, contrôler l'action des fonctionnaires royaux, réparer les torts éventuels des monarques et rétablir les droits que baillis et sénéchaux avaient pu laisser usurper ou bafouer. La domesticité du roi se développa et constitua un « hôtel » qu'une série d'ordonnances organisèrent à partir de 1261. Sur le plan financier, Philippe le Bel retira en 1295 son Trésor du Temple et le confia à une Chambre ou Cour des comptes. Sous Saint Louis, l'appel à la justice royale personnelle (image du roi rendant la justice sous un chêne à Vincennes) ou institutionnelle se développa au point que la Cour du roi fut débordée. Aussi une juridiction spéciale, le Parlement, s'instaura peu à peu ; elle était pratiquement constituée à la fin du règne de Philippe le Bel. Mais en 1307, le règlement qui l'organisa reçut encore le nom d'« ordonnance des parlements » au pluriel.

Vers 1280, le bailli Philippe de Beaumanoir, rédacteur et commentateur des Coutumes de Beauvaisis, déclare que le roi, ministre de Dieu pour le bien et souverain par-dessus tous, peut faire tous établissements pour le commun profit ». Mais il doit les faire à une triple condition : 1. par grand conseil après consultation de son entourage et des grands ; 2. pour le profit commun ; 3. conformément aux lois divines et humaines. Ainsi s'établissait une nouvelle image du roi et du pouvoir royal, alliant la tradition féodale, les nouvelles théories des canonistes et des légistes, l'idéal religieux transformé qui, sous l'influence notamment des ordres mendiants (Dominicains et Franciscains auxquels Saint Louis était très favorable, insistait sur la pratique des vertus et des œuvres plus que sur le respect des rites. En même temps, la royauté devenait aussi nationale par la langue. En 1274, les Grandes Chroniques de France, à la gloire de la dynastie capétienne, rédigées en latin à Saint-Denis, furent traduites en français par le moine Primat. Enfin Philippe le Bel innova dans les rapports de la monarchie avec la nation en convoquant des assemblées de barons, prélats et représentants des villes pour en recevoir des avis en 1302, 1303, 1308 et, limitées semble-t-il à des délégués de certaines villes, en 1309 et 1314. Mais ces assemblées issues de la tradition féodale du « conseil » n'avaient aucun droit à contrôler la royauté, elles n'avaient rien de parlementaire au sens moderne du terme. Elles étaient appelées simplement à donner des avis ou même à accepter des demandes royales et à entériner des décisions du monarque. Il reste que cet embryon de représentation nationale – des historiens y ont vu les premiers états généraux – était né à l'occasion de difficultés rencontrées par la monarchie : en 1302 et 1303 à propos du conflit avec la papauté, en 1308 au sujet de l'affaire des Templiers et des problèmes monétaires, en 1314 sur la question des monnaies et la levée d'un subside pour la guerre.

Difficultés économiques et monétaires

Dès la fin du XIIIe siècle, l'écroulement des voûtes de la nef de la cathédrale de Beauvais élevées à 64 mètres fut le symbole d'une limite technique atteinte. L'essor économique de la France capétienne s'était essoufflé. Les défrichements s'étaient ici et là arrêtés et les essarts avaient même parfois reculé. La moyenne et petite noblesse avait éprouvé des difficultés croissantes qui avaient frappé châtelains puis simples chevaliers, parfois, comme en Mâconnais, dès la première moitié du XIIIe siècle. Ceux-ci, de plus en plus endettés, accensaient des parties de plus en plus étendues de la réserve domaniale pour lesquelles ils recevaient des cens en argent – qui lui-même se dépréciait – et s'appauvrissaient sans cesse. Les tenures paysannes de leur côté se fractionnaient et se rétrécissaient continuellement. Le fossé, dans les villes, s'élargissait entre riches et pauvres. Grèves et conflits du travail éclatèrent, surtout dans les villes drapantes, à Douai dès 1245, à Paris en 1270, 1277 et 1279, puis à partir de 1280 à Ypres, Bruges, Douai, Tournai, Provins, Rouen, Caen, Orléans, Reims, Béziers, Toulouse. Les difficultés de l'économie se manifestèrent aussi dans le domaine monétaire : l'insuffisance des signes monétaires, les intrigues des marchands italiens qui étaient les principaux conseillers du roi en la matière, le désir de la monarchie de se procurer des ressources en manipulant les monnaies conduisirent à des mutations monétaires qui furent en général l'équivalent de nos dévaluations.
Une réévaluation en 1306 provoqua une émeute des ouvriers et artisans parisiens qui fut durement réprimée : Philippe le Bel fit pendre les meneurs et supprima les corporations. En 1314, la monarchie était devenue très impopulaire et le royaume était au bord de la révolte.

La mise en place d'un État moderne 1314-1498

Plus que du changement de branche dynastique en 1328, c'est de la mort de Philippe le Bel que datent aussi bien les signes manifestes de crise de la monarchie que les efforts d'adaptation du gouvernement royal à la gestion d'un État moderne. Alimenter régulièrement les finances par la levée d'impôts permanents, organiser le gouvernement et l'administration notamment, en matière de justice, par la consolidation du Parlement, défendre le royaume grâce à une armée régulière, associer l'élite sociale du pays à l'action de la Couronne, surtout en période de difficultés, tel fut le programme de plus en plus conscient et systématique des rois capétiens et de leurs conseillers.
Mais ils se heurtèrent à une triple série de difficultés. La crise économique du XIVe siècle et les conséquences de la Grande Peste affaiblirent le potentiel matériel et démographique du royaume. Les luttes sociales réaction seigneuriale, jacquerie, émeutes urbaines entravèrent l'établissement de l'absolutisme royal. La guerre réveillée avec l'Angleterre prit la forme d'un duel engageant l'existence de la dynastie et l'indépendance de la couronne de France.
Ce n'est que dans la seconde moitié du XVe siècle que la dynastie put surmonter ces épreuves : liquider à son profit la guerre de Cent Ans, vaincre les dernières résistances intérieures, favoriser la reprise économique et démographique et même, en se lançant dans l'aventure des guerres d'Italie, pénétrer du même coup dans le monde de la Renaissance.

L'action de la monarchie

Le premier problème qui se pose de façon urgente aux Capétiens après 1314, c'est celui de trouver de l'argent pour subvenir à un train royal de plus en plus fastueux, pour rémunérer fonctionnaires et soldats, de plus en plus nombreux. Entre 1332 et 1344, les recettes royales augmentent de 158 000 livres et les dépenses de 440 000 livres. Pour faire face à cet accroissement, pour financer la guerre, les Capétiens du bas Moyen Âge cherchent à remplacer l'impôt féodal extraordinaire par un impôt permanent. C'est ce que Philippe V cherche à obtenir dès 1321 d'une assemblée de barons, prélats et représentants des villes. Ces efforts se heurtèrent à la résistance opiniâtre des trois ordres de la société et de leurs représentants aux assemblées. De nombreux essais échouèrent entre 1315 et 1356, par exemple celui de la gabelle sur le sel, instituée en 1341, abolie à la demande des états de Paris (pour la langue d'oïl et de Toulouse pour la langue d'oc en 1346. Cependant, la Chambre des comptes était organisée par l'ordonnance de Vivier-en-Brie 1320. La guerre de Cent Ans fournit à la royauté l'occasion décisive d'établir l'impôt. Ce fut fait entre 1356 et 1370 : impôts directs le fouage et la taille et indirects les aides, parmi lesquelles la gabelle sur le sel reprise en 1355-1356, définitive à partir de 1383.
Ce processus ne s'accomplit cependant pas sans difficultés ni sans abandons, même de la part de la monarchie. Charles V abolit sur son lit de mort 16 sept. 1380 tous les fouages, qui ne furent rétablis qu'en 1388. En 1417, Jean sans Peur supprima également les aides dans les pays de langue d'oïl, à l'exception de ses domaines ; Charles VII les rétablit en 1436. La levée de ces impôts entraîna la création de nouveaux fonctionnaires et de nouvelles institutions : les élus chargés de lever les aides, les greniers à sel pour la gabelle 89 entre 1355 et 1422, 139 sous Charles VII, les généraux chargés d'organiser les aides et de surveiller les élus 4 à la fin du règne de Charles VII, à Tours, Montpellier, Paris et Rouen, la Chambre ou Cour des aides organisée à la fin du XIVe siècle.
Le Parlement, d'où les clercs furent exclus en 1319, fut définitivement organisé par l'ordonnance du 11 mars 1345 avec ses trois Chambres : Grand-Chambre ou Chambre des plaids, Chambre des enquêtes et Chambre des requêtes. Parallèlement à la justice, les rois organisent la police de Paris, confiée au prévôt qui siégeait au Châtelet, prison et cour de justice criminelle qui, au cours du XVe siècle, étendit largement son action hors de Paris.
Le Parlement, ainsi que les justices du Châtelet et des bailliages et sénéchaussées, engendra toute une société nouvelle de gens de loi dépendant de la monarchie : parlementaires de plus en plus laïques et roturiers, mais constituant bientôt de puissantes familles, procureurs se formant en confrérie de Saint-Nicolas et Sainte-Catherine en 1342, avocats organisés en corporation en 1340-1345, greffiers confrérie en 1351, notaires confrérie en 1351, huissiers, sergents, clercs de la basoche.
Dans le domaine militaire, l'engagement de plus en plus important de combattants soudoyés amènera l'apparition, vers la fin du règne de Philippe VI, de véritables entrepreneurs militaires se faisant appeler capitaines semblables aux condottieri italiens qui offraient aux princes les services de leur route ou compagnie. Bientôt apparut le danger de certaines de ces bandes, les Grandes Compagnies. Charles V tenta d'organiser les routiers par des ordonnances de 1373 et 1374, mais celles-ci restèrent lettre morte. Il fallut attendre 1445 pour que des progrès décisifs soient réalisés dans ce domaine.
Aux XIVe et XVe siècles, les rois de France multiplièrent la convocation d'assemblées, sur le modèle de celles qu'avait réunies Philippe le Bel. Mais, plus que l'aide qu'ils en attendaient, ces assemblées leur causèrent des difficultés, soit en repoussant leurs demandes, soit en cherchant à contrôler l'administration royale. Il est vrai que les souverains et une partie de leur entourage n'étaient pas disposés à accepter une sorte de monarchie constitutionnelle et que, s'ils s'éloignèrent de formes monarchiques proprement féodales, ce fut pour affirmer leur supériorité à partir de la théorie des droits régaliens d'une part, du caractère sacré de la Couronne de l'autre.
En matière régalienne, les souverains affirmèrent et firent respecter leur monopole de frappe de la monnaie, de contrôle des poids et mesures, de levée de l'impôt. Dans le domaine du sentiment, ils développèrent un faste et un rituel monarchiques destinés à impressionner Cour, cérémonies publiques : baptêmes, mariages, funérailles, entrées solennelles dans les villes ; ils tendirent à faire de la famille royale tout entière une sorte de famille sacrée, celle des princes du sang. Charles V donna une impulsion décisive à cette évolution en favorisant d'une part les écrits de conseillers traitant de la monarchie sacrée l'auteur anonyme du Songe du verger ; Jean Golein, avec sa traduction en 1372 du Rational des divins offices de Guillaume Durand où il inséra un Traité du sacre, d'autre part en faisant traduire les principaux traducteurs sont ses conseillers Nicolas Oresme et Raoul de Presles des œuvres de l'Antiquité païenne et chrétienne saint Augustin et surtout Aristote où puiser une théorie et une pratique de la monarchie rationnelle et de droit divin. C'est alors que se charge d'un sens spécial l'expression de roi très chrétien dont l'exclusivité est réclamée pour le roi de France. Il faut replacer dans ce climat l'importance exceptionnelle du sacre de Charles VII à Reims pour le succès de la cause de Jeanne d'Arc et du roi de Bourges. Enfin, le sentiment monarchique fut renforcé par la création de l'ordre chevaleresque de l' Étoile par Jean le Bon en 1351.

Les obstacles

Mais l'action monarchique se heurta d'abord à la crise économique et à la mortalité effroyable de la Grande Peste. Une famine générale consécutive à des intempéries reparut en 1315-1317. Les revenus seigneuriaux s'amenuisèrent. Le commerce de luxe traditionnel étoffes de prix recula devant la production et l'exportation de produits de prix et qualité moindres. La Peste noire, à partir de 1348, fit périr un tiers de la population du royaume. Les souverains en mal d'argent aggravèrent ces difficultés par de nouvelles dévaluations monétaires. De 1336 à 1355, les mutations reprirent dans de grandes proportions, surtout pendant la période 1337-1343 ; mais ces mesures, défavorables pour les rentiers, c'est-à-dire les seigneurs, aidaient débiteurs et locataires. Inversement, la stabilisation de la monnaie, sous Charles V, à partir de 1360, consacra les privilèges des possédants et le mécontentement des salariés s'accrut d'autant plus que, dès 1350, le roi Jean le Bon avait freiné par ordonnance royale la hausse des salaires consécutive aux ravages de la Peste noire. Les mutations, sous la pression des besoins militaires, reprirent à la fin du règne de Charles VI et au début de celui de Charles VII.

Les mécontentements divers et contradictoires amenèrent des réactions qui se tournèrent souvent contre la monarchie et ses prétentions fiscales et administratives. En 1315 éclata le soulèvement qui couvait sous Philippe le Bel et qui prit souvent un aspect régional derrière lequel se camouflaient les intérêts des privilégiés seigneuriaux, mais également toutes sortes de revendications. Louis X 1314-1316 dut concéder des chartes à presque toutes les provinces. Cependant, ces concessions étaient disparates, souvent de pure forme, et elles avaient été arrachées en ordre dispersé, sans que la masse se fût émue. Si elles retardèrent les progrès de l'autorité monarchique, elles ne l'empêchèrent pas.
En 1355, des états généraux consentirent à Jean le Bon la levée d'un impôt, mais lui imposèrent un strict contrôle de son emploi. Réunis à nouveau à Paris en octobre 1356 (il s'agit toujours des états de langue d'oïl, ceux de langue d'oc, assemblés à Toulouse, se montrant beaucoup plus dociles, après le désastre de Poitiers, ils voulurent sous la conduite de l'évêque de Laon, Robert Lecoq, et d'un riche drapier parisien, Étienne Marcel, prévôt des marchands, imposer au régent Charles de Normandie un véritable régime de monarchie constitutionnelle : une commission de réforme de quatre-vingts membres, des représentants en province pour contrôler les fonctionnaires royaux, un conseil de vingt-huit délégués quatre prélats, douze chevaliers et douze bourgeois, lesquels conseillers auraient la puissance de tout faire et ordonner dans le royaume comme le roi. Pendant deux ans, les états et plus particulièrement le conseil, dominé par les partisans d'Étienne Marcel, gouvernèrent pratiquement la France du Nord. Nobles et prélats se rapprochèrent peu à peu du régent qui louvoyait. Les états de février 1358 limitèrent encore le pouvoir royal ; une émeute populaire se déchaîna, massacra les conseillers du régent en sa présence et Charles dut admettre au conseil Étienne Marcel et ses partisans. Mais, fin avril, il s'enfuit de Paris et organisa la reprise du pouvoir, tandis qu'Étienne Marcel, paraissant malgré lui compromis avec le bas peuple, les paysans révoltés, les Jacques, et même avec le roi de Navarre, Charles le Mauvais, qui intriguait avec les Anglais, perdait l'appui de la bourgeoisie parisienne. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, Étienne Marcel était assassiné. La révolution parisienne était finie et la France avait perdu sa meilleure occasion d'instaurer une monarchie constitutionnelle. Le régent, bientôt roi, reprit habilement celles des mesures de 1356-1358 qui pouvaient servir à la monarchie ; mais il s'agissait de réformes octroyées et, si le pays pouvait conseiller, il lui était interdit de contrôler.

Au début du règne de Charles VI, une série d'émeutes urbaines, dont la plus spectaculaire fut celle des Maillotins à Paris 1382, révéla le malaise social qui se manifestait contre les agents du roi. Une tentative plus profonde eut lieu en 1413. Des représentants de l'Université et de la bourgeoisie présentèrent aux princes en février 1413 un programme de réformes très proches de celles prônées un demi-siècle plus tôt par Étienne Marcel. Les princes tergiversant, une violente émeute populaire dirigée par la corporation des bouchers, riches comme les grands bourgeois mais méprisés par eux et rejetés vers le peuple, imposa à la Cour une ordonnance de réforme, l'ordonnance cabochienne, du nom du chef des bouchers, Caboche, qui instaurait un contrôle efficace de l'administration royale et qui a été définie comme le plus beau programme de réformes qu'ait connu un État au Moyen Âge R. Fawtier. Elle fut abolie dès septembre 1413 par la Cour royale qui dirigea une féroce répression dans Paris. Cette attitude traditionnelle de la monarchie à l'égard du peuple parisien jeta la capitale dans les bras du duc de Bourgogne et même dans une certaine collaboration avec les Anglais. C'est de ceux-ci que vint le plus mortel péril pour la monarchie capétienne aux XIVe et XVe siècles. En 1316, le problème de la succession royale se pose pour la première fois depuis 987. Louis X, à sa mort, le 5 juin 1316, ne laissait qu'une fille de quatre ans, mais la reine était enceinte. Le fils qui naquit le 15 novembre mourut quatre jours après. La couronne fut donnée par une assemblée de grands au frère de Louis X, Philippe, à qui avait été confiée la régence. En 1322, même situation à la mort de Philippe V : une fille et la reine enceinte. Même résultat ; le nouveau-né étant une fille, le troisième fils de Philippe le Bel prit la couronne. Même situation encore à la mort de Charles IV en 1328, mais il n'y avait plus de fils de Philippe le Bel et le régent à désigner avait toutes les chances, si le nouveau-né était une fille ou ne survivait pas, d'être le prochain roi. L'assemblée de grands et de notables, qui avait à choisir entre le roi d'Angleterre, Édouard III, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère, Philippe, comte de Valois, petit-fils de Philippe III par son père, et Philippe, comte d'Évreux, petit-fils également de Philippe III et mari de la fille de Louis X le Hutin, n'hésita guère. Les décisions de 1316 et de 1322 avaient déjà écarté les femmes du trône et, par conséquent, de la transmission du droit de succession la loi dite salique ne fut invoquée par des juristes qu'à l'époque moderne ; ce qui semble avoir été déterminant, c'est que l'action du sacre était une sorte d'ordination et que l'Église n'ordonnait pas des femmes. En ce qui concernait Édouard III, sa jeunesse et surtout le fait qu'il était étranger contribuèrent à sa disqualification. Philippe de Valois devint Philippe VI.
Tout sembla alors réglé. Édouard III prêta hommage à Philippe VI pour la Guyenne en 1329. Mais, lorsque le conflit pour la possession de la Guyenne entraîna en 1337 une rupture qui était le commencement de la guerre de Cent Ans, Édouard revendiqua publiquement, le 7 octobre 1337 à Westminster, la couronne de France. Pourtant, si les désastres de la guerre de Cent Ans mutilèrent pratiquement la France d'un tiers environ de son territoire au traité de Brétigny 1360, il n'y eut pas de véritable menace dynastique anglaise, même quand, après Poitiers (1356), Jean le Bon fut prisonnier d'Édouard III à Londres. En revanche, après Azincourt 1415, le traité de Troyes 1420 faisait du roi d'Angleterre Henri V le successeur de Charles VI et, à sa mort, les deux couronnes devaient rester unies à jamais sous lui et ses successeurs. Mais le dauphin Charles n'accepta pas son déshéritement. Ses partisans (Jean de Terre-Rouge dans le Traité de la succession à la Couronne et les Droits du Dauphin) invoquèrent la nullité juridique des clauses dynastiques du traité de Troyes, une succession au trône ne pouvant être assimilée à une succession privée comme l'avait déjà dit le Songe du verger. La résistance du «roi de Bourges , les succès de Jeanne d'Arc, le sacre de Reims 1429, les victoires des armées de Charles VII sur celles d'Henri VI, roi d'Angleterre et de France , rendirent définitivement couronne et royaume à la dynastie.

Les succès et leurs causes

Au milieu de terribles épreuves, la lutte contre l'étranger a apporté à la monarchie un soutien inappréciable, celui du sentiment national. La remontée démographique et économique qui s'amorçait permit alors à Charles VII et à son fils et successeur Louis XI (1461-1483) d'accélérer le retour aux progrès monarchiques.
L'unité territoriale de la France et l'agrandissement du domaine royal s'accomplirent d'abord par la récupération de toutes les possessions anglaises, y compris la Guyenne, perdue depuis le milieu du XIIe siècle, et excepté Calais. Cette récupération fut effective en 1453. Ces apports au domaine furent complétés par les annexions du XIVe siècle le Dauphiné et Montpellier sous Philippe VI et les acquisitions de Louis XI : la Cerdagne et le Roussillon conquis en 1463, rendus par Charles VIII en 1482, le duché de Bourgogne et la Picardie, après la mort de Charles le Téméraire 1477, l' Anjou, le Barrois et la Provence par héritage de Charles du Maine 1481. Charles VIII épousait enfin en 1491 Anne, héritière du duché de Bretagne. La monarchie française avait repris l'Ouest et débordé, à l'est et surtout au sud-est, jusqu'aux Alpes et à la Méditerranée.
L'autorité monarchique fut restaurée et renforcée. Charles VII créa enfin une armée permanente par une série d'ordonnances de 1445 à 1448 qui réorganisèrent le service des nobles, réglementèrent le service des communes, créèrent des unités de cavaliers compagnies d'ordonnances et de fantassins francs-archers et arbalétriers. Louis XI recruta surtout son infanterie parmi des mercenaires étrangers : les Suisses.
Depuis longtemps, sous Philippe le Bel en tout cas et davantage encore à l'époque du Grand Schisme 1378-1417, une partie du haut clergé français avait pris ses distances vis-à-vis de la papauté. La Pragmatique Sanction de Bourges 1438 sembla sanctionner ce gallicanisme en faisant désigner les évêques et abbés par élection et en limitant considérablement les droits du Saint-Siège en matière de bénéfice, d'appel et de taxes. Mais, plus que l'existence d'une Église nationale, ce qui intéressait le roi, c'était la nomination des évêques, et Louis XI pensa qu'il était plus commode de s'entendre à ce sujet avec le pape. Malgré les vives protestations du Parlement, il abolit la Pragmatique Sanction dès 1461 ; mais un concordat entre la royauté et la papauté ne fut signé qu'en 1516.
Les souverains surent enfin utiliser les états généraux au profit de leur politique. Charles VII obtint d'eux les subsides nécessaires pour achever la guerre de Cent Ans. Louis XI ne les réunit qu'une fois, en 1468, pour se faire relever de la promesse de constituer la Normandie en apanage pour son frère Charles. Au début du règne de Charles VIII, les régents convoquèrent les états généraux en 1484. Pour la première fois nationaux toutes les provinces étaient représentées, pays d'oc comme pays d'oïl), illustrés par l'éloquence et le sérieux des délégués du tiers état, ils cherchèrent de nouveau à imposer leur contrôle à la monarchie. Mais l'égoïsme de la noblesse et du clergé, l'hostilité sournoise de la Cour en firent une manifestation qui n'eut d'autre lendemain que la crainte qu'elle laissa au pouvoir monarchique et aux privilégiés.
Charles VIII meurt sans héritier en 1498, à la fin du Moyen Âge. Il laisse la couronne à une autre branche capétienne, celle des Valois-Orléans représentée par son cousin Louis d'Orléans. La dynastie capétienne a alors solidement affermi son pouvoir en France, mais en laissant une assez large autonomie aux parlements provinciaux qui combinent loyalisme monarchique et particularisme. Les distances, la difficulté de maîtriser l'espace demeurent la principale limitation au pouvoir royal.
Si l'on ne croit plus que la valeur individuelle des rois (la plupart d'entre eux n'ont été ni des guerriers valeureux, ni des politiques intelligents, mais des hommes faibles et parfois malades) ait bâti la monarchie et fait la France, les causes qui ont assuré le triomphe de l'idée monarchique restent mal élucidées. La tradition jacobine leur a conservé le mérite de l'unité nationale (territoriale, centralisatrice, sentimentale)
Les rapports de la Couronne avec les féodaux, l'Église, la bourgeoisie montante, le peuple étaient ambigus et demeurent obscurs. S'il faut accorder à l'entourage royal – qui a socialement et intellectuellement changé, des grands officiers du XIe siècle aux juges, aux légistes, aux conseillers bourgeois – une grande importance dans l'œuvre capétienne, il n'est pas sûr qu'ils aient eu d'une politique systématique une conception beaucoup plus claire que celle des souverains (attitudes à l'égard des apanages, des monnaies, de l'Église). Si les Capétiens ont joué et bénéficié du sentiment national, ils n'ont pas eu, et ils l'ont montré face aux assemblées et aux états généraux, la volonté d'associer vraiment une représentation nationale à leur pouvoir. S'ils ont eu le sens de la supériorité de la Couronne sur leur personne, ils n'ont pas eu celui d'une responsabilité envers la nation, mais envers Dieu, se réservant jalousement à partir du XIVe siècle l'expression : par la grâce de Dieu.

Lien
http://youtu.be/kc3StB2Mafk Robert II le pieux



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Posté le : 19/07/2014 13:28

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Assassinat de J.P. Marat
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Le 13 juillet 1793, à 50 ans, est assassiné Jean-Paul Marat,

né à Boudry dans la principauté de Neuchâtel le 24 mai 1743, médecin, physicien, journaliste et homme politique français et prussien. Il fut député montagnard à la Convention à l’époque de la Révolution. Son assassinat par Charlotte Corday permit aux Hébertistes d'en faire un martyr de la Révolution et d'installer pendant quelques mois ses restes au Panthéon. Il fut député de la Seine, du 9 Septembre 1792 jusqu'a sa mort, il légiféra à la convention nationale dans le groupe " Montagnards " Il est surnommé " l'ami du peuple ".

Après une jeunesse tourmentée, Marat, autodidacte, devenu médecin en Grande-Bretagne, se fit d'abord connaître par des écrits philosophiques et scientifiques qui lui valurent une certaine notoriété dans les milieux cultivés de Londres, puis de Paris. Il devait devenir, dès les débuts de la Révolution, un journaliste connu dans les milieux jacobins. Défendant dans L'Ami du peuple des solutions de plus en plus radicales, il dénonça les ennemis de la Révolution telle qu'il la concevait, préconisant des mesures énergiques inspirées par une méfiance systématique envers tous ceux qui n'adhéraient pas à ses idées. Mis en vedette par plusieurs procès, il s'attira en particulier la haine des Girondins, triompha d'eux, mais fut assassiné par une de leurs amies, Charlotte Corday.

Sa vie

Natif de Boudry, dans la principauté de Neuchâtel prussienne à l'époque, et dont le territoire correspond à celui de l'actuel canton de Neuchâtel en Suisse, il était le fils de Jean-Baptiste Marat, un capucin défroqué d'origine sarde né à Cagliari en 1704 et dessinateur en indiennes converti au calvinisme, et de la genevoise Louise Cabrol1 dont la famille calviniste était originaire du Rouergue ; la famille Mara, originaire d'Espagne, a donné plusieurs personnalités remarquables comme son frère cadet David 1756-1821 qui fut professeur de littérature française au Lycée impérial de Tsarkoïe Selo.

Le futur conventionnel quitta Neuchâtel et sa famille en 1759, après ses études au collège et devint précepteur des enfants d'un armateur bordelais. Après un séjour à Paris de 1762 à 1765 où il compléta ses études et acquit en autodidacte une formation de médecin. Il exerça comme médecin et vétérinaire. Jean-Paul Marat débuta, en 1765, comme médecin à Londres, se fixa pour un temps à Newcastle et rendit des services assez appréciés pour recevoir un diplôme de citoyen d'honneur. En même temps, il s'adonnait à l'étude des sciences, à la manière de tant de philosophes de son temps. L'étendue de ses curiosités est attestée par la variété de ses œuvres, imprimées ou demeurées manuscrites de son vivant, puisqu'on y trouve aussi bien un Essay on the Human Soul, Londres, 1772, dans lequel il se montre plus proche de Rousseau que des matérialistes de l'époque, que des essais sur des maladies des yeux. Il s'intéressait aussi aux questions politiques et publia, dès 1774, The Chains of Slavery, a Work Wherein the Clandestine and Villainous Attempts of Princes to Ruin Liberty Are Pointed out and the Dreadful Scenes of Despotism Disclosed, to Which Is Prefixed an Address to the Electors of Great Britain, in Order to Draw Their Timely Attention to the Choice of Proper Representatives in the Next Parliament.
Entre 1770 et 1772, il écrivit Les Aventures du jeune comte Potowsky, un roman épistolaire dans le goût du temps, qui demeure inédit.
En 1772, il publia anonymement An Essay on the Human Soul, puis, après son retour dans la capitale britannique, en 1773, un second écrit philosophique, A Philosophical Essay on Man, qui fut réédité en 1775. Disciple de Rousseau, il attaqua plusieurs fois Helvétius, traité d'esprit faux et superficiel, dans cet ouvrage, mais aussi Voltaire, qu'il qualifiait d'inconséquent et qui lui répondit par le persiflage dans un petit article paru dans le Journal de politique et de littérature le 5 mai 1777.
En mai 1774, Marat fit paraître à Londres les Chains of Slavery, qui s'inscrivait dans le contexte de la campagne électorale qui vit l'élection de John Wilkes comme alderman, puis Lord Maire de Londres.

Après un court séjour dans les Provinces-Unies 1774-1775 et l'obtention de son diplôme de médecin à l'Université de St Andrews en Écosse, le 30 juin 1775, il s'installa à Paris, où il publia en 1776 une édition française de son traité De l'homme. Le comte d’Artois lui octroya, le 24 juin 1777, le brevet de médecin de ses gardes du corps.
Il y mettait en garde contre ce complot des gens de la cour qu'il devait stigmatiser de nouveau après les débuts de la Révolution française. Lorsqu'il vint se fixer à Paris, en 1777, Marat ne semble en effet avoir songé qu'à confirmer sa réputation scientifique, et sa nomination au poste de médecin des gardes du corps du comte d'Artois marquait incontestablement une réussite sociale autant que professionnelle. Sa curiosité le portait également à tenter des expériences sur le feu, Recherches physiques sur le feu, 1780, sur la lumière, Découvertes sur la lumière, 1780 et sur l'électricité, Recherches sur l'électricité, 1782, ce dernier thème lui valut d'être couronné par l'Académie de RouenSa notoriété était également attestée par l'existence d'une clientèle aisée, voire aristocratique.
En 1779, Benjamin Franklin est invité par son ami Jean-Baptiste Le Roy à assister chez le marquis Maximilien de Châteauneuf de L'Aubespinen, dans son grand hôtel de la rue de Bourgogne, aux expériences de Marat, qui veut faire ses preuves aussi bien en physique qu'en médecine. En 1778, celui-ci avait présenté un mémoire sur la nature du feu, et Jean-Baptiste Le Roy qui avait été nommé membre de la commission chargée d'enquêter sur le bien-fondé des théories de Marat, avait réussi à y attirer Franklin: Ayant exposé sa tête chauve au foyer du microscope solaire, instrument inventé par Marat, nous l'aperçumes ceinte de vapeurs ondulantes qui se terminaient en pointes torses ; elles représentaient l'espèce de flamme que les peintres ont fait l'attribut du génie
Ces recherches lui valurent des critiques défavorables de l'Académie des sciences de Paris.

Tombé malade en 1782, outre ses démêlés scientifiques, il connut des revers de fortune, avant de perdre, en 1784 sa charge de médecin auprès du comte d'Artois.
Dans les années 1780, Marat continua de soigner Claire de Choiseul, marquise de l'Aubépine de Châteauneuf 1751-1794 qui le soutenait financièrement et avec laquelle il aurait eu une liaison intéressée si l'on en croit les éditeurs de Jacques-Pierre Brissot.
Quelques années aux appointements du comte d’Artois en qualité de médecin, Marat se lia, si l’on en croit le journal l’Observateur, avec le libraire Laurent qui passait pour l’âme damnée du ministre Calonne qui, à Londres, organisait la contre-révolution avec l’appui inavoué du gouvernement anglais.
Le libraire Laurent aurait été même l’éditeur véritable de la feuille de Maratn.
Un autre contemporain qui connaissait particulièrement bien Marat et sa famille, l'ex-abbé Jean-Louis Giraud-Soulavie, un républicain qui fut envoyé comme ambassadeur résident à Genève en 1793 et 1794, confirme ces informations plus tard corroborées par Barère de Vieuzac :

Marat sorti de Genève en 1782 et fanatisé à Londres où il retourna en 1790 car poursuivi par La Fayette, revint en 1791 se mettre à la tête des Cordeliers, principaux agitateurs de la populace. Ses deux collègues était Gasc, associé de d'Yvernois dans l'administration des subsides anglais, et Jannot-Lançon. C'est près de ces aventuriers que je fus envoyé par la République française et c'est contre eux que j'eus à lutter, surtout quand je leur prouvai que, sous le voile trompeur de leur démocratie, ils étaient le canal de la distribution dans Lyon16 des sommes envoyées par la cour de Londres aux chefs patriotes et aux chefs royalistes qui dévastèrent en 1793 ce point central de notre commerce.
Il fut un temps pressenti, sans succès, pour fonder une académie à Madrid par le ministre Floridablanca, en 1788. Il souffrait de graves crises inflammatoires et croyait ses jours en danger. Il rédigea même son testament en été de cette année, qu’il confia à l’horloger suisse Abraham Breguet.

Armes, blason, devise

Lorsqu'il était médecin de l'écurie et des pages du comte d'Artois, frère du roi, Marat essaya vainement de faire reconnaître sa noblesse espagnole et enregistrer un blason que l'on retrouve sur sa correspondance entre 1778 et 1789.

La Révolution Début révolutionnaire

Le 25 juillet 1789, le comité de Constitution présentait à l’Assemblée, par la voix du député Mounier, un premier projet. À ce moment précis, Marat publie, début août, une feuille in-8° de 8 pages Le Moniteur patriote, entièrement consacrée à la critique du projet de Constitution, critique nourrie, entre autres par son expérience du modèle constitutionnel anglais. Il s'adresse également en ce sens, à la fin du mois d'août, à l'Assemblée nationale dans une lettre intitulée Tableau des vices de la Constitution Anglaise, présenté en août 1789 aux États-Généraux comme une série d’écueils à éviter dans le Gouvernement qu’ils voulaient donner à la France.

Marat publiciste

Le 12 septembre 1789, Marat publiait le premier numéro du Publiciste parisien, journal politique, libre et impartial journal quotidien connu sous le titre L’Ami du peuple. Il comportait normalement 8 pages in-8°, parfois 10 ou 12, quelques fois. De septembre 1789 à septembre 1792, Marat fera ainsi paraître près de mille numéros. Sous la Constituante, il défendit la cause des citoyens passifs, des victimes du marc d'argent. Il écrivit ainsi une supplique du citoyen passif.
Il prit même position sur les questions coloniales entre mai 1791 et avril 1792. Imprégné de la pensée de Montesquieu auquel il avait rendu hommage dans un concours pré-révolutionnaire pour l'ironie de son texte De l'esclavage des Nègres en mai 1791 il défend la cause des gens de couleur libres, condamne l'amendement Rewbell du 15 mai qui reconnaît la citoyenneté à certains mais en discrimine d'autres. Il publie même le 18 mai 1791 un plan d'abolition progressive de l'esclavage des Noirs avec indemnisation des planteurs. À l'automne 1791 à l'annonce de l'insurrection d'esclaves à Saint-Domingue il radicalisera sa pensée prenant fait et cause pour les insurgés, dont il prédit le 12 décembre 1791 l'accès à l'indépendance. Juste avant son assassinat, ayant reçu une lettre d'un ami créole emprisonné après une intrigue de colons blancs, Philippe Rose-Roume, il s'apprêtait à reparler de la situation à Saint-Domingue dans une lettre à la Convention. Roume sera libéré peu après sur initiative de Chabot.
Marat fit deux voyages en Angleterre au temps de la Révolution. Le premier eut lieu dans les années 1790, et le second au printemps 1792.
Lorsqu'il revint à Paris, Marat s'était détaché du duc d'Orléans, qu'il avait vivement défendu sous l'Assemblée constituante, jusqu'en juillet 1791, pour contribuer à développer désormais le mouvement encore embryonnaire de l'exagération révolutionnaire qui débuta de façon spectaculaire avec les massacres de Septembre 1792, se poursuivit toute l'année 1793 et se termina avec la fin de la Grande Terreur.

Jean-Paul Marat et les massacres de Septembre

Après la journée du 10 août 1792, il incite à la poursuite du mouvement en prônant l’élimination des royalistes emprisonnés. À la différence de ses précédents appels au meurtre, il est cette fois suivi par une partie de la presse, notamment girondine. La publication de l’Ami du peuple cesse au 21 août, et son dernier appel au meurtre date du 19 ; il est cependant probable qu’au moins un placard anonyme du 26 août est de sa main.
À l'avant-veille du 2 septembre 1792, celui-ci fut nommé adjoint au comité de surveillance de la Commune de Paris. Dans son journal, il racontait quelque deux jours plus tôt que le peuple était en grande ébullition et que les responsables de la journée du 10 août 1792 étaient restés impunis. Il évoquait ceux et celles qui avaient assuré la défense du château des Tuileries et la protection de la famille royale. En fait, le tribunal du 17 août avait déjà commencé à fonctionner et trois serviteurs des Tuileries avaient été exécutés, en particulier Arnault de Laporte, l’intendant de la liste civile et l'écrivain Farmain du Rosoy. Les sectionnaires extrémistes trouvaient cependant que ce tribunal acquittait trop facilement, et jugeait trop lentement. À la fin août, les visites domiciliaires effectuées pour trouver des armes aboutirent à de nombreuses arrestations ; le 30 août 1792, les prisons de Paris étaient pleines.

Les révolutionnaires se rendirent alors aux prisons, et y massacrèrent, du 2 au 6 septembre, d’abord prêtres insermentés, puis gardes suisses et gardes du corps du roi, aristocrates suspectés de complot, enfin de nombreux prisonniers de droit commun, au total, il y eut environ 1500 morts. Dès le 3 septembre, il signe, et probablement rédige, la circulaire du 3 septembre imprimée sur ses presses et envoyée aux départements et municipalités de toute la France, et appelant à la généralisation des massacres.
Cette circulaire et ses écrits violents ont fortement contribué à le faire tenir pour le principal responsable des massacres, mais cette vision des choses est abandonnée par les historiens depuis les années 1930 et les ouvrages de Gottschalk et Walter.
Les commissions d'enquête parlementaire réclamées par les Girondins tardèrent à se mettre en place.
Le durcissement de la Révolution débouche aussi sur des décisions pour réglementer la spéculation. Au mois de septembre 1792 les élections de la Convention nationale qui doit succéder à la Législative ont lieu, à deux niveaux, selon les prescriptions de la Constitution de 1791.
Le 9 septembre 1792, Marat est choisi par sa section pour être député de Paris à la Convention.

Le procès de Marat

Triomphe de Marat
Marat porté en triomphe par le peuple après son acquittement par le Tribunal révolutionnaire. Gravure anonyme de 1793.

" Immortel défenseur du peuple et de ses droits,
Il terrassa les grands et renversa le trône,
Fonda l’égalité sur la chute des rois ;
De la vertu civique offrons-lui la couronne !"

Paradoxalement il se montra très légaliste sur le sort à infliger à Louis XVI. Au contraire de Robespierre, de Saint-Just, de Jeanbon Saint-André, il voulait un vrai procès qui permettrait de mettre en lumière les crimes du roi.
Il entendait aussi expurger les crimes et délits antérieurs à septembre 1791, fuite du roi à Varennes et fusillade du Champ-de-Mars dans la mesure où ils avaient été amnistiés. Seule la journée des Tuileries pouvait donc être retenue contre Louis XVI comme un crime dûment établi. Il n'en vota pas moins la mort du roi dans les 24 heures et rejeta bien sûr l'appel au peuple et le sursis.
Peu après, il prit l'offensive contre la faction dite des Hommes d’État c'est-à-dire les partisans de Brissot qu'il dénonça sans répit. Il s'en prit particulièrement à Lebrun-Tondu qu'il accusait d'entretenir des liens avec des agents de l'étranger, notamment Édouard de Wackiers sa famille et les représentants de la banque internationale. Depuis qu'il avait été élu à la présidence des Jacobins, le 5 avril 1793, une circulaire appelant à l'insurrection et au coup d'État fut publiée sous sa signature.La contre-révolution, affirmait-il, est dans la Convention nationale ... Levons-nous, oui levons-nous tous ! Mettons en état d'arrestation tous les ennemis de notre Révolution et toutes les personnes suspectes. Exterminons sans pitié tous les conspirateurs si nous ne voulons pas être exterminés nous-mêmes ... Dumouriez marche sur Paris pour rétablir la royauté ... Aux armes !
Le 12 avril, Guadet donna lecture de quelques extraits de ce manifeste et, en conclusion, demanda l’arrestation de Marat. À l'issue d'un débat houleux, la Convention vota l'arrestation de Marat, qui ne s'effectua pas grâce au soutien de ses partisans. Le lendemain, 13 avril, le décret d’accusation de Marat fut émis, à la suite d'un vote nominal, par les conventionnels à la majorité de 220 voix contre 923. Quarante-huit membres se récusèrent.
Le 23 avril, l'acte d'accusation contre Marat arriva au ministère de la justice et celui-ci se constitua prisonnier. Confronté le 24 avril à ses accusateurs et à ses défenseurs, Marat bénéficia d’un jury qui lui était acquis d'avance. Acquitté le 24 avril, Marat, couronné de lauriers, fut porté en triomphe.

