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Pierre Poivre
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Le 23 août 1719 à Lyon naît Pierre Poivre,

né le 23 août 1719, mort le 6 janvier 1786 au château de la Freta, à Saint-Romain-au-Mont-d'Or, est un horticulteur, botaniste, agronome, missionnaire et administrateur colonial français du xviiie siècle. Après des études en théologie à Paris, Pierre Poivre part, à l'âge de 21 ans, en mission d'évangélisation en Extrême-Orient. Là-bas, il découvre les épices et les profits qu'en tirent les Hollandais. De retour en France, il persuade la Compagnie française des Indes orientales de l'intérêt d'introduire ces épices sur l'Isle de France, ce qu'il parvient à faire en important clandestinement des plants de muscadiers. Fils de soyeux, il étudie d’abord dans un collège catholique de Lyon, puis envisage de devenir prêtre missionnaire et est envoyé au séminaire des Missions étrangères, à Paris. En 1741, il s’embarque pour la Chine et la Cochinchine, afin d’aller découvrir ces pays et en apprendre la langue. Alors qu’il regagne la France, en 1745, le bateau à bord duquel il se trouve est attaqué par les Britanniques. Il échappe de peu à la mort ; un boulet lui arrache le bras droit, ce qui l’oblige à renoncer à devenir missionnaire. Déposé comme prisonnier à Batavia (actuelle Jakarta), il se documente sur la culture des épices, qu’il souhaite introduire dans les colonies françaises pour briser le monopole des Hollandais sur la vente de ces denrées.En 1766, il est nommé Intendant des Isles de France et de Bourbon et participe au développement économique de l'île par ses introductions d'espèces végétales nouvelles. Il rentre en France en 1772 et meurt en 1786. Il fut résident du Royaume de France, en Isle de France, de la Chine, de la Cochinchine. Son activité principale fut Intendant des îles de France et de Bourbon mais il fut aussi horticulteur, botaniste, agronome, missionnaire, il se marie à Françoise Robin

En bref

Il naît à Lyon dans une famille bourgeoise de commerçants, fait des études au collège Saint-Joseph de cette même ville. Elève brillant, il est envoyé à Paris au séminaire des Missions Etrangères. Il se destine à l'évangélisation de l'Extrême-Orient et s'embarque en 1741 pour la Chine mais son goût de l'aventure éteint vite sa vocation religieuse.Canton, Macao, Batavia, il voyage, se documente, observe les moeurs des hommes, s'intéresse à tout ce qui touche au commerce et à l'agriculture. Il apprend un peu de chinois, connaît la prison, il en sort pour se faire l'ami du vice-roi à Canton.
Sur la route du retour vers le France en 1745, un navire anglais capture le bateau sur lequel il a embarqué, un boulet lui emporte le bras droit, il échappe de peu à la mort. Il ne pourra plus être prêtre missionnaire. Déposé prisonnier à Batavia, il comprend que la richesse de la Compagnie des Indes néerlandaises tient au monopôle de la culture de la girofle et de la noix de muscade que les Hollandais défendent jalousement. Le grand projet est né, il faut donner à la France ces épices qui se vendent à prix d'or.
Libéré, il gagne Pondichéry en 1746, fait la connaissance de Mahé de Labourdonnais et regagne avec lui l'île de France île Maurice. Il trouve que les Mascareignes seraient un terrain idéal pour y développer la culture des épices. Il rentre en France pour exposer ses vues à la Compagnie des Indes. Les choses traînent en longueur à son goût, mais il repart avec un projet de commerce avec la Cochinchine et la mission secrète de voler les épices aux Hollandais.
Après bien des péripéties, il rentre triomphant à l'île de France île Maurice le 2 décembre 1753 avec cinq muscadiers et quelques girofliers qu'il essaie d'acclimater au jardin de Mont-Plaisir, le future jardin des Pamplemousses, les laissant aux soins de Fusée Aublet, botaniste officiel.
De retour à lyon en 1756, il est célèbre, et est membre de plusieurs académies des sciences.
En 1766, le ministre de la Marine, le Duc de Pralin, le propose comme Intendant des îles de France et de Bourbon île de la Réunion que le roi vient de racheter à la compagnie des Indes en déconfiture.Sur le point de se marier, Poivre hésite mais finalement accepte, le voyage lui servira de voyage de noces.......
Il prend ses fonctions le 14 Juillet 1767 à Port Louis, île Maurice comme Commissaire Ordonnateur et Intendant Général. Il cumule ainsi les pouvoir administratifs judiciaires et financiers. En six ans il va faire des Mascareignes une colonie enviée et organisée. De caractère difficile, il ne s'entendra pas toujours avec ses collaborateurs ou ses supérieurs mais il est à l'origine du véritable développement de ces îles.
Il a introduit l'imprimerie, il y a acclimaté les épices; girofle, muscade, poivre, cannelle, quatre-épices, et des dizaine d'espèces végétales dans ce qui sera le plus grand et l'un des plus beau jardins botaniques du monde, le Jardin de Pamplemousses, son ancienne propriété de Mont-Plaisir.
Il a favorisé la culture des arbres fruitiers qu'il a introduits ou réintroduits: fruit à pain, letchi, manguier, badamier, mangoustan, cacaoyer, longanier.
Il est à l'origine du développement et du peuplement des Séchelles.
Il est l'auteur des premières lois de protection de la nature et pour cela il est reconnu de nos jours comme un des fondateurs de l'écologie.
Il a assaini le climat moral des Mascareignes et s'est soucié de l'amélioration du sort des esclaves, persuadé de l'ignominie morale et de l'inutilité économique de l'esclavage.
De retour à Lyon en 1772 avec sa femme et ses deux filles, nées à l'île de France, il passe les dernières années de sa vie dans sa région natale et meurt à Lyon le 6 Janvier 1786.

Sa vie

Pierre Poivre descend d'une famille de commerçants modestes, son père Hilaire Poivre 1671-1739 est négociant en soieries à Lyon, et sa mère est Marie Pompallier (v.1699-1770. Le couple se marie le 3 novembre 1718, à l'église Saint-Nizier, à Lyon. Pierre Poivre naît est le 23 août 1719 à Lyon. Il est fils ainé du couple, son frère cadet, Jean Poivre 1673-1740 reprendra le négoce paternel et deviendra maitre et marchand-passementier.
Il entre chez les frères missionnaires de Saint-Joseph à la Croix-Rousse. Le jeune Pierre réussit très bien ses études et il est rapidement envoyé à Paris. Là-bas il travaille pour le séminaire des Missions étrangères de Paris. Il déclare vouloir œuvrer pour l'évangélisation de l'Extrême-Orient.

Missionnaire en Extrême-Orient

En 1741, à l'âge de 21 ans, il s'embarque pour la Chine pour participer à son évangélisation. Pendant deux ans, Pierre Poivre séjourne à Guangzhou Canton où après un séjour en prison, il devient un protégé du vice-roi qui l'autorise à visiter l'intérieur du pays. Il passe à Macao avant de s'installer à Fai-Fo en Cochinchine. Rapidement, Pierre Poivre oublie l'objectif de son voyage et se passionne pour le commerce et l'agriculture. Face à son manque de conviction, ses supérieurs le renvoient en France.

Détention à Batavia et découverte des épices

Mais son goût de l'aventure est le plus fort. Il rejoint l'Asie à bord d'un navire de la Compagnie française des Indes orientales. Le navire est attaqué par les Britanniques et un boulet de canon lui emporte la main droite. Il est soigné sur le vaisseau britannique mais il doit être amputé du bras. Il est débarqué à Batavia, de nos jours Djakarta qui est alors un centre important de l'exploitation des épices notamment les noix de muscade et des clous de girofle qui, par leur rareté, représentent une richesse fabuleuse jalousement gardée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui en a le monopole. Il se met alors en tête d'acclimater ces espèces à l'Isle de France, aujourd'hui île Maurice. Après sa libération, en 1746, il se rend à Pondichéry, où il fait la connaissance de La Bourdonnais.
Il rentre alors en France pour défendre son idée auprès de la Compagnie française des Indes orientales. Après de nombreuses péripéties, il est chargé de s'occuper du développement des épices pour le commerce. Mais à la suite d'un naufrage, il embarque sur un navire néerlandais qui est attaqué par un navire malouin. Celui-ci est lui aussi attaqué par un navire Britannique. Poivre est alors enfermé à Guernesey. Il arrive en France en 1748 pour repartir l'année suivante alors chargé d'une mission par le ministre de la Marine, il aborde à Tourane pour être accueilli par la cour de Hué en 1749, mais ne parvient pas à obtenir l'autorisation de fonder un comptoir1 .
De retour sur l'Isle de France en 1753, il y trouve le terrain idéal pour la culture des épices. Il parvient à se procurer clandestinement des plants de muscadiers et de girofliers qu'il confie à Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet 1720-1778, directeur du jardin d'essai de l'Isle de France, puis repart en 1754 vers les îles Moluques mais ne parvient pas à les atteindre et rejoint le Timor où il réussit à se procurer des muscadiers. À son retour à l'île de France, aujourd'hui île Maurice, en 1755, avec 3 000 noix de muscade et des plants d'épices et fruits divers, il découvre ses premières plantations de muscadiers mortes. Quand les nouveaux plants meurent à leur tour, une enquête révèle que Fusée-Aublet, qui prétendait que le muscadier ne pouvait pas être naturalisé à l'Ile de France, avait lui-même tué volontairement les jeunes plantes en les arrosant à l'eau bouillante.
Poivre persuade le botaniste Philibert Commerson d'explorer l'Isle de France. Il forme également son neveu, Pierre Sonnerat, lequel devient l'assistant de Commerson.

Retour en France et reconnaissance 1757 - 1767

Poivre décide alors de rentrer en France. En 1755-1756, il revient à Lyon. Déjà correspondant de l'Académie des sciences auprès d'Antoine de Jussieu, il est reçu à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, aux séances desquelles il participe assidument. Cette institution, ouverte à toutes les idées nouvelles, est alors un intense foyer d’activité intellectuelle. Presque toutes les grandes questions philosophiques ou sociales qui agitaient le siècle y trouvaient un écho et y éveillaient parfois des controverses passionnées. Pour sa part, Pierre Poivre intervenait le plus souvent sur les questions relatives au commerce international et, particulièrement maritime, qui contribue à l’adoucissement des mœurs et à une meilleure connaissance des droits de l’humanité. La France à l’époque disposait de cinq comptoirs dans les Indes : Pondichéry, Karikal, Mazupilam, Chandernagor au Bengale et Mahé sur la côte de Malabar.
Il publie à cette époque le récit de ses trois expéditions aux Moluques et à Timor sous le titre Les Voyages d'un philosophe qui ont du succès.
Il épouse Françoise Robin. En 1766 la Compagnie de Indes, en faillite, cède ses colonies à la couronne. Le 3 octobre 1766, quelques jours après son mariage, le ministre de la Marine le duc de Praslin, nomme Pierre Poivre à l’intendance des îles de France et de BourbonNote 2 puis, en décembre 1766, Louis XV voulant lui donner un témoignage encore plus grand de son estime, lui confère des lettres de noblesse.

Intendant des Isles de France et de Bourbon 1767 -1772

Le navire Le Dauphin sur lequel il s'embarque le 8 mars 1767 arrive à Port-Louis, à l'Isle de France le 17 juillet, avec sa toute jeune femme, Françoise. Bernardin de Saint-Pierre, de passage dans l'île en tombe amoureux et pensera à elle en écrivant Paul et Virginie.
À sa nomination, Pierre Poivre est chargé de mettre en place les premières structures de l'administration royale qui dorénavant vont remplacer celles de la Compagnie des Indes.
En six ans, Pierre Poivre impulse un véritable développement économique dans l'archipel des Mascareignes où il organise des plantations. Il crée dans sa propriété de Mon Plaisir, l'un des plus beaux jardins botaniques : le jardin de Pamplemousses où il acclimate des plantes des contrées lointaines. Il envoie une nouvelle expédition vers les Moluques qui rapporte alors suffisamment de muscadiers et de girofliers pour mener à bien une acclimatation. Une dernière expédition permettra de varier encore les plants. Poivre ordonne que les plantations ne soient pas limitées à l'île de France. Elles seront disséminées aux Seychelles, sur l'île Bourbon et même en Guyane française.
Sur l'île Bourbon, il introduit entre autres le giroflier, le letchi, l’anis étoilé, l’avocatier du Brésil. À l'île de France, il rapporte d'Europe l'imprimerie, et réussit à acclimater le giroflier, la muscade, le poivre, la cannelle... C'est lui qui brise le monopole du commerce des épices tenu par les Hollandais. Si Pierre Poivre s'est beaucoup intéressé à la culture des épices, il a également porté son attention sur les arbres fruitiers tels que le manguier, le mangoustan, le cacaoyer,...
Enfin, il s'est préoccupé du sort des esclaves, convaincu de l'inutilité économique de l'esclavage. Il dénonce également l'immoralité de cette condition.

Retour en France et mort

Plaque indiquant que son inhumation a eu lieu dans la Basilique Saint-Martin d'Ainay
Il quitte l'Isle de France en 1772, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, pour rejoindre sa propriété de la Fréta près de Lyon où il meurt en 1786. Il est inhumé dans la Basilique Saint-Martin d'Ainay le 8 janvier 1786.
Son œuvre aurait périclité, son successeur ayant négligé les plantations, si Jean-Nicolas Céré, nommé en 1775 directeur du Jardin du roi, n'avait opposé la plus ferme résistance à ceux qui en méconnaissaient l'utilité.

Mariage et descendance

Il épouse Françoise Robin 1749-1841, le 5 septembre 1766, à Pommiers. De cette union naissent trois enfants :
Marie-Pierre Poivre
Françoise Julienne Ile-de-France Poivre 1770-1845, épouse Jean-Xavier Bureau de Pusy 1750-1806
Sarah Poivre 1773-1814

Postérité

Un buste sculpté représentant Pierre Poivre âgé d'une trentaine d'années est érigé à l'entrée du Jardin botanique de Pamplemousses à l'Ile Maurice. Un autre sculpté Pierre Poivre âgé d'une cinquantaine d'années est érigé à l'entrée du Jardin botanique de Victoria, Mahé, Seychelles, au-dessus d'une plaque explicative rappelant qu'il fut à l'origine du premier établissement des Seychelles et qu'il fit introduire des plantes à épices plus particulièrement le cannelier aux Seychelles en 1772. Une plaque commémorative a été dévoilée au Château de la Freta à Saint-Romain-au-Mont-d'or en 1994 par l'Association Pierre Poivre de Lyon, présidée par l'écrivain Khal Torabully et Madame Vernazobres. Une allée Poivre a été inaugurée dans les Dombes en juin 2007. Un petit archipel des Seychelles a été nommé les îles Poivre.
En France, une sculpture de 1836, par Jean-François Legendre-Héral, le représentant est conservée au Musée des beaux-arts de Lyon.
Le thé de la gamme du jardin de thé mauricien Bois-Chéri a été récemment placé sous son patronage


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Posté le : 21/08/2015 17:20

Edité par Loriane sur 22-08-2015 13:47:10
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George Villiers 1er comte puis duc de Buckingham
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Le 23 août 1628 meurt George Villiers 1er comte puis duc

de Buckingham


à la deuxième création 1623 de ce titre, àil a 35 ans, né le 28 août 1592 à Brooksby, dans le Leicestershire important homme d’État anglais. Sa famille est d'origine normande.
Favori du roi Jacques Ier, grand amiral en 1619, il est envoyé en Espagne pour négocier le mariage du futur Charles Ier avec l'infante Marie 1623, mais le projet n'aboutit pas ; il prend dès lors la tête du parti anti-espagnol. À la mort de Jacques Ier 1625, il conserve son influence sur le roi Charles Ier. Entreprenant une politique de rapprochement avec la France, il négocie le mariage du roi avec Henriette Marie de France, sœur de Louis XIII. En 1626, la Chambre des lords met le ministre en accusation pour corruption ; seule la pression royale permet son acquittement. Détesté par le Parlement, haï des puritains pour ses compromissions multiples, Buckingham tente alors de secourir les huguenots assiégés à La Rochelle ; il est assassiné par un officier puritain, John Felton.
Son fils George Villiers, 2e duc de Buckingham Londres 1628-Kirkby Moorside, Yorkshire, 1687, combat avec les royalistes en 1642. Après la restauration de Charles II, il succède à Clarendon comme ministre principal en 1667. Partisan d'une alliance avec la France, il négocie le traité de Douvres 1670. Mais les scandales accumulés sous son administration provoquent son renvoi en 1674.


En Bref


Devenu en 1615 le favori de Jacques Ier d'Angleterre, avec lequel il semble avoir entretenu des relations homosexuelles, George Villiers devient successivement vicomte en 1616, comte en 1617, marquis de Buckingham en 1618, et ce marquisat sera transformé en duché en 1623. Il est également élevé aux dignités de grand amiral et grand écuyer. Son influence politique connaît une ascension parallèle et le duc réussit à la maintenir sous le règne de Charles Ier, dont il est devenu l'ami avant même l'accession au trône du nouveau souverain. Il exploite surtout sa position à des fins égoïstes d'enrichissement personnel, obtenant pour lui-même le droit de disposer de nombreux offices et bénéfices, pour sa famille des monopoles scandaleux, par exemple sur le commerce des fils d'or et d'argent. Il encourage ses deux souverains à recourir à des mesures fiscales d'une légalité contestable et à des sources de financement originales comme la vente de pairies. Entre 1622 et 1628, il est le véritable souverain de l'Angleterre. Il joue un rôle majeur dans la politique étrangère ; il plaide d'abord pour un rapprochement avec l'Espagne, puis, après l'échec d'un projet de mariage entre le prince Charles et l'infante, il lance l'Angleterre dans une guerre mal préparée et vaine, qui va traîner de 1624 à 1630. De piètres tentatives pour rétablir l'électeur palatin dans ses droits en Allemagne, avec l'aide d'une force armée confiée au général mercenaire Mansfeld, sont suivies d'une brouille avec la France, dont il avait d'abord recherché l'alliance en concluant le mariage de Charles et de Henriette-Marie. George Villiers, en 1627 et 1628, entreprend des opérations navales pour secourir La Rochelle, et les forces anglaises y connaissent des échecs sans appel. Sa popularité, un temps établie par sa politique anti-espagnole, est très éphémère et il devient, en 1626 et 1628, la cible essentielle des parlementaires et un objet de litige entre le Parlement et la Couronne ; la grande remontrance de 1628 demande le renvoi du favori et provoque, en fait, la dissolution du Parlement. L'hostilité de l'opinion, nourrie de griefs économiques, renforcée par le choix des conseillers de Charles, dont William Laud, inspire sans doute le geste d'un officier, John Felton, qui, le 22 août 1628 à Portsmouth, poignarde le duc : Buckingham préparait alors une nouvelle expédition pour sauver La Rochelle. Roland Marx.

Sa vie

Il fut le favori de Jacques Ier d'Angleterre puis de Charles Ier.
C'est à sa demande qu'Antoine van Dyck partit en Angleterre pour la première fois en 1620.
Doué de toutes les grâces du corps et de l'esprit, il plut à Jacques, qui éloigna pour lui son favori Robert Carr de Somerset. Il fut élevé en moins de deux ans aux plus hautes dignités : créé marquis puis duc en 1623, il devint Premier ministre, et fut le dispensateur de toutes les faveurs. Son pouvoir lui permit de s'enrichir, en partie grâce à la faiblesse et à la connivence du chancelier Francis Bacon, en établissant de nouvelles taxes, en vendant des privilèges ; il poussa le roi à dissoudre plusieurs parlements et entraîna son pays dans des guerres désastreuses. Envoyé en Espagne 1623 pour négocier le mariage du prince de Galles Charles Ier d'Angleterre) avec l'infante, il ne put faire aboutir ce projet, à la suite de quoi il détermina le roi à déclarer la guerre à l'Espagne.

Envoyé plus tard en France, en compagnie du comte de Hollande, pour demander la main de la princesse Henriette de France, fille de Henri IV, pour le compte du roi d'Angleterre, il aurait courtisé la reine Anne d'Autriche, et aurait été éconduit après s'être attiré la haine de Louis XIII et de Richelieu. Il alla porter des secours aux protestants insurgés, fut l'auteur du siège de Saint-Martin-de-Ré en 1627 contre le comte de Toiras ; il fit des tentatives sur La Rochelle et l'île de Ré, où il perdit plus de 4 000 hommes sur un effectif de 7 000. Alors qu'il préparait une seconde expédition à Portsmouth, il fut assassiné, le 23 août 1628, par le fanatique John Felton, qui croyait, par ce meurtre, servir sa patrie. Plusieurs fois, les Communes avaient demandé son éloignement.

Personnage de roman

Appelé Bouquingan par les Français de l'époque, Alexandre Dumas, dans Les Trois Mousquetaires, le suppose amant de la reine de France Anne d'Autriche, et lui donne une carrure de personnage romantique, souffrant d'un amour impossible, tandis que Robert Merle, dans Fortune de France, le dépeint comme un vaniteux abusant de la naïveté de la reine.
Le duc de Buckingham a été un personnage historique très controversé. Si Alexandre Dumas le décrit en des termes paradoxalement positifs dans Les Trois Mousquetaires, le romancier et historien anglais Charles Dickens, par contre, ne cache pas son rejet total du duc dans son livre A Child’s History of England.
Selon Dickens, lorsque le roi anglais Charles I chargea le duc de Buckingham cet insolent parvenu d’escorter la fiancée royale, la princesse Henriette Marie Henriette de France, de Paris en Angleterre, Buckingham — avec son audacité coutumière — fit l’amour avec la reine de France, l’espagnole Anne d’Autriche, ce qui créa un conflit diplomatique extrêmement grave, dont le cardinal Richelieu, ministre du roi de France Louis XIII, profita. Plus tard, ce pestilent de Buckingham, en vue de gratifier sa vanité blessée, entraîna l’Angleterre dans une guerre avec la France et l’Espagne.

Le duc de La Rochefoucauld rapporte dans ses Mémoires Première partie, 1624-1642 l'aventure du Buckingham avec la reine de France Anne-d'Autriche. Selon La Rochefoucauld le cardinal de Richelieu, qui aurait eu par ailleurs un penchant amoureux pour Anne d'Autriche, aurait entrepris d'employer pour espion Mme de Carlyle afin de perdre Anne d'Autriche aux yeux de Louis XIII et d'assurer par là son pouvoir personnel auprès du roi.
L'affaire dite des Ferrets de diamants, rapportée par le duc de La Rochefoucauld, inspira largement l'action des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas.
Et Dickens de commenter : Pour de si mesquines causes et de si mesquines créatures se déclenchent parfois les guerres. Loin de regretter le meurtre de Buckingham, Dickens conclut qu’il était destiné à ne plus faire trop de dégâts dans ce monde.

Interprétations au cinéma

Le personnage du duc de Buckingham est interprété par :

Maurice Escande dans Les Trois Mousquetaires 1932
Ralph Forbes dans Les Trois Mousquetaires 1935
John Sutton dans Les Trois Mousquetaires 1948
Steve Barclay dans Les Trois Mousquetaires 1955
Bernard Dhéran dans Les Trois Mousquetaires 1959
Jacques Berthier dans Les Trois Mousquetaires 1961
Simon Ward dans Les Trois Mousquetaires 1973
Bernard Haller dans Les Quatre Charlots mousquetaires et Les Charlots en folie : À nous quatre Cardinal ! (1974)
Jeremy Clyde dans D'Artagnan
Orlando Bloom dans Les Trois Mousquetaires

Les Trois Mousquetaires

Univers du roman Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas 1844 et de ses suites
Auteurs Alexandre Dumas 1802-1870 • Auguste Maquet 1813-1888
Sources Les Mémoires de M. d'Artagnan, de Gatien de Courtilz de Sandras
Suites Vingt ans après 1845 • Le Vicomte de Bragelonne ou l'Homme au masque de fer 1847
Personnages Les trois mousquetaires : Athos • Porthos • Aramis • D'Artagnan • Un pour tous, tous pour un leur devise
Autres personnages : Constance Bonacieux • Milady de Winter • Duc de Buckingham • Cardinal de Richelieu • Louis XIII • Anne d'Autriche • M. de Tréville • Planchet • Comte de Rochefort
Régiments Mousquetaires • Cadets de Gascogne
Principales adaptations au cinéma Les Trois Mousquetaires 1912 • Les Trois Mousquetaires 1921, France • Les Trois Mousquetaires 1921, États-Unis • Vingt ans après 1922 • Le Masque de fer 1929 • Les Trois Mousquetaires 1932 • Les Trois Mousquetaires 1935 • L'Homme au masque de fer 1939 • Les Trois Mousquetaires 1948 • Milady et les mousquetaires 1952 • Les Trois Mousquetaires 1953, Le Vicomte de Bragelonne 1954 • Le Masque de fer 1954 • D'Artagnan, chevalier de la reine 1954 • Les Trois Mousquetaires 1961 • Le Masque de fer 1962 Mousquetaires 1973 • On l'appelait Milady 1974 • Le Cinquième Mousquetaire 1979 • Le Retour des Mousquetaires 1989 • Les Trois Mousquetaires 1993 • La Fille de d'Artagnan 1994, France • L'Homme au masque de fer 1998 • D'Artagnan 2001 • Les Trois Mousquetaires 2011
Adaptations à la télévision Les Trois Mousquetaires 1959 • D'Artagnan 1969 • L'Homme au masque de fer 1977 • D'Artagnan et les Trois Mousquetaires 1978 • Milady 2004 • D'Artagnan et les Trois Mousquetaires 2005 • The Musketeers‎
Séries d'animation pour la télévision Les Trois Mousquetaires 1981 • Sous le signe des Mousquetaires 1987 • Albert le cinquième mousquetaire 1994


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Posté le : 21/08/2015 17:18

Edité par Loriane sur 22-08-2015 13:00:07
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Louis XVI Bourbon 1
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Le 23 août 1754 naît Louis XVI à Versailles roi de France

de la maison Bourbon, mort à Paris le 21 janvier 1793, à 38 ans, roi de France et de Navarre. Il est couronné le 11 juin 1775 en la cathédrale de Reims, son prédécesseur est son grand-père Louis XV. Roi de France et de Navarre du 10 mai 1774 au 4 septembre 1791 soit 17 ans 3 mois et 25 jours. Puis roi des Français du 4 septembre 1791 au 10 août 1792 soit pendant 11 mois et 6 jour, un Conseil exécutif provisoire lui succédera dite Commune insurrectionnelle de Paris ou Convention nationale Ire République. Louis XVI est le fils du Dauphin Louis-Ferdinand de France et de Marie-Josèphe de Saxe, il est l'époux de Marie-Antoinette d'Autriche, ils ont 4 enfants : Marie-Thérèse de France, Louis-Joseph de France, Louis XVII , Sophie de France, ils résident au château de Versailles, puis seront emprisonnés au palias des Tuileries. Il est le frère aîné des futurs rois Louis XVIII et Charles X.

En bref

La personnalité de Louis XVI, dernier roi de l'Ancien Régime, se confond avec les légendes qui se sont attachées à lui : roi faible et incapable, roi-martyr, roi-serrurier... Exécuté pour des raisons politiques, il est accusé d'avoir trahi mais aussi d'avoir été simplement roi. Sa mort marque l'histoire de France durablement, parce qu'elle est liée à l'inauguration d'un nouveau régime, parce que les royalistes en portent toujours le deuil et surtout parce qu'elle illustre les contradictions de l'usage de la violence en politique. Cela est peut-être la clé explicative du destin d'un homme qui, se trouvant à la charnière de temps nouveaux, n'a pas su résoudre les contradictions entre les nécessités de réformes, le besoin de conserver des traditions, la naissance de la vie politique publique et l'abandon du système absolutiste.
Un roi déconsidéré. Petit-fils de Louis XV, devenu dauphin dès 1765, à la suite des décès successifs de son père et d'un frère aîné, il grandit dans une atmosphère familiale difficile, jalonnée de jalousies, qui renforcent les inhibitions dont il souffre. Il a du goût pour l'étude, mais peu pour les représentations sociales inhérentes au métier de roi » auquel il est mal préparé. Son mariage en 1770 avec l'archiduchesse autrichienne, Marie-Antoinette, alors qu'il a seize ans et elle quinze, met en lumière ses incapacités. Il est aussi gauche et timide qu'elle est pétulante et charmeuse. Louis XV mourant isolé et détesté de tous, leur accession au trône, en 1774, suscite la liesse populaire mais les espoirs qui se portent sur eux sont sans réels fondements et retombent vite. La vie privée de Louis XVI est à l'image de ce revirement. Souffrant d'une légère malformation, il ne consomme son mariage qu'en 1777, délai qui en fait la risée des cours d'Europe d'abord, de ses sujets ensuite, car l'embarras du roi devient vite l'objet de multiples écrits graveleux, voire carrément pornographiques. Louis n'aura été le Désiré que peu de temps, en 1774.
Père d'une fille en 1778, d'un garçon en 1781, qui meurt en juin 1789 – ce qui ne sera pas sans incidences sur la politique royale au moment des États généraux –, d'un second en 1785 – le futur Louis XVII – et d'une fille en 1786 qui meurt peu après, il vit dans une cour traversée de conflits personnels et politiques, marquée par la mort, affaiblie enfin par le jeu des coteries. Louis, présenté comme cocu impuissant, est en butte aux attaques venant de tous côtés, de ses frères d'abord, le comte de Provence et le comte d'Artois, jaloux de sa situation, des partisans d'un retour aux traditions aristocratiques tuées par ses prédécesseurs, des réformateurs qui n'obtiennent du roi que des soutiens épisodiques. Ces accusations sont aggravées par la conduite de la reine, qui vit de son côté dans le palais du Trianon, au milieu d'une cour choisie ; elle acquiert une telle réputation de frivolité, que des escrocs pourront faire croire à un prince crédule, abbé de surcroît – le cardinal de Rohan –, qu'elle se livre pour un collier 1785. Cette affaire serait ridicule si elle n'attestait du profond discrédit dans lequel le couple royal est tombé à partir de 1785. La ligne de conduite politique du roi n'est guère mieux comprise.
Une politique velléitaire. Il commence par faire confiance au comte de Maurepas, qui rétablit les Parlements dans les pouvoirs que Louis XV avait limités, ce qui revient à mettre à mal la poursuite de la centralisation absolutiste. Parallèlement, il suit les recommandations du ministre Turgot, qui veut entreprendre une réforme radicale de l'économie et de la société françaises, en pratiquant des réductions d'impôts, une saine gestion des finances royales et en laissant la liberté de circulation aux produits de l'industrie et de l'agriculture. L'édit qu'il prend en ce sens, en 1774, provoque des troubles, appelés guerre des farines ; mais ils ne sont rien à côté de l'opposition qui naît des édits suivants, supprimant la corvée et les corporations. Les parlementaires y voient l'annonce de la fin de la société d'ordres, si bien que, devant leur résistance, Turgot est sacrifié par Louis XVI, en 1776, celui-ci montrant les limites de son soutien aux réformes et sa dépendance envers les tenants de la France traditionnelle. La démission concomitante de Malesherbes atteste de l'échec de cette tentative de révolution par en haut.
Alors que Beaumarchais triomphe à la cour comme à la ville, avec Le Barbier de Séville, en 1775, Louis XVI, qui redoute la liberté d'expression de Figaro, entame une politique incertaine. Il appelle Necker aux Finances pour trouver des solutions miraculeuses aux difficultés du royaume. Le financier genevois développe le système de régie pour la perception des impôts, propose la création d'assemblées provinciales. Il se heurte à la résistance des parlementaires à nouveau mobilisés contre cette atteinte à leurs pouvoirs, et démissionne en 1781, non sans en avoir appelé à la nation en divulguant les comptes du royaume, qui soulignent de façon exagérée les dépenses de la cour.
Ces tensions entre novations et permanences, pour répondre aux défis de l'époque, se retrouvent de façon exemplaire dans la participation à la guerre d'indépendance des colonies d'Amérique, dans laquelle la France s'engage à partir de 1778. La volonté de contrer l'Angleterre et de faire oublier le traité de Paris de 1763 se combine avec le courant favorable aux Insurgents. Celui-ci se répand parmi nombre de jeunes nobles partisans de libertés ; les uns sont en faveur d'une évolution parlementariste, les autres d'une évolution aristocratique qui supprimerait l'absolutisme royal. Tous cependant s'engagent dans une opération idéologique d'une dimension nouvelle, puisqu'il ne s'agit rien de moins que de délier des sujets de leur obéissance envers un souverain européen au nom de principes universels. En outre, la France participe à la guerre en subventionnant les Américains, ce qui obère lourdement son budget. Lorsque la paix est signée à Versailles en 1783, Louis XVI peut apparaître comme l'un des vainqueurs de ce conflit qu'il a arbitré, mais les gains territoriaux sont faibles, en comparaison des coûts financiers et des mutations intervenues dans les esprits. L'introduction dans le vocabulaire de mots comme patriote ou convention témoigne assez des changements qui affectent l'opinion publique, dont la puissance est en train de grandir considérablement.
Une conduite ambiguë? Devant la persistance des difficultés financières, Louis XVI appelle Calonne qui, après avoir dénoncé son prédécesseur Maurepas et relancé une politique libérale, élabore un plan d'amélioration des finances, dont l'essentiel est l'introduction d'impôts sur les biens fonciers, la subvention territoriale, fixée selon une répartition effectuée par des propriétaires, élus au sein d'assemblées consultatives sans distinction d'ordres. La protestation des élites traditionnelles contre ce qui apparaît une nouvelle fois comme une contestation de l'ordre établi fait chuter Calonne en 1787, qui n'est pas non plus soutenu par les vrais réformistes, déçus de la volonté de contrôle par l'exécutif. Louis XVI fait alors appel à Loménie de Brienne, mais ce dernier échoue à son tour en convoquant une Assemblée des notables qui se déclare incompétente. Les États généraux s'imposent ainsi dans une succession de tergiversations et d'absence de culture politique.
Cette situation se révèle particulièrement criante en 1788, lorsque le roi et son entourage Necker a été rappelé en août 1788 sont incapables de fixer les règles de fonctionnement de l'Assemblée, qui ne s'est pas réunie depuis 1614, et qu'ils laissent s'instaurer une totale liberté de parole, en même temps qu'ils manœuvrent pour ne pas dépendre des privilégiés. Le résultat est catastrophique. Le doublement du Tiers imposé par le roi contre la prééminence des nobles et des grands clercs n'est pas accompagné de mesures réglementaires, si bien que Louis XVI, qui n'a pas tenu compte des demandes exprimées dans les cahiers de doléances remplis dans tout le pays, déconcerte les députés dès la première séance des États généraux 5 mai 1789, ne paraissant faire aucun droit aux revendications réformatrices. Privé du soutien des privilégiés, déconsidéré aux yeux des patriotes, les éléments les plus réformateurs du Tiers, le roi perd rapidement toute autorité, d'autant que la mort de son fils aîné le distrait des préoccupations politiques. Il ne sait pas faire face aux demandes du Tiers en mai-juin 1789, sauf à agiter la menace de la répression. Dans cet esprit, il renvoie à nouveau Necker le 11 juillet et accepte la concentration de troupes autour de Paris.
La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, ruine tous ses efforts, et il se rallie à un compromis que son frère cadet, le comte d'Artois, rejette violemment en quittant le pays. Par la suite, son désir de réformer le royaume sans perdre son pouvoir, ni au profit des révolutionnaires, ni à celui des aristocrates – et encore moins des émigrés – fait qu'il est confronté à la force en octobre 1789, lorsque la foule parisienne l'oblige à accepter les décrets d'août 1789 et à s'installer à Paris avec sa famille. En 1790, il ratifie la Constitution civile du clergé, tout en marquant ses réticences ; il soudoye des agents, comme Mirabeau, pour mener une politique secrète, à l'intérieur comme à l'extérieur, en demeurant en contact direct avec les souverains étrangers. Cette duplicité, aggravée par la politique de la reine, éclate au grand jour lorsque, le 21 juin 1791, toute la famille royale quitte Paris dans l'espoir de passer sous la protection de l'empereur d'Autriche. Reconnu à Varennes, ramené à Paris, où l'Assemblée obtient que la version officielle insiste sur l'enlèvement du roi, celui-ci est véritablement en liberté surveillée.
Contre-révolutionnaire. Il n'a pas perdu toute initiative cependant. Correspondant avec les autres souverains européens, menant une politique étrangère secrète, manipulant les factions révolutionnaires opposées les unes aux autres, il peut, en avril 1792, engager la France dans la guerre contre l'Autriche et la Prusse espérant que la défaite, prévisible, des armées françaises lui permettra de reprendre le pouvoir. Le calcul est déjoué par la force du nationalisme populaire qui défend la Révolution et par la maladresse et la division de ses partisans. La journée d'émeute du 20 juin 1792 montre l'opposition radicale du roi et de son entourage à la Révolution, le roi refusant tout compromis, notamment sur le plan religieux. Le 10 août est l'occasion d'un affrontement armé entre l'aile radicale de la Révolution et les défenseurs du roi, regroupés aux Tuileries, qui préparent un coup de force. Leur défaite, donc celle du roi, marque la fin de la monarchie. Incarcéré au Temple avec sa famille dans un premier temps, le roi est traduit devant la Convention, transformée en tribunal, en décembre 1792. Accusé de trahison, le roi refuse de reconnaître la légitimité de ses juges, dont la partie la plus extrémiste réclame la mort, pour empêcher tout retour en arrière de la Révolution.
La condamnation du roi est acquise à une faible majorité ; il est exécuté le 21 janvier 1793. Sa mort courageuse fait oublier ses faiblesses passées en même temps qu'elle frappe de stupeur les élites européennes, nombreuses à se détourner de la Révolution, dont la violence dérange. Elle sert aussi les émigrés, jusque-là tenus en lisière par les souverains étrangers, et qui doivent reconnaître le comte de Provence comme régent, puis comme roi en exil. Elle ne permet pas à la Révolution de se stabiliser, car les luttes internes demeurent considérables. Aucun chef politique ne réussit à imposer une légitimité durable, si bien que l'idéal de la monarchie, aussi mis à mal qu'il ait été, ne disparaît pas avec la mort de Louis XVI. Jean-Clément Martin

Sa vie

Dauphin de France à la mort de son père, marié à Marie-Antoinette d'Autriche, il monte sur le trône à vingt ans. Il y est confronté, en particulier après l'intervention française aux côtés des colons américains, à des difficultés financières importantes accompagnées de spéculations boursières. Réformateur prudent, parfois hésitant, il tente de conduire avec ses ministres successifs des réformes à la monarchie. Il rétablit les parlements, réforme le droit des personnes abolition de la torture en 1781 et 1788, abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition du péage corporel des juifs d'Alsace en 1784, édit de tolérance des protestants en 1787 mais butte sur les réformes de la fiscalité et les finances du Royaume réformes en 1774-1776, 1781, 1787 par deux fois. Son projet d'instaurer un impôt direct égalitaire en remplacement de la taille inégalitaire contrôlé par des assemblées provinciales élues, bute sur l'hostilité des privilégiés, en particulier celle de la noblesse de robe, celle du Parlement de Paris et celle de la Cour de Versailles. Louis XVI essaie alors de passer outre leur opposition en présentant ses réformes devant une assemblée des notables 1787 puis devant les états généraux 1789.
Les exigences du tiers état et la révolte du peuple provoquent la Révolution française qui transforme le rôle politique du roi et le système de gouvernement de la France en mettant fin à la monarchie absolue de droit divin. Dans un premier temps, le roi Louis XVI accepte de devenir un monarque constitutionnel, mais en butte à une opposition de plus en plus hostile et après avoir tenté de quitter Paris où il avait été conduit sous la contrainte populaire, il contribue au déclenchement d'une guerre entre les monarchies absolues et les révolutionnaires. La progression des armées étrangères et monarchistes vers Paris provoque son renversement, le 10 août 1792, par les sections républicaines : la monarchie est abolie le 21 septembre. Dès lors, emprisonné, surnommé Louis le Dernier ou Louis Capet par les révolutionnaires, Louis XVI est inculpé pour trahison sur l'accusation de ne pas avoir respecté son rôle constitutionnel, d'avoir manœuvré secrètement contre la Révolution et d'avoir tenté de fuir la France en juin 1791. Jugé coupable par la Convention nationale, il est condamné à mort et guillotiné le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution à Paris, quelques mois avant Marie-Antoinette. Les monarchistes reconnaissent alors son fils, emprisonné à Paris, comme roi de France sous le nom de Louis XVII, mais l'enfant meurt en détention deux ans plus tard. Ce n'est qu'en 1814, lors de la chute de Napoléon, que la famille royale pourra revenir en France : le frère de Louis XVI règnera alors sous le nom de Louis XVIII.
Après l'avoir considéré d'abord soit comme un traître à la patrie soit comme un martyr, les historiens français ont fini par globalement adopter une vue nuancée de la personnalité et du rôle de Louis XVI, décrit comme un honnête homme mû par de bonnes intentions, mais qui n'était pas à la hauteur de la tâche herculéenne qu'aurait représenté une profonde réforme de la monarchie.
Louis-Auguste de France naît au château de Versailles le 23 août 1754 à 6 h 24 du matin .
Il est le quatrième enfant et troisième fils du dauphin Louis-Ferdinand de France 1729-1765 et de sa seconde épouse Marie-Josèphe de Saxe. De l'union de ce couple sont nés au total huit enfants :
Marie-Zéphyrine de France 1750-1755 ;
Louis de France 1751-1761, duc de Bourgogne ;
Xavier de France 1753-1754, duc d'Aquitaine ;
Louis-Auguste de France, duc de Berry, futur Louis XVI ;
Louis Stanislas Xavier de France 1755-1824, comte de Provence, qui deviendra roi sous le nom de Louis XVIII en 1814 reconnu comme tel dès la mort de Louis XVII en 1795 par certaines puissances européennes ;
Charles Philippe de France 1757-1836, comte d'Artois, qui deviendra roi sous le nom de Charles X à la mort du précédent ;
Clotilde de France 1759 – 1802, reine de Sardaigne de 1796 à 1802 par son mariage avec le roi Charles-Emmanuel IV de Sardaigne ;
Élisabeth de France 1764-1794, elle partage jusqu'aux derniers instants le sort de la famille royale. Elle est guillotinée.
D'un premier mariage avec Marie-Thérèse d'Espagne, Louis-Ferdinand avait eu une fille Marie-Thérèse de France 1746-1748.
De nombreuses personnes sont là pour constater la venue du nouveau-né : l'accoucheur de la famille royale Jard ; le chancelier Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil, le garde des sceaux Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville et le contrôleur général des finances Jean Moreau de Séchelles des porteurs, gardes du corps et la sentinelle. Le dauphin, en robe de chambre, accueille chacun en disant : Entrez, mon ami, entrez vite, pour voir accoucher ma femme.
Peu avant la naissance, Binet, le premier valet de chambre du dauphin, a dépêché auprès de Louis XV, le grand-père du futur bébé, un piqueur de la Petite Écurie pour lui annoncer la naissance imminente alors que le roi avait pris ses quartiers d'été au château de Choisy-le-Roi. Juste après la naissance, le dauphin envoya quant à lui l'un de ses écuyers M. de Montfaucon annoncer cette fois-ci la nouvelle de la naissance proprement dite. Sur la route, Montfaucon croisa le piqueur qui, tombé de cheval puis mort peu de temps après, n'avait pu porter le premier message. L'écuyer apporta donc au roi les deux messages simultanément : celui de la naissance à venir et celui de la naissance survenue. Ainsi averti, Louis XV donna 10 louis au piqueur et 1 000 livres à l'écuyer avant de se rendre immédiatement à Versailles
Immédiatement après sa naissance, le bébé est ondoyé à l'église Notre-Dame de Versailles par Sylvain-Léonard de Chabannes 1718-1812, aumônier du roi.
Quand le roi entre dans la chambre, il saisit le nouveau-né et le prénomme Louis-Auguste avant de le nommer immédiatement duc de Berry. Le bébé est aussitôt confié à Marie Louise de Rohan connue sous le nom de Madame de Marsan, gouvernante des enfants de France, avant d'être conduit dans son appartement par Louis François Anne de Neufville de Villeroy, duc de Villeroy et capitaine des gardes du corps du roi
La nouvelle de la naissance est annoncée aux souverains d'Europe amis de la couronne ainsi qu'au pape Benoît XIV. Vers 13 heures, le roi et la reine Marie Leszczyńska assistent à un Te Deum dans la chapelle du château. Les cloches des églises de Paris se mettent à sonner et, le soir, un feu d'artifice est tiré de la place d'armes et allumé de la main du roi au moyen d'une fusée courante, de son balcon.

