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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Eh ben oui, Bacchus, où qu'il est le mien ? Et bien, j'avais totalement oublié de le partager. Merci, le voici :

En ratant le dernier train …

Nous sommes le 30 août. L’automne qui se profile à l’horizon déverse des trombes d’eau sur la ville de Nantes. Lucie se trouve dans le taxi qui l’amène vers la gare. Les vacances sont finies et elle repart vers Paris. Mais un bouchon soudain empêche la progression de la Mercedes noire.
« Que se passe-t-il ? s’enquiert Lucie auprès du chauffeur africain, aussi sombre que son véhicule.
- Je pense qu’il y a un accident devant. Je vais voir. »
L’homme sort sur l’averse et s’avance de quelques mètres avant de revenir prestement dans la voiture. En s’essuyant le visage, il annonce.
« Une jeune fille a été renversée . Elle est au milieu de la route et on ne sait pas passer. »
A ce moment, une ambulance, tente de se frayer un chemin. Lucie espère qu’ils ne vont pas traîner à embarquer la blessée et lui permettre d’attraper son train. La manœuvre dure plus de vingt minutes. La police finit par libérer la file interminable de voitures.
Un billet laissé dans la main du chauffeur et Lucie, valise à la main, court vers la gare. Elle manque d’embrasser un réverbère car ses lunettes, non pourvues d’essuie-glaces, ne lui apportent qu’une vision trouble. Elle pénètre enfin dans le grand hall dont l’horloge majestueuse accueille les voyageurs. Celle-ci affiche 22 h 46. Dégoulinante, Lucie laisse des traces humides sur son passage. Elle prend la direction des quais au pas de course. Son train est prévu à 22 h 45. La SNCF n’étant pas réputée pour sa ponctualité, Lucie garde espoir. Un coup d’œil rapide vers le panneau d’annonce qui lui indique le quai 8. La jeune fille se met à sprinter à perdre haleine dans la direction indiquée par les flèches arborant un 8. La locomotive grise s’ébranle devant ses yeux larmoyants. Ses signes désespérés envers les voyageurs confortablement installés n’ont aucun effet, à part la rendre ridicule à leurs yeux. Haletante, elle reste pantelante dans ses habits trempés, formant une flaque dans laquelle baignent ses mocassins roses.
Elle repart vers les guichets. Un seul est encore ouvert. Lucie expose son problème au petit homme moustachu aux grands cernes. Il doit sûrement être abonné aux horaires tardifs. Il lui annonce inexorablement qu’il n’y a plus de train vers Paris avant demain matin. Il lui échange le billet, moyennant un complément financier. Lucie se rend dans les toilettes « Dames ». Pour trente cents, elle peut profiter du sèche-mains électrique afin de se réchauffer, après avoir enfilé des vêtements secs.
La voilà dans de beaux draps ! Si cette jeune fille n’avait pas décidé de se jeter sous les roues d’une voiture, elle n’en serait pas là.
Dehors, la pluie a cessé. Peut-être trouvera-t-elle une chambre pas trop chère dans un hôtel pas loin. Il lui reste vingt euros en poche. Lucie sort de la gare et s’engage dans une petite rue. Plus loin, des vitrines commencent à s’enfiler. Certaines avec des néons roses, ou encore mauves. Une jeune femme à la tenue légère et aguichante sort d’un établissement à l’enseigne « Mon petit lapin ». Ses talons aiguille lui donnent plutôt un aspect de girafe. Elle se frotte les bras pour calmer la chair de poule qui la gagne. Lucie l’interpelle :
« Excusez-moi, Madame. Je cherche un hôtel pas cher.
- Y’a assez de concurrence ici. Va dans un autre quartier, Poulette !
- Vous vous méprenez sur mes intentions. J’ai raté le dernier train et je souhaite me reposer. »
La prostituée allume nonchalamment une cigarette. Lucie remarque une blessure béante sur son avant-bras droit.
« Que vous est-il arrivé ? questionne Lucie en désignant la plaie.
- Oh. Un client bourré a cassé son verre et tout s’est répandu dans le lit. Je n’ai pas vu un morceau et voilà. Pas encore eu le temps de m’en occuper.
- J’ai des pansements et du désinfectant dans mes bagages. Je suis moi-même très maladroite. »
Lucie ouvre sa valise et sort son inséparable trousse de secours. Elle applique de l’alcool avec une gaze avant d’appliquer un grand pansement couleur chair sur la plaie.
« Merci jolie demoiselle. Essaie l’hôtel « Cliton », première à gauche.
- Merci du tuyau. Tenez, gardez la trousse. Elle vous sera utile. J’en ai d’autres chez moi. Au revoir. »
Lucie suit la direction indiquée. L’enseigne « HOTEL » clignote de manière irrégulière. À la réception, un homme dégarni l’accueille froidement sous un éclairage jaunâtre.
« Bonsoir. Combien pour la nuit ?
- Avec ou sans petit déjeuner ?
- Avec, c’est combien ?
- 35 euros.
- Et sans ?
- 25 euros.
- Ecoutez. Il ne me reste que 20 euros.
- C’est 25.
- Mais il est déjà tard. Vous pourriez me faire un prix.
- Ce n’est pas la braderie de Lille ici ! »
Et il part dans un fou rire compulsif. Lucie, vexée, reprend la direction de la sortie. Elle se sent perdue. Et la pluie qui recommence à tomber ! Elle retourne dans la gare quasi déserte. L’horloge affiche 23 h 50. Une voix suave annonce : « Chers voyageurs, la gare fermera ses portes dans dix minutes. Veuillez vous diriger vers les sorties. »
A l’extérieur, ce sont maintenant des trombes d’eau qui s’abattent sur les coupoles vitrées qui ornent le toit de l’édifice centenaire. Lucie panique un instant. Elle se demande s’il est possible de dormir dans une des toilettes automatisées qui se trouvent dans les rues. Il lui faudra introduire une pièce chaque heure pour éviter de se retrouver dans le noir ou douchée par le nettoyage automatique.
Elle aperçoit un photomaton et une idée lui traverse l’esprit. Un rapide coup d’œil aux alentours pour vérifier que personne ne la voie. Elle s’engouffre dans le petit espace, ferme le rideau à moitié et grimpe, avec sa valise, sur la banquette. Elle est tremblante. La peur de se faire repérer lui noue les boyaux. Les éclairages s’éteignent, quelques bruits indéfinissables résonnent avant que le silence de la nuit s’installe. La jeune fille, rassérénée, sort de sa cachette. Il fait très sombre. Lucie erre un peu lorsqu’une scène surréaliste s’offre à elle. Au bout d’un quai, une ombre semble lentement s’extirper du sous-sol. D’abord effrayée, puis intriguée, Lucie s’approche de la silhouette à la démarche de zombie. Elle parvient à distinguer le visage sale d’une dame à l’âge indéfinissable. Ses cheveux, hirsutes, lui pendent jusqu’aux yeux. Lucie lui adresse un timide bonsoir.
« Bonsoir ma jolie. T’es nouvelle ici. Où t’étais-tu cachée pour éviter les matons ?
- Dans le photomaton … qu’on pourrait qualifier d’anti-maton !
- Bonne idée. C’est du temporaire ou à long terme ?
- Quoi ?
- Ton séjour ici.
- Temporaire. J’ai raté mon train et ne je n’ai pas trouvé d’hôtel dans mon budget.
- C’est notre lot quotidien : l’hôtel hors budget ! »
La dame se met à frissonner violemment.
« Ils n’avaient pas encore de pulls à la Croix Rouge. Je suis gelée. »
Lucie ouvre sa valise et en sort un gros chandail qu’elle tend à la clocharde décharnée. Un quart de seconde d’hésitation et la pauvre femme s’empare du vêtement tendu pour l’enfiler prestement. Elle hésite en jetant un regard sur le bagage béant.
« N’aurais-tu pas un pantalon pour moi ? Le mien est troué de partout. »
Lucie fouille et lui donne son pantalon de jogging. Pendant la séance de déshabillage, la généreuse donatrice interroge sa protégée.
« Que vous est-il arrivé ? Pourquoi vivez-vous dans la gare ?
- Oh ! C’est une très longue histoire. Viens. Allons nous installer sur un banc. »
En passant devant un automate qui propose des sandwichs, Lucie s’immobilise. Elle a l’estomac dans les talons et la vue de cette nourriture fait monter des grondements intérieurs ignorés jusqu’alors. Elle attrape son dernier billet de vingt euros. Il ne lui a pas permis de trouver une couche, au moins servira-t-il à lui remplir la panse. Elle introduit l’argent dans la fente prévue pour les billets mais celui-ci, très abîmé par le voyage en boule au fond de la poche du jean de Lucie, lui est rendu. La jeune fille effectue plusieurs tentatives, sans succès !
Elle retourne près de la vieille dame qui a pris place sur les sièges du hall. Elle lui propose de partager le reste de sandwich laissé, par un voyageur trop pressé, sur le bord d’une poubelle. Celle qui prétend se prénommer Rita entame le récit de sa vie. De déboires amoureux, en enfants placés par la DAS, en passant par la perte de son emploi de caissière et de son petit studio, elle s’est retrouvée ici.
« Mais je ne suis pas seule. Il y a Maurice. Tu devrais le trouver dans la salle d’attente en face du quai 1. »
Lucie, poussée par la curiosité, prend congé de Rita et part vers le quai 1. Il y a en effet un homme d’une quarantaine d’années qui tente de trouver une position confortable sur les sièges métalliques.
« Bonsoir ! lance Lucie.
- Oh ! T’es une nouvelle matonne ?
- Non. Je suis bloquée ici pour la nuit.
- Pas de chance. C’est une mauvaise journée pour moi aussi. On m’a volé ma brosse à dents et mon dentifrice. Je suis sûr que c’est un coup de Pierre. Il ne respecte rien. Il a trouvé ma cachette. »
Lucie ouvre à nouveau sa valise et en sort sa trousse de toilette qu’elle remet à Maurice.
« Tenez, gardez-la. Il y aussi du savon, des lingettes et un peigne.
- C’est tout pour moi ! Vous êtes sûre ?
- Oui. Cadeau.
- On ne m’en a pas offert depuis longtemps. »
Il sert à Lucie un sourire de dents noires de caries avant d’entamer à son tour l’évocation de son périple, qui passe par une phase d’alcoolisme, de dépression, un divorce difficile pour finir dans les sous-sols de la gare.
Lucie est exténuée. Presque deux heures du mat’, il lui faut trouver un coin pour se reposer. Elle quitte Maurice, occupé à faire l’inventaire de son cadeau. Elle jette son dévolu sur le morceau de tapis rouge qui orne l’entrée d’un grand restaurant. Elle dépose son drap de plage à terre afin de diminuer la dureté du sol. Sa valise en guise d’oreiller, elle parvient à s’endormir, bercée par le cliquetis des aiguilles de l’horloge du hall.
Des bruits la réveillent en sursaut. Il est 5 heures et la gare reprend peu à peu son activité. Lucie ne voit plus Rita ni Maurice. Son train part à 5 h 30. Juste le temps de se rafraîchir, d’acheter un croissant et un café avec son billet chiffonné. Lucie se poste sur le quai 8. Son train entre en gare. Elle est heureuse de pouvoir enfin profiter d’un siège douillet. Par la fenêtre, elle observe la gare s’éloigner au coup de sifflet du chef de train.
Elle repense à cette nuit. Si sa valise est plus légère, son esprit est rempli de cette expérience hors du commun. Elle ne regardera plus jamais une gare de la même façon. En ratant le dernier train, elle a découvert que d’autres, plus malchanceux, ne remontent plus dans celui de la vie.

Posté le : 19/08/2013 06:42
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Ah ces gares, ces trains, lieux de séparations et de chagrins... Ce n'est sûrement pas par hasard si, en argot, le train de dit " le dur..."