Marat, comme bien des journalistes écrivant au jour le jour et surtout soucieux d'une action immédiate, soutint souvent alors, dans L'Ami du peuple, des positions aussi véhémentes que parfois contradictoires, en raison même de l'évolution de la conjoncture politique générale. Il avait en particulier signalé, à plusieurs reprises, le danger des complots des amis de la cour, et certains lui attribuent un rôle important dans la préparation psychologique de l'insurrection du 10 août, bien qu'il n'eût pris aucune part aux délibérations qui organisèrent les modalités de l'action.
Son rôle fut, en tout cas, jugé assez utile pour qu'il reçût quatre des presses prises dans les dépendances du Louvre et pût ainsi donner une plus grande diffusion à son journal ; son élection à la Convention, après qu'il eut été désigné comme adjoint au Comité de surveillance de la Commune de Paris, en fit un homme politique important. Il allait se trouver bientôt en butte aux attaques des députés plus modérés, élus principalement en province, qui devaient être par la suite connus sous le nom de Girondins et qui voyaient en Marat un des plus représentatifs des Montagnards élus de la capitale. Il était alors curieusement proche de Danton, lui-même personnage influent de la politique parisienne au moment de la chute de la monarchie.
En même temps, il exposait dans son Journal de la République française des conceptions politiques et parfois sociales par lesquelles il se distinguait assez nettement des autres députés de la gauche, en général moins soucieux de dépasser les préoccupations strictement politiques.
Défenseur d'un pouvoir révolutionnaire fort, après avoir un moment songé à une dictature, Marat avait ensuite soutenu les comités de sûreté générale et de salut public qui devaient en fin de compte, non sans rivalités ni crises internes, mener la république à la victoire.
Marat fit aussi des déclarations en faveur d'une politique terroriste contre les ennemis de la république telle qu'il la concevait, et ses prises de position lui valurent à maintes reprises des attaques véhémentes, tant de la part de ceux qui trouvaient sa politique trop extrémiste que de ceux qui le jugeaient insuffisamment énergique. Les Girondins lui reprochèrent particulièrement ses attaques contre leurs amis, et ils lui firent un procès devant le Tribunal révolutionnaire, qui se termina par un acquittement triomphal. Ses affirmations répétées, subordonnant le respect aux lois à leur conformité aux normes de la justice et aux intérêts supérieurs de la Révolution, l'attention constante qu'il témoignait au sort des travailleurs, qui sont pour lui les véritables auteurs de tous les grands mouvements révolutionnaires, ses mises en garde contre l'égoïsme des profiteurs du nouveau régime contribuaient également à lui forger une réputation d'extrémiste. Il joignait à une incontestable vigilance, qui tournait parfois à la manie de la persécution, un certain optimisme hérité de Rousseau quand il écrivait, par exemple : Le peuple pris collectivement ne peut jamais vouloir son mal, se vendre ou se trahir. Mais on retint surtout son attitude à l'égard des opposants quand il estimait nécessaire de dénoncer à la patrie comme traîtres tous ceux qui attaquent les droits du peuple. Les haines qu'il suscita aboutirent à son assassinat par Marie-Anne-Charlotte Corday d'Armans, dite Charlotte Corday.
Marat devait continuer à soulever les passions bien après sa mort, et il est révélateur à cet égard que le nom de Marat a été attribué à l'un des premiers bâtiments de ligne de la flotte soviétique en même temps que celui de la Commune de Paris. Inversement, son nom demeure pour toute une école le symbole du révolutionnaire sanguinaire et autoritaire, précurseur des régimes totalitaires au même titre que Gracchus Babeuf.

La dénonciation des emprunts de Necker

Marat dénonce avec vigueur le coût de la dette publique française induit par l'engouement pour les rentes viagères, sous la direction du ministre des finances de la fin des années 1770, Jacques Necker.
Sous la Législative, dès la première quinzaine de décembre 1791 — et parmi les premiers futurs montagnards engagés dans cette lutte —, Marat combattit vigoureusement le bellicisme girondin dans L'Ami du peuple. Le 15 décembre 1791, il publia un plan de guerre défensive. Après cette date pour des raisons financières, il dut suspendre sa publication jusqu'au début avril 1792, mais dès lors, plus radicalement que Robespierre il reprit le cap, tenant même un discours défaitiste après le 20 avril 1792 ; la crainte de voir la guerre profiter à La Fayette que les députés girondins ne voulaient pas destituer, motivait sa décision et l'exposa à de nouvelles poursuites judiciaires.
En novembre 1792, presque seul il s'abstint dans le vote sur l'annexion de la Savoie à la France ; et en ce qui concerne les territoires occupés par la France, il prêcha à l'hiver 1792-1793, la modération à l'égard des forces aristocratiques et du Clergé que les Brissotins voulaient exclure de la vie politique.
Tout cela n'était pas contradictoire avec sa plaidoirie pour la guerre à outrance contre les puissances coalisées, dans la mesure où elle était devenue défensive. Juste avant sa mort le 12 juillet 1793 à l'occasion d'un renouvellement il demanda l'éviction de Barère du comité de salut public qui, montagnard non jacobin, fut toujours partisan de la guerre d'attaque. Ce sont toutes ces données qui le font apparaître par Thomas Paine et les conventionnels dits modérés, mais comme Barère et la Gironde, d'anciens bellicistes comme l'allié objectif de William Pitt qui se félicitait du soutien de Marat à sa politique guerrière et à son rôle actif dans la première saignée — la proscription des Girondins — pratiquée au sein de la Convention. Et pour cause : ce furent eux qui à nouveau firent déclarer à l'Angleterre, le 1er février 1793 sur rapport de Brissot. Au Parlement britannique, le Premier ministre arguait de l'instabilité du gouvernement français. Il était imprudent, prétendait-il, de traiter avec un comité qui est changé et renouvelé tous les quinze jours, et dont les membres à supposer qu'ils voulussent conclure un arrangement, se trouvaient dans le cas d'être guillotinés ou pendus avant l'arrangement des ratifications. Le cabinet britannique rejetait donc dans l'immédiat toute tentative d'accommodement. Si nous traitions avec Marat, avant la fin de la négociation, il retomberait dans la lie populaire dont il est sorti et laisserait la place à un scélérat encore plus désespéré que lui.

L’assassinat de Marat

Depuis le 3 juin 1793, Marat ne se présente plus à la Convention. L’évolution de sa maladie l’empêche de paraître en public. D’après le docteur Souberbielle, l’origine du mal était herpétique. Le docteur Cabanès a avancé la probabilité d’une forme grave d’eczéma ou des conséquences d’un diabète.
D'autres maladies sont évoquées : dermatite herpétiforme, scabiose, dermite séborrhéique. À partir du 20 juin, son état s’aggrave et l’oblige à prendre continuellement des bains curatifs au soufre dans sa baignoire sabot en cuivre, ainsi qu'à envelopper sa tête d'un mouchoir trempé de vinaigre pour soulager ses migraines.
Mais de cette baignoire équipée d'une écritoire il envoie régulièrement des lettres à la Convention qui ne sont jamais discutées.

Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont, issue de la noblesse de Caen et descendante en droite ligne de Pierre Corneille, prend connaissance des événements révolutionnaires en rencontrant plusieurs députés girondins qui se sont réfugiés à Caen après leur mise en accusation par la Convention. Bien qu'ouverte aux idées nouvelles, la jeune femme est indignée par les excès de la Révolution. Considérant Marat comme un tyran et le principal instigateur des massacres révolutionnaires, elle décide de l'éliminer.
Le 11 juillet 1793, elle arrive à Paris dans l’intention d’assassiner Marat dans l’assemblée, mais doit revoir ses plans en ayant appris son absence à la Convention. Le 12 juillet, Marat reçoit la visite de députés jacobins, dont le peintre Jacques Louis David, qui sont les derniers à le voir vivant.
Le 13 juillet Charlotte Corday se présente une première fois au domicile du tribun en fin de matinée mais Simone Évrard sa compagne refuse de la laisser entrer, elle essaye une deuxième fois d’entrer en contact sans succès, mais elle fait communiquer une lettre qu’elle a écrite donnant des informations sur un prétendu complot. À la troisième tentative, c’est Marat lui-même qui demandera qu’on la laisse entrer. Après un entretien qui, selon Simone Évrard dure environ un quart d’heure, Charlotte Corday sort un couteau et frappe Marat à la poitrine, le trajet de la lame qui traverse le poumon droit, l’aorte et le cœur, entraîne sa mort dans sa baignoire.

Charlotte Corday est arrêtée sur les lieux du meurtre et, après son jugement par le Tribunal révolutionnaire, exécutée le 17 juillet 1793.

Après l’assassinat

Le peintre et conventionnel Jacques-Louis David est chargé d’orchestrer les funérailles de Marat qui, surtout uni à Lepeletier de Saint-Fargeau, est présenté comme martyr de la Liberté, avec toute la phraséologie chère à l’époque. Cet épisode de communication intense ne durera que quelques mois, mais a eu un fort impact, y compris historiographique.
Le 15 juillet, David prépare l’exposition du corps aux Cordeliers, mais l’état de décomposition, dû à une chaleur intense, ne permet pas de montrer Marat au public, le peintre décide de le recouvrir entièrement d’un drap, sauf la plaie causée par l’assassinat. Grand organisateur des cérémonies, David prévoit pour le mardi 16 juillet 1793 un impressionnant cortège qui part vers 18 heures. Le convoi part de la rue des Cordeliers, passe par la rue de Thionville, le Pont-Neuf, le quai de la Ferraille et remonte jusqu’au Théâtre-Français, pour se rendre aux Cordeliers, où a lieu l’inhumation. Un peuple immense défila toute la nuit, à la lueur des flambeaux. Le Club des Cordeliers a demandé à déposer dans le lieu de ses séances le cœur de Marat, il rejoint celui de Buirette de Verrières qui y est déjà exposé. Dans les semaines qui suivent, des centaines d’hommages seront faits à l’Ami du peuple à travers la France et des statues des martyrs sont inaugurées un peu partout.

Marat est panthéonisé en novembre 1793 et entre au Panthéon le 21 septembre 1794, mais dès le 8 février 1795, un nouveau décret le dépanthéonise, précisant que l’image d’aucun citoyen ne figurera plus dans l’Assemblée ou en un lieu public quelconque que dix ans après sa mort ; ses restes sont inhumés dans le cimetière, disparu aujourd'hui de Sainte-Geneviève, près l'église Saint-Étienne-du-Mont, le 26. Le tableau est rendu à son auteur qui le conservera jusqu’en 1820 date à laquelle il fut confié à Antoine-Jean Gros qui le cache à Paris jusqu'à la mort de David.
À la suite de l’assassinat, plusieurs villes de France, comme Saint-Nazaire ou Le Havre se baptisèrent Marat. Ce fut l’affaire de quelques mois. On trouve, aujourd’hui encore, quelques traces de ces dénominations, des rues Ivry-sur-Seine, Décines-Charpieu portent son nom.

En mars 1921, le cuirassé Petropavlovsk est renommé Marat en l'honneur du célèbre révolutionnaire.

Liens

http://youtu.be/6iF_M97nERs extrait du film lé révolution française
http://youtu.be/EptHb8ylBuE Assassinat de Marat
http://youtu.be/fJYZza86x54 Assassinat de Marat
http://youtu.be/RbQAacz3VEQ 2000 ans d'histoire 1
http://youtu.be/xVGSa5WdMeA 2000 Ans d'histoire 2
http://www.ina.fr/video/CPB76067156/charlotte-corday-video.html Alain Decaux raconte la mort de Marat


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Posté le : 13/07/2014 00:19

Edité par Loriane sur 13-07-2014 10:48:54
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Dépèche de Ems, origine de la guerre de 1870
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Le 13 juillet 1870 la dépêche d'Ems, origine de la guerre de 1970 est envoyée

par le chancelier prussien Bismarck,


ce télégramme officiel est envoyé à toutes les ambassades et repris dans la Gazette de l'Allemagne du Nord concernant les rapports entre le roi de Prusse et la France. Jugé provocant, il amène Napoléon III à déclarer la guerre franco-prussienne de 1870, avec l'assentiment majoritaire du parlement, qui parle de casus belli.

La candidature le 21 juin 1870 du prince allemand Leopold de Hohenzollern-Sigmaringen au trône d'Espagne, vacant depuis la révolution de septembre 1868, soulève l'opposition de la France qui craint l'encerclement.
Le 12 juillet, Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen retire sa candidature. Le 13 juillet, lorsque la France demande confirmation dans la ville d'eaux de Bad Ems, le roi Guillaume de Prusse, agacé, confirme posément le retrait, en ajoutant qu'il n'a plus rien d'autre à dire à l'ambassadeur
Il envoie un compte rendu à Bismarck, qui, conscient de la supériorité militaire prussienne et désireux d'unir les nombreux États allemands sous la bannière prussienne, reformule la notification de manière plus sèche. Cette dépêche, en fait une circulaire administrative, est télégraphiée aux ambassades allemandes et aux journaux allemands et français. Certains la modifient pour la rendre encore plus méprisante.
La mobilisation est signée le 14 juillet, approuvée le lendemain par le Corps législatif, qui vote les crédits de guerre au chef du gouvernement Émile Ollivier, affaibli depuis avril par la démission des ministres du centre gauche, Daru et Buffet.
Les États allemands prennent alors parti pour la Prusse qui paraît agressée et remporte rapidement une victoire écrasante.

Le contexte diplomatique et politique. Génése d'une catastrophe.

Le 13 juillet 1870, une dépêche habilement caviardée par Bismarck soulève une tempête dans l'opinion française comme dans l'opinion allemande. Des deux côtés du Rhin, on en appelle à la guerre contre le voisin. C'est le début d'un terrible enchaînement qui va changer la face de l'Europe, jusque-là insouciante et prospère.
Deux semaines plus tôt, le 30 juin 1870, le chef du gouvernement français Émile Ollivier déclarait à la tribune de l'assemblée : «A aucune époque, le maintien de la paix n'a été plus assuré qu'aujourd'hui ! De quelque côté que l'on tourne les yeux, on ne découvre aucune question qui puisse révéler le danger .
Comment la situation internationale avait-elle pu si vite se dégrader ? La responsabilité en incombe à la duplicité de Bismarck, le chancelier allemand, et à l'inconséquence des opinions publiques et de leurs représentants, trop prompts à s'enflammer... Au vu de la faiblesse des hommes, qui peut être assuré qu'un semblable bouleversement ne pourrait se reproduire dans le monde ?

Le spectre de Charles Quint

Otto von Bismarck, mû par un farouche nationalisme prussien, veut parachever l'unité de l'Allemagne autour de la Prusse et de son roi, Guillaume 1er de Hohenzollern.
Trois ans plus tôt, par la guerre des duchés et la guerre de Bohème, conclues par la bataille de Sadowa, il a mis l'Autriche hors jeu et réussi à unifier l'Allemagne du Nord dans une Confédération dominée par Berlin. Ne reste plus qu'à rallier les États du Sud Bavière, Bade, Wurtemberg, Hesse.
Il songe pour cela à une guerre d'union nationale contre la France et attend l'heure propice pour la provoquer.
Dès 1867, l'affaire du Luxembourg avait manqué lui fournir le prétexte attendu. L'empereur des Français Napoléon III, désireux d'obtenir une compensation en contrepartie de sa neutralité dans la guerre de Bohème, avait convaincu le roi des Pays-Bas de lui céder contre indemnité le Luxembourg.
Mais le grand-duché est une ancienne terre de l'Empire germanique et sa citadelle est occupée par une garnison prussienne. Le jour même où le traité franco-hollandais doit être signé, le 1er avril 1867, un député prussien interpelle Bismarck au Reichstag. Émotion à Berlin.
Le roi des Pays-Bas, effrayé, renonce à la cession. Déjà on s'attend à une guerre mais ni Bismarck ni Napoléon III ne s'y sentent prêts. Finalement, on s'accommode d'une conférence internationale qui se réunit à Londres et proclame la neutralité du Luxembourg, pour complaire aux Prussiens, et le départ des Prussiens, pour complaire aux Français. La même année, l'exécution de l'archiduc Maximilien à Queretaro consacre la faillite de la politique mexicaine de Napoléon III.
Le ciel se couvre pour l'empereur, qui plus est atteint par la maladie de la pierre et de violents calculs rénaux qui ne vont plus le laisser en repos. Averti par l'affaire du Luxembourg, il tente de renforcer l'armée mais l'opinion n'est guère favorable au renforcement de la conscription et aux dépenses militaires de sorte que la réforme restera en chantier jusqu'à la guerre.
C'est finalement d'Espagne que va sortir celle-ci. En septembre 1868, la reine Isabelle II 38 ans a renoncé au trône espagnol pour demeurer auprès de son dernier amant ! Bismarck songe à mettre à sa place un prince allemand. Il lance le 26 avril 1869 la candidature du prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen.
Émotion à Paris. Pour Napoléon III et son gouvernement, il est hors de question que se reconstitue l'union dynastique de l'Allemagne et de l'Espagne comme au temps de Charles Quint. Le comte de Benedetti, ambassadeur de France à Berlin, proteste auprès du chancelier mais celui-ci feint de ne rien savoir de la candidature.
Le 17 février 1870, le général Prim, chef du gouvernement espagnol, écrit secrètement à Léopold pour lui offrir la couronne. Mais dans un souci d'apaisement, celui-ci repousse l'offre en accord avec le Kronprinz, fils et héritier de Guillaume 1er. Mais Bismarck s'accroche à l'idée de mettre un Hohenzollern sur le trône espagnol et convainc Léopold de changer d'avis.
Le vieux roi Guillaume 1er encaisse mal cette nouvelle manoeuvre de son chancelier mais ne dit mot.

Les maladresses du gouvernement français

Le 3 juillet, la nouvelle de la candidature Hohenzollern remonte jusqu'à Paris où elle fait l'effet d'une bombe espagnole selon le mot de l'impératrice Eugénie. Il appartient au nouveau ministre des Affaires étrangères, le duc Adolphe de Gramont, de faire valoir des arguments solides contre cette candidature mais par son incompétence, il va tout gâcher.
Le ministre de la Guerre, le maréchal Leboeuf, assure l'empereur et ses collègues du Conseil des ministres que l'armée française, «admirable, disciplinée, exercée, vaillante», est prête à toutes les éventualités.
Fort de cette assurance, le duc de Gramont prononce le 5 juillet devant les députés du Corps Législatif un discours inutilement provocateur à l'égard de la Prusse.
Acclamations dans le clan des mameluks les va-t'en-guerre. On crie : C'est la guerre !... Suspension de séance. Trop tard. Le mal est fait. La perspective de la guerre s'est insinuée dans les esprits.
Le roi Guillaume 1er, à ce moment-là, fait une cure à Ems, une ville d'eau proche de Coblence et du Rhin.
C'est là que le 9 juillet, il reçoit l'ambassadeur français Benedetti et l'assure de ses bonnes intentions. Discrètement, il tente de faire renoncer Léopold à sa candidature mais il ne peut décemment en faire plus.
Finalement, heureuse surprise, le 12 juillet, le prince Antoine, père de Léopold, télégraphie au maréchal Prim et à l'ambassadeur espagnol que son fils retire sa candidature.
La modération de Guillaume 1er et de Napoléon III semblent l'avoir emporté !... Bismarck, déconfit, voit s'effondrer son rêve d'une grande Prusse et songe à démissionner !
À Paris, le chef du gouvernement, Émile Ollivier, ne cache pas sa joie : C'est la paix ! Hélas, c'est faire fi de la bêtise de son ministre des Affaires étrangères.
Le duc de Gramont ne veut pas se satisfaire d'une déclaration du prince Antoine de Hohenzollern. Il souhaite une déclaration du roi Guillaume 1er lui-même, avec l'assurance en bonne et due forme qu'il s'associe à la renonciation du prince de Hohenzollern.
L'empereur, gravement affecté par la maladie de la pierre qui va l'emporter, est troublé par l'agitation de quelques va-t'en-guerre sur le chemin qui le mène vers Saint-Cloud. Dans la soirée, son ministre et l'impératrice le convainquent d'exiger un plus ferme engagement du roi de Prusse.
Sans en référer à personne, Gramont rédige le brouillon de cet engagement et, via le télégraphe, demande à son ambassadeur de le transmettre au roi, à Ems.

La téméraire manoeuvre de Bismarck

Le 13 juillet 1870, entre huit et neuf heures du matin, l'ambassadeur Benedetti rencontre le roi Guillaume 1er sur sa promenade des sources à Ems. Il lui demande une garantie pour l'avenir. Le roi, irrité, rejette net la demande et propose à l'ambassadeur de le revoir l'après-midi. Un peu plus tard, le roi reçoit une lettre du prince de Hohenzollern confirmant le retrait de sa candidature. Il envoie son aide de camp de service Radziwill en informer l'ambassadeur Benedetti. Et l'aide de camp de préciser à l'ambassadeur : «Par là, Sa Majesté considère l'affaire comme liquidée»... L'ambassadeur se le tient pour dit et en informe son ministre.
À Berlin, à la chancellerie, Wilhelmstrasse, Bismarck dîne ce soir-là avec son chef d'état-major von Moltke et son ministre de la Guerre Roon. Arrive un télégramme d'Ems qui raconte en termes neutres l'entrevue du matin entre le roi et l'ambassadeur, la lettre du prince de Hohenzollern et la visite de l'aide de camp à Benedetti.
Quelques formules laissent toutefois percer l'irritation du roi : «Le comte Benedetti m'a saisi au passage à la promenade et, finalement, d'une manière très importune, exigea de moi que je l'autorise immédiatement à télégraphier que je m'engagerais pour l'avenir à ne plus jamais donner mon consentement, si les Hohenzollern revenaient de nouveau sur leur candidature...
Sa Majesté a reçu depuis lors une lettre du prince. Alors Sa Majesté a daigné décider de ne plus recevoir le comte Benedetti mais seulement de lui faire dire par un aide de camp que Sa Majesté n'avait plus rien à dire à l'ambassadeur...»
Bismarck et ses amis sont d'abord déçus de voir l'affaire conclue. Mais le chancelier ne tarde pas à se ressaisir. Il prend son grand crayon et rédige un résumé à sa manière du télégramme sans rien retrancher ni ajouter :
Ems, 13 juillet 1870. Après que les nouvelles de la renonciation du prince-héritier de Hohenzollern eussent été communiquées au gouvernement impérial français par le gouvernement royal espagnol, l'ambassadeur de France a exigé encore de Sa Majesté, à Ems, l'autorisation de télégraphier à Paris que Sa Majesté le roi s'engageait pour tout l'avenir à ne plus jamais donner son autorisation, si les Hohenzollern devaient à nouveau poser leur candidature.
Là-dessus, Sa Majesté le roi a refusé de recevoir encore une fois l'ambassadeur et lui a fait dire par l'aide de camp de service que Sa Majesté n'avait plus rien à communiquer à l'ambassadeur.
Tout y est mais en des termes proprement humiliants pour la France comme pour l'opinion publique allemande. Les Allemands sont choqués que l'ambassadeur français ait pu exiger quoi que ce soit du roi de Prusse et les Français que le roi ait pu refuser de recevoir à nouveau leur ambassadeur et le lui ait fait savoir par un simple aide de camp de service.
C'est l'objectif souhaité par Bismarck qui communique illico la dépêche aux ambassades, au gouvernement et à la presse. Le soir même, la dépêche paraît dans une édition spéciale de la Norddeutsche Allgemeine Zeitung. Elle est par ailleurs distribuée dans les rues de Berlin. Le tollé est immédiat. Comment ose-t-on traiter notre roi ! Dès le lendemain, tous les Allemands se solidarisent avec les Prussiens comme le souhaitait Bismarck.
À Paris, le Conseil des ministres se réunit d'urgence sitôt informé et siège toute la journée du 14 juillet. Gramont propose in extremis un congrès international pour régler la succession d'Espagne. Trop tard. Dehors, la foule s'agite et s'en prend à l'ambassade de Prusse. Le soir même, le ministre de la Guerre rappelle les réservistes.
L'excitation guerrière gagne les assemblées. Au Corps Législatif, Adolphe Thiers, qui tente de faire entendre la voix de la modération, est aussitôt conspué. Émile Ollivier prononce à la tribune des paroles malheureuses : De ce jour commence pour les ministres mes collègues et pour moi une grande responsabilité. Nous l'acceptons d'un coeur léger... d'un coeur confiant. Le même jour, à Berlin, Guillaume 1er signe un décret de mobilisation.

Le 19 juillet enfin, la France déclare officiellement la guerre à la Prusse.

Elle sortira défaite de l'épreuve.
L'Allemagne en sortira quant à elle unie sous l'égide de la Prusse, selon les voeux de Bismarck, mais aussi dangereusement militarisée, à l'opposé de ses traditions humanistes.

Début juillet, la poussée de fièvre des éditorialistes

Guillaume Ier et Vincent Benedetti à Ems
Une semaine avant la dépêche d'Ems, la presse française est déjà très excitée. Dans un éditorial intitulé La guerre, le quotidien Le Pays écrit le 7 juillet :
" Cette affaire qui eût été sans importance il y a dix ans est la goutte d’eau qui fait déborder notre calice trop plein d’amertume … Ou la Prusse retirera ses prétentions, ou elle se battra ".
Même agressivité pour le quotidien Le Gaulois :
" s’il faut choisir une fois encore entre la patrie amoindrie, réduite, et la guerre, nous n’hésitons pas ! "
D’autres quotidiens se montraient plus réservés. Le Temps parlait même d’une espèce de fureur qui s’était emparée de la presse. Le lendemain de la déclaration du ministre des Affaires étrangères De Gramont, applaudie frénétiquement à l'assemblée, plus d’une dizaine de titres l'approuvèrent : Le Gaulois, Le Figaro, L’Univers, Le Correspondant, Le Constitutionnel, Le Pays, Le Soir, La Presse, L’Opinion nationale, Le Moniteur universel et La Liberté. Parmi ceux qui l’interprétèrent comme une déclaration de guerre intempestive, Le Français, Le Temps, Le Siècle, Le Réveil, L’Électeur libre, Le Public, Le Rappel, L'Avenir national et La Revue des deux Mondes, selon Stéphane Audoin-Rouzeau.

Les pros-guerre sont plus virulents, plus mobilisés, que les pacifistes : le 7 juillet, le correspondant particulier de L’Écho du Parlement de Bruxelles, écrit que tout le monde me paraît en train de perdre le peu de sang-froid que l'on avait encore conservé depuis deux jours … de la presse, l'émotion est rapidement descendue dans les masses, et il n'est pas un coin de Paris, peut-être même de la France, où l'on ne s'indigne contre la prétention de la Prusse de relever à son profit l'empire de Charles Quint, même s'il est plus que probable que parmi ceux qui parlent ainsi, les neuf dixièmes au moins ignorent de la façon la plus complète ce que furent Charles Quint et son empire.

Voyage à Ems du 9 au 13 juillet

À Berlin, le secrétaire d’État prétend ne pas savoir où joindre Bismarck. Envoyé par l’ambassadeur de France, le comte Benedetti se rend à Ems le 9 juillet, où le roi de Prusse prend les eaux, pour le prier de parler au prince, qui retire officiellement sa candidature le 12 juillet. Bismarck est pris à contre-pied : il doit annuler son voyage à Ems. Il menace de démissionner si le roi de Prusse reçoit une fois encore Vincent Benedetti.
Le 13 juillet au matin, Vincent Benedetti sollicite une nouvelle audience. Guillaume Ier l'accoste à la promenade des Sources. Benedetti lui présente la demande de renoncement définitif. Guillaume Ier est excédé mais reste poli et ajoute Vous en savez plus que moi. Quand je connaîtrai les conditions du renoncement, je vous reverrai. Ce qui ne l'empêchera pas de saluer cordialement Benedetti dès le lendemain, à son départ pour Berlin.

Un même évènement, interprété différemment dans les deux pays

En France comme en Allemagne, cette conversation courtoise dans les allées du parc d'une station thermale sera présentée comme un incident diplomatique par une partie de la presse. De violentes manifestations de rue, les émeutes nationalistes des 13 et 14 juillet 1870 ont lieu, d'abord à Berlin, puis à Paris.
Au soir du 13 juillet, Bismarck fait imprimer et distribuer gratuitement dans les rues de Berlin plusieurs milliers d'exemplaires d'un numéro spécial de la Gazette de l'Allemagne du Nord, son organe de presse officiel, afin de donner sa version de ce qui s'est passé à Ems.
Le texte est appuyé par une caricature présentant l'ambassadeur de France en train d'humilier et harceler le roi de Prusse sur son lieu de cure thermale, en exigeant que le retrait de la candidature prussienne au trône d'Espagne soit suivie d'un engagement à ne jamais recommencer.
D'autres journaux de Berlin publièrent à partir de 22 heures des éditions spéciales, pour décrire à leur tour la scène. Le 14 juillet, lendemain de ces manifestations, Bismarck envoie sa circulaire aux ambassadeurs partout en Europe. Les manifestations de la veille les ont conditionnés, pour influer sur leur lecture des faits.

Le lendemain aussi, le journal du soir La France donne la réponse française à la Gazette de l'Allemagne du Nord, comme il en avait déjà l'habitude depuis le mois de mai, chacune des deux publications dénonçant un activisme militaire de l'autre puissance. La France affirme dans cette édition du 14 juillet au soir que le gouvernement français s'apprête à réagir par une déclaration de guerre à l'incident diplomatique, ce qui déclenche des manifestations à Paris.
La foule s'en prend à l'ambassade de Prusse, dont les vitres sont cassées. Le ministre de la Guerre rappelle les réservistes, le soir même. Cette dramatisation est précédée par un Conseil des ministres où il avait pourtant été décidé, par huit voix contre quatre, que si le roi de Prusse ne souhaitait pas s’engager pour l’avenir, on ne pousserait pas plus loin l’affaire. Mais cette information n'est pas publiée. Le numéro de La France diffusé le soir même laisse au contraire entendre qu'on s'achemine vers une déclaration de guerre, ce qui galvanise les manifestants.

La version du Roi de Prusse et celle condensée de Bismarck

Le roi de Prusse fait envoyer par son conseiller diplomatique Abeken, le jour même du 13 juillet, un télégramme à Bismarck, qui est à Berlin. C'est un résumé de ce qui s'est dit. Par égard pour Bismarck, le conseiller diplomatique lui donne la possibilité d'en faire lui-même l'annonce officielle, peut-être pour apaiser la France10 :

Message d’Abeken à Bismarck

texte allemand extrait des Gedanken und Erinnerungen von Otto v. Bismarck - Stuttgart 1898 (p. 87 & 88) texte français extrait des Pensées et Souvenirs par le prince de Bismarck traduit par E. Jaeglé - Paris 1899 - T. II p. 104

" Seine Majestät schreibt mir : „Graf Benedetti fing mich auf der Promenade ab, um auf zuletzt sehr zudringliche Art von mir zu verlangen, ich sollte ihn autorisiren, sofort zu telegraphiren, daß ich für alle Zukunft mich verpflichtete, niemals wieder meine Zustimmung zu geben, wenn die Hohenzollern auf die Candidatur zurück kämen. Ich wies ihn zulezt etwas ernst zurück, da man à tout jamais dergleichen Engagements nicht nehmen dürfe noch könne. Natürlich sagte ich nicht, daß ich noch nichts erhalten hätte und, da er über Paris und Madrid früher benachrichtigt sei als ich, er wohl einsähe, daß mein Gouvernement wiederum außer Spiel sei.“
Seine Majestät hat seitdem ein Schreiben des Fürsten bekommen. Da Seine Majestät dem Grafen Benedetti gesagt, daß er Nachricht vom Fürsten erwarte, hat Allerhöchst-derselbe, mit Rücksicht auf die obige Zumuthung, auf des Grafen Eulenburg und meinem Vortrag beschloßen, den Grafen Benedetti nicht mehr zu empfangen, sondern ihm nur die durch einen Adjutanten sagen zu lassen : daß Seine Majestät jetzt vom Fürsten die Bestätigung der Nachricht erhalten, die Benedetti aus Paris schon gehabt, und dem Botschafter nichts weiter zu sagen habe. Seine Majestät stellt Eurer Excellenz anheim, ob nicht die neue Forderung Benedetti’s und ihre Zurückweisung sogleich sowohl unsern Gesandten, als in der Presse mitgetheilt werden sollte."

" Sa Majesté m’écrit : " Le comte Benedetti m’a arrêté au passage à la promenade pour me demander finalement, d’une manière très indiscrète, de l’autoriser à télégraphier aussitôt à l’empereur que je m’engageais pour l’avenir à ne jamais plus donner mon consentement, si les Hohenzollern revenaient sur leur candidature. Je finis par refuser assez sévèrement, attendu qu’on ne devait ni ne pouvait prendre de pareils engagements à tout jamais. Je lui dis naturellement que je n’avais encore rien reçu et puisqu’il était, par la voie de Paris et de Madrid, informé plus tôt que moi, il voyait bien que mon gouvernement était de nouveau hors de cause.
Sa Majesté a depuis reçu une lettre du prince. Comme Sa Majesté avait dit au comte Benedetti qu’elle attendait des nouvelles du prince, elle a résolu, sur la proposition du comte Eulenbourg et la mienne, de ne plus recevoir le comte Benedetti, à cause de sa prétention, et de lui faire dire simplement par un aide de camp que Sa Majesté avait reçu du prince confirmation de la nouvelle que Benedetti avait déjà eue de Paris, et qu’elle n’avait plus rien à dire à l’ambassadeur. Sa Majesté laisse à Votre Excellence le soin de décider si la nouvelle exigence de Benedetti et le refus qui lui a été opposé ne doivent pas être aussitôt communiqués tant à nos ambassades qu’aux journaux. "

À Berlin, Bismarck dîne avec deux généraux allemands: Moltke, chef des armées et Roon, ministre de la Guerre. Le repas se déroule sans entrain. Il semble que le piège allemand ait été déjoué car un journal parisien titre en première page La Prusse cane !. Bismarck envisage sérieusement de démissionner, ce qui lui attire les reproches amers des deux généraux : ils se sentent abandonnés.

Il est 18 heures quand lui parvient le télégramme chiffré du conseiller diplomatique du Roi de Prusse. Bismarck le lit à ses invités. Puis il demande à Moltke si l’armée serait prête à entrer en campagne et s’il croit possible de vaincre la France. Moltke se dit certain d’une victoire et précise que, s’il y a une guerre, il est beaucoup plus avantageux de la commencer au plus tôt.

Alors Bismarck rédige pour tous les ambassadeurs une version condensée selon ses propres termes du télégramme, dont il retire les passages apaisants.

Message condensé par Bismarck

texte allemand extrait des Gedanken und Erinnerungen von Otto v. Bismarck - Stuttgart 1898 (p. 90 & 91) texte français extrait des Pensées et Souvenirs par le prince de Bismarck traduit par E. Jaeglé - Paris 1899 - t. II p. 108
" Nachdem die Nachrichten von der Entsagung des Erbprinzen von Hohenzollern der kaiserlich französischen von der Regierung königlich spanischen amtlich mitgeteilt worden sind, hat der französische Botschafter in Ems an Seine Majestät den König noch die Forderung gestellt, ihn zu autorisieren, daß er nach Paris telegraphiere, daß Seine Majestät der König sich für alle Zukunft verpflichte, niemals wieder seine Zustimmung zu geben, wenn die Hohenzollern auf ihre Candidatur wieder zurückkommen sollten. Seine Majestät der König hat es darauf abgelehnt, den französischen Botschafter nochmals zu empfangen, und dem selben durch den Adjutanten vom Dienst sagen lassen, daß Seine Majestät dem Botschafter nichts weiter mitzutheilen habe."
" La nouvelle du renoncement du prince héritier de Hohenzollern a été officiellement communiquée au gouvernement impérial français par le gouvernement royal espagnol. Depuis, l’ambassadeur français a encore adressé à Ems, à Sa Majesté le Roi, la demande de l’autoriser à télégraphier à Paris, que Sa Majesté le Roi, à tout jamais, s’engageait à ne plus donner son consentement si les Hohenzollern devaient revenir sur leur candidature. Sa Majesté le Roi là-dessus a refusé de recevoir encore l’ambassadeur français et lui a fait dire par l’aide de camp de service que Sa Majesté n’avait plus rien à communiquer à l’ambassadeur."

Dans ses Gedanken und Erinnerungen (t. II, p. 91 & Pensées et souvenirs, t. II p. 108 & 109), Bismarck précise :

" Je lus à mes deux hôtes la rédaction qui condensait la dépêche. Moltke fit alors la remarque :
" Voilà qui sonne tout autrement maintenant ; auparavant on eût cru entendre battre la chamade, à présent c’est comme une fanfare en réponse à une provocation. "
So hat das einen andern Klang, vorher klang es wie Chamade, jetzt wie einen Fanfare in Antwort auf eine Herausforderung. Je crus devoir ajouter ceci :
" Ce texte n’apporte aucune modification, ni aucune addition à la dépêche. Si, exécutant le mandat de Sa Majesté, je le communique aussitôt aux journaux, et si en outre je le télégraphie à toutes nos ambassades, il sera connu à Paris avant minuit. Non seulement par ce qu’il dit, mais aussi par la façon dont il aura été répandu, il produira là-bas sur le taureau gaulois l’effet du drapeau rouge Eindruck rothen Tuches auf den gallischen Stier machen… Le succès dépend cependant avant tout des impressions que l’origine de la guerre provoquera chez nous et chez les autres. « Il est essentiel que nous soyons les attaqués "
es ist wichtig, daß wir die Angegriffenen seien ".

Le terme allemand Adjutant, employé par le roi et par Bismarck, signifie aide de camp selon le Littré, le français aide vient du latin adjutum.

Les informations de l'Agence continentale, déformées par certains journaux

L’Agence Continentale télégraphie le 13 juillet à sa partenaire l’Agence Havas une dépêche qui reprend strictement les termes du télégramme que Bismarck enverra le lendemain aux ambassadeurs11, mais donne aussi la version du roi de Prusse.
La dépêche est diffusée avec la signature " service télégraphique Havas-Bullier ", comme le veut l'accord d'échanges d'information entre les deux agences. Le second paragraphe donne un scoop, une information très importante, absente de la version condensée du télégramme que diffusera Bismarck aux ambassadeurs : le roi de Prusse a approuvé la renonciation de son petit-cousin Léopold au trône d’Espagne et considère dès lors tout sujet de conflit comme écarté. Cette information provenait du recoupement auprès d'autres sources, en application des principes de vérification des faits et de protection des sources d'information des journalistes.
L'Agence Continentale aurait normalement dû commencer sa dépêche par cette information, en vertu du principe de découpage de l'information par priorité. Elle l'a en fait relégué au second paragraphe :

" Berlin, 14 juillet - On mande d’Ems. Après que la renonciation du prince Léopold de Hohenzollern eut été communiquée au gouvernement français par le gouvernement espagnol, l’ambassadeur de France demanda de nouveau au roi de l’autoriser à télégraphier à Paris que le roi de Prusse s’engageait à ne jamais donner de nouveau son consentement dans le cas où le prince des Hohenzollern reviendrait sur sa candidature. Le roi refusa de recevoir de nouveau l’ambassadeur de France et lui fit dire par l’adjutant de service que Sa Majesté n’avait plus rien à lui communiquer."

" D’après d’autres informations d’Ems, le Roi aurait fait dire à M. Benedetti qu’il avait approuvé hautement la renonciation de son cousin au trône d’Espagne et qu’il considérait, dès lors, tout sujet de conflit comme écarté. "

Bismarck avait accru son contrôle sur l'Agence Continentale, financée depuis 1865 par son ami le banquier Gerson von Bleichröder 1822-1893 et qu'il a fait transformer depuis 1869 en Société en commandite. La dépêche est exacte, mais l'information importante reléguée à la fin.

