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Vincenzo Bellini
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Le 3 novembre 1801 à Catane en Sicile naît Vincenzo Bellini

Vincenzo Bellini est l'un des représentants majeurs de ce qu'il est convenu d'appeler le second bel canto, et il en est sans doute le plus attachant.
Son œuvre, moins abondante que celle de Donizetti, évite la vulgarité qui dépare certaines partitions du compositeur de Bergame, dans les moments les moins bons.
Elle est plus homogène que celle de Rossini. Mais elle reste relativement stable, et on chercherait en vain chez Bellini la transformation puissante qu'a connue l'art de Verdi.

Élevé à Naples, au conservatoire de San Sebastiano, il a pour maîtres de composition Giovanni Furno, Giacomo Tritto et Niccolò Antonio Zingarelli'.
Il n'a pas encore terminé ses études lorsqu'il fait représenter sur la scène du conservatoire un petit opéra intitulé Adelson e Salvini, joué par trois de ses disciples.
La fortune semble, dès ses débuts, le prendre en main car il se voit presque aussitôt chargé d'écrire pour le Teatro San Carlo le premier de Naples Bianca e Gernando, joué en 1826 par Giovanni Battista Rubini, Luigi Lablache et la soprano Adelaide Tosi. L'ouvrage est si bien reçu que Bellini est immédiatement invité à composer pour la Scala de Milan Il pirata (1827), qui obtient un succès éclatant.
La dizaine d'opéras qu'il a laissés, d'Adelson e Salvini 1825 aux Puritains 1835, témoigne, malgré le passage de Naples à Paris, d'une continuité qui peut même donner l'impression d'un même opéra perpétuellement repris et recommencé.
Fils d'un maître de chapelle, il révéla un talent précoce de compositeur et fut envoyé parfaire ses études au conservatoire de Naples auprès de Zingarelli, l'adversaire de Rossini. Son inclination première pour le style d'église et la musique ancienne se retrouve dans ses compositions de jeunesse dont on retient aujourd'hui quelques mélodies et un Concerto pour hautbois et cordes.

La disparition prématurée de Bellini a privé l'histoire de l'opéra du seul très grand rival qu'aurait eu Verdi ; contemporain de Pacini, Mercadante et Donizetti, il occupa une position déterminante entre le retrait de Rossini, en 1829, et l'avènement véritable de Verdi en 1842. Au confluent d'un art encore aristocratique et de la poussée romantique, il réalisa dans son œuvre l'union parfaite entre la beauté classique et le thème de l'exaltation du héros ­ ou plus souvent de l'héroïne ­ condamné par le sort. Son culte des formes et des techniques du passé nous est attesté par une vingtaine de compositions religieuses écrites de 1810 à 1825 et par 7 symphonies de jeunesse, tandis que ses Polonaises pour piano à quatre mains ainsi que celle de son Concerto pour hautbois nous le montrent déjà sensible à l'art de Weber. N'oublions pas que son maître Zingarelli, tenant du vieil opera seria, n'avait pu l'empêcher de prêter une oreille favorable aux réformes novatrices de Rossini, et que Naples était en outre la ville la plus ouverte aux créations françaises et allemandes.
Ayant étudié l'œuvre de Haydn et, surtout, celle de Mozart, il fut sensible aux courants nouveaux et se trouva naturellement en parfaite communion spirituelle et artistique avec Chopin : de là naquit le frémissement jusque-là inconnu qui parcourt son écriture mélodique expressive, à la respiration plus ample, plus incantatoire et moins mesurée l'invocation Casta diva, dans Norma, qui renouait avec la liberté rythmique monteverdienne la sprezzatura mais héritait encore de la virtuosité belcantiste, exempte d'effets de puissance dans l'aigu.

On note encore, chez Bellini, soit le recours à la formule ancienne des structures par morceaux isolés, soit celle des vastes architectures ouvertes : dans les Puritains, certains actes se déroulent sans solution de continuité.
Enfin, les cahiers d'esquisse de Bellini, aussi éloquents que ceux de Beethoven, révèlent que le don mélodique n'était chez lui que le fruit d'un long labeur, et que, afin de mieux laisser à la voix le contenu émotif du drame, il épurait sans cesse l'harmonie et l'orchestration pour n'en garder que le substrat, ce qui l'a fait méjuger au début du xxe siècle, époque où les paramètres esthétiques se référaient à l'harmonie wagnérienne ou debussyste.
Notre époque a remis à sa vraie place ce compositeur, dont le monde sonore offre une intime parenté avec celui de Chopin.
Bellini est considéré comme l'un des plus grands mélodistes lyriques, ayant influencé Chopin.

Sa personnalité musicale peut difficilement se laisser catégoriser dans un schéma historico-stylistique.
Tout en demeurant fidèle aux concepts musicaux hérités des grands compositeurs qui l'ont précédé, Bellini fut un tenant de la primauté du chant. Toutefois, en son temps, Stendhal soulignera dès la straniera la rupture stylistique avec la tentative rossinienne de renouveler les formes de l'opéra baroque, Bellini participant à la suite de Cherubini et Spontini à la promotion d'un style classique.
Doué d'un prodigieux génie mélodique, il consacra sa vie à la composition et brilla dans l'art de créer des mélodies d'une parfaite limpidité. Certains critiques lui reprochent une légèreté dans l'accompagnement. Il construit ses harmonies et orchestrations de manière simple, mais il excelle dans l'expression des sentiments tendres et mélancoliques.
Il apporta à Milan puis à Paris l'aura de la culture méditerranéenne antique que l'Europe avait idéalisée dans le classicisme. Ce renouveau enthousiasma tellement Wagner qu'il choisit la Sicile pour situer son opéra Das Liebesverbot, oder Die Novize von Palermo, adoptant la clarté du langage lyrique de Bellini.

Une carrière de dix ans

Vincenzo Bellini est encore aujourd'hui l'orgueil de cette ville, qui lui a dédié son théâtre, le Teatro Massimo Bellini, inauguré le 31 mai 1890, avec Norma. La protection d'un riche seigneur a permis à cet enfant d'une famille modeste d'être admis au Real Collegio di Musica de Naples, alors dirigé par Niccolò Zingarelli. Il est remarqué par le puissant impresario Domenico Barbaja, qui va l'orienter vers le théâtre lyrique et l'aider dans sa carrière.

Entre le 11 et le 15 février 1825, Adelson e Salvini, un dramma semiserio en deux actes, est créé au Real Collegio di Musica di San Sebastiano de Naples. Le deuxième ouvrage lyrique de Bellini, un melodramma en deux actes, connaîtra deux versions : Bianca e Fernando, créé au Teatro San Carlo de Naples le 30 mai 1826, et Bianca e Gernando, créé au Teatro Carlo Felice de Gênes le 7 avril 1828. Mais la notoriété de Bellini date surtout d'un mélodrame lyrique en deux actes, Il Pirata, pour lequel il s'est associé pour la première fois comme librettiste Felice Romani : l'œuvre est créée à la Scala de Milan le 27 octobre 1827. Suivra deux ans plus tard le 14 février 1829, sur la même scène, celle du mélodrame en deux actes La Straniera, également sur un livret de Romani.

Puis les théâtres changent, en Italie d'abord : Zaira, tragedia lirica en deux actes sur un livret de Romani, est créée au Teatro Ducale de Parme le 16 mai 1829, la tragedia lirica en deux actes sur un livret de Romani I Capuleti e i Montecchi le 11 mars 1830, à La Fenice de Venise. Pour ce dernier ouvrage, Bellini reprenait un sujet déjà traité par son maître Zingarelli dans son Giulietta e Romeo (1796), dont un air restera traditionnellement inséré lors des représentations de l'œuvre de l'élève.

Pour le melodramma en deux actes sur un livret de Romani La Sonnambula, créé le 6 mars 1831 au Teatro Carcano de Milan, Bellini bénéficie, pour le rôle-titre (Amina), d'une cantatrice d'exception, Giuditta Pasta, à laquelle son destin de compositeur semble désormais lié. Giuditta Pasta tiendra encore les rôles-titres lors des créations de Norma, à la Scala, le 26 décembre 1831, et de Beatrice di Tenda, à La Fenice, le 16 mars 1833.

L'échec de cette dernière œuvre incitera Bellini à renoncer à la collaboration avec Romani et à se rendre à Londres, puis à Paris.
Il va disposer d'un quatuor vocal exceptionnel – Giulia Grisi Elvira, Giovanni Battista Rubini Arturo, Antonio Tamburini Riccardo et Luigi Lablache Giorgio – pour la création de son nouvel opéra, qui sera le dernier, I Puritani, le 24 janvier 1835, au Théâtre-Italien, à Paris, dont le librettiste est Carlo Pepoli.

Vincenzo Bellini meurt à Puteaux, près de Paris, le 23 septembre 1835, dans des conditions qui restent mystérieuses. Mais la thèse de l'empoisonnement a perdu de son crédit au profit d'une brève maladie qui sans doute l'emporta prématurément.

Situation de Bellini

Encore élève, Bellini écrivit l'opéra Adelson e Salvini 1825, dont la perfection formelle fit voir en lui le successeur de Rossini, celui-ci ayant définitivement quitté l'Italie. Le théâtre San Carlo de Naples lui commanda aussitôt Bianca e Fernando 1826 et la Scala de Milan, le Pirate 1827, sur un poème de Felice Romani, le librettiste italien alors le plus en renom.
Il donna ensuite, avec des fortunes diverses, la Straniera Milan, 1829, Zaïra Parme, 1829, I Capuleti e i Montecchi Venise, 1830, puis, en 1831, à Milan, la Somnambule et Norma au succès desquelles contribua considérablement la cantatrice Giuditta Pasta, cependant que la société féminine des salons de la capitale lombarde voyait en Bellini l'image de l'idole romantique, sorte de héros byronien consumé par le mal du temps.
Après avoir donné, à Venise, Beatrice di Tenda 1833, Bellini quitta l'Italie, puis, au retour d'un bref voyage à Londres, s'établit à Paris, où, protégé par Rossini, il se lia notamment avec Chopin et écrivit pour le Théâtre des Italiens les Puritains 1835.


il est mort le 23 septembre 1835 à Puteaux Hauts-de-Seine, en France.Emporté à presque 34 ans par une tumeur intestinale, Bellini a laissé malgré sa courte carrière des opéras parmi les plus joués du répertoire lyrique, dont La sonnambula 1831, Norma 1831 et I puritani 1835.

Le terrible critique Paul Scudo, consacrant en juillet 1848 quelques pages à Donizetti et l'école italienne depuis Rossini à l'occasion de la mort du compositeur à Bergame, savait rendre hommage au maître de Catane, Vincenzo Bellini : celui-ci, note-t-il, échappe à l'influence de Rossini, et s'inspire directement des maîtres du XVIIIe siècle.
Il procède particulièrement de Paisiello, dont il a la suavité, et dont il aime à reproduire la mélopée pleine de langueur.
À cet égard, la Somnambule serait la fille de Nina, l'héroïne de Paisiello.
Trait d'union dans le temps, Bellini est aussi un trait d'union dans l'espace.
Venu à Paris, le compositeur, dont les mérites n'ont jamais été égalés à ceux du maître de Bonn, semait à tous vents, avec une infatigable profusion, des mélodies magnifiques et de la plus rare qualité, les distribuant gratuitement comme il les avait reçues, sans même penser à se reconnaître le mérite de les avoir enfantées. Selon Scudo, Beethoven a constitué à la musique un patrimoine qui semble n'être dû qu'à son labeur obstiné. Bellini a reçu la mélodie sans avoir eu la peine de la demander, comme si le Ciel lui avait dit : „Je te donne tout juste ce qui manquait à Beethoven.
Le risque serait d'accentuer un tel contraste, de ne parler que de la grâce bellinienne, en négligeant la force dramatique de ce théâtre lyrique. Richard Wagner avait déjà su la reconnaître, qui dirigea Norma à Riga en 1837.

Au total, Bellini forme, selon Scudo, un tout exquis, plein de charme et de mystère (Paul Scudo, Critique et littérature musicales, première série, 3e édition, Hachette, 1856, pp. 93-94).
Le jugement du critique n'échappe pas à des poncifs qui sont aujourd'hui heureusement remis en question. Bellini, nature fine et délicate, serait un génie mélodique plus tendre que fort et plus ému que varié.
Il serait le musicien d'un instinct heureux, qu'une éducation hâtive n'avait pas suffisamment développé.
Son instrumentation serait généralement faible. Scudo en fait l'héritier des pâtres de sa Sicile natale, mais il lui reconnaît une qualité d'âme exceptionnelle.

Principales caractéristiques de son œuvre

Pour rendre justice à Bellini, il faut bousculer quelques idées reçues.
Il a fait de solides études musicales et son inclination première le portait au style d'église : nous avons conservé certaines de ses partitions sacrées.
L'art de Bellini repose sur la juxtaposition plus que sur l'insertion dans un développement savamment élaboré.
Mais il a un sens aigu de la progression dramatique, et l'invention mélodique n'est pas indépendante de cette dynamique.
Un air peut être exposé d'une manière brève, presque fugitive, tel l'air d'Arturo Eri tu dunque à l'acte I de La Straniera. Les scènes s'organisent en plusieurs mouvements enchaînés : ainsi pour le don de l'anneau à la fin de l'acte I de La Sonnambula.
Cette juxtaposition, qui incite le compositeur à jeter comme à pleines poignées ses inventions mélodiques, explique des reprises de motifs à l'intérieur d'un même opéra ou d'un opéra à l'autre.
En 1830, par exemple, Bellini a repris dans I Capuleti e i Montecchi, version plutôt lointaine du Romeo and Juliet de Shakespeare, les principaux éléments de sa Zaira antérieure.
Le propre du bel canto tel que le conçoit Bellini n'est pas l'abandon au chant pur, mais l'expression juste des passions.
C'est faute de l'avoir compris que Stendhal s'est montré injuste à l'égard du maître de Catane, et en particulier de La Straniera, une œuvre magnifique et injustement négligée, qui ne se réduit pas au mélodrame L'Étrangère, de Charles-Victor Prévôt, vicomte d'Arlincourt, qui en constitue la trame.
Le moment essentiel, dans un opéra de Bellini, est celui du gel, qui marque un arrêt dans la progression du drame.
Le sublime est atteint lorsque ce suspens conduit à une extase : la cantilène d'Imogene dans Il Pirata Col sorriso d'innocenza, l'aria d'Isoletta dans La Straniera Ah ! se non m'ami più.
Cette caractéristique est celle de Casta Diva, moment absolu de bel canto, sur un accompagnement d'arpèges et avec le déploiement éperdu de la flûte.
Mais, comme dans Le Lac de Lamartine, le sentiment d'un temps immobilisé ne peut être qu'une illusion, et le drame l'emportera.
Si Norma cède à la pente d'une rêverie nostalgique, qui se déploie en de nombreuses fioritures, sa prière à la Lune se transforme en une supplication secrètement adressée au proconsul romain, Pollione, pour qu'il redevienne celui qu'il était et pour qu'il la gratifie à nouveau d'un amour qui aurait retrouvé toute sa fraîcheur d'antan.

Il n'y a pas un opéra de Bellini qui éclipserait tous les autres, même pas le plus célèbre d'entre eux, Norma.
On ne peut qu'être frappé par l'unité de l'ensemble de sa production.
l ne faut négliger ni Bianca e Fernando, ni même Adelson e Salvini, les œuvres de ses débuts. Zaira constitue un très bon exemple de fidélité et de liberté à la fois, dans le traitement que fait subir son librettiste préféré, Felice Romani, au texte de la tragédie Zaïre de Voltaire, avec par exemple le dédoublement du personnage de Corasmino.
D'un point de vue technique, Les Puritains est sans doute l'œuvre qui va le plus loin, les actes cessant d'être une succession de morceaux et se resserrant dans une nouvelle unité. En France d'ailleurs, à sa mort, en 1835, Bellini était avant tout considéré, par Balzac par exemple, comme le compositeur des Puritains.

D'une Norma à l'autre

Pour nous, Bellini est d'abord, c'est vrai, l'auteur de Norma.
À son époque, cet opéra, d'abord médiocrement accueilli, était parvenu peu à peu à plaire au public.
Les Martyrs de Chateaubriand 1809 avaient mis la Gaule à la mode : un opéra druidique ne pouvait que toucher.
Et la cavatine chantée à la Lune par Norma sa prêtresse, Casta Diva, interprétée alors par Giulia Grisi, naguère par Maria Callas ou par Montserrat Caballé, aujourd'hui par June Anderson, reste une des expressions les plus pénétrantes et les plus nostalgiques du genre humain ; quant au finale de Norma, il s'agit de l'une des plus belles scènes qui soient au théâtre lyrique.
Théophile Gautier reconnaissait que dans cette partition "l'instinct passionné de l'art s'élève de lui-même à ce que la science a de plus élevé, et que l'inspiration plane sans peine bien au-delà des régions que l'étude peut atteindre".

Fallait-il pour cela dépasser la tragédie d'Alexandre Soumet ? Plus que jamais se pose le problème du livret, mais d'un livret ici transcendé par une musique géniale. On aurait tort de croire que le compositeur romantique s'inspire toujours nécessairement d'un écrivain romantique.
Sans doute Bellini s'est-il intéressé à Ernani, sans véritablement aboutir, et avant que Verdi ne traite le sujet.
Mais il a composé son premier opéra, Adelson e Salvini, d'après une anecdote anglaise de François-Thomas-Marie de Baculard d'Arnaud, un écrivain du XVIIIe siècle, son cinquième, Zaira, d'après une tragédie de Voltaire.
Pour son huitième opéra, Norma, en 1831, au milieu de sa carrière, la situation est beaucoup plus ambiguë.
En effet, l'écrivain français – Alexandre Soumet 1786-1845 – dont le librettiste Felice Romani a tiré le texte est un néo-classique et un romantique à la fois. Bellini se situera donc à certains égards au-delà et à certains égards en deçà de lui

C'est au théâtre qu'Alexandre Soumet doit ses plus grands succès, à partir de Clytemnestre en 1822, dont le jeune Victor Hugo loue les beaux vers.
Norma, sa nouvelle tragédie, vient en 1831, après Cromwell et sa Préface 1827, et surtout après Hernani, enjeu en 1830 de la célèbre bataille théâtrale qui a abouti au triomphe de Hugo et du drame romantique.
Il fallut la musique de Bellini pour sauver une pièce de théâtre qui était trop romantique pour les classiques, trop classique pour les romantiques.
Soumet avait d'ailleurs collaboré auparavant à des opéras, en particulier au Siège de Corinthe de Rossini (1826). Il a signé Norma, tragédie en cinq actes, avec Jules Lefèvre, un jeune auteur qui, dit-il, promet à la France d'avoir un jour son lord Byron.

La première représentation de la pièce eut lieu le 6 avril 1831 au Théâtre royal de l'Odéon.
Le texte est publié par l'éditeur Barba la même année. L'intention était d'introduire le christianisme dans le monde païen, avec le personnage de Clotilde, présentée comme nourrice chrétienne.
La jeune Adalgise elle-même est tentée par cette nouvelle religion.
Mais Norma, la grande prêtresse du dieu Irminsul, reste la rebelle et montrera, dans la fin de la tragédie, la grandeur païenne d'une Médée. Au contraire, dans le livret écrit par Felice Romani à l'intention de Bellini, l'imagerie chrétienne disparaît, ce qui n'empêche pas le drame d'évoluer vers une rédemption qui est la forme romantique du christianisme.

L'ambiguïté est sensible dès le cadre initial : l'action se déroule en Gaule, pendant l'occupation romaine, à une époque indéterminée. Le décor est constitué par le bois sacré des Druides, avec, au milieu, le chêne du dieu Irminsul et, au pied de l'arbre, une pierre druidique servant d'autel. Il devrait donc s'agir d'une représentation païenne.
Mais on songe aux Martyrs de Chateaubriand, où l'écrivain avait voulu montrer comment, dans un monde païen qui mourait de l'excès de son propre principe, sous le poids de la nature et de la volupté, les vertus éparses elles-mêmes ne pouvaient s'épanouir si elles n'étaient éclairées par la flamme de la foi chrétienne.
On attend avec curiosité et impatience ce qui peut être, dans la Norma de Soumet, l'équivalent du célèbre moment de l'invocation à la Lune.
Quand la grande prêtresse apparaît, elle est l'analogue de la Velléda des Martyrs. Pourtant, la situation n'est pas la même : Norma est liée au proconsul Pollion, dont elle a deux fils, Clodomir et Agénor. Elle va être délaissée par son amant au profit d'une jeune Gauloise qui doit elle-même devenir prêtresse, Adalgise.

Les enfants de Norma sont des personnages à part entière chez Soumet on le voit clairement au début de l'acte II de la tragédie.
Ils ne sont que de simples figurants dans l'opéra. Romani a supprimé tout cet épisode, qu'il a sans doute considéré comme faible et inutile, et qui serait assurément languissant et fastidieux dans un ouvrage lyrique.
Le résultat est heureux : le début de l'acte II est un grand moment dans la Norma de Bellini, et il correspond plutôt, assez vaguement d'ailleurs, au début de l'acte III de Soumet.

Romani a choisi, en plein accord avec Bellini, d'ouvrir le troisième acte sur la méditation saisissante de Norma seule, donc sans dialogue avec les enfants.
Tout se passe alors comme si l'héroïne évacuait de sa pensée le décevant Pollione, à la faveur du chant libérateur, qui atteint le sommet de son intensité. Les scènes 2 et 3 de l'acte III de Soumet sont regroupées dans la scène 3 de Romani-Bellini, pour le célèbre duo Mira, o Norma.
Mais la promesse faite par Adalgise de faire renaître l'amour de Pollione pour Norma ne sera pas tenue. D'où l'inévitable déclenchement de la guerre.
Soumet, dans le même passage, se montrait encore une fois plus proche de Chateaubriand qui, avec Racine, est son grand modèle littéraire et reste proche de ses choix idéologiques.

Dans la tragédie française, à la scène 4 de l'acte IV, Pollion est fait prisonnier dans le bois sacré. Norma exerce d'abord sur lui une manière de chantage, mais elle ne peut s'empêcher ensuite de laisser éclater sa générosité. Curieusement, Soumet allait jusqu'à envisager, dans l'acte V, une possible conversion de Norma à la religion chrétienne.
Il se rabattait en définitive sur un dénouement païen et plutôt désespéré. Le couple était promis au bûcher, mais Adalgise, pardonnée, était sauvée, tandis que Norma, en proie, telle Médée, au furor, précipitait ses deux fils dans la mort.

Romani s'est écarté d'un tel mélange de Sénèque et de Racine. Et Bellini, qui semblait pourtant avoir une prédilection pour les scènes de folie, a refusé cette fois cette possibilité trop facile. Pollione est éperdu devant la conduite sublime de Norma. Oroveso lui-même, l'Orovèse de Soumet, le père de Norma, le chef des Gaulois, est bouleversé.
L'opéra y gagne en humanité par rapport à la tragédie française, un peu raide, et peu nuancée dans sa psychologie.

Avec Norma, Romani et Bellini ont atteint le sublime sans le secours du christianisme, en faisant appel à une rédemption toute romantique et en faisant confiance au déploiement du cantabile. Ce qui explique la place exceptionnelle que tient cet ouvrage auprès de tous les publics depuis deux siècles.

Å’uvres

Opéras

Les opéras ci-après sont en deux actes sauf Adelson e Salvini et I puritani, en trois actes.
Liste des opéras de Bellini par ordre chronologique
Titre original Titre français Livret Genre d'opéra Première (date) Première (lieu)
Adelson e Salvini4 Adelson et Salvini Andrea Leone Tottola opera semiseria 12 février 1825 Naples: Real Collegio di Musica di San Sebastiano
Bianca e Gernando Bianca et Gernando Domenico Gilardoni opera seria 30 mai 1826 Naples: Teatro San Carlo
Il pirata Le Pirate Felice Romani opera seria 27 octobre 1827 Milan: Teatro alla Scala
Bianca e Fernando
(rév. de Bianca e Gernando)5 Bianca et Fernando Felice Romani opera seria 7 avril 1828 Gênes: Teatro Carlo Felice
La straniera L'étrangère Felice Romani opera seria 14 février 1829 Milan: Teatro alla Scala
Zaira Zaira Felice Romani opera seria 16 mai 1829 Parme: Teatro ducale
I Capuleti ed i Montecchi Les Capulets et les Montaigus Felice Romani opera seria 11 mars 1830 Venise: Teatro La Fenice
La sonnambula La Somnambule Felice Romani opera semiseria 6 mars 1831 Milan: Teatro Carcano
Norma Norma Felice Romani opera seria 26 décembre 1831 Milan: Teatro alla Scala
Beatrice di Tenda Béatrice de Tende Felice Romani opera seria 16 mars 1833 Venise: Teatro La Fenice
I puritani Les Puritains Carlo Pepoli opera seria 24 janvier 1835 Paris: Théâtre-Italien

Musique vocale de chambre

Monument à Bellini sur la Piazza Stesicoro à Catane.
(Les compositions ci-après sont, sauf indication contraire, pour une voix et piano.)
La farfallettta, canzoncina (petite chanson) (1813)
Dolente immagine, sur des vers de Giulio Genoino (?)
Non t'accostare all'urna, d'attribution incertaine, sur des vers de Jacopo Vittorelli
Quando verrà quel dì (1828?)
Venticiel che l'ali d'oro
Sei ariette da camera dedicate a Marianna Pollini (six ariettes de chambre dédiées à Marianna Pollini) (1829) :
Malinconia, ninfa gentile, sur des vers d'Ippolito Pindemonte
Vanne, o rosa fortunata
Bella Nice, che d'amore
Almen se non poss'io, sur des vers de Pietro Metastasio
Pour pietà, bell'idol mio, sur des vers de Pietro Metastasio
Ma rendi pur contento, sur des vers de Pietro Metastasio
Guarda che bianca luna, sur des vers de Jacopo Vittorelli (1832)
Vaga luna che inargenti, arietta (1833)
Soirées musicales
L'abbandono (1833-34)
L'allegro marinaro, ballata (Ballade)
La ricordanza, sur des vers de Carlo Pepoli (1834)
Odia la pastorella, sur des vers de Pietro Metastasio (1834)
O crudel che il mio pianto non vedi (1835?)
Rêve d'enfance, sur des vers d'Émilien Pacini
Les joyeux matelots
Viens, prier enfant, d'attribution incertaine, sur des vers de Bay-Harale
Dalla guancia scolorita, canon pour soprano, ténor et piano (1835)
Toujours verser des larmes!, sur des vers de Napoléon Crevel de Charlemagne (1835)
Chi per quest'ombre dell'umana vita, canon libre à quatre voix, vers de Giovanni Guidiccioni (1835)
Le souvenir présent céleste (1835)
Il fervido desiderio, arietta

Arias et cantates

Cour de la maison natale de Bellini, à Catane.
T'intendo, sì, mio cor, vers de Pietro Metastasio, pour quatre soprani, sans accompagnement
No, traditor non curo, aria pour soprano et piano (à l'origine probablement pour soprano et orchestre)
Sì, per te gran nume eterno, cavatine pour soprano et orchestre (avant 1825)
Gioite, amiche contrade, aria de Cerere, pour soprano et orchestre
E nello stringerti a questo core, aria pour voix et orchestre (avant 1825)
Torna, vezzosa Fillide, cantate pour soprano et accompagnement
Imene, cantate nuptiale pour soprano, deux ténors et orchestre (1824?)
Quando incise su quel marmo, scène et aria pour contralto et orchestre, vers de Giulio Genoino (?) (1824?)
Giacché tu dei lasciarmi, scène et aria pour voix et piano

Å’uvres vocales perdues

Scena ed aria di Cerere
Mancar mi sento il cor
Numi, se giusti siete, sur des vers de Pietro Metastasio
Amore, sur des vers de Carlo Pepoli
Malinconia, sur des vers de Carlo Pepoli
La speranza, sur des vers de Carlo Pepoli
Alla luna, sur des vers de Carlo Pepoli (1834-35)

Musique symphonique

Cénotaphe de Bellini au Cimetière du Père-Lachaise, réalisé par Carlo Marochetti.
(Toutes les œuvres ci-après furent composées avant 1825.)
Capriccio, ossia Sinfonia per studio en do mineur
Symphonie en si bémol majeur
Symphonie en ré mineur
Symphonie en ré mineur
Symphonie en ré majeur
Symphonie en ré majeur
Symphonie en mi bémol majeur
Symphonie en mi bémol majeur
Concerto pour hautbois et orchestre en mi bémol majeur

Musique pour piano

Allegretto en sol mineur
Capriccio en sol majeur pour piano à 4 mains
Polacca pour piano à 4 mains
Sonata en fa majeur pour piano à 4 mains
Pensiero musicale (édité par Francesco Paolo Frontini
Tema en fa mineur (~1834)

Musique pour orgue

Sonate en sol majeur
. toccata (from symphonie no 5 opus 42)

Musique sacrée

Inscription sur le tombeau de Bellini avec l'incipit de l'aria de La sonnambula :
« Ah! non credea mirarti / Sì presto estinto, o fiore .
Cathédrale Sainte-Agathe à Catane.
(Toutes les compositions d'église de Bellini remontent à la période de ses études, à savoir avant 1825.)
Compieta (Complies) (Å“uvre perdue)
Cor mundum crea en fa majeur, pour voix soliste et orgue
Credo en do majeur, pour 4 voix et orchestre
Cum sanctis
De torrente
Dixit Dominus pour voix soliste, 4 voix et orchestre
Tecum principium
Domine Deus
Gallus cantavit
Gratias agimus en do majeur, pour soprano et orchestre
Juravit
Kyrie
Laudamus te
Litanie pastorali in onore della Beata Vergine pour 2 soprani et orgue
Magnificat pour 4 voix et orchestre
Messa in Re maggiore pour 2 soprani, ténor, basse et orchestre (1818)
Messa in Sol maggiore pour 2 soprani, ténor, basse et orchestre
Messa in La minore pour soprano, contralto, ténor, basse, 4 voix et orchestre
Pange lingua pour 2 voix et orgue
Qui sedes
Qui tollis
Quoniam pour ténor, 4 voix et orchestre
Quoniam pour soprano et orchestre


Tombeau de Bellini,
Cathédrale Sainte-Agathe à Catane.
Salve regina en la majeur, pour 4 voix et orchestre
Salve regina en fa mineur, pour basse et orgue
Tantum ergo en ré majeur pour contralto et orchestre (1823)
Tantum ergo en mi majeur, pour voix soliste, chœur et orchestre (1823)
Tantum ergo en fa majeur, pour 2 voix et orchestre (1823)
Tantum ergo en sol majeur, pour soprano et orchestre (1823)
Tantum ergo con Genitori en si bémol majeur, pour soprano et orchestre
Tantum ergo con Genitori en mi bémol majeur, pour soprano et orchestre
Tantum ergo con Genitori en fa majeur, pour 2 soprani, 4 voix et orchestre
Tantum ergo en fa majeur, pour soprano et orchestre
Tantum ergo con Genitori en sol majeur, pour chœur et orchestre
Te Deum en do majeur, pour 4 voix et orchestre
Te Deum en mi bémol majeur, pour 4 voix et orchestre
Versetti da cantarsi il Venerdì Santo pour 2 ténors et orchestre
Virgam virtutis

Adaptations et reprises ultérieures

Le réalisateur hongkongais Wong Kar-wai a utilisé la musique de Bellini pour son long métrage 204610.
L'aria Casta diva, extrait de Norma, est l'un des airs les plus célèbres et les plus repris du répertoire lyrique. Il a été popularisé par Maria Callas et Montserrat Caballé.
Å’uvre en rapport

La Piazza Bellini, devant la Porta Capuana, à Naples.
Camille Roqueplan (1802-1855), Les Puritains d'Écosse, huile sur toile 81 x 64,5 cm, coll. du Musée de la Vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, Paris11.

