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Découverte de l'île de Pâques 2
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Les Européens et l'île de Pâques Voyages de découverte XVII XVIIIe

Le premier Européen qui ait aperçu l'île fut en 1687 le pirate Edward Davis sur le Bachelor’s Delight, alors qu’il contournait les Îles Galápagos en direction du cap Horn. Il aperçut l’île par hasard et crut avoir trouvé le légendaire continent du Sud mais il n'effectua pas de débarquement.
Le nom de l'île est dû au Hollandais Jakob Roggeveen qui y accosta avec trois navires au cours d'une expédition pour le compte de la Société commerciale des Indes occidentales. Il la découvrit en effet le dimanche de Pâques 1722 et l’appela Paasch-Eyland île de Pâques. Un des participants à l'expédition était le Mecklembourgeois Carl Friedrich Behrens dont le rapport publié à Leipzig orienta l’attention de l’Europe vers cette région à peine connue du Pacifique.
L’explorateur suivant fut l’Espagnol Felipe González de Haedo qui avait reçu du vice-roi du Pérou l’ordre d’annexer l’Île Roggeveens pour le compte de la Couronne espagnole. L'expédition de González de Haedo débarqua le 15 novembre 1770. Après une visite rapide et très partielle de l'île, exploration d'une demi-journée dans un seul secteur, et après un contact amical avec une population à structure sociale hiérarchisée, Felipe González de Haedo qui ne pensait pas qu'il s'agisse de l'Île de Roggeveen décida d'annexer cette terre à la Couronne d'Espagne et la nomma Île de San Carlos. Il fit planter plusieurs croix sur la pointe du volcan Poike. Durant les années qui suivirent, l’Espagne ne se soucia que très peu de sa nouvelle possession. Preuve fut faite en cartographie qu'il s'agissait bien de la découverte du Hollandais Roggeveen, donc cette terre lointaine ne pouvait appartenir à l'Espagne.
Au cours de sa deuxième expédition du Pacifique Sud, James Cook visita l'île de Pâques du 13 mars 1774 au 17 mars 1774. Il ne fut pas enthousiasmé par l’île et écrivit dans son livre de bord : Aucune nation ne combattra jamais pour l’honneur d’avoir exploré l’île de Pâques, … il n'y a pas d'autre île dans la mer qui offre moins de rafraîchissements et de commodités pour la navigation que celle-ci. Cependant, son séjour fournit des informations essentielles sur la constitution géologique, la végétation, la population et les statues — qui dans leur majorité avaient déjà été renversées. Nous avons des images témoins de cette époque grâce au naturaliste allemand Reinhold Forster et à son fils Georg Adam Forster, qui participaient à l’expédition Cook. Reinhold Forster a dessiné les premiers croquis des statues moaïs qui, gravés et publiés dans un style alors typiquement romantique, firent sensation dans les salons.
En 1786, le navigateur français La Pérouse débarqua sur l’île de Pâques au cours de sa circumnavigation terrestre, effectuée sur l’ordre du roi Louis XVI. La Pérouse avait l’ordre de dessiner des cartes précises afin de contribuer, avec l’étude des peuples du Pacifique, à la formation du dauphin.

Thèses de l'effondrement écologique et culturel

Une dégradation environnementale liée aux conséquences de la déforestation érosion des sols, sous-alimentation, famine, pénurie de bois et de cordes, guerres civiles : elle aurait mis fin aux us et coutumes de l’île, et notamment au taillage, au transport et à l'érection des statues ;
Une longue période de sécheresse poussant les habitants de l’île à faire appel aux dieux pour que la pluie revienne, ce qui pourrait expliquer la frénésie de construction des moaïs à cette période, de plus en plus nombreux et de plus en plus colossaux. Réalisant que les érections de moais sur les ahus étaient vaines, les habitants se seraient révoltés contre les prêtres et auraient abattu eux-mêmes les idoles, dans le reste de la Polynésie, les ahus servent à vénérer les ancêtres et les dieux, tandis que les unus et les tikis -car les moais sont fondamentalement des tikis de grande taille- ne font que les représenter;
Une prolifération des rats introduits par les Polynésiens, rats qui auraient mangé les noix de coco avant qu'elles ne puissent germer, contribuant ainsi à la disparition des palmiers. Les rats, en s'attaquant aux nids pour manger les œufs et les oisillons, auraient également contribué à l'extinction de la ressource en oiseaux.
Ces thèses, développées entre autres par Jared Diamond, dans son livre intitulé Effondrement, montrent que l’expansion polynésienne a pu entraîner une dégradation importante de l’écosystème, et s’appuie sur des fouilles, palynologie et sur l’archéologie, comme à Henderson Island et ailleurs en Océanie. Par ailleurs Cornelis Bouman, le capitaine de Jakob Roggeveen, écrit dans son livre de bord, …d’ignames, de bananiers et de cocotiers nous n’avons rien vu, ainsi qu’aucun autre arbre ou culture .
Un modèle mathématique a établi que la population n’aurait pas dû dépasser 2 000 habitants pour qu’ils puissent durablement survivre sur l’île sans épuiser la ressource qui leur était indispensable : le palmier.
La population survivante a développé de nouvelles traditions pour préserver les ressources restantes. Dans le culte de Make-make, un l’homme oiseau, en rapanui actuel : Tangata manu du XIVe ‑ XVe siècle au XVIIIe siècle, était désigné chaque année lors d’une cérémonie religieuse où un représentant de chaque clan, choisi par ses chefs, devait plonger dans la mer et nager jusqu’à Motu Nui, un îlot inhabité au sud-ouest de l’île, afin d’en ramener le premier œuf de la saison des sternes noirs manutara ou mahoké. Le premier nageur de retour avec un œuf intronisait le Tangata manu qui veillait à la distribution des ressources de l’île entre les clans pour une année. Si la cérémonie du Tangata manu n’est plus pratiquée au XIXe siècle, en revanche la tradition d’une présidence tournante pour le rôle d’arbitre des ressources perdura jusqu'à la catastrophe démographique et culturelle de 1861.
Quoi qu’il se soit passé auparavant, l’île de Pâques a souffert d’une forte érosion du sol durant les derniers siècles, résultant de la déforestation, et aussi du piétinement par les ovins à partir du XIXe siècle.

Thèses réfutant la théorie de l’effondrement

Dès la sortie de l’ouvrage de Jared Diamond, de nombreux scientifiques réagissent et remettent en cause ses hypothèses très largement diffusées, à cause de son interprétation des résultats des fouilles archéologiques, et des fondements moraux et politiques qui sous-tendent ses hypothèses, relevant, selon ses détracteurs, du néocatastrophisme, voire du déterminisme social.
Déjà en 2005, l’anthropologue anglais Benny Peiser, dans son article intitulé « From Ecocide to Genocide : the Rape of Rapa Nui, De l’écocide au génocide : le viol des Rapa Nui, démontrait l’autosuffisance des autochtones de l’île de Pâques lors de l’arrivée des Européens. Selon Benny Peiser, certains petits arbres, tel le Sophora toromiro, abondaient alors. À l'encontre des affirmations de Cornelis Bouman, Carl Friedrich Behrens, autre officier de Roggeveen, écrit que Les indigènes présentaient des branches de palmiers comme offrandes de paix. Leurs maisons bâties sur pilotis étaient barbouillées de luting et recouvertes de feuilles de palmier. On peut en déduire qu’à cette époque, soit la disparition des palmiers était très récente, soit il restait des bosquets cachés dans les vallons au centre de l’île. De plus, Jakob Roggeveen lui-même rapporte que l’île de Pâques était exceptionnellement fertile, produisant de grandes quantités de bananes, de patates douces et de cannes à sucre. De même, lors du passage de l’expédition française de La Pérouse qui visita l’île en 1786, son jardinier déclara que trois jours de travail par an pourraient subvenir au besoin de la population. D’autre part, l’officier Rollin écrivit : Au lieu de rencontrer des hommes détruits par la famine… je trouvai, au contraire, une population considérable, avec plus de beauté et de grâce que je n’en avais rencontrée sur d’autres îles ; et une terre, qui, avec un labeur infime, fournissait d’excellentes provisions, et une abondance assez suffisante pour la consommation des habitants.
En 2006, puis à nouveau en 2011, l’anthropologue Terry Hunt et l’archéologue Carl Lipo, se basant sur des nouvelles datations estimant l’arrivée des Polynésiens vers 1200, étudièrent les possibles causes multifactorielles du déboisement, rat polynésien, El Niño, brûlis…, réfutant une déforestation complète de l’île en seulement 500 ans. Pour les moais, ils défendent la théorie d’un déplacement des statues par rotation, soit horizontalement, roulés comme des rondins, soit, en terrain plat et pour les moins grands, en position verticale, par rotation sur la base ne nécessitant pas l’utilisation de bois.
En 2008, l’archéologue Nicolas Cauwe propose une théorie unifiée, basée sur des données de terrain issues de dix années de fouilles sur place, qu'il détaille davantage en 2011. Selon ses recherches, les Pascuans, confrontés à une période difficile, ont réorganisé leur structure religieuse et politique afin d’assurer une cohésion plus forte et centralisée de leur société, sans qu’il y ait effondrement brutal. Le culte des ancêtres, destiné à des entités familiales ou claniques a été progressivement supplanté par le culte du dieu Make-make et de l’homme-oiseau qui étend désormais son autorité sur l’ensemble de la population. Pour renforcer ce changement et empêcher un retour en arrière, un tabou, Tapu fut jeté sur tout ce qui touchait au culte des ancêtres. Sculptures, plates-formes, carrières furent rendus inaccessibles ou inopérants. Les moaï furent enfouis sous des terrasses, les carrières comme celle du Rano Raraku furent encombrées d’ébauches pour empêcher une exploitation ultérieure. Le tabou jeté sur le volcan Rano Raraku réfute la thèse d’une chaine opératoire qui serait reflétée par le site, allant de l’ébauche aux statues en ronde bosse au profit d’un long et minutieux travail de fermeture rituelle de l’exploitation de la carrière de tuf par les Pascuans.

La population pascuane au XXe siècle

Au début du xxe siècle les Rapa-Nui ont été obligés de vivre dans une petite zone délimitée au sud-est de l’île par les autorités chiliennes, tout le reste de l’île 94 % de la surface étant réservé à l’élevage du mouton par les compagnies fermières. L’exode des Polynésiens augmentant, le gouvernement chilien a dû prendre des mesures pour enrayer un potentiel exil total de la population,Voir le livre de Marie-Françoise Peteuil, Les Évadés de l'Île de Pâques. Ce n’est que dans les années 1960 que les habitants furent à nouveau autorisés à circuler dans leur île et que les conditions de vie ont commencé à s’améliorer, ce qui a permis une augmentation de la population. En 1960 on recensait plus de 1 000 habitants, dont la moitié d'origine Rapa-Nui.
D’après le recensement de 2002, l’île compte 3 791 habitants. Cette augmentation repose aussi sur l’immigration chilienne. La conséquence de cette vague d’immigration est la modification de la composition ethnique de la population. En 1982 les Polynésiens, pour la plupart descendants d'ouvriers agricoles venus de Polynésie française à la fin du XIXe siècle représentaient 70 % de la population. En 2002 ils n’étaient plus que 60 %. Parmi les 40 % restants, 39 % étaient d’origine européenne, il s’agissait en général de résidents temporaires, comme les employés d’administration, le personnel militaire, les scientifiques et leurs assistants et 1 % d’autre provenance surtout chinoise.
Ces dernières décennies ne connurent cependant pas que des vagues d’immigration. Bon nombre d’habitants de l’île de Pâques ont émigré sur le continent, à la recherche de travail mais aussi pour faire des études. Lors du recensement de 2002 on constata que 2 269 Rapanui chiliens vivaient en dehors de l’île. La densité de population de l’île de Pâques n’est que de 23 hab./km2, pour comparaison : France, 113 hab./km2 ; Belgique, 342 hab./km2 . Au milieu du XIXe siècle, avant la catastrophe démographique de 1861, la plupart des pascuans d'origine vivaient au sein de six agglomérations : Anakena, Tongariki, Vaihu, Vinapu, Matavei et Hanga Roa ; il y avait aussi des habitats dispersés. Aujourd’hui, les habitants sont concentrés dans les villages de Hanga Roa, Mataveri et Moeroa au Sud-Ouest. Ces villages se sont développés les uns à côté des autres, si bien qu’ils sont aujourd’hui considérés comme une seule et unique agglomération. C'est là aussi que se trouve l'aéroport international.

Langues

La langue officielle est l’espagnol. On ne sait que peu de choses de la variété pascuane du maori parlé avant la catastrophe démographique de 1861 ; le rapanui actuel, originaire de Polynésie française, est proche du rapanais de Polynésie orientale, couramment utilisé dans les échanges quotidiens entre habitants polynésiens.

Administration Civile

L'île de Pâques dépend du Chili depuis 1888. Elle a le statut d'une province de la région de Valparaíso. Un des gouverneurs accrédités par le gouvernement chilien administre l'île. Depuis 1984, il s'agit toujours d'un insulaire. Depuis 1966, un conseil municipal de 6 personnes est élu tous les 4 ans dans la commune de Hanga Roa. Un de ces 6 élus est nommé maire de l'île.
Une douzaine de policiers stationne sur l'île et assure, entre autres, la sécurité de l'aéroport. Les forces armées et la marine sont très présentes. La marine dispose d'un bateau de patrouille qui sert également en cas de sauvetage en mer. La monnaie est le peso chilien, mais le dollar américain s'est peu à peu imposé, si bien qu'il est en 2008 une monnaie secondaire mais acceptée partout.
L'île de Pâques est un territoire exempt de droits de douanes, si bien que les recettes issues des impôts et autres taxes sont relativement minces. Le budget public est dans une très grande mesure subventionné par le Chili. Le courrier n'est pas distribué aux habitants, mais gardé durant un certain délai au bureau de la poste. Le lieu est très fréquenté par les touristes qui viennent y faire apposer le tampon de l'île sur leur passeport.

Les Pascuans aujourd'hui

L'île est annexée par le Chili en 1888 ; jusqu'en 1956, elle est livrée aux moutons. Les Pascuans, ou Rapanui, parqués à Hanga Roa, deviennent des citoyens chiliens à part entière en 1966 ; leur isolement ne prend fin qu'en 1971, avec l'ouverture d'une liaison aérienne régulière.
La moitié des Rapanui vit actuellement hors de l'île, qui compte environ trois mille habitants, dont sept cents originaires du Chili continental. En dehors du territoire de la minuscule commune d'Hanga Roa-Mataveri qui regroupe toute la population, le littoral est protégé en tant que parc national dépendant de la Corporacion National Forestal ; ce secteur est classé depuis 1996 au Patrimoine mondial de l'humanité par l'U.N.E.S.C.O. Selon les saisons, un ou deux vols par semaine relient l'île au continent américain et à Tahiti. Chaque année, de huit mille à dix mille visiteurs sont facilement accueillis par une hôtellerie bien organisée. Ce flux constitue la ressource principale d'une population partagée entre la volonté de préserver son identité et le besoin de développer une économie entravée autant par des problèmes fonciers non résolus, que par l'omniprésence d'un passé prestigieux.

Religieuse

La paroisse catholique de l'île de Pâques appartient aujourd'hui au diocèse chilien de Valparaíso. Elle a appartenu au vicariat apostolique des îles de Tahiti jusqu'en 1911, avant d'être transférée au Chili. Il semble que le diocèse aux armées du Chili était alors responsable de la charge pastorale de l'île. Puis, le 24 octobre 1934, la paroisse a été assignée au vicariat apostolique de l'Araucanie, situé dans le Chili central-méridional, à 4 500 km au sud-est de l'île, à la charge des pères capucins. Le 5 janvier 2002, la paroisse a été transférée une dernière fois à Valparaíso.

Économie Infrastructures

Depuis que, dans les années 1970, la NASA a procédé à l'agrandissement de l'aérodrome de Mataveri, créant ainsi un terrain d'atterrissage d'urgence pour les navettes spatiales, les gros porteurs peuvent désormais atterrir sur cet aéroport, le plus isolé du monde. Cet agrandissement a eu pour effet d’augmenter la fréquentation touristique de l’île, ce qui représente aujourd’hui la première source de revenus. Le nombre de touristes reste cependant très limité en comparaison des autres îles touristiques. Depuis peu, un service des eaux centralisé est disponible. Auparavant, l’eau courante était limitée aux réserves des lacs formés dans les cratères des volcans et aux nappes phréatiques. Le réseau de distribution électrique fonctionne grâce à des générateurs diesel, il se limite au village de Hanga Roa, soit la quasi-totalité de la population. Les routes situées à proximité de Hanga Roa et de Mataveri sont goudronnées ; il en est de même pour la route allant de Hanga Roa à la plage d’Anakena et tout le long de la côte sud jusqu’à la presqu'ile de Poike.
À l’école de Hanga Roa, l’enseignement est assuré jusqu’à l’obtention du Prueba de Aptitud, équivalant au baccalauréat français. Les enseignements professionnels et supérieurs ne sont cependant disponibles que sur le continent. En outre, l’UNESCO soutient un programme d’enseignement bilingue rapanui-espagnol. Les services de santé sont bien meilleurs que dans d’autres régions isolées du Chili. Le petit hôpital dispose d’un médecin, d’un dentiste ainsi que d’une sage-femme. Une ambulance est également mise à disposition de l’hôpital. Les pompiers sont équipés d'un matériel de qualité, en grande partie de fabrication française RVI, Camiva....
D’autres infrastructures comme l’église, la poste, les services bancaires, la pharmacie, de petits commerces, un supermarché, des snack-bars et autres restaurants se sont considérablement améliorés depuis les années 1970 et ce notamment pour satisfaire les demandes des touristes. D’autres services comme la téléphonie par satellite ou Internet sont bien entendu également disponibles. Une discothèque a même été construite pour les plus jeunes.

Tourisme

Depuis le premier vol commercial depuis Santiago en 1967, le tourisme s'est rapidement développé. Avec 70 000 visiteurs par an en 2010 50 000 en 2006, 65 000 en 2009), le tourisme est devenu la ressource principale de l’île.
Une seule compagnie aérienne dessert l’île en 2008 : LAN Chile. Un vol quotidien relie directement Santiago à l'Île de Pâques, tandis qu'un vol par semaine — le mercredi — fait également escale par l'aéroport international de Tahiti Fa'a'ā.
La piste de l’aéroport international Mataveri coupe le reste de l’île du secteur d'Orongo, le village des hommes oiseaux.

Littérature

L'île de Pâques, par son isolement, par les mystères paraissant insolubles de son passé, avant que la science ne s'en mêle, par la taille et le nombre des moais abandonnés, et par l'abondance de ses pétroglyphes, a fortement inspiré les auteurs. Certains comme Pierre Carnac46, ou encore Francis Mazière, n'ont pas hésité à broder une histoire-fiction de l'île, faisant intervenir tantôt des navigateurs venus d'Europe, experts intercontinentaux en mégalithes de Stonehenge au Yucatan en passant par l'Égypte et Nan Madol, tantôt des extraterrestres. D'autres romans, comme Aku-Aku de Thor Heyerdahl, sont à la fois des récits de voyage et de découverte, et des spéculations sur l'histoire possible de l'île. L'île de Pâques a également été reliée à différents mythes comme celui du continent Mu, où le postulat malgré l'absence de toute trace archéologique ou autre est que l'île aurait pu être peuplée dès la fin de la dernière glaciation, il y a 12 000 ans environ, lorsque les mers remontaient et que les terres émergentes rétrécissaient dans le Pacifique l'étude de coraux montre que les mers sont alors montées de 14 m en 350 ans, soit de 40 cm par an, mais toutes les preuves paléogéographiques, paléobiologiques et archéologiques indiquent que les premiers humains à aborder l'Océanie lointaine, où l'on ne peut plus naviguer en vue d'une côte, furent les Lapita, il y a 5 200 ans, et seulement dans la partie la plus occidental

Liens

https://www.youtube.com/watch?feature= ... _detailpage&v=YpNuh-J5IgE Comment faire marcher les statues

https://youtu.be/YpNuh-J5IgE

https://youtu.be/mH0sIjAHBVY


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Posté le : 03/04/2015 19:21
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Pierre Brossolette
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Le 22 mars 1944 meurt, à 40 ans Pierre Brossolette

à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris, né le 25 juin 1903 dans le 16e arrondissement de Paris, journaliste et homme politique socialiste français, alias Pedro, Brumaire, Bourgat, Bernier, Boutet, Briand, Baron. Agrégé d'histoire, normalien, cacique, il est décoré de la Croix de guerre 1939-1945, Compagnon de la Libération, il reçoit la médaille de la Résistance et de la Légion d'honneur. Marié à la journaliste gilberte Bruel avec qui il a deux enfants : Anne Brossolette et Claude-Pierre Brossolette. Il fut un des principaux dirigeants et héros de la Résistance française.

En bref

Né à Paris le 25 juin 1903 dans une famille d'enseignants républicains, Pierre Brossolette entre premier à l'École normale supérieure en 1922. En juin 1925, il est reçu deuxième à l'agrégation d'histoire.
Au long des années 1920, Pierre Brossolette milite assidûment pour la Société des Nations, le rapprochement franco-allemand et l'idée de fédération européenne. Il fait partie des groupes de jeunes intellectuels proches du radicalisme qui réfléchissent à la modernisation administrative, économique et sociale de la France. Entré à la Grande Loge de France en 1927, membre de la Ligue des droits de l'homme et de la L.I.C.A. Ligue internationale contre l'antisémitisme, il se signale très tôt par ses engagements humanistes.
Déçu par le manque d'ambition réformatrice du Parti radical, il adhère à la S.F.I.O., fédération de la Seine, au printemps de 1930. De 1932 à l'été de 1939, et malgré ses échecs aux élections cantonales de 1934 et législatives de 1936, il milite activement à la tête de la fédération socialiste de l'Aube. Membre successivement du groupe planiste Révolution constructive, de la Bataille socialiste, puis de la tendance Agir des antimunichois de la S.F.I.O., il participe aux difficiles débats doctrinaux qui agitent son parti dans les années 1930.
Devenu journaliste dès 1926, il s'impose comme un spécialiste de la politique internationale, dans les colonnes, notamment, de Notre Temps, de L'Europe nouvelle et du Populaire, ainsi qu'au micro de la radio d'État de l'automne de 1936 à l'hiver de 1939. Hostile au fascisme italien dès 1927, avertissant ses lecteurs contre le nazisme à partir de 1930, lucide sur la diplomatie soviétique, la duplicité germano-italienne en Espagne et la stratégie nazie en Europe centrale, il met cependant près de dix années pour renoncer définitivement aux idéaux briandistes. De l'automne de 1938 à la déclaration de guerre, cet antimunichois farouche se signale en revanche par son discours très ferme en faveur de l'esprit de résistance.
Patriote et conscient du caractère mondial de la lutte pour la liberté, désireux de lutter contre le nazisme et le régime de Vichy, Pierre Brossolette rejoint le groupe de résistance dit du Musée de l'Homme en mars 1941 puis entre en contact avec les socialistes résistants de la zone occupée. Membre du réseau de la Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy en novembre 1941, il établit la liaison entre Londres et les deux principaux mouvements de résistance du nord de la France, l'O.C.M. Organisation civile et militaire et Libération-nord durant l'hiver de 1941-1942 ; en zone libre, il a des contacts avec les mouvements Combat et Libération-sud, ainsi qu'avec le groupe Pierre Bertaux à Toulouse.
Parvenu à Londres au printemps de 1942, fort de son expérience politique, de son incontestable patriotisme et de son statut de précurseur de la Résistance, riche de son excellente connaissance du combat de l'ombre et de la France occupée, cet intellectuel brillant et charismatique s'impose rapidement parmi les décideurs de la France libre. Le 1er octobre 1942, il devient numéro deux des services secrets de la France combattante, le Bureau central de renseignements et d'action, B.C.R.A.. Compagnon de la Libération et membre du Conseil de l'ordre dès octobre 1942, il appartient au saint des saints des forces gaullistes, sans abdiquer pour autant sa lucidité sur l'homme du 18 juin.
Après avoir été, durant l'automne de 1942, au sein du B.C.R.A., l'un des meilleurs alliés de Moulin alors en mission en zone sud, il repart pour la France le 27 janvier 1943. Il coordonne l'action civile et militaire des cinq plus importants mouvements de résistance de zone nord, favorisant la formation, en mai 1943, du Conseil national de la Résistance et de l'état-major de l'Armée secrète. Candidat malheureux à la succession de Jean Moulin, il revient en France le 19 septembre 1943 pour renforcer et améliorer l'organisation civile et paramilitaire de la Résistance intérieure et préparer la Libération. Arrêté le 3 février 1944, torturé, il se suicide le 22 mars sans avoir parlé.
Persuadé qu'à la Libération la France renaîtrait naturellement aux libertés et à la démocratie partisane, Pierre Brossolette se signale par la constance de sa réflexion pour la rénovation politique, économique et sociale de son pays. Engagé sous la bannière gaulliste le temps de la guerre, il persiste, à titre personnel, dans son engagement socialiste.
D'article en conférence publique, ainsi qu'au micro de la B.B.C., il est l'ardent promoteur de l'entreprise gaullienne. Dénonçant régulièrement Vichy et la collaboration, il milite en faveur de l'union des résistants derrière Charles de Gaulle, tout en évoquant une France nouvelle, régénérée dans ce qu'il appelle l'esprit de la Résistance. Plus encore peut-être, il est le chantre inspiré de l'épopée française combattante et de l'action des Soutiers de la gloire, selon l'expression qu'il emploie le 22 septembre 1942 pour désigner les résistants anonymes.
Pourtant exemplaire de l'infime minorité qui sut s'extraire du désastre de 1940 et s'opposer, puis devenu l'un des principaux artisans de l'unification de la Résistance française, Pierre Brossolette connaît un destin posthume contrasté. Dès la fin de la guerre et pendant près de vingt années, il s'impose dans les mémoires françaises comme l'une des grandes figures de la Résistance. L'entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964, rejette soudainement sa mémoire dans l'ombre. Depuis 1984, le renouvellement de l'historiographie de la Résistance et deux commémorations nationales, à l'occasion des quarantième et cinquantième anniversaires de sa mort, ont rendu à son souvenir une place plus conforme à ce que fut son œuvre en Résistance. Cette place est confirmée avec la décision prise en février 2014 par le président de la République François Hollande de transférer ses cendres au Panthéon, avec celles de trois autres figures qui ont incarné l’esprit de la résistance, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Jean Zay. Guillaume Piketty

Sa vie

Fils de Léon Brossolette, inspecteur de l'enseignement primaire à Paris et ardent défenseur de l'enseignement laïque au début du XXe siècle, neveu de Francisque Vial, directeur de l'enseignement secondaire, il entre premier à l'École normale supérieure en 1922. Ses deux sœurs ainées, Suzanne et Marianne, sont toutes deux agrégées, fait rare à l'époque. Cacique de sa promotion, il est reçu seulement deuxième à l'agrégation d'histoire, derrière Georges Bidault, à la suite d'un petit scandale. À l'issue de son service militaire, il épouse en 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude, et qui, après la libération, deviendra la première femme sénateur en France. Il se lance peu après dans le journalisme.
Membre de la Ligue des droits de l'homme, de la Ligue internationale contre l'antisémitisme et de la Grande Loge de France où il est initié le 22 janvier 1927 à la loge Émile Zola, il sera ensuite reçu dans les hauts grades maçonniques dans la loge La Perfection latine du Suprême Conseil de France et s'affiliera également à la loge du Grand Orient de France L'Aurore sociale, de Troyes. Il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière SFIO en 1929.
Il se présente d'abord aux élections cantonales puis à la députation de l'Aube6 sous l'étiquette du Front populaire en 1936 sans succès, et entre au cabinet du Ministère des Colonies.
D'abord fervent défenseur des idéaux pacifistes et européens d'Aristide Briand, ses conceptions évoluent à partir de 1938 lorsqu'il prend conscience de la réalité de la menace nazie et de l'inévitabilité de la guerre.
Journaliste au sein de plusieurs journaux, l'Europe nouvelle, le Quotidien, le Progrès civique, les Primaires, Notre Temps, Excelsior, Marianne et à la Terre Libre, ainsi que celui de la SFIO Le Populaire, où il est rédacteur de politique étrangère ; il travaille également pour Radio PTT, dont il est licencié en janvier 1939 lorsqu'il s'oppose dans une émission aux accords de Munich.

Résistance


Au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l'armée avec le grade de lieutenant au 5e régiment d'infanterie Navarre, est promu capitaine avant la défaite de la France et est décoré avec la première Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de Bronze, le 11 juillet 1940, en raison de son attitude au cours de la retraite de son unité. Hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du musée de l'Homme présenté à Jean Cassou par Agnès Humbert, écrit le dernier numéro du journal Résistance du mouvement et échappe de peu à son démantèlement.
Démobilisé fin août, il achète avec son épouse une librairie, au 89 rue de la Pompe à Paris, qui servira de couverture à ses activités de résistance. Début 1941, par l'intermédiaire d'Agnès Humbert, il entre au réseau du Musée de l'Homme et collabore au journal Résistance, dont il devient le rédacteur en chef. Le réseau Musée de l'Homme ayant été démantelé, Brossolette entre en contact avec le colonel Rémy et son réseau de renseignements, la Confrérie Notre-Dame, qui le rapproche de la France libre. Il adhère à Libération Nord.
À Londres à partir d'avril 1942, il rédige plusieurs rapports pour le Bureau central de renseignements et d'action BCRA et rencontre à plusieurs reprises le général de Gaulle, qui en fait son conseiller politique. Porte-parole des combattants de l'ombre sur les ondes de la BBC, il évoque le 22 septembre, les soutiers de la gloire

Puis, il participe à la formation des groupes de résistance Libération-Nord et Organisation civile et militaire dans la zone occupée et devient, après sa rencontre avec le Colonel Rémy, chef de la section presse et propagande de la Confrérie Notre-Dame sous le nom de code Pedro parce qu'il a quelque chose d'espagnol dans le regard selon Rémy.
Quand le régime de Vichy lui interdit d'enseigner, Brossolette et son épouse rachètent une librairie russe à Paris, au 89 rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de boîte aux lettres pour les résistants. Dans la bibliothèque tournante dans le sous-sol, plusieurs documents ont été échangés pendant cette période dont les plans de l'usine Renault.
En avril 1942, Brossolette entreprend un voyage à Londres en tant que représentant de la Résistance pour rencontrer Charles de Gaulle. Il travaille dès lors, promu commandant, pour les services secrets de la France Libre, le Bureau central de renseignements et d'action BCRA, en liaison avec la section RF du Special Operations Executive SOE britannique.
À la suite de deux perquisitions successives effectuées par les autorités allemandes à son domicile à Paris en mai 1942, il vend la librairie, fait franchir à sa famille la ligne de démarcation en juillet 1942, navigue vers Gibraltar en felouque et sa famille parvient à Londres en cargo. Il continue la résistance seul en France tandis que Gilberte Brossolette assure la liaison entre le Commissariat à l'Intérieur de la France libre et la BBC.
Le 1er octobre 1942, il prend la tête de la section opératoire, service chargé de faire le lien entre les résistances extérieure et intérieure. Il est parachuté à trois reprises en France, la deuxième fois en janvier 1943 avec André Dewavrin, alias le colonel Passy, et Forest Yeo-Thomas alias Shelley, agent du SOE surnommé familièrement le Lapin Blanc. Ils vont parvenir à unifier l'ensemble des mouvements de résistance de la Zone Occupée, dans le cadre de la mission Arquebuse-Brumaire du nom de code de Passy et Brossolette.
Pierre Brossolette est aussi le porte-voix à Londres des combattants de l'ombre. Dans un discours à la BBC le 22 septembre 1942, il rend un vibrant hommage aux soutiers de la gloire, expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann et écrira des articles, dont un dans La Marseillaise qui par la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre.

