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Re: Les expressions
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« Etre ou rester de marbre »


Être impassible, ne pas montrer ses sentiments
Ne pas réagir aux informations importantes ou aux provocations


Il existe de nombreuses variétés de marbre, cette roche dérivée du calcaire, et son utilisation est généralement réservée à l'art , la victoire de Samothrace ou le David de Michel-Ange, par exemple et aux décorations intérieures luxueuses.

Avez-vous déjà eu le plaisir d'aller admirer les sculptures présentées au Louvre ? Si oui, vous aurez pu constater au moins deux choses évidentes :
- La finesse de la plupart des œuvres, le rendu des traits d'un visage ou d'un pli de vêtement étant souvent stupéfiant de vérité.
- Les statues sont parfaitement immobiles et, si le réalisme du visage que vous avez en face de vous et l'inquiétude que vous provoque son aspect un peu pâlichon, font germer dans votre esprit l'idée de converser avec son propriétaire, vous n'obtiendrez en retour qu'un silence méprisant.

Or, en général, sauf si vous êtes d'une zénitude incomparable, lorsque quelqu'un vous titille, vous agace, vous énerve, vous avez tendance à agiter quelque chose, que ce soit un sourcil, une paupière, vos lèvres ou bien certains de vos membres.
Contrairement à ce que font croire nos expressions, vous ne pouvez donc en aucun cas être comparé à une de ces statues complètement figées dont nombreuses sont taillées dans du marbre.

Et pourtant !
C'est depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nos expressions être de marbre, d'abord apparaissent. Ce sont bien évidemment des hyperboles exagérant quelque peu l'absence des manifestations physiques très apparentes qu'on attend de celui qu'on provoque ou auquel on apprend une grande nouvelle, bonne ou mauvaise.


Posté le : 04/01/2014 10:40
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SALC (sports à la con)
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Les SALC (sports à la con)

http://www.connarddechaine.fr/le-top-5-des-sports-idiots


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Numéro 1: Le Cheese Rolling

Nous retrouvons donc nos amis rosbiffs sur la plus haute marche du podium avec un sport dont le concept défie toutes les lois de l’entendement. Le Cheese Rolling consiste à faire dévaler un fromage le long d’une pente abrupte et à lui courir après (…). Attention le fromage roule vite (il peut atteindre 100 km/h) et le terrain très escarpé promet une avalanche de gamelles spectaculaires. Les participants se ramassent donc joyeusement devant une foule de supporters hystériques hurlant: « Get the cheese! Get the cheese! » Les images se passent naturellement de commentaire…

regardez :

http://youtu.be/KOyQBSMeIhM






Numero 4: Le Chess Boxing

Voici une idée bien étrange que celle de vouloir allier la subtilité et la finesse des échecs à la brutalité de la boxe anglaise… L’épreuve se déroule en 11 rounds, 6 de 4 minutes pour les échecs et 5 de 3 minutes pour la boxe. La partie d’échec se joue en blitz et un échec et mat équivaut à un K.O. ce qui oblige les brutes les plus épaisses à développer certaines facultés plus fines qu’une aisance à enchaîner les patates. Pas sûr que dans ces conditions Mike Tyson eut pu gagner ne serait ce qu’un titre…


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Numéro 5: Le Swamp Soccer

Le concept est très simple: jouer au foot dans une marre de boue bien liquide et bien grasse. C’est très bête car, en dépit du plaisir de voir patauger les « athlètes » dans la fange, en terme de performance sportive la discipline ne présente qu’un intérêt très limité. L’épreuve souffre également d’un manque de lisibilité dans la mesure où l’on peine à distinguer les maillots des deux équipes: « On est avec les crados ou avec les dégueux? ». Ceci étant Valbuena devrait s’y essayer, l’idée d’attérir dans un limon visqueux lui passerait certainement toute envie de plonger dans les surfaces!

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Posté le : 04/01/2014 10:36
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Ceux qui ont inspiré les Beatles : les Everly brothers
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Mort à 74 ans de Phil Everly, du duo Everly Brothers




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Tout l'article et plusieurs vidéos cliquez :


http://www.leparisien.fr/musique/vide ... rs-04-01-2014-3461783.php



http://youtu.be/lTYe9eDqxe8

Posté le : 04/01/2014 10:23

Edité par Loriane sur 04-01-2014 23:25:40
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Jacques Laurent-Cély
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Le 5 Janvier 1910, à Paris, naît Jacques Laurent-Cély, journaliste, romancier,

et essayiste français,
ayant publié sous divers pseudonymes dont celui de Cécil Saint-Laurent, et élu à l'Académie française en 1986. Militant royaliste dans sa jeunesse devenu anarchiste de droite, son nom reste associé au mouvement littéraire dit des Hussards, il meurt le 29 décembre 2000, à 81 ans, à Paris, il fut distingué par le prix du quai des orfèvres, et le Goncourt, ses Œuvres principales sont : Les Corps tranquilles en 1948, Les Bêtises en 1971, Histoire égoïste en 1976

Jeunesse

Petit-fils du président du Conseil général de la Seine, fils d'un avocat inscrit au barreau de Paris, combattant de la Grande guerre et militant de Solidarité française de François Coty, Jacques Laurent-Cély était par sa mère neveu d'Eugène Deloncle.
Ayant suivi des études au lycée Condorcet, il entreprend une licence de philosophie à la Sorbonne, et s'engage rapidement à l'Action française de Charles Maurras, en écrivant au journal L'Étudiant français. Il présentera plus tard son engagement ainsi : c'est parce que je rencontrais l'Action française que j'échappais au fascisme.
En 1939, il doit interrompre ses études, à cause de la mobilisation.
Il ne joua qu'un rôle limité sous l'Occupation, avec un modeste poste au Bureau d'études du Secrétariat général à l'Information du régime de Vichy sous l'autorité de Paul Marion, où il fit la connaissance d'Angelo Tasca mais aussi de François Mitterrand, et contribua à Idées, revue de la Révolution nationale fondée en 1941 .
En août 1944, il est chargé d'établir un contact entre le maréchal Pétain et une unité auvergnate des Forces françaises de l'intérieur que dirige Henry Ingrand, Pétain envisageant alors un accord avec la Résistance pour rejoindre le maquis. Ce projet n'aura pas de suite, à cause du départ du maréchal à Sigmaringen, tandis que Jacques Laurent-Cély rejoindra à la fin du mois un bataillon des FFI devant opérer une jonction avec l'armée du général de Lattre de Tassigny. Remonté à Paris sous l'épuration, il est brièvement incarcéré mais finalement relâché.

L'écrivain Hussard

Après la Guerre, il entreprend une carrière d'écrivain : ayant écrit sous divers pseudonymes pour vivre des chroniques théâtrales comme Jean Paquin, quelques petits romans sentimentaux tels Dupont de Ména, Roland de Jarnèze ou des policiers : Roland de Jarneze, Alain de Sudy, Gilles Bargy, Laurent Labattu, J.C Laurent, puis en 1948 une étude historique plus connue, Quand la France occupait l'Europe, sous le nom d'Albéric Varenne.
Mais il se fait véritablement connaître du public par des romans publiés dès la fin des années 1940, dont les plus célèbres restent Les Corps tranquilles, paru en 1948 auquel Le Petit Canard, paru en 1954, constituera un post-scriptum, et la série populaire de Caroline Chérie, qui fera l'objet de douze traductions et de deux adaptations cinématographiques, en 1951, puis en 1968.
L'année 1951 voit la parution de son premier essai, Paul et Jean-Paul, dans lequel il se livre à un parallèle entre Paul Bourget et Jean-Paul Sartre, attaque Les Temps modernes et l'existentialisme. Dans le même temps, il fonde en 1953 la revue littéraire La Parisienne qui accueillit la plume de Jean Cocteau, Jean-François Deniau, Henry de Montherlant, Jacques Perret ou encore Marcel Aymé, dans laquelle il écorna André Malraux, lui reprochant de « vivre tranquillement en pelotant des chefs-d'œuvre plastiques après avoir envoyé tant de jeunes gens au casse-pipe », puis dirige l'hebdomadaire Arts de 1954 à 1959.
Son nom est alors associé au mouvement littéraire des Hussards, auxquels se rattachent aussi Antoine Blondin, Michel Déon et Roger Nimier, incarnant alors la droite littéraire. À cette qualification, Bernard Frank préférera toutefois celle, plus ironique, de fasciste.

Un auteur engagé

C'est par la guerre d'Algérie qu'il reprend son engagement politique : offusqué par la trahison du général de Gaulle par son projet d'autodétermination en 1959, il lance la revue L'Esprit public, qu'on présentera souvent comme l'organe officieux de l'OAS. Il la quitte toutefois en 1963, en désaccord avec les idées européistes et révolutionnaires de Jean Mabire.
En 1964, il attaque violemment le général de Gaulle par son pamphlet Mauriac sous de Gaulle, qui lui vaudra une condamnation pour « offense au chef de l'État ». Lors de ce procès, il déclara : « La situation de l'histoire des affaires est unique.
Vingt ans après la Terreur, n'importe quel historien pouvait dire ce qu'il pensait de la Terreur ; vingt ans après le 18 brumaire, n'importe quel historien pouvait dire ce qu'il pensait du 18 brumaire ; vingt ans après la Terreur blanche, n'importe quel historien pouvait s'exprimer librement sur la Terreur blanche ; vingt ans après le 2 décembre, on pouvait parler du 2 décembre selon sa conviction ; vingt ans même, pour prendre un événement plus rapproché, après l'arrestation de Caillaux sous Clemenceau, on pouvait défendre Caillaux si on le voulait, ou en tout cas écrire un livre d'histoire absolument libre sur ce qui s'était passé entre 1914 et 1918.
Mais vingt-cinq ans après le 18 juin, j'apprends par le réquisitoire qu'il est interdit de le commenter. Il publie peu après avec Gabriel Jeantet, ancien membre de La Cagoule puis résistant Année 40, où il conteste l'importance de de Gaulle, le planqué, dans l'organisation de la Résistance.

Retour au roman

Délaissant la politique, il y reviendra cependant par son autobiographie Histoire égoïste en 1976, Jacques Laurent refait surface dans le monde littéraire, par la publication de son roman Les Bêtises, qui obtiendra le prix Goncourt en 1971, puis avec Les Sous-Ensembles flous en 1981.
L'ensemble de son œuvre sera couronné la même année par le Grand prix de littérature de l'Académie française et, deux ans plus tard, par le Prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco.
Fait chevalier de la Légion d'honneur, il est élu à l'Académie française le 26 juin 1986, au fauteuil 15, succédant à Fernand Braudel, et publia en 1988 un dernier essai remarqué sur Le Français en cage, dans lequel il s'en prend au zèle excessif que déploient les policiers du langage dès que l'occasion leur est donnée de condamner. Jacques Laurent se suicide le 29 décembre 2000. Après sa disparition, il est remplacé à l'Académie par Frédéric Vitoux le 13 décembre 2001.

Sa Mort

En septembre 2011, l'ami de Jacques Laurent, Christophe Mercier, révèle que l'écrivain s'est donné la mort par tristesse, suite au décès de son épouse quelques mois plus tôt, et pour ne pas connaître la déchéance physique de la vieillesse. Article de Pierre Assouline sur son Blog La République des Lettres" : comment Jacques Laurent a choisi sa mort

Son oeuvre

Sans même tenir compte de ses nombreux pseudonymes, il y eut de bien nombreux Jacques Laurent au cours de la seconde moitié du XXe siècle, depuis le publiciste, jusqu'au membre de l'Académie française, élu en 1986.
On le trouve au premier rang dans la plupart des polémiques des années 1950 opposant gauche et droite, résistance gaulliste et vichysme renaissant, Les Temps modernes et La Parisienne, L'Express et Arts.
Formé par Maurras, Léon Daudet et Jacques Bainville, Jacques Laurent se révéla un polémiste de vocation, le meilleur de cette extrême droite littéraire qui, sous le terme de hussards, sut revendiquer la liberté et le plaisir d'écrire.
Une fois révolu le temps des polémiques, il faut convenir que le meilleur rôle de Jacques Laurent n'est pas celui de l'anti-Sartre providentiel, qu'il revendique avec son Paul et Jean-Paul, entendons Bourget et Sartre. Plus tard, en 1977, Laurent écrira l'un de ses plus beaux livres, Roman du roman.
Le chapitre premier, qui présente à la fois un souvenir d'adolescence et une vocation immédiate de romancier, égale, par son écriture jubilante, un autre récit d'enfance, Les Mots, du rival exécré. Jacques Laurent, dans le genre de l'essai, ne pouvait écrire que contre le détenteur d'une position dominante, qu'il eût nom de Gaulle, Sartre, Mauriac, Barthes, ou l'université. La limite de sa pensée tient à cette pugnacité constitutionnelle.
Les romans signés Jacques Laurent sont nombreux, passionnants, tout à fait inégaux, même à l'intérieur du même récit.
Le lecteur de Laurent croit reconnaître, à l'origine de cette production, un engagement juvénile du côté de Vichy, au cabinet de Paul Marion, beaucoup plus avancé que ne le dit l'auteur d'Histoire égoïste en 1976. Dans le périodique Idées, où Drieu la Rochelle signe ses professions de foi collaborationnistes, un certain Jacques Bostan va aussi fort loin dans ce sens.
Le choc de l'épuration et l'échec d'un premier roman très ambitieux, Les Corps tranquilles 1948, vont susciter une fièvre romancière qui ne cessera de transposer les thèmes d'une scène originaire, qui est aussi, dans l'Histoire, une défaite à conjurer.
Dès Le Petit Canard ehn 1954, un style allègre et sec, limpide et mordant, obstinément froid est trouvé.
C'est avec Les Bêtises, prix Goncourt en 1971,que le romancier s'impose à la critique et au public. Le personnage laurentien – qu'il soit homme ou, plus souvent, femme – est toujours quelqu'un qui double sa vie par l'écriture, qui évolue entre une vraie vie, qu'il tient pour fausse, et plusieurs fausses vies, qui s'imposent comme vraies. En racontant les vies multiples, et en présentant les œuvres fictives d'un homme qui écrit les Bêtises de Cambrai, Laurent invente un dispositif de roman spéculaire vertigineux.
On trouvera sans doute plus d'émotion et même de pathétique dans Les Sous-ensembles flous en 1981, un roman nourri par les inquiétudes métaphysiques d'Éros et de Thanatos. Ici, un grand romancier semble être né d'un philosophe à la vocation assurée, mais avortée. Voué au libertinage aussi érudit qu'érotique, Jacques Laurent excelle dans la création de figures de femme à la double ou triple vie. Ainsi, dans Les Dimanches de mademoiselle Beaunon en 1982, le romancier réconcilie-t-il un lecteur assoiffé d'identification avec un genre romanesque qui, disait-on, avait éradiqué la notion même de personnage.
D'un roman plus tardif, Le Miroir aux tiroirs en 1990, on retiendra l'épisode d'une femme qui sacrifie sa vie érotique à l'écriture du journal de cette même vie, et qui affronte le grand dilemme entre vivre sa vie et la raconter.
Et si les romans les plus plaisants et les plus généreux de l'auteur étaient ceux que, dès 1947, il a signés Cécil Saint-Laurent, et qui, avec la verve des grands feuilletonistes, mettent en scène ces merveilleuses descendantes de Moll Flanders que sont Caroline, Clotilde, Bernadette, Hortense ?
Ces épopées érotico-historiques ont constitué un triomphe durable du roman populaire, mais aussi une révolution des mœurs publiques et littéraires. Ici, Jacques Laurent est vraiment devenu le fils prodige et prodigue d'Alexandre Dumas père.

