| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 627 628 629 (630) 631 632 633 ... 956 »


Octave Mirbeau
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57788
Hors Ligne
Le 16 février 1848 à Trévières dans le Calvados naît Octave Mirbeau,

écrivain, critique d'art et journaliste français, mort le 16 février 1917 à Paris.
Il a connu une célébrité européenne et de grands succès populaires, tout en étant également apprécié et reconnu par les avant-gardes littéraires et artistiques, ce qui n'est pas commun.
Auteur de romans et de pièces de théâtre, Mirbeau dressa un réquisitoire impitoyable contre le clergé ainsi que contre les inégalités sociales de son époque. Il fut l'un des dix premiers membres de l'Académie Goncourt, fondée en 1903. Ayant commencé sa carrière comme journaliste dans la presse bonapartiste et royaliste, il établit sa réputation de conteur avec des histoires de paysans normands :

Lettres de ma chaumière en 1885 ; Le Calvaire en 1886. Dans ce dernier ouvrage, un chapitre sur la défaite de 1870 souleva contre lui une forte hostilité. Il écrivit en 1888 l'histoire d'un prêtre fou, L'Abbé Jules, et, en 1890, Sébastien Roch, une description sans pitié de l'école des Jésuites qu'il avait fréquentée. Tous ses romans, depuis Le Jardin des supplices en 1898 et Le Journal d'une femme de chambre en 1900 jusqu'à La 628-E8 en 1907 et Dingo en 1912, sont d'âpres satires de la société. Sa production dramatique était d'une belle qualité, et on a comparé Les Mauvais Bergers en 1897 à l'œuvre d'Henry Becque. Il a obtenu son plus grand succès avec Les affaires sont les affaires en1903
Journaliste influent et fort bien rémunéré, critique d’art défenseur des avant-gardes, pamphlétaire redouté, Octave Mirbeau a été aussi un romancier novateur, qui a contribué à l'évolution du genre romanesque, et un dramaturge, à la fois classique et moderne, qui a triomphé sur toutes les grandes scènes du monde. Mais, après sa mort, il a traversé pendant un demi-siècle une période de purgatoire : il était visiblement trop dérangeant pour la classe dirigeante, tant sur le plan littéraire et esthétique que sur le plan politique et social.
Littérairement incorrect, il était inclassable, il faisait fi des étiquettes, des théories et des écoles, et il étendait à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles ; également politiquement incorrect, farouchement individualiste et libertaire, il incarnait une figure d'intellectuel critique, potentiellement subversif et irrécupérable, selon l'expression de Jean-Paul Sartre dans Les Mains sales.

Les débuts, Jeunesse

Petit-fils de notaires normands, fils d’un médecin ou, plus précisément, d'un officier de santé de Rémalard, dans le Perche, le jeune Octave Mirbeau fait des études médiocres au collège des jésuites de Vannes, d'où il est chassé dans des conditions plus que suspectes, qu'il évoquera en 1890 dans son roman Sébastien Roch.
Après son baccalauréat, il entame sans la moindre conviction des études de Droit, qu'il n'achève pas, et rentre à Rémalard, où il travaille chez le notaire du village. Mobilisé, il subit la guerre de 1870 dans l'armée de la Loire, et l'expérience traumatisante de la débâcle lui inspirera plusieurs contes et des chapitres démystificateurs du Calvaire et de Sébastien Roch.
Pendant toutes ses années d'enfance, dont il a conservé des souvenirs de morne tristesse et d'ennui, son seul confident est son ami Alfred Bansard des Bois, à qui il adresse des lettres qui constituent à la fois un défouloir et un apprentissage littéraire.

En 1872 il monte à Paris et fait ses débuts journalistiques dans le quotidien de l'Appel au peuple, nouveau nom du parti bonapartiste, L'Ordre de Paris, dirigé par un client et voisin de son père, l'ancien député de l'Orne Henri-Joseph Dugué de La Fauconnerie, qui lui a offert l'occasion de fuir le destin notarial où il se sentait enfermé comme dans un cercueil. Il devient le secrétaire particulier de Dugué et se trouve donc, à ce titre, chargé d’écrire tout ce qui s'écrit chez lui, notamment les brochures de propagande bonapartiste : épisode douloureux, dont il se souviendra amèrement dans son roman inachevé, publié après sa mort, "Un gentilhomme".

Entrée en journalisme

Pendant une douzaine d’années, Octave Mirbeau va donc faire le domestique, en tant que secrétaire particulier, et le trottoir, comme il l’écrit des journalistes en général, en tant que collaborateur à gages de divers organes de presse : selon lui, en effet, un journaliste se vend à qui le paie.

"les Grimaces"

Ses chroniques ont paru successivement dans L'Ordre de Paris, organe officiel de l’Appel au Peuple, bonapartiste, jusqu’en 1877 ; puis dans L'Ariégeois, au service du baron de Saint-Paul, député de l’Ariège, en 1877-1878 ; puis dans Le Gaulois, devenu monarchiste sous la direction d'Arthur Meyer 1880-1882.
En 1883, pendant trois mois, il dirige et rédige presque seul un biquotidien d'informations rapides, Paris-Midi Paris-Minuit. Puis, pendant six mois, il devient le rédacteur en chef pour le compte du banquier Edmond Joubert, vice-président de la Banque de Paris et des Pays-Bas des Grimaces, hebdomadaire attrape-tout, anti-opportuniste et antisémite sur ce point, il a fait son auto-critique dès le 14 janvier 1885 dans La France.
Il entend y faire grimacer les puissants, démasquer leurs turpitudes et dévoiler les scandales de la pseudo-République, où, selon lui, une bande de joyeux escarpes crochètent impunément les caisses de l’État. Paul Hervieu, qui, ainsi qu’Alfred Capus, collabore aux Grimaces sous le pseudonyme de Liris, devient son ami et son confident.
Au début des années 1880 Mirbeau fait aussi le nègre et ainsi produit une dizaine de volumes, publiés sous au moins deux pseudonymes : Alain Bauquenne et Forsan.
Cela lui permet, non seulement de gagner convenablement sa vie, à une époque où il entretient une maîtresse dispendieuse, mais aussi et surtout de faire ses gammes et ses preuves, en attendant de pouvoir voler de ses propres ailes, signer sa copie et la vendre avantageusement. En 1882, sous le pseudonyme de Gardéniac, il fait également paraître dans Le Gaulois une série de Petits poèmes parisiens, où il cite pour la première fois un poème souvent attribué à Rimbaud, Poison perdu.

Le grand tournant

En 1884, pour se remettre et se "purger" d’une passion dévastatrice pour une femme galante, Judith Vinmer – expérience qui lui inspirera son premier roman officiel, Le Calvaire –, Mirbeau fait retraite pendant sept mois à Audierne, dans le Finistère, et se ressource au contact des marins et paysans bretons.
C’est le grand tournant de 1884-1885 : de retour dans la presse parisienne, il commence, tardivement et difficilement, à écrire pour son propre compte et entame sa rédemption par le verbe : ce n’est pas un hasard si la suite projetée du Calvaire, jamais écrite, devait précisément s'intituler La Rédemption.
Dès lors il met sa plume au service de ses valeurs éthiques et esthétiques et engage les grands combats éthiques, politiques, artistiques et littéraires qui donneront de lui l’image durable d’un justicier et d'un imprécateur. C’est à la fin de 1884 que commence sa longue amitié pour les deux grands dieux de son cœur, Claude Monet et Auguste Rodin.

La consécration. Entrée en littérature

Mirbeau poursuit désormais une double carrière de journaliste et d’écrivain. Chroniqueur, conteur et critique d’art influent, redouté et de mieux en mieux rémunéré, il collabore, successivement ou parallèlement, à La France, au Gaulois, au Matin, au Gil Blas, au Figaro, à L'Écho de Paris, puis, pendant dix ans, à partir de l’automne 1892, au Journal, où il touche 350 francs par article, environ 1 100 euros, ce qui est tout à fait considérable pour l’époque.
Outre ses chroniques, il y fait paraître de nombreux contes, dont il ne publie en volume qu’une petite partie : Lettres de ma chaumière en 1885 – dont l’exergue est significatif de son engagement éthique : Ne hais personne, pas même le méchant. Plains-le, car il ne connaîtra jamais la seule jouissance qui console de vivre : faire le bien – et Contes de la chaumière en 1894. La plupart de ces contes ne seront publiés qu’après sa mort, en plusieurs volumes, et seront recueillis en 1990 dans ses Contes cruels, rééditions en 2000 et 2009.
Parallèlement il entame tardivement, sous son propre nom, une carrière de romancier. Le Calvaire, qui paraît en novembre 1886, lui vaut un succès de scandale, notamment à cause du deuxième chapitre démystificateur sur la débâcle de l’armée de la Loire pendant la guerre de 1870 qui fait hurler les nationalistes et que Juliette Adam a refusé de publier dans la Nouvelle revue, ce roman inspirera certains écrivains comme Paul Bourget. Puis est publié L'Abbé Jules en avril 1888, roman dostoïevskien dont le héros, Jules Dervelle, est un prêtre révolté, déchiré par ses contradictions et fauteur de scandales. Sébastien Roch en mars 1890 porte sur un sujet tabou, le viol d’adolescents par des prêtres, ce qui lui vaut une véritable conspiration du silence. Ces œuvres novatrices, en rupture avec les conventions du naturalisme, sont vivement appréciées des connaisseurs et de l’avant-garde littéraire, mais sont négligées par une critique conformiste, effrayée par leurs audaces.
C’est au cours de cette période qu’il entame une vie de couple avec Alice Regnault, une ancienne actrice de théâtre, qu’il épouse, honteusement et en catimini, à Londres, le 25 mai 1887, après deux ans et demi de vie commune. Mais Mirbeau ne se fait aucune illusion sur ses chances de jouir du bonheur conjugal, comme en témoigne une nouvelle au titre amèrement ironique, publiée au lendemain de son mariage : Vers le bonheur. "L’abîme" qui, selon lui, sépare à tout jamais les deux sexes, les condamne irrémédiablement à de douloureux malentendus, à l’incompréhension et à la solitude. Cette expérience le poussera, vingt ans plus tard, à interpréter à sa façon les relations entre Balzac et Évelyne Hanska dans La Mort de Balzac 1907, sous-chapitres de La 628-E, où il ne cherchera pas à établir une impossible vérité historique et qui lui servira avant tout d’exutoire pour exhaler son amertume et ses frustrations.

Crise

Pendant les sept années qui suivent, Mirbeau traverse une interminable crise morale, où le sentiment de son impuissance à se renouveler, sa remise en cause des formes littéraires, notamment du genre romanesque, jugé par trop vulgaire, et son pessimisme existentiel, qui confine au nihilisme, sont aggravés par une douloureuse crise conjugale qui perdure – et dont témoigne une longue nouvelle, Mémoire pour un avocat en 1894. C’est au cours de cette période difficile qu’il s'engage dans le combat anarchiste et qu’il découvre Vincent van Gogh, Paul Gauguin et Camille Claudel, dont il proclame à trois reprises le génie. Il publie également son roman Dans le ciel en feuilleton dans L'Écho de Paris, mais non en volume, et il rédige sa première grande pièce, Les Mauvais bergers, tragédie prolétarienne profondément pessimiste, qui sera créée en décembre 1897 par les deux plus grandes stars, de la scène de l’époque, Sarah Bernhardt et Lucien Guitry.

