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page du 28 juillet, Robespierre, Karl kopper, savinien Cyrano de Bergerac, Vivaldi, michel Audiard
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Texte de la semaine "Naufrage de Musloch"






Le  28  Juillet  1902 naît  Karl Popper

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Le 28  Juillet  1985  décède  Michel Audiard

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Le 28 Juillet 1794 est guillotiné  Maximilien Robespierre

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Le 28 Juillet 1655 meurt  Savinien Cyrano de Bergerac

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Le 28 Juillet 1741 meurt  nait le Antonio Lucio Vivaldi

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Emma vous propose :
Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner votre choix de texte c'est ICI
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Posté le : 04/08/2013 12:21
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La nuit du 4 août
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La nuit du quatre Août 1789 ... Abolitions des privilèges

Dans la nuit du 4 août 1789 disparaît l'ancienne France fondée sur le privilège et les vieilles structures de la féodalité.
Dans la nuit du 4 août 1789, les députés de l'Assemblée nationale constituante, dans un bel élan d'unanimité, proclament l'abolition des droits féodaux et de divers privilèges.
Ce moment de grande ferveur nationale s'inscrit parmi les grands évènements mythiques de la Révolution française.

La séance du 4 août 1789 de l'Assemblée nationale est la conséquence de la Grande Peur, qui jette les paysans contre les châteaux.
Le soulèvement des campagnes rappelle aux députés le problème paysan.
Les révoltes agraires ne touchent pas seulement les intérêts de la noblesse, mais également ceux de la bourgeoisie, qui avait acquis de nombreux biens fonciers. Faut-il défendre la propriété par la force ou faire des concessions ?
Nobles libéraux et bourgeois penchent finalement pour la dernière solution.
Le 4 août au soir, le vicomte de Noailles, un seigneur ruiné, réclame l'abolition des privilèges fiscaux, la suppression des corvées et de la mainmorte.
Il est appuyé par le duc d'Aiguillon. L'Assemblée, d'abord réticente, se laisse entraîner par un véritable délire qui a frappé tous les contemporains.
"On pleurait, on s'embrassait. Quelle nation ! Quelle gloire ! Quel honneur d'être français ! ", note un témoin. Disparaissent d'un coup, dans l'élan qui emporte l'Assemblée, les corvées, les justices seigneuriales, les dîmes, la vénalité des offices, les privilèges fiscaux des provinces, des villes et des individus.
C'est reconnaître l'égalité de tous devant l'impôt et devant l'emploi et achever l'unité de la nation.
"Nous avons fait en dix heures, écrit un député, ce qui devait durer des mois".
En réalité les décrets des 5 et 11 août n'abolissent que les servitudes personnelles, les corvées et le droit de chasse, tandis que les droits réels pesant sur la terre ne sont déclarés que rachetables à un taux onéreux.
L'abolition de la vénalité des offices s'accompagne d'une indemnisation qui permet aux anciens titulaires de réinvestir l'argent dans l'achat de biens nationaux.
Quant aux corporations, l'article 10 du décret du 11 août se borne à leur interdire de nommer des représentants particuliers pour défendre leurs intérêts devant la municipalité.
Elles ne disparaîtront qu'avec la loi d'Allarde, le 2 mars 1791.
La nuit du 4 août doit être ramenée, en dépit de son retentissement, à de plus modestes proportions, car elle a eu surtout pour but de calmer les jacqueries qui menaçaient les intérêts de la bourgeoisie autant que ceux des nobles.
Elle n'en a pas moins consacré l'abolition du régime féodal et des privilèges.

La Nuit du 4 août 1789 est un évènement fondamental de la Révolution française, puisque, au cours de la séance qui se tenait alors, l'Assemblée constituante met fin au système féodal.
C'est l'abolition de tous les droits et privilèges féodaux ainsi que de tous les privilèges des classes, des provinces, des villes et des corporations, à l'initiative du Club des Jacobins.


Depuis la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 s'est développée en France, notamment dans les campagnes, une vague de révoltes appelée la Grande Peur.
Dans certaines régions, des paysans s'en prennent aux seigneurs, à leurs biens et à leurs archives, en particulier les terriers qui servent à établir les droits seigneuriaux.
La Nuit du 4 août est une réponse à cette insurrection.
L'Assemblée constituante est en train d'élaborer la future constitution ainsi que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen lorsqu'elle reçoit des récits inquiétants à propos de l'instabilité qui sévit en France.
Face à cette crise, deux solutions sont alors envisagées.
La première veut réaffirmer les valeurs de la propriété, et donc contrôler la révolte. Cette solution est vite rejetée, car elle n'aurait fait que renforcer l'opposition des paysans au système féodal.
La seconde solution envisage d’instaurer un réseau de bureaux de secours, qui permettraient d'aider les plus pauvres. Mais cette solution ne répond pas à l’urgence de la situation.
C’est donc pour sortir de ce blocage que naît l’idée de l'abolition des droits seigneuriaux, laquelle a probablement été pensée lors d'une réunion du Club breton, petit groupe de députés qui avaient pris l'habitude de discuter entre eux.

L'effervescence des évènements

Le 3 août 1789, le duc d'Aiguillon lance au Club breton l'idée d'une abolition des droits seigneuriaux.
Le lendemain, en fin de soirée, le vicomte de Noailles propose à l'Assemblée nationale de supprimer les privilèges pour ramener le calme dans les provinces.
Le duc d'Aiguillon propose l'égalité de tous devant l'impôt et le rachat des droits féodaux.
Tour à tour, dans une ambiance indescriptible, Le Guen de Kérangal, le vicomte de Beauharnais, Lubersac, l'évêque de La Fare vont surenchérir en supprimant les banalités, les pensions sans titre, les juridictions seigneuriales, le droit de chasse, les privilèges ecclésiastiques.
Le marquis de Foucault fait une motion vigoureuse contre l'abus des pensions militaires et demande que
" le premier des sacrifices soit celui que feront les grands, et cette portion de la noblesse, très opulente par elle-même, qui vit sous les yeux du prince, et sur laquelle il verse sans mesure et accumule des dons, des largesses, des traitements excessifs, fournis et pris sur la pure substance des campagnes".
Le vicomte de Beauharnais propose "l'égalité des peines sur toutes les classes des citoyens, et leur admissibilité dans tous les emplois ecclésiastiques, civils et militaires".
Cottin demande l'extinction des justices seigneuriales ainsi que celle de
"tous les débris du régime féodal qui écrase l'agriculture".

L'évêque de Nancy Anne Louis Henri de La Fare, s'emparant de la parole, après l'avoir disputée à l'un de ses confrères, demande, "au nom du clergé", que les fonds ecclésiastiques soient déclarés rachetables et
"que leur rachat ne tourne pas au profit du seigneur ecclésiastique, mais qu'il en soit fait des placements utiles pour l'indigence ".
L’évêque de Chartres, présentant le droit exclusif de la chasse comme "un fléau pour les campagnes ruinées depuis plus d'un an par les éléments", en demande l'abolition, et en fait l'abandon pour lui,
"heureux, dit-il, de pouvoir donner aux autres propriétaires du royaume cette leçon d'humanité et de justice ".
De Richer, revenant sur l'extinction des justices seigneuriales, demande la gratuité de la justice dans tout le royaume,
" sauf les précautions tendant à étendre l'esprit de chicane et la longueur indéfinie des procès .
Le duc du Châtelet propose alors qu'une taxe en argent soit substituée à la dîme,
"sauf à en permettre le rachat, comme pour les droits seigneuriaux".

"Tout semblait fini. Une scène non moins grande commençait. Après les privilèges des classes, vinrent ceux des provinces.
Celles qu’on appelait Pays d’État, qui avaient des privilèges à elles, des avantages divers pour les libertés, pour l’impôt, rougirent de leur égoïsme, elles voulurent être France, quoi qu’il pût en coûter à leur intérêt personnel, à leurs vieux et bons souvenirs.
Le Dauphiné, dès 1788 Vizille après la journée des Tuiles, l’avait offert magnanimement pour lui-même et conseillé aux autres provinces. Il renouvela cette offre.
Les plus obstinés, les Bretons, quoique liés par leurs mandats, liés par les anciens traités de leur province avec la France, n’en manifestèrent pas moins le désir de se réunir.
La Provence en dit autant, puis la Bourgogne et la Bresse, la Normandie, le Poitou, l’Auvergne, l’Artois.
La Lorraine, en termes touchants, dit qu’elle ne regretterait pas la domination de ses souverains adorés qui furent pères du peuple, si elle avait le bonheur de se réunir à ses frères, d’entrer avec eux dans cette maison maternelle de la France, dans cette immense et glorieuse famille ! Puis ce fut le tour des villes."
(extrait de Jules Michelet)

Enfin, Lally-Tollendal termine la séance en apothéose en proclamant Louis XVI "restaurateur de la liberté française ". En une nuit, les fondements du système par ordres s'effondrent.
Les jours suivants, le clergé tente de revenir sur la suppression de la dîme, mais le président de l'Assemblée, Isaac Le Chapelier, n'ayant accepté que des discussions sur la forme, les décrets du 4 août sont définitivement rédigés le 11.
Dès le lendemain, Louis XVI écrit à l’archevêque d’Arles :
"Je ne consentirai jamais à dépouiller mon clergé, ma noblesse. Je ne donnerai pas ma sanction à des décrets qui les dépouilleraient ; c’est alors que le peuple français pourrait m’accuser d’injustice et de faiblesse. Monsieur l’archevêque, vous vous soumettez aux décrets de la Providence ; je crois m’y soumettre en ne me livrant point à cet enthousiasme qui s’est emparé de tous les ordres, mais qui ne fait que glisser sur mon âme. Si la force m’obligeait à sanctionner, alors je céderais, mais alors il n’y aurait plus en France ni monarchie ni monarque."

Louis XVI n'accorde sa sanction à ces décrets que contraint et forcé, le 5 octobre.
Ainsi disparaissent les privilèges des ecclésiastiques, des nobles, des corporations, des villes et des provinces.
Toutefois, les droits féodaux sont déclarés rachetables le 15 mars 1790, et leurs détenteurs ne sont pas tenus d'en prouver l'origine, ce qui, en pratique, conduit à leur maintien.
Toutefois, devant le refus de nombreuses communautés paysannes, l'Assemblée législative supprime le rachat, sauf présentation du titre primitif, pour les droits casuels le 18 juin 1792, puis pour l'ensemble des droits le 25 août suivant. Enfin, le 17 juin 1793, la Convention vote leur abolition complète, sans indemnité, et le brûlement des titres féodaux

Entrée en vigueur des décrets du 4 août 1789
L'abolition du régime féodal avait certainement été prononcée par les décrets que l'Assemblée nationale constituante avait pris les 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789, et dont l'article premier débutait par la disposition suivante :
"L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal."
Mais ces décrets ne pouvaient pas "faire loi par eux-mêmes " : il fallait encore qu'ils fussent sanctionnés par le roi, et envoyés, de son ordre exprès, aux tribunaux et aux corps administratifs, pour être transcrits sur leurs registres.
C'est ce que l'Assemblée nationale constituante elle-même reconnaît le 14 septembre 1789, et c'est pourquoi elle prend, le même jour, un décret portant
"que M. le président se retirera par-devers le roi, pour présenter à S. M. les arrêtés des 4, 6, 7, 8 et 11 août dernier [...], pour lesdits décrets être sanctionnés".
En exécution de ce décret du 14 septembre, ceux des 4 août et jours suivants seront présentés, le lendemain même, 15 septembre, à la sanction du roi.
Le 18 septembre, une longue lettre du roi est remise et lue à l'Assemblée nationale constituante.
Elle contient des observations sur chacun des articles des décrets dont la sanction était réclamée.
Le résultat de ces observations est que le roi ne peut pas, quant à présent, sanctionner ces décrets, parce qu'ils ne forment que le texte de lois qui étaient encore à faire.
On y remarque notamment une forte répugnance à sanctionner l'abolition pure et simple du régime féodal, même lorsqu'elle serait expliquée et développée par des lois de détail.
« J'invite, écrit Louis XVI, l'Assemblée nationale à réfléchir si l'extinction du cens et des droits de lods et ventes convient véritablement au bien de l'État ; ces droits, les plus simples de tous, détournent les riches d'accroître leurs possessions de toutes les petites propriétés qui environnent leurs terres, parce qu'ils sont intéressés à conserver le revenu honorifique de leur seigneurie. Ils chercheront, en perdant ces avantages, à augmenter leur consistance extérieure par l'étendue de leurs possessions foncières ; et les petites propriétés diminueront chaque jour ; cependant il est généralement connu que leur destruction est un grand préjudice pour la culture."
L'Assemblée nationale constituante ne prend pas le change sur le but secret de ces observations.
Les regardant comme des prétextes mis en avant pour ajourner indéfiniment la promulgation officielle de ses décrets et, par ce moyen, en neutraliser les dispositions principales, elle prend, le 19 septembre, un décret qui charge son président "de se retirer sur-le-champ par-devers le roi, pour le supplier d'ordonner incessamment la Promulgation des arrêtés des 4 août et jours suivants, assurant à S. M. que l'Assemblée nationale, lorsqu'elle s'occuperait des lois de détail, prendrait dans la plus grande et la plus respectueuse considération, les réflexions et observations que le roi a lien voulu lui communiquer".
De la nouvelle démarche prescrite par ce décret résulte une lettre du roi, du 20 septembre, à l'Assemblée nationale.
Voici comment elle était conçue :
« Vous m'avez demandé, le 15 de ce mois, de revêtir de ma sanction vos arrêtés du 4 août et jours suivants ; je vous ai communiqué les observations dont ces arrêtés m'ont paru susceptibles : vous m'annoncez que vous les prendrez dans la plus grande considération, lorsque vous vous occuperez de la confection des lois de détail qui seront la suite de vos arrêtés. Vous me demandez en même temps de promulguer ces mêmes arrêtés : la promulgation appartient à des lois rédigées et revêtues de toutes les formes qui doivent en procurer immédiatement l'exécution ; mais comme je vous ai témoigné que j'approuvais l'esprit général de vos arrêtés, et le plus grand nombre des articles en leur entier ; comme je me plais également à rendre justice aux sentiments généreux et patriotiques qui les ont dictés, je vais en ordonner la publication dans tout mon royaume. La nation y verra, comme dans ma dernière lettre, l'intérêt dont nous sommes animés pour son bonheur et pour l'avantage de l’État ; et je ne doute point, d'après les dispositions que vous manifestez, que je ne puisse, avec une parfaite justice, revêtir de ma sanction toutes les lois que vous décréterez sur les divers objets contenus dans vos arrêtés."
Cette lettre distingue clairement deux choses qu'il était facile, pour l'Assemblée nationale constituante, de confondre à première vue, mais que le conseil de Louis XVI, comme la suite le prouvera, avait discernées parfaitement : elle fait la distinction entre la promulgation et la publication.
L'Assemblée nationale avait demandé la promulgation des décrets du 4 août.
Le roi répondait ou, du moins, il laissait entendre qu'il ne pouvait pas les promulguer, et il en donnait sur-le-champ la raison : c'est que la promulgation appartenait à des lois rédigées et revêtues des formes qui devaient en procurer immédiatement l'exécution.
Cependant, il ajoutait qu'il allait en ordonner la publication dans tout son royaume, c'est-à-dire qu'il aller les faire connaître, mais sans employer aucune des formes requises pour les faire exécuter immédiatement.
L'Assemblée nationale constituante ne s'aperçoit pas du piège qui lui est adroitement tendu par le ministère.
Elle applaudit, dans sa séance du 21 septembre, à la nouvelle lettre du roi et, le même jour, Louis XVI met au bas de l'expédition des décrets du 4 août, un ordre ainsi conçu : « Le roi ordonne que les susdits arrêtés seront imprimés, pour la Publication en être faite dans toute l'étendue de son royaume. »
Un mois se passe avant que l'Assemblée nationale constituante soit informée que cette publication n'a pas été faite dans le sens qu'elle y avait d'abord attaché ; qu'à la vérité, les décrets du 4 août ont été imprimés à l'Imprimerie royale, mais qu'il n'en a été adressé officiellement aucun exemplaire aux tribunaux ni même aux municipalités.
De là, le décret du 20 octobre 1789, portant que "les arrêtés des 4 août et jours suivants, dont le roi a ordonné la publication, seront envoyés aux tribunaux, municipalités et autres corps administratifs, pour y être transcrits sur leurs registres, sans modification ni délai, et être lus, publiés et affichés".

Le même décret ordonne que le Garde des sceaux soit mandé
"pour rendre compte des motifs du retard apporté à la publication et promulgation de ces décrets".
Dès le lendemain, le Garde des sceaux satisfait à la disposition de ce décret qui le concerne.
Il se présente à la séance de l’Assemblée nationale et, après lui avoir fait observer qu’elle n'avait réglé que par un décret du 5 octobre la forme de la promulgation et de l’envoi des décrets sanctionnés ou approuvés par le roi, il ajoute :
" C'est par cette raison que vos célèbres arrêtés du 4 août et jours suivants ont été imprimés à l'Imprimerie royale, avec l'ordre signé du roi, qui en ordonne l'impression et la publication [...] ; il ne m'est pas connu que vous ayez jamais demandé au roi d'adresser vos arrêtés, soit aux tribunaux, soit aux municipalités. Cependant je crois être sûr que MM. les secrétaires d'État en ont envoyé dans toutes les provinces avec profusion."
S'expliquer ainsi, c'était bien avouer que les décrets du 4 août n'avaient pas encore reçu le sceau d'une promulgation légale, et c'est ce que le ministre reconnaît expressément dans la suite de son discours, en disant :
" Dans les formes anciennes, les lois ne s'adressent qu'aux seuls tribunaux ; et la publicité qui est la suite de leur enregistrement, suffit pour astreindre légalement tous les corps et tous les particuliers à l'observation des lois. "
Ces explications sont, pour l'Assemblée nationale constituante, de nouveaux motifs de persister dans le décret qu'elle avait rendu la veille, pour faire ordonner l'envoi des décrets du 4 août aux tribunaux, ainsi qu'aux municipalités.
Cet envoi sera enfin ordonné par des lettres-patentes du 3 novembre 1789.
Que résulte-t-il de tous ces détails ?
Une chose fort simple : c'est que les décrets du 4 août 1789 ne sont devenus lois que par la promulgation qui en a été faite en exécution des lettres-patentes du 3 novembre suivant.
Et c'est ce que l'Assemblée nationale constituante elle-même déclare par l'article 33 du titre 2 de son décret du 15 mars 1790, explicatif de l'abolition du régime féodal prononcée par les décrets du 4 août :
"Toutes les dispositions ci-dessus, y est-il écrit, auront leur effet, à compter du jour de la publication des lettres-patentes du 3 novembre 1789."