Å’uvres

Sous le nom de Jacques Laurent
1947 : La Mort à boire, roman (Jean Froissart)
1948 : Les Corps tranquilles, roman (La Table ronde)
1951 : Paul et Jean-Paul, essai (Grasset)
1954 : Le Petit Canard, roman (Grasset)
1964 : Mauriac sous de Gaulle, essai (La Table ronde)
1965 : Année 40, essai (avec Gabriel Jeantet) (La Table ronde)
1966 : La Fin de Lamiel, essai (Julliard)
1967 : Au contraire, essai (La Table ronde)
1968 : Choses vues au Viêt Nam, essai (La Table ronde)
1969 : Lettre ouverte aux étudiants, essai (Albin Michel)
1971 : Les Bêtises, roman (Prix Goncourt, 1971) (Grasset)
1972 : Neuf perles de culture, essai (avec Claude Martine) (Gallimard)
1976 : Histoire égoïste, essai (La Table ronde)
1979 : Le Nu vêtu et dévêtu, essai (Gallimard)
1980 : Roman du roman, essai (Gallimard)
1981 : Les Sous-Ensembles flous, roman (Grasset)
1982 : Les Dimanches de Mademoiselle Beaunon, roman (Grasset)
1984 : Stendhal comme Stendhal, essai (Grasset)
1986 : Le Dormeur debout, roman (Gallimard)
1988 : Le Français en cage, essai, (Grasset)
1990 : Le Miroir aux tiroirs (Grasset)
1994 : Du mensonge, essai (Plon)
1994 : L'Inconnu du temps qui passe (Grasset)
1997 : Moments particuliers (Grasset)
1999 : L'Esprit des lettres (Éditions de Fallois)
2000 : Ja et la Fin de tout (Grasset)
Sous le nom de J.C Laurent
1950 : "Ne touchez pas à la hache !", roman policier (S.C.E.L / Éditions "Je sers" no 1 de la Collection Œdipe)
Sous le nom de Cécil Saint-Laurent
1947 : Caroline Chérie
1949 : Captain Steel (adapté de Praise at morning de Mildred MacNeilly)
1950 : Le Fils de Caroline chérie
1951 : Les Caprices de Caroline
1953 : Sophie et le crime (Prix du Quai des Orfèvres)
1953 : Lucrèce Borgia
1954 : La Fille de Mata-Hari
1954 : Une sacrée salade
1957 : Prénom Clotilde
1961 : Les Agités d'Alger
1961 : Les Passagers pour Alger
1963-1967 : Hortense 1914-18
1969 : Les Petites Filles et les Guerriers
1970 : La Communarde
1972 : Lola Montes
1975 : La Bourgeoise
1978 : La Mutante
1986 : L'Erreur
Sous le nom d'Albéric Varenne
1948 : Quand la France occupait l'Europe (éditions le Portulan)
Autres pseudonymes
Laurent Labattut, Gilles Bargy, Dupont de Mena, Luc d’Ébreuil, Roland de Jarnèze, Alain Nazelle, Jean Parquin, Gonzague de Pont-Royal, Marc de Saint-Palais, Alain de Sudy, Edgar Vuymont.

Filmographie

1950 : Quai de Grenelle (d'après le roman "La mort à boire")
1951 : Caroline chérie
1953 : Un caprice de Caroline chérie
1953 : Lucrèce Borgia
1954 : La fille de Mata-Hari
1955 : Le fils de Caroline chérie
1955 : Frou-Frou
1955 : Sophie et le crime
1955 : Les mauvaises rencontres (d'après le roman "Une sacrée salade")
1955 : Lola Montès
1956 : Paris canaille
1959 : Le Secret du chevalier d'Éon
1960 : On roule à deux (Téléfilm)
1962 : Le Masque de fer
1964 : De l'amour
1965 : 14-18
1967 : Sept hommes et une garce
1967 : Lamiel (d'après le roman "La fin de Lamiel")
1968 : Caroline chérie
1968 : Manon 70
1969 : Quarante-huit heures d'amour (Scénario, réalisation et dialogues)
1969 : Les Femmes

Liens

http://www.ina.fr/video/CPB89006045 Chez pivot (INA)
http://youtu.be/QX01YX3BzHc Jacques Laurent et les chats
http://youtu.be/hSL6g0A_XEw un caprice de Caroline Chérie
http://youtu.be/eY1h-qHNTMQ Le fils de caroline Chérie


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Posté le : 03/01/2014 21:55

Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:50:41
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Charles D'Orléans
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Le 5 Janvier 1465 à Amboise, à 70 ans, meurt Charles d'Orléans,

né à Paris le 24 novembre 1394, duc d'Orléans, prince français, connu surtout pour son œuvre poétique réalisée lors de sa longue captivité anglaise. Il est le fils de Louis Ier, duc d'Orléans, le frère du roi de France Charles VI, et de Valentine Visconti fille du duc de Milan.
Il est comte de Valois et de Blois, issu de la branche capétienne des Valois, il est prétendant au duché de Milan, Comte d'Asti, il participe au Conflits de la Guerre de Cent Ans et il prend une part à la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, fils de Louis 1er duc d'Orléans et de Valentine Visconti, marié à Isabelle de Valois et de Marie de clèves, il a trois enfants , Marie, louis et Anne.

Le poète

Le rapport entre la vie et les poèmes de Charles, duc d'Orléans, fils de Louis d'Orléans, qui fut tué par Jean sans Peur en 1407, et père de Louis XII, est plus compliqué que ne le ferait croire, par exemple, un rapprochement entre les ballades où il nous parle de son exil et l'histoire qui nous apprend ses vingt-cinq ans de captivité en Angleterre, après Azincourt en 1415. L'espace, de mer et de temps, qui le sépare de tout ce qu'il aime constitue le lieu où s'élabore le théâtre allégorique de sa pensée : là se joue le drame intérieur d'une conscience cherchant à faire régner la sagesse de la raison sur un cœur tenté par la passion ou envahi par la mélancolie.
Rentré en France en 1440, et réunissant autour de lui quelques amis qui partagent ses goûts et cultivent ses manies, le poète évoque, sans doute, en rondeaux vifs et animés, les plaisirs du monde quotidien, mais c'est pour creuser encore l'écart entre les yeux qui se divertissent du spectacle et la pensée qui réfléchit.
Le calendrier poétique ramène les petits événements des jours qui passent au rythme essentiel de la vie. Le manuscrit personnel du prince, où sont conservés ses poèmes, parfois autographes, avec les répliques que lui donnent ses amis, s'organise d'abord selon un plan esthétique distinguant nettement les ballades amoureuses, encadrées par les deux fictions de la Retenue et de la Départie d'amour, les ballades diverses, les chansons, les caroles et les complaintes.
La plupart de ces poèmes, transcrits avec soin, ont été composés en Angleterre.
Ils ont pour thème directeur le service d'une dame dont l'identité intrigue les biographes, et qui n'est pas nécessairement l'une de ses deux premières épouses, Isabelle de France ou Bonne d'Armagnac.
Plus significatif est le dédoublement qui se manifeste déjà entre le moi amoureux et la pensée qui le surveille.
Par la suite, la composition du recueil se brouille : des poèmes sont rajoutés au fur et à mesure de leur création, avec moins de soin dans la présentation. Les rondeaux ne prétendent plus être chantés, les ballades s'ajoutent aux deux cahiers déjà constitués. Peut-on retrouver désormais un ordre chronologique ? Le désordre de ces feuillets, le caprice du prince rendent une telle enquête difficile dans le détail.
Mais on remarque le retour des mêmes thèmes, la surimpression de sentiments divers et, par un rapprochement fortuit ou calculé, la rencontre d'impressions contradictoires. Dans un langage resté très pur, le vocabulaire s'enrichit de notations concrètes, la métaphore fait marcher plus subtilement l'allégorie, le vers plus dense ébauche un dialogue plein de vivacité.
Poésie qui est encore un art de la conversation : avec la dame, avec l'entourage, avec soi-même. Les images gravitent autour de thèmes symboliques riches de suggestions et les refrains ou sentences résument le savoir accumulé par d'austères lectures. Pas de pédantisme en ces cahiers de poésie : l'élégance est de déguiser le raffinement philosophique sous les costumes du monde familial

Sa vie

Il naît à l'hôtel royal Saint-Pol, à Paris. Son enfance est marquée par les rivalités qui opposent son père à Jean sans Peur, duc de Bourgogne, rivalités à l'origine de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Son père est tué sur l'ordre du duc de Bourgogne le 23 novembre 1407.
En sa qualité d'aîné, il recueille la plus grande part de l'héritage dont le duché d'Orléans, les comtés de Valois et de Blois, et les seigneuries de Coucy et de Chauny.
Il épouse en 1406 sa cousine germaine Isabelle de Valois 17 ans, fille de Charles VI, et veuve de Richard II d'Angleterre.
Celle-ci meurt à vingt ans en donnant le jour à une fille. Charles se remarie en 1410 avec Bonne d'Armagnac, fille du comte Bernard VII d'Armagnac, grand féodal du Sud-Ouest, transférant le conflit familial à la maison d'Armagnac.
À la mort de sa mère, le 4 décembre 1408, il hérite du comté d'Asti et de quelques terres lombardes.
En 1415, survient la reprise de la guerre, Charles d'Orléans fait partie de l'armée française poursuivant Henri V retraitant dans le nord de la France. À la débâcle d'Azincourt, le 25 octobre 1415, Charles d'Orléans est fait prisonnier et emmené en Angleterre.
Sa libération est conditionnée par le paiement d'une rançon. Il reste vingt-cinq ans en Angleterre, années pendant lesquelles il développe son œuvre.

En effet, il ne se trouve personne pour payer sa rançon. Sa seconde épouse est morte à la fin de 1415, son beau-père, le comte Bernard VII d'Armagnac, a été massacré par les partisans de Jean Sans Peur en 1418 et, en 1420, disparaît son frère cadet, Philippe, comte de Vertus.
Son duché d'Orléans est laissé sans défense et les Anglais assiègent Orléans sans même songer à demander au duc, leur prisonnier, de leur ouvrir les portes ; siège auquel mit fin Jeanne d'Arc.
Il est enfin libéré le 5 novembre 1440, contre une rançon de 220 000 écus, représentant partiellement la dot de sa nouvelle épouse, car le 26 novembre 1440, à 46 ans, il épouse Marie de Clèves, âgée de 14 ans, nièce du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et petite-fille du meurtrier de son père Jean sans Peur.
En 1447, il récupère son comté d'Asti et rentre en France l'année suivante pour finir sa vie retiré à Blois.
En 1457, le 19 décembre, alors qu'il a 63 ans, son épouse accouche d'une fille, Marie, et, le 27 juin 1462, alors qu'il a 68 ans, Marie de Clèves accouche cette fois d'un fils, Louis, le futur roi Louis XII.
En 1464, elle est de nouveau enceinte, pour la troisième fois, et donne naissance à une fille, Anne, quelques mois avant la mort de son mari.

Charles d'Orléans meurt à Amboise le 5 janvier 1465, sur le chemin du retour, alors qu'il venait d'assister à Poitiers à une assemblée des princes du Sang et des grands féodaux.

Il est inhumé en l'église du Saint-Sauveur à Blois : plus tard, ses restes funéraires furent rapatriés à Paris, avec ceux de sa famille par son fils, le roi Louis XII


Å’uvres


Charles Ier d’Orléans,
Illustration d'un recueil de poèmes du duc d'Orléans commémorant son emprisonnement dans la Tour de Londres
Charles d'Orléans est l'auteur d'une œuvre considérable :
131 chansons, 102 ballades, sept complaintes et pas moins de 400 rondeaux. Il est aussi l'auteur de pièces poétiques en langue anglaise.

" Le cri de la rue"
Le Livre contre tout péché
La Retenue d'Amours
Le Songe en complainte
La Départie d'Amour
Hiver vous n'êtes qu'un vilain
En la forêt de longue attente (éd. Gallimard, Poésie NRF, 2001 (ISBN 978-2-07-032795-9)).
Clément Marot sera un fervent admirateur de cette œuvre.[réf. nécessaire]
Rondeau de printemps
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie:
"Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie, "
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;
Chacun s'habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau.

Bibliographie

Principales éditions des œuvres de Charles d'Orléans

Ballades et rondeaux, Paris, Le Livre de Poche, collection Lettres gothiques , 1992.
En la forêt de longue attente et autres poèmes, édition bilingue de Gérard Gros, Paris, Gallimard, collection « Poésie / Gallimard », 2001.
Poésies, Tome 1, La retenue d'amour. Ballades, chansons, complaintes et caroles éditées par Pierre Champion, Paris, Honoré Champion, collection « Classiques français du Moyen Âge », 2010.
Le Livre d'Amis : Poésies à la cour de Blois (1440-1465), édition bilingue, publication, traduction, présentation et notes de Virginie Minet-Mahy et Jean-Claude Mühlethaler, Paris, Honoré Champion, collection « Champion Classiques Moyen Âge », 2010.

Études historiques et littéraires

Mary-Jo Arn, The Poet's Notebook: The Personal Manuscript of Charles d'Orléans (Paris, BnF MS fr. 25458), Turnhout, Brepols, 2008.
Pierre Champion, La Vie de Charles d'Orléans. 1394-1465, Paris, Honoré Champion, collection Bibliothèque du xve siècle, no 15, 1911. 3e édition : 2010.
Claudio Galderisi, Le Lexique de Charles d’Orléans dans les Rondeaux, Genève, Droz, 1993, 277 p. Extraits en ligne.
Claudio Galderisi, Charles d’Orléans : ‘Plus dire que penser’, Bari, Adriatica Editrice, 1994, 128 p.
Claudio Galderisi, ‘En regardant vers le païs de France’. Charles d’Orléans : une poésie des présents, Orléans, Paradigme, Medievalia, 2006, 220 p.
Claudio Galderisi, Charles d’Orléans, Paris-Rome, Memini, Bibliographie des écrivains français, 2012, 174 p.
Xavier Hélary, entrée ORLÉANS Charles duc d' (1394-1465), in Philippe Contamine, Olivier Bouzy, Xavier Hélary, Jeanne d'Arc. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 2012, p. 893-894, (ISBN 2-221-10929-5).
Thierry Martin, Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais, anthologie bilingue, QuestionDeGenre/GKC, 2007.
Gilbert Ouy, « À propos des manuscrits autographes de Charles d'Orléans identifiés en 1955 à la Bibliothèque nationale », in Bibliothèque de l'école des chartes, no 118, 1960, p. 179-188, [lire en ligne].
Littérature
Hella S. Haasse, En la forêt de longue attente. Le roman de Charles d'Orléans, Paris, Seuil, 1991.
Postérité
Ses poèmes ont été enluminés par Henri Matisse
Trois chansons mises en musique par Claude Debussy


Poèsie

Bien moustrez, Printemps gracieux

Bien moustrez, Printemps gracieux,
De quel mestier savez servir,
Car Yver fait cueurs ennuieux,
Et vous les faictes resjouir.
Si tost comme il vous voit venir,
Lui et sa meschant retenue
Sont contrains et prestz de fuir
A vostre joyeuse venue.

