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Re: "Cadavre exquis" sur une idée de Christophe
Plume d'Argent
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De Aigle
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Chères/chers ami(e)s de l'ORée, je vous propose les règles suivantes:
en préambule, petit rappel: le jeu du cadavre exquis est très simple: continuez une histoire (le cadavre exquis) où vous ne pouvez voir que la dernière phrase.
Pour pouvoir y parvenir, je vous propose de vous annoncer à moi par MP pour celles/ceux volontaires de se joindre à l'aventure; j'organise ensuite un tournus et je communique au suivant dans l'ordre la phrase écrite par le participant précédent.
Si un participant souhaite se joindre à nous une fois le jeu commencé, je l'intègre au tournus.
Je centralise les phrases et vous livre, au bout d'une semaine, le résultat final.

Cela vous paraît-il ainsi clair?
Si c'est le cas, j'ouvre les inscriptions.
Sinon, veuillez faire part de vos questions/réserves ici-même afin de parvenir à un consensus des plus helvétiques

Posté le : 23/11/2013 22:51
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Louis Malle
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Dans la nuit du 24/25 Novembre 1995, à Beverly Hills meurt Louis Malle

cinéaste réalisateur français, qui naquit le 30 Octobre 1932 à Thumeries

Films notables Le Monde du silence, Ascenseur pour l'échafaud, Atlantic City, Au revoir les enfants


Louis Malle est né en 1932, à Thumeries dans le Nord au milieu d'une fratrie de trois frères et deux sœurs, dans une famille de la grande bourgeoisie du Nord. Sa mère est une Béghin de l'industrie sucrière "beghin say", son père, ancien officier de marine, est directeur de l'usine de sucre de Thumeries.
Ici, on est patriote par lucidité, mais opportuniste par prudence, d'où certaines fluctuations idéologiques que le jeune garçon eut à connaître, et qu'on retrouve dans un film tel que Lacombe Lucien. Le grand tournant est cette matinée de janvier 1944, au collège des Carmes d'Avon, où un de ses condisciples – juif – est arrêté par la Gestapo et quitte la classe en lui disant simplement “Au revoir”.
Deux heures plus tard, les élèves sont rassemblés dans la cour, et le directeur de l'établissement, le père Jacques, convaincu de complicité avec la Résistance, est arrêté à son tour et envoyé en déportation. Ce souvenir gravé en lui, le cinéaste parviendra à l'exorciser, quarante-trois ans plus tard, dans Au revoir les enfants.

Dès l'âge de 14 ans, il s'initie à la réalisation avec la caméra 8mm de son père. Il pense étudier les sciences politiques à l'Université de Paris mais c'est à ce moment que germe sa carrière de cinéaste.
Brillant élève, Louis Malle semble promis à une carrière sans histoire : sa famille souhaite l'orienter vers Polytechnique.
Mais le ferment de la contestation commence à le ronger. Dans un ciné-club, il découvre La Règle du jeu, de Jean Renoir, et Les Dernières Vacances, de Roger Leenhardt. Sa décision est prise : il sera cinéaste. Dès l'âge de quatorze ans, il commence à tourner de petits films avec une caméra d'amateur.
Il entre à l'I.D.H.E.C. en même temps qu'à Sciences Po, pour rassurer sa famille et, par l'intermédiaire d'un ami, se retrouve sur la Calypso du commandant Cousteau, dont il devient l'assistant – puis le coréalisateur – pour un documentaire sur les fonds marins : Le Monde du silence, qui obtient la palme d'or au festival de Cannes en 1956. Louis Malle est lancé, et met aussitôt en chantier un vrai premier film, dont il se veut l'auteur à part entière : Ascenseur pour l'échafaud en 1958.
Ce qui était au départ un “policier” de série devient une rêverie très personnelle, qui anticipe sur la désinvolture de ton de la nouvelle vague.
Le générique, révélateur de ses goûts raffinés, réunit les noms de Roger Nimier, pour le scénario, Henri Decae, pour la photographie, Miles Davis, pour la musique.
Jeanne Moreau, Maurice Ronet et Lino Ventura en sont les interprètes. Le prix Louis-Delluc consacre un metteur en scène de vingt-quatre ans.

Libre de toute contrainte financière, mais résolu à s'imposer dans le circuit commercial classique, Louis Malle tourne ensuite Les Amants en 1958, d'après Point de lendemain, de Vivant Denon, conte libertin du XVIIIe siècle, mis au goût du jour par Louise de Vilmorin, qui choque les bien-pensants par son amoralisme tranquille. Puis il s'attaque à un texte réputé infilmable de Raymond Queneau, Zazie dans le métro en 1960, où il fait éclater les conventions du récit cinématographique, paie son tribut au star-system, à travers Brigitte Bardot, Vie privée, 1962 ; Viva Maria, 1965 et Alain Delon, un sketch d'Histoires extraordinaires, d'après Edgar Poe, 1968, au risque de rentrer dans le rang de la “qualité française”.
Dans le même temps, il fait preuve d'un superbe non-conformisme en rendant hommage à deux écrivains “maudits” : Drieu La Rochelle, un fasciste, Le Feu follet, 1963, et Georges Darien, un anarchiste, Le Voleur en 1967 ; il s'implique totalement dans ces films, dont Antoine Blondin admire “la mélancolie radieuse que donnent les images de la beauté et de la vérité”.
Le voici rejeté vers le dandysme de droite. Mais il surprend à nouveau son monde en prenant fait et cause pour les trublions de Mai-68, en chahutant aux côtés de Truffaut et de Godard le festival de Cannes et en allant tourner au Bengale un documentaire “engagé”, Calcutta (1969), suivi de “réflexions de voyage” sur L'Inde fantôme.
C'est au même observateur soucieux des réalités sociales que l'on doit un reportage sur les cadences infernales du travail en usine, Humain trop humain en 1974, et un autre sur la jungle des villes, Place de la République en 1974.

Controverse

Il s'attaque à deux tabous : l'inceste dans Le Souffle au cœur en 1971 et la collaboration sous l'Occupation dans Lacombe Lucien en 1974. C'est la gauche, pour le coup, qui fait grise mine et l'accuse de faire le jeu du révisionnisme.

De retour des Indes, il tourne un film lointainement inspiré de Ma mère de Georges Bataille, qui provoque un tollé : Le Souffle au cœur4. Il y évoque la relation incestueuse et romantique entre une mère et son fils. Ce thème est traité sans aucun jugement moral, ce qui sera une constante chez le réalisateur pour qui la vie s'apparente à une série de situations complexes. Il n'y a ni innocents ni coupables ou représentants du bien d'un côté et du mal de l'autre. Pour Malle, le spectateur doit être capable de se faire une opinion, sans condamner d'avance.
Trois ans plus tard, c'est sur un autre thème qu'il provoque une controverse. Dans Lacombe Lucien en 1974 il décrit le progressif engagement d'un jeune homme désœuvré dans la collaboration après qu'il a tenté d'intégrer sans succès la Résistance. Là encore, Malle ne porte aucun jugement, et montre un individu dont l'engagement est essentiellement dû au hasard des circonstances.
Même si une partie de la critique salue le film comme un chef d'œuvre, une autre partie accuse le réalisateur de tous les maux, lui reproche notamment de ne pas avoir vécu assez durement la guerre et juge son travail comme un affront à la mémoire des Résistants.
Cette polémique le décide à s'expatrier aux États-Unis.
Il tourne entre autres à La Nouvelle-Orléans un drame à costume sur la prostitution infantile, La Petite, avec la jeune Brooke Shields puis part pour Hollywood réaliser Atlantic City en 1980, avec Burt Lancaster, Susan Sarandon et Michel Piccoli, film qui raconte les mésaventures d'un truand à la retraite et de sa voisine dans la ville des casinos de la Côte Est.

Suit une époque de flottement, qui coïncide avec des turbulences dans sa vie privée.
Après l'échec d'un film qu'il définit comme un “conte de fées métaphysique”, Black Moon en 1975, il va tenter sa chance aux États-Unis, explorant avec un bonheur inégal des genres disparates : film de gangsters, Atlantic City, avec Burt Lancaster, 1980, défense des minorités, Alamo Bay, sur l'émigration vietnamienne au Texas en 1985, documentaire, God's Country en 1986 et jusqu'à un remake – manqué – du Pigeon, Crackers, avec Donald Sutherland, 1984.
On rangera à part La Petite, avec Brooke Shields, 1978, qui traite de la prostitution enfantine à La Nouvelle-Orléans au début du siècle, et un curieux projet expérimental, My Dinner with André en 1981, simple enregistrement d'une conversation à bâtons rompus entre deux intellectuels américains. Retour en Europe avec Milou en mai en 1989, comédie inspirée par la tourmente de 1968 vue de la France profonde, et Fatale en 1992, version “hard” des Amants, réalisée en Angleterre, avec Jeremy Irons et Juliette Binoche.
Seules réussites incontestables de cette dernière période, aux accents testamentaires : Au revoir les enfants en 1987, retour aux réalités douloureuses de l'Occupation, le film lui vaut un second prix Louis-Delluc, et Vanya 42e Rue en 1994, méditation sur les rapports du théâtre et du cinéma développée en marge des répétitions d'une pièce de Tchekhov dans un théâtre new-yorkais.

Un fil conducteur formel relie cette œuvre : le rôle primordial dévolu à la musique. Passionné de jazz, Louis Malle en parsème ses films, faisant appel ici à Charlie Parker, Sidney Bechet, Django Reinhardt, là à Jelly Roll Morton, Scott Joplin, le New Orleans Ragtime Orchestra ou le Joshua Redman Quartet.
Mais il puise aussi bien dans le répertoire classique : Brahms, Wagner, Erik Satie, Schubert, Saint-Saëns, ou la country music.
Le climat d'une fiction est inséparable, à ses yeux, d'une structure musicale adaptée. Mais il n'est pas moins sensible aux valeurs picturales. Chacune de ses réalisations peut ainsi être regardée comme un tableau – fresque ou allégorie, nocturne ou portrait de groupe.
La référence majeure est ici Matisse, pour la “démarche patiente et réfléchie grâce à laquelle il a élargi son champ de vision, en allant toujours vers une plus grande simplicité, vers l'essentiel” : belle formule qui définit parfaitement sa propre trajectoire.

Vie privée

Il a été marié à Anne-Marie Deschodt de 1965 à 1967. Il a eu un fils, Manuel Cuotemoc, né en 1971, avec l'actrice allemande Gila von Weitershausen et une fille Justine Malle, née en 1974 avec l'actrice franco-canadienne Alexandra Stewart.
Il a épousé l'actrice Candice Bergen en 1980. Ils ont eu une fille, Chloé Malle, née en 1985. Ils sont restés mariés jusqu'à sa mort en Californie, en 1995.
Sa cousine, Françoise Béghin, née en 1938, fille benjamine de son oncle maternel Ferdinand Béghin, est l'épouse de l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson.
L'un de ses frères, Vincent Malle, fut un producteur de cinéma.

Documentaires

Au cours de sa carrière, le réalisateur a alterné des films de fiction pure et des documentaires.
Le documentaire le plus connu pour lequel il a collaboré est sans conteste Le Monde du silence qui reste le premier vrai film sur la faune sous-marine.
Coréalisé avec Jacques-Yves Cousteau, ce long métrage marque sa première grande expérience professionnelle pour laquelle il devient scaphandrier.
Quinze ans plus tard, sur l'exemple de Jean Renoir et Roberto Rossellini, il filme la vie des Indiens dans une série de documentaires tels que L'Inde fantôme, réflexion sur un voyage et Calcutta, Prix de la fraternité 1969. Son expérience indienne le fait un temps hésiter à revenir à la fiction.
Il décide ensuite de filmer une autre forme de pauvreté : celle des travailleurs français plongés dans une précarité quotidienne à cause de l'usine Citroën de Rennes. Humain trop humain sort en 1973.
Il filme également la population pauvre des États-Unis dans God's Country en 1985 et La Poursuite du bonheur, And the Pursuit of Happiness, 1986. Il y relate le parcours d'individus qu'il avait suivis une décennie plus tôt.

Récompenses, sélections et nominations

Oscars

1957 : Oscar du meilleur film documentaire (avec Jacques-Yves Cousteau) - Le Monde du silence
1973 : nomination à l'Oscar du meilleur scénario original - Le Souffle au cœur
1975 : nomination à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère - Lacombe Lucien
1982 : nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Atlantic City
1988 : nomination à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère - Au revoir les enfants

Golden Globes

1982 : nomination au Golden Globe du meilleur réalisateur - Atlantic City
1982 : nomination au Golden Globe du meilleur film étranger - Atlantic City
1988 : nomination au Golden Globe du meilleur film étranger - Au revoir les enfants

BAFTA

1975 : BAFTA du meilleur film - Lacombe Lucien
1975 : nomination au BAFTA du meilleur réalisateur et du meilleur scénario (avec Patrick Modiano) - Lacombe Lucien
1982 : BAFTA du meilleur réalisateur - Atlantic City
1982 : nomination au BAFTA du meilleur film - Atlantic City
1989 : BAFTA du meilleur réalisateur - Au revoir les enfants
1989 : Nomination au BAFTA du meilleur film, du meilleur scénario original et du meilleur film en langue étrangère - Au revoir les enfants
1991 : Academy Fellowship Award pour l'ensemble de sa carrière
1991 : Nomination au BAFTA du meilleur film en langue étrangère - Milou en mai

Césars

1988 : Césars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario - Au revoir les enfants

Festival de Cannes

1956 : Palme d'or (avec Jacques-Yves Cousteau) - Le Monde du silence
1969 : sélection officielle, en compétition - Calcutta
1971 : sélection officielle, en compétition - Le Souffle au cœur
1978 : Grand Prix de la commission supérieure technique - La Petite

Mostra de Venise

1958 : Prix Spécial du Jury - Les Amants
1963 : Prix Spécial du Jury - Le Feu follet
1980 : Lion d'or - Atlantic City désigné culturellement signifiant par la Bibliothèque du Congrès
1987 : Lion d'or - Au revoir les enfants

Berlinale

1984 : en compétition pour l'Ours d'or - Crackers

Autres

1956 : Prix Méliès (avec Jacques-Yves Cousteau) - Le Monde du silence (ex æquo avec Les Grandes Manœuvres de René Clair)
1957 : Prix Louis-Delluc - Ascenseur pour l'échafaud
1987 : Prix Louis-Delluc - Au revoir les enfants (ex æquo avec Soigne ta droite de Jean-Luc Godard)
1988 : European Award du meilleur scénario - Au revoir les enfants
1989 : Bodil du meilleur film européen - Au revoir les enfants
1990 : Prix David di Donatello du meilleur réalisateur étranger - Milou en mai

Filmographie

Première période française

1953 : Crazeologie court métrage
1955 : La Fontaine de Vaucluse court métrage
1955 : Station 307 court métrage
1955 : Le Monde du silence documentaire coréalisé avec Jacques-Yves Cousteau, Palme d'or au festival de Cannes
1957 : Ascenseur pour l'échafaud
1958 : Les Amants
1960 : Zazie dans le métro
1962 : Vie privée
1962 : Vive le Tour !court métrage documentaire coréalisé avec Jacques Ertaud
1963 : Le Feu follet
1964 : Bons baisers de Bangkok court métrage documentaire
1965 : Viva Maria !
1967 : Le Voleur
1968 : Histoires extraordinaires - segment William Wilson moyen métrage
1969 : Calcutta documentaire
1969 : L'Inde fantôme série télé documentaire
1971 : Le Souffle au cœur
1973 : Humain, trop humain documentaire
1974 : Place de la République documentaire
1974 : Lacombe Lucien
1975 : Black Moon
1976 : Close Up court métrage documentaire
1977 : Dominique Sanda ou Le rêve éveillé court métrage documentaire
Période américaine
1978 : La Petite
1980 : Atlantic City
1981 : My Dinner with André
1983 : Crackers
1985 : Alamo Bay
1985 : God's Country documentaire
1986 : ...À la Poursuite du Bonheur documentaire
Deuxième période française
1987 : Au revoir les enfants
1990 : Milou en mai
1992 : Fatale
1994 : Vanya, 42e rue

Liens

http://youtu.be/IuHbvPQc0IQ Ascenseur pour l'échafaud
http://youtu.be/e6eoswBNhwc Le feu follet
http://youtu.be/LVGoYJ0vP4I Les amants
http://youtu.be/Du8HxE5EakU Au revoir les enfants
http://youtu.be/b_-LlJ8Hom0 Black moon
http://youtu.be/GU7XeQppzac Zazie dans le métro
http://youtu.be/9VqW07XB8lI Avant première de Louis Malle
http://youtu.be/1h-v14BHvqU L'Inde fantôme
http://youtu.be/jtABsJnunuc Calacutta
http://youtu.be/1PUk0WtNNcs Viva Maria
http://youtu.be/u956mbi592s Milou en Mai
http://youtu.be/ifxIC_A1hQ0 Milou en Mai Stéphane Grapelli



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Posté le : 23/11/2013 22:32
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René Barjavel 1
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Le 24 Novembre 1985 meurt à Paris, René Barjavel, il a 74 ans,

Romancier, nouvelliste, essayiste, chroniqueur, journaliste, scénariste/dialoguiste


il est né le 24 janvier 1911 à Nyons dans la Drôme et mort le 24 novembre 1985 à Paris, il est connu principalement connu pour ses romans d'anticipation où science-fiction et fantastique expriment l'angoisse ressentie devant une technologie que l'homme ne maîtrise plus.
Certains thèmes y reviennent fréquemment : chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, caractère éternel et indestructible de l'amour, Ravage, Le Grand Secret, La Nuit des temps, Une rose au paradis.

Son écriture se veut poétique, onirique et, parfois, philosophique. Il a aussi abordé dans de remarquables essais l'interrogation empirique et poétique sur l'existence de Dieu, notamment, La Faim du tigre, et le sens de l'action de l'homme sur la Nature. On lui doit en particulier les dialogues du Petit Monde de Don Camillo. Un concours de nouvelles de science-fiction se déroulant à Lyon porte son nom.Il est le précurseur de la science-fiction à la française


Généalogie de la famille Barjavel

René Barjavel a tenté de lui-même d'approfondir ses origines familiales ; il a ainsi cru pouvoir s'établir des origines paysannes, ce qui l'a amené à dédicacer Ravage

À la mémoire de mes grands-pères, paysans
Également, il déduit de rapprochements phonétiques une étymologie de son patronyme qu'il rapporte dans une interview à Evelyne Vivet en 1969 :

Mon nom, Barjavel, signifie "bavard" en provençal. Ce n'est sûrement pas à moi que ce terme s'applique car je suis très taciturne - et ma famille s'en plaint souvent - mais il s'agit à coup sûr d'un ancêtre qui devait autrefois "conter" des histoires au coin du feu à la veillée.
C'est sûrement de lui que j'ai hérité ce goût d'inventer des histoires, où je me libère du naturalisme, où je fabrique ma propre réalité.
Toutefois, sa cousine Mme S. Chamoux eut peu après l'occasion d'approfondir de manière plus rigoureuse ces données et elle lui révèla que si ses grands-parents directs, tant Émile Paget que Joseph Barjavel étaient certes paysans cultivateurs, ses ancêtres plus lointains, dont elle a remonté la généalogie jusqu'au XVIème siècle, constituent essentiellement une lignée de notaires, issue du Vaucluse. L'activité de notaire dans les siècles passés était très sollicité pour une multitude d'événements de la vie courante : contrats d'apprentissages, fermages, locations. L'étude des registres et actes révèle des détails savoureux de ces époques, que Mme Chamoux a elle-même utilisée pour sa propre généalogie dans son récit romancé, La Passe-Vogue voir une présentation.
On trouve un Casimir-François-Henri Barjavel historien à Carpentras au XIXème siècle, auteur en particulier d'un Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse, d'une monographie sur "Notre Dame de Sainte Garde des Champs, son berceau, son accroissement, ses vicissitudes, sa transformation" édité à Carpentras, Joseph Rolland, 1865, et d'un Traité complet de la culture de l'olivier, Marseille : Camoin, 1830 ; un accusateur public près le tribunal criminel du département de Vaucluse, dont la Bibliothèque Nationale conserve les lettres à la Convention Nationale, Avignon, 17 germinal an II : 1894, ainsi que d'autres documents. De nombreux Barjavel habitent encore le département du Vaucluse, et leur parenté avec l'auteur est avérée.
Pour ce qui est de l'étymologie, Mme Chamoux lui indiqué que, phonétiquement, jamais le son dur barjacca ne peut évoluer en barjava
et que selon toute vraisemblance, l'origine en est à trouver dans le mot provençal barjaveu ou barjavoun qui désigne la petite plante connue sous le nom d'aphyllante de Montpellier ou "étoile du berger" (Aphyllanthes Monspeliensis L.), dont les petites fleurs parsèment les garrigues et sous-bois de leur bleu lumineux qui est celui

des yeux de René Barjavel et de tous les Barjavel que j'ai connus comme élèves à Nyons..
Ces "révélations" intéressèrent fortement l'écrivain qui venait alors de faire dans la Charrette bleue un premier voyage dans les origines familiales, et envisagea dérechef le projet d'écrire, en association avec S. Chamoux, une histoire de sa famille ainsi ré-explorée, qui aurait eu le titre "La Règle d'ébène et l'Encrier de Moustiers "du nom des objets-symboles du métier de notaire ancien). Malheureusement le décès de l'écrivain n'en permit pas la réalisation.
On peut s'étonner qu'une histoire familiale s'oublie en si peu de générations ; les ancêtres "récents" il est vrai de la famille Barjavel sont inhumés au petit cimetière de Tarendol où repose maintenant l'auteur, et il semble donc pourtant que la tradition de leurs origines ne soit pas parvenu jusqu'au jeune René.

