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Baudoin roi de Belgique
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Le 7 septembre 1930 naît Boudewijn en néerlandais, Balduin, Baudoin

Albert, Charles, Léopold, Axel, Marie, Gustave de la maison de Belgique,


au Château du Stuyvenberg, à Laeken en Belgique - Il meurt le 31 juillet 1993, à 62 ans, à Motril en Espagne, cinquième roi des Belges, du 17 juillet 1951 jusqu’à sa mort, soit 42 ans et 14 jours il a eu pour premier ministre , Premier ministre, Joseph Pholien, Jean Van Houtte, Achiel van Acker, Gaston Eyskens, Theo Lefèvre, Pierre Harmel, Paul Vanden Boeynants, Edmond Leburton, Leo Tindemans, Wilfried Martens, Mark Eyskens, Jean-Luc Dehaene, son prédécesseur est Léopold III, et son successeur est Albert II. Second enfant et premier fils de Léopold III et de la reine Astrid, il est le conjoint de fabiola de Mora y Aragón, il porte le titre de comte de Hainaut alors que son père est encore duc de Brabant puis devient duc de Brabant à l'avènement de Léopold III au trône de Belgique. Il est le frère aîné et prédécesseur du roi Albert II et le frère cadet de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte.
Son avènement au trône se produit dans une période de crise politique et son long règne est marqué par bien d’autres dont l’une, au moins, a été le résultat de l’expression publique de sa foi catholique.

En Bref

Fils aîné de Léopold III et d'Astrid de Suède, Baudouin est né à Bruxelles, le 7 septembre 1930. Deux grandes épreuves ont marqué son enfance : la mort accidentelle de sa mère en 1935 et la captivité dans la forteresse d'Hirschstein-sur-Elbe où les Allemands ont déporté son père en juin 1944. Après la libération de la famille royale par la VIIe armée américaine, le prince héritier poursuit ses études en Suisse. Le 22 juillet 1950, le Parlement ayant mis fin à l'impossibilité de régner de son père, il rentre en Belgique en compagnie de celui-ci. Mais des émeutes éclatent et, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1950, Léopold III cède ses pouvoirs à son fils aîné qui reçoit le titre de prince royal. Moins d'un an plus tard, le 16 juillet 1951, a lieu l'abdication de Léopold III, suivie de la prestation de serment de Baudouin Ier, roi des Belges.
Trois affrontements majeurs jalonnent les vingt-cinq premières années du règne de Baudouin Ier. Le premier, assez traditionnel dans l'histoire de la Belgique, prend un caractère aigu à partir de 1954. Il met aux prises les partisans de l'école laïque, réclamant pour l'État le monopole de l'enseignement, et les défenseurs de l'enseignement libre, rejetant l'ingérence de l'État tout en réclamant les subsides nécessaires à son existence. Dans cette question scolaire qui divise les Belges jusqu'aux élections de 1958, le roi se garde de toute intervention publique. Au demeurant, le conflit s'apaise, le 6 novembre 1958, lorsque les représentants des trois partis nationaux signent le Pacte scolaire qui comporte des concessions dont le prix sera payé par le budget de l'État.
Le second affrontement suit de très près le premier. Le roi s'y trouve engagé, à la fois par conviction et par devoir constitutionnel. Le 4 janvier 1959, Léopoldville connaît des troubles graves et maladroitement réprimés. Ni en Belgique ni au Congo, l'opinion publique belge n'est consciente du proche achèvement de l'ère coloniale. Par contre, le roi, le Premier ministre Eyskens et le ministre Van Hemelrijck réagissent avec lucidité. Le 13 janvier, Baudouin Ier promet, dans une allocution radiodiffusée, de conduire, sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée, les populations congolaises à l'indépendance, dans la prospérité et la paix. Le même jour, devant les deux Chambres, est lue la déclaration gouvernementale exprimant une résolution identique.
Mais les atermoiements funestes ne tardent pas. Ils provoquent l'impatience des milieux nationalistes congolais et la démission du ministre Van Hemelrijck. Auguste De Schryver lui succède et obtient du roi qu'il effectue un rapide voyage au Congo. Le souverain constate ainsi que sa popularité est restée ce qu'elle était en 1955, lors de son premier voyage, mais que le contrôle de la situation échappe de plus en plus aux autorités. Dès lors, les événements se précipitent : table ronde en janvier 1960, au cours de laquelle « le trousseau de clefs est remis aux Congolais ; proclamation de l'indépendance, le 30 juin suivant ; discours insolent de Patrice Lumumba en présence du roi ; mutineries de la force publique, le 4 juillet ; intempestive sécession du Katanga ; intervention des forces de l'O.N.U.
Le fameux pari congolais est perdu. Le roi, cependant, ne se résigne pas ; il n'accepte aucune humiliation, mais ne s'encombre d'aucun ressentiment. Le 15 décembre 1960, il a épousé doña Fabiola de Mora y Aragón. C'est en compagnie de la reine qu'il accueille le président Mobutu, en 1969 et qu'il se rend en visite officielle au Zaïre, en juin 1970, dix ans après le discours mortifiant de Lumumba. La réconciliation belgo-zaïroise est, en grande partie, son œuvre.
Le troisième affrontement a pour objet les rapports entre Flamands, Wallons et Bruxellois. Le 24 décembre 1963, sont votées des lois concernant la fixation de la frontière linguistique, le régime linguistique dans l'enseignement et le bilinguisme à Bruxelles. Assurer dans le cadre d'institutions rénovées une collaboration loyale entre Flamands et Wallons, déclare le roi, répondre aux désirs légitimes d'autonomie et de décentralisation dans divers domaines de la vie publique, tout cela est réalisable.
Ce n'est qu'à la fin de 1970 que le gouvernement, social-chrétien et socialiste, dirigé par Gaston Eyskens, réussit à faire voter une réforme constitutionnelle qui divise la Belgique en quatre régions : la région de langue française, la région de langue néerlandaise, la région bilingue de Bruxelles-Capitale et la région de langue allemande, et prévoit deux conseils culturels pouvant voter des décrets, des conseils économiques et des sociétés de développement régional, cinq grandes agglomérations et des fédérations de communes ainsi que des conseils régionaux.

Sa vie

Son enfance est marquée par la mort accidentelle de sa mère, alors qu'il n'a que cinq ans, puis par la Seconde Guerre mondiale, vécue d'abord dans un bref exode. Celui-ci commence à La Panne et se poursuit en France, puis, lors de la défaite française, en Espagne car le roi Léopold III a voulu le soustraire, avec son frère Albert et sa sœur Joséphine-Charlotte, à l'invasion allemande de la Belgique en les évacuant sous la houlette de personnes de confiance, mais sans Juffrouw Mademoiselle, la gouvernante à laquelle Baudouin s’est particulièrement attaché. Rapatriés à Bruxelles, les enfants royaux y passent quatre ans durant lesquels la deuxième épouse du roi, Lilian Baels, dite la princesse de Réthy, s’occupe affectueusement d’eux et veille à leur ménager une vie plus conforme à celle des enfants de la bourgeois que celle que leurs père, grand-père et grands oncles avaient connue. Baudouin, qu’elle appelle familièrement Baud, étudie soit au château de Laeken, soit au château de Ciergnon.
Juste après le Débarquement, la famille royale, qui s’est agrandie avec la naissance d’Alexandre de Belgique, est emmenée par les nazis en Allemagne dans la forteresse de Hirschstein, puis en Autriche, à Strobl, où elle est libérée le 7 mai 1945 par les troupes américaines.
Commence alors la question royale. La famille royale s'installe en Suisse, à Pregny, jusqu'en juillet 1950, attendant que les Belges et leurs hommes politiques se mettent d'accord pour décider si le roi Léopold devait quitter la Belgique après la défaite du 28 mai 1940 ou s'il avait eu raison de rester au pays au nom de son statut monarchique pour s'y dresser comme un rempart contre l'éventuelle division du pays que les Allemands pouvaient sans doute vouloir comme ils l'avaient fait en 1914-1918. Baudouin fréquente un collège de Genève; il accompagne son père et sa belle-mère dans un grand voyage aux États-Unis en 1948.

L’avènement au trône Question royale.

Le jeune roi Baudouin


En Belgique, le frère de Léopold III, Charles de Belgique, est nommé Régent du royaume jusqu’en 1950.
Cette année-là, après la consultation populaire de 1950 qui donne des résultats fort différents en Flandre et en Wallonie, devant la violence opposant léopoldistes et anti-léopoldistes et suite à la fusillade de Grâce-Berleur, le roi, rentré au pays avec ses deux fils aînés, fait nommer Baudouin, le 11 août 1950, Prince royal, ce qui correspond à une délégation de pouvoirs.
Le prince prête serment de respecter la Constitution et les lois du peuple belge devant les Chambres réunies. C’est lors de cette cérémonie que fuse le cri Vive la République ! attribué à Julien Lahaut qui est assassiné sept jours plus tard.
À la suite de l'abdication de son père le 16 juillet 1951, Baudouin devient le cinquième roi des Belges, le 17 juillet 1951, à presque 21 ans, et en une période où fait rage la deuxième guerre scolaire.
Pendant plus de 10 ans, le jeune roi subit la forte influence politique de son père et de sa belle-mère, allant jusqu’à refuser de serrer la main de ceux qui, comme Hubert Pierlot, s’étaient opposés à Léopold III pendant la guerre.
Un an après son mariage, Baudouin choisit de s’éloigner ; il ne rencontrera plus son père et sa belle-mère qu’en de rares occasions, notamment après le décès de la reine Élisabeth.

Famille

La reine accompagnant le roi lors d’un voyage en Allemagne, 1971.
La naissance de Marie-Christine en 1951 et Marie-Esméralda en 1956 étend la fratrie de Baudouin. Son frère Albert se marie avec la ravissante Paola Ruffo di Calabria en 1959 et ils ont leur premier enfant en avril 1960.
Le roi Baudouin apparait en public comme un jeune homme réservé, triste et solitaire, sans aventure amoureuse connue ; la rumeur lui attribue l’intention d’entrer dans les ordres. Au fil des années, le célibat d’un roi qui vit toujours au domicile paternel devient une affaire d’état. Le cardinal Suenens a raconté que Baudouin en parla avec une religieuse irlandaise, Veronica O’Brien et que celle-ci, se mettant en recherche d’une possible épouse, trouva une aristocrate espagnole qui accepta de rencontrer le roi. Les rencontres sont tenues secrètes, ce qui explique l’étonnement des Belges lorsqu’ils apprennent par la voix du premier ministre Gaston Eyskens, en 161 mots prononcés à la radio le 16 septembre 1960 à 12 h 20 et suivi d’un extrait de la Brabançonne7, les fiançailles de Baudouin. Les premières photo du couple, lors de la présentation de la jeune femme au château de Ciergnon, montrent des fiancés manifestement amoureux et complices.
Le 15 décembre 1960, Baudouin épouse doña Fabiola de Mora y Aragón qui devient ainsi la reine Fabiola. Le mariage est célébré en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles et est retransmis à la télévision, une première pour un mariage royal en Belgique.
Léopold et Lilian s’installent en janvier 1961 au Château d'Argenteuil avec leurs enfants et la famille royale se divise ; Fabiola et sa belle-mère s’entendent mal, Baudouin et son père se brouillent pour des histoires de meubles emportés ou non de Laeken à Argenteuil.
En juin 1961, l'annonce que Baudouin et Fabiola attendent un enfant est faite à la presse, lors d'un voyage du couple à Rome, par le pape Jean XXIII - ce qui soulève une polémique dans les journaux belges de gauche ; trois semaines plus tard, il est annoncé par la cour que l'heureux évènement ne se produira pas. En février 1962, la reine est à nouveau enceinte mais accouche d'un enfant mort-né. Une intervention chirurgicale et deux autres fausses couches ne laissent plus d'espoir de voir naitre un héritier. Aucun héritier ne naît donc de cette union.
Le roi Baudouin investit alors beaucoup dans la formation de son neveu, le prince Philippe, qu’il considère comme son successeur, bien que l’héritier normal du trône soit le prince Albert.
Sur le plan officiel, la famille royale devient celle de Baudouin et des autres enfants de la reine Astrid, Lilian et ses enfants n’en faisant plus partie puisque l’arrêté royal du 2 décembre 1991 stipule que les Princes et Princesses issus de la descendance en ligne directe de S.A.R. le Prince Albert de Belgique seront qualifiés Princes et Princesses de Belgique dans les actes publics et privés qui les concernent.

Décès

En 1991, les médecins affirment que Baudouin souffre de la maladie de Barlow, « avec présence de calcifications à la valve mitrale et le roi se fait opérer à cœur ouvert à l’hôpital Broussais.
Deux ans plus tard, le 31 juillet 1993, le roi meurt d'un arrêt cardiaque lors de vacances dans sa villa de Motril, en Espagne. La princesse Lilian est avertie téléphoniquement, le soir même3, du décès de Baudouin par son beau-fils Albert. Lilian, vu l’éloignement qui existe depuis de longues années entre elle et le roi, persuadée que sa présence tout comme son absence aux funérailles vont être critiquées, décide de ne pas assister à la cérémonie mais de se faire représenter par le prince Alexandre et la princesse Marie-Esméralda.
La dépouille du roi est ramenée par avion à la Base aérienne de Melsbroek dans la nuit du 1 au 2 août puis transférée au château de Laeken puis, avec un arrêt à la Colonne du Congrès devant la tombe du Soldat inconnu, jusqu’au Palais royal de Bruxelles où les autorités puis la population peuvent lui rendre hommage, plusieurs jours durant. L’émotion est grande et les gens campent jour et nuit, les files d’attente pouvant durer 10 heures. En raison des fortes chaleurs, les services de secours doivent intervenir à de nombreuses reprises.

Les funérailles se déroulent le 7 août 1993 en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles lors d’une messe de gloire et d'espérance demandée par son épouse, qui y assiste habillée de blanc, couleur de la résurrection et couleur de deuil des reines catholiques. La cérémonie est transmise en direct sur un écran géant installé sur la Grand-Place de Bruxelles et par de nombreuses télévisions du monde. Elle rassemble un grand nombre de chefs d'État du monde entier : de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni à l'empereur Akihito du Japon, en passant par le président français François Mitterrand.
Un second office est célébré pour la famille en l’église Notre-Dame de Laeken avant que le corps ne soit descendu dans la crypte royale pour reposer près des précédents rois et reines belges.
Le deuil national prend fin le 9 août 1993, après la prestation de serment constitutionnel par Albert II. Pendant quelques semaines, les Belges se sont trouvés réunis par la disparition d'un homme représentant symbolique de la conscience et de l'identité collectives de la Belgique. En décembre 2005, il est élu au 2e rang du plus Grand Belge de tous les temps par le public de la RTB.

Un long règne

Bien que la Belgique soit une monarchie parlementaire où le roi ne peut exprimer publiquement d'opinion qu'avec l'accord du gouvernement, le roi Baudouin a eu une influence certaine sur les gouvernements qui se sont succédé pendant ses quarante-deux années de règne. La constitution donne en effet au roi le pouvoir de refuser de valider une loi, ce qui explique que le pouvoir qu'il détient n'est pas symbolique comme celui d'autres monarques. D'autant plus que c'est le roi qui nomme et révoque les ministres. Et même s'il lui faut l'approbation du parlement, cela lui permet de jouer un rôle majeur après chaque élection et lors des crises ministérielles.
En acquérant pendant ses quarante-deux ans de règne une expérience supérieure à celle de bien des ministres des gouvernements de compromis qui se succèdent pendant ce temps, Baudouin constitue une sorte de pierre angulaire pour l’État belge ; cela lui permet d’avoir de l’ascendant sur ses ministres, voire de leur savonner royalement les oreilles.
S’il défend toujours l'unité de la Belgique10, il ne peut cependant empêcher les querelles linguistiques et la création d'une frontière linguistique, de trois régions, et de trois communautés. C'est sous son règne que, de réforme de l'État en réforme de l'État, la Belgique devient un État fédéral.
Sur le plan international, le règne est marqué par la création de la CECA en 1951 et de la Communauté économique européenne en 1957, de l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958 et par l'indépendance du Congo belge. Au delà des apparences de réserve qu'exige son statut, le roi Baudouin est très soucieux d'entente entre les hommes et les peuples. Ses nombreuses visites officielles à l'étranger, ainsi que les nombreux visiteurs officiels qu'il reçoit durant son règne sont l'occasion pour lui de révéler une hauteur de vue et un talent politique que beaucoup de ses interlocuteurs découvrent avec étonnement et dont ils témoigneront à l'annonce de sa mort.

Le Congo belge

En 1955, accueilli chaleureusement par des populations indigènes, Baudouin effectue une tournée triomphale au Congo belge, visitant toutes les régions d'une colonie qui est alors à son apogée et où se manifestent des velléités d'autonomie. En 1959, quatre ans après ce voyage qui n’apporte pas de changement fondamental dans la politique belgo-congolaise, il doit annoncer l'intention du Gouvernement d'accorder l'indépendance au Congo. Le 30 juin 1960, le monarque assiste à la transmission des pouvoirs à Léopoldville et prononce un discours, lors des festivités du 30 juin 1960, qui est ressenti internationalement comme ignorant les atrocités coloniales et glorifiant l'œuvre coloniale belge. Le Premier ministre Patrice Lumumba, qui sera assassiné plus tard probablement avec l'aide des services secrets belges et américains, réplique par un discours très critique vis-à-vis de la colonisation, discours qui sera qualifié d'insultant ou venimeux tant en Belgique qu'à l'étranger.
Dans un échange de lettre entre le chef du cabinet du roi et le major Guy Weber, alors chef de l'armée sécessionniste katangaise, Weber annonce que Mobutu et Tshombé neutraliseraient complètement Lumumba, si possible physiquement. Recevant la lettre le 26 octobre, le roi rédige un projet de réponse à Tshombé avec la mention, Monsieur le Président, renforçant sa légitimité. Il se dit très sensible ... aux sentiments d'attachement que vous continuez à éprouver pour la Belgique et sa dynastie. Le brouillon de la lettre comporte, faisant référence à Lumumba, la mention de la politique haineuse d'un seul homme. La lettre envoyée se conclut par l'accord de "plausible deniability" du Roi : C'est ce qui me permet de vous dire ici combien j'apprécie les efforts que vous poursuivez inlassablement en vue d'une politique d'entente entre les divers leaders de l'ancien Congo, telle que vous l'avez définie à plusieurs reprises. Certains ont vu dans l’attitude du roi Baudouin, dans cette affaire d’assassinat politique, une non-assistance à personne en danger, peu compatible avec le respect de la vie qu’il manifeste comme croyant catholique18 et qui va l’amener à provoquer une crise politique belge.

L’impossibilité de régner

Baudouin est connu pour être un homme profondément croyant, catholique. Il n’apprécie pas l’évolution de la société qui amène, dès 1971 et en vain, une proposition de loi sur l’avortement. La proposition de loi Lallemand-Michielsen, qui se base notamment sur le livre Abortus pro/contra de l’expert en science éthique Hugo Van den Enden nl, rencontre ensuite une forte opposition et des pressions de diverses personnalités politiques, comme en a témoigné Roger Lallemand, et du roi.t, catholique.
En 1990, celui-ci refuse donc, par scrupule de conscience personnelle, de sanctionner cette loi qui propose la dépénalisation conditionnelle de l'avortement. Le 30 mars, Baudouin écrit au premier ministre Wilfried Martens : Ces derniers mois, j’ai pu dire à de nombreux responsables politiques ma grande préoccupation concernant le projet de loi relatif à l’interruption de grossesse. ... Ce projet de loi soulève en moi un grave problème de conscience. ... Vous comprendrez donc pourquoi je ne veux pas être associé à cette loi. En signant ce projet de loi et en marquant en ma qualité de troisième branche du pouvoir législatif, mon accord avec ce projet, j’estime que j’assumerais inévitablement une certaine coresponsabilité. Cela, je ne puis le faire pour les motifs exprimés ci-dessus. .... Le Souverain invite dès lors le gouvernement et le Parlement à trouver une solution juridique qui concilie le droit du Roi de ne pas être forcé d’agir contre sa conscience et la nécessité du bon fonctionnement de la démocratie parlementaire.
Sur la base de l'article 93 de la Constitution, une parade juridique est trouvée : le Conseil des ministres constate que le roi est « dans l'impossibilité de régner ce qui permet aux ministres réunis en conseil de sanctionner la loi le 3 avril 1990. Le 5 avril suivant, le roi est rétabli dans ses fonctions après un vote des Chambres réunies constatant que l'impossibilité de régner a pris fin. Certains Belges, dont Guy Verhofstadt considèrent cette astuce comme inconstitutionnelle puisque la Constitution n'envisage que les cas de maladie ou d'éloignement physique du roi, que la Constitution ne donne les pouvoirs du Roi aux ministres qu'en cas de décès de celui-ci, qu’en cas d'impossibilité de régner, c'est aux Chambres réunies de pourvoir à la tutelle et la régence.
L’attitude du roi, qui a donc posé un sérieux problème institutionnel, a cependant pour conséquence une augmentation de sa popularité telle qu’il est proclamé homme de l’année par les médias.

La dimension morale

Au cours de son règne, le roi Baudouin a dénoncé le racisme et la xénophobie dans ses discours, et n'a jamais reçu en audience aucun représentant de l'extrême-droite Front national et Vlaams Blok. À la fin de sa vie, il s'était investi dans la lutte contre la traite des êtres humains et une prostituée lui a rendu un vibrant hommage lors de ses funérailles. N'oubliant pas le Congo, le souverain lance en 1991, un appel au calme face aux troubles ethniques, les incidents de Lubumbashi qui secouent l'ancienne colonie.
Au cours de ses contacts avec les hommes politiques belges et étrangers, ainsi que lors de ses entrevues avec des chefs d'états étrangers, comme à l'occasion de rencontres avec des personnes privés, scientifiques et artistes, le roi Baudouin manifestera un tact et des capacités morales et intellectuelles qui expliquent les éloges à sa mémoire qui s'élevèrent lors de son décès.
Ses allocutions à la nation, annuelles puis deux fois par an, retransmises à la radio et à la télévision sont empreintes de paternalisme et expriment une éthique quelque peu datée, légèrement apocalyptique, basée sur les valeurs familiales traditionnelles et une morale conservatrice, opposée à l’individualisme, au matérialisme et à l’appât du gain. Cela le conduit à affirmer la nécessité de lutter contre la crise, le chômage, la décadence, le racisme, la pauvreté, l’exploitation sexuelle. Pour le personnaliste qu’il était, tous ces excès étaient la conséquence de lacunes individuelles et de décadence morale, et bien moins des rapports de force politiques ou des structures économiques.
Sa constance dans l’expression de ses valeurs est appréciée de bien des gens — comme la simplicité de sa vie au quotidien, semblable à celle de la petite bourgeoisie, telle qu’elle transparait dans les photos de presse. Scrutant l’album de photos du Roi Baudouin on s’aperçoit qu’au fil du temps, il s’est construit simultanément un visage et un personnage. Son principal transmetteur de signe était son visage.
Baudouin a réussi, au fil des ans, à faire reconnaitre des « valeurs éthiques d’humanisme et de professionnalisme. Son décès inattendu a choqué une grande partie de la population, suscitant des réactions de type émotionnel beaucoup plus vives et intenses qu’on aurait pu le prévoir, tant en Belgique qu’à l’étranger. Les hommages qui lui ont été rendus ont été adressés à la réputation qui lui était faite et le rituel funéraire a reçu une, importance inaccoutumée, cristallisant les sentiments de don du roi et de contre-don des Belges et rappelant la mort d’un héros antique. L’idée qui émerge ici, c’est l’exceptionnelle réussite dans la mort d’un roi contemporain. Sa mort ne fut pas ressentie comme une fatalité inhérente au corps, elle a suscité au sein de la population une transcendance ou plutôt une sublimation.
On relève cependant un soutien du roi, voire des liens d'amitié, pour des personnalités dont l'action politique ou morale a été décriée. Ainsi a-t-il été proche de Mobutu Sese Seko, il fut le parrain d'une de ses filles et a passé des vacances chez lui et l'a-t-il soutenu, bien que les méthodes du régime qui incluaient la corruption, le non-respect des droits de l'homme et le détournement d'argent public fussent connues, jusqu'en 1988 lorsque Mobutu compara Léopold II de Belgique à Hitler, établissant ainsi une étrange liaison entre un dictateur sans foi ni loi et un roi très chrétien. Il était proche aussi de Juvénal Habyarimana qui participa à des groupes de prières du Renouveau charismatique organisés au palais de Bruxelles et le soutint notamment en 1990, en demandant par écrit au gouvernement belge l’envoi, de soldats belges pour aider Habyarimana menacé par le Front patriotique rwandais. Il manifesta de la complaisance pour le régime de Francisco Franc aux funérailles duquel il fut empêché d’assister par l’intervention du gouvernement belge. Il accueillit officiellement Jean-Paul II en Belgique en des termes qui s’adressaient au représentant de sa religion plutôt qu’au chef d’état, suscitant la critique du milieu laïque belge.

Fondation Roi-Baudouin

En 1976, lors des célébrations des 25 ans de son règne, le roi Baudouin exprime le souhait de voir une fondation contribuant à l'amélioration des conditions de vie de la population : la Fondation Roi-Baudouin est donc créée à l'aide des fonds récoltés à cette occasion. Fondation d'utilité publique indépendante et pluraliste, elle a pour objet d'améliorer les conditions de vie de la population sur les plans économique, social, culturel et scientifique. Elle soutient l'engagement de tous les acteurs de la société afin de générer des changements durables qui contribuent à davantage de justice, de démocratie et de développement. Elle combine la réflexion de fond, la mise sur pied d'initiatives propres et l'aide financière en faveur de projets de tiers. Elle agit tant à court qu'à long terme.
Tous les deux ans, la Fondation Roi-Baudouin remet le Prix international Roi Baudouin pour le développement, d'une valeur de 150 000 euros afin d'appuyer et faire connaître des projets ayant apporté une contribution majeure au développement des pays du Sud ou à la solidarité entre pays industrialisés et ceux en développement. Anciens lauréats : Dr Walter Plawright développement d'un vaccin contre la peste bovine, Paulo Freire, alphabétisation au Brésil, la Grameen Bank du Bangladesh micro-crédit, Aids Support Organisation, lutte contre le sida en Ouganda, Mouvement des Paysans Sans Terre au Brésil, la commission des droits de l'homme au Pakistan, etc.
La Fondation Roi-Baudouin gère de nombreux fonds d'entreprise et fonds nominatifs, comme le Fonds Reine-Fabiola pour la santé mentale, le Fonds Prince-Albert, le Fonds Prince-Philippe et le Fonds Princesse-Mathilde.

Fondation Astrida

La Fondation Astrida est une fondation ayant le statut juridique belge de "Fondation Publique" créée par le testament du 15 mars 1992 du Roi Baudouin, avant qu'il bénéficie de chirurgie cardiaque un an avant son décès et dont l'objet est de "soutenir financièrement ses neveux et nièces et leurs conjoints descendants du Roi Albert II et de sa sœur Joséphine Charlotte et les neveux et nièces de la Reine Fabiola, de générations en générations, dans les domaines religieux, artistiques, scientifiques et pédagogiques".
La fondation pourra aussi aider les neveux et nièces dans leur ‘établissement dans la vie’ sans toutefois soutenir des activités lucratives, quelles qu’elles soient. Cette fondation pourra leur venir en aide en cas de maladie, d’infirmité ou toute autre situation à caractère philanthropique.
Par ailleurs l'objet de la fondation, tel que modifié en 2006, dit que "le Conseil d'Administration veillera dans la mesure de son budget annuel à accorder une aide similaire à toute personne physique ou morale et en particulier ... à celles qui appartiennent au tiers ou au quart-monde". La fondation est notamment devenue propriétaire du domaine royal d’Opgrimbie.
En 2013, la Reine Fabiola transfère un montant de 2,5 millions d'euros à la fondation Astrida.

Citations

Maurice Béjart : "C'est un être très humain. Il n'y a pas tellement d'êtres humains à un aussi haut niveau. Il y a des robots, des machines, des gens pleins de désirs... Mais de véritables êtres humains, on en trouve peu. Dans le milieu des dirigeants et des personnes haut-placées que mon métier m'a amené à fréquenter, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui a gardé tant de fraîcheur, d'humanité et de profondeur. C'est un être très rare et la Belgique a beaucoup de chance d'avoir un Roi comme celui-là."
Jacques Delors : "Une personnalité remarquable, très soucieuse des autres, attentif à la misère et à tout ce qui peut dégrader l'homme."
Konstantínos Karamanlís : "Un homme aux vertus humaines et royales."
Helmut Kohl : "Un grand homme d'État européen qui a contribué de façon significative à la réconciliation entre les peuples après la seconde guerre mondiale."

Titulature

7 septembre 1930 : Son Altesse royale le prince Baudouin de Belgique, comte de Hainaut, prince de Belgique (naissance)
10 février 1934 : Son Altesse royale le duc de Brabant
Prince de Belgique
10 août 1950 : Son Altesse royale le prince royal, duc de Brabant, prince de Belgique
17 juillet 1951 : Sa Majesté le roi des Belges

Distinctions

Grand-Collier de l'Ordre de l'Infant Dom Henrique Portugal (1982)
Diverses autres décorations décernées lors de visites officielles à l'étranger.

Liens
http://youtu.be/j7fK4j1C9TA Baudoin Le roi triste 1
http://youtu.be/S0_DnDAWb4Y Un Cobourg au congo 2
http://youtu.be/Aaad88A3t2Q Dans l'incapacité de régner
http://youtu.be/3ALXBEF_u2o Le coeur du roi 4
http://youtu.be/c-v0L4UTfZs L'adieu au roi


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Posté le : 06/09/2014 23:21

Edité par Loriane sur 07-09-2014 10:12:15
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Elisabeth 1ère d'Angleterre
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Le 7 septembre 1533 au palais de Placentia à Londres

naît Élisabeth Ire née Elizabeth,


fille de henry VIII d'Angleterre et de Anne Boleyn. Elle est reine d'Angleterre et d'Irlande de 1558 à sa mort intervenue le 24 mars 1603 Palais de Richmond à Londres alors qu'elle a 69 ans. Sa sépulture se trouve à l'Abbaye de Westminster Elle est reine d'Angleterre et d'Irlande du 17 novembre 1558 au 24 mars 1603 soit durant 44 ans, 4 mois et 7 jours, elle est Couronnée le 15 janvier 1559 en l'Abbaye de Westminster, après le règne de sa demi-soeur Marie Ire et Philippe son Successeur sera Jacques Ier, elle appartient à la dynastie de la Maison Tudor

En bref

Fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn, Elisabeth Ire est reine d’Angleterre de 1558 à 1603. Elle succède à Marie Tudor. Surnommée parfois la reine vierge, elle a longtemps bénéficié d’une image très positive, étant considérée comme la plus grande reine de l’histoire de l’Angleterre, et l’un de ses plus grands souverains. Elle a régné à une période charnière, tant sur le plan politique que religieux, ce qui la rend passionnante, au-delà même de son mythe
Ce n’est pas dans les meilleures conditions qu’Elisabeth monte sur le trône en 1558. Née en 1533 à Greenwich, elle est la fille d’Anne Boleyn, deuxième femme d’Henri VIII, qui a fini décapitée sur ordre de ce dernier. La réputation plus que sulfureuse de sa mère suit la jeune princesse Elisabeth, et cela continuera une partie de son règne. Elle n’est donc pas la première sur la liste de la succession d’Henri VIII ; c’est d’abord Edouard VI et Jeanne Grey pour deux règnes courts neuf jours pour Grey…, puis donc Marie Tudor Marie Ire, fille d’Henri VIII et de sa première femme, Catherine d’Aragon.
Après avoir connu une enfance triste et studieuse, Elisabeth a également quelques déboires lors du règne de Marie Ire puisqu’elle est mêlée à l’insurrection de Wyatt en 1554. Elle fait même un séjour de quelques semaines à la Tour de Londres.
Elle monte néanmoins sur le trône en 1558, et est couronnée à Westminster le 15 janvier 1559. Son statut de fille illégitime d’Henri VIII, la réputation de sa mère, mais aussi tous les complots de la période 1547-1558 auxquels elle est soupçonnée d’avoir participé plus ou moins directement, font qu’elle n’est pas une reine totalement reconnue dès son avènement.

Environnement politique en Europe

Sous Élisabeth Ire, le petit royaume d'Angleterre, cerné au nord par une Écosse indépendante et hostile, à l'ouest par une Irlande incontrôlée, sur le continent par l'essor des grandes monarchies absolutistes d'Espagne et de France, se révèle, au cours de péripéties dramatiques, un partenaire majeur de l'aventure européenne et mondiale. L'Angleterre affirme alors une personnalité mûrie au cours de la guerre de Cent Ans, puis forgée de main de maître par les premiers rois Tudors. Modelée tour à tour par la ténacité rusée d'Henri VII, puis par les emportements calculés d' Henri VIII, elle développe les bases sociales et économiques de sa jeune puissance. Le déclin de la féodalité, accéléré par l'action gouvernementale, fait apparaître sur la scène nationale des acteurs nouveaux : les industriels, les commerçants et les aventuriers qui se sont renforcés aux dépens des anciens meneurs du jeu politique et économique, la noblesse et l'Église. En même temps, la physionomie spirituelle s'adapte aux structures sociales en pleine évolution ; Henri VIII utilise ses aventures matrimoniales pour rompre avec Rome et se placer à la tête de l'Église d'Angleterre, dont il contrôle le corps épiscopal et sécularise les monastères. Encouragées par la réforme henricienne, les tendances protestantes, luthériennes, puis bientôt calvinistes supplantent, dans les milieux gouvernementaux, les villes d'université ou de négoce, et surtout Londres, le vieux catholicisme resté ailleurs vivace. Sous le règne du successeur d'Henri, Édouard VI, l'Angleterre s'oriente décidément vers la Réforme, non sans parfois de vives résistances. Ainsi se cherchent les formules originales qui doivent fournir à l'Angleterre une religion adaptée aux nécessités de son évolution. La Couronne entend se libérer des ingérences romaines ; mais, malgré leur autoritarisme absolutiste, les gouvernants sont attentifs aux tendances socio-économiques et à leurs corollaires spirituels.
Le Parlement conquiert une influence inégalée en assumant la responsabilité suprême des initiatives religieuses d'Henri VIII et d'Édouard VI. Une politique extérieure, nouvelle elle aussi, reconnaît dans l'équilibre des forces en Europe le meilleur moyen pour l'Angleterre de participer en arbitre aux affaires du continent, et surtout à l'exploitation accrue des grands secteurs du commerce européen. La société, en profonde mutation, où les valeurs du système manorial sont déjà concurrencées par celles du capitalisme urbain, industriel et commercial, allie à la quête frénétique de l'argent le goût de l'aventure spirituelle manifesté depuis longtemps par tant d'esprits savants et hardis.
C'est dans ce climat de changements, de véhémence, d'équivoques politiques et religieuses, mais aussi d'énergies déchaînées, de culture à la fois brutale et raffinée, que grandit la personnalité énigmatique d'Élisabeth. Incertaine de la légitimité de sa naissance, tour à tour confinée, menacée, puis rendue aux honneurs, elle a souffert de l'ambiguïté de sa situation, de la méfiance de son aînée, issue, elle, d'un légitime mariage, des ambitions qui, tôt, ont essayé de l'utiliser. Nul doute que son apprentissage de la vie ne l'ait marquée profondément, ne l'ait contrainte à ne se fier qu'à son instinct politique, utilisant pour survivre – mais aussi pour dominer – tous les prestiges d'une instruction brillante, d'un esprit subtil et impérieux, d'une féminité dont elle use avec un brio déconcertant.
Ce qui fait la grandeur et le caractère du règne d'Élisabeth, à une époque où s'est amorcé sans se résoudre le débat sur la supériorité de la Couronne ou du Parlement, c'est, dans le pragmatisme de l'exercice du pouvoir, la connivence presque constante que la souveraine sut établir entre ses propres aspirations et celles de la majorité de ses sujets.

Sa vie

Elisabeth Ire et la religion

Élisabeth était la fille du roi Henri VIII d'Angleterre mais sa mère Anne Boleyn fut exécutée trois ans après sa naissance et elle perdit son titre de princesse. Son demi-frère Édouard VI nomma comme héritière sa cousine Jeanne Grey, ce qui écarta Élisabeth et sa demi-sœur catholique, Marie, de la succession au trône même si cela contrevenait à la législation. Le testament d'Edouard VI fut néanmoins ignoré, et Marie devint reine en 1553 et Jeanne Grey fut exécutée. Élisabeth lui succéda cinq ans plus tard après avoir passé près d'un an en prison en raison de son soutien supposé aux rebelles protestants.
Élisabeth Ire s'entoura d'un groupe de conseillers de confiance mené par William Cecil pour définir sa politique. L'une de ses premières décisions de reine fut d'établir l'autorité de l'église protestante anglaise dont elle devint le gouverneur suprême. Ce Règlement élisabéthain évolua par la suite pour devenir l'Église d'Angleterre. Malgré de nombreuses offres, Élisabeth Ire ne se maria jamais et la lignée Tudor s'éteignit avec elle. En vieillissant, elle devint célèbre pour sa virginité ; elle fut surnommée la Virgin Queen Reine Vierge et cet aspect fut célébré dans de nombreuses œuvres artistiques.

Elle était politiquement plus modérée que l'avaient été son père et ses frères et sœurs ; l'une de ses devises était video et taceo je vois et je ne dis rien. Élisabeth Ire était relativement tolérante sur le plan religieux et ne rechercha pas à programmer des persécutions. En 1570, le pape l'excommunia et autorisa ses sujets catholiques à ne plus lui obéir et elle échappa à plusieurs complots. Elle adopta une diplomatie prudente et ménagea les grandes puissances qu'étaient la France et l'Espagne. Elle ne soutint qu'à contre-cœur plusieurs campagnes militaires dans les Pays-Bas, en France et en Irlande qui échouèrent en grande partie du fait de manque de ressources. Après le début de la guerre anglo-espagnole en 1585, l'Espagne tenta de conquérir l'Angleterre et la défaite de l'Armada espagnole en 1588 fut l'une des plus grandes victoires de l'histoire anglaise.
Le règne d'Élisabeth Ire appelé ère élisabéthaine est associé à l'épanouissement du théâtre anglais représenté par William Shakespeare et Christopher Marlowe et aux prouesses maritimes d'aventuriers comme Francis Drake. Certains historiens ont cependant nuancé cet âge d'or supposé et qualifient Élisabeth Ire de souveraine irascible et indécise qui eut plus que sa part de chance. Vers la fin de son règne, une série de problèmes économiques et militaires affectèrent sa popularité. Élisabeth Ire est néanmoins reconnue pour son charisme et son caractère obstiné à une époque où les monarques des pays voisins affrontaient des difficultés internes qui mettaient en péril leur trône. Ce fut par exemple le cas de sa rivale Marie Ire d'Écosse qu'elle fit emprisonner en 1568 puis exécuter en 1587. Après les brefs règnes de ses demi-frère et demi-sœur, Marie Tudor, ses 44 années sur le trône ont apporté une stabilité bienvenue au royaume et aidé à forger une identité nationale.

Élisabeth fut le seul enfant d'Henri VIII et d'Anne Boleyn.

Élisabeth fut nommée d'après ses grands-mères Élisabeth d'York et Élisabeth Howard1. Son père était le roi Henri VIII d'Angleterre. Ce dernier était marié à Catherine d'Aragon avec qui il avait eu plusieurs enfants mais seule Marie, née en 1516, parvint à l'âge adulte. Désespéré d'avoir un héritier mâle, Henri entama une procédure de divorce et se rapprocha de sa maîtresse Anne Boleyn. Ils se marièrent secrètement le 25 janvier 1533 et l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, prononça le divorce du couple royal le 23 mai. À sa naissance, Élisabeth était donc devenue l'héritière présomptive à la place de sa demi-sœur Marie. Elle fut baptisée le 10 septembre et ses parrains étaient Thomas Cranmer, Henri Courtenay, Élisabeth Howard, duchesse de Norfolk et Marguerite Wotton, marquise de Dorset.
Après plusieurs fausses couches, Anne Boylen fut répudiée par le roi et exécutée le 19 mai 1536 alors qu'Élisabeth avait moins de trois ans. Elle fut déclarée illégitime et perdit le titre le princesse. Onze jours après la mort d'Anne, Henri épousa la courtisane Jeanne Seymour mais elle mourut peu après avoir donné naissance à un fils, Édouard, en octobre 1537 ; ce dernier devint donc le prince héritier. Élisabeth fut placée dans sa résidence et elle apporta sa robe de baptême lors de la cérémonie.
La première gouvernante d'Élisabeth, Margaret Bryan, écrivit qu'elle était une enfant aussi prometteuse et de dispositions aussi douces que j'en ai jamais rencontré dans ma vie, as toward a child and as gentle of conditions as ever I knew any in my life. À l'automne 1537, Élisabeth fut confiée à Blanche Herbert, Lady Troy, qui resta sa tutrice jusqu'en 15468. Catherine Champernowne, plus connue sous son nom de mariage d'Ashley, fut nommée gouvernante en 1537 et elle resta l'amie d'Élisabeth jusqu'à sa mort en 1565 ; elle lui apprit le français, le flamand, l'italien et l'espagnol. Lorsque William Grindal devint son tuteur en 1544, Élisabeth pouvait écrire en anglais, en latin et en italien et sous son enseignement, elle progressa en français et en grec. Après la mort de Grindal en 1548, Élisabeth fut éduquée par Roger Ascham et à la fin de son apprentissage en 1550, elle était l'une des femmes les plus éduquées de sa génération. À la fin de sa vie, elle parlait également le gallois, le cornique, le scots et l'irlandais en plus de l'anglais. L'ambassadeur vénitien avança en 1603 qu'elle maîtrisait ces langages si parfaitement que chacun d'eux semblait être sa langue natale.