Yver fait champs et arbres vieulx,
Leurs barbes de neige blanchir,
Et est si froit, ort* et pluieux
Qu'emprés le feu couvient croupir ;
On ne peut hors des huis yssir**
Comme un oisel qui est en mue.
Mais vous faittes tout rajeunir
A vostre joyeuse venue.

Yver fait le souleil es cieulx
Du mantel des nues couvrir ;
Or maintenant, loué soit Dieux,
Vous estes venu esclersir
Toutes choses et embellir.
Yver a sa peine perdue,
Car l'an nouvel l'a fait bannir
A vostre joyeuse venue.


En la forest d'Ennuyeuse Tristesse

En la forest d'Ennuyeuse Tristesse,
Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye,
Si rencontray l'Amoureuse Deesse
Qui m'appella, demandant ou j'aloye.
Je respondy que, par Fortune, estoye
Mis en exil en ce bois, long temps a,
Et qu'a bon droit appeller me povoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
Me respondy : " Amy, se je savoye
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t'ayderoye ;
Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye
De tout plaisir, ne sçay qui l'en osta ;
Or me desplaist qu'a present je te voye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

- Helas ! dis je, souverainne Princesse,
Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
Cest par la Mort qui fait a tous rudesse,
Qui m'a tollu celle que tant amoye,
En qui estoit tout l'espoir que j'avoye,
Qui me guidoit, si bien m'acompaigna
En son vivant, que point ne me trouvoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va. "

ENVOI

Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ;
De mon baston, affin que ne fervoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C'est grant pitié qu'il couvient que je soye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.


En acquittant nostre temps vers jeunesse

En acquittant nostre temps vers jeunesse,
Le nouvel an et la saison jolie,
Plains de plaisir et de toute liesse
- Qui chascun d'eulx chierement nous en prie -,
Venuz sommes en ceste mommerie*,
Belles, bonnes, plaisans et gracieuses,
Prestz de dancer et faire chiere lie
Pour resveillier voz pensees joieuses.

Or bannissiez de vous toute peresse,
Ennuy, soussy, avec merencolie,
Car froit yver, qui ne veult que rudesse,
Est desconfit et couvient qu'il s'en fuye !
Avril et may amainent doulce vie
Avecques eulx ; pource soyez soingneuses
De recevoir leur plaisant compaignie
Pour resveillier voz pensees joieuses !

Venus aussi, la tresnoble deesse,
Qui sur femmes doit avoir la maistrie,
Vous envoye de confort a largesse
Et plaisance de grans biens enrichie,
En vous chargeant que de vostre partie
Vous acquittiés sans estre dangereuses ;
Aidier vous veult, sans que point vous oublie,
Pour resveillier voz pensees joieuses.


Que me conseillez-vous, mon coeur ?

Que me conseillez-vous, mon coeur ?
Irai-je par devers la belle
Lui dire la peine mortelle
Que souffrez pour elle en douleur ?

Pour votre bien et son honneur,
C'est droit que votre conseil céle.
Que me conseillez-vous, mon coeur,
Irai-je par devers la belle ?

Si pleine la sais de douceur
Que trouverai merci en elle,
Tôt en aurez bonne nouvelle.
J'y vais, n'est-ce pour le meilleur ?
Que me conseillez-vous, mon coeur ?



Le beau souleil, le jour saint Valentin


Le beau souleil, le jour saint Valentin,
Qui apportoit sa chandelle alumee,
N'a pas longtemps entra un bien matin
Priveement en ma chambre fermee.
Celle clarté qu'il avoit apportee,
Si m'esveilla du somme de soussy
Ou j'avoye toute la nuit dormy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.

Ce jour aussi, pour partir leur butin
Les biens d'Amours, faisoient assemblee
Tous les oyseaulx qui, parlans leur latin,
Crioyent fort, demandans la livree
Que Nature leur avoit ordonnee
C'estoit d'un per* comme chascun choisy.
Si ne me peu rendormir, pour leur cry,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.

Lors en moillant de larmes mon coessin
Je regrettay ma dure destinee,
Disant : " Oyseaulx, je vous voy en chemin
De tout plaisir et joye desiree.
Chascun de vous a per qui lui agree,
Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy,
A prins mon per dont en dueil je languy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee. "

ENVOI

Saint Valentin choisissent ceste annee
Ceulx et celles de l'amoureux party.
Seul me tendray, de confort desgarny,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.



Je meurs de soif en couste la fontaine

Je meurs de soif en couste la fontaine ;
Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
Aveugle suis, et si les autres maine ;
Povre de sens, entre saichans l'un d'eulx ;
Trop negligent, en vain souvent songneux ;
C'est de mon fait une chose faiee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ;
Je joue et ris, quant me sens douloreux ;
Desplaisance j'ay d'esperance plaine ;
J'atens bon eur en regret engoisseux ;
Rien ne me plaist, et si suis desireux ;
Je m'esjoïs, et cource a ma pensee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je parle trop, et me tais a grant paine ;
Je m'esbays, et si suis couraigeux ;
Tristesse tient mon confort en demaine ;
Faillir ne puis, au mains a l'un des deulx ;
Bonne chiere je faiz quant je me deulx ;
Maladie m'est en santé donnee,
En bien et mal par Fortune menee.

ENVOI

Prince, je dy que mon fait maleureux
Et mon prouffit aussi avantageux,
Sur ung hasart j'asserray quelque annee,
En bien et mal par Fortune menee.


Las ! Mort, qui t'a fait si hardie

Las ! Mort, qui t'a fait si hardie
De prendre la noble Princesse
Qui était mon confort, ma vie,
on bien, mon plaisir, ma richesse !
Puisque tu as pris ma maîtresse,
Prends-moi aussi son serviteur,
Car j'aime mieux prochainement
ourir que languir en tourment,
En peine, souci et douleur !

Las ! de tous biens était garnie
Et en droite fleur de jeunesse !
Je prie à Dieu qu'il te maudie,
Fausse Mort, pleine de rudesse !
Si prise l'eusses en vieillesse,
Ce ne fût pas si grand rigueur ;
ais prise l'as hâtivement,
Et m'as laissé piteusement
En peine, souci et douleur !

Las ! je suis seul, sans compagnie !
Adieu ma Dame, ma liesse !
Or est notre amour departie,
Non pourtant, je vous fais promesse
Que de prières, à largesse,
orte vous servirai de coeur,
Sans oublier aucunement;
Et vous regretterai souvent
En peine, souci et douleur.

Dieu, sur tout souverain Seigneur,
Ordonnez, par grâce et douceur,
De l'âme d'elle, tellement
Qu'elle ne soit pas longuement
En peine, souci et douleur !



Mon cuer, estouppe* tes oreilles

Mon cuer, estouppe* tes oreilles
Pour le vent de merencolie !
S'il y entre, ne doubte mye,
Il est dangereux a merveilles.

Soit que tu donnes ou tu veilles,
Fais ainsi que dy, je t'en prie ;
Mon cuer, estouppe tes oreilles
Pour le vent de merencolie !

Il cause doleurs nompareilles
Dont s'engendre la maladie
Qui n'est pas de legier guerie.
Croy moy, s'a Raison te conseilles,
Mon cuer, estouppe tes oreilles !



France, jadis on te soulait nommer

France, jadis on te soulait* nommer,
En tous pays, le trésor de noblesse,
Car un chacun pouvait en toi trouver
Bonté, honneur, loyauté, gentillesse,
Clergie, sens, courtoisie, prouesse.
Tous étrangers aimaient te suivre.
Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance,
Qu'il te convient maint grief mal soustenir,
Très chrétien, franc royaume de France.

Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ?
Connais-tu point pourquoi es en tristesse ?
Conter le veux, pour vers toi m'acquitter,
Ecoute-moi et tu feras sagesse.
Ton grand orgueil, glotonnie, paresse,
Convoitise, sans justice tenir,
Et luxure, dont as eu abondance,
Ont pourchacié vers Dieu de te punir,
Très chrétien, franc royaume de France.

Ne te veuilles pourtant désespérer,
Car Dieu est plein de merci, à largesse.
Va-t'en vers lui sa grâce demander,
Car il t'a fait, déjà piéça, promesse
(Mais que fasses ton avocat Humblesse)
Que très joyeux sera de te guérir;
Entièrement mets en lui ta fiance,
Pour toi et tous, voulut en croix mourir,
Très chrétien, franc royaume de France...

Et je, Charles, duc d'Orléans, rimer
Voulus ces vers au temps de ma jeunesse ;
Devant chacun les veux bien avouer,
Car prisonnier les fis, je le confesse ;
Priant à Dieu, qu'avant qu'aie vieillesse,
Le temps de paix partout puisse avenir,
Comme de coeur j'en ai la désirance,
Et que voie tous tes maux brief finir,
Très chrétien, franc royaume de France !


Liens

http://youtu.be/6GLIweNRKNs Trois chansons par Debussy
http://youtu.be/gyelDMBwPTE hyver vous n'êtes qu'un vilain
http://youtu.be/_2IxsBHmk1I Polnareff chante Charles D'Orléans
http://youtu.be/tXZ-2ZWVIyk Laurent Voulzy sur des vers de Charles D'Orléans

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Posté le : 03/01/2014 20:03

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Robert -François Damien
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Le 5 Janvier 1757 Robert-François Damiens ou Damier, blesse le roi Louis XV et le

paiera de sa vie
,

né le 9 janvier 1715 à La Thieuloye, près d'Arras aujoud'hui dans le Pas-de-Calais il meurt supplicié le 28 mars 1757 à Paris, condamné par la Justice pour avoir tenté d'assassiner, le roi, il fut la dernière personne à subir le supplice de l'écartèlement en France, sous l'Ancien Régime.


Robert-François Damier ou Damien est originaire d'une famille nombreuse de l'Artois, huitième de dix enfants.
Son père, fermier ruiné car ayant mal géré son domaine, devient travailleur journalier agricole puis gardien de prison. Sa mère meurt lorsqu'il a 16 ans, il est alors élevé par un oncle à Béthune. Enfant turbulent, ses frères et sœurs le surnomment Robert le Diable.
Contrairement à ce qu'affirma Voltaire, il n'a jamais été soldat mais a servi un militaire qu'il avait suivi en Allemagne lors du siège de Philippsbourg, ou Philisbourg en 1734. Traumatisé par l'expérience, il devient valet à Louis-le-Grand, le collège de Jésuites à Paris, qu'il doit quitter pour s'être marié, la règle imposant aux valets d'être célibataires.
Il sert comme domestique chez de nombreux conseillers du Parlement de Paris, dont certains parmi les plus virulents contre le roi tel le comte de La Bourdonnais, Bèze de Lys.
Damiens est grand, mince et brun. Il a un nez aquilin et le visage marqué de petite vérole.
Il forme une famille unie, avec sa femme, cuisinière, et sa fille unique, apprentie couturière, ses fils sont morts en bas âge, sa fille sera selon l'historienne Marion Sigaut enlevée en 1750, comme les enfants perdus de l'Hôpital général, ce que réfute l'historien Dale K. Van Kley qui considère que seuls des garçons étaient enlevés, et il doit lutter, au fil de ses emplois, pour ne pas trop s'éloigner d'elles.
Il passe beaucoup de temps au Palais de justice, s'enquérant des nouvelles et faisant le coursier pour tel ou tel magistrat ou la mouche, le mouchard, l'indicateur pour la police. En ces temps de conflit entre le Parlement et le roi, Damiens vit au cœur de l'opposition parlementaire, et l'historienne Marion Sigaut en conclut que là était la raison de son geste.
D'une piété fervente, il tient des discours religieux exaltés, notamment au cours de ses beuveries.
En juillet 1756, il se réfugie dans sa famille à Arras après avoir volé 240 louis à son dernier maître.

L'attentat

Le mercredi 5 janvier 1757, alors que la cour en effectif réduit est au Grand Trianon plus facile à chauffer que Versailles et que la famille royale s'apprête, ironie de l'histoire, à tirer les rois, Louis XV rend visite à sa fille, Madame Victoire, qui est restée alitée au château de Versailles.
Damiens loue épée et chapeau dans une boutique sur la place d'armes devant le château pour se faire passer pour noble, entre au palais de Versailles, parmi les milliers de personnes qui essayent d'obtenir des audiences royales. Vers 18 heures, alors qu'il va regagner son carrosse, Damiens fend la haie des gardes, le chapeau sur la tête, frappe le roi et recule par la trouée qu'il a pratiquée. Louis XV croit d'abord à un coup de poing, puis trouve son côté ensanglanté. Le dauphin et ses compagnons maîtrisent Damiens qu'ils remettent aux gardes alors que le roi s'écrie "Qu'on l'arrête et qu'on ne le tue pas ! ".
Le roi retourne à sa chambre et, se croyant moribond, demande un confesseur et l'extrême onction.
L'arme du crime est un canif à deux lames rentrantes acheté chez une marchande de quincaillerie, trouvé dans la poche de Damiens.
Celle qui a frappé le roi mesure 8 cm. La blessure, située du côté droit, se trouve entre les 4e et 5e côtes. Les nombreuses couches de vêtement notamment celles en soie et en velours, nécessaires à cause de l'hiver rigoureux, ont amorti la plus grande force du coup. La Martinière, premier chirurgien, sonde la blessure : aucun organe n'est atteint. Il s'agit donc d'une blessure sans gravité, à moins que la lame n'ait été empoisonnée préalablement, mais le roi restera cloîtré dans sa chambre pendant dix jours : impopulaire depuis une dizaine d'années, il est prêt à changer d’attitude en marquant plus de dévotion, en renonçant à ses maîtresses et en préparant le dauphin à sa succession.
Un courtisan se précipite auprès de l'assassin que l'on a traîné jusqu'à la salle des gardes. On l'interroge sur de possibles complicités, l'homme se récrie :
"Non, sur mon âme, je jure que non ".
Damiens, alors que les gardes lui tenaillent les pieds avec des pincettes rougies au feu, s'écrie "Qu'on prenne garde à M. le Dauphin !" pour faire cesser la torture. Le garde des Sceaux, Machaut d'Arnouville, arrivé peu de temps après, ordonne qu'on mette un gros fagot dans le feu et qu'on l'y jette. Il est interrompu par l'arrivée du grand prévôt de l'hôtel qui prend en charge le prisonnier.

L'instruction

À Paris, l'agitation est grande. On accuse d'abord les Anglais, ensuite les Jésuites ou les Jansénistes actifs dans les milieux parlementaires.
Louis XV déclare tout de suite qu'il pardonne. Il aurait sans doute préféré une peine symbolique pour une blessure bénigne mais ce genre de décision ne lui revenait pas personnellement. Légalement, le crime de Damiens relève de la prévôté de l'Hôtel du roi, chargée de la police dans les résidences royales.
Les premiers conseils tenus par le Dauphin évoquent une commission de conseillers d'État et de maîtres des requêtes. Mais des tractations secrètes entre le Parlement de Paris et le roi permettent au premier d'être finalement chargé de l'instruction qu'il mène dans le plus grand secret.
Le 15 janvier, des lettres patentes ordonnent donc que Damiens soit jugé par la grande chambre du Parlement — au lieu de la Tournelle, salle ordinaire des audiences criminelles.
Le chef d'accusation de cette justice d'exception est le régicide. Louis XV précise en préambule :
"Les sentiments de religion dont nous sommes pénétrés et les mouvements de notre cœur nous portaient à la clémence. Mais nos peuples, à qui notre vie n'appartient pas moins qu'à nous-mêmes, réclament de notre justice la vengeance d'un crime commis contre des jours que nous désirons de conserver pour leur bonheur."