Enfance à Nyons(1911 - 1922)

René Gustave Henri Barjavel est né le 24 janvier 1911, dans la chambre du rez-de chaussée de la rue Gambetta

à Nyons dans la Drôme, naissance dûment déclarée le soir même à l'État-Civil.
Le point de départ que constitue cette date est cependant présenté par l'auteur comme une étape dans sa vie familiale, car c'est quelques années auparavant qu'il fait débuter son autobiographie quelque peu romancée, La Charrette Bleue.
En effet, sa mère, née Marie Paget en 1883, a épousé Henri Barjavel le 27 septembre 1909, après le décès de son premier mari, Émile Achard, qui était boulanger à Nyons, 6 rue Jean-Pierre André.
De quelques années plus jeune que Marie, Henri avait été l'ouvrier d'Émile Achard, puis, comme le raconte l'auteur avec beaucoup de délicatesse dans la Charrette bleue, il épousa Marie et la famille emménagea rue Gambetta, le fournil et la maison rue Jean-Pierre André étant vraiment trop petits, il est donc clair que René Barjavel n'y a jamais habité. .

Du premier mariage de Marie avec Émile Achard naquirent deux fils, Paul, né en 1903 et Émile, né en 1905, âgés de 8 et 6 ans à la naissance de leur demi-frère René.
Cette famille "recomposée" a vécu dans une très bonne entente, entre l'école primaire, supportée sans grand enthousiasme par le petit René, pour qui
c'était les travaux forcés, le bagne, l'horreur
et les vacances chez l'oncle César Paget qui habitait une ferme au hameau des Rieux .
Le jeune René était surtout entouré de présences féminines : sa mère, ses tantes et ses cousines, dont Nini à laquelle il restera attaché toute sa vie.
Le 29 mai 1922 Marie succombe des suites de la maladie du sommeil, apportée par les soldats coloniaux de la première guerre mondiale et véhiculé aussi par les taons communs, et qui ne fit pourtant que deux victimes en France. Sa mort laissa René alors agé de 11 ans extrêmement déstabilisé, et, comme le dit Mme Chamoux dans ses présentations de l'auteur ,
les mois passés à Nyons qui ont suivi la mort de sa mère ont été la période la plus pénible de la jeunesse de René.
À cela il faut ajouter les cancans pas toujours bienveillants des "commères" de Nyons à l'égard d'un jeune garçon un peu désemparé
J'ai été quelque peu leur victime à l'âge de quatorze ans, l'âge de mes amours passionnées et innoncentes. J'étais Roméo mais je ne montais pas à l'échelle. Elles voyaient déjà la fille enceinte. Elle avait quinze ans. Je me promenais avec elle en lui tenant la main. Elles mesuraient de l'œil son tour de taille... C'est un peu à cause d'elles que j'ai dû quitter Nyons pour devenir pensionaire au collège de Cusset. Je devrais leur en être reconnaissant...
Henri Barjavel vend la boulangerie peu après pour reprendre un café de Nyons avenue de la Gare, et Paul et Émile partent vers leur destinée...
Émile Achard, très bon auteur aussi fut a son époque le plus jeune ingénieur civil de France et a construit de nombreuses routes et ponts dans la Drome et partout en France. Leur frère aîné Paul est devenu capitaine au long-cours.
Ce fut en s'aidant des souvenirs d'Émile que fut écrite La Charrette bleue bien des années après .

Les années de jeunesse. Cusset et le Bourbonnais

Aussi est-ce pour lui un changement de vie apprécié lorsque le proviseur du collège de Nyons, M. Abel Boisselier, est muté à Cusset, près de Vichy et lui propose de l'y suivre en devenant pensionnaire. Les années de jeunesse passées à Cusset seront semble-t-il les plus heureuses : les méthodes d'enseignement du proviseur, très modernes pour l'époque, il instaura unilatéralement la mixité dans les classes à l'insu de l'Inspection Académique laissaient s'exprimer la créativité des élèves en leur offrant des possibilités de développement de leur ouverture d'esprit et du sens de l'autonomie.
De toute évidence, le jeune René prit goût à la région, qui allait par la suite influencer de manière parfois indirecte un bon nombre de ses œuvres, par l'atmosphère des lieux "Les Enfants de l'ombre."

On notera aussi qu'il écrivit des années plus tard le texte du chapitre Provinces du centre du guide touristique Provinces de France, avec de jolies descriptions de la région .
L'auteur se montre cependant très discret sur l'"intimité" de sa jeunesse. On apprend au détour d'un article du Journal du Dimanche, Les petits bals de ma jeunesse, 18 juillet 1976 que le proviseur facilitait les sorties dansantes du samedi soir, et, dans une interview rapportée dans l'édition Le Tallandier du Journal d'un homme simple, il confie :
"A ce moment-là commence la période la plus riche de mon existence, mon passage au collège et une grande histoire d'amour que je ne raconterai jamais, parce que c'est mon trésor personnel et qu'elle m'a ébloui pour le reste de ma vie... Toutes mes héroïnes, par la suite, en ont été des avatars, toutes mes histoires d'amour en portent la trace."
Il semble donc clair que Tarendol en porte non seulement la trace, mais l'inspiration, bien que l'auteur reste vraiment très réservé sur sa vie privée.
Les études secondaires finies, René se trouve bachelier, essentiellement grâce à la Littérature qu'il a vraiment découverte dans ce collège :
"J'étais un grand lecteur et la vocation d'écrire s'est emparée de moi. Je ne savais pas quoi ni comment, mais j'avais ce désir. Cela m'a valu, sans doute, de passer mon bachot malgré mon peu de performance dans les sciences exactes"
Mais avec peu de famille, et sans argent, poursuivre ses études n'est guère réalisable. Boisselier l'emploie comme "pion" au collège, puis lui procure un travail d'appoint :
"chez une de ses connaissances qui était un peu escroc sur les bords et tenait, à Vichy, une agence immobilière. Mon travail a duré trois semaines. Mon patron m'avait envoyé encaisser une traite chez un avocat du coin. Il s'agissait de trois mille francs environ de l'époque. L'avocat m'a fait répondre qu'il n'était pas là. Je lui ai laissé la traite - que mon employeur, cela va sans dire, n'a jamais revue. Là s'est terminée ma carrière dans l'immobilier."
Puis il donne des cours particuliers d'anglais..:
"une langue que je connaissais aussi peu que mes élèves. Il fallait que je prépare chacun de mes cours, que j'apprenne la veille ce que j'allais enseigner le lendemain et surtout qu'ils ne me posent pas de questions."
il devient quelque temps employé à la Banque Populaire :
"J'avais affaire à d'immenses registres, où se trouvaient les comptes de la clientèle. C'est moi qui devait faire les additions. J'en faisais plus qu'il n'était utile, car, à chaque fois, le total était différent. Je divisais ces grandes colonnes en petites, ce qui n'arrangeait rien car je continuais de me tromper dans les additions partielles. Je suis parti."
Mais enfin, à dix-huit ans, la chance se présente à lui avec le journalisme au Progrès de l'Allier, quotidien de Moulins :

Son propriétaire était Marcel Régnier qui était, alors, une lumière du parti radical-socialiste, sénateur de l'Allier, ministre des Finances. Cet organe de presse lui servait avant tout pour les élections. Mais enfin on paraissait tous les jours dix ou douze mille exemplaires. Dès le premier jour, j'y ai fait ma chronique. Anonyme, bien entendu. Le personnel du journal n'était pas pléthorique. Il y avait un directeur qui s'appelait René Lamy et lorsqu'il s'est aperçu que j'accomplissais bien ma tâche, on ne l'a plus vu au journal. Je suis donc resté seul. L'après-midi, je faisais le tour de la gendarmerie, du commissariat de police. Ma prose se limitait à ce style que Stendhal, grand amateur du code civil, eût sans doute apprécié : "Il a été trouvé, devant l'épicerie de Mme Dublin, un gant de filoselle de la main gauche : prière de le réclamer à la mairie." Il n'y avait pas, comme vous le voyez, un mot de trop. Le soir, je venais au journal vers sept heures. J'y trouvais les dépêches des correspondants locaux, secrétaires de mairie, instituteurs et autres, et surtout je recevais, merveille des merveilles, l'édition du jour de Paris-Midi, qui était tombée le matin même et avait pis le train pour Moulins. Alors les ciseaux accomplissaient mon ouvrage. Je faisais mon journal avec tous les articles de Paris-Midi qui n'étaient pas signés. Je recevais aussi des dépêches d'une agence de presse qui s'appelait "Radio". On ne pouvait, évidemment, s'en servir que pour des événements exceptionnels car les droits étaient chers. Après la copie, je corrigeais les épreuves, je faisais la mise en page et j'accompagnais le journal jusqu'à son tirage. Vers une heure du matin, mon travail était terminé.
Il y acquiert une expérience mais surtout une passion pour un métier qui restera le sien toute sa vie, et aussi pour le monde de l'écrit et ses techniques.
Mais le journal, chargé aussi de couvrir l'activité culturelle de la région, est pour Barjavel l'occasion d'organiser des conférences (pour l'Université Populaire en particulier, dont celle sur Colette, le 21 février 1934 à Vichy puis le 13 mars à Moulins, qu'il formalisera dans ce qui est en vérité son premier livre de 45 pages, Colette à la recherche de l'amour, édité chez La Nouvelle Province Littéraire et tiré à quelques quatre cents exemplaires sur les presses du Progrès de l'Allier le 30 mai 1934.

C'est à l'occasion d'une conférence organisée à Vichy par le journal dans le cadre de la Foire-Exposition fin août 1935 que l'éditeur Robert Denoël, belge installé à Paris depuis 1926, est invité à parler des rapports entre éditeur et auteurs.

J'étais fou de littérature et pour moi, à cette époque, Denoël était le Phénix. Il avait édité le Voyage au bout de la nuit de Céline qui venait d'avoir le prix Renaudot... On m'a chargé de le présenter au public. Je suis allé l'attendre à la gare. C'était un grand garçon à peine plus âgé que moi.
Après sa conférence, nous avons passé la nuit à bavarder. Je ne sais qui lui a envoyé le compte-rendu que j'avais fait de sa conférence et de l'interview qu'il m'avait donnée. Il m'a télégraphié en me demandant si je voulais venir travailler chez lui. Inutile de dire que j'ai donné tout de suite mes huit jours au Progrès de l'Allier et je suis monté à Paris.
On pouvait lire ce compte-rendu que fit Barjavel dans Le Progrès de l'Allier du 1er septembre 1935, ainsi qu'un article de René Laporte dans Micromégas, Courrier critique et technique du livre moderne qui présente en mars 1937 R. Denoël dans un article sous le titre “À quoi rêve un éditeur ?”
Mais ce ne fut en réalité pas si "immédiat". En effet, R. Denoël s'était attaché à Paris les talents d'une de ses amies, Irène Champigny, jeune femme plus ou moins morphinomane et très férue de graphologie, et souhaitait lui faire valider les "aptitudes" de Barjavel par un examen de son écriture. Or Barjavel s'obstinait à téléphoner à Denoël en vue de "provoquer son invitation", et ce n'est que lorsqu'il lui écrivit enfin que l'éditeur, enthousiasmé sans doute par les avis de son amie, l'invita rapidement... Il quitté ainsi le Bourbonnais fin septembre 1935, après y avoir participé à l'organisation de la Revue du Petit Casino de Vichy, spectacle cloturant la saison et regroupant des sketches et saynètes héroï-comiques écrites par Barjavel et quelques autres jeunes gens.

Barjavel resta pour toujours fidèlement redevable à R.Denoël,
le plus merveilleux éditeur du monde...
Entre temps, il a fait la connaissance de Madeleine de Wattripont, parisienne d'origine belge, Wattripont est un village près de Frasnes lez Anvaing dans le Hainaut Occidental qui travaillait dans une petite société liée aux éditions Denoël, L'Anthologie Sonore, qui éditait des phonogrammes, disques 78 tours de pièces de musique ancienne. Ils se marient en 1936, et deux enfants sont nés : Renée en mai 1937, et Jean un an après.

Les débuts à Paris avant la guerre.

Les premières années à Paris lui font découvrir le monde des lettres et de l'édition. Il se lie avec certains membres proches du mouvement "Le Grand Jeu", constitué autour de la revue du même nom qui, même si elle n'avait vu paraître que trois numéros dans sa brève existence en 1929, eut une influence discrète mais importante sur les mouvements d'idées aussi bien dans l'Art que la Littérature. Parmi eux Luc Diétrich, René Daumal, Lanza del Vasto et Philippe Lavastine, dont il restera toujours un très grand ami, qui eurent un autre "centre" commun, l'Enseignement de G.I. Gurdjieff.
Barjavel lui-même fut élève de cet Enseignement "initiatique" auprès de Jeanne de Salzmann, qui a hébergé quelques temps R. Daumal et P. Lavastine, qui devient d'ailleurs son gendre en épousant sa fille Boussik, P.Lavastine travaillait aussi à l'époque chez Denoël où il était rédacteur et traducteur. Barjavel eut l'occasion de rencontrer Gurdjieff lui-même une fois à l'un se ses diners, rue des Colonels Renard, à la fin de la guerre, et il confirme que malgré la personnalité du "gourou", son Enseignement eut sur lui une influence considérable.
Mais je sais que j'ai bu là la vérité, à cette source de vérité d'où coule toute la sagesse du monde, et où se sont formées les religions, fleuves qui s'éloignent chaque jour de leur source. Si je deviens un jour quelque cnose de moins malodorant que l'étron fondamental, ce sera le résultat d'une longue et lente lutte que je n'aurais sans doute jamais entreprise si je n'avais pas rencontré le "groupe" Gurdjieff. C'est tout ce que je peux dire aujourd'hui, mais c'est une certitude.

En 1936, son enthousiasme pour le métier des lettres l'amène à fonder avec Jean Anouilh la revue littéraire La Nouvelle Saison.

Lorsque la guerre éclate en août 1939, Barjavel a déjà acquis une position notable chez Denoël car il y est chef de fabrication, après avoir exercé différentes fonctions, au début très "manuelles", qui lui ont appris toutes les finesses du métier : magasinier, emballeur, lecteur, chef d'atelier, et il y finira directeur littéraire.
À son arrivée à Paris il s'était tout d'abord installé près de Montparnasse, quartier qui lui restera cher. Il emménage ensuite avec sa femme et leurs deux enfants rue Lacretelle, près de la porte de Versailles, d'où il écrira ses premiers romans ainsi que le Journal d'un homme simple dans lequel il présente avec affection ces lieux qui ont marqué ses débuts, Tarendol, écrit en 1944, se réfère aussi à la rue Lacretelle.
La situation financière est cependant souvent délicate, car Denoël ne payait jamais personne parce que, lui-même, n'avait jamais d'argent. Il réglait ses auteurs mais pas ses employés ! Pendant des années, je n'ai pas su ce que je gagnais : Denoël, le soir, prenait la caisse et donnait quelques sous à chacun. Je n'avais jamais pu m'acheter des meubles. Pour ma femme, c'était dur.
Ces traits caractéristiques de Denoël sont confirmés - parfois avec ressentiment - par d'autres auteurs qu'il éditait, tels L.F.Céline qui écrivait en 1947 :
Mes romans me rapportaient un million par an en 1944 - et à mon éditeur, le malheureux Denoel largement le double - je tombe de haut vous le voyez - j'étais l'auteur le plus cher de France ! Ayant toujours fait de la médecine gratuite je m'étais juré d'être l'écrivain le plus exigeant du marché - et je l'étais.
et aussi Albert Paraz :
Est-ce à dire que j'en veuille à Denoël ? Jamais de la vie. C'était un bon négrier. J'ai connu pire. J'en ai usé dix depuis la Libération. Il se valent.
Chez Denoël, il s'occupe d'une revue mensuelle grand format, Le Document :
C'était une sorte de Paris-Match mais mensuel et, chaque fois, un seul sujet y était traité : le Pape, le Front commun, etc. Une bonne formule pour le public, mais qui a été catastrophique pour Denoël.
Il tient aussi la rubrique de critique cinématographique à l'hebdomadaire "Le Merle Blanc", dirigé par E. Merle, où il écrit sous le pseudonyme de G.M.Loup, Grand Méchant Loup des articles sans concession et parfois acides sur les films, acteurs et personnalités qui font l'actualité du cinéma. Ces articles s'interrompent fin septembre 1937 au numéro 182 dans lequel est annoncé "samedi prochain : René Barjavel" - qui enchaîne en effet sous son vrai nom à partir du numéro 184 du 9 octobre 1937.
"Le Merle blanc" lui-même changera de temps en temps de nom et deviendra "Le Merle" tout court, paraissant alors le vendredi au lieu du samedi...

Jeune écrivain des années 40

La mobilisation générale le 2 septembre 1939 et la déclaration de la guerre, le 3 septembre font que son article du 1er septembre, Derniers soupirs grave et préoccupé, et à la mise en page bizarre comme si certains paragraphes en avaient été - déjà ? - censurés in extremis, aura été le dernier.
Barjavel part pour le front où il est caporal d'intendance d'un régiment de zouaves. La guerre ne se présente pas du tout comme l'opinion publique s'y attend, car

... la guerre nous apporta le soulagement. On se dit : "Enfin nous allons en finir avec ce fou !" Hitler Nous étions persuadés que nous serions de retour dans trois semaines. On nous avait tellement dit qu'il n'avait que des tanks en carton...
J'ai écrit à ma femme que ce serait bientôt fini et que dans huit jours je serai là. Nous n'avions pas la télévision mais nous avions les actualités cinématographiques. Régulièrement, on nous montrait l'armée allemande dans un état pitoyable. J'ai encore dans les yeux l'image d'une fantassin marchant courbé sur un champ de bataille derrière un char peint sur un panneau ! En revanche, les défilés du 14 juillet nous montraient les plus fiers régiments de l'armée française, des chars qui défilaient, des avions.
La débâcle de 1940 laisse ce qui reste de l'armée dans l'incompréhension, et sans chefs, sans ordres, ils errent sur les routes, dans les champs, traversent la Seine puis la Loire en évitant Dunkerque.
On se nourrissait comme on pouvait, dans les fermes abandonnées, puis la Loire traversée, de nouveau les paysans étaient là, auprès desquels on pouvait trouver de la nourriture. Quand nous entendîmes la voix de Pétain à la radio annonçant l'armistice - je me souviens, c'était la radio d'un camion militaire au bord de la route - ce fut pour tous un immense soulagement. On a eu mal après. Mais sur le moment... On ne savait plus où on allait, où tout cela allait finir - aux Pyrénées ?
René Barjavel séjourne dans un camp de regroupement près de Bordeaux, dont il garde un très mauvais souvenir, puis est envoyé dans une vallée pyrénéenne en attendant sa démobilisation. Il rejoint enfin sa famille dans l'Isère mais comme Denoël a été mobilisé dans l'armée belge et a fermé son établissement parisien, il n'a plus de travail. Des amis le présentent à un éditeur de Montpellier, M. Causse qui possédait le seul quotidien de France, et sans doute du monde, consacré au vin, La Journée vinicole. II éditait aussi un tout petit journal, L'école étudiante et souhaitait qu'il devienne l'organe de presse de tous les étudiants de la zone libre. Il me l'a confié. Je ne restais que quelques mois mais ce fut formidable. J'ai fait débuter ainsi des hommes de grand talent : Jacques Laurent, François Chalais, Yvan Christ, Raymond Castans...
Il habitait alors avec sa famille à Palavas-les-Flots, petit village de pêcheurs où séjournaient de nombreux réfugiés, où l'accueil ne fût pas particulièrement chaleureux. Pourtant René Barjavel n'en gardera aucune amertume et, au contraire, se montrera par la suite très amical à l'égard de cette région où il retournera en 1950.
Fin 1940, le polytechnicien Pierre Schaeffer, alors âgé de 29 ans et ingénieur à la radio, lui aussi élève de l'Enseignement de Gurdjieff avec Barjavel chez Mme de Salzmann, il dirigera des années plus tard le service de la recherche de l'ORTF crée et anime le mouvement Jeune France dont le but est "d'aider les jeunes artistes en leur proposant d'animer des soirées de jeunes réduits à l'inaction par la débâcle". Un bureau d'études anime et coordonne sept sections artistiques, et Barjavel a en charge la section littéraire de Lyon, aux côtés de Claude Roy et Albert Ollivier. Une autre section s'occupe à Paris de la zone occupée. Ce mouvement, apolitique, est pour ceux qui y participent une aventure passionnante mais éprouvante, car les problèmes de fond créent, dès qu'ils sont abordés, des dissensions intenses. Si le cœur du projet est de doter chaque région d'un centre culturel, ce concept de "décentralisation" ne sera concrétisé que bien des décennies après. En mars 1942 P. Schaeffer, trop en désaccord avec le gouvernement qui a aboli les droits de l'homme, interdit les syndicats et réintroduit le délit d'opinion, abandonne et dissous le mouvement.