Réactions contradictoires de la presse française et polémique à l'Assemblée

La réaction en France varie en fonction des journaux et des partis politiques. Dans la soirée du 14 juillet, le quotidien parisien La France révèle que les ministres se sont réunis dans l'après-midi aux Tuileries autour d'Émile Ollivier, qu'ils y étaient encore à 15 h 30, pour rédiger une déclaration concluant à la guerre, demandant que le contingent soit porté à 140 000 hommes. Le journal précise qu'une dépêche chiffrée de l'ambassadeur De Benedetti devait arriver vers 16 h 30, et que le gouvernement attendra de l'avoir déchiffrée pour faire officiellement sa déclaration de guerre, le lendemain.
Mais déjà les partisans de la guerre s'emballent. Dans la soirée du 14 juillet une foule immense envahit les boulevards en criant À bas Bismarck ! et Au Rhin, Au Rhin !, rapporte Le Constitutionnel. La dépêche Havas-Bullier, reçue dans la journée, est encore inconnue : la plupart des quotidiens sont imprimés dans la nuit et ne pourront la publier que le lendemain 15 juillet. Le lendemain justement, le journal La Liberté a déjà une opinion tranchée :

" Si la Prusse refuse de se battre, nous la contraindrons à coups de crosse dans le dos à repasser le Rhin et à vider la rive gauche. "

Plus prudent Journal des Débats en appelle au contraire au sang-froid du gouvernement, en espérant qu'il reviendra sur ses projets de guerre. Il ne lui demande qu'une chose :

" Ne pas se laisser émouvoir par les clameurs des partis extrêmes "

Même son de cloche pour le quotidien Le Constitutionnel :

" Quand on veut la paix, les problèmes de forme trouvent aisément la solution nécessaire "

C'est dans ce climat qu'éclate dès le 15 juillet à l'assemblée nationale une polémique violente, déclenchée immédiatement par le discours d'Émile Ollivier, protégé de l'empereur Napoléon III et premier ministre officieux du gouvernement:
" Je tiens bien à le préciser : il peut arriver qu'un roi refuse de recevoir un ambassadeur. Ce qui est blessant, c'est le refus intentionnel, divulgué dans des suppléments de journaux La Gazette officielle de Berlin, dans des télégrammes adressés à toutes les cours d'Europe.

Adolphe Thiers lui répond :

" Que tout le monde en juge… Ce n'est pas pour les intérêts essentiels de la France, c'est par la faute du cabinet que nous avons la guerre. "

Aussitôt, 83 députés menés par Adolphe Thiers, Emmanuel Arago et Gambetta, qui s'opposent à la guerre, demandent qu'on leur communique toutes les pièces diplomatiques, pour savoir ce qui s'est vraiment passé et ce que désire vraiment le roi de Prusse. Finalement, la majorité requise des deux chambres s'oppose à la demande de l'opposition à ce que soit dévoilé au public le télégramme de Bismarck, les autres pièces diplomatiques. La majorité réclame l'étouffement de l'affaire et la guerre est déclarée.


Liens

http://youtu.be/hgk5CBtgYng Napôléon III 2000 ans d'histoire
http://youtu.be/PQ3nteK7uxQ d'Ems à Sedan
http://youtu.be/MgzHeDApXEY La guerre les causes
http://youtu.be/HATiym28lJI?list=PLCFE6633E30137A31 La Guerre Franco/prussienne
http://youtu.be/2hZ9RfA3k8w La guerre de 1870


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Posté le : 13/07/2014 00:16

Edité par Loriane sur 13-07-2014 13:40:20
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Bertrand Du Guesclin
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Le 13 juillet 1380 devant Châteauneuf-de-Randon, à 60 ans meurt Bertrand

Du Guesclin


comte de Longueville, noble breton, connétable de France et de Castille.
né vers 1320 au château de la Motte-Broons, près de Dinan. Enterré à la basilique de St Denis où se trouve son gisant, Il est surnommé le dogue noir de Brocéliande, il a fait allégeance à la maison de Blois puis celle du royaume de France qu'il sert de 1335 à 1380 pendant la guerre de cent ans, la Guerre de Succession de Bretagne,
Première guerre civile de Castille, Faits d'armes à la Bataille de Cocherel, Bataille d'Auray, Bataille de Nájera, Bataille de Montiel, Bataille de Chizé, Bataille de Pontvallain, ses Distinctions sont Roi de Grenade, Duc de Molina, il aura pour autres fonctions Chambellan de France, Capitaine de Pontorson et Capitaine du mont Saint-Michel


En bref

Petit hobereau breton devenu une immense figure de la guerre de Cent Ans, le connétable Bertrand Du Guesclin incarne le chevalier par excellence. Pendant vingt-cinq ans, il mit sa bravoure au service de la couronne de France.
Noble breton, issu d'une famille moins modeste que la tradition ne l'affirme. Son père, Robert, possédait plusieurs seigneuries qu'hérita Bertrand. À partir de 1342, il prit part aux combats de la guerre de succession de Bretagne, le plus souvent pour son propre compte. Passé en 1357 au service de Charles V, il s'illustra contre les Anglais en Bretagne il fut capitaine de Pontorson en 1357, puis en Normandie et en Maine. Il dirigea en 1364 la campagne contre les Navarrais qu'il vainquit à Cocherel. Il fut, peu après, vaincu à son tour par Chandos, chef de l'armée anglaise.
Charles V le chargea de diriger l'expédition française en Castille, destinée à soutenir la cause de Henri de Trastamare, mais aussi à éloigner de France les Grandes Compagnies les plus dangereuses. Du Guesclin fut vaincu par l'armée anglo-castillane que commandaient le roi Pierre le Cruel et le prince de Galles Najera, 1367. Il dirigea également la seconde expédition française, en 1369, puis revint prendre part aux campagnes de Bretagne et d'Anjou, de Poitou, d'Angoumois et de Guyenne 1370-1374. Son succès le plus brillant fut la prise de La Réole.
Bien qu'il ait connu des échecs, sa réputation fut rapidement très grande. Il fut rançonné à deux reprises : en 1360 par les routiers et en 1367 par les Anglo-Castillans ; malgré son orgueilleuse réponse et la fixation par lui-même du taux élevé de sa rançon, il paya celle-ci de ses propres deniers, vendant pour cela les terres que lui avait données le roi de Castille, Henri de Trastamare. Mais ses talents d'organisateur, notamment déployés dans la mise en état de guerre des forteresses normandes, et ses capacités de commandement au combat firent de lui l'un des meilleurs soldats de la royauté des Valois ; rompant avec les règles de la guerre féodale, il pratiqua contre les Anglais une tactique de harcèlement, une sorte de guérilla qui renversa la situation militaire en faveur de la France. Charles V le fit connétable en 1370, après lui avoir donné le comté de Longueville. Henri de Trastamare lui fit don du duché de Trastamare, remplacé peu après par celui de Molina.
Du Guesclin participa à la campagne de Bretagne en 1378 et, à la suite d'une maladresse de Charles V oubliant que son connétable était breton, composa un temps avec le duc Jean IV et les Anglais. Le roi se réconcilia cependant avec son connétable et l'envoya en Languedoc pour y diriger la lutte contre les Grandes Compagnies. C'est au cours de cette campagne, sous les murs de Châteauneuf-de-Randon, que mourut Du Guesclin. Sa tombe avait été préparée à Saint-Denis, près de celle de Charles V.
Bertrand du Guesclin demeure, avec Jeanne d'Arc, une figure légendaire de la lutte contre l'envahisseur anglais et un symbole du sentiment national naissant.

Sa vie

Le Dogue noir de Brocéliande
Fils aîné des dix enfants de Robert II Du Guesclin v. 1300-1353, seigneur de la Motte-Broons, et de son épouse Jeanne de Malesmains morte en 1350, dame de Sens, Bertrand Du Guesclin est issu d'une rustique seigneurie de la petite noblesse bretonne. Les Du Guesclin font en effet partie des plus illustres familles de la Bretagne mais Robert Du Guesclin n'appartient qu'à la branche cadette de la famille la branche aînée vit au château du Plessis-Bertrand et au château de la Motte-Jean et occupe un modeste manoir à la Motte-Broons.

Comme il est d'usage, Bertrand est placé en nourrice et est élevé parmi des paysans jusqu'à l'âge de cinq ans. Le portrait peu flatteur qui nous est laissé par les historiens le décrit petit, les jambes courtes et noueuses, les épaules démesurément larges, les bras longs, une grosse tête ronde et ingrate, la peau noire comme celle d'un sanglier.
Sa laideur la Chanson de Bertrand Du Guesclin du trouvère Cuvelier dit de lui qu'il fut l'enfant le plus laid qu'il y eût de Rennes à Dinan et sa brutalité lui valent l'opprobre parentale. Bien que l'aîné d'une fratrie de six enfants, sa mère donne la préférence à ses deux frères cadet et puîné, et son père le traite assez mal, refusant de le former à la chevalerie : la chronique de Cuvelier dit de ses parents qu'ils le détestaient tant, que souvent en leur cœur ils désiraient qu’il fût mort ou noyé dans l’eau courante. Vers l'âge de six ans, il gagne néanmoins le respect de sa mère et ses cadets : selon les chroniques médiévales de l'époque qu'il faut lire de nos jours avec une certaine circonspection à cause de leur tendance à embellir les actions des personnages — et de leurs proches — commanditaires ou protecteurs du chroniqueur, comme les Chroniques de Froissart, relégué comme à son habitude dans un coin de la pièce lors d'un repas familial en l'absence du père, il explose de colère et bouscule ses frères pour prendre sa place d'aîné sur le banc. Sa mère s'apprête à le punir quand il renverse la lourde table mais une femme juive convertie, versée dans la chiromancie et venue pour raconter la bonne aventure, prédit la gloire à ce fils belliqueux. Bertrand est désormais traité avec les égards dus à son rang.

Il se fait remarquer dès son enfance par sa force, son habileté dans les exercices du corps et ses goûts belliqueux avec ses compagnons de jeunesse, des paysans roturiers. Illettré et bagarreur, il se sent la vocation de guerrier. Alors qu'il s'est enfui ou a été chassé par ses parents ? chez son oncle Bertrand Du Guesclin, Seigneur de Vauruzé à Rennes, il assiste à un tournoi sur la Place des Lices de cette ville le 4 juin 1337, où il a interdiction de participer : un de ses cousins, vaincu, quitte la lice et lui prête son équipement.
Selon les chroniques de l'époque, Bertrand défait, masqué, douze ou quinze chevaliers selon les versions, avant de refuser de combattre son père en inclinant sa lance par respect au moment de la joute, à la grande surprise de l'assemblée qui se demande qui est ce chevalier sans blason. Un seizième chevalier qui le défie parvient à faire sauter la visière de son heaume. Robert Du Guesclin découvre le visage de son fils : ému et fier, il s'engage à l'armer grâce à une collecte réalisée auprès de ses proches. Bertrand va pouvoir ainsi gagner sa réputation d’excellent tournoyeur.
Il commence à signaler sa bravoure dans les guerres que se livrent Charles de Blois et les comtes de Montfort, Jean II et son fils Jean III, pour l'héritage du duché de Bretagne. Il se fait remarquer aussi dès le début de la guerre de Cent Ans, notamment en 1354 en prenant par ruse le château de Grand-Fougeray et en 1357 en participant à la défense de Rennes assiégée par Henry de Grosmont, duc de Lancastre. Ayant gagné le respect de la noblesse à la pointe de son épée, le chevalier Alacres de Marès, dépendant du bailliage de Caux, l'adoube chevalier au château de Montmuran dans les Iffs en 1354 il prend alors pour devise Le courage donne ce que la beauté refuse et le nomme capitaine de Pontorson et du Mont Saint-Michel sur recommandation de Pierre de Villiers. Soutenant Charles de Blois, imposé par le roi de France, c'est en guerroyant plusieurs années dans la forêt de Paimpont et ses alentours qu'il devient celui que les Anglais vont craindre : Le Dogue noir de Brocéliande.

En 1360, il est lieutenant de Normandie, d'Anjou et du Maine puis, en 1364, capitaine général pour les pays entre Seine et Loire et chambellan de France.

Il passe en 1361 au service du Roi de France et s'illustre lors des prises de Rolleboise, de Mantes et de Meulan et célèbre l'avènement de Charles V en avril 1364, en remportant la bataille de Cocherel contre l'armée du roi de Navarre.
À l'avènement de Charles V, en 1364, Du Guesclin est chargé de défendre la Normandie contre les entreprises de Charles II le Mauvais, roi de Navarre et petit-fils de Louis X le Hutin, qui espère ceindre la couronne de France en se ralliant aux Anglais. En battant les Navarrais à Cocherel 1364, il remporte la première victoire française depuis longtemps et reçoit alors du roi le comté de Longueville en Normandie.
Après cette victoire, il vole de nouveau au secours de Charles de Blois en Bretagne ; mais, en septembre 1364, à la bataille d'Auray, malgré tous ses efforts, son parti est battu : il est fait prisonnier par John Chandos, chef de l'armée anglaise.
Le roi de France paie sa rançon de 100 000 livres. En 1365, à la demande du roi de France, il délivre le royaume des Grandes compagnies, groupes de mercenaires qui ravageaient les provinces. Il les persuade de participer à la première guerre civile de Castille aux côtés d'Henri de Trastamare qui dispute à Pierre le Cruel le trône de Castille. Il s'y couvre de gloire, et déjà il a anéanti le parti de Pierre le Cruel, lorsque celui-ci appelle à son secours deux capitaines anglais, Chandos et le Prince Noir.
Du Guesclin est défait à la bataille de Nájera, livrée contre son avis 1367. Il est fait prisonnier et n'est libéré que contre une forte rançon, à nouveau payée par Charles V. Il participe et venge sa défaite à la bataille de Montiel, en 1369. Il rétablit Henri sur le trône et, en récompense de ses actions en Espagne, il est fait duc de Molina.

Connétable de France

En octobre 1370, revenu en France, il est fait connétable de France par Charles V. Sa grande entreprise va être d'expulser les Anglais.
Contrairement aux habitudes de la chevalerie française, il ne procède pas par grandes campagnes avec tout l'ost français, mais préfère reconquérir méthodiquement des provinces entières, assiégeant château après château.
Il va chasser les Anglais de la Normandie, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou.
Bien souvent, le siège ne dure pas, l'issue en étant accélérée par un assaut victorieux ou plus souvent encore par une ruse. Pour libérer Niort de la domination anglaise, il utilise un subterfuge : il fait revêtir ses soldats de l'uniforme anglais. L'ennemi, confiant, ouvre les portes de la ville et l'armée de Du Guesclin s'en empare.

Georges Minois, historien du Moyen Âge, qualifie ainsi les victoires et la reconquête menées par Bertrand Du Guesclin : Certes, il ne conduit qu'une petite troupe de quelques centaines d'hommes, mais il obtient avec eux des résultats plus importants qu'avec une grosse armée, coûteuse, lourde, encombrante et lente. Cette tactique victorieuse est menée pour trois raisons majeures :

Premièrement, Charles V est avare de son argent, le connétable doit se contenter de peu de moyens ;
Deuxièmement, cela lui permet de tirer le maximum de ses maigres effectifs : il a obtenu plus de résultats en un mois de campagne décembre 1370 que Robert Knollys, le meilleur capitaine d'Édouard III, en six ;
Troisièmement, ce type de guerre, guerre d'embuscades, autrement dit, guérilla avant l'heure, est la mieux adaptée aux circonstances, puisqu'il s'agit de reprendre des châteaux dispersés, qui commandent routes et carrefours ; son petit groupe, mobile, souple, avec un noyau d'élite breton, bien soudé, anticipe les actions des commandos du XXe siècle en frappant vite, à l'improviste, en restant insaisissable, en entretenant l'insécurité chez l'ennemi et en le décourageant petit à petit. Cette stratégie s'avère très payante.
En 1374, il combat à La Réole. La même année il se marie avec Jeanne de Laval dans la chapelle du château de Montmuran et en devient propriétaire par alliance jusqu'en 1380. En outre, son épouse lui apporte en dot le château de Montsabert en Anjou. En 1376, il reçoit la seigneurie de Pontorson en Normandie.
Charles V, ayant en 1378 fait prononcer la confiscation du duché de Bretagne, occupé par ses officiers depuis 1373, le duc Jean IV étant en exil à Londres, provoque une fronde nobiliaire bretonne et le rappel du duc Jean IV de Bretagne exilé en Angleterre.
L'inaction de Du Guesclin lors du débarquement de Jean IV à Dinard le fait soupçonner de trahison. Il est indigné d'un tel soupçon, selon la version non établie de la chronique de Jean Cabaret d'Orville il aurait même renvoyé aussitôt au roi son épée de connétable et voulu passer en Espagne auprès d'Henri de Trastamare. Ayant retrouvé la confiance du roi grâce à l'entremise du duc d'Anjou, il retourne dans le Midi pour combattre encore les Anglais. En 1378, il participe à la campagne contre la Bretagne, avec son cousin Olivier de Mauny — chevalier banneret, seigneur de Lesnen et pair de France, qui fut nommé capitaine général de Normandie et chambellan de Charles V en 1372.

En 1380, il combat contre les Grandes compagnies en Auvergne et le sud du Massif central, et il met le siège devant Châteauneuf-de-Randon Gévaudan : après plusieurs assauts terribles, la place promet de se rendre au connétable lui-même, si elle n'est pas secourue dans 15 jours.
Mais Du Guesclin meurt dans cet intervalle sans doute soudainement malade pour avoir bu trop d'eau glacée après avoir combattu en plein soleil, le 13 juillet 1380, et le gouverneur vient, la trêve expirée, déposer en hommage les clefs de la place sur son cercueil.

Son corps est déposé à Saint-Denis.

Chronologie
1320 :
Naissance de Bertrand Du Guesclin au château de la Motte-Broons, près de Dinan.
1337 :
Il participe à un tournoi à Rennes, remporte plusieurs combats et est reconnu par son père.
1356 :
Lors du siège de Rennes 1356-1357, il ravitaille la ville et effectue plusieurs coups de main.
1359 :
Il défend Dinan, avec succès, assiègée par les troupes anglaises.
18 juin : lors du siège de Melun, il fait la rencontre décisive avec le dauphin Charles.
1363 :
Il capture plusieurs villes occupées par les anglais et attaque leurs bateaux à partir de Saint-Pol-de-Léon
1364 :
Avril : Il prend Mantes le 7 avril, Rolleboise le 9 avril, Meulan le 11 avril puis Vernon, Vétheuil et Rosny.
16 mai : Victoire de Cocherel
29 septembre : Il est fait prisonnier lors de la bataille d'Auray.
1365 :
Il est libéré après le paiement d'une rançon de 100 000 livres.
Septembre : Sur demande de Charles V de France, il part à la tête des Grandes Compagnies aider Henri de Trastamare pour devenir roi de Castille.
Décembre : Il franchit les Pyrénées au col du Perthus, et arrive le 20 à Barcelonne.
1366 :
Février, il arrive à Saragosse et entre en Navarre. Il reçoit le comté de Borjà
Mars, il pénètre en Castille et marche contre Pierre le Cruel alors à Burgos.
Mai, il entre à Tolède puis Séville.
Juin, il est à Cordoue.
1367 :
Février : L'armée de Du Guesclin est à Santo Domingo de la Calzada.
Avril : Il est fait prisonnier lors de la bataille de Najera et emmené en captivité à Bordeaux.
1368 :
17 janvier : Bertrand Du Guesclin, est libéré contre une rançon de 100 000 doublons d'or de Castille
Printemps : Sur demande du duc d'Anjou, frère du roi de France il assiège Tarascon le 4 mars et y pénètre. Après dix-neuf jours de siège infructueux, il se retire et repasse le Rhône, non sans perdre Tarascon reprise par les troupes de Provence, puis il assiège Arles.
Décembre : Il est envoyé en Castille pour aider Henri de Trastamare, à garder son trône.
1369 :
14 mars : Il est à la tête des troupes à la bataille de Montiel
1370 :
2 octobre : Bertrand Du Guesclin est fait connétable de France
23 octobre : il signe un accord d'alliance avec Olivier V de Clisson à Pontorson
1er décembre : Du Guesclin quitte Caen et se dirige vers les troupes de Robert Knowles et Thomas Granson positionnées entre Vendôme et Château-du-Loir sur le Loir.
4 décembre : Il bat les troupes anglaises à la bataille de Pontvallain
8 décembre : Poursuivant les anglais, il les défait devant Bressuire
15 décembre : Il continue sa poussée et fait tomber Saumur.
1371 :
Avril : Olivier V de Clisson et Du Guesclin mettent le siège devant Bécherel
1372 :
Février : Il prend Conches.
Juin-juillet : Ses troupes prennent Montmorillon, Chauvigny, Lussac, Moncontour, Sainte-Sévère
18 septembre : Du Guesclin signe le traité de Surgères avec la noblesse du Poitou et de la Saintonge.
1373 :
Mars : Il met le siège devant Chizé. La ville est prise après la bataille de Chizé
Avril : Le connétable prend Niort, Lusignan, La Roche-sur-Yon, Cognac, Mortemer. Après le débaquement anglais à Saint-Malo, il se dirige sur la Bretagne.
Juin : Du Guesclin assiège Brest tenue par les anglais.
14 juillet : il attaque Jersey.
Août-décembre : Lors de la chevauchée de Lancastre 1373, il harcèle avec d'autres capitaines les troupes anglaises de la chevauchée.
1374 :
Août-septembre : Du Guesclin et le duc d'Anjou lancent une offensive en Guyenne et prennent Penne-d'Agenais, Saint-Sever, Lourdes, Mauléon, Condom, Moissac, Sainte-Foy-la-Grande, Castillon, Langon, Saint-Macaire, Sainte-Bazeille, La Réole
1375 :
17 février : Il prend Gencay
1378 :
Avril-juin : Du Guesclin et Philippe II de Bourgogne lancent une campagne contre les possessions normandes du roi de Navarre Charles le Mauvais allié des anglais. Bernay, Carentan, Valognes, Avranches, Remerville, Beaumont, Breteuil, Saint-Lô, Évreux, Pacy-sur-Eure, Gavray, Nogent-le-Roi, Anet, Mortain et Pont-Audemer sont conquises.
Novembre-décembre : Le siège qu'il met devant Cherbourg est un échec.
1380
Juin-juillet : Il combat les Grandes compagnies qui sévissent dans le Bourbonnais et l'Auvergne et met le siège devant Chaliers du 20 au 26 juin.
13 juillet 1380 : Bertrand Du Guesclin meurt, malade, lors du siège Châteauneuf-de-Randon.

Sépultures Mort de Du Guesclin

Du Guesclin avait souhaité que son corps reposât en Bretagne après sa mort.
Pour exaucer son vœu et comme la route était longue et qu'il faisait chaud, on décida de l'embaumer. En l'absence des embaumeurs royaux, on éviscéra et décervela le corps qui fut baigné dans une mixture de vin et d'épices. Les viscères furent inhumées en l'église du couvent des Dominicains du Puy-en-Velay. Mais l'effet escompté ne fut pas obtenu, et quelques jours plus tard, un nuage de mouches obscurcit le cortège, suivant de près la charrette sur laquelle le corps était déposé.
À Montferrand, il fallut le faire bouillir dans un grand chaudron d'eau et de vin aromatisé d'épices pour détacher les chairs du squelette, cette pratique originale s'appelant le mos Teutonicus, l'usage teuton. Les chairs furent inhumées au couvent des Cordeliers de Montferrand.
Le squelette et le cœur poursuivirent leur route vers la Bretagne jusqu’à ce que le roi Charles V prît la décision de faire enterrer les ossements de son défunt connétable dans la basilique royale de Saint-Denis, aux côtés des rois de France.
Sa sépulture sous un gisant en armure avec ses deux solerets, genouillères et cubitières, un surcot et un baudrier sur lequel est attaché d'un côté une dague anachronique, de l'autre côté l’épée dans son fourreau de cuir et l’écu en métal doublé de cuir et gravé avec ses armoiries, l'œil gauche percé, marque d’un coup de lance reçu en combattant les Anglais en 1364, comme celles de la plupart des princes et dignitaires qui y reposaient, fut profanée par des révolutionnaires en 1793, comme le fut aussi le tombeau contenant ses chairs bouillies à Montferrand.
Quant au tombeau qui contenait ses entrailles église Saint-Laurent, au Puy, il échappa à la profanation : l'urne fut mise en dépôt à la mairie en vue de lui donner une sépulture laïque puis fut finalement replacée dans l'église Saint-Laurent avec son contenu ; ils y demeurent toujours. Son cœur seul parvint en Bretagne où il fut déposé sous une dalle au couvent des Jacobins à Dinan.
En 1810, la pierre tombale et l'urne contenant le cœur furent transférées dans l'église Saint-Sauveur de Dinan. Trois des quatre tombes sont encore visibles et ornées de monuments, celle de Montferrand ayant disparu lors de la Révolution française.
Les gisants de Saint-Denis et celui du Puy permettent d'observer un personnage et un visage apparemment sculptés à la ressemblance du sujet, par ailleurs connu par des descriptions physiques et plusieurs miniatures contemporaines, insistant toutes sur la laideur et la pugnacité que révélait son visage.
Cette partition du corps dilaceratio corporis, division du corps en cœur, entrailles et ossements avec des sépultures multiples est un privilège de la dynastie capétienne et des proches qu'elle veut honorer. Elle permet ainsi la multiplication des cérémonies funérailles du corps, la plus importante, puis funérailles du cœur et funérailles des entrailles et des lieux avec un tombeau de corps, un tombeau de cœur et un tombeau d'entrailles où honorer le défunt.
Bertrand Du Guesclin fut probablement le seul défunt au monde à posséder quatre tombeaux.
Il existe à Chateauneuf-de-Randon Lozère et au lieu-dit L'Habitarelle où se situait le campement de Du Guesclin au moment de sa mort, un cénotaphe construit par subvention et souscription nationales, dont le gisant reproduit celui du Puy : sans casque, car il n'est pas mort au combat, avec un chien à ses pieds, le connétable porte la barbe alors qu'il est imberbe sur le gisant de la basilique Saint-Denis.
Eustache Deschamps composa une Ballade sur le trépas de Bertrand Du Guesclin.

Postérité

Du Guesclin laisse une image partagée et même contradictoire : il est ainsi considéré selon les sources soit comme un héros à la loyauté absolue, soit comme un traître.
Il doit son statut de héros au fait qu'il ait de son vivant soigné son image et travaillé à faire, et faire connaître, sa propre réputation, en comptant notamment dans son entourage Cuvelier, un trouvère qui composa sur lui une biographie rimée. Il le doit également à la mythographie de sa mort, telle la ballade Sur le trépas de Bertrand Du Guesclin d'Eustache Deschamps ou à la description dans les Chroniques de Froissart de l'ascension sociale que sa naissance ne lui laissait espérer.
Les poètes du XIVe siècle comme Cuvelier ou Deschamps l'adjoignent comme dixième héros aux neuf Preux légendaires. Cette figure héroïque est également diffusée par la propagande nationaliste française du XIXe siècle avec des historiens comme Ernest Lavisse, Albert Malet, il est ainsi présenté comme précurseur de Jeanne d'Arc en cristallisant le sentiment national du peuple français qui s'est construit autour du roi contre les Anglais et est maintenue par des historiens du XXe siècle comme Jean Duché.
Son image de traître a une double origine : d'une part, de son vivant, il subit l’opprobre des Bretons lors de l'épisode du retour d'exil de Jean IV de Bretagne en 1379 la chanson An Alarc'h le qualifie expressément de traître, d'autre part, il est considéré par les nationalistes bretons du XXe siècle comme un traître à la fois en raison de cet événement, mais aussi plus généralement pour son engagement auprès de la France.
Le Mouvement ouvrier social-national breton, groupuscule collaborationniste, a détruit à coup de marteau la statue du Connetable de France se trouvant dans le Jardin des plantes de Rennes en 1941. L'organisation indépendantiste du Front de Libération de la Bretagne fait également sauter la statue de Du Guesclin à Broons le 12 février 1977.
L'historien Louis Élégoët fait cependant remarquer à ce sujet qu'il s'agit de la transposition, par les nationalistes, de leur vision moderne du concept de nation, alors que Du Guesclin vit à une époque où un système féodal est en place : ayant pris le parti de Charles de Blois lors de la guerre de Succession de Bretagne, il se positionne en vassal du seigneur de celui-ci, le roi de France Charles V, et, contrairement à nombre d'autres seigneurs de l'époque, ne changera jamais d'allégeance au cours de sa vie en ayant fait une question de principe.
Entre le petit nobliau de province qui se constitue une bande de partisans dans la forêt de Paimpont et le bon connétable à la tête de l'armée du roi Charles V le Sage (ce roi peu fait pour la guerre qui a rétabli la paix grâce à des chevaliers comme Du Guesclin, Bertrand Du Guesclin constitue ainsi dans la mentalité collective une image à mi-chemin entre un Robin des Bois breton et un Bayard médiéval .
Outre un prix hippique en son nom, un prix littéraire, le prix du Guesclin a été créé en 2010 par l'Association Cocktail & Culture pour récompenser l’auteur d’un essai, d’une biographie ou d’un roman historique.

Famille Parenté

Bertrand Du Guesclin avait un frère :
Olivier Du Guesclin : mort en 1403. À la mort de Bertrand Du Guesclin, il reprit le titre de comte de Longueville.
et deux cousins :
Olivier de Mauny : capitaine général de Normandie, chambellan de Charles VI de France, seigneur de Lesnen.
Olivier Du Guesclin : seigneur de Vauruzé, partisan de Charles de Blois, duc de Bretagne.

Unions et descendance

On lui connaît deux mariages, qui ne laissent pas d'enfants :
Il fut l'époux, en premières noces, probablement en 1363 à Vitré, de Tiphaine Raguenel morte en 1373, fille de Robin III Raguenel, seigneur de Châtel-Oger, héros du combat des Trente, et de Jeanne de Dinan, vicomtesse de La Bellière ;
Il épousa, en secondes noces, le 21 janvier 1374 au château de Montmuran aux Iffs, Jeanne de Laval morte après 1385, fille de Jean de Laval mort en 1398, et d'Isabeau de Tinténiac. Après son veuvage, en 1380, Jeanne de Laval se remaria, le 28 mai 1384, avec Guy XII de Laval mort en 1412, sire de Laval.
De sa relation avec Doña de Soria, dame de la cour de la reine Jeanne de Castille, il eut deux enfants :
Olivier Du Guesclin né vers 1366, qui sera l'ancêtre des marquis de Fuentès ;
Bertrand Torreux Du Guesclin.
On connaît également un troisième enfant, d'une autre relation ou de Doña de Soria, la filiation étant mal établie :

Michel Du Guesclin. Titres

Capitaine de Pontorson et du mont Saint-Michel.
Comte de Longueville, en Normandie, lieutenant général de Normandie, en 1364 par le roi de France.
Roi de Grenade, connétable de Castille, duc de Soria et duc de Molina, par le roi de Castille.
Seigneur de Pontorson en Normandie, en 1376 par le roi de France.
Connétable de France.

Bertrand Du Guesclin Armoiries

D'argent à l'aigle bicéphale éployée de sable becquée et membrée de gueules, à la cotice du même brochant sur le tout
La cotice, ou bâton en bande — quasi-équivalent est une bande réduite en largeur et était utilisée en général comme brisure pour les cadets. Le père de Bertrand représente une branche cadette de la famille Du Guesclin.

Renseignements complémentaires

Du Guesclin est une forme modernisée de son nom, dont on ignore la graphie d'origine exacte.
Selon certains historiens, le nom des seigneurs de Pontorson, puis de Broons était Du Guerplic. L'historiographie contemporaine hésite entre Bertrand Du Guesclin, Bertrand du Guesclin et Bertrand Duguesclin. Le connétable lui-même ne nous laisse aucune indication, signant simplement Bertran.
Sa mère, Jeanne de Malemains, se désigne elle-même Uxor domini mei Roberti de Glaquino.
Ce nom de Glaquin, ou plus souvent Claquin, se retrouve chez les poètes du siècle suivant François Villon et Jean Marot.
La dalle de la basilique Saint-Sauveur de Dinan derrière laquelle est enterrée son cœur mentionne Gueaqui avec un tilde sur le ui qui peut représenter le n final ou éventuellement une autre lettre en supposant que le n ait disparu par usure du bord.
Une légende forgée par des romanciers généalogistes pour expliquer l'étymologie de son nom, le fait descendre d'Aquin ou d'Haquin, général maure mythique qui aurait conduit les armées arabes à la bataille de Poitiers et se serait installé en Armorique vers 755 dans un château nommé Glay, Glay et Aquin ayant fusionné pour donner Gléaquin puis Guesclin.
Bien que la plupart des représentations qui ont été faites de lui le montrent avec une épée, Du Guesclin n'utilisait pas cette arme avec laquelle il n'était pas très habile, lui préférant une grande hache.
Du Guesclin est considéré comme le Ganelon de la Bretagne par de nombreux nationalistes bretons qui lui reprochent d'avoir fait marcher les troupes du roi de France qu'il commandait en tant que connétable, sur celles du duché de Bretagne, alors indépendant.
Un portrait de Du Guesclin radicalement différent est dressé dans le Cycle de Tristan de Castelreng, une saga historique de Pierre Naudin.
Cette œuvre de fiction le présente comme un personnage peu recommandable, mal élevé et incapable de prouesses, preuves historiques à l'appui. L'auteur conteste même le du de son nom, affirmant que le personnage s'appelait en réalité Bertrand Guesclin, la marque de noblesse n'ayant été rajoutée que très longtemps après sa mort par des romanciers en manque de héros.
Il fut pendant longtemps, du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, un des héros français qui furent à la République ce que sont les saints aux religions.
À cette époque, son histoire, plus ou moins romancée, était présentée comme la vie d'un citoyen modèle, que sa conscience très personnelle avait toujours amené à faire le bien du plus grand nombre, au service de sa patrie.
Un timbre postal, d'une valeur de 0,15 + 0,05 nouveau franc a été émis à l'effigie de Du Guesclin le 22 mai 1961, avec une oblitération Premier Jour le 20 mai à Broons.
Une médaille à l'effigie de Du Guesclin tête casquée en cotte de mailles accompagnée de sa devise NIL VIRTUS GENEROSA TIMET a été gravée en 1913 par Charles Gustave de Marey 1878-1967

Liens

http://youtu.be/PGc_sN_4obc 2000 ans d'histoire Bertrand Duguesclin 1
http://youtu.be/JB9d8ZLh8aA 2000 ans d'histoire Bertand Duguesclin 2
http://youtu.be/4NtJQjU4Hn4 Duguesclin L'aigle de Bretagne
http://youtu.be/Qxp-UsJizuA Duguesclin


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Posté le : 13/07/2014 00:13

Edité par Loriane sur 13-07-2014 10:33:20
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Simone Veil
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Le 13 juillet 1927 à Nice Alpes-Maritimes naît Simone jacob épouse

Simone Veil


femme politique française inscrite au parti politique UDF de 1995à 1997, et à l'UDI depuis 2012. Magistrate, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'École nationale de la magistrature, elle est Membre du Conseil constitutionnel
de 3 mars 1998 – 3 mars 2007 son prédécesseur est Jean Cabannes et son Successeur Renaud Denoix de Saint-Marc. Elle est Ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville du 31 mars 1993 – 11 mai 1995 sous la présidence de François Mitterrand, dans le gouvernement Gouvernement d'Édouard Balladur ses prédécesseurs ont été Bernard Kouchner à la Santé, René Teulade aux affaires sociales, Successeur Philippe Douste-Blazy à la Santé et Jacques Barrot aux affaires sociales, elle est la 16e présidente du Parlement européen de juillet 1979 – janvier 1982, précedée par Emilio Colombo et Succédée par Piet Dankert, elle est Ministre de la Santé 28 mai 1974 – 4 juillet 1979 sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing dans le premier Gouvernement de Jacques Chirac, de Raymond Barre I, Raymond Barre II, Raymond Barre III, elle succède à Jacques Barrot, et Michel Poniatowski lui succédera

En Bref

Simone Veil est sans nul doute la femme politique française la plus célèbre et la plus populaire, et ce depuis le milieu des années 1970. Cette renommée est due à son combat pour la loi qui porte son nom, relative à l'interruption volontaire de grossesse I.V.G. votée en 1975, et à un parcours de vie exceptionnel marqué par la tragédie, intimement inscrit dans l'histoire politique de l'Europe du XXe siècle. Rescapée de la Shoah, elle a une trajectoire de pionnière, en occupant des postes jusque-là inaccessibles aux femmes au sein de l'administration comme en politique. Elle incarne la figure d'une féministe engagée modérée, d'un témoin respecté de la mémoire de la solution finale et d'une professionnelle de la politique à la carrière atypique, menée en dehors des filières et des partis politiques traditionnels.
Rescapée de la Shoah, elle entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire jusqu'à sa nomination comme ministre de la Santé, en mai 1974. À ce poste, elle fait notamment adopter la loi Veil, promulguée le 17 janvier 1975, qui dépénalise le recours par une femme à l'interruption volontaire de grossesse.
De 1979 à 1982, elle est la première femme à présider le Parlement européen élu au suffrage universel. Elle est ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur, puis siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Élue à l'Académie française le 20 novembre 2008, elle est reçue sous la Coupole le 18 mars 2010.
Durant cette dernière décennie, elle ne sort de sa réserve que pour faire campagne en 2005 pour le Traité européen qui lui tient à cœur et, en 2007 pour affirmer son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Ce dernier engagement a été très commenté, contrastant avec le reste d'une carrière menée au centre dans une grande indépendance à l'égard des partis politiques et des surenchères populistes. Son soutien s'avère néanmoins critique et exigeant, comme en témoigne sa vive dénonciation de la création du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale et de l'idée de « confier la mémoire d'un enfant français victime de la Shoah à chaque élève de CM2 ». Élue en 2008 à l'Académie française au fauteuil de Pierre Messmer, elle entre sous la Coupole en mars 2010.

Sa vie

Simone Jacob (première à gauche, rangée supérieure au lycée Albert-Calmette de Nice, en 1941-1942.
Son père, l'architecte André Jacob, obtient en 1919 le Second grand prix de Rome. Il épouse Yvonne Steinmetz, fille de fourreurs parisiens, le 22 mai 1922 dans le 9e arrondissement de Paris. André Jacob exige que sa femme bachelière et étudiante en chimie abandonne ses études après leur mariage. Après la naissance des deux premiers enfants du couple Madeleine et Denise, la famille juive mais non pratiquante quitte Paris pour s'installer à Nice sur la Côte d'Azur.
Jean Jacob, le seul fils, nait en 1925. Simone Jacob est la benjamine de la famille, elle naît le 13 juillet 1927 à Nice. Avec la crise de 1929, la famille Jacob quitte son appartement pour un autre plus petit. Lorsque la crise s'aggrave, les commandes d'architectes à son père se raréfient, et sa mère tricote pour les enfants de familles démunies.
Le 3 septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne nazie. Lorsque l'armistice est signé, André Jacob est accablé. Le régime de Vichy est instauré le 1er juillet 1940 et le gouvernement Pierre Laval édicte en octobre 1940 une série d'interdictions à l'encontre des Juifs et l'obligation de se déclarer aux autorités. André Jacob remplit les démarches et perd le droit d'exercer sa profession. Yvonne Jacob passe ses journées à chercher de la nourriture pour sa famille.
L'année suivante, les enfants Jacob sont envoyés près de Carcassonne, où ils séjournent en compagnie d'un oncle et d'une tante.
De retour à Nice, la famille, qui habite un appartement, subit la ségrégation progressive des lois anti-juives. Les enfants participent activement aux activités des scouts et des éclaireuses. Le danger devient manifeste à partir de septembre 1943, date de la prise de contrôle de cette zone par l’occupant allemand en remplacement des Italiens. En mars 1944, elle passe son baccalauréat.

Le Nazisme Déportation

Lors d'un contrôle effectué dans la rue par deux SS, Simone Jacob, alors âgée de 16 ans et qui se fait appeler Simone Jacquier, est arrêtée le 30 mars 1944, à Nice, où elle réside chez son professeur de lettres classiques. Elle est emmenée à l'hôtel Excelsior, quartier général allemand, qui sert à cette époque de lieu de regroupement local des juifs arrêtés avant leur déportation vers l'Allemagne.
Dans les heures qui suivent, le reste de sa famille, hébergée malgré les risques encourus par plusieurs couples de relations et d'amis niçois, est arrêté par la Gestapo. Sa sœur Denise, entrée à 19 ans dans un réseau de Résistance à Lyon, est arrêtée en 1944, et déportée à Ravensbrück d'où elle est revenue.
Simone transite par le camp de Drancy. Son père et son frère Jean sont déportés en Lituanie par le convoi 738. Simone Veil ne les a jamais revus.
Le 13 avril 1944, soit deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère et sa sœur Madeleine sont envoyées de Drancy convoi no 71 à destination d'Auschwitz-Birkenau, un des camps d'extermination nazis, où elles arrivent le 15 avril au soir. Un prisonnier parlant français lui conseille de se dire âgée de plus de 18 ans pour passer la sélection et éviter l'extermination. Elle reçoit le matricule 78651 qui lui est tatoué sur le bras. Le travail forcé consiste alors à décharger des camions d'énormes pierres et à creuser des tranchées et aplanir le sol.
En juillet 1944, avec sa mère et sa sœur, elle est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau. Peu avant la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier 1945, les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen où elle travaille à la cuisine.
Sa mère meurt du typhus le 13 mars 1945. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés.