Liens

http://youtu.be/kO3xQWhrePE La Norma
http://youtu.be/tGy0ZDoVIR0 la Norma par Callas
http://youtu.be/8r6td1jRvyo I puritani
http://youtu.be/8r6td1jRvyo Roméo et Juliette
http://youtu.be/Rg4L5tcxFcA Casta Diva Renée Fleming
http://youtu.be/s__RtL0ZdJ0 La straniera Patrizia Ciofi

Vincenzo Bellini - Sinfonia in re minore - II. Allegro con spirito

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Posté le : 03/11/2013 00:05
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Benvenuto Cellini
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Le 3 Novembre 1500 naît à Florence Benvenutto Cellini,

artiste de la Renaissance italienne, dessinateur, orfèvre, fondeur, médailleur et sculpteur qui appliqua les techniques et la précision de l'orfèvrerie à son travail de sculpteur. Il meurt le 13 février 1571 dans la même ville


Premier artiste à avoir laissé une autobiographie, Benvenuto Cellini, orfèvre florentin apprécié dans toute l'Europe, médailleur virtuose tardivement devenu sculpteur, entendait laisser de lui l'image d'un génie qui surpassait Michel-Ange et traitait d'égal à égal avec François Ier, Côme de Médicis, Clément VII ou Paul III.
La fortune romantique de son texte, que traduisit Goethe et qui inspira Berlioz, rend difficile l'appréciation de son œuvre telle qu'elle pouvait apparaître à ses contemporains des dernières années de la Renaissance.
Cellini a eu une vie extrêmement agitée, alternant périodes de gloire et disgrâces auprès des grands de son temps.
Ses Mémoires, qu'il dicta à un de ses élèves et qui ne seront publiés qu'en 1728, ont fait connaître cette vie aventureuse, qu'il mena à Rome, à la cour de France et à Florence.
Dans cette œuvre emplie de détails réalistes et burlesques sur le milieu artistique en Italie et en France, s'exprime à la fois l'exigence artistique et l'ambition de la réussite matérielle de Cellini.
Ce récit eut beaucoup de succès en Europe – Goethe en donna une traduction en allemand. On peut le considérer comme la première autobiographie moderne, en ce sens qu'il accorde une part importante à l'expérience individuelle et à l'apprentissage de l'artiste.
La Nymphe de Fontainebleau haut-relief en bronze, vers 1543, château d'Anet, puis Louvre marque les débuts de Cellini dans la sculpture de grand format, dont il sera l'un des meilleurs représentants maniéristes en Italie. On retiendra aussi son Persée de la loggia dei Lanzi, à Florence 1545-1553.

Sa vie

Benvenuto Cellini est né à Florence. Son père, Giovanni Cellini, fils d'un maçon, est musicien et facteur d'instruments.
Il épouse Maria Lisabetta Granacci, dont il a plusieurs enfants, Benvenuto étant le second, ainsi nommé parce que son père s'attendait à avoir une fille.
Son père tenta de l'orienter initialement vers une carrière musicale, le jeune Benvenuto montrant des prédispositions pour la flûte et le chant.

Les débuts

À quatorze ans, Benvenuto est admis comme apprenti dans l'atelier d'orfèvrerie de Michelangelo Brandini, père du sculpteur Baccio Bandinelli qui deviendra le rival de Cellini, puis dans celui de Marconi.
Après quelques années, le Conseil des Huit de Florence décide de l'exiler pour son implication dans différentes altercations.
Il vagabonde à Bologne, Pise, Rome et étudie chez différents orfèvres, avant de se retrouver à Rome, à l'âge de vingt-deux ans.

Les années à Rome

Clément VII le remarque et le fait venir à ses côtés.
Cellini reçoit plusieurs commandes pour des vases en argent, des chandeliers et des aiguières qu'il fabrique avec un soin qui lui attire les éloges.
Cette période prospère prend brutalement fin avec l'invasion des troupes impériales de Charles Quint.
Cellini se signale par sa bravoure, pendant le sac de Rome 1527, en défendant le château Saint-Ange assiégé par le connétable de Bourbon Charles III, qu'il tua, dit-il, lui-même d'un coup d'arquebuse; d'autres historiens évoquent le geste d'un prêtre dénommé Brantôme.
Après la reddition, Cellini doit retourner à Florence, mais il revient bientôt, appelé par le pape Clément VII qui lui commande un important travail, un fermail pour sa chape. Ce magnifique bijou en or, serti de pierres précieuses, sera fondu en 1797 dans le cadre du traité de Tolentino afin de défrayer une partie des indemnités dues par le pape Pie VI à Napoléon.
La commande du fermail lui attire cependant l'inimitié d’un autre orfèvre, Pompeo de’ Capitanis, jaloux du succès de Cellini.
L'animosité entre les deux hommes augmente au point où Cellini cède à ses instincts et assassine Pompeo en pleine rue.
Protégé un temps par le nouveau pape, Paul III, Cellini est finalement accusé d'avoir volé des pierres précieuses appartenant au trésor papal durant le siège de Rome. Emprisonné, mais s'estimant victime d’une injustice, Cellini réussit à s'échapper.
Il se fracture cependant la jambe, est de nouveau arrêté et enfermé au château Saint-Ange. Il n'en sortira que plusieurs mois plus tard, grâce au cardinal de Ferrare qui intercède auprès de Paul III.
Ma vie de gloire et prouesses sans nombre
En 1531, quand il ouvre son atelier bottega à Rome, Cellini est considéré comme le premier orfèvre de son temps.
Rien de plus : quelques réalisations prestigieuses outre, le famaux fermail de Clément VII en 1530, sa nomination comme maître de la monnaie pontificale en 1529 avaient consacré son habileté – comme artiste, comme courtisan et aussi comme défenseur de la cité, lors du Sac, deux ans plus tôt. Pour qui a commencé en réalisant, à la perfection, ces médailles à chapeau, ornements indispensables à la mode masculine dans les années 1525, c'est un beau début.

À la cour de François Ier

À sa libération, en 1540, Cellini se rend en compagnie du cardinal à la cour du roi François Ier de France qui souhaite le prendre à son service.
Le roi lui commande une série de douze porte-flambeaux, grandeur nature, destinés à éclairer sa table.
Soucieux de bien faire et de prouver sa valeur, Cellini se disperse dans plusieurs réalisations. Seul le porte-flambeau en argent à l’effigie de Jupiter, aujourd’hui perdu, verra le jour.
Cellini profitera de ses installations pour expérimenter la technique de la fonte en bronze. Il réalise un buste de Jules César, ainsi que la célèbre Nymphe de Fontainebleau, aujourd'hui au Louvre.
Ce relief de quatre mètres de large était destiné au tympan de la Porte dorée du château de Fontainebleau et devait s'inscrire dans un ambitieux projet de recomposition de la principale entrée de la résidence royale.
Cellini n'eut cependant pas le temps de terminer la fonte des piédroits, qui devaient prendre la forme de deux satyres, et la Nymphe ne fut jamais posée à Fontainebleau.
Il signe également son chef-d’œuvre d’orfèvrerie, la salière représentant Cybèle, déesse de la terre et Neptune, dieu de la mer.
Entre les deux, un récipient en forme de barque est prévu pour le sel, rencontre de la mer et de la terre.
Des boules d’ivoire encastrées sous le socle permettent de déplacer la salière sur la table, au gré des convives. La salière, qui mesure trente-cinq centimètres de large par vingt-cinq de haut, constitue l’unique objet d’orfèvrerie de Cellini qui n’a pas été perdu.
Quand Cellini, à quarante-cinq ans, met en chantier son Persée, il lance un défi d'une autre ampleur. À Florence, sa ville natale, il n'est reconnu que comme orfèvre ; Éléonore de Tolède, femme de Côme Ier, lui commande encore des bagues, qu'il répugne à exécuter.
En France, où il a séjourné de 1540 à 1545, il a goûté à la vraie gloire.
François Ier lui a offert un château, le Petit-Nesle, l'a appelé son ami, mots sidérants dans la bouche d'un roi, et surtout lui a commandé des sculptures.
La Nymphe de Fontainebleau 1542-1545, Louvre lui a ouvert la carrière dont il rêvait.
En France, il s'intègre à cette cour de Fontainebleau ouverte à l'Italie : jeu d'influences réciproques qui marquèrent la fin de sa carrière et le maniérisme français.
Du point de vue technique, il est possible que Cellini ait eu alors connaissance de certains textes théoriques de Léonard de Vinci, comme les études sur la fonte des bronzes de grandes dimensions faites quand celui-ci, à Milan, travaillait au cavalier Sforza.

Le retour à Florence et le Persée


Mais bientôt, soumis à des intrigues et impliqué dans des poursuites, Cellini tombe en disgrâce. En 1545, il se résout à retourner à Florence où Cosme Ier de Toscane le prend à son service.
Il lui commande une statue à ajouter aux chefs-d’œuvre, dont le David de Michel-Ange, qui ornent déjà la Piazza della Signoria.
Le sujet choisi est Persée, personnage mythologique de la Grèce antique.
Plusieurs thèmes sont juxtaposés dans ce mythe antique : les exploits d’un héros, le destin inévitable, la malédiction, le triomphe sur le mal et bien d’autres. Par cette commande, Cosme Ier voulait marquer la Loggia de son empreinte.
Il avait demandé que la tête de Méduse soit brandie dans les airs par Persée, pose destinée à illustrer le triomphe du bien et de la vertu. Mais plus subtilement, le duc cherchait à symboliser la victoire des Médicis sur les républicains de Florence qui les avaient expulsés de la ville en 1494.
Le défi était de taille.
En raison des éléments trop fragiles ailes des sandales et du casque, sabre à la lame recourbée, bras tendu tenant la tête de Méduse, etc. pour les sculpter dans le marbre, Cellini décide de recourir au bronze, en dépit de la hauteur projetée de six mètres.
La technique de fonte des bronzes de grande taille était cependant perdue depuis l'Antiquité. Des bronzes équestres comme le Marc Aurèle étaient devenus des énigmes techniques.
Aussi, pour faciliter la réalisation, ainsi que pour des raisons esthétiques, il coupe en deux la hauteur totale de la statue. Du pied droit de Persée à la tête de Méduse, la hauteur retenue est de 3,15 mètres, le reste étant dédié à un socle en marbre de 3 mètres pour la statue.
De plus, comme la statue devait être placée sous une arcade, et non dos à un mur, il devait s'assurer que la statue soit harmonieuse de tous les points de vue possibles.
Après neuf ans d'efforts, d'obstacles et de tensions de toutes sortes, l'œuvre est enfin dévoilée au public le 27 avril 1554.
Le Persée vaudra à Cellini l'admiration unanime. Mais malgré ce succès, la tension avec le duc demeure vive. De fait, Cellini ne recevra plus aucune commande d'importance.
Le succès du Persée, placé en 1554 sous la Loggia dei Lanzi entre la Judith de Donatello et le David de Michel-Ange, lui procure un triomphe dont il sent vite toute la vanité.

Le personnage

En prison en 1556 – pour meurtre, l'année suivante pour sodomie –, disgracié, il ne reçoit plus de grandes commandes.
En butte aux rivalités, aux intrigues de cour – ses rivaux, Baccio Bandinelli, Bartolomeo Ammannati triomphent –, il se mure dans une arrogance qui rappelle sciemment celle de Michel-Ange, réalise encore le Crucifix tourmenté de l'Escorial 1556-1562, et se venge du monde en écrivant sa Vie.
L'idée que Benvenuto se fait de lui est très représentative de l'image que les artistes du temps entendaient donner d'eux.
Artisan, il l'est resté le moins possible : son Traité de l'orfèvrerie montre comment les matières précieuses qui passèrent par ses mains n'eurent de prix que grâce à son art. Humaniste, il veut l'être, à la manière de Vinci qui ne savait pas le latin : il fait relire sa Vie par l'historien Varchi, ses Traités sont remis en forme sans doute par l'éditeur Gherardo Spini.
Il laisse un buste de Bindo Altoviti, marchand romain passionné d'art, pour qui travailla Raphaël, vers 1550, Gardner Museum, Boston. Enfin, il a compris qu'il pouvait encore accéder à une renommée plus haute.
Il sculpte en 1556-1557 sa dernière œuvre majeure, le Crucifix de marbre qu'il destine à l'origine à son propre tombeau.
Le crucifix est composé de deux blocs, un en marbre noir de Carrare, l'autre en marbre blanc à grain très fin. Le bloc noir servit à tailler la croix; le blanc, le Christ, grandeur nature.
Le Christ est représenté entièrement nu, dans une position douloureuse et très expressive, et dans la veine maniériste de l’époque.
Le duc Cosme Ier, impressionné par le résultat, l’acheta à Cellini. Le duc François Ier de Médicis le fera ensuite installer en 1565 au Palais Pitti, avant de l'offrir au roi Philippe II d'Espagne. Il est aujourd'hui exposé à l'Escurial.

Surpasser Michel-Ange

Irascible, il cultive la morgue et l'ironie : un ton de grand seigneur qui lui permet de discourir familièrement avec ses commanditaires.
Seul le génie de Michel-Ange permettait, il le sent bien, ses fameuses colères contre Jules II.
Le vieux Cellini, dans une Florence qui lui paraît mesquine, dut ciseler cette formule qu'il met dans la bouche de François Ier : Je ne sais qui est le plus heureux, du prince qui trouve un homme selon son cœur ou de l'artiste de talent à qui un prince fournit tous les moyens d'exprimer les vastes conceptions de son esprit.

Cellini cultive le goût maniériste de la prouesse, de l'exploit : faire tenir trois personnages sur une médaille minuscule, figurer toute une Ascension d'inspiration raphaélesque sur le sceau du cardinal Hercule de Gonzague 1528, traduire la monumentalité des figures allongées des tombeaux médicéens de Michel-Ange aux dimensions d'une salière, Vienne, achevée en 1543 ou, inversement, polir et reparer son Persée pour lui donner, sur la place de la Seigneurie, le fini d'un bibelot.
Transformer ses œuvres en descriptions ornées, c'est pratiquer de même la transposition d'art, tour rhétorique qui confère à ses productions la splendeur mythique du bouclier d'Achille chez Homère.
Transgresser les règles de la morale, c'est encore se situer dans ce domaine du génie où l'avait précédé son divin Michel-Ange – avec l'étrange espérance mystique, chez cet aventurier sans scrupules, d'accéder, malgré tout, à la sainteté.
Il note La Vie, I, 128 que, depuis son emprisonnement de 1538-1539, il a vécu le plus merveilleux des miracles qui soit arrivé à un homme, sa tête est ceinte d'une auréole. À ses amis italiens qui s'étonnaient qu'un tel prodige ne fût pas visible, il expliquait qu'à Paris [...] on la voyait beaucoup mieux qu'en Italie ; le ciel a ici trop d'éclat.
Cellini, délibérément, s'est voulu solitaire, saturnien, en marge de son époque.
Il en exprimait ainsi paradoxalement l'esprit : difficulté à sculpter après Michel-Ange, à composer des textes théoriques après Léonard de Vinci, « rage » d'écrire en concurrence avec Vasari.
Le risque, pour la génération maniériste, à Fontainebleau, Rome ou Florence, quand tout est dit, que l'on vient trop tard, c'est de se contenter de l'apparence, de l'ornement : se comporter à la manière d'un maître, d'un prince, d'un homme de science, à défaut de se ranger véritablement au nombre des « génies ».

Les dernières années

Durant ses dernières années, Cellini écrit ses Mémoires sous le titre Vie de Benvenuto Cellini par lui même. Ils furent rédigés de 1558 à 1567, puis il les interrompt pour publier, à Florence en 1568, le Traité sur la sculpture et la manière de travailler l'or.
Son autobiographie est un récit vivant et coloré, parfois rocambolesque, des multiples péripéties de son existence. Elle reste l'une des autobiographies les plus célèbres de la Renaissance.
Écrire sa vie, pour décrire son œuvre
Benvenuto Cellini est un artiste qui sans cesse prend la pose : à le lire – sa Vie est un roman, où à chaque page il se donne le beau rôle –, on est naturellement enclin à mettre en doute la valeur artistique de ses œuvres. Quand il réplique à un rival, sous le coup de la colère il est vrai, d'égal à moi, peut-être n'y en a-t-il pas un seul dans le monde entier , comment le croire ?
Même si l'autobiographie qui assura sa gloire posthume ne fut connue qu'en 1728, l'esprit qui l'anime perçait dans les Traités de l'orfèvrerie et de la sculpture qu'il avait publiés ensemble en 1568. La même année, Vasari, qu'il détestait, donnait la deuxième édition de ses Vies : avec ses Traités, Cellini s'octroie lui-même la place que le biographe ne lui accorde pas dans son panthéon des artistes.
Sous couvert d'objectivité technique, feignant d'expliquer comment fondre un bronze à la dimension d'une statue, c'est à la sienne en réalité qu'il travaille, monument de mots qu'il édifie pour la postérité. Certaines pages de La Vie ont le rythme des récits picaresques : voyages entre Rome et Mantoue, Paris et Florence, rixes, assassinats, empoisonnements à la poudre de diamant, évocation de la cour pontificale, des ateliers d'artistes, épisode de l'évasion du château Saint-Ange – un climat propre à éveiller l'imagination romantique.
Au-delà de ses rodomontades, de ses accès de violence, de ses traits d'esprit, il faut lire entre les lignes les raisons qui le poussent à écrire.
Découvrir que ce sont celles qui animent sa carrière d'artiste n'a pu surprendre que les critiques qui voulaient opposer l'écrivain au créateur – déçus, par exemple, de ne pas retrouver dans la salière de François Ier l'écho de ses descriptions de la cour de France.


Benvenuto Cellini meurt le 13 février 1571 et il est enterré dans l'église de Santissima Annunziata.

Benvenuto Cellini dans la culture


Il est le premier artiste à écrire son autobiographie "Vita", impertinente et irrévérencieuse, éditée pour la première fois en 1728, traduite par Goethe en 1803, adaptée à l'opéra par Berlioz en 1834. Alexandre Dumas le fait héros de Ascanio en 1843 et Giorgio Vasari écrit à l'égard de Cellini
"qui a été en tout audacieux, fier, vivace, rapide, terrible, capable de dire leur fait aux princes autant que d'employer son esprit et sa main aux œuvres d'art".
Cellini apparaît dans le roman d'Alexandre Dumas Ascanio, ou L'Orfèvre du Roi, en 1843.
Ce roman s'inspire très librement des Mémoires de Cellini.
Benvenuto Cellini de Paul Meurice, drame en 5 actes et 8 tableaux, 1852, est inspiré du roman de Dumas.
Ascanio, 1890, opéra de Saint-Saëns sur un livret de Louis Gallet, est tiré de la pièce de Paul Meurice.
Benvenuto Cellini, 1890, opéra d'Eugène-Emile Diaz de la Pena, contient l'air "De l'art splendeur immortelle".
Un roman a été consacré à Benvenuto Cellini : Messire Benvenuto10.
Cellini apparaît dans le tome 4: Les clefs de Saint Pierre de la bande dessinée l'Histoire secrète publiée aux Éditions Delcourt.
Hector Berlioz, composa en 1838 un opéra du même nom : Benvenuto Cellini.
Benvenuto Cellini est un opéra en deux actes d'Hector Berlioz, sur un livret de Léon de Wailly et Auguste Barbier, retraçant un épisode romancé du sculpteur et orfèvre florentin Benvenuto Cellini (1500-1571).
Composé entre 1834 et 1837, il fut créé à l'opéra de Paris le 3 septembre 1838 avec Gilbert Duprez dans le rôle-titre, mais n'eut aucun succès et fut retiré de l'affiche après trois représentations.
Étienne Mélingue, acteur ayant interprété Cellini dans le drame de Paul Meurice.
Georges Meliès réalise en 1904 un court métrage Benvenuto Cellini ou Une curieuse évasion.
1945 : The Firebrand of Florence, L'incendie de Florence, musical de Kurt Weill, livret de Edwin Justus Meyer et Ira Gershwin.
Un épisode de la série télévisée Les Évasions célèbres lui est consacré.
Un film italien Una vita scellerata, titre français : Cellini, l'or et le sang, de 1990 par Giacomo Battiato.

Å’uvres

Sculpture

Persée tenant la tête de Méduse, 1554, Florence, Loggia dei Lanzi.
Nymphe de Fontainebleau, bronze, musée du Louvre, Paris.
Narcisse, marbre, Musée national du Bargello, Florence.
Cosimo I de Medici, 1545-1547, bronze, Musée du Bargello, Florence.
Ganymède et l'Aigle, v.1548, marbre, Musée du Bargello, Florence. Il s'agit de la restauration d'un torse antique par Cellini.
L'enlèvement de Ganymède, bronze, Musée du Bargello, Florence.
Apollon et Hyacinthe, marbre, Musée du Bargello, Florence.
Satyre, 1542, bronze, J. Paul Getty Museum, Los Angeles.
Crucifix de marbre (1556-1557), conservé à l'Escurial.
Un Christ en ivoire de 93 centimètres qui lui est attribué a été exposé de 1968 à 1995 année où il fut volé, en la collégiale Notre-Dame-de-Grâce de Sérignan dans l'Hérault. Don du pape Pie VII au cardinal Isoard de Vauvenargues, cette œuvre est classée au patrimoine historique.
National Gallery of Art, Washington D.C. :
Alessandro de' Medici, 1510-1537, premier duc de Florence 1532, 1500-1571,
Pégase sur la Fountaine Hippocrene, 1537/1547.
Saints Côme et Damien, 1500/1571.
Flacon, vers 1550, en fer damasquiné en or et en argent, hauteur 33 cm, Novara - Italie, Urbano Quinto Collection.
Clé du secrète du coffre, 1550-1555, fer sculpté dans une seule pièce, ciselé, gravé et ajouré, hauteur 11 cm, Novara - Italie, Urbano Quinto Collection.

Orfèvrerie

Neptune et Amphitrite, salière en ébène et or en partie émaillé. Vienne, Kunsthistorisches Museum. Elle fut réalisée pour François Ier, roi de France. Estimée entre 35 et 50 millions d'euros en 2006, elle avait été volée par un voleur amateur sans préparation en mai 2003 et récupérée en 2006 peu abîmée (photo).

Galerie

Un des satyres prévus pour la porte de Fontainebleau
Un des satyres prévus pour la porte de Fontainebleau
Buste du duc Cosme Ier


Liens

http://youtu.be/LO6XoSB0xHA Ses plus belles oeuvres
http://youtu.be/ecsBoGL-D2c
Roberto Alagna - Berlioz "Sur les monts les plus sauvages" Benvenuto Cellini

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Posté le : 02/11/2013 23:57
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Wilhem Reich
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Le 3 Novembre 1957 Wilhem REICH Meurt en prison à Lewisburg, Pennsylvanie, États-Unis.

psychiatre, psychanalyste et critique de la société autrichienne

Reich est de tous les disciples de Freud celui dont l'œuvre représente la tentative la plus aboutie de relier la psychanalyse au politique.
S'il est surtout connu en tant que figure éminente du freudo-marxisme, Reich fut également un clinicien et un chercheur qui n'a cessé de remettre en question ses propres acquis.
Il ne se contenta pas de travailler à une synthèse des théories freudiennes et marxistes, mais, guidé par ses convictions psychanalytiques, s'engagea activement dans l'action politique. D'abord acquis aux conceptions freudiennes, il s'en détachera peu à peu pour ne retenir que la dimension sexuelle.
Par la suite, il abandonnera toute approche intersubjective pour se consacrer à l'étude objective et quantitative des forces psychiques.
Il joue dès 1920 un rôle important au sein de la société psychanalytique de Vienne, où il se distingue par son engagement dans le parti communiste autrichien.
Il cherche à développer des expériences d'hygiène sexuelle au sein de la classe ouvrière de Vienne puis de Berlin.
Refusant l'hypothèse de la pulsion de mort, il conçoit la névrose comme un conflit entre la pulsion sexuelle et une société autoritaire qui la réprime.
Réduisant la sexualité à la physiologie de l'orgasme et à ce qui l'entrave, méconnaissant l'ordre symbolique, il en viendra à élargir la libido à une énergie cosmique : l'orgone.
En 1934, il est exclu à la fois de l'Association internationale de psychanalyse et du parti communiste. Le nazisme le contraint à émigrer d'abord en Suède, puis en Norvège et aux États-Unis.
l y commence, en 1939, ses recherches sur l'orgone, dont la stagnation dans l'organisme serait responsable d'affections psychiques et somatiques comme le cancer, cette théorie est à l'origine de la bioénergie.
Accusé d'escroquerie pour avoir commercialisé des accumulateurs d'orgone, Reich est incarcéré et meurt en prison. Il a écrit Psychologie de masse du fascisme, 1933, la Révolution sexuelle 1945 et Écoute, petit homme 1948.

Premières années

Wilhelm Reich naît le 24 mars en 1897 à Dobrzcynica alors en Autriche-Hongrie, aujourd'hui en Ukraine, dans une famille juive de Galicie, dans l'empire Austro-Hongrois. Ses parents, Leon Reich, un fermier aisé, et Cecilia Roniger, sont juifs assimilés, et l'élèvent en dehors de toute tradition religieuse. Peu après sa naissance, sa famille s'installe plus au sud dans une ferme de Jujinetz, près de Tchernivtsi, en Bucovine.
Il attribue plus tard son intérêt pour l'étude des rapports sexuels et des bases biologiques des émotions à son éducation dans la ferme paternelle, où les fonctions naturelles de la vie ne lui furent jamais cachées.
Il suit un enseignement à domicile jusqu'à l'âge de 13 ans. À l'âge de 14 ans, il joue un rôle important dans le suicide de sa mère en révélant à son père la liaison de celle-ci avec l'un de ses précepteurs. Il fuit son domicile peu après la mort de son père en 1914, lors de l'arrivée de l'armée russe.
Dans Passion of Youth, il écrit :
"Je ne revis jamais ni ma terre natale, ni mes biens. De ma vie passée aisée, il ne m'est rien resté."
Après des études de droit commencées à la fin de la Première Guerre mondiale, il entreprend une formation médicale qu'il achève en 1922. Au cours de ses études, il découvre l'œuvre de Freud, qu'il rencontre en 1919. À l'âge de vingt et un ans, il est admis à la Société psychanalytique de Vienne. Quelques mois plus tard, il y prononce sa première communication – Conflits de la libido et formations délirantes dans Peer Gynt d'Ibsen – qui témoigne déjà de son intérêt pour la sexualité, tout comme son premier livre important, publié en 1927, La Génitalité dans la théorie et la thérapie des névroses, ouvrage apprécié par Freud.

Vie en Europe

Après la fin de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il combat sur le front italien, il devient médecin, puis psychiatre et s'intéresse à la philosophie, aux sciences naturelles, et à la sexologie naissante.
À Vienne, il exerce comme psychanalyste dès 1919 et participe à la création d'un séminaire de technique psychanalytique, qu'il dirigera par la suite, au cours duquel il développera ses idées sur le caractère et l'économie sexuelle.
Il épouse en 1921 Annie Pink, une de ses patientes qui, sous le nom d'Annie Reich, fera une brillante carrière de psychanalyste.

Il entreprend une analyse didactique avec Rado puis avec Paul Federn.
Après des conférences sur la psychanalyse données en marge de ses études de médecine, il rencontre Freud à l'université de Vienne qui lui offre deux de ses livres et l'encourage. Il participe activement au séminaire de psychanalyse dont il devient rapidement le sous-directeur, il est notamment avec Sandor Ferenczi l'initiateur d'un nouveau séminaire : le séminaire technique, et publie plusieurs ouvrages, dont l'un sur la fonction de l'orgasme en 1927 qu'il dédicace à son Maître, où sont clarifiés les concepts d'économie sexuelle et de caractère génital.
Reich se rend compte que, pour une grande part, la cause des névroses est d'origine socio-économique, problèmes de logement, indépendance économique de la femme, difficultés de contraception.
Il forme un groupe de médecins et d'infirmiers pour aider les personnes dans les quartiers pauvres de Vienne. Il crée un dispensaire psychanalytique gratuit pour les plus démunis. En septembre 1929, il voyage en U.R.S.S. où il rencontre la pédagogue Vera Schmidt.

Allemagne

En 1930, Reich quitte Vienne pour Berlin où il adhère au K.P.D, le parti communiste allemand. Là, il dispense des conseils en matière de sexologie et donne des cours à l'école marxiste des travailleurs. C'est aussi dans cette ville qu'il participe activement aux travaux de l'Institut psychanalytique de Berlin.
Il est en désaccord avec l'apolitisme de la Société de psychanalyse.
Il regroupe autour de lui des psychanalystes de tendance marxiste ou sympathisants tels qu'Erich Fromm, Otto Fenichel, Siegfried Bernfeld, Barbara Lantos. Il contribue à la théorisation du freudo-marxisme.
Son engagement se poursuivant auprès des masses, il crée Sexpol, un centre public de recherches et de discussion sur les conditions de vie contemporaines et les conditions d'épanouissement de la satisfaction sexuelle dans les masses populaires.
Le Sexpol attire de nombreuses associations, plus de cent mille adhérents, puis est interdit lors de la montée du nazisme. Il en reste son journal Zeitschrift für Politische Psychologie und Sexualökonomie et la maison d'édition créée en 1932 verlag für sexual-politik, éditions de politique-sexuelle.
C'est dès cette époque qu'il introduit le concept de cuirasse caractérielle dans sa pratique psychanalytique.
Ses relations avec Sigmund Freud sont amicales tant que Reich s'en tient à la psychanalyse, et il fait partie du cercle de ses intimes.
Mais un désaccord survient à propos de la théorie de Freud sur Thanatos et Éros : selon Reich, Thanatos — l'instinct de mort permettant à la psychanalyse de justifier le masochisme et la compulsion de répétition — n'est qu'une pulsion secondaire, acquise au cours de la vie du souffrant, et non pas primaire selon Freud.
Avec le risque consécutif à la persécution des communistes par le nouveau régime nazi, leurs relations se détériorent.
En 1933, il est secrètement exclu de l’association psychanalytique internationale ce qu'il n'apprend qu'en 1934.
Pour Lore Reich Robin, les relations avec Anna Freud expliquent cette exclusion.
Il est aussi exclu du parti communiste allemand en 1933.
En tant que juif5 et communiste, il fuit l'Allemagne nazie.
En 1935, la Gestapo décrète l’autodafé de tous ses ouvrages.
L'arrivée des nazis au pouvoir le contraint à fuir l'Allemagne et à se réfugier au Danemark où il poursuit son combat politique.
Commence alors une vie d'exilé.

Autriche

Il s'exile en Autriche à Vienne, où l'hostilité croissante des milieux psychanalytiques le contraint à repartir.
Il accepte l'invitation de Leunbach, l'un des fondateurs de la Ligue mondiale pour la réforme sexuelle, au Danemark, d'où des manœuvres staliniennes du parti communiste danois le font expulser.

Danemark

Déclaré persona non grata au Danemark, il doit partir pour la Suède.