Thomas Seymour

Henri VIII mourut en 1547 et son fils Édouard VI devint roi à l'âge de neuf ans. La veuve du souverain défunt, Catherine Parr, se remaria rapidement à Thomas Seymour, l'oncle d'Édouard VI et le frère du Lord Protecteur Edward Seymour. Le couple obtint la garde d'Élisabeth qui s'installa dans leur résidence de Chelsea. Certains historiens considèrent qu'elle y affronta une crise émotionnelle qui l'affecta jusqu'à la fin de sa vie. Seymour, qui approchait de la quarantaine mais conservait son charme, se lançait dans de nombreuses facéties avec Élisabeth alors âgée de 14 ans. À une occasion, il entra dans sa chambre en robe de chambre pour la chatouiller et la frapper sur les fesses. Parr, ne s'opposa pas à ces activités inappropriées, et y participa à plusieurs reprises ; elle immobilisa ainsi Élisabeth alors que Seymour déchirait sa robe noire en milliers de morceaux. Néanmoins, quand elle les trouva enlacés, elle mit un terme à ces activités et Élisabeth fut renvoyée en mai 1548.
Thomas Seymour continua toutefois à comploter pour contrôler la famille royale et essayer de se faire nommer gouverneur du souverain. Lorsque Parr mourut en couches le 5 septembre 1548, il recommença à s'intéresser à Élisabeth et avait l'intention de l'épouser. Les détails de son comportement antérieur avec elle furent révélés et cela fut trop pour son frère et le conseil de régence. En janvier 1549, il fut arrêté et accusé de vouloir épouser Élisabeth et de renverser le roi. Élisabeth, qui se trouvait à Hatfield House fut interrogée mais ne dit rien et son interrogateur, Robert Tyrwhitt, rapporta je peux voir sur son visage qu'elle est coupable. Seymour fut décapité le 20 mars 1549.

Marie Ire

Le roi Édouard VI mourut le 6 juillet 1553 à l'âge de 15 ans. Son testament, contraire au Third Succession Act, excluait Marie et Élisabeth de la succession et désignait comme héritier Jeanne Grey, la petite fille de la sœur d'Henri VIII, Marie de Norfolk. Elle fut proclamée reine par le conseil privé mais ses soutiens s'affaissèrent rapidement et elle fut renversée au bout de neuf jours. Marie entra triomphalement dans Londres avec Élisabeth à ses cotés.
Ce témoignage de solidarité entre les deux sœurs ne dura pas longtemps. Marie Ire, une catholique fervente, de mère espagnole, était déterminée à écraser la foi protestante dans laquelle Élisabeth avait été éduquée et elle ordonna que tout ses sujets assistent à la messe catholique ; Élisabeth fut obligée de s'y conformer en apparence. La popularité initiale de Marie Ire s'effrita en 1554 quand elle épousa le prince Philippe II d'Espagne, un catholique et le fils de l'empereur et roi d'Espagne Charles Quint. Le mécontentement se propagea rapidement dans tout le pays et beaucoup se tournèrent vers Élisabeth.
En janvier et février 1554, Thomas Wyatt mena une révolte contre les politiques religieuses de l 'intransigeante Marie Ire mais elle fut rapidement écrasée. Élisabeth fut convoquée à la cour pour y être interrogée sur son rôle ; elle déclara avec véhémence qu'elle était innocente mais elle fut emprisonnée le 18 mars à la Tour de Londres. Même s'il est improbable qu'elle ait comploté avec les rebelles, on sait que certains d'entre-eux l'avait approchée. L'ambassadeur de Charles Quint et le conseiller le plus proche de Marie Ire, Simon Renard, affirma que son trône ne serait jamais sûr tant qu'Élisabeth serait en vie et le Lord Chancelier Étienne Gardiner travailla pour organiser son procès. Les soutiens d'Élisabeth dans le gouvernement, dont William Paget, convainquirent néanmoins la reine d'épargner sa demi-sœur en l'absence de preuves solides contre elle. Le 22 mai, Élisabeth quitta la Tour et fut emmenée au palais de Woodstock où elle passa près d'un an en résidence surveillée sous la supervision d'Henry Bedingfeld. Les foules l'acclamèrent sur tout le trajet.
Le 17 avril 1555, Élisabeth fut rappelée à la cour pour assister aux dernières étapes de l'apparente grossesse de Marie Ire mais, lorsqu'il devint évident qu'elle n'était pas enceinte, plus personne ne croyait qu'elle pourrait avoir un enfant. Le roi Philippe, fils de Charles Quint, qui monta sur le trône d'Espagne en 1556, reconnut la nouvelle réalité politique et se rapprocha de sa belle-sœur. En effet, la reine Marie Ire d'Écosse, cousine d'Élisabeth, pouvait également revendiquer la Couronne d'Angleterre. Or elle était fiancée au Dauphin de France avec qui l'Espagne était en guerre ; Élisabeth représentait donc une alternative préférable. Lorsque son épouse tomba malade en 1558, le roi Philippe dépêcha le duc de Feria pour consulter Élisabeth. En octobre, Élisabeth préparait déjà son gouvernement et Marie Ire la reconnut comme son héritière le 6 novembre. Cette dernière mourut le 17 novembre 1558 et Élisabeth monta sur le trône.

Règne

Lors de la procession triomphale dans Londres le 14 janvier 1559, Élisabeth fut acclamée par la foule et son attitude ouverte et enjouée enthousiasma les spectateurs. Le lendemain, elle fut couronnée dans l'abbaye de Westminster.

Réforme religieuse Règlement élisabéthain.

Les convictions religieuses d'Élisabeth Ire ont fait l'objet de nombreux débats. Elle était protestante mais conservait des symboles catholiques comme le crucifix et minimisait l'importance des sermons malgré leur importance capitale dans la foi protestante. Par rapport à son intransigeante demi-sœur catholique Marie Ire, elle était plutôt tolérante. De manière générale, elle privilégiait le pragmatisme pour les questions religieuses. Élisabeth Ire et ses conseillers craignaient une possible croisade catholique contre l'Angleterre hérétique. La reine chercha alors une solution protestante qui n'irriterait pas trop les catholiques tout en satisfaisant les désirs des protestants anglais. Elle ne tolérait cependant plus les puritains radicaux qui demandaient des réformes profondes. Le Parlement commença alors en 1559 à légiférer sur une nouvelle Église basée sur les réformes d'Édouard VI avec le monarque à sa tête mais avec de nombreux éléments catholiques comme les habits sacerdotaux.
La Chambre des Communes était largement en faveur de ces propositions mais la loi de suprématie rencontra l'opposition des évêques de la Chambre des Lords. De nombreux évêchés étaient cependant vacants à ce moment de même que la fonction d'archevêque de Cantorbéry. Les partisans de la réforme étaient donc plus nombreux que les évêques et les lords conservateurs. Élisabeth Ire fut néanmoins forcée d'accepter le titre de gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre plutôt que le titre de chef suprême que beaucoup ne voulaient pas accorder à une femme. Le nouvel acte de Suprématie fut adopté le 8 mai 1559 et tous les fonctionnaires durent prêter un serment de loyauté au monarque sous peine de perdre leur poste ; les lois d'hérésie furent annulées pour éviter une répétition des persécutions pratiquées par Marie Ire. Une nouvelle loi d'Uniformité fut adoptée au même moment pour rendre obligatoires la présence à l'église et l'utilisation de la version de 1552 du livre de la prière commune ; les peines pour les récusants ou le non-respect de la loi n'étaient cependant pas excessives.

Question du mariage

Dès le début de son règne, il était attendu qu'Élisabeth Ire se marie et la question était de savoir avec qui. Malgré les nombreuses demandes, elle ne se maria cependant jamais, pour des raisons qui restent peu claires. Les historiens supposent que Thomas Seymour l'avait découragée d'avoir des relations sexuelles ou encore qu'elle se savait stérile. Elle considéra plusieurs prétendants jusqu'à l'âge de 50 ans et le dernier fut le duc François d'Anjou de 22 ans son cadet. Même si, comme sa sœur qui était manipulée par le roi Philippe II d'Espagne, elle risquait de perdre son pouvoir, un mariage ouvrait la possibilité d'un héritier. Le choix d'un époux pouvait également provoquer une instabilité politique voire une insurrection.

Robert Dudley

Au printemps 1559, il devint clair qu'Élisabeth Ire était amoureuse de son ami d'enfance, Robert Dudley. Il était dit qu'Amy Robsart, son épouse, souffrait d'une maladie dans l'un de ses seins et que la reine épouserait Dudley si sa femme venait à mourir. À l'automne de la même année, plusieurs prétendants étrangers se pressaient autour de la reine ; leurs émissaires impatients se lançaient dans des discours toujours plus scandaleux et rapportaient qu'un mariage avec son favori ne serait pas bien accueilli en Angleterre. Amy Dudley mourut en septembre 1560 après une chute dans les escaliers et, malgré le rapport du médecin légiste concluant à un accident, de nombreuses personnes suspectèrent Dudley d'avoir provoqué sa mort pour pouvoir épouser la reine. Élisabeth Ire envisagea sérieusement d'épouser Dudley pendant quelque temps. William Cecil, Nicholas Throckmorton et certains pairs firent connaître leur désapprobation de cette union et des rumeurs annonçaient même un soulèvement de la noblesse en cas de mariage.
Robert Dudley n'en resta pas moins un possible candidat pendant près d'une décennie et fut fait comte de Leicester en 1564. Élisabeth Ire était extrêmement jalouse et quand Dudley se remaria finalement en 1578, la reine réagit par de nombreuses démonstrations d'antipathie et de haine envers sa nouvelle épouse, Lettice Knollys. Dudley resta néanmoins, dans les mots de l'historienne Susan Doran, toujours au centre de la vie sentimentale d'Élisabeth Ire. Il mourut peu après la défaite de l'Armada espagnole. Après la mort d'Élisabeth Ire, une de ses missives fut retrouvée parmi les objets les plus personnels de la reine avec l'inscription sa dernière lettre écrite de sa main.

Aspects politiques

Les négociations en vue d'un mariage constituaient un élément clé de la politique étrangère d'Élisabeth Ire. Elle refusa la main de Philippe II d'Espagne en 1559 et négocia pendant plusieurs années pour épouser son cousin Charles II d'Autriche-Styrie. En 1569, les relations avec les Habsbourg s'étaient détériorées et Élisabeth Ire envisagea d'épouser un prince français de la maison de Valois, Henri d'Anjou puis son frère François d'Anjou de 1572 à 1581. Cette dernière union était associée à une promesse d'alliance contre l'Espagne pour l'évincer des Pays-Bas méridionaux. Élisabeth Ire sembla prendre cette possibilité au sérieux et elle porta un temps des boucles d'oreille en forme de grenouille que le duc d'Anjou lui avait envoyé.

En 1563, Élisabeth Ire dit à un émissaire impérial : si je suis les penchants de ma personnalité, ce serait mendiante et célibataire bien plus que reine et mariée. Plus tard dans l'année, après que la reine eut souffert de la variole, la question de la succession devint un sujet brûlant au Parlement. Ce dernier la pressa de se marier ou de nommer un héritier pour éviter une guerre civile à sa mort ; elle refusa les deux propositions. En 1570, les membres du gouvernement étaient devenus convaincus qu'Élisabeth Ire jamais ne se marierait ou ne nommerait de successeur ; elle fut accusée d'irresponsabilité. Son silence renforça néanmoins sa propre sécurité car elle savait que si elle nommait un héritier, son trône serait vulnérable à un coup d'État ; elle se rappelait la manière dont une seconde personne, comme je l'ai été, avait été utilisée contre ses prédécesseurs.

Le célibat d'Élisabeth Ire inspira un culte de la virginité. Dans la poésie et la peinture, elle était représentée comme une vierge ou une déesse et non comme une femme ordinaire. Initialement, seule Élisabeth Ire faisait de sa virginité une vertu ; en 1559, elle déclara à la Chambre des Communes : Et au final, cela me suffira qu'une plaque de marbre déclare qu'une reine, ayant régné tant de temps, vécut et mourut vierge. Par la suite, les poètes et les écrivains reprirent ce thème et développèrent une iconographie exaltant Élisabeth Ire. Les hommages publics à la reine vierge à partir de 1578 témoignaient secrètement de l'opposition aux négociations de mariage avec le duc d'Anjou. Élisabeth Ire insista sur le fait qu'elle était mariée à son royaume et à ses sujets sous la protection de Dieu. En 1599, elle parla de tout mes époux, mon bon peuple.

Marie Ire d'Écosse

Au début de son règne, la politique étrangère d'Élisabeth Ire envers l'Écosse visait à réduire la présence française dans le pays. Elle craignait que ces derniers n'envahissent l'Angleterre pour placer Marie Ire d'Écosse, considérée par beaucoup comme l'héritière de la Couronne d'Angleterre sur le trône. Élisabeth Ire décida d'envoyer des troupes en Écosse pour soutenir les rebelles protestants et même si la campagne fut un échec, le traité d'Édimbourg de juillet 1560 écarta la menace française au nord. Lorsque Marie Ire retourna en Écosse en 1561 après plus d'une décennie en France, le pays, qui avait établi une église protestante, était gouverné par un conseil de nobles protestants soutenus par Élisabeth Ire. Elle refusa de ratifier le traité.

En 1563, Élisabeth Ire proposa que Robert Dudley épouse Marie Ire sans en informer les deux intéressés. Ces derniers ne furent pas convaincus et en 1565, Marie Ire épousa Henry Stuart, Lord Darnley qui pouvait également prétendre à la Couronne d'Angleterre. Cette union fut la première d'une série d'erreurs de jugement de Marie Ire qui permit la victoire des protestants écossais et d'Élisabeth Ire. Darnley devint rapidement impopulaire puis détesté en Écosse pour avoir commandité le meurtre du secrétaire italien de Marie Ire, David Rizzio, et, en février 1567, fut assassiné par un groupe probablement mené par James Hepburn. Peu après, le 15 mai 1567, Hepburn épousa Marie Ire, ce qui accrédita les rumeurs selon lesquelles elle aurait été complice dans le meurtre de son mari. Élisabeth Ire lui écrivit : Quel pire choix pour votre honneur qu'en si grande hâte épouser un tel sujet, qui en plus d'autres et fameux manquements, a été publiquement accusé du meurtre de votre défunt mari dans lequel vous seriez d'ailleurs impliquée même si nous ne croyons pas à cette idée.

Ces événements entraînèrent rapidement le renversement de Marie Ire qui fut emprisonnée au château de Loch Leven. Les nobles écossais l'obligèrent à abdiquer en faveur de son fils Jacques né en juin 1566 et ce dernier fut emmené au château de Stirling pour être élevé dans la foi protestante. Marie s'échappa de Loch Leven en 1568 mais ses partisans furent défaits et elle dut se réfugier en Angleterre dont on lui avait dit qu'elle pourrait compter sur le soutien de la reine. La première intention d'Élisabeth Ire était de la restaurer sur le trône d'Écosse mais son conseil et elle décidèrent d'être plus prudents. Plutôt que de prendre le risque de ramener Marie en Écosse avec une armée anglaise ou de l'envoyer en France auprès des ennemis catholiques de l'Angleterre, ils décidèrent de la garder en prison où elle resta pendant 19 ans.
Francis Walsingham était le maître-espion d'Élisabeth Ire et il déjoua plusieurs complots contre elle.
En 1569, un important soulèvement catholique eut lieu dans le Nord de l'Angleterre avec pour objectif de libérer Marie, de la marier à Thomas Howard et de la placer sur le trône d'Angleterre. Après leur défaite, plus de 750 rebelles furent exécutés sur ordre d'Élisabeth Ire. Croyant que le soulèvement avait réussi, le pape Pie V délivra en 1570 une bulle pontificale appelée Regnans in Excelsis qui excommuniait Élisabeth, prétendument reine d'Angleterre et servante du crime et délivrait tous ses sujets de leur allégeance envers elle. Les catholiques qui continuaient de lui obéir risquaient également l'excommunication. La bulle entraîna des propositions anti-catholiques au Parlement qui furent néanmoins assouplies par la reine. En 1581, convertir des sujets anglais au catholicisme avec l'intention de les libérer de leur allégeance à Élisabeth Ire devint un acte de haute trahison passible de la peine de mort. À partir des années 1570, des missionnaires catholiques du continent se rendirent secrètement en Angleterre80; beaucoup furent exécutés et cela entraîna un culte des martyrs.

Regnans in Excelsis donna aux catholiques anglais une forte incitation à considérer Marie Stuart comme la souveraine légitime d'Angleterre. Cette dernière n'était peut-être pas informée de tous les complots catholiques visant à l'installer sur le trône mais du complot de Ridolfi de 1571 au cours duquel Thomas Howard fut décapité au complot de Babington de 1586, le maître-espion d'Élisabeth Ire, Francis Walsingham, et le conseil royal accumulèrent les preuves contre elle. La reine était initialement opposée à l'exécution de Marie mais à la fin de l'année 1586, elle fut convaincue de sa culpabilité après la découverte de lettres écrites durant le complot de Babington. La proclamation d'Élisabeth Ier indiquait que la dite Marie, prétendante au titre de cette Couronne, a imaginé dans ce royaume divers choses visant à blesser, tuer et détruire notre royale personne. Marie fut décapitée le 8 février 1587 au château de Fotheringhay. Après cette exécution, Élisabeth Ire affirma qu'elle ne l'avait pas ordonné et en effet la plupart des rapports avancent qu'elle aurait dit à son secrétaire Davidson, qui lui avait apporté la condamnation à signer, de ne pas la transmettre. La sincérité des remords d'Élisabeth Ire et ses motivations pour avoir demandé à Davidson de ne pas appliquer le mandat d'exécution, furent débattues par ses contemporains et les historiens modernes.

Guerre et commerce outre-mer

En octobre 1562, les troupes anglaises occupèrent Le Havre avec l'intention de l'échanger contre Calais qui était tombé aux mains des Français en janvier 1558. Le plan échoua car les alliés huguenots d'Élisabeth Ire rejoignirent les troupes catholiques pour reprendre la ville et les Anglais durent se replier en juin 1563. Après cette attaque, Élisabeth Ire n'entreprit pas d'autres expéditions militaires sur le continent jusqu'en 1585. Elle mena néanmoins une politique agressive par l'intermédiaire de sa flotte et de ses chiens de mer comme John Hawkins ou Walter Raleigh qui s'attaquèrent au commerce espagnol dans les Caraïbes et l'Atlantique. Elle adouba ainsi le corsaire Francis Drake après sa circumnavigation du monde entre 1577 et 1580 et ce dernier s'illustra par la suite lors de ses assauts contre les ports et les navires espagnols, spécialement dans le Nouveau Monde, d'où les galions espagnols revenaient chargés d'or et d'argent métal.

Expédition dans les Pays-Bas

En 1585, Élisabeth Ire déploya une armée anglaise pour soutenir la révolte des Hollandais protestants contre Philippe II. Cela suivait la mort, en 1584, de ses alliés le stathouder Guillaume Ier d'Orange-Nassau et le duc François d'Anjou ainsi que la reddition de plusieurs villes hollandaises au duc Alexandre Farnèse, le gouverneur espagnol des Pays-Bas méridionaux. En décembre 1584, la signature d'une alliance entre Philippe II et la Ligue catholique française par le traité de Joinville menaçait la capacité du frère du duc d'Anjou, le roi Henri III de France, à contrer la domination espagnole dans les Pays-Bas. Cela étendait également l'influence espagnole sur la côte sud de la Manche où la Ligue catholique était puissante et exposait l'Angleterre à une possible invasion91. La prise d'Anvers par Farnèse à l'été 1585 après un siège d'un an imposait une réaction anglaise et en août 1585, Élisabeth Ire signa le traité de Sans-Pareil par lequel elle promettait de soutenir militairement les Hollandais. Le traité marqua le début de la guerre anglo-espagnole qui se termina par le traité de Londres en 1604.
Même si elle était menée par son ancien soupirant, Robert Dudley, Élisabeth Ire ne lui apporta pas un soutien très franc. Sa stratégie qui consistait à simplement soutenir les Hollandais tout en menant des négociations secrètes avec l'Espagne dès les jours qui suivirent l'arrivée de Dudley en Hollande était à l'opposée de celle de Dudley et des Hollandais qui voulaient mener une campagne offensive. Il ulcéra la reine en acceptant le poste de gouverneur-général des mains des États généraux des Provinces-Unies. Élisabeth Ire considérait qu'il s'agissait d'une ruse hollandaise pour l'obliger à accepter sa souveraineté sur les Pays-Bas, ce qu'elle avait jusqu'alors toujours refusé. Elle envoya une lettre de désapprobation qui fut lue devant le Conseil d'État en présence de Dudley. Cette humiliation publique de son lieutenant-général associée à ses négociations en vue d'une paix séparée avec l'Espagne sapa profondément ses soutiens dans les Pays-Bas. La campagne militaire fut entravée par les refus répétés d'Élisabeth d'envoyer les fonds promis pour soutenir ses troupes. Sa réticence à s'engager, les mauvaises décisions militaires et politiques de Dudley et le chaos politique hollandais entraînèrent l'échec de la campagne. Dudley démissionna de son commandement en décembre 1587.

Armada espagnole

Dans le même temps, Francis Drake avait entrepris une vaste campagne contre les ports et les navires espagnols dans les Caraïbes en 1585, 1586 et 1587. Il réalisa une attaque contre le port de Cadix où il détruisit de nombreux navires de guerre rassemblés pour l'invasion de l'Angleterre.
Le 12 juillet 1588, l'Armada espagnole mit le cap sur la Manche avec une force d'invasion commandée par Alexandre Farnèse. Une combinaison de mauvaises décisions, de malchance et l'attaque de brûlots anglais près de Gravelines le 29 juillet dispersa la flotte espagnole qui fut repoussée en mer du Nord ; seule la moitié de l'Armada parvint à rentrer en Espagne. Ignorant le destin de la flotte espagnole, les miliciens anglais se rassemblèrent pour défendre le pays sous le commandement de Robert Dudley. Ce dernier invita Élisabeth Ire à inspecter les troupes à Tilbury dans l'Essex le 8 août. Portant une cuirasse en argent et une robe blanche, elle donna l'un de ses plus célèbres discours :

" Mon peuple bien-aimé, des conseillers soucieux de ma sécurité m'ont mise en garde de paraître devant mes armées, par crainte d'une trahison. Mais, je vous l'assure, je ne veux pas vivre en me méfiant de mon peuple fidèle et bien-aimé… Je sais que mon corps est celui d'une faible femme, mais j'ai le cœur et l'estomac d'un roi, et d'un roi d'Angleterre – et je me moque que le duc de Parme Farnèse ou n'importe quel prince d'Europe ose envahir les rivages de mon royaume."
La menace d'invasion écartée, la nation fêta la victoire. La procession d'Élisabeth Ire lors d'une cérémonie à l'Old St Paul's Cathedral en rivalisa avec le faste de son couronnement. La défaite de l'Armada espagnole fut un important succès de propagande à la fois pour Élisabeth Ire et l'Angleterre protestante. Les Anglais prirent leur victoire pour une preuve de la faveur de Dieu et de l'inviolabilité de la nation sous la direction d'une reine vierge. Cette victoire ne fut cependant pas le tournant de la guerre qui se poursuivit et se déroula souvent à l'avantage de l'Espagne. Les Espagnols contrôlaient toujours les Pays-Bas et la menace d'invasion restait présente. Walter Raleigh avança après sa mort que la prudence d'Élisabeth Ire avait entravé la guerre contre l'Espagne :
"Si la défunte reine avait cru en ses hommes de guerre comme en ses scribes, nous aurions en son temps réduit un grand empire en morceaux et fait de leurs rois que des figues et des oranges comme dans les temps anciens. Mais sa Majesté fit tout par moitié et par d'insignifiantes invasions apprit à l'Espagnol à se défendre et à voir ses propres faiblesses."
Même si certains historiens ont critiqué Élisabeth Ire pour les mêmes raisons, le jugement de Raleigh a plus souvent été jugé injuste. Élisabeth Ire avait de bonnes raisons pour ne pas accorder trop de confiance à ses commandants qui, comme elle l'écrivit, étaient transportés par l'orgueil dans le feu de l'action.

Soutien à Henri IV de France

Lorsque le protestant Henri IV monta sur le trône de France en 1589, Élisabeth Ire lui apporta un soutien militaire. Ce fut sa première intervention en France depuis la retraite du Havre en 1563. La succession d'Henri IV était contestée par la Ligue catholique et Philippe II; en outre, Élisabeth Ire craignait que les Espagnols ne prissent le contrôle des ports français de la Manche. Les actions militaires anglaises en France furent cependant désorganisées et peu efficaces. Peregrine Bertie, ignorant la plupart des ordres de la reine, erra dans le nord de la France avec une armée de 4 000 hommes sans remporter de véritable succès militaires. Il se retira dans la confusion en décembre 1589 après avoir perdu la moitié de ses forces. En 1591, la campagne de John Norreys à la tête de 3 000 soldats en Bretagne ne rencontra pas plus de succès. Comme pour toutes les expéditions de ce type, Élisabeth Ire regimbait à accorder les renforts et les fonds demandés par ses commandants et Norreys fut par exemple obligé de se rendre à Londres en personne pour plaider sa cause. En son absence, une armée catholique anéantit le reste de son armée à Craon dans le nord-ouest de la France en mai 1591. Deux mois plus tard, Élisabeth Ire déploya une autre force sous le commandement de Robert Devereux pour soutenir le siège de Rouen par Henri IV. Ce soutien fut peu concluant ; Devereux rentra en Angleterre en janvier 1592 et Henri IV abandonna le siège en avril. Comme d'habitude, Élisabeth Ire manquait de contrôle sur ses commandants outre-mer : Où il est, ou ce qu'il fait, ou ce qu'il va faire, nous l'ignorons.

Irlande Reconquête de l'Irlande par les Tudors

Même si l'Irlande était l'un de ses deux royaumes, une grande partie de l'île était virtuellement autonome et Élisabeth Ire devait faire face à une population irlandaise catholique qui lui était hostile et prête à comploter avec ses ennemis. Sa politique était d'accorder des terres à ses partisans et d'empêcher les rebelles de fournir à l'Espagne une base avancée pour attaquer l'Angleterre. Lors d'une série de soulèvements, les forces royales appliquèrent une politique de la terre brûlée et massacrèrent les hommes, les femmes et les enfants. Durant une révolte dans le Munster menée par Gerald Fitzgerald en en 1582, près de 30 000 personnes moururent de faim. Le poète Edmund Spenser écrivit que les victimes furent acculés à une telle misère, que tout cœur de pierre se serait apitoyé. Élisabeth Ire demanda à ses commandants que les Irlandais, cette nation barbare et grossière, soient bien traités mais elle ne montra aucun remords quand la force et le carnage furent jugés nécessaires.

Entre 1594 et 1603, Hugh O'Neill mena un large soulèvement en Irlande avec le soutien de l'Espagne alors que les combats entre cette dernière et l'Angleterre étaient à leur paroxysme. Au printemps 1599, Élisbeth Ire ordonna à Robert Devereux d'écraser la révolte. À sa grande colère, la campagne fut un échec et Devereux rentra en Angleterre en violation de ses ordres. Il fut remplacé par Charles Blount qui mit trois ans pour venir à bout des rebelles. O'Neill se rendit finalement en 1603 quelques jours après la mort d'Élisabeth Ire et peu après le traité de Londres mit fin à la guerre entre l'Espagne et l'Angleterre.

Russie

Élisabeth Ire poursuivit les relations diplomatiques établies par son demi-frère avec le tsarat de Russie. Elle écrivait souvent à son souverain, le tsar Ivan IV, Ivan le Terrible, en des termes amicaux mais ce dernier était irrité par sa focalisation sur le commerce plutôt que sur la possibilité d'une alliance militaire. Le tsar lui demanda même la garantie qu'il pourrait se réfugier en Angleterre si son pouvoir était menacé. À la mort d'Ivan IV, son fils Fédor Ier lui succéda mais ce dernier ne voyait aucune raison de maintenir des relations commerciales privilégiées avec l'Angleterre. Il déclara que son royaume était ouvert à tous les étrangers et limogea l'ambassadeur anglais Jerome Bowes. Élisabeth Ire dépêcha un nouvel ambassadeur, Giles Fletcher, pour demander au régent Boris Godounov de convaincre le tsar de reconsidérer sa position. Les négociations échouèrent et Élisabeth Ire continua de plaider auprès de Fédor avec des lettres à la fois apaisantes et réprobatrices. Elle proposa une alliance, ce qu'elle avait refusé quand cela lui avait été offert par Ivan IV, mais le tsar refusa.

Méditerranée

Les relations commerciales et diplomatiques entre l'Angleterre et les États barbaresques se développèrent sous le règne d'Élisabeth Ire. Malgré l'interdiction papale, l'Angleterre échangeait ainsi des armures, des munitions, du bois et du métal contre du sucre marocain. En 1600, Abd el-Ouahed ben Messaoud, le principal conseiller du souverain marocain Ahmed al-Mansour de la dynastie des Saadiens se rendit en Angleterre à la cour d'Élisabeth Ire, pour négocier une alliance contre l'Espagne. Malgré les promesses d'attaques et de fourniture d'armes, les négociations s'enlisèrent et les deux souverains moururent deux ans plus tard.

Des relations diplomatiques furent également établies avec l'Empire ottoman à la suite de la création de la Compagnie du Levant et de l'envoi du premier ambassadeur anglais à la Sublime Porte, William Harborne, en 1578. Un traité commercial fut signé en 1580 et de nombreux émissaires furent envoyés par les deux puissances. Élisabeth Ire échangeait des lettres avec le sultan Mourad III et dans l'une d'elles ce dernier avança que l'islam et le protestantisme avaient plus de choses en commun qu'avec le catholicisme car les deux rejetaient l'idolâtrie et il proposa une alliance. Au grand désarroi de l'Europe catholique, l'Angleterre exportait de l'étain et du plomb nécessaires à la fabrication de canons et de munitions vers l'Empire ottoman qui progressait alors dans les Balkans. Élisabeth Ire envisagea sérieusement des opérations militaires conjointes avec Mourad III durant la guerre avec l'Espagne et les corsaires anglais et barbaresques coopérèrent fréquemment pour attaquer les navires catholiques.

Dernières années

À la suite de la défaite de l'Armada espagnole en 1588, Élisabeth Ire affronta de nouvelles difficultés. Les combats contre l'Espagne et en Irlande se poursuivaient et l'économie fut affectée par les mauvaises récoltes et le coût de la guerre. Les prix augmentèrent et le niveau de vie diminua. Au même moment, la répression des catholiques s'intensifia et Élisabeth Ire autorisa en 1591 l'interrogatoire et la surveillance des propriétaires catholiques. Pour maintenir une illusion de paix et de prospérité, elle se reposa de plus en plus sur le renseignement intérieur et la propagande. Vers la fin de son règne, la montée des critiques refléta une baisse d'affection du public pour sa reine.

L'une des raisons de ce qui est parfois appelé le second règne d'Élisabeth Ire131 fut l'évolution du conseil privé dans les années 1590. À l'exception de William Cecil, les hommes politiques les plus influents étaient morts vers 1590 : Robert Dudley en 1588, Francis Walsingham en 1590 et Christopher Hatton en en 1591. Les luttes de clans au sein du gouvernement, qui étaient restées discrètes avant les années 1590, devenaient de plus en plus fatales. Une profonde rivalité opposait Robert Devereux à Robert Cecil, l'un des fils de William Cecil, pour les fonctions les plus importantes du pouvoir. L'autorité personnelle de la reine s'affaiblissait et cela fut démontré par l'affaire du docteur Lopez, son médecin personnel ; lorsqu'il fut accusé à tort de trahison par Devereux, elle ne put empêcher son exécution.

Dans les dernières années de son règne, Élisabeth Ire se reposa de plus en plus sur l'octroi de monopoles plutôt que de solliciter le Parlement pour obtenir plus de fonds en temps de guerre. Cette pratique entraîna rapidement la fixation des prix, l'enrichissement des négociants aux dépens du public et un profond mécontentement. L'agitation gagna le Parlement en 1601 et dans son célèbre Golden Speech du 30 novembre 1601, Élisabeth Ire déclara son ignorance des abus et gagna les parlementaires par ses promesses et ses appels habituels aux émotions.
Cette période d'incertitudes économiques et politiques entraîna néanmoins un épanouissement littéraire sans précédent en Angleterre. Les premiers signes de ce nouveau mouvement littéraire apparurent à la fin des années 1570 avec Euphues de John Lyly et The Shepheardes Calender d'Edmund Spenser. Dans les années 1590, sous l'influence de Christopher Marlowe et de William Shakespeare, la littérature et le théâtre anglais atteignirent leur apogée. La notion d'age d'or artistique de l'ère élisabéthaine tient essentiellement au talent des architectes, des poètes et des musiciens et assez peu à Élisabeth Ire qui ne fut jamais une grande mécène des arts.

Alors qu'Élisabeth Ire vieillissait, son image évolua progressivement. Elle était représentée sous les traits de Diane et d'Astrée puis après la défaite de l'Armada sous ceux de Gloriana, la reine des fées éternellement jeune du poème d'Edmund Spenser. Ses portraits devinrent de moins en moins réalistes et présentaient de plus en plus de symboles lui donnant une apparence bien plus jeune. En réalité, sa peau avait été marquée par un accès de variole en 1562 qui l'avait laissé à moitié chauve et l'obligeait à utiliser une perruque et des cosmétiques. Walter Raleigh avança qu'elle était une dame que le temps avait surpris. Cependant, plus sa beauté s'effaçait, plus ses courtisans en faisaient l'éloge.

Élisabeth Ire était heureuse de jouer ce rôle mais il est possible qu'elle ait commencé à croire à ses propres attraits dans la dernière décennie de sa vie. Elle se rapprocha du charmant mais irascible Robert Devereux qui prenait des libertés vis-à-vis de son pouvoir et elle continua de le nommer à des hautes fonctions militaires malgré son ineptie. Après la désertion de Devereux en Irlande en 1599, Élisabeth Ire le plaça en résidence surveillée ; il fut privé de ses monopoles l'année suivante. En février 1601, Devereux essaya d'organiser un soulèvement à Londres. Il chercha à enlever la reine mais rassembla peu de soutiens et fut décapité le 25 février. Élisabeth Ire savait que ses propres mauvais jugements étaient en partie responsables de ces événements. Un observateur rapporta en 1602 que son plaisir était de s'asseoir dans le noir et parfois verser des larmes pour pleurer Devereux.

Mort

Le portrait arc-en-ciel d'Élisabeth Ire vers 1600. Une représentation allégorique de la reine toujours jeune malgré sa vieillesse.
Quand le principal conseiller d'Élisabeth Ire, William Cecil, mourut le 4 août 1598, son fils Robert reprit le flambeau et devint rapidement le chef du gouvernement150. L'une de ses réussites fut de préparer la voie à une succession paisible. Comme Élisabeth Ire ne nommerait jamais de successeur, Cecil fut obligé de procéder en secret151 et il entama une correspondance secrète avec Jacques VI d'Écosse qui pouvait prétendre au trône d'Angleterre. Cecil entraîna l'impatient Jacques VI à se faire apprécier d'Élisabeth Ire. Cela fonctionna et le ton de Jacques VI enchanta Élisabeth Ire et selon l'historien J. E. Neale, si elle ne se prononça pas ouvertement en sa faveur, elle fit connaître son opinion par des phrases voilées mais sans ambiguïtés.
La santé de la reine resta stable jusqu'à l'automne 1602 lorsqu'une série de décès parmi ses amis la plongea dans une profonde dépression. En février 1603, la mort de Catherine Howard, sa dame de compagnie depuis 45 ans et la nièce de sa cousine Catherine Carey, fut un choc particulièrement rude. En mars, Élisabeth Ire tomba malade et resta dans une mélancolie profonde et inamovible. Elle mourut le 24 mars 1603 au palais de Richmond entre deux et trois heures du matin. Quelques heures plus tard, Cecil et le conseil mirent leurs plans en application et proclamèrent Jacques VI d'Écosse roi d'Angleterre.
Le cercueil d'Élisabeth Ire fut transporté sur la Tamise jusqu'à Whitehall par une barge illuminée par des torches. Lors de ses funérailles, un corbillard tiré par quatre chevaux portant des couvertures de velours noir amena la dépouille dans l'abbaye de Westminster. Selon le chroniqueur John Stow en Westminster était encombrée de toutes sortes de personnes dans les rues, les maisons, aux fenêtres et dans les caniveaux venus voir les obsèques et lorsqu'ils virent sa statue sur son cercueil, il y eut des soupirs, des gémissements et des pleurs généralisés comme on n'en avait jamais vu de mémoire d'homme.

Élisabeth Ire fut inhumée dans l'abbaye de Westminster dans une tombe commune à celle de sa demi-sœur Marie Ire. L'inscription latine sur la sépulture Regno consortes & urna, hic obdormimus Elizabetha et Maria sorores, in spe resurrectionis signifie Consorts sur le trône et dans la tombe, ici nous dormons, Élisabeth et Marie, sœurs, dans l'espoir de la résurrection.

Héritage

Élisabeth Ire fut pleurée par beaucoup de ses sujets mais d'autres furent soulagés par sa mort. Le roi Jacques Ier portait beaucoup d'espoirs mais sa popularité diminua et les années 1620 virent l'apparition d'une nostalgie du règne d'Élisabeth Ire présentée comme une héroïne de la cause protestante durant un âge d'or à l'opposé de son successeur considéré comme un sympathisant catholique à la tête d'une cour corrompue. L'image triomphaliste qu'Élisabeth Ire avait cultivé à la fin de son règne sur fond de luttes factieuses et de difficultés militaires économiques fut prise pour argent comptant et sa réputation s'accrut. Son règne fut idéalisé comme une période où la Couronne, le Parlement et l'Église travaillaient de concert.

Portrait d'Élisabeth Ire réalisé après 1620 durant le premier regain d'intérêt pour son règne. Le Temps dort sur sa droite et la Mort regarde par-dessus son épaule droite ; deux chérubins tiennent une couronne au-dessus de sa tète.
Cette image fabriquée par ses admirateurs protestants au début du XVIIe siècle a été durable et influente. Sa mémoire fut rappelée durant les guerres napoléoniennes lorsque la Grande-Bretagne menaçait d'être envahie. Durant l'époque victorienne, la légende élisabéthaine fut adaptée à l'idéologie impériale de la période et dans la première moitié du XXe siècle, Élisabeth Ire était un symbole romantique de la résistance nationale face à la menace étrangère. Les historiens de la période comme John Ernest Neale 1934 et Alfred Leslie Rowse 1950 interprétèrent le règne d'Élisabeth Ire comme un âge d'or et idéalisèrent la personnalité de la reine : tout ses actes étaient justes et ses caractéristiques les moins appréciables étaient ignorées ou expliquées par la pression qu'exerçait sur elle le pouvoir.

Les historiens récents ont cependant adopté une approche plus nuancée de la souveraine. Son règne est célèbre pour la défaite de l'Armada et pour les raids réussis contre les Espagnols, comme ceux de Cadix en 1587 et 1596, mais certains historiens rappellent les échecs militaires sur terre et sur mer. En Irlande, les forces royales furent finalement victorieuses mais leurs tactiques salirent la réputation de la reine. Plutôt que la championne courageuse des nations protestantes contre l'Espagne et les Habsbourg, elle est plus souvent considérée comme prudente dans ses relations diplomatiques. Elle offrit très peu de soutiens aux protestants étrangers et délaissa fréquemment ses commandants outre-mer.