Posté le : 18/08/2013 21:30
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Dans ce train, qui l'emporte au loin.
Son esprit, son corps voyagent par delà
toutes ces gares.
Les heures passent...
Mais interminable est la dernière.
Alors, je m'imagine sentir ses mains.
Leurs étreintes me soulever au moment de nos retrouvailles.
Je m'accrocherais à son coeur, comme un cheval à vapeur.
Et chaque fois, je reviendrais sur ce quai
pour continuer à l'aimer.
Nous ne serons plus que lui et moi,
les bras chargés de valises pleines de nos souvenirs.
Mais voilà, il faut repartir sur ce chemin de fer.
Mes yeux embuées de brumes, s'échappant de ce charroi.
Je quitte cette gare, la poitrine serrée
Jusqu'à notre prochaine entrevue, au bout de ce terminal.
Entre mon coeur et toi, il y a des trains et des gares...
et surtout l'espoir qu'un jour, il finisse par le rater définitivement...


Posté le : 18/08/2013 19:41
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Je veux bien participé!

Si cela tient toujours... Etant nouvelle, je ne connais pas encore tous les rouages de ce site...
J'espère pouvoir y donner le meilleur de moi même.

Posté le : 18/08/2013 19:19
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Re: Les prénoms Défi de Emma
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Peggy est mon prénom:

Au début je l'ai aimé, puis détesté...

Il m'a était donné comme tout un chacun, par mes parents, en 1971 quand j'ai poussé mon premier cri. Mais surtout par ma maman, qui un jour à vu à la télévision, se présentant sur la glace une magnifique jeune femme américaine se prénommant "Peggy Fleming" Elle fut sacrée championne du monde à trois reprises et championne olympique aux Jeux de Grenoble en 1968. Et oui le temps passe...et le prénom reste.
ça c'est pour la petite histoire. (sourire) En la voyant patiner, elle tombe littéralement, sous le charme et la grâce de celle-ci. C'est à ce moment là qu'elle su que se serait ce prénom et aucun autre.
Mais vint le monde du "Muppet show". Et avec lui les innombrables moqueries... Mon adolescence fut perturbé. Mais j'ai su surmonté les railleries en allant vérifier ce que signifiait étymologiquement ce prénom. Et qu'elle ne fut pas ma surprise de constater qu'il me ressemblait tant.
Maintenant lui et moi nous, nous sommes réconciliés, je l'apprécie et j'aime qu'il me suive partout dans ma vie.
En faite c'est simple nous ne formons qu'un: Moi

Posté le : 18/08/2013 19:10
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Ben ? et ton tien ? J'ai toujours crû que c'était celui qui dit qui y est !

Posté le : 18/08/2013 18:51
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Page du 11 Août, Arrabal, A. Chouraqui, la nef des fous, A. Halley, J. Pollock, Saint Louis
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Le 11 Août 1956 décède JACKSON POLLOCK

Le 11 Août 1917 naît  ANDRE CHOURAQUI
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Le  11  Août  1932 naît  FERNANDO ARRABAL
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Aujourdui Dimanche 11 Août 2013
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Le 11 août 1297 est canonisé
LOUIS IX
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Le 11 Août 1494 est publiée LA NEF DES FOUS
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Le 11 Août 1921 nait ALEXANDER HALEY
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Emma vous propose :
Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner votre choix de texte c'est ICI
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    * Question d'Antarés
    *Le monde contemporain est-il celui de la haine de la poésie ?    


        Lucinda vous pose deux questions :                                                           
        *Pourquoi le mensonge  ?          
        *Pourquoi avons nous besoin des autres ? 


      
     




Posté le : 18/08/2013 16:10
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Lucienne Boyer
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Le 18 Août 1901 naît Lucienne Boyer

Chanteuse française
Rien ne disposait la petite Émilienne-Henriette Boyer, Parisienne de Montparnasse, à faire carrière dans le chant.

Enfance

Lucienne Boyer, née à Paris 6e le 18 août 1901, et morte le 6 décembre 1983 à Paris 10e. De son vrai nom Émilienne-Henriette Boyer, elle fut l’une des chanteuses françaises les plus en vogue de l’entre-deux-guerres.
Elle a pour surnom "La Dame en Bleu". Parlez-moi d’amour est son plus célèbre succès.
Issue d'un milieu très modeste, elle découvre avec émerveillement le monde de l'illusion à la faveur d'une matinée au Casino de Paris, où sa mère l'emmène voir Gaby Deslys dans la revue Laisse-les tomber, en 1917. Désormais, la jeune fille n'a plus qu'une idée en tête : pénétrer dans cet univers de rêve.
Son père, pompier, est tué au cours de la Première Guerre mondiale.
Son lot quotidien, c'est le travail en usine, puis la sténographie, emploi qu'elle n'occupe que deux mois au théâtre de l'Athénée.
Lucienne Boyer se fait engager comme dactylo au Théâtre de l’Athénée pour se rapprocher de la scène.

Début sur scène

Devenue mannequin, sa beauté lui fait rencontrer Foujita dont elle devient le modèle, car cette ravissante brune aux yeux bleus obtient vite un rôle de figuration dans l'opérette de Claude Terrasse "La petite femme de Loth"
Elle pose également pour Jean-Gabriel Domergue, et paraît à la Cigale, à l'Eldorado et au théâtre Michel, dans des seconds rôles de comédie ou de revue.
Elle y fera ses premiers essais au théâtre, puis à partir de 1916-1917 ses débuts dans la chanson, toujours au Théâtre de l’Athénée, mais aussi au Michel, au Concordia et à l’Eldorado, Chez Fysher, puis au Concert Mayol.

Début de chanteuse

Émilienne-Henriette devient Lucienne, par admiration, semble-t-il, pour le chansonnier Lucien-Boyer ; Après avoir contribué bien jeune à l’effort de guerre dans une usine d’armement, elle débute bientôt dans le métier de sa mère : modiste, elle étudie la comédie, le chant et la danse, tout en travaillant comme modiste pour payer ses cours.
C'est au Concert Mayol, où elle joue des sketches, que l'imprésario américain Lee Shubert la remarque. Il lui fait faire ses débuts dans la chanson chez Fyscher 1926, un cabaret chic de la rue d'Antin où Arletty, Yvonne George, Lys Gauty et Marie Dubas ont fait leurs classes. Lucienne Boyer connaît un succès immédiat et désormais elle se consacrera à la chanson.

Broadway

Puis, Lee Schubert l’engage pour un contrat à Broadway qui durera neuf mois en compagnie de Germaine Lix et de l'excentrique Môme Moineau.
Sa carrière aux États-Unis et en Amérique du Sud à Buenos Aires dans l'année 1927 sera désormais aussi brillante qu’en France. Elle chantera en 1924 à New York au "Rainbow Room" et au "Little Theate" de la 44e rue.
Après ces mois sur la scène de Broadway, elle reçoit un accueil triomphal du public parisien, qui, en 1927, l'acclame à l'Olympia et à l'Empire.
De retour à Paris, en 1928, elle ouvre le cabaret "Les Borgias " et enregistre ses premiers disques dont "Tu me demandes si je t'aime".
Elle pose nue pour la première fois en été 1929.
C’est en 1930 qu’elle créé "Parlez-moi d'amour" écrite par Jean Lenoir en 1923. Le premier Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros vient couronner ce succès la même année.


Retour en France et mariage

Pendant des années, Lucienne Boyer va poursuivre sa carrière au music-hall, donnant un récital salle Pleyel en 1933, créant une opérette de Jean de Létraz, La Belle Saison en 1937, avec Jacques Pills, son second mari, et se produisant au cabaret.
Elle anime elle-même plusieurs établissements, Les Borgia ; Monseigneur ; Chez les clochards ; Chez elle ; Chez Lucienne, où son répertoire intimiste fait merveille.
"J'aime le cabaret, disait-elle. On est tout près de son public, presque mêlé à lui, et l'on peut lire sur son visage tout ce qu'on veut lui faire éprouver."
Elle enregistre quelques titres avec le duo Pills et Tabet et épouse en 1939 Jacques Pills en seconde noces.

Jacqueline Boyer

De cette union naîtra Jacqueline Boyer en 1941, qui fera aussi une carrière de chanteuse.
Lucienne Boyer rouvre son cabaret "Chez elle" dès septembre 1940 et y appose une pancarte "interdit aux juifs" Elle affirmera ensuite que c'était le seul moyen pour éviter la déportation de son compagnon Jacques Pills.

Survol de sa carrière

Outre "Parlez-moi d'amour" une chanson de Jean Lenoir restée cinq ans sans interprète, qui lui vaut le premier Grand Prix du disque en 1930, on peut retenir, d'un répertoire voué à la chanson sentimentale, "Les Prénoms effacés", "Un amour comme le nôtre", "Mon cœur est un violon" et "Si petite".
Tout l'art de Lucienne Boyer consistait à transfigurer, à force d'émotion et de sincérité, des canevas d'un romanesque souvent trop facile.
En l'écoutant détailler, d'une voix chaude, prête à se briser, l'éternelle complainte des amoureux déçus, le spectateur avait l'impression d'être le témoin privilégié d'une confidence.
Notons tout de même que Lucienne Boyer fut la créatrice d'une fort belle chanson de Charles Trenet : "Que reste-t-il de nos amours" ?
La "dame en bleu" – un surnom que lui valurent ses robes de scène, assorties à la couleur de ses yeux – est une des rares interprètes françaises à avoir fait une carrière extrêmement brillante aux États-Unis.

Cinéma

En 1970, elle apparaît dans le film Le Clair de Terre de Guy Gilles où elle interprète deux chansons.
En 1976, Lucienne Boyer fêta ses cinquante ans de chanson sur la scène de l'Olympia.
On peut regretter que le cinéma n'ait pas su préserver pour la postérité le souvenir de cette "âme de cœur" de la chanson française.
Seul Guy Gilles, dans Clair de terre en 1970, nous laisse une image de la créatrice de Parlez-moi d'amour.
Au début des années 1980, elle fait encore des spectacles , comme par le passé, avec la même présentation, sa robe bleue légendaire, et sa voix incomparable et identique, par exemple pour l'Association La Roue Tourne, comme au Palais d'Hiver de Lyon avec Marcel Zanini dans le même programme.

Dernière apparition

C’est en compagnie de sa fille qu’elle fera une dernière apparition sur scène en 1976.
La "Dame en bleu" s’éteint le 6 décembre 1983. Elle repose au cimetière de Bagneux, près de Paris.


Famille d’artistes

En 1939, elle épouse l’auteur-compositeur-interprète Jacques Pills.
De leur union naît, en avril 1941, Jacqueline Boyer, qui, devenue chanteuse, remporte en 1960 le Grand Prix de l’Eurovision, avec le titre Tom Pilibi.

