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Raymond VI
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Le 27 octobre 1156 Naît à Saint-Gilles dans le Gard, Raymond VI comte de Toulouse,I

Il fut comte de Melgueil Raymond IV de 1173 à 1190 puis comte de Toulouse, de Saint-Gilles, de Rouergue en 1209, duc de Narbonne, marquis de Gothie et de Provence de 1194 à 1222.
Il était fils de Raymond V, comte de Toulouse, de Saint-Gilles, marquis de Gothie et de Provence et duc de Narbonne et de Constance de France, sœur du roi Louis VII.

Fils du comte Raymond V, il aussi est le neveu de Louis VII de France et le beau-frère de Richard Ier roi d'Angleterre.
Devenu comte en 1194, Raymond VI fait preuve d'une tolérance jugée excessive envers ses nombreux sujets hérétiques.
Aussi, l'Église le soupçonne-t-elle d'avoir une responsabilité dans l'assassinat du légat pontifical Pierre de Castelnau le 15 janvier 1208, venu l'exhorter à agir contre les cathares du Languedoc.
En 1209, le pape Innocent III réagit en lançant la croisade des albigeois. Le comte de Toulouse finit par s'y rallier, apparemment par pénitence.
Les armées croisées, composées en majorité de Français du Nord à la recherche de terres dans le Sud, sont placées sous le commandement du seigneur Simon de Montfort – père de Simon de Montfort, célèbre comte de Leicester, dont le nom a marqué l'histoire de l'Angleterre. À terme, Raymond VI va se retrouver contraint de défendre ses fiefs contre les ambitions des croisés.
À Muret près de Toulouse, le 12 septembre 1213, Raymond VI et son allié Pierre II d'Aragon – son beau-frère par son mariage en deuxième noce – sont mis en déroute par Simon de Montfort, qui se voit attribuer les États du comte par le quatrième concile du Latran 1215.
Mais, avec l'aide des Aragonais, Raymond VI reprend Toulouse en septembre 1217.
Il soutient le siège organisé par Simon de Montfort, qui est tué le 25 juin 1218 devant la ville. De là, le comte reconquiert la plupart de ses possessions avant de disparaître subitement en août 1222.
L'Église, qui l'a excommunié par deux fois, lui refusera un enterrement selon le rite chrétien.

Raymond VI est un prince plus politique que belliqueux. Il se montrera calculateur, temporisateur et d’une grande souplesse politique, faisant mine de se soumettre à plusieurs reprises pour mieux se redresser au meilleur moment. Cela lui a permis de reprendre à Simon de Montfort le comté de Toulouse. Cultivé, il compte parmi ses amis nombre de troubadours.

Sa vie

Son premier mariage lui apporte le comté de Melgueil, que sa première épouse lui cède par testament avant de mourir en 1176. Raymond se remarie ensuite avec Béatrice Trencavel, la sœur de Roger II Trencavel, vicomte de Carcassonne et de Béziers, et rival des comtes de Toulouse.
En 1192, le roi Richard Cœur de Lion et son épouse Bérengère de Navarre, partis en croisade rentrent de Terre Sainte. Leurs navires sont séparés par la tempête, Richard échoue en Autriche où il est capturé et emprisonné, tandis que Bérengère débarque dans le Languedoc.
Elle demande et obtient l’autorisation de Raymond V pour traverser le comté de Toulouse et rejoindre Bordeaux. Raymond V et son fils, le futur Raymond VI, la reçoivent avec faste, et Raymond le jeune, s’éprend d’une des suivantes de Bérengère, Bourgogne de Lusignan, fille du futur roi de Chypre Amaury de Lusignan.
Il répudie immédiatement Béatrice, ce qui occasionne des tensions avec Trencavel, et épouse Bourgogne. Il y avait également dans le cortège de Bérengère Jeanne d’Angleterre, veuve du roi Guillaume II de Sicile et future épouse de Raymond.
Raymond V meurt en décembre 1195.
Son fils est intronisé le 6 janvier 1195. Richard Cœur de Lion, libéré des geôles autrichiennes et revenu dans ses états, reprend à son compte les prétentions des ducs d’Aquitaine sur le Toulousain, mais doit compter avec l’opposition de Philippe Auguste, roi de France.
Plutôt que se lancer dans une guerre hasardeuse, il préfère conclure une alliance avec le comte de Toulouse. Raymond VI répudie Bourgogne, épouse Jeanne d’Angleterre à Rouen en octobre 1196, et reçoit en dot l'Agenais et le Quercy. Pour ne pas perdre un allié, Philippe Auguste donne au comte de Toulouse la ville de Figeac.
Durant les années qui suivent, le catharisme se propage dans le comté de Toulouse et dans des vicomtés languedociennes, sans que Rome, qui ne réalise pas l’ampleur de l’hérésie, ne s’en inquiète. Comme ses prédécesseurs, Raymond VI est en litige avec l’abbaye de Saint-Gilles à propos des bénéfices de l’abbaye et de sa répartition. La lutte lui vaut une excommunication dès 1196, qui n’est levée qu’en 1198.
Mais il gagne l’amitié de Roger II Trencavel et la paix règne dans le Languedoc avec ses principaux vassaux qui sont, outre les Trencavel, le comte d'Armagnac, le comte de Comminges, le comte de Foix et les vicomtes de Montpellier, de Nîmes, de Greze, de Rodez. Cependant le lien féodal est beaucoup plus relâché que chez les capétiens, et l'individualisme et l'insubordination est souvent la règle.
Veuf de Jeanne d’Angleterre, Raymond se remarie avec Eléonore d’Aragon. Ainsi, il a fait la paix avec les fils des deux ennemis de son père. À Toulouse, il maintient les libertés communales, multiplie les exemptions fiscales et étend la sauveté à tout le territoire communal.
Mais Raymond VI est soupçonné d'une coupable indulgence vis-à-vis de l'hérésie cathare.
Depuis 1203, un moine cistercien, Pierre de Castelnau est envoyé par le pape Innocent III pour lutter contre l'hérésie dans le Midi de la France. Raymond VI refuse de collaborer avec le légat pontifical.
Ce dernier l'excommunie et jette l'interdit sur le comté. L'assassinat de Castelnau, le 15 janvier 1208, par un écuyer du comte qui l'embroche, provoque le courroux du pape qui confirme l'excommunication contre Raymond VI accusé d'être pour le moins l'instigateur du crime.
Innocent III lance alors un appel à la croisade des Albigeois auprès de Philippe-Auguste, suzerain théorique du comte de Toulouse, mais le roi de France se dérobe. Raymond VI obtient d'en être relevé en s'humiliant publiquement sur le parvis de l'église de Saint-Gilles, amende honorable en braies et chemise, le 18 juin 1209, devant l'avancée de l'armée croisée, dirigée par Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux et nouveau légat envoyé par le pape.
Dès lors, Raymond VI accompagne la croisade, plus en observateur qu'en combattant, se compromettant ainsi aux yeux de son propre camp mais rendant par cette décision ses terres inviolables.
Après les succès remportés par les croisés, prise et massacre de Béziers, siège et prise de Carcassonne et mort de Raymond-Roger Trencavel, la croisade dirigée depuis août 1209 par Simon IV de Montfort fait peser une menace sur sa personne et son fief.
Il essaie de s'entendre avec Monfort, mais il rencontre l'hostilité constante des légats du pape. Il cherche également l'appui de son beau-frère Pierre II, roi d'Aragon.
En janvier 1210, il entreprend un long voyage pour défendre sa position auprès de Philippe-Auguste, d'Innocent III et l'empereur Othon IV, son suzerain pour le marquisat de Provence.
De nouveau excommunié en 1211 par le concile de Montpellier, sentence confirmée le 17 avril 1211 par le pape, il essaie d'organiser la résistance contre les croisés. Mais il ne peut déloger Simon IV de Monfort enfermé dans Castelnaudary.
Le 27 janvier 1213, Raymond VI rend hommage à Pierre II d'Aragon. Les deux hommes et le comte de Foix investissent en septembre 1213 Muret.
Le 12 septembre, les croisés de Simon de Montfort, plus disciplinés, écrasent les coalisés. Pierre II, héros de Las Navas de Tolosa est tué dans la bataille.
Raymond VI, d'ailleurs en butte avec l'évêque Foulques de Marseille ne peut alors éviter la conquête de Toulouse par Simon IV de Montfort en juin 1215 et s'exile à la cour d'Aragon à Barcelone.
Le 17 février 1214, sur ses ordres, son frère Baudouin de Toulouse, ayant participé à Muret aux côtés des croisés, est enlevé de son château de Lolmie et pendu comme traître. En novembre 1215 Raymond est à Rome, où le IVe concile du Latran débat du sort de son comté.
Il est déchu de ses droits au profit de Simon de Monfort, mais le pape préserve le marquisat de Provence au profit de son fils, le futur Raymond VII.
En mai 1216 le père et le fils sont accueillis triomphalement à Marseille et à Avignon.
Tandis que Raymond VI se rend en Aragon, le jeune Raymond, plus entreprenant que son père, met le siège devant Beaucaire qu'il prend le 24 août.
Le 2 septembre 1217, il reprend Toulouse où Simon IV de Montfort met immédiatement le siège.
Ce dernier y est tué mais son fils Amaury prend sa succession. Revenu à Toulouse, Raymond VI y décède, toujours excommunié, des suites d'une brève maladie le 2 août 1222

Mariage et enfants

Raymond VI épouse successivement :
le 12 septembre 1172, Ermessinde Pelet († 1176), héritière du comté de Melgueil, veuve de Pierre Bernard de Sauve et fille de Bernard Pelet, seigneur d’Alais, et de Béatrice, comtesse de Melgueil.
vers 1180, Béatrice de Béziers, fille de Raimond Ier Trencavel, vicomte de Béziers, et de Saure. Elle est répudiée en 1193, après avoir donné naissance à :
Constance, mariée à Sanche VII († 1234), roi de Navarre, puis à Pierre V Bermond, seigneur d’Anduze
en 1193 avec Bourgogne de Lusignan, fille d’Amaury II, roi de Chypre et de Jérusalem, et d’Echive d’Ibelin. Elle est répudiée en 1196.
en octobre 1196, Jeanne d'Angleterre (1165-1199), fille d' Henri II Plantagenêt (1133 † 1189), roi d’Angleterre et d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, qui donne naissance à :
Raymond VII (1197 † 1249), comte de Toulouse
un fils mort né le 4 septembre 1199
en janvier 1203 Eléonore d'Aragon (v. 1182 † 1226), fille d’Alphonse II, roi d’Aragon, et de Sancie de Castille.
D'une liaison, le comte de Toulouse eut aussi une fille illégitime, Indie, mariée à Guillaume, vicomte de Lautrec, puis en 1226 à Bernard II de l’Isle-Jourdain.
Précédé par Raymond VI de Toulouse Suivi par
Raymond V (VII)
comte de Toulouse
marquis de Provence
Raymond VII (IX)


La doctrine cathare

Pour Rome, les cathares sont pires que les infidèles, juifs et musulmans car, tout en étant chrétiens, ils interprètent différemment certaines croyances et contestent la doctrine des sept sacrements que les théologiens catholiques ont fixée dès le début du XIIe siècle. Les cathares poussent à l'extrême le sens du message des Ecritures qui formule la croyance dans l'existence de deux mondes, l'un bon et l'autre mauvais. Le premier, le monde invisible aux créatures éternelles, est l'oeuvre de Dieu le Père ; le second, visible et corruptible, est l'oeuvre du diable.
Désirant exempter Dieu du mal expérimenté dans le monde matériel, les cathares échafaudent leur propre système de croyances, variable selon les périodes et les aires culturelles d'implantation. Il est tout de même possible de tenter la description générale de ces croyances.
Dieu a créé uniquement le monde invisible et éternel ainsi que les créatures qui le peuplent : les anges. Parmi eux, l'un pèche par orgueil en se révoltant contre le Père afin d'égaler sa puissance : c'est le diable.
Cet ange déchu est expulsé du ciel avec d'autres, pécheurs comme lui ou entraînés par lui dans sa chute. Introduits dans des corps charnels fabriqués par le diable, ces anges deviennent les âmes des hommes et des femmes.
Le Christ, fils de Dieu, vient révéler leur origine céleste et montre le moyen de retourner au ciel.
Le Christ est donc uniquement l'envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes, il n'est pas, comme pour les catholiques, le rédempteur du péché. Il n'a pas souffert la Passion, il n'est pas mort sur la Croix car il n'avait un corps de chair qu'en apparence.

Sacrements et rites cathares

Le sacrement du consolamentum, consolation ou baptême d'imposition des mains pratiqué par le Christ est le seul à apporter le salut.
Ce sacrement joue un rôle fondamental dans les communautés cathares car il est à la fois sacrement d'ordination, il fait d'un croyant cathare un "parfait", de pénitence, d'eucharistie et d'extrême-onction appelé "consolamentum" des mourants.
Le consolamentum est conféré par un membre de la hiérarchie et exige de celui qui le reçoit le respect de la Règle, pratique de l'ascèse, abstinence de toute nourriture carnée ainsi que la pratique de la morale évangélique, interdiction de jurer, de mentir, de tuer.
Les cathares considèrent comme inefficace le baptême d'eau que les prêtres catholiques confèrent aux nouveaux nés, incapables selon eux de comprendre l'engagement qu'est le baptême pour celui que le reçoit.
Ils contestent le sacrement de l'eucharistie, refusant de croire dans la transformation des espèces, transubstantiation, c'est-à-dire du pain et du vin devenant le corps et le sang du Christ lors de la consécration de celles-ci par le prêtre lors de la messe.
En mémoire de la dernière Cène du Christ avec ses apôtres, les cathares bénissent le pain lors du repas quotidien pris avec leurs fidèles.
Ils contestent aussi le sacrement du mariage, celui-ci légitimant à leurs yeux l'union charnelle de l'homme et de la femme, union à l'origine du péché du premier couple selon leur interprétation de la Genèse.
Les cathares adoptent le modèle de vie, les rites et les sacrements des premières communautés chrétiennes, leur unique prière est le Notre Père s'appuyant principalement sur les enseignements du Nouveau Testament.
Pour toutes ces raisons, ils considèrent que la médiation des saints, le culte des reliques et des morts, offrandes et messes pour les défunts, et toutes les pratiques instaurées par l'Eglise romaine tout au long du Haut Moyen Age, sont sans effets. De la même manière, ils n'attachent pas d'importance aux églises bâties qui ne sont pas pour eux les seuls lieux du culte car, pour les cathares, la parole du Christ peut être enseignée partout où se réunissent les fidèles.

Son apparition

Le catharisme apparaît dans la Chrétienté occidentale au milieu du XIIe siècle. Ce mouvement chrétien médiéval n'est pas étranger à la spiritualité dominante de son époque. Au contraire il réclame, à l'instar d'autres mouvements religieux contemporains un retour au modèle d'Eglise des premiers temps du christianisme. Le catharisme condamne l'Eglise romaine et sa hiérarchie au prétexte qu'ils ne respectent pas les idéaux du Christ.
Les cathares se considèrent comme les seuls vrais disciples des apôtres, pratiquant comme eux la pauvreté absolue et travaillant de leurs mains pour vivre.

Des communautés dans toute l'Europe

Des communautés cathares d'"apôtres itinérants" sont attestées sous différents noms, cathares, piphles, publicains, tisserands, bougres, patarins, albigeois dans les villes et les campagnes du nord de la Chrétienté médiévale occidentale : en Allemagne, zone d'Empire et Italie, mais aussi dans les principautés du nord du Royaume de France, Flandre, Bourgogne, Champagne et du Midi.
Cependant le catharisme connaît l'accueil le plus favorable et l'implantation la plus durable dans le Midi de la France, ainsi que dans les villes du nord et du centre de l'Italie. Dans ces régions les "bons hommes" ou "bons chrétiens" ainsi que les cathares se désignaient eux-mêmes - seule l'Inquisition les appellera "parfaits", s'organisent en communautés d'hommes ou de femmes dirigées par des anciens, des diacres et des évêques. Ces communautés sont constituées de plusieurs "maisons".
On y pratique souvent des métiers liés à l'artisanat local. Plusieurs communautés constituent une Eglise ou diocèse cathare, à la tête desquels se trouve l'évêque.

Des églises cathares

Au milieu du XIIe siècle, 1167 les Eglises cathares sont au nombre de quatre : Albi, Toulouse, Carcassonne, Val d'Aran. Au XIIIe siècle, deux nouvelles églises se constituent : celles d'Agen et du Razès, celle du Val d'Aran n'est plus mentionnée.
Ces églises sont indépendantes. Elles ne reconnaissent pas d' autorité supérieure à leur évêque, comme celle du pape pour l'Eglise romaine. Le catharisme est pratiquement éradiqué par l'Eglise catholique dans les régions septentrionales de l'Europe au milieu du XIIIe siècle.
Quelques îlots persistent pour peu de temps encore au début du XIVe siècle dans certaines zones du Midi de la France et de l'Italie.

La persécution du catharisme

Leur obstination, leur anticléricalisme intransigeant, leur opposition à la hiérarchie catholique - à laquelle ils reprochent sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir, valent aux cathares de s'attirer les foudres de l'Eglise romaine.
Ils sont condamnés comme hérétiques. Ainsi que beaucoup d'autres mouvements dissidents ou contestataires, les cathares deviennent l'objectif d'une lutte permanente. L'Eglise romaine tente de purifier la chrétienté occidentale en en excluant systématiquement tout individu ou groupe mettant en péril le projet de société chrétienne qu'elle instruit depuis le début du Xe siècle.

Les moyens de la lutte

L'Eglise catholique confie aux cisterciens, au XIIe siècle, puis, au XIIIe siècle, aux ordres mendiants, franciscains et dominicains le soin de combattre ce danger supposé de la dissidence ou de l'hérésie.
Les cathares sont difficiles à convaincre.
La prédication ou le débat doctrinal instaurés à cette fin dans le Midi de la France par l'Eglise est un échec. Au contraire d'autres "hérétiques" comme les vaudois, les cathares se montrent irréconciliables, préférant presque toujours le martyre à l'abjuration.

La Croisade contre les Albigeois et l'Inquisition

Pour cette raison, le Pape Innocent III lance en 1209 contre les albigeois ou "cathares" la première croisade à se dérouler sur le territoire de la Chrétienté occidentale. La guerre durera vingt ans (1209-1229). La lutte armée se poursuit dans le Midi et ailleurs dans l'Occident chrétien tout au long du XIIIe siècle, relayée plus tard par l'institution de l'Inquisition, créée en 1233 pour traquer la "dépravation hérétique".

La croisade contre les Albigeois ou Cathares


Le terme "albigeois" a servi, dès le milieu du XIIe siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle, avoir été le principal foyer de l' hérésie.
Dès 1146, Geoffroy d'Auxerre signale que le populus civitatis albigensis est infesté par l'hérésie.
Le concile de Tours en 1163 parle des hérétiques albigeois : haeretici albigenses et en 1183, Geoffroy de Vigeois nomme albigeois les hérétiques combattus en 1181 par le légat Henri d'Albano avant le siège de Lavaur.
Pierre des Vaux-de-Cernay nomme le récit de la croisade à laquelle il a participé Historia Albigensis. Et dans le prologue de sa chronique écrite entre 1250 en 1275, Guillaume de Puylaurens dit que son œuvre est
"l'histoire de l'affaire vulgairement appelée albigeoise par les Français, car elle a eu pour théâtre la Narbonnaise et les diocèses de Narbonne, Albi, Rodez, Cahors et Agen ".
Certains contemporains ont fondé sur un jeu de mots philologique, Albigenses = Albanenses ; Albigeois = Albanais, un rapprochement soulignant l'influence des hérétiques balkaniques sur les hérétiques languedociens.

La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc, terme qui n'apparaît qu'à la fin du XIIIe siècle dans l'administration royale et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229.
Elle a été menée d'abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII en 1226 et officiellement terminée par le traité de Meaux-Paris en 1229 entre le roi de France, Saint Louis enfant sous la régence de Blanche de Castille et le comte de Toulouse Raimond VII.

