| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 719 720 721 (722) 723 724 725 ... 956 »


Re: Défi théme d'écriture du 7 octobre
Plume d'Or
Inscrit:
06/08/2013 20:30
De Le Havre
Messages: 805
Niveau : 25; EXP : 53
HP : 0 / 613
MP : 268 / 19540
Hors Ligne
Alice au pays des horreurs

Mon amie Chantal est venue me rendre visite, elle va même rester à coucher à la maison. Je suis tellement contente ! Chantal est plus âgée que moi, c’est mon modèle, elle est très belle. Elle est blonde, alors que je suis brune, elle sait lire des livres, elle a des devoirs. J’ai hâte d’aller à la grande école comme elle, de savoir des choses, d’entrer dans le monde du savoir, dans le monde des grands.

« Je vais te lire une histoire ».

Chantal sort un grand livre de son sac. Sur la couverture, il y a une petite fille blonde avec un très joli visage. Elle a les cheveux longs et une robe d’un beau bleu. Par contre elle porte un tablier blanc, ce qui est assez étrange, est-elle femme de chambre ? Ce serait bizarre à son âge. Elle a de grosses jambes boudinées dans des collants blancs. J’adore les histoires, je m’installe à côté de Chantal et j’écoute en regardant les images du livre.

C’est donc l’histoire d’Alice. Elle se repose au pied d’un arbre en compagnie de sa sœur, quand tout à coup elle décide de suivre un lapin avec une montre. Sa sœur lui a dit de ne pas bouger, et elle se met à courir après un lapin ! Elle est désobéissante, il va lui arriver des malheurs. Elle m’énerve déjà, je n’aime pas les gens qui cherchent les ennuis. En plus un lapin avec une montre, c’est impossible.

Alice arrive dans un pays inconnu. Elle ferait mieux de rebrousser chemin et de retrouver sa sœur, elles pourraient peut-être y retourner toutes les deux après. Elles étaient dans un très joli jardin, à sa place j’y serais restée.

Le lapin tombe dans un puits, et elle le suit ! Quelle inconsciente ! Elle va se blesser, c’est sûr. Sa chute est interminable, elle va s’écraser au fond du trou, plus personne ne pourra venir la sauver, quelle horreur ! En plus c’est une voleuse, elle prend des confitures qui se trouvent sur des étagères dans le puits, quelle mal élevée.

Après la confiture, que trouve-t-elle ? Une petite bouteille remplie d’un liquide inconnu. Il est écrit « buvez-moi », et cette idiote d’Alice boit ce qui est sans doute du poison. Elle cherche les ennuis je vous dis !

Elle devient toute petite :

« Je le savais qu’il lui arriverait malheur », je suis sidérée par la bêtise de cette fille.

Quand elle trouve un gâteau marqué « mangez-moi », je me doute qu’elle ne va pas hésiter une seconde à l’engloutir.
Et voilà qu’elle se met à grandir, à grandir.

C’est affreux, moi aussi je grandis, j’ai la plus haute taille de l’école, pourtant je suis parmi les plus jeunes. On demande tout le temps à mes parents :

« Jusqu’où va-t-elle aller ?"

Ils me regardent d’un air amusé qui ne me fait pas rire,

« Arrête de grandir, tu vas toucher le plafond ! »

Et voilà que c’est ce qui arrive à Alice. Non seulement elle touche le plafond mais en plus elle ne peut plus sortir de la pièce, c’est épouvantable. Et si ça m’arrivait ? Je n’ai jamais vu personne d’aussi grand, même les adultes. Mais si ça m’arrivait à moi ? Tout le monde à l’air tellement étonné de me voir si grande.

« Quel âge a-t-elle ? 4 ans ? Mais c’est incroyable ! »

Ma mère annonce fièrement,

« Et oui, elle met du 8 ans ! »

« Du 8 ans ? Vous êtes sûre ? Le docteur trouve-t-il cela normal ? Elle va peut-être manquer de vitamines, ou se créer des hernies ».