Revues et Chansons

Ça ne s’apprend pas. Paroles Pierre Bayle, musique de Eblinger (1926).
Tu me demandes si je t’aime (reprise de Cora Madou) (Jean Bertet & Vincent Scotto - Vincent Scotto) (1926)
Youp et youp (1927).
Pas comme avec toi (1927).
On trompe son mari (de l'opérette La Petite Dame du train bleu, musique de Georges Van Parys, 1927)
L’amour est un jeu (idem).
Je l’aimais tant (idem).
Qui m’aurait dit (idem).
Dans la fumée (J. Bos, Paroles de Charles Trenet) (1930).
Le coup dur
Prenez mes roses (1930).
Mon sort est dans vos mains (Léon Uhl - Thomas Waller) (1930).
Parfum d’amour (1930).
Attends (1930).
Ma p’tit’môme… à moi (Pierre Bayle et R. Chamfleury - Jane Bos)(1930).
C’est un chagrin de femme (1930).
Parlez-moi d’amour. Paroles et Musique : Jean Lenoir (1930)
Gigolette. Paroles : M. Eddy. Musique : F. Lehar, R. Ferreol (1930).
La Belle (1930).
Le plus joli rêve (X... d’Arezzo 1930).
Désir... (Garde-moi dans tes bras) (reprise de Damia) ((Bertal-Maubon - A-H Monfred) (1931).
Les filles qui la nuit (Maurice Aubret & Léo Lelièvre fils - Jean Boyer) (1931).
Ah ! Pourquoi mens-tu ? (Camille François & Jean Lenoir - Jean Lenoir) (1931).
La barque d’Yves (J. Tranchant - Tranchant 1932).
Landerirette (Jamblan - Jean Delettre) (1932).
Ballade (Jamblan - Jean Delettre) (1932)
Si petite (G. Claret - P. Bayle 1933).
Tourne et vire (avec Jacques Pills) (paroles et musique de Jean Tranchant) (1933)
Parle-moi d’autre chose (musique et paroles : Jean Delettre 1933).
Moi, j’crache dans l’eau (Musique et paroles : Jean Tranchant 1933).
J’ai rêvé de t’aimer (G Goublier - C. Fallot 1934).
L’étoile d’amour (P. Delmet - C. Fallot 1934).
Un amour comme le nôtre. (Paroles : Axel Farel. Musique : Charles Borel-Clerc 1935).
Ta main (J. Delettre - M. Aubret 1935).
Chez moi (venez donc chez moi) (Paroles : Jean Féline. Musique : Paul Misraki 1935).
Mais si tu pars (T. Grouya - L. Poterat - Lapointe 1935).
C’est toujours la même chanson. (Paroles : Roger Fernay. Musique : J. Delettre 1936).
L’hôtel du Clair de Lune.
Estampe Marocaine.
Les Prénoms effacés. (Paroles et Musique : Jean Tranchant 1936).
C’est à Robinson (de l’Opérette "La belle saison"). Paroles : Jean de Letrazl. Musique : J. Delettre, Alec Siniavine (1937).
La Vagabonde (idem).
Pour toi (de l’opérette : La Belle Saison) (J. Delettre - Arrangements: A Siniavine - Jean de Létraz 1937)
La romance du Printemps (avec Jacques Pills et Tabet, de l’opérette La Belle Saison). Paroles : Jean de Létraz. Musique : J. Delettre, Alec Siniavine (1937).
Chez nous (idem).
Mon meilleur ami.
Entraîneuse.
Mon P’tit Kaki (Paroles de Georges Van Parys. Musique de René Bernstein, 1939)
Parti sans laisser d’adresse (J. Payrac - F. Gardoni - P. Dudan 1940).
Berceuse (musique et paroles: Bruno Coquatrix 1941).
C’est mon quartier (M. Yvain - L. Poterat - 1941).
Si l’on avait enregistré
C’est ma rengaine
Que reste-t-il de nos amours. Paroles : Charles Trenet. Musique : Léo Chauliac (1942).
Bonne nuit, mon amour, mon amant (Bruno Coquatrix, Fred Arlys - J. Poterat 1943).
Aussi simple que ça
Rêver. (Paroles : René Rouzaud, Rachel Thoreau] Musique : Guy Luypaerts 1945)
De la Madeleine à l’Opéra (musique et paroles Georges Tabet 1945).
Mon cœur est un violon. (Paroles de Miarka Laparcerie, d’après un poème de Jean Richepin. Musique de Miarka Laparcerie 1945).
Un air d’accordéon. Paroles : H. Contet. Musique : P. Durand 1946.
Mon petit bal musette (E. Checkler - G. Tabet 1947).
Le petit trottin ou une simple histoire. Paroles : André Hornez Musique : Henri Bourtayre (1947).
La lettre à Nini
Les mots nouveaux


Liens regarder, écouter

http://youtu.be/l2NCoaUjNDk Je t'aime
http://youtu.be/VMwddpdwa6A C'est pas la peine
http://youtu.be/D0hHNG65H24 parlez moi d'amour
http://youtu.be/jDT2Vd5OvBM mon coeur est un violon
http://youtu.be/MbAbpLbN8qc parle moi
http://youtu.be/_x_g4-0JFBM que reste -il de nos amours
http://youtu.be/9BaoPtUmuXo attends
http://youtu.be/Uz4VYFXBjPQ chanson de Ronsard
http://youtu.be/BOmEYq9qvYI la romance du printemps




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Posté le : 18/08/2013 15:24
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Roman Polanski
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Le 18 Août 1933 naît Rajmund, Roman Polanski


Roman Polanski est le premier des cinéastes issus de ce qu'on appelait alors "le bloc de l'Est " à avoir réalisé un film à Hollywood; Rosemary's Baby, 1968. Auparavant, après un seul long-métrage en Pologne "Le Couteau dans l'eau, 1962", il avait acquis le statut de cinéaste international avec Répulsion en 1965 et Cul-de-sac en 1966, deux productions britanniques.
Si Roman Polanski a souvent attiré l'attention des médias pour des raisons extra- cinématographiques, son œuvre, constituée de quelque vingt longs-métrages et dont le sommet a été atteint avec "Le Pianiste", palme d'or du festival de Cannes 2002, ne fait aucune concession au goût supposé du public.
Elle choisit de jouer sur le malaise suscité par des situations ambiguës, inquiétantes ou angoissantes, du Couteau dans l'eau à Carnage , 2011, en passant par Rosemary's Baby, Le Locataire 1976, Lunes de fiel 1992 ou La Jeune Fille et la mort 1995.
Souvent, un humour féroce, incongru ou grinçant vient compenser cette inquiétude (Cul-de-sac, Le Bal des vampires, 1967 ; Quoi ?, 1973, ou Carnage.

Survivre à la destruction

Rajmund (ou Raymond) Roman Thierry Liebling est né le 18 août 1933 à Paris, d'un père juif polonais non pratiquant, peintre de son état, Ryszard Liebling, et d'une mère d'origine russe, Bula Katz Przedborska.
Son père fait changer le nom civil de la famille en Polański et le jeune Raymond, pour des raisons de prononciation, se fait rapidement appeler Roman ou Romek Polański.
Il vit en France jusqu'à l'âge de quatre ans avant que sa famille ne pouvant prévoir le génocide, ne reparte pour la Pologne.
Il passe alors son enfance à Cracovie où sa sœur Annette, née d'une précédente union de sa mère, lui fait découvrir le cinéma.
Dès 1939, après un détour par Varsovie, et alors que l'armée allemande vient d'envahir en Pologne, la famille se retrouve emprisonnée dans le ghetto de Cracovie.
En 1941, la mère disparaît, déportée à Auschwitz.
En 1943, le père est envoyé à Mauthausen, le jeune Romek évite la déportation, contrairement à ses parents et à sa sœur. Sa mère, enceinte, meurt à Auschwitz.
Échappé du ghetto, il se réfugie à la campagne chez des fermiers avant de revenir à Cracovie où, devenu vagabond, il détourne la vigilance allemande et survit grâce à l'entraide clandestine d'habitants et d'autres enfants, et grâce au marché noir.
Il a alors 10 ans. Il ne revoit son père qu'en 1945, lors du retour de celui-ci du camp de Mauthausen.
Entre-temps, le jeune Roman qui a pu s'échapper du ghetto.
Il passe d'une famille d'accueil à une autre, fait l'épreuve de la misère et de la faim. Il connaît ensuite la difficulté, en régime communiste, d'être le fils d'un commerçant, donc un bourgeois.
Mais il réussit ses études aux Beaux-Arts, est acteur, entre autres dans le premier long-métrage d'Andrzej Wajda, "Une fille a parlé", "ou Génération, 1954". Surtout, il est admis à l'École nationale de cinéma de Łódź, fondée en 1948.

Au faîte de sa gloire, après le succès de Rosemary's Baby, Polanski est néanmoins ébranlé par un nouveau drame dans sa vie : alors qu'il est en pleine préparation d'un film au Royaume-Uni, sa femme Sharon Tate, interprète du Bal des vampires, enceinte de huit mois, trois de leurs amis proches, et un ami du jeune gardien de la propriété sont assassinés dans la demeure du couple, à Los Angeles sur Cielo Drive, par des proches de Charles Manson, gourou d'une secte appelée « la Famille » et tueur en série notoire.
L'opinion conservatrice américaine va mettre en relation ces meurtres avec les mœurs dissolues de l'entourage du cinéaste ainsi qu'avec le sujet de Rosemary's Baby, qui faisait triompher Satan au cœur d'une famille américaine.


Les années noires puis l’embellie grâce à Chinatown

Malgré la dépression qu'il traverse, Polanski se plonge dans le travail et part pour la Grande-Bretagne tourner une adaptation grandiloquente et violente de William Shakespeare : Macbeth, produite en partie par Hugh Hefner et la filiale de production du groupe Playboy.
Le film est mal compris et se solde par un échec.
En 1972, il part en Italie réaliser une comédie grinçante à l'humour absurde avec Marcello Mastroianni : Quoi ?. Malgré le plébiscite de la presse, le film est un nouvel échec.
En 1974, il s'attelle à la mise en scène de l'opéra d'Alban Berg, Lulu, pour le festival de Spolète en Italie.
La même année, revenu à Hollywood, il goûte à la plus belle réussite critique et publique de sa carrière grâce à une commande qu'il s'approprie totalement : Chinatown, drame policier conçu comme un hommage au film noir américain.
Le film marque ses retrouvailles avec son ami producteur Bob Evans qui réalise aussi l'un de ses plus grands succès.
Chinatown qui a coûté six millions de dollars en rapporte trente aux États-Unis. Le visage au nez pansé de Jack Nicholson, interprétant J.J. Gittes, un détective privé fanfaron, devient un mythe de cinéma.
Le rôle de la femme fatale est attribué à Faye Dunaway dont les relations avec le metteur en scène sont désastreuses durant le tournage. Les deux stars principales se font voler la vedette par le rôle secondaire de Noah Cross accordé au cinéaste John Huston.
Grand vainqueur des Golden Globes en 1975, le film reçoit onze nominations aux Oscars.
Mais seul le trophée du meilleur scénario original, écrit par Robert Towne, vient récompenser Chinatown, les votants ayant préféré se tourner vers le deuxième opus de la série des Parrain réalisée par Francis Ford Coppola.
Polanski revient ensuite à Paris où il concrétise un projet d'adaptation du roman de Roland Topor, Le Locataire chimérique. Le Locataire, qu'il fait éclairer par Sven Nykvist, chef opérateur attitré d'Ingmar Bergman, puis qu'il réalise et joue aux côtés d'Isabelle Adjani et de Shelley Winters, voit le jour en 1976.
Cependant, même si l'étrangeté paranoïaque et cauchemardesque du récit séduit les critiques qui considèrent cette œuvre comme l'une de ses plus abouties, cette fable sur l'aliénation urbaine et l'anomie sociale, d'une fantaisie noire proche du délire hallucinatoire, ne rencontre pas le succès escompté.
Il s'agit par ailleurs du dernier film que le cinéaste consacre à son univers malsain et inquiétant, chargé de visions étranges : son cinéma s'oriente vers le grand spectacle dans divers genres.
Polanski assure également, en 1976, la direction scénique du Rigoletto de Giuseppe Verdi pour l'Opéra de Munich.