Mission Brumaire-Arquebuse

Affecté au BCRA, Brossolette devient l'adjoint du colonel Passy et prend, le 1er octobre 1942, la tête du service chargé de faire le lien entre les résistances extérieure et intérieure. Du 26 janvier au 16 avril 1943, il effectue, en coopération avec le colonel Passy et le Britannique Yeo Thomas, la mission Brumaire-Arquebuse, au cours de laquelle il est chargé de séparer en zone nord le renseignement de l'action militaire ; il prend l'initiative de créer un Comité de coordination de zone nord avec l'idée de faire pendant avec celui que préside Jean Moulin en zone sud.
Militant pour un gaullisme rassembleur, très ouvert, Brossolette entend réunir l'ensemble des familles politiques et spirituelles françaises autour du général de Gaulle, à l'exclusion des partis politiques qui, selon lui, avaient failli en ne parvenant pas à empêcher la catastrophe de 1940. Son souhait était de préparer la Libération en rassemblant, dans la Résistance, et derrière le général de Gaulle, outre les mouvements de résistants, les représentants non compromis avec l'occupant et/ou avec Vichy de ce qu'il appelait les grandes familles spirituelles de la France.
Cette conception s'affronte à celle du Conseil national de la Résistance

Arrestation

Le général De Gaulle le nomme Compagnon de la Libération, le 17 octobre 1942.
Après avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Brossolette veut rentrer à Londres pour présenter au Général De Gaulle le nouveau délégué général du CFLN auprès du CNR, Émile Bollaert. Plusieurs tentatives d'exfiltration par Lysander échouent. Brossolette et Bollaert décident de rentrer par bateau. Le 3 février 1944, partant de l'Île-Tudy, la pinasse le Jouet des Flots qui doit les conduire à une frégate britannique au large de l'île de Sein fait naufrage à cause du mauvais temps près de la pointe du Raz, s'échouant à Feunteun Aod en Plogoff. Les deux chefs de la Résistance ainsi qu'une trentaine d'hommes, marins et aviateurs alliés échouent sur la côte, où ils sont accueillis par la résistance locale. Lors d'un barrage de routine, alors qu'ils arrivent à Audierne dans une voiture à gazogène, ils sont dénoncés par une collaboratrice, contrôlés par un poste volant de la Wehrmacht et emmenés en prison à Rennes, siège de la Kommandantur locale.
Plusieurs semaines passent sans qu'ils soient reconnus. Finalement, Ernst Misselwitz, Hauptscharführer du Sicherheitsdienst, ou SD se rend sur place en personne pour identifier Brossolette et Bollaert et les fait transférer, le 19 mars, au quartier général de la Gestapo à Paris, 84 avenue Foch. On sait aujourd'hui à travers le témoignage de Roger Lebon Roussel, 2011 que son identité a été découverte à la suite d'une imprudence de la part de la Délégation générale à Paris représentée par Claude Bouchinet-Serreules et Jacques Bingen sous la forme d'un rapport semi-codé rédigé par les services de Daniel Cordier qui aurait été intercepté sur la frontière espagnole, alors que son grand ami Yeo-Thomas se trouvait déjà parachuté solo en urgence à Paris depuis le 25 février pour préparer une évasion audacieuse de la prison de Rennes en uniforme allemand avec l'aide de Brigitte Friang. Les deux amis seront eux aussi capturés dans les jours suivants à la suite du démantèlement de nombreux réseaux parisiens consécutifs à l'affaire dite de la rue de la Pompe siège de la Délégation générale et aux aveux de Pierre Manuel Seaman, 1997.

Mort


Pour les faire parler, Pierre Brossolette et Émile Bollaert sont torturés. Le 22 mars, pendant la pause-déjeuner de son gardien, il se jette du cinquième étage de l'immeuble afin de ne rien révéler à l'ennemi. Brossolette se serait levé de sa chaise, menotté dans le dos, aurait ouvert la fenêtre de la chambre de bonne dans laquelle il était enfermé, et serait tombé d'abord sur le balcon du 4e étage et ensuite devant l'entrée de l'immeuble côté avenue. Gravement blessé, il succombe à ses blessures vers 22 heures à l'hôpital de la Salpêtrière, sans avoir parlé.
Le 24 mars, il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise, et ses cendres attribuées à l'urne du colombarium division 87 numérotée 3913, même si elle est marquée "inconnu" . L'autre urne 3920 est non attribuée, alors que pendant longtemps on a pensé qu'il s'agissait de celle d'un autre résistant Jacques Delimal et même que les deux urnes pouvaient avoir été échangées. L'urne funéraire de Jacques Delimal se trouve depuis le début des années 1970 dans le cimetière de Passy auprès de membres de sa famille.

Ligne politique

Pierre Brossolette est très critique vis-à-vis de la IIIe République qu'il rend responsable de la défaite, et estime que la Libération à venir devra être l'occasion d'une profonde rénovation démocratique, notamment par la naissance d'un grand parti de la Résistance appelé à réaliser une politique de transformation sociale ambitieuse. Un programme commun très proche de ces aspirations est élaboré par le Conseil national de la Résistance en mars 1944, le mois de la mort de Brossolette.
Cette critique de la Troisième République est le principal sujet de discorde avec Jean Moulin et lui vaut par ailleurs l'opposition des partis, soucieux de leur propre survie. Ainsi, à la veille de son arrestation, Brossolette est exclu de la SFIO par Daniel Mayer et Gaston Defferre, décision qui n'est pas appliquée à cause de sa disparition. Si dans un premier temps la IVe République renoue avec les mœurs de la IIIe, l'avènement de la Ve République représente pour certains l'application a posteriori des idées de Brossolette sur l'après-guerre.
En effet, le projet d'un grand parti rassemblé autour de De Gaulle pour gérer l'immédiat après-guerre et limiter les dégâts prévisibles d'une épuration incontrôlée est vivement critiqué et soupçonné même de dérives fascisantes. De Gaulle, conscient des soupçons d'autoritarisme qui pesaient déjà sur lui, tranchera pour la représentation des partis au sein du CNR et, partant, pour la réhabilitation du système parlementaire de la IIIe République, donnant ainsi gain de cause à Jean Moulin. Ce choix aura des conséquences importantes sur l'image de ces deux grands chefs de la Résistance et de leur place dans la mémoire nationale.
Ainsi s'opposent a posteriori l'image d'un Jean Moulin homme d'État proche du radicalisme d'avant-guerre, défenseur des valeurs républicaines et de la démocratie, voire du statu quo, et celle, complexe, d'un Pierre Brossolette homme politique certes visionnaire, précurseur du gaullisme qu'il bâtissait en doctrine, selon De Gaulle lui-même dans ses mémoires bien que socialiste, dénonciateur féroce des dangers fasciste et communiste avant la guerre mais partisan de méthodes radicales.
Cependant son idée d'un parti unique issu de la Résistance ne devait servir qu'à réorganiser l'après-guerre et il aurait envisagé de créer lui-même un nouveau parti de gauche, travailliste sur le modèle anglo-saxon donc non marxiste ou en tout cas réformiste. Pour cela, Brossolette avait travaillé sur une ambitieuse critique du marxisme pendant ses missions, que sa stature d'intellectuel, normalien de haut vol permettait de croire respectable ; ce document aurait été jeté par-dessus bord lors du naufrage sur les côtes bretonnes ayant amené son arrestation.

Reconnaissance, décorations

Croix de guerre 1939-1945, le 11 juillet 1940, avec Étoile de Bronze.
Compagnon de la Libération, décret du 17 octobre 1942 et nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération
Médaille de la Résistance avec rosette, décret du 6 avril 1943, et nommé parmi les quatre premiers membres de la Commission nationale de la Médaille de la Résistance
Croix de guerre 1939-1945, le 25 mai 1943, avec Palme de Vermeil.
Chevalier de la Légion d'honneur, décret du 19 avril 1945
Hommage de la Nation à la mémoire et transfert des cendres au Panthéon ; décret du président de la République en date du 7 janvier 2015.

Monuments

À Narbonne-Plage, un monument mémorial éolien unique en son genre atteste de sa popularité dans l'immédiate après-guerre et marque l'emplacement de son exfiltration par la felouque Seadog11.
À Saint-Saëns, une stèle commémore la première exfiltration par Lysander vers Londres.
à Plogoff,au lieu-dit Feunteun Aod, appelé aussi l'enfer de Plogoff, endroit ou la pinasse le Jouet de Flots s'est échouée une stèle rappelle l'exfiltration manquée vers l'Angleterre avant son arrestation.
Des immeubles comme celui de l'ancienne librairie rue de la Pompe, ainsi que la cour du Lycée Janson-de-Sailly ; de sa résidence rue de Grenelle ; de son lieu de naissance rue Michel-Ange ; la Maison de Radio France et la cour d'honneur du Ministère de l'Intérieur rue des Saussaies affichent des plaques commémoratives.
Son nom est mentionné sur une plaque au sol du Panthéon.
Bertrand Delanoë a inauguré le 27 janvier 2014 la Pelouse Pierre-Brossolette devant le 84-86 avenue Foch où siégeaient les services secrets de la SD et la Gestapo. Pierre Brossolette s’y était donné la mort sans avoir parlé le 22 mars 1944.

Mémoire

Si Brossolette, dans l'immédiat après-guerre, pouvait encore être considéré par beaucoup comme la principale figure de la Résistance de par son action en Zone occupée Paris et de par sa notoriété d'homme public, l'entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin en 1964 le reléguera à une place de héros d'un parti SFIO/PS et permettra de cristalliser le mythe d'une Résistance unie sous un seul chef à l'image de la France Libre, dans le contexte historique ayant abouti à la création de la Cinquième République.
Plus tard, lors de l'avènement des socialistes au pouvoir en 1981, le choix de François Mitterrand d'honorer Jean Moulin lors de la cérémonie du Panthéon au lieu de réhabiliter la mémoire de Pierre Brossolette achèvera de le reléguer à une seconde place, cette fois-ci également auprès de la gauche elle-même. Ainsi en attesteront, en plus de la commémoration discrète des 50 ans de sa disparition en 1994, les célébrations modestes du centenaire de sa naissance en 2003 et de celui de la SFIO/PS 2005. À l'occasion, un haut responsable issu de la jeunesse socialiste aujourd'hui secrétaire-général du PS, Harlem Désir, en arrivera, de manière anecdotique mais révélatrice de cette perte de mémoire, citer Jean Moulin, pourtant jamais inscrit au parti et par ailleurs réputé radical ou tout au plus radical-socialiste, comme principale figure de son centenaire.
En 2013, l'historienne Mona Ozouf préside un comité dont l'objectif est le transfert des cendres de Pierre Brossolette au Panthéon. Le 21 février 2014, le président François Hollande annonce15 le transfert de ses cendres au Panthéon aux côtés des résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion ainsi que de l'ex-ministre Jean Zay. L'entrée au Panthéon est prévue le 27 mai 2015.

Utilisation de son nom

Première série de timbre-poste "Héros de la Résistance", 1957.
Le nom de Pierre Brossolette est aujourd'hui plus connu en France que l'homme lui-même et ses réalisations, en vertu du grand nombre de rues – près de 500, voir ci-dessous, dont plus d'une centaine dans le Grand Paris –, établissements scolaires et espaces publics qui portent son nom. Une exception notable est Lyon, ce qui illustrerait les rivalités des deux Zones, dans la mesure où aucune rue Jean Moulin n'avait été baptisée à Paris jusqu'en 1965.
À Paris, en décembre 1944, la rue de Courcelle-Seneuil, entre la rue Jean-Calvin et la rue Érasme et proche de l'ENS Ulm, a été rebaptisée rue Pierre-Brossolette17. Il s'agit d'une des très rares rues portant un nom du XXe siècle dans le Quartier Latin, avec la rue Pierre-et-Marie-Curie.
À Marseille, une place porte le nom de Pierre Brossolette, dans le 4e arrondissement de la ville. Ainsi que dans la ville de Torcy, on peut trouver une rue Pierre Brossolette.
Pierre Brossolette a fait l'objet d'un timbre de la première série de timbres-poste sur les Héros de la Résistance en 1957.
La promotion 2003 d'élèves officiers du 4e bataillon de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr a choisi Pierre Brossolette comme parrain et créé un chant de promotion à l'occasion.
La Grande Loge de France, a baptisé son cercle de conférences publiques d'après Condorcet-Brossolette et a donné le nom de Pierre Brossolette à son Grand Temple pour honorer sa mémoire. Une de ses loges à Paris porte le nom Pierre Brossolette, Compagnon de la Libération .

Opérations et missions

Opération Bridge pour le réseau CND - Nuit du 27 au 28 avril 1942 - 1,5 km est de Saint-Saëns - 1re exfiltration - Lysander - avec Jacques Robert
Opération Python - Nuit du 3 au 4 juin 1942 - Chalon-sur-Saône - parachutage blind - avec Jacques Robert
Opération Leda - 5 septembre 1942 - Narbonne - 2e exfiltration - felouque Seadog - avec Charles Vallin
Opération Atala - 26 au 27 janvier 1943 - terrain MARABOUT, près d'Issoudun - Lysander - seul
Mission Brumaire - Janvier-avril 1943 - avec André Dewavrin mission Arquebuse et Forest Yeo-Thomas opération SEAHORSE du SOE, section RF
Opération Liberté/Juliette - 15 au 16 avril 1943 - terrain PAMPLEMOUSSE, près de Rouen - 3e exfiltration - Lysander - avec André Dewavrin et Forest Yeo-Thomas
Voyage à Alger - 13 août 1943 - 3 septembre 1943
Opération Bomb - 18 au 19 septembre 1943 - terrain SERIN, près d'Angoulême - Lysander - déposé avec Forest Yeo-Thomas
Mission Marie-Claire - Septembre 1943 - février 1944
Opération Sten - 10 au 11 décembre 1943 - annulée Lysander abattu - avec Émile Bollaert

Mots célèbres

Pour les Français, la guerre sera finie quand ils pourront voir ce film Autant en emporte le vent et lire Le Canard enchaîné. - à Jean-Pierre Melville devant le cinéma Ritz à Londres, repris tel quel par Luc Jardie, personnage interprété par Paul Meurisse dans le film L'Armée des ombres réalisé en 1969.
À côté de vous, parmi vous, sans que vous le sachiez toujours, luttent et meurent des hommes — mes frères d'armes —, les hommes du combat souterrain pour la libération. Ces hommes, je voudrais que nous les saluions ce soir ensemble. Tués, blessés, fusillés, arrêtés, torturés, chassés toujours de leur foyer; coupés souvent de leur famille, combattants d'autant plus émouvants qu'ils n'ont point d'uniformes ni d'étendards, régiment sans drapeau dont les sacrifices et les batailles ne s'inscriront point en lettres d'or dans le frémissement de la soie mais seulement dans la mémoire fraternelle et déchirée de ceux qui survivront; saluez-les. La gloire est comme ces navires où l'on ne meurt pas seulement à ciel ouvert mais aussi dans l'obscurité pathétique des cales. C'est ainsi que luttent et que meurent les hommes du combat souterrain de la France. Saluez-les, Français ! Ce sont les soutiers de la gloire. - 22 septembre 1942, BBC, Londres
Mon Général, […] Il y a des moments où il faut que quelqu'un ait le courage de vous dire tout haut ce que les autres murmurent dans votre dos avec des mines éplorées. Il y a des sujets sur lesquels vous ne tolérez aucune contradiction, aucun débat même. Ce sont d'ailleurs, d'une façon générale, ceux sur lesquels votre position est le plus exclusivement affective, c'est-à-dire ceux précisément à propos desquels elle aurait le plus grand intérêt à s'éprouver elle-même aux réactions d'autrui … Dans votre entourage, les moins bons n'abondent que dans votre sens ; les pires se font une politique de vous flagorner ; les meilleurs cessent de se prêter volontiers à votre entretien. Vous en arrivez ainsi à la situation, reposante au milieu de vos tracas quotidiens, où vous ne rencontrez plus qu'assentiment flatteur. Mais vous savez aussi bien que moi où cette voie a mené d'autres que vous dans l'histoire, et où elle risque de vous mener vous-même - lettre au Général de Gaulle, 2 novembre 1942
Ce qu'ils étaient hier, ils ne se le demandent point l'un à l'autre. Sous la Croix de Lorraine, le socialiste d'hier ne demande pas au camarade qui tombe s'il était hier Croix-de-Feu. Dans l'argile fraternelle du terroir, d'Estiennes d'Orves et Péri ne se demandent point si l'un était hier royaliste et l'autre communiste. Compagnons de la même Libération, le père Savey ne demande pas au lieutenant Dreyfus quel Dieu ont invoqué ses pères. Des houles de l'Arctique à celles du désert, des ossuaires de France aux cimetières des sables, la seule foi qu'ils confessent, c'est leur foi dans la France écartelée mais unanime.... ce qu'ils nous demandent ce n'est pas de les plaindre, mais de les continuer. Ce qu'ils attendent de nous, ce n'est pas un regret, mais un serment. Ce n'est pas un sanglot, mais un élan" - Hommage aux morts de la France Combattante, 18 juin 1943 - Albert Hall, Londres

Articles et discours

Mussolini condamne et la monarchie et la dictature – Le Quotidien, 8 février 1927
La politique internationale États-Unis d’Europe – Notre Temps, 20 novembre 1927
Le pessimisme de notre temps – Notre Temps 15 mai 1930
La grande querelle des russophiles et des russomaques – La Jeune Europe, 1er mars 1931
Pour les moins de trente ans d’aujourd’hui – Notre Temps, 2-9 juillet 1933
Le conflit italo-éthiopien: entre la guerre et la paix – La Terre Libre, 7 septembre 1935
Quand se posera le problème de la zone démilitarisée du Rhin – L’Europe Nouvelle, 22 février 1936
Un parti de titans – 34e Congrès national SFIO, juillet 1937
Comment empêcher les progrès de la violence dans le monde – La Terre Libre, 4 septembre 1937
La montée des périls – L’Europe Nouvelle, 6 novembre 1937
Une joie: la paix. Une douleur : la capitulation, Le Populaire de l’Aube, octobre 1938
La Catalogne a succombé – Le Populaire, 6 février 1939
Le coup de théâtre du Kremlin – Le Populaire, 23 août 1939
Éloigne du micro par une intolérable brimade – Radio Liberté, 10 février 1939
Éditorial - Résistance, Bulletin officiel du Comité national de Salut Public, 25 mars 1941
Rapport politique, 28 avril 1942 soumis à Charles de Gaulle lors de leur premier entretien
Saluez-les, Français ! Ce sont les soutiers de la gloire, BBC - Radio Londres, 22 septembre 1942
Renouveau politique en France – La Marseillaise, 27 septembre 1942
Lettre au général de Gaulle, 2 novembre 1942
Ce qu’ils pensent – La Marseillaise, Londres, 6 décembre 1942
Hommage au Général de Gaulle – Résistance, 2 mars 1943
Voici l’union, Discours à la BBC – Radio Londres, le 4 juin 1943
Le chemin à Suivre, BBC Radio Londres, 12 juin1943
Lecture Recommandée, BBC – Radio Londres, 15 juin 1943
Hommage aux morts de la France combattante – 18 juin 1943, Albert Hall, Londres
Terreur sur la France – BBC – Radio Londres, 29 juin 1943
L’unité de l’empire – BBC – Radio Londres, 2 juillet 1943


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Posté le : 21/03/2015 17:26
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Pierre-Henri Clostermann
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Hors Ligne
Le 22 mars 2006 meurt Pierre-Henri Clostermann

à 85 ans à Montesquieu-des-Albères dans les pyrénées-orientales, né le 28 février 1921 à Curitiba au Brésil, aviateur français qui s'est distingué au cours de la Seconde Guerre mondiale. Lieutenant-colonel durant la seconde guerre mondiale, de1942 à 1945. Il reçoit pour distinction la Grand-Croix de la Légion d'honneur, la Croix de guerre 1939-1945 par 27 citations, DFC and bar, Chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, il est fait, Compagnon de la Libération
Surnommé Premier chasseur de France, il est fait Compagnon de la Libération avant de devenir un homme politique, un écrivain et un industriel français.

En bref

Officier aviateur français Curitiba, Brésil, 1921-Montesquieu-des-Albères, Pyrénées-Orientales 2006.
Breveté pilote en 1937, ingénieur diplômé de la Ryann School États-Unis, engagé dans les Forces aériennes françaises libres en 1942, affecté au groupe de chasse Alsace en 1943, il devint le premier as français de la Seconde Guerre mondiale, avec 33 victoires homologuées. Il a relaté ses combats dans le Grand Cirque 1948 et publié aussi des ouvrages consacrés à la pêche au gros Des poissons si grands, 1963 ; Spartacus l’espadon, 1989. Il fut député gaulliste de 1946 à 1958, puis de 1962 à 1969.

Sa vie

Pierre-Henri Clostermann est le fils d'un diplomate d'origine alsacienne et lorraine en poste au Brésil où il croise Jean Mermoz et Henri Guillaumet, alors pilotes de l'Aéropostale. En 1935, il reçoit son baptême de l'air sur l'hydravion Latécoère Lieutenant de Vaisseau Paris sur l'étang de Biscarosse. En 1937, à l'âge de seize ans, il apprend à piloter sur Bücker Jungmann2 à l'aéroclub du Brésil à Manguinhos. Son instructeur était un allemand, Karl Benitz, qui fut tué en vol durant la guerre de 39-453. De 1937 à 1940, il prépare un diplôme d'ingénieur aéronautique au California Institute of Technology. En 1940, il obtient son diplôme d'ingénieur en aéronautique et son brevet de pilote professionnel américain3.Il rejoint alors l'Angleterre, via le Brésil, l'Uruguay et l'Afrique du Sud, pour s'engager dans les Forces Aériennes Françaises Libres FAFL. Il a déjà 315 heures de vol à son actif.

Carrière militaire

Pierre Clostermann a été affecté à des escadrons équipés de Spitfire de 1942 à 1944.
Arrivé en Angleterre à la fin de 1940, Pierre Clostermann est testé en vol, successivement à Sywell sur Tiger Moth et à Aston Down sur Miles Master. Dans les deux cas il est noté "Above average" au-dessus de la moyenne et est sélectionné pour suivre les cours d'élève-officier de la RAF de Cranwell.
C'est à Sywell, qu'il croise pour la première fois celui qui deviendra son meilleur ami, Jacques Remlinger.
Après huit mois d'instructions pendant lesquelles il apprend les procédures anglaises les systèmes locaux de navigation, la lecture de carte en rase-mottes dans le brouillard5, il sort 1er, avec une note de 100/1003.
En janvier 1942, il est affecté à l'Operational Training Unit 61 de Rednal Pays de Galles, où il effectue son premier vol sur Spitfire matricule TO-S.
Il est affecté en janvier 1943 sur au 341 Squadron Alsace qui combat sur Spitfire. Le 12 mai, il est abattu au-dessus de la Manche par un Messerschmitt 109. Il se parachute sans dommage. Il remporte ses deux premières victoires aériennes sur des FW 190 le 27 juillet 1943. Le 27 août, il est le numéro 2 de René Mouchotte lorsqu'ils sont pris dans un très intense combat en escortant une vague de 60 Forteresses Volantes missionnée pour bombarder une division blindée allemande en manœuvre au sud de Saint Omer. Clostermann, handicapé par le calage de son compresseur, perd de l'altitude et reprend le combat sans avoir pu rejoindre son leader. Il abat un Foke-Wulf - sa troisième victoire5. Le commandant Mouchotte disparaît au cours de cette mission. À la suite de cette disparition, Clostermann est astreint à des missions secondaires par le nouveau chef Bernard Dupérier, qui le tient pour responsable de la baisse morale de l'unité. Le 25 septembre, au cours d'une mission de calibrage, il obtient une quatrième victoire, sur un Me109. Il est invité par son Squadron Leader Malan et Al Deere, son wing Commander, à rejoindre l'unité de son choix. Clostermann demande alors son affectation au Squadron 602 "City of Glagow" pour rejoindre son ami Jacques Remlinger.

Le Squadron 602 est basé à Ashford, au sud-est de l'Angleterre. Ses chasseurs sont de vieux Spitfire V, aux ailes tronquées, optimisés pour les missions à basse altitude. Les missions s'enchaînent et varient entre mitraillage de navire, escorte de bombardiers et attaques des premières rampes V1.
Le Squadron 602 déménage bientôt aux Orcades, bien loin des premières lignes, le but étant de déjouer toute tentative de bombardement et surtout de reconnaissance de la part de la Luftwaffe au-dessus de la base navale de Scapa Flow. Clostermann et Remlinger y feront ensemble les 400 coups en vol aussi bien qu'au sol, empruntant l'avion personnel du chef de la base pour que Jacques puisse rejoindre l'une de ses nombreuses conquêtes…! Le 7 février 1944, Clostermann est contraint à un atterrissage d'urgence suite à une panne mécanique, en plein brouillard alors que la nuit est déjà tombée : bilan, un genou enflé.

L'unité finit par redescendre plus au sud au printemps, à Detling. Là se succèdent les bombardements en piqué contre les rampes V1 et les ports et l'escorte des bombardiers américains au-dessus du territoire français. C'est lors de ces missions que Clostermann observera impuissant l'imprécision des bombardements américains qui cause la mort de bon nombre de ses compatriotes civils. Le 8 mai, l'as se défait d'un FW 190 au large de Dieppe, mais il est bientôt affecté comme aide de camp en prélude de l'invasion de l'Europe. Tenu au secret le plus strict, il ne peut voler avant le jour J.
Le 6 juin commence le débarquement en Normandie. Clostermann vole toujours avec Remlinger, tantôt comme ailier, tantôt comme leader, lors de nombreuses missions d'attaques au sol, non sans ramener leurs avions troués par une DCA allemande toujours plus précise. Le 11 juin, les deux hommes sont les premiers pilotes français à se poser sur le territoire national, sur l'aérodrome B-2 de Bazenville. Clostermann pour sa part revendiquera 5 succès en combat aérien dans cette campagne et à peu près autant de victoires probables, avant d'être retiré des opérations actives, fatigue oblige. Il recevra la DFC pour ses 300 missions de guerre et 11 victoires aériennes selon les critères britanniques.
Cantonné à l'état-major et faisant partie de la liste des pilotes interdits de vol par le général De Gaulle lui-même, Clostermann contourne le problème et parvient grâce à l'appui de connaissances à se faire muter au Wing 122 majoritairement équipé du chasseur ultra moderne Hawker Tempest. Véritable unité d'élite, elle est la seule à tenir tête aux chasseurs allemands pendant les deux semaines qui suivent l'opération Bodenplatte du 1er janvier 1945.

Pierre Clostermann a volé sur Hawker Tempest pendant la campagne de Hollande en 1945.
Le sous-lieutenant Clostermann débarque à Volkel aux Pays-Bas sous un hiver glacial en ce début d'année 1945 et prend en charge tour à tour des Flight du Squadron 274, 56 et le Squadron 3. Étant données les performances du Tempest, le Wing 122 est chargé de contenir la Luftwaffe, en particulier le Me 262 à réaction ainsi que d'attaquer le réseau ferré ennemi et sa DCA meurtrière. Plusieurs de ses chefs y laisseront leur vie essentiellement à cause de la terrible Flak allemande, à laquelle Pierre Clostermann est particulièrement allergique.
Les missions se succèdent à un rythme effréné, souvent sous une météo déplorable. Le 7 mars, c'est un Me 262 qui lui file entre les doigts, ses armes de bord s'étant enrayées coup sur coup. Le 28 mars, il doit effectuer un nouvel atterrissage de nuit sur le ventre mais s'en sort quasi indemne. En avril, il tente sans succès d'intercepter un drôle d'oiseau possédant une hélice à l'avant et une à l'arrière, qui se révèlera être un Do 335, un appareil ultra rapide tracto-propulsif. Alors qu'il est chargé d''une attaque sur l'aérodrome de Schwerin, Clostermann perd 6 avions sur 8 en moins d'une minute, tous à cause de la Flak ! Il apprendra plus tard que cet aérodrome spécialement protégé était réservé à l'évacuation de dignitaires allemands et qu'il avait accueilli le Fw Kondor personnel de Hitler. Le 21 avril, il se fait descendre par un adversaire qu'il croyait pourtant à sa portée : résultat, un Tempest en moins, une belle frayeur et des applaudissements moqueurs de ses camarades.
Son plus beau succès vient le 3 mai. Après une journée bien chargée avec un FW 190 abattu et deux autres endommagés au sol, on le rappelle en toute fin de soirée pour attaquer la base aéronavale de Großenbrode à 140 km et ultra bien défendue par la Flak et 200 Me 109 et FW 190. Malgré tout, Pierre parvient à aligner 24 Tempest pour une attaque épique qui dure seulement quelques minutes au cœur d'un déluge de feu. 7 Tempest sont abattus pour deux fois plus de pertes coté allemand. Clostermann détruit ou endommage au sol trois appareils et en abat trois autres, plus deux en collaboration.
Il termine la guerre comme lieutenant de l'Armée de l'air française : Je reçus une note du Ministère de l'Air, contresignée d'un général FFI, m'annonçant que par une grande faveur et à titre exceptionnel, on me nommait Lieutenant de réserve et Group Captain colonel de la Royal Air Force".
Il est démobilisé le 27 août 1945.
Au début du mois de juin 1945, Pierre Clostermann devient le premier pilote français à voler sur avion à réaction lorsqu’il effectue, en Allemagne, un vol de convoyage sur Messerschmitt Me 262 pour le compte de la Royal Air Force.
C'est le plus grand as français de la Seconde Guerre mondiale avec 33 victoires homologuées, la plupart remportées sur des avions de chasse allemands. Il a également détruit de nombreux avions ennemis au sol, des locomotives, camions et chars, ainsi que deux vedettes lance-torpilles, ce qui lui vaut à 24 ans d'être proclamé à l'ordre du jour le premier chasseur de France, par le général de Gaulle.
Promu commandant, il sert de 1956 à 1957 en Algérie sur Broussard, expérience qui lui inspirera son roman Appui feu sur l'oued Hallaïl. Pierre Clostermann termine sa carrière militaire avec le grade de lieutenant-colonel de réserve de l'Armée de l'air.

Vie civile

Après la Seconde Guerre mondiale, il entame une carrière d'écrivain en relatant sa vie de pilote de chasse. Paru en 1948, son ouvrage Le Grand Cirque est publié à 3 millions d'exemplaires, et traduit dans plus de 30 langues. Il rencontre un succès mondial et est adapté en bande dessinée et au cinéma à plusieurs reprises. Selon l'auteur américain William Faulkner, Le Grand Cirque est le meilleur livre qui soit sorti de la guerre.
Clostermann publie également des ouvrages sur la pêche au gros, une de ses grandes passions, Des poissons si grands, Spartacus l'espadon, Mémoires au bout d'un fil, et plusieurs livres de souvenirs tels que L'Histoire vécue ou Une vie pas comme les autres.
Après l'obtention de ses diplômes d'ingénieur aéronautique à la section aéronautique du California Institute of Technology aux États-Unis, ces diplômes ne sont pas reconnus par l'industrie aéronautique militaire française et de sciences politiques à l'université d'Oxford, il devient en 1962 directeur commercial de la société des Avions Max Holste qui devient plus tard Reims Aviation, société qui produit sous sa direction près de 5000 avions de tourisme. Il est également vice-président de la Cessna Aircraft Company, administrateur du groupe Marcel Dassault pour la sous-traitance du Transall et de l'Airbus A300, et administrateur de Renault.
En 1973, Pierre Clostermann enseigne également à l'école d'état-major de l'US Air Force.
Héros des Forces aériennes françaises libres, il connaît une vie aventureuse, côtoyant des personnalités telles que Hemingway, de Gaulle, Che Guevara, Salazar, Rudel, Joseph Kessel et Romain Gary. Parlant couramment le portugais, il sert d'agent de liaison discret entre Paris de Gaulle et Lisbonne Salazar lors des rébellions anticolonialistes en Angola et au Mozambique.
À la suite du séminaire afro-asiatique de 1965, auquel il est invité par le président algérien Ben Bella, Pierre Clostermann est reçu au domicile de Krim Belkacem, chef historique du Front de libération nationale FLN :
"Me voilà donc chez Krim, ne sachant pas trop sur quel pied danser. J'entre dans le salon et la première personne qui vient vers moi est Che Guevara qui me dit : "Je suis très heureux de vous rencontrer. En 1948, à la faculté de médecine, mon professeur de français me faisait lire et traduire des passages du Grand Cirque. On m'a beaucoup parlé de vos convictions libérales et de votre attitude à l'égard du Tiers-monde." Nous sommes placés côte à côte à table et commençons en espagnol et en français, qu'il parle convenablement, une conversation qui se terminera à 4 heures du matin, assis sur un banc sous une tonnelle du parc de Saint-Georges !"

— Pierre Clostermann, L'Histoire vécue
C'est durant son enfance au Brésil que ses parents diplomates auraient régulièrement reçu à leur domicile Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli, alors évêque, quinze ans avant qu'il ne devienne le pape Pie XII. C'est en souvenir de cette période et en hommage à ses actes héroïques que le pape Pie XII élève Pierre Clostermann au rang de Chevalier dans l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Pierre Clostermann a eu trois enfants avec sa femme Jacqueline : Jacques, Jean-Pierre et Michel.

Carrière politique
Pierre-Henri Clostermann
Fonctions
Parlementaire français
Député 1946-1958
1967-1969
1946 –
Gouvernement IVe République-Ve République
Groupe politique UDSR 1946-1948
ADS 1948-1955
RRRS 1956-1958
UDVe 1967-1968
UDR 1968-1969
Biographie
Date de naissance 28 février 1921
Date de décès 22 mars 2006
Résidence Bas-Rhin
Marne
Seine
Yvelines

Comme plusieurs fidèles du général de Gaulle, Pierre Clostermann rejoint, après la guerre, l'Union démocratique et socialiste de la Résistance. Conduisant dans le Bas-Rhin la liste du Rassemblement des gauches républicaines et de l'Union gaulliste, il est élu le 2 juin 1946, à 25 ans, député de la seconde assemblée constituante par 55 060 suffrages sur 320 411 exprimés. Élu secrétaire de l'assemblée et membre des commissions de la défense nationale, de comptabilité et des pensions civiles et militaires, il vote la confiance au gouvernement Georges Bidault 19 et 26 juin et contre le projet de constitution.