Élisabeth Ire établit une Église d'Angleterre qui aida à forger une identité nationale et existe encore aujourd'hui. Ceux qui la présentèrent par la suite comme une héroïne protestante oublièrent son refus d'abandonner toutes les pratiques d'origine catholique au sein de l'Église d'Angleterre. Les historiens notent qu'en son temps, les protestants considéraient le Règlement élisabéthain comme un compromis.

Même si Élisabeth Ire mena une politique étrangère largement défensive, le statut de l'Angleterre s'affirma durant son règne. Le pape Sixte V écrivit : Elle n'est qu'une femme, maîtresse de seulement la moitié d'une île et elle est pourtant crainte par l'Espagne, la France, par le Saint-Empire, par tous. Élisabeth Ire fut la première Tudor à reconnaître qu'un monarque gouverne par l'approbation du peuple. Par conséquent, elle travailla toujours avec le Parlement et des conseillers dont elle savait qu'ils lui diraient la vérité, une forme de gouvernance que ses successeurs Stuart ne parvinrent pas à suivre. Certains historiens ont considéré qu'elle avait eu de la chance. Se félicitant de n'être qu'une simple anglaise, Élisabeth Ire croyait que Dieu la protégeait et que le succès de son règne reposait sur l'amour de ses sujets. Dans l'une de ses prières, elle remercia Dieu que :

" où les guerres et les révoltes avec de cruelles persécutions ont affecté presque tous les rois et pays autour de moi, mon règne a été paisible et mon royaume un réceptacle pour cette Église affligée. L'amour de mon peuple a été ferme et les désirs de mes ennemis contrariés. "

Élisabeth Ire a été représentée dans de nombreuses œuvres de fictions dont :

Le poème La Reine des fées 1590 d'Edmund Spenser
L'opéra The Fairy Queen 1692 d'Henry Purcell adapté du Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare
La pièce de théâtre Marie Stuart 1800 de Friedrich von Schiller
L'opéra Elisabetta, regina d'Inghilterra 1815 de Gioachino Rossini
Le roman Kenilworth 1821 de Walter Scott sur la mort d'Amy Robsart
L'opéra Elisabetta al castello di Kenilworth 1829 de Gaetano Donizetti

Elle a été jouée à l'écran par :

Sarah Bernhardt dans le film La Reine Élisabeth 1912
Athene Seyler dans le film Drake of England 1935
Florence Eldridge dans le film Marie Stuart 1936
Yvette Pienne dans le film Les Perles de la couronne 1937
Flora Robson dans les films L'Invincible Armada 1937 et L'Aigle des mers 1940
Bette Davis dans les films La Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre 1939 et Le Seigneur de l'aventure 1955
Mildred Natwick dans l'épisode Mary of Scotland 1951 de la série Pulitzer Prize Playhouse
Jean Simmons dans le film La Reine vierge 1953
Agnes Moorehead dans le film L'Histoire de l'humanité 1957
Maxine Audley dans la série Kenilworth 1957 adaptée du roman de Scott
Jean Kent dans la série Sir Francis Drake, le corsaire de la reine 1961
Catherine Lacey dans le film Le Prince Donegal 1966
Judith Anderson dans le téléfilm Elizabeth the Queen 1968 pour lequel elle fut nommée à un Emmy Award
Gemma Jones dans la série Kenilworth 1968 également adaptée du roman de Scott
Glenda Jackson dans la série Elizabeth R en 1971, pour laquelle elle remporta deux Emmy Awards, et Marie Stuart, reine d'Écosse 1972
Graham Chapman dans l'épisode Erizabeth L de la série Monty Python's Flying Circus 1972, une parodie de la série Elizabeth R
Miranda Richardson dans plusieurs épisodes de la série La Vipère noire 1986, 1987 et 2000
Quentin Crisp dans le film Orlando 1992
Helen Baxendale dans l'épisode An Evil Business de la série In Suspicious Circumstances 1996
Cate Blanchett dans les films Elizabeth 1998 et Elizabeth : L'Âge d'or 2007 pour lesquels elle fut nommée deux fois à l'oscar de la meilleure actrice
Judi Dench dans le film Shakespeare in Love 1998 pour lequel elle remporta l'oscar de la meilleure actrice dans un second rôle
Catherine McCormack dans la série Gunpowder, Treason & Plot en 2004
Anne-Marie Duff dans la série The Virgin Queen 2005
Helen Mirren dans la série Elizabeth I 2005
Angela Pleasence dans l'épisode Peines d'amour gagnées de la série Doctor Who 2007)
Kate Duggan, Claire McCauley et Laoise Murray dans la série Les Tudors 2008-2010
Vanessa Redgrave et Joely Richardson dans le film Anonymous 2011
Joanna Page dans l'épisode Le Jour du Docteur de la série Doctor Who 2013

Liens

http://youtu.be/pCvJImomqHQ C'est femmes qui font l'Histoire
http://youtu.be/jtoihRa2pfU La reine vierge
http://youtu.be/8roKo52ItAQ La vie secrète de la reine Elisabeth
http://youtu.be/k-VkmQJE_wA La reine assassinée


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Posté le : 06/09/2014 23:09
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Caligula
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Le 31 août 12 à Antium naît Caligula, en latin : caïus* Caesar*Augustus*

Germanicus,

troisième empereur romain, régnant de 37 à 41, succédant à Tibère. Il meurt, à 28 ans, assassiné par plusieurs membres de la garde prétorienne le 24 Janvier 41, à Rome. Après un début de règne prometteur, où il est en grande faveur auprès du peuple romain, il devient peu à peu un empereur autocratique, délaissant et assassinant ceux qui avaient soutenu son ascension, tout en nourrissant une grande haine pour le Sénat. Il est inhumé dans le mausolée d' auguste, il est le fils de Germanicus et Agrippine l'aînée, il épouse Junia Claudilla de 33 à 34, Livia Orestilla de 37 ou 38,
Lollia Paulina en 38 puis Cæsonia Milonia jusqu'à sa mort.


En bref

Empereur romain de 37 à 41 après J.-C,Caius Julius Caesar Germanicus, arrière-petit-fils d'Auguste, et fils de Germanicus et d'Agrippine l'Ancienne, sa jeunesse et la séduction de sa personne, ainsi que la mémoire de son père, lui valurent une immédiate popularité lorsqu'il succéda à Tibère. On attribue à une maladie grave qui le frappa en octobre 37 le brusque changement de son caractère. Le monde romain, soumis à cet empereur psychopathe, entra dès lors dans une ère d'extravagances qui suscita de violentes réactions. Le règne de Caligula fut riche en complots ; le dernier, fomenté par les tribuns des cohortes prétoriennes, lui fut fatal. Il connaît très jeune la vie des camps avec son père Germanicus ; il y reçoit le surnom de Caligula ou petit brodequin. Protégé par Tibère, il est considéré comme son héritier après la conjuration de Séjan. À la mort de l'empereur, en 37, il est acclamé par les troupes de Misène, et sa désignation est confirmée par le Sénat et par le peuple. Peu préparé à sa nouvelle tâche, mal entouré, trop jeune pour être sûr de lui-même mais profondément imbu des prérogatives de sa fonction, il mène une politique peu cohérente qui mécontente rapidement une grande partie des milieux dirigeants. (C'est, du reste, leur opinion défavorable qu'a transmise l'historiographie romaine.) Très hostile au Sénat, il cherche par des mesures démagogiques à trouver des compensations dans la plèbe de Rome ; porté aux innovations venues d'Orient, il choque par son attitude religieuse (il apparaît costumé en Jupiter ou en Hercule et veut qu'on le compare à Neptune). Sa politique extérieure reste pacifique et prudente malgré l'annexion de la Maurétanie. Répandant la terreur par des procès de lèse-majesté, il doit déjouer de nombreux complots ; il ne peut éviter celui que fomentent des tribuns des cohortes prétoriennes, qui l'assassinent le 24 janvier 41. Caligula disparaît sans avoir assuré sa succession.

Son enfance

Caius Augustus Germanicus, Caligula petite sandale en latin, fils du très populaire Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, naît la veille des calendes de septembre en l'an 12, sous le consulat de son père et de C. Fontenius Capito. Il est le petit neveu et aussi le fils adoptif de l'empereur Tibère, lui-même beau-fils et fils adoptif de l'empereur Auguste. Caligula est aussi l'arrière-petit-fils en ligne directe d'Auguste par sa grand-mère Julie; Par sa seconde grande-mère Antonia, il est un descendant de Marc-Antoine. Il a cinq frères et sœurs : Nero Iulius Caesar, Drusus III, Drusilla, Agrippine la jeune et Julia Livilla.

Selon Suétone, ce n'est que vers l'âge de deux ans qu'il fut envoyé en Germanie rejoindre sa famille. Enfant, il accompagna sa mère qui suivait souvent son père dans les camps militaires et ses bottines adaptées à ses petits pieds lui ont valu le surnom de Caligula, diminutif de caliga, qu'il finit par détester. Il fit partie du voyage vers la Syrie, qui vit la mort de son père. À son retour, il fut d'abord confié à sa mère, Agrippine l'Aînée, puis, après la relégation de celle-ci à sa bisaïeule Livie. En 29, à la mort de cette dernière, il prononça son éloge funèbre et fut recueilli par sa grand-mère Antonia, avant de rejoindre finalement Tibère5.

La succession de Tibère

Tibère avait assigné sa succession conjointement à son propre fils Gemellus et à Caligula, qui se fit seul reconnaître par le Sénat en l'an 37. Le nouvel empereur adopta d'abord Gemellus, avant de le faire exécuter en 37 ou 38 pour un obscur complot.

" Lui succéda Caius, fils de Germanicus et d'Agrippine, que l'on nommait aussi Germanicus et Caligula. Tibère avait en fait laissé le pouvoir suprême à son petit-fils Gemellus ; mais Caius fit parvenir au Sénat les dispositions testamentaires par l'intermédiaire de Macron, les rendit caduques grâce à l'intervention des consuls et grâce à d'autres qu'il avait placés là à cet effet, invoquant la folie du testateur qui remettait les rênes à un enfant qui n'avait même pas encore le droit d'entrer dans la salle du Conseil. C'est ainsi que promptement, à cette époque, Caius lui enleva le pouvoir ; et plus tard, bien que l'ayant adopté, il le fit assassiner. "

Pendant six mois, les Romains purent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur faisait oublier la sinistre fin du règne de Tibère. Pour ses premières actions, le Sénat lui décerne un bouclier honorifique en or, que, tous les ans, les collèges des pontifes devaient porter au Capitole, suivis du sénat et de la jeune noblesse qui chantait des hymnes à sa louange. Son règne bascule par la suite dans la démesure. Ce changement a longtemps été mis sur le compte d'une grave maladie à l'automne 37 mais une analyse minutieuse montre qu'elle n'entraîne aucun changement politique significatif.

Son règne

Dès lors il s'achemina comme son grand-oncle vers le despotisme, s'adonnant, selon certaines sources, à la débauche, on lui prête entre autres une longue liaison incestueuse avec sa sœur Drusilla, qui pourrait trouver sa source dans la volonté d'imiter les mariages consanguins égyptiens et la tentation du despotisme oriental.
Le prince descendait d'Antoine, et l'on connaît la fascination qu'exerçait sur ce dernier la monarchie à l'orientale. Certains assurent qu'il était en fait déjà atteint psychologiquement avant son avènement, mais que, le pouvoir aidant, il devint vite un empereur tyrannique et mégalomane, se prenant pour Jupiter. Cependant, de nombreux historiens et écrivains modernes s'interrogent sur la folie réelle du jeune empereur. L'étude des sources anciennes remet en question la théorie de l'empereur fou. Son court règne concorde avec la première tentative de divinisation d'un prince vivant, sur le modèle des monarchies hellénistiques.

Il ridiculisa le Sénat et l'institution des consuls, notamment en prostituant les épouses des sénateurs, fit assassiner ou bannir la plupart de ses proches, et on l'accuse encore de s'être amusé à faire pratiquer d'horribles tortures en plus de meurtres arbitraires. La principale source sur son règne, Suétone, est cependant très partisane, les méthodes de Caligula ne différant guère de celles de la plupart des Princeps. Il se concilia cependant le peuple notamment avec les jeux du cirque.
C'est sous son règne qu'eurent lieu les émeutes anti-juives d'Alexandrie 38-40, un épisode relaté par Philon d'Alexandrie dans Légation à Caius.

La chute

Une dernière conjuration eut enfin raison du princeps : en l'an 41, après trois ans dix mois et huit jours de règne selon Suétone, il fut assassiné dans sa 28e année par les soldats de sa garde, sans que l'on sache qui était le commanditaire. Selon toute vraisemblance, il s'agissait d'un meurtre domestique plus que politique. Le Sénat, probablement après des accords plus ou moins discutables, accorda le principat à son oncle Claude. Celui-ci épousa plus tard une autre sœur de Caligula, Agrippine la Jeune, la mère du futur Néron, le dernier des Julio-Claudiens.

Arbre généalogique des Julio-Claudiens

Plutôt que de le considérer comme un fou, un grand nombre de spécialistes et d'historiens modernes voient en lui les symptomes d'une maladie bien connue et assez bien diagnostiquée de nos jours : la Schizophrénie.

Sur Caligula Caligula devant l'Histoire

Juste après Tibère, Caligula, toujours de la même famille impériale, les Julio-Claudiens, est un autre exemple extrême de l'étonnant système politique romain. La succession familiale l'avait placé sur le trône, les institutions ne pouvaient l'en déloger et les conjurations ne purent jamais l'abattre : séduit par l'Orient, il comptait régner à Rome comme un prince oriental qui, à l'exemple d'un Dieu vivant, dispose de ses sujets comme des objets et n'a de compte à rendre à personne.

Portrait

"Caligula avait la taille haute, le teint livide, le corps mal proportionné, le cou et les jambes tout à fait grêles, les yeux enfoncés et les tempes creuses, le front large et torve, les cheveux rares, le sommet de la tête chauve, le reste du corps velu ; aussi, lorsqu'il passait, était-ce un crime capital de regarder au loin et de haut ou simplement de prononcer le mot chèvre, pour quelque raison que ce fût.
Quant à son visage, naturellement affreux et repoussant, il s’efforçait de le rendre plus horrible encore, en étudiant devant son miroir tous les jeux de physionomie capables d’inspirer la terreur et l’effroi. "
— Suétone, Vie des douze Césars, Caligula 50

Cette description physique émise par Suétone au sujet de l'empereur Caligula est extrêmement riche et sombre : le polygraphe, dans son œuvre, le décrit pareil à une chèvre, monstrueux, afin d'accentuer l'horreur de ses actions commises durant son règne.
Cette description ne peut évidemment pas être prise au premier degré, elle est une caricature évidente. On connaît le portrait de Caligula grâce à des bustes de marbre ou grâce aux portraits monétaires.
Pour beaucoup, à l'instar de Néron mais bien avant lui, Caligula restera dans l'histoire comme l'archétype de l'empereur fou, à travers le portrait peu flatteur qu'en ont fait ses biographes, en particulier l'historien Suétone.
Pourtant si on la détaille, cette folie, réelle ou feinte, s'apparente plus à une longue suite d'impertinences et de provocations :

Son obsession de la décollation :

" Si seulement le peuple romain n’avait qu’un seul cou ! " ;
Chaque fois qu’il embrassait le cou de son épouse ou d’une conquête passagère, il ajoutait de façon cynique :
" une si jolie nuque sera tranchée dès que j’en donnerai l’ordre !";
Lors d'un festin, il se mit à rire aux éclats et répondit aux deux consuls placés près de lui qui lui en demandaient avec ménagement la raison :
" Quand je pense que sur un seul geste de moi vous pouvez être égorgés tous les deux à l’instant !"

Une folie nommé Incitatus.

À son cheval favori Incitatus, outre une écurie de marbre et une mangeoire en ivoire, il fit donner une troupe d’esclaves et du mobilier. On dit même qu’il projetait de le faire consul, mais qu'il voulut faire, vraiment, de son cheval favori un consul n'est certainement qu'une légende.
"La veille des jeux du cirque, indique Suétone, pour que son cheval Incitatus ne fût pas troublé dans son repos, il avait coutume de faire imposer le silence au voisinage par des soldats ".
Ce serait la veille de cette nomination supposée que sa garde prétorienne l'aurait assassiné.

Ses phrases restées célèbres

" Oderint, dum metuant :Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ! "
Il s'agit là en fait d'une reprise par Caligula d'une phrase célèbre de son prédécesseur l'empereur Tibère Oderint, dum probent ,
"Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils m'approuvent "
la version de Caligula, avec metuant, est empruntée à la tragédie Atrée de Lucius Accius ; Tibère en avait quelque peu atténué la violence. Cette phrase est également sa devise ;
"Le pouvoir donne ses chances à l'impossible." La phrase d'origine complète étant : "J'aime le pouvoir car il donne ses chances à l'impossible."
"Si le peuple ne pouvait avoir qu'une seule tête. "

Noms et titres Noms successifs
12, né CAIUS•IULIUS•CAESAR•GERMANICUS
37, accède à la pourpre : CAIUS•CAESAR•AUGUSTUS•GERMANICUS

Titres et magistratures

En 34, il reçoit les titres de Pontifex maximus et de Pater patriae
Consul en 37 et 38
Détient la puissance tribunicienne à partir de 40 renouvelée annuellement le 28 mars
Acclamé Imperator lors de son avènement en 37

Titulature à sa mort
Quand il fut assassiné en 41, Caligula avait la titulature suivante :

CAIVS•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIA•POTESTATE IIII, CONSVL•IIII, PATER•PATRIAE
Caius César Auguste Germanicus, pontife suprême, investi de la puissance tribunicienne pour la 4e fois, consul pour la 4e fois, père de la Patrie.

Œuvres artistiques inspirées de sa vie

Albert Camus a écrit une pièce de théâtre, Caligula où l'on assiste à la réalisation d'un homme contre un monde qui ne lui offre aucun espoir. La mort de Drusilla, son amante et sa sœur, amène Caligula à la conscience de cette vérité - les hommes meurent et ne sont pas heureux, et le jeune homme sensible qu'il était devient un monstre d'une insatiable cruauté. Camus aborde notamment dans cette œuvre le thème des limites de la liberté absolue, celle que confère le pouvoir le plus absolu qui soit. Caligula s'est proclamé dieu. Il n'y a aucune entrave à l'exercice de sa liberté, et il l'exerce pleinement, sans aucune mesure. Mais cette liberté entre en contradiction avec son être, avec sa vie même. Et cette contradiction, selon la promesse de Caligula, devra être résolue.
Hubert Monteilhet a écrit un roman historique, Neropolis. Roman des temps néroniens, dont la première partie se déroule sous Caligula et dans lequel l'un des protagonistes a à souffrir du regard que l'Empereur a posé sur lui.
La journaliste Cristina Rodriguez et l'historiographe Domenico Carro ont publié il y a peu un roman historique, Le César aux pieds nus, retraçant la fin du règne de Tibère et la jeunesse de Caligula. Cet énorme ouvrage, preuves archéologiques et historiques à l'appui, montre Caligula sous un jour nouveau.
Nicolas Le Riche, danseur étoile à l'Opéra de Paris, a créé en 2005 un ballet en cinq actes inspiré de la vie de Caligula.
En 1979, sort Caligula, un film de Tinto Brass avec Malcolm McDowell dans le rôle titre. Ce film fut produit par Bob Guccione, éditeur et propriétaire de Penthouse, aussi contient-il des scènes à caractère pornographique. On y retrouve également des acteurs « classiques » britanniques comme Peter O'Toole, John Gielgud ou Helen Mirren.

Liens

http://youtu.be/yIvEiNKsMnA Caligula
http://youtu.be/NTWhsWIrq28 Caligula l'empereur fou
http://youtu.be/GJfODxolsno Caligula le fou en Anglais
http://youtu.be/V44EaFZuPoQ Caligula le roman


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[img width=600]http://www.independent.co.uk/migration_catalog/article5160487.ece/alternates/w620/Caligula%20(1979)%20.jpeg[/img]

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Posté le : 30/08/2014 23:14
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Opération Himmler
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Le 31 août 1939 est lancée l'opération Himmler, du nom du haut dignitaire

du IIIe Reich
.

Elle consiste en un plan élaboré par l'Allemagne nazie pour pouvoir déclarer la guerre à la Pologne. Des prisonniers, déguisés en militaires polonais, passent en Pologne et annoncent à la radio un appel au soulèvement contre Hitler. Cette provocation inventée et planifiée permet à l'Allemagne de déclencher l'invasion de la Pologne provoquant l'entrée en guerre de la France et du Royaume-Uni.
L’incident de Gleiwitz, le 31 août 1939, a servi de prétexte pour déclencher la guerre contre la Pologne le 1er septembre 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit en réalité d'une opération, l'opération Himmler, montée de toutes pièces par les nazis.

Après l'annexion de la Tchécoslovaquie, grisé par les derniers succès de sa politique d'agression, Hitler déclara, le 23 mai 1939 : « Il n'est pas question d'épargner la Pologne.
Il souhaitait annexer la ville libre de Dantzig, anciennement allemande mais séparée de l'Allemagne lors du traité de Versailles pour offrir à la Pologne un accès, appelé le Corridor de Dantzig, à la Baltique.
L'autre volonté du chancelier était, bien entendu, la conquête de son espace vital, le Lebensraum1.
Face à cette agression imminente, la Pologne n’était pas en bonne posture. En effet, de 1926 à 1936, le pays se trouvait sous l'autorité du maréchal Pilsudski, qui, se sentant suffisamment protégé par l'Allemagne, avait, juste avant sa mort, signé un pacte de non-agression avec celle-ci.
Les militaires lui ayant succédé refusèrent alors tout accord avec un pays démocratique et participèrent au démantèlement de la Tchécoslovaquie en s'appropriant le district de Teschen.
En outre, le ministre des Affaires étrangères Józef Beck éprouvait une certaine sympathie pour le nazisme.

Mise en route de l'opération

Himmler, homme de confiance d'Hitler, fut convoqué le 23 juin 1939 à la réunion du conseil de défense du Reich pour arrêter les modalités de l'opération. Himmler conçut lui-même le plan de l'opération qu'il nomma opération Himmler.
L'opération consistait à organiser une fausse agression polonaise contre l'Allemagne, fournissant à Hitler un prétexte pour riposter en envahissant la Pologne. Cette fausse agression consistait en l'attaque de l'émetteur radio par des soldats en uniforme polonais, lesquels diffuseraient un appel aux populations de Silésie à se soulever contre l'Allemagne.
Himmler confia la réalisation du plan à Heydrich. Heydrich appela l'un de ses bras droits, Alfred Naujocks, rencontré à Kiel après son entrée dans les SS. Naujocks, à son tour, choisit six hommes du SD. Himmler exigea de l'Abwehr qu'elle lui fournisse de véritables papiers et uniformes militaires polonais. Wilhelm Canaris, chef de l'Abwehr, tenta d’empêcher l'opération, mais Wilhelm Keitel, chef de l'OKW, dont dépendaient les services de Canaris, se rangea avec Himmler3.
Heinrich Müller, chef de la Gestapo, fournit les derniers éléments du plan : douze criminels issus de camps de concentration, déguisés en Polonais, destinés à être laissés pour morts sur les lieux de «'attaque. Heydrich leur donna le nom de code « conserves » ; il leur avait été promis qu'en échange de cet acte patriotique, ils seraient libérés des camps.

L'attaque de l’émetteur radio

Les six membres du SD et les douze prisonniers déguisés en Polonais arrivèrent à Gliwice et diffusèrent un message appelant la minorité polonaise de Silésie à prendre les armes pour renverser le chancelier allemand Adolf Hitler. Les douze prisonniers furent ensuite abattus et l'on convoqua plusieurs journalistes pour témoigner de l'attaque polonaise. Ce prétexte, repris par la propagande nazie comme casus belli, permit à Hitler d'attaquer la Pologne dès le jour suivant, entraînant dans la foulée la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni. Le conflit devenait mondial5.
L'opération qui s'ensuivit porte le nom de campagne de Pologne.

Les excès du traité de Versailles et l'expansion hitlérienne

À l'issue de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles de 1919 a été considéré par l’Allemagne comme un diktat, qui la condamne à reconnaître sa responsabilité unilatérale dans le déclenchement de la guerre, à payer au titre de « réparations » pour les dommages causés aux personnes et aux biens (une somme qui implique des versements échelonnés jusqu'en 1988, à subir des amputations de territoires à l'est et une limitation de sa souveraineté à l'ouest (démilitarisation de la Rhénanie.
Mais on ne peut imputer aux seuls excès du traité la responsabilité de cette nouvelle guerre. Sans doute, l'épuisement économique et démographique des vainqueurs de 1918, leurs divisions (et notamment la crainte de l'Angleterre de voir la France trop puissante), l'éclatement de l'Europe danubienne en de nouveaux États aux frontières contestables et contestées, l'impuissance d'une Société des Nations (SDN) imposée mais aussitôt refusée par les États-Unis, la crise économique mondiale de 1929, enfin, constitueront autant de facteurs accentuant la fragilité du nouvel équilibre international.

La responsabilité de l'Allemagne nazie

Il n'empêche que c'est d'abord à l'Allemagne d'Adolf Hitler qu'appartient la responsabilité fondamentale de ce conflit.
Soulevé par la mystique du national-socialisme, Hitler est installé en 1933 au pouvoir par le président Hindenburg dans un pays rongé par le chômage et les conséquences économiques et sociales d'une inflation catastrophique. Son objectif est d'effacer le diktat de Versailles et d'assurer à l'Allemagne l'« espace vital » nécessaire à son expansion démographique : le réarmement va donc lui servir à la fois à préparer les conditions d'un changement politique et à remédier à la crise.
Quelques années plus tard commencera la folle aventure de ses coups de force, auxquels la faiblesse et les illusions de l'Angleterre et de la France ne répondront que par autant de renoncements. En particulier, leur absence de riposte à la réoccupation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht – en violation du traité de Versailles –, le 7 mars 1936 retirait aux démocraties occidentales tout moyen de coercition à l'égard de l'Allemagne nazie.

Le rapprochement de Mussolini vers l'Allemagne nazie

En Italie, Mussolini a pris le pouvoir dès 1922, dans un pays qui s'estime lésé par les traités de 1919 et de 1920 : les accords avec l'Autriche-Hongrie et la Yougoslavie ne répondent pas aux promesses faites par les Alliés le 26 avril 1915 (traité de Londres), lorsqu'ils avaient détaché l'Italie de la Triplice. Pourtant, lors de la conférence de Stresa (avril 1935), Mussolini conclut avec la Grande-Bretagne et la France une entente qui stipule que les trois pays s'opposeront à toute modification des traités. Mais, contré par la Grande-Bretagne et la France lors de l'affaire éthiopienne (→ campagnes d'Éthiopie, octobre 1935), Mussolini se rapproche de Hitler et dénonce les accords de Stresa.

L'expansionnisme nippon

Au même moment s'affirmaient en Extrême-Orient les visées expansionnistes de l'empire japonais. Ayant imposé son protectorat à la Mandchourie, occupé la province chinoise de Jehol et quitté la SDN (1933), le Japon entre en 1937 en guerre avec la Chine ; il occupe rapidement Shanghai, Nankin et les principaux ports du Sud-Est (1939), refoulant à Chongqing Tchang Kaï-chek.
L'extension de l'influence nippone dans le Pacifique ne provoque aucune réaction des États-Unis, alors entièrement absorbés par le redressement de leur économie et qui n'interviendront pratiquemen pas dans la crise internationale d'où sortira la Seconde Guerre mondiale.
Pour en savoir plus, voir l'article guerres sino-japonaises.

Le déclenchement de la guerre par la violation des accords de Munich par Hitler

Mais c'est dans la vieille Europe que les exigences démesurées du dictateur allemand, encouragé par la démission des démocraties occidentales, allumeront le conflit.
Après s'être habilement assuré à l'automne de 1936 du soutien politique du Japon par la signature du pacte Antikomintern, dirigé contre l'URSS, et de l'alliance de l'Italie fasciste par la constitution de l'Axe Berlin-Rome, Hitler annexe l'Autriche en mars 1938, Anschluss. La guerre est évitée de justesse par les accords de Munich, septembre, qui, en acceptant l'incorporation au Reich du territoire des Sudètes, amorcent le démembrement de la Tchécoslovaquie.
Dès mars 1939, ces accords sont violés par Hitler, dont les troupes entrent à Prague, tandis que Mussolini, un mois plus tard, annexe l'Albanie, puis signe avec Hitler le 22 mai 1939 le pacte d'Acier, traité de Berlin, qui enchaîne inconditionnellement l'Italie à l'Allemagne.
Cette fois, Paris et Londres décident enfin de résister. Aussi, quand Berlin somme brusquement Varsovie, le 25 mars 1939, de soumettre à un aménagement le statut de Dantzig et du corridor, Gdańsk, Londres prépare-t-il avec diligence un traité d'alliance avec la Pologne, et Paris confirme le sien. Les deux capitales étendent leurs garanties à la Roumanie et à la Grèce le 13 avril. Un accord semblable est conclu entre la Grande-Bretagne, la France et la Turquie, le 19 octobre, après la cession à Ankara du sandjak d'Alexandrette, aujourd'hui Iskenderun, détaché de la Syrie alors sous protectorat français.

Le pacte germano-soviétique

À l'approche de l'été de 1939, la seule inconnue qui demeure dans les données initiales d'un conflit désormais inéluctable est l'attitude de l'URSS. Sans doute la France et l'Angleterre espèrent-elles encore que l'inconnue de Moscou empêchera Berlin de se lancer dans une guerre générale.
Le 11 août, une mission militaire franco-britannique est dépêchée en URSS pour tenter d'obtenir l'appui de l'Armée rouge contre les nouveaux appétits de l'Allemagne nazie. Aussi est-ce avec stupeur que Paris et Londres apprennent la signature dans la nuit du 23 au 24 août 1939 d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS, dont la négociation avait été tenue rigoureusement secrète, pacte germano-soviétique.
Les grandes purges qui, de 1936 à 1938, avaient bouleversé le monde soviétique, décimé les cadres de l'État et du parti et décapité l'Armée rouge de son haut commandement avaient sans doute mis l'URSS hors d'état d'intervenir en Europe. En changeant son ministre des Affaires étrangères Molotov remplace Litvinov, Staline prenait le parti d'éloigner la guerre de son pays au prix d'une aide politique, économique et militaire à l'Allemagne, mais aussi en échange de substantiels profits : l'annexion de la Pologne orientale, des pays Baltes et de la Bessarabie était prévue par une annexe secrète au pacte du 23 août.

L'invasion de la Pologne

Ayant chassé le spectre de toute menace à l'est, Hitler a désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août 1939, il lance à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l'aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchit sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne peut ignorer qu'il va se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne.
Aussi, après l'échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne bientôt suivie par les dominions et la France déclarent-elles le 3 septembre 1939 la guerre à l'Allemagne.
Arguant de sa faiblesse militaire, l'Italie demeure provisoirement non belligérante, tandis que les États-Unis proclament leur neutralité armée, confirmée le 3 octobre par la déclaration de neutralité des républiques latino-américaines.

Première partie : les victoires de l'Axe, 1939-1942

Les succès allemands sept. 1939 - juin 1940

L'invasion de la Pologne par la Wehrmacht armée de terre commence le 1er septembre 1939 à 5 heures, sans mobilisation préalable et sans déclaration de guerre ; un groupe de SS Schutzstaffel, brigade de protection, déguisés en soldats polonais, a justifié l'invasion par un simulacre de raid polonais en territoire allemand. Les Allemands possèdent l'arme de la guerre éclair : la Panzerdivision, unité autonome disposant d'environ 300 chars, de troupes d'assaut motorisées, d'une artillerie tractée ; ravitaillée par air, agissant en étroite liaison avec l'aviation, elle allie mobilité et puissance.

L'écrasement de la Pologne

Avant même que la mobilisation française fût achevée et le corps expéditionnaire britannique débarqué, les troupes polonaises – dans lesquelles la cavalerie jouait encore un grand rôle – étaient bousculées, puis anéanties et faites prisonnières. Cinq armées allemandes, dont quatre divisions blindées, convergent vers Varsovie par Bromberg, Łódz et la haute Vistule. Tandis que l'aviation du Reich incendie des villes sans défense, dont la capitale polonaise, une cinquième colonne joue un rôle actif en Posnanie au profit des envahisseurs.

Dès le 9 septembre s'engage la bataille pour Varsovie, la Wehrmacht attaquant l'armée polonaise, qu'elle a tournée, de l'est vers l'ouest. Le 17 septembre, en application du pacte germano-soviétique, l'Armée rouge envahit la Pologne orientale.

Varsovie, assiégée, bombardée, résiste quelques jours ; le 27 septembre, privée d'eau, elle se rend. Le 28 septembre a lieu le cinquième partage de la Pologne, cette fois entre l'Allemagne et l'U.R.S.S. Le gouvernement et quelques milliers de soldats polonais ont réussi à passer en Roumanie, d'où la plupart gagneront le Proche-Orient. Hitler annexe au Reich Dantzig et la Posnanie. Autour de Varsovie, il crée un gouvernement général, où sévit le racisme nazi (national-socialiste) et s'instaure la terreur. Le martyr de la Pologne a commencé.

Élimination de la Pologne, 1er septembre-5 octobre 1939

Presque aussi timoré que ses homologues alliés, l'état-major allemand s'est vu imposer par Hitler l'audacieuse doctrine de la guerre éclair menée par le couple char-avion, expérimentée de 1936 à 1939 lors de la guerre civile d'Espagne et des invasions de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie.
La Pologne disposait aux ordres du maréchal Rydz-Śmigłi d'une vingtaine de divisions et de 10 brigades de cavalerie soutenues par 447 avions et 280 chars anciens.
La Wehrmacht attaque concentriquement, à partir de la Prusse-Orientale, de la Silésie et de la Slovaquie avec 63 divisions, dont 7 Panzer, soit environ 2 000 blindés et près de 2 000 avions.
Surprise en cours de mobilisation, mal déployée, l'armée polonaise, bousculée et rapidement tronçonnée, résiste jusqu'au 27 septembre. Dix jours avant, elle a reçu le coup de grâce : alors que Varsovie venait d'être investie, les forces soviétiques, conformément aux accords du 23 août, franchissaient la frontière orientale polonaise et marchaient à la rencontre de la Wehrmacht.
Conquise en vingt-six jours, la Pologne est, le 28 septembre à Moscou, l'objet d'un quatrième partage. Il fixe la ligne du Bug comme frontière germano-soviétique, en échange de quoi l'URSS obtient de s'installer dans les États baltes, y compris en Lituanie.
Quant à l'Allemagne, elle annexe Memel, Dantzig et son corridor, Gdańsk, la Posnanie et la Silésie polonaise. Les régions de Varsovie et de Cracovie, où est concentrée la population, forment un Gouvernement général placé sous administration allemande : le terme même de Pologne a disparu.
Pour en savoir plus, voir l'article campagnes de Pologne.

"Drôle de guerre à l'ouest"

Sur le front français, les opérations sont très limitées durant l'hiver 1939-1940. Sur mer, elles sont marquées par le torpillage du cuirassé anglais Royal Oak dans la rade de Scapa Flow 14 octobre et le sabordage du cuirassé allemand Graf von Spee devant Montevideo 17 décembre ; la Kriegsmarine marine de guerre ne dispose alors que de 22 sous-marins de haute mer, et la guerre sous-marine n'en est qu'à ses débuts.
Les gouvernements alliés se sont organisés pour la guerre. À Londres, Churchill prend la tête de l'amirauté, et Eden devient ministre des dominions ; à Paris, Daladier, déjà président du Conseil et ministre de la Défense nationale, s'approprie les Affaires étrangères et dissout les organisations communistes qui, à l'image de Moscou, condamnent la guerre. Il obtient les pleins pouvoirs du Parlement, tandis que le général Gamelin est reconnu généralissime du front occidental.
La stratégie demeure défensive à l'abri de la ligne Maginot et se cantonne dans un blocus dont les Alliés attendent la décision ou au moins le temps nécessaire pour réduire le retard de leurs armements.
Les forces allemandes sont supérieures à celles des Alliés dans tous les domaines, sauf la Marine : 127 divisions terrestres contre un peu plus d'une centaine ; 5 200 avions contre 1 200 pour la France et 1 700 pour la Royal Air Force ; 3 croiseurs et 3 cuirassés contre 3 croiseurs et 10 cuirassés britanniques, et une vingtaine de croiseurs lourds et 3 cuirassés à la France. Le nombre des sous-marins allemands n'est pas supérieur à celui des Français : 120 contre 130.
Une offre de paix de Hitler 6 octobre est repoussée, comme la médiation du roi Léopold III de Belgique, et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Au printemps de 1940, un voyage d'information en Europe du secrétaire d'État adjoint américain Sumner Welles, révèle l'impossibilité d'un compromis.

La drôle de guerre

À l'ouest, l'armée française a lancé une timide offensive dans la forêt de la Warndt, et conquis quelques centaines de kilomètres carrés. Mais les quatre divisions britanniques n'ont pris position en France que le 3 octobre. Certes, la France et le Royaume-Uni ont rejeté, le 6 octobre, les propositions de paix de Hitler qui reconnaissaient le fait accompli en Pologne. Le 16 octobre 1939, une contre-offensive allemande ramène les troupes françaises à leur point de départ, et même un peu au-delà, car Forbach est évacué.

Commence alors ce qu'on a appelé la drôle de guerre, c'est-à-dire un intermède de huit mois, marqué par des opérations de faible portée militaire ou diplomatique. Les hostilités se limitent à des expéditions sur la mer contre les corsaires allemands, à des escarmouches de patrouilles, à une garde symbolique sur le Rhin. Cette inaction mine le moral des soldats mobilisés.
Tout en exécutant scrupuleusement les obligations du pacte qui la lie au Reich, l'U.R.S.S. s'efforce d'obtenir des contre-parties aussi avantageuses que possible. Pour retrouver les anciennes frontières de la Russie, autant que pour créer un glacis entre elle et son inquiétant partenaire, l'U.R.S.S. occupe l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ; mais, la Finlande ayant refusé de lui céder des bases navales, terrestres et aériennes, l'Armée rouge envahit le territoire finlandais le 30 novembre. À la surprise générale, la campagne d'hiver ne permettant pas de vastes opérations et les troupes soviétiques n'étant engagées que par petits groupes, l'armée finlandaise résiste jusqu'au mois de mars 1940. La faiblesse militaire de l'U.R.S.S. paraît ainsi démontrée ; les gouvernements français et britannique envisagent une double attaque visant l'Allemagne à travers l'U.R.S.S. : un corps expéditionnaire qui irait au secours de la Finlande et un raid vers le pétrole du Caucase par l'aviation française stationnée en Syrie sous le commandement du général Weygand. En définitive, l'opération se limite à l'exclusion définitive de l'U.R.S.S. de la Société des Nations le 14 décembre 1939. Accusé de mollesse dans la conduite de la guerre, Daladier a cédé la présidence du conseil des ministres à Paul Reynaud, le 21 mars. Mais l'opinion française demeure divisée, intoxiquée par la propagande de Joseph Goebbels, ministre allemand de l'Information.

Contre l'Allemagne elle-même, le haut commandement franco-britannique se borne à supputer les intentions de la Wehrmacht en échafaudant des plans répondant à diverses hypothèses. Il apparaît clairement qu'il faudrait devancer les Allemands en Belgique, mais le gouvernement belge accepte seulement une entrée des troupes alliées en Belgique après une attaque allemande. Tirant partiellement les leçons de la déroute polonaise, l'état-major décide la création de quatre divisions blindées, dont la constitution, l'armement et l'entraînement s'effectuent lentement et difficilement ; elles ne comprennent que 170 chars en moyenne chacune, les autres blindés – dont le nombre total est sensiblement égal à celui des blindés allemands – demeurant éparpillés entre les unités.

Le blocus naval ne donne guère de résultat, l'Allemagne recevant de l'U.R.S.S. les matières premières dont elle a besoin. Cependant, la guerre sous-marine a commencé à l'initiative allemande : c'est un « contre-blocus » qui risque de gêner beaucoup l'armement et le ravitaillement du Royaume-Uni par les convois venus des dominions ou des États-Unis.

L'Italie s'étant placée en état de non-belligérance, l'état-major français ne peut pas porter la guerre dans la plaine du Pô, comme le général Gamelin l'avait un moment envisagé. L'armée allemande se renforce sans cesse, le nombre des Panzerdivisionen passant de 5 à 12. La supériorité aérienne de l'Allemagne est écrasante ; les chasseurs britanniques valent certes les chasseurs allemands, mais ils sont inférieurs en nombre ; les bombardiers alliés font cruellement défaut.

