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Re: Défi thème d'écriture du 23 décembre
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Toutes mes pensées pour ta mamie Couscous et bravo pour ce joli texte ;)

Très joli conte Arielle ;)

Je vais essayer de faire un petit texte de Noël :)


Posté le : 23/12/2013 11:45
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Re: Défi thème d'écriture du 23 décembre
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Merci pour ton soutien Arielle !

Recréer une crèche vivante, quelle belle idée de texte ! Cette Clothilde, je sens qu'on va encore la croiser au détour d'une autre histoire.

Joli conte de cironstance.

Merci !

Couscous

Posté le : 23/12/2013 09:34
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Re: Défi thème d'écriture du 23 décembre
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Ta Mamie lira sûrement ce que tu as écrit. Très joli texte, très émouvant.

J'ai essayé d'écrire un petit conte de Noël.

Un réveillon inhabituel:

On est le 24 Décembre et pour la première fois de sa vie, Clothilde va passer le réveillon de Noël seule. Il y a de fortes chances (si on peut appeler ça comme ça), que le 31 se déroule dans les mêmes conditions. Son mari est parti de la maison depuis longtemps, son compagnon aussi et ses enfants sont chez leur grand-mère.

Elle a décoré la maison, c’est une fête qu’elle aime beaucoup. Elle aime le rouge, le doré, le brillant, les lumières qui clignotent, elle en a mis dans toutes les pièces et même dans le jardin.

Ce soir elle mangera du foie gras et du homard. A Noël on doit manger des mets exceptionnels. Le vin moelleux et le Vouvray pétillant sont au frais, elle a aussi acheté un petit Christmas pudding pour elle toute seule. Elle flambera sa part au Cognac ou au Whisky.

Allez ! A la tienne Clothilde, joyeux Noël !!! Elle se verse une petite coupe. Les bulles éclatent joyeusement dans son verre, et le liquide frais coule agréablement dans son gosier.

Elle n’est pas sûre d’avoir bien fermé le portail du jardin. Elle sort avec son trousseau de clés, il pleut à verse et elle presse le pas. En s’approchant de la barrière elle entend une sorte de grognement. Dans la rue, assis sur le trottoir, il y a un homme qui paraît assez âgé.

-Qu’est-ce que vous faites assis là monsieur ?

-Excusez-moi, je suis tombé. Je ne suis pas saoul vous savez, j’ai une maladie qui fait que je perds parfois l’équilibre. J’espère que je ne vous ai pas fait peur.

-Non, n’ayez pas d’inquiétude, vous allez être trempé, voulez-vous que j’appelle quelqu’un qui pourrait venir vous chercher ?

-Non merci, c’est très gentil, je vais repartir.

Le vieil homme essaie de se relever, mais n’y parvient pas. Clothilde l’aide tant bien que mal, mais il est lourd. En prenant appui sur le mur de sa maison, il arrive à se remettre debout.

-Entrez dans ma maison, il pleut trop, nous verrons ce que nous allons faire.

Elle fait entrer l’homme aux cheveux longs et à la barbe encore noire dans sa cuisine.

-Je m’appelle Clothilde, et vous ?

-Giuseppe, je suis d’origine italienne. Je suis désolé de vous déranger un jour comme celui-là. J’ai des pertes d’équilibre et des pertes de mémoire, il m’arrive parfois de me perdre.

Clothilde aide Giuseppe à enlever son manteau, il n’a aucun papier d’identité. Elle lui sert une coupe de Crémant, quand tout à coup elle entend des cris dans la rue.

-Je m’en vais, tu ne me toucheras plus, c’est fini, je fais ma valise !!!!

Clothilde sort, et voit sa voisine dans la rue, les cheveux en bataille. Cette femme habite en haut de la rue, un homme lui court après. Elle a juste le temps d’ouvrir le portail et de faire entrer la jeune femme. Elles se cachent toutes les deux derrière la haie. L’homme passe devant la maison, tel un fou, il hurle :

-Reviens, je vais te tuer !

Toutes les deux attendent un peu, elles ne sont pas très rassurées. Elles se dirigent vers la maison. Clothilde conduit la rescapée aux cheveux longs dans sa cuisine où Giuseppe a repris des couleurs.

-J’ai tellement honte. Je m’appelle Myriam, mon mari me frappe quand il a bu. Je me suis échappée, je ne peux plus supporter ça.

-Je vous comprends, dit Clothilde. Restez un peu ici, nous aviserons plus tard. Je vous sers une coupe.

Myriam a enfilé un pull de son hôtesse et elle s’assoit à côté du vieil homme.

Un bruit, comme un grincement, attire l’attention de Clothilde. Ce bruit vient du jardin. Elle sort pour la troisième fois de la soirée. C’est un réveillon bien mouvementé finalement. Il s’agit d’un gémissement. Il vient de la haie, sous le lilas. Il y a une sorte de paquet qui semble avoir été jeté là. Il s’agit d’un couffin. Un bébé est couché dedans.

Clothilde se dépêche de ramener le petit au chaud. Dans le lit minuscule, sur un papier bien plié est écrit « Issa ».

-Ce doit être son prénom, dit Myriam. C’est joli.

-Qui a bien pu le mettre là un soir de Noël !

Clothilde est choquée.
Giuseppe regarde le couffin.

-En tout cas, la personne qui l’a mis dans votre jardin a pris soin de bien le couvrir, il n’est même pas mouillé.

C’est vrai, Issa s’est endormi, Clothilde doit même le découvrir un peu.

-Ouah, ouah

-Un chien maintenant, c’est incroyable ! J’espère qu’il n’est pas dans mon jardin celui-là !

Giuseppe qui paraît beaucoup plus jeune maintenant et Myriam regardent Clothilde d’un air gêné.

-Ne vous inquiétez pas, je disais ça parce que c’est une soirée bien curieuse.

Dehors un chien remue la queue, il lèche la main de Clothilde qui le fait entrer. Il se précipite et se couche aux pieds de Giuseppe et de Myriam qui a pris Issa dans ses bras.

La crèche est presque complète, Clothilde s’attend d’une minute à l’autre à voir les Rois Mages entrer dans la petite maison.


Elle a partagé son repas et sa maison avec ces personnes désemparées, c’est Noël non ?

Posté le : 23/12/2013 09:19
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Re: Les expressions
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« Pas folle, la guêpe ! »


Il est malin ! Elle est maligne !

Les guêpes sont vraiment des insectes agaçants ! A la campagne en été, il n'y a pas moyen de se faire tranquillement une tartine de confiture au petit-déjeuner, dehors sous l'auvent, dans la douceur matinale, sans qu'une troupe d'au moins deux ou trois de ces bestioles ne vienne tournoyer autour de la tartine et de son propriétaire, prêtes à y planter leur dard acéré.
Agaçantes, c'est sûr ! Mais sont-elles folles pour autant ? A ma connaissance, aucun psychiatre n'a, pour l'instant, répondu clairement à la question. Et pourtant, de tels travaux seraient certainement récompensés d'un Prix Nobel .

Cette expression s'emploie souvent en guise de satisfecit auto-délivré lorsqu'on a pensé à prendre des précautions adaptées avant de faire quelque chose, ou lorsqu'on a réussi un coup rusé, par exemple.

A l'origine, au milieu du XIXe siècle, on disait "pas bête, la guêpe" ce qui était plus amusant, une guêpe étant bien, selon mes dernières informations, une bête et pas un humain.
Mais en réalité, à la même époque, le mot 'guêpe' désignait une personne maligne, finaude. La raison vient d'un jeu de mot : on peut aussi dire d'une telle personne qu'elle est fine avec le sens de retorse, maligne ou astucieuse. Or, n'est-il pas de notoriété publique que la guêpe a la taille extrêmement fine ?

C'est ainsi que cette 'guêpe'-là, personne maligne donc pas bête, a donné la locution "pas bête la guêpe" qui est devenue "pas folle la guêpe" au XXe siècle.
C'est sous cette dernière forme qu'elle a été popularisée par Arletty en 1939 dans "Circonstances atténuantes".

C'est d'ailleurs pour cela qu'on appelait des 'guêpières' ces gaines que les femmes se mettaient autrefois pour s'affiner la taille. 'Guêpière' n'étant pas, cela va sans dire, le féminin de 'guêpier', même si la guêpe est à l'origine des deux.

Et, à ceux qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont eu l'occasion de chevaucher une Vespa, je rappelle qu'aussi bien en latin qu'en italien, 'vespa' signifie 'guêpe'.

Posté le : 22/12/2013 18:37
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Re: Défi thème d'écriture du 23 décembre
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Plus rien ne sera pareil …

Nous sommes le 24 décembre et toute la ville semble en effervescence : derniers achats de nourriture telles que les huîtres afin d’en assurer la fraîcheur, passage chez le traiteur ou le coiffeur, cadeaux de dernière minute à dégoter pour un invité inattendu ou un cousin du Canada qui débarque.

Personnellement, je me suis organisée pour que tout soit prêt à temps, sans stress. Il faut dire que nous ne sommes jamais nombreux à réveillonner à la maison : mon mari et moi, nos trois beaux enfants et ma grand-mère paternelle. D’ailleurs, son cadeau trône sous le sapin depuis ce matin : une bouteille de son parfum préféré « Angel ». Je me souviens qu’à l’occasion d’un de ses anniversaires, il y a plusieurs années, mon grand-père avait briffé tout le monde pour acheter ce parfum. Sa femme a donc reçu quatre bouteilles, de quoi sentir bon longtemps ! Qu’est-ce qu’on avait ri !

Il est 19 heures et j’achève les derniers préparatifs avant de me mettre en route pour aller chercher Mamie. C’est alors que le téléphone sonne. C’est sûrement elle qui s’impatiente déjà !

Au bout du fil, une dame me demande : « Vous êtes Madame C., petite-fille de Madame D. ? »

J’émets un oui inquiet et hésitant.

« C’est l’hôpital. Votre grand-mère a fait une chute devant chez elle. Un voisin a prévenu l’ambulance. Elle a été admise aux soins intensifs. »

Sans répondre, je raccroche prestement. J’ai l’impression que le sol va se dérober sous mes pieds, mon cœur s’emballe et ma gorge se serre. Je me ressaisis et attrape mon sac à mains. Je lance une phrase explicative rapide à mon mari et court vers la voiture.

Arrivée devant le service des soins intensifs, je trouve porte close. Sur ma droite, je remarque une sonnette qui active un interphone. Je décline mon identité à la voix masculine qui me répond « Entrez. »

Un infirmier maigrelet m’amène jusqu’au chevet de Mamie. Elle a des tuyaux partout et seuls les bips d’une machine rompent le silence pesant. Mon aïeule ouvre les yeux et me sourit faiblement. J’ai envie de lui poser plein de questions mais je sais qu’elle n’aura pas la force d’y répondre.

Un médecin se poste dans l’embrasure de la porte et m’informe qu’elle a fait un infarctus et qu’ils ont dû la réanimer. Là, je m’adresse à Mamie en lui prenant la main :

« Ben, t’en fais toi ! Tu as oublié que je venais te chercher pour le réveillon ? Tu n’as pas le droit de nous faire de telles frayeurs ! »

Elle referme les yeux et la machine commence à s’affoler, provoquant une arrivée massive d’infirmières et du médecin. Ce dernier se met à faire un massage cardiaque avant qu’une paire de palettes viennent offrir l’électrochoc, peut-être salvateur …. Mais il n’en est rien.

Quelques minutes plus tard, l’infirmière éteint la machine qui n’émet maintenant qu’un sifflement strident et monotone. Je croise des regards de compassion, je sens une main se poser sur mon épaule avant de me retrouver seule dans la pièce.

Je pose un baiser sur la joue ridée de Mamie. Ce réveillon et les suivants ne seront plus jamais les mêmes ….


A la mémoire de Mamie.

Posté le : 22/12/2013 16:15
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Page15/12/2013, l'OTS, sitting-bull, Disney, Eiffel,liffar, dela Lande, Daudet, Tour de Pise.
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fee etoilee


























Texte à l'affiche : " Vous m'aviez dit alors "   de  ALICEG
 






Le  15 Décembre  1890  meurt  SITTING-BULL

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Le  15  Décembre  1966  meurt  Walt  DISNEY
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Le 15 Décembre 1986  meurt  Serge  
LIFAR
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Le 15 Décembre 1995 sacrifice à L'OTS ordre du temple solaire
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Aujourd'hui Dimanche 15 Décembre 2013
  
LIRE , ECRIRE, DECOUVRIR

PAGES D'ACCUEIL PRECEDENTES Dans la BIBLIOTHEQUE 
LIRE ICI


 Nouveau  vos rendez-vous hebdomaires :

*Bacchus sa tribune : quand sa lyre délire

*Emma "dos à dos" sa chronique d'jeuns
*Iktomi "chef-d'oeuvre, pas chef-d'oeuvre ?
*Les bons mots de la semaine par Grenouille

*CHRISTOPHE propose un "cadavre exquis"
*La pensée de la semaine de Grenouille :

" Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie."

CONFUCIUS





Le 15 Décembre 1832  naît  
Gustave  EIFFEL

Lire ICI



Le 15  Décembre 2001  ré-ouvre
LA TOUR de PISE
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Le 15 Décembre 1657 naît  M-R  
De La LANDE
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http://www.loree-des-reves.com/uploads/newbb/3_52adc85d6fe24.jpg

Le 15 Décembre 1897  meurt  Alphonse
DAUDET
LIRE ICI



*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner 

            ---*ATELIER CONCOURS
*--

        *Cliquez ici pour rejoindre Couscous 
                   dans son nouveau défi 

         Lucinda vous pose deux questions :
         *Pourquoi le mensonge ?
         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
   

      
     




Posté le : 22/12/2013 13:21
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Re: Les bons mots de Grenouille
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Quelques Citations sur Noël
====================


Le père Noël a toujours eu une hotte idée de lui-même.
Marc Hillman


" Tu fais quoi pour Noël ? "
" Je prends deux kilos "
Anna Gavalda



Quand on décore un sapin de Noël, on a toujours l'impression qu'il nous faudrait une guirlande de plus.
Loi de Murphy


- " Noël au balcon, enrhumé comme un con".
Anonyme


L'enfance c'est de croire qu'avec le sapin de Noël et trois flocons de neige toute la terre est changée...
André Laurendeau




Bientôt Noël... Cette jolie période de l'année où l'on ne songe plus au passé ni au futur mais rien qu'aux présents.
Antoine Chuquet


Etre môme du pavé, enfant de purotins, nez au vent, mains dans les poches, des copains en pagaille, c'est Noël tous les jours.
[ Les Ritals - 1978 - ]
François Cavanna



Il y a quatre âges dans la vie de l'homme: - celui où il croit au Père Noël; celui où il ne croit plus au Père Noël; - celui où il est le Père Noël; - celui où il ressemble au Père Noël.
Anonyme

Quand on va dans un bureau de poste et que l'on voit comment les employés des P.T.T. manipulent les colis, on comprend mieux pourquoi le Père Noël tient à apporter ses cadeaux lui-même.


