| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 784 785 786 (787) 788 789 790 ... 956 »


Re: Pour les fêtes des papas
Modérateur
Inscrit:
11/01/2012 16:10
De Rivière du mât
Messages: 682
Niveau : 23; EXP : 75
HP : 0 / 568
MP : 227 / 21126
Hors Ligne
Merci pour ton soutien Loriane

Posté le : 28/06/2013 18:03
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Touche pas à mon tour de France
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne
Je ne décolère pas, marre, marre ...
Le tour c'est mon bonheur de l'été, c'est chaque jour derrière la télé à suivre cette grande fête à Neuneu, la foire du trône en balade, la caravane, les caravanes, les bords de route qui crient leur enthousiasme, qui campent trois jours pour voir des coureurs passer en quelques secondes, le peuple heureux, et aussi la voix calme et sympa de Jalabert.
Ils l'ont chassé, ces cons snobs et psycho-rigides !!! Et ils ont fait leur sale coup à la dernière minute !!!
Ces curetons moyennâgeux qui veulent laver plus blanc que blanc et qui comme tous les sadiques qui n'aiment que nuire, viennent déposer leurs salades accusatrices au moment le plus sensible, pour être bien sûr de gâcher la fête et pour être assuré de leur sale coup en roulant tout le monde dans la boue, trois jours avant le départ.
Ces malfaisants sont des minables, des pervers, des frustrés jaloux.
Ah oui, les coureurs se droguent ?? Ah bon ? vrai, pas vrai ? ben on s'en fout !
Disons que se faire 200 Kms dans la journée et grimper un ou deux, voir trois cols pour arriver pile à l'heure à 17 Heures pour la téloche !! = exploit.
Et Balzac, il ne s'est pas shooté, lui pour finir la comédie humaine ? et Baudelaire ? et les tennisman ??
On en est pas au dopage à la russe ou à la chinoise, aux athlètes, que l'on met enceinte ou qui change de sexe, ils savent ce qu'ils risquent c'est leurs corps, et si ils prennent tous la même chose, basta ! La prohibition ça ne marche jamais sur les humains, jamais !
Le tour de France est un spectacle merveilleux c'est la plus belle épreuve sportive, une épreuve qui se fait sur le plus beau terrain du monde : la France.
La France que le monde entier voit et vient ensuite visiter. Les retombées économiques sont très importantes;
Ces Dénonciateurs, shootés à la haine, savent-ils bien l'impact financier, le bénéfice pour la France, la France qui est sans cesse agressée par ces pseudos intellectuels malveillants.
Ces champions de la flagellation nationale sont dérangés par cette France populaire, décomplexée, qui s'exporte avec fierté et qui pour une fois gagne, au moins en notoriété..
Cela défrise ces hauts esprits, ces pédants qui ont des goûts délicats et classieux comme le tennis, à qui ils ne cherchent pas de poux sur la tête, ces méchants pisse-vinaigres, censeurs et bouffeurs de morale à trois balles, ont un souverain mépris pour le bas-peuple et ses loisirs.
Marre, Marre, mais alors marre de ces tristes sires, vaniteux donneurs de leçons et accusateurs.Marre, marre ....
Touchez pas à mon tour de France. merde !!

Posté le : 27/06/2013 16:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Publication du roman Correspondances criminelles
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 36310
Hors Ligne
Félicitations Saulot !
Je suis également publiée chez eux. Pas facile de faire connaître son ouvrage. Bon courage pour ta promotion.

Couscous

Posté le : 26/06/2013 05:55
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: L'atelier de "Grenouille" .La sculpture sur Fruits et légumes,,
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne
.

Attacher un fichier:



jpg  securedownload.jpg (33.60 KB)
3_51c75211af138.jpg 428X639 px

Posté le : 23/06/2013 21:53
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: L'atelier de "Grenouille" .La sculpture sur Fruits et légumes,,
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne
.Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  securedownload (6).jpg (378.44 KB)
3_51c7512cf22dd.jpg 429X640 px

jpg  securedownload (5).jpg (486.95 KB)
3_51c7514ea8ed2.jpg 429X640 px

jpg  securedownload (4).jpg (370.51 KB)
3_51c7515ee1bc8.jpg 429X640 px

Posté le : 23/06/2013 21:50
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Confiance
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 36310
Hors Ligne
Félicitations ! C'est impressionnant pour une fille de ton âge. Je ne peux que t'encourager à continuer dans cette voie qui semble te convenir.

Posté le : 23/06/2013 09:28
_________________
Belge et drôle et vice versa.
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Page du 16 Juin 2013. M. Duruflé, Elsa Triolet, Valentina Terechkova, Loi sur l'école publique
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne

fee etoilee

























Les textes à l'affiche de la semaine :
 
"De son Jardin en Vésubie de Tchano "

         "Un ange veille de KJtiti "

Bonne fête aux papas


Ecouter :

http://youtu.be/PLb_21WUWIo poème pour Elsa (chant)
http://youtu.be/fLL1dfDvGhw Aimer à perdre la raison (J.Ferrat)
http://youtu.be/ihNgbmTNtMI Que serais-je sans toi (J.Ferrat)


Le 16 Juin 1970 meurt ELSA TRIOLET

Lire ICI




Aujourdui Dimanche 16 Juin 2013 LIRE , ECRIRE, DECOUVRIR

PAGES D'ACCUEIL PRECEDENTES Dans la BIBLIothèque LIRE ICI

 


Le 16 Juin 1963 Valentina TERECHKOVA quitte la terre Sur Vostok 6

LIre ICI



Le 16 Juin 1881 la gratuité de l'école publique est votée

Lire ICI





Le 16 Juin 1986 meurt Maurice DURUFLE 

LIre ICI



Emma vous propose :
Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner votre choix de texte c'est ICI
               ---*Forum Philosophie*---

   *Venez écrire à Jean-Jacques Rousseau
    * Question d'Antarés
    *Le monde contemporain est-il celui de la haine de la poésie ?    


        Lucinda vous pose deux questions :                                                           
        *Pourquoi le mensonge  ?          
        *Pourquoi avons nous besoin des autres ? 


      
     




Posté le : 23/06/2013 09:16
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Insurrection du 23 Juin 1848 à Paris
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne
23 juin 1848 : Insurrection ouvrière à Paris

Le 23 juin 1848 éclatent à Paris de violentes émeutes de la faim provoquées par la fermeture des Ateliers nationaux.

Ces ateliers de bienfaisance avaient été créés quelques mois plus tôt par le gouvernement provisoire de la IIe République. Ils avaient pour vocation de procurer aux chômeurs un petit revenu en échange d'un travail symbolique.
Dans la foulée, le gouvernement provisoire avait même publié un décret réduisant d'une heure la durée de la journée de travail pour tous les salariés parce que, selon ses termes, «un travail manuel trop prolongé non seulement ruine la santé mais en l'empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l'homme».
C'est ainsi que la journée de travail était tombée à... dix heures à Paris et à onze en province (serait-ce que le travail est plus éprouvant à Paris qu'ailleurs ?).
La République trahit les ouvriers.
Une Assemblée constituante est élue le 13 avril dans la précipitation pour mettre en place les institutions de la IIe République.
Le suffrage universel amène à l'Assemblée une forte majorité de notables provinciaux, très conservateurs et méfiants à l'égard du peuple ouvrier de Paris.
Dans l'attente d'une Constitution, c'est une Commission exécutive issue de l'Assemblée qui dirige le pays.
Elle décide le 20 juin de supprimer les Ateliers nationaux avec l'espoir d'étouffer ainsi l'agitation ouvrière. C'est le contraire qui se passe. Sur 120.000 ouvriers licenciés par les Ateliers nationaux, 20.000 descendent dans la rue le 23 juin 1848.
Ils forment jusqu'à 400 barricades. La Commission exécutive charge le général Louis-Eugène Cavaignac de la répression. Celle-ci est terrible, à la mesure de l'effroi qu'éprouvent les bourgeois de l'Assemblée. Le 25 juin 1848, les insurgés résistent encore à l'Est de la capitale, entre Bastille et Nation.
Monseigneur Denis Affre, archevêque de Paris (55 ans), s'interpose entre les insurgés et la troupe, sur une grosse barricade, à l'angle des rues de Charenton et du faubourg Saint-Antoine.
Un crucifix à la main, cet homme d'un naturel timide appelle les frères ennemis à la réconciliation. Les coups de feu s'interrompent. Mais un roulement de tambour réveille les pulsions de mort.
Les coups de feu reprennent. L'archevêque s'écroule. Il murmure avant de mourir : «Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis».Le lendemain, le général Lamoricière prend d'assaut cette barricade ainsi que toutes celles qui suivent (autotal 65 entre Bastille et Nation !). C'est la fin de l'insurrection.
Au total, du 23 au 26 juin, en trois jours de combats dans l'ensemble de la capitale, on relève 4.000 morts parmi les insurgés et 1.600 parmi les forces de l'ordre.
Le gouvernement républicain arrête 15.000 personnes et en déporte des milliers sans jugement. Les journées de Juin 1848 coupent la IIe République de sa base populaire. Signe des temps, le 9 septembre 1848, le décret du 2 mars sur la journée de dix heures est abrogé.
Aux élections présidentielles de décembre 1848, l'absence d'une opposition républicaine de gauche et le discrédit dans lequel sont tombés les républicains permettent au
prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l'Empereur, de se faire élire président de la République sans trop de mal, en promettant la paix et des réformes sociales.

Silence forcé. - Désolation.

Nous ne voulons pas irriter les passions, et par conséquent il nous est impossible de dire toute la vérité.
Nous avons d'ailleurs l'âme trop désolée, trop oppressée par la douleur pour que nous puissions nous expliquer librement aujourd'hui.
De quelque côté que soient les torts, les excès, les souffrances, nous en sommes navré.
Folie ou crime, c'est toujours un malheur que nous déplorons pour la Patrie et pour l'Humanité.
Et loin de vouloir envenimer le mal, nous voudrions pouvoir, même au prix de notre vie, trouver le moyen d'y remédier.
Horrible situation.

C'est la misère pesant sur toutes les classes, sur le fabricant et le négociant comme sur l'ouvrier, qui a déterminé la Révolution de février.
Après la victoire, le Peuple s'est montré généreux et humain.
Il ne demandait que la justice et l'ordre, ses droits en respectant ceux des autres, d'abord du travail et du pain, puis des améliorations successives en conciliant tous les intérêts, puis le bien-être en travaillant, sans oppression, ni spoliation, ni exploitation pour personne.
Qu'il était facile alors de consolider la République en la faisant aimer !
Mais l'inexpérience, l'incapacité, la faiblesse, l'hésitation, le défaut de cœur et d'amour dans de téméraires et ambitieux gouvernans ont tout perdu ou tout compromis.
Et voici les partis reformés, les passions allumées, la confusion et le chaos, la discorde et la guerre !
Nous voici lancés dans toutes les horreurs de la guerre civile par une insurrection née de la faim et du désespoir !
Peut-être 250,000 soldats contre 20,000 ouvriers ! D'effroyables fusillades et d'effroyables canonnades, comme dans une grande bataille !...
Même un bombardement !
Et ce sont des Français contre des Français, des frères contre des frères !...
Et le sang coule à flots des deux côtés !
Quel courage perdu dont la France aurait pu se glorifier !
Et après...? Si les travailleurs sont écrasés par le nombre, ceux qui survivront seront-ils plus contens ! La misère aura-t-elle disparu ? Les vainqueurs seront-ils tranquilles et heureux ?
Quel avenir, si l'étranger veut profiter de nos divisions !
En tuant tant d'hommes de courage, nous nous suicidons !
Hâtons-nous donc de diminuer le mal, au lieu de l'aggraver : c'est évidemment l'intérêt de tous !
Misère générale.

