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Re: Toc Toc Toc |
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Guest_
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Merci de ton accueil Loriane!
Il ne reste plus qu'à lire, écrire et échanger...yes!
Bonne soirée sereine. Amitiés Wild
Posté le : 15/05/2013 20:24
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Re: Toc Toc Toc |
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Hi! yes, it has been a long time since we did not see each other Contente de te voir Wildpath, tu retrouveras ici des personnes connues je pense et d'autres encore inconnues. Tout cela dans une ambiance solaire et entièrement tournée vers l'écriture, la découverte et l'art. Bienvenue sur L'ORée et beaucoup de plaisir à te relire. Tu connais le système si tu as un problème, vas faire un tour sur les forums et tu trouveras la lecture des pages d'accueil précédentes dans "bibliothèque" sur "l'orée des rêves" Bonne route et bon plaisir. A bientôt
Posté le : 15/05/2013 20:04
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Toc Toc Toc |
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Guest_
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Bonjour à toutes et tous; j'ai vu de la lumière alors... ...je suis entré...
Je suis wildpath et c'est en faisant mon ménage que j'ai retrouvé une vieille invitation de Loriane....
Rien n'étant fixe, nous sommes des éternels transfuges et, tels des Vendredi en goguette, nous laissons une trace qui pourra bien laisser perplexe tout Robinson non au fait de la fugacité de l'instant...
J'aime la poésie de l'âme, celle qui chante la vie, gratuitement et avec reconnaissance pour ce cadeau inestimable.
J'aime lire et écrire, pas trop compter car quand on aime....
Je fais de la musique avec mes potes, je joue au poker... ...contre mes potes (pas obligatoirement les mêmes), j'adore faire la cuisine pour mes potes... ...et si mon essence est de marcher seul, le voyage est toujours agrémenté de rencontres et arrêts-buffet divers.
Je me réjouis de me joindre à vous et j'espère que je saurai vous faire aussi apprécier mes passages.
Salut spécial à Loriane, long time not seen....
Posté le : 15/05/2013 19:14
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Re: L'atelier de Mafalda |
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Plume d'Or ![](http://www.loree-des-reves.com/uploads/ranks/rank4f0d66ab2dd10.gif)
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Merci Tchano. Je suis heureuse que cla te plaise. À bientôt!
Posté le : 14/05/2013 23:31
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Wendy Pichon Mezzo |
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Posté le : 12/05/2013 20:04
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Page du 5 Mai. Karl Marx. Napoléon. Exbrayat. Schœndœrffer. Bobby Sands. L.Hachette |
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Posté le : 12/05/2013 17:39
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Maurice Carème |
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Le 12 Mai 1899 naît Maurice Carème poète Belge
Maurice Carême est né le 12 mai 1899, rue des Fontaines, à Wavre, dans une famille modeste. Son père, Joseph, est peintre en bâtiment ; sa mère, Henriette Art, tient une petite boutique où les gens humbles du quartier viennent faire leurs menus achats. Une sœur aînée, Joséphine, est morte âgée d’un jour en 1898 ; une autre sœur, Germaine, naîtra en 1901 ; deux frères : Georges, en 1904 ; Marcel, en 1907. Ce dernier mourra à l’âge de huit mois.
Maurice Carême passe à Wavre une enfance campagnarde si heureuse qu’elle sera une des sources d’inspiration de son œuvre. Il fait des études primaires et secondaires dans sa ville natale.
En 1914, il écrit ses premiers poèmes, inspirés par une amie d’enfance, Bertha Detry, dont il s’est épris. Elève brillant, il obtient, la même année, une bourse d’études et entre à l’Ecole normale primaire de Tirlemont. Son professeur, Julien Kuypers, l’encourage à écrire et lui révèle la poésie française du début du XXe siècle. C’est à Tirlemont également que Maurice Carême découvre les grands poètes de Flandre.
Il est nommé instituteur en septembre 1918 à Anderlecht-Bruxelles. Il quitte Wavre pour s’installer dans la banlieue bruxelloise. L’année suivante, il dirige une revue littéraire, Nos Jeunes, qu’il rebaptise en 1920 La Revue indépendante. Il noue alors ses premiers contacts littéraires et artistiques, avec Edmond Vandercammen en 1920 et, en 1926, avec le peintre Felix De Boeck. Il épouse en 1924 une institutrice, Andrée Godron, Caprine, originaire de Dison.
Son premier recueil de poèmes, 63 Illustrations pour un jeu de l’oie, paraît en décembre 1925. Entre 1925 et 1930, il est fasciné par les mouvements surréalistes et futuristes. Il publie, en 1926, Hôtel bourgeois, en 1930, Chansons pour Caprine où apparaissent les reflets d’une vie sentimentale assez douloureuse, puis, en 1932, Reflets d’hélices. Mais, au moment de cette publication – sans doute la plus marquée par les écoles littéraires de l’époque – il a déjà pris ses distances vis-à -vis d’elles.
Il a fait, en 1930, une découverte qui va s’avérer essentielle pour toute sa démarche poétique – voire romanesque – celle de la poésie écrite par les enfants. C’est, pour Maurice Carême, une remise en question fondamentale au cours de laquelle il revient à une grande simplicité de ton. Il publie d’ailleurs deux essais consacrés à ces textes d’enfants dont il fut l’éveilleur : en 1933, Poèmes de gosses et Proses d'enfants, en 1936.
Il fut avec Géo Norge, Pierre Bourgeois, Georges Linze, Claire et Yvan Goll, André Salmon, Edmond Vandercammen, René Verboom, etc. l’un des fondateurs du Journal des poètes, en 1931. En 1933, il termine des études de déclamation au Conservatoire de Bruxelles, dans la classe de Madeleine Renaud-Thévenet. Il obtient un Premier prix. La même année, il fait construire, avenue Nellie Melba, à Anderlecht, la Maison blanche, à l’image des maisons anciennes de son Brabant. Elle deviendra, en 1975, le siège de la Fondation Maurice Carême et le Musée Maurice Carême, en 1978.
Le recueil Mère paraît en 1935. La simplicité profonde des vers lui vaut d’être remarqué par de nombreux critiques littéraires parisiens, dont celui du Mercure de France. L’œuvre reçoit, en 1938, le Prix Triennal de poésie en Belgique et inspire à Darius Milhaud sa Cantate de l’enfant et de la mère, Première mondiale au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le 18 mai 1938.
En 1943, Maurice Carême quitte l’enseignement pour se consacrer entièrement à la littérature. Il se lie la même année avec Jeannine Burny pour laquelle il écrit La bien-aimée en 1965. Secrétaire du poète jusqu’à la mort de celui-ci, elle préside à présent la Fondation Maurice Carême.
En 1947, paraît La lanterne magique. L'impact sur la jeunesse est immédiat. Les enfants se reconnaissent littéralement dans cette oeuvre. Rapidement, le nom de Maurice Carême se voit associé grâce à cet aspect de l'oeuvre à celui de poète de l'enfance.
De nombreuses œuvres paraissent et sont couronnées par des prix littéraires en Belgique et à l’étranger : Prix Victor Rossel, 1948, Prix de l’Académie française, 1949 et 1954, Prix international Syracuse, 1950, Prix populiste de poésie, 1951, Médaille de la Ville de Sienne, 1956, Prix Félix Denayer, 1957, Prix de la poésie religieuse, 1958, Prix du Président de la République française, 1961, Prix de la Province de Brabant, 1964, Prix de la traduction néerlandaise, 1967, Grand Prix international de poésie, France, 1968), Prix européen, Italie, 1976 etc.
Les années 1950-1951 sont marquées pour Maurice Carême par une nouvelle remise en question de son art. Il tente d’allier la simplicité complexe de ses vers à la magie de l’image. "Ymagier", comme on l'a dénommé dès les années 1930, il va opérer cette véritable alchimie poétique grâce à des images dont l’adéquation au texte sera telle qu’on ne verra plus de celui-ci que la nudité transparente.
A la Pentecôte 1954, Maurice Carême fait un premier séjour à l’abbaye d’Orval. C’est le début d’une période d’intense créativité, doublée d’une patiente mise au point de l’œuvre, qui ne s’interrompra qu’avec la mort. A Orval, il écrit Heure de grâce qui paraît en 1957. Maurice Carême approfondit la lecture des grands mystiques, des philosophes, des sages de l’Inde, de la Chine, se penche sur le Zen, reprend les œuvres de Teilhard de Chardin, de Rabindranath Tagore. Il fera dix-sept séjours à Orval de 1954 à 1970, mais il écrit aussi dans le Brabant particulièrement dans la région wavrienne, son lieu privilégié d’inspiration, devant la Mer de Nord à Coxyde, dans l’appartement du peintre Henri-Victor Wolvens, et à Heyst.
Le 9 mai 1972, il est nommé Prince en poésie à Paris. Pendant les six années qui lui restent à vivre, il part écrire durant l’été en France, publie quatorze recueils de poèmes, un roman fantastique : Médua, un choix de traductions des poètes de Flandre. Trois anthologies de ses poèmes paraissent, plusieurs disques sont gravés.
Il crée le 4 décembre 1975 la Fondation Maurice Carême, fondation d’utilité publique.
Il meurt le 13 janvier 1978 à Anderlecht laissant onze œuvres inédites parmi les plus graves qu’il ait écrites.
Il est enterré à Wavre dans un lieu où il a joué, enfant, Mausolée Maurice Carême.
L’œuvre de Maurice Carême comprend plus de quatre-vingts recueils de poèmes, contes, romans, nouvelles, essais, traductions. Elle n'a cessé de fasciner les musiciens tant les compositeurs que les chansonniers. De nombreuses anthologies de ses poèmes ont été publiées. Des essais, des disques, des films, des DVD lui sont consacrés. L’œuvre, couronnée par de nombreux prix littéraires, est traduite dans le monde entier et mise en musique par plus de trois cents musiciens. Un colloque consacré à son œuvre et réunissant des personnalités littéraires, artistiques et universitaires de Belgique, de Bulgarie, de l’Equateur, de France, de Hongrie, du Japon, de Pologne, de Roumanie, s’est tenu à Bruxelles, en novembre 1985, sous l’égide de la Commission française de la Culture de l’Agglomération de Bruxelles et de la Fondation Maurice Carême.
Poèmes
L'ENFANT
A quoi jouait-il cet enfant ? Personne n'en sut jamais rien On le laissait seul dans un coin Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours, Qu'il arquait les bras tels des ailes Et qu'il regardait loin, très loin, Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi Alors qu'on le croyait assis ? Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières, Il regagnait le grand palais D'où il voyait toute la mer.
MER DU NORD
LA FILLETTE ET LE POEME
"Le poème, qu'est-ce que c'est ? M'a demandé une fillette : Des pluies lissant leurs longues tresses, Le ciel frappant à mes volets, Un pommier tout seul dans un champ Comme une cage de plein vent, Le visage triste et lassé D'une lune blanche et glacée, Un vol d'oiseaux en liberté, Une odeur, un cri, une clé ?"
Et je ne savais que répondre Jeu de soleil ou ruse d'ombre ? - Comment aurais-je su mieux qu'elle Si la poésie a des ailes Ou court à pied les champs du monde ?
ÊTRE OU NE PAS ÊTRE
IL OFFRAIT DU COEUR
Donc, il offrait du coeur Avec un tel sourire Qu'on s'empressait d'ailleurs En tous lieux de le dire.
On en voulait partout, Mais on finit pourtant Par se demander où Il en trouvait autant.
Et il riait dans l'ombre. C'était son propre coeur Vaste comme le monde Qu'il offrait à la ronde,
Offrait pour un sourire Qui répondait au sien, Offrait rien que pour dire Aux gens : "Portez vous bien"
DÉFIER LE DESTIN
LA BISE
" Ce sont des feuilles mortes ", Disaient les feuilles mortes Voyant des papillons S'envoler d'un buisson.
" Ce sont des papillons ", Disaient les papillons Voyant des feuilles mortes Errer de porte en porte.
Mais la bise riait Qui déjà les chassait Ensemble vers la mer.
PETITES LÉGENDES
A FORCE D'AIMER
A force d'aimer Les fleurs, les arbres, les oiseaux, A force d'aimer Les sources, les vals, les coteaux, A force d'aimer Les trains, les avions, les bateaux, A force d'aimer Les enfants, leurs dés, leurs cerceaux, A force d'aimer Les filles penchées aux rideaux, A force d'aimer Les hommes, leur rage de ciel, A force d'aimer Il devint, un jour, éternel
L'ENVERS DU MIROIR
L’ARTISTE
Il voulut peindre une rivière ; Elle coula hors du tableau.
Il peignit une pie grièche ; Elle s’envola aussitôt.
Il dessina une dorade ; D’un bond, elle brisa le cadre.
Il peignit ensuite une étoile ; Elle mit le feu à la toile.
Alors, il peignit une porte Au milieu même du tableau.
Elle s’ouvrit sur d’autres portes, Et il entra dans le château.
ENTRE DEUX MONDES
QUAND LES CHEVAUX RENTRENT TRÈS TARD
Il arrive que, rentrant tard Par les longues routes du soir, Les chevaux tout à coup s'arrêtent, Et, comme las, baissent la tête. Dans le charette, le fermier N'esquisse pas le moindre geste Pour les contraindre à se presser. La lune, sur les blés jaunis, Vient lentement de se lever, Et l'on entend comme le bruit D'une eau qui coule dans l'été. Quand les chevaux rentrent très tard, Le fermier ne sait pas pourquoi, Le long des routes infinies, Il les laisse avidement boire Aux fontaines bleues de la nuit.
BRABANT
SIMPLE VIE
C'est du soir en fruit, De la nuit en grappe Et le pain qui luit Au clair de la nappe.
C'est la bonne lampe Qui met, sur les fronts Rapprochés en rond Sa joie de décembre.
C'est la vie très simple Qui mange en sabots, C'est la vie des humbles : Sourire et repos.
LA FLÛTE AU VERGER
LA PEINE
On vendit le chien, et la chaîne, Et la vache, et le vieux buffet, Mais on ne vendit pas la peine Des paysans que l’on chassait.
Elle resta là , accroupie Au seuil de la maison déserte, A regarder voler les pies Au-dessus de l’étable ouverte.
Puis, prenant peu à peu conscience De sa forme et de son pouvoir, Elle tira d’un vieux miroir Qui avait connu leur présence,
Le reflet des meubles anciens, Et du balancier, et du feu, Et de la nappe à carreaux bleus Où riait encore un gros pain.
Et depuis, on la voit parfois, Quand la lune est dolente et lasse, Chercher à mettre des embrasses Aux petits rideaux d’autrefois.
PETITES LEGENDES
L'OR
Il lui offrit un collier d'or. Elle voulut encor Des gants, des bas, des souliers d'or, Des robes et des manteaux d'or. A la fin, elle eut tout en or : Sa vaisselle, son lit, ses clés, Ses tapis et jusqu'à la corde A pendre son linge aux fils d'or. Mais dans son corps, Ne battit plus qu'un coeur en or Insensible à tout, même à l'or.
FIGURES
PARTOUT ON TUE
A quoi servirait-il de fuir ? Partout on tue, on incarcère. Le monde est lassé à mourir De tant de haines et de guerres.
Et l’on a beau scruter le ciel, Chercher derrière les nuages Une lueur providentielle, Rien que la nuit, que les orages.
Et l’on a beau vouloir parler A cœur franc de ce qui nous hante. La crainte nous serre le ventre, Et personne n’ose parler.
Et l’on a beau vouloir crier Qu’on a les pieds, les mains liés. Comme personne ici ne crie, On se tait par humilité.
DE PLUS LOIN QUE LA NUIT
POUR QUOI FAIRE ?
La vérité, mais pour quoi faire ? Répétait chaque jour son frère.
La liberté, mais pour quoi faire ? Demandait encore son frère.
La justice, mais pour quoi faire ? Elle est trahie, disait son frère.
La révolte, mais pour quoi faire ? On nous tuerait, geignait son frère.
Mais lui n’ajoutait jamais rien. Un os peut contenter un chien.
COMPLAINTES
LE COEUR PUR
Il se contentait d'être Heureux sans le paraître. Et, se moquant des grands, Il vivait comme un gueux, Fuyait les gens sérieux Et la gloire et l'argent. On l'aurait volontiers Arrêté, enfermé.
Mais quel homme au coeur pur Ne traverse les murs
DÉFIER LE DESTIN
LES MACHINES
Les machines avaient commencé Par rire comme des enfants Qui semblaient vouloir amuser Les gens de tous les continents.
Puis elles avaient tant grandi Qu'elles étaient devenues comme Des adolescents, puis des hommes Précieusement munis d'outils.
Enfin, se fiant au silence Et à la morne indifférence De ceux qui en usaient,
Elles se mirent lentement A devenir ces lourds géants Qui nous broient dans leurs rets.
L'ENVERS DU MIROIR
LA MORTE
Il entendit la mort Derrière cette porte, Il entendit la mort Parler avec la morte.
Il savait que la porte Etait mal refermée Et que, seule, la mort En possédait la clé.
Mais il aimait la morte Et quand il l’entendit, Il marcha vers la porte Et l’ouvrit. Il ne vit
Ni la mort ni la morte ; Il entra dans la nuit Et doucement, la porte Se referma sur lui.
PETITES LEGENDES
PRIERE DU POETE
Je ne sais ni bêcher, ni herser, ni faucher, Et je mange le pain que d’autres ont semé. Mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur, Je l’ai semé, Seigneur.
Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre, Ni couler une vitre où se prend la lumière. Mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur, Je l’ai bâti, Seigneur.
Je ne sais travailler ni la soie, ni la laine, Ni tresser en panier le jonc de la fontaine. Mais ce qu’on peut tisser pour habiller le cœur, Je l’ai tissé, Seigneur.
Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires, Ni même retenir par cœur une prière. Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur, Je l’ai chanté, Seigneur.
Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds. L’humble enfant que je fus est enfant demeuré, Et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur, Je vous l’offre, Seigneur.
HEURE DE GRÂCE
LA VIE
Comme il passait sur le sentier, Il vit la vie dans un pommier,
La vie qui récoltait les pommes Tout comme l’aurait fait un homme.
Elle riait, riait si haut Qu’autour d’elle tous les oiseaux
Chantaient, chantaient si éperdus Que nul ne s’y entendait plus.
