| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 847 848 849 (850) 851 852 853 ... 956 »


Sibelius
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
Concerto pour violon de Sibelius - Maxim Vengerov, Daniel Barenboim,

http://youtu.be/YsbrRAgv1b4

Posté le : 13/01/2013 20:53
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Bonne Année
Plume d'Or
Inscrit:
18/01/2012 14:41
Messages: 297
Niveau : 16; EXP : 11
HP : 0 / 377
MP : 99 / 13755
Hors Ligne
Heu... Merci et Bonne Année bien sur ! Excuse moi j'étais un peu distrait.

Posté le : 13/01/2013 19:20
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Victor Baltard
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
Le 13 Janvier 1874 meurt Victor Baltard, architecte de la ville de Paris. .
Le nom de Baltard évoque aujourd'hui encore le centre de Paris et restera pour toujours attaché à la construction des halles de la capitale;
Il est et restera le concepteur et le réalisateur de ce grand chantier que fut la construction "du ventre de la capitale", ce lieu populaire si cher à tous les parisiens, même si ce lieu symbolique de la capitale a aujourd'hui disparu.
Les pavillons Baltard, Ces vastes édifices innovants faits de verre et de métal, si souvent imités, furent à l'origine de l'immense renommée de l'architecte mais lui valut aussi l'incompréhension de certains historiens qui lui refusèrent la paternité de ce projet. Le Nom de Baltard restera pour toujours attaché à la rénovation de Paris sous le nouvel empire. Victor Baltard marquera de sa trace la ville nouvelle qui naît alors, il sera acteur de cette renaissance au même titre que le furent Haussman, Rambuteau, Eiffel, E.Belgrand, Alphand




Le Paris de cette époque

Les transformations du second Empire sont ébauchées dès le règne de Louis-Philippe (1830-
1848). Paris au XIXe siècle se transforme complètement.
La vieille ville devient une “ville de l’âge industriel"
Le fort accroissement démographique urbain qui accompagne les premiers temps de l’industrialisation est la cause initiale de ce
bouleversement. L’armature de la ville éclate : de 547 000 habitants en 1801, Paris passe à un million vers 1835, deux vers 1860, trois vers 1885, quatre vers 1900.
L’afflux de population concerne d’abord les quartiers du Châtelet, des Halles, de Saint Antoine, de Saint-Marcel, puis à la fin du siècle les communes périphériques, donnant naissance à une nouvelle réalité urbaine emblématique du XXesiècle : la banlieue.
Les mutations économiques modifient directement le visage de la ville : ateliers et petites usines prolifèrent, le chemin de fer, après l’ouverture en 1837 de la ligne Paris Saint-Germain, s’étend autour de Paris et nécessite l’installation de voies spécifiques et de gares. Bien avant Haussmann, les clivages sociaux s’inscrivent dans la géographie urbaine : un prolétariat misérable, main-d’œuvre d’origine rurale pour les manufactures, s’entasse dans les vieux quartiers insalubres du centre.
La nécessité d’une transformation radicale des structures urbaines s’impose à de nombreux responsables dès le début du siècle.
Rambuteau, préfet de la Seine (1833-1848) réalise la première percée dans le tissu ancien de la ville.
La crise économique puis la révolution de 1848 entravent la poursuite des travaux, mais la nécessité d’une politique urbaine d’ensemble reste manifeste.
Seul un régime autoritaire pourra imposer ce bouleversement de l'environnement des parisiens, le second Empire réunit les conditions d’une action énergique et durable.
L’aménagement de Paris est directement pris en charge par Napoléon III, assisté du préfet de la Seine, le baron Haussmann (1809-1891).
Napoléon III décide des grandes lignes directrices des travaux.
Il les dessine à gros traits de couleur sur un plan installé dans son bureau. La conduite et la réalisation du remodelage de Paris sont confiées à Georges Haussmann, préfet de la Seine. Parmi ces projets est incluse l'implantation d'un marché central moderne et adapté regroupant toutes les marchandises alimentant la ville.
Cette réorganisation de l’approvisionnement de la ville imposera la construction des halles, et c'est cet immense chantier qui sera confié à Victor Baltard.



Victor Baltard

Petit-fils de musicien et fils d'architecte, le jeune Victor, naît à Paris le 10 Juin en 1805, il est le fils de Louis-Pierre Baltard (1764-1846), illustre architecte néo-classique graveur et peintre et important théoricien de l’architecture. Professeur à l’École des beaux-arts de 1818 jusqu’à sa mort, il publie de nombreux écrits dont l’Architectonographie des prisons (1829) consacrée à l’étude comparative des divers systèmes carcéraux.

Victor Baltard suit les traces de son père C'est un élève brillant. Il hésitera entre la médecine et les mathématiques avant d'entrer, à l'âge de 18 ans, en 1824, à l'École des beaux-arts de Paris dans la section architecture où il étudie, de concert, la peinture et l'architecture. En 1833 à Paris, il prépare et obtient le grand prix de Rome. Victor gagne alors un séjour de cinq ans dans la Ville éternelle.
L'Académie de France à Rome est alors sous la direction de Dominique Ingres.
Pensionnaire à la Villa Médicis, Victor Baltard, durant son séjour jusqu’en 1838, voit sa vision de l’architecture et du décor monumental profondément marquée par les exemples qui lui offre son séjour italien et par la personnalité d’Ingres
Il va y nouer de profondes amitiés, avec ce dernier ainsi qu'avec ou Hippolyte Flandrin, renforçant ses liens avec le monde des arts. Chargé, à son retour, de superviser les chantiers décoratifs des églises, il y appliquera sa conception de l'architecte comme maître d'œuvre de l'ensemble de l'édifice.
Fresques et peintures murales vont alors se substituer aux lourds tableaux qui brisaient les lignes.
À partir de 1849, il devient architecte de la ville de Paris. Nommé inspecteur des Fêtes et des travaux d’art de la Ville de Paris, il est notamment chargé des travaux d’entretien, de décoration et de restauration des églises.
Il est également architecte diocésain pour le palais épiscopal et le grand séminaire, mais ce poste lui sera retiré en 1854 car l’administration des cultes considère qu’il attache trop peu d’importance à ses travaux.
Personnage complexe, sinon ambivalent, Baltard fut en effet sans cesse tendu entre l'affirmation de l'aspect artistique de son métier et la soif de nouveautés techniques.
Il devient l' architecte des Halles centrales à partir de 1845,
Puis, vient le projet de reconstruction des Halles centrales. C'est déjà, en ce milieu du XIXe siècle, un enjeu politique de taille.
Mais , déjà, l'opposition de nombreux riverains provoque l'abandon de plusieurs projets.
Choisi face à de nombreux concurrents, Victor Baltard part, en 1851, sur l'idée de pavillons en pierre. Pas assez moderne pour le nouveau régime de Napoléon III qui fait stopper les travaux.

Baltard imagine alors, en dix jours, trois nouveaux projets, dont une structure entièrement métallique et un système de rues couvertes.
son projet de pavillons en fonte est retenu par le conseil municipal en 1853 après d’âpres débats.

Et pourtant le succès de cette architecture novatrice sera immense et immédiat et inspirera de nombreux édifices avant de symboliser le vrai Paris.

Un regret peut-être, que la Ville, alors redessinée par Haussmann, n'ait pas retenu son idée d'une gare centrale au Pont-Neuf. Elle aurait relié, au moyen de tunnels, les gares de la petite ceinture au centre de Paris;

Le Conseil des bâtiments civils adopte son projet pour l’église Saint-Augustin en 1860, édifice phare où il déploie toute sa science de la construction et du décor.
L’année 1860 voit également sa nomination à la tête du service d’architecture de la Ville de Paris, suivie en 1863 par son élection à l’Académie des beaux-arts.
Passionné par la question de l’ornement et du rapport entre les arts, Baltard est aussi l’artisan des grandes cérémonies du Second Empire pour lesquelles il conçoit de fastueux bâtiments éphémères.

Deux préoccupations ont nourri conjointement sa créativité.
"Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie" !
Tel est le maître mot de la campagne de rénovation de la capitale sous le Second Empire. Le préfet Haussmann perce la ville de larges avenues, l'architecte Baltard érige avec bonheur de nouvelles architectures de fer et de verre.

A deux, ils inventent le visage moderne de la capitale.




Les halles

Les Halles furent construites sur la maison des Frères Pithou par Bataille, Périsse et Moisant, dans le pur style Baltard qui conjugue le fer, la fonte et le verre.
Dix pavillons furent construits entre 1852 et 1872, la construction des deux derniers s'acheva en 1936

Mais dans le Paris tentaculaire des années 1960, l'asphyxie devint si gênante pour la ville qu'il fallut créer un marché moderne, géant, adapté aux contraintes d'une ville qui avait doublé de volume en quelques décennies. En 1969 les Halles centrales de Paris devenues trop exiguës furent déplacées et on créa donc hors du centre de la capitale, dans la banlieue sud, l'immense marché de Rungis et on entreprit la démolition du quartier historique des Halles, si typique de l'architecture métallique du XIXème siècle avec ses pavillons de fer signés par l'architecte Victor Baltard
Mais des voix s'élevèrent, les protestations et associations de défense de ce patrimoine se multiplièrent.
Sous un tollé général on procéda à la démolition des pavillons Baltard en 1972, mais sous la pression des contestataire le pavillon n° 8 sera classé Monument Historique, démonté soigneusement, il sera reconstruit à Nogent sur Marne (proche banlieue est de Paris).

Passionné par la question de l’ornement et du rapport entre les arts, Victor Baltard est aussi l’artisan des grandes cérémonies du Second Empire pour lesquelles il conçoit de fastueux bâtiments éphémères.

Il meurt le Jeudi 13 Janvier 1874 à l'âge de soixante huit ans.




Ses oeuvres

-Les Halles de Paris en 1863
-Halle de style baltard (Aix-en-Othe, Aube)
-L'Hôtel du Timbre et de l'Enregistrement (1846-1852)
-La tombe du compositeur Louis James Alfred Lefébure-Wely (1817-1869) au Cimetière du Père-Lachaise
-La sépulture du juriste Léon Louis Rostand au cimetière de Montmartre.
-Les 12 Pavillons des Halles de Paris (1852-1872). Seul le Pavillon Baltard no 8 a été remonté à Nogent-sur-Marne.
-Marché aux bœufs des Halles de la Villette
-Construction de l'église Saint-Augustin (1860-1871)
-Façade de Notre-Dame des Blancs-Manteaux : elle provient de l’église Saint-Elois-des-Barnabites qui était alors située dans l’île de la Cité et qui fut détruite lors des travaux d’Haussmann, puis remontée en 1863 par Baltard.


Les restaurations

-L’église Saint-Germain-l'Auxerrois, en collaboration avec Jean-Baptiste Lassus de 1838 à 1855.
-L’église Saint-Eustache en 1844.
-L’église Saint-Étienne-du-Mont : il dirige les travaux de construction de la chapelle des Catéchismes et restaure la ------façade de l’église entre 1861 et 1868.
-L’église de Saint-Germain-des-Prés.
-L’église Saint-Séverin.
-L’église Saint-Paul-Saint-Louis : il s’occupe principalement du réaménagement du chœur et de la réfection de la --------façad




Pavillon Baltard à Nogent sur Marne

Orgue du Gaumont Palace
La même année le Gaumont Palace l’un des plus grands cinémas du monde (6000 places) fut lui aussi démoli. Il abritait le plus grand orgue à tuyaux jamais installé dans une salle de spectacle. Ce dernier servait à l’accompagnement musical des films muets, puis par la suite devint la principale attraction lors des entractes.

Grâce à l’acharnement de passionnés il fut démonté et entreposé. En 1976 on voulut procéder à la vente aux enchères de ce fabuleux instrument, mais un décret du Ministre de la Culture signé le matin même le classa monument historique. Suite à cette décision il fut reconstruit à Nogent sur Marne....dans le pavillon Baltard

Les anciennes Halles de Paris
Elle vous attend à Nogent sur marne, à dix minutes de RER par la ligne A. Dans une ambiance Belle Epoque vous pourrez alors découvrir le splendide pavillon Baltard, l’orgue du Gaumont Palace, une fontaine Wallace, une colonne Morris, une borne d’incendie datant du 19ème siècle, des réverbères, des bancs publics. Le tout étant parfaitement d’époque.

Des deux pavillons furent sauvés et réinstallés, l'un donc est en France classé monument historique, remonté à Nogent-sur-Marne, et l'autre fut transporté et reconstruit à Yokohama au Japon.
Dans l'immense trou laissé par les halles, furent construits sur une superficie de 7 hectares, une gare de RER et un des plus grands centre commercial de Paris intramuros, le forum des halles.




Construction de saint Augustin

Sa construction, oeuvre de Victor Baltard architecte également des anciennes Halles de Paris , s'est échelonnée de 1860 à 1871.

L'église Saint Augustin située place Saint-Augustin, dans la prolongation du Bd Haussmann;fut la première église à Paris à utiliser une structure métallique recouverte d'un parement de pierre.

C'est l'époque du baron Haussmann qui va faire tracer de larges avenues rectilignes
Ce bâtiment est une composition de plusieurs styles architecturaux, tel que roman, gothique, byzantin et Renaissance. Il est long de 94m. Son dôme s'élève à 60 mètres du sol.
Sur la façade, les symboles des quatre Évangélistes au-dessus des arcades et, sous la rosace, les douze apôtres.
A l’intérieur, la fonte qui soutient la voûte et la coupole se veut en même temps élément décoratif avec ses anges polychromes.
Les vitraux de la nef alignent évêques et martyrs des premiers siècles.
La statue de Jules Simon située derrière l'église Saint Augustin depuis 1933 se trouvait auparavant place de la Madeleine.