Comment le contester ? La misère est partout ; 100,000 ouvriers peut-être dans Paris ne travaillent plus depuis quatre mois, par conséquent ne gagnent plus rien et n'ont rien ! On ne conçoit vraiment pas comment le plus grand nombre peut vivre ! Ceux qui avaient quelques économies les épuisent ; la Caisse d'épargne a fait banqueroute à beaucoup ; l'avenir est affreux pour tous ! Et les fabricans, les négocians, le petit commerce surtout, ne sont pas plus heureux !
Ateliers nationaux.

Plus de 100,000 ouvriers font partie des ateliers nationaux à Paris ; mais leur salaire, considérable pour le trésor public, est insuffisant pour eux, surtout pour ceux qui ont de la famille ; les travaux qu'on leur a confiés ont été mal choisis, sont généralement inutiles et les dégoûtent par leur inutilité.
Puis on les a insultés, irrités, désespérés, en les traitant de fainéans et de voleurs, en les menaçant de dissolution et de dispersion s'ils refusaient de s'enrôler dans l'armée.
Quelques milliers étaient déjà partis sans trouver le travail qu'on leur avait promis ; beaucoup étaient revenus pour en prévenir leurs camarades ; d'autres milliers étaient désignés pour partir le 24 juin ; des demandes présentées par eux au Gouvernement le 22 n'avaient pas été accueillies.
Et c'est dans cette situation qu'éclate l'insurrection du 23.
Et tout cela c'est la faute du Gouvernement depuis le 24 février, qui a mal organisé les ateliers nationaux, et qui a laissé dilapider les ressources financières de l'État.
Intrigues des Prétendans.

Que les partis d'Henri V, de la Régence, de Napoléon, aidés plus ou moins par l'or étranger, aient cherché à exploiter la misère et le désespoir des travailleurs, c'est ce qui ne peut être douteux pour personne : l'argent trouvé sur plusieurs des insurgés, la présence d'anciens gardes municipaux aux barricades, les cris proférés souvent auparavant, plusieurs drapeaux blancs arborés et saisis, mille autres preuves, ne peuvent laisser aucun doute à cet égard.
Et si les manœuvres des prétendans et de l'étranger ont pu égarer une partie de ces malheureux ouvriers, c'est encore la faute du Gouvernement provisoire et du Pouvoir qui l'a remplacé.
Insurrection du 23 juin.

Ce n'est pas une émeute, mais une insurrection.
Dès le matin du vendredi 23, l'insurrection commence dans les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Marceau, puis s'étend rapidement sur la moitié de Paris, comprenant toute la partie de l'est et du centre, les faubourgs Saint-Antoine, du Temple, Popincourt, Saint-Martin, Saint-Denis, Poissonnière et la Cité.
Elle paraît se diriger sur l'Hôtel-de-Ville et la Préfecture de police, pour marcher ensuite sur le palais Bourbon.
Partout s'élèvent d'innombrables et formidables barricades, et les insurgés s'emparent des maisons voisines pour attaquer et s'y défendre avec acharnement.
Mais, en s'enfermant ainsi, les insurgés ne pourront ni répandre leurs proclamations dans l'autre moitié de Paris, ni avoir aucune communication avec elle, ni en recevoir aucun secours.
On laisse d'abord faire.

Jusqu'à 10 et 11 heures, l'insurrection ne rencontre aucun obstacle pour ses barricades : Pourquoi ? Est-ce ignorance de la part du Pouvoir ? Mais tant de négligence, tant d'incurie, une si grande faute, au milieu d'une situation si agitée, n'est pas possible, et pas croyable, ou serait inexcusable.
On a bien dit que quelques hommes du Pouvoir avaient laissé échapper ces mots : « Il faut en finir avec les Ouvriers ; il faut leur donner une leçon. » Si le fait était vrai, il indiquerait qu'on croyait la chose plus facile et la leçon moins coûteuse ; mais quelle responsabilité envers les vainqueurs comme envers les vaincus !
Ce n'est que vers 10 et 11 heures que la générale ou le rappel se fait entendre partout pour réunir la Garde nationale, qui n'accourt généralement qu'en petit nombre, tandis que, dans plusieurs quartiers, elle reste immobile et que, dans les quartiers insurgés, elle prend plus ou moins part à l'insurrection.
Le Public ne sait rien.

Cette insurrection éclate comme une bombe ; le public, même les hommes qui devraient être avertis et connaître, ne savent rien, ni la résolution, ni la force, ni le plan, ni le but.
Les insurgés font imprimer quelques proclamations dans le faubourg Saint-Antoine ; mais elles restent inconnues, sans d'ailleurs s'expliquer assez.
Ainsi, qui commence l'insurrection, sont-ce des ouvriers isolés ou les Ateliers nationaux en corps ? Combien sont à peu près les insurgés ? Ont-ils des armes, des munitions, du canon ? Que veulent-ils, Henri V, ou Napoléon, ou la Régence, ou la République ? Quelle République ? Quels sont leurs chefs ? Quel est leur Gouvernement désiré ? - On ignore tout.
On fait croire que la République est menacée.

Le gouvernement fait croire à la garde mobile, à l'armée, à la garde nationale, au public, que les insurgés sont des agens d'Henri V, surtout de Napoléon.
Aussi la Garde mobile se précipite au cri de vive la République ! comme si l'insurrection menaçait la République.
Partout les républicains restent incertains, paralysés, immobiles.
Faux bruits.

Mille faux bruits circulent pour rendre les insurgés odieux, pour irriter les Gardes mobiles, les soldats et les Gardes nationaux.
Par exemple, on affirme que les insurgés ont coupé la tête à cinq Gardes mobiles faits prisonniers, qu'ils ont coupé les poignets à d'autres, qu'ils en ont pendu, scié, etc., etc.
Un grand journal réactionnaire affirme même, le 27, que les insurgés avaient inscrit sur leurs drapeaux : Viol et Pillage.
Un autre journal réactionnaire annonce un autre bruit également faux.
Faux bruit sur le citoyen Cabet.

Dans le journal l'Assemblée nationale du 25, répété par le Drapeau national du 26, on lit :
« Minuit. - La Bastille. - Les chefs. De l'église protestante Sainte-Marie, rue Saint-Antoine, à la maison de face qui forme angle de la place de la Bastille, une immense barricade est dressée. Le faubourg Saint-Antoine et la place de la Bastille appartiennent aux ouvriers, leurs chefs sont avec eux, tous les ordres partent de là, - le mot d'ordre et de ralliement est celui-ci : Mourir en combattant ou vivre en travaillant. - Les noms des chefs sont ceux-ci : Hubert, Cabet, Louis Lebon, etc. - Les derniers ont donné les ordres de dresser pendant la nuit le plus de barricades possible, - de faire mettre dans les rangs des gardes nationaux beaucoup d'ouvriers, afin de savoir parfaitement ce qui se passe de leur côté, et à un moment donné, de mettre ainsi la garde nationale entre deux feux. »
On sent combien une pareille assertion est dangereuse pour le citoyen Cabet, contre qui la garde nationale a déjà poussé tant de cris de mort ! Eh bien, c'est une fausseté matérielle, comme, quand on a affirmé qu'il était au Champ-de-Mars le 16 avril et même qu'il était à cheval à la tête d'une armée de factieux, comme quand on a dit ensuite qu'il était à Marseille.
Aussitôt que le citoyen Cabet a connaissance de cet article, il fait écrire à beaucoup de journaux pour le démentir : mais rien ne peut leur arriver pendant plusieurs jours ! On aurait le temps d'être fusillé cent fois avant de pouvoir réclamer ; et plusieurs journaux, notamment le Siècle, refusent de publier la réclamation.
Immenses préparatifs du Pouvoir.

Depuis longtemps, les troupes de toutes armes (infanterie, cavalerie, artillerie, génie militaire, sapeurs, mineurs et pompiers) étaient concentrées à Paris et dans les environs, 100,000 hommes peut-être, en y comprenant 24,000 hommes de la garde mobile, et cette armée jointe à plus de 150,000 gardes nationaux de Paris et à des milliers de gardes nationaux appelés ou accourus d'un grand nombre de villes, était assurément l'une des plus grandes armées mises en mouvement dans les grandes batailles.
Grande bataille.

C'est en effet une grande bataille que celle qui a duré quatre jours, du 23 au 26, et dans laquelle plus de dix généraux ont figuré à la tête d'une aussi grande armée. On a tiré plus de 2,000 coups de canon et plusieurs millions de coups de fusil. Les combats de juillet 1830 et de février 1848 étaient peu de chose comparés au dernier. C'était effroyable ! Et un bombardement pour incendier ou pour écraser le faubourg Saint-Antoine !.... Ah ! le récit détaillé fera frémir d'horreur !
Entre qui la guerre.

Ainsi, la guerre existe entre l'insurrection et l'Assemblée nationale, défendue par la Garde nationale, par la Garde mobile et par l'Armée.
État de siège. - Dictature.

L'Assemblée nationale discutait un projet de décret pour la dissolution, sous trois jours, des Ateliers nationaux, lorsque, le 23, on vient lui annoncer que les barricades ont commencé. Garnier-Pagès, au nom de la Commission exécutive, déclare qu'elle a pris les mesures nécessaires pour en finir avec les agitateurs et qu'elle ne manquera pas de vigueur et d'énergie pour faire rentrer dans l'ordre les Ateliers nationaux et les forcer à l'obéissance.
Lamartine demande qu'on ait confiance dans la Commission, en promettant d'agir vigoureusement et d'aller mêler son sang, s'il le faut, à celui de la Garde nationale pour abattre les barricades.
On demande que l'Assemblée se porte elle-même sur les barricades : mais elle se borne à se déclarer en permanence.
Bientôt, à la séance du soir, on annonce que le général Clément Thomas vient d'être blessé ; mais que Lamartine et Arago viennent d'enlever chacun une barricade à la tête de la Garde nationale et de la troupe.
Arago déclare aux insurgés, qui veulent négocier, qu'on n'entendra rien tant qu'ils n'auront pas déposé les armes.
C'est en vain que Considérant, Caussidière et Beaune proposent une proclamation de l'Assemblée aux insurgés dans l'espoir de faire cesser l'insurrection ; on leur crie qu'ils favorisent l'émeute et qu'on veut au contraire en finir avec les émeutiers.
Garnier-Pagès vient annoncer à 11 heures du soir que les insensés et les factieux vont être réduits et ramenés à l'ordre ; que le faubourg Saint-Antoine donne seul encore de l'inquiétude ; mais qu'il espère que demain on en finira avec les insurgés, qui n'ont d'autre drapeau que l'anarchie et le pillage.
Le 24, à huit heures du matin, le président annonce que la garde nationale de la banlieue arrive en masse ; que toutes les troupes montrent la plus grande énergie, et que dans la journée, et dans deux heures peut-être, l'insurrection sera dominée.
Par un décret, l'Assemblée déclare que la République adopte les enfans et les veuves des gardes nationaux tués dans le combat.
Peu après, à 9 heures 35 minutes, sur la proposition de Pascal Duprat, et malgré la protestation de plus de 60 représentans, l'Assemblée déclare Paris en état de siège, et concentre tous les pouvoirs exécutifs entre les mains du général Cavaignac, en se maintenant elle-même en permanence.
La Commission exécutive se trouve ainsi tacitement supprimée ou destituée, sans qu'on lui fasse l'honneur de parler d'elle : Quelle fin !
Soixante représentans sont désignés pour porter ce décret aux mairies et aux principaux postes de la garde nationale.
Cependant l'état de siège s'exécute : dans tous les quartiers non-occupés par l'insurrection, la Garde nationale, toujours de plus en plus nombreuse, fait fermer les portes et les croisées, empêche toute circulation et toute communication. Paris n'est plus pour ses habitans qu'une vaste prison, tandis que ses rues, etc., ne sont plus qu'un vaste corps-de-garde ou qu'une vaste citadelle.
Bientôt onze journaux sont suspendus par le motif, dit une note officielle communiquée à tous les journaux, que leur rédaction était de nature à prolonger la lutte. Ces onze journaux sont : la Presse, - l'Assemblée nationale, - la Liberté, - la Vraie République, - l'Organisation du travail, - le Napoléon républicain, - le Journal de la Canaille, - le Lampion, - le Père Duchêne, - le Pilori, - la Révolution de 1848.
Courage.