Retour en France et études

Bergen-Belsen est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945. Elle est de retour en France le 23 mai suivant. Simone, Madeleine et son autre sœur Denise engagée dans la Résistance sont les seules survivantes de la famille, puisque leur père, leur mère et leur frère ne sont pas revenus des camps. Madeleine meurt avec son fils Luc en 1952, à la suite d'un accident de voiture, alors qu'elle rentrait de Stuttgart, où elle était allée rendre visite à Simone.
Seule de toute l'Académie à avoir passé et obtenu son baccalauréat en mars 1944, la veille de son arrestation, elle s'inscrit, en 1945, à la faculté de droit de Paris et à l'Institut d'études politiques de Paris, où elle rencontre Antoine Veil 1926-2013, futur inspecteur des finances et chef d'entreprises, qu'elle épouse le 26 octobre 1946. Ils ont trois fils, Jean, avocat d'affaires né en 1947, Claude-Nicolas 1948-2002 Pierre-François, avocat né en 1954, et plusieurs petits-enfants.
En 1948, elle visite la Tunisie, sous protectorat français, et avec Moshe Sharet/Shartok rencontre Mr. Victor Haddad, à Nabeul, pour encourager l'immigration en Palestine.

Carrière juridique

Munie de sa licence de droit et de son diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris, elle renonce à la carrière d'avocate et passe avec succès, en 1956, le concours de la magistrature. Elle occupe dès lors un poste de haut fonctionnaire dans l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice, où elle s'occupe des affaires judiciaires, qu'elle délaisse en 1964 pour les affaires civiles.
En 1970, elle devient secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature CSM.

Carrière politique

Dans ses mémoires, Simone Veil mentionne une action politique de sa part dès 1971 au conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion télévision française ORTF. À ce poste, elle surprend en s'opposant notamment à la diffusion du documentaire sur la Seconde Guerre mondiale Le Chagrin et la Pitié, qu'elle juge trop réducteur par rapport à la réalité de l'époque.

Ministre de la Santé

À la suite de la mort en cours de mandat du président Georges Pompidou, elle soutient la candidature de Jacques Chaban-Delmas à l'élection présidentielle anticipée. Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, elle est nommée ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, poste qu'elle conserve sous les gouvernements Raymond Barre.
Elle est chargée de présenter au Parlement le projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse IVG, qui dépénalise l'avortement.
Ce combat lui vaut des attaques et des menaces de la part de l'extrême-droite et d'une partie de la droite parlementaire, comme l'a rappelé Jean d'Ormesson en l'accueillant à l'Académie française. Dans un discours devant les députés, elle soutient que l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue. Le texte est finalement adopté à l'Assemblée nationale le 29 novembre 1974, avec le soutien de la gauche et d'une courte majorité des députés de droite, puis au Sénat deux semaines plus tard.
La loi entre en vigueur le 17 janvier 1975.
Loi Veil du 17 janvier 1975 sur l'interruption volontaire de grossesse.

Elle revoit également la carte hospitalière en fermant notamment des établissements à trop faible activité, rééquilibre les comptes de l'Institut Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères d'enfants en bas âge.

Au Parlement européen

Simone Veil préside une séance du Parlement à Strasbourg le 12 octobre 1979.
À la demande du président Valéry Giscard d'Estaing, elle conduit la liste Union pour la démocratie française UDF aux élections européennes de 1979, les premières au suffrage universel. À la suite de la victoire relative de l'UDF 27,61 % des suffrages et 25 élus, elle quitte le gouvernement.

Le 17 juillet 1979, alors que les députés RPR français ont soutenu une autre candidature que la sienne aux deux premiers tours de scrutin, elle est élue présidente du Parlement européen au troisième tour, avec 192 voix, contre 133 au socialiste Mario Zagari et 47 au communiste Giorgio Amendola. Au début de l'année 1982, elle est sollicitée pour briguer un second mandat, mais ne bénéficiant pas du soutien des députés RPR, elle retire sa candidature avant le troisième tour de scrutin afin de ne pas faciliter l'élection du candidat socialiste, qui l'emportera néanmoins grâce aux divisions de la droite française.
Avec Jacques Chirac, elle impose à l'opposition une liste unique aux élections européennes de 1984. La liste qu'elle conduit obtient 43,02 % des voix et 41 sièges de députés européens le 17 juin. Elle préside alors le groupe libéral au Parlement européen pendant toute la législature. Lors des élections européennes de 1989, elle présente une liste centriste distincte de la liste d'union RPR/UDF : celle-ci recueille 8,43 % des voix et sept députés européens.

Opposition aux gouvernements de gauche

Lors des élections législatives de 1988, alors que certaines personnalités de l'UDF, notamment Jean-Claude Gaudin à Marseille, passent des accords de désistements locaux avec le FN et que Pasqua RPR évoque des préoccupations et des valeurs semblables, Veil déclare qu'entre un Front national et un socialiste, elle votera pour un socialiste.
Début 1990, elle qualifie d’inadmissible la création de fichiers informatisés des Renseignements généraux, décidée par le gouvernement Michel Rocard. Le projet est retiré en mars 1990 et promulgué, sous une forme nouvelle, par le gouvernement Cresson l'année suivante.

Ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

En mars 1993, Simone Veil est nommée ministre d'État, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Édouard Balladur.
À ce poste, elle met notamment en place le praticien adjoint contractuel PAC. Soutien d'Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, elle quitte le gouvernement à la suite de la victoire de Jacques Chirac. Elle adhère ensuite à l'UDF, qu'elle quitte deux ans plus tard.

Membre du Conseil constitutionnel

Nommée membre du Conseil constitutionnel par le président du Sénat, René Monory, en mars 1998, elle fait partie de la haute juridiction jusqu'en mars 2007. Elle sort de son devoir de réserve en 2005, pour appeler à voter oui au référendum sur la Constitution européenne.

Retrait progressif de la vie politique

Simone Veil lors d'une réunion publique dans le cadre des élections municipales à Paris, le 27 février 2008.
Le 8 mars 2007, tout juste libérée de son devoir de réserve lié à son mandat de membre du Conseil constitutionnel, elle annonce sa décision de soutenir Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007. Toutefois, cela ne l’empêche pas de garder sa liberté de jugement et, à l’annonce de la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale par le candidat de l’UMP au cas où il serait élu, elle répond qu’elle aurait préféré un ministère de l’Immigration et de l'Intégration. Son soutien à Nicolas Sarkozy n’est toutefois pas remis en cause : Nicolas est gentil. Il peut être brutal dans son expression, mais les gens ont tort de douter de son humanité. C’est un ami fidèle. Pour moi, c’est important. Quand on choisit un président, on a envie de quelqu’un qui ait ces qualités-là.
Ce n’est pas toujours le cas. Elle adresse par ailleurs de nombreuses critiques au candidat UDF, François Bayrou, l’accusant de ne représenter que lui-même.
Le 11 janvier 2008, le président de la République, Nicolas Sarkozy, annonce qu’il l’a chargée de « mener un grand débat national pour définir les nouveaux principes fondamentaux nécessaires à notre temps, les inscrire dans le préambule de la Constitution, nommant la diversité qui ne peut pas se faire sur une base ethnique »25. Le décret du 9 avril 2008 portant création d’un comité de réflexion sur le préambule de la Constitution, qui prévoit la remise d’un rapport avant le 30 juin, suscite l’opposition d’Anne-Marie Le Pourhiet, qui y voit un risque de saper le principe d’égalité de tous devant la loi.

De 2000 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle est par la suite présidente d'honneur. Elle s'oppose, le 15 février 2008, à l’idée de confier la mémoire d’un enfant juif de France mort dans la shoah à chaque élève de CM2 : C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste.
Le 1er janvier 2009, elle est promue directement à la distinction de Grand officier de la Légion d'honneur.
Selon Le Figaro, c'est à la demande expresse de Roselyne Bachelot et avec l'accord de Nicolas Sarkozy, que le Code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire a été modifié, quelques semaines avant la promotion de Simone Veil, afin de lui permettre d'accéder directement à cette distinction sans passer par les grades inférieurs, distinction qu'elle avait refusée dans les années 1990 pour raisons personnelles.
Depuis 2009, Simone Veil est également membre du jury du Prix pour la prévention des conflits, décerné annuellement par la Fondation Chirac. Elle reçoit le Prix Heinrich Heine 2010.

Un sondage réalisé par l'Ifop en 2010 la présente comme femme préférée des Français.

Proche de la famille centriste, Simone Veil est présente aux côtés de Jean Louis Borloo lors du congrès fondateur de l'Union des démocrates et indépendants UDI, en octobre 2012. Le 25 novembre 2012, est présentée la première carte adhérent de l'UDI, qui est au nom de Simone Veil.

Membre de l'Académie française

Le 31 octobre 2007 est éditée son autobiographie, intitulée Une vie. L’ouvrage a été traduit en une quinzaine de langues et vendu, en France, à plus de 550 000 exemplaires. Il a obtenu le Prix des Lauriers Verts en 2009. Elle y donne entre autres son opinion sur Paul Touvier, dont elle dit que Georges Pompidou ne connaissait pas assez bien le dossier, et sur Maurice Papon, dont elle note l'absence du moindre remords, y compris pour la mort d’enfants déportés.
Une autre reconnaissance de son action publique est son élection parmi les Immortels. Le 9 octobre 2008, invitée par Maurice Druon et François Jacob, Simone Veil présente sa candidature à l'Académie française au fauteuil de Pierre Messmer, qui fut également celui de Jean Racine et de Paul Claudel. Le 20 novembre 2008, elle est élue au premier tour de scrutin par 22 voix sur 29 5 blancs, 2 marqués d'une croix.
Simone Veil est reçue sous la Coupole le 18 mars 2010, en présence du président de la République Nicolas Sarkozy, protecteur de l'Académie, et de ses prédécesseurs Valéry Giscard d'Estaing membre de l'Académie française depuis 2003 et Jacques Chirac. Sur son épée d'Immortelle est gravé le numéro matricule qui avait été inscrit sur son bras à Auschwitz numéro 78651, ainsi que les devises de la République française et de l'Union européenne : liberté, égalité, fraternité et unis dans la diversité .

Jean d'Ormesson prononce le discours de réception, et Simone Veil l'éloge de son prédécesseur, l'ancien Premier ministre Pierre Messmer.

Détail des mandats et fonctions Fonctions gouvernementales

28 mai 1974 - 29 mars 1977 : ministre de la Santé
29 mars 1977 - 3 avril 1978 : ministre de la Santé et de la Sécurité sociale
3 avril 1978 - 4 juillet 1979 : ministre de la Santé et de la Famille
31 mars 1993 - 16 mai 1995 : ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

Mandats électifs

juin 1979 - mars 1993 : députée européenne
juillet 1979 - janvier 1982 : présidente du Parlement européen
juillet 1984 - juillet 1989 : présidente du groupe libéral au Parlement européen

Autres fonctions

Mars 1998 - Mars 2007 : membre du Conseil constitutionnel
2000 - 2007 : présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah présidente d'honneur depuis 2007
Membre du conseil d'administration de l'Institut français de relations internationales IFRI
Présidente du conseil de direction du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale
Membre du jury du Prix pour la prévention des conflits, lancé par la Fondation Chirac
Présidente du Conseil consultatif français des Bourses Entente Cordiale

Distinctions et décorations

Grand officier de la Légion d'honneur le 29 avril 2009, puis Grand croix le 13 juillet 2012.
Chevalier de l'ordre national du Mérite
Dame commandeur de l’ordre de l’Empire britannique
Médaille d'honneur de la Santé et des Affaires sociales échelon or, 2012
Prix Nord-Sud du Conseil de l'Europe 2007
Prix des Lauriers Verts pour son autobiographie Une vie 2009
Prix Heinrich Heine de la ville de Düsseldorf pour l'ensemble de son œuvre 2010

Doctorats honoris causa

De nombreuses universités ou grandes écoles d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Israël ont accordé à Simone Veil un titre de Docteur honoris causa ou un autre diplôme honorifique :

université de Princeton, en 1975 ;
Institut Weizmann, en 1976 ;
université Bar-Ilan, en 197945 ;
université de Cambridge, en 1980 ;
université hébraïque de Jérusalem, en 1980 ;
université Yale États-Unis, en 1980 ;
université d'Édimbourg Écosse, en 1980 ;
université de Georgetown Washington, DC, États-Unis, en 198146 ;
université d'Urbino Italie, en 1981 ;
université du Sussex Angleterre, en 1982 ;
Yeshiva University de New York, en 1982 ;
université libre de Bruxelles, en 1984 ;
université américaine de Paris, en 1988 ;
université de Brandeis États-Unis, en 198947 ;
université de Glasgow Écosse, en 199548 ;
université de Pennsylvanie États-Unis, en 199749 ;
université de Cassino Italie, en 200650 ;
université Ben-Gourion du Néguev, en 2010.

Hommages

La promotion 2003 de l’École Nationale de la Magistrature porte le nom de Simone Veil.
L'Hôpital public d'Eaubonne 95, anciennement Roux Calmette Guérin, s'appelle désormais Simone Veil, depuis sa réorganisation et sa fusion avec l'hôpital de Montmorency.
Le collège de Villers-Bocage Calvados porte désormais son nom. Simone Veil l'a inauguré, en personne, le vendredi 30 avril 2010.
Le Lycée régional de Valbonne Sophia Antipolis a pris le nom de Simone Veil depuis la rentrée 2010.
L'école maternelle et primaire de Vigneulles-lès-Hattonchâtel porte son nom. Simone Veil l'a inaugurée le 10 décembre 2010.
La faculté de médecine PIFO Paris Île-de-France Ouest appartenant à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines UVSQ porte le nom de Simone Veil depuis septembre 2012.
Depuis septembre 2013, un amphithéâtre de la faculté de médecine d'Angers et un lycée de la même ville54 portent le nom de Simone Veil.
L'EREA d'Amilly établissement régional d’enseignement adapté Loiret porte son nom.

Publications

L'Adoption, données médicales, psychologiques et sociales, 1969
Simone Veil et Annick Cojean interviewer, Les hommes aussi s'en souviennent : discours du 26 novembre 1974 suivi d'un entretien avec Annick Cojean, Stock, 2004, 112 pages
Simone Veil, Une vie, Stock,‎ 2007 les quatre premiers chapitres ont été édités sous le titre Une jeunesse au temps de la Shoah : Extraits d’Une vie, LGF, coll. Le Livre de poche,‎ 2010
Simone Veil, Une vie, Livre de poche,‎ 2009, 343 p.
Discours de Simone Veil lors de sa réception à l'Académie française texte
Discours de Simone Veil lors de sa réception à l'Académie française vidéo
Allocutions de Mme Louise Weiss, doyenne d'âge et de Mme Simone Veil, président. Strasbourg, 17 juillet 1979. Strasbourg : Sous la dir. du Parlement européen, 1979.

Liens

http://youtu.be/lMZG3Fi_EwM une loi au nom des femmes
http://youtu.be/AkuNQKhKZoE?list=PLSy ... PtDAXYBdE8bZtMiH9IMllgrd3 archives Ina 49 Vidéos
http://youtu.be/SUeSuf9n6oI Une vie de témoin


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Posté le : 13/07/2014 00:11

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Jules César 1
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Le 13 juillet 100 av. J-C naît Jules César, latin : Caius Iulius Caesar IV

à sa naissance, dit Imperator Caius Julius Caesar Divus après sa mort, général, homme politique, dictateur et écrivain romain, mort le 15 mars 44 av. J.-C. aux Ides de Mars.Il est fait Pater patria, Questeur, Édile Curule, Pontifex maximus, Préteur, Consul, Dictateur, il appartient à la dynastie de Julio-Claudiens de la république romaine, il sera suivi du second triumvirat. Il est le fils de Caius Julius Caesar III et de Aurelia Cotta, il est le Conjoint de Cossutia -85 à -84, Cornelia Cinna -84 à -68, Pompeia Sulla -68 à -63, Calpurnia Pisonis -59 à -44, il aura une liaison avec Servilia puis Cléopâtre VII et Euno,il a pour enfants Brutus avec Servilia Caepionis, Julia avec Cornelia Cinna, Ptolémée XV dit Césarion, avec Cléopâtre VII et Auguste par adoption

Son destin exceptionnel marqua le monde romain et l'histoire universelle : ambitieux et brillant, il s’appuya sur le courant réformateur et démagogue pour son ascension politique ; stratège et tacticien habile, il repoussa les frontières romaines jusqu’au Rhin et à l’océan Atlantique en conquérant la Gaule, puis utilisa ses légions pour s’emparer du pouvoir. Il se fit nommer dictateur à vie, et fut assassiné peu après par une conspiration de sénateurs.
Il fut divinisé et son fils adoptif Octave, vainqueur de Marc Antoine, acheva la réforme de la République romaine, qui laissa place au principat et à l’Empire romain.

En Bref

Jules César est sans doute le général romain le plus mythique. Homme de stratégie politique comme militaire, il gravit tous les échelons jusqu’à se faire proclamer dictateur à vie et conquérir un empire gigantesque jusqu’aux confins du monde connu de l’époque. Son opposition aux membres du Sénat connut son apogée lorsqu’il entra dans Rome avec son armée et mit en fuite Pompée. Elle lui vaudra également sa chute, il sera victime d’un complot organisé par quelques sénateurs dont son fils spirituel Brutus.
Caius Julius Caesar naît à Rome le 12 juillet de l’an 101 avant JC. Issu d’une famille patricienne, il prétend être un descendant d'Énée, le fils de Vénus. Le jeune César, qui appartient à la jeunesse dorée de Rome, est un élève brillant. Après une première victoire en Asie, il démarre sa carrière politique, étant successivement questeur, édile et préteur en 63 avant J.C. Il devient gouverneur de la Gaule cisalpine et transalpine alors qu’il est presque ruiné. Les jeux, qu’il a organisés pour se faire aimer du peuple romain, lui ont coûté une fortune. Plusieurs victoires militaires en Espagne lui permettent de devenir propréteur de ce pays et de renflouer ses caisses. Ses ambitions pour arriver à la tête de Rome le pousse à sceller un pacte secret avec Pompée et Crassus, le premier Triumvirat. Le calcul s’avère payant, Jules César devient Consul en 59 avant J.
Entre 58 à 52 avant J.C, César se lance dans une vaste campagne de conquêtes, appelée la guerre des Gaules. Il bat les Germains d'Arioviste, les Belges, les Usipètes et les Tenctères. Cependant, Jules César rencontre une assez forte résistance en Auvergne. Vercingétorix, à la tête des résistants, lui tient tête près d'Alésia Bourgogne en 51 avant J.C. Le Gaulois finira par s’incliner devant le général romain. Ces grandes victoires confèrent à Jules César une forte popularité auprès du peuple romain. César prendra soin de les raconter dans son remarquable ouvrage, La guerre des Gaules.
Mais pendant ce temps-là, à Rome, la situation politique se détériore. Crassus étant mort dans une expédition contre les Parthes en 53 avant J.C, le triumvirat n’est plus et Pompée en profite pour asseoir son autorité. Jules César refuse d’abandonner la ville aux mains de Pompée. Le vainqueur des Gaules, aimé du peuple, et Pompée, soutenu par les sénateurs, se livrent une guerre d’influence pour devenir le premier homme de Rome. César se présente aux élections consulaires, ce qui l’obligeait selon les règles en vigueur à revenir à Rome et à licencier son armée. Les consuls en fonction avaient l’interdiction de franchir le fleuve Rubicon et d’entrer dans Rome avec leurs troupes
Faisant fi des règles, Jules César, à la tête de son armée, marche vers Rome. Le 10 janvier 49, il franchit le Rubicon, et déclare : alea jacta est, le sort en est jeté !. Pompée prend la fuite. En 48 avant J.C, César rattrape Pompée en Grèce et défait ses armées à Pharsale. Jules César se fait nommer Consul puis dictateur par le Sénat. Il instaure un régime autoritaire à Rome. Loin de se reposer sur ses lauriers, César se rend en Egypte pour rétablir l’ordre entre le pharaon Ptolémée XIII et sa sœur-épouse Cléopâtre. Le général romain tombe sous le charme de la belle Cléopâtre. Les armées romaines écrasent les troupes du pharaon et César offre le trône d’Egypte à Cléopâtre.
César tient le monde méditerranéen sous sa coupe. Prenant les titres de grand pontife, consul annuel, dictateur et d'Imperator, César se couvre de gloire. Il devient un véritable objet d'un culte et apparaît même sur la monnaie romaine. Il prend également des mesures favorables aux plus faibles, amnistiant ses anciens adversaires, introduisant des Gaulois et des Espagnols au Sénat et donnant des terres aux vétérans et aux pauvres.
Mais un groupe de sénateurs, dont Cassius et Brutus font partie, fomentent un complot contre le dictateur. Le 15 mars 44 avant J.C, ils le poignardent en pleine séance du Sénat. Avant de rendre son dernier souffle, César découvre parmi ses assassins Brutus, qu’il aimait comme un fils. Il lance en grec: "Kai su teknon", qui sera traduit en latin populaire par "Tu quoque, mi fili" "Toi aussi, mon fils". Son corps sera ramassé par des esclaves et incinéré, comme le veut la tradition, au Champs de Mars. Dans son testament, César a désigné pour héritier son fils adoptif, Octave, futur empereur Auguste. Ce dernier gardera le nom de César en hommage à son célèbre père d’adoption. César donnera "kaiser " en allemand et " tsar " en russe.
D’une ambition sans bornes, Jules César s’est bâti un empire qui allait dominer la Méditerranée pendant plus de 500 ans. On ne peut que s’accorder sur son charisme et ses qualités de meneur d’hommes ainsi que saluer ses réalisations d’un point de vue administratif et littéraire. Le mois de sa naissance quintilius fut rebaptisé julius en son honneur, et est devenu notre mois de juillet.

Origine

César affirmait avoir pour ancêtre Iule ou Ascagne, fils d’Énée et de Créuse, amené en Italie par son père après la chute de Troie.
Ce fondateur d’Albe-la-Longue était considéré comme le créateur de la vieille famille des Iulii qui, selon l’empereur Claude, se joignit ensuite aux patriciens de Rome. Par ce lignage, César revendiqua, lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une ascendance remontant à Vénus dont il célébrera les vertus génitrices Vénus Genitrix.
En réalité les Iulii historiquement connus furent une famille patricienne d'importance mineure, qui exerça quelques consulats mais ne faisait pas partie, au Ier siècle av. J.-C., de la cinquantaine de familles de la nobilitas qui fournissaient la plupart des consuls. Les Julii connurent des revers de fortune, et Jules César grandit dans une maison assez modeste du bas quartier de Subure, de mauvaise réputation.
Caius Julius César naît vers 100 av. J.-C., fils de Caius Julius Caesar III et d’Aurelia Cotta, également d’origine patricienne. Malgré les sources historiques, la date précise de cette naissance reste incertaine : le 12 juillet ou plus probablement le 13 juillet 100 av. J.-C.ou 102 av. J.-C.
Selon Tacite, en mêlant dévouement maternel et ferme discipline, sa mère Aurelia donne à Caius et ses deux sœurs Julia une éducation exemplaire.
Cicéron attribuera à cette éducation familiale et à des études assidues l’élégance du latin de César et la qualité de son éloquence.
Plutarque et Suétone souligneront aussi son art des relations en société tout au long de sa vie : amabilité et politesse envers ses hôtes, prodigalité sans retenue, savoir-vivre et bonne tenue dans les banquets Caton, qui pourtant le déteste, lui accorde qu’il est le seul ambitieux qui ne s’enivre pas, conversation brillante et cultivée. Ces qualités de séduction seront ses premiers atouts dans la vie publique romaine.
Son père, Caius Julius Caesar III, ne dépasse pas, dans sa carrière politique, le rang de préteur en 92 av. J.-C., et meurt subitement un matin en mettant ses chaussures ; César est alors âgé de quinze ans. Son oncle, Sextus Julius Caesar III, obtient le consulat en 91 av. J.-C. mais meurt au siège d’Asculum lors de la Guerre sociale.

Sa vie

La jeunesse de Jules César s’inscrit dans un contexte de violentes luttes politiques qui opposent les optimates aux populares. Les premiers maintiennent une ligne conservatrice et aristocratique qui place le sénat romain au cœur de la République. Les seconds veulent satisfaire les revendications sociales et accorder plus de place politique aux Italiens et aux provinciaux.
Jules César grandit ainsi au milieu de troubles sanglants première guerre civile : combats de rue à Rome en 88 av. J.-C. entre les partisans de Caius Marius, chef des populares, et ceux de Sylla, puis victoire des légions de Sylla sur les marianistes aux portes de Rome en 82 av. J.-C., suivie d’impitoyables chasses à l’homme contre les proscrits du camp adverse.
Ses relations familiales placent Jules César parmi les populares dans le jeu politique romain. Sa tante Julia fut l’épouse du consul Marius et lui-même épouse en 84 av. J.-C. Cornelie Cinna la fille de Cinna, successeur de Marius. Malgré ces alliances familiales, Jules César ne semble pas s’être joint aux marianistes les plus extrémistes lors de la guerre civile qu’ils menèrent contre Sylla. Il est possible que César ait suivi les modérés lorsqu’ils se rallient à Sylla.
En 84 av. J.-C. César est choisi ou est candidat au sacerdoce de flamen dialis premier prêtre de Jupiter à la suite du suicide de Lucius Cornelius Merula durant les proscriptions marianistes. Ce poste honorifique lui interdit toute activité guerrière, donc d'entreprendre le Cursus honorum.
Sylla exige que César divorce de Cornelie Cinna et rompe ainsi ses derniers liens avec les marianistes. César refuse, et doit se cacher, jusqu’à ce que de puissants protecteurs, dont son oncle Aurelius Cotta, fassent fléchir Sylla et cesser la traque.
Sylla lui a entre-temps bloqué sa nomination comme Flamen Dialis et les interdits qui l'accompagnaient, ainsi que la dot de sa femme et une partie de son héritage. Prudent, César quitte Rome. Il s’enrôle vers 80 av. J.-C. dans l’armée et rejoint avec le préteur Marcus Minucius Thermus le théâtre d’opérations militaires en Asie, où Lucullus assiège Mytilène, capitale de Lesbos qui s’était ralliée à Mithridate VI. César reçoit mission de demander au roi de Bithynie Nicomède IV le renfort de sa flotte. Suétone se fait l’écho d’une rumeur sur la réputation de César, rapportant qu’il aurait eu des relations sexuelles passives avec Nicomède, vice le plus méprisable aux yeux des Romains. Cette suspicion, qui peut être une lourde et classique plaisanterie entre soldats, plutôt qu’une réalité indémontrable, suivra César, depuis les commentaires insultants de ses adversaires jusqu’à son triomphe final.
Lors de la prise de Mytilène, César accomplit un exploit que les historiens ne précisent pas, mais qui lui vaut en récompense une couronne civique, la plus glorieuse décoration militaire, habituellement décernée pour avoir sauvé au combat la vie d’un concitoyen. César sert encore en Cilicie sous les ordres de Servilius Isauricus, puis est démobilisé.
À la mort de Sylla en 79 av. J.-C., César demeure quelque temps en Asie. Selon Plutarque, lors de son trajet sur la mer Égée, il est enlevé par des pirates de Cilicie qui le font prisonnier durant 38 jours sur l'île de Farmakonisi et réclament une rançon de vingt talents d'or. César déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les pirates après sa libération, ce qu'il fait effectivement. Puis il perfectionne son éloquence auprès du célèbre rhéteur grec Molon de Rhodes.
De retour à Rome, il débute sa vie publique par un coup d’audace : il attaque en justice le proconsul Gnaeus Cornelius Dolabella qui vient d’achever son mandat en Macédoine, et l’accuse de concussion. Malgré l’éloquence de César et les nombreux témoins à charge qu’il cite, la cible a trop de poids politique : Dolabella est acquitté, probablement par solidarité de classe avec ses juges tous issus du Sénat. César tente une seconde et brillante attaque contre Gaius Antonius Hybrida, qui faillit réussir. Antonius dut recourir à l'intervention des tribuns de la plèbe pour échapper à une condamnation.

L’ascension de César

César développe activement ses relations, dépensant beaucoup en réceptions, et entame le parcours politique classique cursus honorum : tribun militaire, questeur en 69 av. J.-C. en Espagne, puis édile en 65 av. J.-C., il capte la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des tribuns de la plèbe et en relevant les statues de Marius. Chargé de l’organisation des jeux, il emprunte massivement pour en donner de spectaculaires, alignant selon Plutarque le nombre record de 320 paires de gladiateurs.
Parallèlement, César poursuit son activité judiciaire, pour des causes qui flattent le courant des populares.
En 64 av. J.-C., il intente des procès contre d’anciens partisans de Sylla, fait condamner Lucius Liscius et Lucius Bellienus, payés pour avoir ramené la tête de proscrits. Mais il échoue contre Catilina, les jurés se refusant à condamner un membre de la vieille famille des Cornelii. L’année suivante en 63 av. J.-C., avec l’aide du tribun de la plèbe Titus Labiénus, César tente un coup juridique extravagant en accusant de haute trahison le vieux sénateur syllanien Gaius Rabirius pour des faits anciens de trente-sept ans : le meurtre du tribun de la plèbe Saturninus. L’affaire est sans précédent depuis le légendaire procès d’Horace. Cicéron assure la défense de Rabirius Pro Rabirio, mais les deux juges désignés par le préteur ne sont autres que César lui-même et son cousin Sextus. Rabirius est condamné, mais fait appel au peuple romain, son jugement devant les comices est reporté puis l’affaire est finalement abandonnée.
César se fait élire en 63 av. J.-C. au titre de pontifex maximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il dépense d’importantes sommes d’argent et contracte de nombreuses dettes, afin de remporter les suffrages des comices tributes, contre deux anciens consuls Servilius Isauricus et Q. Catulus, plus âgés et expérimentés que lui. Selon l’usage, César s’installe dans la demeure du pontife à la Regia, et exercera la fonction de grand Pontife jusqu’à sa mort.

La Conjuration de Catilina.

Désigné préteur urbain pour l’année suivante au moment de la conjuration de Catilina 63 av. J.-C, il ne fait rien pour la prévenir et est soupçonné de connivence34. Salluste, qui est un partisan de César, attribue ces soupçons à des manœuvres calomnieuses de Q. Catulus et C. Pison, adversaires politiques de César. Appien considère pour sa part que Cicéron n’ose pas mettre en cause César en raison de sa popularité. Lors du vote au Sénat sur le sort des complices de Catilina, César s’oppose à leur exécution immédiate qu'il considère illégale, et propose de répartir les conjurés à travers les prisons des municipes, mais son avis est mis en minorité après l'intervention de Caton.
Envoyé comme propréteur en Bétique Espagne en 60 av. J.-C., il ne peut partir qu’après avoir donné des cautions à ses créanciers. Son départ précipité de Rome est motivé par sa volonté d’échapper à une action judiciaire éventuellement engagée à la fin de sa charge. César mène son premier commandement par une offensive contre les peuples ibères encore insoumis. Après avoir pacifié la province, il revient à Rome afin d’y défiler en triomphe pour son succès militaire puis de briguer le consulat. Mais les préparatifs du triomphe lui imposent de stationner hors de Rome, tandis qu’il doit y être présent pour poser sa candidature dans les délais. Il demande une dérogation, que Caton fait traîner en palabres. César doit choisir, et renonce à son triomphe pour viser le consulat.

Triumvirat et Consulat

L’homme le plus en vue à cette date est Pompée, après sa victoire en Orient contre le roi Mithridate VI Eupator. Cette campagne a permis à Rome de s’étendre en Bithynie, au Pont et en Syrie. Pompée revient couvert de gloire avec ses légions mais conformément à la règle, il les licencie après avoir reçu le triomphe, en 61 av. J.-C.Au faîte de la gloire, Pompée demande des terres pour ses anciens soldats et la confirmation des avantages qu’il a promis pour les cités et princes d’Orient, mais le Sénat refuse. César exploite opportunément la déception de Pompée, le rapproche de Crassus, et forme avec eux le premier triumvirat. Cet accord secret scelle une alliance entre les trois hommes, chacun s’abstenant de réaliser des actions nuisibles à l’un des trois. César renforce peu après cette alliance en mariant sa fille Julia à Pompée.

Le premier triumvirat.

Grâce au financement de sa campagne électorale par Crassus, César est élu consul en 59 av. J.-C., en ralliant notamment à sa cause Lucius Lucceius un de ses éventuels compétiteurs. Durant son mandat, il ne laisse à son collègue le conservateur Marcus Calpurnius Bibulus qu’une ombre d’autorité. Bibulus et Caton multiplient les actions d’obstruction contre César, mais ils sont chassés du forum lors de la promulgation d’une loi agraire. À la suite de cet incident, Bibulus se retire chez lui jusqu’à la fin de son mandat, laissant le pouvoir à César qui l’exerce seul. L’historien romain Suétone rapporte quelques vers décrivant la situation politique :
"Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ? - Ce qu’a fait Bibulus, moi je le cherche encore."
César peut désormais légiférer comme un tribun, selon l’expression de Plutarque, satisfaire les revendications des populares, rendre des gages à Pompée et gagner de nouveaux soutiens auprès des chevaliers et des provinciaux : passant outre les protestations des sénateurs Lucullus et Caton, il fait ratifier les initiatives de Pompée qui avait réorganisé les principautés du Moyen-Orient sans demander l’avis du Sénat ; il promulgue plusieurs lois agraires : distribution aux vétérans de Pompée de parcelles des terres publiques l’ager publicus, faisant de Capoue une colonie romaine, achat de terres à des particuliers qui sont ensuite distribuées à 20 000 citoyens pauvres. La diminution d’un tiers du fermage dû par les publicains à l’État est une aubaine pour les chevaliers, affairistes et banquiers lex de publicanis.
Sa loi contre la concussion lex Iulia de repetundis permet enfin de sanctionner d’amendes les gouverneurs de province qui monnayent leurs interventions ou se livrent à des exactions financières. Enfin, il place le Sénat sous le contrôle de l’opinion publique, en faisant publier les comptes rendus de séance Actus senatus.
Cette activité politique va de pair avec une activité mondaine soutenue : Suétone prête à César entre autres maîtresses les épouses de Crassus et Pompée, et, ce qui paraît mieux attesté, Servilia la demi-sœur de Caton.
Plus officiellement, César épouse Calpurnia, fille de Calpurnius Pison, consul désigné pour l’année suivante, ce qui lui assure une future protection politique. César se fait un autre allié dans la personne de Clodius Pulcher, qui avait pourtant courtisé sa précédente épouse, en satisfaisant une requête qui lui tenait à cœur : troquer son rang de patricien pour celui de plébéien et postuler ainsi à l’élection de tribun de la plèbe.
César profite de sa popularité pour préparer l’étape suivante de sa carrière : normalement, le Sénat prolonge le mandat d’un consul par le proconsulat d’une province pour un an. César contourne cette règle avec l’aide du tribun de la plèbe Publius Vatinius : celui-ci fait voter par le peuple un plébiscite qui confie à César et pour cinq ans deux provinces, la Gaule cisalpine et l’Illyrie, avec le commandement de trois légions lex Vatinia. Pour sauver une apparence d’autorité, le Sénat lui accorde en plus la Gaule transalpine et une quatrième légion.
Suétone rapporte que César, se vantant devant le Sénat d’être enfin parvenu à ses objectifs, et promettant une victoire éclatante en Gaule, reçut un outrage d’un de ses nombreux adversaires qui s’écria Cela ne sera pas facile à une femme. César répliqua que cela n’avait pas empêché Sémiramis de régner sur l’Assyrie, et les Amazones de posséder jadis une grande partie de l’Asie.

Proconsul en Gaule Les campagnes militaires de Jules César en Gaule

Dès la fin de son consulat, César gagne rapidement la Gaule, tandis que le préteur Lucius Domitius Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius le citent en justice pour répondre à l’accusation d’illégalités commises pendant son mandat. En fin juriste, César fit objecter par les autres tribuns qu’il ne pouvait être cité en application de la loi Memmia, qui interdisait toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de la République. Pour éviter toute autre mise en cause devant la justice, César s’appliquera durant son proconsulat à demeurer dans ses provinces. Il passe ainsi chaque hiver en Gaule cisalpine, où il reçoit partisans et solliciteurs et s’assure chaque année d’avoir parmi les élus à Rome des magistrats qui lui soient favorables. La gestion de ses affaires à Rome même est confiée à son secrétaire Lucius Cornelius Balbus, un chevalier d’origine espagnole, avec qui il échange par précaution des courriers chiffrés.
Dès le début de son proconsulat, César engage la conquête de la Gaule en profitant de la migration des Helvètes en mars 58 av. J.-C.. Cette expédition militaire est motivée par ses ambitions politiques, mais aussi par des intérêts économiques qui associent les Romains à certaines nations gauloises clientes de Rome Éduens, Arvernes, etc.

Guerre des Gaules.

Tout en menant ses campagnes, César maintient ses relations avec la classe politique romaine : Quintus, frère de Cicéron, commande une légion en Belgique ; Publius et Marcus, les fils de Crassus, interviennent en Belgique puis en Aquitaine ; Lucius Munatius Plancus et Marc Antoine seront à Alésia.
À Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César : son affrontement contre le germain Arioviste, qui a la qualité d’ami du peuple romain, accordée lors du consulat de César, scandalise Caton, qui proclame qu’il faut compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains. Ultérieurement, César se justifiera longuement dans ses Commentaires en détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui faisant même dire que s’il tuait, César, il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il Arioviste l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié.
En 56 av. J.-C., Lucius Domitius Ahenobarbus, candidat au consulat soutenu par Caton et par Cicéron, met à son programme la destitution et le remplacement de César. Toujours obligé de se cantonner en Gaule, César réunit à Lucques Crassus, Pompée et tous les sénateurs qui les soutiennent. Ils renouvellent tous trois leur accord et définissent un partage des provinces. Ahenobarbus et Caton sont agressés en plein forum et empêchés de faire campagne. Pompée et Crassus profitent de l’appui de César pour remporter les élections et être élus pour un second consulat en 55 av. J.-C. Cicéron a des obligations envers Pompée, que celui-ci lui rappelle vertement par l’intermédiaire de son frère Quintus. Cicéron s’incline et soutient la prorogation du gouvernement de César pour cinq nouvelles années
À l’issue de leur consulat en 54 av. J.-C., chacun reçoit le gouvernement d’une province : Crassus part en Asie chercher une gloire militaire qui égale celles de Pompée et de César, l’Espagne et l’Afrique sont attribuées à Pompée, qui préfère rester à Rome, centre du pouvoir, et envoie ses légats gouverner. Sur les quatre légions qui lui sont attribuées, Pompée en prête deux à César, qui a besoin de renforts.
Pendant son second mandat, en 55 av. J.-C., César traverse la Manche et réalise une première incursion en Bretagne l’actuelle Grande-Bretagne, terre inconnue et quasi mythique pour les Romains de l’époque. Ultérieurement, il réalise un autre exploit par une démonstration militaire au-delà du Rhin. Mais à partir de l’hiver av. J.-C., la situation en Gaule se détériore, et des révoltes se multiplient.
En 53 av. J.-C., la défaite et la mort de Crassus et de son fils Publius à la bataille de Carrhes contre les Parthes, et la mort de Julia, fille de César et épouse de Pompée, et de l’enfant qu’elle avait eu de Pompée défont les liens du triumvirat. César propose à Pompée la main de sa petite-nièce Octavie, et demande en mariage la fille de Pompée, mais ces offres d’alliances matrimoniales n’aboutissent pas.
Le début de l’année 52 av. J.-C. est difficile pour César : la révolte en Gaule se généralise sous l’impulsion de l’Arverne Vercingétorix. À Rome, les désordres sont tels que Pompée est nommé consul unique, avec l’assentiment de Caton et des conservateurs. Pompée épouse Cornélie, la jeune veuve de Publius Crassus et la fille du conservateur Metellus Scipion, qu’il prend au milieu de l’année comme collègue au consulat. Pompée est désormais le défenseur du clan des conservateurs.
En 52 av. J.-C., Jules César remporte une victoire décisive au siège d’Alésia, où il reçoit la reddition de Vercingétorix. En 51 av. J.-C., après avoir étouffé les derniers foyers de révolte, César affirme la souveraineté de Rome sur les territoires de la Gaule situés à l’ouest du Rhin.
Selon Velleius Paterculus, en neuf campagnes, on n’en trouverait à peine une où César n’aurait pas mérité le triomphe, et il massacra plus de quatre cent mille ennemis et en fit prisonniers un plus grand nombre encore. Pour Plutarque, la conquête de la Gaule fut l’une des plus grandes victoires de Rome et place son commandant César au rang des plus illustres généraux romains, tels les Fabius, les Métellus, les Scipions.
"En moins de dix ans qu’a duré sa guerre dans les Gaules, il a pris d’assaut plus de huit cents villes, il a soumis trois cents nations différentes, et combattu, en plusieurs batailles rangées, contre trois millions d’ennemis, dont il en a tué un million, et fait autant de prisonniers."
Tandis qu’il termine son mandat de proconsul, César prépare son retour à Rome par la conquête de l’opinion romaine : il répond aux critiques sur sa conduite de la guerre par la publication de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, sobre compte-rendu où il se présente à son avantage, puis en 51 av. J.-C., il annonce la construction d’un magnifique et nouveau forum, financé par le butin des Gaules, sur lequel est érigé le temple dédié à Vénus Genitrix dont il est censé descendre. L’objectif du César est maintenant de se présenter aux élections de 50 av. J.-C. pour un second consulat en 49 av. J.-C., conformément à la loi qui impose un intervalle de dix ans entre chaque consulat. Pour éviter l’attaque en justice que lui a jurée Caton et qui l’empêcherait de faire campagne, il lui faut conserver son mandat de proconsul en Gaule, et être candidat malgré son absence de Rome.