Barjavel et sa famille rejoignent ensuite Paris où la vie reprend sous l'Occupation allemande, période trouble qui force les uns et les autres à user parfois d'expédients pour subvenir aux besoins familiaux.
L'éditeur Denoël, rentré à Paris et qui a ouvert sa maison - en piteux état - le 5 octobre 1940, se trouve contraint à une association avec un allemand, Wilhelm Andermann, éditeur d’art berlinois qui prend une part du capital de la maison, et les impératifs éditoriaux de l'époque obligent à certaines teintures de pensée pour ne pas déplaire à l'occupant et obtenir les quotas de papier nécessaires à la production.
Ainsi Denoël, qui semble d'ailleurs avoir professé une certaine forme de sympathie pour l'Allemagne, publie-t-il certains auteurs franchement collaborationnistes tels que L.F. Céline, R. Brasillach et L. Rebatet, ce dernier originaire de la Drôme comme Barjavel avec qui une certaine sympathie semble s'être nouée.

Barjavel est alors devenu directeur littéraire des éditions Denoël, et il est indéniable qu'il fréquente alors tout le monde de la littérature de l'époque.
En 1942 il est chargé de diriger la collection pour la jeunesse "La Fleur de France", qui semble obéir à une ligne de pensée à la gloire des héros de l'histoire de France, sans doute inculquée par les autorités de l'époque. Il en publie d'ailleurs l'un des premiers titres : Roland, le chevalier plus fort que le lion. C'était là son premier livre d'"édition", et il y croyait si bien qu'il avait fait faire un tirage démesuré ; à la Libération il en restera des centaines dans les caves de l'éditeur, qui durent être pilonnés, faisant de ce premier ouvrage la rareté qu'il est devenu maintenant.

Il avait toutefois déjà préparé d'autres romans, dont la publication ne fut pas vraiment envisagée, mais qui se transformèrent sous les conseils de Denoël pour devenir les autres premières œuvres de l'auteur. Ainsi on trouve des extraits d'un "projet" intitulé L'Apprenti dans la revue littéraire La Nouvelle saison, qui contient ce qui devait devenir la scène du vol des fraises dans Tarendol.
Ce projet avait semble-t-il mûri au début de son séjour à Paris pour prendre la forme d'un manuscrit complet, François le fayot.
Ce livre était inspiré par les souvenirs de mon service militaire. J'étais violemment anti-militariste. Aujourd'hui, le garçon que j'étais collaborerait à Libération. J'avais été dans l'infanterie à Chaumont. La discipline imbécile de l'époque, la sottise idiote des sous-officiers, tous vérolés, idiots...
Sentir que ces gens-là avaient sur moi un droit de vie et de mort... Pour la moindre bêtise, c'était le tribunal militaire, les bat'-d'af... J'en avais ressenti une telle rancune que j'avais écrit François le fayot. Le "fayot", vous le savez, était celui qui avait rempilé : un épouvantable personnage, une brute, un bon à rien...
Quand je suis revenu, j'ai retrouvé ce manuscrit dans un tiroir, je l'ai relu. C'était abominablement mauvais. Je l'ai jeté, mais une graine en est restée, celle de l'histoire d'amour qu'il contenait. C'est devenu plus tard Tarendol.
En 1942, l'atmosphère de l'occupation, les visions des villes bombardées et peut-être aussi certaines idées de l'époque l'inspirent pour un roman qu'il avait imaginé quelques années avant la guerre. Il prévoit de l'intituler « Colère de Dieu » et, pour le publier, le soumet à Denoël. Celui-ci n'a pas aimé le titre, Colère de Dieu. Il a quand même lu le manuscrit dans la nuit et, le lendemain, il a consacré sa matinée à me montrer quels étaient mes défauts et mes qualités. Il a remplacé le titre par celui de Ravage. J'étais jusque là un journaliste, il a fait de moi un écrivain. En cette matinée, il m'a appris mon métier. C'était un homme fantastique. A part Céline, tous ceux qui sont passés chez lui lui doivent quelque chose de leur talent. Denoël était un éditeur dans le grand sens du mot.
Le roman est conçu dans le genre qualifié maintenant de science-fiction, pour

échapper au traditionnel roman d'analyse psychologique. Aux "états d'âme". A la "littérature". Les drames, les comédies, les tragédies même, personnelles, familiales, nous les vivons, nous sommes plongés dedans chaque jour, saturés, submergés, glouglou... Je n'ai aucune envie de les retrouver dans les livres, ni ceux des autres ni les miens. La S.-F. permet d'ouvrir des fenêtres vers tous les horizons du temps et de l'espace et de s'intéresser à de vastes problèmes qui concernent non plus tel ou tel couple ou trio ou quatuor, dans ses exercices toujours recommencés, mais l'espèce humaine tout entière. C'est le sort des hommes qui m'intéresse, non celui d'un seul.cependant, l'auteur le présente comme "Roman extraordinaire" et non de science-fiction;
Je n'avais pas employé le mot, à l'époque, ne fut-ce que parce qu'il était inconnu du public français. J'avais baptisé mon livre "roman extraordinaire", en hommage à Jules Verne qui avait baptisé les siens "voyages extraordinaires". En fait, le mot qui était alors en vogue était celui d'anticipation.
Ce fut donc Ravage, paru en 1942, voir la page "écrit" qui présente l'analyse de l'œuvre, et dont les influences et idées sous-jacentes laissent encore planer parfois des sentiments mitigés, que la page Influences dans l'écriture de Ravage se donne pour objectif de clarifier.
Le roman connait alors un certain succès, et Barjavel écrit l'année suivante Le Voyageur imprudent, qu'il publie tout d'abord en feuilleton du 24 septembre 1943 au 14 janvier 1944 dans la revue "collaborationniste" de Brasillach et Bardèche, "Je Suis Partout". Il a aussi publié dans ce même journal trois nouvelles, qui seront plus tard regroupées dans le recueil La Fée et le Soldat en 1945 : Les mains d'Anicette le 24 mars 1943, La fée et le soldat le 18 juin 1943 et Péniche, le 3 septembre 1943. Publications a priori dénuées d'arrière-pensée politique, mais qui seront reprochées à l'auteur à la fin de la guerre lors de la campagne d'"épuration", ce qui lui vaudra d'être inscrit sur la première "liste noire" d'auteurs suspects publiée par Les Lettres Françaises le 16 septembre 1944. Cependant, il en est retiré rapidement et se trouve "blanchi" de ses accusations, en particulier grâce à une lettre de Georges Duhamel à la direction de ce comité qui l'innocentait complètement. Il s'en est par ailleurs expliqué auprès de l'écrivain J. Assouline, qui en rapporte des détails dans son livre l'Épuration.
En janvier 1944, l'académie Goncourt étant quelque peu désorganisée, un jury alternatif s'est constitué pour décerner à Barjavel Le Prix des Dix. Ces dix humoristes étaient en fait des amis et collègues de Barjavel dont on retrouve les noms au bas d'articles du Merle Blanc et plus tard de Carrefour.

Grâce à son expérience de la critique cinématographique et son intérêt pour le Septième Art, dont il devine qu'il est appelé à un avenir qui dépassera les limites que les restrictions techniques lui imposent, il écrit en 1944 un petit livre visionnaire, Cinéma Total - essai sur les formes futures du cinéma. Cet ouvrage est maintenant épuisé depuis longtemps, et ne fut pas ré-édité sous cette forme, en France tout du moins ; Il demeure toujours présent à la mémoire de spécialistes du cinéma, et on y trouve des anticipations étonnantes du multimédia et du cinéma en relief qui justifieraient que le souvenir de l'auteur soit honoré au Futuroscope de Poitiers par exemple...
Après la Libération, la situation allait tourner plus mal pour Denoël : accusé d'entente avec l'ennemi du fait de son association avec W. Andermann et surtout de publications d'écrivains collaborationnistes notoires, et en dépit d'éditions d'un bord opposé telles que Louis Aragon et Elsa Triolet, il est suspendu de ses fonctions par le Comité d'Épuration du Livre qui, le 20 août 1944, fait nommer par le ministère de la production industrielle un administrateur provisoire, Maximilien Vox (pseudonyme de Samuel William Monod. Ce dernier était lui-même éditeur, imprimeur et graveur en 1894-1974, il a laissé son nom à une classification typographique créée en 1954, maintenant universellement utilisée : il n'avait guère de temps à consacrer à la maison Denoël. C'est donc Barjavel qui la dirigea durant des mois, rendant compte à Denoël jour par jour de la marche des affaires et des manuscrits déposés. Il aida aussi l'éditeur à constituer ce qu'on appela ensuite son "dossier noir", qui contenait des éléments à charge de la plupart de ses confrères non épurés.
Denoël fut convoqué à comparaître, mais fut assassiné dans des circonstances encore non élucidées le soir du dimanche 2 décembre 1945, quelques jours avant son procès. Ce soir-là, le "dossier noir" disparait mystérieusement. Barjavel jura ensuite qu'il ne contenait que des coupures de la "Bibliographie de la France", mais ce n'était guère convaincant : le portefeuille de l'éditeur, qui contenait 12.000 F, n'avait pas été dérobé, alors qu'un dossier contenant de simples coupures de presse restait introuvable...
La "fidélité" de Barjavel envers Denoël semble être ce qui l'amène à témoigner curieusement lors de la succession de celui-ci au détriment de Mme Cécile Denoël, en "authentifant" l'écriture de Robert Denoël - alors contestée par sa veuve depuis quatre ans - sur l’acte de cession de ses parts aux Editions Domat-Monchrestien, gérées par Jeanne Loviton, maîtresse de Denoël avant sa mort. "Un Cinquantenaire oublié" de Mr H.Thyssens tente de faire le point sur les circonstances de son assassinat.
Par la suite, Barjavel rédigea un récit intitulé "Les sept morts de Robert Denoël", qui passait en revue, sur le mode romanesque, les différentes versions de ce crime non élucidé ; ce texte ne fut cependant jamais publié.

La maturité : Cinéma, et grands livres

Après la guerre, Barjavel reprit ses activités de critique et continua d'écrire dans France-Hebdomadaire et surtout Carrefour la chronique de théatre.
Ce journal hebdomadaire, créé fin août 1944 par Émilien Amaury, accueillit durant de nombreuses années les grandes signatures de la presse française, dont François Chalais "lancé" à Montpellier comme on l'a vu, qui tiendra aux côtés de Barjavel la rubrique de cinéma. À cette activité de critique, qui est pour Barjavel une passion tout autant qu'un gagne-pain, Barjavel ajoute l'écriture d'autres livres, et il publie ainsi le recueil joliment illustré par Pribyl, de nouvelles un peu fantastiques La Fée et le Soldat, contenant les trois textes publiés dans "Je Suis Partout" en 1943 en 1945, puis Tarendol, roman d'amour dont il a été dit plus haut les sources autobiographiques, et qui plonge aussi dans l'actualité douloureuse de la guerre. Un second recueil de nouvelles, Les Enfants de l'ombre en 1946, reprend et complète le premier, et un nouveau roman de science-fiction paraît en 1948, Le diable l'emporte.
Mais ses activités le forcent à un rythme de travail soutenu, du fait de l'obligation d'assister aux premières des spectacles pour en remettre l'article dès le lendemain matin... Situation qui, combinée aux impératifs de la vie familiale, le forcent en octobre 1950 à un repos forcé en province car la maladie, la tuberculose s'est déclarée, heureusement décelée à temps par son très consciencieux médecin, le docteur Rollin, comme il le raconte dans Le Journal d'un homme simple.
Ce "repos" est en fait un déménagement familial dans le Midi en décembre 1950, il semble que ce soit à Montbrun les Bains où un établissement thermal soignait cette affection, et est en fait l'occasion pour lui de remettre en forme et compléter ses "notes personnelles" qui vont devenir ce Journal d'un homme simple, publié en 1951.

Et il ne cesse pas non plus son activité de journaliste, car c'est désormais la chronique de critique radiophonique qu'il assure à Carrefour à partir de l'été 1951 : comptes-rendus d'auditions d'émissions diverses, un genre que l'on peut difficilement imaginer de nos jours...

La fin des années 40 l'a aussi amené à une activité créatrice complétant celle de critique et d'essaiste, puisqu'il commence à être présent dans le monde du cinéma en écrivant en 1947 les dialogues d'un premier film de Georges Régnier : Paysans Noirs, alias Famoro le tyran, d'après un roman de Roger Delavignette.
Il écrit aussi les commentaires d'un reportage "Télévision oeil de demain".
Cette époque est celle du procès de L.F. Céline, pour qui il ne cache pas son admiration, tant par un chapître du Journal d'un homme simple, édition de 1951 qui lui est presque entièrement consacré, L'Homme et le homard, que par ses lettres à divers écrivains et personnalités dans lesquelles il prend la défense de son aîné.
Et le déplacement de son activité vers le cinéma relève peut-être aussi d'une prise de distances vis à vis du monde de la littérature qu'il trouve si ingrat.
En 1949 il participe au scénario de Donne senza nome, Femmes sans nom de Géza von Radványi, collaboration évoquée dans le Journal d'un homme simple, et c'est en 1951 que son activité dans ce domaine prend un tournant décisif avec Le petit monde de Don Camillo de Julien Duvivier, d'après le roman de Giovanni Guareschi. À cette occasion, il fait la connaissance de Guareschi venu à Paris pour préparer le film, et lui fait découvrir la capitale, et aussi... le pastis, dont Guareschi eut du mal à se remettre.
Film dont le succès l'étonna pendant longtemps, et qui ne contribua pas immédiatement à améliorer sa situation financière ! En effet, alors que les autres membres de l'équipe avaient été payés sur les recettes, Barjavel, jeune débutant dans ce métier, ne l'était contractuellement qu'au forfait. Mais le fisc ne conçut pas la chose ainsi dans un premier temps, et l'auteur dut batailler auprès de son percepteur pour contester un redressement fiscal résultant d'une imposition d'office sur la base du succès du film...
Ce démarrage dans le monde du cinéma amena Barjavel à en faire son activité principale, comme scénariste et dialoguiste.
Une tentative de réalisation d'une adapation de la pièce Barabbas de Michel de Ghelderode à Collioure n'aboutit pas, malgré l'enthousiasme de l'équipe d'amis qu'il avait constituée, Le Journal d'un homme simple en rapporte les péripéties parfois émouvantes, et on peut aussi trouver la trace de courts métrages :

Les Hommes de fer documentaire sur les armures du Musée de l'Armée, 1953, dont il dit :
Il y a des trésors inestimables, des armures gravées comme des œuvres d'art. On pouvait y voir l'armure de Jeanne d'Arc, qui avait la particularité d'avoir une braguette formidable...
Monsieur Lune habille son fils dont certanes scènes seront reprises dans Parisien malgré lui / Toto à Paris en 1958,
l'histoire d'un petit banlieusard qui veut acheter un costume neuf à son fils dans un grand magasin parisien.
Premier Roman
l'histoire d'un jeune écrivain dont les jurés du prix Goncourt chuchotent qu'ils vont lui donner le prix... Il y croit, son éditeur aussi qui fait un gros tirage et prépare les manchettes, les cocktails, le champagne pour les journalistes... Et c'est un autre auteur qui a le prix... C'est une histoire qui m'est arrivée, pas pour le Goncourt, mais pour le Fémina. Une expérience effrayante !...
Adaptations, scenarii et dialogues constituèrent donc son activité principale jusqu'au milieu des années 60, avec les réalisations de

Le Témoin de minuit (1953), de Dimitri Kirsanoff
Le Retour de Don Camillo (1953), de Julien Duvivier (Il Ritorno di Don Camillo)
L'Étrange désir de Monsieur Bard (1953), de Géza von Radványi
Nuits andalouses (1953) de Ricardo Blasco et Maurice Cloche (Noches andaluzas)
Le Mouton à cinq pattes (1954) (dialogues),
Les Chiffonniers d'Emmaüs (1955), adaptation du livre éponyme de Boris Simon (1954)
Don Camillo et Peppone (1955) (dialogues français) (Don Camillo e l'onorevole Peppone)
Goubbiah, mon amour (1956)
Les Aventures de Till L'Espiègle (1956), avec Gérard Philipe
La Terreur des dames (alias Ce cochon de Morin) (1956)
L'Homme à l'imperméable (1957) (dialogue, d'après un roman de J.H. Chase, tiger by the tail)
Le Cas du docteur Laurent (1957)
Les Misérables (1957), monument du cinéma en deux périodes, avec Jean Gabin
Parisien malgré lui (1958) (alias Toto à Paris)
Femmes d'un été (1958)
Mademoiselle Ange (1960), de Géza von Radványi
Boulevard (1960) (alias La Grande vie) (1960)
Don Camillo... Monseigneur ! (1961) (dialogues français) (Don Camillo monsignore ma non troppo)
Le Diable et les dix commandements (1962) (dialogues de xx sketches) de J.Duvivier
Chair de poule (1963) adaptation et dialogues d'après un roman de J.H. Chase,
Don Camillo en Russie (1965) (Il Compagno Don Camillo)
Section consacrée aux Films, ainsi que la retranscription du Café Littéraire des Journées Barjavel 2006 à Nyons : Les Cinémas de René Barjavel.
Il tâte aussi d'une autre activité d'écriture, les paroles de chansons, dont il reste à présent fort peu de souvenir.
Cette intense activité ces années-là lui laisse peu de temps pour la littérature. Il ne publie que peu d'ouvrages, et ceux-ci sont en fait liés à son expérience immédiate : Collioure, album de dessins du peintre Willy Mucha dont il écrit les textes de présentation avec Henri-François Rey ; W. Mucha l'a hébergé en août 1950 lors du tournage de l'adaptation de Barabbas, Jour de feu, voir la page qui présente cette œuvre rarissime, et Jour de feu, roman qu'il tire du scénario de ce projet de film, qui parait discrètement en 1957 mais sera ré-édité avec plus de succès en 1974.

Le début des années 60 le voit timidement renouer avec la science-fiction. Il contribue à la jeune revue Fiction dans laquelle trois de ses nouvelles, tirées du recueil Les Enfants de l'ombre, sont publiées : Béni soit l'atome dans le n°58 de 1958, Péniche n°88, mars 1961 et L'Homme fort, n°104, juillet 1962.
La vague naissante de la science-fiction française, dont les pionniers enthousiastes animent ces revues, le considère en effet alors comme l'un de ses "aînés" puisque c'est surtout pour ses trois premiers romans extraordinaires qu'il est connu dans cet univers. Et c'est à l'invitation de Fiction qu'il écrit un court texte pour le numéro spécial, maintenant fort prisé des collectionneurs, "La première anthologie de la science-fiction française" de mai 1959 : Colomb de la Lune.
En 1962 il étoffe l'histoire de manière conséquente, et en fait le roman du même nom qui est aussi une histoire d'amour, et un hymne au Mont Ventoux qui vient justement de se transformer en base de contrôle des missiles nucléaires du Plateau d'Albion.

Le milieu des années 60 est le redémarrage de son activité littéraire. Il s'éloigne du monde du cinéma, dont un certain mercantilisme lui déplait, et reporte sous sa plume les thèmes de ses réflexions qui n'étaient jusqu'alors que simplement commentés dans ses romans. Et La Faim du tigre en 1966, qui obtient le Prix Lecomte du Noüy, est un véritable essai philosophique sur des pensées humanistes qui révèlent sa pensée et son écriture à un public sans doute différent de celui de la littérature de science-fiction qui l'a connu précédement.
C'est à cette occasion qu'il "perd son prénom", car il juge opportun de ne se faire reconnaître en tant qu'écrivain que sous son seul nom, laissant à son activité cinématographique son identité complète ; désormais, ses livres seront donc de Barjavel tout court...

René Barjavel a supprimé son prénom. Il s'appelle maintenant Barjavel tout court, comme Fernandel. Ce n'est pas pour rappeler qu'il est le dialoguiste de Don Camillo mais pour marquer ses distances, précisément, avec le cinéma.

Il renoue aussi avec le journalisme, en tenant d'abord la chronique de télévision au Journal du Dimanche, puis "Les Libres Propos", qui occuperont chaque semaine, pendant près de dix ans, la demie deuxième page du journal ainsi des articles dans France-Soir, et une émission sur Radio-Télé-Luxembourg (RTL), où il commentera en particulier avec poésie les premiers vols vers la Lune.

Son activité reste quand même orientée vers le cinéma, et ce n'est que parce que les scénarii qu'il prépare avec son ami André Cayatte épouvantent les producteurs par les budgets qu'ils nécessiteraient, qu'il en fait des romans dont le succès le rendra vraiment célèbre.
Ainsi La Nuit des temps en 1968.

Olenka de Veer

En 1967 il a fait la connaissance d'Olenka de Veer, astrologue-écrivain qui l'a tout d'abord "émerveillé" par sa traduction du roman de James Stephens "La Cruche d'or", plongeant dans le merveilleux du folkore irlandais et de ses Léprécaunes. Barjavel en écrivit la préface, et fit part de son admiration pour l'œuvre dans son article du Journal du Dimanche du 20 janvier 1974. Et il a trouvé avec humour l'incarnation d'un léprécaune en la personne de Louis de Funès dont il réalisera une interview savoureuse qu'il rapporte le 21 octobre 1973, à l'occasion de la sortie du film Rabbi Jacob. Le thème du merveilleux irlandais lui en restera ensuite comme on le verra.
Olenka de Veer porte alors le nom d'Olenka de Saint Maurice, car elle est mariée au producteur de cinéma Christian de Saint-Maurice Suspense au deuxième bureau.

