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Dario Moreno
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[ Le 1 Décembre 1968, à Istambul, meurt Dario Moréno, David Arugete de son véritable nom, est un chanteur et acteur turc, né le 3 Avril 1921 à Aydin, près d'Izmir en turquie.

Sa carrière s'est faite simultanément en Turquie et en France. Polyglotte, il a connu un grand succès dans les pays francophones, du début des années 50 à la fin des 60, en interprétant des rôles d’opérette et de nombreuses chansons latino-américaines.
Sa maison à İzmir est aujourd'hui dans une rue qui porte son nom, au pied du célèbre asansör (ascenseur) public.

Né le 3 avril 1921 à Aydin Turquie, d’un père juif turc et d’une mère mexicaine, Sépharade, juive de langue espagnol.
Davi dit David Arugete perd son père quelques mois après sa naissance. Sa mère retourne au Mexique, où l’enfant grandit, tout en conservant la nationalité turque. Sa mère le confie durant quatre ans à un orphelinat, avant de pouvoir à nouveau s’en occuper. Le jeune Davi suit une scolarité brillante et s’embarque ensuite dans des études de droit, qu’il décide de poursuivre dans son pays natal.

Regagnant la Turquie, il suit des études à Izmir, mais l’attrait du spectacle et du monde de la nuit est le plus fort : adorant chanter et faire rire, le jeune homme commence à se produire dans des cabarets de la ville, chantant dans les Bar Mitzvah et à la synagogue d'Izmir, d’abord pour payer ses études, puis par véritable vocation. Un producteur américain le remarque et l’engage pour une tournée aux Etats-Unis et en Europe. Le chanteur débarque à Paris en 1948 et y enregistre son premier disque. Polyglotte et francophone, Dario Moreno trouve rapidement des emplois de chanteur comique dans des opérettes, auxquelles son exotisme le destine naturellement.

Parisien d'adoption

Il rencontre le succès grâce à sa voix de ténor. Engagé pour une tournée mondiale dans l'orchestre de l'américain Mac Allen, il découvre Paris en 1948 et y enregistre, chez Odéon, son premier disque 78 tours, un boléro. Chanteur d'opérette au côté de Luis Mariano, il rejoint la société Polydor et chante les compositions des jeunes Charles Aznavour et Gilbert Bécaud. Il donne son premier concert en 1954, connaît le succès avec des chansons comme Quand elle danse (hymne des nuits parisiennes), Por favor (repris par la jeune Dalida), Si tu vas à Rio en 1958 ou Brigitte Bardot en 1961. Il tourne également de nombreux films, dans lesquels il joue toujours des personnages "exotiques".

Il est notamment le partenaire à la scène de Luis Mariano. Pris sous contrat chez Polydor, Dario Moreno devient une vedette en France, où son exotisme rigolard est apprécié du public des années 1950 : l’interprétation de « L’Air du Brésilien » de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach lui vaut notamment un beau succès.

Le folklore mexicain étant plus vendeur que l’exotisme proche-oriental, Dario Moreno chante surtout des chansons d’allure sud-américaine, bien qu’il reste attaché à ses racines turques et qu’il y fasse volontiers référence dans des chansons comme « Mustapha » resté célèbre pour son couplet « Chérie je t’aime, chérie je t’adore, comme la salsa des pomodoros ». Avec des airs comme « Quand elle danse », « Por favor », « Si tu vas à Rio », « Coucouroucoucou » ou « Brigitte Bardot », Dario Moreno s’affirme durant les années 1950-60 comme l’un des fantaisistes les plus appréciés du public français.

Sa rondeur joviale et ses authentiques qualités de chanteur lui garantissent une solide popularité, que n’entame pas une homosexualité notoire et à peine cachée. Dario Moreno est également comédien, et multiplie les rôles plus ou moins importants dans des films de qualité inégale comme Le Salaire de la peur, mais aussi Oh ! Qué mambo, Touchez pas aux blondes ou Tintin et le mystère de la Toison d’or.

Le déclin

Dans les années 1960, les jeunes générations, plutôt sensibles aux vogues rock et yéyé, ne goûtent pas autant que leurs aînés les joyeuses pitreries de Dario Moreno, bien que ces derniers lui conservent leur affection. Très attaché à la Turquie, Dario Moreno prend soin d’y entretenir ses liens et enregistre des chansons en turc ; il souhaite également finir sa vie en Turquie.

Le sort va lui donner satisfaction, hélas plus tôt que prévu : en 1968, Dario Moreno participe à un projet d’importance, avec la comédie musicale L’Homme de la Mancha, où il interprète Sancho Pança, aux côtés de l'auteur du projet qui n'est autre que Jacques Brel, lequel tient également le rôle de Don Quichotte. Le spectacle est créé à Bruxelles en octobre 1968.

Alors que Dario Moreno doit reprendre son rôle à Paris en décembre, tandis qu’il se trouve en Turquie pour y préparer une tournée, il est frappé par une attaque au moment d’aller reprendre son avion pour la France. Les causes exactes de son décès sont assez mal connues : certains bruits parlent d’un infarctus, d’autres d’une hémorragie cérébrale. Toujours est-il que, sans doute usé par une vie nocturne de bâton de chaise, Dario Moreno meurt à Istanbul, le premier décembre 1968. Son rôle dans le spectacle est repris par Robert Manuel. Malgré son souhait d’être inhumé à Izmir, c’est finalement à Holon, en Israël, que Dario Moreno trouve sa dernière demeure, emportant avec lui une époque bouffonne et joyeuse du music-hall français.

Toute sa vie, Dario Moreno a gardé la Turquie au cœur, il a enregistré plusieurs disques en turc.
Il est enterré à Holon en Israël.
Il est cité dans le 228e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans "Je me souviens."

Filmographie

Cinéma
1949 : La kermesse aux chansons de Henri Verneuil (Court métrage) : Participation en chanteur
1950 : Vedettes et chansons de Bernard Roland (Court métrage) : Participation en chanteur
1951 : Pas de vacances pour Monsieur le Maire de Maurice Labro : Le maharadjah
1952 : Le Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot : Hernandez
1953 : La Môme vert-de-gris de Bernard Borderie : Joe Madrigal
1954 : Quai des blondes de Paul Cadéac : Lucky
1954 : Le Mouton à cinq pattes de Henri Verneuil : Un matelot américain
1954 : Les femmes s'en balancent de Bernard Borderie : Perera
1956 : Pardonnez nos offenses de Robert Hossein
1957 : Le Feu aux poudres de Henri Decoin : Jeff
1957 : Œil pour œil de André Cayatte : Le cafetier de Toluma
1957 : Tous peuvent me tuer de Henri Decoin : Luigi Falconi
1958 : Incognito de Patrice Dally : Fernando
1959 : Oh ! Qué mambo de John Berry : Miguel Montero
1959 : Nathalie, agent secret de Henri Decoin : Docteur Alberto/Don José
1959 : Voulez-vous danser avec moi ? de Michel Boisrond : Florès
1959 : La Femme et le Pantin de Julien Duvivier: Arabadjian
1960 : Touchez pas aux blondes de Maurice Cloche : Rodinoff
1960 : Candide ou l'optimisme du XXe siècle de Norbert Carbonnaux : Un dictateur
1960 : Marie des Isles de Georges Combret : Desmarais le traiteur
1961 : Tintin et le Mystère de la Toison d'Or de Jean-Jacques Vierne : Midas Papos
1961 : La Révolte des esclaves (La rivolta degli schiavi) de Nunzio Malasomma : Massimiano
1962 : La Veuve joyeuse (Die lustige witwe) de Werner Jacobs : Camillo
1963 : Le Tout pour le tout de Patrice Dally
1963 : Le Cave est piégé de Víctor Merenda : Bruno Suarez
1963 : Les Femmes d'abord de Raoul André : L'aubergiste
1963 : Le Bon Roi Dagobert de Pierre Chevalier : Charibert
1964 : Le Dernier tiercé de Richard Pottier : Guido
1965 : Dis-moi qui tuer de Étienne Périer : Pitou
1966 : Le Saint prend l'affût de Christian-Jaque : Dario Moreno
1966 : Hôtel Paradiso / Hôtel du libre échange de Peter Glenville : Le turc
1968 : La prisonnière de Henri-Georges Clouzot : Sala

Télévision

1966 : Les Saintes chéries (Série TV) : Le client étranger

Chansons notoires

Viens! (1953)
Istambul (1954)
C'est magnifique (1955)
Étranger au Paradis (1955)
Quand elle danse (1956)
L'air du brésilien (1956)
Je vais revoir ma blonde (1956)
Pour toi (1956, du film Le Feu aux poudres)
Coucouroucoucou (1957)
Si tu vas à Rio (1958)
Tout l'amour (1959)
Le Marchand de bonheur (1959)
La Bamba (1960)
Ya Mustapha (1960)
Brigitte Bardot (1961)
La marmite (1961)
Quizas quizas quizas (1963)
La Quête (1968)
En 1968, il enregistre avec Jacques Brel deux titres de L'Homme de la Mancha

Airs d'Opéra et d'Opérettes

La Vie Parisienne de Jacques Offenbach et son Air du Brésilien lui valut un immense succès radiophonique.
Étranger au Paradis, version française de la chanson Stranger in Paradise, extraite de la comédie musicale Kismet, adaptée des Danses polovtsiennes du Prince Igor d'Alexandre Borodine.

Albums

Granada- Adios Amigos
Bossa Nova
Calypso
Le coco
Canım İzmir
Si tu vas à Rio / Viens
Long Bos
Moreno Poy poy
Mulata Ye Ye Ye
Hatıralar Hayal Oldu / Olam Boyun Kurbanı
Tropical Dario
Oh ! Qué Dario !

Prix

1958 Grand Prix du disque en France

Liens

http://youtu.be/YTi_p0zkLFU Quand elle danse
http://youtu.be/QUUWW5znTHM Malaguena
http://youtu.be/aPiAvi9vVbo L'air du Brésilien
http://youtu.be/GNgREMgZAeo Mustapha
http://youtu.be/lS8lzT1-ywI Granada
http://youtu.be/bg5Sf78tEww Me que me que
http://youtu.be/R6NltJ6HBbs Si tu vas à Rio
http://youtu.be/VUPhxyEQsxo La marmite
http://youtu.be/EcA7lSiikf4 Les enfants du pirae
http://youtu.be/clB6vanMcL4 Jezebel
http://youtu.be/13_gQi4hZX4 O Solé Mio
http://youtu.be/BbTbEvAJV4M Viens
http://youtu.be/oTOCEsvj-Y8 Adios Muchachos
http://youtu.be/UI2ORRX14ak Les mouettes de Mykonos
http://youtu.be/iZ78HXuOCLk Brigitte Bardot
http://youtu.be/-d-UlJeL77Y Mama yo quiero
http://youtu.be/hUASTRg-l0g O qué mambo

http://youtu.be/XkR2Q-nZjk8Don qui chotte Jacques Brel et Dario Moreno 0 Bruxelles



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Posté le : 30/11/2013 22:30

Edité par Loriane sur 01-12-2013 13:28:36
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Woody Allen
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Le 1 Décembre 1935, à New-york naît Woody Allen,

Woody Allen, de son vrai nom Allen Stewart Königsberg est un réalisateur, scénariste, acteur et humoriste américain.
Il a obtenu de nombreuses récompenses cinématographiques, dont quatre Oscars (deux pour Annie Hall en 1978, un pour Hannah et ses sœurs en 1987 et un pour Minuit à Paris en 2012) auxquels viennent s'ajouter 18 autres nominations, particulièrement pour le meilleur scénario original, catégorie pour laquelle il détient le record de victoires et, de très loin, de nominations .
Il est également écrivain (pièces de théâtre et nouvelles) et clarinettiste de jazz.

Woody Allen est l'un des cinéastes américains les plus connus et les plus prolifiques de ces quarante dernières années. Les comédies de mœurs, souvent sur fond psychanalytique, sont incontestablement son domaine favori bien qu'il s'essaye parfois à d'autres genres. Il se met lui-même en scène comme acteur dans un grand nombre de ses films, incarnant souvent un personnage proche de lui-même, caricature de l'intellectuel juif new-yorkais en proie à des affres tragi-comiques.
Il réalise pratiquement un film par an depuis le début des années 1970 au cours desquelles sa popularité a explosé.

Talent précoce

Issu d'une famille juive d'immigrants d’origine russo-autrichienne parlant l'allemand, Allen Stewart Königsberg voit le jour le 1er décembre 1935 à New York, dans le quartier du Bronx et grandit ensuite dans celui de Brooklyn. C’est plus précisément à Midwood (Brooklyn) qu’il passe son enfance avec son père (Martin Königsberg), sa mère (Netty Cherrie) et sa jeune sœur (Letty), tous natifs de New York. Ses oncles et tantes étaient aussi très souvent chez eux.
Son éducation débute à l’école judaïque où il restera pendant huit ans avant d'aller à l’école publique. Finalement, il fréquentera la Midwood High School. À cette époque, Allen vit en partie dans l’avenue K. Il est surnommé « Red » en raison de la couleur rousse de ses cheveux (« roux » se dit « red » en anglais). Déjà, il impressionne les autres étudiants par son extraordinaire habileté aux cartes et ses tours de magie. En 1952, il écrit des gags pour un journal.
Il commence à gagner sa vie en écrivant des gags pour l’agent David O. Alber qui les revend à différents chroniqueurs. Ainsi, la première de ses blagues à avoir été publiée serait « I am at two with Nature ». À l’âge de 16 ans, il se met à écrire pour des stars telles que Sid Caesar. Il décide alors d’endosser le pseudonyme de Woody Allen.
Woody s'inscrit à l’université de New York où il est censé étudier la communication et le cinéma. Ses mauvais résultats et son manque d’intérêt pour les études (« Je m’intéressais pas à l’université, tout ce que je voulais c’était écrire » Harry dans tous ses états), lui font rapidement abandonner ses études. Plus tard, il fréquentera pourtant brièvement le City College de New York.

Du scénariste au comédien

À 19 ans, il est auteur au sein d’importantes émissions de télévision telles que The Ed Sullivan Show, The Tonight Show, Caesar’s hour… Ce dernier show occasionnera par ailleurs le début de sa collaboration avec Danny Simon. Celui-ci l’aidera à structurer son style et Allen dira à son sujet : « J’ai appris depuis une ou deux choses par moi-même et modifié certaines choses qu’il m’a enseignées mais tout ce que j’ai appris de l’écriture de comédie, je l’ai appris, sans équivoque, de lui ».
Il devient ensuite gagman pour des comiques comme Bob Hope ou Buddy Hackett, puis rédacteur du show télévisé de Gary Moore (1957). Naturellement doué pour la comédie, il entame en 1960, une nouvelle carrière dans le stand-up (les albums Standup Comic et Nightclub Years 1964-1968 contiennent quelques-uns de ses sketches dont la fantaisiste histoire de l’élan qu’il emmène à un bal costumé après l’avoir percuté avec sa voiture). Dans le même temps, il contribue à la revue From A to Z de Broadway et commence à écrire pour le très populaire show télé Candid Camera (en), apparaissant même dans quelques épisodes. En outre, il rédige des nouvelles publiées dans certains magazines dont le très fameux The New Yorker.
Petit à petit, avec l’aide de son manager, Allen transforme ses défauts « psychologiques » en qualités « théâtrales ». Il développe ainsi son célèbre personnage d’intellectuel névrosé, instable et nerveux. Rapidement, il rencontre un succès qui lui ouvre les portes de la télévision et des nightclubs. En 1969, sa popularité est telle qu’il apparaît en couverture de Life à l’occasion de l’ouverture à Broadway de Play It Again, Sam).

À la conquête des salles obscures

La carrière cinématographique de Woody Allen débute en 1965 lorsqu’il joue dans son premier film Quoi de neuf, Pussycat ?. On notera qu'il est seulement scénariste et acteur dans ce film. Remarqué par le producteur Charles Feldman, il réalise son premier film en 1966, Lily la tigresse (What's Up, Tiger Lily?). Ce long métrage est à l'origine un film d’espionnage japonais dont il a réécrit les dialogues afin d'en faire une œuvre burlesque à la suite du doublage en anglais. En 1967, il interprète le neveu de James Bond dans la parodie Casino Royale.
La fin des années 1960 marque les débuts d'Allen en tant que réalisateur. Il réalise successivement et avec succès Prends l'oseille et tire-toi (Take The Money and Run) (1969), Bananas, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (Everything You Always Wanted To Know About Sex (But Were Afraid to Ask), Woody et les Robots (Sleeper), ainsi que Guerre et Amour (Love and Death). Ces films s'inscrivent dans la continuité de son travail d'auteur de sketches télévisés au style burlesque et satirique. Et pour cause, il s'agit exclusivement de pures comédies s'appuyant sur de grosses farces et autres gags visuels. Allen est alors fortement influencé par les œuvres de Bob Hope, Groucho Marx et Humphrey Bogart. Le grand public voit en lui un petit bonhomme à lunettes, tourmenté et d'une épouvantable maladresse. Il s'imposera toutefois grâce à des œuvres plus personnelles, teintées de mélancolie, mais toujours pleines d'autodérision, comme Annie Hall et Manhattan (1979), films dans lesquels s'illustre sa première muse en la personne de Diane Keaton.

De Annie Hall à Stardust Memories

La période qui suit est certainement la plus prolifique et la plus célèbre de la carrière de Woody Allen. En moins de 10 ans, il écrit et réalise ses films les plus appréciés dont Annie Hall, Manhattan, La Rose pourpre du Caire (l'un des 100 meilleurs films de tous les temps selon le Times Magazine et l'un des trois favoris d'Allen) ainsi que Hannah et ses sœurs qui remporte trois Oscars du cinéma.
Annie Hall, film de tous les succès (vainqueur de quatre Oscars dont l'Oscar du meilleur film, celui du meilleur réalisateur, celui de la meilleure actrice pour Diane Keaton et celui du meilleur scénario), marque un tournant majeur dans l'œuvre de W. Allen. Il s'oriente alors vers un humour plus sophistiqué et aborde des sujets moins légers dans des comédies dramatiques. Certains iront jusqu'à dire qu'il a peut-être réinventé ce genre ou, au moins, qu'il en a fixé les règles modernes. Mais outre cela, W. Allen parvient surtout à trouver son style, sa touche personnelle. Avec Annie Hall, le cinéaste parvient à se détacher de l'influence de ses idoles pour imposer son propre personnage et avec lui, tout un univers complexe de questions existentielles obsédantes inspirées par ses incalculables références culturelles qu'il fait semblant de résoudre par la dérision. Il crée un univers où il est normal d'aborder une inconnue en lui parlant de Sartre pour se retrouver une heure plus tard à discuter avec elle de Kierkegaard dans un jazz club où ils peuvent tous deux se délecter des œuvres de Cole Porter. En somme, il crée un univers égocentrique où tous les personnages sont des parties de Woody Allen.
Manhattan sera l'œuvre de la confirmation et marquera probablement l'apogée du « style Allen ». Le film est en tout cas considéré par beaucoup de critiques comme sa meilleure œuvre. Tourné en noir et blanc, il constitue un hommage à la ville - sa ville - de New York, véritable « personnage » central du film. Là encore, les rôles principaux représentent des intellectuels lettrés issus de classes sociales élevées. Toutefois, le regard posé sur cette classe est assez ambivalent, critique autant que valorisant. Cet amour-haine des intellectuels new-yorkais (principalement) est par ailleurs une importante caractéristique de la plupart de ses films. Manhattan est sa cinquième collaboration avec l'actrice Diane Keaton. Il encourage également les débuts de la jeune Meryl Streep qui tient un second - mais très surprenant - rôle dans le film.
Entre Annie Hall et Manhattan, W. Allen écrit et dirige le mélancolique Intérieurs (Interiors) dans le style du réalisateur suédois Ingmar Bergman. Ce film est annonciateur d'une période dans l'œuvre d’Allen, au cours des années 1980, essentiellement marquée par l'influence des metteurs en scène européens tels que Fellini. Tous ses films à cette époque, y compris les comédies, seront marqués d'une touche sombre et philosophique, à l'image de September et Stardust Memories. « Depuis toujours, je suis tenté par le drame, mais la comédie était mon point fort. Seulement, quand vous faites une comédie, il y a un monstre sur votre épaule, qui vous harcèle : « Sois drôle ! Ne les ennuie pas ! » Le sérieux est plus relaxant ».

De Comédie érotique d'une nuit d'été à Harry dans tous ses états

Les années 1980 sont marquées par la rencontre avec Mia Farrow, sa nouvelle égérie. Elle apparaît dans tous ses longs métrages de 1982 avec Comédie érotique d'une nuit d'été à 1992 avec Maris et Femmes.
Les années 1990 constituent une décennie d'essais ou d'hommages sans véritable ligne de conduite. Ainsi, avec Ombres et Brouillard (Shadows and Fog) (1992), il rend hommage aux expressionnistes allemands. L'année suivante, il combine suspens et comédie noire pour réaliser Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery). Le meurtre et ses préparatifs est pour lui un sujet relativement intéressant pour dépeindre les différentes facettes de ses personnages, ainsi : « L'homicide est un sujet passionnant parce qu'il permet d'explorer à fond la faiblesse humaine et le sentiment de culpabilité ».
En 1994, il revient à des sujets moins sombres avec Coups de feu sur Broadway (Bullets Over Broadway) qui lui vaudra une nouvelle nomination pour l’Oscar du meilleur réalisateur. Deux ans plus tard, sa comédie musicale Tout le monde dit I love you (Everyone Says I Love You) apparaît comme plus accessible et remporte un vif succès auprès du public. Là encore, il se retrouve en course pour les Golden Globe Awards et pour les Césars. Entre ces deux derniers films, W. Allen a également réalisé le surprenant, par sa construction, Maudite Aphrodite (Mighty Aphrodite) où ses éternels intellectuels new-yorkais croisent la route de personnages plus simples (une ancienne actrice porno et un boxeur bas de plafond) ainsi que des héros des tragédies grecques.
En 1997 paraît Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry), sans aucun doute le plus « allénien » de tous ses films. Ce long métrage nous plonge dans une histoire complexe. Allen livre un scénario entrecoupé de sketches qui participent à l'histoire globale pour aboutir à la rencontre d'un florilège de personnages divers qui, rassemblés, ne forment plus qu'un, Harry. On y retrouve tous les thèmes majeurs de l'œuvre d'Allen. Il signe ici une parodie de sa propre existence et de ses propres difficultés avec originalité et humour.
La rupture de Woody Allen et Mia Farrow intervient sur fond de scandale, la comédienne ayant découvert qu'il détenait des photos de sa fille adoptive Soon-Yi Previn entièrement dévêtue. Il se marie avec cette dernière en 1997. La même année, Miramax le renvoie à la suite des échecs financiers consécutifs de Nuits de Chine, Maudite Aphrodite et Tout le monde dit I love you. Allen est tout de suite engagé par Fine Line Features chez qui il va enchaîner les succès, notamment Accords et Désaccords, Escrocs mais pas trop et Hollywood Ending.

De Celebrity à Melinda et Melinda

Comme pour Coups de feu sur Broadway (avec John Cusack), en 1998 dans Celebrity Allen confie son personnage à un autre acteur, ici Kenneth Branagh. Tourné en partie en noir et blanc, avec des acteurs inhabituels (Leonardo DiCaprio, Melanie Griffith entre autres), les événements s'enchaînent à une vitesse incroyable dans une histoire une fois de plus très complexe, impliquant une foule de personnages. Leur incapacité à communiquer les bloque dans une position de spectateurs de leur propre vie. Ce film, tout en gardant un style très « allénien », peut apparaître, par certains côtés, comme surprenant dans l'œuvre de l'artiste.
L'année suivante, avec Accords et Désaccords (Sweet and Lowdown), il rend une fois de plus hommage à l’une de ses passions : le jazz. Construit comme un documentaire biographique, ce film traite d'un guitariste fictif dans un univers musical bien réel où l'on croise et recroise la route du plus célèbre des manouches : Django Reinhardt. Cette fois, Allen réussit le tour de force d'inventer de toute pièce un personnage complexe, à la fois pathétique et fascinant, aussi génial que ridicule, détestable autant qu'attendrissant. Servi par une musique de qualité et une interprétation phénoménale de Sean Penn, Allen propose cette fois une comédie dramatique tout à fait à part et totalement réussie.
Entre 2000 et 2003, Allen retourne à la pure comédie de ses débuts. Il livre Escrocs mais pas trop (Small Time Crooks), Le Sortilège du scorpion de jade (The Curse of Jade Scorpion), Hollywood Ending et La Vie et tout le reste (Anything Else). Le public ne suit pas, les critiques sont féroces. Même l'original Melinda et Melinda (Melinda and Melinda) ne parviendra pas à le faire revenir au-devant de la scène. On prétend déjà que ses meilleures années sont derrière lui. C'est sans compter sur sa créativité.