Décrets d'application des décrets du 4 août 1789

La mise en œuvre des décrets des 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789 requérait des décrets d'application.
Décret du 15 mars 1790, relatif aux droits féodaux
Le 15 mars 1790, l'Assemblée nationale prend un décret général relatif aux droits féodaux.
Il est formé de la réunion de plusieurs décrets partiels nous dirions, aujourd'hui, de leur codification : les décrets respectivement du 24, 25, 26 et 27 février, 1er, 3, 4, 6, 8, 10, 11 et 15 mars 1790. Sanctionné par lettre-patente, le 28 mars 1790,
le décret du 15 mars 1790 devint la loi des 15 = 28 mars 1790, relative aux droits féodaux .
Son préambule résume ainsi les décrets des 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789 :
aux termes de l'article 1er des décrets des 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789, le régime féodal est entièrement détruit ;
[...] à l'égard des droits et devoirs féodaux ou censuels, ceux qui dépendaient ou étaient représentatifs, soit de la main-morte personnelle ou réelle, soit de la servitude personnelle, sont abolis sans indemnité ;
[...] en même temps, tous les autres droits sont maintenus jusqu'au rachat par lequel il a été permis aux personnes qui en sont grevées de s'en affranchir, et qu'il a été réservé de développer par une loi particulière les effets de la destruction du régime féodal, ainsi que la distinction des droits abolis d'avec les droits rachetables .
Son titre Ier précise les effets généraux de la destruction du régime féodal ; son titre II énumère les droits seigneuriaux qui sont supprimés sans indemnité ;
et son titre III, les droits seigneuriaux rachetables.


Décret du 3 juillet 1790, relatif au rachat de divers droits féodaux sur lesquels il avait été réservé de statuer[modifier

L’abolition des droits seigneuriaux
"Les circonstances malheureuses où se trouvent la noblesse, l’insurrection générale… Les Provinces de Franche-Comté, de Dauphiné, de Bourgogne, d’Alsace, de Normandie, de Limousin, agitées des plus violentes convulsions et en partie ravagées ; plus de cent cinquante châteaux incendiés, les titres seigneuriaux recherchés avec fureur, l’impossibilité de s’opposer au torrent de la Révolution, les malheurs qu’entraînerait une résistance inutile… Tout nous indiquait la conduite que nous devions tenir. Il n’y eut qu’un mouvement général, le clergé et la noblesse se levèrent et adoptèrent toutes les motions proposées."

lettre du marquis de Ferrières, député de la noblesse

La nuit du 4 août doit être ramenée, en dépit de son retentissement, à de plus modestes proportions, car elle a eu surtout pour but de calmer les jacqueries qui menaçaient les intérêts de la bourgeoisie autant que ceux des nobles. Elle n'en a pas moins consacré l'abolition du régime féodal et des privilèges.
Ces privilèges étaient des droits hérités et le symbole d’appartenance à la noblesse. Ils étaient pour les paysans qui les subissaient humiliants et économiquement insupportable.|
Il fallut pratiquement 4 ans après la date symbole du 4 Août avant qu’ils ne soient définitivement abolis.
Et ils ne le furent pas pour des raisons philanthropiques mais par nécessité comme le montre la lettre du marquis de Ferrières.

**********************************

Les décrets d’Août 89

Art. 1 - L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal et décrète que, dans les droits et devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la mainmorte réelle et personnelle et à la servitude personnelle et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité: tous les autres sont déclarés rachetables, et le prix et le mode du rachat seront fixés par l’Assemblée nationale. Tout ceux desdits droits qui ne seront point supprimés par ce décret continueront à être perçus jusqu’au remboursement;
Art. 2 - Le droit exclusif des fuies (petites volières) et colombiers est aboli
Art. 3 - Le droit exclusif de la chasse et des garennes ouvertes et pareillement aboli et tout propriétaire a le droit de détruire et faire détruire, seulement sur ses possessions, toute espèce de gibier. M. le Président sera chargé de demander au Roi le rappel des galériens et des bannis pour simple fait de chasse.
Art. 4 - Toutes les justices seigneuriales sont supprimées sans indemnité
Art. 5 - Les dîmes de toutes natures et les redevances qu en tiennent lieu sous quelque dénomination qu’elles soient connues et perçues… sont abolies, sauf à aviser aux moyens de subvenir d’une autre manière à la dépense du culte divin, à l’entretien des ministères des autels, au soulagement des pauvres, aux réparations des églises et presbytères…Et cependant jusqu’à ce qu’il y ait été pourvu, l’Asemblée nationale ordonne que lesdites dîmes continuent d’être perçues suivant les lois et en la manière accoutumée.
Art. 6 - Toutes les rentes perpétuelles soit en nature, soit en argent …seront rachetables ; les champarts de toute espèce, et sous toute dénomination, le seront pareillement au taux qui sera fixé par l’Assemblée.
Art. 7 - La vénalité des offices de judicature et de municipalité est supprimée dès cet instant. La justice sera rendue gratuitement.
Art. 11 - Tous les citoyens sans distinction de naissance pourront être admis à tous les emplois et dignités ecclésiastiques, civils et militaires…

Le 11 août 1789, avec le décret général sur l’abolition du régime féodal c’est la fin officielle de la société par ordres de l’ancien régime. Le servage est définitivement aboli, cela d’autant plus facilement qu’il ne concerne plus personne.Tous les autres droits sont rachetables. Louis XVI n’accepta de promulguer ce décret que le 3 Novembre 1789.
Les seigneurs acceptèrent l’abolition des droits qui ne rapportaient rien . Les autres étaient rachetables. La dîme fut abolie mais en attendant de trouver une solution au financement de l’Eglise, elle dut continuer d’être payée.
La Constituante organisa le rachat des droits en Mars et en Mai 1790 soit neuf mois plus tard. Les circonstances du rachat venaient si tard et étaient si compliquées que les paysans eurent vraiment le sentiment de s’être fait avoir et ne s’y retrouvaient pas.
Alors à travers la France, les paysans recommencèrent à attaquer les châteaux et à détruire les documents qui leur tombaient sous la main. Cette agitation dura jusqu’en 1793. Les paysans voulaient que l’abolition de ce qui causait leur malheur ne soit pas un vain espoir mais une réalité.


Liens Cliquez

http://youtu.be/9HDO2xTuoDs nuit du 4 Août et déclaration des droits de l'homme le 26 Août.
http://www.ina.fr/video/CPB78050066/1788-video.html vie d'un village de Beauce en 1788


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Posté le : 04/08/2013 12:02
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Les bons mots de la semaine 32
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Quelques citations de Sacha Guitry :

- " Avec tout ce que je sais, on pourrait faire un livre .... il est vrai
qu'avec tout ce que je ne sais pas, on pourrait faire une
bibliothèque ... "


- " Ne faîtes jamais l'amour le samedi soir, car, si il pleut le dimanche,
vous ne saurez plus quoi faire "


- " Tous les hommes sont des comédiens.... sauf quelques acteurs "


-". Essayez de n'être jamais parmi ceux qui haïssent, tâchez plutôt
d'être parmi ceux que l'on hait, on y est en meilleure compagnie .."


- " Les diplomates, ça ne se fâchent jamais, ça prend des notes. "

Posté le : 04/08/2013 09:38

Edité par Loriane sur 04-08-2013 22:41:59
Edité par Grenouille sur 05-08-2013 04:34:37
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Re: Le bon mot de la semaine 31
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Quelques variantes.....

- Mieux vaut pleurer dans une belle voiture que sur un vélo ...

- Un " Tiens " vaut mieux que deux " tu l'auras " !

- Tant va à la cruche, qu'á la fin ... y a plus d'eau ...

- La retraite c'est la permission officielle de rouiller...

Autre:
- Après avoir filé droit, voilà le temps de tourner en rond ....

à bientôt ...



Posté le : 03/08/2013 23:04

Edité par Loriane sur 04-08-2013 09:40:08
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Louis Armstrong
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Le 4 août 1901 naît à la nouvelle-Orléans Louis Armstrong, trompettiste, chanteur et chef d'orchestre américain


Louis Armstrong est, avec Duke Ellington et Charlie Parker, un des trois génies reconnus de la musique de jazz.
Alors que le jazz instrumental était encore proche des fanfares, que l'improvisation sur un thème donné – une des caractéristiques essentielles de cet art – se déployait surtout collectivement et à l'intérieur de cadres assez étroits, Armstrong inaugura le règne du soliste, donnant l'exemple, par son imagination créatrice, d'une liberté et d'une richesse d'expression jusqu'alors inconnues.
De ce fait, l'importance, sur le plan esthétique, du grand trompettiste et chanteur noir constitue également un fait historique décisif : d'entreprise collective, liée à un milieu et à toutes sortes d'alluvions culturelles, le jazz, grâce à Armstrong, acquiert en effet son unité, sa dimension d'universalité et ses moyens originaux, à partir desquels deviendront possibles création et évolution, bref, les apports successifs des individualités qui jalonnent son histoire.
Caractéristiques de son art
Si l'on excepte les années d'enfance et d'adolescence (1901-1918), la vie de Louis Armstrong – engagements, disques, tournées – se soumet presque entièrement à sa carrière, à son itinéraire musical. Il est donc licite de recenser les données principales de sa musique avant même de suivre sa biographie.
Instrumentiste – d'abord au cornet à pistons, puis, à partir de la fin des années vingt, à la trompette – Louis Armstrong apparaît, dans l'histoire du jazz, comme le premier soliste véritable : avant lui, en effet, les formations se vouaient essentiellement à une polyphonie improvisée.
Si, dans les groupes auxquels il appartient, la musique se recentre autour de lui, c'est qu'il en impose, tout d'abord, par une virtuosité sans précédent, tout au moins jusqu'en 1934, époque où ses lèvres blessées le contraindront à un jeu plus décanté.
Mais c'est qu'Armstrong, aussi, affirme très rapidement un langage personnel, plus complet et plus complexe que celui des jazzmen de son temps, et que sert, en outre, une sonorité demeurée, aujourd'hui encore, absolument unique, sonorité ample, éclatante et majestueuse, dont le grain serré n'est jamais rompu par les inflexions incisives et l'expressivité fervente qui la mettent en œuvre : Armstrong, par exemple, n'utilisera jamais de procédés extérieurs, comme la sourdine wa wa dont certains trompettistes qui lui sont contemporains – Bubber Miley, entre autres – devaient user de manière si savoureuse.
Ainsi Louis Armstrong fait-il rapidement éclater les données du jeu Nouvelle-Orléans dont il procède cependant : la puissance de son tempérament lyrique lui permet d'user, avec une liberté toute nouvelle, du répertoire exécuté, soit qu'il transfigure un thème par quelque éblouissante paraphrase, soit qu'il le recrée, le dote d'une intensité dont il était initialement dépourvu, en se bornant à en décaler quelques notes et à l'épurer.
Gagnant en liberté mélodique, le discours improvisé gagne aussi en liberté rythmique : au phrasé un peu uniforme – en avant du temps ou assez pesamment sur le temps – des artistes Nouvelle-Orléans, Armstrong substitue une phrase infiniment plus souple en son accentuation et son découpage, où le swing, cette pulsation qui est au cœur du jazz et le définit, s'épanouit avec une force d'évidence qui est absente du jeu de la plupart des premiers jazzmen.
Cela dit, Louis Armstrong reste, fondamentalement, attaché à l'esprit de la musique Nouvelle-Orléans : même lorsqu'on y rencontre de grands élans expressionnistes, son jeu demeure ramassé et plutôt carré, et la note, presque toujours attaquée, y acquiert, souvent, autant d'intensité expressive qu'une phrase entière.
En outre, bien que sollicitant à l'occasion les airs à la mode, le trompettiste sera toujours fidèle au répertoire du vieux jazz originel.
Louis Armstrong, enfin, est un des plus grands chanteurs de l'histoire de la musique négro-américaine et un des plus caractéristiques, également, de cet art vocal si chaleureux qui, dans le même temps, s'épanouit à travers le blues et le spiritual. Sa voix, rugueuse et âpre, va à l'encontre des critères occidentaux de jugement et s'impose, au contraire, par son pouvoir émotionnel, transposition directe de celui qui informe le jeu de l'instrumentiste.

Enfance.

Louis Armstrong naît le 4 août 1901 dans une famille pauvre de La Nouvelle-Orléans, et non le 4 juillet 1900, comme l'ont longtemps fait croire la légende et le trompettiste lui-même, dans le quartier pauvre de Perdido.
Louis, suite à l'absence de son père William Armstrong qui a quitté le foyer familial, est élevé par sa grand-mère Joséphine et sa mère.
Enfant il chante dans les rues de La Nouvelle-Orléans dans un petit groupe vocal. Puis de bonne heure, il chante dans des cabarets et reçoit quelques leçons du trompettiste légendaire Bunk Johnson.
En grandissant dans un quartier difficile, il est plusieurs fois renvoyé, en raison d’actes de délinquance, dans un foyer pour enfants abandonnés de couleur : le Home for Coloured Waifs.
Il y fait notamment un long séjour selon les fichiers de la police après avoir tiré un coup de feu en l’air avec un pistolet pour fêter la nouvelle année.
En 1913, le jour de la Saint-Sylvestre, il s'empare d'un pistolet et s'amuse à tirer en l'air : cela lui vaut une année de maison de correction, durant laquelle il développe sa technique instrumentale.
Il apprend à jouer du cornet à pistons dans l’orchestre de ce centre, grâce à son premier instrument offert par les Karnofsky, une famille juive d’origine russe qui s'était prise d'affection pour ce jeune enfant.
Une fois libre il joue du cornet dans les cabarets du quartier downtown Storyville.
À sa sortie, il joue dans des ensembles de danse mais aussi, pour vivre, vend des journaux, livre du charbon et travaille dans une laiterie.
Il rencontre King Oliver qui lui donne quelques conseils, joue peu de temps dans l'orchestre du tromboniste Kid Ory sur le riverboat capitol où il remplace King Oliver.
Il assiste fréquemment aux parades des brass-bands et écoute les vieux musiciens dès qu’il en a l’occasion, apprenant de Bunk Johnson, Buddy Petit et par-dessus tout Joe "King" Oliver.
Il joue plus tard dans les brass bands et avec le réputé orchestre de Fate Marable sur les bateaux à vapeur qui remontaient le Mississipi.

Débuts de carrière

En 1922, Louis, après la fermeture de Storyville en 1917 part dans le mouvement général d'exode, pour Chicago, où il est engagé comme second trompettiste par Joe King Oliver dans son Creole Jazz Band.
Chicago dès lors devient la mecque du style New-Orleans. Dans ce contexte bouillonnant il enregistre ses premiers disques.
Le grand départ de la carrière d'Armstrong coïncide avec son entrée, en 1922, dans le Creole Jazz Band de "King" Oliver, qu'il rejoint à Chicago. C'est avec ce petit orchestre qui, par sa qualité et l'équilibre de sa section mélodique cornet, clarinette, trombone, fixe pour nous, à travers les quelques documents qui nous restent, l'image exemplaire du jeu Nouvelle-Orléans, qu'il grave ses premiers enregistrements.
Ceux-ci inaugurent une discographie abondante et suivie, d'autant plus précieuse qu'en jazz le disque est le seul moyen de conservation des œuvres.
Il travaille un temps avec le batteur et chef d'orchestre Ollie Powers avant d'être engagé l'année suivante en 1925 dans l'un des big bands phares de New York celui de Fletcher Henderson.
Il épouse la pianiste Lil Hardin et se fait l'accompagnateur attitré de quelques grandes chanteuses de blues comme Bessie Smith, Ma Rainey puis enregistre quelques faces avec le pianiste Clarence Williams avant d'intégrer la formation de sa femme les dreamland syncopators.
Il retourne à Chicago et pour la firme okey enregistre le 12 novembre 1925 la toute première séance du hot five en compagnie de Lil Hardin au piano, Johnny Dodds à la clarinette, Baby Dodds à la batterie et Kid Ory au trombone.
De retour à Chicago, en 1925, il réunit, pour divers enregistrements, son premier Hot Five cinq musiciens qui comprend, notamment, le clarinettiste Johnny Dodds et le trombone Kid Ory principales exécutions : Cornet Chop Suey, Heebie Jeebies, Big Butter and Egg Man, Muskrat Ramble, puis, en 1927, son Hot Seven , sept musiciens, qui s'enrichit d'un batteur, Baby Dodds, grâce auquel le petit groupe acquiert cette assise rythmique qui faisait un peu défaut au Hot Five principales exécutions : Willie the Weeper, Alligator Crawl, Twelfth Street Rag, Potato Head Blues, Wild Man Blues.
En 1928, enfin, Louis Armstrong dirige son second Hot Five, où l'on relève le nom du grand batteur Zutty Singleton et, surtout, celui de Earl Hines, dont le jeu plein de verve réalise, avec un brio presque égal à celui de son modèle, une transposition pianistique du style d'Armstrong, principales exécutions :
Weather Bird – un duo Hines-Armstrong seuls – Fireworks, A Monday Date, Basin Street Blues, Hear Me Talking to Ya, St. James Infirmary et deux chefs-d'œuvre, West End Blues et Tight like This.