Saint Germain des près


L'entrée de l'église Saint Germain des Prés entrée donne sur la place Saint Germain des Prés
En 1800, lors de la percée de la rue de l'Abbaye, l'église était menacée de ruine au point qu'on envisageait de la démolir.
Grâce à l'active campagne de sauvegarde menée par Victor Hugo et par le curé de la paroisse, l'église et le Palais Abbatial furent restaurés au 19e siècle.
Le clocher-porte, construit entre 990 et 1014, est formé d'un porche, d'une chapelle haute et de deux autres étages
La nef, bâtie vers 1025-30 s'élève sur deux niveaux avec des grandes arcades et des fenêtres hautes.
Parmi les chapiteaux romans, très restaurés au 19e siècle, il en reste 22 authentiques.
Les voûtes d'ogives, les chapiteaux hauts du vaisseau central le portail Sainte-Marguerite sont l’œuvre de l'architecte Christophe Garnard, en 1644-1646.
Le transept et les tours flanquant le chœur datent du 11e siècle.
Le déambulatoire du chœur gothique, construit vers 1145, est entièrement enveloppé par une série de profondes chapelles et les arcs-boutants sont parmi les plus anciens subsistant actuellement.




Le Quartier Châtelet Restauration de St Eustache


L'église de Saint-Eustache a été construite de 1532 à 1640, son plan est celui d'une cathédrale gothique, tandis que sa décoration est Renaissance.
L'édifice fut longtemps considéré comme une église royale grâce à sa proximité avec le haut lieu de la monarchie, le Louvre.
Ses dimensions: 33,5 m de haut, 100 m de long et 43 m de large
Son nom vient d'un général romain, converti au catholicisme. La nef réalisée au début du XVIIème siècle est la plus haute de Paris.
L'église Ste Eustache se trouve face au Forum des Halles en bordure du jardin des Halles.
Les travaux financés par Colbert, seront confiés à Charles David et François Petit.
La façade principale, inachevée, est démolie en 1754 et remplacée par une construction baroque due à l’architecte Hardouin-Mansart de Jouy en 1764, qui s'inspire du portail néoclassique de l'église Saint-Sulpice.
Une seule des deux tours prévues sera achevée.
Fermée de 1793 à 1795 durant la révolution française, elle est rendue au culte en 1803.Des travaux de reconstruction sont réalisés par Victor Baltard, en 1844 à la suite d'un incendie important.
Le mausolée de Jean-Baptiste Colbert en bronze et le marbre blanc et noir a été exécuté par Antoine Coysevox (1640-1720) d'après les dessins de Charles Le Brun




St Etienne-du-mont restauration de Baltard


L'église St-Etienne-du-Mont située au sommet de la montagne place du Panthéon a été reconstruite en 1491 sur le site de l'ancienne église, Sainte-Geneviève qui ne suffisait plus à accueillir le nombre croissant de paroissiens.
La châsse de Sainte Geneviève la patronne de Paris s'y trouve.
L'église est située derrière Le Panthéon non loin du Jardin du Luxembourg en face du lycée Henri IV, avec la tour Clovis, clocher de l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève
Les étapes successives de sa construction expliquent les différents styles architecturaux que l'on retrouve dans cette église qui par ailleurs est la seule à avoir conservé un jubé à Paris (il en reste 9 en France).
Les voûtes de l'abside et le clocher sont construits en 1492, le cœur de style gothique flamboyant jusqu'au transept en 1537.
Vers 1540 le jubé, sera construit , est de style ogival pour les arcatures et de style Renaissance pour l'entablement, en 1580 les voûtes de la nef et le transept
La galerie qui entoure le chevet, ornée de vingt-quatre vitraux sera construite à partir de 1605
Enfin le clocher est surélevé en 1624 alors que le portail est construit en 1610.
Victor Baltard restaurera la façade de l'église entre 1861 et 1868.

A regarder

http://youtu.be/M_SJ8YHrg2U
http://youtu.be/Vd9i-yyxvIQ
http://youtu.be/eQCOpFH5f1A
http://youtu.be/gDzWR9VTBwE

A écouter

http://youtu.be/erAOx3EXV98 les forts des halles
http://youtu.be/7whXkifG_ms Dutronc
http://youtu.be/7SfkrvNVqMc sous les ponts de Paris
http://youtu.be/tBckAOJfkdA comme de bien entendu
http://youtu.be/UhWqBRJhYm4 la caissière du grand café



Attacher un fichier:



jpg  les-halles.jpg (35.06 KB)
3_50f2c04ff31a1.jpg 450X268 px

jpg  OKVictor_Baltard.jpg (140.45 KB)
3_50f2c066a6efc.jpg 462X401 px

jpg  m_258072549_0 (1).jpg (108.24 KB)
3_50f2c077f3dc1.jpg 876X584 px

jpg  M1116_TP_3824.jpg (269.93 KB)
3_50f2c08c7043f.jpg 460X360 px

jpg  99010_1352193011_5-les-halles_569x420p.jpg (26.73 KB)
3_50f2c0a963bbf.jpg 569X420 px

jpg  baltard.jpg (70.29 KB)
3_50f2c0b8258ca.jpg 300X300 px

jpg  halles-Baltard-destruction.jpg (865.93 KB)
3_50f2c0ce9b73b.jpg 1234X800 px

jpg  99010_1352192777_2-richebourg-victor-baltard_302x420p.jpg (11.72 KB)
3_50f2c0e0080a5.jpg 302X420 px

jpg  424138_542457195764636_1553473841_n.jpg (52.66 KB)
3_50f2c151b353b.jpg 403X403 px

Posté le : 13/01/2013 15:14
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


J'Accuse...! de Balzac, Dreyfus 2
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne

Un titre conçu pour frapper au premier coup d'œil.

Des contacts ayant été pris avec Clemenceau dès le début de l'année 1898, Émile Zola rencontre Ernest Vaughan, patron de L'Aurore, le matin du 12 janvier pour parler de son article titré : "Lettre à M. Félix Faure Président de la République".
En fin d'après-midi, Zola se présente au journal et donne lecture de son article à l'ensemble de la rédaction. Clemenceau tique. Il n'a pas le même point de vue que Zola. L'Aurore défend en effet une vision formellement légaliste de l'affaire Dreyfus. L'innocence de Dreyfus doit être prouvée dans un nouveau procès, pas dans un journal. Mais l'éditorialiste s'incline devant les qualités indéniables du texte en s'exclamant : "C'est immense cette chose-là !".
L'équipe rédactionnelle bute aussi sur le titre de l'article : "Lettre au Président de la République". Ce titre avait été choisi par Zola dans la même veine que ses publications précédentes comme "Lettre à la jeunesse". Mais la décision de publier dans un journal du matin le remet en cause. Georges Clemenceau et Ernest Vaughan s'emparent du sujet, puisque le titre choisi par le romancier ne convient plus à un journal. Vaughan raconte : "Je voulais faire un grand affichage et attirer l'attention du public".
Le titrage de l'article de "une" doit en effet pouvoir se lire facilement d'assez loin sur des affiches, et surtout pouvoir se crier dans la rue. L'objet est aussi de répondre à la presse du soir, bon marché, orientée sur le fait divers, "la presse immonde", majoritairement anti-dreyfusarde, dont l'usage est de titrer en très grosse force de caractère. C'est une forme de marque de fabrique, par opposition à la grande presse d'opinion qui titre à la colonne. C'est cette presse contre laquelle Zola s'insurge, et en utilisant l'un de leurs artifices, il s'adresse aussi à son lectorat.
On comprend dès lors que le titre initialement choisi par Zola soit inadéquat du fait de sa longueur. Car en cette fin de siècle, sans medias audio-visuels, l'information est dans la rue, et c'est dehors, sur le pavé, que l'on vient la chercher, tout au moins dans les grandes villes. Vaughan cherchant ainsi un titre qu'on puisse crier, c'est Clemenceau qui met le groupe sur la voie en faisant remarquer : "Mais Zola vous l'indique le titre dans son article : c'est “J’accuse !” ".
C'est donc en regard de la péroraison finale que la rédaction de L'Aurore choisit le titre qui va barrer la "une" du quotidien le lendemain matin.

Un article cinglant et délibérément diffamatoire

"J’accuse… !" à la une de L'Aurore
Si "J’accuse… !" a tant marqué les esprits, c'est qu'il apporte un certain nombre de nouveautés, rarement vues dans la presse avant lui. Ce véritable coup, voulu comme tel par le romancier, innove ainsi à la fois sur le fond et sur la forme.
Un plan simple
Pour son article, Zola opte pour un plan simple. L'objectif de l'écrivain est de faire comprendre l'écheveau de l'affaire Dreyfus de la manière la plus lumineuse possible. Il fait bien acte d'écrivain, en ordonnant clairement son récit.
Zola explique d'abord, dans son introduction, les ressorts initiaux de l'erreur judiciaire, qu'il qualifie d'implacable, d'inhumaine. Il justifie aussi la forme de son message, en une lettre ouverte au Président de la République. Dans sa première partie, il use du procédé du flashback, transportant le lecteur trois ans auparavant, à l'automne 1894. On assiste aux différentes procédures judiciaires contre Alfred Dreyfus, de son arrestation à sa condamnation. Dans la seconde, le romancier explique les conditions de la découverte du véritable coupable, Ferdinand Esterházy.
La troisième partie est consacrée à la collusion des pouvoirs publics afin de protéger le véritable traître en l'acquittant lors du Conseil de guerre du 11 janvier. Le double crime est consommé : "Condamnation d'un innocent, acquittement d'un coupable". Il reste à Zola, en conclusion, à asséner ses accusions nominatives contre les hommes qu'il considère comme responsables du crime, par une litanie faite de la répétition de la formule "j'accuse...". Une forme efficace.


La fin de "J’accuse… !", page 2 de L'Aurore

La forme employée par Zola est assez révolutionnaire en regard du support utilisé pour exprimer sa révolte. L'article est très long, avec environ 4 570 mots. Il court sur pas moins de huit colonnes, dont l'intégralité de la première page de L'Aurore.
C'est une première dans cette presse d'opinion d'habitude très modérée dans la forme, dont les grands éditoriaux dépassent rarement deux colonnes en première page. En outre, la plupart de ces journaux ne publient que sur quatre pages à cette époque, un espace fort limité. "J’accuse… !" occupe ainsi près d'un tiers de la surface utile de l'édition du 13 janvier 1898.


En réaction à "J’accuse… !", Psst… ! parodie le fameux titre de L'Aurore.

Le titre est formé d'un seul mot, deux syllabes. La composition typographique en a été particulièrement soignée. Les deux majuscules initiales et les trois points de suspension suivis d'un point d'exclamation renforcent l'aspect dramatique de la proclamation.
Ce dispositif typographique, un peu oublié aujourd'hui, a marqué les contemporains de l'Affaire, et peut être comparé au logo de nos marques modernes. Au point que lorsque des anti-dreyfusards publient en réaction un périodique antisémite, le titre choisi est « psst…! ». Une interjection qui, reprenant les artifices typographiques de "J’accuse… !", accentue le mépris dans la réplique.
Ce titre barre ainsi tout le haut de la première page en manchette, composé de grandes lettres de bois. Le gros titre est suivi du titre initialement choisi par Zola, en forme de sous-titre, dans un corps de caractère plus petit. Puis enfin, le nom de l'auteur du texte, fait rare, mais nécessaire car le titre étant à la première personne, il était indispensable d'identifier immédiatement l'auteur de l'accusation. Il n'est pas, en effet, dans les usages de donner le nom de l'auteur d'un article en titre.
Souvent les articles ne sont pas signés ; et lorsqu'ils le sont, c'est au bas de la colonne même si son auteur est renommé. Cette "titraille" massive paraît comprimer le texte, austèrement aligné sur les six colonnes de la première page. Rien n'est là pour détourner l'attention du lecteur, aucune illustration. Le texte dans toute sa rigueur comme il sied dans les journaux d'opinion. Seule concession typographique, les parties sont séparées par des astérisques, afin de concéder une petite respiration au lecteur.
La forme, c'est aussi le style, un style efficace. Et ici, plus que jamais, Zola donne la pleine puissance de sa rhétorique et de son savoir faire d'écrivain. Henri Mitterand emploie l'expression de "blitzkrieg du verbe". Usant en effet de tous les artifices littéraires, l'écrivain montre comment le bon mot est l'outil politique par excellence. Son éloquence agite son texte par l'usage de la grande rhétorique oratoire, pour un résultat certain.
Tous ces effets de style apportent une vision dramaturgique, dans le but de retenir l'attention du lecteur, devant la grande longueur du texte. Mais c'est aussi, surtout par l'emploi des répétitions, des parallélismes et des symétries, des clausules, des moyens de renforcer l'attaque et d'arriver à la conclusion, en forme anaphorique, de "coups de bélier" de la litanie finale, sommet pamphlétaire.
Le fond : entre défense et réquisitoire

L'historiographie a souligné la rupture incarnée par "J’accuse… ! ", contrastant de manière importante avec toute l'œuvre journalistique passée d'Émile Zola. Certes acerbes, pertinents, piquants, ses articles déjà publiés n'allaient jamais au-delà d'une certaine mesure, dont la transgression n'aurait sans doute pas été permise par les supports de presse ayant accueilli le romancier. Aussi Émile Zola passe-t-il pour un redoutable escrimeur du verbe, mais sans doute pas au point d'ébranler l'échiquier politique, comme le revendiquent un Drumont ou un Rochefort.
"J’accuse… !" est une surprise pour les contemporains, surpris de lire une telle violence, un engagement aussi clair, sans aucune équivoque, mais aussi une telle exposition au danger, sous la plume d'un écrivain jusqu'ici rangé, estimé et tranquille. Zola proclame dès le début l'innocence de Dreyfus :
"Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l'innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis."
Mais ce faisant, il inverse les rôles, et de celui d'avocat, il endosse l'habit du procureur, d'accusateur public. Très agressif, le texte se veut une attaque des acteurs militaires de l'affaire. Zola y désigne nommément les généraux, les officiers responsables de l'erreur judiciaire ayant entraîné le procès et la condamnation, les experts en écritures, les civils, experts, coupables de "rapports mensongers et frauduleux".
Il met aussi en cause les bureaux de l'armée responsables d'une campagne de presse mensongère, ainsi que les deux conseils de guerre "dont l'un a condamné Dreyfus sur la foi d'une pièce restée secrète, tandis que le second acquittait sciemment un coupable". L'article s'achève sur la célèbre litanie accusatrice, qui livre au public les noms des coupables à sa vindicte :
"J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle.

