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Patricia Highsmith
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Le 19 janvier 1921 à Fort Worth, Texas États-Unis, naît Mary

Patricia Plangman, Patricia Highsmith


romancière américaine connue pour ses thrillers psychologiques, à partir desquels ont été tirés une douzaine de films. Son premier roman, L'Inconnu du Nord-Express, a été adapté trois fois au cinéma, notamment par Alfred Hitchcock en 1951. En plus de sa série de romans mettant en scène le personnage de Tom Ripley, elle a écrit un certain nombre de nouvelles, toutes teintées d'humour noir. Elle meurt le 4 février 1995 à locarno en Suisse.

De très nombreuses adaptations cinématographiques, les plus fameuses étant L'Inconnu du Nord-Express d'Alfred Hitchcock en 1951, Plein Soleil de René Clément en 1960 et L'Ami américain, de Wim Wenders en 1977, ont contribué à populariser l'univers de Patricia Highsmith. Un univers qui, s'il s'appuie sur les formes et les conventions du roman policier, sait aussi en jouer à merveille pour distendre au maximum le temps de la narration, et introduire le lecteur dans un univers équivoque où le dédoublement est la loi. Si elle a connu le succès avec l'Inconnu du Nord-Express et la série des Ripley, Patricia Highsmith, poète de l'angoisse plus que de la peur Graham Greene, est aussi l'auteur d'une œuvre plus secrète, qui culmine avec Le Journal d'Édith.

Sa vie

De Fort Worth à Saratoga Springs
Ce n'est qu'à l'âge de douze ans que Mary Patricia Highsmith fait la connaissance de son véritable père, qui avait abandonné le domicile conjugal cinq mois avant sa naissance. La mère étant également partie, la fillette avait été confiée à sa grand-mère qui l'élèvera jusqu'au retour de la mère, trois ans plus tard, remariée à un nommé Stanley Highsmith, qui adopte l'enfant et lui donne son nom.
Le trio quitte le Texas pour New York où les disputes entre la mère et le beau-père sont monnaie courante. La jeune Mary Patricia se réfugie dans la lecture de romans : ceux de Lewis Caroll et d'Herman Melville d'abord, puis d'Henry James et de Marcel Proust.
Après son baccalauréat, elle entre au Barnard Collège de Columbia.
Elle participe également à plusieurs manifestations antifascistes lors de la guerre d'Espagne. En 1942, son diplôme en poche, elle part pour Taxco Mexique dans l'intention de rédiger un roman, mais échoue dans sa tentative.
Rentrée à New York, elle loue un modeste studio dans la 56e Rue, place une de ses nouvelles dans Harper's Bazaar, rédige des scénarios de bandes dessinées, notamment pour la série des Superman.
C'est au cours de cette période qu'elle envisage d'écrire un roman qui reposerait sur un échange de meurtres. Elle se met au travail, propose le manuscrit à six éditeurs et essuie autant de refus. Son ami Truman Capote, qui n'est pas encore l'auteur de "De sang froid", mais journaliste au New Yorker lui propose alors de sous-louer son studio contre une recommandation auprès de la fondation Yaddo, à Saratoga Springs, qui héberge dans des conditions optimales de jeunes créateurs pour leur permettre de mener à bien leurs projets. Strangers on a Train L'Inconnu du Nord-Express paraît finalement en 1950 et sera porté à l'écran par Alfred Hitchcock, un an plus tard.
Après un roman publié sous le pseudonyme de Claire Morgan (Carol en 1953), en raison de la description de relations lesbiennes qui connaissent une fin heureuse, un séjour en Europe lui inspire le personnage cruel et mystérieux de Monsieur Ripley qu'elle réutilisera dans quatre autres romans au cours de sa carrière.
Le roman, publié en 1955, est l'un de ses plus grands succès. Grand prix de littérature policière, il sera l'objet de deux adaptations cinématographiques :Plein Soleil et Le Talentueux Mr Ripley.
Patricia Highsmith s'établit ensuite en Europe, d'abord en Angleterre, puis en France et en Suisse où ses livres suivants sont plus appréciés que dans son pays d'origine. Son œuvre se compose d'une vingtaine de romans, d'un grand nombre de nouvelles et d'un essai L'Art du suspense.

L'un est l'autre

L'histoire tient en quelques lignes. Guy Haines, jeune architecte, est en route pour Metcalf en vue de discuter des termes de son divorce avec Miriam, son épouse. Dans le train, il fait la connaissance d'un certain Charles Anthony Bruno. Ils engagent la conversation qui tourne à la confidence. Bruno laisse entendre à Haines qu'il pourrait tuer Miriam. À lui, en échange, de supprimer son père. Un double meurtre sans mobile. Un double crime parfait auquel Haines ne peut souscrire, contrairement à Bruno qui exécute froidement la part du contrat qu'il s'est lui-même attribuée. Toute la suite du roman s'ordonne autour du chantage qu'il organise ensuite pour contraindre Haines à tenir une promesse qu'il n'a jamais faite mais que lui, Bruno, considère comme acquise. La descente aux enfers peut commencer...

Dans The Blunderer Le Meurtrier, 1954, une manière de chef-d'œuvre, Highsmith troque le meurtre échangé contre un meurtre imité : Melchior Kimmel, libraire, a assassiné sa femme à un arrêt d'autobus. Walter Stackhouse, avocat d'affaires, qui cherche à divorcer de la sienne, a connaissance de ce meurtre, d'écrit comme un accident par la presse. Pas plus lui-même que la police ne soupçonnent alors Kimmel. Mais Stackhouse échafaude un plan qui doit aboutir au même résultat. Sinon que la femme de Stackhouse se suicide sur l'itinéraire de l'autocar que son mari avait décidé de suivre et que, en se comportant comme un parfait coupable, il va permettre à la police de remonter la piste Kimmel...

Outre une certaine contiguïté entre les matrices des deux romans, on notera également des similitudes dans le comportement psychologique des protagonistes : le tempérament déterminé des deux assassins qui s'oppose à la faiblesse, voire à la veulerie de leur « complice » ou de leur imitateur, la situation sociale plus qu'honorable des maillons faibles de l'engrenage, Haines est architecte, Stackhouse avocat, les pressions que Bruno comme Kimmel s'emploient à exercer sur leurs vis-à-vis respectifs, le rôle moteur joué par deux femmes, des personnages de second plan mais capitaux : ainsi Anne avec Haines et Ellie au regard de Stackhouse, la manière peu orthodoxe qu'ont les deux policiers, 'Arthur Gérard de L'Inconnu du Nord-Express, le lieutenant Corby du Meurtrier de conduire leur enquête...

Plusieurs romans de Patricia Highsmith seront centrés sur cette dualité (l'un et l'autre certes, mais également, dans leur symétrie, l'un est l'autre) qui suscite un rapport de dominant à dominé. Cette polarité, d'évidence, rappelle Dostoïevski. À ceci près, qu'elle regarde moins du côté de Raskolnikov (Crime et Châtiment) que du côté de Goliadkine Le Double. Certes Raskolnikov est double, mais en son for intérieur seulement. Au contraire de Goliadkine, qui doit affronter la présence d'un double réel, d'un autre lui-même qu'il se refuse, au fond, à assumer, tout comme Guy Haines et Walter Stackhouse.

Un sentiment personnel de danger

Le succès public et l'adaptation filmique de L'Inconnu du Nord-Express lui ayant rapporté de l'argent, Patricia Highsmith voyage, séjournant à Londres, Paris, Salzbourg, Zürich, Majorque, Cagnes-sur-Mer, avant de gagner l'Italie et de s'installer près de Naples, à Positano. C'est là que va naître son unique personnage récurrent, Tom Ripley, héros d'une pentalogie romanesque qui inspirera de nombreux metteurs en scène, parmi lesquels René Clément, Wim Wenders et Anthony Minghella. En 1961, la romancière apprend que son roman The Two Faces of January, Les Deux Faces de janvier, finalement publié en 1964 vient d'être refusé pour la seconde fois par son éditeur, tout comme le sera The Glass Cell, La Cellule de verre, 1964, un roman qui, contrairement aux autres, ne lui était pas venu d'une idée personnelle, mais de la lettre que lui avait adressée un prisonnier qui voulait devenir écrivain.

Après avoir changé d'éditeur, Patricia Highsmith quitte définitivement les États-Unis pour l'Europe. C'est d'abord l'Angleterre, où elle acquiert sa première maison. Là, elle s'inspire de la campagne anglaise pour écrire The Story-Teller, L'Homme qui racontait des histoires, 1965 dans lequel elle extrêmise cette sorte d'« afféterie dans le processus du glissement progressif vers le crime qu'une certaine critique lui reprochera. À tort, car c'est précisément cette lenteur extrême qui autorise la mise en place du mécanisme destiné à placer le lecteur dans l'état d'envoûtement qui va lui permettre de se tenir au plus près du protagoniste majeur, tout en pénétrant dans l'univers si particulier de l'auteur avec, selon l'expression de Graham Greene, un sentiment personnel de danger .

Délaissant la campagne anglaise, Patricia Highsmith opte ensuite pour la France : Fontainebleau puis Samois, Montmachoux, Montcourt où elle rédige, entre autres et au meilleur d'elle-même Edith's Diary (Le Journal d'Edith, 1977), vingt ans de la vie d'une femme, tableau d'une existence à vau-l'eau où se mêlent réalités et fantasmes, imaginaire et quotidien.

À la suite d'une perquisition sans motif apparent des douanes françaises, Patricia Highsmith s'établit en Suisse, à Aurigeno, puis après une opération du poumon à Londres, à Tegna, où elle se fait construire une maison selon ses plans, qui ressemble à celle que Guy Haines aurait aimé bâtir pour y vivre heureux avec Anne. Elle publie encore trois romans, Une créature de rêve en 1986, Smallg : une idylle d'été (1994) et le dernier livre de la série Ripley, (Ripley entre deux eaux, 1992), avant de s'éteindre, le 4 février 1995, léguant la totalité de ses biens à Yaddo, la fondation où était née l'idée de son premier meurtre échangé.

Elle affirmait n'avoir aucun goût particulier pour le roman policier, vivait essentiellement seule pour ne pas être dérangée dans ses travaux d'écriture et appréciait la compagnie des chats.

Elle meurt, âgée de 74 ans, des suites d'une leucémie.
Son fonds d'archives se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne.

Témoignage

Graham Greene dont elle était l'amie dira d'elle :
« On ne cesse de la relire. Elle a créé un monde original, un monde clos, irrationnel, oppressant où nous ne pénétrons qu'avec un sentiment personnel de danger et presque malgré nous. Car nous allons au-devant d'un plaisir mêlé d'effroi. »

Prix et distinctions Prix et nominations

1946 : O. Henry Award pour la meilleure publication d'une première nouvelle, L'Héroïne1
1951 : Nomination pour le prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman pour L'Inconnu de Nord-Express
1956 : Nomination pour le prix Edgar-Allan-Poe du meilleur roman pour Monsieur Ripley
1957 : Grand prix de littérature policière pour Monsieur Ripley
1964 : Silver Dagger Award des Crime Writers' Association of Great Britain pour Les Deux Visages de Janvier
1975 : Prix de l'Humour noir pour L'Amateur d'escargot

Distinction

1990 : Officier dans l'ordre des Arts et des Lettres

Œuvre

Romans


Série Tom Ripley
The Talented Mr. Ripley (1955)
Publié en français sous le titre Monsieur Ripley / Plein soleil / Le Talentueux Mr Ripley, Paris, Calmann-Levy, coll. « Traduit de », 1956 & 2000
Ripley Under Ground (1970)
Publié en français sous le titre Ripley et les Ombres, Paris, Calmann-Lévy, coll. Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1970
Ripley's Game (1974)
Publié en français sous le titre Ripley s'amuse / L’Ami américain, Paris, Calmann-Lévy, « Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle », 1974 & 1982
The Boy Who Followed Ripley (1980)
Publié en français sous le titre Sur les pas de Ripley, Paris, Calmann-Lévy, 1980
Ripley Under Water (1991)
Publié en français sous le titre Ripley entre deux eaux, Paris, Calmann-Lévy, 1992

Autres romans

Strangers on a Train (1950)
Publié en français sous le titre L'Inconnu du Nord-Express, Paris, Calmann-Lévy, 1951
The Price of Salt ou Carol (1952), signé Claire Morgan
Publié en français sous le titre Les Eaux dérobées / Carol, Paris, Calmann-Lévy, 1985 et 1990
The Blunderer (1954)
Publié en français sous le titre Le Meurtrier, Paris, Calmann-Levy, 1960
Deep Water (1957)
Publié en français sous le titre Eaux profondes, Paris, Calmann-Lévy, 1958
A Game for the Living (1958)
Publié en français sous le titre Jeu pour les vivants, Paris, Calmann-Lévy, 1963
This Sweet Sickness (1960)
Publié en français sous le titre Ce mal étrange / Dites-lui que je l'aime, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1966
The Cry of the Owl (1962)
Publié en français sous le titre Le Cri du hibou, Paris, Calmann-Lévy, coll. Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1964
The Two Faces of January (1964)
Publié en français sous le titre Les Deux Visages de Janvier, Paris, Robert Laffont, 1968
The Glass Cell (novel)|The Glass Cell (1964)
Publié en français sous le titre La Cellule de verre, Paris, Robert Laffont, 1966
A Suspension of Mercy ou The Story-Teller (1965)
Publié en français sous le titre L’homme qui racontait des histoires, Paris, Robert Laffont, coll. Week-end, 1966
Those Who Walk Away (1967)
Publié en français sous le titre Ceux qui prennent le large, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1968
The Tremor of Forgery (1969)
Publié en français sous le titre L’Empreinte du faux, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1969
A Dog's Ransom (1972)
Publié en français sous le titre La Rançon du chien, Paris, Calmann-Lévy, Chefs-d’œuvre de psychologie criminelle, 1972
Edith's Diary (1977)
Publié en français sous le titre Le Journal d’Edith, Paris, Calmann-Lévy, 1978
People Who Knock on the Door (1983)
Publié en français sous le titre Ces gens qui frappent à la porte, Paris, Calmann-Lévy, 1983
Found in the Street (1987)
Publié en français sous le titre Une créature de rêve, Paris, Calmann-Lévy, 1986
Small g: a Summer Idyll (1995)
Publié en français sous le titre Small g : une idylle d’été, Paris, Calmann-Lévy, 1995

Nouvelles

Recueils originaux

Eleven ou The Snail-Watcher and Other Stories (1970)
Publié en français sous le titre L’Amateur d’escargots, Paris, Calmann-Lévy, 1975
Little Tales of Misogyny (1974)
Publié en français sous le titre Toutes à tuer, Paris, Julliard, 1976
The Animal Lover's Book of Beastly Murder (1975)
Publié en français sous le titre Le Rat de Venise et autres histoires de criminalité animale à l’intention des amis des bêtes, Paris, Calmann-Lévy, 1977
Slowly, Slowly in the Wind (1976)
Publié en français sous le titre L'Épouvantail, Paris, Calmann-Lévy, 1979
The Black House (1981)
Mermaids on the Golf Course (1985)
Publié en français sous le titre Les Sirènes du golf, Paris, Calmann-Lévy, 1984
Tales of Natural and Unnatural Catastrophes (1987)
Publié en français sous le titre Catastrophes, Paris, Calmann-Lévy, 1988
Nothing That Meets the Eye: The Uncollected Stories (2002)
Recueil posthume publié en français sous le titre Le Meilleur ami de l’homme et autres nouvelles, Paris, Calmann-Lévy, 2004

Recueils publiés uniquement en France

La Proie du chat, Paris, Calmann-Lévy, 1981
Le Jardin des disparus, Paris, Calmann-Lévy, 1982
Nouvelles, Paris, Presses Pocket no 2712, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 1, 1987
Le Bestiaire : cinq nouvelles, Paris, Presses Pocket no 2717, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 2, 1987
Contes immoraux, Paris, Presses Pocket no 2726, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 3, 1988
L’Amour et la Haine : nouvelles, Paris, Presses Pocket no 3088, coll. Les Langues pour tous, bilingue – Nouvelles vol. 4, 1988
Les Cadavres exquis de Patricia Highsmith : nouvelles, Paris, Calmann-Lévy, 1989
Patricia Highsmith : nouvelles, Paris, Calmann-Lévy, hors commerce, 1995
On ne peut compter sur personne, Paris, Calmann-Lévy, coll. Suspense, 1996
Des chats et des hommes, Paris, Calmann-Lévy, 2007

Nouvelles isolées

Alibi parfait (The Perfect alibi, 1982), in EQMM no 122, 03/1958 ;
L’Amateur de frissons (The Thrill Seeker, 1960), in EQMM no 155, 12/1960 ;
Méfiez-vous des photographes (Camera Finish, 1960), in EQMM no 244, 05/1968 ;
Comme un oiseau prêt à s’envoler (Poised to Fly, 1969), in EQMM no 269, 07/1970 ;
Thème et Variations (Variations on a Game, 1973), in Alfred Hitchcock magazine, 06/1973 ;
Jour d’expiation (Day of Reckoning, 1974), in EQMM no 323, 01/1975 ;
L’Homme qui écrivait des livres dans sa tête (The Man Who Wrote Books in his Head, 1974), in Galaxies intérieures 2, Denoël, “ Présence du futur ” no 271, 1979 ;
Djemal (The Tale of Djemal, 1975), in EQMM no 339, 05/1976 ;
Les choses avaient mal tourné (Things had gone badly, 1980), in Polar hors-série no 2, 03/1981 ;
La Longue marche hors de l’Enfer (A Long Walk from Hell, 1988), in Le Nouvel Observateur, 1988
La Nature et la Folie (The stuff of Madness)
Cadavres à domiciles (Homebodies)

Anthologie

Patricia Highsmith: Selected Novels and Short Stories (2010)

Essai

Plotting and Writing Suspense fiction (1981)
Publié en français sous le titre L'Art du suspense : mode d'emploi, 1987

Littérature pour enfants

Miranda the Panda is on the Veranda (1958), écrit en collaboration avec Doris Sanders

Œuvres réunies en volumes

Œuvres / Patricia Highsmith, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins ; vol. 1, 1991 ; vol. 2, 1992
Dernières Nouvelles du crime, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1994

Adaptations Scénarios

Plein Soleil, in L’Avant-Scène Cinéma n° 261, 02/1981 ;
L’Inconnu du Nord-Express, in L’Avant-Scène Cinéma n° 297-298, 12/1982 ;
Le Talentueux Monsieur Ripley, in L’Avant-Scène Cinéma n° 491, 04/2000

Cinéma

1951 : L'Inconnu du Nord-Express d'Alfred Hitchcock
1960 : Plein soleil de René Clément, d'après Monsieur Ripley
1963 : Le Meurtrier de Claude Autant-Lara
1969 : Histoire d'un meurtre de Robert Sparr, d'après L'Inconnu du Nord-Express
1977 : Dites-lui que je l'aime de Claude Miller, d'après Ce mal étrange
1977 : L'Ami américain de Wim Wenders, d'après Ripley s'amuse
1978 : La Cellule en verre de Hans W. Geissendörfer
1981 : Eaux profondes de Michel Deville
1984 : Le Journal d'Edith de Hans W. Geissendörfer
1987 : Le Cri du hibou de Claude Chabrol
1999 : Le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr. Ripley) d'Anthony Minghella, d'après Monsieur Ripley
2002 : Ripley s'amuse (Ripley's Game) de Liliana Cavani
2005 : Mr. Ripley et les ombres (Ripley Under Ground) de Roger Spottiswoode, d'après Ripley et les ombres
2009 : Le Cri du hibou de Jamie Thraves
2013 : The Two Faces of January de Hossein Amini
2014 : Carol de Todd Haynes (en préparation)

Télévision

1962 : Annabel (d'après Ce mal étrange), épisode n° 7 de la saison 1 de Suspicion (The Alfred Hitchcock Hour), série télévisée américaine créée par Alfred Hitchcock et diffusée sur CBS
1990 : Les Cadavres exquis de Patricia Highsmith (Patricia Highsmith's Tales), série télévisée franco-britannique en douze épisodes de 52 minutes, diffusée sur M6

Liens

http://youtu.be/HShl-cozhIQ Interview
http://youtu.be/0r8ZxQGLOxo l'inconnu du nord express extrait
http://youtu.be/IZ3Yr58P1UM plein soleil
http://youtu.be/RLC2JSCiPvs Le talentueux Mr Ripley



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Posté le : 17/01/2014 23:29

Edité par Loriane sur 18-01-2014 23:02:10
Edité par Loriane sur 18-01-2014 23:05:55
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Lionel Ray
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Le 19 janvier 1935 à Mantes-la-Ville, naît Lionel Ray, né Robert Lorho,

poète et essayiste français

Qui suis-je ? Quel est cet étrange inconnu qui m’habite ? Telle est une des interrogations que se pose Lionel Ray tout au long d’une œuvre commencée voici un demi-siècle.

