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Re: « Jehanne de France et César Borgia »
Semi pro
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Merci pour cet humoristique partage d'un des moments de l'Histoire de France et du Berry si cher à votre cœur.
J'ai bien ri de l'anecdotique nuit de Noces de César !
L'histoire de Jehanne est bien plus triste, mais elle a permis de décupler sa bonté et sa générosité, ses gens l'ont reconnue pour ses maintes qualités humaines alors ceci rattrape peut-être cela ?

Affectueusement.
LN.

Posté le : 23/04/2018 13:11
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« Jehanne de France et César Borgia »
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Jehanne de France, la bonne duchesse

Jehanne de France avait dit-on, un visage difforme, une bosse dans le dos et un pied-bot.
Louis XI son père, qui l’aime pourtant beaucoup, la faisait dit-on aussi, cacher derrière les dames d’honneur pour lui parler, tellement sa vue l’indisposait.
Mais la beauté qui avait fui le corps de « Jehanne » avait envahi son âme.
Cette princesse était naturellement douce, aimante, et fidèle.
Enfant, elle fut élevée d’abord au château d’Amboise jusqu'à l’âge de cinq ans où son handicap commença à se voir. On l’envoya alors au château de Lignières en Berry où elle fut élevée avec beaucoup de tendresse par Anne de Culan et son époux François de Beaujeu. Elle ne quittera Lignières que pour se marier en 1476, puis elle le regagnera presque aussitôt après.
Car son époux Louis d’Orléans volage et coureur de jupons, ne voulait pas la voir car disait-il, « c’est contraint et forcé qu’il a épousé ce laideron ».
Pourtant lorsque ce même « Louis d’Orléans », après avoir comploté avait été capturé à la bataille de Saint Aubin du Cormier en 1488, puis emprisonné pendant trois ans par la régente Anne de France dans la grosse Tour de Bourges, abandonné de tous ; qui croyez-vous venait le réconforter en sa prison, l’aider dans ses démarches pour être pardonné, et plaider sa libération ?
Eh oui, c’était la laide et bonne Jehanne qui, pendant trois longues années, va soutenir son époux en sa prison et va implorer l’indulgence de sa sœur la régente et de son neveu le roi.
Et quand enfin sa persévérance fit libérer son époux, celui-ci se détourna de nouveau d’elle.

Jehanne de France, la reine de France répudiée

Lorsqu’en 1498, le roi Charles VIII se fracassa la tête sur un linteau de porte au château d’Amboise, l’ingratitude de Louis d’Orléans qui devint alors roi de France sous le nom de Louis XII, va jusqu'à le conduire à répudier son épouse Jehanne, pour pouvoir épouser Anne de Bretagne, la veuve du défunt roi son prédécesseur.
Pour assurer un revenu décent à l’épouse répudiée dans un procès humiliant, mais aussi pour l’éloigner de la cour, Louis XII donna à Jehanne de France les terres du Berry.
Cette donation faite à Jehanne de France, fut pour le Berry un cadeau inestimable.
Jehanne par sa bonté et sa justice s’attira la vénération du petit peuple berrichon, qui dans toute la province l’appela « la bonne duchesse ».
Pour la première fois dans son histoire, le Berry, qui avait déjà connu la prospérité, connut en plus avec cette femme, une certaine douceur de vivre.
Jehanne s’installa à Bourges et fonda l’ordre religieux des « Annonciades ». Elle meurt en 1505, à l’âge de 40 ans.
En Berry, cette femme, dont la seule beauté était celle de son âme, fut honorée comme une sainte, bien avant qu’elle soit béatifiée (1) et canonisée (2).

Mais une histoire en cache souvent une autre !

Pour pouvoir obtenir l’annulation de son mariage avec Jehanne, Louis XII avait dû se plier aux exigences du Pape Alexandre VI.
Ce dernier avait exigé, en échange de cette annulation, que le roi de France donne une épouse et un titre à son fils César Borgia dont l’actuelle soutane d’archevêque de Valence qu’il portait, devenait bien indécente, au regard du fratricide dont il était soupçonné et de ses relations incestueuses avec sa sœur Lucrèce.
Quoique, César Borgia ne fit que suivre l’exemple de son père, qui cardinal avant d’être Pape, eut huit enfants de sa maîtresse officielle Giovanna de’Cattanei.
Louis XII trouva la future épouse de César Borgia en la personne de Charlotte d’Albret fille du duc d’Aquitaine et sœur du roi de Navarre.
Puis il donna à ce même César Borgia le titre de duc de Valentinois.

César Borgia, en France, à la cour de Louis XII

En 1498, César Borgia vint donc en France, à Chinon, pour apporter à Louis XII l’annulation de son mariage avec Jehanne de France.
En retour Louis XII le fit, comme convenu, duc de Valentinois » et, en prime, lui attribua la seigneurie d’Issoudun.
L’année suivante, César Borgia épousa la jolie Charlotte d’Albret en pleure d’avoir été ainsi vendue par le roi et sa famille à un si triste sire.
Fort heureusement pour la douce Charlotte, le séjour de César Borgia en notre beau pays de France ne dura que jusqu'au lendemain de son mariage.
Pourquoi partit-il si vite ?
En voilà l’histoire ! (3)
César Borgia entretenait sa réputation d’homme viril pour ainsi impressionner les Dames de la cour de France, qui sans médisance, avaient moult instruction et pratique en la matière.
Sans douter du fondé de la réputation du beau César, elles lui firent savoir que c’est au pied du mur qu’on voit le maçon et qu’elles attendaient le lendemain de son mariage avec Charlotte, afin d’estimer, si son art de faire était aussi prometteur que celui de son paraître, et que de ce bilan, naîtraient ou point d’elles des vocations.
Au-devant d’une telle attente intéressée du beau sexe, le majestueux César commença à douter de lui-même.
D’autant que le peuple de France venait lui crier son hostilité tous les matins sous les fenêtres du château où il logeait.
César Borgia eut très peur de cette hostilité populaire qui lui fit perdre de sa belle assurance.
Au matin de son mariage, César, en grand secret, demanda à l’apothicaire des pilules à rendre l’ardeur pour festoyer sa Dame.
L’homme se trompa et lui donna des pilules laxatives qui transformèrent la nuit de noce en incessants allers-et-retours effrénés, entre chambre nuptiale et latrines.
En apprenant cette mésaventure - que les femmes de chambre ne manquèrent pas de colporter à tous vents - les Dames de la cour de France railleuses, en firent gorge chaude.
César Borgia couvert de honte quitta alors Chinon et le royaume, abandonnant sa femme Charlotte d’Albret pour ne jamais revenir.

Epilogue

Après cet événement, Charlotte d’Albret vécut à La Motte- Feuilly, en Berry et y meurt en 1514.
Charlotte d’Albret dont le mariage avait permis l’annulation de celui de Jehanne de France, rendit souvent visite à Bourges à la bonne duchesse.
Il semble même qu’une amitié lia ces deux femmes bafouées et délaissées.
Issoudun ne vit sans doute jamais ce trouble personnage que fut César Borgia (4) qui devait se contenter, le temps de sa présence en France, de toucher les revenus de cette seigneurie.

Johan (JR.).

Notes de références :

(1) Jehanne de France, fille de Louis XI, fut béatifiée en 1743
(2) Jehanne de France, fille de Louis XI fut canonisée en 1950
(3) d’après le récit de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme (1540- 1614 ) « Vie des Dames Galantes »
(4) César Borgia a servi à Machiavel de modèle pour son ouvrage « Le Prince » 1513.

Posté le : 22/04/2018 16:57
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De Radegonde à « Jean le Magnifique duc du Berry »
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De Radegonde à « Jean le Magnifique duc du Berry »

Prologue
Il y a quelques jours, je ne vous ai pas raconté par hasard l’histoire de Radegonde princesse de Thuringe, reine des Francs et sainte de Poitiers, car, l’extraordinaire Hora posthume de cette femme créa un lien de forte admiration de la part d’un autre personnage important de notre Histoire.
J’ai nommé, Jean de France, duc du Berry, duc d’Auvergne comte de Poitiers, comte de Montpensier et comte d’Etampes, dit aussi Jean le Magnifique né à Vincennes le 30 novembre 1340, mort à Paris le 15 juin 1416.
La dévotion du duc Jean pour Radegonde, amena ce dernier à se comporter vis-à-vis d’elle, malgré plus des 7 siècles qui s’éparent leurs deux vécus, d’une manière envieuse et possessive qui était chez lui une seconde nature.
C’est cette histoire que je vais vous conter.

Introduction
Après ses funérailles, en présence de Grégoire, qui eurent lieu le 16 août l’an 587, la notoriété mystique posthume de la pieuse Radegonde, fut-elle, que ce fut la ferveur populaire du royaume qui la déclara Sainte et non une canonisation de l’Eglise.
Cette notoriété s’étendit sur les territoires du Poitou, du Berry de Touraine, d’Auvergne voire bien au-delà. Cette renommée toucha aussi bien les gens du peuple que les gens de noblesse. La vénération que suscita Radegonde, après sa mort, chez les gens du peuple, fut presque immédiate. En tout cas, il semblerait qu’elle était déjà reconnue dès l’an 600 et qu’elle ne fit que progresser durant les 11ème ,12ème et 13ème siècles.
Nous avons les témoignages de cinq guérisons de personnes venant du Berry.
Elles et ils venaient de Châteauroux, de Bourg-Dieu (Déols) de la Lande du canton de Saint- Benoît de Sault, de Saint-Ambroix du canton de Chârost.
L’une s’appelait la veuve Pasquière, l’autre Pétronille épouse de Geoffroy de Leissac. Les noms des autres ne furent pas mentionnés dans les registres. (1)
Dès le 14ème siècle, cette notoriété semble également être établie au sein des familles royales françaises et leurs entourages qui se succédèrent durant le haut Moyen-Âge et le Moyen-Âge central, donc bien avant l’époque de la naissance du duc Jean 1er de Berry en l’an 1340. (2)
Cette notoriété attachée à Radegonde, atteindra, semble-t-il, son apothéose avec les rois Charles V, Charles VI et surtout Charles VII qui, en 1428, ira jusqu'à donner le nom de Radegonde à sa fille ainée. (3)
Dans les années 1470, la reine Charlotte de Savoie, épouse du roi Louis XI, fit exécuter pour elle personnellement, un « Livre d’Heures » racontant la vie de Sainte Radegonde (4)
Ceci étant posé, rentrons dans l’histoire qui nous intéresse !

L’histoire
D’abord, il faut rappeler que Jean de France était le troisième fils du roi de France Jehan II dit le Bon et de Bonne du Luxembourg.
Il avait reçu de son père, à l’âge de 17 ans l’apanage des terres du Poitou dont-il devint le comte. De par ce titre, se déclencha chez lui, une dévotion particulièrement grande pour Sainte Radegonde alors devenue pour tous, la patronne et la protectrice du Poitou et de sa capitale Poitiers.
Cette admiration sans limite et disons très mystique qu'il avait, depuis 55 ans pour cette Sainte reine d'antan, l’amena à penser que la « Sainte Chapelle », merveille des merveilles, de pur style gothique flamboyant, (5) qu’il venait de faire construire à Bourges pour y recevoir sa sépulture, se devait aussi, pour la paix de son âme, absolument être l’écrin idéal à l’intérieur duquel, seraient déposées et protégées des reliques, et même la tête de la Sainte qu’il aimait tant.