1979-1999

Définitivement établi en France, le metteur en scène s'engage dans une entreprise de grande ampleur dont Claude Berri est le principal producteur : en mémoire de sa défunte épouse Sharon Tate, il réalise un mélodrame rural et romantique, Tess.
Il s'agit de l'adaptation du roman de Thomas Hardy, Tess d'Urberville, qui évoque les malheurs d'une jeune paysanne sous l'ère victorienne.
Succès critique et public, le film croule sous une avalanche de prix dont trois Césars en 1980, ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie pour Ghislain Cloquet et Geoffrey Unsworth) et trois Oscars en 1981, meilleure photographie, meilleurs décors et meilleurs costumes.
Le cinéaste avait entretenu une idylle, à partir de 1976, avec l'actrice du rôle-titre, Nastassja Kinski.
Kinski avait alors 15 ans. Tous deux ont démenti leur relation. Polanski passe également par le théâtre avec Amadeus de Peter Shaffer, qu'il met en scène et interprète au côté de François Périer.
Il publie en 1984, aux éditions Robert Laffont, son autobiographie : Roman par Polanski.
Il s’attaque par la suite au projet Pirates financé par le producteur tunisien Tarak Ben Ammar en hommage aux films d'aventures hollywoodiens des années 1930 qui ont bercé son enfance : ceux entre autres de Michael Curtiz avec Errol Flynn. En plus d'un tournage cauchemardesque, Pirates est un gouffre financier.
Il devient un film qui échappe à son réalisateur et qu'il finit par renier.
Fiasco commercial, le film, pour un budget de quarante millions de dollars, en rapporte cinq.
Suite à cet échec, Polanski délaisse les plateaux pour les planches et s'impose dans une adaptation théâtrale du classique de Franz Kafka, La Métamorphose. Il accepte cependant une commande de la Warner qui lui laisse une entière liberté sur le sujet et le scénario.
Il écrit alors avec Brach et réalise Frantic en 1988, un thriller parisien avec Harrison Ford qui lui vaut de renouer un temps avec le succès mais Lunes de fiel, La Jeune Fille et la Mort et La Neuvième Porte, globalement peu épargnés par la critique, sont des revers au box office.
Il a également été engagé dans la mise en scène d'une grosse production intitulée The Double en 1996, avec John Travolta et Isabelle Adjani.
Mais, suite à des différends avec la star américaine et les producteurs internationaux, le projet est abandonné alors que les contrats des techniciens sont signés et les décors construits aux studios de Boulogne.

Le 30 août 1989, il épouse en troisièmes noces sa nouvelle actrice fétiche de trente-trois ans sa cadette, Emmanuelle Seigner.
Ils ont deux enfants : Morgane née en 1993 et Elvis né en 1998.
En 1998, il est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France dans la catégorie Création artistique pour le cinéma et l'audiovisuel créée en 1985.
Dans les années 1990, son travail au théâtre et à l'opéra est prolifique : il dirige pour la scène de l'Opéra Bastille une nouvelle version des Contes d'Hoffmann d'Offenbach en 1992 avec José van Dam et Natalie Dessay. Quatre ans plus tard, il met en scène la pièce de Terrence McNally, Maria Callas, la leçon de chant qui lui vaut une nomination aux Molières.
En 1997, il supervise la création d'une comédie musicale tirée de son classique Le Bal des vampires qui démarre à Vienne et entame une tournée triomphale de Stuttgart à Hambourg.


Le Pianiste, rebond et consécration internationale

Il revient sur le devant de la scène en 2002 grâce au triomphe critique et public du Pianiste, une grosse production franco-germano-britannico-polonaise d'une grande intensité dramatique, adaptée de l'autobiographie du pianiste et compositeur polonais Władysław Szpilman.
Il y évoque, de manière très personnelle, l’occupation de la Pologne et du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale, sujet qu’il s’était toujours refusé à filmer au point de décliner, dix ans auparavant, l’offre de Steven Spielberg de mettre en scène La Liste de Schindler.
Le Pianiste remporte la Palme d'or du Festival de Cannes 2002 et sept Césars en 2003 dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur pour Adrien Brody. Le film reçoit ensuite sept nominations aux Oscars dont celle du meilleur film.
Il gagne trois statuettes lors de la 75e Cérémonie : meilleur réalisateur pour Polanski, meilleur acteur pour Brody et meilleure adaptation pour Ronald Harwood. Malgré les demandes, le cinéaste ne se rend pas à Los Angeles où l'annonce de sa victoire provoque une ovation debout dans l'assistance.
Remettant le prix, Harrison Ford, acteur de Frantic, s'engage à lui transmettre personnellement le trophée, ce qu'il fait publiquement, cinq mois plus tard, au Festival du cinéma américain de Deauville.


Le tumulte des années 2000

En 2003, le cinéaste met en scène Hedda Gabler, le drame d'Henrik Ibsen, avec Emmanuelle Seigner dans le rôle-titre, au Théâtre Marigny.
Puis il supervise à Stuttgart une nouvelle version de la comédie musicale tirée de son classique Le Bal des vampires.
Il retrouve ensuite les coproducteurs et scénariste du film précédant : Alain Sarde, Robert Benmussa et Ronald Harwood ainsi que tous les chefs techniciens, Paweł Edelman pour la photographie, Allan Starski pour le décor, Anna B. Sheppard pour les costumes ou encore Hervé de Luze pour le montage afin de produire et de réaliser en 2005 une nouvelle reconstitution historique adaptée de l'œuvre de Charles Dickens : Oliver Twist.
Mais le film est un échec.
En 2006, après avoir gagné un procès en diffamation contre le magazine Vanity Fair, il dirige Thierry Frémont au Théâtre Hébertot dans Doute écrit par John Patrick Shanley. La même année, il entreprend de financer et de réaliser le péplum Pompeii, d'après le roman de Robert Harris, avec Orlando Bloom et Scarlett Johansson dans les rôles principaux.
Mais il abandonne le projet suite à des problèmes d'emploi du temps, de financement et de retards de production dus à la grève des scénaristes à Hollywood, entamée à l'été 2007 et terminée en 2008.
Il tourne finalement une autre adaptation de Robert Harris : The Ghost Writer, avec Ewan McGregor et Pierce Brosnan, un thriller politique sur fond de dénonciation de la guerre d'Irak.
En 2008, il fait l'objet d'un documentaire réalisé par Maria Zenovich, Roman Polanski: Wanted and Desired, qui tend à démontrer la manière dont il fut privé d'une procédure judiciaire équitable lors de sa mise en accusation pour viol sur mineure 31 ans plus tôt.
En 1975, Roman Polanski avait été accusé de viol sur mineure, par la justice américaine. Emprisonné un temps, il choisit de fuir les États-Unis, où il ne pourra plus travailler.
Cette affaire le rattrape en 2009. Depuis lors, toujours sous le coup des poursuites américaines, il ne conserve sa liberté de mouvement qu'en France, en Pologne et en Suisse...
Le 27 septembre 2009, alors qu'il se rend à un festival de cinéma en Suisse, il est arrêté par la police suisse à Zurich, rattrapé par l'affaire de 1978.
Il est libéré par les autorités suisses le 12 juillet 2010.

Années 2010

De sa cellule puis de son chalet de Gstaad où il est astreint à résidence durant plusieurs mois, il achève la postproduction de The Ghost Writer, pour lequel il se voit décerner l'Ours d'argent de la meilleure mise en scène au Festival de Berlin 2010 et un troisième César du meilleur réalisateur en 2011, doublé d'un César pour la meilleure adaptation.
Durant son assignation à résidence, il avait également parachevé Carnage, adapté de la pièce Le Dieu du carnage de Yasmina Reza qu'il réalise en France avec Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz et John C. Reilly dans les rôles principaux.
Ce film lui vaut le César de la meilleure adaptation, en 2012, pour la deuxième année consécutive.
Polanski signe ensuite une adaptation, tournée en français, de la pièce de David Ives, La Vénus à la fourrure, inspirée du roman homonyme de Leopold von Sacher Masoch, avec Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric.
Ce huis clos à deux personnages se déroule intégralement dans un théâtre et met en scène l'inversion du rapport de forces entre un metteur en scène hautain et une comédienne apparemment stupide.
Le cinéaste prépare actuellement D, projet anglo-saxon inspiré de l'affaire Dreyfus.


Poursuites judiciaires

Depuis l'année 1977, Roman Polanski est poursuivi pour une affaire de crime sexuel sur une mineure de 13 ans.
L'adolescente a déclaré avoir subi un viol sous l'emprise de l'alcool et de drogue. La victime, Samantha Gailey, future épouse Geimer, a été sélectionnée pour une séance photos commandée par l'édition française du magazine Vogue. Durant la séance, dans la propriété californienne de Jack Nicholson qui était absent, Roman Polanski lui a fait ingérer du champagne et lui a administré un sédatif, le méthaqualone, avant de la contraindre à un rapport anal.
Polanski est alors incarcéré 47 jours pour passer des expertises psychiatriques, puis il est libéré sous caution.
Il a plaidé coupable pour rapports sexuels illégaux avec un mineur en échange de l'abandon des charges plus graves de viol, de sodomie et de fourniture d'alcool et de drogue à mineur, en accord avec le juge.
Mais avant l'audience devant fixer la peine, alors qu'il est libre sous caution, Polanski fuit vers la Grande-Bretagne avant de se réfugier en France, dont il possède la nationalité depuis plus d'un an.
Comme d'autres États, la France refuse généralement l'extradition de ses citoyens.
Sous le coup d'un mandat d'arrêt américain lancé en 1978, il ne revient jamais sur le sol américain.
Certains ont estimé qu'il aurait pu être jugé en France, mais la porte-parole du procureur de Los Angeles fait observer que ce n'est pas possible dans la mesure où Polanski a déjà été reconnu coupable des faits par la justice californienne, se heurtant ainsi au principe non bis in idem.
La justice américaine va alors tenter de mettre la main sur Polanski lors de ses déplacements à l'étranger.
Des demandes d'extraditions sont adressées aux pays avec lesquels les États-Unis ont signé une convention d'extradition : en mai 1978 au Royaume-Uni, en décembre 1986 au Canada, en 1988 en Allemagne, au Brésil, au Danemark et en Suède, en octobre 2005 en Thaïlande et en 2007 en Israël.
Cependant toutes ces tentatives ont été vaines.
En 1993, Roman Polanski se serait engagé à verser à Samantha Geimer une indemnité de 500 000 dollars dans un délai de deux ans.
Polanski ne tiendra pas cet engagement dans le délai convenu et la somme qu'il a finalement versée à Samantha Geimer qui a souhaité retourner dans l'anonymat et a exprimé depuis son désir d'abandonner les poursuites contre le cinéaste, ce qui semble indiquer que le différend portant sur l'indemnisation a été résolu demeure inconnue.
Celle-ci est sortie du silence à deux reprises : en 2003 pour écrire à l'Académie des Oscars et dire aux votants qu'il fallait juger l'artiste et non l'homme en lui-même à propos du film Le Pianiste et en 2008 en apparaissant à la première du documentaire de Maria Zenovich, Roman Polanski: Wanted and Desired, réitérant pour l'occasion son souhait de délaisser toute procédure à l'encontre du réalisateur pour éviter de revivre ce traumatisme et pour protéger ses enfants. Polanski ne lui a jamais adressé de message en retour.
Le 27 septembre 2009, alors qu'il se rend à un festival de cinéma en Suisse afin d'y recevoir un prix pour l'ensemble de sa carrière, il est arrêté par la police à Zurich sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis en 2005.
Très rapidement, celui-ci reçoit le soutien personnel d'une centaine de représentants du monde politique et artistique notamment en France et en Pologne, les deux pays dont il a la nationalité, puis aux États-Unis.
La plupart des grands journaux américains approuvent cette arrestation, s'étonnant du soutien manifesté au réalisateur, étonnement partagé par la population américaine. Ces soutiens soulèvent également des oppositions et indignations dans l'opinion publique et la presse régionale françaises.
Un journal américain s'interroge sur le coût de cette arrestation.
Ainsi, dans son édition du 28 septembre 2009, le Los Angeles Times juge-t-il curieux que le district attorney du comté de Los Angeles, alors que l'État de Californie est en proie à des difficultés financières et à une surpopulation carcérale, cherche à boucler Polanski pour une affaire vieille de 32 ans et alors même que la victime a exprimé le souhait que les poursuites cessent.
Néanmoins, dans l'ensemble, les journaux américains rappellent que la pédophilie est un crime grave et que Polanski a fui la justice.
La conseillère fédérale suisse responsable du département de Justice et Police Eveline Widmer-Schlumpf défend quant à elle l'arrestation comme conforme au traité d'extradition helvético-américain et comme manifestation de l'égalité devant la loi.
Elle affirme par ailleurs que l'arrestation ne résulte d'aucune pression politique américaine. Dans l'ensemble, la classe politique suisse approuve l'arrestation de Polanski.
Les États-Unis et la Suisse ont signé ensemble une convention d'extradition en 1990 qui est entrée en vigueur en 1997.
Roman Polanski s'oppose à son extradition. L'article 22 du traité d'extradition prévoit qu'il s'applique pour tous les faits commis avant ou après son entrée en vigueur sauf lorsque la procédure d'extradition a été lancée avant son entrée en vigueur, auquel cas un traité de 1900 doit être appliqué.
Le 25 novembre 2009, le Tribunal pénal fédéral accepte sa libération conditionnelle contre une caution de 4,5 millions de francs suisses environ 3 millions d'euros et une assignation à résidence avec port d'un bracelet électronique à son chalet de Gstaad en Suisse.
Le 22 avril 2010, la cour d’appel du 2e district de Californie a rejeté sa demande de pouvoir être jugé par contumace, ouvrant la voie à son extradition vers les États-Unis. La demande d’abandon des poursuites présentée par la victime a également été rejetée.
Le 2 mai 2010, Roman Polanski sort de son silence dans une lettre ouverte publiée sur le site de Bernard-Henri Lévy, La règle du jeu, intitulée, "Je ne peux plus me taire.
Le 14 mai 2010, l'actrice britannique Charlotte Lewis, que Polanski avait dirigée dans Pirates, accuse également le cinéaste d'avoir abusé d'elle de la pire des façons lorsqu'elle avait 16 ans.
Un des avocats de Roman Polanski, Me Georges Kiejman, a menacé de poursuivre Charlotte Lewis en justice pour ses allégations.
Le 7 juin 2010, La règle du jeu, le site de Bernard-Henri Lévy, rend publique une liste de noms de signataires de la pétition en soutien à Roman Polanski lancée au lendemain de l'arrestation du cinéaste en Suisse.
Parmi plus de 400 noms, figurent Isabelle Adjani, Paul Auster, Pascal Bruckner, Patrice Duhamel, Isabelle Huppert, Milan Kundera, Yann Moix, Salman Rushdie, Barbet Schroeder, Mathilde Seigner, Jean-Pierre Thiollet, Danièle Thompson et Henri Tisot.
Le 10 juin 2010, en faveur de la libération du cinéaste, Dominique Sels, qui avait réagi dans Libération dès le 6 octobre 200960, publie San Fernando Valley, impressions61, où elle écarte l’outil d’analyse habituel connu sous le nom de domination masculine, pour interroger l’emprise maternelle, qui a l’antériorité biologique et qui n’est parfois pas plus enviable, par exemple quand il s’agit de prendre les filles pour des objets.
Elle replace aussi ce fait divers ancien, donc enveloppé d’incertitudes, dans le contexte des années 1970, libertaires et xénophobes.