De Match Point à Blue Jasmine

En 2005, le réalisateur quitte New York pour tourner Match Point à Londres avec Jonathan Rhys-Meyers et Scarlett Johansson. La critique est en général positive, le public nombreux. Le film lui vaut plusieurs nominations aux Oscars, Golden Globes et Césars. Woody Allen dira dans une interview avec le magazine Première qu'il s'agit de son meilleur film. Le scénario est très fortement inspiré d'Une place au soleil de George Stevens (1951), certaines scènes étant quasiment identiques.
En 2006, Allen tourne de nouveau avec Scarlett Johansson. Scoop, son deuxième film londonien, reçoit des critiques mitigées. Une troisième œuvre londonienne arrive en 2007, Le Rêve de Cassandre (Cassandra's Dream), avec Colin Farrell et Ewan McGregor.
Woody Allen poursuit son périple européen et rejoint l'Espagne pendant l'été pour tourner Vicky Cristina Barcelona avec Scarlett Johansson, Penélope Cruz, Javier Bardem et Rebecca Hall. Le film est présenté lors du Festival de Cannes 2008 puis sort progressivement dans le monde à partir de l'été de la même année.
2009 voit le retour de Woody Allen à New York avec Whatever Works avec Larry David et Evan Rachel Wood au générique. Le scénario du film date des années 1970 et avait été rédigé spécifiquement pour Zero Mostel, mort l'année de la sortie de Annie Hall. À l'occasion de la sortie de Whatever Works, Allen confie au cours d'une interview qu'il considère n'avoir jamais réalisé un « grand film ».
Le retour en terres américaines est bref puisque Londres redevient le lieu de tournage de l'opus 2010, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu6(You Will Meet a Tall Dark Stranger), de nouveau présenté à Cannes hors-compétition. Le film suivant, Midnight in Paris, est tourné durant l'été 2010 à Paris et Giverny, avec Marion Cotillard, Rachel McAdams, Michael Sheen, Owen Wilson et Kathy Bates (déjà aperçue dans Ombres et Brouillard) sans oublier la jeune pétillante Léa Seydoux. Le film a été présenté en tant que film d'ouverture au Festival de Cannes 2011. En 2012, il est récompensé par l'Oscar du meilleur scénario original. Minuit à Paris est le plus important succès au box-office mondial de la carrière de Woody Allen8. L'opus 2012, To Rome with Love, est tourné à Rome pendant l'été 2011 et pour la première fois depuis 2006, il y est également acteur9. Blue Jasmine, l'opus 2013, est tourné durant l'été 2012 à San Francisco et à New York. Au générique figurent entre autres Cate Blanchett et Alec Baldwin. À l'automne 2012, Woody Allen tourne pour John Turturro dans Fading Gigolo.

Les prochaines étapes connues

La prochaine réalisation de Woody Allen, Magic in the Moonlight, est tournée durant l'été 2013 dans le Sud de la France, Emma Stone et Colin Firth en sont les acteurs principaux.
Revenant sur sa carrière au cinéma, il déclare Je crois que je ne suis ni purement comique, ni purement tragique, simplement réaliste.

Vie privée

Il se marie pour la première fois à l’âge de 20 ans en 1956 avec une jeune étudiante en philosophie, Harlene Rosen, qu'il avait connue dans un centre communautaire. L'idylle durera six ans et se terminera par un procès pour diffamation à cause d'une blague douteuse de Woody au sujet du viol de son ex-femme.
Il épouse ensuite Louise Lasser (1966) qui jouera dans trois de ses films : Bananas, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (sans jamais oser le demander) et Prends l'oseille et tire-toi. Le couple se sépare après trois ans de vie commune.
Par la suite, Allen ne se marie plus, ce qui lui réussit un peu mieux puisqu’il maintient sa relation avec Diane Keaton pendant près de 10 ans avant de partager 12 ans de sa vie avec Mia Farrow. Ensemble, ils adopteront une petite fille (Dylan). Ils élèvent l'enfant probable de Mia Farrow et Franck Sinatra, (Satchel, aujourd'hui connu sous le nom de Ronan Seamus Farrow, avocat spécialisé dans les droits de l'homme). Woody décidera aussi d'adopter l'un des nombreux enfants de Mia (Moses).
En 1992, Mia le quitte après avoir découvert son attrait pour sa fille adoptive Soon-Yi Previn. Allen détenait des photographies de la jeune fille entièrement dévêtue. Il s’installe alors avec cette dernière, âgée de 22 ans, et l’épouse en 1997. Dans cette aventure, Allen a perdu le droit de voir ses enfants (il ne peut plus voir Dylan, Moses refuse de le voir et il a un droit de visite pour Satchel exclusivement sous surveillance). Malgré le dommage que le scandale a pu faire à sa réputation, Allen estime que le moment où Farrow a découvert son attirance pour Soon-Yi a été « un coup de chance dans ma vie... c'était un point tournant pour ce qu'il y avait de mieux ». Au sujet de sa relation avec Mia, il dit: « Je suis sûr qu'il y a des choses que j'aurais pu faire différemment... Rétrospectivement, j'aurais dû probablement sortir de cette relation plus tôt que je ne l'ai fait ». En 2011, Allen déclara au sujet de sa relation avec Soon-Yi: « Où était le scandale ? Je suis tombé amoureux de cette fille et je l'ai épousée. Nous sommes mariés depuis près de 15 ans maintenant. Il n'y avait aucun scandale, bien que tout le monde en ait parlé comme d'un scandale. Dans un sens, ça me plait, parce que lorsque je mourrai, j'aimerais pouvoir dire que j'aurai eu au moins un vrai gros scandale dans ma vie »

Autres activités

Théâtre

Woody Allen a écrit plusieurs pièces de théâtre. Paradoxalement, il ne s'est mis à la mise en scène de ses pièces qu'en 2003 avec Writer's Block (littéralement : "le blocage de l'écrivain" évoquant la panne d'inspiration ; c'est sous ce titre qu'en 2003 il a mis en scène les 2 pièces en un acte Riverside Drive et Old Saybrook). L'autre mise en scène due à Woody Allen lui-même eut lieu en 2004 pour Second Hand Memory. Sans compter les sketchs qu'il a écrits pour la revue From A to Z (Broadway, 1960) et ceux qui composent son propre spectacle de stand up (1964-196819), la liste des pièces écrites et publiées de Woody Allen est la suivante :
1966 : Don't Drink The Water, qui donnera lieu à un téléfilm, réalisé en 1994 par Woody Allen, dont le titre est traduit en français par Nuits de Chine.
1969 : Play It Again, Sam, pièce dans laquelle Woody Allen joue le rôle-titre, dans une mise en scène de Joe Hardy ; la pièce a été adaptée pour le cinéma en 1972 par Herbert Ross avec également Woody Allen dans le rôle-titre titre du film en français : Tombe les filles et tais-toi. Adaptation en français en 1992 sous le titre Une aspirine pour deux, par Francis Perrin.
1975 : Death (inédit en français), pièce qui, remaniée, donnera lieu au film Ombres et Brouillard.
1975 : God. La première adaptation en français est réalisée en mars 2010 à Paris, sous le titre Dieu, au théâtre de La Manufacture des Abbesses dans une mise en scène de Nicolas Morvan.
1981 : The Floating Light Bulb, mis en scène à Broadway par Ulu Grosbard21. Adaptation française en 1994 sous le titre L'Ampoule magique, par Attica Guedj et Stephan Meldegg, lequel a aussi assuré la mise en scène de cette pièce créée au Théâtre La Bruyère.
1995 : Central Park West, comédie en un acte créée à New York au sein du spectacle Death Defying Acts, mis en scène par Michael Blakemore (regroupant 3 pièces en un acte, les 2 autres étant l'œuvre d'Elaine May et de David Mamet).
2003 : Riverside Drive et Old Saybrook, jouées au sein du spectacle Writer's Block, dans une mise en scène de Woody Allen. Adaptation française en 2006 : Adultères, mise en scène de Benoît Lavigne, avec Pascale Arbillot, Pierre Cassignard, Dominique Daguier, Xavier Gallais, Valérie Karsenti, Eglantine Rembauville, Fabrice de La Villehervé, Bernard Yerlès, au théâtre de l'Atelier à Paris. Trois pièces sur le thème de l'adultère : Riverside Drive, Old Saybrook et Central Park West.
2004 : Second Hand Memory, créée à New York en 2004, dans une mise en scène de Woody Allen. Adaptation française en 2007 par Sébastien Azzopardi, sous le titre Puzzle, au Théâtre du Palais-Royal à Paris, avec Michel Aumont, Anne Loiret, Sébastien Azzapardi, Gérard Lartigau, Geneviève Fontanel, Julie De Bona et Marie Le Cam.
2011 : Honeymoon Motel, joué à Broadway en octobre 2011 au sein du spectacle Relatively Speaking, mis en scène par John Turturro (regroupant 3 pièces en un acte, les 2 autres étant l'œuvre d'Elaine May et de Ethan Coen.
Au-delà de cette liste, on sait qu'Allen a dans ses cartons des textes de pièces totalement inédites (comme par exemple la pièce The Jazz Baby, qu'il a remaniée pour faire le film Accords et Désaccords.

Littérature

Outre les textes de ses scénarios et de ses pièces, Woody Allen est l'auteur de plusieurs livres, tous composés sous formes de nouvelles, récits et réflexions, qui reprennent souvent des textes publiés ailleurs (entre autres dans The New Yorker).
Pour en finir une bonne fois pour toute avec la culture (Getting Even, 1971).
Dieu, Shakespeare et moi (Without Feathers, 1975).
Destins tordus (Side Effects, 1980).
L'erreur est humaine (Mere Anarchy, 2007).

Musique

À 14 ans, Woody Allen a son premier coup de cœur pour Sidney Bechet, clarinettiste et saxophoniste de New Orleans entendu à la radioNote 4. Il nourrit depuis ce jour une passion pour le jazz.
Il commence par étudier le saxophone, mais, peu doué pour cet instrument, il se tourne ensuite vers la clarinette. Le prénom " Woody " qu’il s'est choisi vient d’ailleurs du patronyme d’une de ses idoles, le clarinettiste Woody Herman. Chaque lundi, Allen se produit au Carlyle Hotel (en) de Manhattan avec son jazz band « New Orleans ». En 1996, il a également effectué une tournée européenne avec le groupe qui donna lieu à un documentaire intitulé Wild Man Blues. En tout, le groupe a sorti deux albums : The Bunk Project (1993)26 et la BO de Wild Man Blues (1997).

Filmographie

Box-office

Film Budget27 États-Unis27 France28 Monde27
Lily la tigresse (1966) N/A N/A 220 144 entrées N/A
Prends l'oseille et tire-toi (1969) 1 500 000 $ N/A 925 931 entrées N/A
Bananas (1971) 2 000 000 $ N/A 1 225 323 entrées N/A
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (1972) 2 000 000 $ 18 016 290 $ 1 737 735 entrées N/A
Woody et les Robots (1973) 2 000 000 $ 18 344 729 $ 218 474 entrées N/A
Guerre et Amour (1975) 3 000 000 $ 20 123 742 $ 544 826 entrées N/A
Annie Hall (1977) 4 000 000 $ 38 251 425 $ 1 344 539 entrées N/A
Intérieurs (1978) N/A 10 432 366 $ 817 436 entrées N/A
Manhattan (1979) N/A 39 946 780 $ 2 350 995 entrées N/A
Stardust Memories (1980) 10 000 000 $ 10 389 003 $ 591 560 entrées N/A
Comédie érotique d'une nuit d'été (1982) N/A 9 077 269 $ 1 131 245 entrées N/A
Zelig (1983) N/A 11 798 616 $ 1 000 177 entrées N/A
Broadway Danny Rose(1984) N/A 10 600 497 $ 421 368 entrées N/A
La Rose pourpre du Caire (1985) N/A 10 631 333 $ 1 800 960 entrées N/A
Hannah et ses sœurs (1986) N/A 40 084 041 $ 1 402 462 entrées N/A
Radio Days (1987) N/A 14 792 779 $ 900 181 entrées N/A
September (1987) N/A 486 434 $ 308 555 entrées N/A
Une autre femme (1988) N/A 1 562 749 $ 461 382 entrées N/A
Crimes et délits (1989) N/A 18 254 702 $ 695 643 entrées N/A
Le Complot d'Œdipe Court-métrage du film New York Stories (1989) N/A N/A 411 540 entrées N/A
Alice (1990) N/A 7 331 647 $ 1 244 890 entrées N/A
Ombres et Brouillard (1992) 14 000 000 $ 2 735 731 $ 568 632 entrées N/A
Maris et Femmes (1992) N/A 10 555 619 $ 644 002 entrées N/A
Meurtre mystérieux à Manhattan(1993) N/A 35 291 068 $ 1 553 577 entrées N/A
Coups de feu sur Broadway (1994) N/A 13 383 747 $ 1 022 313 entrées N/A
Maudite Aphrodite (1995) N/A 6 468 498 $ 1 063 526 entrées N/A
Tout le monde dit I love you (1996) N/A 9 759 200 $ 1 555 752 entrées N/A
Harry dans tous ses états (1997) 20 000 000 $ 10 686 841 $ 1 285 535 entrées N/A
Celebrity (1998) 12 000 000 $ 5 078 660 $ 738 102 entrées N/A
Accords et Désaccords (1999) 29 750 000 $ 4 197 015 $ 677 222 entrées N/A
Escrocs mais pas trop(2000) 25 000 000 $ 17 266 359 $ 1 038 868 entrées 29 934 477 $
Le Sortilège du scorpion de jade (2001) 33 000 000 $ 7 517 191 $ 732 402 entrées 18 914 307 $
Hollywood Ending (2002) 16 000 000 $ 4 850 753 $ 813 053 entrées 14 569 744 $
La Vie et tout le reste (2003) 18 000 000 $ 3 212 310 $ 473 993 entrées 13 585 075 $
Melinda et Melinda (2004) N/A 3 826 280 $ 373 279 entrées 20 085 825 $
Match Point (2005) 15 000 000 $ 23 151 529 $ 1 567 793 entrées 85 306 374 $
Scoop (2006) N/A 10 525 717 $ 810 748 entrées 39 215 642 $
Le Rêve de Cassandre (2007) N/A 973 018 $ 420 089 entrées 22 658 632 $
Vicky Cristina Barcelona (2008) 20 000 000 $ 23 216 709 $ 1 914 781 entrées 96 409 300 $
Whatever Works (2009) 15 000 000 $ 5 306 706 $ 904 614 entrées 35 097 815 $
Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (2010) 22 000 000 $ 3 248 246 $ 866 732 entrées 34 275 987 $
Minuit à Paris (2011) 17 000 000 $ 56 817 045 $ 1 739 215 entrées 151 119 219 $
To Rome With Love (2012) N/A 16 685 867 $ 559 784 entrées 73 244 881 $
Blue Jasmine (2013) N/A 32 519 480 $ 1 405 370 entrées 51 019 480 $

Succès au box-office ailleurs dans le monde

Outre en France, le cinéma de Woody Allen remporte du succès en Italie et surtout en Espagne. Dans ce dernier pays, les recettes sont parfois supérieures à celles enregistrées en France 7 M€ contre 5,4 M€ pour Scoop par exemple ou proches malgré un marché moins large. Elles sont souvent comparables en Italie (Le Rêve de Cassandre y marcha néanmoins mieux avec 6,9 M€ de recettes contre 3,5 M€ en France et en Espagne pour 0,9 M€ aux États-Unis).
En Angleterre, le succès est généralement bien moindre.

Distinctions

Woody Allen, Oviedo (détail).
1 ADIRCAE Awards
4 Oscars
1 American Comedy Award
9 BAFTA Film Award
1 Ours d'argent
5 Bodil Awards
2 BSFC Award
2 Butaca
1 FIPRESCI Prize
2 César
5 Prix David di Donatello
4 Directors Guild of America Award
2 Fotogramas de Plata
2 Golden Globe Awards
1 Prix Goya
2 Guild Film Award
1 Hochi Film Award
1 Silver Ribbon
2 Kansas City Film Critics Circle Awards
1 Lifetime Achievement Award
4 Prix du Cercle des critiques de film de Londres
2 Los Angeles Film Critics Association Awards
1 Prix du film Mainichi
1 National Board of Review
2 National Society of Film Critics
5 NYFCC Award
1 Prince of Asturias Award
1 Audience Award
1 Sant Jordi
1 Science Fiction and Fantasy Writers of America
1 Gran Angular Award
1 Turia Awards
1 Lion d'or

Principales récompenses et nominations

Oscars

Récompense Année Film Résultat
Meilleur réalisateur 1978 Annie Hall Récompensé
1979 Intérieurs Nommé
1985 Broadway Danny Rose Nommé
1987 Hannah et ses sœurs Nommé
1990 Crimes et délits Nommé
1995 Coups de feu sur Broadway Nommé
2012 Minuit à Paris Nommé
Meilleur scénario original 1978 Annie Hall Récompensé
1979 Intérieurs Nommé
1980 Manhattan Nommé
1985 Broadway Danny Rose Nommé
1986 La Rose pourpre du Caire Nommé
1987 Hannah et ses sœurs Récompensé
1988 Radio Days Nommé
1990 Crimes et délits Nommé
1991 Alice Nommé
1993 Maris et Femmes Nommé
1995 Coups de feu sur Broadway Nommé
1996 Maudite Aphrodite Nommé
1998 Harry dans tous ses états Nommé
2006 Match Point Nommé
2012 Minuit à Paris Récompensé
Meilleur acteur 1978 Annie Hall Nommé
Les films de Woody Allen ont été nommés 3 fois dans la catégorie meilleur film (Annie Hall en 1978, Hannah et ses sœurs en 1987 et Minuit à Paris en 2012) avec une victoire (pour Annie Hall en 1978) mais cette récompense n'est pas nominative pour le réalisateur), donc techniquement, Woody Allen n'a bien reçu que 4 Oscars.

Golden Globes

Récompense Année Film Résultat
Meilleur réalisateur 1978 Annie Hall Nommé
1979 Intérieurs Nommé
1987 Hannah et ses sœurs Nommé
2006 Match Point Nommé
2012 Minuit à Paris Nommé
Meilleur scénario 1978 Annie Hall Nommé
1979 Intérieurs Nommé
1986 La Rose pourpre du Caire Récompensé
1987 Hannah et ses sœurs Nommé
2006 Match Point Nommé
2012 Minuit à Paris Récompensé
Meilleur acteur - Film musical ou comédie 1978 Annie Hall Nommé
1984 Zelig Nommé

BAFTA

Récompense Année Film Résultat
Meilleur réalisateur 1978 Annie Hall Récompensé
1980 Manhattan Nommé
1987 Hannah et ses sœurs Récompensé
1991 Crimes et délits Nommé
Meilleur scénario original 1978 Annie Hall Récompensé
1980 Manhattan Récompensé
1984 Zelig Nommé
1985 Broadway Danny Rose Récompensé
1986 La Rose pourpre du Caire Récompensé
1987 Hannah et ses sœurs Récompensé
1988 Radio Days Nommé
1991 Crimes et délits Nommé
1993 Maris et Femmes Récompensé
1996 Coups de feu sur Broadway Nommé
2012 Minuit à Paris Nommé
Meilleur acteur 1978 Annie Hall Nommé
1980 Manhattan Nommé
1987 Hannah et ses sœurs Nommé

Césars

Récompense Année Film Résultat
Meilleur film étranger 1978 Annie Hall Nommé
1980 Manhattan Récompensé
1986 La Rose pourpre du Caire Récompensé
1987 Hannah et ses sœurs Nommé
1992 Alice Nommé
1993 Maris et Femmes Nommé
1994 Meurtre mystérieux à Manhattan Nommé
1996 Tout le monde dit I love you Nommé
2006 Match Point Nommé

Doublage français


Bernard Murat dans :
Lily la tigresse : Le narrateur
Bananas : Fielding Mellish
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander : Victor / Fabrizio / Le bouffon / Le spermatozoïde
Woody et les Robots : Miles Munroe
Guerre et Amour : Boris Grushenko
Annie Hall : Alvy Singer
Manhattan : Isaac Davis
Stardust Memories : Sandy Bates
Comédie érotique d'une nuit d'été : Andrew
Zelig : Leonard Zelig
Broadway Danny Rose : Danny Rose
Hannah et ses sœurs : Mickey Sachs
New York Stories : Sheldon
Crimes et Délits : Cliff Stern
Scènes de ménage dans un centre commercial : Nick Fifer
Ombres et Brouillard : Kleinman
Maris et Femmes : Gabe Roth
Meurtre mystérieux à Manhattan : Larry Lipton
Fourmiz : Z (Voix)
Jean-Luc Kayser dans :
Maudite Aphrodite : Lenny
Tout le monde dit I love you : Joe Berlin
Harry dans tous ses états : Harry Block
Les Imposteurs : Le directeur de l'audition
Accords et Désaccords : Lui-même
Escrocs mais pas trop : Ray Winkler
Morceaux choisis : Tex Cowley
Company Man : Lowther
Le Sortilège du scorpion de jade : C.W. Briggs
Hollywood Ending : Val Waxman
La Vie et tout le reste : David Dobel
Scoop : Sidney Waterman
To Rome with Love : Jerry
Jacques Jouanneau dans Quoi de neuf, Pussycat ? : Victor Shakapopulis
Gérard Hernandez dans Casino Royale : Jimmy Bond
Guy Piérauld dans Prends l'oseille et tire-toi : Virgil Starkwell
Roger Crouzet dans Tombe les filles et tais-toi : Allan Felix

Publications

Il existe, en français, quelques publications de nouvelles, pièces ou autres réflexions de Woody Allen parmi lesquelles :
Pièces de théâtre
Une aspirine pour 2 : comédie (Play it again, Sam) ; adaptation et mise en scène de Francis Perrin. Paris : "L'avant-scène", 1992, 63 p."L'avant-scène théâtre", no 918).
L'Ampoule magique (The Floating Light Bulb) ; adapt. d'Attica Guedj et Stéphan Meldegg. Paris : "L'avant-scène", 1994. (L'avant-scène. Théâtre", no 944).
Adultères : trois pièces en un acte (Three one-act plays, 2005) / Woody Allen ; traduit de l'américain par Jean-Pierre Richard. Paris : 10-18, 2005, 222 p. (10-18. Domaine étranger ; 3810). (ISBN 2-264-04039-4)
Central Park West - Il s'agit de l'une des 3 pièces faisant partie de Adultères (2006).