La torture, le procès, la sentence

Dans la nuit du 17 au 18 janvier, Damiens est transféré de Versailles à la Conciergerie à Paris — là où Ravaillac avait été enfermé.
Aucune torture n'est épargnée au malheureux qui est attaché sur son lit par un assemblage inouï de courroies de cuir qui lui tiennent chaque membre et sont retenues par des anneaux scellés au plancher.
Mais les deux médecins qui s'assurent de sa santé obtiennent des magistrats qu'il lui soit permis de se déplacer dans sa chambre et de marcher chaque jour.
Tandis que les magistrats instructeurs entendent le prisonnier dans le plus grand secret et font arrêter tous les proches, tous également mis au secret, le procès s'ouvre à la Grand'chambre le 12 février.
Dix audiences se passent et Damiens n'est entendu que le 26 mars 1757. Harcelé de questions interro-négatives, s'il n'est pas vrai qu'il a dit que, ou s'il n'a pas dit que, ne lui permettant pas de s'exprimer, il réussit tout de même à dire :
"Si je n'étais jamais entré dans les salles du palais, et que je n'eusse servi que des gens d'épée, je ne serais pas ici" .
Damiens est condamné pour régicide à faire amende honorable devant la principale porte de l'église de Paris, où il doit être mené et conduit dans un tombereau, nu, en chemise, tenant une torche de cire ardente du poids de deux livres, puis, dans le dit tombereau, à la place de Grève, et sur un échafaud qui y sera dressé, tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite tenant en icelle le couteau dont il a commis le dit parricide, brûlée au feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix résine brûlante, de la cire et soufre fondus et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux et ses membres et corps consumés au feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent.
Une fois la sentence prononcée, Damiens aurait eu cette phrase laconique restée célèbre :
"la journée sera rude".
Le 28, la sentence est exécutée, dans des conditions particulièrement atroces. Les seize bourreaux venus de toute la France, sans réelle pratique de ce genre de torture, attachent quatre chevaux rétifs conduits par des cavaliers enivrés, probablement pour les besoins de la cause.
Le supplice dure deux heures et quart, les bourreaux ayant l'interdiction des juges de couper d’abord les tendons des membres pour faciliter l’arrachement.
La mort de Damiens survient seulement à la tombée de la nuit, à l’enlèvement du bras droit, le dernier membre ; une image qui hantera le jeune bourreau Charles-Henri Sanson, alors tout juste âgé de dix-huit ans.
Une foule immense assiste à ce spectacle, les balcons des maisons de la place de Grève sont loués jusqu'à 100 livres. Alors que des femmes du grand monde croient se faire bien voir du roi en trouvant plaisant le spectacle, la foule gronde car les exécuteurs, horrifiés, ont réussi leur œuvre après soixante reprises.
Après sa mort, sa maison natale est rasée avec interdiction de rebâtir.
Sa femme, sa fille et son père sont bannis du royaume, sous peine de mort immédiate en cas de retour, et le reste de sa famille est contraint de changer de nom. Plusieurs branches de la famille ont repris le nom de Damiens pendant la Révolution française.

Notes et références

L'ancienne France - La justice et les tribunaux, Firmin-Didot, Paris, 1888, p. 79
, b, c et d Pierre Bellemare et Jean-François Nahmias, Les Grands crimes de l'histoire, Éditions 1,‎ 2008, 400 p.
Alexandre-André Le Breton, Pièces originales et procedures du proces fait à Robert-François Damiens, tant en la Prévôté de l'Hôtel qu'en la Cour de Parlement, Pierre-Guillaume Simon,‎ 1757, p. 178
a, b et c Gilles Perrault, Le Secret du Roi : La Passion polonaise, Fayard,‎ 1992, 600 p., p. 342
Déclaration dans les papiers du procureur le surlendemain de l'attentat par un des maîtres de Damiens, le comte de Maridor.
Marion Sigaut [archive], entrevue pour Égalité et Réconciliation, 9 février 2012
Robert Muchembled, Les Ripoux des Lumières, éd. le Seuil, 2011
Alain Baraton, Vice et Versailles - Crimes, trahisons et autres empoisonnements au palais du Roi-Soleil, Grasset, 2011, 208 p.
1757 Attentat de Damiens contre Louis XV
a et b Évelyne Lever, L'attentat de Damiens , émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 23 octobre 2012
Principe de la peine réflexive .
Pièces originales et procédures du procès fait à Robert-François Damiens, 1757, t. III, p. 372-374. In Surveiller et punir de Michel Foucault.
Louis XV victime d’un attentat – 5 janvier 1757 - www.coutumes-et-traditions.fr
Jean-Baptiste Raymond, Louis XIV et la société du XVIIIe siècle, 1843, p. 281-283

Voir aussi

Surveiller et punir (p. 9-12) s'ouvre sur la scène de torture de Robert-François Damiens, vue par l'officier Bouton, témoin supposé. Michel Foucault cite alors, comme l'indique la première note de l'ouvrage, Damien le régicide (1937) de A.L. Zevaes (p. 201-214).

Liens

http://youtu.be/bPPM4oQZjFo Lesa Maesta
http://youtu.be/aZeVVDJOidA histoire chantée de Louis XV et de Damien
http://youtu.be/3gAhTHPt2yw Chanson JP Arbon
http://youtu.be/IvgCjBd7Ml0 Louis XV Pédophilie Damien 2



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Posté le : 03/01/2014 19:30

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Nicole-Reine Etable Lepaute
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Le 5 Janvier 1723 naît Nicole-Reine Etable épouse Lepaute,

mathématicienne et astronome française
Nicole-Reine Étable de La Brière Lepaute, aida Lalande, en 1758, à calculer, d'après les formules établies par Clairaut, la date de retour au périhélie de la comète de Halley en tenant compte de l'attraction de Jupiter et de Saturne, elle meurt le 6 décembre 1788 à poissy.


Elle naît à Paris le 5 janvier 1723, dans le palais du petit Luxembourg où logent ses parents.
Elle est la sixième de neuf enfants. Plusieurs membres de la famille Etable sont alors au service de la famille d'Orléans, à Versailles, puis au palais du Luxembourg. Jean Etable, le père de Nicole-Reine, ancien valet de pied de la duchesse de Berry, sert maintenant Louise Élisabeth d'Orléans, reine douairière d'Espagne.
De l'enfance et de la jeunesse de Nicole Reine, on ne connaît que ce qu’en écrira, des années plus tard celui dont elle fut la collaboratrice, Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande : Nicole-Reine fut une jeune femme studieuse, curieuse de sciences.
Nicole Reine fait la connaissance des frères Lepaute lorsque ces derniers viennent installer au palais du Luxembourg une horloge d’un nouveau type. Le 27 août 1749, à l’âge de vingt-six ans, Nicole Reine épouse Jean André Lepaute.
C’est en partageant le travail de son mari qu’elle fait connaissance de Jérôme Lalande, qui obtient peu de temps après un observatoire au-dessus du porche du palais du Luxembourg.

L’Horlogerie au service de l’Astronomie

En 1753, Lalande est chargé par l’Académie des sciences d’étudier une horloge de Jean André munie d’un échappement d’un nouveau type. Sur son encouragement, Jean André Lepaute - devenu horloger du roi en 1753 – se lancera dans la conception et la construction des pendules astronomiques.
C’est aux côtés de son époux que Nicole Reine fait ses premières armes en calculant des tables d’oscillations du pendule pour le Traité d’Horlogerie.

Le retour de Halley

Quand vient le grand défi du calcul du retour de la comète de Halley, Jérôme Lalande propose au mathématicien Alexis Clairaut l’aide de Mme Lepaute pour les monstrueux calculs que nécessite la vérification de la prédiction d'Edmund Halley.
De longs et studieux mois de calculs sont nécessaires aux trois astronomes et mathématiciens : Clairaut établit à cet usage des modèles de calculs que Nicole Reine Lepaute et Jérôme Lalande complètent avec patience et précision. Ce dur labeur sera couronné de succès par l’annonce, en novembre 1758, du retour de la comète pour le 13 avril de l’année suivante. Quelques mois plus tard, justifiant tous leurs calculs et assurant la gloire posthume d’Edmund Halley, la comète tant attendue passe à son périhélie tout juste un mois avant la date annoncée, le 13 mars 1759.
Sur la lancée de ce succès, Clairaut publie alors sa Théorie des comètes, Paris, 1760, mais en oubliant de mentionner le nom de Nicole Reine Lepaute dans la liste des calculateurs, oubli motivé par la jalousie de Mademoiselle Goulier – son amie du moment – qu’il ne souhaitait pas froisser en vantant les mérites d’une autre.
Ce faisant, il met à mal sa longue amitié avec Lalande, qui préférera se ranger aux côtés de l’offensée, Madame Lepaute, à qui il voue une tendre affection. Selon lui, Clairaut supprima toute mention de Mme Lepaute pour plaire à une femme jalouse du mérite de Madame Lepaute, prétentieuse mais dépourvue de quelque connaissance que ce fût. Elle parvint à faire commettre cette injustice par un homme de science judicieux mais faible, qu’elle avait subjugué.
Les deux hommes ne seront plus jamais aussi proches qu’auparavant, et Clairaut poursuivra seul ses recherches en astronomie.

Travaux divers

Nicole Reine Lepaute est engagée par Lalande en 1759, comme assistante pour les calculs nécessaires à la conception des tables et éphémérides astronomiques, qui serviront notamment de base pour les calculs nécessaires au transit de Vénus de 1761. Bien que rien ne permette de connaître dans le détail les contributions de Nicole-Reine Lepaute, celles-ci doivent paraître suffisamment importantes aux yeux de l’Académie de Béziers pour l’accueillir comme membre associé en 1761.
Lalande porte également au crédit de Madame Lepaute les calculs des éléments de la comète observée en 1762, et les éphémérides du Soleil, de la Lune et des planètes pour les années 1774 à 1784, ainsi que les éléments de l’éclipse annulaire du 1er avril 1764, pour laquelle elle dressera une carte de visibilité de l’éclipse donnant sa progression de quart d’heure en quart d’heure pour toute l’Europe.

Une famille vouée à la science

N’ayant pas d’enfant, Nicole-Reine accueille en 1768 l’un des neveux de son mari, Joseph Lepaute, 1751-1788, alors âgé de quinze ans, et lui enseigne si bien l’astronomie qu’il deviendra professeur de mathématiques à l’École militaire en 1777, avant d’être élu adjoint astronome en 1785 à l’Académie royale des sciences. Embarqué comme astronome sur les frégates l'Astrolabe et la Boussole, il périra en 1788 dans l’île de Vanikoro avec le reste de l’expédition menée par Jean-François de La Pérouse.
Nicole-Reine Lepaute consacre ses sept dernières années à s’occuper de son mari qui avait cessé l’horlogerie vers 1774 et avait été atteint d’une grave maladie. Au même moment, sa santé décline et elle perd peu à peu la vue. Précédant son mari de quelques mois, Nicole Reine Lepaute meurt à Paris le 6 décembre 1788 à l’âge de soixante-six ans.

Hommages

En 1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Lepaute à un cratère lunaire.
L’astéroïde (7720) Lepaute honore la mémoire de Nicole-Reine Lepaute.

Les rectifications et précisions sur les origines familiales de Mme Lepaute proviennent principalement des registres d'état civil de Paris, de Versailles, de Saint-Cloud et du minutier notarial des Archives nationales. On trouvera ces références mieux précisées dans l'article d'Alain Demouzon (descendant Lepaute) indiqué dans les liens ci-après: "De le bruyère dans l'étable".
Lalande attribuera faussement à Madame Lepaute un nom de naissance "Etable de la Brière", repris partout depuis, mais qu'elle ne porta jamais et qui n'était pas le sien. Ce patronyme allongé fut celui choisi par l'un de ses frères, Jean Jacques, né à Versailles en 1716 et devenu inspecteur des Bâtiments du roi, sous le nom de "Monsieur de la Brière".
Le lieu du décès à Saint-Cloud, comme souvent indiqué, est erroné. Le registre paroissial de Saint-Cloud ne le signale pas, alors que l'état civil parisien reconstitué en fait mention, paroisse Saint-Roch.

Voir aussi

L’hortensia, originaire de Chine, avait été nommé Peautia, en son honneur (en 1773), par son ami Philibert Commerson, médecin et botaniste de l'expédition de Bougainville. Puis rebaptisé plus tard Hortensia. On a parfois voulu croire qu'Hortense aurait été l’un des prénoms de Mme Lepaute, ce qui n'est pas fondé.

Edmond Halley
Louise du Pierry


Liens

http://youtu.be/cfshb5fhJuo les calculs sur la comète de Halley (Anglais)
http://www.youtube.com/watch?v=L5eRR8 ... l3QWZXf_BGEdNinCzk0Nypwzy



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Posté le : 03/01/2014 18:44

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Pierre Seghers
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Le 5 Janvier 1906 naît à Paris Pierre Seghers, poète, éditeur et résistant français.

Il est le plus célèbre éditeur français de poésie, créateur en 1944 de la collection Poètes d'aujourd'hui. Résistant de la première heure, il fut proche de Louis Aragon, Paul Éluard, Robert Desnos et René Char.poète, il meurt le 4 novembre 1987 à Créteil

Le nom de Pierre Seghers ne saurait déjà échapper à tous ceux qui, de quelque manière, s'intéressent à l'histoire de la poésie française vers le milieu de ce siècle. Longtemps en effet l'activité la plus notoire de Pierre Seghers a été celle d'un éditeur, et d'un éditeur de poèmes. "Le Temps des merveilles" est une œuvre poétique dispersée pendant quarante ans dans les revues et divers petits recueils. Il s'agit pourtant bien d'une œuvre, dont l'unité et la solidité incitent à supposer quelque vertu transmise par un grand-père qui sculptait des chaires d'église et par un père d'abord menuisier. Retenant du surréalisme les leçons de liberté dans la métaphore, avec sa langue d'une clarté vigoureuse, sa métrique souple et sensible où — de l'alexandrin au verset ou aux rythmes légers de la chanson — l'héritage du vers français fructifie, Pierre Seghers délivre un lyrisme tour à tour amoureux, engagé, familier, intime, épique d'une rare diversité de thèmes et de nuances, et qui n'est pas sans correspondances même formelles avec l'art sans doute plus brillant d'Aragon.
Mais le chant y revêt parfois cette ampleur qu'on admire par exemple chez le grand poète grec Ritsos, et la simplicité juste et chaleureuse du ton fait de cette œuvre, indépendante des groupes et des théories, l'expression la plus achevée de ce dont rêvèrent les amis de l'école de Rochefort : une poésie de l'homme pour les hommes, aussi immédiatement partageable que le malheur, l'amour et le pain.