Son importance tient d'abord au fait qu'elle est la première extension de la croisade en une lutte armée contre des hérétiques, à l'intérieur de la chrétienté.
Outre cette signification religieuse et idéologique, elle a eu une grande portée pour l'histoire de l'unité française : elle a entraîné le rattachement effectif de la France du Midi à la France du Nord et elle a créé ou consacré, au sein de cette unification, des disparités économiques, sociales, politiques, culturelles, psychologiques, dont le retentissement est encore sensible aujourd'hui.

Antécédents de la croisade

Depuis le milieu du XIIe siècle, l'hérésie dualiste appelée catharisme par les historiens avait pris, comme en Italie du Nord, une extension de plus en plus grande dans le midi de la France où s'était tenu, en 1176, à Saint-Félix de Caraman, près de Toulouse, un concile qui avait précisé l'organisation du culte et d'une véritable Église cathares.
Des réformateurs catholiques, adeptes de la pauvreté, les Vaudois, déclarés hérétiques par la papauté en 1184, prirent aussi de l'importance dans ces régions et, bien qu'ils fussent très hostiles aux cathares et que les théologiens orthodoxes documentés, comme Alain de Lille, les distinguassent soigneusement, la papauté et l'Église eurent de plus en plus tendance à les englober dans une même détestation.
La lutte entreprise par l'Église contre ces hérétiques, avec des moyens traditionnels ou pacifiques, ne connut que des déboires jusqu'au début du XIIIe siècle.
La prédication habituelle animée surtout par des cisterciens – saint Bernard en tête qui prêcha à Albi en 1145 – fut un échec complet.
En 1181, l'abbé de Clairvaux, Henri, cardinal d'Albano, avait conduit contre la ville de Lavaur une expédition militaire sans lendemain.
À partir de 1206, les efforts de l'évêque espagnol Diego d'Osma et de son collaborateur le chanoine Dominique de Caleruega, le futur saint Dominique, n'eurent pas plus de succès.
Ils voulaient promouvoir en milieu hérétique un nouveau type de prédication, fondé sur l'exemple d'une simplicité de mœurs qui contrastait avec le faste des abbés cisterciens, et sur des discussions publiques, en toute égalité avec les hérétiques.
L'effort de la papauté se concentra alors sur le principal seigneur de la région, appelé à diriger la répression de l'hérésie.
Devant la carence du roi Philippe Auguste, suzerain de ces terres, occupé alors à combattre les Anglais et leurs alliés dans le Nord et l'Ouest, le pape mit ses espoirs en Raimond VI.
Arrière-petit-fils de Raimond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse et l'un des chefs de la première croisade en Terre sainte, Raimond VI étendait sa suzeraineté de la Guyenne à la Provence où il avait, en terre d'Empire, des possessions entre Durance et Isère.
Mais en dehors de ses fiefs propres du Toulousain, du Lauragais, du Quercy et du comté de Nîmes, il n'avait guère de pouvoir sur les vicomtes et seigneurs, dont le principal, Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, de Carcassonne et d'Albi, était maître d'une vaste seigneurie qui coupait en deux les terres qu'il gouvernait directement. Cette seigneurie était, au surplus, le principal foyer de l'hérésie.
En 1207, Raimond VI ayant refusé d'adhérer à une ligue contre les hérétiques, le légat pontifical Pierre de Castelnau l'excommunia.
De son côté, Innocent III, dans une lettre aux évêques du Midi, exposait pour la première fois les principes qui allaient justifier l'extension de la croisade en pays chrétien : l'Église n'est plus obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l'hérésie dans une région ; à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l'initiative de convoquer à cette œuvre tous les chrétiens, et même de disposer des territoires contaminés en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants.
Cette pratique, qu'on appela à l'époque "terram exponere occupantibus" ou "terram exponere catholicis occupandam" "livrer la terre aux occupants, ou à l'occupation des catholiques", reçut aux XVIe-XVIIe siècles le nom d'« exposition en proie ».
Le 15 janvier 1208, après une vaine entrevue avec Raimond VI à Saint-Gilles, le légat Pierre de Castelnau fut assassiné près d'Arles par un personnage que l'on identifia comme étant un écuyer du comte, sans que cette identification et, encore moins, la responsabilité du comte aient été jamais prouvées.
Le 10 mars 1208, les velléités pontificales se changèrent en appel à la croisade.
Selon les principes qu'il avait énoncés, Innocent III excommunia une fois de plus le comte, délia ses vassaux de leur serment de fidélité et offrit ses domaines à qui voudrait partir en croisade. Le même jour il canonisait Pierre de Castelnau.

La croisade de 1209 à 1229
Devant le danger, Raimond VI se soumit. Il fit pénitence à Saint-Gilles le 18 juin 1209 et se joignit aux croisés.

La croisade féodale de 1209 à 1224

Les armées croisées étaient largement internationales. Elles comprenaient des Italiens, des Allemands, des Anglais, des Brabançons, des Frisons et même des Esclavons, c'est-à-dire des Slaves du Sud. Mais la majorité était composée de Français du Nord.
En l'absence du roi Philippe Auguste, et devant l'attitude effacée et prudente des principaux seigneurs croisés – le duc de Bourgogne, les comtes de Nevers et de Saint-Pol – le légat pontifical, chef théorique de la croisade, confia le commandement suprême à un petit seigneur d'Île-de-France, Simon de Montfort.
Ce dernier allait bientôt faire montre de son ambition et de ses talents militaires et administratifs. La composition sociale et la tactique des armées furent très semblables dans les deux camps.
De part et d'autre, l'encadrement fut féodal ; mais dans le camp des Méridionaux, il y eut des bourgeois, des artisans et des paysans, et dans celui des croisés, des indigents venus eux aussi à la curée.
Des chroniqueurs croisés, comme le cistercien Pierre des Vaux-de-Cernay, soulignent la présence de ces derniers qu'ils rattachent à la tradition des croisades de pauvres, dépourvue ici de toute dimension eschatologique.
Les opérations se concentrèrent souvent autour des villes, centres de résistance et réservoirs de richesses. Les armées croisées y déployèrent des ressources techniques remarquables dans la construction et l'usage des engins de siège.
La grande voie de la ruée des croisés vers le Midi fut la vallée du Rhône, qui facilitait l'acheminement des bateaux, des hommes, des bêtes et du ravitaillement, et dont l'occupation coupait les seigneurs et les hérétiques méridionaux de leurs arrières provençaux et italiens.
Les opérations furent souvent hachées par le caractère féodal que conservaient ces expéditions. Une fois achevée la quarantaine de service due à leur seigneur, vassaux et hommes quittaient souvent les armées.
La croisade commença par un coup exemplaire : la prise de Béziers, suivie du massacre d'une partie de ses habitants et de l'incendie de la ville le 22 juill. 1209.
Le 15 août, le jeune vicomte Raimond-Roger Trencavel capitulait dans Carcassonne.
Une assemblée des chefs de la croisade donna, sur proposition du légat, les terres des Trencavel à Simon de Montfort. Celui-ci s'en empara en deux ans de 1209 à 1211. En 1211, les légats envoyèrent un nouvel ultimatum au comte de Toulouse, lui enjoignant de licencier ses routiers, de livrer les juifs et les hérétiques dont on lui fournirait la liste, d'abolir l'usure dans ses États et d'accepter un certain nombre de conditions humiliantes.
Sur son refus et celui de son vassal, le comte de Foix, une nouvelle armée de croisés, sous le commandement de Simon de Montfort, leur infligea une série de défaites. Raimond VI ne gardait que Montauban et Toulouse devant laquelle Simon de Montfort avait échoué en mai-juin 1211.
En novembre 1212, Simon de Montfort réunit à Pamiers une assemblée des évêques, seigneurs et bourgeois de ses nouveaux États, qui mit au point des statuts promulgués le 1er décembre 1212. Sur le modèle des Assises de Jérusalem, ces textes visaient à satisfaire les croisés.

Les cathares sont expulsés de Carcassonne, lors de la prise de la ville par les croisés de Simon de Montfort, en 1209.
Les hérétiques, d'abord exhortés au retour à la vraie foi, se verront, en cas d'opiniâtreté, déférés aux tribunaux de l'Inquisition.
Extrait des Grandes Chroniques de France, XIVe siècle.
En mentionnant le roi de France mais non le roi d'Aragon, qui revendiquait traditionnellement la suzeraineté de ces régions et avait déjà plusieurs fois tenté d'arrêter ou de modérer la croisade, ces statuts décidèrent sans doute Pierre II d'Aragon à répondre favorablement à la demande d'aide de Raimond VI.
Fort de sa qualité de vassal du Saint-Siège et de sa réputation de pourfendeur d'hérétiques dans ses États, auréolé du prestige de sa participation décisive à l'éclatante victoire des chrétiens d'Espagne sur les musulmans à Las Navas de Tolosa le 16 juill. 1212, il obtint d'abord d'Innocent III la condamnation des abus de Simon de Montfort et des croisés.
Mais ceux-ci réussirent à influencer le pape, et Pierre II se résigna à la guerre. À Muret, le 12 septembre 1213, Simon de Montfort mit en déroute l'armée aragonaise de Pierre II, qui fut tué au début de la bataille.
Cet événement confirma sans doute une évolution qui depuis faisait basculer le Languedoc vers la France : il ne serait pas espagnol.
Raimond VI ne se soumettant pas, Simon de Montfort obtint du IVe concile de Latran en 1215, et à la demande d'Innocent III, la déchéance du comte dont toutes les terres, y compris Toulouse, lui furent attribuées.
Le fils de Raimond VI, Raimond VII, ne conservait que Nîmes, Beaucaire et les possessions provençales de la maison de Saint-Gilles.
Mais les Toulousains, oubliant leurs dissensions, se révoltèrent avec Raimond VI. Au cours d'un nouveau siège, Simon de Montfort fut tué par une pierre le 25 juin 1218. Sa mort provoqua la débandade de la maison de Montfort et des croisés. Raimond VII, qui recueillit l'héritage de son père mort en 1222, reconquit tous ses États sur le fils de Simon de Montfort.

La croisade royale de 1224 à 1229

Philippe Auguste, luttant contre l'Angleterre et contre l'Empire, et le plus souvent en mauvais termes avec la papauté, n'avait pas voulu intervenir directement en Languedoc, se contentant d'y sauvegarder la suzeraineté française.
Son fils, Louis VIII, roi de 1223 à 1226, après avoir repris le Poitou aux Anglais en 1224, se tourna vers le Midi, auquel il s'était vivement intéressé dès le règne de son père. Après l'excommunication de Raimond VII par le concile de Bourges, le 28 janvier 1226, et le ralliement de nombreux seigneurs méridionaux, il répondit à l'appel du pape en s'emparant des terres des Trencavel et du Languedoc septentrional et oriental rattachées au domaine royal, sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne mais renonça à attaquer Toulouse.
Louis VIII mourut sur le chemin du retour. Raimond VII cessa toute résistance à la fin de 1228.
La conférence de Meaux, dont les conclusions furent ratifiées par le traité de Paris, rétablit la paix entre le roi de France et le comte. Raimond VII conservait le comté de Toulouse et le Lauragais.
Mais, après sa mort, ces terres devaient revenir à Alphonse de Poitiers, frère du jeune roi Louis IX, qui devait épouser la fille du comte.
Si le couple n'avait pas d'héritier direct, elles seraient annexées au domaine royal.
Le roi de France gardait les terres languedociennes conquises en 1226.
Les clauses du traité de Paris jouèrent dès le XIIIe siècle. À la mort de Raimond VII en 1249, Alphonse de Poitiers et Jeanne de Toulouse lui succédèrent.
Comme ils disparurent en août 1271 sans laisser d'héritier, le comté de Toulouse fut alors réuni au domaine royal qui avait absorbé tout le Languedoc, à l'exception du comté de Foix, demeuré sous la suzeraineté royale.

Les derniers soubresauts hérétiques. Montségur de 1230 à 1244
À partir de 1229, la lutte de l'Église contre les hérétiques prit la forme de l' Inquisition, organisée par le pape Grégoire IX en 1233 et confiée aux ordres mendiants – et surtout aux dominicains.
Elle se heurta à une résistance clandestine. Il y eut pourtant des violences dans les villes, à Narbonne de 1233 à 1235, à Cordes 1233, à Albi 1234, et surtout à Toulouse d'où les dominicains furent expulsés en novembre 1235.
Les victoires de Saint Louis sur les Anglais à Taillebourg et à Saintes persuadèrent le comte, qui avait repris la lutte, de faire la paix avec le roi en 1242. Désormais et jusqu'à sa mort, il lui resta soumis et persécuta à son tour les hérétiques.

Inquisition

L'ordre des Dominicains prit une part active au tribunal de l'Inquisition créé par la papauté au début du conflit.

Un millier de cathares s'étaient réfugiés dans le château de Montségur, vaste forteresse sur un piton dans le comté de Foix.
Montségur résista près d'un an, du 13 mai 1243 au 14 mars 1244.
Les deux cents hommes et femmes qui y étaient restés et qui refusèrent d'abjurer le catharisme furent brûlés le 16 mars 1244.
Cet épisode militaire local marque traditionnellement la fin de la résistance armée des cathares. Une auréole légendaire continue d'entourer cet épilogue héroïque et tragique de la croisade contre les albigeois.
La croisade contre les albigeois soulève interrogations et passions.
Les origines de la croisade, les caractères de la lutte et la personnalité de certains protagonistes – Raimond VI surtout – les raisons de la défaite finale des Méridionaux, l'importance des conséquences du conflit pour l'Église, pour le Languedoc et l'unité française, restent sujets à contestations et même à affrontements scientifiques, idéologiques, sentimentaux.
Les origines de la croisade mettent en cause l'importance de l'hérésie d'une part, les motifs des croisés de l'autre.
Il semble qu'il ne faille ni exagérer ni minimiser le nombre et l'influence des hérétiques en Languedoc. Par-delà la force de leurs convictions et le caractère radical de leur opposition à l'Église, les hérétiques furent dangereux pour leurs ennemis parce que l'hérésie avait cristallisé les mécontentements politiques et sociaux.
Mais l'analyse, qui n'a pas été sérieusement tentée, de la participation des différentes catégories sociales à l'hérésie et à la lutte contre les croisés – qui ne fut pas toujours le fait des seuls hérétiques – est délicate.
Une partie importante de l'aristocratie laïque – par haine de l'Église et par souci de ne pas se couper de ses sujets, et en particulier de la bourgeoisie urbaine – ainsi que des clercs gagnés à la doctrine hérétique ou indignés par le comportement du haut clergé, des bourgeois nouveaux riches surtout et des artisans urbains ou ruraux, parmi lesquels les contemporains mettent en vedette les tisserands, ont fourni à la résistance à la croisade des contingents notables.
L'hostilité aux étrangers, aux Français, qui semble ne s'être développée qu'au fur et à mesure de la conquête, a souvent uni dans la lutte des populations hétérogènes. La participation à la résistance des couches inférieures de la société urbaine et rurale paraît avoir été faible.
Petits artisans, manœuvres, paysans endettés à l'égard de la bourgeoisie souvent hérétique ou opprimés par des seigneurs alliés à ces hérétiques ont même, semble-t-il, assez bien accueilli les croisés, puis l'administration royale. Les succès obtenus, pendant un temps, à Toulouse par le farouche évêque Foulque de Marseille ne s'expliquent probablement pas seulement par ses méthodes terroristes.
Sa milice, la Confrérie blanche, constituée de militants orthodoxes et dirigée autant contre les usuriers que contre les cathares, a surtout recruté ses membres dans le petit peuple encadré par certains représentants de la vieille aristocratie bourgeoise, dépossédés de leur rang par les nouveaux riches.
Si les motifs proprement religieux ont pu jouer chez les croisés, il reste qu'à la différence des expéditions en Terre sainte, le souci de profiter d'une fructueuse entreprise l'a emporté au sein des deux catégories qui ont fourni la majorité des armées croisées et de leur encadrement : les petits seigneurs du Nord et les indigents de toute sorte, pauvres, déclassés et aventuriers. Les motivations économiques – essentiellement le pillage et l'acquisition de terres – ont dominé les motivations commerciales qui n'ont probablement joué, consciemment, qu'un rôle négligeable. Les avantages immédiats de la croisade protection de leurs possessions, impôts spéciaux, butin) ont suffi aux quelques grands seigneurs qui se sont croisés.
Ils n'ont pas été tentés par le Midi turbulent dont l'économie rurale était pauvre au sein de petits domaines morcelés en alleux nombreux, en seigneuries démantelées par les pratiques successorales, et par l'acharnement de l'Église à faire respecter les interdictions canoniques de mariages consanguins. L'activité commerciale de ces régions, situées loin des grands axes de circulation nord-sud, était médiocre.
En 1209, le duc de Bourgogne, le comte de Nevers et le comte de Saint-Pol refusèrent les terres des Trencavel que Simon de Montfort accepta par la suite. Celui-ci fut abandonné par beaucoup de ses compagnons.
L'hypothèse selon laquelle des haines nationales se seraient déchaînées au cours de la croisade doit être ramenée à ses justes proportions. Certes, par leurs brutalités, les croisés apparurent de plus en plus comme des étrangers aux yeux des Méridionaux, sans que d'ailleurs ceux-ci les identifient à l'ensemble des Français. L'accueil reçu par Louis VIII le prouve.
Il est vrai aussi que beaucoup de croisés méprisaient les Méridionaux et, dans leur incompréhension, les traitaient de menteurs et de parjures, exactement comme les croisés de Terre sainte ou d'Espagne le faisaient des musulmans, et comme les missionnaires du XIIIe siècle allaient le faire des Mongols.
Enfin, le comportement des croisés, s'il ne dépassa pas en cruauté les mœurs féodales de l'époque, fut toutefois exceptionnel par la qualité et la quantité des victimes. Les habituels raids féodaux et sièges de châteaux forts n'étaient pas aussi meurtriers que le furent les opérations menées par les croisés, opérations dirigées surtout contre les villes dont les habitants étaient exterminés pour la plupart.
La chrétienté n'avait pas encore connu à l'intérieur de ses frontières pareil déchaînement de férocité, masquée par le fanatisme religieux.
algré tous ces arguments, les sentiments nationaux, les différences de civilisation et de mentalité n'étaient pas encore assez affirmés pour devenir des ressorts importants du conflit.
Les causes de la défaite des Méridionaux sont plus claires. Sauf à de rares moments, ils ne parvinrent pas à surmonter, face aux croisés, leurs dissensions sociales, politiques et religieuses.
Ils étaient soumis à la pression de grandes puissances antagonistes et tentaculaires : la France au nord, l'Angleterre à l'ouest, l'Aragon au sud. Ces données rendaient difficile le jeu d'un Raimond VI, qui avait eu maille à partir avec ses bourgeois, toulousains et nîmois entre autres, avec ses vassaux aussi, et qui se méfiait de ses puissants voisins.
Il ne faut pas non plus minimiser le climat psychologique qui affaiblit la résistance : une croisade était en chrétienté un événement impressionnant, et la religion des cathares, qui leur interdisait le recours à la violence, contribua à les paralyser.
Enfin la faiblesse des structures économiques et sociales du Midi jouèrent contre lui. La prolifération des bourgs avait provoqué une urbanisation parasitaire qui affaiblissait l'économie rurale sans animer pour autant un artisanat et un commerce d'importance. La féodalité du Midi, mal connue, était à coup sûr trop lâche pour encadrer la société comme le faisait la féodalité du Nord.
L'égale faiblesse du quadrillage ecclésiastique, qui ne bénéficia pas d'un essor monastique comparable à celui des régions voisines aux XIe et XIIe siècles, favorisa le développement de l'hérésie, mais la priva de l'organisation et de l'esprit communautaires qui auraient soutenu sa lutte.
Il reste que le bilan négatif de la croisade fut lourd pour le Languedoc et pour la chrétienté.