Suède

En 1937, il publie Réflexe orgastique, attitude musculaire et expression corporelle, ouvrage dans lequel il relate les résultats de sa tentative de mesurer les activités sexuelles à l'aide d'appareillages qu'il a lui-même conçus.

Norvège

À nouveau contraint de s'exiler, il quitte la Suède pour s'établir en Norvège, où il entreprend des recherches sur la fonction biologique de la sexualité et de l'angoisse avec l'aide d'une nouvelle équipe, formée de médecins, de psychanalystes, d'un ingénieur en électricité, étude qui le conduit à s'intéresser à la biogénèse qui l'amène à élaborer la théorie des bions. C'est à l'invitation du professeur Schjelderup, directeur de l'Institut de physiologie de l'université d'Oslo, qu'il donne des cours sur l'analyse caractérielle.
Les travaux de cette période norvégienne sont publiés en 1937 sous le titre Étude expérimentale de la fonction électrique de la sexualité.
Il pose en ces années les bases de la thérapie psychocorporelle en collaboration avec Ola Raknes.
C'est à cette même époque que Alexander Sutherland Neill, connu pour ses méthodes pédagogiques novatrices expérimentées à l'école de Summerhill, lui rend visite et s'inspire de ses conceptions dans son approche pédagogique de la sexualité.
Il entreprit lui-même pendant six semaines une végétothérapie, nouvelle thérapie mise au point par Reich qui lui procura, selon ses dires, une aide bien plus essentielle que des années de psychanalyse.

Angleterre

En 1939, il passe en Angleterre où il rencontre l'ethnographe Bronislaw Malinowski. À cette occasion il découvre que les observations de Malinowski sur les peuplades primitives des îles Trobriand confirment les théories sur l'évolution du matriarcat au patriarcat et l'influence primordiale des conditions économiques sur les pratiques sexuelles qu'il avait déjà formulées dans son livre L'Irruption de la morale sexuelle publié en 1932.
Il entreprend une nouvelle rédaction de ce livre à la lumière de ces nouveaux éléments. Malinowski l'invite à le rejoindre aux États-Unis, pour occuper un poste de maître de conférences.

Vie aux États-Unis

Embarqué le 19 août 1939, Reich est accueilli aux États-Unis à la fin d'août 1939 par Théodore Wolfe qui est son traducteur.
Reich émigre définitivement aux États-Unis et s'installe en tant que professeur d'analyse caractérielle à la New school for social research.
Il habite alors Forest Hill où il installe son laboratoire afin de poursuivre ses recherches.
Il rencontre en 1939 Ilse Ollendorff, qu'il épousera en seconde noce.
Il s'établit à New York où il enseigne la psychiatrie et l'analyse caractérielle à la New School for Social Research et où il exerce également comme psychiatre-psychanalyste dans son cabinet privé. Il est élu en 1939, membre honoraire de la société internationale de plasmogénie.
Après perquisition de son appartement par le FBI en 1941, il passe Noël 1941 en prison, Pourquoi ?. Il est libéré le 5 janvier 1942.
Après quelques années, il achète en 1945, dans le Maine, une grande propriété, qu'il baptise Orgonon, où il crée l'Orgone Energy Clinic, destinée au dépistage des maladies énergétiques, biopathies, et l'Orgonomic Infant Research Center, consacré à l'étude de l'enfant depuis le stade prénatal jusqu'à l'adolescence pour poursuivre ses travaux avec ses assistants dans le domaine de la biologie et la biophysique.
Y ont eu lieu des conférences sur ses découvertes, sur ses inventions et sur l'évolution de ses recherches, d'où il édite un journal et où venaient le visiter ses collaborateurs. Ce lieu est actuellement le musée Wilhelm Reich ; il se situe à Rangeley.

Il poursuit ses recherches sur ce qu'il appelle l'orgone, une énergie élémentaire qui serait de nature cosmique, visible, quantifiable et utilisable.
En 1941, il rend visite à Einstein et lui expose ses idées sur la possibilité d'isoler et d'accumuler cette énergie.
Il lui laisse un accumulateur d'orgone qu'il vient tout juste de construire. Il fabriqua ensuite un orgonomètre, à partir d'un compteur Geiger, dans le but de mesurer l'intensité du champ d'orgone et d'élaborer une équation orgonométrique. Certainement déçu par l'appareil que testa l'un de ses collaborateurs, Einstein ne répondit jamais aux lettres que Reich lui adressa par la suite.

L'ambition de Reich d'isoler et d'accumuler l'orgone suscite de fortes oppositions, et la justice américaine, sur plaintes de la F.D.A., Food and Drug Administration et de l'A.M.A., American Medical Association l'inculpe pour charlatanisme.
Ses dernières théories comme sa certitude de pouvoir appréhender objectivement l'énergie cosmique sont considérées comme absurdes, voire dangereuses pour les malades, en les encourageant à rejeter les traitements allopathiques.

Le 15 décembre 1950 commence l'expérience Oranur, Orgonotic Anti-Nuclear Radiation.
Reich enferme une aiguille de radium soigneusement isolée par une couche de plomb dans un de ses accumulateurs.
Le but de Reich est de vérifier si l'orgone concentré peut contrer les effets mortifères des radiations atomiques. En février de l'année suivante, l'expérience aboutit à une catastrophe énergétique, le lieu devenant inhabitable.
Par ailleurs, Reich propose à des patients volontaires un traitement expérimental pouvant les aider à mieux vivre leur cancer, ses patients s'irradiant dans un accumulateur d'orgone et bénéficiant parallèlement d'une végétothérapie caractério-analytique.
Des prélèvements sanguins, quelques gouttes de sang sont réalisés pour évaluer les effets de l'irradiation sur l'organisme.
Reich suscite les critiques de la communauté psychanalytique et médicale américaine.
Quand bien même Reich est docteur en médecine et psychiatre en sus d'avoir été chef de séminaire au cours de sa période psychanalytique, ces expériences sont considérées comme privant les malades de thérapie et les mettant en danger.
À cette époque, comme lors de sa période scandinave, des rumeurs le qualifient de fou et de lubrique.
À partir de janvier 1942, attaqué de toutes parts, traité de charlatan par les psychiatres et de schizophrène par le milieu psychanalytique américain, Reich s'enfonça dans la folie, se croyant victime du grand MODJU, c'est-à-dire des fascistes rouges.
Ce nom forgé par lui dérivait de MO :cenigo, personnage anonyme qui avait livré Giordano Bruno à l'Inquisition, et de DJOU : gachvili, alias Staline.
Selon Bela Grunberger et Janine Chasseguet-Smirguel, Wilhelm Reich était devenu paranoïaque, alors qu'Otto Fenichel qualifie Reich de schizophrène.
Cloudbuster
Parmi ses inventions, citons le Cloudbuster, téteur d'éther, ou brise-nuage à l'aide duquel il prétendit faire pleuvoir, d'abord au cours de sécheresses dans le Maine, et ensuite dans les régions arides, essais en Arizona en 1955-1957 ; il s'en sert aussi pour repousser les tempêtes.
Plusieurs versions du cloudbuster ont existé, le principe demeurant le même. Des versions plus modernes de cet appareil, appelées chembuster sont censées pouvoir contrer les effets de ce qui seraient des chemtrails.

Mort en prison

D'après des vérifications entreprises par la Food and Drug Administration, organisme public qui réglemente les fraudes, un tribunal lui interdit la location des accumulateurs d'orgone aux États-Unis. Outrepassant ces injonctions, il est arrêté deux fois.
Jugé une première fois, il refuse de se présenter devant un tribunal une seconde fois, car il estime qu'il n'est pas de la compétence d'un tribunal civil de juger le propos d'une découverte scientifique.
Convoqué par la justice, il refuse de se présenter ; il est alors arrêté, condamné et incarcéré.

Il est condamné pour outrage à la cour à deux années d'emprisonnement en 1956 ;

il meurt d'une crise cardiaque en prison le 3 novembre 1957 mais aucune autopsie n'est pratiquée.

En mai 1957, depuis la bibliothèque de la prison, il écrit ces mots à son fils Peter :
"Je suis fier de me retrouver en si bonne compagnie avec les Socrate, Christ, Giordano Bruno, Galilée, Moïse, Savonarole, Dostoïevski, Gandhi, Nehru, Mindszenty, Luther et tous les autres qui combattirent contre le démon de l'ignorance, les décrets illégitimes et les plaies sociales… Tu as appris à espérer en Dieu comme nous avons compris l'existence et le règne universel de la Vie et de l'Amour "
Le verdict est toujours aujourd'hui objet de controverse. Le contexte politique américain de la fin des années 1950, marqué par le maccarthisme, son appartenance au parti communiste qui avait été à l'origine de certains de ses déboires lors de son entrée aux États-Unis, mais surtout le verdict de justice concernant l'orgone, semblent étranges : l'énergie d'orgone n'existe pas.
Ce jugement semble prouver à ses adeptes que Reich était un savant persécuté pour ses découvertes extraordinaires. D'après Roudinesco, les adeptes de Reich furent sectaires.
Ses œuvres connaissent un second autodafé, elles sont, par décision de justice, brulées à l'incinérateur de Gansevoort, à Manhattan, New York.
Le dossier du FBI sur le cas Wilhelm Reich, contenant les relations entre l'État et l'auteur, a été déclassifié et donc ouvert au public.
Les éditeurs du texte de l'entretien, "Reich parle de Freud" affirment "
que cette interview avec Eisller a été sollicitée et réalisée dans le cadre des efforts désespérés pour discréditer et ruiner Reich et son œuvre par des calomnies gratuites"

L'engagement politique

L' engagement politique de Reich est inséparable de ses conceptions psychanalytiques. Convaincu que les problèmes et souffrances psychologiques sont la conséquence des conditions sociales, il jette dès 1929 dans Matérialisme dialectique, matérialisme historique et psychanalyse les bases d'une théorie qui allie Freud et Marx.
Il visite cette même année la Russie en compagnie de sa femme Annie.
Il en revient enchanté et loue le régime en place, avant de le condamner plus tard.
Il milite alors activement au sein du Parti communiste allemand, une expérience amère qu'il relate dans Les Hommes dans l'État.
En 1930, il quitte Vienne pour Berlin où il poursuit son activisme politique, créant la Société socialiste d'information et de recherche sexuelles.
Il est également à l'origine de la fondation de l'Association allemande pour une politique sexuelle prolétarienne, plus connue sous le nom de Sexpol, qui comptera jusqu'à 40 000 adhérents.
L'objectif de cette association soutenue par le Parti communiste consiste à lutter contre le capitalisme dont la morale est source de la misère sexuelle. Sa lecture des travaux de Malinowski sur la vie sexuelle des Trobriandais confirme sa thèse selon laquelle la famille occidentale patriarcale serait de nature coercitive, ainsi que son hypothèse de l'origine culturelle du complexe d'Œdipe. L'absence de désordres sexuels chez les Trobriandais le convainc que les psychoses, les névroses et les perversions sont dues au refoulement de la sexualité génitale.
Plusieurs de ses ouvrages, en particulier La Lutte sexuelle des jeunes et L'Irruption de la morale sexuelle parus tous deux en 1932, ont pour objectif de proposer des outils prophylactiques afin de lutter contre l'apparition des névroses.
Il reproche bientôt au Parti communiste de ne pas prendre en compte la nécessité d'une révolution sexuelle, ce qui conduira à son exclusion en 1933. Un an plus tard, en raison probablement autant de ses conceptions psychologiques que de ses engagements politiques, il n'est plus membre de l'Association psychanalytique internationale I.P.A.. Certains historiens assurent qu'il en fut exclu, d'autres au contraire affirment qu'il coupa lui-même les ponts avec le mouvement psychanalytique.

Les élections allemandes de novembre 1932 et de mars 1933, qui permettent à Hitler d'accéder au pouvoir, poussent Reich à s'interroger sur les raisons de ce succès.
Il rédige alors son plus important ouvrage politique : Psychologie de masse du fascisme qu'il publie au Danemark en 1933.
Le triomphe du fascisme, dont le nazisme est la version la plus radicale, serait dû à l'irrationnel humain qui trouve ses racines dans la société bourgeoise, la répression sexuelle, la famille autoritaire, etc.
Ni les engagements, ni les conceptions politiques, à l'intérêt pourtant indéniable, d'Adler, de Bernfeld, de Simmel, de Fenichel ou même de Fromm, n'offriront une réflexion freudo-marxiste aussi originale et approfondie que celle de Reich. Hormis les adlériens qui s'engagèrent dans l'expérience municipale sociale-démocrate à Vienne "Vienne la rouge", de 1919 à 1934, aucun représentant du courant freudo-marxiste ne mettra ses idées politiques à l'épreuve de la réalité sociale.

Reich sera l'objet de virulentes attaques venant tout autant du milieu psychanalytique que des communistes.
Dans la revue Partisan qu'il anime, Boris Fraenkel résume assez bien les insultes politiques dont Reich fut l'objet :
"Révolutionnaire pour les réformistes, réformiste pour certains „révolutionnaires, trotskyste pour les staliniens orthodoxes, stalinien pour les trotskystes hyper- ou infra-orthodoxes, on pourrait prolonger une énumération qui ne comporte pas ici les épithètes proprement „médicales“.
Plusieurs psychanalystes le considèrent comme paranoïaque.
Selon Helen Deutsch, le rejet de Reich par Freud n'est aucunement motivé par le caractère radical de ses idées politiques mais lié à sa personnalité agressive et psychotique. Les propos que Freud tint à son disciple Joseph Wortis résument assez bien les reproches que ne cessera de lui adresser le milieu psychanalytique :
"Reich, qui est un psychanalyste très doué, sera probablement amené à quitter le mouvement psychanalytique parce qu'il est devenu communiste et qu'il a modifié ses vues. Il est convaincu, par exemple, que l'instinct d'agression et les problèmes sexuels sont des conséquences de la lutte des classes et non pas des produits des pulsions biologiques innées."

La physiopsychologie reichienne

Dans L'Analyse caractérielle, Reich apporte une contribution psychanalytique essentielle à la notion de caractère. Il ne considère pas le caractère comme la conséquence d'un refoulement, même s'il constitue un mécanisme de défense source des résistances du patient.
À ses yeux, le caractère est en premier lieu un mécanisme de protection narcissique. Défini comme un appareil défensif à la fois psychique et physique comportant plusieurs strates, la notion de caractère débouche chez Reich sur une conception originale de la psychosomatique.
En fonction de son importance et de sa structure blocage, rigidité, cuirasse, etc. le caractère permet de se défendre contre les excitations internes ou externes. Constitué en cuirasse, elle-même composée de l'ensemble des attitudes caractérielles développées dès l'enfance afin de lutter contre les excitations émotionnelles, le caractère a une fonction autorépressive.
Reich postule également l'existence de ce qu'il nomme la cuirasse musculaire, expression corporelle de la cuirasse caractérielle qui correspond à un ensemble d'attitudes musculaires défensives développées pour lutter contre l'apparition d'émotions et de sensations végétatives.
Tout symptôme repose sur un caractère névrotique. Solidement établi, pouvant constituer une véritable cuirasse, le caractère rend le refoulement superflu, mais représente la résistance la plus importante dont l'analyse est un préalable.
Reich dégage une typologie des caractères : caractères compulsif, hystérique, masochiste, génital. Ses travaux sur cette entité le conduisent à modifier la technique psychanalytique classique de l'analyse des symptômes et à proposer ce qu'il nommera une technique caractéro-analytique, laquelle privilégie l'analyse du caractère et les résistances caractérielles.

La sexualité constitue le fil conducteur de l'œuvre reichienne. Dans le sillage des premiers travaux de Freud sur les névroses actuelles, pathologies consécutives à un mésusage de la sexualité, Reich prend conscience du rôle néfaste joué par la répression de la satisfaction génitale.
Publié en 1942, La Fonction de l'orgasme contient de manière plus ou moins explicite les grandes lignes de sa conception personnelle de la psyché qu'il affirme s'inscrire dans la perspective inaugurée par Freud, alors que ce dernier a jugé plutôt négativement l'œuvre de son élève.
L'accent mis d'emblée sur l'économie sexuelle, le souci d'une approche méthodologique inspirée des sciences de la nature au détriment de l'intersubjectivité, le souhait de délaisser la psychologie au profit de la physiologie et de la biologie marquent déjà une rupture avec la psychanalyse freudienne, mais celle-ci ne sera consommée qu'en 1934.
Freud reprochera à Reich d'accorder une place trop exclusive à la sexualité génitale au détriment de la sexualité prégénitale dont le rôle est, à ses yeux, capital dans la formation de la psyché.

La génitalité représente pour Reich une organisation psycho-physiologique caractérisée par le primat de la zone génitale, selon lui à l'origine de tous les troubles névrotiques ou psychotiques de la personnalité. Sa répression ou sa frustration conduirait directement à la « peste émotionnelle », véritable épidémie sur le plan social. L'évolution de la pensée reichienne vers la bioélectricité, puis vers une compréhension orgonique de l'univers, n'entamera pas pour autant sa profonde conviction quant à la primauté qu'il accorde à la génitalité. Cette dernière trouve au contraire, affirme-t-il, dans la découverte de cette énergie vitale sa nature et sa cause biologique.

Prolongements

Ses travaux sur la génitalité le conduisent à développer le concept d'orgasme : phénomène psycho-physiologique d'excitabilité et de relâchement de la tension sexuelle génitale caractérisé par la capacité de s'abandonner sans inhibition au flux de l'énergie biologique et de décharger son excitation sexuelle au moyen de contractions corporelles involontaires.
En 1940, il définit l'orgasme comme un phénomène de décharge électrique, plus précisément de bioélectricité, selon un rythme à quatre temps dit formule de l'orgasme : tension mécanique érection → charge électrique excitation intense → décharge électrique décharge en contraction musculaire → relaxation mécanique relaxation des organes génitaux après la décharge.
Ce rythme à quatre temps de l'orgasme, appelé également fonction TC, n'est pas particulier à l'orgasme, mais affecte toutes les fonctions vitales comme le cœur, les poumons, la vessie, l'intestin, etc.
Cette formule sera au cœur de la nouvelle méthode psychothérapeutique reichienne dite végétothérapie centrée sur les fonctions neurovégétatives, qui tend à restaurer la motilité et l'équilibre biophysiques en dégageant des énergies végétatives bloquées par la cuirasse caractérielle.
Reich ne cessera d'ailleurs de répéter que l'orgasme est le problème fondamental de tous les processus psychosomatiques.
La végétothérapie préfigure ainsi nombre de thérapies psychocorporelles des médecines douces ou naturelles en vogue aujourd'hui.

Les travaux de Reich sur la bioélectricité de la matière le conduisent, lors de son exil à Oslo, à entreprendre des recherches pour déterminer si les mouvements orgastiques du corps humain et ceux des protozoaires sont identiques.
De ses expériences sur les protozoaires il conclut que la matière inorganique recèle également une énergie élémentaire, les bion.
Il s'agirait de vésicules microscopiques chargées d'une énergie élémentaire, l'orgone. Reich pensera avoir mis en évidence de manière expérimentale l'existence de cette énergie de vie. Il affirme qu'il est possible de créer des bions aussi bien à partir de la matière organique que de la matière inorganique. Dans La Fonction de l'orgasme, il écrit que les bions se propagent comme des bactéries et peuvent aussi se développer spontanément dans le sol.
Reich en vient même à se demander si les cellules cancéreuses ne proviendraient pas d'une même source que les cellules des protozoaires. Si l'on en croit ses conclusions, les cellules cancéreuses, exprimant des mouvements identiques aux protozoaires et se développant surtout dans les zones corporelles qui, lors des thérapies reichiennes, manifestent des difficultés énergétiques, proliféreraient à partir de tissus désintégrés en bions.
Alors qu'il tentait avec ses collaborateurs de traiter des cas de cancer par la thérapie orgonique et se préparait à regrouper tous ses travaux sous le terme orgonomie, Reich voit son aventure brutalement interrompue par la justice.


Après sa mort, Reich a connu un regain d'intérêt dans les années 1970, qui ont vu le développement des psychothérapies.
La végétothérapie découle directement des concepts de Reich ainsi que les travaux du docteur John Pierrakos.
L'analyse bioénergétique, bioénergie a été développée par son élève le docteur Alexander Lowen, qui s'est tenu éloigné de l'impression de persécution de Reich à l'époque de l'orgonothérapie et évoque dans La Bioénergie l'enthousiasme et l'excitation des années 1945-1947 qui ont disparu à son retour d'Europe en 1952.
D'autres thérapeutes se réclament de la pratique reichienne, végétothérapie et orgonthérapie.
Citons, par exemple, la somatothérapie de Richard Meyer, à Strasbourg, l'analyse reichienne développée dans la droite ligne de Reich par Gérard Guasch, Paris, Mexico, est enseignée en particulier en région parisienne au Cercle d'études Wilhelm Reich qu'anime Jacques Lesage de La Haye.
Les thérapies primales, l'intégration posturale de Jack Painter et la psychothérapie corporelle intégrée de Jack Rosenberg et Marjorie Rand sont des pratiques d'inspiration néo-reichienne.
Les chercheurs canadiens Paulo et Alexandra Correa, l'Allemand John Joachim Trettin et James DeMeo, à Ashland, dans l'Oregon travaillent sur l'aspect scientifique des travaux de Reich.
Ses écrits sur les régimes totalitaires d'Europe sont repris dans le domaine des sciences politiques, notamment aux États-Unis.

Å’uvres

Premiers écrits, vol. 1 (articles, 1920–1925), dont "Conflits de la libido et formations délirantes dans Peer Gynt d'Ibsen" (1920), in "Premiers écrits : Volume 1", Ed.: Payot, 2006 (ISBN 2-2289-0090-7)
Premiers écrits, vol. 2 : la génitalité dans la théorie et la thérapie des névroses, Payot, 2006 (ISBN 2-2289-0102-4) ; Orig. allemand : Die Funktion des Orgasmus, 1927 remanié à partir de la théorie de l'orgone
Die Funktion des Orgasmus (1927) Traduction du texte original dans une édition pirate épuisée (1975) chez les Éditions du Nouveau Monde, 17 impasse Lénine, 93 Montreuil
Matérialisme dialectique et psychanalyse dans La crise sexuelle, Éditions sociales, 1933. Orig. allemand : Dialektischer Materialismus und Psychoanalyse, 1929. Publié également dans la revue communiste internationale "Sous la bannière du marxisme" et dans la revue Kitej automne 2011.
La Lutte sexuelle des jeunes, François Maspero, 1972. Orig. allemand : Der Sexuelle Kampf der Jungend, 1932
Qu'est-ce que la conscience de classe ? écrit sous le pseudonyme de Ernst Parell, traduction et édition de Constantin Sinelnikoff, 1971
L'Irruption de la morale sexuelle, Payot, 1999. Orig. allemand Der Einbruch der Sexualmoral, 1932
L'Analyse caractérielle, Ed.: Payot-poche, 2006 (ISBN 2-2289-0059-1) ; Orig. allemand Charakteranalyse, 1933. Éd. américaine Character Analysis, 1945, 1949, réimp. FSG, 1980
La Psychologie de masse du fascisme, Payot, 1999. Orig. allemand Massenpsychologie des Faschismus, 1933. Éd. américaine The Mass Psychology of Fascism, 1946, réimp. FSG, 1970
The Bions Experiments : on the Origine of Life, FSG, 1979 traduction anglaise de Die Bione Oslo, 1938
La Révolution sexuelle, Christian Bourgeois, 1982. Orig. allemand Die Sexualität im Kulturkampf, 1936
The Bioelectrical Investigation of Sexuality and Anxiety (articles, 1934–1938), FSG, 1982
Children of the Future: On the Prevention of Sexual Pathology (articles, 1928–1938), FSG, 1983
La Fonction de l'orgasme, L'Arche, 1986. Orig. allemand Die Funktion des Orgamus, trad. américaine The Function of the Orgasm, 1942, 1948, réimp. FSG, 1973
La Biopathie du cancer, Payot, 1985. Orig. allemand Der Krebs, trad. américaine The Cancer Biopathy, 1948, réimp. FSG, 1973
Écoute, petit homme !24, illustré par William Steig, Payot, 1999. Orig. allemand Rede an den kleinen Mann, trad. américaine Listen, Little Man!, 1948, réimp. FSG, 1974
L'éther, Dieu et le diable, Payot, 1999. Orig. allemand et américain Ether, God and Devil, 1949, réimp. FSG, 1973
La superposition cosmique, Payot, 2001. Orig. américain Cosmic Superimposition, 1951, réimp. FSG, 1973
The Oranur Experiment, 1951, xerox Wilhelm Reich Museum, Rangeley.
The Orgone Energy Accumulator, Its Scientific and Medical Use, 1951, xerox Wilhelm Reich Museum, Rangeley25
Le meurtre du Christ, traduit de l'américain par Pierre Kamnitzer, Champ Libre, 1971. Orig. américain The Murder of Christ, 1953, réimp. FSG, 1978
Les hommes dans l'État, Payot, 1978. Orig. américain People in Trouble, 1953, réimp. FSG, 1978
Contact with Space, 1957, xerox Wilhelm Reich Museum, Rangeley
Selected Writings: An Introduction to Orgonomy, FSG, 1961
Reich parle de Freud, Payot, 1998. Orig. américain Reich Speaks of Freud, FSG, 1967
The Record of a Friendship: The Correspondence of Wilhelm Reich and A. S. Neill, FSG, 1984
Passion de jeunesse, L'Arche, 1997. Orig. américain Passion of Youth: An Autobiography 1897–1922, FSG, 1988, 2005
Beyond Psychology: Letters and Journals 1934–1938, FSG, 1994
American Odyssey: Letters and Journals 1940–1947, FSG, 1999
Les œuvres complètes américaines de Wilhelm Reich (livres, articles et journaux de recherche) sont disponibles sur microfiches à la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris. Les œuvres psychanalytiques sont dans les archives de Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, Zeitschrift für Sexualwissenschaft, Zeitschrif für Aerztliche Psychotherapie, International Psychoanalyse Verlag, etc.


Liens

http://youtu.be/sPV-JExUPns Orgone energy (English)
http://youtu.be/lFHrHKSXjNA Reich and the cloudbuster (english)
http://www.youtube.com/watch?v=DHyeS9 ... AH0GV3T8FRyG9fdQnQdJRXnrb 5 Vidéos (english)

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Posté le : 02/11/2013 23:09
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Olympe De Gouges
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Le 3 Novembre 1793 est guillotinée Olympes De Gouges femme de lettres française


, devenue femme politique et polémiste. Elle est considérée comme une des pionnières du féminisme.
Auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs.
Elle est devenue emblématique des mouvements pour la libération des femmes, pour l’humanisme en général, et le rôle important qu’elle a joué dans l’histoire des idées a été considérablement estimé et pris en compte dans les milieux universitaires.
Pressentie pour entrer au Panthéon, elle fut la première des féministes et le paya de sa vie. Guillotinée en 1793 sous la Terreur, Olympe de Gouges avait commis le crime de rédiger une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Ses combats contre toutes les injustices annonçaient ceux de notre siècle.



POSTAMBULE DE LA DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA

CITOYENNE 1791

"Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'Univers, reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition, de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. O femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption, vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l'homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature. Qu'auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. [...] Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de vous en affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir.»

Avec Théroigne de Méricourt et Claire Lacombe, Olympe de Gouges est l'une des héroïnes majeures du premier féminisme français qui se développa sous la Révolution sans parvenir à imposer l'égalité politique des sexes.
Un siècle et demi avant l'écriture du Deuxième Sexe par Simone de Beauvoir, une femme, Olympe de Gouges, avait voulu trancher l'hydre de la misogynie, ce frein entravant l'évolution des sociétés. Malheureusement, c'est sa tête à elle qui roula sur l'échafaud de la Terreur en 1793.
Victime de son sexe, victime de ses idées trop humanistes, trop révolutionnaires pour la Révolution elle-même, victime aussi de son origine de classe.
Son corps, lui, se retrouva à la fosse commune : son fils, Pierre Aubry, l'ayant reniée pour sauver sa propre tête du rasoir national.
Comme l'histoire est assez ingrate avec certains de ses grands hommes, la pionnière Olympe de Gouges a dû subir une injustice supplémentaire : celle qui osa écrire, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, acte fondateur d'un féminisme qui ignorait encore son nom, fut reléguée aux oubliettes par... les féministes.
Quand elle ne fut pas considérée, au mieux, comme une courtisane par l'écrivain Restif de la Bretonne, qui la classa dans sa liste des prostituées de Paris, elle passa, au pis, pour une malade mentale, une folle selon l'historien Jules Michelet, une hystérique atteinte de paranoïa reformatoria folie réformatrice pour le Dr Guillois, docteur du service de santé des armées, auteur, en 1904, d'une étude consacrée aux femmes de la Révolution.
Jusqu'à ce que l'historien Olivier Blanc, en 1981, vienne l'extirper de cet injuste oubli avec une biographie fouillée et fort documentée, Marie-Olympe de Gouges, une humaniste à la fin du XVIIIe siècle.
Et qu'Anne Hidalgo, la première adjointe au maire de Paris et candidate à la succession de Bertrand Delanoë en 2014, propose de la faire entrer au Panthéon.
La patrie est toutefois aussi sexiste que lors de la conversion du monument d'église en caveau de la République, à l'occasion de la mort de Mirabeau, en 1791.
En 2013, sur 71 personnalités à reposer sous la coupole, seules deux femmes y sont enterrées : Sophie Berthelot et Marie Curie.
Et encore, pour de mauvaises raisons : afin d'accompagner leurs maris dans l'éden démocrate.
Comme si Sophie sans Marcellin ou Marie sans Pierre n'auraient jamais pu découvrir ni certains principes chimiques, ni la radioactivité... Las.
Mais, avec Olympe de Gouges, c'est une tout autre histoire.
Elle a eu, comme la philosophe et astronome Hypathie dans l'Alexandrie du IVe siècle, le tort d'être une personnalité hors normes, d'avoir une tête trop bien faite pour son temps, d'être en avance de quelques siècles.
Pourtant, rien ne prédestinait cette petite provinciale de Montauban à penser et à vivre autrement que les femmes de son milieu.

Très peu pour Marie Gouze, qui, mariée à l'officier de bouche Pierre Aubry, contre son gré, à 17 ans, aussitôt mère, puis veuve à l'âge de 18 ans, décide d'être sa propre création. Les premiers actes d'indépendance de cette Occitane autodidacte, qui maîtrise mal le français, comme 90 % de la population d'alors : se forger un nom, écrire et ne plus se marier, car, comme elle l'écrira plus tard :
Le mariage est le tombeau de la confiance et de l'amour.
Elle lui préférera un contrat social de l'homme et de la femme, préfigurant, avec plus de deux cents ans d'avance, le Pacs.
Désormais, Marie Gouze ne sera pas la veuve Aubry mais Olympe de Gouges. Et cette Olympe-là est décidée à prendre sa revanche sur la vie, à rayonner dans les lettres et dans les idées.
Aujourd'hui encore, l'aura de ses Ecrits politiques est plus importante en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon qu'en France. Tout juste si l'on compte quelques lycées et places portant son nom. Pourtant...
Son destin transgressif est autant révélateur des blocages de son époque que du statut des femmes de son temps : considérées comme abritant aussi peu d'âme que les animaux, les frondeuses, ces politiquement incorrectes pleines d'espoir en la Révolution, finirent décapitées, comme Mme Roland, ou à l'asile, comme Théroigne de Méricourt, après avoir été fessée en place publique par une horde de sans-culottes.
Car le paradoxe majeur de la Révolution française, fondée sur l'universalité du droit naturel, est qu'elle écarta des droits politiques et civiques la moitié de la société.
Pour autant, les combats d'Olympe de Gouges au XVIIIe siècle ne font qu'anticiper tous ceux qui ont agité le XXe et continué d'enflammer ce début de XXIe : lutte contre la tyrannie et pour la justice sociale, combat contre la peine de mort, égalité hommes-femmes... Les activistes des Femen, emprisonnées en Tunisie en raison de leur soutien à la féministe Amina Sboui, ne disent pas autre chose. A leur manière, elles revendiquent, deux cent vingt ans plus tard, le mot d'ordre d'Olympe :
"Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de vous en affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir."
Et Olympe, éclairée par l'esprit des Lumières, savait de quoi elle parlait.