Le bras de fer politique

À Rome, les conservateurs vont tout faire pour empêcher le projet de candidature de César. En 50 av. J.-C., César mène sa politique à distance depuis la Gaule cisalpine : il fait élire Marc Antoine tribun de la plèbe pour l’année suivante. Soldant les dettes du tribun de la plèbe Curion, il le fait lâcher Pompée et passer de son côté. Enfin, il neutralise un des consuls, Lucius Aemilius Paullus, en lui versant des fonds nécessaires à la réfection de la basilique Aemilia sur le forum. En revanche son lieutenant Servius Sulpicius Galba, candidat au consulat pour 49 est battu, et les consuls élus Lucius Cornelius Lentulus Crus et Caius Claudius Marcellus lui sont farouchement hostiles. Les conservateurs s’activent eux aussi, et prennent des contacts avec Labiénus, le meilleur lieutenant de César.
À la fin de l’année 50 av. J.-C., les premières passes d’armes restent dans la voie légale et se déroulent au Sénat. Le tribun Curion propose que Pompée et César licencient simultanément leurs troupes, les consuls s’y opposent. Le Sénat décide que Pompée et César envoient chacun une légion pour préparer la guerre contre les Parthes. Pompée choisit la Ire légion, qu’il avait prêtée à César, César renvoie la XVe, et doit se dessaisir ainsi de deux légions, il en conserve néanmoins neuf, dont une l’accompagne en Gaule cisalpine tandis que les autres hivernent en Gaule. Pompée envoie ces deux légions prendre leurs quartiers d’hiver en Italie du sud. En chemin, leurs officiers se livrent à un intense travail de désinformation, affirmant que César était devenu odieux et détesté par ses soldats, et induisent Pompée à le sous-estimer.
Toujours par l’intermédiaire de Curion et Marc Antoine, désormais tribun, César tente une nouvelle proposition : il accepte de ne conserver que deux légions et le gouvernement de la Gaule cisalpine et de l’Illyrie, pourvu qu’on accepte sa candidature au consulat. Malgré la recherche d’un compromis par Cicéron, Caton refuse qu’un simple citoyen impose ses conditions à l’État, le nouveau consul Lentulus s’emporte et fait expulser du Sénat Curion et Marc Antoine. L'historien Velleius Paterculus accusera Curion d'être responsable de cette rupture, tandis que Appien présentera Marc Antoine comme l'initiateur de la dispute. Selon Plutarque, C’était donner à César le plus spécieux de tous les prétextes : s’en prendre aux tribuns de la plèbe, les représentants sacro-saints du peuple ! Le Sénat décrète que César doit abandonner son poste de gouverneur et revenir à Rome en simple particulier.

La guerre civile

César peut se présenter comme la victime de l’acharnement des conservateurs et comme le défenseur des tribuns de la plèbe. Prenant l’initiative de l’illégalité, il décide en janvier 49 av. J.-C. de pénétrer en armes en Italie, et franchit le Rubicon, rivière marquant la frontière entre l’Italie et la Gaule cisalpine. Plutarque et Suétone mettent en scène ce tournant historique et attribuent à César la citation Alea jacta c'est à dire "Le sort en est jeté.", signifiant qu’il tentait la destinée. Pour César, il n’y a plus que deux issues : la mort et le déshonneur ou la victoire et le pouvoir. Il mise sur l’audace et la rapidité de ses déplacements militaires et sur l’expérience et la fidélité de ses légions, et se démarque des atrocités de la précédente guerre civile par sa politique de clémence, n’exerçant ni proscriptions ni représailles.

Alea jacta est.

César progresse rapidement vers Rome sans rencontrer de résistance, et ajoute à ses forces les trois légions que Pompée avait commencé à lever. Pompée récupère des troupes à Capoue, et se replie sur Brindisi d’où il écrit à tous les gouverneurs de provinces de mobiliser contre César. Les consuls, Caton, Bibulus et même les sénateurs modérés comme Cicéron fuient en hâte, rejoignent Pompée à Brindisi et s’embarquent pour Dyrrachium en Épire.
Sans flotte, César ne peut les poursuivre. Pendant les quelques jours qu’il passe à Rome, il rassure les sénateurs restés sur place, offre au peuple une distribution de blé, promet un don de 75 deniers à chaque citoyen et accorde la citoyenneté romaine aux habitants de la Gaule cisalpine. Reconnaissant, le peuple le fera désigner dictateur pendant son absence. Assuré du soutien de l’Italie, il confie la gestion de Rome à Lépide, envoie Curion s’emparer de la Sicile et de la Sardaigne, garantissant le ravitaillement de Rome en blé, libère l’ex-roi juif Aristobule II afin de l’envoyer en Syrie avec deux légions et empêcher Pompée de mobiliser des troupes. Mais les partisans de Pompée empoisonnent Aristobule. César va lui-même en Hispanie soumettre les légats de Pompée. Quand l’année 49 av. J.-C. se termine, César est maître de l’Italie, des Gaules et des Espagnes, mais ses lieutenants ont subi des revers : Curion s’est fait tuer en Afrique, Gaius Antonius a été fait prisonnier en Illyrie, et son meilleur lieutenant Titus Labienus a rejoint le camp de Pompée, qui a levé une armée sur les provinces d’Orient et les royaumes alliés de Rome. La flotte pompéienne contrôle l’Adriatique, prête à débarquer en Italie.
L’année suivante en janvier 48 av. J.-C., César est élu consul ; poursuivant sa stratégie fondée sur l’initiative et la rapidité de mouvement, il prend un risque considérable en traversant l’Adriatique pendant l’hiver et surprend Pompée en Épire. Mis en difficulté lors du siège de Dyrrachium où il a enfermé Pompée pendant quatre mois, César doit se replier, attirant Pompée en Thessalie. En août 48 av. J.-C., poussé par son entourage, Pompée accepte la bataille rangée. Malgré l’avantage du nombre, il est battu à Pharsale. Cicéron et Brutus se rendent à César, qui les accueille chaleureusement. Caton et Labienus fuient en Afrique, Pompée se réfugie en Asie, puis à Chypre, d’où il gagne l’Égypte, pensant trouver de l’aide chez le jeune pharaon dont il avait autrefois protégé le père.

Bataille de Dyrrachium en 48 av. J.-C. et Bataille de Pharsale.

César parvient à Alexandrie début octobre 48 où il trouve, horrifié, le corps de Pompée, assassiné sur l’ordre du jeune Ptolémée XIII. César passe l’hiver 48/47 à Alexandrie, et la guerre s’engage alors entre Ptolémée et César. Ce dernier n’a qu’un faible effectif et doit mener un combat difficile ; lors d’un engagement dans l’île de Pharos, il est même obligé de fuir à la nage. Il sort vainqueur de l’affrontement en mars 47, et détrône le jeune souverain au profit de Cléopâtre VII et du plus jeune de ses frères.
D’Égypte, César se rend en Asie en juillet – août 47 av. J.-C., afin de réprimer Pharnace II, fils de l’ancien roi du Pont Mithridate, qui a profité de la guerre civile pour reconquérir des territoires et réaffirmer son autorité. Le cinquième jour de son arrivée, en quatre heures de combat et en une seule bataille à la Bataille de Zéla, César écrase et détrône Pharnace. À cette occasion, il écrivit au Sénat ces mots célèbres : " Veni, vidi, vici " pour exprimer la facilité avec laquelle il était venu à bout de son adversaire.
De retour en Italie, César doit faire face à l’insubordination des soldats cantonnés en Campanie. Il les reçoit à Rome, et parvient à les ramener à l’ordre sous la menace de les licencier.
Puis, César passe en Afrique fin 47 av. J.-C., où il passe l’hiver. Il détruit à la bataille de Thapsus l’armée républicaine que commandent Metellus Scipion et Caton d'Utique et leur allié le roi numide Juba Ier février 46 av. J.-C. ; Metellus Scipion et Juba meurent dans la bataille, Caton se suicide à Utique pour éviter d’être capturé, Titus Labienus se réfugie en Espagne. L’annexion de la Numidie s’ajoute aux conquêtes de César.

La Bataille de Thapsus.Le triomphe

Lorsque César revient à Rome, la paix est revenue, l’Italie n’a pas connu les atrocités des précédentes guerres civiles. Tous les écrivains loueront la clémence de César, qui a accueilli sans restriction les pompéiens qui se rendaient et n’a exercé aucune proscription contre la classe politique.
César peut annoncer au peuple que l’annexion des Gaules et de la Numidie et le protectorat sur l’Égypte vont permettre d’obtenir du blé et de l’huile en abondance et définitivement résoudre les problèmes de ravitaillement de Rome.
En août et septembre 46, César célèbre par un quadruple triomphe ses victoires sur les Gaules, le Pont, l’Égypte et la Numidie. La durée et le faste des cérémonies, l’énormité du butin éclipsent tous les triomphes précédents.
À chaque cérémonie, César vêtu de pourpre parcourt en char la Voie Sacrée, suivi du butin, des captifs, des soldats qui ont toute liberté pour scander les plaisanteries les plus osées sur son compte. Pour monter au Capitole offrir un sacrifice au temple de Jupiter Capitolin, le char de César passe entre deux rangées d’éléphants qui tiennent des flambeaux.
César offre au peuple des représentations théâtrales, des courses, des joutes d’athlètes, des spectacles de chasse et de gladiateurs, des reconstitutions de combat terrestre et nautique, cette dernière est la première naumachie montrée à Rome. Des banquets publics réunissent près de 200 000 convives. La vente du butin rapporte plus de 600 millions de sesterces88, et l’argent est distribué à flot : les 75 deniers que César avait promis sont donnés à chaque citoyen, avec 25 deniers de plus pour compenser le retard, les légionnaires reçoivent 24 000 sesterces chacun, et des lots de terre. Les loyers de moins de 1000 sesterces à Rome et moins de 500 sesterces en Italie sont annulés.
La plupart des revendications des populares sont maintenant satisfaites, et César entreprend les réformes nécessaires à l'administration du monde romain. Il fait procéder à un recensement, et ajuste à la baisse le nombre d’allocataires des distributions de blé. Il compense cette mesure en installant 80 000 citoyens pauvres et des soldats démobilisés dans de nouvelles colonies dans les provinces, dont Carthage et Corinthe qu’il fait reconstruire.

Le pouvoir absolu

Arrivée de César en Hispanie Espagne et la bataille de Munda.
La paix ne dure que quelques mois. En 46 av. J.-C., les dernières forces du parti pompéien s’insurgent en Espagne, menées par Pompée le Jeune, fils de Pompée, et Titus Labienus. Consul pour la quatrième fois, César arrive à marches forcées en Espagne en décembre 46 av. J.-C.. Cette guerre est longue et sans merci, avec des exécutions de part et d’autre. César achève en avril 45 av. J.-C. ses derniers adversaires à Munda, dans la bataille la plus acharnée des guerres civiles. Retardé par une maladie, son jeune neveu Octave le rejoint en Espagne malgré les dangers du trajet, geste que César apprécie hautement. Dans le dernier testament qu’il rédige, il déclare adopter Octave et le désigne comme héritier principal avec comme autre héritier Quintus Pedius, son autre neveu qui a combattu à ses côtés en Espagne.

Bataille de Munda.

Revenu à Rome en octobre 45 av. J.-C., César y célèbre son cinquième triomphe. César commet là une erreur politique que Plutarque soulignera3 : la règle veut qu’un triomphe honore une victoire sur un peuple ennemi de Rome, ce qui n’est pas le cas dans cette guerre civile. Ni Pompée vainqueur de Sertorius, ni Sylla vainqueur des marianistes n’avaient célébré de triomphe. De plus, César accorde deux autres triomphes, à Fabius et son neveu Quintus Pedius. Là encore, c’est une entorse aux usages qui réservent le triomphe au général doté de l’imperium et non à ses lieutenants.
César, nommé dictateur pour dix ans, est désormais le centre du pouvoir ; il reconstitue les effectifs du Sénat, en radie quelques sénateurs responsables de concussion dans leur province, et y inscrit des Gaulois cisalpins et des Espagnols, une première qui marque le début de la promotion des provinciaux. Il nomme lui-même les magistrats, sauf les tribuns de la plèbe et les édiles plébéiens, encore élus, et désigne des consuls pour quelques jours de charge seulement. Obtenir un titre, un avantage ou une faveur dépend de son approbation. Ainsi, Cicéron par des discours emplis d’adulation où il qualifie la clémence de César de divine fait gracier plusieurs de ses amis.
Cicéron propose de décerner à César des honneurs, les autres sénateurs suivent en une surenchère de plus en plus excessive. Ainsi César reçoit le nom de Liberator et le titre d’Imperator transmissible à ses descendants, quoiqu’il n’ait plus d’enfant. Il réforme le calendrier, on renomme le mois de Quintilis de son nom de famille. Pompée avait eu l’honneur de porter les emblèmes du triomphe, robe pourpre et couronne de lauriers, lorsqu'on célébrait des jeux à Rome. César reçoit le même honneur, mais par décret du sénat à titre permanent, la couronne lui permettant notamment de cacher sa calvitie qu'il supportait mal car source de nombreuses railleries; il peut siéger sur un siège plaqué d’or. Certains privilèges accordés par les sénateurs vont jusqu’à l’extravagance, comme l’autorisation d’avoir commerce avec toutes les femmes qu’il voudra. Pour l’historien Dion Cassius, les sénateurs agissent par excès de flatterie, ou par raillerie. Plus préoccupant, selon Plutarque, c’est pour certains une manœuvre destinée à déconsidérer César et le rendre odieux, et se préparer plus de prétextes de l’attaquer un jour.

Le complot

En nommant lui-même les magistrats supérieurs, César arrête le cycle corrupteur des campagnes électorales ruineuses financées par l’extorsion financière sur les provinces, et soulage enfin la charge de celles-ci ; mais ceci réduit les profits des brasseurs d’argent que sont les publicains et remplace la compétition politique par un arbitraire et une flagornerie indigne qui suscitent des oppositions : pour l’année 44 av. J.-C., César désigne Marc Antoine comme consul et Marcus Junius Brutus et Cassius comme préteurs. Selon Plutarque, la déception de Cassius qui espérait le consulat est une des raisons qui l’amènent à comploter. Tous les historiens romains le présentent comme l’instigateur principal du complot contre César. Cassius regroupe peu à peu une coterie d’opposants, d’anciens pompéiens graciés par César, mais également, notent les historiens modernes, des césariens qui ont servi lors de la guerre des Gaules. Ces derniers redoutent vraisemblablement l’expédition militaire que prépare César contre les Parthes qui serait suivie d’un retour par la Scythie et la Germanie.
Les comploteurs cherchent en Marcus Junius Brutus le chef symbolique idéal : il porte le nom mythique de Brutus qui chassa Tarquin le Superbe, le dernier roi qui régna sur Rome en tyran. Neveu et admirateur de Caton, Brutus, souvent tenu pour stoïcien mais en réalité bien plus proche de l'Académie pouvait de surcroît trouver dans ses convictions philosophiques des raisons d'agir contre un tyran. Il a épousé Porcia, fille de Caton et veuve de Bibulus, et par conséquent il est l’héritier moral des derniers républicains. Toutefois, César l’a comblé de faveurs et l’a nommé préteur urbain. Les comploteurs mènent donc une approche psychologique : ils parsèment chaque jour le tribunal que préside Brutus de messages anonymes qui invoquent le Brutus chasseur de roi : Brutus, tu dors, tu n’es pas le vrai Brutus !. Ensuite, Cassius convainc Brutus d’agir contre César. Présenter Brutus comme l’inspirateur du complot contre César permet de fédérer d’autres opposants.

Les rumeurs de complot parviennent à César, qui ne s’en soucie pas, répondant qu’il est au courant, ou même en plaisante : quand on l'informe que Brutus complote, César rétorque en se pinçant Il attendra bien la fin de cette carcasse !.
Le 14 février 44 av. J.-C., le Sénat confère à César la dictature perpétuelle. Son pouvoir est désormais sans limite, même l’intercessio des tribuns ne peut s’exercer sur son imperium. Tout espoir d’une abdication comme celle de Sylla et d’un retour à la République d’avant la guerre disparaît. César prend alors des décisions surprenantes : il décrète une amnistie générale, et licencie sa garde personnelle.
Autre inconséquence aux yeux des historiens romains, César néglige les présages : avertissements des devins, mise en garde pour la période allant jusqu’aux Ides de Mars, cauchemar de son épouse Calpurnia la veille des ides. Tout au plus, apprenant les signes néfastes observés sur les victimes offertes en préliminaire de la réunion au sénat, César se résout à ne prendre aucune décision importante ce jour-là.

La mort de César Assassinat de Jules César.

" Métellus lui découvrit le haut de l’épaule ; c’était le signal. Casca le frappa le premier de son épée "Plutarque
"Il s’était défendu, dit-on, contre les autres, et traînait son corps de côté et d’autre en poussant de grands cris. Mais quand il vit Brutus venir sur lui l’épée nue à la main, il se couvrit la tête de sa robe " Plutarque
Les conjurés ont prévu leur attentat aux Ides de Mars 15 mars de l’an 44 av. J.-C., au début de la réunion du Sénat dans la Curia Pompeia sur le Champ de Mars. Seul César est visé, Marc Antoine qui accompagne César est attiré à l’écart par des faux solliciteurs, tandis que César est entouré par le groupe des conjurés. Métellus s’assure que César ne porte aucune protection, et tous l’assaillent : il tombe percé de 23 coups de poignard. Le coup ultime vient de Brutus. Les derniers mots de César auraient été pour ce dernier, en grec, et non en latin comme on l'affirma à l'époque moderne Toi aussi, mon fils.
Pas moins de onze auteurs antiques ont rapporté l’attentat, avec plus ou moins de détails. Si le fait est bien connu, l’analyse de ses causes est délicate. Officiellement, les conjurés ont éliminé César pour l’empêcher de devenir roi et pour sauver la République. L’accusation d’aspirer à la royauté était le procès d’intention quasi rituel des conservateurs romains pour éliminer tout homme politique trop favorable aux revendications populaires. Les écrivains romains ont relevé comme autant d’indices ce qui peut étayer cette suspicion :
Des rumeurs circulent disant que César recevrait le titre de roi pour son expédition en Orient, car selon la prophétie des Livres sibyllins, seul un roi pouvait vaincre les Parthes.
De retour d’Albe, César est salué du nom de roi par ses partisans, ce qui agite la foule. Il rétorque qu’il ne s’appelle pas Roi mais César, et il poursuit son chemin mécontent.
Lorsque les sénateurs viennent à la tribune du forum lui annoncer les nouveaux honneurs qu’ils lui ont votés, il ne se lève pas, manquant au respect dû au Sénat.
Le 15 février de la fête des Lupercales, Marc Antoine propose à César le diadème royal, que celui-ci repousse sous les acclamations de la foule. Marc Antoine insiste, et le refus de César est de nouveau applaudi. César fit porter ce diadème au temple de Jupiter Capitolin.
Un matin on trouve des statues de César couronnées du bandeau royal. Deux tribuns de la plèbe interviennent, les enlèvent et arrêtent des césariens qui avaient salué César du nom de roi. César réagit en destituant ces tribuns.
Plutarque affirme que César voulait détruire la République et devenir roi. Parmi les historiens modernes, Jérôme Carcopino suit cet avis, et Joël Schmidt voit dans cette liste autant de gestes voulus par César pour sonder l’opinion romaine sur l’idée de le couronner roi. D’autres historiens modernes sont plus circonspects dans l’interprétation des éléments cités par Plutarque et Suétone : pour Marcel Le Glay, il est difficile de séparer la réalité et la rumeur, et si César n’a pas voulu lui-même la royauté, certains dans son entourage l’ont voulu, et les Romains l’ont cru ou ont feint de le croire. Christol et Nony rappellent que César sut toujours donner le change sur ses intentions réelles et considèrent que ce problème n’est pas soluble. Plus encore, Ronald Syme estime que ce problème n’a pas à être posé. César fut tué pour ce qu’il était, non pour ce qu’il aurait pu devenir. En revêtant la dictature à vie, il semblait écarter tout espoir de retour à un gouvernement normal et constitutionnel. Le présent était insupportable, l’avenir bouché.
Mais Suétone complique les analyses sur la fin de César en ouvrant une autre piste : César aurait eu la mort qu’il souhaitait. Là encore, Suétone produit ses indices :
selon certains de ses parents, il n’aurait pas tenu à vivre davantage, et aurait préféré succomber aux complots plutôt que d’être toujours sur ses gardes
lors d’un banquet chez Lépide, à la question philosophique sur le genre de fin que l’on préférait, César avait répondu soudaine et inattendue
le licenciement de sa garde personnelle, un mois avant, qui l’exposait sans protection
l’indifférence aux avertissements sur les complots, et aux prédictions défavorables
Des historiens modernes ont développé cette thèse, justifiant l’attitude de César par sa perception d’une maladie qui le diminuait. Néanmoins, les préférences pour une mort brève et imprévue sont après tout banales, et selon Régis Martin, la croyance de César en sa chance protectrice Fortuna et sa certitude que sa perte provoquerait la guerre civile peuvent aussi expliquer sa conduite.

Funérailles et testament

César désigna dans son testament trois héritiers, les petits-fils de ses sœurs, à savoir Octave, Lucius Pinarius Scarpus et Quintus Pedius.
Il légua les trois quarts de son héritage au premier et le quart restant aux deux autres. Dans la dernière clause de son testament, César adopta Octave, le futur empereur Auguste, et lui donna son nom. Enfin, il légua au peuple romain ses jardins près du Tibre et trois cents sesterces par tête.
Le 20 mars, un bûcher fut dressé sur le champ de Mars, près de la tombe de sa fille Julia, et l’on imagine évidemment l’effet dramatique de cette proximité. Le corps du César, couché sur un lit d’ivoire tendu de pourpre et d’or, fut d’abord déposé dans une chapelle dorée, édifiée sur le forum, devant la tribune aux harangues.
À sa tête, sa toge ensanglantée était exposée sur un trophée. Comme le corps reposait, face vers le ciel, et ne pouvait être vu, on éleva au-dessus de lui une effigie de cire grandeur nature, afin que la foule pût contempler les vingt-trois blessures, trente-cinq selon d’autres auteurs qui lui avaient été sauvagement infligées au corps et au visage. Pour souligner l’ignominie de ce crime, Marc Antoine fit lire, en guise d’oraison funèbre, la liste des honneurs qui avaient été dévolus à César, ainsi que le serment qu’avaient prêté les sénateurs de défendre sa vie. On chanta des vers parmi lesquels revenaient, pour susciter la compassion, une citation empruntée au Jugement des Armes de Pacuvius : "Fallait-il les sauver pour qu’ils devinssent mes meurtriers ?" compte tenu de la mansuétude dont César avait obstinément fait preuve à l’égard de Brutus, c’était particulièrement bien choisi.
Chavirée par l’habile et pathétique mise en scène, la foule en colère entassa autour du lit funèbre le bois arraché aux boutiques avoisinantes et tout ce qui lui tombait sous la main pour construire un bûcher d’apothéose, comme elle l’avait fait quelques années plus tôt pour les funérailles de Clodius. Les vétérans de ses légions y jetèrent leurs armes et certaines femmes les bijoux qu’elles portaient. Les Juifs, qui n’oubliaient pas que César leur avait permis de relever les murs de Jérusalem abattus par Pompée, se réunirent plusieurs nuits de suite autour de son tombeau pour le pleurer.
On raconte que lorsque Caius Matius organisa des jeux funéraires en juillet -44 à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, la comète de César se mit à briller dans le ciel, apparition également attestée par les astronomes chinois et l’Etna entra en éruption, faisant de sa mort un bouleversement cosmique. À l’emplacement où il fut incinéré, son petit-neveu et fils adoptif, le futur Auguste, fit ériger un temple. De nos jours, on vient parfois de fort loin pour y déposer quelques fleurs, un poème, une bougie et perpétuer le souvenir de celui qui voulut être le premier dans Rome… La plaque commémorative apposée par la ville à l’intention des visiteurs, emprunte à Appien son récit de l’événement :
" …et on le ramena sur le Forum, là où se trouvait l’ancien palais des rois de Rome ; les plébéiens rassemblèrent tous les objets de bois et tous les bancs dont regorgeait le Forum, et toutes sortes d’autres choses analogues, puis par-dessus mirent les ornements très abondants de la procession, plusieurs rapportèrent encore de chez eux quantité de couronnes et de décorations militaires : ensuite ils allumèrent le bûcher et passèrent la nuit en foule auprès de lui ; c’est là qu’un premier autel fut érigé, et que maintenant se trouve le temple de César, qui, juge-t-on, mérite d’être honoré comme un dieu… "

rite funéraire de la religion romaine.

Le complot n’atteignit cependant pas ses objectifs, car le consul Marc Antoine avait été épargné, à la demande de Brutus, et Lépide, qui stationnait avec des troupes à proximité de Rome, tandis qu'Octave, qui se trouvait en Épire, était hors d’atteinte. En revanche, l’attentat contre César guida les prétendants à sa succession sur la conduite à tenir : ils firent symboliquement rayer la dictature des magistratures romaines, et la remplacèrent par un triumvirat quinquennal. La politique de clémence avait prouvé son danger suicidaire, les triumvirs commencèrent une vague de proscriptions sanglantes, suivie par 14 ans de guerre civile, contre les assassins de César, contre Sextus Pompée, puis entre triumvirs. Octave finit par l’emporter en 31 av. J.-C., et devint Auguste, maître unique et absolu de l’Empire. Il confirma et continua les réformes entamées par César, organisant un Empire pacifié, stabilisé et géré avec plus d’équité. Comme Auguste et la plupart des empereurs à sa suite, Jules César fut divinisé après sa mort.

Jules César écrivain

Édition de 1783 des Commentaires sur la Guerre des Gaules
César n’était pas seulement un grand général et un homme d’État, il excellait également dans l’art oratoire et dans l’écriture. Des divers écrits qu’il avait composés, il ne reste que ses Commentaires Commentarii rerum gestarum :
De Bello Gallico, Commentaires sur la Guerre des Gaules, relatant la campagne de César en Gaule.
De Bello ciuile, Commentaires sur la Guerre civile, relatant la guerre civile contre Pompée.
Ces œuvres constituent le modèle du genre des mémoires historiques, même si leur objectivité est discutée par les historiens. En effet, ces ouvrages servent la propagande politique de César, et par conséquent leur exactitude peut être mise en doute.
On y joint généralement, les ouvrages suivants même s'ils ont probablement été rédigés par Aulus Hirtius :
De Bello Alexandrino, Sur la guerre d’Alexandrie, relatant la campagne de César à Alexandrie.
De Bello Africo, Sur la guerre d’Afrique, relatant la campagne de César en Afrique du Nord.
De Bello Hispaniensis, Sur la guerre d’Hispanie, relatant la campagne de César dans la péninsule Ibérique.
César écrivit aussi en -45 l’Anticato, réplique au panégyrique que Cicéron prononça en faveur de Caton d'Utique, le dernier républicain. Cet ouvrage, aujourd’hui perdu, est connu par les citations de Cicéron ad Atticum, Tacite Annales, Suétone Caesar, Plutarque Caesar, Appien, Juvénal et Dion Cassius.
Enfin, et plus curieusement, il rédigea un traité de grammaire De analogia, en deux livres, dans lequel il expose des théories grammaticales argumentées sur l’analogie d’où le titre de l’ouvrage, ainsi qu'un poème intitulé le Voyage.
César semble également avoir écrit plusieurs essais dans sa jeunesse, Éloge d'Hercule, une tragédie d'Œdipe, un Recueil de mots remarquables, mais Auguste interdit leurs publications après la mort du dictateur. Selon l'historien Pierre Grimal, ces trois œuvres perdues ont probablement été écrites en grec.

L’héritage de César Les réformes politiques

Jules César devenu dictateur reprend certaines réformes administratives entreprises une génération plus tôt par le précédent dictateur Sylla. De nouveau, il faut adapter les institutions à l’extension de la puissance romaine qui résulte des conquêtes en Orient et en Gaule, et offrir des charges à ses partisans :
nouvelle augmentation du nombre de magistrats : les questeurs passent de 20 à 40, les préteurs de 8 à 16, les édiles sont désormais 6. Les consuls sont toujours deux, mais la nomination de consuls suffects en complément des deux consuls éponymes permet de disposer de plus de candidats pour les fonctions proconsulaires.
César procède à la nomination directe de la moitié des magistrats, et recommande les candidats aux élections pour l’autre moitié.
reconstitution des effectifs du Sénat ; les pertes de la guerre civile sont compensées par l’incorporation massive de nouveaux membres, dont des provinciaux gaulois ou espagnols, faisant passer à 800 ou 900 l’effectif fixé par Sylla à 600 sénateurs.
Pour l’administration des provinces, César veut éviter les mandats de cinq ans que Pompée et lui-même avaient pratiqué ; il limite la durée des charges de gouverneur à un an pour un propréteur et deux ans pour un proconsul. L’organisation des municipes italiens est précisée par une loi-cadre, dont une copie nous est parvenue, les Tables d’Héraclée.
Ces réformes seront conservées par Auguste, elles lui permettront de disposer d’une nombreuse élite, nécessaire à l’administration d’un Empire.

Les réalisations architecturales

L’activité de bâtisseur de César se manifeste plusieurs fois dans sa carrière politique. À chaque fois, ses réalisations, toujours spectaculaires, sont destinées à renforcer son prestige et sa popularité.
À la fin de la guerre des Gaules en 51 av. J.-C., César entame sa campagne électorale pour une future candidature au consulat. Pompée avait construit le premier théâtre romain en pierre à Rome et une nouvelle curie quelques années auparavant. César lance à son tour un projet de bâtiment public prestigieux : un nouveau forum, au nord de l’ancien, ouvrant son côté est sur l’Argilète. Il est financé par le butin des Gaules, et commence par l’achat des terrains, pour une somme de cent millions de sesterces selon Suétone. Ce Forum Julium suit un plan similaire à celui du forum de Pompéi qui date de la même période : une longue esplanade rectangulaire fermée par une enceinte bordée de portiques, au fond de laquelle s’élève le temple de Vénus. Selon Appien, la dédicace de ce temple aurait fait suite au vœu de César d’élever un temple à Vénus Victorieuse s’il était vainqueur à Pharsale. Devant ce temple, il se fit représenter par une statue équestre.
Ce nouveau forum crée ainsi une architecture originale en combinant l’agora hellénistique et le temple romain sur podium, formule qu’adopteront tous les forums impériaux ultérieurs.
Maître sans partage de Rome à partir de 46 av. J.-C., César a désormais tous les moyens de sa politique. Il commence par des aménagements de circonstance pour les jeux célébrant son triomphe : agrandissement des extrémités du cirque, construction d’un stade pour les lutteurs sur le champ de Mars, creusement d’un bassin au bord du Tibre pour une naumachie.
Les travaux entrepris sur le vieux forum voient la reconstruction de la curia Hostilia, incendiée en 52 av. J.-C. par les partisans de Clodius Pulcher. D’autres projets plus ambitieux sont envisagés : la construction de la plus grande basilique de Rome sur l’emplacement de la vieille basilique Sempronia, l’édification d’un temple de Mars, et d’un second théâtre en pierre. Tous ces chantiers seront suspendus pendant les guerres civiles. Octave devenu Auguste les mènera à leur terme en achevant la grande basilique Julia et le théâtre de Marcellus, et en dédiant un temple de Mars vengeur.

La réorganisation de Rome

Pour décongestionner une Rome surpeuplée, César en repousse les limites administratives et élargit le périmètre sacré du pomœrium à un mille romain soit 1,5 km des anciennes murailles de la ville. Cette mesure fut à peine suffisante, car Auguste agrandit encore ce périmètre une génération plus tard en créant les 14 régions de Rome.
Toujours pour la gestion de Rome, César fait recenser la population urbaine, selon une méthode inédite et originale : les citoyens ne sont plus convoqués par tribus pour défiler devant les services de recensement. Le recensement est organisé quartier par quartier, et ce sont les propriétaires des immeubles de location qui doivent déclarer leurs locataires. La méthode dut être efficace, car Auguste la reprendra. Sans préciser les résultats de ce dénombrement, Suétone dit qu’il permit de ramener de 320 000 à 150 000 le nombre de bénéficiaires de distributions gratuites de blé instaurées par Clodius Pulcher en 58 av. J.-C..
Un ultime projet de loi de César destiné à améliorer quelque peu la circulation dans une agglomération aux rues étroites et encombrées interdit la circulation de jour à tout véhicule à roue, à l’exception des chars de procession lors des cérémonies et des charrettes d’entrepreneurs, nécessaires aux chantiers urbains. Cette loi fut votée après la mort de César, et resta en vigueur plusieurs siècles, démontrant sa nécessité. Depuis César, la nuit romaine fut réservée au transit des marchandises, au grand dam des dormeurs, et suscitant les récriminations de Martial et Juvénal.

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Posté le : 13/07/2014 00:07
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Les monnaies

Les guerres civiles menées par César lui imposent de forts besoins financiers, pour entretenir de plus en plus de légions, qui se déplacent d’un secteur à l’autre de l’Empire. Il se dote donc à partir de 49 av. J. C. d’un atelier monétaire qui suit ses déplacements sur les théâtres d’opération, et frappe les espèces monétaires dont il a un besoin croissant. Cette pratique n’est pas nouvelle, le Sénat romain l’avait autorisée pour les grands corps expéditionnaires de Lucullus ou de Pompée en Orient, mais César se l’arroge en s’emparant de la réserve d’or de la République. De surcroît, César apporte deux grandes innovations, qui servent sa politique, que ses successeurs Octave et Marc Antoine pérenniseront, et qui s’institutionnaliseront sous l’Empire romain :
la frappe de monnaie en or ;
la figuration de son portrait sur les monnaies.
Rome n’avait émis de monnaies en or que temporairement, essentiellement aux moments les plus difficiles de la Deuxième Guerre punique et en puisant dans les réserves de métal précieux thésaurisées par le Sénat. L’émission d’aureus renoue donc avec l’idée de puiser dans les réserves pour sauver la République.
De plus, la forte valeur de cette monnaie un aureus pour 25 deniers d’argent ou 100 sesterces facilite les importantes gratifications aux soldats de César et contribue à leur prestige.
Les motifs qui apparaissent sur les monnaies émises par César participent à sa propagande : outre son nom ou son portrait, une première sous la République, figurent principalement les motifs suivants :
Vénus, de profil ou en pied, que César présente comme son ancêtre, est le thème le plus fréquent ;
des accessoires du culte, qui rappellent sa piété et ses qualités d’augure et de pontifex maximus ;
des Victoires, des enseignes militaires, et des trophées de victoire contre les Gaulois.
Articles connexes : Ærarium, Monnaie romaine et économie romaine.

Le calendrier Calendrier julien.

Les fonctions de Pontifex maximus exercées par César comportaient la fixation du début de chaque année. César la met à profit pour réformer le calendrier romain, pour que la durée moyenne de l’année soit exactement de 365,25 jours, la meilleure approximation connue à l’époque en Occident. Il donne ainsi son nom de famille au calendrier julien. L’historien romain Suétone précise cette modification du calendrier effectuée par César :
" Il régla l’année sur le cours du soleil, et la composa de trois cent soixante-cinq jours, en supprimant le mois intercalaire, et en augmentant d’un jour chaque quatrième année. Pour que ce nouvel ordre de choses pût commencer avec les calendes de janvier de l’année suivante, il ajouta deux autres mois supplémentaires, entre novembre et décembre, à celle où se fit cette réforme ; et elle fut ainsi de quinze mois, avec l’ancien mois intercalaire, qui, selon l’usage, s’était présenté cette année-là."

Le titre de Caesar.

Le nom de César, pris par Octave comme fils adoptif de J. César, devint par la suite un titre que portèrent tous les empereurs et les princes romains, quoique étrangers à la famille des Césars. Il fut ensuite attribué aux héritiers présomptifs de l’empire, usage qui devint une règle à partir de Dioclétien. Depuis cette époque les empereurs prirent le titre d’Auguste et s’adjoignirent avec le titre de César un prince qui devait leur succéder. Le nom de César a donné le mot Kaiser en allemand, ainsi que le mot Tsar ou Czar en russe et en bulgare.

Étymologie du nom César

Pline l’Ancien a avancé que le surnom de Caesar pourrait venir du fait qu’un des ascendants de César soit né par césarienne caesar, aris : enfant né par incision. En revanche et quoi qu’en dise Pline l’Ancien, la naissance de César lui-même par césarienne est invraisemblable, car sa mère vécut encore une vingtaine d’années après sa naissance.
Une tradition populaire postule que c’est à la suite d’un exploit accompli pendant la Première Guerre punique par un représentant de la gens Julia, qui avait vaincu au cours d’un combat un éléphant de l’armée carthaginoise, en lui tranchant les jarrets, qu’on l’aurait honoré du surnom de Caesor, trancheur. Puis le terme punique késar, éléphant, donna caesar, et le sobriquet devint héréditaire. La découverte de monnaies émises au début de la guerre civile, représentant un éléphant piétinant un serpent ou un carnyx au-dessus du nom Caesar.
Enfin, une dernière hypothèse émise par Sextus Pompeius Festus considère que le premier César de la gens Julia aurait été surnommé ainsi à cause d’une abondante chevelure, en latin caesaries.
L’auteur latin Spartianus dans son ouvrage Vie d’Aelius, fait une synthèse des différentes origines possibles du nom César :
"Les conjectures auxquelles a donné lieu le nom de César, le seul titre qu’ait porté le prince dont j’écris la vie, me paraissant devoir y être rapportées, je dirai que, suivant l’opinion des plus doctes et plus savants auteurs, ce mot vient de ce que le premier qui fut ainsi nommé avait tué dans un combat un éléphant, animal appelé Caesa dans la langue des Maures ; ou de ce qu’il fallut, pour lui donner le jour, faire à sa mère, qui était morte avant de le mettre au monde, l’opération appelée césarienne ; ou de ce qu’il naquit avec de longs cheveux ; ou enfin de ce que ses yeux étaient d’un bleu céleste et d’une vivacité extraordinaire. Mais il faut proclamer heureuse la nécessité, quelle qu’elle fût, de créer un nom devenu si fameux, et qui durera l’éternité du monde."

La famille de César Arbre généalogique des Julio-Claudiens

Ses parents
Caius Julius Caesar III et Aurelia Cotta.
Le père de Jules César, Caius Julius Caesar III, né vers 135 av. J.-C. et mort en 85 av. J.-C., est le fils de Caius Julius Caesar II. Issu d’une famille patricienne comptant plusieurs consuls Sextus Julius Caesar II et Sextus Julius Caesar III il exerce au cours de sa vie les fonctions de questeur 99 av. J.-C. ou 98 av. J.-C., préteur 92 av. J.-C. puis gouverneur d’Asie 91 av. J.-C.. Il meurt brusquement de cause naturelle à Pisae en 85 av. J.-C.20.
Sa mère Aurelia Cotta, née en 120 av. J.-C. et morte en 54 av. J.-C. ou 53 av. J.-C, est issue d’une famille patricienne et consulaire, ses trois frères furent consuls. Pour Tacite et Plutarque148, elle incarne la matrone romaine, exemplaire par l’éducation et le dévouement qu’elle porte à ses enfants et à sa famille et en particulier à son fils. Devenue veuve en 85 av. J.-C., elle ne se remarie pas et continue d’habiter avec ce dernier.