La mort, assise au pied de l’arbre, Aussi blanche et froide qu’un marbre,
Tenait à deux mains le panier Où les pommes venaient tomber.
Et les pommes étaient si belles, Si pleines de jus, si réelles
Que la mort, lâchant le panier, S’en fut sur la pointe des pieds.
ENTRE DEUX MONDES
IL VIENDRA
" Vous verrez, dit-il, il viendra, Celui qui est meilleur que moi." Et le jour même de sa mort, L'homme arriva plus simple encor Et plus enclin à pardonner Qu'on eût osé l'imaginer. Mais à son tour, il répéta, " Vous verrez, dit-il, il viendra, Celui qui est meilleur que moi."
Voici deux mille ans Qu'en ce monde en feu, on l'attend.
DÉFIER LE DESTIN
Liens http://youtu.be/TvKoMTYlz7g Une poule sur un mur (Chanson) http://youtu.be/g8XUPclX9hs le hibou http://youtu.be/WgEgdJSZb90 réveil chanson http://youtu.be/1gErvIH5ja4 l'écureil http://youtu.be/FwIJ6ugzNxU il a neigé http://www.youtube.com/watch?v=vUNJ_f ... e&list=PL0E796D4116DF6B20 9 chansons ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518fb168cb38d.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518fb19655818.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518fb1ee6499e.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518fb20651080.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518fb22741844.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518fb23a875bb.jpg)
Posté le : 12/05/2013 17:20
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Nelly Sachs |
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Inscrit: 14/12/2011 15:49
De Montpellier
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Le 12 Mai 1970 meurt Nelly Sachs poétesse
L’auteur par date
1891 : Naissance de Nelly Sachs, le 10 décembre, à Berlin, dans une famille juive assimilée de la bourgeoisie berlinoise. 1897-1908 : Années d’études. Nelly Sachs fréquente l’école privée Dorotheen-Schule, dans le quartier de Moabit (Berlin) puis reçoit à partir de 1900, en raison d’une santé précaire, un enseignement privé à domicile. De 1903 à 1908, elle fréquente de nouveau une école privée fondée par Hélène Aubert, dont l’enseignement la marquera durablement. Dès 1908, elle commence à écrire quelques poèmes et textes en prose. 1906 : Découverte du roman de Selma Lagerlöf, La Saga de Gösta Berling. 1907 : Nelly Sachs entame une correspondance avec Selma Lagerlöf, à qui elle voue une grande admiration. 1908-1909 : Période d’intense crise psychologique, marquée par un amour malheureux pour celui qu’elle désignera plus tard dans son œuvre – lorsque, quelques années plus tard, il sera assassiné par les nazis – comme le « fiancé défunt », et auquel elle dédiera nombre de poèmes. 1910-1920 : Nelly Sachs travaille à l’écriture de nombreux sonnets ainsi que de poèmes de forme plus libre, mais de facture toujours très classique. 1921 : Parution de Légendes et récits (Legenden und Erzählungen). 1929 : Première publication de poèmes dans un périodique berlinois, Die vossische Zeitung. 1930 : Décès du père de Nelly Sachs. Elle lui consacrera un cycle de poèmes, Mélodie silencieuse (Leise Melodie, non publié). 1933-1939 : Ses poèmes paraissent dans le quotidien Berliner Tagesblatt puis, à partir de 1936, exclusivement dans des revues juives. Sont publiés ainsi deux cycles de poèmes, Mélodies de la Bible (Melodien der Bibel) et Chants de l’adieu (Lieder vom Abschied), ainsi que des pièces pour marionnettes et Chélion, une histoire d’enfance (Chelion, Eine Kindheitsgeschichte). 1939 : Son amie Gudrun Harlan se rend en Suède et intercède auprès de Selma Lagerlöf et du prince Eugène, frère du roi, pour que Nelly Sachs et sa mère puissent y trouver asile. 1940 : Le 16 mai, Nelly Sachs et sa mère arrivent par avion à Stockholm. Durant l’été, deux cycles de poèmes voient le jour, qui resteront inédits : Autour du château de Gripsholm : miniatures (Miniaturen um Schloß Gripsholm) et Élégies suédoises (Schwedische Elegien). 1941 : Rencontre avec le poète suédois Johannes Edfelt ; début d’une longue amitié. Première parution, dans une revue, de quelques poèmes de Nelly Sachs traduits en suédois. 1942 : Nelly Sachs effectue ses premières traductions de poésie suédoise. 1943-1945 : Intense période d’écriture qui marque le véritable surgissement de sa nouvelle langue poétique, et voit naître les premières œuvres dont elle acceptera la publication après la guerre, refusant alors toute réédition de ses œuvres antérieures : Épitaphes inscrites dans les airs (Grabschriften in die Luft geschrieben) et Ton corps en fumée à travers les airs (Dein Leib im Rauch durch die Luft) qui seront repris dans le recueil Dans les demeures de la mort. Composition des Élégies des traces dans le sable (Elegien von den Spuren im Sande), dont bon nombre seront également reprises, sous une forme modifiée et épurée, dans le même livre. Nelly Sachs compose aussi un poème scénique : Éli, mystère de la souffrance d’Israël (Eli. Ein Mysterienspiel vom Leiden Israels). 1946 : Rencontre avec le compositeur Moses Pergament, qui mettra en musique Eli. Écriture du cycle Chœurs après minuit (Chöre nach der Mitternacht), qui figurera dans le recueil Dans les demeures de la mort. Début du travail sur un poème scénique consacré à Abraham, sous le titre provisoire d’Homme d’Ur (Mann aus Ur). 1947 : Écriture du cycle Le coquillage murmure (Die Muschel saust) qui fera partie d’Éclipse d’étoile. Parution, chez Aufbau-Verlag à Berlin, du recueil Dans les demeures de la mort (In den Wohnungen des Todes). Publication d’une anthologie de poésie suédoise traduite en allemand par Nelly Sachs, sous le titre De vague et de granit (Von Welle und Granit), comprenant notamment des textes d’Edith Södergran, Dan Andersson, Karin Boye, Pär Lagerkvist, Johannes Edfelt, Gunnar Ekelöf, Olof Lagercrantz, Erik Lindegren, Karl Vennberg... 1947-1948 : Nelly Sachs découvre les conférences données par Hugo Bergmann sur les grands philosophes du judaïsme. Elle poursuit l’écriture d’Éclipse d’étoile. 1949 : Publication à Amsterdam, chez Bermann-Fischer, du recueil Éclipse d’étoile (Sternverdunkelung). 1950 : Mort de la mère de Nelly Sachs. Nelly Sachs écrit la première partie d’un journal intitulé Lettres de la nuit (Briefe aus der Nacht) qu’elle poursuivra dans les périodes les plus difficiles ; il demeurera inédit. Peter Huchel publie deux de ses poèmes dans la revue littéraire Sinn und Form qu’il dirige à Berlin Est : « Quand à l’approche de l’été... » (« Wenn im Vorsommer ») et « Peuples de la terre » (« Völker der Erde »). 1951 : Première parution d’Eli, en langue allemande, à Malmö (Suède), à l’initiative du germaniste allemand – et ami de Nelly Sachs – Walter A. Berendsohn. Rencontre avec Lenke Rothmann, jeune femme peintre d’origine hongroise, survivante des camps. 1953 : Écriture du cycle En défaillance derrière les paupières (In Ohnmacht hinterm Augenlid), après un séjour en hôpital et une assez lourde opération. 1954 : L’Heure d’Endor (Die Stunde zu Endor) et Sous l’étoile polaire (Unterm Polarstern). 1956 : Écriture d’un bref texte autobiographique qui tente de dire la peur et le danger quotidiens vécus dans les dernières années à Berlin : Vie sous la menace (Leben unter Bedrohung). Ce texte paraît dans la revue Ariel (il restera le seul texte en prose de Nelly Sachs). Achèvement du poème scénique sur Abraham commencé dix ans plus tôt, dont la version définitive s’intitule Abraham dans les déserts de sel (Abram im Salz). 1957 : Début du travail sur le poème scénique La chute de Samson traverse les millénaires (Simsom fällt durch Jahrtausende). Nelly Sachs entame une correspondance amicale avec le jeune auteur allemand Peter Hamm. Parution en Allemagne du recueil Et nul n’en sait davantage (Und niemand weiß weiter) et d’une seconde anthologie de poésie suédoise, Même ce soleil est sans patrie (Auch diese Sonne ist heimatlos). En décembre, début de la correspondance avec Paul Celan. 1958 : Le jeune poète allemand Hans-Magnus Enzensberger rend visite à Nelly Sachs à Stockholm. Publication d’un recueil de Johannes Edfelt traduit du suédois par Nelly Sachs : Le Pêcheur d’ombres (Der Schattenfischer). Création à la radio allemande d’Eli, adapté par Alfred Andersch. 1959 : Travail sur les poèmes scéniques En vain sur un bûcher (Vergebens an einem Scheiterhaufen) et Qu’est-ce qu’une victime ? (Was ist ein Opfer). Eli, opéra de Moses Pergament, est créé à la radio suédoise. Parution à Stuttgart (Deutsche Verlags-Anstalt) de Fuite et métamorphose (Flucht und Verwandlung). 1960 : Le prestigieux prix Droste de la ville de Meersburg est décerné à Nelly Sachs. Elle se rend en Allemagne, pour la première fois depuis son émigration en 1940, pour le recevoir. Elle ne reste pas plus d’une journée sur le sol allemand et se rend à Zurich, où elle rencontre Paul Celan (qui évoquera cette rencontre dans le poème Zürich zum Storchen), puis à Paris. À son retour, Nelly Sachs est victime d’une profonde dépression et effectue un premier séjour en hôpital psychiatrique. 1961 : Le recueil Route vers le néant de toute poussière (Fahrt ins Staublose) paraît en Allemagne chez Suhrkamp. Fondation du prix Nelly Sachs de la ville de Dortmund, dont elle est la première lauréate. 1962 : Nouveau séjour à l’hôpital psychiatrique. Écriture de la première partie d’Énigmes en feu (Glühende Rätsel, recueil également connu en France sous le titre Brasier d’énigmes grâce à Lionel Richard). Parution chez Suhrkamp des poèmes scéniques réunis sous le titre Signes dans le sable (Zeichen im Sand), ainsi que d’un recueil de Gunnar Ekelöf traduit par Nelly Sachs. 1963 : Écriture de la seconde partie d’Énigmes en feu. Parution d’un recueil du poète suédois Erik Lindegren traduit par Nelly Sachs : Car nos ailes sont notre seul nid (Weil unser einziges Nest unsere Flügel sind). 1964 : Publication des deux premières parties d’Énigmes en feu. Réunion du groupe 47 à Sigtuna et à Stockholm : Nelly Sachs rencontre à cette occasion plusieurs des membres du groupe. 1965 : Second voyage en Allemagne pour la remise du Prix de la Paix du Syndicat du Livre allemand à Francfort. À cette occasion, premier et seul voyage de Nelly Sachs à Berlin depuis son exil forcé en 1940. Écriture de la troisième partie d’Énigmes en feu. 1966 : Écriture de la quatrième et dernière partie d’Énigmes en feu et du long poème La quête de celle qui cherche (Die Suchende). Le 10 décembre, Nelly Sachs se voit décerner, conjointement avec Joseph Agnon, le Prix Nobel de littérature. 1967 : Publication en France de Brasier d’énigmes et autres poèmes, traduit et préfacé par Lionel Richard (Lettres Nouvelles), ainsi que de nombreuses traductions en anglais, danois, hébreu, portugais, norvégien, suédois, espagnol, italien... Nelly Sachs est faite citoyenne d’honneur de la ville de Berlin. 1968 : Nouveau séjour en hôpital psychiatrique. Traductions de Nelly Sachs en japonais, coréen et hongrois. 1969 : Opération d’un cancer et long séjour à l’hôpital. Publication de Présence à la nuit, seconde anthologie de poèmes de Nelly Sachs traduite par Lionel Richard (chez Gallimard). Première représentation d’Eli à l’Académie des Arts de Berlin. 1970 : Paul Celan se suicide, en avril, à Paris.
1970 Nelly Sachs meurt à Stockholm, le 12 mai.
1971 : Parution des derniers poèmes de Nelly Sachs chez Suhrkamp sous le titre Partage-toi, nuit ! (Teile dich Nacht). Notice biographique et bibliographique établie par Blandine Chapuis.
Portrait
Transfuge, septembre 2005 Nelly Sachs, une vie sous la menace par Myriam Anissimov
En 1907, Selma Lagerlöf, célèbre romancière suédoise, future lauréate du prix Nobel 1909, reçut la lettre d’une jeune admiratrice qui venait de lire La Saga de Costa Berling. Âgée de seize ans, la demoiselle qui vivait à Berlin se nommait Nelly Sachs. Elle était l’auteur de quelques poèmes et textes en prose. Cinquante et une années plus tard, l’Académie suédoise lui décernerait à son tour le prix Nobel de littérature, récompense qu’elle partagerait avec le romancier israélien de langue hébraïque, Samuel Joseph Agnon. Nelly Sachs était la première femme de lettres juive à recevoir cette distinction. À la noble assemblée qui venait de consacrer leurs œuvres, cette femme timide déclara, non sans arrogance : « Agnon représente l’État d’Israël. Je représente la tragédie du peuple juif. » En disant cela, elle n’avait pas voulu signifier que son œuvre était supérieure à celle d’Agnon, qu’elle n’aimait d’ailleurs pas. En prononçant cette phrase lapidaire, elle avait voulu attirer l’attention de l’assistance sur le sens qu’elle donnait à sa poésie, aux drames religieux qu’elle avait écrits. De fait, Nelly Sachs avait voué sa vie au « peuple juif assassiné », s’il m’est permis d’emprunter cette formule à Itzhak Katzenelson, le grand poète juif de langue yiddish, gazé à Auschwitz, auteur d’un chef-d’œuvre, Le Chant du peuple juif assassiné, écrit au camp de concentration de Vittel. S’expliquant sur ses écrits, qu’elle désignait par le mot « choses » (en allemand « Sachen »), Nelly Sachs affirma : « J’ai constamment tenté d’élever l’indicible à un niveau transcendantal, afin de le rendre supportable dans cette nuit de la nuit, pour donner une idée de la sainte obscurité dans laquelle la crainte et la tristesse demeurent cachées. » Léonie Sachs était née le 10 décembre 1891 à Berlin dans une famille juive de la bourgeoisie berlinoise assimilée, qui habitait une élégante demeure près du Tiergarten. Assez fortunés, Margarete et William, ses parents, confièrent d’abord l’éducation de leur fille unique à l’école privée Dortheen-Schule, dans le quartier de Moabit. À cause de sa santé délicate, Nelly reçut à partir de 1900 les leçons de précepteurs à domicile. La petite fille rangée étudia la musique et la danse. La maison ne manquant pas de bibliothèques, le goût de la lecture fut inculqué très tôt à la fillette, qui fut ensuite à nouveau inscrite dans une école privée, fondée par Hélène Aubert, dont l’enseignement exerça sur elle une puissante influence. Selma Lagerlöf ne laissa pas la lettre de son adoratrice sans réponse. Une abondante correspondance s’ensuivit entre Stockholm et Berlin. Au mois de novembre 1921, Nelly Sachs eut la joie d’envoyer à Selma Lagerlöf son premier recueil inédit et dédicacé, Légendes et Récits. Ces textes, assez conventionnels, trahissent l’influence du mysticisme juif et chrétien, mais surtout de la poésie romantique de Hölderlin et de Novalis. Extrêmement réservée et fragile, Nelly Sachs se montra incapable de se détacher de sa mère, qui la couvait. Sa mélancolie s’aggrava lorsqu’elle s’éprit d’un jeune homme qui allait être assassiné par les nazis. Cet amour inspira à Nelly Sachs de nombreux poèmes. Walter Berendsohn, un de ses amis, décrit ainsi « le fiancé défunt » : « Il n’était pas juif, et n’était pas issu d’une bonne famille. Il appartenait à un réseau de résistance contre le nazisme. Il fut torturé sous mes yeux, puis exécuté. » Nelly Sachs devait ne jamais se marier. Les poèmes de Nelly Sachs furent publiés pour la première fois dans Die vossiche Zeitung, à Berlin en 1929. Un an plus tard, William Sachs, son père décédait. Inconsolable, elle lui dédia un cycle de poèmes, Mélodies silencieuses, qui demeure inédit. Nelly vécut désormais avec sa mère jusqu’à la mort de cette dernière, en 1950. Quelques poèmes parurent dans le périodique berlinois Berliner Tagesblatt entre 1933 et 1936. Puis, jusqu’en 1939, son travail fut exclusivement publié dans des revues juives, à cause des lois antisémites de Nuremberg, promulguées en 1934. Deux cycles parurent : Mélodies de la Bible et Chants de l’adieu, ainsi que des pièces pour marionnettes et Chélion, une histoire d’enfance. Après la Nuit de Cristal, les Juifs d’Allemagne furent déportés à Dachau, puis dans les camps d’Europe orientale. La famille de Nelly Sachs disparut dans la Shoah. Expulsée, cette dernière se vit obligée de louer un appartement de sa maison à Paul Hofmann, le futur commandant du camp d’extermination de Maidanek. Avant qu’elle ne parte dans un camp à son tour, son amie Gudrun Harlan décida de partir pour la Suède afin d’intercéder auprès de Selma Lagerlöf et du prince Eugène, frère du roi. Elle obtint que Nelly Sachs et sa mère fussent accueillies sur le sol suédois. Les deux femmes arrivèrent par avion à Stockholm le 16 mai 1940. La communauté juive mit à leur disposition une pièce et une cuisine dans la maison du Bergundsstrand 23. Les deux femmes allaient y vivre jusqu’à leur mort. Nelly qui prenait soin de sa mère le jour, écrivait la nuit. S’étant familiarisée avec la langue de son pays d’adoption, Nelly Sachs effectua ses premières traductions de poésie suédoise. C’est désormais de cette manière qu’elle assura sa subsistance. Elle traduisit en allemand une anthologie de la poésie suédoise, sous le titre De Vague et de granit, mais ses deux premiers cycles de poèmes écrits à Stockholm ne furent pas édités. Nelly Sachs sortit peu à peu de son isolement lorsqu’elle rencontra le poète suédois Johannes Edfel, qui l’aida à faire publier quelques poèmes dans une revue. Pendant les années de guerre, Nelly Sachs connaît une intense période de création, au cours de laquelle elle élabore sa nouvelle langue poétique. À l’instar de son ami Paul Celan, elle va refonder la langue des assassins. Tous deux, en introduisant dans la langue allemande l’apport hébraïque, auront relevé le défi de Theodor Adorno qui avait affirmé que toute éloquence, toute poésie seraient impossibles, barbares, après Auschwitz. Primo Levi avait reformulé ainsi la phrase : « Après Auschwitz on ne peut plus écrire de poésie que sur Auschwitz. » Au lendemain de la Shoah, Nelly Sachs accepte la publication de son œuvre en refusant toute réédition de ses écrits antérieurs à la guerre. Tout ce qu’elle écrit est marqué par le mysticisme juif, par la tragédie de l’anéantissement, ainsi qu’en témoignent les titres de ses poèmes – Dans les demeures de la mort, Route vers le néant de toute poussière, Même ce soleil est apatride, Les Cheminées de pierre – et un texte autobiographique sur la peur dans les dernières années vécues à Berlin – Vie sous la menace. Un de ses plus célèbres poèmes, ô les cheminées, commence ainsi :
ô les cheminées Sur les demeures de la mort si bien imaginées Quand le corps d’Israël monta dissous en fumée au travers de la fumée Comme une étoile qui devint noir…
Elle découvre les conférences d’Hugo Bergmann sur les grands philosophes du judaïsme, rencontre Lenke Rothmann, jeune femme peintre d’origine hongroise, survivante des camps, entretient à partir de 1957 une correspondance très intense avec Paul Celan, lit les contes hassidiques, la Bible, le Zohar, la Kabbale. Survient la mort de sa mère, en 1950. Nelly traverse une grave dépression. D’autres crises prendront un caractère paranoïaque, si bien qu’elle sera hospitalisée pendant de longues périodes dans des hôpitaux psychiatriques. Ces épisodes délirants, que Nelly Sachs qualifie d’ « effroyables » dans ses lettres à Paul Celan, se poursuivront jusqu’à sa mort. Cependant, malgré la maladie psychique, malgré un cancer auquel elle succombera, Nelly Sachs continuera d’écrire, notamment des poèmes scéniques d’inspiration juive et biblique :
Eli, mystère de la souffrance d’Israël Abraham dans les déserts de sel La chute de Samson traverse les millénaires En vain sur un bûcher Qu’est-ce qu’une victime ?