Elle étonne aussi Barjavel par ses "talents" d'astrologue, non pas tant de prédictions que de définition du caractère par le thème astral qu'elle lui démontre sur des personnalités de l'époque le secrétaire général de la C.G.T. G. Séguy en particulier, comme il le rapporte dans ses articles de France-Soir des 18 et 20 février 1970 contenus dans le recueil "Les Années de la Lune". Olenka de Veer divorce peu après, et il semble alors que leurs relations se soient alors resserrées. Lorsque La Nuit des temps parait, elle lui prédit un succès littéraire très proche, et de fait le roman obtient le Prix des Libraires en 1969, ce qui aide à contribuer à son grand succès.
À cette époque la mode des comédies musicales est à son apogée avec Hair dont l'adaptation française de Jacques Lanzmann triomphe à Paris au Théatre de la Porte Saint-Martin. La Nuit des temps inspirera les membres de la troupe, et une comédie musicale sera conçue par la chanteuse Annie Nobel et le chef d'orchestre Pierre Schiffre pour succéder à Hair. Barjavel donne un avis bienveillant à cette adaptation qui prend certaines libertés avec la fin de l'histoire tel qu'il l'a conçue. Finalement, le projet n'aboutira pas pour diverses raisons, le goût du public pour les spectacles musicaux s'étant amoindri. On pourra en savoir plus sur la page "La Nuit des temps source d'inspiration"et le site d'Annie Nobel .

La saison 1970-1971 lui donne l'occasion de présenter une pièce de théatre, Madame Jonas dans la baleine, montée aux Bouffes Parisiens avec Maria Pacôme, mais qui n'aura cependant pas un énorme succès, seulement 60 représentations. Peut-être la création théatrale était-elle un genre inapproprié au talent de l'auteur. La pièce sera remontée en juin 1977 avec Rosy Varte et Guy Tréjean pour la 270ème émission Au Théatre ce soir, diffusée le 22 juillet 1977 sur la première chaîne.
La base de l'histoire elle-même sera reprise en 1980 par Barjavel qui en fera son roman Une Rose au Paradis.

S'il s'agit de la seule pièce de théatre jouée de Barjavel, il confie lui-même cependant dans le Journal d'un homme simple que Le Voyageur imprudent a fait l'objet de tentatives successives d'adaptations en pièce de théatre,

Pour changer un peu de domaine, j'ai corrigé, en revenant de Collioure, mon Voyageur imprudent, récrit en juillet pour la troisième fois. Non pas mon roman, il est ce qu'il est, il restera tel, et pour ma part je ne le trouve pas mauvais du tout ! Mais la pièce que j'en ai tirée Lorsque je l'ai écrite pour la première fois, c'était un drame. L'ayant terminée, je la relus. Et je m'aperçus que pour un drame c'était plutôt farce. ... J'ai donc récrit mon Voyageur en décidant de renoncer au drame et d'en faire une comédie. Mais maintenant je ne suis plus sûr du tout que ce soit drôle.
Le projet en était donc resté là...

Avec ces deux romans qui terminent les années 60, le succès littéraire et la reconnaissance du "grand public" font de l'écrivain maintenant d'âge mur, il a 57 ans un auteur à succès, connu autant de ces larges lectorats et auditoires que de quelques spécialistes ou amateurs de science-fiction. Ces derniers d'ailleurs diminueront leur intérêt, voire leur sympathie à son égard, car les tendances politiques de l'époque, les agitations revendicatrices de mai 1968 sont dans l'air du temps, font que, pour la jeune génération d'écrivains de science-fiction, il parait vieillot, réactionnaire voire "ringard". Ils ne l'épargnent pas particulièrement dans les colonnes de la revue Fiction qui présente ses nouveaux romans sous des angles parfois peu amènes. Entre temps sa popularité comme homme de pensée s'est étendue par ses chroniques journalistiques, tant dans la presse écrite que la radio ou la télévision. Certains même le lui reprocheront, ainsi, dans le numéro n°236 d'août 1973 de Fiction, Serge-André BERTRAND ironise cruellement dans sa critique du Grand Secret :

...et puis Barjavel s'est lentement transformé en ce qu'il est devenu aujourd'hui : un journaliste à tout faire qui parle de tout et de rien sans jamais être au courant du fond du problème, et dont on voit à tout bout de champ la tête de chien battu à la télévision chaque fois qu'il s'agit de proférer sentencieusement des lieux-communs
De fait, si ses idées se rattachent à une tendance "écologique" dont il fait sa profession de foi, il ne rejoint cependant pas le fond politique des écologistes alors nettement portés à gauche, voire "révolutionnaires", ce qui le fait classer par ceux-ci comme du bord opposé - donc "réactionnaire".
C'est durant cette période que son activité atteint alors ses plus hauts niveaux, et il entreprend pour de bon un film en 1968 avec André Cayatte : ce sera, sur le thème de ce qui est appelé alors le phénomène hippie, Les Chemins de Katmandou, dont il tirera presque immédiatement après le roman maintenant bien plus connu que le film, pourtant deuxième apparition conjointe de S. Gainsbourg et J. Birkin qui venaient de faire connaissance ...
Il enchaîne articles sur romans, et publie ainsi en 1973 Le Grand Secret, voir dans la bibliographie, qui fut d'abord comme La Nuit des temps une idée de scénario avant d'être finalement réalisé en série télévisée en 1989 par Jacques Trébouta. Il "ressort" certains textes parus initialement quelques années avant, qu'il complète ou retouche un peu pour l'occasion. C'est le cas du recueil de nouvelles Le Prince blessé en 1974 et de La Faim du tigre, qui est ré-édité en 1974 après la première édition plus "discrète" de 1966.
Se voit aussi discrètement ré-édité Roland le chevalier plus fort que le lion, dans la collection pour la jeunesse Rouge et Or, série Spirale, n°179, avec strictement le même texte que l'édition de 1942, mais illustré en couleurs par J. Pecnard.

En 1974 son amitié avec Olenka de Veer se concrétise sur un projet littéraire commun, Les Dames à la Licorne, qui raconte de manière romancée l'histoire des ancêtres irlandais d'Olenka.
L'assiduïté de ses lecteurs hebdomadaires du Journal du Dimanche l'amène à publier une sélection de ses articles en recueils : Les Années de la Lune en 1972, Les Années de la liberté en 1975 et Les Années de l'Homme en 1976.
En complément de ses écrits, les contacts avec le public sont nombreux et variés : séances de dédicaces, débats dans les comités d'entreprises, Maisons de la Culture et lycées, et courriers de ses lecteurs.
Il fait aussi partie du monde de la science-fiction, peut-être en tant qu'ancien, et assiste régulièrement aux festivals de films S.-F. en compagnie de ses amis Louis Pauwels et Jacques Bergier, fondateurs du mouvement et de la revue Planète. et la télévision française lui confie la première série télévisée de science-fiction diffusée en France, Commando Spatial, adaptation qu'il réalise de la série allemande en 7 épisodes Raumpatrouille - Die phantastischen Abenteuer des Raumschiffs ORION qui a aujourd'hui encore son cercle de fans :
adresses :
[ voir http://www.wh2.tu-dresden.de/~sledge/moviebook/ro.html,
[ http://home.t-online.de/home/Juergen.Schweizer/orion.htm ]
et
[ http://orionspace.de/sc01.htm ], et, en anglais...
[ http://dspace.dial.pipex.com/town/terrace/kag15/page1.htm ].
La critique, dans la revue Fiction en particulier, saluera l'initiative innovante de la R.T.F mais reconnaitra néanmoins la médiocrité de cette série. Fort peu de traces en restent à présent, un rare livre édité par Raoul Solar en 1967 qui en est une version romancée écrite par Pierre Lamblin, aux descriptions spaciales délicieusement ringardes

En 1972 Barjavel participe à la création du prix Apollo,

Généreux de son soutien, il met sa plume au service de ses "coups de cœurs" et de quelques amis, écrivains ou artistes, dont il encourage les publications par un article ou une préface.
Ses écrits de la fin des années 70 sont plus les essais ou créations d'un penseur humaniste que d'un romancier, c'est en 1976 que paraît Si j'étais Dieu, profession de foi certes non conformiste mais néanmoins pleine de ferveur.

Toujours intéressé par le cinéma, il s'associe à son ami Frédéric Maury qui lance en 1976 une revue consacrée au 7ème art, Ciné-Magazine. Cinéma Total s'y trouve re-publié chapitre par chapitre, chacun complété par des commentaires de l'auteur lui-même revoyant quelques trente-deux ans plus tard ce qu'il est advenu de ses prévisions. Mais exactement en même temps se trouve lancé le magazine Première, qui bénéficie d'appui et de financements bien plus important, et qui l'emportera... Ciné-Magazine ne publiera que six numéros, et le septième article de Barjavel restera à l'état de projet.

Il poursuit en 1977 sa collaboration avec Olenka de Veer en écrivant Les Jours du monde, qui prolonge au XIXème siècle les Dames à la Licorne. Toutefois ce travail d'équipe n'ira pas plus loin, leur œuvre commune prend fin et Olenka de Veer écrira seule en 1979 La Troisième Licorne, épisode ultime de la saga.
Lettre ouverte aux vivants qui veulent le rester en 1978, s'inscrit dans une collection quelque peu pamphlétaire de l'éditeur Albin Michel "Lettre ouverte". Il y développe pleinement ses convictions d'écologiste réaliste alors que le débat public sur l'utilisation de l'énergie nucléaire bat son plein.
Son amour de la nature, et des fleurs en particulier qui constituent un sujet idéal de création picturale s'appuyant sur les techniques de la photographie que son expérience du cinéma lui a permis de maîtriser, s'expriment en 1978 dans un recueil de photographies : Les Fleurs, l'Amour, la Vie dont le texte est lui aussi un hymne à la vie et à ses forces qui la font renaître à chaque printemps.

En 1976 il écrit le texte de Brigitte Bardot amie des animaux en 1976, album dans lequel il se contente d'écrire des petits textes aimables sur des photographies circonstanciées de l'actrice sex-symbol de la décennie finissante au parc-zoo de Thoiry qui venait de se créer.

Écrivain confirmé, la mode d'alors des récits de traditions familiales lui fait commander par les éditions Denoël un tel album de souvenirs d'enfance, qu'il élabore avec l'aide amicale de son demi-frère Émile Achard. La Charrette bleue, parue en 1980, étend son auditoire à un public encore plus large, et surtout le fait enfin connaître dans sa ville natale... Parisien depuis 1936, il n'y a en effet pratiquement plus d'attaches, aussi est-ce avec émotion qu'il participe à des scéances de dédicaces chez les libraires de sa ville qui s'en souviennent maintenant encore fort bien. Il y a d'ailleurs l'occasion de préciser, à une nyonsaise qui lui reproche gentiment de ne pas avoir mentionné sa famille dans son récit alors qu'ils avaient été en relation :

Madame, dans La Charrette bleue, je n'ai gardé de Nyons que les souvenirs agréables...
S'il reste parisien, il fera d'autres retours au pays et y sera même intronisé "Chevalier de la Confrérie de l'Olivier"

Et c'est en 1980 aussi que sera diffusé, sur la deuxième chaîne française le téléfilm en 2 épisodes Tarendol, enfin réalisé : les droits en avaient été achetés à parts éales par Julien Duvivier et un autre réalisateur en 1946, mais les désaccords survenus entre eux empéchèrent le projet de se réaliser... La télévision ayant racheté ces droits, ce fut Louis Grospierre qui réalisa le téléfilm, avec l'active collaboration de l'auteur, et bien sûr dans la région même où se situe l'action, certaines scènes étant tournées précisément au hameau de Tarendol. Y débutaient, dans les rôles principaux, Jacques Penot et la charmante Florence Pernel ; Michel Duchaussoy y tenait le rôle de l'auteur...

Au tournant d'une époque

Barjavel entre dans les années 80 à l'âge de 70 ans. Son activité "publique" semble alors se ralentir, au profit de créations littéraires qui vont devenir alors particulièrement denses.
Le succès de La Charrette bleue l'amène à reprendre son Journal d'un homme simple originellement paru en 1951, en le remaniant en profondeur, supprimant certains chapitres qu'il juge soit dépassés car touchant à une actualité d'alors maintenant oubliée, et pourtant historiquement fort intéressante, soit trop dramatique du fait de sa vision pessimiste au sortir de la guerre, et risquant ainsi d'épouvanter ses lecteurs ... Il y ajoute de nombreux "commentaires a posteriori", donnant sur le monde et les idées qu'il en avait alors la vision que trente ans de recul et de réflexion lui ont permis d'acquérir.

Puis l'écriture de romans reprend avec Une rose au Paradis en 1981 et La Tempête en 1982, histoires de science-fiction cataclysmique définitivement empreintes de son pessimisme gai qui donne à son humour toute sa saveur.

Il renoue avec le merveilleux médiéval de La Chanson de Roland et des Dames à la Licorne avec L'Enchanteur, libre adaptation des cycles arthuriens teintée d'une douce fantaisie et peut-être de sous-entendus initiatiques beaucoup plus érudits qu'ils ne le paraissent.
L'année 1985 le voit publier un genre en apparence complètement nouveau pour lui : La Peau de César est un roman policier à l'enquête subtilement menée. Mais on doit se rappeler que ses premiers films, L'homme à l'imperméable et Chair de Poule étaient des adaptations de Série Noire du célèbre James Hadley Chase, et que le suspense y était déjà distillé avec un talent certain.

La première moitié de la décennie 1980 a vu en France le changement politique dont on se souvient. Le double septennat qui commençait n'appela pas de commentaire de Barjavel, qui s'était contenté en 1974 d'un portrait subtil de F. Mitterand :

Quand il regarde en face, on a l'impression qu'il regarde un peu à côté. La voix est grave et douce, mais l'intonation étudiée comme le geste. Les mains jointes rappellent singulièrement celles de Bernadette de Lourdes, mais l'expression du visage est celle d'un excellent acteur jouant "Mon curé chez les pauvres..."
Car ses propos, on l'a vu, n'ont jamais exprimé de message idéologique "catalogué". Et vu de chaque bord cela pouvait être pris pour de la connivence ou de l'opposition. Et c'est plutôt cette dernière approche qui semble justifiée : apolitique dans son intérêt pour l'écologie (comme le salue N. d'Estienne d'Orves dans Le Figaro Littéraire du 9 mars 2000 à l'occasion de la parution du troisième recueil Omnibus Demain le paradis { voir l'article }). Les rares allusions aux personnalités et partis politiques qui se trouvent dans ses articles semblent neutres, ni malveillantes, ni enthousiastes : une sorte de Voie du Milieu prudente, "demandant à voir" et surtout se tenant vigoureusement à l'écart de la "politique politicienne". Quelques pages publiées dans l'ouvrage collectif Le Futur en Question donne le fond de sa pensée (17) :

La politique est une saleté.
Il n'y a pas de société idéale.
Il n'y a pas de solutions sociales aux problèmes humains. Il n'y a que des compromis.
Il n'y a que des sociétés un peu moins mauvaises que d'autres. Donc l'homme politique, le politicien, doit forcément accepter d'être le serviteur d'une doctrine et de défendre des intérêts liés à des formes de sociétés sclérosées, qui auraient besoin d'être changées.
Tous les hommes politiques sont les esclaves soit d'une idée, soit d'une société, et ils sont forcément prêts à sacrifier toujours la vérité et la sincérité pour rester au pouvoir.... même les marxistes... qui racontent autant d'histoires que les autres. Selon moi, s'engager dans un combat politique, c'est renoncer à la vérité.
Ses écrits et sa pensée se refusent donc à toute idée de récupération comme son interview dans Je Suis Partout du 12 mars 1943 l'avait peut-être laissé "échaudé" (18). C'est plutôt dans l'analyse de fond, ouverte à des propositions de solutions concrètes même (et peut-être surtout) non-conventionnelles, de conseils et axes de réflexion que sa pensée s'est appliquée en 1985.

La suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=3931#forumpost3931


Posté le : 23/11/2013 21:54

Edité par Loriane sur 24-11-2013 17:53:35
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Départ, sa Lettre testament.

Au printemps 1985 Barjavel écrivit une lettre.

Profession de foi en l'Homme, état des lieux de sa propre vie, invitation au rappel de soi qui est la base de l'Enseignement de Gurdjieff bien plus que le folklore dont on l'a entouré, et surtout prise de recul sereine face à l'inéluctable. Il est intéressant de faire le rapprochement avec les Adieux du Philosophe dans La Cruche d'Or dont Barjavel a comme on l'a vu reconnu être tombé sous le charme :

J'ai atteint à toute la sagesse que je peux contenir. Aucune vérité nouvelle ne m'est apparue depuis une semaine. Tout ce que je viens de lire m'était connu, mes pensées ne sont que la récapitulation de vieilles et fatigantes idées. Il n'y a plus d'horizon devant mes yeux. L'espace s'est rétréci à la dimension de mon pouce. Le temps est le tic-tac d'une pendule. Le bien et le mal sont deux petits pois dans la même cosse. Le visage de ma femme est toujours le même. Je voudrais jouer avec les enfants et je n'en ai pas envie. Ta conversation, mon frère, est comme le bourdonnement d'une abeille dans une cellule obscure. Les pins s'enracinent, poussent et meurent. Tout est foutaise. Adieu...
alors que Barjavel, quand même moins sombre, écrit :
Je n'ai pas envie de mourir, mais je crois que j'ai assez vécu.
Chaque instant est l'étemité. Je sais que ceux qui m'attendent ne m'apporteront rien de plus, je sais peu de choses, je ne saurai rien de plus, j'ai atteint mes limites, je les ai bien emplies, je me suis bien nourri d'être autant que je pouvais, à ma dimension, et de petit savoir, et de grande, grande joie émerveillée. Et maintenant je voudrais faire comme mon chat après son repas : m'endormir.
Si je continue, si je dure encore, je ferai mon métier aussi longtemps que je pourrai, avec application comme je l'ai toujours fait. Bien faire ce qu'on fait, quel que soit le métier.
Des photographies de cette époque nous montrent l'écrivain fatigué par une vie très riche, mais sans répit. Il prépare la Somme de ses idées et réflexions venant en éclairage de ses anticipations romanesques sur le monde futur - et dont certaines sont alors en train de se réaliser, carte à puce, réseaux de données..., qu'il met noir sur blanc dans son essai Demain le paradis.
Dans le courant de l'année il est victime d'une agression à la bombe lacrymogène par des voyous dans un train et son état général s'en ressent alors. Et Demain le paradis ne sera pas complètement achevé : il succombe à une crise cardiaque qui le frappe en sortant du collège Stanislas dans le quartier Montparnasse où il venait de passer la journée avec les élèves et professeurs.
Transporté dans un restaurant voisin en attendant les secours - ce qui amènera certains à annoncer qu'il est mort pendant son diner -

il décède à l'hôpital Cochin le soir du dimanche 24 novembre.

L'annonce de sa mort par les médias aura été discrète.

L'essai “Demain le Paradis” paraîtra l'année suivante sous le contrôle de sa fille Renée qui était aussi sa collaboratrice et son "attaché de presse".

Sa famille organise ses obsèques à Nyons, mais il est finalement enterré au petit cimetière de Tarendol, face au mont Ventoux. Plus tard, hasard ou acte délibéré, un cerisier poussera au bord de sa tombe qu'il couvrira l'été de l'ombre de son feuillage et de ses fruits que l'écrivain, comme sa mère, aimait tout particulièrement. Devenu trop gros, et empiétant sur les tombes voisines, il fut enlevé en 2007 par la municipalité de Bellecombe-Tarendol.

Adieux, presse et Hommages

Les hommages de la presse à l'occasion de la disparition de l'écrivain révèlent la gamme des sentiments inspirés par l'homme et son œuvre, ou peut-être plutôt l'idée que l'on s'en faisait.
Si certains articles constituent effectivement des hommages, non seulement dans la forme mais aussi dans l'esprit et le respect à l'auteur, ne serait-ce qu'en citant correctement ses œuvres, d'autres qui restaient obstinément - idéologie oblige - sur le terrain politique n'ont pas manqué l'occasion de pointes ironiques ou persifleuses.

archives articles et pages nécrologiques.