Campagne de Finlande, 30 novembre 1939-12 mars 1940

Au même moment, les états-majors alliés envisagent, pour parfaire le blocus, des actions aériennes périphériques sur les pétroles roumains comme sur les mines de fer scandinaves. Ces projets prennent corps au moment où l'URSS attaque la Finlande (30 novembre), ce qui lui vaut d'être exclue de la Société des Nations (SDN).
La résistance de l'armée finnoise étonne le monde jusqu'en février 1940, date où les Soviétiques finissent par forcer la ligne Mannerheim, qui barre l'isthme de Carélie. Par le traité de Moscou du 12 mars 1940, l'URSS annexe la Carélie finlandaise et s'empare de la presqu'île de Hanko (Hangö en suédois).

Liens

http://www.youtube.com/watch?v=cq3iemuqEUs
http://www.ina.fr/video/CPF86600828 Opération himmler Ina
http://youtu.be/cq3iemuqEUs Opération Himmler
http://youtu.be/7GbyIu7wEog Himmler Portrait d'un tueur
http://youtu.be/bxfeqtVIe9k Commémoration de l'opération Himmler
http://youtu.be/MZy4iKJ7Nn8 L'invasion de la Pologne
http://youtu.be/hBzrT3KyEn8 La drôle de guerre 2000 ans d'histoire 1/2
http://youtu.be/G9W_bLka5b0 La drôle de guerre 2000 ans d'histoire 2/2


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Posté le : 30/08/2014 22:19
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L'Eruption du Vésuve suite 2
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Un développement urbain progressif

Située à environ 25 kilomètres au sud de Naples, Pompéi jouit d'une position privilégiée, par son implantation à l'embouchure du Sarno, un fleuve navigable dont elle constitue un port stratégique. La ligne du littoral s'est aujourd'hui retirée de 4 kilomètres par rapport à l'époque antique. Le site est établi sur une ancienne coulée volcanique.
Les fouilles des années 2000 ont révélé le développement de l'habitat archaïque, même s'il reste encore difficile d'en avoir une réelle vision d'ensemble. Elles ont considérablement modifié la vision traditionnelle de la genèse du site. On le croyait en effet limité à un noyau réduit de 9 hectares environ, l'Alstadt, reconnaissable à son réseau de rues curvilignes, dans le secteur du forum civil. Or il apparaît désormais que, dès la première moitié du VIe siècle av. J.-C., une muraille englobait les 66 hectares qu'atteint la ville dans sa plus grande extension. De façon dispersée, coexistent des édifices religieux avec deux ensembles de la plus grande importance – le temple d'Apollon, auprès du forum, et le temple dorique auprès du forum triangulaire –, des secteurs d'habitat, mais aussi de grands espaces vides.
Tout d'abord sous forte influence grecque et étrusque, le site est englobé vers le milieu du Ve siècle av. J.-C. dans la zone d'expansion des Samnites, une population d'Italie centrale. Au tout début du IIIe siècle av. J.-C., à l'issue des guerres samnites 343-290 av. J.-C., Pompéi, comme toute la Campanie, entre dans la sphère d'influence romaine. La ville connaît alors un renouveau architectural important : une nouvelle muraille à agger (talus contrebutant la muraille) est construite sur un périmètre de 3 kilomètres. Le réseau de rues est régularisé, en s'orientant sur deux axes est-ouest et trois axes nord-sud.

Au cours du IIe siècle av. J.-C., la Pompéi samnite, sous domination romaine, connaît ce que l'on considère comme son « âge d'or ». Devenue une escale maritime et routière très active, elle tire ses ressources du commerce et de son agriculture, au cœur d'une zone particulièrement fertile. Les monuments publics se multiplient et les demeures aristocratiques atteignent des proportions considérables, comme la maison du Faunedont les 3 000 m2 rivalisent avec les palais contemporains de Macédoine.
En 90 av. J.-C., lors de la guerre sociale, Pompéi s'engage aux côtés des villes rebelles face à Rome. Au terme d'un dur conflit, Sylla l'emporte en 89 av. J.-C. : Pompéi devient dans les années suivantes une colonie romaine, la colonia Cornelia Veneria Pompeianorum fondée par le neveu du dictateur, à qui elle doit son nom Publius Cornelius Sulla. Des vétérans et des citoyens romains s'y établissent, aux côtés des anciens Pompéiens, et non sans tension, comme en témoigne Cicéron, Pro Sulla, 60-62. Les espaces publics mis à la disposition de la communauté se multiplient et les secteurs suburbains, où s'établissent probablement les colons, se développent. La ville se dote d'une nouvelle parure monumentale avec le début de l'époque impériale. Les nécropoles continuent de se développer le long des voies d'accès à la ville, aux abords des portes.

En 63 apr. J.-C. date aujourd'hui retenue, au lieu de celle de 62, Pompéi est endommagée par un tremblement de terre ravageur mentionné par plusieurs auteurs, dont Sénèque Questions naturelles, VI, 1. Les données archéologiques font aussi état d'au moins une autre grave secousse, une dizaine d'années plus tard. Même si la cité avait fait preuve de capacités de restructuration importantes et rapides, il reste que de nombreux chantiers de construction étaient encore en cours au moment de l'éruption finale et que le fonctionnement urbain se trouvait modifié : secteurs abandonnés, espaces transformés, mutations de propriétés.

Herculanum

Ville de la Campanie antique, à l'E. de Naples, sur les pentes du Vésuve (aujourd'hui Ercolano).
Elle a été, comme Pompéi, Stabies et Oplontis, détruite par l'éruption du Vésuve, le 24 août 79 après J.-C. Du viiie au ve s. avant J.-C., elle fut probablement habitée par une population mêlée d'Osques, d'Étrusques et de Grecs. Vers la fin du ve s. avant J.-C., elle fut conquise par les Samnites puis transformée en municipe romain en 89 avant J.-C. Le site fut découvert en 1709, mais le dégagement complet avec conservation ne fut entrepris qu'au xixe s., puis poursuivi à partir de 1927. Le centre de l'agglomération est constitué par une large rue est-ouest, le decumanus maximus, donnant accès à plusieurs édifices publics. Les maisons de la ville, pour la plupart à atrium central, avaient gardé leur décoration de peinture et de mosaïque, et souvent leur mobilier de bois, préservé par la boue. Les plus remarquables sont la « maison samnite » avec sa décoration de Ier style (stucs peints imitant des revêtements de marbre précieux), la « maison de l'atrium », à mosaïque, décorée en IIIe style sous le règne de Claude, la « maison de Neptune et d'Amphitrite » avec son nymphée revêtu de mosaïques murales. De nombreuses œuvres d'art et peintures murales sont conservées au musée de Naples. En 1997, les zones archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata ont été inscrites par l'Unesco sur la liste des sites du patrimoine mondial.

Mode posthume

La disparition de Pompéi et d'Herculanum est une tragédie humaine comme on en voit hélas à toutes les époques et sur tous les continents. Si elle a gardé une place à part dans l'Histoire, c'est qu'elle s'est avérée être une bénédiction pour les archéologues et les artistes des temps modernes.
L'éruption du Vésuve et les villes martyres sont tombées dans l'oubli pendant plusieurs siècles. Puis, au XVIIIe siècle, des paysans, en poussant leur charrue, sortent de terre des vestiges antiques. Ceux-ci suscitent la curiosité du prince d'Elbeuf, un noble de la cour des Habsbourg.
Il dirige en 1710 une campagne de fouilles sur ce qui s'avèrera être l'amphithéâtre d'Herculanum et extrait trois belles statues féminines de marbre. Il en fait don à son cousin, le prince Eugène de Savoie.
Ce premier acte de pillage va être de nombreux autres jusqu'à ce que les autorités napolitaines interdisent l'exportation des vestiges.
À la fin du XVIIIe siècle, sous le règne du falot Ferdinand VII et de sa brillante épouse Marie-Caroline de Habsbourg, le site de Pompéi devient une destination à la mode pour les nobles de toute l'Europe comme pour les savants.
Les trésors de l'empire romain recueillis à Pompéi deviennent une source d'inspiration pour les décorateurs et les artistes qui inauguren en France les styles Directoire et Empire. Ainsi le sculpteur Canova a-t-il réalisé dans le style antique la statue de Pauline Bonaparte nue que l'on peut voir à la villa Borghèse, à Rome.

Bénéfices d'une tragédie

Dès le XVIIIe siècle, les archéologues se mettent à excaver les traces presque intactes de la vie quotidienne des riches Romains, faisant de Pompéi le premier et le plus grand de tous les chantiers archéologiques.
On s'aperçoit bientôt que les meubles et les corps ensevelis sous les cendres chaudes ont laissé la place à des cavités vides en se décomposant.
L'archéologue Giuseppe Fiorelli a l'idée d'injecter du plâtre dans ces cavités de façon à restituer la forme des disparus.
D'où ces moulages saisissants des habitants de Pompéi figés dans l'attitude où la mort les a surpris.
On peut aujourd'hui visiter les ruines des deux villes et y retrouver le souvenir de l'ancienne Rome ainsi que dans le musée archéologique de Naples, qui abrite plus d'un million d'objets retrouvés sur les sites.
Reste à souhaiter qu'aucune éruption ne vienne à nouveau recouvrir les sites de Pompéi et Herculanum (la dernière éruption remonte au 17 mars 1944 et la précédente au 26 avril 1872)... D'aucuns pensent toutefois que le plus grand danger qui les menace aujourd'hui tient à la crise économique et au manque de ressources du gouvernement italien.

Liens

http://youtu.be/JryVRw_S61s C'est pas sorcier
http://youtu.be/EuZsKDPnZfI Le Vésuve destructeur de villes
http://youtu.be/CVghA67wq2k Pompéi de 5 à 8
http://youtu.be/wJzTlzLHvXw le Vésuve de 1/4
http://youtu.be/KnGC3g8anc8 Le Vésuve 2/4
http://youtu.be/_KeSAvExJs8 Le Vésuve 3/4
http://youtu.be/uz_awqcolz0 Le Vésuve 4/4
http://youtu.be/GziN79gAbqo Civilisations disparues
http://youtu.be/3bdF2Xs5BK4 le Vésuve Herculanum
http://youtu.be/zmcOVKLu_WQ L'histoire des survivants


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Posté le : 23/08/2014 22:26
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Eruption du Vésuve Début 1
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Le 24 Aout 79, selon la littérature l'éruption du Vésuve ensevelit Pompéi

,et les villes environnantes notamment Herculanum et Stabies. En dix heures, les villes d'Herculanum et de Pompéi seront entièrement dévastées par ce qui reste une des plus marquantes des catastrophes naturelles documentées par l'homme civilisé. Cet événement, parce qu'il a donné naissance à une source d'informations très complète sur la vie romaine, mais également parce qu'il est le premier phénomène naturel décrit par un scientifique, Pline l'ancien, occupe une place particulière dans l'Histoire, l'histoire des sciences et bien sûr dans la volcanologie. Dans cet article, nous allons décrire les dépôts volcaniques principaux de l'éruption de 79 du Vésuve, en les rapprochant de la chronologie des événements telle qu'elle a été relatée par Pline l'ancien et Pline le jeun
La catastrophe est rapportée par plusieurs sources littéraires et en particulier par deux lettres de Pline le Jeune à Tacite VI, 16 et 20, écrites vingt-cinq ans après l'événement. C'est au cours de cet épisode tragique que son oncle Pline l'Ancien, l'auteur de l'Histoire naturelle, alors préfet de la flotte à Misène, trouva la mort. Si l'éruption a longtemps été fixée au 24 août 79, bien que les copies manuscrites du texte de Pline indiquent des dates divergentes, les études récentes de l'archéologue Grete Stefani favorisent la date du 24 octobre 79, sur la base d'indices concordants : découverte de vin fraîchement pressé, de fruits d'automne, de braseros en état de fonctionnement, analyse de monnaies datant de la quinzième salutation impériale de Titus, donc nécessairement postérieures au début de septembre 79.

L'éruption du Vésuve provoque l'enfouissement de la riche cité romaine de Pompéi sous une pluie de cendres volcaniques. Le même jour, le port voisin d'Herculanum, à l'habitat plus populaire, est écrasé, lui, sous une coulée de roches et de laves.
Pompéi disparaît sous 6 mètres de lapilli fines particules de roches volcaniques et Herculanum sous 16 mètres de boues. Sorties de l'oubli 1700 ans plus tard, ces deux cités nous ont permis, grâce à leur malheur soudain, de connaître la civilisation romaine à son apogée avec autant de précision que si elle s'était éteinte hier.
Un volcan que l'on croyait éteint
La précédente éruption du Vésuve remontait à 3.500 ans avant JC et n'avait laissé aucun souvenir dans la mémoire des hommes. Aussi les Romains ne savaient-ils même pas que la montagne fertile dominant la baie de Naples était un volcan !
Pourtant, une alerte avait eu lieu le 5 février de l'an 62, sous le règne de l'empereur Néron. Elle s'était traduite par un violent tremblement de terre qui avait détruit une première fois Pompéi.
Sans attendre, les riches propriétaires avaient reconstruit les superbes demeures décorées de fresques, de statues, de mosaïques et de fontaines, où ils venaient se reposer des turbulences de la vie romaine.
La reconstruction était à peine terminée que le volcan se réveillait pour de bon en l'an 79, sous le règne de Titus, celui-là même qui écrasa avec son père une révolte juive.

Une surprise de taille

En une heure, le volcan propulse dans l'atmosphère un énorme nuage de cendres brûlantes en forme de pin parasol. À plusieurs kilomètres de hauteur, ces cendres d'un total de plusieurs millions de tonnes se refroidissent et retombent sous forme de poussières et de pierres ponce sur Pompéi. On parle de nuées ardentes.
Sur les 10.000 à 15.000 habitants que devait compter Pompéi, on en a retrouvé à ce jour 2.000 qui ont succombé par asphyxie. Habitués aux tremblements de terre mais ignorant tout du volcanisme, ils avaient négligé de fuir quand il en était encore temps.
Quelques heures plus tard, une coulée composée de roches en fusion et de cendres, dite pyroclastique, dévale la pente du Vésuve et carbonise instantanément Herculanum et ses habitants. On retrouvera deux mille ans plus tard des débris de squelettes. Au total, en près de 24 heures, le Vésuve entraîne la mort de plusieurs milliers de personnes dans les villes et les campagnes du golfe de Naples.
À Misène, à la pointe nord du golfe de Naples, un jeune homme de 17 ans, Pline le Jeune, assiste à l'éruption et en rédige le compte-rendu détaillé dans deux lettres. Les vulcanologues donneront bien plus tard le qualificatif de plinéen à une éruption volcanique comme celle qu'il a décrite.
L'oncle du jeune homme, Pline l'Ancien, est un savant connu pour une gigantesque Histoire naturelle en 37 volumes (on lui doit aussi cette critique des excès gastronomiques de ses concitoyens : Un cuisinier coûte plus cher qu'un triomphe.
Au moment de la catastrophe, il commande la flotte romaine qui mouille à Misène. Mû par la curiosité scientifique et par un sentiment d'humanité, il meurt asphyxié sur la plage de Stabies après avoir tenté avec ses navires d'apporter de l'aide à des habitants.
Grâce au récit de Pline, les phases de l'éruption, qui se sont déroulées sur une durée de 48 heures, peuvent être restituées avec précision. La première phase majeure, dite plinienne, est constituée d'une pluie de cendres et de ponces depuis le panache volcanique, formant une sorte de haut champignon. La seconde phase correspond à celle des nuées ardentes, qui se succèdent de façon dévastatrice ; ce sont de véritables avalanches de cendres et de fragments qui dévalent les pentes du volcan, et dont l'une frappe de plein fouet Pompéi. Les habitants qui n'ont pas fui suffoquent alors sous l'effet de l'intense chaleur et des gaz ou périssent sous les toitures écroulées. À la fin de l'éruption, l'épaisseur des dépôts pyroclastiques provenant de roches magmatiques atteint environ quatre mètres. Sur la superficie fouillée de Pompéi, les corps de 1 150 victimes ont été découverts, auxquels s'ajoutent 250 autres dans les zones suburbaines. Il est difficile d'estimer avec précision la population de Pompéi, évaluée entre 10 000 et 15 000 habitants. La plupart auraient donc eu le temps de fuir au moment de la première phase de l'éruption.

Date de l'éruption contestation.

L'éruption eut lieu en 79 selon des écrivains romains contemporains, dont Pline le Jeune. Cette date n'a jamais été sérieusement mise en doute. Elle a été établie grâce au compte rendu d'événements notoires du règne de Titus. Vespasien mourut cette année-là. Titus était le seul dirigeant quand il alla donner des ordres à Pompéi pour qu'on prête secours aux personnes déplacées. L'année suivante, en 80, il devait lutter contre un autre désastre, un grand incendie à Rome.
Le moment de l'année n'est mentionné qu'une fois dans un seul document historique, la première lettre que Pline le Jeune adressa à Tacite5. Dans la variante du manuscrit jugée universellement la plus digne de foi, on lit nonum kal. septembres, c'est-à-dire neuf jours avant les calendes de septembre, soit le 24 août, le 1er septembre entrant chez les Romains dans le calcul des neuf jours. Malheureusement, la partie des Histoires où Tacite utilisa fort probablement la lettre demandée à cette fin à son ami Pline le Jeune et mentionna la date fournie par ce dernier ne nous est pas parvenue pour confirmer la date de Pline que nous connaissons.
La remise en question de la date du 24 août par suite de fouilles archéologiques débuta avec les travaux de Carlo Maria Rosini en 1797, et une série d'archéologues ont depuis avancé des preuves défavorables à cette date, mais l'opinion d'expert la plus répandue est favorable à cette dernière depuis longtemps. La discussion de ce point s'est amplifiée quelque peu ces dernières années. Certaines des découvertes archéologiques faites à Pompéi portent vraiment à croire que la ville fut probablement ensevelie deux ou trois mois plus tard. Par exemple, les gens enterrés dans les cendres paraissent porter des vêtements plus chauds que les vêtements d'été légers auxquels on s'attendrait en août. Les fruits frais, les olives et les légumes trouvés dans les boutiques sont typiques du mois d'octobre, et inversement, les fruits d'été qui auraient été typiques d'août se vendaient déjà séchés ou en conserve. Les vases de fermentation du vin dolia étaient scellés, ce qui se faisait vers la fin d'octobre. L'une des pièces de monnaie trouvées dans la bourse d'une femme ensevelie sous les cendres fut sans doute frappée à la fin de septembre, car elle commémorait la quinzième acclamation le 8 septembre de Titus au titre d'imperator.
En 2007, Rolandi, De Lascio et Stefani ont produit une étude des données sur la direction des vents enregistrées sur 20 ans aux stations météorologiques de Rome et de Brindisi. Ils ont déterminé avec plus de précision que jamais la configuration des vents qui soufflent à plus de 14 km d'altitude dans la région du Vésuve. De juin à août inclusivement, les vents soufflent de l'ouest avec force, et le reste de l'année, de l'est. Ce fait était connu, mais les vents d'est qui soufflèrent lors de l'éruption étaient considérés comme une anomalie du mois d'août causée, supposait-on, par les faibles vents changeants de la période de transition. Les auteurs de l'étude font valoir que les vents de 79 produisirent de longs dépôts et ne furent donc pas si faibles et que la transition se produit en septembre, et non en août. Les auteurs rejettent donc la date d'août en raison de son incompatibilité avec les régimes climatiques. Le rejet ne porte pas sur le témoignage ni la date donnés par Pline ; il repose plutôt sur la possibilité que des copistes du manuscrit aient pu modifier cette date. En effet, le mois était omis dans certains manuscrits médiévaux ou anciens d'autres auteurs. Les copistes se sont peut-être sentis obligés d'indiquer un mois, mais ont fait un mauvais choix. Rolandi et ses collaborateurs avancent que la date originale devait être a.d. IX kal dec le 23 novembre ou a.d. IX kal nov le 24 octobre, plus conforme avec les observations météorologiques et la configuration des vents.

Secousses prémonitoires

Cette éruption fut précédée le 5 février 62 par un puissant séisme qui sema une destruction considérable autour de la baie de Naples, et notamment à Pompéi. Certains des dommages n'avaient pas encore été réparés lors de l'éruption du volcan. La mort de 600 moutons causée par l'air vicié dans les environs de Pompéi et rapportée par Sénèque le Jeune amène Haraldur Sigurðsson à la comparer à la mort semblable de moutons causée en Islande par des bassins de dioxyde de carbone volcanique et à émettre l'hypothèse que le séisme de 62 était lié à une nouvelle activité du Vésuve.
Un autre séisme, de moindre ampleur, eut lieu en 64 ; Suétone le mentionne dans sa biographie de Néron parce que ce séisme survint pendant que l'empereur se produisait pour la première fois dans un théâtre public à Naples, et Tacite y fait allusion dans ses Annales. Suétone raconte qu'« en vain, un tremblement de terre ébranla le théâtre ; l'empereur ne cessa de chanter que lorsqu'il eut fini son air, alors que Tacite écrit : quand les spectateurs furent sortis, le théâtre s'écroula.
Les Romains s'étaient habitués aux petits séismes de la région ; Pline le Jeune écrit qu'« on avait ressenti des signes avant-coureurs d'un tremblement de terre, mais sans en être effrayé car c'est chose courante en Campanie. De petits séismes se produisirent quatre jours plus tôt et se multiplièrent pendant les quatre jours suivants, mais la population ne reconnut pas les signes précurseurs.

Nature de l'éruption

Les reconstitutions de l'éruption et de ses effets varient considérablement dans les détails, mais comprennent les mêmes éléments généraux. L'éruption dura deux jours. La matinée du 24 fut considérée comme normale par le seul témoin oculaire qui a laissé un document qui subsiste, Pline le Jeune, qui se trouvait alors à Misène, à environ 20 milles 32 km du Vésuve, de l'autre côté de la baie de Naples, et qui n'eut pas l'occasion de parler à des habitants de Pompéi et d'Herculanum au cours des deux jours suivants il ne mentionne même jamais Pompéi dans sa lettre. Vers 13 heures, le Vésuve explosa violemment et cracha une haute colonne d'où des cendres commencèrent à tomber et à couvrir la région. Les fuites et les sauvetages eurent lieu à ce moment-là. Au cours de la nuit ou au début du jour suivant, le 25, des coulées pyroclastiques commencèrent à s'échapper du volcan. L'éclairage de ces coulées passa pour des incendies. La population environnante, même celle de Misène, prit la fuite. Les coulées, rapides, denses et très chaudes, abattirent en tout ou en partie toutes les constructions sur leur passage, brûlèrent ou asphyxièrent la population restante et modifièrent le paysage, y compris le trait de côte. Elles s'accompagnèrent de nouveaux tremblements de terre légers et d'un petit tsunami dans la baie de Naples. L'éruption était finie dans la soirée du second jour et avait laissé une brumasse à travers laquelle le soleil brillait faiblement.
Pline le Jeune rend compte de l'éruption en ces termes : Or, c'était le jour, mais tout alentour une nuit, plus épaisse qu'aucune autre, régnait, pourtant atténuée par un grand nombre de feux et de diverses lumières Lettres, livre VI, 16.

Victimes de l'éruption

Il fut fait de nombreux moulages de victimes humaines de l'éruption trouvée dans le jardin des Fugitifs à Pompéi.
Outre Pline l'Ancien, les seuls nobles connus que l'on sait avoir été tués par l'éruption sont Agrippa, fils de la princesse juive Drusilla et du procureur Antonius Felix, et son épouse.
Le nombre de citoyens de la région de Pompéi et d'Herculanum qui succombèrent sous les nuées ardentes a été estimé à 16 0001. En 2003, les contre-empreintes de 1 044 corps trouvés dans les dépôts de ponces et les dépôts pyroclastiques, ainsi que les os épars de 100 autres corps, avaient été recueillis à Pompéi. Les restes d'environ 332 corps ont été découverts à Herculanum dont 300 sous des voûtes dans les années 1980. On ignore toujours quel pourcentage du nombre total de morts ces chiffres représentent ou quel pourcentage du nombre total de personnes en danger ces morts représentent.
Trente-huit pour cent des 1 044 morts de Pompéi se trouvaient dans les dépôts de ponces, et la plupart d'entre eux, à l'intérieur de bâtiments. Les chercheurs pensent que ces derniers morts furent tués surtout par l'effondrement des toits, et le nombre moindre de victimes trouvées à l'extérieur des bâtiments furent probablement tuées par la chute d'ardoises ou les gros fragments de roche projetés par le volcan. Ces résultats diffèrent de l'expérience moderne puisque seuls 4 % des victimes ont été tuées par les pluies de cendres lors d'éruptions expulsives au cours des quatre cents dernières années. Les autres morts de Pompéi 62 % se trouvaient dans des dépôts pyroclastiques : ils moururent de suffocation, à cause de la forte teneur de l'atmosphère en cendres, ou à la suite d'un traumatisme physique dû à l'énergie cinétique de la déferlante. Par contraste avec les victimes d'Herculanum, l'examen du linge, des fresques et des squelettes de Pompéi permet d'exclure la possibilité que des brûlures aient contribué à la mortalité.
Herculanum, qui était bien plus près du cratère, évita les pluies de téphras grâce au vent, mais fut enterré sous 23 mètres de matière apportée par les déferlantes pyroclastiques. Il est probable que la plupart des morts connus de cette ville, sinon la totalité, furent tués par les déferlantes, surtout au vu des signes de chaleur extrême trouvés sur les squelettes des victimes trouvées sous les voûtes et de l'existence de bois carbonisé dans de nombreux bâtiments. Ces personnes furent toutes happées sur l'ancien rivage par la première déferlante et moururent de choc thermique, mais non par carbonisation, même si certaines d'entre elles furent en partie carbonisées par les déferlantes postérieures plus chaudes. La mort n'a pas été immédiate : les restes présentent des signes d'agonie. Les voutes étaient fort probablement des remises à bateaux, car les entretoises supérieures devaient servir à suspendre des bateaux. On n'a pas trouvé de bateaux, ce qui indique qu'ils ont peut-être servi à la fuite précoce d'une partie de la population. Les restes étaient concentrés dans les salles à raison de trois personnes au mètre carré. Comme les fouilles n'ont couvert que 85 mètres de rivage, les morts qui attendent d'être exhumés pourraient bien se compter par milliers.

Aspect de la montagne antérieur et postérieur à l'éruption

Le Vésuve, qui domine le forum de Pompéi
Les forêts, les vignobles et la végétation luxuriante qui recouvraient la partie du flanc du Vésuve où l'éruption se produisit furent détruits. Rien ne pouvait être plus impressionnant que le contraste entre l'aspect splendide de la montagne antérieur à la catastrophe et et la désolation postérieure. Ce contraste remarquable fait l'objet d'un des Épigrammes de Martial en ces termes :
" Le voilà, ce Vésuve jadis ombragé de pampres verts dont le fruit inondait nos pressoirs de son jus délectable. Les voilà ces coteaux que Bacchus, préférait aux collines de Nysa : naguère, sur ce mont, les Satyres formaient des danses légères. C'était la demeure de Vénus, qui l'affectionnait plus encore que Lacédémone : Hercule avait par son nom illustré ces lieux. Les flammes ont tout détruit, tout enseveli sous d'affreux monceaux de cendres : les dieux voudraient que leur puissance ne fût pas allée si loin."
— Martial, livre IV, épigr. XLIV23.
Après l'éruption de 1500, qui succéda à de nombreuses périodes d'activité et d'intervalles de repos, dont une première coulée de lave en 1036, les éruptions antérieures ayant produit de la matière pyroclastique mais non du magma, le volcan connut une long repos de près de 130 ans durant lequel il se couvrit à nouveau de jardins et de vignes comme auparavant. Même l'intérieur du cratère se recouvrit d'arbustes.

Le Volcan

Environnement géodynamique

L'activité volcanique du Vésuve, et plus généralement la majorité des phénomènes sismiques et volcaniques en Italie du Sud, peut être mise en relation avec la convergence entre les plaques Africaine et Eurasienne. La plaque Africaine se déplace en effet actuellement de 2,3 cm par an vers le Nord-Ouest et plonge sous l'Europe, entraînant la fermeture du bassin de la Méditerrané
Zone d'activité est un cratère sommital probablement en action du 24 au 26 octobre 79 soit pendant 2 jours, le type d'éruption est Plinienne, elle produit des phénomènes des nuées ardentes , l'émission est d'un volume de 3,3 km3 de téphra, les régions affectéessont Herculanum, Pompéi, Oplontis, Nuceria Constantia, Stabies.
Le plongement de la plaque est marqué par les séismes produits par le frottement entre la plaque chevauchante et la plaque subductée, lesquels définissent la zone de Bénioff. Sous le Vésuve, la plaque atteint une profondeur de près de 300 km.
À ces profondeurs, la température et la pression sont telles qu'elles induisent la déshydratation de la plaque plongeante. Les minéraux riches en eau se transforment alors par métamorphisme de haute pression et basse température en minéraux plus denses qui ne contiennent quasiment pas d'eau dans leur architecture cristalline. L'eau ainsi libérée induit alors une fusion hydratée du manteau en dessus de la plaque plongeante, et produit des laves que l'on retrouvera dans les émissions du Vésuve ou des champs phlégréens.
La libération de l'eau favorise la fusion des roches chaudes d'une façon un peu analogue à la formation de caramel lorsque l'on mouille du sucre chaud. En physique, on dit que l'eau abaisse le point de fusion, ou solidus. Les laves produites par la fusion hydratée sont en général riches en potassium, et c'est une signature des arcs volcaniques de subduction.

Histoire volcanique du Vésuve

La majeure partie de l'activité du Vésuve, au sein donc de l'arc de subduction, consiste en de petits épanchements de laves, sous forme de coulées, avec parfois des éruptions dites explosives, au cours desquelles la lave se met en place non pas sous forme de coulées, mais sous forme de fragments de magma, ou éjecta, appelés ponces lorsqu'ils sont gros et cendres lorsqu'ils sont petits.
L'ensemble de ces éruptions a formé un strato-volcan ancien, appelé Somma, l'ancêtre du Vésuve. Des datations radioactives potassium-argon ont donné un âge de 300 000 ans pour la base du volcan. Il y a 17 000 ans, une grosse éruption a formé un dépôt étendu de ponces, connu sous le nom de " ponces basales ". Ce dépôt marque la fin de l'activité du Somma et le début de l'activité du Vésuve.
Depuis, le Vésuve a connu sept éruptions majeures, avec des périodes de repos du volcan variant entre 400 et 4 000 ans entre deux éruptions. Chacune de ces éruptions marque le début d'un cycle éruptif que l'on peut repérer à chaque fois par un paléosol souvent calciné et recouvert par les éjecta. Le cycle qui inclut l'éruption de 79 après J.C. était le cinquième, et a commencé avec l'éruption d'Alvellino, dont les dépôts recouvrent un paléosol daté au carbone 14 à -1 760 ± 70. Cette éruption fut assez semblable par sa composition, son étendue et son intensité à celle de 79 après J.C.
De nombreux historiens sous Auguste -31 à 14, notamment Strabo, avaient noté le caractère volcanique du Vésuve, et le décrivaient comme un cône volcanique tronqué ; une peinture d'une maison à Pompéi le montre d'ailleurs ainsi. Aujourd'hui, le cône est en partie détruit, il est égueulé, et s'ouvre sur une sorte de chaudron, ou caldeira, formée par l'effondrement du volcan à la fin de l'éruption de 79 après J.C.
Reconstitution des phases de l'éruption d'août 79 après J.C. à partir des dépôts volcaniques associés
Une éruption volcanique explosive s'accompagne de l'éjection dans l'atmosphère à partir du conduit éruptif, d'un mélange de gaz volcanique et de fragments, ponces et cendres. Cette mixture forme un jet de gaz plus ou moins dense, violent et turbulent, que l'on appelle un panache volcanique. En prenant l'exemple simpliste d'une bouteille de champagne que l'on aurait fortement secoué, le jet qui se produirait à l'ouverture formerait le même type d'écoulement, les gouttelettes de champagne en suspension étant l'équivalent des fragments de magma. Les ponces et les cendres transportées par le panache retombent ensuite sur le sol et forment des dépôts volcaniques que l'on peut observer sur le terrain après l'éruption. Nous allons voir comment l'étude de ces dépôts, combinée aux témoignages historiques, permet de reconstituer les phases de l'éruption d'août 79.

Des signes précurseurs, quelques années auparavant
Lorsqu'une éruption volcanique est imminente, un signe précurseur habituel est l'enregistrement de séismes produits par la remontée de la lave qui se fraie un chemin vers la surface. Un second signe est également souvent l'activité accrue des fumerolles.
Ces deux signes semblent avoir été observés pour le Vésuve. En effet, 17 ans avant l'éruption, un fort tremblement de Terre de magnitude estimée à 5 d'après les dégâts causa des dommages importants à Pompéi et à Herculanum. Sénèque rapporte également qu'après ce tremblement de Terre, de nombreux moutons périrent aux alentours du Vésuve suite à des émanations de gaz toxiques.
Enfin, il semble également que le gonflement du volcan ait été enregistré par une baisse relative du niveau de la mer dans la région.
Toutefois, 17 ans est un délai très long entre une éruption et ses précurseurs : le Vésuve a certainement indiqué que de la lave s'était mise en place mais celle-ci n'était pas encore prête à l'éruption. Quelques 17 ans plus tard, le 20 août 79, de nouveaux séismes secouent la région avec une fréquence et une intensité croissante jusqu'au 24 août, indiquant la remontée finale de la lave. On note également le tarissement de nombreuses sources autour du volcan, par fermeture de fissures associée à la dilatation du volcan. Attention cependant car parfois c'est l'inverse qui se produit : des sources naissent par d'autres fractures créées par le fissurage du volcan sous la pression.

Ces signes seraient aujourd'hui immédiatement suivis de l'évacuation de la population, mais à l'époque aucun lien ne fut fait entre une éruption du Vésuve et l'activité tellurique.
La phase phréatomagmatique
Les dépôts
La première phase de l'éruption correspond au premier lit de fragments et de cendres déposés sur le paléosol. Ce dépôt est limité aux flancs du volcan et à l'est du Vésuve. Ce dépôt est mal trié les cendres et les ponces de toute taille sont mélangées et les fragments qui le forment sont plutôt fins, que l'on soit proches du centre éruptif ou que l'on s'en éloigne. De plus, on peut trouver des fragments en forme de gouttelettes, ou lapilli, au sein de ce dépôt.
Le sujet à la main posée sur le paléosol, dans la trace laissée par un tronc d'arbre. Le premier lit, marron clair, fait environ cinq centimètres d'épaisseur et correspond à l'épisode phréatomagmatique par lequel débute l'éruption.
Ces observations sont typiques d'un épisode phréatomagmatique, où la lave explose au contact de l'eau d'infiltration. On peut imaginer qu'il correspond donc à la dernière phase de l'ascension de la lave qui rencontre l'eau stockée dans le sous-sol. L'explosion résultante "débouche" le conduit, et ouvre la voie aux phases suivantes.

Absence de réaction des habitants

Comme ce dépôt est assez fin et assez peu étendu, il correspond à une petite explosion du volcan. Il est donc probable qu'il fut à peine noté par les habitants de Pompéi et Herculanum.
Ceux-ci n'ont vu qu'un nuage noir et n'ont entendu que le son d'une explosion qu'ils ont interprété comme de l'orage au-dessus du volcan. Par contre, les villas sur les flancs du volcan ont reçu des cendres, et c'est une des propriétaires de ces villas, Rectina, qui appela Pline l'ancien à la rescousse le 24 août.
De plus, à une de ces villas, Rustica, le dépôt devant la porte ne montre pas de traces de pas des habitants, ce qui laisse penser que ce dépôt a eu lieu très peu de temps avant la phase principale de l'éruption qui allait tout recouvrir le matin du 24 août avant même que les habitants ne soient sortis. On peut donc postuler que le début de l'activité du Vésuve a eu lieu dans la nuit du 23 au 24 août, n'alarmant que les habitants au sommeil léger.
La première phase majeure : la phase plinienne

Les dépôts

On note l'évolution de la couleur des dépôts qui correspond au changement de la composition chimique des laves. La stratification horizontale indique une mise en place sous forme de pluie de ponces.
Le second dépôt que l'on peut identifier est bien plus épais que le précédent et montre des caractéristiques assez différentes. Il est trié, c'est-à-dire que les gros fragments sont majoritaires à la base des lits alors que les cendres le sont au sommet, parfois on observe aussi une stratification inverse. De plus, la taille moyenne des particules dans le dépôt diminue en fonction de l'éloignement à la bouche volcanique, l'épaisseur maximale est cependant atteinte 10 km avant le conduit lui-même. On note également que le dépôt n'est pas symétrique autour du volcan, mais montre un allongement très net dans la direction sud-est, ce qui traduit l'effet des vents dominants dans l'atmosphère, de même que les bancs de sable suivent les courants dans les estuaires. Ce dépôt a, notamment à Pompéi, entraîné l'effondrement du toit de certaines maisons, mais sans les déplacer, ce qui indique une mise en place verticale, en pluie, et non pas horizontal, en coulée. Ces caractéristiques sont typiques de dépôts sédimentaires, et ici d'une sédimentation aérienne, fall-out en anglais. Ce dépôt correspond à une pluie de cendres et de ponces depuis le panache volcanique.
On note également une évolution progressive de la couleur des ponces qui passe de blanc au milieu du dépôt à gris au sommet. Cette évolution correspond à des laves de chimie différente remontées progressivement du fond de la chambre magmatique, les ponces blanches sont relativement plus riches en silicium, elles sont plus différenciées, alors que les ponces grises sont moins riches en silicium, plus primitives ou basiques, c'est-à-dire plus proches du matériel issu de la fusion.
Les ponces grises sont plus riches en fer et magnésium, elles sont donc plus denses, ce qui explique pourquoi elles devaient être au fond de la chambre magmatique et donc ont été échantillonnées plus tard dans l'éruption. On remarque également que l'allongement des dépôts change légèrement entre les ponces grises et blanches, ce qui correspond à un changement de la direction des vents dominants.
Les courbes rouges correspondent aux ponces claires, les courbes bleues aux ponces foncées. Les dépôts se sont faits dans le sens du vent dominant, lors de l'éruption. Ils forment des ellipsoïdes. On note un léger changement de la direction du vent entre les deux épisodes.

Les témoignages historiques

Ce sont Pline l'ancien, le scientifique et son neveu Pline le jeune, le lettré qui fournissent le témoignage principal sur cette phase de l'éruption.
Comme nous l'avons vu, le matin du 24 août Pline l'ancien avait été alerté par son ami Rectina d'une activité inhabituelle du volcan dont les cendres étaient tombées sur sa villa. Pline l'ancien se préparait à quitter Misenia pour rejoindre Stabiae lorsqu'il fut témoin de la pluie de fragments. On voyait alors depuis Misenia le panache éruptif qui a été décrit en détail par Pline et que l'on appelle aujourd'hui un panache plinien, ou colonne plinienne ; la pluie de fragments définissant la phase dite plinienne de l'éruption, et les dépôts associés étant qualifiés de pliniens. Le panache formait une sorte de champignon s'écrasant dans la haute atmosphère et lâchant une pluie de cendres et de fragments sur les environs du volcan.
Pline prit alors le large avec une petite flotte de trières pour une mission de secours, mais il fut incapable d'accoster sur la cote ouest du Vésuve en raison de la présence de radeaux de ponces qui encombraient les flots, en effet, les pierres ponces flottent souvent sur l'eau en raison des nombreuses vésicules de gaz qu'elles contiennent, et qui diminuent leur densité.
Il fit alors voile vers Stabiae qu'il dut atteindre vers 7 heures. Stabiae était alors sous une pluie légère de cendres qui ne provoquait pas de panique dans la population. Pendant la nuit, la pluie de cendres et surtout de ponces continua, et de nombreux séismes se produisirent, qui poussèrent les habitants à passer la nuit dehors en se protégeant tant bien que mal des chutes de ponces qui commençaient à atteindre une épaisseur suffisante pour obstruer les portes. Le matin du 25 août, aux environs de 6 heures, les habitants de Stabiae furent témoins d'une manifestation du Vésuve assez forte pour les faire fuir en panique, en dépit des vents contraires qui gênaient la fuite par les eaux. Après avoir supporté 18 heures de pluie de cendres, leur réaction indique que cette nouvelle activité devait être plutôt terrifiante. Le pic d'intensité des tremblements de Terre est d'ailleurs atteint le matin du 25, avec même la formation de tsunami décrits par Pline l'ancien.
Il fit alors voile vers Stabiae qu'il dut atteindre vers 7 heures. Stabiae était alors sous une pluie légère de cendres qui ne provoquait pas de panique dans la population. Pendant la nuit, la pluie de cendres et surtout de ponces continua, et de nombreux séismes se produisirent, qui poussèrent les habitants à passer la nuit dehors en se protégeant tant bien que mal des chutes de ponces qui commençaient à atteindre une épaisseur suffisante pour obstruer les portes. Le matin du 25 août, aux environs de 6 heures, les habitants de Stabiae furent témoins d'une manifestation du Vésuve assez forte pour les faire fuir en panique, en dépit des vents contraires qui gênaient la fuite par les eaux. Après avoir supporté 18 heures de pluie de cendres, leur réaction indique que cette nouvelle activité devait être plutôt terrifiante. Le pic d'intensité des tremblements de Terre est d'ailleurs atteint le matin du 25, avec même la formation de tsunami décrits par Pline l'ancien.
Pline l'ancien n'a pas témoigné sur les nuées ardentes car elles l'ont tué, ainsi que les habitants qui n'avaient pas fui sous la pluie de ponces. Par contre, Pline le jeune a laissé des lettres décrivant les manifestations du volcan, observées à distance raisonnable.
À Stabiae, les habitants furent envahis par des odeurs de souffre et une pluie de feu des bombes volcaniques explosant en touchant le sol alors que l'avalanche promettait d'atteindre la ville, provoquant la fuite éperdue des habitants. À Misenum, protégée par la direction des vents, la ville avait été épargnée par les chutes de ponces de la phase Plinienne précédente. Par contre, les séismes dus à l'éruption furent ressentis avec une intensité de plus en plus forte au cours des 24 et 25 août. Les objets furent complètement renversés et les chars, même bloqués par des pierres, furent déplacés lors des tremblements de terre. Le 25, peu de temps après les plus violents séismes, Misenum fut témoin de la première nuée ardente, formant un noir nuage traversé d'éclairs d'électricité statique et descendant vers la mer.
Les nuées ardentes vont alors se succéder, emportant d'abord Pompéi puis Herculanum. On pense que seulement un dixième de la population fut tué par les nuées car de nombreux habitants avaient fui pendant la phase plinienne. Pline le jeune eut la chance de s'enfuir assez tôt pour se trouver à la périphérie de la zone détruite par les avalanches ; Pline l'ancien n'eut pas cette chance et mourut d'avoir voulu observer l'éruption de trop près

Que peut-on dire alors sur ce changement d'activité d'après les dépôts ?