Jeunesse 1754-1774 Dans l'ombre du duc de Bourgogne

Le nouveau-né souffre d'une santé assez fragile durant les premiers mois de sa vie. On dit de lui qu'il a un « tempérament faible et valétudinaire. Sa nourrice, la maîtresse de Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, marquis de la Vrillière, ne donne pas assez de lait. Sur l'insistance de la dauphine, elle est remplacée par Madame Mallarda 3. Du 17 mai au 27 septembre 1756, Louis-Auguste et son frère aîné sont envoyés au château de Bellevue sur les conseils du médecin genevois Théodore Tronchin, afin d'y respirer un air plus pur qu'à Versailles.
À l'instar de ses frères, Louis-Auguste a pour gouvernante Madame de Marsan, gouvernante des enfants royaux. Cette dernière favorise, d'une part, le duc de Bourgogne en tant qu'héritier du trône, et d'autre part le comte de Provence, qu'elle préfère à ses frères. Se sentant délaissé, le duc de Berry ne la portera jamais vraiment dans son cœur et, une fois sacré roi, il refusera toujours d'assister aux fêtes qu'elle organisait pour la famille royale. La gouvernante est notamment chargée d'apprendre aux enfants la lecture, l'écriture et l'histoire sainte. Leurs parents surveillent de près cette éducation, la dauphine leur enseignant l'histoire des religions et le dauphin les langues et les leçons de morale. Il leur apprend notamment que « tous les hommes sont égaux par droit de nature et aux yeux de Dieu qui les a créés.
En tant que petit-fils du roi, Louis-Auguste est tenu comme ses frères à un certain nombre d'obligations et de rituels : ils assistent tant aux enterrements royaux qu'aux mariages importants, et reçoivent la visite de souverains étrangers et d'hommes d'Église notamment. C'est ainsi qu'en mai 1756, trois nouveaux cardinaux leur rendent visite : Bourgogne âgé de 5 ans les reçut, écouta leurs discours et les harangua, tandis que Berry 22 mois et Provence 6 mois, gravement assis sur des fauteuils, avec leur robe et leur petit bonnet, imitaient les gestes de leurs aînés .
En grandissant, les petits-fils du roi doivent passer des jupons de leur gouvernante aux mains d'un gouverneur chargé de l'ensemble des activités éducatives. Après avoir pensé à Victor Riqueti de Mirabeau, comte de Mirabeau et père du célèbre révolutionnaire, le dauphin choisit pour ses enfants en 1758 un homme plus proche des idées monarchiques : Antoine de Quélen de Stuer de Caussade, Duc de la Vauguyon, prince de Carency et pair de France. Ce dernier appellera ses élèves les " Quatre F : le Fin duc de Bourgogne, le Faible duc de Berry, le Faux comte de Provence et le Franc comte d'Artois. La Vauguyon est assisté de quatre adjoints : Jean-Gilles du Coëtlosquet précepteur, André-Louis-Esprit de Sinéty de Puylon sous-gouverneur, Claude-François Lizarde de Radonvilliers sous-précepteur et Jean-Baptiste du Plessis d'Argentré lecteur. Le dauphin demande à La Vauguyon de s'appuyer sur les Saintes Écritures et le modèle d'Idoménée, héros du Télémaque de Fénelon : Vous y trouverez tout ce qui convient à la direction d'un roi qui veut remplir parfaitement tous les devoirs de la royauté. Ce dernier aspect est privilégié car le futur Louis XVI est tenu à l'écart des affaires, on ne lui apprend pas à gouverner.
L'usage de la cour était que les enfants royaux passassent de leur gouvernante au gouverneur à l'âge de 7 ans. C'est ainsi que le duc de Bourgogne est remis au duc de La Vauguyon le 1er mai 1758, peu avant son septième anniversaire, quittant ainsi les robes d'enfant pour les habits masculins. Cette séparation d'avec sa gouvernante est difficile pour elle comme pour lui, et le duc de Berry se trouve lui aussi attristé par ce déchirement soudain. Le duc de Bourgogne est admiré par ses parents et par la cour. Intelligent et sûr de lui, il n'en demeure pas moins capricieux et convaincu de sa supériorité. Il questionne un jour ses proches en leur disant Pourquoi ne suis-je pas né Dieu ? Tout semble montrer qu'il sera un grand roi.
Un événement anodin va pourtant changer la destinée de la famille royale : au printemps 1760, le duc de Bourgogne tombe du haut d'un cheval en carton qu'on lui avait offert quelque temps plus tôt. Il se met à boiter et les médecins lui découvrent une grosseur à la hanche. L'opération qu'il subit n'y fait rien. Le prince est alors condamné à rester dans sa chambre et ses études sont interrompues. Il souhaite pour être consolé retrouver son petit frère, le duc de Berry. C'est ainsi que dès 1760, le futur roi passe exceptionnellement aux mains du gouverneur avant d'atteindre l'âge de 7 ans. La Vauguyon recrute pour lui un second sous-précepteur. Les deux frères sont dès lors éduqués ensemble, le duc de Bourgogne se distrayant en collaborant à l'éducation de son jeune frère, et ce dernier s'intéressant davantage à la géographie et aux arts mécaniques. L'état de santé du duc de Bourgogne s'aggrave néanmoins et on lui diagnostique en novembre 1760 une double tuberculose pulmonaire et osseuse. La cour doit se rendre à l'évidence : la mort du prince est aussi imminente qu'inéluctable. Ses parents se trouvent dans un accablement de douleur qu'on ne peut se représenter. Dans l'urgence, l'enfant est baptisé le 29 novembre 1760, fait sa première communion le lendemain et reçoit l'Extrême-onction le 16 mars 1761 avant de mourir en odeur de sainteté dans la nuit du 20 au 21 mars suivant, en l'absence de son petit-frère, alité lui aussi par une forte fièvre.

Héritier de la couronne de France

La mort du duc de Bourgogne est vécue comme un drame pour le dauphin et la dauphine. Cette dernière déclarera : rien ne peut arracher de mon cœur la douleur qui y est gravée à jamais. On installe le duc de Berry dans les appartements de feu son grand frère.
Le 18 octobre 1761, le même jour que son frère Louis Stanislas Xavier, Louis Auguste est baptisé par l'archevêque Charles Antoine de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de Jean-François Allart, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est son grand-père Auguste III de Pologne, représenté par Louis Philippe, duc d'Orléans, et sa marraine est Marie Adélaïde de France.
Louis-Auguste se distingue déjà par une grande timidité ; certains y voient un manque de caractère, comme le duc de Croÿ en 1762 : Nous remarquâmes que des trois Enfants de France, il n'y avait que Monsieur de Provence qui montrât de l'esprit et un ton résolu. Monsieur de Berry, qui était l'aîné et le seul entre les mains des hommes, paraissait bien engoncé. Il se montre néanmoins parfois à son aise devant les historiens et philosophes se présentant à la cour. Il fait également preuve d'humour et de repartie. La Vauguyon et le prédicateur Charles Frey de Neuville15 remarquent même chez le jeune homme d'assez grandes qualités pour en faire un bon roi.
Sur le plan intellectuel, Berry est un élève doué et consciencieux. Il excelle dans les matières suivantes : géographie, physique, écriture, morale, droit public, histoire, danse, dessin, escrime, religion et mathématiques. Il apprend plusieurs langues latin, allemand, italien et anglais et savoure quelques grands classiques de la littérature comme La Jérusalem délivrée, Robinson Crusoé ou encore Athalie de Jean Racine. Son père se montre néanmoins intransigeant et le prive parfois de chasse au moindre relâchement. Élève studieux, il se passionne pour plusieurs disciplines scientifiques. Selon l'historien français Ran Halévi : Louis XVI a reçu l’éducation d’un prince des Lumières — C’était un monarque éclairé. Les professeurs d'histoire Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek précisent que : Louis XVI connaissait le latin, l’allemand, l’espagnol, maîtrisait l’anglais parfaitement, pratiquait la logique, la grammaire, la rhétorique, la géométrie, l’astronomie. Il avait une culture historique et géographique incontestable et des compétences en économie. Ils estiment qu’il est très influencé par Montesquieu, qui lui inspire une conception moderne de la monarchie détachée du droit divin.
Le destin du duc de Berry allait encore être bouleversé par un événement anodin. Le 11 août 1765, le dauphin son père fait une visite à l'abbaye de Royallieu et revient à Versailles sous la pluie. D'une santé déjà précaire et affublé d'un rhume, il est pris d'une violente fièvre. Il parvient à faire transporter la cour au château de Fontainebleau pour changer d'air, mais rien n'y fait et son état s'empire au fil des mois. Après une agonie de 35 jours, le dauphin meurt le 20 décembre 1765 à l'âge de 36 ans.
À la mort de son père, le duc de Berry devient donc dauphin de France. Il a 11 ans et a vocation à succéder immédiatement au roi, son grand-père, qui en a 56.
Dauphin de France 20 décembre 1765 - 10 mai 1774

Fin de l'éducation

Louis-Auguste est désormais dauphin, mais ce changement de statut ne l'exonère pas de poursuivre son éducation, bien au contraire. La Vauguyon recrute un adjoint supplémentaire pour enseigner au dauphin la morale et le droit public : le père Guillaume François Berthier. Le gouverneur incite le duc de Berry à penser de lui-même en lui appliquant la méthode du libre examen. Pour ce faire, il lui demande de rédiger dix-huit maximes morales et politiques ; le dauphin s'y emploie avec efficacité et parvient à y prôner notamment le libre commerce, la récompense des citoyens ou encore l'exemple moral que se doit d'afficher le roi allusion à peine voilée aux frasques de Louis XV. L'ouvrage est récompensé par La Vauguyon, qui le fait même imprimer. Le dauphin rédige même un ouvrage dans lequel sont relatées les idées inspirées par son gouverneur : Réflexions sur mes Entretiens avec M. le duc de La Vauguyon ; il y forge notamment sa vision de la monarchie en énonçant par exemple que les rois eux-mêmes sont responsables de toutes les injustices qu'ils n'ont pas pu empêcher. Sa mère tempère cet élan libéral en lui inculquant plus encore les préceptes de la religion catholique ; c'est ainsi que le dauphin reçoit le sacrement de confirmation le 21 décembre 1766 et fait sa première communion le 24 décembre suivant. En grandissant, Berry commence à sortir davantage et pratique l'équitation. Il commence également à se passionner pour l'horlogerie et la serrurerie, deux loisirs qui ne le quitteront plus. L'abbé Jacques-Antoine Soldini vient conforter l'éducation religieuse du jeune homme
L'éducation proprement dite du dauphin s'arrêtera avec son établissement, c'est-à-dire son mariage. Celui-ci sera célébré à Versailles le 16 mai 1770 avec la jeune Marie-Antoinette d'Autriche. À cette occasion, l'abbé Soldini adresse au dauphin une longue lettre de conseils et recommandations pour sa vie à venir, et notamment sur les mauvaises lectures à éviter et sur l'attention à porter à son alimentation. Il l'exhorte enfin à toujours rester ponctuel, bon, affable, franc, ouvert mais prudent dans ses paroles. Soldini deviendra plus tard le confesseur du dauphin devenu roi.

Mariage avec Marie-Antoinette d'Autriche

Le mariage du dauphin est envisagé dès l'année 1766 par Étienne-François de Choiseul alors que le futur roi n'a que 12 ans. Le royaume de France étant sorti fragilisé de la Guerre de Sept Ans, le secrétaire d'État trouve judicieuse l'idée de s'allier avec l'Autriche face au puissant royaume de Grande-Bretagne. Le roi est convaincu du projet, et dès le 24 mai 1766, l'ambassadeur d'Autriche à Paris écrit à l'archiduchesse Marie-Thérèse qu'elle peut de ce moment regarder comme décidé et assuré le mariage du dauphin et de l'archiduchesse Marie-Antoinette. La mère du dauphin fait néanmoins suspendre le projet dans le but de maintenir la cour de Vienne dans l'expectative, entre la crainte et l'espérance. "Suspendre" est le terme approprié, puisqu'elle va mourir quelques mois plus tard, le 13 mars 1767. Le projet de mariage est alors remis sur la table.
Peu après la mort de Marie-Josèphe de Saxe, le marquis de Durfort est envoyé en mission à Vienne pour convaincre l'archiduchesse et son fils des bienfaits politiques de cette union. Les négociations durent plusieurs années, et l'image donnée par le dauphin n'est pas toujours reluisante : Florimond de Mercy-Argenteau, l'ambassadeur d'Autriche à Paris, lui signale notamment que la nature semble avoir refusé tout don à Monsieur le Dauphin, ..., par sa contenance et ses propos ce prince n'annonce qu'un sens très borné, beaucoup de disgrâce et nulle sensibilité. Malgré ces avis, et malgré le jeune âge des intéressés 15 ans pour Louis-Auguste et 14 pour Marie-Antoinette, l'impératrice voit dans ce mariage l'intérêt de son pays et y donne son accord. Le 17 avril 1770, Marie-Antoinette renonce officiellement à la succession du trône autrichien et, le 19 avril, une cérémonie nuptiale est célébrée à Vienne, le marquis de Durfort signant l'acte de mariage au nom du dauphin.
Marie-Antoinette part pour la France le 21 avril 1770 au cours d'un voyage qui durera plus de 20 jours et qui comportera un cortège d'une quarantaine de véhicules. Le cortège arrive à Strasbourg le 7 mai. La cérémonie de « remise de l'épouse s'effectuera au milieu du Rhin, à égale distance entre les deux rives, sur l'Île aux Épis. Dans un pavillon construit sur cet îlot, la jeune femme troque ses vêtements autrichiens pour des vêtements français, avant de ressortir outre-Rhin, vers un cortège français et à côté de la comtesse de Noailles, sa nouvelle dame d'honneur . La rencontre entre le dauphin et sa future épouse a lieu le 14 mai 1770, au pont de Berne, dans la forêt de Compiègne. Le roi, le dauphin et la cour sont là pour accueillir le cortège. À sa descente du carrosse, la future dauphine fait la révérence au roi et est présentée par lui au duc de Berry, lequel lui fait un discret baiser sur la joue. Le carrosse royal emmène ensuite le roi, le dauphin et sa future épouse au château de Compiègne, où une réception officielle est organisée le soir même pour présenter l'Autrichienne aux principaux membres de la cour. Le lendemain, le cortège s'arrête au Carmel de Saint Denis où Madame Louise s'est retirée depuis quelques mois, puis il se rend au Château de la Muette où Marie-Antoinette est présentée au comte de Provence et au comte d'Artois, et où elle fait connaissance avec la nouvelle et dernière favorite du roi, la comtesse du Barry.
Le mariage officiel est célébré le lendemain 16 mai 1770 à la chapelle du château de Versailles, où se sont pressés 5 000 invités. Là, Marie-Antoinette traverse la galerie des glaces en compagnie du roi et de son futur époux jusqu'à la chapelle. Le mariage est béni par Charles Antoine de La Roche-Aymon, archevêque de Reims. Le dauphin, ceint du cordon bleu de l'Ordre du Saint-Esprit, passe l'anneau au doigt de sa femme et obtient du roi le signe rituel d'assentiment. Puis, les époux et témoins signent les registres paroissiaux. Dans l'après-midi, les Parisiens venus nombreux assister au mariage sont autorisés à se promener dans le parc du château où les jeux d'eau ont été actionnés. Le feu d'artifice prévu le soir même a été annulé à cause d'un violent orage. Le dîner est organisé dans la toute nouvelle salle de spectacle du château ; le repas est accompagné par 24 musiciens habillés à la turque. Les époux, eux, mangent très peu. Peu après minuit, ils sont accompagnés à la chambre nuptiale. L'archevêque bénit le lit, le dauphin reçoit sa chemise nuptiale des mains du roi et la dauphine des mains de Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse de Chartres, la plus haut placée des femmes mariées de la cour. L'assistance assiste au coucher des époux, le roi lance quelques grivoiseries et les mariés sont laissés à eux-mêmes. Le mariage ne sera pas consommé cette nuit-là. Il ne le sera que sept ans plus tard.
Les noces continuent d'être célébrées les jours suivants : les époux assistent à des opéras Persée de Lully, des pièces de théâtre Athalie, Tancrède et Sémiramis. Ils ouvrent le bal organisé en leur honneur le 19 mai. Les festivités se terminent le 30 mai où l'on a prévu de tirer un feu d'artifice depuis la Place Louis XV là où quelques années plus tard le roi Louis XVI et son épouse seront guillotinés. Seule la dauphine a fait le déplacement, le roi ayant voulu rester à Versailles et le dauphin étant devenu las de ces festivités. Alors que Marie-Antoinette et Mesdames débouchent sur le Cours la Reine, on leur demande de rebrousser chemin. Ce n'est que le lendemain que la dauphine apprendra ce qui s'est passé : durant le feu d'artifice, un incendie s'est déclaré rue Royale, créant un mouvement de panique ; de nombreux passants ont été écrasés par des voitures et piétinés par des chevaux. Le bilan officiel fait état de 132 morts et des centaines de blessés. Les jeunes époux sont atterrés. Le dauphin écrit aussitôt au lieutenant général de police Antoine de Sartine : J'ai appris les malheurs arrivés à mon occasion ; j'en suis pénétré. On m'apporte en ce moment ce que le Roi me donne tous les mois pour mes menus plaisirs. Je ne puis disposer que de cela. Je vous l'envoie : secourez les plus malheureux. La lettre est accompagnée d'une somme de 6 000 livres.

Le délicat sujet de la consommation du mariage

La consommation du mariage du dauphin, loin d'être une affaire privée, va rapidement devenir une affaire d'État : par sa descendance, ce n'est pas uniquement sa famille mais la monarchie tout entière que le futur roi doit pérenniser. Mais cette consommation ne sera effective que le 18 août 1777, soit plus de 7 ans après le mariage du dauphin.
Pourquoi une telle attente ? Selon l'écrivain Stefan Zweig, Louis-Auguste est le seul responsable. Victime d'une malformation des organes génitaux, il aurait tenté chaque nuit d'accomplir son devoir conjugal, en vain. Ces échecs quotidiens se répercutent dans la vie de cour, le dauphin devenu roi étant incapable de prendre des décisions importantes et la reine compensant son malheur dans des bals et des fêtes. L'auteur avance même que le roi est incapable de virilité et qu'il lui est donc impossible de se comporter en roi. Puis, toujours selon l'auteur, la vie du couple est rentrée dans l'ordre le jour où Louis XVI a enfin daigné accepter de faire confiance à la chirurgie. Néanmoins selon Simone Bertière, l'une des biographes de Marie-Antoinette, cette infirmité physique n'a pas été la cause de la longue abstinence des époux, puisque le dauphin ne souffrait justement d'aucune infirmité de ce type. Certes, dès juillet 1770 soit deux mois seulement après le mariage, le roi Louis XV profite d'une absence momentanée du dauphin pour convoquer Germain Pichault de La Martinière, un chirurgien alors réputé. Il lui pose deux questions médicales très précises : Le jeune prince souffre-t-il d'un phimosis et est-il nécessaire de le circoncire ? Ses érections sont-elles entravées par un frein trop court ou trop résistant qu'un simple coup de lancette pourrait libérer ?. Le chirurgien est clair : le dauphin n'a aucun défaut naturel qui s'oppose à la consommation du mariage. Le même chirurgien le redira deux ans plus tard en disant que nul obstacle physique ne s'oppose à la consommation. L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche s'empare du sujet, refusant de croire que sa fille pourrait être la cause de cet échec, disant Je ne saurais me persuader que c'est de sa part que cela manque. En décembre 1774, devenu roi, Louis XVI se fait à nouveau examiner, cette fois-ci par Joseph-Marie-François de Lassone, médecin de la cour ; et en janvier 1776, c'est au docteur Moreau, chirurgien à l'Hôtel-Dieu de Paris, que revient la tâche d'examiner à nouveau le souverain. Les deux médecins sont formels : l'opération n'est pas nécessaire, le roi n'a aucune malformation.
Les docteurs Lassone et Moreau avancent néanmoins plusieurs raisons à ce retard conjugal, le premier parlant d'une timidité naturelle du monarque et le second d'un corps fragile qui semble néanmoins prendre plus de consistance. D'autres auteurs, comme le biographe Bernard Vincent, dénoncent quant à eux les coutumes de la cour qui, ajoutées à la timidité du roi et à la fragilité de son corps, ne pouvaient que retarder le moment suprême. En effet, les époux vivent dans des appartements séparés, et seul le roi a le droit de rendre visite à son épouse quand il s'agit de remplir le devoir conjugal. Une fois devenu roi, Louis XVI vit dans des appartements encore plus éloignés de ceux de sa femme qu'auparavant, et les allées et venues vers son épouse se font toujours sous le regard de courtisans curieux, notamment par la traversée du salon de l'Œil-de-bœuf. L'auteur ajoute que l'éducation prude et pudibonde des deux jeunes époux, au moment où ils étaient éduqués chacun dans leur pays, ne les avait pas disposés à s'abandonner du jour au lendemain aux audaces des relations conjugales. Car les adolescents, en étant tenus de passer leur première nuit ensemble, furent subitement confrontés à la vie adulte sans y avoir été préalablement préparés. Et ni leur éducation, ni leur corps à peine pubère ne pouvaient les aider à surmonter cette étape. Peu confident et peu romantique, Louis XVI trouvera refuge dans l'une de ses activités préférées : la chasse.
Les mois et les années passent sans que de réels progrès soient perçus, le couple delphinal et ensuite royal commençant à s'habituer à cette situation. Marie-Antoinette voit dans cette période une occasion de jouir un peu du temps de la jeunesse, explique-t-elle à Mercy-Argenteau. Un semblant de consommation survient en juillet 1773 où la dauphine confie à sa mère : je crois le mariage consommé mais pas dans le cas d'être grosse. Le dauphin se précipite quant à lui chez le roi pour lui annoncer la nouvelle. Il semble en vérité que le dauphin n'a pu que déflorer son épouse sans aller jusqu'au bout. L'attente est récompensée le 18 août 1777. Le 30 août suivant, la princesse écrit à sa mère : Je suis dans le bonheur le plus essentiel pour toute ma vie. Il y a déjà plus de huit jours que mon mariage est consommé ; l'épreuve a été réitérée, et encore hier soir plus complètement que la première fois .... Je ne crois pas être grosse encore mais au moins j'ai l'espérance de pouvoir l'être d'un moment à l'autre. L'accomplissement du devoir conjugal portera son fruit à quatre reprises puisque le couple royal aura autant d'enfants, sans compter une fausse couche en novembre 1780 : Marie-Thérèse Charlotte née en 1778, Louis-Joseph né en 1781, Louis-Charles né en 1785 et Marie-Sophie-Béatrice née en 1786. Après ces quatre naissances, les époux n'entretiendront plus de relations conjugales. Ces échecs et cette nouvelle abstinence donneront au roi l'image d'un roi soumis aux volontés de sa femme. La longue route vers la consommation a terni au fil du temps l'image du couple. Et l'écrivain Simone Bertière d'affirmer : une chasteté volontaire, respectueuse du sacrement conjugal, aurait pu être portée à son celui de Louis XVI crédit après le libertinage de son grand-père. Mais le ridicule des années stériles collera à son image, tandis que celle de la reine ne se remettra pas de sa course imprudente aux plaisirs frelatés.

Les quatre années de vie du couple delphinal

Entre le mariage du dauphin et son sacre s'écoulent quatre années, pendant lesquelles Louis-Auguste est resté volontairement éloigné du pouvoir par le roi, comme ce dernier le faisait auparavant avec son propre fils. Il met donc son temps à profit pour les cérémonies officielles, la chasse à courre ou au fusil, la fabrication de clés et de serrures et les salons de Mesdames. C'est dans ceux-ci que le dauphin rencontre ses tantes et ses frères accompagnés le moment venu par leur épouse. Les jeux, divertissements et pièces de théâtre du répertoire français y occupent une place importante. Chaque participant y fait souvent l'acteur, y compris la dauphine ; le dauphin, lui, y est peu enclin.
Le couple se montre volontiers en public, notamment en prodiguant quelques instants de réconfort auprès des plus pauvres. L'historien Pierre Lafue écrit que populaires sans l'avoir cherché, les deux époux frémissaient de joie en écoutant les acclamations monter vers eux, dès qu'ils paraissaient en public. Leur première visite officielle à Paris et au peuple parisien se déroule le 8 juin 1773. Lors de cette journée, le couple a reçu un accueil des plus chaleureux et la foule nombreuse n'a cessé de les acclamer. Au programme de cette longue journée, Louis-Auguste et son épouse ont été reçus à Notre-Dame, sont montés prier devant la châsse de Sainte Geneviève dans l'abbaye du même nom avant de finir par une promenade dans les Tuileries, ouvertes à tous pour l'occasion. L'ambassadeur de Mercy résume la journée en affirmant que cette entrée est d'une grande conséquence pour fixer l'opinion publique. Le couple prend goût à ces accueils triomphaux et n'hésite pas, dans les semaines suivantes, à sortir à l'Opéra, à la Comédie-Française ou encore à la Comédie-Italienne.

Mort de Louis XV

Louis XV meurt à Versailles le 10 mai 1774 à l'âge de 64 ans, de la petite vérole.
Les premiers symptômes de la maladie apparaissent le 27 avril précédent. Ce jour-là, le roi est à Trianon et a prévu d'aller chasser avec son petit-fils, le duc de Berry. Se sentant fiévreux, le monarque suit la chasse à bord d'une calèche. Quelques heures plus tard, son état s'aggrave et La Martinière l'ordonne de retourner à Versailles. Il y subit une saignée mais celle-ci ne porte aucun effet ; deux jours plus tard, le 29 avril, les médecins font savoir que le roi a contracté la variole comme plusieurs membres de sa famille auparavant notamment Hugues Capet ou encore le Grand Dauphin. Pour éviter la contagion, le dauphin et ses deux frères sont maintenus à distance de la chambre royale. Le visage du roi est couvert de pustules le 30 avril. Ne se faisant plus guère d'illusions sur son état de santé, il fait venir son confesseur, l'abbé Louis Maudoux, dans la nuit du 7 mai. L'Extrême-Onction lui est administrée le 9 mai au soir.
Vers 16 heures le lendemain, le roi rend son dernier soupir. Le duc de Bouillon, grand chambellan de France, descend alors dans le salon de l'Œil-de-bœuf pour y crier la célèbre formule : Le roi est mort, vive le roi ! Entendant cela de l'autre bout du château, le tout nouveau monarque jette un grand cri et voit accourir vers lui les courtisans venus le saluer ; parmi eux la comtesse de Noailles, qui sera la première à lui décerner le titre de Majesté. Le roi s'écrie : Quel fardeau ! Et l'on ne m'a rien appris ! Il me semble que l'univers va tomber sur moi ! La reine Marie-Antoinette aurait quant à elle soupiré : Mon Dieu ! protégez-nous, nous régnons trop jeunes.

Le règne avant la Révolution 1774-1789 Premières décisions

Aussitôt après la mort de Louis XV, la cour se réfugie provisoirement au château de Choisy-le-Roi, afin d'éviter tout risque de contagion et de quitter l'atmosphère empuantie du château de Versailles. C'est à cette occasion que le nouveau roi prend l'une de ses premières décisions : celle d'inoculer l'ensemble de la famille royale contre la variolea 14. Le but de cette opération est d'administrer à très faible dose dans le corps humain des substances contaminées, le sujet devenant par la suite immunisé à vie. Néanmoins, le risque est réel puisqu'une dose trop importante peut faire contracter la maladie et par là causer la mort du patient. Le 18 juin 1774, le roi reçoit donc cinq injections et ses frères seulement deux chacun. Les premiers symptômes de la variole apparaissent rapidement chez le roi : il souffre de douleurs aux aisselles le 22 juin, est pris de fièvre et de nausée le 24 ; quelques boutons apparaissent le 27 et une légère suppuration survient le 30. Mais la fièvre retombe le 1er juillet et le roi est définitivement hors de danger. L'opération est donc un succès, tant pour lui que pour ses deux frères chez qui les symptômes ont été presque imperceptibles.
Parmi les premières décisions notables du nouveau monarque, nous pouvons en relever trois autres : il fait enfermer Madame du Barry et prend le nom de Louis XVI, et non Louis-Auguste Ier comme la logique le voudrait. Enfin, il convoque tous les ministres en place, intendants de province et commandants des forces armées neuf jours plus tard. Pour l'heure, il s'isole dans son bureau pour travailler, correspondre avec les ministres, lire des rapports et écrire des lettres aux monarques européens.
L'économie du Royaume de France était entrée en récession depuis 1770. Ainsi, Louis XVI commence immédiatement à diminuer les dépenses de la cour : il diminue les frais de bouche et les frais de garde-robe, le département des Menus-Plaisirs, les équipages de chasse comme ceux du daim et du sanglier, la Petite Écurie passant ainsi le contingent de 6 000 à 1 800 chevaux, et enfin le nombre de mousquetaires et de gendarmes affectés à la protection du roi. Son frère le comte d'Artois le soupçonne d'avarice en le qualifiant de Roi de France et avare. Le roi fait profiter les plus pauvres de ces économies en faisant distribuer 100 000 livres aux parisiens particulièrement démunis. De surcroît son premier édit, daté du 30 mai, exempta ses sujets du "don de joyeux avènement", impôt perçu lors de l'accession au trône d'un nouveau roi, et dont le montant s'élevait à vingt-quatre millions de livres. D'après Metra "Louis XVI semble promettre à la nation le règne le plus doux et le plus fortuné".

Sacre

Le 11 juin 1775 en la cathédrale de Reims, il est sacré selon la tradition remontant à Pépin le Bref. Le contrôleur général des finances, Turgot, reproche au monarque cette cérémonie coûteuse évaluée à 760 000 livres ; cependant, le roi ne recule pas et maintient la cérémonie avec autant de faste que prévu.
La cérémonie est présidée par l'archevêque de Reims Charles Antoine de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le dauphin. Selon la tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la couronne de Charlemagne sur la tête du souverain : Que Dieu vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la couronne éternelle. Conformément au rituel, le roi se rend ensuite dans le parc de la ville pour guérir les écrouelles des quelques 2 400 scrofuleux venus pour l'occasion, leur adressant à chacun la formule cérémoniale : Le roi te touche, Dieu te guérisse.
Le couple royal gardera un très bon souvenir de la cérémonie et des festivités consécutives. Marie-Antoinette écrira à sa mère que le sacre a été parfait .... Les cérémonies de l'Église furent interrompues au moment du couronnement par les acclamations les plus touchantes. Je n'ai pu y tenir, mes larmes ont coulé malgré moi, et on m'en a su gré .... C'est une chose étonnante et bien heureuse en même temps d'être si bien reçu deux mois après la révolte, et malgré la cherté du pain, qui malheureusement continue.

Politique intérieure

Le nouveau roi décide de gouverner seul et n'envisage pas de déléguer cette tâche à un chef de gouvernement. Néanmoins, il lui faut un homme de confiance et d'expérience pour le conseiller dans les décisions importantes qu'il aura à prendre. C'est la tâche de l'homme qu'on appelle officieusement le Principal ministre d'État. Louis XVI en nommera successivement sept pendant son règne :
Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas 1774-1781 ;
Charles Gravier de Vergennes 1781-1787 : il exerce ce pouvoir de facto car officiellement le roi se passe de principal ministre pendant cette période ;
Étienne-Charles de Loménie de Brienne 1787-1788;
Jacques Necker 1788-1789 ;
Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil 1789 ;
Jacques Necker à nouveau 1789-1790 ;
et enfin Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem 1790-1791.
La fonction prend fin avec la promulgation de la Constitution de 1791.
Marie-Antoinette suggère au roi de nommer à cette fonction le duc de Choiseul, ancien ministre de Louis XV tombé en disgrâce en 1770. Le roi refuse de le nommer principal ministre d'État mais consent tout de même à le réintégrer à la cour. Il assiste à l'entrevue entre celui-ci et la reine et lui lance en guise d'affront : Vous avez perdu vos cheveux, vous devenez chauve, votre toupet est mal garni.
Selon l'historien Jean de Viguerie dans son ouvrage intitulé Louis XVI, le roi bienfaisant, les deux ministres qui auront le plus d'influence auprès du roi Louis XVI durant la majeure partie de son règne sont, dans un premier temps, le comte de Maurepas, puis à la mort de ce dernier en 1781, le comte de Vergennes.

Le ministère Maurepas 13 mai 1774 - 21 novembre 1781

À défaut de suivre l'avis de son épouse, le roi choisit d'opter pour le comte de Maurepas, sur les conseils de ses tantes. Cet homme d'expérience, disgracié par Louis XV en 1747, avait pour beau-frère Louis Phélypeaux de Saint-Florentin et pour cousin René Nicolas de Maupeou.
Le 11 mai 1774, soit dès le lendemain de la mort du monarque, Louis XVI écrit à Maurepas la lettre suivante :
Monsieur, dans la juste douleur qui m'accable et que je partage avec tout le Royaume, j'ai pourtant des devoirs à remplir. Je suis Roi : ce seul mot renferme bien des obligations, mais je n'ai que vingt ans. Je ne pense pas avoir acquis toutes les connaissances nécessaires. De plus, je ne puis voir aucun ministre, ayant tous été enfermés avec le Roi dans sa maladie. J'ai toujours entendu parler de votre probité et de la réputation que votre connaissance profonde des affaires vous a si justement acquise. C'est ce qui m'engage à vous prier de vouloir bien m'aider de vos conseils et de vos lumières. Je vous serai obligé, Monsieur, de venir le plus tôt que vous pourrez à Choisy, où je vous verrai avec le plus grand plaisir.
Deux jours plus tard, le 13 mai 1774, le comte de Maurepas vient auprès du roi à Choisy pour lui témoigner sa reconnaissance et s'engager à son service. Ayant à ses côtés un ministre d'État, il ne reste plus au roi qu'à convoquer le premier conseil au cours duquel il lui faudra décider s'il garde ou non les ministres déjà en place. Ce premier conseil n'aura pas lieu à Choisy mais au château de la Muette, la cour ayant dû à nouveau déménager car Mesdames souffrent des symptômes de la variole.
Le premier conseil se tient donc au château de la Muette, le 20 mai 1774. Le nouveau roi n'y prend aucune décision, se limitant à faire plus ample connaissance avec les ministres en place et à leur donner la ligne de conduite qui doit être la leur : Comme je ne veux m'occuper que de la gloire du royaume et du bonheur de mes peuples, ce n'est qu'en vous conformant à ces principes que votre travail aura mon approbation. .

Remaniement ministériel

Le remaniement des ministres du roi ne fut pas immédiat mais progressif. Le changement commence le 2 juin 1774 par la démission du duc d'Aiguillon, Secrétaire d'État de la Guerre et des Affaires étrangères. Loin de l'exiler comme le veut la coutume, le roi lui alloue la somme de 500 000 francs. D'Aiguillon est remplacé aux Affaires Étrangères par le comte de Vergennes, diplomate réputé pour être compétent et travailleur, le plus sage ministre que la France eût rencontré depuis longtemps, et le plus habile qui se trouvât aux affaires en Europe selon l'historien Albert Sorel.
Résidant au château de Compiègne pour l'été, le roi, conseillé par Maurepas, entreprend de remplacer quelques ministres à des postes où une grande compétence est nécessaire. C'est ainsi que Pierre Étienne Bourgeois de Boynes est remplacé par Turgot à la Marine, le premier étant écarté pour incompétence et légèreté manifestes, le second nommé à ce poste avant tout pour son administration efficace en tant qu'intendant de la généralité de Limoges. Turgot est néanmoins retiré très rapidement de la Marine pour devenir Contrôleur général des finances en remplacement de Joseph Marie Terray ; il est remplacé dans son précédent poste par Antoine de Sartine, ancien lieutenant-général de police. Le portefeuille de la Justice passe de Maupeou à Miromesnil. Le duc de la Vrillière reste à la Maison du Roi tandis que le Secrétariat d'État à la Guerre est confié au comte de Muy en remplacement d'Aiguillon. Muy mourra un an plus tard et sera alors remplacé par le comte de Saint-Germain.

Au 24 août 1774, date à laquelle le nouveau gouvernement est entièrement formé, les ministres en place sont donc les suivants :
Principal ministre d'État : le comte de Maurepas ;
Contrôleur général des finances : Turgot ;
Garde des Sceaux : Armand Thomas Hue de Miromesnil ;
Secrétaire d'État à la Guerre : Louis Nicolas Victor de Félix d'Ollières, comte de Muy ;
Secrétaire d'État à la Marine : Antoine de Sartine ;
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères : Charles Gravier de Vergennes ;
Secrétaire d'État à la Maison du Roi : Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, duc de la Vrillière.
L'annonce du nouveau gouvernement est largement saluée et le peuple danse en foule dans les rues.

Premières mesures économiques et financières de Turgot

À peine la cour revenue à Versailles le 1er septembre 1774, le roi s'entretient quotidiennement avec Turgot pour préparer les mesures de redressement économique du pays. L'ancien contrôleur général des finances, l'abbé Terray, avait suggéré une proclamation officielle de banqueroute de la France, devant le déficit de 22 millions de livres existant à l'époque. Turgot refuse de proposer la banqueroute et suggère un plan plus simple : faire des économies. Il dit pour cela au monarque : Si l'économie n'a précédé, aucune réforme n'est possible. Il encourage donc le roi à poursuivre la réduction des dépenses de la cour qu'il avait déjà commencée.
Turgot est par ailleurs un partisan du libéralisme économique. Le 13 septembre 1774, il fait adopter par le conseil du roi un texte décrétant la liberté du commerce intérieur des grains et la libre importation des céréales étrangères. Le risque d'augmentation soudaine des prix en cas de mauvaise récolte est néanmoins réel. C'est ce qui surviendra au printemps 1775 : une rumeur de famine imminente emplit le pays ; les prix flambent et les boulangeries de Paris, Versailles et quelques villes de province sont pillées ; des émeutes surviennent mais sont vite réprimées. Cet épisode est aujourd'hui connu sous le nom de guerre des farines. Cette révolte populaire du règne de Louis XVI est considérée comme le premier avertissement du peuple face aux difficultés économiques du pays et aux réformes inefficaces du pouvoir royal à les résorber.

Rappel des parlements

Depuis le xive siècle jusqu'en 1771, les Parlements disposaient d'importants pouvoirs en matière civile, politique et judiciaire. Parmi les 15 parlements existant à la fin du règne de Louis XV, la compétence du Parlement de Paris s'étendait sur les 75 % du Royaume de France. Chaque décision d'un parlement avait valeur de loi ; de plus, chaque décret royal ne pouvait être applicable que s'il avait préalablement été enregistré c'est-à-dire avalisé par le parlement compétent. Au fil des siècles, le pouvoir des parlements n'avait cessé de s'étendre au point de devenir un pouvoir autonome pouvant rivaliser avec l'absolutisme royal. Une brochure parlementaire de 1732 ira loin dans ce sens en précisant que le roi ne peut contracter avec ses peuples que dans le sein du parlement, lequel, aussi ancien que la Couronne et né avec l'État, est la représentation de la monarchie tout entière. Las devant cet accroissement des pouvoirs des parlements, Louis XV et avec lui Maupeou entreprennent en 1771 de retirer purement et simplement aux parlements leurs pouvoirs, charges et privilèges qu'ils s'étaient octroyés au fil du temps.
Dès son avènement, Louis XVI va revenir sur cette réforme. Le 25 octobre 1774, il convoque tous les magistrats exilés à une réunion qu'il présidera le 12 novembre suivant au Palais de justice de Paris. Devant les parlementaires réunis, il leur adresse ces mots : Je vous rappelle aujourd'hui à des fonctions que vous n'auriez jamais dû quitter. Sentez le prix de mes bontés et ne les oubliez jamais ! ... Je veux ensevelir dans l'oubli tout ce qui s'est passé, et je verrais avec le plus grand mécontentement des divisions intestines troubler le bon ordre et la tranquillité de mon parlement. Ne vous occupez que du soin de remplir vos fonctions et de répondre à mes vues pour le bonheur de mes sujets qui sera toujours mon unique objet. Le soir même, des feux d'artifice sont lancés au Pont Neuf et au Palais de justice pour saluer ce retour.
Face à un tel revirement, il est nécessaire de s'interroger sur les motifs ayant poussé Louis XVI à rappeler et rétablir les parlements. Il peut sembler étrange en effet que le roi ait de lui-même choisi d'affaiblir son pouvoir. Dauphin, il avait écrit à plusieurs reprises son opposition à la puissance étendue des parlements, affirmant notamment qu'ils ne sont point représentants de la nation, qu'ils n'ont jamais été et ne peuvent jamais être l'organe de la Nation vis-à-vis du Roi, ni l'organe souverain vis-à-vis de la Nation, et que leurs membres sont simples dépositaires d'une partie de l'autorité royale. Une des raisons peut résider dans la popularité qu'avaient alors les parlements exilés. En effet, malgré leur manque de représentativité du peuple, ils étaient soutenus par celui-ci.Ils affichaient publiquement leur adhésion aux idées nouvelles et à la nécessité de respecter les droits naturels : le roi ne devrait donc plus être qu'un simple mandataire du peuple et non un souverain absolu. Le roi, dans sa jeunesse et dans l'inexpérience caractérisant son début de règne, aurait donc en partie agi pour recueillir un important soutien populaire ; c'est, rappelons-le, ce qui s'est passé dans les rues de Paris immédiatement après l'annonce du rappel des parlements. L'autre raison résiderait dans l'écoute attentive et suivie des conseils du comte de Maurepas, qui estimait que « sans parlement, pas de monarchie !
Attentif à son image auprès du peuple et confiant dans les conseils de Maurepas face à la complexité du sujet, Louis XVI revient donc sur des privilèges que Maupeou qualifiait au moment de son renvoi de procès qui durait depuis trois cents ans et qu'il avait fait gagner au roi. Ce rappel des parlements va rendre illusoires les tentatives de réformes profondes que le roi envisagera d'entreprendre les années suivantes, ce qui contribuera à nourrir le climat révolutionnaire qui se prépare déjà. Madame Campan, femme de chambre de Marie-Antoinette, écrira plus tard que le siècle ne s'achèverait pas sans que quelque grande secousse vînt ébranler la France et changer le cours de ses destinées.