René Barjavel un poète de l'anticipation Le Parisien, 26 novembre 1985
René Barjavel le chevalier de la science-fiction Auvergnat de Paris, 26 novembre 1985
René Barjavel l'homme qui voyait l'avenir avec les yeux du cœur Le Quotidien de Paris, 26 novembre 1985
René Barjavel est mort Jean Chalon, Le Figaro
Celui qui savait s'émerveiller Gilles Martin-Chauffier, Le Journal du Dimanche, 1er décembre 1985
René Barjavel est mort - science-fiction et journalisme Le Monde, 26 novembre 1985
Barjavel est mort Le Matin, 26 novembre 1985
L'auteur de Ravage est mort à soixante-quatorze ans, terrassé par une crise cardiaque. René Barjavel était en train d'écrire Demain, le paradis Jean-Claude Lamy, France-Soir, 26 novembre 1985
Ils disparaissent ensemble. Leur point commun : la religion du progrès les laissait sceptiques... Vincenot : le druide de la France moustachue. Barjavel : le fabuliste de la planète inquiète. Jacques Sadoul, Le Journal des Livres, 30 novembre 1985
Barjavel en route pour l'éternité Jean-Charles Varennes, Allier Magazine, février 1986
L'adieu de Barjavel : Demain le paradis Odile Le Bihan, Le Républicain Lorrain,
Mort de René Barjavel Le Pélerin Magazine n°5375, 6 décembre 1985
Barjavel au paradis Libération, 26 novembre 1985
Décès de René Barjavel L'Humanité, 26 novembre 1985
René Barjavel est mort à soixante-quatorze ans, terrasé par une crise cardiaque France-Soir, 26 novembre 1985
René Barjavel - La S.-F. grand public Phosphore, janvier 1986
In memoriam René Barjavel Pierre Bameul, Fiction n°372, janvier 1986

Hommages Posthumes

À Nyons, le 23 Mai 1987

La ville de Nyons, reconnaissante à l'enfant du pays et voulant en honorer la mémoire, a organisé en ce jour de printemps une émouvante cérémonie lors de laquelle fut dévoilée la plaque commémorative apposée sur la façade de la boulangerie 5 rue Gambetta, puis le collège de la ville, jusqu'alors nommé Collège du Pontias, nom du vent local qui, soufflant la nuit, apporte à la ville une fraîcheur bienfaisante l'été, reçut officiellement le nom de Collège René Barjavel, et un portrait de l'écrivain fut installé dans le hall.

Une atmosphère de fête mais aussi de recueillement, en présence des enfants de l'écrivain, Renée et Jean, de sa famille, de nombreuses personnalités ainsi que de représentants du collège de Chalais (Charente-Maritime) avec lequel l'auteur avait noué de sympathiques contacts (voir en particulier son message en Réponses au Collège de Chalais).

Discours, lectures, témoignages, déclarations et promesses... On en trouvera les comptes-rendus dans Le Dauphiné Libéré et La Tribune de Montélimar, et surtout la retranscription, effectuée à partir de précieux enregistrements sonores ; on notera que l'intention de créer une Association des Amis de René Barjavel n'eut pas de suite jusqu'à l'initiative personnelle, en mars 2003, de l'un des fondateurs du barjaweb.

À Cusset

Les souvenirs de René Barjavel semblent être plus vivaces à Cusset, Vichy et Moulins que dans sa ville natale drômoise. C'est qu'il a passé de nombreuses nnées de sa jeunesse et de son âge mûr dans le Bourbonnais, où il est arrivé à 14 ans avec Abel Boisselier pour en partir à 24 ans afin de rejoindre Robert Denoël à Paris. On a vu que par la suite ses séjours y furent nombreux, en particulier pendant la guerre, puisqu'il avait confié la bonne garde de sa femme et ses enfants à son ami Jean Renon, et que les habitants du village de Chevagnes en Sologne Bourbonnaise se souviennent de ses séjours à l'Hôtel du Cheval Blanc...
Toute sa vie membre de l'Association des Anciens Élèves du Collège de Cusset, il s'efforçait d'assister aux assemblées générales, dont il devint le doyen avec son amie Edmée Pérard, épouse de Jean Renon. Déjà de son vivant, en 1982, à l'occasion d'une de ces réunions, le Vice-Président de l'Association, M. Gabriel Peronnet, lui rendit un hommage chaleureux .

En novembre 1997, l'Association des Anciens Élèves du Collège de Cusset commémorait son centième anniversaire, et à l'occasion de ces trois jours de fête, a rendu un chaleureux hommage à René Barjavel en se rendant dans le village de Vesdun-en-Berry (Cher) où la Forêt des Mille Poètes (créée par René Varenne en juin 1994 pour honorer le souvenir d'artistes, écrivains et poètes morts ou vivants, [voir http://herisson.planet-allier.com/an-2002/vesdun-1.htm et http://www.chez.com/sivesdun/foret.htm ]), perpétue désormais le souvenir de l'auteur par une stèle gravée dans l'un des quatre carrés de la chênaie, aux côtés des écrivains bourbonnais Alain Fournier, Théodore de Banville et Émile Guillaumin.
lire l'article de La Montagne rapportant cet événement

Le Prix René Barjavel

En 1995, à l'occasion du Festival de la Science-Fiction et du Fantastique de Roanne, fut créé le prix René Barjavel destiné à récompenser un auteur de nouvelle de science-fiction reprenant le mieux l'esprit de Barjavel. Il fut décerné à la nouvelle Déconnexion, du jeune auteur Jean-Jacques NGUYEN.
La nouvelle fut publiée dans le numéro 14 la revue "Le Rayon ardent" janvier 1996.
Un autre Prix René Barjavel fut créé en 2012 par le festival de science-fiction "Les Intergalactiques" bibliothèque de La Part-Dieu à Lyon
La seconde édition, sur le thème « L’Homme augmenté », sera déscerné le 27 octobre à l'occasion du second Salon de la Science-Fiction de Lyon.

Autres hommages et commémorations

La mémoire de l'écrivain est restée vivace auprès de ceux qui l'ont connu, et certains officialisations de son souvenirs ont trouvé leur concrétisation.
À Nyons aussi, une rue à l'extrémité ouest de la ville tout près du gué - souvent à sec - sur la Sauve, une rue d'un lotissement s'est trouvée baptisée rue de la Charrette Bleue. voir , ainsi qu'une Allée Charron Casimir Illy 1974-1959 Constructeur de la "charrette bleue", dans la zone d'activité des Laurons.
Et toujours à Nyons, la municipalité a aménagé une salle d'expositions, réunions et animations culturelles tout près de la mairie : la salle René Barjavel.
Cette inauguration qui eu lieu fin janvier 1996 fut rapporté par un article du Dauphiné Libéré dont on pourra lire.
Et surtout, les manifestations estivales que sont les Journées Barjavel qu'organise la municipalité fin août et à laquelle je participe désormais fidèlement depuis 2001.
Près de Nyons, il y a aussi une rue Barjavel à Buis les Baronnies, et le collège Henri Barbusse de cette ville a organisé en mars 1988 1994 une exposition commémorative accompagnée de la présentation de travaux pédagogiques sur La CHarrette bleue sous la direction de M. Marrou, professeur de Lettres.
D'autres souvenirs concrets se trouvent à Vichy où, comme on l'a vu, l'auteur passa une partie de sa jeunesse : un espace René Barjavel est le lieu de manifestations culturelles, spectacles, expositions.
Le village de Roussennac, dans l'Aveyron, a depuis quelque temps un chemin René Barjavel, nommé ainsi à l'initiative de son unique habitant, mon ami Merle Blanc...
Pès de Brest, 29, la petite ville de Guilers possède aussi une rue René Barjavel, créée par décision du conseil municipal le 25 juin 1987 dans le lotissement neuf de Kermengleuz dont le choix des noms de rue s'est porté sur des auteurs de science-fiction.
Point de commémoration cependant à Paris, aucun des lieux, assez nombreux où résida l'auteur n'en porte l'indication.
Enfin, j'ai le bon espoir de voir un jour édité par La Poste un timbre à l'effigie de notre auteur, des premiers contacts montrent que cela n'a rien d'incongru, mais nécessite un dossier solidement appuyé. J'ai toutefois moi-même anticipé - à titre privé et sans valeur fiduciaire - une vignette commémorative qui pourrait servir de projet... .

Prix et honneurs

Fuyant généralement les mondanités, René Barjavel a vu néanmoins un bon nombre de ses œuvres couronnées de ces lauriers que sont les Prix, littéraires pour les livres, mais aussi d'autres distinctions qui ont récompensé son travail de créateur. Ne seront pas évoqués ici les Prix scolaires qui ont pu couronner ses réussites académiques… ceux- ci ont bien existé, car le jeune René Barjavel était loin d'être aussi mauvais élève qu'il veux nous le faire croire dans La Charrette Bleue
Chronologiquement, on peut relever ainsi :

Dès 1944, c'est Le Prix des Dix qui couronne les deux premiers "Romans Extraordinaires", Ravage et Le Voyageur imprudent. Prix humoristique se voulant le succédané du Goncourt dont les membres de l'Académie refusaient la proclamation cette année-là pour des raisons politiques, il fut décerné dans une ambiance joyeuse mais néanmoins bien honorifique en cette période troublée. On pourra voir des détails sur cet événement : une présentation avec le reportage des actualités cinématographiques, et un article critique du Voyageur imprudent dans l'hebdomadaire Je Suis Partout sous la plume de Jacques Boulenger.
On sait que les années d'après-guerre ont été pour Barjavel consacrées à l'activité cinématographique, et parmi les quelques trente-cinq films auxquels il participa comme scénariste, dialoguiste voire réalisateur, certains eurent l'occasion d'être primés. Ainsi :

En 1953, Le Petit monde de Don Camillo remporta en 1952 les Victoires du meilleur film et du meilleur acteur pour Fernandel, le prix de l'Écran d'Argent en Italie et en 1953 la coupe d'argent du Prix Allemand du Cinéma (Deutscher Filmpreis), félicité pour "la promotion des valeurs démocratiques", partager avec le réalisateur Julien Duvivier.
En 1954 le film suédois La Grande Aventure d'Arne Sucksdorff, dont Barjavel avait écrit le commentaire de la version française, obtint le Prix International au Festival de Cannes avec Mention d'honneur au réalisateur ainsi que le British Academy Award du meilleur documentaire.
En 1957, L'Homme à l'imperméable reçut une nomination pour L'Ours d'Or du Festival International du film de Berlin (Internationale Filmfestspiele Berlin [Berlinale]) le Prix fut attribué à Douze hommes en colère de Sidney Lumet
Il retourne ensuite au roman, et
En 1962 Colomb de la Lune, roman de science-fiction un brin fantaisiste voit décerner le Prix Alphonse Allais
1969 est l'année où La Nuit des temps remporte le Prix des Libraires, et le succès littéraire de l'auteur en sera relancé voir aussi une présentation par Barjavel lui-même.
En 1970, La Faim du tigre, essai philosophique sur la destinée des Hommes paru en 1966, est couronné du Prix Lecomte de Noüy, attribué en mémoire à ce biologiste, philosophe et écrivain 1883-1947 dont les idées sont très voisines de celles exprimées et développées par Barjavel.
En 1973, Le Grand Secret remporte le Prix des Maisons de la Presse.
Cette même année, Barjavel obtient aussi le Prix de la Chronique Parisienne pour la presse “écrite” Léon Zitrone recevant celui de la presse “parlée”.
Il le rappelle dans son article au Journal du Dimanche du 17 juin, rapporté dans Les Années de la Liberté, faisant remarquer que ni Zitrone ni lui ne sont à proprement parler “parisiens”...
1975 voit l'attribution du Prix Claude Farrère aux Dames à la licorne, partagé avec sa co-auteure et amie Olenka de Veer. Ce prix, créé en 1959, est décerné à un roman d'imagination et n'ayant obtenu antérieurement aucun grand prix littéraire par l'Association des écrivains combattants. Claude Farrère, 1876-1957
À l'été 1979, la Fondation pour le rayonnement des Arts et des Lettres de Genève lui a décerné le Prix Europa-Littérature “pour l'ensemble de son œuvre et rayonnement de la langu française”, prix remis au cours d'un dîner servi dans les salons de l'hôtel Majestic, à Cannes, par MM. Yves G. Piaget et Michel Bertrand.
Son récit autobiographique de son enfance, La Charrette bleue, a obtenu en 1980 le Prix Saint-Simon, attribué chaque année à un volume de mémoires souvenirs, journal, récit autobiographique ou témoignage.

René BARJAVEL et… lui-même : ses pseudonymes

Les différentes activités que mènent souvent de front un homme de Lettres peuvent tirer parti de l'utilisation de pseudonymes, ceux-ci donnant du poids à ses écrits ou bien lui laissant la possibilité de séparer ses propres personnages… René Barjavel a fait usage de queulques pseudonymes, sans doute désormais oubliés et qu'il sera utile de rappeler ici.
Du 30 octobre 1936 au 11 septembre 1937, il signe ses articles au Merle Blanc “G.M. LOUP” - Grand Méchant Loup - voulant ainsi mettre en avant les incisives acérées de certaines de ses critiques de films... sans concessions. Il abandonne ce pesudonyme pour faire rebondir ses parutions sous son vrai nom à partir du 30 octobre 1937.
Ce furent ainsi trente-sept articles qui furent ainsi signés, soit beaucoup moins de texte que ceux qui, 65 ans plus tard, le reprirent respectueusement pour créer le barjaweb...
Durant cette même période, plus précisément de septembre 1935 à août 1939, on trouve aussi une rubrique de critiques de films dans l'hebdomadaire Gringoire, de ton voisin de ceux du Merle Blanc et signé d'un certain René Bard. S'agit-il de notre auteur ? On peut le penser mais une confirmation formelle fait encore défaut.
Les activités "lyriques" de Barjavel lui ont donné l'occasion d'écrire des textes de chansons voir la page consacrée aux chansons.
Sans que cela soit une règle générale, certains de ces textes furent déposés à la SACEM sous le pseudonyme de Jean Gardegrosse - souvenir de la montagne boisée de chênes verts et de pins qui domine le sud de la vallée de l'Eygues en face de Nyons.
Signalons enfin que jusqu'en 1966 ses œuvres étaient toujours signées "René Barjavel", et à partir de cette date, à l'occasion de la parution de La Faim du tigre, il "perd son prénom" comme on l'a vu plus haut...
Enfin, pour ses amis de jeunesse, il se faisait simplement appeler "Barja", diminutif affectueux qu'il lui arrivait d'utiliser pour signer son courrier, ses envois et dédicaces voir en particulier l'envoi à Edmée Renon dite Polaire.

Œuvres

Romans
1934 : Colette à la recherche de l'amour, Moulins, la Nouvelle province littéraire. Texte d'une conférence donnée cette année-là à Vichy et à Moulins.
1942 : Roland, le chevalier plus fort que le lion
1943 : Ravage
1943 : Le Voyageur imprudent
1946 : Tarendol
1948 : Le diable l'emporte
1957 : Jour de feu
1962 : Colomb de la lune
1968 : La Nuit des temps
1969 : Les Chemins de Katmandou
1973 : Le Grand Secret
1974 : Les Dames à la licorne avec Olenka de Veer
1977 : Les Jours du monde suite de Les Dames à la Licorne, avec Olenka de Veer
1981 : Une rose au paradis
1982 : La Tempête
1984 : L'Enchanteur
1985 : La Peau de César

Contes, nouvelles

1945 : La Fée et le soldat
1946 : Les Enfants de l'ombre
1974 : Le Prince blessé
1974 : Béni soit l'atome et autres nouvelles
Ils ont été réunis sous le nom de Le Prince blessé et autres nouvelles.

Récit autobiographique, journal

1951 : Journal d'un homme simple
1980 : La Charrette bleue

Chroniques

1972 : Les Années de la lune
1975 : Les Années de la liberté
1976 : Les Années de l'homme

Albums

1953 : Collioure Dessins de Mucha
1974 : Brigitte Bardot, amie des animaux
1978 : Les Fleurs, l'Amour, la Vie

Essais

1944 : Cinéma total : Essai sur les formes futures du cinéma
1966 : La Faim du tigre
1976 : Si j'étais Dieu...
1978 : Lettre ouverte aux vivants qui veulent le rester
1986 : Demain le paradis inachevé, édité de façon posthume


Liens

http://youtu.be/_9oGsf46fVY Le voyageur imprudent (entier)
http://youtu.be/RPCuXcOSKPU film le grand secret
http://www.ina.fr/video/CAB85111012/rene-barjavel-video.html Interview
http://www.ina.fr/video/I11052348/rene-barjavel-video.html interview
http://www.ina.fr/video/I11054364/ren ... l-amour-la-vie-video.html la fleur, l'amour, la vie.
http://www.ina.fr/video/I11054365/ren ... harrette-bleue-video.html La charette bleue
http://www.ina.fr/video/PAC03029001/rene-barjavel-video.html René Barjavel
http://www.ina.fr/video/CAF97036878/i ... -rene-barjavel-video.html Interview
http://www.ina.fr/video/I11054362/ren ... i-j-etais-dieu-video.html Si j'étais Dieu
http://www.ina.fr/video/CPC88006764/rene-barjavel-video.html Barjavel et Anne Sinclair
http://youtu.be/leqwxPEUvVI Ravages lecture de qqes pages
http://youtu.be/iK935kbnCUA La fin du tigre
http://youtu.be/56T-dq4JJCg Réquisitoire de Desproges contre Barjavel

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Posté le : 23/11/2013 21:52
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Isidore Ducasse comte de Lautréamont
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L’œuvre étonnante d’Isidore Lucien Ducasse dit Comte de Lautréamont


Un article de Emma

Isidore Lucien Ducasse, né à Montevideo (Uruguay), le 4 avril 1846, et mort dans le 9e arrondissement de Paris, le 24 novembre 1870 à l’âge de 24 ans, est un poète et écrivain français. Auteur des Chants de Maldoror, de deux fascicules (Poésies I et Poésies II), son œuvre est auréolée d’un voile de mystère, d'autant plus que l'on a longtemps su très peu de choses sur le personnage, mort très jeune, sans avoir connu le succès de son vivant. La révolte et le refus de l'ordre établi qui transparait notamment dans les Chants de Maldoror, ainsi que la courte vie des deux auteurs, mettent en parallèle l'œuvre de Rimbaud et de Lautréamont, qui vécurent à la même période sans se connaître. Cependant, dans la culture populaire, Lautréamont ne connut jamais l’impact d’un Rimbaud, Verlaine ou Baudelaire. Sa vie et son œuvre ont donc donné lieu à de nombreuses conjectures, en particulier chez les surréalistes.


Une courte, très courte biographie


Son père, François Ducasse (1809-1887), est commis-chancelier au consulat général de France à Montevideo, mais aussi un homme d'une grande culture. Isidore Ducasse naît à Montevideo. Sa mère, Jacquette Célestine Davezac, décède le 9 décembre 1847 dans des circonstances mystérieuses (elle se serait suicidée). Isidore Ducasse passe son enfance en Uruguay.
En octobre 1859, il entre comme interne au lycée impérial de Tarbes, en sixième alors qu'il a treize ans et demi, ce qui n'est pas exceptionnel vu que de nombreux élèves venus des colonies ont des retards scolaires. Isidore Ducasse semble pourtant être un bon élève, qui apprend vite.
Après un voyage en Uruguay en 1867, il arrive à Paris et s’installe à l’hôtel L’Union des Nations. Il entame des études supérieures dont la nature reste inconnue (concours d’entrée à l’École polytechnique, a-t-on souvent écrit). Il publie à compte d’auteur et anonymement le premier des Chants de Maldoror.
Les six chants complets seront imprimés en Belgique fin août 1869, signés « Comte de Lautréamont » par Albert Lacroix mais sans référence d'éditeur. L'ouvrage ne fut pas diffusé mais Ducasse et Lacroix restèrent en contact.
En 1870, Ducasse reprend son nom d'état civil pour publier deux fascicules intitulés Poésies, et dont une publicité paraîtra dans la Revue populaire de Paris.
Le 24 novembre 1870, alors que le Second Empire s’effondre, il meurt à son nouveau domicile situé au 7 rue Faubourg-Montmartre. Sur son acte de décès, est écrit : « Sans autres renseignements ». Selon ses biographes, il serait mort phtisique.

On sait en fin de compte, peu de choses de la vie de l’auteur. Quelques écrits ont véhiculé l’image d’un écrivain nocturne, assidu et insomniaque.
Genonceaux, troisième éditeur des Chants de Maldoror, entreprend des recherches pour savoir qui en était l'auteur. Pour cela, il se base presque uniquement sur le témoignage de Lacroix, premier éditeur des Chants. Il en tire la conclusion suivante :
« Ducasse était venu à Paris dans le but d'y suivre les cours de l'école Polytechnique ou des mines. En 1867 il occupait une chambre dans un hôtel situé au 23 rue Notre-Dame-des-Victoires. Il y était descendu dès son arrivée d'Amérique. C'était un grand jeune homme brun, imberbe, nerveux, rangé et travailleur. Il n'écrivait que la nuit, assis sur son piano. Il déclamait, il forgeait ses phrases, plaquant ses prosopopées avec des accords. Cette méthode de composition faisait le désespoir des locataires de l'hôtel qui, souvent réveillés en sursaut, ne pouvaient se douter qu'un étonnant musicien du verbe, un rare symphoniste de la phrase cherchait, en frappant son clavier, les rythmes de son orchestration littéraire. »
« Lautréamont mangeait à peine, ne travaillait que la nuit après avoir joué du piano, et buvait tellement de café qu'il scandalisait l'hôtelier. » dira André Malraux
« Il n'écrivait que la nuit, assis devant son piano. Sa chambre, très sombre, était meublée d'un lit, de deux malles pleines de livres et du piano droit. Il buvait une très grande quantité de café. Il déclamait ses phrases en plaquant de longs accords. Cette méthode de composition faisait le désespoir des locataires de l'hôtel souvent réveillés en sursaut. » d’après Philippe Soupault.