En 1929, Armstrong accède au sommet de sa courbe créatrice.
Il est une grande vedette, maintenant, et il lui faut compter avec le public.
L'ère du jazz Nouvelle-Orléans est bien close et le trompettiste, délaissant le petit groupe, se produit avec ces grands orchestres qui sont désormais en faveur, et notamment avec ceux de Luis Russell, de Carroll Dickerson, de Les Hite, de Chick Webb.
Son jeu, qui est parvenu à sa plus grande virtuosité instrumentale, penche vers l'expressionnisme et cultive un peu l'effet principales exécutions :
I Can't Give You, Mahogany Hall Stomp, St. Louis Blues, Shine, Chinatown, You Rascal You, Lawd You Made the Night too Long.

L'Europe le voit en 1932 et en 1933-1934.
C'est alors que l'état de ses lèvres le contraint à suspendre son activité.
Quand il la reprend, toujours accompagné par une grande formation, son style s'est modifié dans le sens d'une sobriété et d'une concentration plus grandes, principales exécutions :
Thanks a Million, un remake de West End Blues, et, surtout, I Can't Give You Anything But Love – nouvelle et magistrale version.
Puis, à partir de 1940, Louis Armstrong participe au mouvement Revival qui s'efforce de reconstituer et de relancer le jazz Nouvelle-Orléans.
Il enregistre avec Sidney Bechet, 2/19 Blues, Perdido Street Blues, puis réunit un petit orchestre qui s'apparente aux Hot Five et dont il maintiendra la formule jusqu'à sa mort le 6 juillet 1971, à travers de nombreux remaniements de personnel, d'une production phonographique abondante et inégale, retenons surtout une Musical Autobiography en plusieurs disques, où Louis, avec assez de bonheur, reprend les principaux thèmes qui ont jalonné sa carrière.

Le Louis Armstrong d'après 1960, étant donné la vie épuisante de tournées qui fut la sienne à cette époque – 1967 le vit encore au festival d'Antibes –, ne peut, évidemment, être mis au même niveau que celui des années 1929 :
son jeu de trompette, encore remarquable dans le médium, avait perdu de sa sûreté et, surtout, de sa mobilité ; son style s'était figé, bien souvent jusqu'à la stéréotypie.
Tout cela est normal.
Satchmo, tel est son surnom le plus connu, contraction de satchel mouth qui signifie à peu près bouche en porte-monnaie n'en est pas moins resté étonnamment présent dans la vie jazziste, et son art de chanteur avait encore, au fil des ans, enrichi ses ressources et ses nuances expressives.
En 1964, Armstrong fit chuter les Beatles du top du hit-parade, le Billboard Hot 100 avec Hello, Dolly, qui donna à l’interprète âgé de 63 ans le record aux États-Unis d'Amérique du plus vieil artiste à avoir un titre au top du classement. En 1968, Armstrong marqua un dernier succès populaire au Royaume-Uni avec la chanson pop très sentimentale What a Wonderful World, qui fut premier des hits-parades britanniques pendant un mois ; néanmoins, le single ne fut pas du tout un succès en Amérique.
La chanson eut un grand succès dans la conscience populaire quand elle fut utilisée en 1987 dans le film Good Morning, Vietnam, sa réédition s'élevant au sommet des hit-parades dans de nombreux pays.
Armstrong appréciait beaucoup de styles différents de musique, du blues le plus direct aux doux arrangements sirupeux de Guy Lombardo, aux chansons folkloriques latino-américaines, aux symphonies classiques et l’opéra.
Armstrong incorpora les influences de toutes ces sources dans ses représentations, rendant parfois perplexes ses fans qui auraient préféré qu’Armstrong reste dans un style plus conformiste.
Cependant, il n'appréciait pas véritablement le mouvement bop et ses successeurs.
Armstrong fait partie du Rock and Roll Hall of Fame en tant qu'influence majeure.

Timbre de voix

Au niveau du larynx, les cordes vocales sont surplombées par des bandes ventriculaires au nombre de deux, appelées également fausses cordes vocales.
Chez l'être humain, leur rôle n'a qu'un intérêt phonatoire restreint.
La voix si particulière de Louis Armstrong était due à un œdème et à une hypertrophie de ses fausses cordes vocales. Jouer de la trompette était une action aggravante.


Louis Armstrong meurt d’une crise cardiaque le 6 juillet 1971, à l’âge de 69 ans, onze mois après son célèbre show à l’Empire Room du Waldorf Astoria.

Il est enterré au cimetière de Flushing à New York, près de sa dernière demeure à Corona, dans le Queens New York.
L'influence d'Armstrong sur le développement du jazz est sans commune mesure.


Son charisme, en tant que divertisseur et personnalité publique, était si fort vers la fin de sa carrière, qu'il éclipsait parfois ses contributions en tant que musicien ou chanteur.
Armstrong était un virtuose de la trompette, avec un son unique et un talent extraordinaire pour l'improvisation. C'est avec son jeu que la trompette est apparue en tant qu'instrument soliste de jazz.
Il était également un accompagnateur et un musicien d'ensemble magistral en plus de ses talents extraordinaires de soliste. Avec ses innovations, il a élevé musicalement la barre plus haut pour tous ceux qui viendraient après lui.
Armstrong peut être considéré comme l'inventeur du jazz chanté.
Il jouait de sa voix râpeuse si reconnaissable avec une grande maîtrise dans l'improvisation, liant les paroles et la mélodie des chansons de manière particulièrement expressive.
Il était également très doué pour le scat, dont il s'est servi pendant l'enregistrement de "Heebie Jeebies" lorsque ses partitions tombèrent au sol et qu'il entonna alors un chant composé d'onomatopées comme on avait coutume de le faire à La Nouvelle-Orléans.
Si, contrairement à l'idée reçue, il n'a pas inventé le scat, il fut en revanche le premier à inclure une improvision scat dans un titre. Billie Holiday et Frank Sinatra reprirent ensuite ce principe.
Armstrong fit de la figuration dans plus d'une douzaine de films hollywoodiens mineurs, jouant généralement un chef d'orchestre de jazz ou un musicien.
Il fut le premier Afro-Américain à organiser une émission de radio à portée nationale dans les années trente. Il a également fait des apparitions télévisées, particulièrement dans les années cinquante et soixante, et notamment dans The Tonight Show Starring Johnny Carson.
Louis Armstrong a une étoile à son nom sur le Walk of Fame d'Hollywood, au 7601 Hollywood Boulevard.
De nombreux enregistrements d'Armstrong continuent à être populaires. Plus de trois décennies après sa mort, de très nombreux enregistrements datant des différentes périodes de sa carrière sont maintenant plus facilement accessibles que lorsqu'il était en vie.
Ses chansons sont diffusées et écoutées tous les jours dans le monde entier et sont mises à l'honneur dans des films, des séries télévisées, des publicités et même des dessins animés ou des jeux vidéo Fallout 2, notamment, a A Kiss to Build a Dream on pour musique d'introduction.
Son enregistrement de 1923 avec Joe Oliver et son Creole Jazz Band continue à être écouté comme une référence en matière d'ensembles de jazz Nouvelle-Orléans.
Très souvent, néanmoins, Armstrong enregistra avec des orchestres standards et guindés, où seul son sublime jeu de trompette était intéressant.
Melancholy Blues , joué par Armstrong et les Hot Seven, fait partie des enregistrements sonores embarqués à bord des sondes Voyager envoyées dans l'espace.
Armstrong prit des dispositions pour qu'après sa mort et celle de sa femme Lucille, une fondation pour l'éducation musicale des enfants défavorisés soit créée, et pour que sa maison et des archives substantielles d'écrits, de livres, d'enregistrements et de souvenirs soient léguées au Queens College de la City University of New York.
Les archives Louis Armstrong sont accessibles aux chercheurs en musicologie, et sa maison, transformée en musée, a ouvert ses portes au public le 15 octobre 2003.
L'écrivain argentin Julio Cortázar, se décrivant lui-même comme un admirateur d'Armstrong, affirme qu'en 1952, le concert de Louis Armstrong au théâtre des Champs-Élysées à Paris l'a inspiré pour imaginer des créatures appelées Cronopios, sujets de nombre de ses histoires courtes.
Cortázar qualifia un jour Louis Armstrong de Grandísimo Cronopio (plus grand Cronopio).
Le principal aéroport de La Nouvelle-Orléans s'appelle le Louis Armstrong New Orleans International Airport.

Hommages

Miles Davis rendit un hommage pour le moins éloquent à l'intention d'Armstrong dans cette célèbre phrase :
"Dès qu'on souffle dans un instrument, on sait qu'on ne pourra rien en sortir que Louis n'ait déjà fait".
Certaines sources ont affirmé à tort que le dessinateur Al Taliaferro avait baptisé un des neveux de Donald Duck, Riri, Fifi et Loulou Huey, Dewey and Louie en version originale)d'après Louis Louie Armstrong, ce qui est aujourd'hui démenti.
Le chanteur John Scatman lui rend hommage dans sa chanson "Everybody Jam".
Claude Nougaro lui rend hommage dans sa chanson Armstrong, qui reprend la mélodie de Go Down Moses.
Le musicien Irakli est le plus grand spécialiste français d'Armstrong, il lui rend hommage depuis plus de 30 ans.

Oeuvre

Discographie sélective et restreinte.
The Best of the Hot 5 and 7 recordings, Columbia, 1925-1927
The Quintessence, Frémeaux & Associés/Night & Day 1925/1940
Ella and Louis, Verve, 1957
Louis and the Good Book, MCA, 1958
Louis Armstrong & Ella Fitzgerald, Porgy and Bess, Verve, 1958
Louis Armstrong & Duke Ellington, The Complete Sessions, 1961
What a wonderful world
Go down moses, 1996

Filmographie
dans son propre rôle
1953 : Romance inachevée (The Glenn Miller Story), d'Anthony Mann
1953 : La Route du bonheur (film franco-italien), de Maurice Labro
1956 : Haute Société (High Society), de Charles Walters
1957 : Satchmo the Great (Satchmo the Great), d'Edward R. Murrow
1959 : Millionnaire de cinq sous (The Five Pennies), de Melville Shavelson
1961 : Paris Blues (Paris Blues), de Martin Ritt
1969 : Hello, Dolly ! (Hello, Dolly !), de Gene Kelly
1969 : L'Aventure du jazz (L'Aventure du jazz), de Louis Panassié
(Voix)

Liens cliquez

http://youtu.be/b8z-QJ0Aut0 Tribute
http://youtu.be/E2VCwBzGdPM a wonderful world
http://youtu.be/OtG9CnMtzZk Ella Fitzgerald and Louis Armstrong - Learnin' The Blues
http://youtu.be/OFl97eZbruc Louis Armstrong and Ella Fitzgerald - Dream a little dream of me
http://youtu.be/bOH_mioL3TU Louis Armstrong - When You're Smiling
http://youtu.be/Fd_JDrnBMMA LOUIS ARMSTRONG ~ Moon River ~
http://youtu.be/tNsEd0XD82w Louis Armstrong Only you
http://youtu.be/OFCS7kZwxug C'est si bon
http://youtu.be/dqRq6qF7YgY la vie en rose
http://youtu.be/wyLjbMBpGDA When the saints go marching in

http://www.youtube.com/watch?v=Ae5WtA ... e&list=PLEFD827D53FB7180C 47 titres

http://youtu.be/TqzmrgBU6bE Armstrong par Nougaro



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Posté le : 03/08/2013 23:01

Edité par Loriane sur 04-08-2013 11:40:14
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Hans Christian Andersen
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Le 4 Août 1875 meurt Hans Christian Andersen

Dans le Copenhague des premières décennies du XIXe siècle, le romantisme nationaliste bat son plein. Passé la longue vogue de l'imitation française, le Danemark, fouaillé par la défaite de 1801 que lui infligea l'Angleterre, éperonné par les théories du Norvégien Steffens, tout récemment rentré d'Allemagne, s'est mis à la recherche de son âme, et la quête, d'instinct, dans les trésors du passé : vieux chants eddiques, chroniques de Saxo Grammaticus, chansons populaires. Avec un grand déploiement de mythologie, de couleur locale antique et de sentimentalisme religieux, Oehlenschlaeger et Grundtvig s'efforcent d'inculquer au peuple danois le sens de sa personnalité originale.

Parallèlement, les élégances et le bon sens critique de J. L. Heiberg flattent le côté bon enfant, bon bourgeois, bon vivant du Danois. Mais c'est à un enfant du peuple sans théorie, sans école, qu'il appartiendra de découvrir au monde l'essence de l'âme danoise : Hans Christian Andersen.
Hans Christian Andersen, né le 2 avril 1805 dans une famille fort pauvre, à Odense, est un romancier, dramaturge, conteur et poète danois, célèbre pour ses nouvelles et ses "contes de fées .
Longtemps ignoré ou tourné en dérision dans son pays, où l'on a raillé son égocentrisme, il n'est reconnu tout d'abord qu'à l'étranger : en Angleterre où il rencontre Charles Dickens et où il devient le lion de la saison, en Allemagne où il se lie avec Chamisso, en France où il se lie avec Heinrich Heine, Honoré de Balzac, Alphonse de Lamartine chez Virginie Ancelot.
Ses nombreux voyages , à Constantinople, Rome, Suisse, Espagne lui inspirent des récits qui constituent la meilleure partie de son œuvre, après les contes.
Mais ses compatriotes lui reprochent justement de parcourir le monde uniquement pour y trouver la célébrité, et ses récits sont mieux accueillis en Allemagne où le roi lui décerne l'Ordre de l'Aigle rouge en 1846 et dans tous les autres pays d'Europe. Andersen a un talent particulier pour se faire des amis à l'étranger, ce qu'aucun autre écrivain scandinave ne réussit à faire. Alexandre Dumas l'appelle "le bon, l'aimable poète danois".
Bien que ses romans et pièces de théâtres n'aient pas connu le succès qu'il souhaitait, Andersen a tout de même eu le plaisir de se voir fêté de son vivant et reconnu dans son pays. Ceci surtout grâce à ses contes traduits et appréciés dans le monde entier, mais aussi grâce à sa personnalité étrange et attachante.
En décembre 1860, il est reçu par le roi Christian IX de Danemark à Copenhague comme un membre de la famille et devient le conteur de ses enfants. Il est alors le plus célèbre de tous les Danois vivants.
Andersen goûte avec délectation cette revanche sur sa vie d'enfant pauvre et méprisé.
" Ma vie est un beau conte de fées, riche et heureux", ainsi commence sa dernière autobiographie Mit Livs Eventyrdestinée à être lue du monde entier et dans laquelle il déclare voir sa vie sous un angle romanesque.
Tout comme certains de ses contes où le comportement anthropomorphique des animaux ramène à une parabole autobiographique tel Le Vilain Petit Canard où l'on reconnaît les tribulations d'Andersen avant sa transformation en cygne.
La première publication complète de ses œuvres à Leipzig en 1848 comprenait trente cinq volumes, à laquelle se sont rajoutés les 34 volumes de celle de 1868.

Jeunesse

Andersen donnent peu de détails sur ses parents, mais beaucoup plus sur ses grands-parents, paysans soi-disant aisés, dont les revers de fortune auraient frappé son imagination.
Mais il semble que ceci ne soit qu'affabulations de la grand-mère devenue folle.
Hans Christian est né dans le bas quartier d'Odense, principale ville de Fionie à une époque où plus de la moitié de la population vit dans la plus extrême pauvreté.
La toute première enfance de l'écrivain est heureuse du vivant de son père, car à ce moment-là, sa mère le choyait. Il n'en alla pas de même par la suite.
Son père, Hans Andersen, un ouvrier cordonnier "que le mirage ds guerres napoléoniennes a entraîné loin de sa famille, est un libre-penseur et un songe-creux".
Il appartient à la catégorie la plus humble des artisans, et entre de ce fait dans la catégorie des ouvriers agricoles.
Sa mère, Anne-Marie Andersdatter, a été domestique et fille-mère, devenue veuve, elle s'est remariée avec un gantier. La tante de Hans Christian tient une maison de tolérance à Copenhague.
Les conditions de vie du futur écrivain sont sordides dans ce minuscule logement de Munkermoellestrade.
Mais déjà Andersen idéalise tout dans ses autobiographies, et pour compenser le manque d'affection de sa demi-sœur Karen, il s'invente une sœur idéale qu'il mettra en scène à ses côtés dans La Reine des neiges (Gerda et Kay).
Sa famille l'entoure pourtant de beaucoup d'affection, qu'il s'agisse de son père, sa mère, ou sa grand-mère.
Son père, qui s'est engagé dans l'armée de 1812 à 1814, revient malade et meurt en 1816.
Sa mère se place comme blanchisseuse. Andersen, qui a été renvoyé de l'école gratuite pour avoir dessiné un curieux château, passe des journées solitaires.
Il se construit un petit théâtre, taille des robes pour ses poupées et lit des œuvres dramatiques.
Son intérêt pour le théâtre date de cette époque.
Il lit William Shakespeare et commence à composer des pièces dont il fait la lecture à sa mère qui le croit fou.

À Copenhague

Après de brèves tentatives de travail, dans une fabrique de draps, puis une manufacture de tabac, le garçon qui a alors treize ans, une jolie voix, et une immense envie de devenir célèbre, il a lu toutes les biographies de personnages célèbres, est admis au cours d'éducation religieuse du doyen Tetens, avec des enfants d'une classe sociale très supérieure à la sienne.
Ses études terminées, il refuse d'entrer en apprentissage chez un tailleur. Seul le théâtre l'intéresse.
En 1818, une troupe du Théâtre royal est venue à Odense, et l'année suivante, après avoir rencontré une comédienne, il part pour Copenhague avec ses maigres économies et une lettre d'introduction pour un membre du Théâtre royal.
À son arrivée, le 4 septembre 1819, le garçon tombe en pleine émeute antisémite.
Plusieurs troubles du même genre ont éclaté dans d'autres villes du Danemark et durent dix jours : on s'en prend aux commerçants juifs.
Ce sera le dernier pogrom qu'Andersen évoque dans son livre Rien qu'un violoneux.