A cet effet, il obtient l’autorisation de l’évêque de Poitiers et des sommités religieuses de l’église Sainte-Radegonde, pour que soit ouvert le tombeau de la sainte, et y soient prélevé, disons, quelques « morceaux » de sa dépouille, dont sa tête.
Nous sommes le 28 mai 1412 lorsque après une cérémonie incluant une messe, notre duc Jehan alors âgé de 72 ans, le cardinal Simon de Cramaud (6) et tous ces prélats se rendirent dans la crypte où était tombeau de Sainte Radegonde.
Tout ce beau monde, de robe et d’épée, en leurs plus beaux habits brodés, était accompagné de maîtres maçons et de leurs « oeuvriers ». (7)
Lorsque l’évêque en donna l’ordre, les maîtres maçons demandèrent à leurs oeuvriers de desceller le marbre tombal qui fermait la sépulture.
Et à cet instant même, le premier incident arriva !
Sous la percussion de sa massette sur la tête de son ciseau, un des oeuvriers détacha par accident, du monument funéraire, un éclat de marbre qui vint blesser gravement l’un de ses yeux, le faisant sortir de son orbite. (8)
On en avait vu d’autres !
On adossa le malheureux blessé râlant, au pied du mur de soutènement de la crypte et on continua la tâche qu’on était venue faire.
Après beaucoup d’efforts, la dalle glissa enfin découvrant la dépouille de la Sainte reine Radegonde décédée depuis plus de sept siècles.
Et là, oh miracle, une odeur florale de printemps envahit les lieux, et tous ceux de l’assistance purent voir que le corps de la défunte était intact.
Son visage, entouré des voiles de sa coiffure, était celui d’un être qui sommeillait paisiblement. Sa couronne brillait de mille éclats. Ses mains étaient jointes sur sa poitrine dans le geste de prière, où on remarqua que deux de ses doigts portaient chacun un anneau d’or. (9)
Tous restèrent longtemps en extase devant une telle vision, et quand les esprits revinrent à la réalité et à la raison, le duc Jean bien connu pour son ambition et sa démesure lorsqu’il voulait s’approprier les belles choses, demanda qui lui soit donné les deux anneaux que Sainte Radegonde portait aux doigts, et que lui soit aussi remise la tête de la Sainte qui irait enrichir le somptueux intérieur de la Sainte Chapelle de Bourges.
Il formula sa demande d’un ton hautin et sans appel, mêlé de sous-entendus menaçants de sorte que le refus soit impossible.
Les prélats de l’église Sainte Radegonde et l’évêque de Poitiers, qui avaient tous bien compris les conséquences d’un éventuel refus que cachaient les paroles du duc Jean, acceptèrent la demande du prince duc.
Ce fut là que les choses se compliquèrent encore !
Le premier anneau fut facilement retiré du doigt de Sainte Radegonde, c’était celui qui symbolisait son mariage avec le roi Clotaire.
Mais quand on voulut retirer le second, qui était celui qui témoignait de l’engagement de la Sainte avec Dieu, tous virent sa main se dérober à cet acte sacrilège.
La stupeur ressaisit l’assemblée, et nul, même pas le duc jean, ne voulu essayer de nouveau d’enlever l’anneau du doigt de Radegonde. (10)
On ne se contenterait donc que d’un seul anneau et de sa tête.
Mais là encore s’était allé un peu vite en besogne !
Lorsque des mains s’avancèrent pour séparer la tête du corps de Radegonde, une lumière intense envahit la crypte. Tous furent frappés d’un éblouissement si fort, qu’ils ne purent qu’entendre et non voir se refermer seul le tombeau de la Sainte.
La peur fut à son comble et tous réalisèrent le châtiment céleste qu’ils encouraient, s’ils persévéraient dans la profanation de ce sanctuaire. (11)
Le duc Jean se contenta donc de l’anneau de mariage de Radegonde avec le roi Clotaire, comme seule relique dont le premier miracle fut de guérir, sur place, l’œil mutilé de l’oeuvrier lorsqu’on lui passa sur le visage.
Cet anneau, dit-on, fut un temps enchâssé dans un reliquaire et abrité dans la Sainte Chapelle de Bourges scellant définitivement la dévotion des berrichonnes et des Berrichons pour Sainte Radegonde de Poitiers.
Johan (JR.).



Notes de Références et Bibliographie succincte :

(1) C.E.R.C.O.R : « Les Religieuses dans le cloître et dans le monde des origines à nos jours » : actes du deuxième colloque international du C.E.R.C.O.R., Poitiers, 29 septembre-2 octobre 1988. Éditeur Université de Saint-Etienne, 1994. 958 pages

(2) DELISLE. (Louis.). : « Recherches sur la librairie de Charles V ».Paris 1907, page 50.

(3) DU FRESNE DE BEAUCOURT. : « Histoire de Charles VII ». Paris 1881-1891. page 187.

(4) AVRIL. (F.). : « Un portrait inédit de la reine Charlotte de Savoie » in « Etudes sur la Bibliothèque Nationale » et « Témoignages réunis en hommage à Thèrèse Kleindienst ». 1985. Pages 255 à 262.

(5) CHAMPEAU. (A.). et GAUCHERY. (P.). : « Les travaux d'architecture et de sculpture de Jean de France, duc de Berry », p. 198-208, in Gazette archéologique : recueil de monuments pour servir à la connaissance et à l'histoire de l'art antique, année 1887.

(6) Simon de Cramaud : Il naquit en 1345 et mourut en 1422. Il fut : - Évêque de Poitiers (1383-), administrateur du diocèse de Béziers (1383), chanoine de Saint-Martin-de-Tours (1391), évêque d'Avignon (1391), patriarche d'Alexandrie et administrateur du diocèse de Carcassonne (1391). - Chancelier du duc de Berry (1387). - - Cardinal (13 avril 1413).

(7) « oeuvriers » : Appellation des hommes qui travaillaient à un ouvrage. Equivaux aujourd’hui à l’appellation d’ouvrier manœuvre.

(8) FLEURY. (Edouard.). : « Histoire de Sainte Radegonde Reine de France et patronne de Poitiers » Editions Oudin. 1843. Pages de 303 à 307.

(9) THIBAUDEAU. (Antoine-René-Hyacinthe Thibaudeau.). : « Abrégé de l'histoire du Poitou contenant tout ce qui s'est passé de remarquable dans cette province de remarquable dans cette province depuis le règne de Clovis jusqu'au commencement de ce siècle par M. Thibaudeau, avocat à Poitiers: ouvrage dédié à M. le Comte d'Artois ». Éditeur Desmonville. 1782. Pages 206 à 210.

(10) AUBER. (Charles-Auguste.). : « L'Anneau de sainte Radegonde et ses reliques à Poitiers ». Éditeur Rousseau-Leroy, 1864
(11) ALBIN. (Jacques.). et DE PLANY. (Collin.). : « Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses. » Éditeur Guien. 1822.

Posté le : 15/04/2018 13:29
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Re: Radegonde (épilogue)
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C'est certes..... troublant !

LN.

Posté le : 14/04/2018 06:36
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Radegonde (épilogue)
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RADEGONDE (épilogue)

Pour en finir avec l’histoire de Radegonde, on ne peut pas ne pas mentionner la vision que Radegonde, alors âgée de 59 ans, dit avoir eu de Jésus de Nazareth en son couvent de Sainte-Croix dont-elle était fondatrice. (1)

Le lieu
Lorsque vous êtes dans l’église de Poitiers fondée au 6ème siècle par Sainte Radegonde qui s’appelait autrefois Sainte Marie hors des murs, (2) et que, face au chœur, vous regardez à droite, vous verrez une chapelle qui fut sans doute dans les temps anciens une ancienne sépulture creusée dans l’épaisseur du mur.
Dans cette chapelle, on trouve deux statues, l’une représentant Sainte Radegonde, l’autre représentant Jésus de Nazareth.
Ces deux statues sont séparées par une pierre sur laquelle il y a une empreinte d’un pied gauche.
Cette pierre, tout comme cette chapelle, est appelées « le pas de Dieu ».
A l’origine, cette pierre qui porte l’emprunte du pied de Jésus était dans la cellule monacale de Radegonde, sise au couvent Sainte-Croix.
Elle fut déposée dans l’église Saint Radegonde de Poitiers, après la Révolution de 1789. (3)
Certains, pour faire court, appellent cette empreinte « le pas de Sainte Radegonde ». Ce raccourci est un non-sens lorsqu’on connaît les faits que je vais vous conter. (4)

De quelle rumeur nous vient cette légende
Nous sommes en l’an de grâce 587, au soir du 3 août la nuit tombe doucement sur le monastère de la Croix.
Ce monastère avait été érigé entre 550 et 560 par la reine Radegonde qui avait renoncé, après les péripéties que je vous ai déjà contées, aux fastes de sa charge de reine des Francs.
Pour l’heure, Radegonde était alors en prière, à genoux sur une dalle de pierre du sol de sa cellule.
Depuis longtemps déjà, son sommeil était habité du même cauchemar dans lequel elle revoyait sans cesse la tête de son frère de deux ans son ainé «Amalafroy », que son mari lui avait fait envoyer après l’avoir tué de ses propres mains. (5)
Radegonde se sentait coupable d’avoir engendré cet assassinat par son comportement d’hostilité envers son époux. Car la désobéissance de son frère Amalafroy ne pouvait pas être, à elle seule, la raison de cet acte cruel.
Non, il fallait chercher plutôt cette raison dans le pourquoi Amalafroy avait-il quitté Ath où il était en résidence surveillée, pour venir à Soissons rejoindre et sa sœur. Informé des colères de Clotaire à l’encontre de Radegonde, il la jugeait en danger et venait pour la protéger. Mal lui en pris, Clotaire qui le haïssait déjà, vit là l’occasion de faire d’une pierre deux coups : d’une part éliminer le prince héritier du royaume de Thuringe, et d’autre part, éliminer le dernier appui familial de la reine et de punir durement pour son attitude de rejet envers lui et ses proches.
Radegonde se souvenait aussi de cette déferlante de haine qui l’avait envahi lorsque levant l’étoffe qui recouvrait le présent que lui envoyait Clotaire, elle avait découvert avec horreur la tête sanguinolente de son jeune frère. Et le temps qui lui avait fallu en prières, pour surmonter ses envies de vengeance. (6)
Depuis, Clotaire avait plié devant sa détermination à vivre au service de Dieu et des plus pauvres, et puis il s’était éteint dans d’affreux tourments à l’image de ce qu’avait été son existence.
Mais elle, Radegonde, même si elle avait pardonné, chaque nuit le fantôme de son frère venait la visiter.
Il n’y avait donc rien d’extraordinaire pour elle de percevoir ce soir du 3 août 587, au-delà du mur de sa cellule, la silhouette d’un jeune homme.
Pourtant, cette fois, il y avait une lumière qui entourait l’apparition.
Elle ne reconnut pas le visage de son frère.
Et quand elle demanda qui venait ainsi à elle, ce fut Jésus de Nazareth qui se nomma et qui lui dit de se préparer à venir le rejoindre dans le royaume des cieux dans un an, jour pour jour.
Quand l’apparition disparue, Radegonde vit qu’il y avait, au sol, sur la dalle de pierre ou s’était tenu Jésus, l’empreinte de son pied gauche, lui certifiant ainsi, qu’il était bien venu lui annoncer son trépas et son entrée au paradis.
C’est cette empreinte qui est appelée « le pas de Dieu » et que l’on peut voir dans le mur de la chapelle de l’église Sainte-Radegonde.
La légende du « Pas de Dieu » perdurera très longtemps bien au-delà du 18ème siècle.
Le monastère Sainte-Croix et l’église de Poitiers où s’est trouvée successivement la dalle de pierre à l’empreinte d’un pied, engendreront un nombre incommensurable de pèlerinages et de dévotions de la part de gens venant de toutes les provinces du royaume de France et même d’au-delà pour obtenir la guérison d’un enfant !

Aujourd’hui
Bien sur, les progrès des connaissances et des techniques archéologiques ont effacé peu à peu le mysticisme que cette emprunte avait fait naitre autour d’elle et de Radegonde.
Mais si Radegonde, elle, est restée une Sainte reconnu par les catholiques, comme protectrice de la ville de Poitiers, l’empreinte du pas de Dieu est elle identifiée comme une gravure concave d’un pied d’homme du néolithique comme il en existe beaucoup en France et dont la pierre de support, pourrait appartenir à un des piliers du dolmen voisin appelé « la pierre levée de Poitiers » qui se situait à la place du monastère Sainte-Croix.

Johan (JR.).



Note de Références :

(1)Cette histoire est relatée dans bon nombre de guide touristique a l’exemple du premier la mentionnant : Le guide JOANNE - Loire et Centre. De 1868 Paris, page. 64.

(2) Jadis ainsi appelée Sainte-Marie-hors-les-Murs, parce qu'elle se trouvait, au Moyen âge, en dehors de l'enceinte de la ville d'alors.

(3) FOUCARD. (Emile-Victor-Massena.). : « Poitiers et ses monuments ». Société des Antiquaires de l’Ouest. Poitiers 1841.Pages153-154.

(4) BAUDOUIN. (Marcel.) : « Le Pas de Dieu, à Sainte-Radegonde, de Poitiers. » In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 8, n°5, 1911. pp. 320-334;

(5) BUSSIERE. (Marie-Théodore.). « Histoire de Sainte Radegonde reine et de la cour de Neustrie: Sous les rois Clotaire Ier et Chilpéric. » Edition Au bureau de l’œuvre des bons livres Lyon 1864. 288 pages. Pages 43 à 47.