La Suède accorde à Nelly Sachs la nationalité suédoise en 1953, l’Allemagne découvre son œuvre et lui décerne en 1960 le prestigieux prix Droste de la ville de Meersburg. Pour le recevoir, Sachs accepte de se rendre pour la première fois dans son pays natal depuis son émigration, mais ne reste qu’une journée sur le sol allemand, avant de rejoindre Paul Celan à Zurich. Ils se retrouveront quelques jours plus tard à Paris. Au retour de ce séjour exaltant à Paris, durant lequel Nelly Sachs séjourne chez Paul Celan et sa femme Gisèle Lestrange, elle sombre dans la dépression et est hospitalisée pour la première fois dans un service psychiatrique. En même temps que sa notoriété ne cesse de grandir. Nelly Sachs se voit décerner le prix Nobel de littérature le 10 décembre 1966, puis est faite citoyenne d’honneur de la ville de Berlin l’année suivante. Malgré cette reconnaissance internationale, Sachs est à nouveau hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. La maladie l’accable : infarctus en 1967, nouvelle hospitalisation dans une clinique psychiatrique en 1968, opération d’un cancer au printemps 1969. Au terme de plusieurs séjours à l’hôpital, Nelly Sachs devient grabataire. Autour du 20 avril 1970, Paul Celan se suicide en se jetant dans la Seine ; le 12 mai suivant, Nelly Sachs meurt à Stockholm. Elle avait peu de temps auparavant écrit à son cher Celan, dont l’œuvre est aussi née de la Shoah : « Nous vivons tous deux au pays invisible. » Dans la solitude et l’exil, elle avait noté en 1956 : « Le plus haut souhait sur terre : mourir sans être assassiné. »
Nelly Sachs
Les lèvres et les paroles contre les pierres et la fumée De la petite fille rangée à la poétesse du désastre La poésie comme un vol d’oiseaux Une poésie contre la poussière Choix de textes Bibliographie Les métamorphoses du monde me tiennent lieu de pays natal. (Nelly Sachs) Étrange, étrange destin que celui qui fit de cette fille de famille bourgeoise juive allemande assimilée, le seul prix Nobel de littérature jamais attribué à un poète juif encore à ce jour. Nelly Sachs, prix Nobel de littérature le 10 décembre 1966, conjointement avec Samuel Joseph Agnon, sera allée tout près des mystères de la mort, mais comme Paul Celan, elle aura osé ne pas se taire. Elle est morte le jour de l’enterrement de Paul Celan, de fatigue de vivre et de survivre. Tous deux étaient les deux grands poètes juifs de langue allemande, ceux qui témoignèrent dans la langue des bourreaux. Comme lui, elle aura connu une existence d’après le déluge et comme lui, elle ne pourra jamais combler la béance du désastre. Si on peut survivre à l’horreur, on ne peut survivre à sa mémoire.
De la petite fille rangée à la poétesse du désastre La petite fille rangée bien au chaud dans sa famille juive berlinoise savait-elle qu’elle serait la mère douloureuse du peuple juif parti en fumée ? Savait-on que sans Sema Lagerlöf, une des grandes œuvres poétiques de notre temps n’aurait pas été transmise ? Rien ne la prédisposait à ce cela, elle insouciante et heureuse dans une vie soyeuse et douce. Née à Berlin le 10 décembre 1891, elle devra à son père grand amateur de littérature et de musique le fait d’être baigné dans les livres. De santé fragile, elle fréquentera surtout des écoles privées, ainsi à l’écart des autres. Elle écrivait aimablement, ne savait du judaïsme que ce que son milieu bourgeois et assimilé voulait bien en savoir. De toute façon on n’était pas comme ses juifs pauvres et incultes de l’Europe Centrale, rien ne pouvait nous arriver tant les valeurs européennes étaient les nôtres. Cela ne pouvait être. Le ciel ne pouvait pas tomber sur la tête d’aussi bons citoyens allemands. Mais l’histoire déroulait ses anneaux de serpent. Dès 16 ans en 1907, elle écrivait donc et s’était liée d’amitié épistolaire avec Selma Lagerlöf, après la révélation du roman « La saga de Gösta Berling », l’année précédente. L’écrivain suédoise rendue mondialement célèbre par « les merveilleux voyages de Niels Olgerson » va se lier avec cette jeune fille romantique et exaltée. Dans la vie de Nelly Sachs se trouve aussi une zone obscure qui sera celle de son amour pour le fiancé défunt qui la marquera à jamais. Son premier véritable livre fut en 1921, à trente ans, un recueil « Récits et légendes », ses nombreux poèmes circulent dans les milieux littéraires allemands. Imprégnée de courant idéaliste, de Novalis, et de mysticisme latent, sa poésie était en attente d’une véritable cause, d’un objet digne de ses élans. La mort de son père en 1930 la laisse enclose dans l’amour de sa mère. Puis vint la nuit nazie, ses lois antisémites, la persécution. De 1933 à 1939 elle se plonge par force et solidarité dans le monde juif. Ses écrits ne pouvant paraître que dans les revues juives, elle découvre le monde de ses coreligionnaires. Puis dès 1939 l’étau de la mort se resserre.
Elle doit se terrer à Berlin, dans sa propre ville natale. Pendant trois ans cette jeune fille choyée va connaître la peur, la nuit aux aguets. Cette mort qui rôde quotidiennement, elle apprend à la connaître, à la reconnaître. Comme une grande partie des juifs allemands, elle n’avait pas vu survenir, depuis 1933, la montée des périls. Prise dans la certitude de son assimilation réussie, elle ne se considérait sans doute pas comme une représentante de ce peuple dont elle ignorait la culture. Les humiliations quotidiennes, les douleurs, la souffrance, la haine aussi qui monte devant l’indifférence « des spectateurs », ses amis chrétiens, ses voisins, vont transformer son être et sa vie. Elle ne doit sa vie qu’à l'amitié de Selma Lagerlöf et peut s’enfuir en Suède de justesse le 16 mai 1940 par avion, alors que les lourdes portes de fer de l’Allemagne se referment sur les juifs. Son exil durera toute sa vie, car elle demeurera toujours à Stockholm refusant de vivre en Allemagne. « Je n’ai pas de pays, écrivait-elle, et, au fond, pas non plus de langue. Rien que cette ardeur du cœur qui veut franchir toutes les frontières ». Dans ce chemin de l’exil dès 1940 avec sa mère, elle retrouve l’histoire de son peuple. D’abord enfermée dans le silence, elle commence à reconquérir quelques paroles par l’étude de la Bible. La Bible hébraïque traduite par Martin Buber en allemand, l’a totalement saisie. Alors elle s’imprègne des livres saints, Torah, Zohar, écrits des Hassidim (les sages). La langue de feu des prophètes et des patriarches l’a saisie et elle refait sa route vers le peuple d’Israël. Elle quitte alors les influences chrétiennes présentes dans ses premiers écrits. Son écriture change totalement et elle donne une voix aux malheurs des juifs. Par solidarité, par redécouverte d’une culture enfouie, banalisée dans l’assimilation, elle devient celle qui crie vengeance et souvenir face à la haine et l’anéantissement. Exode et métamorphose, comme le dit le titre de ses poèmes parus chez Verdier. Métamorphosée, elle peut à nouveau écrire, la nuit exclusivement, et témoigner dès 1943. Autant que l’histoire tragique d’un peuple, passe en filigrane l’ombre d’un homme, son fiancé, mort en camp de concentration, et dont jamais nous ne connaîtrons le nom. Elle va vivre de traductions de poésie suédoise en allemand. Mais elle écrit fiévreusement de 1943 à 1945 ses premiers témoignages sur les mystères et les douleurs du peuple d’Israël. Elle est une autre, elle a une nouvelle langue poétique, elle a une voix en elle, une voix à suivre : parler pour les morts et les survivants. Parler pour son être cher. Parler pour son peuple. Ce n’est plus l’exil qui est dit, mais les drames de la Shoah. Et la nuit elle écrira. « Éclipse d’étoile », son autre grand recueil est de 1949. Elle approfondit sa connaissance du judaïsme et des philosophes juifs. Elle ne quittera plus la Suède où elle mourra le 12 mai 1970, grabataire, au bout d’elle-même. Sa poésie commence à se répandre dès 1950, ses drames religieux aussi. Son recueil « Dans les demeures de la mort » est rassemblé en 1946. C’est le véritable début de son œuvre et les bluettes de sa jeunesse sont reniées. Dès 1954 mais surtout à partir de 1957, elle se lie par correspondance avec son frère d’âme, Paul Celan : « Vous lisez mes choses, ainsi ai-je une terre ». Pourtant ils n’ont voulu se voir que deux fois en 1960, dans une auberge et sur un quai de gare. La mort de sa mère en 1949, ses nombreux troubles dépressifs la conduisent à un nouvel exode intérieur dont elle ne peut sortir qu’en s’enfonçant encore plus profondément dans le mysticisme juif. Sa seule patrie reconnue sera celle-là . Elle se considérera « lapidée par la nuit », et voudra chercher en convoquant toute la mémoire d’un peuple à comprendre le sens de la destinée, sur le devoir absolu de fidélité aux morts, sur le droit même de pouvoir parler en leur nom, rompant le silence de la mort comme on brise du pain à partager. Les lèvres contre la pierre de la prière toute ma vie j’embrasserai la mort, jusqu’à ce que le chant de la semence d’or brise le roc de la séparation. La poésie comme un vol d’oiseaux Son écriture est fragile comme une aile de papillon, car transparente, si légère que ses mots semblent fumée, sans véritable incarnation dans le langage. Ses poèmes sont des vols d’oiseaux qui passent. Tout est intérieur, parfois obscur à notre entendement car cela vient de l’au-delà des âges. Pure, si pure sa poésie, elle coule à la surface du monde, elle passe au travers de nos doigts et va se réfugier dans nos consciences. La poésie de Nelly Sachs est désincarnée et pourtant elle implose en nous. Comme l’air et la lumière si souvent présents avec la poussière dans ses poèmes, ses paroles viennent à nous. Ces textes les plus immédiatement émotionnels sont ceux qui sont faits en mémoire des victimes du nazisme. Certes elle n’atteint pas à la grandeur sacrée de Paul Celan, son ami, mais qui peut y prétendre ? Elle fait elle une très grande place à la Kabbale. Le livre fondateur, le Zohar, livre des splendeurs l’accompagne à toutes les phases cruciales de sa vie. Elle revient au judaïsme dans les années suivant la montée du nazisme sous cette influence. Quand elle sombre dans ses profonds états dépressifs, surtout en 1949 après la mort de sa mère toujours alors à ses côtés, la Kabbale la console encore. Elle séjournera à plusieurs reprises en hôpital psychiatrique, en 1962 et surtout vers la fin de sa vie et à chaque fois c’est la lecture de la Bible et plus encore du Zohar et des récits hassidiques qui peut l'aider à continuer à lutter et à vivre. Les clés essentielles de son œuvre sont à trouver au travers de la tradition juive.