Scénarios
Annie Hall : [Film. Scénario et dialogues in extenso (continuité)] / film de Woody Allen ; scénario et dialogues Woody Allen et Marshall Brickman. Paris : L'Avant scène, 1977, 66 p. (Avant scène cinéma no 198. 15 décembre 1977).
Crimes et délits (Crimes And Misdemeanors) / Woody Allen ; trad. de l'américain par Michel Lebrun. Paris : Éd. du Seuil, 1993, 163 p. (Point virgule ; 137). (ISBN 2-02-012949-3)
Annie Hall : scénario bilingue / Woody Allen et Marshall Brickman ; dialogues trad. de l'américain par Georges Dutter. Paris : "Cahiers du cinéma", 2000, 214 p. (Petite bibliothèque des "Cahiers du cinéma" ; 41). Texte anglais et trad. française en regard. (ISBN 2-86642-256-2)
Hannah et ses sœurs (Hannah And Her Sisters) / Woody Allen ; trad. Michel Lebrun. Paris : Éd. du Seuil, 1991, 186 p. (Point virgule ; 106). (ISBN 2-02-012950-7)
Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry) : scénario bilingue / Woody Allen ; dialogues trad. Jacqueline Cohen. Paris : "Cahiers du cinéma", 1998, 190 p. (Petite bibliothèque des "Cahiers du cinéma"). (ISBN 2-86642-204-X)
Quoi de neuf, Pussycat ? (What's New Pussycat?) : Film. Découpage après montage définitif et dialogue in extenso (continuité) / scénario de Woody Allen ; réal. Clive Donner. Paris : l'Avant-scène, 1966, 56 p. (l'Avant-scène-cinéma. no 59. mai 1966).
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander... (Everything You Always Wanted To Know About Sex But Were Afraid To Ask) / Woody Allen ; trad. Michel Lebrun. Paris : Éd. du Seuil, 1990, 140 p. (Points. Point virgule ; 85). (ISBN 2-02-012022-4)

Entretiens

Conversation avec Woody Allen / Jean-Michel Frodon, d'après les entretiens parus dans Le Monde. Paris : Plon, 2000, 175 p. Filmogr., 4 p. (ISBN 2-259-19286-6)
Woody Allen : Entretiens avec Stig Björkman / Stig Björkman (Woody Allen on Woody Allen) ; trad. Sylvie Durastanti et Jean Pêcheux. Paris : Cahiers du cinéma, 2002, 383 p. Bibliogr. p. 379. Filmogr. p. 364-372. Index. (ISBN 2-86642-324-0)
Entretiens avec Woody Allen / Eric Lax (Conversations With Woody Allen: His Films, the Movies, and Moviemaking) ; trad. Christophe Mercier : Plon, 2008 (ISBN 978-2-259-20490-3)

Réflexions et recueils de nouvelles
Dieu, Shakespeare et moi. Opus 1 (Without Feathers, 1975) ; trad. et adapt. Michel Lebrun. Paris : Solar, 1975, 270 p. Rééd. Paris : Seuil, 1985, 134 p. (Points. Point virgule ; 30). (ISBN 2-02-008617-4). Paris : Éd. du Seuil, 2001, 153 p. (Point virgule ; 9). (ISBN 2-02-048235-5)
Pour en finir une bonne fois pour toute avec la culture / Opus 2 (Getting Even, 1973) (ISBN 978-2-7578-1306-5) (rééd.2009).
Destins tordus (Side Effects, 1980) ; trad. Michel Lebrun. Paris : R. Laffont, 1981, 178 p. (Pavillons). (ISBN 2-221-00713-1). Rééd. Paris : Seuil, 1988, 178 p. (Points. Série Point-virgule ; 58). (ISBN 2-02-009871-7). Paris : R. Laffont, 2006, 203 p. (Pavillons poche). (ISBN 2-221-10642-3)
L'erreur est humaine (Mere Anarchy, 2007) ; trad. Nicolas Richard. Paris : Flammarion, 2007, 252 p. (ISBN 978-2-08-120367-9). Rééd. Paris : le Grand livre du mois, 2007, 252 p. (ISBN 978-2-286-03261-6)
Woody Allen / Gilles Cèbe. Paris : H. Veyrier, 1981, 205 p.-[24] p. de pl. (Collection Cinéma). Contient un choix de textes de Woody Allen. Bibliogr. p. 199-204. Filmogr. p. 173-197. Discogr. p. 205

Bande-dessinée

Angoisse & Légèreté / Doutes & Certitudes (2010) (Dread & Superficiality, 2009) : ces deux albums (un seul album en version anglaise) réunissent une collection des meilleurs "comic strips" publiés quotidiennement dans les journaux américains, de 1976 à 1984, illustrés par Stuart Hample en collaboration avec Woody Allen. Éditons Fetjaine. (ISBN 978-2-35425-195-6) (tome 1) et (ISBN 978-2-35425-203-8) (tome 2)
Préface
L'Œil de l'idole de S.J. Perelman, éditions Wombat, 2011

Bibliographie

Christian Dureau, Woody Allen, Paris, PAC, coll. « Cinépoche », 1986, 146 p. (ISBN 2-85336-286-3)
Yannick Rolandeau, Le cinéma de Woody Allen, Lyon, Aléas, 2006, 555 p. (ISBN 2-84301-144-2, présentation en ligne)
Jean-Philippe Guerand, Woody Allen, Payot & Rivages, coll. « Rivages-cinéma », 1995, 221 p. (ISBN 2-86930-993-7)
Eric Lax, Woody Allen, Julliard, 1999, 410 p. (ISBN 2-26000-843-7)
Giannalberto Bendazzi, Woody Allen, Liana Levi, 1985, 199 p. (ISBN 2-86746-012-3)
Florence Colombani, Woody Allen - Collection : Grands cinéastes, Cahiers du cinéma, 2008, 96 p. (ISBN 2-86642-523-5)
Coordonné par Gregory Valens, Woody Allen - Collection Positif, Éditions Scope La Collection Positif, 2008 (ISBN 2-912573-23-8)
Guillaume Evin, Woody Allen, Un ovni à Hollywood - Collection Les 50 plus belles Histoires, Timée-éditions, 2008, 139 p. (ISBN 2-3540106-99)
Fabian Maray, Woody Allen little big man, Somnambule Équivoque, 2010, 199 p. (ISBN 2930377240)
Laurent Dandrieu, Woody Allen, portrait d'un antimoderne, CNRS éditions, 2010 (ISBN 2-2710667-43)
Jean-Max Méjean, Woody Allen, Gremese, 2004 (ISBN 8873015654)

Travaux universitaires

Philippe Bellaloum, L'angoisse existentielle dans l'œuvre cinématographique de Woody Allen et les mécanismes de défense par l'humour et la dérision, Université de Rouen, Thèse de doctorat d'état, Faculté de médecine de Rouen, 1988, 126 p. (présentation en ligne)
Fatima-Zahra Benjelloun Touimi, La représentation des femmes dans les films de Woody Allen, Université Paris 10, Thèse de doctorat, Études anglaises, Paris, 2003

Documentaires sur Woody Allen

La liste n'est pas exhaustive mais recense les principaux documentaires réalisés sur Woody Allen.
To Woody Allen from Europe with Love (1980), téléfilm documentaire réalisé par André Delvaux, 90 minutes.
Meetin' WA (1986), court métrage documentaire réalisé par Jean-Luc Godard, 26 minutes.
Wild Man Blues (1998), long métrage documentaire réalisé par Barbara Kopple, 94 minutes.
Woody Allen: A Life in Film (2002), téléfilm documentaire réalisé par Richard Schickel, 90 minutes.
Woody Allen: A Documentary (2011), téléfilm documentaire réalisé par Robert Weide, 192 minutes

Liens

http://youtu.be/LIkXDZQgAvM Interview sous titrée
http://youtu.be/2Bb2kdg9mSI musiques des films de Woody Allen
http://youtu.be/hW3GHSmKDh8 love and death (film entier)
http://youtu.be/hv2z_nhhoFw Annie Hall extrait
http://youtu.be/FluvMWBOOmk A1nnie Hall extrait




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Posté le : 30/11/2013 22:22

Edité par Loriane sur 01-12-2013 17:31:57
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Lorenzo Ghiberti
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Le 1 Décembre 1455, à Florence meurt Lorenzo Ghiberti, de son véritable nom Lorenzo

di Cione,


né en 1378 dans la même ville est un sculpteur italien du Quattrocento, dont l'œuvre s'inscrit dans le vaste mouvement de renouvellement de l'art occidental qui donnera naissance à la Renaissance.

Lorenzo Ghiberti était le fils de Cione di ser Bonaccorso, mais son père mourut jeune et c'est le second mari de sa mère, l'orfèvre Bartoluccio (Bartolo di Michele) qui se chargea de son éducation. Lorenzo, le considérant comme son véritable père, lui en garda une grande reconnaissance, au point que, jusqu'à l'âge de soixante ans, il conserva le nom de Lorenzo di Bartolo.
Lorenzo fit donc, comme la plupart des maîtres florentins de cette époque, son apprentissage dans des ateliers d'orfèvres. Il comptera parmi les premiers sculpteurs-orfèvres du Quattrocento qui associeront étroitement la sculpture et la peinture.
En 1401, alors qu'il était totalement inconnu, Lorenzo Ghiberti remporta le concours organisé par l'Arte di Calimala pour la réalisation de la seconde porte en bronze du Baptistère du Dôme de Florence, aux dépens de six concurrents parmi lesquels Filippo Brunelleschi, Niccolò di Piero Lamberti et Jacopo della Quercia.

Adam et Eve, partie des portes du paradis

Par la suite, ce concours a été considéré, par les historiens d'art, comme l'acte fondateur de la Renaissance artistique. Ghiberti sera, avec Donatello, l'un des initiateurs d'un renouvellement de la sculpture permettant la représentation naturelle d'un grand nombre de figures placées dans un espace totalement nouveau. Ghiberti fut déclaré vainqueur du concours à l'unanimité, Filippo Brunelleschi, s'étant même retiré après avoir vu l'œuvre soumise par son rival. Le 23 novembre 1403, Lorenzo signait le contrat par lequel il s'engageait à travailler sans interruption à partir du 1er décembre, à la porte du baptistère jusqu'à son entier achèvement. L'exécution de la commande qui n'osera pas s'écarter du schéma gothique adopté par Andrea Pisano - l'auteur de la première porte - s'étalera de 1403 à 1424. Le contrat prévoyait que l'artiste devait livrer trois bas-reliefs par an, mais cette clause ne fut pas respectée. En 1407, on renouvelait le contrat en obligeant, cette fois, le sculpteur à poursuivre son travail à l'exclusion de tout autre, moyennant un salaire de deux-cents florins par an.
L'artiste retrouvera sa liberté de composition dans l'exécution de la porte d'honneur, commencée en 1425 et achevée en 1452. Cette porte sera composée de deux séries de cinq panneaux chacune, représentant des scènes bibliques. Michel-Ange estimera que ces portes seront dignes d'ouvrir sur le Paradis. Le sculpteur utilisera la perspective et un relief de moins en moins accentué, pour disposer un grand nombre de personnages sur plusieurs plans.

Le sacrifice d'Isaac,

œuvre ayant remporté le concours pour la seconde porte du Baptistère Saint-Jean de Florence (1401)
Ces portes que Lorenzo Ghiberti exécuta pour le baptistère de Florence - « admirables par la distribution et l'encadrement des panneaux, par leur richesse d'invention, par leur élégance fluide et par le noble sentiment des sujets » - ont été décrites par le critique et historien de l'art Henri Focillon, dans son ouvrage sur l'Art d'occident : « Le rapport du relief selon la distance feinte des plans, le passage calculé de la ronde-bosse au bas-relief et enfin au modelé presque plat de la médaille, la fuite rigoureuse de l'architecture, la suggestion dans le bronze d'un paysage aérien frappèrent comme une révélation miraculeuse l'imagination populaire ; les portes du baptistère furent désormais les portes du Paradis.»
Ghiberti sculptera plusieurs figures de bronze pour la chapelle Orsanmichele, dont un Saint Jean-Baptiste (1414) et un Saint Matthieu (1421/1422), des saints des corporations marchandes les Arti. Il réalisera, entre 1417 et 1427, les panneaux des fonts baptismaux du baptistère de Sienne, ornés du Baptême du Christ et Saint Jean conduit devant Hérode. L'artiste rédigera, à partir de 1447, un traité en trois tomes appelé les « Commentaires ». Le deuxième, retraçant la vie et l'œuvre des plus grandes personnalités artistiques des xive et xve siècles, constituera la première véritable histoire de l'art moderne.

Formé dans l'atelier florentin de son beau-père, l'orfèvre Bartolo di Michele Bartoluccio, Lorenzo di Cione Ghiberti poursuivit son apprentissage en tant que peintre et sculpteur dans les Marches avant de revenir à Florence sa ville natale, vers l'âge de vingt ans, pour participer au concours de la deuxième porte du baptistère de la cathédrale.

Connu principalement pour ses œuvres de sculpture en bronze qui témoignent d'une nouvelle conception de l'espace, Ghiberti étend également son activité aux domaines de la terre cuite, de l'orfèvrerie liturgique, des vitraux historiés et de l'ornementation architecturale. Son travail était apprécié dans toute la Toscane et même au-delà : à Sienne, à Pistoia, à Città di Castello. Le succès de sa carrière est dû à la continuité de son implantation locale dans les institutions florentines. Il voyagea aussi, à Venise en 1424 et à Rome, vers la fin des années 1420, pour compléter sa collection personnelle d'objets antiques.

Lorenzo Ghiberti est également célèbre pour avoir été l'un des premiers artistes à écrire un traité théorique. Dans les Commentaires, rédigés vers la fin de sa vie, il exposa sa conception historique et théorique de la pratique des arts. Sa carrière et son œuvre sont représentatives de la volonté des artistes du début de la Renaissance de s'émanciper de la condition des arts « mécaniques » pour accéder à celle des arts libéraux et de prétendre ainsi à une plus grande reconnaissance sociale et à une meilleure rémunération. Ghiberti exprima son désir d'accroître sa réputation auprès de ses concitoyens et de marquer son statut d'auteur en signant plusieurs de ses œuvres comme au baptistère de Florence les panneaux de la porte nord et de la porte du Paradis ainsi que la statue de saint Jean-Baptiste à Or San Michele.

Le concours de 1401

Le baptistère San Giovanni de la cathédrale Santa Maria del Fiore, construit au début du XIIe siècle selon un plan octogonal évoquant celui du Latran à Rome dans lequel l'empereur Constantin avait été baptisé, était considéré par les Florentins comme le seul bâtiment de la ville inspiré des modèles de la Rome antique. Depuis la fin du Moyen Âge, l'Arte di Calimala, une corporation de riches marchands, en assumait les travaux d'entretien et de décoration. En 1329, elle avait commandé à Andrea Pisano une série de panneaux de bronze pour décorer l'une des portes du monument.
En 1401, elle décide de faire décorer une deuxième porte, mais à l'issue d'un concours, selon une procédure courante à l'époque. Plusieurs artistes y participèrent, qui devinrent célèbres comme Filippo Brunelleschi ou Jacopo della Quercia. On leur demanda de réaliser un essai sur le thème du sacrifice d'Isaac en suivant un schéma iconographique prédéterminé, un paysage minéral avec un jeune garçon nu à l'Antique avec Abraham sur sa droite, un ange placé dans un des lobes supérieurs, deux domestiques et un âne et une forme qui suivait exactement celle des panneaux polylobés réalisés soixante-dix ans plus tôt par Andrea Pisano. Le jury préféra la proposition de Ghiberti, car elle associait le nouvel intérêt pour une iconographie à l'Antique à un schéma narratif traditionnel propre à séduire un public plus conservateur. Cet ensemble illustrant les histoires du Nouveau Testament, et dont la réalisation s'acheva en 1424, est actuellement placé à la porte nord du baptistère.

La fabrique de Santa Maria del Fiore

En 1404, les membres de la fabrique de la cathédrale appelèrent Ghiberti, Brunelleschi ainsi que dix-huit autres maîtres-artisans à une consultation sur la poursuite de la construction de la cathédrale commencée à la fin du XIIe siècle. Lors du concours de 1418-1419 pour la couverture en coupole de la croisée du transept, Ghiberti proposa un modello, maquette concurrent de celui de Brunelleschi. Il semble qu'il ait suggéré la construction d'un cintre alors que la solution de Brunelleschi évitait l'emploi de cet auxiliaire. Mais ce n'est qu'en 1429 que l'on décida de confier la mise en chantier à la responsabilité conjointe des deux hommes. Les premiers biographes de Brunelleschi, le pseudo-Manetti, Antonio Billi... ont souligné les incompétences techniques de Ghiberti et la querelle permanente entre les deux maîtres. Il n'en reste pas moins que la renommée dont jouissait Ghiberti au sein des institutions florentines et en particulier de celles qui étaient en charge des chantiers de la cathédrale, lui permit de jouer le rôle de contrôleur quasi permanent des travaux de Brunelleschi.

Or San Michele

Au XIVe siècle, la Commune construisit un nouveau bâtiment pour le commerce des céréales, abritant au premier niveau un oratoire dédié à la Vierge. Les travaux se poursuivirent au siècle suivant et Ghiberti aurait alors fourni des dessins pour le portail d'entrée, le tabernacle et plusieurs niches, réalisés par Albizo di Pietro. Différentes corporations financèrent progressivement la décoration des niches extérieures de cet édifice en commandant des statues de leurs saints patrons. À partir des années 1410, deux artistes, Nanni di Banco et Donatello, furent sollicités. En 1415-1416, Ghiberti acheva la statue en bronze de saint Jean Baptiste pour l'Arte di Calimala. Bien qu'elle soit destinée à n'être vue que de face, cette sculpture, réalisée avec la technique de la cire perdue, est également travaillée sur son revers. D'autres corporations s'adressèrent à Ghiberti : en 1419, l'Arte del Cambio lui commanda la statue de saint Matthieu, suivie en 1425 par l'Arte della Lana pour celle de saint Étienne. Ces figures dénotent une attention considérable pour certains détails du corps humain comme les veines, les rides et la chevelure ; leur aspect général ne remet cependant pas en cause l'utilisation habituelle de l'espace dans les sculptures de niche.

Ghiberti à Sienne

Durant l'été de 1416, les membres de la fabrique de la cathédrale de Sienne consultèrent Ghiberti ainsi que deux autres Florentins, Giuliano di Ser Andrea et Maître Bartolomeo, à propos de la décoration des fonts baptismaux du baptistère. Ils lui commandèrent deux bas-reliefs de bronze doré qu'il n'acheva que vers 1427. Le Saint Jean-Baptiste devant Hérode et le Baptême du Christ marquent une certaine évolution par rapport aux travaux pour la porte nord de Florence. L'intégration des figures au fond est plus synthétique et l'on peut constater que la connaissance qu'avait Ghiberti des bas-reliefs de sarcophages romains s'est approfondie. Au-delà de ces quelques contributions, importantes pour l'évolution de sa propre carrière, Ghiberti a influencé plusieurs artistes siennois comme l'orfèvre Giovanni di Turino et le sculpteur Francesco di Valdambrino.

Ghiberti architecte

Si la participation de Ghiberti à la cathédrale de Florence ne permet pas d'affirmer qu'il avait une grande connaissance technique de la construction, ses goûts en matière d'architecture se révèlent dans l'iconographie des différents panneaux des portes du baptistère. On y trouve des niches en cul-de-four ornées de coquilles et de fleurs dans les écoinçons, des élévations aux colonnes composites, des architraves avec des festons. Cet intérêt pour l'Antiquité ne se limite pas à l'ornementation, comme on peut l'observer dans le panneau consacré à l'histoire de Joseph sur la porte du Paradis. Le grand portique circulaire témoigne d'une connaissance de la typologie des édifices dressée par Vitruve.

Ghiberti ne s'est cependant pas limité à représenter l'architecture et, s'il eut moins de succès dans ce domaine proprement dit, il n'en aurait pas moins fourni des dessins pour l'escalier des appartements pontificaux du couvent de Santa Maria Novella de 1418-1419, pour le portail de la salle des Audiences du palais du parti Guelfe vers 1418, pour la sacristie de Santa Trinità de 1419-1423 ainsi que pour la tour du Marzocco, construite en 1439 à Livourne à l'entrée du canal qui conduit à Pise. Dans les Commentaires, il annonçait enfin son intention de consacrer un traité spécifique aux questions d'architecture.

La porte du Paradis

Immédiatement après l'achèvement de la porte nord, dès le début de l'année 1425, l'Arte di Calimala commanda à Ghiberti la réalisation d'une seconde porte. Le programme iconographique initial, consacré à l'Ancien Testament, rédigé par l'humaniste Leonardo Bruni, prévoyait une répartition en vingt-huit panneaux, sur le modèle des deux portes précédentes, qui furent ramenés par la suite à dix panneaux de plus grandes dimensions, en bronze doré. L'iconographie est liée aux événements politiques et religieux de l'époque. Par exemple, la Rencontre de Salomon et de la reine de Saba rappelle le succès de la seigneurie florentine qui réussit à faire converger les vues des Églises d'Orient et d'Occident lors du concile de Florence en 1439.

L'atelier de Ghiberti, qui s'occupa de ce chantier durant près de vingt-cinq années, connut de nombreux changements : Michelozzo l'abandonna en 1429 pour aller chez Donatello, mais il travailla à nouveau aux portes en 1442. Deux années plus tard, Benozzo Gozzoli entra dans l'atelier de Ghiberti où il resta trois ans. En 1451, c'est l'orfèvre Bernardo di Bartolomeo Cennini qui les rejoignit. Bref, si l'ensemble de ce travail fut réalisé sous la seule responsabilité de Lorenzo Ghiberti, il faut considérer la durée de l'entreprise et la diversité des personnalités artistiques y ayant participé avant de porter tout jugement stylistique.

Il n'en reste pas moins que cette œuvre constitue la plus grande innovation du début de la Renaissance en matière de bas-relief. Dans ses Commentaires, Ghiberti déclare « avoir mis dans certaines histoires environ une centaine de figures, parfois plus, parfois moins. [...] Il y eut dix histoires, toutes insérées dans des architectures dessinées en perspective de telle façon que, lorsque l'on s'en éloigne, elles apparaissent en relief ». Il introduisit dans la sculpture les principales nouveautés de la théorie de la peinture et parvint à développer dans ce but les possibilités spécifiques de son médium. Le calcul des ombres portées fondé sur les règles de la perspective est à cet égard très révélateur.

Cette porte est traditionnellement dite « du Paradis », car elle est placée sur la façade est du baptistère, face à l'entrée du Duomo, dénomination définitivement adoptée après que Vasari eut attribué à Michel-Ange l'opinion que ces portes « sont si belles qu'elles iraient bien à la porte du Paradis ».

Les Commentaires de Ghiberti

Vers la fin de sa vie, Ghiberti dicta à un copiste l'ébauche d'un traité sur les arts connu sous le nom de Commentaires, fruit de recherches et de réflexions commencées depuis plusieurs dizaines d'années. Le texte est d'une compréhension difficile, en raison, en particulier, d'innombrables ruptures syntaxiques. Mais c'est un document irremplaçable, première tentative de traité dans l'esprit humaniste écrit par un artiste qui possédait avant tout une formation manuelle mais qui fut capable d'enrichir sa culture par des lectures et des échanges. Ce traité s'adresse au jeune « peintre ou sculpteur » et entend lui fournir en un seul texte toutes les connaissances et informations pratiques nécessaires à l'exercice de son art. En cela, il est très différent des traités d'Alberti. D'une manière générale, le modèle suivi par Ghiberti consiste à réécrire des passages choisis de textes de l'Antiquité en les adaptant à son propos personnel.

On divise généralement ce texte en trois parties. La première s'ouvre sur de nombreuses recommandations à l'usage des artistes néophytes et tente de définir la fabrique des arts comme l'association de la matière avec le raisonnement théorique. Cette partie s'inspire largement de Vitruve, et adapte pour les peintres et les sculpteurs des conseils qui s'adressaient aux architectes dans le De architectura de l'auteur romain. Elle se poursuit par une histoire de l'art antique dans laquelle Ghiberti reprend des informations qu'il a trouvées chez Pline le Jeune. La deuxième partie est la plus originale. Fondée sur une documentation de première main, elle retrace une histoire de la renaissance des arts en Toscane depuis Cimabue jusqu'à la période contemporaine de Ghiberti et s'achève donc sur une autobiographie professionnelle. La troisième partie est la plus riche et aussi la plus longue. Elle contient un choix de textes scientifiques du Moyen Âge provenant en grande partie de l'Optique (Kitāb al-Manā.zir/De Aspectibus) d'Ibn al-Haytham, de la Perspectiva de Roger Bacon et de la Perspectiva communis de John Pecham. Ghiberti explique en détail comment ces savoirs en matière d'anatomie, d'optique et de perspective constituent les fondements de la nouvelle pratique des arts.

Ghiberti, collectionneur d'antiques

L'intérêt que Ghiberti porte à l'Antiquité ne se limitait pas aux textes mais s'étendait également aux objets. Bien qu'elle n'ait pas la même importance que celles de Côme l'Ancien ou de Niccolò Niccoli, la collection d'antiques de Ghiberti était suffisamment prestigieuse pour motiver la visite d'un connaisseur comme Cyriaque d'Ancone en 1433. L'Anonyme Magliabecchiano (vers 1537-1542, manuscrit de la Bibl. nat. de Florence) ainsi que Vasari donnent une liste assez précise des pièces qui la composaient, aujourd'hui perdues ou non identifiées. On y trouve notamment le bas-relief d'Amour et Psyché « dit le lit de Polyclète » qui se trouvait toujours en possession des héritiers de Ghiberti en 1517, qui refusèrent de le vendre à Raphaël agissant pour le compte d'Alfonso d'Este de Ferrare. Cette collection comprenait également des pièces moins célèbres comme une jambe en bronze « aussi grande que nature », un certain nombre de têtes d'hommes et de femmes ainsi que des vases grecs. Ghiberti fut ainsi l'un des premiers artistes à disposer d'un répertoire personnel d'objets de l'Antiquité sur lesquels il pouvait non seulement vérifier certains calculs de proportions idéales mais également s'inspirer d'un lexique ornemental à la fois varié et nouveau, comme on peut le constater dans la châsse en bronze des saints Proto, Giacinto et Nemesio, aujourd'hui conservée au musée du Bargello à Florence.

Les descendants de Lorenzo

Lorenzo eut deux fils qui collaborèrent à son atelier et l'assistèrent dans la réalisation des portes du Paradis. Le reste de l'activité de Tommaso (env. 1417-apr. 1455) est mal connue, mais on sait qu'il a collaboré à la réalisation de la statue en bronze du Saint Jean-Baptiste de Michelozzo (Museo dell'Opera del Duomo, Florence). Vittorio (1418 ou 1419-1496) reprit quant à lui la direction de l'atelier familial dont l'activité déclina toutefois grandement après la mort de Lorenzo. Son œuvre personnelle est principalement connue à travers les bas-reliefs encadrant la porte d'Andrea Pisano achevés au début des années 1460. Le fils de Vittorio, Buonaccorso (1451-1516), fut ingénieur et l'auteur d'un important Zibaldone, recueil contenant de nombreux documents et dessins illustrant l'activité de son grand-père ainsi que son propre intérêt pour la technologie et la machinerie.
Liens

http://youtu.be/C6AbLI4QBAU The Gates of paradise in Florence
http://youtu.be/ogKs1DQN17o
http://youtu.be/j0NDWHeMPbk




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Posté le : 30/11/2013 22:12

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Charles de Foucauld 1
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Le 1 Décembre 1916 dans le Sahara Algérien, meurt Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand,

né le 15 septembre 1858 à Strasbourg (France), est un officier de l'armée française devenu explorateur et géographe, puis religieux catholique, ermite et linguiste. Il a été béatifié le 13 novembre 2005 par le pape Benoît XVI.
Orphelin à l'âge de six ans, Charles de Foucauld fait carrière dans l'armée, intégrant Saint-Cyr et menant une vie dissolue. À vingt-trois ans, il décide de démissionner de l'armée afin d'explorer le Maroc en se faisant passer pour un Juif. La qualité de ses travaux lui vaut la médaille d'or de la Société de géographie, et une grande renommée à la suite de la publication de son livre Reconnaissance au Maroc (1888).
De retour en France et après diverses rencontres, il retrouve la foi et devient religieux chez les Trappistes le 16 janvier 1890. Puis il part pour la Syrie, toujours chez les Trappistes. Sa quête d'un idéal encore plus radical de pauvreté, d'abnégation et de pénitence le pousse à quitter la trappe afin de devenir ermite en 1901. Il vit alors en Palestine, écrivant ses méditations qui seront le cœur de sa spiritualité, comprenant la Prière d'abandon.