Origines familiales

Né en 1906 dans une famille d'artisans originaire du Nord,Les Seghers sont originaires de la région d’Anvers. Pierre Seghers descend d’une branche de cette famille installée dans le nord de la France au milieu du xixe siècle. Parmi les Seghers, on compte 3 célèbres peintres flamands du XVII siècle : les frères Daniel (1590-1661) et Gérard (1591-1651) Seghers, et Hercule Seghers, vers 1589 - vers 1638. Louis Seghers, grand père de Pierre Seghers, s’engage jeune à la Légion étrangère et combat en Algérie dans les années 1860.
Il s’établit ensuite comme sculpteur sur bois. Il forme à cet artisanat son fils Charles, né en 1866. En 1900, à 35 ans, Charles Seghers suit un oncle passionné de photographie et se lance dans la recherche de procédés photographiques.
Il s’installe près de Grenoble, puis à Paris. Des découvertes empiriques d’émulsions chimiques lui assurent un certain succès et l’amènent à voyager en Europe où ses procédés sont exploités. Une concurrence accrue et une protection insuffisante de ses découvertes le conduisent à la faillite. En 1912, il quitte Paris pour Carpentras où il a retrouvé du travail. Il y met au point un papier photographique utilisé pour les relevés aériens dans l'aviation naissante.

Enfance et jeunesse en Provence

Fils unique de Charles Seghers (1866 – 1932) et de Marthe Lebbe, 1886 – 1977, Pierre Seghers naît rue Claude-Lorrain à Paris XVIe, le 5 janvier 1906. Il a 6 ans lorsque ses parents s’installent à Carpentras. Le petit parisien y découvre la vie au grand air dans cette Haute-Provence de collines rousses, la plus douce terre de tous les pays, où j'ai appris à lire, à nager, à aimer. Cette enfance sous le soleil de Provence le marquera profondément.
Au Collège de Carpentras, Hugo, Racine Bérénice surtout, Musset me furent des révélations, des feux d’artifices dans la nuit des études. Je devins bientôt le plus jeune assidu de la Bibliothèque Inguimbertine. pendant ces années, il se lie d’une amitié durable avec le futur poète André de Richaud (1907 – 1968). Bachelier dès l'âge de 16 ans, il est néanmoins contraint de gagner sa vie.
Il est d'abord brièvement saute ruisseau, clerc de notaire débutant chez un notaire de Carpentras.
Il est ensuite surnuméraire dans l’administration du Cadastre, ce qui lui donnera l'occasion d'arpenter tout le Vaucluse pendant 2 années.

L’Administration puis le Commerce


En 1925, muté à Paris par son Administration, le jeune Pierre Seghers âgé de 19 ans s’installe dans la capitale. Après une année à Clamart, il parvient à louer une petite chambre place Dauphine coin de verdure enfoncé dans Paris, triangulaire, provinciale et silencieuse. (…) Innombrable Paris m’enthousiasmait, m’engloutissait. (…) La vie, la poésie, Paris m’apprenait tout. Le jeune Seghers fréquente les marchands de livres rares et éditeurs de poésie des échoppes de la place Dauphine. Il fait ses premiers achats chez les bouquinistes des quais de Seine.
Son service militaire l’envoie en Corse au 173e régiment d'infanterie et l’extrait de la vie de bureau et de sa tristesse des contentieux, des pauvres réclamations triées et rejetées pour vice de forme.
Son service militaire achevé, il quitte l’Administration et retourne à Carpentras où il épouse en 1928 une amie de jeunesse, Anne Vernier.
Il est embauché par un oncle de sa femme qui lui enseigne tout des achats et des ventes, des voyageurs, des échéances et des affaires. Rapidement, il se met à son compte et vend du matériel pour bars et hôtels. Pendant 10 années, de Clermont-Ferrand, à Nice, passant par Marmande et Briançon, il sillonne le sud de la France pour développer son négoce :une dizaine d’années passées de tabourets en tabourets, à courir d’hôtellerie en auberge, à prendre l’existence à bras-le-corps, dix années de bonheur fou à vivre comme un homme. La vie de couple ne résiste pas à ces voyages incessants. Seghers demeurera toutefois toute sa vie lié à Anne Verdier par une affectueuse amitié.
Pendant toutes ses années de voyageur de commerce, il écrit «de mauvais poèmes dans les cafés, dans les salles d’attente, dans les trains». Mallarmé, Laforgue, Whitman, Carco, Verlaine, P.-J. Toulet puis Rilke, accompagnent ses déplacements. «Dans les petites villes de province, le chemin de la poésie est un labyrinthe intérieur. Personne avec qui s’entretenir de ses secrets, l’aventure poétique commence comme un long soliloque. (…) J’étais double. Ma seule zone de calme, de réflexion, mon puits secret était la poésie

Vers 1930, Pierre Seghers fait la connaissance aux Baux-de-Provence du typographe et graveur Louis Jou. Dans son atelier de la rue du Vieux-Colombier à Paris, Louis Jou fait découvrir au futur éditeur l’amour de la fabrication des beaux livres.C’est chez Jou que j’ai respiré pour la première fois l’odeur de l’encre, que j’ai entendu sonner sous l’ongle les feuilles de papier, que j’ai pris dans les casses ces magiques petits blocs de plomb qui deviennent des livres. Louis Jou lui fait notamment découvrir le grand poète et mathématicien persan Omar Khayyam. Enfin Jou me révéla Omar Khayyam.
Une nuit inoubliable où la poésie, la vie et Dieu ne faisaient qu'un. En 1932, le père de Pierre Seghers, ruiné, solitaire et dépressif se suicide. Louis Jou deviendra alors pour Pierre Seghers plus qu'un maître en édition, un père spirituel.
Bonne Espérance

Après Les Angles, Pierre Seghers s'installe à Villeneuve-lès-Avignon en 1934. Il s’est installé dans une tour du XIVe siècle, ancienne livrée du Cardinal de Giffon, située dans la montée du Fort Saint-André. En 1937, venant de franchir le cap des 30 ans, il rassemble ses poèmes en un recueil qu’il nomme Bonne Espérance. Faute de trouver un éditeur, il décide en 1938 de créer une maison d’édition, Les Éditions de la Tour, afin d’éditer ce recueil.

La revue Poésie


Soldat de 2e classe, il est mobilisé le 6 septembre 1939 à la caserne Vallongue à Nîmes. Il s'aperçoit qu'exactement que 25 ans plus tôt, en septembre 1914, un autre poète était mobilisé dans cette même caserne : Guillaume Apollinaire. Marqué par ce clin d'œil du destin, n'étant utile à rien, figurant sans emploi dans une mascarade, je décidai de me trouver à moi-même des buts. Ainsi naquit l'idée de fonder une revue de poètes-soldats.
À Forcalquier, où sa section est détachée, il publie en novembre 1939 le premier numéro de Poètes Casqués ou P.C. 39. Imprimée à 300 exemplaires, elle se veut la revue des poètes de la Résistance, ouverte à toutes les voix. En colophon, une citation d'André Suarès : Beau mensonge de l'art, si pourtant tu étais la seule vérité. Seghers y engage toutes ses économies, 450 francs, tout ce que j'avais alors. Le succès est immédiat ; bulletins d'abonnement et de mandats-postaux affluent. Louis Aragon est l'un des premiers abonnés ; il adresse à Seghers en décembre 1939, pour le numéro suivant de la revue, le manuscrit d'un long poème inédit : Les Amants séparés. Le chroniqueur littéraire André Billy salue cette jeune revue dans Le Figaro. Plusieurs écrivains écrivent à Seghers ou s'abonnent pour l'encourager : Jean Paulhan, Max Jacob, Jules Romains, Armand Salacrou ou bien encore Gaston Gallimard. Chaque numéro de la revue rend hommage à une figure tutélaire qui fut liée à la première Guerre mondiale : Péguy, Alain-Fournier, Apollinaire, Alan Seeger, etc.
« Pour comprendre ce qui se joue en France, autour de Pierre Seghers et des poètes qu’il publiera durant les années de guerre, il faut rappeler ce que furent les conditions d’écriture sous l’Occupation. Le papier est rationné, le plomb nécessaire à l’impression souffre parfois de pénurie, les imprimeurs sont placés sous surveillance, les publications soumises à la censure. Des centaines de livres d’auteurs juifs ou antinazis sont détruits.
Pis encore, dès les premiers temps de l’Occupation, bien des éditeurs français pratiquent l’autocensure. Dans ce contexte délétère, Seghers fait preuve de pragmatisme et d’une énergie à toute épreuve. Il lance les appels à contribution, assure la correspondance, la lecture et le choix des textes, rédige des notes, vérifie que l’imprimeur pourra se procurer le papier nécessaire, se rend deux jours par mois à Lyon pour y corriger au marbre les épreuves et donner le bon à tirer, gère le suivi des commandes.Abonnements, fichiers, adresses, enveloppes, expéditions, j'étais le maître Jacques de l’entreprise.
Au début de l’année 1940, Seghers en appelle à la mobilisation des poètes-soldats. Le ton de sa circulaire est solennel : Union sacrée, lien fraternel. Dans un article de Poésie 40 consacré à Pierre Seghers, le poète et critique littéraire belge André Fontainas souligne que la revue qui vient d’être fondée aux Armées est sans précédent dans l’histoire de la poésie française parce que les poètes, qui sont trop souvent indifférents les uns aux autres ou luttent entre eux, ont pour la première fois l’occasion historique de regarder ensemble dans la même direction. Seghers n’est pas de ceux qui divisent ; il n’est d’aucune chapelle, d’aucune école. Ce qu’il veut, c’est servir la Poésie.

La Résistance

Démobilisé en zone sud, Seghers retourne s’installer à Villeneuve-lès-Avignon. Il a entendu l’appel du général de Gaulle, mais décide de résister de l’intérieur avec les armes qui sont les siennes : développer la revue Poésie et s’en servir pour rassembler tous ceux qui veulent maintenir l’espérance.
Nous allions être obligés, avec la revue, de parler à mots couverts, d’utiliser les grilles des allusions, le feu sous la langue, d’utiliser une littérature de contrebande, de déjouer la censure, d’organiser et d’entretenir à notre échelon, une aventure qui allait singulièrement dépasser la poésie et la littérature.
Il sent la nécessité de se rapprocher d’Aragon.Avec lui, il me paraissait urgent de rétablir des liaisons, de tout reprendre dans un pays distendu, divisé, crevé comme un osier percé. Dans La Rime en 1940, publié dans Poésie 40, Aragon, homme insurgé, surréaliste tapageur, romancier à l’écriture novatrice, déclare qu’il n’écrira plus que des poèmes d’amour.
Face à la langue de détention qu’impose l’occupant, les poètes inventeront une langue d’évasion, en recourant à la rime, aux formes fixes, aux ballades héritées du Moyen Âge.
Au mot de poésie, le censeur s’assoupit, écrira Seghers dans La Résistance et ses poètes. Plus d’une fois, durant les années de guerre, le poème d’amour aura déjoué les pièges de la censure. L’exemple le plus significatif est sans doute celui du poème Liberté écrit par Paul Éluard en juillet 1941.
Seghers applique les préceptes d’Aragon et élargit son projet éditorial. P.C. 39 cède la place à P.C. 40 qui devient, après l'Armistice de juin, Poésie 40, Poésie 41, etc. À partir de 1942, Poésie n’est plus seulement une revue, mais une collection, une marque éditoriale, qui publie tour à tour des recueils, des anthologies, ou des livres rédigés à plusieurs mains. Une Anthologie de la Poésie espagnole est ainsi publiée avec Poésie 41, Poésie 42 accueille les poèmes que Pierre Emmanuel rassemble sous le titre Combat avec tes défenseurs. Au printemps suivant, c’est une Anthologie de Poètes prisonniers qui paraît dans un cahier spécial de Poésie 43.
À la fin de l’été 1941, Aragon et Elsa Triolet séjournent chez Seghers à Villeneuve-lès-Avignon.
Aragon y achève Le Crève-Cœur et compose le recueil Les yeux d'Elsa que Seghers publie. Il publie aussi deux nouvelles que cette dernière vient de terminer : Mille regrets et Le Destin personnel.
Le 23 octobre 1941, apprenant l'exécution des otages de Châteaubriant, Seghers rédige le poème Octobre qui sera publié à plusieurs reprises pendant la guerre, la première fois en 1942, sans nom d’auteur, dans la revue Traits que dirige à Lausanne François Lachenal, haut fonctionnaire suisse auprès du gouvernement de Vichy, qui joue un rôle décisif dans la résistance littéraire.
En septembre 1941, à l’initiative d'Emmanuel Mounier, de Pierre Schaeffer et de Roger Leenhardt, se retrouve aux Rencontres de Lourmarin5 une petite communauté de musiciens et de poètes venus de tous les horizons : Max-Pol Fouchet, qui arrive d’Alger, Armand Guibert de Tunis, Lanza del Vasto, Pierre Emmanuel, Georges-Emmanuel Clancier, Claude Roy, Jacques Baron, Alain Borne, etc. Seghers s'y lie notamment avec Loys Masson qui devient secrétaire de la revue Poésie jusqu'en 1943.
Pendant l'Occupation, l’habileté de Seghers consiste à avoir constamment deux fers au feu.
Tandis qu’il poursuit ouvertement un travail d’éditeur, soumettant à la censure allemande les livres de poésie, des ouvrages plus subversifs paraissent avec un faux visa de censure. Par ailleurs, il confie ses poèmes à des revues clandestines et signe de pseudonymes. En 1943, plusieurs de ses poèmes, Octobre, Paris-Pentecôte, Le beau travail, Un prisonnier chantait paraissent sous le nom de Louis Maste et de Paul Ruttgers aux Éditions de Minuit clandestines dans L’Honneur des poètes, anthologie dirigée par Paul Éluard. En 1944, la revue Europe publie Fidélité sous le nom de Robert Ruyters.
La littérature française se révèle d’une vitalité et d’une richesse inouïes durant les trois dernières années de guerre. Il revient à Pierre Seghers d’avoir fait souffler l’esprit de résistance sur toutes les voiles de la poésie. Sa force est d’avoir accordé une égale importance aux poètes connus et inconnus, aux anonymes et aux figures de proue de la littérature contemporaine.