« Non, elle est grande comme son père », répond ma mère qui ne dépasse pas 1.52 mètre.

Je n’écoute que distraitement Chantal et la suite de l’histoire, elle fait vraiment trop peur cette Alice ! Il y a aussi un chat méchant et un chapelier avec un couvre chef ridiculement grand.
Tout à coup, la reine entre en scène. Encore un personnage monstrueux, elle veut décapiter tout le monde, même Alice ! Chantal m’a expliqué ce que voulait dire décapiter, cette bonne femme est folle. Tous ces personnages sont des cartes à jouer, c’est joli, mais ils sont trop nombreux et ils ne tiennent pas debout.

Tout à coup, la porte de ma chambre s’ouvre brusquement. Chantal et moi sursautons de peur, que se passe-t-il, est-ce le chapelier fou, ou la reine qui veut nous décapiter ?

« Qu’est-ce que vous faites toutes les deux ? Arielle a l’air terrorisée. Qu’est-ce que vous lisez ? »

C’est ma nourrice, Mary, elle regarde Chantal avec des gros yeux :

« Alice au Pays des Merveilles ! Arielle est trop jeune pour entendre des histoires pareilles, et toi aussi Chantal. »

Elle ferme le livre avec autorité, et l’envoie rejoindre les autres sur l’étagère. Chantal suit le livre des yeux complètement ahurie.

« La chambre n’est pas rangée en plus ! »

D’un claquement de doigts elle range les jouets dans le coffre, un autre claquement et les vêtements qui sont par terre rejoignent le placard avec les autres.

« Voilà qui est fait ! Au lit toutes les deux, nous sommes invitées aux courses ce soir ! »

Chantal ne comprend pas vraiment ce qui se passe, mais elle n’ose rien dire. Si elle savait que Mary est arrivée chez nous avec son parapluie un jour de tempête, elle serait encore plus étonnée.
Nous nous endormons toutes les deux très vite, pressées d’aller à l’hippodrome avec Mary, ma gentille gouvernante britannique.

Posté le : 08/10/2013 15:29
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les expressions
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
« Malheureux comme les pierres »


Extrêmement malheureux.


Les pierres sont supposées être des objets inanimés, donc dépourvus d'âme et de sentiments. Comment pourraient-elles être malheureuses ?

Ce n'est bien sûr que pour une simple raison d'anthropomorphisme : on leur prête ici les mêmes sentiments qu'aux êtres humains.
Car, imaginez-vous, pierre parmi d'autres, enfoncée à demeure dans la terre d'un chemin au revêtement duquel vous participez. Imaginez-vous régulièrement piétinée par les passants.
Imaginez votre 'visage' écrasé par le fer d'un sabot d'un des chevaux qui tirent une diligence dont une roue cerclée de fer vient achever de vous meurtrir la face, car l'expression remonte au XVIIIe siècle.
Tout cela sans pouvoir réagir, sans pouvoir vous extirper de cet endroit où tous vous foulent et vous massacrent sans vergogne mais sans haine aussi, je vous rassure, sans pouvoir hurler pour vous faire reconnaître.
Est-ce que, en de telles circonstances, vous ne seriez pas extrêmement malheureuse ?

Et si cela ne vous suffit pas, vous pouvez aussi imaginer que votre regard a malheureusement croisé celui de la Gorgone Méduse Vous voilà d'un coup complètement et définitivement pétrifié, mais avec votre capacité de réflexion encore intacte.
Comment ne pas être une pierre très malheureuse, dans une telle situation ?

Posté le : 08/10/2013 11:10
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Dos à dos (chronique sur les adolescents)
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35559
Hors Ligne
Tu me donnes grande envie de découvrir cette série Emma.

Les épisodes semblent être sur Youtube.

Je viens de trouver l'épisode 1 de la saison 1

https://www.youtube.com/watch?v=r2YC41ZofDI

Cela semble prometteur. Tiens, l'acteur qui joue Tony est le même qui incarne le fameux zombie !