Tout est salut dans le secret et vit de souvenir et la mort frémit d’oubli La poésie de Nelly Sachs a deux niveaux : celui immédiat du lecteur pris par l’émotion, celui plus profond qui au fait de la tradition juive, comprend comment dans le travail des mots de Nelly Sachs a prolongé dans le présent tout l’exil d’un peuple. Les mystères de sa poésie sont déduits des interprétations des commentaires hassidiques. Sable, poussière, lumière, langage, pouvoir des mots et des lettres, résurrection, constellations, irriguent ses vers. Son approche de la tradition juive se fait, comme pour beaucoup de juifs de langue allemande (Rose Ausländer), au travers des récits hassidiques de Martin Buber et de sa traduction de la Bible, des écrits de Rozenzweig (traduction d’Isaïe), et de la présentation de la gnose juive par Gershom Sholem. C’est par ce mélange de légendes édifiantes et de révélations des mystères que porte chaque mot, chaque voyelle, que Nelly Sachs bâtie sa conscience juive, fort éloignée des textes plus arides comme le Talmud ou autres. Nelly Sachs, avec le sentiment de culpabilité des survivants, va écrire pour ses frères et ses sœurs exterminés. Elle empruntera à la bible ses figures archétypiques (Daniel, Moïse, prophètes et patriarches, …) qui lui serviront de boucliers et d’armes spirituelles. Sa langue va épouser un rythme propre, ses mots seront « d’une énigmatique pureté » désormais. Elle a fait sienne la pensée religieuse ; la connaissance profonde de Dieu réside dans la lumière et dans le verbe. En plus de cette culture retrouvée Nelly Sachs découvrit une nouvelle façon d’écrire en allemand, une nouvelle oralité de la langue par la structure hébraïque plaquée sur l’allemand. Ce buisson ardent d’une langue si proche des origines va la brûler à jamais. Elle écrit des psaumes de la nuit qui ont une illumination prophétique. La parole est dite, clamée, prophétique, allant vers l’autre. La poésie de Nelly Sachs est un questionnement. La poésie de Nelly Sachs est un souffle. Là où le silence parle naissance et mort surviennent et les éléments se mêlent d’un autre mélange. Sa double démarche de quête mystique et d’amitié épistolaire très longue avec Paul Celan jalonnent son parcours. Paul Celan l’admirait mais ne pouvait souscrire à sa religiosité, car pour lui Dieu était mort à Auschwitz. Qu’importe leur chemin parallèle fut beau. En 1962 sa poésie s’infléchit profondément dans la mystique et le mystère avec son travail sur son recueil de toute la fin d e sa vie « Ardentes énigmes » ou « Énigmes de feu ». Elle se tend dans sa poésie vers une poésie cosmique, une religiosité cosmique également. je t’écris… Tu es revenu au monde grâce au pouvoir magique des lettres qui à tâtons à toucher ton être la lumière paraît et le bout de tes doigts irradie dans la nuit image d’étoile à la naissance des ténèbres comme ces lignes – Une poésie contre la poussière Contre la poussière, matière blême, Nelly Sachs oppose le divin de la lumière et donc l’univers des mots qu’il ne faut pas détruire avec la haine. Ses derniers textes sont empreints d’ésotérisme, ils deviennent fermés sur eux-mêmes, ramassés et obscurs. Au bout de sa route Nelly Sachs s’approchait de l’autre côté de la porte, et ne pouvait en dire les mystères que sous forme cryptée. Sa foi en l’avenir lui vient de ses méditations qui se déplient progressivement dans sa vie. Ardentes énigmes et déjà ce précepte : « Mystère à la frontière de la mort. Mets le doigt sur ta bouche : plus un mot, plus un mot ». Les lettres de feu devenaient un pouvoir magique comme l’enseigne la Kabbale et Nelly Sachs allait vers cette obscure lumière. La mort n’était pas la mort mais la métamorphose. « Je te l’écris, tu es revenu en ce monde grâce à la force des lettres magiques ». Cela ne pouvait être la disparition dans le néant, mais une autre vie pour elle. Elle attend l’avenir, l’au-delà . Elle vit dans la résurrection, cette résurrection est sa poésie : et bientôt on te retrouvera dans le sable et tu seras l’hôte attendu qui vole vers les astres et tu seras consumé dans le feu des retrouvailles silencieusement…silencieusement Elle croit aussi en l’État d’Israël qu’elle veut terre de justice :
« Terre d’Israël/maintenant que ton peuple/s’en revient des quatre coins du monde/pour écrire à nouveau les Psaumes de David dans ton sable/et au soir de sa moisson chanter/la parole d’accomplissement des veillées célébrantes/peut-être une nouvelle Ruth est-elle déjà là /en pauvreté tenant sa cueillette/au partage des chemins de sa migration ». On a dit justement que pour Nelly Sachs, « Israël n'est pas qu'un pays : l'histoire juive se fait à toute heure et les prophètes sont aussi présents que la pluie ou le vent ». La mort, obstinément présente dans son œuvre, n’arrête pas la vie qui doit être « ce voyage dans la contrée sans poussière ». « Dans la mort encore est célébrée la vie » est le titre d’un de ses recueils, ce titre dit sa pensée. Nelly Sachs meurt le 12 mai 1970, le jour même de l’enterrement de Paul Celan qui venait de se suicider et dont on venait enfin de retrouver le corps. Elle aura finalement capitulé devant le poids de la mémoire et de la douleur. « J’attends dans un état de grâce le jour nouveau… » Nelly Sachs allume des brasiers d’énigmes, la raison ayant failli et par tout un réseau de symboles elle crée une nouvelle cosmogonie de son peuple. Ses prophéties, ses berceuses, ses messages d’ailleurs, sont sa poésie. Elle vole au-dessus du chaos du monde, une part dans la nuit, une part dans la lumière du firmament. Les lèvres contre la pierre de la prière toute ma vie j’embrasserai la mort jusqu'à ce que le chant de la semence d'or brise le roc de la séparation Nelly Sachs sera ce chant. « Deine Angst ist ins Leuchten geraten »- Ton angoisse est devenue lumière » Poèmes de Nelly Sachs Traduits « Il est des pierres qui sont comme des âmes » Rabbi Nachman » À vous qui bâtissez la nouvelle maison Quand toi, tu dresseras à nouveau tes murs - Ton foyer, ta couche, et la table et la chaise - Ne pends pas tes larmes, celles pour ceux qui sont partis, Ceux qui n'habiteront plus avec toi, Ni à la pierre Ni au bois - Sinon il pleurera dans ton sommeil, Si court mais que tu dois encore accomplir. Ne soupire pas, quand tu fais ton lit Sinon tes rêves se mêleraient À la sueur des morts. Ah, les murs et les objets quotidiens Sont sensibles comme des harpes de vent Et comme un champ où pousse la douleur Et ils ressentent en toi ton alliance avec la poussière. Construis, quand le sablier ruisselle Mais ne pleure pas les minutes Parties ensemble avec la poussière Qui recouvre toute lumière (Dans les demeures de la mort) Ô les cheminées Ô les cheminées Sur les demeures de la mort si bien imaginées, Quand le corps d'Israël monta dissous en fumée au travers de la fumée - Comme une étoile qui devint noire Le reçut le ramoneur À moins que ce fût comme un rayon de soleil ? Ô les cheminées ! Chemins de liberté pour la poussière de Jérémie et de Job - Qui donc pour vous le conçut et le bâtit pierre à pierre Ce chemin pour les fugitifs de fumée ? Ô les demeures de la mort, Si bien arrangées Pour le maître de logis, qui sinon aurait été l'invité Ô vous doigts Gisants au seuil de l'entrée Comme un couteau entre la vie et la mort - Ô les cheminées Ô vous les doigts, Et le corps d'Israël en fumée monte en fumée ! (Dans les demeures de la mort) Mais qui donc Mais qui donc vida le sable de vos chaussures Quand on vous força à vous lever pour mourir ? Ce sable, qu'Israël était allé chercher, Son sable d'errance ? Sable brûlant du Sinaï, Mélangé aux gorges des rossignols, Mélangé aux ailes des papillons, Mélangé à la poussière de nostalgie des serpents, Mélangé à tout se détacha de la sagesse de Salomon, Mélangé à l'amertume du secret de l'absinthe - Ô vous doigts, Vous qui avez vidé le sable des chaussures des morts, Dès demain votre poussière sera dans les chaussures des hommes à venir ! (Dans les demeures de la mort) Un enfant mort parle Ma mère me tenait par la main, Alors quelqu'un leva le couteau des adieux La mère glissa sa main hors de la mienne Afin que cela ne me touchât pas. Mais très doucement elle effleura encore une fois ma hanche Et là sa main saigna - Depuis lors le couteau des adieux coupa En deux la bouchée dans la gorge - Il se dressa dans l'aube avec le soleil Et commença à s'aiguiser dans mes yeux - À mes oreilles percèrent et vents et eaux, Et chaque voix de consolation me poignarda le cœur - Lorsqu'on me conduisit à la mort Au dernier instant je sentis encore L'arrachement du couteau des adieux. Dans les demeures de la mort Vous les spectateurs Sous les regards desquels l’on tuait. Comme l’on sent un regard derrière soi Vous sentez dans votre corps Le regard des morts. Combien d’yeux brisés vous dévisageront Quand pour cueillir une violette vous sortirez de vos cachettes Combien de mains implorantes et dressées Dans les branches martyrisées Des vieux chênes abattus ? Combien de souvenirs poussent dans le sang Du soleil couchant ? Ô les berceuses qui n’ont pas été chantées Dans le cri nocturne de la tourterelle - Plus d’un aurait pu décrocher des étoiles Et maintenant c’est la vielle fontaine qui doit le faire À sa place Vous les spectateurs Qui n’avez pas levé de main de meurtrière Mais qui ne ferez pas retomber de votre nostalgie La poussière Vous qui restez debout, là , où elle s’est changée en lumière Quatre jours quatre nuits Un cercueil fut ton refuge Un restant de vie respirait - expirait - Pour retarder la mort - Entre quatre planches Était étendue la souffrance du monde - Dehors grandissait la minute pleine de fleurs Dans le ciel jouaient les nuages Dans les demeures de la mort Obscur chuchotement du vent Dans les moissons La victime est préparée à la souffrance Les racines sont silencieuses Mais les épis Connaissent beaucoup de langues maternelles - Et le sel de la mer Pleure dans le lointain La pierre est une existence de feu Et les éléments arrachent leurs chaînes Pour s’unifier Quand des nuages l’écriture des esprits S’en vont prendre les figures d’origine Secret aux frontières de la mort « Pose le doigt sur ta bouche : se taire se taire se taire » (Dans les demeures de la mort) Tu te souviens Tu te souviens de la trace de pas, qui s’est remplie de mort À l’approche de celui qui brandit la hache Tu te souviens des lèvres suppliantes de l’enfant Quand il lui fallut apprendre la séparation de sa mère Tu te souviens des mains de la mère qui creusèrent une tombe Pour cette chose affamée à sa poitrine Tu te souviens des paroles perdues par les esprits Qu’une fiancée lança en l’air à son fiancé mort Dans les demeures de la mort Déjà ses bras autour Déjà ses bras autour l’enlaçant de la consolation du ciel La mère folle se tient debout Avec les morceaux déchirés de sa raison déchirée Avec la mèche de sa raison calcinée Elle met en terre son enfant mort Elle met en terre sa lumière perdue Incurvant ses mains comme une jarre pour l’emplir de l’air du corps de son enfant pour l’emplir de l’air de ses yeux, de ses cheveux et son cœur qui flotte - puis alors elle embrasse l’être né de l air et meurt ! (Dans les demeures de la mort) il fut un il fut un qui souffla dans le shofar - jeta sa tête vers l’arrière, comme le font les chevreuils, comme les cerfs avant de boire à la source. Souffle : Tekia s’en va la mort dans un soupir - shevarim la semence du blé tombe - Terua l’air parle d’une lumière ! la terre tournoie et les astres tournoient dans le shofar, celui-ci souffle - et autour du shofar brûle le temple - et celui-ci souffle - et autour du shofar se renverse le temple - et celui-ci souffle - et autour du shofar se repose la cendre - et celui-ci souffle - (Dans les demeures de la mort) Depuis longtemps depuis longtemps sont tombées les ombres maintenant on a oublié ces coups silencieux du temps qui emplissent la mort – feuilles tombées de l’arbre de vie – sont tombées les ombres de l’horrible au travers du cristal des rêves, illuminé par la lumière prophétique de Daniel. Une forêt noire a poussé autour pour étouffer Israël Chanteuse de minuit de Dieu elle a disparu dans l’obscurité devenue anonyme. Ô vous rossignols par toutes les forêts du monde ! héritiers de plumes du peuple mort poteaux indicateurs des cœurs brisés, vous qui au jour vous remplissez de larmes, vomissez, vomissez cet horrible silence de la gorge devant la mort. (dans les demeures de la mort) Tu te souviens (version 2) tu te souviens de la trace de pas, que la mort a emplie à l’approche du persécuteur. Tu te souviens des lèvres tremblantes de l’enfant quand il dut apprendre l’adieu de sa mère. Tu te souviens des mains de la mère, qui creusèrent une tombe pour cette chose morte de faim contre sa poitrine. tu te souviens des paroles devenues démentes, qu’une fiancée lança dans l’air vers son fiancé mort. (Dans les demeures de la mort) Chœur des sauvés Nous les sauvés dans les os creux desquels la mort déjà tailla ses flûtes, sur les tendons desquels la mort déjà frotta son archet, nos corps se lamentent encore avec leur musique mutilée. Nous les sauvés, toujours pendent les cordes dressées pour nos cous devant nous dans l’air bleu - toujours se remplissent les sabliers de notre sang qui s’écoule. nous les sauvés, toujours nous mangent les vers de la peur. Notre constellation est enterrée dans la poussière. Nous les sauvés nous vous prions : montrez-nous lentement votre soleil. Conduisez-nous pas à pas d’étoile en étoile. Laissez-nous très doucement réapprendre la vie. Sinon un seul chant d’oiseau le plein d’un seau à la fontaine pourraient laisser se rouvrir notre douleur mal fermée et nous chasser comme écume au loin - Nous vous demandons : ne nous montrez pas encore un chien qui peut mordre - il se pourrait, il se pourrait que nous nous désagrégions en poussière - sous vos yeux que nous nous désagrégions en poussière - Qu’est-ce qui encore maintient ensemble notre tissu ? Nous devenus sans souffle, Dont les âmes vers lui avaient fui le minuit bien avant que l’on ne sauve nos corps dans l’arche de l’instant. Nous les sauvés nous serrons vos mains, nous reconnaissons vos yeux - mais seuls l’adieu nous lie encore ensemble, l’adieu dans la poussière nous maintient avec vous ensemble. Chœurs d’après minuit nous les orphelins nous portons plainte contre le monde : on a abattu notre branche et jeté dans le feu - de nos protecteurs on a fait du bois pour se chauffer - nous les orphelins reposons dans les champs de la solitude. nous les orphelins nous portons plainte contre le monde : dans la nuit nos parents jouent à se cacher de nous - derrière les draperies de la nuit leurs visages nous regardent, parlent leurs bouches : bois mort nous fûmes dans la main d’un bûcheron - mais nos yeux sont devenus des yeux d’ange et vous regardent, à travers les noires draperies de la nuit ils vous voient - nous les orphelins nous portons plainte contre le monde : pierres avons nous maintenant pour jouets pierres qui ont des visages, visages de père et mère elles ne se fanent pas comme les fleurs, elles ne mordent pas comme les bêtes - et elles ne brûlent pas comme du bois mort, quand on les jette dans le four - nous les orphelins nous portons plainte contre le monde : monde pourquoi as-tu pris nos tendres mères et les pères qui disent : mon enfant comme tu me ressembles ! nous les orphelins nous ne ressemblons plus à personne au monde ! Ô monde nous portons plainte contre toi! (Chœurs d’après minuit) Chœur des errants Nous les errants, nos chemins nous les traînons derrière nous comme des paquets - nous sommes vêtus d’un lambeau de pays où nous faisions halte - nous nous nourrissons avec la casserole de la langue, apprise sous les larmes. nous les errants, à chaque carrefour une porte nous attend derrière elle un chevreuil, Israël des animaux aux yeux d’orphelin disparaît dans ses forêts bruissantes et l’alouette jubile au-dessus des champs dorés. Là où nous frappons aux portes s’arrête une mer de solitude. Ô vous, gardiens armés de glaives flamboyants, les grains de poussière sous nos pieds d’errants déjà commencent à faire monter le sang en nos petits-enfants o nous errants devant les portes de la terre, d’avoir tant salué les lointains, nos chapeaux sont épinglés d’étoiles. Comme mètres pliants reposent nos corps sur la terre et mesurent tout l’horizon - o nous les errants, vers rampants pour les souliers à venir, notre mort sera posée comme un seuil devant vos portes fermées à double tour ! (Chœurs d’après minuit) Chœur des ombres nous ombres, ô nous ombres : ombres des bourreaux fixées à la poussière de vos forfaits - ombres des victimes dessinant contre un mur le drame de votre sang. ô nous démunis papillons de douleur pris au piège d’une étoile, qui tranquillement continue de brûler quand il nous faut danser aux Enfers. nos montreurs de marionnettes ne connaissent que la mort. Nourrice d’or, qui nous alimente pour un tel désespoir, détourne o soleil ton visage afin qu’alors nous puissions sombrer - ou bien laisse nous refléter les doigts dressés de joie d’un enfant et le bonheur léger d’une libellule sur la margelle de la fontaine. (Chœurs d’après minuit) Chœur des morts Nous transpercés par le noir soleil de la peur - échappés de la sueur à la minute même de l’agonie. Les morts à nous infligés sont fanés sur nos corps comme fleurs des champs fanées sur une colline de sable. Vous qui continuez à saluer encore comme une amie la poussière, vous sable qui avait parole, parlez au sable : je t’aime. Nous vous disons : les manteaux de poussière des secrets sont en lambeaux, l’air que l’on étouffa en nous, les feux où l’on nous brûla, la terre on l’on jeta nos pauvres restes. L’eau sortit de notre sueur s’en est allée avec nous et commence à briller. Nous les morts d’Israël, nous vous disons : Nous sommes déjà plus loin d’une étoile dans notre Dieu caché. (Chœurs d’après minuit) Chœur de ceux qui ne sont pas nés nous ceux qui ne sont pas nés déjà la nostalgie nous prend les berges du sang s’élargissent pour nous recevoir comme rosée nous coulons dans l’amour. les ombres du temps gisent comme questions sur notre secret. Ô vous, êtres d’amour, êtres de nostalgie, écoutez, vous aussi malades de l’adieu : c’est nous qui commençons à vivre dans votre regard nous dans vos mains, nous en quête de l’air bleu - c’est nous cette odeur des matins. Déjà votre souffle nous attire., dans les gouffres de votre sommeil nous allons dans les rêves qui sont notre seul royaume sur terre Là notre nourrice la nuit nous élèvent, jusqu’à ce que nous nous reflétions vos yeux jusqu’à ce que nous parlions à vos oreilles. Comme papillons nous sommes prisonniers des guetteurs de votre nostalgie – comme voix d’oiseaux trafiqués par la terre – nous odeur des matins. nous lumières à venir pour votre tristesse Chœurs d’après minuit Et tu es passé au travers de la mort Comme l'oiseau en la neige Toujours noir posant un sceau sur la fin... Le temps a avalé Les adieux que tu lui avais donnés Jusqu'à l'abandon extrême Au bout des doigts tout au long Nuit d'yeux Devenant sans corps L'air a baigné - une ellipse – La rue des douleurs Ardentes énigmes Dans la rue ils se heurtèrent Deux destins sur cette terre Deux courses de sang dans leurs réseaux d'artères Deux respirants sur leur chemin En ce système solaire Sur leurs visages s'éloigna un nuage Le temps se fendit Le souvenir s'y précipita pour épier Du passé et de l'avenir Jaillirent les étincelles de deux destins Qui tombèrent séparés – Ardentes énigmes III Dans ma chambre Où sont mon lit Une table une chaise Et l'âtre S'agenouille comme partout l'univers Pour se sauver de son invisibilité Je trace un trait J'écris l'alphabet Je peins sur le mur la sentence