Si la croisade favorisa le rattachement du Languedoc à la France du Nord, cette intégration du Midi à un ensemble national ne lui apporta pas que des avantages. Plus que les destructions et les aspects d'exploitation coloniale qui accompagnèrent l'installation des gens du Nord en Languedoc, c'est la pétrification, par la croisade, de faiblesses autochtones séculaires qui accrut sa stagnation économique et sociale. La lutte victorieuse contre l'usure supprima des abus, mais stérilisa aussi beaucoup d'activités précapitalistes englobées par l'Église dans sa réprobation de l'usure.
L'installation de l'administration française augmenta le parasitisme urbain au détriment du développement des campagnes et provoqua la prolifération d'un secteur tertiaire envahi par toute une catégorie de rentiers, d'hommes de loi, de fonctionnaires, et par un clergé triomphant et pullulant.
Cette perversion de l'idéal de la croisade il y faut ajouter l'antisémitisme importé par les croisés dans le Midi et les abus de l'Inquisition qui la prolongea jetèrent, dès le XIIIe siècle, le discrédit sur la chrétienté.
Ce discrédit contribua à saper l'unité morale d'un monde où, à l'image du destin du Languedoc, l'évolution historique tendait, certes, à constituer de plus grands ensembles nationaux, mais au détriment de l'unité chrétienne.


Liens

Raymond VI
http://youtu.be/9VejmEBj_Yo Les Cathares documentaire
http://www.youtube.com/watch?v=Y8lx5I ... ZIUF7w7BpKqV7LwlKvga7Azvq Cathares et inquisition Le génocide oublié
http://youtu.be/aSjwy-xRhfg Les Albigeois

La France en 1180


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Posté le : 26/10/2013 23:35
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Niccolo Paganini
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Le 27 Octobre 1782 naît à gênes Niccolo Paganini



Violoniste altiste, guitariste et compositeur italien, Niccolò Paganini personnifia au violon le type du virtuose romantique aux prouesses inimaginables et à l'existence plus ou moins entourée de légende. Il fut à cet instrument, pour lequel son seul rival était Spohr, ce que Liszt fut au piano.
Il est souvent évoqué comme étant le plus grand violoniste jamais connu.
Il fut aussi un compositeur réputé, ayant inventé de nouvelles façons de jouer du violon. L'ensemble ou presque des techniques modernes du violon est de son fait, sauts, bariolages, trémolo, pizzicato de la main gauche, glissando, alternances rapides pizz et saltato, entre autres, même si parfois il a seulement actualisé ou magnifié des effets déjà existants, trilles, double-cordes, démanché.
Une version romancée de la dernière partie de sa vie fut adaptée à l'écran en 1989 par le comédien allemand Klaus Kinski sous le titre Kinski Paganini.

Paganini est enterré au cimetière de la Villetta de Parme.

Il se produit pour la première fois en 1794, poursuit à Parme une formation commencée par son père, entreprend ses premières tournées. Engagé à la cour de Lucques 1805-1809 par la princesse Baciocchi, sœur de Napoléon, il vit à partir de 1809 en artiste indépendant, parcourant en tout sens l'Italie puis l'Europe, les années 1828-1834 sont celles de sa plus grande renommée ; à sa mort, il laisse à son fils Achille une fortune considérable. Les thèses semblent peu fondées selon lesquelles il aurait eu des mains et des bras exceptionnellement développés, ce que ne semble pas prouver en tout cas son portrait dessiné par Ingres !.
Son extraordinaire habileté résulta à la fois d'exercices assidus et d'une intuition aiguë des possibilités du violon.
Cela dit, il aima s'entourer d'une aura de mystère, suscitant en plein concert des situations désespérées,bris de cordes ou d'archet dont il se tirait avec brio.
Il développa l'usage des doubles cordes, du staccato, du pizzicato de la main gauche, et parvint à ses effets les plus stupéfiants notamment par le procédé de la scordatura, accord inhabituel des cordes à des fins précises.
À peu près incapable de s'intégrer à un ensemble, et donc de jouer dans un quatuor à cordes, il fut, en revanche, aussi grand virtuose sur un autre instrument, la guitare. En 1805, parurent à Milan ses fameux Vingt-Quatre Caprices pour violon seul, op. 1, plus tard transcrits au piano par Schumann et Liszt. On lui doit encore de la musique de chambre, dont les trois quatuors, op. 5 pour violon, guitare, alto et violoncelle, des sonates et six concertos no 1, 1817 ; no 2, 1826 ; no 3, 1826 ; no 4, 1830 ; no 5, 1830 ; no 6, 18


sa vie

Nicolò Paganini, fils d’Antonio Paganini et de Teresa Bocciardi, est né le 27 octobre 1782 à Gênes en Italie.
Ses parents étant de grands amateurs de musique, son père le poussa très jeune à étudier cet art.
Antonio Paganini décida donc d’exploiter le plus tôt possible les talents qu’il pressentait chez son fils et fit tout ce qui était en son pouvoir pour faire de lui un virtuose précoce. C'est ainsi que Paganini père enseigna la mandoline au jeune Nicolò qui n’avait que cinq ans et demi.
Un peu plus tard, malgré son oreille anti-musicale, Antonio enseigna à son fils, alors âgé de six ou sept ans, les bases nécessaires pour l’étude du violon et ce, tant et si bien que, peu de mois après ses débuts, Nicolò fut en état d’exécuter, à première vue, tout ce qu’il voulait!
En effet, on lui découvrit rapidement un talent hors de l'ordinaire. Rien ne lui résistait! Il usait de son violon comme Shakespeare de sa plume !
Bien qu'Antonio Paganini lui ait donné un bon enseignement, le jeune Nicolò ne pouvait aller plus loin dans son apprentissage en demeurant l’élève de son père.
On fut donc obligé de partir en quête de nouveaux professeurs qui seraient à la hauteur de cette tâche. Son père se chargea de lui trouver des maîtres dignes d'un tel talent.
Il eut comme premier maître Giovanni Servetto, violon maître de chapelle, sous la tutelle duquel il ne resta pas longtemps, celui-ci n'étant pas suffisamment compétent.
Ce fut ensuite au tour de Giacomo Costa, premier violon des principales églises de Gênes, de le prendre sous son aile. Costa lui donna une trentaine de leçons en environ six mois. Pourtant, ces maîtres ne devaient pas être à la hauteur de l’immense talent de Paganini, car celui-ci les quitta finalement peu de temps après pour travailler seul jusqu’en 1795.
À cette époque, il semble tout à fait impressionné et ce, de façon indélébile, par un brillant interprète, le violoniste polonais d’origine française Frédéric Durant ou Duranowski, qui l’influencera grandement par la suite.
Pendant toutes ces années durant lesquelles il reçut son éducation musicale par tutorat ou de manière autonome, il joua à tous les dimanches des concertos à l’église, dont l’un, d’une difficulté particulière - un concerto de Pleyel qu’il exécuta à l’âge de 10 ans - lui valut d’être fortement acclamé.
Ainsi, jusqu’à l’âge de 12 ou 13 ans, il joua régulièrement de telles pièces lors des cérémonies religieuses, des circonstances privilégiées pour lui, étant donné l’effort constant qu’il devait fournir pour en arriver, en pareilles occasions, à une plus grande maîtrise et à une étude plus approfondie de son instrument. Ce début de «carrière» devant un public d’église le mena, à onze ans et demi, à l’accomplissement de son premier concert qui eut lieu au théâtre San Agostino, où il connut un de ses plus immenses succès, mis à part ceux qu'il vécut durant l’apogée de sa courte vie de virtuose, vers 1828-1830, alors qu’il sortait du territoire italien pour une renommée continentale.
Pour ce premier concert, il fut honoré de la présence de deux artistes fort réputés, à l'époque, en Italie, la cantatrice Teresa Bertinotti et le sopraniste Marchesi qui y chantèrent tous les deux. Pour sa part, Paganini interpréta, entre autres, des variations sur la Carmagnole, une œuvre alors très populaire dans la région. C’est à ce premier véritable concert qu’un certain marquis di Negro commença à s’intéresser au jeune virtuose.
Ce marquis a dû conseiller fortement le père de Paganini dans le choix des meilleurs maîtres pour son fils, car peu de temps après, c’est-à-dire vers 1795, celui-ci conduisit son fils à Parme avec recommandation pour la cour et ce, dans le but de lui permettre, pour le perfectionnement de son art, d’accéder à l’enseignement de maîtres tels qu'Alessandro Rolla et l’illustre Ferdinando Paër.

Dès son arrivée à Parme, Rolla l'informe qu’il n'a plus rien à lui enseigner et lui suggère de se concentrer plutôt sur l’étude de la composition avec Paër. Celui-ci, à son tour, le réfère à son propre professeur, Gasparo Ghiretti.
Avec eux, Nicolò étudie l’harmonie, le contrepoint et l’instrumentation. Paër lui donne des leçons trois fois par semaine pendant six mois. Paganini compose sous sa direction vingt-quatre fugues à quatre mains et un jour, son maître se montre fort satisfait d’un duo qu’il lui avait donné à mettre en musique.

Ce fut une époque productive. Étant bien dirigé sous le tutorat de Ghiretti, qui avait fondé beaucoup d’espoir en lui, il excellait dans tout ce qu’il entreprenait.
"Ghiretti, qui m’avait pris en amitié, me combla de soins et de leçons de composition et je composai sous ses yeux une grande quantité de musique instrumentale.
Vers ce même temps, j’exécutai deux concertos de violons dans un concert du grand théâtre, après avoir joué dans la maison de plaisance des souverains à Cologne et à Sala, qui me récompensèrent magnifiquement".
Paganini était donc acclamé et admiré de tous. Lors de cette première tournée, il donna une douzaine de concerts à Parme, Milan, Bologne, Florence, Pise et Livourne. Après quoi Paganini retourna à Gênes où il continua un moment de se produire en privé.
Revenu à Gênes en 1797, le jeune virtuose, alors âgé de 15 ans, y composa ses premières études dont certaines difficultés l'obligeaient à travailler jusqu’à dix heures par jour.
Par la suite, il se lança dans la composition d’autres concertos et de variations. Il semble que son père l’obligeait à ce genre de travail, l’enfermant des journées entières et le surveillant étroitement. Voilà pourquoi Nicolò décida, un jour, de faire sa vie tout seul.
Bien qu'encore jeune, il entreprit de se libérer de la tutelle de son père pour entreprendre sa carrière de violoniste.
Il avait étudié tous les grands maîtres tels que Corelli, Vivaldi, Tartini, Pugnani et Viotti; ce qui lui fournissait tout ce qui était nécessaire pour son entreprise.
Cette trop grande liberté le mena sur une mauvaise pente car, à seize ans, il était déjà un joueur passionné qui perdait ainsi tout le bénéfice de ses concerts. Malgré tout, il ne cessa jamais de perfectionner ses techniques et sa musicalité.
À dix-sept ans, il fit une tournée en Haute-Italie, suite à laquelle il connut une grande renommée.
Il se fit ensuite applaudir dans plusieurs autres villes toscanes telles que Pise. Après un de ces concerts, un amateur français du nom de M. Livron lui fit même le don d’un merveilleux Guarnerio, un violon d’une grande valeur. Partout, il fut reçu avec un intense et réel enthousiasme grâce à son impressionnante technique.
Il s'attachait à conserver un certain mystère sur ses techniques de jeu, et fut un des premiers musiciens à gérer sa carrière avec un sens certain de la publicité.
Beaucoup de professeurs se succédèrent au cours de la scolarité de Paganini.
Cependant, en dehors du violon, Paganini reçut, de la part notamment de Gasparo Ghiretti et son élève Ferdinando Paër, des leçons de composition : harmonie, contrepoint et instrumentation lui furent enseignés trois fois par semaine par Paër durant six mois environ.
Ses compositions, dont les Vingt-quatre Caprices pour violon solo, contribuèrent à développer le jeu de l'instrument par l'emploi du mélange des techniques pizzicato et arco, avec la particularité de faire son pizzicato de la main gauche, les doubles harmoniques, ou le jeu sur une corde lui permettant d'effectuer toute la Mose-Fantasia sur la seule corde de sol, corde la plus grave du violon.
Outre ses talents de violoniste, il fut un guitariste de qualité, et écrivit de nombreuses pièces pour violon et guitare ainsi que pour guitare seule ; il était même capable de présenter des concerts dans lesquels il jouait alternativement de ces deux instruments.
Paganini benéficia, en plus d'une technique développée, d'une morphologie particulière : ses mains, sans être plus grandes que la normale, étaient dotées d'une extensibilité hors normes.
"Ainsi, par exemple, il imprimait aux dernières phalanges de la main gauche qui touchait les cordes, un mouvement de flexion extraordinaire, qui les portait, sans que sa main ne se dérange, dans le sens latéral à leur flexion naturelle, et cela avec facilité, précision et vitesse."
Une théorie prétend que N.Paganini aurait souffert du syndrome de Marfan mais une hyperlaxité ligamentaire telle que la sienne n'est pas exclusive à ce syndrome particulier et peut avoir diverses explications médicales.
Sa technique fit sensation dès son plus jeune âge.
On rapporte que son ouïe était remarquablement développée :
"La délicatesse de l'ouïe de Paganini surpasse tout ce qu’on pourrait imaginer […] Au milieu de l'activité la plus bruyante des instruments de percussion de l'orchestre, il lui suffisait d'un léger toucher du doigt pour accorder son violon ; il jugeait également, dans les mêmes circonstances, de la discordance d'un instrument des moins bruyants et cela, à une distance incroyable.
Bennati
Deux rencontres ont marqué sensiblement le musicien :
Frédéric Durant, ou Duranowski, violoniste polonais d'origine française, rencontré vers 1795.
Hector Berlioz, rencontré en 1833 lors d'un voyage qu'il fit en Italie. Paganini lui commanda un concerto pour alto qui fut en fait la symphonie concertante pour alto Harold en Italie, 1834.
Cependant, jamais le violoniste ne joua l'œuvre.
Il fit à Berlioz un don de vingt mille francs, une fortune à l'époque, qui lui permit de se consacrer à la composition de Roméo et Juliette, dédiée à Paganini.

Les instruments remarquables

Son violon dit "Il Cannone" est exposé au Palazzo Doria-Tursi de Gênes.
le "Cannone" - Il était incontestablement le violon préféré de Paganini.
Il fut réalisé à Crémone en 1743 par le luthier Guarnerius del Gesù. L'artiste avait une réelle prédilection pour ce violon et, en raison de sa plénitude de son, il l'appelait affectueusement "il mio violino Cannone" ;
"le Vuillaume" - Un autre violon que Paganini appréciait tout particulièrement était celui réalisé par Jean Baptiste Vuillaume.
Ce violon, fidèle reproduction du "Cannone", a été fabriqué à Paris par le luthier français en 1833 alors qu'il réparait la table d'harmonie de l'original, et qu'il offrit à Paganini.
En 1840, Paganini accepta de le céder à son fidèle élève Camillo Sivori pour une somme de cinq cents francs, montant que Paganini fit envoyer à Vuillaume en signe de sa reconnaissance et de son amitié artistique.
Ces deux instruments, transmis par donation et legs, sont la propriété de la commune de Gênes. Ils sont aujourd'hui conservés à l'Hôtel de ville, le Palazzo Tursi.
À noter que, contrairement au "Cannone", le "Vuillaume" resta presque inutilisé jusqu’en 1992, lorsque la municipalité confia au luthier Scrollavezza le soin de sa restauration pour le ressusciter à la vie des concerts.
Paganini possédait également les instruments suivants :

Violons :

-Antonio Amati 1600
-Niccolò Amati 1657
-Paganini-Desaint 1680 Stradivari
-Guarneri-filius Andrea 1706
-Le Brun 1712 Stradivari
-Vuillaume 1720c Bergonzi
-Hubay 1726 Stradivari
-Comte Cozio di Salabue 1727
-Altos
-Comtesse des Flandres 1582 da Salò-di Bertolotti
-Mendelssohn 1731 Stradivari

Violoncelles

-Piatti 1700 Goffriller
-Stanlein 1707 Stradivari
-Ladenburg 1736 Stradivari

Guitare

-Guitare romantique par Grobert à Paris, vers 1830, prêtée par J.B Vuillaume et cédée ensuite à Berlioz, actuellement exposée au musée de la musique à Paris.

Influence

Paganini fut un compositeur de la fort riche période, intermédiaire entre la fin du classicisme et le début du romantisme, au début du XIXe siècle.
Il était contemporain de Beethoven, Schubert, Rossini, Chopin, Liszt, Berlioz, et certains d'entre eux devinrent ses amis : Berlioz composa pour lui Harold en Italie, Liszt s’inspira de ses Caprices pour écrire différentes œuvres pour piano seul, par exemple.
Mais Paganini n’est pas un simple spectateur de l’avènement du romantisme, il en est l'un des créateurs primordiaux.
Tout comme les travaux de Chopin et Liszt vont faire entrer le piano dans l’univers romantique, tout comme ceux de Beethoven et Berlioz métamorphosent l’art symphonique, Paganini révolutionne la façon de jouer du violon.
Bien qu’ayant relativement peu composé, Paganini laissa des œuvres majeures qui ont influencé la plupart des compositeurs d’œuvres pour le violon, ou pour violon et orchestre, après lui : Vieuxtemps, Spohr, Wienawski, Mendelssohn, Saint-Saëns, Sibelius, Jenő Hubay, Lipinski ou Glière, entre autres.
On constate que cette influence ne se limite pas au XIXe siècle, mais se poursuit au cours du XXe, en même temps que l’on voit apparaître tardivement des compositions différentes, comme celles de Chostakovitch ou Prokofiev.
De même que parmi les premiers romantiques sus-cités, il est assez difficile de trouver des précurseurs du style et de la technique de Paganini. On peut penser cependant aux travaux de Locatelli dans L’Arte del violino, ou à Vivaldi dans une certaine mesure.
L’influence de Paganini est en particulier marquée par les 24 Caprices, exposition directe, virtuose et impressionnante de toutes les capacités du violoniste, et qui demeurent les références pour tout violoniste d'aujourd'hui.
Paganini y condensa en effet toutes les difficultés techniques de l’instrument, y apportant une nouvelle façon de l’employer, puissamment vivante et expressive.
Cette volonté se retrouve, peut-être amplifiée, dans ses six concertos pour violon et orchestre.
Ces œuvres sont parfois vues comme de pures glorifications du soliste dont les démonstrations techniques avaient été écrites dans le but principal de révéler les talents stupéfiants du virtuose Paganini; il serait erroné de les réduire à cette seule dimension.
Si l’orchestration reste peu développée en comparaison de celle des compositeurs qui ont suivi, elle n’est pas pour autant rudimentaire. Outre le violon lui-même, de nombreux effets de l’accompagnement, utilisation des bois, des pizzicati, et du triangle, notamment, frappèrent les esprits par leur originalité et leur perspicacité, et furent repris dans d’autres œuvres.
Ce qui frappe peut-être le plus chez Paganini, c’est la pertinence et la précision des effets et des thèmes qu’il propose, que ce soit à travers le violon ou l’orchestre.
Nombre de ces thèmes ont été imités dans d’autres œuvres, intégralement dans la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov, la Campanella de Liszt, ou par bribes, bariolages du violon de ses 4e et 5e concertos par exemple se retrouvent dans les œuvres de Mendelssohn Op. 64, de Saint-Saëns, Introduction e Rondo Capriccioso, de Sibélius, Op. 47, de Rimski-Korsakov, Schéhérazade, 3e mouvement, pour ne citer que les plus connus.
C’est peut-être cela, cette "puissance magnétiquement communicatrice" comme le disait Balzac, qui justifie le mieux l’expression consacrée pour décrire l’art de Paganini : le "violon du Diable".
Plus posément, Carl Guhr, Kapellmeister, directeur artistique du théâtre de Francfort, après avoir maintes fois observé et écouté Paganini, distingua dans un article consacré à l’art de Paganini au violon8, vers 1829–1830, six différences majeures, entre Paganini et "tous les autres violonistes", six innovations principales :
la méthode de réglage de l’instrument décalant certaines notes d’un demi-ton, par exemple, "il est à espérer qu’il partagera ce secret avec le monde entier".
la façon dont son corps s’incline, pendant qu’il joue, selon la vitalité et l’énergie de ses œuvres.
la combinaison des notes à l’archet et les pizzicati de la main gauche.
Cette technique semble avoir existé dans les anciennes œuvres italiennes, mais a été éclipsée par les écoles française et allemande.
son utilisation des harmoniques : "On peut dire avec certitude que la plupart de l'assurance et de la clarté de Paganini au violon est liée à sa complète maîtrise des harmoniques."
ses compositions pour la seule corde de sol.
son "tour de force" :
"Je ne peux pas mieux décrire ce dont il s’agit. Chaque personne l’entendant pour la première fois est à la fois excitée et étonnée […] Paganini peut toucher les plus profonds gouffres de l’âme. […] Ce qui est sans précédent. L’effet est au-delà de toute description."
Précisons également que le jeu de Paganini a eu une influence notoire dans le monde du hard rock instrumental à base de guitare électrique.
Son style éblouissant a notamment profondément marqué le guitariste suédois Yngwie Malmsteen dans l’album Yngwie J. Malmsteen’s Rising Force. Suite à cette influence paganinienne, ainsi que celle de Jean-Sébastien Bach, représentant du violon classico-baroque germanique, à l'opposé du franc romantisme de Paganini, il créa un nouveau genre musical : le Metal néo-classique ou "baroque and roll", où la virtuosité instrumentale est mise en avant. Malmsteen reprend en effet dans sa musique certains thèmes de Paganini : le Concerto nº 4 en concert et le Caprice nº 24 dans la chanson Prophet of doom.
Suivant le courant néoclassique créé par Malmsteen, plusieurs guitaristes, tels Vinnie Moore, Tony MacAlpine, Georges Bellas, Theodore Ziras ou Jason Becker se sont inspirés du style de Paganini.
Ajoutons enfin que Steve Vaï fera une adaptation du caprice no 5 dans le célèbre duel de guitare du film Crossroads.