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Posté le : 21/08/2015 17:13
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Louis XVI Bourbon 2
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Réformes et disgrâce de Turgot

Pour assurer le devenir du royaume, Turgot va entreprendre une profusion de réformes visant à débloquer le libre fonctionnement politique, économique et social de la société, et à mettre au pas les parlements.
Comme l'explique en 1854 l'historien Victor Duruy : C’étaient là de bien grandes nouveautés ; Turgot en projetait d’autres plus redoutables : abolition des corvées qui pesaient sur les pauvres ; établissement sur la noblesse et le clergé d’un impôt territorial ; mais amélioration du sort des curés et vicaires, qui n’avaient que la plus petite portion des revenus de l’Église, et suppression de la plupart des monastères ; égale participation de l’impôt par création d’un cadastre ; liberté de conscience et rappel des protestants ; rachat des rentes féodales ; un seul code : un même système de poids et mesures pour tout le royaume ; suppression des jurandes et maîtrises qui enchaînaient l’industrie ; la pensée aussi libre que l’industrie et le commerce ; enfin, comme Turgot s’occupait des besoins moraux aussi bien que des besoins matériels, un vaste plan d’instruction publique pour répandre partout les Lumières.
Turgot souhaite en effet abolir plusieurs pratiques jusqu'alors bien établies : suppression des jurandes et corporations, suppression de certaines coutumes interdisant par exemple aux apprentis de se marier ou excluant les femmes des travaux de broderie. Abolition aussi du servage et de la corvée royale. Dans le plan de Turgot, la corvée serait remplacée par un impôt unique à tous les propriétaires fonciers, ce qui étendrait le paiement de l'impôt aux membres du clergé et de la noblesse.
Turgot s'attelle aussi à un projet révolutionnaire de mise en place d’une pyramide d’assemblées élues à travers le royaume : municipalités de communes, d’arrondissement puis de province et une municipalité de royaume. Lesdites assemblées ayant pour but de répartir l'impôt direct, de gérer les questions de police, d'assistance et de travaux publics.
Ce vaste projet de réformes ne manque pas de rencontrer un certain nombre de détracteurs, à commencer par les parlementaires. Turgot peut compter sur l'appui du roi, qui ne manque pas à plusieurs reprises de pratiquer le lit de justice pour appliquer ses décisions. A partir d'une remarque d'un ouvrier de sa forge, il dira encore en mars 1776 : " Je vois bien qu'il n'y a que Monsieur Turgot et moi qui aimions le peuple". Le soutien du roi est perçu comme capital pour le ministre, qui dira au souverain : Ou vous me soutiendrez, ou je périrai. Les opposants se font de plus en plus nombreux et dépassent au fil du temps le cercle des parlementaires. Une coalition se forme contre Turgot et regroupe, aux dires de Condorcet, la prêtraille, les parlements routiniers et la canaille des financiers. Certes, le peuple et les paysans accueillent à bras ouverts les édits abolissant les maîtrises, les jurandes et la corvée royale ; des troubles éclatent même à la suite de l'excès d'enthousiasme. Néanmoins, le roi commence à recevoir des lettres de remontrance des parlements, et à essuyer des critiques émanant de la cour. Louis XVI tempère et rappelle aux parlements que les réformes entreprises n'ont pas pour but de confondre les conditions, clergé, noblesse, tiers-état.
Le ministre commence à baisser dans l'estime du roi, qui ne se prive pas de dire que M. Turgot veut être moi, et je ne veux pas qu'il soit moi. La disgrâce devient inéluctable quand Turgot prend part au vote visant à démettre de ses fonctions le comte de Guines, ambassadeur à Londres, accusé de pratiquer une diplomatie visant à faire entrer la France dans la guerre. De Guines est un ami de Marie-Antoinette et cette dernière demande au roi de punir les deux ministres ayant demandé la démission du comte, à savoir Malesherbes et Turgot. Écœuré par cette demande, Malesherbes démissionne du gouvernement en avril 1776. Le roi prend ses distances avec Turgot et condamne l'ensemble de ses réformes : On ne doit pas faire des entreprises dangereuses si on n'en voit pas le bout, affirme Louis XVI. Le 12 mai 1776, une double nouvelle éclate : Turgot est renvoyé, et le comte de Guines est fait duc. Turgot refuse la pension qui lui est proposée, énonçant qu'il ne doit pas donner l'exemple d'être à la charge de l'État.
Certains historiens réfutent l'idée selon laquelle le roi avait purement et simplement cédé à sa femme. La décision de congédier Turgot et surtout d'élever de Guines serait davantage l'achat du silence du comte, lequel aurait été au courant de beaucoup de choses sur la diplomatie française risquant de mettre le roi dans l'embarras. Une autre raison du renvoi résiderait aussi dans le refus de Turgot de financer l'intervention de la France dans la guerre d'indépendance des États-Unis, le mauvais état des finances du Royaume ne le permettant pas. Quoiqu'il en soit, cet épisode sera pour les historiens l'illustration parfaite de l'ascendant de la reine sur son mari, et constituera les prémices de l'état de faiblesse du roi vis-à-vis de sa femme ; l'historienne Simone Bertière écrit qu'à chaque victoire de la reine, le prestige du roi est entamé, son autorité décroît d'autant que le crédit de celle-ci augmente. Ce n'est là qu'apparence mais l'autorité, elle aussi, se nourrit d'apparence. Turgot lui-même, dans une lettre écrite à Louis XVI le 30 avril 1776 que ce dernier lui a renvoyé sans même l'ouvrir, lance au roi cet avertissement : N'oubliez jamais, Sire, que c'est la faiblesse qui a mis la tête de Charles Ier sur un billot.
Turgot est remplacé par Jean Étienne Bernard Clugny de Nuits, qui s'empresse de revenir sur les principales réformes de son prédécesseur, rétablissant notamment les jurandes et les corvées, affirmant qu'il peut culbuter d'un côté ce que M. Turgot a culbuté de l'autre. Mais le ministre se montre rapidement incompétent, et le roi de déclarer Je crois que nous nous sommes encore trompés. Louis XVI n'a pas le temps de le démettre de ses fonctions, Clugny de Nuits mourant subitement le 18 octobre 1776 à l'âge de 47 ans.

Réformes et démission de Necker

Portrait de Jacques Necker, par Joseph-Siffrein Duplessis.
En octobre 1776, Louis XVI a besoin d'un ministre des finances capable d'entreprendre des réformes mais non de tout détruire ; il confie à Maurepas : Ne me parlez plus de ces maçons qui veulent d'abord démolir la maison. Il pense alors à Jacques Necker, banquier originaire de Suisse réputé pour son art de manier l'argent et son souci d'économie. Une triple révolution : c’est un banquier roturier, un étranger Genevois et de surcroît un protestant. Le roi le nomme tout d'abord directeur du Trésor, le poste de contrôleur général des finances est attribué pour la forme à Louis Gabriel Taboureau des Réaux car Necker, protestant, ne peut accéder pour cette raison au Conseil du roi attaché au poste de contrôleur général. Néanmoins, le roi le nomme directeur général des finances le nom a été changé pour lui donner plus d'importance le 29 juin 1777, sans pour autant admettre le ministre au sein du Conseil.
Necker et Louis XVI remettent sur le métier les réformes les plus essentielles du royaume, l'ambition du ministre étant de renflouer les caisses de l'État sans écraser les contribuables ni irriter les riches et les propriétaires. Necker comprend que les dépenses ordinaires du royaume sont financées par l'impôt ; il faut en revanche trouver un moyen de financer les dépenses exceptionnelles comme celles engendrées par la guerre d'indépendance des États-Unis. Necker crée alors deux systèmes lucratifs à rendement immédiat : l'emprunt et la loterie. Les deux systèmes rencontrent un vif succès auprès du peuple. Cependant, ces mesures ne montrent leur efficacité que sur le court terme, car il faut emprunteur des fonds pour verser aux prêteurs leur rente viagère et verser les lots aux gagnants. À long terme, la dette s'alourdirait de plus en plus et il fallait trouver à nouveau le moyen d'établir une véritable réforme structurelle.
Pour l'heure, Necker propose au roi de supprimer les parlements et intendants de province, et de les remplacer par des assemblées provinciales recrutées, sur proposition du roi, dans le clergé, la noblesse et le tiers-état ; le roi s'engageant à favoriser la noblesse d'épée et non la noblesse de robe. Ce projet de réforme institutionnelle, déjà mis sur la table sous Turgot, a pour objectif qu'à terme toutes les assemblées soient directement élues. Bien qu'expérimentée à Bourges et à Montauban, cette réforme est unanimement condamnée par les intendants, les princes et les parlementaires. La réforme est donc vouée à l'échec et ne verra finalement pas le jour.
Necker entreprend parallèlement une série de mesures populaires. Il fait tout d'abord affranchir les derniers serfs du domaine royal par une ordonnance du 8 août 177945. Refusant l'abolition sans distinction de la servitude personnelle, il abolit toutefois dans tout le royaume le droit de suite, et affranchit tous les main-mortables les serfs des domaines du roi, ainsi que les hommes de corps, les mortaillables et les taillables d'où vient l'expression taillable et corvéable à merci. Cette ordonnance avait été favorisée par l'intervention de Voltaire, qui avait plaidé en 1778 la cause des serfs de l'abbaye de Saint-Claude du Mont-Jura. Il autorise en outre les engagistes qui se croiraient lésés par cette réforme à remettre au roi les domaines concernés en échange de contreparties financières. Afin de favoriser l'imitation de son acte royal d'affranchissement des serfs dans les domaines royaux, l'ordonnance précise que « considérant bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour au droit naturel, nous avons exempté ces sortes d'actes d'affranchissement des formalités et des taxes auxquelles l'antique sévérité des maximes féodales les avaient assujettis. Néanmoins l'ordonnance n'est guère appliquée, et le servage persiste localement jusqu'à la Révolution qui l'abolit avec les privilèges lors de la célèbre nuit du 4 août 1789. Le 8 août 1779, un édit autorise les femmes mariées, les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans autorisation notamment celle du mari en ce qui concerne les femmes mariées. Il abolit en outre la question préparatoire, infligée aux suspects, et rétablit l'institution du Mont-de-piété.
À cette série de réformes républicaines et à l'expérimentation malheureuse des assemblées de provinces va s'ajouter une erreur politique du ministre qui lui sera fatale. En février 1781, il adresse au roi un Compte rendu de l’état des finances destiné à être publié. Il révèle pour la première fois au grand public l'usage détaillé des dépenses publiques et dévoile, dans un souci de transparence, tous les avantages dont bénéficient les privilégiés de la cour. Ces derniers désavouent le ministre et dénoncent en retour, avec l'appui d'experts en finances, le bilan en trompe-l'œil que le ministre fait de son action, masquant la dette de 46 millions de livres laissée par les dépenses de guerre, et soulignant au contraire un excédent de 10 millions. La guerre qui avait si bien réussi contre Turgot recommença sous son successeur , explique Victor Duruy.
Louis XVI et Necker ne peuvent tenir longtemps devant l'opposition des privilégiés. Le ministre finit par perdre la confiance du roi, celui-ci ayant lancé en commentant le bilan du ministre : Mais c'est du Turgot et même pis ! Necker demande au roi d'intégrer le Conseil mais, face au refus du souverain, il lui remet sa démission qui sera acceptée le 21 mai 1781. Selon l'historien Jean-Louis Giraud-Soulavie, la lettre de démission était presque insultante puisque rédigée sur un simple bout de papier de trois pouces et demi de long sur deux et demi de large.
Principaux remaniements au cours du ministère
En 1775, le duc de la Vrillière démissionne du ministère de la Maison du Roi et est remplacé à ce poste par Malesherbes.
Malesherbes quitte le gouvernement en avril 1776, il est remplacé par Antoine-Jean Amelot de Chaillou.
Turgot est renvoyé de son poste de contrôleur général des finances le 12 mai 1776, et est remplacé quelques mois après par Jacques Necker, après les deux éphémères Clugny de Nuits et Taboureau des Réaux.
Le 13 octobre 1780, le Secrétariat d'État à la Marine par de Sartine au marquis de Castries.
Philippe Henri de Ségur est nommé secrétaire d'État à la guerre le 23 décembre 1780.
Necker démissionne le 19 mai 1781 et est remplacé par Jean-François Joly de Fleury.
Le ministère Vergennes 1781 - 1787
Maurepas meurt de la gangrène le 21 novembre 1781. Louis XVI décide alors de se passer de principal ministre afin de pouvoir vivre une période de règne personnel. Comme le ministre le plus important après Maurepas était alors Vergennes, ce dernier joue officieusement un rôle de conseiller auprès du roi bien qu'il n'en ait pas la reconnaissance officielle. Cette situation perdurera jusqu'en 1787 où Loménie de Brienne reprendra officiellement le poste de Maurepas.

Projet de réforme et renvoi de Calonne

Après la démission de Necker, le poste de contrôleur général des finances est successivement occupé par Joly de Fleury et d'Ormesson. Le 3 novembre 1783, sur les conseils de Vergennes, Louis XVI nomme à ce portefeuille le Charles Alexandre de Calonne, un homme intelligent et doué d'un don pour la communication, qui avait auparavant fait de remarquables preuves comme intendant de la généralité de Metz. Calonne est à titre privé couvert de dettes, et déclare au sujet de sa nomination : Les finances de la France sont dans un état déplorable, jamais je ne m'en serais chargé sans le mauvais état des miennes. Pour résorber cette situation, le roi le gratifie de 100 000 livres de frais d'installation et de 200 000 livres en actions de la Compagnie des eaux de Paris.
Dans un premier temps, Calonne s'emploie à rétablir la confiance des français en s'efforçant d'exploiter les ressources déjà existantes dans le royaume, et à encourager l'initiative industrielle et commerciale. Puis, dans un second temps, il entreprend une réforme prudente mais déterminée du royaume. Dans un discours donné en novembre 1783 devant la Chambre des comptes, il évoque l'idée d'un plan d'amélioration générale, en régénérant les ressources plutôt qu'en les pressurisant, afin de trouver le vrai secret d'alléger les impôts dans l'égalité proportionnelle de leur répartition, ainsi que dans la simplification de leur recouvrement. L'objectif à peine voilé est ainsi de réformer l'ensemble du système fiscal et ce faisant de combler le déficit de l'État.
Le 20 août 1786, Calonne présente au roi son plan d'action se décomposant en trois volets :
égalité de tous devant l'impôt suppression des privilèges fiscaux de la noblesse et du clergé, création d'un impôt unique assis sur les revenus de la propriété foncière la subvention territoriale ;
retour à la libre circulation des grains ;
création d'assemblées nouvelles élues par les propriétaires et qui devront associer les sujets du Roi à l'administration du pays.
Ce programme, assure Calonne au roi, vous assurera de plus en plus de l'amour de vos peuples et vous tranquillisera à jamais sur l'état de vos finances.

Le programme de Calonne lui permet d'entreprendre de grand projets visant à relancer le développement industriel et commercial ; ainsi, il encourage la rénovation du port du Havre, celui de Dieppe, de Dunkerque et de La Rochelle et contribue à la réfection de l'assainissement des villes de Lyon et Bordeaux. Il crée également de nouvelles manufactures. Il est à l'origine de la signature du traité Eden-Rayneval le 26 septembre 1786, traité de commerce entre la France et la Grande-Bretagne.
Estampe mise en couleur, gravure par Claude Niquet d'après un dessin de Very et Girardet, représentant l'Assemblée des notables tenue à Versailles le 22 février 1787.
La réforme fiscale et institutionnelle de Calonne fait dire au roi : « Mais c'est du Necker tout pur que vous me donnez là ! Face aux réticences des parlements, il convainc Louis XVI de convoquer une Assemblée des notables, réunissant des membres du clergé, de la noblesse, des corps de ville, voire délégués des cours souveraines, non pas élus mais désignés par le roi L'objectif de cette assemblée est de faire passer les principaux points de la réforme en les soumettant à l'avis et donc potentiellement à l'approbation de ses membres. L'assemblée se tient à Versailles le 22 février 1787. Calonne, devant les 147 membres réunis, tente de faire passer sa réforme ; seulement, l'aveu qu'il fait du déficit public de 12 millions de livres émeut l'assistance. Et Calonne perd tout espoir de persuasion quand il justifie son projet de réforme en énonçant : On ne peut pas faire un pas dans ce vaste royaume sans y trouver des lois différentes, des usages contraires, des privilèges, des exemptions, des affranchissements d'impôt, des droits et des prétentions de toutes espèces ! Devant le tollé provoqué au sein d'une assemblée de notables réticents à approuver une réforme dont ils seraient les victimes, Louis XVI ne se sent pas la force de contrer les opposants et désapprouve son ministre.
Les protestations contre le projet de Calonne sont légion, la majorité des opposants estimant qu'elle va trop loin, une poignée pensant qu'elle est insuffisante et par conséquent mauvaise. Calonne se justifie le 31 mars en s'écriant à travers une brochure : Peut-on faire le bien sans froisser quelques intérêts particuliers ? Réforme-t-on sans qu'il y ait des plaintes ? Marie-Antoinette demande ouvertement le renvoi du ministre ; furieux, Louis XVI la convoque en présence du contrôleur général des finances, la réprimande en lui demandant de ne pas se mêler d'affaires auxquelles les femmes n'ont rien à voir et la fait sortir en la tenant par les deux épaules. Calonne est remercié le 8 avril 1787, jour de Pâques.
Le fiasco de l'assemblée des notables est perçue chez certains historiens comme le véritable point de départ de la Révolution. Le biographe Bernard Vincent estime par exemple qu'il n'est pas illégitime de faire commencer la Révolution française avec l'échec de Calonne et la fronde des notables de 1787 plutôt qu'avec la Prise de la Bastille ou la réunion des états généraux, comme le font la plupart des manuels scolaires. Après ce fiasco, beaucoup en effet mais Louis XVI était-il de ceux-là ? eurent le sentiment qu'une déchirure irrémédiable venait de se produire dans le tissu du pays et qu'une nouvelle histoire était déjà en mouvement.

L'Affaire du collier de la reine

Conçu au début des années 1770 par les bijoutiers Charles-Auguste Böhmer et Paul Bassenge, ce collier de 2 800 carats avait été proposé à la vente à Louis XV pour l'offrir à son ultime maîtresse Madame du Barry, mais le roi mourut avant de l'acheter. À deux reprises, en 1778 et 1784, la reine Marie-Antoinette refuse le bijou bien que le roi soit prêt à le lui offrir.
L'un des personnages clés de cette affaire est le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et ancien ambassadeur à Vienne. Débauché, il est amoureux de la reine Marie-Antoinette. Seulement, il n'est pas apprécié de cette dernière puisqu'il s'est ouvertement moqué de sa mère, l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche. C'est en voulant revenir dans les grâces de la reine qu'il va se faire escroquer dans l'affaire du collier. Dans la nuit du 11 août 1784, il attend une femme dans le bosquet de Versailles : il pense qu'il s'agit de la reine, mais c'est en fait une prostituée, Nicole Leguay, qui vient à sa rencontre, déguisée et envoyée par Jeanne de Valois-Saint-Rémy, également appelée Madame de La Motte. La fausse reine confie au cardinal : Vous pouvez espérer que le passé sera oublié. Madame de La Motte déclare peu après au cardinal que la reine souhaite se procurer le collier à l'insu du roi, quitte à le payer en plusieurs fois : le rôle de Rohan serait donc de faire l'achat au nom de Marie-Antoinette. Elle remet alors au cardinal un billet de commande apparemment signé par la reine mais en fait par Louis Marc Antoine Rétaux de Villette qui a imité la signature. Rohan n'y voit que du feu et passe ainsi commande auprès des deux bijoutiers pour une somme de 1 600 000 livres payables en quatre fois, la première échéance survenant le 31 juillet 1785.
Le 12 juillet 1785, la reine reçoit la visite au Trianon de Böhmer, l'un des deux bijoutiers. Il lui donne le billet de la première traite avant de s'éclipser ; ne comprenant rien à cette démarche, la reine brûle le billet. Le 1er août; ne voyant rien venir, Böhmer interroge Madame Campan, la femme de chambre de Marie-Antoinette, qui l'informe que le billet est détruit. Böhmer s'écrie alors : Ah ! Madame, cela n'est pas possible, la reine sait qu'elle a de l'argent à me donner! Le bijoutier annonce à Madame Campan que la commande a été passée par Rohan sur ordre de la reine. N'en croyant rien, la femme de chambre lui conseille d'en parler directement à la reine. Il est reçu le 9 août 1785 par Marie-Antoinette qui, entendant le récit, tombe des nues. Elle lui avoue ne rien avoir commandé et avoir brûlé le billet. Furieux, Böhmer rétorque : Madame, daignez avouer que vous avez mon collier et faites-moi donner des secours ou une banqueroute aura bientôt tout dévoilé. La reine en parle alors au roi et, sur les conseils de Breteuil, alors ministre de la Maison du Roi, il décide de faire arrêter Rohan.

Louis René Édouard de Rohan.

Le cardinal Rohan est convoqué le 15 août 1785 par le roi: il avoue son imprudence mais nie être l'instigateur de l'affaire, faute qu'il rejette sur Madame de La Motte. Il est arrêté le jour même en habits liturgiques dans la Galerie des Glaces, alors qu'il se rend à la chapelle du château pour célébrer la Messe de l'Assomption. Il est embastillé le soir même mais il prend soin de faire détruire par son secrétaire certains documents qui, par leur absence, dissimulent la vérité sur le véritable rôle de Rohan. Ce dernier est accusé de deux choses : escroquerie et crime de lèse-majesté. Louis XVI lui laisse le choix d'être jugé par le Parlement de Paris pour le délit ou par lui-même pour le crime. La seconde option a l'avantage de juger l'affaire discrètement sans tout dévoiler au grand jour mais Rohan choisit néanmoins d'être jugé par le Parlement.
Le procès du cardinal Rohan se tient en mai 1786. Le prévenu est soutenu par les membres influents de la Maison de Rohan et par les évêques et le Saint-Siège. L'opinion publique est également en faveur de son acquittement puisque l'histoire de la signature fabriquée ne convainc pas le peuple et la reine, ayant brûlé le billet, ne peut prouver son innocence. Rohan est acquitté par un arrêt du 31 mai 1786 par 26 voix contre 22. Convaincu de la culpabilité de l'homme d'Église, Louis XVI l'exile à l'Abbaye de la Chaise-Dieu.
Le roi et la reine, et plus largement le système monarchique lui-même, sont les victimes de cette affaire puisque montrés du doigt par le peuple. Marie-Antoinette est effondrée, confiant à son amie Madame de Polignac : Le jugement qui vient d'être prononcé est une insulte affreuse mais je triompherai des méchants en triplant le bien que j'ai toujours tâché de faire. La tenue d'un procès public a eu pour effet un déballage par la presse et une sympathie pour le cardinal Rohan. Spectateur de la sortie triomphale du cardinal de la Bastille vers son lieu d'exil, Goeth remarque : Par cette entreprise téméraire, inouïe, je voyais la majesté royale minée et bientôt anéantie.

Redressement de la marine française et visite du chantier de Cherbourg

Au lendemain de la Guerre d'indépendance des États-Unis, Louis XVI entreprend d'améliorer la marine française pour donner au royaume les moyens de se défendre en cas de nouvelle guerre. En 1779, il choisit d'établir à Cherbourg une base navale et décide notamment d'y construire une digue de 4 kilomètres de long entre l’île Pelée et la pointe de Querqueville. Sur la question coloniale Louis XVI prend la même année en 1784 deux mesures contradictoires : l'offre de primes aux armateurs de navires négriers et en décembre "les ordonnances des Iles sous le Vent", promulguant une amélioration du sort des esclaves à Saint-Domingue.
Louis XVI entame à partir du 20 juin 1786 un voyage à Cherbourg pour voir l'avancement des travaux. Hormis le sacre de Reims et la fuite à Varennes, il s'agit du seul déplacement provincial du souverain pendant son règne. Accompagné de Castries et de Ségur, il est accueilli partout chaleureusement par la foule et distribue au peuple des pensions et exonérations fiscalesa 33. La visite du chantier commence dès l'arrivée du roi le 23 juin : parcourant la rade en canot, il écoute sur l'Île Pelée les explications du directeur des travaux le marquis de Caux, inspecte la fosse du Gallet et préside un grand dîner le soir-même. Le lendemain 24 juin, il assiste à plusieurs manœuvres maritimes à bord du Patriote ; un témoin raconte que le roi y fait des questions et des observations dont la sagacité étonnait les marins qui avaient l'honneur d'approcher. Lois et constitutions des colonies françoises de l’Amérique sous le Vent, Paris, 1784-1785, 6 vol.jamais mieux goûté le bonheur d'être roi que le jour de mon sacre et depuis que je suis à Cherbourg. L'historien de la mer Étienne Taillemite de s'interroger : Acclamé à chacune de ses apparitions par une foule aussi immense qu'enthousiaste, il pouvait mesurer la ferveur royaliste qui demeurait alors celle du peuple puisque lors de ce voyage aucune fausse note ne put être remarquée. Comment ne comprit-il pas qu'il possédait là un atout majeur capable de contrer toutes les intrigues du microcosme versaillais et parisien ? . Le même historien de rajouter : On pouvait rêver que le roi saurait mener la rénovation du royaume comme il avait su conduire à bonne fin celle de sa marine.

Principaux remaniements du ministère

Après la mort de Vergennes le 13 février 1787, Louis XVI nomme au Secrétariat des Affaires étrangères le comte de Montmorin.
Renvoyé le 9 avril 1787, le Garde des Sceaux Miromesnil est remplacé à ce poste par Lamoign
Le Cardinal Loménie de Brienne, Huile sur toile, École Française vers 1770 Château de Versailles et de Trianon.
Vergennes meurt le 13 février 1787 ; ce n'est que le 3 mai de la même année que Louis XVI renoue avec la tradition de nommer un Principal ministre d'État, ce qu'il fait en appelant à ce poste Étienne-Charles de Loménie de Brienne, qui devient également chef du Conseil royal des finances le poste de contrôleur général des finances ayant été attribué pour la forme à Pierre-Charles Laurent de Villedeuil après un court passage entre les mains de Michel Bouvard de Fourqueux.

Bras de fer entre le roi et le parlement

Archevêque de Toulouse, connu pour être athée et réputé pour avoir des mœurs dissolues, Brienne avait présidé l'assemblée des notables et à ce titre attaqué Calonne et son projet de réforme. Désormais responsable des affaires, il est poussé par le roi à continuer les efforts de son prédécesseur médiat ; il reprend donc à son compte l'essentiel du projet qu'il avait lui-même condamné. Criant à la trahison, les notables se manifestent : face à une telle résistance, le roi et son ministre décident de dissoudre purement et simplement l'assemblée le 25 mai 1787. Les lois passent donc par le chemin ordinaire de leur enregistrement par le parlement, ce qui là non plus n'est pas une mince affaire.
Le parlement commence pourtant à valider le principe de la libre circulation des grains et la mise en place d'assemblées provinciales et municipales. Néanmoins, le 2 juillet 1787, les parlementaires refusent d'enregistrer l'édit créant la subvention territoriale nécessaire pour réduire le déficit. Le 16 juillet, les parlementaires persistent dans leur refus, invoquant, comme La Fayette avant eux, que seule la Nation réunie dans ses états généraux peut consentir un impôt perpétuel.
Las des résistances du parlement, Louis XVI le convoque le 6 août 1787 en lit de justice : la seule lecture des édits par le roi leur donne force de loi. Le lendemain pourtant, le parlement prononce la nullité du lit de justice, une première dans la vie monarchique. Une semaine plus tard, le magistrat Duval d'Eprémesnil déclare qu'il est temps de débourbonailler et de rendre au parlement ses pouvoirs. Calonne, contre qui une information est ouverte pour déprédations, se réfugie en Angleterre, ce qui fait de lui le premier émigré de la Révolution.
Le 14 août 1787, à l'initiative de Brienne, le roi exile le parlement à Troyes. Chaque parlementaire reçoit une lettre de cachet et s'exécute. L'accueil dans Troyes est triomphal et les parlements de province se solidarisent, ainsi que la Chambre des comptes et la Cour des aides. Le roi capitule le 19 août en renonçant officiellement à l'édit de subvention territoriale et promet la convocation des états généraux pour 1792. Le parlement revient à Paris sous les applaudissements de la foule. Celle-ci montre du doigt Calonne, Brienne et Marie-Antoinette, dont on brûle les effigies. L'agitation gagne alors la province.
La subvention territoriale ayant été abandonnée, Brienne ne voit plus qu'un seul moyen pour renflouer les caisses du royaume : le recours à l'emprunt. Convaincu, Louis XVI convoque le parlement en séance royale pour le 19 novembre 1787, en vue de lui faire accepter un emprunt de 420 millions de livres sur 5 ans. Lors de cette session, les parlementaires s'insurgent contre cette forme inusitée de séance royale et demande la convocation des états généraux pour 1789. Le roi accepte l'idée sans préciser de date et demande le vote immédiat de l'emprunt, déclarant : J'ordonne que mon édit soit enregistré. Le duc d'Orléans lui lance : C'est illégal ! et le roi de lui répondre : Si, c'est légal. C'est légal parce que je le veux ! À la suite de cette séance du 19 novembre, l'emprunt quinquennal est lancé et les frondeurs sont punis : les conseillers Fréteau et Sabatier sont arrêtés et le duc d'Orléans est exilé sur ses terres de Villers-Cotterêts.

L'édit de Versailles et l'abolition de la question préalable

Durant l'hiver 1787 - 1788, le parlement entre dans une sorte de trêve puisqu'il enregistre sans difficulté plusieurs textes royaux parmi lesquels :
d'une part, l'édit de tolérance de Versailles daté du 7 novembre 1787 et enregistré le 29 janvier 1788 redonnant aux protestants un état civil ainsi que le droit d'exercer leur culte en privé ;
d'autre part, le décret royal du 1er mai 1788 abolissant la question préalable.
Dans le même temps, Malesherbes se penche sur une possible émancipation des Juifs de France.

Vers la convocation des états généraux

Dans les premiers mois de 1788, Louis XVI et ses ministres Brienne et Lamoignon envisagent de cantonner les pouvoirs du parlement aux seules questions de justice et de réserver les actes royaux, édits et ordonnances au profit d'une cour plénière dont les membres seraient nommés par le roi. S'insurgeant contre cette idée, les parlementaires anticipent cette réforme institutionnelle et publient le 3 mai 1788 une Déclaration des lois fondamentales du royaume dans laquelle ils rappellent notamment qu'ils sont seuls gardiens de ces lois et que la création de nouveaux impôts est du ressort des états généraux. Furieux, le roi réagit deux jours plus tard en cassant cette déclaration et en demandant l'arrestation des deux principaux instigateurs de la révolte, d'Eprémesnil et Monsabert qui, après s'être réfugiés dans l'enceinte du parlement, finissent par se rendre avant d'être emprisonnés.

La Journée des Tuiles du 7 juin 1788

Le 8 mai 1788, Louis XVI convoque à nouveau un lit de justice et fait enregistrer sa réforme. Lamoignon annonce le transfert d'un pan entier des compétences du parlement au grand bailliage 47 tribunaux d'appel, et de surcroît le contrôle sur les lois du royaume ne sera plus effectué que par la Cour plénière toujours en projet. Mais à peine l'édit du 8 mai promulgué, la plupart des parlements entrent en résistance, comme ceux de Nancy, Toulouse, Pau, Rennes, Dijon, Besançon et Grenoble ; plusieurs villes sont le théâtre d'insurrections, comme à Grenoble lors de la Journée des Tuiles du 7 juin 1788. À la date fixée pour la première séance de la Cour plénière, le peu de pairs et de ducs ayant fait le déplacement à Versailles se résignent à errer dans les couloirs du château faute de participants ; un témoin rapporte que la réforme est morte avant d'être née.
Le 21 juillet 1788, une assemblée des trois ordres du Dauphiné se réunit sans autorisation au Château de Vizille, non loin de Grenoble : l'assemblée comprend 176 membres du tiers-état, 165 membres de la noblesse et 50 membres du clergé. Emmenée par Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier, l'assemblée décrète le rétablissement des États du Dauphiné et réclame la tenue rapide des états généraux du royaume, avec le doublement du nombre de députés du tiers-état et l'instauration du vote par tête.
Face à ce mouvement d'une telle ampleur, le roi et Brienne annulent la création de la Cour plénière et, le 8 août 1788, annoncent la convocation des états généraux pour le 1er mai 1789. Durant l'été 1788, l'État cesse ses paiements pour six semaines et, le 16 août, l'état de banqueroute est proclamé. Brienne démissionne le 24 août 1788 il sera créé cardinal le 15 décembre suivant.

Le ministère Necker 1788 - 1789

Devant la banqueroute de l’État, Louis XVI fait de nouveau appel à Necker, le 25 août 1788. Necker prend donc le portefeuille des finances avec le titre de directeur général des finances et, fait nouveau, est également nommé Principal ministre d'État en succédant ainsi à Brienne. Le Garde des Sceaux Lamoignon laisse quant à lui sa place à Barentin.

Désastre économique

Parallèlement à l'état de cessation des paiements et de banqueroute du royaume, le climat de l'année 1788 est calamiteux : à un été pourri ravageant les récoltes, l'hiver glacial donne des températures de moins 20 °C qui paralysent les moulins, gèlent les fleuves et défoncent les routes. Le blé manque et le peuple a faim.
Le début de l'année 1789 voit éclater en France plusieurs émeutes dont certaines sont violemment réprimées ; le prix du pain et le contexte économique en sont les principales causes. Au mois de mars, les villes de Rennes, Nantes et Cambrai sont le théâtre de violentes manifestations ; à Manosque, l'évêque est lapidé car accusé de collusion avec les accapareurs de grains ; des maisons sont pillées à Marseille. Petit à petit, les émeutes gagnent la Provence, la Franche-Comté, les Alpes et la Bretagne. Du 26 au 28 avril, l'émeute du Boulevard Saint-Antoine est sévèrement réprimée par les hommes du général suisse le Baron de Besenval qui, ayant reçu les ordres donnés à contre-cœur par le roi, fera tuer quelque 300 manifestants. C'est dans ce climat de violence qu'allaient s'ouvrir les états généraux.

Convocation des états généraux de 1789.

Les parlementaires, jouissant jusque-là d'une grande popularité, vont rapidement se déconsidérer auprès de l'opinion en dévoilant imprudemment leur conservatisme. Le 21 septembre 1788 en effet, le Parlement de Paris et d'autres parlements avec lui demandent que les états généraux soient convoqués en trois chambres séparées votant par ordre comme ce fut le cas lors des précédents États généraux de 1614, empêchant ainsi toute réforme d'ampleur.
Louis XVI et Necker sont en revanche partisans d'une forme plus moderne en encourageant le doublement du tiers état et le vote par tête passant ainsi à un nombre de voix par député, et non par ordre qui aurait pour effet d'opposer le tiers-état, comptant pour une voix, au clergé et à la noblesse, comptant ainsi pour deux. Ils convoquent l'Assemblée des notables le 5 octobre 1788 pour traiter ces deux points ; au sein de cette assemblée se distinguent deux camps : celui des patriotes favorable au doublement du tiers et au vote par tête, et celui des aristocrates, partisan des formes de 1614. L'assemblée des notables se réunit à Versailles à partir du 5 novembre. Hormis quelques députés tels que le comte de Provence, La Rochefoucauld et La Fayette, l'assemblée se prononce à une très large majorité en faveur des formes de 1614, les seules à être selon elle constitutionnelles. Le roi maintient sa position et se tourne à nouveau vers les parlements, l'avis de l'assemblée des notables n'étant que consultatif.
Le 5 décembre 1788, le Parlement de Paris accepte le doublement du Tiers mais ne se prononce pas sur la question du vote par ordre ou par tête. Louis XVI se fâche et déclare aux parlementaires : c'est avec l'assemblée de la Nation que je concerterai les dispositions propres à consolider, pour toujours, l'ordre public et la prospérité de l'État. Le 12 décembre, le comte d'Artois remet à son frère le roi un mémoire condamnant le vote par tête. Le 27 décembre, après que Louis XVI a dissous l'assemblée des notables, le Conseil du roi se réunit et accepte officiellement le doublement du Tiers ; le système de vote, par ordre ou par tête, n'est pas encore réglé. Le décret royal précise en outre que l'élection des députés se fera par bailliage et à la proportionnelle ; de plus, il est décidé que de simples curés, en pratique proches des idées du tiers-état, pourront représenter la noblesse.
Le 24 janvier 1789 paraissent les lettres royales donnant des précisions quant à l'élection des députés. Le roi y déclare notamment : Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons. Tout français de sexe masculin âgé d'au moins 25 ans et inscrit au rôle des contributions peut prendre part au vote. Pour la noblesse et le clergé, la circonscription est le bailliage et la sénéchaussée, suivant les régions ; pour le tiers état, le suffrage s'opère en deux degrés à la campagne assemblées de paroisse puis assemblées de chef-lieu et en trois degrés dans les grandes agglomérations assemblées de corporation, assemblées de ville et assemblées de bailliage ou de sénéchaussée.
Chaque assemblée de chef-lieu a pour mission de réunir les doléances dans un cahier dont un exemplaire est transmis à Versailles. La plupart des revendications qui y sont exprimées sont modérées et ne remettent pas en cause le pouvoir en place ni l'existence de la monarchie.
Les intellectuels dont Marat, Camille Desmoulins, l'Abbé Grégoire et Mirabeau, s'adonnent à la rédaction de nombreux pamphlets et articles. Parmi ces publications, celle de Sieyès intitulée Qu'est-ce que le Tiers-État ? rencontre un vif succès ; l'extrait suivant est resté célèbre :
« Qu'est-ce que le Tiers-État ? Le plan de cet Écrit est assez simple. Nous avons trois questions à nous poser :
1° Qu'est-ce que le Tiers-État ? Tout.
2° Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l’ordre politique ? Rien.
3° Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose.
Le 2 mai 1789, sont reçus à Versailles l'ensemble des députés. Sur un total de 1 165, 1 139 sont présents les députés de Paris n'étant pas encore désignés : 291 du clergé dont 208 simples curés, 270 de la noblesse et 578 du tiers état. L'historien Jean-Christian Petitfils note que les élus des deux premiers ordres eurent droit à l'ouverture des deux battants de la porte, tandis que ceux du tiers durent se contenter d'un seul !
Le 4 mai, soit la veille de l'ouverture des états généraux, une messe solennelle est célébrée en la cathédrale Saint-Louis en présence de la famille royale sauf le dauphin, trop malade pour quitter sa chambre. L'homélie du célébrant, l'évêque de Nancy Monseigneur de La Fare par ailleurs député du clergé, dure plus d'une heure. Le prélat commence par une maladresse en prononçant ces mots : Sire, recevez les hommages du clergé, les respects de la noblesse et les très humbles supplications du tiers état. Puis il se tourne vers Marie-Antoinette et stigmatise ceux qui dilapident les deniers de l'État ; s'adressant ensuite à nouveau au roi, il déclare : Sire, le peuple a donné des preuves non équivoques de sa patience. C'est un peuple martyr à qui la vie semble n'avoir été laissée que pour le faire souffrir plus longtemps. De retour au château, la reine s'effondre et le roi s'indigne. Le lendemain, 5 mai 1789, s'ouvriront les états généraux et, par là même, la Révolution française.

Politique extérieure

Rôle de Louis XVI dans la guerre d'indépendance américaine

Le contexte Les raisons de l'implication du roi
La détermination dont le roi a fait preuve dans l'accession à l'indépendance des États-Unis intrigue ses biographes.
La plupart d'entre eux voient dans l'implication de Louis XVI une vengeance des échecs subis par le royaume de France lors de la Guerre de Sept ans, à l'issue de laquelle le pays a perdu ses possessions d'Amérique du Nord. Ainsi, la révolte des Treize colonies survient comme une occasion inespérée de faire subir une défaite à l'adversaire.
Cependant, certains historiens et biographes comme Bernard Vincent avancent une autre cause : celle de l'adhésion de Louis XVI aux idées nouvelles et son appartenance potentielle à la franc-maçonnerie : Que dans les débuts de son règne il ait été membre de l'Ordre ou simple sympathisant ou visiteur occasionnel, l'attention mesurée mais sans doute réelle que Louis XVI voua aux débats d'idées maçonniques ne peut, lorsque vint le moment, que renforcer sa détermination à voler au secours des insurgents d'Amérique. L'action des francs-maçons n'est en effet pas anodine dans l'accès des États-Unis à l'indépendance, comme en témoigne notamment le soutien apporté par la loge française des Neuf Sœurs.