(6) FORTUNA. (Venance.). : « Carmen de exidio thuringiœ » élégies sur la vie de Radegonde écrites à Poitiers vers 600.


Bibliographie :

BAUDOUIN. (Marcel.). : « Pied du Diable », 30 octobre 1903.

BAUDOUIN. (Marcel.). : « La Pierre a Bassins et à Rigoles des Amporelles, à l'Ile
d'Yeu (Vendée) ». Congrès préhistorique de France, Tours, 1910. — Paris, 1911,

BUSSIERE. (Marie-Théodore.). « Histoire de Sainte Radegonde reine et de la cour de Neustrie: Sous les rois Clotaire Ier et Chilpéric. » Edition Au bureau de l’œuvre des bons livres Lyon 1864. 288 pages.

FORTUNA. (Venance.). : « Carmen de exidio thuringiœ » élégies sur la vie de Radegonde écrites à Poitiers vers l’an 600.

FOUCARD. (Emile-Victor-Massena.). : « Poitiers et ses monuments ». Société des Antiquaires de l’Ouest. Poitiers 1841.

Posté le : 11/04/2018 17:47
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« Radegonde »
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« RADEGONDE »

Radegonde (1) la petite princesse, la reine insoumise de Neustrie, la Sainte de Poitiers.

Il était une fois, en l’an de grâce 519, naissait, en Germanie centrale, dans le royaume de
« Thuringe », une jolie princesse, du nom de Radegonde (1).
Cette princesse était la fille du roi « Berthaire » (2) qui régnait alors sur ce royaume.
Ce royaume, s’étendait entre l’Elbe et le Weser. Il était couvert de grandes forêts difficilement pénétrables qui le rendaient quelque peu mystérieux.
Ce royaume avait été fondé, vers le 2ème siècle, par le peuple germain des « Thuringes » venu de la mer du nord, d’où il fut chassé lui-même par les Suèves. Naturellement, les « Thuringes » donnèrent leur nom à ce royaume.
Au 6ème siècle, ce royaume de Thuringe était passé aux mains des Francs.
Le roi Franc Berthaire, père de la princesse Radegonde, avait du mal à asseoir sa légitimité et son autorité. Elles étaient, en effet fortement contestée par ces deux frères « Hermanfried » (3) et
« Badéric » (4)

La jolie princesse Radegonde était alors âgée de 3 ans, lorsque ses deux oncles Hermanfried et Badéric assassinent son père le roi Berthaire, pour lui usurper son royaume, afin qu’il revienne à son oncle Badéric.
Mais, son autre oncle Hermanfried, malgré l’accord passé, ne l’entendait pas ainsi et, s’alliant avec « Thierry 1er roi de Mets et de Reims » (5), fils de Clovis, en lui promettant une partie du royaume de Thuringe, Il fait alors assassiner son frère Badéric et s’assoit sur le trône de Thuringe, en oubliant de respecter les termes de l’accord passé avec le roi Thierry.
Ce fut lors de cet événement que la princesse Radegonde devenue, à l’assassinat de son père, la seule héritière légale du royaume, fut enlevée et prise comme otage par Hermanfried pour faire taire toute opposition familiale.
Mal lui en prit, car le roi Thierry 1er, qui avait lui aussi des vues sur ce royaume, fit alliance avec son frère « Clotaire 1er roi de Neustrie » (6) pour conquérir le royaume de Thuringe.
Une guerre s’en suivit et Hermanfried fut vaincu.

Radegonde âgée alors de 11 ans fit partie du butin et elle fut attribuée par tirage au sort à Clotaire 1er roi de Neustrie.
Clotaire confia la fillette à son épouse la reine "Ingonde" qui veilla à son instruction latine et à son éducation religieuse.
Lorsque la reine Ingonde mourut en 538, Clotaire ainsi veuf à 41 ans, voulut épouser Radegonde alors âgée entre 19 et 21 ans.
La princesse, considérant la reine Ingonde, comme sa mère, vit cette future alliance comme étant contre nature.
Pour échapper à ce projet royal qu’elle considérait, même s'il ne l'était pas, comme un inceste, elle s’enfuit dans la région de Péronne, puis rattrapée, elle fut contrainte à accepter le mariage avec Clotaire qui eut lieu entre 538 et 540 à Soissons et célébré par Saint Médard évêques de Noyon.

La coutume alors chez les Francs voulait que les reines par les habits et bijoux qu’elles portaient fussent les reflets de la puissance et de la richesse de leurs maris.
Aussi Radegonde, en signe de rébellion à ce qu’on l’obligeait à faire, qui pour elle, était contraire aux principes chrétiens, parut au banquet de mariage vêtue d’une simple robe de drap.
Loin d’être impressionnée par le courroux de son époux qui voulait qu’elle se soumette aux traditions, elle en remit une couche en refusant de s’alimenter des mets rares qui étaient servis et demanda que l’on porte une partie du pain de ce banquet aux pauvres des environs.

La vie conjugale de Radegonde et de Clotaire ne fut pas un long fleuve tranquille ; l’humilité de la première se heurtant constamment au faste et à l’autorité du second.
Radegonde tenta bien de refreiner la pratique tendancieuse et cruelles des mœurs de la cour royale. Mais elle dut se faire une raison, la moralité et la compassion des élites mérovingiens n’étaient pas plus de cette époque, qu'elles ne seront de celles des autres qui suivront.
Elle parvint à sauver des vies de gens condamnés un peu vite par son mari et à adoucir la condition de détention de certains prisonniers.
Les « braillards de l’entourage royal allèrent jusqu’à l’appeler, dans son dos bien sur, « La reine religieuse ».
Au regard des dépravations qui s’y passaient, Radegonde s’éloigna peu à peu de la cour et l’assassinat de son frère par son mari Clotaire, la firent fuir définitivement ce milieu vénal où même la vie n’était pas respectée.

Elle alla voir Saint Médard qui l’avait mariée et lui demanda de l’aider à entrer dans une vie monacale. Saint Médard refusa net car Clotaire coupait une tête pour moins que cela. Alors, devant le saint homme qui la regardait faire, Radegonde tondit ses beaux cheveux blonds. Devant cette détermination sans failles, Saint Médard trouva une solution intermédiaire, Il la fit Diaconesse, c’est-à- dire, pas tout à fait religieuse, mais pas totalement laïque.
Clotaire dut se faire une raison, plutôt la laisser partir au couvent, que de l’avoir face à lui, dans une constante position de refus et de rejet.

Ainsi consacrée, Radegonde alla à Tours pour prier sur la tombe de Saint Martin. Ceci fait, elle partit pour Poitiers où elle s’établit.
En cette cité, avec tous ses biens propres, elle fit construire un monastère dans lequel elle accueillit toutes les jeunes filles vierges qui voulaient servir Dieu.
Elle nomma Agnès comme abbesse et entra dans le rang comme simple religieuse, mais son influence d’ancienne reine demeura considérable.
Sa vie fut une succession de privations de jeunes et de charité envers autrui.
Déjà très instruite, elle continua à lire et à apprendre ce qui fit d’elle la femme la plus érudite de son époque.
Elle enseigna son savoir aux nonnes de son couvent et prit comme aumônier « Fortunat » homme de Dieu de grande culture et poète qui devint évêque de Poitiers.
La réputation de Radegonde fut telle en ce haut Moyen Âge que l’Empereur Justin lui envoya un morceau de la vraie croix sur laquelle Jésus fut crucifié. C’est ainsi que sa congrégation prit le nom de Sainte-Croix.
Radegonde mourut le mercredi 13 août 587, elle était âgée de 68 ans.
La cérémonie de ses funérailles fut conduite par Saint Grégoire de Tours son grand ami.
Radegonde repose dans une église qu’elle avait commencé à faire construire qui aujourd’hui est une collégiale qui porte son nom Sainte Radegonde.

Johan (JR.).

Notes de Références :

(1) Ce prénom nous vient du vieux francique. Rad veut dire conseil / gunth veut dire bataille.
MONTEBELLO. (Denis.). : « Les deux vies de sainte Radegonde », L'actualité Poitou-Charentes no 61.
DUMEZIL. (Bruno.). : « La reine Brunehaut ». Paris, Éditions Fayard, 2008, page 9.

(2) « Le roi Berthaire » : Il était le fils héritier du roi Basin de Thuringe son père. Son royaume de Thuringe s’étendait au centre de l’actuelle Allemagne.

(3) « Hermanfried » : Il fut un des trois file du roi Basin de Thuringe son nom vient du germanique harimanfrid, hari signifiant « armée » ; man signifiant « homme » et frid signifiant « paix » ). Il est le frère du roi Berthaire de Thuringe dont il participa à l’assassinat.

(4) « Badéric » : Il fut un des trois fils du roi Basin de Thuringe. Il est le frère du roi Berthaire de thuringe dont il participa à l’assassinat.

(5) « Thierry Ier » : il nait entre 485 et 490 et il meurt en 534. Il est le fils aîné du roi des Francs Clovis et d’une concubine. Il est roi de Mets et de Reims.

(6) « Clotaire Ier » : Il nait vers 498. Il meurt le 29 novembre ou le 31 décembre 561. Il est un roi franc de la dynastie des Mérovingiens. Il est le frère du roi Thierry. Entre 558 et 561, Clotaire devient roi d’un royaume réunifié comme sous le règne de Clovis.

Bibliographie :

BERNET. (Anne.). : « Radegonde » collection « Histoire des reines de France », Pygmalion, 2007.

BOUYER. (Christian.). : « Les Reines de France, dictionnaire chronologique » Perrin, 2007.

DUCHET-SUCHAUX. (Gaston.). PERIN. (patrick.). : « Clovis et les Mérovingiens »Tallandier, coll. « La France au fil de ses rois », 2002.

DUMEZIL. (Bruno.). : « La reine Brunehaut ». Paris, Éditions Fayard, 2008.

FORTUNAT. (Venance.). : « La Vie de sainte Radegonde » traduction d’Yves Chauvin, Robert Favreau, Yvonne Labande-Mailfert et Georges Pon, Éditions du Seuil, Paris, 1995.

KLEINMANN. (Dorothée.). : « Radegonde, une sainte européenne » PSR éditions, Loudun, 2000.

LEJEUNE. (Paule.). : « Les Reines de France » Vernal et P. Lebaud, Paris, 1989.

MONTEBELLO. (Denis.). : « Les deux vies de sainte Radegonde », L'actualité Poitou-Charentes no 61.

THIERRY. (Augustin.). : « Récits des temps mérovingiens » Complexe, Bruxelles, 1995

VIAL- ANDRU. (Mauricette.). : « Pour Dieu... : avec sainte Radegonde » Éditions. des Petits Chouans, n° 3, 12/2015, 64 p.

Posté le : 10/04/2018 17:15

Edité par Loriane sur 11-04-2018 10:34:15
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Livie épouse d’Octave qui deviendra empereur sous le nom d’Auguste
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Livie épouse d’Octave qui deviendra empereur sous le nom d’Auguste


Livie Drusille naquit le 30 janvier 58 av. J.-C.
Elle est la fille de Marcus Livius Drusus Claudianus et d'Alfidia de la gens Claudii ; plèbe qui appartient à la plus haute aristocratie romaine.
Elle épousa Tibère-Claude Néron, dont elle eut deux enfants : Tibère qui deviendra empereur, et Drusus Germanicus.
Livie était belle, affectueuse et spirituelle du moins en apparence, car sa vive intelligence fut très souvent mise au service de sombres desseins.
On la disait très amoureuse de son mari Tibère-Claude, qui fut d'abord préteur, ensuite pontife.
En politique, tous les deux ils avaient pris le parti de Lucius, frère d'Antoine, puis celui d'Antoine lui-même, hostile à Octave fils adoptif du défunt Jules César.
Cette prise de position politique value à Tibère-Claude d'être chassé du territoire de Naples par Octave après la bataille de Naplouse en 40 avant J.C.
Tibère-Claude se réfugia d'abord en Sicile, où Livie, accompagnée d'un seul domestique, et portant son fils Tibère qui était né le 16 novembre 42 av. J.-C. entre ses bras, vint le rejoindre.
Puis, la famille ainsi réunie, ils gagnèrent la Grèce où ils restèrent jusqu'à la signature de la paix entre Octave et Marc Antoine en 39 av. J.-C.