Théâtre à Copenhague.

Après plusieurs visites infructueuses au Théâtre royal, il se souvient qu'à Odense, on avait admiré sa voix, et il se rend chez le ténor italien Giuseppe Siboni qui accepte de lui donner des leçons de chant gratuites.
Andersen sera désormais très souvent pris en charge par des bienfaiteurs qui sont touchés par sa personnalité peu commune.
Le musicien Christoph Weyse, le professeur Frederik Hoegh Guldberg, le ténor Siboni, J.M.Thiele, un antiquaire, lui offrent soit des leçons, soit de l'argent.
Hans Christian a l'habitude d'aller remercier chacun d'eux en leur récitant un de ses textes.
Le garçon devient ainsi élève à l'école de danse de 1820 à 1821, l'acteur Ferdinand Lindgreen accepte également de lui donner des leçons d'art dramatique.
En mai 1821, c'est au tour du maître de chant du Théâtre royal de le prendre comme élève. Andersen vit de subsides amicaux, et il a réussi à attendrir sa logeuse Madame Thorgeen en lui faisant la lecture.
Lui-même commence à écrire sa première pièce : La Chapelle dans la forêt en 1822, année où il se produit comme comédien au théâtre pour la première fois.

La bourse royale d'études

Frédéric VI.
Parmi les personnages influents qui ont aidé Andersen à cette époque, on compte Jonas Collin, membre du comité directeur du Théâtre Royal auquel le jeune écrivain a envoyé un petit poème en 1821.
En 1822, Collin sera inondé des pièces de théâtre d'Andersen et les refuse toutes.
Notamment Les Voleurs de Vissemberg que le jeune homme lui présente le 16 juin 1822, dont une scène sera publiée dans le journal La Harpe le 9 août 1822.
Mais Monsieur Collin considère le garçon avec bienveillance. Il estime que son éducation est encore à faire et il demande pour lui une bourse d'études au roi Frédéric VI.
Bourse qui est accordée. Andersen entre au collège de Slagelse le 26 octobre 1822 au moment où est nommé un nouveau directeur : Simon Meisling qui sera terrible pour le jeune poète.
Le plus terrible pour Andersen est sans doute qu'il a près de dix-huit ans quand il entre dans une petite classe du collège avec des enfants de douze ans.
À cette époque, la nièce de Jonas Collins, Eline Bredsdorff, sœur de l'arrière-grand-père du biographe d'Andersen référencé ci-dessous dit de lui :
"Il écrit des tragédies et des histoires que de temps en temps il vient nous lire à haute voix.
Il y a de bons passages, mais en règle générale, c'est un tissu d'absurdités.
Demain, il vient nous faire la lecture, j'attends ça avec impatience en espérant que je pourrai me retenir de rire, mais c'est presque impossible tellement il se comporte de façon grotesque"
De 1822 à 1827, Andersen étudie au collège, écrit un nombre considérable de poèmes, pièces de théâtre, romans, nouvelles.

Débuts littéraires

Après ces études qui lui paraissent interminables, Andersen rencontre le poète et auteur dramatique Johan Ludvig Heiberg qui fait à l'époque la pluie et le beau temps dans les milieux littéraires.
Il s'intéresse au jeune homme et fait paraître quelques-uns de ses poèmes dans son journal Kjoebenhavns flyvende Post Kjøbenhavnsposten en 1827 et 1828.
Andersen a aussi écrit le poème :L'Enfant mourant que le poète Ludolph Schley a traduit en allemand à Elseneur. Le texte paraît d'abord sans signature dans un journal allemand, puis avec le nom d'Andersen dans le journal d'Heiberg en 1828.

Déjà très observateur, Andersen profite des trajets qu'il doit faire jusqu'à Christianshavn, dans l'île d'Amager, où il prend des cours chez le professeur Müller, pour écrire son premier récit de voyage : Voyage à pied à Amager publié dans le journal de Heiberg en 1828.
Ce voyage parfois intitulé "Voyage à pied du canal de Holmen à la pointe Est d'Amager" correspond approximativement à un voyage depuis la place Saint-Michel jusqu'au Bois de Boulogne.
Le titre exact est " Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d'Amager " Fodrejse fra Holmens Canal til Østpynten af Amager" orthographié également Fodreise fra Holmens Canal til Østpynten af Amager.
Un éditeur lui offre l'année suivante de publier ce voyage, mais Andersen refuse, et il publie son texte à compte d'auteur. L'affaire se révèle un grand succès puisque les exemplaires se vendent aussitôt.
écit baroque dans le style de E.T.A. Hoffmann qu'Andersen admire, il y met en scène un personnage monstrueux dans lequel on reconnait le directeur de l'école de Slagelse qu'il avait détesté.
Il y a aussi une allusion indirecte à Meisling, à un moment donné, le poète rencontre le diable sous l'apparence d'un maître d'école : il avait l'air horrible, ses cheveux hirsutes encadraient un visage violacé, ses yeux avaient un éclat verdâtre et toute sa personne attestait qu'il avait singulièrement besoin de prendre un bain.
Encouragé par ce succès, Andersen rédige un vaudeville : L'Amour dans la Tour Saint-Nicolas qui est sifflé et ne reste à l'affiche que trois jours.
Le théâtre sera presque toujours un échec pour l'écrivain.

Premiers succès, premières attaques

En 1829 il a obtenu un succès considérable avec son premier récit de Un voyage à pied depuis le canal Holmen jusqu'au point d'Amager, et malgré l'échec de sa farce il commence à avoir une certaine notoriété au moment où ses amis commençaient à désespérer de lui et de ses excentricités.
Andersen publie encore un recueil de poèmes sous le titre Digte en 1830, et travaille en même temps à l'écriture de Le Nain de Christian II, roman historique.
Mais tout d'un coup, il tombe amoureux d'une jeune fille, Riborg Voigt, 1805-1883, qui apprécie les écrits du jeune auteur, mais qui malheureusement a déjà un fiancé, et il laisse tomber son roman historique pour se lancer dans l'écriture de nouveaux poèmes un peu mélodramatiques.
Il publie en 1831 "Les Mélodies du cœur", puis encore Fantaisies et esquisses la même année.

Selon Helge Topsøe-Jensen, Andersen aurait exagéré les persécutions dont il était victime dans le monde littéraire.
Dans la période 1830-1833, il est beaucoup plus estimé par le public qu'il ne le dit dans ses autobiographies, même s'il subit effectivement des attaques.
Johannes Carsten Hauch le représente au théâtre sous les traits de Pierrot. Il subit aussi de vives attaques de la part du poète Jens Immanuel Baggesen.
Mais il reconnaît lui-même qu'il est trop susceptible et qu'il a besoin de prendre du recul. Il se lance alors dans son premier grand voyage : Hambourg, Brunswick, les montagnes du Harz, Dresde, Leipzig et Berlin.
Ce qui fournira le sujet d'un récit de voyage Skyggebilleder publié en 1831.
La production d'Andersen devient alors très abondante si l'on excepte le roman historique qu'il ne terminera jamais.
En 1832, il publie un nouveau recueil de poésies Les Douze mois et l'année suivante Poésies complètes, (1833).
À cette époque, Andersen est considéré comme membre de la famille Collin, Jonas Collin lui servant de père, son fils Edvard, tenant lieu de frère raisonnable.
Mais graduellement Andersen tombe amoureux de la fille cadette de Collin, Louise, qui devient une jeune fille.
Elle a dû juger Hans Christian trop falot avec sa figure maigre et ses contradictions.
Plus tard, la belle Jenny Lind, le célèbre "rossignol du Nord", ne saura pas davantage répondre à ses élans. On soupçonne bien un peu de complaisance romantique dans ce rôle de mal-aimé, mais ce serait injuste que de faire d'Andersen un lunaire : peut-être, simplement, était-il trop préoccupé de l'image qu'il donnait de sa personne pour avoir osé se livrer tel qu'en lui-même...
Heureusement, l'écrivain a pris le goût des voyages, ce qui le détourne de problèmes sentimentaux.

Les voyages

En 1833, il passe douze jours en Allemagne. Il rend visite au compositeur Ludwig Spohr, Louis Spohr et à Francfort, il se rend au ghetto juif, dans la rue-même où vit la vieille mère des riches Rothschild.
Elle refuse de quitter ces lieux par superstition, elle pense qu'il arrivera malheur à ses fils si elle abandonne sa demeure d'origine.
Un de ses fils vit non loin de là, dans une grande maison, avec valet de pied à l'entrée. Andersen utilise le thème des Rothschild pour son Livre d'images sans images.

Le 10 mai, l'écrivain danois est à Paris, ville décevante au premier abord, mais qui le séduit bientôt quand le soleil brille et que l'on fête le troisième anniversaire de la Révolution de Juillet.
Il y rencontre le tout-Paris littéraire, mais aussi le compositeur Luigi Cherubini et Heinrich Heine qui aura tant d'influence sur ses écrits.
Il quitte bientôt Paris pour un périple en Suisse, dans les monts Jura, Le Locl où il écrit un nouveau poème dramatique Agnès et le Triton, peu apprécié de Jonas et d'Edvard Collin qui lui en font la remarque.
Andersen, très fâché, répond :
"La critique d'Edvard de la première partie d’Agnès et la vôtre, au sujet de la forme négligée, sont les seuls mots que j'ai entendus si loin de chez moi sur une œuvre dans laquelle j'ai mis de grands espoirs et une grande joie, aussi vos propos m'ont affecté profondément."

Mais déjà Andersen est reparti pour l'Italie. Il en revient ébloui et publie ses impressions sous forme d'un roman : L'Improvisateur, 1834-1835, deux volumes écrits sous l'influence de Germaine de Staël.
Ce roman va lui apporter une gloire internationale, avec des traductions en français, anglais, russe, suédois, néerlandais etc.
L'année suivante en 1835 il donne la deuxième livraison de ses contes de fées, puis la troisième en 1837, et le Livre d'images sans images en 1839.
La critique danoise est aussi agressive qu'anonyme pour les contes auxquels elle reproche tout et n'importe quoi.
Des articles négatifs paraissent non signés :
"Nul ne peut raisonnablement prétendre que le respect de la vie chez un enfant est encouragé par la lecture d'épisodes comme Grand Claus tuant sa grand-mère et Petit Claus le tuant. Cela est raconté comme s'il s'agissait d'un taureau frappé sur la tête. L'histoire de La Princesse au petit pois frappe la critique comme étant non seulement indélicate, mais parfaitement impardonnable."
On lui préfère les contes moralisateurs de Christian Frederik Molbech, très en vue.
Même son ami Johannes Carsten Hauch, quoique bienveillant sur La Princesse au petit pois, dénigre Le Briquet de façon incompréhensible.
Selon P.G. La Chesnais "Inspiré du conte des Mille et Une Nuits et du personnage d'Aladin, Andersen aurait ainsi exprimé son sentiment de triomphe après avoir achevé L'Improvisateur."
Pourtant, malgré les réticences de ses compatriotes, ces contes allaient connaître, deux ans plus tard, le succès fulgurant que l'on sait, avec une première traduction illustrée en Allemagne, puis dans le monde entier.
Dans ces années-là, Andersen continue à voyager, à écrire des récits, et alimente encore la série des contes de fées régulièrement.
En 1843, il est à Paris, fêté par les meilleures plumes françaises, les sculpteurs, David d'Angers, les artistes, les peintres.
C'est d'ailleurs là qu'il fête son anniversaire, personne au pays n'a pensé à le lui souhaiter, ce qui le rend fou de rage.

Reconnaissance du Danemark

Pendant l'été 1844, Andersen est à Weimar dans la demeure de Freiherr von Beaulieu-Marconnay, grand chambellan du duc de Weimar, en 1846 il est chez le prince Radziwiłł.
Mais ce qui le touche le plus, c'est qu'on lui remet cette année-là, dans son pays même, l'importante décoration du Dannebrog, ordre de chevalerie qui remonte au xiie siècle.
Toutefois, il lui semble que les Collins n'ont pas pris la mesure de sa célébrité et que nul dans son pays n'est fier de lui.
Ce qui est totalement injuste comme il va le vérifier par la suite. Après une visite inoubliable en Grande-Bretagne en 1847 et un accueil merveilleux, notamment de Charles Dickens, il est reçu au Danemark en héros.
Malheureusement, le soulèvement du Schleswig-Holstein, qui aboutira à la guerre des Duchés en 1864 assombrit son bonheur. Lors de sa deuxième visite en Grande-Bretagne en 1857, il essaie d'attirer l'attention de ses amis anglais sur le sort de son pays attaqué. Mais il se voit répondre que le Danemark est fort capable de se défendre seul.
Du coup, Andersen reprend ses pérégrinations, ses récits : d'abord en Suède, puis en Espagne, et de nouveau à Paris pour l'exposition universelle de 1867. Et il poursuit l'écriture de ses contes, jusqu'en 1872.
Le 6 décembre 1867, il avait été nommé citoyen d'honneur de la ville d'Odense, ce qui dépasse de loin tous les honneurs dont il a été couvert à l'étranger. Il estime que cette récompense est la plus honorable et la plus diverse.
Dans ses Mémoires, il écrit en 1875 :
"J'ai été deux fois à Paris... J'ai été fait conseiller d'État et à Odense, j'ai reçu un hommage qui est parmi les plus rares que ce monde puisse offrir à quiconque."
Les hommages dans son pays se succèdent ainsi jusqu'à sa mort.
Dès 1868, le jeune critique littéraire Georg Brandes vient lui rendre visite et s'intéresse à ses travaux. Rasmus Nielsen, un des enseignants les plus importants de l'Université de Copenhague, commence une série de conférences sur ses contes de fées en 1869.

Dernières années

Andersen est maintenant l'homme le plus fêté et le plus choyé du Danemark.
Le 6 septembre 1869, qui correspond approximativement au cinquantième anniversaire de son arrivée dans la capitale, ses amis organisent un banquet de deux cent quarante quatre couverts en son honneur.
Les voyages lui conviennent moins car il se sent mieux chez lui. Au mois d'octobre de cette même année, il va jusqu'à Toulon, et Nice, mais il écrit qu'il ne s'embarquera plus jamais seul désormais.
Le globe-trotter est fatigué. En 1870, il écrit ce qui devrait être son dernier roman : Peer Le Chanceux. Il termine son manuscrit au moment où la Guerre franco-allemande 1870 éclate en France.
Andersen écrit dans son journal :
"15 Octobre,- La guerre en France me bouleverse, je souffre d'idées fixes qui me rendent fou ; les horreurs qui se déroulent en France sont perpétuellement devant mes yeux comme si je les vivais moi-même : je vois des baïonnettes qui me percent, des flammes sur la ville, mes amis qui meurent, ou bien je rêve qu'on m'emprisonne. "
Le 31 décembre 1870 il écrit : "L'horrible année 1870, pleine de sang. Andersen se fait maintenant tirer l'oreille pour se déplacer. Il refuse d'abord un voyage en Norvège en 1871, puis il accepte à contrecœur.

Les droits d'auteur

Heureux chez lui, Andersen ne vit pourtant pas dans l'aisance, malgré sa notoriété internationale.
Les éditeurs étrangers ne lui versent pas d'argent puisqu'il n'y a pas d'accord international sur les droits d'auteur. Andersen n'est payé que s'il publie son manuscrit directement dans un pays, avant d'être édité au Danemark.
Ainsi on y trouve notamment Le Grand serpent de mer, une fantaisie inspirée du câble télégraphique qui relie l'Europe à L'Amérique.
En novembre de la même année, il publie ses quatre derniers contes : L'histoire de la vieille Jeanne ou Ce que racontait la vieille Jeanne, La Clef de la porte, La Clef du portail, L'Infirme ou l'Éclopé et Tante Rage-de-dents ou Tante Pal-de-dents).
Andersen ne voyage plus seul désormais. Il refuse d'aller en Amérique. Mais il rend visite à Ibsen à Dresde, il va ensuite à Vienne, puis à Venise, et il tombe malade pendant l'hiver 1873 mal auquel il pense qu'il ne survivra pas.
Pourtant en Mai, il entreprend son dernier voyage en Allemagne et en Suisse en compagnie d'un jeune écrivain danois Nicolaj Boegh, Nicolaj Bøgh.
Il en revient perclus de douleurs. Et malgré le cadeau d'anniversaire du roi qui lui décerne un titre honorifique : Conseiller privé Konferenceraad, l'écrivain tombe dans un état de mélancolie.
De plus, le poète anglais Edmund Gosse, qui souhaite traduire à Londres les derniers contes d'Andersen, se voit opposer un refus catégorique de la part des éditeurs britanniques qui perdent trop d'argent avec la pratique de la contrefaçon, précisément parce que l'auteur est très populaire, à cette époque, plus un auteur était populaire plus grand était le nombre de contrefaçons.