suicidaire Sur laquelle immédiatement germent les naissances nouvelles Déjà je retiens le firmament fermement ancré à la vérité Alors la terre se met à marteler La nuit se détache Et tombe Dent morte sous la morsure – Ardentes énigmes Tu es assise à la fenêtre Tu es assise à la fenêtre Et tombe la neige - Ta chevelure est blanche Et tes mains aussi Mais dans les deux miroirs De ton blanc visage L'été s'est maintenu : Paysage pour les prairies dressées dans l'invisible - Breuvage pour les gazelles d'ombre dans la nuit Mais disant ma plainte je plonge dans la blancheur, en ta neige - D'où la vie s'éloigne très doucement Comme à la fin d'une prière balbutiée - Ah m'endormir en ta neige Avec toute la souffrance du souffle de feu du monde Pendant que les courbes délicates de ta tête Déjà sombrent dans une nuit de mer Pour une nouvelle naissance. Obscurcissement de l’étoile je tournais l’angle d’une sombre rue voisine là mon ombre se posa sur mon bras ce morceau de vêtement fatigué exigeait qu’on le porte et la couleur du néant déclara : Tu es au-delà Ardentes énigmes obscur murmure du vent dans les blés la victime est prête aux souffrances les racines sont silencieuses mais les épis savent beaucoup de langues maternelles - et le sel dans la mer pleure au lointain la pierre est une existence de feu et les éléments s’arrachent à leurs chaînes pour la réunification quand l’écriture des esprits des nuages ramène les images des origines à la frontière de la mort mystère « mets le doigt sur ta bouche : fais silence silence silence » Ardentes énigmes Ils parlent neige - Avec ses quatre pans de monde Le drap d'heures se replie Guerre et amas d'étoiles blottis L'un dans l'autre Cherchent protection là où la nuit Pleine de lait maternel déborde Et de son doigt noir montre Là où les découvertes guettent le passeur des âmes Étincelles dans les ténèbres Profondeur sous la neige Ardentes énigmes Et tu es passé au travers de la mort comme l’oiseau dans la neige toujours noir posant des sceaux sur la fin - Le temps a avalé les adieux que tu lui donnas jusqu'à l’abandon total au bout des doigts étendus les yeux de la nuit deviennent sans corps L’air inonde - Une ellipse - La rue des douleurs L’enfer est nu de douleurs Chercher Sans mot dire Chercher Traversée de la nuit des corbeaux Par tous les déluges Et les époques glaciaires encerclé Peindre l’air Avec ce qui pousse derrière la peau Pilote décapité par le couteau des adieux Coquillage qui se noie Su Su Su Ardentes énigmes mes chers morts un cheveu de ténèbres signifie déjà lointain il pousse doucement au travers du temps ouvert je meurs en comblant la minute de mesure secrète elle s’étire en bourgeonnant mais derrière elle ils ont planté les langues de feu de la terre – une vigne qui délivre son vin à la flamme je coule à la renverse Ardentes énigmes au petit jour au petit jour quand est retournée la pièce de monnaie de la nuit imprimée du sceau du rêve et que côtes, peau, prunelles sont poussées vers leur naissance - quand chante le coq à la crête blanche l’effroyable instant de la pauvreté sans Dieu est là un carrefour est atteint - Le tambour du roi a nom démence - un sang apaisé s’écoule – (Et nul ne sait comment continuer) VIVRE SOUS LA MENACE Le vœu le plus haut sur cette terre: mourir sans être assassiné. Tu n'as rien mangé. Ce que j'ai eu tant de mal à rapporter à la maison. La bouchée ne passait pas, levée à la levure noire de la peur. S'approchaient des pas. Forts. Où le droit s'était installé. Ils cognaient à la porte. "Tout de suite!" disaient-ils, "c'est à nous, le Temps !". La porte était la première peau déchirée. La peau du foyer. Ensuite le couteau de la séparation taillait plus profond amputant aussi la famille de membres, de membres convoyés très loin dans le temps des conquérants. Dans le temps des doigts crochus et des pas forts. Et cela est arrivé sur cette terre. Est arrivé et peut arriver. Et l'enfant avait des chaussures neuves et ne voulait pas s'en séparer. Et dans le regard du vieillard il y avait déjà de la cendre de l'extrait de Dieu. Et j'étais attachée à un rêve. Un rêve de doigts et de pas me bourrait d'angoisse. Les rumeurs suçaient comme des sangsues. Cinq jours durant j'ai vécu sans parole, accusée de sorcellerie. Ma voix enfouie chez les poissons. Enfouie en lâchant tout le reste du corps, pris dans le sel de l'effroi. Enfouie, la voix, parce qu'elle n'avait rien à répondre et que "dire" était interdit. Et tous les yeux à ma rencontre avaient viré à l'hiver. Se détachaient; n'émettaient de regard que vers ailleurs, là -bas où le droit prenait le temps par la peau du cou. Ma main, orpheline, désapprenait de réagir. Vivre sous la menace : dans le tombeau ouvert, se putréfier sans mort. Le cerveau ne saisit plus. Les dernières pensées tournent en rond autour du gant noir qui camouflait le numéro d'entrée de la Gestapo et manquait coûter la vie. La sueur d'angoisse avait à rester invisible. Non, le cerveau, depuis très longtemps, ne concevait plus. Qu'était-ce ? : "Goûter la vie ?" Courir avec les nuages ? Où ? Là -bas ? Avoir la vue du printemps ? Pour quoi faire ? Me détacher de ce pilori du temps où j'étais attachée sans autre dégel que la nostalgie. Vivre sous la menace ! Et cela arrive sur cette terre ! Et peut arriver sur cette terre ? Tu as un air de dimanche dans tes habits neufs. Tu racontes bien à tes enfants des histoires de loups dont les victimes avalées se sortent sans dommage. Il est arrivé beaucoup de miracles. J'ai lu ça. Mais comment les miracles arriveraient-ils jusqu'au petit tas d'internés qui tremblent dans les barbelés. Les miracles aussi sont gorgés d'angoisse. Ils vont échouer là -bas, chez le seigneur de la guerre, qui les taille comme une tranche de bon pain de la lune. Nelly Sachs (Traduit par Antoine Raybaud)
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Posté le : 12/05/2013 16:54
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Jules Massenet |
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Le 12 Mai 1842 naît Jules Massenet, à Montaud,
près de St Etienne, compositeur français il est le fils du second mariage d’Alexis Massenet, ancien officier du génie, devenu maître de forges, le futur compositeur est le dernier de douze enfants ; il trouve dans son berceau un héritage génétique provenant de l’est de la France et même d’Europe centrale : alsacien avec des ascendants autrichiens du côté paternel ; sa grand-mère maternelle, pour sa part, était originaire de Poméranie. Alexis a introduit en France une technique venue d’Autriche qui lui vaudra plusieurs prix car elle affine le "platinage" des faux ; son épouse, Adélaïde, excellente pianiste et peintre de talent, va veiller sur l’éducation artistique et musicale de son dernier fils dont elle sera le seul professeur de piano jusqu’à son entrée au Conservatoire de Paris en 1853. Ses parents inculqueront à Massenet cet acharnement au travail auquel il se pliera toute son existence : jusqu’à sa mort, levé dès l’aube, Massenet se consacre à la composition avant l’éveil de la maisonnée. Cet esprit de rigueur ne le pousse pas seulement à écrire sur la dernière page manuscrite de certains de ses ouvrages – Thérèse notamment – cette mention : "Utiliser un métronome neuf" ; il la fait graver sur certaines partitions éditées. Pas question à ses yeux de ne point appliquer les mouvements qu’il a indiqués… 1er Prix de piano en 1859, le 1er Grand Prix de Rome en 1863 l’envoie passer deux années bien remplies à la Villa Médicis. Pendant ce séjour, par l’intermédiaire de Franz Liszt, il rencontre celle qui deviendra son épouse, Louise-Constance de Gressy, "ravissante jeune fille et excellente musicienne "qu’il épouse à son retour à Paris en 1866 ; de cette union, naît en 1868 une fille unique, Juliette. Après la guerre de 1870 et deux opéras-comiques, La Grand-tante, 1868 et Don César de Bazan, 1872, le succès l’attend avec son premier oratorio, Marie-Magdeleine, 1873. Très vite ensuite, après un 2ème oratorio, Eve en 1875, un grand opéra, Le Roi de Lahore, donné à Paris en 1877, lui apporte la consécration ainsi que, l’année suivante, sa nomination comme Professeur de composition au Conservatoire de Paris et son élection à l’Institut, à l’Académie des Beaux-Arts. Il a 36 ans ! Il compose son 3ème oratorio, La Vierge, créé en 1880, puis suivront à une cadence impressionnante des ouvrages lyriques pour l’Opéra et l’Opéra-Comique : Hérodiade, 1881, Manon, 1884, Le Cid, 1885, – rythme soutenu qui fera écrire à Gounod : "…Diable ! Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous suivre !", Esclarmonde, 1889, Le Mage, 1891, Werther, 1892, Thaïs, La Navarraise et Le Portrait de Manon, 1894, Sapho, 1897, Cendrillon, 1899, Grisélidis, 1901. Puis vient l’ère des créations à l’Opéra de Monte-Carlo, dues aux relations privilégiées qu’il entretient avec le Prince Albert 1er de Monaco et le directeur de l’opéra princier, Raoul Gunsbourg : Le Jongleur de Notre-Dame, 1902, Chérubin, 1905, Thérèse, 1907, Don Quichotte,1910, Roma, l’année de sa mort en 1912. Tout ceci sans oublier, pour faire bonne mesure, deux grands opéras sur des livrets de Catulle Mendès créés à Paris : Ariane, 1906 et un second volet de ce qui voulait être un diptyque, Bacchus, 1909 – ce dernier, le seul échec de toute sa carrière. A sa mort, Massenet laisse encore trois ouvrages achevés, Amadis, Cléopâtre et Panurge ainsi qu’un cycle de mélodies pour mezzo, les Expressions Lyriques et une "fresque musicale pour orchestre, chœur et récitant" donc pas de chanteur soliste la Suite Parnassienne, qui sera créée à Paris, le 16 Novembre 2003, à l’Oratoire du Louvre. Amadis et Cléopâtre seront créés à Monte-Carlo, respectivement en 1922 et 1914 ; Panurge le sera à Paris en 1913 au Théâtre de la Gaîté-Lyrique. Résumons donc : 25 ouvrages lyriques, 4 oratorios, des musiques de scène pour accompagner – suivant l’usage du temps – des pièces de théâtre à commencer par la Phèdre de Racine ; de la musique pour piano pour deux et quatre mains; des partitions symphoniques Scènes alsaciennes, de féerie, dramatiques etc… mais aussi un Concerto pour piano, une Fantaisie pour violoncelle et orchestre… ; plus de 280 mélodies dénombrées à ce jour un certain nombre d’entre elles orchestrées ; des duos, trios et quatuors vocaux, des cantates, des chœurs avec et sans accompagnement… 3 ballets… en plus de ceux qui figurent dans 13 œuvres lyriques…! Si l’on s’arrête à cette liste, comment ne pas penser : "Voilà un homme heureux !"Eh bien, non ! Massenet est un anxieux, prompt au découragement, nostalgique, nous dirions aujourd’hui : dépressif. L’esprit léger, voire humoristique de certains livrets vient l’inspirer parfois mais ils sont peu nombreux : au début de sa carrière, La Grand-Tante, 1868 ; Le Portrait de Manon, 1894 ; Cendrillon, 1899 ; Grisélidis, 1901 comporte des rôles bouffes, Le Diable et son épouse Fiamina ; Chérubin, créé à Monte-Carlo en 1905 et, à la fin de sa vie, l’ouvrage posthume inspiré librement de Rabelais, Panurge. Pour le reste, c’est l’omniprésence d’un thème dramatique (la rupture dans Sapho, la folie dans La Navarraise) ou tragique avec une issue fatale (d’Hérodiade à Cléopâtre). Seule, Esclarmonde échappe à la règle. Il se livre peu sur ses œuvres dans sa correspondance familiale – celle qu’il entretient avec ses éditeurs ou ses librettistes nous renseigne davantage – mais elle jalonne des dates et des voyages. Par exemple, son voyage en Hollande "sur les pas de l’abbé Prévost" alors qu’il composait Manon ; les répétitions de Werther à Vienne ; le temps qu’il fait est également souvent porté en marge de ses manuscrits ainsi que son humeur : "Seul….triste…". Impulsif, coléreux à ses heures, il s’en faut de peu qu’il ne se batte en duel avec le célèbre baryton Lassalle qui avait eu l’imprudence pendant les répétitions de critiquer l’interprète féminine du Mage. On lui prête une vie amoureuse mouvementée… mais il faut bien dire qu’à cet égard, les preuves manquent. Et puis, au fil des années, son attachement pour sa femme se manifeste souvent : à peine un an avant sa mort, le 3 octobre 1911, il lui écrit : « Sais-tu que le 8 octobre prochain, il y aura 45 ans que nous sommes unis et… 46 que je t’aime ?» Fut-il payé de retour ? Nul ne le saura jamais… Il nous reste à l’espérer… Son épouse, Louise (appelée Ninon par les intimes), passe de longs mois dans les cures thermales les plus diverses… et il supporte mal l’éloignement auquel il est contraint. Aussi, pour oublier sa solitude, trouve-t-il refuge, non seulement dans un travail harassant, mais aussi dans des amitiés très variées, notamment avec la plupart de ses élèves. N’oublions pas que, pour certains d’entre eux, Massenet est un jeune professeur, à peine leur aîné. De 1877 à 1896, 18 Grands Prix de Rome sortent de sa Classe, sans oublier les compositeurs auxquels il prodigua ses conseils, – Maurice Ravel et Georges Enesco furent du nombre. Les élèves de Massenet nous laisseront l’image d’un homme de grande culture, qui les envoyait aussi bien à Amsterdam pour visiter les musées, qu’à la Comédie-Française pour écouter les grands tragédiens. " Il parlait de tout, de littérature, d’histoire et de peinture. Tout lui était bon pour illustrer ce qu’il voulait nous faire comprendre et son éloquence égalait sa sensibilité. Je n’oublierai jamais les heures passées avec lui au Musée du Louvre". Son enseignement était fait avec tact, prenant grand soin de donner confiance en soi à l’élève et surtout de ne pas le blesser : "Comment ne l’avez-vous pas vu, puisque vous l’avez indiqué d’instinct vous-même ! Là , voyez…". Il entretient les meilleurs termes avec ses éditeurs. La faillite de la maison d’édition Hartmann en 1891, rachetée par les éditions Heugel, ne l’empêche nullement de dédier une mélodie à son ancien éditeur, Georges Hartmann « pour la Saint-Georges, jour de sa fête » (il est vrai qu’Hartmann avait donné au jeune compositeur sa première chance) ; de cordiales relations se poursuivront avec les successeurs d’Hartmann. Dans le milieu musical, citons Emile Paladilhe à qui il dédiera sa 4ème Suite d’orchestre, les Scènes Pittoresques ; Georges Bizet, dédicataire de la 2ème Suite d’orchestre, Scènes Hongroises, pour ses obsèques, Massenet composera un Lamento pour orgue, - sa manière à lui d’extérioriser sa peine ; Camille Saint-Saëns ; Gabriel Fauré, Théodore Dubois… Il orchestre Kassya après la mort de Léo Delibes, même si son nom ne figure pas sur les partitions ; des compositeurs étrangers : J. Brahms, G. Puccini, E. Humperdinck, P. I. Tchaïkovsky, Johann Strauss et combien d’autres... Fidélité envers ses aînés, Hector Berlioz, Charles Gounod… confiance filiale envers son maître, Ambroise Thomas, jusqu’au décès de ce dernier. Sans oublier ses interprètes qu’il serait trop long d’énumérer ici. Ajoutons à cette rapide évocation que Massenet compte deux beaux-frères peintres. Pendant ses études au Conservatoire, il habite chez l’une de ses sœurs, Julie, épouse du portraitiste Paul Cavaillé ; il se familiarise ainsi très tôt avec d’autres disciplines artistiques que la musique. Son séjour à la Villa Médicis, enrichi par ses voyages en Italie, approfondit son goût pour l’Art. A Rome, il rencontre le demi-frère de sa future épouse, Abel Orry de Sainte-Marie qui se rapprochera, après la guerre de 1870, de l’Ecole de Barbizon et des céramistes de Montigny-sur-Loing. Massenet se lie durablement avec certains pensionnaires de la Villa : des peintres, des dessinateurs, des graveurs, son amitié avec Jules-Clément Chaplain durera jusqu’au décès de ce dernier en 1909, des sculpteurs…A son retour à Paris, d’autres peintres, William Bouguereau, Félicien Rops, Puvis de Chavannes, le portraitiste Georges Clairin – humoriste sans pareil qui deviendra le professeur de sa fille, Juliette – Lévy-Dhurmer… des confrères de l’Institut. Tout concourt donc à parfaire ses connaissances et renforcer son attachement pour les arts plastiques. Il y aussi les sculpteurs : Alexandre Falguière, Henri Chapu, Fix-Masseau, Ringel d’Illsach ; des architectes : Viollet-Le-Duc et surtout Charles Garnier à qui l’on doit les opéras de Paris et de Monte-Carlo ainsi que cette lettre inimitable écrite au lendemain de la création parisienne de Werther en 1893 : "Amico mio, Deux yeux pour te voir, Deux oreilles pour t’entendre, Deux lèvres pour t’embrasser, Deux bras pour t’enlacer, Et deux mots pour te dire que ton Werther est joliment tapé, savez-vous ? Je suis fier de toi et, de ton côté, ne rougis pas d’un pauvre architecte tout content de toi ". Signé : Carlo Le décès de Charles Garnier, en 1898, cinq ans seulement après cette lettre, sera ressenti très douloureusement par Massenet. Dans ses relations, nous trouvons aussi des écrivains : Anatole France, l’auteur du roman Thaïs et d’une mélodie Ames obscures ; Victor Hugo lui en inspire plusieurs. N’oublions pas que Massenet fut longtemps tenté d’écrire un opéra tiré de Notre-Dame de Paris ; sa fille, Juliette, se liera d’amitié avec les petits-enfants d’Hugo, Georges et Jeanne. Il est d’ailleurs permis de se demander si l’animosité manifestée par Massenet à l’égard du chiffre 13 n’est pas l’écho de celle professée par Victor Hugo… Et surtout n’oublions pas un ami proche : Alphonse Daudet, l’auteur des Lettres de mon moulin, chez qui Massenet rencontre la toute jeune Marie Delna âgée de 18 ans, Charlotte, pour la reprise à Paris de Werther. Le roman, largement autobiographique, Sapho, écrit par Daudet en 1884 l’année de la création de Manon , sera porté par Massenet, sur les instances d’Emma Calvé, sur la scène de l’Opéra-Comique en 1897 – ouvrage "naturaliste" injustement absent de nos scènes lyriques. Retenons aussi les nombreux poètes qui inspireront ses mélodies… des auteurs dramatiques, Jean Richepin, Victorien Sardou… ses librettistes : Henri Meilhac, Louis Gallet, Henri Cain… Enfin, arrêtons-nous sur la grande curiosité qui le portait à renouveler ses orchestrations en ayant recours, selon les cas, à des instruments anciens, parfois antiques peu ou mal connus, d’autres d’origine étrangère voire exotique, avec un goût particulier pour les instruments nouvellement introduits : le saxophone dès Le Roi de Lahore, en 1877, n’attendra pas Werther, dans lequel il figure, certes ainsi qu’on le lit trop souvent ; le célesta dans Le Jongleur de Notre-Dame 1902 et plusieurs ouvrages écrits au cours des années qui suivent ; un sax-tuba contrebasse dans Ariane, 10 darboukas à l’unisson ! dans Cléopâtre, le dernier ouvrage qu’il a tenu à terminer, usant ainsi ses dernières forces… Bien sûr, l’homme gardera toujours une part de mystère – l’essence même de son caractère – mais sa musique, elle, fait partie de celles que l’on écoute sans retenue, grâce à un travail acharné dont le but, non avoué, était de nous faire croire à une "facilité"… toute d’apparence ! C’est justement cette sensibilité, rendue accessible à des oreilles profanes, qui fit sa célébrité. L’occasion du centenaire en 2012 aura été de faire sortir de l’ombre un Massenet ignoré. Son œuvre ne se résume pas à Manon et Werther, quel que soit le bien-fondé de la notoriété de ces deux ouvrages. Sachons discerner son originalité. Rompons avec les habitudes routinières qui donnent une image figée et réductrice. Tournons-nous aussi vers son entourage. On ne le dira jamais assez : Massenet n’est pas la fin d’une époque, il est le début d’une autre. Nous espérons donc que ce Centenaire 2012 regroupera, autour de son nom, tous ceux qui gardent vivant le souvenir, non seulement de l’un des plus éclectiques parmi nos compositeurs, mais aussi d’un grand professeur, d’un homme de vraie Culture et d’un grand amateur d’Art…
Oeuvres inédites.