J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l'état-major compromis.

J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du même crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable.

J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue et du jugement.

J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans L'Éclair et dans L'Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.

J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable."

Pour ses contemporains, le grand intérêt de l'article de Zola réside dans le résumé consolidé des différents évènements constituant les quatre premières années de l'affaire Dreyfus, auquel le lecteur accède pour la première fois. Zola leur raconte l'histoire complète. Il faut en effet se mettre à la place du lecteur de l'affaire Dreyfus qui lit, çà et là et par petits bouts, le déroulement de ce feuilleton à ressorts compliqués.
Comme la presse cherche le scoop et les rebondissements fort nombreux, des détails sans importances sont discutés par le menu au détriment de la vision globale du récit de "l'Affaire". L'écrivain remet donc les "pendules à l'heure" en livrant un récit entier, bâti sur la documentation dont il dispose à ce moment-là.
Mais Zola n'y fait pas œuvre d'historien ou de juriste. Lui-même, et ceux qui l'ont alimenté en informations, ont commis d'importantes erreurs, simplement par le fait qu'ils ignoraient à cette époque une partie des circonstances et des faits. Par exemple, Zola limite la responsabilité du ministre de la Guerre de l'époque, le général Auguste Mercier, en exagérant le rôle de Du Paty de Clam et en ignorant totalement le commandant Henry, pourtant un acteur essentiel de l'affaire Dreyfus. "J’accuse… !" n'est donc pas un texte historique dans ses détails, mais il est du propre aveu de son auteur un moyen, un tournant décisif de l'affaire Dreyfus. C'est un texte politique.
Zola sait à quoi il s'expose et prévient le lecteur à l'avance. Il contrevient en effet aux articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, ce qui va l'amener à être inculpé de diffamation publique. Il ne dispose en effet d'aucune preuve en appui de ses accusations. Aux termes de la loi, ce délit est passible des Assises, ce qui occasionne une délibération par un jury populaire. Tout est dans cet espoir pour Zola, que des hommes indépendants puissent rendre une décision de justice elle-même indépendante des militaires.
Conséquences de la publication de "J’accuse… !"

Contrairement à une idée reçue selon laquelle l'article de Zola a reçu un accueil très favorable de la part de ses lecteurs, Zola doit faire face à une hostilité quasi générale dès le premier jour de sa publication. Que ce soit dans les cercles politiques, artistiques et littéraires, universitaires, journalistiques ou militaires, les attaques directes de Zola contre les pouvoirs publics et l'Armée ont choqué ses contemporains. Seule une minorité salue l'action de l'écrivain.
La seconde "affaire Dreyfus", celle qui va passionner les foules pendant plusieurs années, vient de commencer. L'affaire Dreyfus devient "l'Affaire" tout court, c'est-à-dire non plus une simple problématique autour de la question judiciaire, mais un véritable affrontement politique et social.


Relance de l'affaire Dreyfus

La première conséquence de "J’accuse… !", c'est l'affaire Dreyfus relancée. Dreyfus avait été jugé deux fois, en 1894 et indirectement lors du procès Esterházy qui venait de se dérouler. Si bien que Jules Méline, le président du Conseil, affirme "qu'il n'y avait plus d'affaire Dreyfus".
En réponse, l'écrivain invente donc une affaire Zola, qui se substitue aux deux autres, en s'exposant aux poursuites judiciaires civiles afin d'extraire l'affaire Dreyfus des mains militaires. À partir de ce moment, l'enchaînement implacable des faits provoquera l'écroulement de l'édifice créé par les militaires, aboutissant à la révision du procès de 1894, moins d'un an après l'article écrit par le romancier.
Surprise et rassemblement du camp dreyfusard
L'émotion et la surprise autour des accusations proférées par Zola sont si fortes, qu'elles entraînent à moyen terme un sursaut de l'opinion. Très petit était le cercle des initiés sur les véritables intentions d'Émile Zola. Mathieu Dreyfus, frère du condamné, découvre le pamphlet au matin du 13 janvier. Il savait une intervention de Zola imminente mais, admiratif, "ne l'attendait pas aussi énergique, aussi forte".
Scheurer-Kestner et Clemenceau sont plus réticents, voire hostile pour ce qui concerne le vice-président du Sénat, estimant qu'il est hasardeux de se livrer au jury des Assises. Mais d'une manière générale, le camp dreyfusard, très atteint par l'acquittement du commandant Esterházy, et passé le moment de surprise, sort encouragé par l'intervention puissante de l'écrivain. Car tactiquement, Zola, aidé de Leblois, Clemenceau et de l'état-major de l'Aurore, joue un coup d'une certaine habileté.
Seulement une journée après le verdict, les anti-dreyfusards n'ont pas le temps de fêter leur victoire, que déjà les voilà à nouveau sur la défensive, Zola leur ayant repris l'initiative. Pour les Dreyfusards, la nouvelle de l'engagement résolu d'Émile Zola est inespérée, et la violence conjuguée à la justesse du propos force chacun à prendre position, pour ou contre. Le débat est donc bien relancé, prolongé par une nouvelle étape judiciaire, dans un tribunal civil cette fois, imposée aux pouvoirs publics par un écrivain-journaliste.
Stupeur et fureur anti-dreyfusarde

Dans le camp anti-dreyfusard, c'est la stupeur, mêlée de furie vindicative. Ces réactions violentes cachent mal le malaise que le coup porté par Zola ne manque pas d'installer. Les éditorialistes nationalistes et antisémites tels Judet, Rochefort ou Drumont, comprennent immédiatement l'importance de l'engagement de l'écrivain, dans sa puissance et sa détermination. Chez Drumont, dans sa Libre Parole, on note même un soupçon d'admiration pour le courage de Zola. Ce sentiment est bien vite effacé par le torrent déversé contre lui par la presse dans son immense majorité.
Du côté politique, l'hostilité est unanime, la forme de 'J’accuse… !', jugée injurieuse, l'emportant sur le fond. Le jour de la parution, la décision est prise, par le gouvernement, de ne pas réagir aux attaques. Le but est de refuser un nouveau combat juridique, d'autant plus dangereux qu'il se déroulerait aux Assises, devant un jury populaire. Mais le député catholique Albert de Mun, en interpellant le gouvernement tout au long de la journée du 13 janvier, force le ministre de la Guerre, le général Billot, puis le président du Conseil, Jules Méline, à se positionner en faveur de poursuites contre Zola. Le fait en est acquis dès la fin de la journée.
Du côté des militaires, les accusés désignés par le pamphlet d'Émile Zola, la réaction est encore plus dramatique. La panique est totale, notamment chez plusieurs acteurs de 'l'Affaire' comme Esterházy, qui cherche à s'enfuir. Cette terreur est vite calmée par les cerveaux militaires de l'Affaire, qui commencent à préparer immédiatement la riposte judiciaire s'imposant désormais à eux.

Conséquences politiques et sociales

Radicalisation politique

De l'unanimité politique dans la condamnation du "traître Dreyfus" en 1894, le monde politique se divise peu à peu à l'image de la population elle-même, à mesure des révélations. Cette scission en deux camps radicalement opposés est une conséquence de la publication du pamphlet de Zola, et du procès qui s'ensuit un mois plus tard.
La gauche républicaine dans son ensemble change d'avis, éclairée par les preuves des manipulations politiques et militaires. À l'image de Clemenceau ou Jaurès, très hostiles à Dreyfus en 1894, ils finissent par être convaincus par les plus chauds partisans du capitaine en comprenant les réalités du dossier. Ils s'engagent dès lors totalement pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus.
Mais par cette scission, la France politique restera durablement coupée en deux camps irréductibles. René Rémond voit même dans cet évènement l'une des origines de l'affrontement droite-gauche, encore en vigueur de nos jours.
L'engagement des "intellectuels"
Un homme de lettres s'engage résolument dans un combat pour la justice, politique et sociale. Le réquisitoire journal
Le réquisitoire journalistique de Zola convainc. De nombreux intellectuels signent alors, à sa suite, une "protestation en faveur de la révision du procès, publiée elle aussi par L'Aurore dès le lendemain de "j ’accuse… !. C'est la première des nombreuses pétitions qui vont rassembler de plus en plus d'intellectuels. Parmi eux, Anatole France, Georges Courteline, Octave Mirbeau ou Claude Monet, mais aussi Charles Péguy, Aurélien Lugné-Poë, Victor Bérard, Lucien Herr, ou Alfred Jarry. Les signatures ont été recueillies par des étudiants ou de jeunes écrivains comme Marcel Proust.
Ces pétitions rassemblent aussi d'éminents scientifiques tel Émile Duclaux, directeur de l'Institut Pasteur. Les pétitions des quarante écrivains, des artistes, de l'Université, des scientifiques totalisent 1 482 signatures. Mais l'engagement de l'élite ne dépassera pas les 2 000 intellectuels, du fait des pressions et des risques importants sur les carrières. Ils formeront quand même l'ossature dreyfusarde, ceux qui par leur esprit et leur engagement vont parvenir à convaincre une partie des pouvoirs publics de la nécessité de réviser le procès d'Alfred Dreyfus.


Le quatrième pouvoir


En famille de Félix Vallotton dans Le Cri de Paris. La presse touche quasiment tous les Français, seul moyen d'information disponible.
Gagnant en puissance depuis une vingtaine d'années, la presse populaire et d'opinion franchit un nouveau cap avec "J’accuse… !", s'imposant désormais comme un contre-pouvoir à part entière. Zola, longtemps journaliste lui-même, a su employer efficacement cet outil qu'il maîtrise. Il est secondé de professionnels de la presse, comme Vaughan, qui réalisent immédiatement la forte teneur du "coup médiatique" imaginé par Zola, et lui apportent les moyens d'une diffusion massive par un fort tirage, une distribution à forte densité, un affichage publicitaire massif. Devant les défaillances successives des pouvoirs judiciaires, exécutifs et législatifs, incapables de la moindre remise en cause, c'est donc un article violent, imprimé sur un petit journal d'opinion qui relance définitivement l'affaire Dreyfus et fait aboutir à la révision du procès de 1894. Dans ces proportions c'est une première, parfaitement consciente et voulue par Émile Zola, qui parle d'un "moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice".
Bien que la presse soit encore à plus de 90 % anti-dreyfusarde en 1899, "J’accuse… !" est entré au Panthéon journalistique comme l'exemple de sa puissance sur les foules et contre l'abus de pouvoir. Mais l'adhésion au geste de Zola par la population dans son ensemble est tardif, la reconnaissance de son acte n'intervenant vraiment que dans la seconde moitié du XXe siècle.
Création de la Ligue des droits de l'Homme
Ludovic Trarieux, député puis sénateur de la Gironde, est nommé Garde des sceaux peu après la dégradation du capitaine Dreyfus, le 26 janvier 1895. Rapidement, il acquiert la conviction que les formes légales n'ont pas été respectées lors des différentes étapes judiciaires qui ont mené à la condamnation de Dreyfus au bagne. Et notamment, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, le met au courant de l'existence d'une pièce secrète (Ce canaille de D…, nommée ainsi car elle contient cette expression) transmise aux juges en dehors de l'accusé et de ses défenseurs. Mais il ne bouge pas, absorbé par les obligations de son ministère.
Libéré de ses obligations ministérielles à la fin du mois d'octobre 1895, il est le seul sénateur de l'hémicycle à soutenir Auguste Scheurer-Kestner lors de son interpellation du gouvernement Jules Méline à propos de Dreyfus, à l'automne 1897. Témoin crucial du procès Zola, il comprend à cette occasion qu'une organisation visant à la défense des libertés individuelles doit être mise en place en France. En cela, il s'inspire des ligues humanistes créées notamment en Grande-Bretagne dans la seconde moitié du XIXe siècle.
C'est donc à l'issue du procès d'Émile Zola qu'a lieu la première réunion jetant les bases de la future Ligue des droits de l'homme le 25 février 1898. Cette organisation voit officiellement le jour le 4 juin 1898 et réunit les principaux intellectuels dreyfusards autour de son président, Ludovic Trarieux. Trarieux restera président de la ligue jusqu'à sa mort, survenue le 13 mars 1904, soit deux années avant la réhabilitation d'Alfred Dreyfus.