Les enfants

Alors qu'il séjourne au manoir de Bregentved, chez le comte Helmuth Karl Bernhard von Moltke, Andersen reçoit une lettre d'une petite américaine.
Le pli contient un dollar et une coupure de presse où on lance un appel aux enfants d'Amérique pour aider le vieil écrivain à vivre correctement.
On y explique que les droits d'auteur qu'on lui verse sont insuffisants.
Andersen est très embarrassé, d'autant plus que l'Amérique est le seul pays qui le rémunère. Il cherche à arrêter cette collecte. Mais les lettres d'admiration pleuvent et c'est un véritable raz de marée qui est déclenché aux États-Unis en sa faveur.
Andersen, très ému, en perd le sommeil : il veut expliquer qu'il n'est pas dans le besoin, mais ses amis lui conseillent d'attendre. Une souscription nationale est lancée en sa faveur.
Finalement l'auteur des contes de fée envoie un message au rédacteur en chef du Philadelphia Evening News pour dissiper le malentendu, mais l'opération dette des enfants a pris une telle ampleur que rien ne l'arrête.
L'épisode se termine par un envoi à Andersen d'une somme de deux cents dollars accompagnée d'un luxueux ouvrage en deux volumes illustrés : Picturesque America.
En cette dernière année de sa vie, Andersen est contrarié par des tracasseries. Voulant imiter l'Amérique, le Danemark tente de lancer la même opération en faveur de l'écrivain.
Mais ses ennemis s'empressent de tourner l'opération en dérision. Il y a aussi la collecte d'argent pour ériger sa statue, les ébauches du sculpteur August Saabye qui ne lui conviennent pas.

Son seul plaisir est d'être invité régulièrement à la table de la famille royale avec les enfants du roi.
Le vieil homme est épuisé, il tombe malade le 22 mai, et il ne se relèvera pas.

Le 4 août 1875, sa fidèle amie Madame Melchior, qui a continué à tenir son journal sous sa dictée, écrit :
"À présent la lumière s'est éteinte. Quelle mort heureuse! A 11h05, notre cher ami a rendu son dernier soupir. "
Andersen est enterré à Copenhague où il repose dans le cimetière Assistens.

Les Contes Andersen conteur

À partir de 1843, l'écrivain s'est défendu d'avoir écrit ses contes seulement pour les enfants.
Pourtant les recueils publiés de 1832 à 1842 en six brochures, portent bien le titre : Contes pour enfants, titre qu'il ne reprendra pas, une fois la gloire venue, dans sa deuxième série de 1843-184842.
« Andersen écarte pour commencer les modèles livresques en puisant son inspiration dans les contes qu'il a entendus dans son enfance, et s'adressant d'abord aux enfants (Il raconte lui-même, toute sa vie, des contes aux enfants, en les animant avec des papiers découpés). Il sait trouver un style parlé et vif, garder la saveur de la tradition populaire tout en l'affinant pour évoluer ensuite vers des créations originales.
Tous ses biographes s'accordent à dire que la renommée d'Andersen repose entièrement sur ses histoires et contes de fées. Ils ont été traduits dans plus de cent langues et on en republie encore des millions.... Mais il importe de bien prendre conscience que lorsqu'on parle des contes de fées d'Andersen, tout le monde ne parle pas nécessairement des mêmes contes. Beaucoup restent encore peu connus au Danemark. Parmi les trente plus connus, on trouve les premiers contes publiés entre 1835 et 1850."
Ce phénomène de conteur était très nouveau à l'époque en littérature, et si Andersen s'attira la sympathie des cercles intellectuels dans tous les pays, c'est parce qu'il venait d'inventer un genre qui se confondait avec la poésie.

Autobiographie

Les cent cinquante-six contes d'Andersen ont tous été traduits en français, mais les titres varient d'une édition à l'autre. Ainsi Le Stoïque Soldat de plomb, peut devenir L'Intrépide soldat de plomb ou L'Inébranlable soldat de plomb. La Petite Sirène porte aussi le titre de La Petite ondine.
La Petite Fille aux allumettes a une histoire particulière.
Le 18 novembre 1845, alors qu'Andersen est l'hôte du duc d'Augustenborg et vit dans une extrême abondance, il est prié d'écrire un conte dans une lettre où on lui envoie trois illustrations à choisir.
Il prend une gravure sur bois représentant une petite fille tenant un paquet d'allumettes soufrées.
La petite lui rappelle, par contraste avec la vie princière qu'il mène maintenant, la misérable vie de sa grand-mère enfant, qu'on avait envoyée mendier et qui avait passé toute une journée sous un pont sans manger.
Il avait déjà traité ce sujet dans Le Sanglier de bronze, mais il le reprend en plus austère. Son biographe précise que la maison même qu'il habite à Odense forme un renfoncement avec la maison voisine et qu'une petite fille s'y abrite réellement.
Le Vilain Petit Canard est sans doute le plus inconsciemment autobiographique de tous les contes d'Andersen.
Conçu en juillet 1842, après l'échec de sa pièce de théâtre L'Oiseau dans le poirier, qui fut sifflée à la première du 4 juillet de la même année, le Petit Canard commencé fin juillet paraît en octobre de l'année suivante. Andersen y a passé en revue les principales périodes de sa vie, de son enfance à Odense, les années d'étude, l'intimité dans la famille Collin. La poule incarne Madame Drewsen, fille aînée de Jonas Collin.
L'Escargot et le rosier, 1862 fait aussi partie des contes autobiographiques, inspiration qu'Andersen lui-même revendique : " Ce conte fait partie des contes vécus . Hans Brix et Anker Jensen précisent : " Le point de départ de l'histoire est une dispute avec Jonas Collin qui accompagnait Andersen dans son voyage à Rome. "

Un genre littéraire nouveau

Andersen commence relativement tard 1835 à publier des contes si l'on considère le volume des pièces de théâtre, et autres récits qu'il a écrits auparavant.
C'est parce qu'à cette époque-là, le conte n'est pas un genre littéraire. "Les seules affaires d'importance dans la société danoise, au moment des débuts d'Andersen, sont la littérature et la religion. Les grands évènements sont les livres nouveaux, les pièces nouvelles, et le monde littéraire danois est dominé par l'autorité croissante de Heiberg.
Andersen lui-même ne considère pas le conte comme un genre littéraire puisqu'il le déguise sous forme de poème dans un recueil paru en 1830.
Sous le titre Le Revenant, il publie un texte qu'il remaniera plus tard et qui paraît en 1835 sous le titre Le Compagnon de voyage dans son premier recueil de contes.
Pourtant il a bel et bien créé un genre, car, contrairement à Jacob et Wilhelm Grimm, il n'est pas un compilateur de contes populaires, mais un créateur.
Le conte est pour lui un mode naturel d'expression, un talent dont Georg Brandes pense qu'il faut du courage pour l'exprimer librement et aisément.
Son inspiration provient de trois sources principales :
Les récits qu'il a entendus dans son enfance et parmi lesquels se trouvent Les Mille et Une Nuits d'où il tire Le Briquet ou La Malle volante, ainsi que les contes traditionnels scandinaves d'où vient la Princesse au petit pois.
L'observation de la vie quotidienne, les histoires vraies et les choses vues.
La forme littéraire du conte tel qu'il la pratique : style direct, phrases concises, peut se confondre avec certains passages de ses récits de voyages.
Notamment dans Le Voyage dans le Hartz, après avoir vu à Brunswick la pièce Trois jours de la vie d'un joueur, adaptation allemande de Trente ans ou la vie d'un joueur de Victor Ducange, il s'embarque dans un conte qui part de la pièce de théâtre pour aboutir à une histoire de prince.
Autobiographie directe, sa propre vie : Le Vilain Petit Canard ou indirecte, la vie de sa famille ou de son entourage: l'histoire de sa grand-mère misérable, La Petite Fille aux allumettes.
Des trois sources, il tire des éléments féériques ou fantastique.

Le théâtre

Au théâtre, Andersen connaît de nombreux déboires dès son premier essai en 1828 avec un vaudeville intitulé : L'Amour dans la Tour Saint-Nicolas qui est sifflé et ne reste à l'affiche que trois jours. Autre échec retentissant : La Jeune mauresque qui n'est acceptée qu'après de longues tractations le 30 octobre 1840 avec l'actrice, madame Heiberg, qui refuse le rôle principal. Les années 1839 et 1840 sont particulièrement éprouvantes pour lui. Il décrit ses tribulations dans ses Mémoires : " Pendant de nombreuses années, le théâtre a été la cause de beaucoup d'amertume dans ma vie. "
Ses œuvres précédentes ont été pourtant assez bien accueillies : Séparation et retrouvailles, comprenant deux pièces distinctes : Les Espagnols à Odense et Vingt ans plus tard, 1836. Et plus tard son vaudeville l'Homme invisible de Sprögo, présenté au Théâtre royal en juin 1839 fait salle comble pendant assez longtemps.
Mais par la suite, il n'obtient qu'un succès éphémère dans Le Mulâtre, présentée le 3 février 1840, et dont le sujet lui a été fourni par une nouvelle de Fanny Reybaud : Les Épaves. C'est d'abord un grand triomphe populaire. Mais, lorsqu'un journal de Copenhague publie la traduction danoise de la nouvelle française, la pièce n'est plus considérée comme un drame romantique original. La note dans laquelle Andersen reconnaissait sa dette envers l'auteur français a été omise par l'éditeur danois.
Cette même année, l'Album sans image pourtant considéré comme charmant ne retient pas davantage le public. Andersen ne persiste d'ailleurs pas longtemps dans la voie du théâtre.
Dans Mit Livs Eventyr, Andersen reconnaît qu'il s'est fourvoyé :
"Les torts sont peut-être miens, ou peut-être pas, peu importe : le public m'était hostile, j'étais sans cesse manipulé et mal traité. Je me sentais blessé... mal à l'aise chez moi. Je laissai la pièce suivre sa destinée et je me hâtai de partir en voyage".
Et en effet, le 30 octobre 1840, il n'assiste pas à la première représentation de La Jeune mauresque, et il part le lendemain.
Il se consacre dès lors aux contes, récits de voyages, nouvelles, dessins et papiers découpés qui lui assurent une plus grande notoriété.

Les autres talents d'Andersen Esquisses et croquis

Andersen avait un don de dessinateur qui reste peu connu du grand public.
Bien qu'il n'ait jamais pris de cours de dessins, il faisait de nombreux croquis au crayon ou à la plume.
Surtout pendant ses voyages à l'étranger.
Les esquisses tenaient lieu de souvenir et lui permettaient de se rappeler les paysages qu'il avait vus. Son tout premier dessin date de 1831 et représente le château de Regenstein en Allemagne.
Et d'autres esquisses encore plus nombreuses ont été réalisées en 1833-183490, lors de son voyage en Suisse dans les montagnes neuchâteloises au Locle, mais aussi à Rome, Naples.
De Rome il écrit à Edvard Collin :
"A Rome, tous les artistes m'encouragent en raison de ma bonne perception; quoi qu'il en soit, mes nombreuses esquisses, déjà plus de cent sont pour moi un trésor qui me donnera beaucoup de plaisir chez moi. ".
En tant qu'artiste, Andersen peut être, selon Kjeld Heltorf, rattaché aux naïfs.
Il reste 70 esquisses au crayon et 250 dessins à la plume sur l'ensemble de ses dessins.

Les découpages en papier

Un autre talent d'Andersen, plus connu, est son habileté à produire des découpages en papier et notamment des silhouettes dont 1500 ont été conservés par Sir Henry Dickens qui avait huit ans en 1857, quand Andersen a séjourné chez son père Charles Dickens.
Pour Andersen on peut parler de contre-silhouette puisqu'il les réalisait le plus souvent de face et sur papier blanc.
Les motifs extrêmement raffinés et fantaisistes sont souvent repris au Danemark.
Rigmor Stampe, qui sera la femme du compositeur danois Victor Bendix écrit au sujet de ces découpages:
"Ils étaient très importants pour les enfants de la famille. Tout en parlant, Andersen pliait une feuille de papier, laissait les ciseaux aller et venir en faisant des courbes, puis il dépliait le papier, et il y avait des figures.
C'était, si l'on peut dire, de petits contes de fées, non des illustrations pour ses contes écrits, mais des expressions de la même imagination. Il s'en tient à une série limitée de motifs qu'il ne cesse de répéter. Ses sujets sont principalement des châteaux, des cygnes, des lutins, des anges et autres personnages imaginaires".

Distinctions

-Commandeur de l’ordre royal de Dannebrog Danemark
-Ordre de l'Aigle rouge Berlin


Å’uvres

Romans

Bien que la valeur des romans d'Andersen ait été occultée par l'énorme succès de ses contes, et diminuée par les critiques de ses contemporains, une relecture moderne permet de les éclairer sous un jour nouveau. Johan de Mylius considère que l'écrivain a fait "œuvre de pionnier" en introduisant au Danemark le genre moderne du roman contemporain contrairement aux jugements négatifs portés sur lui par Kierkegaard.
L'Improvisateur (1834-1835), deux volumes après un voyage en Italie, influencé par Germaine de Staël
Conte de ma vie, 1835 autobiographie avec des allusions à la maison de réclusion d'Odense.
O. T. 1836
Rien qu'un violoneux 1837
Les Deux baronnes 1848
Être ou ne pas être 1857

Contes

Selon la compilation réalisée par P.G. La Chesnais, Andersen a écrit cent cinquante six contes
Liste des contes d'Andersen. Les Contes les plus connus

Å’uvres principales

Le Vilain Petit Canard 1842
Les Habits neufs de l'empereur 1857 (ou : Les Habits neufs du Grand-Duc)
Le Stoïque Soldat de plomb 1838 (ou : L'Intrépide Soldat de plomb)
La Bergère et le Ramoneur 1845 (dont est tiré le dessin animé Le Roi et l'Oiseau de Paul Grimault et Jacques Prévert)
La Reine des neiges 1844
La Princesse au petit pois 1835 (ou : La Princesse sur le pois,la princesse au pois, La Princesse sur un pois, ou encore, La Vraie Princesse)
Les Cygnes sauvages
La Malle volante 1839 ou : Le Coffre volant
La Petite Fille aux allumettes 1845
La Petite Poucette 1836
La Petite Sirène 1835
Le Briquet 1835 dont l'adaptation en dessin animé date de 1946.
Grand Claus et Petit Claus
Le Crapaud
L'Heureuse Famille
La Grosse Aiguille
Les Fleurs de la petite Ida 1835
Une semaine du petit elfe Ferme-l'Å’il
Le Compagnon de voyage
La Pâquerette
Le Rossignol et l'Empereur de Chine 1843

Poésie

Poésies 1830
Fantaisies et Esquisses 1831
Les Douze mois de l'année 1832
Poèmes anciens et nouveaux 1847
Chants et chansons patriotiques 1851
poésie romantique, influencée par Heinrich Heiner

Récits de voyage

Voyage à pied à Amager 1828
Promenade du canal de Holmen 1839
Images d'ombres rapportées d'un voyage dans le Harz 1831
Voyages en Suisse 1833-1873,
Le Bazar du poète 1842 souvenirs de voyage en orient
En Suède 1851
En Espagne 1863
Visite au Portugal 1866

Divers

Livre d’images sans images 1840, récit de voyage de la Lune qui dialogue avec l'écrivain et lui décrit des paysages qu'elle a vu.

Théâtre

Amour sur la tour Saint-Nicolas 1829
La Mulâtresse 1839
Nouvelle ruelle de l'accouchée 1840

Les Å“uvres d'Andersen

En juillet 1869, Georg Brandes fait paraître un long essai sur Andersen intitulé :
"H.C. Andersen, auteur de contes de fées " dans le journal Illustreret Tidende qui commence ainsi :
" Il faut du courage pour avoir du talent. On doit oser se fier à sa propre inspiration, on doit accepter l'idée de votre cerveau est sain, on doit s'appuyer sur la forme qui vous vient naturellement, même si elle est nouvelle, elle a le droit d'exister".
Cela exprime de façon confiante le droit qu'a un homme de talent de choisir de nouveaux matériaux, d'établir de nouvelles formes, jusqu'à ce qu'il trouve pour sa construction un emplacement tel que, sans se mettre à la torture, il puisse utiliser toute sa force et s'exprimer librement et aisément.
Un tel site pour ses constructions, H.C.Andersen l'a trouvé dans le conte de fées.
Son contemporain et compatriote Søren Kierkegaard se lance dans une critique dévastatrice du roman qu'Andersen a publié en 1838 au Danemark : Rien qu'un violoneux et qui est réédité avec O.T en Angleterre en 1845.
Dans : Extraits des papiers d'une personne encore vivante, publiés contre sa volonté 1838, avec pour sous-titre :
"Sur Andersen comme romancier avec un constant regard sur son œuvre la plus récente Rien qu'un violoneux", seul ouvrage de Kierkegaard traduit en anglais, on trouve une critique considérée comme injuste de nos jours. Il dit au sujet du personnage principal du livre:
"Ce qui périt dans le roman d'Andersen, ce n'est pas un génie qui lutte, mais un pleurnicheur à qui on a dit qu'il était un génie et qui partage seulement avec le génie le fait qu'il souffre."
Cependant le livre de Kierkegaard a peu attiré l'attention, de même que celui d'Andersen et on disait à l'époque qu'ils étaient l'un et l'autre les seuls à les avoir lus.
En janvier 1848, Charles Dickens écrit à Andersen :
"J'ai lu et relu cette histoire, la vieille maison avec le plus indicible plaisir... Revenez bientôt en Angleterre!
Mais quoi que vous fassiez, ne cessez pas d'écrire, car nous ne pouvons nous payer le luxe de perdre aucune de vos pensées. Elles sont trop purement et simplement belles pour être gardées dans votre tête".