De retour à Rome avec son époux, Livie, enceinte de son deuxième enfant (Drusus), entendit parler d'Octave à qui, son époux, tout comme elle, devait leur exil.
Octave était alors marié à Scribonia, elle aussi enceinte d'une fille qui sera nommée Julie.
Livie avait déjà croisé Octave sur son chemin, comme cela, sans qu'elle en fasse grand cas, d'autant que politiquement ils étaient de camps opposés !
Dans la description qu'on lui faisait d'Octave, Livie perçu très vite que, tout comme elle, le personnage de belle apparence était intelligent, ambitieux et non dénué de charme.
Et si, comme elle en faisait secrètement le vœu, ses garçons seraient un jour appelés à exercer de hautes fonctions, cela ne pourrait se réaliser que par l'intermédiaire d'Octave dont-elle pressentait l'ascension glorieuse.

Livie œuvra donc pour que « le hasard » lui permette de rencontrer Octave. Ce qui arriva en septembre 39 avant J.C.
Octave fut subjugué certes, par la beauté de Livie, mais aussi par sa finesse d'esprit et sa capacité d'analyser les méandres de la politique romaine.
Epris par ses charmes et par ses capacités intellectuelles, il forma le dessein de l'épouser.
Pour cela, abusant de son pouvoir, Octave répudia Scribonia, sa femme tout de suite après la naissance de sa fille Julie.
Il enleva Livie à son époux qu'elle ne semblait pas aimer autant qu'on le donne à croire. En tout cas, moins que les desseins de pouvoir que lui dictait son ambition, et il lui demanda de divorcer.
S'asseyant sur la loi qui obligeait le respect d'un délai entre un divorce et un nouveau mariage, Octave fit approuver de force, le principe de cette union illégale et scandaleuse par les prêtres de Rome, qui, effrayés par sa puissance et sa détermination, eurent grande peur pour leur vie.
Et pour compléter le tableau, Octave alla même jusqu'à contraindre l'époux bafoué, Tibère-Claude Néron, à être le représentant du défunt père de Livie à leur mariage.
Mieux encore, il lui intima l'ordre de le désigner lui Octave, comme le tuteur de son fils aîné et de celui à venir Drusus, qui naîtra le 11 avril de la même année.

L'union entre Livie et Octave fut officialisée le 17 janvier 38 av. J.-C.
L'histoire, la vraie, déformée par certains admirateurs inconditionnels, voudrait nous faire croire que Livie fut une pauvre victime des desseins amoureux d'Octave à son égard, et que, ce fut contrainte et forcée, qu'elle divorça de son mari pour s'unir avec lui !
Ors, le zèle que Livie mit à servir et conseiller son nouvel époux, n'avait rien d'attitudes de résignation, bien au contraire et, en tout cas, la nature de ces attitudes contredit, de façon flagrante, les affirmations angéliques d'une quelconque contrainte.

Les contraintes furent le lot de l'ex-mari de Livie Tibère-Claude Néron, qui fut :
- Contraint par Octave d'accepter le divorce d'avec son épouse.
- Obligé par Octave de représenter à son mariage avec Livie, le père de cette dernière, qui s'était suicidé en 42 avant J. C.
- Forcé par Octave de le désigner sur son testament comme tuteurs ses enfants.
Livie, fine mouche, laissa penser qu'elle n'était pas d'accord sur tout cela, mais que la raison l'avait emporté (la raison d'Etat ou celle du plus fort ?), ce qui eut, à n'en pas douter, pour effet de rendre Octave encore plus admiratif pour la Dame.
Comme le scandale grandissait et faisait gronder Rome, Octave inventa un « présage » pour calmer définitivement les contestations populaires.
Il fit alors proclamer dans tout Rome et dans toutes ses provinces, que Livie avait reçu un don divin. Un aigle, messager de Jupiter, avait laissé tomber sur sa poitrine, une poule blanche qui allait pondre, et qui tenait un brin de laurier dans sa bouche.
Ce symbole indiquait à tous que du mariage de Livie avec Octave, résulterait l'apparition de « la nouvelle race de triomphateurs ». (Flory).

Octave devint empereur de Rome en 27 avant J.C. sous le nom d'Auguste.
Livie eut une forte emprise sur l'esprit d'Auguste.
Elle partagea avec lui les honneurs et la puissance.
Rarement une femme ne porta plus loin l'habileté politique avec l'air de ne pas y toucher.
L'ambition de Livie ne se borna pas à être la femme d'un empereur : elle voulut encore, comme elle en avait toujours eu l'intention, avoir un empereur pour fils.
Pour atteindre ce but, elle fit adopter, par Auguste, qui en était déjà le tuteur, les enfants qu'elle avait eus de son premier mari ; et, pour combler l'espace qui était entre le trône et eux, elle ne fut pas étrangère, dit-on, à la disparition de tous les parents d'Auguste qui auraient pu y prétendre.
On l'accusa même d'avoir hâté la mort de son époux, dans la crainte qu'il ne désignât Agrippa pour son successeur, au préjudice de son fils Tibère.
Ce qui est vrai, c'est qu'elle cacha longtemps la mort de son auguste mari, de peur que, si la nouvelle se répandait pendant l'absence de son fils Tibère, il n'arrivât quelques soulèvements ou émeutes populaires, fatales à sa fortune et à ses espérances.
Malgré tout, un peu avant la mort d'Auguste, Livie était parvenue à obtenir de lui qu'il l'adopta personnellement pour ainsi la faire entrer dans son propre lignage sous le nom de « Julia Augusta ».
Ce fils Tibère, pour la grandeur duquel Livie s'était compromise dans manigances criminelles, la traita avec la plus grande ingratitude.
Livie mourut en l'an 29 de J.-C, à l'âge de 86 ans.
Son fils Tibère ne prit aucun soin de ses funérailles ; il cassa son testament, et défendit qu’on lui rende le moindre honneur.
Livie femme intrigante, que Caligula appelait « Ulysse en habit de femme », réunissait l'habileté et dissimulation.
Elle fut l'une des plus belles femmes de son temps, mais malgré tout, son intelligence tortueuse et sinistre l'emportait encore sur sa beauté.
Le sénat ayant décerné à Auguste, après sa mort, les honneurs divins, comme il l’avait fait pour Jules-César, lui fit bâtir un temple, un comble pour cet empereur qui ne voulut jamais qu'on éleva le moindre monument en l'honneur de sa personne.
Mais on comprend le pourquoi d'une telle désobéissance posthume, quand on sait que Livie voulut en être la prêtresse pour le servir sous le nom de Livie-Auguste.
Johan (JR.).


Note de Références :
FLORY. (Marleen B.). : « La déification de la femme romaine. » Le Bulletin histoire ancienne. 1995.
NOUGAREDE DE FAYET. (André Jean Simon.). : « Histoire de la révolution qui renversa la république romaine et qui amena l'établissement de l'empire ». Volume 2, Edition Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne. 1820.
PLINE. l'Ancien : « Histoire Naturelle » livre 15.
SCHMIDT. (Joël.). : « Femmes de pouvoir dans la Rome antique » Édition Perrin. Paris, 2012.
SUETONE : « La vie des douze Césars ». « La vie de Galba » Editions Famot. Genève 1988.


Posté le : 08/04/2018 16:40

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Origine et évolution de la Chevalerie médiévale en France.

Introduction
S'il existe un mot qui rassemble, dans notre imaginaire, les valeurs de courage, d'abnégation et de don de soi, c'est bien celui de « chevalerie ».
En France, la chevalerie eut une importance primordiale dans la structuration administrative et foncière de ce territoire (1).
Sous Charlemagne, le royaume puis l’empire, vit émerger une Chevalerie assez diversifiée dont on peut identifier deux influences assez marquées.

* - Il y avait d'un coté l'influence culturelle induite dans la langue d'Oïl qui, pour faire simple, avait cours au Nord de la Loire et à l’Est de la rivière Cher (2) et qui donna une chevalerie vaillante certes, mais aussi trop souvent brutale et rustre.
Sur ces territoires d’Oïl, la Chevalerie qui s’y installa fut de culture franque. En ces lieux, à cette époque, pour cette Chevalerie franque, ses trois amours était disait-on « Dieu, l’Eglise et l’honneur.

* - Il y avait de l'autre coté, l'influence culturelle issue de la langue d'oc dite aussi occitane, qui, pour faire toujours simple, s'étendit au Sud de la Loire et à l'Ouest de la rivière, Cher et qui donna une chevalerie tout aussi courageuse mais emprunte de nuances et de courtoisie.
Sur les territoires de langue d’Oc, la Chevalerie qui s'y installa fut de culture aquitaine (3).
En ces lieux, à cette époque, les trois amours des Chevaliers étaient, disait-on « Dieu, l'honneur et les Dames » (4).

Ensuite, sous le roi Jean II le Bon, Ces deux Chevaleries d’Oc et d’Oïl, qui s'étaient institutionnalisées dans leurs diversités culturelles, donnèrent ainsi une remarquable organisation dans laquelle, les influences franques romanes et occitanes étaient omni présentes.
Que de versions n'a-t-on pas entendues sur les origines de la Chevalerie » en générale qui apparu dans un même temps sur toute l'Europe.
* - Pour les uns, seule la chrétienté avait pu engendrer une telle institution guerrière, alors quelle n'en fut que la fédératrice.
* - Pour d'autres la chevalerie n'avait pu qu'être issue de l'organisation de la société féodale. Alors qu'elle lui fut bien antérieure.
* - Pour d'autres encore, la chevalerie fut une nécessité pour amoindrir les effets de la déchéance civilisationnelle gréco-romaine provoquée par les invasions des peuples nomades venant de Germanie. Alors qu'elle provint justement de cette civilisation et de ces peuples germaniques.
Il est généralement pensé que la « Chevalerie », avec toutes les valeurs morales et quelquefois spirituelles qui s'y rattachent, n'a pu s'épanouir et se structurer que dans l'évolution d'une société qui s'imprégnait elle-même de ces mêmes valeurs. Cette conception est fausse, et la réalité est tout autre !
Ce ne sont pas ces valeurs qui sont à l'origine de ce qui deviendra au début du XI ème siècle la « Chevalerie médiévale ». En fait, la chevalerie va se former par la convergence puis de la fusion de deux traditions distinctes.
* - L'une a ses origines dans l'antiquité gréco-romaine.
* - L'autre dans les pratiques initiatiques tribales des peuples de Germanie (ceux communément et souvent péjorativement appelés « barbares »).

Origines antiques gréco-romaine de ce que sera la Chevalerie médiévale.
Dans les écrits anciens, les auteurs grecs et surtout athéniens, parlent de l'existence d'un groupe d'hommes qui se font appeler « hippeis ». (Hippeis peut être traduit sans différenciation par « cavalier » ou » chevalier »)(5).
Ces hommes sont des guerriers dont la richesse personnelle leur permet d'acquérir puis d'entretenir un cheval de combat. Dans une armée grecque principalement formée de guerriers à pieds (les fameux « hoplites à grande lance, la « sarisse » dont huit rangées formaient une phalange), ces Hippeis formaient ainsi un corps de combattant distinct, qui était nommée « la cavalerie ».
Ce sont surtout les Macédoniens, tels que le roi Philippe II de Macédoine (6), puis son fils Alexandre le Grand (7), qui démonteront l'efficacité de ces soldats à cheval lorsqu'il s'agissait de déborder rapidement l'infanterie ennemie sur ses flancs.
Chez les Romains - dont on connaît l'extrême importance qu'ils attachent eux aussi à l'infanterie (dont unité tactique s'appelle la « manipule ») - on trouve un corps d'armée constitué de soldats qui combattent sur des chevaux. Ils sont appelés « Equites » (8). Ces hommes ont à leur charge leur équipement individuel de guerre. Cette condition exige que chacun ait une fortune personnelle.
A une époque, Rome interdit aux riches négociants et propriétaires terriens, bien que faisant pourtant partie des notables et des centuries, d'accéder au Sénat, à la magistrature et à la classe nobiliaire, les tenant ainsi écartés de l'élitiste dirigeante.
Afin de démontrer leur influence et l'importance qui en découle, ces riches négociants et propriétaires se regroupèrent et formèrent un ordre équestre qui pris lui aussi le nom de « Equités » (cavaliers chevaliers) mais qui n'avait plus rien à voir avec le rôle militaire d'origine.
Pour entrer dans cet ordre, il fallait au prétendant fournir cheval et équipement et justifier d'une fortune de 400 000 sesterces à la fin du II e siècle avant J.C.
Bien que l'action militaire n'était pas la finalité de leur ordre, ces « Équités » ou
«Chevaliers » prirent part aux guerres de conquêtes romaines ou ils occupèrent des grades élevés. Ils eurent ainsi accès aux postes de la magistrature et au Sénat. Suétone (9) qui portait la parole du Sénat, était d'abord un « Équités » ou Chevalier.
Leur influence politique devint considérable et pesa significativement sur le gouvernement de Rome. Lorsque César eut conquit la Gaule, il imposa au peuple Gaulois l'organisationnel politique économique et social romain dans lequel l'ordre des Équités avait une place importante.
Bon nombre d'Equités furent à la tête de grandes propriétés terriennes gallo-romaines. Il ne fait aussi nul doute, que l'ordre romain des Équités s'ouvrit à la riche aristocratie gauloise, accélérant ainsi le processus d'assimilation de la noblesse indigène aux idéaux de l'occupant.