Il est de nouveau candidat de l'Union gaulliste aux élections législatives du 10 novembre, et sa liste obtient 93 469 voix sur 303 464 suffrages exprimés. Nommé secrétaire de l'Assemblée les 3 décembre 1946 et 14 janvier 1947, il fait partie des commissions de la défense nationale 1946-1949 et des pensions 1950, il est nommé juré à la Haute Cour de justice 1948. Membre du groupe parlementaire de l'UDSR, il anime l'aile gaulliste la plus inconditionnelle de l'UDSR, se heurtant alors, notamment, à François Mitterrand. Puis, en 1948, il quitte l'UDSR, quand le courant gaulliste de ce parti décide de ne plus pratiquer la double appartenance entre l'UDSR et le Rassemblement du peuple français, et s'inscrit au groupe de l'Action démocratique et sociale.
Il soutient le gouvernement Paul Ramadier quand les ministres communistes sont renvoyés 4 mai 1947, vote contre la nationalisation des écoles des houillères, 14 mai 1948, s'abstient sur la ratification du plan Marshall 7 juillet, vote pour le Conseil de l'Europe et le Pacte de l'Atlantique Nord 9 et 26 juillet 1949, mais s'oppose à la réforme électorale du 7 mai 1951 créant le scrutin de liste majoritaire départemental avec apparentement.
Tête de liste RPF dans la Marne aux élections législatives du 17 juin suivant, celle-ci obtient 26,2 % des voix, lui-même étant réélu par 49 501 suffrages sur 175 364 exprimés. À l'Assemblée, il est membre des commissions de la défense nationale 1951 et de la famille 1955, et suppléant à la commission des immunités parlementaires 1955. Il vote pour les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé 21 septembre 1951, contre la CECA 13 décembre, s'abstient lors de l'investiture d'Antoine Pinay, 6 mars 1952 et de Joseph Laniel 26 juin 1953 auquel il refuse la confiance après Điện Biên Phủ, 13 mai et 12 juin 1954, vote l'investiture de Pierre Mendès France 17 juin et les accords de Genève qui mettent fin à la guerre d'Indochine, 23 juillet, s'oppose à la CED, vote les accords de Londres, 12 octobre et de Paris 29 décembre sur la fin de l'occupation de l'Allemagne et son réarmement, vote en faveur de la politique de Mendès France en Afrique du Nord lors de sa chute le 4 février 1955, accorde sa confiance à Edgar Faure, 23 février qu'il soutient sur la réforme électorale et la date des élections, 16 et 29 novembre, jour de la chute du cabinet.

Candidat dans la 1re circonscription de la Seine en seconde position sur la liste radicale de Vincent de Moro Giafferi lors des élections anticipées du 2 janvier 1956, il est réélu par 81 404 voix sur 457 266 suffrages exprimés. Inscrit au groupe républicain radical et radical-socialiste, il est membre des commissions de la défense nationale et de la marine marchande 1956-1957. Il vote l'investiture de Guy Mollet 31 janvier 1956 et les pouvoirs spéciaux en Algérie 12 mars, avant d'obtenir son congé à compter du 26 juin pour participer aux opérations en Algérie. De retour à l'Assemblée, il vote contre la CEE et l'Euratom 9 juillet 1957, en faveur de la confiance lors de l'investiture du gouvernement Pierre Pflimlin 13 mai 1958, contre l'instauration de l'état d'urgence le 16, pour l'investiture du général de Gaulle 1er juin et pour la révision constitutionnelle 2 juin.
Réélu député UNR-UDT de la 5e circonscription de Seine-et-Oise en 1962, député UDVème de la 4e circonscription des Yvelines en 1967 et député UDR des Yvelines en 1968, il démissionne le 19 septembre 1969 pour permettre à Maurice Couve de Murville de retrouver un siège à l'Assemblée, où il occupe la vice-présidence de la commission de la défense nationale et des forces armées de 1963 à 1969.
Il a également été membre du comité d'honneur du Mouvement initiative et liberté, créé en 1981 après la victoire de la gauche.
Élu pour la première fois à 25 ans, il est alors le plus jeune député de France. Il est ensuite réélu 8 fois au Parlement.

Décorations

Pierre Clostermann a reçu la Croix de guerre avec 27 citations, ainsi que la DFC and bar, une haute décoration britannique mais qui a été décernée à de nombreux aviateurs étrangers. À la date de son décès, il était l'homme le plus décoré de France

Rubans Intitulés des décorations françaises

Grand-croix de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération - décret du 21 janvier 1946
Médaille militaire
Croix de guerre 1939-1945 avec 27 citations dont 17 à l'ordre de l'armée
Croix de la Valeur militaire avec 2 citations
Médaille de la Résistance avec rosette
Médaille de l'Aéronautique
Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord
Insigne des blessés militaires
Médaille de la France libre

Intitulés des décorations étrangères

Distinguished Flying Cross and bar Royaume-Uni
Distinguished Service Cross États-Unis
Silver Star États-Unis
Air Medal États-Unis
Grand officier du Nicham Iftikhar Tunisie
Commandeur de l'Ordre du Ouissam alaouite Maroc
Croix de guerre belge Belgique
Chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem Vatican
Médaille de l'Ordre du Dannebrog par le roi Christian X de Danemark le 23 juin 1945 Danemark

Œuvres

Le Grand Cirque : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, éditions Flammarion, Paris, 1948, 307 p. Nombreuses rééditions, dont, au format de poche : Éditions J'ai lu, coll. Leur aventure no A42/43. Adaptation en bande dessinée par Christian Mathelot en 1950, aux éd. Flammarion.
Feux du ciel, éditions Flammarion, Paris, 1951, 278 p. Réédition au format de poche : Éditions J'ai lu, coll. Leur aventure no A6.
Appui-feu sur l'oued Hallaïl, éditions Flammarion, coll. L'Aventure vécue, Paris, 1960, 221 p.
Des poissons si grands, Flammarion, 1963
Spartacus, l'espadon, Paris, Flammarion,‎ 1989
Clostermann et Daniel Costelle, Une sacrée guerre! : Daniel Costelle questionne et enregistre les réponses de l'auteur sur sa vie, sa guerre et ses aventures, 1921-1945, Paris, Flammarion, coll. Fiction Française,‎ 1990
Mémoires au bout d'un fil, Paris, Arthaud,‎ 1994
L'histoire vécue : un demi-siècle de secrets d'État, Paris, Flammarion,‎ 1998, + 8 p. de planches illustrées, 321 p.
Le grand cirque 2000 : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, Paris, J'ai lu,‎ 2002 édition refondue de l'ouvrage de 1948
Une vie pas comme les autres : mémoires, Paris, Flammarion,‎ 2005
Pierre Clostermann a traduit et préfacé Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach.
Il est de plus l'auteur de nombreuses préfaces : Pilote de Stukas, les Éperviers de la mer, Roland Garros, Le Temps des Partisans, Le Temps des Aigles, La Dernière Tempête, Dictionnaire universel de l'aviation, Paul Lengellé : "l'un des peintres les plus marquants de l'histoire de l'aviation", Les Insignes de l'Aéronautique Militaire Française jusqu'en 1918, Briseurs de Barrages, Chemins D'Ecume, La Pêche en Bord de Mer, La pêche à la traîne, etc.

Postérité

La promotion 2006 de l'École de l'air porte son nom.
Il existe sept rues nommées Pierre Clostermann :
Rue Pierre-Clostermann, Rethel, Ardennes, Champagne-Ardenne
Rue Pierre-Clostermann, Mont-de-Marsan, Landes, Aquitaine
Rue Pierre-Clostermann, Le Havre, Seine-Maritime, Haute-Normandie, depuis 2004
Rue Pierre-Clostermann, Le Chesnay, Yvelines, Île-de-France, où Clostermann a vécu et est enterré
Rue Pierre-Clostermann, Dugny, Seine-Saint-Denis, Île-de-France
Rue Pierre-Clostermann, Aubigny-sur-Nère, Cher, Centre, inaugurée en avril 2010
Rue Pierre-Clostermann, Garges-lès-Gonesse, Val-d'Oise, Île-de-France
ainsi qu'un square à Longues-sur-Mer, Calvados, Basse-Normandie.
Il est évoqué dans le 323e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.
Il sert de modèle au personnage de Perrine H. Clostermann dans le manga Strike Witches

Tableau de chasse.
.

33 victoires homologuées en combat aérien suivant les règles de l'Armée de l'air :

19 Focke-Wulf Fw 190
7 Messerschmitt Bf 109
2 Dornier Do 24
1 Fieseler Fi 156
1 Junkers Ju 252
1 Junkers Ju 88
1 Junkers Ju 290
1 Heinkel He 111
24 avions divers détruits ou mis hors de combat au cours de mitraillages d'aérodromes :

7 Junkers Ju 88 et Ju 188
6 Dornier Do 18
4 Heinkel He 177
3 Arado Ar 232
2 Focke-Wulf Fw 190
1 Junkers Ju 252
1 Blohm & Voss
12 appareils endommagés ou probablement détruits en combat aérien :

6 Focke-Wulf Fw 190
6 Messerschmitt Bf 109
Objectifs détruits au cours de missions d'assaut :

72 locomotives et trains attaqués
225 camions de transports routiers, dont une trentaine de camions-citernes
5 tanks
2 vedettes lance-torpilles
1 sous-marin de 500 tonnes en coopération
Divers objectifs attaqués tels que raffinerie, ponts…
Il totalise

293 missions de guerre offensives à grand rayon d'action
97 missions d'assaut et de bombardement
40 missions de chasse défensives
soit un total de près de 2 000 heures de vol dont 600 en mission de guerre.

Une polémique concernant le palmarès de Pierre Clostermann est apparue à la suite de la publication d'un livre où Christian-Jacques Ehrengardt, historien et éditeur aéronautique, conteste les 33 victoires attribuées à Pierre Clostermann selon le système de décompte de l'Armée de l'air, et ne lui en accorde que 12, identifiées avec certitude. Un procès en diffamation donne raison à Pierre Clostermann, qui n'en revendique personnellement que 23 les victoires, croix pleines, peintes sur le flanc de son Hawker Tempest JF-E Le Grand Charles en attestent sur la base du tableau dressé le 1er novembre 1945 par le Fighter Command et signé de l’Air Vice Marshall H. J. Broadhurst. Ce débat illustre la difficulté de la comparaison de palmarès établis suivant des règles différentes.

Voici les 23 victoires homologuées par le Fighter Command selon Pierre Clostermann cité dans son livre Le Grand Cirque. Cette liste est établie en fonction des différents paragraphes, des fiches de vols, des rapports de combats et des citations. L'auteur ayant écrit son histoire au jour le jour, certain blancs existent quant aux dates précises des combats :

11 victoires sur Spitfire IX :

27/07/1943 : 2 Fw 190A
27/08/1943 : 1 Fw 190A
26/09/1943 : 1 Bf 109H
08/05/1944 : 1 Fw 190A
15/06/1944 : 1 Bf 109
26/06/1944 : 1 Fw 190A
29/06/1944 : 1 Fw 190A
date ????? : 2 Fw 190A
06/07/1944 : 1 Bf 109G
12 victoires sur Tempest V :

24/02/1945 : 1 Fw 190A
05/03/1945 : 1 Bf 109
14/03/1945 : 1 Bf 109K
28/03/1945 : 1 Fi 156 forcé à atterrir
02/04/1945 : 1 Fw 190D
date ????? : 1 Ju 88
20/04/1945 : 2 Fw 190D
date ????? : 1 Fw 190
03/05/1945 : 1 Ju 252 + 2 Do 24


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Posté le : 21/03/2015 16:27
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Paul Doumer
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Le 22 mars 1857 naît Joseph Athanase Paul Doumer

à Aurillac dans le Cantal, mort assassiné, à 75 ans le 7 mai 1932 à Paris, est un homme d'État français, président de la République française de 1931 à sa mort, en 1932, durant la IIIe République. Il adhère au parti radical, de religion actholique il est marié avec Blanche Richel, il Il est diplomé de Facultés des sciences et de droit de l'université de Paris, il est Professeur de mathématiques et journaliste.
Il est successivement : gouverneur général de l'Indochine française du 13 février 1897 à octobre 1902 son prédécesseur est Augustin Juline Fourès son successeur Paul Beau.
18e président de la Chambre des députés de 10 janvier 1905 au 7 juin 1906 dans la VIII législature, prédécesseur Henri Brisson, successeur Henri Brisson
Ministre des Finances du 1er novembre 1895 au 29 avril 1896, sous le président Félix Faure, dans le gouvernement de Léon Bourgeois, prédécesseur Alexandre Ribot
successeur Georges Cochery
Ministre d'État du 13 septembre au 13 novembre 1917 sous le président Raymond Poincaré, dans le Gouvernement Paul Painlevé I

Ministre des Finances du 16 janvier 1921 au 15 janvier 1922, sous le président Alexandre Millerand, dans le VIIe Gouvernement d'Aristide Briand, son prédécesseur Frédéric François-Marsal, son successeur est Charles de Lasteyrie
Ministre des Finances du 16 décembre 1925 au 9 mars 1926, sous le président Gaston Doumergue, dans le VIII gouvernement d' Aristide Briand, son prédécesseur Louis Loucheur, successeurRaoul Péret
13e président du Sénat du 14 janvier 1927 au 11 juin 1931, prédécesseur Justin de Selves, successeur Albert Lebrun
Président du Conseil de Pierre Laval et andré Tardieu, prédécesseur Gaston Doumergue, successeur Albert Lebrun
14e président de la République française du 13 juin 1931 au 7 mai 1932 soit pendant 10 mois et 24 jours.Il est élu le 13 mai 1931
Membre du Parti radical, ministre des Finances à trois reprises, puis président du Sénat, la carrière de Paul Doumer fut récompensée par son élection à la présidence de la République, en 1931 ; il est cependant assassiné moins d'un an après son investiture, en 1932, par un jeune émigré russe, Paul Gorgulov.

En bref

Élu député radical en 1888, il fut ministre des Finances 1895-1896, puis gouverneur général d'Indochine 1897-1902. De nouveau ministre des Finances 1921-1922, 1925-1926), il fut élu président du Sénat 1927-1931, puis président de la République en 1931. Il fut assassiné en 1932 par un Russe blanc, Gorgoulov.
Fils de cheminot, lui-même ouvrier graveur, Joseph Athanase Paul Doumer s’élève rapidement dans l’échelle sociale : ancien élève du Conservatoire national des arts et métiers, licencié de mathématiques 1877 et licencié en droit 1878, enseignant, il devient franc-maçon et, après avoir exercé comme journaliste à Laon, est élu député radical de l’Aisne 1888 puis de l’Yonne 1891. Sa réputation d’expert fiscal le mène, en 1895, à la fonction de ministre des Finances du cabinet Léon Bourgeois. Il échoue à introduire un impôt sur le revenu ; l’année suivante, il est nommé gouverneur général de l’Indochine française.
Paul Doumer sera l’un des gouverneurs généraux de l’Indochine les plus entreprenants. À l’inverse de nombre de ses prédécesseurs et successeurs, il occupe ce poste pendant une assez longue période 1897-1902 et se propose des objectifs clairement définis. Ses principales réussites sont la consolidation de l’autorité du gouverneur général sur les administrateurs des différentes composantes de l’Union indochinoise, et la mise en place de bases solides pour l’économie coloniale. Si les Français saluent cette dernière initiative, elle implique une pression fiscale qui provoque un fort ressentiment dans la population locale.
Réélu dans l’Aisne en 1902, Paul Doumer retourne à la Chambre des députés, qu’il préside de 1905 à 1906, avant de siéger au Sénat à partir de 1912 comme représentant de la Corse. En 1903, il écrit L’Indochine française et, en 1906, Le Livre de mes fils. De 1927 à 1931, il est président du Sénat et de la commission des Finances. Auparavant, il a été ministre des Finances du cabinet Briand de janvier 1921 à janvier 1922 et de décembre 1925 à mars 1926.
L’accession de Paul Doumer à la présidence, le 13 mai 1931, est bien accueillie par l’opinion publique. Le successeur de Gaston Doumergue gère avec succès les crises ministérielles provoquées par les décès d’André Maginot et d’Aristide Briand. Le 6 mai 1932, il tombe sous les balles d’un anarchiste russe, Paul Gorgulov.

Sa vie

Paul Doumer est issu d'une famille modeste du Quercy, dont les membres sont habituellement manouvriers ou cultivateurs. Il est le dernier enfant de Jean Doumer, né en 1814, et de Victorine David, née en 1823. Il a deux sœurs : Renée 1854 et Thérèse 1855.
Lors de sa naissance, son père est poseur de rails de la Compagnie des chemins de fer d'Orléans. Peu après, la famille quitte Aurillac pour Paris ; Jean Doumer meurt et sa veuve travaille comme femme de ménage. Paul est scolarisé à l’école communale de la rue Ramey à Paris.

Une ascension sociale

Paul Doumer est un cas emblématique d'ascension sociale par l'école.
Après avoir obtenu le certificat d'études, il commence à travailler à 12 ans comme coursier ; il devient ensuite ouvrier graveur dans une fabrique de médailles.
Il étudie au Conservatoire national des arts et métiers. Il est reçu au baccalauréat ès-sciences et obtient, en 1877, une licence de mathématiques.
En 1878, il obtient une licence de droit.
Il entre dans l'enseignement comme répétiteur.
En 1877, il est nommé professeur de mathématiques au collège de Mende.
En 1878, il épouse Blanche Richel, dans la famille de laquelle il logeait pendant ses études. De leur mariage naîtront huit enfants :
Fernand Doumer 1879-1972, officier et industriel ;
Hélène Doumer 1880-1968 ;
Marcel Doumer 1886-1918, ingénieur, Mort pour la France ;
René Doumer 1887-1917, attaché bancaire, Mort pour la France ;
André Doumer 1889-1914, lieutenant d'artillerie, Mort pour la France ;
Armand Doumer 1890-1923, docteur en médecine, gazé, Mort pour la France ;
Lucile Doumer 1893-1918, mariée à Marcel Pasquier, docteur en droit ;
Germaine Doumer 1897 , résistante, connue pour avoir abattu un sous-officier allemand le 17 juin 1940.
En 1879, il est nommé au collège de Remiremont Vosges, où il reste jusqu'en 1883. Parallèlement, il entre grâce à son beau-père, ancien inspecteur primaire dans l'Aisne, en contact avec des personnalités parisiennes : l'historien Henri Martin et l'archéologue William Waddington, sénateurs de l'Aisne. Il écrit quelques articles à l'occasion de ses vacances.
En 1883, il quitte l'enseignement pour raisons de santé et devient rédacteur en chef du journal Le Courrier de l'Aisne à Saint-Quentin. Il est sur une ligne très radicale, de sorte qu'à la mort d'Henri Martin, la direction du journal l'oblige à démissionner. Il fonde alors La Tribune de l'Aisne.

De la Chambre au gouvernement

Aux élections municipales de 1885, il se présente sur une liste qui obtient la majorité. Il devient conseiller municipal et est remarqué par Charles Floquet qui en fait son chef de cabinet.
En 1888, à l'occasion d'un scrutin partiel, il est élu député de la circonscription de Laon. À la Chambre, il siège dans les rangs de la gauche radicale. Il est cependant battu lors des élections générales de septembre 1889. Il se présente alors à un autre scrutin partiel en 1890 à Auxerre et est élu au deuxième tour ; il est réélu aux élections de 1893.
En 1894, il est à l'origine avec Godefroy Cavaignac d'un projet d'impôt sur le revenu, soutenu par Jean Jaurès, mais repoussé par la Chambre. Il se fait remarquer en 1895 comme rapporteur du budget des Colonies par une étude sur la situation financière de l’Annam et du Tonkin, et dès cette époque, on pense à lui pour occuper le poste de gouverneur général de l'Indochine, que son titulaire, Rousseau, souhaite quitter.
En novembre 1895, il est nommé ministre des Finances, dans le ministère Léon Bourgeois, qui est renversé quelques mois plus tard, en avril 1896.
À la suite du décès du gouverneur général de l'Indochine, Jules Méline lui offre de prendre ce poste. Paul Doumer est nommé le 28 décembre 1896 ; il est remplacé à la Chambre par Bienvenu-Martin.

Gouverneur de l'Indochine

Gouverneur général de l'Indochine de 1897 à 1902, où il succède à Armand Rousseau, il réorganise la structure de la colonie en basant le gouvernement à Hanoï où il fait construire une nouvelle résidence, et en créant les différents budgets de l'Union indochinoise. Il se fit également construire la Villa Blanche au Cap Saint-Jacques, lieu de villégiature prisé des coloniaux de Cochinchine.
Sur le plan des infrastructures, il est un ferme partisan de la construction du chemin de fer Transindochinois, achevé en 1937 dont l'essentiel du plan du réseau avait été dressé par son prédécesseur, Armand Rousseau 1835-1896, polytechnicien "X Ponts". Armand Rousseau avait servi en 1867 comme ingénieur du port de Brest, en 1870 comme officier du Génie durant la guerre, directeur des routes et de la navigation au ministère des Travaux publics de 1876 à 1881 et comme membre de l'inspection générale des Ponts et Chaussées en 1885 avant de gagner l'Indochine. Ce fils de saint-simonien convaincu avait fait réaliser un plan ferroviaire qu'il n'eut pas le temps de s'attribuer, la mort venant brutalement le faucher. Doumer, successeur immédiat de Rousseau, s'attribue immédiatement un plan sur lequel il n'a plus qu'à apposer sa signature.
Ses services font achever les travaux du port de Haïphong, commencés sous le mandat de Paul Bert par le groupe lyonnais dirigé par le soyeux Ulysse Pila 1837-1909 Klein, 1994, 1998, 2002.
Hanoï est la première ville d'Asie à avoir l'électricité, Paul Doumer étant un des premiers administrateurs de la Compagnie Générale d'Électricité, fondée par Pierre Azaria.
Il entérine le souhait du pasteurien Alexandre Yersin de construction d'un premier sanatorium à Dalat, étudié par Eric Jennings.
À la suite de conseils de l'agronome Auguste Chevalier et de l'économiste Henri Brenier, Doumer est favorable à l'acclimatation de l'hévéa, dont la culture est déjà importante en Malaisie britannique, et aux Indes néerlandaises dans les terres récemment conquises de Sumatra. Il légalise le monopole de l'opium, très rentable pour le budget de la colonie

Sa principale réalisation est le chemin de fer du Yunnan pour lequel il obtient un emprunt de 200 millions de francs-or.

Son autoritarisme et l'apparition de tensions avec la Chine, dans le contexte très tendu de la guerre des Boxers entraînent son rappel en métropole, alors que Théophile Delcassé et Paul Cambon s'efforcent de surmonter le différend franco-britannique qui fait suite à l'incident de Fachoda. Paul Doumer accusé de césarisme est remplacé par le diplomate Paul Beau afin d'apaiser la situation plus que tendue à la frontière avec le Yunnan chinois. Paul Beau, ancien ministre de France à Pékin était l'homme de Delcassé et appliqua en Indochine un programme d'association alors que l'Asie était secouée par la montée en puissance japonaise Tsushima, 1905.

Une figure du Parlement

À son retour d'Indochine en 1903, il entre en contact avec l'historien et écrivain André Lichtenberger, qui devient son assistant. André Lichtenberger est son chef de cabinet alors que Paul Doumer est président de la Chambre des députés et ils fondent ensemble un périodique appelé L'Opinion
Réélu député de l’Yonne en 1902, il est placé à la tête de la commission des Finances. Ayant évolué avec son retour en politique, il fait dès lors figure de modéré et ses anciens compagnons de la gauche radicale le considèrent comme un renégat. Il remporte le 10 janvier 1905 la présidence de la Chambre des députés contre le président sortant, Henri Brisson, une partie de la droite modérée ayant voté pour lui. Lors de son élection il promet de rendre plus fécond le travail législatif. Particulièrement apprécié grâce à son ardeur au travail et malgré une austérité quelque peu ostentatoire, sa courte présidence ne lui laisse pas le temps de mettre en œuvre ses projets, puisqu’à la fin de la législature, le 31 mai 1906, il cède sa place au perchoir à Henri Brisson.
Il perd son siège de député en 1910, mais revient au Parlement en 1912 comme sénateur de Corse. En août 1914 il se met à la disposition du général Gallieni en ces termes : Je sais commander ; je saurai donc obéir, et ce dernier le charge d’assurer la liaison avec le Gouvernement replié à Bordeaux. Il est nommé ministre d’État du premier cabinet Painlevé de septembre à novembre 1917, devient rapporteur général du budget à la fin de la guerre, puis par deux fois ministre des finances dans les septième et huitième cabinets Briand.
Il fait partie de la Commission de l'Armée du Sénat pendant la Première Guerre mondiale.
Dans les années 1920, il participe au Cartel des gauches, au sein duquel il représentait le secrétaire général du Parti radical. Il préside le Sénat de janvier 1927 jusqu’en juin 1931, date à laquelle il est investi de ses fonctions présidentielles.

Président de la République

Sa carrière culmine avec son élection à la présidence de la République le 13 mai 1931. Il s'agit d'une belle revanche politique et personnelle pour le président du Sénat, qui fut battu vingt-cinq ans plus tôt par le démocrate Armand Fallières, lors de l'élection présidentielle de janvier 1906.
En compagnie de son épouse, l'élégante Blanche, le nouveau président de la République prend ses appartements au palais de l'Élysée. Le couple présidentiel y réside, en compagnie de sa plus jeune fille, Germaine, et de son gendre.
Le nouveau chef de l'État, dès lors, souhaite offrir à la fonction présidentielle, un prestige moral et un rôle moins politique. On voit ainsi le président Doumer inaugurer des expositions et prononcer des discours à l'occasion de fêtes populaires. C'est à cette époque que l'expression inaugurer les chrysanthèmes, traduisant le fait qu'un personnage public n'a guère de pouvoirs étendus sinon d'inaugurer quelques expositions et de prononcer quelques discours, fait son apparition.
En inaugurant une exposition sur l'aviation, en Seine-et-Oise, le 2 avril 1932, le président Doumer, s'étonnant de l'impressionnant dispositif de sécurité mis à sa disposition, confie, amusé, à Léon Noël, directeur de la Sûreté générale et secrétaire général du ministère de l’Intérieur, cette petite phrase À mon âge, après tout, ce serait une belle fin que de mourir assassiné.

Assassinat de Paul Doumer.

Le 6 mai 1932, le président Doumer se rend à l'hôtel Salomon de Rothschild, afin d’inaugurer une grande exposition consacrée aux écrivains de la Grande Guerre.
Le chef de l'État salue courtoisement les écrivains présents et achète quelques livres, dans le but de les offrir à son épouse. Alors que le président de la République converse avec l'écrivain Claude Farrère, plusieurs coups de feu retentissent. L'assassin a utilisé un pistolet Browning S 15 cm, conservé au Musée de la Préfecture de Police. Deux de ces coups de feu atteignent le président à la base du crâne et à l'aisselle droite. Il s'écrie "Tout de même !", puis s'effondre au beau milieu de l'assistance, médusée, et se retrouve face à Paul Gorgulov, l'auteur des coups de feu, déstabilisé par Farrère qui, après avoir tenté de sauver le président en détournant l'arme du criminel, est blessé au bras. Une quatrième balle se fiche dans le décor. L'agresseur de Doumer est immédiatement maîtrisé par les inspecteurs de la Sûreté, puis arrêté.
Le chef de l'État est immédiatement transporté à l'hôpital Beaujon, qui était alors situé à quelques pas du lieu de l'agression, au no 208 rue du Faubourg-Saint-Honoré. Mal soigné, victime d'une hémorragie sévère due à la section de l'artère axillaire, Paul Doumer meurt le lendemain à 4 heures 37 du matin.
Après avoir appris la mort de son époux, Blanche Doumer, à laquelle les autorités avaient proposé d'inhumer le président défunt au Panthéon, déclare : Je vous l'ai laissé toute sa vie. Alors maintenant, s'il vous plaît, laissez-le moi.
Des funérailles nationales sont organisées en hommage au défunt président, à Notre-Dame de Paris, ainsi qu'au Panthéon. Doumer est inhumé, dans l'intimité, dans le caveau familial du cimetière de Vaugirard.

Son assassin Gorgulov est condamné, puis guillotiné le 14 septembre.

Le prestige des fils Doumer

Le prestige retiré du sacrifice patriotique de ses quatre fils morts pour la France du fait de la Grande Guerre fut un atout essentiel dans l'élévation de Paul Doumer à la présidence de la République. Ils lui avaient inspiré auparavant un ouvrage de morale pour les enfants, intitulé Le Livre de mes fils, publié pour la première fois en 1906.

Franc-maçonnerie

Paul Doumer a été franc-maçon mais quitte le GODF après avoir critiqué le gouvernement quand éclate en 1904 l'affaire des fiches 1900, jugeant le cabinet Combes excessivement sectaire. D'abord provisoirement en 1905 pour marquer sa désapprobation du jeu auquel s'est alors livré l'obédience, puis définitivement en 1906 à la suite de l'élection à la présidence de la République d'Armand Fallières au détriment de Doumer, auxquels les membres de l'obédience reprochent de s'être opposé à Combes. Doumer n'est ainsi plus franc-maçon depuis des années lorsqu'il devient chef de l'État, en 1931.

Carrière politique Mandats électifs

1888 - 1891 : député de l'Aisne circonscription de Laon, parti radical
1891 - 1895 : député de l'Yonne circonscription d'Auxerre
1902 - 1910 : député de l'Aisne circonscription de Laon
1912 - 1931 : sénateur de la Corse

Fonctions exécutives

1895 - 1896 : ministre des Finances
1921 - 1922 : ministre des Finances du gouvernement Briand VII
1925 - 1926 : ministre des Finances
1927 - 1931 : président du Sénat
1931 - 1932 : président de la République

Décorations

Grand-croix de la Légion d'honneur en 1931 en tant que président de la République.
Grand-Maître de la Légion d'honneur de 1931 à 1932

Ouvrages de Paul Doumer

L'Indo-Chine française
Le Livre de mes fils
Situation de l'Indo-Chine 1897-1901: rapport, Hanoï, F.-H. Schneider,‎ 1902

De nombreux hommages

Grande figure de la IIIe République qui a marqué son époque par sa longue carrière mais également par son parcours personnel et parlementaire, Paul Doumer est une personnalité politique aujourd'hui honorée dans toute la France, de par des lycées, des rues, des avenues ou des centres qui portent son nom :
Une statue lui est élevée à Aurillac dès 1934 ; la même année, un timbre à son effigie est émis par la Poste.
Le paquebot Paul Doumer est lancé le 22 janvier 1933.
Avenue Paul-Doumer à Paris, Reims, Dax Landes : la sous-préfecture se trouve dans cette avenue, Biscarosse Landes, Avallon Yonne, Saint-Maur-des-Fossés Val-de-Marne.
Boulevard Paul Doumer à Saint Avertin Indre-et-Loire
Cours Paul Doumer à Saintes Charente Maritime
'Rue Paul Doumer à Melun Seine et Marne, Montargis et Saint-Jean-de-la-Ruelle Loiret, Triel sur Seine Yvelines, Aurillac Cantal, Aix-les-Bains Savoie, Rueil-Malmaison Hauts-de-Seine, Aulnoye-Aymeries, Tourcoing et Briastre Nord, Lisieux Calvados, Luxeuil-les-Bains Haute-Saône, Chauny Aisne, Laon Aisne, Sablé-sur-Sarthe Sarthe, La Courneuve Seine Saint-Denis, Clermont-Ferrand Puy-de-dôme, La Roche-sur-Yon Vendée.
Place Paul Doumer à Nantes, Bordeaux, Solesmes Nord, Meaux.
Quai du Président Paul Doumer à Courbevoie
École Paul Doumer à Lisieux Calvados, La Fare-les-Oliviers Bouches du Rhône, Aurillac Cantal, Cosne-Cours-sur-Loire Nièvre, La Courneuve Seine Saint-Denis, groupe scolaire à Gaillon Eure.
Collège Paul Doumer à Nort-sur-Erdre Loire-Atlantique
Lycée Paul Doumer à Le Perreux-sur-Marne
Avenue Paul Doumer Brazzaville Congo
Centre Paul Doumer' à Caen Calvados
À Hanoï Viêt Nam, le pont Long Biên était auparavant appelé le pont Doumer.
Trois rues rendent par ailleurs hommage aux quatre fils du président Doumer, morts pour la France :
Rue des frères Doumer à Anizy-le-Château Aisne.
Rue des quatre fils Doumer à Luxeuil-les-Bains Haute-Saône, à Cosne-Cours-sur-Loire Nièvre, à Tergnier Aisne.