Au tournant du siècle, après l'Affaire Dreyfus, dans laquelle il s'engage passionnément, Mirbeau remporte de grands succès de ventes et de scandales avec Le Jardin des supplices en juin 1899 et Le Journal d'une femme de chambre en juillet 1900, et, à degré moindre, avec Les Vingt et un Jours d'un neurasthénique en août 1901; puis il connaît un triomphe mondial au théâtre avec Les affaires sont les affaires en 1903, puis avec Le Foyer en 1908, deux comédies de mœurs au vitriol qu’il parvient, non sans mal, à faire représenter à la Comédie-Française, au terme de deux longues batailles. La 628-E8 connaît également un succès de scandale en novembre 1907, à cause, surtout, des sous-chapitres sur La Mort de Balzac. Ses œuvres sont alors traduites en de nombreuses langues, et sa réputation et son audience ne font que croître dans toute l’Europe, tout particulièrement en Russie, où, bien avant la France, paraissent deux éditions de ses œuvres complètes entre 1908 et 1912.
Personnalité de premier plan, craint autant qu'admiré, à la fois marginal – par ses orientations esthétiques et par ses prises de position politiques radicales –, et au cœur du système culturel dominant qu’il contribue à dynamiter de l’intérieur, il est reconnu par ses pairs comme un maître : ainsi Léon Tolstoï voit-il en lui, le plus grand écrivain français contemporain, et celui qui représente le mieux le génie séculaire de la France ; Stéphane Mallarmé écrit-il qu’il sauvegarde certainement l’honneur de la presse en faisant que toujours y ait été parlé, ne fût-ce qu’une fois, par lui, avec quel feu, de chaque œuvre d’exception; Georges Rodenbach voit-il en lui Le Don Juan de l’Idéal et Remy de Gourmont le chef des Justes par qui sera sauvée la presse maudite, cependant qu’Émile Zola salue, chez l’auteur du Journal d’une femme de chambre, Le justicier qui a donné son cœur aux misérables et aux souffrants de ce monde.

Demeures

Après son mariage avec Alice Regnault, Mirbeau préféra quitter Paris et s'installa en Bretagne, à Kérisper, près d'Auray; il a aussi passé plusieurs hivers sur la Côte d'Azur, ainsi, son roman Sébastien Roch fut commencé à Menton en novembre 1888.
Puis, de 1889 à 1892, il a habité Les Damps, près de Pont-de-l'Arche, dans l’Eure, où Camille Pissarro a laissé quatre toiles de son jardin. Mais, se sentant trop éloigné de Paris, il déménagea à Carrières-sous-Poissy, Yvelines, où il a fait de son jardin une source d’émerveillement pour ses visiteurs. Devenu riche il s’installa boulevard Delessert à Paris, près du Trocadéro, puis se partagea un temps entre son luxueux appartement de l’avenue du Bois, actuelle avenue Foch, où il a emménagé en novembre 1901, et le château de Cormeilles-en-Vexin, acheté en 1904 par sa femme Alice.
En 1909 il se fit construire la villa de "Cheverchemont" à Triel-sur-Seine, où il écrivit ses derniers livres, avant de revenir à Paris pour se rapprocher de son médecin, le professeur Albert Robin.
Dans toutes ses demeures il a cultivé passionnément son jardin, rivalisant avec Claude Monet, a reçu abondamment ses nombreux amis – notamment Paul Hervieu, son ancien complice des Grimaces, les peintres Claude Monet et Camille Pissarro, le sculpteur Auguste Rodin, et le journaliste Jules Huret – et il a collectionné amoureusement les œuvres d’art des artistes novateurs qu’il a contribué à promouvoir.

Crépuscule

Les dernières années de la vie d’Octave Mirbeau sont désolantes : presque constamment malade, à partir de 1908, il est désormais incapable d’écrire : c’est son jeune ami et successeur Léon Werth qui doit achever Dingo, qui paraît en juin 1913.
La terrifiante boucherie de la Première Guerre mondiale achève de désespérer un homme qui, malgré un pessimisme confinant souvent au nihilisme, n’a pourtant jamais cessé de parier sur la raison de l’homme ni de miser sur l’amitié franco-allemande pour garantir la paix en Europe voir notamment La 628-E, en 1907.

Il meurt le jour de son 69e anniversaire.

Å’uvres

Ses engagements, Combats politiques

Sur le plan politique, Mirbeau s’est rallié officiellement à l'anarchisme en 1890. Mais, bien avant cette date, il était déjà révolté et réfractaire à toutes les idéologies aliénantes, radicalement libertaire, farouchement individualiste, irréductiblement pacifiste, résolument athée depuis son adolescence, anticlérical, antireligieux et antimilitariste.
Il s’est battu avec constance contre toutes les forces d’oppression, d’exploitation et d’aliénation : la famille et l’école éducastratrices; l'Église catholique et les croyances religieuses, tout juste bonnes, selon lui, pour les pensionnaires de l’asile de Charenton; l’armée, les « âmes de guerre et le bellicisme ; la presse vénale et anesthésiante ; le capitalisme industriel et financier, qui permet aux gangsters et prédateurs des affaires de se partager les richesses du monde ; les conquêtes coloniales, qui transforment des continents entiers en jardins des supplices; et le système politique bourgeois, qui se prétend abusivement républicain, alors qu’il ne fait qu’assurer la mainmise d'une minorité sur tout le pays, avec la bénédiction des électeurs moutonniers, plus bêtes que les bêtes : aussi appelle-t-il ses lecteurs à faire la grève des électeurs : Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est d’ailleurs pas en son pouvoir de te donner. ... Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.
Pamphlétaire efficace et d’autant plus redouté, Mirbeau met en œuvre une ironie démystificatrice, un humour noir dérangeant et une rhétorique de l'absurde, dans l'espoir d’obliger certains de ses lecteurs à réagir et à se poser des questions, même s’il ne se fait guère d’illusions sur la majorité de son lectorat. Il recourt volontiers à l’interview imaginaire des puissants de ce monde, afin de mieux dévoiler leur médiocrité et leurs turpitudes. Une anthologie de ses articles a paru sous le titre de Combats politiques.

Combats éthiques

Ardent dreyfusard, il s’engage avec passion dans le grand combat pour les valeurs cardinales du dreyfusisme, la Vérité et la Justice en 1898-1899. Il rédige le texte de la pétition des intellectuels, qui paraît le 16 janvier 1898 ; il collabore à L'Aurore d’août 1898 à juin 1899 ; il participe à de multiples réunions publiques à Paris et en province, au risque, parfois, de se faire tabasser par les nationalistes et antisémites, comme à Toulouse, en décembre 1898, et à Rouen, en février 1899 ; et, le 8 août 1898, il paye de sa poche la grosse amende d’un montant de 7 555,25 francs avec les frais du procès, à laquelle a été condamné Émile Zola pour son J'accuse, paru le 13 janvier dans L'Aurore. En août 1898 également, dans L'Aurore, il tente de mobiliser les deux groupes sociaux dont l’union est la condition du succès : d’une part, les intellectuels, qui ont un grand devoir... celui de défendre le patrimoine d’idées, de science, de découvertes glorieuses, de beauté, dont ils ont enrichi le pays, dont ils ont la garde et dont ils savent pourtant bien ce qu’il en reste quand les hordes barbares ont passé quelque part !... ; d’autre part, les prolétaires, qui se sentent peu concernés par le sort d’un officier appartenant à la classe dominante : L'injustice qui frappe un être vivant — fût-il ton ennemi — te frappe du même coup. Par elle, l'Humanité est lésée en vous deux. Tu dois en poursuivre la réparation, sans relâche, l’imposer par ta volonté, et, si on te la refuse, l’arracher par la force, au besoin.
Mirbeau incarne l'intellectuel à qui rien de ce qui est humain n’est étranger. Conscient de sa responsabilité de journaliste écouté et d’écrivain prestigieux, il mène avant tout un combat éthique et, s'il s'engage dans les affaires de la cité, c’est en toute indépendance à l’égard des partis, en qui il n'a aucune confiance, et tout simplement parce qu’il ne peut supporter l’idée d’être complice, par son silence, comme tant d’autres par leur passivité, de tous les crimes qui sont perpétrés à travers le monde : Je n’ai pas pris mon parti de la méchanceté et de la laideur des hommes. J’enrage de les voir persister dans leurs erreurs monstrueuses, de se complaire à leurs cruautés raffinées... Et je le dis, confie-t-il en 1910, alors que son état de santé le condamne à une semi-retraite. Son devoir est avant tout d’être lucide et de nous forcer à voir, en nous inquiétant, ce que, aveugles volontaires, nous préférons généralement éviter de regarder en face, histoire de préserver notre confort moral. Telle est donc la mission humaniste de la littérature : Aujourd’hui l’action doit se réfugier dans le livre. C’est dans le livre seul que, dégagée des contingences malsaines et multiples qui l’annihilent et l’étouffent, elle peut trouver le terrain propre à la germination des idées qu’elle sème. … Les idées demeurent et pullulent : semées, elles germent ; germées, elles fleurissent. Et l’humanité vient les cueillir, ces fleurs, pour en faire les gerbes de joie de son futur affranchissement.

Combats esthétiques

Parallèlement, en tant que critique d’art influent et doté d’une espèce de prescience, il pourfend l’art académique des Édouard Detaille, Jean-Louis-Ernest Meissonier, Alexandre Cabanel et William Bouguereau, il tourne en ridicule le système des Salons, ces bazars à treize sous, ces grandes foires aux médiocrités grouillantes et décorées, et il bataille pour les grands artistes novateurs, longtemps moqués et méconnus, parce que les sociétés, selon lui, ne sauraient tolérer le génie : Tout l'effort des collectivités tend à faire disparaître de l’humanité l'homme de génie, parce qu’elles ne permettent pas qu’un homme puisse dépasser de la tête un autre homme, et qu’elles ont décidé que toute supériorité, dans n’importe quel ordre, est, sinon un crime, du moins une monstruosité, quelque chose d’absolument anti-social, un ferment d’anarchie. Honte et mort à celui dont la taille est trop haute !
Mirbeau se fait donc le chantre attitré d’Auguste Rodin, de Claude Monet et de Camille Pissarro ; il est l’admirateur de Paul Cézanne, d’Edgar Degas et d’Auguste Renoir, le défenseur d’Eugène Carrière, de Paul Gauguin — qui, grâce à ses articles élogieux, en février 1891, peut payer son voyage à Tahiti —, de Félix Vallotton, d’Édouard Vuillard et de Pierre Bonnard, le découvreur de Maxime Maufra, de Constantin Meunier, de Vincent van Gogh, de Camille Claudel, dont il proclame à trois reprises le énie, d’Aristide Maillol et de Maurice Utrillo. Ses articles sur l'art ont été recueillis dans les deux gros volumes de ses Combats esthétiques, parus à la Librairie Séguier en 1993.