Origines germaniques de ce que sera Chevalerie médiévale
Si chez les Grecs et les Romains monter à cheval pour faire la guerre était rare et réservé à une élite, il n'en était pas de même chez les peuples nomades d'origine germanique ou scandinave.
Etant de nature nomade, le nourrisson fille ou garçon, « Wisigoth », « Ostrogoth », « Vandale », « Alaman », « Alain », « Burgonde », « Lombard ou encore « Franc » et « Huns », pour ne citer qu'eux, se retrouvait sur le dos d'un cheval avant même de savoir marcher (10). Et comme la guerre était l'occupation principale de ces peuples qui se devaient, pour vivre, conquérir sans cesse de nouveaux territoires, le jeune enfant mâle cavalier se retrouvait tout aussi naturellement avec les armes à la main.
Combattre à cheval était donc la posture naturelle des guerriers de ces peuples de Germanie (11).
Sevré à l'âge de trois ans, le jeune Germain était confié aux femmes de sa famille jusqu'à l'âge de sept ans.
Passé cet âge, il était alors confié jusqu'à son quatorzième anniversaire, pour son éducation presque essentiellement guerrière, à un père adoptif. En général, ce père adoptif n'était autre que le frère aîné de sa mère, donc à son oncle maternel.
Cette période se nomme « forsterfaeder » ou « fosterage ».
Cette période initiatique guerrière, dans son appellation, porte dans son étymologie même les notions de rudesse et forçage éducatifs auxquels est soumit le futur guerrier germain.
Au terme de cette période, le jeune germain allait faire ses preuves d'autonomie et de vaillance en voyageant parmi les nombreuses ethnies germaines.
Lorsque le poil lui était poussé au menton, il revenait alors dans sa tribu pour y subir le rite de la première coupe de barbe ou de cheveux et pour y affronter en combat singulier son père adoptif afin que tous puissent voir ses qualités de guerrier (12).
Chez certains de ces peuples, et en l'occurrence chez les « Francs saliens » il était de coutume chez leurs chefs, de célébrer en plus, par une cérémonie spécifique, la remise très solennelle des armes à un jeune homme en âge de combattre(13).

Rôle fédérateur du christianisme des traditions gréco-romaines et germaniques dont est issue la chevalerie médiévale
Lorsque Saint Paul ouvrit la religion chrétienne au non Juifs, et que le concile de Jérusalem, en 49, entérina sa séparation du judaïsme, le christianisme devint une religion universelle et catholique. Il se diffusa alors rapidement dans tout l'Empire romain malgré les persécutions qui affligeaient ses adeptes et qui ne s'arrêteront qu'après la conversion de Constantin en octobre 312.
Le christianisme devint alors la religion officielle de l'Empire romain. A partir de cette reconnaissance, le christianisme n'eut de cesse de s'imposer aux pouvoirs politiques des rois et empereurs d'occident. Mais l'influence issue de son incontestable rayonnement ne restait que spirituel et morale, et n'avait que bien peu de prise sur les actions guerrières.
Alors, pour endiguer cette situation de prédominance guerrière, dès le IV e siècle, le christianisme gallo-romain enveloppa puis imprégna, de ses principes moraux :
* -D'un coté, les traditions originelles gréco-romaines de ces riches romains à cheval « Équités » qui combattaient dans les armées de Rome ;
* - De l'autre coté, le rite initiatique guerrier de ces exceptionnels guerriers et chefs germains dont la survie dépendait de leurs conquêtes.
Emprunts ainsi de la sacralisation chrétienne, ces deux usages « d'hommes à cheval » se confondirent chez les « Francs Saliens » (qui sont aussi avec les Gaulois, nos ancêtres directs) en une seule pratique cérémoniale d'investiture au titre de « Caballarius » (14).

Evolution du cérémonial d'investiture d'un « Caballarius » vers l'adoubement du « chevalier médiéval »
Ces cérémonials de reconnaissance de « combattant à cheval » se sont perpétués pendant toute la dynastie mérovingienne, puis au début de celle des Carolingiens, où le premier témoignage écrit en latin, décrit comment, à Rastibonne en Bavière, en 792, Charlemagne, lors de cette cérémonie, ceint son fils Louis le pieux, alors duc d'Aquitaine, âgé de quatorze ans, de l'épée guerrière.
Plus tard, Charles le chauve recevra en septembre 838, pour ses quinze ans, ses armes ceinturon et baudrier ainsi que l'insigne de sa fonction. Puis en 841, le jour de Pâques, ce même Charles recevra de ses émissaires d'Aquitaine, habits et couronne (15).
C'est la plus ancienne cérémonie d' « adoubement » et peut-être de sacre royal qui nous est donnée de connaître avec certitude.
A partir d'environ 850, le mot latin « Caballarius » ne désignera plus un homme de guerre à cheval, mais un noble guerrier qui fait partie de la suite d'un grand personnage.
Ce mot latin prend alors le sens de « Chevalier ».
Il fallu un siècle et demi d'interventionnisme religieux chrétien pour que l'église romaine adjoigne progressivement à la remise solennelle des armes et équipements, une cérémonie religieuse ou le serment de servir son roi sera accompagné de celui de servir et d'obéir à Dieu et à son église.
Enfin, au début du XI e siècle, prend forme la « Chevalerie médiévale » qui intègre dans ses valeurs sacramentelles les notions d'honneur, de courage, de droiture, de fidélité, de générosité, d'humilité et de sacrifice de soi.
Ainsi, le Chevalier devient le protecteur de la veuve, de l'orphelin, du miséreux et de la « pucelle ». Il défend le bien et combat le mal dans l'obéissance à son roi, et dans le respect des dogmes chrétiens.
De par ses valeurs, la « Chevalerie médiévale » est alors une institution si prestigieuse qu'elle modifiera profondément, en bien, le sens moral d'une certaine noblesse de cette époque, qui faut bien l'avouer, n'en était, jusqu’à là, que peu pourvue.
La Chevalerie médiévale « où seuls comptaient le corps et le cœur et non l'esprit » (16) fut si lumineuse à partir du XII e siècle, que même les rois voulurent être fait Chevalier.
Mais, par ce choix du corps et du cœur, délaissant l'esprit, la « chevalerie médiévale » fut aussi, pour une partie, une Chevalerie illettrée (17).

Johan (JR.).


Notes de références :

(1) Devailly. (Guy.). : Le Berry du X e au milieu du XIII e ». Edition Mouton & Co. Paris La Haye 1973. 636 pages.

(2) La rivière Cher : Elle était à cette époque, la frontière entre la Neustrie, la Burgondie et l'Aquitaine.

(3) l'Aquitaine de cette époque était de culture linguistique occitane (langue d'oc).

(4) Rigaud Vaudreuil de (Pierre Louis) : « Tableau des mœurs françaises au temps de la chevalerie » tiré du roman de sir Raoul et de la belle Ermeline. Edition A. Egron. Paris 1825.

(5) Solon : homme d'Etat athénien né à Salamine vers 640 av J.C. mort à Chypre en 58 av J. C. Il est le rédacteur d'une constitution qui crée 4 classes sociales dont celle des hippeis constituée d'homme possédant un cheval et un équipement militaire ou ayant un revenu annuel de plus de 300 boisseaux de grains.

(6) Philippe II de Macédoine : Il est né en 383 et mort en 336 av. J.-C., roi de Macédoine de 360 à 336. Il est l'un des trois fils du roi Amyntas III et d'Eurydice.
Âgé de 14 ans, on l'envoie en otage à Thèbes. Il y reste jusqu'à l'âge de 17 ans. De retour en Macédoine, il prend le pouvoir comme tuteur de son neveu à la mort de son frère Perdiccas III en 359. Il est le père d'Alexandre le Grand.

(7) Alexandre le Grand ou Alexandre III de Macédoine : Il est né le 20 ou le 21 juillet -356 à Pella, mort le 13 juin -323 à Babylone. Il est un roi de Macédoine et l'un des personnages les plus célèbres de l'Antiquité.

(8) Ces soldats à cheval apparaissent lors de la constitution des comices centuriates qui sont généralement attribués à « Servius Tullius » sixième roi de la Rome antique vers 579 av J. C.

(9) Suétone (en latin Caius Suetonius Tranquillus) : Il est un érudit romain ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle. Il est principalement connu pour ses Vie des douze Césars, qui comprend les biographies de Jules César à Domitien. Il naquit probablement à Rome vers 69 après. J.-C., d'une famille appartenant à l'ordre équestre. Son père, Suetonius Laetus, était tribun angusticlave et combattit dans l'armée d'Othon à la bataille de Bedriac, où Vitellius triompha.

(10) Tacite. (né en 55, mort en 120 après J.C.) écrit en 98 après J.C.: « La Germanie » Chapitres de 1 à 27 traitant de la vie quotidienne des peuples Germains. Chapitres de 28 à 46 énumérant les divers peuples qui composaient l'appellation généraliste de Germains.

(11) César : « Guerre des Gaules », livre VI, chapitres 21, 22.

(12) Diacre. (Paul.). (Paul Diacre né vers 720 mort entre 787 et 789) : « Histoire des Lombards » ouvrage écrit à l'abbaye Bénédictine du Mont Cassin en Italie. I, 23 et 24 et VI, 53.

(13) Cassiodore. : « Histoire des Goths ». Ecrit en 543.

(14) Césaire d'Arles : « Sermons » traitant du rapprochement de l'église et les royaumes barbares ». Ecrit en 543.
Grégoire de Tours : « Histoire des Francs ». Ecrit en 591.

(15) Nithard (né vers 800, mort entre 844 et 845) : « Histoire des fils de Louis le Pieux ». Livre second, chapitre 19 traduit par Fournier. Accessible en Français sur//remacle.org/boodwolf/historiens/nithare.html

(16) Duby. (Georges.). : « La Chevalerie ». Edition Perrin. Paris : 1993.

(17) Duby. (Georges.). : « La Chevalerie ». Edition Perrin. Paris : 1993.


Bibliographie :

Pour l'introduction :
Ouvrages contemporains :

DEVAILLY. (Guy.). : « Le Berry du X e au milieu du XIII e ». Edition Mouton & Co. Paris La Haye 1973. 636 pages.

RIGAUD VAUDREUIL. de (Pierre Louis) : « Tableau des mœurs françaises au temps de la chevalerie » tiré du roman de sir Raoul et de la belle Ermeline. Edition A. Egron. Paris 1825.

Pour le chapitre «Origines antiques gréco-romaines de ce que sera la Chevalerie médiévale»
Ouvrages anciens :

TITE LIVE. (59 av J.C.- 17). « Histoire de Rome depuis sa fondation », livre XXXV.

FLOBERT. (Annette.). : « Tite-Live, histoire romaine,& la libération de la Grèce » livres XXXI à XXXV ». Editions Garnier Flammarion. Paris 1997.

Ouvrages contemporains :

WORLEY. (Leslie.). : « Hippeis : la cavalerie de la Grèce antique ». Edition Westuiew Press. Boulder CO USA, février 1994, 241 pages.

MARTIN. (Albert.). : « Les cavaliers athéniens ». Editions E. Thorin. Paris 1887. 588 pages.

VIGNERON. (Paul.). : « Le cheval dans l'antiquité gréco-romaine des guerres médiques aux grandes invasions ». Edité par la faculté des lettres et des sciences humaines de Nancy en 1968.

GAUTIER. (Léon.). : « La Chevalerie ». Première Edition chez Sanard et Dérangeon Paris 1825. Réédition chez Arthaud Paris 1960, puis chez Pardes, Paris, 1996, 368 pages.

GAUTIER. (Léon.). : « Origine et code de la Chevalerie ». Editions des Marais, collection Sciences Humaines, Paris, janvier 1989.