Les actions de Louis XVI dans le déroulement du conflit

L'intervention de la France auprès des colons américains se déroule tout d'abord dans la clandestinité. En septembre 1775, Julien Alexandre Achard de Bonvouloir se rend sur place pour étudier les possibilités d'une assistance discrète auprès des insurgés. Ces tractations aboutissent, en 1776, à la vente secrète d'armes et de munitions et par l'octroi de subsides pour deux millions de livres62. Beaumarchais reçoit du roi et de Vergennes l'autorisation de vendre poudre et munitions pour près d'un million de livres tournois sous le couvert de la compagnie portugaise Rodrigue Hortalez et Compagnie. L'acheminement de poudre, armes et munitions s'opère moyennant un échange avec du tabac de Virginie ; le premier convoi, capable d'armer 25 000 hommes, atteint Portsmouth en 1777 et joue un rôle crucial dans la victoire américaine de Saratoga.
Peu après la victoire de Saratoga, le Congrès américain envoie à Paris deux émissaires pour négocier une plus grande aide française : Silas Deane et Benjamin Franklin. Rejoints par Arthur Lee, ils parviennent à signer avec Louis XVI et Vergennes deux traités engageant les deux pays : le premier, un traité d'amitié et de commerce, dans lequel la France reconnaît l'indépendance américaine et organise une protection mutuelle des échanges maritimes ; le second, un traité d'alliance signé à Versailles le 6 février 1778, stipulant que la France et les États-Unis feraient cause commune en cas de conflit entre la France et la Grande-Bretagne. Ce traité fut l'unique texte d'alliance signé par les États-Unis jusqu'au traité de l'Atlantique nord du 4 avril 1949. Un mois après la signature du traité, Conrad Alexandre Gérard est nommé par le roi ministre plénipotentiaire auprès du gouvernement américain ; Benjamin Franklin devient quant à lui ambassadeur de son pays à la cour de France.
Selon Vergennes, ministre des Affaires étrangères, la décision de s'allier avec les Américains a été prise par Louis XVI seul, de manière souveraine. Il en témoigne dans une lettre datée du 8 janvier 1778 au comte de Montmorin alors ambassadeur en Espagne : La décision suprême a été prise par le roi. Ce n'est pas l'influence de ses ministres qui l'a décidé : l'évidence des faits, la certitude morale du danger et sa conviction l'ont seules entraîné. Je pourrais dire avec vérité que Sa Majesté nous a donné du courage à tous. Cette décision s'avère risquée à plus d'un titre pour le roi : risque de défaite, risque de banqueroute, et aussi risque de voir arriver en France en cas de victoire les idées révolutionnaires peu compatibles avec la monarchie.
Les hostilités entre les forces françaises et britanniques s'ouvrent lors du combat du 17 juin 1778 : la frégate HMS Arethusa est envoyée par la Royal Navy au large de Plouescat pour attaquer la frégate française Belle Poule. Malgré de nombreuses victimes, le royaume de France en ressort vainqueur. Louis XVI s'appuie sur cette agression britannique pour déclarer la guerre à son cousin George III du Royaume-Uni le 10 juillet suivant ; il déclare alors : les insultes faites au pavillon français m'ont forcé de mettre un terme à la modération que je m'étais proposée et ne me permettent pas de suspendre plus longtemps les effets de mon ressentiment. Ordre est alors donné aux navires français de combattre la flotte anglaise. Le premier affrontement entre les deux flottes a lieu le 27 juillet 1778 : c'est la Bataille d'Ouessant, qui voit sortir de ce combat la France victorieuse et Louis XVI adulé par son peuple.
Alors que l'Espagne et les Pays-Bas décident de se joindre au conflit aux côtés de la France, Louis XVI entreprend d'engager ses forces navales dans la Guerre d'Amérique. Parallèlement à cette nouvelle étape dans le conflit, Louis XVI signe le 9 mars 1780 une déclaration de neutralité armée liguant la France, l'Espagne, la Russie, le Danemark, l'Autriche, la Prusse, le Portugal et les Deux-Siciles contre la Grande-Bretagne et son atteinte à la liberté des mers.
Le roi charge le comte Charles Henri d'Estaing de commander la flotte envoyée en aide aux insurgents américains. À la tête de 12 vaisseaux de ligne et de 5 frégates, il transporte avec lui plus de 10 000 marins et un millier de soldats. La Flotte du Levant quitte le Toulon le 13 avril 1778 pour arriver au large de Newport Rhode Island le 29 juillet suivant. Hormis une victoire à La Grenade, le commandement du comte d'Estaing se caractérise par une série d'échecs cuisants pour la France, illustrée notamment par le Siège de Savannah au cours de laquelle il perd 5 000 hommes.
Vue générale de la capitulation de Yorktown le 19 octobre 1781, avec le blocus de la flotte française. Le rôle de De Grasse a été essentiel dans cette victoire.
Poussé par son allié espagnol, Louis XVI fait rassembler près de Bayeux environ 4 000 hommes, le but étant de débarquer sur l'Île de Wight puis en Angleterre par Southampton. Le roi est réticent sur l'opération et pense alors, sinon à envahir l'Angleterre, du moins maintenir dans la Manche les navires anglais, affaiblissant du même coup leur participation outre-Atlantique. Mais la flotte franco-espagnole ne peut déloger les navires anglais chargés de protéger l'île et change donc de cap ; la dysenterie et le typhus frappent les hommes, et ni le commandant de cette armée Louis Guillouet d'Orvilliers, ni son successeur Louis Charles du Chaffault de Besné ne parviennent à une confrontation directe avec la flotte anglaise. Le projet doit être abandonné.
Sur les conseils de Vergennes, du comte d'Estaing, et de La Fayette, Louis XVI de concentrer les forces de la flotte française sur l'Amérique. C'est ainsi que Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur de Rochambeau est placé à la tête d'un corps expéditionnaire le 1er mars 1780 de 5 000 hommes. Il quitte Brest le 2 mai 1780 et arrive à Newport le 10 juillet suivant. Le 31 janvier 1781, Lafayette demande à Vergennes et à Louis XVI de renforcer la puissance navale française et d'accroître l'aide financière au profit des forces américaines. Le roi est convaincu du bien-fondé de ces demandes ; il octroie aux États-Unis un don de 10 millions de livres et un prêt de 16 millions et, le 1er juin 1781, il fait partir de Brest l'argent ainsi que deux cargaisons d'armes et d'équipementsa 48. Quelques semaines auparavant, l'amiral de Grasse était parti de Brest à destination de la Martinique pour apporter des renforts en navires et en hommes. La tactique combinée de l'infanterie franco-américaine et de la flotte de l'amiral de Grasse permettent d'infliger de lourdes pertes à l'escadre de l'amiral Thomas Graves et par là même de la flotte britannique : la Bataille de la baie de Chesapeake puis la Bataille de Yorktown aboutissent à la défaite de l'Angleterre. Le 19 octobre 1781, le général Charles Cornwallis signe la capitulation de Yorktown.
La participation du royaume de France dans la victoire des États-Unis est célébrée sur tout le territoire américain et Louis XVI n'est pas oublié : pendant des années, le roi est l'objet de manifestations enthousiastes organisées par le peuple américain. Le traité de Paris, signé le 3 septembre 1783 entre les représentants des treize colonies américaines et les représentants britanniques, met fin à la guerre d'indépendance. Le même jour est signé le traité de Versailles entre la France, l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas : aux termes de cet acte est notamment l'appartenance à la France du Sénégal et de l'île de Tobago.

Impacts de l'indépendance américaine sur la France

L'indépendance américaine est sans conteste une victoire pour la France et pour son roi, lequel a largement contribué à la victoire des insurgés. Néanmoins, la naissance de ce nouveau pays a permis de faire connaître sur le sol français un exemple de démocratie qui n'a pas attendu pour mettre en application les idées nouvelles : Déclaration d'indépendance, émancipation des Noirs dans les États du Nord, droit de vote des femmes dans le New Jersey, séparation des pouvoirs, absence de religion officielle et reconnaissance de la liberté de la presse notamment. Paradoxalement, ces idées révolutionnaires que Louis XVI a contribué à faire naître en favorisant l'indépendance américaine seront à l'origine de sa chute. Car, comme le dira plus tard le journaliste Jacques Mallet du Pan, cette inoculation américaine a infusé l'esprit républicain dans toutes les classes qui raisonnent.
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Posté le : 21/08/2015 17:11
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Hors Ligne
Relations avec l'Angleterre Relations avec l'Autriche

En 1777, le frère de Marie-Antoinette Joseph II se rend en France pour convaincre le roi de donner son appui pour que l'empire autrichien puisse annexer la Bavière et commencer le démembrement de la Turquie. Louis XVI rejette cette demande et la France, contrairement au premier partage de la Pologne intervenu en 1772, ne prend pas part au conflit.
Le traité de Teschen est signé le 13 mai 1779 entre l'Autriche et la Prusse le 13 mai 1779 et met fin à la guerre de Succession de Bavière. La France et la Russie sont garants de son respect.
Louis XVI s'oppose avec fermeté aux prétentions de Joseph II du Saint-Empire concernant la réouverture des bouches de l'Escaut au commerce des Pays-Bas autrichiens, malgré les pressions que Marie-Antoinette a exercées sur son époux.

Relations avec la Suisse Histoire de Genève XVIIIe siècle.

À partir de 1782, une coalition de rebelles prend le pouvoir en Suisse. La France, contrairement à ce qu'elle avait fait pour les États-Unis, contribue à la répression de cette rébellion et envoie des renforts pour rétablir le pouvoir en place. Vergennes justifie cette intervention en affirmant qu'il fallait éviter que Genève ne devienne une école de sédition.

Relations avec la Hollande

En juillet 1784 éclate en Hollande la révolte des patriotes demandant au stathouder Guillaume V d'Orange-Nassau qu'il renvoie le conservateur duc de Brunswick. La France prend le parti des patriotes et les soutient toujours lorsque Guillaume V est destitué en septembre 1786. Seulement, ce dernier est rétabli dans ses fonctions en 1787 : les patriotes sont écrasés et la France essuie un échec diplomatique cinglant.

Autres relations diplomatiques

Il poursuit la politique traditionnelle française d'appuyer des missions catholiques au Proche-Orient. Face au vide créé par l'interdiction de la Compagnie de Jésus les Jésuites en 1773, il choisit les Lazaristes pour les remplacer dans les missions en territoire ottoman. Le Pape Pie VI accepte ce changement, symbolisé par la prise en charge du centre des missions catholiques en Orient, le Lycée Saint-Benoît à Istanbul, par la Congrégation de la Mission de Saint Vincent de Paul, le 19 juillet 1783.

Le règne sous la Révolution 1789-1792

États généraux de 1789.Ouverture 5 mai 1789

Les états généraux s'ouvrent le 5 mai 1789 vers 13 heures par une séance solennelle d'ouverture dans la salle des Menus Plaisirs à Versailles. Le roi trône au fond de la salle ; à sa gauche siègent les membres de la noblesse, à sa droite ceux du clergé et, en face, sont assis ceux du tiers-état. Louis XVI a revêtu pour l'occasion le manteau fleurdelysé de l'Ordre du Saint-Esprit et un chapeau à plumes où luit notamment le Régent.
La cérémonie débute par un bref discours du roi dans lequel il déclare notamment : Messieurs, le jour que mon cœur attendait depuis longtemps est enfin arrivé, et je me vois entouré des représentants de la Nation à laquelle je me fais gloire de commander. Il expose ensuite brièvement le cap de redressement des finances mais prévient toute tentative de réforme effrénée : Une inquiétude générale, un désir exagéré d'innovations se sont emparés des esprits, et finiraient par égarer totalement les opinions si on ne se hâtait de les fixer par une réunion d'avis sages et éclairés.
Sous un tonnerre d'applaudissements, le roi laisse la parole au Garde des Sceaux Barentin. Ce dernier fait l'éloge du souverain, rappelant que les Français ont grâce à lui une presse libre, qu'ils ont fait leur l'idée d'égalité, et qu'ils sont prêts à fraterniser ; mais dans sa déclaration ne sont traités ni le mode de votation des trois ordres, ni l'état des finances du royaume.
Puis vient le tour de Necker. Durant un discours de plus de 3 heures prononcé par un assistant au bout de quelques minutes, il se perd dans de vaines flatteries et rappelle l'existence du déficit de 56 millions de livres. Ne présentant aucun plan d'ensemble et n'annonçant rien de nouveau, il déçoit son auditoire. Il affirme enfin sa position concernant le mode de votation, en se prononçant en faveur du vote par ordre.
Le roi lève enfin la séance. Pour beaucoup de députés, cette journée fut ennuyeuse et décevante.

Débats autour du mode de votation

Le 6 mai, les députés du tiers état se réunissent dans la grande salle et prennent, comme en Angleterre, le nom de communesa 51. Ils proposent au clergé et à la noblesse, qui dans l'immédiat votent séparément, de procéder ensemble à la vérification des pouvoirs des députés, mais ils se heurtent à un refus des deux ordres.
Le 11 mai, les députés de la noblesse décident, par 141 voix contre 47, de se constituer en chambre séparée et de vérifier de cette manière les pouvoirs de ses membres. La décision est plus nuancée chez le clergé où, à un écart de quelques voix, il est également décidé de siéger séparément 133 pour et 114 contre. Des conciliateurs sont désignés pour atténuer les divergences mais ils avouent leur échec le 23 mai.
Le 24 mai, Louis XVI demande en personne que les efforts de conciliation se poursuivent. Il ne peut cependant pas dialoguer directement avec les membres du tiers, puisque Barentin joue le rôle d'intermédiaire, qui plus est plutôt favorable aux prétentions de la cour.
Le 4 juin, le dauphin Louis-Joseph de France, meurt à l'âge de 7 ans. Le couple royal est très affecté par la disparition du prétendant au trône, mais cet événement survient dans l'indifférence générale. Son petit frère Louis de France, futur Louis XVII, porte désormais à 4 ans le titre de dauphin.

Proclamation de l'assemblée nationale 17 Juin 1789

Le 17 juin, les députés du Tiers prennent acte du refus de la noblesse de se joindre à eux. Forts de l'appui de plus en plus présent du clergé plusieurs membres les rejoignent quotidiennement, et estimant représenter « les quatre-vingt-seize centièmes au moins de la nation, ils décident par l'intermédiaire du représentant qu'ils ont élu, le mathématicien et astronome Jean Sylvain Bailly, de s'autoproclamer assemblée nationale et de déclarer purement et simplement illégale la création de tout nouvel impôt sans leur accord. La constitution de cette assemblée, proposée par Sieyès, est votée par 491 voix contre 89.
Le 19 juin, le clergé décide de se joindre au tiers état. Le même jour, le roi s'entretient avec Necker et Barentin. Necker propose un plan de réformes proche des revendications du Tiers : vote par tête et égalité de tous devant l'impôt notamment. Barentin, quant à lui, demande au roi de ne pas céder face aux revendications et lui déclare : Ne pas sévir, c'est dégrader la dignité du trône. Le roi ne décide rien pour le moment et propose la tenue d'une séance royale le 23 juin où il exprimera ses volontés.

Serment du Jeu de paume 20 juin 1789

Les députés du Tiers demandent qu'on les laisse entrer dans l'hôtel des Menus Plaisirs, Lucien-Étienne Mélingue
Le 20 juin, les députés du Tiers découvrent que la salle des Menus Plaisirs est close et barrée par des gardes-françaises. Officiellement, on y prépare l'assemblée du 23 juin ; en réalité, Louis XVI a décidé de fermer la salle puisque, non seulement écrasé par le deuil de la mort du dauphin mais surtout influencé par la reine, Barentin et d'autres ministres, il se sent trahi par un tiers état qui lui échappe et ne souhaite pas de réunion jusqu'à l'assemblée du 23.
Le Serment du Jeu de Paume, 20 juin 1789, Louis-Charles-Auguste Couder 1790–1873, 1848, Musée de l'Histoire de France Versailles.
Les députés du Tiers décident alors, sur proposition du célèbre docteur Guillotin, de trouver une autre salle pour se réunir. C'est alors qu'ils entrent dans la salle du Jeu de paume, située à deux pas. C'est dans cette salle que l'assemblée, à l'initiative de Jean-Joseph Mounier., se déclare appelée à fixer la constitution du royaume puis, à l'unanimité sauf une voix, elle prêt le serment de ne jamais se séparer tant qu'une nouvelle constitution ne sera pas donnée au royaume de France. Elle déclare enfin que partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée nationale !
Le 21 juin, Louis tient un conseil d'État à l'issue duquel le plan proposé par Necker le 19 juin est repoussé, malgré le soutien des ministres Montmorin, Saint-Priest et La Luzerne.

Séance royale 23 juin 1789

La séance royale décidée par le roi s'ouvre dans la grande salle de l'Hôtel des Menus Plaisirs, en l'absence de Jacques Necker mais en présence d'une troupe largement déployée pour l'occasion. Louis XVI y prononce un bref discours dans lequel il fait part de ses décisions. Constatant le manque de résultats des états généraux, il rappelle les députés à l'ordre : Je dois au bien commun de mon royaume, je me dois à moi-même de faire cesser vos funestes divisions. Il déclare être favorable à l'égalité devant l'impôt, à la liberté individuelle, à la liberté de la presse et à la disparition du servage ; en revanche, il déclare nulle la proclamation de l'assemblée nationale du 17 juin et maintient sa volonté de faire voter les trois ordres séparément. Il rappelle enfin qu'il incarne la seule autorité légitime du royaume : Si, par une fatalité loin de ma pensée, vous m'abandonniez dans une si belle entreprise, seul je ferais le bien de mes peuples, seul me considérerais comme leur véritable représentant. La séance est levée et les députés sont priés de sortir.
Les députés de la noblesse et la majorité de ceux du clergé quittent alors la salle ; les députés du Tiers sont, quant à eux, tendus et intrigués par la présence massive des troupes. Au bout de plusieurs minutes de flottement, le député d'Aix Mirabeau intervient et s'adresse à la salle : Messieurs, j'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait être le salut de la patrie, si les présents du despotisme n'étaient toujours dangereux. Quelle est cette insultante dictature ? L'appareil des armes, la violation du temple national pour vous commander d'être heureux ! ... Catilina est-il à nos portes ! Face au tumulte provoqué par cette harangue, le grand maître des cérémonies Henri-Évrard de Dreux-Brézé s'adresse alors à Bailly, doyen de l'Assemblée et du Tiers, pour lui rappeler l'ordre du roi. Le député rétorque: La Nation assemblée ne peut recevoir d'ordre. C'est alors que Mirabeau s'interpose et, selon la légende, lui répond cette célèbre phrase : Allez dire à ceux qui vous ont envoyé que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes. Informé de l'incident, Louis XVI aurait alors lâché : Ils veulent rester, eh bien, foutre, qu'ils restent !. Une révolution bourgeoise et pacifique vient ainsi de s'accomplir et il faut désormais au roi opter entre l'acceptation de la monarchie constitutionnelle ou l'épreuve de force. Il semble s'orienter vers la première solution tandis que son entourage se montre plus intransigeant, notamment son frère le comte d'Artois qui accuse Necker, ce banquier libéral, de trahison et d'attentisme.

Défection de l'armée

Le surlendemain 25 juin, la majorité des députés du clergé et 47 députés de la noblesse dont le duc d'Orléans, cousin du roi se joignent au Tiers état. Louis XVI cherche à donner le change et, le 27 juin, ordonne à son fidèle clergé et à sa fidèle noblesse de se joindre au Tiers ; paradoxalement, il fait déployer autour de Versailles et de Paris trois régiments d'infanterie, officiellement pour protéger la tenue des états généraux, mais en réalité pour pouvoir disperser les députés par la force si cela s'avère nécessaire. Seulement, plusieurs compagnies refusent de se soumettre aux ordres et certains soldats jettent leurs armes avant de venir dans les jardins du Palais-Royal se faire applaudir par la foule. Les patriotes parisiens suivent de près les mouvements de l'armée et, lorsqu'une quinzaine de grenadiers insoumis sont enfermés dans la prison abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, 300 personnes viennent les libérer : Les hussards et les dragons envoyés pour rétablir l'ordre crient "Vive la Nation !" et refusent de charger la foule.
Louis XVI mobilise alors autour de Paris 10 nouveaux régiments. Le 8 juillet, Mirabeau demande au roi d'éloigner les troupes étrangères suisses et allemands, ce à quoi le souverain rétorque que son seul but est de protéger les élus ; pour ce faire, il propose même de transférer la siège de l'assemblée nationale à Noyon ou Soissons.

L'Assemblée nationale constituante 9 juillet 1789 - 1er octobre 1791

L'Assemblée nationale promulguée le 17 juin 1789 prend le nom de Constituante le 9 juillet. Pendant ce temps, le roi renvoie Necker dont il a peu apprécié l'absence lors de la séance royale du 23 juin pour le remplacer par le baron de Breteuil, monarchiste convaincu. Il appelle le maréchal de Broglie au poste de Maréchal général des camps et armées du roi, réinstauré pour faire face aux évènements.

La Prise de la Bastille.

L'annonce du renvoi de Necker et de la nomination de Breteuil et de Broglie mettent Paris en effervescence. À partir de ce moment, les manifestations se multiplient à Paris ; une d'entre elles est réprimée aux Tuileries, faisant un mort côté manifestants.
C’est ainsi que l’on se venge des traitres.
Gravure de 1789 dépeignant des soldats ou des miliciens portant les têtes de Jacques de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques.
Le 13 juillet, les 407 grands électeurs de Paris qui avaient élu leurs députés pour les états généraux se réunissent à l'Hôtel de ville de Paris pour se constituer comité permanent. Ils fondent une milice de 48 000 hommes encadrée par des gardes-françaises et adoptent comme signe de reconnaissance la cocarde bicolore rouge et bleu, aux couleurs de la ville de Paris le blanc, symbole de la nation, est inséré dans la cocarde tricolore née dans la nuit du 13 au 14 juillet.
Il ne reste plus qu'à trouver des armes. Le 14 juillet, une foule estimée à 40 000-50 000 personnes se présente devant l'Hôtel des Invalides. Les officiers réunis sous les ordres de Besenval sur le Champ-de-Mars refusent à l'unanimité de charger contre les manifestants. C'est ainsi que ces derniers s'emparent librement à l'intérieur des Invalides d'environ 40 000 fusils Charleville, un mortier et une demi-douzaine de canons. Il ne manque plus de la poudre et des balles, et l'idée se répand que la forteresse de la Bastille en regorge.
Vers 10h30, une délégation des électeurs de Paris se rend auprès du gouverneur de la prison Bernard-René Jordan de Launay pour négocier la remise des armes demandées. Après deux refus, Launay fait sauter 250 barils de poudre ; l'explosion est considérée à tort comme un charge contre les assaillants. Soudain, un ancien sergent des gardes suisses entouré de 61 gardes-françaises arrive des Invalides avec les canons volés et les place en position d'attaque contre la Bastille. La forteresse capitule, la foule s'y engouffre en libérant les 7 prisonniers enfermés et s'empare des munitions. La garnison de la Bastille, après avoir massacré une centaine d'émeutiers, et conduite à l'Hôtel de ville tandis que la tête de Launay, décapité sur le trajet, est exposée sur une pique. Ignorant tout des événements, Louis XVI ordonne trop tard que les troupes stationnées autour de Paris évacuent la capitale.
Le lendemain 15 juillet, le roi apprend à son réveil du grand-maître de la garde-robe François XII de La Rochefoucauld les événements de la veille. Selon la tradition, le roi lui demande : C'est une révolte ? Et le duc de La Rochefoucauld de répondre : Non, Sire, c'est une révolution.
À partir de ce jour, la Révolution est irréversiblement enclenchée. Louis XVI, qui ne peut choisir qu'entre la guerre civile et la résignation, consent à capituler devant les événements.
Toujours le 15 juillet, le roi se rend à l'Assemblée pour confirmer aux députés qu'il a ordonné aux troupes de se retirer des alentours de Paris. Sous les applaudissements des députés, il conclut sa venue en disant : Je sais qu'on a osé publier que vos personnes n'étaient point en sûreté. Serait-il donc nécessaire de vous rassurer sur des bruits aussi coupables, démentis d'avance par mon caractère connu ? Eh bien, c'est moi qui ne suis qu'un avec la Nation qui me fie à vous : aidez-moi en cette circonstance à assurer le salut de l'État ; je l'attends de l'Assemblée nationale. En s'adressant directement à l'Assemblée nationale, Louis XVI vient de reconnaître officiellement son existence et sa légitimité. Aussitôt, une importante délégation conduite par Bailly se rend à l'Hôtel de ville de Paris pour annoncer au peuple les dispositions du roi et ramener le calme dans la capitale. Dans une ambiance festive et dansante, Bailly est nommé maire de Paris et La Fayette est élu par l'Assemblée commandant de la Garde nationale.

Rappel de Necker et adoption de la cocarde tricolore par le roi 16 et 17 juillet 1789

Le 16 juillet, le roi tient un conseil en présence de la reine et de ses deux frères. Le comte d'Artois et Marie-Antoinette demandent au roi de transférer la cour à Metz pour plus de sécurité mais le souverain, soutenu par le comte de Provence, la maintient à Versailles. Il regrettera plus tard de ne pas s'être éloigné de l'épicentre de la Révolution. Il annonce en outre dans ce conseil qu'il va rappeler Necker et donne l'ordre à Artois dont il reproche la philosophie répressive de quitter le royaume, faisant du futur Charles X l'un des tout premiers émigrés de la Révolution.
Necker revient donc au gouvernement avec le titre de contrôleur général des finances. Sont également rappelés Montmorin aux Affaires étrangères, Saint-Priest à la Maison du Roi et La Luzerne à la Marine. Necker ne tardera pas à comprendre que le pouvoir réside désormais à l'Assemblée nationale.
Le 17 juillet, Louis XVI prend la route de Paris pour aller à la rencontre de son peuple. Accompagné d'une centaine de députés, il a choisi de se rendre à l'Hôtel de ville, devenu le centre symbolique de la contestation populaire. Il est reçu par le nouveau maire, Bailly, sous les cris de Vive la Nation ! et il se fait apposer sur son chapeau la cocarde tricolore. Il pénètre ensuite dans l'édifice en passant sous la voûte formée par les épées des gardes nationaux. C'est alors que le président du collège électoral, Moreau de Saint-Méry, le complimente : Le trône des rois n'est jamais plus solide que lorsqu'il a pour base l'amour et la fidélité des peuples. Le roi improvise alors un petit discours au cours duquel il déclare approuver les nominations de Bailly et La Fayette ; se montrant alors à la foule qui l'acclame en contrebas, il lance à Saint-Méry : Mon peuple peut toujours compter sur mon amour. Enfin, à la demande de l'avocat Louis Éthis de Corny, on vote l'érection d'un monument à Louis XVI à l'emplacement même de la Bastille.
Comme le note l'historien Bernard Vincent en commentant cette réception à l'Hôtel de ville : Avec la prise de la Bastille, le pouvoir suprême venait bel et bien de changer de camp.

Grande Peur 19 juillet - 6 août 1789

L'Assemblée nationale régnant désormais sur le pays, les intendants du roi quittent leur poste dans les provinces. Une grande peur gagne alors la paysannerie française : on craint en effet que les seigneurs, pour se venger des événements survenus à Paris, ne mandatent des brigands contre le peuple des campagnes.
Ajoutée à la faim et à la crainte des accapareurs de blé, la grande peur incite les paysans à créer des milices un peu partout en France. À défaut de tuer les brigands imaginaires, les membres de la milice incendient les châteaux et massacrent des comtes notamment. L'Assemblée, hésitante face à ces exactions, décide de calmer le jeu. Néanmoins, la peur gagne la ville de Paris où, le 22 juillet, le conseiller d'État Joseph François Foullon et son gendre Berthier de Sauvigny sont massacrés sur la Place de Grève.

Abolition des privilèges Nuit du 4 août 1789.

Pour mettre fin à l'instabilité régnant dans les campagnes, les ducs de Noailles et d'Aiguillon lancent à l'Assemblée constituante l'idée de faire table rase de tous les privilèges seigneuriaux hérités de l'époque médiévale. C'est ainsi qu'au cours de la séance nocturne du 4 août 1789 sont supprimés les droits féodaux, la dîme, les corvées, la mainmorte et le droit de garenne notamment. L'assemblée affirme l'égalité devant l'impôt et l'emploi, abolit la vénalité des charges et tous les avantages ecclésiastiques, nobiliaires et bourgeois.
Bien que Louis XVI affirme dans un courrier du lendemain à Monseigneur du Lau, archevêque d'Arles, qu'il ne donnera jamais sa sanction comprendre son accord à des décrets qui dépouilleraient le clergé et la noblesse, l'Assemblée continue de légiférer dans ce sens jusqu'au 11 août. Les décrets d'application seront pris les 15 mars et 3 juillet 1790.

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen 26 août 1789

Le rapport rendu le 9 juillet par Jean-Joseph Mounier présentait un ordre de travail pour la rédaction d'une Constitution débutant par une déclaration des droits. Cette déclaration devait servir, en tant que préambule, à proposer à l'univers un texte pour tous les hommes, pour tous les temps, pour tous les pays et codifier l'essentiel de l'esprit des Lumières et du Droit naturel. L'idée était également d'opposer à l'autorité royale l'autorité de l'individu, de la loi et de la Nation.
Le 21 août, l'Assemblée entame la discussion finale du texte, déposé par La Fayette et inspiré de la Déclaration d'indépendance des États-Unis. L'adoption du texte s'opère article par article, pour finir le 26 août, date à laquelle les députés commencent à examiner le texte de la Constitution elle-même.
La Déclaration fixe à la fois les prérogatives du citoyen et celles de la Nation : le citoyen par l'égalité devant la loi, le respect de la propriété, la liberté d'expression notamment, et la Nation par la souveraineté et la séparation des pouvoirs entre autres. Le texte est adopté en présence et sous les auspices de l'Être suprême, un dieu abstrait et philosophique.
Les débats, houleux, surviennent au milieu de 3 catégories de députés qui commencent à se démarquer les uns des autres : la droite aristocrates, les partisans du statu quo comme d'Eprémesnil ou l'abbé Maury ; le centre Monarchiens conduits notamment par Mounier et favorables à une alliance entre les roi et le tiers-état ; et enfin la gauche patriotes, elle-même composée d'une branche modérée favorable à un veto minimal du roi Barnave, La Fayette, Sieyès et d'une branche extrême comptant encore peu de députés Robespierre et Pétion notamment.

Veto royal 11 septembre 1789

À la suite de l'adoption du texte final de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen le 26 août, l'Assemblée se penche à la question du droit de veto du roi. Après quelques jours de débats, lesquels se sont déroulés en l'absence du principal intéressé, les députés votent le 11 septembre, à une très large majorité 673 voix contre 325, le droit de veto suspensif proposé par les patriotes. Concrètement, le roi perd l'initiative des lois, et ne conserve que le droit de promulgation et le droit de remontrance. Louis XVI accepte cette idée par esprit de conciliation, grâce à Necker qui, ayant négocié cette option avec les patriotes, a su convaincre le roi d'accepter le droit de veto ainsi voté.
Néanmoins, les députés ne concèdent au roi le droit de veto que si ce dernier avalise les décrets de la nuit du 4 août. Dans une lettre du 18 septembre, Louis XVI écrit aux députés qu'il agrée l'esprit général de la loi mais qu'en revanche des points importants non pas été étudiés, notamment l'avenir du traité de Westphalie consacrant les droits féodaux des princes germaniques ayant des terres en Alsace. Pour toute réponse, l'assemblée somme le roi de promulguer les arrêtés des 4 et 11 août. Outragé, Louis XVI concède cependant le 21 septembre qu'il accepte l' esprit général de ces textes et qu'il les publierait. Satisfaits, les députés octroient le 22 septembre par 728 voix contre 223 le droit de veto suspensif pour une durée de 6 ans. Dans la foulée, ils votent l'article de la future constitution selon lequel le gouvernement est monarchique, les pouvoir exécutif est délégué au roi pour être exercé sous son autorité par les ministres.

Le retour du roi à Paris 6 octobre 1789

Malgré son retour au gouvernement, Necker ne parvient pas à redresser les finances du royaume. Il recourt donc au traditionnel remède à l'emprunt : deux emprunts sont lancés en août 1789, mais les résultats sont médiocres. Necker se rend donc en dernier recours l'Assemblée pour lui proposer une contribution extraordinaire qui pèserait sur l'ensemble des citoyens, et qui équivaudrait au quart des revenus de chacun ; d'abord réticente à voter cet impôt lourd, ladite assemblée l'adopte à l'unanimité, convaincue par les mots que lui a lancés Mirabeau : Votez donc ce subside extraordinaire … la hideuse banqueroute est là : elle menace de consumer, vous, vos propriétés, votre honneur ... et vous délibérez ! La levée de cette contribution ne résout cependant pas les difficultés économiques du pays, le pain devenant de plus en plus rare et le chômage de plus en plus fort une des conséquences de l'émigration des aristocrates, parmi lesquels beaucoup d'employeurs.
L'opinion publique s'émeut de cette impasse et, sensible aux poussées contre-révolutionnaires de la cour et du roi que l'on surnomme désormais Monsieur Veto, se méfie de plus en plus du souverain et de son entourage. Par exemple, dans la chanson La Carmagnole, composée probablement lors de la journée du 10 août 1792 :

« Monsieur Véto avait promis
D’être fidèle à sa patrie ;
Mais il y a manqué.
Ne faisons plus quartier.

Cette méfiance se changera bientôt en révolte quand le peuple apprendra qu'au cours d'un dîner donné le 1er octobre à Versailles en l'honneur du Régiment de Flandre venu prêter main forte à la défense de la cour, certains officiers n'ont pas manqué de fouler au pied la cocarde tricolore et de crier À bas l'Assemblée !, le tout en présence de Louis XVI et de la reine.
Les parisiens apprennent la nouvelle, relayée et amplifiée par les journaux ; Marat et Desmoulins en appellent aux armes contre cette orgie contre-révolutionnaire. » Selon les registres officiels, ne sont entrés dans la capitale depuis 10 jours que 53 sacs de farine et 500 setiers de blé; face à cette pénurie, le bruit court que du blé est abondamment conservé à Versailles et en outre que le roi envisage de transporter la cour à Metz. Les parisiens veulent donc ramener le blé et retenir le roi, quitte à le ramener dans la capitale.
Le 5 octobre, une foule de femmes envahit l'Hôtel de ville de Paris pour faire part de ses doléances et informer qu'elle va marcher sur Versailles pour en parler à l'Assemblée et au roi lui-même. Conduites par l'huissier Stanislas-Marie Maillard, environ 6 000 à 7 000 femmes, ajoutées à quelques agitateurs déguisés, se rendent à pied à Versailles, armées de fusils, de piques, de crocs de fer, de couteaux emmanchés sur des bâtons, précédées de sept ou huit tambours, de trois canons et d'un train de baril de poudre et de boulets, saisis au Châtelet.
Apprenant la nouvelle, le roi rentre précipitamment de la chasse et la reine se réfugie dans la grotte du Petit Trianon. Vers 16 heures, le cortège des femmes arrive devant l'Assemblée ; une délégation d'une vingtaine d'entre elles est reçue dans la salle des Menus Plaisirs, qui exige que le roi promulgue les décrets des 4 et 11 août et signe la Déclaration des droits de l'homme. Une horde de citoyennes survient alors dans la salle, criant : À bas la calotte ! À mort l'Autrichienne ! Les gardes du roi à la lanterne !
Louis XVI accepte de recevoir 5 des femmes du cortège, accompagnées du nouveau président de l'Assemblée, Jean-Joseph Mounier. Le roi leur promet du pain, embrasse l'une de ces femmes Louison Chabry, âgée de 17 ans, laquelle s'évanouit sous le coup de l'émotion. Les femmes ressortent en criant Vive le roi ! mais la foule hurle à la trahison et menace de les pendre. Elles promettent alors de retourner voir le roi pour obtenir davantage. Louis XVI donne alors à Jérôme Champion de Cicé, Garde des Sceaux l'ordre écrit de faire venir du blé de Senlis et de Lagny ; il promet également à Mounier qu'il promulguera le soir même les décrets des 4 et 11 août, et qu'il signera également la Déclaration. Se montrant enfin au balcon aux côtés de Louison Chabry, il émeut la foule qui l'acclame alors.

Lafayette et la famille royale à Versailles, le 6 octobre.

Vers minuit, La Fayette arrive au château en tête de la Garde nationale et de quelque 15 000 hommes ; il promet au roi d'assurer la défense extérieure du château et lui assure : Si mon sang doit couler, que ce soit pour le service de mon roi. Le lendemain matin, après une nuit passée à camper sur la place d'armes, la foule assiste en son sein à une bagarre opposant des manifestants à plusieurs gardes du corps ; des émeutiers entraînent alors la foule à pénétrer dans le château par la porte de la chapelle, restée étrangement ouverte. S'ensuit alors un véritable carnage où plusieurs gardes sont massacrés et décapités, leur sang badigeonnant le corps des meurtriers. Ces derniers cherchent les appartements de la reine, s'écriant : Nous voulons couper sa tête, fricasser son cœur et ses foies, et cela ne finira pas là ! Empruntant des couloirs secrets, le roi et sa famille parviennent à se retrouver ensemble sous les cris de Le roi à Paris ! et À mort l'Autrichienne ! venant du dehors. La reine lance alors à son mari : Vous n'avez pas su vous décider à partir quand c'était encore possible ; à présent nous sommes prisonnier Louis XVI se concerte alors avec La Fayette ; ce dernier ouvre la fenêtre donnant au dehors et se montre à la foule qui lui crie Le roi au balcon !. Le souverain se montre alors à la foule sans dire un mot tandis que celle-ci l'acclame et lui demande de revenir à Paris. Des voix réclamant la reine, La Fayette dit à celle-ci de venir également à la fenêtre : Madame, cette démarche est absolument nécessaire pour calmer la multitude. La reine s'exécute, modérément acclamée par la foule ; La Fayette lui baise la main. Le roi la rejoint alors en compagnie de ses deux enfants et déclare à la foule : Mes amis, j'irai à Paris avec ma femme et mes enfants. C'est à l'amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j'ai de plus précieux.
Après 7 heures de route, le cortège arrive à Paris, encadré par la Garde nationale et les têtes fraîchement coupées de la matinée. Des chariots de blé accompagnent également la famille royale, si bien que la foule déclare qu'elle ramène dans la capitale le boulanger, la boulangère et le petit mitron. Après un détour protocolaire à l'Hôtel de ville, le cortège parvient au Palais des Tuileries, où la famille royale élira malgré elle son dernier domicile ; un mois plus tard, l'Assemblée siégera à la Salle du Manège, non loin de là. Le 10 octobre, l'Assemblée vote un décret désignant Louis XVI non plus Roi de France mais Roi des français ; ce titre sera repris officiellement dans la constitution de 1791.

Politique de déchristianisation et réactions du roi

Dès les premiers mois qui vont suivre le début de la Révolution, l'Église et le clergé vont être la cible de la politique nouvellement menée ; comme l'affirme l'historien Bernard Vincent, c'est cet aspect de la Révolution, cet acharnement contre l'Église, que Louis XVI, non seulement homme de foi mais profondément convaincu d'être dans sa fonction un émissaire du Tout-Puissant, aura le plus de mal à admettre. Il ne l'admettra d'ailleurs jamais, malgré les concessions publiques que jour après jour sa situation lui impose de faire.
L'un des premiers actes de cette volonté de déchristianiser les institutions s'opère par le décret du 2 novembre 1789 par lequel l'Assemblée, à l'initiative de Talleyrand, décide à 568 voix contre 346 que les biens du clergé serviront à combler le déficit national.
Le 19 décembre 1789, l'Assemblée met en circulation 400 millions d'assignats, sortes de bons du Trésor, destinés à éponger les dettes de l'État. La valeur de ces assignats était à terme garantie par la vente des biens du clergé ; néanmoins, l'émission excessive de ces bons aura pour conséquence une forte dépréciation, allant jusqu'à 97 % de leur valeur.
Décret de l'Assemblée national sic qui supprime les ordres religieux et religieuses. Le mardi 16 février 1790. Caricature anonyme de 1790. Que ce jour est heureux, mes sœurs. Oui, les doux noms de mère et d'épouse est bien préférable à celui de nonne, il vous rend tous les droits de la nature ainsi qu'à nous.
Le 13 février 1790, l'Assemblée vote l'interdiction des vœux religieux et la suppression des ordres religieux réguliers, hors institutions scolaires, hospitalières et caritatives. Les ordres tels que les Bénédictins, les Jésuites et les Carmélites sont déclarés illégaux. Dans plusieurs villes, de violents heurts opposent les catholiques royalistes aux révolutionnaires protestants, tels à Nîmes où, le 13 juin 1790, les affrontements font 400 morts.
La Constitution civile du clergé est votée le 12 juillet 1790, remplissant d'effroi Louis XVI en personne. Désormais, les diocèses seront alignés sur les départements récemment créés : il y aura donc 83 évêques pour 83 diocèses pour 83 départements, et en outre 10 évêques métropolitains à la place des 18 archevêques existants. Mais la réforme, décidée sans concertation ni avec le clergé ni avec Rome, prévoit également que les curés et les évêques seront désormais élus par les citoyens, même non catholiques. N'ayant plus de revenu à la suite de la vente des biens du clergé, les prêtres seront donc des fonctionnaires publics rémunérés par l'État mais devront, en contrepartie, prêter serment de fidélité à la Nation, à la loi et au roi article 21. La constitution coupe les membres du clergé en deux camps : les prêtres jureurs légèrement majoritaires, fidèles à la constitution et au serment de fidélité, et les prêtres réfractaires, refusant de s'y soumettre. La constitution civile du clergé et la Déclaration des droits de l'Homme seront condamnées par le pape Pie VI dans le bref apostolique Quod aliquantum, ramenant au sein de l'Église quelques prêtres jureurs. L'Assemblée se vengera par le biais du décret du 11 septembre 1790 rattachant au Royaume l'État pontifical d'Avignon et le Comtat Venaissin.
Le 26 décembre 1790, Louis XVI se résigne à entériner la constitution civile du clergé dans son intégralité. Comme il l'avait indiqué à son cousin Charles IV d'Espagne dans une missive envoyée le 12 octobre 1789, il signe à contre-coœur ces actes contraires à l'autorité royale qui lui ont été arrachés par la force.

Fête de la Fédération 14 juillet 1790

Deux jours après le vote de la constitution civile du clergé, et pour fêter le 1er anniversaire de la Prise de la Bastille, le Champ-de-Mars est le théâtre d'une cérémonie de grande ampleur : la Fête de la Fédération.
Orchestrée par La Fayette au nom des fédérations les associations de gardes nationaux de Paris et de province, la Fête de la Fédération rassemble environ 400 000 personnes, en ce compris les députés, le duc d'Orléans venu de Londres, les membres du gouvernement donc Necker, et la famille royale. Une messe est présidée par Talleyrand, entouré de 300 prêtres en étole tricolore.
Louis XVI prête solennellement serment en ces termes : Moi, roi des Français, je jure à la Nation d'employer le pouvoir qui m'est délégué ... à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois. La reine présente son fils à la foule sous les acclamations.
Le roi est acclamé tout au long de cette journée et les parisiens viennent dans la soirée crier sous ses fenêtres : Régnez, Sire, régnez ! Barnave reconnaît : Si Louis XVI avait su profiter de la Fédération, nous étions perdus. Mais le roi ne profite pas de la situation : pour certains historiens, le roi veut éviter une guerre civile ; l'autre explication vient du fait que le roi a peut-être déjà entrepris de quitter le pays.