Redécouverte et mythe surréaliste

André Breton évoque Ducasse plusieurs fois dans ses Manifestes du surréalisme : « Les types innombrables d’images surréalistes appelleraient une classification que, pour aujourd’hui, je ne me propose pas de tenter. » Il dit aussi dans un entretien : « Pour nous, il n'y eut d'emblée pas de génie qui tînt devant celui de Lautréamont » et encore, du même André Breton: « Les Chants de Maldoror brillent d’un éclat incomparable : ils sont l’expression d’une révélation totale qui semble excéder les possibilités humaines. C’est au comte de Lautréamont qu’incombe peut-être la plus grande part de l’état des choses poétiques actuel: entendez la révolution surréaliste. ».
André Gide écrit en 1925 : « J'estime que le plus beau titre de gloire du groupe qu'ont formé Breton, Aragon et Soupault, est d'avoir reconnu et proclamé l'importance littéraire et ultra-littéraire de l'admirable Lautréamont »
Après 1945, Maurice Blanchot se sert de ce qu'il appelle « L'expérience de Lautréamont », et de celle du Marquis de Sade, pour tenter d'élucider « les rapports qu'entretiennent le mouvement d'écrire et le travail d'une plus grande raison » dans son essai Lautréamont et Sade
Il est aisé de saisir, en effet, l’étrange parenté entre Les Chants de Maldoror et le projet surréaliste visant à trouver le réel au-delà de la raison et de la pensée consciente, dans le monde des rêves et de l’inconscient.

Les Chants de Maldoror, un texte riche et contrasté

Les Chants de Maldoror, texte très riche, d’un abord difficile, et aux interprétations multiples, semble incarner une révolte adolescente où le monde de l’imaginaire paraît plus fort que la vie dite "réelle". Ils consistent en une épopée en prose, très décalée des publications de l'époque, dont le personnage principal est Maldoror (l'origine de ce nom reste mystérieuse mais provient sans doute d'une contraction en le Mal et l'"horror" qui signifie horreur en anglais), créature terrifiante, squelettique et armé d'un stylet, et ennemi du Créateur.
Le lecteur se sent pris d'une sensation d’étourdissement, de confusion, à la lecture de Lautréamont. Il partage sa vision d'un monde en perpétuel mouvement, faisant l'expérience de la férocité, de la sauvagerie et de la perte de repères.

A mon très humble avis, les Chants de Maldoror est également une expérience impertinente et humoristique. L’auteur tutoie son lecture, le rudoie en l’envahissant de vision dantesque dans l’abime d’un vocabulaire échevelé fait de multiples références en tiroirs. Il s’agit de capter le deuxième, le troisième degré. Lautréamont nous envoie ainsi des clins d’œil innombrables en demandant à l’assistance : « me suivras-tu ? »

A l’instar d’autres grands génies de son temps, Lautréamont ne devait pas prendre son génie très au sérieux.


Liens :

http://youtu.be/42hlz096HmI les chants de Maldoror par Philippe Léotard
http://youtu.be/V9yp5_EsTmI Catherine deneuve lit Lautréamont
http://youtu.be/eElU4_1lbM0 Lautréamont


Le texte des chants de Maldoror sur Wikipedia :

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chants_de_Maldoror


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Posté le : 23/11/2013 21:09
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Léon-Paul Fargue
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Le 24 Novembre 1947, meurt Léon-Paul Fargue, à Paris dans le 6e arrondissement,

Ville où cet écrivain et poète français, est né le 3 Mars 1876


Aussi parisien que Baudelaire et, la plupart du temps, aussi désargenté, mais moins pathétique et pas du tout dandy ; aussi difficile que Mallarmé quant à l'utilisation du vocabulaire, aussi convaincu de la supériorité de la poésie, toutefois moins ambitieux de pensée, mais plus communicatif, plus attiré par le tumulte des sentiments, que l'auteur du Coup de dés jugeait indiscrets ; aussi déchiré, aussi vagabond que Verlaine, mais moins dissolu, Léon-Paul Fargue est de la même race que ses trois grands devanciers et doit être placé sur le même rang.
Du premier, il tenait le goût des marches solitaires dans les plis sinueux des vieilles capitales.
Comme Mallarmé, il partait de ce principe qu'il faut parler autrement que les journaux et entendait se présenter, dans le moindre texte, lavé de toute banalité.
Enfin, semblable en cela à Verlaine, qu'il connut également, il était sensible à l'inflexion des voix chères qui se sont tues et se demandait souvent ce qu'il avait fait de sa jeunesse.

Son originalité fut d'apporter des valeurs poétiques nouvelles en certains aspects de la durée infinie : la rêverie, la couleur, le souvenir, les règnes, les bruits de la terre et la solitude de l'homme devant le destin. D'offrir en même temps au vers et à la phrase une saveur à laquelle on goûtait pour la première fois, aux analogies et métaphores un agrément, mais surtout une vérité, et comme une nécessité sans exemple littéraire, du moins de cette qualité.
De plus, et cela compte particulièrement dans son cas, il était tel sur le papier qu'à la bouche, si bien que ses propos non moins que ses œuvres provoquèrent, dès ses débuts, l'enthousiasme des plus exigeants.

Un fantaisiste sérieux

Léon-Paul Fargue est né à Paris, de Marie Aussudre et de Léon Fargue, ingénieur, qui ne devait le reconnaître que seize ans plus tard ; ce dont il souffrira sa vie durant.
Presque toutes ses démarches seront guidées du subconscient par cette frustration, qui fournira la matière de maint récit.
Mais il n'oubliera pas non plus ce que son père, instruit de tout et tendre, lui fit visiter, écouter et feuilleter.
D'abord placé à l'institution de jeunes gens de la rue Montaigne, il fit ses études au collège Rollin, dont le professeur d'anglais était précisément Mallarmé, puis au lycée Janson de Sailly, où enseignait le pittoresque Émile Faguet.
Bachelier ès lettres, mais ne sachant encore s'il choisirait de continuer ses études, de peindre ou de versifier, Fargue commença par se plonger en d'immenses lectures d'où il émergea pourvu d'une mémoire extraordinairement riche et d'un esprit d'observation d'une grande justesse et d'une drôlerie qui souvent stupéfiait autant qu'elle amusait.
À vingt ans, il était déjà en relations parfois très amicales avec Claudel, Valéry et Gide, Debussy, Florent Schmitt, Henri de Régnier, Albert Thibaudet, Pierre Bonnard, Maurice Denis. Dès ce moment, en compagnie d'Alfred Jarry, son ancien condisciple, il vit autant la nuit que le jour. Tous deux s'éprennent à l'envi des merveilles de la belle époque, à commencer par la tour Eiffel, à continuer par les fiacres et le métro ; ensemble ils exploitent les trésors du verbe et s'entichent de haute caricature littéraire.
En 1907, Jarry meurt à trente-quatre ans, sans avoir pu réaliser toutes ses immenses promesses satiriques. Demeuré seul, Fargue fait son entrée dans le monde en fantaisiste sérieux et entreprend ses fameuses pérégrinations dans les milieux les plus étrangers les uns aux autres. Tancrède, le premier texte signé de lui, paraît dans la revue Pan en 1895, en volume en 1911. Poèmes et Pour la Musique en 1912 font sa réputation d'écrivain.
En 1924, il devient directeur de la revue Commerce ; en 1932, le prix de la Renaissance lui est décerné et il entre à l'académie Mallarmé.
À partir de 1943, frappé d'hémiplégie et marié à domicile avec la fille du critique Ernest-Charles, il reçoit chez lui, le dimanche, à son chevet, des écrivains, des peintres, des amis et continue d'être le causeur joyeux, d'une invention et d'une générosité toujours renouvelées, qu'il avait été pour tous les publics. Il meurt à Paris en 1947.

Ensemble symphonique

L'œuvre de Fargue est faite de proses poétiques et de poèmes déchirants ou cocasses où la sensibilité, l'ironie et l'émotion se répondent, de tableaux parisiens, d'improvisations sur les motifs les plus simples, de suites inspirées par la longévité de ses souvenirs d'enfance ainsi que de ses accommodements avec le monde populaire ou la vie privée des objets. Ensemble symphonique où se révèlent un lyrisme neuf, une sagesse indulgente, un grand esprit, et rendu, développé, voire joué dans une langue souple et diaprée qui n'appartient qu'à lui. Une langue qui tient souvent de la berceuse et de l'incantation sans s'écarter d'un style limpide, qui fait corps avec le sujet traité, le paysage évoqué, le passé interrogé, et communique insensiblement au lecteur le sentiment de la présence chaleureuse du narrateur, venu en camarade, avec une âme à la disposition de tous.

Humain, trop humain, démagogue s'il l'eût fallu, Fargue savait mettre en phrases, comme on met en musique, la douceur des bonnes amitiés, « le fumet de l'actualité pour tous qui cuit à feu doux dans les rues », la face cachée des choses données, le bruissement des familles, la mélancolie et la tendresse éparses. Une fois, dans Vulturne, il s'élève jusqu'aux visions cosmiques, invente son monde futur, issu du monde flagrant, en voie d'éclatement sur « les dernières occasions de la distance lumineuse ». Comme ses pairs en ce domaine métaphysique et onirique, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé, Valéry, il se voit pensant, imaginant et créant au milieu d'un chaos, il affronte son double, « se mire et se voit ange ». Mais toujours il y a la fraîcheur qui vient du cœur et y retourne. Bientôt la confidence perce et Fargue, à l'écoute de ses émotions, finit par inviter le lecteur à pénétrer dans son passé et à regretter avec lui l'affection familiale dont il fut si douloureusement privé.

Ceux qui l'ont connu et écouté savent que Fargue fut aussi un personnage doué d'un pouvoir d'adaptation, pour ne pas dire d'un mimétisme, peu commun. Si le poète et l'homme, l'écrivain et le citoyen ne se distinguaient pas, le causeur prenait le ton de chaque milieu, triomphait sur toutes les scènes et savait enchaîner les conversations mondaines aux conversations de café. Il lui plaisait d'écrire solennellement aux percepteurs et fonctionnaires imbus de principes, mais familièrement aux puissants, comme Marot à François Ier et Diderot à Catherine ; d'être aussi intime avec les grandes dames qu'avec les boutiquières, d'admirer le même jour des reliures d'art, des ustensiles ou des insectes. Toujours, en tous lieux, ses propos relevaient de la plus fine et de la plus agréable littérature. Personne n'aurait su s'installer aussi confortablement dans l'ubiquité. Ce fut son démon. S'il eut parfois la tentation des honneurs, ce n'était, précisément, que pour ne rien laisser dans l'ombre et avoir partout ses entrées de poète, pour se trouver dans le rayonnement de ce qui se passe, enfin pour ne pas manquer le bonheur promis.


Fargue s'exprime le plus souvent en vers libres, voire en prose, dans un langage plein de tendresse et de tristesse, sur des sujets simples, parfois cocasses, on l'a parfois comparé au photographe Robert Doisneau, plus rarement absolument onirique, voir Vulturne en 1928 cependant.
Parisien amoureux de sa ville, lire :D'après Paris, 1932 ; Le Piéton de Paris, 1939, il écrit aussi la solitude oppressante et noyée de nuit et d'alcool : Haute solitude en 1941.
Il est également un chroniqueur étincelant de la société parisienne : Refuges, Déjeuners de soleil, 1942, ou encore La lanterne magique 1944.
Il est frappé d'hémiplégie en 1943 et meurt en 1947 à Montparnasse, au domicile de sa femme, le peintre Chériane, sans avoir cessé d'écrire cependant.
Il était devenu membre de l'Académie Mallarmé en 1937. En revanche, il fut, en 1946, un candidat malheureux à l'Académie française.

Poème

Nocturne
Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres
Et commence à descendre et tinte dans les branches.
Les feuilles et les fleurs se pressent et s'entendent.
J'ai vu l'orvet glisser dans la douceur du soir.
Diane sur l'étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel de ciel qui rejoint l'horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.
D'autres viendront s'asseoir sur la chaise de fer.
D'autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui l'ont tant aimée.
Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d'étrangers longera la rue grise.
Les voix,
D'autres voix chanteront, d'autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraîche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu'un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur qu'il nous avait promis.
Poèmes, NRF, Paris, 1912.

Citations

"Vous faites le ménage de l'univers avec les ustensiles du raisonnement. Bon. Vous arrivez à une saleté bien rangée."
"Le génie est une question de muqueuses. L'art est une question de virgules."

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Léon-Paul Fargue a été réalisée par le graveur Raymond Corbin en 1947, quelques jours avant la mort du poète. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet.

Œuvres

Poésie
Poèmes Premier cahier. Nancy, Royer, 1907.
Tancrède. Saint-Pourçain-sur-Soule, 1911.
Poëmes. Paris, NRF-Marcel Rivière & Cie, 1912.
Pour la musique. Paris, NRF, 1914.
Poëmes, suivis de Pour la musique. Paris, NRF, 1919.
Banalité. Paris, NRF, 1928.
— Banalité. Paris, NRF, 1930, photographies de Roger Parry
Vulturne. Paris, NRF, 1928.
Suite familière. Paris, Émile-Paul, 1928.
— Suite familière. Paris, NRF, 1929.
Sur un piano bord, NRF, 1928.
Épaisseurs. Paris, NRF, 1928.
Sous la lampe. Paris, NRF, 1929.
Espaces. Paris, NRF, 1929.
Ludions. Paris, J.-O. Fourcade, 1930.
D'après Paris. Paris, Librairie de France, 1931.
— D'après Paris. Paris, NRF, 1932.
Haute solitude. Paris, Émile-Paul, 1941.
Pour la musique, Tancrède, suivi de Ludions. Paris, Gallimard, 1943.
Poésies. Paris, Gallimard, 1963. Préface de Saint-John Perse.
Chroniques, essais
Le Piéton de Paris. Paris, Gallimard, 1939.
Déjeuners de soleil. Gallimard, 1942.
Refuges. Paris, Émile-Paul, 1942.
Lanterne magique. Marseille, Robert Laffont, 1944.
Composite avec André Beucler. Paris, O.C.I.A., 1944.
Méandres. Genève, Milieu du monde, 1946.
Poisons. Paris, Daragnès, 1946.
Portraits de famille. Paris, Janin, 1947.
Hernando de Bengoechea ou l'âme d'un poète. Paris, Amiot-Dumont, 1948.
Etc.... Genève, Milieu du monde, 1949.
Maurice Ravel. Paris, Domat, 1949.
Les XX arrondissements de Paris. Lausanne, Vineta, 1951, rééd. Fata Morgana, 2011.
Dîners de lune. Gallimard, 1952.
Pour la peinture. Gallimard, 1955.
Les grandes heures du Louvre. Paris, Les deux Sirènes, 1948.
Correspondance
Valery Larbaud et Léon-Paul Fargue, Correspondance 1910-1946 (éd. Th. Alajouanine). Gallimard, 1971.

Références critiques

Hommage à Léon-Paul Fargue, Les Feuilles libres, n° 45-46, juin 1927
André Beucler, Dimanche avec Léon-Paul Fargue, Paris, Le Point du Jour, 1947
André Beucler, Vingt ans avec Léon-Paul Fargue, Genève, Milieu du monde, 1952
Jean-Claude Walter, Léon-Paul Fargue ou l'homme en proie à la ville, Paris, Gallimard, 1973
Henri Thomas, À la rencontre de Léon-Paul Fargue, Montpellier, Fata Morgana, 1992
Jean-Paul Goujon, Léon-Paul Fargue, poète et piéton de Paris, Gallimard, Biographies, 1997
Barbara Pascarel, Léon-Paul Fargue, Paris/Rome, Memini, « Bibliographie des écrivains français », 2000
Léon-Paul Fargue poète et chroniqueur (dir. Pierre Loubier et Barbara Pascarel), RITM, hors série, Université Paris X-Nanterre, 2001
Fargue... variations, textes réunis par Pierre Loubier, Revue des Sciences Humaines, n° 274, 2/2004

Liens

http://youtu.be/Qv_vH-p8vjs visitation préhistorique
http://youtu.be/aLnEA4BpxbA Chanson dit par Claude Nougaro
http://youtu.be/XYulmRagqEw Déjeuners au soleil
http://youtu.be/L_Tj3e5njNM Un Dimanche avec Léon-Paul Fargue
http://youtu.be/eCivD_pqSNA Le piéton de Paris




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Posté le : 23/11/2013 20:55
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Freddie Mercury
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Le 24 Novembre 1991, à Londres, mourrait à 45 ans Freddie Mercury,

né Farrokh Bulsara le 5 septembre 1946 à Stone Town, dans l'État de Zanzibar en Tanzanie, il était un très fameux auteur-compositeur, chanteur et musicien britannique, qui a établi sa réputation internationale en tant que chanteur du groupe de rock Queen.

Avec une étendue vocale de trois octaves et demie, quelques techniques d'opéra et une bonne maitrise de son art, il était un chanteur de rock parmi les plus populaires et les plus techniquement accomplis. Leader du groupe Queen, il composa plusieurs de ses grands succès dont Bohemian Rhapsody, Somebody to Love et We Are the Champions.qui a été remixée par la suite, Don't Stop Me Now et Crazy Little Thing Called Love.
En solo, il réalise, de son vivant, deux albums, Mr. Bad Guy en 1985 et Barcelona en 1988 comprenant les célèbres Living on My Own, I Was Born to Love You et Barcelona, en duo avec la cantatrice Montserrat Caballé.
Il apparaît sur la liste des cent Britanniques les plus célèbres, établie en 2002 par vote national ; il y est classé cinquante-huitième1. Le magazine américain Rolling Stone le classe dans la liste des "plus grands chanteurs de tous les temps".
Visiblement malade et affaibli depuis plusieurs mois, Freddie Mercury meurt des suites d'une pneumonie le 24 novembre 1991 après avoir déclaré, la veille, qu'il était porteur du VIH.

Enfance et début

Faroukh Bulsara naît dans le protectorat britannique de Zanzibar actuelle Tanzanie, il est le fils de Bomi Bulsara, comptable pour le bureau colonial britannique, et de Jer Bulsara, tous deux membres de la communauté pârsî de l'Inde, son père comptable pour le bureau colonial britannique, membres de la communauté Pârsî de religion zoroastrienne, dont les ancêtres sont des Perses ayant fui en Inde la conquête arabo-islamique du territoire correspondant à l'Iran moderne. Ils sont de croyance zoroastrienne.
Ses parents, sont partis de Zanzibar pour l'Inde quand Faroukh avait 7 ans. Il a une petite sœur, Kashmira Bulsara aujourd'hui Kashmira Cooke, née en 1952.

A l'âge de 1 an, Faroukh eut son premier avant-goût de la célébrité lorsque le photographe du coin fit son portrait et l'exposa dans sa vitrine, après avoir remporté le premier prix dans un concours de bébés.
Ses parents, l'envoient poursuivre ses études auprès de sa grand-mère, en Inde, en 1953 : Farrokh est alors âgé de sept ans.
Le jeune garçon reçoit son éducation dans la pension Saint-Peter à Panchgani, près de Bombay. Ses résultats sont globalement excellents, particulièrement en sport ; ainsi, il remporte le tournoi de tennis de table de l'école. À la maison, il écoute continuellement de la musique et chante sur ses morceaux préférés.
Le principal de St-Peter's avait remarqué les aptitudes de Faroukh pour la musique, et avait écrit à Mr. & Mrs Bulsara pour leur suggérer de payer un petit extra en plus des honoraires de l'école, afin que le petit Faroukh ait la possibilité d'étudier la musique dans les règles de l'art.
Ils acceptèrent, et ce dernier commença à prendre des cours de piano. Il devint également membre de la chorale de l'école et prit part régulièrement aux productions théâtrales de l'école.
Faroukh apprit très vite le piano où il excellait, atteignant le niveau V. Il participa à son premier spectacle avec le premier groupe auquel il ait jamais appartenu, The Hectics, jouant dans l'enceinte de l'école. La formation de choriste de Freddie était très utile, et même là, son sens inné du spectacle théâtral était vraiment mis en évidence, il jouait avec flair et originalité.
Il entre ensuite à la St. Mary's High School de Mazagon où il intègre son premier groupe de musique, The Hectics et acquiert son surnom de Freddie, que même ses parents se mettent à utiliser.

Premiers groupes de musique 1958 à 1970
The Hectics

C'est en 1958, alors que Farrokh est âgé de seulement douze ans, que se crée une première formation rock au sein de laquelle le jeune garçon évoluera en tant que pianiste. Les quatre autres membres sont Derrick Branche, Bruce Murray, Farang Irani et Victory Rana. Le quintet est composé d'élèves de l'école St. Mary's, où Freddie suit sa scolarité.
Peu de témoignages subsistent à propos de cette formation. Il est néanmoins établi que le groupe n'a pas l'autorisation de se produire hors de l'école et que le jeune Bulsara, très timide, est alors heureux d'être au second plan. The Hectics joue un rock 'n' roll typique de l'époque, reprenant des morceaux de grands noms de ce style.
La famille Bulsara est ensuite appelée à retourner à Zanzibar pour raisons professionnelles, mais très provisoirement puisqu'en 1964, alors que Freddie est âgé de dix-sept ans, la révolution de Zanzibar qui chasse le sultan et aboutit à la création de la Tanzanie les force, sa famille et lui, à partir pour le Royaume-Uni.
A l'âge de 17 ans, en décembre 1963, la révolution des colonies au sein de l'ile de Zanzibar força Freddie et sa famille à se réfugier au Royaume-Uni où il continua à étudier en vue d'obtenir un diplôme d'arts graphiques et de design.
À cette époque, il entreprit de mettre au point une ligne de vêtements ainsi que de créer des courtes bandes-dessinées pour des petits journaux londoniens. Ses connaissances graphiques l'avantagèrent puisqu'il créa lui-même, bien plus tard, le logo du groupe Queen. On retrouve encore aujourd'hui certaines œuvres graphiques dessinées par le talentueux étudiant en arts graphiques, avec la petite signature "F. Bulsara" en bas de ses dessins et tableaux.