En 2011, Roman Polanski, au festival du film de Zurich, le cinéaste recevait à cette occasion le prix pour l'ensemble de sa carrière qui aurait du lui être décerné à l'époque de son arrestation deux ans plus tôt.
Le 12 juillet 2010, la ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf fait volte-face pour déclarer que le cinéaste "ne sera pas extradé vers les États-Unis et les mesures de restriction de sa liberté sont levées".
Polanski retrouve la liberté. Les autorités américaines ont fait appel de la décision.
Elles avaient auparavant refusé de faire parvenir aux autorités suisses un procès-verbal d'une audition du procureur de l'époque, arguant du caractère confidentiel de la pièce, et amenant l'Office fédéral de la justice à refuser l'extradition.
Interpol rappelle aux États membres de l'organisation qu'une notice rouge concernant Roman Polanski est toujours en vigueur, et qu'il est toujours considéré comme fugitif. Désormais, les trois pays où Polanski peut circuler librement sont donc la France, la Pologne et la Suisse.

Style et thèmes

Parcours international

Par son cosmopolitisme, sa maîtrise des langues, il parle couramment, outre le polonais et le français, l'anglais, l'italien, l'espagnol et le russe et son parcours, Polanski est un réalisateur atypique à l'univers pluriel et cohérent.
La diversité des genres qu'il aborde, la maîtrise technique de ses films, son sens aigu du récit et ses audaces formelles en font une figure majeure du 7e art.
Ses courts métrages et Le Couteau dans l'eau sont contemporains du mouvement moderniste du cinéma européen dont il partage certains thèmes et motifs tout en revendiquant un style singulier.
Polanski apparaît avec l'émergence des nouveaux cinéastes d'Europe centrale dans les années 1960 parmi lesquels Andrzej Wajda et Jerzy Skolimowski, ses collègues et amis de l'école de Łódź.
Néanmoins, il outrepasse largement le cadre du cinéma polonais et prend part à d'autres courants de la cinématographie mondiale : avec Répulsion, Cul-de-sac et Le Bal des vampires, il participe au renouveau de l'industrie britannique.
Il devient ensuite l'une des têtes de proue du Nouvel Hollywood grâce à Rosemary's Baby et Chinatown.
Avec Macbeth, Quoi ? et Le Locataire, il montre son esprit d'indépendance et son profond attachement au cinéma d'auteur européen.
Définitivement établi en France pour raisons judiciaires, il profite, à partir de Tess, de son prestige international pour mettre sur pied, en compagnie de majors américaines et européennes, des projets anglophones ambitieux et très coûteux dans lesquels il dirige de grandes stars Harrison Ford, Sigourney Weaver, Johnny Depp, Jodie Foster....
Il bénéficie alors, en toute liberté et à distance, du confort de production d'Hollywood ou de modèles équivalents.
Gilles Jacob distingue deux Polanski , Le réalisateur audacieux des premiers films et des courts métrages.
Et l'autre celui des grands films à vocation populaire.
L'un, inventeur de surprises, de formes cinématographiques, de trouvailles bizarres, les pommes de terre qui germent dans le frigo de Répulsion, les œufs de Cul-de-sac, l'autre, plus accompli peut-être, mais plus attendu aussi.

Œuvre et esthétique

Pessimiste et largement reliée aux traumatismes de l'enfance, son œuvre révèle une profonde unité dans la mesure où elle se veut une exploration du mal sous toutes ses facettes : persécution de l'innocence, corruption de l'homme face au pouvoir, triomphe des personnages machiavéliques, occultisme, régression sexuelle…
Elle illustre les passions excessives et les tréfonds les plus noires de l'âme humaine ainsi que les méandres de l'oppression psychologique.
Le réalisateur crée un univers cérébral et tortueux dans lequel se côtoient un ton absurde, paranoïaque et kafkaïen et plusieurs visions fantastiques. Dans ses fictions, l'individu, à la fois victime de ses actions, du monde extérieur et de son entourage, peut basculer à tout moment dans la folie, la mort ou l'autodestruction
.
Ses longs métrages se distinguent par un découpage maniaque, une économie de mouvements de caméra et des jeux de composition sophistiqués, distorsion des perspectives, cadrages étouffants, lumière stylisée, disproportion entre les objets du décor et la position des acteurs etc..
La bande sonore se veut plate et s'attache à reconstituer des détails apparemment sans importance au détriment d'une mise en relief plus globale.
On retrouve, dans ses films, un goût de la difformité, du grotesque, de l'ironie et de l'humour noir.
Sont également établies des analogies avec Franz Kafka, Samuel Beckett, Witold Gombrowicz, Jérôme Bosch, Pierre Bruegel l'Ancien, Vincent van Gogh, Adrien Schulz, Fritz Lang, Federico Fellini, Orson Welles et Billy Wilder qu'il considère comme des influences majeures.
Par ailleurs, il dit avoir été peu inspiré par Alfred Hitchcock au cours de sa carrière sauf pour Répulsion car Psychose avait à l'époque lancé la mode des thrillers schizophréniques.
Si ses mises en scène tardives passent d'une forme baroque à un classicisme apaisé, elles gardent le climat sombre et inquiétant, le pessimisme fondamental et le perfectionnisme plastique des débuts.
Grand découvreur de talents (Nastassja Kinski, Emmanuelle Seigner, Adrian Brody...), Polanski est également connu pour montrer ses acteurs sous un jour nouveau : le jeu des vedettes qu'il dirige révèle souvent une facette inattendue ou plus opaque.



Un univers mental

Les premiers courts-métrages polonais de Roman Polanski donnent déjà le ton d'un univers désenchanté, voire désespéré, où la violence et le meurtre côtoient l'indifférence : Meurtre en 1956, La Lampe en 1962, relèvent de l'allégorie.
Ils évoquent le rejet des êtres qui sortent de la norme, ou la domination subie ou acceptée.
À chaque fois, si le sujet intrigue, l'originalité et l'habileté du traitement séduisent.
C'est encore un affrontement entre deux hommes qui est au cœur du "Couteau dans l'eau", sur un scénario qui doit beaucoup au futur réalisateur Jerzy Skolimowski.
Un chroniqueur sportif embourgeoisé entraîne un jeune étudiant sur son yacht pour vingt-quatre heures.
Il l'humilie sans cesse sous les yeux de son épouse, calme et sensuelle, qui méprise le jeu cruel auquel semble se soumettre le jeune homme...
Le film est d'autant plus remarqué qu'il rompt avec les thèmes de la génération précédente, celle de Wajda, Munk, Kawalerowicz..., c'est-à-dire la guerre, la résistance, le communisme.
La réalisation est parfaitement maîtrisée malgré les difficultés que représentent aussi bien le tournage de ce huis clos sur un bateau que la faiblesse des moyens. Polanski restera un adepte des méthodes de travail et de tournage classiques et reprochera toujours à la Nouvelle Vague française son manque de professionnalisme technique.
Le Couteau dans l'eau aurait pu se situer ailleurs qu'en Pologne, tout comme Répulsion ailleurs qu'à Londres où il est tourné. L'univers de Roman Polanski est en effet essentiellement mental.
Répulsion est réalisé à partir d'un scénario d'épouvante écrit par Gérard Brach, avec qui Polanski collaborera fréquemment.
véritable cas clinique.
L'appartement est moins une prison qu'une protection et les agressions de Carol sont tout autant des gestes de défense.
Polanski joue sur un double regard : le regard réaliste de l'entomologiste est doublé d'un point de vue subjectif qui nous fait partager l'inexplicable folie du personnage.
Ici, plus encore que dans Le Locataire, l'appartement, et avec lui le monde, perdent de leur consistance pour devenir le prolongement de son univers intérieur.
Polanski considère "Cul-de-sac", également tourné en Grande-Bretagne, comme son film "le plus valable du point de vue du cinéma".
Il est pourtant influencé par un certain théâtre moderne (Beckett, Adamov). Ce couple de gangsters ratés séquestrant un couple improbable sur une île abstraite séduit le public britannique par son humour et le jeu de Donald Pleasance.
Mais le film est un échec en France. Heureusement, Le Bal des vampires va toucher un large public : Polanski y respecte les codes et les stéréotypes indispensables du film de vampire, mais ne joue pas la carte facile de la parodie ou de la dérision.
Par un humour incessant, il oblige le spectateur, pour sa plus grande joie, à accepter ce qu'il sait être parfaitement faux.
Le finale est de la même nature que celui de Rosemary's Baby : nos maladroits chasseurs de vampires participeront à la probable domination de la Transylvanie par les adeptes du comte von Krolock.
Rosemary's Baby, de son côté, commence comme un soap opera pour s'achever en cauchemar.
D'abord séduit, le spectateur est peu à peu amené à partager, comme dans Répulsion, la vision paranoïaque de Rosemary, convaincue que ses voisins sont des sorciers... Visions objective et subjective des faits semblent se confondre, sans que Polanski choisisse entre elles.
Au spectateur de croire, s'il le souhaite, aux sorciers tentant de dominer le monde en faisant du bébé de Rosemary l'enfant de Satan, ou de préférer une lecture rationaliste, qui mette en avant la folie de la jeune femme.