Ardent défenseur et collectionneur de l'art de son temps

... comme il sut choisir toujours les pièces les plus franches, les plus aiguës, les plus révélatrices, nul ensemble réuni par aucun amateur n'a encore offert une image aussi caractéristique de l'effort contemporain. préface anonyme du catalogue de la vente de sa collection.
Afin de pouvoir transformer la villa de Triel-sur-Seine en un lieu de villégiature pour les littérateurs et artistes maltraités par le sort, sa veuve dut vendre cette importante collection de Tableaux, aquarelles, pastels et dessins, par Paul Cézanne, 13 œuvres, dont deux autoportraits, Bonnard, Cross, Daumier, Paul Gauguin, Vincent van Gogh, 2 œuvres, dont Le Père Tanguy, 1887, Claude Monet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Renoir, Rodin, 23 dessins, K.-V. Roussel, Seurat, Signac, Utrillo, Félix Vallotton, M. Thadée Natanson, 1897, Valtat, Vuillard, et des sculptures par Camille Claudel, un plâtre, Aristide Maillol, 10 plâtres, terres cuites, bois et bronzes et Rodin (11 plâtres, marbres et bronzes, dont le buste de Victor Hugo et celui de l'écrivain, qui peut être celui reproduit plus bas, fut mise aux enchères publiques, le 24 février 1919, à la galerie Durand-Ruel, 16, rue Laffitte, à Paris.
Si aucune de ses toiles de l'écrivain, peintre-amateur au talent reconnu par Monet, n'y figura, la note-préface du catalogue est illustrée de ses Hortensias et de La mer à Menton-Garavan, réalisés lors d'un de ses séjours à Menton.

Combats littéraires

Il mène aussi le bon combat pour des écrivains également novateurs : il lance notamment Maurice Maeterlinck en août 1890, par un article retentissant du Figaro, et Marguerite Audoux en 1910 ; il défend et promeut Remy de Gourmont, Marcel Schwob, Léon Bloy et Jules Renard, qu’il fait élire à l’Académie Goncourt en 1907, en menaçant de démissionner ; il vient en aide à Alfred Jarry et à Paul Léautaud ; il admire inconditionnellement Léon Tolstoï et Dostoïevski, qui lui ont révélé les limites de l’art latin, fait de clarté et de mesure ; il prend à deux reprises la défense d’Oscar Wilde condamné aux travaux forcés ; et il contribue à la réception en France de Knut Hamsun et d’Ibsen.
Nommé membre de l’Académie Goncourt par la volonté testamentaire d’Edmond de Goncourt, qu’il a plusieurs fois défendu dans la presse, Mirbeau fait entendre sa voix et se bat avec ferveur, à partir de 1903, pour de jeunes écrivains originaux qu’il contribue à promouvoir, même s’ils n’obtiennent pas le prix Goncourt : Paul Léautaud, Charles-Louis Philippe, Émile Guillaumin, Valery Larbaud, Marguerite Audoux, Neel Doff, Charles Vildrac et Léon Werth.
Ses chroniques sur la littérature et le journalisme ont été recueillies en 2006 dans ses Combats littéraires, L’Âge d’Homme, Lausanne.

Mirbeau romancier

"Beaucoup de pose. C'est le monsieur qui a trouvé un ton et qui s'y maintient. On sent qu'il parlerait de la même façon d'un saladier de fraises et de l'assassinat de toute une famille ... mais une fameuse plume. Et puis, du sang, du nerf, de la générosité."
Georges Clemenceau à Jean Martet, M.Clemenceau peint par lui-même, 1929 .

De la négritude au roman autobiographique

Mirbeau s’est d’abord avancé masqué et a publié, sous au moins deux pseudonymes, pour plusieurs commanditaires, une dizaine de romans écrits comme nègre, notamment L'Écuyère, La Maréchale, La Belle Madame Le Vassart, Dans la vieille rue et La Duchesse Ghislaine. Il y fait brillamment ses gammes, varie les modèles dont il s’inspire et inscrit ses récits dans le cadre de romans-tragédies, où le fatum prend la forme du déterminisme psychologique et socioculturel. Et, déjà, il trace un tableau au vitriol de ce loup dévorant qu’est le monde, et de la bonne société qu’il abomine et dont il connaît les dessous peu ragoûtants pour l’avoir fréquentée pendant une douzaine d’années.
Il fait, dans le genre romanesque, des débuts officiels fracassants, sous son propre nom, avec un roman qui, publié chez Ollendorff, obtient un succès de scandale, Le Calvaire en 1886. Il s'y libère par l’écriture des traumatismes de sa destructrice passion pour Judith Vinmer, rebaptisée Juliette Roux, et maîtresse du narrateur et antihéros Jean Mintié . De surcroît, dans le chapitre II, non publié par Juliette Adam, il dresse un tableau impitoyable de l’armée française pendant la guerre de 1870, qu’il a vécue, comme moblot mobile, dans l’armée de la Loire.
En 1888 il publie, chez Ollendorff, L'Abbé Jules, premier roman dostoïevskien et pré-freudien de notre littérature, vivement admiré par Léon Tolstoï, Georges Rodenbach, Guy de Maupassant et Théodore de Banville, où, dans le cadre percheron de son enfance, apparaissent deux personnages fascinants : l'abbé Jules et le père Pamphile. Dans un troisième roman autobiographique, Sébastien Roch en 1890, il évacue un autre traumatisme : celui de son séjour chez les jésuites de Vannes – un enfer, écrivait-il en 1862 à son confident Alfred Bansard – et des violences sexuelles qu’il pourrait bien y avoir subies, à l’instar du personnage éponyme. Il transgresse ainsi un tabou qui a duré encore plus d’un siècle : le viol d’adolescents par des prêtres.

La crise du roman

Il traverse alors une grave crise existentielle et littéraire, au cours de laquelle il remet radicalement en cause le genre romanesque. Il publie néanmoins en feuilleton un extraordinaire roman, très noir, expressionniste et pré-existentialiste avant la lettre, sur la souffrance de l'humaine condition et la tragédie de l’artiste, Dans le ciel. Il y met en scène un peintre, Lucien directement inspiré de Van Gogh, dont, à l’insu de sa pingre épouse, il vient d’acheter au père Tanguy, pour 600 francs, deux toiles qui, revendues en 1987, seront alors les plus chères au monde : Les Iris et Les Tournesols…
Au lendemain de l’affaire Dreyfus, son pessimisme est encore renforcé, et il publie deux romans fin-de-siècle qui en témoignent. Jugés scandaleux par les Tartuffes et les bien-pensants de tout poil, ils n’en connaissent pas moins un énorme succès à travers le monde, ils sont traduits dans plus d'une trentaine de langues et sont constamment réédités dans tous les pays : d'abord, Le Jardin des supplices en 1899, où la distanciation géographique et l’exotisme facilitent sa dénonciation, par le truchement de la fictive Clara, d’une prétendue civilisation reposant sur la culture du meurtre; ensuite, le Journal d'une femme de chambre en 1900, où, à travers le regard d’une soubrette lucide, Célestine, il s’emploie à démasquer les honnêtes gens, pires à ses yeux que les canailles. Il y met déjà à mal le genre romanesque, en pratiquant la technique du collage, et en transgressant les codes de la vraisemblance, de la crédibilité romanesque et des hypocrites bienséances. Les 21 jours d'un neurasthénique 1901 systématise le recours au collage et nous donne une vision grinçante des hommes et de la société, à travers le regard d’un neurasthénique qui projette son mal-être sur un univers et une société bourgeoise prise de folie, où rien ne rime à rien et où tout marche à rebours de la justice et du bon sens, comme l'illustre notamment la mésaventure de Jean Guenille.

La mise à mort du roman.

Octave Mirbeau achève de mettre à mort le vieux roman prétendument réaliste dans ses deux dernières œuvres narratives : La 628-E8 een 1907, amputée in extremis de La Mort de Balzac, qui se présente comme un récit de voyage en automobile à travers la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne ; et Dingo en 1913, achevé par Léon Werth, parce que Mirbeau, malade, n’était plus capable d’écrire. Les héros de ces deux récits ne sont autres que sa propre automobile, la fameuse Charron immatriculée 628-E8 et son propre chien tendrement aimé, Dingo, effectivement mort à Veneux-Nadon en octobre 1901. Mirbeau renonce aux subterfuges des personnages romanesques et se met lui-même en scène en tant qu’écrivain, inaugurant ainsi une forme d’autofiction avant la lettre. Il renonce à toute trame romanesque et à toute composition, et obéit seulement à sa fantaisie.
Enfin, sans le moindre souci de réalisme, il multiplie les caricatures, les effets de grossissement et les hénaurmités pour mieux nous ouvrir les yeux. C’est ainsi qu’on peut comprendre le chapitre de La 628-E8 sur La Mort de Balzac, qui a fait scandale, et où certains critiques, notamment Marcel Bouteron, ont voulu voir une vulgaire calomnie à l’encontre de Mme Hanska, alors qu’il ne s’agit, pour le romancier, que d’exprimer sa propre gynécophobie et d’exorciser ses propres frustrations.
Par-dessus le roman codifié du xixe siècle à prétentions réalistes, Mirbeau renoue avec la totale liberté des romanciers du passé, de Rabelais à Sterne, de Cervantès à Diderot, et il annonce ceux du vingtième siècle.

Mirbeau dramaturge, Une tragédie prolétarienne


Au théâtre, Mirbeau a fait ses débuts avec une tragédie prolétarienne, Les Mauvais bergers, sur un sujet proche de celui du Germinal d’Émile Zola : l’éclosion d’une grève ouvrière et son écrasement dans le sang. Elle a été créée au théâtre de la Renaissance, le 15 décembre 1897, par deux monstres sacrés de la scène, Sarah Bernhardt, qui incarne la jeune pasionaria Madeleine, et Lucien Guitry, qui interprète l'anarchiste Jean Roule. Mirbeau y proclame notamment le droit à la beauté pour tous53. Mais le pessimisme domine, confinant même au nihilisme : au dénouement, ne subsiste aucun espoir de germinations futures. Mirbeau jugera sa pièce beaucoup trop déclamatoire et songera même à l’effacer de la liste de ses œuvres. Mais des groupes anarchistes la traduiront et la représenteront à travers l’Europe.

Deux grandes comédies

En 1903, il connaît un triomphe mondial, notamment en Allemagne et en Russie, avec une grande comédie classique de mœurs et de caractères dans la tradition de Molière, qu’il a fait représenter à la Comédie-Française au terme d’une longue bataille, marquée par la suppression du comité de lecture, en octobre 1901 : Les affaires sont les affaires, créée le 20 avril 1903. C’est là qu’apparaît le personnage d’Isidore Lechat, archétype du brasseur d’affaires moderne, produit d’un monde nouveau : il fait argent de tout, intervient sur tous les terrains, caresse de vastes projets et étend sans scrupules ses tentacules sur le monde. Mais la révolte de sa fille Germaine et la mort accidentelle de son fils révèlent ses failles et les limites de sa puissance.
En 1908, au terme d’une nouvelle bataille judiciaire et médiatique, qu’il remporte de haute lutte contre Jules Claretie, l'administrateur de la Maison de Molière, il fait de nouveau représenter à la Comédie-Française une pièce à scandale, cosignée par son ami Thadée Natanson, Le Foyer. À travers le cas du Foyer géré par le baron J. G. Courtin, il y pourfend une nouvelle fois la prétendue charité, qui n’est qu’un juteux business, et transgresse un nouveau tabou : l’exploitation économique et sexuelle d’adolescentes dans un foyer prétendument charitable, avec la complicité du gouvernement républicain, qui préfère étouffer le scandale.

Farces et moralités

Mirbeau a aussi fait jouer six petites pièces en un acte, recueillies sous le titre de Farces et moralités en 1904 : tout en se situant dans la continuité des moralités médiévales à intentions pédagogiques et moralisatrices, il anticipe le théâtre de Bertolt Brecht, de Marcel Aymé, de Harold Pinter et d’Eugène Ionesco Il y subvertit les normes sociales, il démystifie la loi et il porte la contestation au niveau du langage, qui contribue notamment à assurer la domination de la bourgeoisie, il tourne notamment en dérision le discours des politiciens et le langage de l’amour.