Il paraît que tout le monde, soldats, Garde mobile, Garde Républicaine, Garde nationale de Paris, de la Banlieue et des villes voisines, montrent, comme les Ouvriers, un admirable courage, au-dessus de toute expression, les uns pour attaquer de formidables barricades défendues par un feu meurtrier dirigé depuis les croisées des maisons adjacentes, les autres pour les défendre contre le canon, contre d'effroyables fusillades et contre des attaques répétées presque sans interruption par des forces bien supérieures.
Quelle gloire et quel bonheur pour la France si ce courage était employé pour la Patrie et pour l'Humanité contre les agressions du despotisme étranger !
Quel affreux malheur qu'il s'épuise dans la guerre civile !
Pertes.

On se bat, des deux côtés, avec tout l'acharnement, avec toute la fureur que peut enfanter la guerre civile : c'est affreux, c'est horrible !
Des deux côtés aussi, les pertes sont immenses : vingt mille hommes peut-être périssent ou sont estropiés ; mais les vainqueurs ont encore plus souffert que les vaincus. Dans la Garde mobile surtout, des compagnies entières, des bataillons presqu'entiers ont disparu sous le feu des barricades.
Beaucoup de généraux, beaucoup d'officiers, beaucoup des principaux citoyens de Paris, chefs ou soldats dans la Garde nationale, ont été tués ou blessés.
Plusieurs Représentans ont été blessés. L'un d'eux a été tué.
L'Archevêque est mort d'une blessure reçue, on ne sait encore d'où, au moment où il s'avançait entre les combattans pour faire cesser le combat.
On ne voit que des corbillards.
Et dans les faubourgs, que de ruines par le canon ! Que de désastres !
Que de deuil dans la ville, que de misères partout !
C'est affreux ! c'est horrible !
Cessation du combat.

Partout le combat cesse faute de munitions, de direction et de chefs.
Les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Marceau capitulent le 24, les autres quartiers le 25, le faubourg Saint-Antoine le 26, pour éviter la destruction dont il est menacé.
Prisonniers.

On parle de 6 à 7,000, sans compter ceux qui périssent à l'instant même.
On les amène dans l'intérieur par bandes de 100, de 200, etc., presque tous les mains attachées derrière le dos.
Ce sont des ouvriers dont le vêtement annonce la misère, quelques jeunes gens, quelques gardes mobiles, quelques Gardes nationaux…
Que de bruits sur eux ! Que de cris contre eux !
On conçoit l'irritation après tant de pertes ; mais qu'elle est horrible, cette guerre civile, qui déchaîne et allume toutes les passions !
Revenons sur nos pas, et voyons les actes de l'Assemblée nationale et du général Cavaignac :
Dès le 23 juin au soir, le Représentant V. Considérant rédige le projet de proclamation suivante :
Projet de Proclamation présenté par V. Considérant.

L'Assemblée nationale aux Ouvriers de Paris.

« Ouvriers nos frères !
Une affreuse collision vient d'ensanglanter les rues de la Capitale.
Une partie d'entre vous ont contraint le Gouvernement, pour sauver la République, de tourner contre eux des armes françaises...
Des Républicains, des frères ont versé le sang de leurs frères !
Au nom de la Patrie, au nom de la Révolution qui doit vous émanciper, au nom de l'Humanité dont nous voulons tous assurer et organiser les droits sacrés, jetez, jetez ces armes fratricides.
Est-ce pour nous entre-déchirer que nous avons conquis la République ? que nous avons proclamé la loi démocratique du Christ, la sainte Fraternité ?
Frères, écoutez-nous, écoutez la voix des représentans de la France entière : Vous êtes victimes d'un malentendu fatal !
Pourquoi vous êtes-vous soulevés ? Les souffrances que nous ont léguées dix-huit mois de crise industrielle et dix-sept années de corruption monarchique, n'atteignent-t-elles pas toutes les classes ?
Écoutez-nous : Ici, ce sont des chefs d'industrie qui accusent les ouvriers et les ateliers nationaux de la ruine des affaires ; là, des ouvriers accusent les chefs d'industrie de leur détresse.
Cette accusation réciproque n'est-elle pas une erreur funeste ? Pourquoi accuser les hommes et les classes ? pourquoi nous accuser, les uns les autres, de souffrances engendrées par la fatalité des choses ; de souffrances, héritage d'un passé que tous nous voulons transformer ?
Est-ce en nous massacrant que nous nous enrichirons ? Est-ce en nous égorgeant que nous fonderons l'Ère de la Fraternité ? Depuis quand la haine et la guerre civile sont-elles productives et fécondes ? Où sera le travail si l'émeute agite incessamment Paris ? Où sera le pain pour tous, si toutes les industries sont arrêtées par la terreur sanglante de la rue ?
Ouvriers nos frères ! nous vous le répétons, vous êtes victimes d'un malentendu fatal...
Ouvriers, on vous trompe ! on vous inspire contre nous le doute, la défiance et la haine ! On vous dit que nous n'avons pas au cœur le saint amour du Peuple ; que nous n'avons pas de sollicitude pour votre sort ; que nous voulons étouffer les développemens légitimes du principe social de la Révolution de Février : on vous trompe, frères, on vous trompe !
Sachez-le, sachez-le bien : Dans son âme et dans sa conscience, devant Dieu et devant l'Humanité, l'Assemblée nationale vous le déclare : elle veut travailler sans relâche à la constitution définitive de la Fraternité sociale.
L'Assemblée nationale veut consacrer et développer par tous les moyens, possibles et pratiques, le droit légitime du peuple, le droit qu'a tout homme venant au monde, de vivre en travaillant.
L'Assemblée nationale veut consacrer et développer, par des subventions et des encouragemens de toutes sortes, ce grand principe de l'Association, destiné à unir librement tous les intérêts, tous les droits.
L'Assemblée nationale veut, comme vous, tout ce qui peut améliorer le sort du Peuple dont elle émane ; relever la dignité du travailleur ; rapprocher fraternellement tous les membres du grand corps national.
Frères, frères ! laissez à vos représentans le temps d'étudier les problèmes, de vaincre les obstacles, de reconstruire démocratiquement tout un ordre politique et social renversé en trois jours par une victoire héroïque : et cessez, oh ! cessez de déchirer par des collisions sanglantes les entrailles de la Patrie ! ! »
Ce projet, répandu dans l'Assemblée, est adopté et signé par une soixantaine de Représentans ; mais l'Assemblée ne veut pas en entendre la lecture à la tribune, et préfère la proclamation de son Président Sénard, adressée à la Garde nationale et dirigée contre le Socialisme.

L'Assemblée nationale à la Garde nationale.

« Gardes nationaux,
Vous avez donné hier, vous ne cessez de donner des preuves éclatantes de votre dévouement à la République.
Si l'on a pu se demander un moment quelle est la cause de l'émeute qui ensanglante nos rues, et qui, tant de fois, depuis huit jours, a changé de prétexte et de drapeau, aucun doute ne peut plus rester aujourd'hui, quand déjà l'incendie désole la cité, quand les formules du communisme et les excitations au pillage se produisent audacieusement sur les barricades.
Sans doute la faim, la misère, le manque de travail, sont venus en aide à l'émeute.
Mais, s'il y a dans les insurgés beaucoup de malheureux qu'on égare, le crime de ceux qui les entraînent et le but qu'ils se proposent sont aujourd'hui mis à découvert.
Ils ne demandent pas la République. - Elle est proclamée.
Le suffrage universel ! - Il a été pleinement admis.
Que veulent-ils donc ? - On le sait maintenant : Ils veulent l'anarchie, l'incendie, le pillage.
Gardes nationaux ! unissons-nous tous pour défendre et sauver notre admirable capitale !
L'Assemblée nationale s'est déclarée en permanence. Elle a concentré dans la main du brave général Cavaignac tous les pouvoirs nécessaires pour la défense de la République.
De nombreux représentans revêtent leurs insignes pour aller se mêler dans vos rangs et combattre avec vous.
L'Assemblée n'a reculé, elle ne reculera devant aucun effort pour remplir la grande mission qui lui a été confiée. Elle fera son devoir comme vous faites le vôtre.
Gardes nationaux, comptez sur elle comme elle compte sur vous.
Vive la République !
Le Président de l'Assemblée nationale,
Le 24 juin 1848. Sénard. »

Remarquons d'abord que l'Assemblée nationale reconnaît que, parmi les insurgés, il y a beaucoup de malheureux égarés, et que le manque de travail, la misère et la faim sont une des principales causes de l'insurrection.
Puis, la proclamation prétend que l'émeute est la même que celle qui, depuis huit jours, a souvent changé de prétexte et de drapeau, arborant tantôt le nom de Napoléon, tantôt celui d'un autre prétendant.
Enfin, elle affirme que l'émeute voulait, non pas un prétendant quelconque, mais l'anarchie, l'incendie et le pillage.
N'est-ce pas autant de contradictions ?
Le rédacteur de la proclamation présente le Communisme comme la véritable cause de l'émeute ; mais comment a-t-il pu écrire une assertion aussi grave et aussi dangereuse sans remords de conscience ?
Il prétend que les excitations au pillage et à l'incendie se sont produites sur les barricades ; mais où en est la preuve ? Est-il permis d'affirmer légèrement un fait aussi grave, surtout quand, au contraire, on affirme de tous côtés que le cri général aux barricades était : Vivre en travaillant ou mourir en combattant, avec cet autre cri plus général encore : Vive la République démocratique et sociale !
Le rédacteur affirme encore que l'incendie et le pillage sont les formules du Communisme ; mais c'est une erreur bien grave, bien dangereuse et bien inconcevable dans un pareil acte, une erreur contre laquelle nous ne pouvons trop protester et contre laquelle nous avons adressé au Président la protestation suivante :
Au Président de l'Assemblée nationale.

25 juin 1848.

Citoyen Président,
Au milieu des calamités publiques qui doivent causer à tous une profonde douleur, me sera-t-il permis de réclamer contre l'erreur infiniment dangereuse commise dans votre proclamation du 24 juin à la Garde nationale au nom de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire dans un acte que son caractère investit d'une autorité presque toute puissante.
Si cette erreur ne compromettait que moi, je ne réclamerais pas aujourd'hui, quoique le danger puisse être grand pour moi dans un moment où une autre erreur répandue par un journal, qui sera probablement répété par d'autres, me signale faussement comme un des chefs de l'insurrection au faubourg Saint-Antoine ; mais cette double erreur peut compromettre un grand nombre de citoyens qui partagent mes sentimens, et réclamer dans leur intérêt est pour moi un devoir dont les hommes de cœur apprécieront l'accomplissement.
D'ailleurs, le Président de l'Assemblée nationale, comme l'Assemblée nationale elle-même, ne peut vouloir d'autre triomphe que celui de la justice et de la vérité.
Or, dans votre proclamation vous dites « qu'aucun doute ne peut exister aujourd'hui sur la cause de l'émeute, quand déjà l'incendie désole la cité, quand la formule du Communisme et les excitations au pillage se produisent sur les barricades. »
Eh bien ! avec toute la déférence due au Président d'une Assemblée qui parle au nom de la Nation française, je proteste que la violence, l'incendie, le pillage, la loi agraire, ne sont nullement la formule du Communisme ; je proteste que la formule du Communisme Icarien que je professe est complètement opposée, puisqu'elle est celle du Christianisme et de l'Evangile, basée sur la fraternité, sur l'ordre, sur la propagande légale et pacifique, en un mot sur la volonté nationale.
Du reste, je suis prêt à rendre compte de toutes mes doctrines comme de tous mes actes devant la Justice régulière du pays.
Je vous prie de donner communication de ma lettre à l'Assemblée nationale.
Salut et fraternité.
CABET.

Mais l'état de siège m'a empêché de faire parvenir cette protestation le 25 ; je n'ai pu la faire remettre que le 27 à un Représentant.
Voici, du reste, une proclamation des insurgés du faubourg Saint-Antoine qui détruit l'assertion du Président.
Proclamation des insurgés.