Ses sœurs

À l’exception de César, Caius Julius Caesar III et Aurelia Cotta ont eu deux autres enfants, deux filles, Julia Caesaris Maior l’ancienne et Julia Caesaris Minor la jeune.
Les informations concernant Julia Caesaris « Maior » sont peu nombreuses. Suétone confirme l’existence de cette dernière car elle aurait selon lui participé à l’accusation de Clodius Pulcher poursuivi pour sacrilège et adultère. Elle avait au moins un fils, car différents auteurs mentionnent la part réservée à cet enfant dans le testament de César.
Julia Caesaris Minor naît en 101 av. J.-C. et meurt en 51 av. J.-C. Elle épouse Marcus Atius Balbus, originaire d’Aricie et est la mère de Atia Balba Caesonia et la grand-mère d’Octave, qui sera adopté par César et deviendra l’empereur Auguste.

Ses épouses

Cossutia, Cornelie Cinna, Pompeia Sulla et Calpurnia Pisonis.
Selon Suétone, Cossutia fut la première femme de César, dont il divorça pour épouser Cornelia, la mère de sa fille Julia pour des motifs politiques : "et quoiqu’on l’eût fiancé, dès son enfance, à Cossutia, d’une simple famille équestre, mais fort riche, il la répudia, pour épouser Cornélie, fille de Cinna, lequel avait été quatre fois consul dimissa Cossutia quae familia equestri sed admorum dives praetextato desponsata furat… ".
L’examen des rares sources et la compilation des études sur le sujet mènent à dégager l’hypothèse suivante. César, venant juste de revêtir la toge virile, a épousé Cossutia, issue d’une riche famille de l’ordre équestre, entre juillet 85 av. J.-C. et juillet 84 av. J.-C. sans doute à l’instigation de ses parents et pour des raisons financières, la famille n’étant pas spécialement riche et en divorça l’année suivante, sous le consulat de Lucius Cornelius Cinna, dont il épousa la fille, Cornelia un choix plus personnel traduisant une orientation politique qui ne s’est jamais démentie par la suite, César, bien qu’encore très jeune étant devenu le chef de famille à la mort de son père.
Plutarque, quant à lui, n’apporte pas une solution satisfaisante, car le récit qu’il fait de la vie de César comporte certaines incohérences :
" Au retour de sa questure, il épousa en troisièmes noces Pompeia ; il avait de Cornélia, sa première femme, une fille, qui par la suite fut mariée au grand Pompée." Le passage comporte une contradiction que Napoléon III avait déjà relevée en son temps. Enfin, si Pompeia Sylla est la troisième femme de César, et Cornélia sa première, Plutarque ne mentionne pas l’identité de sa seconde épouse. Il semble plus vraisemblable que Cornélia fut la seconde épouse de César et Cossutia sa première.
En 68 av. J.-C., après avoir exercé les fonctions de questeur en Hispanie, César épouse Pompeia Sylla, car sa deuxième femme Cornélia était morte l’année précédente154.
Cinq ans plus tard, en 63 av. J.-C., César est élu pontifex maximus et décide de divorcer à la suite de relations supposées entre sa femme et un jeune patricien, Clodius Pulcher.
Enfin, en 59 av. J.-C., il épouse Calpurnia Pisonis avec laquelle il restera lié jusqu’à sa mort en 44 av. J.-C..

Ses enfants Julia fille de Jules César, Ptolémée XV et Auguste.

Cornelia Cinna lui donne son unique enfant légitime, une fille prénommée Julia, qui naît en 83 av. J.-C. ou 82 av. J.-C. et épouse Pompée en 60 av. J.-C.. Elle meurt en 54 av. J.-C..
Au cours de son séjour en Égypte, César entretient des relations avec Cléopâtre VII qui accouchera plus tard (vers 47 av. J.-C., ou plus probablement vers 44 av. J.-C. d’un enfant, Ptolémée XV dit Césarion. Cependant, la paternité de César envers cet enfant est discutée par les historiens et semble déjà être l’objet d’une polémique peu de temps après la mort du dictateur. Césarion est assassiné très jeune 15 ou 17 ans par Octavien futur Auguste, le fils adoptif de César et premier empereur romain.
En 46 av. J.-C., César, sans descendance légitime, adopte son petit-neveu Octave par testament qui, selon l’usage romain en cas d’adoption, est désormais appelé Caius Julius Caesar Octavianus Octavien. Il deviendra plus tard Auguste, premier empereur de Rome.
Enfin, César est peut-être le père de Brutus, qu’il aurait eu avec Servilia Caepionis en 85 av. J.-C.. En effet, Plutarque dans son œuvre, Vie de Brutus, rapporte la bienveillance de César envers celui-ci et la croyance qu’il avait acquise d’être le père naturel, l’enfant étant né durant la période où il fréquentait Servilia Caepioni.

La vie amoureuse de César

César entretint des relations particulières avec Servilia Caepionis, la mère de Brutus, dont la passion pour lui était publiquement connue à Rome et qu'il semblait lui-même tout spécialement apprécier. Ainsi, Suétone rapporte les divers présents et avantages qu’il offrit à sa bien-aimée, dont une perle d’une valeur de six millions de sesterces.
César eut des relations amoureuses avec Eunoé, femme de Bogud, roi de Maurétanie. C'est cependant sa liaison avec Cléopâtre VII qui est restée la plus célèbre. Suétone rapporte comment il remonta le Nil avec la reine égyptienne et la fit venir à Rome où il la combla d’honneurs et de présents. C’était aussi pour lui un bon moyen de tenir sous contrôle l’Égypte, où trois légions étaient présentes, et dont la place dans l’approvisionnement en céréales de l’Italie commençait à devenir prépondérante. Toujours est-il que Cléopâtre est présente à Rome au moment de l’assassinat de son amant et qu’elle rentre rapidement dans son pays après le meurtre.

Réputation amoureuse Sexualité dans la Rome antique.

Suétone fait état d’une rumeur selon laquelle César, au début de sa carrière, se serait laissé aller avec Nicomède, roi de Bithynie, à des relations sexuelles où il aurait tenu le rôle passif : l'histoire le suivit sa vie durant. Reprise par Cicéron, Caius Memmius et d'autres de ses adversaires politiques, elle lui valut de Bibulus, son collègue au consulat, le surnom de reine de Bithynie. Lors de son triomphe à Rome, après les campagnes en Gaule, ses soldats chantaient encore : César a soumis les Gaules, Nicomède a soumis César. Lui-même, selon Dion Cassius, rejetait l'accusation, jusqu'à la nier sous serment.
Deux poèmes de Catulle laissent entendre que César et Mamurra, son ingénieur, auraient été amants ; toutefois leur auteur, nous dit Suétone, s'en est par la suite excusé. Quant à l'allégation, émise par Marc Antoine, selon laquelle Octave aurait obtenu d'être adopté par César au prix de faveurs sexuelles, elle relève pour le même Suétone de la catégorie des bruits infâmes les plus facilement démentis.
César s'est aussi vu attribuer des conquêtes féminines nombreuses, particulièrement dans les rangs de la haute société romaine : à Servilia Caepionis, Suétone ajoute Postumia, femme de Servius Sulpicius, Lollia, femme d’Aulus Gabinius, et Tertulla, femme de Marcus Crassus ; il évoque également des soupçons concernant Mucia, la femme de Pompée, et Tertia, la propre fille de Servilia. Ce penchant de César pour les amours illicites est lui aussi chanté en vers par ses soldats lors de ses entrées triomphales rappelant que la calvitie dont il souffrait était un symbole de virilité :

" Citoyens, surveillez vos femmes : nous amenons un adultère chauve.
Tu as forniqué en Gaule avec l’or emprunté à Rome. "

Le mot qui le proclame mari de toutes les femmes et femme de tous les maris, que Suétone attribue à Curion l'Ancien, rassemble les deux imputations de sodomite et d' adultère. Comme le relèvent Florence Dupont et Thierry Éloi, si cette formule, lue avec le regard d'aujourd'hui, explique pour une bonne part la présence de César dans des recensions de bisexuels célèbres, elle n'avait pas le même sens pour ses contemporains, dont les conceptions reposaient sur d'autres catégories. La société romaine ne réprouvait pas qu'un citoyen ait des partenaires sexuels des deux sexes ; en revanche, elle faisait d'un comportement sexuel passif le signe d'une soumission ou d'une infériorité indignes de son statut : une infamie qui, dans le cas de César, était contrebalancée, selon Eva Cantarella, par la réputation de virilité tirée de ses conquêtes, tant féminines que militaires. Cependant les deux allégations symétriques renvoient au fond à la dénonciation d'une même hypersexualité, incontrôlée et dégradante ; Florence Dupont et Thierry Éloi y lisent un lieu commun, un topos des discours sur les tyrans, qui vise plus particulièrement, à propos de César, son aspiration supposée à la royauté.

L’état de santé de César

Selon l’historien grec Plutarque, la santé de César était fragile, ce dernier étant en effet sujet à de fréquents maux de tête et à des attaques d’épilepsie.
Cette faiblesse de César et son mauvais état de santé semblent également être attestés par Suétone. Toutefois, Suétone souligne aussi l’endurance de César à la marche ou à la nage lors de ses campagnes.
D’autres auteurs font état, quant à eux, de malaises survenus à la toute fin de sa vie.
Néanmoins, César n’aurait pas pu commander aussi efficacement ses troupes en Gaule s’il avait été en mauvaise santé. Quelle que soit la maladie l’affectant, il ne semble l’avoir éprouvée que tardivement. Les attestations de son épilepsie datent seulement des dernières années de sa vie, à Thapsus et peut-être à Munda. S’il en avait été autrement, Cicéron, qui ne le portait pas dans son cœur, ne se serait sûrement pas privé de l’attaquer sur le sujet, comme il l’a fait à propos d’une prétendue aventure avec le roi Nicomède IV de Bithynie.
De plus, le diagnostic des maladies n’obéissait pas aux mêmes critères qu’aujourd’hui et des symptômes ressemblant à ceux décrits très imprécisément par Plutarque et Suétone peuvent être dus à de nombreuses autres causes, hypoglycémie, malaise vagal, coup sur la tête, tumeur, etc.. Certaines de ces affections peuvent également s’accompagner d’une altération du comportement et il semble que cela ait été le cas pendant les derniers mois que César passa à Rome avant d’être assassiné. La lecture de ces documents, qui n’ont pas été rédigés par des contemporains, ne permet pas de trancher de manière définitive.
Il est également fort probable qu’un filtrage des sources de l’époque ait été opéré par Auguste, censurant tout ce qui ne s’inscrivait pas dans le cadre de sa propagande, y compris et surtout les œuvres de César autres que les Commentaires. César est mort entre 56 et 58 ans, ce qui constitue un âge honorable et une longue durée de vie pour l’époque. La vie tumultueuse qu’il a menée, aura sûrement laissé des traces, étant donné qu’il ne se ménageait pas.
Selon la tradition, Jules César était gaucher, mais cette affirmation est démentie par Pierre-Michel Bertrand.

Oeuvres inspirées par la vie de César Moyen Âge

César, roi de carreaux, vestige de la série des Neuf Preux
Jules César fait partie des personnages historiques les plus saillants de la culture mondiale. Sa popularité ne cesse de croître dès le XIIe siècle avec la diffusion du motif des Neuf Preux, neuf grandes figures historiques ou mythiques qui incarnent l'idéal du roi chevalier. De cette tradition subsiste encore aujourd'hui le roi de carreaux de nos jeux de cartes.
Les Faits des Romains, au début du XIIIe siècle, est la première biographie en français entièrement consacrée à César, qui s’inspire des œuvres de César lui-même, Lucain, Suétone et Salluste ; ce texte historique fait aussi appel à des procédés empruntés au roman ou à la chanson de geste, et aura une grande influence sur l’image de César au Moyen Âge.

De la Renaissance à l'âge moderne

César inspira à William Shakespeare, l’une de ses tragédies, Jules César, sans doute vers 1599, publiée pour la première fois dans l'in-folio de 1623.
La Mort de César, tragédie en trois actes, écrite par Voltaire en 1731, publiée en 1736 et représentée le 29 août 1743 par le Théâtre-Français. L’œuvre sur Gallica
Jules César en Égypte, opéra de Haendel, a été créé à Londres en 1736 au théâtre Haymarket.
De nombreuses sculptures le figurent, dont :
Jules César, sculpture en pied réalisée en marbre en 1713 par Nicolas Coustou et François Girardon, dans la cour Puget au musée du Louvre.
Jules César, de Ambrogio Parigi, exposée au jardin des Tuileries.
César et Cléopâtre, pièce de théâtre créée en 1898 par George Bernard Shaw

Å’uvres modernes

Jules César au faîte du pouvoir est, à partir de 1959, un personnage récurrent de la bande dessinée Astérix, créant une vision humoristique mais non ridicule qui sera une constante dans la représentation française grand public de César.
Au cinéma, il eut droit à des péplums burlesques de réalisation française :
en 1982, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ où il est interprété par Michel Serrault
Astérix et Obélix contre César, en 1999, où il est interprété par Gottfried John, et ses suites : Mission Cléopâtre en 2002 Alain Chabat, Astérix aux Jeux Olympiques en 2008 Alain Delon et Au service de sa Majesté en 2012, Fabrice Luchini.
Inversement, les réalisateurs anglo-saxons le figurent de façon plus dramatique, notamment dans les nombreuses versions cinématographiques de Cléopâtre :
en 1917 dans Cléopâtre de J. Gordon Edwards, avec Fritz Leiber dans le rôle de César.
en 1945, César et Cléopâtre, film britannique réalisé par Gabriel Pascal, où Claude Rains joue le rôle de César.
en 1953, Jules César, film américain réalisé par Joseph L. Mankiewicz, d’après la pièce de William Shakespeare, avec Louis Calhern dans le rôle-titre.
en 1960 dans Spartacus, film américain réalisé par Stanley Kubrick et partiellment par Anthony Mann, avec John Gavin dans le rôle de César. Dans la realité, César n'a exercé de commandement militaire que plus tard, étant trop jeune à cette époque.
en 1963 dans Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, avec Rex Harrison dans le rôle de César.
en 1997, 1998, 1999 et 2001 dans la série télévisée Xena, la guerrière, avec Karl Urban dans le rôle de César.
en 2002, Jules César Julius Caius passe au petit écran, réalisé par Uli Edel. Son rôle est interprété par Jeremy Sisto.
en 2005, la série télévisée Rome, coproduite par HBO et la BBC, retrace de façon assez correcte historiquement, bien que simplifiée son parcours en tant que dictateur, son rôle est interprété par Ciarán Hinds.
en 2013, dans la série télévisée Spartacus : La Guerre des damnés, avec Todd Lasance dans le rôle de César. Le rôle de César dans la série est une invention dramatique, car il n'y a aucune trace historique de sa participation, s'il en exista, dans la guerre contre Spartacus.
D’innombrables historiens ont entrepris des biographies de Jules César, on peut citer Jérôme Carcopino, Joël Schmidt, Robert Étienne et Max Gallo parmi les contemporains. Sa vie a été reprise de façon plus romancée par des auteurs tels que Colleen McCullough et Conn Iggulden.
Dernièrement des auteurs ont adapté le livre de Jules César en bande dessinée :
La guerre des Gaules, tome 1, Caius Julius Caesar, de Tarek et Vincent Pompetti, Tartamudo, 2012.

Citations

Plusieurs phrases attribuées à Jules César sont passées à la postérité :
Les hommes croient en ce qu’ils désirent.
J’aimerais mieux être le premier dans un village que le second à Rome 188.
La femme de César ne doit pas être soupçonnée
Alea jacta est. Le sort en est jeté
Veni, vidi, vici Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu
Tu quoque mi fili Toi aussi mon fils
Portraits
Sur près de deux cents portraits représentant César, seuls vingt à vingt-cinq sont antiques et seulement trois sont considérés comme une représentation de son vivant : les pièces de monnaie à son effigie sept types de pièces montrant son portrait vu de profil, le portrait du musée archéologique de Turin découvert à Tusculum et un portrait du musée d’Arles découvert en 2007 dans le Rhône, dont l'identification à César ne fait toutefois pas l'unanimité. Les caractéristiques de ces deux derniers portraits, fortement individualisés, les situent entre 50 et 44 av. J.-C. dans les dernières années de vie du dictateur. On distingue dans les deux cas un cou allongé, marqué de plusieurs plis, la pomme d’Adam saillante, de petits yeux enfoncés dans les orbites, des arcades sourcilières étirées, la disposition décalée des oreilles, les rides de vieillesse et d’expression, la fossette supra-thyroïdienne qui constitue une marque individuelle relativement rare, la calvitie avancée avec deux grandes plages dégarnies et masquée par une mèche de cheveux ramenée en avant par vagues successives, des déformations pathologiques, clinocéphalie — aplatissement du sommet du crâne — et hypertrophie bitemporale un peu plus marquée à gauche, signe de plagiocéphalie probablement liées à un traumatisme à la naissance, enfin la même organisation des boucles de cheveux sur les tempes. Le dessin de profil est identique dans les deux représentations.

Parmi les autres portraits antiques de César, deux sont devenus des représentations canoniques célèbres à l’époque augustéenne, quand se mettent en place la propagande et l’image officielle du défunt : celui du musée Chiaramonti au Vatican et celui du Camposanto de Pise. Dans les deux cas, le visage est allongé, anguleux, les joues sont creuses, les lèvres serrées, la frange horizontale qui efface tout souvenir de la calvitie, ce qui fait penser à une œuvre de propagande augustéenne.

Liens
http://youtu.be/ChbtM4mwS7c Jules César et la guerre des Gaules
http://youtu.be/dpk46ZFnyUE Jules césar conquérant de la Gaule film entier
http://youtu.be/tvC86IYRhdw Les bâtisseurs d'empire 1
http://youtu.be/esn2EQ_hkIQ Les bâtisseurs d'empire 2
http://youtu.be/VujTD6Fb-gw La légion romaine
http://youtu.be/1aFRo_CpDgA Assassinat de Jules César et conséquences
http://youtu.be/e0gbafNBjx4 L'histoire de Cléopâtre reine d'Egypte
http://youtu.be/KL8EERi7Jy0 L'Egypte le dernier de pharaons Cléopâtre
http://youtu.be/RjB7sMmI-h4 La mort de Cléopâtre
http://youtu.be/k-HBXcqFp6I Jules César opéra de Haendel


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Posté le : 13/07/2014 00:05

Edité par Loriane sur 13-07-2014 12:09:30
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François Furet
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Le 12 juillet 1997 à Figeac dans le Lot, à 70 ans, meurt François Furet.

Historien français, né le 27 mars 1927 à Paris, Il est notamment connu pour ses ouvrages sur la Révolution française. Il étudie à l'université de Paris et obtient les titres de président de l'EHESS, membre de l'Académie française, il étudie l'histoire de la Révolution française, ces travaux sont exposés dans "La Révolution française avec Denis Richet en 1965 ", "Penser la Révolution française" en 1978, "Le Passé d'une illusion" en 1995
S'il est difficile de brosser le portrait de François Furet, un homme qui a dénié toute vertu explicative aux biographies, il est néanmoins possible d'établir quelques jalons dans une vie, réussie dans le domaine professionnel comme dans la sphère de l'opinion publique, et une œuvre représentative de toute une génération d'historiens, consacrées l'une et l'autre par son élection à l'Académie française, le 21 mars 1997, au fauteuil de Michel Debré.

Sa vie

François Furet est né à Paris le 27 mars 1927, dans un milieu bourgeois ; son père, banquier, lié aux grandes familles catholiques du Choletais, publie en 1950 un livre sur l'histoire de Cholet, digne de l'école des Annales. Après des études au lycée Janson-de-Sailly et des activités dans la Résistance, puis des ennuis de santé, atteint de tuberculose, il dut cesser ses études en 1950. Jusqu'en 1954, il passa plusieurs mois en sanatorium dans les Alpes, puis en convalescence au centre de post cure de la Fondation de France, rue Quatrefages à Paris. François Furet obtient l'agrégation d'histoire en 1954.

Un militant politique

Furet fut, très tôt, un militant politique, membre du Parti communiste. En 1947, il publia dans la Nouvelle critique, avec Annie Kriegel et d'autres, un article dénonçant Ernest Labrousse comme le complice de Léon Blum, plat valet des Américains, sous le pseudonyme de Jacques Blot.
Sous son impulsion très énergique, Quatrefages devint le centre d'une cellule des étudiants communistes recrutant tout ce que le Quartier latin produisit de plus brillant dans le genre, depuis les normaliens tels Emmanuel Le Roy Ladurie jusqu'aux étudiants étrangers, tel le docteur Vinh, futur ministre de la Santé de la République socialiste du Viêt Nam.
En 1959, il quitta le PC, puis participa à la fondation du PSU en 1960. Il fut aussi en parallèle journaliste à France-Observateur, le futur Nouvel Observateur.

Carrière universitaire

Brillamment reçu à l'agrégation d'histoire en 1954, François Furet est ensuite nommé professeur de lycée à Compiègne où il enseigne jusqu'en 1955, avant d'être muté à Fontainebleau.Se détournant de l'enseignement, il est attaché de recherches au C.N.R.S. dès 1956, entre à la VIe section de l'École pratique des hautes études par la suite École des hautes études en sciences sociales, comme sous-directeur d'études en 1961, puis est directeur d'études en 1966 et préside cet organisme de 1977 à 1985. Ayant créé l'institut Raymond-Aron, dans la mouvance de l'école, il le dirige jusqu'en 1992. Parallèlement, il intervient dans des universités étrangères, avant d'être professeur permanent à l'université de Chicago à partir de 1982.
Cette réussite professionnelle se double d'une implication durable dans la vie publique française. Militant communiste jusqu'en 1956, il participe à l'élaboration des réformes de l'enseignement supérieur engagées par Edgar Faure après 1968, tient régulièrement des rubriques dans l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur. Cet intérêt pour les interventions au plus haut niveau se poursuit dans la création de la Fondation Saint-Simon en 1982, lieu de rencontre où des universitaires, des hommes politiques et des responsables économiques envisagent les problèmes de notre époque dans une optique libérale.

Penser la Révolution française

Spécialiste du XVIIIe siècle, Furet a marqué, par son ouvrage La Révolution française publié en 1965, un tournant de la recherche historique sur cette période.
Après plusieurs décennies où la Convention et le Comité de salut public mobilisent la plupart des recherches universitaires, ce livre se place résolument dans une perspective plus large, dépassant le cap de Thermidor, habituellement considéré par les historiens qui l'ont précédé, Aulard, Mathiez, Lefebvre, Soboul, comme le terme des événements de la Grande Révolution.

Ce choix de rééquilibrer l'analyse de la période révolutionnaire en y intégrant la Convention thermidorienne et le Directoire n'est pas anodin. Furet prend à contrepied les théories admises par les historiens marxistes. Pour ces derniers, Soboul et Lefebvre principalement, la Révolution française est d'abord une expression de la révolte des masses populaires, à l'exemple du mouvement jacobin soutenu par l'avant-garde des sans-culottes qui disparaît après le 9-Thermidor.
À l'inverse, non sans susciter des polémiques dans le monde universitaire français, François Furet défend l'idée d'une révolution des élites qui aurait dérapé en 1793. La confiscation violente du pouvoir par les masses durant la Terreur aurait perturbé le cours pacifique d'une modernisation sociale menée par le haut à partir de 1787.
Il approfondira ces réflexions dans son ouvrage, Penser la Révolution française, publié en 1978, notamment en redécouvrant les travaux d'Augustin Cochin que l'historiographie avait largement oublié après sa mort en 1916, non sans revenir sur la thèse du dérapage, relevant les prémices de la Terreur dès 1789 et percevant une possible consonance de la Terreur avec la Révolution tout entière.
Dans sa synthèse La Révolution, 1770-1880, envisageant le temps long, il montre les continuités entre l'Ancien Régime et la Révolution, dont le long processus ne prend fin qu'avec l'arrivée au pouvoir des républicains opportunistes, qui séparent la démocratie de la révolution et refusent de sacrifier la liberté individuelle aux nécessités historiques.

Le Passé d'une Illusion

Fondateur, avec d'autres, de la fondation Saint-Simon, Furet a aussi présidé l'Institut Raymond-Aron, autant d'activités qui lui ont permis d'élargir son champ de recherches et de réflexions. La variété et le volume de ses travaux lui ont valu d'obtenir de nombreux prix : le prix Alexis de Tocqueville en 1991, le prix européen des Sciences sociales et le prix Hannah Arendt de la pensée politique en 1996.
En 1995, François Furet publia Le Passé d'une illusion dont le titre est une allusion à l'ouvrage de Sigmund Freud, L'Avenir d'une illusion. Cet ouvrage analyse sans concession le courant communiste du XXe siècle, en croisant deux niveaux, son propre cheminement militant et sa connaissance approfondie de la Révolution française. Cet ouvrage reçut simultanément, le prix du livre politique, le prix Chateaubriand et le Grand Prix Gobert de l'Académie française.

Élu à l'Académie française, le 20 mars 1997, au fauteuil où il succède à Michel Debré mort le 2 août 1996, il décéda peu après à Figeac à la suite d'une chute survenue lors d'un match de tennis. Sa disparition l'empêcha d'être officiellement reçu à l'Académie française où il fut remplacé un an plus tard par René Rémond. C'est ce dernier qui prononça l'éloge de ses deux prédécesseurs.

Son œuvre est l'écho de cette double orientation. Commencée dans le domaine de l'histoire sociale et économique, sous la tutelle d'Ernest Labrousse, elle s'infléchit vers l'histoire culturelle. Le tournant est attesté par la publication, au milieu des années 1960, d'un livre présentant la Révolution française à un large public, rédigé avec Denis Richet.
Contestant les leçons de l'école marxisante liée à Albert Soboul, cet ouvrage insiste sur les dérapages précoces de l'évolution politique conduisant vers la Terreur. Considéré comme un intrus dans un domaine spécifique, François Furet tire des années de débats passionnés qui suivent le recueil d'articles Penser la Révolution française, qui donne la clé de son œuvre.
Il y dénonce les a priori du catéchisme révolutionnaire délivré depuis la Sorbonne qui le qualifie de révisionniste, il instaure une nouvelle historiographie, citant Tocqueville et Cochin, récuse l'idée de la rupture révolutionnaire et estime que la Révolution est terminée, puisque notre société n'est plus orientée par les luttes héritées du XVIIIe siècle.

Dans une nouvelle série de livres publiés entre 1986 et 1991, il approfondit son analyse des apports de l'historiographie et de la progressive élaboration des concepts marxistes. La Révolution française est ainsi pensée par lui dans sa dimension culturelle et politique, puisque c'est là que s'est opéré, entre 1787 et 1789, le basculement des principes du gouvernement et des références politiques. Il estime que ce qui se produit par la suite relève d'une deuxième révolution, liée à l'action des sociétés de pensée et à l'influence des philosophes utopistes.
Ceux-ci enracinent un discours commémoratif, libèrent la violence, dont le paroxysme est atteint pendant la Terreur, et entraînent le pays dans une politique d'essence totalitaire.
L'enfermement quasi originel des révolutionnaires dans un système de langage et de pensée les conduit à des surenchères idéologiques, les coupe du réel et les incite à faire le bonheur des hommes malgré eux.
Ainsi, pour lui, 1793 serait dans 1789 comme le ver dans le fruit, et contiendrait 1917. Cela le conduit à dire qu'il faut rompre avec le jeu historiographique du XIXe siècle, déjà clos par la IIIe République, qui a mené la Révolution à son port, et récuser l'historiographie ultérieure absorbée par sa rencontre avec la Révolution bolchevique, annoncée par 1793. Michelet, Quinet auraient ainsi contribué à créer autant qu'à transmettre une tradition républicaine inspirée par une vision légendaire et militante de la Révolution française, léguant des idées reçues sur les catégories, les datations, etc. que les recherches du XXe siècle n'auraient pas remises en cause mais introduites dans une exégèse sans recul.

Cette double dénonciation, d'une historiographie illusionniste qui ne reconnaît pas les principes politiques qui l'animent et d'une tradition aveugle sur ses présupposés, permet de comprendre le dernier ensemble des ouvrages publiés par François Furet. Celui-ci poursuit l'histoire de l'héritage révolutionnaire et dénonce la séduction que les approches révolutionnaires et marxisantes ont opérée sur les intellectuels ; Le Passé d'une illusion est en cela une des conclusions essentielles de cette quête. Son œuvre n'a donc jamais cessé d'être polémique et profondément ancrée dans les débats des trente dernières années.
Elle a épousé et illustré les grandes évolutions de l'opinion, accompagnant la faillite du système totalitaire soviétique et des illusions du progrès, jusque dans la récusation des analyses socio-économiques. Elle critique les pratiques empiriques des historiens, asservies à l'historiographie commémoratrice. Elle réaffirme le primat du récit et de la synthèse interprétative, au moment où la communauté intellectuelle s'interroge sur les fondements de ses connaissances.

Sacré roi de la Révolution en 1989, tant sa place dans les médias a été considérable, alors qu'il ne jouait officiellement aucun rôle dans l'organisation du bicentenaire, François Furet aura incarné brièvement la réconciliation improbable entre la recherche et l'Académie sur le sujet historique qui les avait le plus opposées depuis le début de ce siècle.

Hommage posthume

Un collège d'Antony Hauts-de-Seine porte son nom depuis 2003.
Les amphithéâtres de l'École des hautes études en sciences sociales à Paris et de l'Institut d'études politiques de Lille portent son nom.

Distinctions

Prix Alexis de Tocqueville
Grand Prix Gobert
Prix Chateaubriand

Liens

http://youtu.be/_8n6eqNaUZw François furet ou la révolution Ina
http://youtu.be/5qMfbQU4hF0?list=PL904A1A9627696830 F.Furet 14 vidéos
http://youtu.be/PXDER6dhCQk Le livre noir de la révolution française 1
http://youtu.be/0fGzCf8ukvE Le livre noir de la révolution française 2
http://youtu.be/QWw3__pcmrc Le livre noir de la révolution française 3
http://youtu.be/DF9mRhZfD90 Livre noir de la révolution française 4


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[img width=600]http://www.fcomte.iufm.fr/recherche/publications/ouvrage_ffuret_ps_cm/Statius_Maillard%20(coll)_Fran%E7ois%20Furet.JPG[/img]

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Posté le : 13/07/2014 00:02
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Henry II d'Angleterre
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Le 6 juillet 1189 au château de Chinon, à 56 ans meurt Henri II roi

d'Angleterre


et seigneur d'Irlande du 25 Octobre 1154 au 6 juillet 1189,
En tandem avec Henri le Jeune -1170 1183-, il est Couronné le 19 décembre 1154 dans l'Abbaye de Westminster, son prédécesseur est Étienne, son Successeur est Richard Ier Duc des Normands du 7 septembre 1151 au 6 juillet 1189 son Prédécesseur est Geoffroy Plantagenêt, son Successeur Richard Ier, Henri II est né le 5 mars 1133 dans la ville du Mans France, il est comte d'Anjou, du Maine et de Touraine, duc de Normandie, et roi d'Angleterre 1154-1189. Il est le premier roi de la dynastie des Plantagenêts et de leur empire.Son père est Geoffroy V d'Anjou, sa Mère est Mathilde l'Emperesse, sa Conjointe Aliénor d'Aquitaine, avec qui il a 8 enfants dont 7 vivants : Guillaume d'Angleterre, Henri le Jeune, Mathilde d'Angleterre, Richard Ier, Geoffroy d'Angleterre, Aliénor d'Angleterre, Jeanne d'Angleterre, et le roi Jean.


D'une force peu commune, perpétuellement en mouvement et très cultivé, Henri II passa sa vie à rétablir les droits acquis du temps de son grand-père maternel Henri Ier d'Angleterre et à maintenir son héritage territorial.
Petit-fils d'Henri Ier, désigné par son grand-père pour lui succéder dès le moment de sa naissance, écarté en fait du trône par Étienne, neveu du roi défunt, Henri II doit tout à l'énergie de sa mère, Mathilde, et de son père, Geoffroi V Plantagenêt. Il est couronné en 1154 et, dès ce moment, il est le maître non seulement de l'Angleterre, mais aussi de la Normandie ; en outre, grâce à un mariage opportun avec Aliénor d'Aquitaine, il contrôle tout le sud-ouest de la France. L'Anjou, le Maine et la Touraine compléteront son Channel State. Il aura quelque peine à maintenir son autorité sur un aussi vaste ensemble et devra affronter des révoltes féodales en Angleterre, les intrigues des rois de France Louis VII et Philippe Auguste et, à la fin de sa vie, le soulèvement de ses propres fils, Henri, Richard et Geoffroi. Pourtant, conquérant de l'Irlande en 1171-1172, ayant rêvé en vain d'établir son autorité sur l'Écosse, il est l'un des créateurs et des réalisateurs du rêve anglais qui consistait à réunir les îles Britanniques sous un seul sceptre.

Sa vie

Il naît au Mans, dans le comté du Maine, le 5 mars 1133. Son père est Geoffroy V d'Anjou dit le Bel ou Plantagenêt, et sa mère est Mathilde dite l'Emperesse, fille du roi Henri Ier d'Angleterre et son héritière désignée. Une guerre civile éclate en Angleterre entre Mathilde et son cousin, Étienne de Blois, comte de Boulogne, qui s'empare du trône d'Angleterre à la mort du roi Henri Ier d'Angleterre en 1135, alors qu’il avait juré fidélité à Mathilde.
L’éducation d’Henri est confiée à Pierre de Saintes, ou à Guillaume de Conches, alors que ses parents sont en guerre. En 1142, à neuf ans, il part chez Robert de Gloucester, son oncle, a priori pour s’approprier les traditions de son futur pays, et développer des relations avec les soutiens de sa mère Mathilde. Il y apprend le latin, est formé aux armes, et à sa future fonction de roi. De 1144 à 1146, il est de retour en Normandie sur demande de son père Geoffroy. Au début de l’année 1147, Henri revient en Angleterre à la tête d’une armée de faible envergure pour soutenir sa mère, mais cette tentative se révèle un échec, et il fait retraite en Normandie. Toutefois, il commence à s’affirmer en tant que futur roi, en négociant l’élection de l’évêque de Hereford.
Au printemps 1149, Henri part à nouveau pour l’Angleterre, pour se rapprocher de David, roi d’Écosse. À Devizes le 13 avril, il rate les sièges de Cricklade et de Burton, puis se bat contre les partisans du roi Étienne à Carlisle. David le fait chevalier, et Henri lui jure de jamais lui contester la suzeraineté sur le Northumberland, le Cumberland, le Westmorland et le Lancashire, des comtés du nord de l’Angleterre. Le fait d’être chevalier confère à Henri sa majorité, et il peut désormais prétendre de lui-même au trône d’Angleterre. Étienne répond en faisant de même pour son fils Eustache.
En 1150, de retour en Normandie, il est probablement investi par son père du duché de Normandie, acte renouvelé en automne. Au même moment, il adresse un ultimatum à Étienne, et lui revendique toutes les terres usurpées. Henri possède dès lors un fief, et doit donc rendre hommage au roi de France, Louis VII. Mais cet acte officiel traîne, et dans le contexte de l’affaire de Montreuil-Bellay, Henri prête finalement serment en août 1151.

La succession à Geoffroy

Geoffroy meurt le 7 septembre 1151. Toutefois, il pressentait un déchirement entre ses fils, et surtout les fortes ambitions de son fils aîné, Henri. Il exige alors de ce dernier qu’il prête serment de céder à son frère Geoffroy Anjou et Maine dès que l’Angleterre sera conquise en attendant, Geoffroy reçoit les châteaux de Chinon, Loudun et Mirebeau. Pour le contraindre à accepter, les nobles et les évêques ont pour ordre de ne pas lui élever de sépulture tant qu’Henri n’aura pas prêté ce serment. Henri accepte, à contre-cœur, convaincu par le clergé et les fidèles de son défunt père, et aussi par dignité, l’état de conservation du corps de son père se dégradant rapidement. Puis Henri part à Angers, et y devient comte d'Anjou et du Maine.

Le 21 mars 1152, Louis VII et Aliénor d’Aquitaine divorcent, après le constat de nullité du mariage au concile de Beaugency. Henri, comme d’autres prétendants dont son propre frère Geoffroy la demande en mariage. Henri est alors l’un des hommes les plus puissants de l’Occident. Le mariage a lieu à Poitiers, le 18 mai 1152, alors qu’elle a trente ans, et lui dix-neuf. C’est le début d’une guerre entre Henri et Louis VII, sous prétexte que le roi de France veut garder l’Aquitaine, alors qu’Henri en est devenu le duc au moment de son mariage. Louis VII est soutenu par Geoffroy, frère d’Henri, et Robert, comte de Dreux. La guerre prend fin à la fin de l’année 1152, après qu’Henri et Geoffroy se sont réconciliés, et que Louis VII a proposé la paix.

Quelques jours après son mariage, il fait escale au sanctuaire de Rocamadour. Séduit par la beauté du lieu, il fera construire une chapelle portant le nom de Notre-Dame de Rocamadour lorsqu'il rentrera sur ses terres. Cette chapelle est aujourd'hui située dans le port de Camaret-sur-Mer, en Bretagne.

La conquête de l'Angleterre

Au début de l’année 1153, la conquête de l’Angleterre devient l’objectif principal d’Henri. Le roi Étienne connaît une situation politique précaire : sa succession s’annonce difficile, car ses fils sont des incapables ; lui-même se fait vieillissant ; la lassitude de la guerre gagne du terrain après près de vingt ans de combats et l’autorité royale s’amoindrit, au point que certains barons sont devenus quasiment indépendants vis-à-vis du roi.
Henri arrive en Angleterre le 6 janvier 1153 avec son armée. Il prend Malmesbury, puis part pour Wallingford, assiégé par les troupes d’Étienne. Ce dernier accourt avec une armée, mais ni lui, ni Henri n’osent s’engager dans une bataille incertaine. Étienne rentre sur Londres, ce qui laisse le champ libre à Henri pour délivrer Wallingford, et assiéger le château de Crowmarsh. À nouveau, Étienne le rejoint, mais évite la bataille, d’autant plus que ses conseillers, son frère, Henri, évêque de Winchester, et Thibaut du Bec, archevêque de Canterbury veulent traiter avec Henri. Une trêve est alors conclue, sous condition que le château de Crowmarsh soit détruit. Eustache, fils aîné d’Étienne, se révolte alors contre Thibaut du Bec et écume ses terres, mais meurt de maladie à peine quelques jours plus tard. Or le second fils d’Étienne, Guillaume, ne peut succéder à son père, ayant trop peu de capacités et étant bâtard. À terme, Henri est maintenant assuré de devenir roi d’Angleterre.
La trêve terminée, Henri repart au combat et conquiert Stamford, Nottingham, Reading, Bornwell et Warwick, et entre en négociations avec le comte de Leicester, qui possède plus de trente places-fortes. En réponse, Louis VII attaque la Normandie, trop faiblement, et en manque de soutiens, Étienne finit par signer la paix le 6 novembre 1153, à Wallingford. Henri devient l’héritier d’Étienne, et dirige le royaume, à titre de justicier. L’assemblée des barons à Winchester ratifie le traité. Henri rentre dans Londres, accompagné d’Étienne, sous les acclamations de la foule, en décembre.

À la tête de l'Empire Plantagenet

Le début du règne

Dès le traité de Winchester, Henri cherche à asseoir son autorité sur tous les territoires qu’il contrôle. Si personne ne conteste sa souveraineté sur la Normandie, le Maine et l’Anjou, il n’est toutefois duc d’Aquitaine que par le titre, pas dans les faits. En Angleterre, Henri doit s’associer à Étienne, encore roi, et il ne peut rien tenter contre la Maison de Blois. De plus, il doit ménager ses alliés pendant la conquête du trône, qu’ils soient barons anglais ou membres de l’Église. Il doit aussi faire face à David Ier d'Écosse, à qui il a juré de ne pas revendiquer le nord de l’Angleterre, et à Louis VII, qui veut toujours s’approprier le duché d’Aquitaine, et qui va chercher à diminuer la puissance de son vassal.
Henri cherche à réunir toute la société anglaise autour de lui. Il commence par expulser les flamands, pour profiter de la mésentente passée. Puis il proclame une amnistie pour tous les délits qui ont eu lieu pendant la guerre civile. Plusieurs villes obtiennent des avantages : Wallingford, Lincoln et Wilton. L’acte le plus important du début du règne est la destruction des châteaux, pour empêcher l’organisation de révoltes et autres banditismes. Selon Raoul de Diceto, il y en avait 11.