Ne pourrait-on pas fixer Noël au 15 août, afin que le père Noël évolue enfin dans des cheminées éteintes?
Philippe Bouvard


L'adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote.
Pierre Desproges


Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme.
Chroniques de la haine ordinaire (2004), Jours de fête
Citations de Pierre Desproges


On dit que la jeunesse ne croit plus à rien.Quelle tristesse... Et si un jour le Père Noël ne croyait plus aux enfants!
Pierre Doris



J'ai arrêté de croire au Père Noël le jour où,dans une galerie marchande, il m'a demandé un autographe...
Citations de Jacques Dutronc



Si on éradiquait radicalement les cartes de voeux et les cadeaux, Noël deviendrait une espèce de scintillant carnaval païen qui nous distrairait agréablement des rigueurs de l'hiver...
Helen Fielding



Une vie, c'est 70, 80 sapins de Noël. Remarquez, quelquefois il suffit d'un platane !
Michel Galabru



Un Noël sans neige, c'est pas un vrai Noël.
L'année dernière y'avait de la neige, t'arrêtais pas de gueuler!
Oui, mais j'avais pas mes bons pneus......
Jean-Marie Gourio



Qu'est ce que tu vas faire pour les fêtes?
- La Noël en famille et le jour de l'An pas en famille, vu qu'au réveillon de Noël en général on s'engueule avec toute la famille.
Brèves de comptoir, 1988
Citations de Jean-Marie Gourio



Mille cinq cents oies du Périgord ont entamé une grève de la faim à quelques jours de Noël. On ignore encore les causes d'une telle décision.
Daniel Prévost



Les chômeurs réclament une prime de Noël: si le sapin pouvait être remplacé par un bouleau...
Laurent Ruquier



Malin, Dieu... S'il avait fait naître son fils le 1er avril on se serait méfié. Alors que le soir de Noël, forcément, c'est raccord.
Patrick Sébastien


Sapin de Noël: on aura même réussi à rendre les arbres ridicules.
Citations de Sylvain Tesson


Méfions-nous des soi-disant faux Père Noël: ils sont tous vrais !
Jean Gouyé, dit Jean Yanne


Noyeux Joel et Nonne Abbé !
Noyez Joël et bonne apnée !
Noyez Joël et Beaux Nénés !



L'agréable, dans les cadeaux d'argent qu'on reçoit pour Noel, c'est qu'ils sont si faciles à échanger....
De Benjamin Winston


La plus grande surprise du matin de Noel, c'est de lire : "piles non fournies" sur l'emballage


Sans les cadeaux, Noël ne serait pas Noël.
Les Quatre Filles du docteur March (1868)



Ce n'est pas seulement pour duper nos enfants que nous les entretenons dans la croyance au Père Noël: leur ferveur nous réchauffe, nous aide à nous tromper nous-mêmes ...
Claude Lévi-Strauss


Noël, c'est la veille, c'est l'attente
Georges Dor



La triste réalité ….
===============

Lendemain de fête, caca qui fouette (proverbe nimois)

Qui boit la gnôle, casse la bagnole (proverbe savoyard)




Et quelques dictons :
==================

Au vingt de Noël les jours rallongent d'un pas d'hirondelle.


Noël grelottant, - Pâques éclatant.


Noël au balcon, - Pâques au tison.


Les douze jours qui vont de Noël aux Rois, - Donnent le temps des douze mois.


A la Saint-Thomas, - Cuit ton pain, lave tes draps: - Dans trois jours Noël t'auras.


Tel temps à la Saint-Daniel, - Même temps à Noël.


Pentecôte humide - Noël splendide.


Et le meilleur ...
Neige en novembre, Noël en décembre



Lettres d'enfants :
===============
Le petit garçon d'un mafioso voudrait avoir une bicyclette neuve pour
Noel.
Alors il prend un papier et un crayon et écrit :
- Cher petit Jésus, j'aimerais bien avoir pour Noël une bicyclette
neuve car mon vieux bicycle...
Il arrête, regarde sa lettre la déchire en disantque ça ne marchera
pas.
Il prend un autre papier et écrit :
- Cher petit Jésus ayant été sage, j'aimerais pour Noël, avoir une
bicyclette neuve...
Il s'arrête, regarde sa lettre, la déchire et dit que ça ne marchera
pas celle-là non-plus...
Il regarde sur le bureau de sa chambre, prend la statue de la
Sainte-Vierge, prend la roulette de papier collant, enrubanne la
statue comme il faut, la dépose dans une boîte et entoure la boîte
carton, descend dans le sous-sol dépose la boîte dans une valise,
barre la valise pour ensuite la déposer dans le coffre-fort et barre
le lec offre-fort avec deux cadenas.
Il remonte en haut prend un papier et sa plume et écrit :
- Cher petit Jésus, si tu veux revoir la madonne vivante…



La nouvelle génération :
Dans un grand magasin, le 24 décembre, une petite fille s'approche du Père-Noël qui l'invite à monter sur ses genoux et qui lui demande :
- Bonjour ma petite fille. Alors dis-moi, qu'est-ce que tu aimerais pour Noël ?
La petite fille le fixe alors avec des grands yeux pleins d'angoisse, des larmes ne tardent pas à couler et elle sanglote :
- Ca veut dire que tu n'as pas reçu mon e-mail ?


Et savez vous pourquoi le père Noël rit tout le temps ?
Parce que ce n'est pas lui qui paye les cadeaux ….

Bonnes fêtes de fin d'année et merci de votre passage chaque semaine

Grenouille


Posté le : 21/12/2013 23:26

Edité par Grenouille sur 23-12-2013 04:07:00
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Papa Noël ... ses contes, ses chansons
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Contes de Noël de 1 à 100 ans



Depuis plusieurs semaines, l'hiver recouvrait le Morvan de son manteau blanc. Le froid était vif, les renards ne quittaient plus leurs terriers, des traces dans la neige trahissaient leur passage à la recherche de quelques lapins égarés. Parfois, le vol sombre d'une buse se dessinait dans le ciel. L'Anguison était gelé, on ne l'entendait plus couler, en bas dans la vallée. La nature s'était endormie et dans le village, les paysans restaient blottis dans leurs chaumières. Ils avaient coupé du bois qui avait séché tout l'été, mais avec ce froid et le bon feu qui crépitait dans la cheminée, les réserves commençaient à s'épuiser. Pourtant Monsieur le comte les avait autorisés à augmenter les coupes sur son domaine. On l'aimait bien, ici, Monsieur le comte. Pas fier pour un sou, surtout depuis ses malheurs, toujours à demander des nouvelles des uns et des autres et si la vie n'était pas trop dure. Il habitait le château un peu en dehors du village. Oh ! Pas un château de conte de fée, plutôt une grande maison qui, aujourd'hui, lui paraissait encore trop grande. Le feu allumé dans la cheminée ne suffisait pas à chauffer le vaste salon où Monsieur le comte somnolait. Il passait la plus grande partie de son temps dans cette grande pièce où il avait tant et tant de souvenirs.
Demain, ce serait Noël et il songeait que la brave Germaine et son Julien préparaient le bon repas qu'ils savoureraient ce soir, après la messe de minuit. Il n'y avait plus que lui et les deux domestiques dans le château. Ses deux fils, Lucien et Marcel, étaient partis. Il n'avait plus aucune nouvelle, une brouille pour une histoire d'héritage... Il ne se rappelait plus très bien... Si... c'était après la mort de sa douce Marie, emportée brusquement dans sa soixante-troisième année, il ne s'en était jamais remis. Il se sentait bien seul, tellement seul.

Un aboiement le sortit de sa torpeur. C'était Flambard, son fidèle chien, qui sautait dans la neige et qui aurait tant voulu se dégourdir les pattes dans la campagne. Le ciel était clair, au loin quelques nuages montaient de Corbigny. Monsieur le comte se dit que ça lui ferait le plus grand bien d'aller faire un tour dans les bois avant la tombée de la nuit. Il chaussa ses bottes, passa son manteau et son écharpe, enfonça son grand chapeau noir jusqu'à ses oreilles, enfila ses gants de laine, attrapa la laisse de Flambard et sortit. Le chien était tout joyeux et il eut le plus grand mal à l'attacher. Ils suivaient le chemin en direction de la rivière. Monsieur le comte retenait difficilement Flambard qui aboyait de joie en sautant de gauche à droite. Tout à coup, le chien aperçu un point noir dans la neige. C'était Félix, son ennemi intime. Le chat ne manquait jamais une occasion de venir le narguer. Et là, ses bonds dans la neige mettaient Flambard hors de lui. Il tira si fort qu'il arracha la laisse des mains de son maître et se précipita à la poursuite de cet effronté. Monsieur le comte avait beau appeler, ordonner, jurer, rien n'y faisait, Flambard courrait toujours. Finalement, il disparut dans le bois à la poursuite de ce maudit chat. Monsieur le comte suivait tant bien que mal les traces de son chien, mais elles zigzaguaient de part et d'autre du chemin et il eut vite fait de les perdre.

Cela faisait maintenant près de deux heures que Flambard s'était enfui. La nuit commençait à tomber, les nuages étaient plus épais et quelques flocons voltigeaient à présent dans le ciel devenu gris sombre. Il est temps de rentrer, pensa Monsieur le comte, Flambard retrouvera bien son chemin tout seul. Mais avec tous les détours qu'il avait faits et la neige qui tombait alors à gros flocons, Monsieur le comte s'était perdu. Il se trouvait à présent dans un bois au flanc d'une colline qu'il n'arrivait pas à identifier. Il se dit stupidement (il s'en rendit compte plus tard) qu'en montant jusqu'au sommet il pourrait, sans doute, apercevoir le clocher de Gascogne et ainsi retrouver son chemin. Lorsqu'il arriva en haut, il faisait presque nuit et il ne voyait, tout au plus, qu'à une dizaine de pas devant lui. Sur sa gauche, il crût apercevoir une maison, il approcha. Ce n'était, en réalité, qu'une cabane de braconnier r: quelques pierres recouvertes d'un toit de chaume en mauvais état. Il entra. Un peu rassuré, il décida d'y passer la nuit, demain, il verrait bien. A tâtons, dans un coin, il trouva une vieille couverture trouée sentant l'humidité posée sur un lit d'une propreté douteuse. Il se coucha après s'être enroulé dans la couverture et s'endormit rapidement d'un sommeil lourd peuplé de cauchemars.

Il commençait à se réchauffer et se sentait mieux. Dans un demi-sommeil il percevait des bruits de vaisselle et une bonne odeur de cuisine. Il entrouvrit les yeux : il y avait de la lumière, un bon feu, une table dressée. Il croyait rêver... mais non, c'était bien vrai. Il se rappela alors que c'était le soir de Noël. Une femme était là, son enfant l'aidait. Elle était très belle, et dans la lueur des flammes son visage semblait illuminé. Elle était vêtue comme une de ces paysannes : un grand châle recouvrait ses épaules, on entendait le bruit de ses sabots sur le sol, elle portait sur la tête un bonnet de coton d'un blanc immaculé. L'enfant était blond et bouclé. Il lui fait penser au Jésus de la crèche qu'il avait offerte à la paroisse à Noël dernier.
"Dans un demi-sommeil il percevait des bruits de vaisselle et une bonne odeur de cuisine. Il entrouvrit les yeux: il y avait de la lumière, un bon feu, une table dressée. Il croyait rêver... mais non c'était bien vrai. Il se rappela alors que c'était le soir de Noël. "
D'un geste, la femme l'invita à prendre place à la table. Il n'avait jamais vu un tel repas. Toutes sortes de charcuteries étaient disposées sur des plats en argent. Des viandes savoureuses l'attendaient et même des truffes au lard, son plat préféré ! Un peu plus loin des tartes, des gâteaux et les fruits... une coupe pleine de cerises écarlates... oui des cerises, à cette saison ! De quoi nourrir tout le village ! Il n'en croyait pas ses yeux ! Il ne se fit pas prier et se servit largement. La mère et l'enfant le regardaient en silence. Il coupa une belle tranche de pain et la porta à sa bouche. Avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre, l'enfant saisit le morceau et le mangea. Monsieur le comte était scandalisé... mais il ne dit rien. Il saisit un morceau de viande, mais quand il l'eut coupé, ce fut la femme qui le pris et le mangea. Il essaya encore avec les légumes, les fruits, mais rien à faire, l'un des deux était toujours plus rapide. Il avait pourtant si faim et il ne pouvait rien manger ! Il aurait donné très cher pour partager le maigre repas de ses paysans, même si ce soir la soupe n'était, sans doute, pas beaucoup plus épaisse que d'habitude. La femme et son enfant le regardaient avec une grande douceur et il sentit ses yeux se remplir de larmes. Il se leva, retourna se coucher et s'endormit à nouveau.

Beaucoup plus tard, il crût entendre le hurlement d'un loup au loin et il eut peur. Il ouvrit les yeux brusquement pour s'assurer que la porte de la cabane était bien fermée. Le jour était levé. Un rayon de soleil radieux traversait la fenêtre crasseuse. Il put alors observer la pièce: une cheminée avec quelques cendres, une table bancale, un vieux banc, une chaise cassée, un peu de vaisselle sale et ébréchée. Aucune trace du festin de la veille. Les hurlements se rapprochaient. Il reconnut le jappement joyeux de Flambard. Il ouvrit la porte, le chien se précipita sur son maître pour lui montrer sa joie. Il n'avait plus qu'à suivre ses traces dans la neige pour rentrer au château.