Robert Lorho est né en 1935 d'un père d'origine bretonne, décoré de la croix de guerre étoile d'argent en 1918, et d'une mère wallonne. Il passera son enfance dans la ville de Mantes-la-Jolie.
Après avoir publié quelques recueils sous son vrai nom, Robert Lorho, agrégé de langue et littérature françaises, professeur de khâgne au lycée Chaptal, prend en 1970 à l'âge de trente ans, le pseudonyme de Lionel Ray.
Son métier de poète, il le vit en se renouvelant infatigablement, en changeant d'identité, en une éternelle renaissance.
Son avant dernier recueil L'Invention des bibliothèques a été publié sous le nom de Laurent Barthélemy, un jeune poète que Lionel Ray aurait découvert. Son dernier livre de poèmes Entre Nuit et Soleil en 2010 approfondit davantage cette question d'identité, qui est le thème fondamental de son œuvre. "Je est un autre".
Lionel Ray vit à Saint-Germain-en-Laye.
Il aborde un versant neuf de lui avec les Métamorphoses du biographe en 1971, qui mène à une déconstruction féconde et inventive du langage, poursuivie avec L'interdit est mon opéra en 1973, marqué par l'introduction du récit et des audaces typographiques. Partout ici même en 1978 renoue avec la lisibilité.
Cette date est aussi celle de la naissance du néolyrisme. Approches du lieu en 1983 et le Nom perdu en 1981, dont le titre renvoie à la pseudonymie, prolongent cette tentative tandis que, dès l'orée de leur titre, Comme un château défait en 1993 et Syllabes de sable en 1996 témoignent d'une tonalité plus sombre. Le parcours de Ray est emblématique d'une double postulation de la parole poétique contemporaine : le lyrisme et le formalisme.

Aragon présente ses nouveaux poèmes dans Les Lettres françaises en 1970, 1971, 1972, il salua comme un événement poétique considérable la venue de Lionel Ray dans la poésie française
De 1971, avec Les Métamorphoses du biographe, à 1996, avec Syllabes de sable, Lionel Ray a donné une dizaine de recueils de poèmes qui témoignent d'un art très élaboré du vers et de la composition. Si mutation et métamorphoses sont les termes élus par Lionel Ray, ils peuvent aussi servir à approcher un travail qui, à l'écart des théories, a cherché à éviter les retours nostalgiques à l'académisme comme la fuite en avant dans le formalisme. Le lyrisme qui caractérise son œuvre est tout sauf facile : les élans spontanés de la subjectivité sont ici constamment brimés par un travail sur la matière même du langage.
Le sujet qui parle ou qui chante n'oublie jamais qu'il parle de quelque chose, du concret du monde, et que ce qu'il dit s'adresse toujours à quelqu'un, ce destinataire inconnu, anonyme qu'est le lecteur. Les mots simples, les syntaxes accordées au rythme de la prosodie laissent transparaître le sens, le font jaillir dans des coulées heureuses, non exemptes d'inquiétudes. Comme un château défait, 1993, prix Supervielle en 1994, et Syllabes de sable 1996, disent avec pudeur l'irréparable, l'ineffable perte : Ce désarroi des pas d'avant / sur des chemins jamais aboutis : / maison des vents, maison d'absence... C'est de l'intérieur même du chant que se disent les ruptures.
Ce n'est certainement pas un hasard si, en 1976, Lionel Ray a consacré un essai à Rimbaud : la poésie, à défaut de rythmer l'action ou de la devancer, accompagne les hommes, intensifie leur séjour, refuse tricheries et stratagèmes. Lionel Ray se sent proche d'auteurs comme Supervielle, C. Milosz, Aragon, mais aussi Michaux, auquel il a consacré un Tombeau, dans Une sorte de ciel. Il a publié également deux anthologies de poésie bengalie, 2006 et 2007, en collaboration avec Sumana Sinha.
Il publie l'essentiel de son œuvre aux éditions Gallimard.
Lauréat de prix tels que le Prix Goncourt de la poésie en 1995, le Prix de la Société des gens de lettres, le Grand Prix de Poésie de la Ville de Lyon/Prix Roger-Kowalski, Prix de poésie Pierrette Micheloud 2010 et beaucoup d'autres, Lionel Ray est président de l'Académie Mallarmé, il est également membre des comités de la revue Europe, du journal mensuel Aujourd'hui poème et de plusieurs jurys de prix de poésie, Mallarmé, Max Jacob, Alain Bosquet.
Il anime des ateliers d'écriture à l'université de Paris 4-Sorbonne et dans d'autres villes. Invité en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Inde, Lionel Ray se dit "cet oiseau qui ne s'attarde pas.

Œuvres

Lionel Ray au festival Voix Vives à Sète le 27 juillet 2010
Si l'ombre cède, collection jeune poésie nrf, Gallimard, 1959, 40p.
Les Métamorphoses du biographe ; suivi de la parole possible, Gallimard, 1971, 131 p.
Lettre ouverte à Aragon sur le bon usage de la réalité, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1971, 111 p.
L’Interdit est mon opéra, Gallimard, 1973, 116 p.
Arthur Rimbaud, Seghers (Poètes d’aujourd’hui), 1976, 183 p. Nouvelle édition 2001.
Partout ici même, Gallimard, 1978, 191 p.
Aveuglant aveuglé, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1981, np.
Le Corps obscur, Gallimard, 1981, 112 p.
Nuages, nuit : poèmes, Gallimard, 1983, 123 p.
Empreintes, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
L’Inaltérable, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
Voyelles et consonne, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
Approches du lieu ; suivi de Lionel Ray et l'état chantant par Maurice Regnaut, Moulins : Ipomée, 1986, 115 p.
Le nom perdu : poèmes, Gallimard, 1987, 127 p.
Une sorte de ciel : poèmes, Gallimard, 1990, 114 p. (Prix Antonin-Artaud)
Comme un château défait : poèmes, Gallimard, 1993, 151 p. (Prix Supervielle 1994; Prix Goncourt de poésie 1995)
Syllabes de sable : poèmes, Gallimard, 1996, 170 p.
Pages d'ombre : poèmes. Gallimard, 2000. (Grand prix de poésie de la société des gens de lettres, 2001; Prix Kowalski de la ville de Lyon; Prix Guillevic de la ville de Saint-Malo)
Aragon : Seghers, "Poètes d'aujourd'hui", 2002).
Matière de nuit : poèmes. Gallimard, 2004.
12 poetas bengalis : recueil de poésie bengalie en version française et espagnole, en collaboration avec Sumana Sinha, Ed. Lancelot, 2006. Murcia.
Tout est chemins : Anthologie de la poésie bengalie en version française en collaboration avec Sumana Sinha, éd. Le Temps des cerises, Paris. 2007.
L'Invention des bibliothèques (les poèmes de Laurent Barthélemy): Gallimard, 2007.
Le Procès de la vieille dame. Eloge de la poésie. Recueil d'essais. Éditions de la Différence. 2008.
Entre nuit et soleil : Gallimard, 2010. Prix de poésie Pierrette-Micheloud 2010
Lionel Ray a collaboré régulièrement avec des peintres :
Le dessin est une mémoire : autour de l’œuvre graphique de Le Yaouanc, Association culturelle de la Faculté des lettres et des langues de l’Université de Poitiers : Éditions de la Licorne, 1996, np .
Plusieurs ouvrages sur et avec le peintre cubain Joaquin Ferrer : Joaquin Ferrer ou l'Imaginaire absolu (monographie, éd. Palantines, Quimper, 2001, 130 illustrations).
Sumana : recueil de neuf poèmes d'amour dédiés à son épouse, accompagné de la peinture de Bardet C.J. et de la traduction bengalie de ces poèmes par Sumana Sinha.
Comme nuage et vent, recueil de 6 poèmes accompagnés de 4 gravures en eau-forte de la calligraphe Els Baekelandt (Éditions Sanchez-Alamo, graphisme analogique de la zone opaque, Paris, 2006

poésies

Je ne suis pas qui je suis,
ce masque dans la nuit anonyme
cette voix qui monte comme un fleuve
ni ces pas ne sont miens.

Nous sommes seuls dans ce pays
de sel de pierre de vent
dans ce grand incendie de paroles
dans ce miroir tournant.

Qui es-tu qui que tu sois
ce mort en travers de ma route
cette chose de sang et d'ombre
qui bouge et ne bouge pas.

Tu vis à l'écart de toi-même,
quel est ce visage absent
cet étranger que tu traînes
et qui rame à contre-courant ?
In Comme un château défait
****
Peut-être il reviendra
avec un visage inchangé,
ne le dérange pas !

Le temps s'applique,
jamais effarouché.

C'est pour ça que la musique
dit toujours que tu l'aimes
même si le monde est déserté.
In Comme un château défait © Poésies/Gallimard 2004 p 22
****
Le peu de poids que l'on pèse
dans le soir ! le peu
de cendres ! comme entre les mots

Le soudain silence ! et l'énorme
nuit ! le seul lieu,

ce mouvement, l'ombre qui
le glace,
et ce visage de vitrail !
Ibid p 23
****
Lire la mémoire aux volets fermés,
ses crimes, ses clés, ses caves,
le château des pluies,

Lire la prose des ombres, le babil
des abeilles, cette chose noire et douce,

Lire au soir le blason des nuages
lorsque l'eau se ride et que tu allonges
la main, tirant le fond noir du ciel.
Ibid p36
****
C'était perdu dans la nuit -,
au plus profond de la forêt.
Le temps se posait dans ton nom

Comme l'oiseau sur la plus haute
cime. Le temps mystérieux comme

une forêt, comme une clairière
dans la forêt, comme
une harde de cerfs dans la forêt.
Ibid p56
****
Tu aurais voulu des aventures
en pays imprévisibles
et frapper fort
sur le tambour terrestre.

Tu aurais guerroyé mille et cent ans
sous des soleils inflexibles
pour des tribus de corbeaux,
des peuples de lynx ou d'étoiles.

Tu t'es retiré dans un rêve
n'ayant tué ni la cruelle chimère,
ni la nuit grave,
ni le Temps aux pieds de plomb
Ibid p62
****
L'oubli comme une clef qui se ferme,
comme un nom sans personne,
comme un trou qui s'effondre

En lui-même. Et c'est aussi du temps
qui se dissipe dans la croissance de la nuit.

Cette suave pluie
où rien ne pense, et qui trace dans les cours
une écriture indéchiffrable.
Ibid p 83
****
Il y a la nation des nuages
la langue cruelle de la lune d'été,
les oiseaux courageux, et rien.

Il y a l’œil solaire, quelqu'un, personne,
une poignée de paroles, et rien.

Il y a une femme endormie,
l'heure qui est palpable comme son épaule,
la houle pacifique, et rien.
Ibid p 86
****
Je donnerai toutes les nuits du monde
pour cette femme inventée
comme une grande clarté rouge.

Comme un pays abandonné
avec sa chevelure de poudre.

Je donnerai toutes les pluies
toutes les preuves tous les silences
pour celle qui dort près de moi,
même absente.
Ibid p 97
****
Que peuvent-ils les mots sur tant d'abîme ?
La mort qui n'est que mort, toute la mort,
cette griffe noire sur les corps pliés.

Les soucis les brûlures les années
et bientôt la pierre impitoyable

Que peuvent-ils ? la terre elle-même se tait.
Tout repose dans la fausse mémoire
du temps qui les ignore, du temps vain et sans voix
Ibid p 110
****
Comme on glisse hors de soi
aux confins de la veille et du songe,
on regarde une autre demeure, un corps chantant.

Qui est cet homme proche de toi
si peu semblable et pourtant ressemblant,

Dans le tumulte des soifs et des mondes,
broyant le grain des paroles,
cherchant la source brève, la présence sans nom ?
Ibid p 115

Un instant tu as oublié le nom
des choses : la nuit est vide,
l'heure n'est plus cette écriture
du sable et des oiseaux.

Un instant tu es entré dans
la non-vision du soleil, dans
l'immobile minuit, dans la cave
de l'impossible naissance

Du monde. Il n'y avait nulle
apparence, nul être, pas même
la trace d'un brin d'herbe ou l'hypothèse

D'un nuage, ni début ni fin,
seulement cette mesure de l’in-
connaissable et la parfaite absence.
In Syllabes de sable © Poésies/Gallimard 2004 p 159
****
Devant toi, venu
d'un quartier d'enfance, que vois-tu
ne sachant plus où ni quand :
ciel craintif, orage contenu ?

Quel jour déclinait, brouillard
d'heures en dérive, avec
un bruit de roues, jusqu'au
fond du soir ?

Tu marchais le long des roseaux
sombres du fleuve, minuscules
myosotis ici ou là, camélias stériles

Et sans parfums, tu respirais un souffle
lent venu de la forêt voisine :
ta vie quelque part existait.
Ibid p165
****
Tu n'es personne. Ce qui tourne
autour de toi, paroles, maisons,
visages, tourne autour d'un centre
qui n'existe pas.

Ton lieu est vers le dehors
dans la nuit de toute langue,
tu vis en lisière,
corps exilé, corps étranger.

Et comme un orchestre caché, tu ne sais
quels instruments en toi
résonnent, cordes ou cuivres, harpes ou tymbales,

Serait-ce le pas des nuits qui s'imprime
sur le sable et se dissout
dans la mémoire éteinte.
Ibid p 170
****
Une sorte de chant
pareil au jour qui traverse
un feuillage et descend,
furtif, jusqu'à l'herbe pauvre.

Un chant qui parle d'octobre
et d'eau cachée,
de lointains sans amertume,
fronts mêlés, collines heureuses.

Et ce besoin d'espace entre
les mots, comme une disposition
de traces et de froissements.

Ici entre les fleurs, avec le grain
des ombres, la vie circule et boit,
fugitive, à d'anciennes sources.
Ibid p178
****
Je t'attendais à la porte des heures :
le silence est si vaste.
Que sont devenues ces traces d'eau
fuyante entre les pierres ?

Écoute au miroir des heures vides
sonner les chiffres de la nuit,
ils ne sont la voix de personne
sinon du sable qui s'épuise.

Les heures traversent l'obscur,
passantes proches, venues
de quel ciel, de quel monde

Vain ? maintenant que tu n'es plus
qu'une parole étrangère
et qui s'en va ?
Ibid p 186
****
Ces pauvres choses qui nous étaient
si proches, cartes et plumiers,
règles, compas, la nuit dispersée,
la confiance ancienne.

Aux quatre coins du monde,
les clameurs, les phares,
écoliers et chevaux, l'incroyable
beauté des rires et des voix.

Tout cela qui s'éloigne comme
un ballet d'éphémères, une feuille
au fil de l'eau flottant.

On ne voit plus devant soi
qu'abîme, une ombre, une autre,
des murs froids, des effondrements.
Ibid 192
****
Il n'y a pas d'hiver
dans les choses,
ni grilles
ni paroles stagnantes.

II n'y a pas d'énigme
dans le lait, il n'y a
pas de brume dans la pierre,
ni rire dans les nœuds d'angoisse.

Mais il y a des terres enfouies
et qui renaissent,
des récits qui circulent entre

La chair et le souffle,
des cités lyriques entre soleil et pluie
et dans tes yeux le temps fertile.
Ibid p 240
****
Toi qui n'existes pas et qui habites
quel pays quelle parole,
toi qui n'es d'aucun lieu
sinon celui que dit le poème.

Tu écoutes ce léger bruit d'eau
qui circule dans l'air qui nous attend,
dans la transparence du feuillage
qui touche au bleu du soir.

Tes yeux sont dans la buée de couleurs
visités par un rêve qui n'a pas de mur,
tu as la bouche invariable

De l’enfance à Noël
inguérissable à la limite
immobile du grand sommeil.
Ibid p 241
****
Syllabes de sable, c'est l'été,
rien ne bouge
sinon, séparé du monde,
ce mort en toi qui se lève.

Tu le connais,
toi l'outragé, toi l'humilié
qui vois tout cela.

Viens, je te conduirai
dans l'incendie du temps
loin de
la quotidienne imposture.

Jusqu'à ce trait d'écume
blanche comme le sommeil,
là-bas : les nuages, l'oubli.
Ibid p 263
****
Changer de maison avec d'autres bagages,
changer de ciel pour un château sans âge,
changer de souffle, de pieds, de ventre,
devenir un battement d'aile d'oiseau,

La saveur de l'air, la gaieté du chemin,
l'eau profonde d'un puits, lieu
sincère qui rit au nuage ;

Changer de rue comme on change de crâne,
circuler dans le hennissement des chevaux,
dans la sève du sycomore et la senteur
heureuse des pierres : devenir

Du sommeil flottant dans un rosier fleuri
ou dans l'étreinte du regard extrême :
tel est l'art insensé de poésie.
Ibid p 307

Liens

http://youtu.be/42Q5qFD3q-Q A une morte


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Posté le : 17/01/2014 22:50

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Guido Cagnacci
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Le 19 janvier 1601 à Santarcangelo di Romagna, dans la province de Rimini,

en Émilie-Romagne naît Guido Cagnacci


peintre italien du XVIIe siècle, que l'on peut rattacher à la période tardive du baroque italien, appartenant à l'école de Bolognemort en 1663 à Vienne, Guido Cagnacci travaille à Rimini de 1627 à 1642. Il est notamment connu pour son tableau La Mort de Cléopâtre en 1658 représentant le suicide de Cléopâtre VII.
Il meurt à Vienne en Autriche en 1663


En 1627, il résidait en Romagne, où il laissa quelques peintures religieuses "Madone et saints, Rimini, S. Giovanni Battista" dont le style affirme de nettes tendances naturalistes. On peut donc supposer qu'il étudia, à Rome où il semble avoir été l'élève du Guerchin, l'œuvre de Caravage et de ses disciples.
En 1644, il met en place 2 grandes toiles Gloire de saint Mercurial ; Gloire de saint Valérien dans la cathédrale de Forlì, auj. à la pin..
Il se rend ensuite à Venise v. 1650, puis à Vienne, v. 1660, où il est appelé par l'empereur Léopold et où il meurt en 1663 et non en 1682, comme on l'a cru longtemps.
On conserve de sa dernière période d'activité de nombreuses toiles, dont les sujets profanes et sensuels nus féminins sont empreints de naturalisme, Mort de Cléopâtre, Milan, Brera et Vienne, K. M. ; Mort de Lucrèce, musée de Lyon, mais aussi d'une poésie subtile, Conversion de Marie-Madeleine, Pasadena, Norton Simon Museum. Une rétrospective a été consacrée à Cagnacci à Rimini, en 1993.

oeuvres

La Mort de Cléopâtre en 1658
1630-1640 : L'Enfant Jésus endormi, saint Jean Baptiste et Zacharie, (attribution), musée Condé, Chantilly.
1635 : Le Christ avec saint Joseph et saint Eligius.
vers 1659-1662 : La Mort de Cléopâtre, Kunshistorische Museum, Gemaldegalerie, Vienne.
1660-1663 : Cléopâtre, Pinacothèque de Brera, Milan.
La Mort de Lucrèce (musée des beaux-arts de Lyon)
La Procession du saint sacrement (Salucedio)
Fresques de la Cappella della Madonna del Fuoco (Duomo, Forli)
Allégorie de l'Astrologie sphérique (Pinacoteca civica, Forlì)
Portrait de Leopold I (Vienne)
L'Appel de saint Matthieu (Musei Comunale de Rimini)
Figure nue allégorique (coll. privée

Liens

http://youtu.be/H8Kh4V_I3s8 Florilège des oeuvres de Cagnacci
http://youtu.be/Y1rwtrdljcc David avec la tête de Goliath
http://youtu.be/eRFCY5KiCm4 Madeleine au ciel
http://youtu.be/5Pdk-uJycmk Guido Cagnacci copié
http://youtu.be/dLfKN8hjG0o Caganacci expliqué par R. Weissberg



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Posté le : 17/01/2014 22:07

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Jean-François Revel
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Le 19 janvier 1924 à Marseille naît Jean-François Revel de son vrai nom

Jean-François Ricard
,

philosophe, écrivain et journaliste, il reçoit le prix chateaubriand en 1996, il est officier de la légion d'honneur, et membre de la légion d'honneur au fauteil 24, ses Œuvres principales sont, Ni Marx ni Jésus en 1970, La Tentation totalitaire en 1976, La Connaissance inutile en 1996, Le Voleur dans la maison vide. Mémoires en 1997, Le Moine et le philosophe en 1997, Baudelaire polémiste, 1968, la politique; Comment les démocraties finissent, 1983 ; L'Obsession anti-américaine, 2002, l'art Pour l'Italie, 1958, la gastronomie Un festin en paroles, 1979.
il meurt le 30 avril 2006 à 82 ans au Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne.

Jean-François Revel – de son vrai nom Jean-François Ricard – est né à Marseille le 19 janvier 1924 dans une famille franc-comtoise. Après des études en classes préparatoires au lycée du Parc à Lyon, il intègre l’École normale supérieure en 1943. Engagé très jeune dans la Résistance, cet élève de l'École normale supérieure devient agrégé de philosophie, matière qu'il enseigne en Algérie, au Mexique 1950-1952, en Italie 1952-1956 avant de revenir en France.
Il quitte l'Éducation nationale en 1963. Dans ses premières œuvres, il met durement en cause les maîtres à penser des années 1960. Journaliste à France-Observateur, où il dirige la rubrique littéraire 1960-1963, il s'engage jusqu'en 1970 en politique dans la gauche socialiste. Éditorialiste puis directeur de L'Express, il démissionne par solidarité avec Olivier Todd, rédacteur en chef, licencié en 1981. Chroniqueur sur plusieurs stations de radio Europe no 1, R.T.L., il entre au Point en 1982.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Jean-François Revel s'engage dans la Résistance à Paris sous les ordres d'Auguste Anglès. Une fois sorti de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et agrégé de philosophie, il enseigne en Algérie encore département français, à l'étranger au Mexique et en Italie, puis en France, à Lille, jusqu'en 1963.
Il se marie une première fois avec Yahne Le Toumelin peintre française dont il aura un fils et une fille : Matthieu Ricard, moine bouddhiste, écrivain, porte-parole du dalaï-lama en France, et Ève Ricard, écrivain.