Conséquences pour Émile Zola

Les conséquences de l'engagement de Zola ont été majoritairement difficiles pour l'écrivain. "J’accuse… !" a totalement relancé l'Affaire, et lui a donné une dimension sociale et politique qu'elle n'avait pas jusqu'alors. L'homme de lettres apparaît bien comme celui qui en est à l'origine pour la postérité.
Zola sort donc de ses démêlés judiciaires avec une stature du justicier pour toute une frange de la population, défenseur de valeurs de tolérance, de justice et de vérité. En témoignent les innombrables hommages qui lui sont rendus dès février 1898. On notera le Livre d'hommage des Lettres françaises à Émile Zola, gros ouvrage de 500 pages réalisé à l'initiative d'Octave Mirbeau. Une centaine de contributions individuelles le composent, écrites par pratiquement tous ceux qui comptent en littérature française et belge.
Zola reçoit de nombreux messages de soutien, mais aussi des lettres d'injures et de menaces à coloration antisémite ou xénophobe (le père de Zola était un grand ingénieur de travaux publics italien). Par ailleurs, cet engagement coûte très cher au romancier. Sur le plan financier, tout d'abord, puisqu'il est en fuite, donc dans l'impossibilité de payer ses condamnations, la justice fait saisir ses biens et les vend aux enchères.

L'injure

Avec "J’accuse… !", Zola devient la cible unique des anti-dreyfusards. La montée en puissance du mouvement dreyfusard, à partir de 1896, n'avait pas permis à ses adversaires d'identifier un leader sur qui déverser leur vindicte. La famille avait été exclue, les premiers dreyfusards (Forzinetti, Lazare) simplement méprisés. L'engagement d'Auguste Scheurer-Kestner avait concentré un feu nourri de la presse nationaliste. Mais celle-ci tendait à se retenir devant le prestige de l'homme politique, vice-président du Sénat et Alsacien ultra-patriote.

Ces assauts décidèrent tout de même Zola à intervenir dans le Figaro de manière relativement modérée. Mais l'engagement de l'écrivain avec "J’accuse… !" change complètement la situation dans le cadre de l'affaire Dreyfus. Les anti-dreyfusards trouvent immédiatement leur cible, car selon eux, Zola incarne l'image rêvée de l'adversaire. Écrivain célébré, mais sulfureux, taxé de "pornographie", stigmatisé et mis à l'index, notamment pour Lourdes qui vient de paraître, haï par une gente militaire qui ne lui a pas pardonné son roman La Débâcle, Zola représente l'apatride, le mécréant et l'antimilitariste qu'abhorre cette population choquée par " J'Accuse… !".
C'est donc un "intellectuel" qui devient du jour au lendemain la cible privilégiée des anti-dreyfusards. Insulté, traité d'"italianasse", caricaturé à outrance (des centaines d'articles et de caricatures paraissent, parfois même par journaux entiers), objet de menaces écrites et verbales, Zola subit ces foudres nationalistes et racistes, sans jamais renoncer. Le point culminant de cette persécution est atteint en 1899, au moment où la révision du procès Dreyfus étant entamée, les anti-dreyfusards se déchaînent. Elle ne cessera véritablement jamais jusqu'à la mort de l'écrivain en 1902.


La calomnie


La calomnie frappe Zola par surprise au matin du premier jour de son second procès en mai 1898. Visant François Zola, père de l'écrivain, cette attaque est lancée par Ernest Judet, rédacteur en chef du Petit Journal. Elle se traduit par une campagne de presse qui remet en cause l'honnêteté de François Zola au moment où celui-ci s'était engagé dans la Légion étrangère, vers 1830. Le père de Zola y est ouvertement accusé de détournement de fonds et d'avoir été chassé de l'armée pour ces faits. L'objectif est d'atteindre Zola au travers d'une attaque ad hominem, qui prendrait l'auteur des Rougon-Macquart au piège de ses principes d'hérédité, insinuant un "Tel père, tel fils" de principe pour expliquer sa supposée aversion de l'armée .
Zola se lance alors dans une enquête fouillée sur son père, dont il ne connaissait pas toute la vie et il démonte point à point les arguments du journaliste nationaliste de manière factuelle. Il prouve en outre que les documents, sur lesquels Judet s'appuie, sont des faux grossiers en écrivant trois articles dans L'Aurore des 23 janvier, 24 janvier et 31 janvier 1900. Les faux sont réalisés en partie par le lieutenant-colonel Henry, quelques mois avant son suicide.
Il s'ensuit un procès, duquel Zola est acquitté, ayant réussi à établir les mensonges du journaliste, et dans lequel il apparaît que l'état-major de l'armée est à l'origine de cette campagne contre Zola. Toutefois, Zola affirme qu'il n'a jamais regretté son engagement, quel qu'en ait été le prix. Il a écrit dans ses notes : "Ma lettre ouverte "J'accuse… !" est sortie comme un cri. Tout a été calculé par moi, je m'étais fait donner le texte de la loi, je savais ce que je risquais."


La condamnation


Le 9 février 1898, lors de la deuxième audience du procès, le général Mercier dépose devant Zola, attentif.
En conclusion de son article, Zola appelle de ses vœux un procès devant les Assises afin de faire éclater la vérité. Il espère substituer une affaire Zola aux affaires Dreyfus et Esterházy, sur lesquelles il est interdit de revenir, puisqu'elles ont été jugées. L'indécision est grande dans les pouvoirs publics, qui hésitent à traduire l'écrivain devant le tribunal.
La première attitude, chez les politiques et les militaires, est de laisser dire. Le risque est en effet trop important de voir étalées au grand jour les irrégularités inadmissibles du procès de 1894. Mais toute la journée du 13 janvier, Albert de Mun, député conservateur, pousse le gouvernement à adopter une position claire. Successivement dans l'après-midi, Jules Méline, président du Conseil, et le général Billot, ministre de la Guerre, se succèdent dans l'hémicycle pour annoncer les poursuites.
Le 18 janvier, la plainte contre Émile Zola est déposée, dans laquelle seuls trois passages courts de "J’accuse… !" sont retenus contre l'écrivain :
"Première colonne, première page : " Un Conseil de guerre vient, par ordre, d'oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c'est fini, la France a sur sa joue cette souillure. L'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis".
Sixième colonne, première page : "Ils ont rendu cette sentence inique qui à jamais pèsera sur nos Conseils de guerre, qui entachera désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier Conseil de guerre a pu être inintelligent, le second est forcément criminel".
Deuxième colonne, deuxième page : "…J'accuse le second Conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable."
Ainsi, seules dix-huit lignes du journal sur plusieurs centaines sont retenues contre Émile Zola et Alexandre Perrenx, gérant du quotidien. Il est en effet jugé à plusieurs reprises, car, d'une part, le procès d'assises est cassé et rejugé, et, d'autre part, plusieurs procès connexes sont intentés contre l'écrivain. Le premier procès se déroule du 8 au 23 février 1898, au travers de quinze audiences. La condamnation qui s'ensuit est cassée le 2 avril 1898. Un second procès se déroule le 18 juillet 1898 qui confirme la condamnation.
Au final, les jugements successifs aboutissent d'une part à une peine d'un an de prison et 3 000 francs d'amende pour les attaques de Zola contre l'état-major (soit, avec les frais de justice, 7 555 francs), de l'autre une condamnation à un mois de prison et 1 000 francs d'amende pour sa dénonciation des trois pseudo-experts, dont chacun doit recevoir 10 000 francs de dommages et intérêts.
Pour échapper à la prison, Zola s'exile en Angleterre dès le 18 juillet, où il passe onze mois dans l'attente d'une révision du procès Dreyfus. L'arrêt de révision renvoyant Alfred Dreyfus devant le conseil de guerre de Rennes est rendu le 3 juin 1899. Zola peut alors rentrer en France où il publie dans L'Aurore l'article Justice dans lequel il se félicite de cette décision. Mais le procès de Rennes est éprouvant pour les dreyfusards, proches du désespoir, et Zola continuera à lutter jusqu'à sa mort pour demander la réhabilitation d'Alfred Dreyfus.


Postérité de "J’accuse… ! "


Probablement l'un des articles parus dans la presse les plus connus au monde, "J’accuse… !" incarne encore aujourd'hui une œuvre à la fois artistique et littéraire. Plus encore, l'article de Zola est l'exemple de "l 'engagement intellectuel pour une cause juste. Il est, enfin, l'exemple du coup d'éclat médiatique qui bouleverse l'ordre établi et permet la concrétisation d'une action politique.
Nombreux ont été ceux qui, devant une erreur, une injustice, une cause injuste à dénoncer, ont écrit après Zola leur "J’accuse… !". L'instrumentalisation du titre et de son effet fut du même ordre que l'usage de toutes sortes de l'affaire Dreyfus, souvent mal comprise par les récupérateurs. Pour certains, la dénonciation d'un fait social par l'usage d'un média écrit est un "J'accuse… !", et ceci dès la fin du XIXe siècle.
En 1991, le manuscrit original est racheté aux descendants de Zola 5 millions de francs avec la participation du fonds du Patrimoine du ministère de la Culture, il est désormais conservé dans un coffre-fort au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Cette affaire a été présentée depuis dans de nombreuses expositions.
La vérité en marche
En s’engageant ainsi publiquement, Émile Zola utilisera la médiatisation, il cristallisera les passions, et révélera la crise morale et les opinions publiques pour enfin atteindre le but qu’il s’était fixé

**********************


De nos jours, l’affaire Dreyfus est considérée par beaucoup
comme une des plus grandes iniquités du XIX° siècle
Le capitaine Dreyfus (grand oncle de notre poète-chanteur Yves Duteil) connu l'infamie et l'injustice puis la déportation.
Tiraillée entre antisémitisme, mensonges d’État et trahisons, cette affaire, devenu un conflit social et politique, divisa en son temps les Français, opposant dreyfusards et antidreyfusards. Elle est le symbole moderne et universel de l’inégalité au nom de la raison d'État.
L'écriture :
La lettre de Emile Zola est un monument de la rhétorique pure, elle est construite avec la maîtrise du maître et revêt une puissante sur tous ces points; Elle se pare de la grandiloquence et de l'emphase en pratique à cette époque.
Le plan est efficace et suit le schéma habituel de l'écriture d'un roman, à savoir le début est consacré à une situation positive, (remerciements et propos flatteurs) qui sera suivie d'une aggravation romanesque.
Dans "j'accuse" la thèse s'appuie sur deux champs lexicaux dominants qui s'expriment par opposition des deux partie du texte;
Dans la première partie le champ lexical du mensonge domine, c'est l'accusation alors que dans la seconde partie le champ lexical de la vérité plaide l'innocence. L'emploi des métaphores, telle celle de la lumière pour la justice, renforce encore le propos.
Zola fait le choix d'un ton délibérément polémique et emploie un vocabulaire agressif et injurieux pour les personnes mises en cause : "mensongers", "frauduleux", "abominable"," crime juridique", "violé le droit", "esprits de malfaisance sociale".
Ce vocabulaire porteur de jugement de valeur est ici très efficace et atteint le but recherché.
Zola utilise également l'ironie, la moquerie pour convaincre le lecteur. Parlant des experts en écriture, il affirme qu'ils ont menti " à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue ou du jugement". L' antiphrase ici traduit une dérision qui dissimule une injure aggravée.
Le style est volontiers emphatique, l'auteur appuie ses propos par l'utilisation de l'hyperbole souvent combinée avec la métaphore : "moyen révolutionnaire" pour "moyen exceptionnel","explosion de la vérité" pour "révélation de la vérité".
L'usage appuyé de l'hyperbole ajoute à la solennité de la déclaration de guerre à l'injustice : " une campagne abominable ", "protestation enflammée"," moyen révolutionnaire ".
La grandeur du propos et la noblesse du combat est rendue par des métaphores qui apportent un certain lyrisme : "la passion de la lumière", " le cri de mon âme ", "l'explosion de la vérité".
On retrouve ici, les effets de manches, le romantisme exacerbé du plaideur qui doit traduire des sentiments extrêmes, douloureux....
C'est un réquisitoire animé par la détermination d'un homme en révolte et dont la colère est porteuse d'une quête de vérité et de forts idéaux qui cherche à entraîner l'adhésion de tous.
Le ton est celui d'un tribunal populaire, Zola y emploie le lexique judiciaire : rapports, experts, mensonges, enquête ..;
La noble cause étant de dénoncer la condamnation d'un innocent, mais aussi d'obtenir l'acquittement d'un "coupable".
De plus le ton catégorique du texte est majoré par la multiplication des verbes d'actions qui expriment la détermination. Le ton d'engagement total exclut toutes faiblesses et tous doutes.
D' autre part dans " J'Accuse ...!" Zola proclame qu'il a conscience des dangers encourus, en rappelant que c'est en toute connaissance de cause qu'il transgresse la loi, Zola fais sien le combat et revendique sa liberté de conscience.
Il justifie sa révolte par la spontanéité et la force de son indignation : "Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme".
Par cette phrase, Zola justifie par ces mots son droit à la désobéissance civile face à l'état, lorsque l'individu a l'intime conviction d'avoir raison contre la loi.
Il affirme le droit de s'élever contre la loi écrite. Cette position le place en position de justicier et lui donne la dimension du sacrifié qui s'oppose à la duplicité pour le bien de tous. Zola revêt l'habit du sacrifice, il met sur la table sa paix, sa notoriété, son honneur, son confort physique et moral, il prend fait et place de la victime expiatoire qui souffre en déportation.
Il rappelle la grandeur des grands principes bafoués, "la vérité", l'honneur", " la justice", il rejoint par son acte qu'il déclare conscient le panthéon des héros défenseur de la justice bafouée.
Zola ici se transforme en militant : "au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur".
En évoquant : raison, progrès et liberté de conscience, il rappelle les valeurs qui sont le fond commun de la civilisation française, valeurs a priori communes à tous et qui ne peuvent, selon lui, que remporter l'adhésion des lecteurs.
Après avoir habilement concédé la longueur de la lettre ouverte la fin est annoncée " Il est temps de conclure et s'ensuit la péroraison.
Dans celle-ci le ton polémique est instauré par l'anaphore "j’accuse", ce ton vigoureux qui rythme et martèle l'accusation, porte la conviction.
Ici l'effet est assuré par l emploi de l'anaphore. Les deux syllabes " J'Accuse", "enfonce le clou" et donne au texte la puissance d'un réquisitoire.
La conclusion est un acte de droit, l'écriture épouse le modèle de la rédaction judiciaire de l'avocat : argumentaire ciblé, précis, lapidaire sans fioriture fait pour faire mouche. Le lecteur sait qu'il se trouve dans le registre du jugement, ce procédé marque les esprits par sa gravité.
De surcroît par la répétition Zola utilise et manie avec science la redite, le rabâchage insistant, ce procédé bien connu de nos publicitaires actuels. Pour l'exemple, lors des dernières élections présidentielles nous avons entendu le candidat "Hollande" utiliser avec bonheur cet outil de la rhétorique : " moi président ... moi président ..." et en tirer tout le bénéfice
La division de cette partie du texte en paragraphes, donne toute sa force à l'accusation, chaque paragraphe correspondant à une cible différente. Cette construction de la conclusion en dénonciations succinctes dégage, de plus, une impression de dynamisme destiné à suggérer au lecteur l'importance du crime, l'urgence de la dénonciation ainsi que la détermination de l'auteur. Cette construction rend également la lecture du texte plus aisée et plus rapide.
La conclusion de l'article "J'Accuse" est bien la démonstration de l'éloquence oratoire mise au service d'une thèse à défendre.

et donc Zola en intervenant dans l'affaire Dreyfus, s'inscrit dans la tradition de l' engagement politique et humanitaire de l'intellectuel, pourchassant les injustices, il suit en cela, notamment Voltaire ou Victor Hugo. Ces écrivains ont su à l'occasion consacrer leur savoir-faire, leur habileté rhétorique, à combattre l'intolérance et les iniquités. Ils ont mis leur célébrité au service de la cause défendue.