Nous trouvons dans l'Estafette du 28, la Proclamation suivante, affichée dans le faubourg Saint-Antoine :
« Aux armes !
Nous voulons la République démocratique et sociale !
Nous voulons la souveraineté du Peuple !
Tous les citoyens d'une République ne doivent et ne peuvent vouloir autre chose.
Pour défendre cette République, il faut le concours de tous. Les nombreux démocrates qui ont compris cette nécessité sont déjà descendus dans la rue depuis deux jours.
Cette sainte cause compte déjà beaucoup de victimes ; nous sommes tous résolus à venger ces nobles martyrs ou à mourir.
Alerte ! citoyens ! que pas un seul de nous ne manque à cet appel,
En défendant la République, nous défendons la propriété.
Si une obstination aveugle vous trouvait indifférens devant tant de sang répandu, nous mourrons tous sous les décombres incendiés du faubourg Saint-Antoine.
Pensez à vos femmes, à vos enfans, et vous viendrez à nous ! »
Ainsi, les insurgés n'attaquaient ni la propriété, ni la République ; ils défendaient, au contraire, la République démocratique et sociale.
D'autres proclamations étaient rédigées dans le même sens : aucune n'excitait au pillage ni à l'incendie.
Quelques-uns de leurs drapeaux saisis et apportés à l'Assemblée portaient même cette inscription : Respect à la propriété ! Mort aux voleurs !
Et sur presque toutes les maisons on lisait ces mots écrits à la craie : Mort aux voleurs !
Le général Cavaignac aux insurgés.

au nom de l'assemblée nationale.

« Citoyens,
Vous croyez vous battre dans l'intérêt des ouvriers, c'est contre eux que vous combattez, c'est sur eux seuls que retombera tant de sang versé. Si une pareille lutte pouvait se prolonger, il faudrait désespérer de l'avenir de la République, dont vous voulez tous assurer le triomphe irrévocable.
Au nom de la patrie ensanglantée,
Au nom de la République que vous allez perdre,
Au nom du travail que vous demandez et qu'on ne vous a jamais refusé, trompez les espérances de nos ennemis communs, mettez bas vos armes fratricides, et comptez que le gouvernement, s'il n'ignore pas que dans vos rangs il y a des instigateurs criminels, sait aussi qu'il s'y trouve des frères qui ne sont qu'égarés, et qu'il rappelle dans les bras de la patrie. »
Paris, le 24 juin 1848.
Général CAVAIGNAC.

Ainsi, le Gouvernement reconnaît que les insurgés sont des frères égarés ; qu'ils veulent le triomphe de la République ; qu'ils demandent du travail ; et qu'ils croient se battre dans l'intérêt des ouvriers.
L'insurrection n'est donc pas dirigée contre la République ; ce sont donc des Républicains, des ouvriers demandant du travail, des frères égarés qui vont combattre.
Et ils seront combattus par les soldats qui sont leurs frères, qui ont été ouvriers comme eux et qui redeviendront ouvriers ! Ils seront combattus par la garde mobile qui s'est battue avec eux aux barricades de Février et qui est composée d'ouvriers, de Parisiens, de camarades et de frères...!
Comment trouver assez d'expressions pour déplorer un pareil malheur !
Le général Cavaignac à l'armée.

« Soldats,
Le salut de la patrie vous réclame ! C'est une terrible, une cruelle guerre que celle que vous faites aujourd'hui. Rassurez-vous, vous n'êtes point agresseurs ; cette fois, du moins, vous n'aurez pas été de tristes instrumens de despotisme et de trahison. Courage, soldats, imitez l'exemple intelligent et dévoué de vos concitoyens ; soyez fidèles aux lois de l'honneur, de l'humanité ; soyez fidèles à la République ; à vous, à moi, un jour ou l'autre, peut-être aujourd'hui, il nous sera donné de mourir pour elle. Que ce soit à l'instant même, si nous devons survivre à la République ! »
Paris, 24 juin 1848.
CAVAIGNAC.

Cette proclamation doit faire croire aux soldats que l'insurrection menace la République. Aussi les bataillons s'élancent au cri de : Vive la République, tandis que la proclamation précédente reconnaît que les insurgés veulent le triomphe de la République !
Reconnaissons-le néanmoins, le Général recommande aux soldats l'Humanité.
Le général Cavaignac aux soldats.

« Citoyens soldats,
Grâce à vous l'insurrection va s'éteindre ! Cette guerre sociale, cette guerre impie qui nous est faite tire à sa fin ! Depuis hier nous n'avons rien négligé pour éclairer les débris de cette population égarée, conduite, animée par des pervers. Un dernier effort, et la Patrie, la République, la société tout entière seront sauvées !
Partout il faut rétablir l'ordre, la surveillance. Les mesures sont prises pour que la justice soit assurée dans son cours. Vous frapperez de votre réprobation tout acte qui aurait pour but de la désarmer. Vous ne souffrirez pas que le triomphe de l'ordre, de la liberté, de la République, en un mot, soit le signal de représailles que vos cœurs repoussent.
Paris, 26 juin 1848.
Signé général Cavaignac. »

Ainsi, c'est une guerre sociale ; c'est une population égarée dont il ne reste que des débris ; et ces débris sont tellement menacés d'exécution militaire que le général se croit dans la nécessité de demander que l'on attende les sentences des tribunaux, au lieu de fusiller sans jugement !

À la garde nationale et à l'armée.

« Citoyens soldats,
La cause sacrée de la République a triomphé ; votre dévouement, votre courage inébranlable ont déjoué de coupables projets, fait justice de funestes erreurs. Au nom de la Patrie, au nom de l'humanité tout entière, soyez remerciés de vos efforts, soyez bénis pour ce triomphe nécessaire.
Ce matin encore, l'émotion de la lutte était légitime, inévitable. Maintenant, soyez aussi grands dans le calme que vous venez de l'être dans le combat. Dans Paris, je vois des vainqueurs, des vaincus ; que mon nom reste maudit, si je consentais à y voir des victimes ! La justice aura son cours ; qu'elle agisse, c'est votre pensée, c'est la mienne.
Prêt à rentrer au rang de simple citoyen, je reporterai au milieu de vous ce souvenir civique, de n'avoir, dans ces graves épreuves, repris à la liberté que ce que le salut de la République lui demandait lui-même, et de léguer un exemple à quiconque pourra être à son tour, appelé à remplir d'aussi grands devoirs.
Cavaignac. »

Ainsi, voilà la population divisée en vainqueurs et en vaincus ! Et le Général qui vient d'obtenir la victoire se croit forcé de flatter les passions pour les calmer, pour sauver les vaincus, pour empêcher les vainqueurs d'en faire des victimes !
Suites de la victoire.

Nous avons vu onze journaux suspendus. On remet en vigueur les lois sur les affiches, les afficheurs, les crieurs, et la Presse. - On laisse cependant paraître encore les journaux sans timbre ni cautionnement ; mais il est probable que de nouvelles lois seront bientôt présentées à ce sujet.
Ceux des Clubs qui sont réputés dangereux sont fermés.
Les 12ème légion (quartier Saint-Jacques) et 9ème (quartier voisin de l'Hôtel-de-Ville), sont licenciées et désarmées. - La 8ème légion, quoique non licenciée, est désarmée. - Dans toutes les légions, tous les Gardes nationaux qui n'ont pas pris les armes pour combattre l'insurrection sont désarmés. - La moitié peut-être de la Garde nationale de Paris va se trouver désarmée. - Les Ouvriers en masse se trouveront désarmés partout.
On dit que les ateliers nationaux vont incessamment être dissous.
Pendant le combat, le général Cavaignac avait ordonné que tous les auteurs et fauteurs de l'insurrection fussent jugés par un Conseil de guerre. Après la victoire, l'Assemblée décrète que, par mesure de sûreté générale, les chefs seuls seront jugés, et que la masse sera transportée dans des îles françaises avec leurs femmes et leurs enfans qui le demanderont.
Cette disposition en faveur des femmes et des enfans est ajoutée sur la demande de Pierre Leroux, qui seul ose invoquer la religion et l'humanité.
C'est le général Cavaignac qui reconnaîtra et décidera ceux qui devront être transportés.
On considère comme chefs ou fauteurs ceux qui ont donné ou fait donner de l'argent ou des armes ou des munitions.
L'Assemblée nomme une commission d'enquête, composée de 15 membres, qui fera une enquête sur l'insurrection et même sur le 16 mai. C'est Odilon-Barrot qui en est Président !
Le général Cavaignac ayant déposé son pouvoir dictatorial, l'Assemblée décrète qu'il a bien mérité de la Patrie, ainsi que l'Archevêque, la Garde nationale, la Garde mobile, l'Armée, etc.
Puis, elle nomme le général Cavaignac Président de la République avec le droit de choisir son Conseil de ministres.
Le général Cavaignac compose à l'instant le nouveau ministère ainsi qu'il suit : Général Bedeau, affaires étrangères ; - Goudchaux, finances ; - Sénard, intérieur ; - Bethmont, justice ; - Tourette, commerce ; - Recurt, travaux public ; - général Lamoricière, guerre ; - Bastide, marine ; - Carnot, instruction publique ; - général Changarnier, commandant de la Garde nationale.
Cependant, l'état de siège n'est pas encore levé ; mais la circulation est rétablie, et l'Assemblée adopte la proclamation suivante :
Proclamation de l'Assemblée nationale,

« Français,
L'anarchie est vaincue, Paris est debout et justice sera faite. Honneur au courage et au patriotisme de la Garde nationale de Paris et des départemens, honneur à notre brave et toujours glorieuse armée, à notre jeune et intrépide garde mobile (bravo !), à nos écoles, à la garde républicaine et à tant de généreux volontaires qui sont venus se jeter sur la brèche pour la défense de l'ordre et de la liberté. (Très bien.)
Tous, au mépris de leur vie et avec un courage surhumain, ont refoulé de barricade en barricade, poursuivi jusque dans leur dernier repaire, ces forcenés qui, sans principe, sans drapeau, semblaient ne s'être armés que pour le massacre et le pillage. (C'est vrai !) Famille, institutions, liberté, patrie, tout était frappé au cœur, et sous les coups de ces nouveaux barbares, la civilisation du 19ème siècle était menacée de périr.
Mais non, la civilisation ne peut pas périr ; non, la République, œuvre de Dieu, loi vivante de l'Humanité, la République ne périra pas ; nous le jurons ! la France tout entière repousse avec horreur les doctrines sauvages où la famille n'est qu'un nom et la propriété un vol ; (très bien) nous le jurons par le sang de tant de nobles victimes tombées sous des balles fratricides.
Tous les ennemis de la République s'étaient ligués contre elle et dans un effort violent et désespéré ; ils sont vaincus, et désormais aucun d'eux ne peut tenter de relever leur sanglant drapeau. (Très bien !) Le sublime élan, qui de tous les points de la France a précipité à Paris ces milliers de citoyens, dont l'enthousiasme nous laisse encore tout émus, ne nous dit-il pas assez que sous le régime du suffrage universel et direct, le plus grand des crimes est de s'insurger contre la souveraineté du Peuple ! (Très bien !)
Et les décrets de l'Assemblée nationale ne sont-ils pas là aussi pour confondre de misérables calomnies, pour proclamer que dans notre République il n'y a plus de classes, plus de privilèges possibles, que les ouvriers sont nos frères, que leur intérêt a toujours été pour nous l'intérêt le plus sacré, et qu'après avoir rétabli énergiquement l'ordre et assuré une sévère justice, nous ouvrons nos bras et nos cœurs à tous ceux qui travaillent et qui souffrent parmi nous.
Français, unissons-nous donc dans le saint amour de la patrie, effaçons les dernières traces de nos discordes civiles, maintenons fermement toutes les conquêtes de la liberté et de la démocratie ; que rien ne nous fasse dévier des principes de notre révolution ; mais n'oublions jamais que la société veut être dirigée, que l'égalité et la fraternité ne se développent que dans la concorde et dans la paix, et que la liberté a besoin de l'ordre pour s'affermir et se défendre de ses propres excès. (Bravo !)
C'est ainsi que nous consoliderons notre jeune République, et que nous la verrons s'avancer vers l'avenir, de jour en jour plus grande et prospère, et puisant une nouvelle force, une nouvelle garantie de durée dans l'épreuve même qu'elle vient de traverser. »
Après cette lecture, l'Assemblée tout entière se lève au cri de : Vive la République ! vive l'ordre !
Mais nous, nous ne pouvons nous empêcher de protester contre les déplorables erreurs de cette proclamation : non, ces insurgés n'étaient pas de nouveaux barbares, mais de malheureux ouvriers égarés par la misère et le désespoir ! Non, le Socialisme ne menace ni la famille, ni la civilisation ! C'est au contraire lui qui sauvera la France et l'Humanité, en criant à tous amnistie, amnistie !