UGRY. (Girard.). : « Rituels Anciens des Ordres de Chevalerie ». Edition Dervy, collection initiation. Paris, juin 1995.

CAGNAT. (René.). et GOYAU. (Georges.). : « Vous avez dit equites » in « Lexique des antiquités romaines ». Editions Thorin et fils. Paris 1895.

MEENS. (Landry.). (Thèse de doctorat en histoire ancienne) « Les officiers de la garnison de Rome sous le Haut Empire » Université Paris IV, Sorbonne, école doctorale 1, mondes anciens et médiévaux. Paris, juin 2008.

Pour le chapitre « Origines germaniques de ce que sera la Chevalerie médiévale »
Ouvrages anciens :

TACITE. (55 av JC- 120) : « La Germanie » Chapitres de 1 à 27 traitant de la vie quotidienne des peuples Germains. Chapitres de 28 à 46 énumérant les divers peuples qui composaient l'appellation
généraliste de Germains. Écrit en 98 après J.C.

CESAR. (Jules.). : « Guerre des Gaules », livre VI, chapitres 21, 22.

DIACRE. (Paul.). (720-787 ou 789) « Histoire des Lombards ». Ouvrage écrit à l'abbaye Bénédictine du Mont Cassin en Italie. I, 23 et 24 et VI, 53.

CASSIODORE. : « Histoire des Goths ». Ecrit en 543. Document original perdu. Seul reste un résumé rédigé par Jordanès sous le titre de « De Origine actibusque Getarum ». Cet ouvrage est édité sous le titre d' « Histoire des Goths » chez Les Belles Lettres, collection la Roue à Livres. Paris 1995. Textes accessibles sur le site http //remacle.org/boodwolf/historiens/jordanes/goths1htm
Ouvrages contemporains :
CREPIN. (André.). : « Beowulf » Edition diplomatique et texte critique, traduction française, commentaires et vocabulaire. Edition Kümmerle Göppingen 1991, 1051 pages.

ROUCHE. (Michel.). : « Le choc des Culture. Romanité, germanité, chrétienté durant le haut Moyen Âge ». Collection Histoire et Civilisation, Presses universitaires du Septentrion, 2003.

ROUCHE. (Michel.). : « Les rites d'initiation germaniques ». Article du 25 septembre 2007.

Pour le chapitre « Processus de fusion des traditions gréco-romaines et germaniques dont est issue la Chevalerie médiévale.
Ouvrages anciens :

CESAR. (Jules.). : « Qui equitatui proeerat – profecrus equitum » Commentarii rerum gestarum de bello gallico. Livre I, chapitre 52. Livre VIII chapitre 48. B. civ III, chapitre 60.

CESAR. (Jules.). : « Commentarii rerum gestarum de bello gallico ». Livre I, chapitre 48.
Livre VII, chapitre 65. Livre VIII, chapitre 13. B. civ III chapitres 75 – 84.

TITE LIVE. : « Insitum ut veltes in légionibus essent Autorem peditum equiti immiscendorum centionem Q. Navium ferunt » Livre 26, chapitre 4.

Ouvrages contemporains :

LEROUX. (Patrick.). : « L'armée romaine et l'organisation des provinces iberiques d'Augste à l'invasion de 409 ». Editions Broccard. Paris 1982. 493 pages.

FLEURET. (Laurent.). (Mémoire de maîtrise en histoire ancienne). : « Les Armées de Combat dans les annales de Tacite : Etude de tactique ». Université de Nantes, juin 1997.

Pour le chapitre « Le christianisme fédérateur des traditions gréco-romaines et germaniques dont est issue la Chevalerie médiévale »
Ouvrages anciens :

CESAR D'ARLES. : « Sermons » traites du rapprochement entre l'Eglise et les royaumes barbares. Ecrit en 543.

Ouvrages contemporains :

LEMARIGNIER. (J. M.). : « France médiévale, institution et société ». Editions Armand Colin, collection U. Paris 1970. 415 pages.

DUBY. (Georges.). : « L'an Mille ». Editions Gallimard et Julliard, folio Histoire. Paris 1985. (Recueil de chroniques classées et commentées. 235 pages.

RICHET. (Pierre.). : « Les grandeurs de l'an mille ». Editions Bartillat. Paris 1999, 367 pages.

FLORI. (Jean.). : « Une élite guerrière » in journal « Le Point » article de janvier 2007, ref

TDC.908.Chapitre IV « Eglise et Chevalerie ».
FLORI. (Jean.). : « L'essor de la chevalerie 11e et12e siècle ». Editions Droz. Genéve 1986. 404 pages.



Posté le : 05/04/2018 18:00
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D’où viennent nos ancêtres « Les Gaulois »
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D’où viennent nos ancêtres « Les Gaulois »


Certes avant eux, durant le paléolithique puis durant le néolithique puis encore durant le chalcolithique, le territoire que représente la France actuelle était peuplé de femmes et d’homme issu des migrations humaines primaires.
Très succinctement, il faut entendre ici par migrations humaines primaires :

Au Paléolithique inférieur (780 000 à 180 000) :
- Celle des Homo erectus et des pré-néandertaliens (Tautavel (dpt 66) – Lachaise (dpt16) – Lazaret (dpt 06)) ;
Ces Homo erectus et pré-néandertaliens, emploient la technique dite de Levallois. Ils
débitent et ils taillent les galets en bis-face. Ils utilisent le feu sans savoir le produire.
Ils nomadisent sur un large territoire.

Au paléolithique moyen et supérieur (180 000 à 7 500) :
- Celle des Homo sapiens Néandertaliens (Laferassie (dpt 24) – Moula (dpt 07) –Genay (dpt 21) – Vergisson (dpt 71) – La Quina (dpt16) – Marillac (dpt16) – Saint Césaire (dpt17) ;
Ces Néandertaliens mettent au point la technique de taille dite moustérienne, ce qui leurs permet de disposer d’une panoplie d’environ 60 outils. Ils produisent le feu. Ils enterrent leurs morts. Ils chassent en choisissant leurs proies.
Ils deviennent semi-nomades

Au paléolithique supérieur ainsi qu’au néolithique puis au chalcolithique (7 500 à 4 400) :
- Celle des l’homo sapiens sapiens ( Cro Magon (dpt 24) – Laugerie (dpt 24) – Chancelade (dpt 24) - Saint Germain la rivière (dpt 33) – Montgaudier (dpt 16) – abri Pataud (dpt 24) - La Madeleine (dpt 24).
Ces Homo sapiens sapiens, qui cohabitent un temps avec les Homo néandertaliens, mettent au point la technique de taille dite Châtelperronienne puis celle dite aurignacienne.
Puis se succéderont les cultures : Gravettienne, Solutréenne, Magdalénienne et Azilienne. Ils polissent leurs haches et leurs outils. Ils façonnent l’ivoire, l’os, les bois de renne. Ils emploient des techniques de chasse et de pêche. Ils dessinent et peignent et sculptent (art pariétal). Ils inventent le propulseur, l’aiguille à Chas, le harpon à barbelures. Ils élèvent des monuments mégalithiques funéraires, telles les allées couvertes, mais aussi les dolmens. Ils confectionnent des vêtements de peau, des bijoux et des parures de perles de pierres ou d’ivoire. Ils mettent au point des techniques de céramiques rubanées et de Cernée. Ils inventent l’arc, l’agriculture, l’élevage et le tissage. Ils se sédentarisent. Ils construisent des maisons de bois et des villages.

Cette population préhistorique indigène, qu’on peut considérer comme la souche humaine du peuplement de notre pays va se sédentariser sur des territoires définis.
Cette souche humaine est la résultante de l’agglomération autour d’elle, de 5 migrations. Elles eurent lieu, pour les trois premières venant d’Europe centrale et d’Europe du Nord, entre moins 35 000 ans et moins 8 000 ans ; et pour les deux dernières venant des Balkans et de la vallée du Danube entre moins 7 500 ans et moins 6 700.

Les Celtes « Galls »
A environ, moins 4 300 ans, soit dès 2300 avant J.C., ce fut donc une population d’environ 5 millions d’individus [1] qui vit peu à peu arriver et s’installer sur, leur territoire, de nouveaux hommes de culture indo-européenne d’ethnie « celtique » venant d’Asie occidentale qui se nommaient eux-mêmes « Galls ».
Ces hommes sont de culture dite « des champs d’urnes ». Ce nom provient du fait qu’ils n’enterrent plus les corps de leurs morts mais les incinèrent et en déposent les cendres dans des urnes qu’ils enterrent dans un champ, ou qu’ils déposent dans des cavités naturelles ou artificielles. Ils apportent avec eux les inventions de la roue et de l’attelage, ainsi que des techniques rudimentaires de métallurgie qui leur permettent d’utiliser le cuivre dans la confection de bon nombre de ses objets usuels (bijoux aiguilles, poinçons etc.) et surtout dans celle de ses armes. (Lame de couteau, pointes de flèches et de lances, etc.). Nous sommes là à l’Âge du Bronze ancien, moyen et final.
Les Galls, s’intégrant la population souche, vont fonder plusieurs nations sur plusieurs territoires. Ils rassemblent ces territoires en un royaume « la Galatie » [2].

Les Celtes « Kimris »
Vers moins 2700 ans, soit 700 ans avant J.C. un autre peuple celte, les « Kimris », envahit le royaume des Galls, la Galatie. Il faudra plus d’un siècle pour que les Galls intègrent ces nouveaux arrivants. Cette migration des Kimris apportant la spiritualité druidique, va, peu à peu, changer l’appellation « Galatie » pour la remplacer par celle de « Gaule » qui sera appelé « Galatie » par les Grecs et « Gallia » ou « Galli » par les Romains.
Ainsi, ses habitants devenus des « Gallo Kimris » [3] [4] vont être nommés « Gaulois ».
Les voilà donc nos ancêtres les Gaulois issus des migrations celtes.
Mais ce n’est pas fini !
A l’Âge du fer entre moins 2 500 ans et moins 2 350 ans soit entre 500 avant J.C. et 350 avant J.C., entre l’Hallstatt final et la Tène ancienne, une seconde invasion a lieu en deux vagues successives espacées de deux ans. Celles des Kimris Belges. Ces derniers arrivés apportent aux Gaulois (Celtes Galls, Gallo-Kimris et Kimris Belges) les techniques métallurgiques très importantes, celles découlant du travail du fer.
Au terme des troubles causés par ces derniers envahisseurs celtes, la Gaule de cette époque comprend pas moins de 62 nations Gauloises qui se répartissaient comme suit :
Le peuple des « Galls » en compte 22.
Celui des « Gallo-Kimris » en compte 17.
Et celui des « Kimris Belges » en compte 23. [5]
Strabon (-60 avant J.C., + 20 après J.C. dans sa géographie nous dit que l’ensemble des territoires que ces Nations celtes occupent, forme « la « Celtique ».

La « Terre du milieu »
Chez les Celtes Galls, Gallo-Kimris et Kimris Belges, dont seront issues toutes les Nations gauloises, « le territoire central » de leurs terres qui composaient la « Celtique [6] » avait une signification mystique et sacrée.
C'était en ce lieu qu’était installée la Nation élue. Elle prédominait sur toutes les autres et son Chef, était aussi le Chef suprême de toutes les Nations gauloises.
Il n'est donc pas invraisemblable, comme ce fut le cas en Irlande, que le territoire qui allait devenir ce que nous appelons aujourd’hui en France, « le Berry », puisse avoir pour eux la dénomination druidique de « la terre du milieu ».

Les Gaulois Bituriges.
Cette terre du milieu était habitée par une des 22 nations des Galls, les « Bituriges ». C’était une Nation gauloise très ancienne fondée dès l’invasion des Galls au Bronze ancien, vers 2000 avant J.C..
Il nous semble que cette puissance des Galls, qui permit cette longue intégration des migrants Kimris, ne pouvait provenir que de l'existence d'une nation déjà très structurée économiquement et politiquement, et dont la prépondérance était reconnue par les envahisseurs.
C'est pourquoi qu'il peut fortement être envisagé que déjà, la nation des Bituriges existait en tant que telle, et que déjà son rayonnement était si prédominant, qu'elle avait confédéré les autres nations des Galls.
On peut situer les prémices de cette fondation Biturige entre le 10ème et le 9ème siècle avant J.C. Elle eut l'apothéose de son rayonnement et de son influence sur les autres Nations gauloises entre le 9ème et le 8ème siècle avant J.C.
Ainsi, à l'Âge de bronze, les Gaulois Bituriges, qui vivaient sur la terre du milieu qui deviendra plus tard la province du Berry, maîtrisaient la métallurgie des alliages entre de cuivre et l'étain[7], et étaient producteurs d’artisanats de bronze, d'étamage et de damasquinerie, globalement nommés Incoctilia.
Lors de la période de l'Âge du fer, dans la première moitié du 4ème siècle avant J.C. [8], la Nation des Bituriges acquière une grande renommée dans les travaux de fonte du minerai de fer et de forgeage d’objets et d’armes.