Sa vie

Montauban
Née le 7 mai 1748 à Montauban, Marie Gouze a été déclarée fille de Pierre Gouze, bourgeois de Montauban qui était boucher – qui n’a pas signé au baptême car absent – et d’Anne-Olympe Mouisset, fille de drapier, mariés en 1737.
Cette dernière, née en 1712, était la filleule du marquis Jean-Jacques Lefranc de Pompignan le père d'Anne avait été le précepteur de Jean-Jacques, avec qui elle aurait entretenu une relation amoureuse. Selon le député Jean-Baptiste Poncet-Delpech et d’autres, tout Montauban savait que Lefranc de Pompignan était le père adultérin de la future Marie-Olympe de Gouges. Car, il semle que Olympes était peut-être la fille naturelle du marquis Le Franc de Pompignan, piètre versificateur, auquel elle prétendait ressembler. La rumeur lui construisit un roman familial prestigieux en affirmant qu'elle était bâtarde de Louis XV. Elle rectifiait avec malice :" Je ne suis point fille de roi mais d'une tête couronnée de lauriers."
Elle hérita en tout cas du peu de talent littéraire de son père présumé.
Elle aurait dû avoir la vie toute tracée - par l'Eglise - des femmes de la petite bourgeoisie de l'Ancien Régime. A savoir, comme l'a résumé Elisabeth Badinter dans l'Amour en plus, demeurer "une créature essentiellement relative. La femme est ce que l'homme n'est pas pour former avec lui, et sous son commandement, le tout de l'humanité".

En 1765, à l’âge de seize ans, Marie Gouze fut mariée à un traiteur parisien de trente ans son aîné, Louis-Yves Aubry, officier de bouche de l’Intendant près de la généralité de Montauban, et probablement un important client de la boucherie familiale des Gouze.
Quelques mois plus tard, la jeune femme donna naissance à un fils, Pierre. Homme grossier et inculte, son mari mourut en 1766, emporté par une crue du Tarn.
Déçue par une expérience conjugale qui ne lui avait guère apporté de bonheur, elle ne se remaria pas.
Madame Aubry portait couramment les prénoms de Marie-Olympe signant plusieurs textes ainsi ou plus simplement d’ Olympe, ajoutant une particule à son patronyme officiel Gouze que l’on trouve parfois écrit Gouges, graphie adoptée par certains membres de sa famille dont sa sœur aînée Mme Reynard, née Jeanne Gouges, épouse d’un médecin.
Rien ne la rattachant à Montauban, sinon sa mère qu’elle aida financièrement par la suite, elle rejoignit sa sœur aînée à Paris.
Au début des années 1770, elle était à Paris avec son fils à qui elle fit donner une éducation soignée. Pendant ce séjour à la Cour, elle changera de nom : elle ne sera plus Marie Gouze, mais Olympe de Gouges.

Paris et le théâtre

Elle avait rencontré un haut fonctionnaire de la marine, Jacques Biétrix de Rozières, alors directeur d’une puissante compagnie de transports militaires en contrat avec l’État. Lorsqu’il lui proposa de l’épouser, elle refusa et leur liaison dura jusqu’à la Révolution.
Grâce au soutien financier de son compagnon, elle put mener un train de vie bourgeoise, figurant dès 1774 dans l’Almanach de Paris ou annuaire des personnes de condition.
Elle demeura rue des Fossoyeurs, aujourd’hui rue Servandoni, au no 18-22. Issue par sa mère de la bourgeoisie aisée de Montauban, Olympe de Gouges avait reçu une éducation qui lui permit de s'adapter aux usages de l'élite parisienne. Dans les salons qu’elle fréquentait, elle fit la rencontre de plusieurs hommes de lettres, et elle s'essaya également à l'écriture.
Sa filiation supposée avec Lefranc de Pompignan, dramaturge dont la pièce Didon avait été un grand succès, est également un mobile probable à son entrée dans la carrière littéraire. Elle revendiquait l’héritage de son talent dramatique.
Menant une vie luxueuse et galante de manière assez ostentatoire, elle acquit une réputation de courtisane entretenue par les hommes dans un contexte où la femme libre était assimilée à une prostituée.
Support privilégié des idées nouvelles, le théâtre demeurait à cette époque sous le contrôle étroit du pouvoir. Olympe de Gouges monta sa propre troupe, avec décors et costumes. C'était un théâtre itinérant qui se produisait à Paris et sa région.
Le marquis de La Maisonfort raconte dans ses Mémoires comment, en 1787, il racheta le petit théâtre de Mme de Gouges, conservant d'ailleurs une partie de la troupe dont faisait partie le jeune Pierre Aubry, son fils.
Depuis son arrivée à Paris, elle rêve de théâtre. Introduite auprès des Comédiens du Français par la marquise de Montesson, épouse morganatique du duc d'Orléans, elle fonde une troupe.
Indépendamment de son théâtre politique qui fut joué à Paris et en province pendant la Révolution, la pièce qui rendit célèbre Olympe de Gouges est L’Esclavage des Noirs, publié sous ce titre en 1792 mais inscrite au répertoire de la Comédie-Française le 30 juin 1785 sous le titre de "Zamore et Mirza, ou L’heureux naufrage".
Cette pièce audacieuse dans le contexte de l'Ancien régime, avait été acceptée avec une certaine réticence par les comédiens du Théâtre français qui étaient dépendants financièrement des protections que leur accordaient les gentilshommes de la chambre du roi.
La pièce de Mme de Gouges, dont le but avoué était d’attirer l’attention publique sur le sort des Noirs esclaves des colonies, mêlait modération et subversion dans le contexte de la monarchie absolue.
En critiquant le Code noir alors en vigueur, en osant aborder de manière frontale les problèmes du colonialisme et du racisme, la polémiste s'attire les foudres de la maréchaussée - la bataille d'idées vire au pugilat - et du maire de Paris, qui a tôt fait d'interdire la représentation.
Le Code Noir édicté sous Louis XIV était alors en vigueur et de nombreuses familles présentes à la cour tiraient une grande partie de leurs revenus des denrées coloniales, qui représentaient la moitié du commerce extérieur français à la veille de la Révolution.
En septembre 1785, Olympe de Gouges qui s’était plainte de passe-droits et craignait de voir sa pièce reléguée aux oubliettes, se plaignit des comédiens. L’un d’eux, Florence, se sentit insulté et s’en plaignit à son entourage.
Le baron de Breteuil et le maréchal de Duras, gentilshommes de la Chambre et ministres, se saisirent de l'occasion pour s'accorder à envoyer Mme de Gouges à la Bastille et retirer la pièce anti-esclavagiste du répertoire du Français. Grâce à diverses protections, notamment le chevalier Michel de Cubières dont le marquis son frère était un favori de Louis XVI, la lettre de cachet fut révoquée.
Olympe évite donc, pour la première mais pas la dernière fois, l'embastillement.
Acte fondateur d'un militantisme humaniste et de l'urgence de l'instauration d'une égalité pour tous, Zamore et Mirza signe l'engagement qui sera celui de sa vie pour la reconnaissance des droits de tous les laissés-pour compte de la société, Noirs, femmes, enfants illégitimes, démunis, malades.... Olympe et son théâtre engagé dérangent.
Mais ce sont ses brochures politiques et, plus tard, ses affiches, imprimées à son compte et placardées dans tout Paris, qui signeront son arrêt de mort.
Avec la Révolution française, la Comédie-Française devint plus autonome grâce notamment à Talma et Mme Vestris, et la pièce sur l’esclavage, inscrite quatre ans plus tôt au répertoire, fut enfin représentée.
Malgré les changements politiques, le lobby colonial restait très actif, et Olympe de Gouges, soutenue par ses amis du Club des Amis des Noirs, continua à faire face aux harcèlements, aux pressions et même aux menaces.
En 1790, elle composa une autre pièce sur le même thème, intitulée le Marché des Noirs 1790.
Elle avait par ailleurs publié en 1788 des Réflexions sur les hommes nègres 1788, qui l'avaient mis en contact avec la Société des amis des Noirs dont elle ne put être membre en raison de ses cotisations élevées et de son règlement intérieur exclusif.
Au titre d’abolitionniste, elle est également citée par l’abbé Grégoire, dans la Liste des Hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux Noirs 1808.
L’espèce d’hommes nègres, écrivait-elle avant la Révolution, m’a toujours intéressée à son déplorable sort. Ceux que je pus interroger ne satisfirent jamais ma curiosité et mon raisonnement.
Ils traitaient ces gens-là de brutes, d’êtres que le Ciel avait maudits ; mais en avançant en âge, je vis clairement que c’était la force et le préjugé qui les avaient condamnés à cet horrible esclavage, que la Nature n’y avait aucune part et que l’injuste et puissant intérêt des Blancs avait tout fait.

La Révolution française

En 1788, le Journal général de France publia deux brochures politiques de Mme de Gouges, dont son projet d’impôt patriotique développé dans sa célèbre Lettre au Peuple. Dans sa seconde brochure, les Remarques patriotiques, par l’auteur de la Lettre au Peuple , elle développait un vaste programme de réformes sociales et sociétales. Ces écrits furent suivis de nouvelles brochures qu’elle adressait épisodiquement aux représentants des trois premières législatures de la Révolution, aux Clubs patriotiques et à diverses personnalités dont Mirabeau, La Fayette et Necker qu’elle admirait particulièrement.
Ses propositions étaient proches de celles des hôtes d'Anne-Catherine Helvétius, qui tenait un salon littéraire à Auteuil, et où l’on défendait le principe d’une monarchie constitutionnelle.

En 1790, elle s'installa elle-même à Auteuil, rue du Buis et y demeura jusqu'en 1793.
En relation avec le marquis de Condorcet et son épouse née Sophie de Grouchy, elle rejoignit les Girondins en 1792.
Elle fréquentait les Talma, le marquis de Villette et son épouse, également Louis-Sébastien Mercier et Michel de Cubières, secrétaire général de la Commune après le 10 août, qui vivait avec la comtesse de Beauharnais, auteur dramatique et femme d’esprit qui tenait un salon très intéressant rue de Tournon.
Avec eux, elle devint républicaine comme beaucoup de membres de la société d’Auteuil qui pratiquement tous s’opposèrent à la mort de Louis XVI.
Le 16 décembre 1792, Mme de Gouges se proposa d'assister Malesherbes dans la défense du roi devant la Convention, mais sa demande fut rejetée avec mépris.
Elle considérait que les femmes étaient capables d’assumer des tâches traditionnellement confiées aux hommes et, dans pratiquement tous ses écrits, elle demandait qu’elles fussent associées aux débats politiques et aux débats de société.
S’étant adressée à Marie-Antoinette pour protéger son sexe qu’elle dit malheureux, elle rédigea une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, calquée sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, dans laquelle elle affirmait l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes, insistant pour qu’on rendît à la femme des droits naturels que la force du préjugé lui avait retirés.
Ainsi, elle écrivait :
"La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune."
La première, elle obtint que les femmes fussent admises dans une cérémonie à caractère national, "la fête de la loi du 3 juin 1792" puis à la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1792.
Parmi les premiers, elle demanda l’instauration du divorce – le premier et seul droit conféré aux femmes par la Révolution – qui fut adopté à l’instigation des Girondins quelques mois plus tard.
Elle demanda également la suppression du mariage religieux, et son remplacement par une sorte de contrat civil signé entre concubins et qui prenait en compte les enfants issus de liaisons nées d’une "inclination particulière".
C’était, à l’époque, véritablement révolutionnaire, de même lorsqu’elle militait pour la libre recherche de la paternité et la reconnaissance d’enfants nés hors mariage.
Elle fut aussi une des premières à théoriser, dans ses grandes lignes, le système de protection maternelle et infantile que nous connaissons aujourd’hui et, s’indignant de voir les femmes accoucher dans des hôpitaux ordinaires, elle demandait la création de maternités.
Sensible à la pauvreté endémique, elle recommandait enfin la création d’ateliers nationaux pour les chômeurs et de foyers pour mendiants.
Toutes ces mesures préconisées "à l’entrée du grand hiver" 1788-1789 étaient considérées par Olympe de Gouges comme essentielles, ainsi qu’elle le développe dans Une patriote persécutée, son dernier écrit avant sa mort.
Les femmes avaient joué un rôle décisif dans le processus révolutionnaire ; la République établie, c'est tout naturellement qu'elles devaient s'abstenir de politiquer pour rejoindre leur foyer afin de réconforter ses combattants.
Ainsi, le 30 octobre 1793, la Convention déchoit les Françaises de leur statut de citoyennes, accordé par la Législative. Deux ans auparavant, dans l'article I de sa Déclaration des droits de la femme, dédiée à la reine Marie-Antoinette, Olympe de Gouges osait écrire : La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits.
En vain. Il leur faudra désormais attendre 1945 pour obtenir enfin le droit de vote ainsi que celui de monter à la tribune, après avoir eu celui de monter à l'échafaud.
Mais, en 1788, Olympe croit encore qu'elle peut exercer sa citoyenneté au féminin. Dans le Journal général de la France, elle publie sa Lettre au peuple, un projet de caisse patriotique par une citoyenne, le premier de ses pamphlets politiques où, s'adressant au roi Louis XVI, elle propose l'instauration d'un impôt volontaire pour endiguer la pauvreté.
Une première : L'homme de la halle, ainsi que la femme de charge, éprouveraient une satisfaction sans égale de voir leur nom à côté de celui d'un prince de sang, conclut-elle, anticipant de cent-vingt six ans la création, en 1914, de l'impôt sur le revenu. Olympe va même plus loin.
Toujours dans le Journal général de la France, comprenant l'importance de la presse dans l'opinion publique, elle fait part, en décembre 1788, de ses Remarques patriotiques, un programme de réformes sociales qui imagine une assistance sociale, des centres de soins et d'accueil pour les veuves, les vieillards et les orphelins, des ateliers d'Etat pour les ouvriers sans travail et un impôt, sorte d'ISF avant l'heure, sur les signes extérieurs de richesse, nombre de domestiques, de propriétés, d'œuvres d'art...
S'ensuivront des dizaines de brochures et d'affiches où elle milite, entre autres, pour le droit au divorce, la recherche de paternité, la création de maternités, la féminisation des noms de métier, le système de protection maternelle et infantile...
Des élucubrations qui ne seront mises en place qu'au... XXe siècle, et qu'on attendait si peu de la part d'une femme de son milieu.
Même Mirabeau en convient : "Nous devons à une ignorante de bien grandes découvertes".

L'exécution

Olympe de Gouges à l’échafaud
En 1793, elle s’en était vivement prise à ceux qu’elle tenait pour responsables des atrocités des 2 et 3 septembre 1792 :
"le sang, même des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les Révolutions ".
Elle désignait particulièrement Marat, l’un des signataires de la circulaire du 3 septembre 1792 proposant d’étendre les massacres de prisonniers dans toute la France. Soupçonnant Robespierre d’aspirer à la dictature, elle l’interpella dans plusieurs écrits, ce qui lui valut une dénonciation de Bourdon de l'Oise au club des Jacobins.
Dans ses écrits du printemps 1793, elle dénonça la montée en puissance de la dictature montagnarde, partageant l’analyse de Vergniaud sur les dangers de dictature qui se profilait, avec la mise en place d’un Comité de salut public, le 6 avril 1793, qui s’arrogeait le pouvoir d’envoyer les députés en prison.
Après la mise en accusation du parti girondin tout entier à la Convention, le 2 juin 1793, elle adressa au président de la Convention une lettre où elle s’indignait de cette mesure attentatoire aux principes démocratiques du 9 juin 1793, mais ce courrier fut censuré en cours de lecture.
S’étant mise en contravention avec la loi de mars 1793 sur la répression des écrits remettant en cause le principe républicain – elle avait composé une affiche à caractère fédéraliste ou girondin sous le titre de "Les Trois urnes ou le Salut de la patrie", par un voyageur aérien –, elle fut arrêtée par les Montagnards et déférée le 6 août 1793 devant le tribunal révolutionnaire qui l’inculpa.
Malade des suites d’une blessure infectée à la prison de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, réclamant des soins, elle fut envoyée à l’infirmerie de la Petite-Force, rue Pavée dans le Marais, et partagea la cellule d’une condamnée à mort en sursis, Mme de Kolly, qui se prétendait enceinte.
En octobre suivant, elle mit ses bijoux en gage au Mont-de-Piété et obtint son transfert dans la maison de santé de Marie-Catherine Mahay, sorte de prison pour riches où le régime était plus libéral et où elle eut, semble-t-il, une liaison avec un des prisonniers.
Désirant se justifier des accusations pesant contre elle, elle réclama sa mise en jugement dans deux affiches qu’elle avait réussi à faire sortir clandestinement de prison et à faire imprimer.
Ces affiches –"Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire" et "Une patriote persécutée" , son dernier texte – furent largement diffusées et remarquées par les inspecteurs de police en civil qui les signalent dans leurs rapports.
Ou déclarait-elle à une troupe armée venue prendre sa tête pour 24 sous, après qu'elle se soit proposée, au nom de son combat pour l'abolition de la peine de mort, comme avocate du citoyen Louis Capet : "Mon ami, je mets la pièce de 30 sous et je vous demande la préférence."
Louis XVI perdit sa tête le 21 janvier 1793. Sauvée par son humour, elle garda la sienne.
Pour quelques mois seulement. Car, à la suite du collage dans Paris d'une affiche signée Polyme, l'anagramme d'Olympe, conspuant Robespierre, l'artisan de la Terreur, en des termes inadmissibles pour l'"ami du peuple" - :
"Tu te dis l'unique auteur de la Révolution, Robespierre ! Tu n'en fus, tu n'en es, tu n'en seras éternellement que l'opprobre et l'exécration... Chacun de tes cheveux porte un crime... Que veux-tu ? Que prétends-tu ? De qui veux-tu te venger ? De quel sang as-tu soif encore ? De celui du peuple ?" -, Olympe de Gouges, "royaliste constitutionnelle récidive".
Elle fait imprimer, le 20 juillet 1793, une affiche bordée de rouge intitulée "Les trois urnes ou le salut de la patrie", où elle ne demande rien de moins que le droit au référendum des Français sur leur futur gouvernement.
A charge pour les citoyens de préférer la monarchie, le fédéralisme ou la République.
Accusée de remettre en cause le principe républicain, la Girondine est inculpée par le Tribunal révolutionnaire le 2 novembre. L'accusateur Fouquier-Tinville plaide "l'attentat à la souveraineté du peuple ".
La cause sera vite entendue. Marie-Olympe de Gouges, veuve Aubry, 45 ans, est condamnée à la peine de mort. La sentence sera exécutée vingt-quatre heures plus tard.
La semaine suivante son exécution, un commentaire paru dans le Moniteur universel, journal de propagande montagnarde, montre l'étendue de son crime : "Elle voulut être homme d'Etat. Il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d'avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe."
Traduite au Tribunal au matin du 2 novembre, soit quarante-huit heures après l’exécution de ses amis Girondins, elle fut interrogée sommairement.
Privée d’avocat elle se défendit avec adresse et intelligence.
Condamnée à la peine de mort pour avoir tenté de rétablir un gouvernement autre que "un et indivisible" elle se déclara enceinte.
Les médecins consultés se montrèrent dans l’incapacité de se prononcer, mais Fouquier-Tinville décida qu’il n’y avait pas grossesse.
Le jugement était exécutoire, et la condamnée profita des quelques instants qui lui restaient pour écrire une ultime lettre à son fils, laquelle fut interceptée. D’après un inspecteur de police en civil, le citoyen Prévost, présent à l’exécution, et d’après le Journal de Perlet ainsi que d’autres témoignages, elle monta sur l’échafaud avec courage et dignité, contrairement à ce qu’en disent au XIXe siècle l’auteur des mémoires apocryphes de Sanson et quelques historiens dont Jules Michelet.
Elle s'écriera, avant que la lame ne tombe : "Enfants de la Patrie vous vengerez ma mort."
Elle avait alors 45 ans.
Son fils, l’adjudant général Aubry de Gouges, par crainte d’être inquiété, la renia publiquement dans une "profession de foi civique". Le procureur de la Commune de Paris, Pierre-Gaspard Chaumette, applaudissant à l’exécution de plusieurs femmes et fustigeant leur mémoire, évoque cette :
"virago, la femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes [...] Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois. Et vous voudriez les imiter ? Non ! Vous sentirez que vous ne serez vraiment intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées, c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes".
Son modernisme extravagant va de pair avec une folle lucidité et une dévastatrice ironie, que ne renient ni notre temps ni les mordantes Sophia Aram d'aujourd'hui.
Ainsi déclarait-elle, dans sa Lettre aux représentants de la nation, en 1789 :
"Les uns veulent que je sois aristocrate ; les aristocrates, que je sois démocrate. Je me trouve réduite, comme ce pauvre agonisant à qui un prêtre demandait, à son dernier soupir : "Etes-vous moliniste ou janséniste ?" "Hélas, répond le pauvre moribond, je suis ébéniste." Comme lui, je ne connais aucun parti. Le seul qui m'intéresse vivement est celui de ma patrie, celui de la France..."


Le 3 novembre 1793, vers 17 heures, Olympes De gouges monte à l'échafaud, place de la Révolution, l'actuelle place de la Concorde à Paris.

A quelques mois de la célébration du 65e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, osera-t-on enfin rendre justice à cette ennemie de toutes les exclusions, à son œuvre de salut public ? Allez, messieurs les Elus républicains, de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace...

Postérité

Olympe de Gouges a laissé un fils, Pierre Aubry de Gouges, qui, au début de la Révolution vivait en concubinage avec Marie-Hyacinthe Mabille qu’il épousa après la Terreur et dont il eut au moins deux filles et trois fils.
Au début du Consulat, il fut confirmé dans le grade de chef de brigade et chargé par Bonaparte d’un commandement en Guyane française. La famille débarqua à Cayenne en juin 1802, au moment où le gouverneur Victor Hugues rétablissait l’esclavage qu’Olympe de Gouges avait vainement combattu.
Pierre Aubry de Gouges expira quelques mois plus tard, le 17 pluviose an XI à Macouria, sans doute de la malaria. Son épouse se remaria avec le citoyen Audibert, originaire de Marseille, et quelques années plus tard, elle dut fuir la Guyane conquise en 1809 par les Portugais, dans un climat de violence. Elle embarqua pour la France sur un navire, l'Éridan, qui fut capturé et détourné par un corsaire anglais.
Pendant ces événements, Mme Aubry mourut à bord, et son corps fut jeté à la mer. Ses fils retournèrent plus tard en France. Une des petites-filles d’Olympe, Anne-Hyacinthe-Geneviève, épousa un capitaine anglais, William Wood, et sa sœur Charlotte épousa un riche Américain, Robert Selden Garnett, 1789-1840, membre du Congrès de 1820 à 1827, et propriétaire de plantations en Virginie.
Les descendants connus d’Olympe de Gouges, aux États-Unis, en Tasmanie et en Australie conservent des portraits de famille et le procès-verbal d’exécution de leur ancêtre.
Aucun article de fond, aucune recherche sérieuse n'a été ainsi consacrée à Olympe de Gouges par la revue de référence de la Société des études robespierristes (AHRF) dont le premier numéro consacré aux femmes est publié en 2006.
Cette absence prolongée de repères historiographiques solides a contribué au dédain dont Olympe de Gouges fut et est l’objet.
Cependant, la méconnaissance de la psychologie du personnage ont contribué à valider des interrogations sur sa santé mentale.
Il a par exemple été soutenu qu’elle ne savait pas véritablement lire ni écrire, alors qu’on dispose de quelques-unes de ses lettres écrites à la prison de l'Abbaye, mais certes avec des fautes de style ou d'orthographe.
Elle était abonnée à divers journaux et un portrait la représente un livre à la main.
L’hostilité à l’égard de femmes engagées comme le fut Olympe de Gouges a souvent été le fait d’autres femmes, ainsi qu’elle le déplorait déjà en son temps.
Elle déclare, dans une de ses pièces de théâtre :
"Les femmes n’ont jamais eu de plus grands ennemis qu’elles-mêmes. Rarement on voit les femmes applaudir à une belle action, à l’ouvrage d’une femme."
Dans le postambule de sa Déclaration des droits de la femme en septembre 1791, elle émet l'idée, toutefois contestable, que l’infériorité contrainte de la femme l’a amenée à user de ruse et de dissimulation : "Les femmes ont fait plus de mal que de bien".
La contrainte et la dissimulation ont été leur partage.
Ce que la force leur avait ravi, la ruse le leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis ; elles commandaient au crime comme à la vertu.
Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l’administration nocturne des femmes ; le cabinet n’avait point de secret pour leur indiscrétion ; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat, cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à l’ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé.
Elle exhortait donc les femmes de son temps à réagir :
"Femmes, ne serait-il pas grand temps qu’il se fît aussi parmi nous une révolution ? Les femmes seront-elles toujours isolées les unes des autres, et ne feront-elles jamais corps avec la société, que pour médire de leur sexe et faire pitié à l’autre?"

Reconnaissance et célébrations

Marie-Olympe de Gouges sort de l’anecdote de la petite histoire après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Étudiée particulièrement aux États-Unis, au Japon et en Allemagne, son indépendance d’esprit et ses écrits en font une des figures de la fin du xviiie siècle.
En France, quelques érudits régionalistes, entre autres, se sont intéressés au personnage, se basant notamment sur la publication en 1912 du tome X du Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française d'Alexandre Tuetey qui recense les actes du procès d'Olympe de Gouges, ses lettres, ce qui n'empêche pas des historiens comme Alain Decaux de continuer dans son Histoire des Françaises en 1972 à manifester une certaine hostilité à son égard.
C’est après la parution en 1981 de la biographie d’Olivier Blanc qui a exhumé les sources manuscrites, entre autres notariales, et lors de la préparation du bicentenaire de la Révolution de 1789, que les textes d’Olympe de Gouges ont été joués et édités.
De nombreux articles universitaires et notamment ceux de Gabrielle Verdier, États-Unis et de Gisela Thiele-Knobloch, Allemagne ont dégagé l’intérêt de l’œuvre dramatique d’Olympe de Gouges qui aborde des thèmes nouveaux comme l’esclavage, Zamore et Mirza, le divorce, Nécessité du divorce, la prise de voile forcée, le Couvent et autres sujets sensibles à son époque.
Depuis octobre 1989, à l’initiative de l’historienne Catherine Marand-Fouquet, plusieurs pétitions ont été adressées à la présidence de la République demandant la panthéonisation d’Olympe de Gouges.
Jacques Chirac, conseillé par Alain Decaux, n’a pas donné suite. En novembre 1993, elle engage une manifestation devant le Panthéon de Paris pour commémorer le bicentenaire de l’exécution d’Olympe de Gouges.
Cette manifestation s’inscrit aussi dans la revendication de la parité. En 1992 dans Triomphe et mort du droit naturel en Révolution, 1789-1795-1802, Florence Gauthier évoque le personnage en tant qu'auteur d'une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Cas unique, semble-t-il, dans un doctorat d'Histoire, soutenu en 1998 et publié en 2002 sur le mouvement antiesclavagiste français de cette période, Jean-Daniel Piquet a abordé le cas d'Olympe de Gouges dans son apport et ses limites : son caractère pionnier dans cet engagement, confirmé en septembre 1791 dans un préambule à sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, même si cela concernait uniquement la question des mulâtres, allait de pair avec une répugnance antijacobine à admettre en 1792 le droit au recours à la violence de la part des mulâtres et des esclaves de Saint-Domingue pour défendre leurs droits ; droit pourtant admis par un nombre ascendant de patriotes.
Il a signalé que son nom figure en 1808 dans une liste introductive à l'œuvre antiesclavagiste de l'abbé Grégoire De la littérature des Nègres. Cette liste constituait une dédicace à tous ceux qui avaient mené le combat pour la cause des Noirs et des sang-mêlés.
Par ailleurs, ajoute-t-il, en 1853, dans son roman Ingénue Alexandre Dumas, la décrit aussi sous cet aspect. Un chapitre entier Le Club Social traite de la dénonciation de l'esclavage et fournit un panorama étendu du mouvement abolitionniste à la veille de la Révolution française, 1788.
Olympe de Gouges, auteur de Zamor et Mirza, y a droit à un paragraphe.
Plusieurs municipalités françaises, dont Paris dans le 3e arrondissement, ont voulu rendre hommage à Olympe de Gouges en baptisant de son nom des établissements scolaires ou des voies publiques.
Des bâtiments publics portent également son nom :
une salle Olympe de Gouges lui est consacrée dans les locaux du ministère de l'Intérieur ;
une salle de conférence à l'Université du Havre ;
un amphithéâtre à l'Institut universitaire de technologie de Béziers.
une salle à la Médiathèque de La Montagne ;
une Médiathèque à Strasbourg ;
le bâtiment abritant les services de gynécologie et d'obstétrique, et tous ceux qui s'y rattachent au CHU de Tours ;
à Montauban un collège porte son nom ainsi que le théâtre de la ville depuis 2006 ;
une salle de spectacle construite à la place de la prison pour femmes de la Roquette dans le 11e arrondissement de Paris.
un théâtre à l'italienne de 600 places à Montpellier.
Une résidence universitaire à Nantes.
Le nouveau bâtiment de l'Université Paris-Diderot sis entre le bâtiment Lavoisier, également Universitaire, et le boulevard Masséna sur le site Paris Rive Gauche dans le 13e arrondissement de Paris, lui est dédié.
un collège à Plan de Cuques Bouches du Rhône.
un groupe scolaire à Toulouse.
un groupe scolaire à Labouheyre dans le département des Landes.
un centre socio-culturel dans la ville de Dole.
En 1989, Nam June Paik a créé une œuvre intitulée Olympe de Gouges in La fée électronique. Cette œuvre, commandée par la municipalité de Paris à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, est aujourd'hui exposée au Musée d'art moderne de la ville de Paris.
La rose Olympe de Gouges, obtenteur Vibert

Liens

http://youtu.be/_80s8hfHXU4 Sa vie par Catel Muller
http://youtu.be/bC_CVGxhUyU Documentaire (Allemand)
http://youtu.be/iQgtMmXwz38 Vidéo
http://youtu.be/P5ZWtnC4fVU sa vie (anglais)
http://youtu.be/GQ03vNkFoSU OLympe De Gouges en Espagnol
http://youtu.be/c41CCT1QMEc Le vote d'Olympes De Gouges contre la peine de mort et la condamnation du roi

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Posté le : 02/11/2013 22:41
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Re: Les bons mots de Grenouille
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Quelques citations de Georges Clémenceau:


« Il suffit d'ajouter "militaire" à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique. »

" La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à desmilitaires.
»

« On ne ment jamais tant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. »


« La vie m'a appris qu'il y a deux choses dont on peut très bien se passer : la présidence de la République et la prostate. »



« Un escalier de ministère est un endroit où des gens qui arrivent en retard croisent des gens qui partent en avance. »



« Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, surtout quand elles sont veuves. »



« Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés. »

« Le meilleur moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier. »


« En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables. »


« Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c'est faire de la politique. »

« Une phrase française, ça se compose d'un sujet, d'un verbe et d'un complément direct. Et quand vous aurez besoin d'un complément indirect, venez me trouver. »

« Les polytechniciens savent tout, mais rien d'autre. »


" Une dictature est un pays dans lequel on a pas besoin de passer toute une nuit devant son poste pour apprendre le résultat des élections. »


« Je connais un tas de types à qui je ne pardonnerai jamais les injures que je leur ai faites. »


« La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts. »


« La politique me fait l’effet d’un immense cabestan auquel sont attelés un grand nombre d’hommes pour soutenir une mouche. »



" Pour prendre une décision, il faut être un nombre impair depersonnes, et trois c'est déjà trop. »


« Une commission d'enquête pour être efficace, ne doit compter que trois membres, dont deux sont absents. »


" Ne craignez jamais de vous faire des ennemis ; si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait. »


"Ce n'est pas à la possession des biens qu'est attaché le bonheur, mais à la faculté d'en jouir. Le bonheur est une aptitude."