Merci pour le partage

A bientôt.

Posté le : 08/10/2013 06:30
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: La rubrique de BACCHUS : Bacchus commence à s'écouter !
Plume d'Or
Inscrit:
22/01/2012 16:15
De Alsace
Messages: 317
Niveau : 16; EXP : 64
HP : 0 / 391
MP : 105 / 14218
Hors Ligne
Hi hi hi un véritable homme politique ce Bacchus ! les " déjà en place " vont devoir s'accrocher pour garder leurs privilèges, ce nouvel arrivant promet - dans les deux sens du terme - .

Posté le : 07/10/2013 22:57
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Dos à dos (chronique sur les adolescents)
Modérateur
Inscrit:
02/02/2012 21:24
De Paris
Messages: 1494
Niveau : 32; EXP : 96
HP : 0 / 799
MP : 498 / 28998
Hors Ligne
Skins, l’adolescent à fleur de peau


La télévision a toujours mis en scène de façon sublimée, magnifiée, idéalisée ou dramatisée l’âge adolescent. Propice aux conflits intergénérationnels, aux tribulations de l’apprentissage de la vie adulte, l’adolescence offre tous les ressorts des bonnes séries à rebondissement.
On se souvient tous de la série culte des années 70s’ Happy Days qui présente une vision résolument positive en exaltant les valeurs de l’amitié du courage et de la loyauté. De nombreuses séries surfent sur cette vague obstinément sympathique et détendue. Ainsi la série « Fame » met en scène les prometteurs élèves d’une école artistiques (son mécanisme sera repris dans la série espagnole« un,dos,tres »).
Dans la même verve, mais déjà plus contrastée, la série « Beverly Hills » des années 90s’ met en avant les affres de la jeunesse dorée des beaux quartiers de Los Angeles. La série se veut une fable sur le thème des « pauvres riches » qui ont certes, le confort matériel mais à qui il manque cruellement le supplément d’âme nécessaire au bonheur.
La plupart des séries postérieures à Beverly Hills telle que la très appréciée série « Dawson », fonctionne selon le même mécanisme d’une petite communauté assez aisée frappée par des drames bourgeois. Avec en prime, l’exaltation des valeurs familiales voire même religieuses comme dans la série « 7 à la maison » où le chef de famille est un pasteur américain qui s’autorise, à la fin de chaque épisode, à dire la bonne morale de l’histoire…
Foin de tout cela dans la série « Skins » ! Apparue dans en 2007, cette série se singularise par son côté acide et ses points de vue offensifs ainsi que par une esthétique singulière. Elle met en scène des adolescents anglais et non pas américains. La ville de Bristol y est très présente avec de nombreux protagonistes issus de cette ville.



Pourquoi les ados adorent ?
Les thèmes abordés sont parfois crus : l’homosexualité, l’anorexie, l’alcool, la drogue, le mal-être, la famille mono parentale… Mais le point de vue est toujours adouci par l’intériorité d’un personnage central, ses doutes, ses joies, ses peines… L’absence totale de jugement fait que le personnage évolue sans qu’il n’y ait impression de malaise.



Mon avis :
On peut tous apprécier cette série qui - au-delà de l’adolescence - parle de la vie dans une communauté humaine, de la cellule familiale et de son délitement, de la difficulté parfois à trouver sa place dans notre société… Attention malgré tout aux plus jeunes.

Posté le : 07/10/2013 17:10
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Dos à dos (chronique sur les adolescents)
Modérateur
Inscrit:
02/02/2012 21:24
De Paris
Messages: 1494
Niveau : 32; EXP : 96
HP : 0 / 799
MP : 498 / 28998
Hors Ligne
Merci pour ces commentaires !

Couscous, pas étonnant que ta fille s'y mette : ils sont tous accros !
Lydia, moi aussi, j'ai essayé de lire Twilight. Vraiment, il y a un truc qui ne fonctionne pas avec moi non plus... Difficile à expliquer...