Bibliographie

Notices biographiques
Sur le site du ministère des Finances
Sur le site de l'Assemblée nationale

Ouvrages

Madeleine Rebérioux, La République radicale ? 1989-1914, Nouvelle Histoire de la France Contemporaine no 11, Points Seuil
Jacques Chauvin, Paul Doumer, le président assassiné, Paris, Les éditions du Panthéon, 1994, 217 p.
Amaury Lorin, Paul Doumer, gouverneur général de l'Indochine 1897-1902, L'Harmattan, Paris, 2004, 248 p.
Amaury Lorin, "Une ascension en République, Paul Doumer 1857-1932 d'Aurillac à l'Élysée" préface de JP Bel, avant-propos de S. Berstein, 1er prix de thèse du Sénat, Dalloz, 2013.
Charles Fourniau et al, Le Contact colonial franco-vietnamien : le premier demi-siècle, 1858-1911, Publications de l'Université de Provence, 1999, 219 p.
Charles Fourniau, Vietnam. Domination coloniale et résistance nationale 1858-1914, Les Indes savantes, Paris, 2002, 845 p.
Pierre Brocheux et Daniel Hémery, Indochine. La colonisation ambiguë 1858-1954. Paris : La Découverte, 2001, rééd. augmentée, 1995 ; 449 p. Édition ugmentée en anglais sous le titre Indochina. An Ambiguous colonization 1858-1954, Berkeley – Los Angeles – London: University of California Press, 2010
Jean-François Klein, Un Lyonnais en Extrême-Orient. Ulysse Pila Vice-roi de l’Indo-Chine 1837-1909, Lyon, Ed. Lugd, 1994, 160 p. Voir aussi, du même auteur, Ulysse Pila. Des routes de la soie aux coulisses du pouvoir 1837-1909 dans Marcel Courdurie et Guy Durand dir., Entrepreneurs d’empires, CCIMP, coll. Histoire du Commerce et de l’Industrie de Marseille, t. XIII, Marseille, 1998, 538 p. ; p. 114-196.
Jean-François Klein, Lyon, l’exception coloniale : Auguste Isaac défenseur de l’industrialisation indochinoise dans Hervé Joly dir.Patronat, bourgeoisie, catholicisme et libéralisme. Autour du journal d'Auguste Isaac, LARHRA, Cahiers Pierre Léon no 5, Lyon, 2004 ; 230 p. ; p. 91-108.
Pierre Singaravélou, L’École Française d’Extrême-Orient ou l’institution des marges 1898-1956. Essai d’histoire sociale et politique de la science coloniale,


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Posté le : 21/03/2015 15:59
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Guillaume III d'Orange
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Le 8 mars 1702, à 51 ans, meurt Guillaume III

en néerlandais : Willem III et en anglais : William III, au palais de Kensington à Londres, Angleterre. Il naît le 14 novembre 1650 à Binnenhof à La Haye dans le Provinces-Unies. Le 8 mars 1702 il fut stathouder des provinces de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gueldre et de Overijssel appartenant aux Provinces-Unies à partir du 9 juillet 1672. Il devint également roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande du 13 février 1689 à sa mort. Il fut roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande du 13 février 1689 au 8 mars 1702, soit pendant 13 ans, 0 mois et 23 jours, en tandem avec Marie II, 1689-1694. Il est couronné le 11 avril 1689, son prédécesseur est Jacques II, son successeur Anne Stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gueldre et de Overijssel. Il appartient à la dynastie de la Maison d'Orange-Nassau. Son nom de naissance est Willem Hendrik van Oranje. Son père est Guillaume II d'Orange-Nassau, sa mère est Marie Henriette Stuart et sa Conjointe Marie II d'Angleterre
Issu de la maison d'Orange-Nassau et titré prince d'Orange à sa naissance, Guillaume affronta les responsables politiques hollandais qui voulaient empêcher le retour de la fonction de stathouder. La catastrophique année 1672, au cours de laquelle les Provinces-Unies affrontèrent une coalition menée par la France et l'Angleterre, permit toutefois à Guillaume de devenir stathouder et il parvint à sauvegarder les intérêts néerlandais dans les différents traités de paix.
En 1677, Guillaume épousa la princesse Marie d'Angleterre, fille aînée de l'héritier du trône anglais Jacques, duc d'York. Lorsque ce dernier devint roi en 1685, son catholicisme et ses politiques impopulaires lui aliénèrent l'opinion anglaise majoritairement protestante. Dans ce qui fut appelé la Glorieuse Révolution de 1688, Guillaume renversa Jacques II et obtint les couronnes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Dans les îles Britanniques, Guillaume III gouverna conjointement avec son épouse, Marie II jusqu'à la mort de celle-ci le 28 décembre 1694. Il poursuivit son opposition à la France de Louis XIV lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg et son règne marqua la transition du pouvoir personnel des Stuart vers le pouvoir soumis au contrôle du Parlement de la Maison de Hanovre.

Sa vie

Le jeune prince représenté dans une couronne florale portant les symboles de la Maison d'Orange-Nassau, peinture de Jan Davidsz de Heem. Musée des beaux-arts, Lyon
Guillaume-Henri d'Orange est né à La Haye dans les Provinces-Unies le 14 novembre 1650. Il était le seul enfant du stathouder Guillaume II d'Orange-Nassau et de la princesse royale Marie d'Angleterre. Cette dernière était la fille aînée du roi Charles Ier et la sœur de ses successeurs Charles II et Jacques II d'Angleterre.
Huit jours avant la naissance de Guillaume, son père mourut de la variole ; ainsi Guillaume devint prince d'Orange dès le jour de sa naissance. Immédiatement, un conflit commença entre la Princesse royale et la mère de Guillaume II, Amélie de Solms-Braunfels, sur le nom à donner à l'enfant. Marie voulait le nommer Charles d'après son frère mais sa grand-mère préférait Guillaume ou Willem pour améliorer ses chances de devenir stathouder. Guillaume II avait nommé son épouse tutrice de son fils dans son testament ; cependant le document n'était pas signé au moment de la mort de Guillaume II et était donc invalide. Le 13 août 1651, le Hoge Raad, Cour suprême établit que le tutorat serait partagé entre sa mère, sa grand-mère paternelle et Frédéric-Guillaume Ier, l'électeur de Brandebourg dont l'épouse Louise-Henriette était la sœur aînée de son père.
La mère de Guillaume ne montra que peu d'intérêt personnel pour son fils ; elle fut parfois absente durant des années et se tenait délibérément en dehors de la société hollandaise. L'éducation de Guillaume fut principalement assurée par plusieurs gouvernantes hollandaises dont certaines étaient d'ascendance anglaise comme Walburg Howard. À partir d'avril 1656, le prince reçut un enseignement journalier dans la religion réformée avec le prêtre calviniste Cornelius Trigland, un partisan du théologien Gisbertus Voetius. L'éducation idéale pour Guillaume fut décrite dans le Discours sur la nourriture de S. H. Monseigneur le Prince d'Orange, un court traité écrit par l'un des tuteurs de Guillaume, Constantin Huygens. Dans ces leçons, le prince apprit qu'il était prédestiné à devenir un instrument de la divine providence devant remplir la destinée historique de la maison d'Orange-Nassau.
À partir du début de l'année 1659, Guillaume passa sept années à l'université de Leyde où il reçut une éducation formelle sous la direction du professeur d'éthique Hendrik Bornius. Alors qu'il se trouvait à la Prinsenhof de Delft, Guillaume était accompagné d'Hans Willem Bentinck et de Frederick Nassau de Zuylestein, le fils illégitime du stathouder Frédéric-Henri d'Orange-Nassau.
Il apprit le français avec Samuel Chappuzeau, qui fut limogé par la grand-mère de Guillaume après la mort de sa mère.
Le grand-pensionnaire Johan de Witt et son oncle Cornelis de Graeff poussèrent les États de Hollande à prendre en charge l'éducation de Guillaume afin qu'il obtienne les aptitudes nécessaires à de futures fonction gouvernementales ; les États acceptèrent le 25 septembre 1660. Cette première implication des autorités ne dura pas longtemps. Le 23 décembre 1660, alors que Guillaume était âgé de dix ans, sa mère mourut de la variole au palais de Whitehall à Londres alors qu'elle rendait visite à son frère, le roi Charles II. Dans son testament, Marie demandait à Charles II de veiller aux intérêts de Guillaume et il demanda aux États de Hollande de ne plus intervenir. Pour apaiser le roi anglais, ils acceptèrent le 30 septembre 1661. En 1661, Zuylenstein commença à travailler pour Charles. Il poussa Guillaume à écrire des lettres au roi d'Angleterre pour lui demander de l'aider à devenir stathouder. Après la mort de sa mère, l'éducation et le tutorat de Guillaume commencèrent à devenir un point de tension entre les partisans de sa dynastie, les orangistes, et les partisans de Pays-Bas plus républicains.
Les autorités hollandaises firent de leur mieux pour ignorer ces intrigues mais, lors de la Deuxième Guerre anglo-néerlandaise, l'une des conditions de paix de Charles II concernait l'amélioration de la position de son neveu. En représailles, les États de Hollande firent officiellement de Guillaume un pupille du gouvernement16. Tous les partisans pro-anglais, dont Zuylenstein, furent exclus de son entourage. Guillaume pria De Witt d'autoriser Zuylenstein à rester mais il refusa. De Witt, le politicien le plus influent des Provinces-Unies, se chargea de l'éducation de Guillaume ; il lui enseigna la politique et les affaires nationales et jouait régulièrement à la courte-paume avec lui.

Premières fonctions

Johan de Witt qui supervisa l'éducation de Guillaume à partir de 1666.
Gaspar Fagel remplaça De Witt en tant que grand-pensionnaire et était plus favorable aux intérêts de Guillaume.

Exclusion du poste de stathouder

À la mort du père de Guillaume, les provinces avaient suspendu le titre de stathouder. Le traité de Westminster de 1654 qui mettait un terme à la première Guerre anglo-néerlandaise, possédait une annexe secrète attachée aux demandes d'Oliver Cromwell : l'acte de séclusion qui interdisait à la province de Hollande de nommer un membre de la Maison d'Orange au titre de stathouder. Après la Restauration anglaise, l'acte de séclusion, qui n'était pas resté un secret très longtemps fut déclaré nul car le Commonwealth d'Angleterre, avec qui le traité avait été conclu n'existait plus. En 1660, Marie et Amélie essayèrent de convaincre les différentes provinces des États de nommer Guillaume en tant que futur stathouder mais elles refusèrent.
En 1667, comme Guillaume approchait de ses 18 ans, le parti orangiste tenta à nouveau de l'amener au pouvoir en lui sécurisant les titres de stathouder et de capitaine général. Pour éviter la restauration de l'influence de la Maison d'Orange, De Witt autorisa le pensionnaire de Haarlem, Gaspar Fagel, à pousser les États de Hollande à délivrer l'édit perpétuel de 1667. Ce texte stipulait que le capitaine-général ou l'amiral-général des Pays-Bas ne pouvait pas devenir stathouder de n'importe quelle province. Malgré cela, les partisans de Guillaume cherchèrent des moyens d'accroître son prestige, et le 19 septembre 1668, les États de Zélande le reçurent en tant que Premier Noble. Pour recevoir ce titre, Guillaume avait dû échapper à l'attention de ses tuteurs pour se rendre secrètement à Middelbourg. Un mois plus tard, Amélie autorisa Guillaume à gérer son propre foyer et à déclarer sa propre majorité.
La province de Hollande, le centre de l'anti-orangisme, abolit la fonction de stathouder et quatre autres provinces firent de même en mars 1670, établissant ainsi la période de la soi-disant Harmonie. De Witt demanda un serment pour chaque régent, membre du conseil de ville pour faire respecter l'édit ; tous sauf un acceptèrent21. Guillaume vit cela comme une défaite mais en réalité, l'arrangement était un compromis : De Witt aurait préféré ignorer complètement le prince mais à présent son ascension dans les fonctions de commandement de l'armée suprême était irrésistible. De Witt reconnut ensuite que Guillaume serait admis en tant que membre du Raad van State conseil d'État puis à l'organe gérant le budget de la défense. Guillaume entra au conseil le 31 mai 1670 avec tous ses pouvoirs de vote malgré les tentatives de De Witt pour limiter son rôle à celui de conseiller.

Conflit avec les républicains

En novembre 1670, Guillaume obtint la permission de se rendre en Angleterre pour presser Charles II de payer au moins une partie des 2 797 859 guilden, environ 190 millions d'euros de 2013 des dettes de la Maison Stuart envers la Maison d'Orange. Charles II ne pouvait pas payer mais Guillaume accepta de réduire la somme à 1 800 000 guilden. Le roi anglais découvrit que son neveu était un calviniste convaincu et un Hollandais patriote et il reconsidéra son idée de lui montrer le traité secret de Douvres avec la France qui prévoyait la destruction de la république hollandaise et l'installation de Guillaume comme souverain d'un état croupion néerlandais. En plus des divergences politiques, Guillaume s'inquiétait du mode de vie de Charles II et de son frère Jacques qui buvaient, pariaient et entretenaient de nombreuses maîtresses.
L'année suivante, la sécurité de la République se détériora rapidement du fait de l'imminence d'une attaque anglo-française. Face à cette menace, les États de Gueldre demandèrent à ce que Guillaume soit nommé capitaine-général de l'armée hollandaise aussi rapidement que possible malgré sa jeunesse et son inexpérience. Le 15 décembre 1671, cette idée fut officiellement adoptée par les États d'Utrecht. Le 19 janvier 1672, les États de Hollande firent une contre-proposition : nommer à la tête de l'armée Guillaume pour une seule campagne. Le prince refusa et le 25 février, un compromis fut obtenu : une nomination par les États généraux du royaume des Pays-Bas pour un été, suivi par une nomination permanente lors de son 22e anniversaire. Dans le même temps, Guillaume écrivit une lettre secrète à Charles II en janvier 1672 pour demander à son oncle d'exploiter la situation en faisant pression sur les États-Généraux afin qu'il soit nommé au poste de stathouder. En retour, Guillaume allierait la République à l'Angleterre et servirait les intérêts de Charles II autant que l'honneur et la loyauté dû à cet État le lui permettrait. Charles II ne répondit pas à la proposition et poursuivit préparatifs militaires avec son allié français.

Stathouder Rampjaar

Pour les Provinces-Unies, 1672 se révéla calamiteuse et fut appelée l'Rampjaar, année de tous les désastres du fait de la guerre de Hollande et de la troisième guerre anglo-néerlandaise ; Les Pays-Bas furent envahis par la France de Louis XIV, l'Angleterre, Münster et Cologne. Bien que la flotte anglo-française ait été battue lors de la bataille de Solebay, les troupes françaises entrèrent en juin dans les provinces de Gueldre et d'Utrecht. Guillaume se retira avec les restes de son armée le 14 juin en Hollande où les États avaient ordonné la destruction des écluses pour inonder le pays le 8 juin35. Louis XIV, considérant que la guerre était terminée, commença à négocier pour obtenir le plus d'argent possible de la part des Hollandais. La présence d'une large armée française au cœur de la République entraîna une panique générale et le peuple se tourna contre De Witt et ses alliés.
Le 4 juillet, les États de Hollande nommèrent Guillaume au poste de stahouder et il prêta serment cinq jours plus tard. Le lendemain, un envoyé spécial de Charles II, Lord Arlington, rencontra Guillaume à Nieuwerbrug. Il offrit à Guillaume le titre de prince de Hollande en échange de sa capitulation ; le stathouder n'était cependant qu'un simple fonctionnaire et n'avait pas l'autorité pour accepter. Lorsque Guillaume refusa, Arlington menaça d'anéantir la République. Guillaume fit sa célèbre réponse : Il n'y a qu'un seul moyen d'éviter cela : mourir en la défendant jusqu'au dernier fossé. Le 7 juillet, l'inondation des terres fut terminée et l'avance de l'armée française fut stoppée. Le 16 juillet, la Zélande offrit le poste de stahouder à Guillaume.
Johan de Witt fut incapable d'assumer son rôle de grand-pensionnaire après avoir été blessé lors d'une tentative d'assassinat le 21 juin. Le 15 août, Guillaume publia une lettre de Charles II dans laquelle le roi anglais avançait que la principale raison de la guerre était l'agressivité de la faction de De Witt. Le peuple étant maintenant hostile à De Witt, ce dernier et son frère Cornelis furent assassinés par une milice citoyenne à La Haye le 20 août. Après cela, Guillaume remplaça de nombreux régents hollandais par ses partisans.
Bien que la complicité de Guillaume dans le lynchage n'ait jamais été prouvée, il entrava les tentatives de poursuites des chefs de la conspiration et il en récompensa certains avec de l'argent comme Hendrik Verhoeff ou avec des postes élevés comme Johan van Banchem et Johan Kievit42. Cela endommagea sa réputation de la même manière que ses actions ultérieures à Glencoe.
Guillaume III continua de combattre les Français et les Anglais en s'alliant à l'Espagne et au Brandebourg. En novembre 1672, il emmena son armée à Maastricht pour menacer les lignes de ravitaillement françaises. En 1673, la situation s'améliora. Bien que Louis XIV ait capturé Maastricht et que les tentatives de Guillaume pour prendre Charleroi aient échoué, l'amiral Michiel de Ruyter battit la flotte anglo-française à trois reprises ; cela entraîna le retrait de l'Angleterre lors du traité de Westminster et après 1673, les Français se retirèrent progressivement des territoires hollandais, à l'exception de Maastricht tout en progressant ailleurs.
Guillaume épousa sa cousine germaine, la future reine Marie II en 1677.
Fagel proposa de traiter les provinces libérées d'Utrecht, de Gueldre et d'Overijssel comme des territoires conquis, pays de la Généralité, en punition de leur reddition rapide face à l'ennemi. Guillaume refusa mais il obtint un mandat spécial de la part des États-Généraux pour nommer tous les nouveaux délégués dans les États de ces provinces. Les partisans de Guillaume au sénat d'Utrecht le nommèrent stathouder héréditaire le 26 avril 1674. Les États de Gueldre lui offrirent les titres de duc de Gueldre et de comte de Zutphen. Les réactions négatives à cette décision en Zélande et dans la ville d'Amsterdam, où la bourse s'effondra, poussèrent finalement Guillaume à refuser ces honneurs ; il fut nommé stathouder de Gueldre et d'Overijssel à la place.

Mariage

Durant la guerre avec la France, Guillaume tenta d'améliorer sa position en épousant sa cousine germaine Marie Stuart, la fille aînée du duc Jacques d'York et de onze années sa cadette. Bien qu'il ait anticipé une résistance à une union avec la Maison Stuart de la part des marchands d'Amsterdam qui détestaient sa mère, une autre Marie Stuart, Guillaume pensait qu'épouser Marie permettrait d'accroître ses chances d'accession aux royaumes de Charles II et éloignerait le monarque anglais de ses politiques pro-françaises. Jacques n'était pas prêt à consentir au mariage mais Charles II fit pression sur son frère. Charles II tenta d'utiliser comme un avantage la possibilité d'un mariage dans les négociations relatives à la guerre mais Guillaume insista pour que les deux questions soient résolues séparément. Charles II céda et l'évêque Henry Compton maria le couple le 4 novembre 1677. Marie tomba rapidement enceinte après le mariage mais elle fit une fausse couche. Après une autre maladie en 1678, elle ne fut plus jamais enceinte.
Tout au long du mariage, Guillaume ne reconnut qu'une seule maîtresse, Élisabeth Villiers, en contraste avec les nombreuses maîtresses que son oncle avait publiquement.

Paix avec la France et intrigues avec l'Angleterre


En 1678, Louis XIV cherchait à faire la paix avec les Provinces-Unies mais Guillaume était très suspicieux vis-à-vis de ce dernier et il pensait que le roi de France désirait devenir le monarque universel de l'Europe ; Louis XIV décrivit Guillaume comme « mon ennemi mortel et le voyait comme un exécrable belliciste. Les petites annexions françaises en Allemagne la politique de réunions et la révocation de l'édit de Nantes en 1685 causèrent un afflux massif de réfugiés huguenots dans la République. Cela poussa Guillaume III à rejoindre diverses coalitions dirigées contre la France comme la Ligue d'Augsbourg en 1688.
Après son mariage en novembre 1677, Guillaume devint un candidat potentiel pour le trône d'Angleterre si son beau-père et oncle Jacques était exclu de la succession du fait de son catholicisme. Durant la crise de l'Exclusion Bill en 1680, Charles II invita Guillaume à venir en Angleterre pour renforcer la position du roi contre les exclusionnistes avant de retirer son invitation. Néanmoins, Guillaume fit secrètement pression sur les États-Généraux pour qu'ils envoient une lettre à Charles II le suppliant d'empêcher un catholique de lui succéder, sans nommer explicitement Jacques58. Après avoir reçu des réactions indignées de la part de Jacques et Charles II, Guillaume nia toute implication.
En 1685, lorsque Jacques II monta sur le trône d'Angleterre, Guillaume tenta une approche conciliante tout en essayant de ne pas offenser les protestants anglais. Guillaume, toujours en quête de moyens afin de réduire la puissance de la France, espéra que Jacques II rejoindrait la Ligue d'Augsbourg mais en 1687, il devint clair que ce ne serait pas le cas. Les relations entre les deux hommes s'envenimèrent par la suite. En novembre, l'épouse de Jacques II, Marie de Modène, annonça qu'elle était enceinte. Le même mois, pour obtenir le soutien des protestants anglais, Guillaume écrivit une lettre ouverte au peuple anglais dans laquelle il désapprouvait les politiques religieuses tolérantes de Jacques. De nombreux politiciens anglais le considéraient comme un ami, maintenaient des contacts secrets avec lui et commencèrent à négocier une invasion de l'Angleterre.

Glorieuse Révolution Invasion de l'Angleterre

Guillaume était initialement opposé à l'invasion mais la plupart des historiens sont d'accord pour dire qu'il commença à assembler une force expéditionnaire en avril 1688 car il devenait de plus en plus clair que la France resterait occupée par ses campagnes en Allemagne et en Italie et ne pourrait donc pas attaquer lorsque les troupes de Guillaume seraient en Angleterre. Croyant que les Anglais accepteraient mal un envahisseur étranger, il envoya une lettre au contre-amiral Arthur Herbert dans laquelle il demandait que les protestants les plus influents d'Angleterre l'invitent d'abord à attaquer. En juin, l'épouse de Jacques, Marie de Modène, accoucha d'un fils, Jacques François Stuart qui évinçait l'épouse de Guillaume de la première place dans l'ordre de succession et laissait présager la mise en place d'une dynastie catholique. La colère publique fut également accrue par le procès de sept évêques qui s'étaient publiquement opposés à la Déclaration d'indulgence de Jacques II qui garantissait la liberté de religion à ses sujets, une politique qui semblait menacer l'Église d'Angleterre.
Le 30 juin 1688, le jour de l'acquittement des évêques, un groupe de personnalités politiques appelé par la suite les sept immortels envoya une invitation formelle à Guillaume. Les intentions de Guillaume sur l'invasion furent rendues publiques en septembre 1688 et il débarqua à la tête d'une armée hollandaise à Brixham dans le sud-ouest de l'Angleterre le 5 novembre 1688. Il proclama à son arrivée qu'il maintiendrait les libertés de l'Angleterre et de la religion protestante. Guillaume avait débarqué avec environ 11 000 fantassins et 4 000 cavaliers. Jacques II perdit immédiatement tous ses soutiens après l'arrivée de Guillaume ; les officiers protestants de l'armée anglaise désertèrent, dont John Churchill, l'officier le plus expérimenté de Jacques et de nombreux nobles de tout le pays déclarèrent leur soutien à l'envahisseur.
Jacques II tenta initialement de résister à Guillaume mais ses efforts furent inutiles. Il envoya des émissaires pour négocier avec Guillaume mais il tenta secrètement de fuir le 11 décembre. Un groupe de pêcheurs l'arrêta et il fut ramené à Londres. Guillaume autorisa néanmoins Jacques II à quitter le pays car il ne voulait pas en faire un martyr de la cause catholique.

Accession au trône

Sur les pièces d'argent à l'effigie de Guillaume III datant de 1695. L'inscription latine sur l'avers GVLIELMVS III DEI GRATIA et sur le revers MAGNAE BRITANNIAE FRANCIAE, ET HIBERNIAE REX 1695 signifie : Guillaume III, par la grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, 1695. L'avers montre les armoiries, dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du haut, de l'Angleterre, de l'Écosse, de la France et de l'Irlande entourant les armoiries personnelles de la Maison d'Orange-Nassau.
Guillaume convoqua un parlement de convention en Angleterre qui se rassembla le 22 janvier 1689. Guillaume sentait que sa position était précaire ; même si sa femme se trouva en haut de l'ordre de succession au trône, il souhaitait régner en tant que roi de son plein droit et non en tant que simple roi consort. Le seul précédent d'une monarchie conjointe en Angleterre remontait au XVIe siècle quand la reine Marie Ire avait épousé le prince Philippe d'Espagne. Philippe ne resta roi que durant la vie de son épouse et des restrictions étaient placées sur son pouvoir. D'un autre coté, Guillaume souhaitait rester roi même après la mort de sa femme. La majorité des tories à la Chambre des Lords proposa d'acclamer Marie en tant que monarque unique mais elle refusa par loyauté à son mari.
La Chambre des Communes avec une majorité whig avait rapidement décidé que le trône était vacant et qu'il était plus sûr que le souverain soit protestant. Les tories de la Chambre des Lords n'étaient pas d'accord mais après que Guillaume eut refusé d'être un régent ou de ne régner que jusqu'à la mort de son épouse, il y eut des négociations entre les deux Chambres et les Lords reconnurent à une courte majorité que le trône était vacant. Le parlement vota la Déclaration des droits le 13 février 1689 dans laquelle il jugeait que Jacques II, en ayant tenté de fuir, avait abdiqué et avait donc laissé son trône vacant. La Couronne ne fut pas transférée au fils aîné de Jacques, Jacques François Stuart, qui aurait été l'héritier apparent en des circonstances normales, mais à Guillaume III et Marie II en tant que co-monarques. Elle l'était, cependant, à condition que l'exercice plein et entier de la puissance royale soit exercé par le prince d'Orange aux noms des dits prince et princesse pendant leur vie commune.
Guillaume III et Marie II furent couronnés ensemble le 11 avril 1689 par l'évêque de Londres Henry Compton. Habituellement, le couronnement était réalisé par l'archevêque de Cantorbéry mais le détenteur du titre, William Sancroft, refusa de reconnaître le renversement de Jacques II.
Guillaume III convoqua également une réunion du parlement d'Écosse qui eut lieu le 14 mars 1689. Ce dernier envoya une lettre de conciliation mais Jacques II envoya des ordres hautains et sans compromis, ce qui poussa une majorité à se prononcer en faveur de Guillaume III. Le 11 avril, le jour du couronnement anglais, la convention déclara finalement que Jacques II n'était plus roi d'Écosse. Guillaume III et Marie II reçurent la couronne d'Écosse qu'ils acceptèrent le 11 mai.
Un demi crown à l'effigie de Guillaume III et Marie I 1689. Description avers : portraits à droite de Guillaume III et Marie II . Description revers : écus couronnés d’Angleterre, Écosse, Irlande et France, quatre monogrammes formés d’un M et d’un W croisés, au centre armes de la maison de Nassau . Fille de Jacques II Stuart, Marie se marie en 1677 avec le Stathouder et prince d’Orange protestant, le futur Guillaume III. À la suite de la “Glorieuse Révolution”, Jacques II prend la fuite. Avec l’accord du parlement, Guillaume et Marie deviennent conjointement roi et reine d’Angleterre en 1689..

Retour au calme

Guillaume III d'Angleterre encouragea le passage de l'Acte de tolérance de 1689 qui garantissait la liberté religieuse de certains non-conformistes protestants. Cela ne permit cependant pas d'étendre la tolérance aussi loin que Guillaume III l'aurait souhaité car les libertés religieuses des catholiques, des anti-trinitariens et de certains protestants restaient encore limitées. En décembre 1689, l'un des plus importants documents constitutionnels de l'histoire anglaise, la Déclaration des droits fut adoptée par le Parlement. Cette loi qui reconfirmait certaines clauses de l'ancienne déclaration des droits, établissait des restrictions sur les prérogatives royales. Elle empêchait, entre autres, le roi de suspendre des lois votées par le Parlement, de lever des taxes ou une armée en temps de paix sans l'accord du Parlement, d'enfreindre le droit de pétition, de nier le droit de porter des armes aux sujets protestants, d'interférer dans les élections législatives, de punir les membres des deux Chambres du Parlement pour ce qui est dit pendant les débats, d'offrir des acquittements excessifs ou d'infliger des châtiments cruels. Guillaume III était opposé à de telles contraintes mais il choisit ne pas entrer en conflit avec le Parlement et il accepta de respecter la loi.
La Déclaration des droits régla la question de la succession à la Couronne. Après la mort de l'un des deux co-monarques, l'autre continuerait à régner. La suivante dans l'ordre de succession devenait la sœur de Marie II, la princesse Anne, et ses descendants. Néanmoins, tous les enfants que Guillaume III pourrait avoir d'un mariage à venir seraient intégrés à l'ordre de succession. Les catholiques, de même que ceux qui épousaient des catholiques, étaient exclus.

Règne avec Marie II Révoltes jacobites

Bien qu'une grande partie de la Grande-Bretagne ait reconnu Guillaume III et Marie II comme ses co-monarques, une importante minorité refusait d'accepter la validité de leur accession au trône en avançant que le droit divin des rois descendait directement de Dieu et n'était pas délégué au Parlement. Au cours des 57 années qui suivirent, les jacobites firent pression pour restaurer Jacques II et ses héritiers. Les non-jureurs en Angleterre et en Écosse, plus de 400 ecclésiastiques et plusieurs évêques de l'église d'Angleterre et de l'église épiscopale écossaise et de nombreux laïcs refusèrent de prêter le serment d'allégeance à Guillaume III.
L'Irlande était contrôlée par des catholiques loyaux à Jacques et des jacobites franco-irlandais arrivés de France avec des forces françaises en mars 1689 pour participer à la guerre en Irlande et assiéger la ville de Derry89. Guillaume III envoya sa flotte de guerre pour débloquer la ville en juillet et son armée débarqua en août. Ces troupes ne parvinrent pas à prendre l'avantage et Guillaume III intervint personnellement pour commander son armée et remporter la victoire lors de la bataille de la Boyne le 1er juillet 1690 ; Jacques II s'enfuit en France après la défaite.
Au retour de Guillaume III en Angleterre, son ami proche le général hollandais Godert de Ginkell, qui avait accompagné Guillaume III en Irlande et avait commandé un corps de cavalerie lors de la bataille de la Boyne fut nommé commandant en chef des forces armées en Irlande. Au printemps 1691, il reçut le contrôle de l'ensemble des troupes sur place et après plusieurs batailles, il captura Galway et Limerick. Après des négociations difficiles, les dernières troupes jacobites capitulèrent le 3 octobre 1691 lors du traité de Limerick. Cela mit fin à la pacification de l'Irlande par Guillaume III et pour ses services, le général hollandais reçut les félicitations formelles de la Chambre des Communes et le titre de comte d'Athlone par le roi.
Une série de soulèvements jacobites eut également lieu en Écosse où le vicomte de Dundee leva des forces et remporta la bataille de Killiecrankie le 27 juillet 1689 mais il mourut au combat un mois après lors de la bataille de Dunkeld. Guillaume III offrit l'amnistie aux clans écossais qui s'étaient soulevés s'ils proclamaient leur allégeance avant une date donnée mais son gouvernement en Écosse punit les retardataires lors du massacre de Glencoe en 1692 ; cet événement devint tristement célèbre dans la propagande jacobite car Guillaume III avait signé les ordres. Cédant face à la colère populaire, Guillaume III limogea les responsables du massacre; cependant ceux-ci bénéficiaient encore de la faveur royale; dans les mots de l'historien John Dalberg-Acton, l'un devint colonel, l'autre chevalier, un troisième pair et un quatrième, enfin, comte.
La réputation de Guillaume III en Écosse se détériora encore plus lorsqu'il refusa de soutenir le projet Darién, une tentative écossaise de créer une colonie dans l'actuel Panama qui tourna finalement au désastre.

Parlement et factions

Bien que les whigs aient été les principaux soutiens de Guillaume III, il privilégia au départ une politique d'équilibre entre les whigs et les tories96. Le marquis d'Halifax, un homme connu pour sa capacité à définir une voie politique modérée, gagna la confiance de Guillaume III au début de son règne. La majorité whig du Parlement qui espérait dominer le gouvernement fut déçue par ces décisions98. Cette approche équilibrée de la gouvernance ne dura pas au-delà des années 1690 car les factions belligérantes rendaient impossible la poursuite par le gouvernement d'une politique efficace et Guillaume III demanda de nouvelles élections au début de l'année.
Après les élections de 1690, Guillaume III commença à favoriser les tories menés par les Lords Danby et Nottingham. Les tories étaient en faveur de préserver les prérogatives royales mais Guillaume III affronta l'opposition parlementaire lorsqu'il demanda au Parlement de financer sa guerre prolongée contre la France. En conséquence, Guillaume III commença à préférer la faction whig. Le gouvernement whig fut responsable de la création de la banque d'Angleterre. La décision de Guillaume III d'accorder une charte royale à la banque en 1694, une institution privée appartenant à des banquiers, est son héritage économique le plus significatif. Elle posa les fondations de la domination anglaise sur le commerce mondial au XVIIIe siècle à la place des Provinces-Unies et de la banque d'Amsterdam.
Guillaume III dissout le Parlement en 1695 et le nouveau Parlement était contrôlé par les whigs. Il y eut également une forte hausse du nombre de ses soutiens à la suite de la révélation d'un complot jacobite pour l'assassiner en 1696. Le Parlement vota un bill d'attainder, condamnation sans procès contre le chef de la conspiration, John Fenwick, qui fut décapité en 1697.