Petits emplois et études d'art

La famille Bulsara s'installe d'abord chez des amis, à Feltham, juste à côté de l'aéroport d'Heathrow. Ils trouvent ensuite une petite maison familiale. Freddie se décide pour des études artistiques et s'inscrit, en préparation, à l'école polytechnique d'Isleworth. Freddie découvre petit à petit de nouvelles influences musicales. Selon le magazine Record Collector, c'est peu de temps après son arrivée en Angleterre qu'il découvre Jimi Hendrix, John Lennon et les Beatles.
Au cours d'un entretien ultérieur, Mercury dira de Hendrix : " Jimi Hendrix est très important. D'une certaine façon, il résume, de par ses représentations sur scène, tous les aspects du travail d'une rock star. On ne peut le comparer à personne. Soit on a la magie, soit on ne l'a pas. Personne ne peut l'égaler. Personne ne peut prendre sa place ".
Il découvre aussi les performances scéniques de Liza Minnelli qui l'impressionne par l'énergie qu'elle dégage et par sa façon de, selon ses mots, "se donner au public". Enfin, il aime beaucoup Elvis Presley auquel il rendra hommage à travers une chanson écrite dans un style rockabilly, Crazy Little Thing Called Love. Queen jouera, à quelques occasions, des reprises de Presley, au nombre desquelles Jailhouse Rock et You're So Square Baby I Don't Care.
En marge de ses études d'art, il occupe de petits emplois pour gagner un peu d'argent, dont certains sont physiquement éprouvants.
Lorsque, étonnés par la finesse de ses mains, ses collègues lui demandent ce qu'il fait en dehors de son travail temporaire, il répond qu'il est un musicien qui vient "passer le temps".
Il est si convaincant que les autres, de leur propre chef, décident de lui épargner les tâches les plus ingrates en se les répartissant.
Au printemps 1966, il quitte Isleworth, ayant obtenu la note nécessaire à son admission au Ealing Art College de Londres, à l'entrée duquel on trouve aujourd'hui une plaque posée en mémoire de ce célèbre ancien élève. À la rentrée scolaire, il commence des études d'illustration graphique et s'installe dans le quartier de Kensington, dans un appartement loué par un ami. Le quartier est alors une ruche culturelle dans laquelle se retrouvent de nombreux artistes très créatifs.
À quelques pas de chez lui s'étend Kensington Market, quartier fréquenté par l'élite intellectuelle et artistique de Londres.

Ibex

À cette époque, Freddie entreprend de créer, en parallèle à ses études, une ligne de vêtements et de courtes bandes dessinées pour de petits journaux londoniens. À Ealing, il fait plusieurs rencontres qui vont profondément marquer sa vie et influencer sa carrière.
Il tente notamment, sans succès dans un premier temps, de persuader les membres du groupe Smile de le prendre comme second chanteur. Il fait leur connaissance par le biais de son camarade d'école Tim Staffell, chanteur et bassiste du groupe, aux côtés du guitariste Brian May et du batteur Roger Taylor.
Il suivra ainsi la carrière de Smile de très près et saisira plus tard l'opportunité de remplacer Staffell.
Tout d'abord, en août 1969, son diplôme en art graphique et design en poche, il croise la route d'un petit groupe originaire de Liverpool, influencé par Cream, qui se fait appeler Ibex et qui vient d'arriver à Londres pour essayer de percer dans le métier.
Ibex existait à l'origine sous la forme d'un trio comprenant Mike Bersin à la guitare et au chant, John "Tupp" Taylor à la basse et Mick "Miffer" Smith à la batterie. Les deux premiers s'étaient rencontrés en 1966 dans un groupe nommé Colour.
Quelques jours après la première rencontre avec le groupe, Freddie Bulsara connaît déjà par cœur tous les morceaux de la liste jouée par la formation et part les rejoindre sur scène dans la ville de Bolton, dans la région de Manchester.
Il y fait sa toute première apparition en public en tant que chanteur, le 23 août 1969. Le lendemain de cette première scène, Ibex joue en plein air dans le Queen's Park de Bolton.
Ibex rentre ensuite à Londres et se met à travailler, avec son nouveau chanteur, à de nouvelles reprises et compositions. Le groupe anime, quelques semaines plus tard, la soirée de début d'année universitaire de l'école dans laquelle Bersin vient d'être accepté, à Liverpoo.
Pour les membres d'Ibex et de Smile, qui ne se quittent que rarement, démarre une période tout à la fois passionnante et financièrement difficile. Les musiciens vivent la plupart du temps ensemble dans des appartements minuscules, dormant parfois à même le sol et travaillant à leur musique jusqu'à des heures indues.
Freddie Bulsara et Roger Taylor optent, afin de subvenir à leurs besoins, pour le petit commerce et achètent, avec leurs maigres économies, des vêtements d'occasion pour les revendre sur un stand de Kensington Market.
La dernière apparition officielle d'Ibex a lieu le 9 septembre 1969 dans un petit club de Liverpool. Un enregistrement de trente-cinq minutes sur bande magnétique est réalisé, dont la quasi-totalité est aujourd'hui perdue.
Selon les témoins, le chanteur se tient au pied de la scène, au niveau du public.
Ce soir-là, les membres de Smile jouent dans un club de la même ville. La légende, propagée par de nombreux biographes mais jamais confirmée, veut que Roger Taylor et Brian May aient rejoint Freddie Bulsara sur scène pour jouer quelques-uns de leurs propres morceaux.
L'enregistrement sonore, de durée trop limitée, ne garde aucune trace de cette possible rencontre musicale.
De son propre chef, vers la fin de l'année 1969, Bulsara choisit de rebaptiser Ibex ; le groupe devient Wreckage "Naufrage".

Wreckage

C'est le moment que choisit le batteur, Smith, pour quitter la formation. Freddie Bulsara écrit alors la majorité des morceaux.
Là encore, à part une de ses compositions intitulée Green, dont la bande a été retrouvée, aucun morceau datant de cette époque ne subsiste ou n'est encore réapparu.
Le groupe tourne peu et de façon erratique. Il est probable que leur dernière apparition ait eu lieu à Widnes, dans le comté du Cheshire, dans l'école de la sœur de John Taylor. Une des anecdotes les plus souvent rapportées à propos de Freddie Bulsara daterait de ce dernier soir.
Son pied de microphone refusant de tenir à la bonne hauteur, il l'aurait dévissé complètement pour n'en conserver que la partie supérieure et l'inclure à son jeu de scène, accessoire devenu ensuite un incontournable des apparitions sur scène de Freddie Mercury et indissociable de son image médiatique en tant que chanteur de Queen.
Le groupe ne survit pas à ce manque d'activité et se sépare. Freddie Bulsara souhaite passer à autre chose et répond à une annonce du célèbre Melody Maker : le groupe Sour Milk Sea recherche un chanteur.

Sour Milk Sea

Le groupe Sour Milk Sea est un quatuor professionnel composé de Chris Dummett au chant, Chris Chesney de son vrai nom, Jeremy Gallop à la guitare, Paul Milne à la basse et Robert Tyrell à la batterie.
Cherchant à diversifier leur style, ils passent leur annonce et font auditionner Freddie Bulsara. Le rythme des concerts est bien supérieur à ce que ce dernier a connu jusqu'alors, puisque Sour Milk Sea tourne environ trois fois par semaine.
Le seul concert auquel Bulsara a certainement participé a lieu à Oxford en mars 1970.
Selon une interview parue le lendemain dans la presse locale, Chris Chesney et Freddie Bulsara ont commencé, peu de temps auparavant, à écrire ensemble en reprenant certains éléments de compositions préparées pour Ibex.
L'arrivée du nouveau chanteur, créatif mais dominateur, détériore les relations entre les membres du groupe, au point que Gallop et Chesney se fâchent après des années d'amitié. Chesney évoquera un manque de cohésion dû aux origines et influences de Bulsara, très différentes des leurs. C'est la fin de Sour Milk Sea, mais c'est toujours sur la même formation que Freddie Bulsara garde un œil : Smile.

Smile et les débuts de Queen 1970 à 1991

En 1970, Smile est signé par le label américain Mercury Records qui leur offre d'enregistrer trois morceaux, puis trois autres. Les bandes ne sont pas exploitées commercialement et Tim Staffell se lasse.
Ne voyant plus aucun avenir à Smile, il décide de quitter le groupe et propose à Freddie Bulsara de le remplacer au chant.
Ce dernier accepte et décide, sans laisser grand choix aux autres membres, de changer le nom de la formation, en novembre 1970.
Il choisit Queen, qui deviendra, en une vingtaine d'années, un des groupes de rock les plus célèbres au monde. Pour sa part, il prend le pseudonyme de Freddie Mercury.

La fondation du groupe QUEEN

Freddie, avait des idées extraordinaires de longue haleine pour cette nouvelle aventure, mais, tout d'abord, ils devaient trouver un nom pour leur groupe. Brian et Roger avaient lu, tous deux, la même trilogie de livres écrits par C.S. Lewis pendant leur enfance, et Brian proposa Out Of The Silent Planet. Roger quant à lui aimait aussi la sonorité de The Rich Kids. Mais Freddie n'était pas convaincu, et les persuada de prendre au moins en considération une de ses idées, Queen. Tout d'abord, Brian et Roger furent sceptiques à son sujet, peut-être en raison de ses consonances homosexuelles, mais, tous deux remarquaient aussi son potentiel. Il était court, facile à retenir, et avait des connotations royales, théâtrales, dynamiques aussi, et ils acceptèrent tous que cela devienne leur appellation pour l'avenir. Freddie, à cette occasion, gagna sa première victoire, et c'est donc en avril 1970 que les trois étudiants donnèrent vie à l'un des futurs plus grands groupes de tous les temps, Queen.
Freddie en dessina son célèbre logo. Mais en 1970, le groupe Queen n'a toujours pas trouvé son bassiste définitif, malgré trois tentatives de recrutement qui échouèrent parmi leurs amis proches, notamment avec Mike Grose, puis Barry Mitchell, et enfin un certain dénommé Doug.
La quatrième tentative fut la bonne. En effet, c'est en février 1971 que le dernier membre du groupe, John Deacon à la basse, fut recruté lors d'une soirée fêtant le bal annuel du Maria Assumpta Teacher Training College, scellant ainsi la composition définitive des quatre membres de ce qui allait devenir le gigantesque et légendaire groupe Queen.
Freddie pensait que son nom de famille, Bulsara, à consonance perse, ne prêtait pas à être connu, et le modifia en Mercury, en hommage au dieu Mercure et suite à la composition de la chanson My Fairy King qui parle d'une Mother Mercury

Farrokh Bulsara, devenu Freddie Mercury, pressentait déjà un avenir radieux et certain à leur groupe nouvellement formé, et il n'avait pas tort. Cependant, les quatre membres du groupe continuaient à travailler à côté afin de s'assurer un salaire avant d'être éventuellement connus, et aussi pour contrer le risque de voir leur groupe ne pas marcher. Brian May reste dans l'histoire du Rock et de la musique en général le personnage le plus hautement diplômé, sortant avec succès de l'Imperial College, équivalent supérieur à notre Polytechnique français.
Il fut par ailleurs élu bien plus tard meilleur guitariste des années 1980.
Des concerts à la démesure totale de leur énorme talent les attendaient dans les proches années à venir, faisant incontestablement de Queen un des groupes phares des années 1970 et 1980, et probablement un des cinq meilleurs groupes du XXe siècle.

Queen Une première décennie de succès

En 1970, Mercury s'installe avec une jeune femme, Mary Austin. Il mettra alors fin à leur relation amoureuse à cause de sa plus grande attirance pour les partenaires masculins. Cependant, Austin reste une amie très proche durant tout le reste de la vie du chanteur.
En 1971, après plusieurs essais décevants avec d'autres bassistes, c'est John Deacon qui est choisi pour compléter le quatuor. Queen est au complet, sous sa forme définitive et peut se lancer dans un travail de composition collective qui durera vingt ans.
Le succès de Queen passe par des étapes et évolutions techniques importantes.
En 1972, Mercury tire parti de sa formation de graphiste pour dessiner le logotype du groupe, connu sous le nom de Queen crest ; au milieu se trouve un Q majuscule, encadré de symboles rappelant les signes zodiacaux des quatre membres du groupe.
La même année, alors que Queen répète aux studios Trident pour l'enregistrement de leur premier album, le producteur des Beach Boys, Robin Cable, entend le chanteur depuis un couloir et lui propose d'enregistrer un morceau de sa composition, I Can Hear Music.
Le disque ne sort qu'en juin 1973, un mois avant le premier album de Queen.
Afin de ne pas risquer de porter préjudice à la notoriété de sa formation, Mercury décide de sortir son tout premier travail solo, auquel il convie les autres membres de Queen à apporter leur contribution, sous le nom de Larry Lurex.
En 1974, Freddie Mercury choisit de révéler son homosexualité, au cours d'un entretien accordé au magazine New Musical Express.
Le parfum de scandale dû à son orientation sexuelle devient, avec la provocation et l'iconoclastie, partie intégrante de son image au fil des années suivantes.
À cette époque, Mercury arbore un style somme toute classique pour un chanteur de rock de l'époque, cheveux et ongles longs, ces derniers recouverts de vernis noir. Sur scène, ses tenues sont assez amples et renforcent le côté théâtral de sa gestuelle.
Les premiers albums du groupe sont bien accueillis par la critique et un succès commercial correct vient assez rapidement.
Cependant, Mercury ambitionne de créer dans des styles réellement novateurs. En 1975, il y réussit avec l'album A Night at the Opera qui offre à Queen une réelle notoriété internationale. Le morceau Bohemian Rhapsody devient, au fil des ans, emblématique de la créativité du groupe et surtout de son chanteur, qui le compose presque intégralement en y mettant des moyens inédits à l'époque. Dès les premières années, le groupe s'impose comme avant-gardiste du clip, dont il fait un réel moyen d'expression artistique plutôt qu'un simple support de promotion commerciale. Celui qui est tourné pour cette célèbre rhapsodie ne fait pas exception, utilisant des effets vidéo ingénieux alors même que le budget qui est dévolu à son tournage est restreint.
Vers la fin des années 1970 et ce, bien que le succès commercial soit au rendez-vous, Queen reçoit de dures critiques de la part de magazines musicaux importants, tels que le New Musical Express et Rolling Stone. La plupart des critiques rock qui s'expriment sont séduits par le mouvement punk et reprochent aux morceaux de Queen d'être surproduits.
Un des critiques de Rolling Stone confirmera son opinion en 1994, disant alors que l'album Queen II, dont Mercury est le principal auteur, était déjà d'une complexité de composition abrupte et dénuée de sens .

Carrière Solo

Mercury coupe ses cheveux et se laisse pousser la moustache au début des années 1980, suivant la mode nouveau clone lancée par certains homosexuels à cette époque. Malgré ce look sans ambages, il évoque toujours rarement sa vie sentimentale en public. Certains fans de la première heure lui font parvenir des colis contenant des rasoirs et du vernis à ongles.
Fin 1982, Queen annonce que la prochaine tournée n'aura lieu que l'année suivante. Mercury est animé du désir de composer un album personnel depuis plusieurs années et s'envole pour Munich afin de rentrer en studio, début 1983.
Il rencontre Giorgio Moroder, compositeur et arrangeur, qui souhaite ressortir une version modernisée du célèbre film de Fritz Lang, Metropolis, en colorisant les images et en ajoutant une musique contemporaine. Il invite Mercury et d'autres artistes à participer au projet. Le résultat sera le premier single de Mercury, Love Kills, en 1984.
En mai 1983, il assiste à une représentation d'opéra dont la soprano se trouve être Montserrat Caballé. Il se dit profondément impressionné par la prestation de Caballé et fait sa connaissance le soir même.
L'idée de faire un album en duo germe et prendra corps quelques années plus tard.
Après ces expérimentations isolées, Queen se lance dans des tournées mondiales d'une envergure rarement égalée à l'époque (Works Tour, Magic Tour, etc.et établit plusieurs records d'audience. Leur prestation au Live Aid de 1985 en direct du stade de Wembley près de Londres, est saluée par la critique comme la plus grande performance live de tous les temps.
Elton John, qui doit leur succéder sur scène ce jour-là, leur lance une pique lorsqu'il croise les membres du groupe qui viennent d'achever leur passage de vingt minutes, les accusant d'avoir volé le spectacle.
En 1985, Mercury collabore à l'écriture de la comédie musicale Time avec Dave Clark. La même année sort son premier album solo, Mr. Bad Guy 1985. Il s'installe également avec celui qui reste son dernier compagnon, Jim Hutton.
Le couple vit entre Londres et Montreux, en Suisse, où Mercury possède une maison et un studio d'enregistrement personnel. Hutton, malade du SIDA depuis 1990, meurt d'un cancer en 2010 à l'âge de soixante ans.
1986 est une année-clé pour le groupe, qui collectionne plusieurs succès dans des domaines divers. Le groupe enregistre et sort l'album A Kind of Magic, composé pour illustrer le film Highlander.
Si seuls quelques morceaux figurent effectivement sur la bande originale du film, l'album est un succès commercial. Le groupe se lance dans une tournée européenne qui sera la dernière, puisque la maladie de Mercury va, peu après, lui interdire de renouveler ce genre d'expériences, trop fatigantes. Ce Magic Tour est lui aussi un succès et un album, Live Magic, en est tiré peu de temps après.
Les membres du groupe souhaitent en outre tenter de donner, près de chez eux, un concert aux dimensions inédites pour un groupe seul.
Ce sera le célèbre Live at Wembley. Alors que certains prédisent un échec à cause de la taille du lieu, le stade de Wembley de l'époque compte 70 000 places, les billets pour les deux soirs de concert se vendent en moins de deux jours.
Les enregistrements vidéo fixent le style et l'exubérance de Mercury, qui finit ses deux apparitions drapé dans un manteau écarlate bordé d'hermine avec sur la tête une réplique parfaite de la couronne royale britannique, le tout au son de l'hymne national officieux du Royaume-Uni, God Save the Queen.
En 1987 sort The Great Pretender, album composé de reprises réarrangées par Mercury. Cette année-là, le médecin de Mercury lui annonce qu'il est atteint du VIH.
C'est en 1988 que sort le second et dernier album estampillé Mercury à être composé de matériel original : Barcelona.
Cet album est la concrétisation du rêve avoué du chanteur de se rapprocher du monde de l'opéra, désir déjà largement concrétisé par le biais de certaines compositions dont la plus célèbre, Bohemian Rhapsody, mais surtout de travailler avec la soprano catalane Montserrat Caballé.
L'album est largement acclamé par la critique et la chanson-titre du disque devient l'hymne de la ville natale de Montserrat Caballé Barcelone et le thème des Jeux olympiques de 1992 qui y ont lieu.
Enfin, The Freddie Mercury Album qui sort en 1992 est une compilation posthume, destinée à faire connaître au grand public et aux admirateurs de Queen un travail personnel assez méconnu.
Sa reprise de la chanson The Great Pretender et sa composition Living On My Own furent deux grands succès solo. Cependant, ce dernier titre ne parviendra en première position des ventes au Royaume-Uni qu'à titre posthume grâce au groupe No More Brothers qui le remixe.
Cette version fut également numéro un des ventes de singles en France durant quinze semaines.

Bisexualité, extravagance et Hédonisme.

La rumeur de sa bisexualité s'était largement répandue, en particulier quand il coupa ses cheveux et laissa pousser sa moustache suivant la mode nouveau clone préférée par les gays à cette époque.
Cependant, il n'en parla jamais en public avant l'annonce qu'il était atteint du sida, la veille de sa mort.
Il passa les dernières années de sa vie en compagnie de Jim Hutton entre Londres et Montreux en Suisse, où il enregistra les derniers albums de Queen, dont sa dernière composition A Winter's Tale qui parle justement de la région de Montreux.
Il légua une grosse partie de sa fortune à Marie Austin qui fut sa compagne entre 1970 et 1976.Il était célèbre pour son extravagance et son hédonisme, mais également pour sa bonté et sa générosité. Il adorait les chats et en avait plusieurs, écrivant même une chanson à propos de son favori, Delilah, dans l'album Innuendo.
Il fit preuve d'un courage incroyable, jusqu'à la fin de sa vie qui, pourtant, fut très difficile.
Même très malade, il insista jusqu'au bout pour enregistrer des chansons et des clips ("Headlong", "I'm going slightly mad" et "These are the days of our lives", sa dernière vidéo enregistrée, son adieu au public).
Ces clips sont la preuve en images que Freddie Mercury était un grand homme, un grand artiste, qui, même dans les moments les plus éprouvants, a usé d'une volonté impressionnante, preuve de sa passion infinie pour la musique.
Il fumait beaucoup, ce qui contribua à rendre sa voix plus rêche dans les années 1980. Les membres restants de Queen fondèrent le Mercury Phoenix Trust et organisèrent un concert souvenir.
Il apparaît dans la liste des 100 Britanniques les plus célèbres établie en 2002 par vote du public il est classé 58ème. Il était de religion zoroastrienne.