Chemin faisant, il réalisa qu'il avait rêvé. S'approchant du château, il croisa quelques paysans. Ils le saluaient avec respect. Il répondait à leur salut, mais il les regardait différemment, comme s'il les voyait pour la première fois. Il avait tellement faim, il pensait à ce magnifique repas, mais chez lui, c'est un vrai repas qui était prêt. Germaine et Julien l'attendaient inquiets. Quand il vit tout ce qui était préparé pour lui, il eut peur que son rêve ne se réalise et il pensa à tous ces pauvres paysans qu'il aimait tant et qui n'avaient eu que leur soupe pour fêter Noël. Il demanda alors à Germaine de préparer quelques poulets de plus et de vider le saloir. Il envoya Julien demander à toutes les familles du village de venir les rejoindre pour le souper. Lui qui n'avait jamais aidé aux travaux de la maison dressa la table dans la grande salle, alluma le feu, alla chercher quelques bonnes bouteilles au cellier. Le banquet fut magnifique, jamais les villageois n'avaient fait une telle fête. Les enfants jouaient et riaient dans la salle d'habitude si triste. Il leur assura que, tant qu'il serait là, ils passeraient tous leurs Noëls au château.

Monsieur le comte n'avait jamais été aussi heureux depuis la mort de sa douce Marie. Le lendemain, il retourna au sommet de la colline, il voulait revoir la cabane. Il décida d'entreprendre des travaux pour la consolider et d'édifier un clocher pour en faire une chapelle, oh! Une minuscule chapelle mais qui se verrait de très loin. En souvenir de son épouse Marie et de la belle dame, il l'appela Notre Dame du Morvan. A cause du repas, les villageois nommèrent la colline: "Le Banquet".

Certains vous diront que ce n'est qu'une légende. Ne les croyez pas ! Récemment restaurée, la chapelle Notre Dame du Morvan se dresse toujours au sommet du "Banquet". N'hésitez pas à y monter quand vous traverserez le Morvan, vous y trouverez le calme et la sérénité, c'est peut-être cela le vrai miracle du "Banquet".
Un conte de Bernard



Les murs du château étaient faits de neige pulvérisée, les fenêtres et les portes de vents coupants, il y avait plus de cent salles formées par des tourbillons de neige. La plus grande s'étendait sur plusieurs lieues, toutes étaient éclairées de magnifiques aurores boréales, elles étaient grandes, vides, glacialement froides et étincelantes. Aucune gaieté ici, pas le plus petit bal d'ours où le vent aurait pu souffler et les ours blancs marcher sur leurs pattes de derrière en prenant des airs distingués. Pas la moindre partie de cartes amenant des disputes et des coups, pas la moindre invitation au café de ces demoiselles les renardes blanches, les salons de la Reine des Neiges étaient vides, grands et glacés. Les aurores boréales luisaient si vivement et si exactement que l'on pouvait prévoir le moment où elles seraient à leur apogée et celui où, au contraire, elles seraient à leur décrue la plus marquée. Au milieu de ces salles neigeuses, vides et sans fin, il y avait un lac gelé dont la glace était brisée en mille morceaux, mais en morceaux si identiques les uns aux autres que c'était une véritable merveille. Au centre trônait la Reine des Neiges quand elle était à la maison. Elle disait qu'elle siégerait là sur le miroir de la raison, l'unique et le meilleur au monde. Le petit Kay était bleu de froid, même presque noir, mais il ne le remarquait pas, un baiser de la reine lui avait enlevé la possibilité de sentir le frisson du froid et son cœur était un bloc de glace, ou tout comme. Il cherchait à droite et à gauche quelques morceaux de glace plats et coupants qu'il disposait de mille manières, il voulait obtenir quelque chose comme nous autres lorsque nous voulons obtenir une image en assemblant de petites plaques de bois découpées (ce que nous appelons jeu chinois ou puzzle). Lui aussi voulait former des figures et les plus compliquées, ce qu'il appelait le « jeu de glace de la raison » qui prenait à ses yeux une très grande importance, par suite de l'éclat de verre qu'il avait dans l'œil. Il formait avec ces morceaux de glace un mot mais n'arrivait jamais à obtenir le mot exact qu'il aurait voulu, le mot « Éternité ». La Reine des Neiges lui avait dit :
- Si tu arrives à former ce mot, tu deviendras ton propre maître, je t'offrirai le monde entier et une paire de nouveaux patins. Mais il n'y arrivait pas …
- Maintenant je vais m'envoler vers les pays chauds, dit la Reine, je veux jeter un coup d'œil dans les marmites noires. Elle parlait des volcans qui crachent le feu, l'Etna et le Vésuve.
- Je vais les blanchir ; un peu de neige, cela fait partie du voyage et fait très bon effet sur les citronniers et la vigne. Elle s'envola et Kay resta seul dans les immenses salles vides. Il regardait les morceaux de glace et réfléchissait, il réfléchissait si intensément que tout craquait en lui, assis là raide, immobile, on aurait pu le croire mort, gelé. Et c'est à ce moment que la petite Gerda entra dans le château par le grand portail fait de vents aigus. Elle récita sa prière du soir et le vent s'apaisa comme s'il allait s'endormir. Elle entra dans la grande salle vide et glacée … Alors elle vit Kay, elle le reconnut, elle lui sauta au cou, le tint serré contre elle et elle criait :
- Kay ! mon gentil petit Kay ! je te retrouve enfin. Mais lui restait immobile, raide et froid alors Gerda pleura de chaudes larmes qui tombèrent sur la poitrine du petit garçon, pénétrèrent jusqu'à son cœur, firent fondre le bloc de glace, entraînant l'éclat de verre qui se trouvait là. Il la regarda, elle chantait le psaume : Les roses poussent dans les vallées Où l'enfant Jésus vient nous parler. Alors Kay éclata en sanglots. Il pleura si fort que la poussière de glace coula hors de son œil. Il reconnut Gerda et cria débordant de joie :
- Gerda, chère petite Gerda, où es-tu restée si longtemps ? Ou ai-je été moi-même ? Il regarda alentour.
- Qu'il fait froid ici, que tout est vide et grand. Il se serrait contre sa petite amie qui riait et pleurait de joie. Un infini bonheur s'épanouissait, les morceaux de glace eux-mêmes dansaient de plaisir, et lorsque les enfants s'arrêtèrent, fatigués, ils formaient justement le mot que la Reine des Neiges avait dit à Kay de composer : « Éternité ». Il devenait donc son propre maître, elle devait lui donner le monde et une paire de patins neufs. Gerda lui baisa les joues et elles devinrent roses, elle baisa ses yeux et ils brillèrent comme les siens, elle baisa ses mains et ses pieds et il redevint sain et fort. La Reine des Neiges pouvait rentrer, la lettre de franchise de Kay était là écrite dans les morceaux de glace étincelants : Éternité … Alors les deux enfants se prirent par la main et sortirent du grand château. Ils parlaient de grand-mère et des rosiers sur le toit, les vents s'apaisaient, le soleil se montrait. Ils atteignirent le buisson aux baies rouges, le renne était là et les attendait. Il avait avec lui une jeune femelle dont le pis était plein, elle donna aux enfants son lait chaud et les baisa sur la bouche. Les deux animaux portèrent Kay et Gerda d'abord chez la femme finnoise où ils se réchauffèrent dans sa chambre, et qui leur donna des indications pour le voyage de retour, puis chez la femme lapone qui leur avait cousu des vêtements neufs et avait préparé son traîneau. Les deux rennes bondissaient à côté d'eux tandis qu'ils glissaient sur le traîneau, ils les accompagnèrent jusqu'à la frontière du pays où se montraient les premières verdures : là ils firent leurs adieux aux rennes et à la femme lapone.

- Adieu ! Adieu ! dirent-ils tous. Les premiers petits oiseaux se mirent à gazouiller, la forêt était pleine de pousses vertes. Et voilà que s'avançait vers eux sur un magnifique cheval que Gerda reconnut aussitôt (il avait été attelé devant le carrosse d'or), s'avançait vers eux une jeune fille portant un bonnet rouge et tenant des pistolets devant elle, c'était la petite fille des brigands qui s'ennuyait à la maison et voulait voyager, d'abord vers le nord, ensuite ailleurs si le nord ne lui plaisait pas.

- Tu t'y entends à faire trotter le monde, dit-elle au petit Kay, je me demande si tu vaux la peine qu'on coure au bout du monde pour te chercher. Gerda lui caressa les joues et demanda des nouvelles du prince et de la princesse.

- Ils sont partis à l'étranger, dit la fille des brigands.

- Et la corneille ? demanda Gerda.

- La corneille est morte, répondit-elle. Sa chérie apprivoisée est veuve et porte un bout de laine noire à la patte, elle se plaint lamentablement, quelle bêtise ! Mais raconte-moi ce qui t'est arrivé et comment tu l'as retrouvé ? Gerda et Kay racontaient tous les deux en même temps.

- Et patati, et patata, dit la fille des brigands, elle leur serra la main à tous les deux et promit, si elle traversait leur ville, d'aller leur rendre visite … et puis elle partit dans le vaste monde. Kay et Gerda allaient la main dans la main et tandis qu'ils marchaient, un printemps délicieux plein de fleurs et de verdure les enveloppait. Les cloches sonnaient, ils reconnaissaient les hautes tours, la grande ville où ils habitaient. Il allèrent à la porte de grand-mère, montèrent l'escalier, entrèrent dans la chambre où tout était à la même place qu'autrefois. La pendule faisait tic-tac, les aiguilles tournaient, mais en passant la porte, ils s'aperçurent qu'ils étaient devenus des grandes personnes. Les rosiers dans la gouttière étendaient leurs fleurs à travers les fenêtres ouvertes. Leurs petites chaises d'enfants étaient là, Kay et Gerda s'assirent chacun sur la sienne en se tenant toujours la main, ils avaient oublié, comme on oublie un rêve pénible, les splendeurs vides du château de la Reine des Neiges. Grand-mère était assise dans le clair soleil de Dieu et lisait la Bible à voix haute : « Si vous n'êtes pas semblables à des enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu. » Kay et Gerda se regardèrent dans les yeux et comprirent d'un coup le vieux psaume : Les roses poussent dans les vallées Où l'enfant Jésus vient nous parler. Ils étaient assis là, tous deux, adultes et cependant enfants, enfants par le cœur… C'était l'été, le doux été béni.



Chansons

Vive le vent d'hiver
http://youtu.be/aHwLer5ek4U

Craeme Allright Petit garçon
http://youtu.be/zTZ40A4kqmY

Nana mouskouri Petit garçon
http://youtu.be/l_dvH-GgQuc


Noël Blanc Amaury Vassili
http://youtu.be/gAxOmXfp3u4

Andréa Bocelli chants de Noël
http://youtu.be/JqwDrZ4bNY0

Ave Maria héléne fisher
http://youtu.be/IjmK2E_WJbw

Noël Blanc Roch Voisine
http://youtu.be/9JWiyYVtgcg

Petit papa Noël Roch Voisine
http://youtu.be/lK9FAuWeu1s

Michael Bubble
http://www.youtube.com/watch?v=SnA52s ... NevB49QBeHQqjB9e1&index=1

Dean Matrtin Let'it snow
http://youtu.be/mN7LW0Y00kE

So this is Christmas J.Lennon
http://youtu.be/ClIv5FEHO3g

We wish you a merry Christmas
http://youtu.be/oVv7-Js-Ew8

Josh Groban Chante Noël
http://youtu.be/zOfUTDthLbw

Posté le : 21/12/2013 23:11

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Darryl Zanuck
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Le 22 décembre 1979 à Palm Springs en Californie meurt Darryl F. Zanuck


ou Darryl Francis Zanuck producteur de cinéma, réalisateur et scénariste américain. Né le 5 septembre 1902 à Wahoo dans le Nebraska.


Né à Wahoo, dans le Nebraska, Darryl Francis Zanuck fut un de ces nababs qui régnèrent sur l'industrie cinématographique américaine et firent de l'âge d'or hollywoodien une période d'une richesse artistique exceptionnelle. Comme Louis B. Mayer, Jack Warner, William Fox, Irving Thalberg et David Selznick, Darryl Zanuck est à l'origine de dizaines de chefs-d'œuvre dont les titres jalonnent l'histoire du cinéma.
C'est l'un des monuments du Septième Art. Avec plus de 200 films produits durant cinquante ans, du cinéma muet des années 1920 jusqu'au début des années 1970, on lui doit plusieurs chefs-d'œuvre et la révélation d'une multitude de talentueux réalisateurs et stars.
Il fut marié pendant plus de trente ans à Virginia Fox, l'une des actrices fétiches de Buster Keaton.
Leur fils, Richard D. Zanuck, est également producteur de cinéma.


Son père était un employé d'hôtel d'origine suisse et sa mère, de souche anglaise. Malgré son jeune âge, il participe à la Première Guerre mondiale sur le front français dans la 37e division de l'Ohio. Démobilisé, il tente de trouver du travail comme acteur, mais cette recherche se solde par un échec. Riveur de gratte-ciel, démarcheur, boxeur, publiciste, Zanuck écrit enfin des sujets pour le cinéma et des pièces de théâtre. Il devient gagman de Charlie Chaplin, puis scénariste. En 1924, il écrit notamment des scénarios pour le chien vedette Rin Tin Tin. Sous contrat à la Warner Bros., il devient l'un des collaborateurs préférés de Jack Warner qui dira de lui : « Il pouvait écrire dix fois plus vite que n'importe quel autre homme » et utilise trois pseudonymes : Melville Crossman, Gregory Rogers et Mark Canfield. En 1929, Jack Warner le place à la tête de la production de la compagnie. Le jeune Zanuck – il n'a que vingt-sept ans – témoigne aussitôt d'un sens artistique fulgurant et il développe notamment le style qui allait devenir le plus célèbre de la Warner Bros., celui de films réalistes et souvent policiers profondément ancrés dans la réalité américaine de l'époque.