Guerre en Europe

Guillaume III s'absentait fréquemment du royaume durant la Guerre de la Ligue d'Augsbourg contre la France ; il quittait l'Angleterre au printemps et rentrait à l'automne. Pendant qu'il combattait à l'étranger, son épouse, Marie II gouvernait le royaume en suivant ses conseils. Chaque fois qu'il rentrait en Angleterre, Marie II abandonnait son pouvoir sans réserve, un arrangement qui continua jusqu'à la fin de sa vie.
Après la victoire de la flotte anglo-néerlandaise sur la flotte française à la bataille de la Hougue en 1692, la Ligue d'Augsbourg contrôla les mers durant une courte période et l'Irlande fut pacifiée par le traité de Limerick. Dans le même temps, la Ligue perdit du terrain en Europe car Guillaume III perdit Namur dans les Pays-Bas espagnols en 1692 et fut battu à la bataille de Neerwinden en 1693.

Dernières années

Marie II mourut de la variole en 1694 laissant Guillaume III gouverner seul110. Il fut dévasté par son décès. Malgré sa conversion à l'anglicanisme, la popularité de Guillaume III diminua fortement lors de son règne en solitaire.

Rumeurs d'homosexualité

Durant les années 1690, les rumeurs sur une possible homosexualité de Guillaume III menèrent à la publication de nombreux pamphlets satiriques de la part de ses opposants jacobites. Il eut en effet des assistants masculins proches dont deux courtisans hollandais auxquels il donna des titres anglais : Hans Willem Bentinck devint comte de Portland et Arnold Joost van Keppel fut nommé comte d'Albemarle. Ces relations avec des amis masculins et son apparent manque de maîtresses amenèrent ses ennemis à suggérer qu'il préférait les relations homosexuelles. Cependant, les biographes modernes de Guillaume III débattent encore de la véracité de ces rumeurs et beaucoup avancent qu'elles ne sont que des produits de l'imagination de ses adversaires, d'autres pensent néanmoins qu'il y a un fond de vérité.
La proximité de Bentinck avec le roi attisa les jalousies à la cour mais la plupart des historiens modernes doutent qu'il y ait eu un élément homosexuel dans leurs relations. Le jeune protégé de Guillaume III, Keppel, excita les suspicions et les commérages car il était de 20 ans plus jeune que lui, remarquablement beau et avait été élevé au titre de comte avec une certaine aisance. Portland écrivit à Guillaume III en 1697 que la la bienveillance dont votre Majesté a pour un jeune homme et la manière dont vous semblez d'autoriser ses libertés … poussent le monde à dire des choses que j'ai honte d'entendre. Il ajouta que cela ternissait une réputation qui n'avait auparavant jamais été sujette à de telles accusations. Guillaume III rejeta cependant laconiquement de telles suggestions en déclarant, il me semble très extraordinaire qu'il soit impossible d'avoir de l'estime et de la considération pour un jeune homme sans que cela soit criminel.

Relations avec la France

Gravure de 1695 représentant les Lord Justices qui administraient le royaume quand Guillaume III était en campagne. La reine Marie II occupait cette fonction avant sa mort en 1694.
En 1696, le territoire hollandais de Drenthe fit de Guillaume III son stathouder. La même année, les jacobites complotèrent pour assassiner Guillaume III et restaurer Jacques II sur le trône d'Angleterre mais ils échouèrent. D'après les termes du traité de Ryswick, 20 septembre 1697 qui mettait fin à la guerre de la Ligue d'Augsbourg, Louis XIV reconnaissait Guillaume III comme le souverain légitime d'Angleterre et ne fournit plus aucun soutien à Jacques II. Privé du soutien de la dynastie française après 1697, les jacobites ne furent plus une menace lors de son règne.
La fin du XVIIe siècle vit la succession au trône d'Espagne devenir la question dominante dans les affaires européennes. L'Espagne possédait, en plus de la péninsule Ibérique, de vastes territoires en Italie, dans les Pays-Bas et dans le Nouveau Monde. Le roi Charles II d'Espagne était stérile et ne pouvait donc pas avoir d'héritiers ; parmi ses parents les plus proches figuraient le roi Louis XIV de France et l'empereur Léopold Ier du Saint-Empire. Guillaume III cherchait à éviter que la couronne d'Espagne ne passe entre les mains de l'un de ces souverains car cela déséquilibrerait les rapports de forces en Europe. Guillaume III et Louis XIV s'accordèrent sur le premier traité de partage qui définissait le partage de l'Empire espagnol : le duc Joseph-Ferdinand de Bavière obtiendrait l'Espagne tandis que la France et le Saint-Empire se partageraient les territoires restants. Charles II accepta la nomination de Joseph-Ferdinand comme héritier et la possibilité d'une guerre sembla s'éloigner.
Cependant la mort de Joseph-Ferdinand des suites de la variole entraîna un retour du problème. En 1700, les deux souverains acceptèrent le traité de Londres selon lequel les territoires italiens seraient transmis à un fils du roi de France et les autres le seraient à un fils de l'empereur du Saint-Empire. Cet accord irrita les Espagnols qui souhaitaient éviter la désintégration de leur empire et l'empereur du Saint-Empire pour qui les territoires italiens étaient plus intéressants que les autres. Cependant la mort de Charles II en 1700 rebattit complètement les cartes car il céda par testament tous les territoires espagnols à Philippe, un petit-fils de Louis XIV. Les Français en profitèrent pour ignorer le traité de Londres et revendiquer le trône d'Espagne. De plus, Louis XIV s'aliéna Guillaume III en reconnaissant Jacques François Stuart, le fils de l'ancien roi Jacques II mort en 1701, comme roi d'Angleterre. Le nouveau conflit qui fut appelé la guerre de succession d'Espagne continua jusqu'en 1713.

Succession anglaise

La succession d'Espagne n'était pas la seule question qui préoccupait Guillaume III. Son mariage avec Marie II n'avait apporté aucun enfant et il semblait peu probable qu'il se remarie. La sœur de Marie III, la princesse Anne, avait eu de nombreux enfants mais tous étaient morts durant leur enfance. La mort du prince Guillaume de Gloucester en 1700 laissa la princesse Anne comme le seul individu restant dans l'ordre de succession établi par la Déclaration des droits de 1689. Comme l'extinction complète de la ligne de succession aurait encouragé le retour de la lignée de Jacques II, le parlement vota l'Acte d'établissement de 1701 dans lequel il spécifiait que la Couronne passerait à un parent éloigné, l'électrice Sophie de Hanovre, et à ses héritiers protestants si la princesse Anne mourait sans descendance et si Guillaume III n'avait pas d'héritiers. Plusieurs dizaines de catholiques qui étaient des plus proches parents d'Anne furent exclus de la succession. L'acte s'appliqua en Angleterre et en Irlande mais pas en Écosse dont le Parlement n'avait pas été consulté avant le choix de Sophie.

Mort

En 1702, Guillaume III mourut d'une pneumonie, une complication liée à une clavicule cassée à la suite d'une chute de cheval. Comme son cheval avait trébuché sur une taupinière, de nombreux jacobites célébrèrent le « petit gentleman dans sa veste de velours noir. Des années plus tard, Winston Churchill, dans son ouvrage A History of the English-Speaking Peoples l'écrivit plus poétiquement lorsqu'il dit que la chute ouvrit la porte à une troupe d'ennemis invisibles. Guillaume III fut inhumé dans l'abbaye de Westminster aux côtés de son épouse. Sa belle-sœur Anne devint reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.
La mort de Guillaume III mit un terme à la Maison d'Orange hollandaise dont les membres avaient été stathouder de Hollande et de la majorité des autres provinces des Provinces-Unies depuis l'époque de Guillaume Ier le Taciturne. Les cinq provinces dans lesquelles Guillaume III fut stathouder, Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre et Overijssel suspendirent toutes le poste de stathouder après sa mort. Ainsi, il fut le dernier descendant patrilinéaire de Guillaume Ier à être nommé stathouder de la majorité des provinces. Dans le testament de Guillaume III, Jean Guillaume Friso d'Orange hérita de la principauté d'Orange et de diverses seigneuries des Pays-Bas. Il était un parent patrilinéaire de Guillaume III et le fils de sa tante Albertine-Agnès de Nassau. Cependant, le roi Frédéric Ier de Prusse réclama également la principauté car sa mère, Louise-Henriette d'Orange, était la sœur aînée d'Albertine-Agnès. Selon les termes du traité d'Utrecht de 1713, Frédéric-Guillaume Ier de Prusse cédait la principauté d'Orange au roi de France, Louis XIV mais il conservait le titre dans son nom complet. Le fils de Friso, Guillaume IV partagea le titre de prince d'Orange, qui avait accumulé un grand prestige dans les Pays-Bas et dans tout le monde protestant, avec Frédéric-Guillaume d'après le traité de partition de 1732.

Héritage

Une bannière moderne de l'Ordre d'Orange.
La principale réussite de Guillaume III fut de contenir la France lorsqu'elle était en position d'imposer sa volonté à la plus grande partie de l'Europe. Durant sa vie, il s'opposa à Louis XIV de France et cet effort continua après sa mort durant la guerre de succession d'Espagne. Une autre conséquence importante de son règne fut de mettre un terme au conflit larvé entre la Couronne et le Parlement qui existait depuis l'accession au pouvoir du premier monarque de la Maison Stuart, Jacques Ier en 1603. La lutte sur la répartition des pouvoirs avait entraîné une guerre civile durant les années 1640 et la Glorieuse Révolution de 1688. Sous le règne de Guillaume III, le conflit fut résolu en faveur du Parlement par la Déclaration des droits Bill of Rights en 1689, le Triennal Act, qui limitait le mandat du parlement à trois ans en 1694 et l'Acte d'établissement en 1701.
L'ordre d'Orange moderne est nommé d'après Guillaume III et célèbre chaque année sa victoire lors de la bataille de la Boyne en organisant des parades en Irlande du Nord et dans certaines régions d'Écosse le 12 juillet. Guillaume III, ou King Billy comme il est parfois appelé en Irlande du Nord, apparaît fréquemment sur les peintures murales loyalistes où il est traditionnellement représenté sur un cheval blanc.
Peinture murale de Belfast représentant Guillaume III sur son cheval blanc
Guillaume III délivra une charte royale pour le College of William and Mary dans l'actuelle ville de Williamsburg en Virginie en 1693. Nassau, la capitale des Bahamas est appelée d'après Fort Nassau qui fut renommé en son honneur en 1695. De même, le comté de Nassau à Long Island est également nommé d'après Guillaume d'Orange et Long Island était appelée Nassau au moment de la colonisation hollandaise.
La ville de New York fut brièvement renommée New Orange en 1673 après la reprise de la ville par les Hollandais. Son nom fut donné au fort et au centre administratif de la ville en deux occasions séparées reflétant son appartenance : Fort Willem Hendricks en 1673 puis Fort William en 1691 lorsque les Anglais chassèrent les colons qui s'étaient emparés de la ville et du fort.

Guillaume III a été joué à l'écran par :

Bernard Lee dans le film The Black Tulip 1937, basé sur la nouvelle d'Alexandre Dumas, père
Henry Daniell dans le film Captain Kidd 1945
Olaf Hytten dans le film À l'abordage 1952
Laurence Olivier dans la série Pierre le Grand 1986
Thom Hoffman dans le film Orlando 1992, basé sur la nouvelle de Virginia Woolf
Corin Redgrave dans le film England, My England 1995, sur l'histoire du compositeur Henry Purcell
Bernard Hill dans le film The League of Gentlemen's Apocalypse 2003

Titres et armoiries

14 novembre 1650 - 9 juillet 1672: Son Altesse le prince d'Orange et comte de Nassau141
9 - 16 juillet 1672: Son Altesse le prince d'Orange, stathouder de Hollande
16 juillet 1672 - 26 avril 1674: Son Altesse le prince d'Orange, stathouder de Hollande et de Zélande
26 avril 1674 - 8 mars 1702: Son Altesse le prince d'Orange, stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gueldre et d'Overijssel
13 février 1689 - 8 mars 1702: Sa Majesté le roi
En 1674, Guillaume reçut le titre complet de Willem III, par la Grâce de Dieu prince d'Orange, comte de Nassau, etc., stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, etc., capitaine-général et amiral-général des Provinces-Unies. Après son accession au trône d'Angleterre en 1689, Guillaume III et Marie II utilisèrent les titres de « roi et reine d'Angleterre, d'Écosse, de France et d'Irlande, défenseurs de la foi, etc. Les revendications sur le trône de France n'étaient que symboliques et étaient invoquées par tous les rois d'Angleterre depuis Édouard III, peu importe la quantité de territoires français contrôlés.
Les armoiries utilisées par le roi et la reine étaient : Écartelé, 1 et 4, trois fleurs de lys or sur fond azur qui est France et trois lions en pal or qui est Angleterre, au 2, d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même qui est Écosse, au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent qui est Irlande ; sur le tout d'azur semé de billettes d'or, un lion du second brochant, armé et lampassé de gueules qui est Nassau. Sur ses dernières armoiries, Guillaume utilisait la devise Je Maintiendrai représentant la Maison d'Orange-Nassau.



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Posté le : 07/03/2015 17:28
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Jean-Baptiste Bernadotte
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Le 8 mars 1844 à Stockholm meurt Jean-Baptiste Bernadotte

de son nom complet Jean-Baptiste-Jules Bernadotte, Prince de Ponte-Corvo, roi de Suède, Maréchal d'Empire 1763-1844, né le 26 janvier 1763 à Pau, il passa en l’espace de trente-huit ans d’un rang de soldat du roi de France aux titres de roi de Suède et de Norvège sous les noms de Charles XIV Jean en suédois, Karl XIV Johan et de Charles III Jean en norvégien, Karl III Johan après avoir été général sous la Convention, ambassadeur puis ministre durant le Directoire, maréchal d’Empire et prince de l’Empire.
JB Bernadotte est roi de Suède du 5 février 1818 au 8 mars 1844, soit pendant 26 ans, 1 mois et 3 jours, il est Couronné le 11 mai 1818 à Stockholm, son prédécesseur est Charles XIII, son Successeur Oscar Ier, roi de Norvège sous le nom de Karl III Johan
Il appartient à la dynastie de laMaison Bernadotte, son nom de naissance est Jean Baptiste Bernadotte. Sa sépulture se trouve à l'Église de Riddarholmen Stockholm
sa nationalité est française-suédoise-norvégienne, son père est Henri Bernadotte, sa mère Jeanne de Saint-Jean, son épouse est Désirée Clary, leur enfant : Oscar Ier
Joseph Nicolas Jouy 1809–1880. Leur religion Catholique puis Luthéranisme suédois. Ils résident au Palais royal de Stockholm
Il fait allégeance au Royaume de France, à la république française, à l'Empire français, au royaume de Suède, son Grade Maréchal d'Empire : 19 mai 1804
ses années de service à l'armée française de 1780 – 1810. Il participe aux Conflits, Guerres révolutionnaires, Guerres napoléoniennes, il assume le Commandement Gouverneur de Hanovre. Ses faits d'armes sont : Blocus de Mayence, Bataille d'Ulm, Bataille d'Austerlitz, Bataille de Wagram, Bataille de Gross Beeren, Bataille de Dennewitz, Bataille de Leipzig.
Ses hommages : Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 3e colonne
Il sera également, Ministre français de la Guerre, Conseiller d'État.

En Bref

Fils d'un magistrat de Pau, engagé à dix-sept ans, sergent-major en 1788 et connu alors sous le sobriquet de « Belle Jambe », Bernadotte prend ses grades dans les armées de la Révolution, devient le lieutenant de Jourdan à l'armée de Sambre-et-Meuse puis de Bonaparte à l'armée d'Italie. Ambassadeur à Vienne pendant deux mois en 1798, il y rencontre Beethoven et lui conseille de consacrer une symphonie à Bonaparte. Ministre de la Guerre en 1799, il refuse de participer au 18-Brumaire. Bonaparte le ménage, car Bernadotte a épousé Désirée Clary, ancienne fiancée du Premier consul, et se trouve ainsi le beau-frère de Joseph Bonaparte ; il est presque membre de la « famille » — ce qui ne l'empêche pas de multiplier les intrigues, quitte à désavouer ses affidés dès que les choses tournent mal.
Les principaux exploits militaires de Bernadotte dans les années glorieuses sont les suivants : en 1805, il ne sert que peu à Austerlitz ; en 1806, il reste inactif à quelques kilomètres d'Auerstaedt où Davout, qui l'avait en vain appelé à l'aide remporte seul la victoire ; en 1807, il ne rejoint le gros de l'armée que quarante-huit heures après Eylau, malgré les ordres exprès de Napoléon ; en 1809, il commande à Wagram le corps des Saxons qui se débandent, puis leur attribue tout le mérite de la victoire dans un ordre du jour ronflant. Cette fois Napoléon le casse de son commandement.
Il noue encore quelques intrigues, qui tournent mal, avec Fouché pendant l'été de 1809. Et puis l'inlassable activité du prince de Ponte-Corvo, prince à titre civil, car Napoléon n'a pu ni voulu lui donner aucun duché à titre militaire pour célébrer ses faits d'armes va trouver enfin un champ à sa mesure : il avait pris soin de ménager ses adversaires suédois dans la campagne de 1806-1807 en Poméranie ; en 1810, il réussit à se faire élire prince héréditaire de Suède avec promesse de succession au trône, et extorque non sans mal le consentement de Napoléon méfiant, en lui jurant une loyauté indéfectible. Dès 1812, il s'allie avec le tsar ; en 1813, il commande avec succès une des armées alliées en Allemagne ; en 1814, il commande l'armée d'invasion contre la Belgique. À l'annonce de la chute de Paris, il y accourt dans l'espoir de succéder à Napoléon sur le trône de France, grâce à l'appui du tsar ; mais la trahison est trop fraîche pour que la candidature soit viable.
Bernadotte va se consoler en arrachant la Norvège au Danemark, malgré l'opposition unanime de la population norvégienne. En 1818, de prince héréditaire il devient roi sous le nom de Charles XIV et se montre à tout le moins un aussi bon roi que tous les monarques nés sur le trône, à la satisfaction et à l'estime de ses sujets. Quand il mourra, chargé d'ans et de respectabilité, on découvrira sur sa poitrine un tatouage : Mort aux rois ! — et on comprendra enfin pourquoi le roi de Suède refusait toujours démocratiquement, avec autant de simplicité que de modestie, de se laisser déshabiller par ses valets de chambre.

Sa vie

Le 20 février 1754, Henri Bernadotte, procureur palois, épouse Jeanne de Saint-Jean, originaire de Boeil, Boeil-Bezing et nièce de l'abbé laïc de Sireix. Le 26 janvier 1763, naît à Pau leur cinquième enfant, Jean-Baptiste. Celui-ci doit suivre la voie ouverte par son père, et donc étudier le droit. Cependant, il trouve ces études ennuyeuses.
Après la mort de son père en 1780, Jean-Baptiste s'engage dans le régiment Royal-La Marine. Jeune sergent affecté à la garnison de Grenoble, Jean-Baptiste est sauvé de la mort par le botaniste Dominique Villars lors de la Journée des Tuiles du 7 juin 17882.
Lorsque la Révolution française éclate, il a le grade de sergent. Après s'être distingué aux armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse, il est promu, grâce à Jean-Baptiste Kléber, général de brigade après la bataille de Fleurus en juin 1794. Deux mois plus tard, il est général de division.
Le 17 avril 1794, commandant de la 71e demi-brigade cantonnée à Prémont, Aisne, sa demi-brigade est totalement détruite par une charge des Autrichiens, il ne doit son salut qu'à la vitesse de son cheval. À cette époque, il est sous les ordres du général Goguet, qui avait son quartier général à Bohain dans l'Aisne.

La Campagne d'Italie

Il est chargé en 1797 de conduire en Italie 20 000 hommes de l'armée de Sambre-et-Meuse, et malgré des sentiments mitigés et des rapports difficiles, il est lui-même impressionné par le général Bonaparte.
En 1798, Bernadotte est envoyé à Vienne, en qualité d'ambassadeur. Il y rencontre Beethoven, et y provoque une émeute pour avoir arboré le drapeau tricolore sur la façade de l'ambassade française. Il quitte alors la capitale autrichienne deux mois seulement après son arrivée. La même année, il épouse Désirée Clary, la première fiancée de Napoléon, et devient ainsi le beau-frère de Joseph Bonaparte. L'année suivante va naître Oscar son unique enfant.

Ministre de la Guerre

Chargé du commandement de l'armée d'observation, en 1799, il reçoit l'ordre de passer le Rhin pour bloquer Philippsburg; mais les revers des Français en Italie et en Allemagne les forcent à renoncer à ce projet.
Nommé alors ministre de la guerre du 3 juillet au 14 septembre 1799, il cherche à ranimer le zèle des armées françaises par des mesures vigoureuses, et réorganise en deux mois 2 juillet-11 septembre 1799 les services qui étaient dans un état déplorable. Présenté comme proche des Jacobins, Il est écarté par une intrigue de Sieyès.
Il refuse de participer au coup d'État du 18 brumaire, mais est cependant ménagé par Bonaparte. En effet, il entre au Conseil d'État, et reçoit le commandement de l'armée de l'Ouest. Il est basé à Rennes.
Il est compromis par la conspiration des libelles, dite aussi des pots de beurre montée par le général Simon.

L’Empire

En 1804, Bernadotte se rallie à Napoléon devenu Empereur. Il est nommé gouverneur à Hanovre, et reçoit le bâton de maréchal. En 1805, il combat à Austerlitz. En 1806, le 5 juin, Bernadotte devient prince de Pontecorvo. Cette même année, il ne participe ni à la bataille d'Iéna, ni à celle d'Auerstaedt.
Mais lors de la Grande poursuite, il défait les Prussiens à Halle, et enfin à Lübeck avec Murat et Soult. Bernadotte a en cette occasion, les plus grands égards pour des prisonniers suédois par pure courtoisie. Ces derniers ne l'oublieront pas.
Puis, marchant sur la Pologne, il passe la Vistule, occupe Elbing, Braunsberg, et défait les Russes le 27 janvier 1807 lors de la bataille de Mohrungen.
Il ne participe pas à la bataille d'Eylau le 8 février 1807.
Le 5 juin 1807 à Spanden, Bernadotte est blessé par une balle qui l'atteint au cou. Cette blessure l'empêche de prendre part à la bataille de Friedland le 14 juin 1807. Il est nommé après sa guérison gouverneur des villes hanséatiques, et part pour Hambourg.
En 1809 à Wagram, son corps d'armée composé de Saxons est décimé, et Napoléon, mécontent, lui retire son commandement, et le renvoie à Paris.
Fouché lui obtient l'armée de l'Escaut à la fin de juillet 1809. Il repousse les Britanniques débarqués à Walcheren juillet 1809. Malgré ce succès, il se voit encore une fois privé de son commandement : l'Empereur lui enlève l'armée de l'Escaut dès septembre.

Prince de Suède

Armoiries de Jean-Baptiste, prince héritier de Suède et de Norvège, en qualité de membre de l'Ordre des Séraphins.
En 1810, alors qu'il se trouve à Paris en semi-disgrâce, le parti pro-français suédois lui propose d'être candidat lors de l'élection du nouveau prince héritier, avec l'idée de récupérer avec l'appui de Napoléon la Finlande que la Russie a annexée en 1809. Grâce à Jean Antoine Fournier, un Grenoblois ayant vécu 18 ans en Suède, qui y retourne se faisant passer pour l'envoyé de Napoléon, et y mène une propagande active et habile, Bernadotte est élu à la surprise générale. L'élection s'est tenue à Orebro ville du centre de la Suède, afin d'éviter des troubles possibles à Stockholm. Il part avec l'assentiment de Napoléon qui accepte ce choix, espérant tenir ainsi un allié solide au nord de l'Europe. Il débarque à Helsingborg le 20 octobre 1810, et le 31 suivant, il est présenté aux États ; le 5 novembre 1810, adopté par le roi Charles XIII, il prend le nom de Charles-Jean. Il consent d'abord à seconder la politique de l'Empereur et participe au blocus continental. En fait, dès 1811, à cause de la sénilité de son père adoptif, il dirige les affaires du royaume.
Sa politique veut qu'il renonce à la Finlande pour être en paix avec les Russes. Il espère néanmoins récupérer la Norvège, danoise depuis trois siècles, avec l'accord de l'Empereur. Devant le refus de ce dernier qui lui propose par la suite de l'accompagner pour attaquer la Russie, Charles-Jean rompt avec Napoléon qui vient d'envahir la Poméranie suédoise, et se rapproche du tsar Alexandre Ier.
Il participe en 1813 à la coalition contre la France, et prend le commandement de l'armée alliée du nord de l'Allemagne. Il défait Oudinot à Gross-Beeren, 23 août 1813, Ney à Dennevitz, 6 septembre 1813, et prend part à la bataille de Leipzig 16-19 octobre 1813. Puis il descend l'Elbe, s'empare de Lübeck et se dirige vers le Holstein, et menaçant le Danemark, obtient lors du traité de Kiel, le 14 janvier 1814, que la Norvège soit cédée à la Suède.
Il répugne à l'idée d'entrer en France en ennemi, et souhaite que son ancien pays conserve sa frontière sur le Rhin. L’intransigeance de Napoléon rendra impossible ce désir.
Il avait caressé l'espoir de remplacer Napoléon, perspective à laquelle le tsar Alexandre Ier n'eût pas été hostile. Cette solution, envisagée, n'eut pas de suite, et les Bourbons furent restaurés sur le trône de France.
Après un bref séjour à Paris, il revint en Suède, où il est reçu avec enthousiasme. Il marche sur la Norvège dans laquelle des troubles ont éclaté, et s'en rend maître en 15 jours 1814.
En 1815, suite au retour de Napoléon pour les Cent-Jours, la Suède n’est pas tenue de combattre. Elle s'engage désormais dans une neutralité désirée par le prince héritier.

Roi de Suède et Norvège

Le 5 février 1818, l'ex-maréchal Bernadotte devient roi des royaumes unis de Suède et de Norvège sous le nom de Karl XIV Johan, Charles XIV Jean de Suède. Il fait prospérer ses États, développant l'instruction publique, l'agriculture, l'industrie et le commerce.
La légende veut que cet ancien soldat de la République ait porté un tatouage disant Mort aux rois ! ou Mort aux tyrans ! selon les témoignages.
Il avait comme devise : "Que l’amour du peuple soit ma récompense". Il était franc-maçon. Il décède le 8 mars 1844, et est inhumé dans la crypte de l’église de Riddarholmen, dans laquelle reposent les rois suédois. Son fils Oscar lui succède. Depuis, les Bernadotte règnent toujours sur la Suède, le roi actuel Charles XVI Gustave est le septième de la dynastie.

Recherche

Une grande enquête est en cours dans les archives Bernadotte de Stockholm. Elle a été lancée en 2003 par le laboratoire Framespa de l’université Toulouse II-Le Mirail. Les documents sont conservés au palais royal de Stockholm Kungliga Slottet où ils sont consultables après l’obtention d'une autorisation signée par le roi. Ces archives sont totalement en français car Bernadotte, malgré ses efforts, n'a jamais maîtrisé le suédois et fit systématiquement traduire tous les documents de son administration en français. Le coordinateur de cette enquête, Jean-Marc Olivier, en dresse les premiers résultats dans les numéros 2, 5 et 6/7 de la Revue d'histoire nordique. Une quinzaine de mémoires de master ont déjà été soutenus devant cette université sur Bernadotte devenu Charles XIV Jean. Ils sont conservés dans la bibliothèque de l'UFR Histoire, arts et archéologie.

Grades militaires et distinctions

Statue équestre de Bernadotte à Stockholm réalisée par Bengt Erland Fogelberg.
16 juin 1785 : caporal ;
21 juin 1786 : fourrier ;
11 mai 1788 : sergent-major ;
7 février 1790 : adjudant ;
6 novembre 1791 : adjudant-major ;
30 novembre 1792 : lieutenant ;
13 février 1794 : chef de bataillon ;
4 avril 1794 : chef de brigade ;
29 juin 1794 : général de brigade ;
22 octobre 1794 : général de division ;
19 mai 1804 : maréchal d’Empire ;

Décorations

Portrait, par Johann Jacob de Lose 1755-1813, 1805.
Empire français
Légion d'honneur :
Chef de la 8e cohorte de la Légion d'honneur,
Grand aigle de la Légion d'honneur 13 pluviôse de l'an XIII ;
Royaume d’Italie 1805-1814
Grand dignitaire de l’ordre de la Couronne de fer ;
Électorat de Bavière
Chevalier de l'Ordre de Saint-Hubert vers 1805 ;
Royaume de Prusse
Chevalier de l'Ordre de l'Aigle noir vers 1805 ;
Chevalier de l'Ordre de l'Aigle rouge vers 1805 ;
Royaume de Saxe
Grand'croix de l’ordre militaire de Saint-Henri vers 1809 ;
Royaume de Suède
Grand maître de l'Ordre du Séraphin ;
Grand maître de l'Ordre de l'Épée ;
Grand maître de l'Ordre royal de l’Étoile polaire ;
Grand maître de l'Ordre de Vasa ;
Grand maître de l'Ordre de Charles XIII ;
Royaume de Danemark
Chevalier de l'Ordre de l'Éléphant ;
Royaume d'Espagne
Chevalier de la Toison d'or 1822, brevet no 909.
Liens





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Posté le : 07/03/2015 16:17
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Marie Joséphine Albine Chotek de Chotkowa et Wogni
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Le 1er mars 1868, naît Sophie, Marie Joséphine Albine Chotek de

Chotkowa et Wognin

à Stuttgart Royaume de Wurtemberg, demoiselle d’honneur à la Cour d’Autriche, avant de devenir l’épouse morganatique de l’archiduc François-Ferdinand héritier du trône de l’empire austro-hongrois.
Elle meurt, à 46 ans, à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine, Autriche-Hongrie lors de l’attentat du 28 juin 1914, dirigé contre son époux, attentat qui déclencha la Première Guerre mondiale.Ils eurent 4 Enfants : Sophie de Hohenberg en 1901-199O, Maximilien de Hohenberg en 1902-1962, Ernest de Hohenberg en 1904-1954 et un fils mort né en 1908.

Sa vie

La comtesse Sophie, Marie, Joséphine, Albina Chotek de Chotkowa et Wognin est née le 1er mars 1868 à Stuttgart dans le Wurtemberg. Elle est la quatrième fille du comte Bohuslaw Chotek von Chotkow cz et de la comtesse Wilhelmine Kinsky de Wchnitz et Tettau, surnommée Minzie et est la cinquième d'une fratrie de sept enfants, dont six filles1. Les Chotek sont nobles depuis le xive siècle mais sans rang dynastique, bien que Sophie soit la descendante d'Elisabeth, sœur du Roi Rodolph Ier d'Allemagne, également ancêtre de François Ferdinand. Ils sont élevés à la dignité comtale en 1723.
Sophie Chotek est fille d'un diplomate tchèque de petite fortune qui est amenée à voyager beaucoup, de Bruxelles à Vienne en passant par Saint-Pétersbourg et Stuttgart où elle voit le jour. Elle reçoit une éducation raffinée, délivrée par un précepteur. Après la mort de sa mère elle s'occupe de la gestion de la maison, acquiert un sens aigu de la domesticité et de l'économie. Son père meurt peu après en 1896 la laissant orpheline avec ses six frères et sœurs. Des parents s’occupèrent d’eux.
Sa sœur aînée, la comtesse Zdenka entre par la suite comme demoiselle d’honneur chez l’archiduchesse Isabelle, née princesse de Croÿ et épouse de l’archiduc Frédéric. Mais la piété ardente de Zdenka et la ferveur de sa foi l’entrainent à prendre le voile. Elle entre en religion et finit par devenir mère supérieure d’un couvent du Sacré-Cœur, où sont élevée les filles des nobles familles autrichiennes.
Elle obtient avant son départ d’être remplacée dans sa charge auprès de l’archiduchesse par sa sœur cadette Sophie. Celle-ci devient alors dame d'honneur de l'archiduchesse 1 jusqu'à l'âge de trente ans, âge auquel elle est encore célibataire.
L’archiduchesse Isabelle avait six filles, et invita en sa demeure de Presbourg, où demeurait alors l’archiduc Frédéric, un séduisant parti, l’archiduc François-Ferdinand, pour sa fille ainée Marie-Christine, âgée de dix-huit ans.
Il y vint en 1896, certaines sources disent 1894 ou 1897. Sophie rencontre alors François-Ferdinand, fils de l’archiduc Charles-Louis, frère de l’empereur François-Joseph et de la princesse Marie Annunziata de Bourbon-Deux-Siciles, âgé de 33 ans. Elle a alors 28 ans. C’est également l’héritier du trône depuis la mort tragique de son cousin germain Rodolphe à Mayerling, bien qu’il soit encore atteint d’une maladie pulmonaire s’apparentant à la tuberculose.
Ils se trouvent notamment en commun une fervente piété4 catholique et d’avoir tous les deux vécu à Prague. Ils mènent une relation secrète jusqu'en 1899. Sur l'entremise de la comtesse Clementine von Lützow, une dame d'honneur de l'impératrice Elisabeth, François-Ferdinand et Sophie Chotek passent quelques jours à l’abri des regards dans la station thermale de Neuenahr en 1898. C’est Sophie qui l’aurait convaincu de se soigner sérieusement. L’archiduc François-Ferdinand et la comtesse Sophie vivent une idylle secrète de deux ans.