AMNISTIE, AMNISTIE !

Vivre en travaillant ou mourir en combattant, voilà le mot des insurgés du 23 juin. C'est moins une insurrection politique qu'une insurrection sociale, une insurrection pour du travail et pour l'existence.
C'est une insurrection spontanée, subite, déterminée par le manque de travail, par l'inquiétude de l'avenir, par le désespoir.
Le remède au mal n'est pas la violence, mais la sagesse, la prudence, la conciliation de tous les intérêts, l'humanité.
La violence ne guérirait rien, ne remédierait à rien, perpétuerait l'irritation et la discorde, achèverait de détruire pour longtemps la confiance et le crédit, le commerce et l'industrie, nous plongerait toujours davantage dans la confusion et le chaos, nous livrerait peut-être à la discrétion de l'étranger, et ouvrirait devant nous un abîme de calamités.
Oui, vous les vainqueurs, réfléchissez, consultez la raison et votre propre intérêt.
Vous êtes vainqueurs... ; mais la victoire vous a coûté cher ! et où en seriez-vous avec quelques victoires pareilles ?
On ne tue pas le Peuple, pas plus que les idées... Le Peuple peut perdre dix et vingt batailles... Mais que la victoire coûte toujours cher à ses vainqueurs !... Et si, après tant de défaites, le Peuple est une fois vainqueur lui-même !...
Voyez ! c'était la MISÈRE auparavant ; et maintenant, c'est encore la MISÈRE, et plus forte, et plus redoutable !...
Si vous restez dans la voie des haines et des vengeances, ce seront les haines et les vengeances partout, s'irritant et grandissant chaque jour... Ne sera-ce pas un état perpétuel de guerre ?... La guerre n'existera-t-elle pas non seulement entre la Bourgeoisie et le Peuple, mais dans la Bourgeoisie elle-même, entre les diverses légions de la Garde nationale et même entre les Gardes nationaux dans chaque légion ? N'êtes-vous pas effrayés de la nécessité de licencier deux légions, d'en désarmer trois, et de désarmer la moitié de la Garde nationale entière ? Êtes-vous sûrs que la guerre n'éclatera pas entre les Gardes nationaux qui vont rester armés ? Pourrez-vous dormir tranquilles ? Aurez-vous désormais quelque sécurité, quelque repos ? Cette vie ne sera-t-elle pas un enfer ?
Et les affaires ? Est-ce que la confiance et le crédit pourront renaître ? Est-ce que le commerce et l'industrie vont reprendre ? Est-ce que les faillites ne vont pas se multiplier et se précipiter ?...
Et la misère ? Est-ce qu'elle ne sera pas affreuse dans les faubourgs canonnés, bombardés, saccagés ?... Est-ce que le petit commerce et la petite industrie ne seront pas ruinés ?...
Et le désespoir ? Est-ce que vous ne l'entendez pas répéter : Mieux vaut mourir d'une balle que de faim ?
Entendez la voix de la justice, de l'humanité, de la religion, qui vous crient que les vaincus sont vos frères ! Entendez du moins la voix de votre intérêt qui vous crie que vous vous perdez en perdant la Patrie.
Mais l'oubli du passé et la réconciliation ne sont pas encore impossibles ; nous avons tous assez souffert pour unir nos douleurs, tous commis assez de fautes pour être indulgens, tous montré assez de courage pour pouvoir nous estimer encore...
Notre intérêt à tous est de ne voir partout qu'un mal-entendu, un MALHEUR au lieu d'un crime.....
Pour tous amnistie donc, amnistie !
Amnistie comme gage de réconciliation !
Amnistie au nom de la Fraternité !
Amnistie pour ramener l'ordre !
Amnistie dans l'intérêt de l'industrie et du commerce !
Amnistie dans l'intérêt de nos femmes et de nos enfans !
Amnistie dans le véritable intérêt de tous !
Amnistie dans l'intérêt de la République !
Amnistie pour le salut de la Patrie, que nos discordes prolongées pourraient livrer épuisée à la fureur des ennemis de la France !
CABET.

Ce qui précède devait paraître dans le Populaire du 25 juin et du 1er juillet : mais il nous a été impossible de publier notre journal. Le Populaire devait aussi contenir l'article suivant, qui est à la fois la défense du Peuple et la condamnation du Pouvoir.
NOUS PRENONS ACTE DES AVEUX DE M. LAMARTINE.

Le 12 juin, dans un débat solennel, M. Lamartine a dit :
« La France a pris la République au sérieux ; elle la veut, elle la défendra contre tous. Nous l'avons prise au sérieux, nous la défendrons de tous les périls qui pourraient lui être suscités ; je le répète, au nom même des souvenirs les plus glorieux et les plus légitimes : nous ne laisserons jamais la France s'avilir, et elle ne s'avilira pas.
Citoyens, il vous reste un seul et dernier problème à résoudre, de tous ceux que nous avons essayé de dénouer ou de trancher, et dont la plupart ne sont, en effet, qu'à demi résolus ; il vous reste le problème du Peuple lui-même qui a concouru, avec tant de dévouement, avec tant d'énergie, avec une patience si méritoire, et dont moi, plus qu'un autre, j'ai été témoin tous les jours avec attendrissement, dans ces glorieuses journées de l'Hôtel-de-Ville.
Là, citoyens, nous voyons des corporations tout entières nous apporter successivement l'offrande de leurs sueurs, leurs demi-journées de travail, les gouttes de leur sueur quotidienne, pour les besoins et le salut de la République, et descendre dans la rue le lendemain pour venir passer ces revues triomphales de l'ordre, où, non pas seulement les hommes qui ont à sauver dans la propriété un intérêt, mais ceux qui ont à sauver dans la propriété un principe, se dévouaient au prix de leur temps, de leur journée, à défendre ces biens mêmes qu'ils ne possédaient pas.
Il ne faut pas avoir vu ce peuple comme nous, il faut avoir embrassé ces multitudes comme je l'ai fait deux mois, homme par homme, il faut l'avoir entendu parler, l'avoir vu sentir, pour se faire une juste idée du désintéressement et de la grandeur de la nation française, quand elle est émue par les grandes choses, par la liberté, par la patrie, par la fraternité ! Oh ! quel peuple ! citoyens, nous lui ferons la République assez belle, si nous lui faisons la République à son image !
Sachez seulement le connaître et l'aimer. Souvenons-nous des promesses que la révolution de février lui a faites, et dont il saura attendre aussi l'accomplissement réfléchi et graduel ! Ne lui faisons jamais dire, en retardant involontairement les lois nécessaires à son instruction, à sa moralité, à son armement, à son travail surtout, que la République n'est qu'un mot de déception et de mensonge de plus dans la langue politique, et qu'après s'être servi de ses mains pour l'inaugurer, nous le rejetons en arrière, et nous oublions ses intérêts nombreux et sacrés pour nous occuper exclusivement des intérêts moins urgents et moins généreux. »
Voilà de belles paroles : mais M. Lamartine était dictateur ou membre principal d'une dictature, et il pouvait faire tout ce qu'il indique ici ; pourquoi donc n'a-t-il rien fait ? Est-ce qu'il n'avait pas prodigué les promesses au Peuple depuis le 24 février ? Est-ce que le Peuple ne se plaint pas que les promesses n'ont été que des déceptions et des mensonges ?
« La première constitution c'est le bonheur de ce Peuple ; la première politique ce sont des lois populaires et pratiques. »
Et où est aujourd'hui le bonheur du Peuple ? Quelles sont les lois populaires et pratiques ? Sont-ce les lois pour l'impôt de 45 cent. et contre les attroupemens, etc. ? Est-ce le projet pour le rétablissement du cautionnement et du timbre ?
« Nous vous en avons apporté, nous vous en apporterons tous les jours encore ; votre sage initiative en augmentera le nombre. Nous comblerons, avec des lois d'utilité populaire, avec des lois de travail, avec des lois émancipatrices du prolétariat, avec des lois de propriété multipliée, croissante dans les mains de tous ; nous comblerons de vérités et de bienfaits cet ABÎME que CERTAINES UTOPIES ont comblé, dans les imaginations, de fallacieuses promesses, de mensonges et d'erreurs. »
Mais vous avez le pouvoir à votre disposition ; pourquoi donc n'avez-vous pas présenté ces lois populaires et bienfaisantes, ces lois de vérité, ces lois qui doivent multiplier successivement la propriété pour le prolétaire maintenant accablé par la misère ? Faites donc ces lois, faites-les, ne perdez pas un instant pour les faire ! Pas tant de poésie, pas tant de phrases, et plus d'actes, plus de faits, plus de réalités ! Hâtez-vous de combler de vérités et de bienfaits, comme vous le dites pompeusement, l'abîme qui menace de tout engloutir !
Mais pourquoi donc attaquer toujours certaines utopies, en indiquant clairement que c'est le Communisme que vous attaquez ? Est-ce généreux de frapper le Communisme, quand vous êtes au pouvoir et quand on pousse contre lui des cris de mort ? Comment pouvez-vous reprocher au Communisme des promesses fallacieuses, quand il ne fait aucune promesse et surtout aucune promesse fallacieuse, puisqu'il n'est pas au pouvoir ? N'est-ce pas vous plutôt, vous dictateur, qu'on peut accuser de promesses fallacieuses et mensongères ?
Voilà ce que disait M. Lamartine le 12 juin, et voilà ce que nous lui répondions avant le 23 : mais aujourd'hui, nous pouvons lui dire, ainsi qu'à Ledru-Rollin et aux autres, qu'il n'est pas un de nos malheurs dont ils ne soient responsables envers la France et l'Humanité.
Et de nouveau nous prenons acte des aveux de M. Lamartine pour prouver que le malheureux Peuple méritait un autre sort.


Lire la suite --> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=2730#forumpost2730




Posté le : 23/06/2013 09:12
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Insurrection du 23 Juin 1848 à Paris (Suite)
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne

Le 24 juin, dans ma cachette, ne sachant ce qui m'arriverait, j'écrivis ce qui suit :
UN DERNIER MOT PEUT-ÊTRE.