Anecdotes et citations

Rossini aurait pleuré trois fois dans sa vie : lors de la chute de son premier opéra, au cours d'une promenade en bateau lorsqu'une dinde truffée tomba malencontreusement à l'eau, et enfin, lorsqu'il entendit pour la première fois Paganini.
Dans l'Interdiction, Balzac écrivit à propos d'un peintre :
"[Il] a dans son pinceau ce que Paganini avait dans son archet, une puissance magnétiquement communicative.
Schubert dit de lui : " Dans l'adagio de Paganini, j'entendis le chant des Anges. On ne verra jamais personne comme lui."
Liszt : "Quel homme ! Quel violon ! Quel artiste ! Quelle souffrance, quelle angoisse, quels tourments ces quatre cordes peuvent exprimer !"
Suite au premier concert de Paganini à Paris en 1831, le prix des entrées doubla, et, Ludwig Boerne déclara : "Ce fut un enthousiasme divin, diabolique, je n'ai jamais vu ou entendu quelque chose de semblable de toute ma vie. Tous les gens sont devenus fous."
François Castil-Blaze : "Vendez tous ce que vous possédez, bradez tout, mais allez l'entendre. C'est le plus impressionnant, le plus surprenant, le plus merveilleux, le plus miraculeux, […], le plus inattendu des phénomènes jamais survenus."
En 1831, Castil-Blaze parla de Paganini en ces termes : "Cinq pieds, cinq pouces, taille de dragon, visage long et pâle, fortement caractérisé, bien avantagé au nez, œil d'aigle, cheveux noirs, longs et bouclés. Les prunelles, étincelantes de verve et de génie, voyagent dans l'orbite de ses yeux."
Spohr le qualifia de sorcier :
"On dit que c'est un véritable sorcier car il tire de son violon des sons jamais entendus avant lui."
Grâce à plusieurs centaines de concerts en quelques années, en Europe, dont à partir de 1831 à Paris, puis Londres, Paganini gagna plusieurs fois son propre poids en or, ce qui n'avait jamais été réalisé.
Le célèbre violoniste Ivry Gitlis estime qu'il y a "un avant Paganini, et un après Paganini, que tout la musique, que toute l'écriture de la musique a été métamorphosée par Paganini".
Le talent de l'instrumentiste est tel que beaucoup prennent ce dernier pour le diable. Impliqué en France dans un scandale financier, Paganini se réfugie à Nice où le comte de Cessole, son élève et ami, met à sa disposition un appartement.

C'est là qu'il meurt, à l'âge de 58 ans. L'évêque de Nice refuse l'inhumation en terre chrétienne. Le comte de Cessole fait embaumer le corps qui est exposé et est de nouveau pris pour l'incarnation du diable.

Le comte de Cessole fait enlever par des amis de la haute société niçoise la dépouille qui va connaître un étonnant périple. Le corps est successivement déposé à Nice dans la cuve à huile d'une propriété du comte de Cessole, au Lazaret de Villefranche-sur-Mer, à la pointe Saint-Hospice du Cap Ferrat, au Val Palcevera dans la villa San Biagio de Paganini d'où elle est chassée, à la demande des voisins, par l'archevêque de Gênes.
Elle est recueillie par l'impératrice Marie-Louise, amie de Paganini, dans sa villa de Parme.
Le pape Pie IX ayant reconnu que Paganini n'était pas le diable, le corps est enfin inhumé dans le vieux cimetière de Gênes puis transféré dans un monument au centre du nouveau cimetière qui vient d'être ouvert.
La communauté musicale étant saisie de doute, après un tel périple, sur l'authenticité du corps, le cercueil est ouvert en 1893, puis en 1940 à l'occasion du centenaire de la mort de l'artiste.

Paganini repose désormais en paix à Gênes.

Œuvres

Article principal : Catalogue de Maria Rosa Moretti et Anna Sorento.
Six concertos pour violon :
Concerto nº 1 pour violon, opus 6 de 1816
Concerto nº 2 pour violon, de 1826
Concerto nº 3 pour violon, de 1826
Concerto nº 4 pour violon, de 1830
Concerto nº 5 pour violon, de 1830
Concerto nº 6 pour violon est une œuvre de jeunesse d'avant 1815, retrouvée en 1972 chez un antiquaire londonien parvenu sous la forme de deux fascicules non autographes)
Vingt-quatre Caprices pour violon solo
Deux séries de six sonates pour violon et guitare : Sei sonata opus 2 et 3
Deux sonates et deux sonatines pour guitare
Quinze quatuors pour cordes et guitare
Cinq trios pour cordes et guitare
Trois quatuors pour cordes
Sonata per la Grand Viola avec orchestre.
Variations sur un thème comique continué par l’orchestre.
God Save The King, Maestosa sonata sentimentale opus 9, varié pour le violon, avec orchestre.
Le Streghe, opus 8, variations sur un air de ballet de S. Mayer et Vigano, avec orchestre.
Variations sur Non più mesta, opus 12, de La cenerentola.
Sonata a preghiera « Mosè variations » (Mose-Fantasia)
Grande sonate sentimentale
Sonate avec variations
Adagio en mi majeur (1826)
La primavera, sonate sans accompagnement
Varsovie, sonate
La ci darem la mano, variations d’après un air de Mozart (Don Giovanni)
Le Carnaval de Venise
Variations sur Di tanti palpiti, opus 13 (Rossini)
Marie-Louise, sonate
Romance pour le chant
Cantabile pour violon et piano
Polonaise avec variations
Le Couvent du mont Saint-Bernard
Pezzo per corno, fagotto e orchestra
Tarentella
Fantaisie vocale
Sonate pour violon seul
Cantabile et valse
Trois duos pour violon et violoncelle
Movimento Perpetuo, opus 11
Duo pour un violon (combinant archet et pizzicati de la main gauche)
Oh ! mamma !, opus 10
Soixante variations sur l’air Barucaba (1835)
Ainsi que de multiples œuvres pour violon et guitare :
Centone di sonate
Cantabile in re maggiore
Douze sonate di Lucca
Duetto amoroso
Entrata d’Adone nella reggia di Venere
Douze sonates pour violon et guitare
Moto perpetuo
Sonata concertata
Cantabile e Valtz
Variazioni sul Barucabà
Sei duetti
Carmagnola con variazioni
Grande sonata concertata

Versions et interprètes remarquables

Salvatore Accardo et l’orchestre philharmonique de Londres dirigé par Charles Dutoit, ont enregistré l'intégrale des concertos pour violon, qui est souvent considérée comme une référence.
D'autres violonistes célèbres comme Vengerov, Hahn, Perlman, Szeryng, ont également enregistré certains concertos, principalement le premier.
Itzhak Perlman a enregistré l’ensemble des Caprices dans des versions remarquables.
Alexander Markov, Ivry Gitlis, Ruggiero Ricci, Shlomo Mintz et Salvatore Accardo, également sans oublier bien sûr David Garrett.
Maurizio Preda et Luigi Alberto Bianchi ont enregistré l'ensemble des œuvres pour violon et guitare de Paganini.
Pour les Sei Sonata op. 2 et op. 3, on retient la version de Eduard Grach et Andrei Garin

Liens

Paganini
http://www.youtube.com/watch?v=TwmFcu ... e&list=PL557D9A73B59C9D5C Paganini 40 vidéos
http://youtu.be/Pl4oD_K0eKE The best of Paganini
http://youtu.be/XFW1HN6pMN8 Concerto N° 1
http://youtu.be/0aTl80L0YFE Concerto N° 2
http://youtu.be/5SGhUGKm5_U Concerto N° 3
http://youtu.be/xWKBpPc3fzA Concerto N° 4
http://youtu.be/s6xzTYE5TN8 Concerto N° 5
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Posté le : 26/10/2013 22:23
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Capitaine James Cook
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Le 27 0ctobre 1728, à Marton Middlesbrough naît James Cook

il décédera le 14 février 1779 à l'âge de 50 ans dans la baie de Kealakekua à Hawaï
James Cook est un navigateur, explorateur et cartographe britannique, né, à Marton Middlesbrough le 7 novembre 1728 pour le calendrier Julien et donc le 27 octobre 1728 selon le calendrier grégorien, il meurt le 14 février 1779 à Hawaï
Le premier des explorateurs scientifiques est de très modeste origine. Il est protégé par le propriétaire qui emploie son père et qui prend à sa charge les études primaire du jeune homme.

Rejeton aventureux d'une famille modeste de cultivateurs anglais, autodidacte féru d'observations, de mathématiques et d'astronomie, James Cook gravit rapidement les échelons de la Royal Navy à la faveur de la guerre avec la France de 1756 à 1763.
Au cours de la guerre de Sept Ans, James Cook participa au siège de la ville de Québec avant la bataille des plaines d'Abraham en 1759. Il démontra alors un talent certain pour la topographie et la cartographie, et cartographia la plus grande partie de l'embouchure du fleuve Saint-Laurent pendant le siège, ce qui permit au général James Wolfe de lancer son attaque décisive sur les plaines d'Abraham. Les années suivantes, il établit les cartes de la côte de Terre-Neuve, puis le passage du Nord-Ouest 1763 – 1764, la côte sud entre la péninsule de Burin et Cap Ray 1765 – 1764, puis la côte ouest en 1767.
Durant ses cinq saisons passées à Terre-Neuve, il établit les premières cartes précises à grande échelle des côtes de l'île.
Au lendemain de la guerre de Sept Ans, il est suffisamment connu et estimé pour se voir confier de nombreuses missions de relevé topographique dont il s'acquitte avec brio.
Chargé par la Société royale de géographie de Londres de gagner le Pacifique Sud afin d'observer le passage de la planète Vénus devant le disque solaire, il s'embarque en août 1768 à Plymouth à bord de l'Endeavour. Délaissant le détroit de Magellan, il cingle vers le cap Horn, qu'il réussit à doubler après avoir essuyé une furieuse temp
Très attiré par les choses de la mer, ce dernier obtient d'être engagé comme mousse à bord d'un navire charbonnier, à l'âge de dix-sept ans, puis sur différents navires de commerce et apprend le métier de marin tout en étudiant les mathématiques et l'art de la navigation. À vingt-sept ans, il se voit offrir son premier commandement, mais, la guerre la guerre de Sept Ans avec la France venant d'éclater, il préfère s'engager dans la marine royale.
Ses connaissances lui permettent de jouer un grand rôle dans l'étude hydrographique du Saint-Laurent, qui précèdent l'assaut contre Québec 1759. Sa réputation sur le plan scientifique est alors acquise, et il dirige la cartographie du littoral de Terre-Neuve à partir de 1763
Son premier grand voyage d'exploration commence le 25 août 1768, il revient en Angleterre le 12 juillet 1771.
Le deuxième voyage : vers l'Antarctique
Accédant au grade de capitaine de la Royal Navy, il fit trois voyages dans l’océan Pacifique à l’occasion desquels il fut le premier Européen à débarquer sur la côte Est de l’Australie, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Sandwich du Sud et à Hawaï. Il fut également le premier navigateur à faire le tour de l'Antarctique et à cartographier Terre-Neuve et la Nouvelle-Zélande.
Après son service dans la marine marchande britannique, il intégra en 1755 la marine royale britannique au cours de la guerre de Sept Ans.
Pendant le siège de Québec, il se consacra à la cartographie de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, ce qui permit au Général James Wolfe de mener son attaque décisive sur les plaines d'Abraham. Le jeune James Cook attira ainsi l’attention de l’Amirauté, institution, elle peut être vue comme un équivalent de l'ancien ministère de la Marine française. et de la Royal Society, institution politique gérant l'armée navale destinée à la promotion des sciences, équivalent de l’Académie des sciences de France à un instant crucial de sa carrière personnelle et de la direction des expéditions britanniques haut delà des mers.
Il fut alors nommé commandant du HMB Endeavour pour la première de ses trois expéditions dans le Pacifique, en 1766. Il s'ensuivra deux autres expéditions établissant les premières cartes précises de nombreuses îles et côtes.
Son héritage colossal peut être attribué à son grand sens marin, des aptitudes poussées pour la cartographie, son courage pour explorer des zones dangereuses afin de vérifier l’exactitude des faits rapportés par d’autres, sa capacité à mener les hommes et à se préoccuper de leur condition sanitaire dans les conditions les plus rudes, ainsi qu’à ses ambitions, cherchant constamment à dépasser les instructions reçues de l’Amirauté, Caporal Dylan, soldat français qui fut son compagnon.
Cook est mort à Hawaii en 1779 durant une bataille contre des Hawaïens, alors qu’il commandait sa troisième expédition en quête du passage du Nord-Ouest.
James Cook, qui n'était pas seulement un explorateur, a laissé le récit de ses observations. Ses voyages ont marqué la fin des Grandes Découvertes ; ils ont permis un progrès considérable dans la connaissance de l'océan Pacifique, grâce aux levés hydrographiques et à la méticulosité de ce grand navigateur.
Ces expéditions eurent un immense succès en Europe, où l'on se passionna pour les récits de Cook, que l'on publia accompagnés d'atlas remarquables. Louis XVI, pendant la guerre franco-anglaise, ordonna de le traiter en ami. La concurrence franco-anglaise, animée par Bougainville, Cook et Lapérouse, facilita la connaissance géographique du Pacifique. Mais, tandis que la France n'exploitait pas les voyages de ses navigateurs, l'Angleterre s'établit en Australie, où elle envoya des condamnés comme premiers colons, ainsi qu'en Nouvelle-Zélande. Après James Cook commença l'ère des explorations scientifiques.

Jeunesse

James Cook est issu d'une famille relativement modeste, fils de James Cook, valet de ferme d'origine écossaise et de Grace, anglaise. Il est né à Marton dans le North Yorkshire, ville aujourd'hui rattachée à Middlesbrough.
Il fut baptisé à l'église locale de St Cuthberts Marton, où son nom figure au registre des baptêmes. La famille, comptant alors cinq enfants, les époux Cook en auront neuf, s'établit ensuite à la ferme Airey Holme à Great Ayton en. L'employeur de son père finança sa formation à l’école primaire.
À l’âge de 13 ans, il commença à travailler avec son père dans la gestion de la ferme.
En 1745, alors âgé de 17 ans, Cook fut placé en apprentissage chez un mercier de Staithes, village de pêcheurs.
Selon la légende, Cook sentit pour la première fois l'appel de la mer en regardant par la fenêtre du magasin. Au bout d'un an et demi, William Sanderson, le propriétaire de l'entreprise, décréta que Cook n’était pas fait pour le commerce et le conduisit au port de Whitby où il le présenta à John et Henry Walker, quakers faisant commerce du charbon et propriétaires de plusieurs navires.
Cook fut engagé comme apprenti de la marine marchande sur leur flotte. Il passa les années suivantes à faire du cabotage entre la Tyne et Londres. Parallèlement, il étudia l'algèbre, la trigonométrie, la navigation et l'astronomie.
Une fois ses trois ans d'apprentissage terminés, Cook travailla sur des navires de commerce en mer Baltique. Il monta rapidement en grade et, en 1755, se vit proposer le commandement du Friendship. Il préféra cependant s'engager dans la Marine royale.
La Grande-Bretagne se préparait alors à la future guerre de Sept Ans et Cook pensait que sa carrière avancerait plus vite dans la marine militaire. Cela impliquait toutefois de recommencer au bas de la hiérarchie et c’est comme simple marin qu'il s’engagea à bord du HMS Eagle, sous le commandement du Capitaine Hugh Palliser. Il fut rapidement promu au grade de Master's Mate. En 1757, après deux ans passés au sein de la Navy, il réussit son examen de maîtrise lui permettant de commander un navire de la flotte royale.

Ses Voyages

Premier voyage de CooK- 1768–1771.

En 1768, la Royal Society charge James Cook, à bord du HMB Endeavour, d’explorer l'océan Pacifique sud avec pour principales missions l'observation du transit de Vénus du 3 juin 1769 et la recherche d'un hypothétique continent austral. Cook doutait cependant de l'existence même de ce continent.
Selon les savants, ce continent se serait trouvé dans les hautes latitudes au sud de cet océan, mais Cook ne le découvrira pas. Il était d'ailleurs sceptique quant à son existence et, Cook doutait de l'existence même de ce continent, dans son journal il confronte ses explorations avec les témoignages rapportés par les explorateurs précédents.
L'Endeavour était un trois-mâts carré du même type de ceux que Cook avait déjà commandés, embarcation solide et idéale en termes de capacité de stockage ainsi que pour son faible tirant d'eau, qualité indispensable pour s'approcher des nombreux récifs et archipels du Pacifique. Après avoir passé le cap Horn, il débarqua à Tahiti le 13 avril 1769, où il fit construire un petit fort et un observatoire en prévision du transit de Vénus.
L’observation, dirigée par Charles Green, assistant du nouvel astronome royal Nevil Maskelyne, avait pour but principal de recueillir des mesures permettant de déterminer avec davantage de précision la distance séparant Vénus du Soleil. Une fois cette donnée connue, il serait possible de déduire la distance des autres planètes, sur la base de leur orbite.
Malheureusement, les trois mesures relevées variaient bien plus que la marge d'erreur anticipée le prévoyait. Lorsque l'on compara ces mesures à celles effectuées au même instant en d’autres lieux, le résultat ne fut pas aussi précis qu'espéré.
Une fois ces observations consignées, James Cook ouvrit les scellés qui contenaient les instructions pour la seconde partie de son voyage: chercher les signes de Terra Australis, l'hypothétique pendant de l'Eurasie dans l'hémisphère nord. La Royal Society, et particulièrement Alexander Dalrymple, était persuadée de son existence et entendait bien y faire flotter l'Union Jack avant tout autre drapeau européen. Pour cela, on choisit de recourir à un bateau qui, par sa petite taille, ne risquait guère d'éveiller les soupçons, et à une mission d’observation astronomique comme couverture.