A la fois narratif et argumentatif la lettre de Zola est un texte composé de 5 parties comme un discours judiciaire :
- l'exorde où il s'adresse au Président ;
- le rappel des circonstances de la condamnation de Dreyfus ;
- l'identification du traitre Esterhazy ;
- l'acquittement criminel du coupable Esterhazy ;
- la péroraison.

Par sa haute qualité de rédaction "j'accuse ...! " , article publié en première page, et doté d'un titre écrit avec une énorme police de caractère, de deux majuscules, eut un immense retentissement, il est probablement l'un des articles parus dans la presse le plus connu au monde.

"J' Accuse…! incarne encore aujourd'hui une œuvre à la fois humaine, artistique et hautement littéraire.

Lydia Maleville

A regarder :
http://youtu.be/8tJEj4hNXe4 Dumaillet 15mn

http://youtu.be/fOS15c03yFw l'affaire Dreyfus Guillemin 34mn
http://youtu.be/PytNVlpCtgE l'affaire Dreyfus II Guillemin 26 mn
http://youtu.be/yC4H6BdAVvc l'affaire Dreyfus III Guillemin 19mn

http://www.ina.fr/economie-et-societe ... 98001431/j-accuse.fr.html

A écouter :

http://youtu.be/nb5gnoVqRFA yves Duteil
http://youtu.be/P32zsBvc0n0 Yves Duteil


Attacher un fichier:



jpg  une_aurore_deutsches.jpg (66.62 KB)
3_50f2bab2e2db5.jpg 547X800 px

jpg  Zola_98.jpg (31.57 KB)
3_50f2babe19fb6.jpg 343X424 px

jpg  Jaccuse_autographe (copie).jpg (60.45 KB)
3_50f2baca3df8f.jpg 453X600 px

jpg  degradation_dreyfus_invalides.JPG (140.70 KB)
3_50f2baf448002.jpg 600X800 px

jpg  photographie_capitaine_dreyfus.jpg (57.59 KB)
3_50f2bb0a6aa7c.jpg 600X730 px

jpg  465px-Musée_des_Horreurs_4.jpg (91.21 KB)
3_50f2bb1a543c7.jpg 465X599 px

jpg  Carte_jaccuse.jpg (38.97 KB)
3_50f2bb70595d0.jpg 397X253 px

Posté le : 13/01/2013 14:49
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


J'Accuse...! de Zola L'affaire Dreyfus 1
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
Le 13 Janvier 1898 "J' Accuse...!" le pamphlet de E. Zola s'affiche sur

les pages du journal "l'Aurore",


Ce titre est crié dans toutes les rues de France. Ce jeune journal va servir de support a un puissant tir de barrage, initié par Emile Zola, qui au sommet de sa gloire, met sa plume au service de la justice et se met en danger pour secourir le capitaine Dreyfus victime, accusé à tort de trahison, d'intelligence avec l'ennemi, accusation fomentée contre lui certainement au nom de l’antisémitisme ambiant qui sévit en cette fin de XIX éme siècle.
Le quatrième pouvoir est né, la presse rend public les actions cachées et sert d'amplificateur en atteignant chaque citoyen.
Le puissant réquisitoire de Zola est construit avec une rigueur parfaite, l’auteur avec maîtrise et dévoile l'affaire dans sa totalité faisant la lumière sur les mécanismes et manipulations ténébreuses.

"Qu'avons-nous vu dans l'affaire Dreyfus sinon, en face de nous, un tel amas de saletés et de laideurs qu'à moins de nous en faire les complices, nous avons dû désirer de toutes nos forces que cela n'eût jamais eu lieu dans l'histoire du monde."
Charles Péguy, 4 juillet 1900, dans Cahiers de la Quinzaine, I-II, paru le 4 juillet 1900, Charles Péguy.



Lettre au président Félix Faure.
Ces pages ont paru dans L'Aurore, le 13 janvier 1898.

Commentaire introductoire de Zola:
Ce qu'on ignore, c'est qu'elles furent d'abord imprimées en une brochure, comme les deux Lettres précédentes. Au moment de mettre cette brochure en vente, la pensée me vint de donner à ma Lettre une publicité plus large, plus retentissante, en la publiant dans un journal, L'Aurore avait déjà pris parti, avec une indépendance, un courage admirables, et je m'adressai naturellement à elle.
Depuis ce jour, ce journal est devenu pour moi l'asile, la tribune de liberté et de vérité, où j'ai pu tout dire. J'en ai gardé au directeur, M. Ernest Vaughan, une grande reconnaissance. - Après la vente de L'Aurore à trois cent mille exemplaires, et les poursuites judiciaires qui suivirent, la brochure resta même en magasin. D'ailleurs, au lendemain de l'acte que j'avais résolu et accompli, je croyais devoir garder le silence, dans l'attente de mon procès et des conséquences que j'en espérais.






LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Par EMILE ZOLA


________________________________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________________________________


J'accuse... !



LETTRE A M. FELIX FAURE

Président de la République

Monsieur le Président,

Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?

Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les coeurs. Vous apparaissez rayonnant dans l'apothéose de cette fête patriotique que l'alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom - j'allais dire sur votre règne - que cette abominable affaire Dreyfus ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d'oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c'est fini, la France a sur la joue cette souillure, l'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis.

Puisqu'ils ont osé, j'oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j'ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l'innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis.

Et c'est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d'honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l'ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n'est à vous, le premier magistrat du pays ?

La vérité d'abord sur le procès et sur la condamnation de Dreyfus.

Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c'est le colonel du Paty de Clam, alors simple commandant. Il est l'affaire Dreyfus tout entière, on ne la connaîtra que lorsqu'une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsabilités. Il apparaît comme l'esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d'intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses qui colportent, de nuit, des preuves accablantes. C'est lui qui imagina de dicter le bordereau à Dreyfus ; c'est lui qui rêva de l'étudier dans une pièce entièrement revêtue de glaces ; c'est lui que le commandant Forzinetti nous représente armé d'une lanterne sourde, voulant se faire introduire près de l'accusé endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime, dans l'émoi du réveil. Et je n'ai pas à tout dire, qu'on cherche, on trouvera. Je déclare simplement que le commandant du Paty de Clam, chargé d'instruire l'affaire Dreyfus, comme officier judiciaire, est, dans l'ordre des dates et des responsabilités, le premier coupable de l'effroyable erreur judiciaire qui a été commise.

Le bordereau était depuis quelque temps déjà entre les mains du colonel Sandherr, directeur du bureau des renseignements, mort depuis de paralysie générale. Des "fuites" avaient lieu, des papiers disparaissaient, comme il en disparaît aujourd'hui encore ; et l'auteur du bordereau était recherché, lorsqu'un a priori se fit peu à peu que cet auteur ne pouvait être qu'un officier de l'état-major, et un officier d'artillerie : double erreur manifeste, qui montre avec quel esprit superficiel on avait étudié ce bordereau, car un examen raisonné démontre qu'il ne pouvait s'agir que d'un officier de troupe. On cherchait donc dans la maison, on examinait les écritures, c'était comme une affaire de famille, un traître à surprendre dans les bureaux mêmes, pour l'en expulser. Et, sans que je veuille refaire ici une histoire connue en partie, le commandant du Paty de Clam entre en scène, dès qu'un premier soupçon tombe sur Dreyfus. A partir de ce moment, c'est lui qui a inventé Dreyfus, l'affaire devient son affaire, il se fait fort de confondre le traître, de l'amener à des aveux complets. Il y a bien le ministre de la guerre, le général Mercier, dont l'intelligence semble médiocre ; il y a bien le chef de l'état-major, le général de Boisdeffre, qui paraît avoir cédé à sa passion cléricale, et le sous-chef de l'état-major, le général Gonse, dont la conscience a pu s'accommoder de beaucoup de choses. Mais, au fond, il n'y a d'abord que le commandant du Paty de Clam, qui les mène tous, qui les hypnotise, car il s'occupe aussi de spiritisme, d'occultisme, il converse avec les esprits. On ne croira jamais les expériences auxquelles il a soumis le malheureux Dreyfus, les pièges dans lesquels il a voulu le faire tomber, les enquêtes folles, les imaginations monstrueuses, toute une démence torturante.

Ah ! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais ! Le commandant du Paty de Clam arrête Dreyfus, le met au secret. Il court chez madame Dreyfus, la terrorise, lui dit que, si elle parle, son mari est perdu. Pendant ce temps, le malheureux s'arrachait la chair, hurlait son innocence. Et l'instruction a été faite ainsi, comme dans une chronique du quinzième siècle, au milieu du mystère, avec une complication d'expédients farouches, tout cela basé sur une seule charge enfantine, ce bordereau imbécile, qui n'était pas seulement une trahison vulgaire, qui était aussi la plus impudente des escroqueries, car les fameux secrets livrés se trouvaient presque tous sans valeur. Si j'insiste, c'est que l'oeuf est ici, d'où va sortir plus tard le vrai crime, l'épouvantable déni de justice dont la France est malade. Je voudrais faire toucher du doigt comment l'erreur judiciaire a pu être possible, comment elle est née des machinations du commandant du Paty de Clam, comment le général Mercier, les généraux de Boisdeffre et Gonse ont pu s'y laisser prendre, engager peu à peu leur responsabilité dans cette erreur, qu'ils ont cru devoir, plus tard, imposer comme la vérité sainte, une vérité qui ne se discute même pas. Au début, il n'y a donc, de leur part, que de l'incurie et de l'inintelligence. Tout au plus, les sent-on céder aux passions religieuses du milieu et aux préjugés de l'esprit de corps. Ils ont laissé faire la sottise.

Mais voici Dreyfus devant le conseil de guerre. Le huis clos le plus absolu est exigé. Un traître aurait ouvert la frontière à l'ennemi, pour conduire l'empereur allemand jusqu'à Notre-Dame, qu'on ne prendrait pas des mesures de silence et de mystère plus étroites. La nation est frappée de stupeur, on chuchote des faits terribles, de ces trahisons monstrueuses qui indignent l'Histoire, et naturellement la nation s'incline. Il n'y a pas de châtiment assez sévère, elle applaudira à la dégradation publique, elle voudra que le coupable reste sur son rocher d'infamie, dévoré par le remords. Est-ce donc vrai, les choses indicibles, les choses dangereuses, capables de mettre l'Europe en flammes, qu'on a dû enterrer soigneusement derrière ce huis clos ? Non ! il n'y a eu, derrière, que les imaginations romanesques et démentes du commandant du Paty de Clam. Tout cela n'a été fait que pour cacher le plus saugrenu des romans-feuilletons. Et il suffit, pour s'en assurer, d'étudier attentivement l'acte d'accusation, lu devant le conseil de guerre.

Ah ! le néant de cet acte d'accusation ! Qu'un homme ait pu être condamné sur cet acte, c'est un prodige d'iniquité. Je défie les honnêtes gens de le lire, sans que leur coeur bondisse d'indignation et crie leur révolte, en pensant à l'expiation démesurée, là-bas, à l'île du Diable. Dreyfus sait plusieurs langues, crime ; on n'a trouvé chez lui aucun papier compromettant, crime ; il va parfois dans son pays d'origine, crime ; il est laborieux, il a le souci de tout savoir, crime ; il ne se trouble pas, crime ; il se trouble, crime. Et les naïvetés de rédaction, les formelles assertions dans le vide ! On nous avait parlé de quatorze chefs d'accusation : nous n'en trouvons qu'une seule en fin de compte, celle du bordereau; et nous apprenons même que, les experts n'étaient pas d'accord, qu'un d'eux, M. Gobert, a été bousculé militairement, parce qu'il se permettait de ne pas conclure dans le sens désiré. On parlait aussi de vingt-trois officiers qui étaient venus accabler Dreyfus de leurs témoignages. Nous ignorons encore leurs interrogatoires, mais il est certain que tous ne l'avaient pas chargé ; et il est à remarquer, en outre, que tous appartenaient aux bureaux de la guerre. C'est un procès de famille, on est là entre soi, et il faut s'en souvenir : l'état-major a voulu le procès, l'a jugé, et il vient de le juger une seconde fois.