Ordonné prêtre à Viviers1, il décide de s'installer dans le Sahara algérien, à Béni-Abbès. Il ambitionne de fonder une nouvelle congrégation, mais personne ne le rejoint. Il vit avec les Berbères adoptant une nouvelle approche apostolique, prêchant non pas par les sermons, mais par son exemple. Afin de mieux connaître les Touaregs, il étudie pendant plus de douze ans leur culture, publiant sous un pseudonyme le premier dictionnaire touareg-français. Les travaux de Charles de Foucauld sont une référence pour la connaissance de la culture touarègue.
Le 1er décembre 1916, Charles de Foucauld est assassiné à la porte de son ermitage. Il est très vite considéré comme un saint et fait l'objet d'une véritable vénération, appuyée par le succès de la biographie de René Bazin (1921) qui devient un best-seller. De nouvelles congrégations religieuses, familles spirituelles et un renouveau de l'érémitisme s'inspirent des écrits et de la vie de Charles de Foucauld.
Son procès en béatification commence dès 1927. Interrompu durant la guerre d'Algérie, il reprend ultérieurement et Charles de Foucauld est déclaré vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II, puis bienheureux le 13 novembre 2005 par Benoît XVI.

Enfance

La famille de Charles de Foucauld est originaire du Périgord et appartient à la vieille noblesse française ; leur devise est : « Jamais arrière ». Plusieurs de ses ancêtres ont participé aux Croisades, source d'un grand prestige dans l'aristocratie française. Son arrière-grand-oncle, Monseigneur Jean Marie du Lau d'Allemans, ainsi qu'un autre de ses ancêtres, Armand de Foucauld de Pontbriant, meurent lors de la Révolution. Sa mère, Élisabeth de Morlet, est issue de l'aristocratie lorraine, alors que son grand-père, républicain, a fait fortune pendant la Révolution. Elisabeth de Morlet épouse en 1855 le vicomte Édouard de Foucauld de Ponbriant, inspecteur des forêts. De leur union naît le 17 juillet 1857 un enfant, nommé Charles, qui meurt à l'âge d'un mois.
Leur deuxième fils, qu'ils appellent Charles Eugène, naît à Strasbourg le 15 septembre 1858, dans la maison familiale située à l'ancien emplacement de l'hôtel particulier du maire Dietrich, où fut chantée pour la première fois La Marseillaise en 1792. L'enfant est baptisé en l'église Saint-Pierre-le-Jeune (actuellement église protestante, les deux cultes s'y côtoyaient jusqu'en 1898) le 4 novembre de la même année.
Quelques mois après sa naissance, son père est muté à Wissembourg. En 1861, Charles est âgé de trois ans quand sa sœur Marie-Inès-Rodolphine naît. Sa mère Élisabeth, profondément catholique, l'éduque dans la foi chrétienne, favorisant les nombreux actes de dévotion et de piété. Elle meurt d'une fausse couche le 13 mars 1864, suivie de son époux, atteint de neurasthénie, le 9 août. Orphelins, Charles (âgé de six ans) et sa sœur Marie sont confiés à leur grand-mère paternelle, la vicomtesse Clothilde de Foucauld, qui meurt d'une crise cardiaque. Les enfants sont recueillis par leurs grands-parents maternels, le colonel Beaudet de Morlet et sa femme, qui vivent à Strasbourg.
Le colonel Beaudet de Morlet, ancien polytechnicien, officier du Génie, éduque avec beaucoup d'affection ses petits-enfants. Charles écrira de lui : « Mon grand-père dont j'admirais la belle intelligence, dont la tendresse infinie entoura mon enfance et ma jeunesse d'une atmosphère d'amour dont je sens toujours avec émotion la chaleur ». Charles suit ses études à l'école épiscopale de Saint-Arbogast, où il obtient de bons résultats scolaires. Il entre en 1868 en sixième au lycée de Strasbourg. De tempérament introverti et colérique, il est souvent malade et poursuit ses études grâce à des cours particuliers.

Lors de l'été 1868, il part chez sa tante, Inès Moitessier, qui se sent responsable de son neveu. Sa fille Marie Moitessier (future Marie de Bondy) devient l'amie de Charles, de huit ans son cadet. C'est une fervente pratiquante, qui entretient une relation très proche avec Charles, ayant parfois un rôle maternel auprès de lui.
En 1870, la famille de Morlet fuit la guerre entre la France et la Prusse et se réfugie à Berne. À la suite de la défaite, la famille s'installe à Nancy en octobre 1870. Charles entre alors en troisième au lycée laïc. Il a pour professeur Jules Duvaux et se lie d'amitié avec Gabriel Tourdes. Les deux jeunes gens se passionnent pour des lectures classiques, et Gabriel restera pour Charles l'un des « deux incomparables amis » de sa vie. Son éducation dans un lycée laïc développe chez lui un sentiment patriotique, accompagné d'une méfiance envers l'Allemagne. Il fait sa première communion le 28 avril 1872 et est confirmé par Mgr Joseph-Alfred Foulon à Nancy.
En octobre 1873, alors qu'il est en classe de rhétorique, il commence à s'éloigner de la foi, avant de devenir agnostique. Il affirme plus tard : « Les philosophes sont tous en désaccord. Je demeurai douze ans sans nier et sans rien croire, désespérant de la vérité, ne croyant même pas en Dieu. Aucune preuve ne me paraissait évidente »2. Cette perte de la foi se double d'un mal-être : Charles se trouve alors « tout égoïsme, toute impiété, tout désir de mal, j'étais comme affolé ».
Le 11 avril 1874, sa cousine Marie épouse Olivier de Bondy. Quelques mois plus tard, le 12 août 1874, Charles obtient son baccalauréat avec mention bien.

Une jeunesse dissipée

Charles est envoyé à Versailles, à l'école Sainte-Geneviève, tenue par les Jésuites, afin de préparer le concours d'entrée à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Charles s'oppose à la sévérité de l'internat et décide d'abandonner toute pratique religieuse. Il obtient son deuxième baccalauréat en août 1875. Il mène alors une vie dissipée et est exclu du lycée pour « paresse et indiscipline » en mars 1876. Il rentre alors à Nancy, où il suit les cours d'un précepteur, tout en parcourant secrètement des lectures légères. Il veut dans ses lectures avec Gabriel Tourdes « jouir d'une façon complète de ce qui est agréable au corps et à l'esprit ». Cette boulimie de lecture amène les deux compères à se plonger dans les œuvres de l'Arioste, de Voltaire, Érasme, Rabelais et Laurence Sterne.
En juin 1876, il intègre Saint-Cyr, où il est admis à la 82e place sur 412. Il est l'un des plus jeunes de sa promotion. Son grand-père l'émancipe ; il devient majeur à dix-huit ans, et peut alors jouir d'un important héritage.
Il mène une vie dissolue en compagnie de ses camarades de la promotion Plewna, dont fait également partie Philippe Pétain. Des examens médicaux révèlent chez lui une obésité précoce. Poursuivant ses études malgré son peu d'assiduité au travail, Charles se confie régulièrement à son ami Gabriel Tourdes, auquel il décrit son ennui profond à Saint-Cyr, et évoque avec nostalgie sa vie auprès de son grand-père. La santé de ce dernier se détériore, et il meurt le 3 février 1878. Charles, déjà mélancolique, confie alors à Gabriel Tourdes sa douleur : « On m'enlève du même coup ma famille, mon chez moi, ma tranquillité, et cette insouciance qui était si douce. Et tout cela je ne le retrouverai plus jamais ». Malgré son attitude, que beaucoup considèrent comme déplorable — il est souvent puni pour des petits actes d'indiscipline — Charles de Foucauld est reçu, de façon médiocre, au terme des deux années de préparation, à l'école de cavalerie de Saumur. Il décrit à Gabriel Tourdes son ennui et sa vision de Saint-Cyr : « Tu me demandes si, en quittant Saint-Cyr, je ne sais s'il faut rire ou pleurer: Foutre! Oui! Je le sais: il faut rire, et terriblement, et furieusement, c'est effroyable: tu ne figures pas quel enfer est Saint-Cyr ».
À Saumur, il mène une vie dissolue, profitant à dix-neuf ans de l'important patrimoine dont il a hérité. Celui-ci s'élève à plus de 353 500 francs. Il s'emploie à les dépenser lors de soirées agitées en compagnie de son compagnon de chambrée, le marquis de Morès, noceur impénitent. Surnommé le « lettré fêtard », il profite alors de sa fortune pour faire venir des prostituées de Paris qui défilent dans sa chambre, et qu'il traite avec peu de respect. Cette attitude libertine se double d'une indiscipline volontaire et répétée. Il est puni de nombreuses fois pour désobéissance, quittant l'école sans autorisation, étant en retard, ne se levant pas le matin… Il a plus de dix-neuf jours d'arrêt simple et quarante jours d'arrêt de rigueur. Aux examens de sortie, Charles est classé 87e sur 87.
Nommé en octobre 1879 à Sézanne dans la Marne, il ne s'y plaît pas et demande à être muté. Charles est alors affecté en 1880 au 4e hussard (qui deviendra le 4e Chasseurs d'Afrique) à Pont-à-Mousson. C'est alors la période la plus dissolue de sa vie. Il donne des fêtes qui tournent à l'orgie. Il dépense son argent dans l'achat de livres, de cigares et en soirées. Il vit en concubinage avec Marie Cardinal, une actrice qui travaille à Paris, s'affiche avec elle, et est puni pour s'être « commis en public avec une femme de mauvaise vie ». Sa tante, inquiète de ses frasques, lui écrit et le fait placer une première fois sous conseil judiciaire afin d'éviter qu'il ne dilapide sa fortune. Il écrit au sujet de cette période : « J'étais moins un homme qu'un porc ».
Il est envoyé à Sétif, en Algérie française, avec son régiment, et emmène sa concubine alors que son colonel le lui a interdit. Condamné à trente jours d'arrêt, puis à la prison, pour sa conduite qui fait scandale, il est mis temporairement hors-cadre de l'armée pour « indiscipline » en février 1881. Il a vingt-trois ans.
Il se retire à Évian et y vit avec Marie Cardinal. Mais apprenant que son régiment se bat en Tunisie, il demande sa réintégration — qui lui est accordée quelques mois plus tard — au 4e Chasseurs d'Afrique, acceptant de rompre avec sa concubine. Il affirmera ressentir alors « l'inquiétude vague d'une conscience mauvaise qui, tout endormie qu'elle est, n'est pas tout à fait morte ».
Charles de Foucauld rejoint ses camarades qui combattent la tribu des Kroumirs dans le Sud-Oranais, après l'insurrection dirigée par le marabout Bou-Amama. Au cours de cette campagne, il rencontre François-Henry Laperrine, qui devient son ami et a sans doute une influence morale sur lui. À la fin des combats, au bout de six mois de lutte, il part en garnison, fin 1881, à Mascara, en Algérie. Cette campagne a marqué un tournant dans la vie de Charles de Foucauld : non seulement il a fait preuve d'un bon comportement militaire, mais s'est aussi révélé être un bon chef, soucieux de ses hommes. Cette période correspond aussi à la fin de sa vie de débauche.
Il mûrit un projet de voyage en Orient : « J'aime bien mieux profiter de ma jeunesse en voyageant ; de cette façon, au moins, je m'instruirai et je ne perdrai pas mon temps ». Il demande un congé qui lui est refusé. Il démissionne alors de l'armée. Sa famille renforce son contrôle judiciaire, car il a déjà dilapidé plus d'un quart de son héritage

Explorateur au Maroc

Charles de Foucauld s'installe à Alger dès mai 1882 et y prépare son voyage. La rencontre avec Oscar Mac Carthy, géographe et conservateur de la bibliothèque d'Alger, confirme le projet : ce sera le Maroc, pays encore très mal connu. Il étudie pendant une année l'arabe et l'Islam, ainsi que l'hébreu. Suivant les conseils de Mac Carthy, il rencontre le rabbin Mardochée Aby Serour qui lui propose de devenir son guide et lui dit de se faire passer pour un Juif afin de mieux passer inaperçu dans ce pays alors interdit aux chrétiens et peuplé en majorité de tribus échappant au contrôle direct du sultan.
Le voyage commence le 10 juin 1883 en compagnie du rabbin Mardochée Aby Serour. Charles de Foucauld se fait alors appeler rabbin Joseph Aleman, disant être né en Moldavie, avoir été chassé de son pays par les Russes, et cherchant à visiter la communauté juive du Maroc. Il emporte avec lui tous les instruments de travail nécessaires à son expédition : sextant, boussoles, baromètres, thermomètres, cartes et papiers qu'il dissimule sur sa mule.
Il vit comme un pauvre, suivant son guide, et faisant le sabbat. Encore en Algérie, il croise à Tlemcen, le 13 juin, des officiers français qui ne le reconnaissent pas. L'un d'eux ricane en voyant Charles et dit « Regardez ce juif accroupi en train de croquer des olives. Il a l'air d'un singe ». Charles et Aby Serour arrivent au Maroc et bénéficient de l'hospitalité de familles juives. Charles monte sur la terrasse pour faire ses mesures pendant qu'Aby Serour fait le guet, détournant l'attention des éventuels curieux. Devant l'impossibilité de traverser le Rif sauvage, ils prennent la route de Fès. Charles décide d'explorer l'Est avant d'aller plus au sud. Devant les craintes d'Aby Serour, Charles engage, pour assurer leur sécurité, des cavaliers et négocie dans les différents villages la protection de caïds. Ils atteignent Meknès le 23 août, puis partent vers le sud malgré les vives réticences d'Aby Serour. Pendant les trajets, Charles note, sur un minuscule cahier dissimulé dans sa manche, ses remarques et des croquis, en s'abritant des regards de ses accompagnateurs. Le soir commence un long travail pour recopier sur un cahier de plus grande taille les différentes annotations prises pendant la journée. L'expédition atteint le Haut Atlas, le col de Tizi n'Telouet ; Charles est le premier européen à explorer cette partie du Maroc.

Charles est touché par la beauté des paysages, mais aussi par la piété musulmane. Il écrit dans ses notes de voyages : « Une nuit du destin, après le vingt-septième jour du ramadan. Alors, les démons sortent de la terre, ce qui justifie la nuit de prière pour se soustraire à leurs tentations. On comprend, dans le recueillement de nuits semblables, cette croyance des Arabes à une nuit mystérieuse, leïla el Kedr, dans laquelle le ciel s'entrouvre, les anges descendent sur la terre, les eaux de la mer deviennent douces et tout ce qu'il y a d'inanimé dans la nature s'incline pour adorer son Créateur ».
Il explore le Maroc jusqu'à Tissint située entre Tata et Foum Zguid avant de faire demi-tour devant les dangers et le manque d'argent. Abandonnant son compagnon de route, avec qui il a souvent des relations animées, il part à Mogador afin de demander de l'argent à sa famille. Il y reste plusieurs semaines, travaillant à rédiger son carnet de voyage. Une fois l'argent reçu, il rejoint Aby Serour. Ensemble, ils remontent le Haut Atlas, accompagnés par trois arabes censés les protéger mais qui les dépouillent, en leur laissant la vie sauve et sans dérober les instruments et carnets de Charles. Charles et Aby Serour se réfugient auprès de la communauté juive et regagnent l'Algérie après près de onze mois de voyage, au lieu des cinq prévus initialement.
Ce voyage au cœur du Maroc de juin 1883 à mai 1884, et la masse considérable de renseignements rapportés, notamment géographiques et ethnologiques, valent à Charles de Foucauld la médaille d'or de la Société de géographie de Paris le 9 janvier 1885. À la Sorbonne, il reçoit les palmes académiques pour son travail. De retour en France, il retrouve les siens, et notamment sa tante paternelle Inès Moitessier, mais la vie parisienne l'ennuie.
L'avant-dernier jour de l'année 1884, sa sœur Marie épouse Raymond de Blic, neveu d'Alexis de Tocqueville. Ils seront entre autres les parents de l'amiral Charles de Blic 1887-1965 qui aura pour parrain Charles de Foucauld.
Il repart pour Alger, où Mac Carthy lui présente un spécialiste de géographie, le commandant Titre. Charles rencontre ainsi la fille du commandant, Marie-Marguerite, avec qui il envisage de se marier. Sa famille s'oppose à ce mariage et après plusieurs mois de réflexion, il choisit de façon définitive le célibat. Il décide alors de repartir dans le Sahara, où il mène une seconde expédition, s'embarquant le 14 septembre 1885 pour Alger. Il découvre une partie du Sahara et dessine de nombreux croquis de cette expédition. Il rentre en France en février 1886.

La conversion

De février à octobre 1886, il loue une chambre à Paris près du domicile de sa cousine Marie de Bondy. Son attitude change et il se met à lire tant le Coran qu'« Élévation sur les mystères » de Bossuet, livre offert par Marie de Bondy. Il ne retrouve plus le plaisir d'antan dans les lectures coquines, qui le dégoûtent maintenant. Il mène une vie de plus en plus sobre, loin des frasques qui choquaient tant sa famille. Il travaille tout au long de l'année 1887 à la correction définitive de Reconnaissance au Maroc, qui paraît en 1888.
L'expérience au Maroc a été une révélation pour Foucauld. Il affirmera en 1901 : « L'Islam a produit en moi un profond bouleversement. La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m'a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines ». Sa méfiance vis-à-vis de la foi chrétienne s'estompe progressivement à travers les discussions avec sa cousine Marie de Bondy, au cours desquelles ils parlent religion. Marie de Bondy joue un rôle très important dans sa conversion. Il la décrit plus tard comme « l'ange terrestre » auquel il pourra se confier. Mais surtout, il participe à des dîners mondains qui changent sa perception de la foi : « À Paris je me suis trouvé avec des personnes très intelligentes, très vertueuses et très chrétiennes. Je me suis dit que peut-être cette religion n'était pas absurde ». Il se met à fréquenter la paroisse Saint-Augustin, où officie l'abbé Huvelin.
Il cherche alors à le rencontrer, et se décide à le voir dans le confessionnal de l'église Saint-Augustin le 30 octobre 1886. Charles de Foucauld exprime sa volonté de retrouver la foi. L'abbé Huvelin lui demande alors de se confesser, ce que Charles fait. Il lui donne ensuite la communion. C'est, d'après lui, une seconde révélation : « Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand. Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n'est pas Lui. ». Cette conversion pousse Charles à vouloir changer radicalement de vie, il devient croyant et commence à prier ; il lit le bréviaire et les pères du désert. L'abbé Henri Huvelin devient son père spirituel, et tente de modérer ses ardeurs. Il le met en garde devant une vocation religieuse trop rapidement discernée, et lui demande de prendre son temps. Très vite, des difficultés se présentent pour la foi de Charles : « Dans les commencements, la foi eut bien des obstacles à vaincre. Moi qui avais tout douté, je ne crus pas tout en un jour. Les miracles de l'Évangile me paraissaient incroyables ». L'abbé Henri Huvelin invite Charles à s'attacher à l'imitation du Christ et la méditation de l'Évangile. L'abbé Henri Huvelin affirme que « Jésus a tellement pris la dernière place que jamais personne n'a pu la lui ravir ». C'est là une deuxième révélation pour Charles de Foucauld, qui veut alors imiter le Christ. Après plus de dix-huit mois d'attente et d'obéissance au père Henri Huvelin, Charles approfondit sa vocation religieuse : il veut entrer dans un ordre qui « imite la vie cachée de l'humble et pauvre ouvrier de Nazareth », se sentant indigne d'être prêtre et de prêcher.
Le 19 août 1888 il visite la trappe cistercienne de Fontgombault et semble très attiré par la pauvreté radicale de cet ordre. En septembre 1888, il donne sa démission de l'armée après sa dernière période de réserve et apprend avec indifférence le succès de son ouvrage Reconnaissance au Maroc, unanimement loué par le monde scientifique.
Fin 1888, sur les conseils de l'abbé Huvelin, il part pour un pèlerinage de quatre mois en Terre sainte. Il arrive le 15 décembre 1888 à Jérusalem, visite Nazareth le 10 janvier 1889, où il approfondit son désir de prendre la dernière place. Il est de retour en France le 14 février 1889 et annonce qu'il veut rentrer à la Trappe. Sur les conseils de l'abbé Huvelin, il visite au mois de mai l'abbaye de Solesmes, puis la grande Trappe de Soligny. Le 20 septembre 1889, il lit Le Livre des fondations de Thérèse d'Ávila. Les écrits de Thérèse d'Ávila constituent dès lors, avec les Évangiles, la base de ses lectures spirituelles. Il prend la décision d'entrer à la Trappe de Notre-Dame des Neiges

A l'abbaye Notre-Dame-des-Neiges prière d'abandon

Après plus de trois ans de discernement, Charles décide, avec l'aval de son père spirituel, d'entrer à la Abbaye Notre-Dame-des-Neiges, en Ardèche. Dès le 18 décembre 1889, il lègue tous ses biens à sa sœur. Il fait ses adieux à Marie de Bondy le 15 janvier 1890, adieux très difficiles qui révèlent l'importance de son don total à Dieu. Il choisira cette date pour renouveler sa consécration à Dieu.
Il entre à Notre-Dame-des-Neiges le 16 janvier 1890. Il prend l'habit de novice et le nom de Frère Marie-Albéric. Charles aime immédiatement cette vie de pauvreté, de silence, de travail et de prière. Il se montre très détaché et devient vite un exemple au sein de la communauté par son obéissance et son humilité. Il explique à Marie de Bondy ce qu'il vit : « Dans ce triste monde, nous avons au fond un bonheur que n'ont ni les saints, ni les anges, celui de souffrir avec notre Bien-Aimé, pour notre Bien-Aimé. Quelque dure que soit la vie, quelques longs que soient ces tristes jours, quelque consolante que soit la pensée de cette bonne vallée de Josaphat, ne soyons pas plus pressé que Dieu ne le veut de quitter le pied de la Croix ». Sa recherche de la pauvreté se poursuit par son départ, à sa demande, pour la trappe cistercienne de Akbès, une fondation récemment faite 1886 par Notre-Dame-des-Neiges, près d'Alexandrette en Syrie ottomane, en plein territoire musulman. Il démissionne des membres réservistes de l'armée le 16 juillet 1891, puis de la Société de géographie. Il explique à sa cousine Marie de Bondy sa démarche dans une lettre : « Cette démarche me fait plaisir ; le 15 janvier j'ai quitté tout ce qui m'était un bien mais ils restaient en arrière ces misérables embarras, le grade, la petite fortune et cela me fait plaisir de les jeter par la fenêtre ».