La seconde phase majeure : les nuées ardentes
Les dépôts
Au-dessus des dépôts pliniens, on trouve des dépôts beaucoup plus hétérogènes, presque chaotiques, souvent très épais, et qui ne sont pas répartis de façon régulière autour du volcan
On y trouve des blocs de lave de plus de 3 m de diamètre ainsi que des blocs de calcaire arrachés par l'avalanche
Ces dépôts ressemblent à des dépôts de chenaux, montrent des loupes et des petites dunes en base de coulées, semblables à celles qui sont produites par les écoulements marins.
Ils suivent la topographie, sont plutôt fins sur les reliefs et très épais dans les vallées. Les dépôts contiennent souvent des bouts de toit ou de murs, des morceaux d'arbres calcinés et parfois même des restes humains qui ont été transportés dans l'écoulement. Ces dépôts ressemblent donc plus à des dépôts d'avalanche qu'à une pluie de cendres.
En accord avec une mise en place sous forme d'avalanches, on rencontre d'ailleurs des dépôts très importants devant les murs des cités contre lesquels ils se sont accumulés avant de les effondrer.
Enfin, on note que ces dépôts sont entrecoupés de dépôts Pliniens. Il est alors naturel d'associer ces dépôts à des avalanches naissant du panache volcanique et dévalant les pentes du volcan. On appelle ces avalanches des nuées ardentes. Dans les dépôts de l'éruption de 79, on peut compter jusqu'à six avalanches. La quatrième fut la plus forte et frappa Pompéi de plein fouet.
Dans la ville d'Herculanum, c'est plus de 20 m de dépôt que l'on trouve, la ville ayant été affectée par quasiment l'ensemble des nuées ardentes en raison de sa proximité avec le volcan. De plus il semble que les avalanches qui ont enseveli la ville aient été particulièrement chaudes comme le prouve la transformation de tout le bois de la ville en charbon, à une température de plus de 400 degrés.

Pompéi

Administration civique et édifices publics de Pompei

Quand Pompéi devient une colonie, un sénat local, ordo decurionum est constitué. Il se compose de décurions, nommés parmi l'aristocratie locale. Parmi eux étaient élus les magistrats : deux duumvirs aux attributions administratives et judiciaires, à la charge annuelle, duoviri iure dicundo et prenant le titre envié de quinquennales tous les cinq ans pour procéder au recensement et établir la liste des décurions ; deux édiles aediles veillant aux travaux publics et contrôlant les marchés. Les citoyens étaient répartis en cinq circonscriptions de vote, ou tribus. Les nombreuses inscriptions électorales présentes sur les murs de la ville témoignent de la vive concurrence entre les candidats, qui appartenaient à l'élite pompéienne. Dans les trente dernières années qui précèdent l'éruption du Vésuve, il semblerait que les descendants d'affranchis y aient joué un rôle plus important.

À l'intérieur de Pompéi, les monuments civiques et religieux s'organisent autour de deux pôles, le forum et le forum triangulaire. Le premier est structuré dans la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C. Cette vaste place rectangulaire est bordée par le temple archaïque d'Apollon et dominée par le temple de Jupiter, qui est transformé en capitole à l'époque coloniale. Côté sud, trois édifices civiques lui font face selon les attributions traditionnelles, les archives publiques : tabularium, le lieu de réunion du sénat : la curie, et le bureau des duumvirs) ; côté ouest, se déploie la basilique, siège des activités judiciaires et administratives ; côté est, le comitium, lieu des élections des magistrats. Des boutiques et un marché, macellum ferment le reste de la place. À l'époque impériale, un nouvel édifice est construit, dont la construction a été financée par l'héritière d'une grande famille pompéienne, Eumachia. Longtemps interprété comme un marché de la laine, il avait en réalité plusieurs fonctions, à la fois espace commercial et lieu de célébration de la famille impériale. Plusieurs temples viennent compléter le centre monumental : temple du Génie d'Auguste, dit de Vespasien ; temple du Culte impérial, dit des Lares publics. Au voisinage du forum, se trouve le temple de la Fortune Auguste et, près de la Porta Marina, établi sur une plate-forme panoramique, le temple de Vénus, consacré à la divinité protectrice de Pompéi. Fortement endommagé par les secousses sismiques, il se trouvait encore en reconstruction en 79.
Au sud de la ville, la configuration du forum triangulaire est régularisée dans le courant du IIe siècle av. J.-C. avec la construction d'un portique et de propylées ioniques. À son extrémité, dominant la vallée du Sarno, se trouve un temple dorique antérieur consacré à Athéna dans le troisième quart du VIe siècle av. J.-C. Dans le même secteur, plus au nord, se trouve la palestre dite samnite, construite au IIe siècle av. J.-C. destinée à la vereia, une association aristocratique de type politico-militaire. Fondé à la même époque, le temple d'Isis adjacent semble avoir été entièrement reconstruit après le séisme de 63, grâce à la libéralité d'un riche affranchi. Enfin, non loin de là, un petit temple d'Esculape (appelé par erreur de Zeus Meilichios) ouvre sur l'axe nord-sud de la ville, la via Stabiana.

Les monuments destinés au spectacle se trouvent au sud et au sud-est de la ville : le quartier des théâtres aux abords du forum triangulaire, avec un théâtre associé à un quadriportique et un théâtre couvert, l'odéon, et par ailleurs la grande palestre et l' amphithéâtre attenant. Ce dernier, construit vers 70 av. J.-C., est la plus ancienne construction de ce type conservée dans le monde romain. En 59 apr. J.-C., il est le lieu d'une grave rixe entre Pompéiens et habitants de la cité voisine de Nocera, qui valut à Pompéi l'interdiction par le Sénat romain de combats de gladiateurs pendant dix ans Tacite, Annales, 14, 17.
Quant aux thermes, trois édifices publics sont établis à l'intérieur de la ville : les thermes de Stabies, les plus anciens, remontant à la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C. ; les thermes du Forum, aménagés dans les années 80 av. J.-C. et fortement restructurés à l'époque impériale ; enfin, les thermes centraux, les plus vastes, qui se trouvaient encore en construction au moment de l'éruption. D'autres édifices de moindre envergure se trouvent dans la ville, comme dans le domaine, dit praedia, de la propriétaire Julia Felix.
Un aqueduc, construit sous le règne d'Auguste, desservait la ville, captant ses sources à Serino. Il a été précédé d'un aqueduc antérieur de moindre envergure, qui remonte à l'époque de la formation de la colonie. À Pompéi, outre un château d'eau principal, situé au point le plus haut de la ville, à la Porta del Vesuvio, quatorze châteaux d'eau secondaires, en forme de hautes piles, sont implantés dans les différents quartiers. Ils permettaient de réguler la pression et assuraient, au moyen de tuyaux de plomb, une distribution capillaire de l'eau vers les différents points connectés : 49 fontaines publiques, thermes, propriétés privées, dont une centaine bénéficiait d'un raccordement au réseau d'adduction. Il s'agit là d'un privilège social, obtenu des autorités municipales en échange d'une redevance.

Habitat et artisanat

Le monde des maisons peut être exploré de façon exceptionnelle à Pompéi. Pour la première fois, lors des fouilles anciennes du site, les découvreurs se trouvent confrontés au monde domestique. Loin de la monumentalité imposante des ruines de Rome, ils ont même la sensation, face à un habitat qui reste celui d'une petite ville romaine, de se trouver face à des « maisons de poupées », comme l'écrira Goethe dans son Voyage en Italie. L'association conjointe de l'architecture, des décors et du mobilier permet de restituer la vie privée dans toutes ses composantes et d'illustrer les données transmises par les nombreux textes anciens.

L'étude spécifique des décors muraux a permis d'individualiser quatre styles successifs, utilisés comme références dans tout le monde romain. À partir du IIIe siècle av. J.-C., le premier style imite, par du stuc en relief, un appareil de blocs polychromes, surmontés d'une corniche (comme dans certaines pièces de la maison de Salluste. Le deuxième style, qui apparaît dans les années 80 av. J.-C., est caractérisé par la représentation en trompe l'œil d'architectures. Exceptionnellement, dans des villas de prestige, comme la villa des Mystères, des scènes sont figurées avec des personnages en grandeur réelle, les mégalographies. À partir de l'époque augustéenne, le troisième style abandonne le trompe-l'œil au profit de grands panneaux plats animés de figures volantes, de vignettes, de tableaux mythologiques, que rythment des candélabres ou de frêles colonnettes un des meilleurs exemples étant la maison de M. Lucretius Fronto. Vers le milieu du Ier siècle apr. J.-C., le quatrième style, marque un retour aux architectures fantastiques, en gardant l'exubérance décorative du style précédent avec un exemple très représentatif dans la maison des Vettii. En 2007, à l'occasion des fouilles d'une tannerie au sud de la ville région I, un décor antérieur au premier style dit style 0 a été découvert, daté entre la fin du IVe siècle et le tout début du IIIe siècle av. J.-C. ; il se caractérise par des parois en relief et des frises décoratives connues dans l'art de la Grande-Grèce dont il est issu.
Au-delà de la très bonne conservation des maisons, le premier intérêt de Pompéi est qu'il est possible de suivre leur évolution, à travers celles qui conservent leur état du IVe siècle av. J.-C. et jusqu'à celles aménagées dans les dernières années de la ville. Le second intérêt est que toutes les échelles sont présentes, des installations modestes, autour de 100 mètres carrés, aux grandes résidences de l'élite, qui peuvent dépasser 3 000 mètres carrés, sans compter les étages comme la maison du Faune. Les plus anciennes demeures obéissent au plan centré de la maison italique, organisée autour d'une cour, l'atrium. Les maisons postérieures ne s'éloignent guère de ce schéma, mais les plus spacieuses intègrent, à partir du IIe siècle av. J.-C., une composante d'influence grecque, le péristyle, avec un portique qui délimite un jardin comme dans la maison des Noces d'argent. Même si la maison pompéienne obéit à une distribution schématique tournée vers la réception et la valorisation du propriétaire, selon un axe qui va des fauces couloir d'entrée, au tablinum bureau du maître de maison et au triclinium salle à manger, les autres pièces peuvent avoir des fonctions diverses et changeantes. Ainsi, des boutiques sont généralement placées en façade.
Depuis les années 2000, les recherches archéologiques, en se tournant davantage vers l'approche de la vie quotidienne, ont révélé une face peu explorée de Pompéi, celle d' une ville d'artisans et de commerçants. Très bien préservées, les installations permettent d'identifier la nature des activités exercées et servent de modèles interprétatifs pour l'histoire des techniques. Outre la viticulture et la céréaliculture, bien d'autres productions étaient développées et même destinées à l'exportation : le travail de la laine, avec des laveries de toisons et des teintureries, la tannerie, la vannerie, la parfumerie et la fabrication de sauces de poissons garum. Si la production de vin dépendait surtout des grandes villas autour de Pompéi, il ne faut pas oublier qu'une partie du site intra-muros était largement occupé par des espaces verts 18 p. 100 de la surface fouillée, des jardins de plaisance, mais aussi des implantations agricoles vigne, culture des fleurs.

De la découverte de Pompéi à sa préservation

L'histoire de Pompéi ne s'est pas arrêtée à l'éruption du Vésuve. Immédiatement après l'événement, l'empereur Titus organise les premiers secours pour les zones d'habitat touchées par le Vésuve, en nommant deux dignitaires chargés de leur organisation, les curatores restituendae Campaniae. L'ensevelissement de Pompéi n'a pas permis un retour de la population et la reconstruction de la ville, mais des traces de récupération des matériaux réutilisables par des survivants ou des pilleurs sont observables. Il faut ensuite attendre l'époque moderne pour que la ville soit redécouverte. Les premières trouvailles ont lieu entre 1592 et 1600, lors de la construction du canal du Sarno par Domenico Fontana. Mais ce n'est qu'en 1748, sous le règne de Charles de Bourbon, que des premières fouilles sont entreprises sur ce qu'on appelait alors la collina della Cività. L'identification de Pompéi n'est assurée qu'en 1763, avec la découverte décisive d'une inscription.

Sous les Bourbons et au cours de l'intermède de la domination française 1799-1815, la topographie de la ville se révèle progressivement, les objets précieux alimentant les collections royales, aujourd'hui dans le Musée archéologique national de Naples. Un grand tournant s'opère dans l'histoire des fouilles au moment de l'unité italienne, avec la direction de Giuseppe Fiorelli 1860-1875, qui inaugure de nouvelles méthodes de dégagements, mais aussi de présentation du site et de publications. Pour la première fois, il pratique des fouilles qui procèdent par des décapages horizontaux successifs. Cette technique lui a permis de développer le procédé des moulages en plâtre, appliqué aux corps humains et aux résidus organiques ensevelis sous les cendres. On lui doit enfin le découpage de Pompéi en neuf régions, subdivisées en îlots et numéros de propriétés. Les fouilles successives ont suivi ces premiers principes d'archéologie urbaine. En 1961 s'achèvent les dernières excavations d'envergure conduites par Amedeo Maiuri. Seule la maison des Chastes Amants a fait l'objet d'une fouille dans les années 1990. Depuis les années 2000, de nombreuses missions archéologiques italiennes et internationales se consacrent à l'étude d'édifices déjà dégagés et aucun programme d'excavation n'est envisagé sur les secteurs encore intacts de la ville.
Dans les années 1980-1990, les efforts portent surtout sur la restauration de Pompéi, que l'érosion et les difficultés de conservation mettent en péril. Car l'extension des vestiges, qui fait toute la richesse du site, en constitue aussi la faiblesse. Ainsi, on dénombre pas moins de quatre-vingt-treize demeures ornées de peintures murales importantes et 217 000 mètres carrés de pavements de mosaïques, dont les murs et les toitures se dégradent chaque jour sous l'effet de la végétation, des variations climatiques ou des infiltrations, comme l'effondrement des murs de la Schola Armaturarum en 2010. À ces difficultés s'ajoutent d'autres dommages : des bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale et un violent séisme en 1980. Le tourisme contribue aussi largement à la vulnérabilité du site, avec 2,3 millions de visiteurs par an et une affluence qui s'élève certains jours à plus de 15 000 personnes, soit tout autant que les anciens habitants de Pompéi. Mais si ces derniers entretenaient au quotidien leurs édifices, depuis les années 2000 les moyens dont dispose la tutelle du site, la Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei, restent insuffisants pour en assurer une préservation complète et régulière. Pompéi a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O. en 1997, avec les sites voisins d'Herculanum et de Torre Annunziata.

Une ville romaine conservée tout entière, comme si les habitants venaient d'en sortir un quart d'heure auparavant !. Visitant Pompéi en 1804, Chateaubriand en saisit l'exceptionnelle caractéristique : l'instantané de la vie quotidienne à une échelle jusqu'alors inconnue, celle d'une cité dans son extension complète, ensevelie en 79 apr. J.-C. lors de l'éruption volcanique du Vésuve. Depuis la découverte du site en 1748, c'est en effet une véritable ville qui s'est progressivement révélée. L'évolution de Pompéi, de ses origines italiques à ses dernières années de vie, a pu être appréhendée avec précision. C'est aussi l'organisation et le mode de fonctionnement d'une colonie romaine, dans tous ses aspects, administratif, religieux, économique et social, que l'exceptionnelle étendue des vestiges permet de restituer. Car Pompéi s'étend sur une superficie de 66 hectares, dont seuls les trois cinquièmes ont été fouillés. Elle nous livre un total de 1 435 édifices, dont 515 maisons. Devenu un des sites archéologiques les plus visités au monde, cette petite ville de Campanie, idéalement conservée, a fait l'objet de fouilles progressives et de politiques diverses de restauration, qui viennent se superposer à son état originel, fossilisé par l'éruption du Vésuve. Il s'agit donc d'un site complexe, d'une ville romaine ordinaire, mais au destin extraordinaire, dont il convient de saisir toute la spécificité.

Éruption du Vésuve, 79

Peu de gestes de protection pour ces victimes de l'éruption du Vésuve en 79, qui a anéanti Pompéi : comme le montrent ces spectaculaires moulages à quelque deux mille ans de distance, la mort a dû être instantanée, provoquée par l'intense vague de chaleur et de poussière. Puis les cendres volcaniques se sont accumulées sur plusieurs mètres.

L'histoire de la ville

La ville, bâtie par les Osques au vie s. avant J.-C., tombe sous l'influence des Grecs, est occupée quelques années par les Samnites, vers 425-420 avant J.-C., devient l'alliée de Rome en 290 avant J.-C., tout en gardant sa culture osque, et se révolte lors de la guerre sociale. Prise par Sulla en 89 avant J.-C., elle devient alors colonie romaine, avec le latin comme langue usuelle. Prospère grâce à son terroir, elle attire par son climat de riches Romains, qui viennent y villégiaturer. En 59 après J.-C., une rixe provoquée par les jeux de l'amphithéâtre oppose ses habitants et ceux de Nuceria Alfaterna aujourd'hui Nocera Inferiore. En 62, un tremblement de terre qui cause de gros dégâts annonce la reprise de l'activité du Vésuve, qui, du 24 au 28 août 79, ensevelit la ville sous une pluie de cendres et de lapilli, étouffant de très nombreux habitants ; Pline l'Ancien, qui commandait alors la flotte de Misène, accourut au secours et périt suffoqué, comme le raconte son neveu dans une lettre célèbre.
Pompéi fut anéantie en même temps qu'Herculanum, Stabies et Oplontis Torre Annunziata. L'analyse stratigraphique de l'épaisse couche de matériaux volcaniques qui recouvrit d'un véritable manteau les ruines de la ville complète utilement les observations de Pline. Quand le sol fut refroidi, des habitants revinrent creuser sur les lieux de leur habitation pour exhumer quelque trésor qu'ils n'avaient pu emporter. Des pillards vinrent aussi. On fouilla encore quelque peu aux iie et iiie s., puis on oublia le site, qui fut abandonné aux cultures pour de longs siècles. Au xviiie s., on entreprit des fouilles destinées à trouver des œuvres d'art. À cet égard, on eut plus de succès à Herculanum.Au XIXe s., le travail devint plus systématique et plus scientifique, et le déblaiement progressa quartier par quartier. Au cours du xxe s., le travail connut des périodes de ralentissement sévère, mais les progrès des techniques archéologiques firent encore évoluer les méthodes. En 1997, les zones archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata ont été inscrites par l'Unesco sur la liste des sites du patrimoine mondial.

L'Archéologie de Pompéi

Pompéi, boulangerie
La ville est enfermée dans une enceinte, construite au ve s. avant J.-C., réparée plusieurs fois jusqu'au ier s. avant J.-C., et qui a la forme d'une ellipse ; elle comprend le noyau osque ancien, autour du forum, avec des rues dont l'irrégularité ne fut jamais complètement rectifiée, et les quartiers hellénistiques, organisés autour de deux rues est-ouest rue de Nola et rue de l'Abondance, que recoupent perpendiculairement trois rues principales nord-sud. Le forum, place rectangulaire, entoure le temple de Jupiter, devenu pour les Romains le Capitole, et jouxte le temple d'Apollon ; autour s'alignent les principaux bâtiments publics : basilique judiciaire, curie, marché, édifice construit par une certaine Eumachia pour les foulons ; le temple de Vénus, protectrice de la ville, est au sud de la basilique. On trouve vers l'est le « forum triangulaire », ancien sanctuaire suburbain avec temple dorique ; le théâtre, l'Odéon et, plus tard, la caserne des gladiateurs et le temple, très fréquenté, d'Isis se sont installés dans ce secteur ; à l'époque impériale, Pompéi disposait de quatre thermes publics ; les plus importants sont les thermes centraux et de Stabies.

Fresque découverte à Pompéi

Ville de propriétaires aisés et de plaisanciers, Pompéi n'avait pas de grands immeubles à étages. La maison type se compose de deux parties, l'une centrée sur l'atrium, l'autre, plus intime, entourant le péristyle ; il y avait quelquefois un étage avec balcon et loggia. La richesse de la décoration des murs contraste souvent avec la modeste superficie des appartements. Les décors muraux pompéiens ont été classés en quatre « styles » par A. Mau en 1886, et après plus d'un siècle cette distribution apparaît toujours valable. Le premier style, inventé en Grèce, se bornait à imiter à l'aide de stucs peints des revêtements de matériaux précieux. Le second style paraît avec la conquête romaine vers 90 avant J.-C. ; il se caractérise par la création, en avant et en arrière de la paroi, d'un espace imaginaire meublé d'architectures en trompe-l'œil ; on en trouve l'expression la plus remarquable dans la maison du Labyrinthe et surtout dans la maison des Mystères, dont le nom vient d'une fresque encore incomplètement expliquée qui représente une cérémonie dionysiaque. Le troisième style apparaît vers 15 avant J.-C., fruit d'une réaction rationaliste et classicisante il supprime les espaces imaginaires en avant et en arrière de la paroi sagement organisée autour d'un tableau central inspiré librement par la peinture grecque maison de Jason. Mais, déjà, sous le règne de Claude, une tendance romantique se manifeste dans les tableaux des maisons du prêtre Amandus et de Lucretius Fronto. Elle aboutit, sous Néron, au quatrième style, de beaucoup le mieux représenté ; renouant avec les tendances fantastiques du deuxième, il ouvre la paroi en trompe-l'œil sur un monde imaginaire ; souvent les architectures fictives s'inspirent de scènes de théâtre, et les grotesques accroissent la note surréaliste ; mais, par un contraste voulu, des tableaux copiés exactement sur les œuvres classiques grecques occupent le centre des parois. Les plus remarquables maisons du quatrième style sont celles des Vetti, d'Apollon, de Pinarius Cerealis et d'Octavius Quartio d'époque flavienne. Aux peintures internes s'ajoutent les décors de façade, évoquant des scènes de la vie quotidienne, souvent surchargés de programmes électoraux en vue des élections qui se préparaient au moment de la catastrophe.

Pompéi, mosaïque d'Alexandre

Les mosaïques connaissent leur période la plus brillante au début du Ier s. avant J.-C., avec l'ensemble de la maison du Faune (bataille d'Alexandre) ; sous l'Empire triomphent, à de rares exceptions près (maison de Cuspius Pansa), les pavements géométriques noir et blanc, mais des mosaïques polychromes décorent les fontaines. De nombreuses statues, représentant quelquefois des notables de la ville comme le banquier Caecilius Jucundus, dont les comptes ont pu être déchiffrés, et tout un ensemble de meubles et d'objets d'art achèvent de faire de Pompéi un reflet de la vie romaine au premier siècle de l'Empire.


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Posté le : 23/08/2014 22:18

Edité par Loriane sur 25-08-2014 00:31:52
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La saint Barthélémy
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Le 24 août 1572, les parisiens se déchaînent dans un massacre religieux

sans pareil, le massacre de la Saint-Barthélemy est le massacre de protestants déclenché à Paris, le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, prolongé pendant plusieurs jours dans la capitale, puis étendu à plus d'une vingtaine de villes de province durant les semaines suivantes.
Cependant il faut retenir que ces évènements qui s'inscrivent dans notre histoire française agiront comme un fort traumatisme et seront fondateurs deux siècles plus tard d'une France qui optera pour la séparation de l'état et de l'église. La France verra après la révolution française la naissance du laïcisme dont l'esprit n'est pas l'interdiction des religions mais la garanterie de leurs neutralité par la limitation de leur pouvoir et de leur espace d'influence et d'actions.


Cet épisode tragique des guerres de religion résulte d'un enchevêtrement complexe de facteurs, aussi bien religieux et politiques que sociaux. Il est la conséquence des déchirements militaires et civils de la noblesse française entre catholiques et protestants, notamment de la vendetta entre le clan des Guise et celui des Châtillon-Montmorency. Il est le résultat d'une sauvage réaction populaire, ultra-catholique et hostile à la politique royale d'apaisement. Il reflète également les tensions internationales entre les royaumes de France et d'Espagne, avivées par l'insurrection aux Pays-Bas.
Pendant longtemps, la tradition historiographique a fait du roi Charles IX et de sa mère, Catherine de Médicis, les principaux responsables du massacre. Faute de sources, les historiens sont restés longtemps partagés sur le rôle exact de la couronne. Ils retiennent aujourd'hui que seuls les chefs militaires du clan protestant étaient visés par l'ordre royal. Dès le matin du 24 août, Charles IX avait ordonné l'arrêt immédiat des tueries mais, dépassé par le zèle et la fureur du peuple, il n'avait pu les empêcher.

Massacre de protestants qui eut lieu principalement à Paris le 24 août 1572,

jour de la fête de saint Barthélemy.

Catherine de Médicis, hostile au projet d'aide aux Pays-Bas insurgés contre Philippe II et inquiète de l'influence de l'amiral de Coligny, chef des protestants, s'allia aux Guises pour le faire assassiner.
Quatre jours après le mariage d'Henri de Navarre futur Henri IV et de Marguerite de Valois, un attentat contre l'amiral échoua 22 août. Craignant d'être compromise par l'enquête, Catherine obtint finalement, du roi Charles IX qui s'y refusait jusque là, pour déjouer un prétendu complot, l'ordre de mettre à mort tous les chefs protestants. Coligny et la plupart d'entre eux furent tués dans la nuit du 23 au 24 août. Henri de Navarre et Condé durent abjurer pour sauver leur vie. Puis le peuple se déchaîna, faisant environ 3 000 victimes. De nombreuses villes suivirent l'exemple de la capitale.
L'essor du calvinisme durant le règne de Henri II aboutit à une crise pour la monarchie, dès lors qu'une large part de la noblesse rejoint le camp réformé et que la politique d'apaisement et de compromis religieux menée par la reine mère Catherine de Médicis et le chancelier Michel de L'Hospital échoue, au concile national de Poissy 1561. Après le massacre de villageois protestants à Wassy en 1562, la guerre civile éclate entre le camp ultra-catholique et pro-espagnol et les réformés, vite dirigés par Henri de Navarre, tandis que les monarques valois cherchent une réconciliation autour de la figure sacrée du roi. Mais le massacre de la Saint-Barthélemy 1572 ruine tout loyalisme protestant et livre la monarchie à l'influence des Guise, qu'Henri III doit bientôt éliminer, avant d'être poignardé par un moine 1589. Contesté, le principe monarchique ne doit son relèvement qu'à l'opportunisme d'Henri IV qui, par sa conversion au catholicisme, rassure les tenants des trois camps. L'édit de Nantes avril 1598 donne des garanties religieuses et militaires aux protestants, tout en posant la vocation catholique du royaume, mais, surtout, il place l'État au-dessus des clivages confessionnels.

En France,on appelle d'ordinaire guerres de religion les conflits armés qui opposèrent, dans le royaume, catholiques et calvinistes entre 1562 et 1598. La perspective historique impliquée par cette géographie et par cette chronologie est à tous égards trop étroite. En effet la lutte armée entre chrétiens fidèles à Rome et réformés reprit en France après la mort d'Henri IV. C'est donc à la paix d'Alès 1629, et non à l'édit de Nantes 1598, qu'il faut situer le terme des affrontements militaires entre partisans des deux confessions à une échelle, sinon nationale, du moins multiprovinciale. Ce faisant, on ne tient d'ailleurs pas compte de la révolte des Camisards 1702-1710 ni de l'expédition que Louis XIV dut, en pleine guerre de Succession d'Espagne, diriger contre eux. D'autre part, la France n'est pas le seul pays d'Europe à avoir connu des guerres de religion au XVIe et au XVIIe siècle. Celles-ci éclatèrent également en Allemagne, aux Pays-Bas, en Bohême. L'hostilité religieuse explique aussi l'attitude féroce de Cromwell à l'égard de l'Irlande. Enfin, pourquoi réserver l'expression guerres de religion aux seuls conflits armés entre catholiques et protestants ? Sans sortir des limites du monde chrétien occidental, il est certain que la croisade contre les albigeois à partir de 1209 et celle contre les hussites 1419-1436 furent des guerres de religion au même titre que celles qui opposèrent ensuite les chrétiens qui se réclamaient de Rome à ceux qui avaient fait sécession. Les premières expliquent les secondes. La chrétienté occidentale, lorsqu'elle se divisait contre elle-même sur des questions de foi et de discipline religieuse, avait pris l'habitude, dès avant le XVIe siècle, de recourir aux armes. Elle n'évolua ensuite que lentement, à travers crises, massacres et guerres épuisantes, vers la notion de tolérance. Longtemps, aimer sa religion signifia détester celle d'autrui.

Deux faits majeurs contribuèrent à la détérioration progressive de la situation intérieure française après 1562 : la Saint-Barthélemy et la mort du duc d'Anjou, frère cadet d'Henri III. Le massacre de la Saint-Barthélemy, dont Catherine de Médicis partage avec les Guises la responsabilité, tôt imité hors de Paris au total il y eut au moins 30 000 victimes, provoqua une crise de la foi monarchique. Le parti protestant sentit le besoin de se structurer. Il se donna un gouverneur général et protecteur des Églises réformées – ce sera bientôt Henri de Navarre –, maintint désormais une armée de façon presque permanente, leva des impôts sur les territoires qu'il contrôlait, mit sur pied des états provinciaux et généraux. Pourtant, malgré la Saint-Barthélemy, le calme paraissait timidement revenir en France lorsque le duc d'Anjou mourut le 10 juin 1584. Henri III n'ayant pas d'enfant, son successeur légitime devenait Henri de Navarre, chef du parti protestant. Cette perspective affola la majorité des Français. Les Guises en profitèrent pour mettre sur pied la Ligue et s'entendre avec Philippe II. Dès lors, la France sombra dans le chaos : Henri III dut abandonner sa capitale, fit assassiner les Guises, fut lui-même mortellement frappé. Henri IV, vainqueur à Arques et à Ivry, fut incapable de reprendre Paris et Rouen. Des soldats espagnols se trouvaient à Paris et en Bretagne. Henri IV demandait l'aide d'Élisabeth. Les ducs d'Épernon et de Mercœur tentaient de se créer des principautés autonomes, l'un en Provence, l'autre en Bretagne. Les ducs de Savoie et de Lorraine cherchaient à s'agrandir aux dépens du royaume. La lassitude générale et l'abjuration d'Henri IV juill. 1593 permirent enfin de dénouer la crise. L' édit de Nantes (13 avr. 1598) et la paix de Vervins mai 1598 ramenèrent pour un temps la paix à l'intérieur et avec l'étranger.

L'édit de Nantes s'inspirait de différents édits pris au cours des guerres de religion. Les réformés obtenaient la liberté de conscience, une liberté de culte limitée et l'égalité civile avec les catholiques. Des garanties judiciaires leur étaient assurées par la constitution dans quatre villes dont Paris de tribunaux mi-parties, composés à la fois de catholiques et de protestants. Enfin – précaution contre un retour de violence catholique –, ils disposaient d'une centaine de places fortes pour huit ans ; en 1606, ce privilège fut renouvelé. La mesure de 1598 créa en France, pour quatre-vingt-sept ans, une situation profondément originale. Le royaume recevait une structure dualiste et devenait un État à la fois catholique et protestant. Toutefois, dans cette France nouvelle, le protestantisme resta défavorisé : de façon significative l'édit proclamait le rétablissement de la religion romaine partout où elle avait cessé de s'exercer, avec retour des églises et biens ecclésiastiques à leurs premiers possesseurs. Enfin, la pratique de l'édit, après la mort d'Henri IV, fut de plus en plus défavorable aux réformés.

Les nouvelles rébellions protestantes, sous Louis XIII, s'expliquent en effet par le réflexe de peur d'une minorité qui craignait la réalisation d'un grand dessein royal à ses dépens. Plus limitées que celles du XVIe siècle, ces révoltes touchèrent seulement l'Ouest et le Midi. Dauphiné, Normandie et région parisienne restèrent soumis. En 1615, l'assemblée de Nîmes décide de soutenir les nobles qui s'opposent au mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche. En 1620, le principal chef protestant, Henri de Rohan, est du côté de la reine mère contre Louis XIII au moment de la drôlerie des Ponts-de-Cé. Beaucoup plus grave est l'affaire du Béarn en 1620. Le roi y vient avec une armée et, dans ce pays autonome en majorité réformé, il rétablit partout le catholicisme : d'où une nouvelle guerre civile que décide, en mai 1621, une assemblée huguenote tenue à La Rochelle. Elle est marquée par deux campagnes de Louis XIII dans le Midi, en 1621 et 1622. Les protestants perdent quatre-vingts places fortes. Par la paix de Montpellier oct. 1622, cette cité devient ville ouverte ; Millau, Nîmes, Castres et Uzès perdent la moitié de leurs fortifications. En fait, les troupes royales restent à Montpellier tandis que le gouvernement renforce le Fort-Louis, près de La Rochelle. En 1625, Soubise, frère de Rohan, prend l'initiative d'un nouveau soulèvement, que le Languedoc suit avec réticence. Le traité de Paris févr. 1626, conclu sur les conseils du roi d'Angleterre, reconduit la paix de Montpellier. Cependant, c'est Charles Ier qui pousse ensuite les huguenots à leur dernière grande révolte 1627-1629, celle qu'illustrent tragiquement le siège de La Rochelle août 1627-oct. 1628, la descente des troupes royales et du souverain lui-même en Languedoc, enfin la prise de Privas mai 1629. L'édit de grâce d'Alès juin 1629 pardonne la révolte, laisse aux protestants les libertés religieuses prévues par l'édit de Nantes, mais ordonne la destruction de toutes les fortifications adverses. Les assemblées politiques huguenotes sont désormais interdites. Démobilisé , le protestantisme français ne pourra plus que subir passivement l'application à la rigueur de l'édit de Nantes, en attendant la révocation de celui-ci 1685.

La guerre de Trente Ans 1618-1648

Comme Henri II, Richelieu, malgré la mauvaise humeur du parti dévot, aida de plus en plus nettement les protestants étrangers en lutte contre les Habsbourg, au point de faire intervenir directement la France en 1635 dans la guerre de Trente Ans (1618-1648). L'incendie se propagea à partir de trois foyers : les Provinces-Unies que l'Espagne désirait reconquérir ; l'Allemagne où, en 1608, s'était constituée une Union évangélique contre laquelle se forma dès l'année suivante une Ligue catholique soutenue par l'Espagne ; le royaume de Bohême, qui avait largement abandonné la confession romaine et où Rodolphe de Habsbourg avait dû accepter en 1609, par les lettres de majesté, le libre exercice des divers cultes protestants. C'est par ce dernier pays que la conflagration commença. Ferdinand II, prince gagné à la Contre-Réforme, qui devint roi de Bohême en 1617, puis empereur en 1619, n'attendait qu'une occasion pour retirer les lettres de majesté. La défenestration de Prague 23 mai 1618, la révolte tchèque et la bataille de la Montagne Blanche 8 nov. 1620 permirent au souverain vainqueur de lancer une action méthodique contre les hérétiques du royaume : vingt-sept dirigeants de l'insurrection furent exécutés ; cinq cents domaines seigneuriaux furent confisqués en Bohême et cent trente-huit en Moravie. La Constitution de 1627 déclara qu'il n'y aurait dans le royaume qu'une seule religion admise : celle de Rome. Un décret ordonna à tous les nobles de se convertir ou de quitter le pays dans les six mois.

Après la défaite des insurgés tchèques et de leurs alliés protestants à la Montagne Blanche, la Réforme parut d'autant plus menacée en Allemagne même que le catholicisme avait réussi à évincer l'hérésie de la Bavière et de l'Autriche. L'Électeur palatin Frédéric V, qui, le temps d'un hiver, avait été roi de Bohême, fut chassé de son électorat, donné à Maximilien de Bavière. Le Wallon Tilly, général de Ferdinand II, battit un à un les princes réformés allemands désunis. En 1626, les Impériaux furent vainqueurs et de Mansfeld, le principal général protestant, et de Christian IV de Danemark, qui était intervenu dans la lutte. En mars 1629, Ferdinand II, par l' édit de Restitution, annula toutes les sécularisations intervenues dans l'Empire depuis 1555 : deux archevêchés (Magdebourg et Brême), douze évêchés, plus de cent vingt abbayes devaient être rendus à l'Église romaine par les protestants. Le roi de Danemark, par la paix de Lübeck (1629), accepta l'édit.

L'entrée en scène de Gustave-Adolphe marqua la fin des grands succès de Ferdinand II, malgré le sac impitoyable de Magdebourg par Tilly (1631). Fort d'une armée de quarante mille soldats, aidé financièrement par la France et les Provinces-Unies, allié aux Électeurs de Saxe et de Brandebourg, le roi de Suède bouleversa en un an la situation en Allemagne. Ferdinand II essaya de lui opposer le condottiere tchèque Wallenstein. Les troupes de celui-ci furent battues à Lützen (nov. 1632). Il est vrai que Gustave-Adolphe périt dans la bataille. Mais Richelieu veillait. Il prit à sa solde l'armée de Bernard de Saxe-Weimar, qui avait été le principal lieutenant du roi de Suède. Grâce à cette armée, Frédéric V put revenir dans le Palatinat rhénan. Toutefois, en septembre 1634, les Suédois furent écrasés à Nordlingen et Bernard de Saxe-Weimar grièvement blessé. Brandebourg et Saxe négociaient la paix. C'est la France qui, en entrant ouvertement dans la guerre de Trente Ans, sauva la Réforme en Allemagne. La paix de Prague (mai 1635), à laquelle se rallièrent la plupart des princes allemands, marqua les bornes que la Contre-Réforme ne devait pas dépasser dans l'Empire. La liberté religieuse ne fut pas rétablie en Bohême ; en Silésie, le luthéranisme ne fut toléré qu'à Breslau et dans trois principautés ne relevant pas immédiatement de la couronne. Mais, concession capitale, Ferdinand II abolissait l'édit de Restitution. Treize ans plus tard, les traités de Westphalie confirmaient la paix de Prague et donnaient au calvinisme un statut légal en Allemagne. Au même moment, les Provinces-Unies devenaient pleinement indépendantes.

La politique de Richelieu avait beaucoup fait pour déconfessionnaliser les conflits européens. Le temps des guerres de religion était enfin terminé en Europe : ce qui ne signifiait pas encore la victoire de la tolérance à l'intérieur de chaque État.

Catholiques et protestants en France

Au cours des guerres de religion de la seconde moitié du XVIe siècle, gueux et réformés français s'entraidèrent souvent, la France étant, elle aussi, désolée par les troubles intérieures. Dans le royaume, les conflits armés commencèrent officiellement avec le massacre, par les gens de François de Guise, de soixante-quatorze protestants qui assistaient à un prêche à Vassy (mars 1562). Au vrai, depuis l'exécution de Berquin en 1529, les signes avant-coureurs du drame n'avaient cessé de se préciser : persécutions après l'affichage en 1534 de placards hostiles à la messe sur la porte même de la chambre du roi à Amboise ; massacre en 1542 de trois mille vaudois du Luberon sur ordre du parlement d'Aix ; législation antiprotestante d'Henri II ; conjuration d'Amboise (mars 1560), encouragée par Condé pour enlever le jeune François II à l'emprise des Guises.