Posté le : 07/10/2013 17:09
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les expressions
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
« La cheville ouvrière »


Personnage principal, agent essentiel autour duquel s'organise et fonctionne une entreprise.


Il ne faut pas confondre Arlette Laguillier qui est la cheville ouvrière de Lutte Ouvrière avec la cheville que l'ouvrière s'est foulée en faisant de la lutte, ce qui l'empêche d'être la cheville ouvrière de sa petite entreprise.

A l'origine, la cheville ouvrière est, dans un assemblage mécanique, la pièce qui travaille le plus tout en supportant l'effort principal.
En 1694, Furetière écrit, à propos des carrosses et autres voitures de l'époque : "grosse cheville de fer sur laquelle tourne le train de devant, et qui l'attache à la flèche".
C'est donc une pièce maîtresse, totalement indispensable au bon fonctionnement d'un ensemble dans lequel elle oeuvre d'où le 'ouvrière'.

Apparemment, c'est Lesage qui, en 1715, utilise le premier la métaphore que nous connaissons aujourd'hui où la cheville ouvrière désigne en général une personne devenue indispensable à la bonne marche de son organisation.

Posté le : 07/10/2013 12:24
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: La rubrique de BACCHUS : Bacchus commence à s'écouter !
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35559
Hors Ligne
Un programme qui se concrétise ! Tu gagnes en électeurs je pense. Continue sur cette voie (ou voix) ... bientôt élection de Bacchus 1er qui nous invitera à des somptueux banquets.

A bientôt ...

Couscous

Posté le : 07/10/2013 07:25
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi thème d'écriture du 29 septembre : Une sensation étrange
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35559
Hors Ligne
Les enfants sont parfois plus sensibles à ce genre de sensations. Sujet triste et traité avec pudeur.

Juste la fin que je ne comprends pas. Pourquoi "jusqu'à 18 ans" car on porte ce fardeau toute sa vie ?

Merci pour ta participation Filamande

Posté le : 07/10/2013 07:22
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi théme d'écriture du 7 octobre
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35559
Hors Ligne
L’envers du décor

Alice s’extirpe de l’attraction qu’elle vient de tester pour la première fois. Il s’agit d’un immense pylône qui offre une chute vertigineuse. L’adrénaline est au rendez-vous. Elle s’éloigne, se frayant un chemin entre les visiteurs et leurs enfants qui courent partout, émerveillés par les manèges, tous plus attrayants les uns que les autres. Le bruit environnant et assourdissant, un mélange de cris de joie et de frayeur de la part des clients et les musiques et encouragements au micro de la part des forains. Alice marque une pause devant une maison hantée mécanisée. Elle détaille les diverses décorations animées qui ornent la façade, lorsqu’elle entend « Pssst ! ». Elle cherche aux alentours d’où peut provenir l’appel et aperçoit une poupée de chiffon aux yeux en boutons, lui faire signe de sa main de coton. Intriguée, Alice se met à suivre cette vision étrange. Difficilement, elle se faufile entre le stand de tir à la carabine et la cabane aux croustillons.

La poupée sautille sur un chemin de terre battue, qui sillonne en direction d’un petit bois. Elle est étonnamment rapide et Alice doit presser le pas pour ne pas perdre sa trace. La route mène à une clairière parsemée de roulottes de tailles et de couleurs différentes. La poupée entre dans l’une d’elle. La caravane est si petite qu’Alice doit y pénétrer à quatre pattes. A l’intérieur, elle découvre une immense table, digne de celle du Roi Arthur. Au bout, un poisson rouge géant préside une sorte de réunion syndicale des lots de foire. C’est à se demander comment tout ce petit monde et le mobilier tient dans un si minuscule espace. Alice prend place sur la dernière chaise libre qui ne possède que trois pieds. Autour de la table, se trouvent côté à côté des nounours, des peluches de toutes formes, des déguisements qui semblent être portés par des êtres invisibles, des kits d’accessoires de cow-boy ou de princesse « made in China », etc. Tout ce petit monde hétéroclite bavarde bruyamment. Alice sent un mécontentement gronder au sein de l’assemblée. Le Président s’empare d’un marteau gonflable assis à sa droite et lui frappe violemment la tête contre la table. Le jouet émet des couinements ridicules ; ce qui ramène le calme dans la salle. Le poisson se racle la gorge avant d’entamer son discours.