À Akbès, la recherche de la perfection de Charles lui donne très vite la réputation d'un saint, malgré ses mortifications très importantes qui inquiètent tant son supérieur que l'abbé Henri Huvelin. Il expose ses goûts dans une quête de pauvreté et d'humilité : « Si on me parle d'études, j'exposerai que j'ai un goût très vif pour demeurer jusqu'au cou dans le blé et dans le bois et une répugnance extrême pour tout ce qui tendrait à m'éloigner de cette dernière place que je suis venu chercher dans cette abjection dans laquelle je désire m'enfoncer toujours plus à la suite de Notre-Seigneur... et puis, en fin de compte, j'obéirai ». Les supérieurs voient en lui le possible prochain supérieur de la Trappe et lui demandent de reprendre des études afin de devenir prêtre. Tout en regrettant ce choix, qui, à ses yeux, l'éloigne de la dernière place et de l'humilité qu'il recherche, Charles, dirigé par l'abbé Huvelin, s'exécute et commence des études de théologie.
Charles émet des doutes sur sa vocation trappiste. Il écrit à l'abbé Huvelin : « Vous espérez que j'ai assez de pauvreté. Non. Nous sommes pauvres pour les riches, mais pas pauvre comme je l'étais au Maroc, pas pauvre comme Saint François. Je le déplore sans me troubler. Sur cela aussi je garde le silence et l'obéissance. Peu à peu, sans me faire remarquer, je pourrai obtenir des permissions qui me feront mieux pratiquer la pauvreté ». Malgré les réserves qu'il exprime auprès du maître des novices, Dom Louis de Gonzague, au sujet du confort relatif du monastère, il prononce le 2 février 1892 ses vœux monastiques et reçoit la tonsure.
Les interrogations de Charles s'amplifient et se portent sur la possibilité de vivre plus profondément la pauvreté et l'oubli de lui-même. Ses lettres à l'abbé Huvelin montrent que ses interrogations sont de plus en plus constantes et fortes. L'abbé tente, là encore, de modérer les ardeurs de Charles. Le 26 août 1893, il écrit à l'abbé Huvelin son intention de créer un nouvel ordre religieux. Il prône une pauvreté absolue et une simplicité, en priant non pas en latin, mais dans la langue locale, ce qui annonce dans une certaine mesure la réforme liturgique introduite par concile Vatican. L'abbé Huvelin lui répond tardivement, lui demandant d'attendre et de continuer ses études en vue du sacerdoce, malgré ses réticences. Charles commence, dès 1895, à rédiger une règle. Devant le refus de ses supérieurs de fonder un nouvel ordre, il propose d'imiter la pauvreté de Nazareth en devenant ermite au pied de la Trappe. Il y renonce face aux difficultés que sa démarche poserait à l'Ordre auquel il appartient. Lors de l'une de ces médiations en 1896, Charles écrit son texte le plus fameux, la Prière d'abandon, résumant sa spiritualité :
« Mon Père, je me remets entre Vos mains ; mon Père je me confie à Vous, mon Père, je m'abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu'Il Vous plaira ; quoique Vous fassiez de moi, je Vous remercie ; merci de tout, je suis prêt à tout : j'accepte tout : je Vous remercie de tout ; pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre Volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre Cœur aime, je ne désire rien d'autre mon Dieu ; je remets mon âme entre Vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur, parce que je Vous aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre en Vos mains sans mesure : je me remets entre Vos mains, avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père »
Le 20 novembre 1895, l'abbaye d'Akbès est protégée par des soldats pendant que commence le génocide des Arméniens chrétiens. Charles qui veut être au plus proche des plus pauvres découvre enfin l'intérêt de la prêtrise face aux massacres de mars 1896 celui d'être au plus près de ceux qui souffrent et des plus pauvres : « point d'abri, ni d'asile, par ce froid terrible, point de pain, aucune ressource, des ennemis de toutes part, personne pour les aider ».
Charles refuse de faire ses vœux solennels, qui seraient définitifs. Avec l'accord de l'abbé Huvelin, qui ne doute plus de sa vocation particulière, il demande à être relevé de ses vœux temporaires. L'abbé Huvelin le mettra cependant vivement en garde contre son penchant pour la mortification : « Pour la mortification, vous ne la trouverez jamais suffisante. Dans votre âme, vous vous direz toujours : qu'est-ce que c'est que cela ?... et puis après ?... Vous avez besoin d'être défendu contre ce mouvement à l'infini qui amène l'inquiétude, et ne laisse jamais fixé quelque part – ce mouvement n'est possible que dans les cœurs où il n'y a jamais d'excès ». Ses supérieurs religieux lui opposent un refus et l'enjoignent de gagner l'Abbaye de Staouëli en Algérie. Le 10 septembre 1896, il part pour l'Algérie. Face à la détermination de Charles, ils décident de l'envoyer à Rome, afin qu'il étudie en vue du sacerdoce. Charles obéit, et arrive à Rome le 27 octobre 1896. Il affirme que l'obéissance est pour lui source de paix : « Cette habitude de demander ce que l'on doit faire, même pour les petites choses, a mille bons effets : elle donne la paix ; elle habitue à se vaincre ; elle fait regarder comme rien les choses de la terre ; elle fait faire une foule d'actes d'amour. ». L'Abbé Général des trappistes est bientôt convaincu de la vocation personnelle de Charles de Foucauld et décide de le dispenser de ses vœux le 23 janvier 1897.

Vie à Nazareth

Charles de Foucauld quitte Rome le 26 février, après avoir reçu l'approbation de l'abbé Huvelin, auquel il obéit comme si celui-ci était son supérieur, il demande à être jardinier, avec pour seul salaire un morceau de pain et l'hébergement dans une cabane. Il répare les murs de la clôture, fait des commissions pour les religieuses, dessine des images pieuses, tout en s'octroyant de nombreux temps de prière. Les clarisses s'inquiètent de son régime alimentaire et lui donnent des figues et des amandes qu'il redistribue secrètement aux enfants. Charles confesse à son père spirituel ses défauts « Prières mal faites... Paresse à me lever... Gloutonnerie. Désirs d'élévation, comme être supérieur à la Trappe », mais celui-ci cherche à tempérer ses scrupules et sa recherche immodérée de la mortification.
Il commence à rédiger ses méditations, pour « fixer les pensées », écrivant plus de 3 000 pages en trois ans. Ce sera sa plus grande période mystique et le fondement de sa spiritualité, faite de grands moments de joies intérieures. Il conçoit sa vocation comme celle de « crier l'Évangile sur les toits, non par ta parole, mais par ta vie ». Ses méditations le conduisent progressivement à ne plus vivre uniquement en présence de Dieu, et « jouir tout seul » du Christ, mais à imiter Jésus pour aller vers les autres. « L'âme voit qu'elle jouit, qu'elle jubile, qu'elle reçoit beaucoup. Mais elle ne rend rien, elle reste inutile. Et plus je jouissais, plus je désirais travailler ».
Menant cette vie d'ascèse, Charles acquiert une réputation de sainteté auprès des Clarisses de Nazareth, et la supérieure des Clarisses de Jérusalem veut alors le rencontrer. Elle l'encourage au sacerdoce et à la fondation d'un ordre religieux. Il passe une semaine de retraite spirituelle à Aphram-Taybeh en mars 1898. Il choisit de se faire appeler Charles de Jésus, et en mai 1900 prend pour devise : « Jesus Caritas ». Malgré certains doutes et tâtonnements sur sa vocation de fondateur, Charles croit trouver la solution en achetant le Mont des Béatitudes afin de s'y installer comme prêtre ermite. Après avoir demandé de l'argent à sa sœur, il paie le terrain, mais il est en fait victime d'une escroquerie. Encouragé par son père spirituel et la supérieure des Clarisses de Jérusalem, Charles demande à être ordonné auprès du patriarche de Jérusalem. Celui-ci lui dit d'attendre. Le projet n'aboutissant pas, il se décide à se préparer au sacerdoce en France.
À la fin du mois d'août 1900, Charles s'embarque pour Marseille. Il revoit, pour la première fois depuis dix ans, l'abbé Huvelin. Il gagne le lendemain la trappe de Notre-Dame-des-Neiges, et part pour Rome afin d'obtenir l'autorisation de devenir prêtre. Après avoir reçu les ordres mineurs, le 7 octobre 1900, il est enfin ordonné prêtre au Grand Séminaire de Viviers, le 9 juin de l'année suivante. Il se décide alors à partir pour le désert du Sahara.

Ermite au Sahara Prêtre ermite à Béni-Abbès

Charles part pour Béni-Abbès, dans le désert d'Algérie. Il débarque à Alger en septembre 1901, où il s'installe chez les Pères blancs ; rencontre Mgr Guérin, l'évêque du diocèse de Béni-Abbès, à Ghardaïa. Puis il part en direction de Béni-Abbès, accompagné par des militaires qui l'accueillent avec joie, d'autant plus qu'ils voient en Charles de Foucauld l'un de leurs frère du fait de son passé militaire.
Au mois d'octobre 1901, le Père de Foucauld s'installe à Béni-Abbés, une oasis située sur la rive gauche de la Saoura, au sud de l'Oranie, dans le Sahara occidental. Il édifie avec l'aide des soldats présents une « Khaoua » (fraternité), composée d'une chambre d'hôte, d'une chapelle, et de trois hectares de potager, achetés grâce à l'aide de Marie de Bondy. La chapelle est terminée le 1er décembre 1918. Sa vie s'organise autour d'une règle stricte : cinq heures de sommeil, six heures de travail manuel entrecoupé de longs temps de prières. Il est cependant très vite débordé par les longs moments qu'il prend pour écouter les pauvres et les militaires qui viennent le voir. Il décrit à Gabriel Tourdes son état d'âme : « vivant du travail de mes mains, inconnu de tous et pauvre et jouissant profondément de l'obscurité, du silence, de la pauvreté, de l'imitation de Jésus. L'imitation est inséparable de l'amour. Quiconque aime veut imiter, c'est le secret de ma vie. Prêtre depuis le mois de juin dernier, je me suis senti appelé aussitôt à aller aux brebis perdues, aux âmes les plus abandonnées, afin d'accomplir envers elles le devoir de l'amour. Je suis heureux, très heureux, bien que je ne cherche en rien le bonheur ».

Le 9 janvier 1902, il rachète la liberté d'un premier esclave, qu'il appelle Joseph du Sacré-Cœur. Une partie de l'année 1902 est consacrée à un échange de correspondance avec Mgr Guérin, préfet apostolique du Sahara, au sujet de sa lutte contre l'esclavage dans le Hoggar. L'année suivante, il songe à accomplir des voyages au Maroc et à y installer une fraternité. Il voudrait être rejoint par des compagnons auxquels il demanderait trois choses : « être prêts à avoir la tête coupée — être prêts à mourir de faim — à lui obéir malgré son indignité ».
Le 27 mai 1903 Charles de Foucauld reçoit la visite de Mgr Guérin. Charles cherche un compagnon en vue de l'évangélisation et demande à aller vers le Sud afin de préparer celle-ciA. Le commandant François-Henry Laperrine s'intéresse à la présence de Charles de Foucauld et cherche à le faire venir dans sa tournée d'approvisionnement vers le sud. Charles s'y montre d'autant plus favorable que François-Henry Laperrine semble vouloir utiliser des méthodes beaucoup moins violentes que ses prédécesseurs. Le 18 juin 1903 Charles demande à Mgr Guérin l'autorisation d'accompagner Laperrine, mais la rébellion des tribus contre la présence coloniale rend impossible cette démarche. Apprenant l'ouverture de ce conflit, Charles part toutefois le 2 septembre 1903 dans le Sud afin de secourir les blessés des combats de Taghit et d'El-Moungar. Il revient et rédige une petite introduction au catéchisme qu'il intitule L'Évangile présenté aux pauvres nègres du Sahara. Quelque temps plus tard, François-Henry Laperrine lui demande de venir avec lui lors de la prochaine tournée d'approvisionnement dans le Sud. L'abbé Henri Huvelin lui écrit d'« aller où vous pousse l'Esprit ».

Tournée dans le Sahara

Charles part en tournée d'apprivoisement le 13 janvier 1904, en direction du sud, vers le Hoggar. Le 1er février 1904 lui et ses compagnons arrivent à l'oasis Adrar où ils rejoignent le commandant Laperrine. La tournée se poursuit vers Akabli. Charles note alors tous les lieux possibles d'installation. Il collecte des informations sur la langue touarègue auprès des populations du sud du Sahara central et y commence la traduction des Évangiles afin de pouvoir la transmettre aux Touaregs.
Il découvre l'attitude de certains militaires coloniaux, qui le déçoit. Arrivée non loin de la frontière algérienne en cours de stabilisation, la tournée doit faire demi-tour et rejoindre Tit. Charles souhaite s'y installer mais le commandant Laperrine refuse. La tournée s'achève à Ain Salah en septembre. Charles rejoint Mgr Guérin le 22 septembre 1904 et il rentre à Béni-Abbès le 24 janvier 1905.
Intrigué par Charles de Foucauld, le général Hubert Lyautey, nommé en Algérie, décide de le visiter à Béni-Abbès le 28 janvier 1905. De cette rencontre naît une amitié réciproque et une certaine admiration de Lyautey pour Charles. Charles rédige au cours de cette période les Méditations sur les Saints Évangiles. Au mois d'avril 1905, le commandant Laperrine prie Charles de Foucauld de repartir avec lui dans une tournée dans le Hoggar. Après avoir demandé conseil à Mgr Guérin et l'abbé Huvelin, il participe à nouveau aux tournées d'approvisionnement. Il part le 8 juin 1905, continue sa vie de prière tout en apprenant le tamahaq. Le 25 juin 1905 ils rencontrent l'amenokal (chef de tribu) Moussa Ag Amastan, qui décide de faire alliance avec l'autorité française. Charles de Foucauld et Moussa Ag Amastan se découvrent et semblent s'apprécier mutuellement. De leur rencontre naît une amitié profondeF 18. Le Touareg autorise Charles de Foucauld à s'installer dans le Hoggar, ce que fait ce dernier en se dirigeant vers Tamanrasset.

Tamanrasset

Charles arrive à Tamanrasset le 13 août 1905, accompagné de Paul, un ancien esclave. Il se construit une maison en pierre et terre séchée. Charles a désormais pour objectif de mieux connaître la culture touarègue, et fait de la rédaction d'un dictionnaire touareg-français une priorité de son apostolat. Il aide les populations qu'il rencontre et continue à distribuer médicaments et aliments afin d'être en confiance avec eux et « leur prouver que les chrétiens les aiment ».
Le 25 août 1905, Moussa Ag Amastan obtient officiellement des autorités françaises l'investiture d'amenokal du Hoggar. Il visite à plusieurs reprises Charles de Foucauld et lui demande conseil sur l'attitude à adopter face aux autorités françaises. Charles lui conseille de rechercher le bien de son peuple, ainsi que de développer l'instruction et le droit des femmes. Paul, qui l'accompagnait, décide de quitter Tamanrasset en mai 1906. Resté seul, Charles ne peut donc plus dire la messe, une personne au moins étant requise dans l'assistance, à l'époque, pour pouvoir célébrer.
Les études de Charles lui permettent de découvrir la complexité insoupçonnée de la langue et de la culture touarègues. Il écrit à Marie de Bondy : « Ici ma vie est surtout employée à l’étude de la langue touarègue. C’est beaucoup plus long que je ne croyais, car la langue est très différente de ce qu’on croyait ; on la croyait très pauvre et très simple ; elle est au contraire riche et moins simple qu'on ne pensait ». Il fait venir durant l'été 1906 son ami Motylinski afin qu'il l'aide à terminer son dictionnaire touareg-français. Après le départ de Motylinski, Charles décide, en septembre 1906, de repartir pour Béni-Abbès. Il envisage de répartir son temps entre les deux régions : trois mois à Béni-Abbès, six mois à Tamanrasset, trois mois à voyager d'un site à l'autre ; mais il finira par abandonner définitivement Béni-Abbès.
Son retour à Tamanrasset révèle le fort attachement des Touaregs à « Frère Charles de Jésus », où il est accueilli avec joie. Il reçoit souvent des officiers français, dont le capitaine Edouard Charlet, avec lesquels il a des échanges très fructueux. Charles perçoit cependant, dans l'attention qu'ils lui témoignent, un obstacle à sa recherche de la dernière place.
Le 29 novembre 1905 il rejoint Mgr Guérin à la Maison Carrée des Pères Blancs et lui demande d'envoyer des religieuses. Ce dernier le lui refuse, arguant d'un climat difficile en France, lié à la Loi de séparation des Églises et de l'État, la division des Français au sujet de l'Affaire Dreyfus et les tensions entre l'Allemagne et la France au sujet du Maroc. Cependant, Mgr Guérin agrée en partie les demandes de Charles de Foucauld, en l'autorisant à vivre, pour la première fois, sa règle de vie religieuse, en compagnie de frère Michel. Il a l'autorisation exceptionnelle de pouvoir exposer le Saint-Sacrement pour l'adoration eucharistique lorsqu'il y aura deux adorateurs pendant au moins trois heures.
Ils repartent pour Béni-Abbès le 10 décembre et voient le général Lyautey. Le frère Michel et Charles de Foucauld partent ensuite en direction de In Salah, mais très vite la santé de frère Michel se dégrade, celui-ci ne supportant pas l'austérité et les pénitences. Ils interrompent alors leur voyage durant un mois et Charles étudie le touareg avec Ben-Messis, un lettré arabe. Ils travaillent sans relâche. Le 14 mars 1907, il apprend la mort de son ami Motylinski.
Face à l'impossibilité pour frère Michel de s'adapter à la dure règle de vie de Charles, il le renvoie. Le frère Michel repart vers Alger avec une compagnie militaire. Charles finit son travail sur le dictionnaire touareg-français qu'il donne à Laperrine afin de le publier. Par humilité, il impose que la publication ne se fasse pas sous son nom, mais au nom du défunt Motylinski.
De juillet 1907 à Noël 1908, Charles reprend sa vie érémitique à Tamanrasset, recueillant des poésies touarègues contre quelques sous et travaillant plusieurs heures par jour. Cependant, Charles reste profondément seul. Il ne reçoit aucun courrier pendant plus de six mois. Il n'a pas non plus la possibilité de célébrer la messe, de garder l'Eucharistie, et donc d'adorer. Il n'a encore fait aucune conversion. Ces difficultés se font d'autant plus grandes que la famine touche le Hoggar. Charles doute alors de son efficacité, mais veut rester avec les plus pauvres. Il donne sa nourriture aux victimes de la famine et passe Noël sans célébrer la messe. Le 7 janvier 1908, épuisé et amaigri, Charles ne peut plus bouger et croit mourir. Lui qui distribuait des vivres est alors sauvé par les Touaregs qui lui donnent, en pleine famine, du lait de brebis. Cet épisode marque une deuxième conversion de Charles de Foucauld, qui vit alors un appel à un plus grand abandon spirituel.
Apprenant que Charles est malade, Laperrine lui fait parvenir des vivres. Le 31 janvier 1908, Mgr Guérin lui envoie de Rome une lettre venant du pape Pie X qui l'autorise exceptionnellement à célébrer la messe sans servant. Cette autorisation le met dans une grande joie. Ces récents évènements, dont le fait d'avoir été sauvé par les Touaregs, changent profondément la manière de voir de Charles de Foucauld. Il ne cherche plus à convertir, mais à aimer ; il écrit à Mgr Guérin :« Je suis ici non pour convertir d'un seul coup les Touaregs, mais pour essayer de les comprendre et les améliorer. Je suis certain que le bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes sans qu'ils soient catholiques romains ». Il reprend et continue son travail sur la culture et la langue touarègues. Il travaille jusqu'à onze heures par jour à des travaux linguistiques qui l'absorberont jusqu'à sa mort : rédaction d'un lexique, transcription, traduction et commentaire de poésies touarègues.
L'armée construit un nouveau fort à quelques kilomètres de Tamanrasset, Fort-Motylinski. Charles veut fonder une association de laïcs, et demande l'approbation de l'abbé Huvelin et de Mgr Guérin pour aller en France afin de développer cette association. Le 28 octobre 1908, Charles reçoit les encouragements de l'abbé Huvelin et décide donc de partir. Le 16 février 1909 il embarque d'Alger pour la France

Le début de la fraternité

Photo de Charles de Foucauld en France avec Marie de Bondy au milieu, le gendre de Marie, le marquis de Forbin, et, debout à l'arrière, Ouksem ag Chikat, le jeune Touareg qui a accompagné Foucauld lors d'un voyage en France en 1913
Charles arrive à Paris le 18 février 1909. Il y retrouve l'abbé Huvelin et lui présente les statuts de son Union de laïcs. Il y rencontre également Louis Massignon, converti récemment, avec qui il prie à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre le 21 février 1909. Charles voit en Massignon son héritier et lui propose de le rejoindre dans le désert, mais celui-ci refuse. Le 25 février 1909, Charles fait la connaissance du fils de Marie de Bondy, se rend à la trappe Notre-Dame-des-Neiges afin de promouvoir son association de laïcs, puis rencontre Mgr Bonnet. Il passe quelques jours avec sa sœur Marie et repart pour l'Algérie le 7 mars.
Il arrive à In Salah et invente un chapelet, le Chapelet de l'amour, pour chrétiens et musulmans. Mgr Bonnet et Mgr Livinhac, Supérieur général des Pères Blancs, approuvent les statuts de l'« Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur »,pieuse union, tout en attendant l'autorisation de Rome.
Le 11 juin, Charles retourne à Tamanrasset. Il poursuit ses travaux auprès des Touaregs et son lexiqueB 76. Il entreprend d'organiser la confrérie apostolique des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus. Il fait une tournée d'approvisionnement avec le commandant Laperrine en septembre et découvre l'Assekrem. Il revient ensuite à Tamanrasset et y reprend sa vie habituelle.
En avril 1910, il part de nouveau pour une tournée avec Laperrine. Il décide de construire, avec l'aide de soldats, un ermitage au sommet de l'Assekrem, ce qui lui permettrait de vivre à l'écart des visites et à l'abri de la chaleur de l'été saharien. Le 31 octobre 1910 Charles retourne à Tamanrasset, où il se trouve surchargé : la pluie étant revenue, de nombreux nomades sont revenus près de Tamanrasset et sollicitent son aide.
Entre-temps, au mois de septembre 1910, Moussa ag Amastan fait une visite officielle en France. Charles le recommande auprès de sa famille, et Moussa la visite. Il lui écrit, voyant la richesse de la famille Foucauld, son incompréhension : « toi tu vis comme un pauvre ».

Les mois qui suivent sont marqués par de nombreuses séparations. Charles apprend la mort de Mgr Guérin à l'âge de trente-sept ans le 19 mars 1910. Quelques jours plus tard, son ami de promotion, le commandant La Croix, meurt à Alger. Il apprend le 15 août la mort de son père spirituel, l'abbé Henri Huvelin, décédé le 10 juillet. En outre, le commandant Laperrine est muté et doit quitter le Sahara à la fin de l'année.
Charles veut cependant développer sa confrérie. Il repart en France le 2 janvier 1911 et en revient le 3 mai. Il consacre les deux mois suivants à ses travaux sur le lexique, mais aussi à la construction de maisons en dur pour le village, entre autres pour Moussa Ag Amastan, tout en aidant au développement de l'hygiène, dont il apprend les rudiments aux Touaregs.
En juillet 1911, il part pour son ermitage dans l'Assekrem qu'il agrandit. Devant sa santé qui se détériore, il écrit son testament : « Je désire être enterré au lieu même où je mourrai et y reposer jusqu'à la résurrection. J'interdis qu'on transporte mon corps, qu'on l'enlève du lieu où le bon Dieu m'aura fait achever mon pèlerinage. »
De retour à Tamanrasset pour Noël 1911, il se passionne pour les missions d'étude du TranssaharienB 75, aidant à la reconnaissance des possibles passages du train. Il participe à la mission d'étude, trouvant des guides touaregs pour l'exploration de pistes possibles, utilisant ses baromètres pour les relevés altimétriques demandés par les scientifiques.
La fin de l'année 1912 et le début de l'année 1913 sont marqués par le développement d'une instabilité politique dans le Sahara avec des menaces de rezzous venant du MarocB 81. Charles achève la rédaction de son lexique touareg et commence sa relecture. Il songe à aller de nouveau en France pour développer son Union de laïcs. Du 22 avril au mois de septembre 1913, il entreprend ce voyage. Il visite sa famille et ses amis, dont François-Henry Laperrine. Il apprend que le général Hubert Lyautey est critiqué pour sa gestion trop « pacifique » du Maroc : Charles de Foucauld l'encourage alors à ne pas démissionner, et le défend auprès des personnes qu'il rencontre. Il accepte les dîners mondains afin de réaliser cette tâche. Il participe à une conférence à la Sorbonne sur le projet du Transsaharien. Il rencontre l'abbé Antoine Crozier qui a rassemblé les 26 premiers membres de l'Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus et l'appuie dans ce projet. Sa rencontre avec le cardinal Léon-Adolphe Amette est moins fructueuse : celui-ci le reconduit froidement après l'avoir reçu. Charles rentre en Algérie le 28 septembre et arrive à Tamanrasset le 22 novembre, où il reprend son travail habituel.

Assekrem
La guerre et la mort

Le 3 septembre 1914, il apprend la déclaration de guerre en Europe. Malgré sa santé de plus en plus précaire, il hésite à partir sur le front afin de devenir aumônier militaire. Finalement il écrit à sa cousine Marie, après de multiples débats de conscience : « Vous sentez qu'il m'en coûte d'être si loin de nos soldats et de la frontière : mais mon devoir est, avec évidence, de rester ici pour aider à y tenir la population dans le calme ». Il tâche alors de minimiser auprès des Touaregs l'importance des combats qui ont lieu en France. À la fin de l'année 1914, il tombe malade.
Le développement de son Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus est arrêté par la guerre, mais Charles continue d'approfondir son règlement, développant le cœur de sa théologie. Il s'intéresse aux travaux qui visent à l'installation de la transmission sans fil, ainsi qu'à l'apparition de pistes automobiles. Il aide l'armée à tracer des pistes dans le Hoggar, espérant apercevoir bientôt les premiers véhicules.
Charles sécurise son ermitage de Tamanrasset en construisant, entre l'été 1915 et l'été 1916, un fortin en briques pour donner à la population un refuge en cas d'attaque. Il contient des vivres, un puits, et des armes.
Le 24 mars 1916, Djanet tombe à la suite de rezzous opérant à partir du Maroc espagnol et se multipliant.
Charles de Foucauld refuse de s'installer avec l'armée à Fort Motylinski, préférant demeurer auprès des Touaregs. En juin 1916, ses voisins touaregs lui conseillent pourtant de se réfugier dans le fort. Cependant, le danger ne vient finalement pas du Maroc. Une grande partie de la population du Sahara et du Sahel se soulève contre l'occupant français, à l'instigation de la confrérie senousiste venant de Tripoli. Le 28 novembre, Charles a fini la relecture du lexique touareg-français. Il écrit à sa cousine Marie de Bondy, dans ce qui sera sa dernière lettre : « On trouve qu'on n'aime jamais assez, mais le bon Dieu qui sait de quelle boue il nous a pétris et qui nous aime bien plus qu'une mère ne peut aimer son enfant, nous a dit, Lui qui ne ment pas, qu'il ne repousserait pas celui qui vient à Lui ».
Des pillards venus de Tripoli entendent parler de Charles de Foucauld, et veulent alors l'enlever. Les motifs du rapt sont sans doute financiers, les pillards espérant obtenir une rançon contre sa libération. Le 1er décembre, un Touareg connu de Charles de Foucauld trahit sa confiance et permet aux Senoussistes d'investir le fortin. L'arrivée de deux tirailleurs algériens les surprend et, dans la panique, l’adolescent auquel on avait confié la garde de Charles de Foucauld l'abat d'une balle dans la tempe.
Si pour Jean-Jacques Antier, Charles est ligoté par les assaillants qui l'humilient, lui crachent dessus et pillent le fortin, pour Jean-François Six, les circonstances de la mort de Charles de Foucauld ne font pas de lui un martyr : voir ci-dessous l'image du martyr.