Le chômage, la crise économique, le gangstérisme, la prohibition et les injustices sociales forment la toile de fond de ces chefs-d'œuvre que seront Little Caesar 1931 et Je suis un évadé 1932 de Mervyn LeRoy et L'Ennemi public 1931 de William Wellman. C'est à lui que l'on doit également Quarante-Deuxième Rue de Lloyd Bacon et Busby Berkeley 1933, qui apporte un sang nouveau au film musical.

En 1933, Zanuck quitte la Warner et fonde avec Joseph Schenck la Twentieth Century Picture Company. Il y fait travailler Raoul Walsh (The Bowery, avec Wallace Beery), William Wellman, Gregory La Cava. La nouvelle compagnie de Zanuck produit The House of Rothschild et Cardinal Richelieu, avec George Arliss, Clive of India, avec Ronald Colman, Les Misérables de Richard Boleslawski, avec Fredric March et Charles Laughton, L'Appel de la forêt, avec Clark Gable.

Deux ans plus tard, en 1935, la Twentieth Century fusionne avec la Fox Film Corporation pour former la Twentieth Century-Fox ; Zanuck va assurer pendant vingt et un ans la direction de sa production. Il fait tourner tout à la fois certains des plus fameux cinéastes de Hollywood (Henry King, Allan Dwan, John Ford, Tay Garnett, Howard Hawks, Clarence Brown, Henry Hathaway) et s'attache, après la guerre à laquelle il participe comme lieutenant-colonel dans le Signal Corps, à promouvoir de nouveaux metteurs en scène, notamment Elia Kazan, Joseph L. Mankiewicz et Samuel Fuller. Tout en produisant de vastes fresques spectaculaires (Suez d'Allan Dwan, L'Incendie de Chicago de Henry King, La Mousson de Clarence Brown), Zanuck ne néglige pratiquement aucun genre, du western (Jesse James, avec Tyrone Power et Henry Fonda, My Darling Clementine de John Ford) au film d'aventures (Le Signe de Zorro de Rouben Mamoulian, avec Tyrone Power). Shirley Temple est l'héroïne de plusieurs comédies et l'une des reines du box-office, alors que Betty Grable devient l'idéal féminin de tous les soldats américains qui combattent pendant la Seconde Guerre mondiale loin de chez eux.

À nouveau, Zanuck se passionne pour les grands thèmes. The Ox-Bow Incident de William Wellman dénonce, en 1943, le lynchage, Gentleman's Agreement (1947) d'Elia Kazan, l'antisémitisme, No Way out, le racisme, Les Raisins de la colère, le drame des « pauvres Blancs », Boomerang, les risques d'erreur judiciaire.

C'est à la Fox de Zanuck que l'on doit ces films inoubliables que sont Laura, Eve, Chaînes conjugales, L'Aventure de Mme Muir, ces trois derniers étant de Joseph Mankiewicz, Viva Zapata, L'Affaire Cicéron, Le Carrefour de la mort, un remarquable film noir de Henry Hathaway, Young Mister Lincoln de John Ford, La Ville abandonnée de William Wellman, L'Homme aux abois de Henry King, Niagara, avec Marilyn Monroe...

En 1953, pour rivaliser avec la télévision, Zanuck lance le Cinémascope et décide que la totalité de la production de la compagnie se fera avec ce nouveau procédé. Trois ans plus tard, il démissionne de son poste et forme sa propre société. On lui doit alors Le soleil se lève aussi, Les Racines du ciel et surtout, en 1962, Le Jour le plus long, qui nécessite dix mois de tournage et deux mille trois cents hommes. Ce pari est un nouveau triomphe pour Zanuck, qui contribuera également à l'achèvement de Cléopâtre, dont le tournage catastrophique risquait de ruiner la Fox. En juin 1971, après avoir produit quelques autres succès comme La Mélodie du bonheur, il prend sa retraite.

Producteur

1931 : Le Petit César Little Caesar
1932 : Une allumette pour trois Three on a Match de Mervyn LeRoy
1932 : L'Homme qui jouait à être Dieu The Man who played God de John G. Adolfi
1932 : Ombres vers le sud Cabin in the cotton de Michael Curtiz
1932 : Vingt mille ans sous les verrous 20 000 Years in Sing Sing
1933 : Le Parachutiste Parachute Jumper d'Alfred E. Green
1933 : Le Roi de la chaussure The Working Man de John G. Adolfi
1933 : Les Faubourgs de New York The Bowery de Raoul Walsh
1934 : La Maison des Rothschild The House of Rothschild d'Alfred Werker
1934 : Le Retour de Bulldog Drummond Bulldog Drummond Strikes Back de Roy Del Ruth
1935 : L'Appel de la forêt The Call of the wind
1935 : Metropolitan de Richard Boleslawski
1936 : Message à Garcia A Message to Garcia de George Marshall
1936 : Sous deux drapeaux Under two flags
1936 : Ramona d'Henry King
1936 : Ching-Ching Stowaway, de William A. Seiter
1936 : Capitaine Janvier Captain January de David Butler
1936 : Pauvre petite fille riche Poor Little Rich Girl de Irving Cummings
1936 : Les Chemins de la gloire The Road to Glory de Howard Hawks
1937 : L'Incendie de Chicago In Old Chicago de Henry King
1937 : Sa dernière chance This Is My Affair de William A. Seiter
1937 : La Mascotte du régiment Wee Willie Winkie de John Ford
1937 : Heidi d'Allan Dwan
1938 : Suez d'Allan Dwan
1938 : Patrouille en mer
1938 : Mam'zelle vedette Rebecca of Sunnybrook Farm d'Allan Dwan
1939 : Le Brigand bien-aimé Jesse James de Henry King
1939 : Le Chien des Baskerville The Hound of the Baskerville de Sidney Lanfield
1939 : Et la parole fut The Story of Alexander Graham Bell de Irving Cummings
1939 : La Mousson The Rains Came de Clarence Brown
1939 : Stanley et Livingstone Stanley and Livingstone d'Henry King
1940 : L'Oiseau bleu The Blue Bird de Walter Lang
1940 : Les Raisins de la colère The Grapes of Wrath de John Ford
1940 : Star Dust de Walter Lang
1940 : Le Retour de Frank James The Return of Frank James de Fritz Lang
1940 : L'Odyssée des Mormons Brigham Young de Henry Hathaway
1940 : Sous le ciel d'Argentine Down Argentine Way
1940 : The Man I Married
1940 : La Roulotte rouge ou La Belle Écuyère Chad Hanna
1941 : Soirs de Miami Moon over Miami
1941 : Une nuit à Rio That Night in Rio de Irving Cummings
1941 : Un Yankee dans la RAF
1941 : Week-end à la Havane Week-end in Havana
1942 : Le Chevalier de la vengeance Son of Fury ou The Story of Benjamin Blake)
1942 : Les Rivages de Tripoli China Girl d'Henry Hathaway
1944 : Prisonniers de Satan
1945 : Péché mortel Leave Her to Heaven de John M. Stahl
1947 : Ambre de Otto Preminger
1947 : L'Extravagante Miss Pilgrim The Shocking Miss Pilgrim, de George Seaton
1947 : 13 rue Madeleine
1950 : La porte s'ouvre de Joseph L. Mankiewicz
1950 : Ève de Joseph L. Mankiewicz
1950 : Un homme de fer
1951 : David et Bethsabée David and Bathsheba de Henry King
1951 : On murmure dans la ville People will talk, de Joseph L. Mankiewicz
1952 : Les Neiges du Kilimandjaro The Snows of Kilimanjaro d'Henry King
1954 : L'Égyptien The Egyptian
1956 : Le Roi et Moi The King and I de Walter Lang
1957 : Le soleil se lève aussi The Sun Also Rises d'Henry King
1958 : Les Racines du ciel The Roots of Heaven de John Huston
1960 : Drame dans un miroir Crack in the Mirror de Richard Fleischer
1961 : Le Grand Risque The Big Gamble de Richard Fleischer
1962 : Le Jour le plus long The Longest Day de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki et Darryl F. Zanuck
1962 : Les Liaisons coupables The Chapman Report de George Cukor
1963 : Cléopâtre Cleopatra de Joseph L. Mankiewicz et Darryl F. Zanuck
1964 : La Rancune the Visit de Bernhard Wicki
1970 : Tora ! Tora ! Tora !

Scénariste

1922 : The Storm de Reginald Barker
1928 : L'Arche de Noé de Michael Curtiz
1931 : Le Petit César Little Caesar
1960 : Drame dans un miroir Crack in the Mirror

Liens
http://youtu.be/L5vDr3LW4o8 Zanuck joue à qui suis-je ? à la télé.
http://youtu.be/IqwCvi5Jm5Q tournage du film de Zanuck "le jour le plus long"
http://youtu.be/koswMO5m7c0 chanson du film le jour le plus long
http://youtu.be/wDGwAoLhJE4 The razor's Edge
http://youtu.be/lMcTKNDB2TM Producteur Darryl Zanuck
http://youtu.be/i2re3oDtG7g The hound of Baskerville
http://youtu.be/sAc5p68U6oI Viva Zapata


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Posté le : 21/12/2013 21:58
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Julien Gracq
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Le 22 décembre 2007 à Angers, à 97 ans meurt Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil Maine-et-Loire et mort le 22 décembre 2007 à Angers, écrivain français. Il refuse en 1951 le prix Goncourt reçu pour Le Rivage des Syrtes.
Ses Œuvres principales sont : La Littérature à l'estomac 1950, Le Rivage des Syrtes 1951, Un balcon en forêt 1958, Les eaux étroites 1976, Carnets du grand chemin 1992.


Si Au château d'Argol, son premier roman, fortement influencé par le romantisme noir et par le surréalisme, avait attiré l'attention d'André Breton, c'est avec Le Rivage des Syrtes, et surtout le spectaculaire refus de son auteur de recevoir le prix Goncourt en 1951, que Julien Gracq s'est fait connaître du public. Reconnaissance paradoxale pour cet écrivain discret qui s'est effacé derrière une œuvre protéiforme et originale, en marge des courants dominants de la littérature de son époque voire en opposition, qu'il s'agisse de l'existentialisme ou du nouveau roman. Après avoir abandonné l'écriture de fiction, Julien Gracq publie à partir de 1970 des livres qui mélangent bribes d'autobiographie, réflexions sur la littérature et méditations géographiques.
Traduites dans vingt-six langues, étudiées dans des thèses et des colloques, proposées aux concours de l'agrégation, publiées de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade, les œuvres de Julien Gracq ont valu à leur auteur une consécration critique presque sans équivalent à son époque.

Les années de formation

La Loire dans la région natale de Julien Gracq.
Second enfant d'un couple de commerçants aisés (qui ont eu une fille, Suzanne, née neuf ans plus tôt, et à laquelle il restera très attaché, Louis Poirier est né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil, petite ville des bords de Loire, entre Angers et Nantes, où ses ancêtres paternels sont installés depuis plusieurs siècles. Il y passe une enfance heureuse et campagnarde, expliquera-t-il plus tard, dont les premiers souvenirs sont associés à la lecture, il découvre très jeune les œuvres de Fenimore Cooper, d'Erckmann-Chatrian, d'Hector Malot, et surtout de Jules Verne, qui « a été la passion de lecture de toute son enfance » et à la présence, en arrière-plan, de la guerre, qui ne le touche pas directement, personne dans sa famille n'étant mobilisé.
En 1921, à l'issue de ses études primaires, il est envoyé à Nantes, où il devient interne au Lycée Georges-Clemenceau. Immédiatement, il se prend à détester la vie d'internat, qui lui apparaît comme pesante et odieuse. La découverte du Rouge et le Noir de Stendhal, dont la lecture le bouleverse, lui donne le modèle et le mode d'emploi de la révolte qui restera la sienne tout au long de son existence : une fin de non-recevoir, froide et délibérée, mais purement intérieure, assénée à l'ordre du monde socia. Louis Poirier est toutefois un élève brillant, le plus remarquable de toute l'histoire du lycée de Nantes : il obtient sept fois le prix d'excellence (avec 6 à 11 prix chaque année), trois prix et deux accessits au concours général lors des sessions 1927 et 1928.
En 1928, reçu au baccalauréat avec mention Très bien, il est admis en classe préparatoire au Lycée Henri-IV à Paris, où il suit les cours de philosophie d'Alain. Il découvre à cette époque l'art moderne, le cinéma, et la littérature contemporaine (Paul Valéry, Paul Claude.... Enfin, en 1929, il a la révélation de l'opéra wagnérien, découvert lors d'une représentation de Parsifa. En 1930, Louis Poirier est admis à l'École normale supérieure. C'est à cette époque qu'il découvre le surréalisme, à travers quelques ouvrages d'André Breton : Nadja, le Manifeste du surréalisme, peut-être aussi Les Pas perdus. Autre découverte, d'une toute autre nature, mais elle aussi marquante à sa façon : celle de l'idéologie nazie, par l'intermédiaire d'un groupe d'étudiants allemands à l'occasion d'un voyage scolaire à Budapest en 193.
Louis Poirier suit en parallèle des cours à l'École libre des sciences politiques, il en sera diplômé en 1933. Choisissant d'étudier la géographie, en hommage à Jules Verne, dira-t-il par la suite, il est élève d'Emmanuel de Martonne et d'Albert Demangeon. En 1934, Louis Poirier publie son premier texte, un article en partie issu d'un mémoire universitaire : « Bocage et plaine dans le sud de l'Anjou », qui parait dans les Annales de géographie. La même année, il est reçu à l'agrégation d'histoire et géographie, et est affecté, d'abord à Nantes, au lycée Clemenceau où il avait été élève, puis à Quimper.