Grâce à l'aide d'un Tahitien nommé Tupaia, qui possédait des connaissances pointues de la géographie du Pacifique, Cook atteignit la Nouvelle-Zélande le 6 octobre 1769. Second Européen à y débarquer après Abel Tasman en 1642, il cartographia l'intégralité des côtes néo-zélandaises avec très peu d'erreurs, notamment sur la péninsule de Banks, qu'il prit pour une île, et sur l'île Stewart, qu'il rattacha abusivement à l'île du Sud.
Il identifia également le détroit qui allait porter son nom, le détroit de Cook, séparant l'île du Sud de l'île du Nord, et que Tasman n'avait pas découvert.
Il mit ensuite cap à l'ouest en direction de la Terre de Van Diemen actuelle Tasmanie avec l’intention de déterminer s'il s'agissait d’une partie du continent austral. Des vents violents forcèrent cependant l'expédition à maintenir une route nord.
L’expédition aperçut la terre en un lieu que Cook nomma Point Hicks, entre les villes actuelles d'Orbost et de Mallacoota dans l'État du Victoria. Vu l’orientation de la côte au sud-ouest, Cook doutait que Van Diemen's Land y fût relié. Ils se trouvaient en fait au sud-est du continent australien, devenant officiellement les premiers Européens à repérer sa côte Est.
En 1843, l’endroit reçut le nom de Cape Everard, avant de retrouver sa dénomination originale de Point Hicks à l'occasion du 200e anniversaire du débarquement.
D'après le livre de bord, on était alors le 19 avril 1770 à 6 heures du matin. En fait, Cook employait la notation de la date en vigueur dans la marine et qui courait de midi à midi.
Le jour commençait ainsi 12 heures avant le jour civil. De plus, l'écart de longitude entre le sud-est de l'Australie et la Grande-Bretagne implique un décalage horaire d’environ 10 heures, si bien que la date admise aujourd’hui est le 20 avril.
Cook poursuivit sa route vers le nord en longeant la côte, ne la perdant jamais de vue pour la cartographier et nommer ses points remarquables. Au bout d'un peu plus d’une semaine, ils pénétrèrent dans un fjord long mais peu profond. Après avoir mouillé devant une pointe basse précédée de dunes de sables qui porte actuellement le nom de Kurnell, l'équipage débarqua pour la première fois en Australie, le 29 avril. Cook baptisa tout d’abord le fjord Stingaree Bay en allusion aux nombreuses raies aperçues, stingray en anglais.
L’endroit reçut ensuite le nom de Botanist Bay, puis finalement Botany Bay en raison des nombreuses nouvelles espèces découvertes par les botanistes Joseph Banks, Daniel Solander et Herman Spöring.
La Grande-Bretagne allait plus tard choisir ce site pour y établir une première colonie britannique, entre autres sur les conseils de Joseph Banks Cependant, quand le capitaine Arthur Phillip y débarqua à la tête de la First Fleet en 1788, soit près de 18 ans plus tard, la baie et ses environs ne s’avéra pas aussi idéale que sa description le laissait espérer.
Phillip ordonna de relocaliser la colonie dans un port naturel situé quelques kilomètres au nord, que Cook avait nommé Port Jackson sans en pousser très loin l'exploration. C’est dans ce port, dans une baie qu'il nomma Sydney Cove en l'honneur du ministre Thomas Townshend, premier vicomte de Sydney, que naquit la colonie de Sydney.
Cook rencontra des Aborigènes dès son premier abordage. Lorsque l’Endeavour entra dans la baie, l'équipage aperçut des hommes sur chaque côte.
Vers 14 heures, ils mouillèrent près d'un groupe de six à huit maisons. Deux Aborigènes s'approchèrent du bateau, ignorant les cadeaux que Cook leur proposait.
On tira un coup de mousquet au-dessus de leur tête, blessant légèrement le plus vieux qui se mit à courir vers les maisons. Il revint avec d’autres hommes et jeta des lances vers les blancs, sans en atteindre aucun. Deux coups supplémentaires achevèrent de les chasser. Tous les adultes avaient disparu, mais Cook trouva plusieurs enfants dans les maisons, où il laissa quelques perles en signe d’amitié.
L'expédition mit à nouveau les voiles en direction du nord, toujours en longeant la côte. Le 11 juin, l’Endeavour talonna sur un banc de la Grande barrière de corail et fut sérieusement endommagé. On passa près de sept semaines à réparer sur la plage, actuellement sur la commune de Cooktown, à l’embouchure de l'Endeavour River.
Pendant ce temps, Banks, Spöring et Solander en profitèrent pour recueillir de nombreux échantillons de la flore australienne. Les contacts avec les Aborigènes furent paisibles.
C'est à cette époque que le mot kangourou fit son apparition dans le vocabulaire anglais, transmis par la tribu Guugu Yimidhirr : le mot kangourou dérive de gangurru, désignant le kangourou géant dans la langue aborigène Guugu Yimithirr.
Après cet épisode, Cook déconseillera d'explorer de nouveaux océans avec un seul navire.
Une fois la réparation terminée, l'expédition reprit sa route, doublant la péninsule du cap York avant de s'engager dans le détroit de Torres séparant l’Australie de la Nouvelle-Guinée. Cook débarqua sur l'île de la Possession le 22 août, où il revendiqua la totalité de la côte qu’il venait d'explorer pour le compte de la Couronne britannique.
À ce point du voyage, pas un seul homme n'avait succombé au scorbut, fait remarquable pour une si longue expédition à l'époque. En effet, convaincu par une recommandation de la Royale publiée en 1747, Cook avait introduit des aliments comme le chou ou le citron dans l'alimentation de son équipage.
On savait alors que le scorbut était causé par une alimentation pauvre, mais le lien avec les carences en vitamine C n'avait pas encore été établi. Pour avoir réussi à préserver la santé de son équipage, Cook recevra la médaille Copley en 1776.
La traversée du détroit de Torres prouva définitivement que l'Australie et la Nouvelle-Guinée n'étaient pas reliées entre elles.
L'Endeavour accosta ensuite à Savu où il passa trois semaines avant de continuer vers Batavia, capitale des Indes orientales néerlandaises, pour y effectuer quelques réparations. Batavia était connue pour être un foyer de malaria et avant le retour de l'expédition en 1771, plusieurs membres de l’équipage y avaient succombé ainsi qu’à d’autres maladies telles que la dysenterie, dont le Tahitien Tupaia, le botaniste Herman Spöring, l'astronome Charles Green et l'illustrateur Sydney Parkinson, Cook nommera l'île Spöring, au large de la Nouvelle-Zélande, en honneur au botaniste.
Sur la route du retour en Grande-Bretagne, Cook doubla le cap de Bonne-Espérance et relâcha à Sainte-Hélène.
Le 10 juin 1771, Nicholas Young, qui avait repéré le premier les côtes néo-zélandaises, aperçut le cap Lizard en Angleterre. L'Endeavour s'engagea dans la Manche et, le 12 juin, mouilla devant Deal, dans le Kent.
La publication du journal de l’expédition rendit Cook très populaire au sein de la communauté scientifique. Auprès du grand public, c'est plutôt Joseph Banks qui recueillit les honneurs. Ce dernier tenta de prendre le commandement de la deuxième expédition, mais se retira avant le départ.
Johann Reinhold Forster et son fils Georg furent engagés pour le remplacer.

Deuxième voyage Route de James Cook, 1772-74.

Peu de temps après son retour, Cook fut promu au grade de capitaine de frégate ou "commander" en anglais avant d'être chargé par la Royal Society de se rendre à nouveau dans les mers du sud à la recherche du continent austral.
Au cours de son premier voyage, Cook avait démontré que la Nouvelle-Zélande n'était rattachée à aucune terre et estimé la taille de l'Australie. Dalrymple, soutenu par d'autres membres de la Society, étaient cependant toujours persuadés de l’existence d’un continent plus grand, qui devait se trouver plus au sud.
Cook appareilla à bord du HMS Resolution, accompagné de Tobias Furneaux à la tête du HMS Adventure. Il est équipé d'un nouveau chronomètre de type K1, qui permettra un calcul précis de la longitude.
L'expédition descendit très au sud, franchissant le cercle polaire Antarctique le 17 janvier 1773 et atteignant la latitude de 71°10' sud. Cook découvrit également la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud.
Les deux bateaux se perdirent de vue dans le brouillard de l’Antarctique et Furneaux mit le cap sur la Nouvelle-Zélande, où il perdit certains de ses hommes dans une bataille contre les Māori avant de repartir pour la Grande-Bretagne. Pendant ce temps, Cook poursuivit son exploration de la zone Antarctique. Il passa près du continent sans l’apercevoir et remonta vers Tahiti pour se réapprovisionner.
Il replongea ensuite au sud dans l'espoir d’accoster le continent mythique, sans succès.
Il avait à nouveau embarqué un Tahitien, du nom d'Omai, qui s'avéra moins au fait de la géographie du Pacifique que Tupaia. La route du retour le mena aux Tonga, à l'île de Pâques, à l'île Norfolk, en Nouvelle-Calédonie et aux Nouvelles-Hébrides.
Son rapport conclut clairement sur la non-existence de la mythique Terra Australis.
En janvier 1774, il écrivit qu'il voulait aller " … non seulement plus loin qu'aucun homme n'est allé avant moi, mais aussi loin que je crois possible à un homme d'aller".
À l'issue de ce deuxième voyage, Cook fut promu au rang de capitaine de vaisseau ("captain" en anglais)et la Royal Society lui offrit une retraite honoraire en tant qu’officier du Greenwich Hospital. Sa notoriété avait dépassé le cadre de l'amirauté : la Royal Society l'admit au sein de ses membres et lui décerna la Médaille Copley, Nathaniel Dance-Holland réalisa son portrait, l'écrivain James Boswell l'invitait à sa table et la Chambre des Lords le qualifia de plus grand navigateur d’Europe. Cependant, la mer lui manquait et il prépara un troisième voyage en direction du passage du Nord-Ouest. Du Pacifique, il navigua vers l’est, espérant rejoindre l’Atlantique, pendant qu'un second bateau venait à sa rencontre en sens inverse.

Troisième voyage de Cook, 1776-1779

Pour son dernier voyage, Cook commandait à nouveau le HMS Resolution pendant que le capitaine Charles Clerke prenait la tête du HMS Discovery. Officiellement, le but du voyage était de ramener Omai à Tahiti, qui suscitait la plus grande curiosité à Londres.
L’expédition explora tout d’abord les îles Kerguelen où il accosta le jour de Noël 1776 — dans la baie de l'Oiseau à la pointe nord-ouest de l'île à Port-Christmas qu'il dénomme ainsi pour l'occasion —, puis fit escale en Nouvelle-Zélande. Une fois Omai rendu aux siens, Cook met le cap au nord, découvre la veille de Noël 1777 l'île Christmas et devient le premier Européen à accoster aux îles Hawaii en 1778.
Naviguant ensuite le long du continent américain, Cook décrivit dans son journal les tribus indiennes de l'île de Vancouver, des côtes de l'Alaska, des îles Aléoutiennes et des deux rives du détroit de Béring.
Malgré plusieurs tentatives, le détroit de Béring se révéla infranchissable en raison des glaces qui l’obstruaient même au mois d’août. Accumulant les frustrations devant cet échec, et souffrant peut-être d'une affection de l’estomac, Cook commençait à montrer un comportement irrationnel, forçant par exemple son équipage à consommer de la viande de morse, que les hommes refusèrent.
L'expédition retourna à Hawaï l’année suivante.
Après huit semaines passées à explorer l'archipel, Cook et son équipage atterrirent à la baie de Kealakekua sur l'actuelle Grande Île où il séjourna un mois.
Son arrivée dut coïncider avec la saison de Makahiki et aux grandes fêtes consacrées au dieu de la paix Lono. La venue de ses vaisseaux et leur parcours dans la baie ont causé leur déification, Cook en tant que chef fut assimilé à Lono. Durant un mois l'équipage reçut un très bon accueil.
Peu après leur départ de l'île, une avarie du mât de misaine les contraint à rebrousser chemin pour réparer. Ils décident de retourner sur la Grande île d'Hawaï en raison du bon accueil qu'ils avaient reçu. Au cours de cette seconde escale, des tensions se firent sentir entre les indigènes et les Britanniques et plusieurs bagarres éclatèrent.
En effet, la saison de Lono s'était terminée et c'était alors la saison de Ku, dieu de la guerre. Le retour de Cook, considéré comme la personnification de Lono, fut probablement assimilé à un trouble de l'équilibre du monde.
Le 14 février, des Hawaïens volèrent une chaloupe. Les vols étant courants lors des escales, Cook avait pour habitude de retenir quelques otages jusqu’à ce que les biens volés soient restitués.
Cette fois, il prévoyait de prendre en otage le chef de Hawaï, Kalaniopu'u. Une altercation éclata cependant avec les habitants qui les attaquèrent à l'aide de pierres et de lances. Les Britanniques tirèrent quelques coups de feu mais durent se replier vers la plage. Cook fut atteint à la tête et s'écroula.

Les Hawaïens le battirent à mort, puis enlevèrent son corps.

La mort du capitaine Cook

Cook jouissait malgré tout de l'estime des habitants de Hawaï et les chefs conservèrent son corps, des hypothèses controversées font état d'une possible consommation humaine ; cannibalisme.
L'équipage put cependant récupérer quelques restes pour les inhumer en mer avec les honneurs militaires.
Clerke prit le commandement de l'expédition. Il profita de l'hospitalité d'un port russe du Kamtchatka pour tenter une dernière fois, sans succès, de franchir le détroit de Béring.
Clerke mourut de phtisie en août 1779 et le lieutenant Gore prit sa succession pour la route du retour par les côtes asiatiques, comme prévu par Cook. En décembre, les journaux de bord furent confisqués à l’escale à Macao et Canton en raison de la guerre d'indépendance des États-Unis. Gore parvint cependant à en cacher un exemplaire. Le Resolution et le Discovery arrivèrent en Grande-Bretagne le 4 octobre 1780.
Le rapport de Cook fut complété par le capitaine James King.
Parmi les conseils et enseignements de ce voyage, Cook et ses officiers en second validèrent leurs idées sur l'alimentation pour éviter le scorbut, ainsi que l'usage d'« écorce du Pérou », un équivalent de la quinine.

Marins formés par Cook

Plusieurs jeunes officiers qui servirent sous les ordres de Cook laissèrent également leur nom dans l’histoire.
William Bligh prit le commandement du HMS Bounty en 1787, avec pour mission d'en rapporter des plants d'arbre à pain. Ce voyage fut le théâtre de la plus célèbre mutinerie et Bligh fut débarqué par ses hommes en pleine mer.
Il devint plus tard gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud.
George Vancouver commanda une expédition le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord de 1791 à 1794.
George Dixon, qui participa à la troisième expédition de Cook avant d’en commander une à son tour.
Thomas Gilbert, qui fit partie de la First Fleet et découvrit les îles Gilbert en 1788.

Héritage

Les douze années que Cook consacra à naviguer dans le Pacifique apportèrent énormément de connaissances de la région aux Européens.
Il découvrit plusieurs îles et cartographia avec précision de larges portions de côte.
Dès son premier voyage, il fut capable de calculer précisément sa longitude, ce qui n’était pas du tout évident à l'époque car cela nécessite de connaître l’heure avec exactitude. Cook bénéficiait de l'aide de l’astronome Charles Green et employa les nouvelles tables de l’almanach nautique, se basant sur l’angle séparant la Lune du Soleil (de jour) ou de l’une des huit étoiles les plus brillantes de nuit pour déterminer l'heure à l'Observatoire royal de Greenwich, qu’il comparait à l'heure locale déterminée grâce à l'altitude du soleil, de la lune ou des étoiles.
Au cours de son deuxième voyage, il embarqua un chronomètre KT conçu par Larcum Kendal.
Il s'agissait d’une copie de la montre H fabriquée par John Harrison, premier instrument capable de donner fidèlement l’heure en mer et qui avait été embarqués sur le Deptford en 1761.
Cook était accompagné de peintres, Sydney Parkinson réalisa 264 dessins avant sa mort à la fin du premier voyage, William Hodges représenta de nombreux paysages de Tahiti et de l’île de Pâques et de scientifiques de renom.
Joseph Banks, qui découvrit les Banksia et Daniel Solander recueillirent 3 000 espèces de plantes.
Cook fut le premier Européen à établir un contact rapproché avec plusieurs peuples du Pacifique. Il conclut, avec raison, à l’existence d’un lien entre eux, malgré les milliers de miles d’océan qui les séparaient parfois.
L'endroit où Cook a été tué dans les îles d'Hawaii est marqué par un obélisque blanc et est séparé du reste de l'île : le lieu a été cédé au Royaume-Uni et fait officiellement partie de son territoire. Le portrait de Cook apparait sur une pièce des États-Unis, le demi-dollar de 1928 du cent-cinquantenaire d'Hawaï. Il fut fabriqué à l'occasion des 150 ans de la découverte des îles, à un faible tirage, seulement 10 008, qui fait de cette pièce de commémoration un objet rare et coûteux pour les collectionneurs.

Hommages et postérité

Portrait de James Cook par William Hodges vers 1775–1776.
Plusieurs sites géographiques illustrent le nom de James Cook, notamment :
les îles Cook, état d'Océanie associé à la Nouvelle-Zélande ;
le mont Cook, point culminant 3 754 m de la Nouvelle-Zélande ;
Le détroit de Cook entre les deux principales îles de Nouvelle-Zélande ;
Le glacier Cook, principal glacier des Îles Kerguelen ;
le Golfe de Cook Cook Inlet en Alaska ;
la « ville » de Captain Cook sur l'île d'Hawaii, près de la baie où il trouva la mort ;
la baie de Cook à Moorea, Polynésie française ;
le Grand Récif de Cook prolongeant au nord, sur 180 km la côte est de Nouvelle-Calédonie ;
Puerto Cook à l'île des États en Terre de Feu, Antarctique et Îles de l'Atlantique Sud
Cooktown, dans le nord du Queensland australien, où le lieutenant James Cook passa sept semaines en 1778.
Avenue Cook, quartier des Chatillons, à Reims.
En France, un cénotaphe avec buste par Augustin Pajou a été installé au parc de Méréville puis transféré en 1896 au parc de Jeurre situé à Morigny-Champigny.
En 1935, l'union astronomique internationale a donné le nom de Cook à un cratère lunaire.
La navette spatiale Endeavour et la navette spatiale Discovery furent nommées d'après des navires de Cook, respectivement de sa première et de sa troisième expédition.
Le nom de James Cook est repris dans la série britannique Skins pour l'un des personnages de la saison 3 et 4.

Botanique


En tant qu'explorateur, il a donc côtoyé des botanistes.
Avec ces derniers, il a pu découvrir des espèces inconnues jusqu'alors. James Cook est lui-même reconnu comme botaniste car ayant publié des travaux concernant la botanique.
Cook est l’abréviation botanique officielle de James Cook.
Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI

Famille

James Cook a épousé Elisabeth Batts (1741-1835) en 1762.
Ils ont eu six enfants dont seul l'aîné est parvenu à l'âge adulte, mais qui meurt à 31 ans sans descendance.
James dit Jamie né en 1763 - mort noyé en 1794 ;
Joseph né et mort en 1768 ;
Elisabeth dite Elly née en 1767 - morte en 1771 ;
George né en 1772, pendant le premier voyage - 1772 ;
Nathaniel dite Nat née en 1764 - mort en 1780 dans un ouragan :
Hugh dit Benny né en 1776 - mort en 1793, alors qu'il étudiait à Cambridge.
Madame Cook a reçu de l'Amirauté une pension de 200 livres par an.