Opéras
L'Écureuil du déshonneur, opérette (1858) - perdue Les Deux Boursiers, opérette (1859) - perdue Esméralda, opéra (1865) - inédite, composée à la villa Médicis Noureddin (1865) - inachevé Valéria, opéra (1865) - inachevé La Grand' Tante, opéra-comique (1867) - piano-chant publié La Coupe du roi de Thulé, opéra (1867) - perdu9 Le Florentin, opéra-comique (1867) - perdu10 Manfred, opéra (1869) - inachevé Méduse, opéra (1870) - perdu Don César de Bazan, opéra-comique (1872) Les Templiers (1873) - perdu L'Adorable Bel-Boul, opérette (1873) - non publiée Bérangère et Anatole, opérette (1876) - non publiée Le Roi de Lahore, opéra (1877) Robert de France, drame lyrique (1880) - perdu Hérodiade, opéra (1881) Les Girondins, drame lyrique (1881) - perdu Montalte, drame lyrique (1883) - perdu Manon, opéra-comique (1884) Le Cid, opéra (1885) Esclarmonde, opéra romanesque (1889) Le Mage, opéra (1891) Werther, drame lyrique (1892) Kassya, opéra (1893)11 Thaïs, comédie lyrique (1894) Le Portrait de Manon, opéra-comique (1894) La Navarraise, épisode lyrique (1894) Sapho, pièce lyrique (1897) Cendrillon, conte de fées (1899) Grisélidis, conte lyrique (1901) Le Jongleur de Notre-Dame, miracle (1902) Chérubin, comédie chantée (1905) Ariane, opéra (1906) Thérèse, drame musical (1907) Bacchus, opéra (1909) Don Quichotte, comédie héroïque (1910) Roma, opéra tragique (1912) Panurge, « haulte farce musicale » (1913) - posthume Cléopâtre, opéra (1914) - posthume Amadis, opéra légendaire (1922) - posthume
Drames sacrés et profanes
Louise de Mézières, cantate (1862) - mention honorable au prix de Rome David Rizzio, cantate (1863) - Grand prix de Rome Prométhée, cantate (1867) - perdue12 Paix et Liberté, cantate (1867) Marie-Magdeleine, drame sacré (1873) puis drame lyrique (1906) Ève, mystère (1875) Narcisse, idylle antique (1877), sur un poème de Paul Collin La Vierge, légende sacrée (1880) Biblis, scène religieuse pour mezzo-soprano, ténor, baryton, chœur et orchestre (1887) La Terre promise, oratorio (1900)
Ballets
Le Carillon, légende mimée et dansée (1892) Les Rosati, ballet (1901) - publié en 1902 sous le titre Divertissement pour orchestre Cigale, divertissement-ballet (1904) Espada, ballet (1908)
Musique vocale
Suite théâtrale pour récitant, chœur et orchestre (1914) - posthume Suite parnassienne pour récitant, voix et orchestre - composée en 1912 Musique religieuse [modifier] Messe de Requiem pour soli, chœur, orgue, violoncelles et contrebasse - perdu Ave Maria Stella, motet à 2 voix avec accompagnement de violoncelle (1886) Panis angelicus pour voix solo ou pour trois voix, avec accompagnement d'orgue (1910)
Å’uvres symphoniques
Ouverture de concert, 1863 Fantaisies nos 1 et 2 pour orchestre Suite n° 1 pour orchestre (1863) - composée à la villa Médicis et créée en 1867 Visions, poème symphonique (1891) Pompéia, suite symphonique (1866) - non publiée Suite n° 2 pour orchestre dite Scènes hongroises (1871) Suite n° 3 pour orchestre dite Scènes dramatiques (1874)13 Suite n° 4 pour orchestre dite Scènes pittoresques (1874) Lamento pour orchestre (1875) - dédié à Georges Bizet Suite n° 5 pour orchestre dite Scènes napolitaines (1876) Suite n° 6 pour orchestre dite Scènes de féerie (1881) Suite n° 7 pour orchestre dite Scènes alsaciennes (1882) Parade militaire, morceau de genre pour orchestre (1887) Fantaisie pour violoncelle et orchestre (1897) - inédite
Concerto pour piano (1902)
Musique de chambre
Quatuor pour cordes - perdu Dichetto pour quatuor à cordes, contrebasse, flute, hautbois, clarinette, basson et cor (1872) Pièces pour petit orchestre (1901)
Musique de scène
Les Érinnyes de Leconte de Lisle, Odéon (1873) La Vie de bohème de Théodore Barrière et Henry Murger, théâtre de l'Odéon (1875) Un drame sous Philippe II de Georges de Porto-Riche, théâtre de l'Odéon (1875) L’Hetman de Paul Déroulède, théâtre de l'Odéon (1877) Notre-Dame de Paris de Paul Foucher d'après Victor Hugo, théâtre des Nations (1879) Nana-Sahib de Jean Richepin, théâtre de la Porte-Saint-Martin (1883) Théodora de Victorien Sardou, théâtre de la Porte-Saint-Martin (1884) Le Crocodile de Victorien Sardou, théâtre de la Porte-Saint-Martin (1886) Brumaire d'Édouard Noël (1899) Phèdre de Jean Racine, théâtre de l'Odéon (1900) Le Grillon du foyer de Ludovic de Francmesnil d'après Charles Dickens, théâtre de l'Odéon (1904) Le Manteau du roi de Jean Aicard, théâtre de la Porte-Saint-Martin (1907) Perce-neige et les Sept Gnomes de Jeanne Dortzal, théâtre Femina (1909) Jérusalem de Georges Rivollet, Opéra de Monte-Carlo (1914) Musique pour piano [modifier] Devant la Madone : Souvenir de la campagne de Rome ; Nuit de Noël (1864) Le Roman d'Arlequin (1866)
Improvisations
: 20 pièces pour le piano, 3 vol. (1866)( seulement les 7 premières pièces ont été éditées chez Heugel) 10 pièces de Genre, op.10 (1867) Musique pour bercer les petits enfants (1870) Toccata (1892) 2 impromptus pour le piano (1896) : Eau dormante ; Eau courante Valse folle (1898) Valse très lente (1901) 2 pièces pour piano (1907) : Papillons noirs ; Papillons blancs Musique pour orgue [modifier] Prélude en ut majeur pour grand orgue (v. 1911), publié dans J. Joubert, Les Maîtres contemporains de l’orgue, vol. 2 (Sénart, Paris). Elévation pour orgue ou harmonium (v. 1911).
Écrits
Le conservatoire à rayonnement régional de Saint-Étienne porte son nom. Les Disciples de Massenet, chœur mixte de Montréal fondé en 192814. Il a donné son nom à la rue Massenet dans le 16ème arrondissement de Paris, en décembre 192415.
Liens écouter
http://youtu.be/Ly1z-Ms8Jn8 méditation de thaïs http://youtu.be/gepk-TfiUGM Nocturne Suite N°1 http://www.youtube.com/watch?v=5-_FhY ... 1LvTGKkkSQXlZU43j6Y9e0q-q Opéras et mélodies 16 vidéos http://www.youtube.com/watch?v=333I0G ... e&list=PLD0CDA2E638D2FD20 43 vidéos
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Posté le : 12/05/2013 15:52
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Gabriel Fauré |
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Le 12 MaI 1845 naît Gabriel Fauré à Pamiers en Ariège
Compositeur français, organiste, pianiste et professeur. Il était l'un des plus grands compositeurs français de sa génération, et son style musical a influencé de nombreux compositeurs du 20e siècle. Parmi ses œuvres les plus connues sont ses Nocturnes pour piano, les chansons "Après un rêve" et "Clair de lune", et son Requiem . Né dans une famille cultivée mais pas particulièrement musicale, Fauré a révélé son talent quand il était encore enfant. Il a été envoyé à une école de musique à Paris, où il a été formé pour être un organiste d'église et chef de chœur. Parmi ses professeurs se trouve Camille Saint-Saëns , qui est devenu ensuite un ami de longue date. Dans ses premières années, Fauré a obtenu un modeste revenu d'organiste et d'enseignant, lui laissant peu de temps pour la composition. Quand vinrent les premiers succès, il obtint le poste important d'organiste de l' église de la Madeleine et de la tête du Conservatoire de Paris , mais le temps pour la composition lui manquant, il se retirant à la campagne pendant les vacances d'été se ressourcer et travailler à l'écriture musicale. dans ses dernières années, Fauré a été reconnu en France comme le premier compositeur français de son époque. Un hommage musical national sans précédent a eu lieu pour lui à Paris en 1922, dirigé par le Président de la République. Fauré avait de nombreux admirateurs en Angleterre, mais sa musique, bien connu dans d'autres pays, a pris plusieurs décennies pour devenir plus largement acceptée. Sa musique a été décrite comme liant la fin du romantisme avec le modernisme du deuxième quart du 20e siècle. Quand il est né, Hector Berlioz était encore à la composition, et au moment de sa mort, "le atonal" musical de la Seconde École de Vienne a été donnée. "Le Grove Dictionary of Music and Musicians" , le décrit comme le compositeur le plus avancé de sa génération en France, et constate que ses innovations harmoniques et mélodiques ont largement influencé l'enseignement de l'harmonie des générations futures. En contraste avec le charme de sa musique de jeunesse, ses dernières œuvres, écrites alors que la surdité le frappait, sont insaisissables et perdent du caractère.
Les premières années
Fauré est né à Pamiers en Ariège dans les Midi-Pyrénées. Il est le cinquième fils et sixième enfant de Toussaint-Honoré Fauré (1810-1885) et de Marie-Antoinette-Hélène Lalene-Laprade (1809-1887). Comme beaucoup d'eznfant de s acondition, petite bougeoisie Française, Il est confié à une nourrice jusqu'à l'âge de quatre ans. En 1849, Toussaint-Honoré a été nommé directeur de l' École Normale à Montgauzy, près de Foix , et Fauré est retourné vivre avec sa famille. Il y avait une chapelle rattachée à l'école, et le jeune Fauré a passé des heures à jouer de l' harmonium Une vieille femme aveugle, qui venait l'écouter et donner des conseils au jeune garçon, décela immédiatement le don de l'enfant et signala elle-même au père de Fauré les aptitudes de son fils pour la musique. En 1853, un fonctionnaire de l' Assemblée nationale de la France , Dufaur de Saubiac, entendit jouer Fauré et conseilla également à son père de l'envoyer à l'École de Musique Classique et Religieuse : École de musique classique et religieuse, que Louis Niedermeyer mettait en place à Paris. Après avoir réfléchi pendant un an, le père de Fauré a accepté, il a fait des demandes écrites d'admission à l'école et a conduit son fils, âgé alors de neuf ans à Paris, en Octobre 1854.
Camille Saint-Saëns , le professeur et ami de Fauré
Fauré est resté pensionnaire à l'école pendant onze années, il reçut dans cette période une bourse de l'évêque de son diocèse d'origine. Le régime à l'école était austère, les chambres étaient sombres, la nourriture était médiocre, et les garçons étaient tenus de porter un uniforme sans fantaisie. L'enseignement musical, cependant, était excellent. Grâce à Niedermeyer, le programme se concentre sur la musique d'église, dans le but de produire des organistes et maîtres de chapelle qualifiés. Les tuteurs de Fauré étaient Loret de Clément à l'orgue, Louis Dietsch pour l'harmonie, Xavier Wackenthaler de contrepoint et fugue , et Niedermeyer pour le piano, plain-chant et la composition. [ 2 ] En Mars 1861 Niedermeyer meurt. Camille Saint-Saëns, qui a pris sa place en charge des études de piano, change quelque peu le programme, il inaugure et fait découvrir à ses élèves la musique contemporaine, notamment celle de Schumann , Liszt et Wagner. Il constate rapidemment avec plaisir les progrès du jeune Fauré qu'il considère comme un surdoué. Les deux musiciens, le maître et l'éléve deviennent très vite amis proches et le resteront jusqu'à la mort de Saint-Saëns, soixante ans plus tard. Fauré remporté de nombreux prix ainsi que toute l'école. Parmi ses prix, les premiers prix de composition pour le Cantique de Jean Racine , op. 11, la première de ses œuvres chorales à entrer dans le répertoire régulier. Gabriel fauré quitté l'école en Juillet 1865, très diplomé, en tant que Lauréat en orgue, piano, harmonie et composition, avec un Maître de Chapelle diplôme. Premiers rendez-vous musicaux
Fauré , le jeune homme
En sortant de l'École Niedermeyer, Fauré est nommé premier organiste à l'église de Saint-Sauveur, à Rennes en Bretagne . Au cours de ses quatre années, il devait arrondir ses fins en prenant élèves privés, et donnant «d'innombrables leçons de piano". Il ne se plaisiat guère à Rennes et il entretenait avec le curé de la paroisse, des relations difficiles, cette ambiance auronty des conséquences et feront naître des doutes sur les convictions religieuses de Fauré. Fauré peu discipliné fut prit à fumer pendant les services religieux et le sermon, ou encore vêtu pendant la grand messe du dimanche matin de ses habits de la vielle au soir après avoir passer sa nuit au bal. Ces indisplines de jeune homme, furent jugées alors avec une grande sévérité et provoquèrent son départ après que le curé ait exigé sa démission. Mais presque immédiatement, il obtint le poste d'assistant organiste à l'église de Notre-Dame de Clignancourt, dans le nord de Paris. Il n'y restera que quelques mois, en raison de l'éclatement de la guerre franco-prussienne en 1870. A ce moment là , il se port volontaire pour le service militaire. Il prend part à l'action du siège de Paris, il se bat au Bourget, Champigny et Créteil . Après la défaite de la France par la Prusse, il ya eu un bref conflit sanglant au sein de Paris, pendant la Commune . Fauré s'échappé à Rambouillet pour se réfugier chez un de ses frères, il se rend ensuite en Suisse, où il prend un poste d'enseignant à l'École Niedermeyer, qui s'était temporairement repliée là pour échapper la violence des évenements Parisiens. Son premier élève à l'école sera André Messager, qui deviendra aussi un ami de longue date et collaborateur occasionnel. Lorsque Fauré revient à Paris en Octobre 1871, il a été nommé maître de chapelle à l' église Saint-Sulpice en partenariat avec le compositeur et organiste Charles -Marie Widor . Il participe régulièrement à des concerts de musique de Camille Saint-Saëns et de Pauline Viardot,que Saint-Saëns lui a présenté. Il est également un des premiers membres de la Société Nationale de Musique , créée en Février 1871 sous la présidence conjointe de Romain Bussine et Saint-Saëns, pour promouvoir la nouvelle musique française. Les autres membres sont, Georges Bizet, Emmanuel Chabrier, Henri Duparc, Vincent d'Indy, César Franck, Édouard Lalo et Jules Massenet, que du très beau monde. Fauré est à cette époque, en 1874, devenu secrétaire de la société. Plusieurs de ses oeuvres seront dès lors au programme et présentées par la sociét nationale de musique.
Église de la madeleine à paris.
En 1874, Fauré part de Saint-Sulpice et est nommé organiste suppléant à l'église de la Madeleine. Saint-Saëns, assurant de nombreux concerts le laissera souvent seul à la tribune. De nombreux admirateurs de la musique de Fauré déploreront qu'après avoir tenu en maître cet orgue en professionnel pendant quatre décennies, il n'ait pas laissé plus de compositions pour orgue seul. Saint-Saëns disait de Fauré qu'il était "le meilleur organiste quand il voulu bien l'être" et il a été reconnu pour ses improvisations. Néanmoins, il préfèrera le piano à l'orgue, orgue, dont il ne jouait que parce que cela lui donnait un revenu régulier. 1877 fut par G. Fauré une année importante, à la fois professionnellement mais aussi dans sa vie privée. Tout d'abord cette année là , en Janvier sa sonate pour violon a été donnée en concert par la Société Nationale avec un grand succès, marquant un tournant dans sa carrière de compositeur. Puis en Mars, Saint-Saëns étant à la retraite des orgues de la Madeleine, c'est l'organiste Théodore Dubois qui lui succede et par le jeu des chaises musicales, G. fauré obtient un poste plus important, il est nommé chef de champelle. Et en fin, en Juillet Fauré se fiance à Marianne de Pauline Viardot, dont il est profondément amoureux. Mais à son grand désepoir, elle rompt son engagement en Novembre 1877, pour des raisons qui ne sont pas très claires. G. Fauré est très malheureux, et pour le distraire, Saint-Saëns l' emmene à Weimar et le présente à Franz Liszt . Cette visite redonne à Fauré le goût de voyager à l'étranger, où il va à partir de ce moment voyager et jouer pour le reste de sa vie. A partir de 1878, avec Messager il va faire des voyages à l'étranger et assister aux opéras de Wagner. Ils assisteront à la représentation de "Das Rheingold et Die Walküre à Cologne Opera" , "le complet Anneau cycle à l' Hofoper" à Munich et au Théâtre de Sa Majesté à Londres, puis celle de " Die Meistersinger" à Munich et à Bayreuth, où ils entendront et verront également "Parsifal" . Ils ont souvent joué un morceau de leur composition commune, les irrévérencieux Souvenirs de Bayreuth . Cette courte, œuvre pour piano capricieux à quatre mains rappelle des thèmes de The Ring" . Fauré admirait tant Wagner qu'il connaissait les moindres détails de sa musique, mais il était l'un des rares compositeurs de sa génération à ne pas rester uniquement sous l'influence musicale de Wagner.
L'épouse de Fauré, Marie
En 1883, Fauré épouse Marie Frémiet, la fille d'un sculpteur très connu, Emmanuel Fremiet Le mariage fut tout d'abord un mariage d'amour, mais la tension vint vite, car Marie fut vite pleine de ressentiment devant les trop fréquentes absences de son mari. Fauré selon elle, avait "horreur du domicile", et en effet, il connu de nombreuses aventures amoureuses, tandis qu'elle devait rester à maison. Ils ont eu deux fils, le premier, né en 1883, Emmanuel Fauré-Fremiet. Marie femme en avance sur son temps, avait insisté sur la combinaison de son nom de famille avec celui de son mari. Ce fils deviendra un biologiste de renommée internationale. le second fils, Philippe naît en 1889. Fauré passe la plupart de son temps dans la gestion des services quotidiens à la Madeleine et enseigne le piano et l'harmonie des leçons. Ses compositions ne lui rapportèrent rien, car son éditeur lui achete un prix dérisoire, c'est à dire 50 francs chacune, ses oeuvres. Pendant cette période, il écrit plusieurs ouvrages de grande importance, en plus de nombreuses pièces pour piano et des chansons, mais il va en détruire la plupart après seulement quelques représentations, ne conservant que quelques mouvements afin de réutiliser motifs. Etant jeune homme, Fauré avait été très gai, il était même d'une gaïté enfantine, dit de lui un ami, mais son mariage à la dérive et son peu de compétence à négocier ses oeuvres vont l'aigrir très vite et il connaitra des périodes de dépressions. Il se décrit à cette époque comme un "râté" Dans les années 1890, cependant, sa situation personnelle va s'améliorée. . Quand A la mort de Ernest Guiraud en 1892, celui-ci libère son poste de professeur de composition au Conservatoire de Paris, et Saint-Saëns encourage Fauré à postuler à ce poste vacant. La direction très conservatrice du Conservatoire considérait alors G. Fauré comme dangereusement moderne, et leur chef, Ambroise Thomas, bloque la nomination, déclarant: "Fauré? Jamais! S'il est nommé, je démissionne". Cependant, Fauré est nommé à un autre poste de occupé par Guiraud, et il devint inspecteur des conservatoires de musique dans les provinces françaises, ce qui signifie, pour lui encore plus de voyages à travers le pays, mais il reçoit un revenu régulier qui lui permet de renoncer à l'enseignement pour élèves débutants.