Jean-François Revel avait fait preuve dans sa critique des philosophes d'une ironie féroce.
Cet auteur fécond suivait un fil directeur : la critique des ennemis de la liberté, mais aussi des mensonges, de la lâcheté et de l'hypocrisie de ceux qui cédaient devant eux. Le terme de résistance, aux tyrannies, petites et grandes, intérieures et extérieures pourrait résumer son œuvre et celui de polémique , son naturel stylistique. Revel fut en effet un formidable pamphlétaire à la manière de Voltaire Mario Vargas Llosa. Les analyses de ce polyglotte s'appuyaient sur une lecture boulimique des œuvres et de la presse internationale. Celle-ci le lui rendait bien et Revel était sans doute un des intellectuels français les plus connus hors de France depuis les années 1970.
Face à un gaullisme où il pensait repérer boursouflures nationalistes et autoritarisme et à une gauche qu'il jugeait trop complaisante à l'égard du communisme, dans lequel il voyait un ennemi juré de la démocratie, il s'affirma de plus en plus libéral.

Il se consacre ensuite à sa carrière de journaliste et d'écrivain. Il collabore ainsi de manière très régulière à la revue d'art L'Œil de 1961 à 1967.
En 1967, il épouse en secondes noces la journaliste Claude Sarraute, fille de l'écrivain Nathalie Sarraute. Le 26 mars 1970, il débat avec François de Closets et Marc Gilbert dans Volume de La femme sur la lune réalisé par Fritz Lang. Pamphlétaire et essayiste, il collabore à France-Observateur, puis devient à la fin des années 1970 directeur de L'Express, journal qu'il quittera en mai 1981 en signe de solidarité avec Olivier Todd, licencié par le propriétaire du journal Jimmy Goldsmith.
Jean-François Revel a œuvré également comme éditorialiste à des stations de radio : Europe 1 1989-1992, RTL 1995-1998.
À partir de 1982, il est chroniqueur pour le journal Le Point. Socialiste jusqu'en 1970, il rompt avec cette famille politique en publiant son premier essai politique à grand succès, Ni Marx ni Jésus, qui sera traduit dans plus de vingt langues. En 1976, il publie La Tentation totalitaire, puis un an plus tard La Nouvelle Censure.
En plus de la politique et la philosophie sujet de son premier essai pamphlétaire Pourquoi des philosophes et de son Histoire de la philosophie occidentale. De Thalès à Kant), Jean-François Revel a aussi écrit sur la littérature Sur Proust, 1960 et 1997, l'histoire de l'art L'Œil et la connaissance, 1998 et la gastronomie Un festin en paroles, 1985.

Revel a beaucoup fait pour populariser en France la bipolarité démocratie/totalitarisme qui rendait à ses yeux secondaire l'opposition droite/gauche et hiérarchisait la gravité des maux qui menaçaient les démocraties. Pour lui, les dictatures classiques ne sauraient être assimilées aux systèmes totalitaires. Les premières contrôlent une population, exigent leur soumission. Les seconds veulent refondre le social, créer un homme nouveau. Leur emprise sur tous les plans de la vie sociale et les techniques mises en œuvre pour y parvenir laissait encore au début des années 1980 planer un doute sur la réversibilité de ces régimes. Jean-François Revel fustigea d'autant plus les dirigeants des États démocratiques pour leurs faiblesses à leur égard.
Il dénonça encore dans l'anti-américanisme un trop facile pot-pourri d'arguments discutables destiné à donner corps à un bouc émissaire de nos propres insuffisances, et, dans ses dernières années, défendit les États-Unis dans leur lutte contre l'islamisme radical, vu comme une nouvelle forme de totalitarisme. Il contribua aussi à faire connaître la pensée des libéraux sud-américains, notamment le Vénézuélien Carlos Rangel ou le Péruvien Mario Vargas Llosa.
Athée, porté à un matérialisme hédoniste et rationaliste, Revel savait que l'irrationnel alimentant sous différentes formes le mensonge envers soi-même était largement répandu. C'est pourquoi les batailles qu'il mena ne doivent pas cacher un certain pessimisme anthropologique, formulé dès La Tentation totalitaire : pour lui, la liberté, qu'il chérissait et défendait si vigoureusement, n'est pas, loin de là, l'aspiration de tous les hommes.
Si l'on ajoute un formidable appétit de vie, de voyages, de rencontres, de connaissances, Jean-François Revel apparaît comme un personnage à part dans la vie culturelle française, un « marginal » (Lire, février 1997), où cohabitaient Thucydide, Cyrano de Bergerac et Gargantua : et qui savait que la seule argumentation, aussi rationnelle fût-elle, ne peut triompher. Même son style, ses recours au trait d'esprit n'y pouvaient suffire. L'accès aux institutions et à leur légitimation était un facteur important pour qu'une idée ait une influence large et durable. Voilà une des raisons, sans doute, pour lesquelles Jean-François Revel souhaita entrer à l'Académie française, où il fut reçu en 1997. Il meurt le 30 avril 2006.
La même année, il publie ses mémoires sous le titre Le Voleur dans la maison vide ainsi que Le Moine et le philosophe, un dialogue avec son fils Matthieu Ricard, moine bouddhiste tibétain, tiré à 350 000 exemplaires en France et traduit en 21 langues.

Jean-François Revel meurt le 30 avril 2006 et est enterré le 5 mai au cimetière du Montparnasse 10e division.

Pensée

En philosophie, l'essentiel de sa contribution tient dans un essai qui connut un très grand succès en 1957, Pourquoi des philosophes.
Il y explique comment la philosophie a épuisé son rôle historique qui était de donner naissance à la science. Depuis Kant, la biologie, la physique et plus tard la psychologie se sont détachées de la philosophie qui est devenue un genre littéraire. La discipline qui consistait à tenter de donner une explication globale de la réalité a donc abouti à l'émergence de la science. C'est ce qui conduira Revel à se moquer de l'existentialisme, du bergsonisme, du lacanisme, de Hegel, et de tous ceux qui prétendaient proposer des systèmes globaux d'interprétation du réel à la place des scientifiques.
Revel est souvent défini comme un philosophe rationaliste. Pour Revel, c'est toute la philosophie en tant qu'interprétation du monde qu'il convient de rejeter. La philosophie, ennemie de la science et de la vérité, voilà ce que Revel révèle.
On lui doit la théorisation en 1979 du droit d'ingérence.
Après la signature du Programme commun du Parti socialiste avec les communistes français en 1972, il rompt avec François Mitterrand, à qui il reproche de priver la gauche de toute chance d'accéder au pouvoir en se laissant phagocyter par les communistes.
Il dénonce un grand nombre de propositions du programme commun émanant directement du PCF, particulièrement en matière d'édition et d'information. Hostile au gaullisme, il ne cessera de reprocher au Parti socialiste ses collusions avec les totalitarismes communistes. À ceux qui lui reprocheront de se rapprocher des libéraux, il répondra que pour lui, la gauche a toujours été libérale, mais que c'est la gauche française qui a cessé de l'être.
Pour Revel, le socialisme n'est viable que dans une économie performante, car l'État-providence ne peut vivre que soutenu par une économie productive. Or, les économies capitalistes libérales ayant prouvé qu'elles étaient les plus efficaces à faire s'améliorer le niveau de vie des sociétés humaines, le libéralisme ne devrait pas être rejeté par la gauche française in La tentation totalitaire en 1976.
Il fut un contributeur régulier de la revue Commentaire fondée par Raymond Aron et Jean-Claude Casanova en 1978. Dans les milieux intellectuels, Jean-François Revel a été l'un des principaux critiques français du marxisme, dont le poids l'a amené à s'éloigner de la gauche politique.

Décorations

Officier de la Légion d'honneur
Officier de l’ordre de la Croix du Sud du Brésil
Grand officier de l’ordre de Henri le Navigateur du Portugal
Commandeur de l'ordre d'Isabelle la Catholique

Œuvres

Histoire de Flore, Julliard, 1957.
Pourquoi des philosophes, Julliard, 1957
Pour l'Italie, Julliard, 1958.
Le Style du général, Julliard, 1959.
Sur Proust, Julliard, 1960.
La Cabale des dévots, Julliard, 1962.
En France, la fin de l'opposition, Julliard, 1965.
Contrecensures, Jean-Jacques Pauvert, 1966.
Lettre ouverte à la droite, Albin Michel, 1968.
Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, 1970.
Idées de notre temps, Robert Laffont, 1972.
Descartes inutile et incertain, 1976.
La Tentation totalitaire, 1976.
La nouvelle censure, 1977.
La Grâce de l'État, 1981.
Comment les démocraties finissent, Grasset, Paris, 1983, (ISBN 2-246-28631-X)
Le Rejet de l'État, 1984.
Une anthologie de la poésie française, Robert Laffont, 1984.
Le Terrorisme contre la démocratie, Hachette, 1987.
La Connaissance inutile, 1988.
L'Absolutisme inefficace, ou Contre le présidentialisme à la française, 1992.
Le Regain démocratique, 1992.
Histoire de la philosophie occidentale, de Thalès à Kant, Editions Nil, 1994, rééd. Pocket, 2003.
Le Moine et le philosophe (dialogue avec son fils Matthieu Ricard), 1997.
Le Voleur dans la maison vide. Mémoires, Plon, 1997, (ISBN 2-259-18022-1)
L'Oeil et la Connaissance, écrits sur l'art, Plon, 1998.
Fin du siècle des ombres, 1999.
La Grande Parade. Essai sur la survie de l'utopie socialiste, 2000.
Les Plats de saison. Journal de l'année 2000, Plon, Editions du Seuil, 2001.
L'Obsession anti-américaine, 2002.
Fin du siècle des ombres, Pocket, 2002.
Un festin en paroles : histoire littéraire de la sensibilité gastronomique de l'Antiquité à nos jours, Tallandier, 2007.

Posté le : 17/01/2014 21:52
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Paul Cézanne
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Le 19 janvier 1839 à Aix-en-Provence naît Paul Cézanne, peintre français,

membre du mouvement impressionniste, considéré comme le précurseur du cubisme, formé par l'académie de Charles suisse. il meurt le 22 octobre 1906, à 67 ans dans la même ville. Il est l'auteur de nombreux paysages de Provence, et particulièrement de la campagne d'Aix-en-Provence. Il a notamment réalisé plusieurs toiles ayant pour sujet la montagne Sainte-Victoire. Ami d'enfance de l'écrivain Émile Zola qu'il rencontra à Aix-en-Provence, il se brouillera avec lui dans ses dernières années.

La popularité de Cézanne n'a probablement jamais été aussi grande qu'un siècle après la première grande exposition que lui consacra son marchand, Ambroise Vollard, en 1895, et qui le révéla véritablement à ses contemporains. La reconnaissance avait été longue à lui venir : elle fut d'abord le fait de jeunes peintres comme Émile Bernard ou Maurice Denis qui virent en lui un maître autant qu'un précurseur, puis de quelques rares critiques perspicaces, Gustave Geffroy, Thadée Natanson, Roger Marx, Rilke. Le rôle des amateurs est tout aussi essentiel, de son vivant comme après sa mort : Victor Chocquet, Auguste Pellerin, Albert Barnes ont, chacun à sa manière, contribué à donner sa stature définitive à un peintre dont ils possédèrent des ensembles exceptionnels.
Décrié à ses débuts, et encore assez tard dans sa vie, Cézanne est aujourd'hui une figure capitale de l'histoire de l'art. Sa participation au mouvement impressionniste, somme toute relativement mineure, compte moins ici que la place qu'il occupe entre le XIXe et le XXe siècle, entre d'une part le romantisme de Delacroix et le réalisme de Courbet, qui le marquèrent si fortement à ses débuts, et, de l'autre, les mouvements de la peinture contemporaine depuis le cubisme qui, à des degrés divers, se réclamèrent tous plus ou moins de lui.
Il n'est pas sûr que le bruit fait maintenant autour de son œuvre aurait vraiment réjoui le Cézanne des dernières années, qui redoutait par-dessus tout qu'on le récupérât, qu'on lui mît “le grappin dessus”. La peinture fut pour lui avant tout un travail d'ouvrier, un travail solitaire, sauf à de rares moments, presque pénible, pratiqué sans interruption. De même le dessin, dont on oublie trop souvent qu'il s'agit d'un élément essentiel de son processus créatif.
Il plaçait très haut les fins de l'art, voulant produire des tableaux “qui soient un enseignement”.
Aussi ces derniers sont-ils de plus en plus réfléchis au fur et à mesure qu'il vieillit, mûris dans l'introspection d'un artiste qui, cependant, se donnait comme premier maître la nature : “On n'est ni trop scrupuleux, ni trop sincère, ni trop soumis à la nature ; mais on est plus ou moins maître de son modèle, et surtout de ses moyens d'expression”, écrivait-il en 1904.
Cette tension entre la réalité objective et sa transposition esthétique est au cœur de sa démarche. Ainsi s'explique pourquoi Cézanne a pu être un modèle pour les générations qui l'ont suivi, alors même qu'elles employaient des chemins divers et contradictoires entre eux.
Quant aux critiques et aux historiens qui n'ont cessé d'interroger son œuvre, ils ont peut-être moins apporté d'explications sur son travail qu'ils n'ont en définitive révélé les préoccupations et les débats de leur propre époque. L
a recherche est loin d'être close, et ce n'est pas là le moindre paradoxe de l'héritage cézannien.
L'existence de Cézanne décourage l'amateur d'anecdotes : entre Aix et Paris, la Provence et l'Île-de-France, l'artiste semble ne s'être consacré qu'à son œuvre. Quelques amitiés, parfois ferventes, mais jamais éternelles, peu de relations, essentiellement d'affaires ou de travail, une vie de famille réduite à l'essentiel : une femme qui lui donne un fils, ses parents, sa sœur et son mari, leurs propres enfants. Cézanne n'a pas recherché le contact de ses contemporains.
Il n'est ni un peintre lancé dans les milieux littéraires et artistiques de son temps comme Manet, ni un homme du monde comme Degas. La notoriété lui est tardivement venue ; et même alors, il redoute les importuns. Aussi ne sait-on de lui que ce qu'il a bien voulu dire, des propos pieusement recueillis, parfois arrangés, qui nous renseignent surtout sur ses idées et ses préférences esthétiques, et ce qui transparaît dans sa correspondance, où il se livre un peu plus. Le témoignage de ses amis et de ses connaissances, qui l'approchèrent à un moment ou à un autre de sa carrière, est également précieux, mais on peut quelquefois soupçonner les uns et les autres d'avoir, après coup, enjolivé la réalité. On pourrait finalement rester quelque peu désorienté devant une apparente absence d'événements marquants.
Mais c'est justement parce que la vie de Cézanne se confond, en grande partie, avec son activité artistique, qu'elle a été guidée par elle qu'il convient d'en retracer les grandes étapes. Il n'y a pas de légende dorée cézanienne, mais quelques faits importants, des étapes qui scandent une évolution continue et qui, sans l'expliquer totalement, constituent son nécessaire soubassement.

sa vie Enfance et origines de la famille Cézanne

Son père, Louis Auguste Cézanne, est originaire de Saint-Zacharie Var, propriétaire à Aix-en-Provence Bouches-du-Rhône. La famille de Paul Cézanne possède une chapellerie sur le cours Mirabeau. La famille est relativement aisée et le père fonde une banque, le 1er juin 1848, à laquelle il donne le nom de Banque Cézanne et Cabassol , de son nom propre et de celui de son associé.

Le milieu d'origine de Cézanne est celui de la bonne bourgeoisie provinciale. Son père, propriétaire à Aix-en-Provence d'une prospère fabrique de chapeaux, vivait cependant quelque peu en marge de la société aixoise : il n'était pas marié avec la mère de son fils, une de ses anciennes ouvrières, lorsque ce dernier naquit, en 1839, et ne légalisa sa situation que cinq ans plus tard une fille étant d'ailleurs née entre-temps, avant de s'établir comme banquier.
Cézanne fit toutes ses études à Aix, acquérant une solide culture classique et se liant d'une profonde amitié avec quelques-uns de ses camarades de collège, au premier rang desquels Émile Zola, alors son confident le plus intime. Son père le destinait au droit, et il s'inscrivit à la faculté d'Aix en 1858.
Paul Cézanne fréquente le collège Bourbon devenu lycée Mignet où il se lie d'amitié avec Émile Zola. Il entreprend sans enthousiasme des études de droit à l'Université d'Aix. Il suit des cours à l'École de dessin d'Aix-en-Provence et aménage un atelier au Jas de Bouffan, résidence que son père a achetée. Il se rend une première fois à Paris en avril 1861, poussé par son ami Émile Zola, mais n'y reste que quelques mois et retourne dans le domaine familial à l'automne, inaugurant ainsi une série d'allers retours entre la ville-lumière et la Provence.
Sa vocation artistique était pourtant déjà assez affirmée il avait suivi les cours de l'école gratuite de dessin depuis 1857 pour qu'il songe à aller étudier la peinture à Paris. Il finit par obtenir de son père, qui l'entretient, l'indispensable autorisation, et fait un premier séjour parisien au printemps et à l'été de 1861. Il revient à Aix travailler dans la banque paternelle, mais repart un an plus tard pour Paris. C'en est désormais fini des faux départs, des hésitations sinon du découragement devant les difficultés du métier : Cézanne, définitivement, a décidé d'être peintre.

Débuts dans la carrière de peintre

En 1862, il abandonne la carrière juridique et s'établit à Paris. Il travaille à l'Académie de Charles Suisse et y rencontre Camille Pissarro, Pierre-Auguste Renoir, Claude Monet, Alfred Sisley et un autre Aixois, Achille Emperaire, dont il fera plus tard un portrait, resté célèbre. Il est refusé à l'École des beaux-arts en raison d'un tempérament jugé par trop excessif.

La liaison cachée avec Hortense

Les années suivantes, où il alterne les séjours parisiens, les retours à Aix et les voyages en Provence, le voient suivre le chemin d'un étudiant indépendant, mais aussi respectueux, sur bien des aspects, de l'apprentissage traditionnel. Il travaille sur le modèle à l'Académie suisse, fréquente le Louvre où il remplit de nombreux carnets de croquis d'après les maîtres et copie plusieurs tableaux. Il continue à fréquenter Zola, qui le soutient dans ses efforts, intellectuellement, moralement et financièrement, fait aussi la connaissance de Pissarro et Guillaumin, puis de Bazille, Renoir, Monet, Sisley, Manet. Cézanne, à partir de 1863, propose régulièrement des peintures au jury du Salon : elles y seront toujours refusées, à une exception près, un portrait, exception d'ailleurs tardive, malgré ses efforts et les appuis dont il pouvait disposer. Il protestera même plusieurs fois officiellement, réclamant, sans suite, le rétablissement du Salon des refusés. Le jeune peintre n'a toutefois pas les mêmes problèmes d'argent que certains de ses amis, grâce à la pension paternelle. Celle-ci aurait pu être remise en cause après sa rencontre, en 1869, avec celle qui va devenir sa compagne, Hortense Fiquet. Son père désapprouverait sans doute cette liaison : Cézanne la lui cache donc, de même que plus tard la naissance d'un fils, Paul, en 1872, dont l'existence ne sera découverte, fortuitement, qu'en 1878. Cette situation bancale durera en fait jusqu'au mariage, en présence des parents, en 1886.
Le 28 avril, il épouse Hortense. La même année, son père meurt, lui laissant un héritage confortable qui le met à l'abri financièrement. Sa première exposition personnelle, organisée par le marchand de tableau Ambroise Vollard en 1895 en l'absence du peintre, se heurte encore à l'incompréhension du public, mais lui vaut l'estime des artistes. Sa renommée devient internationale et il remporte à Bruxelles un grand succès lors des expositions des Indépendants.

Auvers-sur-Oise

En 1872, il s'installe à Auvers-sur-Oise, où il peint avec Pissarro, et travaille dans la maison du docteur Gachet. En 1874, les impressionnistes organisent leur première exposition collective dans l'atelier du photographe Nadar et le public réserve un accueil peu encourageant, voire scandalisé, aux toiles de Cézanne qui en présente trois Une moderne Olympia, La Maison du pendu et Étude, paysage d'Auvers.
Il ne présente aucun tableau au cours de la seconde exposition impressionniste, mais montre 16 œuvres en 1877 à la troisième manifestation. Les critiques sont très mitigées et il se détache du groupe impressionniste et rejoint la Provence à partir de 1882, d'abord à L'Estaque, puis à Gardanne en 1885, petit village près d'Aix. Là, il commence son cycle de peintures sur la montagne Sainte-Victoire, qu'il représente dans près de 80 œuvres pour moitié à l'aquarelle.
Sa situation financière reste précaire, d'autant que son père diminue son soutien.

Le couple Cézanne passe la guerre de 1870-1871 en Provence, puis revient s'établir à Paris. Chargé de famille, Cézanne, sur les instances de Pissarro, s'installe alors à Pontoise, puis à Auvers-sur-Oise, il y habite chez le docteur Gachet, où tous deux travaillent en commun. Il y exécute quelques estampes, mais se consacre surtout au paysage sur le motif, fortement marqué par l'exemple de Pissarro. C'est encore celui-ci qui obtient sa participation à la première exposition impressionniste, en 1874 : ses œuvres y sont très mal reçues, et il refuse donc d'envoyer des toiles à la deuxième exposition, en 1876. Il ne s'y résout que pour la troisième, en 1877, où elles obtiennent encore un accueil très mitigé. Cézanne, dégoûté et meurtri, cesse alors toute participation.
S'il reste très en marge du groupe impressionniste, il continue de travailler à Paris et dans les environs, tout en revenant régulièrement dans le Midi. Le milieu des années 1880 marque par ailleurs un tournant dans sa vie, il travaille maintenant de plus en plus souvent et longuement en Provence.