Postérité en littérature


En 1882, August Strindberg dans une dédicace à sa fille Anne-Lise écrit :
"En Suède, nous ne disons pas Hans Christian, mais seulement Andersen, car nous ne connaissons qu'un seul Andersen. Il est l'Andersen de nos parents, de notre enfance, de notre âge adulte, de nos vieux ans...
Dans les contes d'Andersen, j'ai découvert l'existence d'un autre monde, d'un âge d'or tout de justice et de compassion, dans lequel les parents n'avaient pour leurs enfants que des gestes de tendresse... une chose que je n'avais jamais connue jusque-là projetait une douce lumière sur la pauvreté même et la résignation : lumière qui est connue sous le nom bien désuet aujourd'hui d'AMOUR.
Andersen a laissé à ses contemporains l'image d'un gaffeur qui est restée longtemps attachée à sa personnalité hypocondriaque, ou maladroite.
Dans ses Mémoires sur Andersen, Jonas Collin rapporte qu'à Londres, Dickens avait conseillé à Andersen de noter le nom de la rue où il habitait sur un morceau de papier.
Ainsi, s'il se perdait, il pourrait demander son chemin. L'écrivain danois parlait très peu d'anglais.
Andersen suivit le conseil de son ami, et au coin de la rue, il nota les mots suivants : Ne rien afficher : Stick no bills. Évidemment, il perdit son chemin, montra ses notes à un agent qui le prit pour un fou, et l'emmena au commissariat de police. Il fallut que le consul du Danemark vienne le tirer de là en expliquant qu'il n'était pas fou.
Simon Leys lui rend hommage dans son recueil Essais sur la Chine où il réunit un ensemble de textes dont le plus fameux est Les Habits neufs du président Mao.
Il montre comment Mao, écarté du pouvoir après l'échec du grand bond, a repris les commandes avec la révolution culturelle, en manipulant la jeunesse. Le titre est issu de Les Habits neufs de l'empereur, Simon Leys place d'ailleurs en exergue la phrase-clé du conte d'Andersen en citant l'auteur :
"-Mais papa, l'Empereur est tout nu ! s'écria l'enfant - Hans Cristian Andersen - Les Habits neufs de l'empereur"
L'empereur est nu, essai de William Olivier Desmond, Isabelle Chapman, Marie-Claude Elsen, et Jack Herer, publié en 1985 fait aussi référence au conte Les Habits neufs de l'empereur.
L'ouvrage propose de la réhabilitation du chanvre puisqu'on ne peut arrêter sa production.
Le Roi est nu est aussi le titre d'un livre de Laurent Joffrin qui fait encore référence au conte d'Andersen les Habits neufs de l'Empereur, soulignant le peu de marge de manœuvre économique de Nicolas Sarkozy.
D'une manière générale, la formule Le Roi est nu ou L'Empereur est nu est passée dans le langage courant pour souligner des apparences trompeuses ou un manque de pouvoir inavoué.

Dans la culture populaire

La maison où il a passé son enfance dans sa ville natale d'Odense se visite, et à Copenhague on ne compte plus les statues à son effigie.
Sur Rådhuspladsen, la place de l'Hôtel de ville, il a son musée : le Wonderful World of H.C. Andersen, où l'on peut déambuler dans les rues de l'Odense du XIXe siècle avant d'entendre conter ses histoires au travers de dioramas animés.
Au sud des Pays-Bas, le parc d'attractions Efteling abrite entre autres le bois des contes dans lequel on peut voir les Å“uvres de H. C. Andersen s'animer.

Adaptations

Les contes d'Andersen ont donné lieu à de nombreuses adaptations théâtrales, des dessins animés, des comédies musicales, des ballets. Notamment La Petite Sirène a été adaptée :
À l'Olympia à Paris de 2007 à 2009, comédie musicale mise en scène de Jeanne Deschaux
Au Théâtre national de Chaillot, en ballet, en 2009, chorégraphie et mise en scène de Sébastien Savin
La Petite Sirène, comédie musicale de Walt Disney Theatrical d'après le dessin animé de 1989 2007.
Les adaptations des autres contes sont mentionnées sur la fiche de chaque titre

Adaptations audio

Les médias évoluent et les contes s’adaptent aux nouveaux moyens de communication et nouveaux supports. Désormais grand nombre de contes sont traités en version Livre audio.
En 2010, Grikoo Productions publie une adaptation très originale de quelques contes de l'auteur : La Bergère et le Ramoneur, La Pâquerette, La Princesse et le Porcher, Le Rossignol et l'Empereur, Le Soldat de Plomb, L'escargot et le Rosier.
Enregistrements audio réalisés et illustrés, musiques et bruitages en Afrique de l’Ouest avec des conteurs traditionnels africains

Liens, cliquez

http://youtu.be/4-sO26wyeOU Hans et Gretel
http://youtu.be/nsP-gi_GsG4 La petite marchande d'allumettes
http://youtu.be/NXXoRGvOK4Y Amaré
http://youtu.be/XYwyKENDaaM les puces savantes
http://youtu.be/gaZXZJcpChM la petite sirène
http://youtu.be/14cod1_JdTE la princesse aux petits pois
http://youtu.be/jbuAncD_2G8 le vilain petit canard


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Posté le : 03/08/2013 21:08
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Percy Bysshe Shelley
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Le 4 août 1792 naît près de Horsham, Percy Bysshe Shelley, poète et romancier britannique

Shelley est le plus romantique des poètes anglais de la première moitié du XIXe siècle
; il exerça longtemps une puissante fascination sur les lyriques de son pays, de Tennyson à Swinburne et à Yeats.
Fils de baronet, élevé à Eton, exclu d'Oxford pour avoir publié un pamphlet contre la religion, renié par son père, il part pour Londres où il subsiste avec l'argent que lui donnent en secret ses sœurs
Révolutionnaire dans sa jeunesse, accusé d'athéisme et d'immoralité, il fut en vérité l'une des plus pures figures du romantisme.
Sa célébrité est aussi associée à celle de ses contemporains John Keats et Lord Byron qui comme lui moururent en pleine jeunesse, ainsi qu’à la femme qu’il épousa en secondes noces, la romancière Mary Shelley, auteur de Frankenstein, dont il préfaça l’édition de 1818.
En 1858, un membre de l'aristocratie anglaise nommé Edward John Trelawny publia un compte rendu de sa vie en Italie avec Lord Byron et Percy Shelley sous le titre Recollections of Shelley and Byron : une ode au génie des deux hommes mais plus particulièrement de Shelley que, sous son caractère fantasque, Trelawny ne pouvait s'empêcher d'aimer et d'admirer alors que le ton du livre est beaucoup plus sévère pour Lord Byron alors en pleine gloire. En 1876, Trelawny, âgé de 84 ans, republia ses Recollections sous le titre Records of Shelley, Byron and the author
Ses longs poèmes manquent de substance humaine et de conflit tragique. À d'autres moments, il a trop peu redouté le didactisme, ce qui alourdit ses envolées. Mais dans certains courts poèmes et dans ses odes, d'une facture artiste et savante, il a atteint à une beauté formelle inégalée. La pensée qui sous-tend son lyrisme fait de lui l'un des rares poètes du siècle chez qui la philosophie ne nuit pas à la vivacité de l'émotion ni à la richesse suggestive du langage.
Il s'exila en Italie où il mourut avant l'âge de trente ans. Il y a sans doute du déchet dans son œuvre, parfois trop molle et sentimentale.

La Nature, l'Amour et la Mort
Le père du poète appartenait à la petite noblesse de province et possédait quelque fortune et des terres. Percy naquit à Field Place, dans le comté de Sussex.
Il avait plusieurs sœurs qu'il charmait, tout enfant, par les histoires fantasques qu'il inventait avec facilité.
Fils de Sir Timothy Shelley, second baronnet de Castle Goring, et d’Elizabeth Pilfold son épouse, il est élevé dans le Sussex auprès de son précepteur le Révérend Thomas Edwards d’Horsham.
Il fait ses premières études à la pension de Sion House, de Brentford, un établissement à la discipline sévère dont il a très tôt à souffrir, puis il est inscrit au collège d'Eton.
À cause de sa santé fragile, de sa beauté efféminée, il est le souffre-douleur de ses camarades.
Pour se consoler, il se réfugie dans les études, apprenant à lire Lucrèce dans le texte latin et se passionnant pour la chimie et l'occultisme. Cela lui vaut le surnom de « Shelley le fou » ou celui, encore plus venimeux pour l'époque, de Shelley l’athée .

Il compose déjà des romans : Zastrozzi (1808), un roman gothique qui se ressent fort de l’influence d'Ann Radcliffe; Saint Irvyne or the Rosicrucian (1810) et des poésies : Wandering Jew, en collaboration avec Thomas Medwin, Original Poetry by Victor and Cazire (1810), en collaboration avec sa cousine Harriet Grove, à laquelle il vouera toute sa vie un amour platonique.
À Oxford, il se lie d'amitié avec Thomas Jefferson Hogg, épicurien, mondain et esprit caustique. Ensemble, ils composent, font imprimer et distribuent une brochure de sept pages intitulée "De la Nécessité de l'athéisme" en Février 1811.
Ce pamphlet fait aussitôt scandale et les deux amis sont convoqués par le rectorat de l'Université.
Son refus de paraître devant "ces messieurs" provoque son renvoi d'Oxford, et celui de Hogg, le 25 mars 1811.
Le père de Shelley obtient sa réadmission à la condition qu'il se rétracte.
Mais l'impétueux adolescent refuse, ce qui entraîne la rupture avec sa famille.
On pense qu'à cette époque le jeune homme fut membre d'une société secrète à l'Université d'Oxford qu'il continua de fréquenter en cachette, malgré son expulsion, pour des réunions clandestines.

Une vie agitée
Malheureux à l'école aristocratique d'Eton, où étaient en faveur les brutalités infligées par les anciens aux nouveaux élèves, il se révélait déjà non conformiste et révolté.
Dès l'âge de dix-sept ans, il écrivait des romans, des poèmes et s'enflammait pour la libre pensée antichrétienne des philosophes du siècle des Lumières.
Cœur généreux et inflammable, toujours prêt à secourir les dames qu'il croyait en détresse et persécutées, Shelley épousa à dix-neuf ans une amie de ses sœurs, Harriet Westbrook, et eut d'elle une fille en 1813.
Il entreprit des voyages en Irlande pour inciter le peuple à la rébellion et aux idées révolutionnaires, avec peu de succès. En 1812, il rencontra le philosophe William Godwin, dont il avait lu à Oxford l'ouvrage Enquête sur la justice politique... An Enquiry Concerning Political Justice....
L'homme, en Godwin, était moins généreux que ses idées, proches de celles des philosophes », et déçut vite son jeune admirateur.
Il tomba amoureux de sa fille, Mary, et s'enfuit avec elle sur le continent en 1814.
Elle mit au monde un fils, William. Pendant un temps, il crut possible d'organiser une vie en commun avec Mary et sa femme légitime, Harriet, avec laquelle il ne ressentait plus aucune affinité intellectuelle.
Celle-ci se suicida dans le lac de Hyde Park en décembre 1816, et Shelley épousa peu après Mary Godwin.
Il avait publié en 1813 un poème, La Reine Mab, Queen Mab, hâtif et juvénile, mais renfermant déjà de grandes beautés.
En 1816 paraissait son premier chef-d'œuvre, Alastor or the Spirit of Solitude, poème écrit en vers blancs, tout imprégné d'un ardent amour de la nature qui rappelle Wordsworth, et du pessimisme qui résulte d'une aspiration idéaliste vers un amour impossible.
Une seconde œuvre, beaucoup plus longue, The Revolt of Islam, suivit en 1818, par endroits très belle, ailleurs pleine d'horreurs gratuites, et fort monotone.
Shelley avait également composé en 1816 deux courts chefs-d'œuvre, "Le Mont-Blanc" et "Hymne à la beauté spirituelle ".
Le premier est un poème philosophique, évoquant une extase panthéiste ressentie par le poète en communion avec la nature et avec la puissance mystérieuse qui l'habite et l'anime.
L'influence de Rousseau s'y fait sentir, ainsi que dans l' "hymne", qui célèbre les visitations et les révélations de l'esprit de beauté, grâce suprême dans une existence guettée par le désespoir.
Dans ces années troublées 1814-1816, les autres poèmes, plus courts, sont hantés par la pensée de la mort.

Les grandes Å“uvres de l'exil
Le décès de son grand-père, en 1815, avait mis le poète rebelle en possession d'une certaine fortune qui lui permettait de voyager et de secourir ses nombreux amis en détresse.
Mais ses souffrances morales étaient grandes. La garde des enfants nés de sa première femme lui fut enlevée par la justice.
L'Angleterre le traitait en hors-la-loi, comme elle avait fait pour Byron, avec lequel Shelley s'était lié d'amitié à Genève en 1816.
En mars de cette même année, il quitta l'Angleterre pour n'y plus revenir et se fixa en diverses villes d'Italie, le plus durablement à Pise.
Cette vie errante, la mort du second bébé de Mary creusèrent un fossé entre celle-ci, également écrivain de talent, auteur du fameux roman de terreur Frankenstein et son mari.
Julian and Maddalo, poème-conversation entre Shelley et Byron sur le thème de la folie causée par un chagrin d'amour, traduit, dans un cadre vénitien, le désespoir du poète qui fut peut-être alors proche de la folie.
Sentiment qui se manifeste pareillement dans les célèbres "Strophes écrites dans le désespoir près de Naples en 1818".
À Rome cependant, en 1819, Shelley est consolé par la splendeur des ruines antiques ; il aimait surtout les vestiges des bains de Caracalla, où il passa de longues heures à écrire son grand drame lyrique, Prométhée déchaîné, Prometheus Unbound.
Son pessimisme personnel, dû à la difficulté d'être et à l'impatience du présent, ne l'amena presque jamais à désespérer de l'avenir.
Les courts poèmes – surtout lorsque cet idéaliste platonicien se sentait captif de complications sentimentales – crient le mal dans l'homme, dans le monde et surtout dans la société.
Mais tous les longs poèmes expriment l'espoir d'une régénération future.
Une fois les tyrannies vaincues et le triomphe de la liberté assuré, l'homme pourrait s'éprouver enfin libre sur un sol libre, débarrassé des superstitions religieuses, prendre en main son destin comme le rêvait le Faust goethéen.

Parmi ces œuvres de plus longue haleine, on trouve une tragédie, The Cenci 1819, un drame lyrique injouable, Hellas 1821, sauvé par la fougue de ses chœurs, et quatre poèmes d'environ six cents vers chacun.
La Magicienne de l'Atlas The Witch of Atlas, 1820 est une fantaisie délicate, parfois dépourvue d'intérêt humain, comme Mary Shelley lui en fit le reproche, mais non exempte d'ironie.
Dans Epipsychidion 1821, hymne d'adoration platonique dédié à une Italienne aperçue à Pise et que Shelley croyait retenue contre son gré dans un couvent, l'amour idéal, celui d'un Dante pour sa Béatrice, est traduit en symboles obscurs. La fin reprend le rêve arcadien des poètes romantiques, celui du voyage avec l'amante idéale vers une île méditerranéenne où la civilisation et le mal n'ont jamais pénétré. Adonais, sublime élégie en l'honneur de Keats qui venait de mourir à Rome (1821), est aussi un portrait de Shelley lui-même et un chant de triomphe – celui de la poésie contre la mort.
Le credo poétique de Shelley, au même moment, imprégnait de ferveur son petit livre en prose Défense de la poésie (Defense of Poetry). Enfin, sous l'inspiration de Rousseau, qu'il avait pris pour guide comme Dante avait choisi Virgile, Shelley écrivait le poème en terza rima Le Triomphe de la vie, qui de toutes ses œuvres est la plus proche et la plus digne de Dante.
Ce poème aurait peut-être été son chef-d'œuvre si la mort ne l'avait interrompu au vers 544 sur cet appel angoissé :
" Mais alors, qu'est-ce que la vie ? "

Dans les pièces brèves des années 1819-1822 sont contenus les poèmes de Shelley que les anthologies ont rendus populaires :
" L'Ode au vent d'ouest ", "Le Nuage ", "À une alouette", la touchante "Plante sensitive", les admirables hymnes d'"Apollon" et de "Pan" dignes des Grecs, et divers autres inspirés en 1821 par Jane Williams, la compagne d'un ami des Shelley à Pise, vers laquelle l'attirait, une fois de plus, une passion romanesque.

Mort romanesque
Le mari de Jane, Edward Williams, et un autre Anglais, un ancien marin, Trelawny, partageaient le goût de Shelley pour la voile.
Le poète avait fait construire un petit bateau, l'Ariel, où il aimait à voguer pendant des heures, rêvant, écrivant.
Pendant l'été 1822, Shelley et son ami Williams construisent un petit voilier, l'Ariel, pour traverser le golfe de Livourne. Ils s'embarquent le 8 juillet accompagnés d'un jeune mousse, Charles Vivian.
Shelley et Williams naviguèrent de Lerici à Livourne pour aller à la rencontre de Leigh Hunt qui arrivait d'Angleterre.
Le 8 Juillet, le temps est lourd, la mer agitée. Après deux heures de navigation au large de la Spezia , l'Ariel est submergé par la tempête. Au bout de dix jours, les trois corps seront rejetés sur la grève.
Dans la veste de Shelley, on retrouvera un petit volume d'Eschyle et un recueil de John Keats.
Les corps furent rejetés par la mer, ils seront incinérés sur un bûcher à la manière antique sur la plage de Viareggio en présence de Byron et de Leigh Hunt, l'ami de Keats.
Les cendres de Shelley furent ensuite enterrées dans le cimetière protestant de Rome, avec une inscription tirée de La Tempête de Shakespeare concernant Ariel, et les mots latins : « Cor cordium ».