« Camarades ! Nous sommes réunis aujourd’hui pour lister nos revendications afin d’améliorer nos conditions de travail. Je vous écoute un par un. »

Les peluches demandent de ne plus être entassées dans des sacs en plastique géants pendant leur transport. Les jouets emballés émettent le souhait que leurs congénères, dont le carton est trop abîmé, ne soient pas jetés mais donnés à des œuvres de charité. Enfin, la parole est donnée à Alice.

« Pardon. Je ne suis pas un jouet. J’ai suivi la petite poupée assise là-bas.
- Et tu trouves normal de t’imposer ici ? Serais-tu une espionne de l’autre camp ?
- Quel camp ?
- Les forains !
- Je ne suis qu’une cliente de la foire. Je … »

Alice n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’un vent d’indignation se lève et que ses hôtes se mettent à lui jeter tout ce qui se trouve sur la table en criant : « A bas l’oppresseur ! ». En se protégeant la tête de ses bras, la jeune fille court vers la petite porte qu’elle referme prestement derrière elle. Elle entend les derniers projectiles s’écraser sur le bois.

Son regard est attiré par une lumière vive qui s’échappe d’une roulotte multicolore un peu plus loin. Elle s’en approche et observe à travers la vitre exempte de rideaux. Quelle n’est pas sa surprise en découvrant une ribambelle de canards en plastique de toutes les couleurs en train de se sécher devant un feu de cheminée, une serviette de bain autour du cou. Ce sont sûrement ceux de la pêche pour enfants qui profitent d’une petite pause bien méritée. Mieux vaut ne pas les déranger au cas où ils seraient encore plus virulents que les jouets.

« Hé ! »

Un frisson d’effroi parcourt l’échine d’Alice. Elle se retourne et découvre un homme avec une longue barbe. Les traits fin de son visage contrastent avec son imposante pilosité. L’inconnu interroge l’intruse :

« Que fais-tu ici ? »

Sa voix est étrangement aiguë.

« Je … j’ai suivi une poupée de chiffon.
- Mélanie ! Elle ne peut s’empêcher d’aller de l’autre côté C’est pourtant interdit et elle le sait.
- Comment se fait-il que les jouets bougent et parlent ici ?
- Parce qu’ils ne sont pas encore domptés. Nous sommes trois à effectuer ce travail. Nous avons dû nous recycler car nous ne pouvions plus bosser directement à la foire. Viens, je vais te présenter les autres. »

Alice suit l’inconnu à la silhouette fluette jusqu’à un chapiteau de cirque. Sur la piste circulaire recouverte de sable, Alice aperçoit une femme qui fait claquer ses deux fouets devant une peluche de dauphin. La « bête » semble nerveuse et tente de s’approcher de la dompteuse qui la repousse d’un coup de botte, avant de lui fouetter le flanc droit. La scène dure plusieurs minutes. Alice ne peut détourner les yeux de ce spectacle aussi déconcertant que surréaliste. Finalement, le dauphin de mousse se fige avec un fin sourire sur les lèvres. Satisfaite, la femme attrape l’animal par la queue et le met dans un filet qu’elle apporte au guide d’Alice.

« Tiens, il est prêt celui-là. Il m’a donné du fil à retordre. C’est qui elle ? en désignant Alice. Une nouvelle recrue ? Elle est un peu trop …
- Normale ! lance le barbu en rigolant à pleines dents.
- Excusez-moi … je ne comprends pas, interrompt Alice.
- En fait, nous sommes des monstres de foire. Je suis Barbara, la femme à barbe et voici Medusa. Elle possède huit doigts à chaque main et chaque pied. »

La dompteuse tend les mains vers Alice qui ne peut que constater, avec étonnement, la véracité des propos de Barbara.