Le soir même, les Touaregs l'enterrent à même le sol, avec les musulmans, à quelques mètres de la porte où il est mort. Le général Laperrine arrive sur les lieux le 15 décembre et déplace le corps à quelques mètres de là. Il est encore déplacé pour être mis dans un tombeau, le 26 avril 1929, à El Goléa, appelé aujourd'hui El Méniaa.
Après la mort de Charles de Foucauld, ses amis touaregs comme Ouksem entrent en dissidence contre l'armée française : en décembre 1916 ou en 1917, la tribu des Dag-Ghali se rallie à l'insurrection senoussiste, à laquelle les autorités coloniales répondent par une « cruelle répression », les militaires français se livrant à des expéditions punitives : ils « chassaient les troupeaux et les gens, razziaient et faisaient des prisonniers ».

La spiritualité de Charles de Foucauld

Lectures et sources d'inspiration
Charles de Foucauld aime lire quelques livres de son époque ; un article paru dans Excelsior, « Comment aimer Dieu? » a profondément inspiré sa vie intérieure. Il tient absolument à rencontrer son auteur, Antoine Crozier, un prêtre stigmatisé, qui devint son ami et l'influença dans la création d'une confrérie du Sacré-Cœur. Il fait venir de Rome la Somme Théologique de saint Thomas d'Aquin.Il est imprégné de la lecture des très grands auteurs mystiques comme Thérèse d'Avila et Jean de la Croix ; Jean Chrysostome est l'objet de ses méditations quotidiennes. On retrouve aussi quelques livres d'importance mineure, comme Jésus Adolescent, livre du chanoine Caron, un de ses amis, ou Les Quatre Évangiles en un seul, du chanoine Weber. Dès sa conversion, il a lu les Pères du Désert. Un court texte, le Modèle unique, résume la spiritualité de Charles de Foucauld : l'Évangile, le Sacré-Cœur et la Sainte-Face de Jésus. Quand Charles de Foucauld revient en France en avril 1909, il passe une nuit de prière, avec Louis Massignon, dans la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. L'adoration du Saint-Sacrement et en particulier l'adoration nocturne est un fondement de sa spiritualité. Il lisait et méditait la Bible en arabe, éditée par les Pères de Beyrouth.

L'imitation de la vie de Nazareth

El-Goléa
La conversion de Charles de Foucauld est marquée par les mots de l'Abbé Henri Huvelin « Jésus a tellement pris la dernière place que jamais personne n'a pu lui ravir ». Cette phrase est issue de la « parabole de la Noce et des Invités » Luc, « Jésus dit aux invités une parabole, parce qu'il remarquait qu'ils choisissaient les premières places; il leur dit : Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, de peur qu'on ait invité quelqu'un de plus important que toi, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire : « Cède-lui la place » ; alors tu irais tout confus prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place, afin qu'à son arrivée celui qui t'a invité te dise : « Mon ami, avance plus haut ». Alors ce sera pour toi un honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car tout homme qui s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé ». Il remarque alors qu'il n'y a rien d'autre pour lui que cette chère dernière place. Charles veut alors imiter Jésus. C'est ainsi dans cet objectif qu'il part pour Tamanrasset, loin de la capitale. Cette imitation (imitatio Christi en latin liturgique) le conduit à vouloir l'imiter dans sa vie cachée, qui correspond à la période de la vie de Jésus de Nazareth qui n'est pas mentionné dans le Nouveau Testament, avant sa vie publique. Charles perçoit dans cette vie cachée une profonde humilité et abnégation de Jésus.
À travers l'humilité, Charles recherche la dernière place. Il ne veut pas se différencier des personnes avec qui il vit ; il mène une vie similaire à elles, travaillant pour gagner sa vie, refusant de manifester sa supériorité du fait de son statut de prêtre. Il écrit à son ami Gabriel Tourdes « vivant du travail de mes mains, inconnu de tous et pauvre et jouissant profondément de l'obscurité, du silence, de la pauvreté, de l'imitation de Jésus. L'imitation est inséparable de l'amour. Quiconque aime veut imiter, c'est le secret de ma vie ».
Cette imitation de la vie cachée de Jésus conduit Charles à développer toute une spiritualité personnelle, ainsi qu'une vision personnelle de l'apostolat. Alors que les missionnaires cherchaient traditionnellement à prêcher, à l'image de la vie publique de Jésus, Charles au contraire veut développer un apostolat dans le silence et la discrétion. Il perçoit sa vocation comme celle de vivre la vie de Nazareth, il écrit en 1905 « Mes dernières retraites de diaconat et de sacerdoce m'ont montré que cette vie de Nazareth, ma vocation, il fallait la mener, non dans la Terre Sainte tant aimée, mais parmi les âmes les plus malades, les brebis les plus délaissées ». Il acquiert la conviction que cette vie de Nazareth peut se vivre partout, il cherche ainsi à « Prendre pour seul exemple la vie de Jésus à Nazareth. Qu'il daigne me convertir. Me rendre tel qu'il me veut. L'aimer, lui obéir, l'imiter ». Charles approfondit alors un nouvel apostolat par les relations quotidiennes avec le milieu social, à l'image de Priscilla et Aquila dans les Actes des apôtres.

L'eucharistie

La spiritualité de Charles de Foucauld donne une très grande importance à l'eucharistie, dans laquelle il reconnaît la présence de Jésus caché dans l'hostie. L'imitation de la vie cachée de Jésus et l'eucharistie participent de la même logique pour Charles de Foucauld. Il place l'adoration eucharistique comme « l'œuvre caractéristique, spéciale » de l'Union des laïcs dont il a écrit les statuts. Pendant toute sa vie, il passe ainsi des heures à adorer le Saint-Sacrement et considère cette prière comme prioritaire sur toute autre activité. Il veut apporter l'eucharistie dans les lieux où celle-ci est la moins présente, c'est-à-dire dans le Sahara. Dans ses méditations, il affirme que c'est cette adoration de l'eucharistie qui le conduit à vouloir aller vers les autres. Il écrit lorsqu'il est à Nazareth : « L'âme voit qu'elle jouit, qu'elle jubile, qu'elle reçoit beaucoup. Mais elle ne rend rien, elle reste inutile. Et plus je jouissais, plus je désirais travailler ».
Après avoir été ordonné prêtre, Charles continue à accorder une importance primordiale à l'eucharistie. Dans sa solitude en plein Sahara, il écrit à Marie de Bondy qu'il est avec son « meilleur ami » et que « rien ne lui manque ». Il affirme « Quand on voit la sainte hostie, que dire sinon que la nuit de cette vie a perdu ses ténèbres?... À côté d'elle, tous les rois de la terre sont comme s'ils n'étaient pas, de purs néants ».
Charles de Foucauld développe une conception originale de l'eucharistie, qui constitue une nouveauté théologique. Il croit que la présence eucharistique rayonne, donne des grâces et permet, par sa simple présence, la sanctification de personnes qui vivent à proximité.
Cet amour de l'eucharistie se déploie au fil du temps : il écrit en 1907, à propos de sa dévotion à l'eucharistie : « Autrefois, j'étais porté à voir d'une part l'infini, le saint sacrifice, d'autre part le fini, tout ce qui n'est pas lui, et à toujours tout sacrifier à la célébration d'une sainte messe... Mais ce raisonnement doit pécher par quelque chose, puisque, depuis les apôtres, les plus grands saints ont sacrifié en certaines occasions la possibilité de célébrer à des travaux de charité spirituelle, voyages ou autres ». Il choisit de partir à Tamanrasset afin de vivre un plus grand amour du prochain, quitte à ne plus pouvoir célébrer la messe, ni adorer l'eucharistie, malgré la vraie souffrance que cette séparation entraîne. Il cherche alors à faire rayonner, dans la charité envers les autres, l'amour qu'il porte à l'eucharistie. Il veut voir « Jésus en tous les humains ». Il écrit quatre mois avant sa mort à Louis Massignon : « Il n'y a pas, je crois, de parole de l'Évangile, qui ait fait sur moi une impression et transformé davantage ma vie que celle-ci : « Tout ce que vous faites à l'un de ces petits c'est à Moi que vous le faites. » Si l'on songe que ces paroles sont celles de la Vérité incréée, celles de la bouche qui a dit :« Ceci est mon corps, ceci est mon sang », avec quelle force on est porté à chercher et aimer Jésus dans ces petits. »

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Posté le : 30/11/2013 22:02

Edité par Loriane sur 01-12-2013 13:03:45
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Charles De Foucauld 2 suite
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Un apostolat novateur

Charles de Foucauld découvre très vite la limite de l'évangélisation classique sur les populations touarègues. Celles-ci sont de nature assez indépendante, ce qui conduit Charles à refuser d'employer la prédication comme moyen principal des conversions. Son désir d'imiter la vie cachée de Jésus le conduit à innover de façon radicale dans l'apostolat, qui n'est dès lors plus conçu comme une stratégieD 5, mais consiste alors à essayer d'être, dans sa vie quotidienne, un exemple de vie chrétienne. Ceci se traduit par une présence chrétienne auprès des populations non-chrétiennes en menant une vie semblable à celles-ci, tout en cherchant à imiter la vie de Jésus.
Progressivement, Charles considère qu'il ne faut pas chercher à tout prix des conversions, encore moins des conversions forcées. Il faut aimer son prochain, même si sa religion est différente, le respecter, et essayer de le comprendre. L'étude de la langue touarègue par Charles de Foucauld entre pleinement dans cette démarche d'acceptation, de compréhension et d'aide aux populations pour lesquelles on ne fait pour ainsi dire rien .
Cette connaissance de l'autre doit conduire, pour Charles de Foucauld, à rechercher son bien-être matériel, par l'éducation et le progrès technique, mais aussi à développer l'intelligence de l'autre et sa dignité, et cela sans rien attendre en retour, afin de faire des populations indigènes « nos égaux ». Il écrit à Marie de Bondy : « Il faudrait instruire d'abord, convertir ensuite. On ne peut pas en faire d'abord des chrétiens et civiliser ensuite ». Cette démarche conduit ainsi à se faire aimer, pour mieux amener à la religion en la faisant aimer et apprécier par le comportement quotidien, qui est celui de l'imitation de Jésus. Comme il l'écrit à Mgr Guérin : « Prêcher Jésus aux Touaregs. Je ne crois pas que Jésus le veuille ni de moi ni de personne. Ce serait un moyen de retarder, non d'avancer leur conversion. Cela les mettrait en défiance, les éloignerait, loin de les rapprocher. Il faut y aller prudemment, doucement, les connaître, nous faire d'eux des amis ».
Il voulait pour son apostolat outre des sœurs blanches et des religieux, des professeurs qui viennent de France, professeurs de français (il apprenait aux enfants touaregs les Fables de La Fontaine) et de musique, puis des personnes étudiant la culture et civilisation touarègues pendant au moins six ans ; c'était donc déjà aussi une relation d'« amitié partagée » et non à sens unique, presque, dirait-on aujourd'hui, d'échanges culturels, la reconnaissance de leur culture et de leur identité.
Charles refuse pendant longtemps le terme de missionnaire : « Ma vie n’est point ici celle d’un missionnaire, mais celle d’un ermite », écrivait-il à Henry de Castries le 28 octobre 1905. Le 2 juillet 1907, il écrivait encore à Mgr Guérin, en soulignant les mots : « Je suis moine, non missionnaire, fait pour le silence, non pour la parole ». Ce refus d'être appelé missionnaire le conduit à vouloir développer un apostolat de la présence silencieuse, « incognito ». Dans sa correspondance, Charles est convaincu que cette présence est essentielle afin de « défricher », première étape à la conversion. Pour Charles de Foucauld, le premier apostolat que doivent poursuivre des missionnaires isolés est celui qui passe par « de la bonté, de l'amour et de la prudence », même si cette étape peut prendre des « siècles » avant la conversion. Outre son monumental dictionnaire français-touareg et les lexiques, les poésies touaregues, il avait traduit des extraits de la Bible en tamachek, la langue touarègue, ainsi que les quatre Évangiles, qui ne furent pas retrouvés.

L'abandon à Dieu

Charles de Foucauld développe une véritable spiritualité autour de l'abandon à Dieu, symbolisée par la Prière d'abandon issue de ses méditations.
La logique de l'abandon à Dieu l'amène à vouloir se donner à Dieu en lui offrant sa liberté. Cela se traduit par l'obéissance à ses supérieurs, dans lesquels il voit la main de Dieu. Cette conception radicale de l'obéissance l'amène à considérer que « tous les actes deviennent des purs actes d'amour ». L'obéissance aux supérieurs est ainsi un moyen de s'abandonner à Dieu et de faire sa volonté ; c'est aussi un moyen de vivre l'imitation de Jésus.
Cet abandon à Dieu est pour Charles un cheminement qui unit la miséricorde de Dieu, son amour et la souffrance. La dévotion au Sacré-Cœur, qu'il prend comme ornement sur son habit de religieux, symbolise l'amour de Dieu, avec le cœur, et la souffrance par la présence de la Croix. Ce don à Dieu nécessite une volonté, un combat : pour Charles, « il n'y a pas d'oblation sans immolation ».
Cet abandon de sa liberté, et la recherche de l'oubli, par le choix de la dernière place et les mortifications, s'approfondit à la fin de 1908. Il n'a alors encore entraîné aucune conversion. De plus, pendant cette année, il ne peut célébrer la messe. Il doit même sa vie au secours matériel apporté par des pauvres. Charles abandonne alors tous ses désirs de fondation, de conversions, et s'offre comme un pauvre à Dieu. Cet abandon complet de lui-même et l'offrande de sa vie à Dieu est pour lui le seul moyen de porter du fruit, à l'image du « grain de blé » qui tombe en terre dans l'Évangile, et qu'il médite à de nombreuses reprises.

Vision de l'islam

Le regard porté par Charles de Foucauld sur l'islam évolue au fil du temps. L'exploration du Maroc et la ferveur qu'il observe chez les populations musulmanes et juives joue sans doute un rôle essentiel dans le début de sa conversion. Il est un temps attiré par le Coran, avant de définitivement s'en écarter. Toute sa vie est toutefois marquée par la proximité des populations musulmanes, tant à la trappe en Syrie qu'à Nazareth et enfin en Algérie.
L'approche qu'il développe est non celle de la conversion immédiate, mais celle de la découverte et de l'apprivoisement des autres en qui il voit des frères. Charles cherche de même à prêcher ce qu'il appelle la « religion naturelle » : cette conception tend à amener à l'« amour de Dieu » et à l'« acte d'amour parfait . Elle le conduit à développer ce qu'il appelle le « chapelet de l'amour », qui peut être récité tant par les musulmans que les chrétiens. Il pense que les musulmans ne peuvent pas comprendre le christianisme sans être ouverts à une éducation « égale à la nôtre », afin qu'ils puissent juger par eux-mêmes leur religion. En attendant, il est persuadé qu'ils accèderont au Paradis, même non baptisés, s'ils le méritent par leur vie. Cette idée est reprise par l'Église catholique romaine, lors du Concile Vatican II, dans la déclaration Dignitatis Humanae.

Petit Frère Universel

Il a été le chantre de la fraternité universelle, dans le contexte de la colonisation avec tout ce qu'elle permettait, comme la vente publique d'esclaves, (les touaregs eux-mêmes avaient des esclaves, les iklans) vingt ans avant la montée de l'antisémitisme, et vingt ans après la fin de la Traite des noirs, englobant tous les hommes dans son amour quelles que soient leur condition sociale et leur race. Il fait de cette universalité son projet de vie et la raison d'être de sa conversion, confié à Henri Duveyrier : « Tous les hommes sont les enfants de Dieu qui les aime infiniment : il est donc impossible d’aimer, de vouloir aimer Dieu, sans aimer, vouloir aimer les hommes. L’amour de Dieu, l’amour des hommes, c’est toute ma vie, ce sera toute ma vie, je l’espère. » (Lettre à Henri Duveyrier) Il veut aimer tous les hommes sans distinction avec une préférence pour les pauvres : « Envelopper tous les hommes, en vue de Dieu, dans un même amour et un même oubli. » et Massignon souligna qu'il avait appris à aimer les autres avec une délicatesse inexprimable. À Beni Abbès, il consacre sa chapelle au Sacré-Cœur, la Khaoua c'est-à-dire « Fraternité du Sacré-Cœur », :« Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs, à me regarder comme leur frère, le frère universel. Ils commencent à appeler la maison "la Fraternité", et cela m'est doux ». (Lettre à Marie de Bondy, 1890, 1902) " Les indigènes commencent à l'appeler la khaoua, et à savoir que les pauvres y ont un frère". Cette fraternité qui puise sa source dans l’amour de Dieu, Père de tous ses enfants, ne cessa de grandir en son cœur jusqu’à en imprégner toute sa vie. "Son exemple fut des plus convaincants pour son entourage d’alors, comme pour nous aujourd’hui : l’homme est d’abord un frère ou une sœur, avant d’être un étranger, un concurrent ou un ennemi" (Mgr Grallet). Il rachète plusieurs esclaves, comme les Pères Blancs le faisaient, tels Joseph du Sacré-Cœur et Abd-Jésus.

Œuvres non spirituelles Exploration du Maroc

Avant son exploration par Charles de Foucauld, le Maroc ne comptait que 700 km de pistes répertoriéesA 1. Charles de Foucauld relève plus de 2 690 km de pistes, et plus de 3 000 cotes d'altitudes. Il a corrigé le relevé du cours du Dra et rapporté des milliers d'observations, de cartes et des dessins qu'il publie dans son livre Reconnaissance au Maroc. Cet ouvrage, édité en 1888, lui vaut la médaille d'or de la Société de géographie. Les découvertes et travaux de Charles de Foucauld au Maroc sont loués par la communauté scientifique, et le discours du rapporteur lors de la remise de la médaille de Géographie montre leur impact : En onze mois, un seul homme, M. le vicomte de Foucauld, a doublé pour le moins la longueur des itinéraires levés au Maroc. Il a repris, en les perfectionnant, 689 kilomètres de travaux de ses devanciers, et il y a ajouté 2 250 kilomètres nouveaux... C'est vraiment une ère nouvelle qui s'ouvre, grâce à M. de Foucauld, de la connaissance géographique du Maroc et on ne sait ce qu'il faut le plus admirer, de ces résultats si beaux et si utiles ou du dévouement, du courage et de l'abnégation ascétique grâce auxquels ce jeune officier français les a obtenus … Il a conquis des renseignements très nombreux, très précis, qui renouvellent littéralement la connaissance géographique et politique tout entière du Maroc ». La reconnaissance de la qualité des travaux de Charles de Foucauld est internationale : un membre de la Royal Geographical Society de Londres affirme qu'on ne saurait estimer trop haut la contribution apportée par M. de Foucauld à notre connaissance du Maroc .

Culture touarègue

Outre sa Reconnaissance au Maroc (1888), Charles de Foucauld a laissé de nombreux documents scientifiques. En 1951, l'Imprimerie nationale de France, avec le concours du Gouvernement général de l'Algérie, publie son dictionnaire touareg-français complet, en quatre volumes, issu de son important travail de recherche en vue de la connaissance des Touaregs et plus généralement des Berbères.
Charles de Foucauld est convaincu que l'évangélisation passe par le respect et la compréhension des cultures dans lesquelles il vit. À maintes reprises dans sa correspondance, il déplore la connaissance superficielle et l'irrespect manifesté envers le peuple touareg par des missionnaires et des membres de l'administration française. La méconnaissance de la langue est l'obstacle majeur à la compréhension des Touaregs. Charles de Foucauld travaille plus de douze ans à l'apprentissage de la culture touarègue. Dès 1907, Charles recueille les poèmes touarègues en contrepartie d'une petite rémunération. Toutes les poésies étant apprises par cœur par les Touaregs, Charles recopie celles qu'on lui dicte, passant des heures à écouter les femmes les réciter. En parallèle de ses travaux scientifiques, comme le lexique, des éléments de grammaire, un dictionnaire des noms de lieux, Foucauld s'emploie à traduire et développer des commentaires et analyses des poésies. Il finit ce travail sur l'œuvre poétique des Touaregs le 28 novembre 1916, deux jours avant sa mort. L'ensemble de ces travaux constitue une véritable encyclopédie du Hoggar et des Touaregs.
La majorité des travaux scientifiques de Charles de Foucauld a été très vite occultée au profit d'une vision hagiographique de sa vie, mettant plus l'accent sur son cheminement spirituel. En 1925 et 1930 André Basset a publié les deux volumes des Poésies touarègues, comprenant plus de 575 poèmes soit 5670 vers. Ignorés jusqu'à aujourd'hui par les hagiographes et la quasi-totalité des biographes de Charles de Foucauld, ces travaux ont pourtant été connus et utilisés par les spécialistes dès leur parution. Certains d'entre eux ont bénéficié récemment de rééditions qui les ont mis à la portée d'un public un peu plus large : ré-édition en 1984 des textes en prose, puis ré-édition en 1997 d'une partie des poèmes. L'ensemble de l'œuvre scientifique de Charles de Foucauld reste pour toute personne qui se spécialise dans l'étude du monde touareg une référence incontournable, d'autant qu'elle constitue une importante source pour l'analyse ethnographique.