Contradictions

Octave Mirbeau était un homme, un écrivain et un intellectuel engagé pétri de contradictions58, qui lui ont valu bien des critiques, mais qui sont constitutives de son humanité en même temps que le produit de la diversité de ses exigences.

Sensibilité et détachement

Doté d’une extrême sensibilité, qui lui vaut d’éprouver d’intenses satisfactions d’ordre esthétique, par exemple, il est du même coup exposé de plein fouet aux souffrances et déceptions en tous genres que réserve la vie. Aussi passe-t-il par des périodes contemplatives, devant des parterres de fleurs ou des œuvres d’art où il trouve un refuge loin du monde des hommes et aspire-t-il à une philosophie du détachement, qui rappelle l'ataraxie des stages stoïciens et où certains commentateurs ont voulu voir une forme d'élan mystique, ce qui l’amène aussi à s’intéresser au Nirvana des bouddhistes ce n’est évidemment pas un hasard s’il signe du pseudonyme de Nirvana les sept premières Lettres de l'Inde de 1885. Mais, à l’instar de l’abbé Jules, du roman homonyme, il est fort en peine de juguler les élans de son cœur.

Désespoir et engagement

Mirbeau a toujours fait preuve d’une lucidité impitoyable, et radicalement matérialiste, et il n’a cessé de dénoncer tous les opiums du peuple et toutes les illusions qui interdisent aux hommes de regarder Méduse en face et de se voir tels qu’ils sont, dans toute leur horreur.
Et pourtant ce désespéré n’a jamais cessé d’espérer et de lutter pour se rapprocher de l’idéal entrevu, comme si les hommes étaient amendables, comme si l’organisation sociale pouvait être réellement améliorée. Le pessimisme radical de sa raison est toujours contrebalancé par l’optimisme de sa volonté.

Idéalisme et réalisme

Farouchement libertaire, et foncièrement hostile à toutes les formes de pouvoir, Mirbeau a toujours refusé la forme partidaire et ne s’est rallié à aucun groupe anarchiste. Mais l’affaire Dreyfus lui a fait comprendre la nécessité de faire des compromis et de passer des alliances, fût-ce avec des politiciens bourgeois naguère vilipendés et des socialistes honnis, pour avoir quelques chances de remporter des victoires, fussent-elles provisoires. D’autre part, son anarchisme est problématique, puisque l’absence d’État et la totale liberté laissée aux individus ne pourraient qu’assurer le triomphe des prédateurs sans scrupules, tels qu’Isidore Lechat, dans Les affaires sont les affaires. Aussi a-t-il fini par faire un bout de route avec Jaurès et par accepter de collaborer à L’Humanité à ses débuts, dans l'espoir de réduire l'État à son minimum de malfaisance.

Un écrivain réfractaire à la littérature

Enfin, Mirbeau est un écrivain paradoxal, qui a écrit énormément, tout en se prétendant frappé d’impuissance, et qui a contesté le principe même de la littérature, faite de mots et véhicule de mensonges, en même temps que tous les genres littéraires. Journaliste, il n’a cessé de vilipender la presse vénale, accusée de désinformation, de crétinisation des masses, voire de chantage. Critique d’art, il s’est toujours moqué des professionnels de la critique, ratés misonéistes, aussi inutiles que des ramasseurs de crottin de chevaux de bois, et il a martelé qu’une œuvre d’art ne s’explique pas, mais doit s’admirer en silence. Romancier, il a dénoncé la vulgarité et les conventions d’un genre qui avait fait son temps. Dramaturge, il a proclamé la mort du théâtre. Et pourtant, professionnel de la plume et intellectuel engagé, il n’a cessé d’écrire pour clamer sa colère ou ses enthousiasmes.

Postérité

Mirbeau n’a jamais été oublié et n’a jamais cessé d’être publié, mais on l’a souvent mal lu, à travers de trompeuses grilles de lecture, par exemple, nombre de critiques et d’historiens de la littérature l’ont embrigadé bien malgré lui parmi les naturalistes, ou bien on a voulu voir dans plusieurs de ses romans des œuvres érotiques, comme en témoignent nombre de couvertures de ses innombrables traductions. On a aussi eu fâcheusement tendance à réduire son immense production aux trois titres les plus emblématiques de son œuvre littéraire.
Politiquement incorrect, socialement irrécupérable et littérairement inclassable, il a traversé, après sa mort, une longue période d’incompréhension de la part des auteurs de manuels et d’histoires littéraires ; et le faux Testament politique, rédigé par Gustave Hervé et publié cinq jours après sa mort par sa veuve abusive, Alice Regnault, a contribué à brouiller durablement son image.
Heureusement, depuis vingt ans, grâce au développement des études mirbelliennes, parution de sa biographie, nombreuses découvertes de textes insoupçonnés, publication de très nombreux inédits, fondation de la Société Octave Mirbeau, création des Cahiers Octave Mirbeau, organisation de nombreux colloques internationaux et interdisciplinaires, sept entre 1991 et 2007, constitution d’un Fonds Octave Mirbeau à la Bibliothèque Universitaire d’Angers, ouverture de deux sites web consacrés à Mirbeau, mise en ligne de la plus grande partie de ses écrits, on le découvre sous un jour nouveau, on le lit sans idées préconçues ni étiquettes réductrices, on publie la totalité de son œuvre, dont des pans entiers étaient méconnus ou ignorés, voire totalement insoupçonnés, ses romans écrits comme nègre, par exemple, et on commence tardivement à prendre la mesure de son tempérament d’exception, de son originalité d’écrivain et du rôle éminent qu’il a joué sur la scène politique, littéraire et artistique de la Belle Époque, ainsi que dans l’évolution des genres littéraires.

Société Octave Mirbeau.

En novembre 1993 a été créée la Société Octave Mirbeau, présidée par Pierre Michel, qui a son siège à Angers. Elle publie tous les ans de copieux Cahiers Octave Mirbeau 20 numéros parus. Elle a constitué un Fonds Mirbeau à la Bibliothèque Universitaire d'Angers, organisé trois colloques internationaux, créé un site Internet et un portail Internet multilingue, coédité plusieurs volumes de textes et œuvres de Mirbeau, notamment son Œuvre romanesque et sa Correspondance générale, et édité ou mis en ligne elle-même plusieurs études sur Mirbeau. Elle a également mis en ligne, à l'automne 2010, un monumental Dictionnaire Octave Mirbeau, qui est paru en volume à l'Âge d'Homme, en coédition avec la Société Octave Mirbeau, en février 2011. Un bilan des activités de la Société Octave Mirbeau a été tiré par son président, à l'occasion du vingtième anniversaire de sa création.
La Société Octave Mirbeau a commencé à préparer la commémoration du centième anniversaire de la mort de Mirbeau, en 2017. Elle devrait donner lieu, en France et à l'étranger, à toutes sortes d'initiatives les plus diverses. À cette fin, elle a contacté de nombreuses institutions et collectivités ; elle a constitué et mis en ligne un dossier présentant l'écrivain et la Société Mirbeau; elle a obtenu le haut patronage de l'Académie Goncourt et sollicité celui du Ministère de la Culture et de l'Académie des sciences ; et elle a appelé de nombreuses personnalités internationales de l'université, de la littérature, du théâtre et des beaux-arts à apporter leur soutien.

Prix Octave Mirbeau

Il existe deux "Prix Octave Mirbeau" :
L'un est un prix scientifique, de biologie végétale, décerné tous les quatre ans par l'Académie des Sciences, légataire des archives de Mirbeau par sa veuve Alice Regnault; son montant est de 1 500 €.
L’autre est un prix littéraire créé en 2004 et décerné chaque année par la commune de Trévières, ville natale de l’écrivain; il récompense un roman désigné parmi des ouvrages proposés par des auteurs participant au festival et traitant peu ou prou de la Normandie.

Å’uvres

Romans

Un gentilhomme, Flammarion, 1920
Le Calvaire, Ollendorff (1886);
L'Abbé Jules, Ollendorff (1888);
Sébastien Roch, Charpentier (1890);
Dans le ciel (1892-1893, en feuilleton dans L'Écho de Paris, première édition en volume en 1989, à L'Échoppe);
Le Jardin des supplices, Fasquelle (1899);
Le Journal d'une femme de chambre, Fasquelle (1900);
Les 21 jours d'un neurasthénique, Fasquelle (1901);
La 628-E8, Fasquelle (1907);
Dingo, Fasquelle (1913);
Un gentilhomme, Flammarion (1920);
Les Mémoires de mon ami, Flammarion (1920 ; nouvelle édition en octobre 2007, à L'Arbre vengeur);
Œuvre romanesque, Buchet/Chastel - Société Octave Mirbeau, 3 volumes, 4000 pages, dont 800 pages d’appareil critique (2000-2001). Pierre Michel y a réalisé l’édition critique de l’ensemble des romans d’Octave Mirbeau. Cinq romans écrits comme nègre y sont reproduits en annexe : L’Écuyère, La Maréchale, La Belle Madame Le Vassart, Dans la vieille rue et La Duchesse Ghislaine. Ces quinze romans sont également accessibles en ligne sur le site Internet des éditions du Boucher, avec de nouvelles préfaces de Pierre Michel (2003-2004).

Théâtre

Les Mauvais Bergers, Charpentier-Fasquelle (1897).
Les affaires sont les affaires, Fasquelle (1903).
Farces et moralités, Fasquelle (1904).
Le Foyer, Fasquelle (1908).
Théâtre complet, Eurédit, 4 volumes, 2003.
Les Dialogues tristes, Eurédit, 2006.

Récits, contes et nouvelles

La Pipe de cidre, Flammarion, 1919
Lettres de ma chaumière, Laurent (1885).
Cocher de maître (1889 ; réédition en 1990, À l'écart ; mise en ligne en 2008).
Contes de la chaumière, Charpentier (1894).
Mémoire pour un avocat (1894 en feuilleton dans Le Journal ; mise en ligne par les Éditions du Boucher ; réédition par Flammarion en 2012).
Dans l’antichambre (Histoire d’une Minute) (1905). Illustré par Edgar Chahine. Librairie de la Collection des Dix. A. Romagnol, Éditeur. Collection de l'Académie des Goncourt.
La Vache tachetée, Flammarion (1918).
Un homme sensible, Flammarion (1919).
La Pipe de cidre, Flammarion (1919).
Les Souvenirs d'un pauvre diable, Flammarion (1921).
Le Petit gardeur de vaches, Flammarion (1922).
La Mort de Balzac L'Échoppe (1989, avec une postface de Pierre Michel et Jean-François Nivet ; nouvelles éditions en 1999, chez Arte Éditions - Éditions du Félin, avec la même postface ; en 2011, aux Éditions Sillage ; et en 2012, aux Éditions de l'Herne, avec un avant-propos de François L'Yvonnet).
Contes cruels, Librairie Séguier, 2 volumes (1990 ; réédition chez le même éditeur à l'identique, mais en un seul volume, en 2000). Recueil de 150 contes.
Contes drôles, Séguier (1995). Recueil de 21 contes.
Amours cocasses et Noces parisiennes, Librairie Nizet (1995). Deux recueils parus sous le pseudonyme d'Alain Bauquenne en 1885 et 1883.
Bruxelles, Magellan 2011

Textes de critique

Un homme sensible, 1919, et Le petit gardeur de vaches, 1922
Chez l'Illustre écrivain, Flammarion (1919).
Des artistes, Flammarion, 2 volumes (1922-1924).
Gens de théâtre, Flammarion (1924).
Les Écrivains, Flammarion, 2 volumes (1925-1926).
Notes sur l’art, L'Échoppe (1989).
Sur la statue de Zola, L'Échoppe (1989).
Combats esthétiques, Séguier, 2 volumes (1993).
Premières chroniques esthétiques, Presses de l'Université d'Angers - Société Octave Mirbeau (1996).
Chroniques musicales, Séguier-Archimbaud (2001).
Combats littéraires, L'Âge d’Homme (2006)

Textes politiques et sociaux

La Grève des électeurs (1902 ; rééditions récentes en 1995, 2002, 2007, 2009 et 2011).
Les Grimaces et quelques autres chroniques, Flammarion (1928).
Combats politiques, Séguier (1990).
Combats pour l’enfant, Ivan Davy (1990).
L'Affaire Dreyfus, Séguier (1991).
Lettres de l'Inde, L'Échoppe (1991).
Paris déshabillé, L'Échoppe (1991).
Petits poèmes parisiens, À l'écart (1994).
L’Amour de la femme vénale, Indigo-Côté femmes (1994).
Chroniques du Diable, Presses Universitaires de Besançon (1995).
Chroniques ariégeoises, L'Agasse (1998).
Dreyfusard !, André Versaille (2009).
Interpellations, Le Passager clandestin, (2011).