Fuite et arrestation à Varennes 20-21 juin 1791

Face à la déliquescence de son pouvoir, Louis XVI ne choisit pas d'abdiquer : l'onction qu'il a reçue lors de son sacre et l'ancienneté de la monarchie l'en empêchent. La fuite hors du royaume s'avère alors être la meilleure solution.
Après un plan d'enlèvement mené par le comte d'Artois et Calonne impossible à mettre en œuvre, et une tentative d'assassinat de Bailly et La Fayette projetée par Favras en 1790, le roi construit un plan d'évasion du royaume en direction de Montmédy où l'attend le marquis de Bouillé, puis vers les provinces belges de l'Autriche. Les historiens divergent quant à la finalité même du projet. Selon Bernard Vincent, si le roi avait réussi à trouver refuge à l'est, alors cela changeait tout : une vaste coalition pourrait se former - alliant entre autres l'Autriche, la Prusse, la Suède, l'Espagne et pourquoi pas l'Angleterre - qui mettrait la Révolution à genoux, prendrai appui sur la France profonde, renverserait le cours de l'histoire et rétablirait le roi Louis et le régime monarchique dans leurs droits immémoriaux. La date de l'évasion est fixée au 20 juin 1791 ; les modalités pratiques tels que la production de faux passeports, les déguisements et le transport notamment sont confiées à Axel de Fersen, amant de la reine et désormais appui de la famille royale.
Le 20 juin, vers 21 heures, Fersen fait venir à la Porte Saint-Martin la berline qui servira à transporter la famille royale. À minuit et demi, le roi déguisé en valet de chambre, la reine et Madame Élisabeth montent dans une voiture de louage pour rejoindre la berline où sont déjà installés le dauphin, sa sœur et leur gouvernante Madame de Tourzel. La voiture prend alors le départ ; Fersen accompagne la famille royale jusqu'à Bondy où il prend congé d'elle.
Le 21 juin à 7 heures, le valet de chambre s'aperçoit de la disparition du roi. La Fayette, l'Assemblée nationale, puis la ville de Paris tout entière apprennent la nouvelle ; on ne sait pas encore s'il s'agit d'un enlèvement ou d'une évasion. Le roi a fait déposer à l'Assemblée un texte écrit de sa main, la Déclaration du roi, adressée à tous les Français à sa sortie de Paris, dans lequel il condamne l'Assemblée qui lui a fait perdre tous ses pouvoirs et exhorte les Français à revenir vers leur roi.
Testament politique de Louis XVI : Déclaration de Louis XVI à tous les Français, à sa sortie de Paris
Ce document ne fut jamais diffusé dans son intégralité. D'une part, Louis XVI y dénonce les Jacobins et leur emprise croissante sur la société française. D'autre part, il y explique sa volonté : une monarchie constitutionnelle avec un exécutif puissant et autonome vis-à-vis de l'Assemblée. Ce document historique majeur, traditionnellement appelé le testament politique de Louis XVI a été redécouvert en mai 2009. Il est au Musée des Lettres et Manuscrits à Paris. Le roi commente son sentiment sur la révolution, en critique certaines conséquences sans pour autant rejeter les réformes importantes comme l'abolition des ordres et l'égalité civile.
Pendant ce temps, la berline continue vers l'est, traversant la ville de Châlons-sur-Marne avec 4 heures de retard sur l'horaire prévu. Non loin de là, à Pont-de-Sommevesle, l'attendent les hommes de Choiseul ; ne voyant pas arriver la berline arriver à temps, ils décident de s'en aller.

L’arrestation du roi et de sa famille à Varennes.

À 8 heures du soir, le convoi s'arrête devant le relais de Sainte-Menehould puis reprend sa route. La population s'interroge sur la mystérieuse voiture, et très vite s'ébruite la rumeur selon laquelle les fugitifs ne sont autres que le roi et sa famille. Le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet, est convoqué à l'Hôtel de ville : face à un assignat à l'effigie du roi qu'on lui tend, il reconnaît le souverain comme étant l'un des passagers du convoi. Il se lance alors à la poursuite de la berline avec le dragon Guillaume en direction de Varennes-en-Argonne, vers laquelle se dirigeait la voiture. Prenant des raccourcis, ils arrivent avant le convoi et parviennent à prévenir les autorités quelques minutes seulement avant l'arrivée du roi. La famille royale arrive vers 10 heures et se heurte à un barrage. Le procureur-syndic Jean-Baptiste Sauce contrôle les passeports, qui semblent en règle. Il s'apprête à laisser repartir les voyageurs quand le juge Jacques Destez, qui avait vécu à Versailles, reconnaît formellement le roi. Louis XVI avoue alors sa véritable identité ; il ne parvient pas à convaincre la population qu'il envisageait de regagner Montmédy afin d'y installer sa famille, d'autant plus que le maître de poste de Châlons arrive à ce moment précis, porteur d'un décret de l'Assemblée enjoignant d'arrêter les fuyards. Choiseul, qui a réussi à rejoindre le roi, propose à ce dernier de faire dégager la ville par la force, ce à quoi le roi lui répond d'attendre l'arrivée du général Bouillé ; mais celui-ci ne vient pas et ses hussards pactisent avec la population. Le roi confie alors à la reine : Il n'y a plus de roi en France.

Le retour du cortège à Paris.

Informée le 22 juin au soir des événements qui se sont déroulés à Varennes, l'Assemblée envoie trois émissaires à la rencontre de la famille royale : Barnave, Pétion et La Tour-Maubourg. La jonction s'opère le 23 juin au soir à Boursault. Le cortège passe la soirée à Meaux et reprend le lendemain la route de Paris, où l'Assemblée a déjà décrété la suspension du roi. Une foule immense s'est massée le long des boulevards pour voir passer la voiture de la famille royale ; les autorités ont placardé des affiches sur lesquelles il est écrit : Quiconque applaudira le roi sera bastonné, quiconque l'insultera sera pendu. Durant le trajet, le roi conserve un calme exemplaire comme le note Pétion : Il semblait que le roi revenait d'une partie de chasse ... il était tout aussi flegme, tout aussi tranquille que si rien n'était arrivé ... j'étais confondu de ce que je voyais. Quant à Marie-Antoinette, elle constatera en se regardant dans un miroir que ses cheveux avaient blanchi.
L'Assemblée décide d'entendre le couple royal sur l'affaire de Varennes. Louis XVI fait seulement savoir qu'il n'avait pas eu l'intention de quitter le territoire national : Si j'avais eu l'intention de sortir du royaume, je n'aurai pas publié mon mémoire le jour même de mon départ, mais j'aurais attendu d'être en dehors des frontières. Le 16 juillet, on lui apprend qu'il est innocenté et qu'il serait rétabli dans ses fonctions dès qu'il aura approuvé la nouvelle constitution.
Pour l'historien Mona Ozouf, la fuite manquée du roi a brisé le lien de l'indivisibilité du roi et de la France, car, explique-t-elle, elle présente aux yeux de tous la séparation du roi et de la nation : le premier, tel un vulgaire émigré, a couru clandestinement à la frontière ; la seconde rejette désormais comme dérisoire son identification au corps du roi, qu'aucune restauration ne parviendra plus à faire revivre ; par où, bien avant la mise à mort du roi, elle accomplit la mort de la royauté.
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Posté le : 21/08/2015 17:09
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Louis XVI Bourbon 4
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Préparation de la Constitution

L'idée républicaine, déjà en chemin, va s'accélérer subitement à l'occasion de la fuite manquée du roi. Le 24 juin 1791, une pétition réclamant l'instauration d'une République réunit 30 000 signatures à Paris. Le 27 juin, les Jacobins de Montpellier réclament à leur tour la création d'une République. Thomas Paine fonde à la fin juin le club de la Société républicaine, aux idées plus avancées que celui des Jacobins, au sein duquel il élabore un manifeste républicain, où il appelle les Français à en finir avec la monarchie : La nation ne peut jamais rendre sa confiance à un homme qui, infidèle à ses fonctions, parjure à ses serments, ourdit une fuite clandestine, obtient frauduleusement un passeport, cache un roi de France sous le déguisement d'un domestique, dirige sa course vers une frontière plus que suspecte, couverte de transfuges, et médite évidemment de ne rentrer dans nos états qu'avec une force capable nous dicter sa loi. Cet appel est placardé sur les murs de la capitale puis, le 1er juillet 1791, sur le portail de l'Assemblée nationale ; cette initiative ne manque pas de choquer un certain nombre de députés, lesquels se désolidarisent de ce mouvement : Pierre-Victor Malouet parle de violent outrage à la Constitution et à l'ordre public, Louis-Simon Martineau demande l'arrestation des auteurs de l'affiche et Robespierre, enfin, s'écrie : On m'a accusé au sein de l'Assemblée d'être républicain. On m'a fait trop d'honneur, je ne le suis pas!
Le 16 juillet, le Club des Jacobins se déchire sur la question de la république ; l'aile majoritaire hostile à un changement de régime se rassemble autour de La Fayette et crée le Club des Feuillants. Le 17 juillet, le Club des Cordeliers (dirigé par Danton, Marat et Desmoulins notamment lance une pétition en faveur de la république. Le texte et les 6 000 signatures sont déposées sur l'autel de la Patrie érigé au Champ-de-Mars pour la 2e Fête de la Fédération du 14 juillet précédent. L'Assemblée ordonne la dispersion de la foule : Bailly ordonne la loi martiale et La Fayette fait appel à la Garde nationale. La troupe tire sans sommation malgré les ordres reçus et fait plus de 50 morts parmi les manifestants. Cet épisode tragique, connu sous le nom de Fusillade du Champ-de-Mars, va constituer un tournant dans la Révolution, aboutissant dans l'immédiat à la fermeture du Club des Cordeliers, à l'exil de Danton, à la démission de Bailly de sa fonction de maire de Paris à l'automne, et à la perte de popularité de La Fayette dans l'opinion.
L'Assemblée poursuit la rédaction de la Constitution à partir du 8 août et adopte le texte le 3 septembre. Précédée de la Déclaration des droits de l'homme, elle reconnaît l'inviolabilité du roi, écarte la Constitution civile du clergé réduite au statut de loi ordinaire, maintient le suffrage censitaire et prévoit la nomination des ministres par le roi hors de l'Assemblée. Pour le reste, l'essentiel du pouvoir est dévolu à l'Assemblée, élue pour deux ans. En revanche, rien n'est prévu en cas de désaccord entre les pouvoirs législatif et exécutif : le roi ne peut dissoudre l'Assemblée et celle-ci ne peut censurer les ministres. Ce texte jugé plutôt conservateur déçoit les députés de gauche.
Louis XVI prête serment sur la nouvelle Constitution le 14 septembre. L'Assemblée constituante se réunit la dernière fois le 30 septembre pour laisser place, dès le lendemain, à l'Assemblée législative.

Politique extérieure

L'un des premiers domaines qui va échapper au roi est celui de la politique extérieure, qu'il avait jusqu'alors menée avec fierté et efficacité.
La Belgique tout d'abord qui, influencée par l'essor révolutionnaire de la France, connaît l'indépendance et la déchéance de l'empereur Joseph II le 24 octobre 1789, lequel est aussitôt remplacé par son frère Léopold II. L'Autriche reprend le contrôle de la Belgique et la République liégeoise prend fin le 12 janvier 1791.
Le 22 mai 1790, l'Assemblée profite de la crise de Nootka opposant l'Espagne alliée de la France à la Grande-Bretagne pour décider qui, du roi ou de la représentation nationale, dispose du droit de déclarer la guerre. La question est tranchée ce jour là par le Décret de Déclaration de paix au monde aux termes duquel l'Assemblée décrète que cette décision n'appartient qu'à elle seule. Elle affirme en effet que La nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans le but de faire des conquêtes ... elle n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple.
Le 27 août 1791, l’empereur Léopold II et le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse rédigent en commun la Déclaration de Pillnitz aux termes de laquelle ils invitent tous les souverains européens à agir d'urgence au cas où ils seraient prêts pour organiser des représailles si l'Assemblée nationale française n'adoptait pas une constitution conforme aux droits des souverains et au bien-être de la nation française. Les comtes de Provence et d'Artois adressent le texte à Louis XVI en l'accompagnant d'une lettre ouverte incitant le roi à rejeter le projet de constitution. Louis XVI est affligé par cette lettre, ayant lui-même adressé peu avant une lettre secrète à ses frères où il leur indiquait jouer la carte de la conciliation ; il leur reproche leur attitude en ces termes : Ainsi vous allez me montrer à la Nation acceptant d'une main et sollicitant les puissances étrangères de l'autre. Quel homme vertueux peut estimer une pareille conduite ?

L'Assemblée nationale législative 1er octobre 1791 - 21 septembre 1792

Composition de l'Assemblée législative en 1791

Louis XVI est appelé Roi des Français par la nouvelle Constitution. Il n'est plus roi par la grâce de Dieu, mais roi des Français, c'est-à-dire non plus un souverain de droit divin, mais en quelque sorte le chef, le premier représentant du peuple français. Il conserve la totalité des pouvoirs exécutifs, qu'il exerce en vertu de la loi humaine85. Cette constitution maintenait en outre le changement du titre du dauphin en prince royal qui avait eu lieu le 14 août 1791.

Le 14 septembre 1791, Louis XVI jure fidélité à ladite constitution.

La nouvelle Assemblée, élue au suffrage censitaire, ne comporte aucun député de l'ancienne Assemblée constituante. Elle comprend 745 députés : 264 inscrits au groupe des Feuillants, 136 à celui des Jacobins et 345 Indépendants.

Crise économique

La France traverse une nouvelle crise à la fin de l'année 1791 : l'agitation populaire qui gagne les Antilles provoque une réduction du sucre et du café, et donc la montée de leur prix. La valeur des assignats se dégrade, le prix du blé augmente et le peuple a faim.

Déclaration de guerre de la France à l'Autriche 1792.

Les 30 octobre et 9 novembre, la nouvelle Assemblée adopte deux décrets sur l'émigration : dans le premier, elle demande au comte de Provence de revenir en France dans les deux mois sous peine de perdre ses droits à la Régence ; le second exhorte l'ensemble des émigrés à rentrer sous peine d'être accusés de conjuration contre la France71 », passible de la peine de mort. Le roi valide le premier décret mais oppose son veto à deux reprises au second, les 11 novembre et 19 décembre. L'Assemblée adoptera plus tard la loi du 28 décembre 1793 mettant à disposition de la Nation les biens mobiliers et immobiliers confisqués aux individus considérés comme ennemis de la Révolution, c'est-à-dire les émigrés et fugitifs, les prêtres réfractaires, les déportés et détenus, les condamnés à mort, les étrangers ressortissants des pays ennemis.
Le 21 janvier 1792, l'Assemblée obtient du roi d'adresser un avertissement officiel à Léopold II lui demandant de dénoncer la Déclaration de Pillnitz. L'empereur meurt le 1er mars, sans avoir répondu à cet appel, mais en ayant pris soin quelques semaines plus tôt de signer avec la Prusse un traité d'alliance. Son fils François II lui succède et entend faire plier la Révolution, affirmant : « Il est temps de mettre la France ou dans la nécessité de s'exécuter, ou de nous faire la guerre, ou de nous mettre en droit de la lui faire. Les Girondins suspectent la reine de connivence avec l'Autriche. Louis XVI renvoie alors ses ministres modérés et appelle de Grave à la Guerre ainsi qu'un certain nombre de Girondins : Roland de la Platière à l'Intérieur, Clavière aux Finances et Dumouriez aux Affaires étrangères. Ce sera "le ministère jacobin". Unique preuve de sa sincérité de roi des Français, sous l'influence de ce ministère Louis XVI sanctionne le 4 avril le décret législatif du 24 mars qui impose dans les colonies l'égalité des Blancs et des hommes de couleur libres86.
Un ultimatum est adressé à François II le 25 mars lui enjoignant de chasser les émigrants français de son pays, lequel demeure sans réponse. Le roi accepte donc, à la demande de l'Assemblée, de déclarer la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Beaucoup reprocheront au roi ce double jeu : si la France l'emporte, il sortira renforcé des événements ; si elle perd, il pourra retrouver ses pouvoirs monarchiques grâce à l'appui des vainqueurs.
La Révolution ayant désorganisé les forces armées, les premiers temps sont désastreux pour la France : déroute de Marquain le 29 avril, démission de Rochambeau, désertion du Régiment de Royal-Allemand notamment. Un climat de soupçon s'ouvre alors et l'Assemblée, méfiante de la rue et des sans-culottes, décide la création d'un camp de 20 000 Fédérés à proximité de Paris ; le 11 juin, le roi oppose son veto à la création de ce camp pour éviter un affaiblissement de la protection des frontières et en profite pour rejeter le décret du 27 mai sur la déportation des prêtres réfractaires. Face aux protestations de Roland de la Platière notamment, Louis XVI opère un remaniement ministériel qui ne convainc pas l'Assemblée.

Journée du 20 juin 1792

Caricature de Louis XVI, coiffé du bonnet phrygien, buvant à la santé de la Nation auteur anonyme, 1792.
Face à la déroute de l'armée, au renvoi des ministres Servan, Roland et Clavière, et au refus du souverain d'adopter les décrets sur la création du camp de fédérés et la déportation des prêtres réfractaires, les Jacobins et les Girondins entreprennent une épreuve de force pour le 20 juin 1792, date anniversaire du serment du Jeu de paume. Plusieurs milliers de manifestants parisiens, conduits par Santerre, sont ainsi encouragés à se rendre au Palais des Tuileries pour protester contre la mauvaise gestion de la guerre.
Seul, Louis XVI reçoit les émeutiers. Ceux-ci exigent du roi qu'il annule ses vetos et rappelle les ministres congédiés. Pendant cette longue occupation qui dura de 14 heures à 22 heures, le roi ne cède rien mais garde un calme saisissant. Il affirme : La force ne fera rien sur moi, je suis au-dessus de la terreur. Il accepte même de porter le bonnet phrygien et de boire à la santé du peuple. Pétion par lever le siège en assurant au roi : Le peuple s'est présenté avec dignité ; le peuple sortira de même ; que votre Majesté soit tranquille

[size=SIZE]Prise des Tuileries 10 août 1792
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Face aux avancées autrichienne et prussienne dans le nord, l'Assemblée déclare le 11 juillet la Patrie en danger. Le 17 juillet, quelques jours après la 3e commémoration de la Fête de la fédération, les fédérés de province et leurs alliés parisiens remettent à l'Assemblée une pétition demandant la suspension du roi.
Les événements vont s'accélérer davantage le 25 juillet par la publication du Manifeste de Brunswick où le duc de Brunswick avertit les parisiens que s'ils ne se soumettent pas immédiatement et sans condition à leur roi, Paris sera promis à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés ... aux supplices qu'ils méritent. Le couple royal est dès lors soupçonné d'avoir inspiré l'idée de ce texte. Robespierre demande la déchéance du roi le 29 juillet.
Le 10 août vers 5 heures du matin, les sections des faubourgs, ainsi que les fédérés marseillais et breton, envahissent la Place du Carrousel. La défense du Palais des Tuileries est assurée par 900 gardes suisses, leur commandant le marquis de Mandat ayant été convoqué à l'Hôtel de ville où vient de se former une Commune de Paris avant d'y être assassiné. Le roi descend dans la cour du palais à 10 heures et se rend compte que l'édifice n'est plus protégé. Il décide donc d'aller trouver refuge avec sa famille à l'Assemblée. C'est alors que les insurgés s'engouffrent dans le palais et massacrent tous ceux qu'ils y croisent : gardes suisses, domestiques, cuisiniers et femmes de chambre. Le château est pillé et les meubles dévastés. L'assaut fera plus d'un millier de morts dont 600 suisses sur 900, et les survivants seront par la suite jugés et exécutés. La Révolution vient de prendre un nouveau tournant qui aboutira à l'extinction de la monarchie constitutionnelle.
La Commune insurrectionnelle obtient de l'Assemblée la suspension immédiate du roi et la convocation d'une convention représentative. Le soir même, le roi et sa famille sont transportés au Couvent des Feuillants où ils vont rester trois jours dans le plus grand dénuement.

Transfert de la famille royale à la Maison du Temple

Le 11 août, l'Assemblée élit un conseil exécutif de 6 ministres et fixe pour début septembre l'élection de la Convention. Elle rétablit par ailleurs la censure et demande aux citoyens de dénoncer les suspects. Elle demande enfin que la famille royale soit transférée au Palais du Luxembourg mais la Commune exige que ce soit à la Maison du Temple, sous sa garde.
C'est donc le 13 août que la famille royale est transférée, conduite par Pétion et escortée par plusieurs milliers d'hommes armés. Elle n'occupe pas pour le moment la grande Tour du Temple non encore aménagée, mais le logement de l'archiviste réparti sur trois étages : Louis XVI vit au deuxième étage avec son valet de chambre Chamilly qui sera remplacé par Jean-Baptiste Cléry, la reine et ses enfants au premier étage, et Madame Élisabeth la cuisine du rez-de-chaussée en compagnie de Madame de Tourzel. Les membres de la famille peuvent librement se voir mais ils sont étroitement surveillés.
Louis XVI occupe son temps entre la lecture, l'éducation du dauphin et la prière. Il s'adonne parfois au jeu de ballon avec son fils et à des parties de trictrac avec les dames. La reine s'occupe également de l'éducation de ses enfants, par l'enseignement de l'histoire au dauphin et les exercices de dictée et de musique à sa fille .

Massacres de septembre

La journée du 10 août 1792 a laissé à Paris un climat agité où les ennemis de la Révolution sont traqués. Les nouvelles extérieures nourrissent un climat de complot contre celle-ci : franchissement de la frontière par les Prussiens, siège de Verdun, soulèvement de la Bretagne, de la Vendée et du Dauphiné.
Les prisons parisiennes renferment entre 3 000 et 10 000 détenus, constitués de prêtres réfractaires, agitateurs royalistes et autres suspects. La Commune veut en finir avec les ennemis de la Révolution avant qu'il ne soit trop tard. Un officier municipal informe le roi, enfermé à la Maison du Temple, que le peuple est en fureur et veut se venger. Pendant une semaine, à partir du 2 septembre, les insurgés les plus virulents de la Commune vont massacrer environ 1 300 détenus répartis dans les prisons suivantes : prison de l'Abbaye, couvent des Carmes, prison de la Salpêtrière, prison de la Force, prison du Grand Châtelet et prison de Bicêtre.

Victoire de Valmy 20 septembre 1792 Bataille de Valmy.

Le 14 septembre, les Prussiens franchissent l'Argonne, mais les armées françaises de Kellerman et Dumouriez successeur de La Fayette passé à l'ennemi se rejoignent le 19. L'armée française se retrouve en supériorité numérique et dispose d'une nouvelle artillerie que l'ingénieur Gribeauval lui a donnée quelques années plus tôt sous l'impulsion de Louis XVI.
La bataille s'engage à Valmy le 20 septembre et se déroule dans une rare violence. Les Prussiens sont rapidement défaits et se réfugient derrière leur frontière. L'invasion de la France est stoppée nette et, comme l'affirmera Goethe qui accompagnait alors l'armée prussienne : D'ici et de ce jour commence une ère nouvelle dans l'histoire du monde.

Mise en place de la Convention Élections législatives françaises de 1792.

Composition de la Convention

L'Assemblée législative décide de mettre en place une convention élue à la suite de la journée du 10 août. Les élections ont lieu du 2 au 6 septembre dans un contexte de peur et de suspicion dû à la guerre franco-autrichienne et aux massacres de septembre.
À l'issue du scrutin, 749 députés sont élus dont beaucoup de révolutionnaires déjà réputés : Danton, Robespierre, Marat, Saint-Just, Bertrand Barère, l'abbé Grégoire, Camille Desmoulins, le duc d'Orléans rebaptisé Philippe Égalité, Condorcet, Pétion, Fabre d'Églantine, Jacques-Louis David et Thomas Paine notamment. Alors que les électeurs de Paris ont plutôt voté pour les Jacobins, ce sont les Girondins qui l'emportent en province.
C'est dans le contexte de la victoire de Valmy qui galvanise les esprits que la Convention se réunit pour la première fois le 21 septembre 1792, marquant dès son arrivée l'abolition de la Monarchie.
Abolition de la Monarchie et derniers mois de Louis Capet 21 septembre 1792 - 21 janvier 1793

Premières mesures de la Convention

La Convention nationale décrète, lors de sa première séance le 21 septembre 1792 que la royauté est abolie en France et que l'An I de la République française partira du 22 septembre 1792. Louis XVI perd alors tous ses titres, les autorités révolutionnaires le désignent sous le nom de Louis Capet (en références à Hugues Capet, dont le surnom est considéré, de manière erronée, comme un nom de famille. Les décrets bloqués par le veto de Louis XVI sont alors appliqués.
Le 1er octobre, une commission est mise en place pour instruire un éventuel procès du roi, en s'appuyant notamment sur les documents saisis au Palais des Tuileries.
Transfert de la famille royale à la Tour du Temple
Le 29 septembre, le roi, son valet de chambre Jean-Baptiste Cléry sont transférés dans un appartement du deuxième étage de la Tour du Temple. Il quitte ainsi le logement de l'archiviste de la Maison du Temple dans lequel il demeurait depuis le 13 août.
Marie-Antoinette, sa fille Madame Royale, Madame Élisabeth et leurs deux servantes sont transférées dans l'étage supérieur de la tour le 26 octobre suivant, dans un appartement similaire à celui du désormais ancien roi.


Procès de Louis XVI et Votes sur la mort de Louis XVI.

La Convention nationale avait dès le 1er octobre mis en place une commission chargée d'instruire le procès. Celle-ci lui remet un rapport le 6 novembre aux termes duquel elle conclut que Louis Capet doit être jugé pour les crimes qu'il a commis sur le trône. Un tel procès est désormais juridiquement possible puisque sous une République, l'inviolabilité du roi n'existe plus.
Le 13 novembre, un débat crucial s'engage sur le point de savoir par qui le procès sera conduit. Le député de Vendée Morisson affirme que le roi a déjà été condamné en ayant été déchu. En face de lui, certains comme Saint-Just réclament sa mort, déclarant notamment que le roi est l'ennemi naturel du peuple, et qu'il n'a pas besoin de procès pour être exécuté.
Les preuves de la culpabilité du roi sont ténues jusqu'au 20 novembre, jour de la découverte aux Tuileries d'une armoire de fer dissimulée dans l'un des murs des appartements du roi. Selon le ministre de l'Intérieur Roland de la Platière, les documents qui y ont été trouvés démontrent la collusion du roi et de la reine avec les émigrés et les puissances étrangères ; il affirme également, sans plus de précision, que certains députés y sont compromis. Bien que selon certains historiens, comme Albert Soboul, les pièces rapportées n'apportent pas la preuve formelle de la collusion du roi avec les puissances ennemies, elles vont néanmoins convaincre les députés à inculper le roi. Dans un discours du 3 décembre resté célèbre, Robespierre prône solennellement la mort sans délai du roi déchu, déclarant que les peuples ... ne rendent point de sentences, ils lancent la foudre ; ils ne condamnent point les rois, ils les replongent dans le néant .... Je conclus que la Convention nationale doit déclarer Louis traître à la patrie, criminel envers l'humanité, et le faire punir comme tel .... Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive.
Après des débats houleux, la Convention décide que Louis Capet sera bel et bien jugé, le tribunal étant la Convention elle-même. Elle confirme le 6 décembre que Louis Capet sera « traduit à la barre pour y subir son interrogatoire. Saint-Just croit alors bon de préciser que ce n'est pas un monarque que nous allons juger ; c'est la monarchie et la conspiration générale des rois contre les peuples. Le lendemain, Louis XVI et son épouse se voient confisquer tous les objets tranchants dont ils se servent, à savoir rasoirs, ciseaux, couteaux et canifs.

Déroulement

Procès de Louis XVI devant la Convention nationale

Le procès de l'ancien roi, jugé comme un citoyen ordinaire et désormais appelé sous le nom de Citoyen Capet, s'ouvre le 11 décembre 1792. À partir de ce jour, il sera séparé du reste de sa famille pour vivre isolé dans un appartement du deuxième étage de la maison du Temple, avec pour seule compagnie celle de son valet, Jean-Baptiste Cléry. Son logement, sensiblement le même que celui dans lequel il vivait avec les siens à l'étage supérieur, mesure environ 65 m2 et comprend quatre pièces : l'antichambre où se relaient les gardes et dans laquelle a été accrochée un exemplaire de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, la chambre à coucher du roi, la salle à manger et la chambre du valet.
Le 1er interrogatoire a lieu le 11 décembre. Vers 13 heures, deux personnalités viennent le chercher : Pierre-Gaspard Chaumette procureur de la Commune de Paris et Antoine Joseph Santerre commandant de la garde nationale. L'appelant désormais sous le nom de Louis Capet, ils se voient rétorquer par l'intéressé : Capet n'est pas mon nom, c'est le nom d'un de mes ancêtres.... Je vais vous suivre, non pour obéir à la Convention, mais parce que mes ennemis ont la force en main. Arrivé dans la salle du Manège au grand complet, l'accusé est accueilli par Bertrand Barère, le président de la Convention, qui le prie de s'asseoir et lui annonce : Louis, on va vous lire l'acte énonciatif des délits qui vous sont imputés. Barère de reprendre ensuite un par un les chefs d'accusation et de demander au roi de répondre à chacun d'entre eux. Les motifs d'inculpation sont nombreux : massacres des Tuileries et du Champ-de-Mars, trahison du serment prêté à la Fête de la Fédération, soutien des prêtres réfractaires, collusion avec les puissances étrangères, etc. Répondant à chacune des questions avec calme et brièveté, Louis XVI soutient qu'il a toujours agi dans le respect des lois qui existaient alors, qu'il a toujours combattu l'usage de la violence et qu'il a désavoué l'action de ses frères. Pour finir, il nie reconnaître sa signature sur les documents qu'on lui montre, et obtient des députés l'aide d'un avocat pour assurer sa défense. Après quatre heures d'interrogatoire, le roi est ramené à la Tour du Temple et confie à Cléry, son seul interlocuteur désormais : J'étais bien éloigné de penser à toutes les questions qui m'ont été faites. Et le valet de chambre de remarquer que le roi se coucha avec beaucoup de tranquillité.
Louis XVI accepte la proposition de défense que lui proposent trois avocats : François Denis Tronchet futur rédacteur du Code civil, Raymond de Sèze et Malesherbes. Il refuse néanmoins l'aide que lui propose la féministe Olympe de Gouges. Le procès du roi est suivi de près par les grandes puissances étrangères, notamment la Grande-Bretagne dont le premier ministre William Pitt le Jeune refusa d'intervenir en faveur du souverain déchu et l'Espagne qui fit savoir à la Convention qu'une condamnation à mort du roi remettrait en cause sa neutralité face aux événements de la Révolution.
Les interrogatoires se succèdent sans rien donner, chacune des parties campant dans ses positions. Le 26 décembre, de Sèze s'adresse aux députés en ces termes : Je cherche parmi vous des juges, et je ne vois que des accusateurs. Le 28 décembre, Robespierre réfute l'idée que le sort du roi soit remis entre les mains du peuple par le biais d'assemblées primaires ; il affirme en effet que les Français seraient en ce sens manipulés par les aristocrates : Qui est plus disert, plus adroit, plus fécond en ressources, que les intrigants ..., c'est-à-dire que les fripons de l'ancien et même du nouveau régime?
La conclusion des débats revient à Barère le 4 janvier 1793, au moyen d'un discours dans lequel il souligne l'unité de la conspiration, les divisions des Girondins sur l'appel au peuple, et enfin l'absurdité du recours à celui-ci. La reprise des délibérations est programmée pour le 15 janvier suivant, où trois points seraient abordés : la culpabilité du roi, l'appel au peuple et la peine à infliger. D'ici là, le roi consacre ses journées à la prière et à l'écriture ; à ce titre, il avait le 25 décembre 1792 rédigé son testament.

Verdict

L'issue du procès prend la forme du vote de chaque député sur les trois questions évoquées par Barère, chacun des élus votant individuellement à la tribune.
La Convention se prononce le 15 janvier 1793 sur les deux premières questions, à savoir :
culpabilité du roi pour « conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l'État : 691 pour, soit l'unanimité des députés présents ;
recours au peuple pour ratifier le jugement : 424 pour, 287 contre, 12 abstentions.
Du 16 janvier à 10h00 au 17 janvier à 20h00 se déroule le vote relatif à la sentence à appliquer, chacun des votants est amené à justifier sa position. Résultat du scrutin : 366 voix pour la mort immédiate du roi, 34 voix pour la mort avec sursis, 319 voix pour la détention et le bannissement, 2 voix pour les travaux forcés. Une partie de l'Assemblée demande un nouveau vote, arguant que certains députés n'étaient pas d'accord avec la catégorie dans laquelle leur voix était classée. Le 17 janvier se déroule un nouveau scrutin : la mort immédiate obtient 361 voix contre 360 ; Louis XVI est donc condamné à mort à une voix près. Le 19 janvier a lieu un nouvel appel nominal : Sera-t-il sursis à l'exécution du jugement de Louis Capet ?. Le vote est terminé le 20 à 2 h du matin : sur 690 suffrages, 310 sont pour, 380 contre.

L'exécution 21 janvier 1793 Exécution de Louis XVI.

Monuments funéraires à la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette, basilique Saint-Denis.
Louis XVI est guillotiné le lundi 21 janvier 1793 à Paris, place de la Révolution actuelle place de la Concorde. Avec son confesseur l'abbé Edgeworth de Firmont, le roi monte à l'échafaud. Le couperet tombe à 10 heures 22, sous les yeux notamment de cinq ministres du conseil exécutif provisoire.
Selon son bourreau, il déclare lors de son installation sur l'échafaud : Peuple, je meurs innocent !, puis au bourreau Sanson et ses assistants Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français..
Dans son ouvrage Le Nouveau Paris, paru en 1798, l'écrivain et essayiste politique Louis Sébastien Mercier raconte l'exécution de Louis XVI en ces termes : … est-ce bien le même homme que je vois bousculé par quatre valets de bourreau, déshabillé de force, dont le tambour étouffe la voix, garrotté à une planche, se débattant encore, et recevant si mal le coup de la guillotine qu'il n'eut pas le col mais l'occiput et la mâchoire horriblement coupés ? »
Il est enterré au cimetière de la Madeleine, rue d'Anjou-Saint-Honoré, dans une fosse commune et recouvert de chaux vive. Les 18 et 19 janvier 1815, Louis XVIII fait exhumer ses restes et ceux de Marie-Antoinette pour les faire inhumer à la basilique Saint-Denis le 21 janvier. En outre, il fait édifier en leur mémoire la Chapelle expiatoire à l'emplacement du cimetière de la Madeleine.
Le 3 mai 1826, place de la Concorde, Charles X pose la première pierre du monument à la mémoire de Louis XVI. Mais la statue ne sera en fait jamais édifiée. Son socle servira de base à l'obélisque de Louxor dressé en 1836. L'actuel pont de la Concorde portait le nom de Louis XVI avant la Révolution.

Acte de décès de Louis XVI dans l'état civil de Paris

L'acte de décès de Louis XVI est rédigé le 18 mars 1793. L'original de l'acte a disparu lors de la destruction des archives de Paris en 1871 mais il avait été recopié par des archivistes. Voici ce que dit le texte :
Du lundi 18 mars 1793, l'an Second de la République française.
Acte de décès de Louis CAPET, du 21 janvier dernier, dix heures vingt-deux minutes du matin ; profession, dernier Roy des Français, âgé de trente-neuf ans, natif de Versailles, paroisse Notre-Dame, domicilié à Paris, tour du Temple ; marié à Marie-Antoinette d'Autriche, ledit Louis Capet exécuté sur la Place de la Révolution en vertu des décrets de la Convention nationale des quinze, seize et dix-neuf dudit mois de janvier, en présence 1° de Jean-Antoine Lefèvre, suppléant du procureur général sindic du département de Paris, et d'Antoine Momoro, tous deux membres du directoire dudit département et commissaires en cette partie du conseil général du même département ; 2° de François-Pierre Salais et de François-Germain Isabeau, commissaires nommés par le conseil exécutif provisoire, à l'effet d'assister à ladite exécution et d'en dresser procès-verbal, ce qu'ils ont fait ; et 3° de Jacques-Claude Bernard et de Jacques Roux, tous deux commissaires de la municipalité de Paris, nommés par elle pour assister à cette exécution ; vu le procès-verbal de ladite exécution dudit jour 21 janvier dernier, signé Grouville, secrétaire du conseil exécutif provisoire, envoyé aux officiers publics de la municipalité de Paris cejourd'huy, sur la demande qu'ils en avaient précédemment faite au ministère de la justice, ledit procès-verbal déposé aux Archives de l'état civil ;
Pierre-Jacques Legrand, officier public signé Le Grand.

Descendance

Le 16 mai 1770, le dauphin Louis Auguste épouse l’archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, fille cadette de François de Lorraine, grand-duc de Toscane et empereur souverain du Saint-Empire romain germanique et de son épouse Marie-Thérèse, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Milan, reine de Bohême et de Hongrie. Cette union est la concrétisation d’une alliance visant à améliorer les relations entre la Maison de Bourbon France, Espagne, Parme, Naples et Sicile et la Maison de Habsbourg-Lorraine Autriche, Bohême, Hongrie, Toscane. Les époux bien qu'étant alors âgés de 14 et 15 ans ne consommeront réellement leur mariage que sept ans plus tard. De leur union, quatre enfants naissent, mais ils n'auront pas de descendance :
Marie-Thérèse de France 19 décembre 1778 – 19 octobre 1851, dite Madame Royale, qui épouse en 1799 son cousin germain le duc d’Angoulême 1775-1844 ;
Louis Joseph Xavier François de France 22 octobre 1781 – 4 juin 1789, premier dauphin ;
Louis Charles de France 27 mars 1785 – 8 juin 1795, duc de Normandie, second dauphin et futur Louis XVII, surnommé l'Enfant du Temple pendant sa captivité ;
Sophie-Béatrice de France 9 juillet 1786 – 19 juin 1787.

Portrait physique

Durant son enfance, Louis XVI était d'une santé fragile et certains lui prêtaient une composition faible et valétudinaire. Son corps malingre paraissait être exposé à toutes les maladies infantiles. Puis à 6 ans, selon l'historien Pierre Lafue, son visage était déjà formé. Il avait les yeux ronds et gris de son père, avec un regard qui devait devenir de plus en plus flou à mesure que sa myopie s'accentuerait. Son nez busqué, sa bouche assez forte, son cou gros et court annonçaient le masque plein auquel les dessins satiriques se plairaient, plus tard, à donner un aspect bovin.
À l'âge adulte pourtant, le roi se caractérise par un certain embonpoint et une taille hors du commun pour l'époque : 6 pieds et 3 pouces de haut, soit environ 1 mètre 93. Il est également doté d'une forte musculature lui donnant une force étonnante : le roi fait à plusieurs reprises la démonstration de soulever à bras tendu une pelle contenant un jeune page accroupi.

Personnalité Caractère et traits de personnalité

Enfant, le futur roi se montre taciturne, austère et sérieux. Sa tante Madame Adélaïde l'encourage ainsi : Parle à ton aise, Berry, crie, gronde, fais du tintamarre comme ton frère d'Artois, casse et brise mes porcelaines, fais parler de toi.
Depuis Louis XIV, la noblesse est en grande partie domestiquée par le système de cour. L'étiquette régit la vie de la cour en faisant du roi le centre d'un cérémonial très strict et complexe. Cette construction de Louis XIV vise à donner un rôle à une noblesse qui avait été jusque là souvent rebelle et toujours menaçante pour le pouvoir royal.
Au sein de la cour, la noblesse voit sa participation à la vie de la nation organisée en vase clos dans un subtil système de dépendances, de hiérarchie et de récompenses, et ses velléités d'autonomie vis-à-vis de l'autorité royale nettement réduites. Louis XVI hérite de ce système. La noblesse est au service du roi et en attend des récompenses et des honneurs. Même si l'écrasante majorité de la noblesse n'a pas les moyens de vivre à la cour, les textes montrent bien l'attachement des nobles de province au rôle de la cour, et l'importance que pouvait prendre la présentation au roi.
Comme son grand-père Louis XV, Louis XVI a les plus grandes peines à entrer dans ce système qui avait été construit un siècle auparavant par son quadrisaïeul pour répondre à des problèmes qui ne sont plus d'actualité. Ce n'est pas par manque d'éducation : il est le premier monarque français à parler couramment anglais ; nourri des philosophes des Lumières, il aspire à trancher avec l'image Louis-quatorzienne du roi en constante représentation. Cette image du roi simple rejoint celle des despotes éclairés de l'Europe, comme Frédéric II de Prusse.
Bien qu'ayant conservé les longues cérémonies du lever et du coucher royaux, Louis XVI tente de réduire les fastes de la cour. Alors que Marie-Antoinette passe beaucoup de temps dans les bals, les fêtes et les jeux d'argent, le roi s'adonne à des loisirs plus modestes tels que la chasse, la lecture et les sciences.
Le refus d'entrer dans le grand jeu de l'étiquette explique la très mauvaise réputation que lui fera la noblesse de cour. En la privant du cérémonial, le roi la prive de son rôle social. Ce faisant, il se protège également. Si à l'origine la cour sert à contrôler la noblesse, la situation se renverse très vite : le roi se trouve à son tour prisonnier du système.
La mauvaise gestion par Louis XV puis par Louis XVI de cette cour, le refus par les Parlements lieu d'expression politique de la noblesse et d'une partie de la haute bourgeoisie judiciaire de toute réforme politique, ainsi que l'image apparente - souvent désastreuse - de capricieuse véhiculée par la reine, dégraderont peu à peu son image : beaucoup de pamphlets le ridiculisant et des clichés encore actuellement en vigueur proviennent d'une partie de la noblesse d'alors, qui supporte mal le risque de perdre sa place particulière, le décrivant non pas comme le roi simple qu'il était, mais comme un roi simplet.
Il arrive enfin parfois au roi de réagir étrangement avec son entourage, en se livrant parfois à des farces enfantines, comme chatouiller son valet de chambre ou pousser un courtisan sous une lance d'arrosagea.
La faiblesse que ses contemporains lui attribuaient fera dire au roi : Je sais qu'on me taxe de faiblesse et d'irrésolution, mais personne ne s'est jamais trouvé dans ma position, signifiant ainsi que sa personnalité n'est pas une cause exclusive des événements de la Révolution.

Ses centres d'intérêts

Louis XVI a été longtemps caricaturé comme un roi un peu simplet, manipulé par ses conseillers, peu au fait des questions de pouvoir, avec des marottes comme la serrurerie et une passion pour la chasse.
Cette image est en partie due à son attitude envers la cour, et surtout en raison des calomnies du parti lorrain et en premier M. de Choiseul, le comte de Mercy, l'Abbé de Vermond et enfin Marie-Thérèse d'Autriche.
Grand chasseur, Louis XVI est aussi un prince studieux et érudit, qui aime autant la serrurerie et la menuiserie que la lecture. Il est féru d'histoire, de géographie, de marine et de sciences. Il fait de la marine une priorité de sa politique étrangère, et en a une connaissance théorique si pointue, qu'il se plaît, quand il visite le nouveau port militaire de Cherbourg et voit pour la première fois la mer, à faire des remarques dont la pertinence stupéfie ses interlocuteurs.

La géographie Expédition de La Pérouse.

Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse pour son voyage d’exploration autour du monde, par Nicolas-André Monsiau, 1817
Passionné de géographie et de science maritime, Louis XVI mandate Jean-François de La Pérouse pour effectuer le tour du monde et cartographier l'océan Pacifique qui restait alors encore mal connu, malgré les voyages de Cook et de Bougainville. Le roi est à l'origine de toute l'expédition, tant dans le lancement de celle-ci que dans le choix du navigateur, en passant par les détails du voyage. La Pérouse lui-même ayant des doutes sur la faisabilité de ce projet, il suggère au roi de renoncer au projet ; comme le note un des amis du navigateur, c'est Sa Majesté qui a choisi La Pérouse pour l'exécuter, il n'y a pas eu moyen qu'il s'en débarrassât.
Le programme de l'expédition est écrit de la main du roi. Le but est simple : faire le tour du monde en une seule expédition, en parcourant le Pacifique par la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le cap Horn et l'Alaska notamment, prendre contact avec les civilisations locales et les étudier, établir des comptoirs, et enfin étudier les données naturelles rencontrées. Pour cela, un important équipage de savants et de scientifiques prend part à l'expédition. Très précis sur ses instructions, Louis XVI autorise néanmoins La Pérouse à faire les changements qui lui paraîtraient nécessaires dans les cas qui n'ont pas été prévus, en se rapprochant toutefois autant qu'il lui sera possible du plan qui lui est tracé.
L'expédition part de Brest le 1er août 1785 à bord de deux navires : La Boussole et L'Astrolabe. Le roi n'a plus de nouvelles régulières à partir du 16 janvier 1788. On pense alors que l'équipage a été massacré par une peuplade de l'île de Vanikoroa.
En 1791, Louis XVI obtient de l'Assemblée constituante qu'une expédition soit envoyée à la recherche des marins et savants perdus. Cette nouvelle expédition, menée par Antoine Bruny d'Entrecasteaux, se révèle infructueuse. Sur le chemin le menant à l'échafaud, le roi aurait posé à son valet cette question : A-t-on des nouvelles de La Pérousea ?

La chasse

La chasse est un des loisirs préférés du roi ; à l'issue de chaque sortie, il note dans son carnet le bilan détaillé des pièces abattues par ses soins. C'est ainsi que l'on sait qu'il ne se passa rien le 14 juillet 1789 c'est-à-dire qu'il ne réussit aucune prise, et qu'au bout de 16 ans de règne il aura inscrit à son tableau de chasse 1 274 cerfs et un total de 189 251 animaux abattus par lui seula
Il aime avant tout la chasse. Comme son grand-père il a la chasse dans le sang. Il chasse cent dix-sept fois en 1775, cent soixante et une en 1780. Il voudrait bien sortir plus souvent - son grand-père, lui, sortait jusqu'à six fois par semaine - mais ce n'est pas possible à cause du travail et de toutes les exigences de son état. (…). Il chasse à courre le cerf, le chevreuil et le sanglier. Il aime bien aussi les chasses au fusil appelées “tirés” pour les faisans, les bécassines et les lapins. En 1780, dans sa récapitulation de fin d'année, il dénombre 88 chasses du cerf, 7 du sanglier, 15 du chevreuil et 88 tirés. Toutes ces chasses sont de véritables hécatombes. le nombre des pièces varie de mille à mille cinq cents par mois. La plupart sont des volatiles, mais il n'est pas rare de prendre le même jour quatre ou cinq sangliers ou deux ou trois cerfs.

La lecture

Louis XVI lit beaucoup : en moyenne 2 ou 3 livres par semaine. Au cours des 4 mois passés à la Tour du Temple, il dévorera un total de 257 volumesa. Il maîtrise à merveille la langue britannique, lit quotidiennement la presse outre-manche et traduit intégralement en français Richard III d'Horace Walpole.
Après la chasse, la lecture est l'occupation préférée du roi. Il ne peut pas vivre sans lire. Il est curieux de toute lecture. Il a constitué lui-même sa bibliothèque. …. Au premier rang de ses lectures favorites figurent les journaux.

La serrurerie et l'horlogerie

De l'habileté manuelle de ce prince et de son goût pour la serrurerie et l'horlogerie, on a beaucoup parlé. …. Lui plaît aussi beaucoup le dessin d'architecture.

Les sciences

Comme son grand-père, il se passionne aussi pour la botanique. Il aime aussi se promener dans les combles du château de Versailles pour mieux admirer son parc et ses plans d'eau.
Le 21 novembre 1783, il assiste au château de la Muette à l'envol de la première montgolfière, avec à son bord Jean-François Pilâtre de Rozier. Il assiste à un nouveau vol le 23 juin 1784, cette fois-ci depuis Versailles, où le ballon baptisé en l'honneur de la reine La Marie-Antoinette, s'élève devant le couple royal et le roi de Suède, emmenant à son bord Pilâtre de Rozier et Joseph Louis Proust.

Rapports personnels avec Marie-Antoinette

En matière de politique étrangère, la reine a peu d'influence sur son époux malgré les pressions qu'elle exerce régulièrement sur lui. Dans une lettre écrite à Joseph II, elle déclare à celui-ci : Je ne m'aveugle pas sur mon crédit, je sais que surtout pour la politique étrangère, je n'ai pas grand ascendant sur l'esprit du Roi … je laisse croire au public que j'ai plus de crédit que je n'en ai véritablement, parce que si on ne m'en croyait pas, j'en aurais moins encore

Louis XVI et la franc-maçonnerie

Louis XVI a-t-il appartenu à la franc-maçonnerie ? L'historien Louis Amiable le confirme très clairement : Le roi Louis XVI était franc-maçon.
Le 1er août 1775 naît à Versailles la loge maçonnique dite des Trois Frères Unis. Soulevant l'hypothèse probable selon laquelle les trois frères en question sont Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, l'historien Bernard Vincent ne confirme cependant pas cette idée mais admet qu'une loge établie à deux pas du château ne pouvait qu'avoir reçu l'assentiment du roia. Il rappelle par ailleurs qu'il a été retrouvé une médaille de Louis XVI datée du 31 décembre 1789, renfermant le compas, l'échelle graduée, l'équerre, la poignée de truelle et le soleil. Enfin, pour consolider son avis sur les accointances du souverain avec les francs-maçons, Bernard Vincent rappelle que lorsque le roi se rend à l'Hôtel de ville de Paris pour adopter la cocarde tricolore, il est accueilli sur les marches par la voûte d'acier, une double haie mécanique formée par les épées croisées des gardes nationaux et qui symbolise les honneurs maçonniquesa .
L'historien Albert Mathiez écrit quant à lui que Louis XVI et ses frères, Marie-Antoinette elle-même, maniaient la truelle à la Loge des Trois Frères à l'Orient de Versailles. Selon Jean-André Faucher, Marie-Antoinette aurait eu cette phrase en parlant de la franc-maçonnerie : Tout le monde en est !

Citations

Citations sur Louis XVI
Pendant sa vie qui ne fut qu'un long martyre, il eut toujours le malheur d'entrevoir le bien, de le vouloir sincèrement, et de manquer de la force nécessaire pour l'exécuterAdolphe Thiers

Historiographie

Louis XVI, statue colossale de Nicolas Raggi 1829, commandée par la ville de Bordeaux en hommage au roi-martyr.
Sous la phase jacobine de la Révolution française, Louis XVI est traité de tyran et considéré comme un traître à la patrie, jouant double jeu : il aurait fait semblant d'accepter les mesures de la Révolution française, pour sauvegarder sa vie et son trône, tout en souhaitant secrètement la guerre, de connivence avec les princes étrangers qui déclarent la guerre à la France révolutionnaire.
De son côté, le courant royaliste contre-révolutionnaire a dressé dès la même époque le portrait d'un roi martyr, conservateur, très catholique, aimant son peuple mais incompris de lui.

Sur sa personnalité

Extrait du journal de Louis XVI 1762-1769.

En 1900, le leader socialiste Jean Jaurès, juge Louis XVI indécis et pesant, incertain et contradictoire . Il estime qu'il n'a pas compris la révolution dont lui-même avait reconnu la nécessité et dont il avait ouvert la carrière ce qui l'a empêché d'en prendre la tête pour former une démocratie royale car il en était empêché par la persistance du préjugé royal ; il en était empêché surtout par le poids secret de ses trahisons. Car il ne s'était pas efforcé seulement de modérer la Révolution : il avait appelé l'étranger pour la détruire.
Les historiens de la Révolution française du xxe siècle, Albert Soboul, Georges Lefebvre, Alphonse Aulard, Albert Mathiez, s'inscrivent dans la lignée jacobine qui considère que Louis XVI a trahi la Révolution française.
Un courant historiographique, de réhabilitation, place Louis XVI dans la filiation des Lumières. C'est par exemple la biographie de l'historien Jean de Viguerie université de Lille Louis XVI le roi bienfaisant, 2003. Pour lui, Nourri de Fénelon, ouvert aux Lumières, croyant que gouverner était faire le bien, Louis XVI, roi singulier, prince attachant, ne pouvait qu'être sensible à l'aspect généreux de 1789, puis choqué - voire révolté - par les dérives révolutionnaires. Roi bienfaisant, il fut emporté par une tourmente imprévisible, presque imparable.
Dans la même lignée se situe la biographie de l'écrivain Jean-Christian Petitfils Louis XVI, 2005 pour qui Louis XVI est : un homme intelligent et cultivé, un roi scientifique, passionné par la marine et les grandes découvertes, qui, en politique étrangère, joua un rôle déterminant dans la victoire sur l’Angleterre et dans l’indépendance américaine. Loin d’être un conservateur crispé, en 1787, il voulut réformer en profondeur son royaume par une véritable Révolution royale.
Pour le Dictionnaire critique de la Révolution Française de François Furet, Mona Ozouf 1989, les historiens « ont pu le peindre tantôt en roi sage et éclairé, désireux de maintenir le patrimoine de la couronne en conduisant les évolutions nécessaires, tantôt en souverain faible et imprévoyant, prisonnier des intrigues de cour, naviguant au jugé, sans pouvoir jamais peser sur le cours des choses. À ces jugements, il existe des raisons politiques, puisque le malheureux Louis XVI est pris au premier rang dans la grande querelle de l’Ancien Régime et de la Révolution ». François Furet croit en un double jeu du roi.

Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes.

Dans l'article spécifique à l'épisode de Varennes, le paragraphe intitulé Controverses est consacrée au téléfilm Ce jour-là, tout a changé : l'évasion de Louis XVI, diffusé en 2009 sur France 2, dont le conseiller historique est l'écrivain Jean-Christian Petitfils. Il y est montré un Louis XVI, toujours très populaire en province, qui s'évade de la capitale où il est prisonnier pour organiser un nouveau rapport de forces avec l'Assemblée afin de proposer une nouvelle constitution, équilibrant mieux les pouvoirs.

Sur son procès

Le procès de Louis XVI s'appuie principalement sur l'accusation de trahison envers la patrie. Les écrivains Paul et Pierrette Girault de Coursac estiment que la faute des liens de Louis XVI avec l'étranger revient à un parti réactionnaire qui menait la politique du pire Leur ouvrage de réhabilitation de Louis XVI Enquête sur le procès du roi Louis XVI, Paris, 1982 affirme que l'armoire de fer contenant la correspondance secrète du roi avec les princes étrangers aurait été fabriquée de toute pièce par le révolutionnaire Roland pour accuser le roi. L'historien Jacques Godechot a vivement critiqué les méthodes et conclusions de cet ouvrage, estimant pour sa part que la condamnation de Louis XVI était inscrite d'office dans son procès, car le souverain déchu était traité comme un ennemi à abattre par les révolutionnaires. Jean Jaurès avait reconstitué dans un chapitre de sa fresque "ce qu'aurait dû être la défense de Louis XVI".


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Posté le : 21/08/2015 17:03

Edité par Loriane sur 22-08-2015 12:42:33
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Gaspard de Clermont-Tonnerre
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Le 16 août 1688 naît Gaspard de Clermont-Tonnerre

à Dijon en Côte-d'Or, il meurt, à 92 ans le 16 mars 1781, en l'Hôtel Matignon, à Paris, noble, descendant de l'une des plus grandes familles du royaume -remontant au XIe siècle, un militaire français du XVIIIe siècle, marquis de Cruzy et de Vauvillers dit de Clermont-Tonnerre, puis duc de Clermont-Tonnerre, il est le premier duc de Clermont-Tonnerre et pair de France, seigneur de Mangevel, comte d'Epinac, seigneur de Maugevel, de Champlâtreux, de Saintry, de Mazeline, de Mangevelle, de Pont du Bois, de Selles, premier baron, connétable et grand-maître héréditaire de Dauphiné, maréchal de France, puis doyen des maréchaux de France. Il fait allégeance au royaume de France. Il s'illustre par ses faits d'armes à la bataille de Fontenoy, distingué de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1717, Ordre du Saint-Esprit en 1724

Sa vie

Gaspard de Clermont-Tonnerre fait une carrière militaire brillante dans les armées de Louis XV. Cornette et capitaine de cavalerie en 1703. Il participe aux batailles de Höchstädt en 1704, d'Oudenarde en 1708 et de Malplaquet en 1709. Il devient maître de camp d'un régiment de cavalerie qui porte son nom en 1709. Commissaire-général de la cavalerie légère, puis brigadier des Armées du Roi, le 1er janvier 1716. En 1717, il est fait chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, puis commandeur en 1720. Le 3 juin 1724, dans la chapelle du château de Versailles, il est reçu dans l'Ordre du Saint-Esprit, dans la troisième promotion du règne de Louis XV.
Il est fait maréchal de camp en 1733 et gouverneur de Mont-Dauphin à la frontière du Dauphiné, le 29 mai 1734. Il commande toutes les forces de cavalerie pendant les campagnes de 1733 et 1734 en Allemagne, dans le cadre de la Guerre de Succession de Pologne, en l'absence du comte d'Évreux. Il est fait lieutenant-général des armées du roi lors de la promotion du 1er août 1734.
Au mois de janvier 1739, il est nommé gouverneur de la ville et de la citadelle de Belfort (alors en Alsace), poste laissé vacant par la mort du maréchal du Bourg. Il démissionne du gouvernement de Mont-Dauphin.
Il s'illustre en 1745 à la bataille de Fontenoy aux côtés de Maurice de Saxe contre les anglo-hollandais. Il intervient d'une façon décisive à la tête de la cavalerie, en dirigeant une attaque fulgurante qui disloque le carré ennemi et permet de remporter une victoire qui fut longtemps indécise.
Après la bataille de Lauffeld, le 17 septembre 1747, Gaspard de Clermont-Tonnerre est nommé maréchal de France. La même année, il renonce à charge de maître de camp-général de la cavalerie et il est fait lieutenant-général de la province du Dauphiné. Il entre au Parlement de Grenoble en 1765.
Le 11 juin 1775, lors du sacre de Louis XVI en la cathédrale de Reims, Gaspard de Clermont-Tonnerre, alors âgé de 87 ans, en sa qualité de doyen des maréchaux du royaume, a l'honneur - comme il est d'usage - de tenir pendant la cérémonie, « Joyeuse », l'épée de Charlemagne. Louis XVI, à cette occasion, élève le maréchal à la dignité de duc et de pair de France.

Le duc Gaspard de Clermont-Tonnerre meurt le 16 mars 1781 à 93 ans, âge respectable pour l'époque


De 1715 à 1723, il fait construire sur ses terres, aux confins de la Champagne, la Lorraine et la Franche-Comté, dans le nord de l'actuel département de la Haute-Saône, le château de Vauvillers, surmonté d'une toiture de tuiles vernissées de plusieurs couleurs, comme aux Hospices de Beaune.
Il aime venir s'y reposer entre deux campagnes. Avec l'âge, ses séjours à Vauvillers s'allongent de plus en plus. Il en profite pour gérer directement les affaires de la seigneurie, régler les contentieux, assainir l'économie du fief, ce qui permet de rouvrir des forges. Le 28 mars 1768, il accepte le projet pour la construction d'une église pour le village, qu'il souhaite beaucoup plus spacieuse. Elle est achevée en 1773, et ne subit que peu de modifications depuis lors.

Famille et descendance

Le 10 avril 1714, il épouse à Paris Antoinette Potier de Novion 1685-27 août 1754, avec laquelle il a quatre enfants :
Jules Charles Henri, 6 avril 1720 - † 26 juillet 1794, duc de Clermont-Tonnerre.
Madeleine-Louise Jeanne 19 mars 1722 - † 27 juillet 1769 épouse de François-Louis-Antoine de Bourbon Busset 1722-1793, ancêtres de la Vénérable Anne de Guigné 1911-1922.
François Joseph 12 janvier 1727 - † 30 avril 1809, marquis de Clermont-Tonnerre.
Jean-Louis Aynard de Clermont-Tonnerre 30 août 1724-† 26 février 1801, chapelain de Saint-Siméon de Saulx-le-Duc, puis le 13 avril 1743 abbé commendataire de Luxeuil. Licencié en théologie il est vicaire général du diocèse de Dijon. Le 3 juin 1771 il est nommé abbé de Saint-Pierre de Melun.
Devenu veuf, il se remarie le 29 juillet 1756 avec Marguerite Pauline de Prondre † 29 juillet 1756, veuve du marquis de La Rochefoucauld

Famille originaire du Dauphiné, remontant au XIe s.
Anne Antoine Jules de Clermont-Tonnerre Paris 1748-Toulouse 1830, évêque de Châlons-sur-Marne 1782, député aux États généraux de 1789, refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Archevêque de Toulouse 1820, il fut créé cardinal en 1822.
Stanislas Marie Adélaïde, comte de Clermont-Tonnerre Hamonville, Meurthe-et-Moselle, 1757-Paris 1792, officier, fut élu premier député de la noblesse de Paris aux États généraux de 1789, siégea avec les monarchiens, préconisa le bicaméralisme et le droit de veto absolu puis complota en faveur du roi. Il fut tué le 10-Août par des émeutiers.
Gaspard, duc de Clermont-Tonnerre Paris 1779-Glisolles 1865, général français, pair de France, aide de camp de Joseph Bonaparte 1808, maréchal de camp sous la Restauration, fut ministre de la Marine 1821 et ministre de la Guerre de 1823 à 1827.

Les Clermont-Tonnerre


La branche des ducs de Clermont-Tonnerre, commence au XVI° siècle. Leurs auteurs sont Roger de Clermont-Tonnerre (1600 - 1676) et Gabrielle de Pernes. Cette branche est la seconde qui subsiste aujourd'hui.
Ils ont été :
- Premier baron, connétable et grand-maître héréditaire du Dauphiné
- Seigneurs de Ravières, de Maugevel, de Champlâtreux, de Saintry, de la Mazeline, de Demangevelle, de Pont-du-Bois, de Selles, du Tillot, d'Hamonville, de Gaudreville, de Glisolles.
- Baron de Villon, de Monestoy, de Ravières.
- Comte d'Epinac.
- Marquis de Cruzy en 1620, de Vauvillers.
- Duc de Clermont-Tonnerre.
- Prince Romain.

Tableau généalogique des ducs de Clermont-Tonnerre
Parmis ses membres on peut retenir ceux-ci :
XVII°

- Roger de Clermont-Tonnerre 1600-1676, marquis de Cruzy, baron de Villon, seigneur de Ravières fut en, 1644, maréchal de bataille au combat de Stamfort, puis aide de camp des armées du Roi en 1646. Il participe à la bataille de Lens le 12 août 1647. Entre 1649 et 1650 il commande un régiment de son nom, puis commande une division à l'armée des Flandres en 1651. Il était lieutenant-général du Roi en Bourgogne et baille d'Auxerre. Il avait épousé, en 1641, Gabrielle de Pernes.
- François de Clermont-Tonnerre 1642-1670, fut chevalier de l'Ordre de Malte.
- Roger de Clermont-Tonnerre ?-1687, fut écuyer ordinaire du Roi.
- Louis-Claude de Clermont-Tonnerre ?-10 juillet 1690, fut chevalier de l'Ordre de Malte et capitaine des galéres de ce même Ordre. Il fut tué lors d'un combat naval contre les Anglais.
- Sébastien de Clermont-Tonnerre, fut chevalier de l'Ordre de Malte.
- Antoine de Clermont-Tonnerre 1646-24 août 1678 était licencié en théologie et évêque de Fréjus en 1676.
- Gaspard, 1ier duc de Clermont-Tonnerre 19 août 1688-16 mars 1781, marquis de Crusy, de Vauvillers, comte d'Epinac, etc. fut le 8 janvier 1703 cornette au régiment de cavalerie du Châtelet puis participe à la bataille d'Hochstaed, à l'attaque de Luxembourg, à la prise de l'île du Marquisat et à la bataille d'Oudernade. Le 30 avril 1709 il est nommé mestre de camp d'un régiment de son nom, puis se trouve, le 11 septembre 1711 à la bataille de Malplaquet. En 1712 il combat à Denain et à la prise de Douai, du Quesnoy et de Bouchain. En avril 1713 il est à la bataille de Spire, Worms, Kaiserlautern et Landau. Le 1 janvier 1716 il est nommé brigadier des armées du Roi, puis commissaire général de cavalerie, puis en 1720 commandeur de l'Ordre de Saint-Louis. Le 2 février 1724 il est chevalier du Saint-Esprit. Le 22 décembre 1731 il est maréchal de camp des armées du Roi, et le 1 juin 1734 gouverneur du Mont-Dauphin. Le 1 août 1734 il est nommé lieutenant général. Le 26 janvier 1739 il est gouverneur de Belfort. En 1741 il participe à la campagne de Bohême et délivra le château de Frauenberg. Le 5 septembre 1744 il est de l'attaque de Saffelsheim. En 1745 il participe à la bataille de Fontenoy ou il commandait l'aile gauche de l'armée. En 1746 il combat à Tournai et à Bruxelles. Le 17 septembre 1747 il est nommé maréchal de France. Le 15 juillet 1764 il est nommé lieutenant général du Roi en Dauphiné. Il tient le rôle de connétable de France lors du sacre de Louis XVI. Il mourut en l'hôtel de Matignon et avait épousé le 10 avril 1714, Antoinette Potier de Novion qui mourut le 29 août 1754. Il épousa en seconde noce Marguerite-Pauline de Pondre.

- Charles-Henri de Clermont-Tonnerre ?-1704 fut capitaine de cavalerie.

XVIII°

- Charles-Henri-Jules, 2nd duc de Clermont-Tonnerre (6 avril 1720- 26 juillet 1794) marquis de Cruzy, comte d'Epinac, 17° patron de l'Hôtel de Beaune, en qualité de déscendant de Nicolas Rolin. Le 10 mars 1732 il est cornette puis mestre de camp du commissaire-général de cavalerie. Le 16 février 1734 il est capitaine. Le 21 février 1740 il est mestre de camp au régiment de Clermont. Il participe à la bataille de Dettingen en 1743, puis se trouve sous les ordres du maréchal de Coigny, pui du maréchal de Saxe. le 18 juillet 1744 il prend part à la bataille de Wissenbourg et d'Alstatt. Le 28 mai 1745 il est à la bataille de Fontenoy et y commande une division. le 20 mars 1747 il est nommé brigadier des armées du Roi et chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. En 1748 il participe à la bataille de Lawfeld ou il commande la brigade du régiment de cavalerie du Roi et est présent à Berg op Zoom et à Maestrich. Il combat à Hastenbeck en 1757, puis est nommé maréchal de camp le 1 mai 1758. Il servira ensuite en Normandie, sous les ordres du duc d'Harcourt ou il commandera Valognes. Lieutenant général des armées du Roi le 25 juillet 1765 il sera nommé lieutenant du Roi en Dauphiné à la suite de son père. Il fera enregistrer les édits de décembre 1768 et seconda la réforme de Maupeou, et présida à la supression de l'ancien parlement de Grenoble, et à la création du nouveau. Il échangea une correspondance avec Jean-Jacques Rousseau et fut nommé Pair de France le 13 mars 1782 et chevalier du Saint-Esprit le 30 mai 1784. Lors de la journée des Tuiles, le 7 juin 1788, aprés avoir fait fermer à clef le parlement et contraint le parlement à enregistrer militairement des édits qui diminuaient le pouvoir de ce dernier, il dut s'enfuir de son hôtel assiégé. Lors de la révolution il est condamné à mort et fut décapité le 26 juillet 1794 en même temps que la princesse de Monaco, la princesse de Chimay, la maréchal d'Armentières, Monseigneur de Saint-Simon, l'évêque d'Agde et tant d'autres ... Il avait épousé, le 5 juin 1741, Marie-Anne-Julie le Tonnelier de Breteuil dite Mademoiselle de Breteuil.

- Jean-Louis-Aynard de Clermont-Tonnerre 30 août 1724-26 février 1801 fut chapelain de Saint-Siméon de Saulx-le-Duc, puis le 13 avril 1743 abbé commandataire de Luxeuil. Licencié en théologie il fut vicaire général du diocèse de l'évêque de Dijon. le 3 juin 1771 il est abbé de Saint-Pierre de Melun. Il ne réussit jamais à avoir un archevêché.

- Joseph-François de Clermont-Tonnerre 12 janvier 1727-30 avril 1809 fut cornette au régiment mestre de camp général de cavalerie le 12 juillet 1740 puis capitaine le 9 mars 1742. Il prit part à la prise de Prague, à la bataille de Dettingen en 1743 et au siège de Fribourg en 1744. Il fut aide-major général des logis de la cavalerie. Il prit part au bataille de Raucoux, de Lawfeld et de Berg-op-Zoom. Il fut mestre de camp le 1 février 1748. Le 10 février 1759 il est lieutenant-colonel puis mestre de camp, puis le 20 février 1761 brigadier des armées du Roi. Il prit part à la campagne d'Allemagne, à la bataille de Hastenbeck et fut blessé à Minden. Le 25 juillet 1762 il est nommé maréchal de camp. Il entretenait d'étroites relations avec le roi Stanislas Leczinski. Lors de la révolution il fut défendu par les paysans de sa région, en Franche-Comté. Il avait épousé, le 15 janvier 1757, Félicité de Lentilhac de Gimel, dame d'Hamonville, puis en seconde noce, Antoinette Guilloteau de Montussan.

- Gaspard, marquis de Clermont-Tonnerre (28 juillet 1747-18 octobre 1793), comte d'Epinac fut lieutenant réformé au régiment de Clermont le 3 octobre 1753. Le 28 avril 1765 il est capitaine-commandant au régiment du Roi-cavalerie jusqu'en 1779. Le 18 juin 1768 il est nommé gouverneur de Belfort. En 1771, le 16 août, il est nommé mestre de camp. Il était lieutenant-général du Roi en Dauphiné, et à la veille de la Révolution son hôtel fut envahi par la foule. Il fut sauvé par le sergent Bernadotte, futur maréchal de France et roi du Suède. En 1790 il émigre et est nommé maréchal de camp des armées du Roi en service étranger. Il revient en France en 1792, mais fut fussilé à Lyon le 18 octobre 1793 à Lyon. Sur le chemin qui l'emenait vers son destin, blessé et alors que la foule le pressait il dit : ''Si je me traîne plutôt que je ne marche, ne croyez pas, mes amis que ce soit de peur, vous m'avez vu à l'oeuvre et ce n'est pas la première fois que je vais au feu. D'ailleurs sachez qu'un Clermont-Tonnerre ne craint pas la foudre.'' Il avait épousé, le 28 juin 1767, Louise-Adélaïde de Durfort-Civrac.

- Jules de Clermont-Tonnerre (31 décembre 1748-20 février 1830), duc de Clermont-Tonnerre, à titre individuel, fut abbé de Saint-Pierre de Melun, puis évêque de Châlon sur Marne. En 1789 il est député du clergé aux Etat généraux. Il jura fidélité à la Constitution civique, mais fit parti des onze prélats qui protestérent contre l'acceptation faite par Louis XVI, de cette même Constitution. En 1791 il retourne dans son diocèse ou il refusa le serment constitutionnel. Sons siège de Châlon ayant été surpimé il parti en exil. Le 4 juin 1814 il est nommé Pair de France et en 1817 Louis XVIII lui redonne son évêché. Le 1 juillet 1820 il est archevêque de Toulouse. Le 2 décembre 1822 il est nommé cardinal par le Pape Pie VII, son parent. Cette nomination lui conféra le titre d'abbé commendataire de Saint-Sébastion hors les murs de Rome. Il serra nommé chevalier du Saint-Esprit le 12 mai 1825. Le 4 novembre 1826 il est ministre d'Etat. Il fut un des grands défenseur des droits de l'Eglise.

- Paulin, vicomte puis 3ième duc de Clermont-Tonnerre (23 août 1750-13 juillet 1841 prince romain, marquis d'Epinac, fut nommé mestre de camp en second du régiment d'infanterie Royal-Champagne le 13 avril 1780. Il fut chevalier de l'Ordre du Mont-Carmel et Saint-Lazare. En 1791 il commandait le régiment Royal-Guyenne. Le 1 janvier 1792 il dut s'enfuir et se réfugia à Hertenrode. le 23 juin 1814 il est nommé lieutenant-général des armées du Roi. En 1823 il est fait Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis et prince romain en 1825. Il avait épousé le 29 janvier 1779, Anne-Marie-Louise Bernard de Boulainvilliers.

- Anne-Louis de Clermont-Tonnerre 12 mars 1756-? fut chevalier de l'Ordre de Malte.

- Aynard, 4ème duc de Clermont-Tonnerre 9 août 1769-



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Posté le : 14/08/2015 21:45

Edité par Loriane sur 15-08-2015 17:49:49
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Edict du Roussillon, fixation de la date du nouvel an.
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Le 9 août 1564 Charles IX fixe le premier jour de l'année, "jour de l'an"

en promulguant l'édit dit "du Roussillon" dit aussi édit de Paris, édit de 1564 qui fait commencer l'année en France le 1er janvier dans tout le royaume de france.
Un édit royal est un actes législatif, émanant du roi de France, établis sous forme de lettres patentes, scellées de cire verte du grand sceau royal. La cire verte était traditionnellement employée pour les actes devant avoir un effet prolongé. Contrairement aux ordonnances qui portent toutes une série de dispositions sur des questions différentes et s'appliquent toujours à l'ensemble du royaume, l'édit porte sur un point particulier ou ne s'applique qu'à un territoire ou à un groupe donné.


Jour de l'an.

Lors d'un voyage dans différentes parties de son royaume, le roi de France Charles IX constata que selon les diocèses, l'année débutait soit à Noël à Lyon par exemple, soit le 25 mars à Vienne par exemple, soit le 1er mars ou encore à Pâques, ce qui provoquait des confusions.
Afin d'uniformiser l'année dans tout le royaume, il confirma l'article 39 de l'édit de Saint-Germain donné à Paris au début de janvier 1563, édit qui prescrivait déjà de dater les actes publics en faisant commencer les années au 1er janvier, acte législatif qu'il promulgua à Roussillon le 9 août 1564. La mesure ne fut appliquée que le premier janvier 1567. L'empereur d'Allemagne Charles Quint avait déjà fixé le début de l'année au premier janvier pour ses terres quelques décennies plus tôt mais c'est le pape Grégoire XV qui, en 1622, généralise cette mesure à l'ensemble du monde chrétien, notamment pour simplifier le calendrier des fêtes religieuses.

Dénomination

L'Édit de Paris, daté de janvier 1563, est le document original qui statue sur la date du changement d'année. La Déclaration de Roussillon datée du 9 août 1564 ne fait que confirmer le précédent édit. Pour Alexandre Lenoble, vice-président de la Société de l'École des chartes, le document devrait être appelé Édit de Paris, et c'est Pierre Néron, jurisconsulte et co-auteur dans les années 1620 d'un Recueil d'édits et d'ordonnances royaux disponible sur Gallica, qui est responsable de la confusion : "Néron et ses continuateurs ont maintenu et consacré leur erreur autant qu'il était en leur pouvoir."

Les articles

Les 42 articles qui composaient cet édit préparé par le chancelier Michel de L'Hospital et le ministre Sébastien de L'Aubespine concernaient la justice excepté les 4 derniers, ajoutés lors du séjour du roi à Roussillon.

Liste des articles

La liste suivante est tirée du Recueil d'édits et d'ordonnances royaux disponible sur Gallica déjà cité. Les résumés d'articles donnés en marge de l'ouvrage sont transcrits, parfois légèrement abrégés, pour donner un aperçu des thèmes couverts par l'Édit.

I. De libeller les adiournements
II. Après la contestation, le juge appointant et prononçant doit simul & semel & praeferre tous les délais pour instruire et procéder par les parties
III. Pour l'appel des forclusions ou de refus d'autre delay on ne doit laisser de passer outre
IV. Injonction d'observer le règlement porté és deux articles précédents
V. Bailler copie de sa prétention, demande ou défense
VI. De répondre catégoriquement en personne et par sa bouche sur articles et faits pertinents qu'on se voudra l'un l'autre faire interroger
VII. Procureur en la cause l'est aussi en l'instance d'exécution d'Arrêt ou Sentence
VIII. Contre ceux qui nient leur seing apposé en leurs promesses
IX. Pendant le débat de la suffisance de caution, faut toujours consigner
X. Tous juges compétents pour la reconnaissance des cedules, si les personnes sont sur les lieux et la provision est jugée par les juges royaux
XI. Pour se pourvoir par le vassal contre le Seigneur saisissant son fief
XII. Récusants de juges doivent dans trois jours nommer témoins
XIII. L'amende portée en l'article précédent quand on
XIV. En récusant une Cour souveraine, faut rapporter déclaration que après les récusés le reste n'est nombre pour juger
XV. Discontinuation d'instance pour trois ans
XVI. On ne se peut porter héritier par bénéfice d'inventaire des Financiers décédés en charge
XVII. Limitation point observée de la dot des filles n'excédant dix mille livres
XVIII. Appellant de prise de corps se doit rendre en état et tout décret de prise de corps se peut exécuter nonobstant
XIX. Le lieu du délit rend compétent le juge dudit lieu
XX. Fruits des biens de contumax ne comparant dans l'an après la saisie de leurs biens sont perdus pour eux
XXI. Il faut être du moins sous-diacre pour demander son renvoi devant le juge d'Eglise
XXII. Des juges non Royaux ressortissants nuëment à la Cour
XXIII. Défense de modérer les amendes
XXIV. En même ville ou lieu n'y doit avoir qu'un degré de juridiction de première instance
XXV. Règlement quand en un même lieu il y a justice du Roy et de quelque autre Seigneur
XXVI. Même règlement que dessus entre deux conseigneurs d'une même justice
XXVII. Hauts justiciers amendables pour le mal-jugé de leurs officiers
XXVIII. Tous Sergents doivent sur peine savoir au moins écrire leur nom
XXIX. Résidence des ministres de justice et révocation d'autres pouvoirs et privilèges
XXX. Tous procès doivent être jugés à l'ordinaire, non extraordinairement par Comissaires
XXXI. Défense aux Présidiaux de rien prendre, pour avoir assisté aux jugements des procès
XXXII. Tous officiers allant en commission ne se doivent laisser défrayer par les parties
XXXIII. Pour arrêts donnés sur requêtes, n'y a espèces
XXXIV. Greffiers tenus de coter la taxe des espèces et de leur salaire au pied des jugements
XXXV. Vérification des Cours en langage Français et non en Latin
XXXVI. Injonction d'observer toutes autres ordonnances, auxquelles n'est dérogé par ceux-ci
XXXVII. Banquets prohibés pour degrés en quelque art ou faculté que ce soit
XXXVIII. Etrangers tenant banque en France tenus bailler caution et la renouveler de cinq en cinq ans
XXXIX. L'année commence le 1er jour de janvier et ainsi se doit compter en tous actes et écritures

Article 39

L'article 39 annonce que l'année commencerait désormais le 1er janvier correspondant au style de la Circoncision :
" Voulons et ordonnons qu'en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances,
édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l'année commence doresénavant
et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier.
Donné à Roussillon, le neufiesme lour d'aoust, l'an de grace
mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne de quatriesme.
Ainsi signé le Roy en son Conseil

signé Sébastien de l'Aubespine'.

Cet édit n'est entré en vigueur qu'en 1567, trois ans après avoir été promulgué. Catherine de Médicis qui fuyait la peste déclarée à Lyon, avait alors trouvé refuge, avec son fils Charles IX et une partie de la cour, au château de Roussillon, qui avait été la propriété du cardinal François de Tournon 1489-1562, où elle séjourna du 17 juillet au 15 août 1564. C'est durant ce séjour que Charles IX signa le fameux édit.


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Posté le : 08/08/2015 18:37
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Paul Von Hindenburgh 1
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Le 2 août 1934 Meurt le président-chancelier Paul Von Hindenburgh.

Cette mort ouvre la porte au diable, Adolf Hitler devient ce jour Reichsführer.
A berlin le matin même, à 9 heures le maréchal-président Paul von Hindenburg 86 ans meurt d'un cancer, soldat égaré dans la politique selon ses propres termes. Chef d'Etat-Major de l'Empire Allemand durant la seconde partie de la Guerre de 1914, il fut élu président de la République de Weimar en 1925. Respecté des allemands, il désigne en janvier 1933 Hitler comme chancelier. Bien que non majoritaire aux élections, le parti nazi est le premier parti d'Allemagne.
On aurait dit que ce maréchal très "prussien" avait comme un pressentiment sur l'avenir de l'Allemagne. Opposé directement à Hitler lors de précédentes élections, il n'aimait pas cet autrichien parvenu.
Quelques heures plus tôt Le chancelier Adolf Hitler avait fait voter un décret-loi qui rassemble sur sa personne tous les pouvoirs. Il décide de cumuler sa fonction de chancelier et celle de président avec le titre de Reichsführer. Fort de pouvoirs dictatoriaux, il proclame l'avènement du IIIe Reich allemand. C'est l'aboutissement de la vision nazie de l'État : Ein Volk, ein Reich, ein Führe, un Peuple, un État, un Guide.
Hitler fait ériger en l'honneur du héros de Tannenberg un mausolée qui sera détruit en 1945 par les Soviétiques.
Le maréchal Paul von Hindenburg 2e président du Reich du 12 mai 1925 au 2 août 1934 soit pendant 9 ans 3 mois et 21 jour, il est élu le 26 avril 1925 et réélu le 10 avril 1932. Ses chanceliers sont Hans Luther, Wilhelm Marx, Hermann Müller, Heinrich Brüning, Franz von Papen, Kurt von Schleicher, Adolf Hitler
Son prédécesseur fut Friedrich Ebert, son successeur Adolf Hitler devenu le Führer. Il fut Chef du Grand État-major allemand du 29 août 1916 au 3 juillet 1919, pendant
2 ans 10 mois et 4 jours, le Monarque est Guillaume II, prédécédé par Erich von Falkenhayn. Né le 2 Octobre 1847 à Posen dans le grand ducha de Posen dans la confédération germanique, il décéde le 2 août 1934, à 86 ans à Neudeck, Rosenberg dans la République de Weimar. Il appartient au Parti politique Indépendant. Son épouse est Gertrud von Sperling avec qui il a trois enfants : Oskar von Hindenburg, Irmengard von Hindenburg et Annemaria von Hindenburg.
Présidents du Reich il fait, Allégeance au Royaume de Prusse, à l'Empire allemand, à la République de Weimar
Grade Generalfeldmarschal, il est Maréchal du Reich de 1866 à 1919. Il participe au conflits Bataille de Sadowa en 1866, à la guerre franco-prussienne en 1870, à la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918. Il est Commandement Chef du Grand état-major allemand de 1916 à 1918. Ses faits d'armes sont : la bataille de Tannenberg en août 1914, la première bataille des lacs de Mazurie en septembre 1914, la seconde bataille des lacs de Mazurie en février 1915.
Il reçoit pour distinctions :
Roter Adlerorden 4e classe avec épées Ordre de l'Aigle rouge en 1866
* Eisernes Kreuz 2e classe Croix de Fer en 1871
* Schwarzer Adlerorden (Ordre de l'Aigle noir en 1911
* Eisernes Kreuz 1re classe Pour le mérite 1914
* Eisernes Kreuz 1re classe Pour le mérite mit Eichenlaub avec feuilles de chêne en 1915
* Großkreuz des Eisernen Kreuzes Grand Croix de Fer en 1918

Citation :

Presse Allemande du 2 Aout :

2 août 1934 - Hindenburg est mort - Hitler est à la fois président et chancelier
6 août 2005 |Le Devoir |Actualités internationales
Le président Hindenburg est mort, ce matin, à l'âge de 86 ans — Adolph Hitler lui succède comme président, tout en gardant le poste de chancelier — Fusion des deux charges de président et de chancelier de l'Allemagne (D'après des dépêches de l'Associated Press

Berlin, 2. - Le maréchal von Hindenburg est décédé à neuf heures ce matin, dans sa 87e année.

Un décret-loi que le cabinet a rédigé hier soir fusionne les charges de président et de chancelier du Reich (de sorte que M. Hitler, qui fut caporal dans l'armée d'Hindenburg, est maintenant de beaucoup le plus puissant des chefs des Etats que compte la race blanche).
Dans un plébiscite qui aura lieu le 19, le peuple dira s'il accepte l'avènement du Führer à la présidence.
En apprenant le décès du maréchal-président, le ministre de la propagande, M. Joseph Goebbels, s'est précipité au microphone et a annoncé à la nation la fusion des charges de président et de chancelier.
Voici le texte du bref décret-loi opérant la fusion.

Le décret-loi

'Le gouvernement du Reich a adopté la loi suivante, qui est promulguée par les présentes:
'Article unique: La charge de président du Reich est unie à celle de chancelier du Reich.
Par conséquent, les pouvoirs que le président du Reich exerçait jusqu'à présent sont remis au Führer et au vice-chancelier. Il (le Führer) choisit son suppléant.
'Cette loi entre en vigueur dès la mort du président du Reich von Hindenburg'.
M. Goebbels a fait l'éloge d'Hindenburg, après avoir proclamé la nouvelle loi. ...

Ordre du jour

Dans un ordre du jour aux forces militaires, le général Werner von Blomberg, ministre de la défense, dit: 'Hindenburg, notre chef pendant la grande guerre, nous a quittés.
Son héroïque vie de soldat, toute pénétrée de l'esprit de devoir envers la patrie, est terminée. Chacun a foi en Hitler, le chef de notre peuple.' ...

Deuil public

Le gouvernement a invité le peuple à prendre le deuil. La mort du 'Chêne allemand' cause de la douleur dans à peu près tous les milieux. Dans certains milieux, elle cause aussi de l'anxiété. Le maréchal avait une influence modératrice sur les nazis.
Aimé du peuple, il était vénéré des 100,000 hommes de la Reichswehr.
Lors de la 'saignée' que le Führer fit subir au parti naziste le 30 juin la nuit des longs couteaux], c'est à la Reichswehr que le général, tout en félicitant le Führer d'avoir épargné une guerre civile à l'Allemagne, confia la vie de l'un de ses plus chers amis, le vice-chancelier von Papen, conservateur et catholique.

Un testament politique

M. von Papen était le représentant du maréchal-président dans le cabinet.
C'est au reste M. von Papen qui persuada M. von Hindenburg de confier aux nazis le soin de former un cabinet en février 1933.
D'aucuns pensent que le maréchal-président a rédigé un testament politique pour désigner M. von Papen comme son successeur. .
..