Éditeur

Seghers quitte Villeneuve-les-Avignon et s’installe à Paris dès la Libération en août 1944. Il installe à Montparnasse sa jeune maison d'édition, d'abord boulevard Raspail, puis rue de Vaugirard.
L’édition se présente d’abord pour Seghers comme le prolongement naturel de sa revue clandestine. Mais rapidement un coup de génie éditorial va bouleverser la structure même de son entreprise : l’invention, en mai 1944, de la fameuse collection Poètes d’aujourd’hui. Initiée par le volume consacré à Paul Éluard, la collection a pour vocation de rendre les poètes et la poésie accessibles au plus grand nombre. Un format inhabituel, presque carré, 15,5 cm × 13,5 cm, en fait un livre de poche avant l’heure. Le principe adopté par Seghers dès le premier numéro est celui du diptyque. Chaque monographie comporte deux parties : une étude consacrée au poète, puis un choix de textes. La fameuse collection ira de Paul Éluard, le no 1, jusqu'au no 270, Jude Stefan, en 1994.
À la Libération, Pierre Seghers entreprend plusieurs voyages à travers l’Europe. À l’origine de ces voyages, une rencontre au Quai d’Orsay avec Marie-Jeanne Durry, elle-même poète et résistante. Le Quai d’Orsay souhaite faire sortir la France de l’isolement dans lequel elle s’est trouvée pendant la guerre, en missionnant à l’étranger des acteurs de la vie culturelle sous l’Occupation. Seghers va à Baden-Baden, Berlin, en Tchécoslovaquie, et en Hongrie. À son retour à Paris en 1946, Seghers compris qu’il s’est trompé.
Sa récente adhésion au Parti communiste, donnée par solidarité avec ses compagnons de Résistance, est une erreur. Sa rupture avec le Parti Communiste le séparera un temps de ses amis de Résistance restés fidèles au parti.
De ses voyages en Europe, puis en Égypte, au Liban et dans plusieurs colonies d'Afrique Noire, Seghers revient animé par la volonté d’ouvrir sa maison d'édition aux richesses insoupçonnées des poésies du monde. Deux collections aux formats homothétiques lui permettront de tisser la toile dont le lectorat de l’après-guerre a besoin : P.S. et Autour du monde.
Après la revue P.C.Poètes Casqués, vient P.S., une collection de recueil aux initiales de son créateur. L’éditeur dont les moyens sont limités emploie une formule moins coûteuse : l’abonnement. Il s’agit de cahiers bi-mensuels, in-12, brochés, de faible pagination, dont le format, 108 × 180 mm préfigure là encore le livre de poche. La collection P.S. s’ouvre en 1948 sur un 32 pages, tiré à cent exemplaires, qui paraît aujourd’hui inattendu : Doc-Lap de Georges Danhiel, recueil consacré à la lutte de l’Indochine pour son indépendance. Avec la plaquette suivante, Seghers publie l’un des chefs-d’œuvre de la poésie d’Éluard, Corps mémorable, qu'il rééditera en 1957 avec des photographies de Lucien Clergue. Le troisième titre, Pays, met à l’honneur une jeune femme, Véronique Blaise, qui deviendra sa seconde épouse en 1951.
Plus de cinq cents plaquettes seront publiées dans la collection P.S.. Seghers écrira que La collection P.S. rassemble ceux qui sont déjà des poètes notoires et ceux qui peuvent le devenir. Elle n’est pas une collection commerciale, mais une chance donnée aux jeunes poètes.
La collection « Autour du monde » a pour vocation d’explorer les terres inconnues de la poésie universelle. Cette collection de couleurs vives est aisément identifiable : un sablier en orne la première de couverture, tandis qu’une petite sirène, devenue l’emblème de la maison d'édition, rappelle que Seghers fut l’ami du fondateur des Éditions de La Sirène, Blaise Cendrars. Le premier titre est publié en 1952 : Pär Lagerkvist, suédois qui vient d'obtenir le prix Nobel de Littérature, Bertolt Brecht, Erick Lindegren, un autre suédois.
L’Espagne, où le franquisme continue à étouffer la liberté, est très représentée : Miguel Hernandez, Miguel de Unamuno, Rafaël Alberti, Jorge Guillen, Blas de Otero, Juan Ramon Jimenez, Gabriel Celaya, José Herrera Petere, Antonio Machado, etc. Seghers fut le premier à éditer en France Fernando Pessoa L’Ode maritime portant le no 26 de la collection. Avec Autour du monde, Seghers publie les poèmes de Pablo Neruda, Yannis Ritsos, Anna Akhmatova, Salvatore Quasimodo, Vinícius de Moraes, Tennessee Williams, E. E. Cummings, Langston Hughes, et même de Mao Tsé Toung, ainsi les poèmes eskimos collectés par Paul-Émile Victor. On doit à cette collection le premier livre publié en français de Fernando Pessoa, Ode maritime, ou bien encore le seul livre disponible en France, Platero et moi, lorsque Juan Ramón Jiménez reçoit le prix Nobel en 1956.
Le succès des monographies de la collection Poètes d’aujourd’hui incite Seghers à créer d'autres collections au format identique. Poésie et chansons, mais aussi Écrivains d’hier et d’aujourd’hui-où Dante voisine avec Dickens, Camoëns avec Coleridge, Schiller avec Shelley-, Philosophes de tous les temps -Bachelard, Bergson, Calvin, Descartes, Gramsci, Héraclite, Montaigne, Nietzsche, Platon, Spinoza…-, Musiciens de tous les temps, Savants du monde entier, Théâtre de tous les temps, Destins politiques, et Cinéma d'aujourd'hui. Ces monographies s’adressent à tous ceux qui désirent connaître les protagonistes des problèmes scientifiques de leur temps, les grands auteurs dramatiques, les metteurs en scène, les théoriciens du théâtre, ou bien « ces hommes qui mènent le monde ». Comme la collection Poètes d’aujourd’hui, chaque volume, bien illustré, comprend une étude, biographique ou critique, et un large choix de textes.
La collection Melior offre par de vastes anthologies reliées le meilleur de la poésie universelle : La Poésie chinoise contemporaine, La Poésie bulgare, La Poésie hongroise, La Poésie brésilienne, La Poésie japonaise, des origines à nos jour, Poètes de l’Île Bourbon, La Poésie négro-américaine, etc. Il crée en outre une collection de vulgarisation des savoirs qui va rencontrer une large audience parmi les universitaires : Clefs pour : Clefs pour la linguistique, Clefs pour le zen, Clefs pour le structuralisme, Clefs pour la psychologie, etc.
C'est au service de la poésie qu'au cours des Trente Glorieuses le fondateur de la revue Poètes Casqués 39 se sera avant tout dépensé sans relâche.

La chanson, sœur de la poésie

La chanson est, je crois, plus naturellement partagée. Elle est une activité de l’homme plus directement sensuelle, où la parole, le chant, le mouvement sont intimement liés. (…) Ni la cadette, ni l’aînée de la poésie, elle fait partie au même titre que la poésie, du trésor d’une langue.
Pour Seghers, poésie et chanson sont nourries par la même sève, animées par le même souffle. Au scandale parfois de ses contemporains, il fait entrer dès 1962 la chanson dans la collection Poètes d'aujourd'hui. Ainsi le no 93 est consacré à Léo Ferré, le no 99 à Georges Brassens, le no 119 à Jacques Brel, le no 121 à Charles Aznavour. Faisant fi de l'indignation de certains10, il crée en 1966 une collection dédiée aux poètes-chanteurs : Poésie et chansons. Le Poètes d'aujourd'hui no 93 consacré à Léo Ferré devient le no 1 de cette nouvelle collection, le no 99 consacré à Georges Brassens devient le no 2, le no 119 consacré à Brel, le no 3, et ainsi de suite11. La collection accueille Aznavour, Guy Béart, Anne Sylvestre, Barbara, Serge Gainsbourg, Mouloudji, Julien Clerc, et bien d’autres. Manifestant son estime pour les poètes-chanteurs, Seghers soutiendra publiquement en 1983 la candidature de Charles Trenet à l’Académie française.
Seghers est lui-même auteur de nombreuses chansons. Pour lui, la chanson n'est pas loin de la poésie des troubadours et de la fin'amor. Les titres de certaines de ses chansons en attestent : Les Gisants, Beauté, mon beau souci, Le Cœur félon, Les Amours légendaires, etc. À partir des années 1960, ses chansons sont interprétées par les grands noms de la chanson française. Par exemple, Merde à Vauban est mis en musique et interprété par Léo Ferré, et le Voyou et la voyelle est chanté par Juliette Gréco.

Dialogue avec les peintres


La vie de Seghers est marquée par un dialogues permanent avec peintres, photographes et graveurs. Un des ses premiers ouvrages est consacré en 1944 à Jean Dubuffet. Ses poèmes sont illustrés par les peintres Félix Labisse, Antoni Clavé, Jean Piaubert, Alekos Fassianos, oui encore Zao Wou Ki. Il écrit 2 recueils de poèmes illustrés de photographies de Fina Gomez. Il écrit de longs textes, marqués par le clair-obscur, sur des gravures de Piranèse, des dessins de Victor Hugo, et les tableaux de Monsu Desiderio. Il noue à Montparnasse de nombreuses amitiés avec par exemple Fernand Léger, Antoni Clavé, Mario Prassinos, Joe Downing ou Jean Lurçat.
Pour incarner ce dialogue entre peinture et poésie, Seghers va créer et diffuser des poèmes-objets. Le plus célèbre est celui qu'il commanda à Fernand Léger en 1952, à la mort de Paul Éluard, pour illustrer le poème Liberté.
S'éloignant de ses publications habituelles, il prend le risque de publier des ouvrages de photographies : en 1949 La Banlieue de Paris, photographies du jeune Robert Doisneau avec un texte de Blaise Cendrars, en 1954, Mont Athos photographies et texte de Jacques Lacarrière, ou en 1957, Corps mémorables d'Éluard illustré de photographies de Lucien Clergue.

Après l'édition, servir autrement la poésie

En 1968, Seghers n'a pas l'âge des étudiants qui manifestent. Il applique néanmoins un changement radical à sa vie. Il épouse Colette Peugniez rencontrée une première fois en 1945, de 22 ans sa cadette, qui lui donnera une fille l'année suivante. Le monde de l'édition subit de profondes mutations ; la production des livres s'industrialise et les maisons d'édition perdent une à une leur indépendance.
En 1969, Seghers vend sa maison d'édition et sa société de distribution L'Inter à son ami Robert Laffont que Louis Jou lui a présenté pendant la guerre. Libéré des responsabilités d'une maison d'édition et d'une société de distribution, Seghers peut ainsi se consacrer à ses propres travaux :
en 1972, il lit un poème de Pierre Torreilles dans Italiques
en 1974 il publie un ouvrage détaillé, enrichi de sa propre expérience, sur les poètes et la poésie engagée de la Résistance : La Résistance et ses poètes.
en 1975, il soutient une thèse de doctorat à l'université Paris-X, sur La Poésie en France et la culture populaire.
de 1973 à 1978, il se consacre à la traduction des 3 grands poètes persans Omar Khayyam, Hafez et Saadi.
en 1978, il rassemble son œuvre poétique personnelle dans le volume Le Temps des merveilles et est l'invité de Jacques Chancel pour un Grand Échiquier.
à partir de 1979, il produit et anime des soirées poétiques (Galaxies Cendrars, Lorca, Prévert, Victor Hugo visionnaire, les poètes persans, etc.) à la Comédie des Champs-Élysées, au Théâtre du Châtelet et au Théâtre de la Ville, pour le Festival d'automne à Paris.
en 1983, à la demande de Jacques Chirac, maire de Paris, il crée la Maison de la Poésie de la Ville de Paris.
en 1984, il recrée sa revue Poésie 84, Poésie 85, etc. qu'il dirige jusqu'à sa mort.
Au cours de ces 20 années, Seghers ne cesse d'être le pèlerin de la poésie, et de parcourir la France et le monde pour faire entendre la voix des poètes.
Empli d'énergie jusqu'à ses 80 ans, atteint d'un cancer découvert trop tard, il meurt le 4 novembre 1987. Il est enterré au cimetière du Montparnasse, à quelques mètres du haut du boulevard Raspail où il s'était installé dès la Libération. Des poèmes sont lus par ses amis Simone Valère et Jean Desailly. Son éloge est fait par son ami Pierre Daix et par Jacques Chirac, alors premier ministre.

Citations

« Tout poète est un Magellan qui souhaite ouvrir aux autres comme à lui-même de vastes et d’étranges domaines, un aventurier qui fore en lui pour que jaillissent la beauté, la vérité, la vie, l’innombrable du monde », in Piranèse, Ides et Calendes, 1961
« Contre l'occupant, l'avilissement, la mort, la poésie n'est ni refuge, ni résignations, ni sauvegarde : elle crie », in La Résistance et ses poètes, Seghers, 1974
« Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose. Je la tiens pour essentielle à l’homme, autant que les battements de son cœur », in Le Temps des merveilles, Seghers, 1978
« Je ne considère pas le poème comme faisant partie de la littérature. Affaire de doctes et de poseurs-jurés, vaste domaine ou potager, la littérature et ses hommes de lettres ont pour principal souci d’arpenter et de jalonner, de mettre en pots et en charmilles des écrits qui n’en demandaient pas tant. […] Autre est la poésie. Elle ne se situe pas d’elle-même dans tel ou tel cul-de-sac des Dédales. Elle n’entre pas dans le labyrinthe avec l’ambition, la volonté de marquer son couloir. Un lien déraisonnable la lie aux mots, à la musique et aux parfums. Elle n’a pour ordre que celui de la vie. Un chant profond, un regard qui va, sans l’avoir voulu, au-delà de tous les points de fuite, un pouvoir singulier, celui de l’évidence, celui de l’existence. Extrait cité dans Poésie 88, Hommage à Pierre Seghers

Å’uvres

Poésie

Bonne-Espérance, Éditions de la Tour, Villeneuve-lès-Avignon, 1938
Pour les quatre saisons, revue Poésie 42, Villeneuve-lès-Avignon, 1942
Octobre, revue Traits, Lausanne, 1942, puis L’Honneur des poètes, Éditions de Minuit, 1943
Le Chien de pique, Ides et Calendes, Neuchâtel, 1943. Réédition en 2000.
Le Domaine public, Poésie 45, 1945, et Parizeau, Montréal, 1945
Le Futur antérieur, Éditions de Minuit, coll. L’Honneur des poètes, 1947
Jeune fille, illustré par Félix Labisse, Éditions Seghers, 1947
Menaces de mort, La Presse à bras, 1948
Six Poèmes pour Véronique, Poésie 50, 1950
Poèmes choisis, Éditions Seghers, 1952
Le Cœur-Volant, Les Écrivains réunis, 1954
Poèmes, Schwarz, Milan, 1956
Racines, photographies de Fina Gomez, Intercontinentale du Livre, 1956
Les Pierres, Intercontinentale du Livre, 1958
Piranèse, Ides et Calendes, 1961
Dialogue, Éditions Seghers, 1965
Les Mots couverts, Éditeurs français réunis, 1970
Dis-moi, ma vie, André de Rache, Bruxelles, 1972
Au Seuil de l'oubli, 1976
Le Mur du son, Sofia-Pesse, 1976
Qui sommes-nous ?, Bizkupic, Zagreb, 1977
Le Temps des merveilles, Éditions Seghers, 1978
Commediante, poème illustré par Alekos Fassianos, Anke Keno, 1984
Fortune, Infortune, Fort Une, Lyons International, 1981, puis Éditions Seghers, 1984
Poèmes pour après, gravure d'Antoni Clavé, Pierre Fanlac éditeur, 1989
Éclats, gravure de Zao Wou Ki, Fanlac, 1992
Derniers écrits, Fanlac, 2002
Comme une main qui se referme, Poèmes de la Résistance, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2011

Chansons

En 1972, avec le poète et parolier brésilien Vinícius de Moraes (photo : Alecio de Andrade).
Chansons et complaintes, tome I, Éditions Seghers, 1959
Chansons et complaintes, tome II, Éditions Seghers, 1961
Chansons et complaintes, tome III, Éditions Seghers, 1964
Douze chansons, musique de Léonce Marquand, Éditions Seghers, 1964
Pierre Seghers chanté par…, Poètes & chansons, 2006.
Ses chansons sont chantées par Léo Ferré, Jacques Douai, Juliette Gréco, Marc Ogeret, Hélène Martin, Catherine Sauvage, Monique Morelli, Roger Lahaye, Francesca Solleville, Béatrice Arnac, Simone Bartel, Les Trois Ménestrels, Jacques Doyen, Serge Kerval, Aimé Doniat, etc. Les chansons les plus connues sont :
Merde à Vauban et Des filles, il en pleut… chantées par Léo Ferré
Les Voyous, La Panthère, La Vie s'évite chantées par Juliette Gréco
Adios amigos chantée par Catherine Sauvage
La Nana d'néné par Ted Scotto