Difficultés et rebondissements de l’union de Sophie et François-Ferdinand

Les nombreuses visites de François-Ferdinand flattent l'archiduchesse Isabelle, qui ambitionne toujours de faire épouser l'une de ses 7 filles à l'héritier du trône. L'idylle du jeune couple fut révélée au grand jour quand l'archiduchesse voulut regarder dans la montre à gousset oubliée par son prestigieux visiteur laquelle de ses filles s'y trouvait en photographie : elle y trouva celle de sa dame d'honneur. Scandalisée et choquée par ce qu’elle considère comme une relation inégale, l’archiduchesse devient alors l’ennemie jurée du jeune couple et tente par tous les moyens de rendre impossible leur union. À cette époque, la Cour impériale a déjà été ébranlée par la mort de l’archiduc héritier Rodolphe en 1889. Sophie Chotek qui a 30 ans est démise de ses fonctions auprès de l’archiduchesse Isabelle et l’affaire crée un véritable scandale à la Cour. Quand elle apprend le scandale provoqué par la nouvelle du mariage elle part se réfugier à Dresde chez son frère et sa sœur.
L’empereur François-Joseph lui demande d’y réfléchir quelques mois et l’archiduc accepte. Le délai dépassé, François-Ferdinand sûr de ses sentiments pour Sophie, tient tête à l’empereur François Joseph. Celui-ci se retrouve face à un choix cornélien : accepter le mariage de son neveu avec une jeune femme noble mais n’appartenant pas à une famille royale ou princière ou l’écarter du trône au profit de son plus jeune frère l’archiduc Otto, père du futur empereur Charles connu pour mener une vie parsemée de scandales et de débauche.
En 1899 l’empereur cède en partie en acceptant le mariage morganatique de son neveu : François-Ferdinand resterait son successeur mais il prive sa future descendance de la succession au trône d’Autriche et ne confère pas de titre d’archiduchesse à la comtesse Sophie. En aucun cas Sophie ne pourrait jouir des privilèges d'un membre de la famille impériale. Elle aurait pourtant pu être sacrée princesse de Hongrie car le rang de princesse de naissance n’y est pas nécessaire pour être couronnée, mais le pacte de succession stipule qu’un membre de la famille Habsbourg ne peut être roi de Hongrie s’il n’est pas de plein droit héritier d’Autriche. En revanche, François-Ferdinand conserve son rang. Cette décision est en contradiction avec le principe de la dynastie des Habsbourg qui veut que le fils succède au père.
Le 28 juin 1900, François-Ferdinand est obligé de prêter serment à Hofburg, résidence d'hiver des Habsbourg à Vienne, devant les archiducs, les ministres, le cardinal et les dignitaires de la cour, déclarant publiquement que son mariage avec Sophie Chotek sera une union morganatique. Il s’agit du premier mariage morganatique dans la famille des Habsbourg et son caractère est reconnu par une loi du 24 juin 1900. Ils se marient le 1er juillet 1900 à Reichstadt aujourd'hui Zakupy en Bohême. Seuls quelques membres de la famille impériale sont présents, comme l'archiduchesse Marie-Thérèse —qui avait appuyé la décision de François-Joseph auprès de l’empereur— et ses deux filles. Les journalistes de l'époque décrivent une femme aux grands yeux sombres, à la belle chevelure aux reflets bleutés à force d'être noire, avec un sourire ravissant dévoilant une jolie fossette, portant une robe de satin blanc, une couronne de myrthe et d'oranger, avec un diadème en diamants offert par l'archiduc . Leur lune de miel se déroula dans le château de Konopischt.

Sa vie à la Cour

Le couple eut pour enfants :
-la princesse Sophie de Hohenberg né à Konopischt 1901-1990
-le prince Maximilien de Hohenberg né au château du Belvédère 1902-1962 qui fut titré duc de Hohenberg en 1917 avec droit de transmission au chef de la maison Hohenberg
-le prince Ernest de Hohenberg 1904-1954
-un fils mort-né en 1908
Leur mariage régulier selon le droit civil et le droit canonique de l'Église catholique mais de rang inégal, écarte alors de facto les fils qu'il eut avec Sophie Chotek de la succession : ces fils ne furent donc pas archiducs.
Elle mène une vie de famille épanouie auprès de son époux et de leurs enfants dont elle s’occupe particulièrement. Ils vivent retirés en Bohème dans la propriété de Konopischt de l’archiduc ou à Vienne dans leur Palais du Belvédère, reclus des fêtes de la cour. L’amour romanesque des époux semble perdurer pour tous les observateurs, comme le laissent présumer les six photos de Sophie présentes sur le bureau de François-Ferdinand selon le témoignage de Jean Pozzi. Elle entretient de très bonnes relations avec sa belle-mère l’archiduchesse Marie-Thérèse du Portugal et avec Stéphanie de Belgique qui fut l'épouse de l'archiduc Rodolphe et qui après son remariage l’invite régulièrement pour des chasses dans son château à Oroszvar. En revanche ses relations avec la Cour sont très tendues, et cette dernière n'épargne pas à Sophie de Hohenberg les mesures vexatoires, la surnommant même la domestique. Elle voit ainsi passer devant elle dans l’ordre protocolaire toutes les archiduchesses et ce alors que son époux est l’héritier de l’empire. La place d’impératrice à la Cour pour les fêtes et les solennités est alors occupée par Marie-Josèphe la femme de l’archiduc Otto. Le couple n'a pas non plus le droit au cortège officiel et à un encadrement par l'armée. Ils ne bénéficient pas de la protection normale notamment durant leur voyage en juin 1914 à Sarajevo. Sa situation à la cour impériale est humiliante. Le précepteur impérial, le Prince de Montenuevo, s'attache à respecter le protocole de la cour aux dépens de Sophie et ses enfants. Les problèmes de protocoles empêchent beaucoup de cours royales du reste de l'Europe d'accueillir le couple malgré la position d'héritier de François-Ferdinand. Une des exceptions est Guillaume II, le premier souverain étranger qui avait consenti à officiellement recevoir l’épouse de François-Ferdinand à sa Cour. De même, le couple rencontra au château de Windsor entre le 17 et le 21 novembre 1913 le roi George V et la Reine Mary. D'autre part, il ne lui était pas possible d'assister à un spectacle à côté de son mari qui, lui, se devait d'être présent dans la loge impériale4. De même lors d'une cérémonie religieuse et de toute manifestation publique en présence de membres de la famille impériale.
Néanmoins Sophie Chotek fut titrée, l'année de son mariage, par l'empereur, Princesse de Honenberg Fürstin — avec droit de transmission à sa descendance. Par ailleurs sa situation à la cour tendait à lentement s’améliorer. En effet, l'empereur témoigna plus tard son estime à Sophie en lui octroyant le titre de Duchesse 1909 et le prédicat d'Altesse Sérénissime. Son petit-neveu Charles de Habsbourg devint donc dès sa naissance en 1887, l'héritier légitime de l'empire. En 1913, elle est placée par le protocole avant les archiduchesses non mariées. Certains observateurs considéraient d’ailleurs, que les rapprochements de François-Ferdinand avec le Vatican avaient pour but d’annuler l’engagement de l’archiduc vis-à-vis du statut morganatique de son union une fois l’empereur décédé. Conscient qu’ils ne pourront être inhumés ensemble dans la crypte des Capucins de Vienne, l’archiduc François-Ferdinand décide de créer une chapelle au château d'Artstetten qui lui a été offert par son père.

L'assassinat du 28 juin 1914

L'archiduc et son épouse furent assassinés à Sarajevo le 28 juin 1914, par l’étudiant serbe Gavrilo Princip. Cet attentat déclencha la Première Guerre mondiale qui provoqua la fin de l'Empire austro-hongrois et la chute de la Maison de Habsbourg-Lorraine. En raison de la présence de son épouse, qui n'était pas archiduchesse, le service de sécurité autour de l'archiduc-héritier avait été restreint. Les autorités autrichiennes choisirent le 28 juin 1914, jour de Vidovan, une fête religieuse importante chez les Serbes orthodoxes, qui célèbre la Saint-Guy, comme date de la visite de l’archiduc. Cette date correspond également au quatorzième anniversaire du serment de renoncement au trône pour sa descendance de François-Ferdinand. Le 28 juin, François-Ferdinand profita donc de cette visite pour apparaître publiquement avec son épouse, ce qui eut des conséquences dramatiques alors que Sophie Chotek vivait une vie retirée à Vienne. L’héritier, inspecteur général des armées, vint observer sur le terrain les dernières manœuvres de l’armée en Bosnie-Herzégovine. Son voyage allait se terminer, les manœuvres des 15e et 16e corps d’armées avait pris fin la veille à Illisze, il quitta la ville dans la matinée pour se rendre à Sarajevo, la capitale où des fêtes étaient préparées en son honneur.
Lors du trajet les conduisant au lieu de la réception officielle d’accueil, un premier attentat survient, faisant plusieurs blessés. Après avoir visité l’hôtel de ville pendant une demi-heure, l’archiduc décide d’aller à leur chevet à l’hôpital malgré les dénégations initiales de son entourage. Il fut proposé à la duchesse de ne pas l’accompagner en raison du danger mais Sophie de Hohenberg refusa de laisser seul son époux. Au moment où l’auto princière arrivait à l’angle de l’avenue François-Joseph et de la rue Rudolph, François-Ferdinand et Sophie se retrouvent sous les balles de l’étudiant serbe Gavrilo Princip. L’archiduc est touché à la nuque et perd rapidement beaucoup de sang. La duchesse est touchée à l’abdomen et tombe inconsciente sur les genoux de son époux. Bien que mourant, l’archiduc parviendra encore à prononcer ces derniers mots Sophie chérie ! Ne meurs pas ! Reste en vie pour les enfants ! L’automobile se rendit alors au Konak, où deux médecins prodiguèrent aux blessés des soins qui furent bientôt reconnus vains. L’archiduc François-Ferdinand et la duchesse Sophie succombent à leurs blessures à la résidence du gouverneur. Ils avaient respectivement 50 ans et 46 ans.
Mariés depuis 14 ans, ils laissaient trois orphelins de 12, 11 et 10 ans qui seront pris en charge par l’archiduchesse Marie-Thérèse du Portugal, veuve de leur grand-père paternel. L’empereur François-Joseph aurait pleuré lorsque l’adjudant général Paar lui appris la tragique nouvelle alors qu’il était en retraite de convalescence dans sa demeure d’Ischl, se désespérant de la destinée malheureuses des membres de sa famille. Il se serait exclamé : " Oh ! C’est affreux, affreux ! Rien sur cette terre ne m’aura été épargné !" Les funérailles eurent lieu à Vienne en présence de la famille impériale avant que les dépouilles ne soient transférées conformément à leurs dernières volontés au château de Artstetten. Ce château abrite aujourd’hui un musée consacré à leur souvenir.

Après l'attentat, l'aîné de son frère Otto de Habsbourg-Lorraine, l'empereur Charles, devient l'héritier du trône. Le 28 juillet 1914, l'empire austro-hongrois déclare une guerre préventive à la Serbie, ce qui mènera à la Première Guerre mondiale.


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Posté le : 28/02/2015 16:06
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Le vase de Soissons
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Le 1er mars 487, aurait eu lieu l'anecdote du " vase de Soissons

Clovis il passe ses troupes en revue et repère dans les rangs l'homme qui l'a défié. Il lui reproche une tenue négligée et d'un geste brutal jette ses armes à terre. Le soldat se baisse pour les ramasser. Clovis, alors, lève sa hache et la lui plante dans la tête. Ainsi as-tu traité le vase de Soissons, aurait-il dit en guise d'oraison funèbre.
Le vase de Soissons est un objet précieux, sujet du récit d'un événement à caractère historique, qui se serait déroulé en 486 après la bataille de Soissons, et rapporté au cours de la deuxième moitié du vie siècle par Grégoire de Tours, près d'un siècle après les faits.
Cependant, il n’y a sans doute pas d’anecdote franque plus célèbre que celle du vase de Soissons et les manuels scolaires de la Troisième République, catholiques aussi bien que laïques, l’ont beaucoup illustrée.

L'anecdote en bref

Après la bataille de Soissons, la ville est pillée et les trésors sont rassemblés pour le grand partage du butin. L'évêque de Reims, Saint Remi, envoie un messager auprès du roi des Francs : il y a parmi le butin un vase sacré qui lui est très précieux et qu'il aimerait récupérer.
La règle des Francs est de tirer au sort la part de chacun parmi le butin. Avant que le tirage ne commence, Clovis demande a ses hommes que le fameux vase lui soit donné en plus de la part que le sort lui reservera. La plupart des guerriers sont d'accord, mais un franc s'avance, lance au visage du roi " Tu n'auras que ta part " "et frappe le vase de sa francisque sa hache.
La tradition veut que le vase fut brisé, alors qu'en réalité il ne fut que cabossé, en effet c'était un vase de metal, pas de porcelaine !
Clovis ravale sa colère et fait donner à l'envoyé de Saint Remi ce qui reste du vase.
Au début de l'année suivante, Clovis passe en revue ses troupes avant de partir à la guerre. Il s'arrête devant l'homme qui a abîmé le vase. Il s'empare de ses armes, les examine et les jete à terre en lui reprochant leur mauvais entretien. Alors que le guerrier se baisse pour les ramasser, Clovis lève sa hache et lui fracasse la tête en disant " Souviens-toi du vase de Soissons!"
Est-elle authentique?
A priori, oui.
Pourquoi est-elle célèbre?
Pas pour illustrer les méfaits de la rancune, mais parce qu'elle est très riche d'enseignements : cette toute petite histoire met en évidence de nombreux détails du fonctionnement de la société des Francs, en particulier elle définit à la perfection le rapport entre le roi et ses guerriers ainsi que de l'état des pouvoirs dans la Gaule d'après la chute de l'empire romain d'occident.
Que nous apprend-elle?
L'anecdote du vase de Soissons nous apprend de nombreuses choses sur les Francs et la Gaule de cette fin de Vième siècle.
Le roi franc et ses guerriers
Les rapports entre le roi et ses guerriers sont régis d'une manière très différente du futur fonctionnement féodal et varient suivant qu'on soit en temps de guerre ou de paix. L'histoire du vase de Soissons en est un excellent descriptif :
Le temps de la paix : La société franque est fondamentalement égalitaire, égalité entre les guerriers, hommes libres et francs ; les femmes, les non-libres et les étrangers ne sont pas concernés par cette égalité. En temps de paix, le roi est un franc comme les autres. Il ne dispose d'aucun droit et d'aucune autorité particulière. Quand commence l'histoire du vase de Soissons, la fin de la bataille vient de clôturer la saison de guerre et on commence la saison de paix par le partage traditionnel du butin. Pour respecter l'égalité des guerriers, chaque part est tirée au sort, y compris celle du roi qui n'est à ce moment qu'un simple guerrier comme les autres. Clovis fait donc par sa demande une entorse à la loi, et le franc qui s'y oppose est tout à fait dans son bon droit. Clovis, qui n'a pas marqué par ailleurs l'histoire comme quelqu'un aimant se faire marcher sur les pieds ne peux qu'endurer l'affront et se taire, même si cet affront le discrédite devant les envoyés de l'évêque Rémi.

La Gaule de Clovis

Selon le chroniqueur Grégoire de Tours 539-594, Clovis, âgé de 20 ans et encore païen, avait pillé diverses églises, notamment à Reims.
L'évêque de la ville, identifié à Remi ou Rémi, le prie de lui restituer un vase remarquable et le jeune roi des Francs, soucieux de lui plaire, le lui promet. C'est ainsi qu'à Soissons, devant le butin rassemblé, il demande à ses soldats la permission d'enfreindre l'usage, qui est de distribuer le butin par tirage au sort, en en restituant un lot. Mais l'un des soldats, envieux et impulsif, s'insurge et frappe de sa francisque le vase qui s'en trouve cabossé. Clovis ravale sa rage et restitue malgré tout le vase à l'évêque.
Descendant d'une illustre famille aristocratique de Gaule, Syagrius était fils d'Ægidius qui possédait des domaines dans le nord de ce pays. À la fin du Ve siècle, il avait regroupé quelques troupes romaines pour contenir la poussée des Francs Saliens. Grégoire de Tours, qui est notre seule source Historia Francorum, II, 27, le nomme le roi des Romains. Ce qu'on appelle le royaume de Syagrius recouvrait, vers 480, les pays entre Loire et Somme et englobait la ville de Soissons, siège du pouvoir. Clovis, lorsqu'il devint chef des Francs en 481, décida de supprimer cette enclave encore romaine ; aidé d'un autre chef franc, Ragnachar, il réussit à battre Syagrius en 486 et le força à s'enfuir dans le royaume wisigoth de Toulouse. C'est à la suite de cette bataille que se situe l'épisode légendaire du vase de Soissons, qui montre que, déjà, Clovis ne voulait pas mécontenter le clergé gallo-romain. Celui-ci exigea du roi wisigoth Alaric II qu'il lui remît Syagrius et le fit tuer en secret (486). Il conserva néanmoins ce qui restait des rouages gouvernementaux modelés sur ceux de l'Empire d'Occident. Soissons devait devenir l'une des résidences favorites des Mérovingiens.
L'Empire Romain d'Occident vient de s'effondrer, submergé par les Grandes Invasions. Romulus Augustule, le dernier empereur d'occident, a été déposé par Odoacre roi des Hérules. Les insignes du pouvoir imperial ont été envoyé par défi à Constantinople ; l'empereur d'orient se considère désormais comme le seul représentant de l'autorité romaine.
En Gaule, l'unité romaine a été remplacée par une mosaïque d'états germaniques. Seul un territoire reste sous contrôle des gallo-romains : la région entre Somme et Loire, gouvernée par Syagrius, fils d'un compagnon d'Aetius.
La Gaule après la chute de l'Empire romain d'occident
L'ambitieux nouveau roi des Francs, Clovis, a des vues sur la Gaule. Sa conquête va commencer par l'invasion du royaume de Syagrius. Les armées s'affrontent près de Soissons. C'est la défaite pour le dernier état gallo-romain libre.

Le temps de la guerre : Quand au début du printemps les guerriers se réunissent à nouveau, on entre dans le temps de la guerre. Le roi devient alors le chef de guerre tout puissant qui a pouvoir de vie et de mort sur chacun de ses guerriers. Dans ce contexte, il a le droit de mettre à mort n'importe quel guerrier, même en punition d'une faute légère, mauvais entretien supposé des armes.
Les conséquences de ce système : Le pouvoir exhorbitant de vie et de mort sur ses sujets pendant le temps de la guerre ne doit pas masquer le gros problème militaire qui se pose au roi franc à cause de ce système : en effet, les guerres se préparent pendant la paix. Or, comme pendant la paix le roi ne peut rien ordonner, l'entrainement et la permanence des troupes sont impossibles à réaliser, ce qui entrave l'efficacité de la machine de guerre franque et empêche le roi d'avoir une politique à long terme. Clovis trouvera un moyen de contourner cette entrave culturelle : par son baptême, il deviendra à travers la religion catholique un souverain de droit divin, ce qui lui fondera une préséance continuelle sur ses guerriers et son peuple.

La Gaule du Vième siècle

L'anecdote du vase de Soissons a pour cadre la Gaule décomposée de l'après empire romain. L'ancienne unité impériale a été anihilée. Peu d'anciens pouvoirs subsistent, de nouveaux apparaissent. Les deux puissances qui dirigeront bientôt la future France amorcent leur rapprochement
Le pouvoir de l'Eglise : L'Eglise catholique, religion officielle de l'Empire romain est la seule institution romaine a avoir survecu à la chute de l'Empire romain d'occident, peut être parce qu'elle était une institution ancrée à la fois en occident et en orient. Pour les populations gallo-romaines, elle est le dernier vestige qui les rattache à la splendeur passée. Persécutée par la plupart des peuples germaniques, chrétiens mais ariens, l'Eglise a un avenir incertain, mais jouit encore d'un grand prestige et a un poids politique important car elle commande aux consciences et donc à la fidélité des populations gallo-romaines. C'est une puissance que Clovis ne peut se permettre de s'aliéner pour mener à bien sa conquête. C'est pourquoi, ne pouvant se permettre de débouter les envoyés de l'évêque Rémi, il ne peut faire autrement que prendre le gros risque de braver les coutumes ancestrales et de provoquer le courroux de ses guerriers. Quand son coup d'audace échoue lamentablement, il ne peut réagir, mais brûle interieurement car la dernière chose qu'il voulait était bien de voir son autorité bafouée devant les hommes de l'Eglise.
Clovis est un interlocuteur respectable : Soyons réaliste, Clovis n'est pas le prototype du preux chevalier : cruel, ambitieux, avide de pouvoir et de richesses, sans scrupules, il n'hésite pas à piller et rançonner les régions qu'il envahit, ni à mettre à mort des membres de sa famille. On ne peut pas dire qu'il se rapproche de l'idéal d'humanisme préché par les évangiles... Cependant, il présente un énorme avantage pour l'Eglise : roi barbare et païen, il ne peut espérer établir son pouvoir sur la Gaule, où la puissance dominante est alors le royaume arien des Wisigoths sans l'aide de l'Eglise, et l'Eglise le sait. L'Eglise sait aussi qu'elle risque de disparaitre sous les persécutions des ariens et que la protection de ce roi non-arien est sa seule chance de survie. Voilà pourquoi des grands noms de l'Eglise de Gaule de l'époque, Sainte Geneviève et Saint Rémi soutiendront ce roi qui n'a rien d'un saint. Voilà pourquoi on ose (avouez que la chose a de quoi surprendre) lui envoyer un messager pour récupérer gracieusement un vase dont le barbare vient juste de s'emparer par la force! Bien avant le mariage avec la pieuse Clotilde, le roi franc et l'Eglise de Gaule entretiennent déjà des rapports privilégiés;
Bientôt ces deux pouvoirs s'uniront avec le baptême de Clovis, puis le couronnement de Charlemagne et initieront le mariage du pouvoir national franc et de l'Eglise catholique qui domineront conjointement tout le Moyen Age et ne divorceront vraiment, le premier répudiant le second qu'en 1905 avec la séparation du Clergé et de l'Etat.

L’histoire du vase de Soissons selon Grégoire de Tours

L’anecdote du vase de Soissons nous est contée par Grégoire de Tours au livre II, chapitre 27 de l’Histoire des Francs. Il la situe vers l’an 486, au cours de la guerre livrée par Clovis Ier, roi des Francs saliens au Romain Syagrius et peu de temps après la prise de Soissons sa capitale. En ce temps-là, écrit Grégoire, beaucoup d’églises furent pillées par l’armée de Clovis parce qu’il était encore enfoncé dans les erreurs du fanatisme, quia erat ille adhuc fanaticis erroribus involutus.
C’est ainsi que les soldats enlevèrent d'un édifice religieux situé dans le diocèse de Reims, avec d’autres ornements liturgiques, un vase liturgique, probablement en argent, d’une taille et d’une beauté extraordinaires. L’évêque Remi envoya un émissaire à Clovis pour lui demander qu’à défaut des autres prises il lui restituât au moins cet objet auquel il tenait précieusement. Le roi invita l’homme à le suivre jusqu’à Soissons où devait avoir lieu le partage du butin en l’assurant que dès que le vase lui serait échu, il donnerait satisfaction à l’évêque.
Ainsi as-tu fait au vase à Soissons !
C’est donc à Soissons, la ville qui vient d’être prise et dont Clovis paraît déjà avoir fait sinon sa capitale du moins son camp principal, que se joue la scène centrale. L’armée est rassemblée autour du butin amoncelé. Le roi demande aux "très valeureux guerriers " de lui céder le vase en plus de sa part. Les hommes de bon sens, illi quorum erat mens sanior lui répondent : " Tout ce que nous voyons ici est à toi, glorieux roi, et nous sommes nous-mêmes soumis à ton autorité : nos ipsi tuo sumus dominio subjugati. Agis maintenant comme il te plaira, personne ne peut te résister. " Mais, tout le monde ayant parlé, un soldat — homme léger, envieux et impulsif : levis, invidus ac facilis — à la stupéfaction générale, frappe le vase de sa hache en s’écriant : " Tu ne recevras que ce que le sort t’attribuera vraiment !"
Clovis avala l’affront, nous dit Grégoire, mais " garda sa blessure cachée dans son cœur ". L’évêque récupéra quand même son vase, brisé ou cabossé.
Au bout de l’année, ayant convoqué à nouveau l’armée au Champ de Mars, Clovis, passant ses guerriers en revue, reconnut le soldat insolent. Constatant que sa tenue et ses armes laissaient à désirer, il les lui prit et les jeta à terre. Le soldat se baissa pour les ramasser et Clovis en profita pour lui briser le crâne d’un coup de francisque, disant :
" Ainsi as-tu fait au vase à Soissons !"
La version la plus populaire retenue par les ouvrages scolaires de la IIIe République étant :
" Souviens-toi du vase de Soissons ! "

Historicité et exemplarité

Grégoire de Tours n’a certainement pas inventé l’anecdote du vase, elle devait circuler dans les milieux ecclésiastiques de son temps. Mais il lui applique ses procédés de stylisation habituels pour en faire une histoire édifiante.
D'après Godefroid Kurth, " Il n’y manque que l’élément merveilleux pour le classer dans la catégorie des histoires en l’honneur des saints ". Mais l’historien belge, ne reconnaissant cependant dans ce récit aucun des critères qui lui semblaient signer une origine populaire, accepte son historicité ; il suggérait même que la source originale pourrait être la Vita perdue de saint Remi que Grégoire affirme par ailleurs avoir eue sous les yeux et que le récit pourrait ainsi remonter à un témoin proche et peut-être oculaire de l’évènement.
K. F. Werner souligne, quant à lui, l’analogie curieuse des deux actes - le coup de hache qui brise le vase et le coup de hache qui fracasse la tête du soldat – procédé littéraire qui plaiderait pour une histoire inventée.
Michel Rouche dans sa biographie de Clovis pages 205 à 211 commente "La véritable histoire du vase de Soissons" sans remettre en cause son historicité.
Louis Halphen, dans un article qui fut longtemps un classique, avait déjà remarqué que le châtiment du soldat, intervenant un an après le crime, pouvait être rapproché d’un thème hagiographique qui se rencontre ailleurs dans Grégoire : dans les Miracles de saint Julien, un comte qui a extorqué aux prêtres de Brioude trente pièces d’or pour rançon d’un de leurs serviteurs injustement emprisonné, meurt subitement au bout de l’an ; ailleurs, un voleur qui a emporté les vitres précieuses de l’église d’Yzeures-sur-Creuse, meurt misérablement, lui aussi au bout d’une année. Comme le soldat de Clovis, ces détenteurs injustes de biens d’église paraissent d’abord pouvoir jouir du bien mal acquis, avant de succomber à la vengeance d’un saint lésé lorsqu’arrive l’anniversaire de leur méfait. Tout se passe comme si Clovis, tout païen qu’il soit, prenait modèle sur ces vengeances célestes ou se faisait leur instrument. " Moralité, concluait Godefroid Kurth, que les barbares y regardent à deux fois avant de s’opposer à ce que justice soit rendue à un évêque et à son église ".
Dans l’Histoire des Francs, l’anecdote du vase apparaît à sa place chronologique, elle vient aussi, pourrait-on dire, à sa place idéologique. Si l’on suit le plan hagiographique de la Vie de Clovis tel que le propose Martin Heinzelmann, celle-ci s’ouvre par une annonce messianique de sa naissance, puis se succèdent les faits saillants de sa vie païenne : la victoire sur Syagrius qui n’eut pas peur de résister, l’épisode du vase qui nous occupe, le mariage avec Clotilde, les doutes qui assaillent le roi à la mort du petit Ingomer. Chacune de ces étapes met en évidence la progression du roi vers le salut et le révèle, par touches successives, comme un instrument de Dieu.
Au stade du vase, la stylisation de Grégoire semble viser un double but : opposer vigoureusement le Clovis païen qui pille les églises au Clovis converti qui interdit à ses troupes de rien prendre de ce qui leur appartient, ne serait-ce que du fourrage pour les chevaux. Mais en même temps, ce Clovis encore plongé dans le fanatisme se distingue déjà de ses guerriers par son respect des clercs : c’est un signe avant-coureur certain de sa conversion. C’est ainsi que, selon Franck Collard, l’histoire était déjà comprise à la fin du Moyen Âge dans la tradition historiographique de Saint-Denis.

Le vase de Soissons et l’évêque Remi

Saint Remi, évêque de Reims demandant à Clovis la restitution du vase de Soissons.
Rien dans le texte de Grégoire ne permet d’identifier l’église et l’évêque en question. Tout au plus le contexte de la guerre contre Syagrius et le fait que le butin est partagé à Soissons les situent-ils avec toute vraisemblance dans l’ancien domaine gallo-romain, au nord de la Seine. Au siècle suivant, le Pseudo-Frédégaire insère l’histoire dans sa chronique8 ; elle a d’évidence sa source dans les Dix Livres d’Histoire de Grégoire, mais l’auteur y introduit une altération importante, l’évêque n’envoie plus un messager mais vient lui-même supplier Clovis de lui rendre le vase – et surtout cet évêque a désormais un nom : c’est Remi, évêque de Reims, celui-là même qui a salué Clovis lors de sa prise de pouvoir et qui, dix ou douze ans plus tard, l’a baptisé dans sa cathédrale.
Le Liber Historiae imite le silence de Grégoire quant au nom de l'évêque.
La tradition du récit a repris le nom de Remi comme étant l'évêque.
Nous avons conservé le testament de saint Remi. L’évêque y lègue « un vase d’argent de dix-huit livres » à l’église de Laon après l’avoir refondu pour en faire « des patènes et des calices ». Puis il poursuit : "Quant à l’autre vase d’argent qu’a daigné me donner le seigneur roi Clovis d’illustre mémoire que j’ai reçu dans la fontaine sacrée du baptême pour que j’en fasse ce que je voulais, toi, mon héritière l’église susdite, j’ordonne qu’on en fabrique un encensoir et un calice gravé de représentations, ce que j’en aurais fait d’ailleurs si j’en avais eu le temps durant ma vie… " Son neveu Loup, lui aussi évêque, est chargé de l’exécution de ce vœu

Le vase de Soissons et les coutumes militaires

L’histoire du vase de Soissons a un autre intérêt : elle constitue un document rare, bien que fort stylisé, sur la vie militaire des armées franques et, à ce titre, elle a récemment retenu l’attention des historiens les plus romanistes de l’époque franque.
Sous l’Empire romain, les militaires touchaient régulièrement une solde et une part de butin que leurs chefs leur redistribuaient selon leur grade, leur ancienneté ou d’autres critères. Dans les armées du Bas-Empire qui n’existaient plus que par leurs corps d’auxiliaires barbares, les règles ont sûrement dû s’adapter et, dans bien des cas, se négocier. En fin de compte, le code Théodosien contient une loi de Valentinien III, datant de l’an 440, qui concerne apparemment des soldats fédérés qui doivent garder notre province et leurs propres biens et dans laquelle l’empereur décrète : Quel que soit ce qu’un vainqueur prend à l’ennemi, il lui appartient de plein droit. Ce texte qui privatise le pillage et couvre d’un pudique manteau juridique un désordre qu’on ne pouvait plus empêcher a sûrement été connu des soldats intéressés, ces barrack room lawyers, comme dit Bachrach et tout aussi sûrement peu apprécié des derniers généraux romains… Clovis – qui est de ceux-ci – aurait par son autorité, maintenu dans son armée un usage létique de collectivisation de l’ensemble du butin et de son partage intégral par les sortes. Les Wisigoths connaissaient apparemment un usage identique qui autorisait le roi à prélever lors du partage un septième du tout…


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Posté le : 28/02/2015 15:52

Edité par Loriane sur 01-03-2015 19:14:21
Edité par Loriane sur 01-03-2015 19:17:34
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L'académie française 1
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Le 22 février 1635 Richelieu fonde l'Académie française

pour faire le ménage dans la langue française.
L’Académie française, fondée en 1634, et officialisée le 29 janvier 1635, lettres patentes signées le 22 février 1935, sous le règne de Louis XIII par le cardinal de Richelieu, est une institution française dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs. Intégrée à l'Institut de France lors de la création de celui-ci le 25 octobre 1795, elle est la première de ses cinq académies.
La mission qui lui est assignée dès l’origine , et qui sera précisée le 29 janvier 1635 par lettres patentes de Louis XIII, est de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre pure et compréhensible par tous. Elle doit dans cet esprit commencer par composer un dictionnaire : la première édition du Dictionnaire de l'Académie française est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d'élaboration.
L'Académie française rassemble des personnalités marquantes de la vie culturelle : poètes, romanciers, hommes de théâtre, critiques, philosophes, historiens et des scientifiques qui ont illustré la langue française, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.
Si la plupart des membres de l'Académie française sont originaires de l'Hexagone, certains d'entre eux viennent de l'étranger. Ainsi, par exemple, le 12 décembre 2013, l'Académie a élu au premier tour l'écrivain québécois d'origine haïtienne Dany Laferrière.