Ambroise Thomas considére Fauré comme trop moderne pour le Conservatoire
En 1896, Ambroise Thomas est mort, et Théodore Dubois prend la tête du Conservatoire. Fauré a bien connu Dubois comme premier organiste de la Madeleine. Avec Dubois, Jules Massenet , professeur de composition au Conservatoire, avait espéré lui aussi remplacer Ambroise Thomas, mais il avait surestimé sa possibilité d'obtenir une nomination à vie. Sa demande rejetée, et Théodore Dubois est nommé à sa place, Massenet à ce moment démissionne evec dception et fureur. Et du fait de cette démission, c'est G.Fauré, qui sera nommé professeur de composition à sa place. Il v a enseigné à beaucoup de jeunes compositeurs, dont Maurice Ravel, Florent Schmitt, Charles Koechlin, Louis Aubert, Jean Roger-Ducasse, George Enescu, Paul Ladmirault, Alfredo Casella et Nadia Boulanger . De l'avis de Fauré, ses élèves avaient besoin d'une base solide dans les compétences de base, dont il était heureux de déléguer à son assistant capable André Gédalge. Son apprentissage sera un sérieux soutien pour le développement des compétences et des talents de chaque élève. Roger-Ducasse écrira plus tard: " En reprenant tout ce que les élèves avaient déjà travaillé, il approfondissait les règles et la forme qu'ils avaient dèjà acquise ... et il se référait toujours à des exemples tirés des plus grands maîtres" Ravel se souviendra toujours de Fauré comme d'un professeur à l' esprit très ouvert. Après un cours ensemble, découvrant le travail de Ravel qui présentait un quatuor à cordes qui ne l'enthousiasmait pas, Fauré, modeste et prudent demanda à voir le manuscrit à nouveau quelques jours plus tard, et aurait dit : "J'aurais pu me tromper " Le musicologue Henri Prunières a écrit: "Que ce que Fauré avait le plus développé parmi ses élèves était le goût, la sensibilité harmonique, l'amour de la pureté des lignes, des modulations inattendues et coloré, mais il ne les a jamais contraint à composer selon son propre style et c'est pourquoi ils ont tous cherché et trouvé leur propre chemin dans de nombreux différentes et souvent même des directions opposées". Les œuvres des dernières années du siècle de Fauré comprennent la musique de scène pour la première anglaise de Maurice Maeterlinck s ' Pelléas et Mélisande (1898), et Prométhée, une tragédie lyrique composée pour l'amphithéâtre de Béziers . En cours d'écriture pour une performance en plein air, le travail est marqué par d'énormes forces instrumentales et vocales. Sa première en Août 1900 fut un grand succès, et il a été relancé à Béziers, l'année suivante et à Paris en 1907. Une version avec orchestration a été donné à l' Opéra de Paris en mai 1917 et a reçu plus de 40 représentations par la suite. De 1903 à 1921, Fauré écrivit régulièrement la critique musicale pour Le Figaro, un rôle dans lequel il n'était pas à l'aise. Son biographe Jean-Michel Nectoux écrit que la bonté naturelle de Fauré et sa grande ouverture d'esprit prédisposait à souligner les aspects positifs d'une œuvre."
Chef du Conservatoire
En 1905, éclate un scandale dans les milieux musicaux français, au sujet du prix musical, sommet du pays: le Prix de Rome . L'élève de Fauré, Maurice Ravel, n'aurait pas reçu le prix mérité, des éléments réactionnaires au sein du Conservatoire étaient soupçonnés d'avoir injustement refusé cette récompense Dubois fit alors l'objet de beaucoup de censure, et démissionna. Fauré bénéficia de ce départ et fut nommé à sa place. Avec le soutien du gouvernement français, il va apporté des changements radicaux dans l'administration et le curriculum. L'arrivée de G. Fauré à ce poste est synonymes de grands changements. Il va commencer par présenter des juges externes indépendants qui désormais prendront part aux décisions concerant admissions, les examens et les concours. Ce vent de démocratie dans cette vieille constitution quelque peu rigide et fermée, fera un ceratin désordre et va entraîné les démissions de certains membres du corps professoral en raison de la perte de certains avantages : impossible d'accorder un traitement préférentiel à leurs élèves privés, suppression d'un revenu supplémentaire considérable. Avec le nouveau programme d'études, G. Fauré était considéré comme tout aussi révolutionnaire, il a été surnommé " Robespierre "par les mécontents, les membres de la vieille garde. Il va aussi modernisé et élargir l'éventail de la musique enseignée au Conservatoire. Son biographe Jean-Michel Nectoux écrit, "où Auber, Halévy et surtout Meyerbeer avait régné en maître ... il est désormais possible de chanter un air de Rameau ou même certains Wagner - jusqu'à maintenant un nom interdit à l'intérieur des murs du Conservatoire'. Le répertoire maintenant variait de polyphonie de la Renaissance aux œuvres de Debussy . La nouvelle position de G. Fauré lui apporta également un confort pécuniaire nouveau, en dehors de cette aisance finanacière, il était maintenant reconnu et sa notoriété de compositeur était maintenant importante Dès cette période, il prit l'habitude son année de travail terminée, de quitter Paris et de passer les deux mois jusqu'à début Octobre dans un des hôtels près des lacs Suisse et de travailler en paix la composition. Ses oeuvres à partir de cette période vont se composer de son opéra lyrique, Pénélope, et de certaines de ses chansons qui seront connues plus tard comme les plus caractéristiques de son oeuvre : le cycle La chanson d'Eve , Op. 95.) et pièces pour piano (Nocturnes n ° 9-11; Barcarolles n ° 7-11 ).
Fauré au tournant du siècle
Fauré a été élu à l' Institut de France en 1909. Son beau-père et Saint-Saëns, tous deux membres de longue date, se porte fortement sur son nom, et il a remporté le scrutin, avec 18 voix contre 16 pour l'autre candidat, CH. Marie Widor. Dans la même année, un groupe de jeunes compositeurs dirigés par Ravel et Koechlin romptrnt avec la Société Nationale de Musique, qui sous la présidence de Vincent d'Indy était devenue une organisation réactionnaire. Ils ont formé un nouveau groupe, la Société Musicale Indépendante, dont Fauré a accepté la présidence. Il est également resté un membre de l'ancienne société et va continué à être au mieux avec d'Indy, il collabora avec ce dernie sa seule préoccupation étant la promotion de la musique nouvelle. En 1911, il va supervisé le déménagement du Conservatoire des nouveaux locaux de la rue de Madrid. Malheureusemnt c'est dans ce temps, que Fauré va développé un trouble de l'oreille et va progressivement perdre l'audition. Les sons vont petit à petit devenir faibles, mais de plus ils seront déformés, de sorte qu'il perda sur les extrémités basse et haute de sa gamme sonore. Il a fera beaucoup d'efforts pour cacher ses difficultés mais va finalement être contraint d'abandonner son poste d'enseignant. Dans les premières années du siècle, la musique de Fauré a commencé à s'implanter en Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, en Allemagne, en Espagne et en Russie. Il sera fréquentemment en visite en Angleterre où il est invité à Buckimgham-palace en 1908, de nombreuses portes lui sont ouvertes. Il assistera à la première londonienne de Elgar s ' Première Symphonie , en 1908, et nous avons dîné avec Elgar par la suite. Elgar écrivit plus tard à leur ami commun Frank Schuster que Fauré "était un vrai gentleman le plus fort des Français ... je l'admire beaucoup" Elgar va essayé d'obtenir de Fauré que le Requiem soit au programme du "le Three Choirs Festival" , mais il n'obtiendra finalement sa "première" anglaise qu'en 1937, soit près de cinquante ans après la première représentation en France. Beaucoup de compositeurs, d'autres pays ont aussi aimé et admiré Fauré. Tchaïkovski le juigeait "adorable", Albéniz et lui furent amis et correspondront pendant de nombreuses années, Richard Strauss viendra chercher ses conseils, et dans les dernières années de Fauré, le jeune Aaron Copland sera un de ses fervents admirateurs. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale, empêchera Fauré de rester en Allemagne, où il se trouvait en train de composer pendant sa retraite annuelle. Il reviendra d'Allemagne par la Suisse, puis rejoindra Paris. Il reste en France pendant la durée de la guerre. Quand un groupe de musiciens français menés par Saint-Saëns proposent d'organiser un boycott de la musique allemande, Fauré et Messager se dissocient de cette idée, mais ce désaccord n'aura pas d'incidence sur son amitié avec Saint-Saëns. Pour lui la musique est un art au-dessus de toutes les politiques, c'est un langage international humain. Fauré n'a jamais reconnu le nationalisme dans la musique, voyant dans son art "une langue appartenant à un pays si loin au-dessus de tous les autres qu'il est traîné vers le bas quand il doit exprimer des sentiments ou des traits particuliers qui appartiennent à une nation particulière". Néanmoins, il était conscient que sa musique a été plus respectée, qu'aimée en Allemagne. En Janvier 1905 pendant sa visite de Francfort et Cologne pour les concerts de sa musique, il avait écrit: "Les critiques de ma musique ont été que c'est un peu froid et trop bien élevé Il n'y a aucun doute à ce sujet, le français et l'allemand sont deux choses différentes" .
Dernières années et l'héritage
En 1920, à l'âge de 75 ans, Fauré, vieux et mal-entendant quitte le Conservatoire en raison de sa surdité croissante. Dans la même année, il va reçevoir la Grand-Croix de la Légion d'honneur, un honneur rare pour un musicien. En 1922, il recevra un hommage public, une fête splendide à la Sorbonne, au cours de laquel les artistes français les plus illustres ont participé, lui apportant une grande joie. "Ce fut un spectacle poignant, en effet : celle d'un homme présent lors d'un concert de ses propres œuvres et incapable d'en entendre une seule note. Il s'est assis en regardant devant lui, pensif, et, malgré tout, reconnaissant et content". Dans ses dernières années, Fauré a souffert de problèmes de santé, en partie provoquée par le tabagisme lourd. Malgré cela, il est resté à la disposition des jeunes compositeurs, dont les six membres, qui lui étaient dévoués. Nectoux écrit: "Dans la vieillesse, il a atteint une sorte de sérénité, sans rien perdre de sa vitalité spirituelle remarquable, mais plutôt retiré de la sensualité et la passion des œuvres qu'il a écrites entre 1875 et 1895". Fauré est mort à Paris le 4 Novembre 1924; à l'âge de 79 ans, des suites d'une pneumonie. Il a reçu des funérailles d'État à l'Église de la Madeleine et est enterré dans le cimetière de Passy à Paris. Après la mort de Fauré, le Conservatoire fit marche arrière et est revenu à son ancien conservatisme, avec sa propre pratique harmonique, celle-ci étant considérée comme le nec plus ultra de la modernité au-delà de laquelle les étudiants ne devraient pas aller. La génération d'étudiants nés entre les deux guerres ont rejeté cette idée dépassée, se tournant plutôt vers Bartók, la Seconde École de Vienne et les dernières oeuvres de Stravinsky . Dans un hommage centenaire, le musicologue Leslie Orrey a écrit dans The Musical Times : "Plus profond que Saint-Saëns, plus varié que Lalo, plus spontané que d'Indy, plus classique que Debussy, Gabriel Fauré est le maître par excellence de la langue française la musique, le miroir parfait de notre génie musical. Peut-être, quand les musiciens anglais apprennent à connaître mieux son œuvre, ces paroles de Roger-Ducasse vont paraître, pas trop éloges, mais pas plus que son dû".
L'oeuvre:
Les œuvres de Fauré se distinguent par la finesse de leur mélodie ainsi que par l’équilibre de leur composition. Le langage harmonique de Gabriel Fauré reste de nos jours étudié dans les conservatoires. C’est un style d’écriture à part entière, présentant de nombreuses idées originales. Si Gabriel Fauré est reconnu pour son génie harmonique, il est en outre considéré comme le maître de la mélodie française.
Une œuvre d’intériorité Gabriel Fauré s’intéresse manifestement davantage à l’idée musicale qu’à l’orchestration. Ainsi, il laisse près d’une centaine de mélodies, et un répertoire conséquent en matière de musique de chambre et de salon. Mais seulement une dizaine de pièces pour orchestre, notamment destinées au théâtre. Celles-ci comptent de grandes réussites (Pelléas et Mélisande pour ne citer qu’elle), mais leur orchestration reste plutôt classique et, de manière générale, les formations adoptées par Gabriel Fauré n’apportent pas de grandes innovations de timbres, il n’utilise pratiquement jamais d’instruments à vent dans sa musique de chambre, par exemple. Le message fauréen est en effet tout en intimité, en intériorité et tend vers la pureté de l’idée musicale. Ceci l’amène à se détourner des grands effets parfois prisés de son époque, telles les audaces orchestrales de Wagner, Debussy ou Stravinsky. Si la musique de Fauré n’exclut pas des accents romantiques et des violences passagères notamment dans sa Fantaisie, cet aspect intérieur de sa musique s’est accentué avec l’âge, notamment dans les œuvres de la fin de sa vie, qui font preuve d’un ascétisme musical qui a dérouté, en son temps et même aujourd’hui, ses adeptes comme ses détracteurs. Du fait de ce classicisme d’apparence, l’originalité du message fauréen a pu parfois être mal comprise.
Influence
Ses œuvres vont du pur classicisme – lorsqu’au début de sa carrière, il imite le style de Haydn et Mendelssohn – au romantisme, pour aboutir à une esthétique du xxe siècle. Elles sont basées sur une profonde assimilation des structures harmoniques qu’il avait apprises, à l’École Niedermeyer, de son professeur Gustave Lefèvre, qui a écrit en 1889 un Traité d’harmonie. Cet ouvrage présente une théorie de l’harmonie sensiblement différente de la théorie classique de Jean-Philippe Rameau : les accords de septième et de neuvième n’y sont plus considérés comme dissonants et la quinte peut être altérée sans changer le mode. Ainsi, avant même de découvrir la musique romantique de son temps, le jeune Gabriel Fauré a d’abord suivi un enseignement dans le cadre de l’école Niedermeyer qui laissait une large place à la musique religieuse et aux modes d’église. Cette influence essentielle contribue à l’originalité de l’écriture fauréenne par rapport aux compositeurs de son temps et se retrouve tout au long de son œuvre, tant par l’usage d’enchaînements harmoniques modaux que par l’écriture de lignes mélodiques à l’ambitus réduit et sans grandes ruptures d’intervalle qui dénotent l’influence du chant grégorien, notamment dans ses mélodies ou encore dans son deuxième quintette pour cordes et piano. En opposition avec son style harmonique et mélodique très novateur à cette époque, les subtils motifs rythmiques sont répétitifs, avec des modulations similaires à celles que l’on peut trouver dans la musique de Brahms. Ainsi, Fauré sous-tend souvent sa ligne mélodique par un flux continu qui divise ses œuvres en grandes courbes dynamiques. Ceci est surtout perceptible dans ses mélodies ou encore ses œuvres pour piano : Nocturnes et Barcarolles. Ces dernières font en effet usage d’arpèges et d’une mélodie entremêlée des deux mains, avec des substitutions de doigtés, naturelles chez l’organiste, mais dont l’interprétation est parfois difficile pour le pianiste. Son œuvre pianistique en général n’est pas sans rappeler certaines pièces de Schumann ou Chopin, compositeurs que Camille Saint-Saëns avait fait découvrir au jeune Gabriel Fauré. Enfin, Gabriel Fauré n’ignorait pas la musique de Richard Wagner dont l’aura était considérable à la fin du xixe siècle dans les milieux culturels européens. S’étant rendu au festival de Bayreuth, il avait composé avec André Messager une pièce pour piano à quatre mains intitulée Souvenirs de Bayreuth pastichant les principaux thèmes de la Tétralogie. L’influence de Wagner sur la musique de Fauré est d’autant plus discrète que leur tempérament diffère, mais elle reste sensible dans certaines pièces, telles que le Prélude de Pelléas et Mélisande ou l’introduction de Tendresse de la suite Dolly. La Pavane (1887) de Gabriel Fauré a inspiré une belle adaptation, celle du pianiste de jazz Bill Evans (1929-1980).
Évolutions
On décrit souvent l’évolution de Gabriel Fauré en distinguant dans son œuvre trois périodes ou manières. La première période s’étend jusqu’en 1890 et comprend certaines de ses œuvres les plus connues telles que la mélodie Après un rêve ou son Élégie pour violoncelle et piano. La Sicilienne issue de sa suite Pelléas et Mélisande se rattache également à cette première manière. Celle-ci se caractérise par l’influence des musiques allemandes et italiennes et par un certain classicisme. On fait généralement débuter la seconde période de Fauré des Mélodies de Venise (1891) au début du XXe siècle. Elle se caractérise par une grande finesse harmonique, un sens de la sensualité et de nombreuses audaces harmoniques, dans Shylock par exemple. La troisième période comprend les cycles de mélodies de la fin de la vie de Fauré (La Chanson d'Ève (1910), Mirages (1919) ou encore L’Horizon chimérique (1921)). On y range également son deuxième quintette en ut mineur (1921) ou encore son quatuor à cordes en mi mineur (1924). Cette période est contemporaine des problèmes de surdité qui affectent Gabriel Fauré. On a souvent expliqué de cette manière l'évolution de la musique de Fauré, caractéristique de cette troisième manière, vers un plus grand dépouillement, un plus grand statisme, jusqu’à devenir parfois comme immatérielle. Cette troisième manière est sans doute la plus sujette à controverse et la moins bien connue. Certains la considèrent comme une période d’aridité et de déclin, tandis que d’autres y voient le génial aboutissement d’une quête musicale qui ne doit rien aux évolutions de son temps. Si pratique qu’elle soit pour décrire l’évolution fauréenne, cette subdivision n’a rien d’absolu, d’autant que ces périodes se chevauchent parfois dans le temps. Ainsi la Sérénade pour violoncelle et piano se classe dans la troisième période par sa date de composition (1908), mais se rattache par son style plutôt à la première manière.