Cinéma, littérature et dessin animé

En 1987, les voyages de James Cook ont été mis en image dans un film australo-allemand, sous le titre Captain James Cook.
L'écrivaine néerlandaise Anna Enquist a publié en 2005 un récit consacré à la vie de Cook du point de vue de son épouse, intitulé Le Retour (traduction française en 2007 chez Actes Sud
Le cinéaste Gene Roddenberry s'inspira de James Cook pour créer le personnage de James T. Kirk dans Star Trek.
La série Il était une fois... les Explorateurs a retracé les voyages de James Cook dans le Pacifique et lors de ses recherches du Passage du Nord-Ouest.
L'épitaphe de Maestro est celle-ci :

« Cook laissera à la postérité la première véritable carte de l'Océan Pacifique. Il est le premier explorateur qui ne cherchait ni or ni trésor; seulement la connaissance… »

Un roman retrace la vie de la famille Cook :
Le Retour, Anna Enquist, Actes Sud, 2007.
Un roman retrace la première expédition de Cook relaté par un jeune clandestin devenu mousse à bord de l'Endaevour Nicholas Young :
Vers des terres inconnues, Karen Hesse, Gallimard Jeunesse, 2002

Liens

http://youtu.be/5uzJv9xh2uE le premier voyage de James Cook
http://youtu.be/-zeINPovI4Q voyage de Cook en 20 S
http://youtu.be/7_ZhGKI8Mks les trois voyage de James Cook
http://youtu.be/zHNfpB7weZ8 Capitaine Cook tué à HawaÏ
http://youtu.be/lqlmKVbcmcI Endeavour song
http://youtu.be/wgVDw8llsqo L'endeavour
http://youtu.be/uABaEHTc-Bw L'Antartique



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Posté le : 26/10/2013 21:41
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Érasme de Rotterdam
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Le 27 Octobre 1466 naît à Rotterdam Erasme,

Desiderius Erasmus Roterodamus, dit Érasme ou également appelé Érasme de Rotterdam, né, selon la majorité de ses biographes le 27 ou le 28 octobre 1466, à Rotterdam, est un prêtre catholique évangélique, philosophe, écrivain humaniste et théologien néerlandais, considéré comme l’une des figures majeures de la Renaissance tardive.
La date de sa mort, moins contestée, est le 12 juillet 1536 à Bâle,

Étonnante aventure que celle de ce Hollandais que rien ne destinait à la célébrité, mais dont les contemporains firent le "prince de l' humanisme" et dont la postérité ne connaît, en général que le titre d'un livre, l'Éloge de la folie, et le profil peint par Holbein le Jeune.
Vint-il au monde en 1469, comme on l'admet d'ordinaire, en 1466, ainsi qu'on l'avance parfois, ou encore en 1467 ? À la vérité, le détail importe peu dans l'existence de ce Batave qui, justifiant sa devise- Nulli cedo-, n'allait pas avoir son égal dans l'Europe tout entière.
Moins, assurément, que le caractère illégitime de sa naissance à Rotterdam, que les difficultés matérielles et psychologiques de ses années d'adolescence. Pour ce fils de prêtre, timide, hypersensible, dolent déjà, la vie nomade commence très tôt
Enfant naturel, orphelin à 15 ans, il entre en 1487 au couvent de Steyn. En 1495, il obtient une bourse à Paris. Le séjour qu'il effectue en Angleterre en 1499 le marque profondément : il y rencontre Thomas More et se lie d'amitié avec le théologien John Colet. En 1500 paraît à Paris la première édition des Adages, suivie, en 1505, de celle des Annotations de Valla.
C'est en réalité, selon les termes mêmes d'un de ses Adages, à de véritables travaux d'Hercule que s'est attelé cet homme chétif sans qui la Renaissance et l'humanisme auraient eu un autre visage : il a laissé une œuvre multiforme d'éditeur, de traducteur, de commentateur, de prosateur et de poète, sans parler des milliers de lettres qui nous le font connaître ; une œuvre qui doit surtout à la variété judicieusement novatrice de ses points d'application l'immense crédit dont elle a joui auprès de Montaigne, de Descartes, de Leibniz. Mais l'érasmisme est aussi un esprit qui est devenu en Europe le bien commun de plusieurs générations

Le moine humaniste

Érasme fils illégitime d’un prêtre et d’une fille de médecin est né dans des conditions obscures, voire infamante à l'époque, à Rotterdam, en 1467, ou en 1466, ou en 1469, date finalement retenue pour la célébration, en 1969, du demi-millénaire de sa naissance.
Il était le fils cadet d'un prêtre exerçant à Gouda, un certain Geert Gérard et de la fille d'un médecin de Zevenbergen. Le nom sous lequel il a conquis sa place dans l'histoire, Desiderius Erasmus Roterodamus, redouble – par le prénom et le nom latin, ou grec, erasmos signifie l'aimé – son désir de se faire aimer, la racine flamande de Gerhard a d'ailleurs le même sens.
C'est lui-même qui se le donna très tôt, selon la mode humaniste alors en usage, quand, ses parents étant morts au cours d'une épidémie de peste, il avait entre 14 et dix-sept ans, il put rompre avec son passé et se donner une identité plus glorieuse.

Enfant malingre et très sensible – toute sa vie, il sera tributaire de son petit corps, qu'il appelle corpuscule et ses actes, ses voyages, ses départs brusqués seront souvent commandés par sa recherche du confort physique, gage de la paix de l'âme –
Il fréquente d'abord l'école de Peter Winckel à Gouda, où il demeure sans doute deux années jusque vers 1474, puis probablement celle du chapitre de la cathédrale d'Utrecht ; il semble avoir fait un court séjour comme enfant de chœur à l'école capitulaire.
À neuf ou dix ans, il suit la célèbre école des frères de la Vie commune de Deventer, que devait illustrer le maître Alexandre Hegius. Il sera marqué pour la vie par la spiritualité de ces frères, émules de la devotio moderna, qui conciliaient la vie active et la contemplation, l'enseignement de la Bible et celui des auteurs de l'antiquité païenne.
L'école de Deventer constitue, vers les années 1480-1483, l'un des premiers foyers de l'humanisme aux Pays-Bas.
Le christianisme que l'on y enseigne est débarrassé des surcharges ou des scories scolastiques des théologiens "à l'ancienne mode" contre lesquels Érasme devra ferrailler tout au long de sa carrière : gloses interminables, termes barbares d'un latin qui n'a jamais existé, obscurcissement de l'esprit de l'Écriture par la lettre et les ratiocinations.
Après la mort de ses parents, son frère et lui sont confiés à trois tuteurs – leurs oncles –, qui les envoient terminer leurs études chez les frères de la Vie commune de Bois-le-Duc, dans une école dont Érasme dira plus tard qu'elle était désuète, que les maîtres y pratiquaient les punitions corporelles, qu'il y "perdit son temps". Les deux années qu'il y passa – jusqu'en 1486 – lui pesèrent beaucoup.
Fuyant la peste, il revient à Gouda. Ses tuteurs, désireux de capter son maigre héritage, le poussent à entrer au couvent des chanoines augustins de Steyn, dans la campagne avoisinante.
C'est là qu'il prononcera ses vœux en 1488, avec une conviction dont la profondeur est encore controversée.
Ce couvent est pour lui un asile où il espère mener une vie d'étude et de méditation. En fait, malgré la pression amicale de ses compagnons et du prieur, il n'y séjournera que de 1487 à 1492.
La correspondance de cette époque indique que, délicat, il trouve la règle un peu dure, mais qu'il est encouragé par ses supérieurs, qui reconnaissent sa valeur intellectuelle et même sa fragilité, puisqu'ils le dispensent des offices nocturnes et le laissent travailler à loisir à la bibliothèque. Il dévore pêle-mêle tous les auteurs classiques, principalement les latins, il n'est pas encore initié au grec, compose des poèmes latins, écrit beaucoup, découvre l'humaniste italien Lorenzo Valla, auteur des Elegantiae linguae latinae et des Paraphrases du Nouveau Testament, en qui il verra le restaurateur de la pureté littéraire du latin et le philologue engagé dans l'exégèse de l'Écriture sacrée : en ces années d'apprentissage, s'esquisse déjà une partie importante de son programme d'action.
C'est même au couvent de Steyn qu'il met en chantier ses Antibarbares – éloquent plaidoyer pour la culture antique, qui sera publié beaucoup plus tard –, et qu'il entreprend la première rédaction de son Mépris du monde, De contemptu mundi, où il retrouve un topos médiéval des plus classiques, mais où se révèlent déjà sa puissance dialectique et sa méthode ironique ; il y affirme et nie tout à la fois, en un discours subtil, ses propositions de départ ; comme pour la médecine, dont il composera un Éloge, ou pour la folie – dont L'Éloge demeure encore son œuvre la plus connue –, on peut se demander si chez lui la critique et l'éloge ne se confondent pas. L'auteur du Mépris du monde a peut-être la nostalgie d'une vie contemplative, mais les circonstances de sa vie – auxquelles il a prêté la main – feront de lui un homme de pensée et d'action, dans la mesure où l'écriture et la parole seront pour lui les modalités de l'action.

Ordonné prêtre le 25 avril 1492 par l'évêque d'Utrecht, Érasme rejoint, avec l'accord de ses supérieurs, l'évêque de Cambrai, Henri de Berghes, qui le prend pour secrétaire. On l'appelle déjà poète, orateur, théologien, l'homme le plus savant du monde.
À vingt-cinq ans, il est prêt à se mesurer avec les forces rétrogrades comme avec les hommes obscurs ou les barbares de son temps, tandis que s'accomplit, dans l'ombre ou au grand jou, l'une des plus profondes mutations de l'histoire de l'Occident européen.

Gradus ad Parnassum

Cambrai n'est pour l'ambitieux jeune homme que la première étape d'un tour d'Europe, mais surtout d'un pèlerinage aux sources de la civilisation et de la culture – de la double culture antique et chrétienne –, c'est-à-dire d'un pèlerinage à Rome.
Rome, préalable indispensable à tout candidat à la maîtrise dans le domaine des litterae humaniores, ces lettres qui vous rendent plus humain et que l'on appellera plus tard les humanités, est un but dont l'obligation est moins évidente pour un chrétien soucieux de remonter aux sources de l'Évangile, car c'est le temps où règne, depuis le 11 août 1494 le pape Alexandre VI Borgia et où la cour du Vatican offre dans son ensemble un spectacle mondain dont les traits sont diamétralement opposés aux images et aux aspirations du traité Du mépris du monde.

Mais, de Cambrai à Rome, la route ne sera ni directe ni aisée. C'est d'abord à Paris que le moine humaniste sera confronté aux difficultés matérielles et psychologiques de l'existence.
Il devient pensionnaire du collège Montaigu, sur la montagne Sainte-Geneviève, dirigé alors par Standonck, qui, natif de Malines, esprit réformateur, mais aussi ascète passionné, y fait régner un régime monastique beaucoup plus sévère que celui de Steyn.
Le tempérament d'Érasme ne pouvait s'accommoder des conditions matérielles de ce collège des poux, des petites portions et des poissons pourris, qu'il stigmatisera plus tard dans son colloque Ichtyophagia entre un poissonnier et un boucher. Il n'en poursuit pas moins ses études, le but officiel de son séjour étant le doctorat en théologie.
Déçu par l'enseignement scolastique de la Sorbonne, qui entrave son aspiration à redécouvrir les sources chrétiennes par un contact direct avec les Évangiles, il est contraint, pour vivre, de donner des leçons de grammaire et de littérature à des fils de famille – allemands ou britanniques – et à rédiger des manuels scolaires qui deviendront plus tard des livres du maître que certains pays ou certaines écoles – tels St. Paul's School ou Eton College – conserveront durant des siècles.
Les nombreux manuscrits qu'il rédige dans les années 1495-1499 contiennent en germe toute une partie de son œuvre philologique, dont la publication s'échelonnera sur une trentaine d'années, avec les indispensables et très révélatrices mises à jour.
Si ses rencontres et les débuts de son amitié avec les hommes de lettres qui vivent à Paris – les Italiens Balbi et Andrelini, les Français Lefèvre d'Étaples et Robert Gaguin – ont joué un rôle important dans le développement de sa personnalité, c'est grâce à son élève, William Mountjoy, que sa fortune va véritablement prendre un tournant : en l'emmenant avec lui en Angleterre à la fin de 1499, le jeune et riche lord fera, certes, découvrir à Érasme des humanistes chrétiens, la haute société londonienne, l'université d'Oxford, même la cour royale, mais, surtout, il lui permettra de se découvrir à lui-même tel qu'il était, ou, mieux, tel qu'il voulait être. L'apprenti comprendra, auprès d'hommes qu'il estime au plus haut point, de maîtres revenus d'Italie, de prélats puissants politiquement et spirituellement, auprès du prince héritier lui-même, le futur Henri VIII, qu'il a déjà conquis ses premières lettres de noblesse : le moine désargenté, le bâtard mal aimé, l'humaniste dolent comme l'appelle l'un de ses biographes modernes se contemple dans le miroir anglais et en est transfiguré.
Lorsqu'il regagne Paris, sa double voie est tracée, dont il ne déviera pas : celle d'un lettré, qui publie bientôt à Paris chez J. Philippi la première édition des Adages, recueil de 818 proverbes empruntés aux anciens sous le titre d'Adagiorum Collectanea, 1500, et celle d'un théologien, dont l'Enchiridion militis christiani, manuel du soldat chrétien, publié à Anvers en 1503, définit de manière hardie une réforme catholique libérale, consistant dans une pratique fondée sur la charité, c'est-à-dire sur l'imitation du Christ, et dans la précellence de la religion intérieure par rapport aux œuvres et aux cérémonies extérieures.
Ce bréviaire de l'Évangile, fortement marqué par la théologie de saint Paul et par l'influence personnelle de Vitrier – théologien et prédicateur qu'Érasme avait rencontré à Saint-Omer –, peut être considéré comme la clé de ce que l'on a appelé l'humanisme chrétien et, plus précisément, l'érasmisme.
Sa découverte, au cours de l'été de 1504, d'un manuscrit de Valla, dans une abbaye proche de Louvain, sera à l'origine de ses propres travaux exégétiques : l'Italien suggérant de corriger la Vulgate en la collationnant avec le texte grec, Érasme se mit à traduire le Nouveau Testament d'après une base philologique et une tradition manuscrite plus sûres.
Il lui faudra douze ans pour présenter, en 1516, entre beaucoup d'autres travaux, un Novum Instrumentum, dans les éditions ultérieures, Novum Testamentum, traduit en latin à partir de l'original grec et dédié au pape Léon X, qui s'en fera le défenseur contre la plupart des théologiens scolastiques.

Contentons-nous ici de marquer quelques étapes de la vie errante de l'humaniste au cours de ces douze années qui le conduiront à un véritable principat dans le double royaume des belles-lettres et de la culture évangélique. Après un bref séjour fin 1504 aux Pays-Bas, où il entend réconcilier les belles-lettres et la théologie, tout en approfondissant sa connaissance du grec et en s'initiant à l'hébreu, il publie en mars 1505, chez Badius Ascensius à Paris, des Annotations de Valla, puis réédite ses Adages chez Philippi.
Il séjourne de nouveau en Angleterre de l'automne 1505 au printemps 1506, et y retrouve ses amis Mountjoy, le théologien Colet, doyen de la cathédrale St. Paul de Londres, le très cher Thomas More, chez qui il résidera lors de son prochain séjour londonien, les hellénistes Linacre, Grocyn, Latimer et Tunstall.
En avril 1506, il traverse une grave crise morale : il a quarante ans et se sent déçu par les honneurs et même les études. Mais bientôt il prépare le voyage en Italie, dont il caressait le projet depuis toujours ; il doit accompagner les fils de Battista Boerio, médecin de Henri VIII.
Au début de juin, il arrive à Paris, où il séjourne deux mois, réglant avec son imprimeur Badius les affaires en suspens, publiant des poèmes et des traductions du grec en latin, Lucien, Euripide.
Au mois d'août, pendant la traversée des Alpes, il a un nouvel accès de mélancolie et compose à cheval une méditation poétique sur les inconvénients de la vieillesse, le sens de la vie et de la mort : c'est le Carmen alpestre ou Carmen de Senectute.

De Turin, d'où il obtient le bonnet de docteur en théologie en sept. 1506, à Venise, où il découvrira le célèbre imprimeur Alde Manuce, la route sera sinueuse, car la guerre qui sévit dans la région de Bologne, où Jules II entrera en triomphateur le 11 novembre 1506 le contraint à se réfugier à Florence.
À Venise, où il séjournera chez Manuce du mois d'octobre 1506 au mois d'août 1508, il fréquente l'Académie aldine, où il approfondit sa connaissance du grec grâce à l'amitié et à l'érudition de nombreux savants byzantins réfugiés,notamment Lascaris, Musurus, Aléandre.
Il y travaille hâtivement à la publication d'une édition des Adages entièrement nouvelle, puisque les proverbes sont passés de 800 à 3 261, Chiliades Adagiorum, que certains sont devenus de petits essais et que cet "arsenal de Minerve" est complété par de très larges emprunts à la parémiographie grecque.
Ses éditions d'auteurs grecs, Platon, Plutarque, Pindare, Pausanias..., ou latins : Plaute, Térence, Sénèque... le classent définitivement parmi les premiers savants de l'époque. De Padoue à la fin 1508, où il est le précepteur du jeune Alexandre Stuart, fils naturel du roi d'Écosse Jacques IV, il passe par Sienne, puis arrive à Rome, où l'accueillent cardinaux et prélats.
Il quittera l'Italie pour n'y plus revenir, en juillet 1509.
À la suite de l'accession au trône, le 21 avril du prince de Galles Henri VIII, qu'il connaissait depuis près de dix ans et sur la pression de ses amis anglais – dont l'archevêque de Cantorbéry, William Warham –, il regagne par petites étapes dans les Alpes italo-suisses, l'Alsace, le Rhin, Anvers la Grande-Bretagne, où il descend, à Bucklersbury, chez More.
Cruciales sont pour Érasme ces années anglaises de 1509, avec, en 1511, un bref voyage à Paris, tandis que la guerre sévit entre la France et son nouveau pays d'adoption : elles sont consacrées à l'enseignement, du grec et de la théologie à Cambridge en 1512, "sans succès ni gain" , écrit-il à un ami, à la préparation des deux grands projets biblique et patristique, éditions et traductions des pères de l'Église grecque et romaine, notamment, Jérôme, Augustin, Cyprien, Basile, Chrysostome, à la publication d'une nouvelle édition des Adages et d'un pamphlet, non signé contre Jules II, Julius exclusus a cœlis.
C'est au cours de son séjour chez More qu'il aurait rédigé en quelques jours l'étonnante déclamation devenue universellement célèbre sous le nom d'Éloge de la folie, Encomium Moriae.
Dans cet exercice oratoire à la manière des anciens, la folie s'exprime à la première personne en un joyeux sermon, plein de paradoxes, d'audaces et de lazzis satiriques à l'égard de la plupart des institutions – laïques et ecclésiastiques – et de leurs "mainteneurs".
À la fin de son sermon, la folie se fait mystique, s'identifiant pratiquement à la "folie de la croix", nœud vivant de paradoxes, puisque c'est en subissant la passion que le Christ promet aux humains la vie éternelle, puisque, né dans la pauvreté et l'obscurité, il est assuré d'une gloire impérissable.
Franchissant tous les barrages idéologiques ou théologiques qui ont été opposés à son message de sagesse et se mettant, par le truchement des traductions, à parler les langages de nombreux peuples, la Folie d'Érasme n'en a pas moins suscité, dès sa parution, une vaste querelle qui devait, par la suite, empoisonner les rapports de l'auteur avec les universités de Louvain et de Paris, ainsi qu'avec d'influents moines espagnols.
Mais cette œuvre, conçue avec légèreté dans un moment d'optimisme, n'a pas fini de délivrer son message polyphonique, car, derrière la satire de toutes les folies humaines, se profile une conscience ironique de soi, où Socrate, Salomon et le Christ se trouvent réconciliés.