La petite histoire

A Paris, pendant l'année 1934 il y eut tout d'abord une bande de jeunes qui se réunissaient à Paris pour parler littérature. Richelieu fera d'eux des Immortels. Ils sont perdus !
C'est un jour comme un autre. Le cardinal de Richelieu, qui a 50 ans, expédie les affaires du royaume dans son palais, à proximité du Louvre. L'inflation qui galope, le chômage qui explose, la croissance qui stagne..., il n'en peut plus, le Cardinal. Et avec ça, le pape qui démissionne ! Attendez, ce n'est pas fini. Y a cet introverti de Louis XIII, incapable d'engrosser Anne d'Autriche depuis vingt ans. Soupirant, le Cardinal se remet à la tâche.
Il paraphe toute une série de dépêches ennuyeuses présentées par son secrétaire Charpentier. Mais voilà un instant de bonheur avec les statuts de l'Académie française à ratifier. Le cardinal esquisse un léger sourire, car l'Académie, c'est son bébé, sa petite danseuse à lui. Morbleu ! Comme il en a assez de ce français dont l'orthographe est aussi volage qu'une catin de la rue Beaubourg ! Il a décidé d'y mettre de l'ordre. De même qu'il veut mettre au pas tous ces jeunes auteurs, tel Corneille, qui bafouent les règles du théâtre classique. Pour parvenir à ses fins, Richelieu a décidé de créer une académie composée des plus grands auteurs français. Richelieu saisit résolument une plume d'oie pour apposer son plus beau paraphe sur le document créant l'Académie française avant de le tendre à Charpentier pour qu'il le contresigne.
Aussitôt signé, le document est porté aux académiciens qui y appliquent leur sceau dans de la cire bleue. Il représente leur protecteur entouré de la mention : "Armand, cardinal de Richelieu, protecteur de l'Académie française établie en 1635". Enfin, ils ajoutent un contre-sceau figurant une couronne de laurier avec l'inscription : "À l'immortalité". Il ne reste plus alors qu'une dernière formalité administrative à accomplir : l'enregistrement des lettres patentes par le Parlement de Paris. Ce qui sera fait le 31 juillet 1637.

L’histoire en bref

Si la fondation de l’Académie française par Richelieu en 1635 marque une date importante dans l’histoire de la culture française, c’est parce que, pour la première fois, les débats d’une assemblée de lettrés ont été considérés comme pouvant jouer un rôle éminent dans le devenir de la société et de la nation. Ainsi, les statuts et règlements visés par le cardinal, puis l’enregistrement au Parlement de Paris, en juillet 1637, des Lettres patentes signées par Louis XIII, consacrèrent le caractère officiel d’une institution parisienne, dont le Cardinal de Richelieu était nommé le chef et le protecteur, fonction exercée aujourd’hui par le chef de l’État, et dont la mission revêtait un caractère expressément national. Si l’ une des plus glorieuses marques de la félicité d’un État était que les sciences et les arts y fleurissent et que les lettres y fussent en honneur aussi bien que les armes, ce serait le rôle de l’Académie de donner à la langue française les moyens d’y parvenir.
Les statuts de l’Académie française ont donc cette particularité qu’ils lient l’autorité de la Compagnie et de ses membres au magistère intellectuel qu’ils leur confèrent et qui aura à s’exercer sur la langue. La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences article XXIV. À cet effet, il sera composé un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique article XXVI, et seront édictées pour l’orthographe des règles qui s’imposeront à tous article XLIV.
Dépositaire de la doctrine de Malherbe, composée de gens de lettres mais aussi de représentants lettrés de différentes professions et de divers états, l’Académie avait reçu une mission dont on mesure mieux aujourd’hui la profonde originalité : constituer avec sagesse et économie une langue qui ne fût pas celle des spécialistes, des érudits, ni celle des corporations, qui eût la clarté et l’élégance qu’on accorde au latin, où ne fût pas accentué l’écart entre langue écrite et langue parlée, qui tînt enfin sa force de son double attachement à l’usage et à la norme.
Tel est le programme que s’était efforcée de réaliser l’Académie dans la première édition de son Dictionnaire (1694). Sans être tout à fait le premier, il fut le premier de cette sorte. Ni le dictionnaire de Richelet ni celui de Furetière ne reposaient sur les principes qui furent ceux de l’Académie. Le second avait l’ambition d’être universel. L’Académie, ayant fait sienne l’idée qui avait inspiré Vaugelas dans ses Remarques, voulait seulement qu’on reconnût l’usage pour le maistre et le souverain des langues vivantes et qu’on admît le partage entre le bon et le mauvais usage.
Dès cette première édition, l’Académie voulut que son Dictionnaire fût un dictionnaire de mots plutôt qu’un dictionnaire de choses. Distinction qu’il ne convient pas de forcer, mais qui signale au moins une tendance, et même un choix. Le but du Dictionnaire de l’Académie était d’informer sur la nature grammaticale des mots, leur orthographe, leurs significations et acceptions, leurs usages syntaxiques, leurs domaines d’emploi, le niveau de langue qui en détermine lui aussi l’emploi. Lors même que le développement des sciences et des techniques incitait l’Académie à introduire, dans la quatrième édition (1762), des milliers de mots appartenant à des domaines spécialisés, elle le fit avec pondération, mais elle le fit, parce que plusieurs termes « qui n’étoient autrefois connus que d’un petit nombre de personnes, ont passé dans la langue commune Préface, 1762. Ce principe est resté le sien.
L’étymologie fut assurément ce qui guida en partie les premiers académiciens français lorsqu’ils eurent à se déterminer en matière d’orthographe. Les débats orthographiques n’étaient pas moins vifs au milieu du XVIIe siècle qu’ils ne le furent par la suite. Tout en marquant son attachement à l’orthographe ancienne, l’Académie fut bien éloignée, dans cette première édition, de s’abstenir de toute amélioration distinction graphique de i et du j, du u et du v, élimination de consonnes superflues, etc.. Quelles que soient les critiques que l’on a pu formuler à l’égard de l’orthographe académique de 1694, celle-ci fut le point de départ d’une évolution que l’Académie décida, enregistra ou facilita à partir de 1740 dans les éditions successives de son Dictionnaire.
Trois siècles après la première édition de son Dictionnaire, l’Académie n’a guère varié sur les principes. Si la notion d’usage repose aujourd’hui sur des bases plus larges qu’au XVIIe siècle, le respect du bon usage s’impose plus que jamais. L’Académie n’entend pas simplement refléter la langue, ni refléter n’importe quelle langue. Elle entend rappeler qu’il existe une communauté d’humains qui, ayant la langue française en partage, en portent la responsabilité. En cela l’Académie est fidèle à elle-même.
En 1992, l’Académie a fait paraître le premier tome de son Dictionnaire de A à Enzyme, en 2000, le second tome de Éocène à Mappemonde et en 2011, le troisième de Maquereau à Quotité. La matière du quatrième tome, actuellement en cours de rédaction, est publiée en fascicules dans les Documents administratifs du Journal officiel, au fur et à mesure de l’avancement des travaux de la Compagnie. À ce jour, on peut considérer qu’un peu plus des deux tiers du vocabulaire d’usage courant a été traité. La diffusion des trois tomes, coédités par la Librairie Arthème Fayard et l’Imprimerie nationale, est assurée par la Librairie Fayard, 13, rue du Montparnasse, 75006 Paris. Si, trois cents ans après sa présentation au roi, le Dictionnaire de l’Académie est resté œuvre vivante, c’est parce qu’il symbolise le lien, assez exceptionnel, qui unit une nation à sa langue, plusieurs nations à leur langue commune.

Serment

Si le cardinal de Richelieu fonde officiellement l'Académie française, les hommes qui la composent se réunissaient déjà depuis longtemps d'une manière informelle chez Valentin Conrart. C'est un jeune homme d'une trentaine d'années passionné de littérature, mais n'ayant rien publié personnellement. Un contemporain de l'époque a laissé une description du cercle Conrart : "Environ l'année 1629, quelques particuliers logés en divers endroits de Paris, ne trouvant rien de plus incommode, dans cette grande ville, que d'aller fort souvent se chercher les uns chez les autres sans se trouver, résolurent de se voir un jour de la semaine chez l'un d'eux... Ils s'assemblaient chez M. Conrart... Là, ils s'entretenaient familièrement, comme ils eussent fait en une visite ordinaire, et de toute sorte de choses, d'affaires, de nouvelles, de belles-lettres."
Le plus jeune a 25 ans, et le plus âgé, 53. Ils se nomment Habert, Maleville, Chapelain, Sérisay, Giry. Pour rester libres de leurs paroles, ils ont juré de ne parler à personne de leurs petites réunions. Mais comment tenir un tel secret dans le Paris de l'époque ? Ainsi l'abbé de Boisrobert, qui participe à quelques réunions, s'empresse d'en parler à son protecteur, le cardinal de Richelieu. Lequel, se piquant de belles-lettres, le charge de demander à Conrart et à ses amis s'ils accepteraient de "faire corps" et de "s'assembler régulièrement sous une autorité publique" afin d'épurer la langue française, de lui donner des règles. Comment refuser cela au cardinal tout-puissant ?

La revanche de Corneille

Ravi qu'ils acceptent, Richelieu leur fait dire en vieux français "qu'ils s'assemblassent comme de coutume, et qu'augmentant leur compagnie qu'ils le jugeroient à propos, ils avisassent entre eux quelle forme et quelles loix il seroit bon de lui donner à l'avenir". Conrart est élu secrétaire de la nouvelle académie et commence à tenir le registre de l'assemblée le 13 mars 1634. Le 20 mars, le nom "Académie française" est adopté. Deux jours plus tard, celle-ci rédige une lettre pour supplier le Cardinal d'honorer l'Académie de sa protection.
Mais les débuts de l'Académie française sont difficiles. Sous prétexte de garantir son indépendance, Richelieu n'offre ni salle de réunion ni rémunération aux académiciens, qui se retrouvent donc chez l'un ou chez l'autre. Peu à peu, les quarante premiers immortels sont cooptés par le noyau primitif. Certains candidats sont refusés, comme le grand Corneille sous prétexte qu'il n'habite pas en permanence la capitale, ce qui l'empêcherait d'assister régulièrement aux séances. Il doit attendre 1647 pour enfin siéger à l'Académie. Belle revanche pour celui que le Cardinal voulait museler.

Histoire d'une naissance prestigieuse.

Sa création comme institution royale littéraire, c'est-à-dire d'État, doit être considérée pourquoi ? dans la continuité de l'édit qui avait fait du français la langue officielle, de la création de l'Imprimerie nationale, du dépôt légal, du Collège royal qui avaient valu à François Ier le titre de Père des Lettres.
L’article XXIV des Statuts précise que la principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences.
Ainsi, le but de la normalisation de la langue n'est pas strictement administratif et juridique, mais aussi de lui donner une rigueur scientifique et technique.

Définir les normes de la langue française

La première mission est d'enregistrer et d'étudier toutes les variations de tournures, de prononciation et d'orthographe, puis d'en dégager la forme la plus cohérente qui puisse servir de norme aux imprimeurs, aux rédacteurs des lois et des documents administratifs, à l'enseignement. Pour s’en acquitter, l’Académie a travaillé dans deux directions:
Recueillir la nomenclature des mots, de leur prononciation, de leur orthographe et de leur sens pour éditer un dictionnaire lexicographique.
Le même travail avait été entrepris pour établir la Grammaire de l'Académie, dont la publication sera reportée d'année en année.
Aujourd’hui, elle continue ce travail en préparant la prochaine édition du Dictionnaire de l'Académie française qui fixe l’usage de la langue, mais aussi en faisant des recommandations et en participant aux différentes commissions de terminologie.
Fidèle à sa mission originale d'établissement des normes de la langue officielle, l'Académie française s'oppose à ce qu'il soit fait mention des langues régionales dans la Constitution française, selon une déclaration rendue publique le 12 juin 2008. En effet, selon les Académiciens, cette mention amènerait la France à pouvoir ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, ce qu'elle ne souhaite pas.

Imposer le standard

L'Académie française s'est toujours défendue d'être la créatrice de la langue, considérant que son rôle est uniquement de constater, de recueillir et de normaliser les usages. En cela, elle opérait de la même manière que les autres institutions royales, comme celles qui recueillaient les us et coutumes, et les codifiaient en lois sans se donner le droit d'en changer les dispositions.
L'Académie française détient pourtant de fait un pouvoir moral dans le domaine de la langue française : on la considère volontiers en France, en raison de son Dictionnaire en constante reconstruction, comme autorité naturelle pour décider du bon usage en matière de langue française : nomenclature des mots, orthographe et même règles de grammaire.
Cette autorité est concurrencée en premier lieu par des ministères français comme celui de l'Éducation nationale (circulaires sur les tolérances en matière de correction de l'orthographe aux examens ou celui de la Condition féminine, texte sur la féminisation des noms de métiers, ensuite par certaines institutions de normalisation internationales, voire par une conception libérale qui donne une égale autorité à tous les éditeurs privés. Mais aussi par les décisions des autres pays francophones, en particulier le Canada, plus précisément de par le gouvernement du Québec et son Office québécois de la langue française, dont la communauté est très vigilante à l'égard des anglicismes.
La dernière autorité s'avère en fin de compte l'usage : menée par quelques défenseurs inattendus dont François Cavanna et Delfeil de Ton, ordinairement peu enclins à soutenir l'ordre établi, la réforme de 1990 évènement au lieu de événement, etc. fut fortement contestée et l'Académie, tout en indiquant que les modifications proposées possédaient une logique, entérina le fait qu'une résistance populaire s'y opposait.
Encourager les bonnes pratiques
La seconde mission, le mécénat, non prévue dans les statuts d'origine, procède de l'exécution des dons et legs qui lui ont été faits, déjà sous l'Ancien Régime

Attribution de prix littéraires

Prix de l'Académie française.
Ainsi, l’Académie française décerne actuellement chaque année environ soixante prix littéraires, dont :
le Grand prix de littérature de l'Académie française ;
le grand prix de la francophonie, décerné chaque année depuis 1986, qui témoigne de l’intérêt de l’Académie pour le rayonnement de la langue française dans le monde

Attribution de dons et subventions

L’Académie attribue aussi des subventions à des sociétés littéraires ou savantes, des œuvres de bienfaisance, des aides à des familles nombreuses, aux veuves, aux personnes défavorisées ou qui se sont distinguées par l’accomplissement d’actes de dévouement ainsi qu’un certain nombre de bourses : Jean-Walter-Zellidja, Neveux, Corblin, Damade.

Historique Histoire de la langue française.

Les origines de l'Académie se trouvent dans les réunions informelles d'un groupe littéraire, le « cercle Conrart », qui se rassemble depuis 1629 au numéro 135 de la rue Saint-Martin, domicile de Valentin Conrart, conseiller de Louis XIII et habitué de l'hôtel de Rambouillet où se rencontraient déjà ces hommes de lettres. Ces réunions littéraires secrètes, comme auparavant l’Académie de musique et de poésie fondée en 1570 par Jean-Antoine de Baïf et Joachim Thibault de Courville sous le règne de Charles IX et qui, tout en restant secrète, devient en 1574 l’Académie du palais sous Henri III inspirent à Richelieu, dont les idées prennent un caractère de grandeur, le projet de créer l'Académie française en transformant ces réunions en une compagnie littéraire sous l'autorité royale, prenant pour modèle l'Accademia della Crusca fondée à Florence en 1582 et ayant déjà publié son Vocabolario en 1612. Les registres des réunions sont tenus par Conrart dès le 13 mars 1634. Les statuts sont élaborés durant toute l'année 1634, statuts à caractère prescriptif visés par le Cardinal en 1635. Conrart en dresse les lettres patentes signées par Louis XIII le 29 janvier 1635, date traditionnellement attribuée pour la naissance officielle de l'Académie française et enregistrées par le Parlement de Paris en 1637. Treize nouveaux membres, appelés jusqu’en 1636 du nom d’Académistes, académiciens à partir du 12 février 1636, sont admis à siéger avec le groupe initial des 9 membres. Valentin Conrart en devient le premier secrétaire perpétuel de 1634 à 1675, Richelieu est nommé père et protecteur de ces lettrés au départ quelque peu rétifs, depuis le protectorat de Louis XIV, chaque chef de l'État français demeure le protecteur de l'Académie, approuvant ou non l'élection d'un membre. Un des premiers travaux de cette Académie est d'arbitrer la querelle entre Georges de Scudéry et Pierre Corneille concernant Le Cid. En 1637, sur l'insistance de Richelieu, Jean Chapelain rédige Les sentiments de l'Académie Française sur la tragi-comédie du Cid.
Le livre Histoire de l'Académie françoise, premier volume paru en 1653 écrit par un de ses membres, Paul Pellisson, le second de l'abbé d'Olivet relatant son histoire est paru en 1729, rédigé à partir des registres de l'Académie française et sous l'influence des académiciens, d'autant plus que Pellisson souhaite intégrer la compagnie, est la source unique sur la fondation de l'Académie. Pellisson considère qu'elle n'a aucune finalité savante comme l'académie de Baïf fondée en 1570 et l'académie de Mersenne ou finalité politique comme l'académie des frères Dupuy, mais son récit omet que le cercle Conrart réunit des hommes de plume, de grands aristocrates et a aussi pour vocation de s'échanger des informations pour offrir au groupe une position privilégiée sur l'espace socio-politique de l'époque. De plus, l'Académie donnant son avis sur les œuvres littéraires, voir son intervention dans la querelle du Cid, Richelieu y voit un moyen de contrôle sur la vie intellectuelle et littéraire française. Dans sa volonté de rassembler, Richelieu veut que la langue française soit l'affaire des représentants des divers domaines du savoir ecclésiastiques, militaires -le premier est le duc Armand de Coislin en 1652, diplomates, puis écrivains et philosophes - le premier est Montesquieu en 1727 - sous Louis XV qui menace de supprimer l'Académie qui prend son indépendance grâce aux Lumières et décide que l'Académie s'ouvre à quarante membres égaux et indépendants, donc qu'elle ne soit pas subventionnée.
Ancienne porte de l'Académie française avant 1780 avec la devise À l'immortalité.
Le caractère officiel de cette compagnie de beaux esprits étant établi, elle se réunit d’abord chez tel ou tel de ses membres, puis chez le chancelier Pierre Séguier à partir de 1639, est hébergée à la mort de Richelieu en 1642 par Anne d'Autriche grâce à l'intervention de l'académicien Vincent Voiture interprète de la reine mère, sous les conseils de Colbert elle est transférée au Louvre à partir de 1672, et enfin au collège des Quatre-Nations devenu Institut de France en 1795 de 1805 à nos jours.
Au cours de ses trois siècles et demi d’existence au cours de laquelle elle a été l'incarnation du pouvoir sous Louis XIII et Louis XIV, émanation de la pensée révolutionnaire sous Louis XV et Louis XVI, elle a su maintenir ses institutions, qui ont fonctionné avec régularité, hormis l’interruption de 1793 - 1803 pendant la Convention, le Directoire et le début du Consulat. En 1694 paraît la première édition du Dictionnaire de l'Académie française. En 1793, par décret daté du 8 août, la Convention Nationale supprime toutes les académies royales royaume des lettrés, titrés, mitrés selon la formule de Chamfort, y compris l'Académie française, et confirme l'interdiction d'élire de nouveaux membres pour remplacer ceux décédés. Pendant la Terreur, l'abbé Morellet sauve les archives de l'Académie en les cachant chez lui. En 1795, décret du 22 août ces Académies sont remplacées par une seule entité : l'Institut de France. La loi sur l'organisation de l'instruction publique du 3 brumaire an IV, mardi 25 octobre 1795 arrête l'organisation de l'Institut. Par arrêté du 3 pluviôse de l'An XI 23 janvier 1803 Bonaparte, Premier Consul, décide de restaurer les anciennes académies, mais simplement comme classes divisions de l'Institut de France. La seconde classe de langue et littérature françaises correspond de facto à l'ancienne Académie française. Le 21 mars 1816, le roi Louis XVIII, désireux de renouer avec la période pré-révolutionnaire, rend aux classes leur nom d'autrefois, Académie, mais s'octroie le privilège de choisir ses membres.
À noter qu'en 1800, à l'instigation de Jean-Pierre-Louis de Fontanes, André Morellet et Jean Baptiste Antoine Suard, Lucien Bonaparte, alors ministre de l'intérieur rêvant d'être académicien, envisage une reconstitution de l'Académie française. Le Premier Consul, son frère issu de la Révolution, s'oppose à ce projet et lui écritN 6 le 26 messidor An VIII 15 juillet 1800 :
il n'y a point d'Académie française ;
elle a été abrogée par une loi de la République ;
l'Institut réunit à la fois les anciennes Académies des sciences, française et des belles-lettres ;
si une association prend le titre ridicule d'Académie française et suit ses anciens statuts, l'intention du Gouvernement est qu'elle soit sur-le-champ supprimée.
Le patriotisme issu de la Première Guerre mondiale favorise l'élection de nombreux maréchaux le premier est le maréchal Lyautey en 1912. Sous l'Occupation, l'Académie a pour membres des collaborateurs, Charles Maurras, Abel Bonnard, Abel Hermant, etc. et le maréchal Pétain depuis 1929. Une légende veut que François Mauriac soit l'âme de la résistance académique alors que c'est Georges Duhamel élu provisoirement secrétaire perpétuel en 1942 qui évite la subordination de l'Académie au régime de Vichy, notamment par la suspension des élections comme en 1790. À la Libération, le monde intellectuel est dans les mains du Comité national des écrivains qui est actif dans l'Épuration et souhaite supprimer l'Académie. Georges Duhamel défend avec succès la cause de l'institution auprès du général de Gaulle, la loi d'indignité nationale prévoyant que toute personne frappée d'indignité nationale et appartenant à un corps constitué est automatiquement exclue, écartant de fait les collaborateurs de l'Académie. Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l'Académie française en 1980, ce qui est apparu comme la consécration de l'égalité des sexes face à cette tribu des quarante mâles, tandis que Léopold Sédar Senghor est le premier Africain à y siéger en 1983. L'Académie retrouve sa pleine indépendance politique et financière vis-à-vis de l'Institut de France par la loi de programme pour la recherche de 2006.

L'uniforme

C'est Bonaparte, grand amateur d'uniformes, qui invente celui de l'Académie ; il avait pensé d'abord à un habit jaune. L'uniforme noir avec des broderies vertes en forme d'olivier fut choisit par une commission de trois membres : Houdon, Vincent et Chalgrin. La culotte à la française est remplacée aujourd'hui par le pantalon. L'habit coûte très cher et il faut six mois pour le concevoir ; l'épée est offerte grâce à une souscription auprès des amis du futur académicien.

L'origine des 40 fauteuils

L'origine des fauteuils de l'Académie française est racontée ainsi par l'académicien Charles Pinot Duclos : Il n'y avait anciennement dans l'Académie qu'un fauteuil, qui était la place du directeur. Tous les autres académiciens, de quelque rang qu'ils fussent, n'avaient que des chaises. Le cardinal d'Estrées, étant devenu très infirme, chercha un adoucissement à son état dans l'assiduité à nos assemblées : nous voyons souvent ceux que l'âge, les disgrâces, ou le dégoût des grandeurs forcent à y renoncer, venir parmi nous se consoler ou se désabuser. Le cardinal demanda qu'il lui fût permis de faire apporter un siège plus commode qu'une chaise. On en rendit compte au roi Louis XIV, qui, prévoyant les conséquences d'une telle distinction, ordonna à l'intendant du garde-meubles de faire porter quarante fauteuils à l'Académie, et confirma, par là et pour toujours, l'égalité académique. La compagnie ne pouvait moins attendre d'un roi qui avait voulu s'en déclarer le protecteur. En 1639, les Académiciens passent de 39 à 40 fauteuils, ce qui donna lieu à beaucoup de plaisanteries, comme Piron qui disait qu'ils étaient 40 mais avaient l'esprit de. Fontenelle s'en plaignait amèrement en disant que quand ils étaient 39 le monde était à leurs genoux et maintenant qu'ils sont 40, les gens se moquent d'eux. Dans un discours aux Académiciens, Louis XIV leur confia sa gloire.

Le 41e fauteuil

Un grand nombre d’écrivains, souvent illustres, n'ont jamais franchi les portes de l'Académie, soit qu’ils n’y aient jamais été candidats, soit que leur candidature ait été rejetée, ou encore qu’ils aient été frappés prématurément par la mort.
L’expression 41e fauteuil a été forgée par l’écrivain Arsène Houssaye en 1855 pour désigner ces auteurs. Parmi les noms célèbres que l'on pourrait citer, on peut retenir ceux de Descartes, Molière, Pascal, La Rochefoucauld, Rousseau, Diderot, Beaumarchais, André Chénier, Balzac, Dumas père, Gautier, Flaubert, Stendhal, Nerval, Maupassant, Baudelaire, Zola, Daudet, Proust.

Refus du siège proposé

On connaît peu d'intellectuels ou de scientifiques qui ont refusé d'être admis parmi les immortels. Certains pourtant l'ont fait comme Marcel Aymé sollicité par François Mauriac en 1950.
Je vous suis très reconnaissant d'avoir pensé à moi pour le Quai de Conti .... Avec beaucoup d'émoi, je réponds à votre clin d'œil qui me rend très fier. Pourtant, je dois vous dire que je ne me sens pas l'étoffe d'un académicien. En tant qu'écrivain, j'ai toujours vécu très seul, à l'écart de mes confrères mais pas du tout par orgueil, bien au contraire, plutôt par timidité et indolence aussi. Que deviendrais-je si je me trouvais dans un groupe de quarante écrivains ? J'en perdrais la tête et à coup sûr, je n'arriverais pas à lire mon discours. Ainsi feriez-vous une piètre acquisition.
De même Georges Bernanos refusa qu'on pût seulement lui proposer d'y entrer, car, déclare-t-il par écrit, s'il n'en était déjà dégoûté, la présence au sein de l'Académie d'un vieil imposteur comme Paul Claudel-Turelure l'en éloignerait. De Bernanos, toujours, on cite souvent la phrase : Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie.
L'Académie, de surcroît, ne jouit pas toujours d'une réputation flatteuse auprès des nouvelles générations d'écrivains. Perçu comme une assemblée de vieux gâteux fatigués pour Frédéric Beigbeder ou comme une morgue du langage, la police du dictionnaire pour Didier Daeninckx, son importance et sa place dans le monde des Arts et des Lettres sont parfois remises en cause. Approchés par l'Académie, plusieurs hommes de lettres dont Daniel Pennac, Jean Echenoz, Simon Leys, Le Clézio, Patrick Modiano, Milan Kundera, Pascal Quignard ou Tonino Benacquista déclinèrent la proposition de se présenter.

Statut et organisation

Comme le constate la loi de programme pour la recherche de 2006, l'Académie française est une personne morale de droit public à statut particulier gérée par ses membres en assemblée, c'est-à-dire une institution publique centrale de l'État français.
Elle élit son secrétaire perpétuel qui, comme son nom l'indique, le reste jusqu'à son décès ou à sa démission. Cette permanence en fait le personnage le plus important de l'institution. Elle élit également, tous les trois mois, un président chargé de présider les séances.

Les immortels

L’Académie française se compose de 40 membres élus par leurs pairs. Depuis sa fondation, elle a reçu en son sein plus de 700 membres, 719 membres jusqu'en 2009. Elle rassemble des poètes, des romanciers, des hommes de théâtre, des philosophes, des historiens, des médecins, des hommes de science, des ethnologues, des critiques d’art, des militaires, des hommes d’État, des hommes d’Église, qui ont tous illustré particulièrement la langue française.
Les académiciens doivent leur surnom d’immortels à la devise À l’Immortalité, qui figure sur le sceau donné à l’Académie par son fondateur, le cardinal de Richelieu, elle vise à l'origine la langue française et non les académiciens. Ils ont souvent été appelés à être des juges éclairés du bon usage des mots, et donc à préciser les notions et les valeurs dont ces mots sont porteurs. Cette autorité morale en matière de langage s’enracine dans des usages, des traditions, un faste. Rapidement, cette notion s'est étendue aux académiciens pour leur gloire posthume, l'immortalité littéraire étant conférée par le roi en échange de l'unification linguistique du royaume et son autonomisation par rapport à l'Église. À partir du XVIIIe siècle, les académiciens comme tous les écrivains développent une éthique qui ne se veut plus être au service du pouvoir mais gardent ce titre d'immortels.
L’élection à l’Académie française est souvent considérée par l’opinion comme une consécration suprême. Cela dit, il a toujours existé une contre-culture menée par des auteurs que l'Académie a refusés ou qui ne sont pas proposés. Ces auteurs ne manquent pas de critiquer avec virulence l'Académie bien pensante et ses académiciens, qui espèrent vainement passer à la prostérité selon le mot de Jean Cocteau.
Edmond Rostand, lui-même académicien, tourne l'Académie en dérision dans Cyrano de Bergerac en évoquant avec ironie les membres oubliés de la première génération : Porchères, Colomby, Bourzeys, Bourdon, Arbaud… / Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c'est beau !

Femmes à l'Académie française.

En 1980, Marguerite Yourcenar, romancière et essayiste, fut la première femme élue à l'Académie française. Depuis, l'Institution a accueilli Jacqueline de Romilly en 1988, Hélène Carrère d'Encausse en 1990, Florence Delay en 2000, Assia Djebar en 2005, Simone Veil en 2008, Danièle Sallenave en 2011 et Dominique Bona en 2013.
Le célèbre habit vert que les académiciens revêtent, avec le bicorne, la cape et l’épée, lors des séances solennelles sous la Coupole, a été dessiné sous le Consulat, dessin attribué au peintre Jean-Baptiste Isabey. Il est commun à tous les membres de l’Institut de France. Les Immortelles ainsi que les ecclésiastiques en sont dispensés, ainsi que du port de l'épée. Mmes de Romilly, Carrère d'Encausse, Delay, Veil et Sallenave ont cependant opté pour l'habit vert lors de leurs réceptions. Mme Carrère d'Encausse a été la première femme à porter l'épée, une arme créée pour l'occasion par l'orfèvre géorgien Goudji. Mmes Delay, Djebar, Veil et Sallenave ont également choisi de porter l'épée, le port de l'épée par les femmes élues tendant ainsi à devenir traditionnel. Jacqueline de Romilly avait reçu une broche symbolique après son élection à l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres en 1975. Elle demeure la seule femme à avoir été membre de deux académies de l'Institut.
La qualité d’académicien est une dignité inamovible. Nul ne peut démissionner de l’Académie française. Tout au moins celui qui se déclare démissionnaire n’est-il pas remplacé avant son décès : Pierre Benoit, Pierre Emmanuel et Julien Green en sont des exemples.
Des exclusions peuvent être prononcées par l'Académie pour de graves motifs, notamment entachant l’honneur. Ces exclusions au cours de l’histoire ont été rarissimes. Plusieurs furent mises en œuvre après la Seconde Guerre mondiale pour faits de collaboration : Charles Maurras, Abel Bonnard, Abel Hermant, Philippe Pétain.

Nombre effectif des académiciens

Le nombre de quarante académiciens n’a été complet pour la première fois dans l’histoire de l’Académie que le 14 février 1639 date de l’élection de Daniel de Priézac
,soit près de cinq ans après les premières nominations. Il a été maintenu jusqu’au 5 mai 1640, mort de François d'Arbaud de Porchères, très vite remplacé par Olivier Patru.
Jusqu’à la fin de la première moitié du XIXe siècle, l’effectif de l’Académie française était souvent complet. Chaque décès était rapidement suivi par une élection et le nouvel académicien était rapidement reçu. Depuis, les délais d’élection et de réception se sont considérablement allongés. Il se passe aujourd’hui environ un an entre un décès et une élection et encore un an entre l’élection et la réceptionN 8, de sorte que le chiffre de quarante académiciens est peu souvent atteint. À ce jour, l'Académie est au complet depuis le 26 juin 2014 et l'élection de Marc Lambron. Cela avait été le cas auparavant entre le 26 mars 2009, élection de François Weyergans et le 14 avril 2009 mort de Maurice Druon.
Mais si l’on ne tient compte que des académiciens reçus, et non pas seulement élus, alors l’Académie n’a été complète que pendant 24 jours au cours du xxe siècle — et ne l’a encore jamais été au XXIe. Les périodes où l’Académie était complète ont été :
du 23 février 1905 réception d’Émile Gebhart au 1er mars 1905 mort d’Eugène Guillaume, soit 6 jours ;
du 10 mars 1994 réception du cardinal Albert Decourtray au 28 mars 1994 mort d'Eugène Ionesco, soit 18 jours.
Si l’on ne tenait pas compte de l’exclusion de facto de Charles Maurras et Philippe Pétain pour cause de condamnation à la dégradation nationale, alors il y aurait deux autres périodes pendant lesquelles l’Académie serait au complet :

du 13 novembre 1947 réception de Maurice Genevoix au 22 août 1949 mort d’Edmond Jaloux, soit 1 an, 9 mois et 9 jours ;
du 22 juin 1950 réception de Jean-Louis Vaudoyer au 8 avril 1952 mort de Jean Tharaud, soit 1 an, 9 mois et 17 jours.

Membres actuels

Liste des membres depuis 1635.