Il n'y a pas de repos pour les peuples libres ; le repos, c'est une idée monarchique.


"Quand on est deux, il y en a toujours un qui pourrit l'autre."

"Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c’est faire de la politique."

"Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d'une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins."

"Donnez-moi quarante trous du cul et je vous fais une Académie française."

"En entrant dans le néant il a du se sentir chez lui " ( à propos de Félix Faure )

"Pour mes obsèques, je ne veux que le strict nécessaire, c’est-à-dire moi."

Anecdote :
Clémenceau assiste à la mise en bière de son ami le peintre Claude Monnet.
Au moment où l’employé des pompes funèbres va mettre sur le cercueil le drap noir habituel,
Clémenceau l’arrête :
-" Non! " dit-il
Il décroche de la fenêtre le rideau de toile fleurie et l’étend sur le cercueil en déclarant :
- "Pas de noir pour Monet, le noir n’est pas une couleur "

Bonne semaine ...

Posté le : 02/11/2013 22:21
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Lucie Delarue-Mardrus
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Le 3 novembre 1874 naît à Honfleur, Lucie Delarue-mardrus, poétesse, romancière,

sculptrice et dessinatrice, journaliste et historienne française.

Elle meurt, à 70 ans, le 26 avril 1945 à Château-Gontier,


Je porte au fond de moi l'estuaire complexe,
Son eau douce mêlée à tant de sel amer.
L'Estuaire in Souffles de tempête (1918)

Onze recueils de poésie une anthologie et un recueil anonyme posthumes, au moins quarante sept récits de fiction romans et nouvelles, de très nombreux articles critique littéraire, artistique, bien-être, sociologie..., trois essais, cinq biographies, quatre récits de voyage, une autobiographie, deux pièces de théâtre publiées, de très nombreux manuscrits poésies et théâtre, scénarii, des dessins et des tableaux étonnants, des sculptures très variées, des partitions paroles et/ou musique, voici une oeuvre prolifique. Lucie Delarue-Mardrus fut une artiste complète aux dons multiples, d'une curiosité insatiable et d'une capacité de travail impressionnante.
Bien sûr, cette oeuvre est inégale, elle écrivit souvent pour manger et ne put se consacrer autant qu'elle le voulut à son genre préféré, la poésie. Il y eut des romans alimentaires, des articles où l'on tire à la ligne; mais cette créatrice polymorphe fascine encore aujourd'hui...

Dans cette longue vie foisonnante de 1874 à 1945, il est possible de distinguer quatre grandes périodes:

L'enfance jusqu'au mariage en 1900 (1874-1900)
L'apogée littéraire jusqu'à la guerre (1900-1914)
Les épreuves et la maturité des années folles (1914-1935)
Le retrait et le déclin des dernières années (1935-1945)

L'enfance et les années de formation sont cruciales. De la naissance à Honfleur le 3 novembre 1874 à son mariage original avec le célèbre Jean-Charles Mardrus 1868-1949, en 1900, vingt-six ans transforment la jeune Lucie Delarue baptisée "Simplicie Gros sot" par ses cinq soeurs en "Princesse Amande" .
Elle découvre très tôt son goût pour la poésie, Paris, le théâtre et les femmes. Malgré l'avis décourageant de François Coppée, elle s'acharne à écrire de la poésie, lit énormément, commence à être reconnue; et c'est grâce à ses poèmes qu'elle rencontre son futur mari, l'illustre traducteur des Mille et une nuits.

Ses parents ayant refusé la main de celle qu’on surnomme " Princesse Amande" au capitaine Philippe Pétain, elle épouse l’orientaliste Joseph-Charles Mardrus.
Comme elle était intimement liée à Natalie Barney, Romaine Brooks et Germaine de Castro, son mari dont elle divorcera vers 1915, qui désirait garder intacte la beauté de sa Princesse Amande, propose à Natalie Barney de lui faire un enfant à sa place.
C'est à cette époque qu'elle emménage au 17 bis quai Voltaire à Paris, où elle vivra de 1915 à 1936.

Ce mariage, le 5 juin 1900, ouvre quatorze années de célébrité, de création et de voyages.
Lucie publie des recueils essentiels, Occident, Ferveur, Horizons, La Figure de proue et Par vents et Marées.
Elle est très connue à Paris, se commet dans les soirées mondaines et voyage énormément. Elle connaît le succès.
Elle découvre, grâce à son époux, l'Afrique du Nord; Tunisie, Algérie, Maroc, Kroumirie, Egypte, Syrie..., l'Asie mineure Turquie, et l'Italie. Elle publie des reportages photographiques et, plus tard, des récits de voyage.
Le monde littéraire parisien la fête et réclame des contes et des articles.
Elle écrit une pièce de théâtre Sapho désespérée qu'elle joue, puis des romans à partir de 1908, Marie fille-mère. Elle fait de nombreuses rencontres, André Gide, Renée Vivien, Evelina Palmer et vit une brève passion avec Natalie Barney. Mardrus lui offre le Pavillon de la Reine à Honfleur.
Leur vie s'organise entre la Normandie, Paris et leurs voyages. Elle pose pour des photographes, des sculpteurs, des peintres, devient membre du jury Femina et fait des conférences.
Une série d'épreuves douloureuses brise cette période exaltante. Le couple légendaire selon Natalie Barney s'étiole.
Mardrus en a assez d'être dans l'ombre de son épouse, peut-être aussi de ses liaisons, et il a rencontré Cobrette, sa future femme, en 1914.
Il s'éloigne de Lucie.
Lucie a déjà perdu son père en 1910, mais le décès de sa mère en 1917 va l'abattre, en pleine guerre.
Elle est alors infirmière depuis la déclaration de guerre à Honfleur à l'hôpital 13.
Elle et Mardrus se sont séparés en 1915.
Elle doit vivre de sa plume. Elle a perdu son chien Roll; le terrain du Pavillon s'est éboulé.
Une période de crise et d'inquiétude caractérise ses années. Valentine Ovize dite Chattie l'aide à surmonter ses difficultés. Lucie l'emmène partout avec elle, au gré de ses conférences, 1917 et 1920.
Désormais obsédée par la mort, Lucie écrit pourtant l'un de ses meilleurs romans L'Ex-voto, fait une tournée de conférences internationale, Scandinavie, Portugal puis Belgique, voyage, Grande Bretagne, Hollande et diversifie ses talents: elle confectionne des poupées, sculpte et s'intéresse de près à Sainte Thérèse de Lisieux.
Elle continue ses pérégrinations, Alger, Tunis, Europe centrale, Suisse, publie des romans et des essais biographiques.
Elle réalise ses sculptures sur bougie, s'en va aux Etats-Unis et, à son retour, rencontre Germaine de Castro.
Toujours en partance, Belgique, Brésil, elle a la douleur de perdre sa soeur Georgina, et se sépare de Chattie, trop jalouse de Germaine de Castro.
Sa famille aussi désapprouve cette nouvelle liaison.
Nous sommes en 1935, Lucie a 61 ans, elle se consacre corps et âme à la carrière de Maine, l'accompagne au piano lors de ses récitals, lui écrit des chansons, et se sent exploitée.
Les difficultés financières s'aggravent, elle commence à souffrir de rhumatismes et le Pavillon s'effondre.
L'obtention jugée scandaleuse du Prix Renée Vivien ne suffit pas à régler ses dettes. Elle s'installe en 1937 à Château-Gontier en Mayenne.
L'écriture et la parution en 1936 de Mes Mémoires a marqué un tournant dans sa vie.
Elle est presque dans la misère, isolée et malade. Le jeune Faouaz, fils adoptif de Myriam Harry, vient la voir de temps en temps à Château-Gontier. Mais c'est à nouveau la guerre.
Elle doit vendre sa maison. Sa soeur Charlotte meurt. Elle liquide tous ses meubles et va habiter à l'étage chez Germaine et son mari, elle s'est mariée car elle est juive. Germaine doit porter l'étoile jaune et fuir la gestapo.
Seule, Lucie fabrique des poupées, malgré ses rhumatismes, et profite des visites de Faouaz.


Elle maigrit beaucoup et prend froid. Elle meurt le 26 avril 1945 à minuit. Elle a 70 ans. Mardrus meurt en 1949.

En plus de ses ouvrages, il nous reste de nombreux portraits et sculptures de Lucie Delarue-Mardrus : quatre portraits par elle-même, celui de Robert Besnard, d'Aman-Jean 1912, d'Hubert de la Rochefoucauld (détail d'un grand tableau au Musée de Rouen); de Baury-Saurel détail de Les Eclaireuses 1921 et d'André Sinet 1922.
R. Schwartz a fait une statue en pied en 1914, Yvonne Serrüys aussi, et Raymond de Broutelles son célèbre buste. Citons également les caricatures de Capiello 1910, de Sacha Guitry et de Rouveyre (dans Carcasses divines en 1914).

Quatre films au moins ont été adaptés de ses romans: Les six petites filles, film italien de Mario Bonnard "L'Istitutrice di sei bambine" avec Paolo Boetschy, Elsa d'Auro Mimi, Fernando Ribacchi,1920). );
Les trois lys et Le château tremblant (Gaumont); L'ex-voto (Germaine Dulac.
A la BIFI 13è,
il existe 3 dossiers d'archives liés à 3 projets de films à partir des romans La petite fille comme ça collection jaune, L'ange et les pervers (fonds Germaine Dulac) et La monnaie de singe (fonds Marc Allégret).
Des documents relatifs à 3 films "Chair ardente" de René Plaisetty 1932, "Le diable au coeur" de Marcel L'herbier 1926 et "Graine au vent" de Maurice Gleize 1943 peuvent être également consultés sur demande motivée avec un délai de 48h.

Lucie Delarue-Mardrus a collaboré à de nombreuses revues.
En attendant la liste chronologique de ses contributions, voici ses principales collaborations: Gil Blas, Le Matin, Le Gaulois, La Vie heureuse, La Revue blanche, Mercure de France, La Plume, La Revue de Paris, La Revue des deux mondes, La Revue, Le censeur, La Revue Hebdomadaire, L'Ermitage, Femina, Comoedia, L'Intransigeant, La Fronde...


FLORILEGE POETIQUE

Avant de créer dans ce site un onglet florilège ou meilleures pages, voici quelques extraits d'un choix tout à fait subjectif:

1901, Occident : Vision ,

Visages où reluit l’œil assommé de noir
Dans le blême du fard piqué de fausses mouches
Et que barre le rouge exaspéré des bouches,
Elles traînent à deux dans l’ombre d’un trottoir.

Elles vont avec un canaille nonchaloir
Et le parler trop près des intimités louches ;
Et des plumes de coq, silhouettes farouches,
Sur leurs chapeaux baissés tremblent au vent du soir.

Et, cependant qu’au loin ces figures de vice
Bras dessus, bras dessous, font l’agent de service
Cligner un regard dur sous un sourcil matois,

Une procession d’étoiles, aux cieux vastes
S’égrène par delà l’océan fou des toits
Pour les rêves émus et les prunelles chastes…

1902, Ferveur : Recueillement ,

Le soir a provoqué les voix dominatrices
Des rossignols puissants comme des cantatrices.

Sorti du plus profond des parcs arborescents,
Le Printemps est déjà dans l’air comme un encens.

Fermons les yeux ; goûtons les heures tout entières,
Dans le recueillement des pesantes paupières.

L’ivresse des couchants tranquilles est en nous,
Qui fait battre nos cœurs et trembler nos genoux.

− On n’aura jamais dit tout ce qu’on voulait dire
En face des moments où la journée expire,

Et l’on pleure d’angoisse à sentir vivre en soi
L’ineffable bonheur de ce muet émoi…

1904, Horizons : Résistance

Que tristement, au vol du mauvais temps qui pleure,
Octobre laisse aller quelques feuilles trop mûres !
Et comme parfois la vie avec ses mains dures
Appuie au plus meurtri de notre pauvre cœur !

Pourquoi toujours recommencer l’automne ?
Pourquoi toujours recommencer la vie ?
Quoique nos heures soient sans drame et monotones,
Oh ! combien certains soirs nous nous sentons trahis !

Mais courage ! La fin de tout est loin encore
Et nous voici debout dans notre tendresse ivre :
Aimer ! Vivre !... Aimer ! Vivre !...
− Il n’est d’irréparable et d’affreux que la mort ».

1908, La figure de proue : Printemps d’Orient


Au printemps de lumière et de choses légères,
L’Orient blond scintille et fond, gâteau de miel.
Seule et lente parmi la nature étrangère,
Je me sens m’effacer comme un spectre au soleil.

Je me rêve au passé, le long des terrains vagues
Des berges et des ponts, par les hivers pelés,
Ou par la ville, ou, les étés, le long des vagues
De chez nous, sous les beaux pommiers des prés salés.

Roulant le souvenir complexe de moi-même
Et d’avoir promené de tout, sauf du mesquin,
Je respire aujourd’hui ce printemps africain
Qui germe à tous les coins où le vent libre sème.

Ceux qui ne m’aiment pas ne me connaissent pas,
Il leur importe peu que je meure ou je vive,
Et je me sens petite au monde, si furtive !...
Mais de mon propre vin je m’enivre tout bas ;

Je m’aime et me connais. Je suis avec mon âge
De force et de clarté, comme avec un amant.
Le vent doux des jardins me flatte le visage :
Je me sens immortelle, indubitablement .

1910, Par vents et marées : Soir d’Honfleur

Honfleur attend de tous ses phares
Les bateaux qui peuvent venir.
Dans le port, barques et gabares1
Craquent sans jamais en finir.

Un peu de tempête est au large,
Un peu d’inquiétude est ici.
Ceux qui sont loin, la mer les charge,
Le vent tord leur hunier2 roussi.

Mais ils rentreront sans naufrages
Vers les phares à l’œil ouvert.
Ce n’est pas de ces grandes rages
Où plus d’une barque se perd.

Laissons se serrer nos poitrines
Un tantinet, nous qui veillons.
Tendons l’oreille aux voix marines
Qui chuchotent par millions.

Il fait bon être sous la lampe,
Quand le flot danse à l’horizon.
On met la paume sur la tempe,
On se sent bien à la maison.

Alors de très vieilles histoires,
Comme de naïfs revenants,
Passent tout au fond des mémoires,
Vaisseaux-fantômes surprenants.

Ah ! que le jeu sombre des lames
Répond bien au cœur doux-amer !
Un peu de risque sur la mer,
Un peu de tourment dans les âmes.

Oui, que notre logis chenu
Frissonne au plus noir de ses aîtres !
Nous aimons que, dans nos fenêtres,
Tout l’infini soit contenu…

Honfleur attend de tous ses phares
Les bateaux qui peuvent venir.
Dans le port, barques et gabares
Craquent sans jamais en finir
.
1 Embarcation plate pour transporter des marchandises.
2 Voile du mat de hune ; voile carrée située au dessus des basses voiles.


Liens

http://youtu.be/uLSm2yTppP4 le printemps
http://youtu.be/EBIpH3y3JeI L'automne
http://youtu.be/-RZtnzQ6LYo L'echiquier
http://youtu.be/PpG3moJyAS8 Sanglot

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Posté le : 02/11/2013 22:11

Edité par Loriane sur 03-11-2013 18:09:23
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Léon Bloy
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Le 3 Novembre 1917 à Bourg-la-reine, meurt Léon Bloy " Le mendiant ingrat" ou "le pélerin

de l'absolu" romancier essayiste français, critique, historien..., Léon Bloy est surtout connu

comme polémiste, avec son roman "Le désespéré"


La violence de ses attaques a souvent masqué l'intérêt d'une œuvre qui apparaît comme celle d'un poète, formé par le romantisme et contemporain des grandes ambitions symbolistes.
À 18 ans, il troque un socialisme fanatique contre un catholicisme flamboyant sous l'influence de Barbey d'Aurevilly, qui lui fait découvrir Joseph de Maistre et le fixe définitivement "comme une chouette pieuse à la porte rayonnante de l'Église de Jésus-Christ" .
Après la guerre de 1870 , il entame une carrière de journaliste et d'écrivain : "Je pouvais devenir un saint, un thaumaturge. Je suis devenu un homme de lettres."

Sa vie

Léon Bloy, né le 11 juillet 1846 à Notre-Dame-de-Sanilhac, près de Périgueux en dordogne, il est connu pour son roman Le Désespéré, largement inspiré de sa relation avec Anne-Marie Roulé.
Il est le deuxième des sept garçons de Jean-Baptiste Bloy, fonctionnaire des Ponts et Chaussées et franc-maçon, et d'Anne-Marie Carreau, une ardente catholique.
Ses études au lycée de Périgueux sont médiocres : retiré de l'établissement en classe de quatrième, il continue sa formation sous la direction de son père, qui l'oriente vers l'architecture.
Bloy commence à rédiger un journal intime, s'essaie à la littérature en composant une tragédie, Lucrèce, et s'éloigne de la religion. En 1864, son père lui trouve un emploi à Paris. Il entre comme commis au bureau de l'architecte principal de la Compagnie ferroviaire d'Orléans. Médiocre employé, Bloy rêve de devenir peintre et s'inscrit à l'École des beaux-arts.
Il écrit ses premiers articles, sans toutefois parvenir à les faire publier, et fréquente les milieux du socialisme révolutionnaire et de l'anticléricalisme.

Timide violent et mystique

Léon Bloy alla très tôt vivre à Paris, mais ne publia son premier ouvrage qu'à près de quarante ans, en 1884.
Il vécut jusque-là d'un modeste emploi de dessinateur, tout en fréquentant le petit groupe d'écrivains qui gravitait autour de Barbey d'Aurevilly.
Il fut aussi, alors, l'ami de Huysmans, de Villiers de l'Isle-Adam, de Verlaine... Converti par Barbey en 1869, initié par l'abbé Tardif de Moidrey aux méthodes exégétiques, dont il tire tout un symbolisme de l'histoire, il prépare lointainement, dès cette époque, certains de ses ouvrages.
Aussi sa carrière littéraire, pour brève qu'elle soit, est-elle marquée par une trentaine de livres importants.

En décembre 1868, il fait la rencontre de Jules Barbey d'Aurevilly, qui habite en face de chez lui, rue Rousselet.
C'est l'occasion pour lui d'une profonde conversion intellectuelle, qui le ramène à la religion catholique, et le rapproche des courants traditionalistes.
C'est Barbey qui le familiarise avec la pensée du philosophe Antoine Blanc de Saint-Bonnet, "une des majestés intellectuelles de ce siècle" , dira Bloy plus tard.
Par la suite, Ernest Hello eut également une très forte influence sur lui ; il semble même que ce soit lui qui l'ait incité à écrire.
En 1870, il est incorporé dans le régiment des "Mobiles de la Dordogne" , il prend part aux opérations de l'Armée de la Loire et se fait remarquer par sa bravoure. Démobilisé, il rentre à Périgueux en avril 1871.
Il retourne à Paris en 1873 où, sur la recommandation de Barbey d'Aurevilly, il entre à L'Univers, le grand quotidien catholique dirigé par Louis Veuillot.
Très vite, en raison de son intransigeance religieuse et de sa violence, il se brouille avec Veuillot, et quitte le journal dès juin 1874.
Il est alors engagé comme copiste à la direction de l'enregistrement, tout en étant le secrétaire bénévole de Barbey d'Aurevilly.
En 1875, il tente sans succès de faire publier son premier texte, la Méduse Astruc, en hommage à son protecteur, puis, sans plus de réussite, la Chevalière de la mort, étude poético-mystique sur Marie-Antoinette.
Il se lie avec Paul Bourget et Jean Richepin, qu'il s'échinera à convertir sans succès, et obtient un emploi stable à la Compagnie des chemins de fer du Nord.

De la passion à l'aventure mystique : Anne-Marie Roulé

Sa vie bascule à nouveau en 1877.
Il perd ses parents, effectue une retraite à la Grande Trappe de Soligny, première d'une série de vaines tentatives de vie monastique, et rencontre Anne-Marie Roulé, prostituée occasionnelle, qu'il recueille, et convertit, en 1878.
Rapidement, la passion que vivent Bloy et la jeune femme se meut en une aventure mystique, accompagnée de visions, de pressentiments apocalyptiques et d'une misère absolue puisque Bloy a démissionné de son poste à la Compagnie des chemins de fer du Nord.
C'est dans ce contexte passablement exalté que Bloy rencontre l'abbé Tardif de Moidrey, qui l'initie à l'exégèse symbolique durant un séjour à La Salette, avant de mourir brusquement.
L'écrivain dira plus tard de ce prêtre qu'il tenait de lui le meilleur de ce qu'il possédait intellectuellement, c'est-à-dire l'idée d'un symbolisme universel, que Bloy allait appliquer à l'histoire, aux évènements contemporains et à sa propre vie.
Dès cette époque, il écrit Le Symbolisme de l'Apparition posthume, 1925.
Bloy sera associé à certaines influences qui s'exprimeront dans les mouvements les plus extrêmes du traditionalisme catholique, fortement imprégnés d'une pseudo-eschatologie étroitement liée aux apparitions suspectes entourant l'affaire de la Salette, influences que l'on retrouvera, entre autres, dans Le Salut par les Juifs, signées par une ambivalence constante entre le Christ et l'Antéchrist.
Début 1882, Anne-Marie commence à donner des signes de folie ; elle est finalement internée en juin à l'hôpital Sainte-Anne de Paris.
Bloy est atteint au plus profond de lui-même :
Je suis entré dans la vie littéraire (…) à la suite d'une catastrophe indicible qui m'avait précipité d'une existence purement contemplative",
écrira-t-il plus tard.

Souvent contraint, dès 1883, et surtout après son mariage en 1890, de collaborer à divers journaux, il y publiait des articles d'une violence extrême qui indisposèrent contre lui.
Ainsi s'organisa cette conspiration du silence qu'il sentait autour de son œuvre et qui n'était pas tout imaginaire.
Ses difficultés financières ont fait naître une sorte de légende, qu'il entretenait volontiers, celle du mendiant ingrat. L'homme était bon, en réalité, mais passionné, hanté par l'absolu, d'une intransigeance farouche ; un timide, sans doute, s'extériorisant par la violence.
Dans ses dernières années, il exerça une influence profonde sur un petit groupe d'amis, parmi lesquels on pourrait citer Jacques et Raïssa Maritain, Georges Rouault, Georges Auric...

De fait, c'est en février 1884 qu'il publie son premier ouvrage, Le Révélateur du Globe. L'ouvrage est consacré à Christophe Colomb, et Barbey d'Aurevilly signe sa préface. Suit, en mai, un recueil d'articles : Propos d'un entrepreneur de démolitions. Aucun des deux livres n'a le moindre succès.
Parallèlement, Bloy se lie avec Huysmans puis avec Villiers de l'Isle-Adam, se brouille avec l'équipe de la revue Le Chat noir, à laquelle il collaborait depuis 1882, et entreprend la publication d'un pamphlet hebdomadaire, Le Pal, qui aura cinq numéros.
En 1886, il s'installe pour six années à Vaugirard

La mort de Barbey d'Aurevilly en avril 1889 puis celle de Villiers de l'Isle-Adam en août l'affectent profondément, tandis que son amitié avec Huysmans se fissure.
Elle ne survivra pas à la publication de Là-Bas 1891, où Bloy se retrouve caricaturé.
Les circonstances de la mort de Barbey d'Aurevilly lui vaudront de violentes attaques, en mai 1891, du journal La France sous la plume du Sâr Joséphin Peladan et un procès de ce dernier à son encontre et à celle de Léon Deschamps rédacteur en chef de la revue La Plume.
La quasi-totalité de la presse d'alors salue la condamnation du Sâr en octobre 18913.
Fin 1889, il rencontre Johanne Charlotte Molbech, fille du poète danois Christian Frederik Molbech. La jeune femme se convertit au catholicisme en mars de l'année suivante, et Bloy l'épouse en mai. Toutefois, Johanne garde son nom de jeune fille francisé Jeanne Charlotte Molbech.
Le couple part pour le Danemark au début de 1891. Bloy se fait alors conférencier.
Sa fille Véronique naît en avril à Copenhague suivront André en 1894, Pierre en 1895 et Madeleine en 1897. En septembre, la famille Bloy est de retour à Paris.

Les facettes de l'Å“uvre

On peut aborder son œuvre par ses grands thèmes, ou la décrire d'abord dans sa variété.
Critique littéraire, par nécessité, Léon Bloy a pratiqué, avec une étonnante vigueur, l éreintement, condamnant pêle-mêle Zola, Huysmans, Renan, Coppée, Bourget, Barrès, réservant son admiration à Barbey d'Aurevilly, à Verlaine, à Villiers, à Baudelaire.
Ses articles ont été repris, en particulier, dans les Propos d'un entrepreneur de démolitions et dans Belluaires et Porchers. Romancier et conteur, il le fut de manière très personnelle, inventant peu, reprenant sa propre vie dans Le Désespéré 1887 ou La Femme pauvre 1897, utilisant dans les Histoires désobligeantes des événements réels, des personnages qu'il avait connus, dans Sueur de sang des épisodes authentiques de 1870 ; l'imagination transfigure plus qu'elle ne transpose et, derrière l'anecdote, suggère une interprétation. Son goût le plus profond le portait vers l'histoire, qu'il traite d'une manière romantique et symbolique, allant aux héros malheureux, Christophe Colomb, le Révélateur du Globe , Napoléon, Jeanne d'Arc, Louis XVII ou Marie-Antoinette, cherchant à leur vie une signification religieuse et presque prophétique. Grand peintre au reste, éblouissant souvent dans L'Âme de Napoléon, Constantinople et Byzance, Le Fils de Louis XVI.
D'autres œuvres sont plus nettement religieuses, mais toujours enracinées dans la réalité immédiate d'où jaillissent l'élan poétique et l'exégèse : Le Salut par les Juifs, écrit par réaction, en pleine crise antisémite, Le Sang du pauvre, réflexion sur la misère, Les Méditations d'un solitaire en 1916, Dans les ténèbres. Il a enfin publié, régulièrement, depuis 1892, son Journal, reprise fragmentaire d'un journal intime demeuré inédit.

Le Salut par les Juifs

Bloy s'est fâché avec la plupart de ses anciens amis, et commence à tenir son journal intime.
En 1892, il publie "Le Salut par les Juifs" écrit en réponse à La France juive de l'antisémite Édouard Drumont.
Il y soutient des théories personnelles telles que :
"L'histoire des Juifs barre l'histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais, et tout ce qu'on peut faire, c'est de les franchir en bondissant avec plus ou moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir."
En commentant cet ouvrage dans Le Figaro du 20 septembre 1892, Remy de Gourmont écrit que Bloy "nous fait lire cette conclusion : Israël est la croix même sur laquelle Jésus est éternellement cloué ; il est donc le peuple porte-salut, le peuple sacré dans la lumière et sacré dans l'abjection, tel que l'ignominieux et resplendissant gibet du Calvaire."
Sa situation matérielle demeure précaire, et il doit déménager en banlieue, à Antony.
Il reprend alors sa collaboration avec le Gil Blas de Jules Guérin, d'abord pour une série de tableaux, anecdotes et récits militaires inspirés par son expérience de la guerre de 1870, puis pour une série de contes cruels. Les premiers formeront Sueur de Sang, 1893 ; les seconds deviendront les Histoires désobligeantes, 1894.
L'année 1895 est particulièrement douloureuse pour Bloy. Chassé de la rédaction de Gil Blas à la suite d'une énième polémique et ainsi réduit à la misère, il perd ses deux fils André et Pierre, tandis que sa femme tombe malade.
Il reprend alors la rédaction de La Femme pauvre. Le roman est finalement publié en 1897 : comme le Désespéré, c'est une transposition autobiographique, et un échec commercial.
En 1898, il édite la première partie de son Journal, sous le titre du Mendiant ingrat, mais c'est encore un échec. Bloy quitte à nouveau la France pour le Danemark, où il réside de 1899 à 1900.

Cochons-sur-Marne

À son retour, il s'installe dans l'est parisien, à Lagny-sur-Marne, qu'il rebaptise « Cochons-sur-Marne ». Dès lors, sa vie se confond avec son œuvre, ponctuée par de nouveaux déménagements : à Montmartre en 1904, où il fait la connaissance du peintre Georges Rouault, se lie avec le couple Jacques Maritain et Raïssa Maritain (qu'il conduit à la foi et dont il devient le parrain de baptême) et le compositeur Georges Auric, puis à Bourg-la-Reine où il s'installe 3, place Condorcet le 15 mai 19114. Le 10 janvier 1916, il déménage dans la maison libérée par la famille de Charles Péguy, mort au champ d'honneur en 19144. Bloy continue la publication de son Journal : Mon Journal (1904) ; Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (1905) ; l'Invendable (1909) ; le Vieux de la Montagne (1911) ; le Pèlerin de l'Absolu (1914).
Il édite en recueil les articles qu'il a écrits depuis 1888, sous le titre Belluaires et Porchers (1905).

Sur les parvis de l'invisible

La diversité apparente masque l'unité réelle et profonde de cette œuvre, qui réside dans la notion même d'exégèse, d'interprétation du réel ; aussi rejoint-elle par ses intentions tout un courant littéraire.
S'appuyant sur l'affirmation répétée dans la Bible que tout est image, symbole, Léon Bloy poursuit à l'extrême les conséquences de cette idée : tout événement, tout être, toute chose signifie ; nous vivons dans un univers qui est autre qu'il ne paraît, nous contemplons le grand miroir aux énigmes.
L'art et la littérature ne peuvent se fixer d'autre but que cette tentative, proprement désespérée, pour déchiffrer les signes.
L'histoire, les œuvres des autres, sa propre vie même, dans son œuvre romanesque ou son Journal, les aphorismes de la sagesse bourgeoise, dans L'Exégèse des lieux communs, sont la matière de cette recherche, les apparences qui cachent la seule réalité.
Mais Léon Bloy n'a pas l'outrecuidance, ou la simplicité, de croire que l'homme, fût-il artiste et chrétien, peut comprendre ; tout au plus peut-il, par les mots, suggérer, rendre sensible la présence du mystère.
Sa conception de la littérature est donc celle d'un poète ; il en avait pleinement conscience :
"Personne n'a dit que je suis un poète, rien qu'un poète, que je vois les hommes et les choses en poète tragique ou comique et que par là tous mes livres sont expliqués. Je vous livre ce secret."