Voici la guerre civile commencée et Paris en état de siège : personne ne peut dire quel sera son sort ; et je puis, moins que tout autre peut-être, prévoir quel sera le mien, moi contre qui l'on a répandu et l'on répand encore tant de calomnies[3], moi contre qui l'on a poussé tant de cris homicides.
Je me hâte donc de laisser deux mots pour la Vérité.
Je n'ai point de haine. Je suis un homme de philanthropie, d'amour et de fraternité.
J'aime l'Humanité ; je suis prêt à me dévouer pour elle ; mais je combats les mauvaises institutions qui la rendent malheureuse.
Je m'intéresse surtout aux prolétaires, parce qu'ils sont les plus nombreux, les plus opprimés, les plus misérables ; et je me dévoue pour eux malgré leur ignorance, leur injustice et leur ingratitude, parce que tous leurs vices sont moins leur faute que le crime de la Société ; et même, plus ils sont vicieux et malheureux, plus je me sens disposé à me dévouer pour eux, parce que ce sont les malades les plus en danger qui ont le plus besoin de médecin, et parce que la maladie se perpétuerait et s'aggraverait si personne ne se dévouait pour la guérir.
Mais je m'intéresse en même temps à toutes les classes sans exception, parce que toutes sont plus ou moins malheureuses, parce que leurs vices à toutes sont le résultat d'une mauvaise organisation sociale, parce que toutes sont victimes des mauvaises institutions.
M'élevant donc aussi haut que possible au-dessus de tous les partis dans l'Humanité, me dégageant de toutes les mauvaises passions humaines, c'est le bonheur de tous les hommes que je désire, surtout le bonheur des faibles, des enfans, des femmes et des vieillards. Je demande que le sort du pauvre soit amélioré, mais je ne demande pas que le sort du riche soit détérioré ; je veux que le Peuple ne soit plus spolié et opprimé, mais je ne veux pas qu'il devienne spoliateur et oppresseur ; je ne veux plus d'oppression ni de spoliation pour personne ; je repousse comme une iniquité ce mot ôte-toi de là que je m'y mette. Si les rôles étaient seulement changés, si les opprimés devenaient oppresseurs, tandis que les oppresseurs deviendraient opprimés, c'est aux nouveaux opprimés de demain que je m'intéresserais contre les nouveaux oppresseurs.
Encore une fois, c'est le bonheur de tous sans exception que je cherche, et personne n'est plus ennemi du désordre et de l'anarchie, plus ami de l'ordre, de l'organisation et de la justice.
La Fraternité a toujours été mon principe, ma boussole et mon guide.
Quarante années d'étude, d'observation et de méditation, et cinq années de travail dans la solitude de l'exil, m'ont confirmé dans ces sentimens.
L'histoire montrant l'Humanité malheureuse partout sur la terre et dans tous les temps, j'en ai recherché la cause, et j'ai acquis la conviction que cette cause était l'individualisme ou l'égoïsme, qui sert de principe et de base à toutes les sociétés civiles.
Par contre, je suis arrivé à cette autre conviction, que le remède au mal ne pouvait se trouver que dans le principe opposé servant de base à la nouvelle organisation sociale, c'est-à-dire dans le Communisme, ou l'association solidaire, ou l'intérêt public et commun, ou la Communauté.
Pour moi, la Communauté doit être basée sur la Fraternité (qui comprend nécessairement l'Égalité et la Liberté), sur l'Éducation, le Travail et la Famille.
Pour moi, la Communauté est l'association la plus parfaite, la plus favorable à la production et à l'abondance, à l'ordre et à la paix, à la concorde et à l'union, au bien-être et au bonheur de tous.
Pour moi, la Communauté est une assurance mutuelle contre tous les désastres, tous les fléaux, tous les malheurs.
Pour moi, la Communauté c'est la République, c'est la Démocratie, c'est le Christianisme dans sa pureté primitive.
Et tous mes écrits (plus de quarante publiés depuis dix ans) prouvent que je n'ai jamais demandé l'établissement du Communisme par la violence, par l'émeute et par la révolution ; qu'au contraire, j'ai toujours combattu la violence sous toutes ses formes ; que je n'ai fait appel qu'à la discussion, à la propagande légale et pacifique, à la persuasion, à la conviction, à l'Opinion publique, au consentement de chacun et à la volonté nationale ; que je me suis attaché surtout à former des hommes et des citoyens en m'efforçant d'instruire et de moraliser le Peuple par la pratique de la fraternité.
S'il y a eu des exagérations, des excès et des abus commis par quelques individus qui prenaient le titre de Communistes, ces excès ont été commis malgré moi ; je les ai toujours combattus ; je me suis même séparé de leurs auteurs en prenant un autre titre, celui de Communiste Icarien.
On a souvent reconnu et l'on reconnaîtra toujours davantage que j'ai rendu un grand service à la société en instruisant et en moralisant une grande partie du Peuple.
Mais quoique la partie du Peuple instruite et moralisée fût plus grande qu'à aucune autre époque, la masse était encore à mes yeux trop ignorante, trop crédule, trop vicieuse et trop facile à égarer (l'expérience ne vient malheureusement que de le trop démontrer) pour que je fusse impatient de voir une Révolution.
Je n'étais pas impatient par une autre raison, c'est que la tête du Parti Républicain me paraissait composée d'hommes trop égoïstes, trop viveurs, trop ambitieux et trop incapables (et l'expérience ne l'a que trop démontré encore) pour faire prospérer une Révolution populaire.
Je préférais que la Révolution n'arrivât que quand la nation serait mieux préparée.
Cependant, comme la misère pouvait faire éclater inopinément cette Révolution, j'avais toujours accepté d'avance, pour ce cas, un Régime transitoire qui durerait plus ou moins longtemps, qui serait tout simplement la République démocratique et sociale, conduisant successivement et progressivement au régime complet de la Fraternité, de l'Egalité et de la Communauté.
Et pour mieux préparer l'expérience sans rien troubler en France, j'avais résolu d'aller fonder une grande Communauté, la Communauté d'Icarie, dans le Texas, en Amérique.
Une masse de généreux Icariens, pacifiques et dévoués comme moi à l'Humanité, avaient adopté ma proposition avec enthousiasme.
Une première avant-garde de 69 était déjà partie et une deuxième se disposait à la rejoindre, lorsqu'éclata comme une bombe la Révolution du 24 Février.
Fidèle à mes principes, complètement désintéressé, sans ambition, je ne demandai rien, ni pour moi, ni pour le Communisme ; je reconnus le Gouvernement provisoire et la République exhortant tous les Icariens à les reconnaître également et à les aider.
Si je l'avais bien voulu, j'aurais pu être membre du Gouvernement provisoire ou occuper quelque autre poste important.
Si j'avais été membre du Gouvernement provisoire, j'ai la conviction que j'aurais tout sauvé.
J'aurais d'abord rassuré complètement sur le Communisme en l'expliquant, en le faisant connaître et apprécier, en l'ajournant pour ne parler que de Démocratie et de République, comme s'il n'avait jamais été question d'autre chose.
J'aurais demandé la réalisation de la République démocratique et sociale, en organisant l'ordre et la paix, en conciliant tous les intérêts, en marchant prudemment et progressivement.
J'aurais tout fait pour rétablir la confiance et le crédit, le commerce l'industrie, l'union et la concorde.
Je suis convaincu que la chose était possible, facile même, avec de la résolution et de la fermeté, jointes à la modération et à la justice.
Je suis convaincu encore que la Bourgeoisie se serait résignée.
Mais le Gouvernement provisoire ne m'a pas appelé ; et les préventions que le National et la Réforme avaient répandues contre le Communisme m'ont paralysé.
D'ailleurs, malgré mes défiances et mes craintes, j'espérais que le Gouvernement sauverait la Révolution et la République.
Comment croire en effet qu'il pourrait montrer tant d'incapacité et faire tant de fautes !
C'est lui, le Gouvernement, c'est le National, c'est la Réforme, ce sont surtout Ledru-Rollin et Lamartine, qui ont tout perdu.
À eux toute la responsabilité des catastrophes ! Que de malédictions leur réserve la Postérité !
Que de fautes commises par les chefs secondaires du Parti Démocrate !...
Enfin, voici la guerre civile avec toutes ses fureurs et toutes ses horreurs .... !
C'est la guerre sociale !
C'est la guerre de la misère, de la faim et du désespoir !
C'est la guerre entre le Peuple et la bourgeoisie,
Et les ouvriers, les travailleurs, les producteurs, ceux qui ont fait la révolution, les républicains les plus dévoués, qui ont montré tant de générosité, à qui l'on a prodigué tant d'éloges, vont être écrasés par la puissance gouvernementale.
Et ce sont des soldats qui vont massacrer des ouvriers leurs frères ! C'est la Garde mobile qui va massacrer ses camarades des barricades !... C'est la Garde républicaine qui va massacrer des républicains !
Quelle confusion ! Quel chaos !
Et quel avenir pour la France ! que de haines, que de divisions, que de misères nouvelles, quel abîme de calamités pour tout le monde !
C'est précisément cet abîme que je voulais éviter à jamais par la réalisation des doctrines de fraternité, d'ordre et de paix.
Et cependant, moi qui suis étranger aux journées de juin, comme à celles de mai et d'avril, je serai peut-être victime ; car une Proclamation du Président de l'Assemblée nationale excite la colère des Gardes nationaux contre les Communistes en dénonçant le Communisme comme étant la cause de l'insurrection, tandis qu'un journal me signale comme étant à la tête des insurgés.
Mais si je succombe sous la violence, je serai victime de l'erreur et de la calomnie.
Je serai martyr pour mes idées régénératrices et pour mon dévouement à l'Humanité.
Et je pardonne d'avance à mes meurtriers ; car ils ne sauront certainement pas qu'ils frapperont un des meilleurs amis des vainqueurs comme des vaincus.
CABET.

OBSERVATION.

Tout ce qui précède devait être publié pendant l'état de siége mais l'état de siége est une chose si horrible que nous avons préféré laisser passer le monstre.
Aujourd'hui qu'il est passé, nous publions notre travail en le complétant, pour dire toute la vérité.
Loin de nous cependant l'intention d'irriter et de blesser ! Nous ne voulons que tirer des leçons utiles.
Nous dirons donc tout ce que nous croyons vrai et instructif ; nous le dirons sur les partis et sur les hommes comme sur les choses ; mais, si nous parlons avec franchise, cette franchise sera vraiment philosophique, sans haine et sans partialité comme sans crainte ; car, qu'on ne l'oublie jamais, serviteur dévoué de l'Humanité, nous ne nous intéressons pas plus au Peuple en général qu'à la Bourgeoisie, pas moins à la Bourgeoisie qu'au Peuple.
Du reste, la chose nous est facile, et nous sommes dans une position exceptionnelle pour être impartial et calme ; puisque nous partons pour Icarie, nous pouvons juger l'insurrection du 23 juin et même la Révolution du 24 février comme s'il s'agissait d'une insurrection et d'une révolution anciennes de quelques milliers d'années à Rome ou en Chine.


Misère.

La Réaction crie partout que c'est la République qui produit la Misère et que la Monarchie ramènerait bientôt les capitaux et l'abondance : mais c'est un mensonge, une calomnie !
La Misère a pour cause le développement de l'industrie dans le monde entier depuis trente à quarante ans, et par suite la diminution toujours croissante du travail et du salaire.
Elle a pour cause aussi la mauvaise organisation Sociale.
Elle est générale en Europe.
Elle a été une des principales causes de la Révolution de février.
Au lieu d'être l'effet de la République, elle en a été la cause.
La République en aurait été le remède si elle avait été bien conduite, si elle avait été une vraie République, une République démocratique et sociale.
Si la misère n'a pas disparu, c'est la faute du Gouvernement provisoire et de la Réaction.
La victoire de la Réaction l'a beaucoup augmentée par les fusillades, par la canonnade, par le bombardement, par la tuerie, par les arrestations, par la dissolution des Ateliers nationaux, par l'état de siège, etc.
Que de veuves et d'orphelins ! Que d'ouvriers et de petits boutiquiers ruinés ! Que de locataires dans l'impossibilité de payer leurs loyers, et que de propriétaires dans l'impossibilité de payer leurs impôts ! Que d'ouvriers quittent leurs quartiers pour fuir les dénonciations ! Que de riches fuient Paris et ses dangers ! Que de Provinciaux en retirent leurs enfans ! Que de boutiques, de magasins, d'ateliers, fermés ou qui vont se fermer tous les jours !
Nous le prédisons depuis plusieurs années, et notre prédiction ne se réalise que trop, il n'y aura bientôt pas une maison de commerce ou d'industrie qui ne succombe sous la misère générale.
Il n'y aura bientôt peut-être pas un jeune homme de science ou d'art, pas un ouvrier de l'intelligence ou des bras, qui ne soit réduit à s'écrier : « Mourir en combattant, puisqu'on ne peut plus vivre en travaillant ! »
Mais le remède :

Le Remède ?