Article connexe : Liste des membres par fauteuil depuis 1635.
Fauteuil Membre Date d'élection Reçu(e) par Date de réception Discours de réception
et réponse
1 Claude Dagens 17 avril 2008 Florence Delay 14 mai 2009
2 Dany Laferrière 12 décembre 2013
3 Jean-Denis Bredin 15 juin 1989 Pierre Moinot 17 mai 1990
4 Jean-Luc Marion 6 novembre 2008 Claude Dagens 21 janvier 2010
5 Assia Djebar 16 juin 2005 Pierre-Jean Rémy 22 juin 2006
6 Marc Fumaroli 2 mars 1995 Jean-Denis Bredin 25 janvier 1996
7 Jules Hoffmann 1er mars 2012 Yves Pouliquen 30 mai 2013
8 Michel Déon 8 juin 1978 Félicien Marceau 22 février 1979
9 Alain Decaux 15 février 1979 André Roussin 13 mars 1980
10 Florence Delay 14 décembre 2000 Hector Bianciotti 15 novembre 2001
11 Gabriel de Broglie 22 mars 2001 Maurice Druon 7 février 2002
12 Jean d'Ormesson 18 octobre 1973 Thierry Maulnier 6 juin 1974
13 Simone Veil 20 novembre 2008 Jean d'Ormesson 18 mars 2010
14 Hélène Carrère d'Encausse 13 décembre 1990 Michel Déon 28 novembre 1991
15 Frédéric Vitoux 13 décembre 2001 Michel Déon 27 mars 2003
16 Valéry Giscard d'Estaing 11 décembre 2003 Jean-Marie Rouart 16 décembre 2004
17 Erik Orsenna 28 mai 1998 Bertrand Poirot-Delpech 17 juin 1999
18 Michel Serres 29 mars 1990 Bertrand Poirot-Delpech 31 janvier 1991
19 Jean-Loup Dabadie 10 avril 2008 Frédéric Vitoux 12 mars 2009
20 Angelo Rinaldi 21 juin 2001 Jean-François Deniau 21 novembre 2002
21 Alain Finkielkraut 10 avril 2014
22 René de Obaldia 24 juin 1999 Bertrand Poirot-Delpech 15 juin 2000
23 Pierre Rosenberg 7 décembre 1995 José Cabanis 14 novembre 1996
24 Max Gallo 31 mai 2007 Alain Decaux 31 janvier 2008
25 Dominique Fernandez 8 mars 2007 Pierre-Jean Rémy 13 décembre 2007
26 Jean-Marie Rouart 18 décembre 1997 Hélène Carrère d'Encausse 12 novembre 1998
27 Pierre Nora 7 juin 2001 René Rémond 6 juin 2002
28 Jean-Christophe Rufin 19 juin 2008 Yves Pouliquen 12 novembre 2009
29 Amin Maalouf 23 juin 2011 Jean-Christophe Rufin 14 juin 2012
30 Danièle Sallenave 7 avril 2011 Dominique Fernandez 29 mars 2012
31 Michael Edwards 21 février 2013 Frédéric Vitoux 22 mai 2014
32 François Weyergans 26 mars 2009 Erik Orsenna 16 juin 2011
33 Dominique Bona 18 avril 2013 Jean-Christophe Rufin 23 octobre 2014
34 François Cheng 13 juin 2002 Pierre-Jean Rémy 19 juin 2003
35 Yves Pouliquen 29 novembre 2001 Michel Mohrt 30 janvier 2003
36 Philippe Beaussant 15 novembre 2007 Pierre Rosenberg 23 octobre 2008
37 René Girard 17 mars 2005 Michel Serres 15 décembre 2005
38 Marc Lambron 26 juin 2014
39 Jean Clair 22 mai 2008 Marc Fumaroli 18 juin 2009
40 Xavier Darcos 13 juin 2013

Rôle de l'Académie française

Les rectifications de l’orthographe
Rectifications orthographiques du français, Réforme de l'orthographe française de 1835 et Rectifications orthographiques du français en 1990.
Dans son discours du 24 octobre 1989, le Premier ministre a proposé à la réflexion du Conseil supérieur de la langue française cinq points précis concernant l’orthographe :

le trait d’union ;
le pluriel des mots composés ;
l’accent circonflexe ;
le participe passé des verbes pronominaux ;
diverses anomalies.
C’est sur ces cinq points qu'ont porté les propositions de l'Académie française. Elles ne visent pas seulement l’orthographe du vocabulaire existant, mais aussi et surtout celle du vocabulaire à naître, en particulier dans les sciences et les techniques.
Présentées par le Conseil supérieur de la langue française, ces rectifications ont reçu un avis favorable de l’Académie française à l’unanimité, ainsi que l’accord du Conseil de la langue française du Québec et celui du Conseil de la langue de la Communauté française de Belgique.

Elles ont été publiées au Journal officiel du 6 décembre 1990. Ces rectifications, modérées dans leur teneur et dans leur étendue, se résument ainsi :
le trait d’union : un certain nombre de mots remplaceront le trait d’union par la soudure exemple : portemanteau comme portefeuille ;
le pluriel des mots composés : les mots composés du type pèse-lettre suivront au pluriel la règle des mots simples des pèse-lettres ;
l’accent circonflexe : il ne sera plus obligatoire sur les lettres i et u, sauf dans les terminaisons verbales et dans quelques mots où sa présence est essentielle pour distinguer un homonyme exemples : qu’il fût, mûr ;
le participe passé : il sera invariable dans le cas de laisser suivi d’un infinitif exemple : elle s’est laissé mourir ;
les anomalies :
mots empruntés : pour l’accentuation et le pluriel, les mots empruntés suivront les règles des mots français exemple : un imprésario, des imprésarios ;
séries désaccordées : des graphies seront rendues conformes aux règles de l’écriture du français exemple : douçâtre, ou à la cohérence d’une série précise exemples : boursouffler comme souffler, charriot comme charrette.

Enrichissement de la langue française

Le développement des sciences et des techniques qui s'est accéléré depuis quelques décennies a eu tendance à favoriser l'expansion de l'anglais au détriment de la langue française. Afin d'éviter l'emploi de termes anglo-Saxons, et plus généralement étrangers, dans les domaines techniques où apparaissent sans cesse de nouvelles réalités à nommer, les pouvoirs publics ont mis en place un dispositif de terminologie et de néologie. Celui-ci a été institué par le décret du 3 juillet 1996 conformément à la loi sur la langue française dite loi Toubon du 4 août 1994.
L'Académie française participe ainsi au dispositif d'enrichissement de la langue française avec la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, la Commission générale de terminologie et de néologie, et les Commissions spécialisées de terminologie et de néologie qui œuvrent dans les ministères31. L'Académie française est présente aux différentes étapes du processus d'élaboration des termes. Elle participe aux travaux des commissions spécialisées qui proposent, dans tous les domaines informatique, télécommunications, transports, ingénierie nucléaire, sport… des termes français pour désigner les notions nouvelles. Elle est membre de la Commission générale qui examine les propositions des commissions spécialisées, et elle donne son aval pour la publication des termes au Journal officiel. Les termes et leurs définitions sont également publiés sur le site internet FranceTerme accessible aux professionnels et au grand public.
L'usage des termes français devient alors obligatoire au sein des administrations et des services publics en remplacement des termes étrangers.

L’Académie dans la fiction

Dans le roman Le Fauteuil hanté 1909 de Gaston Leroux, les membres successifs d'un même fauteuil meurent dans des circonstances mystérieuses.
Dans le film L'Aile ou la Cuisse de Claude Zidi, Louis de Funès interprétant le rôle du directeur d'un fameux guide gastronomique devient l'un des quarante Immortels.
Jean-Pierre Brisset 1837-1919 fait remarquer à plusieurs reprises dans ses livres que la parure verte des Académiciens est un hommage aux rainettes, dont l'homme provient en droite courbe.
Dans le livre Le Fantôme du fauteuil 32 de Nathalie Rheims, fille de l'académicien Maurice Rheims.

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Posté le : 21/02/2015 16:21
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DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

L'article 26 des premiers statuts de l'Académie française, fondée en 1635, prescrivait que la Compagnie rédigerait un Dictionnaire afin de donner des règles certaines à notre langue. La première édition parut en 1694. Ses deux volumes comprennent environ 15 000 mots, classés par familles de même racine pour rendre sensibles les rapports étymologiques. L'ordre alphabétique fut adopté dans la deuxième édition 1718, la simplification de l'orthographe poursuivie dans les révisions de 1740 et 1762, et l'intégration des mots que la Révolution et la République ont ajoutés à la langue opérée par un supplément à la cinquième édition, en 1798. Après les éditions de 1835 définissant près de 30 000 mots, de 1878 et de 1935, une neuvième édition de ce dictionnaire du bon usage de la langue, fixant l'orthographe des mots et précisant leur sens au moyen d'exemples, est en préparation. Elle verra l'entrée d'un grand nombre de termes nouveaux, notamment techniques, ce qui laisse prévoir un total approximatif de 45 000 mots.

ORTHOGRAPHE

L'orthographe est définie, en général, comme la manière correcte d'écrire les mots d'une langue, à une époque donnée. Elle correspond aussi aux manières plus ou moins personnelles d'écrire, en contraste avec la norme : ainsi en va-t-il en particulier pour les variétés de français et les variétés d'auteurs. L'orthographe, enfin, s'inscrit dans un cadre socioculturel prégnant qui a pu créer un amalgame idéologique entre graphie, langue et nation, faisant d'elle un mythe intouchable.

L'orthographe du français

Approche d'une définition

Le terme orthographe, en latin orthographia (composé des éléments d'origine grecque orthos « correct » et graphia « graphie »), a le sens propre « d'écriture correcte » et implique de par sa composition la notion de norme. L'orthographe est la manière d'écrire les sons et les mots d'une langue en conformité avec le système de transcription graphique, adopté à une époque donnée, et en conformité avec les rapports établis avec les autres sous-systèmes de la langue : la morphologie, la syntaxe, le lexique.
Le système de transcription graphique, adopté à une époque donnée
Le très ancien français a adopté dès les premiers textes écrits VIIIe-IXe siècle le système alphabétique latin, en l'adaptant pour la notation des sons nouveaux du français. Les diphtongues du très ancien français ont été notées par la combinaison des signes-voyelles du latin, qui sont demeurés inchangés dans l'écrit, bien que leur prononciation eût évolué. Ainsi, dans la Séquence de sainte Eulalie IXe siècle, a + i note la diphtongue ai, prononcée /Aj/ dans faire, faire ; la prononciation a évolué à /E/ depuis le XIIe-XIIIe siècle, mais la notation par le digramme ai est restée inchangée.
Les rapports établis avec les autres sous-systèmes de la langue
L'orthographe est un plurisystème. Les graphèmes utilisés pour la notation des sons qui composent un mot ou un syntagme sont appelés phonogrammes ; d'autres graphèmes prennent en compte plus particulièrement les marques grammaticales ou lexicales, et sont appelés morphèmes grammaticaux ou lexicaux ; d'autres, enfin, notent des aspects étymologiques et historiques qui permettent, par exemple, d'établir une distinction entre des formes homonymiques, et sont appelés logogrammes, ou notation de la figure du mot. Tout graphème est ainsi censé trouver sa justification par rapport à l'un ou l'autre secteur des sous-systèmes de la langue.

Le principe d'écriture phonogrammique rapport phonème-graphème
Ce principe note une correspondance privilégiée entre phonème et graphème qui facilite la lecture et la mise en écriture ; cette correspondance va du phonème ou unité de son à une certaine unité de signe. Ainsi le phonème /O/, généralement noté par le graphème o en français (env. 75 p. 100 des cas), peut être noté par le digramme au (21 p. 100) ou par le trigramme eau 3 p. 100, tous liés à l'histoire de la langue et de l'orthographe. Il n'existe aucun système graphique fondé sur une stricte correspondance biunivoque entre son et signe. Il s'agit dans ce cas de système de transcription phonétique, mais non plus d'orthographe. La prononciation des mots dans les dictionnaires est donnée en transcription phonétique alphabet phonétique international, A.P.I..

Le principe d'écriture morphogrammique

Tandis que certains graphèmes correspondent à la notation de phonèmes, d'autres correspondent plus précisément à la notation de marques grammaticales morphogrammes grammaticaux qui assurent la cohésion du syntagme : il s'agit de marques de genre, de nombre, de flexions verbales personne/temps/mode, de notation de suffixes ou de préfixes. Les morphogrammes lexicaux correspondent à la notation de marques dérivatives, notant les rapports entre le mot de base et ses dérivés. L'ensemble de ces graphèmes constitue une sorte de grammaire écrite du français.

Le principe d'écriture idéovisuel ou logogrammique

Le logogramme correspond à la notation de la figure du mot. Ce principe d'écriture a pour fonction essentielle la distinction graphique des mots homophones et homonymes, en vue d'opérer la distinction du sens. Ce procédé peut être assuré par l'accent grave, à/a, qui distingue la préposition à du verbe avoir il a ; par x étymologique, signe logogrammique, qui distingue voix lat. vox, vocis de voie lat. via ; par g étymologique : le doigt lat. digitu y est distingué du verbe il doit lat. debet ; par des lettres historiques liées à l'évolution phonique : haire, nom féminin signifiant « vêtement grossier de poil francique harja, y est distingué de hère, nom masculin signifiant homme misérable peut-être par emprunt à l'allemand Herr, seigneur, par dérision, air, nom masculin, lat. aer aire, nom féminin, lat. area, il erre, et ers, nom masculin, lentille bâtarde, mot provençal lat. ervus.

Le graphème, une unité à fonctions multiples

Le graphème est une unité du système graphique composée d'une lettre ou d'un groupe de lettres (digramme vocalique ai, an, ou consonantique, ss ; ou trigramme, eau). Il peut avoir différentes fonctions selon sa position et son entourage graphémique. Sa fonction première est la notation d'un phonème, voire de différents phonèmes, à laquelle il faut ajouter diverses fonctions morphogrammiques et sémantiques. Le graphème consonantique s note différentes valeurs phoniques, selon sa position. Par exemple, s note /s/ sourd à l'initiale et à l'intérieur devant consonne : savoir, reste. Au milieu du mot, entre deux voyelles, le s correspond à la notation de la fricative sonore /z/ : rosace, rose /roz/ ; le digramme ss, double dans cette position, note /s/ sourd, ainsi dessus, poisson (différencié de poison). À la limite préfixe-radical, cependant, lorsque la composition est sentie, s simple note /s/sourd, sur le type entresol, parasol, antiseptique. En finale, par contre, s peut correspondre à un morphogramme grammatical, muet, notant la marque du pluriel de substantifs ou d'adjectifs : les cafés (s peut être prononcé en liaison). Dans le système verbal, s final est un morphogramme grammatical muet, caractéristique de la deuxième personne du singulier : tu marches, tu marchais, tu marcheras.
Les règles de position et de syllabation
La notation de certains graphèmes consonantiques en français est liée à leur position dans le mot (initiale, milieu, finale) et à la nature du phonème vocalique qui suit.
Règles de position
Notation de g selon sa valeur phonémique :
a) g prononcé /ʒ/
g + e, i correspond à /ʒ/, ainsi gémir, girouette
ge + a, o correspond à /ʒ/, ainsi bouger, il bougea, nous bougeons avec insertion de e diacritique.
b) g prononcé /g/
g + a,o,u correspond à /g/, ainsi galop, gourde
gu + e,i, correspond à /g/, ainsi orgueil avec insertion de u diacritique.
Notation de c selon sa valeur phonémique :
a) c prononcé /s/
c + e,i correspond à /s/, ainsi ceci
ce + a correspond à /s/, ainsi douceâtre, ou douçâtre dans la graphie rectifiée 6 déc. 1990.
b) c prononcé /k/
c + a,o,u correspond à /k/, ainsi cacao
cu + e,i correspond à /k/, ainsi cueillir avec insertion de u diacritique
Notation des voyelles nasales an, en /ã/ ; in /ẽ/, on /õ/, un /œ̃/ :
a) Elles sont nasales en finale absolue, et devant consonne muette ou prononcée : /ã/ dans ban, banc, banque.
b) Devant une voyelle prononcée (ou devant e caduc), le digramme nasal devient oral : fin /ẽ)/ ; mais fine /i/, finesse ; brun /œ̃)/, mais brune /y/, brunissage.
c) Règle d'assimilation graphique latine : n est noté m devant m, p, b, type imparfait, semblable, composition. Cette règle graphique d'assimilation latine, recommandée par Alcuin au VIIIe siècle pour la restauration d'une langue écrite latine surnormée (par exemple, in mutabilis devait être écrit immutabilis, « immuable », in pius remplacé par impius « impie »), a été appliquée et généralisée au français, par le double souci d'une écriture étymologique et de l'observance de la tradition.
d) Le digramme positionnel en
é, i, y + en donne /ẽ)/, lycéen, rien, moyen
en + t donne /ã)/, client, clientèle, argent.
Règles générales de syllabation et place des accents aigu ou grave
a) Syllabe phonique fermée : pas d'accent, sur le type mer
Une syllabe phonique est dite fermée lorsqu'elle est terminée par une consonne prononcée : par exemple, cher, (la) mer, lec-ture, etc. Dans cette position la voyelle E tend à s'ouvrir : /ṭ/, et n'est pas notée par un accent.
b) Syllabe phonique ouverte : e noté d'un accent, sur le type thé
Une syllabe phonique est dite ouverte lorsqu'elle est terminée par une voyelle. Dans cette position le E tend à se fermer et est noté par un accent aigu, par exemple, thé, ca-fé, é-lé-phant.
c) Changement de la nature de la syllabe et changement d'accentuation de la voyelle : événement, évèn(e)ment en orthographe rectifiée.
L'emploi de l'accent aigu sur le é de la deuxième syllabe (ouverte, avec une voyelle fermée) dans la graphie traditionnelle événement s'expliquait par la prononciation de e caduc dans la troisième syllabe /evenəmã)/. Avec l'amuïssement de e caduc dans la prononciation courante actuelle /evṭnəmã/, la deuxième syllabe s'est fermée, avec ouverture de la voyelle, notée par un accent grave (Le Dictionnaire de l'Académie donne en 1694-1718 evenement, en 1740-1935 événement, en 1992 évènement ou événement).
d) Syllabe graphique fermée
Une syllabe graphique est dite fermée lorsqu'elle est terminée par une consonne. Les syllabes dès, près, la syllabe finale de a-près, ex-près, sont des syllabes graphiques fermées par une consonne muette s, qui présentent un e ouvert noté par l'accent grave.

Méthode d'analyse d'un système graphique d'auteur

Après s'être assuré de l'authenticité d'un document et/ou de la conformité d'une édition avec le souci orthographique d'un auteur, il convient de faire apparaitre orthographe rectifiée, Acad. franç., selon une méthode d'analyse distributionnelle, segmentation en unités graphémiques et mise en correspondance systématique avec les phonèmes vocaliques et consonantiques, le matériel ou inventaire de graphèmes utilisé par l'auteur pour la notation du système phonémique.
Il s'agit ensuite d'analyser les graphèmes en fonction des différents secteurs ou sous-systèmes de la langue, les éventuels écarts concernant la notation de la prononciation, de la morphologie, du lexique, de la syntaxe pouvant constituer les caractéristiques du système graphique d'un auteur. L'analyse des variantes graphiques selon leur fréquence permet de déterminer s'il s'agit de graphies individuelles, continues, liées à un idiolecte, ou de graphies occasionnelles et isolées.

Histoire de l'orthographe du français

Histoire de l'orthographe à travers des manuscrits et des incunables
Les textes manuscrits du très ancien français les Serments de Strasbourg, 842, et la Séquence de sainte Eulalie, deuxième moitié du IXe siècle, la Passion de Clermont, Xe siècle) font apparaitre que l'orthographe du français est loin d'être aussi simple et phonétique qu'on a bien voulu le dire. Elle est, depuis ses débuts, un système mixte ou plurisystème, dans lequel se côtoient, dans des proportions variables, des signes-lettres qui notent l'oral, ou phonogrammes, des signes-lettres qui correspondent à des morphogrammes et à des logogrammes.
À côté de mots qui ont une histoire graphique très riche (six variantes graphiques pour le parfait (il) fut, dans la Passion de Clermont : formes communes oïl/oc : fut, fu ; formes graphiques relevant proprement de la langue d'oc : fud, fo, foi, fui), il est frappant de constater qu'un très grand nombre n'ont pratiquement pas varié et ont leur forme actuelle depuis le IXe siècle. Ainsi de la série des mots grammaticaux il, elle, les, (ne) pas, plus, (il) est, non, bien, moins, certes, etc.
Une des caractéristiques de la langue écrite de ces textes manuscrits est d'être composite : dans la Séquence de sainte Eulalie, des formes graphiques du très ancien français (dans une proportion de 66,85 p. 100) côtoient des formes graphiques proprement latines (11,23 p. 100) et des formes graphiques hybrides, latinofrançaises (15,16 p. 100) ; d'autres enfin présentent des aspects régionaux/dialectaux empruntés au système picard-wallon (6,17 p. 100). On peut affirmer que, du IXe au XVe siècle, on observe globalement une tendance à la diminution du nombre des variantes graphiques. C'est un premier pas vers une standardisation, liée entre autres à l'impression : certains incunables (premiers textes imprimés avant 1500), à la différence des textes antérieurs, ne présentent que peu de variantes de ce type. La réduction du nombre des variantes graphiques se fait au profit de grandes séries d'alternances (du type e/a, o/ou « ouisme », i/y, -ier/-er, consonnes doubles/consonne simples, notation des palatales ign/gn, ill(i), gli/ll, etc.). On observe l'apparition d'un accent distinctif sur le i, à l'origine du point, dans des manuscrits du XIIIe siècle (Fou. Dixième Conte de la vie des pères), qui ôte toute ambigüité (orthographe rectifiée, Acad. franç.) à la lecture de i devant m, n et u, et sera systématisé par l'imprimerie dans les incunables. Dans le même manuscrit, on note une tendance, non encore systématique, à la distinction de ʃ long réservé à l'initiale et à l'intérieur, remplacé par un petit s en finale dans la désinence de formes verbales, ou dans des finales adverbiales, marque spécifique du morphogramme grammatical s. Au XIVe siècle, on observe le développement de y comme variante plus lisible que i (Psautier de Metz, Prologue) en finale (mercy), comme deuxième élément de digramme, (ayde), pour la notation de yod initial (yawe, « eau ») ; dans les incunables y cumule les fonctions citées, avec en particulier la notation de yod intervocalique (La mort au roy artus, 1488), dans ioye à côté de ioie, et dans des formes verbales de l'imparfait et du conditionnel développées en -oye : ie pensoye « je pensais », au conditionnel vous aymeroye « je vous aimerais », à côté de aymeroie. On assiste au développement de la majuscule du nom propre et du nom de la fonction (Tractatus, XIVe-XVe siècle, et La mort au roy artus, XVe siècle) sans que cet emploi soit encore systématique (il ne le sera pas avant le XVIIIe siècle). Ces grandes tendances s'accompagnent d'une grammatisation plus large de l'écrit, caractérisée par une systématisation des marqueurs morphologiques, tels que les marques du pluriel, du genre, des désinences verbales, etc. L'emploi du tiret en cas d'inversion n'est pas encore en usage. Avec la mise en place de l'apostrophe notant l'élision, dans le premier tiers du XVIe siècle, la segmentation graphique des mots va trouver pratiquement sa forme moderne.

Histoire de l'orthographe à travers les imprimés

Dans le prolongement de l'orthographe des manuscrits et des incunables, l'histoire de l'orthographe à travers les imprimés est dépendante de facteurs matériels, mais aussi de facteurs socioéconomiques, de l'évolution de la langue et des théories de l'écrit dans lesquelles se situent les auteurs et leurs œuvres.
Alors que l'écrit bénéficie au XVIe siècle d'une extraordinaire démultiplication grâce au processus de l'imprimerie, la tendance à la standardisation des systèmes graphiques du français est freinée par toutes sortes de contraintes matérielles. L'absence de caractères distincts i et j et u et v (jointe à l'existence des seules capitales I et V pour j et u majuscules dans les casses d'imprimerie) continue à favoriser l'emploi de lettres muettes adscrites dans l'orthographe ancienne, ajoutées dans le mot comme « lettres de lisibilité », qui servaient à désambigüiser le caractère vocalique ou consonantique de i et u, sur le type adiouster, aduenir, maulue « mauve ». Tandis que la première édition du Dictionnaire de l'Académie (1694) adopte les caractères distincts i, j, u, v (entrés peu à peu dans l'usage typographique dans la décennie 1660-1670, tandis que les capitales modernes J et U apparaissent à la fin de cette décennie), les lettres adscrites continuent à être employées jusque dans la première moitié du XVIIIe siècle, témoignant des habitudes anciennes d'imprimeurs et d'auteurs. L'évolution de l'usage typographique rend certains usages graphiques désuets : ainsi l'usage du tréma sur ü servait à noter u voyelle (en l'absence de la distinction de ces caractères). De même, les échanges de caractères entre v et u, du type vn, Vn subsistent dans les usages typographiques, dont les ateliers ont du mal à se débarrasser, alors que les grammairiens les dénoncent déjà comme autant d'erreurs.
La modernisation de la notation des voyelles en français passe par l'introduction d'un système d'accentuation, qui n'existait pas en latin. L'accentuation introduite aux XVIe et XVIIe siècles par les réformateurs et par des écrivains modernes (Ronsard dans Les Odes, 1550, emploie l'accent aigu à l'initiale et en finale ; Corneille dans la Préface du Théâtre, 1663, recommande la distinction graphique des différents E), ne sera mise en place systématiquement que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La distinction des homophones par l'introduction de l'accent grave (à/a, là/la, où/ou), observée par quelques imprimeurs au XVIe siècle, s'étend au XVIIe siècle ; mais la recommandation faite par Corneille de distinguer é fermé, de è ouvert, et de ê ouvert long ne se fera que dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Là aussi des aspects matériels comme le long usage des ligatures dans les casses d'imprimerie (type ʃt, ʃi, l'emploi d'un seul caractère constitué de deux signes-lettres liés reproduisant l'écriture manuscrite) vont freiner la modernisation, l'emploi de la ligature allant contre la suppression de s et son remplacement par un accent : voir ainsi les variantes dans Corneille 1682 Eʃtrangers et étrange, touʃiours (en 1740, le Dictionnaire de l'Académie donne toûjours).
La modernisation du système graphique du français trouve son origine au XVIIIe siècle, dans les travaux de l'abbé d'Olivet, appliqués aux éditions de 1740 et 1762 du Dictionnaire de l'Académie. L'académicien reconnait l'intérêt de la suppression des lettres muettes adscrites de l'orthographe ancienne afin d'éviter des erreurs de prononciation, et la fonction équivalente des accents de l'orthographe modernisée. Il décrit la fonction de l'accent aigu servant à noter e fermé en remplacement de s muet en syllabe atone, 1694, 1718 eʃcrire/1740 écrire ; le s long en syllabe tonique servant à noter la voyelle longue peut être remplacé par l'accent circonflexe, qui a la même fonction de notation de la durée, du type en 1694, 1718 paʃte, giʃte, coʃte/ en 1740 pâte, gîte, côte ; il recommande l'introduction de l'accent grave servant à noter e ouvert, du type en 1694, 1718 these/1740 thèse, ou en finale, en 1694, 1718 decés, succez/ devenu en 1740 décès, succès.
L'analyse de la prosodie permet à d'Olivet de dégager quelques caractéristiques du fonctionnement linguistique, phonique et graphique du français : l'existence de voyelles brèves et de voyelles longues ; en français, seule la syllabe tonique peut contenir une voyelle longue. Il décrit la règle de désaccentuation qui caractérise une voyelle longue et sa notation, lors du passage en syllabe atone, où celle-ci perd l'accent circonflexe, du type grâce/gracieux, pôle/polaire ; le pronom possessif par opposition à l'adjectif : c'est le nôtre/notre enfant. À cette règle s'oppose la règle analogique et morphologique de notation de la famille de mots, qui tend à rapprocher graphiquement les dérivés et composés de la notation du mot de base, du type tête, têtu ; crêpe, crêper, crêpeler, crêpage, décrêpage ; affût, affûtage, affûter, affûteur. Recommandée par Alcuin au VIIIe siècle lors de la reconstruction d'un latin écrit normé, cette règle fut reprise ensuite par les traités médiévaux pour le français, et enfin au XVIIe siècle par l'Académie.
L'histoire de l'orthographe à travers les imprimés, et en particulier à travers les neuf éditions successives du Dictionnaire de l'Académie, montre que 50 p. 100 environ des mots français ont connu des modifications graphiques, et certains jusqu'à trois modifications différentes. La langue a évolué. L'orthographe, d'édition en édition, a été ajustée, modernisée : c'est dans le même esprit que le Dictionnaire de l'Académie de 1992 a poursuivi cette tâche, en acceptant les rectifications de l'orthographe proposées par le Conseil supérieur de la langue française tabl..

Tableau

Rectifications de l'orthographe, Journal officiel, 6 déc. 1990
Rectifications de l'orthographe proposées par le Conseil supérieur de la langue française (d'après : Documents administratifs du « Journal officiel », 6 décembre 1990).
L'orthographe, système de représentation écrite des variétés de français et des variétés d'auteurs
Des variétés de français, liées aux diverses aires géographiques, ont coexisté, au cours de l'histoire, avec des formes communes de la langue. Ce sont les différentes évolutions linguistiques jointes à des facteurs socioéconomiques qui sont à l'origine des formes dialectales enregistrées dans les littératures périphériques. Les parlers d'auteurs de la seconde moitié du XXe siècle, dont l'étude est importante pour notre sujet, s'inscrivent dans ce patrimoine linguistique.
L'analyse de l'écriture des variétés de français fait apparaitre orthographe rectifiée, Acad. franç. des systèmes graphiques différentiels, en contraste avec la norme usuelle du français. Cette systématique est destinée à conférer une identité linguistique propre, perceptible non seulement à l'oral, mais transmise également par l'écrit. Les procédés de différenciation sont de deux types : ou la forme à transcrire présente un écart phonique dont la notation est parlante par elle-même ; ou la différence phonique n'est pas suffisante. Elle est alors compensée par des procédés de déformation de la norme graphique destinés à créer la différenciation. Ces procédés sont complémentaires, assurant au texte lisibilité et compréhension.
Distinction graphique par la notation de différences de prononciations
Une alternance de prononciation, à l'initiale a/é (azité/hésité) caractérise le parler de l'Orléanais : J'ai azité avant d' vous acrire « j'ai hésité avant de vous écrire » (A. Gilbert, 1995). Le sarthois, tout en partageant l'alternance a/e (al/elle), se caractérise par une finale en /ṭ/ très ouvert, notée par l'accent grave : al tait point contrarièe « elle [n'é]tait pas contrariée » (É. Jacqueneaux, 1993).
Distinction par l'emploi de l'apostrophe et par la segmentation graphique
Lorsque la différence de prononciation entre le français et la variété dialectale n'est pas assez marquée, les particularités linguistiques sont mises en valeur par divers aménagements graphiques.
L'utilisation de l'apostrophe sert à noter les voyelles ou les consonnes liquides amuïes à l'oral : ainsi de l'apostrophe en remplacement de l et e amuïs dans que'qu' « que(l)qu(e) », de r amuï dans quat' « quat(re) », ou de e amuï dans : j' sais pas pour « j(e ne) sais pas ».
L'agglutination graphique yavé « il y avait » signale une expression courante avec réduction phonique de trois éléments en un seul.
Un procédé de déglutination caractérise l'écriture du pronom sujet il(s) des troisième et sixième personnes. Devant un verbe à initiale vocalique, il y a déglutination du pronom en deux éléments graphiques : y l' allé « il allait » (singulier), y l' allint « ils allaient » (pluriel, avec notation de la désinence verbale de l'imparfait, en -int), le l final du pronom notant la liaison avec le verbe qui suit ; le l' est marqué d'une apostrophe censée rappeler l'élision. Devant un verbe à initiale consonantique, par contre, la graphie du pronom est réduite à un seul élément, y : y disé « il disait », y disint « ils disaient .
Cette prononciation courante du pronom, admise à l'oral, est stigmatisée à l'écrit et correspond à une tradition graphique pour noter le parler relâché, familier ou populaire, tandis que la notation de la finale en -int est caractéristique de l'Orléanais.

Distinction par la suppression de marques graphiques, lexicales et grammaticales, ou dégrammatisation
Parmi ces procédés de distinction graphique on note la suppression à l'écrit de -r final muet dans un mot comme gas « gars », qui signale une forme familière, voire populaire. Ce procédé est renforcé par l'adjonction d'un accent circonflexe gâs [ga] (É. Jacqueneaux, 1993), qui confirme la prononciation populaire. Une seule forme verbale, allé pour aller, allait, allez, allée (participe passé), neutralise chez A. Gilbert (1995) les formes de l'infinitif, de l'imparfait, ainsi que les désinences verbales et la marque de genre du participe. Ce procédé de dégrammatisation graphique est récurrent, présent chez la plupart des auteurs.
L'ensemble des procédés qui caractérisent les variétés écrites ont souvent été vécus comme une atteinte à la norme orthographique, au lieu d'être considérés comme des variétés de français dont l'existence ne peut qu'enrichir le patrimoine de la langue.
L'orthographe, depuis les plus anciens textes français, est un plurisystème complexe, qui entretient des rapports avec différents niveaux de la langue. Les rectifications de l'orthographe, à la suite des modifications graphiques qui ont eu lieu au cours de l'histoire, permettent aujourd'hui de corriger un certain nombre d'anomalies, de régulariser un certain nombre de graphies et de décrisper une certaine rigidité à l'égard de la norme. L'étude des variétés écrites du français, tout en apportant légitimité et respect à un patrimoine linguistique souvent délaissé, se révèle d'ores et déjà riche d'enseignements pour la connaissance des systèmes graphiques.Liselotte Biedermann-Pasques

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Posté le : 21/02/2015 16:19
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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