Le massacre de Vassy, conséquence logique d'une tension croissante, marqua l'échec de la politique tolérante du chancelier Michel de L'Hospital. Les protestants étaient devenus une force dans le royaume. On calcule qu'un quart des Français étaient alors passés du côté de la Réforme. En outre, une fraction notable de la noblesse avait adhéré au protestantisme, suivant à cet égard l'exemple de Condé et des trois neveux du connétable de Montmorency – le cardinal Odet de Châtillon, d'Andelot, colonel général de l'infanterie, et l'amiral de Coligny. Enfin les gentilshommes que le traité du Cateau-Cambrésis (1559) laissait sans emploi se trouvaient disponibles pour toutes les violences. Selon leur tempérament, leurs convictions et surtout la clientèle nobiliaire à laquelle ils appartenaient, ils choisirent entre le parti de Condé et celui des Guises.
On distingue d'ordinaire huit guerres de religion (1562-1563, 1567-1568, 1569-1570, 1572-1573, 1574-1576, 1576-1577, 1579-1580, 1585-1598), la dernière se transformant à partir de 1595 en guerre étrangère contre Philippe II qui avait soutenu la Ligue. En fait, la France connut à partir de 1562 trente-six années de troubles presque continus, avec seulement deux périodes d'accalmie relative (1564-1566 et 1581-1584). Ces luttes civiles furent marquées non seulement par des massacres inspirés par les haines réciproques, mais encore par d'importantes opérations militaires. De véritables batailles tournèrent au désavantage des protestants à Dreux (1562), à Jarnac et à Moncontour (1569), et au désavantage des ligueurs à Coutras (1587), Arques (1589), Ivry (1590). Les troupes royales durent mettre le siège devant Rouen en 1562 et 1592, devant La Rochelle en 1570 et 1573, devant Paris en 1589-1590. Les principaux chefs des partis en présence moururent de mort violente : au combat (Antoine de Bourbon et le maréchal de Saint-André en 1562, le connétable de Montmorency en 1567) ou assassinés, Condé en 1569, François de Guise en 1563, ses fils Henri et le cardinal de Lorraine en 1588, Coligny en 1572 et Henri III en 1589.

Responsabilités du massacre

Les Guise : ce sont les suspects les plus probables. Meneurs du parti catholique, ils veulent venger la mort du duc François de Guise, assassiné dix ans auparavant, sur l'ordre de Coligny, selon eux. Le coup de feu tiré sur l'amiral est tiré depuis une maison appartenant à un de leurs familiers. Le cardinal de Lorraine et le duc d'Aumale et la duchesse douairière de Guise Antoinette de Bourbon-Vendôme sont les membres de la famille les plus déterminés. Néanmoins, certains historiens pensent que les Guise étaient beaucoup trop soucieux de revenir en grâce auprès du roi pour commettre l'imprudence de l'irriter contre eux.
Le duc d'Albe, gouverneur des Pays-Bas au nom du roi d'Espagne Philippe II : Coligny projette d'intervenir militairement aux Pays-Bas pour les libérer du joug espagnol, suivant l'alliance qu'il avait contractée avec la Maison de Nassau. Au mois de juin, il a envoyé plusieurs troupes clandestines au secours des protestants de Mons, assiégés par le duc d'Albe. Suite au mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, Coligny espère profiter de la réconciliation pour déclencher la guerre contre l'Espagne afin de renforcer l'union entre catholiques et protestants français. Aux yeux des Espagnols, l'amiral représente donc une menace. Toutefois, la correspondance de don Diego de Zuñiga, ambassadeur espagnol en France, du duc d'Albe ou de Philippe II ne permet pas de prouver l'implication de la couronne espagnole dans l'attentat contre le chef huguenot. Au contraire, Don Diego de Zuñiga juge dans ses dépêches que la présence de l'amiral aux côtés de Charles IX constitue plutôt un frein à la guerre ouverte aux Pays-Bas : selon l'ambassadeur, la couronne française ne jetterait pas le masque et continuerait à pratiquer une guerre couverte contre l'Espagne afin de ne pas renforcer inconsidérément l'influence de Coligny en le plaçant officiellement à la tête de troupes royales.
Catherine de Médicis : selon la tradition, Coligny aurait acquis trop d'influence sur le jeune roi. Charles IX en aurait fait son favori en l'appelant familièrement mon père. Inévitablement, la reine mère en aurait conçu de la jalousie ainsi qu'une vive crainte de voir son fils entraîner le royaume dans une guerre aux Pays-Bas contre la puissance espagnole, conformément aux conseils politiques de l'amiral. Cependant, la plupart des historiens contemporains trouvent difficile de croire en la culpabilité de Catherine de Médicis au vu de ses efforts accomplis pour la paix intérieure et la tranquillité de l'État. Par ailleurs, il n'est pas prouvé que Coligny exerça une influence décisive sur Charles IX.
Enfin, il reste l'hypothèse d'un acte isolé, commandité – voire commis en personne – par un personnage relativement peu important, proche du milieu guisard et pro-espagnol. Le nom de Charles de Louviers, seigneur de Maurevert, est le plus fréquemment avancé à l'époque pour désigner l'auteur de l'arquebusade visant l'amiral2.
Pour Jean-Louis Bourgeon, ce sont les Parisiens, les Guise et les agents du roi Philippe II d'Espagne qui sont les véritables responsables de l'attentat et du massacre. Charles IX et Catherine de Médicis y seraient absolument étrangers. L'historien souligne l'état quasi-insurrectionnel de la ville au moment du mariage. En décembre 1571, plusieurs maisons protestantes avaient déjà été pillées. Les Guise, très populaires à Paris, ont profité de cette situation pour faire pression sur le roi et la reine mère. Charles IX aurait donc été contraint de précéder la future émeute, qui aurait été le fait des Guise, de la milice bourgeoise et du peuple.
Denis Crouzet replace le massacre dans le contexte idéologique de l'époque : le néoplatonisme. Charles IX et Catherine de Médicis n'ont pu avoir le dessein d'assassiner Coligny, car ç'eût été contraire à leur désir de maintenir l'harmonie et la concorde autour de la personne royale. C'est une fois que l'assassinat consomme la rupture et que la guerre civile menace de nouveau l'équilibre que la position du roi et de la reine mère change. Par crainte de voir la guerre reprendre et une insurrection protestante éclater, ils auraient choisi d'étouffer celles-ci dans l'œuf. Le principe néo-platonicien cher à Catherine de Médicis qui tend à conserver l'unité autour de la personne du roi, les a poussés à sacrifier les principaux chefs protestants et à consentir malgré eux au massacre.
Selon Thierry Wanegffelen, l'un des principaux responsables de la famille royale dans cette affaire est le duc d'Anjou, frère du roi. À la suite de l'attentat manqué contre l’amiral de Coligny, qu’il attribue aux Guise et à l'Espagne, les conseillers italiens de Catherine de Médicis ont sans doute préconisé en Conseil royal le meurtre d'une cinquantaine de chefs protestants pour profiter de l'occasion d'éliminer le danger huguenot, mais la reine mère et le roi s'y sont très fermement opposés. Cependant Henri d'Anjou, lieutenant général du royaume, présent à cette séance du Conseil, a pu voir dans l'accomplissement de ce crime d’État une bonne occasion de s'imposer au gouvernement. Il a pris contact avec un autre jeune homme ambitieux, en mal d'autorité et de pouvoir, le duc Henri de Guise (dont l'oncle, le clairvoyant cardinal Charles de Lorraine était alors retenu à Rome, et avec les autorités parisiennes. La Saint-Barthélemy parisienne est issue de cette conjonction d'intérêts, et elle s'explique d'autant mieux que les hommes du duc d'Anjou agissaient au nom du lieutenant général du royaume, donc dans les mentalités de l'époque, au nom du roi. On comprend pourquoi, le lendemain du déclenchement du massacre, Catherine de Médicis fait condamner ces crimes par déclaration royale de Charles IX, et menace les Guise de la justice royale. Mais lorsque Charles IX et sa mère ont appris l'implication du duc d'Anjou, ils se sont trouvés liés à son entreprise, si bien qu'une seconde déclaration royale, tout en demandant la fin des massacres, en prête l'initiative à Charles IX pour prévenir un complot protestant. Dans un premier temps le coup d’État de Henri d'Anjou est un succès, mais Catherine de Médicis se serait ingéniée à l'écarter du pouvoir en France : elle l'envoie avec l'armée royale s'enliser devant La Rochelle et le fait élire roi de Pologne.

Les faits remis en cause

La fameuse phrase prononcée par le roi, le soir du 23 août. Il se serait écrié de colère, sous les conseils répétitifs de sa mère, excédé : "Eh bien soit ! Qu’on les tue ! Mais qu’on les tue tous ! Qu’il n’en reste plus un pour me le reprocher !"

Hors de France problèmes en europe

Luttes politiques et fanatisme religieux

La violence des luttes suscitées aux XVIe et XVIIe siècles par les désaccords religieux ne peut faire oublier que des ambitions politiques doublèrent souvent les desseins confessionnels. Si l'Invincible Armada (1588) avait été victorieuse d'Élisabeth, non seulement le catholicisme aurait été restauré outre-Manche, mais la concurrence maritime et coloniale d'un pays que l'Espagne commençait à redouter aurait été, pour un temps au moins, éliminée. Si Ferdinand II avait été vainqueur en Allemagne, comme il l'avait été en Bohême (1620), le protestantisme aurait sans doute été balayé de l'Empire ; mais en outre ce dernier aurait probablement acquis une plus forte cohérence politique au bénéfice des Habsbourg. Lorsque Catherine de Médicis organisa avec les Guises le massacre de la Saint-Barthélemy, ne songeait-elle pas davantage à son autorité compromise qu'aux intérêts du catholicisme ?

Comme toute action militaire, même motivée par des raisons confessionnelles, débouche sur des choix politiques, l'histoire des guerres de religion est remplie d'alliances contre nature. En France, Henri III, qui entendait rester fidèle à Rome, fit néanmoins assassiner les Guises, chefs du parti ultra-catholique, et s'appuya finalement sur un relaps – le roi de Navarre (plus tard Henri IV). En Allemagne, le luthérien Maurice de Saxe lutta un moment à côté de Charles Quint contre les autres princes protestants de l'Empire. De même Jean-Georges de Saxe, luthérien lui aussi, prit d'abord parti contre l'Électeur palatin, Frédéric V, un calviniste que les Tchèques avaient couronné roi de Bohême en 1619. Henri II, qui persécuta les protestants de France, et Richelieu, qui les vainquit, soutinrent ceux d'Allemagne contre les Habsbourg. Ces contradictions découlaient logiquement du parti général adopté par les uns et par les autres. Prendre les armes pour défendre une foi, c'était forcément rabaisser la religion au niveau de la politique et l'insérer dans le jeu souvent sordide d'intérêts très matériels.

Enfin, si le terme Contre-Réforme signifie volonté délibérée de détruire le protestantisme par tous les moyens, il faut dire que cette volonté fut parfois intermittente du côté catholique. Charles Quint désirait assurément rétablir l'unité religieuse de l'Empire, mais il aurait accepté d'importantes concessions à la Réforme si Rome n'y avait pas fait obstacle. En France, Henri II aurait voulu détruire le protestantisme. En revanche Catherine de Médicis, François II, Charles IX et Henri III ne combattirent les réformés que par à-coups. Moins d'un an après la Saint-Barthélemy, Charles IX accordait aux calvinistes l'édit de Boulogne (juill. 1573) qui leur assurait la liberté de conscience et le libre accès à tous offices et emplois. Quant à Philippe II, il hésita près de trente ans avant d'attaquer l'Angleterre.

Ces hésitations une fois marquées et compte tenu de l'inévitable contamination par le politique du religieux tel qu'il était alors conçu, les guerres de religion européennes des XVIe et XVIIe siècles méritent bien leur nom. Les princes et les villes d'Allemagne qui se groupèrent en 1531 dans la ligue de Smalkalde entendaient défendre la Réforme contre Charles Quint et ses alliés. Henri II se hâta en 1559 de terminer la guerre contre l'Espagne afin de se consacrer à la persécution des protestants. Si Philippe III, en 1609, n'accorda qu'une trêve de douze ans aux Provinces-Unies calvinistes, et non la paix définitive, c'est parce que les Néerlandais refusaient de donner, sur leur territoire, la liberté de culte aux catholiques. La guerre de Trente Ans commença par une révolte des Tchèques protestants, l'archevêque de Prague ayant fait fermer un temple et interdit le culte réformé dans une ville qui relevait de son autorité. Enfin les plus grands chefs de guerre du temps se considérèrent comme des croisés. Alexandre Farnèse, général de Philippe II aux Pays-Bas, était tenu pour un saint par ses soldats. Avant l'attaque, il faisait mettre ses hommes à genoux pour la récitation de l'Ave Maria ou pour une prière à saint Jacques. Chaque matin, les trompettes de son camp saluaient trois fois Marie. Gustave-Adolphe apparut, lui aussi, comme un chef religieux. Désireux d'opposer un « catholicisme évangélique » à celui de Rome, résolu à sauver la Réforme en Allemagne, ce luthérien convaincu entraînait son armée de « saints » au chant des psaumes et interdisait le pillage.

L'Allemagne, Les Habsbourg à la tête de la Contre-Réforme

C'est en Allemagne, pays d'origine de la Réforme, que les tensions religieuses provoquèrent au XVIe siècle les premiers affrontements sanglants. Faut-il inclure la révolte des chevaliers (1522) et celle des paysans (1524-1525) dans le long catalogue des guerres de religion ? Des raisons économiques expliquent partiellement ces deux mouvements. Cependant, les Ritter espéraient que le valeureux Sickingen allait répandre partout la vraie foi – entendez le protestantisme – en Allemagne. Quant aux paysans, s'ils se soulevèrent au début pour une question de corvée, ils furent bientôt dirigés par Münzer et les « prophètes » de Zwickau, dont l'inspiration religieuse apparaît évidente aux yeux de la recherche récente. Dépassant Luther, annonçant la fin imminente d'un monde pécheur, ils voulaient hâter le jugement de Dieu. Les mêmes convictions apocalyptiques guidaient les anabaptistes qui s'emparèrent en 1534 de la ville de Münster pour la transformer en « nouvelle Sion ». Le programme égalitaire – mais à motivation religieuse – des uns et des autres explique la férocité de la répression qui s'abattit sur les révoltés vaincus.

Luthériens et catholiques d'Allemagne étaient les uns et les autres hostiles aux paysans révoltés et aux anabaptistes. Ces dangers dissipés, ils s'opposèrent bientôt les armes à la main. En réponse à la formation, en 1525, d'une alliance des princes catholiques et aux décisions de la diète de 1529 qui voulait remettre en vigueur l'édit de Worms (1521) – celui-ci plaçait Luther au ban de l'Empire et interdisait la diffusion de sa doctrine –, des princes et des villes libres favorables à la Réforme formèrent la ligue de Smalkalde (1531), qui obtint l'appui de François Ier. Engagé dans de nombreux conflits hors de l'Empire, Charles Quint se tint d'abord sur la défensive et laissa la ligue replacer Ulrich de Wurtemberg à la tête de son duché qui lui avait été confisqué. En revanche, une fois conclue avec le roi de France la paix de Crépy-en-Laonnais (1544), et après avoir divisé ses adversaires en attirant de son côté Maurice de Saxe, il attaqua la ligue en 1546. Elle s'effondra rapidement. La victoire de l'empereur à Mühlberg (1547), la capitulation de Wittenberg, la capture de Philippe de Hesse et de Jean-Frédéric de Saxe parurent marquer la défaite de la Réforme en Allemagne. L'Interim d' Augsbourg, proclamé loi d'Empire en mai 1548, accordait seulement aux protestants la communion sous les deux espèces et le mariage des prêtres. Mais l'Interim fut aboli dès 1552 par la paix de Passau. Car, à l'instigation de Henri II, les princes protestants avaient repris les armes et Maurice de Saxe s'était retourné contre Charles Quint, qui faillit être capturé par surprise à Innsbruck. À la paix de religion d'Augsbourg (1555), Ferdinand de Habsbourg dut accepter le partage de l'Allemagne entre le luthéranisme et le catholicisme suivant le principe : cujus regio, ejus religio. À l'époque, les deux tiers du pays étaient devenus luthériens.

Les Pays-Bas

Les Habsbourg de Madrid, malgré une épuisante guerre, ne purent davantage reconquérir toutes les provinces des Pays-Bas qui, pour des raisons surtout religieuses, se révoltèrent contre eux. Dans ce secteur de l'Europe, la décision de Philippe II de ne plus réunir les états généraux, la diffusion du calvinisme, une crise économique provoquée par la fuite d'artisans protestants créaient, vers 1560-1565, une situation explosive. La régente, Marguerite de Parme, demanda à Philippe II d'adoucir les « placards » qui prévoyaient des peines sévères contre les réformés. Le roi refusa (1565). L'année suivante éclata une « furie iconoclaste » qui, partie de Wallonie, par Gand et Anvers, gagna la Hollande, la Zélande et la Frise. Au lieu d'essayer de calmer les esprits, Philippe II envoya aux Pays-Bas le terrible duc d'Albe avec une armée. L' Inquisition traqua les opposants religieux ; des opposants politiques furent exécutés. Le prince Guillaume d'Orange, acquis au protestantisme, s'enfuit, et les gueux constituèrent de véritables « maquis ». La guerre de Quatre-Vingts Ans commençait (1568-1648). Le 1er avril 1572, des gueux débarquaient près de Rotterdam. La Hollande et la Zélande se soulevèrent, Flessingue fut occupée. Après le sac d'Anvers en 1576 par les troupes espagnoles mal payées et mutinées, Guillaume d'Orange crut qu'il allait pouvoir maintenir l'unité des Pays-Bas. La Pacification de Gand (1576), puis la paix de religion (1578) cherchaient à faire coexister pacifiquement catholicisme et calvinisme dans les dix-sept provinces. L'échec fut rapide en raison des excès des extrémistes protestants et de la constitution, en 1579, par des nobles catholiques wallons, de l' Union d'Arras. Celle-ci se réconcilia avec le roi d'Espagne. Aussitôt se créa une Union calviniste, dite d' Utrecht, qui, en 1581, proclama la déchéance de Philippe II et se transforma en République des Provinces-Unies. L'entrée en scène d'Alexandre Farnèse, habile diplomate et bon général, faillit être fatale aux révoltés. Il reprit Maëstricht et Tournai (1581), Audenarde (1582), Ypres, Bruges, Gand, Bruxelles et Anvers (1584-1585). Philippe II eut le tort de l'envoyer débloquer Paris et Rouen. Le fils de Guillaume d'Orange (assassiné en 1584), Maurice de Nassau, profita de ces fautes pour réorganiser les forces calvinistes. Il occupa Breda en 1590, Nimègue, Zutphen, Deventer, Hulst en 1591, Turnhout en 1597, Nieuport en 1600. Le Génois Spinola parvint cependant, en 1604, à prendre la base néerlandaise d'Ostende. Mais l'Espagne, à qui les révoltés causaient de grosses pertes sur mer, cherchait à négocier. La trêve de Douze Ans (1609-1621) consacra l'existence de fait des Provinces-Unies. Pourtant, au début de la guerre de Trente Ans, Philippe IV et Olivarès tentèrent une dernière offensive contre les Néerlandais. Spinola, en 1622, envahit le pays de la Généralité et prit Breda (1625). Des négociations s'étant ouvertes, l'Espagne exigea notamment le libre exercice du culte catholique aux Provinces-Unies : ce qui fut refusé. La lutte continua donc. Frédéric-Henri, frère de Maurice de Nassau mort en 1625, s'empara de Bois-le-Duc en 1629, de Maëstricht en 1632, reprit Breda en 1637. À cette date, l'Espagne était depuis deux ans en guerre avec la France. Elle abandonna pratiquement le combat et, en 1648, reconnut définitivement l'indépendance de l'État calviniste néerlandais.

Chronologie

1571
lundi 11 octobre : bataille de Lépante
décembre : émeute parisienne pour empêcher la destruction de la croix Gastine, ordonnée par le roi. Cette croix avait été érigée pour commémorer la mort des frères Gastine, deux marchands protestants : ils avaient été assassinés et leur maison incendiée durant la dernière guerre.
1572
janvier : arrivée à Blois du légat Alessandrino chargé par le pape de faire entrer la France dans la ligue chrétienne et proposer un prince du Portugal pour Marguerite de France.
arrivée à Blois de Sir Thomas Smith ambassadeur extraordinaire de l'Angleterre pour faire entrer la France dans la ligue protestante.
lundi 21 février: refus officiel de Charles IX d'entrer dans la ligue chrétienne du pape.
vendredi 3 mars : arrivée à Blois de Jeanne d’Albret et de Louis de Nassau.
mardi 11 avril : signature du contrat de mariage entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre. La dot est de 300 000 écus d'or.
mercredi 19 avril : signature du traité d'alliance entre la France et l'Angleterre. Les deux pays doivent se porter mutuellement secours contre l'Espagne.
lundi 1er mai : mort du pape Pie V.
24 et 29 mai : prise de Mons et de Valenciennes par Louis de Nassau. Charles IX et Catherine de Médicis quittent les bords de la Loire pour se rendre à Paris.
lundi 5 juin : arrivée du roi et de toute la cour à Paris.
vendredi 9 juin : mort de Jeanne d'Albret.
préparatifs de la guerre contre l'Espagne.
dimanche 25 juin : grand conseil au château de Madrid (bois de Boulogne) pour décider de la rupture avec l'Espagne, indécision et départ du roi pour la chasse en région parisienne.
samedi 8 juillet : entrée de Navarre à Paris.
lundi 17 juillet : défaite de Genlis, envoyé par Coligny à la tête de 4 000 hommes pour secourir Nassau enfermé dans Mons.
vendredi 4 août : retour à Paris de Catherine de Médicis et d'Henri d'Anjou, inquiets des projets militaires des protestants restés dans la ville.
mercredi 9 août : grand conseil où Catherine de Médicis résiste à Coligny et à son parti belliciste
jeudi 10 août : départ de Catherine de Médicis pour Montceaux où sa fille Claude est tombée malade et départ des protestants pour Blandy (Melun) pour les noces du prince de Condé avec Marie de Clèves.
jeudi 17 août : fiançailles de Henri de Navarre et de Marguerite de France.
vendredi 18 août : Mariage à Notre-Dame de Paris et réception au Palais de la Cité.
samedi 19 août : bal chez le duc d'Anjou et soirée au Louvre.
dimanche 20 août : pantomime-tournoi donnée à l'hôtel de Bourbon.
lundi 21 août : tournoi sur la place du Louvre.
mardi 22 août : attentat manqué contre Coligny (un peu avant midi) et visite du roi au chevet de l'amiral (vers 14 h).
mercredi 23 août : dans la nuit, lancement du massacre des chefs protestants.
jeudi 24 août : début du massacre général.
samedi 26 août : déclaration de Charles IX devant le parlement de Paris.

Personnalités présentes à Paris durant les événements
La famille royale

catholiques

Catherine de Médicis
Charles IX
Henri duc d'Anjou
François duc d'Alençon
Élisabeth d'Autriche
Marguerite de France
Claude de France
Diane de France

protestante

Renée de France

Les princes du sang protestants
Henri de Navarre
Henri prince de Condé
François, marquis de Conti
Charles de Bourbon
Marie de Clèves
Catherine de Bourbon
Les protestants

assassinés

Gaspard de Coligny †
Charles de Téligny †
Charles de Quellenec †
Pierre de La Ramée †
Pierre de La Place †

non assassinés

Gabriel Ier de Montgomery
Antoine de Crussol
Jacques de Crussol
Louise, duchesse d'Uzès
Pierre Merlin
Ambroise Paré
Catherine de Parthenay
Philippe Duplessis-Mornay
Jacques Nompar de Caumont
Maximilien de Béthune
Francis Walsingham
Philip Sidney
Les catholiques

acteurs des événements

Louis, duc de Montpensier
Louis, duc de Nevers
Henri, duc de Guise
Claude, duc d'Aumale
René de Birague
Albert de Gondi
Charles Danowitz
Annibal de Coconas

autres

François de Montmorency
Henri de Damville
Jacques, duc de Nemours
Charles, cardinal de Bourbon
Jacques Amyot
Anne d'Este
Henriette de Clèves
Catherine de Clèves

Représentations artistiques

Le tableau de Millais, Un Huguenot le jour de la Saint-Barthélemy
Les Huguenots, opéra de Giacomo Meyerbeer.
Le tableau Un Huguenot le jour de la Saint-Barthélemy de John Everett Millais.
La pièce de théâtre Le Massacre de Paris du dramaturge britannique Christopher Marlowe relate l'événement.
Le massacre a inspiré un célèbre roman à Alexandre Dumas père : La Reine Margot (1845) ainsi qu'à Robert Merle : Paris ma bonne ville (1980).
En 1916, D.W. Griffith a fait de la Saint-Barthélemy le cadre d'une des quatre histoires de son film Intolérance (Intolerance).
En 1954, Jean Dréville a réalisé La Reine Margot, un film sur un scénario d'Abel Gance d'après le roman d'Alexandre Dumas. Comme dans l'œuvre éponyme, le roi Charles IX planifie seul l’attentat initial contre Coligny (thèse du pamphlet catholique Le Stratagème ou la ruse de Charles IX, roy de France, contre les huguenots rebelles à Dieu et à luy, 1574). Parallèlement, Catherine de Médicis – aidée du duc Henri de Guise – prépare le massacre après avoir attiré la fine fleur de la noblesse huguenote à Paris grâce au mariage entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre. Voir La Reine Margot (film, 1954).
En 1959, le peintre français Georges Mathieu crée une toile d'imposantes dimensions (250 x 600 cm) intitulée Le massacre de la Saint-Barthélemy.
En 1994, Patrice Chéreau, réalisateur français, signe lui aussi une version cinématographique de la Saint-Barthélemy qui emprunte des éléments à la pièce de Marlowe et au roman d'Alexandre Dumas. Voir La Reine Margot.
Henri 4 (2010), film allemand réalisé par Jo Baier, d'après Le roman d'Henri IV d'Heinrich Mann.
La Princesse de Montpensier (2010), film français de Bertrand Tavernier, adapté de la nouvelle éponyme de Madame de La Fayette, représente dans l'une de ses dernières scènes le massacre qui voit la mort du comte de Chabannes.
The Massacre of St Bartholomew's Eve, un épisode de la série britannique Doctor Who, diffusé en 1966

Liens

http://youtu.be/wCY_HiEzFEk La St Barthélémy
http://youtu.be/QpcQ_2Qcguo Le massacre de la st Barthélémy
http://youtu.be/WM9WohA4ae8 Extrait de la reine Margot
http://youtu.be/nn5qXkanP_0 2000 ans d'histoire 1
http://youtu.be/16Xf8NFS73Q 2000 ans d'histoire 2
http://youtu.be/27K7Flvdt4A La reine Margot film de 1954



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Posté le : 21/08/2014 16:12

Edité par Loriane sur 23-08-2014 18:58:43
Edité par Loriane sur 24-08-2014 16:31:11
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Charles 1er dernier empereur d'Autriche
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Le 17 août 1887 à Persenbeug en Autriche-Hongrie naît

Charles François Joseph de Habsbourg-Lorraine



(Karl Franz Josef von Habsburg-Lothringen) – Funchal Madère, il meurt, à 34 ans, le 1er avril 1922 à Funchal madère, au Portugal.a été, sous le nom de Charles Ier, le dernier empereur d'Autriche du 22 novembre 1916 au 12 novembre 1918 soit 1 an 11 mois et 21 jours, il est le dernier roi apostolique de Hongrie sous le nom de Charles IV . Károly et le dernier roi de Bohême, sous le nom de Charles III, du 22 novembre 1916 au 12 novembre 1918.Empereur d'Autriche 22 novembre 1916 – 12 novembre 1918, son prédécesseur est François-Joseph Ier, son Successeur dans la République d'Autriche est Karl Seitz, il est Roi de Hongrie, Couronné le 30 décembre 1916 à Budapest
Il est le fils aîné de l'archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine et de Marie-Josèphe de Saxe.
L'Église catholique l'a déclaré bienheureux en 2004, il est fêté le 21 octobre. Le procès de béatification de son épouse Zita est en cours.


En Bref

Petit-neveu de l'empereur François-Joseph Ier, Charles Ier est le dernier Habsbourg à régner. Devenu archiduc héritier par suite de l'assassinat de son oncle François-Ferdinand en 1914, il monte sur le trône en pleine guerre mondiale en 1916. Armé de beaucoup de bonne volonté, il n'a pas les qualités nécessaires pour sortir la monarchie autrichienne de la situation inextricable où l'avait mise François-Joseph en déclarant la guerre. Charles Ie prend contact avec les puissances de l'Entente afin de conclure une paix séparée, sans avoir mis son allié allemand au courant. Clemenceau rompt les négociations, mais il est fort douteux que l'Allemagne aurait accepté cette trahison sans réagir. Charles Ier, à l'automne 1918, promulgue les réformes qui, cinquante ans plus tôt, auraient pu résoudre la question des nationalités en accordant l'autonomie à chaque groupe ethno-linguistique et en transformant la monarchie en une fédération danubienne. C'est trop tard ; quelques jours plus tard, Tchèques et Slaves du Sud constituent des gouvernements provisoires, tandis que Hongrois et Allemands d'Autriche forment des États autonomes à caractère républicain. Grâce à un armistice maladroitement négocié, la seule force de cohésion de la monarchie, son armée, se voit trahie ; des milliers de soldats sont faits prisonniers par les Italiens, tandis que les autres regagnent leurs foyers dans le plus grand désordre. C'est la dissolution de l'Autriche-Hongrie et le souverain, isolé à Schönbrunn, se retire le 12 novembre 1918 sans pourtant pour autant abdiquer formellement. En février 1919 il quitte le territoire autrichien, mais après le triomphe de la contre-révolution en Hongrie, il tente par deux fois de rentrer dans ce royaume sans roi en mars et en octobre 1921. Les deux fois il se heurte à l'opposition du régent Horthy et surtout des puissances membres de la Petite-Entente. Il meurt de tuberculose en exil, à Funchal, dans l'île de Madère, le 1er avril 1922.

Sa vie

L'archiduc François-Ferdinand Petit-neveu de l'empereur François-Joseph, il est à sa naissance cinquième dans l'ordre de succession au trône et a donc peu de chances de ceindre un jour la couronne.
Les morts de l'archiduc héritier Rodolphe en janvier 1889 sans descendance mâle puis de son grand-père l'archiduc Charles-Louis, frère cadet de l'empereur, en 1896 le rapprochent du trône mais surtout, en 1900, le mariage morganatique de son oncle, l'archiduc héritier François-Ferdinand dont les enfants seront non dynastes, puis la mort prématurée de son père l'archiduc Othon en 1906 fait de lui, à l'âge de 19 ans, l'héritier à terme de la double-monarchie.
Il devient selon la tradition familiale officier dans l'armée austro-hongroise.
L'archiduc Charles et l'archiduchesse Zita, le jour de leur mariage 21 octobre 1911
Le 21 octobre 1911, il épouse la princesse Zita de Bourbon-Parme 1892-1989 fille de Robert Ier, duc de Parme, dont le procès de béatification a été ouvert le 10 décembre 2009.
Il bénéficie de l'affection sincère du vieil empereur François-Joseph accablé par les deuils. Il est également très proche de sa mère et de la troisième épouse de son grand-père l'archiduchesse Marie-Thérèse de Bragance.
Il entretient de bonnes relations tant avec son grand-oncle l'Empereur qu'avec son oncle l'archiduc héritier, entre lesquels les relations sont souvent tendues. Il devient l'héritier du trône le 28 juin 1914 après l'assassinat de son oncle l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo. Il prend la succession de son grand-oncle à la mort de celui-ci le 22 novembre 1916.

Empereur et roi

Son couronnement comme roi de Hongrie a lieu à Budapest dès le 30 décembre 1916. Il n'a jamais été couronné empereur d'Autriche, ni roi de Bohème.
Dès son avènement le 22 novembre 1916, il restreint le train de vie de la cour et, sous l'influence de l'impératrice, engage des réformes sociales ce qui lui vaut la haine - et les calomnies - des nantis création du premier ministère des affaires sociales au monde.
Mais son principal objectif est de trouver les voies de la paix avec les Alliés et notamment la France. Il entame alors une négociation secrète, par l'intermédiaire de ses beaux-frères, les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, avec le gouvernement français, sous les auspices de Jules Cambon, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, d'Aristide Briand, président du Conseil et du président de la République Raymond Poincaré.
Le 24 janvier 1917, les deux princes sont à Paris où ils ne rencontrent que Jules Cambon, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.
À l'issue de cette entrevue, les deux frères rédigent ce qu'ils estimaient avoir ressenti comme étant le seuil en deçà duquel le gouvernement français n'entamerait aucune négociation.

Durant la guerre, l'empereur va tout faire pour épargner des vies et quelques-uns de ses officiers seront en désaccord avec cette politique. Ainsi, Charles ordonne de ne pas affecter aux postes dangereux les personnes dont la famille compte déjà deux morts ou les hommes qui sont pères de familles de plus de six enfants. L'Empereur fera tout son possible pour éviter les opérations coûteuses en vie et non nécessaires.
Il interdira également de bombarder des villes non stratégiques.

Le prince Sixte

Sur la base de cette note rédigée par les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, l'Empereur Charles fait une proposition, par une apostille manuscrite, ajoutée à une note officielle franchement négative du gouvernement austro-hongrois. Selon cette apostille manuscrite, l'empereur Charles, émet les propositions suivantes :
il s'appliquera à faire admettre par son allié, l'Empire allemand, que les droits légitimes de la France sur l'Alsace-Lorraine soient rétablis dans leur totalité ;
il s'appliquera auprès de son allié, l'Empire Allemand, à ce que la Belgique soit rétablie dans sa souveraineté intégrale, y compris dans ses colonies ;
la monarchie austro-hongroise doit être maintenue dans le respect du statu quo de ses frontières ;
la discussion avec la Russie sur le problème de Constantinople n'est pas d'actualité, en raison de la révolution qui vient d'éclater à Petrograd.
On ne peut dire que ces propositions répondent aux attentes du gouvernement français car elles ne correspondent en fait qu'à une vue du prince Sixte de Bourbon-Parme. Ces propositions sont en particulier nettement en retrait par rapport à la note formulée quelques jours auparavant par le gouvernement français 10 janvier 1917 à l'intention du Président des États-Unis Wilson.
Les négociations commencées sous les auspices d'Aristide Briand, continuent avec Alexandre Ribot, nouveau président du Conseil, à la suite du renversement du Cabinet Briand.
Ribot ne croit pas à la sincérité des propositions de l'Empereur et pense que des engagements qui ne prennent que la forme d'apostilles manuscrites ne peuvent être pris au sérieux. En outre, désireux de respecter les propositions françaises de paix telles qu'elles avaient été formulées le 10 janvier 1917 - en particulier les engagements des Alliés envers l'Italie, que le point trois de la contre-proposition ne pouvait pas satisfaire - il fait en définitive répondre qu'il est hostile à la poursuite des entretiens hors d'une concertation préalable avec l'Italie.
Les dirigeants britanniques, sollicités également par les princes de Bourbon-Parme, répondent qu'ils comprennent l'attitude française ainsi que l'intransigeance italienne.

Le comte Czernin contribue à faire échouer la négociation

Cette négociation se termine par un scandale énorme au printemps 1918, suite aux rodomontades du comte Ottokar Czernin, ministre des affaires étrangères de l'Autriche-Hongrie, devant le conseil municipal de Vienne : le comte Czernin affirme devant cette assemblée que le président du conseil français Georges Clemenceau, s'est résigné à faire à l'Autriche-Hongrie des offres de négociations suite aux succès des offensives allemandes.
Face à cette déclaration, le sang du Tigre ne fait qu'un tour : Le Comte Czernin a menti, tonne-t-il, et, à l'appui de cette colère, il fait publier copie de la lettre autographe secrète du 24 mars 1917 où l'Empereur annonçait que
" si l'Allemagne refusait d'entrer dans la voie de la raison, il se verrait contraint d'abandonner son alliance pour faire une paix séparée avec l'Entente."
Cette déclaration met l'Empereur Charles dans une position intenable face à son allié allemand qui l'accuse de trahison, alors que Charles avait pris la précaution d'informer l'empereur Guillaume II qu'il avait engagé des pourparlers de paix, sans toutefois en révéler le contenu exact. L'état-major allemand met en place un plan d'invasion de l'Autriche et d'internement de son souverain. Il ne peut toutefois le mettre à exécution.
Ayant à faire face au problème des nationalités et en réponse aux propositions du président américain Wilson, notamment au quatorzième point sur le " Droit des Peuples à disposer d'eux-mêmes", Charles propose, en octobre 1918, la fédéralisation de l'Empire.
La résistance du gouvernement hongrois, présidé par le comte Istvan Tisza, à toute modification constitutionnelle du compromis imposée par la fédéralisation ne permet pas de réaliser ce programme en temps utile. Dans la proclamation
" À mes peuples " en octobre 1918, Charles l'impose, la Hongrie proclame ipso facto la fin de l'Autriche-Hongrie, en faisant sécession.

Derniers jours de l'Empire d'Autriche et du Royaume de Hongrie

Charles signe sa renonciation au trône plus précisément sa renonciation à la participation au gouvernement autrichien dans le salon chinois bleu du château de Schönbrunn, à midi le 11 novembre 1918, le même jour que l'armistice et fin de la Première Guerre mondiale, scellant ainsi la fin des plus de 600 ans de règne des Habsbourg sur l'Autriche.
Le 12 novembre 1918, la République est proclamée en Autriche après que Charles a accepté de soumettre au vote du Parlement autrichien la forme de l'État, sous la pression, et l’assurance des Chrétiens-sociaux qu'ils voteraient en faveur de la Monarchie5. Ils votèrent contre, de sorte que c'est bien une majorité des représentants du peuple autrichien qui, ce jour-là, permit l'instauration de la République.
Les royaumes et principautés slaves ont proclamé dès la fin octobre leur indépendance.
L'Empereur Charles refuse d'abdiquer, renonçant au pouvoir mais pas à son titre. Il se contente de signer un retrait momentané des affaires publiques le 12 novembre 1918, trois jours après l'empereur Allemand Guillaume II qui a trouvé refuge aux Pays-Bas.
Retiré tout d'abord, dès le 12 novembre 1918, au château d'Eckartsau, en Basse-Autriche, l'empereur Charles, suite aux pressions effectuées par le nouveau chancelier, Karl Renner, qui veut obtenir son abdication en due forme, est contraint de quitter son pays et de demander asile à la Suisse où demeure la mère de l'impératrice, la duchesse douairière de Parme Antonia de Bragance.
Il quitte ainsi l'Autriche en train avec sa famille le 23 mars 1919 sous la protection d'officiers britanniques.
Le long exil de la famille impériale commence par la Suisse tandis que les républiques qui ont succédé à la double-monarchie confisquent les biens de l'ex-famille impériale.
La Hongrie connait une révolution socialiste dirigée par le bolchevik Béla Kun 21 mars-1er août 1919.
Pendant ce temps, le démembrement de l'Autriche-Hongrie est officialisé par le Traité de Saint-Germain le 10 septembre 1919 et le Traité de Trianon le 4 juin 1920.
Sur la demande du pape Benoît XV qui redoute l'expansion du bolchevisme soviétique, l'ex-empereur et roi tente de remonter sur le trône de Hongrie en mars et en octobre 1921.
Le Régent Horthy, ancien officier de marine et proche du défunt empereur François-Joseph, refuse de lui remettre le pouvoir, prétextant que le retour d'un Habsbourg-Lorraine sur un trône ne serait jamais accepté par les Alliés et la Petite Entente qui avait menacé d'envahir la Hongrie.
Ne désirant pas être à l'origine d'une nouvelle guerre civile, Charles, forcé de se rendre, se constitue prisonnier. Remis à l'Angleterre, Charles et Zita, sur décision de la Conférence des Ambassadeurs, sont exilés sur l'île de Madère où le Portugal accepte de les accueillir.
Il arrive dans l'île le 19 novembre 1921 à bord d'un croiseur anglais et s'installe à Funchal dans la maison de vacances Quinta do Monte du banquier Rocha Machado.
Ayant contracté une bronchite le 9 mars, Charles est affaibli par les épreuves et le climat montagnard de cette île. Il meurt le 1er avril 1922 d'une pneumonie, dans la pauvreté8, veillé par l'impératrice enceinte de son huitième enfant, à l'âge de 34 ans et 7 mois quelques semaines après le pape Benoît XV.
Charles est enterré dans l'église Nossa Senhora do Monte sur les hauteurs de Funchal. Son cercueil est déposé dans une alcôve en dessous d'un grand crucifix. Son fils aîné, Othon Otto, âgé de dix ans, devient alors le chef de la maison de Habsbourg-Lorraine.