Il avait fini par faire accepter un portrait au Salon, en 1882. Il s'agit cependant d'une exception, qui ne se renouvellera pas, et ses peintures ne seront que rarement montrées au public, en 1889 à l'Exposition universelle, en 1887 et 1890 avec le groupe des XX, à Bruxelles, avant l'événement que constitue la rétrospective chez Vollard en 1895. Cézanne est alors découvert : par ses anciens amis, qui ignoraient en fait beaucoup de son évolution récente, par quelques critiques qui le placent tout de suite au cœur du mouvement moderne en peinture, mais aussi par de jeunes artistes pour qui il est un point d'ancrage, une référence immédiate. Sa réputation ne cesse plus de grandir et de s'affirmer, Maurice Denis peint en 1900 L'Hommage à Cézanne aujourd'hui au musée d'Orsay, une position renforcée par de nouvelles expositions, chez Vollard en 1898, au Salon des indépendants puis au Salon d'automne de 1899, 1904, 1905, 1906.

Brouille avec Émile Zola

En 1886, il avait rompu tout contact avec Émile Zola, qu'il connaissait depuis son enfance et ses années d'études au lycée d'Aix-en-Provence . La cause de la brouille est le roman L'Œuvre racontant l'histoire d'un peintre maudit et pourchassé par le destin incapable d'achever sa grande œuvre, que le peintre a inspiré.
"Paul peut avoir le génie d'un grand peintre, il n'aura jamais le génie de le devenir". Ainsi Émile Zola annonce-t-il le drame de Paul Cézanne, toujours insatisfait de son travail. L'écrivain va plus loin : Claude Lantier, le personnage central de l'Œuvre, roman paru en 1886, est proche de Cézanne par la physionomie et le caractère. Zola en fait un peintre raté, pourtant chef de la nouvelle école de Plein air ; Claude finit par se suicider.
D'une certaine façon, le roman peut se lire comme une revanche de la littérature sur la peinture et la description du groupe d'artistes tourne à la caricature. Manet, qui fit scandale au Salon des Refusés en 1863, a pu servir aussi de modèle au romancier. Pourtant, Cézanne a cru se reconnaître dans ce peintre : blessé, il a répondu à Zola une lettre d'une froide politesse qui a mis un terme à leur amitié. Les derniers contacts entre les deux artistes remontent à 1885, après la publication de "L'Œuvre".
Cézanne quitte Médan où il avait été reçu par le couple Zola. Ils ne se reverront plus malgré quelques occasions de rencontres à Aix-en-Provence où le peintre s'est retiré. Cézanne n'est plus à l'aise dans le nouveau monde de l'écrivain qui, à partir de 1888, verra son existence compliquée par sa liaison avec Jeanne Rozerot. En 1891, la découverte de cette liaison par sa femme, Alexandrine Zola, et des deux enfants qui en sont nés va tendre l'atmosphère dans le couple qui traversera des périodes difficiles jusqu'en 1896. Zola s'engagera dès lors dans l'Affaire Dreyfus jusqu'à sa mort en 1902. Ces années, très perturbées, ne faciliteront pas le rapprochement des deux amis d'enfance. Il semble que Paul Cézanne en ait souffert si l'on tient compte du chagrin dont il fera preuve à l'annonce de la mort d'Emile Zola et lors de l'inauguration d'une statue à l'image de l'écrivain au début de 1906.

Les dernières années de Cézanne

Cézanne se fait construire en 1901-1902 un atelier dans la périphérie d'Aix : l'atelier des Lauves
Dès novembre 1895, Cézanne loue ce cabanon aux Carrières de Bibémus afin d'y entreposer son matériel de peinture et ses toiles et où il passe une bonne partie de son temps, voire de ses nuits, jusqu'en 1904.

Lorsqu'il meurt, après avoir été surpris par un orage alors qu'il travaillait dans la campagne d'Aix, Cézanne est déjà devenu, pour quelques-uns des peintres de sa génération comme pour la relève qui s'annonce, une figure emblématique de la modernité.
En octobre 1906, alors qu'il peint sur le motif, dans le massif de la Sainte-Victoire, un violent orage s'abat. Cézanne a un malaise. Il est recueilli par des charretiers et déposé dans sa maison de la rue Boulegon, à Aix, où il mourra, le 22, emporté par une pneumonie. Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Pierre d'Aix-en-Provence.

Peinture
Parcours et formes

La classification traditionnelle de l'œuvre du peintre repose avant tout sur la chronologie de son évolution stylistique, qui elle-même recoupe les grandes étapes de sa biographie. Aux années de jeunesse et de formation parisienne correspond ainsi une période “romantique”. Lui succède, de 1872 à 1877, la période “impressionniste”, puis, après qu'il s'est détaché du groupe, la période “constructive” jusque vers 1886-1887.
Vient enfin la période “synthétique”, où Cézanne rassemble ses recherches pour arriver à cette “terre promise” qu'il dit entrevoir, dans une lettre à Vollard de 1903. L'analyse formelle joue un rôle déterminant dans cette répartition, le style de Cézanne s'épurant constamment pour aboutir aux œuvres ultimes qui constituent la quintessence de son travail. La place du peintre, entre le romantisme et le réalisme, d'une part, et le cubisme de l'autre, héritier des avant-gardes de son siècle, précurseur de tout le modernisme pictural, en ressort d'autant mieux, et par voie de conséquence la portée de son œuvre.
Cette vision, qui n'est pas sans susciter aujourd'hui quelques réticences par son aspect téléologique, a toujours, consciemment ou non, pratiquement dicté l'analyse. Elle a ainsi été reprise à peu près telle quelle dans la rétrospective du Grand Palais à Paris, en 1995, qui distinguait successivement les années 1860, 1870, 1880, 1890 et enfin 1900-1906. Mais les responsables de l'exposition, en refusant de retenir des dates plus précises, ont mis l'accent sur un point crucial : la connaissance factuelle de l'œuvre de Cézanne est finalement très limitée.
Il ne datait jamais ses tableaux : les différents spécialistes ne sont pas encore arrivés à se mettre d'accord sur une chronologie nette et détaillée. Il en va de même pour le lieu d'exécution de nombreuses toiles à l'exception, notable, des paysages, ce qui n'est pas sans importance quand on connaît le mouvement perpétuel de Cézanne entre ses ateliers et ses divers lieux de résidence. Les expositions auxquelles il a participé et qui pourraient fournir des repères utiles sont, on l'a vu, très rares, d'autant qu'il y a envoyé des œuvres qui n'étaient pas forcément récentes.
L'état actuel de la recherche ne permet donc pas d'établir une datation serrée : on en est réduit à définir l'évolution stylistique du peintre non comme une suite de périodes clairement délimitées, mais comme un glissement progressif, où se font sentir de loin en loin des inflexions plus ou moins fortement marquées, sans qu'une œuvre capitale vienne inaugurer ou clore tel ou tel épisode. Ce faisant, on n'est pas forcément très éloigné de la façon dont Cézanne lui-même envisageait son art : un labeur sans cesse recommencé.

Ce qu'il appelait sa peinture “couillarde”, autrement dit les œuvres de sa jeunesse, faites autant pour affirmer son métier naissant que sa forte et contradictoire personnalité, pour choquer et pour étonner tout à la fois, est nettement influencée par les peintres qu'il admirait : les Vénitiens, Titien et Giorgione, les Flamands, surtout Rubens, les Espagnols aussi, les Français enfin, essentiellement Delacroix et Courbet, mais aussi Daumier et, un peu plus tardivement, Manet.
Il emprunte à chacun des éléments formels au service d'un style très personnel, caractérisé par la violence de la touche, large, souvent empâtée, retravaillée au couteau : la matière picturale s'étale sur la toile. L'expressivité est renforcée par les effets chromatiques, les contrastes et les stridences que Cézanne expérimente avec emportement. Il en va ainsi dans certaines des peintures décoratives qu'il exécuta entre 1864 et 1868 pour la résidence que son père avait acquise aux environs d'Aix, le jas de Bouffan, comme la Madeleine pénitente et le Baigneur au rocher, ou dans la série de portraits de son oncle Dominique Aubert. Mais ces effets se retrouvent, à des degrés divers, dans toute la production de cette période où Cézanne ne semble pas tâtonner, mais bien expérimenter, tenter sans rien s'interdire, même pas l'humour de la parodie, avec le Portrait d'Achille Emperaire. On aurait tort, cependant, de penser que le changement qui intervient ensuite n'est dû qu'au travail avec Pissarro. On sent déjà autour de 1870, dans certaines vues de l'Estaque, dans des natures mortes comme La Pendule noire, le désir d'une discipline plus rigoureuse. Les formes se régularisent, la touche se fragmente et s'assagit, le coloris s'harmonise : les paysages de Pontoise et d'Auvers synthétisent cette nouvelle étape.

L'évolution de Cézanne dans les années suivantes n'est pas seulement formelle : elle révèle une attitude différente vis-à-vis du métier de peintre, où la restitution mentale des sensations visuelles prime désormais sur leur expression immédiate. La rapidité fait place à la lenteur d'un travail réfléchi, médité, pensé, qui sera désormais sa marque “Je ne suis pas mécontent du devant de la chemise”, aurait-il dit à Vollard en 1899 après cent quinze séances de pose, laissant finalement son portrait inachevé. De La Maison du pendu de 1873 au Pont de Maincy ou au Château de Médan de 1879-1880, la transformation progressive de son style est patente.
Mais, si on ne manque pas d'exemples pour l'illustrer, il faut cependant souligner la persistance, tout au long des années 1870-1880, de tableaux, d'aquarelles et de pages de carnets qui perpétuent la peinture “couillarde” de la décennie précédente, ainsi de L'Après-midi à Naples, de La Tentation de saint Antoine ou de L'Éternel Féminin, qui sont tous exécutés entre 1875 et 1877.
L'aquarelle qu'il fit au début des années 1880 d'après la Médée de Delacroix ne doit pas seulement s'analyser comme un adieu aux admirations de sa jeunesse : elle marque aussi une certaine continuité, sinon directement de style, du moins, peut-être, de perception.
Les premiers tableaux de baigneurs et de baigneuses, qui rétrospectivement annoncent pour nous les sommets de l'œuvre à venir, s'ancrent de même tout aussi bien dans ses travaux antérieurs. La continuité prévaut ici sur une logique de rupture.

Cézanne, dans la première série qu'il consacre, entre 1882 et 1887, à la montagne Sainte-Victoire, qui reste aujourd'hui comme son sujet de prédilection, en est arrivé à un style imprégné de classicisme. La construction formelle du motif est désormais déterminante, comme dans La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, où les branches de l'arbre, au premier plan, accompagnent sur toute la longueur du tableau la courbure de la montagne, avec une intention évidemment décorative, teintée de japonisme. La touche, compacte et resserrée, disposée en vibrantes diagonales parallèles, acquiert une certaine autonomie par rapport aux objets représentés. Le coloris, plus éclatant et plus tranché, s'affranchit lui aussi du strict rendu réaliste : l'effet proprement plastique semble désormais primer.
C'est au même moment qu'apparaissent, dans les natures mortes, les distorsions de l'espace qui ne peuvent, comme on le pensait à l'époque, relever, à ce stade du développement stylistique cézannien, de simples maladresses. Incomprises en leur temps, elles sont ensuite devenues comme l'un des traits caractéristiques de son génie, génie d'un peintre annonciateur ou initiateur du cubisme. Ce côté prophétique semble bien loin, en tout cas, des préoccupations de l'artiste qui, dans les quinze dernières années de sa vie, rassemble tout son travail antérieur, en particulier dans la seconde série des Montagne Sainte-Victoire, dans les diverses versions des Joueurs de cartes et, surtout, dans les trois Grandes Baigneuses. Il travailla plus de dix ans à ces dernières, de 1894 à 1905 la chronologie des différents tableaux et leur identification aux toiles connues par des témoignages contemporains est encore sujette à discussion.
Mais une monumentalité, une force et une maîtrise équivalentes se manifestent dans les paysages et les portraits de la même période. Nous pouvons voir dans ces œuvres la plénitude d'un achèvement. Cézanne, qui disait, dans ces dernières années, progresser chaque jour un peu plus, écrivait pourtant en 1906 à son fils : “Enfin je te dirai que je deviens, comme peintre, plus lucide devant la nature, mais que, chez moi, la réalisation de mes sensations est toujours très pénible. Je ne puis arriver à l'intensité qui se développe à mes sens, je n'ai pas cette magnifique richesse de coloration qui anime la nature.

Thèmes et interprétations

L'œuvre de Cézanne se développe dans quelques grands genres hérités de la tradition classique : le paysage, le portrait, la nature morte. Les sujets proprement dits sont souvent identiques quelle que soit la période envisagée : ainsi pour les portraits, qui nécessitaient, au dire des souvenirs de certains modèles, d'interminables, lassantes et multiples séances de pose, où le peintre requérait l'immobilité complète et qui, pour la plupart, sont donc principalement des autoportraits de Cézanne lui-même ou des portraits de sa femme, probablement plus soumise ou plus arrangeante. Les premières natures mortes, comme les figures nues dans un paysage, dont les Grandes Baigneuses sont l'aboutissement, remontent aux années de jeunesse.
Aussi est-il facile de minorer, dans l'analyse, la part propre du sujet. Et tel a été le cas dans les trente ans qui suivirent la mort de Cézanne, où critiques et historiens d'art privilégièrent les critères formalistes, dans la perspective moderniste qui faisait de lui le précurseur du fauvisme, du cubisme et des débuts de l'abstraction. Au temps du retour à l'ordre, il est plutôt l'héritier de Poussin qui perpétue la tradition du paysage classique.
Les surréalistes insisteront, eux, sur les œuvres du début, aux sujets mystérieux et sombres. Les années 1950-1970 sont celles d'un retour à l'analyse formelle, avant qu'un nouveau coup de balancier ne relance les interprétations fondées sur les intentions de Cézanne exprimées au travers du sujet même de ses tableaux une idée qui n'avait jamais, il est vrai, totalement disparu.
Les grandes expositions des années 1980-1990 sont comme un résumé de ces diverses positions.
Le Cézanne des années de jeunesse est, le plus souvent, au centre des débats : le sujet y est, il est vrai, beaucoup plus apparent, par exemple dans Une moderne Olympia, sans compter les nombreuses scènes aux allusions sexuelles plus ou moins transparentes, où il est facile de reconnaître les pulsions tourmentées de l'artiste. Mais on a pu aussi de façon convaincante retrouver ces mêmes allusions dans des tableaux aussi innocents a priori que la Nature morte aux oignons ou Pommes et oranges. D'un autre point de vue, il faudrait sans doute reconsidérer son rapport au classicisme, le rapprochement avec Poussin se justifiant moins dans l'ordre formel que dans celui de la signification même du sujet. Les crânes de la fin ne sont-ils pas une reprise du thème ancien de la Vanité ? Il convient aussi, dans cette perspective, de réévaluer l'importance de ses lectures (voire de ses goûts musicaux, en particulier pour Wagner : on sait combien celle de Flaubert fut pour lui essentielle, mais ses connaissances remontaient aux auteurs grecs et latins qui eurent également leur part d'influence. On tend maintenant à prendre en compte ces différents aspects, sans être encore en mesure de proposer une interprétation synthétique de l'œuvre.
Celle-ci est-elle vraiment possible ? Est-elle même nécessaire ? Le champ reste en fait très ouvert, compte tenu de la clarification opérée entre les différents courants historiographiques et les enjeux qu'ils ont soulevés. Il y a sans aucun doute beaucoup à méditer dans ces propos du peintre : “Dans ma pensée, on ne substitue pas au passé, on y ajoute seulement un nouveau chaînon.”

Cézanne s’engagera toujours plus loin dans cette voie qui s'achèvera en 1906 sur le motif, ne cessant de se recommander de la nature : L’étude réelle et précieuse à entreprendre c’est la diversité du tableau de la nature ; j’en reviens toujours à ceci : le peintre doit se consacrer entièrement à l’étude de la nature, et tâcher de produire des tableaux qui soient un enseignement.
Mais il avait conscience du défi qu’il s’imposait à lui-même et le doute l’étreignait souvent : On n’est ni trop scrupuleux, ni trop sincère, ni trop soumis à la nature; mais on est plus ou moins maître de son modèle et surtout de ses moyens d’expression. De fait, il se plaint que les sensations colorées qui donnent la lumière sont chez lui cause d’abstractions qui ne lui permettent pas de couvrir sa toile, ni de poursuivre la délimitation des objets quand les points de contacts sont ténus, délicats .
Par discipline, Cézanne ne fondait jamais : d’où l’aspect d’incomplétude que présentent certaines études de la montagne Sainte-Victoire, ou le caractère abrupt, rébarbatif pour le profane de ses personnages, voire informe des Baigneurs ou des Baigneuses pour lesquels s'ajoute le manque de modèles dans l'endroit voulu. « D’un autre côté, les plans tombent les uns sur les autres, avoue-t-il. C’est que la formule cézannienne est d’une ambition démesurée.
Pratiquement, dit Léon Gard, c’est presque une chimère que de vouloir appliquer à la lettre cette formule, car on se heurte toujours à l’imperfection et à la limite du matériau, avec lequel il faut toujours ruser. Néanmoins, s’il est scabreux de suivre cette grandiose théorie lorsqu’on n’a pas des dons exceptionnels, il est évident qu'un Cézanne, dont l’œil était capable de peser les tons, les valeurs comme au milligramme, peut créer des chefs-d’œuvre, et même aboutir à des échecs qui restent supérieurs aux réussites de la plupart des autres peintres.

Dans une interview donnée à Denise Glaser, Salvador Dalí dit de Cézanne : Le peintre le plus mauvais de la France s'appelle Paul Cézanne, c'est le plus maladroit, le plus catastrophique, celui qui a plongé l'art moderne dans la m... qui est en train de nous engloutir..

Nature morte

Nature-morte aux pommes et aux oranges
Pour Cézanne, la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes : « quand la couleur, est à sa puissance, la forme est à sa plénitude » disait-il.
Incomprises en leur temps, elles sont ensuite devenues l'un des traits caractéristiques de son génie.
À la mort de Cézanne, certains peintres voulant créer de nouveaux mouvements se réclamèrent de lui. Le cas le plus notoire est celui des Cubistes. Malgré tout ce qu’on a pu dire et écrire, il reste douteux que Cézanne eût reconnu cette paternité. Il n’est plus là pour répondre, mais sa correspondance conserve quelques phrases que l’on peut méditer ; par exemple, celle-ci : Il faut se méfier de l’esprit littérateur qui fait si souvent le peintre s’écarter de sa vraie voie — l’étude concrète de la nature — pour se perdre trop longtemps dans des spéculations intangibles.

Quelques-unes de ses œuvres

Copie par Cézanne au musée du Louvre du repas chez Simon de Véronèse 1860-1870
Achille Emperaire, peintre (vers 1868), huile sur toile, 200 × 210 cm, Musée d'Orsay, Paris
Nature morte à la bouilloire, (vers 1869), huile sur toile, 64,5 × 81 cm, Musée d'Orsay, Paris
Jeune Fille au piano (vers 1869), huile sur toile, 57 × 92 cm, Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg
La Pendule noire, (1869-70), 54 × 73 cm, Collection particulière
Pastorale ou l'Idylle, (1870), huile sur toile, 65 × 81 cm, Musée d'Orsay, Paris
La Maison du pendu, (1873)
Autoportrait, (1873-1874), huile sur toile, 64 × 53 cm, Musée d'Orsay, Paris
Le Jas de Bouffan (vers 1876), huile sur toile 46,1 × 56,3 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
Autoportrait (vers 1880-81), huile sur toile marouflée sur bois, 55.5 x 45,5 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
Madame Cézanne dans un fauteuil rouge, vers 1877, huile sur toile, 72,4 Jas de bouffan.jpg 55,9 cm, Musée des beaux-arts de Boston
Pont de Maincy, (1879-1880), huile sur toile, 58,5 Jas de bouffan.jpg 72,5 cm, Musée d'Orsay, Paris
Cour de ferme à Auvers, (1879-80), 65 × 54 cm, Musée d'Orsay, Paris
Pommes et biscuits, (1879-1882), huile sur toile, 46 × 55 cm, Musée de l'Orangerie, Paris
Plateau de la montagne Sainte-Victoire, (1882-1885), huile sur toile, 60 × 73 cm, Musée Pouchkine, Moscou
L'Estaque, vue du golfe de Marseille, (1882-1885), huile sur toile, 56 × 47 cm, Collection particulière
Vase de fleurs et pommes, (1883-1887), huile sur toile, 65 × 81 cm, Musée d'Orsay, Paris
Les Collines de Meyreuil, Vue du Ribas, (1885), Huile sur toile, 60 × 73 cm Collection particulière
Gardanne le soir, Vue de la colline des frères, (1886), huile sur toile, 92 × 73cm, Brooklin Museum New York
Gardanne, vue de Saint André, (1885), aquarelle, 20,6 × 31,1 cm, Collection particulière
Les Rideaux, 1885, aquarelle sur papier, 49,5 × 30,5 cm, musée du Louvre, Paris
Paysan et la Sainte-Victoire. Environs de Gardanne, 1885 - 1886. Huile sur toile, 63 × 91,5 cm. Courtesy of the White House Historical Association (toile se trouvant à la Maison-Blanche dans le bureau ovale)
L'Aqueduc (1885-1887), huile sur toile, 92 × 73 cm, Musée Pouchkine, Moscou
Marronniers et ferme du Jas de Bouffon, (1885-1887), huile sur toile, 65 × 81 cm, Musée Pouchkine, Moscou
Pont sur la Marne à Créteil, (1888), huile sur toile, 71 × 90 cm, Musée Pouchkine, Moscou
La Table de cuisine (Nature morte au panier), (vers 1888), huile sur toile, 65 × 81 cm, Musée d'Orsay, Paris
Mardi-gras, (1888), huile sur toile, 100 × 81 cm, Musée Pouchkine, Moscou
Madame Cézanne sur une chaise jaune (1888-1890), Fondation Beyeler à Riehen en Suisse
Les Bords de Marne (1888-1890), huile sur toile, 65 × 82 cm, musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg
Nature morte aux pommes, (1890), huile sur toile, 65,2 × 46,2 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
Les Baigneurs (1890-1891), huile sur toile, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
Les Joueurs de cartes (1890-1892), huile sur toile, 47,5 × 57 cm Musée d'Orsay, Paris
Les Baigneurs (1890-1892), huile sur toile, 60 × 82 cm, Musée d'Orsay, Paris
Les Baigneurs (1890-1892), huile sur toile, Art Museum, Saint-Louis
Les Baigneurs (1890), huile sur toile, 33 × 22 cm, Musée des Beaux-Arts, Lyon
Femme à la cafetière, (1890-1894), huile sur toile, 130,5 × 96,5 cm, Musée d'Orsay, Paris
Le Garçon au gilet rouge, (1888-1890), huile sur toile, 79,5 × 64 cm, Fondation et Collection Emil G. Bührle
Les Grandes Baigneuses (1894-1905), huile sur toile, 210,5 × 250,8, Philadelphia Museum of Art
Oignons et bouteille (Nature morte aux oignons), (1895-1900), huile sur toile, 58,5 × 72,5 cm, Musée d'Orsay, Paris
Joachim Gasquet, (1896-1897), huile sur toile, 65 × 54 cm, Narodni Galerie, Prague
Paysan à la blouse bleue, (1895-1900), huile sur toile, 81 × 65 cm, Christie's, Londres
Pommes et oranges, (1895-1900), huile sur toile, 74 × 93 cm, Musée d'Orsay, Paris
Nature morte au × oignons, (1895-1900), huile sur toile, 63 × 80 cm, Musée d'Orsay, Paris
Fumeur accoudé, (1895-1900), huile sur toile, 92 × 73 cm, Musée Pouchkine, Moscou
Oignons et bouteille (Nature morte au × oignons), (1895-1900), huile sur toile, 58,5 × 72,5 cm, Musée d'Orsay, Paris
Le fumeur, (1895-1900), huile sur toile, 92 × 73 cm, Musée Pouchkine, Moscou
Le rocher rouge, (1900), huile sur toile, 92 × 68 cm, Musée de l'Orangerie, Paris
Le château noir, (1904-1906), huile sur toile, 73 × 92 cm, Musée d'Orsay, Paris
Montagne Sainte Victoire, (1906), huile sur toile, 81 × 65 cm, Collection particulière
Rocher de Bibemus, (1900-1904), huile sur toile, 65 × 64 cm, Musée d'Orsay, Paris
Vieille Femme au rosaire, (1896), National Gallery, Londres
La Montagne Sainte-Victoire et le Château Noir, (1904-1906) Musée Faure d'Aix-les-Bains, (Savoie) France
Portrait de dame en bleu, (1904), musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
La Maison du pendu