Donc, il ne restait que le bordereau, sur lequel les experts ne s'étaient pas entendus. On raconte que, dans la chambre du conseil, les juges allaient naturellement acquitter. Et, dès lors, comme l'on comprend l'obstination désespérée avec laquelle, pour justifier la condamnation, on affirme aujourd'hui l'existence d'une pièce secrète, accablante, la pièce qu'on ne peut montrer, qui légitime tout, devant laquelle nous devons nous incliner, le bon dieu invisible et inconnaissable. Je la nie, cette pièce, je la nie de toute ma puissance ! Une pièce ridicule, oui, peut-être la pièce où il est question de petites femmes, et où il est parlé d'un certain D... qui devient trop exigeant, quelque mari sans doute trouvant qu'on ne lui payait pas sa femme assez cher. Mais une pièce intéressant la défense nationale, qu'on ne saurait produire sans que la guerre fût déclarée demain, non, non ! C'est un mensonge ; et cela est d'autant plus odieux et cynique qu'ils mentent impunément sans qu'on puisse les en convaincre. Ils ameutent la France, ils se cachent derrière sa légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les coeurs, en pervertissant les esprits. Je ne connais pas de plus grand crime civique.

Voilà donc, monsieur le Président, les faits qui expliquent comment une erreur judiciaire a pu être commise ; et les preuves morales, la situation de fortune de Dreyfus, l'absence de motifs, son continuel cri d'innocence, achèvent de le montrer comme une victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait, de la chasse aux "sales juifs", qui déshonore not
Et nous arrivons à l'affaire Esterhazy. Trois ans se sont passés, beaucoup de consciences restent troublées profondément, s'inquiètent, cherchent, finissent par se convaincre de l'innocence de Dreyfus.
Je ne ferai pas l'historique des doutes, puis de la conviction de M. Scheuter-Kestner. Mais, pendant qu'il fouillait de son côté, il se passait des faits graves à l'état-major même. Le colonel Sandherr était mort, et le lieutenant-colonel Picquart lui avait succédé comme chef du bureau des renseignements. Et c'est à ce titre, dans l'exercice de ses fonctions, que ce dernier eut un jour entre les mains une lettre-télégramme, adressée au commandant Esterhazy, par un agent d'une puissance étrangère. Son devoir strict était d'ouvrir une enquête. La certitude est qu'il n'a jamais agi en dehors de la volonté de ses supérieurs. Il soumit donc ses soupçons à ses supérieurs hiérarchiques, le général Gonse, puis le général de Boisdeffre, puis le général Billot, qui avait succédé au général Mercier comme ministre de la guerre. Le fameux dossier Picquart, dont il a été tant parlé, n'a jamais été que le dossier Billot, j'entends le dossier fait par un subordonné pour son ministre, le dossier qui doit exister encore au ministère de la guerre. Les recherches durèrent de mai à septembre 1896, et ce qu'il faut affirmer bien haut, c'est que le général Gonse était convaincu de la culpabilité d'Esterhazy, c'est que le général de Boisdeffre et le général Billot ne mettaient pas en doute que le fameux bordereau fût de l'écriture d'Esterhazy. L'enquête du lieutenant-colonel Picquart avait abouti à cette constatation certaine. Mais l'émoi était grand, car la condamnation d'Esterhazy entraînait inévitablement la révision du procès Dreyfus ; et c'était ce que l'état-major ne voulait à aucun prix.
Il dut y avoir là une minute psychologique pleine d'angoisse. Remarquez que le général Billot n'était compromis dans rien, il arrivait tout frais, il pouvait faire la vérité. Il n'osa pas, dans la terreur sans doute de l'opinion publique, certainement aussi dans la crainte de livrer tout l'état-major, le général de Boisdeffre, le général Gonse, sans compter les sous-ordres. Puis, ce ne fut là qu'une minute de combat entre sa conscience et ce qu'il croyait être l'intérêt militaire. Quand cette minute fut passée, il était déjà trop tard. Il s'était engagé, il était compromis. Et, depuis lors, sa responsabilité n'a fait que grandir, il a pris à sa charge le crime des autres, il est aussi coupable que les autres, il est plus coupable gueux, car il a été le maître de faire justice, et il n'a rien fait. Comprenez-vous cela ! voici un an que le général Billot, que les généraux de Boisdeffre et Gonse savent que Dreyfus est innocent, et ils ont gardé pour eux cette effroyable chose ! Et ces gens-là dorment, et ils ont des femmes et des enfants qu'ils aiment !
Le colonel Picquart avait rempli son devoir d'honnête homme. Il insistait auprès de ses supérieurs, au nom de la justice. Il les suppliait même, il leur disait combien leurs délais étaient impolitiques, devant le terrible orage qui s'amoncelait, qui devait éclater, lorsque la vérité serait connue. Ce fut, plus tard, le langage que M. Scheurer-Kestner tint également au général Billot, l'adjurant par patriotisme de prendre en main l'affaire, de ne pas la laisser s'aggraver, au point de devenir un désastre public. Non ! le crime était commis, l'état-major ne pouvait plus avouer son crime. Et le lieutenant-colonel Picquart fut envoyé en mission, on l'éloigna de plus loin en plus loin, jusqu'en Tunisie, où l'on voulut même un jour honorer sa bravoure en le chargeant d'une mission qui l'aurait sûrement fait massacrer, dans les parages où le marquis de Morès a trouvé la mort. Il n'était pas en disgrâce, le général Gonse entretenait avec lui une correspondance amicale. Seulement, il est des secrets qu'il ne fait pas bon d'avoir surpris.

A Paris, la vérité marchait, irrésistible, et l'on sait de quelle façon l'orage attendu éclata. M. Mathieu Dreyfus dénonça le commandant Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau, au moment où M. Scheurer-Kestner allait déposer, entre les mains du garde des sceaux, une demande en révision du procès. Et c'est ici que le commandant Esterhazy paraît. Des témoignages le montrent d'abord affolé, prêt au suicide ou à la fuite. Puis, tout d'un coup, il paye d'audace, il étonne Paris par la violence de son attitude. C'est que du secours lui était venu, il avait reçu une lettre anonyme l'avertissant des menées de ses ennemis, une dame mystérieuse s'était même dérangée de nuit pour lui remette une pièce volée à l'état-major, qui devait le sauver. Et je ne puis m'empêcher de retrouver là le lieutenant-colonel du Paty de Clam en reconnaissant les expédients de son imagination fertile. Son oeuvre, la culpabilité de Dreyfus était en péril, et il a voulu sûrement défendre son oeuvre. La révision du procès, mais c'était l'écroulement du roman-feuilleton si extravagant, si tragique, dont le dénouement abominable a lieu à l'île du Diable ! C'est ce qu'il ne pouvait permettre. Dès lors, le duel va avoir lieu entre le lieutenant-colonel Picquart et le lieutenant-colonel du Paty de Clam, l'un le visage découvert, l'autre masqué. On les retrouvera prochainement tous deux devant la justice civile. Au fond, c'est toujours l'état-major qui se défend, qui ne veut pas avouer son crime, dont l'abomination grandit d'heure en heure.

On s'est demandé avec stupeur quels étaient les protecteurs du commandant Esterhazy. C'est d'abord, dans l'ombre, le lieutenant-colonel du Paty de Clam qui a tout machiné, qui a tout conduit. Sa main se trahit aux moyens saugrenus. Puis, c'est le général de Boisdeffre, c'est le général Gonse, c'est le général Billot lui-même, qui sont bien obligés de faire acquitter le commandant, puisqu'ils ne peuvent laisser reconnaître l'innocence de Dreyfus, sans que les bureaux de la guerre croulent dans le mépris public. Et le beau résultat de cette situation prodigieuse est que l'honnête homme, là-dedans, le lieutenant-colonel Picquart, qui seul a fait son devoir, va être la victime, celui qu'on bafouera et qu'on punira. O justice, quelle affreuse désespérance serre le coeur ! On va jusqu'à dire que c'est lui le faussaire, qu'il a fabriqué la carte-télégramme pour perdre Esterhazy. Mais, grand Dieu ! pourquoi ? dans quel but ? Donnez un motif. Est-ce que celui-là aussi est payé par les juifs ? Le joli de l'histoire est qu'il était justement antisémite. Oui ! nous assistons à ce spectacle infâme, des hommes perdus de dettes et de crimes dont on proclame l'innocence, tandis qu'on frappe l'honneur même, un homme à la vie sans tache ! Quand une société en est là, elle tombe en décomposition.

Voilà donc, monsieur le Président, l'affaire Esterhazy : un coupable qu'il s'agissait d'innocenter. Depuis bientôt deux mois, nous pouvons suivre heure par heure la belle besogne. J'abrège, car ce n'est ici, en gros, que le résumé de l'histoire dont les brûlantes pages seront un jour écrites tout au long. Et nous avons donc vu le général de Pellieux, puis le commandant Ravary, conduire une enquête scélérate d'où les coquins sortent transfigurés et les honnêtes gens salis. Puis, on a convoqué le conseil de guerre.

Comment a-t-on pu espérer qu'un conseil de guerre déferait ce qu'un conseil de guerre avait fait ?

Je ne parle même pas du choix toujours possible des juges. L'idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir même d'équité ? Qui dit discipline dit obéissance. Lorsque le ministre de la guerre, le grand chef a établi publiquement, aux acclamations de la représentation nationale, l'autorité absolue de la chose jugée, vous voulez qu'un conseil de guerre lui donne un formel démenti ? Hiérarchiquement, cela est impossible. Le général Billot a suggestionné les juges par sa déclaration, et ils ont jugé comme ils doivent aller au feu, sans raisonner. L'opinion préconçue qu'ils ont apportée sur leur siège, est évidemment celle-ci : "Dreyfus a été condamné pour crime de trahison par un conseil de guerre ; il est donc coupable, et nous, conseil de guerre, nous ne pouvons le déclarer innocent : or nous savons que reconnaître la culpabilité d'Esterhazy, ce serait proclamer l'innocence de Dreyfus. " Rien ne pouvait les faire sortir de là.

Ils ont rendu une sentence inique, qui à jamais pèsera sur nos conseils de guerre, qui entachera désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier conseil de guerre a pu être inintelligent, le second est forcément criminel. Son excuse, je le répète, est que le chef suprême avait parlé, déclarant la chose jugée inattaquable, sainte et supérieure aux hommes, de sorte que des inférieurs ne pouvaient dire le contraire. On nous parle de l'honneur de l'armée, on veut que nous l'aimions, que nous la respections. Ah ! certes, oui, l'armée qui se lèverait à la première menace, qui défendrait la terre française, elle est tout le peuple et nous n'avons pour elle que tendresse et respect. Mais il ne s'agit pas d'elle, dont nous voulons justement la dignité, dans notre besoin de justice. Il s'agit du sabre, le maître qu'on nous donnera demain peut-être. Et baiser dévotement la poignée du sabre, le dieu, non !

Je l'ai démontré d'autre part : l'affaire Dreyfus était l'affaire des bureaux de la guerre, un officier de l'état-major, dénoncé par ses camarades de l'état-major, condamné sous la pression des chefs de l'état-major. Encore une fois, il ne peut revenir innocent sans que tout l'état-major soit coupable. Aussi les bureaux, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par des communications, par des influences, n'ont-ils couvert Esterhazy que pour perdre une seconde fois Dreyfus. Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que les appelle le général Billot lui-même ! Où est-il, le ministère vraiment fort et d'un patriotisme sage, qui osera tout y refondre et tout y renouveler ? Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d'angoisse, en sachant dans quelles mains est la défense nationale ! et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile sacré, où se décide le sort de la patrie ! On s'épouvante devant le jour terrible que vient d'y jeter l'affaire Dreyfus, ce sacrifice humain d'un malheureux, d'un "sale juif" ! Ah ! tout ce qui s'est agité là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des moeurs d'inquisition et de tyrannies, le bon plaisir de quelques galonnés mettant leurs bottes sur la nation, lui rentrant dans la gorge son cri de vérité et de justice, sous le prétexte menteur et sacrilège de la raison d'Etat !

Et c'est un crime encore que de s'être appuyé sur la presse immonde, que de s'être laissé défendre par toute la fripouille de Paris, de sorte que voilà la fripouille qui triomphe insolemment, dans la défaite du droit et de la simple probité. C'est un crime d'avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu'on ourdit soi-même l'impudent complot d'imposer l'erreur, devant le monde entier. C'est un crime d'égarer l'opinion, d'utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu'on a pervertie jusqu'à la faire délirer. C'est un crime d'empoisonner les petits et les humbles, d'exaspérer les passions de réaction et d'intolérance, en s'abritant derrière l'odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l'homme mourra, si elle n'en est pas guérie. C'est un crime que d'exploiter le patriotisme pour des oeuvres de haine, et c'est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l'oeuvre prochaine de vérité et de justice.