Correspondance

Correspondance avec Auguste Rodin, Le Lérot (1988).
Lettres à Alfred Bansard des Bois, 1862-1874, Le Limon (1989).
Correspondance avec Claude Monet, Le Lérot (1990).
Correspondance avec Camille Pissarro, Le Lérot (1990).
Correspondance avec Jean-François Raffaëlli, Le Lérot (1993).
Correspondance avec Jean Grave, Au Fourneau (1994).
Correspondance avec Jules Huret, Le Lérot (2009).
Correspondance générale, 3 volumes parus, éd. L’Âge d’Homme, (2003-2009), réalisée par Pierre Michel.

Études, Livres

Reginald Carr, Anarchism in France - The Case Octave Mirbeau, Manchester, 1977, 190 pages.
Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprécateur au cœur fidèle, biographie, Librairie Séguier, Paris, 1990, 1020 pages.
Claude Herzfeld, La Figure de Méduse dans l’œuvre d’Octave Mirbeau, Librairie Nizet, Paris, 1992, 107 pages.
Pierre Michel (sous la direction de), Octave Mirbeau, Actes du colloque d’Angers, Presses Universitaires d’Angers, 1992, 500 pages.
Pierre Michel (sous la direction de) : Colloque Octave Mirbeau, Éditions du Demi-Cercle, Paris, 1994, 132 pages grand format.
Pierre Michel, Les Combats d’Octave Mirbeau, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 1995, 387 pages.
Christopher Lloyd, Mirbeau’s fictions, Durham University Press, 1996, 114 pages.
Laurence Tartreau-Zeller, Octave Mirbeau, une critique du cœur, Presses du Septentrion, 1999, 759 pages.
Pierre Michel, Lucidité, désespoir et écriture, Presses de l’université d’Angers – Société Octave Mirbeau, 2001, 87 pages.
Claude Herzfeld, Le Monde imaginaire d’Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, Angers, 2001, 99 pages.
Samuel Lair, Mirbeau et le mythe de la nature, Presses Universitaires de Rennes, 2004, 361 pages.
Pierre Michel (sous la direction de), Un moderne : Octave Mirbeau, Eurédit, Cazaubon, 2004, 294 pages.
Max Coiffait, Le Perche vu par Mirbeau et réciproquement, L’Étrave, 2006, 224 pages.
Robert Ziegler, The Nothing Machine : The Fiction of Octave Mirbeau, Rodopi, Amsterdam – New York, septembre 2007, 250 pages.
Kinda Mubaideen et Lolo, Un aller simple pour l'Octavie, Société Octave Mirbeau, Angers, septembre 2007, 62 pages.
Pierre Michel, Octave Mirbeau, Les Acharnistes, 2007, 32 pages.
Gérard Poulouin et Laure Himy (sous la direction de), Octave Mirbeau, passions et anathèmes, Actes du colloque de Cerisy, Presses universitaires de Caen, janvier 2008.
Samuel Lair, Octave Mirbeau l'iconoclaste, L'Harmattan, 2008, 334 pages.
Claude Herzfeld, Octave Mirbeau – Aspects de la vie et de l’œuvre, L’Harmattan, 2008, 346 pages.
Éléonore Reverzy et Guy Ducrey (sous la direction de), L'Europe en automobile. Octave Mirbeau écrivain voyageur, Presses Universitaires de Strasbourg, 2009, 320 pages.
Yannick Lemarié et Pierre Michel

Revues

Les Cahiers d'aujourd'hui, numéro spécial Octave Mirbeau, no 9, 1922, 78 pages.
Cahiers naturalistes, numéro spécial Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel et Jean-François Nivet, 1990, 100 pages.
L’Orne littéraire, numéro spécial Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel, 1992, 105 pages.
Comment devenir un homme, Cahiers du Nouveau Théâtre d'Angers, no 34, Angers, octobre 1995, 48 pages.
Europe, numéro Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel, mars 1999, 100 pages.
Autour de Vallès, numéro spécial Vallès - Mirbeau, journalisme et littérature, sous la direction de Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, 2001, 317 pages.
Cahiers Octave Mirbeau, 1994-2013, 20 numéros parus, environ 7 400 p

Liens

http://youtu.be/ySCNwsDkFg0 théatre : les affaires sont les affaires
http://youtu.be/Yj-Gm2GN2WQ Contes cruels de Octave Mirbeau
http://youtu.be/S3IpNioIDOw Octave Mirbeau par Sacha Guitry
http://youtu.be/UcpdJVZe_dE La grève des électeurs, (lecture)

Attacher un fichier:



jpg  images (11).jpg (17.13 KB)
3_52ffe8a5b3d97.jpg 289X174 px

jpg  images (10).jpg (6.86 KB)
3_52ffe8b1a4d1b.jpg 216X216 px

jpg  images (9).jpg (9.36 KB)
3_52ffe8bbeead9.jpg 188X268 px

jpg  images (8).jpg (6.64 KB)
3_52ffe8c6dcb8b.jpg 216X216 px

jpg  images (7).jpg (9.08 KB)
3_52ffe8d227ee5.jpg 259X194 px

jpg  images (6).jpg (4.70 KB)
3_52ffe8db7b517.jpg 191X133 px

jpg  images (5).jpg (2.20 KB)
3_52ffe8e7b7b8d.jpg 136X176 px

jpg  images (4).jpg (5.58 KB)
3_52ffe8f29c416.jpg 152X210 px

jpg  images (3).jpg (9.22 KB)
3_52ffe8ffed279.jpg 273X184 px

jpg  images (2).jpg (9.69 KB)
3_52ffe90b0788f.jpg 235X215 px

jpg  images (1).jpg (6.77 KB)
3_52ffe9153e58d.jpg 189X267 px

jpg  images.jpg (10.23 KB)
3_52ffe923876ba.jpg 225X224 px

jpg  camilclaudel220.jpg (19.65 KB)
3_52ffe9301a267.jpg 420X304 px

jpg  téléchargement (2).jpg (10.06 KB)
3_52ffe93ada6cd.jpg 200X252 px

jpg  téléchargement (1).jpg (11.03 KB)
3_52ffe945b2ba3.jpg 204X247 px

jpg  téléchargement.jpg (4.47 KB)
3_52ffe950af2e1.jpg 164X204 px

jpg  220px-CalvaireJeanniot5.JPG (13.08 KB)
3_52ffe95cb2b5b.jpg 220X293 px

jpg  220px-Mirbeau-Cahiersd'Aujourd'hui.jpg (14.07 KB)
3_52ffe97e116f1.jpg 220X301 px

jpg  220px-CalvaireJeanniot2.JPG (15.37 KB)
3_52ffe98de3386.jpg 220X358 px

jpg  220px-Chaumière.JPG (9.25 KB)
3_52ffe99946567.jpg 220X199 px

jpg  160px-Dugué_de_la_Fauconnerie.jpg (6.43 KB)
3_52ffe9a656c9b.jpg 160X248 px

jpg  220px-Pierre-Auguste_Renoir_112.jpg (19.24 KB)
3_52ffe9b4064e0.jpg 220X318 px

Posté le : 15/02/2014 17:43
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les bons mots de Grenouille
Plume d'Or
Inscrit:
22/01/2012 16:15
De Alsace
Messages: 317
Niveau : 16; EXP : 64
HP : 0 / 391
MP : 105 / 14243
Hors Ligne
[





LE BON SENS LYONNAIS :
====================

Cliquez pour afficher l


La Plaisante Sagesse Lyonnaise est un recueil de 1920, écrit par Justin Godart, sous le pseudonyme de Catherin Bugnard. Ce petit livre, réédité en 1968, est en grande partie une compilation de maximes non signées.


- " Tout le monde peuvent pas être de Lyon, il en faut ben d'un peu partout."


-" Tâche moyen de ne pas lâcher de bêtises, parce que t'auras beau courir après, t'aurais de peine à les rattraper."



-" Le tout c'est pas d'y faire, c'est d'y penser; mais le difficile, c'est pas d'y penser, c'est d'y faire."


-" Vaut mieux prendre chaud en mangeant que froid en travaillant."


-" On fait toujours plaisir aux gens en leur rendant visite: si ce n'est pas en arrivant, c'est en partant."


-" Le bon sens a beau courir les rues, personne lui court après."

-" Y a pas à barguigner, faut vieillir ou mourir jeune.


-"Verre vide je te plains, verre plein, je te vide. "


-" Si t'as idée d'arriver centenaire, crains Dieu bien sûr, mais crains surtout les courants d'air . "


-" Pour tant qu'à parler, tout le monde y sait faire; mais pour tant qu'à besogner, faudrait voir … "


-" Vaut mieux avoir compris qu' avoir appris."


-"C'est au moment de payer les pots qu'on sent qu'on a plus soif."


-" Mieux vaut mettre son nez dans un verre de Beaujolais que dans les affaires des autres."


-" Tu vas pas apprendre à ta mère à faire des enfants, des fois ! "


-" Le temps passe, toi aussi, et demain sera pas long à devenir hier … "


-" Pour ce qu'est la chose de l'amour, n'y sois pas regardant, parce que, vois-tu, que t'en uses ou que t'en uses pas, ça s'use; "


-"Faut pas faire la besogne pour qu'elle soye faite. Faut la faire pour la faire."


-" On a beau dire que c'est fdifficile de mourir, manquablement tout un chacun finit bien par s'en tirer."


-" C'est mal fait d'arriver à la fin de sa vie juste au moment où on commence à savoir vivre."


-" Quand même qu'il est sur son trône, le Roi n'en est pas moins assis sur ses fesses, tout comme le canut sur sa banquette."


-" Quand on n'a besoin de rien tout le monde sont à votre service."


-" Nous autres, pauvres canuts, nous pouvons pas nous payer le médecin; alors, nous mourons nous-mêmes."


-"Le vrai du vrai c'est pas tant d'aller vite comme de savoir par où passer "


-"La beauté" se mange pas à la cuiller."


-"Tant plus qu'on apprend, tant plus qu'on sent qu'on est pas le premier moutardier du Pape."


-"Bien sûr, c'est pas drôle d'avoir des emberniements mais c'est toujours ça qu'on peut raconter à ses amis à qui ça fait tant plaisir. "


-"Pour faire son chemin faut de l'honnêteté et de l'habileté. L' honneteté, c'est de tenir ses engagements. L' habileté , c'est de ne jamais en prendre."