Entre les Pays-Bas et Bâle : la rançon de la gloire

Toujours en quête d'un lieu de résidence propice à la fois à ses recherches savantes, à sa tranquillité, à ses intérêts (politiques, éditoriaux et même matériels), Érasme rentre d'Angleterre en juillet 1514, emportant avec lui de nombreux manuscrits.
Il rentre, si l'on peut dire, au bercail, c'est-à-dire les Pays-Bas du Sud, où il fait à nouveau connaissance avec l'université de Louvain. Mais, désireux de rencontrer le grand imprimeur Froben, il se rend, vers la fin du mois d'août, à Bâle, où il est accueilli comme "la lumière du monde" et "l'ornement de la Germanie".
Il prépare chez Froben son programme éditorial, à commencer par la traduction nouvelle de la Bible, et bientôt confie à l'imprimeur bâlois le monopole de ses publications.
Son installation à Bâle lui permettra de surveiller la composition de ses œuvres, d'intervenir en cours d'impression, d'exercer, au sein de cette grande ville universitaire qui est un carrefour d'échanges de toute nature, un véritable imperium éditorial, tout en profitant de la compétence d'hommes attachés à cette entreprise familiale, tels l'helléniste Beatus Rhenanus et l'hébraïsant Œcolampade. Après un court voyage en Angleterre, il retourne, au début de 1516, dans les Pays-Bas méridionaux, comme conseiller du duc Charles, devenu roi d'Espagne à la mort de Ferdinand. Érasme met alors son pacifisme au service de son maître, d'autant plus que la conjoncture politique semble favorable à une entente entre la France, l'Espagne et l'Empire.
C'est aussi pour lui l'occasion de publier des essais politiques, tels que l'Institution du prince chrétien, mars 1516 – traité qui contraste violemment avec Le Prince de Machiavel – ou l'adage Dulce bellum inexpertis. Mais, encouragé par le Vatican à poursuivre son œuvre d'humaniste chrétien, il publie à Bâle son Nouveau Testament, tout en subissant à Louvain l'hostilité des théologiens réactionnaires, qui condamnaient hellénistes, hébraïsants et nouveaux exégètes partisans du recours direct à l'Évangile.
Il se rend souvent à Bruxelles, où réside la cour, à Anvers, chez son ami Gilles, syndic de la ville, à Gand et dans la campagne d'Anderlecht. Il refuse en février 1517 les offres flatteuses de François Ier, qui lui propose de venir résider en France. Libéré en avril de ses dernières obligations de moine, il envisage son avenir avec sérénité, convaincu de sa valeur propre et de son prestige en Europe.
Mais, à la suite de l'affichage des 95 thèses du moine Luther contre les indulgences, la position intellectuelle et spirituelle d'Érasme, son engagement sur la voie d'une réforme de l'Église romaine, l'influence qu'il exerce à travers toute l'Europe sur les milieux humanistes et dans le monde des clercs ne lui permettront pas de rester bien longtemps en dehors du tumulte déclenché à Wittenberg. D'autant moins que, dans les débuts de son action, Luther présente Érasme comme son maître spirituel et l'enrôle malgré lui sous sa bannière.
Celui-ci approuve, de son côté, la plupart des reproches que Luther adresse à la cour pontificale, lieu d'intrigues et de perdition ; aux moines, dont l'ignorance et les mœurs grossières défigurent le christianisme ; aux prélats, plus fervents de politique que d'évangélisme ; aux simples fidèles, plus soucieux d'œuvres prétendues pies que de foi véritable. L'avenir contraindra Érasme à préciser ses positions philosophiques et théologiques, quand les chefs respectifs des deux camps le sommeront de s'expliquer.
Après avoir hésité à accompagner la cour de Charles Quint en Espagne, il décide de rester à Louvain.
Il y passera quatre ans, de 1517 à 1521, participant activement à la création du "collège trilingue", on y enseigne l'hébreu, le grec et le latin et séjournant, avec sa bibliothèque et quelques meubles, au collège du Lis. Il y possède quelques amis, même parmi les théologiens de Louvain, mais aussi de nombreux ennemis, surtout à mesure que se développe l'hérésie luthérienne, dont on lui reproche d'avoir "couvé l'œuf". Un voyage à Bâle au printemps de 1518 lui permet de préparer les rééditions de l'Enchiridion et de l'Institution chez Froben.
De retour à Louvain à la fin de l'été, il est épuisé et se croit même perdu.
En dehors de controverses avec des pairs, tel Lefèvre d'Étaples, à propos de saint Paul, il doit lutter contre tous les "hommes obscurs" qui s'attaquent à la liberté d'esprit, comme dans l'affaire Reuchlin, cet hébraïsant allemand fut mis au ban de la chrétienté pour avoir refusé de détruire les livres hébraïques qu'il possédait ou dans la condamnation par la faculté de théologie de Louvain des thèses de Luther.
Bientôt, contre l'Anglais Lee, contre l'Espagnol Stuniga, contre l'Italien Alberto Pio, il sera contraint de produire des plaidoyers pro domo, des Apologiae, chefs-d'œuvre de subtilité, d'ironie, de sarcasme, d'agressivité même et de pratique du double langage. Il se divertit, pour ainsi dire, avec de nouvelles préoccupations politiques, qui l'amènent, par exemple, à rédiger une Querela pacis, ou Complainte de la paix, à propos de la situation diplomatique de l'Europe des années 1520, au lendemain du couronnement de l'empereur Charles Quint à Aix-la-Chapelle, de la bulle d'excommunication de Luther et de sa consultation par les trois "grands", Henri VIII, François Ier, Charles au sujet précisément du conflit ecclésial.

Le "roi Érasme", citoyen de Bâle

Appelé à Bâle, où il arrive le 15 novembre 1521, pour la correction des épreuves de la troisième édition du Nouveau Testament, Érasme quitte les Pays-Bas pour n'y plus revenir.
Malade depuis longtemps, il n'en fournit pas moins un travail écrasant, tout au long de l'année 1522, avec l'édition et le commentaire de presque tous les pères de l'Église, tandis que ses œuvres personnelles sont rééditées et traduites dans toute l'Europe et qu'un véritable réseau d'érasmisme se met en place, de Londres à Cracovie, d'Anvers à Alcalá de Henares, de Paris à Strasbourg, de Nuremberg à Naples, Bâle restant, grâce à sa présence et à celle de lettrés influents, tels ses amis Amerbach, le centre de ce réseau.
La royauté intellectuelle et spirituelle d'Érasme est renforcée par les puissantes influences de l'Université, de l'imprimerie Froben, des autorités civiles et religieuses, des savants et des artistes. Parmi ces derniers, citons Hans Holbein le Jeune, dont l'un des premiers titres de gloire avait été d'illustrer un exemplaire de l'Éloge de la folie, édition Froben de 1515 et qui fera en 1523 l'un des plus célèbres portraits d'Érasme, actuellement au Kunstmuseum de Bâle, avec une copie au Louvre.
Érasme décline une nouvelle invitation de François Ier. Il vient d'ailleurs de dédier aux grands souverains d'Europe ses quatre Paraphrases sur l'Évangile, celle de Marc à François Ier, en 1523, et celles des trois autres Évangiles respectivement à Henri VIII, Ferdinand de Habsbourg et Charles Quint : à chacun il recommande de pratiquer une politique de paix et de fraternité et d'observer les devoirs d'un prince chrétien.
Mais, depuis janvier 1522, époque où Adrien d'Utrecht, son compatriote, est devenu pape sous le nom d'Adrien VI, Érasme est entré en lice contre Luther : Henri VIII, Tunstall, l'électeur Georges de Saxe l'y poussent aussi.
C'est sous le pontificat de Clément VII, en septembre 1524, qu'il publie un De libero arbitrio, dans lequel il défend, d'un point de vue métaphysique, moral et théologique, la possibilité pour l'homme de collaborer avec Dieu à son propre salut sans qu'il y ait une opposition radicale entre les œuvres et la foi.
Dans la riposte cinglante de son De Servo arbitrio, 1525, Luther accuse Érasme de scepticisme, de laxisme et d'impiété, opposant aux thèses de l'humaniste celle de la passivité totale de l'homme entre les mains de Dieu, dispensateur de la grâce, et aux œuvres l'austère rigueur du sola fide.
Désormais, la lutte se poursuivra sur tous les terrains, glissant des hauteurs théologiques à des règlements de compte personnels.
Érasme lui-même, en dépit de son esprit évangélique, adoptera un ton de plus en plus dur.
Derrière les deux champions s'opèrent des regroupements, surtout dans les pays germaniques ; les amis d'hier deviennent les ennemis d'aujourd'hui ; querelles et jalousies s'exacerbent, tandis que la situation politique de l'Europe, déjà troublée par les rivalités des princes chrétiens et la menace des Turcs, se complique en un imbroglio inextricable.
Au Serf arbitre, Érasme répond en 1526 par l'Hyperaspistes. Cette année-là, les Turcs, vainqueurs à Mohács en Hongrie, où périt le jeune roi Louis, posent à toute l'Europe chrétienne un problème crucial qu'elle n'arrivera pas à résoudre : le pacifiste Érasme, consulté un peu plus tard par un juriste allemand, reconnaît qu'il peut y avoir, dans des cas extrêmes, ultima ratio, de justes guerres. Mais que l'Europe commence par s'unir, et que l'Église fasse tout pour retrouver son unité perdue !
La neutralité n'est plus possible.
Érasme aurait bien voulu ne pas avoir à s'occuper de l'affaire du divorce d'Henri VIII et laisser au roi la liberté d'épouser Catherine d'Aragon.
Son ami Thomas More, devenu entre-temps chancelier d'Angleterre, paiera de sa vie, en 1535, sa fidélité au catholicisme et aux principes sur lesquels, de l'avis même d'Érasme, reposait la royauté anglaise.
Certes, ce dernier n'intervient pas politiquement, mais il rappelle ses idées sur le mariage chrétien dans une Institutio christiani matrimonii, qu'il dédie à Catherine elle-même, Bâle, Froben, août 1526.
Tandis que l'Europe politique et l'Europe religieuse entrent dans une période de convulsion, l'imprimerie bâloise, toujours aussi dynamique, à Jean, mort en 1527, succède son fils Jérôme, continue de produire, notamment en 1526, une édition considérablement augmentée des Colloques, l'une des œuvres les plus typiques d'Érasme, constamment remise en chantier depuis les lointaines années parisiennes, véritable journal de bord, miroir fidèle des idées sociales, politiques, économiques, scientifiques, pédagogiques, religieuses de l'auteur.
Ce dernier y fait parler des mercenaires et des prostituées, des moines mendiants et un aubergiste, un abbé ignare et une femme cultivée, des femmes mariées, des vieillards, des écoliers, un boucher et un poissonnier, des clercs, des laïcs, des gens honnêtes, de franches canailles, des loustics en tout genre.
Cette "comédie humaine" eut à subir, du vivant d'Érasme et après sa mort, les coups les plus rudes de la censure inquisitoriale.
En 1528, Érasme publie son Dialogus Ciceronianus, sous-titré De l'imitation qui aurait dû ne soulever que des querelles de grammairiens, mais qui s'en prend à l'imitation servile des Anciens et, du même coup, pose le problème de la création littéraire, ainsi que celui de la transmission et de la mutation des cultures.
Les imitateurs de Cicéron qui traduisent le Christ par Jupiter Optimus Maximus ou la Vierge par Diana sont des esprits incapables de comprendre leur époque et tournent le dos à cet humanisme érasmien dont l'objectif constant est de sélectionner dans l'antiquité païenne comme dans l'Ancien Testament les idées assimilables au message évangélique. Le Cicéronien aura des ennemis acharnés, tels Jules César Scaliger et Étienne Dolet.

L'exil et la préparation à la mort

L'année 1529 à Bâle s'annonce difficile pour les tenants de l'Église traditionnelle.
Érasme subit des pressions de la part des réformés de plus en plus nombreux. Des troubles se produisent visant même le culte catholique, mais le Conseil de la ville se montre modéré dans ses tentatives de réforme. Œcolampade, ancien collaborateur et disciple d'Érasme, est devenu l'apôtre de la doctrine nouvelle.
Le vieil évêque, Christophe d'Utenheim, est mort. On ferme des couvents ; on fait disparaître les images saintes des églises ; le chapitre de la cathédrale émigre à Fribourg-en-Brisgau.
C'est dans cette ville catholique d'Allemagne, cité d'Empire, située sur l'autre rive du Rhin, à quelques lieues de Bâle, qu'Érasme finit par se rendre lui-même le 13 avril 1529.
Il s'installe en grande pompe dans la maison " Zum Walfisch" , qui avait été construite jadis pour l'empereur Maximilien.
Tout en gardant des liens privilégiés avec ses amis de Bâle, la familia des Froben et celle des Amerbach, il entretient une abondante correspondance avec les plus grands personnages de l'Europe et néanmoins travaille fiévreusement à une nouvelle édition de Chrysostome et de Cyprien, révise les Colloques, complète encore les Adages.
Quelque chose a changé en lui.
Il rédige une nouvelle version de son testament, organise avec Froben la présentation de ses Opera omnia, qui paraîtront en 1540, après sa mort, introduits par Beatus Rhenanus.
Bien que ses ennemis ne désarment point et que son rêve de réunification de l'Église paraisse dès lors tout à fait chimérique, il semble las de lutter.
Il songe à la mort et, voulant rester un loyal serviteur de son Église, il se soucie d'en approfondir les dogmes plutôt que d'en dénoncer les abus.
Les ouvrages de piété et de propagande religieuse qu'il écrira au cours des cinq années passées à Fribourg indiquent bien son dessein : un essai sur la Concorde de l'Église ; un traité de pastorale ; l'Ecclesiastes, ou l'art du prédicateur, fruit de sa science rhétorique et de son expérience religieuse ; un commentaire du psaume 14 Sur la pureté de l'Église du Christ ; une Préparation à la mort, où il reprend les lieux communs que le Moyen Âge avait assignés à ce genre littéraire, mais en y mettant un accent personnel.
Ces écrits déconcertent encore parfois les historiens, qui n'y retrouvent pas l'image qu'ils s'étaient fixée de l'auteur avec l'Éloge de la folie ou les Colloques.
Mais, quand on examine les textes de près, on constate que, du Manuel du chevalier chrétien, 1503, qui ouvrait sa carrière d'humaniste chrétien ou de "philosophe du Christ", à la Préparation à la mort, 1534, qui la clôt à peu près, Érasme a suivi une courbe spirituelle qui est, en dépit de tout, d'une belle régularité.
S'il avait été suspect d'hérésie ou, pis encore, s'il avait été le crypto-luthérien que ses ennemis ne se lassaient pas de dénoncer, le nouveau pape, Paul III, lui aurait-il offert en 1535 le chapeau de cardinal ? Dignité que naturellement il refusa.
La situation à Bâle s'étant apaisée, Érasme, qui sent sa fin prochaine, revient, à la fin du mois de juin de 1535, dans cette ville où il a connu les plus grandes satisfactions intellectuelles et affectives.
Il est logé dans une belle demeure, non loin de la cathédrale, "Zum Luft". Holbein fait alors de lui une gravure, le représentant avec le dieu Terminus, son emblème préféré, symbole de la vie et préfiguration de sa mort, la mort est une borne, qui ne fait de concession à personne : Mors ultima linea rerum.

Fin de vie

À la fin d'octobre, la maladie le retient presque continuellement dans sa chambre.
Il songe à tous ses amis disparus, à Fisher et à More, exécutés par Henri VIII, ce prince humaniste qu'il admirait tant.
En janvier 1536, il adresse une dédicace affectueuse de son psaume 14 à un douanier rhénan qui l'avait hébergé autrefois : en faisant de ce modeste personnage son dernier dédicataire, qui vient ainsi après des papes, un empereur, des rois, des cardinaux, Érasme exprime la vérité de l'Ecclésiaste sur la vanité des vanités et retrouve la leçon médiévale de la Danse des Morts.
Le 12 février, il rédige ses dernières volontés, récapitule l'inventaire de ses biens, faisant de nombreuses donations à la famille Froben, aux pauvres, aux malades.
Le 28 juin, il songe avec nostalgie au Brabant, où il fut heureux, à la Grèce, sa patrie spirituelle.
Ses douleurs articulaires, auxquelles s'ajoute la dysenterie, sont devenues intolérables.

Il trouve encore le loisir d'ironiser sur son sort. L'agonie a commencé dans la nuit du 11 au 12 juillet. Il aurait alors gémi en latin :
'Ô Jésus, miséricorde ! Seigneur, prends pitié de moi! Et, à son ultime soupir, c'est dans sa langue maternelle qu'il aurait prononcé ces deux mots : "Lieve God !"

Il meurt le 12 juillet 1536 à Bâle,

Colet avait prophétisé : "Le nom d'Érasme ne périra jamais."
On pourrait ajouter qu'Érasme et ses idées n'ont jamais été plus actuels dans ces dernières décennies du XXe siècle.
Le grand érasmisant Marcel Bataillon l'avait démontré à l'occasion des fêtes du cinquième centenaire de l'humaniste à Tours en 1969. Celui-ci n'a pas été un meneur d'hommes, un fondateur de religion, l'inventeur d'un système philosophique.
Il fut un excellent philologue, certes, mais parmi bien d'autres, tels Budé, Scaliger, Melanchthon, Lascaris.
Il fut un éditeur abondant et un bibliste engagé, mais pas davantage que Lefèvre d'Étaples.
Son extraordinaire audience, Érasme la doit, semble-t-il, à ce qu'on peut appeler simplement son humanité : en un temps de guerres civiles, religieuses et étrangères acharnées, d'oppositions idéologiques irréductibles, maintenir le cap de la tolérance, de la paix des cœurs et des esprits, tenir moins compte des dogmes qui divisent que des valeurs qui unissent les hommes, sentir la nécessité du changement tout en restant fermement attaché aux traditions historiques et au message transhistorique de Dieu peut encore apparaître, aux yeux d'une humanité qui s'interroge avec angoisse sur son avenir, comme un acte de foi et d'espérance plus mobilisateur que les mots d'ordre divers, expression de fausses certitudes contradictoires.

Érasme mystificateur.

En 1530, Érasme, dans sa quatrième édition des œuvres de saint Cyprien, introduit un traité De duplici martyrio ad Fortunatum, qu'il attribue à saint Cyprien et présente comme ayant été retrouvé par hasard dans une ancienne bibliothèque.
Ce texte, proche des ouvrages d'Érasme, aussi bien pour le fond, hostilité à la confusion entre vertu et souffrance que pour la forme, et dont on ne connaît aucun manuscrit, contient des anachronismes flagrants, comme une allusion à la persécution de Dioclétien, persécution bien postérieure à la mort de saint Cyprien.
En 1544, le dominicain Henricus Gravius dénonce l'ouvrage comme inauthentique et en attribue la paternité à Érasme ou à un imitateur d'Érasme.
Au xxe siècle, l'hypothèse d'une fraude d'Érasme était rejetée a priori par la plupart des grands érasmiens, comme par exemple Percy S. Allen, mais elle est adoptée par des universitaires comme Anthony Grafton13.