Sa vie

Paul Ludwig Hans Anton von Beneckendorff und von Hindenburg, dit Paul von Hindenburg, né le 2 octobre 1847 à Posen aujourd'hui en Pologne et mort le 2 août 1934 au manoir de Neudeck en Prusse-Occidentale, est un militaire - Generalfeldmarschall - et homme d'État allemand qui, du fait de son prestige et de sa longévité, joua un rôle important dans l'Histoire allemande.
Après une longue carrière militaire au cours de laquelle il participe, notamment, à la bataille de Sadowa puis à la guerre franco-prussienne de 1870, Hindenburg occupe la scène militaire et politique allemande de 1914 à sa disparition. Lorsque commence la Première Guerre mondiale, il est sollicité par l'empereur Guillaume II. Vainqueur de la bataille de Tannenberg, Hindenburg est nommé chef du grand état-major de l'Armée impériale allemande deux ans plus tard, en 1916. Il assumera cette position jusqu'à la fin du conflit, dirigeant l'Allemagne avec le général Ludendorff, sous la forme d'une dictature militaire.
Auréolé de son prestige militaire que la défaite de l'Empire allemand n'a pas affecté, le maréchal Hindenburg est élu président du Reich à l'issue du scrutin présidentiel d'avril 1925 ; il succède au social-démocrate Friedrich Ebert, décédé dans l'exercice de ses fonctions. Aisément réélu pour un second septennat, le président Hindenburg ne peut cependant empêcher l'ascension politique d'Adolf Hitler, qu'il est contraint de nommer chancelier du Reich ; il s'éteint en 1934, laissant Hitler s'emparer de tous les pouvoirs.

Une famille aristocrate prussienne

Paul von Hindenburg naît dans l'après-midi du 2 octobre 1847 à Posen aujourd'hui Pozna) en Posnanie, au 7 Bergstrasse. Son père, Robert von Beneckendorff und von Hindenburg 1816-1902, est militaire depuis 1832 et exerce à l'époque les fonctions de lieutenant du 18e régiment d'infanterie à Posen. Il est le descendant d'une famille aristocratique qui possède des terres en Prusse depuis plusieurs générations. Ses grands-parents paternels sont Otto Ludwig von Beneckendorff und von Hindenburg 1778-1855 et Eleonore von Brederlow qui font de lui le descendant illégitime du comte Henri VI de Waldeck. Sa mère, Luise Wilhelmine Schwickart 1807-1893, est peintre et roturière. Karl Ludwig Schwickart, le grand-père maternel de Paul, est médecin-colonel de l'armée prussienne.
Robert et Luise se marient en 1845. Quatre enfants naissent de cette union : Paul 1847-1934, Otto 1849-1908, Ida née en 1851 et Bernhard né en 1859. La famille déménage souvent au gré des mutations du père : Posen, Graudenz, puis Cologne. Le meilleur souvenir de Paul reste le passage à Pinne, près de Posen. En 1850, Robert von Hindenburg y est promu capitaine et dirige une compagnie d'hommes pendant quatre années, jusqu'en 1854. Le jeune Hindenburg se souviendra longtemps de son instituteur, Herr Kobelt. En 1855, la famille déménage en Silésie à Glogau.

La formation à Wahlstat

Après des études élémentaires, le jeune Paul incorpore le collège, puis le lycée de Posen. À partir de 1859, il rejoint l'école militaire de Wahlstatt, Wahlstätter Kadettenhaus. Hindenburg décrit la scène dans ses Mémoires : Un soir de printemps 1859 comme un garçon de onze ans, aux grilles du pensionnat des Cadets à Wahlstatt, je disais à mon père “Adieu !” Être soldat était pour moi une évidence .... Le service d'arme pour le roi et la patrie était une vieille tradition dans la famille.
Il dresse également le tableau d'une éducation sévère, à l'image de celle que connaissent les soldats en caserne menant une vie de Spartiate. Les permissions sont rares et, dans la plupart des cas exceptionnels, brèves. Je restais toute la nuit dans la pièce et j'avais peur .... Nous n'avions pas de souper. Je ne trouvais comme linge que trois mouchoirs propres et quelques sous-vêtements. Cette nuit-là je n'ai pas pu dormir, car les punaises me mordaient terriblement, affirme Hindenburg dans ses Mémoires.
Au début de l'année 1861, son frère Otto le rejoint à Wahlstatt et c'est Paul qui est chargé de son éducation. Durant le printemps 1863, une nouvelle mutation du père semble emmener les deux frères du côté de la Lichterfelde à Berlin. Située sur la Friedrichstrasse à proximité de l'Alexanderplatz, c'est un nouveau monde pour les Hindenburg. Paul raconte que les parades militaires sur l'Opernplatz ainsi que celles d'automne sur le Tempelhofer n'ont rien à voir avec l'école rurale. Il peut aussi apercevoir ici le nouveau roi de Prusse : Guillaume Ier. En 1864, les plus anciens élèves de l'école sont envoyés au front au cours de la Guerre des Duchés contre le Danemark. Hindenburg témoigne : Moi-même j'étais trop jeune 16 ans pour faire partie de ces chanceux. Les camarades savaient l'envie qu'ils nous procuraient, ceci ne peut pas se décrire.
En 1865, Hindenburg a le privilège d'être nommé officiellement page de la reine Élisabeth de Bavière, veuve de Frédéric-Guillaume IV, le roi de Prusse défunt. Puis, il sort sous-lieutenant de l'école militaire de Berlin âgé de 18 ans, le 7 avril 1866.

La guerre austro-prussienne

Au cours du printemps 1866, le sous-lieutenant Hindenburg incorpore le 3e régiment des gardes à pied à Dantzig. Depuis la Guerre des Duchés 1864, le Royaume de Prusse et l'Empire d'Autriche se disputent l'administration de la province du Holstein. Hindenburg, comme beaucoup de militaires, sent la guerre proche : Politiquement nous comprenions la nécessité d'une décision de pouvoir entre l'Autriche et nous la Prusse puisque les deux puissances étaient à armes égales et aucune mesure pacifique n'était possible. Aucun des deux ne voulant céder, seules les armes pouvaient parler ....
C'est ainsi que le 19 juin 1866, la Prusse déclare la guerre à l'Autriche. Le régiment de Hindenburg est incorporé à la Seconde Armée prussienne dirigée par le Kronprinz Frédéric. Le régiment participe entre autres aux combats de Rosberitz et de Königgrätz. Le sous-lieutenant Hindenburg se souvient que Les ennemis pénétraient de tous les côtés sur nous pour prendre le village Rosberitz .... Chacun pique et tire autour de lui-même autant qu'il le peut .... Sa montre d'or du Maréchal Woyrsch m'est remise pour éviter qu'elle ne tombe dans les mains des pilleurs. Bientôt nous courons le danger d'être coupés. Depuis une ruelle latérale derrière nous, on entend les tambours ennemis .... Un toit de chaume et des barres brûlants provoquaient de la fumée et nous nous échappons grâce à cette protection sur une hauteur au nord-est du village.
À la bataille de Sadowa le 3 juillet suivant, Hindenburg s'empare de pièces d'artillerie. Il se distingue plusieurs fois pour son courage. Il semble qu'il ait perdu la moitié de ses hommes pendant cette journée.
Le conflit représente, avec la guerre de Crimée, une des premières guerres modernes où il y a manœuvre d'armées massives, généralisation des armes à feu et de la logistique train et télégraphe. Le 6 juillet, son régiment dépasse l'Elbe et l'armistice est signé le 22 suivant. Sur le chemin du retour, il rencontre son père à Prague qui est alors officier hospitalier chez les chevaliers protestants de Saint-Jean au sein d'un hôpital militaire. Le 20 septembre 1866, le régiment de Hindenburg, salué par la foule, entre à Berlin. Son commandant de bataillon, von Seel, lui remet sur la Floraplatz, le Roten Adlerorden l'Ordre de l'Aigle rouge de 4e classe. Von Seel écrit : À tous ceux qui ont rendu la justice de manière impartiale, appartenait avant tout mon lieutenant Hindenburg qui, malgré son jeune âge, avait une grande responsabilité et donnait l'exemple à ses camarades.

Une longue carrière d'officier supérieur La participation à la guerre franco-prussienne

Proclamation de l'Empire allemand, à Versailles.

Jusqu'en 1870, Hindenburg est envoyé en garnison à Hanovre où il est chargé de l'enseignement des recrues. Au même moment, il connaît son premier amour. C'est une certaine Irmengarde von Rappard avec qui il se fiance quelques mois plus tard, mais qui meurt de la tuberculose en avril 1871 durant son service en France.
Au cours du printemps 1870, les relations s'enveniment entre la France et la Prusse. La guerre finit par éclater le 19 juillet. Le lieutenant Hindenburg est appelé aux armes ; il est âgé de 23 ans. Il incorpore le 1er Bataillon sous le commandement de von Seegensberg. Le 17 août, son bataillon s'établit en Lorraine, à Pont-à-Mousson puis il continue sa marche vers l'ouest vers Hattonville Meuse : La marche jusque-là relativement courte, était fatigante. Depuis la veille on n'avait pas eu, dans la chaleur brûlante, d'approvisionnements et insuffisamment d'eau. J'avais eu l'occasion de visiter la tombe d'un cousin tombé dans le 2e régiment des dragons à Mars-la-Tour .... J'ai vu ici des rangées de soldats morts au combat, autant prussiens que français. Une lutte meurtrière avait eu lieu.
Le régiment prend une direction nord-nord-est en direction de Saint-Privat. Hindenburg et ses hommes arrivent à proximité de l'ennemi. Le lieutenant témoigne : Sur les hauteurs d'Amanvillers jusqu'à Saint-Privat se lèvent de lourds nuages de poudre. Plusieurs lignes ennemies d'artillerie et d'infanterie sont là en hauteur. Leur feu est surtout dirigé sur le IXe Corps .... Pour éviter le choc frontal nous avons contourné vers le nord vers Sainte-Marie-aux-Chênes. Le village est alors attaqué par l'avant de la garde de notre division .... Après la prise de Sainte-Marie-aux-Chênes, nous nous reposâmes.
La situation devient de plus en plus critique et la guerre se montre de plus en plus meurtrière. De nombreux soldats ainsi que des officiers y perdent la vie. Le régiment de Hindenburg arrive à Saint-Privat : Le lieutenant von Feldhoff du 1er régiment de la garde est tué près de moi. Son père, commandant de ce même régiment était tombé en 1866 à Königgrätz également non loin de moi... ... Mon commandant monte avec moi en avant pour reconnaître le terrain et indiquer au bataillon la direction de marche. Pendant ce temps, des coups de feu tirent en notre direction. Nous devons poursuivre. Nous réussissons à traverser la route.
Le 30 août 1870, la bataille de Beaumont éprouve encore durement son régiment. Le corps de la garde forme la partie la plus septentrionale et la plus exposée face à l'armée du maréchal Patrice de Mac-Mahon. Pourtant, l'armée française est rapidement dépassée et totalement défaite. Napoléon III est capturé à Sedan. Selon les historiens français, Hindenburg aurait donné son avis sur la défaite française : Je crois encore aujourd'hui que la France a eu une défaillance dans sa résistance ce qui est en grande partie la cause de cet échec. Le 3 septembre, son régiment quitte le champ de bataille pour Paris. Le lieutenant Hindenburg a l'ordre de rester sur place jusqu'à la mi-janvier 1871. Le soir du 16 janvier, il participe à la proclamation de l'Empire allemand au château de Versailles. Prussien convaincu, il en garde un sentiment amer. Il est décoré de la Croix de Fer 2e Classe Eiserner Kreuzes pour sa participation au conflit.

La formation d'officier

Après le conflit franco-prussien, le lieutenant von Hindenburg est de retour dans sa garnison de Hanovre. C'est un officier polyvalent qui poursuit l'enseignement aux recrues. Le 13 avril 1872, il obtient une première promotion de grade. À l'époque déjà, le but d'un officier allemand est d'incorporer l'Académie de guerre Kriegsacademie qui permet l'accession au grand état-major général. Hindenburg réussit l'examen d'entrée à l'École de guerre de Berlin en 1875. Durant la première année, l'officier de 27 ans est déçu par un enseignement qui ne porte que sur les tactiques traditionnelles des armées. En revanche, son intérêt grandit lorsque les années suivantes, les professeurs introduisent les armes et les tactiques modernes. Durant sa formation, Hindenburg fait partie de la promotion du prince Alexandre de Prusse et il a l'occasion de croiser de nombreux officiers supérieurs.
Au printemps 1877, il retourne à Hanovre où il est incorporé au grand état-major. Le 9 juillet 1878, il est muté à l'état-major du IIe Corps d'armée de Stettin, où il est nommé capitaine. C'est à Königsberg qu'il fait la connaissance de Gertrud Wilhelmine von Sperling 1860-1921, fille du général von Sperling qui était le chef d'état-major du VIe Corps d'armée en 1866 puis de la Ire Armée en 1870. Ils se marient le 24 septembre 1879, quatre enfants naissent de cette union : Irmengarde 1880, un fils mort en bas âge entre 1881 et 1882, Oskar Wilhelm 1883-1960 et Annemarie 1891.

L'entrée au grand état-major

Il est muté en tant qu'officier d'état-major à la 1re division de Königsberg, le 5 mai 1881. Durant trois années, le capitaine von Hindenburg acquiert une connaissance pointue et stratégique de la Prusse-Orientale et de la région frontalière avec la Russie. De retour dans sa province natale, il souligne que le contact avec la troupe est plus étroit qu'ailleurs. Certains soldats placés sous ses ordres affirment qu'il s'agit d'un officier sévère mais juste à la tête de sa compagnie. Du printemps 1884 à l'été 1885, il est appelé comme commandant de compagnie dans le IIIe Régiment d'infanterie de Posen.
Il est muté au sein du grand état-major de l'armée à Berlin, le 14 juillet 1885. La consécration pour Hindenburg est arrivée. Il est nommé commandant et se retrouve directement sous les ordres du vieux maréchal von Moltke. Ce dernier, vainqueur de la guerre des Duchés, de la bataille de Sadowa et de la guerre franco-prussienne, a demandé sa mise à la retraite depuis longtemps, mais l'empereur Guillaume Ier la lui a toujours refusée. Hindenburg se fait remarquer par von Moltke qui ne manque pas d'en toucher quelques mots à un officier suédois en déplacement à Berlin : Hindenburg a une confiance en soi si colossale qu'il ne veut absolument pas plier sa propre volonté et ne réaliser que ses projets. Pour ma part je remarque que tout ce que Hindenburg prend en main se passe très bien, donc je le laisse faire. Toutefois, il n'est pas sûr que mon successeur prenne en compte ces mêmes considérations.
Le 1er janvier 1887, comme le veut la tradition militaire allemande, son supérieur direct, le chef de département du grand état-major, le colonel von Schlieffen rédige un rapport sur Hindenburg : Le commandant von Hindenburg est un officier d'état-major splendide qui s'est fait remarquer pour un intérêt animé pour le service, l'activité mobile et ainsi il encourage les jeunes officiers. Il est sérieux et énergique doté d'un point de vue précis et rapide. Ses activités sont tout à fait adéquates
Le maréchal von Waldersee, qui succède à von Moltke à la tête du grand état-major, ne tarde pas à ajouter son avis : D'accord. Le commandant von Hindenburg est un officier d'état-major très capable et il convient déjà au chef du grand état-major. Au cours de l'automne 1888, le commandant Paul von Hindenburg est muté au IIIe Corps d'armée du grand état-major. En parallèle, il donne des conférences et des cours de tactique militaire à l'Académie de guerre. Au mois de novembre suivant, il est nommé secrétaire au ministère de la Guerre avant d'en devenir chef du service Kriegsdepartments deux ans plus tard. Le 14 février 1891, il est promu lieutenant-colonel.
Hindenburg est nommé à la tête d'un régiment d'infanterie à Oldenbourg pendant l'été 1893. Cette responsabilité le marque profondément : La position de commandant de régiment est la plus belle dans l'armée. L'éducation des officiers, par le travail et surtout à travers les relations sociales, la surveillance et l'enseignement de la troupe en sont les tâches les plus importantes. Je m'efforçais de soigner le sens chevaleresque dans mes bataillons, la modération de la guerre et la discipline. Malgré cela j'ai toujours eu une grande joie dans le service.

Vers la Première Guerre mondiale Le Kommandierende General von Hindenburg

Il est nommé colonel en mars 1894 et continue de diriger le régiment jusqu'en 1896. À cette date il fait ses adieux à son régiment plus à la manière d'un père que d'un commandant de régiment : Mousquetaires ! Je suis revenu ici pour vous dire Adieu. Je me souviendrai toujours avec joie et fierté de l'honneur que j'ai eu de me trouver à la tête de ce régiment, car vous avez prouvé que vous étiez de braves soldats. Cet esprit de fidélité et d'obéissance, emportez-le dans votre pays natal et alors tout ira bien. Votre vieux commandant vous le souhaite.
Le 14 août 1896, le colonel von Hindenburg est muté à la direction du grand état-major comme général de brigade. Il incorpore la direction du VIIIe Corps d'armée à Coblence. Au printemps 1897, il est promu général de division. Son supérieur direct est le duc Guillaume de Bade 1829-1897 avec qui les relations sont si amicales qu'il finit par être nommé au cours du mois de juillet 1900 commandant de la 28e division de Karlsruhe avec le grade de général de corps d'armée. Robert von Hindenburg, le père de Paul, qui se repose dans la propriété familiale de Neudeck, est fier de l'ascension professionnelle de son fils aîné. Il meurt en 1902, neuf ans après sa femme.
Le 27 janvier 1903, le jour du 44e anniversaire du Kaiser, Hindenburg reçoit la nomination de commandant général du IVe Corps d'armée de Magdebourg Kommandierende General, l'un des postes les plus importants de l'armée prussienne. Il est désormais un personnage-clé de l'armée et en particulier pour le choix et l'enseignement des officiers. Quand il termine la revue d'un des régiments du IVe Corps d'armée, il a l'habitude de dire au commandant : C'était très bien, seulement les lieutenants auraient pu être plus gais ! Après huit ans de services à Magdebourg, il prend sa retraite le 18 mars 1911, âgé de 63 ans.
Les raisons réelles de la mise en retraite du général von Hindenburg sont inconnues. En 1909, on lui avait proposé la fonction de ministre de la Guerre, ce qu'il a refusé presque « horrifié : Je n'ai aucune envie de débattre dans la chambre avec des députés. Malgré la position prestigieuse qu'il a acquise, Hindenburg reste un homme plutôt simple : lorsqu'il passe la nuit dans un hôtel, il a l'habitude de signer uniquement « von Hindenburg, officier. Paul Lindenberg, son biographe officiel, écrit en 1920 : Le bruit qu'une tension serait née entre le Kaiser et Hindenburg est faux parce que dans les manœuvres le militaire s'est toujours soumis à son souverain. Hindenburg n'a dirigé qu'une seule manœuvre. Hindenburg lui-même rajoute : J'avais atteint une carrière, meilleure que j'avais pu l'espérer. La guerre ne se trouvant pas en vue, je me reconnaissais le devoir de laisser ma tâche à des plus jeunes en demandant mon départ en 1911.

L'entrée victorieuse dans la Première Guerre mondiale

Le couple Hindenburg ainsi que leur fille cadette Annemarie ont choisi de loger dans une villa d'Hanovre dans la Windekinstrasse. Une fois par an, entre 1911 et 1914, ils voyagent à travers l'Europe : les Alpes, Rome... Le reste du temps, Hindenburg se consacre à des études historiques et poursuit l'étude de la stratégie et de la tactique militaire. Depuis le printemps 1914, le général est disponible mais il n'a reçu pour le moment aucun ordre de commandement. Le 3 août, il envoie un salut amer à son ancien régiment : Je ne peux m'empêcher de dire au régiment que je pouvais commander autrefois, mes désirs les plus fidèles...
Un après-midi, il reçoit un télégramme officiel qui lui demande s'il est disponible pour servir l'Allemagne. Quelques instants plus tard, le chef du personnel Chef des Stabes, le général Erich Ludendorff, lui annonce que la Nation a besoin de lui à la VIIIe Armée stationnée en Prusse-Orientale. La tâche est difficile, mais cependant, Hindenburg accepte.
L'objectif de l'état-major russe est de prendre la citadelle de Königsberg sur la Baltique. Les Ire et IIe Armées russes, commandées respectivement par les généraux von Rennenkampf et Samsonov, défont la VIIIe Armée allemande, alors dirigée par le général von Prittwitz à Gumbinnen le 20 août. Le commandant allemand ordonne le retrait de ses troupes, laissant la Prusse-Orientale aux mains des Russes. Le chef du grand état-major, von Moltke limoge von Prittwitz et le remplace par Hindenburg.

La bataille de Tannenberg

Hindenburg sait qu'il est impossible pour lui et ses 200 000 hommes de la VIIIe Armée d'affronter les deux armées russes. Il met alors en pratique le plan Schlieffen. Il désengage un maximum de troupes en face de Rennenkampf et les dirige, aidés en renfort de deux corps d'armée venant de l'ouest, vers les hommes de Samsonov. Les relations entre les deux généraux russes étant très tendues voire inexistantes, les deux armées ne se complètent pas. La VIIIe armée d'Hindenburg écrase sans difficulté les troupes de Samsonov à la bataille de Tannenberg le 30 août 1914. Cette mission étant remplie avec succès, il suffit de prendre les hommes de Rennenkampf en tenaille vers le nord. Le 31 août, il écrit au Kaiser :
J'annonce à votre Majesté que depuis hier, ils les Russes sont tous soumis et que l'étau s'est refermé autour de la plus grande partie de l'armée russe : le XIIIe, le XVe et le XVIIIe Corps d'armée sont détruits. Les pièces d'artillerie sont rassemblées dans les forêts. Le butin de guerre n'a pas encore été comptabilisé mais il est extraordinairement important. Aux alentours, le Ier et le VIe Corps ont également souffert terriblement. Ils se sont mis précipitamment en retraite vers Mlawa et Myszyniec.

Les batailles des lacs de Mazurie I et de Lemberg

Pour sa victoire, le général von Hindenburg est décoré de la Eisernen Kreuzes Croix pour le mérite le 2 septembre. Le 14 septembre suivant, Hindenburg est une nouvelle fois vainqueur en écrasant la Ire Armée russe aux Lacs Mazures. La Prusse-Orientale est désormais libérée des Russes mais dans le même temps ces derniers ont lourdement défait l'armée autrichienne du général von Hötzendorff à la bataille de Lemberg, en Galicie, le 11 septembre Hindenburg est nommé commandant des armées du front oriental Ober-Ost le 1er novembre.

La bataille de Lodz

Hindenburg et Ludendorff dévient alors la route de leurs troupes pour prêter main forte aux Autrichiens. L'objectif des généraux allemands est d'écraser les armées russes qui tentent une percée en Silésie en les attaquant sur leur flanc occidental. Hindenburg sait que ses armées sont en infériorité numérique par rapport à l'ennemi, mais il doit attaquer rapidement. Il appelle aussitôt l'aide de la IXe Armée commandée par le général von Mackensen. Ce dernier est vainqueur sur la Ire Armée de Rennenkampf puis sur la IIe Armée de Scheidemann qui bat retraite vers Lodz. Pourtant les renforts russes Ve Armée de von Plehve le 18 novembre commencent à encercler les hommes de Mackensen qui s'échappent comme par miracle. Les Russes commandés par le grand-duc Nicolas se retranchent à Lodz : le résultat est indécis. Le 27 novembre, Hindenburg reçoit la distinction de Generalfeldmarschall.

Les batailles de Bolimov et des lacs de Mazurie II

À cause de ce demi-échec, Hindenburg veut en finir avec le front russe fixé à Varsovie. Il ordonne une nouvelle fois à la IXe Armée de Mackensen d'entamer une attaque de diversion à Bolimov. Son offensive générale débute le 7 février 1915 : la VIIIe et la Xe Armée sont prêtes à attaquer en Mazurie. Le 22 février, l'offensive est victorieuse, la Xe Armée russe bat en retraite et échappe de peu au désastre total (plus de 56 000 morts et plus de 90 000 prisonniers russes. L'objectif est atteint, mais la XIIe Armée russe vient à la rescousse et met fin à l'avancée allemande sur le front de l'Est. Le 23 février, le maréchal von Hindenburg est décoré de la Eisernen Kreuzes I. Klasse mit Eichenlaub Croix de fer ornée de feuilles de chêne de Ire classe.

L'entrée en scène des Dioscures

La bataille de Verdun

À la fin de l'année 1915, le grand état-major, commandé par le général Erich von Falkenhayn, veut en finir rapidement avec les Français qu'il souhaite saigner à blanc. Le 21 février 1916, il lance une grande offensive l'opération Gericht qui provoque la bataille de Verdun. Dès le début de l'offensive, les troupes allemandes font face à une résistance française acharnée, les soldats français sont rapidement rejoints par la IIe Armée française sous le commandement du général Pétain puis du général Nivelle. Malgré de nombreuses offensives et des moyens énormes, Falkenhayn doit essuyer un échec avec plusieurs milliers de morts côté allemand. Le 29 août 1916, le Kaiser nomme Hindenburg nouveau chef du grand état-major et Ludendorff comme premier quartier-maître général. Malgré leur duo, les deux hommes, surnommés les Dioscures , se disputent les rênes du pouvoir.

Bataille de Verdun 1916 La bataille du Chemin des Dames

Lorsque Hindenburg et son adjoint reprennent le commandement suprême de l'armée allemande, ils savent que l'Allemagne ne peut pas gagner le conflit par une guerre d'usure. Ils prévoient alors une nouvelle politique : celle de la terre brûlée, un réarmement massif Rüstungprogramm ou programme Hindenburg et la construction d'un vaste réseau de tranchées fortifié de 160 km de long : la ligne Hindenburg. Le 15 avril 1917, le commandant des armées françaises, le général Nivelle, ordonne une offensive de 850 000 hommes qui amène les troupes ennemies à se replier derrière leur fortification. Mais les soldats allemands de la deuxième ligne sont embusqués dans les versants du plateau. Malgré deux assauts importants, l'armée française perd plus de 110 000 hommes. C'est une victoire pour Ludendorff.

Bataille du Chemin des Dames.Dernières offensives allemandes

Depuis mai 1915, Hindenburg achève de neutraliser les Russes et les Roumains sur le front oriental de Galicie. À partir de l'automne 1917, des négociations germano-soviétiques prévoient un traité de paix entre les deux pays. Le 3 mars 1918, le traité de Brest-Litovsk permet au grand état-major allemand de puiser dans ces troupes pour les amener sur le front occidental. Hindenburg ordonne une succession d'opérations offensives victorieuses comme Michaël, Georgette, Blücher-Yorck, Gneisenau ou Marne-Reims commandées par un des vainqueurs des lacs de Mazurie en 1915, le général von der Marwitz. Le maréchal est décoré de la Grosskreuz des Eisernen Kreuzes grand-croix de la Croix de fer 25 mars 1918. Cependant, l'offensive allemande est stoppée dans un premier temps en Picardie à partir du 4 avril 1918 par les troupes australiennes puis par les armées franco-britanniques du maréchal Haig et du général Debeney. Dans un second temps, une seconde offensive allemande est stoppée au Chemin des Dames mai 1918 puis enfin une troisième autour de Reims juillet 1918. L'ensemble des contre-offensives est dirigé par le général Foch. Les forces alliées, renforcées par un corps expéditionnaire américain à la fin du mois de septembre, font fortement reculer les troupes allemandes. Le 28 septembre, Ludendorff doit demander au chancelier Hertling de prévoir un armistice. Le 10 octobre, la ligne Hindenburg est saisie par les Alliés.

Une dictature militaire

Si Hindenburg est présent sur le terrain militaire, il est manifeste qu'il joue aussi un grand rôle sur la scène politique allemande pendant la Première Guerre mondiale. Ce rôle trouve ses racines dans le militarisme qui, depuis Frédéric II, s'est peu à peu développé puis imposé pendant les Gründerjahren littéralement, années fondatrices avec la figure de Bismarck. Le chef du grand état-major dispose de grands pouvoirs, von Moltke en avait fait les preuves. La victoire d'Hindenburg à Tannenberg a renforcé la confiance en la victoire au sein du peuple allemand. Peu à peu, il acquiert une aura phénoménale, il devient un mythe. En 1915, une gigantesque statue de bois le représentant est inaugurée16 à Berlin en présence d'une foule immense. La statue mesure douze mètres de haut et pèse vingt-six tonnes. Hindenburg est fêté à l'égal d'un empereur. Guillaume II perd peu à peu de son influence. Cet état de fait devient clair lorsque Ludendorff estime que la mobilisation de la nation allemande pour l'effort de guerre est insuffisante et qu'il propose l'institution d'un travail forcé : le Vaterländische Hilfsdienst. Le chancelier, Bethmann-Hollweg, s'oppose à cette mesure. Hindenburg et Ludendorff usent alors de leurs pouvoirs pour faire renvoyer le chancelier lorsque ce dernier s'oppose à la guerre sous-marine à outrance. Le 13 juillet 1917, Bethmann-Hollweg est contraint de démissionner. Hindenburg et Ludendorff iront même jusqu'à proposer un nouveau chancelier : Alfred von Tirpitz. La proposition sera écartée au profit de Georg Michaelis. L'état-major incarné par Hindenburg et Ludendorff s'octroie les prérogatives du chancelier, ils reçoivent même les partis politiques le 14 juillet 1917. L'État allemand glisse peu à peu d'une monarchie à une dictature militaire.
Lorsque le cours de la guerre change en défaveur de l'Allemagne, la perspective d'un armistice devient plus que possible, elle devient nécessaire. Ludendorff écrira dans ses mémoires de guerre : Nous devrions mettre un terme à la guerre en suivant les voies diplomatiques. Hindenburg incite le gouvernement à négocier l'armistice, Guillaume II abdique et s'exile aux Pays-Bas. Il est signé le 11 novembre 1918. Le maréchal Foch représente la France et Matthias Erzberger l'Allemagne. Le fait que ce soit un civil qui signe le traité d'armistice pour l'Allemagne n'est pas anodin. La propagande allemande a longtemps représenté l'armée comme une force invincible.

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Posté le : 01/08/2015 17:21
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Paul Von Hindenburgh
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Le retour du vainqueur de Tannenberg L'immédiat après-guerre.

Rien ne va plus entre les Dioscures: le 26 octobre, Guillaume II convoque Ludendorff et le congédie. Hindenburg ne fait rien pour retenir son adjoint à ses côtés : la guerre entre les deux généraux est ouverte. Hindenburg organise comme il le peut la retraite des armées allemandes durant le mois de novembre 1918. Je suis mort de fatigue, avoue-t-il. La cellule militaire OHL, Oberste Heeresleitung qui gouverne l'Allemagne depuis 1916 demande la formation d'un gouvernement civil. Friedrich Ebert est nommé chancelier avant de devenir le premier président de la République de Weimar le 11 février 1919. Le 25 juin, Hindenburg quitte la direction de l'état-major allemand et le 3 juillet suivant il est définitivement démobilisé.
Malgré la fin de la guerre, le peuple allemand continue à s'accrocher à l'armée et à Hindenburg et Ludendorff. Il est impensable que l'Allemagne soit défaite et que le prestige des deux généraux soit entaché. Il faut trouver un bouc émissaire à la situation : la République de Weimar, fraîchement proclamée. C'est la naissance de la Dolchstoßlegende. Pourtant, l'armée a sa responsabilité dans la défaite : si l'état-major s'est acharné à vouloir gagner la guerre militairement, il a également aggravé la situation. En faisant renvoyer le chancelier Bethmann-Hollweg, la voie était libre pour la guerre sous-marine, laquelle a provoqué l'entrée en guerre des États-Unis, signant la future défaite de l'Allemagne.
Le 18 novembre 1919, un comité d'enquête de l'Assemblée Nationale du Reich se tient au Reichstag à Berlin pour éclaircir la responsabilité des hauts dignitaires allemands concernant la défaite de la Première Guerre mondiale. Hindenburg et Ludendorff sont conviés pour témoigner. Le vieux maréchal entre le premier, suivi par Ludendorff. Le prestige des deux hommes est tel que la salle qui accueille les interrogatoires est pleine. La presse nationale et internationale, tout comme la société berlinoise et des environs, sont présentes. Même si Hindenburg est démobilisé, les gens l'entourent d'honneurs et son siège est décoré d'un bouquet de chrysanthèmes blancs dans lequel est noué un ruban noir, blanc et rouge.
Hindenburg déclare : L'armée allemande a reçu un coup de poignard dans le dos. Il reprend la Dolschstoßlegende lancée à la fin de l'année 1918 pour laver l'état-major allemand de toute responsabilité dans la défaite.
Au cours de l'interrogatoire, Hindenburg lit une déclaration selon laquelle il minimise même le poids militaire des Alliés après l'entrée en guerre des États-Unis, reportant la cause de la défaite sur une décomposition organisée de la flotte impériale et de l'armée par des forces révolutionnaires. Cette trahison serait due selon lui aux ouvriers et aux socialistes. Aucun des deux hommes n'évoque qu'eux-mêmes avaient en catastrophe demandé le cessez-le-feu, le 19 septembre 1918 après l'échec de l'offensive d'été. Après les débats, Hindenburg et Ludendorff sont lavés de tout soupçon et leur action militaire à l'ouest est qualifiée de performance dans l'histoire mondiale.
Au début des années 1920, Hindenburg prend sa retraite définitive avec sa femme dans sa villa de Hanovre. Son épouse meurt le 14 mai 1921 d'une maladie mal soignée. Entre temps, son fils Oskar est nommé général. Entre 1921 et 1925, Hindenburg fréquente la station de cure de Bad Bevensen. Il chasse dans les forêts bavaroises et il est devenu un grand-père accompli.

Le maréchal-président Élection présidentielle allemande de 1925.

Le premier tour de l'élection présidentielle 1925

Le premier président de la République de Weimar fut élu par la Chambre, mais en 1925 la Constitution fut modifiée, de sorte à ce que le Peuple allemand puisse lui-même élire le président de la République au suffrage universel direct. Ludendorff, que Hindenburg connaît bien, se présente à l'élection présidentielle sous l'étiquette du NSDAP. Furieux de cette candidature soutenue par un parti nationaliste et raciste, Hindenburg rédige une longue lettre à son ancien homologue militaire, dans laquelle il lui demande de renoncer à cette candidature : Retirez votre candidature immédiatement. Au lieu de vous unir ... vous vous dispersez avec les cercles nationaux en cette heure décisive. Dans ce camp votre élection est désespérée. Vous vous compromettez ainsi...de votre faute, la patrie est en danger. Acceptez donc cette demande qui pourrait être la dernière de ma vie.
À l'issue du premier tour, qui a lieu le 29 mars, Karl Jarres est en tête avec le DVP à 38,8 % des suffrages. Suivent, Otto Braunnote 11 SPD à 29,1 %, Wilhelm Marx Zentrum à 14,5 % puis Ernst Thälmann KPD à 7 %. Les candidats suivants ont obtenu des résultats insignifiants à l'instar de Ludendorff avec 1,1 % des suffrages.

Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Karl Jarres 10 410 000 38,8 Deutsche Volkspartei DVP Parti national du peuple allemand DNVP
Otto Braun 7 800 000 29,1 Parti social-démocrate d'Allemagne SPD n/a
Wilhelm Marx 3 890 000 14,5 Zentrum n/a
Ernst Thälmann 1 870 000 7,0 Parti communiste d'Allemagne KPD n/a
Willy Hellpach 1 570 000 5,8 Parti démocrate allemand DDP n/a
Heinrich Held 1 010 000 3,7 Parti populaire bavarois BVP n/a
Erich Ludendorff 280 000 1,1 Parti national-socialiste des travailleurs allemands NSDAP n/a
Total 26 830 000 100,0

Le second tour de l'élection présidentielle

Aucun candidat ne remportant l'élection à la majorité absolue, un second tour se déroule le 26 avril suivant. Marx devient le favori de l'élection. La droite conservatrice met de côté Karl Jarres et fait appel à Hindenburg. Une délégation est allée le consulter à Hanovre afin de remplacer la candidature de Jarres. Dans un premier temps, âgé de 77 ans, il refuse. Après plusieurs tentatives, le grand amiral von Tirpitz, officier militaire de la Première Guerre mondiale comme lui, lui fait une dernière proposition. Le 7 avril, Hindenburg accepte, il est soutenu par le Reichsblock : c'est l'ensemble de la droite conservatrice ou nationaliste le NSDAP, le DVP, le DNVP et le BVP. En face, la coalition de Weimar SPD, DDP et Zentrum s'entend sur la candidature de l'ex-chancelier Wilhelm Marx et sur celle du socialiste Otto Braun pour le poste de ministre-président de Prusse. Enfin Ernst Thälmann KPD reste une faible menace.
Tout le monde à l'étranger s'attend donc à l'élection du chancelier Marx, mais un phénomène nouveau intervient dans la campagne : la violente réapparition du facteur confessionnel. Très vite la majorité des protestants rejette l'idée d'un président du Reich catholique. Voyant la menace, Marx croit se défendre en s'engageant à faire preuve de tolérance, mais c'est pour entendre la réponse : En sommes-nous arrivés là, nous autres protestants, que nous devions nous contenter d'être tolérés en Allemagne ? Une analyse du vote rural montre que les électeurs protestants d'Otto Braun au premier tour se reportèrent en quasi-totalité sur Hindenburg au second : C'était l'unanimité retrouvée. Le résultat est tel que le 27 avril au matin, le vieux maréchal qui, sur le papier, n'avait pratiquement pas de réserves de voix se retrouve élu second président de la République de Weimar avec 48,3 % des voix. Joseph Goebbels témoigne : - Le 27 avril 1925 - Hindenburg arrive au but. Dehors dans les rues. Il est 1 heure du matin. Devant la BMZ. Derniers résultats vers 2 heures. Hindenburg est élu avec 900 000 voix d'avance sur Marx. Interminables transports de joie des masses : Longue vie à Hindenburg !. La ville resplendit de noir-blanc-rouge. C'est une étape vers le but. Rien de plus et rien de moins. Que vive Hindenburg ! Ian Kershaw conclut : la démocratie de Weimar était désormais entre les mains de l'un des piliers de l'ordre ancien. La droite nationale et conservatrice n'était pas la seule à avoir voté pour lui. ... En 1933, le prix à payer sera lourd.
Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Paul von Hindenburg 14 655 641 48,3 Aucun DVP, DNVP, BVP, NSDAP
Wilhelm Marx 13 751 605 45,3 Zentrum SPD, DDP
Ernst Thälmann 1 931 000 6,4 KPD n/a
Total 30 338 246 100,0
Hindenburg quitte Hanovre pour Berlin le 10 mai. Sur la Wilhelmstrasse, des milliers de Berlinois acclament le vainqueur de Tannenberg. Lors du repas présidentiel, il conclut par : Les intuitions que j'ai reçues à la grande École de l'accomplissement du devoir, à l'armée de terre allemande, doivent être également utiles pour mon devoir de paix . Quelques instants plus tard, il fait une allocution au peuple : Il ne faut pas imaginer qu'un parti me donnera d'une quelconque manière des instructions, même pas ceux qui m'ont aidé dans la compétition électorale. Cependant, je tends la main à l'ancien adversaire qui veut se mettre avec moi au travail.
Au même moment, l'Allemagne traverse une crise économique sans précédent depuis 1919 ayant eu son paroxysme en 1923. Pas moins de cinq chanceliers alternant entre le Zentrum et le SPD se succèdent durant le septennat de Hindenburg, souvent incapables de redresser la situation du pays.

Hans Luther aucun : janvier 1925-mai 1926
Wilhelm Marx III Zentrum : mai 1926-décembre 1926
Wilhelm Marx IV Zentrum: janvier 1927-juin 1928
Hermann Müller II SPD : juin 1928-mars 1930
Heinrich Brüning Zentrum : mars 1930-mai 1932
Au moment où le gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Hermann Müller se trouve en difficulté sur la question de l'assurance chômage, Hindenburg, le président du Reich, aurait pu user de ses pouvoirs afin de permettre à Müller de trancher la question des cotisations par décret présidentiel. ... Hindenburg devait y recourir systématiquement au profit des successeurs de Müller au point de miner complètement le régime parlementaire. Mais au début de 1930, il refusa à Müller le recours à l'article 4833 confirmant de ce fait sa volonté d'écarter les sociaux-démocrates du gouvernement affirmée dès mars 1929. Le chancelier Müller est remplacé par Heinrich Brüning en mars. À son tour en difficulté à la suite de la grande dépression économique de 1929-1930, Brüning gouverne par décrets d'urgence, puis demande à Hindenburg, en juillet 1930, de dissoudre la chambre des députés pour lutter contre les socialistes et les nationaux-socialistes. Lors de diverses élections pour les parlements régionaux, en 1931, les nazis progressent de manière notable, suscitant l'inquiétude de Hindenburg qui considère qu'ils sont de vulgaires et dangereux socialistes.
Entre 1928 et 1931, le parti national-socialiste connaît une ascension fulgurante passant de 2,6 à 18,3 %. Désormais chef du deuxième parti d'Allemagne, Hitler n'a plus vraiment besoin du soutien de Hindenburg : - Le 19 octobre 1929 - Cette vieille ruine de Hindenburg se défend contre l'article 4 ? Quelle erreur d'avoir fait de cet homme le président du Reich ! Il bloque tout le mouvement de libération.

Le second mandat Élection présidentielle allemande de 1932.

En octobre 1931, le président Hindenburg rencontre pour la première fois le Führer du NSDAP, Adolf Hitler, au cours d'un entretien au palais présidentiel. L'entrevue tourne au désastre : les deux hommes ne s'entendent absolument pas. Hindenburg le surnomme caporal bohémien ou caporal autrichien et Hitler dit de lui que c'est un vieux fou .
Malgré les efforts de Brüning, la situation de l'Allemagne à l'époque de Hindenburg est encore très délicate, le chômage et la pauvreté sont en croissance nette depuis trois ans et l'insécurité règne partout dans le pays. Au début de 1932, le chancelier allemand n'a désormais plus le soutien des sociaux-démocrates. Des réformes très impopulaires baisse du pouvoir d'achat, hausse des prix et des impôts l'isolent sur la scène politique. En mars-avril 1932, après sept ans d'activité présidentielle, le Volksblock, qui regroupe entre autres le Zentrum et le SPD, fait appel aux électeurs pour réélire Paul von Hindenburg, 84 ans, le président sortant.
Dans un premier temps, Franz von Papen tente d'obtenir un renouvellement du mandat présidentiel de Hindenburg par le Reichstag, sans devoir passer par de nouvelles élections ; cette procédure, qui nécessitait une modification de la Constitution à la majorité des deux tiers, est rendue impossible par le refus des nazis, motivés par leur volonté de faire tomber le gouvernement dirigé par Brüning ; Hitler n'accepte de soutenir cette proposition qu'au prix du renvoi de Brüning et de l'organisation de nouvelles élections législatives qu'il est persuadé d'emporter haut la main ; cette solution est refusée par Hindenburg.
La plupart des patrons sont effrayés pendant la campagne présidentielle par le flou qui entoure les positions d'Adolf Hitler à propos de l'économie et ils se rangent donc clairement derrière Hindenburg et von Papen, issu de l'aristocratie de Westphalie, l'homme qui avait épousé la fille d'un industriel de la Sarre et entretenait de bonnes relations avec des chefs d'entreprise, des propriétaires terriens et des officiers de la Reichswehr. Au premier tour du scrutin, il y a cinq candidats. Hindenburg Volksblock, Hitler NSDAP, qui hésite pendant plus d'un mois avant de se présenter contre le maréchal, Ernst Thälmann KPD, Theodor Duesterberg et Gustav A. Winter. La position de Hindenburg est singulière : il était tributaire du soutien des socialistes et des catholiques, qui avaient été ses principaux opposants au cours des sept années passées et formaient de bien étranges et fâcheux compagnons de route pour le doyen loyalement protestant et ultra-conservateur.