ILS ONT DE LA REPARTIE:

=====================


Rencontre entre Charlie Chaplin et Albert Einstein :
-" Ce que j'admire le plus dans votre art, dit Albert Einstein à Charlie Chaplin, c'est son universalité. Vous ne dites pas un mot et pourtant le monde entier vous comprend."
-" C'est vrai, réplique Chaplin, mais votre gloire est plus grande encore: le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend."

Cliquez pour afficher l

-----

Après la paix avec la Grande-Bretagne, alors que le corsaire Robert Surcouf participait à un dîner en présence de ses anciens ennemis britanniques, l'un deux lui dit :
-" Enfin, Monsieur, avouez que vous, Français, vous vous battiez pour l'argent, tandis que nous, anglais, nous nous battions pour l'honneur …. ! "
Surcouf lui répondit d'un ton calme:
-" Certes, Monsieur, mais chacun se bat pour acquérir ce qu'il n'a pas."

Cliquez pour afficher l

-----
Lors de la première d'une pièce de théâtre, un spectateur en retard souffle à l'oreille de Tristan Bernard :
" Ah ! j'ai manqué le premier acte ! "
Et Tristan Bernard lui répond, flegmatique :
" Rassurez-vous, l'auteur aussi."

Cliquez pour afficher l


-----

A la semaine prochaine ...

Posté le : 15/02/2014 15:51

Edité par Grenouille sur 16-02-2014 05:50:47
Edité par Grenouille sur 16-02-2014 05:54:10
Edité par Loriane sur 17-02-2014 12:28:49
Edité par Loriane sur 17-02-2014 12:41:08
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:27:24
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:29:11
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:30:40
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:31:46
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:32:28
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:34:15
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:35:58
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:38:04
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:38:56
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:39:40
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:40:58
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:41:59
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 14:43:53
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 17:08:30
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 17:09:09
Edité par Grenouille sur 17-02-2014 21:02:23
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les belgicismes
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35628
Hors Ligne
Lettre R (2)

ramicoudé: en mauvais état
ramonache : raifort, radis noir
rapia : radin, grippe-sou
ratchacha: griffonnage
rattachisme : doctrine politique prônant le rattachement de la Wallonie à la France
rawète : supplément, rab
receveur : percepteur
réciproquer : présenter ses vœux en retour
recouvrir : retrouver, recouvrer
recta: immédiatement
régendat : mandat

« Salut François. Comment va ton père ? Il est sorti de l’hôpital ?
- Il n’est pas resté longtemps. Dès qu’on lui a présenté les tarifs, il a recouvert la santé recta. Rapia comme il est ! Maintenant, il se soigne à la soupe de ramonache.
- A ce point ? Il n’est pourtant pas pauvre.
- Non. Mais il se trimballe toujours avec sa vieille veste de velours côtelé ramicoudée.
- Qu’est-ce qu’il exerçait comme métier ?
- Receveur des impôts. Son régendat a duré plus de trente ans. Ses employés ont dû apprendre à déchiffrer ses ratchachas. Il écrivait petit pour économiser du papier. Au Nouvel An et à Noël, je lui offre toujours un petit cadeau et lui me réciproque juste avec une grande accolade.
- Sympa !
- Au repas ; les quantités sont calculées au gramme près, pas question de demander une rawète ! Il serait même capable de prôner le rattachisme si cela lui faisait gagner ne fut-ce qu’un cent.
- Il faudrait peut-être lui rappeler qu’un linceul n’a pas de poche !
- Il serait tout à fait capable d’en faire fabriquer un ! Sacré papa ! »

Cliquez pour afficher l


Posté le : 15/02/2014 13:44
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les expressions
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57788
Hors Ligne
« Soupe au lait »


Qui change rapidement de caractère, qui s'emporte brutalement.


Expression issue au XIXe siècle de la locution monter comme une soupe au lait.
Il suffit d'avoir expérimenté une seule fois le comportement du lait, et donc de la soupe au lait lorsqu'il se met brutalement à bouillir pour comprendre cette association avec une personne dont l'humeur change très brutalement, aussi vite que le lait redescend dès qu'on le sort du feu.

Posté le : 15/02/2014 10:54
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


A table !
Plume d'Or
Inscrit:
06/08/2013 20:30
De Le Havre
Messages: 805
Niveau : 25; EXP : 53
HP : 0 / 613
MP : 268 / 19579
Hors Ligne
Bonjour, c'est mon tour de proposer un nouveau défi, j'ai pensé à la bonne chère et à tout ce que les repas impliquent dans notre culture française. J'espère que ce thème "A table !" vous inspirera.

Posté le : 15/02/2014 09:01
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Félix Faure
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57788
Hors Ligne
Le 16 février 1899 à Paris meurt, à 58 ans, Félix Faure,

né dans le même ville le 30 janvier 1841 homme d'État français.
Ancien tanneur, négociant en cuirs, juge au tribunal de commerce avant d'occuper un poste de ministre de la Marine de 1894 à 1895, il est élu le 17 Janvier 1895, 7 éme président de la République française.
Poste qu'il occupera du 17 Janvier 1895 au 16 février 1899, soit 4 ans, 0 mois et 29 jours.Il a pour Présidents du Conseil, successivement Alexandre Ribot, Léon Bourgeois, Jules Méline, Henri Brisson, Charles Dupuy.
Il avait pour prédécesseur Jean Casimir-Perier et pour Successeur Émile Loubet.
Il fut Ministre de la Marine du 30 mai 1894 au 17 janvier 1895 sous le Président Sadi Carnot et
Jean Casimir-Perier.
De religion catholique, ce républicain modéré est marié avec Berthe Belluot avec qui il eut deux enfants, Lucie et Antoinette Faure.


Riche négociant en cuirs du Havre, d'esprit libéral, membre de la Ligue de l'enseignement, Félix Faure se distingua comme chef des mobiles de Seine-Inférieure en novembre 1870. Adjoint au maire du Havre, membre de la chambre de commerce, il fut élu en 1881 député républicain modéré il fait partie de l'Union républicaine, s'occupant surtout des affaires commerciales.
À la Chambre, il fit partie du groupe de l'Union républicaine et fut un spécialiste des affaires commerciales.
Dans le grand ministère composé par Gambetta de 1881-1882, il fut sous-secrétaire d'État à la Marine, chargé particulièrement des colonies, sous Jules Ferry, 1883-1885 et dans le premier cabinet Tirard en 1887-1888. il devient sous-secrétaire d'État au Commerce et aux Colonies, poste qu'il conserve sous Jules Ferry 1883-1885 et dans le premier cabinet Tirard en 1887-1888.
Ministre de la Marine en 1894, il quitte ce poste pour la présidence de la République en janvier 1895. Il est élu au deuxième tour grâce à la coalition des voix monarchistes et modérées contre Brisson le candidat des gauches, contre les voix radicales et socialistes ; il sut s'imposer par sa modération, sa finesse et son sens de la représentation. . À l'intérieur, alors que la France est déchirée par l'affaire Dreyfus, il se montre hostile à la révision du procès et s'appuie sur les modérés, ministères Méline et Dupuy.
Le président de la République en Russie
Le renforcement de l'alliance franco-russe est en partie son œuvre. Attaché à l'expansion coloniale, il a peut-être inspiré l'évacuation de Fachoda. Le renforcement de l'alliance franco-russe fut en partie son œuvre ; il reçut le tsar Nicolas II à Paris en 1896 et il se rendit lui-même à Cronstadt en 1897. À l'extérieur, l'expansion coloniale est marquée par la conquête de Madagascar, et Félix Faure semble avoir été l'inspirateur de l'évacuation de Fachoda, voir affaire de Fachoda.

Sa mort brutale, provoquée par un accident vasculaire cérébral à l'Élysée, quatre après son élection fut suivie de funérailles nationales, marquées par de violentes manifestations au cours desquelles Déroulède tenta vainement d'entraîner les troupes du général Roget le 23 février 1899, vers l'Elysée où était mort le président, au cours d'une intimité amoureuse avec la belle Mme Steinheil, dans des circonstances passées à la postérité.


Sa vie

Des origines familiales

Félix Faure est issu d'une famille rhodanienne modeste de menuisiers et d'ébénistes, par son père Jean-Marie Faure 1809-1889, comme par la première épouse de celui-ci, sa mère Rose Cuissard 1819-1852. Du remariage de son père, il aura un demi-frère germain, Constantin Faure, qui sera officier de marine en 1860 - disparu en mer, 1884.
Le futur président passe les trois premières années de sa vie rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris. En 1844, la famille déménage au faubourg Saint-Antoine, où son père crée une petite fabrique de meubles.
Il suit sa scolarité au collège communal de Beauvais en 1852-1854, puis à l'école Pompée 1854-1857, internat privé d'Ivry-sur-Seine, où ses résultats sont en nette amélioration. Un lycée de Beauvais porte aujourd'hui son nom.
Alors que Félix Faure n'est âgé que de onze ans, sa mère décède de la tuberculose.
Afin de parfaire sa formation, il part deux ans pour l'Angleterre, où il apprend l'anglais et les notions du commerce. Par la suite, engagé dans les chasseurs d'Afrique, Félix Faure envisage une carrière militaire, mais la campagne d'Italie de 1859 l'en dissuade.
En 1861, il effectue un stage de 18 mois à la tannerie d'Amboise.

Le mariage avec Berthe

Il épouse, le 18 juillet 1865 à Amboise, Marie-Mathilde Berthe Belluot3, de laquelle il aura deux filles :
Lucie Faure en 1866-1913, fondatrice de la Ligue fraternelle des enfants de France, épouse sans postérité de l'écrivain Georges Goyau, membre de l'Académie française 1922. Femme de lettres elle-même, elle publiera un certain nombre d'ouvrages sous le nom de Lucie Félix-Faure Goyau, notamment une biographie d'Eugénie de Guérin ;
Antoinette Faure en 1871-1950 qui épouse, en 1892, l'ingénieur René Berge, 1862-1948, avec qui, elle a trois enfants et postérité à nos jours, dont le psychanalyste André Berge;
Toutes deux seront amies de jeunesse de Marcel Proust.

Les premiers travaux

En 1863, Félix Faure est employé dans une maison de peausserie du Havre Seine-Inférieure. En janvier 1867, devenu négociant en cuir, il fonde sa première société, Félix Faure et Cie : il est ainsi l'un des premiers à acheter des cargaisons avant leur accostage en Europe. Lorsqu'il sera élu président de la République, c'est son cousin germain Marius Cremer qui le remplacera à la tête de la société.

Un franc-maçon notable

Félix Faure est franc-maçon, la ville du Havre et sa loge Aménité lui délivre le grade d'apprenti en 1865, puis de maître à partir de 1869. Il y tient des conférences en 1883 et 1885 en compagnie de Paul Doumer, autre futur président de la République élu en 1931.