Un écrivain tardif

À Quimper, Louis Poirier anime le cercle d'échecs, ainsi qu'une section syndicale de la CGT. Il est également, à partir de 1936, adhérent au Parti communiste français. Son engagement politique le pousse à prendre part à la grève – illégale – de septembre 1938, ce qui lui vaut une suspension temporaire de traitement. Mais il a des difficultés à concilier cet engagement politique avec sa pratique de l'écriture, dont l'esthétique est très éloignée du réalisme socialiste.
En effet, en 1937, après avoir obtenu un congé sans solde d'une année pour se rendre en URSS afin d'y préparer une thèse de géographie (projet avorté pour cause de non-réception du visa d'entrée dans ce pays16), Louis Poirier s'est lancé dans l'écriture d'un roman : il s'agissait là, expliquera-t-il plus tard, de son premier acte d'écriture. Il n'y a pas eu chez lui de « tentatives précoces », d'ébauches avortées rédigées au sortir de l'adolescence. Ce qui le conduira à expliquer qu'il se considère comme un « écrivain tardif » : « mon premier livre a été Au château d'Argol ; une heure avant de le commencer, je n'y songeais pas. » Ce premier roman, « plus abstrait, plus violent et plus révélateur » que ceux qui le suivront, met en scène les relations ambiguës, fortement teintées d'érotisme et de violence, entre trois jeunes gens deux hommes et une femme, dans un style inspiré d'Edgar Allan Poe et de Lautréamont19. Une fois l'écriture d'Au Château d'Argol achevée, Louis Poirier le fait parvenir aux éditions de la NRF, qui refusent le manuscrit. Il le laisse alors dans un tiroir, jusqu'à ce qu'il rencontre José Corti, l'éditeur des surréalistes, qui apprécie l'ouvrage et accepte de le publier à condition que son auteur participe aux frais d'édition. Le texte paraît augmenté d'un « Avis au lecteur » rédigé après-coup, dans lequel l'auteur revendique les influences de Wagner et du surréalisme, et récuse par avance toute interprétation symbolique du roman. Plus tard, Gracq expliquera que cet « Avis » avait pour fonction première de brouiller les pistes.
C'est à cette époque que Louis Poirier décide de prendre un pseudonyme littéraire, afin de « séparer nettement son activité de professeur de son activité d'écrivain ». Voulant que l'ensemble du nom et du prénom fasse trois syllabes et contiennent des sonorités qui lui plaisent, il se décide pour Julien Gracq. Le prénom est sans doute un hommage à Julien Sorel, le héros du Rouge et le Noir, tandis que le nom peut faire référence aux Gracques de l'histoire romaine, même s'il a peut-être surtout été choisi pour sa brièveté, sa voyelle grave et sa finale explosive.
La diffusion du Château d'Argol est confidentielle, 130 exemplaires vendus en un an, sur un tirage de 1 2002, mais celui-ci est remarqué par Edmond Jaloux, Thierry Maulnier, et surtout André Breton, qu'il connaissait déjà et à qui Gracq avait envoyé un exemplaire du roman. Le « pape du surréalisme » lui adresse en réponse une lettre enthousiaste et lors d'une conférence prononcée à Yale en octobre 1942, Breton précisera l'importance qu'il accorde à ce roman « où, sans doute pour la première fois, le surréalisme se retourne librement sur lui-même pour se confronter avec les grandes expériences sensibles du passé et évaluer, tant sous l'angle de l'émotion que sous celui de la clairvoyance, ce qu'a été l'étendue de sa conquête. »
Les deux hommes se rencontrent à Nantes en août 1939, et immédiatement est réglée la question de la non-appartenance de Gracq au groupe surréaliste, auquel il ne souhaite pas se joindre.
Il rompt la même année avec le Parti communiste, à la suite de l'annonce du pacte germano-soviétique. « Depuis, je n'ai jamais pu ni mêler quelque croyance que ce soit à la politique, ni même la considérer comme un exercice sérieux pour l'esprit », avouera-t-il plus tard, tout en précisant qu'il « lift les journaux » et « vote régulièrement ».

La période de la guerre

Affiche annonçant la création de Parsifal (1882), opéra que Julien Gracq découvre en 1929.
On a souvent dit que les fictions de Julien Gracq se caractérisent par l'attente d'un événement, dont la nature est généralement catastrophique, à l'orée duquel se concluent ses récits. À la fin de l'année 1939, cette situation dans laquelle il se plaît à se trouver en imagination rejoint l'atmosphère générale dans laquelle baigne la France de la « drôle de guerre », cette époque « très étrange » où « tout était en suspens ». « La débâcle était dans l'air, expliquera-t-il plus tard, mais il était absolument impossible de prévoir sur quoi allait déboucher cette attente très anxieuse. » Cette période très particulière d'une guerre déjà déclarée mais pas encore commencée lui fournira la matière du Rivage des Syrtes (1951) et du Balcon en forêt (1958). Louis Poirier est mobilisé à la fin du mois d'août 1939 dans l'infanterie, avec le grade de lieutenant au 137e RI.
Le régiment, d'abord cantonné à Quimper, est envoyé à Dunkerque, puis en Flandres, avant de revenir à Dunkerque, où, au mois de mai 1940, il affronte l'armée allemande durant huit jours, autour de la tête de pont de Dunkerque. Gracq est fait prisonnier et envoyé dans un stalag en Silésie, où sont également internés Patrice de La Tour du Pin, Raymond Abellio, ou encore Armand Hoog, qui devait plus tard décrire l'attitude du prisonnier Gracq en ces termes : « il était le plus individualiste, le plus anticommunautaire de tous, le plus férocement antivichyssois, il passait là-dedans comme soutenu par son mépris, sans se laisser atteindre ». Ayant contracté une infection pulmonaire, Julien Gracq est libéré en février 1941. Il retourne alors à Saint-Florent-Le-Vieil, juste à temps pour revoir son père, gravement malade, avant que celui-ci ne décède peu après.
Julien Gracq reprend alors ses activités d'enseignement, au lycée d'Angers d'abord, puis, à partir de 1942, à l'université de Caen en qualité d'assistant de géographie, où il entame une thèse sur la « morphologie de la Basse-Bretagne », qu'il n'achèvera pas.
En décembre 1943, Gracq achète à la gare d'Angers un exemplaire de Sur les falaises de marbre d'Ernst Jünger, qu'il lit d'une traite, sur un banc, dans la rue. Il racontera dans Préférences (« Symbolique d'Ernst Jünger », 1959 quel bouleversement a été pour lui la découverte de ce « livre emblématique ». Les deux hommes se rencontreront à Paris en 1952, et deviendront amis. Jünger écrira dans son journal qu'il considère Gracq comme étant celui qui, « après la mort de son cher Marcel Jouhandeau, écrit la meilleure prose française ». La critique universitaire a par ailleurs relevé, entre les œuvres du Français et celles de l'Allemand, des similitudes stylistiques et thématiques et pour Michel Murat « l'ombre des Falaises s'étend au cœur de la fiction gracquienne, du Rivage des Syrtes au Balcon en forêt, en passant par le roman inachevé dont La Route constitue le vestige ».

De 1945 au Rivage des Syrtes

En 1945 paraît le deuxième roman de Julien Gracq : Un beau ténébreux, publié lui aussi aux éditions José Corti, auxquelles Gracq restera fidèle tout au long de sa carrière littéraire. Écrit en deux temps une première partie a été rédigée en Silésie, durant la captivité de Gracq, tandis que la seconde a été écrite en même temps que les poèmes de Liberté grande en 1942, le roman raconte la rencontre entre un groupe de personnages à « l’Hôtel des Vagues », sur la côte bretonne, et un mystérieux jeune homme, Allan. L'œuvre développe, sous la forme de longs dialogues, une réflexion sur la littérature qui sera poursuivie dans les grands textes théoriques ultérieurs. Proposé pour le Prix Renaudot, Un Beau ténébreux obtient trois voix, ce qui attire l'attention sur Le château d'Argol, réédité la même année. Tous les comptes rendus ne sont d'ailleurs pas élogieux : Étiemble notamment exécute dans Les Temps modernes la première œuvre de l'écrivain, en laquelle il dénonce un exercice de style artificiel et prétentieux. À l'inverse, Maurice Blanchot, qui avait apprécié Argol, est déçu par le deuxième roman.
L'année suivante paraît un recueil de poèmes en prose, Liberté grande, d'inspiration surréaliste et rimbaldienne, écrits entre 1941 et 1943, qui pour certains ont déjà été publiés dans des revues proches de la mouvance surréaliste. L'ouvrage sera augmenté de plusieurs textes lors de rééditions ultérieures, et notamment de « La sieste en Flandre hollandaise », un des chefs-d'œuvre de la prose gracquienne.
En 1946, Julien Gracq quitte l'université de Caen. Il est nommé l'année suivante au lycée Claude-Bernard de Paris, où il enseigne l'histoire-géographie jusqu'à sa retraite en 1970, se montrant un enseignant d'une pointilleuse exactitude, qui « s'arrangeait pour que son discours s'achève à la seconde même où se déclenchaient les sonneries ». Il habite rue de Grenelle à côté de la fontaine des Quatre-Saisons.
C'est en 1948 qu'est publié le premier grand ouvrage critique de Julien Gracq : il est consacré à André Breton, envisagé non pas en tant que chef de file du mouvement surréaliste, mais bien en tant qu'écrivain, ainsi que l'indique son sous-titre : Quelques aspects de l'écrivain. Pour autant, le choix de ce sujet d'étude, outre qu'il correspond à un désir ancien d'écrire sur l'auteur de Nadja, s'inscrit dans le contexte d'une polémique autour de la nature et de l'actualité du surréalisme en regard des orientations nouvelles de la littérature « engagée » : en 1945, Benjamin Péret a écrit Le Déshonneur des poètes, qui dénonçait la notion de poésie engagée. En 1947, lui répondent Roger Vailland, dans un pamphlet intitulé Le Surréalisme contre la révolution et Tristan Tzara dans une conférence sur Le surréalisme et l'après-guerre, tandis que Jean-Paul Sartre explique au même moment que « le surréalisme n'a plus rien à nous dire ». En s'intéressant à la figure de Breton, Julien Gracq prend le parti de Breton et de Péret, aux côtés de Maurice Blanchot, de Jules Monnerot et de Georges Bataille, contre les « compagnons de route » du Parti communiste, Sartre en tête, envers qui il manifestera une hostilité constante.
La même année est publié Le Roi Pêcheur, une adaptation théâtrale du mythe du Graal écrite entre 1942-1943. La pièce est représentée à Paris en 1949, au théâtre Montparnasse, dans une mise en scène de Marcel Herrand, avec des costumes et des décors créés par Leonor Fini. Maria Casarès et Jean-Pierre Mocky interprètent les rôles principaux. Le Roi pêcheur est éreinté par la critique, qui reproche à son auteur, tantôt d'avoir laïcisé le mythe, tantôt de ne pas l'avoir adapté au goût moderne. Le fait que cette « entreprise au ton scolaire et qui pue l'artifice » (Robert Kemp dans Le Monde, ait bénéficié d'un financement public attribué par la Commission d'aide à la première pièce (dépendant du Ministère de l'Éducation nationale renforce la virulence de certains de ces critiques, qui ne manquent pas de noter que le ministre en personne était présent à la première et qu'il est sorti avant la fin de la pièce. Ulcéré, Gracq renonce à écrire pour le théâtre en 1953, il traduira néanmoins la Penthésilée d'Heinrich von Kleist à la demande de Jean-Louis Barrault.
Il règle ses comptes avec la critique l'année suivante, en publiant dans Empédocle, la revue d'Albert Camus, « La Littérature à l'estomac », un texte dont le style rappelle celui des pamphlets surréalistes. Dans ce livre que l'historienne Ariane Chebel d'Appollonia a qualifié de « pavé jeté dans la mare de l'intelligentsia parisienne sont dénoncés les différents systèmes de promotion moderne de la littérature, accusés de dénaturer la relation intime qui doit s'établir entre l'œuvre et son lecteur.
Avec le Rivage des Syrtes, publié en septembre 1951, Gracq renoue avec l'écriture romanesque. L'histoire de la déclinante principauté d'Orsenna, l'atmosphère de fin de civilisation qui l'imprègne et qui transpose sur le mode mythique les époques de la montée du nazisme et de la drôle de guerre, le style hiératique de l'auteur séduisent la critique, qui encense ce roman qui va à contre-courant d'une production littéraire dominée par l'éthique et l'esthétique existentialistes. Le roman est par ailleurs souvent comparé au Désert des Tartares de Dino Buzzati, dont la traduction française a été publiée quelque temps auparavant, mais Julien Gracq réfutera le fait qu'il ait pu être influencé par le roman de l'écrivain italien, et évoquera comme source d'inspiration La Fille du capitaine de Pouchkine. Paru en pleine rentrée littéraire, Le Rivage des Syrtes fait partie des romans sélectionnés pour le prix Goncourt, pour l'obtention duquel il fait bientôt figure de favori. Peu soucieux de laisser croire « qu’après avoir sérieusement détourné peut-être quelques jeunes (peu nombreux, qu’on se rassure) de la conquête des prix littéraires, il songe maintenant à la dérobée à se servir », Gracq écrit au Figaro littéraire une lettre ouverte dans laquelle il s'affirme, « aussi résolument que possible, non candidat ». Il réitère le lendemain, dans un entretien accordé à André Bourin, sa décision de refuser le prix s'il lui est attribué. Le 3 décembre, le jury du Goncourt rend son verdict : le prix 1951 est attribué à Julien Gracq pour le Rivage des Syrtes, à l'issue du premier tour, par six voix contre trois. Conformément à ce qu'il avait annoncé, Gracq refuse le prix. Il est le premier écrivain à agir ainsi, ce qui engendre une importante polémique dans les médias. Julien Gracq restera marqué par ce qui lui est apparu comme un abus de pouvoir, et s'abstiendra désormais de toute intervention directe sur la scène littéraire.