Le mot peut étonner lorsqu'on connaît seulement de Bloy ce qui frappe à la première lecture : sa violence.
Elle est bien le trait le plus constant de son œuvre et le fond même de sa sensibilité ; ne se reconnaît-il pas une nature incendiaire ?
Mais il avoue aussi une surprenante avidité de tendresse humaine.
Cette violence n'est pas brutalité, mais passion, et naît d'un constant conflit entre le désir et la réalité, entre ce qu'il rêve et ce qu'il obtient, entre ce qu'il se rêve et ce qu'il est.
Le Désespéré et La Femme pauvre éclairent mieux que toute autre œuvre ces réactions et en font saisir les aspects les plus contradictoires. La polémique même, aussi brutale soit-elle, vient d'une déception plus que d'une opposition qu'on pourrait croire systématique.
La tendresse contrariée fixe quelques-uns des thèmes clés de son œuvre : la souffrance, la révolte, l'impatience, l'attente, le rêve d'une apocalypse, en même temps qu'elle détermine une esthétique.
Poète, Léon Bloy l'est dans la véhémence, l'exagération.
"Pour dire quelque chose de valable, aussi bien que pour donner l'impression du Beau, il est indispensable de paraître exagérer, c'est-à-dire de porter son regard au-delà de l'objet."
Ce texte définit une vision du réel qui est, selon Bloy, celle de l'artiste, accentuant les traits, forçant les oppositions.
On y trouve aussi l'indication d'un style.
Il aimait, pour parler du sien, en évoquer "la richesse barbare", "l'exaspération", "la frénésie ", ce qui en marque assez justement les rythmes, le vocabulaire, les contrastes qui constituent pour lui un effet fondamental : de l'extrême recherche à l'expression basse, de la vulgarité voulue à la noblesse.
Il s'agit pour l'écrivain, disait-il, rejoignant par là nombre de ses contemporains, de retrouver "la puissance des mots humains".

Il compose des essais qui sont à mi-chemin entre la méditation et le pamphlet, tels que le Fils de Louis XVI en 1900, Je m'accuse en 1900 où la critique de Zola se mêle à des réflexions sur l'affaire Dreyfus et la politique française, la première série de l'Exégèse des Lieux Communs en1902, inventaire où sont analysées une à une les expressions toutes faites par lesquelles s'exprime la bêtise bourgeoise, ou les Dernières Colonnes de l'Église en 1903, étude consacrée aux écrivains catholiques installés comme Coppée, Bourget ou Huysmans.
Il poursuit dans cette veine avec L'Épopée byzantine 1906, Celle qui pleure 1908, sur l'apparition de la Vierge aux deux bergers de La Salette, le Sang du Pauvre (1909), l'Âme de Napoléon 1912, et la deuxième série de l'Exégèse des Lieux Communs 1912.
Profondément marqué par l'éclatement de la Première Guerre mondiale, il écrit encore Jeanne d'Arc et l'Allemagne 1915, Au seuil de l'Apocalypse 1916, Les Méditations d'un solitaire en 1916 et Dans les Ténèbres posthume, 1918.
Quelques mois avant sa mort il invite le poète Théophile Briant, qui lui rend visite à Bourg-la-Reine, à l'occasion d'une permission en août 1917 et auquel il offre un superbe exemplaire du Salut par les juifs. Le 3 novembre 1917, il s'éteint à Bourg-la-Reine entouré des siens. Sa tombe est inaugurée le 3 mai 1925

Violence polémique

De son œuvre, on retient surtout la violence polémique, qui explique en grande partie son insuccès, mais qui donne à son style un éclat, une force et une drôlerie uniques.
Pour autant, l'inspiration de Bloy est avant tout religieuse, marquée par la recherche d'un absolu caché au-delà des apparences historiques.
Tout, selon Bloy, est symbole : reprenant le mot de saint Paul, il ne cesse d'affirmer que nous voyons toutes choses dans un miroir, et que c'est précisément la mission de l'écrivain que d'interroger ce grand miroir aux énigmes.
Certains voient en Bloy un anarchiste de droite ou le modèle des pamphlétaires de droite, récupération dénoncée par Michèle Touret.
Opposé à l'antisémitisme, il écrit cependant :
"La Race d’où la Rédemption est sortie… porte visiblement les péchés du Monde… [et] ne fut conservée dans la plus parfaite ignominie que parce qu’elle est invinciblement la race d’Israël, c’est-à-dire du Saint-Esprit, dont l’exode sera le prodige de l’Abjection."
Ou encore :
"Les Juifs ne se convertiront que lorsque Jésus sera descendu de sa Croix, et précisément Jésus ne peut en descendre que lorsque les Juifs se seront convertis.
C'est également un adversaire de l'argent et de la bourgeoisie. Patriote, il est opposé à la colonisation, particulièrement dans le cas de l'Indochine, qu'il connaît par son frère.
Jehan Rictus avouera avoir entamé la rédaction de son journal intime à la suite de la lecture du Mendiant ingrat, journal également présent dans la bibliothèque du Docteur Faustroll.
C'est également un ami d'Alfred Jarry, qui lui a consacré un chapitre du Faustroll.
Il eut enfin un ascendant reconnu sur des écrivains majeurs du XXe siècle tels que Louis-Ferdinand Céline, Georges Bernanos ou encore, plus récemment, Marc-Édouard Nabe.
Le pape François, lors de sa première messe papale à la chapelle Sixtine, le 14 mars 2013, a cité Léon Bloy : "Celui qui ne prie pas Dieu prie le diable."

Le style sulpicien

Il introduit ce qualificatif en 1897.
« Raphaël... a tenu à faire planer ses trois personnages lumineux, obéissant à une peinturière tradition d'extase ... L'ancêtre fameux de notre bondieuserie sulpicienne ... n'a pas compris qu'il était absolument indispensable que les Pieds de Jésus touchassent le sol pour que sa transfiguration fût terrestre... »
— Léon Bloy, La Femme pauvre, I, XIII.

Å’uvres

Romans

Le Désespéré (1887), réédition en 2010 par Garnier-Flammarion avec une introduction, une notice, des notes et un dossier de Pierre Glaudes (ISBN 978-2-08-071256-1)
La Femme pauvre (1897), nouvelle édition 1999, Le Carrousel

Contes

Sueur de sang (1893)
Histoires désobligeantes (1894)

Essais

La Méduse-Astruc, 1875, 17 p., réédition Mercure de France, octobre 1902
Le Révélateur du globe, préface de Barbey d'Aurevilly, Paris, A.Sauton, 1884
Propos d'un entrepreneur de démolitions (1884)
Un Brelan d'excommuniés, éd. Savine (1889)
Christophe Colomb devant les taureaux (1890)
Le Salut par les Juifs, Paris A. Demay (1892)
Léon Bloy devant les cochons (1894)
La Chevalière de la mort (1896)
Je m'accuse (1899)
Le Fils de Louis XVI, Mercure de France (1900)
Exégèse des lieux communs (1902) réédition : coll. « Idées », Paris, Gallimard, (1968); Rivages Poche (2005) ( Téléchargement format PDF)
Belluaires et porchers (1905), réédition Sulliver (1997)
L'Épopée byzantine et Gustave Schlumberger, (1906), éd. de la Nouvelle revue
La Résurrection de Villiers de L'Isle-Adam (1906)
Pages choisies (par l'auteur), avec un portrait par Léon Bonhomme Mercure de France, 1906
Vie de Mélanie écrite par elle même (1912)
Le Sang du pauvre, Paris, Juvent (1909)
Les dernière colonnes de l'Église (1903)
Le Salut par les Juifs, édition nouvelle revue et modifiée par l'auteur Joseph Victorion et Cie, 1906
Celle qui pleure, Mercure de France (1908)
Sur la tombe de Huysmans, (1913), coll. des "Curiosités littéraires"
L'Âme de Napoléon (1912)
Exégèse des lieux communs, nouvelle série, (1913)
Nous ne sommes pas en état de guerre - 1914-1915, (1915) Paris, Maison du Livre ; Frontispice de Auguste Leroux ;
Jeanne d'Arc et l'Allemagne (1911
Méditations d'un solitaire en 1916 (1917)
Dans les ténèbres (1918) (posthume)
Le Symbolisme de l'apparition, Le mercier, (1925) (posthume)
Les Funérailles du naturalisme, (2001) (posthume), éd. Moderne Aux Belles lettres

Périodique

Le Pal : 5 numéros, ainsi qu'un sixième jamais publié, l'éditeur s'étant résigné devant l'échec financier ; réédité par Obsidiane en 2002, préfacé par Patrick Kéchichian.

Journal

Version remaniée par l'auteur à la publication :
Le Mendiant ingrat
Mon Journal
Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (Lire en ligne : Volume I Volume II)
L'Invendable
Ces quatre premiers tomes ont été réédités par Robert Laffont, coll. « Bouquins », Journal I 1892-1907, (ISBN 2-221-07067-4)
Le Vieux de la Montagne
Le Pèlerin de l'Absolu
Au seuil de l'Apocalypse
La Porte des Humbles
Ces quatre tomes ont été réédités par Robert Laffont, « Bouquins », Journal II 1907-1917, (ISBN 2-221-09097-7)
Version non remaniée :
Journal inédit I (1892-1895), Éditions l'Âge d'Homme, 1989, (ISBN 2-8251-0720-4)
Journal inédit II (1896-1902), Éditions l'Âge d'Homme, 2000, (ISBN 2-8251-0999-1)
Journal inédit III (1903-1907), Éditions l'Âge d'Homme, 2006, (ISBN 2-8251-1853-2)
Journal inédit IV (1908-1911), Éditions l'Âge d'Homme, 2013, (ISBN 2-8251-4114-4)

Correspondance

Lettres de jeunesse (1870-1893) Edouard-Champion, 1920
Lettres à sa fiancée, avec un portrait par Madame Léon Bloy Librairie Stock, 1922
Lettres à l'abbé Cornuau et au frère Dacien Le Divan, 1926
Lettres à Frédéric Brou et à Jean de La Laurencie, préface de Jacques Debout Bloud et Gay, 1927
Lettres à Pierre Termier (1906-1917), suivies de lettres à Jeanne Termier (Madame Jean Boussac) et à son mari Librairie Stock, 1927
Lettres à ses filleuls, Jacques Maritain et Pierre Van der Meer de Walcheren Librairie Stock, 1928
Lettres à Georges Knoff Les Editions du Balancier, 1929
Lettres à René Martineau Editions de la Madeleine, 1933
Lettres à Philippe Raoux, introduction et notes de Pierre Humbert Desclée de Brouwer, 1937
Lettres à Véronique, introduction de Jacques Maritain Desclée de Brouwer
Correspondance avec Henri de Groux, préface de Maurice Vaussard" Grasset, 1947
Lettres aux Montchal Typographie François Bernouard, 1947-1948
Lettres intimes (à sa femme et à ses filles), introduction de Léopold Levaux Marcel Astruc, 1952
Lettres à son ami André Dupont (1904-1916) Marcel Astruc, 1952
Correspondance avec Josef Florian, 1900-1914 L'Age d'Homme, 1990
La plupart des œuvres de Bloy sont aujourd'hui rééditées.


Liens


http://youtu.be/wIlYJWf6idI Léon Bloy Philosémite ?
http://youtu.be/AS8luQFnP6I Léon Bloy


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Posté le : 02/11/2013 21:51
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André Malraux 1
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Le 3 Novembre 1901 naît André Malraux écrivain, aventurier, homme politique

et intellectuel français. Homme politique, mémorialiste, historien de l'art, théoricien de la

littérature, essentiellement autodidacte et tenté par l'aventure Il meurt le 23 novembre 1976

à Créteil Val-de-Marne,


Entré au Panthéon en 1996, Malraux n'a jamais passé son baccalauréat, ni étudié l'archéologie ou les langues orientales, contrairement à la légende.
Homme politique, mémorialiste, historien de l'art, théoricien de la littérature, le dernier Malraux aura subverti et détourné chaque rôle, transformé chaque genre, inventé chaque fois une forme qui lui fût propre.
Aussi, de son vivant même, en est-il venu à un point extrême de solitude : on ne voit pas qu'il influence la littérature vivante à l'exception de Régis Debray et de Conrad Detrez ni la jeunesse. Peu de numéros spéciaux de revue, peu de colloques qui lui soient consacrés ; les intellectuels de gauche, qui lui doivent beaucoup, mais qu'il a dédaignés, l'entourent de silence ou lui vouent un ressentiment haineux, les pages de Simone de Beauvoir, dans Tout compte fait, sont particulièrement symptomatiques.
Peut-être Malraux s'éloigne-t-il, par sa grandeur même.
Mais, par un curieux retour des choses, lui qui a si souvent écarté le misérable petit tas de secrets que chaque homme cache, lui qui a tant brouillé les cartes pour empêcher toute enquête, se trouve au centre d'un réseau d'investigations et de témoignages.
Il a inspiré à Jean Lacouture le chef-d'œuvre du genre biographique, modèle de compréhension et de démythification.
Les Mémoires de Clara Malraux, sa première femme, comme la chronique de son second mariage, intitulée Le Cœur battant, révèlent l'homme privé dans sa vulnérabilité ; les témoignages des camarades de la guerre d'Espagne, des combattants de la brigade Alsace-Lorraine ou des compagnons du gaullisme se sont multipliés.
Le dernier livre d'Emmanuel Berl, Interrogatoire 1978, comme les Mémoires de Raymond Aron 1983 resituent Malraux dans la perspective d'une fraternité intellectuelle. On retiendra surtout les souvenirs d'Alain Malraux, son neveu, qui, dans Les Marronniers de Boulogne, a donné du Malraux des dernières années une image à la fois critique et chaleureuse. Le héros n'est nullement rabaissé par l'entreprise biographique : il s'humanise et se rapproche de nous.

En Bref

À 18 ans, il collabore au lancement d'une revue, la Connaissance, où paraît son premier article "Les origines de la poésie cubiste"1920.
Après divers textes, parus dans Action, il publie Lunes en papier en 1921.
Deux ans plus tard, ruiné par des placements boursiers, il part pour la forêt cambodgienne afin d'y retrouver un temple désaffecté, d'en ôter quelques bas-reliefs et de les revendre à des collectionneurs : arrêté à Phnom-Penh, il est condamné à trois ans de prison, avant d'obtenir un sursis et de rentrer en France en décembre 1924.
En février, il est de retour en Indochine : le temps passé à Saigon lui a révélé les abus du régime colonial et il est décidé à les combattre, d'abord par la fondation d'un journal qui défendra les intérêts des indigènes.
L'entreprise est de courte durée : victime des représailles économiques, Malraux repart en décembre 1925.
Le séjour, qui s'achève sur un échec, a néanmoins été capital dans la formation du jeune homme, qui a découvert l'Asie et a pris conscience de la réalité des problèmes sociaux.
Revenu à Paris, Malraux bénéficie d'une notoriété croissante, due au bruit persistant de sa participation très douteuse à la révolution chinoise. Il fréquente le cercle de la Nouvelle Revue française et se lie avec Gide, Groethuysen et Drieu La Rochelle
Malraux assiste à la faillite du rationalisme positiviste, qui échoue à penser la mutation considérable des conditions techniques de travail et des systèmes de représentation au début du XXe s.
En même temps s'amorce un changement radical du statut de l'artiste, de l'homme de lettres : il lui devient difficile de se penser hors la société, hors l'histoire, de ne pas être touché par les grands affrontements politiques et idéologiques, par le problème essentiel du XXe s. : capitalisme ou socialisme ?
Malraux, dilettante et amateur d'art, prend conscience de ce niveau de réalité politique en Indochine, face au problème de libération nationale.
Il y défend alors la cause des indigènes, injustement traités par une administration corrompue et possédant tous les pouvoirs, exploitant leur travail pour le profit de quelques-uns. C'est là, dans le journal qu'il publie, que Malraux développe des idées de communauté culturelle, définissant l'Indochine comme journal de rapprochement franco-anamite.
Mais il s'attaque ainsi à des effets sans en dénoncer la cause. Cette expérience historique comme les échos tout proches des mouvements révolutionnaires chinois rendent évidente l'impossibilité d'une vie sans inscription dans l'histoire, quelles que soient les amertumes de l'existence.
Qu'est-ce que la condition humaine ?

Sa vie

Georges André Malraux, né le 3 novembre 1901 à Paris 18e est le fils aîné de Fernand Georges Malraux, employé de commerce, originaire de Dunkerque, et de Berthe Félicie Lamy, originaire de la région parisienne.
Il a un frère cadet, Raymond-Fernand, mort à trois mois.
En 1905, les parents de Malraux se séparent, créant un choc dans sa vie. Son père aura d'un second mariage deux autres fils : Roland Malraux et Claude Malraux.
Il passe ainsi son enfance avec sa mère, sa grand-mère et une tante épicière au 16 rue de la Gare à Bondy dont il ne gardera pas de bons souvenirs.
Il a 8 ans lorsque son grand-père Emile-Alphonse dit Alphonse né le 14 juillet 1832 meurt, en 1909.
Contrairement à ce que Malraux laissera souvent entendre, il semble qu'il ne s'agit pas d'un suicide.
Dès l'enfance, André est atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, de tics, dont il souffrira toute sa vie.
À 14 ans le jeune Malraux, entre à l'école supérieure de la rue Turbigo, futur lycée Turgot, période durant laquelle il fréquente déjà assidûment les bouquinistes, les salles de cinéma, de théâtre, d'expositions, de concerts, etc.
Ainsi commence sa passion pour la littérature contemporaine.
En 1918, il n'est pas admis au lycée Condorcet et abandonne ses études secondaires, il n'obtiendra jamais son baccalauréat, ce qui ne l'éloignera pas de la littérature.
Il travaille en 1919, pour le libraire-éditeur René Louis Doyon, c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Max Jacob.
Doyon fonde en 1920 sa revue : La Connaissance et ouvre ses colonnes à Malraux. Il fréquente les milieux artistiques de la capitale et publie ses premiers textes dès 1920 : petits essais de théorie littéraire, comptes rendus critiques et premières proses.
Les œuvres de cette époque appartiennent au genre farfelu - c'est Malraux qui ressuscite le terme -, proses poétiques influencées par l'expressionnisme allemand et la poésie cubiste d'Apollinaire ou de Max Jacob.
C'est aussi l'époque où il joue au Père Ubu et lit Alfred Jarry. Il s'en souviendra après 1948, en adhérant au Collège de Pataphysique.
Il se marie le 26 octobre 1921 à Clara Goldschmidt et divorce le 9 juillet 1947 ; puis se remarie à Riquewihr Haut Rhin le 13 mars 1948 avec Marie-Madeleine Lioux, est André Malraux gagne l'Indochine où il participe à un journal anticolonialiste et est emprisonné en 1923-1924 pour trafic d'antiquités khmères.
Revenu en France, il transpose cette aventure dans son roman La Voie royale publié en 1930 et gagne la célébrité avec la parution en 1933 de La Condition humaine, un roman d'aventure et d'engagement qui s'inspire des soubresauts révolutionnaires de la Chine et obtient le Prix Goncourt.
Militant antifasciste, André Malraux combat en 1936-1937 aux côtés des Républicains espagnols.
Son engagement le conduit à écrire son roman L'Espoir, publié en décembre 1937, et à en tourner une adaptation filmée Espoir, sierra de Teruel en 1938. Il rejoint la Résistance en mars 1944 et participe aux combats lors de la Libération de la France.
Après la guerre, il s’attache à la personne du général de Gaulle, joue un rôle politique au RPF, et devient, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, ministre de la Culture de 1959 à 1969.
Il écrit alors de nombreux ouvrages sur l'art comme Le Musée imaginaire ou Les Voix du silence 1951 et prononce des oraisons funèbres mémorables comme lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964.

En 1996, pour le 20e anniversaire de sa mort survenue le 23 novembre 1976, ce sont les cendres de Malraux qui sont à leur tour transférées au Panthéon.

L'écrivain

Depuis sa mort, il n'est guère possible de traiter d'André Malraux sur le ton mesuré qui convient. Peu d'hommes auront été tour à tour aimés ou détestés avec tant de passion. L'heure de la synthèse posthume, de la dernière métamorphose n'est pas encore venue.
Pour une part, Malraux est entré dans ce purgatoire – dans ces limbes, aurait-il dit – qui guettent à leur mort les grands écrivains d'une génération pour laquelle rien n'était plus grand que le grand écrivain.
Comme Drieu la Rochelle, son quasi-jumeau, comme Montherlant, Aragon, Morand, ses illustres contemporains, Malraux s'éloigne peu à peu de l'actualité et de la modernité. Le silence et l'oubli n'épargnent pas celui qui tint pendant cinquante ans le devant de la scène, donnant au siècle sa légende.
Peut-être est-il trop tôt pour considérer seulement Malraux comme l'auteur de trois ensembles organisés de textes : les romans, tels qu'il les a choisis et limités pour la Bibliothèque de la Pléiade, tous écrits entre 1928 et 1937 ; l'ensemble des écrits sur l'art, que dominent Les Voix du silence 1951 et La Métamorphose des dieux 1957-1976 ; Le Miroir des limbes, réunissant les textes du mémorialiste, miroir d'une histoire et de l'Histoire. Restent toutes les traces d'une activité fébrile : préfaces, allocutions, écrits de circonstances, entretiens innombrables qui avaient le secret de donner du talent à l'interlocuteur. La postérité ne s'est pas souciée de les réunir pour donner à voir, pièces en main, l'itinéraire du plus fascinant personnage de la littérature contemporaine, au dire de Jean-Luc Godard 1958.

Une vie dans le siècle, selon le sous-titre de la meilleure biographie qui lui ait été consacrée, mais sans doute plus d'une : Jean Lacouture a esquissé les vies successives ou parallèles de Malraux ; il a aussi mesuré la part d'ombre que son héros oppose à l'enquête biographique.
On ne sait autant dire rien de l'enfance, des relations avec la famille, des choix amoureux, de la profondeur des amitiés, du secret des métamorphoses.
Or l'œuvre de Malraux, par un paradoxe qui lui est inhérent, tend toujours à imposer une image héroïque et historique de son auteur.
Le critique ne parvient guère à démêler le fictif et le biographique de cette image ; tantôt il crie à l'imposture et à la mythomanie, tantôt il reconnaît l'un des plus brillants hommes d'action de son temps, celui des engagements fiévreux, brefs, efficaces.

Le romancier d'avant guerre : un héros de son temps 1920-1939
Le Malraux d'avant guerre ne s'est pas trouvé d'emblée. Seuls les spécialistes de l'œuvre s'intéresseront aux Lunes en papier 1921, écrit dans la mouvance de Max Jacob, ou même au Royaume farfelu 1928, plus tardif, dont le titre indique ce qui sera une constante, mais mineure, dans le reste de l'œuvre.
Malraux va multiplier durant ces années de jeunesse des expériences assez diversifiées : animateur ou conseiller de revue d'art, technicien de l'édition, bibliophile averti, spéculateur malheureux.
Un premier séjour en Indochine, en 1923, au cours duquel il se croit habilité à découper des bas-reliefs du temple de Banteai-Srey, se termine par une condamnation à trois ans de prison ferme, peine réduite en appel, puis sans doute annulée en cassation.
Un second séjour, en 1925, le voit animer avec feu un journal, "L'Indochine" plus tard "L'Indochine enchaînée", qui proteste contre les injustices de l'empire français : cette aventure indochinoise met au premier plan un militant anticolonialiste qui tente d'organiser, en marge de son journal, le mouvement Jeune-Annam.
De retour d'Asie, il compose un essai à deux voix, La Tentation de l'Occident 1926, qui esquisse le dialogue de deux cultures, celle de la Chine qu'il substitue à l'Indochine et celle de la France : ce n'est pas encore le vrai Malraux qui écrit ici, mais déjà, avec de beaux accents, un émule de Barrès, Suarès et Claudel.
Le jeune écrivain s'intègre au groupe de la Nouvelle Revue française, qui exerce alors un pouvoir sans égal sur la vie intellectuelle. Jamais Malraux n'a tant brillé, fulguré, rayonné qu'à l'intérieur de ce groupe presque fabuleux, où il éblouit Valéry et Gide, ses aînés, séduit Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, impressionne Maurice Sachs, qui fera de lui dans Le Sabbat un portrait remarquable ; aux Décades de Pontigny, excroissance de la revue, les improvisations encyclopédiques de ce jeune intellectuel font sensation : on en trouvera les traces dans Les Cahiers de la petite dame, Mme Théo van Rysselberghe.
Avant même d'avoir donné ses chefs-d'œuvre, Malraux aura été l'étoile d'une revue qui connaît alors son âge d'or.
Durant les années trente, il restera un animateur de la N.R.F. pour les éditions d'art, la littérature anglo-saxonne et l'histoire littéraire.
Un certain culte de l'art, de la littérature et de l'intelligence critique ainsi qu'une grande compétence dans la fabrication de livres resteront chez lui les traits les plus profonds.

Avant tout écrivain, à partir du succès des Conquérants en 1928, Malraux saura se donner une stature spectaculaire de militant, par plusieurs interventions qui mêlent au savoir-faire le faire-savoir : avec André Gide, il va à Berlin réclamer la libération de Dimitrov, emprisonné par les nazis ; à Moscou, il s'adresse aux écrivains soviétiques ; à Paris, il anime déjà des groupes d'intellectuels antifascistes.
En 1935, il est le plus ardent des compagnons de route du Parti communiste, sans qu'on puisse trouver chez lui une véritable adhésion au marxisme, ni a fortiori une approbation du stalinisme. Mais voici que le tribun fébrile de la Mutualité devient en juillet 1936 un combattant et un chef militaire : il va pendant sept mois organiser l'escadrille España, participer aux combats aériens avec un courage incontesté, permettre aux républicains espagnols d'attendre l'arrivée des brigades internationales.
Le héros intellectuel est devenu homme de guerre, et il prolongera son effort pour les républicains espagnols par la propagande, les conférences, le cinéma.
La victoire finale de Franco n'ôte pas à l'intervention des volontaires français dans la guerre d'Espagne son caractère emblématique. Avant même que la guerre mondiale n'éclate, Malraux a su la vivre et la comprendre.

On peut dire que c'est la vie réelle de Malraux qui est venue, après coup, authentifier ses romans.
L'auteur des Conquérants donnait à croire qu'il avait eu un rôle considérable dans les événements de Canton, comme agent du Guomindang, à tel point qu'un homme aussi averti que Trotski lui reprochera plus tard d'avoir été l'un des "étrangleurs de la révolution chinoise" en 1925-1926.
Drieu la Rochelle, émerveillé par ces mêmes Conquérants, estime que les péripéties témoignent d'un "transfert direct de la réalité dans le récit".
Tous les contemporains ont cru à la réalité de l'expérience révolutionnaire chinoise de Malraux, que les biographes d'aujourd'hui excluent et dans laquelle on ne peut voir que la transposition ou la fabulation de l'expérience indochinoise, beaucoup plus limitée. Tentons de caractériser brièvement, dans leur succession, les romans de Malraux, non sans souligner qu'aucun de ces récits hormis le moins romanesque, L'Espoir n'a été sous-titré roman, jusqu'à la publication d'un volume de romans dans La Pléiade de 1947.

Les Conquérants décrivent la grève insurrectionnelle de 1925 à Canton, et la victoire provisoire du Guomindang et du Komintern, encore alliés, avec de nombreuses références à des personnages réels de la révolution chinoise.
Le récit est mené à la première personne par un narrateur anonyme, délégué du Guomindang, qui débarque en Indochine, puis en Chine : la forme du reportage est ainsi simulée, en même temps que le récit s'atomise en un montage de messages radio, de télégrammes, de rapports de police, d'interrogatoires.
Le lecteur est ainsi conduit à identifier Malraux en ce narrateur "homo-diégétique", dirait-on aujourd'hui, à prêter au protagoniste Garine, rival du bien réel Borodine, une existence tout aussi réelle, à lire au pied de la lettre ce récit aussi révolutionnaire dans son histoire que dans sa narration fragmentée.
À plus lointaine distance de la révolution, mais dans un contexte de guerre civile, La Voie royale 1930 présente une sorte de voyage au bout de la nuit dans la jungle du Cambodge : bien que le récit ait été inspiré par la modeste entreprise archéologique de Malraux lui-même, le merveilleux romanesque du roman d'aventure y est beaucoup plus sensible ; l'érotisme, l'exotisme et la cruauté relèvent d'une forme plus classique qui pourrait être issue de Joseph Conrad.
Ce récit paraît bien en retrait par rapport aux Conquérants, même si l'on retrouve le génie de l'ellipse, de l'allusion, de l'instantané, ainsi que les aveux les plus nets sur les relations du sexe et de la mort dans cet univers imaginaire. La veine révolutionnaire des Conquérants va, au contraire, resurgir dans La Condition humaine 1933, qui s'impose dans le roman français comme un sommet difficile à égaler Sartre et Camus s'y emploieront en vain dans les années quarante.

La Condition humaine, comme plus tard L'Espoir, illustre sans doute la ferveur révolutionnaire et littéraire des années trente qui l'ont vu naître.
Il s'agit cette fois non plus de l'intervention d'agitateurs européens à Canton, mais des héros, chinois pour la plupart, de l'insurrection de Shanghai en 1927. Cette insurrection est d'emblée vouée à la défaite, puisque les insurgés ont reçu l'ordre de leur comité central de se laisser désarmer par Tchiang Kaï-chek qui veut, quant à lui, se débarrasser une fois pour toutes des communistes, rompant l'alliance du Guomindang et du Komintern.
Abandonnant le recours facile à un narrateur européen homodiégétique, le découpage propose, dans leur diversité, les situations vécues des révolutionnaires et de leurs adversaires.
Loin d'utiliser la Chine comme un décor, Malraux opère une sorte de décentrement vers les lieux étrangers où se joue effectivement le destin du monde.
Le tour de force du romancier se marque dans le fait que ses héros chinois sonnent aujourd'hui plus vrai que ses hommes d'affaires français, et aussi dans la conviction qu'a le lecteur d'assister à un reportage qui serait en même temps un démontage de la révolution et de la répression.
Si Malraux prend ici nettement le parti des communistes chinois, il ne s'imprègne que très légèrement de marxisme : les valeurs de La Condition humaine sont celles de Pascal, Nietzsche, Dostoïevski ; l'esthétique, celle d'une tragédie multiple aux destins croisés ou parallèles, avec des ruptures constantes, une esthétique de la discontinuité, jouant sur les dialogues, la narration des actions, les descriptions figées en forme de tableaux chinois. Un style romanesque naît, qui semble inspiré du cinéma, mais qu'aucun cinéma existant ne saurait inspirer ; la figure du romancier, absente, est sans doute mise en abîme dans la figure de la mythomanie incarnée par Clappique.
Cependant, jamais Malraux n'a été plus proche de Pascal, ne serait-ce que dans le génie du fragment et du raccourci, dans le dessin des figures de la vision tragique : le terrorisme de Tchen, la contemplation opiomane de Gisors, le meurtre de compensation chez Hemmelrich, la communion du martyr chez Katow, l'intelligence de la fraternité chez Kyo, autant d'attitudes de "témoins qui se font égorger", surmontant une humiliation fondamentale dans la recherche d'un absolu.
Comme l'écrira plus tard Malraux :
"L'absolu est la dernière instance de l'homme tragique, la seule efficace parce qu'elle seule peut brûler – fût-ce avec l'homme tout entier – le plus profond sentiment de dépendance, le remords d'être soi-même."