Le grand mal, le mal principal, il ne faut pas se le dissimuler, c'est la Misère.
C'est donc la Misère qu'il faut faire disparaître.
Mais comment faire disparaître la Misère ?
Ce n'est ni l'Henriquinquisme, ni le Bonapartisme, ni la Régence, ni une République bourgeoise ou châtrée, ni surtout l'invasion étrangère, qui pourra ramener l'oubli du passé, la concorde, l'union, la fraternité, la confiance, le crédit, le travail, l'abondance et la satisfaction générale ; et la chose est trop manifeste pour qu'il faille la démontrer.
Il faut s'arrêter dans la funeste voie de la Réaction, même revenir sur ses pas, accepter franchement la Révolution et la République démocratique et sociale, et commencer par une AMNISTIE générale et sans exception.
Il faut dissoudre l'Assemblée, après avoir établi pour un temps suffisant un Directeur ou une Dictature qui puisse obtenir la confiance universelle, et qui s'occuperait principalement à réconcilier les Partis, à ranimer le travail et à assurer toutes les existences.
Il faut réorganiser impartialement la Garde nationale, appeler une nouvelle Assemblée constituante qui puisse représenter véritablement la Nation…
Il faut… Mais c'est un rêve nous crie-t-on !… C'est impossible !… La Réaction n'y consentira jamais !… Dans ses habitudes de vanité, d'orgueil, de suprématie, de commandement et de privilège, elle ne peut supporter ni Égalité, ni Fraternité !… Elle veut marcher en avant, consommer la contre-révolution, brider, bâillonner, garrotter le Peuple bien plus qu'auparavant et perpétuer pour lui l'état de siège, préférant le despotisme et les Cosaques ou les Bédouins à la Démocratie !…
Eh bien alors, nous avons l'âme navrée, déchirée, désespérée… Nous n'apercevons dans l'avenir que divisions, haîne, désirs de vengeance, ruines, guerres, invasions peut-être, insurrections et révolutions… Quel hiver pour le pauvre prolétaire… ! Avant deux mois peut-être la banqueroute sera générale ; car personne ne recevant, personne ne pourra payer ; l'industrie va se désorganiser, se rouiller et se perdre ; le commerce extérieur va se déplacer et s'anéantir…
Oui, nous marchons à une dissolution de la Société, à un cataclysme social…
Et nous le répétons, nous en sommes navré, dans l'intérêt de la Bourgeoisie comme dans l'intérêt du Peuple, parce que, quoique nous intéressant davantage au Peuple, qui se trouve actuellement plus malheureux, nous nous intéressons bien vivement aussi aux autres classes, dans lesquelles nous avons pris l'habitude de ne voir que des Français, des hommes et des frères, dont tous les égaremens, toutes les passions, tous les vices, tous les excès, sont, comme ceux du Peuple, le résultat de l'Organisation sociale.
Nous sommes tous presque également victimes de la confusion, des malentendus, d'une sorte de vertige !
Et la Bourgeoisie est peut-être plus menacée que le Peuple ; car le Peuple est plus nombreux et plus fort ; on a beau massacrer des Ouvriers, on ne tue pas le Peuple ; et les Travailleurs sont bien autrement habitués et endurcis aux privations et aux souffrances que la Bourgeoisie et l'Aristocratie……
Quelque peu d'espérance que nous puissions avoir de faire écouter nos vœux, nous ne cesserons donc pas de répéter au nom du salut de tous : Amnistie, Amnistie, Réconciliation et Fraternité !
Paris, le 25 octobre 1848.
CABET.

Liens :
http://youtu.be/EFay8KW8GFI chansons Journées de Juin 1848
http://youtu.be/Ca7pvRFP7Os révolution en Février
http://youtu.be/DDYfFu7k0Mw La France début Juin 1848

Attacher un fichier:



jpg  Barricade_en_Juin_1848_05_mini (1).jpg (26.61 KB)
3_51c69d196ec0b.jpg 250X332 px

jpg  image2.jpg (50.32 KB)
3_51c69d2daad16.jpg 555X414 px

jpg  Sublime_dévouement_du_pieux_Archevêque_de_Paris_(23_juin_1848).jpg (52.09 KB)
3_51c69d4686e1a.jpg 516X370 px

jpg  image018.jpg (82.83 KB)
3_51c69d5ef149e.jpg 492X582 px

jpg  image016.jpg (60.34 KB)
3_51c69d6fd5be7.jpg 569X360 px

jpg  image014.jpg (58.96 KB)
3_51c69d7ecad4c.jpg 568X439 px

jpg  Barricades_Paris-1848.jpg (105.29 KB)
3_51c69d948bd5c.jpg 622X633 px

jpg  juin1848StAntoineGobaut_thumb (1).jpg (50.24 KB)
3_51c69da3b5a7c.jpg 372X400 px

jpg  manifestantsrassemblessurlaplaceconcorde_22_fevrier_1848.jpg (23.71 KB)
3_51c69db3ade65.jpg 570X316 px

jpg  Lamartinedrapeau.jpg (248.95 KB)
3_51c69dd12c683.jpg 1400X704 px

jpg  juin1848StAntoineGobaut_thumb.jpg (50.24 KB)
3_51c69de10cbb5.jpg 372X400 px

Posté le : 23/06/2013 09:04
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Ted Lapidus
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9502
Niveau : 63; EXP : 94
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 58786
Hors Ligne
Le 23 Juin 1929 naît Ted Lapidus, à Paris,

de son vrai nom Edmond Lapidus

Ce grand couturier Français a marqué la mode française trente années durant à la tête de la maison de couture portant son nom créée en 1951.
Ted Lapidus, "connu de tous les Français, symbolise depuis plus d'un demi siècle une marque à forte identité, qui a rendu la mode accessible à la femme et à l'homme de la rue. Car Ted Lapidus, tout en s'adressant au plus grand nombre, s'est toujours placé à la pointe de la modernité".
Il a "su imposer, dès les années 1960, une mode innovante. La saharienne en fut l'emblème, donnant aux femmes et aux hommes une liberté de mouvement et d'allure qui libérait. Le créateur participa à sa façon à l'émancipation de la femme en proposant un vestiaire épuré, identifiable à sa coupe unisexe. Plus tard, Edouard Lapidus a su faire fructifier son art en passant des vêtements aux montres et aux parfums. Son oeuvre, au total, témoigne de la vigueur du génie créatif français"

Il est le fils d’un tailleur russe émigré, Robert Lapidus et de Cécile Guitine. Il fait ses études secondaires à Marseille puis est inscrit à la Faculté de médecine de Paris.
En 1950, il change d'orientation et devient tailleur au Club de Paris, puis crée sa propre maison de couture l’année suivante.
Le styliste crée également le cours de coupe académique de Tokyo, en 1961.
En 1963, il entre à la Chambre syndicale de la haute couture parisienne et présente au fil des saisons des collections redéfinissant un chic parisien résolument moderne, dont la saharienne sable devenu l'emblème.
En 1970, le couturier lance les parfums Ted Lapidus, en partenariat avec L'Oréal. Il développera à la même époque un réseau de licences en Europe.
Dans les années 1970, Lapidus adopte une politique intensive de licences et lance une collection de prêt-à-porter accessible à un grand nombre de clients :
Pronuptia, Lexus ou Carrefour
Il a été marié avec Véronique Zuber, Miss Paris en 1954 qui deviendra Miss France en 1955. Elle devient la mère d'Olivier Lapidus en 1958.
Il divorceront, et Ted Lapidus épouse le 31 Octobre 1070, en seconde noces Ursula Maï , union dont naîtront deux enfants : Thomas en mars 1971 et Héloïse qui lance aujourd'hui sa Maison "BoBo de sport" dans le centre de Los Angeles .

En 1982, à 53 ans, Ted Lapidus passe le relais à son fils Olivier Lapidus.
L'activité de la maison Lapidus continue avec le lancement de plusieurs parfums. Pour homme sera créé en 1987 et Fantasmes en 1992.
en secondes noces Le 31 octobre 1970 à Mlle Ursula Maï (2 enf. : Thomas, Héloïse et 1 enf. de son premier mariage : Olivier)




Styliste en vogue des années 1960, il adorait les femmes, qui le lui rendaient bien.

Ted Lapidus, célèbre également pour avoir lancé le style militaire, les pattes d'épaule mais aussi introduit le jean dans la haute couture, a été admis au sein de la chambre syndicale de la couture parisienne en 1964.
"C'était un très grand couturier" a déclaré à l'AFP son fils Olivier, également couturier. Et de citer ses "looks" féminin/masculin, le blazer ou la saharienne et le style safari.
La maison Ted Lapidus rencontre très vite le succès lui permettant de de devenir "l'un des fers de lance d'un mouvement qui dans les années 60 et 70 destitue la haute couture et révolutionne la mode", indique le "Dictionnaire international de la mode", ouvrage de référence de la profession.
Ted Lapidus se définit comme le couturier de la rue. Le couturier, qui est passé par le Japon, veut appliquer les principes de la production normalisée au service d'une mode de qualité. "Avec une bonne main d'oeuvre, il n'y a aucune raison que ce ne soit pas en usine aussi bien qu'à la maison", disait-il.
Ted Lapidus révolutionna les années 1960 en habillant les femmes comme il les aimait dans la vie, dans la rue et non pas dans les salons ou sur papier glacé.
La mode actuelle lui doit tout. Sa décontraction et son androgynie. Sa modernité. Ted Lapidus fut le couturier le plus moderne des Trente Glorieuses.
En 1965, tailleur hors pair, cet inconnu lance le style unisexe et proclame la mobilisation générale de la femme à grand renfort de pardessus d'officier, de boutons dorés ciselés et d'épaulettes militaires.
Les pantalons pattes d'ef sous cabans, Ted les rend soudain populaires. Françoise Hardy addict à Courrèges confirmera la tendance. Bardot, Marie Laforêt, Madeleine Robinson, la duchesse de Bedford seront ses fans.
Alain Delon et Vadim, Capucine ont été ses mannequins,et Annabel Buffet avait été, elle, l'un de ses premiers mannequins.
Époque étourdissante où ce grand amoureux de la femme escamota les minijupes sous des manteaux d'Il était une fois dans l'Ouest et où le Tout-Paris courait place Victor-Hugo. Il y avait ouvert une boutique commanditée par son copain Charles Aznavour et dirigée par son frère Bernard et sa belle-sœur Claudia.
Chez les Lapidus, la famille, c'est sacré !
Ted poète et homme d'affaires.
Il était également apoureux des lettres, Il vous lisait ses poèmes au dessert et laisse un ouvrage de 700 pages qu'il envisageait de faire éditer prochainement.
La technologie n'avait plus de secrets pour cet élève de l'École technique de Tokyo, quand il en sortit en 1949, décidé à révolutionner la mode en lui appliquant les principes de production normalisée.
Il réalisera ce rêve en 1963 en s'associant, au grand scandale des puristes de la haute couture, avec La Belle Jardinière, un grand magasin populaire qui lui offrit de diffuser en grande série sa mode masculine et féminine.
Personne n'était moins confidentiel que cet homme, aussi visionnaire dans son genre que le fut Pierre Cardin.
Comme Cardin, Ted démarra par un passage éclair chez Dior avant d'ouvrir avec sa jeune sœur Rosette dans son ombre, sa première maison de couture. Rue Marbeuf.
dès sa première collection la presse était venue si nombreuse que le podium déborda des salons sur le trottoir, où les journalistes s'installèrent sur des sièges de fortune pour prendre des notes.
Un grand couturier venait de leur tomber du 5e étage avec des silhouettes à la Kiraz.
On lui fit une ovation. Quand la rue Marbeuf s'avéra trop exiguë, il s'envola au 32 de la rue François-Ier. C'était en 1982.
La roue tourna.
En 1986, un groupe canadien le rachète, qui le revend en 1989 à Franz Braha, PDG du groupe Paris Eco.
Changement de mains en 1990 : la griffe passe entre celles d'Alain Mallard, qui, en 1993 la cède à une filiale du Crédit lyonnais.
Ted Lapidus attire les capitaux. Son affaire est internationalement connue. Mais le nom est lourd à partager.
Ce n'est qu'en 1989 qu'Olivier Lapidus réconcilié avec son père prend la tête de la maison. Sous son nom enfin ! Nom magique qu'on ne partage pas
Quand Rose Mett, la sœur de Ted ouvre sa maison de couture, elle renonce à son patronyme pour un nom créé de toutes pièces, Torrente.
Quand son fils Olivier, sorti premier en 1983 de l'école de la chambre syndicale, fait son entrée dans la cour des grands, le droit au nom lui est refusé.
Il sera, pendant des années, Olivier L avant de regagner, enfin, son droit au patronyme.
Une bagarre devant les tribunaux a opposé un temps le père à son fils Olivier sur l'utilisation de leur patronyme. Ils avaient fini par se réconcilier et Olivier avait succédé à son père en 1989 faisant vivre la haute couture jusqu'en décembre 2000.
"On ne s'est jamais brouillé réellement. Nous avions des problèmes liés à la présence de deux Lapidus sur la mode mais on s'est beaucoup aimés et ce soir c'est un fils qui pleure son père", a déclaré Olivier à la mort de son père.
"On s'est connus intensément. Nous parlions encore récemment de poésie, une de ses passions dans la vie. Il laisse beaucoup de poèmes et des manuscrits".