Les rois ou Chefs suprêmes gaulois
* L'influence prépondérante de la Nation des Bituriges semble être à son apogée vers 600 avant J.C., lors du règne d' « Ambigatos » (nom qui signifie celui qui combat des deux côtés).
Là encore la réalité de l'existence de ce personnage est remise en cause par certains « spécialistes » sous le prétexte qu'aucune preuve archéologique n'accrédite son historicité. Mais nous savons maintenant quoi penser de ce type d'argument qui émerge presque toujours lorsque l’Archéologie, au lieu d’en témoigner se met à vouloir écrire l’histoire.
Tite Live nous parle de ce roi fondateur d’une grande cité appelée « Avaricon ». Il nous dit aussi que ses deux neveux « Bellovesos » (nom qui signifie celui qui est digne de puissance) et « Ségovèse » (nom qui signifie celui qui est digne de Victoire) [10].
Le premier, à la tête de 15 000 Gaulois aurait fondé une colonie Biturige en Lombardie au nord de l'Italie, et fondé la cité de Milan (Médiolanum).
L'autre, lui aussi à la tête de 15 000 hommes, serait parti fonder une autre colonie Biturige vers le nord-est sur les rives du Danube après avoir traversé les grandes forêts hercyniennes.
* Au 4ème siècle avant J.C., un roi gaulois apparaît. On le dit issu de la nation des Senons voisine de celle des Bituriges (nord-est), mais on le dit aussi Biturige. Il s'appelait « Brennos » (ce nom signifie corbeau) latinisé en Brennus. Vainqueur des Romains sur la rive gauche de Tibre au confluent avec la rivière Allia, il saccagea Rome en 390 avant J.C. et il se fit remettre rançon. Comme beaucoup de chefs Gaulois ont porté ce nom, la confusion est grande et il est souvent très difficile de replacer ces chefs à leurs époques. Pourtant lorsque nous lisons Tite Live, nous apprenons que ce Brennos commandait peut-être des guerriers Senons, mais au même titre qu'il commandait aussi les guerriers Arvernes et Bituriges [11].
Tite Live ne dit pas dit qu'il appartenait à la nation des Senons, il dit qu'il était le roi des Gaulois.
* Puis nous trouvons « Bolgios » [12] latinisé en Belgius, dit duc des Bituriges.
Ce personnage fut au côté d'un « Brennos » roi des Arvernes lors de son expédition en Macédoine vers 279 avant J.C. Vainqueur des troupes de Ptolémée Kéraunos. Il fait prisonnier ce dernier, et le met à mort en lui tranchant la tête [13]. Il semble qu'il soit retourné en Gaule après cette victoire.
La période où vécut ce chef des Bituriges, qui n'est alors plus roi, semble être celle de la fin de l'influence prépondérante du peuple des Bituriges sur les autres nations gauloises.
Cette influence prépondérante fut prise progressivement par la nation des Arvernes.
* Au milieu du 2ème siècle avant J.C. les Bituriges et les Arvernes semblent avoir le même roi en la personne de Louernios nom qui signifie le renard, latinisé en Luern. Ce roi gaulois est connu pour sa prodigalité.
Posidonios d'Apamée [14] nous dit de lui : « Luern, pour gagner la faveur de la multitude, se faisait transporter sur un char à travers les campagnes, et jetait de l'or et de l'argent aux myriades de Celtes qui le suivaient. Il faisait enclore un espace de douze stades carrés, sur lequel il faisait remplir des cuves avec des boissons d'un grand prix, et préparer de telles quantités de victuailles que, plusieurs jours durant, il était permis à ceux qui voulaient entrer dans l'enceinte de goûter aux mets qu'on avait préparés et qui étaient à disposition sans interruption. »
* A la fin du 2ème siècle avant J.C. les Bituriges semblent avoir comme roi « Bituitos », nom qui signifie celui qui est le monde, latinise en Bituitus. Ce roi, fils de Louernios, est aussi le roi des Arvernes. Il allait, dit-on, au combat sur un char d'argent, revêtu d'une armure étincelante et jetant avec profusion des monnaies d'argent sur ses pas [15].
Il fut vaincu par les Romains à la bataille du confluent qui, selon Strabon, se trouve « au point de jonction de l'Isar, du Rhône et du mont Cemmène », ce que nous pouvons traduire par : « au confluent Rhône-Isère, au premier contrefort des Cévennes ».
Les négociations pour sa libération n'aboutissant pas, il fut retenu prisonnier avec son fils Congentiatos par les Romains dans la ville d'Albe [16].
Il nous semble qu'avec ce roi prit fin la prépondérance de l'influence du peuple des Arvernes sur les autres Nations gauloises.
Nous constatons également que presque toutes les Nations gauloises ont renoncé au gouvernement d'un roi pour lui préférer celui d'une magistrature élective de noblesse à la romaine.
* Au 1er siècle avant J.C., les Bituriges semblent nouer des alliances avec les autres nations gauloises en fonction de leurs intérêts.
César [17] nous dit, qu'en Gaule, il n'y a plus vraiment de grand chef, mais qu'en Arverne, un homme lui semble avoir « le principalat » sur ce pays.
Cet homme s'appelait « Celtill » latinisé en Celtillos.
Les prétentions de pouvoir que ce puissant noble faisait valoir auprès de son propre peuple, les Arvernes, et auprès d'autres aussi, conduisirent les chefs arvernes dont son propre beau-frère « Gobannitio », à lui barrer le chemin en l'accusant de vouloir rétablir la royauté. Il fut condamné à mort et exécuté.
Cet homme n'était autre que le père de Vercingétorix.
Lorsque ces événements se produisirent, les Bituriges étaient peut-être encore, en alliance avec les Arvernes, mais c'est très peu probable, leur alliance s'était plutôt portée sur les Eduens.
Lorsque César entame sa campagne de conquête de la Gaule en 59 avant J.C., les Bituriges ne sont plus, depuis longtemps, en position d'influence prépondérante vis-à-vis des autres Nations gauloises.
Ils sont, nous dit César, les clients des Eduens [18], après avoir été, avant, les clients des Arvernes entre le 3ème et le 2ème siècle avant J.C.[19].
Toutefois, il apparaît que malgré ce changement de fortune, les Bituriges avaient gardé de leur prestigieux passé, une auréole dont la lumière était encore perçue de toutes l'Antiquité, y compris des Romains.
A partir de leur riche et de leur prospère capitale « Avaricon », qui éblouira César par sa beauté au point qu'il la nommera Urbs [20], le pays biturige était parsemé d'oppida et de gros villages reliés entre-eux par des chemins, dont certains deviendront plus tard des voies romaines.
César nous dit que ces cités étaient plus de vingt, puisque ce fut ce nombre d'agglomérations bituriges que Vercingétorix ordonna de brûler pour appliquer sa tactique de terre brulée sur le chemin des légions romaines [21].

Johan (JR.).

NOTES de REFERENCES :

[1] NOUGIER. (Louis-René.). : « Essai sur le peuplement préhistorique de la France ». In: Population, 9e année, n°2, 1954 pp. 241-274.

[2] Diode de Sicile : (v.90av.J.C. – 21 av. J.C.) Historien Grec. Les livres I à V consacrés aux origines de monde, à l'histoire de l'Egypte et de la Chaldée, les livres XI à XX consacrés aux événements de 480 av. J.C. à 302 av. J.C.

[3] [4] Simon Pelloutier : « Histoire des Celtes, et particulièrement des Gaulois et des Germains depuis les tems fabuleux, jusqu'à la prise de Rome par les Gaulois ». [Livres I-II] Publié par I. Beauregard, 1740. 120 pages. p.22.
Amédé e Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835. 415 pages,.p.10

[5] Abel Hugo : « France historique et monumentale: Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours ... » Editions H.L. Delloye, 1836 page 12.

[6] Celtique : territoire tel que l'entend Strabon dans sa géographie.

[7]Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835. 415 pages,.p.48

[8] Amédée Thierry : « Pour fixer, même d'une manière approximative et vague, l'époque de l'arrivée des Belges en deçà du Rhin, nous n'avons absolument aucune autre donnée que l'époque de leur établissement dans la partie de la Gaule que nous appelons aujourd'hui le Languedoc ; établissement qui paraît avoir été postérieur de très peu de temps à l'arrivée de la horde. Or, tous les récits mythologiques ou historiques, et tous les périples, y compris celui de Scyllax écrit vers l'an 350 avant J.-C., ne font mention que de Ligures et d'Ibéro-Ligures sur la côte du bas Languedoc où s'établirent plus tard les Volkes ou Belges. Ce n'est que vers l'année 281 que ce peuple est nommé pour la première fois ; en 218, lors du passage d'Annibal, il en est de nouveau question. C'est donc entre 350 et 281 qu'il faut fixer l'établissement des Belges dans le Languedoc ; ce qui placerait leur arrivée en deçà du Rhin dans la première moitié du quatrième siècle. Il est remarquable que cette époque coïncide avec celle d'une longue paix entre les Cisalpins et Rome, et de tentatives d'émigration de la Gaule transalpine en Italie. »

[10] TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.

[11] TITE LIVE : « Histoire Romaine » Livre V chapitres de 38 à 49.

[12] KRUTA. (Venceslas.). Les Celtes, histoire et dictionnaire, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000,

[13] JUSTIN : Histoires philippiques, XXIV, 5.

[14] POSIDONIOS d'Apamée : Histoire XXIII - (Athénée, Deipnosophistes IV 37, 1-19).
STRABON / (Géographie, livre IV, II, 3)

[15] STRABON : Géographie, livre IV, II, 3.
APPIEN : Histoire Romaine, IV, 12.
FLORUS : Histoire Romaine, III, 3.

[16] TITE LIVE :, Periochae, 61

[17] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre IV.

[18] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre V.

[19] POSIDONIOS d'Apamée: Ses vastes enquêtes ethnologiques et géographiques lui ont ainsi permis de décrire les mœurs et la structure sociale des Gaulois. [ Dossier pour la science no 61, oct. 2008.

[20] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre V.

[21] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XV.

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BIBLIOGRAPHIE :

Auteurs antiques :

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NICEPHORE Blemmydas : « Géographie synoptique ».

SOLIN Caius Julius : «Les Merveilles du monde ».

STRABON : « Géographie Universelle ».

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GOUDINEAU. (Christian.). : Annuaire des cours à la chaire d'antiquité nationale du collège de France 2005-2006.

HIERNARD. (Jean.). : Bituriges du Bordelais et Bituriges du Berry : l'apport de la numismatique, Revue Archéologique de Bordeaux, 1997, pp. 61-65.

HUCHER. (Eugène.). : « L'Art gaulois ou les Gaulois d'après leurs médailles » 2 e partie, Paris-Le Mans, 1873, p. 73, fig. 107;

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KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ».Edition Lafond. Paris 2000.

MALLARD, Note sur un filon d'étain oxydé situé près du village de Montebras, commune de Soumans (Creuse). Môm. Soc.des se, nat. et arch. de la Creuse, t. tu, p. 161, i89.

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NASH. (Daphné.). : Territory and state formation in central Gaul, in Social Organisation and, Settlemeni, Oxford 1978. Editions D. GREEN, C. HASELGROVE and M. SPRIGGS, B.A.R., Intern. Séries, suppl. 47, p. 455-475.

NOUGIER. (Louis-René.). : « Essai sur le peuplement préhistorique de la France ». In: Population, 9e année, n°2, 1954 pp. 241-274.

THERRY. (Amédée. Simon. Dominique.). : « Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'entière soumission de la Gaule à la domination romaine ». Editions Grégoire, Wouters et Cie, 1842. Page 54.


Posté le : 04/04/2018 17:03
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" Les femmes dans la vie du Roi Louis le 11ème du nom "
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" Les femmes dans la vie du Roi Louis le 11ème du nom (1423 – 1483)."