Sa carrière politique

Débuts

Premier acte de son engagement en politique, Félix Faure signe avec des opposants à Napoléon III, en 1865, le programme de Nancy en faveur de la décentralisation.
Républicain modéré, de plus en plus enraciné au Havre, il fait pour la première fois acte de candidature aux élections municipales des 6 et 7 août 1870, en pleine guerre franco-allemande. Benjamin, de la liste démocratique qui remporte tous les sièges au conseil municipal, Félix Faure est élu au 22e rang.
Le 4 septembre 1870, à la suite de la bataille de Sedan, Léon Gambetta prononce la déchéance du Second Empire : la IIIe République est proclamée au balcon de l'hôtel de ville de Paris et un gouvernement provisoire est formé. Le lendemain, sur ordre du préfet, le conseil municipal du Havre est remanié et Félix Faure, ardent défenseur du nouveau régime, devient le 3e premier adjoint, à l'âge de 29 ans. Chargé de la défense de la ville, proie facile pour les Prussiens, il négocie notamment l'achat d'armes et munitions, réquisitionne plusieurs milliers de Havrais, supervise l'installation d'une ligne de défense…

À la Chambre des députés

Félix Faure fut élu député de la Seine-Inférieure de 1881 à 1885, de 1885 à 1889, de 1889 à 1893 et enfin de 1893 à 1895.

Au gouvernement

Il est sous-secrétaire d'État aux Colonies dans plusieurs cabinets successifs, puis sous-secrétaire d'État à la Marine et enfin ministre de la Marine.

La présidence de la République

À la suite de la démission de Casimir-Perier, il est élu président de la IIIe République par 430 voix sur 801 votants contre Henri Brisson 361 voix le 17 janvier 1895.
Le Président Faure contribue au rapprochement franco-russe, recevant le tsar Nicolas II dans le cadre de l'Alliance franco-russe et faisant une visite officielle en Russie, en 1897.
Il participe à l'expansion coloniale, notamment avec la conquête de Madagascar. Mais les relations avec le Royaume-Uni seront tendues avec la crise de Fachoda.
Le mandat présidentiel de Félix Faure est marqué par l'affaire Dreyfus. Félix Faure demeure, par légalisme commode, hostile à une révision du procès bien que son journal4 montre que progressivement il est convaincu de l'innocence du capitaine. La presse grinçante le surnomme Président Soleil à cause de son goût du faste.

Détail des mandats et fonctions

1870 : élu au conseil municipal du Havre
1881 - 1895 : député républicain modéré de la Seine-Inférieure de la circonscription du Havre
1881 - 1882 : sous-secrétaire d'État au Commerce et aux Colonies
1883 - 1885 ; 1888 : sous-secrétaire d'État à la Marine
1894 - 1895 : ministre de la Marine
17 janvier 1895 - 16 février 1899 : président de la République

Décorations

Chevalier de la Légion d'honneur en 1875
Grand croix de la Légion d'honneur en 1895 en tant que président de la République
Grand-maître de la Légion d'honneur de 1895 à 1899
Chevalier de l'ordre de la Toison d'or Espagne en 1898

Décès

Marguerite Steinheil., Circonstances

Félix Faure, dont on a dit qu'il était plus célèbre par sa mort que par sa vie, mourut au palais de l'Élysée le 16 février 1899, à l'âge de 58 ans. Des quatre présidents morts en fonction, il est le seul à être décédé dans le palais présidentiel.
En 1897, il avait rencontré à Chamonix, Marguerite Steinheil dite Meg, épouse volage du peintre Adolphe Steinheil, auquel fut confiée la commande officielle d'une toile monumentale intitulée La remise des décorations par le président de la République aux survivants de la redoute brûlée.
De ce fait, Félix Faure se rendit souvent à la villa Le vert logis, au no 6 de l'impasse Ronsin à Paris, où résidait le couple Steinheil. Marguerite devint rapidement sa maîtresse et le rejoignait régulièrement dans le salon bleu du palais de l'Élysée.
Le 16 février 1899, Félix Faure téléphona à Marguerite et lui demanda de passer le voir pour 17 heures après son conseil des ministres consacré à l'affaire Dreyfus. Bien qu'elle fût arrivée, les entretiens du Président avec l’archevêque de Paris François-Marie-Benjamin Richard et Albert Ier de Monaco, venus intercéder en faveur du capitaine Dreyfus, se prolongèrent, aussi absorba-t-il probablement une trop forte dose de cantharide officinale, puissant aphrodisiaque mais aux effets secondaires importants, à moins qu'il ne s'agît de l'aphrodisiaque à base de quinine qu'il se faisait apporter par son huissier comme à son habitude, afin de se montrer à la hauteur avec sa maîtresse.
Peu de temps après que le couple se fut installé dans le salon bleu de l'Élysée, ou le Salon d'Argent selon d'autres versions, le chef du cabinet Le Gall, alerté par des cris, se précipita et découvrit le président sans autre vêtement qu'un gilet de flanelle, râlant, allongé sur un divan et la main crispée dans la chevelure de sa maîtresse9, tandis que Marguerite Steinheil déshabillée réajustait ses vêtements en désordre. Félix Faure mourut vers 22 heures d'une congestion cérébrale comme on disait à l'époque.

Cause du décès

La nouvelle que le président était mort dans les bras de sa maîtresse se répandit rapidement. Si certains journaux affirmèrent, tel le Journal du Peuple du 18 février, qu'il était mort d'avoir trop sacrifié à Vénus, c'est-à-dire d'avoir abusé de ses forces durant une relation sexuelle, d'autres, tel La Presse du 22 février, se demandèrent s'il …n'avait pas été victime des dangers inhérents à sa haute fonction, si pour être plus catégorique, il est bien mort de mort naturelle. »11. Ce journal évoquait l'hostilité à son égard provoquée par son attitude dans l'Affaire Dreyfus, thèse qui fut reprise par Édouard Drumont dans son journal La Libre Parole, où il affirmait qu'un cachet empoisonné avait été placé par des Dreyfusards parmi ceux que prenait le président.

Plaisanteries, rumeurs et quolibets

Les circonstances croustillantes du décès prirent rapidement le pas sur la tragédie d'une mort subite. La légende rapporta que l'abbé Herzog, curé de la Madeleine, fut mandé par Mme Félix Faure pour lui administrer les derniers sacrements mais, sans attendre son arrivée, il fut remplacé par un prêtre de passage devant l'Élysée qui, en demandant à son arrivée : Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
se serait entendu répondre : Non, elle est sortie par l'escalier de service !.
Mme Félix Faure habitant l'Élysée et pour éviter le scandale, la maîtresse dut en effet s'éclipser tellement vite qu'elle en oublia son corset - que le chef de cabinet Le Gall gardera en souvenir.

La rumeur populaire colporta que c'était une fellation prodiguée par sa maîtresse qui avait provoqué un orgasme fatal14, ce qui valut à Marguerite Steinheil le surnom de la pompe funèbre. Les chansonniers de l'époque affirmèrent : Il voulait être César, il ne fut que Pompée, allusion au goût du président pour le faste et à la fellation qui provoqua prétendument sa mort. Cette phrase a été attribuée également à Georges Clemenceau, qui ne l'aimait guère. Ce dernier aurait également déclaré à cette occasion : En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui, et Ça ne fait pas un Français en moins, mais une place à prendre.

Obsèques mouvementées

Le président eut droit à des obsèques nationales, célébrées le 23 février 1899. Elles furent marquées par une tentative de coup d'État de la Ligue des patriotes fomenté par Paul Déroulède, qui essaiera en vain de faire prendre d'assaut le palais présidentiel. Félix Faure est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, 4e division. Son gisant en bronze, réalisé par le sculpteur René de Saint-Marceaux, le représente couché sous les plis des drapeaux français et russe, pour rappeler son rôle dans l'Alliance franco-russe.

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Félix Faure a été réalisée par le graveur polonais Wincenty Trojanowski en 1898. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet.
Filmographie

En avril 1897, il est le premier président de la République française à être filmé en voyage officiel. Charles Moisson des studios Lumière suit Félix Faure lors de son déplacement de La Roche-sur-Yon à Niort.
En 2009, Félix Faure et Marguerite Steinheil sont au cœur du téléfilm La Maîtresse du président, de Jean-Pierre Sinapi, avec Didier Bezace dans le rôle du président Faure et Cristiana Reali dans le rôle de Marguerite Steinheil.

Hommage

Un lycée porte son nom à Beauvais Picardie.
De nombreuses rues ou avenues portent son nom, comme par exemple à Paris, Lyon, Nanterre, Nice, Menton ou Rambouillet.


Article de presse
:


16 février 1899 La mort heureuse de Félix Faure

Émotion à l'Élysée. Le président de la République meurt dans les bras d'une admiratrice. Cela se passe le 16 février 1899. La victime, Félix Faure, est un bel homme de 58 ans avec une fine moustache tournée à la façon de Guy de Maupassant.

Il a été élu à la présidence de la République par une coalition de modérés et de monarchistes le 17 janvier 1895 suite à la démission de Jean Casimir-Périer. Ses contemporains le surnomment affectueusement le «Président Soleil» en raison de son amour du faste.

On raconte que, recevant à l'Élysée une grand-duchesse russe, il s'était fait servir à table avant elle. La grand-duchesse ayant protesté, le président répondit sans réfléchir : «C'est l'usage à la cour de France !».

Imprudente galanterie

La rumeur publique croit d'abord que sa compagne des derniers instants est Cécile Sorel, une actrice célèbre du moment. On saura seulement dix ans après qu'il s'agissait d'une demi-mondaine plantureuse d'à peine trente ans, Marguerite (Meg) Steinheil.

Appartenant à une célèbre dynastie industrielle du Jura, les Japy-Peugeot, elle était l'épouse d'un peintre en vogue, Adolphe Steinheil. En récompense des services particuliers de sa femme, celui-ci avait reçu quelques commandes officielles de sorte que ses oeuvres ornent encore aujourd'hui les murs de certains palais de la République.

Très vite, on se raconte de bonnes histoires sur la fin heureuse de Félix Faure, comme celle-ci :

Tandis que la dame s'est dégagée et esquivée, les domestiques transportent le président inconscient dans son lit. Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demande en arrivant :
– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
– Non, on l'a faite sortir par derrière.

Fatale pilule

Les initiés chuchotent que le président aurait succombé à un excès de zèle.

Avant de recevoir ses amies, Félix Faure avait coutume d'absorber une dragée Yse à base de phosphure de zinc. Ce médicament, le Viagra de l'époque, avait la vertu d'exciter les virilités défaillantes mais il avait aussi pour effet de bloquer la circulation rénale.

Le jour de sa mort, comme le président attendait Mme Steinheil, il avait demandé à l'huissier de sonner deux coups à son arrivée. Voilà que sonnent les deux coups : il avale en hâte une dragée Yse. Mais l'huissier a fait une erreur. C'est le cardinal Richard, archevêque de Paris, qui entre dans le bureau élyséen. Et après lui arrive le prince Albert 1er de Monaco, venu plaider la cause du capitaine Dreyfus.

Quand enfin l'huissier sonne pour de bon les deux coups, le président congédie son visiteur. Il a encore le temps d'avaler une deuxième dragée. Celle-ci lui sera fatale... Survolté par la prise médicamenteuse et l'ardeur de sa compagne, Félix Faure succombe non sans avoir arraché à celle-ci une touffe de cheveux !

Georges Clemenceau ne sera pas en reste de bons mots. «Il a voulu vivre César, il est mort Pompée», dit-il du président en guise d'oraison funèbre. Il dit aussi : «Félix Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui».

Conséquences d'une mort impromptue

Félix Faure possède une belle avenue parisienne, une station de métro et une rue à son nom bien qu'il n'ait rien accompli de marquant... comme la plupart des autres Présidents de la IIIe République.

On retient seulement qu'il ébaucha une alliance avec la Russie en recevant le tsar Nicolas II, qu'il s'opposa à la révision du procès de Dreyfus et que son gouvernement dut céder aux Anglais le Soudan après le bras de fer de Fachoda.