Cette vérité, cette justice, que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies ! Je me doute de l'écroulement qui doit avoir lieu dans l'âme de M. Scheurer-Kestner, et je crois bien qu'il finira par éprouver un remords, celui de n'avoir pas agi révolutionnairement, le jour de l'interpellation au Sénat, en lâchant tout le paquet, pour tout jeter à bas. Il a été le grand honnête homme, l'homme de sa vie loyale, il a cru que la vérité se suffisait à elle-même, surtout lorsqu'elle lui apparaissait éclatante comme le plein jour. A quoi bon tout bouleverser, puisque bientôt le soleil allait luire ? Et c'est de cette sérénité confiante dont il est si cruellement puni. De même pour le lieutenant-colonel Picquart, qui, par un sentiment de haute dignité, n'a pas voulu publier les lettres du général Gonse. Ces scrupules l'honorent d'autant plus que, pendant qu'il restait respectueux de la discipline, ses supérieurs le faisaient couvrir de boue, instruisaient eux-mêmes son procès, de la façon la plus inattendue et la plus outrageante. Il y a deux victimes, deux braves gens, deux coeurs simples, qui ont laissé faire Dieu, tandis que le diable agissait. Et l'on a même vu, pour le lieutenant colonel Picquart, cette chose ignoble : un tribunal français, après avoir laissé le rapporteur charger publiquement un témoin, l'accuser de toutes les fautes, a fait le huis clos, lorsque ce témoin a été introduit pour s'expliquer et se défendre. Je dis que cela est un crime de plus et que ce crime soulèvera la conscience universelle. Décidément, les tribunaux militaires se font une singulière idée de la justice.

Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure. Je me doute bien que vous n'avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le prisonnier de la Constitution et de votre entourage. Vous n'en avez pas moins un devoir d'homme, auquel vous songerez, et que vous remplirez. Ce n'est pas, d'ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente : la vérité est en marche et rien ne l'arrêtera. C'est aujourd'hui seulement que l'affaire commence, puisque aujourd'hui seulement les positions sont nettes : d'une part, les coupables qui ne veulent pas que la lumière se fasse ; de l'autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu'elle soit faite. Quand on enferme la vérité sous terre, elle s'y amasse, elle y prend une force telle d'explosion que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l'on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.

Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.

J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle.

J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique, et pour sauver l'état-major compromis.

J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du même crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable.

J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue et du jugement.

J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans L'Eclair et dans L'Echo de Paris, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.

J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable.

En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement que je m'expose.

Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.

Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !

J'attends.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.

EMILE ZOLA
_______________________________________________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________________________________________


J'accuse…!


"J’accuse… !"
est le titre d'un article rédigé par Émile Zola lors de l'affaire Dreyfus.
Il est publié dans le journal L'Aurore du 13 janvier 1898 sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République française, Félix Faure.
Alfred Dreyfus est un officier français d’état-major général, d’origine juive, accusé à tort d’avoir livré des documents secrets à l’attaché militaire allemand en poste à Paris, à l’automne 1894. Après une enquête à charge, et sous la pression d’une importante campagne de presse à caractère antisémite, le capitaine Dreyfus est condamné à l'emprisonnement à perpétuité dans une enceinte fortifiée. Dégradé publiquement, il est expédié sur l’île du Diable, en Guyane française. Sa famille organise sa défense. Peu à peu, les informations s’accumulent à propos d’irrégularités graves dans l’instruction et le procès de 1894. Le véritable traître est finalement officiellement identifié en novembre 1897 : c'est le commandant Walsin Esterházy.
Devant le risque d’une contestation populaire et d’un retour de l’affaire sur le devant de la scène, les militaires qui ont fait condamner Dreyfus s’organisent afin que leurs irrégularités ne soient pas exposées publiquement. Pourtant, le lieutenant-colonel Georges Picquart, chef du service des renseignements militaires, avait découvert l’identité du véritable traître dès 1896. Mais il est limogé par l’état-major, qui se livre à des manœuvres de protection du véritable coupable, dont le but est de maintenir coûte que coûte Dreyfus au bagne.
À la fin de l’année 1897, le cercle des dreyfusards s’élargit. Le vice-président du Sénat, Auguste Scheurer-Kestner décide de prendre fait et cause pour Alfred Dreyfus. De proche en proche, ces rumeurs atteignent Émile Zola, jusque là totalement étranger à l’affaire Dreyfus. Il publie quelques articles, sans effet majeur. Mais la rumeur enfle. L’état-major de l’armée décide en retour de faire comparaître le commandant Esterházy en Conseil de guerre, où il est acquitté à l'unanimité le 11 janvier 1898.
Révolté, Émile Zola décide de frapper fort. Au travers d'un pamphlet contestant cette décision de justice au nom de valeurs universelles, l'écrivain décide de s'exposer publiquement, afin de comparaître aux assises pour qu'un nouveau procès, plus indépendant, puisse se dérouler. Par des accusations publiques et nominatives, par voie de presse, de dix acteurs de l’affaire Dreyfus, dont le ministre de la Guerre et le chef d’état-major de l’armée, le romancier sait qu'il se met sous le coup de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, comme il l'écrit à la fin de son texte. La diffamation d'un fonctionnaire de l'État relève en effet des assises. Par là, Zola compte refaire le procès Dreyfus, mais jugé cette fois par un jury populaire indépendant du pouvoir militaire.
C'est cet article qui relance l'affaire Dreyfus, au moment où le véritable coupable (Esterházy) étant acquitté, tout pouvait sembler perdu pour le camp dreyfusard. Accusé de diffamation publique, Zola est jugé au mois de février 1898. Malgré les entraves posées par le président du tribunal, qui interdit que le sujet du procès Dreyfus ne soit évoqué car il a déjà été jugé, plus de cent témoins parviennent à s'exprimer librement. Zola est cependant condamné au maximum de la peine et doit s’exiler à Londres. Mais le procès, qui a duré plus de deux semaines, a permis de montrer les failles de l’accusation contre Alfred Dreyfus et mène, quelques mois plus tard, au processus de révision de l’affaire du capitaine.
"J'accuse...!", l’article d’Émile Zola, au travers de son engagement et en raison des résultats obtenus, représente ainsi le symbole de l'éloquence oratoire et du pouvoir de la presse mis au service de la défense d'un homme et de la vérité.



Émile Zola.




Émile Zola en pleine gloire s'engage dans l'affaire Dreyfus.


En 1898, Émile Zola est un écrivain au sommet de la gloire. Bien qu'il n'ait jamais pu se faire élire à l'Académie française, il est décoré de la Légion d'honneur et préside la Société des gens de lettres. Ayant déjà achevé son cycle romanesque des Rougon-Macquart en vingt volumes, il termine à ce moment-là un triptyque, Les Trois Villes, et s'apprête à en commencer un autre, Les Quatre Évangiles. Il est à l'abri du besoin, même à la tête d'une petite fortune, après des décennies de vache maigre. Il n'a plus rien à prouver ni à gagner dans ce nouvel engagement.
Reconnu avant tout comme romancier, Zola a pourtant débuté sa carrière d'homme de lettres dans la presse, dont il a compris le pouvoir croissant. Journaliste passé par toutes les rubriques de nombreux journaux, y compris les faits divers, il y a acquis la maîtrise d'une écriture tournée vers l'efficacité. Surtout, son éloquence en fait l'un des éditorialistes à la fois les plus respectés et les plus craints de la presse parisienne.
Il s'est aussi fait longtemps connaître comme critique d'art, épinglant ou louant les nouveaux mouvements picturaux, comme les anciens. Son passage au Figaro a été particulièrement remarqué, quotidien qu'il quitte officiellement le 22 septembre 1881 dans un article à la une, "Adieux" , pour se consacrer entièrement aux Rougon-Macquart.
Avant ses premiers contacts à l'occasion de l'affaire Dreyfus, Zola n'a jamais fait de politique, hormis un bref intermède à la chute du Second Empire, afin d'obtenir un poste de sous-préfet, sans succès. Observateur attentif de cette fin de régime et de la naissance de la Troisième République, il s'est tenu à l'écart de tout engagement. Mieux, son observation du monde politique le rend sceptique, et il gardera toujours une once de mépris et d'incrédulité face à un personnel politique, beaucoup trop compromis à son goût. Mais il reste convaincu que la République et la démocratie sont les meilleurs garants des libertés publiques. Zola sait, la connaissant bien, qu'il peut compter sur une presse de contre-pouvoir, pour le jour où il décidera de s'engager pour une cause
L'affaire Dreyfus jusqu'en janvier 1898

Affaire Dreyfus.

L'affaire Dreyfus commence à l'automne 1894 sur la base d'une lettre appelée « bordereau ». Cette lettre prouve que des fuites sont organisées vers l'ambassade d'Allemagne à Paris. Un capitaine d'état-major de confession juive, Alfred Dreyfus, est alors accusé d'espionnage et condamné au bagne à perpétuité car son écriture ressemble à celle du bordereau. Malgré les dénégations de l'accusé, un dossier vide de preuves, l'absence de mobile, le Conseil de guerre le condamne à l'unanimité. Cette unanimité emporte l'adhésion quasi-totale de l'opinion publique française : Dreyfus a trahi et a été justement condamné, pense-t-on. Le capitaine est dégradé dans la cour d'honneur de l'École militaire à Paris le 5 janvier 1895, puis expédié à l'île du Diable, en Guyane française. Deux années passent.
La famille du capitaine n'a jamais accepté les circonstances de cette condamnation. Mathieu Dreyfus, le frère du condamné, et Lucie Dreyfus, son épouse, ne peuvent s'y résoudre et engagent tout leur temps et leurs moyens. Petit à petit, des informations filtrent, des détails s'amoncèlent encourageant la famille dans la voie de la révision. Parallèlement, Georges Picquart, nouveau chef des services secrets français, s'aperçoit à l'été 1896, que le véritable auteur du bordereau n'est pas Alfred Dreyfus, mais Ferdinand Walsin Esterházy, commandant d'infanterie, criblé de dettes. Fort de ces constatations, le lieutenant-colonel Picquart prévient ses chefs. Mais ces derniers refusent de rendre l'erreur publique et insistent afin que les deux affaires restent séparées. Devant l'insistance du lieutenant-colonel Picquart, celui-ci est limogé et transféré en Afrique du Nord. Alors qu'il est l'objet de diverses machinations orchestrées par son ancien subordonné, le commandant Henry, Picquart confie ses secrets à son ami, l'avocat Louis Leblois. Celui-ci, révolté par l'iniquité faite au capitaine Dreyfus, se confie à son tour au vice-président du Sénat Auguste Scheurer-Kestner, mais tous deux décident de garder le secret faute de preuves positives.
Le tournant vient de la publication du fac-similé du bordereau par le journal Le Matin en novembre 1896. L'écriture du coupable est placardée dans tout Paris et, inévitablement, elle est reconnue : c'est celle d'Esterházy. Mathieu Dreyfus en est informé et Lucie Dreyfus porte plainte contre Esterházy. Auguste Scheurer-Kestner intervient alors officiellement, et devient la cible des nationalistes et des antisémites. Le haut-commandement vole au secours d'Esterházy. Devant les risques présentés par les interrogations de l'opinion publique et l'éventuelle mise en place d'une enquête parlementaire en conséquence, il n'a d'autre choix que de faire comparaître Esterházy en Conseil de guerre. L'intérêt de cette décision pour les militaires est de fermer définitivement la voie juridique à la révision de l'affaire Dreyfus, par un acquittement contre lequel il ne peut pas y avoir d'appel. L'audience est ouverte le 10 janvier 1898. Adroitement manipulés, l'enquêteur, de Pellieux, et les militaires magistrats acquittent le véritable traître au terme d'une parodie de justice de deux journées, à l'issue d'un délibéré de trois minutes. En réponse, Zola, qui avait déjà écrit trois articles assez modérés dans Le Figaro, décide de frapper un grand coup au travers d'une lettre ouverte au président de République.
Zola devient acteur de l'Affaire

Émile Zola dans l’affaire Dreyfus.