Sa cote

Rideau, cruchon et compotier a été vendu en 1999 pour la somme de 56,41 millions d'euros, ce qui constitua la quatrième enchère la plus forte, jamais atteinte pour un tableau.
Bouilloire et fruits a été vendu en décembre 1999 pour la somme de 44,67 millions d'euros.
Nature morte au melon vert aquarelle vendue 25,5M$ en 2007.
Début 2012, la fille de l'émir du Qatar a déboursé 190 millions d'euros pour l'une des cinq versions (1890-1895) de Les Joueurs de cartes désormais le tableau le plus cher au monde. Cette œuvre appartenait à la famille de l'armateur grec Embiricos.


Le dernier billet de 100 francs (1997-2001) lui a rendu hommage.
un timbre postal, d'une valeur de 0,85 franc représentant Les joueurs de cartes, a été émis le 10 novembre 1961.

Depuis 2005, l'université Aix-Marseille 3 est dénommée Université Paul Cézanne Aix Marseille

Liens

http://youtu.be/jNcjkNQF0F0 Sa vie (en anglais I'm sorry)
http://youtu.be/mQ-tWz1k7iU encore en Anglais
http://youtu.be/MzI1f1QIv0A
http://youtu.be/79nyj7rIAmY Cézanne peint
http://youtu.be/KnaoHNLZyRY encore anglais les français sont des crétins !! Marre ce qui n'est pas en anglais est en allemand, russe, espagnol, italien ... ! Mais comment on se défend ?

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[img width=00]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3d/Paul_C%C3%A9zanne,_Les_joueurs_de_carte_(1892-95).jpg[/img]

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Posté le : 17/01/2014 20:30

Edité par Loriane sur 18-01-2014 23:14:19
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Re: De qui est-ce ?
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Réponse insuffisante, Couscous . J'ai dit qu'il y avait un piège. Monsieur Google le sait; il suffit de lui demander patiemment...

Posté le : 17/01/2014 19:56
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Re: De qui est-ce ?
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Adolphe Dumas ?

Posté le : 17/01/2014 19:51
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Re: Avis aux corses !
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Petit résumé chanté du caractère Corse. Les touristes qui ont fréquenté ' Le son des Guitares ', dans le vieux quartier d'Ajaccio, l'ont certainement entendu interprété par les chanteurs locaux, accompagnés, durant une longue période , par Antoine Bonelli, le guitariste de Tino Rossi.

Je suis d'un pays qui vit naître
Celui qui n'eût jamais de maître
Ne cherchez pas ce grand mystère,
Oui je suis Corse et j'en suis fier;
Il ne faut pas qu'on me tracasse
Car moi je tiens bien de ma race:
Quand on me cherche, je suis un peu là
Moi je suis Corse, Madonaccia, et puis voilà.

Dans mon pays, c'est la Vendetta
Chacun ses moeurs, ses maladetta
Quand on courtise une beauté
Il faut de suite l'épouser
Si le garçon plaque la fille
En moins de deux, Pan!, on le bousille
C'est afin qu'il ne recommence pas
Vendetta Corse, Madonaccia, et puis voilà.

De notre temps pour faire la guerre
Faut des engins pas ordinaires
Radars, avions à réaction
Et toutes sortes d'inventions !
Mon cousin, le grand Bonaparte
N'avait qu'à regarder sa carte
L'ennemi, il était chocolat
C'était un Corse, Madonaccia, et puis voilà.

Et quand vient le temps des vacances
la Corse connaît l'affluence
Les touristes du monde entier
Ne veulent alors plus nous quitter
Avant qu'ils partent il faut qu'ils goûtent
Nos figatelli et nos langoustes
Imbrucciati, castagni à vuluntà
Nous sommes corses, Madonaccia, et puis voilà !

Posté le : 17/01/2014 19:51

Edité par Bacchus sur 18-01-2014 23:01:14
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Postérité Influence littéraire d'Edgar Allan Poe dans la culture populaire,

Edgar Poe est un auteur prolifique, qui laisse deux romans, de nombreux contes et poèmes, outre ses essais, ses critiques littéraires et son abondante correspondance. Une partie importante de ses contes et poèmes ont été traduits en français par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. D'une très grande qualité littéraire, ces traductions comportent cependant quelques erreurs et libertés par rapport à l'original, parfois graves pour la compréhension de la pensée de Poe.
Si les poèmes ont pu faire l'objet de retraductions, le rôle joué par Baudelaire dans la célébrité de Poe en Europe empêche tout travail en ce sens, et seuls les textes qu'il a laissé de côté ont fait l'objet de traductions plus récentes. On trouve plusieurs contes et poèmes de Poe en accès libre sur le web.
Pendant longtemps, l'image d'Edgar Poe fut tronquée ; elle l'est encore dans une partie importante du public.
Poe fut victime d'un pasteur baptiste bien-pensant, par ailleurs littérateur jaloux, Rufus Griswold 1815-1857 — le pédagogue vampire, selon le mot de Baudelaire —, qui s'acharna à détruire son image.
Le 9 octobre 1849, déjà, il écrivait dans le New York Tribune : Edgar Poe est mort. Il est mort à Baltimore avant-hier. Ce faire-part étonnera beaucoup de personnes, mais peu en seront attristées. … L'art littéraire a perdu une de ses plus brillantes et de ses plus bizarres célébrités.
Par la suite, chargé avec James Russell Lowell et Nathaniel Parker Willis d'assurer l'édition des Œuvres posthumes de Poe, il rédigea une notice biographique parue en tête du troisième tome, chef d'œuvre d'ambiguïtés suggestives, de faux vraisemblables, de mensonges masqués, d'imaginations superbement jouées selon Claude Richard.
Il prétendit ainsi qu'il était alcoolique, mélancolique, c'est-à-dire victime d'un déséquilibre mental, et que c'était un personnage sinistre qui avait des éclairs de génie. Les légendes qu'il forgea eurent longtemps seules droit de cité, malgré les protestations des amis de Poe Sarah Helen Whitman, John Neal, George Rex Graham, George W. Peck, Mrs Nichols ou Mrs Weiss. C'est grâce aux travaux de John Henry Ingram 1880, James A. Harrison 1902 et Arthur Hobson Quinn 1941 que la vérité sur le travail de l'écrivain fut rétablie, avec l'édition, en 1902, des œuvres complètes de Poe, dite Virginia Édition, qui comporte dix-sept volumes.
En France même, où ses œuvres ont connu très tôt un large écho, grâce essentiellement aux efforts de Charles Baudelaire, nombre d'études témoignent d'une méconnaissance assez large du poète américain.
Une part des légendes qui se colportent ont d'ailleurs été transmises par Baudelaire, lui-même, qui s'est reconnu dans cette image de l'écrivain hanté et misérable et l'a présenté avec trop d'insistance comme le parangon des poètes maudits et sulfureux. Même s'il dénonce largement les légendes colportées par Rufus Griswold parmi lesquelles celle de l'alcoolisme de Poe, rappelant que, selon plusieurs témoins, il ne buvait généralement que fort peu, il décrit ce supposé alcoolisme comme un moyen mnémonique, une méthode de travail. De même, il lui attribue ses propres penchants pour la drogue.

Plus tard, en 1933, Marie Bonaparte se livra à une importante étude psychanalytique, qui est fréquemment citée parmi les grandes critiques de Poe et de son œuvre, et qui a eu une grande influence sur la réception de l'œuvre de Poe, ne serait-ce qu'en raison de son analyse des textes de Poe suivant le prisme de la psychanalyse freudienne. Cela dit, plusieurs critiques considèrent son ouvrage comme assez contestable dans sa manière de reproduire et d'amplifier certaines légendes véhiculées par Griswold. Par exemple, elle affirme qu'Edgar Poe aurait aperçu, dans sa petite enfance, ses parents faisant l'amour, déduisant de cet événement des complexes dont témoigneraient, selon elle, ses textes. Influencée par les légendes répétées à l'envi depuis Griswold, qui présentent Poe comme un être neurasthénique, alcoolique, drogué, marqué par la fatalité, elle fait partie des analystes qui considèrent que Poe a écrit une œuvre largement autobiographique, transcrivant sur le papier ses propres terreurs. Pour ce faire, si elle corrige certaines erreurs de la traduction de Baudelaire, elle se livre elle-même à certaines déformations, pour justifier son propos. Ainsi, la phrase : Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de l'âme — que j'ai déduit cette terreur de ses seules sources légitimes et ne l'ai poussée qu'à ses seuls résultats légitimes., tirée de la préface des Contes du grotesque et de l'arabesque, devient, sous sa plume : Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de mon âme. Pour ces critiques, cette lecture ignore pour une part le travail de l'écrivain et méconnaît la pensée de Poe, que l'auteur prétend qualifier de nécrophile en partie refoulé en partie sublimé. Ainsi, selon le psychanalyste Édouard Pichon, les études des psychanalystes sur les artistes, représentées surtout, en France, par celles de Laforgue sur Baudelaire et de Marie Bonaparte sur Edgard Poë, contiennent maints éléments intéressants, mais Freud a le bon sens d'écrire que la psychanalyse ne peut rien nous dire de relatif à l'élucidation artistique". Par ailleurs, et dans une perspective très différente de celle d'une Marie Bonaparte ou d'un René Laforgue, Jacques Lacan a également livré un commentaire psychanalytique de la nouvelle intitulée La Lettre volée.

Hommages

Depuis 1917, une statue d'Edgar Allan Poe réalisée par Moses Ezekiel est installée dans le campus de la faculté de droit de l'université de Baltimore, à l'initiative de l'Edgar Allan Poe Memorial Association of Baltimore, fondée en avril 1907 par le Women's Literary Club of Baltimore.
Une statue en bronze de l'auteur, œuvre de Charles Rudy, a été offerte à la ville de Richmond par le Dr George Edward Barksdale. Installée avec un socle de granit rose sur le square près du Capitole de l'État de Virginie le 30 janvier 1959, elle a été inaugurée le 7 octobre suivant.
Une plaque commémorative a été apposée le 19 janvier 1989, pour le 180e anniversaire de sa naissance, sur la façade d'un immeuble pres de Carver Street, actuellement, Charles Street South, dans le quartier de Bay Village, à Boston, où il a vu le jour. Puis, le 27 avril 2009, lors du bicentenaire de sa naissance, le maire de Boston, Thomas Menino, a inauguré avec Paul Lewis, professeur à Boston College, le square Poe, situé dans le même quartier, à l'angle de Boylston Street et de Charles Street, en face du Boston Common
L'université de Virginie, à Charlottesville, conserve la mémoire d'Edgar Allan Poe et de la chambre où il a vécu de février 1826 à mars 1827. On a donné son nom à l'allée, Poe Alley qui borde le bâtiment.
La West 84th Street, à New York, a été baptisée Edgar Allen Poe Street. Elle est située dans l'Upper West Side, au nord-ouest de Manhattan, entre Riverside Park et Central Park, et coupée par Broadway. C'est là que se trouvait la ferme des Brennan, où les Poe ont vécu quelque temps entre 1844 et 1845. On trouve également une place à son nom dans le Bronx, à proximité du cottage où les Poe ont habité entre 1846 et 184962.
En 1927, une voie a été ouverte dans la zone de la butte Bergeyre, située dans le quartier du Combat, au sud-ouest du 19e arrondissement de Paris, à proximité du parc des Buttes-Chaumont ; elle a été baptisée rue Edgar-Poe l'année suivante.
Plusieurs autres rues portent son nom dans le monde, notamment à Berkeley, Bologne, Carhaix-Plouguer, Fontaine-le-Comte, Hartsdale État de New York, Le Havre, Laredo Texas, Mérignac, Nîmes, Niort, Palerme, Palo Alto, Portland, Providence, Reggio d'Émilie, Richmond, São José dos Pinhais, San Diego, Staten Island, Tours, Woodmere État de New York, Xàbia ; des avenues à Ames, Cleveland, Dayton, East Meadow, Lithopolis Ohio, Mount Pleasant Caroline du Sud, Newark, Northridge Ohio, Somerset New Jersey, Stafford Virginie, Urbana, Vandalia Ohio, Westfield, Worthington Ohio ; des places à Baldwin État de New York, Fairfield, Piscataway, Shelton, South Plainfield New Jersey, Westerville Ohio ; des cours à Annandale Virginie, Kendall Park New Jersey et Morganville New Jersey, à Norfolk, New Windsor État de New York, North Wales Pennsylvanie, Roxbury New Jersey, Staten Island, Williamstown New Jersey.
Plusieurs écoles ont adopté son nom, notamment les écoles élémentaires d’Arlington Heights Illinois, de Suitland, dans le comté de Prince George (Maryland) (Maryland), ou de Girard Estate, au sud de Philadelphie, inscrite dans le NRHP depuis le 4 décembre 1986, ainsi que l’école élémentaire et secondaire (Junior High School) de San Antonio. À Paris, un lycée privé sous contrat, le lycée Edgar-Poe, porte son nom depuis sa création en 1965 dans le 10e arrondissement de Paris.

Demeures conservées

Musée Edgar Allan Poe de Richmond.
La plus ancienne des maisons existant encore où ait vécu Poe se trouve à Baltimore. Elle est conservée sous la forme d’un Musée Edgar Allan Poe. Poe est censé avoir vécu dans cette maison à 23 ans, quand il s’installa une première fois avec Maria Clemm et Virginia ainsi que sa grand-mère et, peut-être, son frère William Henry Leonard Poe. Elle est ouverte au public, de même que le siège de la Société Edgar Allan Poe.
Poe, son épouse Virginia et sa belle-mère Maria ont, par la suite, loué plusieurs maisons à Philadelphie, mais seule la dernière de ces maisons est encore debout. La maison de Spring Garden, où vécut l’auteur en 1843-1844, est aujourd’hui conservée par le Service des parcs nationaux en tant que Site historique national Edgar Allan Poe. Elle se situe entre la 7e rue et la rue Spring Garden et est ouverte du mercredi au dimanche de 9 heures à 17 heures.
La dernière maison de Poe, un cottage dans le Bronx, à New York, est également conservée.
La plus ancienne maison de Richmond, baptisée Virginia, où Poe n’a jamais vécu, est aujourd’hui le siège d’un Musée Edgar Allan Poe, centré sur les premières années de l’écrivain auprès de la famille Allan.

Adaptation de ses œuvres

Liste d'adaptations d'œuvres d'Edgar Allan Poe à la télévision et au cinéma.

The Fall of the House of Usher

Au cinéma la première adaptation est le film français muet en 1928 La Chute de la maison Usher réalisé par Jean Epstein. Suit un court métrage muet d'horreur américain la même année : The Fall of the House of Usher réalisé par James Sibley Watson and Melville Webber. Il faut attendre 1960 pour voir La Chute de la maison Usher, film fantastique américain réalisé par Roger Corman. Dans les années 2000 plusieurs film ont été réalisés.
The Fall of the Louse of Usher film d'horreur anglais de Ken Russell interprété par lui-même et Mediæval Bæbes. L'année suivante : Descendant72 film hollandais en anglais avec Katherine Heigl et Jeremy London.
En 2004 : Usher écrit et réalisé par Roger Leatherwood. Et en 2006, The House of Usher film policier réalisé par Hayley Cloake.
Trois opéras ont également été écrit : La Chute de la maison Usher opéra inachevé, il travailla à sa partition de 1908 à 1917, mais ne l'acheva jamais en un acte et deux scènes que Claude Debussy composa sur son propre livret. Une première version de The Fall of the House of Usher par Glass et une seconde The Fall of the House of Usher un opéra rock de Peter Hammill.

The Tell-Tale Heart (1843)

La première adaptation eu lieu en 1914 : La Conscience vengeresse The Avenging Conscience ou Thou Shalt Not Kill en anglais film américain réalisé par D. W. Griffith. Puis Le Cœur révélateur The Tell-Tale Heart en anglais court-métrage américain réalisé par Jules Dassin, sorti en 1941.
Un nouveau court métrage américain de moins de dix minutes portant le même titre The Tell-Tale Heart sort en 1953. Un troisième film portant le même titre original sort en 1960, il s'agit d'un long métrage d'horreur de 78 minutes réalisé par Ernest Morris. En 2009 sort le long métrage anglo-américain Tell tale réalisé par Michael Cuesta avec Josh Lucas, Lena Headey et Brian Cox.
En 2012, Ryan Connolly sort un court-métrage d'horreur psychologique Tell.
Le jeu vidéo The Dark Eye dans ses énigmes fait référence à Poe et à The Tell-Tale Heart.

The Raven (1845)

The Raven a été adapté six fois au cinéma à commencer en 1915 par un film muet sur la biographie d'Edgar Allan Poe réalisé par Charles Brabin avec Charles Brabin dans le rôle d'Edgar Poe. Puis en 1935 sort le film horreur américain Le Corbeau The Raven de Lew Landers avec Boris Karloff et Béla Lugosi.
En 1963 sort le film fantastique américain Le Corbeau de Roger Corman avec à nouveau Boris Karloff, Jack Nicholson et Vincent Price. La quatrième adaptation The Raven82 sort en 2006 dirigée par le réalisateur allemand Ulli Lommel. En 2011 le réalisateur britannique Richard Driscoll sort Evil Calls: The Raven. En 2012 la sixième adaptation se nomme L'Ombre du mal ou Le Corbeau au Québec, The Raven, qui est un thriller américain réalisé par James McTeigue.