Lutte contre l'esclavage dans le Hoggar

Article détaillé : Esclavage dans le monde arabo-musulman.
Dès l'occupation de l'Algérie en 1830, la France avait aboli l'esclavage, position officialisée lors du Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, qui devait s'appliquer également dans les colonies. Cependant, afin de ménager les susceptibilités et les intérêts des chefs de tribu et des marabouts, l'esclavage est maintenu. En arrivant à Béni-Abbès, Charles de Foucauld réalise que l'esclavage existe encore. Très vite, il rachète la liberté d'un premier esclave, Joseph, le 9 janvier 1902, puis d'un deuxième le 4 juillet, afin de montrer son opposition à cette pratique, tout en laissant ces anciens esclaves libres de pratiquer leur foi.
Immédiatement, Charles de Foucauld dénonce la pratique de l'esclavage dans sa correspondance, tant auprès de Marie de Bondy que d'Henri de Castries et Mgr Guérin « La plus grande plaie de ce pays est l'esclavage. Je cause familièrement chaque jour, en particulier, hors de la présence des maîtres, avec beaucoup d'esclaves ». Charles de Foucauld apprend à Mgr Guérin que l'esclavage est maintenu sur ordre du Général Risbourg, confirmé par le colonel Billet. Charles s'offusque de cette pratique dans sa correspondance : « C'est de l'hypocrisie de mettre sur les timbres et partout « liberté, égalité, fraternité, droits de l'homme », vous qui rivez le fer des esclaves, qui condamnez aux galères ceux qui falsifient vos billets de banque et qui permettez de voler des enfants à leurs parents et de les vendre publiquement, qui punissez le vol d'un poulet et permettez celui d'un homme ». Il demande à son ami Henri de Castries de tout faire afin d'agir en France. Il écrit à Mgr Livinhac le 8 février 1902 pour lui demander d'agir auprès des sénateurs catholiques : « Nous n'avons pas le droit d'être des chiens muets et des sentinelles muettes : il nous faut crier quand nous voyons le mal ». En attendant, Charles donne la priorité à l'œuvre des esclaves, installant un local pour leur accueil.
Néanmoins, Charles se voit tempéré dans ses revendications par Mgr Guérin, qui lui demande, au nom du réalisme politique, de ne pas agir politiquement. À plusieurs reprises, il lui demande d'arrêter l'achat de ses esclaves, parce que les chefs de tribus sont mécontents des initiatives du « marabout blanc ». De plus, le climat politique en France est marqué par une vague d'anticléricalisme avec les lois du gouvernement Waldeck-Rousseau. Mgr Guérin voit dans l'antiesclavagisme virulent de Charles de Foucauld une éventuelle difficulté pour le maintien des Pères blancs en Algérie et lui enjoint donc d'arrêter son activité publique contre l'esclavage le 17 septembre 1902. Charles de Foucauld écrit qu'il lui obéira, non sans être en désaccord avec lui : « Ces raisons ne me laissent pas — soit dit une dernière fois — sans regretter que les représentants de Jésus se contentent de défendre « à l'oreille » et non « sur les toits » une cause qui est celle de la justice et de la charité ».
Peu à peu, l'activisme et la proximité de Charles de Foucauld avec les autorités conduisent à un changement de la situation. Le 15 décembre 1904, Charles annonce à Henri de Castries que « d'un commun accord, les chefs d'annexe des oasis ont pris des mesures pour la suppression de l'esclavage. Non en un jour, ce qui ne serait pas sage, mais progressivement ». Les esclaves ne peuvent plus être vendus, ceux qui avaient un esclave peuvent le garder, mais il ne pourra plus changer de maître ; s'il est maltraité, le chef d'annexe l'affranchira

Vision de la colonisation

Colonialisme.
La colonisation française est portée principalement par les idéalistes laïcs, comme Léon Gambetta ou Jules Ferry. Ce dernier affirme en 1885 : « Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ». Des entrepreneurs appuient aussi la colonisation avec par exemple le Canal de Suez, et les missionnaires chrétiens qui voient dans la colonisation une possibilité d'évangéliser. La colonisation est d'autant plus recherchée qu'elle constitue un remède provisoire dans laquelle « la génération de Charles de Foucauld trouvera un moyen d'exprimer son patriotisme ».
Charles de Foucauld soutient la colonisation française, cependant ce soutien est différent de la plupart des autres français : « Il s'est montré néanmoins plus lucide que la plupart des responsables coloniaux de sa génération, et ne s'est pas privé d'avertir ses compatriotes qu'ils perdraient leur empire africain faute d'une volonté politique de justice et de progrès ». Certains voient dans le soutien de Charles de Foucauld à la colonisation une dissociation entre sa pensée spirituelle et politique. Jean-François Six souligne quant à lui l'unité de sa pensée : Charles de Foucauld voit dans la colonisation une mission civilisatrice au bénéfice des populations colonisées, celle-ci apportant une ouverture de l'intelligence qui permet d'ouvrir à l'évangélisation.
Il croit au bienfait du progrès technique qu'il assimile à la civilisation. Il appuie l'arrivée de chaque progrès technique au Sahara, comme le projet de Transsaharien, la Transmission sans fil ou la construction de pistes automobiles. Ce progrès issu de la colonisation a pour vocation de faire des colonisés « non nos sujets, mais nos égaux, être partout sur le même pied que nous ». Il conçoit la colonisation de manière humaniste et fraternelle : « que ces frères cadets deviennent égaux à nous ».
Malgré son soutien à la colonisation française, Charles de Foucauld la considère, à de nombreuses reprises, de manière très sévère : il dénonce l'absence d'investissement et d'aide au développement « ... notre Algérie, on n'y fait rien pour les indigènes ; les civils ne cherchent la plupart qu'à augmenter les besoins des indigènes pour tirer d'eux plus de profit, ils cherchent leur intérêt personnel uniquement ; les militaires administrent les indigènes en les laissant dans leur voie, sans chercher sérieusement à leur faire faire des progrès ». Il critique vivement les exactions des militaires dans le Sahara, ainsi que les civils qui ne recherchent que leur intérêt et à développer leur profit, mais aussi l'absence de lutte contre l'esclavage par les autorités coloniales.
Les rapports qu'il entretient avec l'armée française seront nombreux. Il établit des relations amicales avec l'armée, ce qui lui sera reproché après sa mort. Cela ne l'empêche pas de critiquer les exactions et les abus commis par certains militaires dans le Hoggar, comme les réquisitions et les sous paiements d'indemnité. Il a un regard parfois très sévère sur certains officiers « Ce que je vois des officiers du Soudan m'attriste. Ils semblent des pillards, des bandits, des flibustiers. Je crains que ce grand empire colonial qui pourrait et devrait enfanter tant de bien ne soit présentement pour nous qu'une cause de honte, qu'il nous donne lieu de rougir devant les sauvages mêmes ; qu'il fasse maudire le nom français et hélas le nom chrétien, qu'il rende ces populations, déjà si misérables, plus misérables encore ». Charles néanmoins ne se croit pas le représentant de l'armée, d'ailleurs il se méfie de cette proximité, écrivant à Mgr Guérin : « Sauront-ils séparer entre les soldats et les prêtres, voir en nous les serviteurs de Dieu, ministres de paix et de charité, frères universels? Je ne sais... .
Charles de Foucauld développe une analyse sur l'efficacité de la colonisation. Dans une lettre à René Bazin il affirme qu'il y a une incompatibilité profonde entre la religion musulmane et l'assimilation des populations musulmanes à la France. Non pas que les populations ne puissent pas progresser comme beaucoup de personnes le pensaient à son époque, et auxquelles Charles s'oppose, mais parce qu'il considère que les musulmans « regardent l'Islam comme une vraie patrie ». La politique d'assimilation des populations musulmanes lui semble impossible, d'autant qu'aucun effort pour l'éducation et l'exemple de vie n'est fait pour les populations. Il affirme ainsi dans sa lettre que « Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent français est qu'ils deviennent chrétiens »

Héritage spirituel

À la mort de Charles de Foucauld en plein conflit mondial, il semble que sa spiritualité ait peu d'avenir : personne ne l’a rejoint dans sa congrégation religieuse. Son association de laïcs, l’Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus, ne comprend que quarante-huit membres et n'a plus de direction.
L'Union est progressivement reprise par Louis Massignon, qui publie les premiers extraits de son directoire en 1917. En 1919, le cardinal Amette donne un avis favorable à la reprise de l'Union, sous la présidence de Mgr Le Roy, désigné par Mgr Livinhac49. En 1928, Massignon publie l’intégralité du directoire de l'Union. En 1947, il crée la Sodalité et différents groupes ou fraternités regroupés ensuite en Association. L’Union devient Union-Sodalité et regroupe les nombreuses associations autour de la spiritualité de Charles de Foucauld. Elle comprend actuellement plus de 1000 membres dans 53 pays.

Petites Sœurs de la Consolation du Sacré Cœur et de la Sainte Face qui suivent la spiritualité de Charles de Foucauld
La notoriété de Foucauld s'accroît avec la publication, en 1921, d'une biographie rédigée par René Bazin à la demande de Louis Massignon, qui rencontre un grand succès. De nombreux laïcs suivent le modèle proposé par Foucauld, telle Suzanne Garde, qui suscite un groupe d'infirmières laïques. Après la Seconde Guerre mondiale, Magdeleine de Vimont crée les Nazaréennes du Père de Foucauld, communauté de femmes laïques qui se consacrent aux enfants et jeunes handicapés. La tombe de Charles de Foucauld et les endroits où il a vécu sont l'objet de pèlerinages et de « Goums » sur ses traces.
Au cours des années 1920, les premiers prêtres ermites prenant modèle sur Charles se déclarent : en 1924, l'amiral Malcor, ordonné prêtre, prend l'habit du père de Foucauld et s'installe à Sidi-Saâd, près de Kairouan en Tunisie. Charles Henrion l'y rejoint suivi de quelques disciples, ce qui aboutit à la création de « l'œuvre de Bou-Saâda ». Charles Henrion convertit grâce à son habit et au Sacré-Cœur, Jean Cocteau qui fait alors sa première communion. De même, Albert Peyriguère et Charles-André Poissonnier deviennent religieux et s'installent au Maroc.
Dans la foulée de ces premiers ermites naissent progressivement les premières congrégations religieuses. En août 1933, la première congrégation des Petits frères du Sacré-Cœur de Jésus est créée à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. La même année, les Petites Sœurs du Sacré-Cœur sont fondées à Montpellier. En septembre 1939, Magdeleine Hutin fonde la congrégation des Petites Sœurs de Jésus au Sahara ; à sa mort, en 1991, la congrégation compte 1 400 membres. En 1956 sont fondés les Petits Frères de l'Évangile. La même année, le père René Voillaume fonde les Petits Frères de Jésus, tout d'abord appelés Frères de la Solitude, suivis des Petites Sœurs de l'Évangile en 1963.
Plus récemment, sœur Norbert-Marie, après avoir visité Marthe Robin, fonde les Petites Sœurs de Nazareth et de l'Unité qui vivent à côté de l'abbaye Notre-Dame-des-Neiges. La congrégation des Petites Sœurs de la Consolation du Sacré-Cœur et de la Sainte-Face est fondée en 1989 : elle célèbre la forme ordinaire de la messe mais en latin et la liturgie en grégorien55. Au début du xxie siècle, il y a en tout plus d'une vingtaine de congrégations qui poursuivent la spiritualité de Charles de Foucauld à travers le monde.
Quant aux laïcs, ils ne sont pas en reste. D'une part, bien avant 1950 et selon certains dès avant la seconde Guerre Mondiale, dans plusieurs villes de France, des groupes de chrétiens hommes et femmes, célibataires et mariés, laïcs et prêtres avaient pris l'habitude de se retrouver pour vivre la spiritualité de Charles de Foucauld. Ceux-ci se regroupent et c'est ainsi qu'en 1950, la Fraternité Charles de Foucauld est reconnue officiellement par Mgr de Provenchères, archevêque d'Aix-en-Provence. Ce mouvement prend en 1955 le nom de "Fraternité Séculière Charles de Foucauld". Elle est présente aujourd'hui sur les cinq continents et dans quarante-six pays. Avec 6000 membres environ, c'est aujourd'hui le groupe le plus nombreux de la "famille" spirituelle de Charles de Foucauld. Elle regroupe des femmes et des hommes de toute origine ethnique, de tous milieux sociaux, d'états de vie différents, qui veulent s'entraider pour vivre l'Evangile en s'inspirant des intuitions originelles de Charles de Foucauld. D'autre part, "dans les mêmes années, de jeunes chrétiennes sentent l'appel à une vie contemplative, vécue dans le célibat, liée par des vœux et sans prendre la forme d'une vie religieuse en communauté". Ainsi naissent la Fraternité Jesus Caritas 1952, reconnue ensuite officiellement comme Institut Séculier féminin, puis la Fraternité Charles de Foucauld 1991, une association de femmes gardant le célibat.
Quant aux prêtres, qui désirent donner à leur vie et à leur ministère presbytéral le souffle évangélique de Charles de Foucauld, ils se regroupent dès 1951 dans l'Union Sacerdotale qui prendra, en 1976, le nom de Fraternité sacerdotale Jesus Caritas et est présente aujourd'hui aussi sur tous les continents.
À la suite du P de Foucauld quelques personnes ont étudié ou fait connaître la civilisation et le peuple touareg : par exemple Henri Lhote, Frère Antoine Chatelard, Dominique Casajus, ou le photographe Alain Sèbe.
Le modèle de monachisme proposé par Charles de Foucauld, même s'il respecte les formes traditionnelles des vœux religieux, constitue une révolution de la vie religieuse : il envisage la disparition de la séparation des convers et des moines, la suppression totale de la propriété privée tant personnelle que communautaire. De même il développe aussi la présence des moines immergés dans le monde, étant ainsi le précurseur des prêtres ouvriers. Enfin le modèle d'apostolat, par l'exemple en refusant la prédication, même si Charles de Foucauld n'a jamais condamné ceux qui prêchent, est profondément novateur dans l'Église.
Jean-Paul II range Charles parmi les grands saints : « Ils sont tellement présents dans la vie de toute l’Église, tellement influents par la lumière et la puissance de l’Esprit Saint! ». Il voit dans Charles de Foucauld la même recherche de la sainteté inconnue de la vie quotidienne que chez Thérèse de Lisieux. En 1974, le cardinal Léon-Étienne Duval affirme que « Le père de Foucauld a été le précurseur de Vatican II, car l'idée centrale du Concile est que tout chrétien doit porter témoignage du Christ. Or Charles de Foucauld a insisté sur le fait que tous les chrétiens, même laïques, doivent porter le témoignage de l'amour fraternel »

Béatification

Statue de Charles de Foucauld devant l'Église Saint-Pierre-le-Jeune catholique de Strasbourg
Le processus de reconnaissance par l'Église catholique de Charles de Foucauld prend presque un siècle. La longueur de ce procès en béatification est due en grande partie à la complexité du personnage de Charles de Foucauld, mais aussi aux évènements qui affectent l'Église catholique en Algérie. Le procès ne commence que dix ans après sa mort, en 1927. La collecte des nombreuses lettres et écrits de Charles de Foucauld, et leur transcription en trois exemplaires aux fins de transmission au Vatican, ne sont terminées qu'en 1947. Il faut alors interroger les témoins.
La procédure est suspendue en 1956, à la suite de la guerre d'Algérie. La publication en 1986 d'un livre controversé sur Charles de Foucauld, L'Évangile du fou de Jean-Edern Hallier, a terni son image. En vue du procès en béatification, le postulateur a dû vérifier les informations et lever les soupçons éveillés par le livre décrivant Charles de Foucauld comme affabulateur et mythomane. La position de Charles de Foucauld en faveur de la colonisation, et son interprétation de la Première Guerre mondiale, différente de celle de Benoît XV a pu créer des difficultés, d'autant plus que la décolonisation était défendue par de nombreuses organisations, notamment les Nations Unies. En outre, la position de l'Église catholique en Algérie, considérée comme instrument de la colonisation, évolue à la suite de la guerre. Enfin l'important travail de Charles de Foucauld sur la culture touarègue d'Algérie a permis de relativiser la vision trop coloniale qui lui était attachée.
Le 24 avril 2001, le pape Jean-Paul II approuve le décret d'héroïcité des vertus du Père de Foucauld qui devient ainsi vénérable.
Charles de Foucauld est béatifié par le pape Benoît XVI le 13 novembre 2005. Il est crédité d'un miracle : la guérison d'une Italienne atteinte d'un cancer qui a prié Charles de Foucauld d'intercéder en sa faveur. Lors de la cérémonie de béatification, durant laquelle le ministre français de la Justice, garde des Sceaux, Pascal Clément prononce une allocution66, le pape déclare que la vie de Charles de Foucauld est une invitation à aspirer à la fraternité universelle.

Héritage dans la culture

Retable de la vie de Charles de Foucault à l'Abbaye Notre Dame des Neiges 2009
En 1921, l'écrivain René Bazin écrit la biographie de Charles de Foucauld : Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara qui devient vite un best-seller vendu à plus de 200 000 exemplaires.
Léon Poirier réalise un film en 1936 sur Charles de Foucauld68, ayant pour sujet sa vie et son œuvre, sans toutefois évoquer son travail scientifique.
Durant l'été 1946, l'abbé Xavier Louis, aumônier des Invalides, un disciple de Charles de Foucauld, de la promotion Gallieni de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, ancien capitaine de méharistes dans le désert tchadien de 1931 à 1937, organise à l'Hôtel des Invalides, une exposition qui connaît un vif succès, intitulée : Charles de Foucauld, l'Africain, qui retrace toute sa vie, avec des objets personnels. Cette exposition est financée par les Fondations Charles de Foucauld de Raoul Follereau, dont Louis Massignon conteste la légitimité. Les croix du sud, insignes des compagnies militaires sahariennes, arborent alors un petit Sacré-Cœur sous l'épée, avec l'inscription : Oasis sahriennes, Foucauld, prince du désert est écrite et réalisée, Quand ? par Pierre Amar.
Un court-métrage, La trace du premier pas, a été réalisé en 2009 sur ses premières années à la Trappe. En 2008, un ensemble de reportages est publié sous la forme de DVD par des religieuses. Un documentaire de France 3 sur Charles de Foucauld est diffusé en janvier 2010.
Deux vitraux en France représentent Charles de Foucauld : à Montmartre et à l'Église Saint-Maurice de Lille.
Le Père Charles de Foucauld fut célèbre bien avant sa béatification. Une place de Saumur où il fut élève à l'école de cavalerie porte son nom et à Saint-Cyr-l'École Coëtquidan, une paroisse, depuis 2008 ainsi qu'une place à Strasbourg où il est né. Son nom est également donné à la Maison des Énarques à Strasbourg, rue de la Comédie.
Évolution de la perception de Charles de Foucauld

Après la mort de Charles de Foucauld, René Bazin écrit sa biographie, publiée en 1921. Elle devient un best-seller et contribue au développement de trois images de Charles de Foucauld : la première est celle d'un ermite du désert, vivant seul et éloigné de tous, la deuxième est celle d'un saint mort en martyr, la dernière est celle d'un fervent colonisateur, agent secret de la colonisation. Ces images populaires, développées dans les récits hagiographiques ont été nuancées et en partie remises en cause par des recherches plus poussées sur la vie de Charles de Foucauld.

L'image du martyr

Sur la réalité du martyre de Charles de Foucauld, sa foi chrétienne a sans doute été la cause principale de sa mort, cependant sa mort n'était pas à proprement parler un martyre, mais plutôt un assassinat par manque de professionnalisme des agresseurs de Charles de Foucauld. Certains auteurs,Qui ? ont hâtivement affirmé que, sachant l'importance qu'il avait pour les Français, ces pillards voulaient kidnapper Charles pour avoir une rançon, puis qu'ils lui firent subir des humiliations du fait de sa foi chrétienne. En réalité, les rares témoignages à peu près fiables laissent penser que les assaillants étaient moins intéressés par la personne de l'ermite que par le contenu (armes, vivres) du fortin où il vivait. Dans la panique suscitée par l'arrivée de deux tirailleurs algériens, le jeune homme qui avait sa garde, Sermi ag-Tohra, a tiré sur lui, et rien ne permet d'affirmer que la foi de Foucauld a été mise en cause au moment de sa mort.
Louis Massignon réplique dans une lettre de la Badaliya à un article du journal égyptien Al-Destur du 16 novembre 1946 présentant Charles de Foucauld comme un espion : « Foucauld n'est pas le "qiddis al jasusiya", le saint-patron de l'espionnage franco-chrétien au Sahara, c'est l'ermite martyrisé du Hoggar musulman, son "dakhil", son hôte, otage et rançon .
L'affirmation par Jean François Six en 1958 que Charles de Foucauld n'est pas mort en martyr soulève une tempête de protestations.

L'image du colonisateur

Une légende s'est développée et a été reprise par certains écrivains, dont Le Clézio ; elle présente Charles de Foucauld comme agent secret de la colonisation. Même si la proximité de Charles de Foucauld avec les Touaregs et les militaires peut permettre de développer cette hypothèse, aucun document ou source fiable ne permet de l'avancer avec précision. De plus, la position parfois très critique de Charles de Foucauld à l'égard de certains aspects de la colonisation et la peur qui transparaît dans ses écrits (sauront-ils séparer entre les soldats et les prêtres…? je ne sais.) rendent peu probable cette hypothèse.
Les premières tensions sur le sens de la vie de Charles de Foucauld apparaissent lors de la publication, en 1936, du livre Sur les traces du Père de Foucauld du père Georges Gorrée, ex-petit frère de Jésus. En 1939, lorsque ce même auteur entreprend la publication d'un deuxième livre sous le titre de Charles de Foucauld, officier de renseignement, le père franciscain Abd-el-Jalil, un ancien musulman converti au catholicisme, communique son inquiétude à son parrain Louis Massignon, redoutant les conséquences de ces écrits sur la canonisation et sur l'image du père de Foucauld auprès des musulmans69. Le livre est finalement publié en 1940 sous le titre de Les Amitiés sahariennes du Père de Foucauld.
En 1949, son image de partisan de la colonisation conduit l'Académie des sciences coloniales à demander au pape de faire de Charles de Foucauld le saint patron de la colonisation. Louis Massignon démissionne de l'Académie des sciences coloniales en juin 1949. Il s'opposera sa vie durant contre cette vision.
Le colonialisme de Charles de Foucauld a été caricaturé, conduisant à en faire le héraut de l'Algérie française. Cette utilisation de la figure de Charles de Foucauld par les partisans de l'Algérie française entraîne la suspension de sa procédure de béatification par le pape Pie XII lors du déclenchement de la guerre d'Algérie.
En 1997, Paul Pandolfi exploite pour la première fois des écrits inédits du capitaine Dinaux, l'officier qui commandait la colonne militaire que Charles de Foucault accompagnait lors de son installation dans le Hoggar, et conteste, en référence à la Vie de Charles de Foucauld publiée par Jean-François Six en 1962, la notation idyllique de J.-F. Six, pour qui Foucauld s'avançait désarmé lors de son voyage vers le sud en 1905.
L'image de Charles de Foucauld comme colonisateur est réactualisée en 2002 par Jean-Marie Muller qui publie Charles de Foucauld, frère universel ou moine-soldat ? 61 et appelle de ses vœux en 2003 une édition scientifique complète des écrits de Charles de Foucauld
Voir aussi ci-dessous Vision de la colonisation.

Modernité et complexité

La publication[Quand ?] de ses œuvres spirituelles et autres écrits a contribué à modifier l'image de Charles de Foucauld, notamment celle de son apostolat. La modernité de sa vision, par la place importante que Charles donne aux laïcs, par son respect de la liberté de conscience, mais aussi son rapport avec d'autres religions, est mise en avant lors du Concile Vatican IIA .
Enfin, la redécouverte de ses travaux scientifiques a complètement renouvelé la vision de Charles de Foucauld, permettant d'en avoir une image plus complexe. Les études des ethnologues sur les Touaregs ont revalorisé son immense travail.

Œuvres

Œuvres spirituelles

Charles de Foucauld, Bernard Jacqueline (Intro)., Considérations sur les fêtes de l'année,, Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », 1987 (réimpr. 1995), 602 p. (ISBN 978-2-85313-149-0) méditations liturgiques (1897-1898) Tome I
Charles de Foucauld, Qui peut résister a Dieu ?, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », janvier 1980, 360 p. (ISBN 978-2-85313-046-2, LCCN 86132231) Méditations sur l'Écriture sainte, 1896-1898
Charles de Foucauld, Maurice Bouvier, Méditations sur les psaumes, Montrouge, Nouvelle Cité, 23 août 2002 (réimpr. 2005), 445 p. (ISBN 978-2-85313-419-4, LCCN 86132231) (1897-1898)
Charles de Foucauld, Bernard Jacqueline (Intro)., En vue de Dieu seul, Paris, Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », 1973 (réimpr. 1998, 1999), 288 p. (ISBN 978-2-85313-001-1, LCCN 74178803) (Tome IV, vol.1) méditations sur la foi et l'espérance (juin 1897 à juin 1898).
Charles de Foucauld, Aux plus petits de mes frères,, Paris, Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », 1974 (réimpr. 1995), 192 p. (ISBN 978-2-85313-002-8, LCCN 74189014) (1897-1898)
Charles de Foucauld, Commentaire de Saint Matthieu,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », 1989, 378 p. (ISBN 978-2-85313-205-3) Tome V (1886-1900)
Charles de Foucauld, La Bonté de Dieu,, Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », novembre 1996, 324 p. (ISBN 978-2-85313-298-5) (1898)
Charles de Foucauld, L'Imitation du Bien Aimé,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », novembre 1997, 300 p. (ISBN 978-2-85313-317-3) Volume 16 (1898-1899)
Charles de Foucauld, Maurice Bouvier (intro), Petit frère de Jésus, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », mai 2003, 318 p. (ISBN 978-2-85313-438-5) Tome VII (1898 – 1900)
Charles de Foucauld, Maurice Bouvier (intro), L'Esprit de Jésus,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », août 2005, 349 p. (ISBN 978-2-85313-483-5) (vol.8) méditations de l'Évangile (1896-1915)
Charles de Foucauld, Maurice Bouvier (intro), La Dernière Place,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », novembre 2002, 285 p. (ISBN 978-2-85313-425-5) Tome IX, vol 1, Retraites en Terre Sainte (1897)
Charles de Foucauld, Maurice Bouvier (intro), Crier l'Évangile,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », janvier 2004, 191 p. (ISBN 978-2-85313-450-7) Tome IX (1898 – 1900)
Charles de Foucauld, Seul avec Dieu,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », 2004, 255 p. (ISBN 978-2-85313-462-0) Retraites à N.-D. des Neiges et au Sahara
Charles de Foucauld, Règlements et Directoire,, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », avril 1995, 708 p. (ISBN 978-2-85313-276-3, LCCN 96193255) (vol.11-12) 5 textes de fondation
Charles de Foucauld, Carnet de Beni Abbes, Paris, Nouvelle Cité, janvier 1993, 219 p. (ISBN 978-2-85313-258-9, LCCN 94227218) Tome XIII (1901 – 1905)
Charles de Foucauld, Carnets de Tamanrasset, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », janvier 1986, 418 p. (ISBN 978-2-85313-129-2) 1905-1916 Tome XIV
Charles de Foucauld, Voyageur dans la nuit, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », janvier 1980, 292 p. (ISBN 978-2-85313-038-7, LCCN 85174576) (1888-1916)
Charles de Foucauld, Au fil des jours, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », juin 1997, 1e éd., 252 p. (ISBN 978-2-85313-309-8, LCCN 99210662) anthologie des écrits spirituels
Charles de Foucauld, Contemplation, Paris, Beauchesne, janvier 1969, 192 p. (ISBN 978-2-7010-0469-3, extraits sur Google Books
Charles de Foucauld, Cette chère dernière place : lettres à mes frères de la Trappe, Paris, Éditions du Cerf, janvier 1991, 481 p. (ISBN 978-2-204-04143-0)
Charles de Foucauld, L'Evangile présenté aux pauvres nègres du Sahara, Grenoble et P., Arthaud, coll. « Collection Foucauld l'Africain », 1937 (réimpr. 1947), 262 p.
Charles de Foucauld, Le Modèle unique, Montsûrs, Résiac, 1935 (réimpr. 1990), 43 p. (ISBN 978-2-85268-188-0, OCLC 463439907,