Étienne mène à bien cette lourde tâche. Cela permet à Henri de repartir pour la Normandie en mars 1154. De mars à novembre 1154, Henri parcourt l’Aquitaine, le Vexin et d’autres régions pour mater les révoltes naissantes. Il signe au mois d’août un nécessaire traité avec Louis VII de France, pour apaiser le climat diplomatique. Louis VII lui abandonne les forteresses de Vernon et de Neuf-Marché, et Henri lui verse 2000 marcs d’argent en échange.
Le 25 octobre 1154, Étienne meurt.
La question de la succession ne provoque pas les débordements escomptés, et Henri, revenu en Angleterre en décembre, est acclamé comme roi légitime.
Le dimanche 19 décembre, il devient roi à l'abbaye de Westminster. À cette occasion, Henri II proclame une charte, qui est défavorable aux barons anglais, en faisant un trait sur les actes passés du règne d’Étienne. Cette charte est toutefois acceptée, car l’archevêque Thibaut, très influent, promeut la soumission au souverain. De plus, beaucoup de barons ralliés à Henri pendant la guerre possèdent des fiefs en Normandie, dont Henri II est le maître incontesté. Si Henri II ne devenait pas roi d’Angleterre, ils risqueraient de perdre ces terres.

Plusieurs personnes vont entourer Henri II dès son couronnement. Thomas Becket est nommé chancelier, sur conseil de Thibaut du Bec. Richard de Lucy, chevalier médiocre mais loyal, et Robert de Leicester, exercent la fonction de justicier d’Angleterre.
Le 29 décembre, entouré de ses vassaux, Henri II déclare vouloir poursuivre la destruction des châteaux et l’expulsion des flamands.
Il rattache aussi au domaine royal des villes et châteaux, et déchoit les comtes qui ont reçu leurs titres d’Étienne. Enfin, Hugues Bigot, comte de Norfolk, est nommé sénéchal. À la suite de ces actes, seuls trois rébellions surviennent : Guillaume d’Aumale, Roger de Hereford et Hugues (II) de Mortemer, qui se soumettent tour à tour, soit diplomatiquement, soit par la force.
Le 29 septembre 1155, au cours d’une réunion à Winchester, il dit vouloir conquérir l’Irlande. Mais l’état financier du royaume n’est guère reluisant, et un impôt est levé pour l’année 1155-1156.
En définitive, le début du règne est réussi, car les barons anglais ont accepté l’autorité d’Henri II, et le climat est redevenu apaisé sur le continent. Cela est dû en partie à ses déplacements incessants, dans tous ses territoires, qui perdureront tout au long de son règne.

Réorganiser l'empire Plantagenêt

Cependant, son frère Geoffroy entend bien récupérer le comté d’Anjou selon la promesse faite par Henri à son père, maintenant qu’il est roi d’Angleterre. Henri II n’a aucune raison d’accepter, car ce faisant, la Normandie serait séparée de l’Aquitaine. De plus, le pape l’a libéré de ce serment. Louis VII réunit lors de pourparlers Henri II et Geoffroy du 3 au 9 février 115628. Le roi de France se range du côté d’Henri II, dès que celui-ci lui propose un hommage pour l’ensemble des domaines continentaux, mais rien du tout dans le cas contraire. Geoffroy refuse cette décision et rentre en guerre contre son frère, guerre vite perdue en juillet 1156.

C’est à ce moment que les barons d’Aquitaine rendent hommage à Henri II29, soit un an après que Louis VII a abandonné le titre de duc d’Aquitaine. Désormais, Henri II n’est plus contesté, et Louis VII se satisfait de l’hommage rendu.
Le voyage en Angleterre, au printemps 1157, commence par le règlement des questions en suspens : le roi d’Écosse est sommé de donner à Henri II des châteaux du Northumberland, contre le comté de Huntingdon, Guillaume de Mortain livre Pevensey, Norwich et autres forteresses, et Hugues Bigot doit faire de même. Malcolm IV d'Écosse rend hommage à Henri II à Chester, peu de temps après, pour tous les territoires anglais, mais pas pour le titre de roi d’Écosse. Au mois de juin 1157, il lance un assaut contre le peuple gallois, assaut bien plus victorieux qu’en 1155, car mieux préparé. Ainsi, au bout de trois ans, aucun baron anglais ne lui résiste, son frère Geoffroy ne revendique plus rien, et son influence s’étend sur l’Écosse, les Galles, et la Bretagne.

En effet, en 1156, Nantes s’est révoltée contre le comte Hoël33, et Geoffroy est appelé par les Bretons et non pas Conan IV de Bretagne pour devenir comte de Nantes33. À sa mort, le 26 juillet 115835, Henri II repasse en France et fait d’une pierre deux coups. Il scelle avec Louis VII un projet de mariage entre son fils Henri et Marguerite, fille du roi de France, avec le Vexin comme dot35. Puis Louis VII lui donne son accord, en tant que sénéchal de France, pour régler la question dynastique en Bretagne35 : Conan de Bretagne cède devant Henri II, et livre Nantes et le pays de la Mée35. Louis VII n’avait pas vraiment le choix, étant séparé géographiquement de la Bretagne36. Peu après, Henri II s’empare de la forteresse de Thouars36. Henri II maîtrise ainsi les communications entre le nord-ouest et le sud-ouest de la France.

En 1157, Richard, futur CÅ“ur de Lion, voit le jour.
En 1158, Geoffroi, fils d’Henri II, voit aussi le jour.
En décembre 1158, Louis VII parvient à un accord entre Henri II et la maison de Blois. Thibaut de Blois rend Amboise et Fréteval, et Rotrou IV du Perche restitue Moulins-la-Marche et Bonsmoulins, contre le château de Bellême. Les frontières stabilisées, Henri se tourne dès lors vers un projet d’envergure : la conquête du comté de Toulouse, qui ouvre la voie du Languedoc et de la mer Méditerranée, et revendiqué de longue date par les précédents ducs d’Aquitaine.

Henri II prépare alors la guerre : il lève un écuage élevé, il négocie la neutralité du roi de France mais n’y parvient pas, car Constance, sa sœur, est mariée a Raymond V de Toulouse, comte de Toulouse, il rencontre Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone et prince d'Aragon pour s’allier ensemble.

Le 22 mars 1159, tous les osts disponibles sont appelés à Poitiers, ainsi que de nombreux mercenaires. Malgré les premiers succès, à partir de la fin du mois de juin, Henri II se retrouve bloqué devant Toulouse, à négocier avec Louis VII. Il doit finalement se retirer, à cause de problèmes d’approvisionnements, et d’une épidémie qui se déclare dans son armée. En partant, il annexe une partie du Quercy et Cahors. À ce moment, Louis VII entre en Normandie, mais le jeu des alliances fait intervenir Thibaut de Blois contre le roi de France. À la fin du mois de septembre 1159, Henri II est remonté au nord, solidifie Étrépagny, et part détruire la forteresse de Gerberoy. Puis il reçoit l’hommage du comte d’Évreux41, qui lui donne les châteaux de Rochefort , Montfort et Épernon.

Toutefois, la situation financière d’Henri II devenant compliquée, et la situation militaire de Louis VII étant affaiblie, une trêve est conclue en décembre 1159 jusqu’au 22 mai 1160. Au final, cette guerre est un échec cuisant pour Henri II42. La paix est signée en avril 1160, à la Pentecôte, avec retour avant la situation en 1159. Pour retrouver un peu plus de calme, Henri le Jeune rend hommage à Louis VII.

Toutefois, Louis VII se remarie à Adèle de Champagne, pour avoir un fils héritier, ce qui pousse Henri II à célébrer le mariage de son fils Henri avec Marguerite, le 2 novembre 1160. Dans son droit, le roi d’Angleterre réclame la dot, le Vexin. Une nouvelle guerre se déclenche, jusqu’en juin 1161, où la paix est signée : Henri II peut conserver ce nouveau territoire.

En 1162, le nouvel archevêque de Cantorbéry est Thomas Becket.
En 1164, Henri II se brouille avec Thomas Becket. C’est aussi l’année des Constitutions de Clarendon, et du concile de Northampton.
En 1166, le futur Jean sans Terre voit le jour. Les campagnes de Strongbow se déroulent en Irlande.
En 1167, Raimond V de Toulouse rend hommage à Henri II37. Mathilde, la mère d’Henri II, meurt.
En 1170, Henri le Jeune devient roi.
Le 29 décembre 1170, Thomas Becket est assassiné.
En 1172, au synode de Cashel, Henri II force l'Irlande à se soumettre à l'autorité de l'Église catholique romaine et met fin aux pratiques d'un christianisme celtique.
En 1183, Henri le Jeune meurt.
En 1187, Philippe Auguste et Henri II combattent.
En 1188, Henri II assiège Dreux.
En 1189, Henri II d’Angleterre meurt à Chinon.

Bilan du règne

Deux affaires vont considérablement ternir son règne :

Le conflit avec son ancien chancelier Thomas Becket. Ce dernier s'oppose à l'abolition de privilèges ecclésiastiques, notamment judiciaires, et à l'emprise plus importante du roi sur l'Église d'Angleterre. L'assassinat de l'archevêque, dans sa cathédrale de Cantorbéry, en 1170, par des chevaliers pensant ainsi faire plaisir au roi, entame grandement l'autorité royale. En expiation de cet assassinat, Henri II demandera à son sénéchal d'Anjou, Étienne de Marsay, de faire édifier un hôtel-Dieu à Angers qui deviendra l'ancien hôpital Saint-Jean ;
Le partage de son considérable territoire entre ses fils. Impatients d'hériter, ses fils se révoltent contre lui avec l'aide de leur mère, du roi de France, du roi d'Écosse Guillaume le Lion et des comtes de Blois, de Boulogne et de Flandre. Il emprisonne Guillaume le Lion après sa défaite en 1174 à la bataille de Alnwick. Son épouse est également soumise à une longue captivité.
Son prestige devient considérable en Europe. Le nouveau roi de France, Philippe Auguste, est en revanche bien décidé à combattre Henri II dont l'immense territoire menace le royaume capétien. Le roi de France obtient dans son combat l'appui des deux fils de Henri II, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre. Par le traité d'Azay-le-Rideau du 4 juillet 1189, Henri II doit reconnaître son fils Richard comme seul héritier. Il meurt seul quelques jours plus tard dans son château de Chinon. Il est inhumé à l'abbaye de Fontevraud.

Personnalité

L'enfance d'Henri II se déroule dans une atmosphère de guerre civile en raison de la lutte de ses parents pour récupérer leur héritage usurpé par Étienne de Blois. D'une force physique considérable, ses colères sont redoutables, et il adore la chasse. Très impulsif, il ne se soumet à aucun emploi du temps. Il s'habille simplement, souvent en chasseur avec un faucon au poignet. Étonnamment, Henri II est un homme très cultivé. Il parle plusieurs langues, aime se retirer pour lire, prend plaisir à des discussions intellectuelles. Il n'en reste pas moins très abordable.

Héritage

Henri II perfectionne l’administration de son royaume. Il s’entoure de conseillers flamands, normands, poitevins, anglais.
Son pouvoir est renforcé par l’onction de l’Église. Au sommet de l’État, se distinguent la Cour Curia Regis, composée des grands vassaux laïques et ecclésiastiques, et les grands offices aux fonctions précises Chancellerie, Échiquier et Trésorerie. La Chancellerie a la responsabilité de la rédaction de tous les diplômes royaux Act. L’Échiquier, devant lequel les shérifs viennent déposer leurs comptes, se scinde sous Henri II en un Bas-Echiquier, ou Trésorerie, chargé de l’administration courante, et un Haut-Echiquier, faisant office de chambre des Comptes.
Enfin, le Banc du Roi, bientôt secondé de la Cour des Plaids Communs, rend la justice au nom du souverain. À sa tête, le Grand Justicier remplace le roi pendant ses absences. Un droit anglais, unique et centralisé, s’affirme sur les coutumes locales common law.

Descendance Avec Aliénor d'Aquitaine

Le 18 mai 1152 à Poitiers, il épouse Aliénor d'Aquitaine qui lui donne huit enfants :
Guillaume Plantagenêt 17 août 1153 – décembre 115648 ;
Henri dit Henri le jeune roi 1155-1183, épouse Marguerite de France, fille du roi de France Louis VII ;
Mathilde 1156-1189, épouse Henri le Lion † 1195, duc de Saxe et de Bavière en 1168 ;
Richard 1157- 1199, qui succède à son père sous le nom de Richard Ier, et surnommé Cœur de Lion. En 1191, il épouse Bérengère 1163 – 1230, fille du roi de Navarre Sanche VI ;
Geoffroy 1158-1186, duc de Bretagne. En 1181, il épouse Constance de Richemont † 1201;
Aliénor 1161-1214. En 1177, elle épouse Alphonse VIII de Castille 1155 – 1214 ;
Jeanne 1165-1199, épouse Guillaume II roi de Sicile, puis Raymond VI comte de Toulouse. Veuve une seconde fois, elle devient abbesse à Fontevraud ;
Jean dit Jean sans Terre 1166-1216, roi d'Angleterre 1199-1216. En 1189, il épouse Isabelle † 1217, fille du duc de Gloucester, divorce en 1200, puis épouse Isabelle 1188-1246, fille du comte d'Angoulême, en 1200.

Enfants illégitimes

Henri eut aussi des enfants illégitimes. Il eut une liaison notoire avec Rosemonde Clifford, la belle Rosemonde, qui débuta probablement vers 1165, durant une de ses campagnes galloises, et continua jusqu'à la mort de celle-ci en 1176. Henri ne la reconnut pas comme maîtresse avant 1174, c'est-à-dire au moment où il emprisonna sa femme. C'est à cette époque qu'il négocia pour faire annuler son mariage afin d'épouser Adèle, fille de Louis VII, qui était déjà promise à son fils Richard. Adèle aurait donné naissance à un fils illégitime d'Henri[réf. nécessaire]49, au contraire de Rosemonde

Il eut aussi quelques enfants illégitimes de diverses maîtresses, et sa femme éleva plusieurs de ces enfants dans la nurserie royale, en compagnie de ses propres enfants. Certains restèrent dans la proximité de la famille royale à l'âge adulte. Parmi eux :

Geoffroy 1151-1212, évêque de Lincoln 1173-1181, chancelier d'Angleterre 1181-1189, puis archevêque d'York 1189-1212, probablement fils d'Ikenai50 ;
Guillaume de Longue-Épée 1176-1226, 3e comte de Salisbury en droit de sa femme. Fils d'Ida  ;
Morgan après 1180 – après 1213, élu évêque de Durham en 1213, mais le pape Innocent III refusa de le consacrer à cause de son illégitimité. Fils de Nesta.
Mathilde † après 1198, nonne puis abbesse de abbaye de Barking en 1175.

Ascendance d'Henri II d'Angleterre

Henri II au cinéma

Becket, film britannique de Peter Glenville d'après la pièce d'Anouilh, 1964, avec Peter O'Toole dans le rôle d'Henri II.
Le Lion en hiver The Lion in Winter, film britannique d'Anthony Harvey, 1968, où Peter O'Toole reprend le rôle d'Henri II.
Le Lion en hiver The Lion in Winter, téléfilm américain remake du précédent d'Andreï Kontchalovski, 2003, où Patrick Stewart a le rôle d'Henri II.
Les Piliers de la terre
Henri II Plantagenêt

Les plantagenet



Plantagenêt, Surnom du comte d'Anjou Geoffroi V, employé pour désigner la lignée royale issue de ce personnage et de son épouse, Mathilde d'Angleterre, petite-fille de Guillaume le Conquérant.
Les origines angevines

Enjeuger ou Ingelger, châtelain en Touraine, est le premier ancêtre connu de cette dynastie créatrice de la puissance angevine. Son fils Foulques Ier le Roux, vicomte d'Angers vers 898-929, devient en effet le premier comte d'Anjou 929-941 ou 942. Maintenue par son fils et son petit-fils, Foulques II le Bon 941 ou 942-vers 960 et Geoffroi Ier Grisegonelle vers 960-987, la principauté angevine est définitivement façonnée par le fils et le petit-fils de ce dernier prince, Foulques III Nerra 987-1040 et Geoffroi II Martel Ier 1040-1060, qui brisent les ambitions de leurs puissants voisins comte de Bretagne, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Blois et qui annexent la Touraine et le Maine. La descendance d'Enjeuger, qui est assurée par le mariage d'Ermengeard, sœur de Geoffroi II Martel Ier, avec le comte de Gâtinais Geoffroi IV Ferreul, ne jugule qu'avec difficulté l'anarchie féodale sous les règnes successifs des deux fils de ce couple : Geoffroi III le Barbu1060-1068 et surtout le voluptueux Foulques IV le Réchin 1068-1109, qui doit se résigner à l'enlèvement de son épouse, la jeune et belle Bertrade de Montfort, par le roi de France Philippe Ier. Mais, après la disparition de Foulques IV en 1109, la dynastie angevine retrouve autorité et puissance sous le règne de son fils Foulques V le Jeune 1109-1131, qui laisse son comté à son fils Geoffroi V le Bel avant de partir pour la Terre sainte, où il devient roi de Jérusalem 1131-1143.

Du comté au royaume

Poursuivant avec énergie la pacification de l'Anjou aux dépens d'un baronnage anarchique dont il détruit les plus puissantes forteresses, Geoffroi V le Bel 1131-1151 apparaît comme le véritable fondateur de la dynastie des Plantagenêts, que l'on devrait appeler en fait Plantegenêts selon Charles Petit-Dutaillis. Il est, en effet, le premier prince angevin à porter ce sobriquet, car, grand chasseur, il aime parcourir les landes fleuries de genêts et porte peut-être même sur son casque une branche de genêts fleuris. En outre, il est aussi le premier Angevin auquel un mariage avantageux ait permis d'aspirer à la couronne d'Angleterre. Ayant épousé l'empress, l'impératrice Mathilde, veuve de l'empereur Henri V et unique héritière du roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc, dont le fils a péri dans le naufrage de la Blanche Nef 1120, il tente de faire valoir les droits de son épouse à la couronne d'Édouard le Confesseur. Il échoue en raison de la préférence accordée par le baronnage anglo-saxon au faible Étienne de Blois 1135-1154. Mais, tandis que son épouse essaie de faire reconnaître sa souveraineté outre-Manche 1139-1147, il conquiert en 1144 le duché de Normandie, dont il investit son fils Henri dès 1150. Comte d'Anjou en 1151, reconnu en outre duc d'Aquitaine par son mariage avec l'épouse divorcée de Louis VII, Aliénor d'Aquitaine, en 1152, Henri réussit enfin à devenir, en décembre 1154, roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II à la mort d'Étienne de Blois.
Ayant tenté de faire couronner roi de son vivant son fils Eustache selon une pratique courante en France mais non en Angleterre, Étienne de Blois a, en effet, suscité un violent mécontentement dans son pays, mécontentement dont a profité Henri Plantagenêt pour mener outre-Manche, en 1153, une campagne victorieuse. Et, à son issue, Eustache étant mort, le roi d'Angleterre a dû reconnaître le prince angevin comme son héritier légitime par le traité de Westminster fin 1153.
Une famille divisée

Henri II Plantagenêt

Henri II, second fondateur de la dynastie des Plantagenêts, est non seulement le bénéficiaire d'un heureux concours de circonstances qui le rend maître d'un immense empire, mais aussi un homme d'État remarquable, qui sait gérer avec autorité et talent ses possessions. En un an, il pacifie l'Angleterre ; en Normandie, il accomplit une œuvre analogue ; avec plus de difficulté, mais avec autant d'énergie, il tente d'imposer son autorité dans les pays de la Loire, en faisant appel notamment à son fidèle Maurice de Craon pour défendre l'Anjou et le Maine contre les barons révoltés en 1173-1174 ; enfin, il s'efforce de maintenir dans l'obéissance ses turbulents vassaux aquitains en confiant à des lieutenants sûrs la garde des châteaux forts dont il quadrille le pays.
Mais, en fait, une telle remise en ordre se heurte à une double opposition : celle de l'Église d'Angleterre, qui refuse de renoncer à l'indépendance acquise notamment sur le plan judiciaire sous le règne des prédécesseurs d'Henri II et qui trouve un éminent porte-parole en la personne de l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket ; celle, encore plus grave, des membres de la famille royale, dont l'instigatrice est l'épouse même du souverain, la reine Aliénor d'Aquitaine, qui lui a donné quatre fils : Henri le Jeune dit Court-Mantel, à qui le roi confie la Normandie ; le futur Richard Ier Cœur de Lion, qu'il investit des prérogatives ducales en Aquitaine en 1168 ; Geoffroi, à qui il fait épouser Constance, fille du duc de Bretagne Conan IV, afin de gouverner par son intermédiaire la Bretagne ; Jean sans Terre, enfin, né trop tardivement pour être investi de charges importantes avant la mort de son père.
Les jeunes princes, qui n'acceptent pas de n'être que les instruments de la politique paternelle, ne cessent de se révolter contre Henri II. Avec l'aide de leur mère, Aliénor d'Aquitaine, restée en droit la souveraine de l'Aquitaine, Henri le Jeune et Richard animent la puissante coalition féodale qui ébranle l'Empire angevin en 1173-1174 de part et d'autre de la Manche. En fait, à cette exception près, les soulèvements auxquels le roi doit faire face n'affectent pratiquement que ses terres françaises : Henri le Jeune, en 1183, Geoffroi de Bretagne, en 1186, et Richard, en 1188, sont, en effet, pratiquement assurés d'obtenir dans ces contrées l'appui des souverains capétiens, qui ont déjà accueilli sur leurs terres Thomas Becket en rébellion contre son roi. Appui naturel d'ailleurs, car, vassal du roi de France en tant que comte d'Anjou, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, etc., le Plantagenêt dispose au sud de la Manche de possessions territoriales et de moyens financiers et militaires bien supérieurs à ceux de son suzerain. Les Capétiens Louis VII et Philippe II Auguste, qui ne possèdent qu'un étroit domaine aux faibles ressources, et qui redoutent que les forces de leur puissant vassal ne mettent un terme définitif à l'indépendance de leur royaume, ne peuvent qu'accorder leur appui intéressé à tous ceux dont l'action affaiblit les forces d'Henri II. Ce dernier meurt en 1189 en apprenant la trahison de son fils préféré et dernier-né, Jean sans Terre. Ouvert en fait entre les deux dynasties dès l'avènement d'Henri II au trône d'Angleterre en 1154, le conflit se prolonge jusqu'en 1258-1259, terme de la première guerre franco-anglaise de Cent Ans.

Crises familiales et politiques

Respectueux des règles régissant le système féodal, désireux, en outre, d'ôter aux Capétiens tout prétexte juridique d'agression, les Plantagenêts renouvellent périodiquement l'hommage qu'ils doivent à leur suzerain pour la Normandie et pour l'Aquitaine. Henri II, Henri le Jeune, Richard Cœur de Lion ne s'y dérobent pas, et Philippe Auguste n'hésite pas, par ailleurs, pour affaiblir le souverain régnant en Angleterre, à accepter contre ce dernier l'hommage de Richard en 1188, les hommages de Jean en 1189 et en 1193, celui d'Aliénor en 1199 et celui d'Arthur Ier de Bretagne en juillet 1202.

Jean sans Terre

Mais, pour éviter d'aliéner, au moins partiellement, l'exercice de leur souveraineté en Angleterre en remplissant les obligations du contrat féodal qui les lie pour leurs terres d'outre-mer aux rois de France, les Plantagenêts refusent, en fait, d'en respecter les clauses. Ainsi fournissent-ils involontairement mais nécessairement aux Capétiens le prétexte juridique qui permettra à l'un d'eux de procéder à la commise de leurs fiefs lorsque les circonstances s'avéreront favorables. En fait, ce temps est venu avec l'avènement, en 1199, de Jean sans Terre, roi cyclothymique, irresponsable et cruel, qui est deshérité le 28 avril 1202 par les barons composant la cour de France, moins parce qu'il a épousé la jeune Isabelle d'Angoulême le 30 août 1200 au détriment d'Hugues IX de Lusignan que parce que « lui et ses ancêtres avaient négligé de faire tous les services dus pour ces terres […] ».
La réduction finale de l'immense domaine continental des Plantagenêts à la seule fraction de l'Aquitaine située au sud du Poitou marque l'effondrement de la politique impériale de la dynastie ; mais cet effondrement n'est pas ressenti pour autant comme une catastrophe par les sujets anglais des Plantagenêts, qui reprochent à la politique impériale de coûter trop cher et de détourner vers la France l'attention de leurs souverains, alors que la commise de 1202 présente par contre l'avantage de rompre tout lien féodal entre ces derniers et les Capétiens.
Pourtant, la décision de 1202 provoque indirectement une série de crises politiques aggravées par la médiocrité de Jean sans Terre et par celle de son fils Henri III. Le premier de ces princes multiplie en effet les crimes et les erreurs : assassinat, le 3 avril 1203, de son neveu Arthur Ier de Bretagne, coupable d'avoir prêté hommage à Philippe Auguste pour la Bretagne, l'Anjou, le Maine, la Touraine et le Poitou ; exactions fiscales du chancelier et grand justicier William (ou Guillaume) Longchamp, aggravées de 1191 à 1205 par le grand justicier Hubert Gautier, archevêque de Canterbury ; conflit avec l'Église pour avoir voulu imposer à ce siège son protégé John de Gray contre la volonté du chapitre de la cathédrale, qui élit Stephen (ou Étienne) Langton le 20 décembre 1206 à Rome en présence du pape Innocent III (celui-ci met l'interdit sur le royaume de Jean en mars 1208 et ne lève cette mesure qu'en contraignant ce dernier à lui céder en fief son royaume d'Angleterre, qu'il ne lui restitue que contre la prestation humiliante de l'hommage lige) ; conflit avec la France marqué par la défaite personnelle de Jean sans Terre à La Roche-aux-Moines le 2 juillet 1214 et par celle de ses alliés à Bouvines le 27 juillet suivant ; levée d'un écuage impopulaire de 3 marcs par chevalier au retour de cette campagne désastreuse.
Se révoltant alors contre leur roi, déconsidéré par ces échecs répétés, barons et chevaliers lui imposent le 15 juin 1215 l'acceptation de la pétition des barons et de la Grande Charte. Ainsi est ruinée l'œuvre de restauration monarchique des premiers Plantagenêts et est ouverte une période de tension de cinq siècles entre la Couronne et les défenseurs des principes contenus en germe dans ces textes, qui contraignent en particulier la première à soumettre ses actes au contrôle d'une commission de barons.
Vaincue à l'extérieur, humiliée à l'intérieur du royaume d'Angleterre, la dynastie des Plantagenêts semble devoir même s'effacer au profit de celle des Capétiens lorsque Louis de France futur Louis VIII traverse la Manche en 1216 à l'appel des barons anglais, qui constatent que leur roi, en accord avec la papauté, se refuse à appliquer les réformes de 1215. Époux de Blanche de Castille, petite-fille d'Henri II, en vertu du traité du Goulet du 22 mai 1200, le prince royal semble avoir alors toutes les chances de réussir dans son entreprise, quand un hasard sauve la dynastie angevine : la mort par indigestion de Jean sans Terre le 19 octobre 1216.
Les barons, ralliés aussitôt à la cause de l'enfant-roi, Henri III 1216-1272, qui n'a que neuf ans à son avènement, renoncent à l'appel aux Capétiens. Pourtant, leur revirement eût été vain sans l'intervention des officiers mis en place par les Plantagenêts. Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke, puis le justicier Hubert Du Bourg assurent l'exercice du pouvoir jusqu'en 1232, date à partir de laquelle les institutions gouvernementales et administratives se développent sous l'impulsion des fonctionnaires royaux, qui gèrent le pays au nom du roi, mais sans sa participation.
Vivant isolé de ses sujets anglais dans une cour dominée d'abord par des Poitevins, puis par des Savoyards et des Provençaux après son mariage en 1236 avec Aliénor de Provence, belle-sœur de Louis IX et de Charles Ier d'Anjou, trop docile envers Rome, Henri III compromet à son tour l'avenir de sa dynastie en Angleterre par la pratique d'une politique continentale à la fois coûteuse (mprunts aux marchands italiens, aux bourgeois de Bordeaux et humiliante. Incapable de reconquérir les terres perdues par son père vaine expédition de 1230, défaites de Taillebourg et de Saintes en 1242, il commet en effet l'erreur, par le traité de Paris conclu le 28 mai 1258 et signé le 4 décembre 1259, de redevenir l'homme lige du roi de France. Cette décision porte le germe de la seconde guerre de Cent Ans à l'heure même où l'on prétend mettre fin à la première. Elle sera fatale à la dynastie.
Pourtant, dans l'immédiat, ce sont les ambitions et les obligations internationales de la dynastie qui remettent en cause son avenir en Angleterre : candidature, puis élection fort coûteuses à l'Empire du frère d'Henri III, Richard de Cornouailles le 13 janvier 1257 ; candidature au trône de Sicile, à l'instigation du pape Alexandre IV, du prince Edmond d'Angleterre, fils d'Henri III, le souverain pontife exigeant même dans ce dessein, et sous peine d'excommunication, le versement de 40 000 marcs d'argent et l'organisation d'une expédition anglaise en Sicile contre Manfred. Une telle politique exigeant la levée d'une aide importante, barons et chevaliers, réunis en Parlement, subordonnent alors leur consentement à l'acceptation par le roi de réformes visant à placer la monarchie sous la tutelle d'une oligarchie baronnale formant le Conseil des vingt-quatre finances ou le Conseil de la Couronne 15 membres, au sein desquels le rôle essentiel revient à un seigneur d'origine française, le propre beau-frère du roi, Simon de Montfort, comte de Leicester. Condamnées par la mise d'Amiens, prononcée en janvier 1264 par le roi de France Louis IX, choisi comme arbitre par les deux parties, les provisions d'Oxford de 1258 déclenchent une guerre civile marquée par l'humiliante défaite d'Henri III à Lewes, où il est fait prisonnier le 14 mai 1264, puis par celle de son adversaire Simon de Montfort, vaincu et tué à Evesham le 4 août 1265 après avoir momentanément imposé sa dictature au royaume.

Renouveau et chute d'une dynastie 1272-1399

Comprenant que la couronne en Parlement est plus forte que la couronne, isolée André J. Bourde, les Plantagenêts de la fin du XIIIe et du début du xive s. acceptent d'abord cette mutation institutionnelle, qui accorde dans l'État une place de plus en plus importante au Parlement, dont la division en deux Chambres lords et communes s'esquisse au XIVe s.
La forte personnalité d'Édouard Ier 1272-1307, l'annexion définitive, en 1283, du pays de Galles à l'Angleterre sous la souveraineté nominale du prince héritier à partir de 1301, l'annexion temporaire de l'Écosse, dont ce monarque se fait proclamer roi après sa victoire sur Jean de Baliol en 1296, tous ces faits contribuent à rehausser le prestige de la dynastie et permettent à cette dernière de surmonter les crises dues à la faiblesse du roi Édouard II 1307-1327, trop dépendant de ses favoris Pierre Gabaston ou Gaveston, assassiné en 1312 ; Hugh le Despenser le Jeune, mis à mort en 1326. Déconsidéré et affaibli par la défaite de Bannockburn, qui consacre la restauration d'un royaume d'Écosse indépendant en 1314, le souverain meurt finalement assassiné en 1327, après avoir été contraint d'abdiquer par sa femme, la reine Isabelle de France, et par l'amant de cette dernière, Roger Mortimer de Wigmore, qui anime l'opposition baronnale.
Frappée de discrédit par le crime de 1327, par la signature de traités désastreux avec l'Écosse et avec les Français en Guyenne, l'opposition ne peut empêcher le jeune Édouard III de reprendre par la force le pouvoir. Le nouveau souverain exile sa mère, fait condamner à mort Roger Mortimer de Wigmore le 29 novembre 1330 et joue finalement le sort de sa dynastie au niveau international.

Cassel

Il reconnaît, en effet, qu'en acceptant de redevenir vassal de Louis IX en 1258-1259 Henri III a finalement aliéné de nouveau la souveraineté des Plantagenêts au profit de celle des Capétiens, constate qu'il ne peut plus, de ce fait, agir en maître en Guyenne, où trois guerres ont déjà opposé Français et Anglais depuis 1293, et s'aperçoit qu'il lui est juridiquement impossible de porter les armes contre ses adversaires écossais, parce que ces derniers sont les alliés de son suzerain. Aussi décide-t-il de trancher définitivement le débat. Dans ce dessein, il revendique solennellement la couronne de France le 7 octobre 1337 en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel et neveu par sa mère des trois derniers Capétiens. Mais, en agissant ainsi, il renie l'hommage lige prêté solennellement à Philippe VI de Valois à Amiens le 6 juin 1329 et confirmé par la lettre fort explicite qu'il a adressée à ce souverain le 30 mars 1331.
La seconde guerre de Cent Ans semble d'abord devoir aboutir à la restauration de l'empire des Plantagenêts, lorsque la paix de Brétigny-Calais des 8 mai et 24 octobre 1360 abandonne, mais cette fois en toute souveraineté, Calais, Guînes, le Ponthieu et surtout toute l'Aquitaine à Édouard III, qui renonce en échange à ses prétentions à la couronne de France. En fait, l'inexécution du traité entraîne la caducité de cette clause de renonciation. Édouard III, qui se proclame de nouveau roi de France le 3 juin 1369, remet en jeu le prestige acquis par sa dynastie à la suite des victoires remportées à Crécy et à Poitiers respectivement par lui-même en 1346 et par son fils aîné, le Prince Noir Édouard 1330-1376, en 1356. C'est l'échec. Vaincues par du Guesclin, ses forces perdent en effet le contrôle du royaume de France à l'heure même où son autorité en Angleterre s'affaiblit pour de nombreuses raisons : constitution de véritables apanages au profit de ses divers fils, dont Jean de Gand 1340-1399, devenu duc palatin de Lancastre ; formation de partis hostiles animés par ce même Jean de Gand et par le Prince Noir, qui se disputent l'exercice du pouvoir ; mort prématurée du Prince Noir en 1376, etc. Tous ces faits achèvent de miner de l'intérieur l'autorité monarchique, que le trop jeune Richard II 1377-1399 ne peut restaurer dans un royaume affaibli par la révolte des paysans en 1381 ainsi que par les prétentions des barons, dirigés par Thomas, duc de Gloucester, à limiter la prérogative de son royal neveu. Le souverain, impuissant à empêcher ses adversaires d'éliminer ses partisans avec l'appui du Parlement sans merci, Merciless Parliament, tente une dernière fois de restaurer l'autorité monarchique. Se constituant une retenue personnelle d'hommes de guerre sûrs, renouvelant en 1396 pour vingt-cinq ans les trêves de Leulinghen de 1388, obtenant par ce biais la main d'Isabelle de France, fille de Charles VI, il a enfin les mains libres pour éliminer ses adversaires. D'abord réussie, la tentative échoue lorsqu'il veut rattacher à la Couronne le duché de Lancastre à la mort de Jean de Gand en 1399. Le débarquement en Angleterre du fils de ce dernier prince, Henri de Lancastre, provoque le retour précipité de Richard II, alors en Irlande. Vaincu et fait prisonnier par Henri, aussitôt reconnu roi d'Angleterre par le Parlement, le dernier des rois français en Angleterre meurt en 1400, assassiné sur l'ordre de son cousin germain et successeur, Henri IV 1399-1413. Mais, si la dynastie des Plantagenêts disparaît au terme de cette longue série de crises marquée par l'affaiblissement irrégulier mais constant du pouvoir monarchique, par contre elle se survit à travers ses branches collatérales qui occupent le trône d'Édouard le Confesseur au xve s. : les Lancastres et les Yorks.

L'accession des branches collatérales

La déposition de Richard et son remplacement par son cousin, Henri de Lancastre (Henri IV, 1399-1413), marquèrent l'accession au trône de la première branche collatérale, qui triompha en France avec Henri V 1413-1422, avant de sombrer, avec Henri VI 1422-1461, dans la guerre civile consécutive à l'incurie du roi, aux échecs sur le continent et à l'ambition d'une autre branche de la famille, la maison d'York (→ guerre des Deux-Roses). Henri VI fut déposé par Édouard d'York (Édouard IV, 1461-1483), dont le règne s'avéra bénéfique pour l'Angleterre. Mais la maison d'York se déchira elle-même : le jeune Édouard V 1483, fils d'Édouard IV, fut victime des ambitions de son oncle, Richard de Gloucester, dont l'accession au trône Richard III, 1483-1485 raviva l'opposition, dirigée par Henri Tudor, descendant des Lancastre par sa mère. La bataille de Bosworth, où fut vaincu le dernier des Plantagenêts 1485, inaugura le règne du premier Tudor.

L'empire des Plantagenêts

L'Angleterre et ses dépendances continentales, XIIe-XIIIe siècles
Ayant pour noyau originel l'Anjou, la Touraine et le Maine, augmenté de la Normandie par Geoffroi V le Bel en 1144, puis de l'Aquitaine et de l'Angleterre par Henri II respectivement en 1152 et en 1154, l'empire des Plantagenêts forme un immense État composite qui s'étend, au milieu du XIIe s., de la frontière de l'Écosse à celle des Pyrénées. Son prince songe d'ailleurs à en accroître l'extension territoriale. En premier lieu, il tente, en effet, d'affirmer sinon sa souveraineté, tout au moins sa suprématie féodale sur l'ensemble des îles Britanniques : Irlande, dont il contraint de nombreux chefs à lui prêter hommage en 1171-1172 ; Écosse, dont le roi Guillaume le Lion 1165-1214 doit, par traité, se reconnaître son vassal pour l'Écosse et pour toutes ses autres terres après le soulèvement de 1173-1174, auquel il eut l'imprudence de participer ; pays de Galles, où, malgré trois campagnes, il ne peut imposer qu'une suzeraineté nominale aux deux rois indigènes et dont l'annexion définitive aux biens des Plantagenêts n'est réalisée qu'en 1283 par Édouard Ier.
Hors des îles Britanniques Henri II réussit, en outre, à incorporer à son empire la Bretagne. Se prévalant, en effet, du titre de sénéchal de France, il contraint en 1166 le duc de Bretagne, Conan IV, à lui céder sa principauté, puis à donner en mariage sa fille Constance à son propre fils Geoffroi, qui devient ainsi duc nominal d'une Bretagne que le roi son père administre en fait directement. En outre, en accordant en fief des rentes en argent au comte de Flandre et en le liant à lui par un pacte de service militaire, en tentant, mais cette fois en vain, d'imposer sa suzeraineté au comte de Toulouse en 1159, il semble vouloir étendre la sphère d'influence de son empire à une nouvelle partie du royaume de France, dont il tient déjà la moitié occidentale sous son autorité directe.
Très vaste, cet Empire angevin souffre de son hétérogénéité territoriale et plus encore de sa diversité institutionnelle, puisque seules la Normandie et l'Angleterre sont dotées d'administrations régies par des principes communs et selon des méthodes très voisines. Deux éléments seulement permettent aux Plantagenêts d'assurer une relative cohésion à leur empire dans la seconde moitié du xiie s. : les administrateurs, interchangeables d'un pays à l'autre, tel l'Anglais Robert de Turneham, qui devient sénéchal d'Anjou sous le règne de Richard Cœur de Lion ; l'armée, formée de mercenaires brabançons et gallois régulièrement soldés, et avec l'aide de laquelle Richard maintient son autorité en Limousin et en Auvergne.
Mais, très vite, les préférences personnelles des souverains de même que les contraintes politiques amènent les Plantagenêts à privilégier leurs possessions continentales. Berceau de la dynastie et de la majeure partie des grandes familles baronnales anglaises, fournissant au commerce anglais de nombreux produits indispensables à l'économie anglo-saxonne, vins du Val de Loire, du Poitou, puis, à partir du XIIIe s., de Guyenne, blés, étoffes, les terres d'outre-mer constituent dans la seconde moitié du XIIe s. l'élément essentiel de l'empire des Plantagenêts. Rois français en Angleterre, Henri II et Richard Cœur de Lion passent l'essentiel de leur temps sur le continent, le premier ne séjournant que treize ans en Angleterre pendant un règne de trente-quatre ans, le second ne faisant que quelques rapides visites outre-Manche.
L'insubordination foncière des chefs des grandes seigneuries, l'éternelle menace capétienne contribuent d'ailleurs à fixer les Plantagenêts au sud de la Manche, jusqu'au moment où la commise de leurs terres tenues en fief du roi de France le 28 avril 1202 sonne le glas de cet empire auquel les Capétiens enlèvent tour à tour la Normandie 1202-1204, l'Anjou, le Maine et la Touraine 1203-1205, le Poitou 1224. Ayant perdu toute continuité territoriale dès 1202, l'Empire angevin n'est plus. Pourtant, ce n'est qu'en mai 1258 que les Plantagenêts consentent à reconnaître les faits accomplis par le traité de Paris, aux termes duquel Henri III accepte de prêter hommage lige aux Capétiens pour la Guyenne.
Dernier et lointain témoin de leur ancien empire, ne maintenant que difficilement des contacts avec l'Angleterre grâce aux flottes du vin, la Guyenne reste pourtant le point d'appui privilégié des Plantagenêts pour mener leurs opérations de la guerre de Cent Ans, encore que leur but ait été sans doute moins la reconquête de leur domaine continental que la suppression du lien féodal qui les unit aux Capétiens et qui limite de ce fait leur souveraineté en tant que rois d'Angleterre.