Œuvres

Théâtre


Politien (Politian, Richmond, Southern Literary Messenger, deux livraisons, décembre 1835–janvier 1836, inachevé)
"Edgar Poe, le fantôme de Baudelaire", adaptation libre de la correspondance de Baudelaire et de Barbey d'Aurevilly par Gérald Stehr, TriArtis éditions, mai 2013, ISBN : 978-2- 916724-46-1

Romans

Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, deux livraisons, Southern Literary Messenger, janvier-février 1837 ; en volume, juillet 1838)
Le Journal de Julius Rodman (The Journal of Julius Rodman, six livraisons, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, janvier-juin 1840), inachevé

Essais

Lettre à B… (Letter to M., Poems, New York, Elam Eliss, 1831 ; Letter to B —, Richmond, Southern Literary Messenger, juillet 1836)
Le Joueur d'échecs de Maelzel (Maelzel's Chess Player, Richmond, Southern Literary Messenger, avril 1836)
Philosophie de l'ameublement (The Philosophy of Furniture, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, mai 1840)
Quelques mots sur l'écriture secrète (A Few Words on Secret Writing, Philadelphie, Graham's Magazine, juillet 1841)
Exorde (Exordium, Philadelphie, Graham 's Magazine, janvier 1842)
La Philosophie de la composition (The Philosophy of Composition, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1846), titre exact de La Genèse d'un poème
L'Art du conte Nathaniel Hawthorne (Tale-Writing-Nathaniel Hawthorne, Godey's Ladys Book, novembre 1847)
Eureka (Eureka: A Prose Poem, New York, Wiley & Putnam, mars 1848)
Le Fondement de la métrique (The Rationale of Verse, Richmond, Southern Literary Messenger, octobre 1848)
Marginalia (New York, J. S. Redfield décembre 1850), recueil posthume de brefs textes parus dans divers journaux entre 1844 et 1849
Le Principe poétique (The Poetic Principle, Southern Literary Messenger, 31 août 1850), posthume

Contes et nouvelles

Voir la catégorie dédiée : Catégorie:Nouvelle d'Edgar Allan Poe
Metzengerstein (Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 14 janvier 1832)
Le Duc de l'Omelette (The Duc De L'Omelette, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 3 mars 1832)
Un événement à Jérusalem (A Tale of Jerusalem, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 9 juin 1832)
Perte d'haleine (Loss of Breath, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 10 novembre 1832)
Bon-Bon (Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 1er décembre 1832)
Manuscrit trouvé dans une bouteille (MS. Found in a Bottle, Baltimore, Baltimore Saturday Visiter, 19 octobre 1833)
Le Rendez-vous (The Assignation, Richmond, Godey's Lady's Book, janvier 1834)
Bérénice (Berenice, Richmond, Southern Literary Messenger, mars 1835)
Morella (Richmond, Southern Literary Messenger, avril 1835)
Lionnerie (Lionizing, Richmond, Southern Literary Messenger, mai 1835)
Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (The Unparalleled Adventure of One Hans Pfaall, Richmond, Southern Literary Messenger, juin 1835)
Le Roi Peste (King Pest, Richmond, Southern Literary Messenger, septembre 1835)
Ombre (Shadow - A Parable, Richmond, Southern Literary Messenger, septembre 1835)
Quatre bêtes en une (Four Beasts in One - The Homo-Cameleopard, Richmond, Southern Literary Messenger, mars 1836)
Mystification (American Monthly Magazine, juin 1837)
Silence (Silence - A Fable, Baltimore, Baltimore Book, automne 1837)
Ligeia (Baltimore American Museum, septembre 1838)
Comment écrire un article à la Blackwood (How to Write A Blackwood Article, Baltimore, Baltimore American Museum, novembre 1838)
Une position scabreuse (A Predicament, Baltimore, Baltimore American Museum, novembre 1838)
Le Diable dans le beffroi (The Devil in the Belfry, Philadelphie, Saturday Chronicle and Mirror of the Times, 18 mai 1839)
L'Homme qui était refait (The Man That Was Used Up, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, août 1839)
La Chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, septembre 1839)
William Wilson (Philadelphie, The Gift: A Christmas and New Year's Present for 1840, octobre 1839)
Conversation d'Eiros avec Charmion (The Conversation of Eiros and Charmion, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, décembre 1839)
L'Homme d'affaires (The Business Man, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, février 1840)
Philosophie de l'ameublement (Philadelphie, mai 1840)
Pourquoi le petit Français porte-t-il le bras en écharpe? (Why the Little Frenchman Wears His Hand in a Sling, Philadelphie, Tales of the Grotesque and Arabesque, 1840)
Préface des Contes du Grotesque et de l'Arabesque (Philadelphie, 1840)
L'Homme des foules (The Man of the Crowd, Philadelphie, Graham's Magazine, décembre 1840)
Double assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1841)
Une descente dans le Maelstrom (A Descent into the Maelström, Philadelphie, Graham's Magazine, mai 1841)
L'Île de la fée (The Island of the Fay, Philadelphie, Graham's Magazine, juin 1841)
Colloque entre Monos et Una (The Colloquy of Monos and Una, Philadelphie, Graham's Magazine, août 1841)
Ne pariez jamais votre tête au diable (Never Bet the Devil Your Head, Philadelphie, Graham's Magazine, septembre 1841)
Éléonora (Eleonora, Philadelphie, The Gift for 1842, 4 septembre 1841)
La Semaine des trois dimanches (Three Sundays in a Week, Saturday Evening Post, 27 novembre 1841)
Le Portrait ovale (The Oval Portrait, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1842)
Le Masque de la Mort Rouge (The Masque of the Red Death, Philadelphie, Graham's Magazine, mai 1842)
Le Jardin paysage (The Landscape Garden, Snowden's Ladies' Companion, octobre 1842), texte fondu plus tard dans Le Domaine d'Arnheim
Le Mystère de Marie Roget (The Mystery of Marie Roget, Snowden's Ladies' Companion, novembre et décembre 1842, février 1843)
Le Puits et le Pendule (The Pit and the Pendulum, The Gift: A Christmas and New Year's Present, 1843)
Le Cœur révélateur (The Tell-Tale Heart, The Pioneer, janvier 1843)
Le Scarabée d'or (The Gold-Bug, Philadelphie, Dollar Newspaper, 21 et 28 juin 1843)
Le Chat noir (The Black Cat, Philadelphie, United States Saturday Post, 19 août 1843)
De l'escroquerie considérée comme l'une des sciences exactes (Diddling, intitulé à l'origine : Raising the Wind; or, Diddling Considered as One of the Exact Sciences, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 14 octobre 1843)
Un matin sur le Wissahicon (Morning on the Wissahiccon, The Opal, automne 1843)
Les Lunettes (The Spectacles, Dollar Newspaper, 27 mars 1844)
Le Canard au ballon (New York, 13 avril 1844)
Souvenirs de M. Auguste Bedloe (A Tale of the Ragged Mountains, Godey's Lady's Book, avril 1844)
L'Enterrement prématuré (The Premature Burial, Dollar Newspaper, 31 juillet 1844)
Révélation magnétique (Mesmeric Revelation, Columbian Magazine, août 1844)
La Caisse oblongue (The Oblong Box, Godey's Lady's Book, septembre 1844)
L'Ange du bizarre (The Angel of the Odd, Columbian Magazine, octobre 1844)
La Lettre volée (The Purloined Letter, The Gift: A Christmas and New Year's Present, automne 1844)
C'est toi l'homme !, d'abord traduit sous le titre: Ecce homo (Thou Art the Man, Godey's Lady's Book, novembre 1844)
La Vie littéraire de Monsieur Thingum bob, ancien rédacteur en chef de L'Oie soiffarde The Literary Life of Thingum Bob, Esq., Richmond, Southern Literary Messenger, décembre 1844
Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade (The Thousand-and-Second Tale of Scheherazade, Godey's Lady's Book, février 1845)
Petite Discussion avec une momie (Some Words with a Mummy, The American Review, avril 1845)
Puissance de la parole (The Power of Words, Democratic Review, juin 1845)
Le Démon de la perversité (The Imp of the Perverse, Philadelphie, Graham's Magazine, juillet 1845)
Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (The System of Doctor Tarr and Professor Fether, Philadelphie, Graham's Magazine, novembre 1845)
La Vérité sur le cas de M. Valdemar (The Facts in the Case of M. Valdemar, The American Review, décembre 1845)
Le Sphinx (The Sphinx, Arthur's Ladies Magazine, janvier 1846)
La Barrique d'amontillado (The Cask of Amontillado, Godey's Lady's Book, novembre 1846)
Le Domaine d'Arnheim (The Domain of Arnheim, Columbian Lady's and Gentleman's Magazine, mars 1847)
Mellonta Tauta (Flag of Our Union, février 1849)
Hop-Frog (Flag of Our Union, 17 mars 1849)
Von Kempelen et sa découverte (Von Kempelen and His Discovery, Flag of Our Union, 14 avril 1849)
Un Entrefilet aux X (X-ing a Paragrab, Flag of Our Union, 12 mai 1849)
Le Cottage Landor (Landor's Cottage, Flag of Our Union, 9 juin 1849)
Introduction du recueil Le Club de l'In-Folio (1850, posthume)
Le Phare (The Light-House, Londres, Notes and Queries 25 avril 1942, manuscrit incomplet)

Poèmes

Poésie (Poetry, écrit en 1824, édition posthume)
Ô, temps! Ô, mœurs! (O, Tempora! O, Mores!, écrit en 1825, édition posthume, non authentifié par Poe)
Tamerlan (Tamerlane, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Chanson (Song, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Imitation (Imitation, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Un rêve (A Dream, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Le Lac (The Lake, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Les Esprits des morts (Spirits of the Dead, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
L'Étoile du soir (Evening Star, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Rêves (Dreams, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Stances (Stanzas, juillet 1827, Tamerlane and Other Poems)
Le Jour le plus heureux (The Happiest Day, 15 septembre 1827, The North American)
À Margaret (To Margaret, vers 1827, édition posthume)
Seul (Alone, écrit en 1829, édition posthume)
À Isaac Lea (To Isaac Lea, écrit vers 1829, édition posthume)
À la rivière —— (To The River ——, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
À —— (To ——, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
La Romance (Romance, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
Le Pays des fées (Fairy-Land, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
À la science (Sonnet - To Science, 1829, Al Aaraaf, Tamerlane, and Minor Poems)
Al Aaraaf (Al Aaraaf, 1829, Tamerlane, and Minor Poems)
Un acrostiche (An Acrostic , écrit en 1829, édition posthume)
Elizabeth (Elizabeth, écrit en 1829, édition posthume)
À Hélène (To Helen, 1831, Poems)
Un péan (A Pæan, 1831, Poems)
La Dormeuse (The Sleeper, 1831, Poems)
La Cité dans la mer (The City in the Sea , 1831, Poems)
La Vallée de l'angoisse (The Valley of Unrest, 1831, Poems)
Israfel (Israfel, 1831, Poems)
Énigme (Enigma, 2 février 1833, Baltimore Saturday Visiter)
Fanny (Fanny, 18 mai 1833, Baltimore Saturday Visiter)
Le Colisée (The Coliseum, 26 octobre 1833, Baltimore Saturday Visiter)
Sérénade (Serenade, 20 avril 1833, Baltimore Saturday Visiter)
À quelqu'un au paradis (To One in Paradise, janvier 1834, Godey's Lady's Book)
Hymne (Hymn, avril 1835, Southern Literary Messenger)
À Elizabeth (To Elizabeth, septembre 1835, Southern Literary Messenger, réédité sous le titre : To F——s S. O——d en 1845)
Ode à la reine de mai (May Queen Ode , écrit vers 1836, édition posthume)
Chanson spirituelle (Spiritual Song, écrit en 1836, édition posthume)
Hymne latin (Latin Hymn, mars 1836, Southern Literary Messenger)
Ballade de noces (Bridal Ballad, janvier 1837, Southern Literary Messenger, publié d'abord sous le titre : Ballad)
À Zante (Sonnet - To Zante, janvier 1837, Southern Literary Messenger)
Le Palais hanté (The Haunted Palace, avril 1839, American Museum)
Un sonnet - Le silence (Silence–A Sonnet, 4 janvier 1840, Saturday Courier)
Lignes sur Joe Locke (Lines on Joe Locke, 28 février 1843, Saturday Museum)
Le Ver vainqueur (The Conqueror Worm, janvier 1843, Graham's Magazine)
Lénore (Lenore, février 1843, The Pioneer)
Une chanson de campagne (A Campaign Song, écrit en 1844, fragment - édition posthume)
Terre de songe (Dream-Land, juin 1844, Graham's Magazine)
Impromptu. À Kate Carol (Impromptu. To Kate Carol, 26 avril 1845, Broadway Journal)
À F—— (To F——, avril 1845, Broadway Journal, réédité sous le titre :To Frances le 6 septembre 1845 dans le Broadway Journal)
Eulalie (Eulalie, juillet 1845, American Review: A Whig Journal)
Épigramme pour Wall Street (Epigram for Wall Street, 23 janvier 1845, Evening Mirror)
Le Corbeau (The Raven, 29 janvier 1845, Evening Mirror)
Le Droit divin des rois (The Divine Right of Kings, octobre 1845, Graham's Magazine)
Une valentine (A Valentine, 21 février 1846, Evening Mirror, publié originellement sous le titre : To Her Whose Name Is Written Below)
Le Médecin bien-aimé (Beloved Physician, écrit en 1847, inachevé, édition posthume)
Profondément en terre (Deep in Earth, écrit en 1847, inachevé, édition posthume)
À M. L. S—— (1847) (To M. L. S——, 13 mars 1847, The Home Journal)
Ulalume (Ulalume, décembre 1847, American Whig Review)
Lignes sur la bière (Lines on Ale, écrit en 1848, édition posthume)
À Marie Louise (To Marie-Louise, mars 1848, Columbian Magazine)
Une énigme (An Enigma, mars 1848, Union Magazine of Literature and Art)
À Hélène (To Helen, novembre 1848, Sartain's Union Magazine)
Un rêve dans un rêve (A Dream Within A Dream, 31 mars 1849, The Flag of Our Union)
Eldorado (Eldorado, 21 avril 1849, Flag of Our Union)
Pour Annie (For Annie, 28 avril 1849, Flag of Our Union)
À ma mère (To My Mother, 7 juillet 1849, Flag of Our Union)
Annabel Lee (Annabel Lee, 9 octobre 1849, New York Daily Tribune, édition posthume)
Les Cloches (The Bells, novembre 1849, Sartain's Union Magazine, édition posthume)

Liens

http://youtu.be/NElAKX8mCOI La chute de la maison Uscher
http://youtu.be/OJeIACeSf-M Le corbeau brrr...
http://youtu.be/tsp0y7N-YtA Histoires extraordinaires
http://youtu.be/n0zkFo3IkcY Burton et Allan Poe
http://youtu.be/gfOjuj3Pyjg Le coeur révélateur
http://youtu.be/b1d4DfM-kk4 La lettre volée
http://youtu.be/wOL_Ef0A3is Le diable dans le beffroi
http://youtu.be/7l31vTPjRwU Manuscrit trouvé dans une bouteille
http://youtu.be/Y5LIAkJJELw Waldemar en Allemand (ambiance)


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Posté le : 17/01/2014 19:15

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Hors Ligne
Le 19 Janvier 1809 naît à Boston Massachussets, Edgar A.Perry, soit Edgar

Allan Poe,


Romancier, nouvelliste, poète, critique littéraire et éditeur de langue anglaise auteur de Roman policier, fantastique, parodie, satire, du mouvement romantisme, il décède le à 40 ans le 7 Octobre 1849.
ses oeuvres principales sont, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Ligeia, La Chute de la maison Usher, William Wilson, Double assassinat dans la rue Morgue, Le Masque de la Mort Rouge, Le Puits et le Pendule, Le Cœur révélateur, Le Scarabée d'or, Le Chat noir, La Lettre volée, Le Corbeau, La Barrique d'amontillado, Hop-Frog, Annabel Lee

Écrivain américain dont on retiendra au premier chef l'éclectisme, Edgar Poe, bien que sa célébrité repose plus particulièrement sur quelques contes fantastiques ou policiers et deux ou trois poèmes, s'est en réalité illustré dans tous les genres littéraires : critique, essai, conte, roman, poésie, dialogue et traité philosophiques. Sa vie et son œuvre ont toujours donné lieu à des débats passionnés et suscité des commentaires contradictoires, tant chez les critiques que parmi les écrivains de tout premier rang. De plus, l'estime où l'on tient l'œuvre de Poe en France depuis que Baudelaire consacra tous ses efforts à la traduire et à la commenter, de 1856 à 1865, constitue encore aux yeux de certains Américains un des plus étonnants mystères de l'histoire littéraire. Les controverses d'ordre biographique ont été, pour la plupart, suscitées par le mémoire calomniateur que le révérend Rufus Griswold publia peu après sa mort par dépit ou jalousie. Les nombreuses études psychanalytiques de l'œuvre et de la personnalité d'Edgar Poe ont prolongé ce débat qui conserve toute son actualité et s'organise principalement autour des sources de son génie : folie ou maîtrise artistique supérieure.

Il fut l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour ses contes — genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique — il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique.
Né à Boston, Edgar Allan Poe perd ses parents, David Poe Jr. et Elizabeth Arnold, dans sa petite enfance ; il est recueilli par John et Frances Allan de Richmond, en Virginie, où il passe l’essentiel de ses jeunes années, si l’on excepte un séjour en Angleterre et en Écosse, dans une aisance relative.
Après un bref passage à l’Université de Virginie et des tentatives de carrière militaire, Poe quitte les Allan. Sa carrière littéraire débute humblement par la publication anonyme d’un recueil de poèmes intitulés Tamerlan et autres poèmes en 1827, signés seulement par un Bostonien.
Poe s’installe à Baltimore, où il vit auprès de sa famille paternelle et abandonne quelque peu la poésie pour la prose. En juillet 1835, il devient rédacteur-assistant au Southern Literary Messenger de Richmond, où il contribue à augmenter les abonnements et commence à développer son propre style de critique littéraire. La même année, à vingt-sept ans, il épouse sa cousine germaine Virginia Clemm, alors âgée de 13 ans.
Après l’échec de son roman Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Poe réalise son premier recueil d’histoires, les Contes du Grotesque et de l’Arabesque, en 1839. La même année, il devient rédacteur au Burton's Gentleman's Magazine, puis au Graham's Magazine à Philadelphie. C'est à Philadelphie que nombre de ses œuvres parmi les plus connues ont été publiées.
Dans cette ville, Poe a également projeté la création de son propre journal, The Penn plus tard rebaptisé The Stylus, qui ne verra jamais le jour. En février 1844, il déménage à New York, où il travaille au Broadway Journal, un magazine dont il devient finalement l’unique propriétaire.
En janvier 1845, Poe publie Le Corbeau, qui connaît un succès immédiat. Mais, deux ans plus tard, son épouse Virginia meurt de la tuberculose le 30 janvier 1847. Poe envisage de se remarier, mais aucun projet ne se réalisera. Le 7 octobre 1849, Poe meurt à l’âge de 40 ans à Baltimore.
Les causes de sa mort n’ont pas pu être déterminées et ont été attribuées diversement à l’alcool, à une drogue, au choléra, à la rage, à une maladie du cœur, à une congestion cérébrale, etc.
L'influence de Poe a été et demeure importante, aux États-Unis comme dans l'ensemble du monde, non seulement sur la littérature, mais également sur d'autres domaines artistiques tels le cinéma et la musique, ou encore dans des domaines scientifiques.
Bien qu'auteur américain, il a d’abord été reconnu et défendu par des auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête. La critique contemporaine le situe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle.
Sommaire

Une famille de comédiens

Il naît le 19 janvier 1809 dans une modeste pension de famille du 62, Carver Street, à Boston, dans le Massachusetts. Sa mère, Elizabeth Arnold, 1787-1811 est la fille de deux acteurs londoniens, Henry ou William Henry Arnold et Elizabeth Smith.
À la mort de son père, en 1796, elle suit sa mère en Amérique. Arrivée le 3 janvier à Boston à bord de l’Oustram, elle monte sur les planches trois mois plus tard, âgée d'à peine neuf ans. Elle rejoint ensuite avec sa mère, qui meurt quelque temps après, une petite troupe de théâtre, les Charleston Players.
Durant l'été 1802, elle se marie avec le comédien Charles Hopkins, à Alexandria, en Virginie, qui meurt trois ans plus tard, le 26 octobre 1805.
À 18 ans, déjà veuve, elle épouse un garçon tuberculeux et alcoolique de 21 ans, David Poe Jr, dont le père, le général David Poe Sr., un commerçant patriote de Baltimore originaire d'Irlande, s'était illustré durant la guerre d'indépendance. David Poe Jr. avait abandonné ses études de droit pour s'engager, en juin 1805, dans les Charleston Players. C'est là qu'il a rencontré Elizabeth Arnold Hopkins, qu'il épouse le 14 mars 1806. À l'époque, ils jouent au Federal Street Theater de Boston. Elizabeth est danseuse et chanteuse, mais David est alcoolique, tuberculeux et piètre acteur.

Edgar est le deuxième des trois enfants du couple. Son frère, William Henry Léonard, né le 30 janvier 1807, mourra le 1er août 1831, à l'âge de 24 ans, alcoolique et tuberculeux, tandis que sa sœur, Rosalie, née le 20 décembre 1810, contractera à douze ans une maladie inconnue, peut-être une méningite, qui la laissera handicapée mentale et nécessitera une mise sous tutelle durant toute sa vie5.
En septembre 1809, la famille quitte Boston pour le New York Park Theater.
Le 18 octobre, David Poe, qui a sombré dans l'alcoolisme, joue son dernier rôle ; il fugue quelques mois plus tard, en juillet 1810. Il meurt sans doute peu après, en décembre 1810. La même année, Elizabeth donne naissance à une fille, Rosalie. Elle fait une tournée dans le Sud, accompagnée d'Edgar, William Henry a été confié à son grand-père paternel. Mais malade, elle ne joue que par intermittence.

Le 9 octobre 1811, à Richmond en Virginie, malade, elle doit s'aliter. Le 25 novembre, un journal local lance un appel à la générosité des citoyens de Richmond, sous le titre Au cœur humain : Mrs Poe, allongée sur son lit de douleur et entourée de ses enfants, demande votre aide et la demande peut-être pour la dernière fois !. Le 8 décembre 1811, Elizabeth est emportée par le mal qui la ronge, peut-être la pneumonie, à l'âge de 24 ans, après avoir joué près de deux cents rôles, laissant ses enfants orphelins. Deux semaines après ses obsèques, le théâtre de Richmond brûle pendant une représentation, et la troupe, privée de théâtre, quitte la ville après avoir laissé Edgar et Rosalie à la charité de la bourgeoisie de la ville.
Tandis que William Henry demeure avec son grand-père David Poe et sa tante Maria Clemm, Edgar est recueilli par un couple de riches négociants de tabac et de denrées coloniales de Richmond, John et Frances Allan, et Rosalie 1810-1874 par les Mackenzie. Le 7 janvier 1812, Edgar est baptisé par le révérend John Buchanan, vraisemblablement sous le nom d'Edgar Allan Poe et avec les Allan pour parrain et marraine.