Maladie et fin de vie 1990 et 1991

Mercury se sait malade du VIH et ainsi condamné à plus ou moins long terme à partir de 1987. En 1990-1991, il enregistre ses dernières prises avec Queen, dont son ultime composition, A Winter's Tale, qui évoque la région de Montreux où il passe alors beaucoup de son temps.
Si les traces physiques de la maladie ne sont pas immédiatement décelables, les toutes dernières apparitions du chanteur sont sans équivoque ; les clips réalisés pour l'album Innuendo, en particulier I'm Going Slightly Mad, le montrent très amaigri et fatigué.
Il cache alors son visage sous une épaisse couche de maquillage blanc et noir.
Le 20 février 1990, Freddie Mercury fait une dernière apparition publique à l'occasion des British Awards au cours desquels Queen se voit récompensé, élu le meilleur groupe anglais de la décennie 1980. La rumeur de maladie se répand et les médias commencent à évoquer la possibilité que Mercury souffre du sida. Le groupe dément au moyen d'un communiqué de presse officiel.
Il montre, selon ses proches, un courage peu commun au cours des dernières années de sa vie qui, pourtant, furent très difficiles15. Alors qu'il est déjà très malade, il insiste pour enregistrer des chansons, Mother Love est la dernière sur laquelle il chantera mais qu'il ne pourra d'ailleurs pas terminer. Brian May la terminera en chantant le dernier couplet et des clips, Headlong, I'm Going Slightly Mad et These Are the Days of Our Lives, sa dernière vidéo enregistrée.
Sachant sa mort prochaine, il enregistre également The Show Must Go On, sorte de testament destiné à son public.
Mercury fait autant de prises voix qu'il le peut, jusqu'à ce qu'une pneumonie ne l'en empêche finalement, un mois avant sa mort. Il confie aux membres restants le soin de retravailler tout le matériel dont ils disposent, afin de sortir un ultime album réunissant les quatre membres de Queen.
Le 16 novembre 1991, une dépêche tombe, relayée par plusieurs médias. En France, Georges Lang interrompt son émission Saga sur RTL afin de communiquer l'information suivante : "Freddie Mercury est malade ..., mais il n'aurait pas le sida".
Une semaine plus tard, le 23 novembre 1991, environ vingt-quatre heures avant sa mort, Mercury annonce qu'il est atteint du sida.
Il appelle son manager, Jim Beach, pour l'aider à rédiger une annonce.
Son médecin personnel, Gordon Atkinson, va à la rencontre des journalistes massés devant la maison de Kensington et lit un texte très sobre dicté par un Mercury alité et mourant :
"À la suite d'importantes conjectures parues dans la presse ces deux dernières semaines, je souhaite confirmer que j'ai été testé positif au VIH et que je suis atteint du sida. J'ai jugé correct de garder secrète cette information jusqu'à ce jour afin de préserver la vie privée de mon entourage. Cependant, l'heure est venue pour mes amis et fans de par le monde de savoir la vérité et j'espère que tout le monde se joindra à mes médecins et leurs collègues du monde entier dans leur combat contre cette terrible maladie. Ma vie privée a toujours été très importante à mes yeux et je suis connu pour ne donner que rarement des interviews. Comprenez, s'il vous plaît, que cette politique est encore à l'ordre du jour."

C'est la pneumonie dont il souffre depuis plusieurs semaines qui a raison de la résistance du chanteur et l'emporte à l'âge de 45 ans, le 24 novembre 1991. De tradition zoroastrienne de par les origines de ses parents, il demande que ses obsèques respectent le rite de cette religion. Il est incinéré au Kensal Green Cemetery. L'emplacement exact de ses cendres est connu, elles sont déposées au Kensal Green Cemetery, London. On y peut lire sur la plaque de bronze : "In loving memory of Farrokh Bulsar M." .
Mercury lègue 500 000 £ à Jim Hutton, son compagnon, mort le 1er janvier 2010, la même somme à son assistant personnel et à son chef cuisinier et 100 000 £ à son chauffeur.
Mary Austin, quant à elle, se voit léguer la moitié de la fortune de Mercury, soit plusieurs millions de Livres sterling, sa splendide demeure géorgienne du quartier de Kensington dans laquelle elle vit toujours en famille et enfin, un pourcentage sur les futures ventes de disques de l'artiste, afin d'assurer définitivement sa sécurité matérielle.
L'autre moitié de la fortune de Freddie Mercury revient à ses parents et à sa sœur cadette, Kashmira.

Hommage à Freddie Mercury

Peu après sa mort,en 1991, un grand concert organisé par les trois membres restants de Queen se tint au stade de Wembley à Londres, pour honorer la mémoire de Freddie. De nombreux artistes, plus ou moins proches du groupe et de Freddie, ont contribué à ce concert, notamment Axl Rose, Slash, Roger Daltrey, Robert Plant, Metallica, George Michael, Liza Minnelli, Elton John, David Bowie, Annie Lennox, Zucchero, Scorpions et bien d'autres. La première partie de ce concert comportait des groupes alors en pleine ascension (Metallica, Guns n' Roses) jouant leur succès du moment.
Le groupe Extreme interpréta quant à lui un medley de compositions de Queen de haute volée. La seconde, et plus importante partie, consistait à ce que chacun des artistes présents interprétât une chanson de Queen, accompagné de Roger, Brian et John. À noter particulièrement la performance de George Michael sur Somebody To Love, la performance du chanteur d'Extreme Gary Cherone sur Hammer To Fall et le grand final où tous les invités étaient rassemblés sur la scène et menés par Liza Minnelli sur We Are The Champions. Ce concert fut certainement un hommage à la hauteur du talent de Freddie Mercury.

Pèlerinage à Montreux

Montreux, ville de culture, a accueilli denombreuses célébrités tout au long des décennies, à l'image du groupe rock anglais QUEEN, emmené par le défunt Freddie Mercury. Ce dernier tombe amoureux de la Riviera au point d'y prendre un appartement et d'y enregistrer des albums dans le fameux mais défunt "Mountain Studios" dont l'ingénieur du son n'est autre que David Richards. Voici 26 ans que Jacky Smith, une fan inconditionnelle et pleine de dynamisme, préside aux destinées du fan club du groupe Queen.
L'association, fondée en 1974 et basée à Londres, compte plus de 6’000 membres en Grande-Bretagne, certes, mais aussi dans le monde entier.En 1996, ce fan intervient dans les discussions sur l'édification d'une statue en l'honneur de Freddie Mercury. L'opération s'étant avérée impossible à Londres, on opte pour Montreux, avec le résultat que l'on connaît.
Ainsi, en plus des studios d'enregistrement, de l'appartement de la star du côté de Territet et du "Lake House", la statue a fait de Montreux un véritable lieu de pèlerinage pour tout adepte du groupe et de son leader.Venue une première fois sur la Riviera l’année suivant l'inauguration du monument, Jacky Smith est tombée elle aussi sous le charme de la région, même en hiver. Aussi a-t-elle décidé d'organiser des week-ends d'excursion depuis l'Angleterre, dont le premier se réalise le 2 septembre 1997. montreuxmusic.com a repris le flambeau dans le même esprit.

Hommages posthumes depuis 1991

Statue de Freddie Mercury au bord du lac Léman à Montreux (Suisse), le représentant tel qu'il était vêtu en ouverture du concert de Wembley en 1986
Article détaillé : The Freddie Mercury Tribute.
Après la mort de Freddie Mercury, le groupe ne cesse pas d'exister officiellement, bien que chacun des membres se soit déjà lancé dans une carrière solo. Les membres restants de Queen fondent le Mercury Phoenix Trust et organisent le Freddie Mercury Tribute. Le 20 avril 1992, quatre-vingt-sept artistes sont réunis autour de May, Deacon et Taylor pour un concert de charité visant à collecter des fonds pour la recherche sur le sida. La prestation de George Michael est si appréciée qu'en est tiré un petit album de cinq titres, Five Live. Seuls deux morceaux de Queen y figurent : Somebody to Love et These Are the Days of Our Lives, en duo avec Lisa Stansfield.
En 2005, Queen s'adjoint finalement le chanteur Paul Rodgers. En mémoire de Freddie Mercury, cette formation ne s'appelle pas seulement Queen, mais Queen + Paul Rodgers.
Le 5 septembre 2011, la page d'accueil Google commémore sa naissance avec un logo vidéo reprenant son titre emblématique Don't Stop Me Now.
Un hommage est rendu à Freddie Mercury lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Londres, où il apparait sur un écran géant placé au milieu du stade olympique, en train de faire participer le public de Wembley lors du concert que Queen donna en 198633. Ce 12 août 2012, tout le stade reprend ses vocalises, comme l'avait fait le public en direct avec lui 26 ans plus tôt. C'est ensuite Brian May, qui enchaîne sur le titre instrumental Brighton Rock, avant d'être rejoint par Roger Taylor pour We Will Rock You en compagnie de la chanteuse Jessie J

Capacités musicales

Outre ses qualités de chanteur reconnues, les talents de compositeur de Freddie Mercury se révèlent dans nombre de morceaux de Queen, notamment au travers d'œuvres majeures telles que Bohemian Rhapsody ou Somebody to Love.
La voix parlée de Mercury s'étendait naturellement dans une tessiture de baryton ; cependant, il interprétait la plupart de ses chansons dans des tessitures de ténor. Le biographe David Bret décrit sa voix comme "escaladant quelques gammes allant du profond, guttural grognement rock, au ténor tendre et vibrant, puis à la colorature haut-perchée, parfaite, pure et cristalline dans les hauts sommets".
Montserrat Caballé déclare : "sa technique était impressionnante. Pas de problème de tempo, il chantait avec un incisif sens du rythme et glissait d'un registre à un autre sans effort. Il avait une grande musicalité. Son phrasé pouvait être subtil, délicat et doux ou bien énergique et claquant. Il était capable de trouver la bonne coloration, la bonne nuance expressive pour chaque mot "
Les avis divergent quant à la réelle étendue de ses capacités. Si certaines sources enthousiastes vont jusqu'à lui octroyer une tessiture hors du commun de près de quatre octaves en incluant le chant en fausset, d'autres sont plus circonspectes, se basant sur des problèmes de santé avoués, en l'occurrence des nodules aux cordes vocales qu'il refuse de se faire opérer et qui le forcent, tout au moins sur scène, à chanter plus bas au fil des années. Il est également probable que les longues et éprouvantes tournées avec Queen lui aient causé des difficultés. Monserrat Caballé confirme la thèse des quatre octaves en disant que sa voix s'étend du fa1 au fa5 – F2 - F6 en notation anglo-saxonne.
Elle ajoute qu'il pouvait atteindre le fa4 – F5 – en voix de poitrine.
Lors d'un sondage britannique basé sur le vote d'environ six cent mille personnes et réalisé au tournant du millénaire, Freddie Mercury se classe sixième meilleur chanteur de tous les temps ; tandis que sa rhapsodie de 1975 finit en tête de tableau, estampillée "meilleure chanson du xxe siècle ".

Homme de scène

Dans un article du Guardian du 14 janvier 2005, John Harris dit de Mercury :
"Ceux qui font des classements des plus grands frontmen du rock et accordent les premières places à Mick Jagger, Robert Plant et consorts font une terrible erreur. Freddie, comme le prouve sa performance dionysiaque au Live Aid, est facilement, de tous, celui qui se rapproche le plus d'un dieu."
Au cours de sa carrière, Mercury a donné pas moins de sept cents concerts de par le monde avec Queen. Le groupe fut le premier à remplir les stades d'Amérique du Sud, battant des records mondiaux d'assistance en Argentine et au Brésil aussi plus particulièrement au Morumbi Stadium de São Paulo où leur concert a été donné devant plus de cent trente mille personnes.
En 1986, la tournée européenne de Queen les amène à Budapest devant quatre-vingt mille personnes, faisant l'un des premiers groupes d'Europe de l’Ouest à jouer de l'autre côté du rideau de fer.
La toute dernière apparition sur scène de Mercury avec Queen a lieu le 9 août 1986 dans le parc de Knebworth et réunit une assistance estimée à cent cinquante mille personnes.
David Bowie, ami et coauteur du succès Under Pressure, exprime ainsi son admiration pour Mercury :
"parmi les rockers les plus théâtraux, Freddie est celui qui a tout poussé plus loin que les autres. … Il a dépassé les frontières. … Je ne l'ai vu en concert qu'une seule fois et c'était comme on le dit, c'était vraiment un homme capable de tenir toute l'assistance dans la paume de sa main. Il arrivait toujours à transformer un cliché en un avantage"

Critiques et controverses

Mercury a plusieurs fois été l'objet de critiques, principalement pour son refus d'évoquer publiquement ses origines, et plus tard, sa maladie. En outre, sa bisexualité avérée lui a attiré, après sa mort, les foudres de certains conservateurs britanniques ainsi que d'islamistes zanzibars.

Infection par le VIH

Le refus de Mercury d'avertir le public qu'il était atteint du virus de l'immunodéficience humaine a parfois été critiqué, considérant qu'il aurait pu utiliser sa grande notoriété internationale pour collecter des fonds pour la recherche contre cette maladie. À l'inverse, son attitude aurait pu laisser entendre à ses admirateurs que le sida est une maladie honteuse47,48. Le Freddie Mercury Tribute, par sa diffusion internationale, a finalement atteint cet objectif de prévention et d'information à titre posthume.

Origines ethniques

Une critique plus fréquente est celle concernant la décision de Mercury de cacher au public ses origines pârsîs.
Un ami proche du chanteur a confié au journaliste David Bret :
"Farrokh Bulsara est un nom qu'il a enterré. Il ne souhaitait parler d'aucune période de sa vie avant qu'il ne devienne Freddie Mercury et tout ce qui concernait Freddie Mercury était fabriqué par lui-même."
Roger Taylor, de son côté, a avancé que Mercury aurait rejeté ses origines parce qu'il les jugeait incompatibles avec sa personnalité publique.
Cependant, alors que le Sunday Times dit de Mercury qu'il a "réussi à laisser passer la couronne de première pop star britannique d'origine pârsî", Time Asia cite Mercury comme étant l'une des personnalités d'origine indienne les plus influentes des soixante dernières années. L'article dit de Mercury qu'il a"fait en musique ce que d'autres Indiens, comme Salman Rushdie et Vikram Seth, ont fait en littérature : reprendre la forme artistique des colonisateurs et la représenter d'une manière plus riche et attirante que beaucoup d'anglophones ne l'auraient cru possible.

Controverses concernant l'image publique

Mercury et Queen ont été largement critiqués dans les années 1980 pour avoir délibérément violé un embargo culturel des Nations unies en partant jouer à Sun City, un complexe de loisirs d'Afrique du Sud, pays pratiquant alors l'apartheid.
En réponse, Queen a été placé sur une liste noire d'artistes établie par l'ONU et a été critiqué par des magazines comme NME.
En 1999, la Royal Mail sort un timbre à l'effigie de Freddie Mercury dans le cadre de sa série des Millenium stamps.
Un journaliste s'offusque alors, évoquant le "mode de vie dégénéré"de Mercury qui, selon lui, n'en fait pas un sujet convenable pour un timbre célébrant la fin prochaine du XXe siècle.
La controverse enfle lorsqu'on note que Roger Taylor est visible en arrière-plan du timbre ; le privilège, pour une personne vivante, d'apparaître sur les timbres britanniques est alors réservé exclusivement aux membres de la famille royale, tradition à présent abandonnée.
La Royal Mail fera savoir, afin de faire taire les critiques, qu'aussi bien la reine en personne que la famille de Freddie Mercury avaient approuvé le timbre en l'état.

Mercury et la religion

Selon Daniel Lesueur, Freddie Mercury aurait été fortement influencé par le zoroastrisme.

Biopic sur Freddie Mercury

Dans une interview accordée à la BBC en septembre 2010, Brian May a annoncé que Sacha Baron Cohen, déjà connu pour les films Borat, Ali G et Brüno, avait été choisi pour jouer le rôle de Freddie Mercury dans un film sur sa vie.
Le site DailyRecord avait commenté sa capacité à chanter et sa ressemblance avec Freddie Mercury.
Le film, écrit par Peter Morgan, devrait sortir en 2014. Seulement, en juillet dernier, Sacha Baron Cohen a annoncé ne plus vouloir incarner le célèbre chanteur de Queen.
Il serait en désaccord avec les autres membres du groupe sur les détails susceptibles d'être évoqués dans le film. Robert de Niro et Queen Film ont à charge de trouver un acteur capable d'incarner, avec le même degré de mimétisme physique et vocal, Freddy Mercury. Johnny Depp serait pressenti pour prendre la place de Baron Cohen.

Discographie

Avec Queen

Pour l'article détaillé, voir la discographie complète de Queen.
Albums solo
Mr. Bad Guy (1985)
Barcelona (1988) (avec Montserrat Caballé)
The Freddie Mercury Album (1992) - titre de l'album aux États-Unis : The Great Pretender (sorti la même année)
Lover of Life, Singer of Songs - The Very Best of (2006)
Compilation exhaustive :
The Solo Collection (10 CD et 2 DVD) (2000)

Filmographie

Liste non exhaustive.
Lover Of Life / Singer Of Songs (2 DVD-2006)
En concert avec Queen :
Live at Wembley Stadium (2 DVD-2006)
On Fire at the Bowl (2 DVD-2006)
Rock Montreal (1 DVD-2007)

Liens

http://youtu.be/Y1fiOJDXA-E Barcelona
http://youtu.be/8CjUvbSjyPY How can I go on live
http://youtu.be/48Y4edrTW3A The golden boys
http://youtu.be/mLRjFWDGs1g The great pretender
http://youtu.be/ozd9nPo_VAk RapsodiaBohémia
http://youtu.be/SXjKv0VOjhA I want to break freehttp://youtu.be/tAz84ZV7xF0 We will rock you/We are champions
http://youtu.be/uh9oUHO2dxE Wembley 1h57 1986
http://youtu.be/XUKmrsyhEt8 Queen en Argentina 1H 44
http://youtu.be/Iq6CaIF80Ds Queen Rio 1985
http://www.youtube.com/watch?v=TYyuhp ... XaMOSS9nFOiTWCBZMC49Yy2GO Montréal
http://youtu.be/Ka3e2tsXPBQ Album complet 1
http://youtu.be/EcT0GNVDcns Tribute Queen en 1992
http://youtu.be/EaDvYgCDIvo La vie de Freedie Mercury
http://youtu.be/3HRBYNTD6K0 1
http://youtu.be/-PtayUL8C2Y 2
http://youtu.be/zTvt5PUyUEA 3
http://youtu.be/Se7pE4HsLg0 4
http://youtu.be/OD7pbzDivQc 6
http://youtu.be/gZ8oLtUvmqw 7
http://youtu.be/3yi3s80bMrM 8
http://youtu.be/F9YeAHB5BNQ 9
http://youtu.be/hJS9ef7-oH8 10
http://youtu.be/J_TVmrGwetc 11
http://youtu.be/gA35i2snS4U 12
http://youtu.be/4ADh8Fs3YdU Show must go on
http://youtu.be/3SUkspTVSuY Show must go on

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Posté le : 23/11/2013 20:32

Edité par Loriane sur 30-11-2013 20:31:09
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Re: Les belgicismes
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Je te rassure, on sait parler français si on se concentre ...

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Toujours aussi drôle, parfois je me dis que si je retourne en Belgique je ne comprendrai pas les gens ...

Posté le : 23/11/2013 17:16
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Re: Les belgicismes
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Lettre L

Labbekak : poltron
Langue de Vondel : néerlandais
Lapette : café noyé
Latte : règle plate
Laverie : buanderie
Lavette : tissu humide à vaisselle
Lessiveuse : machine à laver
Lichette : attache, chaînette (de vêtement)
Lift : auto-stop, prise en stop
Logopède : orthophoniste
Loque : linge, torchon, vêtement
Losse : polisson
Lunapark : salle de jeux électroniques

Un jeune homme sonne à une porte. Une dame âgée lui ouvre.

« Bonjour, Madame. Souhaitez-vous apprendre la langue de Vondel ?
- La langue de bois me semble plus utile !
- Je vends des dictionnaires Français – Néerlandais.
- Tu sais, petit, j’ai une carrière de logopède derrière moi. Je peux t’assurer qu’il est déjà compliqué de maîtriser une langue, alors deux …
- Mais on vous offre un stylo et une latte.
- Ecoute, je dois aller dans ma laverie allumer ma lessiveuse pour faire tourner ma lavette et mon torchon, puis je dois réparer la lichette de mon châle. Mais je peux te proposer une lapette.
- Non, merci.
- Fais pas ton labbekak ! Après, je te lifte au lunapark, gamin.
- D’accord !
- Losse, va ! »

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Posté le : 23/11/2013 14:14

Edité par couscous sur 18-01-2014 15:13:25
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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