Prose

Richaud-du-Comtat, Stols, Maastricht, 1944
L'Homme du commun, sur Jean Dubuffet, Poésie 44, 1944
Considérations, ou Histoires sous la langue, Collection des 150, 1945
Clavé, Poligrafa, Barcelone, 1971
La Résistance et ses poètes, 1940-1945, Seghers, 1974, rééd. Marabout 1978, rééd. Seghers 2004
Louis Jou, architecte du Livre et des Baux, Seghers, 1980
Monsù Desiderio, monographie sur le peintre baroque, Robert Laffont, 1981
Victor Hugo visionnaire, Robert Laffont, 1983

Anthologie

L'Art poétique, avec Jacques Charpier, Seghers
L'Art de la peinture, avec Jacques Charpier, Seghers
La France à livre ouvert, Éditions Guy Victor
Le Livre d'or de la poésie française (3 volumes), Éditions Marabout, 1968
Poètes maudits d'aujourd'hui, Seghers, 1972. Rééd. sous le titre Anthologie des poètes maudits, Pierre Belfond, 1985

Traductions & adaptations

Nicolas Vaptzarov, Poème choisis, adaptés du bulgare, Seghers, coll. Autour du monde, 1954
Gyulia Illyès, Poèmes adaptés du hongrois, Seghers, coll. Autour du monde, 1955
Dragomir Pétrov, Poèmes adaptés du bulgare, Seghers, coll. Autour du monde, 1969
Lubomir Levtchev, Le Chevalier, la Mort, le Diable adaptés du bulgare, Seghers, coll. Autour du monde, 1975
Saadi, Le Gulistan ou Le Jardin des roses, Seghers, 1977
Hâfiz, Le livre d'or du Divan, Seghers, 1978
Omar Khayyâm, Les Rubâ'iyat, Seghers, 1979

Théâtre

Paris-la-poésie, Comédie des Champs-Élysées, 1979
Paris Chœur du Monde, Comédie des Champs-Élysées, 1979
Les Jeunes de l'An 200, Comédie des Champs-Élysées, 1979
La Galaxie Cendrars, Théâtre de la Ville, 1981
La Galaxie Federico Garcia Lorca, Théâtre de la Ville, 1981
La Galaxie Prévert, Théâtre de la Ville, 1981
La Galaxie Saint-John-Perse, Théâtre de la Ville, 1983
La Galaxie Piranèse, Théâtre de la Ville, 1983
Victor Hugo Visionnaire, Théâtre du Châtelet, 1983
L'Âme russe, Théâtre du Châtelet, 1983
Le Jardin des roses, Théâtre de la Ville, 1984

Films

Araya, 1959 réalisation Margot Benacerraf, scénario et texte Pierre Seghers, dit par Laurent Terzieff. Prix International de la Critique, Festival de Cannes 1959. Réédition DVD Films du Paradoxe, 2009
Les Malheurs de la guerre, film sur les peintures de Félix Labisse, 1962
Le Bonheur d’être aimée, sur les peintures de Félix Labisse, 1962
Quand l’orage a passé, avec Jacques Charpier, film sur Louis Aragon, 1972.

Honneurs et distinctions

Distinctions

1942 : Grand prix de poésie de l'Académie française16
1959 : prix Guillaume-Apollinaire13 pour l'ensemble de son œuvre poétique
1960 : prix Paul-Cézanne
1971 : Grand Aigle d'or de la poésie
1976 : Prix Hristo Botev (en)
1979 : Grand Prix de poésie de la Ville de Paris
Docteur honoris causa de l'Université de St Andrews en Écosse
Membre de l'Académie Mallarmé
Décorations[modifier | modifier le code]
commandeur de la Légion d’honneur
commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres
officier de l’ordre de la Croix du Sud (Brésil)
officier de l’Ordre de la Couronne (Belgique)

Hommages


Plaque boulevard Raspail, Paris
Jardin Pierre-Seghers à Paris (XXe arrondissement)
la grande salle de la Maison de la Poésie de la Ville de Paris
plaque boulevard Raspail, Paris XIVe
Médiathèque Pierre Seghers à Igny (Essonne)
avenue Pierre Seghers à Avignon (Vaucluse)
rue Pierre Seghers à Villeneuve-lès-Avignon (Gard)
rue Pierre Seghers à Plaisir (Yvelines)
rue Pierre Seghers à Portes-lès-Valence (Drôme)
rue Pierre Seghers à Corbeil-Essonnes (Essonne)
rue Pierre Seghers à Domont (Val d'Oise)
rue Pierre Seghers à Ancenis (Loire-Atlantique)
square Pierre Seghers à Lens (Pas-de-Calais)
impasse Pierre Seghers à Carpentras (Vaucluse)
allée Pierre Seghers à La Roche-sur-Yon (Vendée)
clos Pierre Seghers à Guyancourt (Yvelines


Ouvrages

Pierre Seghers par Pierre Seghers. Collection Poètes d'aujourd'hui no 164, Seghers, 1967
Pierre Seghers, un homme couvert de noms, Colette Seghers, Robert Laffont, 1981. Réédité par les Éditions Seghers en 2006
Un homme fou fou de poésie portrait de Pierre Seghers en 4 films de 52' réalisés pour l'ORTF par Jean-Marie Drot en 1974
Hommage à Pierre Seghers, la longue phrase d’une vie, revue Poésie 88, publiée avec le concours de la Maison de la Poésie de Paris, contributions de Marie-Claire Bancquart, Georges-Emmanuel Clancier, Pierre Dubrunquez, etc. sous la direction de Colette Seghers, no 21, janvier-février 1988
Pierre Seghers, revue Faites entrer l’Infini, contributions de Colette Seghers, Jean-Marie Berthier, Claude Couffon, Bruno Doucey, et al., no 38, décembre 2004
Pierre Seghers : poésie la vie entière, Bruno Doucey, Éditions Musée du Montparnasse, 2011

Exposition

Une exposition intitulée « Pierre Seghers : poésie la vie entière » a eu lieu au Musée du Montparnasse, à Paris, du 7 juillet au 7 octobre 2011 et à Villeneuve-lès-Avignon du 1er décembre 2012 au 31 mars 2013. Cette exposition a été réalisée en grande partie grâce au fonds Pierre Seghers détenu par l'IMEC (Institut mémoires de l'édition contemporaine). L'exposition avait pour commissaire, Albert Dichy, directeur littéraire de l'IMEC, assisté de Virginie Seghers. Un catalogue sur la vie et l'œuvre de Pierre Seghers, rédigé par Bruno Doucey, ancien directeur des Éditions Seghers, a été publié à cette occasion.

Liens

http://youtu.be/O7TQmH_k_o0 Pierre Seghers lu par Bruno Doucey
http://youtu.be/erm5N0rrLhw Pierre Seghers lu par lui-Même
http://youtu.be/JmAbWrqPWPY Pierre Seghers au musée du Montparnasse
http://youtu.be/HwHpjJfN7cw auteur de "Merde à Vauban"
http://youtu.be/Tr8AwWMBSR8 Serfe KervaL chante Seghers





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Posté le : 03/01/2014 18:27

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Léon-pamphile Le May
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Hors Ligne
Le 5 Janvier 1837, à Lotbinière Québec, naît Léon-Pamphile Le May

romancier, poète, conteur, traducteur, bibliothécaire et avocat québécois, décédé le 11 juin 1918 à Deschaillons

Le jeune Léon-pamphile le May étudie à Trois-Rivières chez les frères des écoles chrétiennes et au petit séminaire de Québec, où il se lie d'amitié avec Louis-Honoré Fréchette. Il étudie le droit en 1858 puis décide de se trouver un emploi à Portland dans le Maine et à Sherbrooke.
Revenu chez lui, il entreprend d'entrer chez les oblats et commence ses études de philosophie et la théologie.
De santé fragile, il doit abandonner ses études, mais il se remet au droit et devient traducteur à l'Assemblée législative du Canada-Uni. Pour la plus grande partie de sa vie, il habite à la ville de Québec.
Ayant parallèlement trouvé du temps pour l'écriture, il est admis au barreau du Québec en 1865. À l'âge adulte, il modifie la graphie de son nom, passant de Lemay à LeMay puis finalement Le May. Ses ouvrages les plus connus sont Les Contes vrais, Le pèlerin de Sainte-Anne, Picounoc le maudit.
Il traduisit les Å“uvres de William Kirby et Henry Wadsworth Longfellow.
En 1867, il devient le premier responsable de la bibliothèque de l'Assemblée législative du Québec, ayant été nommé par Pierre Chauveau. Il construit la bibliothèque législative à partir de presque rien, accumulant un total de 33 804 volumes lors de son départ.
À cette époque, sa carrière littéraire est florissante, et il tient des correspondances avec Antoine Gérin-Lajoie, Joseph-Charles Taché et François-Xavier Garneau. Poétiquement, il est romantique comme Octave Crémazie, mais en même temps il est plus personnel, s'inspirant notamment de Lamartine.
Pour accroître sa collection, il tisse des liens avec la Belgique, le Brésil, les États-Unis, la France, la Norvège et le Royaume-Uni. Le May est encouragé par Pierre-Étienne Fortin mais reçoit les reproches d'Edmund James Flynn pour avoir effectué des transactions douteuses avec Arthur Dansereau. Néanmoins, le député James McShane vient à sa défense.
Membre fondateur de la société royale du Canada en 1882, il reçoit un doctorat honorifique de l'Université Laval en 1888. En 1892, il est remplacé par Narcisse-Eutrope Dionne, ayant été forcé à la retraite par le gouvernement en même temps qu'Arthur Buies.
Le May est honoré de la rosette d'Officier de l'instruction publique en 1910, titre remis par le gouvernement français. D'inspiration libérale, il avait composé des poèmes en l'honneur de Wilfrid Laurier, Félix-Gabriel Marchand, Louis Riel et Honoré Mercier.
Même s'il habite en ville, il préfère l'air frais de la campagne. Il reste l'ami de Louis Fréchette, Napoléon Legendre et Adolphe Poisson
Il s'éteint à Deschaillons en 1918 en compagnie de ses proches. La bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec est nommée en son honneur depuis 1980.
Ses livres continuent à être republiés pendant les années 1970, les années 1980 et les années 1990. L'école secondaire de Sainte-Croix de Lotbinière porte aussi son nom2
.
Å’uvres

Critique du recueil Les Épis dans La Patrie

Poésies

Essais poétiques (1865)
Deux poèmes couronnés par l'Université Laval (1870)
Les Vengeances (1875)
La Perle cachée (1876)
Une gerbe (1879)
La Chaîne d'or (1879)
Petits poèmes (1883)
Tonkourou (1888), nouvelle édition refondue des Vengeances de 1875.
Les Gouttelettes (1904)
Les Épis (1914)
Reflets d'antan (1916)

Romans

Le Pèlerin de Sainte-Anne (1877), réédition 1998
Picounoc le maudit (1878), réédition 1972
L'Affaire Sougraine (1884), réédition 1999
Fêtes et corvées (1898)
Le Pèlerin de Sainte-Anne (1930), version expurgée, destinée à la jeunesse, du roman de 1877.
Batailles d'âmes (1996), édition posthume d'un roman inédit publié dans La Patrie du 4 novembre 1899 au 26 janvier 1900.

Contes

Fables canadiennes (1882)
Fables (1891)
Contes vrais (1899) En 1907, Le May double ce recueil par la publication d'une seconde édition revue et augmentée de vingt et un contes - 551 pages - chez Beauchemin, Montréal, réédition moderne aux Presses de l'Université de Montréal, coll. Bibliothèque du Nouveau Monde, 1993.

Autres ouvrages

Catalogue de la Bibliothèque de la législature de Québec (1870)
Rouge et bleu (1891), comédies
Maison paternelle (1929), publication posthume

Traduction

Évangéline et autres poèmes de Longfellow, textes de Henry Longfellow, traduction de Le May, édition posthume en 1978, réédition 2009
Le Chien d'or de William Kirby

Léon-Pamphile LE MAY (1837-1918)


A un vieil arbre

Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t'ai vu, n'est-ce pas ? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l'orage avait un noble geste,
Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.

D'autres, autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste ;
Et toi-même, aujourd'hui, sait-on ce que tu fus ?

O viel arbre tremblant dans ton écorce grise !
Sens-tu couler encore une sève qui grise ?
Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés ?

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,
Et, pour tromper l'ennui dont ma pauvre âme est pleine,
J'aime à me souvenir des nids que j'ai bercés.


Chant du Matin

Les vapeurs du matin, légères et limpides,
Ondulent mollement le long des Laurentides,
Comme des nuages d'encens.
Au murmure des flots caressant le rivage,
Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage,
Mêlent de suaves accents.

La nature, au réveil, chante une hymne plaintive,
Dont les accords touchants font retentir la rive
Du Saint-Laurent aux vagues d'or ;
Glissant, comme une feuille au souffle de l'automne,
Sur le flot qui module un refrain monotone.
Une barque prend son essor.

Vogue ! vogue ! faible nacelle !
Des premiers feux du jour nouveau !
Berce ! berce ta voile blanche
Qui se relève et qui se penche,
Comme pour se mirer dans l'eau :

Devant toi la mer étincelle
Tandis que je reste au rivage,
Au pied du vieux chêne sauvage
Où je viens rêver si souvent !
Où, quand le monde me rejette,
L'écho fidèle, au moins, répète

A la lune

Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante,
On dirait que des feux s'allument tout au fond.
Tu donnes un baiser à l'océan profond,
Et l'océan frémit comme une âme vivante.

Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ?
Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous confond.
Sous ton voile brillant comme l'or qui se fond,
N'es-tu qu'un astre mort où règne l'épouvante ?

Donne au toit sans lumière un rayon de pitié,
Au rêve du poète, une aile audacieuse,
Et sur les nids d'amour plane silencieuse.

Tu n'offres à nos yeux souvent qu'une moitié...
De même faisons-nous, blonde lune que j'aime ;
Cachons-nous des défauts par ce vieux stratagème.

Mes notes qu'emporte le vent.

Et que m'importe la louange
Des hommes dont l'amitié change
Comme le feuillage des bois !
S'il faut chanter, ma lyre est prête :
Vers mon Dieu, si je suis poète,
J'élèverai ma faible voix.

C'est lui qui fait naître l'aurore !
C'est lui que la nature adore
Dans son sublime chant d'amour !
Il nous sourit, et l'humble hommage
Que lui présente le jeune âge,
Est toujours payé de retour.

C'est lui qui recueille nos larmes !
C'est lui qui dispense les charmes
Dont se revêtent les saisons !
C'est lui qui dit aux fleurs de naître,
Au brillant soleil de paraître,
Pour venir dorer nos moissons !

C'est lui qui donne aux nuits leurs voiles
Ornés de brillantes étoiles
Qui tremblent dans les flots luisants;
Qui verse les molles ondées
Dans nos campagnes fécondées
Par les sueurs des paysans !

Il parle, et le monde s'agite,
Le soleil se lève plus vite,
Et tout adore sa splendeur !
Il parle, et tout l'univers tremble,
Et les astres volent ensemble,
En se racontant sa grandeur !

Dans ma misère il me visite,
Quand tour à tour chacun m'évite,
M'abandonnant seul à l'ennui.
Quand m'échappe une plainte amère,
Il me dit : " Pauvre enfant, espère,
C'est moi qui serai ton appui. "

Quand l'amertume nous inonde,
Qu'il n'est plus d'amis en ce monde,
Seul il ne se retire pas.
Quand nous chancelons dans la voie,
Du haut du ciel il nous envoie
Un ange qui soutient nos pas.