La théorie et la pratique de la littérature

Monthermé, en bord de Meuse, qui fournit le modèle de Moriarmé dans Un balcon en forêt
L'emploi du temps de Julien Gracq, depuis son affectation, comme professeur d'histoire, de Janvier 1947 à juin 1970, au lycée Claude Bernard, se partage entre Saint-Florent-Le-Vieil et Paris, l'enseignement, l'écriture et les voyages, qu'il effectue de préférence en fin d'été ou au début de l'automne, la période des grandes vacances étant de préférence dévolue à l'écriture, en France ou dans les pays voisins, parfois pour des conférences.
En 1953, il rencontre Nora Mitrani, sociologue et poétesse, membre du groupe surréaliste de Paris. Le couple fréquente Elisa et André Breton, visite André Pieyre de Mandiargues à Venise, etc. Gracq restera très discret sur ce sujet et n'évoquera jamais publiquement sa liaison avec la jeune femme64, qui meurt en 1961 et dont il préfacera le recueil posthume Rose au cœur violet, 1988.
En parallèle, Julien Gracq continue à construire son œuvre. En 1952, il publie, dans une édition hors-commerce limitée à soixante-trois exemplaires, un texte rédigé entre 1950 et 1951 : Prose pour l'Étrangère, un poème en prose qui, par son écriture comme par sa thématique, n'est pas sans rappeler Le Rivage des Syrtes; et où se pose donc de manière aiguë la question du rapport qu'entretient l'œuvre narrative de Gracq, volontiers poétique dans son écriture, avec le genre du poème en prose. Entre 1953 et 1956, il entreprend la rédaction d'un autre grand roman a-temporel, dans la lignée du Rivage des Syrtes, et qui doit évoquer le siège d'une ville dans un pays déjà tombé aux mains de l'ennemi. Mais au bout de trois ans et de deux cent cinquante pages rédigées, Gracq se sent bloqué dans son processus de création, ce qui est presque une constante chez lui lorsqu'il crée une œuvre de fiction : au moment où il parvient à la dernière partie du récit, le fil « qui joint le travail fait au travail à faire » se rompt, pendant plusieurs mois, un an même dans le cas du Rivage de Syrtes. Il interrompt alors – provisoirement, pense-t-il à ce moment-là – l'écriture de ce roman pour se lancer dans un autre projet d'écriture : celui d'un récit ancré dans cette période de la drôle de guerre qui l'avait tant frappé. Le roman interrompu ne sera finalement jamais repris (seules vingt pages subsisteront, qui seront publiées en 1970 dans le recueil La Presqu'île, sous le titre de La Route. Quant au récit sur la drôle de guerre, intitulé Un balcon en forêt, il est publié en 1958. Cette histoire des vacances oniriques de l'aspirant Grange dans la forêt ardennaise déconcerte la critique, qui ne s'attendait pas à ce que l'auteur du Rivage des Syrtes produise une fiction « réaliste, ce qualificatif sera récusé par Gracq, qui n'envisageait pas le Balcon comme une rupture par rapport aux livres précédents. Le metteur en scène Michel Mitrani, frère de Nora Mitrani, en tirera en 1979 une adaptation cinématographique qui conserve le même titre.

Edward Burne-Jones, Le roi Cophetua et la mendiante vierge (1884), tableau évoqué dans la nouvelle de Gracq « Le roi Cophetua »
Le texte suivant, Préférences (1961), renoue avec la veine critique inaugurée avec André Breton, Quelques aspects de l'écrivain, et qui sera particulièrement explorée par Gracq au cours des années suivantes. L'ouvrage est en fait un recueil de textes écrits depuis 1945, qui reprend préfaces (comme « Le Grand paon » - à propos de Chateaubriand, études littéraires « Spectre du Poisson soluble »), entretien radiophonique (« Les yeux bien ouverts », ainsi que le pamphlet La Littérature à l'estomac et une conférence prononcée en 1960, «Pourquoi la littérature respire mal», où se remarque l'influence des thèses d'Oswald Spengler sur le « déclin de l'Occident ». De cet ensemble émergent effectivement les préférences littéraires de Gracq : son goût pour Jünger, Lautréamont, Rimbaud, Poe, Breton, les romantiques allemands, et certaines œuvres marginales d'auteurs classiques (Béatrix de Balzac, Bajazet de Racine...), son refus de l'esthétique existentialiste et de la littérature techniciste que constitue selon lui le Nouveau roman.
Lettrines I (1967), poursuit sur la lancée des textes critiques, auxquels sont associées des évocations de lieux, le tout relié autour d'un noyau autobiographique, ce qui constitue un infléchissement inattendu de l'œuvre d'un auteur aussi discret que Julien Gracq. En fait, seules deux périodes de sa vie sont évoquées : l'enfance et la guerre. Et encore la seconde n'est-elle traitée qu'à travers l'épisode, empreint d'irréalité, de « la nuit des ivrognes », qui revient sur la débâcle de 1940 déjà évoquée dans Un Balcon en forêt. Il n'y a en fin de compte que les souvenirs d'enfance de Louis Poirier qui sont traités sur un mode réaliste. La forme de ce livre est elle aussi nouvelle, constituée d'une juxtaposition de « notes » ou de « fragments », extraits de cahiers sur lesquels, depuis 1954, Julien Gracq jette notes ou textes plus élaborés. De ces mêmes cahiers naîtront Lettrines II 1974, En lisant en écrivant (1980) et les Carnets du grand chemin (1992).
La Presqu'île, qui paraît trois ans plus tard, marque les adieux de Julien Gracq à la fiction. Dans ce recueil sont réunies trois nouvelles : « La Route », vestige du grand roman commencé après Le Rivage des Syrtes, qu'il semble prolonger ; « La Presqu'île », récit du désir et de l'attente dans la presqu'île de Guérande, dont le réalisme rappelle en même temps qu'il met à distance le nouveau roman ; enfin « Le Roi Cophetua », qui peut être lu comme une variation autour du mythe de Perceval, transposé dans le cadre d'une maison de campagne dans la banlieue de Paris en 1917. De cette dernière nouvelle, le cinéaste belge André Delvaux a tiré en 1971 un film intitulé Rendez-vous à Bray, considéré comme la meilleure adaptation à ce jour d'une œuvre de Gracq pour le cinéma.

La consécration critique

En 1970, Louis Poirier fait valoir ses droits à la retraite et, le 30 juin, se rend pour un séjour de deux mois aux États-Unis, où il a été invité par l'université du Wisconsin en qualité de visiting professor. Il y donne des cours sur le roman français après 1945, anime un séminaire sur André Breton, et va rendre visite à August Derleth, l'ancien collaborateur de Lovecraft. De retour en France, il poursuit la publication de ses cahiers, avec Lettrines II 1974, puis Les Eaux étroites 1976, où il évoque le souvenirs des promenades qu'il faisait enfant sur les bords de l'Evre, et surtout En lisant en écrivant (1980), qui marque un tournant dans la réception critique de son travail : l'œuvre romanesque est reléguée au second plan, tandis qu'est mis en avant le travail critique et réflexif du lecteur au regard précis et profond qu'est Julien Gracq80. Réunis en seize sections, les fragments/notes qui composent En lisant en écrivant (sans virgule entre les deux, afin de signifier l'absence de solution de continuité dans la vie d'un écrivain entre l'activité de la lecture et celle de l'écriture évoquent Stendhal, Proust, Flaubert, le surréalisme, les rapports entre la littérature et la peinture, la littérature et le cinéma, etc.
Le début des années 1980 marque également la reconnaissance officielle de Julien Gracq par l'institution universitaire : en mai 1981, un premier grand colloque est organisé autour de son œuvre à l'Université d'Angers. L'année suivante, Le Rivage de Syrtes est mis au programme de l'agrégation de lettres modernes. Michel Murat termine en 1983 une importante thèse sur ce roman, qui est ensuite publiée en deux volumes aux éditions José Corti. À la fin de cette même décennie, c'est le milieu littéraire qui rend hommage à Julien Gracq : les éditions Gallimard entreprennent, honneur très rare, de publier, de son vivant, ses œuvres dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque de La Pléiade. Les deux tomes des Œuvres complètes de Julien Gracq sont publiés respectivement en 1989 et 1995, dans une édition établie sous la direction de l'universitaire allemande Bernhild Boie, qui avait en 1966 publié (en allemand) l'un des tout premiers livres consacré à Gracq, et que ce dernier choisira pour être son exécutrice testamentaire.
De son côté, ce dernier publie ses trois dernières œuvres, dont deux sont consacrées à des villes : La Forme d'une ville (1985), où est évoqué le Nantes des années d'internat de Louis Poirier, mais aussi celui de Jules Verne, d'André Breton et de Jacques Vaché ; et Autour des sept collines (1988), qui regroupe un certain nombre de réflexions écrites à propos d'un voyage en Italie en 1976. Enfin, en 1992, les Carnets du grand chemin renouent avec la veine des Lettrines, mêlant évocations de paysages, fragments autobiographiques et réflexions sur la littérature. Ces Carnets marquent la fin de l'œuvre publié de Julien Gracq, si l'on excepte le recueil des Entretiens qui paraissent aux éditions José Corti en 2002 et qui réunissent des interviews données par Julien Gracq entre 1970 et 2001. Ouvrage qui, sans faire à proprement parler partie de l'œuvre, en est une forme de prolongement. S'il continue tout de même à écrire dans ses carnets, il ne s'agit plus que de « textes bruts » qui ne sont pas destinés à devenir des livres publiés.


Saint-Florent-le-Vieil

Après avoir longtemps vécu dans son appartement de la rue de Grenelle à Paris, Julien Gracq se retire dans la maison familiale de la Rue du Grenier-à-Sel à Saint-Florent-Le-Vieil, où il vit en compagnie de sa sœur, qui disparaît en 1997. Bien qu'ayant toujours maintenu ses distances avec les milieux littéraires, il entretient plusieurs correspondances épistolaires et reçoit écrivains et chercheurs dans la maison familiale devenue trop grande pour lui et dont il ne chauffe plus toutes les pièces. Quelques mois avant sa mort, il accorde un dernier entretien à Dominique Rabourdin pour Le Magazine littéraire. Il y évoque sa disparition prochaine, dont la perspective, explique-t-il, « ne le scandalise pas » : « quoique très proche pour moi, sa pensée ne m'obsède pas : c'est la vie qui vaut qu'on s'en occupe. »
Julien Gracq s'éteint le 22 décembre 2007. La presse est unanime à lui rendre hommage. Par testament, il a légué la totalité de ses manuscrits à la Bibliothèque nationale (une copie devant en être adressée à la Bibliothèque universitaire d'Angers). Ceux-ci comprennent notamment l'ensemble de 29 cahiers de fragments intitulé Notules, soit trois mille cinq cents pages qui n'ont que partiellement été publiées, notamment dans les deux volumes de Lettrines. La partie inédite ne pourra être divulguée que vingt ans après la mort de l'écrivain. Les autres biens de Julien Gracq (meubles, photographies, correspondance avec André Breton, Jean-Louis Barrault, éditions originales accompagnées d'envois, etc.) ont été vendus aux enchères à Nantes le 12 novembre 2008. Cette vente a atteint 700 000 euros.
Les œuvres de Julien Gracq ont été traduites en vingt-six langues.

Quelques aspects de l'écrivain

L'écriture-mouvement

L'un des reproches que Julien Gracq adressait à la critique littéraire était de concevoir les œuvres comme des structures, de tenir « sous son regard le livre comme un champ déployé » et d'y chercher « des symétries, des harmonies d'arpenteur », alors que ses « secrets opératoires y relèvent exclusivement de la mécanique des fluides. » Autrement dit, pour Gracq, la littérature, y compris le roman, est rythme, « pur mouvement, prise de possession de l'espace et projection vers l'avenir » commente Bernhild Boie, bien davantage que construction. L'analyse des manuscrits de Julien Gracq a d'ailleurs montré qu'il ne s'astreignait pas à fabriquer de plan pour ses romans, qu'il n'y avait pas chez lui mise en place de stratégie romanesque préalable à l'écriture. C'est dans le mouvement même de l'écriture que se construit le roman, son style, son rythme, pratiquement sans retour de l'auteur sur ce qu'il a écrit. Il n'y a pas trace dans les brouillons de Gracq de longs passages supprimés, ou de chapitres déplacés : « j'écris toujours en suivant l'ordre du déroulement du récit », confiait Gracq à Jean Roudaut. L'image qui symboliserait le mieux ce mouvement de l'écriture gracquienne serait, selon Bernhild Boie, celle que l'on trouve dans la nouvelle La Presqu'île, où il est écrit que « toute la course de l'après-midi avait penché vers cette route perdue où la voiture accélérait et prenait le dernier relais... jamais il n'était arrivé à la mer autrement que comme un cycliste dévale une pente, le cœur battant du sentiment de l'espace qui se creuse, de tous les freins lâchés ... » ; texte qui d'après elle « reproduit très exactement le mouvement fondamental, et du livre d'où il est tiré et de l'œuvre de Gracq dans son ensemble. » Les romans de Gracq semblent ainsi reproduire les derniers moments des Aventures d'Arthur Gordon Pym : une dérive, lente d'abord, puis qui va s'accélérant à mesure que l'on s'approche de la catastrophe finale. C'est ce que Gracq expliquait dans un entretien de 2001 avec la même Bernhild Boie :
« Ce que j'écris, dans mes ouvrages de fiction, coule dans le lit du temps, va vers quelque chose, ne comporte pas, ou très peu, de bifurcations, de retours en arrière, d'inclusions parasitaires ou de péripéties ... Ces livres ne peuvent guère agir s'ils ne donnent pas le sentiment d'un mouvement porteur, continu, qui les mène moins peut-être vers un point final que plutôt vers une espèce de cataracte.
Cette pratique de la littérature, qui procède exclusivement en allant de l'avant, et qui, de la même manière que la lecture progresse selon un vecteur unique, nécessite donc que, dès l'incipit, soit trouvé l'angle d'attaque qui permettra de mener l'œuvre à son terme, faute de quoi elle est irrémédiablement perdue. C'est l'expérience qu'a faite Julien Gracq avec le roman inachevé dont il n'a pu sauver que le fragment intitulé La Route : le récit s'était dès le départ fourvoyé dans une impasse, ce dont l'écrivain ne s'est rendu compte qu'après trois ans de travail. Il a alors fallu abandonner définitivement le projet. Dans un entretien de 1981, Gracq confiait que « le livre est mort de ce qu'il n'avait pas choisi, pour l'attaquer, le ton juste : une erreur qui ne se rattrape guère. »

La maturation de l'écriture

Dans l'ouverture de En lisant en écrivant, Julien Gracq distinguait entre deux types d'écrivains : ceux qui, dès leur premier livre, écrivent déjà comme ils écriront toute leur vie » et ceux « qui voient le jour du public encore immatures, et dont la formation, parfois assez longuement, se parachève sous les yeux mêmes des lecteurs. » S'il est sans doute discutable de classer Gracq dans la seconde catégorie, l'évolution de son style est perceptible entre les premiers et les derniers écrits. Le même mouvement qui préside à l'élaboration de chaque ouvrage se retrouve dans le mouvement général de l'œuvre : c'est au fil de l'écriture que s'est affiné le style, le rythme propre de l'écriture gracquienne. La structure de la phrase s'est aérée et s'est désencombrée de ces adjectifs et de ces adverbes qui agaçaient tellement Étiemble dans le Château d'Argol.
Le lexique abandonne peu à peu la tonalité impressionniste pour chercher à rendre avec la plus grande précision possible l'acuité de la vision dont procède l'écriture. Ce que Gracq a lui-même qualifié de passage des mots-climat aux mots-nourriture, les premiers visant à provoquer un « ébranlement vibratile », à la manière d'un « coup d'archet sur l'imagination », là où les deuxièmes, plus « compacts », visent à être « happ[é]s » par l'oreille « un à un, comme le chien les morceaux de viande crue. »
Ce mouvement qui mène l'écrivain vers sa maturité stylistique est indissociable de l'évolution qui l'a mené d'une fiction fortement teintée de références d'ordre fantasmatique à l'écriture par fragments ainsi qu'à intégrer la réalité historique et géographique dans ses livres, puis à faire une place discrète à l'autobiographie.