Peu d'Anglais alors surent qu'ils avaient perdu un de leurs plus grands poètes. Une édition de ses œuvres mit dix-sept ans avant de voir le jour.
Cependant, une jeune génération d'étudiants épris de poésie, Beddoes, puis Tennyson et Browning ; plus tard Swinburne, Francis Thompson, James Thomson, s'enflammèrent d'admiration pour ce génie méconnu.
À la fin du siècle, Shelley était en Angleterre le plus aimé des poètes romantiques.
Des Allemands, des Italiens, quelques symbolistes français louèrent son œuvre.
Yeats le plaça au-dessus de tous ses prédécesseurs, comme l'avait fait un autre Irlandais, Georges Moore.
Cette gloire peut-être excessive fut suivie d'un reflux avec la venue, après la Première Guerre mondiale, d'une génération attirée par la sobriété, parfois la sécheresse prosaïque, l'intellectualité railleuse, l'esprit critique des poètes anglais du XVIIe et du XVIIIe siècle : Donne, Marvell, Dryden, Pope. T. S. Eliot se montra particulièrement dur pour le lyrisme éperdu de Shelley, pour sa politique utopiste et son défi jeté à la tradition chrétienne.
Il revint ensuite à un sentiment plus juste et loua Shelley de son affinité avec Dante.
Ces fluctuations, qui entraînent une lecture plus avertie des auteurs du passé, valent mieux pour un poète, surtout pour un romantique, Lamartine, Hugo, Schiller ont pareillement mêlé bien des scories à leur métal précieux, qu'une acceptation conventionnelle et morte.

La pensée de Shelley
Il n'est nullement nécessaire qu'un grand poète soit aussi un penseur. Mais il est des poètes qui ont été angoissés par des problèmes philosophiques éternels et par le besoin d'alléger les injustices sociales et les maux causés par l'oppression. Dante est au premier rang de ceux-là, et ce que les Modernes jugent mort dans sa théologie ou sa cosmologie, étroit et haineux dans sa politique n'enlève rien à leur admiration pour sa sensibilité et son art.
Au cœur de l'œuvre shelleyenne s'exprime une pensée religieuse et politique ardente, généreuse, naïve aussi et parfois même simpliste.
On a dit que Shelley était un pur poète, et il est en effet souvent désincarné, habitant des nuées : Matthew Arnold, dans une phrase cruelle, l'a comparé à un ange sans efficacité le mot "ineffectual ", typiquement anglo-saxon et victorien, est presque intraduisible, battant en vain des ailes dans le vide.
Mais ce n'est en rien la pureté de Coleridge ou de Keats, l'alchimie lyrique de Nerval ou de Valéry, qui bannit la prose et le moralisme de l'art pour l'art.
Shelley a eu beau déclarer dans la préface de son Prométhée qu'il abhorrait la poésie didactique, une bonne partie de son œuvre est didactique, dans le sens généreux du mot, comme l'est presque tout roman, comme l'est aussi une bonne part de l'œuvre de Hugo, de Swinburne, de Claudel.
Il combat, il affirme et veut répandre ce à quoi il croit avec intensité, comme l'a désiré d'ailleurs le T. S. Eliot des Quatre Quatuors Four Quartets, ou même Valéry.
L'ambition d'un poète et d'un mystique est de communiquer une expérience profonde, de faire ressentir aux lecteurs l'état poétique qu'elle a suscité chez l'auteur, grâce à des images, des symboles et des rythmes.

Shelley éprouvait le besoin de s'expliquer le mal dans le monde.
Si Dieu doit être conçu, ainsi que l'affirment diverses religions, comme responsable de ce mal cosmique qu'il a infligé aux êtres ou permis, mieux vaut nier Dieu.
L'explication de ce mal par le mythe du péché originel paraît enfantine à ce poète qui avait vu souffrir et mourir plusieurs de ses petits enfants innocents et n'en pouvait voir la justification par la transgression d'Adam, pas plus d'ailleurs qu'il ne pouvait consentir aux souffrances des animaux, il était végétarien et a dit dans Alastor n'avoir jamais fait de mal à serpent, oiseau ou insecte.
Dès ses débuts, observant la misère des ouvriers, l'oppression des pauvres, des Irlandais, des paysans anglais par les riches, par les gouvernants, par l'oligarchie des électeurs des bourgs pourris, Shelley se tourna vers Godwin, et au-delà de lui vers la pensée matérialiste de Diderot, de d'Holbach, de Laplace.
Il y avait en fait une source de poésie plus authentique et plus généreuse dans cette pensée que dans le christianisme conventionnel et affadi des années 1780-1820.
Le divin était placé non au commencement, mais à la fin du monde.

Condorcet, avec sa loi du progrès, impressionna Shelley, comme il avait, par le rôle considérable qu'il accordait à la femme libérée, influencé la mère de sa femme, Mary Wollstonecraft.
À la fin du Prométhée déchaîné, rejetant la conclusion du drame perdu de la trilogie eschyléenne, Shelley envisageait le triomphe de ce Prométhée-Christ, stoïque parmi les tortures, consolé par des femmes.
Le quatrième acte de ce drame lyrique associe le firmament entier : lune, étoiles, terre, à l'allégresse qui chante la libération des perpétrateurs du mal.
Dans son drame Les Cenci, ceux-ci, replacés dans l'histoire et sur un plan terrestre, n'osent pas présenter le triomphe de la pure et douloureuse Béatrice sur le criminel incestueux qu'est son père ; la pièce reste en conséquence une tragédie. Les autres longs poèmes de Shelley, "Ode à la liberté ", Hellas, glorifient le retour d'un âge d'or, celui qu'avait semblé prédire Virgile dans la quatrième églogue, lorsque seraient tombées les chaînes des damnés de la terre.
Cet élan vers le progrès, qui vibre tout autant dans bien des poèmes de Hugo, est une source de poésie aussi riche que les ricanements de poètes pessimistes ou que la monotonie de leurs appels à la mort, fussent-ils Leopardi ou Alfred de Vigny.

La foi en l'avenir, l'art
Cette veine prophétique d'un poète qui veut légiférer pour un monde meilleur qu'il aura aidé à naître entraîne d'ailleurs rarement Shelley vers l'éloquence ou la prédication sociale faciles.
Elle se traduit plutôt par le refus des bornes inutilement imposées à l'homme par l'ignorance, l'erreur ou la faiblesse : on pense en le lisant aux cris de Rimbaud : "Changer la vie" ou "Je me révolte contre la mort ".
Son poème "À l'alouette" a été critiqué comme trop prodigue en comparaisons et en litanies.
Mais Shelley y dit son désir de s'identifier à l'oiseau qui s'envole en flèche loin de la terre pour chanter son allégresse : s'il pouvait, lui, atteindre à une joie aussi entière, le monde écouterait son chant avec le même ravissement.

Son ode la plus célèbre, "Au vent d'ouest ", si elle retombe un moment dans la mélancolie, se gonfle à nouveau de foi dans la dernière strophe.
Puisse le vent faire du poète sa lyre, devenir lui, l'envahir en effaçant toute différence entre le moi et le non-moi.
De ce foyer non éteint que sera alors le poète, le vent soufflera de toutes parts ses paroles, comme des cendres et des étincelles, et il sera " la trompette d'une prophétie".

Cette confiance dans l'avenir de l'humanité et dans la lutte de l'artiste et de l'homme contre la destinée n'aveugle pas Shelley.
Il n'est pas resté un adolescent refusant l'expérience du concret et niant la souffrance. Les cris d'angoisse, de retombée de l'empyrée de ses rêves abondent dans ses courts poèmes et sont déchirants.
" Nos plus doux chants sont ceux qui disent les pensées les plus tristes ", disait un vers de l'"Ode à l'alouette".
La conclusion de "La Plante sensitive" dénonce le règne de la mort ici-bas, même si la beauté et l'amour échappent à la loi du changement. Le huitain "A Dirge " "Chant funèbre" capte un immense sanglot de la terre et des vents, qui se lamente sur le mal dans le monde.
L'avant-dernière année de sa vie, alors qu'il était le plus proche d'une vue platonicienne de l'univers et entrevoyait les idées derrière les apparences imparfaites, Shelley confessait, dans les notes à Hellas, l'incapacité de tout penseur à trancher le nœud gordien de l'origine du mal.
Une grave sagesse et quelque résignation donnent leur poids aux poèmes de 1819-1822. En même temps, le poète ne veut pas renoncer à explorer l'invisible ou, du moins, à rendre visible l'invisible.
Le pressentiment de la fin et la pensée de la mort le hantent.
Adonais, l'un des plus nobles poèmes jamais consacrés à la mort, ne réussit pas à trouver de consolation dans la pensée que "l'un subsiste tandis que le multiple change et passe ".
"La vie, tel un dôme de verre aux mille couleurs, souille le blanc éclat de l'éternité », écrit Shelley, et il ajoute "puis la mort la foule aux pieds et la brise ".
Il est rare que ce poète d'utopie et de rêve se soit égaré dans les nuées, tel l'Ixion dont il se rit.
Il avait, comme le montrent ses lettres et des poèmes familiers "Lettre à Mrs. Maria Gisborne" , un sens vif du concret et même de l'humour.


Plus que tout autre poète anglais, Keats excepté, il possédait une imagination capable de faire resurgir l'enfance et de créer des mythes, comme tous les poètes, surtout les Grecs.
Shelley lisait en effet Homère, Eschyle et Platon dans le texte avec aisance et les sentait fortement et justement. Il a traduit Calderón et Goethe, et pénétrait sans effort dans les secrets de Dante.
Cette imagination, trop riche, s'égarait parfois dans le vague et l'indécis.
La rapidité de vision du poète s'accompagnait d'une rapidité d'exécution qui, comme chez Lamartine, laissait passer bien des négligences.
La structure des poèmes est parfois lâche.
Le danger de la sentimentalité le guette. Mais il est loin d'être un poète simplement décoratif ou qui substitue l'éloquence à la poésie. Pourtant, l'artiste est rarement défaillant. Il atteint fréquemment à une netteté de vision et à une simplicité de forme que plus d'un critique anglais déclare "classiques".
"Nul parmi les Modernes, écrivit Edmund Gosse lors de la célébration du centenaire de Shelley en 1892, n'est allé plus loin que lui dans l'exacte attention apportée à la forme poétique , notamment dans ses chœurs ; et Wordsworth, qui ne goûtait guère le libéralisme politique de son cadet, déclarait en 1827 : Shelley est l'un des meilleurs artistes parmi nous tous, pour ce qui est de la facture du style."

Le destin du poète est d'être bafoué, mais la résurrection artistique, qui donne accès à l'immortalité, est une revanche sur la vie qui comme un dôme de vitraux multicolores tache la pure radiance de l'éternité .
Croire à la fécondité de l'abandon aux forces est un acte de foi.
Apôtre de la non-violence militante et de la rupture avec l'hypnose sociale, Shelley meurt au cours d'une tempête longtemps courtisée, au large de Lerici.
Son corps sera, sur le sable, livré au feu en présence de Byron.


Å’uvres

1808 : Zastrozzi
1810 : Saint Irvyne or the Rosicrucian
1810 : Wandering Jew, en collaboration avec Thomas Medwin, poésie
1810 : Original Poetry by Victor and Cazire
1811 : De la Nécessité de l'athéisme, pamphlet
1812 : Declaration of Rights, écrit
1812 : The Devil’s Walk, écrit
1813 : Queen Mab, poème
1814 : Refutation of Deism, écrit
1816 : Alastor, or The Spirit of Solitude, poème
1816 : Vers écrits dans la vallée de Chamonix parfois intitulé Mont-Blanc
1817 : History of a Six Weeks’ Tour
1818 : Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, préface
1818 : The Revolt of Islam, poème
1819 : Les Cenci, poème
1820 : Prometheus Unbound, poème
1820 : Ode au vent d'ouest, poème
1821 : Epipsychidion, poème
Ozymandias, poème
To a Skylark, poème
The Masque of Anarchy, poème



Poèmes traduits


Percy Bysshe Shelley (1792-1822), est un écrivain et poète romantique anglais.


Ce poème a été écrit en 1819, près de Florence, en Italie, un jour de tempête :


Ode au vent d'Ouest (début du poème)


Sauvage Vent d'Ouest, haleine de l'Automne,
Toi, de la présence invisible duquel les feuilles mortes
S'enfuient comme des spectres chassés par un enchanteur,

Jaunes, noires, blêmes et d'un rouge de fièvre,
Multitude frappée de pestilence : 0 toi,
Qui emportes à leur sombre couche d'hiver

Les semences ailées qui gisent refroidies,
Chacune pareille à un cadavre dans sa tombe, jusqu'à ce que
Ta sœur d'azur, déesse du Printemps fasse retentir

Sa trompe sur la terre qui rêve, et emplisse
(Chassant aux prés de l'air les bourgeons, son troupeau),
De teintes et de senteur vivantes la plaine et les monts :

Sauvage Esprit, dont l'élan emplit l'espace;
Destructeur et sauveur, oh, écoute moi !


Toi, dont le courant dans les hauteurs du ciel bouleversé
Entraîne les nuages dispersés comme les feuilles mourantes de la terre,
Détachés des rameaux emmêlés des Cieux et de l'Océan,

Apportant sur leurs ailes la pluie et les éclairs;
On voit s'épandre à la surface bleue de ta houle aérienne,
Telle, emportée par le vent, la chevelure dorée

De quelque Ménade déchaînée, du bord obscur
De l'horizon jusqu'à la hauteur du zénith,
Les boucles échevelées de l'orage approche.
Toi, chant funèbre

De l'an qui meurt, pour qui cette nuit qui tombe
Sera le dôme d'un immense sépulcre,
Au-dessus duquel la cohorte de toutes tes puissances assemblées

Étendra une voûte de nuées, dont l'épaisse atmosphère
Fera jaillir la noire pluie, le feu, la grêle: oh, écoute-moi !



Toi qui as éveillé de ses rêves d'été
La bleue Méditerranée en sa couche,
Bercée par les remous de ses ondes de cristal

Près d'une île de ponce, au golfe de Baïes,
Voyant dans son sommeil palais et tours antiques
Trembler au sein du jour plus lumineux des vagues,

Tout tapissés de mousses glauques et de fleurs
Si suaves, que nous défaillons y songeant ;
Toi, devant qui les flots unis du puissant Atlantique

Se creusent en abîmes, alors qu'aux profondeurs
Les fleurs de mer et les rameaux limoneux qui portent
Le feuillage sans sève de l'océan, reconnaissent

Ta voix soudain, et blêmissent de frayeur,
Et tremblent et se dépouillent: oh, écoute-moi !

Shelley (1819)


Ode to the Westwind(début du poème)



O wild West Wind, thou breath of Autumn’s being,
Thou, from whose unseen presence the leaves dead
Are driven, like ghosts from an enchanter fleeing,

Yellow, and black, and pale, and hectic red,
Pestilence-stricken multitudes: O thou,
Who chariotest to their dark wintry bed

The winged seeds, where they lie cold and low,
Each like a corpse within its grave, until
Thine azure sister of the Spring shall blow

Her clarion o’er the dreaming earth, and fill
(Driving sweet buds like flocks to feed in air),
With living hues and odours plain and hill :

Wild Spirit, which art moving everywhere ;
Destroyer and preserver; hear, oh, hear!


Thou on whose stream, mid the steep sky’s commotion,
Loose clouds like earth’s decaying leaves are shed,
Shook from the tangled boughs of Heaven and Ocean,

Angels of rain and lightning: there are spread
On the blue surface of thine aëry surge,
Like the bright hair uplifted from the head

Of some fierce Maenad, even from the dim verge
Of the horizon to the zenith’s height,
The locks of the approaching storm. Thou dirge

Of the dying year, to which this closing night
Will be the dome of a vast sepulchre,
Vaulted with all thy congregated might

Of vapours, from whose solid atmosphere
Black rain, and fire, and hail will burst: oh, hear !


Thou who didst waken from his summer dreams
The blue Mediterranean, where he lay,
Lulled by the coil of his crystàlline streams,

Beside a pumice isle in Baiae’s bay,
And saw in sleep old palaces and towers
Quivering within the wave’s intenser day,

All overgrown with azure moss and flowers
So sweet, the sense faints picturing them! Thou
For whose path the Atlantic’s level powers

Cleave themselves into chasms, while far below
The sea-blooms and the oozy woods which wear
The sapless foliage of the ocean, know

Thy voice, and suddenly grow gray with fear,
And tremble and despoil themselves: oh, hear !


Percy Bysshe Shelley, 1919 ("The complete poetical works of Percy Bysshe Shelley", Cambridge: Riverside Press, 1901)


Le nuage

J'apporte de fraîches averses pour les fleurs assoiffées,
Venues des mers et des fleuves;
Je répands une ombre légère sur les feuilles qui reposent
Dans leurs rêves de midi.
De mes ailes, je secoue la rosée qui éveille
Tous les charmants bourgeons,
Bercés et assoupis sur le sein de leur mère,
Quant elle danse devant le soleil.
Je brandis le fléau de la grêle,
Fouettant et blanchissant les vertes plaines plus bas,
Puis, à nouveau, je la dissous en pluie,
Et je ris quand je passe, apportant le tonnerre.

Je tamise la neige sur les monts au dessous,
Et leurs pins géants gémissent de terreur ;
Et toute la nuit, c'est là mon blanc oreiller,
Tandis que je dors, dans les bras de la tempête.
Souverain, sur les tours de mes demeures aériennes
Se tient l'éclair, mon pilote ;
Dans un antre inférieur est enchaîné le tonnerre;
Il se débat et rugit par accès ;
Au-dessus de la terre et de l'océan, d'un mouvement doux
Ce pilote me guide,
Attiré par l'amour des génies qui hantent
Les profondeurs de la mer empourprée;
Par dessus les ruisseaux, les rochers, les collines,
Par dessus lacs et plaines,
Partout où il rêve que, sous monts ou rivières,
L'esprit qu'il aime demeure;
Et moi tout ce temps, je me baigne dans le sourire bleu du firmament,
Tandis qu'il se fond en pluie.

Le soleil levant écarlate, aux yeux de météore,
Aux plumes de flammes largements ouvertes,
Bondit sur mes vapeurs flottantes,
A l'heure où s'amortit l'éclat de l'étoile du matin;
Comme à la pointe d'un roc escarpé
Qu'un tremblement de terre ébranle et fait osciller,
Un aigle perché se repose un moment
Dans la lumière de ses ailes d'or.
Et quand le soleil couchant exhale, de la mer qu'il illumine
Ses feux où s'endort l'amour,
Et que le linceul rutilant du soir
Tombe des hauteurs du ciel,
Les ailes repliées, je repose sur mon nid aérien,
Aussi tranquille qu'une tourterelle qui couve.