Victime et bourreau

À l'exception d'un court-métrage perdu "La Bicyclette, 1955", aucun film de Polanski n'est directement autobiographique.
Pourtant, tous ont à voir avec son enfance troublée, confisquée, violentée : la domination d'un être, parfois d'une communauté, sur un autre, avec ce que cela implique de sadisme et de masochisme, de réversibilité et de trouble de l'identité, y occupe une place centrale.
Premier film réalisé après le meurtre de Sharon Tate, l'adaptation cinématographique de Macbeth (1971) est la plus sanglante jamais réalisée. Mais elle ne se résume pas à un exercice cathartique.
Macbeth incarne un Mal absolu qui renvoie moins à l'Écosse du XIe siècle qu'au monde en proie à la folie hitlérienne et au nôtre aussi peut-être, puisque, contrairement à la pièce de Shakespeare, le film laisse supposer que cette histoire n'a pas de fin.
Tout le cinéma de Polanski est travaillé par la tragédie de la Seconde Guerre mondiale.
L'enfermement, subi ou volontaire, constitue une figure scénographique constante de son œuvre : appartements ou maisons de Répulsion, du Locataire, de Rosemary's Baby, d'Oliver Twisten 2005, du Pianiste, de Carnage, châteaux de Cul-de-sac, du Bal des vampires.
Ce que confirment les films d'errance où alternent refuges et prisons, tels que Chinatown 1974, Frantic 1988, Tess 1979, Pirates 1986...
À l'extrême de la violence exercée par un être sur un autre pour le contraindre, figure le viol, évoqué dans presque tous les films du réalisateur. Les relations amoureuses elles-mêmes sont fréquemment empreintes d'une violence sado-masochiste "What ?, 1973 ; Lunes de fiel, 1992".
Pourtant, la description du mal pour lui-même intéresse moins Polanski que celle du lien entre la victime et son bourreau, comme dans La Jeune Fille et la mort, où une femme règle ses comptes avec son tortionnaire.
Si Polanski a tant attendu pour aborder directement le génocide des juifs dans la Seconde Guerre mondiale, c'est qu'il n'entendait pas seulement constater ou dénoncer. D'où son refus de l'autobiographie : dans Le Pianiste, inspiré du livre de Wladyslaw Szpilman, il nourrit le récit de détails précis tirés de sa propre expérience.
Il ne s'agit pas seulement de dire une fois de plus la barbarie nazie, mais de s'interroger sur l'être humain et sa capacité à rester lui-même, dans un monde où tout vise à le rendre inexistant.
La musique joue le rôle de l'indispensable catalyseur.
Elle rend possible un lien humain, comme le cinéma pour Polanski lui-même.

Cette même question, le cinéaste la pose sur un mode mineur dans les derniers films qui suivent. Dans The Ghost Writer 2010, le "nègre" de l'homme politique finit par disparaître, purement et simplement, faute d'un tel lien.
Dans "Carnage", ce lien se limite à la convenance sociale : aussitôt qu'il disparaît, les quatre personnages" politiquement corrects" ne peuvent plus que s'humilier les uns les autres, perdant aussi bien leur self-control que leur personnalité, si élémentaire soit-elle.


Thématique

Parmi les thèmes privilégiés du réalisateur, on retrouve essentiellement :
La perversion, le malsain
L'étrange, le dissonant
L'élégance
Le corps et la puissance physique.
La cruauté du destin de ses personnages est mise en œuvre avec un plaisir pervers dans un contexte culturel se voulant relevé, élitaire ou sophistiqué, ce qui accentue précisément l'impression générale de malaise. Ses films se situent souvent dans un univers clos et théâtralisé dont la représentation est déréalisée par l'intervention de la violence ou de l'irrationnel, l'appartement dans Répulsion, Rosemary's Baby, Le Locataire, Lunes de fiel et Carnage, l'auberge d'Europe centrale et le château médiéval dans Le Bal des vampires, le manoir entre ciel, terre et mer de Cul-de-sac, le voilier du Couteau dans l'eau, la villégiature en haut de falaise dans La Jeune Fille et la mort, le ghetto de Varsovie dans Le Pianiste, la maison insulaire de The Ghost Writer, la salle de théâtre dans La Vénus à la fourrure….
La frontière entre réalité, hallucination, monde quotidien et cauchemar est abolie.
Lorsqu'il est amené à filmer la nature, Polanski cherche à lui donner une dimension picturale et fait en sorte qu'elle rappelle la campagne polonaise de son enfance (Tess, Oliver Twist).
Par ses derniers films dans lesquels il réduit ostensiblement ses budgets colossaux, Carnage, La Vénus à la fourrue, il appelle de ses vœux à une nouvelle fusion entre théâtre et cinéma afin de retrouver des histoires plus simples et émouvantes, sans les artifices, la complexité ou l'extrême violence des productions majoritaires.

Les principales caractéristiques de son œuvre sont donc :

Les intrigues fantastiques
Les appartements maléfiques et les huis clos
La folie
Le cauchemardesque et le délire
Le complot
La paranoïa
L'anomie sociale
L'aliénation
La barbarie
Le point de vue des victimes et des dominés dans l'Histoire
La perte de l'innocence
L'enfance bafouée
La dialectique maître-esclave
L'ambiguïté du mal et du rapport entre victime et bourreau
La relation au monde extérieur ou à autrui vécue comme une effraction ou une violation
L'humour noir
Le tragique absurde
Un jeu sur les noms ou la manière de nommer
Un goût prononcé pour le baroque
Le satanisme

Méthodes de travail

Polanski est connu pour être un cinéaste très énergique et minutieux, obsessionnellement attentif au moindre détail.
Contrairement à plusieurs de ses confrères, il revendique une parfaite connaissance des caméras, de l'optique et du son : ses compétences dépassent souvent celles de ses techniciens dont il serait en mesure d'occuper la fonction.
Ses savoirs ont été acquis lors de sa formation en école de cinéma où il dut tourner à tous les postes sur les courts métrages de ses camarades et eut pour exercice d'analyser et de reproduire les plans de classiques du cinéma.
Il vante régulièrement l'enseignement de ses professeurs de Łódź qui l'encourageaient à approfondir ses compétences pratiques et l'incitaient à trouver instinctivement les compositions révélatrices de son propre style.
Polanski a d'ailleurs toujours refusé d'être rapproché de la Nouvelle Vague française dont il déplore le manque de professionnalisme et la méconnaissance technique de croquis ou dessins humoristiques pour visualiser scènes et personnages à l'instar de Fellini.
Adepte du cinéma de studio, notamment pour l'importance qu'il donne au décor, Polanski utilise plusieurs trucages de pointe et des incrustations numériques dans ses dernières réalisations.
Il fait souvent appel aux progrès des industries techniques comme ce fut le cas pour la technologie Dolby System sur Tess qui n'était pas encore maîtrisée en France.
Extrêmement exigeant et désireux de garder le contrôle absolu sur ses films, Polanski demande à ses comédiens et ses collaborateurs un engagement total : il se démarque par une manière très physique d'occuper le lieu de tournage et par une direction d'acteurs autoritaire qui lui a valu des frictions notables avec John Cassavetes, Jack Nicholson, Faye Dunaway, Johnny Depp ou encore Ewan McGregor. Généralement, il prépare ses interprètes en incarnant devant eux tous les rôles et établit quand il le peut son découpage de plans aux répétitions, en les voyant évoluer sur le plateau.

Particularités


Il ne se crédite jamais comme acteur dans ses propres films comme Le Bal des Vampires, Quoi ? et Le Locataire.
En tant que président du jury à Cannes en 1991, il fait de Barton Fink des frères Coen, le seul film qu'il avait aimé, l'œuvre la plus primée de l'histoire du festival : outre la Palme d'or, le jury, sous sa présidence et son impulsion, lui décerne le Prix de la mise en scène et le Prix d'interprétation masculine.
Le cas ne s'était jamais produit et le délégué général Gilles Jacob prend des mesures pour éviter qu'un film ne puisse obtenir à nouveau trop de récompenses.
À la Mostra de Venise en 1996, il déclenche une nouvelle polémique en tant que président du jury, cette fois pour avoir attribué la Coupe Volpi de la meilleure actrice à une fillette de 5 ans : Victoire Thivisol pour Ponette de Jacques Doillon.
En mai 2007, à la conférence de presse pour le soixantième anniversaire du Festival de Cannes pour lequel il a réalisé un court métrage dans le cadre d'un projet collectif : Chacun son cinéma avec d'autres réalisateurs tels que les frères Coen, les frères Dardenne, David Cronenberg et David Lynch, réuni avec des confrères comme Wim Wenders, Pedro Almodóvar, Takeshi Kitano, Jane Campion ou encore Alejandro González Iñárritu, il déclare devant l'assemblée de journalistes présents pour l'occasion, avant de partir brutalement :
"Je crois que c'est une occasion unique, vraiment rare, d'avoir une telle assemblée de metteurs en scène importants, assis, faisant face à un public de critiques… et avoir des questions tellement pauvres ! Alors franchement, je n'ai qu'une chose à dire : allons bouffer !".

Filmographie

Réalisateur

Courts métrages

1955 : La Bicyclette (Rower)
1956 : Meurtre (Morderstwo)
1956 : Rire de toutes ses dents (Uśmiech Zębiczny)
1957 : Cassons le bal (ou Les trouble-fête) (Rozbijemy Zabawę)
1957 : Kirk Douglas (documentaire)
1958 : Deux hommes et une armoire (Dwaj Ludzie z Szafą)
1959 : La Lampe (Lampa)
1959 : Quand les anges tombent (Gdy Spadają Anioły)
1960 : Le Gros et le Maigre
1962 : Les Mammifères (Ssaki)
1964 : Les Plus Belles Escroqueries du monde - segment La Rivière de diamants
2007 : Chacun son cinéma - segment Cinéma érotique
2012 : A Therapy

Longs métrages

1962 : Le Couteau dans l'eau (Nóż w wodzie)
1965 : Répulsion (Repulsion)
1966 : Cul-de-sac
1967 : Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers ou Pardon me, but your teeth are in my neck)
1968 : Rosemary’s baby
1971 : Macbeth (The Tragedy of Macbeth)
1972 : Weekend of a Champion, co-réalisé avec Frank Simon
1972 : Quoi ? (What ?, Che ? Co?)
1974 : Chinatown
1976 : Le Locataire
1979 : Tess
1986 : Pirates
1988 : Frantic
1992 : Lunes de fiel (Bitter Moon)
1994 : La Jeune Fille et la Mort (Death and the Maiden)
1999 : La Neuvième Porte (The Ninth Gate)
2002 : Le Pianiste (The Pianist)
2005 : Oliver Twist
2010 : The Ghost Writer
2011 : Carnage
2013 : La Vénus à la fourrure
Prochainement
D qui a pour sujet l'affaire Dreyfus90.