Les fictions

On peut toutefois repérer des invariants dans les fictions de Julien Gracq. Hubert Haddad a ainsi fait remarquer que la scénographie des romans était à peu près toujours la même : un lieu clos, mais frontalier. Un château. Au château d'Argol, un hôtel, Un beau ténébreux, une forteresse Le Rivage des Syrtes, une Maison forte Un balcon en forêt. Quant à la frontière, elle est figurée la plupart du temps par la mer, en laquelle on a pu déceler l'élément fondamental du récit gracquien, ou, dans le dernier cas, par la forêt (elle-même située sur la frontière entre la France et la Belgique. C'est dans cet espace-frontière, ce seuil entre l'Ici et l'Ailleurs, cet entre-deux118 que se meuvent des personnages qui sont eux-mêmes, « par rapport à la société, dans une situation de "lisière", par une guerre, par des vacances, par une disponibilité quelconque. De sorte que cette mise sous tension du lieu de l'action mobilise plus décisivement des personnages qui sont eux-mêmes momentanément désancrés », expliquait Julien Gracq à Jean Carrière. Toutes les fictions de Gracq sont construites à partir de cet entre-deux, à la fois spatial matérialisé par la frontière et temporel : elles sont dans l'attente de l'évènement décisif, celui vers lequel tend « l'accroissement progressif de la pression » qui les conduit « jusqu'à un moment de bascule », explique Michel Murat.
Néanmoins, entre les premières et les dernières fictions, on observe de nets infléchissements. Le premier roman, Au château d'Argol (1938), s'écartait résolument de toute réalité référentielle comme de toute expérience vécue : l'espace construit y est purement imaginaire. Selon Gracq en effet, la création d'un univers diégétique autonome et séparé du réel est l'une des conditions nécessaires de la fiction. Il s'en est expliqué dans Lettrines, écrivant que :
"Quand il n'est pas songe et, comme tel, parfaitement établi dans sa vérité, le roman est mensonge, quoi qu'on fasse, ne serait-ce que par omission, et d'autant plus mensonge qu'il cherche à se donner pour image authentique de ce qui est."
Pourtant, à partir du Rivage des Syrtes (1951), même si l'univers reste fictif, commencent à être mobilisées l'expérience historique de l'auteur (la « Drôle de guerre ») et ses connaissances géographiques. Mais c'est surtout avec Un balcon en forêt 1958 que se produit la rupture, puisque pour la première fois l'univers de la fiction se confond avec l'univers réel. Confusion qui reste partielle, toutefois, puisque si l'action se déroule dans les Ardennes, à la frontière entre la France et la Belgique, les lieux qui constituent le cœur de la fiction portent des noms fictifs Moriarmé, Les Falizes. De même, dans la nouvelle « La Presqu'île », le nom de Guérande est masqué par son nom breton de Coatliguen. Il n'en reste pas moins qu'à partir de ce moment, le besoin de fiction semble se faire moins impérieusement ressentir, que la mise à distance de la vie et de l'expérience de l'auteur devient moins nécessaire, voire est ressentie comme un détour inutile. L'imaginaire ne se substitue plus au réel : « dans l'œuvre tardive, explique Michel Murat, le mythe colore le réel plus qu'il ne le construit. »

La littérature fragmentaire

C'est à partir de 1954, soit au moment même où il se rendait compte que le roman qu'il était en train d'écrire était dans une impasse, que Julien Gracq commence à écrire sur un nouveau support : le cahier (il avait auparavant l'habitude d'écrire sur des feuilles volantes. Il entreprend alors d'écrire dans une forme nouvelle pour lui : de petits textes non fictionnels et sans lien précis les uns avec les autres. Ce type d'écriture, d'abord marginal dans la production de l'écrivain, va peu à peu remplacer l'écriture de fictions, au point que, hormis La Forme d'une ville, 1985, pour lequel il revient aux feuilles volantes, toute sa production écrite postérieure à La Presqu'île, 1970 ne se fera plus que sur ces cahiers, à raison d'un peu moins de quatre-vingts pages par an environ.
Les textes de ces cahiers ne sont nullement des brouillons, des esquisses préparatoires pour des œuvres futures : tous, qu'il s'agisse de notes brèves ou de fragments plus longs et plus élaborés, sont littérairement achevés et, comme pour les romans, on y décèle peu de ratures et de reprises. Il ne s'agit pas non plus d'esquisses de journal intime, pas plus que de notes prises sur le vif, y compris pour les textes qui, consacrés à Rome, sont réunis dans Autour des sept collines 1988. L'esthétique à laquelle obéit le plus cette prose désamarrée de toute urgence romanesque doit selon Bernhild Boie être recherchée du côté du fragment romantique, telle qu'il a été défini par Friedrich Schlegel :
« Pareil à une petite œuvre d'art, un fragment doit être totalement détaché du monde environnant, et clos sur lui-même comme un hérisson.
Michel Murat en revanche montre quelques réticences à utiliser le terme de fragments, qui pour lui véhicule trop de connotations théoriques difficilement applicables à l'esthétique des textes de Gracq qui, loin d'être refermés sur eux-mêmes comme des hérissons, communiquent « par tous les éléments de leur substance avec d'autres textes du même ordre, avec l'expérience intime, avec la mémoire des livres écrits et lus. »
Préférences et réticences

Le surréalisme La figure d'André Breton

Si la découverte du surréalisme, à travers la lecture de Nadja au début des années 1930, a été pour Julien Gracq une révélation, c'est surtout à travers la rencontre avec André Breton qu'elle devait opérer : le premier n'a jamais caché l'admiration qu'il portait à son aîné, avec lequel il était lié par une amitié « un peu cérémonieuse » depuis leur rencontre à Nantes en 1939. Et c'est par lui et à sa demande que Gracq a, de manière parcimonieuse, participé aux activités surréalistes, notamment en publiant des poèmes en prose dans des revues surréalistes, ceux-là même qui seront réunis sous le titre de Liberté grande en 1946, en acceptant de figurer sur une photo des membres du groupe surréaliste en 1952 et en intervenant, vers la même époque, aux côtés de Breton dans deux polémiques, la première tournant autour du christianisme présumé d'Alfred Jarry, l'autre concernant un supposé déviationnisme de Breton par rapport aux principes de l'athéisme.
Mais c'est surtout avec l'essai de 1948, André Breton, quelques aspects de l'écrivain, que se manifeste, à la fois l'hommage de Gracq vis-à-vis de « l'intercesseur » qu'a été pour lui, après Edgar Allan Poe, Stendhal et Wagner, le chef de file du surréalisme, et la prise de parti de Gracq en faveur de ce mouvement.
Le groupe surréaliste n'est pourtant évoqué dans l'essai qu'à travers la figure de Breton, et il est perçu comme constituant presque le prolongement organique de ce dernier, sans que Gracq ne se sente tenu de s'arrêter à ces autres figures majeures du mouvement qu'ont été Aragon, Artaud, Ernst ou Desnos. L'itinéraire de Breton y est décrit comme réactivant à l'époque moderne le schème mythique de la Quête, celle de la Toison d'Or ou celle du Graal, celui grâce à qui le merveilleux traverse les siècles depuis le Moyen Âge du roi Arthur et de Tristan, après que le flambeau est passé par les mains de Novalis, Rimbaud et Lautréamont. L'aspect mystique, mais surtout pas chrétien de la démarche surréaliste est souligné, l'auteur allant jusqu'à comparer « la haute période du surréalisme » « à l'état naissant d'une religion avortée, et les affinités entre le surréalisme et le romantisme allemand pour lequel Gracq n'a jamais caché son intérêt sont plusieurs fois évoquées.
Le dernier chapitre de l'essai, « D'une certaine manière de "poser la voix" », est consacré à une analyse du style d'André Breton, dont Gracq relève deux éléments essentiels : un usage à la fois singulier et protéiforme des italiques, et une syntaxe particulière, qu'il baptise du nom de « phrase-déferlante ». L'italique, chez Breton, ne servirait pas tant à signaler « de façon mécanique » la présence dans la phrase d'un terme technique ou d'un « mot courant pris dans une acception rigoureusement particulière et déjà définie », qu'à « irradier » d'un bout à l'autre la phrase dans laquelle il est incorporé, à y faire passer « un influx galvanique », « une secousse nerveuse qui la vivifie et la transfigure. » Il signale ainsi souvent « le point focal autour duquel la pensée a gravité », et autour duquel « la phrase s'organise d'un jet, prend son sens et sa perspective. » C'est le langage de l'analyse musicale qui est alors mobilisé pour rendre compte de ces usages des italiques : le mot ainsi souligné fait sentir, « par rapport à la phrase, la vibration d'un diapason fondamental », qui « déclenche à l'intérieur même de la langue tout un jeu de claviers. » Quant à la « phrase déferlante », elle s'oppose à la « phrase conclusive » : là où cette dernière se trouve « conditionnée de toutes parts par la contour rigide et pressenti de ses voisines et ne cherche plus qu'à s'imbriquer dans le contexte — à résoudre un problème mécanique d'emboîtement », la phrase déferlante vise avant tout à conserver et à projeter le plus loin possible l'élan de spontanéité initial d'où elle a surgi, sans que soit prémédité son point de chute. Ainsi, chez Breton, « jamais ... la phrase n'est calculée en vue de sa fin — jamais sa résolution finale, si brillante qu'elle puisse parfois apparaître, ne se présente autrement que comme un expédient improvisé sur le champ, une dernière chance qui permet de sortir comme par miracle de l'impasse syntaxique. »
Cette analyse du style de Breton n'est pas sans faire écho au propre style de Gracq, au point que l'on a souvent dit que ce chapitre constituait une sorte d'autoportrait littéraire de son auteur, qui se serait assimilé André Breton de la même manière que celui-ci s'était incorporé Jacques Vaché. Ainsi, cet essai, « le plus lucidement tendancieux, le plus fidèle, le plus magnifiquement amoureux » qu'on ait consacré à Breton semble avoir été écrit « dans une prose rivale, comme pour s'incorporer un mystérieux pouvoir d'engendrement », celui qui est prêté dans André Breton au chef de file du mouvement surréaliste.
Toutefois, s'il obéit à un désir né depuis la lecture de Nadja d'écrire sur André Breton, l'essai éponyme de Julien Gracq n'est pas délié de l'actualité littéraire de son époque : écrit en 1946, il ne pouvait qu'être partie intégrante du débat de l'après-guerre sur la pertinence ou non de se référer au surréalisme comme point de référence, point de vue contesté notamment par un Jean-Paul Sartre, un Roger Vailland ou encore un Tristan Tzara. En divers endroits de l'essai de Julien Gracq se repère la marque de l'inscription de son André Breton dans cette polémique d'époque : l'invocation de Benjamin Péret et à son pamphlet contre la poésie engagée (Le Déshonneur des poètes) pour définir le surréalisme, l'allusion transparente à l'Existentialisme dans la mention de « l'intellectualisme le plus desséché », etc.

Portée du surréalisme

La dimension polémique n'est pas absente non plus de la conférence intitulée « Le surréalisme et la littérature contemporaine » prononcée à Lille, puis à Anvers en 1949. Il est faux, y explique Gracq, de prétendre avec Sartre et les siens que le surréalisme n'est pas un mouvement engagé. Au contraire, ses animateurs ont engagé leur vie « dans une zone hautement dangereuse, une zone à haute tension, où Artaud a laissé sa raison, Cravan, Vaché, Rigaut, Crevel, leur vie. » Grâce au surréalisme, la littérature ne peut plus être considérée comme un passe-temps, comme une activité de loisir. Cet engagement, explique Gracq, est un engagement profond en faveur de l'Homme, un questionnement sur ce qu'il est, sur « ce que sont ses espoirs permis, ses pouvoirs réels, ses limites, ses perspectives et ses définitives dimensions. » Selon l'auteur d'André Breton, ce sont en définitive les mêmes problèmes que ceux que se pose l'humanisme contemporain, celui d'un Jean-Paul Sartre, d'un Albert Camus, d'un André Malraux. Mais l'humanisme de ces derniers, marqué par les défaites de la guerre récente, « se trahit avant tout à ses pâles couleurs et à son extraordinaire manque de santé » : à cause de ceux-là, jamais peut-être la figure de l'homme n'a été plus systématiquement rétrécie, plus soulignée son impuissance, plus condamnée son espérance, plus approfondi son souci. Face à eux, le surréalisme représente « l'affirmation plus que jamais nécessaire, la réserve inentamée d'un formidable optimisme... En face de l'homme à terre, qui est le thème préféré de la littérature d'aujourd'hui, le surréalisme dresse la figure de l'homme en expansion, triomphant un jour de la mort, triomphant du temps, faisant enfin de l'action la sœur même du rêve. »
De toute façon, quoi qu'en puissent dire ses détracteurs, le surréalisme a déjà gagné : ayant atteint à ce niveau de profondeur « qui donne à la littérature d'une époque, par-delà des ressemblances toutes formelles, un air de famille qu'elle ne se connait pas elle-même et qu'on lui reconnait un siècle après », il a trouvé quels étaient pour le XXe siècle les équivalents de ce que furent pour leur temps « les potences de Villon, les grecques de Racine, les châteaux lézardés des romans noirs à la veille de 89. » Autrement dit, il a su être « un détecteur incomparable des tendances du subconscient de son époque » ; il lui a donné ses « totems.