Correspondance

Charles de Foucauld, Charles de Foucauld et Mère Saint-Michel, abbesse des Clarisses de Nazareth: Lettres inédites, présentées par Sylvestre Chauleur, Saint-Paul, 1946
Charles de Foucauld, Lettres à Henry de Castries, Grasset, 1938, 224 p.
Charles de Foucauld, Georges Gorrée (intro), Lettres inédites au général Laperrine, pacificateur du Sahara, La Colombe, Editions du Vieux Colombier, 1954
Charles de Foucauld, Lettres à mes Frères de La Trappe. Correspondance inédite présentée et annotée par A. Robert, Le Cerf, 1991
Charles de Foucauld, Lettres à Mme de Bondy. De la Trappe à Tamanrasset, Paris, Desclée de Brouwer, 1966, 256 p.
Charles de Foucauld, Lettres à sa sœur Marie de Blic, Le Livre Ouvert, 1er novembre 2005, 229 p. (ISBN 978-2-915614-07-7) (1883-1916)
Charles de Foucauld, L'aventure de l'amour de Dieu - 80 lettres inédites de Charles de Foucauld à Louis Massignon, Paris, Seuil,J.F. Six, 1993À compléter avec trois lettres de Louis Massignon à Charles de Foucauld (ed. F.Angelier), parues dans le numéro 19 du Bulletin de la Société des Amis de Louis Massignon, 2006.
Charles de Foucauld, Correspondances lyonnaises (1904-1916), Paris, Karthala, coll. « Chrétiens en liberté », novembre 2005, 192 p. (ISBN 978-2-84586-673-7,
Charles de Foucauld, Correspondances sahariennes, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Textes », mai 1998, 1061 p. (ISBN 978-2-204-05740-0, LCCN 98183479) lettres inédites aux Pères Blancs et aux Sœurs Blanches 1901-1916
Charles de Foucauld, présentation et mise en texte de Jean-François Six et Brigitte Cuisinier, Charles de Foucauld, abbé Huvelin, Bruyères-le-Châtel (Essonne), Nouvelle Cité, coll. Spiritualité, mars 2010, 320 p. (ISBN 978-2-85313-605-1) 20 ans de correspondance entre Charles de Foucauld et son directeur spirituel (1890-1910)
Charles de Foucauld, Lettres à un ami de lycée, Paris, Nouvelle Cité, coll. Spiritualité, janvier 1982 (réimpr. 1987), 224 p. (ISBN 978-2-85313-062-2) 1874-1915 : correspondance avec Gabriel Tourdes
Lettres au Commandant Paul Garnier, ouvrage non réédité. .
Lettres à monsieur René Basset, doyen de la faculté des lettres d'Alger, Études et Documents Berbères, no 19-20 (2002), 2004
Lettres à Henri Duveyerier extraits
Lettres du Père de Foucauld au reporter photographe Felix Dubois
Lettre du Père Charles de FOUCAULD adressée à René BAZIN en 1917 (octobre)

Œuvres scientifiques

Charles de Foucauld, Esquisses sahariennes, trois carnets inédits de 1885, Jean Maisonneuve éditeur, 1985, 131 p. (ISBN 978-2-7200-1038-5, présentation en ligne)
Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc, Paris, Challamel, 1888, (réimpr. L'Harmattan, coll. Les Introuvables 1998), 499 p. (ISBN 978-2-7384-6645-7, lire en ligne)
Reconnaissance au Maroc, 1883-1884 : ouvrage illustré de 4 photogravures et 101 dessins d'après les croquis de l'auteur. Atlas, Paris, Challamel, 1888 (lire en ligne)
1918-1920. Dictionnaire abrégé touareg-français (dialecte de l’Ahaggar), publié par René Basset, Alger, Carbonnel, 2 tomes.
1922. Avec Adophe de Calassanti-Motylinski, Textes touareg en prose (dialecte de l’Ahaggar), Paris, Carbonnel
1920. Notes pour servir à un essai de grammaire touarègue (dialecte de l’Ahaggar), publiées par René Basset, Alger, Carbonnel.
Grammaire, dialogues et dictionnaire touaregs / A. de Motylinski par René Basset, revus et complétés par le P. de Foucauld 1908
1925-1930. Poésies touarègues (dialecte de l’Ahaggar), Paris, Leroux, 2 tomes.
1940. Dictionnaire abrégé touareg-français des noms propres (dialecte de l’Ahaggar), publié par André Basset, Paris, Larose.
1951-1952. Dictionnaire touareg-français, Paris, Imprimerie nationale, 4 tomes (réédition L'Harmattan, 2005).
Charles de Foucauld (intro : Salem Chaker, Marceau Gast et Hélène Claudot), Textes touaregs en prose, Aix-en-Provence, Édisud, 1984, 360 p. (ISBN 2857443900) réédition revue et complétée de Foucauld 1922
Charles de Foucauld, Dominique Casajus (intro), Chants touaregs, Paris, Éditions Albin Michel, coll. « Spiritualités », 1997, 344 p. (ISBN 978-2-226-09432-2, LCCN 2001318092) réédition partielle de Foucauld 1925-1930


Bibliographie

Notices d’autorité : Système universitaire de documentation • Bibliothèque nationale de France • Fichier d’autorité international virtuel • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat

Livres

René Bazin, Charles de Foucauld : explorateur du Maroc, ermite au Sahara, Plon, 1921 (réimpr. Nouv. éd (25 août 2003) Nouvelle Cité), 543 p.
Jacob Oliel, De Jérusalem à Tombouctou: l'odyssée saharienne du rabbin Mardochée 1826-1886, 270 p. (ISBN 2-7191-0389-6) Éditions Olbia, 1998
Robert Hérisson Avec le père de Foucauld et le général Laperrine : carnet d'un Saharien, 1909-1937
Georges Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, Éditions Arthaud, 1936.
J.-M. Bouteloup, L’Appel du désert, Vie et martyre du Père Charles de Foucauld. André Lesot, Paris, 1936. 128 p.
Marie Andre, préface de Mgr Nouet, L'Ermite du Grand désert : Le père Charles de Foucauld, librairie Missionnaire, Paris, éd. Apostolat de la Priére, Toulouse, 1937,
René Pottier, La Vocation saharienne du Père de Foucauld, Plon, 1939.
René Pottier, Charles de Foucauld et Marie de Magdala, Fernand Sorlot, 1942.
Georges Gorrée, Les Amitiés sahariennes du père de Foucauld, éd. Arthaud, 1946, 2 volumes.
René Pottier, Charles de Foucauld, Le prédestiné, Fernand Sorlot, Paris, 340 pages, 1946.
Pierre Nord (André Brouillard), Charles de Foucauld Français d'Afrique, 1957.
Léon Cristiani, Charles de Foucauld, 1858-1916, Pèlerin de l'absolu, Apostolat, 1960.
Michel Carrouges, Charles de Foucauld, Éditions Casterman, illustré par René Follet, 1961.
Jean-François Six, Vie de Charles de Foucauld, Éditions du Seuil, 1962.
Jean-Edern Hallier, L'Évangile du fou. Paris, Albin Michel, 1986 (biographie romancée).
Antoine Chatelard, La Mort de Charles de Foucauld, Paris, Karthala Editions, coll. « Chrétiens en liberté », 2000 (réimpr. 2001), 2e éd., 352 p. (ISBN 978-2-84586-120-6, LCCN 2001366475, = uaRDa1xFV0gC&pg=PA190&lpg=PA190
Jean-Luc Maxence, L'Appel au désert, Charles de Foucauld, Antoine de Saint-Exupéry, Paris, Presses de la Renaissance, mars 2002, 364 p. (ISBN 978-2-85616-838-7)
Antoine Chatelard, Charles de Foucauld. Le chemin vers Tamanrasset, Paris, Karthala, coll. « Chrétiens en liberté », 2002, 2e éd., 326 p. (ISBN 978-2-84586-244
Philippe Frey, Le Testament de sable, Desmaret éditions, coll. « Roman », 25 février 2003, 283 p. (ISBN 978-2-913675-24-7)
Jean-François Six, Maurice Serpette, Pierre Sourisseau, Le Testament de Charles de Foucauld, Paris, Fayard, décembre 2004, 300 p. (ISBN 978-2-213-62282-8)
Alain Vircondelet, Charles de Foucauld, comme un agneau parmi des loups, Monaco, Le Rocher (éditions), septembre 1997, 364 p. (ISBN 978-2-268-02661-9)
Jean-Jacques Antier, Charles de Foucauld, Paris, Éditions Perrin, novembre 1997 (réimpr. 2001, 2004, 2005), 384 p. (ISBN 978-2-262-01818-4)
Mauricette Vial-Andru, Charles de Foucauld au cœur du désert, Téqui, novembre 2001 (réimpr. 2005) (ISBN 978-2-7403-0904-9,
Marcel Nadeau, L'expérience de dieu avec Charles de Foucauld, Éditions Fides, 2004, 145 p. (ISBN 978-2-7621-2510-8,
Mgr Jean Claude Boulanger, L'Évangile dans le sable, Paris, Desclée De Brouwer, juillet 2007, 220 p. (ISBN 978-2-220-05880-1, OCLC 470722022) L'expérience spirituelle de Charles de Foucauld
Josette Fournier (dir.), Charles de Foucauld : amitiés croisées,, Éditions Cheminements, 19 juin 2007, 271 p. (ISBN 978-2-84478-569-5, LCCN 2007474633
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Lionel Galand, Lettres au Marabout : Messages touaregs au Père de Foucauld, Paris, Belin, coll. « Hors Collection », 1er janvier 1999, 192 p. (ISBN 978-2-7011-2102-4, LCCN 00299065, Editions Belin - Lettres au Marabout
Christophe Mory, Charles de Foucauld, Paris, Pygmalion, coll. « Chemins d'Eternité », 2005 (ISBN 978-2-85704-971-5, LCCN 2005543202)

Bandes dessinées


Jijé, Charles de Foucauld : conquérant pacifique du Sahara (bande dessinée), Paris, Éditions du Triomphe, 2005 (réimpr. Chez Dupuis (1959, 1984)) (ISBN 978-2-84378-262-6, OCLC 420630100)
Benoît Marchon, Léo Becker, Béatrice Becker, Charles de Foucauld, vol. 13, Montrouge (Hauts-de-Seine), Bayard Jeunesse, Grain de soleil, coll. « Les chercheurs de Dieu », mars 2002 (réimpr. Centurion-Astrapi 1985) (ISBN 978-2-7470-0568-5)
M. Valsesia, D. Bach, Charles de Foucauld, France, Éditions du signe, coll. « Vies de Lumière », 2005, 32 p. (ISBN 978-2-7468-1606-0, OCLC 470041776)

Articles
Les Cahiers Charles de Foucauld (44 volumes)
Paul Fournier (dir.), « Charles de Foucauld. Approches historiques », Courrier de la Fraternité séculière Charles de Foucauld no 131, numéro spécial 2007-2008.
Dominique Casajus, « Charles de Foucauld face aux Touaregs : Rencontre et malentendu , Terrain, no 28, mars 1997, p. 29-42
Dominique Casajus, « René Bazin et Charles de Foucauld : un rendez-vous manqué ? », Impacts, vol. 2, no 34, 2000, p. 149-163
Dominique Casajus, « Charles de Foucauld face aux Touaregs : Rencontre et malentendu », Terrain, no 28, mars 1997, p. 29-42
Pandolfi Paul, « Casajus, Dominique (Introduction). Chants touaregs. Recueillis et traduits par Charles de Foucauld, Paris, Albin Michel, 1997, 308 p. », Cahiers d'Etudes Africaines, recension, no 157, 2000
Pandolfi Paul, Sauront-ils séparer entre les soldats et les prêtres ? : sur l’installation du Père de Foucauld dans l’Ahaggar », Journal des africanistes, vol. 67, no 2, 1997, p. 49-71
Jean-François Six, Mise au point : Charles De Foucauld, les Chrétiens et les musulmans , Groupe de Recherches Islamo-Chrétien, 2010 (lire en ligne)
Constant Hamès, recension de Galand (Lionel), éd., Lettres au Marabout. Messages touaregs au Père de Foucauld, Archives de sciences sociales des religions, 2000, document 112.19, mis en ligne le 19 août 2009
R. Chudeau, Le père de Foucauld, annales de géographie, année 1917, volume 26, numéro 139, p. 70 à 72
Raoul Bauchard, Le Père de Foucauld et le Marquis de Morès à l'École de cavalerie de Saumur, brochure de 1947.
Michel Pierre, article paru dans L'Histoire, décembre 2006, p. 64-69
Georges Gorrée, « Charles de Foucauld », Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d'Outre-Mer, Académie des Sciences d'Outre-Mer,, vol. 1, no 2, 1977
Le bulletin L'Appel du Hoggar devenu Bulletin Trimestriel des Amitiés Charles de Foucauld, revue éditée par l'association des Amitiés Charles de Foucauld articles aujourd'hui disponibles sur le site La Frégate, pages consacrées au rayonnement du Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916)
Jean-François Six, « La postérité de Charles de Foucauld », Études, no 397, juillet 2002, p. 63-73
Pierre Sourisseau, Aujourd'hui Charles de Foucauld, revue « Choisir », février 2010
Ubexy, Charles de Foucauld, extrait de "Leurs demeures en Lorraine", Marcel Cordier, éditions Pierron, Sarreguemines

Films

L'Appel du silence, film de Léon Poirier, 1936, durée 109 min
La Route Inconnue : Charles de Foucauld au Maroc. En 1883-84., film de Léon Poirier
DVD Charles de Foucauld Une histoire de confiance, des Petites Sœurs de Jésus, 2008
DVD La trace du premier pas, Dominique Davin, 26 min, distribué par l'Abbaye Notre-Dame-des-Neiges
DVD Bernard Martino, Charles de Foucauld, 1858-1916, Le Jour du Seigneur
Charles de Foucauld, chemin d'humanité, Daniel Ziegler, 2010

Liens

http://youtu.be/DdZlkxGMawE L'appel du silence film noir et blanc
http://youtu.be/c79VrZaHzac CH. De Foucauld



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Posté le : 30/11/2013 21:58
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Tahar Ben Jellon
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Le 1er décembre 1944 à Fès au Maroc naît Tahar ben Jelloun écrivaine et poète de

langue Française.

Écrivain marocain de langue française, originaire de Fès, ville dont son œuvre explore la topographie mythique, Tahar Ben Jelloun a soutenu une thèse de psychiatrie sociale, dont il a tiré un essai sur la misère morale et sexuelle des immigrés maghrébins, La Plus Haute des solitudes en 1977.
Après avoir fréquenté une école primaire bilingue arabo-francophone, il étudie au lycée français de Tanger jusqu'à l'âge de dix-huit ans, puis fait des études de philosophie à l'université Mohammed V de Rabat, où il écrit ses premiers poèmes — recueillis dans Hommes sous linceul de silence en 1971. Il enseigne ensuite la philosophie au Maroc.
Mais, en 1971, à la suite de l'arabisation de l'enseignement de la philosophie, il doit partir pour la France, n'étant pas formé pour la pédagogie en arabe. Il s'installe à Paris pour poursuivre ses études de psychologie.
Venu à la littérature dans la mouvance de la revue Souffles, qui liait la critique de la situation marocaine à un travail littéraire de subversion des formes, il s'est installé à Paris pour y devenir écrivain et journaliste. Homme de dialogue, il incarne l'intellectuel moderne du Maghreb, passeur de culture entre les deux rives de la Méditerranée.
Ses poèmes, rassemblés dans plusieurs recueils À l'insu du souvenir, 1980 ; Les amandiers sont morts de leurs blessures, disent « l'homme éclaté », la mise au jour par la quête poétique d'une mémoire couturée de cicatrices : mémoire du poète ou mémoire collective des villes de l'enfance, Fès ou Tanger ; échos des colères populaires ou douleurs de la guerre palestinienne.

À partir de 1972, il écrit de nombreux articles pour le quotidien Le Monde. En 1975, il obtient un doctorat de psychiatrie sociale.
Son écriture profitera d'ailleurs de son expérience de psychothérapeute ; La Réclusion solitaire, publiée en 1976. En 1985, il publie le roman L'Enfant de sable qui le rend célèbre.

Ses romans choisissent l'irréalisme de l'écriture et mêlent les codes et les genres. Roman-poème, Harrouda en 1973 emprunte son nom à la prostituée mythique des villes marocaines et invite à déchiffrer tous les signes qui s'inscrivent sur le corps des hommes et des villes : cicatrices, tatouages, graffiti, etc. — autant de traces qui dénoncent les censures traditionnelles, les manipulations de la parole sacrée, les blessures de la colonisation...

Sans perdre son goût pour la sémiologie, l'œuvre ultérieure s'enrichit de la familiarité des maîtres de la pensée arabe aussi bien que de Nietzsche ou de Borges. Le choix de formes littéraires en dérive, les discontinuités narratives, les surgissements de bouffées lyriques permettent de faire entendre la parole des sans-paroles : les travailleurs immigrés dans La Réclusion solitaire en 1976 ; les femmes et toutes les victimes de l'injustice sociale marocaine auxquelles la figure populaire de Moha le Fou, Moha le Sage en 1978 prête sa voix.
Après La Prière de l'absent en 1981, et L'Écrivain public en 1983, L'Enfant de sable en 1985 retrouve les arabesques aléatoires du conteur traditionnel pour traiter le thème de la fille, la huitième d'une famille sans enfant mâle élevée comme un garçon, et plonge ses lecteurs dans le vertige de l'identité impossible.
La Nuit sacrée prix Goncourt de 1987 poursuit cette variation sur le conte arabe. Avec Les Yeux baissés en 1991, Tahar Ben Jelloun renoue avec une veine plus réaliste pour évoquer la double exclusion qui frappe la femme émigrée

Tahar Ben Jelloun vit actuellement à Tanger avec sa femme et ses enfants Merième, Ismane, Yanis et Amine, pour qui il a écrit plusieurs ouvrages pédagogiques Le Racisme expliqué à ma fille, 1998. Il est aujourd'hui régulièrement sollicité pour des interventions dans des écoles et universités marocaines, françaises et européennes

Œuvres


Les Cicatrices du soleil, 1972
Hommes sous linceul de silence, 1971
Harrouda, 1973 - rééd. Gallimard, 2010
La Réclusion solitaire, 1976
Les amandiers sont morts de leurs blessures, poèmes, 1976, prix de l'amitié franco-arabe 1976
La Mémoire future, Anthologie de la nouvelle poésie du Maroc, 1976
La Plus Haute des solitudes, 1977
Moha le fou, Moha le sage, 1978, prix des Bibliothécaires de France, prix Radio-Monte-Carlo 1979
À l'insu du souvenir, poèmes, 1980
La Prière de l'absent, 1981
L'Écrivain public, récit, 1983
Hospitalité française, 1984
La Fiancée de 12, suivie d'Entretiens avec M. Saïd Hammadi ouvrier algérien, théâtre, 1984
L'Enfant de sable, 1985
La Nuit sacrée, 1987, prix Goncourt
Jour de silence à Tanger, récit, 1990
Les Yeux baissés, roman, 1991
Alberto Giacometti, 1991
La Remontée des cendres, poème (édition bilingue, version arabe de Kadhim Jihad), 1991
L'Ange aveugle, nouvelles, 1992
Éloge de l'amitié1994
L'Homme rompu, 1994
La Soudure fraternelle, 1994
Poésie complète, 1995
Le premier amour est toujours le dernier, nouvelles, 1995 (ISBN 978-2-02-030030-8)
Les Raisins de la galère, 1996 (ISBN 978-2-213-59474-3)
La Nuit de l'erreur, roman, 1997
Le Racisme expliqué à ma fille, 1997
L'Auberge des pauvres, 1997
Le Labyrinthe des sentiments ,1999
Cette aveuglante absence de lumière, 2001 (ISBN 978-2-02-053055-2)
L'Islam expliqué aux enfants, 2002
Amours sorcières, 2003 (ISBN 978-2-02-063887-6)
Le Dernier Ami, 2004 (ISBN 978-2-02-066267-3)
La Belle au bois dormant, 2004 (ISBN 978-2-02-063999-6)
Partir, 2006 (ISBN 978-2-07-077647-4)
Yemma, 2007 (ISBN 3827007585)
L'École perdue, 2007, Gallimard jeunesse
Sur ma mère, 2008 (ISBN 978-2070776467)
Au pays, 2009 (ISBN 978-2070119417)
Le texte d'un album-photo : Marabouts, Maroc, 2009, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070127047)
Beckett et Genet, un thé à Tanger, 2010, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070130030)
Jean Genet, menteur sublime, 2010, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070130191)
Par le feu, 2011, Gallimard (ISBN 978-2070134885)
L'Étincelle — Révolte dans les pays arabes, 2011, Gallimard (ISBN 978-2070134717)
Que la blessure se ferme, 2011, Éditions Gallimard (ISBN 978-2070137343)
Le Bonheur conjugal, 2012, Éditions Gallimard
Au seuil du paradis, 2012, éditions des Busclats

Les œuvres de Tahar Ben Jelloun à travers le monde

Ainsi L'Enfant de sable publié au Seuil et La Nuit sacrée, Prix Goncourt 1987, sont traduits en quarante-trois langues, dont, en dehors de l'arabe, des langues européennes et de l'anglais l'indonésien, le lituanien, le vietnamien, le hindî, l'hébreu, le japonais, le coréen, le chinois, l'albanais, le slovène, etc.
Le racisme expliqué à ma fille un succès de librairie vendu à plus de 400 000 exemplaires, est traduit en trente-trois langues, dont les trois langues principales d'Afrique du Sud l'afrikaans, le swati et l'ixixhosa, le bosniaque et l'espéranto.
La plupart de ses livres ont été traduits en arabe, certains par l'auteur lui-même.

Récompenses et distinctions

En 1976 il reçoit le prix de l'amitié franco-arabe pour son recueil de poèmes Les amandiers sont morts de leurs blessures.
Le 1er février 2008, il reçoit des mains du président de la République française Nicolas Sarkozy la Croix de Grand Officier de la Légion d'honneur.
Il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'Université de Montréal (2008).
Il est élu membre de l'Académie Goncourt, en remplacement de François Nourissier démissionnaire.
Il reçoit le prix Ulysse en 2005 pour l'ensemble de son œuvre.
Il reçoit le prix IMPAC à Dublin en juin 2004. Ce prix, décerné par un jury international après une sélection faite par 162 bibliothèques et librairies anglo-saxonnes, couronne le roman Cette aveuglante absence de lumière, écrit à la demande d'un ancien prisonnier du bagne de Tazmamart au Maroc, et après un entretien avec celui-ci.
Il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain 1993.
Il est lauréat du prix Goncourt en 1987, pour son œuvre La Nuit sacrée.
Tahar Ben Jelloun est l'écrivain francophone le plus traduit3 au monde.
Le 20 juillet 2010, Tahar reçoit le prix international de poésie « Argana », décerné par la Maison de poésie du Maroc4.
Le 21 juin 2011, il reçoit le prix de la paix Erich-Maria Remarque pour son essai L'étincelle — Révolte dans les pays arabes5.
En mai 2012, il est promu Commandeur de l'ordre national du Mérite en France.

Prises de positions sur la société française

Dans Le Monde du lundi 6 septembre 2010, TBJ écrit une lettre au Président de la République l'invitant à plus de discernement dans ses propos.
Nicolas Sarkozy s'était exprimé à Grenoble sur la possibilité de déchoir de la nationalité française une personne qui aurait commis un grave délit Il prétend lui rappeler sa position de chef de l'État et l'usage qu'il se devrait d'en faire vis-à-vis des valeurs de la République et de sa Constitution.
Liens

http://youtu.be/0zXu8h3JcBk L'écriture en partage 1
http://youtu.be/RXsg1qu5864 L'écriture en partage 2
http://youtu.be/-VxdZicTmAY L'écriture en partage 3
http://youtu.be/TpjjYNPktu4 L'écriture en partage 4
http://youtu.be/bY_8_SI5U7I Dialogue avec Tahar Ben Jelloun
http://youtu.be/ymCM7G2X0lg Tahar Ben Jelloun dialogues


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Posté le : 30/11/2013 21:49
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Re: Défi thème d'écriture du 2 décembre
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Du vécu, y'a que cela de vrai mon ami ! Parfois mieux vaut rester coi en effet, histoire de ne pas aggraver sa situation ...

Merci pour ce partage d'expérience Kjtiti

Amitiés
Couscous

Posté le : 30/11/2013 19:35
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Re: Cadavre exquis
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Ca marche bien, nous en sommes au 2e tour

Je rappelle à celles/ceux qui n'y participent pas encore que l'entrée en jeu peut se faire n'importe quand...
Le résultat actuellement est plutôt intéressant, participez-y, plus on de fous, plus on (éc)rit !

Posté le : 30/11/2013 18:18
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Re: "Cadavre exquis" sur une idée de Christophe
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De Aigle
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Ca marche bien, nous en sommes au 2e tour

Je rappelle à celles/ceux qui n'y participent pas encore que l'entrée en jeu peut se faire n'importe quand...
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Posté le : 30/11/2013 18:17
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Re: Défi thème d'écriture du 2 décembre
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Je propose pour ouvrir ce thème , une expérience personnelle............ !!!!

Quand du bistrot je rentre un peu tard, pas trop tôt
Je peux faire confiance aveugle en ma conjointe
Pour ce doux commentaire émit en quelques mots
Qui ne demande pas de réponse succincte

« C’est à c’t’heure là qu’tu rentres, ne dit pas non................., c’est trop »
C’est vrai qu’elle n’as pas tort, le nier serait idiot
La pendule l’atteste c’est à c’t’heure là qu’je rentre
Donc je ferme ma gueule, et m’en vais au dodo


Posté le : 30/11/2013 17:03

Edité par kjtiti sur 01-12-2013 11:55:11
Edité par kjtiti sur 02-12-2013 14:38:11
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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