Résultats de l'élection présidentielle

Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 16 651 000 49,6 Volksblock
Adolf Hitler 11 339 000 30,1 NSDAP
Ernst Thälmann 4 983 000 13,2 KPD
Theodor Duesterberg 2 557 000 6,8 SBF
Gustav A. Winter 111 400 0,3
Total 35 640 000 100,0
Second tour
Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 19 359 000 53,1 Volksblock
Adolf Hitler 13 418 000 36,8 NSDAP
Ernst Thälmann 3 706 759 10,1 KPD
Total 36 483 000 100,0

De Brüning à von Papen

Le maréchal est réélu mais le parti national-socialiste réalise une énorme percée : de 1,1 % en 1925 à 30,1 % en 1932 aux premiers tours : il s'agit désormais d'un partenaire incontournable. Hindenburg prévoit la démission de certains de ses ministres Wirth et Guérard. Le 30 mai 1932, malgré l'aide précieuse de Brüning dans sa réélection à la présidence, Hindenburg le somme de démissionner notamment à cause de son projet de décret visant directement les intérêts des grands propriétaires fonciers et à cause de sa politique déflationniste : Dès lors, plus rien ne s'opposait au virage à droite qui avait les faveurs de Hindenburg et auquel Schleicher avait œuvré. Il appelle au pouvoir Franz von Papen, qui démissionne du Zentrum pour empêcher son exclusion. Après avoir formé le Gouvernement des barons Kabinett der Barone, le nouveau chancelier gouverne de manière autoritaire le pays.
Flatteur, charmeur, monarchiste et ancien officier de la Première Guerre mondiale, Papen devient rapidement le chancelier préféré de Hindenburg aux dépens de Schleicher. L'ambassadeur français à Berlin, André François-Poncet, témoigne : « C'est lui [Franz von Papen] le préféré, le favori du maréchal ; il détourne le vieil homme par sa vivacité, son espièglerie ; il le flatte en lui montrant du respect et de la dévotion. Il le séduit par son audace ; il est à ses yeux de Hindenburg l'homme parfait.
Le chancelier Papen lève l'interdiction qui pesait depuis Brüning sur les SA et les SS de Hitler. Face à l'extrême agitation qui règne dans le pays, Hindenburg et le chancelier décrètent la loi martiale ; le 14 juillet, Hindenburg nomme son chancelier Commissaire général de Prusse Reichskommissar pour y remettre de l'ordre. Cependant, Papen, incapable de réunir une nouvelle coalition, décide une nouvelle dissolution du Reichstag, le 31 juillet : les nazis obtiennent 37,2 % des voix premier parti d'Allemagne et 230 sièges au Reichstag. Papen et Schleicher espèrent leur soutien au gouvernement.

De von Papen à von Schleicher

Si le NSDAP fait figure de premier parti d'Allemagne, il ne détient pas la majorité au Reichstag. Cela n'empêche pas Hitler, lors de négociations secrètes, menées début août avec Schleicher, d'exiger le fait d'être nommé chancelier et de voir attribués les ministères de l'Intérieur à Wilhelm Frick, de l'Air à Hermann Göring, du Travail à Otto Strasser et de l'Éducation du peuple à Joseph Goebbels. Une exigence catégoriquement rejetée par le président Hindenburg le 10 août, qui se permet d'ironiser quant à la situation : Faire d'un caporal bohémien le chancelier du Reich, ce serait du propre.
Lors d'une nouvelle rencontre avec Hindenburg, le 13 août, Hitler se voit proposer d'entrer dans le gouvernement von Papen. Il rejette cette offre : Monsieur Hitler a déclaré que, pour des raisons qu'il a expliquées en détail au président du Reich ce matin, il était hors de question qu'il participe au gouvernement actuel. Considérant l'importance du mouvement national-socialiste, il se doit de demander la totalité du pouvoir pour lui et son parti ... déclaration de Otto Meissner du 13 août 1932. À sa demande de disposer de la direction du gouvernement et de la direction de l'état dans toute son étendue pour lui-même et pour son parti, Hitler se voit opposer un refus catégorique par Hindenburg ; pour celui-ci, s'il remettait la totalité du pouvoir gouvernemental à un seul parti, et de surcroît à un parti aussi intolérant envers tous ceux qui avaient des points de vue différents, il ne pourrait répondre devant Dieu, sa conscience et la patrie.
Le Parlement, présidé par Göring, est dissous lors de sa deuxième séance, le 12 septembre, sur la base d'une décision prise par Hindenburg le 30 août, après des débats houleux qui tournent à la déconfiture du gouvernement. De nouvelles élections sont prévues pour le 6 novembre45. Lors des élections, les nazis perdent un peu de terrain mais ils restent un partenaire incontournable avec 33,1 % des voix 196 sièges. Le 19 novembre, Hindenburg reçoit Adolf Hitler dans le cadre de sa consultation des chefs des formations politiques et lui renouvelle son offre d'entrer dans un gouvernement de coalition, mais sans détenir la chancellerie. Comme les échanges de mi-novembre allaient le montrer, le président du Reich continuait à se méfier profondément du chef nazi. Papen démissionne en décembre 1932 à cause d'une discorde avec Schleicher. Ce dernier est nommé chancelier. Quelques jours plus tard, Hindenburg annonce : Messieurs, j'espère que vous ne me rendez pas responsable de devoir nommer ce caporal autrichien chancelier du Reich !

La nomination de Hitler à la Chancellerie

Après d'intenses négociations menées entre les dirigeants nazis et l'entourage de Hindenburg, négociations auxquelles est associé le fils du maréchal et où von Papen joue un rôle clé, Hindenburg accepte de limoger Schleicher et de nommer Hitler au poste de chancelier. Il ne s'agit pas d'un accident de parcours pour Ian Kershaw : Hindenburg lui-même et ceux qui étaient en position de l'influencer étaient si occupés à chercher une solution à droite qu'ils ne prirent pas la peine d'envisager une issue parlementaire ; il écrit plus loin que L’accession d’Hitler au pouvoir n’était aucunement inéluctable. Hindenburg eût-il concédé à Schleicher la dissolution qu’il avait si volontiers accordée à Papen et décidé une prorogation au-delà des soixante jours prévus par la Constitution, que la nomination de Hitler à la chancellerie aurait sans doute pu être évitée. Le lundi 30 janvier 1933, peu après midi, les membres du futur cabinet Hitler entrent chez le président, fort irrités qu'on les ait fait attendre près d'une heure ; l'entretien est bref et la seule réponse du président au discours du nouveau chancelier consiste en quelques mots : Et maintenant, messieurs, Dieu vous accompagne. Seuls Hitler, Göring et Wilhelm Frick font partie du gouvernement au départ. Quant à Papen, toujours favori du président, il est nommé vice-chancelier. Dès le 31 janvier 1933, Hindenburg se laissa persuader d'accorder à Hitler ce qu'il avait refusé à Schleicher à peine quatre jours plus tôt : la dissolution du Reichstag, qui débouche, aux élections du 4 mars, sur une progression substantielle du parti national-socialiste qui récolte 43,9 % des voix, soit 288 sièges sur 64752. La présidence de Hindenburg est alors encore perçue, notamment par des dirigeants syndicaux, comme la « meilleure garantie que la Constitution ne serait pas violée. Le 4 février, Hindenburg signe l'ordonnance pour la protection du peuple qui permet aux nazis d'épurer et de noyauter l'administration et la police54. Hindenburg signe donc le 28, avant les élections, et comme conséquence de l'incendie du Reichstag du 27 février 1933, la Reichstagsbrandverordnung qui suspend quasiment toutes les libertés publiques. Selon Gilbert Badia, il a suffi d'un exposé dramatique de Hitler ... pour que le vieillard réactionnaire confie les pleins pouvoirs au caporal autrichien naguère méprisé.
Après l'accession au pouvoir de Hitler, certains juifs gardent confiance en voyant que le président, vieux et respecté, reste à la tête de l'État ; après avoir reçu une lettre de plainte de Frieda Friedmann, une juive dont le fiancé et les deux frères avaient péri lors de la Première Guerre mondiale, Hindenburg lui fait savoir qu'il est résolument opposé aux excès à l'encontre des juifs et transmet la lettre à Hitler. En mars, Hindenburg tente d'intervenir afin de contrer le projet de Hitler d'organiser le boycott des commerces juifs dans toute l'Allemagne. Lors de l'adoption de la loi du 7 avril 1933 pour le rétablissement de la fonction publique professionnelle qui écarte les juifs et les opposants au nazisme de l'administration, Hindenburg obtient que les juifs ayant combattu pendant la Première Guerre mondiale en soient exemptés, ainsi que les fonctionnaires juifs dont les pères ou les fils étaient tombés sur le front. De plus Hindenburg demande à Hitler de rétablir l'ordre, après avoir été couvert de protestations contre les exactions de la SA dans les premiers mois de 1933. Il est aussi sensible à la mobilisation de l'Église protestante à ce sujet.

La fin

Le président Hindenburg tombe gravement malade en avril 1934 et Hitler en est informé : au début du mois de juin, le président se retire dans sa propriété de Neudeck, en Prusse-Orientale : Ainsi le principal appui des conservateurs se trouvait-il désormais éloigné du centre névralgique du pouvoir alors que la question de la succession était imminente. Malgré son état de santé, il reçoit Hitler dans sa résidence le 21 juin, à un moment où la tension entre la SA et les milieux conservateurs menés par Franz von Papen est à son comble, notamment après le discours de Marbourg prononcé par celui-ci le 17 juin ; le président du Reich demande à Hitler pendant cette entrevue de ramener enfin à la raison les fauteurs de troubles révolutionnaires et le menace, par l'entremise de Blomberg, de proclamer la loi martiale et de confier le pouvoir à l'armée si le gouvernement se révèle incapable de ramener le calme. Les fauteurs de troubles révolutionnaires de la SA sont éliminés lors de la Nuit des Longs Couteaux. Après celle-ci, le président adresse au Führer un télégramme de félicitations : D'après les rapports que je viens de recevoir, je constate que par votre esprit de décision et votre courage personnel, vous avez étouffé dans l'œuf les intentions des traîtres. Je vous exprime par ce télégramme ma profonde reconnaissance et mes remerciements très sincères. Il n'est toutefois pas certain qu'il ait rédigé lui-même ce message, voire qu'il l'ait lu. Selon Badia, en revanche, Hitler, quand il rendit visite à Hindenburg à Neudeck quelques jours plus tard, après la nuit des longs couteaux, le trouva tout disposé à approuver ces effusions de sang nécessaires pour faire l'histoire. La plus haute autorité de l'État avalisait ces crimes.
Hindenburg meurt le 2 août 1934 d'un cancer du poumon dans sa maison de Neudeck en Prusse-Orientale à l'âge de 86 ans. Quelques jours plus tard, un plébiscite donne à Hitler tous les pouvoirs 19 août 1934. Le testament politique du maréchal, sûrement trafiqué, remercie vivement le chancelier Hitler pour le travail accompli. Il est inhumé contre sa volonté au mémorial de Tannenberg lors de funérailles grandioses durant lesquelles la croix gammée est absente auxquelles son ancien collègue Ludendorff refuse de figurer aux côtés de celui qu'il surnomme ce faux demi-dieu. En raison de la progression de l'Armée rouge à la fin de la guerre, son cercueil et celui de sa femme sont retirés du monument de Tannenberg et placés à Marbourg dans la crypte de l'église Sainte-Élisabeth, où ils se trouvent toujours au début du XXIe siècle.
Plus de 70 ans après sa mort, certaines villes et communes discutent de débaptiser ou non des rues et des places qui portent le nom de Hindenburg. En 2009, des écoles ou des casernes portent encore son nom.
L'interprétation historique du rôle de Hindenburg reste mitigée. D'un côté, il est le héros charismatique de la Première Guerre mondiale. De l'autre, il est l'initiateur de la Dolchstoßlegende et celui qui a nommé Hitler chancelier.

L'image de Hindenburg

Alors que les médias de masse commencent à s'épanouir en Allemagne, le nom et la figure de Hindenburg ont été très utilisés de 1914 à 1934 ; au profit de divers groupes politiques ainsi que de l'industrie et du commerce allemand.
Sa stature imposante, son large visage à la moustache bien reconnaissable, son calme en public, sa réputation de studieux père de famille, son passé militaire de soldat patriote et sa figure de patriarche en uniforme médaillé ont fait de Hindenburg le symbole d'une puissance et d'une stabilité invitant les allemands à la confiance, malgré les crises économiques, sociales et politiques qui agitaient le pays. Cette image a été utilisée et entretenue, avec des objectifs politiques par le Kaiser d'abord, puis par Hitler et les nazis, mais aussi par l'industrie et le commerce avec des motifs plus mercantiles, soutenus par l'activité naissante de la publicité de masse de nombreux bibelots et produits portaient la photo, un dessin ou le nom de Hindenburg. Après sa mort, des rues, des bâtiments et lieux publics, des bateaux SMS Hindenburg et un prestigieux dirigeable le LZ 129 Hindenburg, le plus grand jamais construit ont continué à être baptisés de son nom. Ceci a contribué à modeler un mythe Hindenburg qui semble avoir pénétré la société sous toutes ses formes et dans toutes ses classes et qui a persisté après sa mort chez une partie des allemands.
Selon Anna Menge ce mythe a joué un rôle historique très important dans l'entre-deux-guerres et pour la montée du fascisme en Allemagne. Hindenburg a en effet bénéficié d'un large lectorat via les livres qui parlaient de lui ou le citaient, via la presse et les médias illustrée et l'ensemble des médias de masse radio, informations filmées diffusées dans les cinémas....
Ses fréquents appels à la confiance dans le gouvernement et ses discours à la radio étaient attentivement suivis par de nombreux auditeurs. Le mythe le plaçait au-delà des fractures politiques de Weimar. Hindenburg s'est aussi mis en scène devant les caméras et il a selon A. Menge fortement cherché à contrôler l'image que le public avait de lui et intervenait directement dans la promotion, la gestion et la censure son propre mythe. Hitler s'est gardé d'apparaître comme un ennemi d'Hindenburg et a su avec Goebbels l'utiliser dans sa propagande avec l'aide d'une partie des publicitaires qui, après avoir utilisé et mis en scène la confiance qu'inspirait sa figure et pour influer sur les choix des consommateurs, ont contribué au décorum et aux grandes mises en scène théâtrales des manifestations du fascisme.

Dans la fiction

2003 : Hitler : La Naissance du mal, téléfilm de Christian Duguay, joué par Peter O'Toole

Œuvres

Paul von Hindenburg, Aus meinen Leben, von Hinzel, Leipzig, 1920.
Paul von Hindenburg, Hindenburg. Briefe, Reden, Ebenhausen, 1938.


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Le retour du vainqueur de Tannenberg L'immédiat après-guerre.

Rien ne va plus entre les Dioscures: le 26 octobre, Guillaume II convoque Ludendorff et le congédie. Hindenburg ne fait rien pour retenir son adjoint à ses côtés : la guerre entre les deux généraux est ouverte. Hindenburg organise comme il le peut la retraite des armées allemandes durant le mois de novembre 1918. Je suis mort de fatigue, avoue-t-il. La cellule militaire OHL, Oberste Heeresleitung qui gouverne l'Allemagne depuis 1916 demande la formation d'un gouvernement civil. Friedrich Ebert est nommé chancelier avant de devenir le premier président de la République de Weimar le 11 février 1919. Le 25 juin, Hindenburg quitte la direction de l'état-major allemand et le 3 juillet suivant il est définitivement démobilisé.
Malgré la fin de la guerre, le peuple allemand continue à s'accrocher à l'armée et à Hindenburg et Ludendorff. Il est impensable que l'Allemagne soit défaite et que le prestige des deux généraux soit entaché. Il faut trouver un bouc émissaire à la situation : la République de Weimar, fraîchement proclamée. C'est la naissance de la Dolchstoßlegende. Pourtant, l'armée a sa responsabilité dans la défaite : si l'état-major s'est acharné à vouloir gagner la guerre militairement, il a également aggravé la situation. En faisant renvoyer le chancelier Bethmann-Hollweg, la voie était libre pour la guerre sous-marine, laquelle a provoqué l'entrée en guerre des États-Unis, signant la future défaite de l'Allemagne.
Le 18 novembre 1919, un comité d'enquête de l'Assemblée Nationale du Reich se tient au Reichstag à Berlin pour éclaircir la responsabilité des hauts dignitaires allemands concernant la défaite de la Première Guerre mondiale. Hindenburg et Ludendorff sont conviés pour témoigner. Le vieux maréchal entre le premier, suivi par Ludendorff. Le prestige des deux hommes est tel que la salle qui accueille les interrogatoires est pleine. La presse nationale et internationale, tout comme la société berlinoise et des environs, sont présentes. Même si Hindenburg est démobilisé, les gens l'entourent d'honneurs et son siège est décoré d'un bouquet de chrysanthèmes blancs dans lequel est noué un ruban noir, blanc et rouge.
Hindenburg déclare : L'armée allemande a reçu un coup de poignard dans le dos. Il reprend la Dolschstoßlegende lancée à la fin de l'année 1918 pour laver l'état-major allemand de toute responsabilité dans la défaite.
Au cours de l'interrogatoire, Hindenburg lit une déclaration selon laquelle il minimise même le poids militaire des Alliés après l'entrée en guerre des États-Unis, reportant la cause de la défaite sur une décomposition organisée de la flotte impériale et de l'armée par des forces révolutionnaires. Cette trahison serait due selon lui aux ouvriers et aux socialistes. Aucun des deux hommes n'évoque qu'eux-mêmes avaient en catastrophe demandé le cessez-le-feu, le 19 septembre 1918 après l'échec de l'offensive d'été. Après les débats, Hindenburg et Ludendorff sont lavés de tout soupçon et leur action militaire à l'ouest est qualifiée de performance dans l'histoire mondiale.
Au début des années 1920, Hindenburg prend sa retraite définitive avec sa femme dans sa villa de Hanovre. Son épouse meurt le 14 mai 1921 d'une maladie mal soignée. Entre temps, son fils Oskar est nommé général. Entre 1921 et 1925, Hindenburg fréquente la station de cure de Bad Bevensen. Il chasse dans les forêts bavaroises et il est devenu un grand-père accompli.

Le maréchal-président Élection présidentielle allemande de 1925.

Le premier tour de l'élection présidentielle 1925

Le premier président de la République de Weimar fut élu par la Chambre, mais en 1925 la Constitution fut modifiée, de sorte à ce que le Peuple allemand puisse lui-même élire le président de la République au suffrage universel direct. Ludendorff, que Hindenburg connaît bien, se présente à l'élection présidentielle sous l'étiquette du NSDAP. Furieux de cette candidature soutenue par un parti nationaliste et raciste, Hindenburg rédige une longue lettre à son ancien homologue militaire, dans laquelle il lui demande de renoncer à cette candidature : Retirez votre candidature immédiatement. Au lieu de vous unir ... vous vous dispersez avec les cercles nationaux en cette heure décisive. Dans ce camp votre élection est désespérée. Vous vous compromettez ainsi...de votre faute, la patrie est en danger. Acceptez donc cette demande qui pourrait être la dernière de ma vie.
À l'issue du premier tour, qui a lieu le 29 mars, Karl Jarres est en tête avec le DVP à 38,8 % des suffrages. Suivent, Otto Braunnote 11 SPD à 29,1 %, Wilhelm Marx Zentrum à 14,5 % puis Ernst Thälmann KPD à 7 %. Les candidats suivants ont obtenu des résultats insignifiants à l'instar de Ludendorff avec 1,1 % des suffrages.

Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Karl Jarres 10 410 000 38,8 Deutsche Volkspartei DVP Parti national du peuple allemand DNVP
Otto Braun 7 800 000 29,1 Parti social-démocrate d'Allemagne SPD n/a
Wilhelm Marx 3 890 000 14,5 Zentrum n/a
Ernst Thälmann 1 870 000 7,0 Parti communiste d'Allemagne KPD n/a
Willy Hellpach 1 570 000 5,8 Parti démocrate allemand DDP n/a
Heinrich Held 1 010 000 3,7 Parti populaire bavarois BVP n/a
Erich Ludendorff 280 000 1,1 Parti national-socialiste des travailleurs allemands NSDAP n/a
Total 26 830 000 100,0

Le second tour de l'élection présidentielle

Aucun candidat ne remportant l'élection à la majorité absolue, un second tour se déroule le 26 avril suivant. Marx devient le favori de l'élection. La droite conservatrice met de côté Karl Jarres et fait appel à Hindenburg. Une délégation est allée le consulter à Hanovre afin de remplacer la candidature de Jarres. Dans un premier temps, âgé de 77 ans, il refuse. Après plusieurs tentatives, le grand amiral von Tirpitz, officier militaire de la Première Guerre mondiale comme lui, lui fait une dernière proposition. Le 7 avril, Hindenburg accepte, il est soutenu par le Reichsblock : c'est l'ensemble de la droite conservatrice ou nationaliste le NSDAP, le DVP, le DNVP et le BVP. En face, la coalition de Weimar SPD, DDP et Zentrum s'entend sur la candidature de l'ex-chancelier Wilhelm Marx et sur celle du socialiste Otto Braun pour le poste de ministre-président de Prusse. Enfin Ernst Thälmann KPD reste une faible menace.
Tout le monde à l'étranger s'attend donc à l'élection du chancelier Marx, mais un phénomène nouveau intervient dans la campagne : la violente réapparition du facteur confessionnel. Très vite la majorité des protestants rejette l'idée d'un président du Reich catholique. Voyant la menace, Marx croit se défendre en s'engageant à faire preuve de tolérance, mais c'est pour entendre la réponse : En sommes-nous arrivés là, nous autres protestants, que nous devions nous contenter d'être tolérés en Allemagne ? Une analyse du vote rural montre que les électeurs protestants d'Otto Braun au premier tour se reportèrent en quasi-totalité sur Hindenburg au second : C'était l'unanimité retrouvée. Le résultat est tel que le 27 avril au matin, le vieux maréchal qui, sur le papier, n'avait pratiquement pas de réserves de voix se retrouve élu second président de la République de Weimar avec 48,3 % des voix. Joseph Goebbels témoigne : - Le 27 avril 1925 - Hindenburg arrive au but. Dehors dans les rues. Il est 1 heure du matin. Devant la BMZ. Derniers résultats vers 2 heures. Hindenburg est élu avec 900 000 voix d'avance sur Marx. Interminables transports de joie des masses : Longue vie à Hindenburg !. La ville resplendit de noir-blanc-rouge. C'est une étape vers le but. Rien de plus et rien de moins. Que vive Hindenburg ! Ian Kershaw conclut : la démocratie de Weimar était désormais entre les mains de l'un des piliers de l'ordre ancien. La droite nationale et conservatrice n'était pas la seule à avoir voté pour lui. ... En 1933, le prix à payer sera lourd.
Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Paul von Hindenburg 14 655 641 48,3 Aucun DVP, DNVP, BVP, NSDAP
Wilhelm Marx 13 751 605 45,3 Zentrum SPD, DDP
Ernst Thälmann 1 931 000 6,4 KPD n/a
Total 30 338 246 100,0
Hindenburg quitte Hanovre pour Berlin le 10 mai. Sur la Wilhelmstrasse, des milliers de Berlinois acclament le vainqueur de Tannenberg. Lors du repas présidentiel, il conclut par : Les intuitions que j'ai reçues à la grande École de l'accomplissement du devoir, à l'armée de terre allemande, doivent être également utiles pour mon devoir de paix . Quelques instants plus tard, il fait une allocution au peuple : Il ne faut pas imaginer qu'un parti me donnera d'une quelconque manière des instructions, même pas ceux qui m'ont aidé dans la compétition électorale. Cependant, je tends la main à l'ancien adversaire qui veut se mettre avec moi au travail.
Au même moment, l'Allemagne traverse une crise économique sans précédent depuis 1919 ayant eu son paroxysme en 1923. Pas moins de cinq chanceliers alternant entre le Zentrum et le SPD se succèdent durant le septennat de Hindenburg, souvent incapables de redresser la situation du pays.

Hans Luther aucun : janvier 1925-mai 1926
Wilhelm Marx III Zentrum : mai 1926-décembre 1926
Wilhelm Marx IV Zentrum: janvier 1927-juin 1928
Hermann Müller II SPD : juin 1928-mars 1930
Heinrich Brüning Zentrum : mars 1930-mai 1932
Au moment où le gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Hermann Müller se trouve en difficulté sur la question de l'assurance chômage, Hindenburg, le président du Reich, aurait pu user de ses pouvoirs afin de permettre à Müller de trancher la question des cotisations par décret présidentiel. ... Hindenburg devait y recourir systématiquement au profit des successeurs de Müller au point de miner complètement le régime parlementaire. Mais au début de 1930, il refusa à Müller le recours à l'article 4833 confirmant de ce fait sa volonté d'écarter les sociaux-démocrates du gouvernement affirmée dès mars 1929. Le chancelier Müller est remplacé par Heinrich Brüning en mars. À son tour en difficulté à la suite de la grande dépression économique de 1929-1930, Brüning gouverne par décrets d'urgence, puis demande à Hindenburg, en juillet 1930, de dissoudre la chambre des députés pour lutter contre les socialistes et les nationaux-socialistes. Lors de diverses élections pour les parlements régionaux, en 1931, les nazis progressent de manière notable, suscitant l'inquiétude de Hindenburg qui considère qu'ils sont de vulgaires et dangereux socialistes.
Entre 1928 et 1931, le parti national-socialiste connaît une ascension fulgurante passant de 2,6 à 18,3 %. Désormais chef du deuxième parti d'Allemagne, Hitler n'a plus vraiment besoin du soutien de Hindenburg : - Le 19 octobre 1929 - Cette vieille ruine de Hindenburg se défend contre l'article 4 ? Quelle erreur d'avoir fait de cet homme le président du Reich ! Il bloque tout le mouvement de libération.

Le second mandat Élection présidentielle allemande de 1932.

En octobre 1931, le président Hindenburg rencontre pour la première fois le Führer du NSDAP, Adolf Hitler, au cours d'un entretien au palais présidentiel. L'entrevue tourne au désastre : les deux hommes ne s'entendent absolument pas. Hindenburg le surnomme caporal bohémien ou caporal autrichien et Hitler dit de lui que c'est un vieux fou .
Malgré les efforts de Brüning, la situation de l'Allemagne à l'époque de Hindenburg est encore très délicate, le chômage et la pauvreté sont en croissance nette depuis trois ans et l'insécurité règne partout dans le pays. Au début de 1932, le chancelier allemand n'a désormais plus le soutien des sociaux-démocrates. Des réformes très impopulaires baisse du pouvoir d'achat, hausse des prix et des impôts l'isolent sur la scène politique. En mars-avril 1932, après sept ans d'activité présidentielle, le Volksblock, qui regroupe entre autres le Zentrum et le SPD, fait appel aux électeurs pour réélire Paul von Hindenburg, 84 ans, le président sortant.
Dans un premier temps, Franz von Papen tente d'obtenir un renouvellement du mandat présidentiel de Hindenburg par le Reichstag, sans devoir passer par de nouvelles élections ; cette procédure, qui nécessitait une modification de la Constitution à la majorité des deux tiers, est rendue impossible par le refus des nazis, motivés par leur volonté de faire tomber le gouvernement dirigé par Brüning ; Hitler n'accepte de soutenir cette proposition qu'au prix du renvoi de Brüning et de l'organisation de nouvelles élections législatives qu'il est persuadé d'emporter haut la main ; cette solution est refusée par Hindenburg.
La plupart des patrons sont effrayés pendant la campagne présidentielle par le flou qui entoure les positions d'Adolf Hitler à propos de l'économie et ils se rangent donc clairement derrière Hindenburg et von Papen, issu de l'aristocratie de Westphalie, l'homme qui avait épousé la fille d'un industriel de la Sarre et entretenait de bonnes relations avec des chefs d'entreprise, des propriétaires terriens et des officiers de la Reichswehr. Au premier tour du scrutin, il y a cinq candidats. Hindenburg Volksblock, Hitler NSDAP, qui hésite pendant plus d'un mois avant de se présenter contre le maréchal, Ernst Thälmann KPD, Theodor Duesterberg et Gustav A. Winter. La position de Hindenburg est singulière : il était tributaire du soutien des socialistes et des catholiques, qui avaient été ses principaux opposants au cours des sept années passées et formaient de bien étranges et fâcheux compagnons de route pour le doyen loyalement protestant et ultra-conservateur.

Résultats de l'élection présidentielle

Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 16 651 000 49,6 Volksblock
Adolf Hitler 11 339 000 30,1 NSDAP
Ernst Thälmann 4 983 000 13,2 KPD
Theodor Duesterberg 2 557 000 6,8 SBF
Gustav A. Winter 111 400 0,3
Total 35 640 000 100,0
Second tour
Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 19 359 000 53,1 Volksblock
Adolf Hitler 13 418 000 36,8 NSDAP
Ernst Thälmann 3 706 759 10,1 KPD
Total 36 483 000 100,0

De Brüning à von Papen

Le maréchal est réélu mais le parti national-socialiste réalise une énorme percée : de 1,1 % en 1925 à 30,1 % en 1932 aux premiers tours : il s'agit désormais d'un partenaire incontournable. Hindenburg prévoit la démission de certains de ses ministres Wirth et Guérard. Le 30 mai 1932, malgré l'aide précieuse de Brüning dans sa réélection à la présidence, Hindenburg le somme de démissionner notamment à cause de son projet de décret visant directement les intérêts des grands propriétaires fonciers et à cause de sa politique déflationniste : Dès lors, plus rien ne s'opposait au virage à droite qui avait les faveurs de Hindenburg et auquel Schleicher avait œuvré. Il appelle au pouvoir Franz von Papen, qui démissionne du Zentrum pour empêcher son exclusion. Après avoir formé le Gouvernement des barons Kabinett der Barone, le nouveau chancelier gouverne de manière autoritaire le pays.
Flatteur, charmeur, monarchiste et ancien officier de la Première Guerre mondiale, Papen devient rapidement le chancelier préféré de Hindenburg aux dépens de Schleicher. L'ambassadeur français à Berlin, André François-Poncet, témoigne : « C'est lui [Franz von Papen] le préféré, le favori du maréchal ; il détourne le vieil homme par sa vivacité, son espièglerie ; il le flatte en lui montrant du respect et de la dévotion. Il le séduit par son audace ; il est à ses yeux de Hindenburg l'homme parfait.
Le chancelier Papen lève l'interdiction qui pesait depuis Brüning sur les SA et les SS de Hitler. Face à l'extrême agitation qui règne dans le pays, Hindenburg et le chancelier décrètent la loi martiale ; le 14 juillet, Hindenburg nomme son chancelier Commissaire général de Prusse Reichskommissar pour y remettre de l'ordre. Cependant, Papen, incapable de réunir une nouvelle coalition, décide une nouvelle dissolution du Reichstag, le 31 juillet : les nazis obtiennent 37,2 % des voix premier parti d'Allemagne et 230 sièges au Reichstag. Papen et Schleicher espèrent leur soutien au gouvernement.

De von Papen à von Schleicher

Si le NSDAP fait figure de premier parti d'Allemagne, il ne détient pas la majorité au Reichstag. Cela n'empêche pas Hitler, lors de négociations secrètes, menées début août avec Schleicher, d'exiger le fait d'être nommé chancelier et de voir attribués les ministères de l'Intérieur à Wilhelm Frick, de l'Air à Hermann Göring, du Travail à Otto Strasser et de l'Éducation du peuple à Joseph Goebbels. Une exigence catégoriquement rejetée par le président Hindenburg le 10 août, qui se permet d'ironiser quant à la situation : Faire d'un caporal bohémien le chancelier du Reich, ce serait du propre.
Lors d'une nouvelle rencontre avec Hindenburg, le 13 août, Hitler se voit proposer d'entrer dans le gouvernement von Papen. Il rejette cette offre : Monsieur Hitler a déclaré que, pour des raisons qu'il a expliquées en détail au président du Reich ce matin, il était hors de question qu'il participe au gouvernement actuel. Considérant l'importance du mouvement national-socialiste, il se doit de demander la totalité du pouvoir pour lui et son parti ... déclaration de Otto Meissner du 13 août 1932. À sa demande de disposer de la direction du gouvernement et de la direction de l'état dans toute son étendue pour lui-même et pour son parti, Hitler se voit opposer un refus catégorique par Hindenburg ; pour celui-ci, s'il remettait la totalité du pouvoir gouvernemental à un seul parti, et de surcroît à un parti aussi intolérant envers tous ceux qui avaient des points de vue différents, il ne pourrait répondre devant Dieu, sa conscience et la patrie.
Le Parlement, présidé par Göring, est dissous lors de sa deuxième séance, le 12 septembre, sur la base d'une décision prise par Hindenburg le 30 août, après des débats houleux qui tournent à la déconfiture du gouvernement. De nouvelles élections sont prévues pour le 6 novembre45. Lors des élections, les nazis perdent un peu de terrain mais ils restent un partenaire incontournable avec 33,1 % des voix 196 sièges. Le 19 novembre, Hindenburg reçoit Adolf Hitler dans le cadre de sa consultation des chefs des formations politiques et lui renouvelle son offre d'entrer dans un gouvernement de coalition, mais sans détenir la chancellerie. Comme les échanges de mi-novembre allaient le montrer, le président du Reich continuait à se méfier profondément du chef nazi. Papen démissionne en décembre 1932 à cause d'une discorde avec Schleicher. Ce dernier est nommé chancelier. Quelques jours plus tard, Hindenburg annonce : Messieurs, j'espère que vous ne me rendez pas responsable de devoir nommer ce caporal autrichien chancelier du Reich !

La nomination de Hitler à la Chancellerie

Après d'intenses négociations menées entre les dirigeants nazis et l'entourage de Hindenburg, négociations auxquelles est associé le fils du maréchal et où von Papen joue un rôle clé, Hindenburg accepte de limoger Schleicher et de nommer Hitler au poste de chancelier. Il ne s'agit pas d'un accident de parcours pour Ian Kershaw : Hindenburg lui-même et ceux qui étaient en position de l'influencer étaient si occupés à chercher une solution à droite qu'ils ne prirent pas la peine d'envisager une issue parlementaire ; il écrit plus loin que L’accession d’Hitler au pouvoir n’était aucunement inéluctable. Hindenburg eût-il concédé à Schleicher la dissolution qu’il avait si volontiers accordée à Papen et décidé une prorogation au-delà des soixante jours prévus par la Constitution, que la nomination de Hitler à la chancellerie aurait sans doute pu être évitée. Le lundi 30 janvier 1933, peu après midi, les membres du futur cabinet Hitler entrent chez le président, fort irrités qu'on les ait fait attendre près d'une heure ; l'entretien est bref et la seule réponse du président au discours du nouveau chancelier consiste en quelques mots : Et maintenant, messieurs, Dieu vous accompagne. Seuls Hitler, Göring et Wilhelm Frick font partie du gouvernement au départ. Quant à Papen, toujours favori du président, il est nommé vice-chancelier. Dès le 31 janvier 1933, Hindenburg se laissa persuader d'accorder à Hitler ce qu'il avait refusé à Schleicher à peine quatre jours plus tôt : la dissolution du Reichstag, qui débouche, aux élections du 4 mars, sur une progression substantielle du parti national-socialiste qui récolte 43,9 % des voix, soit 288 sièges sur 64752. La présidence de Hindenburg est alors encore perçue, notamment par des dirigeants syndicaux, comme la « meilleure garantie que la Constitution ne serait pas violée. Le 4 février, Hindenburg signe l'ordonnance pour la protection du peuple qui permet aux nazis d'épurer et de noyauter l'administration et la police54. Hindenburg signe donc le 28, avant les élections, et comme conséquence de l'incendie du Reichstag du 27 février 1933, la Reichstagsbrandverordnung qui suspend quasiment toutes les libertés publiques. Selon Gilbert Badia, il a suffi d'un exposé dramatique de Hitler ... pour que le vieillard réactionnaire confie les pleins pouvoirs au caporal autrichien naguère méprisé.
Après l'accession au pouvoir de Hitler, certains juifs gardent confiance en voyant que le président, vieux et respecté, reste à la tête de l'État ; après avoir reçu une lettre de plainte de Frieda Friedmann, une juive dont le fiancé et les deux frères avaient péri lors de la Première Guerre mondiale, Hindenburg lui fait savoir qu'il est résolument opposé aux excès à l'encontre des juifs et transmet la lettre à Hitler. En mars, Hindenburg tente d'intervenir afin de contrer le projet de Hitler d'organiser le boycott des commerces juifs dans toute l'Allemagne. Lors de l'adoption de la loi du 7 avril 1933 pour le rétablissement de la fonction publique professionnelle qui écarte les juifs et les opposants au nazisme de l'administration, Hindenburg obtient que les juifs ayant combattu pendant la Première Guerre mondiale en soient exemptés, ainsi que les fonctionnaires juifs dont les pères ou les fils étaient tombés sur le front. De plus Hindenburg demande à Hitler de rétablir l'ordre, après avoir été couvert de protestations contre les exactions de la SA dans les premiers mois de 1933. Il est aussi sensible à la mobilisation de l'Église protestante à ce sujet.

La fin

Le président Hindenburg tombe gravement malade en avril 1934 et Hitler en est informé : au début du mois de juin, le président se retire dans sa propriété de Neudeck, en Prusse-Orientale : Ainsi le principal appui des conservateurs se trouvait-il désormais éloigné du centre névralgique du pouvoir alors que la question de la succession était imminente. Malgré son état de santé, il reçoit Hitler dans sa résidence le 21 juin, à un moment où la tension entre la SA et les milieux conservateurs menés par Franz von Papen est à son comble, notamment après le discours de Marbourg prononcé par celui-ci le 17 juin ; le président du Reich demande à Hitler pendant cette entrevue de ramener enfin à la raison les fauteurs de troubles révolutionnaires et le menace, par l'entremise de Blomberg, de proclamer la loi martiale et de confier le pouvoir à l'armée si le gouvernement se révèle incapable de ramener le calme. Les fauteurs de troubles révolutionnaires de la SA sont éliminés lors de la Nuit des Longs Couteaux. Après celle-ci, le président adresse au Führer un télégramme de félicitations : D'après les rapports que je viens de recevoir, je constate que par votre esprit de décision et votre courage personnel, vous avez étouffé dans l'œuf les intentions des traîtres. Je vous exprime par ce télégramme ma profonde reconnaissance et mes remerciements très sincères. Il n'est toutefois pas certain qu'il ait rédigé lui-même ce message, voire qu'il l'ait lu. Selon Badia, en revanche, Hitler, quand il rendit visite à Hindenburg à Neudeck quelques jours plus tard, après la nuit des longs couteaux, le trouva tout disposé à approuver ces effusions de sang nécessaires pour faire l'histoire. La plus haute autorité de l'État avalisait ces crimes.
Hindenburg meurt le 2 août 1934 d'un cancer du poumon dans sa maison de Neudeck en Prusse-Orientale à l'âge de 86 ans. Quelques jours plus tard, un plébiscite donne à Hitler tous les pouvoirs 19 août 1934. Le testament politique du maréchal, sûrement trafiqué, remercie vivement le chancelier Hitler pour le travail accompli. Il est inhumé contre sa volonté au mémorial de Tannenberg lors de funérailles grandioses durant lesquelles la croix gammée est absente auxquelles son ancien collègue Ludendorff refuse de figurer aux côtés de celui qu'il surnomme ce faux demi-dieu. En raison de la progression de l'Armée rouge à la fin de la guerre, son cercueil et celui de sa femme sont retirés du monument de Tannenberg et placés à Marbourg dans la crypte de l'église Sainte-Élisabeth, où ils se trouvent toujours au début du XXIe siècle.
Plus de 70 ans après sa mort, certaines villes et communes discutent de débaptiser ou non des rues et des places qui portent le nom de Hindenburg. En 2009, des écoles ou des casernes portent encore son nom.
L'interprétation historique du rôle de Hindenburg reste mitigée. D'un côté, il est le héros charismatique de la Première Guerre mondiale. De l'autre, il est l'initiateur de la Dolchstoßlegende et celui qui a nommé Hitler chancelier.

L'image de Hindenburg

Alors que les médias de masse commencent à s'épanouir en Allemagne, le nom et la figure de Hindenburg ont été très utilisés de 1914 à 1934 ; au profit de divers groupes politiques ainsi que de l'industrie et du commerce allemand.
Sa stature imposante, son large visage à la moustache bien reconnaissable, son calme en public, sa réputation de studieux père de famille, son passé militaire de soldat patriote et sa figure de patriarche en uniforme médaillé ont fait de Hindenburg le symbole d'une puissance et d'une stabilité invitant les allemands à la confiance, malgré les crises économiques, sociales et politiques qui agitaient le pays. Cette image a été utilisée et entretenue, avec des objectifs politiques par le Kaiser d'abord, puis par Hitler et les nazis, mais aussi par l'industrie et le commerce avec des motifs plus mercantiles, soutenus par l'activité naissante de la publicité de masse de nombreux bibelots et produits portaient la photo, un dessin ou le nom de Hindenburg. Après sa mort, des rues, des bâtiments et lieux publics, des bateaux SMS Hindenburg et un prestigieux dirigeable le LZ 129 Hindenburg, le plus grand jamais construit ont continué à être baptisés de son nom. Ceci a contribué à modeler un mythe Hindenburg qui semble avoir pénétré la société sous toutes ses formes et dans toutes ses classes et qui a persisté après sa mort chez une partie des allemands.
Selon Anna Menge ce mythe a joué un rôle historique très important dans l'entre-deux-guerres et pour la montée du fascisme en Allemagne. Hindenburg a en effet bénéficié d'un large lectorat via les livres qui parlaient de lui ou le citaient, via la presse et les médias illustrée et l'ensemble des médias de masse radio, informations filmées diffusées dans les cinémas....
Ses fréquents appels à la confiance dans le gouvernement et ses discours à la radio étaient attentivement suivis par de nombreux auditeurs. Le mythe le plaçait au-delà des fractures politiques de Weimar. Hindenburg s'est aussi mis en scène devant les caméras et il a selon A. Menge fortement cherché à contrôler l'image que le public avait de lui et intervenait directement dans la promotion, la gestion et la censure son propre mythe. Hitler s'est gardé d'apparaître comme un ennemi d'Hindenburg et a su avec Goebbels l'utiliser dans sa propagande avec l'aide d'une partie des publicitaires qui, après avoir utilisé et mis en scène la confiance qu'inspirait sa figure et pour influer sur les choix des consommateurs, ont contribué au décorum et aux grandes mises en scène théâtrales des manifestations du fascisme.

Dans la fiction

2003 : Hitler : La Naissance du mal, téléfilm de Christian Duguay, joué par Peter O'Toole

Œuvres

Paul von Hindenburg, Aus meinen Leben, von Hinzel, Leipzig, 1920.
Paul von Hindenburg, Hindenburg. Briefe, Reden, Ebenhausen, 1938.
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Posté le : 01/08/2015 17:12
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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