Dans la narration polyphonique de l'événement révolutionnaire, Malraux n'a guère de prédécesseurs hormis le Vallès de L'Insurgé ; il n'aura pas non plus de successeur. En fait, réalisant un accord parfait entre tradition et modernité, il fait éclater le cadre du roman pour lui donner une triple dimension : politique, métaphysique, éthique non sans présenter le seul couple, déchiré, mais bouleversant, de son œuvre romanesque.
Le roman de la révolution concilie les vertus de la révolution avec les vertus classiques.
L'impression de lecture d'André Gide, en 1933, reste aujourd'hui la nôtre :
"[...] à le relire d'un trait, parfaitement clair, ordonné dans la confusion, d'une intelligence admirable, et, malgré cela, profondément enfoncé dans la vie, engagé et pantelant d'une angoisse parfois insoutenable ".
Le lecteur oublie ici jusqu'au statut fictif du roman, ce qui marque, en un autre sens, le triomphe du romancier.

Le Temps du mépris (1935) est qualifié par son auteur, dans la préface, de nouvelle et non point de roman ; mais un roman manqué n'a jamais fait une bonne nouvelle. Malgré des intentions exemplaires (il s'agit de dénoncer le système répressif du régime nazi) et des scènes fortes, malgré une préface qui exprime au mieux l'humanisme révolutionnaire, le récit pourrait être pris pour un pastiche de Malraux. Son auteur en a d'ailleurs interdit la réédition de son vivant, tout en en monnayant quelques pages dans ses Antimémoires. À ce livre, qu'il a qualifié de « navet », il a retiré jusqu'à l'existence. Ainsi a disparu le témoignage le plus net d'une solidarité fraternelle avec les militants communistes, quand ils figurent parmi les traqués.

D'un chef-d'œuvre à l'autre, au prix d'un faux-pas : s'il fallait choisir un seul roman de Malraux, L'Espoir 1937 rivaliserait avec La Condition humaine.
Ce n'est plus ici le triomphe de l'illusion biographique qui crédite l'auteur de ce qu'il narre, mais la conjonction miraculeuse d'une action guerrière et d'une relation presque immédiate.
Montherlant salue "ce livre qui, parmi tous les livres parus depuis vingt ans, est celui qu'on voudrait le plus avoir vécu et avoir écrit".
S'agit-il bien d'un roman ? À la différence des livres précédents le sous-titre figure ici, mais la composition, qui n'a pas la rigueur de celle de La Condition humaine, semble épouser les tumultes de la guerre d'Espagne dans ses commencements, comme si le récit sortait tout armé, tout sanglant des combats.
Les personnages innombrables sont, certes, tous fictifs, mais leur fiction se réduit peut-être à un prête-nom. Ils représentent des situations concrètes ou possibles vis-à-vis de la révolution et du fascisme : privés de toute biographie, de tout passé, face à la mort, ils retrouvent cette vie fondamentale qui obsède le récit : " [...] ce qu'il appelait idiotie ou animalité ; c'est-à-dire la vie fondamentale : douleur, amour, humiliation, innocence".
Dans un vaste tableau éclaté, dans un montage de scènes et de dialogues, c'est la naissance d'une armée révolutionnaire, depuis l'illusion lyrique à réfréner, le désir d'apocalypse à maîtriser, jusqu'au rassemblement animé par l'espoir, la volonté, la fraternité réfléchie. Rien de moins romantique que cette recherche obsessionnelle du sérieux, de l'efficacité, de la compétence technique.
L'auteur parle en organisateur d'une victoire – qui n'aura pas lieu – et non en peintre d'une défaite héroïque. Dans la narration des combats, marqués par les nouvelles technologies de la guerre, Malraux égale ou surpasse les meilleurs romanciers américains, tels Dashiell Hammett ou Ernest Hemingway ; quant aux dialogues de ces combattants anonymes, ils posent, dans des termes concis et vigoureux, l'essentiel du débat qui va être celui des années à venir. Malraux met en lumière à la fois la diversité des antifascismes et la nécessité de leur union : il s'est rapproché plus encore des communistes, n'évoque guère les trotskistes, traite d'un peu haut les anarchistes, les dissidents, les exclus.
À la différence des livres précédents, la perspective de l'ennemi – fasciste ou franquiste – n'est pour ainsi dire pas évoquée : cette littérature de guerre en temps de guerre ne s'autorise ni paix ni répit, à peine le passage furtif d'une femme en six cents pages de bruit et de fureur. Jamais Malraux n'a été plus tendu vers l'idée de victoire, dans ce livre que, lecteurs anachroniques, nous lisons comme l'épopée d'une défaite : « Manuel, sa branche de pin sous le nez, regardait les lignes brouillées de ceux d'Aranjuez et des hommes de Pepe, comme s'il eût vu avancer sa première victoire, encore gluante de boue, dans la pluie monotone et sans fin. »

L'Espoir allait devenir le livre emblématique du « sang de gauche », selon le titre d'une de ses parties. À l'inverse, le film Espoir, primitivement intitulé Sierra de Teruel, tourné dans des conditions épouvantables, en partie inachevé, jamais distribué de manière normale, interdit par la censure française en 1939, reste un grand film maudit.
Il est sans exemple qu'un écrivain ait trouvé d'emblée le sens du récit cinématographique et prodigué un génie plastique et dramatique aussi évident. Unique réalisation d'André Malraux au cinéma, Espoir devait lui inspirer son Esquisse de la psychologie du cinéma 1939, et suffit à faire de Malraux un grand cinéaste, à la manière de Jean Cocteau. Qu'il se serve d'un stylo ou d'une caméra, d'un tank ou d'un bombardier, le Malraux de ce temps, homme pressé, ignore la lenteur des apprentissages. Au sommet de son mythe, il est bien l'écrivain et l'artiste d'une gauche presque rassemblée.

Le Gaulliste, ministre, homme de l'art, mémorialiste 1939-1969

La biographie de Malraux n'est pas sans une part d'obscurité : on lui prêtait une campagne brillante dans les chars, en 1940, au vu du récit des Noyers de l'Altenburg 1943, repris dans les Antimémoires 1967 : le sort du soldat Malraux fut plus modeste et plus commun dans la débâcle générale. De 1940 à 1944, il se retire dans le midi de la France, et se consacre à des travaux littéraires qui ne verront pas tous le jour.
Il ne s'engagera dans la Résistance qu'en mars 1944, dans une organisation qui relève des services anglais... mais en quelques semaines le voici qui devient, sous le nom de colonel Berger, le fédérateur des maquis de Corrèze : arrêté par la Gestapo, libéré par les résistants, il organise et commande la brigade Alsace-Lorraine, qui se couvre de gloire militaire en 1944-1945. Cette fois, Berger-Malraux connaît enfin cette victoire que L'Espoir postulait vainement.

On ne sait précisément quand et comment s'opéra la rupture de l'auteur de L'Espoir avec les communistes : elle est déjà consommée quand il rencontre le général de Gaulle en 1945, devient son porte-parole, puis son ministre de l'Information : une sorte de pacte s'est noué entre le chef du gouvernement de la République et l'ancien révolutionnaire.
Il va quitter, en même temps que lui, le gouvernement en 1946, va fonder avec lui le R.P.F. dont il sera le délégué à la propagande et le tribun le plus inspiré, va faire comme lui sa traversée du désert.
La mutation politique de Malraux, pour prendre un signe parmi d'autres, lui fait confier à l'écrivain le plus opiniâtrement contre-révolutionnaire qu'on puisse rêver, Thierry Maulnier, l'adaptation théâtrale de La Condition humaine, que naguère Eisenstein avait voulu porter à l'écran.
Quand le général de Gaulle revient au pouvoir en 1958, Malraux figure au gouvernement comme ministre délégué et porte-parole. Il ne s'impose pas tout à fait dans cette fonction, et devient, dix ans durant, le ministre des Affaires culturelles, apportant sans doute au gouvernement son verbe et son inspiration, mais n'y trouvant pas la réalité du pouvoir politique dont il rêvait.
Ambassadeur itinérant du général de Gaulle auprès des grands de ce monde, il aura, lui aussi, à subir la révolte étudiante de 1968, dont il donnera d'ailleurs, à chaud, une analyse remarquable. En 1969 comme en 1946, il renonce à ses fonctions dès le départ du Général.
Si la carrière politique de Malraux manifeste une remarquable fidélité depuis 1945, elle reste celle d'un brillant, d'un éclatant second, dont on mesure mal toutefois l'influence sur le chef de l'État. Les fervents du premier Malraux ne l'ont guère suivi dans cette voie, tandis que les notables et militants gaullistes ont souvent été déconcertés par le style de leur grand chaman : mais le ministre de la Culture a sans doute illustré la part la plus généreuse de la Ve République du général de Gaulle.

À la continuité du choix politique correspond, durant cette période, une certaine hésitation dans l'évolution de l'écrivain.
En 1947, il publie dans la Bibliothèque de la Pléiade un volume de romans : il en écarte La Voie royale, qu'il repêchera vingt ans plus tard, Le Temps du mépris, et surtout Les Noyers de l'Altenburg en 1943.
Ce livre sera en 1948 réservé à la curiosité des bibliophiles par la volonté de son auteur, et n'a plus jamais été réédité. On est tenté de défendre ce dernier roman contre son auteur, qui l'a condamné à l'oubli pour des raisons peu claires.
Ce livre, certes hâtif et imparfait, invente une forme ouverte, intégrant le colloque intellectuel, le roman politique, le récit de guerre : c'est l'histoire, sur trois générations, d'une famille alsacienne, les Berger, où se jouent les drames du XXe siècle : indépendance de la Turquie avant 1914, expérimentation des gaz de combat dans la Grande Guerre sur la Vistule, campagne de 1940 dans les blindés. Le plus intellectuel des romans de Malraux cherche une donnée sur quoi puisse se fonder la notion d'homme, face à l'affirmation d'un grand ethnographe fictif :
"[...] l'homme est un hasard, et, pour l'essentiel, le monde est fait d'oubli".
Cette réponse est cherchée dans l'art médiéval, dans l'idée de métamorphose, dans le sentiment de la patrie. En même temps qu'il condamnait ce roman, Malraux renonçait au genre romanesque ; mais il réutilisera des passages entiers, pour ne pas dire la totalité, des Noyers de l'Altenburg, retouchés et dispersés, dans Le Miroir des limbes : ils en constituent les temps forts.

Au romancier semble pour vingt-cinq ans succéder l'auteur des écrits sur l'art, qui invente à la fois une nouvelle forme de livre d'art, et un nouveau type de discours sur l'art : coup sur coup paraissent La Psychologie de l'art 1947-1949, Saturne, essai sur Goya 1950, Les Voix du silence 1951, refonte du premier ouvrage, Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale 1952, La Métamorphose des dieux dont le premier volume est publié en 1957.
Ces œuvres doublement spectaculaires, par l'éclat incantatoire du style, et par la mise en scène de l'illustration, qui propose l'immense éventail des formes inventées, n'ont pas tout à fait séduit les spécialistes ni rallié la masse des lecteurs.
Le projet de Malraux était pourtant aussi ferme que son exécution : Ce livre, nous avertit l'auteur de La Métamorphose des dieux, n'a pour objet ni une histoire de l'art – bien que la nature de la création artistique m'y contraigne souvent à suivre l'histoire pas à pas – ni une esthétique : mais bien la signification que prend la présence d'une éternelle réponse à l'interrogation que pose à l'homme sa part d'éternité – lorsqu'elle surgit dans la première civilisation consciente d'ignorer la signification de l'homme.
Cette présence ne nous est accessible que par la reproduction photographique des œuvres d'art, qui a transformé la notion de musée : Un musée imaginaire s'est ouvert, qui va pousser à l'extrême l'incomplète confrontation imposée par les grands musées : répondant à l'appel de ceux-ci, les arts plastiques ont inventé leur imprimerie. Seule notre époque, écartant la notion de sacré comme le mirage du réalisme, peut prendre conscience du sens de l'art, qui crée un monde irréductible à celui du réel et devient « un anti-destin .
Cette méditation sur l'art recourt à un style sensiblement différent de celui des romans : une prose mélodique et souvent solennelle fait écho à celles de Michelet et de Chateaubriand.
L'écrivain de ces livres ambigus, discours sur l'art autant qu'œuvres d'art, est aussi un héritier du XIXe siècle.
De retour aux affaires, l'écrivain semblait avoir renoncé à ses chères études.
Aussi la publication des Antimémoires, en 1967, écrits à l'occasion d'un voyage et d'une convalescence, fut-elle un événement politico-littéraire. En fait ce livre sera considérablement remanié en 1972, à l'occasion de sa réédition, puis en 1976, pour l'édition de La Pléiade : ces remaniements font de la première version une esquisse très imparfaite. Le nouveau style de Malraux, sans perdre tout à fait le sens du raccourci et le ton de la gouaille, s'oriente vers des formes plus amples et plus oratoires. L'auteur des Antimémoires entend, par le choix de ce titre, éluder les questions que l'on pose aux auteurs de Mémoires : il ne nous parle ni de son enfance, qu'il déteste, ni de sa vie privée, ni du détail de sa vie politique.
"Que m'importe ce qui n'importe qu'à moi ?", écrit-il avec une certaine hauteur, ce qui n'exclut pas de pathétiques embellissements voisins de ceux de Chateaubriand, cet autre écrivain-ministre. Le livre ne se contente pas de bouleverser l'ordre chronologique, en évoquant surtout les vingt-cinq dernières années : il mêle aux souvenirs, sans les distinguer, les fictions : "le colloque de l'Altenburg" est textuellement repris ; Clappique resurgit de La Condition humaine pour exposer au narrateur le découpage d'un film narrant la vie d'un aventurier, David de Mayrena, et cette fiction au troisième degré aboutit à un curieux remake de La Voie royale. Enfin le livre s'organise autour de quelques grands dialogues avec des chefs d'État illustres: Nehru, de Gaulle, Mao Zedong, qui transposent et subliment les entretiens réels qui eurent lieu.
Si ces Antimémoires fournissent une sorte d'anthologie permanente de la prose française, s'ils n'évitent pas toujours la pompe, l'apparat, les fumées de l'encens, ils rencontrent souvent l'authenticité pure.
De ces dialogues, on retiendra, à l'usage de Nehru, un plaidoyer intéressant pour l'action du ministre de la Culture :
"Nos dieux sont morts et nos démons bien vivants. La culture ne peut évidemment pas remplacer les dieux, mais elle peut apporter l'héritage de la noblesse du monde."

Le renouveau de l'écrivain : l'homme précaire de 1969-1976

En 1969, quand Malraux abandonne le ministère des Affaires culturelles, qu'il avait occupé durant dix ans, et le rôle de conseiller du général de Gaulle, on peut avoir l'impression qu'un écrivain extraordinaire, le plus éclatant de l'avant-guerre, s'est effacé devant un ministre somme toute ordinaire, pourvu de peu de moyens financiers et politiques, et qui, s'il a représenté une politique avec éclat, ne l'a jamais orientée d'une manière décisive.
Selon la formule perfide de Mauriac – le seul autre écrivain de grand renom à avoir rallié le gaullisme –, un ministère aura-t-il été un os à ronger jeté par le destin à un désir de puissance insatisfait ?
De 1957 à 1969, l'écrivain Malraux s'est astreint au silence, un silence rompu seulement par la publication des Antimémoires 1967, ou plutôt de ce qui était présenté comme le premier volume d'une tétralogie posthume ; encore l'accueil de ce livre a-t-il été perturbé par la présence envahissante, sur les médias, du ministre d'État. Tenu à distance et en suspicion par la gauche, son ancien public, Malraux faisait alors figure, avec son ministère et ses Mémoires, d'un Chateaubriand qui se serait trompé de siècle. Il était loin, l'inventeur conquérant dont son ami Drieu écrivait en 1930 : "Malraux, homme nouveau, pose l'homme nouveau."
Mais, durant les sept années qui lui restent à vivre, Malraux va se jeter à corps perdu dans l'écriture et produire une œuvre, sinon plusieurs, qui suffirait à une vie entière. On n'a jamais vu une vieillesse aussi productive, comme si la mort qui n'est pas loin suscitait une espèce de résurrection.

Le dialogue avec de Gaulle

De la vie politique, Malraux se retire en même temps que le général de Gaulle. Il ne s'exprimera sur ce plan qu'à deux reprises, dans des circonstances bien différentes : en 1971, renouant avec son aventure indochinoise comme avec son épopée espagnole, il se déclare prêt à combattre pour le Bangladesh, engagement rendu inutile par la guerre entre l'Inde et le Pakistan.
En 1974, il intervient à la télévision d'une manière bien maladroite en faveur du candidat gaulliste aux élections présidentielles, Jacques Chaban-Delmas. Les deux interventions, dont la crédibilité n'est pas évidente, indiquent la coexistence d'un gauchiste et d'un gaulliste.
En fait, c'est après son départ des affaires que le gaullisme de Malraux prend sa vraie figure – tel qu'en lui-même enfin l'écriture le change. Charles de Gaulle, dans ses Mémoires d'espoir 1970, avait déjà légué à la postérité l'effigie d'un inspirateur suprême :
"À ma droite, j'ai et j'aurai toujours André Malraux. La présence à mes côtés de cet ami génial, fervent des hautes destinées, me donne l'impression que, par là, je suis couvert du terre à terre [...].
Je sais que dans le débat, quand le sujet est grave, son fulgurant jugement m'aidera à dissiper les ombres."
Après la mort du Général, Malraux publie, en guise d'hommage funèbre, Les Chênes qu'on abat... 1971, qui se présente comme le simple compte rendu d'une longue conversation avec Charles de Gaulle, à Colombey, le 11 décembre 1969 : en fait, ce dialogue, narré et transposé par un metteur en scène qui n'oublie pas son art de romancier, savamment placé dans la perspective de la mort imminente, devient le testament du gaullisme.
Les voix du saint-cyrien et de l'ancien révolutionnaire, tour à tour gouailleuses et prophétiques, se confondent jusqu'à devenir indiscernables.
Le gaullisme se trouve ici séparé de tous les successeurs du Général et rapproché de la France révolutionnaire du XIXe siècle, selon Michelet : ce qui le caractérise, c'est la décolonisation, l'impulsion donnée au Tiers Monde, l'indépendance nationale, la tradition jacobine, le sens de l'universel.
En même temps que Malraux suggère la cohérence de son propre engagement historique, de la révolte au pouvoir, il assure au gaullisme une métamorphose semblable à celle des œuvres d'art.
Ce mythe mais Malraux n'a-t-il pas dit du Général qu'il était égal à son mythe ?, reste énigmatique, comme en témoigne le final des Chênes qu'on abat..., dubitatif dans sa grandeur : "Maintenant, le dernier grand homme qu'ait hanté la France est seul avec elle : agonie, transfiguration ou chimère. La nuit tombe – la nuit qui ne connaît pas l'Histoire."
Malgré l'écho insistant de Chateaubriand, il faut reconnaître que le gaullisme a trouvé ici sa seule incarnation littéraire, et que cette pseudo-interview, détournée vers le dialogue socratique ou la tragédie grecque, lui confère un "romanesque historique" sans égal.

L'œuvre réorganisée

"Le plus grand écrivain vivant et à coup sûr le plus singulier", écrivait encore Mauriac en 1969 : singulier en effet en ce qu'il n'a cessé de transformer et de réécrire son œuvre passée, comme de modifier le projet de son œuvre à venir.
Mais l'ensemble de cette œuvre, in extremis, se trouvera extraordinairement achevée : quelques jours avant la mort de Malraux paraissait le troisième et dernier volume de La Métamorphose des dieux ; la même année est publiée La Corde et les souris 1976, qui complète et équilibre les Antimémoires.
Les deux ouvrages sont réunis dans Le Miroir des limbes en un seul volume.
Ainsi les écrits sur l'art, les Mémoires, les romans même prenaient leur forme et leur place définitives en même temps que disparaissait l'écrivain. Enfin, un livre posthume, L'Homme précaire et la littérature 1977, allait rassembler une réflexion sur la littérature, jusque-là dispersée dans diverses préfaces, et la relier à la réflexion sur l'art.
Si la mort transforme la vie en destin, celle-ci aura par surcroît apporté la clef de voûte d'une cathédrale littéraire.

Malraux, on le sait, a renoncé au roman depuis 1943, juste avant d'être le premier auteur vivant à entrer, comme romancier, dans la Bibliothèque de la Pléiade, avec Les Conquérants 1928, La Condition humaine 1933, L'Espoir 1937.
Les Noyers de l'Altenburg 1943 reste inaccessible au grand public.
Mais Malraux en réutilise la première partie, discrètement réécrite et condensée dans les Antimémoires ; repris aussi, l'épilogue des Noyers qui montre le narrateur participant en 1940 à des combats de blindés qui relèvent de la fiction et non de la biographie.
Plus tard, dans Lazare 1974, sera reproduite mais sans aucune confusion possible la scène la plus forte des Noyers, qui évoque le premier emploi des gaz de combat par l'armée allemande, en 1916, sur le front russe. Ainsi Les Noyers de l'Altenburg se sont-ils trouvés débités, puis réutilisés intégralement, sans perdre leur caractère de fiction, dans un ensemble de Mémoires, mais s'agit-il de vrais Mémoires ?.

Il ne s'agit pas d'une solution de facilité : un simple survol de la production de Malraux montre l'acharnement mis à réécrire ses textes jusqu'à la forme la plus satisfaisante. Les Antimémoires de 1967 se trouvent profondément modifiés, en 1972, à la seule occasion d'une réédition en format de poche ! Un dialogue fondamental y est ajouté : le soliloque, face à la mort, de Malraux avec son double désespéré, Méry, à Singapour ; inversement, la très longue scène qui, réintroduisant le Clappique de La Condition humaine, présentait une vertigineuse mise en abîme de la mythomanie, est réécrite et abrégée.
Le premier volume des Antimémoires devait être suivi de trois autres, posthumes ; or le titre collectif devient Le Miroir des limbes, les Antimémoires n'en désignant plus que le premier volume. Dans un second et dernier volume, nullement posthume, intitulé La Corde et les souris, Malraux réunit divers livres publiés séparément : Les Chênes qu'on abat, déjà évoqué ; Lazare 1974, qui retrace un séjour, non pas tout à fait au royaume des morts, mais dans un service de la Salpêtrière où la résurrection succède à l'agonie ; La Tête d'obsidienne 1974, longue méditation sur Picasso, coupée de dialogues remémorés ; enfin Hôtes de passage 1975, trois dialogues plus brefs, plus bigarrés, avec Léopold Senghor, Georges Salles, Max Torrès.
Réunis, les livres, qui ont perdu leurs titres et leurs préfaces, sont aussi réécrits : Les Chênes s'augmentent d'un épilogue plus serein ; La Tête d'obsidienne, non sans profit, se voit considérablement restreinte. Les divers dialogues sont reliés par un jeu subtil de transitions et d'anamnèses, distribués dans un ordre différent, qui donne toute sa puissance au final, Lazare, dialogue avec la mort Miroir des limbes, l'auteur en modifie encore la présentation, supprimant certains titres, introduisant une conclusion générale.

Pacte autobiographique et pacte romanesque

Comment apprécier ces Antimémoires, transformés en Miroir des limbes ? Nul mémorialiste et l'auteur des Antimémoires en fait bien figure ne s'est permis, comme le fait Malraux, de mêler la fiction, avouée ou non et le souvenir, l'imaginaire et l'historique. Hésitant entre un pacte autobiographique et un pacte romanesque, le lecteur, pris de vertige, finira par évoquer la formule de Clappique :
" [...] il entrait dans un monde où la vérité n'existait plus. Ce n'était ni vrai ni faux, mais vécu ".
Ainsi, le Berger des Noyers est un héros de roman, dont on se gardera d'imputer à l'auteur la généalogie alsacienne ou la dramatique campagne de 1940 ; mais comme Malraux a pris en 1944 le pseudonyme de colonel Berger, le même Berger devient un héros réel de la Résistance, dont on espère lire l'histoire tout à fait authentique ; enfin, dans la version de Lazare, le lieutenant Vincent Berger, père du narrateur des Noyers, devient le commandant Berger, comme pour favoriser une diabolique confusion entre le héros des Mémoires et le héros du roman. Certes, Malraux n'entend pas donner sa biographie : "Je ne m'intéresse guère".
Mais il s'intéresse fort à l'image qu'il donne de lui, et en somme à son mythe, prenant avec la réalité historique des libertés considérables, procédant moins par assertions que par allusion, suggestion, ellipse, blanc ou clair-obscur.
Il serait pourtant vain d'intenter un procès de mythomanie, même si la mythification inévitable (ce que Malraux appelle ailleurs "la métamorphose d'une biographie en vie légendaire" n'est pas toujours éloignée de la mystification.
En fait, les Antimémoires, dans leur titre même, indiquent qu'il n'y a pas de frontières entre ce qui a été vécu et ce qui a été imaginé, entre l'avenir rêvé et le souvenir retrouvé.
Le Malraux mémorialiste rejoint le Malraux romancier, à partir de points de départ différents, vers un effet analogue. Le romancier des Conquérants persuadait par induction ses lecteurs qu'il s'agissait d'une expérience vécue par l'auteur ; inversement, le narrateur de ces Mémoires, ou pseudo-Mémoires nous suggère une expérience, mais transposée, métamorphosée, compensée par l'imagination.
Malraux est peut-être le seul écrivain romancier-autobiographe qui ait mis en question aussi bien le genre romanesque que le genre autobiographique, et leur opposition communément admise. Le héros des Antimémoires, comme celui des Conquérants selon Drieu," ce n'est pas Malraux, c'est la figuration mythique de son moi" .

L'homme de parole

Le choix d'un nouveau titre, Le Miroir des limbes, marque la préférence donnée à l'énigmatique sur l'intelligible.
Ces limbes représentent sans doute l'espace de la mort, que Malraux-Lazare approche ou pénètre, mais aussi le crépuscule indécis qui sépare la mort d'une civilisation de sa métamorphose, et encore la seule forme de survie qu'un agnostique puisse concevoir, cette dérive arbitraire et irremplaçable comme celle des nuées.
Dans le second volume, La Corde et les souris, ce n'est plus la mémoire qui évoque et gouverne les dialogues ; ce sont les dialogues qui suscitent, comme par distraction, les souvenirs ; la mémoire, par analogie, juxtapose les images des périodes les plus diverses et des espaces les plus étrangers, réactualise les instants de la vie rêvée et de la vie vécue.
Par ces extases de la mémoire et de la vision, Malraux rivalise bien avec Proust, quoique l'usage de l'allusion, du raccourci et de la syncope fasse aussi penser à Saint-John Perse. Les dialogues eux-mêmes, à quelques exceptions près, sont des dialogues avec des morts illustres, sur la mort des cultures ou des héros, face à la mort. Pour y échapper, d'une manière d'ailleurs précaire, il n'y a guère que les hommes de l'histoire ou les inventeurs de formes – de Gaulle ou Picasso.
Dans l'univers limbaire de Malraux, la vie est toujours vue par un Orphée revenant du domaine de la mort.

La forme narrative des Antimémoires s'est donc détournée vers une forme dialoguée, rassemblant politique, aventure et art dans un même questionnement métaphysique sur le destin.
Il se peut que Malraux ait été essentiellement un génie du dialogue. D'ailleurs, à côté de ces dialogues transcrits ou réécrits par un Malraux « interviewer » des grands de ce monde, on peut trouver un intérêt égal aux entretiens de Malraux interviewé par tel écrivain ou tel journaliste.
Le don oral de l'improvisation, qui dans les années vingt époustouflait déjà Gide et Martin du Gard, s'y retrouve à tel point que certains, comme François Mitterrand, se sont demandé avec malignité "si Malraux n'appartient pas à cette lignée d'écrivains dont le génie s'exprime tout entier dans la conversation et se dissipe dans l'écriture".
Si la seconde partie de la formule est insoutenable, la première reste vraie : on peut préférer à certaines pages de La Corde et les souris les entretiens savamment montés et agencés par Claude Mauriac, ou scrupuleusement notés par Frédéric Grover, ou même les entretiens prodigués aux hebdomadaires : dans ce genre, Malraux a précédé, mais aussi surclassé ses contemporains.
Le pouvoir oral de Malraux ne s'est d'ailleurs pas dispersé sans retour dans l'éphémère des conversations ; il est passé à merveille dans les divers médias, en particulier à la radio, mais aussi à la télévision.
Sur ses écrans, malgré le handicap de l'âge qui touche sa voix et son physique, Malraux se révèle comme un prodigieux acteur-animateur, aussi à l'aise dans la galaxie Marconi que dans la galaxie Gutenberg.
On retiendra La Légende du siècle 1972, neuf heures d'émission dont la réussite exceptionnelle est sans doute due à ses réalisateurs, Claude Santelli et Françoise Verny, mais on retrouve les mêmes qualités, la même présence dans les Voyages imaginaires, dont le réalisateur est Jean-Marie Drot.
Malraux se trouve être le seul grand écrivain à avoir réussi son passage à la télévision, où il a pu jouer un rôle quasi hugolien, écho sonore du siècle, mage et magicien des nouveaux médias.
Dans ses derniers livres L'Intemporel, L'Homme précaire, il a poussé fort loin une réflexion sur les pouvoirs de l'audiovisuel et les mutations qu'il entraîne.
Pour la télévision, Malraux a inventà la fois une pratique et une théorie, comme il l'avait fait en son temps pour le cinéma avec Espoir 1939 et Esquisse d'une psychologie du cinéma 1946– comme il n'a jamais cessé de le faire depuis ses vingt ans pour le livre d'art illustré.

Å’uvre et art

Les écrits sur l'art ne peuvent pas être séparés du reste de son œuvre, et l'achèvement de La Métamorphose des dieux a hanté ses dernières années.
Après le premier volume paru en 1957 qui deviendra dans une nouvelle édition Le Surnaturel suivront, par-delà l'intermède gouvernemental, L'Irréel 1974 et L'Intemporel 1976 : ainsi sera édifié un triptyque colossal, montage du texte et de l'image conçu par un inventeur du livre d'art, qui nous mène du IIe millénaire avant Jésus-Christ au XXIe siècle, accomplissement de ce qu'était le projet initial.
L'Irréel, qui évoque l'évolution des formes depuis Florence jusqu'à la mort de Rembrandt, fait suite au spirituel, et se définit comme un divin dédivinisé.
C'est ainsi que Donatello émancipe de la cité divine l'image privilégiée de l'homme – en faisant de l'homme un personnage d'irréel, que les nus de Botticelli font découvrir le monde dans lequel l'art délivre de la condition humaine les figures féminines sans devoir leur délivrance au monde de Dieu, et que Rembrandt découvre un trouble pouvoir qui n'est ni le sacré ni la postérité.
Dans L'Intemporel, l'art trouve son autonomie ; la communauté de l'art découvre ses héros et ses martyrs ; le fait pictural se sépare de la représentation et de l'illusion ; l'art d'Extrême-Orient dialogue avec les arts d'Occident, comme les arts sans histoire avec les arts historiques. Aujourd'hui, dans l'ère de ce que Malraux nomme l'aléatoire,
"[...] toutes les contestations, toutes les résurrections vont rencontrer l'audiovisuel [...]. Avant longtemps, l'audiovisuel découvrira le pouvoir qui le sépare profondément des musées et même du musée imaginaire : celui de ressusciter l'unité perdue."
Et l'art,"étroit et intarissable ruisseau de métamorphose", subira sans doute une imprévisible mutation.