« Enchantée, je m’appelle Alice, se sent obligée de dire la jeune fille à l’adresse de Medusa, sans pour autant lui tendre la main.
- Moi de même. Tu as vu comment je l’ai dompté l’animal ?
- C’était … impressionnant.
- Viens, je vais te présenter Philippe. »

Alice suit Barbara à l’extérieur du chapiteau. Elles pénètrent dans une roulotte dont la porte est si étroite qu’il faut y entrer de profil.

Au fond, un homme est assis dans un canapé, occupé à regarder la télévision en grignotant.
« Philippe, arrête de manger. Tu sais que c’est mauvais pour toi ! »

Barbara lui arrache le paquet de chips des mains. L’homme grogne :

« Rends-le-moi. Ça n’a plus d’importance maintenant. Je ne sais pas pourquoi tu passes toujours autant de temps à tailler et entretenir ta barbe. On ne retournera jamais de l’autre côté.
- Ce n’est pas parce que l’on ne veut plus de nous là-bas qu’il faut se laisser aller. Lève-toi. Nous avons de la visite. »

L’homme au visage émacié et aux pommettes saillantes se met debout et tend une main osseuse à Alice. En la serrant, elle a l’impression qu’elle va la briser. Barbara soulève la chemisette de son collègue. Alice découvre avec stupeur que l’abdomen de Philippe se résume à de la peau entourant sa colonne vertébrale. Seule une boule au niveau de l’estomac donne un peu de volume.

« Va te faire vomir avant d’être malade ! »

Philippe sort quelques instants de la caravane et revient, l’air soulagé. Alice ressent soudainement des élancements dans le crâne. Elle se tient la tête entre les mains, le cœur au bord des lèvres. Soutenue par Philippe et Barbara, elle est emmenée vers l’infirmerie du camp. En traversant la salle blanche, Alice observe autour d’elle. Sur les lits, gisent un nounours avec un bandage sur l’œil, une grande tête en bois à la mâchoire décrochée et un ballon dégonflé. Allongée, la jeune fille ferme les yeux afin d’atténuer les battements qui résonnent dans sa tête. Elle sent une main fraîche se poser sur son front. Elle découvre avec stupeur le visage déformé d’un homme en blouse blanche. Son œil gauche se situe au niveau de sa pommette et sa bouche s’ouvre par sa joue droite. Un Picasso vivant !

« N’aie pas peur. Je vais te soulager. »

Il s’empare d’une piqûre géante, en expulse un peu de liquide verdâtre avant de la diriger vers le bras d’Alice. Cette dernière se met à hurler :

« Non ! » avant de ressentir une sensation de chute vertigineuse qui prend fin lorsqu’une voix douce l’appelle.
« Mademoiselle ! Réveillez-vous. »

Alice ouvre lentement ses paupières lourdes. Au-dessus d’elle, un jeune homme est penché.

« Vous vous sentez mieux ? demande-t-il avec un petit sourire.
- Où suis-je ?
- A la fête foraine. Vous vous êtes évanouie en sortant de mon attraction. Les sensations ont été trop fortes pour vous apparemment. »

Il aide la jeune fille à se relever.

« Ça ira. Je vais rentrer chez moi me remettre de mes émotions. Veuillez m’excuser pour le dérangement. »

Alice se remémore son drôle de rêve. Quelle imagination fertile elle possède ! En passant devant le stand de la pêche aux canards, Alice regarde le mur portant les lots. Elle sourit à la poupée de chiffon qui lui adresse un clin d’œil complice.

[img width=300]Cliquez pour afficher l[/img]

Posté le : 07/10/2013 06:01
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 719 720 721 (722) 723 724 725 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
77 Personne(s) en ligne (57 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 77

Plus ...