Acteur

1953 : Trois récits (Trzy opowiesci) - segment "Jacek", de Konrad Nalecki : Genek "le petit"
1955 : Zaczarowany rower, de Silik Sternfeld : Adas
1955 : La Bicyclette (Rower) (court-métrage), de Roman Polanski : celui qui veut acheter un vélo
1955 : Godzina bez slonca (court-métrage), de Pawel Komorowski :
1955 : Une fille a parlé (ou Génération) (Pokolenie), d'Andrzej Wajda : Mundek
1956 : Nikodem Dyzma, de Jan Rybkowski : le garçon à l'hôtel (non crédité)
1957 : Wraki, d'Ewa Petelska et Czeslaw Petelski
1957 : Koniec nocy, de Julian Dziedzina, Pawel Komorowski et Walentyna Uszycka : Little One
1958 : Deux hommes et une armoire (Dwaj Ludzie z Szafą) (court-métrage), de Roman Polanski : le mauvais garçon
1958 : Téléphonez à ma femme (Co rekne zena?), de Jaroslav Mach : un danseur
1959 : La lampe (Lampa) (court-métrage), de Roman Polanski : un passant (non crédité)
1959 : Quand les anges tombent (Gdy Spadają Anioły) (court-métrage), de Roman Polanski : vieille femme
1959 : La dernière charge (Lotna), d'Andrzej Wajda : musicien
1960 : De la veine à revendre (Zezowate szczęście), d'Andrzej Munk : le tuteur de Jola (non crédité)
1960 : Do widzenia, do jutra, de Janusz Morgenstern : Romek
1960 : Les Sorciers innocents (Niewinni czarodzieje), d'Andrzej Wajda : Dudzio
1960 : Le Gros et le Maigre (court-métrage), de Roman Polanski : le maigre
1961 : Samson, d'Andrzej Wajda
1962 : Le Couteau dans l'eau (Nóż w wodzie), de Roman Polanski : la voix du jeune homme (non crédité)
1965 : Répulsion (Repulsion), de Roman Polanski : joueur de cuillière
1967 : Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers), de Roman Polanski : Alfred, l'assistant du professeur Abronsius
1969 : The Magic Christian, de Joseph McGrath : le buveur solitaire
1972 : Quoi ? (What ?), de Roman Polanski : Moustique (non crédité)
1974 : Du sang pour Dracula (Dracula cerca sangue di vergine… e morì di sete!!!), de Paul Morrissey : l'homme dans la taverne (non crédité)
1974 : Chinatown, de Roman Polanski : l'homme au couteau
1976 : Le Locataire, de Roman Polanski : Trelkovsky
1982 : Chassé-croisé, d'Arielle Dombasle
1989 : En attendant Godot (TV), de Walter Asmus : Lucky
1992 : Back in the U.S.S.R., de Deran Sarafian : Kurilov
1994 : Grosse Fatigue, de Michel Blanc : lui-même
1994 : Une pure formalité (Una Pura formalità), de Giuseppe Tornatore : Inspecteur
2000 : Hommage à Alfred Lepetit, de Jean Rousselot
2002 : Zemsta (La Vengeance), d'Andrzej Wajda : Józef Papkin
2007 : Rush Hour 3, de Brett Ratner : Détective Revi
2008 : Caos calmo, d'Antonello Grimaldi : Steiner
2008 : Roman Polanski: Wanted and Desired, de Marina Zenovich : lui-même
2012 - Roman Polanski : A film memoir de Laurent Bouzereau : lui-même

Scénariste

1955 : La Bicyclette (Rower)
1956 : Meurtre (Morderstwo)
1956 : Rire de toutes ses dents (Usmiech Zebiczny)
1957 : Cassons le bal ! ou Les trouble-fête (Rozbijemy Zabawe)
1957 : Kirk Douglas (documentaire)
1958 : Deux hommes et une armoire (Dwaj Ludzie Z Szafa)
1959 : La Lampe (Lampa)
1959 : Quand les anges tombent (Gdy Spadaja Z Nieba Anioly)
1960 : Le Gros et le Maigre
1962 : Les Mammifères ou Les Bipèdes familiers (Ssaki)
1962 : Le Couteau dans l'eau ou Sillages (Nóż w wodzie)
1964 : Aimez-vous les femmes?
1964 : La Rivière de diamants (segment intégré au long-métrage Les Plus Belles Escroqueries du monde)
1965 : Répulsion, avec Catherine Deneuve
1966 : Cul-de-sac, avec Françoise Dorléac, Donald Pleasence, Jack MacGowran
1967 : Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers ou Pardon me, but your teeth are in my neck), avec Sharon Tate, Jack MacGowran, Ferdy Mayne
1968 : Rosemary’s baby, avec Mia Farrow, John Cassavetes
1970 : A Day at the Beach
1971 : Le Bateau sur l'herbe
1971 : Macbeth (The Tragedy of Macbeth)
1972 : Quoi ? (What ?, Che ?"Co?"), avec Marcello Mastroianni
1974 : Chinatown, avec Jack Nicholson, Faye Dunaway
1976 : Le Locataire (The Tenant), avec Isabelle Adjani, Shelley Winters
1979 : Tess, avec Nastassja Kinski
1986 : Pirates, avec Walter Matthau, Cris Campion, Ferdy Mayne
1988 : Frantic, avec Harrison Ford, Emmanuelle Seigner
1992 : Lunes de fiel (Bitter Moon), avec Hugh Grant, Emmanuelle Seigner
1999 : La Neuvième Porte (The Ninth Gate), avec Johnny Depp, Emmanuelle Seigner
2010 : The Ghost Writer, avec Pierce Brosnan, Ewan McGregor
2011 : Carnage, avec Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz et John C. Reilly
2013 : La Vénus à la fourrure, avec Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner

Producteur

1960 : Le Gros et le Maigre (producteur)
1966 : G.G. Passion (coproducteur)
1970 : A Day at the Beach
1972 : Afternoon of a Champion
1992 : Lunes de fiel (Bitter Moon), avec Hugh Grant, Emmanuelle Seigner (producteur)
1999 : Castelnuovo (producteur)
1999 : La Neuvième Porte (The Ninth Gate), avec Johnny Depp, Emmanuelle Seigner (producteur)
2002 : Le Pianiste (The Pianist), avec Adrien Brody (producteur)
2005 : Oliver Twist, avec Ben Kingsley (producteur)
2007 : Chacun son cinéma - segment "Cinéma érotique"
2010 : The Ghost Writer, avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan (producteur)

Auteur bibliographie

Trois scripts de films : Le Couteau dans l'eau [scénario original de Jerzy Skolimowski, Jakub Goldberg et Roman Polanski],
Repulsion [scénario original de Roman Polanski et de Gérard Brach], Cul-de-sac [scénario original de Roman Polanski et Gérard Brach], introduction et traduction par Boleslaw Sulik, New York, Fitzhenry and Whiteside. 275 pages (ISBN 978-0-06-430062-9) (ouvrage en anglais)
Roman Polanski, Roman Polanski's What?, Londres, Lorrimer. 106 pages, 1973 (ISBN 978-0-85647-033-2) et What?, New York, Third Press, 91 pages, 1973 (ISBN 978-0-89388-121-4)
Le Locataire (scénario adapté par Gérard Brach et Roman Polanski, d'après le roman de Roland Topor : Le Locataire chimérique), Paris, L'Avant-Scène, 1976.
Roman par Polanski, Paris, Robert Laffont, 496 pages, 1984 (ISBN 978-2-221-00803-4)

Théâtre


1948 : Le Fils du régiment de Valentin Kataiev au Young Spectator Theater, Varsovie (interprétation)
1978/1979 : En attendant Godot de Samuel Beckett (il interprète Lucky)
1981 : Amadeus de Peter Shaffer, Paris et Varsovie (mise en scène et interprétation)
1988 : La Métamorphose d'après Franz Kafka, mise en scène Steven Berkoff, Théâtre du Gymnase Marie Bell
1987 : Le Viol du soleil d'après Peter Shaffer, Paris (mise en scène et interprétation)
1997 : Master Class - La leçon de chant de Terrence McNally, adaptation Pierre Laville, Théâtre de la Porte Saint Martin (mise en scène)
1997 : Le Bal des vampires (Tanz der Vampyre), comédie musicale de J. Steinman et M. Kuntze tirée de son film, Vienne (mise en scène)
1999 : Amadeus de Peter Shaffer, Milan (mise en scène)
2003 : Hedda Gabler d'Henrik Ibsen au Théâtre Marigny, Paris (mise en scène)
2004 : Le Bal des vampires, comédie musicale tirée de son film, Stuttgart (supervision et vérification)
2006 : Doute de John Patrick Shanley au Théâtre Hébertot, Paris (mise en scène)
2006 : Dance of the vampires, comédie musicale, Berlin (mise en scène)

Opéra

1974 : Lulu d'Alban Berg, Festival de Spolète (mise en scène)
1976 : Rigoletto de Giuseppe Verdi, Opéra de Munich (mise en scène)
1992 : Les Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach, Opéra Bastille, Paris (mise en scène et production)
Récompenses, nominations et honneurs[modifier | modifier le wikicode]

Un Oscar du meilleur réalisateur, deux Golden Globes, une Palme d'or au festival de Cannes, trois Bafta, un Ours d'or au festival de Berlin et sept Césars… : Roman Polanski est l'un des cinéastes vivants les plus récompensés.

Meilleur film

Le Pianiste

Meilleur réalisateur

Le Pianiste x
2011 The Ghost Writer x
Prix du Syndicat de la critique française
Année Récompense Film Reçue ?
1970 Meilleur film étranger Rosemary's Baby x

Courts métrages

1958 : Golden Gate Award du Festival de San Francisco - Deux hommes et une armoire
1958 : Médaille de Bronze du Festival de Bruxelles - Deux hommes et une armoire
1958 : Diplôme d'honneur du 5e Festival du Film d'Oberhausen (Allemagne) - Deux hommes et une armoire
1961 : Mention spéciale du Festival de Tours - Le Gros et le Maigre
1962 : Grand Prix des Journées Internationales du Court métrage de Tours - Les Mammifères
1963 : Prix du meilleur court métrage du Festival de Melbourne - Le Gros et le Maigre
1963 : Dragon d'or du meilleur film au Festival de Cracovie - Les Mammifères

Divers

....... : nommé chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
....... : élevé au rang d’officier dans l'Ordre des Arts et des Lettres
....... : élevé au rang de commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres
1991 : Président du jury du 44e Festival de Cannes
1993 : Lion d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière au Festival de Venise
1996 : Président du jury de la 53e Mostra de Venise
1998 : Élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France.
1999 : Prix René Clair pour l'ensemble de son œuvre
1999 : European Award d'honneur pour sa contribution européenne au cinéma mondial
1999 : Prix spécial pour l'ensemble de sa carrière au Festival du film de Stockholm
2003 : Bavarian Film Award d'honneur pour l'ensemble de sa carrière
2003 : Prix de la critique tchèque pour l'ensemble de sa carrière
2004 : Globe de Cristal d'honneur du Festival de Karlovy Vary pour l'ensemble de sa carrière
2004 : Doctorat honoris causa de l'université nationale de Cinématographie de Bucarest
2006 : European Award d'honneur pour une vie consacrée au cinéma (Lifetime Achievement)
2007 : Aigle d'or de l'Académie nationale des arts à Moscou pour l'ensemble de sa carrière
2011 : Prix Henri-Langlois d'honneur pour l'ensemble de son œuvre
2011 : Prix Lumière d'honneur pour l'ensemble de son œuvre

Théâtre

Molières
Année Récompense Pièce Reçue ?
1988 Meilleur comédien La Métamorphose
1997 Meilleur metteur en scène Maria Callas, la leçon de chant

1981 : Prix du Brigadier - Amadeus de Peter Shaffer (Théâtre Marigny)


Liens regarder, écouter

http://youtu.be/ktEvZ1z8zkw un jour un destin
http://youtu.be/NoB6D1H9tuc interview
http://youtu.be/eunse5iAuvE interview
http://youtu.be/jpTudIsVhl0 Sharon Tate
http://youtu.be/Ero_Npqg3e4 Varsovie enfance
http://youtu.be/SDCP7LRJBVQ palme d'or à Cannes
http://youtu.be/hsX4m4-q95g le pianiste extrait
http://youtu.be/kkvDWm9t9DM La pianiste
http://youtu.be/oNJzwXDYmCw Rose mary's baby




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Posté le : 18/08/2013 15:14
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Jean Guitton
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Le 18 Août 1901 naît Jean Guitton


Jean Guitton est un philosophe et écrivain français, spiritualisme français, membre de l'Académie française, né le 18 août 1901 à Saint-Étienne dans la Loire, mort le 21 mars 1999 à Paris.
Influencé par Bergson, il infuencera à son tour, Louis Althusser par ses pôles d'intérêt que sont la métaphysique, religion, apologétique, épistémologie, sociologie

Écrivain, philosophe, auteur d'une trentaine d'ouvrages qui regardent aussi bien la philosophie que l'exégèse ou l'autobiographie, Jean Guitton s'est inscrit tout au long du XXe siècle, comme un penseur catholique, particulièrement soucieux d'établir des liens rigoureux entre la raison et la foi.
Né dans un milieu catholique de la bourgeoisie de Saint-Étienne, il ressent tout de suite, en fréquentant le lycée public, la distance que le rationalisme a creusé avec ses convictions chrétiennes.
Catholique traditionnel du côté paternel, et catholique humaniste du côté maternel, son grand-père maternel faisant preuve d'agnosticisme.