Béatification

Charles Ier a été béatifié à Rome, le 3 octobre 2004, par le pape Jean-Paul II. Les raisons de cette béatification tiennent à la fois aux tentatives que Charles fit pour trouver les voies de la paix en 1917, tant par la médiation de ses beaux-frères les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, que par son soutien apporté à la médiation du pape Benoît XV, et à ses vertus chrétiennes.
Il avait en effet placé sa vie sous le signe de l'Eucharistie et s'était engagé à suivre les enseignements du Christ dans sa vie privée et publique. Il sut également suivre l'enseignement social de l'Église et les premières mesures prises par lui, en tant que souverain, furent de supprimer le train de vie de la cour d'Autriche afin de pouvoir aider les pauvres sur ces économies, et d'adopter les réformes sociales nécessaires.
Il créa, sous l'influence de l'impératrice Zita, le premier ministère des affaires sociales au monde. Il fut en son temps appelé par l'Arbeiter Zeitung Le Journal des Travailleurs, l'Empereur du peuple, ce qui entraîna les moqueries de l'aristocratie.
Le processus de la béatification de l'empereur Charles a été entrepris dès 1923 un an après sa mort et le procès de béatification a été officiellement ouvert en 1949. Les pièces, documents et témoignages représentent plusieurs dizaines de milliers de pages. Le miracle reconnu lors du procès de béatification serait survenu en Amérique du Sud, à Curitiba, dans l’État brésilien du Paranà guérison soudaine d'un ulcère variqueux douloureux entraînant une incapacité de marcher d'une religieuse missionnaire, des Filles de la Charité de saint Vincent de Paul, originaire de Pologne. À l’unanimité, tant de la part des médecins que de celle des théologiens qui ont examiné son cas à Rome, cette guérison a été déclarée scientifiquement inexplicable.

Canonisation

Le 31 janvier 2008, un tribunal ecclésiastique reconnaît miraculeuse une guérison attribuée à l'intercession du bienheureux Charles d'Autriche, réalisée en Floride, aux États-Unis.
Aujourd'hui, le procès en canonisation de Charles d'Autriche est à l'étude et une relique du bienheureux souverain a été déposée en décembre 2013 en la basilique Saint-Epvre de Nancy.

Descendance

L'empereur et sa femme ont eu huit enfants :
Otto 1912-2011, archiduc d'Autriche, épouse en 1951 la princesse Régina de Saxe-Meiningen 1925-2010, dont postérité ;
Adélaïde 1914-1971 ;
Robert d'Autriche-Este 1915-1996, épouse la princesse Marguerite de Savoie-Aoste 1930-, dont postérité Lorenz d'Autriche-Este ;
Félix 1916-2011, épouse en 1952 la princesse Anne-Eugénie d'Arenberg 1925-1997, dont postérité ;
Charles-Louis 1918-2007, épouse en 1950 la princesse Yolande de Ligne 1923-, dont postérité ;
Rodolphe 1919-2010, épouse la comtesse Xénia Czernichev-Bézobrazoff 1929-1968, dont postérité.
En 1971, il se remarie à la princesse Anne Gabrielle de Wrede 1940-, dont postérité ;
Charlotte 1921-1989, épouse Georges de Mecklembourg 1899-1962, sans postérité ;
Élisabeth, née posthume 21 mai 1922-1993, épouse le prince Heinrich de Liechtenstein 1916-1991, dont postérité.
Parmi les nombreux petits-enfants de Charles et Zita se trouve l'archiduc Carl-Christian, qui a épousé en 1982 la princesse Marie-Astrid de Luxembourg fille du couple grand-ducal et l'archiduc Lorenz, qui a épousé en 1984 la princesse Astrid de Belgique et a été titré en 1995 prince de Belgique par son beau-père le roi Albert II ses cinq enfants font partie de l'ordre de succession au trône belge.

Ascendance Ancêtres de Charles Ier d'Autriche

Citations

Jeune officier, il répliqua à un de ses supérieurs : «Au-dessus du règlement, il y a les lois de l'humanité
Ainsi que le rappelait le cardinal José Saraiva Martins en avril 2004 lors de la promulgation du décret reconnaissant un miracle dû à son intercession le jour de leur mariage, le jeune archiduc de 23 ans dit à son épouse : Maintenant nous devons nous conduire l'un l'autre au ciel .
Parlant à son épouse Zita la veille de son couronnement 1916 il dit en parlant du peuple et en faisant allusion à l'entrée du Christ à Jérusalem (Rameaux) :
Aujourd'hui ils m'acclament mais bientôt ils crieront et réclameront ma tête .
Il avait également dit à son fils Otto, lors de graves troubles révolutionnaires en Autriche : Renoncez à tout s'il le faut, mais ne renoncez jamais à la Lorraine . Fidèlement, durant leur long exil, l'archiduc et sa mère l'impératrice Zita portèrent le titre de duc et duchesse de Bar.
Dans une de ses lettres au pape Benoît XV 28 février 1919, il dit Dans les épreuves que la Divine Providence m'a envoyées, j'ai conservé le sentiment d'avoir toujours fait mon devoir et de n'avoir voulu en toute chose que le bonheur de mes sujets, de même que la plus grande gloire de Dieu et le triomphe de notre Sainte Mère l'Eglise .
Jean-Paul II aura ces mots à l'égard de l'Empereur :
" Il était un homme d'une intégrité morale certaine et d'une foi solide, qui a toujours cherché le mieux pour ses peuples, et dans ses actes de gouvernement s'est conformé à la doctrine sociale de l'Église. Il a entretenu les idéaux de justice et de paix avec un appel constant à la sainteté. Il était un chrétien, un père, un mari, un monarque exemplaire."

Liens

http://youtu.be/4QnV_d3dII4 Charles 1
http://youtu.be/YTO31dkDQv8?list=PLLV ... 31-hWFzH_CNLbhdVoclkW6V53 Charles 1 d'Autriche
http://youtu.be/9IrBP_g4sjk Entretien avec le fils de Charles 1
http://youtu.be/bIDuKIc-u3c Zita princesse servante
http://youtu.be/3wFVw4gmAnI?list=PLrZ ... Ue9_NrQwpaeaDgSegnYX5_yNU Cérémonies commémoratives

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Posté le : 15/08/2014 18:34

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Journée du 10 Aout 1792
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Le 10 août 1792 : La chute de la monarchie en France

Journée révolutionnaire qui vit la chute de la royauté.

constitution de la commune insurrectionnelle à Paris.
prise des Tuileries.
massacre des gardes suisses à Paris
suspension de Louis XVI.


La résistance du roi aux décrets de l'Assemblée législative, le refus de celle-ci, malgré la pression des sections, de proclamer la déchéance, l'arrivée à Paris des fédérés de Brest et de Marseille, la publication du manifeste de Brunswick, duc de Brunswick laissaient prévoir l'événement.
Le matin du 10 août, le peuple des faubourgs et les fédérés attaquent les Tuileries. Une Commune insurrectionnelle, émanant des sections révolutionnaires de Paris, s'est, dans la nuit, installée à l'Hôtel de Ville et dirige le mouvement.
Le château est gardé par environ 900 suisses, 200 gendarmes et 2 000 gardes nationaux, dont le chef, Mandat, convoqué à l'Hôtel de Ville, sera tué par les émeutiers.
Dès l'aube, l'assaut commence. Les suisses résistent. Le roi s'est réfugié avec sa famille au milieu des députés. Apprenant que le château est forcé, il donne l'ordre aux défenseurs de cesser le feu. Les suisses sont massacrés et les Tuileries mises à sac.
Devant le succès des insurgés, l'Assemblée décrète la suspension du roi et désigne un Conseil exécutif provisoire pour gouverner jusqu'à l'élection d'une Convention nationale.
Elle livre à la Commune la famille royale, qui sera incarcérée au Temple.
Le 10 août 1792 est une journée révolutionnaire méconnue. C’est pourtant la journée qui consacre en point d’orgue la chute de 1000 ans de monarchie en France et qui bouleverse totalement la politique et lègue un héritage encore présent de nos jours.
Sans le 10 août la soldatesque effrénée et sans humanité aurait remplacé le régime fraternel des gardes nationales. Les longues robes des suppôts de la chicane auraient remplacé les écharpes tricolores… Les gibets auraient été plantés à la place des arbres de la Liberté autour desquels auraient dansé les assassins de la Cour criant Vive le Roi !

Le Roi seul face à des partis divisés

Depuis sa fuite du 20 juin 1791, Louis XVI a perdu tous ses soutiens et se lance dans une politique guerrière qui, pense-t-il, lui permettra de retrouver son trône une fois la Révolution écrasée par les armées étrangères.
Les derniers aristocrates, partisans de la monarchie absolue, ont quitté la France et se réunissent pour partie à Coblentz d’où ils préparent leur retour avec l’aide des cours étrangères. Toutefois, Louis XVI sait très bien que cette noblesse traditionnelle ne désire que prendre le pouvoir par la force en conservant un Roi fantoche voir le forcer à abdiquer au profit du jeune et influençable dauphin.
Les monarchistes constitutionnels, les Feuillants, quant à eux, veulent en terminer avec la Révolution de peur qu’elles ne les dévorent. Ils ne désirent conserver que le symbole que représente Louis XVI, pivot de leur régime constitutionnel.
Ils sont autant embarrassés de l’usage excessif que le Roi fait de son veto qui lui permet de s’opposer à toutes les lois qu’il désire. Car, si le Roi craint les Emigrés, il se défie particulièrement des Feuillants qui l’ont petit à petit privés de ses pouvoirs depuis 1789. Divisés sur l’opportunité de la guerre et malgré la politique d’obstruction de Louis XVI, ils s’en rapprochent tout de même pour échapper aux éventuelles représailles des Emigrés. Lafayette quant à lui, rêve d’un retour sur le devant de la scène politique dont il est exclu.
Grandement encouragée par le Roi, l’Assemblée législative déclare la guerre au Roi de Bohème et de Hongrie le 20 avril 1792. Les Girondins par la voix de Brissot et de Roland, aile gauche de l’Assemblée législative, se lancent aveuglément dans la guerre. Défendant une politique économique libérale ils attendent des retombées conséquentes de l’exploitation des terres et des ports de l’Europe du Nord. Certains de la victoire des troupes révolutionnaires, ils y voient un moyen de forcer le Roi à accepter la Révolution ou à tomber le masque. Ils réussissent par l’intimidation à imposer au Roi un ministère Girondin, persuadés que le souverain n’osera pas prendre une décision aussi grave que de renvoyer ses ministres s’ils ne lui accordent leur contreseing nécessaire à l’application du veto.
Le 17 mai 1792, le ministère girondin prend connaissance des intrigues des Feuillants et de Lafayette qui communiquent avec l’Empereur et promettent explicitement de marcher sur Paris et faire fermer le club des Jacobins. Ils savent également que le général refuse de mener ses armées à la guerre. Lafayette et les Feuillants par ces actions invitent le Roi à la Résistance. Les Girondins préfèrent cacher ces manœuvres et négocient avec Lafayette.
Dans ces conditions, le Roi se voit en arbitre des partis. Malgré la confiance de Brissot, le Roi renvoie le ministère girondin le 12 juin. Les Feuillants applaudissent ; l’un d’eux, Adrien Duport n’hésite pas à conseiller au Roi la Dictature après dissolution de l’Assemblée.
Mais le Roi ne compte pas pour autant leur donner le pouvoir.

La patrie en danger

Les Girondins se lancent dans une campagne véhémente contre le Roi. Grâce à la mobilisation et l’influence du maire Pétion et du chef de la garde nationale Santerre, ils organisent le 20 juin une manifestation aux Tuileries. Ouvriers et artisans des faubourgs s’y rendent en masse et réclament avec violence au Roi lui-même la suspension de son veto. Injurié, menacé, le Roi refuse et repousse la manœuvre par sa placidité.
Dans le même temps, le 29, il refuse la main tendue de Lafayette qui se propose, sous prétexte d’une revue de la garde nationale de procéder à rien moins qu’un coup d’état. Par la suite, il s’était présenté devant l’Assemblée et avait demandé la dissolution des Jacobins et des mesures contre les anarchistes, la réaction royaliste face aux manifestations du 20 était si forte qu’il y fut acclamé. En fait, Louis XVI joue une carte imprudente, il n’attend qu’une chose : l’arrivée des troupes étrangères à Paris malgré les propositions répétées des Feuillants. Il continue donc sa politique d’obstruction et ses intrigues, communiquant avec les cours étrangères.
Ayant raté son Dix-Huit Brumaire, Lafayette quitte Paris pour rejoindre son armée. Son effigie est brûlée au Palais-Royal.
Face au péril, les Jacobins s’unissent, Brissot et Robespierre réclament un châtiment contre Lafayette, et, à l’Assemblée, les Girondins contournent un nouveau veto royal en appelant les Fédérés de tous les départements pour célébrer le 14 juillet à Paris.
Déjà 500 Marseillais se mettent en route pour la capitale.
Face à l’avancée des troupes nombreuses vers les frontières, le 11 juillet l’Assemblée proclame alors La Patrie en danger : les corps administratifs et les municipalités siègent en permanence, de nouveaux bataillons de volontaires sont levés et déjà 15 000 parisiens s’enrôlent. Ces mesures d’exception visent à mettre une pression populaire et militaire sur le Roi dont plus personne n’est dupe de son double jeu… C’est dans une ambiance glacée que le couple royal assiste le 14 à la fête de la Fédération devant des milliers de Fédérés. En effet, le ministère feuillant, divisé, a préféré démissionner.
On y brûle les armes des familles émigrées. Plus personne ne crie Vive le Roi, mais de nombreux spectateurs avaient écrit à la craie sur leur chapeau Vive Pétion.
C’est alors que les Girondins vont entrer secrètement en contact avec la cour espérant pouvoi récupérer le ministère désormais disponible. Dés lors, ils vont tenter d’étouffer les factions régicides qui veulent installer la République. Une volte face inacceptable pour le peuple qui se sent trahie alors que l’ennemi menace et lance un ultimatum très maladroit.

L’insurrection

Le 25 juillet est publié le manifeste dit de Brunswick. En réalité il s’agit d’un texte rédigé par un émigré, le marquis de Limon et prôné par Fersen. Ce pamphlet promet de réduire Paris en cendre si le Roi était mis en danger. C’est un coup de tonnerre ; en effet, même si les intrigues du roi faisaient de moins en moins de doute c’est un aveu de trahison sans équivoque. Cela va déclencher une vive réaction populaire en dehors de l’action des partis.
Les sections parisiennes grondent et envoient à l’unanimité moins une à savoir 47 sections Pétion à l’Assemblée pour demander solennellement la déchéance du roi. Les Girondins tentent en vain d’étouffer le vent de révolte qui se fait de plus en plus insistant. La section des Quinze-Vingt, celle du Faubourg Saint-Antoine, une des plus révolutionnaire menace de faire sonner le tocsin le 10 août si la déchéance du roi n’est pas prononcée. Le roi quant à lui fait appeler les gardes suisses de Rueil et de Courbevoie pour se défendre.
Les Fédérés de tous les départements, constitués d’hommes du peuple se rassemblent en comités pour coordonner leur mouvement. Ils ont été encouragés à rester à Paris après le 14 juillet pour faire pression sur le roi. Leur comité se réunit régulièrement chez le menuisier Duplay, rue Saint-Honoré, où loge Robespierre qui est très actif auprès d’eux pour leur trouver des logements chez les patriotes et ainsi les lier au peuple qui se révolte. Les sections et les Fédérés s’apprêtent de concert à marcher sur les Tuileries.

Les Tuileries

Au XVIe siècle, le palais du Louvre n'était encore qu'un corps de bâtiments marqués par leur fonction militaire à la limite ouest de la capitale. Dans son prolongement, la régente Catherine de Médicis, veuve du roi Henri II, fit construire en 1564 un palais de style Renaissance italienne. Ce palais était orienté perpendiculairement à la Seine. La présence à ses alentours de tuileries artisanales lui conférèrent son nom pour la postérité.
Les travaux furent confiés à Philibert Delorme. Les aménagements ultérieurs furent poursuivis par Jean Bullant, Androuet du Cerceau, Louis le Vau et Pierre Fontaine. Côté cour, à l'est, se trouvait l'esplanade du Carrousel aujourd'hui rattachée au Louvre, et de l'autre côté, le jardin des Tuileries, avec la salle du Jeu de Paume, où chacun avait accès.
Les rois Henri III, Henri IV, Louis XIII y séjournèrent souvent. Le massacre de la Saint Barthélemy y fut sans doute ourdi en août 1572. Anne d'Autriche y fut «honorée» par le roi Louis XIII en 1637 après 22 ans de mariage sans descendance ni guère d'affection. Neuf mois plus tard naquit le futur Louis XIV.
Le palais des Tuileries ayant été sérieusement endommagé lors de l'émeute du 10 août 1792, il reviendra au Premier Consul Napoléon Bonaparte de le réhabiliter en 1800 pour y installer sa cour et restaurer les anciens usages. Ses successeurs s'y établirent aussi et la vie de cour du Second Empire y fut particulièrement brillante. Mais sous la Commune, un incendie se déclara dans des circonstances mal élucidées et le palais fut finalement rasé sous la IIIe République.
Cette insurrection populaire s’est faite indépendamment des partis même si, ceux qu’on appellera bientôt les Montagnards, les soutiennent, les incitent à s’organiser : Robespierre, Marat qui édite un nouvel appel aux Fédérés les exhortant à l’action. Aucune figure politique future ou présente n’a réellement participé directement à l’insurrection. On cite souvent la figure de Danton comme l’homme du 10 août mais il n’est rentré à Paris de sa maison d’Arcis-sur-Aube que le soir du 9 août.
L’Assemblée est impuissante le 8 août elle avait absous Lafayette, le 9 elle n’ose pas aborder la pétition des 47 sections sur la déchéance du roi et se sépare sans débat à 19 heures. Dans les sections les mots d’ordre insurrectionnels sont distribués et à 23 heures le tocsin sonne…
Dans la nuit, Santerre soulève le faubourg Saint-Antoine et Alexandre le faubourg Saint-Marceau et les Fédérés marseillais sont en ébullition. Les sections envoient à l’Hôtel de Ville des commissaires révolutionnaires qui déposent la municipalité légale et fondent la Commune insurrectionnelle, ils s’assurent de la passivité de Pétion et exécutent le marquis de Mandat, commandant de la garde nationale qui depuis peu est composée de citoyens inactifs, qui ne payent pas le cens suffisant pour voter.
Les Sans-culottes de toutes les sections se rendent aux Tuileries, ils arborent pour la première fois le drapeau rouge, il y est inscrit : Loi martiale du Peuple souverain contre la rébellion du pouvoir exécutif. C’est une revanche du 17 juillet 1791, lors de cette journée Lafayette et Bailly avait fait tirer sur le peuple désarmé qui réclamait la République.
Lors de cette fusillade qui fit 50 morts, la garde nationale avait arboré le drapeau rouge de la loi martiale.
Immédiatement, la garde nationale et les canonniers se rangent du côté des insurgés, il ne reste que les gardes suisses et quelques aristocrates pour défendre le roi. Malgré des tentatives de fraternisation avec les suisses, les royalistes zélés forcent le feu. Les insurgés sont furieux de cette ultime trahison et avec l’aide des Fédérés brestois et marseillais ils brisent la résistance des défenseurs du palais qui finit par tomber. Les insurgés comptent 1000 tués et blessés.

Le massacre des gardes Suisses

Lors de la Journée du 10 août 1792, les gardes Suisses, défendirent avec bravoure le Roi et le palais des Tuileries. La presque totalité fut massacrée par la foule, après avoir, sur ordre de Louis XVI de France, cessé le feu et déposé les armes. Certains gardes suisses qui furent tués lors de la prise des Tuileries, furent inhumés à la chapelle expiatoire à Paris aujourd'hui square Louis-XVI
Les Gardes suisses sont des unités militaires de mercenaires suisses, qui étaient employées, sous forme de contrats de louage, par des souverains pour leur protection ainsi que pour la garde de leurs résidences. On les trouve auprès de nombreuses cours européennes à partir du XVe siècle jusqu'au XIXe siècle, par exemple en France, en Autriche, en Savoie, ou encore à Naples.
Il faut distinguer les gardes suisses des régiments réguliers de Suisse, mercenaires également, qui combattaient pour les différentes puissances européennes et n'étaient pas généralement appelés gardes suisses.
En outre, le terme garde suisse fait aujourd'hui très souvent uniquement référence à la seule garde suisse encore existante, la Garde suisse pontificale.
Le recrutement de ces troupes d'élite proches du pouvoir, était particulièrement sélectif. Les unités de la garde avaient le pas sur les régiments suisses ordinaires. Officiers et soldats jouissaient de privilèges et leur solde était relativement élevée
La Maison du Roi comprenait un corps de soldats suisses appelés gardes suisses ou Cent-Suisses.
L'uniforme de gala a varié au cours des siècles. Actuellement, il est de couleur rouge, jaune et bleu, le bleu et le jaune sont les couleurs de la famille Della Rovere à laquelle appartenait Jules II, le rouge a été ajouté par son successeur Léon X, un Médicis, n'a pas été dessiné par Michel-Ange pendant la Renaissance comme le veut la légende, mais est l'œuvre de Jules Repond, 1853 - 1933, commandant de la Garde de 1910 à 1921, qui s'inspira en 1914 des fresques de Raphaël.
Les uniformes sont créés sur mesure et bénis par le pape pour chaque garde. Quand l'un d'eux finit son service, son uniforme doit être détruit au hachoir afin d'éviter toute utilisation frauduleuse ou abusive. Seuls les hallebardiers, les vice-caporaux et les caporaux portent cet uniforme très voyant, les sous-officiers supérieurs sergents et sergent-major portent un pantalon cramoisi et un pourpoint noir, tandis que l'uniforme des officiers est entièrement cramoisi.
L'uniforme se porte avec un béret de type alpin ou avec un casque léger à deux pointes aux bords relevés : le morion, ornés de plumes de faisan ou de héron et frappé du chêne, emblème de la famille Della Rovere. Le morion des hallebardiers et des sous-officiers est surmonté d'une plume rouge, tandis que celle ornant les casques du sergent-major et du colonel sont blanches, les autres officiers en portent une de couleur violet foncé.
L'uniforme complet, qui n'est requis que pour les grandes occasions, comme la prestation de serment, constitue un puzzle de 154 pièces.

François Ier, successeur de Louis XII, combat dans le Milanais pour le reprendre. Le duc de Milan paie les gardes et les soldats suisses pour se défendre. Les Français et les Suisses se rencontrent à Marignan en 1515, les Suisses sont vaincus après avoir bravement résisté à l'attaque des chevaliers français. François Ier reconquiert donc le Milanais.
Le 29 novembre 1516, à la suite de sa victoire, François Ier signe la paix perpétuelle avec les cantons suisses : il n'y aura plus de guerre entre la France et les cantons suisses et par le traité de Genève le 7 novembre 1515, seuls le roi de France et le pape pourront avoir des mercenaires suisses. Toujours effectif aujourd'hui pour le Vatican, cet accord a été appliqué jusqu'en 1792 pour la France. Guillaume Froelich fut colonel général des Gardes suisses du roi de France après sa victoire à la bataille de Cérisoles en avril 1544.
En 1573, Charles IX de France institua les gardes suisses. En 1616, Louis XIII de France organisa les gardes suisses en régiments.
Dans la maison militaire du Roi, les gardes français avaient la prééminence sur les gardes suisses dont le statut était inférieur. Ils portaient un uniforme rouge rehaussé de bleu. Ils percevaient une solde double.
Le jeune officier d'artillerie Bonaparte est à ce moment-là au Carrousel, chez son condisciple Bourrienne. Ayant déjà assisté à l'émeute du 20 juin, il en avait tiré cet avertissement : Les misérables ! On devrait mitrailler les premiers cinq cents, le reste prendrait vite la fuite . Ce 10 août, il voit passer un groupe d'hommes hideux, portant une tête au bout d'une pique. Son mépris de la foule n'en deviendra que plus grand.

A l’arrivée des manifestants le roi et sa famille avait fui le palais et s’était rendu à l’Assemblée pour s’y réfugier.
Embarrassés et impuissants, ils déclarent vouloir protéger les autorités constituées avant de décréter la suspension du roi sous la pression des insurgés victorieux. Ils votèrent la convocation d’une Convention tant réclamée par Robespierre et décriée par Brissot.
La garde du roi fut confiée à la Commune insurrectionnelle qui l’enferma au Temple.

Ainsi tombait le trône après 1000 ans de monarchie ininterrompue. Mais avec le trône tombait ses derniers défenseurs, la noblesse minoritaire qui s’était promis de conduire et de dompter cette Révolution. Mais le parti Girondin lui-même qui voulait empêcher cette insurrection en négociant au dernier moment avec la Cour était affaibli. Les citoyens passifs, les prolétaires et leur porte-parole : les Montagnards tenaient leur revanche du 17 juillet, ils sont les grands vainqueurs de cette journée. Le 10 août est une Révolution en lui-même : c’est l’avènement de la démocratie.

Commune de Paris 1792

Dans la nuit du 9 au 10 août, la section des Quinze-Vingts prit l'arrêté suivant : Attendu qu'il s'agit de sauver la patrie et la chose publique, la section nomme trois commissaires pour se rendre à la maison commune et, conjointement avec ceux qui seront nommés par les autres sections, aviser au moyen de se concerter sur les mesures à prendre dans les circonstances actuelles.

Municipalité insurrectionnelle qui siégea à l'Hôtel de Ville de Paris du 10 août au 2 décembre 1792, poussa au renversement de la royauté et à diverses mesures révolutionnaires, avant de s'incliner devant la Convention, nouvellement élue. La Commune de 1792 illustre le rôle de Paris dans les moments les plus dramatiques de la Révolution.
À l'écart de la municipalité légale, une violente agitation antiroyaliste s'organise dans les assemblées de section en juillet 1792. Le 25 juillet, l'Assemblée législative autorise la permanence des sections. À l'initiative de la section de Mauconseil, le 3 août, une délégation de quarante-sept sections vint se présenter à la barre de l'Assemblée, demandant la déchéance du roi. Conduite par le maire Pétion, cette délégation comprenait déjà tout le personnel de la future Commune insurrectionnelle.
L'Assemblée s'efforça de briser le mouvement sectionnaire en cassant un arrêté de la section Mauconseil, mais l'effervescence, sous la menace du danger extérieur, jointe à la crainte d'une trahison du roi, était trop forte. L'occasion de l'insurrection fut fournie par la municipalité légale qui avait invité chaque section à envoyer trois délégués à la maison commune pour délibérer de la défense de Paris et de la formation d'un camp retranché sous ses murailles.
Les sections résolurent d'attribuer à leurs délégués des fonctions beaucoup plus amples.

Les délégations se rendent à l'Hôtel de Ville dans la nuit et, à sept heures du matin, le 10 août, vingt-huit sections sont représentées. Sous la présidence de Huguenin, la Commune insurrectionnelle terrorise la Commune légale qui siège dans la salle voisine. Le commandant de la Garde nationale est arrêté, les pouvoirs délégués par la Commune légale sont repris, le Conseil général de la Commune est suspendu ; le maire, le procureur de la Commune et les seize administrateurs devront continuer seuls leurs tâches administratives. Ainsi, la Commune insurrectionnelle s'adjoignait la tête de la Commune légale.
Dehors, c'est l'émeute et l'assaut contre le Louvre.

Ce n'est qu'à midi qu'une délégation de la Commune insurrectionnelle se présente à l'Assemblée législative, conduite par Huguenin. L'insurrection l'a emporté, et l'Assemblée doit s'incliner et reconnaître la légitimité de la nouvelle Commune.
Un des premiers arrêtés de la Commune est de porter à six le nombre des délégués de chaque section : elle compte dès lors deux cent quatre-vingt-huit membres. Robespierre, Chaumette, Billaud-Varenne, Momoro, Hébert sont parmi les plus influents.
La Commune représentant les éléments les plus avancés du mouvement révolutionnaire parisien est très tôt en lutte contre l'Assemblée où dominent les Girondins qui doivent compter eux-mêmes avec la masse des députés feuillants. Finalement, les 30 et 31 août, l'Assemblée casse la Commune et ordonne de nouvelles élections.
La Commune s'efforce de faire rapporter l'arrêté, en nommant Pétion à sa présidence, puis, excitée par Robespierre et Manuel, décide de résister, au besoin par la force. Danton parvient à éviter l'insurrection qui menace, en faisant ajourner les élections.

La Commune a pris, depuis le 10 août, un certain nombre de mesures révolutionnaires : elle substitue le mot de citoyen à celui de monsieur, date ses arrêtés de l'an I de l'Égalité, fait rayer le roi de la liste des fonctionnaires publics, fait abattre les statues de Louis XVI et de Henri IV, briser les bustes de Necker, de La Fayette et de Bailly, arrête les journalistes royalistes et distribue leurs presses aux patriotes ; elle fait décider le 17 août la création d'un tribunal criminel extraordinaire pour juger les crimes de contre-révolution ; elle prend des mesures énergiques pour organiser la mise de Paris en état de défense de Paris et fournit la plupart des commissaires que Danton enverra dans les départements pour assurer la cohésion des mesures de défense nationale. Elle procède au désarmement des suspects, à des perquisitions et à des arrestations.
Elle ne fait rien pour organiser ni même pour favoriser le sursaut populaire qui aboutira aux massacres de Septembre ; mais, pas plus qu'aucun des autres pouvoirs publics, elle ne songe à s'y opposer ou ne se sent assez forte pour le faire ; son Comité de surveillance, où siège notamment Marat tente seulement des efforts, partiellement vains, pour soustraire à l'égorgement les prisonniers de droit commun, puis tente de justifier après coup les exécutions populaires dans une circulaire adressée aux départements.
Quelques jours plus tard, quand la menace de l'invasion immédiate semble conjurée, l'embarras des chefs révolutionnaires est à la mesure de l'horreur que suscitent les massacres de Septembre ; mais comment les désavouer sans remettre en cause toute l'œuvre révolutionnaire et défensive accomplie depuis le 20 septembre 1792, il faut bien songer à renouveler légalement la Commune.
Les élections eurent lieu le 30 novembre et le 1er décembre. Sur les cent vingt-deux élus, quatre-vingt-dix-huit seulement avaient fait partie de la Commune insurrectionnelle, mais, parmi eux, étaient Hébert et Chaumette.
Le 2 décembre, quand la nouvelle Assemblée arriva à l'Hôtel de Ville, la Commune insurrectionnelle, qui siégeait encore, la hua et ne se dispersa qu'après un discours de Santerre.

Fin de règne

L'Assemblée législative, enhardie par le succès de l'émeute, prononce la suspension du roi.
Elle convoque par ailleurs une Convention nationale en vue de prendre toutes mesures pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l'égalité. En vue des élections des députés de la Convention, elle abolit les distinctions entre citoyens actifs et citoyens passifs.
Elle instaure pour la première fois le suffrage universel masculin.

Liens

http://youtu.be/9PdRj5kV67c La chute de la monarchie 2000 ans
http://youtu.be/qzsq7x8ei-g Les gardes Suisses
http://youtu.be/E_ao3B1RiPM Texte pour les gardes Suisses
http://youtu.be/Jo08Ia_kh2w La Carmagnole datant du 10 Août 1792
http://youtu.be/heJ4TcmEUS8 La chute de la monarchie


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Posté le : 09/08/2014 19:29
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Découverte de Madagascar 1
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Le 10 août 1500 Diogo Dias fut probablement le premier

Européen à apercevoir Madagascar qu'il appela l'île São Lourenço


ce navigateur et découvreur portugais probablement né avant 1450 est mort après 1500.
Après cela, il retourna au Portugal en contournant le Mozambique, sur la côte est de l'Afrique. Au large de Cap-Vert, il tomba par hasard sur les quatre bateaux de la précédente expédition indienne de Pedro Alvares Cabral, qui était comme lui sur le reto
ur.

On ne sait que peu de choses le concernant, les sources historiques n'étant que peu explicites à son sujet. Ainsi, on ne sait toujours pas si le Diogo Dias mentionné comme étant le traducteur d'une lettre de 1465 envoyée par la chancellerie allemande à un certain Alfons V. est le même que l'explorateur.
En outre, dans les différents écrits qui le concernent, ce dernier peut être appelé Diego, Pedro ou Pêro et son nom s'orthographier Diaz.
Ce qui est certain, c'est que Diogo Dias partit en août 1487 en tant que capitaine d'un vaisseau d'approvisionnement avec son frère Bartolomeu Dias vers le cap de Bonne-Espérance. Le pilote de ce vaisseau était João de Santiago, qui avait précédemment accompagné Diogo Cão dans son voyage au fleuve Congo.
En tant que chroniqueur et écrivain sur le vaisseau de Vasco de Gama, Diogo Dias participa à la découverte du chemin maritime du Portugal à l'Inde. Étant responsable des récents comptoirs de commerce portugais à Calcutta, il fut fait prisonnier par les autorités locales mais parvint à s'enfuir.
Il participa ensuite à l'expédition de Pedro Alvares Cabral vers l'Inde et faisait partie de l'équipe qui accosta en avril 1500 au Brésil actuel. En raison d'une forte tempête, son vaisseau fut séparé de la flotte de Pedro Alvarez Cabral en mai 1500 au niveau du cap de Bonne Espérance.
Son bateau explora donc les eaux de l'océan Indien à l'entrée de la Mer Rouge.
Plus tard, il a peut-être été le premier Européen à découvrir autour de juillet 1500 les îles de la Réunion et Maurice, toutes deux à l'est de Madagascar.
Jusqu'à leur départ en 1575, les Portugais utilisèrent ces deux îles comme stations de ravitaillement en eau et en provisions pour leurs bateaux en route pour Goa en Inde et Malacca dans l'actuelle Malaisie.

La date exacte et le lieu de sa mort restent inconnue.

Madagascar


L'île de Madagascar s'étend à l'est de l'Afrique dont elle est séparée par les 400 kilomètres du canal du Mozambique. Quatrième île du monde par sa superficie, 590 000 km2, elle mesure 1 580 kilomètres du nord au sud et 570 kilomètres d'est en ouest dans sa partie la plus large.
Pays tropical dans son ensemble, l'île présente des reliefs complexes composés des Hautes Terres centrales, d'une côte orientale étroite et, à l'ouest, de grandes plaines déboisées et d'une côte dominée par le sable et les mangroves.
Le peuplement de l'île fut intimement lié aux réseaux d'échanges qui se sont mis en place au début de l'ère chrétienne, animés par les Austronésiens et les Africains, qui ont formé des groupes de populations variés, diversement répartis sur le territoire.

Couleur du drapeau de Madagascar 1958 : Le blanc du guindant et le rouge du chef sont les couleurs mêmes des bannières des tout premiers occupants de l'île, Africains et Indonésiens du Ier millénaire avant notre ère; c'est beaucoup plus tard et pour représenter les habitants de la côte que le vert a été rajouté à la base.

Fortement marquée par son insularité, au niveau géographique et culturel, Madagascar a connu des mouvements de population dans l'océan Indien qui ont permis l'élaboration de cultures malgaches, à la fois produit des échanges commerciaux et résultat de processus internes. Des formations politiques de type monarchique ont vu le jour au XVIIIe siècle dans l'Ouest et également sur les Hautes Terres où Andrianampoinimerina, 1740 env.-1810 mit en place, pour un siècle, la royauté merina. Celle-ci s'ouvrit au monde occidental et au christianisme, mais céda à la conquête coloniale. De l’indépendance à 2009, trois républiques ont vu le jour.
À la première, qui se caractérisa par une stabilité politique relative, succéda un régime socialiste dit révolutionnaire, instaurant la République démocratique de Madagascar, régime coercitif aux impacts négatifs sur les plans économique et social. L'année 1991 marqua le retour à un régime pluraliste modéré dans le cadre de la Troisième République, aux résultats très mitigés.
À partir de 2009, l'île s’enlise dans des crises politiques à répétition, aux conséquences socio-économiques une nouvelle fois désastreuses. À l’issue d’un processus de sortie de crise orchestré pas la communauté internationale, Madagascar entre officiellement en Quatrième République avec la tenue d’une nouvelle élection présidentielle à la fin de 2013.
L’enjeu est désormais d’assurer une stabilité politique qui contribuera à la reconstruction économique du pays, car Madagascar reste un des États les plus pauvres du monde.

Les aspects généraux

En plus de sa dissymétrie est-ouest et des contrastes topographiques entre Hautes Terres centrales et zones basses périphériques, Madagascar se révèle être avant tout un pays au relief très accidenté.

Diversité des formes du relief

Bien que consacrée par l'usage, l'expression de hauts plateaux est incorrecte ; en effet, hormis quelques secteurs particuliers comme les tampoketsa au nord-ouest d'Antananarivo, anc. Tananarive, les Hautes Terres centrales constituent un ensemble morcelé et très complexe, juxtaposant les formes de relief les plus variées. Charles Robequain écrit à juste titre que les routes s'y déroulent à travers un dédale de hautes plaines d'alluvions, de collines monotones empâtées de latérite, massifs compacts, grands dômes isolés, crêtes aiguës et dentelées, relief en pains de sucre, buttes au sommet tabulaire...
Il est utile de préciser en outre que plaines et vallées alluviales se terminent généralement en aval par des seuils rocheux que les rivières dévalent de manière impétueuse, comme l'Ikopa à Farahantsana en aval des plaines d'Antananarivo ; que parmi les collines s'opposent reliefs granitiques, aux versants encombrés de rochers, et tanety formées dans les gneiss altérés sur de grandes épaisseurs, et fréquemment éventrées de lavaka profonds ravinements.
À une échelle plus grande, les massifs présentent une égale diversité entre reliefs granitiques, Andringitra, quartzitiques, Itremo ou volcaniques, Ankaratra, sans compter la variété des cônes, coulées ou cratères qu'offrent les régions volcaniques de l'Itasy ou d'Antsirabe-Betafo.

En direction de l'est, les Hautes Terres se terminent par un escarpement dont l'Angavo, à la latitude d'Antananarivo, ne constitue qu'un des éléments les plus beaux avec le site grandiose de la Mandraka. Mais, ailleurs, cet escarpement se révèle discontinu, généralement suivi d'une série de chaînons liés à des failles : de telle sorte que le voyageur venant de la côte est a plus l'impression de traverser une zone montagneuse que de franchir un simple abrupt. Seul le secteur Alaotra-Mangoro constitue un palier intermédiaire dans cet ensemble très accidenté.

Les régions orientales, en arrière d'une côte rectiligne, présentent également une remarquable diversité. Pas de grande plaine côtière : contrairement à l'impression que donnent les cartes à grande échelle, les rivages de l'océan Indien sont généralement suivis, immédiatement en arrière d'un cordon littoral, de lagunes ou de marais périodiquement inondés, puis par un système confus de basses collines, passant rapidement vers l'intérieur à des collines plus élevées encore, puis à de véritables chaînes montagneuses.
Au nord de Mananara, et surtout autour de la presqu'île de Masoala, ces montagnes parviennent même jusqu'à la mer. Ailleurs, de petites plaines littorales peuvent exister, construites par les alluvions des fleuves, mais séparées par des reliefs de basses collines sableuses : c'est à travers ces formations que les hommes ont creusé les pangalanes pour relier entre elles les lagunes utilisées par les pirogues des paysans betsimisaraka ou, de Mahanoro à Taomasina, anc. Tamatave, par de petits chalands métalliques.
Par opposition aux Hautes Terres et à cet ensemble oriental, l'ouest de Madagascar est un pays de plaines et de plateaux appartenant à deux grands bassins sédimentaires.
En arrière de Mahajanga anc. Majunga, le Boina présente le relief le plus adouci.
Séparé des Hautes Terres par une grande dépression périphérique de Maevatanana à Boriziny, anc. Port-Bergé, cet ensemble n'est compartimenté que par de petits escarpements qui, de loin en loin, correspondent à des cuestas liées aux formations géologiques les plus résistantes. Tel est le cas des calcaires qui, par ailleurs, sont responsables de l'existence de vastes plateaux karstiques comme l'Ankara au nord d'Ambilobe et le Kelifely au sud-ouest de Mahajanga.
Centré sur Morondava, le Menabe offre une topographie plus différenciée. Les cuestas, dont les revers correspondent toujours à des plateaux, se terminent vers l'est par des escarpements plus vigoureux : tel est le cas du Bemaraha calcaire dominant la dépression du Betsiriry de part et d'autre de Miandrivazo.
En outre, l'accès aux Hautes Terres n'est possible qu'après avoir franchi un nouvel abrupt qui prend toute son ampleur avec le Bongolava à l'est du Betsiriry. Conséquence de ce relief, les fleuves, à l'exemple du Manambolo ou de la Tsiribihina, traversent les plateaux en gorges avant de parvenir au canal de Mozambique.
En outre, le littoral du Menabe est une côte à deltas, alors que, plus au nord, le Boina présente de grandes baies dont celle de Bombetoka, devant Mahajanga, n'est qu'un exemple parmi bien d'autres.
Plus que dans la topographie, l'originalité du Sud malgache réside dans les particularités climatiques. Le Sud-Ouest se distingue toutefois de l'ensemble occidental sédimentaire par la disparition des reliefs de cuestas au sud de l'Onilahy.
Quant au Sud-Est, en partie cristallin ou volcanique, il est nettement séparé des Hautes Terres par l'escarpement du rebord Manambien qui domine de près de 1 000 mètres les surfaces généralement ondulées de l'Androy. Sud-Ouest et Sud-Est s'opposent en outre par un littoral où dominent, dans le premier cas, les côtes basses, tandis que dans le second les côtes rocheuses s'élèvent souvent à une cinquantaine de mètres et plus, en particulier dans le secteur du cap Sainte-Marie où les falaises atteignant 150 mètres constituent des sites d'une sauvage grandeur face à l'immensité de l'océan.
Enfin, l'extrême Nord, au-delà du seuil de Mandritsara ou de l'Androna, constitue l'ensemble le plus contrasté de Madagascar. Autour du massif complexe du Tsaratanana, avec le point culminant de l'île, 2 876 mètres, se juxtaposent des massifs cristallins comme le Marojezy, réserve naturelle, des bassins alluviaux comme l'Ankaibe ou cuvette d'Andapa, des plateaux calcaires comme celui de l'Ankara aux grottes remarquables, de hautes vallées alluviales comme dans l'Ankaizina, des reliefs volcaniques comme la montagne d'Ambre au sud d'Antsiranana, anc. Diégo-Suarez ou dans la partie occidentale de Nosy Be, anc. Nossi-Bé, des deltas enfin comme celui du Sambirano ou de la Mahavavy du Nord.
L'île de Nosy Komba, au nord de Madagascar, moins connue et plus sauvage que sa voisine Nosy Bé, est un ancien volcan intégralement couvert de forêts. Le principal village, Ampangorina, s'étend le long d'une immense plage.
À ces multiples aspects du relief continental s'ajoute la variété des fonds sous-marins, caractérisés par l'extension remarquable des récifs coralliens.
Madagascar est en effet baignée de mers chaudes ; et ce fait, lié à la position géographique de l'île située de part et d'autre du tropique, explique bien des particularités climatiques.