Une éducation d'aristocrate virginien

Edgar passe son enfance à Richmond, chez ses parents adoptifs, qui l'élèvent avec tendresse. En 1814, à peine âgé de 5 ans, il commence ses études primaires sous la conduite de Clotilda ou Elizabeth Fisher. L'année suivante, il passe brièvement, à l'école de William Ewing.
En 1815, en effet, John Allan 1780-1834, qui est d'origine écossaise, décide de partir en Grande-Bretagne pour y étudier le marché et, si possible, ouvrir à Londres une succursale. La Bible occupe une grande place dans la vie d'Edgar, et ce malgré le rationaliste John Allan. Edgar, qui a six ans, quitte l'école de Richmond et embarque avec ses parents et la jeune sœur de Mme Allan, Ann Moore Valentine appelée Nancy à Norfolk Virginie à bord du Lothair.
Débarqués à Liverpool le 29 juillet, les Alan gagnent d'abord l'Écosse. Mais le marché écossais se révèle mauvais, et la famille s'installe bientôt à Londres. Edgar suit, de 1816 à 1818, des études primaires à l'école des demoiselles Dubourg 146 Sloan Street, Chelsea, Londres, où il est connu sous le nom de Master Allan et étudie notamment la géographie, l'orthographe et le catéchisme anglican, puis à la Manor House School de Londres, à Stoke Newington, dirigée par le révérend John Bransby, elle pourrait avoir servi de modèle au collège de William Wilson, sous le nom d'Edgar Allan.
Il suit des études classiques et littéraires solides, apprenant le grec, le latin, le français et la danse. Il fait preuve d'un caractère irritable et parfois tyrannique envers ses camarades, mais obtient de brillants résultats scolaires, en latin et français notamment. L'école mettant également l'accent sur la condition physique des élèves, Edgar devient un athlète accompli.
En août 1818, les Allan visitent l'île de Wight, probablement à l'occasion de vacances, et peut-être le site de Stonehenge. Mais la situation se dégrade. D'abord, sa mère adoptive, dont la santé a toujours été fragile, tombe sérieusement malade, ce qui a pour effet de la rendre nerveuse, irritable. Par ailleurs, en 1819, John Allan connaît de graves ennuis financiers : la bourse de tabac s'effondre, puis un employé l'escroque. Le jeune Edgar, qui est séparé de sa famille, fait une première fugue

Le 8 juin 1820, la famille Allan est à Liverpool, où elle embarque sur le Martha. Arrivée à New York le 22 juillet après 31 jours de trajet, elle prend le 28 un steamboat à destination de Norfolk et se réinstalle à Richmond, le 2 août. Edgar reprend le chemin de l'école, où il obtient, là aussi, d'excellents résultats, mais commence à manifester un certain penchant pour la solitude et la rêverie.
En 1823, les affaires de John Allan sont moribondes et la vie à la maison des Allan s'en ressent. Edgar continue à rédiger des poèmes qu'il adresse aux élèves de l'école où se trouve sa sœur.
Les relations avec ses parents adoptifs sont ambivalentes. Il est encouragé par sa mère dans ses travaux d'écritures, mais les tours qu'il joue à certains habitants de Richmond causent le désespoir de son père.
Ce dernier prend ombrage du caractère assez fier de l'adolescent, et s'éloigne progressivement de son épouse, toujours malade. Edgar, très attaché à Frances Allan 1784-1829, réprouve l'adultère de son père adoptif. John Allan voudrait voir Edgar devenir marchand, mais le jeune homme ne rêve que de poésie et envisage, à la rigueur, une carrière dans l'armée. Il trouve souvent refuge chez la mère d'un camarade, Jane Stith Stanard, qui est l'inspiratrice du poème À Hélène en 1831. Son décès, en 1824, affectera grandement Edgar.

À la suite du décès de son oncle William Galt, en mars 1825, John Allan hérite de plusieurs centaines de milliers de dollars. Cette somme lui permet de payer ses dettes et d'acheter un manoir en briques appelé Moldavia pour 14 950 dollars.
Entre 1821 et 1825, Edgar fréquente les meilleures écoles privées de Richmond, où il reçoit l'éducation traditionnelle des gentlemen virginiens. Il est inscrit à l'English Classical School de John H. Clarke 1821-1822, qui lui fait lire Ovide, Virgile et César, puis Homère, Horace et le De Officiis de Cicéron, puis il fréquente le collège William Burke 1823-mars 1825 et l'école du Dr Ray Thomas et de son épouse.
À cette époque, il écrit ses premiers vers satiriques, tous perdus aujourd'hui, excepté O Tempora! O Mores! Par ailleurs, il est très influencé par l'œuvre et le personnage de Lord Byron.
Bon élève, il se montre excellent nageur et passionné de saut en longueur. En juin ou juillet 1824, il nage six ou sept miles le long de la James River, tandis que son maître suit sur un bateau. Du 26 au 28 octobre 1824, lors de son voyage aux États-Unis, le général La Fayette visite Richmond. Les volontaires juniors de la ville participent aux cérémonies organisées pour lui souhaiter la bienvenue ; Edgar est lieutenant des volontaires.
Le 14 février 1826, il entre à la nouvelle université de Virginie, à Charlottesville15, que vient de fonder Jefferson (elle a ouvert ses portes le 7 mars 1825), où il suit avec brio des cours de langues ancienne et moderne5. Mais M. Allan lui a donné juste assez d'argent pour s'inscrire. Excédé par les dettes de jeu et les frais courants d'Edgar, qui s'élèvent à 2 000 dollars, alors qu'il vient de passer avec succès ses premiers examens, John Allan refuse de le réinscrire et le ramène à Richmond en décembre 1826 pour l'employer dans sa maison de commerce. Par ailleurs, il ruine ses fiançailles avec Elmira Royster 1810-1888 ; le père de la jeune fille s'empresse de la marier à un riche négociant, Alexander Shelton.

Rêves de gloire et pérégrinations

Comme son beau-père refuse de le renvoyer à l'université, il quitte sa famille adoptive, probablement le 24 mars 1827, et s'embarque sous le nom d'Henri Le Rennet sur un bateau qui descend la James River jusqu'à Norfolk. Arrivé à Boston en avril, il espère survivre en publiant ses poèmes. Il y passe deux mois, comme acteur ou soldat, on l'ignore. Le 26 mai, sous le nom d'Edgar A. Perry, pseudonyme qu'il réutilisera pour signer certains contes, après s'être vieilli de quatre ans, il s'engage pour cinq ans comme artilleur de seconde classe dans l'armée fédérale.
À la même époque, il fait paraître à ses frais, chez Calvin F.S. Thomas à Boston, une mince plaquette anonyme Tamerlan et autres poèmes sur laquelle est inscrit A Bostonian et dont 50 exemplaires à peine sont vendus. Il n'en existe aujourd'hui que 12 exemplaires.
En novembre, sa batterie est transférée à Fort Moultrie, sur l'île Sullivan (en, face à Charleston, cette île servira de décor au très populaire Scarabée d'or. Malgré sa rapide promotion au grade d'artificier, puis de sergent-major, le 1er janvier 1829 et l'amitié de ses supérieurs, Edgar s'ennuie. John Allan lui refuse la lettre d'autorisation sans laquelle il ne peut démissionner.
Le 15 décembre 1828, la batterie d'artillerie où il sert est transférée au Fort Monroe en Virginie5.

Le 28 février 1829, Frances Keeling Allan meurt. Elle est inhumée le 2 mars au cimetière de Shockoe Hill. Prévenu tardivement, Edgar n'arrive que le soir du jour des funérailles de cette mère tant aimée. Durant ce séjour, Edgar se réconcilie provisoirement avec son père adoptif, qui accepte de l'aider à démissionner de l'armée et d'appuyer sèchement sa candidature à West Point, école des officiers de l'armée américaine. Le 4 avril, Edgar est libéré de l'armée.
Une nouvelle histoire de dettes entraîne une nouvelle brouille entre les deux hommes.
Libéré de l'armée en avril 1829, sans le sou, Edgar va attendre son admission à West Point à Baltimore. Il séjourne auprès de sa tante Maria Clemm 1790-1871, sœur cadette de son père, qui a perdu son mari en 1826 et vit dans un extrême dénuement, entourée de sa mère impotente, Elizabeth Cairnes Poe, d'un fils tuberculeux, Henry 1818-après 1836, et de deux filles, Elizabeth Rebecca 1815-1889 et Virginia 1822-1847, qui est éperdue d'admiration devant son cousin, ainsi que du frère d'Edgar, William Henry. Dans cette ville, il fait paraître un second recueil de poèmes, Al Aaraaf, Tamerlan et poèmes mineurs chez Hatch and Dunning en décembre 1829.
Muni de chaleureuses lettres de recommandation de ses anciens officiers et d'une froide supplique de John Allan, il se rend à pied à Washington, pour solliciter son admission dans la prestigieuse académie de John Eaton, Secrétaire à la guerre.
Ses démarches n'ayant obtenu aucun succès, il retourne à Baltimore.
Edgar est admis à West Point en juin 1830. Il y fait de brillantes études, meilleures dans les disciplines académiques que dans les exercices militaires. John Allan, cependant, se remarie avec Louisa Patterson, qui lui donnera trois fils. Excédé par l'avarice de John Allan, qui lui refuse à nouveau l'argent nécessaire à ses études, et réfractaire à la discipline, Edgar se fait volontairement renvoyer de West Point, en refusant de se rendre en classe ou à l'église après jugement de la cour martiale, le 8 février 1831. Le 6 mars, il quitte l'école avec des lettres de recommandation de ses supérieurs.

Des débuts littéraires difficiles

De retour à Baltimore, chez Maria Clemm, il recherche vainement un emploi. Ses articles et ses contes sont tous refusés. Enfin, il envoie cinq nouvelles au concours du Philadelphia Saturday Courrier, qui promet au gagnant un prix de 100 dollars. Il n'obtient pas le prix, mais ses contes, notamment Metzengerstein sont publiés, sans son nom, en 1832 par le Saturday Courrier, qui les paie très mal.
Ainsi commence sa carrière de journaliste. Dans l'indigence, il pratique aussi le métier de pigiste nègre et continue son travail d'écrivain, consacrant ses loisirs et ses maigres revenus à l'éducation de sa petite cousine Virginia. En 1831, il fait paraître chez Elam Bliss à New York Poèmes, seconde édition, dédié au corps des cadets des États-Unis et précédé du premier manifeste critique d'Edgar, la Lettre à M… reprise par la suite sous le titre Lettre à B…, qui bénéficie d'un accueil peu favorable5.
En 1833, le New England refuse de publier son premier recueil : Contes du club de l'In-Folio. En revanche, en octobre, il enlève le 1er prix du concours du Baltimore Saturday Visiter avec le Manuscrit trouvé dans une bouteille, qui lui apporte une certaine notoriété et l'amitié de John P. Kennedy, membre du jury et célèbre romancier. Grâce à ses recommandations, il peut publier ses premiers comptes rendus de critique littéraire au Southern Literary Messenger.
En août 1835, il est enfin engagé par Thomas W. White comme directeur de la section littéraire du journal. Toutefois, il n'est pas libre : il doit se conformer au programme de la revue, qui soutient la littérature sudiste, et satisfaire l'admiration infantile de T. W. White pour les discours des gentlemen virginiens. La griffe d'Edgar apparaît dans ses nombreux pamphlets contre les romanciers populaires du Nord de l'époque. Il s'attaque notamment au best-seller de Theodore Fay, Norman Leslie, coqueluche de New York et des journaux nordistes tels le Knickerbocker, le Commercial Intelligencer ou la North American Review. Son talent de polémiste éclate, et il rénove l'esprit du Southern. Ses opérations médiatiques, comme la série : Autobiographies pastiches de lettres d'écrivains, font monter le nombre d'abonnés au journal5.
Il épouse clandestinement Virginia le 22 septembre 1835.
Le 16 mai 1836, il l'épouse publiquement, et la jeune fille, qui n'a que 13 ans, le rejoint à Richmond avec sa mère.
Toutefois, il s'estime, à juste titre, mal payé et ne supporte plus les reproches sur son supposé alcoolisme, notamment dont l'accable, en public, T. W. White, pour empêcher son brillant rédacteur de prendre trop d'ascendant et garder le contrôle de son journal. Aussi décide-t-il de quitter le Southern.
En février 1837, il s'installe à New York, où la New York Review lui a fait une proposition. Mais le journal a cessé de paraître quand il arrive. Mrs Clemm ouvre une pension à Manhattan, où Edgar s'installe avec Virginia. Il y achève Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et y révise Les Contes de l'In-Folio.

Un écrivain reconnu

En 1838, il se fixe à Philadelphie pour reprendre ses activités régulières de journaliste appointé. Il tente d'y vivre de sa plume, mais ses quelques piges ne le sortent pas de la misère. La même année paraissent Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, qui n'ont aucun succès.
En juin 1839, William Burton offre à Edgar la place de rédacteur en chef adjoint au Burton's Gentleman's Magazine. Il y est encore moins libre qu'au Southern, car il doit servir l'opportunisme de Burton, qui lui a recommandé de faire preuve d'indulgence dans ses comptes rendus critiques.
Toutefois, il s'entend bien avec Burton, et leur collaboration permet au Gent's Mag, qui publie La Chute de la maison Usher, Le Diable dans le beffroi et William Wilson, de devenir le mensuel le plus en vue de Philadelphie. En revanche, la publication en volume des Contes du grotesque et de l'arabesque, en 1840, n'obtient qu'un succès d'estime. La même année, Edgar se livre à une critique de Longfellow, auquel il reproche le manque d'unité de ses textes, et inaugure une série de dénonciations de plagiats.
En janvier 1840, il entreprend la publication en livraisons successives d'un roman de l'Ouest, Le Journal de Julius Rodman, médiocre fiction restée inachevée et pleine d'emprunts aux journaux de voyage contemporains. En juin, il quitte Burton pour fonder le Pen Magazine, revue littéraire dont il serait le seul maître. Il fait circuler des tracts aux plus grandes célébrités littéraires américaines, mais le projet échoue lorsque le commanditaire, George Graham, se retire.
En octobre, Graham, qui possède le Saturday Evening Post et le mensuel Casket achète pour 3 500 dollars le Burton's Gentleman's Magazine (qui compte alors 3 500 abonnés) et le rebaptise Graham's Gentleman's Magazine. Dans le premier numéro paraît le conte L'homme des foules.
En juin 1841, Edgar est engagé comme rédacteur associé par son ami George Graham.
Il touche un salaire annuel de 800 dollars. Pour la première fois, il jouit d'une réelle indépendance. La plupart de ses grands articles et l'essentiel de son œuvre critique ont paru dans les pages du Graham's Magazine. C'est également la période la plus heureuse de sa vie. Il poursuit ses attaques contre les cliques et les coteries de New York et de Boston, qui dictent leur loi aux éditeurs et aux journalistes des grands centres urbains. Le tirage de la revue passe à 25 000 exemplaires, chiffre exceptionnel pour l'époque.
Un malheur vient cependant frapper sa famille. Un soir de janvier 1842, alors qu'elle chante pour des amis, Virginia est victime d'une hémorragie causée par la rupture d'un vaisseau de la gorge. Elle reste plusieurs mois entre la vie et la mort.
Peu après, le 6 mars, Edgar rencontre Charles Dickens, en tournée aux États-Unis, avec lequel il discute de l'instauration d'un copyright international. Dickens lui promet de lui trouver un éditeur en Angleterre. En mai, Edgar quitte le Graham's Magazine, repris par le projet de fonder sa propre revue, baptisée cette fois The Stylus.

Espérances et errance

En mars 1843, il se porte candidat à un poste de l'administration qui lui laisserait le temps d'écrire, grâce aux contacts de son ami F. W. Thomas. Toutefois, malgré le soutien de Robert Tyler, le fils du président des États-Unis, il ne peut obtenir aucun poste. Pendant la campagne présidentielle de 1840, il avait rédigé plusieurs pamphlets politiques opportunistes contre le candidat démocrate Martin Van Buren, Le Diable dans le beffroi et son colistier Richard Mentor Johnson, L'Homme qui était refait, pour obtenir les bonnes grâces du parti whig. De retour à Philadelphie le 13 mars, il vit à nouveau de maigres piges5.
En 1844, Edgar s'installe dans le nord de Manhattan, à la ferme Brennan, où il travaille avec acharnement à une Histoire critique de la littérature américaine qui ne verra jamais le jour. Par ailleurs, il écrit des Marginalia, brèves notes journalistiques souvent tirées de ses articles antérieurs. Enfin, il accepte un emploi subalterne au New York Mirror de son ami Nathaniel Parker Willis et remet à plus tard son projet du Stylus.
Le 28 janvier 1845, il publie Le Corbeau, qui a un succès extraordinaire. Paru dans l'Evening Mirror, le poème est repris dans de nombreux journaux. Sa renommée grandit. Une sélection de ses contes paraît chez les prestigieux éditeurs Wiley et Putnam à New York, puis un recueil de poèmes, Le Corbeau et autres poèmes en novembre 18455.
Plusieurs de ses comptes rendus critiques sont publiés dans le Broadway Journal de Charles Frederick Briggs et John Brisco, hebdomadaire d'information artistique et culturelle. Le 22 janvier 1845, il devient collaborateur permanent du journal et lance une campagne célèbre à New York sous le nom de Guerre Longfellow : Edgar et Outis », un correspondant anonyme, Edgar lui-même selon certaines hypothèses, échangent de violentes diatribes, l'une ridiculisant Longfellow, l'autre accusant Le Corbeau de plagiat. En juillet, Edgar parvient à éliminer Briggs, l'un des deux actionnaires du journal.
En octobre, Brisco cède ses parts à Edgar, qui concrétise alors son rêve, en devenant l'unique propriétaire de l'hebdomadaire. Toutefois, il s'aliène les journalistes et le public bostonien lors d'une conférence, volontairement obscure, sur son poème Al Aaraaf. Le 3 janvier 1846, Edgar dépose le bilan du Broadway Journal pour cause de det

En mai, Virginia étant de plus en plus malade, la famille s'installe à Fordham, quartier du Bronx, dans la grande banlieue de New York. Il apprécie les jésuites de l'université de Fordham et flâne fréquemment dans son campus, conversant avec les étudiants et les professeurs. La tour du clocher de l'université de Fordham lui inspire le poème Bells. À cette époque, Edgar tombe gravement malade et, ne pouvant plus écrire, sombre dans la misère. Le foyer est soutenu par une amie, Marie Louis Shew, mais leur pauvreté est telle qu'un entrefilet dans le New York Express du 5 décembre appelle les amis du poète à l'aide.

Le 30 janvier 1847, Virginia décède à Fordham, à l'âge de 24 ans. Edgar, gravement malade, est soigné par Mrs Shew et Maria Clemm.
À cette époque, il est très occupé par son projet de poème en prose, Eureka ou Essai sur l'univers matériel et spirituel. Il s'engage dans une quête frénétique d'amitiés féminines avec Mrs Lewis, dont il corrige les poèmes sentimentaux contre rétribution, avec Mrs Nancy Locke-Richmond, qui habite à Lowell, dans le Massachusetts, dont il s'éprend et qui sera l'Annie des derniers poèmes, enfin, avec Mrs Sarah Whitman, qui vit à Providence, dans le Rhode Island, poétesse spiritualiste à qui il adresse le second poème À Hélène et qu'il demande en mariage. En novembre 1848, dans des circonstances assez obscures, il absorbe une forte dose de laudanum qui manque de l'empoisonner. De plus, il s'est mis à boire, lors de la maladie de Virginia, entre 1842 et 1847, et il est victime de crises d'éthylisme. Il souffre même un moment d'une attaque de paralysie faciale.
Le 13 novembre, Mrs Whitman accepte de l'épouser s'il renonce à l'alcool. Le 23 décembre, à Providence, il donne devant deux mille personnes sa célèbre conférence sur Le Principe poétique qui ne sera publiée qu'après sa mort. Deux jours plus tard, 25 décembre, doivent être célébrées les noces avec Mrs Whitman.
Toutefois, le lendemain, celle-ci reçoit une lettre anonyme lui apprenant de prétendues relations immorales entre Edgar et une de ses amies. De plus, on lui apprend que son fiancé a passé la nuit à boire avec des jeunes gens dans une taverne de la ville. Aussitôt, elle décide de rompre avec lui.
De retour à Fordham, Edgar reprend son projet de revue littéraire avec E.H.N. Patterson. Après une visite à Mrs Richmond, il entreprend un voyage dans le Sud pour rassembler des fonds en faveur de sa revue. Parti de New York le 30 juin 1849, il séjourne tout l'été à Richmond, où il retrouve Elmira Royster Shelton, veuve depuis la mort de son mari en 1844, avec laquelle il songe à se marier, et redonne sa conférence sur Le Principe poétique, qui rencontre un très grand succès. Il la refait également à Norfolk Virginie.

Une mort mystérieuse

Le 27 septembre, Edgar quitte Richmond en bateau pour Baltimore, où il débarque le lendemain. On perd alors sa trace pendant quatre jours.
Le 3 octobre 1849, Joseph W. Walker envoie un message au Dr James E. Snodgrass : Cher Monsieur, — Il y a un monsieur, plutôt dans un mauvais état, au 4e bureau de scrutins de Ryan, qui répond au nom d'Edgar A. Poe, et qui paraît dans une grande détresse et qui dit être connu de vous, et je vous assure qu'il a besoin de votre aide immédiate. Vôtre, en toute hâte, Jos. W. Walker.L'endroit où Edgar réapparaît, plus connu sous le nom de Gunner's Hall, était une taverne, qui comme souvent à l'époque servait de lieu de vote pendant les élections.
Le Dr Snodgrass et Henry Herring, l'oncle d'Edgar, viennent chercher l'écrivain, qu'ils présument ivre. D'après les différents témoignages, au lieu de son costume de laine noir, il portait un manteau et un pantalon d'alpaga de coupe médiocre, vieillis et salis, et dont les coutures avaient lâché en plusieurs points, ainsi qu'une paire de chaussures usées aux talons et un vieux chapeau tout déchiré, presque en lambeaux, en feuilles de palmier.
La chemise était toute chiffonnée et souillée, et il n'avait ni gilet ni faux-col.