Pompéi

Par des chemins de fleurs, au temple qu'on voit là,
Des prêtresses s'en vont. Leurs bandes triomphales
Dansent cyniquement au rythme des crotales.
Jamais tissu discret alors ne les voila.

Vénus veut des honneurs. C'est sa fête, et voilà
Que la ville s'éveille. Et les chastes Vestales
S'enfoncent tour à tour dans l'ombre de leurs stalles,
Et le dieu de l'amour sourit dans sa cella.

Mais quel éclat nouveau, quel merveilleux effluve,
Environnent ton front, malheureuse cité ?
Le ciel met-il un nimbe à ta lubricité ?

Sur la ville en amour, l'implacable Vésuve
Étendait, lourdement, ce grand linceul de feu
Que vingt siècles d'efforts n'ont soulevé qu'un peu !



La Maison paternelle

Depuis que mes cheveux sont blancs, que je suis vieux,
Une fois j'ai revu notre maison rustique,
Et le peuplier long comme un clocher gothique,
Et le petit jardin tout entouré de pieux.

Une part de mon âme est restée en ces lieux
Où ma calme jeunesse a chanté son cantique.
J'ai remué la cendre au fond de l'âtre antique,
Et des souvenirs morts ont jailli radieux.

Mon sans gêne inconnu paraissait malhonnête,
Et les enfants riaient. Nul ne leur avait dit
Que leur humble demeure avait été mon nid.

Et quand je m'éloignai, tournant souvent la tête,
Ils parlèrent très haut, et j'entendis ceci :
- Ce vieux-là, pourquoi donc vient-il pleurer ici ?



La mer morte

Près des. monts de Judée, arides, sans fraîcheurs,
Et des monts de Moab aux sèves fécondantes,
L'Asphaltite maudit berce ses eaux mordantes,
Où jamais ne tomba le filet des pécheurs.

Les rocs nus sont rayés de sinistres blancheurs.
Serait-ce un reste froid de vos cendres ardentes,
Impudiques cités ? Les vagues abondantes
Ont-elles pu laver le front de vos pécheurs ?

De la vie en ce monde on se croit à la borne ;
Nul chant n'y réjouit la solitude morne ;
A ne fleurir jamais ces bords sont condamnés.

Dors en ton gouffre amer, sur ton lit de bitume ;
Ta coupe est décevante et pleine d'amertume...
N'es-tu pas faite, ô mer ! des pleurs de tes damnés ?



L'univers est un poème ...

Mystérieux moment où l'on commence à vivre...
La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu.
L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu
Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.

Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre,
Dans le monde insondable on voudrait lire un peu,
Pour voir si le travail alterne avec le jeu,
Et si les coeurs parfois mêlent la flamme au givre.

La Terre pleure et rit. L'homme ainsi l'a voulu.
Dès le premier dîner il se montre goulu
Et verse le vin pur sur la pomme indigeste.

Le poète, à l'aspect de la voûte céleste,
Se dit, rêvant de vers et tombant à genoux
Le monde est un poème et Dieu l'a fait pour nous.

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Posté le : 03/01/2014 17:37

Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:58:05
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Arturo Benedetti Michelangeli
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Le 5 Janvier 1920 naît à Orzinuovi près de Brescia en Italie Arturo Benedetti Michelangeli

pianiste formé au conservatoire de Milan, il a pour éléves Martha Argerich, Adam Harasiewicz, Ivan Moravec, Alberto Neuman, Maurizio Pollini, il sera récompenser au Concours international d'exécution musicale de Genève. Il meurt à Lugano en suisse le 12 juin 1995, à l'âge de 75 ans.
Au panthéon des pianistes, Arturo Benedetti Michelangeli côtoyait Vladimir Horowitz, Alfred Cortot, Wilhelm Kempff, Dinu Lipatti, Glenn Gould ou Sviatoslav Richter. Mais les médias avaient surtout retenu la rareté de ses apparitions, oubliant souvent qu'il s'agissait d'une des figures de légende du piano du XXe siècle.



Il est généralement considéré comme le pianiste italien le plus important du XXe siècle avec Ferruccio Busoni. Son éléve Martha Argerich, racontant sa courte période de leçons avec le Maestro, ne décrit pas vraiment un enseignement car elle travaillait la plupart du temps seule, Michelangeli venant parfois l'écouter en silence. Mais Alberto Neuman, compatriote argentin d'Argerich qui étudia plusieurs années avec Michelangeli, parle d'une méthode d'enseignement unique, à la fois spirituelle et technique, fondée sur des exercices physiques oscillatoires fondamentaux
"Être pianiste et musicien n'est pas une profession. C'est une philosophie, un style de vie qui ne peut se fonder ni sur les bonnes intentions ni sur le talent naturel. Il faut avoir avant tout un esprit de sacrifice inimaginable." écrit Arturo Benedetti Michelangeli
D'une personnalité singulière, il avait un sens de l'esthétique inné et un jeu d'une perfection absolue. Homme très secret, il détaillait peu sa vie privée.
Le pianiste Sviatoslav Richter nota après un concert : Comme d'habitude parfait.

Il commença à prendre des cours de violon à l'âge de trois ans, mais passa très vite au piano et à tout juste 10 ans, il entra au conservatoire de Milan. Arturo Benedetti Michelangeli commence ses études à l’Istituto Musicale Antonio Venturi de Brescia, où il travaille le violon avec Paolo Chimeri dès 1924. Atteint d'une pneumonie, il se tourne vers le piano et, à l'âge de dix ans, entre au conservatoire Giuseppe-Verdi de Milan pour travailler avec Giovanni Maria Anfossi. En 1934, il obtient son diplôme.
À l'âge de 18 ans, il commença une carrière internationale en se présentant au Concours Eugène-Ysaÿe, à Bruxelles. Il y finit septième derrière Emil Guilels qui remporta le concours. Le prix fut décerné par Arthur Rubinstein lui-même, qui était par ailleurs dans le jury.
Selon celui-ci, le jeune Michelangeli fit une prestation peu satisfaisante, mais possédait déjà une technique parfaite. Un an plus tard, Michelangeli remporta le premier prix du Concours international d'exécution musicale de Genève. Le président du jury, le célèbre pianiste français Alfred Cortot le rendit célèbre en le désignant comme "un nouveau Liszt".
Il est aussitôt nommé professeur au Conservatorio di Musica Giovanni Battista Martini de Bologne. Il signe ses premiers enregistrements en 1942 et 1943, puis il est enrôlé comme lieutenant dans l'armée de l'air italienne. Il adhère à la résistance antifasciste, est fait prisonnier par les Allemands, mais s'évade au bout de quelques mois. Dès la fin des hostilités, sa carrière se développe rapidement.
Il joue en Angleterre en 1946 et aux États-Unis en 1948, mais la maladie le frappe. Il doit se limiter à l'enseignement et exerce à Venise, Bolzano, Arezzo et Sienne. Dans un palais de la ville de Brescia, il crée une académie internationale de piano. Jörg Demus, Walter Klein, Maurizio Pollini et Martha Argerich viendront travailler avec lui.

En tant que tel, Michelangeli était réputé comme un pianiste d'une qualité technique irréprochable. Son toucher, d'un grand raffinement et sa sonorité, dense et pleine, restent légendaires.
Le critique musical Harold Schonberg écrit sur lui : Ses doigts se refusent à faire ne serait-ce qu'une fausse note, et une fois lancé rien ne pourrait l'arrêter. Dans bien des morceaux du répertoire romantique, bien qu'il semble peu sûr de lui émotionnellement, son indéfectible technique lui confère une puissance expressive qui perturbe l'écoulement musical même.
Un professeur à la Julliard School, David Dubal, trouvait que Michelangeli était à son meilleur dans les œuvres de jeunesse de Beethoven, qu'il était moins convaincant dans Chopin, et diabolique dans des œuvres comme la chaconne de Bach-Busoni ou encore dans les Variations sur un thème de Paganini de Brahms.
Son répertoire public était relativement restreint comparé à son rang en tant que pianiste, mais le compositeur Bruno Maderna raconte que son répertoire privé était très important. De plus, son perfectionnisme obsessionnel a rendu ses enregistrements en studio d'autant plus rares. Néanmoins, ses enregistrements en concerts sont abondants.
Ses œuvres de chevet étaient le Gaspard de la nuit de Ravel, la Sonate no 2 de Chopin et le Carnaval op. 9 de Robert Schumann. Sa lecture du Concerto no 4 de Rachmaninov reste un standard, comparable à celle de Rachmaninov lui-même, tout comme ses interprétations de Debussy. Ses chefs d'orchestre de prédilection étaient Sergiu Celibidache et Bruno Walter.

Il revient progressivement sur scène à partir de 1959, mais sa santé ne lui laisse aucun répit, et il annule souvent ses concerts, parfois à l'entracte.
Pour cette raison, il est souvent taxé de cabotinage et devient la terreur des organisateurs. Pourtant, l'homme respecte profondément son public, mais il cultive le perfectionnisme jusqu'à l'extrême. Ses penchants pour la vitesse et l'alpinisme contribuent à alimenter la légende qui se crée autour de lui.
On découvre alors qu'il a remporté des courses automobiles, qu'il est un véritable champion de ski et qu'il est passionné de mécanique au point de savoir démonter aussi aisément le mécanisme de son piano qu'un moteur de voiture. Mais l'homme semble bien loin de ces considérations.

Michelangeli a été souvent taxé de froideur. Il pratiquait un art dépouillé, où la transparence était reine. C'est probablement le pianiste qui possédait la plus belle pureté sonore de son temps. Il montrait une parfaite connaissance de l'instrument et jouait sur ses propres pianos, qu'il réglait et accordait lui-même.
À tout point de vue, son jeu se situait hors des sentiers battus : un sens de la construction lié à la perception de l'instant, un respect parfait de la polyphonie, une technique d'une aisance déconcertante mais toujours discrète. Michelangeli était un grand seigneur, sur scène comme dans ses enregistrements.
Il cultivait le raffinement mais savait éviter le piège du beau pour lui-même. La passion était toujours parfaitement maîtrisée grâce au recul qu'il prenait à l'égard de la musique. Il entraînait son auditoire dans des univers de couleurs et de poésie que seule pouvait créer son imagination. Peu lui importait la tradition ou le contexte historique ; son interprétation n'était guidée que par sa sensibilité, ce qui explique des variations de tempo difficiles à comprendre hors du contexte, mais aussi des nuances d'une infime subtilité. Il savait aussi raconter une phrase musicale note après note comme une histoire sans cesse réinventée.

Autant d'éléments qui faisaient de Debussy, Ravel ou Domenico Scarlatti ses musiciens de prédilection. Il savait rendre à Chopin ou au jeune Beethoven leur juste mesure. Sa retenue déconcertait dans Carnaval de Schumann alors que son sens de la transparence et sa conduite des lignes mélodiques débarrassaient le concerto du même musicien du pathos surchargé dans lequel il baigne trop souvent.
S'il semblait trop libre dans Mozart, jamais Gaspard de la nuit de Ravel n'a été traduit avec une telle perfection. Depuis les années 1970, il ne se produisait en concerto qu'avec quelques rares chefs qui partageaient son exigence intraitable, Sergiu Celibidache ou Carlo Maria Giulini, avec lequel il avait entrepris l'enregistrement des cinq concertos pour piano de Beethoven.
Mais il ne pratiquait pas la musique de chambre. Au fil des années, le répertoire qu'il acceptait de présenter au public s'était considérablement restreint : une douzaine de concertos, des sonates de Domenico Scarlatti et de Baldassare Galuppi, quelques rares sonates de Beethoven, Chopin, les Ballades de Brahms, une sonate de Schubert, la Cinquième Sonate, en la mineur, D 537, Carnaval et Carnaval de Vienne de Schumann, Debussy et Ravel, autant d'œuvres qu'il remettait sans cesse sur le métier. Mais il reste des enregistrements anciens comportant notamment des œuvres de Bach, de Grieg ou de Rachmaninov, qui avaient totalement disparu de ses programmes et qui montrent l'universalité de son talent.

En 1964, il fonde le Festival international de piano de Brescia et Bergame, qu'il dirigera jusqu'en 1969.
Il passe un an dans un monastère franciscain pour se familiariser avec la pratique de l'orgue. Sa renommée s'étend dans le monde entier : il joue en U.R.S.S. en 1964, il retourne aux États-Unis en 1966 ; il se produit également en Amérique du Sud et au Japon. Mais l'essentiel de ses activités se déroule en Europe, principalement en Suisse et en Italie.
En 1968, il s'installe sur les bords du lac de Lugano, en Suisse italienne, pour échapper au fisc italien qui avait saisi son piano. À partir de 1973, il donne des cours d'interprétation à la villa Schifanoia, près de Florence.
En 1975, il revient jouer au Vatican devant huit mille auditeurs. Ses concerts sont de plus en plus rares, mais il reprend le chemin des studios et enregistre plusieurs disques pour Deutsche Grammophon entre 1971 et 1989.

En 1988, il est victime d'une rupture d'anévrisme pendant un concert à Bordeaux, et il ne doit de survivre qu'à l'intervention immédiate d'un chirurgien présent dans la salle. Reconnaissant, il revient y jouer un an plus tard.
Avec Celibidache, il interpréta pour la dernière fois en 1992 le concerto en sol majeur de Ravel et le concerto en la mineur de Schumann, à Munich et en tournée au Japon.
Son dernier concert eut lieu le 7 mai 1993 à Hambourg.
Mais une nouvelle crise cardiaque l'emporte le 12 juin 1995, à Lugano.

Ses disques nous laisseront à jamais l'image d'un interprète qui poussait le souci de perfection bien au-delà de la simple objectivité technique à laquelle on réduit trop souvent son esthétique. Sa palette incomparable de sonorités, le subtil décalage qu'il introduisait parfois entre sa main gauche et sa main droite, joints à une capacité à concevoir les œuvres en fonction d'une unité souveraine autour de laquelle les événements sonores se disciplinaient spectaculairement, font de ses interprétations des modèles de stylisation musicale et d'abstraction spirituelle dénuée de pathos, sans que jamais pourtant le mystère de la musique ne soit abandonné. L'effet hypnotique de ses Debussy, sa compréhension sans équivalent du Gaspard de la Nuit de Ravel, dont il est le seul à restituer le trouble et la magie, le diamant pur de son unique disque Chopin, l'épure sans précédent du Cinquième Concerto de Beethoven où l'énergie vitale se canalise dans des lignes à la géométrie idéale, sa capacité à métamorphoser chaque œuvre en microcosme auto-suffisant où tout semble relié à tout par la grâce d'une maîtrise de chaque paramètre musical, font de Michelangeli l'un des plus grands pianistes de tous les temps.
Ses enregistrements de jeunesse laissent par ailleurs entrevoir ce qu'aura été la maîtrise technique foudroyante de celui que Cortot avait qualifié de "nouveau Liszt", et qui avait poussé Celibidache à abandonner le piano du jour au lendemain après l'avoir entendu pour la première fois, Concerto pour piano de Grieg et de Schumann, Andante spianato et Grande Polonaise brillante de Chopin etc.

Liens

http://youtu.be/9zIXSqyYyq0 Concerto Ravel
http://youtu.be/ykOlUhQhfkw Chopin sonates
http://youtu.be/Mcn7jb_Y3fA Beethoven Concerto N° 5
http://www.youtube.com/watch?v=GDt5rv ... L6E51BF8F4999AF91&index=5 Mozart
http://youtu.be/O9uHp1gOPZo Schuman



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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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