Les différences climatiques

Si Madagascar est caractérisée, sur l'ensemble de son territoire, par des climats tropicaux à saisons nettement tranchées, il convient de rappeler que ceux-ci présentent de nombreuses nuances régionales : leur seul point commun étant, contrairement aux climats tempérés, d'offrir au cours de l'année des différences de températures relativement faibles en comparaison des contrastes saisonniers de la répartition des pluies.
Les températures s'expliquent avant tout par la latitude. Seul le Nord, plus proche de l'équateur, connaît deux maximums par an, au début et à la fin de la saison des pluies. Partout ailleurs, le régime thermique est à deux temps : les maximums s'étendant d'octobre à avril, avec des moyennes souvent supérieures à 25 0C, les minimums allant de juin à septembre. Mais, hormis les régions d'altitude, ces minimums sont peu marqués : les températures moyennes restent supérieures à 20 0C et l'amplitude annuelle est toujours faible, moins de 5,5 0C à Taomasina entre les mois de janvier et de juillet.
L'allongement de l'île sur plus de 1 500 kilomètres n'est pas suffisant pour provoquer des différences notables entre le Nord et le Sud : entre Antsiranana et Taolagnaro, anc. Fort-Dauphin, la moyenne ne s'abaisse que de 4 0C.
L'altitude, par contre, fait baisser les températures moyennes du mois de juillet à 13,3 0C pour Antananarivo et à 12,4 0C pour Antsirabe.
En été, les maximums sont également moins élevés. De plus, les amplitudes annuelles sont plus marquées, l'amplitude diurne pouvant par ailleurs être assez forte : en octobre, Antananarivo peut déjà enregistrer des maximums diurnes proches de 23 0C et connaître des chutes de températures supérieures à 10 0C minimum diurne 12,2 0C.
De même, la continentalité peut jouer un rôle non négligeable. Les régions les plus chaudes de Madagascar se trouvent dans les zones de faible altitude situées à l'abri des influences maritimes : ainsi Maevatanana a une température moyenne de 27,4 0C avec des maximums supérieurs à 39 0C tandis qu'à Mahajanga les mêmes données sont respectivement de 26,9 0C et de 37,5 0C. Encore faut-il préciser que le canal de Mozambique étant, du fait de sa faible profondeur, une mer chaude à caractère continental, la côte occidentale de Madagascar est, à latitude égale, plus chaude que la côte est.
Enfin, il convient de rappeler que la pluviosité ne manque pas d'avoir une influence sur les températures : il peut faire plus chaud à Antananarivo par une belle journée ensoleillée qu'à Taomasina à l'heure d'une grosse averse, lorsque le ciel est couvert et que souffle le vent du large.
Selon les régions, la saison chaude et pluvieuse peut durer entre quatre et dix mois. La zone orientale est la plus humide : à telle enseigne que, pendant le mois d'octobre qui correspond à la période la moins arrosée de l'année, Taomasina connaît encore en moyenne quinze jours de pluie, et Maroantsetra reçoit pratiquement autant de précipitations que Toliara, anc. Tuléar au mois de février, plus de 60 mm.

Ces caractères sont dus à plusieurs facteurs.

Si, durant la saison chaude, Madagascar se trouve sous la menace de cyclones successifs, pendant toute l'année, les régions orientales sont frappées de plein fouet par l'alizé du sud-est. Cet air, issu de l'anticyclone du sud-ouest de l'océan Indien, est fortement chargé d'humidité en toutes saisons et apporte des pluies, surtout sur la côte orientale et les reliefs de l'intérieur.
En été, il apparaît en outre très instable et présente une forte tendance à des mouvements ascendants : les pluies sont alors très importantes sur le versant est ainsi que sur les Hautes Terres ; par contre, l'alizé perd progressivement son humidité en descendant au-dessus des régions occidentales.
Toutefois, vers le nord-ouest, la rencontre avec l'air tropical assimilé à la mousson provoque la formation d'un front dit front intertropical responsable de précipitations parfois considérables. De même, au contact des masses d'air formant la dépression permanente du canal de Mozambique, l'alizé provoque des pluies sur l'ouest de l'île, principalement entre décembre et mars.
Ainsi, sans entrer davantage dans le détail des mouvements des masses d'air, s'expliquent à la fois la persistance des pluies pendant presque toute l'année sur le versant oriental, leur concentration saisonnière sur le versant occidental, leur rareté et leur irrégularité sur l'extrême Sud.

Les paysages végétaux

Les différences régionales sont suffisantes pour faire de Madagascar un ensemble où se juxtaposent des paysages végétaux très dissemblables. Le versant oriental correspond au domaine de la forêt dense à feuilles persistantes. Le versant occidental, au contraire, correspond au domaine de la forêt claire à feuilles caduques. Le Sud-Ouest, enfin, est caractérisé par une brousse adaptée à la sécheresse.
De multiples arguments concourent à prouver que Madagascar a été autrefois largement recouverte de forêts. En réalité, à l'heure actuelle, les forêts primitives ont disparu sur de très grandes surfaces. S'il reste d'importants massifs forestiers sur les versants orientaux, ceux-ci ont néanmoins perdu beaucoup de place au profit de formations secondaires de type savoka constituées par des associations de petits arbres ou arbustes qui vivent à l'état naturel en bordure des ruisseaux et à la lumière.
Tel est le cas des savoka à bambou, ou encore des savoka à ravinala – communément appelé arbre du voyageur – dont les graines se conservent très longtemps. Toutefois, les défrichements et les feux répétés conduisent au remplacement de ces savanes par des formations de graminées, qui occupent de grandes surfaces, en particulier sur les collines de la côte sud-est.
Sur les Hautes Terres du centre, la déforestation a été plus poussée encore. S'il reste quelques témoins de la forêt primaire en montagne, comme dans l'Ankaratra, les massifs forestiers actuels sont le résultat d'une politique suivie du service des Eaux et Forêts en faveur du reboisement. Outre les pins, les Hautes Terres centrales présentent ainsi des bois d'eucalyptus et des formations subspontanées de mimosas.
Mais on n'y trouve pas de savoka : la forêt primitive, plus fragile que dans l'est, paraît avoir été remplacée directement par une lande à bruyères géantes, dont la région de Mantasoa offre un exemple ou plus généralement par une steppe où dominent les graminées les plus rustiques adaptées au régime des feux : le bozaka.
Seule analogie entre les deux zones, les marais, généralement colonisés par des peuplements serrés de cypéracées, parmi lesquelles le zozoro : Cyperus madagascariensi.
Les immensités de l'Ouest ne présentent, elles aussi, que les restes d'une forêt claire à feuilles caduques autrefois beaucoup plus étendue. Les formations dégradées ont de ce fait une importance relative, et cela malgré l'importance des peuplements de roseaux, bararata dans les secteurs de marais, et de palétuviers, mangrove sur les vasières des estuaires ou du littoral.
Les formations secondaires sont ici des savanes, associant un tapis de graminées à un semis d'arbres plus ou moins espacés : parmi ceux-ci, un palmier, le satrana, domine dans le bassin de Mahajanga, pour laisser la place au baobab dans la région de Morondava, et plus au sud, près de Morombe, à des épineux qui annoncent déjà les paysages situés au-delà du Capricorne.
Paradoxalement, cette végétation des régions les plus défavorisées au point de vue de l'humidité est la mieux conservée. Dans tout le Sud, la rareté et l'irrégularité des pluies limitent les défrichements en vue d'une extension des cultures. La prédominance des plantes grasses, dont beaucoup d'endémiques, comme l'extraordinaire fantsiholitra et surtout l'absence de tapis de graminées ne favorisent pas la pénétration des feux de brousse : de sorte que la forêt claire de l'Ouest a beaucoup plus souffert de l'action directe ou indirecte de populations pourtant moins denses que celles de l'Androy ou du pays Mahafaly.

Les hommes et leur répartition

Les modalités de la mise en place des populations de l'île font encore l'objet de recherches minutieuses. Aux migrations malayo-polynésiennes qui ont pu s'effectuer au cours des siècles entourant le début de l'ère chrétienne se sont ajoutés des apports africains à travers l'étroit canal de Mozambique, arabes dont les Antaimoro du Sud-Est reçurent l'écriture et européens.
Mais, pendant une longue période, les groupes d'immigrants transplantés dans un monde vaste et divers ont fini par acquérir des originalités qui les font se distinguer les uns des autres ; ainsi se seraient formés les différents groupes ethniques, longtemps improprement appelés autrefois races ou tribus.
La population, en accroissement rapide, demeure néanmoins très inégalement répartie, l'axe des Hautes Terres et la côte est rassemblant les plus fortes densités tandis que l'Ouest, où les densités inférieures à 5 habitants au kilomètre carré sont fréquentes, reste vide en dehors de quelques secteurs privilégiés.
Ces contrastes dans la géographie humaine, alliés à la diversité du milieu naturel, contribuent à faire de Madagascar un pays juxtaposant des régions très dissemblables, mais économiquement complémentaires.

Les réalités régionales

Madagascar comptait, en 2011, 20,7 millions d'habitants qui, au-delà des dialectes régionaux, se comprennent dans une langue commune, le malgache, langue officielle avec le français et, depuis avril 2007, l'anglais. Ce trait culturel, ainsi que l'importance du culte des ancêtres dans la vie quotidienne, la prégnance des paysages rizicoles, ou encore la place prédominante de l'élevage bovin, sont autant d'éléments caractéristiques de l'unité de l'île. Parler de la diversité des régions malgaches ne signifie donc pas une absence d'unité dans la géographie de la Grande Île ; au contraire, cela permet de décliner la richesse territoriale de ce creuset afro-asiatique.
Le découpage régional de Madagascar en quatre unités principales repose sur la conjonction des facteurs écologiques, des formes d'occupation de l'espace et des modes de peuplement. Toutefois, les réalités nationales évoluent et infléchissent ces configurations territoriales.

Des unités régionales distinctes

La disposition méridienne de l'île, sa situation par rapport aux alizés et aux flux de mousson dans le sud-ouest de l'océan Indien, ainsi que la structure du relief participent à la différenciation de quatre régions que les hommes marquent également de leur empreinte.

Les Hautes Terres

L'altitude caractérise cette région, dont l'occupation par les hommes relève, avant tout, de facteurs historiques et politiques.
À plus de 1 000 mètres d'altitude en moyenne, le pays Imerina, dans les Hautes Terres centrales, 25 p. 100 de la population, gravitant autour d'Antananarivo, et le pays betsileo, 12 p. 100 de la population, autour de Fianarantsoa, sont des noyaux démographiques. L'utilisation rizicole des vallées assure la trame paysagère, alors que le riz se cultive dans des conditions écologiques difficiles : la température moyenne annuelle atteint à peine 18 0C, avec des moyennes mensuelles inférieures à 14 0C en mai-juillet et des possibilités de gel. Avec Antananarivo comme ville principale, cette région centrale des Hautes Terres présente des disparités liées à l'accessibilité inégale de ses territoires. On peut distinguer deux sous-régions, aux dynamismes différents.
La première est organisée autour de l'axe goudronné de la route nationale 7 qui, se terminant à Toliara, relie les trois plus grandes villes des Hautes Terres : Antananarivo, la communauté urbaine de l'agglomération totaliserait 2 millions d'hab. en 2011, Antsirabe, 180 500 hab. en 2005 et Fianarantsoa, 162 300 hab.. L'alternance colline-fond de vallée devient singulière vers le sud : le paysage est plus ouvert dans le Vakinankaratra, la région centrée sur Antsirabe, caractérisé par de grands reliefs volcaniques dont la qualité des sols est valorisée par des cultures très diversifiées, cultures fourragères, fruitières, maraîchères, mais aussi céréales et tubercules. Le relief devient plus accidenté, plus montagneux dans le pays betsileo, ce qui permet la culture rizicole en terrasses, typique de cette zone. Le dynamisme de cette sous-région relève, pour une part, d'une occupation et d'une organisation territoriale précoce, essor du royaume merina au début du XVIe siècle. Il s'appuie, d'autre part, sur l'importance de la route nationale 7 comme axe de circulation des biens, des hommes, des flux entre les grandes villes qui concentrent les rares industries et représentent autant de débouchés des produits. La sous-région bénéficie ainsi des retombées de l'écotourisme alors que ce n'est pas la partie de Madagascar la plus riche sur le plan de la biodiversité : les aires protégées de Ranomafana et de l'Isalo sont les parcs nationaux parmi les plus fréquentés de l'île. Au nord d'Antananarivo, l'occupation du sol et les aménagements du milieu sont moins développés.
Ce sont les marges du royaume merina, qui fut à son apogée au XIXe siècle, et ces traits annoncent le passage vers la seconde sous-région des Hautes Terres, caractérisée par une accessibilité réduite à l'axe de circulation central.
La seconde sous-région, en bordure orientale, correspond au secteur limitrophe du grand escarpement dénommé falaise qui domine, vers l'est, les territoires betsimisaraka et tanala, et court du nord de l'Imerina au sud du pays betsileo.
Il correspond à un corridor forestier qui fait l'objet, depuis les préoccupations environnementales des années 1990, de projets de conservation intégrée de la nature. À la situation excentrée de cette zone se combine une topographie plus élevée, en position de ligne de partage des eaux, et plus accidentée, qui ne facilite pas les communications. Vers le nord-ouest, les hauts plateaux à plus de 1 400 mètres d'altitude forment une zone d'accès difficile pouvant être isolée en période de pluie. Vers le sud et vers l'ouest, contigu à cet ensemble, le Moyen-Ouest est un espace d'extension du peuplement, Tsiroanomandidy, premier marché à bestiaux de l'île et d'expansion agricole à partir des régions centrales. Toutefois, l'insécurité, vols de bœufs et banditisme, et la desserte insuffisante constituent des problèmes récurrents limitant le développement de la région. Enfin, au nord de ces Hautes Terres centrales, le pays tsimihety est une autre région dépassant en moyenne 1 000 mètres d'altitude. Ethnie majoritaire dans le nord de l'île, 9 p. 100 de la population malgache, les Tsimihety connaissent un fort dynamisme démographique, avec une expansion marquée sur les riches terrains alluviaux baiboho des dépressions périphériques situées à l'ouest des Hautes Terres.

L'Ouest

Cultures de décrue et projets de développement orientés sur l'agriculture, l'élevage, l'industrie urbaine et, plus récemment, les ressources du sous-sol, caractérisent l'Ouest. Cette région rassemble des espaces très variés, des axes dynamiques côtoyant des zones de faible activité. Son organisation territoriale souligne l'importance à la fois des infrastructures et de l'organisation sociale.
En venant des Hautes Terres, l'ouverture du paysage sur de vastes espaces aux horizons découverts marque l'entrée dans la région de l'Ouest. La fertilité des sols liée aux dépôts fluviatiles des Hautes Terres explique la richesse des cultures des baiboho, arachide, coton, pois du Cap, riz, tabac, etc., et la spécificité de pratiques culturales locales, comme le dokodoko (repiquage du riz en plusieurs temps. Par rapport aux plaines alluviales de l'intérieur, les deltas côtiers sont valorisés par des sociétés d'aménagement, pour des productions visant le marché national ou international, riz, coton, pois du Cap. Ces espaces correspondent à des pôles de dynamisme, attirant de longue date des populations en majorité originaires des campagnes à fortes densités : les Hautes Terres betsileo, mais aussi le sud-est Manakara, Faranfagana. Depuis les années 1990, le développement de l'aquaculture crevettes insuffle un nouvel élan à la côte mais uniquement autour des lieux de production, Nosi Bé, baie de Mahajamba, delta de la Tsiribihina.... À l'intérieur comme sur la côte, les secteurs dynamiques se raccordent aux villes, dont les deux principales se trouvent au débouché de fleuves, Mahajanga ou Majunga, 200 000 hab. en 2005 à l'embouchure de la Betsiboka, et Morondava, 38 400 hab. sur le fleuve éponyme. Celles-ci sont les relais d'un cabotage particulièrement actif sur le littoral ouest et, pour Mahajanga, une bonne liaison avec l'intérieur, ce qui assure une forte complémentarité de leur économie avec les Hautes Terres. En dehors de ces axes d'activités, les espaces de l'ouest apparaissent peu actifs, avec des densités humaines faibles. Ils sont le domaine de l'élevage et se relèvent difficilement de la crise à la fois économique, politique, et sociale des années 1980, qui s'est accompagnée d'une plus grande insécurité dans les campagnes. Du fait de cette dernière, de vastes contrées échappent à l'organisation spatiale en réseaux fondée sur la parenté et l'alliance matrimoniale, caractéristique de la société sakalava, l'ethnie identifiée à ces territoires d'éleveurs et d'agropasteurs. Entre pêche traditionnelle à la pirogue et bassins modernes d'aquaculture, entre abattis-brûlis des forêts et aménagements hydro-agricoles, l'Ouest voit aussi se préciser les perspectives d'exploitation pétrolière sur les sites de Bemolanga, de Tsimiroro, au sud de Mahajanga et en offshore. La hausse constante du prix du pétrole sur le marché mondial depuis 2000 permet d'envisager la phase exploratoire. L'entreprise Madagascar Oil commence en 2012-2013 l'exploitation du site de Tsimiroro, huile lourde. L'Ouest continue donc d'être une région où les ressources naturelles suscite des espoirs.

L'Est

Originale par sa façade orientée aux vents de l'alizé, riche de cultures dont elle ne maîtrise pourtant pas les débouchés, cacao, café, vanille, litchi, girofle, banane, la région de l'Est souffre de l'absence d'un pôle régional rayonnant à la fois à l'intérieur des terres et sur le littoral.
La façade orientale se caractérise par l'absence d'une saison sèche, d'où l'existence d'une couverture forestière dense et humide dont la physionomie change suivant l'altitude. Certes, vers le nord, la prégnance de la pluie est moins forte car les alizés prennent une trajectoire parallèle à la côte, mais l'unité écologique reste indiscutable.
Cette caractéristique s'impose aux côtés de la culture sur brûlis, le tavy, fustigée par les pouvoirs publics et les O.N.G., mais enracinée dans le savoir-faire paysan, et qui est à l'origine d'une évolution paysagère vers les formations secondaires de savoka constituées de ravenalas ou arbre-du-voyageur et de bambous. Les cultures commerciales sont fragilisées à la fois par la vieillesse des plants, en particulier pour les caféiers, par les aléas climatiques, notamment les cyclones, et par la concurrence d'autres pays, vanille et girofliers d'Indonésie, litchis d'Afrique du Sud et de La Réunion.
La localisation préférentielle de ces cultures, la vanille dans le nord-est, le girofle dans le centre-est, le café dans le sud-est, et la riziculture, qui reste une activité de tous les foyers, différencie les paysages de la région. Le sud-est, axé sur Mananjary-Manakara-Farafangana, se distingue par ses techniques de maîtrise rizicole, par des densités de population élevées supérieures à 50 hab./km2 et par des pratiques culturales intensives.
Le littoral oriental, balayé par la houle sauf en de très rares endroits où des récifs font barrière, ne présente pas de véritable réseau portuaire. Toamasina, 206 390 hab. en 2005, le premier port de l'île, et Manakara, 38 300 hab., port secondaire, apparaissent plus liés aux villes intérieures telles qu'Antananarivo et Fianarantsoa grâce aux liaisons routières et ferroviaires, qu'à la côte où le cabotage est bien moins important que sur le littoral occidental. Vers le sud, dans la région de Taolagnaro, la construction du port d'Ehoala, la plus grande structure en eau profonde jamais construite dans l'océan Indien, a commencé en juin 2007, dans le cadre d'un grand projet d'exploitation de l'ilménite, minerai, utilisé dans les aciéries, les industries papetières et plastiques, les peintures pour l'exportation. Vers l'intérieur des terres, il n'y a pas de grandes villes. Moramanga, sur l'axe Toamasina-Antananarivo, aurait pu jouer un rôle de carrefour polarisateur, mais cet ancien nœud ferroviaire subit le recul de la desserte des régions par les chemins de fer depuis les années 1990.
L'Est apparaît comme une région de l'entre-deux, entre son littoral d'où partent les exportations et où se trouve le premier port de l'île, et son intérieur sans réseau urbain capable d'organiser et de développer la région. L'Est demeure une région à fortes potentialités, qui demandent toutefois à être confirmées.
L'écotourisme du parc national de Maroantsetra est significatif : il est l'un des parcs nationaux les moins fréquentés de l'île, alors qu'il possède la plus grande biodiversité.

Le Sud

Marqué par un climat semi-désertique, le Sud présente un paysage où la riziculture n'occupe pas une place centrale.
Sur le littoral, les terroirs s'installent sur les formations sableuses et sont fermés de haies d'agaves ou de cactus, on y cultive le sorgho, le manioc, des légumineuses. Vers l'intérieur, les cultures utilisent les baiboho des bordures des grands fleuves, avec un déplacement des parcelles d'année en année pour éviter les derniers recouvrements sableux. Hormis ces niches, la présence agricole reste très lâche, liée à l'élevage extensif d'ovins et de bovins. Elle se combine avec une grande mobilité des deux principales ethnies du Sud, les Antandroy et les Mahafaly, hors de la région, exploitants agricoles dans le Nord, commerce du riz dans l'Ouest et des bovins sur les Hautes Terres.
Les migrations, anciennes, liées à des recrutements de main-d'œuvre pendant la colonisation, et particulièrement importantes lors des phases de disette, se font dans les deux sens et n'impliquent pas de rupture avec les régions de départ. Cette relation avec l'extérieur se traduit différemment vers le nord, avec l'extension des surfaces pour la culture du maïs liée aux débouchés national et international, La Réunion, et avec le développement d'un tourisme, surtout des étrangers, sur la côte.
Excentrée et délaissée, malgré des opérations de développement, programme Relance du Sud, de 1994 à 1998, la région, longtemps considérée comme le cimetière des projets, semble connaître d'autres perspectives. La forte volonté affichée par la présidence de Marc Ravalomanana, 2002-2009 de développer le Sud s'inscrit dans le cadre du développement régional, mise en place, en 1991, du Commissariat général pour le développement intégré du Sud et se traduit par des réalisations concrètes : réhabilitation de l'infrastructure urbaine de Toliara, 114 400 habitants, goudronnage de la route Antananarivo-Toliara, amélioration de l'espace portuaire tuléarien et implantation de centres de formation sur les ressources halieutiques. D'autres actions sont menées avec un partenariat international, programme Alimentation en eau du Sud en 1990-1993, programme Objectif Sud - Sécurité alimentaire et développement économique pour le Grand Sud en 2002-2008.
Articulée autour des quatre unités interdépendantes au niveau de leurs conditions écologiques, de leurs organisations sociales et de leurs logiques économiques, la division régionale de Madagascar n'est pas figée pour autant. Ce découpage régional évolue en fonction des reconfigurations régionales et nationales, disparition des six provinces au profit des vingt-deux régions en avril 2007 et des dynamiques de la mondialisation.

Des articulations régionales qui évoluent

Madagascar figure parmi les derniers grands pays ruraux de la planète avec, en 2009, plus de 70 p. 100 de sa population qui n'est pas citadine. Cela ne signifie cependant pas que campagnes et villes sont coupées les unes des autres. Bien au contraire, leurs relations sont telles que les possibilités d'accès à la ville sont devenues un critère de poids pour expliquer les dynamiques régionales.
Dans ce contexte, les axes routiers jouent un rôle primordial. Très bien desservie, localisation sur l'axe de la route nationale 7, relation directe avec le port de Toamasina par la route nationale 2, Antananarivo attire les investissements internationaux, grâce à la collaboration du gouvernement Ratsiraka, de 1975 à 1993, avec la Banque mondiale et le F.M.I., pour engager le pays sur une voie libérale, après une longue phase d'économie socialiste. Ainsi, la grande majorité des nouvelles zones franches s'installent dans l'agglomération tananarivienne. Un schéma centre-périphérie s'affirme autour du pôle de croissance d'Antananarivo, l'accessibilité du marché de la capitale déterminant très fortement les dynamismes économiques. À la suite de la crise multiforme des années 1980 et de l'incurie de l'État, l'excentricité des marges des Hautes Terres rend encore difficile leur accès et leur contrôle, permettant alors le développement de productions illégales, extraction minière sans autorisation, production locale de rhum interdit. Les liaisons malaisées ont ainsi paradoxalement contribué au dynamisme des périphéries.
L'autre évolution majeure touche la région occidentale de l'île, avec la croissance d'activités économiques destinées à l'exportation, comme l'aquaculture, production de crevettes. Les processus d'éco-certification ont pour objectif d'améliorer l'élevage et l'impact sur l'environnement de l'activité, destruction de mangrove, forte exposition aux maladies notamment. Par ailleurs, les perspectives d'exploitation des hydrocarbures singularisent la région de l'Ouest. La coopération norvégienne est acquise, et des compagnies américaines, européennes, asiatiques sont présentes. À cela s'ajoute l'ouverture des routes Tsiroanomandidy-Maintirano et Antananarivo-Antsiranana, à la pointe nord de l'île.
Enfin, sur la côte orientale, des changements importants sont attendus avec le projet d'exploitation de l'ilménite du sud-est, qui permettrait le désenclavement et le développement économique de cette région isolée.
Ainsi, des reconfigurations entre toutes les régions de l'île sont à l'œuvre, renforcement du contraste centre-périphérie, recomposition à partir de nouveaux pôles de dynamisme, littoral ouest, axe de la route nationale 7, infrastructures liées aux ressources du sous-sol, et elles effacent l'opposition construite entre les hauts-plateaux et la côte. Madagascar ne tourne le dos ni à la mer, ni à ses terres intérieures. Cette évolution relève à la fois de facteurs régionaux et nationaux avec les politiques publiques menées, zones franches, décentralisation, lutte contre la pauvreté, enjeu environnemental, et de la participation des acteurs locaux, société civile ou O.N.G.. Elle est également de plus en plus liée à la mondialisation, notamment à travers le réseau de la francophonie, la Commission de l'océan Indien entrée en vigueur en 1984, comprenant les Seychelles, Madagascar, les Comores, l'île Maurice et la France, ou encore l'adhésion, en août 2005, de Madagascar à la Communauté de développement de l'Afrique australe, Southern African Development Community, S.A.D.C.. De cette imbrication des facteurs dépend l'exploitation des ressources, porteuses d'espoirs : le nickel et les pierres précieuses, rubis, saphir dans le bassin d'Ilakaka, dans le sud-ouest qui, avec un contrôle plus strict de l'État, devraient accroître les revenus du pays. Il reste que les politiques à l'œuvre répercutent, sur le sol national, le handicap de la localisation excentrée de l'île par rapport aux grands centres de la mondialisation.

Civilisation traditionnelle

Si l'appartenance de Madagascar à l'Afrique est évidente du point de vue géographique, la nature et l'ancienneté des vestiges archéologiques découverts dans l'île et sur le continent diffèrent. Ni les squelettes d'hommes fossiles, ni les outils en pierre taillée de ce que l'on considère comme le berceau de l'humanité ne se retrouvent sur la terre malgache. L' archéologie, à Madagascar, a été conçue de telle sorte qu'elle puisse s'adapter à des périodes récentes ; elle doit tenir compte des données des autres sources, en particulier celles des traditions orales, quand elles existent. Elle présente un intérêt majeur pour l'histoire d'un pays où les documents écrits se font rares avant le XIXe siècle.
Elle possède un domaine privilégié, celui de la vie quotidienne des sociétés du passé. Les vestiges de structures, les restes de nourriture et les débris d'objets, généralement modestes, permettent de faire connaître l'habitat, les activités de subsistance, les techniques, ainsi que les échanges et les migrations.
L'étude systématique et approfondie des preuves concrètes apportées par la fouille et l'analyse en laboratoire contribue à faire avancer les recherches sur les origines des Malgaches. Il s'agit de vérifier les hypothèses multiples et séculaires sur ce sujet. Aussi, on peut envisager que le verdict de cette entreprise de longue haleine démontrera la spécificité d'un peuple et d'une civilisation qui se détachent et de l'Afrique et de l'Asie, ou qui seraient un produit typiquement malgache, résultant de deux provenances lointaines. Les apports de l'archéologie ont remis en cause plusieurs acquis de l'historiographie : entre autres, la question de la datation et le degré d'évolution des premiers habitants de l'île. Ils ont en revanche confirmé bon nombre de connaissances et expliqué le sens de certains dictons ou expressions.

L'ancien habitat malgache

Les types de villages
Les installations humaines à Madagascar varient suivant les régions et les époques. On distingue un habitat simple et un habitat fortifié. La situation politique a joué un rôle déterminant dans le choix des lieux d'implantation, qui s'est opéré en fonction du relief et des points d'eau. La répartition et la datation des sites laissent apparaître un décalage net entre le peuplement de la périphérie (zones côtières et basses), qui commence entre le Ve et le Xe siècle, et l'occupation tardive des hautes terres centrales, vers le XIVe ou le XVe siècle.
Les campements de pêcheurs marins de Sarodrano Ve s. et de Talaky XIe s., situés sur des plages de sable ou dans des dunes mobiles du sud-est et du sud-ouest, ont laissé peu de structures. Les échelles du commerce musulman, qui fonctionnaient du XIVe au XVIIIe siècle, longent les côtes du nord de l'île. Elles sont signalées par des architectures ruinées en pierre, de style arabe, à Antsoheribory, à Mahilaka et à Vohémar. Les sites d'habitat simple se rencontrent fréquemment à l'intérieur, le long des rivières du sud par exemple : c'est le cas d'Andranosoa XIe s. au bord de la Manambovo, dans l'Androy. Dans les zones sans cours d'eau, comme en pays mahafale, ils se localisent près des sihanaka ou mares. Toutefois, le repérage des lieux d'occupation humaine s'avère une tâche particulièrement ardue, faute de limites visibles. Les manda ou enceintes de pierres sèches, datant du XVe au XVIIIe siècle, se retrouvent aussi bien en Imerina que dans l'Ibara du Sud.
Les villages à fossés qui occupent la plupart des sommets des hautes terres, Imerina, Betsileo, pays sihanaka et bezanozano existent en petit nombre dans l'Anosy, à l'extrême sud-est. Ils ont été, en grande partie, repérés sur les photographies aériennes et décrits par A. Mille. Ce dernier a observé une évolution des hadivory, villages entourés de fossés. Les plus anciens sites fortifiés, datant du XIVe au XVIe siècle, sont peu étendus et entourés d'un fossé simple, étroit et peu profond. Les hadivory des XVIIe et XVIIIe siècles, qui correspondent à une période d'insécurité et d'accroissement démographique, connaissent à la fois une extension et un renforcement des défenses. Les petits fossés circulaires traduisent un éclatement des grandes familles et une progression de la sécurité qui résulte de l'unification politique du XIXe siècle. Ce phénomène s'accompagne d'une descente de l'habitat vers les bas-fonds rizicoles. Les grottes habitées ou utilisées comme lieux d'inhumation sont relativement rares à Madagascar. Elles portent les noms locaux de zohy et de lakato. On citera les exemples de l'Isandra et du Manambolo, étudiés respectivement par P. Vérin et C. Chippaux.

Les formes de maisons

Les anciennes habitations malgaches étaient construites presque exclusivement en matériaux végétaux ; elles étaient de plan quadrangulaire, et n'avaient qu'une seule pièce. Cette unité apparente cache des variantes régionales, imposées par la différence des matériaux disponibles et des climats, d'un point à l'autre de l'île.
Sur le versant oriental, humide toute l'année, on trouve des trano falafa, maisons légères montées sur pilotis. Les hautes terres, où il fait frais pendant une partie de l'année, surtout sur les collines, exigent pour les demeures qui sont exposées au vent des alizés des murs épais en bois massif. De plus, afin d'être préservés de l'humidité en saison des pluies, les murs reposent sur des soubassements de pierre. Ce type de construction a été mis au jour dans les fouilles de Fanongoavana, XIVe s.et de Lohavohitra XVIe s.. La terre battue ou ampetany n'a remplacé le bois, en Imerina et dans le Betsileo, qu'au XIXe siècle, par suite de la disparition de la forêt qui couvrait autrefois l'ensemble de l'île. Les quelques lambeaux de forêt qui subsistent dans les zones les plus humides témoignent de ce passé sylvestre. Les maisons de taille réduite de l'Ibara, de l'Androy et du Mahafale, confectionnées avec les espèces de bois plus léger que l'on trouve dans le sud, sont dépourvues de soubassements. Les murs reposent directement sur le sol de cette région semi-aride. L'archéologue parvient donc difficilement à localiser les trous de piliers dans le sable. On peut supposer que les pêcheurs des côtes du sud s'abritaient dans des tentes légères en végétaux, qui n'ont malheureusement pas laissé de traces. En revanche, les édifices religieux et certaines habitations des comptoirs musulmans du nord ont été intégralement construits en pierre à partir du XIVe siècle.

L'organisation de l'espace

Le site de Fanongoavana, qui a fait l'objet d'une fouille exhaustive, a donné un exemple de la répartition des activités, à l'intérieur d'un ancien habitat malgache. Édifié sur une colline, il est entouré d'un petit fossé simple, dont une interruption crée un accès au village. L'entrée porte le nom de vavahady littéralement bouche du fossé. Les maisons rectangulaires, rassemblées au nord-ouest de la plate-forme sommitale, à l'abri du vent soufflant du sud-est, sont alignées, orientées du nord au sud. Cette disposition justifie l'expression trano atsimo sy avaratra, littéralement maisons du nord au sud qui désigne deux habitations voisines. Elle évite qu'une maison n'en cache une autre et n'empêche les rayons du soleil d'y pénétrer l'après-midi, car les ouvertures sont toutes tournées vers l'ouest. On parle de miakandrefam-baravarana ceux qui ont les portes et fenêtres à l'ouest, lors de la présentation de condoléances, pour évoquer le sort commun des hommes.
La demeure principale, probablement celle du chef, est située au nord, sur une petite élévation.
Elle se distingue des autres par une architecture soignée : des dalles de granit, taillées très régulièrement et dont certaines servent d'éléments de soutènement, en composent le soubassement. Ce sont d'ailleurs les seules marques, avec le seuil de la porte et les pierres de foyer, ou toko, qui restent de l'habitation, les murs et le toit faits de matériaux périssables ayant disparu. De simples alignements de pierres sèches constituent les soubassements des autres maisons en bois. Une pierre ronde qui servait de seuil révèle l'emplacement de la porte au sud-ouest. La superficie des maisons varie entre 20 et 30 mètres carrés. Chacune d'entre elles comporte un foyer aménagé à l'intérieur et délimité par des pierres plates plantées dans le sol, formant une structure carrée. Le foyer, lieu de cuisson des repas, source de lumière et de chauffage, est aussi un lieu de rencontre au moment des repas pour les membres de la famille.
Le respect des règles traditionnelles de construction dépend de la configuration de chaque site. L'organisation de l'espace subit parfois des modifications inévitables. En outre, la prédominance du nord, comme orientation privilégiée, ne peut pas être généralisée ; le sud est plus souvent retenu dans certaines régions méridionales.

Les activités de subsistance La riziculture inondée

Ce type de culture serait, d'après la tradition, une innovation introduite tardivement par les princes néo-indonésiens, vers le XVIe ou le XVIIe siècle. Selon les premières observations archéobotaniques, effectuées par W. Wetterstrom, sur les grains agglutinés de riz brûlé issus des fouilles de Fanongoavana, la riziculture inondée se pratiquait dès le XIVe siècle. La présence de graines d'ivraie, ou voantsimparifary, de la famille des graminées Echinochloa, dans le paddy est l'indice d'une récolte par touffe, consistant à couper ensemble les tiges de riz et les mauvaises herbes qui poussent dans les rizières inondées. Ce mélange ne risque pas de se produire dans le cas de culture sèche où la collecte se fait par tige, ce qui évite le ramassage des plantes sauvages.
Dans les échantillons prélevés à Fanongoavana et à Lohavohitra sont apparues plusieurs variétés, et peut-être même plusieurs espèces de riz. On distingue clairement le riz rond et le riz long. Le premier serait peut-être à l'origine du riz rouge, une espèce très répandue à Madagascar. Cuit avec beaucoup d'eau, il donne un jus velouté et légèrement sucré : c'est le mode de préparation du vary sosoa du bon riz . Le riz long pourrait, en revanche, être assimilé à du riz blanc, dit riz de luxe, qui ne colle pas et qui convient à la cuisson courante, avec une quantité d'eau modérée. La préparation du ranovola littéralement eau dorée, à partir d'un fond de riz cuit qu'on fait légèrement brûler dans la marmite pour en faire un bouillon, est attestée par des traces sur des fragments de poteries.

Élevage et consommation de viande

Les traditions orales merina font remonter la domestication et la consommation du zébu au règne de Ralambo, au XVIIe siècle. La présence de ce bétail est pourtant attestée dans la plupart des sites archéologiques malgaches, dont une partie est antérieure au Xe siècle. En Imerina, bos indicus est bien représenté à Fanongoavana et à Ambohipanompo, qui datent du XIVe siècle. Certains villages de grande étendue auraient même joué le rôle de centre d'élevage, si l'on en juge par la capacité d'accueil des enclos destinés à cet usage. C'est le cas d'Analamanitra XVIe s.. L'élevage du zébu était probablement connu à travers l'île dès le début du peuplement. Les moutons et les chèvres sont moins répandus que les bœufs.
Les ossements recueillis dans les fouilles portent d'ordinaire des traces de débitage. Il s'agit généralement de cassures nettes des os canons, par exemple, qui sont le résultat de la fragmentation de l'animal pour la boucherie. On observe aussi des entailles superficielles provenant du découpage de la viande. La faible usure des dents de boviné et de capridé signale la jeunesse des bêtes lors de l'abattage. L'importante quantité des os récoltés dans les dépotoirs permet d'affirmer que les anciens Malgaches étaient de gros consommateurs de viande. On mangeait toutes les parties du corps de l'animal. Suivant une pratique traditionnelle, encore en vigueur aujourd'hui, les os spongieux étaient mâchés pour en tirer la moelle. On peut noter une baisse de la consommation de viande, si l'on compare la nourriture carnée d'autrefois et le régime alimentaire pratiqué aujourd'hui dans les campagnes, régime essentiellement à base de tubercules, d'herbes et de riz.
Les foyers domestiques existent dans tous les anciens villages, témoignant des activités culinaires. Ils sont parfois bien structurés, ils peuvent se présenter aussi sous forme d'épanchements de cendres et de charbon de bois. Après l'examen des os, on est en mesure d'avancer que la cuisson à l'eau, que l'on considérait comme un mode de cuisine soigné, aurait été préférée à la grillade.

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Posté le : 09/08/2014 18:33
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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