Louis XI de France dit le prudent, mais aussi le Berrichon, naît à Bourges le 3 juillet 1423.
Il est le fils de Charles VII de France dit le victorieux (1), mais aussi appelé le petit roi de Bourges et de Marie d’Anjou (2) fille de Yolande d’Aragon (3).

On lui donne pour marraine Catherine de l’Isle – Bouchard (4) et pour parrains le duc Jean II d’Alençon son oncle, ainsi que l’évêque de Clermont Martin Gouge de Champagne (5).

Jusqu’à l’âge de 2 ans Louis fut élevé par des gens simples du bon peuple de Bourges, à savoir qu’il téta le sein de Jeanne Pourponne nourrice berruyère et qu’il eut comme gouverneur le vicomte de Bourges Jacques Trousseau (6).
Peu enclin à assurer son éducation, car trop occupés par les frivolités et les festivités de la cour, ses parents l’envoient, pour des raisons de sécurité dirent-ils, vivre au château de Loches.
Ce sera donc sa marraine Catherine de l’Isle - Bouchard et son précepteur Jean Marjoris qui vont élever le petit Louis.
Mais contrairement à son père, qui la laissa dans le dénuement, Louis n’oubliera pas sa nounou Jeanne et il palliera à l’indifférence et au manque reconnaissance paternelle (Charles VII) en se chargeant lui-même, des besoins matériels et d’argent de cette bonne femme (7)

Si son physique fut, dit-on, assez disharmonieux, son intelligence elle, fut d’une rare vivacité. Avec Jean Marjoris il apprendra à compter, à lire et à écrire le Latin et le Français, ainsi qu’à parler couramment l’Italien langue de la diplomatie de l’époque.
Louis aura pour maître d’armes Guillaume d’Avaugour qui fera de lui un chevalier très accompli (Ce presque toujours comme cavalier, que Louis sillonna les chemins de France).
Ce ne fut qu’à l’âge de 12 ans (1435) qu’il rejoindra sa mère et sa petite fiancée à Amboise.

Sa première épouse
A l’âge de 5 ans (1428), Louis fut fiancé à Marguerite, fille de Jacques I Stuart roi d’Ecosse, qui elle n’avait que trois ans.
Cette promesse d’épousailles faisait partie du renouvellement du traité d’alliance « Auld Allience » entre France et Ecosse qui avait cours depuis 1295. (Mais c’est une autre histoire).
Leur mariage eut lieu à Tours le 24 juin 1436. Marguerite était alors âgée de 11 ans et Louis en avait 13.
Entre ces deux personnages, l’affectif ne fut que de circonstance. Si Louis avait quelque respect pour son épouse, il n’empêchait point que cette considération qu’il portait à la Dame, n’avait d’égale que la froideur de ses sentiments. Ceci était certainement dû au fait que Marguerite lui fut imposée par son père qu’il commençait à fortement détester.
Du côté de Marguerite, qu’on nous décrit comme très jolie, on ne sait pas si cette relation fut vécue pareillement. On constate seulement chez elle une grande attirance vers les arts, ce que certains chroniqueurs voient comme une compensation au désamour conjugal.
Une anecdote nous raconte qu’en jour Marguerite voyant, en son palais, le poète Alain Chartier endormi dans grande salle, vint déposer un baiser sur sa bouche qui dit-elle « disait de si jolies choses ».
Nous savons aussi par « James du Tillay » (8) gentilhomme de la cour, qu’il émanait de Marguerite une odeur corporelle insupportable à ses proches. Ce témoignage doit être pris avec prudence lorsqu’on sait que ce sieur avait colporté la rumeur des adultères de Marguerite avec les poètes qui l’entouraient.
On a dit que Marguerite était stérile car elle n’eut pas enfant ! Mais force de constater que la vie séparée des deux époux n’était pas propice à la fécondité. Puis il semble bien que Marguerite ne voulût pas d’enfant. On lui prête l’invention de la recette contraceptive qui consistait à se serrer le corps dans un corset et d’adopter un régime à base de pommes vertes et de vinaigre.
Marguerite eut à subir bon nombre d’humiliation de la part de la cour royale voire du roi lui-même. Elle mourut à 20 ans de la tuberculose (1445) à Chalon sur Marne en maudissant sa vie par ces paroles « fi la vie ! Qu’on ne m’en parle plus ! ». Elle fut inhumée en l’église du lieu de son trépas. Puis, 35 ans plus tard on transféra sa dépouille à l’Abbaye de Thouars en Poitou où son tombeau fut détruit par les Huguenots. Marguerite d’Ecosse ne sera jamais reine de France puisque Louis ne régna sur le royaume de France qu’a l’âge de 38 ans (1461).

Sa première maitresse
Durant ce mariage, vers 1442, Louis eut une maitresse. Elle s’appelait Phélise Regnard (1424-1474) (on la retrouve aussi nommée Phélise Renard) Dame de Beaumont et de La Mure. Elle était la fille d’Aymar Reynard seigneur de Saint Didier.
De cette liaison naquirent deux filles que Louis légitima
Guyette de Valois, dont on ne connaît que peu de choses, sauf qu’elle devint l’épouse de Charles de Sillon.
Jeanne de Valois,(1447-1519, qui épousera Louis bâtard de Bourbon, comte du Roussillon et Amirale de France.
Louis maria sa maitresse Phélise le 2 novembre 1447, après la naissance de sa fille Jeanne à l’un de ses écuyers le sir Jean Pic dont elle fut veuve en 1452.

Sa deuxième épouse
Louis, alors toujours Dauphin mais aussi rebelle à l’autorité royale, se remaria secrètement et à l’insu du roi son père Charles VII, le 9 mars 1451 avec Charlotte de Savoie alors âgée seulement de 6ans.
Le courroux de son père, quand il l’apprit cette union, alla bien au-delà de ce que Louis espérait.
Sa nature était ainsi faite, par ce mariage dérangeant, Louis faisait, entre autres, payer à son père l’obligation que ce dernier lui avait faite de reconnaître Agnès Sorel dans son rang de maitresse officielle du roi. Une autre raison plus mercantile a amené Louis à épouser Charlotte. La jeunette était dotée de 200 000 écus.
Bien que ce mariage fût entaché de manquement au droit en vigueur de cette époque, il fut valider puis reconnu sous condition que de cette union ne naissent pas d’enfants avant que l’épouse ait atteint l’âge de 14 ans.
Et comme le roi son père, dont la colère ne s’apaisait pas, avait ordonné son arrestation, Louis et sa très jeune épouse allèrent se réfugier chez Philippe II duc de Bourgogne qui leur octroya le château de Genappe.
Louis et Charlotte eurent leur premier enfant le 18 octobre 1458. Ce fut un garçon prénommé Louis la Maman était âgée alors que de 13 ans moins un mois.
Ils eurent ensemble Huit enfants 5 garçons dont un seul Charles atteindra l’âge adulte et 3 filles dont deux Anne et Jeanne deviendront adultes.
Charlotte prit de l’embonpoint ce qui n’arrangea pas un physique déjà ingrat. Elle aima Louis qui ne le lui rendait pas. Il respectait en elle la mère des enfants qu’il venait régulièrement lui faire, pour assurer sa descendance, pour le reste… !
Charlotte, usée par ses grossesses successives s’éteindra à Amboise à l’âge de 38 ans.

Sa deuxième maitresse
Avant ce mariage, en 1446 Louis eut une liaison amoureuse qui dura deux années avec Marguerite de Sassenage, elle aussi Dame de Beaumont. Marguerite était la fille d’Henri Leroux baron de Sassenage et d’Antoinette de Saluces.
De cette liaison naissent trois filles légitimées :
Guyette de Valois, dont on sait qu’elle mourut après le 11 mars 1502.
Marie de Valois née en 1450, qui épousera, en 1467, Aymar de Poitiers sir de Saint Vallier. Elle mourut vers 1470. Elle sera l’aïeule de Diane de Poitiers.
Isabeau de Valois qui épousera Louis de Saint-Priest.

Sa troisième maitresse
Vers 1476, Louis rencontre Huguette de Jaquelin originaire de Dijon, dont il semblerait qu’il ait eu un fils qui mourut vers 1478.

On connaît à Louis, trois autres aventures extraconjugales.
* Avec Madame de Gigon veuve d’un marchand lyonnais tué par ses soldats lors de sa campagne de Picardie. La Dame était venue se plaindre à lui et lui réclamer justice. Louis après l’avoir séduite lui fit épouser de sieur Geoffroy de Cavlers.
* Avec Madame Passefilon qui était l’épouse du joaillier chez qui Louis se fournissait en cadeaux pour la belle Madame Gigon. Louis en compensation de cet adultère, donna au mari de la Dame une charge de parlementaire.
* Avec Madame Le Bon, épouse de Jean Le Bon, originaire de Mantes. La Dame complota avec Charles de Téméraire et essaya d’empoisonner Louis qui lui fit crever les yeux.

Conclusion
Ce roi fut l’un des plus craints et obéis des rois de France.
On le décrit comme cruel et sournois affublé d’un raisonnement tortueux et rusé.
Son comportement avec les femmes exclut tout enrobage sentimental. Il les considère comme des figurines qu’il déplace à son gré sur son échiquier politique en fonction des buts qu’il veut atteindre. Mais ne jugeons pas hâtivement, avec notre regard d’homme d’aujourd’hui, ce qui est, à n’en pas douter, un trouble du comportement et de la personnalité de ce roi-là.
Souvenons-nous de l’époque et du marasme sociétal dans lequel grandit Louis XI, sans autre affection que celles qu’il reçut des petites gens du Berry.
Avec eux il avait appris à se méfiait des Grands et il s’en garantissait, même si, trop de fois, cela fut de manière cruelle.
D’ailleurs, lorsque sa fille Jeanne dût être protégée des regards et agissements affables de la grande noblesse, ce fut dans le Berry qu’il l’envoya.
Mais c’est une autre histoire.

Johan (JR.).



Notes de références

(1) Charles VII de France, dit Charles le Victorieux ou encore Charles le Bien Servi, né à Paris le 22 février 1403 et mort à Mehun-sur-Yèvre (dans l'actuel département du Cher) le 22 juillet 1461, fut roi de France de 1422 à 1461.

(2) Marie d'Anjou (1404-1463) : Elle est la fille de Louis II d'Anjou, duc d'Anjou et roi titulaire de Naples, et de Yolande d'Aragon. Marie est née le 14 octobre 1404 à Angers. Elle est couronnée reine de France en 1422 avec son époux, Charles VII. Elle s'éteint en 1463 à l'abbaye cistercienne Notre-Dame des Châtelliers (diocèse de Poitiers), après deux ans de veuvage.

(3) Yolande d'Aragon (11 août 1381, Saragosse - 14 novembre 1442, près de Saumur), également connue comme Jolantha de Aragon ou Violant d'Aragó, était la fille de Jean Ier d'Aragon et de Yolande de Bar.

(4) Catherine de l’Isle Bouchard : Elle est la fille de Jean de l’Isle-Bouchard, baron 1 et Jeanne de Bueil .Elle naît en 1390. Elle épouse en première noce Pierre de Giac. Elle épouse en secondes noces Georges de la Trémoille, comte de Guines, Boulogne et Auvergne, fils de Guy VI de La Trémouile et Dame Marie de Sully, Craon, Noirmoutier et Mareuil, le 2 juillet 1425 à Sully-sur-Loire. Elle décède le premier juillet 1474 à l'Île-Bouchard.

(5) Martin Gouge Il est évêque de Clermont de 1415 à 1444. Il est frère du Trésorier du Duc de Berry. Il est enfin et Chancelier du dauphin, le futur Charles VII.

(6) Jacques Trousseau fut vicomte de Bourges et seigneur de Saint Palais et de Marville. Il fut le fils d’Arnauld Trousseau qui fut aussi vicomte de Bourges.

(7) Louis versera le 27 novembre 1447 à Madame Pourponne une somme de 15 livres et veilla à ce qu’elle ne manqua de rien.

(8) James du Tillay : il fut bailli du Vermandois. Il fut l’époux de Jeanne d’Anneville Dame d’Asnières.


Bibliographie

DUBERN. (Jules.). : « Histoire des reines et régentes de France et des favorites des rois ». Editions. A Pougin. Paris. 1837.

BERTIERE. (Simone.). : « Les reines de France » Editions Magellan. Paris 2002.

HEERS. (Jacques.). « Louis XI » Edition Perrin Collection « Tempus » Paris 2003.



Posté le : 27/03/2018 18:10
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A bord de ce cahier volant
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Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
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