Cette sphère vierge, rayonnante de flammes blanches,
Que les mortels appellent Lune
Glisse et luit sur ma toison
Éparpillée par les brises de minuit ;
Et toutes les fois que ses invisibles pas
Entendus par les anges seulement,
Rompent la trame de ma mince tente,
Les étoiles regardent derrière elle à la dérobée ;
Et je ris de les voir se mouvoir en cercle et fuir,
Comme un essaim d'abeilles dorées,
Quand j'élargis l'ouverture de ma tente, dressée par le vent ;
Jusqu'à ce que les calmes rivières, les lacs et les mers,
Comme des rubans de ciel tombés de là-haut à travers moi,
Tous, miroitent sous la lune et sous les astres.

J'entoure le trône du Soleil d'une ceinture brûlante,
Et celui de la Lune d'une cordelière de perles ;
Les volcans sont obscurs, les étoiles chancellent et tournoient
Quand les tourbillons déploient ma bannière.
D'un cap à l'autre, semblable à un pont,
Par dessus une mer torrentueuse,
Insensible aux rayons du soleil, je suspends ma voûte,
Dont les montagnes sont les colonnes.
L'arche triomphale à travers laquelle je m'avance
Avec la tempête, l'ouragan, le feu et la neige,
Quand les Puissances de l'air sont enchaînées à mon trône,
Est l'arc-en-ciel aux millions de couleurs;
Cette sphère de feu là-haut tissa ses changeantes teintes,
Tandis que la Terre humide riait au-dessous.

Je suis l'enfant de la Terre et de l'eau,
Et le nourrisson du Ciel ;
Je passe à travers les mailles de l'océan et du rivage ;
Je change, mais ne puis mourir.
Car, après la pluie, quand sans la moindre tache,
Le pavillon du ciel est dégagé,
Et que le vent, avec les rayons du soleil, de leurs reflets convexes,
Bâtissent le dôme bleu de l'air,
Je ris en silence de mon propre cénotaphe ;
Et, des cavernes de la pluie,
Comme un enfant du sein maternel, comme un fantôme de la tombe,
Je me lève, et le détruis à nouveau.

Percy Bysshe Shelley (traduction du titre du recueil : "Pour une alouette", 1820)



The Cloud

I bring fresh showers for the thirsting flowers,
From the seas and the streams ;
I bear light shade for the leaves when laid
In their noonday dreams.
From my wings are shaken the dews that waken
The sweet buds every one,
When rocked to rest on their mother’s breast,
As she dances about the sun.
I wield the flail of the lashing hail,
And whiten the green plains under,
And then again I dissolve it in rain,
And laugh as I pass in thunder.

I sift the snow on the mountains below,
And their great pines groan aghast;
And all the night ’tis my pillow white,
While I sleep in the arms of the blast.
Sublime on the towers of my skiey bowers,
Lightning my pilot sits,
In a cavern under is fretted the thunder,
It struggles and howls at fits;
Over earth and ocean, with gentle motion,
This pilot is guiding me,
Lured by the love of the genii that move
In the depths of the purple sea;
Over the rills, and the crags, and the hills,
Over the lakes and the plains,
Wherever he dream, under mountain or stream
The Spirit he loves remains;
And I all the while bask in heaven’s blue smile,
Whilst he is dissolving in rains.

The sanguine sunrise, with his meteor eyes,
And his burning plumes outspread,
Leaps on the back of my sailing rack,
When the morning star shines dead,
As on the jag of a mountain crag,
Which an earthquake rocks and swings,
An eagle alit one moment may sit
In the light of its golden wings.
And when sunset may breathe from the lit sea beneath,
Its ardours of rest and of love,
And the crimson pall of eve may fall
From the depth of heaven above,
With wings folded I rest, on mine airy nest,
As still as a brooding dove.

That orbèd maiden with white fire laden,
Whom mortals call the moon,
Glides glimmering o’er my fleece-like floor,
By the midnight breezes strewn;
And wherever the beat of her unseen feet,
Which only the angels hear,
May have broken the woof of my tent’s thin roof,
The stars peep behind her and peer ;
And I laugh to see them whirl and flee,
Like a swarm of golden bees,
When I widen the rent in my wind-built tent,
Till the calm rivers, lakes, and seas,
Like strips of the sky fallen through me on high,
Are each paved with the moon and these.

I bind the sun’s throne with a burning zone,
And the moon’s with a girdle of pearl ;
The volcanoes are dim, and the stars reel and swim,
When the whirlwinds my banner unfurl.
From cape to cape, with a bridge-like shape,
Over a torrent sea,
Sunbeam-proof, I hang like a roof,
The mountains its columns be.
The triumphal arch through which I march
With hurricane, fire, and snow,
When the powers of the air are chained to my chair,
Is the million-coloured bow ;
The sphere-fire above its soft colours wove,
While the moist earth was laughing below.

I am the daughter of earth and water,
And the nursling of the sky ;
I pass through the pores of the ocean and shores ;
I change, but I cannot die.
For after the rain when with never a stain,
The pavilion of heaven is bare,
And the winds and sunbeams with their convex gleams,
Build up the blue dome of air,
I silently laugh at my own cenotaph,
And out of the caverns of rain,
Like a child from the womb, like a ghost from the tomb,
I arise and unbuild it again.

Percy Bysshe Shelley ("To a Skylark",1820)
Paysages d'Europe

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http://youtu.be/-eIOD0-fEko Ozymandias chanté
http://youtu.be/rkzAml0Een8 Ozymandias
http://youtu.be/HNlNC5qg9Cs





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Maurice de Guerin
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Le 4 aout 1810 naît Georges Maurice de Guérin, à Andillac au château du Cayla.


Poète et écrivain français, issu de vieille famille languedocienne, il passa près de Gaillac, au château du Cayla, une enfance retirée dans une famille désargentée,
triste mais aimante, dont il restera toujours un peu prisonnier.
On sait très peu de choses sur la courte vie de Maurice de Guérin.
Un lien particulièrement fort l'unit à sa sœur Eugénie, substitut de la mère très tôt disparue. L'enfant timide, inquiet, imaginatif, épanouit sa sensibilité dans le culte païen de la nature, mais, parallèlement, se voit encouragé dans son penchant vers la vie religieuse.
La timidité, la passivité, l'irrésolution de son caractère subissent l'heureuse influence de la forte personnalité de sa sœur Eugénie, dont la tendresse et l'autorité remplacent celles d'une mère disparue très tôt et lui seront précieuses sa vie durant.
Des études brillantes et très remarquées au petit séminaire de Toulouse, puis à Paris au collège Stanislas où il rencontre Barbey D'Aurevilly correspond à une poussée d'indépendance qui lui ouvre les portes de la petite congrégation de Lamennais en Bretagne, à la Chênaie.
Avant qu'il ne rompe définitivement avec les autorités ecclésiastiques, Guérin y passera un court séjour consacré à l'étude et à la méditation spirituelle.
Il se laisse séduire un moment par le rêve américain ou par la douceur d'aimer.
Et déchiré, doutant de sa foi, il se retire neuf mois de l'hiver 1832 à septembre 1833 à la Chesnaie, parmi les disciples de Lamennais : là, il renonce à la vie religieuse, mais s'enrichit dans cette nouvelle alliance avec la nature.
La parenthèse bretonne, prolongée par un séjour de trois mois, aura du moins renouvelé sous d'autres cieux et précisé une expérience de fusion avec la nature dont le caractère mystique se révèle de plus en plus difficile à concilier avec l'orthodoxie des dogmes chrétiens.

Il est contemporain de Lamartine, de Victor Hugo, et de Jules Barbey d'Aurevilly, dont il fut l'ami, Maurice de Guérin est l'auteur du Centaure, de la Bacchante et de nombreux poèmes qui se situent dans l'histoire littéraire à la charnière du romantisme religieux de Chateaubriand et de la "modernité poétique" de Baudelaire et Mallarmé.
Son journal, Le Cahier Vert traduit notamment ses interrogations sur sa destinée d'homme et d'écrivain.
Le Centaure révèle de lui sa jeunesse inquiète et ardente, sans refuge contre une errance perpétuelle de l'esprit, sans abri contre "le souffle de la nuit".

De retour à Paris, il vit péniblement de cours et de journalisme, perd son amie Marie de La Morvonnais en 1835, mais découvre dans la solitude un espace intérieur qui lui paraît s'harmoniser avec la vie universelle et qu'il exprimera dans ses poèmes en prose.
Cependant, c'est aussi l'époque des retrouvailles avec Barbey, de la vie mondaine et brillante.
Rompant avec ses habitudes et ses goûts ordinaires, Maurice de Guérin mène à Paris cinq années de vie brillante mondaine.
La tuberculose dont il était atteint interrompit, dans la foi retrouvée, cette courte vie faite de fièvres, d'incertitudes, de combats intimes, quelques mois seulement après son mariage avec une jeune Indienne de Batavia, Caroline de Gervain.
Mais atteint de ce mal incurable, il revient au Cayla peu de temps après son mariage avec la jeune Caroline de Gervain, retrouvant, aux approches de la mort, la ferveur passée de ses sentiments religieux.

C'est là qu'il décède le 19 juillet 1839.


Hommages posthumes

L'hommage posthume qui lui fut rendu par des auteurs tels que George Sand et Sainte-Beuve atteste la qualité d'une œuvre méconnue, mais qui n'en fut pas moins célébrée pour son romantisme exalté.
Un de ses poèmes est cité par François Mauriac en exergue de son roman Le Mystère Frontenac.
L'abbé Arthur Mugnier confie à son journal son admiration pour ce poète.


Ses origines :

La famille Guerin en Albigeois est originaire d'Auvergne.
Noble Pierre de Guerin, seigneur de Senthies et de Rhinodes, s'établit en Albigeois vers 1540. Il fit son testament en faveur de Jean, son fils, le 29 mars 1578 et mourut dans son château de Laval la même année. Il avait épousé le 4 mars 1553 Isabeau de Lisle, fille de Raimond de Lisle, seigneur de la Valette, dont il eut entre autres :
Jean de Guerin, seigneur de Senties, capitaine d'une compagnie de gens à pied qu'il commanda avec succès contre les ennemis du roi, défendit aussi le bourg de Loubers suivant une attestation des jurats de cette ville du 10 avril 1590. Il commanda à Andillac qui étaient ordonnées dès le 25 août 1588, fit son testament le 31 octobre 1603 et mourut dans son château du Cayla. Il avait épousé par contrat le 17 avril 1583 Jeanne de la Peyre, fille d'Antoine de la Peyre, gouverneur du Puy Cely, dont il eut :
Georges de Guerin, seigneur de Senties et de Cayla. Il fit son testament le 11 novembre 1642, après avoir été marié par son père le 25 août 1613 à Fleurette de Verdun. Il eut au moins trois enfants :
Guillaume de Guerin, seigneur de Cayla et de Senties, maintenu dans la noblesse, avec ses frères, par M. de Bezons, intendant du Languedoc, le 26 novembre 1668.
Jean de Guerin
George de Guerin
Maurice de Guérin est descendant de cette famille.

Å’uvres

Son œuvre est entièrement posthume.
Son Journal " le cahier vert" couvre les années 1832 à 1835 .
Guérin raconte dans ces pages une longue crise religieuse qui aboutit au progressif triomphe du scepticisme ; il évoque ses pénibles alternances de pessimisme et d'optimisme et il valorise sa propre souffrance ; le texte peut aussi se lire comme une série d'essais qui préparent l'œuvre poétique future avec des rêveries sur les nuages ou l'évocation de la violence des éléments.
Il écrivit aussi une Méditation sur la mort de Marie, une Correspondance assidue et passionnée avec sa sœur Eugénie, des Poésies et surtout deux poèmes en prose, le Centaure et la Bacchante, qui témoignent le mieux de sa tentative : atteindre, à travers des images denses et un style convulsif, "quelque expression unique que rien ne saurait suppléer ou modifier ".
Son œuvre publiée après sa mort se compose d'un Journal, , d'une Correspondance, témoignages de son itinéraire intérieur et des moments privilégiés où il s'abandonne à son sentiment de la nature, et de poèmes, où il donne à l'alexandrin une allure originale de prose qui lui semble plus apte à traduire l'exactitude de ses impressions et à en donner l'équivalent poétique.
La plus célèbre de ses pièces reste un poème en prose, Le Centaure, admirable chant de fusion panthéiste avec les forces primitives de la Terre.


Le Centaure en1840
La Bacchante, poème en prose en1861
Glaucus en 1840
Reliquiae, publié par Guillaume-Stanislas Trébutien, avec une étude biographique et littéraire par M. Sainte-Beuve 2 volumes, 1861
Journal, lettres et poèmes publiés avec l'assentiment de sa famille par G.-S. Trébutien et précédés d'une notice biographique et littéraire par M. Sainte-Beuve. 1862
Le Crucifix. 1866
Lettres à J. Barbey-d'Aurévilly précédées d'une notice par Jules Barbey d'Aurevilly. 1908
Maurice de Guérin, Collection des plus belles pages, Mercure de France avec un portrait et une notice de Remy de Gourmont en 1909
Œuvres choisies de Maurice et Eugénie de Guérin, avec une introduction biographique et critique, des notes bibliographiques, par Ernest Gaubert. 1910
Le Cahier vert, journal intimesqwgt, édition revue sur les manuscrits de G.-S. Trébutien et publiée avec des notes et des éclaircissements par Adolphe Van Bever. 1929
Lettres d'adolescence, introduction de Gilbert Chinard. 1929
Méditation sur la mort de Marie en 1945
Œuvres complètes, texte établi et présenté par Bernard d'Harcourt en 1947

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« Sur l'air des lampions »


En scandant quelques syllabes détachées sur une seule note ou un rythme très simple


Tous ceux qui ont connu le remue-ménage de mai 68 se souviennent du "C.R.S. S.S." scandé par les étudiants massés face aux représentants des Compagnies Républicaines de Sécurité[1].
Eh bien c'était sur l'air des lampions que ce slogan était clamé, tout comme c'est sur l'air des lampions que vous scandez "une autre" ou un "remboursez" à la fin d'un concert, selon qu'il a été plaisant ou nul, ou "on a gagné" à la fin d'un match de foot (non perdu, de préférence).
Mais d'où vient donc cette appellation pour un 'air' pourtant peu mélodieux ?

Tout d'abord, rappelons que le 'lampion', venu de l'italien 'lampione' (grosse lanterne), a d'abord surtout désigné une lanterne de bateau.
Ensuite, à la fin du XVIIe siècle, son usage s'est restreint à l'appellation d'un godet à huile dans lequel une mèche trempait, permettant ainsi de faire un lumignon avec lequel, entre autres utilisations, on pouvait illuminer les bordures de fenêtres.
C'est au milieu au XVIIIe que le mot désigne également des lanternes vénitiennes, comme celles en papier plissé que les enfants maintiennent accrochées au bout d'un bâton lors de défilés festifs nocturnes.

Le premier air des lampions résonna en 1848 : alors que Louis-Philippe venait d'être chassé par une insurrection à la suite de laquelle la République fut proclamée. Les républicains montrèrent leur joie en illuminant leurs fenêtres ; mais, comme il y avait finalement peu de ces éclairages spontanés, les bourgeois étant dérangés par les émeutes, les gens dans les rues se mirent à scander "des lampions ! des lampions !" qui firent augmenter le nombre de fenêtres éclairées.
Victor Hugo écrivit d'ailleurs à ce propos : « En un clin d'oeil, la ville fut illuminée comme pour une fête. »

C'est de cet appel répétitif, d'une seule note et de trois syllables que nous vient notre expression.
Et si, à l'origine, et pendant un moment, l'air des lampions était bien limité à trois syllabes et une seule note, il a fini par désigner tous les slogans scandés par de nombreuses personnes en séparant les syllabes et sur très peu de notes (comme le "on a gagné !", par exemple).

[1] Une plaisanterie faisait répondre à ces fonctionnaires de police, 'forcément' niais, un "Étudiants, diants diants", sur le même ton.


Posté le : 03/08/2013 15:58
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Re: Les expressions
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Hors Ligne
« Faire le mariole »


Faire l'intéressant, le vantard
Se faire remarquer


Mariole est né en France au XVIe siècle.
D'abord marriol, on le trouve aussi sous les formes mariol et mariolle. Son origine n'est pas certaine et on en trouve principalement deux versions.

La première viendrait de l'italien marivolo ou mariolo qui désignait, au sens propre, un escroc et, au sens figuré, quelqu'un de rusé. Et c'est d'ailleurs avec le sens de « filou » qu'il apparaît d'abord en français.
On suppose que le mot est dérivé de Maria, la vierge Marie, en lien avec les gens qui feignent la dévotion et qui cherchent donc à tromper leur monde.

Une autre hypothèse, selon le DHLF (), vient de l'ancien français du XIIIe siècle mariole (petite image de la vierge Marie, qu'on retrouve ici) qui servait à désigner une personne versatile et dont certains dérivés comme mariolet s'utilisaient pour qualifier un « jeune freluquet ».

Tout cela est bel et bon, me direz-vous, mais quel est le lien avec celui qui fait le vantard ?
Eh bien si on admet que Marie est bien à l'origine de mariole, quand on sait que marionnette est issu de Marion, lui-même dérivé de Marie, et que dans les spectacles de marionnettes, les personnages ont généralement un comportement excessif, propre à les faire remarquer, on établit ce qui est le lien probable.

Si le sens de « filou » est bien attesté au XVIe siècle, ce n'est qu'au XIXe que le mot désigne quelqu'un de rusé, de malin, et que « faire le mariole » désigne celui qui se vante en se faisant passer pour malin.


Posté le : 02/08/2013 13:05
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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