Limites de l'engagement surréaliste

Si André Breton est resté pour Julien Gracq « un recours obscurément disponible », il s'est toujours tenu à l'écart des activités du groupe surréaliste en tant que tel, s'abstenant notamment de signer les déclarations collectives même lorsqu'elles ont touché aux deux polémiques auxquelles il avait pris part à titre individuel. Plusieurs facteurs ont contribué à le faire se tenir à distance des manifestations surréalistes : l'héritage de Dada, en lequel il ne se reconnait pas, la proximité du mouvement avec le Parti communiste, que Gracq avait quitté après l'annonce du pacte Germano-soviétique, la conviction que l'engagement collectif était incompatible avec son activité d'écrivain. Qui plus est, Gracq ne s'intéresse guère à l'écriture automatique, à laquelle il n'accorde d'autre vertu que d'avoir, en tant qu'elle relève « du "génie" individuel aussi bien que toute autre activité littéraire consciente », permis l'éclosion de textes aussi peu gouvernés que ceux du Poisson soluble d'André Breton.
La mort de ce dernier en 1966 contribue encore davantage à détacher Julien Gracq du surréalisme, dont les dernières manifestations collectives, dans les années 1960 happenings érotiques, Exécution du testament du marquis de Sade ne correspondent guère à sa sensibilité. Sur le plan esthétique, la distance est depuis longtemps prise : à l'automne 1946, alors qu'il écrivait son essai sur Breton, Gracq entamait également l'écriture d'un roman « dont le sujet – l'Histoire – devait le porter loin d'André Breton et du surréalisme », explique Bernhild Boie. Avec Un Balcon en forêt, commencé en 1955, la rupture semble consommée : l'abandon de l'épisode de la messe de minuit initialement programmé, et vers lequel devait converger tout le récit, constitue pour Michel Murat l'un des signes que « la question surréaliste est bien éteinte : elle emporte avec elle le sacré et les univers fictifs du "roman". » On a toutefois pu déceler dans ce livre, où le cadre réaliste se mue perpétuellement par anamorphose en un cadre-rêverie hérité de l'univers du conte féerique, comme un rappel du fameux objectif assigné par André Breton dans le Second manifeste du surréalisme en 1930 :
« Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas, cessent d'être perçus contradictoirement. Or, c'est en vain que l'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point. »
Selon Hubert Haddad, l'entreprise de Julien Gracq n'a, à sa manière, jamais eu d'autre mobile que l'espoir de détermination de ce point
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La littérature fantastique

Julien Gracq est également lecteur de Poe, de Novalis et de Tolkien, dont Le Seigneur des anneaux lui a causé « une forte impression ».

Critique de la critique littéraire


Si l'œuvre de Julien Gracq a rapidement engendré une foule de commentaires et d'analyses universitaires, leur auteur s'est souvent montré dubitatif, voire hostile face aux entreprises exégétiques, qu'elles concernent ou non ses propres ouvrages. Outre la réserve qui l'a conduit à se maintenir à distance du premier grand colloque organisé autour de son œuvre, auquel il n'a pas participé, Gracq, à plusieurs reprises, a précisé dans ses livres quels étaient ses griefs contre la critique savante, ce qui ne l'a pas empêché à l'occasion de recevoir des chercheurs travaillant à l'exégèse de ses livres.
Dans un des fragments de Lettrines, 1967, Julien Gracq a ainsi reproché à celle-ci de tronquer ses objets d'étude pour les faire entrer dans le lit de Procuste de la théorie :
« Psychanalyse littéraire — critique thématique — métaphores obsédantes, etc. Que dire à ces gens qui, croyant posséder une clef, n'ont de cesse qu'ils aient disposé votre œuvre en serrure ? »
Ce qui est visé ici au premier chef, ce sont quelques-unes des grandes théories interprétatives de l'époque : la critique psychanalytique, le freudo-marxisme et la méthode psychocritique de Charles Mauron, qui avait en 1963 publié Des métaphores obsédantes au mythe personnel, chez le même éditeur que Julien Gracq. Quant à la critique thématique, elle vise peut-être directement Jean-Paul Weber, qui dans ses Domaines thématiques Gallimard, 1963 avait entrepris de commenter, entre autres, les écrits de Gracq lui-même180. Une allusion peu amène à « la critique du non-langage et de "l'écriture au degré zéro" » dans Préférences (1961) laisse à penser qu'il ne tenait pas non plus en haute estime les premiers écrits théoriques de Roland Barthes. Mais ce que Gracq, de façon plus générale, reproche à la critique littéraire, à une époque où triomphe la nouvelle critique, c'est sa volonté d'épuiser les significations et les effets des œuvres dont elle s'occupe, sa prétention à détenir un principe d'explication global et définitif. Julien Gracq a déplié cette critique dans plusieurs directions.
L'une de ces directions le conduit à s'interroger sur la dimension pétrifiante des catégories de l'histoire littéraire. Prenant l'exemple de Baudelaire, Gracq s'est amusé du fait que, suivant l'angle sous lequel elle approche son œuvre, celle-ci apparait à la critique, ou bien comme une manifestation tardive du romantisme, ou bien comme constituant l'avant-garde annonciatrice du symbolisme. Or, explique-t-il dans En lisant en écrivant, « tous les mots qui commandent à des catégories sont des pièges », dans la mesure où, au lieu de les prendre pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire de « simples outils », on les confond avec « les catégories originelles de la création », censées baliser des frontières qui par nature, surtout lorsqu'elles sont censées circonscrire le champ d'action des chef-d'œuvres, sont nécessairement approximatives et fluctuantes.
Gracq s'en prend également à la dimension téléologique de cette critique savante, telle qu'elle est majoritairement pratiquée dans les années 1960. Ce que dans une conférence de 1960 intitulée « Pourquoi la littérature respire mal » (repris dans Préférences l'année suivante) il a appelé la « critique du gaillard d'avant. » Située aux avant-postes de la modernité littéraire, elle sait dans quelle direction la littérature se dirige, et d'où doivent venir la nouveauté et l'originalité, par rapport aux perspectives de recherches ouvertes par les œuvres actuelles et passées Or, une œuvre véritablement novatrice n'est pas seulement nouvelle par rapport aux œuvres qui l'ont précédé, elle l'est également par rapport aux perspectives qu'ouvraient ces dernières : ainsi, la vraie nouveauté, explique Gracq, peut très bien être, au sens propre, réactionnaire, comme l'a en son temps été l'œuvre de Stendhal, invisible au milieu du romantisme, « non à cause de ses qualités sans emploi, comme on le dit souvent, mais plutôt parce qu'elle renvoie, de façon agressive, à l'idéologie du Directoire. »
Si les tendances les plus avancées de la critique littéraire des années 1960 sont ainsi épinglées par Julien Gracq, la critique universitaire traditionnelle fait également l'objet de réticences : la recherche patiente et exhaustive des sources des œuvres passe elle aussi à côté de l'essentiel de ce qu'elle prétend éclaircir. En effet, on a beau vouloir retrouver les sources des Liaisons dangereuses ou reconstituer la genèse de Madame Bovary, ce qu'on ne pourra jamais reconstituer, « ce sont les fantômes de livres successifs que l'imagination de l'auteur projetait en avant de sa plume ». Or, ces livres-fantômes, « rejetés par millions aux limbes de la littérature » parce qu'ils n'ont jamais connu un commencement d'exécution, quand bien même ils n'ont jamais existé que dans l'imagination de l'écrivain, sont plus importants que l'étude des brouillons pour comprendre la genèse de l'œuvre écrite. Ils continuent en effet à hanter le livre, « c'est leur fantasme qui a tiré, halé l'écrivain, excité sa soif, fouetté son énergie — c'est dans leur lumière que des parties entières du livre, parfois, ont été écrites. » C'est ainsi que toute la première partie du Balcon en forêt « a été écrite dans la perspective d'une messe de minuit aux Falizes » dont le projet finalement abandonné a informé l'écriture du livre, ou que « Le Rivage des Syrtes, jusqu'au dernier chapitre, marchait au canon vers une bataille navale qui ne fut jamais livrée. »
Mais dans le fond, ce que Gracq reproche à la critique institutionnelle, c'est de se poser en « métier », métier pour lequel il a dans En lisant en écrivant des mots très durs : « quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés! » L'agacement de Gracq n'épargne pas même Paul Valéry, pour lequel il éprouve pourtant une certaine sympathie, lorsque ce dernier se lance dans des réflexions sur la littérature qui révèlent « un écrivain chez qui le plaisir de la lecture atteint à son minimum, le souci de vérification professionnelle à son maximum. »
« Sa frigidité naturelle en la matière fait que, chaque fois qu'il s'en prend au roman, c'est à la manière d'un gymnasiarque qui critiquerait le manque d'énergie des mouvements du coït : il se formalise d'un gaspillage d'énergie dont il ne veut pas connaître l'enjeu. »
La métaphore érotique révèle en creux le type de critique littéraire qui trouve grâce aux yeux de Gracq : une critique passionnée, qui n'évacue pas la dimension désirante d'une lecture qui engage le lecteur à la manière d'un coup de foudre, avec ses vertiges et ses dangers, une critique qui relève d'un investissement personnel sensuel et profond :
« Car après tout, si la littérature n'est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu'on s'en occupe. »

Å’uvres

Tous les ouvrages de Julien Gracq ont été publiés aux éditions José Corti – il a toujours refusé que ses livres soient publiés au format poche194 – à l'exception de Prose pour l'étrangère, publié à 63 exemplaires dans une édition hors-commerce, et qui n'est repris que dans l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade. Celle-ci compte deux volumes, publiés en 1989 et 1995 sous la direction de Bernhild Boie. Elle regroupe l'ensemble des textes mentionnés dans la bibliographie suivante, à l'exception des deux derniers entretiens parus dans le recueil publié en 2002, de Plénièrement et des Manuscrits de guerre.
Au château d'Argol, (1939)
Un beau ténébreux, (1945)
Liberté grande, (1946)
André Breton, quelques aspects de l'écrivain, (1948)
Le Roi pêcheur, (1948)
La Littérature à l'estomac, (1950)
Le Rivage des Syrtes, (1951)
Prose pour l'étrangère, (1952)
Un balcon en forêt, (1958)
Préférences, (1961)
Lettrines I, (1967)
La Presqu'île, (1970)
Lettrines II, (1974)
Les Eaux étroites, (1976)
En lisant en écrivant, (1980)
La Forme d'une ville, (1985)
Proust considéré comme terminus, suivi de Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola, (1986)
Autour des sept collines, (1988)
Carnets du grand chemin, (1992)
Entretiens, (2002)
Plénièrement (Éditions Fata Morgana, 2006) (réédition d'un texte d'hommage à André Breton publié dans la NRF en 1967)
Manuscrits de guerre, (2011)195

Bibliophilie

Au château d'Argol, avec 15 eaux-fortes à pleine page de François Lunven, Les Francs Bibliophiles, 1968, in-4, en feuilles, chemise et étui.
La Route, avec huit pointes-sèches de Jean-Michel Mathieux-Marie sur double page dans le texte, Les Bibliophiles de France, 1984, petit in-8 à l'italienne, en feuilles, emboîtage.
Les Eaux étroites, avec huit eaux-fortes dans le texte de Olivier Debré, Les Pharmaciens bibliophiles, 1997, in-folio, en feuilles, emboîtage.

Discographie

Les Préférences de Julien Gracq. Entretiens avec Jean Daive et Jean Paget, Ina/France Culture/scam, coll. « Les grandes heures », 211873, 2006 (entretiens radiophoniques, 2 CD)
Œuvres, Editions Des femmes-Antoinette Fouque, coll. « La bibliothèque des voix », 2004 (lectures par l'auteur d'extraits de ses livres, 2 CD)
Un balcon en forêt, dit par Alain Carré, Autrement Dit, 2009 (lecture intégrale 5CD ou 1 CD MP3)
Le Rivage des Syrtes, dit par Alain Carré, Autrement Dit, 2010 (lecture intégrale 9 CD ou 1 CD MP3)

Adaptations

La Riva delle Sirti, de Luciano Chailly (opéra adapté du Rivage des Syrtes, 1959)
Un Beau ténébreux, de Jean-Christophe Averty (téléfilm, 1971)
Rendez-vous à Bray, d'André Delvaux (film adapté de la nouvelle Le Roi Cophetua, 1971)
Un Balcon en forêt, de Michel Mitrani (film, 1978)
La presqu'île, de Georges Luneau (film adapté du récit du même nom, 1986)

Liens

http://youtu.be/t_hnOezot_U Décès de Julien Gracq
http://youtu.be/7_SkbMnxx4Q Julien Gracq et Dali
http://youtu.be/XnNWNVZy-BU Chez Julien Gracq
http://youtu.be/TK5rsqN_ed0 Hommage à Julien Gracq
http://youtu.be/SiwsQRh3TDk les manuscrits de guerre de Julien Gracq par Bretrand Fillaudeau


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Posté le : 21/12/2013 18:06
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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