Décès

Malade depuis plusieurs années d'une leucémie, il meurt le 29 décembre 2008 à Cannes des suites d'une insuffisance respiratoire. Il avait 79 ans
Il s'est éteint à 14H30. Il souffrait depuis plusieurs années d'une leucémie et est décédé des suites d'une insuffisance respiratoire", a déclaré à l'AFP sa soeur et couturière Rose Torrente-Mett. "Ted a été le premier couturier de la nouvelle vague", a-t-elle ajouté. "Le monde entier le connaissait", a encore dit Mme Torrente.
Il est enterré le vendredi 2 janvier 2009 au Cimetière du Père-Lachaise. Les funérailles sont conduites par Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France.
Le président de la République a salué en lui un créateur "toujours placé à la pointe de la modernité"."Son surnom +Ted Lapidus+, connu de tous les Français, symbolise depuis plus d'un demi siècle une marque à forte identité, qui a rendu la mode accessible à la femme et à l'homme de la rue", a dit le chef de l'état dans un communiqué


Descendance : Olivier Lapidus,

Fils de son père, ou l'oedipe "Lapidus".
Olivier Lapidus naît le 31 Mai 1958 à neuilly.

Le défilé d'Olivier Lapidus et les légumes:
Robe en fils de carotte; boléro en coquelicot; tailleur moitié lin, moitié vigne. Une nouvelle collection techno-potagère présentée ce week-end au Carrousel du Louvre par le plus jeune des grands couturiers, Olivier Lapidus.
Fils de Ted et d'une Miss France. Elevé dans le chiffon de luxe, avec un ciseau à bouts ronds en guise de Lego. Ensuite, a tué le père, pour se hisser dans la cour des grands, Dior, Givenchy, Yves Saint Laurent, parce qu'il ne supportait plus de s'entendre dire:
«Ton nom n'est pas un nom, c'est une marque.» Des années de procès.
Un style controversé. En attendant l'ouverture d'une boutique à enseigne pour du prêt-à-porter faubourg Saint-Honoré, en mars.
Au restaurant de la rue de Tremoille comme dans ses ateliers rue François-Ier, il se présente en costume sombre de banquier accroché à une mallette Vuitton.
Larges et sobres bretelles façon Michael Douglas dans Wall Street. Charmant, courtois, lisse, évacuant l'héritage d'un «papa est aux Bahamas avec une blonde».
Il faut insister. A 10 ans, Olivier Lapidus posait comme modèle pour son père; à 20, il s'est acharné à combattre le couturier des années 70 sur son propre terrain, après avoir laissé tomber hypokhâgne.
A 38, il dit: «Tout va bien.» En tous les cas, ça va mieux.
Son père avait «oublié» sa naissance, un 31 mai, pour ne le déclarer que trois jours plus tard.
Celui qui fête donc l'événement du 31 mai au 2 juin s'est vengé en 1989 en réalisant un «rachat oedipien». L'expression figure telle quelle sur la brève notice biographique qui accompagne son press-book.
Ted Lapidus ne voulait pas transmettre son art. Retiré du circuit en 1988, il a préféré céder à d'autres son nom.
Un an plus tard, le fils a récupéré le tout, avec l'appui de financiers rassurés par sa formation au cours de stylisme Fleuri-Delaporte, à l'école de la chambre syndicale de la couture et ses premiers pas chez Balmain. Toutes ces années, Olivier Lapidus doit porter des pseudos.
Il s'appelle Olivier Verdier, Olivier Robert. S'expatrie au Japon pour lancer la ligne Olivier Montagut.
Le rejeton ira jusqu'à sortir une collection de vêtements pour jeunes filles, du temps où il fait ses classes chez Prisu, avec pour seule griffe sur les étiquettes" son visage. «On ne pouvait pas me vitrioler quand même.»

1989 donc, premier défilé Lapidus par Olivier Lapidus. Il fait monter son père sur l'estrade.
La transmission est là, visible aux yeux de tous. L'obsession prend forme. Suprême victoire, cinq ans plus tard: Olivier remet publiquement le dé d'Or (prix Goncourt de la couture), qu'il vient de recevoir, à Ted qui ne l'a jamais eu.
«Son père est dur, le fils très doux, très attachant. Leur point commun, c'est une pugnacité terrible», souligne Jacques Konckier, le mentor qui a rajouté Lapidus à son groupe (les parfums Jacques Bogart, Chevignon, Façonnable, Balenciaga).
Lapidus avait vécu jusque-là des heures douloureuses avec Altus, la filiale maudite du Crédit Lyonnais.
En trois ans, la marque avait perdu 170 millions de francs, frôlant le dépôt de bilan. «Des énarques venus faire mes ourlets», grince Olivier Lapidus.
Restait à récupérer l'enfance. Le couturier occupe aujourd'hui l'appartement, situé au sixième étage d'un immeuble de Neuilly, où, gamin, il a vu défiler les Beatles, Brel, Aznavour, Géraldine Chaplin.
Le logement est resté inoccupé vingt ans. «Quand j'y suis rentré, c'est comme si je pénétrais dans une grotte pharaonique.
Et puis tout m'est revenu.» Ted, lui, habite" le rez-de-chaussée du même immeuble. «Je lui sers son café tous les matins, s'amuse Olivier Lapidus. Maintenant, tout est oublié.
Ne reste plus que l'amour.» Un sourire. «D'ailleurs, ma pire vengeance, c'est de l'aimer.»

Mais, pour s'imposer, le jeune créateur est bien obligé de se démarquer.
Konckier: «Ted habillait les années 70, Olivier est hors du temps.» Là où Jean-Paul Gaultier crée des crinolines pour hommes, Lapidus Junior s'intéresse aux matériaux et délaisse les formes.
Il cite ses modèles, Balenciaga, Poiret, Paco Rabanne, parce que ce sont «des inventeurs».
Déclare s'inspirer des gens dans la rue. Tout en lâchant quelques petites phrases assassines sur «le discours hystérique et historique de la mode», ce milieu si «proche du chant du cygne».
«Scherrer a raison de dire que c'est devenu un cirque. Nous vivons sur le passé», souligne Olivier Lapidus.
D'où ses pulsions d'inventeur, ses contrats de recherche avec le CNRS, les brevets essaimés, les 100 000 francs placés dans les travaux du Centre d'étude et de valorisation des algues à Pleubian (filiale d'Ifremer) pour mélanger des algues au tissu et sortir de l'univers impitoyable du coton, du lin et de la soie.
«Cela permet un toucher et un tomber différents. Et puis, cela pourra toujours offrir de nouveaux débouchés aux surplus agricoles», affirme Olivier Lapidus.
Pas bête. Là où les autres couturiers engloutissent 20 millions pour un défilé, lui n'en débourse que 3 ou 4.
Les industriels sont devenus ses sponsors. «Dans les ministères, on l'adore. Il rassure. C'est le gendre idéal du ministre de l'Industrie», pouffe un détracteur. Le Maroc, alléché par l'éventuel débouché du fil de rose en couture, a envoyé 20 000 roses au Carrousel.
On se gausse rive droite. «A sa place, j'irai travailler chez Rhône-Poulenc, il n'a pas de talent», dit une voix qui préfère garder l'anonymat. «C'est l'Allemand qui dit ça?!», rugit Paco Rabanne. Non, ce n'est pas Karl Lagerfeld. «Olivier fait un travail formidable, ce sera le Balenciaga de demain!», poursuit Rabanne, qui dit se «retrouver un peu en lui». La technique au chevet du rêve? Délicat exercice. L'an passé, Olivier Lapidus avait déjà agacé son monde avec sa doudoune à énergie solaire, doublure en mylar (l'aluminium argenté des cosmonautes), résistances chauffantes à l'intérieur, reliées à des capteurs solaires, le tout équipé de bornes de téléphone portable" Certains s'en tordent encore les côtes.
Contre tous les usages, «il s'est cru obliger de monter sur le podium pour nous faire une explication de texte», pouffe un professionnel.
L'Huma écrit sur ce «luxe de pacotille», un comble. L'intéressé réplique tranquillement qu'il a vendu 32 pièces sur 45 (100 000 à 300 000 francs la robe, entre 20 000 et 50 000 le tailleur), essentiellement aux jeunes princesses des monarchies pétrolières, et qu'il a bien l'intention de décliner tout ça dans un prêt-à-porter plus accessible et rémunérateur.
Par-dessus le marché, il se voit en rédempteur des métiers de la mode, des perleuses et des brodeuses vouées au déclin.
La technique, encore, à transmettre cette fois. La mode comme un laboratoire? Ou comme un pied de nez supplémentaire à celui qui conseille toujours à son fils «de mettre des patchs de daim sur les coudes des vestes»?, clou du défilé: «Robe fleur en organdi rouge, soie, vigne et cassis, corset hologramme ajouré».
Jean-Louis Scherrer, l'un des quinze membres de la Chambre syndicale de la couture , a annoncé sa décision de ne pas participer aux défilés 1997.
Motif: «La présence de maisons ne correspondant pas aux critères de la haute couture.»


Liens
Obsèques de Ted Lapidus
http://youtu.be/n656WYkOIhU Obsèques de Ted Lapidus
http://youtu.be/zbfS4qPC3lE Mode des années 60
http://youtu.be/PyXZxCM-sz8 Olivier Lapidus




-Cliquez pour afficher l

Attacher un fichier:



jpg  Ted-Lapidus-le-couturier-de-la-rue_article_landscape_pm_v8.jpg (218.35 KB)
3_51c61f4fa8ffe.jpg 607X405 px

jpg  123537-ted-lapidus-au-mariage-de-son-fils-637x0-1.jpg (50.75 KB)
3_51c61f63183e6.jpg 637X859 px

jpg  Mode_Ted_Lapidus432.jpg (149.19 KB)
3_51c61f7744337.jpg 530X398 px

jpg  ted-lapidus-and-his-daughter-in-law-yara-ted-u8AN8p.jpg (35.36 KB)
3_51c61f89cdace.jpg 480X346 px

jpg  123496-ted-lapidus-et-son-fils-olivier-en-1995-637x0-1.jpg (26.32 KB)
3_51c61f97287b1.jpg 600X382 px

jpg  ted_lapidus_reference.jpg (44.25 KB)
3_51c61fad20e75.jpg 620X430 px

jpg  photo-1230640074319-2-0.jpg (77.31 KB)
3_51c61fbb23eb0.jpg 341X512 px

jpg  le_styliste_ted_lapidus_est_mort_reference.jpg (26.82 KB)
3_51c61fc719c89.jpg 300X385 px

jpg  0edc19f9aca8cfe102a3170017372b824959f59f6aaf1.jpg (13.41 KB)
3_51c61fd1904ce.jpg 250X250 px

Posté le : 23/06/2013 00:06
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 784 785 786 (787) 788 789 790 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
63 Personne(s) en ligne (47 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 63

Plus ...