Cette diversité dans les expressions de la foi marque l'originalité de sa pensée.
Son frère, Henri Guitton, 1904-1992, devint un économiste très réputé.
Il est le cousin du poète Jean Desthieux.
Élève au Lycée de Saint-Étienne, il y fait de brillantes études qui le mènent à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, promotion 1920.

Monté à Paris, il prépare au lycée Louis-le-Grand son concours d'entrée à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm.
Sous la double influence de Jacques Chevalier et de Léon Brunschvicg son contraire , il se tourne vers la philosophie. C'est la rencontre du philosophe catholique Maurice Blondel ainsi que celle d'Henri Bergson, dont il deviendra un des exécuteurs testamentaires qui détermineront le jeune philosophe agrégé à préparer son doctorat sur Le Temps et l'éternité chez Plotin et saint Augustin 1933.

Il s'agit là de son œuvre philosophique majeure.
Il obtient l'agrégation de philosophie en 1923 et devient docteur ès lettres en 1933.
Il obtient l'une de ses premières affectations au lycée Théodore-de-Banville à Moulins, Allier; Jean Guitton avait de solides racines bourbonnaises, à Saint-Pourçain-sur-Sioule.
Pour passer du temps à l'éternité, explique-t-il, sous l'œil attentif de Brunschvicg, il faut passer "l'intervalle infini" d'une création, et non seulement l'intervalle fini d'une procession, ou d'une génération.

Comme Maurice Blondel quarante ans plus tôt, dans sa célèbre thèse sur l'Action, Guitton fait ressortir la nécessité pour la raison de s'ouvrir à un ordre supérieur, qui loin de lui être contraire, accomplit pleinement ses requêtes.
Vivement soutenu par Henri Bergson, sur lequel il écrira un beau livre "La Vocation de Bergson, 1960", Guitton s'intéresse également aux questions d'exégèse biblique.
Il fera une première étude consacrée au Cantique des Cantiques.

Cela lui vaut une autre des rencontres décisives de sa vie. En juin 1921, il rend visite à un religieux lazariste, M. Pouget, rue de Sèvres à Paris.
L'homme est devenu aveugle, mais son esprit intact, sa prodigieuse érudition dans des domaines très divers, religieux et scientifiques en font un maître incomparable, qui débrouillera notamment pour Guitton la question énigmatique de l'exégèse scientifique.
Celle-ci a mauvaise réputation chez les catholiques depuis Ernest Renan et l'éloignement du catholicisme d'Alfred Loisy, professeur au Collège de France et représentant redouté de l'exégèse rationaliste.
M. Pouget connaît Loisy et ne le redoute pas.
Jusqu'à la mort du lazariste en 1933, Jean Guitton va passer de longues heures dans la cellule du religieux, notant tous ses propos.
Il en fera son chef-d'œuvre, Portrait de M. Pouget, paru en 1941 à Paris, alors que Guitton se trouve en captivité en Allemagne. Albert Camus saluera le livre dans un article chaleureux publié dans Les Cahiers du Sud.

Il enseigne au lycée pendant plusieurs années avant d'être nommé à l'université de Montpellier en 1937.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il est prisonnier de guerre à l'Oflag IV-D Elsterhorst.
La captivité est pour lui l'occasion d'écrire et de publier un essai métaphysique et politique sur l'identité française : Fondements de la communauté française.

Dans cet ouvrage, préfacé par le maréchal Pétain à qui est dédié le texte, Jean Guitton propose de redonner à la "France nouvelle" qu'il pense voir naître depuis la Défaite, une "mystique" qui réussirait la synthèse du meilleur de l'Ancien Régime et de la Révolution française.
Son Journal de captivité 1942-19434 se fait aussi l'écho de ses préoccupations politiques : il y raconte, entre autres choses, son engagement dans le "Cercle Pétain" du camp, où il donne des conférences et organise des rencontres entre officiers français et allemands.
Plusieurs pages du Journal sont publiées, dès le 7 mars 1943, dans l'hebdomadaire pétainiste Demain, dont la mission était de rassembler les catholiques de tous bords autour du maréchal Pétain.
La publication du Journal lui vaut une condamnation devant un tribunal pour "intelligence avec l'ennemi et aide à la propagande allemande". Le jugement a été cassé par le Conseil d'État en 1948 ou 1949 .
Pendant sa période de détention, Jean Guitton organise des cours sur la pensée de Bergson, dont nul n'ignorait qu'il était juif.
"Il va sans dire que mon enseignement était particulièrement écouté par les officiers allemands.
Le Sonderfuhrer était venu me dissuader de poursuivre ce cours dangereux pour moi."
Après que l'ambassadeur allemand à Paris, Abetz, lui eut donné une autorisation exceptionnelle de libération à cause de sa limite d'âge, ce même Abetz expliqua ensuite que sa libération était impossible car il avait fait en captivité des cours sur le juif Bergson.
Guitton, toutefois, demeura positif : "Il m'arriva souvent de me dire avec satisfaction que je souffrais pour Israël."
Ami intime de Mgr Montini, futur pape Paul VI, il est protégé des rigueurs de l'Index.
Il est appelé par Jean XXIII à participer comme simple laïc au concile Vatican II.
Parallèlement, il continue de publier des œuvres philosophiques et apologétiques, qui en ont fait l'un des plus grands penseurs catholiques du xxe siècle.
Jean Guitton a aussi été désigné par Bergson au côté de Vladimir Jankélévitch comme héritier de sa pensée.
Il contribue d'autre part à faire connaître la mystique française Marthe Robin, voir son livre Portrait de Marthe Robin qu'il allait voir régulièrement et à qui il demande conseil avant de se présenter à l'Académie française.
Soutenu par Gabriel Marcel, il est nommé en 1955 à la chaire de la philosophie à la Sorbonne, en dépit de l'opposition de Vladimir Jankélévitch et de Jean Wahl qui y voient le retour du pétainisme.
Il est élu le 8 juin 1961 à l'Académie française, au fauteuil de Léon Bérard 1876-1960.
Le philosophe marxiste Louis Althusser, qui fut son élève et qui l'admirait, vient le voir secrètement de nuit à plusieurs reprises en mai 1968 pour dialoguer avec lui.
En 1987, c'est au tour de l'Académie des sciences morales et politiques de lui ouvrir ses portes, au fauteuil de Ferdinand Alquié.

Il continue d'écrire jusqu'à la fin de sa vie. En 1984, il fait part de ses réflexions sur la mort et l'au-delà dans L'Absurde et le Mystère, à la suite de discussions avec le président de la République François Mitterrand, alors atteint d'un cancer.
En 1991, il est victime d'une affaire de plagiat. L'astrophysicien Trinh Xuân Thuân accuse les frères Bogdanoff d'avoir plagié son livre "La Mélodie secrète" 1988 pour leur livre d'entretien avec Guitton intitulé Dieu et la science. Le procès qui s'ensuit les lave largement de ces accusations.

Pratiquant la peinture depuis son enfance, il y est fortement conduit et encouragé par Édith Desternes, peintre aux résidences parisienne et charitaine, comme lui aux racines bourbonnaises très fortes à Moulins et au Veurdre, et qui l'invite à exposer régulièrement ses œuvres à la Galerie Katia Granoff de Paris.

Guitton a notamment peint un Chemin de croix pour l'église Saint-Louis-des-Invalides : pour chaque station, pour chaque arrêt en ce chemin, il a réalisé une toile – une icône – sur laquelle il a écrit une courte phrase que la peinture éclaire et qui révèle ce qu’il a peint.
Jean Cocteau l'a aussi incité à décorer la chapelle des Prémontés à Rome, puisque saint Gilbert, patron du Bourbonnais, avait fondé un monastère relevant de l'ordre des Prémontrés près de Saint-Pourçain sur Sioule.


Jean Guitton est mort en 1999, à 97 ans. Marié sur le tard à Marie-Louise Bonnet (1901-1974), il n'avait pas d'enfants.
Il est évoqué dans le 155e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.

Œuvres

(liste partielle)
Portrait d'une mère (1933)
Le Temps et l'éternité chez Plotin et Saint Augustin (1933) (Aperçu sur Google Books)
La Philosophie de Leibniz (1933)
Actualité de saint Augustin (1935)
La Pensée moderne et le catholicisme (1934-1950)
Perspectives (1934)
Newman et Renan (1938)
La Pensée de M. Loisy (1936)
Critique de la critique (1937)
Le Problème de la connaissance et de la pensée religieuse
Le Problème de Jésus et le fondement du témoignage chrétien (1946)
Développement des idées dans l'Ancien Testament (1947)
Portrait de M. Pouget (1941)
Justification du temps (1942)
Fondements de la communauté française (1942)
Journal de captivité 1942-1943 (1942-1943)
Nouvel art de penser (1946)
Le Problème de Jésus (1946)
L'Amour humain (1948)
L'Existence temporelle (1949)
La Vierge Marie (1949)
Pascal et Leibniz (1951)
Le Travail intellectuel (1951)
Journal, études et rencontres (1959 et 1968)
L'Église et l'Évangile (1959)
La Vocation de Bergson (1960)
Une mère dans sa vallée (1961)
Regard sur le concile (1962)
Génie de Pascal (1962)
L'Église et les laïcs (1963)
Dialogues avec Paul VI (1967)
Développement de la pensée occidentale (1968)
Profils parallèles (1970)
Newman et Renan
Pascal et Leibniz
Teilhard et Bergson
Claudel et Heidegger
Ce que je crois (1971)
Paul VI et l'Année sainte (1974)
Écrire comme on se souvient (1974)
Remarques et réflexions sur l'Histoire (1976)
Journal de ma vie (1976)
Évangile et mystère du temps (1977)
L'Évangile dans ma vie (1978)
Paul VI secret (1980)
Le Temps d'une vie (1980)
Jugements (1981)
Pages brûlées (1984)
L'Absurde et le Mystère (1984)
Portrait de Marthe Robin (1985)
Œcuménisme (1986)
Un siècle, une vie (1988)
Dieu et la science (avec Igor et Grichka Bogdanoff, 1991)
Portrait du père Lagrange (1992)
Celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas (avec Jacques Lanzmann, 1994)
Chaque jour que Dieu fait (1996)
Le Siècle qui s'annonce (1996)
Mon testament philosophique (1997)
Ultima Verba (avec Gérard Prévost, 1998)

Récompenses

1954 : Grand prix de l'Académie française
1979 : Médaille d'or Montaigne
1986 : Commandeur de la Légion d'honneur
1990 : Grand-croix de l'ordre national du Mérite
Commandeur des arts et des lettres


Liens regarder, écouter

http://youtu.be/QuHD0eMvmkc Les frères Bogdanoff
http://youtu.be/NRroK0oqzl0 chemin de croix par Guitton
http://youtu.be/KerxYNqgS5k la vie de Jean Guitton
http://youtu.be/j9dQApRlj8g l'art du portrait






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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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