Conduit au Washington College Hospital, il alterne entre des phases de conscience et d'inconscience. Aux questions qu'on lui pose, il répond par des phrases incohérentes. Son cousin, Neilson Poe, venu lui rendre visite, ne peut le voir.
Edgar meurt, officiellement d'une congestion cérébrale, le dimanche 7 octobre, à 3 h ou 5 h du matin. Il est inhumé dans le cimetière presbytérien de la ville, le Westminster Hall, maintenant intégré à l'école de droit de l'université du Maryland.
Plusieurs théories ont été émises pour expliquer la mort d'Edgar. On a prétendu, ainsi, qu'il serait mort des suites d'une trop grande consommation d'alcool. D'autres mettent en avant des ennuis de santé. En 1847, il avait été victime d'une longue maladie qui lui aurait causé une lésion au cerveau. De même, en 1848, le Dr John W. Francis aurait diagnostiqué une maladie du cœur, diagnostic qu'Edgar Poe aurait d'ailleurs rejeté.
Enfin, dans ses lettres à Maria Clemm, les 7 et 14 juillet, il indique qu'il est malade, parlant d'une amélioration de son état le 19.
Parmi les maladies qui auraient pu causer sa mort, on a parlé de la tuberculose, de l'épilepsie, du diabète ou de la rage.
Autre hypothèse mise en avant : il aurait retrouvé des anciens de West Point, qui l'auraient invité à boire. Rentrant seul, dans un état d'ivresse, il aurait été volé et battu par des brutes et aurait erré dans les rues pendant la nuit, avant de sombrer inconscient.
Cependant, la théorie la plus largement admise est qu'il aurait été victime de la corruption et de la violence, qui sévissaient de manière notoire lors des élections. De fait, la ville était alors en pleine campagne électorale, pour la désignation du shérif, le 4 octobre et des agents des deux camps parcouraient les rues, d’un bureau de vote à l’autre, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis au bureau de vote. Pour parfaire le stratagème, on changeait la tenue de la victime, qui pouvait être battue. Le faible cœur d'Edgar Poe n'aurait pas résisté à un tel traitement.

La tombe d'Edgar Poe

Poe est enterré lors d'une cérémonie réduite à sa plus simple expression et placé dans une tombe non marquée qui progressivement sera recouverte d'herbes.
En 1860, sa famille se mobilise pour offrir une pierre tombale de marbre blanc au poète négligé de Baltimore portant l'épitaphe : Hic Tandem Felicis Conduntur Reliquae. Edgar Allan Poe, Obiit Oct. VII 1849 et sur l'autre face l'inscription : Jam parce sepulto , mais la pierre est détruite accidentellement avant même sa mise en place.
Grâce à une souscription initiée en 1865 et relayée par les élèves de l'université du Maryland, Poe est réinhumé le 1er octobre 1875 sur un nouvel emplacement, et une véritable cérémonie est organisée sur sa nouvelle tombe le 17 novembre qui mentionne cette fois une date de naissance erronée 20 janvier au lieu du 19.
Le nouveau monument n'a aucune épitaphe, même si plusieurs suggestions ont été faites en particulier par Oliver Wendell Holmes. La pierre tombale mentionne seulement les noms et les dates de ses occupants. En 1885, les restes de Virginia Poe, enterrés en 1847 à New York, ont été apportés à Baltimore et inhumés avec ceux de Poe et de Maria Clemm, désormais réunis. Ce monument sera dégradé par le temps, remplacé par un monument en bronze, lui-même volé et remplacé.
Ce n'est finalement qu'en 1913 qu'une autre pierre commémorative est repositionnée, d'abord au mauvais endroit, puis finalement à l'emplacement originel de la tombe d'Edgar Poe, dans le cimetière presbytérien de Baltimore avec l'épitaphe suivante tirée du poème Le Corbeau : Quoth the Raven, "Nevermore. Le corbeau dit : Jamais plus !.
Depuis 1949, les admirateurs de Poe se réunissent chaque année sur sa tombe, à l'anniversaire de sa naissance, le 19 janvier.
À l'occasion du bicentenaire de sa naissance, des funérailles solennelles, présidées par John Astin ont été organisées par le Poe House and Museum de Baltimore le 11 octobre 2009, son enterrement n'ayant pas été annoncé publiquement en 1849 et l'assistance autour de son cercueil s'étant alors résumée à dix personnes.
Chaque 19 janvier de 1949 à 2009, une mystérieuse personne a déposé sur sa tombe trois roses et une bouteille de cognac.

Sa personnalité

Doté d'une vaste intelligence, Edgar Allan Poe était un homme très courtois mais d'une férocité sans égale, qui le brouilla avec de nombreuses personnes.
Ses amis étaient toujours frappés par sa tenue soignée à l'excès et la clarté de son élocution. De même, ses manuscrits se distinguent par la fermeté, la régularité et l'élégance de son écriture et ne comportent que peu de ratures. Très souvent, il écrivait sur des feuilles de bloc-notes qu'il collait les uns aux autres de manière à former des rouleaux très stricts. Une analyse graphologique de ces manuscrits a été réalisée, et elle révélerait une intelligence ne dormant jamais, d'une indépendance extrême à l'égard des conventions, et qui contrôle, ou cherche toujours à contrôler, une extraordinaire sensibilité, somme toute, un cérébral.
Dans son travail, il se méfiait du premier jet, du spontané. Pressé par le besoin d'argent, il livrait le plus souvent des contes non revus aux journaux ou revues auxquels ils étaient destinés. Toutefois, lors des republications, il apportait à ceux-ci d'importants changements, toujours dans le sens d'un meilleur resserrement du texte. Durant les derniers mois de son existence, il révisa de près ses fictions et ses écrits théoriques ou critiques en vue de la première grande édition de ses œuvres, qui parut à New York en 1850.
Très conscient de son intelligence, logicien, il aimait faire montre de ses capacités analytiques. Ainsi, lors de la publication en feuilleton de Barnabé Rudge (1841), roman de Dickens, il aurait deviné la fin de l'intrigue avant la parution des dernières livraisons. De même, Le Mystère de Marie Roget est inspiré d'un fait réel, l'assassinat de Mary Cecil Rogers à New York en 1841, dont le corps avait été retrouvé dans l'Hudson, près de la rive du New Jersey. Dans une lettre datée du 4 juin 1842, il explique que, dans son conte, en faisant faire à Dupin, une analyse très longue et rigoureuse de la tragédie et en reprenant les opinions et les arguments de la presse », il démontre « le caractère fallacieux de l'opinion reçue et a indiqué l'assassin d'une manière qui donnera un nouvel élan à l'enquête, expliquant que la jeune femme n'a pas été assassinée, comme on le pensait, par une bande de voyous.
Sa supériorité dans l'art d'écrire fut aussi marquée par quelques canulars, où il appliqua sa théorie de l'effet. Le 13 avril 1844, il fit paraître dans un numéro spécial du New York Sun un conte, Le Canard au ballon, présenté comme un fait réel. Par cette adroite mystification, il marquait son retour sur la scène littéraire new-yorkaise. Quant à La Vérité sur le cas de M. Valdemar, conte paru en 1845, l'éditeur, qui le publia comme un pamphlet, et les journaux qui le reprirent dans les éditions anglaises le présentèrent comme un rapport scientifique parce qu'ils avaient été dupés.
Elizabeth Barrett Browning lui écrivit pour louer la puissance de l'écrivain et cette faculté qu'il a de transformer d'improbables horreurs en choses qui paraissent si proches et si familières.

Idéaliste, il était aussi très ambitieux, ce qu'il ne cachait pas. Il confia un jour à John Henry Ingram : J'aime la gloire, j'en raffole ; je l'idolâtre ; je boirais jusqu'à la lie cette glorieuse ivresse ; je voudrais que l'encens monte en mon honneur de chaque colline et de chaque hameau et de chaque ville et de chaque cité sur terre .
Dès l'enfance, il lisait Byron, dont l'influence devait marquer ses premiers poèmes, Coleridge et la plupart des romantiques de son époque. Par la suite, il devait se démarquer de ces auteurs et se signala par des critiques assez féroces contre Coleridge. Il connaissait aussi parfaitement la littérature classique et goûtait particulièrement Pope. Il professa une grande admiration pour Ondine, conte de Friedrich de La Motte-Fouqué, pour Shelley, pour le génie de Dickens, notamment pour Le Magasin d'antiquités, pour Hawthorne. En revanche, il exprimait de sévères critiques à l'égard de Carlyle, d'Emerson qu'il considérait comme la respectueuse réplique du premier, de Montaigne, dont l'emploi de la digression dans ses Essais était en contradiction avec ses idées sur la nécessaire unité d'un texte.
De même, s'il pouvait dire de John Neal que son art est grand, il est d'une nature élevée », il mettait en avant ses échecs répétés (…) dans le domaine de la construction de ses œuvres, due, selon lui, soit à une déficience du sens de la totalité, soit à une instabilité de tempérament.
Malgré ses efforts, il ne vécut jamais dans une réelle aisance, mais connut souvent la misère, même s'il bénéficia de son vivant d'une réelle célébrité, surtout par ses activités de journaliste et son poème Le Corbeau.

Poe et l'alcool

L'alcoolisme de Poe a été démesurément exagéré, pour suggérer que sa vie aurait été une longue suite de beuveries et le disqualifier en tant qu'auteur. D'abord, il paraît déraisonnable de considérer qu'il ait pu écrire ou concevoir ses poèmes ou ses contes sous l'influence de l'alcool, ne serait-ce qu'en raison de la longueur, de l'arrondi et de la construction soignée de ses phrases. Ensuite, son flirt avec l'alcool était intermittent - s'il lui arrivait de boire plusieurs jours de suite, il pouvait ne pas toucher une goutte d'alcool pendant des mois ou des années.
Avant 1841, il n'existe aucun document témoignant de ses rapports à l'alcool. En avril 1841, il écrivit au docteur J. Evans Snodgrass : Je suis tempérant jusqu'à la rigueur... À aucune période de ma vie je n'ai été ce que les hommes peuvent appeler intempérant... Mon tempérament sensible ne pouvait supporter une excitation qui était de chaque jour chez mes compagnons. Pour faire court, il est parfois arrivé que je sois complètement ivre. Pendant quelques jours, après chaque excès, j'étais invariablement cloué au lit.
Mais cela fait maintenant quatre années entières que j'ai abandonné toute espèce de boisson alcoolisée - quatre ans, à l'exception d'un seul écart... quand j'ai été incité à recourir occasionnellement au cidre, dans l'espoir de soulager une attaque nerveuse ». Il est possible qu'il ait découvert l'alcool à l'université en 1826, comme nombre d'autres jeunes gens, mais l'un de ses camarades a témoigné du fait qu'il était réputé, parmi les professeurs, pour sa sobriété, son calme et sa discipline. Par la suite, il est demeuré de longues années sans boire — il obtint trois lettres de recommandation lors de son départ de l'armée en 1829. Sa consommation aurait repris à West Point, mais les témoignages à ce sujet sont douteux. Plus tard, l'un de ses amis a fait état d'une consommation modérée de liqueur, durant son séjour à Baltimore, en 1832.
C'est à Richmond, en 1835, qu'on trouve les premières traces avérées d'une consommation d'alcool excessive, mais occasionnelle. Dans sa lettre à Snodgrass, Poe explique : Pendant une brève période, quand j'habitais à Richmond et publiais le Messenger, j'ai certainement cédé à la tentation, avec de longs intervalles, suscitée de tous côtés par l'esprit de convivialité du Sud.
Après plusieurs années de sobriété, à la suite de son départ dans le Nord, il semble qu'il se soit remis à boire, en diverses occasions, à l'époque de la maladie de son épouse, la succession des améliorations intermittentes et des rechutes l'ayant fait sombrer dans la dépression. Vers la fin d'août 1849, Poe rejoignit la division Shockoe Hill des Sons of Temperance, à Richmond. Quant aux rumeurs d'alcoolisme, elles sont fondées sur le fait que, d'une part, il ne supportait pas l'alcool, et que, d'autre part, plusieurs personnes, soit qu'elles fussent fâchées avec lui, comme Thomas Dunn English, soit qu'elles pussent se compter comme ses ennemis, ont profité de ces quelques occurrences où il est apparu ivre pour généraliser et prétendre qu'il était alcoolique, cela afin de le blesser et de salir son honneur, puis sa mémoire. De même, si le vin est un thème fréquent, dans les contes de Poe, il apparaît toujours sur un mode satirique ; les personnages décrits comme des connaisseurs sont généralement ivres ou sots ; le plus noble des vins n'apparaît pas comme un moyen de rendre la vie plus agréable ou plus riche, mais comme un piège pour l'imprudent et le faible.
Le vin servait à Poe de métaphore — à travers lui, il se moquait des prétentions de l'Homme et dénonçait ses tares.

Ses écrits

L'ambition d'Edgar Poe était de créer une véritable littérature nationale. En effet, à cette époque, l'influence européenne était prépondérante et la production du vieux continent affluait aux États-Unis dont la littérature — hormis Washington Irving et James Fenimore Cooper — ne brillait guère que par ses histoires d'horreur — l'auteur le plus connu étant alors Charles Brockden Brown — et ses romans sentimentaux.
À ce titre, son œuvre de critique littéraire fut marquée par une véritable exigence de qualité, ainsi que la dénonciation des facilités et des plagiats. Longfellow fut la plus illustre de ses victimes ; il ne répondit jamais à ses accusations, encore que ses amis se fissent un plaisir, en réponse, de calomnier Edgar Poe dans les milieux littéraires new-yorkais.
Edgar Poe a laissé d'importants écrits théoriques, influencés par August Wilhelm Schlegel et Coleridge, qui permet de donner sens à son œuvre. Ses réflexions littéraires renvoient à ses conceptions cosmogoniques. Dans Eureka, il explique que l'univers, à l'origine, était marqué par l'unicité. Il a éclaté par la suite en quelque chose que l'on pourrait rapprocher de la théorie du Big Bang, mais il aspire à retrouver son unité. De même, en littérature, l'unité doit l'emporter sur toute autre considération. D'où la théorie de l'effet unique qu'il développe dans Philosophie de la composition, traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un poème: le but de l'art est esthétique, c'est-à-dire l'effet qu'il crée chez le lecteur.
Or, cet effet ne peut être maintenu que durant une brève période, le temps nécessaire à la lecture d'un poème lyrique, à l'exécution d'un drame, à l'observation d'un tableau, etc. Pour lui, si l'épopée a quelque valeur, c'est qu'elle est composée d'une série de petits morceaux, chacun tourné vers un effet unique ou un sentiment, qui élève l'âme.
Il associe l'aspect esthétique de l'art à l'idéalité pure, affirmant que l'humeur ou le sentiment créé par une œuvre d'art élève l'âme et constitue, de ce fait, une expérience spirituelle. Le poème, le conte, le roman ne doit tendre que vers sa réalisation, et toute digression doit être rejetée. De même, le roman à thèse, où l'intrigue est entrecoupée de dissertations sur tel ou tel sujet, est à proscrire. Adversaire du didactisme, Poe soutient, dans ses critiques littéraires, que l'instruction morale ou éthique appartient à un univers différent du monde de la poésie et de l'art, qui devrait seulement se concentrer sur la production d'une belle œuvre d'art.
L'univers, dit-il, est un poème de Dieu, c'est-à-dire qu'il est parfait. Mais l'Homme, aveugle aux œuvres de Dieu, ne voit pas cette perfection. C'est au poète, qui a l'intuition de cette perfection, grâce à son imagination créatrice, de la faire connaître à l'humanité. Mais certains poètes mégalomanes, guidés par ce que les Grecs anciens appelaient hubris, au lieu d'admettre l'impossibilité de l'imitation parfaite de l'intrigue de Dieu par l'Homme, prétendent se livrer à une concurrence sacrilège. Marqués non par l'imagination créatrice, mais par la fancy — une fantaisie délirante créant l'erreur, l'illusion —, ils ne voient pas la perfection de la création divine ; leur esprit aveuglé interprète le monde en fonction de leur cœur, de leur propre tourment intérieur ; ils sont voués au néant par leur ambition prométhéenne. Dans la première catégorie, on peut citer le chevalier Auguste Dupin, Double assassinat dans la Rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget et La Lettre volée, William Legrand, Le Scarabée d'or ou le baron Ritzner von Jung Mystification. De même, dans certains contes, l'illusion est révélée par un parent au narrateur fiévreux qui a fui une épidémie de choléra dans Le Sphinx, par des lunettes qu'on offre au narrateur myope dans Les Lunettes, par la révélation des causes psychosomatiques de la sorte de catalepsie dont souffre le narrateur dans L'Enterrement prématuré.
Dans la seconde catégorie, la figure la plus marquante est Roderick Usher, dont l'influence néfaste contamine le regard du narrateur et lui fait voir comme surnaturels des phénomènes qui ont, en fait, une explication rationnelle, Poe disséminant adroitement les indices de cette explication dans le texte.

Dans La Lettre volée en anglais, The Purloined Letter, Edgar Poe imagine une intrigue où un certain D, peut-être un frère du héros, le chevalier Auguste Dupin, comme semble l'indiquer la citation de la tragédie Atrée et Thyeste de Crébillon père : Un destin si funeste, / S'il n'est digne d'Atrée, est digne de Thyeste. vole à une dame de qualité une lettre compromettante. Pour la cacher aux policiers, qui surveillent ses allers-retours et fouillent son hôtel pendant son absence, il la met bien en évidence dans un tableau accroché au mur. L'aveuglement des policiers, à l'esprit médiocre, renvoie à l'aveuglement des hommes, incapables de saisir la perfection de l'intrigue de Dieu. Quant à D., Poe le décrit comme dominé par la fancy, au contraire du chevalier Dupin, qui finit par l'emporter, grâce à son imagination créatrice.
La narration, chez Poe, est marquée par la polysémie, dont témoignent les nombreux jeux de mot, dans les textes tragiques comme dans les textes comiques.
Le narrateur, qui se signale le plus souvent par des lectures néfastes, littérature fantastique à l'allemande, romans gothiques, ésotérisme, métaphysique, décrit une histoire déformée par sa fancy, il ne maîtrise pas son écriture, dans laquelle plusieurs indices permettent d'appréhender la réalité sous-jacente.
Nombre d'histoires d'Edgar Poe, principalement celles qui devaient figurer dans les Contes de l'In-Folio, qu'elles relèvent du tragique ou du comique, appartiennent au registre de la parodie. Son but est de démontrer l'inconsistance des fausses gloires de son temps, dont seuls quelques-uns ont échappé à l'oubli.
Ainsi, Metzengerstein imite les horreurs inventées dans les romans gothiques, comme Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Élixirs du diable d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. L'histoire repose sur la croyance en la métempsycose, pour laquelle Edgar Poe a toujours manifesté un profond mépris et qui relevait pour lui de l'aliénation mentale. Dans Le Duc de l'Omelette, il se moque des maniérismes et du style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans Un événement à Jérusalem, qui reprend un roman de Horace Smith, Zilhah, a Tale of the Holy City, 1829, il ridiculise l'orientalisme des romantiques. Quant à Manuscrit trouvé dans une bouteille, il représente un pastiche des récits de voyage. De même, des contes comme Bérénice raillent les outrances auxquelles se livraient les revues de l'époque. Le Roi Peste, de son côté, démonte les mécanismes du roman Vivian Grey 1826, récit plein de fantaisie débridée à travers lequel, non sans incongruité, Benjamin Disraeli entendait dénoncer l'ivrognerie. De même, dans Comment écrire un article à la Blackwood et A Predicament, la satire dénonce l'absurdité des contes à sensation, qui faisaient la fortune du Blackwood's Magazine, très célèbre revue d'Édimbourg. Quant à l'héroïne, Psyché Zenobia, c'est une femme de lettres américaine, un bas-bleu, Margaret Fuller, dont les sympathies pour les transcendantalistes suffisaient à énerver Poe31.
Plus largement, quand l'actualité ne venait pas lui fournir un sujet, il puisait assez souvent dans ses nombreuses lectures (que favorisait son travail de critique littéraire) pour concevoir et construire ses œuvres de fiction. Ainsi, Hop Frog est inspiré de l'accident advenu à Charles VI lors du bal des ardents, tel que l'a décrit Jean Froissart dans ses Chroniques. De même, William Wilson est directement inspiré de la trame d'un poème dramatique que Byron aurait eu l'intention d'écrire, dont Washington Irving avait révélé le contenu dans The Gift en 1836. Nathaniel Hawthorne s'était lui-même servi de ce matériau pour rédiger Howe's Masquerade.
Il s'est également inspiré, pour sa nouvelle La Barrique d'amontillado, de La Grande Bretèche d'Honoré de Balzac.
Il pouvait aussi faire appel, comme tout écrivain, à son expérience personnelle. Ainsi, Un matin sur le Wissahicon relate au départ une promenade qu'il avait faite à Mom Rinker's Rock et la rencontre d'un daim apprivoisé, même s'il s'éloigne vite de la simple transcription de souvenirs pour se livrer à une contemplation émerveillée de la nature et à une réflexion sur l'altération des paysages créée par la présence humaine, et plus largement sur les rapports entre l'industrie humaine et la beauté

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Posté le : 17/01/2014 19:13

Edité par Loriane sur 19-01-2014 15:39:08
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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