Le couronnement de l'entreprise de Malraux n'a pas triomphé de la grande réserve, plus ou moins respectueuse, du public et des critiques. Les historiens de l'art restent pantois devant les télescopages planétaires et les synthèses époustouflantes, même s'ils saluent, de loin, « l'intrusion de l'histoire de l'art dans la tragédie grecque ». Les fidèles de Malraux ne le suivent pas toujours dans le grand jeu de la reproduction photographique des œuvres d'art. Quant au grand public, il est tenu à distance de cette fastueuse trilogie, ne serait-ce que par son prix qui la réserve à des amateurs fortunés. Il faut aussi admettre que cette symphonie héroïque de l'art, conçue dès les années vingt, a pris une allure anachronique avec ses accents qui rappellent les maîtres de la jeunesse de Malraux : Maurice Barrès, Romain Rolland, Élie Faure. Nulle part, Malraux ne fait plus figure de chasseur solitaire qu'en cette partie de son œuvre.

Mais une fois admis cet anachronisme, une fois accepté le style initiatique et oraculaire de Malraux, il faut reconnaître qu'à l'éventail des formes d'art évoquées correspond un registre d'écriture insurpassable, avec ses périodes et ses raccourcis fascinateurs, ses tâtonnements et ses éclairs, sa rhétorique de l'illustration et sa dramaturgie spirituelle.
Le discours sur l'art universel est parcouru par une fièvre communicative qui le transforme en longue traque ou en chevauchée fantastique.
Il ne tombe jamais dans la religion de l'art, ni dans aucune autre religion, puisqu'il met toujours en scène, dans une perspective agnostique, une interrogation ou une énigme. Toute cette recherche dont les obsessions et les ressassements ne sont pas niables est plus moderne qu'on ne l'a cru, car elle porte essentiellement sur les moyens de communication de la reproduction photographique à la séquence audiovisuelle, et surtout elle prend le point de vue, non de la création, mais de la réception de l'art.
André Malraux ne dialogue pas avec les créateurs, mais avec la communauté de l'art, c'est-à-dire avec tous les hommes, créateurs ou non, à qui un art est nécessaire. Mais il est possible que ce dialogue, qui se superpose à tant d'autres dans les écrits sur l'art, ne parvienne pas toujours à dominer un monologue presque somnambulique.

Du musée imaginaire à la bibliothèque

À cette recherche se rattache L'Homme précaire et la littérature 1977, parce que l'esthéticien y reprend toutes ses notions fondamentales, substituant seulement la bibliothèque au musée imaginaire, et parce qu'il esquisse, autant qu'une histoire de la littérature européenne, une histoire de l'imaginaire : dans le kaléidoscope se succèdent l'imaginaire-de-vérité, l'imaginaire-de-fiction, l'imaginaire oral de l'écriture, pour le roman, l'imaginaire-de-métamorphose pour notre temps, un temps du précaire et de l'aléatoire.
En fait, pour la littérature, passablement démythifiée, le grand jeu des métamorphoses et des résurrections opère mal, et la bibliothèque reste privée de la magie propre au musée imaginaire.
La littérature s'adresse à une secte, mais à une secte moins fervente, moins large que la communauté de l'art, car la bibliothèque ne ressuscite pas ses primitifs et n'annexe pas ses sauvages.
Malraux analyse admirablement le roman du XIXe siècle ou celui de Flaubert, mais les formules qu'ils lui inspirent frappent par leur amertume désenchantée. Il définit le premier comme un surprenant carambolage métaphysique, car jamais on n'avait tenté de saisir l'homme du dedans et du dehors à la fois, au second, après quelques pages remarquables, il concède : La bibliothèque est sauvée, non victorieuse : au mieux, le piège où se prendra, peut-être, la bêtise.
L'avocat passionné de l'art moderne se montre ici peu attentif au roman moderne et annonce, ou plutôt constate déjà, la mort de l'imaginaire-de-roman face à l'imaginaire des images.
Malraux semble aussi loin du credo littéraire de sa jeunesse, qu'on songe aux admirables préfaces à Laclos, Faulkner, D. H. Lawrence que Sartre du sien quand il écrit Les Mots.
Cet essai lucide et froid sur la fin du roman est aussi la justification d'un renoncement ancien au roman. Comme l'a écrit Jacques Bersani :
"[...] c'est bien là l'étonnante surprise que le grand chaman nous réservait pour son dernier livre [...]. L'Homme précaire, ce n'est pas le tombeau du roman, c'est le tombeau du romancier."

Homme politique, mémorialiste, historien de l'art, théoricien de la littérature, le dernier Malraux aura subverti et détourné chaque rôle, transformé chaque genre, inventé chaque fois une forme qui lui fût propre.
Aussi, de son vivant même, en est-il venu à un point extrême de solitude : on ne voit pas qu'il influence la littérature vivante à l'exception de Régis Debray et de Conrad Detrez ni la jeunesse. Peu de numéros spéciaux de revue, peu de colloques qui lui soient consacrés ; les intellectuels de gauche, qui lui doivent beaucoup, mais qu'il a dédaignés, l'entourent de silence ou lui vouent un ressentiment haineux, les pages de Simone de Beauvoir, dans Tout compte fait, sont particulièrement symptomatiques.
Peut-être Malraux s'éloigne-t-il, par sa grandeur même.
Mais, par un curieux retour des choses, lui qui a si souvent écarté le misérable petit tas de secrets que chaque homme cache, lui qui a tant brouillé les cartes pour empêcher toute enquête, se trouve au centre d'un réseau d'investigations et de témoignages.
Il a inspiré à Jean Lacouture le chef-d'œuvre du genre biographique, modèle de compréhension et de démythification.
Les Mémoires de Clara Malraux, sa première femme, comme la chronique de son second mariage, intitulée Le Cœur battant, révèlent l'homme privé dans sa vulnérabilité ; les témoignages des camarades de la guerre d'Espagne, des combattants de la brigade Alsace-Lorraine ou des compagnons du gaullisme se sont multipliés.
Le dernier livre d'Emmanuel Berl, Interrogatoire 1978, comme les Mémoires de Raymond Aron 1983 resituent Malraux dans la perspective d'une fraternité intellectuelle. On retiendra surtout les souvenirs d'Alain Malraux, son neveu, qui, dans Les Marronniers de Boulogne, a donné du Malraux des dernières années une image à la fois critique et chaleureuse. Le héros n'est nullement rabaissé par l'entreprise biographique : il s'humanise et se rapproche de nous.

Le mythomane

Personne ne nie que Malraux fut un grand mythomane.
Il a ainsi rédigé lui-même son dossier militaire, s'attribuant des blessures fictives.
Il a prétendu être entré dans la Résistance dès 1940, ce qui est faux, comme l'ont relevé Olivier Todd et d'autres auteurs avant lui : Guy Penaud, René Coustellier.
Clara Malraux, comme Olivier Todd le rappelle, prétendait que Malraux était en permanence un escroc génial.
Paul Nothomb affirmait que Malraux n'était jamais dupe de ses propres fabulations.
Dans plusieurs textes, d'ailleurs, Malraux se plaît à relativiser la valeur de la véracité. Par exemple, à propos du faux en bibliophilie (qu'il pratiqua), il fait dire à un personnage en qui il semble bien mettre un peu de lui : "La mystification est éminemment créatrice."
Dans La Voie royale, l'auteur dit en son propre nom :" tout aventurier est né d'un mythomane."
Olivier Todd estime essentielle à la compréhension de Malraux une idée exprimée dans La Condition humaine : "Ce n'était ni vrai ni faux, c'était vécu". Pendant la Seconde Guerre mondiale, Malraux aurait dit : "Je fabule, mais le monde commence à ressembler à mes fables".

Détail des fonctions gouvernementales

Ministre de l'Information du gouvernement Charles de Gaulle (2) du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre sans portefeuille du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 1er juin 1958 au 3 juin 1958)
Ministre délégué à la Présidence du Conseil du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 3 juin 1958 au 8 janvier 1959)
Ministre chargé de la Radio, de la Télévision et de la Presse du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 12 juin 1958 au 7 juillet 1958)
Ministre d'État du gouvernement Michel Debré (du 8 janvier 1959 au 22 juillet 1959)
Ministre d'État, chargé des Affaires culturelles du gouvernement Michel Debré (du 22 juillet 1959 au 14 avril 1962)
Ministre d'État, chargé des Affaires culturelles du gouvernement Georges Pompidou (1), (2), (3) et (4) (du 14 avril 1962 au 12 juillet 1968)
Ministre d'État, chargé des Affaires culturelles du gouvernement Maurice Couve de Murville (du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969).

Discours célèbres et conférences Liste non exhaustive

1934 - L'art est une conquête, discours prononcé en août au Congrès des écrivains en URSS.
1934 - L'Attitude de l'artiste, discours à la Mutualité en 1934, compte-rendu du Congrès des écrivains soviètiques à Moscou.
1935 - L'Œuvre d'art, discours au Congrès International des écrivains pour la défense de la culture (21-25-juin 1935)
1935 - Réponse aux 64, discours aux assises de l'Association Internationale des écrivains pour la défense de la culture 4 novembre 1935.
1936 - L'Héritage culturel le 21 juin 1936 à Londres au secrétariat général de l'Association des écrivains pour la diffusion de la culture.
1946 - L'Homme et la culture, conférence à la Sorbonne, le 4 novembre 1946, pour la naissance de l'UNESCO
1947 - Discours de propagande pour le RPF dont il est le délégué à la propagande le 2 juillet 1947, au Vélodrome d'hiver de Paris.
1948 - Appel aux intellectuels en mars, à la salle Pleyel, qui deviendra la postface des Conquérants.
1956 - Discours au congrès d'art et archéologie à New York et plusieurs autres aux États-Unis.
1956 - Rembrandt et nous , discours à Stockholm pour le 350e anniversaire de la naissance du peintre.1956.
1958 - juillet (Fête Nationale) - août (Anniversaire de la Libération de Paris) - septembre (Référendum sur la Constitution)
1959 - Hommage à la Grèce discours à Athènes pour la première illumination de l'Acropole
1960 - Discours à l'occasion de l'indépendance des Colonies d'Afrique noire.
1960 - Discours à l'UNESCO pour le sauvetage des monuments de Nubie.
1963 - La Joconde, discours à Washington, en janvier pour l'exposition de la Joconde à la National Gallery, devant le président Kennedy
1963 - Oraison funèbre de Georges Braque, en septembre.
1964 - Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (19 décembre 1964), repris dans Oraisons funèbres.
1965 - Oraison funèbre de Le Corbusier dans la Cour carrée du Louvre.
1969 - Oui, discours pour le oui au référendum.
1971 - Oraisons funèbres, repris dans Le Miroir des Limbes, en 1976.
1973 - Inauguration du Monument de la Résistance (2 septembre 1973), repris dans Oraisons funèbres :
"Entre ici, Jean Moulin..."
1975 - Discours à la cathédrale de Chartres pour le 30e anniversaire de la libération des camps de concentration.

Å’uvres

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Posté le : 02/11/2013 21:32
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André Malraux 2
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Å’uvres

Liste des Å“uvres

1920 - Des origines de la pensée cubiste article dans La Connaissance, puis dans Action et des articles sur : Lautréamont et André Salmon.
1921 - Lunes en papier, Édition de la galerie Simon Kahnweiler Paris, gravures sur bois de Fernand Léger.
Ainsi que des textes brefs : Les Hérissons apprivoisés - Journal d'un pompier du jeu de massacre.
1922 - Des lapins pneumatiques dans un jardin français texte farfelu. Écrit dans Dés des articles sur : Gide, Gobineau, Max Jacob, et préface le catalogue de l'exposition Galanis
1924 - Écrit pour une idole à trompe textes farfelus donnés en revues et repris dans les Œuvres Complètes, vol.1, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade.
1925 - L'Indochine,journal qu'il réalise avec Paul Monin,29 éditoriaux;puis après interruption devient : L'Indochine enchaînée,25 éditoriaux,dernière parution le 24 février.
1925 - L'Expédition d'Ispahan, en août sous le pseudonyme de Maurice Saint-Rose
1926 - La Tentation de l'Occident, chez Grasset
1927 - Écrit pour un ours en peluche (in 900) - Le voyage aux îles Fortunées (Commerce) - D'une jeunesse européenne dans le livre collectif intitulé : "Écrits", chez Gallimard.
1928 - Les Conquérants, chez Grasset.
1928 - Royaume-Farfelu, chez Gallimard.
1930 - La Voie royale, Prix Interallié, chez Grasset, qu'il présente comme le 1er volume des : Puissances du désert
1932 - préface : L'Amant de lady Chatterley de D. H. Lawrence
1933 - La Condition humaine, Prix Goncourt le 7 décembre 1933216. Préface le : Sanctuaire (roman) de William Faulkner
1935 - Le Temps du mépris, chez Gallimard.
1937 - L'Espoir et, dans la revue : Verve son premier texte sur : La Psychologie de l'art
1938 - Espoir, sierra de Teruel, (mise en scène du film) qui sortira en 1945 en France sous le titre de l'Espoir.
1939 - Laclos, étude publiée dans : Tableau de la littérature française.
1941 - Le Règne du Malin, texte inachevé publication posthume.
1943 - 1948 - La Lutte avec l'ange, dont la Gestapo va brûler le manuscrit, ensuite retitré Les Noyers de l'Altenburg, 1re partie, 1943 aux Éditions du Haut-Pays à Lausanne, Suisse - 1948 France
1946 - Le Démon de l'Absolu, dont un extrait qu'il publie sous le titre de : N'était-ce donc que cela ?.
1946 - Esquisse d'une psychologie du cinéma
1947 - Les Dessins de Goya au musée du Prado et Le Musée imaginaire, premier tome de : La Psychologie de l'art, ouvrage dédié à Madeleine Malraux.
1947 - Romans parution du premier volume de ses Romans dans la bibliothèque de la Pléiade.
1948 - Le Rassemblement, hebdomadaire qu'il crée
1948 - La Création artistique. Écrit des articles dans : Le Rassemblement. Parution de The Case for de Gaulle, qui donne un dialogue entre James Burnham et Malraux
1949 - Liberté de l'esprit, revue du RPF qu'il crée et à laquelle il collabore, la direction est confiée à Claude Mauriac.
1949 - La Monnaie de l'absolu, 3e volume de la Psychologie de l'art
1950 - 1978 - Saturne et de nombreux articles dans : Carrefour, Le Rassemblement, La Liberté de l'esprit, le destin, l'Art et Goya.
1951 - Les Voix du silence, et nouvelle version de La Psychologie de l'art
1952 - La Statuaire premier tome du Musée imaginaire de la sculpture mondiale, chez Gallimard. Préface de nombreux ouvrages dont: Qu'une larme dans l'Océan de Manès Sperber
1953 - lettres préface à Chimères ou Réalités
1954 - Des bas-reliefs aux grottes sacrées et Le Monde chrétien chez Gallimard.
1957 - La Métamorphose des dieux, 1957, deviendra le premier volume (Le Surnaturel) de la trilogie qui reprend ce titre (voir plus bas).
1964 - "Entre ici...", lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (repris dans Oraisons funèbres).
1967 - Antimémoires, 1967 (première partie du Miroir des Limbes)
1971 - Les Chênes qu'on abat..., 1971 (repris dans La Corde et les Souris)
1971 - 1976 -Oraisons funèbres, 1971 (8 oraisons reprises dans La Corde et les Souris, 1976)- Préface le livre du Souvenir à Charles de Gaulle
1974 - La Tête d'obsidienne, (repris dans La Corde et les Souris)
1974 - Lazare, (repris dans La Corde et les Souris)
1974 - Le Surnaturel, (paru en 1957) sous le titre:La Métamorphose des Dieux
1975 - Hôtes de passage,(repris dans La Corde et les souris)
1975 - L'Irréel, Ma Métamorphose des Dieux.II,
1976 - La Corde et les Souris, 1976 (seconde partie du Miroir des Limbes)
1976 - Le Miroir des limbes, 1976 (I. Antimémoires + II. La Corde et les Souris + Oraisons funèbres) En octobre dans la Pléiade.
1976 - L'Intemporel, La Métamorphose des Dieux. III, 1976
1977 - L'Homme précaire et la Littérature, Gallimard, 1977 (posthume)
1998 - Entretiens avec Tadao Takemoto, Au Signe de la Licorne,1998 (partie d'un ouvrage paru au Japon)
2006 - Carnet du Front populaire (1935-1936), François de Saint-Cheron (éd.), préf. Jean-Yves Tadié, Gallimard, 2006 (posthume)
2007 - Carnet d'URSS (1934), François de Saint-Cheron (éd.), préf. Jean-Yves Tadié, Gallimard, 2007 (posthume)
2012 - Lettres choisies (1920-1976), François de Saint-Cheron (éd.), préf. Jean-Yves Tadié, Gallimard, 2012 (posthume)
2013 - Non, fragments d'un roman sur la résistance, Henri Godard et Jean-Louis Jeannelle (éd.), avant-propos et postface d'Henri Godard, collection Les Cahiers de la NRF, Gallimard, 2013 (posthume)

Édition des œuvres complètes

Les Œuvres complètes d'André Malraux sont disponibles en six volumes dans la collection "Bibliothèque de la Pléiade" (éditions Gallimard) : les deux premiers tomes sont consacrés aux œuvres de fiction ; le tome III au Miroir des limbes ; les tomes IV et V rassemblent les Écrits sur l'art ; le tome VI, intitulé Essais, rassemble des textes sur la littérature articles, préfaces, des discours et articles à caractère politique, Le Triangle noir, L'Homme précaire et la littérature ainsi que les deux Carnets posthumes (d'URSS et du Front populaire). Cet ensemble comporte un appareil critique, des index, de nombreux inédits, ainsi que, pour les volumes IV et V, les illustrations des éditions originales. Dans la même collection un Album Malraux (iconographie choisie et commentée par Jean Lescure, 517 illustrations) a été publié en 1986.

Dessins, croquis

200 dessins et croquis réalisés depuis la fin de la guerre à sa séparation d'avec Madeleine, sont présentés par cette dernière et son fils Alain dans un livre " L'Univers farfelu d'André Malraux " paru le 23 septembre 2009 aux éditions du Chêne, sous la direction de Marie-Josèphe Guers
Bibliographie générale des œuvres[modifier | modifier le code]
Jacques Chanussot - Claude Travi, Dits et Écrits d'André Malraux. Bibliographie commentée, Éditions Universitaires de Dijon, 2003
Claude Pillet, Dix mille textes pour André Malraux, cdrom joint au livre Le sens ou la mort, essai sur Le Miroir des limbes d'André Malraux, Berne - Berlin - New York, éd. Peter Lang, 2010.

Décorations

Décorations françaises

Officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
Médaille militaire Le site de l'Ordre de la Libération n'évoque pas cette distinction.
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance avec rosette

Décorations étrangères

Distinguished Service Order (GB)
Médaille de la Résistance tchécoslovaque
Grand Croix de l'Ordre de la Couronne royale (Belgique)
Grand Croix de l'Ordre National de la République du Tchad
Grand Croix de l'Ordre du Soleil (Pérou)
Grand Croix de l'Ordre de la Couronne de Chêne (Luxembourg)
Grand Cordon de l'Ordre National du Cèdre (Liban)
Grand Croix de l'Ordre du Lion (Finlande)
Grand-croix de l’ordre de l’Éléphant blanc (Thaïlande)
Grand Croix de l'Ordre de la République (Égypte)
Grand Croix de l'Ordre Royal du Sahametrei (Cambodge)
Grand Croix de l'Ordre Nichan I Homayoun (Iran)
Grand Croix de l'Ordre National Honneur et Mérite de la République d'Haïti
Grand Croix de l'Ordre Al Kawrah al Urdini (Jordanie)
Grand Croix de l'Ordre d'El Quetzal (Guatemala)
Grand Croix de l'Ordre royal de Dannebrog (Danemark)
Grand Croix de l'Ordre du Mérite de la République (Autriche)
Grand Croix de l'Ordre du Ouissam alaouite (Maroc)
Grand Croix de l'Ordre de Saint-Olaf (Norvège)
Grand Croix de l'Ordre de Georges(Grèce)
Grand Croix de l'Ordre de l'Etoile Polaire (Suède)
Grande-Croix de l'Ordre de Sant'Iago de l'Épée (Portugal)
Grand Croix de l'Ordre National de l'Aigle Aztèque (Mexique)
Grand Croix de l'Ordre du Libertador (Venezuela)
Grand Croix de l'Ordre du Mérite de mai (Argentine)
Grand Croix de l'Ordre du Mérite Fédéral (RFA)
Grand cordon de l’ordre du Soleil levant (Japon)
Grand Officier de l'Ordre National de Côte d’Ivoire
Grand Officier de l'Ordre National de Madagascar
Grand officier de l’ordre de la Croix du Sud (Brésil)
Grand Officier de l'Ordre National du Niger
Grand Officier de l'Ordre du Mérite de Centrafrique
Grand Officier de l'Ordre du Mérite de la République (Italie)
Grand Officier de l'Ordre de l'Etoile Equatoriale (Gabon)
Grand Officier de l'Ordre du Mérite (Congo)
Grand Officier de l'Ordre du Mérite (Sénégal)
Grand Officier de l'Ordre du Mérite (Mauritanie)
Grand Officier de l'Ordre National de la République (Haute-Volta)
Grand Officier de l'Ordre National du Mérite (Togo)
Grand Officier de l'Ordre National de la République du Dahomey
Commandeur de la République Espagnole

Bibliographie

Notices d’autorité : Système universitaire de documentation • Bibliothèque nationale de France • Fichier d’autorité international virtuel • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat

Travaux historiques

Charles-Louis Foulon, Janine Mossuz-Lavau, Michaël de Saint-Cheron, Dictionnaire Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2011.
Collectif, De Gaulle-Malraux, actes du colloque de l'Institut Charles de Gaulle du 13 au 15 novembre 1986, Paris, Plon, 1987.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, Malraux et l'Inventaire général, actes de la journée d'études à la BNF le 23 mai 2003, numéro hors série de Présence d'André Malraux, La Documentation française, 2004, 112 p.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, Malraux Ministre au jour le jour, souvenirs de son ancien directeur de cabinet André Holleaux. Préface de Pierre Moinot - Avant-propos de Jean Grosjean, La Documentation Française, 2004, 187 p.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, André Malraux ministre. Les Affaires culturelles au temps d'André Malraux, 1959-1969, édité par A. Girard et G. Gentil, La Documentation française, 1996, 522 p.
Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, Le ministère des Affaires culturelles et la mission culturelle de la collectivité. Rapport rédigé en 1968 par Antoine Bernard, conseiller d'État, directeur du cabinet d'André Malraux de 1965 à 1969 et publié de nouveau à l'occasion des journées d'étude sur " le ministère Malraux ", 1989, 115 p.

Biographies

Gaétan Picon, Malraux par lui-même, Seuil, 1958.
Denis Marion, André Malraux, Seghers, 1970.
Jean Lacouture, Malraux, une vie dans le siècle, Seuil, 1973. « Jean Lacouture a joué un rôle éminent dans la mythification de Malraux (comme dans celle de Hô Chi Minh ou de Mauriac). » (Olivier Todd, André Malraux, une vie, éd. Gallimard, 2001, p. 668.)
Olivier Todd, André Malraux, une vie, Gallimard, 2001.
Rémi Kauffer, André Malraux : le roman d'un flambeur. Hachette, 2001
Jean-Claude Larrat, André Malraux, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche », 2004
Curtis Cate, Malraux, Perrin, Paris, 2006, 828 p. (ISBN 2-262-02582-7). Traduction de André Malraux : a Biography, Hutchinson, Londres, 1995.
Clara Malraux
Dominique Bona, Clara Malraux, nous avons été deux, Grasset & Fasquelle, Paris, 2010. 469 p.

Essais

Raphaël Aubert, Malraux & Picasso Une relation manquée, Paris/Gollion, Infolio, 2013
Raphaël Aubert, Malraux ou la lutte avec l'ange. Art, histoire et religion, Genève, Labor et Fides, 2001.
Yves Beigbeder, André Malraux et l'Inde, thèse (université de Paris-IV), 1983. (« Beigbeder est un des rares malruciens qui, tout en admirant Malraux, ne verse pas dans la surenchère hagiographique. » Olivier Todd, André Malraux, une vie, éd. Gallimard, 2001, p. 659.)
Anissa Benzakour-Chami, André Malraux, une passion, EDDIF, 2001, 433 p.
Cahier Malraux, Editions de l'Herne, Cahiers de l'Herne, n° 43, Paris, 1982, 492 p., dirigé par Michel Cazenave, (ISBN : 9782851970466)
Suzanne Chantal, Le cœur battant, Grasset Paris 1976.
Alexandre Duval-Stalla, André Malraux - Charles de Gaulle : une histoire, deux légendes, Paris, Gallimard, 2008.
Marc Fumaroli, L’État culturel, Paris, De Fallois, 1991.
Henri Godard et Jean-Louis Jeannelle (dir.), Modernité du Miroir des limbes : un autre Malraux, Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Série Recherches sur André Malraux », 2011.
Geoffrey T. Harris, De l'Indochine au RPF, une continuité politique. Les romans d'André Malraux, Éditions Paratexte, Toronto, 1990, 223 p. (ISBN 0-920615-24-4)
Dominique Hervier, André Malraux et l'architecture, Ed. Le Moniteur / Comité d'histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles, 2008
Jean-Louis Jeannelle, Malraux, mémoire et métamorphoses, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », 2006.
Jean-Louis Jeannelle, Résistance du roman : genèse de « Non » d’André Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2013.
Jean Lacouture, Malraux, itinéraire d'un destin flamboyant, Bruxelles, André Versaille Éditeur, 2008.
Joël Loehr, Répétitions et variations chez André Malraux, Honoré Champion, 2004
Jean-Louis Loubet del Bayle, L'illusion politique au xxe siècle, Des écrivains témoins de leur temps, Economica, 1999.
Jean-Francois Lyotard, Signe Malraux, 1996.
Alain Malraux, Les Marronniers de Boulogne, Paris éditions Bartillat, 2001.
Guy Penaud, André Malraux et la Résistance, éd. Fanlac, 1986.
Claude Pillet, Le sens ou la mort, essai sur Le Miroir des limbes d'André Malraux, Berne - Berlin - New York, éd. Peter Lang, 2010, accompagné d'une bibliographie complète sur cdrom (Dix mille textes pour André Malraux).
Philippe Poirrier, L'État et la culture en France au xxe siècle, Paris, Le Livre de poche, 2006.
Philippe Poirrier, Art et pouvoir de 1848 à nos jours, Cndp, 2006.
Michaël de Saint-Cheron, André Malraux et les juifs Histoire d'une fidélité, Paris, DDB, 2008.
Michaël de Saint-Cheron, André Malraux, ministre de la fraternité culturelle, précédé de "Conversations avec André Malraux, Paris, Kimé, 2009.
Perrine Simon-Nahum, André Malraux : l'engagement politique au 20e siècle, Armand Colin, 2010
Françoise Theillou, Malraux à Boulogne, la maison du Musée imaginaire, 1945-1962, Paris éditions Bartillat, 2009.
Solange Thierry et al., André Malraux et la modernité - exposition du centenaire de sa naissance Musée de la Vie romantique, Paris 2001.
Philippe Urfalino, L'invention de la politique culturelle, Paris, Hachette, 2004.
Marie-Ange Rauch, Le conquérant de la rue de Valois, in Revue des deux Mondes, numéro spécial : les mille et un visages de Malraux, Paris novembre 1996.
Sophie de Vilmorin, Aimer encore : André Malraux 1970-1976, Gallimard, Paris 1999
Jean-Pierre Zarader, Malraux et la pensée de l'art, Paris, Vinci, 2003.
Catharine Savage Brosman, Malraux, Sartre, and Aragon as Political Novelists, University of Florida Press, 1964, (ASIN B001OK3Z1Q)

Revues littéraires

Présence d'André Malraux. Revue dirigée par Henri Godard, de 2001 à 2006; par Nathalie Lemière-Delage, de 2007 à 2010; par Evelyne Lantonnet, à partir de 2011.
Présence d'André Malraux sur la Toile. Revue électronique liée au Séminaire Malraux qui se tient en Sorbonne. Revue du site animé par Claude Pillet et actif depuis 2009.
Revue André Malraux Review. Revue fondée par Walter G. Langlois et publiée depuis 1969 aux États-Unis. Un volume annuel est publié à l'Université d'Oklahoma par Michel Lentelme.
La Revue des lettres modernes, série André Malraux. Le vol. 13 (Malraux et la question des genres littéraires) a été publié en 2009 par Jean-Claude Larrat.

Voir aussi

Filmographie
de René Jean Bouyer : Le mystère Malraux, film de FR3 et France 5, durée: 90 min et 52 min, diffusé en novembre 2006; sur les deux chaînes Fr3 et France 5.

Discographie

André Malraux - Grands Discours 1946-1973, coffret de 3 CD audio, sélection de François Busnel, Frémeaux & Associés - Ina.
André Malraux - Audition du 12 mai 1976, commission des libertés de l'Assemblée nationale, CD audio, sous la direction de Jean-Louis Debré, Frémeaux & Associés - Assemblée nationale.

Articles connexes

Sur les autres
André Malraux,
Ministère français de la Culture
Liste des ministres français de la Culture

Liens externes

Amitiés internationales André Malraux Le site de recherche et d'actualité malrucienne.
André Malraux Le site de recherche et d’information dédié à André Malraux : littérature, art, religions, histoire, culture.
Exposition virtuelle pour un musée imaginaire, adaptation multimédia des Voix du silence
Biographie en tant que Compagnon de la Libération
Discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon
Biographie du ministère de la culture
Site du Comité d'histoire du Ministère de la Culture et des Institutions culturelles
Allocution prononcée le 3 novembre 2003 par Olivier Todd devant l'Académie des sciences morales et politiques et débat qui suivit.

Liens

http://youtu.be/vZbeMLga6gA Entré de Jean Moulin au Panthéon
http://youtu.be/qnWMVMYMaGg Interview de Malraux
http://youtu.be/nO8pWKzUrlI Interview de Malraux sur les chats
http://youtu.be/KgkeguefM-8 Raymond Aaron parle de Malraux
http://youtu.be/HLueP8m_U0Y L'Inde de André Malraux
http://youtu.be/oy_uZF4WbyI La prophétie de A. Malraux sur internet
http://youtu.be/3u9sXqhP5gU Discours d' André Malraux
http://youtu.be/gTty-syLDFs Malraux raconte l'Espagne
http://youtu.be/m2HGf1QOGSQ Le Goncourt de André Malraux

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Posté le : 02/11/2013 21:26
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Re: Défi thème d'écriture du 4 novembre
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Merci Arielle mais le texte est celui de Kjtiti, j'ai juste recopié son message. Le mien viendra bientôt.

Un texte empreint de tristesse, de douleur, d'espoir, de résignation qui évoque les dernières pensées d'une âme pour qui l'heure a sonné.

Merci pour ta participation et ta fidélité aux défis.

A la prochaine pour un texte enjoué alors.

Couscous

Posté le : 02/11/2013 18:16
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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