Catalogue des Å“uvres
Op. 1 (1860-1971), Romances pour voix et piano (1. Le Papillon et la Fleur ; 2. Mai) op. 2 (1869-1876), Romances pour voix et piano (1. Dans les Ruines d’une Abbaye ; 2. Les Matelots) op. 3 (1871-1879), Romances pour voix et piano (1. Seule ; 2. Sérénade Toscane) op. 4 (1871), Romances pour voix et piano (1. Chanson du pêcheur (Lamento) ; 2. Lydia) op. 5 (1871-1879), Romances pour voix et piano (1. Chant d’Automne ; 2. Rêve d’Amour ; L’Absent) op. 6 (1876), Romances pour voix et piano (1. aubade ; 2. Tristesse ; 3. Sylvie) op. 7 (1871), Romances pour voix et piano (1. Après un Rêve (Levati sol que la luna è levata) ; 2. Hymne ; 3. Barcarolle) op. 8 (1871), Romances pour voix et piano (1. Au bord de l’eau ; 2. La Rançon ; 3. Ici-bas !) op. 10 (1874), Deux duos pour sopranos (1. Puisque ici-bas... ; 2. Tarantelle) op. 11 (1863-1864), Cantique de Racine, pour chœur mixte et piano ou orgue op. 12 (1875), Les Djinns, pour chœur mixte et piano ou orchestre, sur un poème de Victor Hugo op. 13 (1875-1876), Sonate pour violon et pian1., en la majeur [conducteur] op. 14 (1878), Concerto pour violon et orchestre (Allegro ; Andante)t op. 15 (1879), Quatuor pour piano et cordes n° 1, en ut mineur op. 16 (1878-1879), Berceuse pour violon et piano [aussi pour flûte et piano, violoncelle et piano, violon ou violoncelle et orchestre] [ violon ou violoncelle et piano] op. 17 (1863), Trois Romances sans paroles pour piano (1. Andante, quasi allegretto, en la bémol ; 2. Allegro molto, en la mineur ; 3. Andante moderato, en la bémol) op. 18 (1880), Romances pour voix et piano (1. Nell ; 2. Le Voyageur ; 3. Automne) op. 19 (1879), Ballade (fa dièse) [avec orchestre, 1881] [version piano seul] op. 20 et 68 (1872-1873), Suite d’orchestre en fa (Allegro - Andante - Gavotte - Finale) — op. 68 (1895), Allegro Symphonique, arrangement pour piano à 4 mains par Léon Boëlmann de l’Allegro initial de la Symphonie en fa op. 20. op. 21 (1880), Poème d'un jour, sur des poèmes de Ch. Grandmougin (1. Rencontre ; 2. Toujours ; 3. Adieu) op. 22 (1881), Le Ruisseau, pour 2 voix de femmes et piano ou petit orchestre op. 23 (1882), Trois mélodies, pour vois et piano ( 1. Les Berceaux ; 2. Notre Amour ; 3. Le Secret) op. 24 (1883), Élégie, en ut mineur, pour violoncelle et piano [aussi pour violon et piano, violoncelle et orchestre] op. 25 (1881-1882), Impromptu n° 1 en mi bémol majeur, pour piano op. 26 (1881-1882), Barcarolle n° 1 en la mineur, pour piano op. op. 27 (1883), Deux mélodies, pour voix et piano (1. Chanson d’Amour ; 2. La Fée aux Chansons) op. 28 (1882), Romance en si bémol majeur, pour violon et piano [aussi pour violon et orchestre] op. 29 (1882), La Naissance de Vénus, scène mythologique pour soli, chœurs et orchestre op. 30 (1883), Valse-Caprice n° 1 en la majeur, pour piano op. 31 (1883), Impromptu n° 2 en fa mineur, pour piano op. 32 (1883), Mazurka en si bémol, pour piano op. 33 (1875-1883), Trois Nocturnes pour piano (1. en mi bémol mineur ; 2. en si majeur ; 3. en la bémol majeur) op. 34 (1883), Impromptu n° 3 en la bémol, pour piano op. 35 (1884), Madrigal, quatuor vocal pour soprano, alto, ténor et basse, ou chœur, avec piano ou orchestre op. 36 (1884), Nocturne n° 4 en mi bémol majeur, pour piano op. 37 (1884), Nocturne n° 5 en si bémol majeur, pour piano op. 38 (1884), Valse-Caprice n° 2 en ré bémol majeur, pour piano op. 39 (1884), Quatre mélodies (1. Aurore ; Fleur jetée ; 3. Le Pays des Rêves ; 4. Les Roses d’Ispahan) op. 40 (1884), Symphonie en ré mineur op. 41 (1885), Barcarolle n° 2 en sol majeur, pour piano op. 42 (1885), Barcarolle n° 3 en sol bémol majeur, pour piano op. 43 (1886), Deux mélodies (1. Noël ; 2. Nocturne) op. 44 (1886), Barcarolle n° 4 en la bémol majeur, pour piano op. 45 (1886), Quatuor n° 2 pour piano et cordes, en sol mineur op. 46 (1887), Deux mélodies (1. Les Présents ; 2. Clair de lune) op. 47 (1887-1888), Deux motets (1. O Salutaris, en si pour baryton et orgue ; 2. Maria, Mater Gratiæ, pour soprano et mezzo-soprano ou ténor et baryton et orgue) op. 48 (1887-1890), Messe de Requiem, pour soprano, baryton, choeur, orgue et orchestre (1877, révisé en 1887-1990, orchestré en 1899) [réduction pour orgue] op. 49 (vers 1888), Petite pièce en sol, pour violoncelle et piano op. 50 (1887), Pavane, pour piano (aussi version pour chœur et orchestre) [ pour flûte ou violon et piano, version Bussière] [pour violoncelle ou alto et piano, version Bussière] op. 51 (1888), Quatre mélodies (1. Larmes ; 2. Au Cimetière ; 3. Spleen ; 4. La Rose) op. 52 (1888), Caligula, musique de scène pour chœur et orchestre op. 54 (vers 1890), Ecce Fidelis Servus, motet pour soprano, ténor et baryton, accompagnement d’orgue et de contrebasse op. 55 (vers 1890), Tantum ergo, motet pour soprano ou ténor solo, chœur, accompagnement d’orgue, piano ou harpe et de contrebasse op. 56 (1893-1896), Dolly , six pièces pour piano à 4 mains (1. Berceuse ; 2. Mi-a-ou ; 3. Le jardin de Dolly ; 4. Kitty-Valse ; 5. Tendresse ; 6. Le Pas espagnol [orchestration par Henri Rabaud en 1906] op. 57 (1889), Shylock, musique de scène pour orchestre (1. Chanson (Edmond Haraucourt) ; 2. Entr’acte ; 3. Madrigal (Edmond Haraucourt) ; 4. Épithalame ; 5. Nocturne ; 6. Final) op. 58 (1891), Cinq mélodies, dites de Venise (1891), pour voix et piano sur des poèmes de Verlaine (1. Mandoline ; 2. En sourdine ; 3. Green ; 4. À Clymène ; 5. C’est l’extase) op. 59 (1887-1893), Valse-Caprice n° 3 en sol bémol majeur, pour piano op. 60 et 89 (1891-1905), Quintette n° 1 en ré mineur, pour piano et quatuor à cordes (1891-1894, révisé de 1903 à 1905) op. 61 (1892-1893), La Bonne Chanson (1892-1893), pour voix et piano, sur des poèmes de Verlaine 1. Une Sainte en son auréole ; 2. Puisque l’aube grandit ; 3. La lune blanche luit dans les bois ; 4. J’allais par des chemins perfides ; 5. J’ai presque peur, en vérité ; 6. Avant que tu ne t’en ailles ; 7. Donc, ce sera par un clair jour d’été ; 8. N’est-ce pas ? ; 9. L'hiver a cessé) [aussi version pour voix, piano et quatuor à cordes] op. 62 (1893-1894), Valse-Caprice n° 4 en la bémol majeur, pour piano op. 63 (1894), Nocturne n° 6 en ré bémol majeur, pour piano op. 63 bis (1894), Hymne à Apollon, chant grec du IIe siècle av. J.-C., accompagnement pour harpe, flûte et 2 clarinettes op. 65 (1894), Deux motets (1. Ave verum corpus, pour 2 voix de femmes et orgue ; 2. Tantum ergo, pour 3 voix de femmes et orgue) op. 66 (1894), Barcarolle n° 5 en fa dièse mineur, pour piano op. 67 (1895), Deux motets (1. Salve Regina, pour voix et orgue ou piano ; 2. Ave Maria, pour ténor ou baryton et orgue ou piano) op. 68 et 20 (1872-1895), Suite d’orchestre en fa (Allegro - Andante - Gavotte - Finale) — op. 68 (1895), Allegro Symphonique, arrangement pour piano à 4 mains par Léon Boëlmann de l’Allegro initial de la Symphonie en fa op. 20. op. 69 (1894), Romance en la majeur, pour violoncelle et piano op. 70 (1895), Barcarolle n° 6 en mi bémol majeur, pour piano op. 72 (1896), Pleurs d’or, pour mezzo-soprano et baryton, avec accompagnement de piano op. 73 (1897), Thème et Variations en ut dièse mineur, pour piano [orchestré par D. E. Inghelbrecht en 1927] op. 74 (1887), Nocturne n° 7 en do dièse mineur, pour piano op. 75 (1897), Andante, pour violon et piano op. 76 (1897), Deux mélodies (1. Le Parfum impérissable ; 2. Arpège) op. 77 (1898), Papillon, pour violoncelle et piano, ou violon et piano op. 78 (1893), Sicilienne , pour violoncelle ou violon (flûte) et piano [aussi versions pour piano seul et pour orchestre] op. 79 (1898), Fantaisie pour flûte et piano [ orchestré par Aubert en 1957] op. 80 (1898), Pelléas et Mélisande, musique de scène pour orchestre (1. Prélude ; 2. Fileuse ; 3. Molto adagio (mort de Mélisande), avec intercalation de la Sicilienne) op. 81 (vers 1900), Fileuse, de la Suite de Pelléas et Mélisande; transcription pour piano d’Alfred Cortot op. 82 (1899-1900), Prométhée, tragédie lyrique avec soli, trios, chœurs et mélodrames avec orchestre op. 83 (1896), Deux mélodies (1. Prison ; 2. Soir) op. 84 (1896-1902), Huit pièces brèves pour piano (1. Capriccio en mi bémol ; 2. Fantaisie en la bémol ; 3. Fugue en la mineur ; 4. Adagietto en mi mineur ; 5. Improvisation en ut dièse mineur ; 6. Fugue en mi mineur ; 7. Allégresse en ut ; 8. Nocturne n° 8 en ré bémol) op. 85 (1902), Trois mélodies (1. Dans la Forêt de septembre ; 2. La Fleur qui va sur l’eau ; 3. Accompagnement) op. 86 (1904), Impromptu n° 6 en ré bémol majeur, pour harpe op. 86b (1913), Impromptu n° 6 en ré bémol majeur, pour piano (d’après l'op. 86) op. 87 (1904), Deux mélodies (1. Le plus doux chemin ; 2. Le Ramier) op. 88 (1901), Le Voile du bonheur, musique de scène pour la pièce de G. Clémenceau op. 89 et 60 (1891-1905), Quintette n° 1 en ré mineur, pour piano et quatuor à cordes (1891-1894, révisé de 1903 à 1905) op. 90 (1905), Barcarolle n° 7 en ré mineur, pour piano op. 91 (1905), Impromptu n° 4 en ré bémol majeur, pour piano op. 92 (1906), Le Don silencieux, pour voix et piano, sur un poème de Jean Dominique op. 93 (1906), Ave Maria, pour 2 sopranos et orgue ou piano op. 94 (1906), Chanson, pour voix et piano, sur un poème d' Henri de Régnier op. 95 (1906-1910), La Chanson d’Ève, mélodies sur des poèmes de Charles Van Lerberghe (1. Paradis ; 2. Prima Verba ; 3. Roses ardentes ; 4. Comme Dieu rayonne ; 5. L’aube blanche ; 6. Eau vivante ; 7. Veilles-tu, ma senteur de soleil ? ; 8. Dans un parfum de roses blanches ; 9. Crépuscule ; 10. Ô Mort, poussière d’étoiles) op. 96 (1908), Barcarolle n° 8 en ré bémol majeur, pour piano op. 97 (1908), Nocturne n° 9 en si mineur, pour piano op. 98 (1908), Sérénade pour violoncelle et piano op. 99 (1908), Nocturne n° 10 en si mineur, pour piano op. 101 (1909), Barcarolle n° 9 en la mineur, pour piano op. 102 (1909), Impromptu n° 5 en fa dièse mineur, pour piano op. 103 (1909-1910), Neuf Préludes, pour piano (1. en ré bémol ; 2. en ut dièse mineur ; 3. en sol mineur ; 4. en fa ; 5. en ré mineur ; 6. en mi bémol mineur ; 7. en la ; 8. en ut mineur ; 9. en mi mineur) op. 104 (1913), Deux pièces, pour piano (1. Nocturne n° 11 en fa dièse mineur ; 2. Barcarolle n° 10 en la mineur) op. 105 (1914-1915), Deux pièces, pour piano (1. Barcarolle n° 11 en sol mineur ; 2. Barcarolle n° 12 en mi bémol) op. 106 (1914-1915), Le jardin clos, mélodies sur des poèmes de Lerberghe (1. Exaucement ; 2. Quand tu plonges tes yeux dans mes yeux ; 3. La Messagère ; 4. Je me poserai sur ton cœur ; 5. Dans la Nymphée ; 6. Dans la pénombre ; 7. Il m’est cher, Amour, le bandeau ; 8. Inscription sur le sable) op. 107 (1915), Nocturne n° 12 en mi mineur, pour piano op. 108 (1916-1917), Sonate n° 2 en mi mineur, pour violon et piano op. 109 (1917), Sonate n° 1 en ré mineur, pour violoncelle et piano op. 110 (1918), Une Châtelaine en sa tour, pour harpe op. 111 (1918), Fantaisie en sol, pour piano et orchestre op. 112 (1919), Masques et Bergamasques, suite d’orchestre (1.Ouverture ; 2. Menuet ; 3. Gavotte ; 4. Pastorale) op. 113 (1919), Mirages, mélodies sur des poèmes de la Baronne de Brimont ( 1. Cygne sur l’eau ; 2. Reflets dans l’eau ; 3. Jardin nocturne ; 4. Danseuse) op. 114 (1919), C’est la Paix !, mélodie pour voix et piano op. 115 (1919-1921), Quintette n° 2 en ut mineur, pour piano et quatuor à cordes op. 116 (1921), Barcarolle n° 13 en ut majeur, pour piano op. 117 (1921), Sonate n° 2 en sol mineur, pour violoncelle et piano op. 118 (1921), L’Horizon chimérique, cycle de mélodies sur des poèmes de Jean de la Ville de Mirmont (1. La Mer est infinie ; 2. Je me suis embarqué ; 3. Diane, Séléné ; 4. Vaisseaux, nous vous aurons aimés) op. 119 (1921), Nocturne n° 13 en si mineur, pour piano op. 120 (1922-1923), Trio en ré mineur, pour violon, violoncelle et piano op. 121 (1923-1924), Quatuor à cordes en mi mineur s. op. (vers 1880), Benedictus s. op., Cadence pour le Concerto en ut majeur K 491, de W. A. Mozart
Écrits
Ministre de l'Instruction publique et des Cultes:
Foix, le 23 juillet 1854
Monsieur le Ministre. Le plus jeune de mes six enfants ayant des dispositions remarquables pour l'art musical, j'ai l'honneur de solliciter pour lui son admission dans l'Ecole de musique religieuse dirigée à Paris par M. de Niedermeyer.
Toutefois les charges que font peser sur moi une nombreuse famille me font un devoir de prier votre Excellence de vouloir bien accorder à mon fils Fauré Gabriel, la faveur d'une bourse entière dans l'établissement de M. Niedermeyer.
Monseigneur l'Evêque de Pamiers qui veut bien se charger de transmettre ma demande avec les pièces à l'appui, connaît ma position et mes services universitaires. J'ai la confiance que sa Grandeur, qui voudrait voir son diocèse jouir prochainement des bienfaits d'une institution qui a pour but de relever le chant religieux, de former des organistes et de bons maîtres de chapelle, recommandera mon enfant à toute votre bienveillante sollicitude.
Je suis avec respect, Monsieur le Ministre. de votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur. Fauré directeur de l'école normale de l'Ariège
Liens écouter http://youtu.be/tmrQHRnT4Mw Requiem complet http://youtu.be/U5Y0uQLgriA Sicilienne http://youtu.be/mpgyTl8yqbw Pavane http://youtu.be/IXe9eYD5bRk Quintett pour piano http://youtu.be/RxtWett2aaE sonate en la major http://youtu.be/CFKBwb0ma1A Préludes de Pelléas et mélisandre http://youtu.be/4gmTSWmRXGc élégie pour violoncelles http://youtu.be/XMVO1MLcOYQ nocturne interprété par Eric Heidsieck http://www.youtube.com/watch?v=9FFPru ... e&list=PL99DAFE58E8A130A9 Nocturnes http://www.youtube.com/watch?v=Ghy9V8 ... e&list=PL4A6C6FF9F8E6F48A Nocturnes http://youtu.be/RYZQOLlL8BI Spleen Verlaine http://www.youtube.com/watch?v=EZGPTq ... e&list=PLDB1E07A4C99B81C8 sanctus, messe basses cantiques, madrigals, chants ... ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518f9612a3737.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518f96414c3c7.jpg) ![Cliquez pour afficher l](http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_518f96a9f04ef.jpg)
Posté le : 12/05/2013 15:20
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