La source du combat d'Émile Zola est à rechercher dans la tradition d'engagement politique de l'intellectuel, illustrée avant lui, et notamment, par Voltaire et l'affaire Calas au XVIIIe siècle ou encore plus récemment, par Victor Hugo, dont l'affrontement avec Louis Napoléon Bonaparte reste vivant dans tous les esprits.
Ces écrivains ont su à l'occasion consacrer leur savoir-faire et leur habileté rhétorique à combattre l'intolérance et l'injustice. Ils ont mis leur célébrité au service de la cause défendue, sans souci des conséquences. Le camp dreyfusard cherchait à générer un engagement de ce type, souhaitait l'emblème littéraire au profit de leur cause. La presse de l'automne-hiver 1897-1898 fait référence de nombreuses fois à l'affaire Calas ou au Masque de fer, en réclamant un nouveau Voltaire pour défendre Alfred Dreyfus.
Mais les grandes plumes avaient disparu : Honoré de Balzac, Guy de Maupassant, Gustave Flaubert, ou même Alphonse Daudet, qui meurt à ce moment-là, en décembre 1897. Des grands hommes de lettres célèbres, ne restait qu'Émile Zola. Sollicité, il décide d'intervenir directement dans le débat au cours de l'automne 1897, après une longue réflexion. C'est que jusqu'à cette date, le romancier a ignoré pratiquement l'affaire Dreyfus. Elle ne l'intéressait pas, sauf à craindre la montée des périls antisémites qui le navraient.
Approché par le vice-président du Sénat Auguste Scheurer-Kestner, Zola est convaincu de l'iniquité de la décision de justice ; le sénateur détient en effet des informations indirectes mais sûres de l'avocat Louis Leblois. Ce dernier, confident du colonel Picquart, ex-chef des Renseignements militaires, le conseille ; ce cercle restreint connaît depuis la fin de l'été le nom du véritable coupable, le commandant Esterházy. En cette fin d'année 1897, Zola, révolté par l'injustice et les réactions insultantes de la presse nationaliste, décide d'écrire plusieurs articles dans Le Figaro en faveur du mouvement dreyfusard naissant. Le premier, intitulé M. Scheurer-Kestner, paraît le 25 novembre 1897 et se veut un plaidoyer en faveur de l'homme politique courageux qui se dresse contre l'injustice de la condamnation du capitaine Dreyfus. C'est cet article qui scande le leitmotiv des Dreyfusards pour les années à venir : "La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera", un trait qui exprime le sens de la formule de l'auteur des Rougon-Macquart.
Cet article, et les deux suivants, titrés "Le Syndicat" le 1er décembre et "Procès-verbal" le 5 décembre, restent sans effet notoire. Les militaires, pas plus que les hommes politiques, ne sont impressionnés par cet engagement résolu, mais encore modéré.
Cependant, l'engagement relatif d'Émile Zola a indigné une partie du lectorat du Figaro. Des pressions nombreuses incitent sa direction à informer le romancier que ses colonnes lui seront désormais fermées. Fernand de Rodays, l'un de ses directeurs, le plus favorable à la cause dreyfusarde, décide alors de passer la main à son associé et se retire de la direction du Figaro.
La légende, entretenue par Zola lui-même, veut que l'écrivain ait rédigé l'article "J’accuse… ! " en deux jours, entre le 11 et le 13 janvier, sous le coup de l'émotion issue du verdict d'acquittement rendu au profit du commandant Esterházy. Mais les spécialistes ne sont pas de cet avis. La densité des informations contenues dans l'article et divers indices démontrant l'intention de Zola font pencher plutôt pour une préméditation qui remonte bien avant le procès Esterházy, fin décembre 1897.
Du reste, il semble que Zola ne croyait pas à la condamnation d'Esterházy, d'après son meilleur ami, Paul Alexis, à qui Zola révèle une semaine avant la fin du procès sa certitude de l'acquittement du véritable traître. Mais les deux options sont toutefois envisagées : ou Esterházy est reconnu coupable et l'article appuiera sur les zones d'ombre de l'Affaire en exigeant la révision ; ou c'est l'acquittement et le pamphlet n'en sera que plus redoutable. Dans les deux cas, l'objectif est de répondre violemment à l'iniquité : Zola décide d'un coup d'éclat.
Après le retrait du Figaro, et après avoir échoué dans ses contacts avec d'autres journaux, Émile Zola songe à publier son futur texte en plaquette, puisqu'il ne dispose plus de support de presse pour exprimer son indignation. C'est à ce moment que Louis Leblois, ami du colonel Picquart, lui suggère de se rapprocher du journal L'Aurore et de Clemenceau.
"J’accuse… !" paraît dans l'édition du 13 janvier 1898 du journal L'Aurore, deux jours seulement après l'acquittement d'Esterhazy par le conseil de guerre le 11 janvier, alors que ce jugement semblait ruiner tous les espoirs nourris par les partisans d'une révision du procès ayant condamné Dreyfus. L'article, distribué dès huit heures du matin, fait toute la "une" et une partie de la seconde page du quotidien, dont 200 000 à 300 000 exemplaires s'arrachent en quelques heures à Paris. C'est le texte d'un écrivain, une vision de romancier qui transforme les acteurs du drame en personnages de roman.
Charles Péguy, est témoin de l'évènement :
"Toute la journée, dans Paris, les camelots à la voix éraillée crièrent L'Aurore, coururent avec L'Aurore, en gros paquets sous les bras, distribuèrent L'Aurore aux acheteurs empressés. Le choc fut si extraordinaire que Paris faillit se retourner."
Coïncidence, au moment même où les premiers exemplaires de "J’accuse… !" sont vendus sur le pavé parisien, Picquart est arrêté à son domicile et incarcéré au Mont-Valérien. Le même jour, les élections du président du Sénat et de ses vice-présidents voient la défaite d'Auguste Scheurer-Kestner, premier homme politique dreyfusard, désavoué par ses pairs au surlendemain du verdict d'acquittement du procès Esterházy. C'est dans ce contexte difficile pour les défenseurs d'Alfred Dreyfus que paraît "J’accuse… !".
L'Aurore


Presse et édition dans l'affaire Dreyfus.


Le support du texte d'Émile Zola est un jeune quotidien militant, le journal L'Aurore. Il s'agit d'une feuille du matin très récemment créée, à la fin du mois d'octobre 1897. Le quotidien n'a donc que trois mois d'existence au moment de la parution de l'article de Zola. Le jeudi 13 janvier 1898, le titre affiche ainsi le no 87.
Son fondateur et directeur, Ernest Vaughan, politiquement très marqué par Proudhon, avait adhéré à l'Internationale dès 1867. Collaborateur de plusieurs journaux, il était devenu le gérant de l'Intransigeant en 1881, qu'il dut quitter à cause d'un différend avec son beau-frère, Henri Rochefort en 1888. Après avoir créé L'Aurore en 1897, il quittera la presse en 1903.
[b]Lors de ce lancement, Vaughan tient absolument à s'attacher les services de Georges Clemenceau, qui vient de faire cesser la parution de la Justice quelques mois plus tôt, après seize ans de parution et 688 éditoriaux.
Une autre personnalité du journal est Alexandre Perrenx, quarante-quatre ans en janvier 1898. C'est le gérant du journal, dont le nom sera connu essentiellement au moment du procès d'Émile Zola, comme son co-accusé, défendu par Albert Clemenceau, le frère de l'éditorialiste. Il semble toutefois n'avoir joué aucun rôle dans la publication du texte de Zola.
L'Aurore est donc un petit quotidien parisien avant tout orienté vers la vie artistique et littéraire parisienne. Il offre aussi une tribune politique à un centre gauche républicain progressiste, principalement incarné par Georges Clemenceau, son éditorialiste. Logé rue Montmartre au troisième étage d'un immeuble en arrière-cour, les locaux sont modestes. L'équipe de rédaction est réduite à une demi-douzaine de collaborateurs, provenant principalement des quotidiens la Justice, comme Gustave Geffroy, ou l'Intransigeant.
Le journal dispose de sa propre composition, mais pas de son imprimerie. L'impression du journal est confiée à l'imprimerie Paul Dupont, qui traite aussi la production du Radical, du Jour et de la Patrie. C'est aussi la raison pour laquelle ces quatre journaux portent la même adresse, celle de leur imprimeur.
Le principal collaborateur de Vaughan est Urbain Gohier, dont les outrances anti-militaristes feront fuir de nombreux lecteurs dreyfusards et provoqueront le départ de Clemenceau en 1899. L'équipe rédactionnelle comprend aussi un collaborateur de poids en la personne de Bernard Lazare, auteur des premières brochures éditées pour défendre Alfred Dreyfus. C'est lui qui, en quelques semaines, convainc l'équipe rédactionnelle du journal de l'iniquité.
L'Aurore restera le chef de file des journaux dreyfusards parisiens en offrant un espace d'expression à toutes les principales figures du mouvement. Émile Zola y reste fidèle jusqu'à sa mort, offrant même au quotidien la publication en feuilleton de son roman Fécondité, au retour de son exil londonien, en 1899.
La publication du pamphlet de Zola constitue l'heure de gloire du quotidien, par ailleurs d'une audience fort modeste. Alors que les tirages moyens sont très généralement inférieurs à 30 000 exemplaires, ils culminent certainement au-delà de 200 000 exemplaires à cette mi-janvier 1898, mais on ne connaît pas exactement la diffusion de l'édition du 13 janvier 1898, qui est située entre 200 000 et 300 000 copies. La parution du titre cesse le 2 août 1914, au moment de l'ouverture des hostilités avec l'Allemagne, par défaut d'employés, tous mobilisés.
Un titre percutant, "un cri pour la rue"


La suite ------> http://www.loree-des-reves.com/module ... php?topic_id=774&forum=15

Posté le : 13/01/2013 14:18

Edité par Loriane sur 16-01-2013 22:41:38
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Page du 6 Janvier : Epiphanie, AJ Cronin, Rudolph Noureev
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne

fee etoilee

* A ecouter cette semaine 
*http://youtu.be/BQx7vH_6SQ0
*A  lire cette semaine 

Entraygues de Bleuterre

Lire cliquez ici





 ******* atelier  Concours ******

Les prénoms défi de Emma

   
LES PAGES D'ACCUEIL PRECEDENTES à lire ICI
    
DIMANCHE 6 jANVIER JOUR D' EPIPHANIE 
Fête des rois  lire l'histoire ici



 NOUREEV nous à quitté il y a 2O ans  
lire sa vie ici



Le 6 Janvie
r 1981                         
A.J. Cronin nous quittait. 
Sa vie, ses oeuvres  

L
ire ici

 
---*concours*---

*Venez relever le nouveau défi de Emma :
* poèmes d'amour avec des mots interdits                                  
    * Ecrivez un conte pour enfants   
* Relevez un défi d'allitérations  
*Venez avec Emma  faire un calligramme

Actualité
*Avec Emma écrivez un poème sur la paix  
               ---*Forum Philosophie*---

                     *Venez écrire à Jean-Jacques Rousseau

                      * Question d'Antarés
                      *Le monde contemporain est-il celui de la haine de la poésie ?    


                   Lucinda vous pose deux questions :                                                           
                   *Pourquoi le mensonge  ?          
                   *Pourquoi avons nous besoin des autres ? 


      
     



Posté le : 13/01/2013 00:09
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: peinture-plaisir
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
.

Attacher un fichier:



jpg  62180_400623513346859_353949266_n.jpg (37.40 KB)
3_50f16f1d1de2a.jpg 500X417 px

jpg  5758ec8f-fe2e-2022.jpg (120.47 KB)
3_50f16f386de3e.jpg 450X322 px

jpg  La-pie-Monet.jpg (166.73 KB)
3_50f16f5e335a3.jpg 800X541 px

jpg  3458_426069870795891_1471092101_n.jpg (55.36 KB)
3_50f16f79858de.jpg 700X560 px

jpg  197833_385044934915214_168053433_n.jpg (47.19 KB)
3_50f16f8b23b0e.jpg 600X475 px

jpg  67814_10151364605007489_135640616_n.jpg (112.73 KB)
3_50f16fa190530.jpg 960X851 px

jpg  31562_504632109570833_1021184785_n.jpg (174.62 KB)
3_50f16fc08ff69.jpg 960X755 px

jpg  724_10151363217167489_1314150521_n.jpg (103.69 KB)
3_50f16fd6e6db6.jpg 584X790 px

jpg  63120_447668418614558_1950185336_n.jpg (108.08 KB)
3_50f16febc75dd.jpg 500X598 px

Posté le : 12/01/2013 15:15
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: peinture-plaisir
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
.

Attacher un fichier:



jpg  418642_240049546128101_1386788767_n.jpg (28.80 KB)
3_50f16d1a29b6b.jpg 403X403 px

jpg  282906_527187877305936_112103699_n.jpg (49.40 KB)
3_50f16d3c81efa.jpg 483X540 px

jpg  230253_520851084614504_1140116308_n.jpg (139.38 KB)
3_50f16d67aaf0c.jpg 737X960 px

jpg  385679_380933625329982_1816651703_n.jpg (193.35 KB)
3_50f16d940f658.jpg 744X960 px

jpg  63248_534212113256433_1806487827_n.jpg (105.69 KB)
3_50f16dadb51ea.jpg 573X800 px

jpg  428780_382265045199488_203298228_n.jpg (101.98 KB)
3_50f16dcc719ff.jpg 808X643 px

jpg  16805_526063060745009_386171729_n.jpg (69.64 KB)
3_50f16eeab51c2.jpg 600X600 px

Posté le : 12/01/2013 15:07
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: peinture-plaisir
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
.

Attacher un fichier:



jpg  270321_470318349691270_260474484_n.jpg (25.55 KB)
3_50f16c1923a8a.jpg 403X403 px

jpg  423351_348740898497137_496295169_n.jpg (61.11 KB)
3_50f16c3285fe6.jpg 700X583 px

jpg  483156_575692735780203_1288410267_n.jpg (61.75 KB)
3_50f16c4056f70.jpg 360X471 px

jpg  227118_148285405320533_1665003712_n.jpg (59.55 KB)
3_50f16c66ee1fa.jpg 476X600 px

jpg  18239_530071057003594_535961226_n.jpg (60.75 KB)
3_50f16c9153d26.jpg 515X480 px

jpg  404441_144994415615024_1861941331_n.jpg (69.33 KB)
3_50f16cbe2bc1b.jpg 480X384 px

jpg  63150_507283699311714_656758299_n.jpg (107.67 KB)
3_50f16ccf6f6d9.jpg 960X960 px

Posté le : 12/01/2013 15:01
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: peinture-plaisir
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57700
Hors Ligne
.Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  m503604_91ee2122_p.jpg (85.33 KB)
3_50f16af9be1c0.jpg 670X504 px

jpg  hallc3a9-joseph-accusc3a9-par-la-femme-de-putiphar.jpg (29.85 KB)
3_50f16b119b692.jpg 454X383 px

jpg  722px-Metsu_LaFeteDesRois.jpg (143.76 KB)
3_50f16b2962c88.jpg 722X599 px

jpg  46344_479179102115528_1340087412_n.jpg (11.57 KB)
3_50f16b5d5fdc1.jpg 296X400 px

jpg  75566_396518443762810_2117950945_n.jpg (75.90 KB)
3_50f16b6fa7064.jpg 720X603 px

jpg  154943_10151195965267151_2059570466_n.jpg (96.50 KB)
3_50f16b8d80d37.jpg 680X800 px

gif  histoire_photo1.gif (71.44 KB)
3_50f16bb66b9a1.gif 317X284 px

jpg  64082_445333362199213_1037350208_n.jpg (57.01 KB)
3_50f16bc7aa63d.jpg 399X399 px

Posté le : 12/01/2013 14:57

Edité par Loriane sur 09-12-2013 19:52:28
Edité par Loriane sur 09-12-2013 19:53:18
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 847 848 849 (850) 851 852 853 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
80 Personne(s) en ligne (56 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 80

Plus ...