Liens
http://youtu.be/-ZHen6A_rrw King Henry II
http://youtu.be/yXbIn4GJ2hc Les Plantagenêt
http://youtu.be/z-eMm8UB96Q Mille ans de mésentente entre la France et l'Angleterre
http://youtu.be/7Vfuo0RPPjs Henry II et Samuel Beckett
http://youtu.be/Md6z5x4nCF0 Dynasty Plantagenêt


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Posté le : 05/07/2014 23:54

Edité par Loriane sur 06-07-2014 13:28:32
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Thomas More
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Le 6 juillet 1535 à 57 ans à Londres, Angleterre est exécuté Thomas More,

latinisé en Thomas Morus né 7 février 1478 à Londres juriste, historien, philosophe, humaniste, théologien et homme politique anglais. Grand ami d'Érasme, érudit, philanthrope, Chancelier du Royaume d'Angleterre de 1529 à 1532 il participe pleinement au renouveau de la pensée qui caractérise cette époque, ainsi qu'à l'humanisme, dont il est le plus illustre représentant anglais, son Œuvre principale est la satire Utopia.
Humaniste et juriste, il est fait chancelier du royaume par Henri VIII 1529. Ayant désavoué le roi lors de son divorce, il doit démissionner 1532. Emprisonné 1535, il est exécuté. Il laisse un ouvrage capital, Utopie 1516, qui, sous le voile de la fiction, est l'exposé hardi d'un système idéal de gouvernement. Canonisé en 1935
Nommé Ambassadeur extraordinaire , puis Chancelier du roi Henri VIII, il désavoue le divorce du Roi et refuse de cautionner l'autorité que s'était arrogée celui-ci en matière religieuse : il démissionne de sa charge en 1532. Devant la persistance de son attitude, il est emprisonné, puis exécuté comme traître.
Il est Béatifié par l'Église catholique romaine le 29 Décembre 1886 par léon XIII, Thomas More est canonisé — saint Thomas More — en 1935 par Pie XI. On le fête le 22 Juin il est le Saint patron des avocats, des responsables de gouvernement et des hommes politiques

Sa vie

Thomas More est le fils de l'homme de loi londonien John More c. 1451-1530, et d'Agnes More. Né à Londres, sans doute l'année même où William Caxton imprime à Westminster le premier livre anglais The Dictes or Sayings of the Philosophers, le jeune Thomas reçut, comme Érasme, Vives ou Rabelais, une éducation typiquement scolastique. Il apprit le latin et s'initia aux subtilités jargonnesques des Parva Logicalia et aux joies sophistiques de la disputatio à l'école Saint-Antoine, dans Threadneedle Street, alors la plus célèbre de Londres. Il étudie à l'université d'Oxford à partir de 1492.
En 1494, Thomas s'intéressant de plus en plus aux écrits grecs et latins, son père décide de l'envoyer dans une école de droit, New Inn, et à Lincoln's Inn ; Il fit ses humanités à Oxford 1492-1494, au Canterbury College, où il étudia Aristote et ses commentateurs scotistes notamment Alexandre de Halès et Antonius Andreas et s'initia au grec. Ensuite, vraisemblablement pour obéir aux injonctions paternelles, parmi ses maîtres, John Colet et Érasme deviendront ses amis.
A partir de février 1496. Ses dons exceptionnellement brillants, salués déjà, alors qu'il n'avait que douze ans, par son protecteur le cardinal Morton, archevêque de Canterbury, chez lequel son père l'avait placé en qualité de page, lui assurèrent une promotion rapide dans les rangs de sa profession. Barrister en 1498, bientôt nommé membre du Conseil des avocats bencher, puis lecteur en 1501, il enseigne trois années successives à Furnivall's Inn.
Cette éclatante réussite professionnelle lui permettra d'élever une assez nombreuse famille il se mariera deux fois et fera de lui un membre du Parlement 1504, 1512 et 1515, un sous-shérif de Londres et un avocat des marchands de la Cité 1510-1518, un maître des requêtes et un membre du Conseil privé du Roi 1518, enfin, à la disgrâce du cardinal-courtisan Wolsey, un chancelier du Royaume 1529-1532.
Inscrit à vingt-et-un ans au barreau des avocats, il enseigne le droit jusqu'en 1510. Il devient l'avocat des marchands de la City et est élu juge under-sheriff en 1510 par les habitants de Londres.
Selon Érasme, il préféra être un mari chaste plutôt qu'un moine impudique.
Au décès de sa femme en 1511, il se remarie avec Alice Middleton, veuve et mère de deux enfants. Il sera réputé pour l'éducation de haut niveau qu'il faisait donner à ses enfants, filles comme garçons.

Carrière politique sous Henri VIII Le roi Henri VIII
Membre du Parlement à partir de 1504, il s'élève contre les taxes demandées par le roi Henri VII pour la guerre d'Écosse. Le roi fait emprisonner John More ; Thomas More se retire en France 1508 mais l'avènement d'Henri VIII en 1509 le ramène en Angleterre et marque le début d'une brillante carrière politique qui durera plus de vingt ans.
D'abord au service du tout-puissant cardinal Thomas Wolsey qui lui confie la gestion de ses biens, Thomas More est bientôt nommé par le Roi maître des requêtes, puis à son Conseil privé, et l'envoie en missions diplomatiques et commerciales aux Pays-Bas 1515, où il rédige L'Utopie, puis à Calais 1517. Il est nommé en 1521 trésorier de la Couronne ; il est élu en 1523, contre son gré, speaker du Parlement.
Cette montée vers le pouvoir, paradoxale pour un homme qui, si l'on en croit Érasme, était plus que personne avide d'échapper à la vie de cour, s'accompagne de distinctions et d'honneurs.
En 1521, le bourgeois Thomas More devient chevalier et sous-trésorier du Royaume.
En 1524 et 1525, il est élevé à la fonction de high steward des universités d'Oxford et de Cambridge. Ce n'est certainement pas l'un des moindres mérites de More que d'avoir su échapper à la corruption qu'engendrent généralement les honneurs et le pouvoir.
La même année, il commence à participer à la polémique contre les thèses de Luther, ce pour quoi son ami l'évêque Tunstal le mandate en 1528 il rédigera en cinq ans, de 1528 à 1533, sept livres de réfutation des thèses en anglais.
En 1525 nommé chancelier du duché de Lancastre, il fait partie de la délégation qui négocie en 1529 la paix avec l'Espagne. La même année, la disgrâce du cardinal Wolsey le fait accéder à la plus haute charge, celle de Chancelier du Royaume, premier laïc nommé à ce poste. En tant que Chancelier, il fait emprisonner quarante personnes acquises aux idées de Luther. En 1531, Il fait appliquer la sentence rendue contre Richard Bayfield condamné à être brûlé vif à Smithfield ; cinq autres condamnations suivent.
Mais la volonté du roi d'épouser Anne Boleyn, dont il s'est épris en 1527, afin d'avoir un fils légitime se heurte au refus du pape d'annuler son mariage avec Catherine d'Aragon, ce qui amène Henri VIII à rompre avec Rome. Ce schisme est à l'origine de l'Église anglicane.
More refuse de signer une lettre des dirigeants religieux et des aristocrates anglais demandant au pape d'annuler le mariage d'Henri et de Catherine. En 1531, il présente sans succès sa démission après avoir été obligé de prêter un serment déclarant le roi Chef suprême de l'Église d'Angleterre autant que le Christ l'autorise. En 1532, il demande à nouveau au roi de le relever de ses fonctions, prétendant qu'il est malade et souffre de vives douleurs à la poitrine. Cette fois, le souverain accepte sa requête.

Rupture avec Henri VIII Accusations de trahison

En 1533, More refuse d'assister au couronnement d'Anne Boleyn comme reine d'Angleterre. En pratique, ce n'était pas un acte de trahison : More avait écrit au roi, reconnu la royauté d'Anne et exprimé son désir de voir le roi heureux. Mais son amitié avec l'ancienne reine, Catherine d'Aragon, le retient d'assister au triomphe d'Anne, ce qui est interprété comme une insulte envers elle.

Peu après, More est accusé d'avoir accepté des pots-de-vins, mais en l'absence de toute preuve, ces charges sont rapidement abandonnées. En 1534, il est accusé d'avoir comploté avec Elizabeth Barton, une nonne qui avait émis des prophéties mettant en cause le divorce du roi. More produit une lettre dans laquelle il ordonne à Barton de ne pas interférer dans les affaires de l'État.

Jugement


Le 13 avril de la même année, More est convoqué devant une commission afin de jurer allégeance à l'Acte de succession du Parlement. More reconnaît le droit du Parlement de déclarer Anne légitime reine d'Angleterre, mais refuse de prêter serment à cause d'une préface anti-papale qui affirme l'autorité du Parlement en matière de religion, et nie l'autorité du pape :

"... l'évêque de Rome et du Saint-Siège, allant à l'encontre du grand et inviolable droit donné par Dieu aux empereurs, roi et princes concernant la succession de leurs héritiers, a jugé bon, dans les temps passés, de choisir qui lui plairait, pour hériter des royaumes et des domaines d'autres hommes, ce que vos plus humbles sujets, spirituels et temporels, abhorrent et détestent au plus haut point. "

Quatre jours après, il est emprisonné à la tour de Londres, où il écrit son Dialogue du réconfort dans les tribulations.

Le 1er juillet 1535, More est présenté à des juges, parmi lesquels se trouve le nouveau lord chancelier, Sir Thomas Audley, ainsi que les père, frère et oncle d'Anne Boleyn. Il est accusé de haute trahison pour avoir nié la validité de l'Acte de succession. More pense qu'il ne peut être reconnu coupable s'il ne nie pas explicitement que le roi est à la tête de l'Église. Aussi refuse-t-il de répondre à toute question demandant son opinion sur le sujet. Thomas Cromwell, alors le plus puissant des conseillers du roi, demande au Solicitor General, Richard Rich, de témoigner que More a, en sa présence, nié que le roi était le légitime dirigeant de l'Église. Bien que ce témoignage soit manifestement un parjure Richard Southwell et Mr Palmer, témoins de l'entretien, ont nié avoir entendu les détails de cette conversation, le jury déclare More coupable de trahison
Treason Act 1534.

Avant l'énoncé de sa sentence, More parle librement de sa croyance que « aucun homme temporel ne peut être à la tête de la spiritualité.
Il est condamné à être pendu, traîné et éviscéré, hanged, drawn and quartered, mais le roi commue cette sentence en décapitation, ce qui aurait, dit-on, inspiré à More ce mot fameux :
Dieu préserve mes amis de la même faveur

Exécution

Il mourra the King's good servant, but God's first. Sa mort sur l'échafaud 6 juillet 1535 est riche de signification. Elle illustre l'incompatibilité de l'éthique et du politique, de la valeur et du pouvoir, l'incapacité fondamentale de l'humanisme à infléchir le cours de l'histoire, à changer le monde par la force de l'esprit

L'exécution a lieu le 6 juillet. Quand il arrive au pied de l'échafaud, il dit à l'officier présent :

Je vous en prie, je vous en prie, Monsieur le lieutenant, aidez-moi à monter ; pour la descente, je me débrouillerai...

Il déclare sur l'échafaud qu'il meurt en bon serviteur du Roi, et de Dieu en premier. Il déclare également à l'exécuteur que sa barbe est innocente de tout crime, et ne mérite pas la hache ; il la positionne ensuite de telle manière qu'elle ne soit pas touchée.

Le corps de More est enterré à la tour de Londres, dans une tombe anonyme de la chapelle St Peter ad vincula. Sa tête est exhibée sur le pont de Londres. Sa fille Margaret Roper la récupère, probablement en soudoyant quelque soldat, avant qu'elle ne soit jetée dans la Tamise. On pense que le crâne repose dans le tombeau des Roper, dans l'église St Dunstan de Cantorbéry, mais des chercheurs pensent qu'il pourrait se trouver dans la tombe qu'il avait fait ériger de son vivant, à la vieille église de Chelsey. Cependant, il est plus probable que la tête de More repose dans le caveau familial de sa fille.

Le penseur dans la société

Vir omnium horarum, homme de toutes les heures, Thomas More est aussi l'homme d'une époque. Il apparaît dans l'histoire à ce moment crucial des premières décennies du XVIe siècle où l'Europe chrétienne, divisée par les ambitions picrocholines de ses rois, en proie à une profonde crise intellectuelle et religieuse, s'ouvre à Platon redécouvert et baptisé et aux beautés de l'Antiquité païenne, secoue le dogmatisme stérile de la scolastique et s'apprête à enfanter le protestantisme et la Contre-Réforme. Entraîné par le poids des siècles et des imperfections, sclérosé par son formalisme, isolé de la réalité vivante des choses par l'écran déformant de ses sommes et de ses gloses, le vieux monde gothique, disloqué, s'effondre lentement. Toutes les institutions et les valeurs sur lesquelles il reposait sont remises en cause par l'esprit nouveau de l'humanisme et de l'Évangile renaissants. Si les citadelles aristotéliciennes que constituent encore les universités d'Europe dans les années 1500-1550 parviennent généralement à résister tant bien que mal à la pénétration de la culture et des idées nouvelles, la Sorbonne, au siècle de Molière, produira encore des Diafoirus, elles perdent en revanche rapidement cette prééminence intellectuelle indiscutée qui était la leur depuis le XIIIe siècle.
Et l'Église, cet autre pilier du monde médiéval, par ses scandales permanents, par l'ignorance de son bas clergé, les mœurs sybaritiques de ses prélats, la politique guerrière de ses papes et les spéculations sophistiques arrogantes et vaines dans lesquelles se sont enfermés ses théologiens, se coupe dangereusement de la masse des fidèles et se montre incapable de répondre aux besoins spirituels nouveaux de la chrétienté.
Respectable bourgeois de Londres devenu, par ses talents d'orateur, de diplomate et d'homme politique, sa connaissance du droit, son érudition d'humaniste et de théologien, conseiller intime d'Henri VIII et chancelier du royaume d'Angleterre, Thomas More est un témoin privilégié de cette crise de la pensée chrétienne.
Il fut, en effet, un homme profondément engagé dans son temps. Laïc mêlé par son métier d'avocat, de juge ou de maître des requêtes à la vie du peuple dont il se fait le protecteur vigilant, érudit, humaniste et écrivain en rapports étroits avec les plus hautes gloires intellectuelles de son époque, diplomate et homme de cour averti des dessous et des laideurs de la politique européenne, engagé contre son gré dans l'affaire du divorce the King's great matter et dans la rupture d'obédience de l'Église d'Angleterre avec Rome, More occupe une position carrefour. Sa vie et son œuvre, exemplaires, illustrent les angoisses et les échecs, les dilemmes et les grandeurs, la parabole entière de l'humanisme chrétien. Sereine et belle, sa mort fait à jamais de lui un héros de la conscience et de la plus authentique liberté spirituelle. L'Église l'a accueilli parmi ses saints.

L'humaniste : le frère jumeau d'Érasme

Parallèlement à l'homme d'action et de pouvoir s'épanouit en More l'humaniste et le lettré qui vont bientôt enchanter Érasme et l'Europe. Sa rencontre avec Érasme 1499 marque les débuts d'une indéfectible amitié, d'une collaboration et d'une communion intellectuelles fécondes qui coïncident avec les plus belles années de l'humanisme chrétien 1505-1520. Longtemps assoupie, isolée par son insularité du reste de l'Europe, l'Angleterre se réveille enfin avec le siècle et va devenir ce riche foyer culturel, cette ruche bourdonnante qu'admirera Érasme en 1519. Un moment tenté par la vie monastique, réfugié à la chartreuse de Londres, env. 1501-1505 où il mène une vie d'ascèse, de prières et d'étude, More participe intensément à ce mouvement de renouveau intellectuel. Il se donne une large culture biblique et patristique, dévore Grégoire, Augustin, Jérôme, Eusèbe, Basile, Jean Chrysostome, Thomas d'Aquin et même Nicolas de Lyre, qu'il juge good and great clerk. Sa bibliothèque, retrouvée, comprendra cent trente-neuf ouvrages latins, quarante grecs et un seul anglais, une traduction du De consolatione philosophiae de Boèce. On retrouve chez lui la même ardeur intellectuelle, le même enthousiasme conquérant, le même désir de possession encyclopédique du savoir que chez son modèle Pic de La Mirandole, dont il traduit la Vie et quelques traités aux environs de 1504, l'ensemble, The Life of Pico della Mirandola. The Writings of the Same, sera publié en 1511.
Comme lui naturellement joyeux, More orne son âme de science, de vertu et de sagesse. C'est à cette époque qu'il devient définitivement, aux côtés d'Alcuin, de Bède le Vénérable, de Jean de Salisbury, et avant Milton, l'un des plus grands latinistes de l'histoire littéraire anglaise, et qu'il perfectionne sa connaissance du grec en compagnie de William Lily, le futur directeur de Saint Paul's School. De leurs exercices studieux naîtront les Épigrammes latines, traduites de l'Anthologie grecque, que More publiera en 1518, à la suite de la deuxième édition bâloise de l'Utopie, et une traduction des Dialogues de Lucien, entreprise avec Érasme en 1505 et qui paraît à Paris en novembre 1506. En 1501, il assiste aux cours sur les Hiérarchies célestes du pseudo-Denys l'Aréopagite que donne, à Saint Paul, son ancien condisciple Grocyn, et à ceux que professe Linacre sur les Meteorologica d'Aristote. Invité par Grocyn à Saint Lawrence's, il y fait lui-même une série de conférences, malheureusement perdues, sur La Cité de Dieu de saint Augustin. Enfin, il subit largement l'influence de John Colet, doyen de Saint Paul en 1504, dont les cours magistraux, donnés à Oxford en 1499 sur les Épîtres de saint Paul et les nouvelles méthodes d'exégèse (essentiellement un retour au sens littéral et historique des textes sont à l'origine de cette théologie positive dont Érasme et More seront bientôt les partisans convaincus.
C'est l'émergence de Luther qui mettra fin à la période humaniste de More. Mais, avant de consacrer tous ses efforts à la défense de l'Église et de la foi menacées, More compose encore à partir de 1513 son Histoire de Richard III, qui constitue le premier ouvrage historique anglais d'inspiration humaniste, More s'y révèle l'égal de Tacite par la lucidité pénétrante avec laquelle il analyse les mobiles des actions humaines et dont la réussite littéraire indéniable inspirera au génie dramatique de Shakespeare une inoubliable fresque baroque.
En septembre 1516, il fait enfin parvenir à Érasme le chef-d'œuvre déroutant auquel son nom est désormais associé, l'Utopie. Ce véritable manifeste de l'humanisme chrétien, digne pendant de l'Éloge de la folie d'Érasme et du Gargantua de Rabelais, porte son auteur au firmament de la république des lettres. Colet salue en lui l'unique génie de Grande-Bretagne. Constable l'appelle l' étoile de l'Angleterre radians stella Britanniae, et Érasme compose de lui en 1519, dans une lettre à Ulrich von Hutten, un inoubliable éloge qui sera lu de toute l'Europe.

Le défenseur du biblisme érasmien, de l'Église et de la foi

Mais, aussi attachant soit-il, l'humaniste en More ne peut faire oublier le chrétien. More professe vis-à-vis des bonae litterae l'attitude que son maître et ami Érasme développe par exemple dans sa fameuse Paraclesis ou Exhortation à l'étude de la philosophie chrétienne. Elles constituent seulement une propédeutique à la philosophia Christi, elles préparent le chrétien à une tâche plus essentielle et plus urgente, celle de l'étude et de la traduction des textes de l'Écriture.
La maîtrise des langues grecque et latine est moins orientée vers la découverte des chefs-d'œuvre antiques que vers une meilleure compréhension de la Parole de Dieu. Socrate est grand, mais le Christ le dépasse infiniment, comme l'ordre de la charité dépassera chez Pascal l'ordre de l'esprit. Les célèbres lettres de More à Martin Van Dorp octobre 1515, à l'université d'Oxford 1518, à Edward Lee et à un certain moine monachus quidam de 1519 et 1520 constituent autant de plaidoyers chaleureux en faveur du grec tout ce qui compte dans tous les domaines du savoir, y compris la théologie, est grec, dit-il aux Troyens d'Oxford, et prennent la défense de l'édition bilingue du Nouveau Testament donnée par Érasme en 1516.
More s'y livre, avec une verve heureuse qui rappelle les Epistolae obscurorum virorum 1516 ou le In pseudodialecticos de Vives 1519, à la démolition de cette théologie disputatrix, stérile, arrogante, morcelée en quaestiunculae et en sophismata, qui préfère le jargon et les vaines subtilités des Parva Logicalia à la Parole même de Dieu et aux premiers Pères de l'Église.
Il y affirme, contre Dorp et les théologiens de Louvain, la nécessité de corriger le texte de la Vulgate, même après les corrections de saint Jérôme, et proclame déjà hautement la supériorité de la tradition vivante de l'Église le consensus fidelium sur le texte écrit.
Après l'apparition des premiers pamphlets de Luther le De captivitate babylonica date de 1520 et la publication de l'Assertio septem sacramentorum de Henri VIII 1521, More devient le defensor fidei officiel de l'Angleterre, le champion infatigable de l'Église visible, pécheresse et menacée. Ses principaux écrits polémiques Adversus Lutherum, 1523 ; Dialogue Concerning Tyndale, 1528 ; The Supplication of Souls, 1529 ; The Confutation of Tyndale's Answer, 1532-1533 ; The Apologye of Sir T. More et The Debellation of Salem and Byzance, 1533 lui assurent, selon A. Prévost, une place unique dans l'histoire de la pensée religieuse de son siècle.

Ses écrits de prison notamment ses Lettres et son Dialogue of Comfort against Tribulation attestent la sincérité et la pureté de sa foi. Il consacra la fin de sa vie à une Imitation fervente de la Passion du Christ, qui lui permit de trouver la joie au cœur même de la souffrance et de l'épreuve. Il fit de sa mort une élévation et une délivrance, un acte d'adoration.

Postérité

Il est la seule personnalité politique vénérée par les catholiques saint Thomas More et figurant en bonne place parmi les précurseurs du socialisme sur un obélisque au pied du Kremlin à Moscou.

Canonisation

Thomas More a été béatifié en 1886 et canonisé en 1935. Le calendrier liturgique a étendu à partir de 1970 sa fête à l'Église universelle. Le pape Jean-Paul II l'a fait saint patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques en l'an 20005,.

Thomas More dans des Å“uvres de fiction

Jean Anouilh, Thomas More ou l'Homme libre, La table ronde, 1987
Fred Zinnemann, Un homme pour l'éternité A Man For All Seasons, film de 1966, avec Paul Scofield et Orson Welles, à partir de la pièce de Robert Bolt créée en 1960
Robert Bolt, Thomas More ou l'homme seul, Scialtiel et TNP, 1963
Charlton Heston, Un homme pour l'éternité, téléfilm de 1988, avec Charlton Heston, John Gielgud, Vanessa Redgrave et Richard Johnson
Les Tudors, série télévisée de 2007
Gabriel Marghieri, Mainte nuit sans repos ... Paroles ultimes deThomas More, oeuvre pour récitant, orgue et clavecin, 2013, créée le 2 octobre 2013 en la basilique Sainte-Clotilde à Paris par Francis Perrin, récitant, Gabriel Marghieri, orgue, Thomas Pellerin, clavecin.

Å’uvres

Thomas More est aussi connu pour son essai politique et social Libellus vere aureus nec minus salutaris quam festivo de optimo statu rei publicae deque nova insula Utopia L'Utopie. Celui-ci n'est toutefois qu'un élément d'une œuvre écrite considérable : traductions du grec, épigrammes latines, poésies, traités, mais aussi des ouvrages qui témoignent d'une spiritualité profonde. On peut citer à cet égard son Dialogue du réconfort dans les tribulations.

Ses Œuvres complètes en anglais représentent 17 volumes in-quarto publiés par l'université Yale.

Bibliographie

Éditions des œuvres de Thomas More

The Complete Works of Thomas More, 15 volumes, en 21 tomes, édités par Yale University, New Haven et Londres, 1963-1997
Correspondence of Sir Thomas More, éd. E.F. Rogers, Princeton University Press (1947, réimpr. 1971)
L'Utopie, 1516, p.ex. Éditions sociales-Messidor, 1966, 1982
L'Utopie, fac-similé du texte latin de l'éd de Bâle de 1518, traduction, présentation et commentaires par André Prévost, Mame, 1978
Epigrammata10, Bâle, 1520
Lettre à Dorp et La supplication des âmes traduits et présentés par Germain Marc'hadour, Ed. Soleil Levant, Namur, 1962
La Tristesse du Christ, texte latin et traduction sous la responsabilité de Henri Gibaud, Pierre Téqui, 1990
Écrits de prison, précédés de La vie de Sir Thomas More 1555 par William Roper, choix et traduction par Pierre Leyris, Seuil, 1981 (1re éd. 1953)
Les Vérités dernières, trad. M. Cl. Phélippeau, s.l. Angers, 2001
Prions avec Thomas More, trad. et présent. par G. Marc'hadour, Moreana, 1997
Å’uvres choisies, trad. et annot. par Marie Delcourt, Renaissance du Livre, 1936
Richard III, trad. Pierre Mornand, Le Pot Cassé, 1932
Dialogue du Réconfort dans les Tribulations, trad. Marie-Claire Laisney, Ed. soleil Levant, Namur, 1959
La Supplication des Âmes et Lettre à Dorp, trad. et présentation par Germain Marc'hadour, Ed. Soleil Levant, Namur, 1962
Poèmes anglais, trad. andré Crépin. Moreanaum 2004
Correspondance Thomas More et Erasme, Trad. Germain Marc'hadour et Roland Galibois, Université de Sherbrooke, 1985
Histoire, Église et Spiritualité. Choix de textes traduits sous l'autorité de Michel Taillé, Bayard, 2005

Biographies

Jacques Mulliez, Thomas More 1478-1535 : Au risque de la conscience, Nouvelle Cité, 2013
Henri Bremond, Le bienheureux Thomas More, Victor Lecoffre, 1904
Bernard Cottret, Thomas More. La face cachée des Tudors, Tallandier, 2012
Princesse de Craon, Thomas Morus, lord chancelier du royaume d'Angleterre au xvie siècle, Paris, C. Gosselin, 1832
Joseph Delcourt, Deux saints anglais: John Fisher et Thomas More, La Bonne Presse 1935
Edmond Privat, Le Chancelier décapité, Victor Attinger, 1935
Léon Lemonnier, Un résistant catholique, Thomas More, La Colombe, 1948
Georges Hourdin, Un intellectuel sans vanité, Thomas More, Gabalda, 1958
André Merlaud, Thomas More, Éditions SOS, 1973
Walter Nigg, Thomas More ou la conscience d'un saint, Centurion, 1979
Jacques Dufresne, L'Expérience de Dieu avec Thomas More, (introduction et textes de Thomas More choisis par Jacques Dufresne), Fides, 1999
Louis Bouyer, Sir Thomas More, humaniste et martyr, CLD, 1984
Germain Marc'hadour, Thomas More, un homme pour toutes les saisons, Les éditions ouvrières, 1992
Germain Marc'hadour, Thomas More ou la sage folie, Éd. Seghers, 1971
Philippe Godding, Petite vie de Thomas More, Desclée de Brouwer, 2002
Elisabeth-Marie Ganne, Thomas More, l'homme complet de la Renaissance, Nouvelle Cité, 2002
Daniel Sargent, Thomas More, trad. Maurice Rouneau, Desclées de Brouwer
Thomas Stapleton, Histoire de Thomas More, grand chancelier d'Henri VIII, trad. sur l'original latin de 1588 par M. Martin, Maison 1849
Walter J. Jos, Thomas More, Mame, 1873

Études sur Thomas More

Germain Marc'hadour, Thomas More et la Bible, Vrin, 1969
Germain Marc'hadour, L'Univers de Thomas More, Vrin, 1963
Germain Marc'hadour, Thomas More vu par Erasme, Angers, 1969
Germain Marc'hadour, The Bible in the Works of Thomas More, 1969-1972
Germain Marc'hadour, Saint Thomas More and the Body of Christ, Moreanaum, 2000
Émile Dermenghem, Thomas Morus et les Utopistes de la Renaissance, Plon, 1927
Nicole Morgan, Le Sixième Continent. L'Utopie de Thomas More, Vrin, 1995
D. Nisard, Études sur la Renaissance : Erasme, Thomas More et Melanchton, Lévy, 1855
André Prévost, Saint Thomas More. Contribution à l'histoire de la pensée religieuse, Lille, 1945
André Prévost, Thomas More et la crise de la pensée européenne, Mame, 1969
Joseph Delcourt, Essai sur la langue de Thomas More d'après ses œuvres anglaises, Didier, 1941
Y. Dilas-Rocherieux, L'Utopie ou la mémoire du futur Robert Laffont, 2000
Georges Duveau, Sociologie de l'Utopie et autres Essais, PUF, 1961
Roland Galibois, Religion et socialisme dans l'Utopie de Thomas More, L'Harmattan, 2008
M. Abensour, L'Utopie de Thomas More à Walter Benjamin, Sens et Tonka, 2000

Utopia

Le mot utopie est formé à partir du grec ou-topos, qui signifie en aucun lieu ou bien lieu du bonheur du grec eu : bien, heureusement et topos : lieu, endroit.

Dans cet ouvrage écrit sur le mode du dialogue avec un narrateur, l'explorateur Raphaël Hythlodée, Thomas More prône la tolérance et la discipline au service de la liberté, à travers le portrait d'un monde imaginaire, proche de l'idéal de l'auteur.
Thomas More est témoin des ravages sociaux qu'engendre dans l'Angleterre du xvie siècle le premier mouvement des enclosures. Alors stimulée financièrement par le développement de l’industrie lainière, l'aristocratie tudorienne se met à créer de grands élevages de moutons. Cette irruption de la propriété privée capitaliste dans le monde rural, même si elle conduit à un meilleur suivi des terres, se fait au détriment des usages collectifs : les anciennes tenures nourrissant les familles paysannes sous le régime féodal. Ce mouvement eut des conséquences sociales dramatiques, privant nombre de personnes de tout moyen de subsistance, et cela avec brutalité.

"Vos moutons si doux, si faciles à nourrir de peu de chose, mais qui, à ce qu'on m'a dit, commencent à être si gourmands et si indomptables qu'ils dévorent même les hommes. "

Thomas More dénonce ces conséquences et cette brutalité dans la première partie d'Utopia :

On se trompe en pensant que la misère du peuple est une garantie de paix, car où y a-t-il plus de querelles que parmi les mendiants ?

Dans la deuxième partie, consacrée à son objet même, More décrit l'île d'Utopie, contrepoint lumineux à l'Angleterre de son temps. Comme celle de la république de Platon, l'économie utopienne repose sur la propriété collective des moyens de production et l'absence d'échanges marchands. Cette société, composée d'une cinquantaine de villes gérées de manière semblable, vit sans monnaie, et les échanges collectifs y prennent la place de l’accumulation privée qui cause en Angleterre les malheurs du peuple. La première mission du Sénat, qui compte trois députés par ville, est la statistique économique, permettant la péréquation des richesses entre villes :

Chaque père de famille vient chercher tout ce dont il a besoin et l'emporte sans paiement, sans compensation d'aucune sorte. Pourquoi refuser quelque chose à quelqu'un puisque tout existe en abondance et que personne ne craint que le voisin demande plus qu'il ne lui en faut ? Car pourquoi réclamer trop, alors qu'on sait que rien ne sera refusé ? Ce qui rend avide et rapace, c'est la terreur de manquer.

Utopie commerce uniquement les surplus de son économie avec l'étranger, non pas pour s'enrichir vu que l'or n'a aucune valeur dans son économie mais pour se constituer une réserve d'or pour engager des mercenaires en cas de guerre.

Pacifiques et respectueux de la liberté religieuse, les Utopiens reconnaissent cependant, tous ou presque, un être suprême et l'immortalité de l'âme ; plusieurs embrassent la doctrine chrétienne que leur présentent leurs visiteurs. Fondée sur la volonté de vivre selon la nature, la morale publique d'Utopie est rigoureuse, condamnant la dissimulation, la chasse, les jeux de hasard, la polygamie et l'adultère ; le divorce par consentement mutuel est possible.

Réalité n'est pas vérité mais seulement état du moment : grand humaniste et très instruit, Thomas More était un réaliste intransigeant, attentif à l'inacceptable. L'Utopie, satire de l'Angleterre de son temps, et affirmation du souhaitable, se conclut par un avertissement quant à la faisabilité d'une réforme allant dans ce sens : je le souhaite plus que je ne l'espère. Il s'agit donc, sans doute, plutôt d'une invitation à l'action, considérant certes ses difficultés inhérentes, que d'une expectative, vaine car pleine d'une espérance stérile.

Œuvre audacieuse et toujours vivante dans sa modernité, l'Utopie de More exerce encore sur les consciences d'aujourd'hui un irrésistible appel. La dénonciation impitoyable des méfaits de la propriété et des monopoles économiques, de l'inhumanité des riches et de la tyrannie des princes, de la responsabilité des institutions dans les vices humains fait d'Hythlodée le précurseur de Rousseau et du socialisme européen. En relançant en mer utopienne le mythe platonicien de la Cité idéale, More a donné à l'homme conscience de ses pouvoirs sur le monde et lui a offert des raisons d'espérer. Composée il y a plus de quatre siècles, l'Utopie reste une œuvre étonnamment ouverte sur le futur.

L'Utopie

C'est en 1515, profitant des loisirs forcés que lui imposent les lenteurs d'une mission diplomatique en Flandre, que More compose le second livre de son Utopie De optimo reipublicae statu deque nova insula Utopia libellus, dont une traduction française, due à Jean Leblond, paraît en 1550, et une autre, anglaise, de Ralph Robinson, en 1551. Le livre Ier est, de composition, postérieur au livre II. Il fut rédigé ex tempore per occasionem après le retour de More à Londres, en 1516. Cette élaboration inhabituelle (en quelque sorte à rebours, et en deux temps distincts, si elle nuit quelque peu à l'unité stylistique de l'ensemble, lui apporte en revanche une dimension problématique, une conscience et un approfondissement critiques qui font tout son prix. Ce qui n'était vraisemblablement au départ qu'un jeu d'esprit satirique imité de Lucien, qu'un délassement d'humaniste érudit exerçant librement son intelligence à construire, dans le non-lieu de l'imaginaire, une nouvelle république platonicienne, et à cultiver pour le plaisir de l'intellect les plus audacieux des paradoxes, devient dans un second temps une méditation inspirée sur les rapports de la pensée et de l'action, de l'idéal et du réel, de l'éthique et du politique, une analyse pénétrante des mécanismes sociaux d'oppression et des moyens qui s'offrent à l'homme pour les maîtriser et finalement changer le monde. Il serait vain de prétendre dégager de la description de l'île d'Utopie qui constitue le livre II une quelconque philosophie politique.
L'ironie de More, par la distance qu'elle introduit entre la lettre et l'esprit, empêche toute analyse totalitaire : rien n'est plus difficile à saisir que la pensée d'un homme qui refuse de se prendre au sérieux et qui voit trop la complexité des choses pour céder à l'attrait d'un dogmatisme simplificateur. On peut être séduit par le gouvernement sagement démocratique des Utopiens, par leur haine de la tyrannie, leur abolition de la propriété la république heureuse est communiste, leur religion simple et relativement tolérante, leur conception épicuro-stoïcienne du bonheur et de la vertu, leur mépris des grandeurs d'établissement et des richesses l'or, dont ils font des vases de nuit, est chez eux marque d'infamie, leur organisation judicieuse de l'aide sociale, du travail six heures par jour et des loisirs, l'importance qu'ils attachent à la culture et aux choses de l'esprit leur société, où dominent la science et l'intelligence, est dirigée par une aristocratie du savoir, les literati, leurs mœurs patriarcales et leur sens de la communauté l'île entière est comme une grande famille : O sanctam rempublicam et vel christianis imitandam ! Mais on goûtera peut-être moins chez eux la pratique de l'esclavage, la politique impérialiste de colonisation par laquelle ils résolvent leurs problèmes de surpopulation, leur attitude équivoque et cynique en face de la guerre, le poids constant que la collectivité fait peser sur l'individu omnium praesentes oculi, la grisaille moralisatrice d'une harmonie planifiée et passablement étouffante. Dans un certain sens, l'Utopie illustre la tyrannie orgueilleuse de l'idée, les dangers de l'idéalisme.
Par son intransigeance et son radicalisme sans nuance, Raphaël Hythlodée, homme sans patrie et sans racines, se coupe du réel et s'interdit toute possibilité d'action. Il mène une vie fictive dans une république de Nulle-Part, dont la capitale, Amaurotum, est un mirage, et dont le prince, Ademus, est sans peuple. Au contraire, ses interlocuteurs du livre Ier, Pierre Gilles, le cardinal Morton et Thomas More, sont des chrétiens intensément présents au monde, qui refusent de déserter cette nef des fous qu'est la société des hommes, et qui jouent le mieux possible leur rôle dans la comédie politique en cours sans prétendre vouloir la remplacer par une autre : ne pouvant faire que le mal soit bien, ils s'efforcent de l'amoindrir et quod in bonum nequis vertere, efficias saltem, ut sit quam minime malum. Utopie est moyen, non fin : c'est le lieu fictif par lequel il faut passer pour prendre conscience des causes du mal profond dont souffrent l'Angleterre et l'Europe chrétiennes, un mirage dont il faut savoir revenir, armé pour le vrai combat.

Postérité dUtopia

Utopia est passé dans le langage courant : une utopie signifie un rêve impossible, un désir inaccessible.

Thomas More fait écho à Érasme et son Éloge de la folie, qu'Érasme lui a d'ailleurs dédié extraits de l'Éloge de la folie. Il compose l'utopie comme un éloge de la sagesse répondant à l'œuvre d’Érasme.
Gargantua et Pantagruel, les héros éponymes des romans de François Rabelais auteur de l'Abbaye de Thélème, font séjour dans la ville d'Utopie, dont le nom est dû à Thomas More.
Dans son Champfleury 1529, Geoffroy Tory publie le dessin d’un alphabet imaginaire composé de lettres utopiques et volontaires, en hommage à Thomas More.
Tommaso Campanella 1568 - 1639, auteur de la Cité du Soleil, ouvrage décrivant également ce que pourrait être une société d'avenir.
Au XVIIe siècle, la vision communiste de l'Utopie fut reprise par des mouvements à la fois sociaux et religieux Diggers, Levellers qui essayèrent de traduire en actes leur lecture de l’Évangile en collectivisant les terres.
XVIIIe siècle :
Voltaire, dans son conte philosophique Candide, développe les idées de l'utopie dans deux chapitres et donne un sens à cette utopie, dénonçant les dysfonctionnements de la société du XVIIIe siècle.
Babeuf et le babouvisme
Résurgence moderne de la République platonicienne, le terme d’utopie est repris par les grands projets socialistes du xixe siècle, avec bien d'autres sources souvent plus idéologiques :
Saint-Simon
Pierre Leroux
Phalanstère et son concepteur Charles Fourier
Pierre Joseph Proudhon
Karl Marx et Friedrich Engels Engels oppose toutefois, pour s'en démarquer, socialisme utopique et socialisme scientifique
Familistère de Guise et son fondateur Jean-Baptiste André Godin
Liens

http://youtu.be/ltV3AVbRhS4
http://youtu.be/khkx5pe2cTI (anglais
http://youtu.be/QBG6zrGcp8M A man for all seasons
http://youtu.be/fnabnst5Cxo exécution de Thomas More
http://youtu.be/iQmrW16mqhw
http://youtu.be/5DpkNX2GxRw


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Posté le : 05/07/2014 23:19

Edité par Loriane sur 06-07-2014 14:44:14
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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