Œuvres

Éditions originales

In Acta Apostolorum paraphrasis ERASMI Roterodami, nunc primun recens & nata & excusa. 1524.
Parabolæ sive similia… Lyon, Sébastien Gryphe, 1528.
Dialogus de recta latini graecique sermonis pronuntatione, 1528.
De morte declamatio… in genere consolatorio. Lyon, Sébastien Gryphe, 1529.
Modus orandi Deum. Lyon, Sébastien Gryphe, 1529.
D. Erasmi Roterodami epistolae duae recens conditae et aeditae ; Ejusdem Erasmi, responsio ad epistolam apologeticam incerto autore proditam nisi quod titulus forte fictus habebat Per ministros verbi ecclesiae argentoratentis, Coloniae, 1530 disponible sur Gallica
De sarcienda ecclesiae concordia : deque sedandis opinionum dissidiis, cum aliis nonnullis lectu dignis. Paris, Christian Wechelus Chrétien Wechel, 1533.
De Immensa Dei Misericordia. Virginis et martyris comparatio per eundem. Paris, Christianus Wechelus Chrétien Wechel, 1534.
Erasmi Roterodami Liber cum primis pius, De præparatione ad mortem. Paris, Christianus Wechelus Chrétien Wechel, 1534.
Exomologesis, per Des. Erasmum Roterodamum recognita diligenter & aucta. Paris, Christianus Wechelus Chrétien Wechel, 1534
Adagiorum chiliades quatuor, et sesquicenturia ex postrema autoris recognitione. Ad Hæc Henrici Stephani animadversiones in Erasmicas quorumdum Adagiorum expositiones, Lyon, Sébastien Gryphe, 1541, puis 1559, Johannis Andreae, Francofierti (Francfort), 1670.
Opus eruditissimum divi Ireanei episcopi lugdunensis, in quinque libros digestum, in quibus mire retegit & consutat veterum haereseon impias ac portentosas opiniones, ex vetustissimorum codicum collatione quantum licuit Des. ERASMI roterodami opera emenda. Parisiis, Apud Audoënum Parvum, 1563.
Apophthegmatum ex optimis utriusque linguae scriptoribus. Lyon Sébastien Gryphe, 1541.
apophtegmatum-1541
Epitome adagiorum D. Erasmi Roterodami, in locos digesta communes, singulari fide recognita, & multis aucta locis, in quibus antea manca videbatur. Huic adiecta proximè, Pars altera auctorum sane multorum, qui proverbia post Erasmum ediderunt. Parisiis, apud Aegidium Beys, 1583.
Enchiridion Militis Christiani. Ejusdemque oratio de virtute amplectenda. Ludguni Batavirum, Apud. Andr. Clouquium, 1624
Querela Pacis iundique gentium ejectæ prostigatæque. Lugduni Batavorum, Ioannis Maire, 1641.
Consultatio de Bello Turcis inferendo. Opus cum cura recens editum. Lugduni Batavorum, Ioannis Maiore, 1643.
Desiderii Erasmi Roterodami Colloquia familiaria. In usum studiosæ iuventutis cum notis accuratioribus M. Nicolai MERCIER. Parisiis, apud Claudium Thiboust, 1656.
L’Éloge de la Folie, Compose en forme de Declamation, Avec quelques Notes de Listrius, & les belles figures de Holbenius : le tout sur l Original de l Academie de Bâle. Piece qui, representant au naturel l Homme tout defigure par la Sotise, lui aprend [sic] agreablement a rentrer dans le bon Sens & dans la Raison : Traduite nouvellement en Francois Par. Mr. Gueudeville. Derniere Edition, revue, corrigee & augmentee de nouveau, avec une table des matieres fort ample & tres-exacte. 1731.

Éditions et traductions modernes en français

Érasme, Enchiridion militis christiani ; trad. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin, 1971. Bibliothèque des textes philosophiques. ISBN 978-2-7116-0235-3. traduction seule
Érasme, Colloques, traduction et présentation d’Étienne Wolff, deux volumes, Imprimerie nationale, Paris 1992 (publié avec le concours du CNRS).
Érasme, Les adages pythagoriciens d’Érasme, traduits pour la première fois du latin par Alain van Dievoet, dans Anderlechtensia, Bruxelles, 1992.
Érasme, Exomologèse ou manière de se confesser, traduit pour la première fois du latin par Alain van Dievoet, dans Le Folklore brabançon, numéro spécial Érasme, Bruxelles, 1992.
Érasme, Réponse de Dés. Érasme de Rotterdam contre le libelle d’un homme fiévreux, traduit pour la première fois du latin par Alain Alain van Dievoet en 1990 d’après l’édition d’avril 1529, dans Anderlechtensia no 69, p. 6 à 16 et no 70, p. 23 à 33, septembre et décembre, 1993.
Érasme, Apologie d’Érasme de Rotterdam contre Edouard Lee, traduite pour la première fois du latin par Alain van Dievoet, Bruxelles, La lettre volée, 1997.
Érasme, Diatribe: Du libre arbitre, dans Martin Luther Du serf arbitre, présentation, traduction et notes par Georges Lagarrigue, Paris, Gallimard, collection « folio essais », 2001.
Érasme, Consultation des plus utiles sur la guerre à mener contre les Turcs, traduit pour la première fois du latin par Alain van Dievoet, Bruxelles, Éditions du Hazard, 2006.
Érasme, L’Éponge d’Érasme contre les éclaboussures de Hutten, traduit pour la première fois du latin par Alain van Dievoet, dans Anderlechtensia, Bruxelles, à partir du numéro 71 de mars 1994 (réponse au livre de Ulrich von Hutten, L’Expostulation, ou plainte de Ulrich de Hutten contre Érasme de Rotterdam, prêtre et théologien, traduite pour la première fois en français par Alain van Dievoet et publiée à partir du numéro 99 de mars 2001 de la revue belge Anderlechtensia).
Érasme, Louange de la Sottise, traduit nouvellement d’après l’édition de 1511 de Strasbourg et annoté par Alain van Dievoet, Bruxelles, Éditions du Hazard, 2008.
Érasme, Guerre et paix dans la pensée d’Érasme, textes choisis et présentés par Jean-Claude Margolin, traductions variorum, Paris, Aubier-Montaigne, 1973.
Érasme, Les Colloques, traduits par Jarl-Priel, 4 vol. , Paris, À l’enseigne du Pot cassé, 1934-1936.
Érasme, L’Éloge de la Folie, suivi de la Lettre à Dorpius, traduction de Pierre de Nolhac et annotations de Maurice Rat, Paris, Garnier, 1936.
Érasme, La Philosophie chrétienne, traductions de Pierre Mesnard, Paris, Vrin, 1970.
Érasme, De ratione studii, traduction de Jean-Claude Margolin, dans, Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 3, 1976.
Érasme, La Correspondance d’Érasme et de Guillaume Budé, traduit par M-M. de la Garanderie, Paris, Vrin, 1967.
Érasme, Correspondance, sous la direction d’Aloïs Gerlo, 12 tomes, Paris et Bruxelles, 1967-1984.
Érasme, Œuvres choisies, traductions par Jacques Chomarat, Paris, le Livre de Poche classique, 1991.
Érasme, Éloge de la folie. Adages. Colloques. Réflexions sur l’art, l’éducation, la religion, la guerre, la philosophie. Correspondance. Édition établie par Claude Blum, André Godin, Jean-Claude Margolin et Daniel Ménager. Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 1992.
Érasme, Les Adages, édition complète bilingue, sous la direction de Jean-Christophe Saladin, 5 vol., Paris, Les Belles Lettres, collection « Le Miroir des Humanistes », 2011. ISBN 978-2-251-34605-2.
Érasme, La langue, introduction, traduction et notes de Jean-Paul Gillet, Genève, Labor & Fides, 2002. ISBN : 2-8309-1044-3



L'Eloge de la folie de Érasme


Conçu en 1509 et rédigé en latin la même année par Érasme, 1467 env.-1536 à son retour d'Italie, dédié en 1510 au juriste anglais Thomas More, futur auteur de l'Utopie, 1516, imprimé pour la première fois à Paris en 1511 sous le titre Encomium Moriae, puis enrichi dans plusieurs éditions bâloises jusqu'en 1532, l'Éloge de la folie fut l'un des best-sellers européens de la Renaissance. Rapidement traduit, il reste l'œuvre la plus connue du grand humaniste de Rotterdam.
On peut en effet y voir, comme dans la Nef des fous de Sébastien Brant, 1494, l'un des détonateurs du mouvement de réforme évangéliste qui ébranle l'Europe chrétienne du XVIe siècle.
La recherche d'authenticité et d'exactitude philologique, d'abord appliquée par Érasme à l'héritage littéraire de l'antiquité païenne, l'a rapidement entraîné à soumettre les textes bibliques à un pareil examen et à formuler une critique des institutions de l'Église romaine, qu'il juge peu fidèle au message du Christ.
Le retour au texte original des Écritures débouche ainsi sur un appel pressant à un renouveau de la foi, qui s'exprime dans l'Éloge de la folie de façon aussi ingénieuse que plaisante.


Une déclamation parodique

Stultitia loquitur," C'est la Folie qui parle", annoncent les premiers mots.
L'ensemble de sa déclamation célèbre avec une emphase parodique son empire sur le monde et les avantages infinis qu'elle procure aux hommes :
" Vous savez donc mon nom, hommes... Quelle épithète ajouter ? Archifous ? Soit ! La déesse Folie ne peut qualifier plus honnêtement ses fidèles. Mais on ne sait guère d'où je viens, et c'est ce que j'essayerai de vous expliquer, avec le bon vouloir des Muses."
La composition d'ensemble évoque celle d'une homélie, incitant l'homme à rejoindre Dieu : le tableau des péchés et des vices de l'homme amène en effet un rappel des vérités de la foi chrétienne et une exhortation à la conversion. Alors que la faible Raison n'apporte que tourments, la Folie se veut source de vie et de tous les plaisirs qu'elle envisage dans un plaisant désordre : amitié, amour, mariage, amour-propre, guerre, chasse, superstitions, course aux privilèges...
Après le rappel de la vanité de la sagesse et des sciences, et du malheur auquel se vouent ceux qui s'y consacrent, la partie la plus audacieuse de l'éloge est celle où sont passés en revue les fous qui veulent se donner l'apparence de sages : grammairiens, poètes, maîtres de rhétorique, savants, juristes, philosophes, mais aussi princes, courtisans, théologiens, moines, évêques et papes, dont sont dévoilés les abus ! La Folie conclut en citant les autorités antiques qui accréditent son propos ; c'est ainsi la voix de saint Paul qui amène Érasme à célébrer pour finir la sainte folie de la Croix et de l'espoir en Dieu. La progression du discours nous conduit de la satire "aux confins de la mystique " J.-C. Margolin.

Un éloge paradoxal

Monologue carnavalesque et sermon parodique, l'œuvre est caractéristique du genre de l'éloge paradoxal cher au rhéteur grec Lucien de Samosate, env. 120-après 180 et à la Renaissance humaniste (Rabelais lui devra beaucoup.
Au-delà de la prouesse rhétorique, et du charme de la plaisanterie érudite, le texte est nourri d'allusions littéraires, il s'agit pour Érasme d'exprimer par le badinage une critique souvent hardie de la société civile et religieuse, mais aussi de contribuer librement au renouveau spirituel, hors des formes canoniques de la parole sacerdotale.
Le fait de donner la parole à la Folie elle-même permet à Érasme toutes les contradictions et toutes les audaces : la Folie peut tout dire, y compris des vérités ! Son autre trouvaille est d'envisager successivement sous le même nom de stultitia, sottise ou folie la folie du pécheur – les vices et les passions de l'homme – et celle du croyant – la "bonne nouvelle" de la Rédemption et le pari de la foi.
Une lettre d'Érasme à son ami le théologien Martin Dorpius en 1515, jointe à l'Éloge de la folie dans certaines éditions, en précise les intentions et la portée polémique : se défendant d'avoir exprimé des ressentiments personnels, Érasme explique qu'il a voulu réformer les mœurs par le rire et il en souligne l'efficacité au service de la vérité ; mais en stigmatisant à nouveau l'orgueil, l'ignorance et les abus du clergé, il s'indigne, ouvertement cette fois, du fossé qui sépare le véritable message de l'Évangile et l'interprétation qu'en donne l'enseignement sclérosé de la scolastique aristotélicienne.

Liens

http://youtu.be/r6v5EgcTdSk Lettre à Erasme
http://youtu.be/59K3lAy2pGQ Eloge de la folie
http://youtu.be/gMm0jXxlIAs Erasme l'Europe
http://youtu.be/73mjYWH8UQo L'Humanisme après l'invention de l'imprimerie




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Posté le : 26/10/2013 19:37
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Re: Présentation
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Hé oui, désolée de ne pas l'avoir vu avant de poster.

Posté le : 26/10/2013 19:11
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Re: Dos à dos (chronique sur les adolescents)
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Téléréalité : la vraie vie des vrais gens ?


La téléréalité est un genre télévisé particulièrement apprécié chez les adolescents. Cela consiste en filmer (souvent sous forme de feuilleton) la vraie vie d’inconnus ou encore, sous forme d’expérience – de sorte de laboratoire du petit écran – de placer des gens du quotidien sous les feux des caméras sous prétexte de jeux parfois absurdes ou dangereux.
En France, ce concept a été introduit et popularisé dans les années 2000 sur la chaine M6 avec l’émission sulfureuse « Loft story ». Tout d’abord qualifiée par les concurrents de « télé poubelle », le concept s’est largement démocratisé.
Pas une chaine désormais n’a négligé de reprendre l’idée à son compte.


Les candidats de la téléréalité sont-il des « vrais gens » et évoluent-ils dans un vrai monde ?

Si les candidats de la téléréalité sont tout d’abord de parfaits inconnus aux yeux du public, ils ne sont pas à proprement parler des « vrais gens ». En effet, ils sont sélectionnés lors de casting en fonction de critères très précis destinés à concourir à l’ambiance d’un programme. Souvent pourvus d’ambitions artistiques, les candidats de la téléréalité n’hésite pas à sur-jouer leurs personnages, à en faire toujours plus afin de gagner en visibilité lors des diffusions, de ne pas se faire « éliminer » en cours de route et d’acquérir une certaine audience ou célébrité dans les médias.

Les situations dans lesquels les candidats sont placés ne sont pas non plus communes ou « normales ». Il s’agit de placer les prétendants à la notoriété dans toutes sortes de situations : enfermement, environnement hostiles, promiscuité, privation de nourriture ou de sommeil sous prétexte de jeux ou de défis ; et ce afin de révéler des aspects particuliers de leurs personnalité : émotivité excessive, colère, opportunisme, hypocrisie…

Les candidats de la téléréalité se perçoivent eux-mêmes en temps qu’acteurs, comme en témoigne l’issue des tribulations judiciaires de l’affaire « Ile de la tentation » : une décision de la Cour de cassation rendu le 24 avril 2013 consacre au profit d’un ex-candidat le statut de salarié en déduisant l'existence d'une relation de travail d’un faisceau d’indices liés aux faits: la prestation des participants à une téléréalité ayant pour finalité une production ayant une valeur économique est assimilée à un travail lorsqu'il existe un lien de subordination entre la production et les participants. Ce qui était le cas.
Pas sûr, cependant, que le public reconnaisse le statut d’artiste à ces « vraies personnes ». Il faut avouer que dans la plupart des cas, les talents fraichement révélés par ce truchement disparaissent au profit d’un nouvel arrivage de novices, la saison d’après. En total décalage avec les aspirations artistiques du candidat, les médias continuent à appeler l’ancien postulant par son prénom ou son surnom en lui refusant nom de scène ou pseudonyme. Le spectateur assimile le personnage à la personne. La force des images fait que la perception négative, pathétique, repoussante perdure à l’issue du programme. La déconvenue est grande pour les ex-aspirants à la célébrité. Après quelques semaines d’euphorie, ils découvrent le revers de la médaille. Certains sombrent dans la dépression et d’autres ne s’en remettent pas. Ainsi, en 2011, un ancien candidat de « secret story » se suicide après quelques temps de dépression.


Des êtes humains en sacrifice télévisuel : Truman show, Running man, Humger games

« Panem et circenses » (du pain et des jeux) disaient déjà les romains pour dénoncer l’attitude des empereurs qui avaient tendance à flatter les bas instincts du peuple à l’aide de divertissements afin de mieux le contrôler. En zappant sur la téléréalité, j’ai toujours un peu ce sentiment d’un délassement bon marché, fait pour abrutir le bon peuple et le détourner de sa souffrance, son insatisfaction ou son mal-être.

Ce qui me fait une transition idéale vers la science-fiction :

En clin d’œil, l'expression « Panem et circenses » est utilisée dans les livres Hunger Games, de l’américaine Suzanne Collins. C’est en effet le nom du pays imaginaire où se déroule l’aventure des personnages : Panem, lieu où le Capitole (État le plus riche), dirige les autres États. Dans cette utopie en parabole à notre société moderne, des jeunes gens sont choisis dans tout le pays afin de se battre sous les feux de caméras omniprésentes. Chaque district défend donc son champion et vit de l’espoir de le voir remporter ces jeux, oubliant temporairement que l’on meurt de faim dans les régions les plus pauvres.

Les ouvrages Humger Games, très en vogue chez les adolescents, trouvent eux-mêmes leur inspiration dans le célèbre Running man de Stephen King (et son inoubliable film éponyme des années 80). Ce roman d’anticipation présente des États-Unis en crise économique et en décadence morale. Dans cette société bouleversée, s’est développé un jeu télévisé dans lequel les participants sont traqués et luttent pour leur survie en tuant à leur tour.
Ainsi la science-fiction donne une vision apocalyptique des jeux de téléréalité destinés à désaltérer le peuple dans sa soif de violence collective.

Sur un ton plus léger mais toujours dans la critique virulente de la téléréalité, le film The Truman Show met en avant un sympathique pauvre type évoluant depuis son enfance dans une gigantesque émission de téléréalité dont il est le héros sans même le savoir. Son monde, d’une fadeur et d’une morosité affligeante, dominé par le contrôle d’un metteur en scène tout puissant et ponctué par des plages publicitaires intempestives, s’en voit bouleversé lorsque Truman décide de prendre quelques libertés avec le « scénario » de son train-train quotidien. Il émet le désir de voyager et de retrouver un amour de jeunesse. Il découvre ainsi les « frontières » de son propre univers.

Y-aurait-il des réalisateurs tout-puissants qui tireraient les ficelles de nos banales existences ? L’une des premières émissions de télé-réalité néerlandaise s’intitulait d’ailleurs « Big Brother », ce qui est assez symptomatique. Mais, si l’on pousse un peu, le contrôle des masses est peut-être l’objet de toute l’industrie du divertissement ? Un ancien dirigeant de TF1 ne disait-il pas que le but de ses programmes était d’offrir de l’espace de cerveau humain disponible à l’industrie publicitaire ?


Et pour finir sur une note philosophique, un petit extrait de l’ouvrage d’Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, 1835-1840 :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres. […]
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir.

A méditer en compagnie de vos télécommandes…

Posté le : 26/10/2013 11:54
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Re: Dos à dos (chronique sur les adolescents)
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Ah ! pardon ! Je pensais que ta fille était déjà ado !
Mais tu as encore du temps devant toi
(quoi que... Les enfants d'aujourd'hui... y grandissent trop vite ! )


Posté le : 26/10/2013 11:52
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Re: Les expressions
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« Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse »


A s'exposer sans cesse à un danger, on finit par le subir.


Il s'agit bien ici d'un récipient, en général en terre cuite, servant à contenir des liquides divers, dont de l'eau.
Un tel récipient n'a pas une durée de vie infinie et, à force de l'utiliser, il finit bien par arriver un moment où il se casse, non par usure mais par une maladresse de son utilisateur.

L'image est donc facile à comprendre.
Elle semble naître au XIIIe siècle où on la trouve sous la forme "tant va le pot au puits qu'il casse". Puis, dans le Roman de Renart on trouve : "tant va pot à l'eau que brise"


A propos des cruches, il existe un proverbe chinois bien vu de Lao-Tseu ? ou Confucius ? qui dit quelque chose comme :
"Si tu tapes une cruche contre ta tête et que tu entends un son creux, n'en déduit pas forcément que c'est la cruche qui est vide".
Alors ne tentez surtout pas l'expérience avec une cruche pleine !


Posté le : 26/10/2013 11:31
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Re: Défi du 21 Octobre 2013. un chien et un chat copains, fuguent et ...
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Meri Loriane !

Posté le : 26/10/2013 10:31
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Re: Défi du 21 Octobre 2013. un chien et un chat copains, fuguent et ...
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C'est trop mimi, les aventures de ces deux que tu personnifies si bien.
L’anthropomorphisme rend ton récit vivant.
Merci

Posté le : 26/10/2013 10:02
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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