Deux jours après sa mort, les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles élisent Émile Loubet pour lui succéder à la présidence de la République. Cette élection sème la consternation chez les antidreyfusards. Il est conspué dans la rue aux cris de «Élu des Juifs !»

Le 23 février, pendant les funérailles de l'ancien président, le journaliste Paul Déroulède tente d'entraîner un général dans un coup d'État parlementaire en vue de préparer la guerre de revanche contre l'Allemagne. Le polémiste est banni. Mais, de retour en France en 1905, il n'aura de cesse d'exciter les esprits contre l'Allemagne... Il n'y réussira que trop bien.

Quant à Meg Steinheil, son histoire ne s'arrête pas là. Le 31 mai 1908, son mari et sa mère sont découverts assassinés au domicile conjugal, elle-même n'étant que ligotée. Soupçonnée du double crime, elle est acquittée cependant le 13 novembre 1909 et s'installe à Londres, où elle épouse en 1917 le baron Abinger. Elle finira sa vie dans le luxe et la paix, à un âge avancé.

Morale et Belle Époque

L'aventure du président Félix Faure n'a guère scandalisé ses contemporains de la «Belle Époque».
Dans cette période qui précède la Grande Guerre de 14-18, les privilégiés donnaient libre cours à leur appétit de jouissance... peut-être pour mieux dissimuler leurs angoisses existentielles (ce fut l'une des rares époques où le taux de suicide des classes aisées se révéla supérieur à celui des classes inférieures, ainsi que l'a noté l'historien Emmanuel Todd dans son essai : Le fou et le prolétaire).
Il était admis à la fin du XIXe siècle que les bourgeois mènent grand train et ne s'embarrassent pas des principes moraux qu'ils imposaient à leur épouse. Ainsi, on se moquait gentiment du leader républicain Georges Clemenceau qui affichait partout ses innombrables conquêtes. Mais l'on trouvait normal qu'il divorce de son épouse américaine, mère de trois enfants, et la renvoie aux États-Unis en 3e et dernière classe après qu'il l'ait surprise dans les bras d'un soupirant.
Le vieux Ferdinand de Lesseps, qui épousa à 64 ans une jeunette de 22 et lui fit 12 enfants, n'en continua pas moins de papillonner dans les maisons closes comme le voulaient les coutumes de l'époque. Un policier affecté à sa surveillance rapporte sa visite à 3 jeunes prostituées, à 85 ans sonnés.
Outre-Manche, David Lloyd George, Premier ministre britannique aux heures sombres de la Grande Guerre, était connu pour être «incapable de fidélité». Ainsi lui arrivait-il d'avoir six maîtresses en même temps. Cette performance devait sans doute paraître modeste au roi Edouard VII, fils de l'austère Victoria, dont les frasques faisaient le bonheur des gazettes et lui valaient une immense popularité...

Liens
http://youtu.be/8CQH-KWJdII Les voyages de Félix Faure
http://youtu.be/5fCbYq3QXRw La vie de Félix Faure par De Decker

Attacher un fichier:



jpg  téléchargement (1).jpg (7.40 KB)
3_52ffea5c14792.jpg 225X225 px

jpg  images.jpg (10.87 KB)
3_52ffea684cbb8.jpg 199X253 px

jpg  images (4).jpg (11.97 KB)
3_52ffea74394d1.jpg 255X197 px

jpg  images (7).jpg (17.32 KB)
3_52ffea887d2ea.jpg 258X196 px

jpg  images (1).jpg (7.52 KB)
3_52ffea99199fe.jpg 180X281 px

jpg  images (16).jpg (10.08 KB)
3_52ffeaa7669c4.jpg 259X194 px

jpg  images (15).jpg (8.25 KB)
3_52ffead1a6d18.jpg 240X140 px

jpg  images (14).jpg (12.14 KB)
3_52ffeade43caf.jpg 189X267 px

jpg  images (13).jpg (7.31 KB)
3_52ffeae7c9f6d.jpg 205X245 px

jpg  Queen-Victoria-1819-1901-Flirts-With-President-Felix-Faure-1841-99-While-On-Her-Holiday-In-Nice.jpg (49.29 KB)
3_52ffeafcba56a.jpg 428X600 px

jpg  images (11).jpg (8.81 KB)
3_52ffeb0a6c0d7.jpg 254X199 px

jpg  images (9).jpg (9.64 KB)
3_52ffeb19c6347.jpg 195X259 px

jpg  images (8).jpg (14.14 KB)
3_52ffeb252fee9.jpg 189X267 px

jpg  images (6).jpg (9.20 KB)
3_52ffeb333b7c5.jpg 194X259 px

jpg  images (5).jpg (6.60 KB)
3_52ffeb421dc5d.jpg 340X148 px

jpg  images (3).jpg (2.70 KB)
3_52ffeb4f1141f.jpg 120X160 px

jpg  images (2).jpg (10.95 KB)
3_52ffeb5aad480.jpg 189X267 px

jpg  Steinheil.jpg (10.92 KB)
3_52ffeb66b4f4d.jpg 250X336 px

jpg  téléchargement (5).jpg (11.67 KB)
3_52ffeb781bf1a.jpg 213X237 px

Posté le : 14/02/2014 21:07

Edité par Loriane sur 15-02-2014 22:02:46
Edité par Loriane sur 15-02-2014 22:06:13
Edité par Loriane sur 15-02-2014 23:35:23
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jose Moreno Villa
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57788
Hors Ligne
Le 16 février 1887 à Malaga, Espagne naît José Moreno Villa,

archiviste, bibliothécaire, poète, écrivain, journaliste, critique d'art, critique littéraire, historien de l'art, documentaliste, dessinateur et peintre espagnol du muvement Génération de 27, Surréalisme, Cubisme. Il fut une personnalité importante et engagée de l'Institution libre d'enseignement et de la Résidence d'étudiants de Madrid, où il fut l'un des précurseurs, exerçant de pont avec la Génération de 27 et qu'il fréquenta pendant vingt ans 1917-1937. Lors de la seconde République espagnole, il fut directeur de la bibliothèque royale.
Quand la guerre civile espagnole éclata, il s'exila d'abord aux États-Unis, puis au Mexique, où il continua puis termina sa carrière, et où il mourut.

Son œuvre multiple de poète, narrateur, essayiste révèle une gamme thématique variée ainsi qu'une grande capacité pour l'investigation.
Son œuvre, cependant, ne commença à être étudiée avec un réel intérêt qu'à partir de 1977 ; pour cela de nombreux critiques et historiens regrettent que son œuvre fut ignorée et soulignent la nécessité de l'examiner.
José Moreno Villa eut un rôle prépondérant dans l'histoire de l'art en Espagne, car il permit à son pays de rapprocher la modernité aux arts plastiques.
Sa peinture allait de pair avec sa poésie — le terme peinture poétique est très souvent employé pour définir son style — et il se chargea d'être l'instigateur des styles d'avant-garde tout en adoptant et diffusant les styles picturaux les plus représentatifs de son temps, comme celui des Espagnols installés à Paris ou le cubisme.

sa vie

Débuts, influences et premiers engagements

José Moreno Villa naquit dans une famille malageña exerçant le métier du commerce de vignobles. Il passait ses étés dans une propriété que possédait sa famille à Churriana. Il n'oublia jamais les bons moments qu'il y vécut : un beau jour je perds les pédales et vous vous rendez compte que je suis de nouveau à Churriana. Si je me perds, cherchez-moi là-bas.
Il eut son premier contact avec la poésie au travers des livres que lui offraient ses parents : au lyrisme que sa mère lui transmettait avec la poésie de Gustavo Adolfo Bécquer et qui prit possession de sa sensibilité enfantine, son père lui opposait la poésie rhétorique de Gaspar Núñez de Arce.
Son père l'envoya étudier la chimie à l'Université de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne de 1904-1908 afin de moderniser la production viticole familiale.
Il fut d'abord logé dans une famille de Bâle, qui accueillait également d'autres étudiants. L'éloignement des siens, de sa terre et ses difficultés à s'intégrer alors qu'il n'avait que 17 ans, lui firent se sentir seul, abandonné dans la forêt, et pénétrer dans un monde confus et sylvestre; il refléta d'ailleurs ce sentiment dans son premier poème important, La selva fervorosa, dédié à Ramón Pérez de Ayala et qui sera inclus dans son deuxième livre, El pasajero.
Ce livre contient par ailleurs un prologue-essai sur la métaphore écrit par José Ortega y Gasset, de qui il fut très proche une fois installé à Madrid, et depuis que ce dernier reçut des mains de Alberto Jiménez Fraud, lui aussi ami intime de Moreno Villa, le premier poème que celui-ci voulait publier dans Los lunes del Imparcial ; poème que José Ortega y Gasset apporta lui-même au journal, et qui fut, selon Moreno le premier déclic dans sa carrière.
Son séjour en Allemagne fut important pour le développement de la sensibilité poétique de Moreno Villa, car c'est là-bas qu'il se rendit compte qu'il ne pourrait satisfaire les espoirs et les investissements que son père avait placés en sa carrière de chimiste et qu'il commença à écrire.
Il lut beaucoup de poésie allemande dont l'influence se fit sentir dans ses écrits, en particulier Goethe, Heine, Schiller, Uhland, Stefan Zweig, Rilke, Hofmannsthal qu'il traduisit plus tard, ainsi que la poésie d'autres auteurs étrangers comme Baudelaire, Verlaine, Poe, Novalis, le théâtre de Hauptmann, et les romans de Tolstoï, Stendhal et Flaubert, ainsi que Don Quichotte et Nouvelles exemplaires pour la première fois.
À son retour dans sa ville natale, il fonda, avec la collaboration de Miguel de Unamuno et d'Alberto Jiménez Fraud, la revue Gibralfaro, unique animateur du panorama culturel de la ville pendant longtemps et jusqu'à l'arrivée de Litoral, éditée par Manuel Altolaguirre.
Quand il arriva à Madrid, en 1910, il étudia l'histoire de l'art à l'Université centrale de Madrid et se spécialisa pour l'archéologie.
Un an plus tard, il commença à travailler au Centre d'études historiques, créé un an plus tôt, en étudiant, cataloguant et reproduisant des miniatures mozarabes, et wisigothes. Il fit de nombreuses excursions avec Manuel Gómez-Moreno de qui il était l'élève aux côtés de Ricardo de Orueta, lors desquelles il dessinait des chapiteaux ou des taquets, faisait des photographies et prenait de nombreuses notes.
Après quelques années de grandes difficultés financières et personnelles de 1912 à 1916, son ami Jiménez Fraud vint à lui et lui proposa d'intégrer la Résidence d'étudiants de Madrid dont il était le directeur, pour sa droiture morale, son goût du travail, et pour l'aide précieuse qu'il apporterait à cette institution qui venait de naître.
José Moreno Villa fut ainsi l'un des précurseurs de la Résidence, exerçant de pont avec la Génération de 27 et en y résidant du début, en 1917, à la fin, 1937. Il y enseigna l'architecture dans le cadre des Écoles Techniques ; il fit intervenir dans ses cours des figures de l'architecture telles que Walter Gropius, Erich Mendelsohn, Le Corbusier ou encore Sir Edwin Lutyens.
En plus d'y enseigner l'architecture, il participait activement à l’œuvre résidentielle en amenant les étudiants au musée du Prado, à faire des excursions avec eux et en collaborant avec la revue historique de la Résidence, Revista Residencia, pour ainsi faire partie de ceux qu'il appelait lui-même les 500, et se lia d'amitié avec Alberto Sánchez Pérez et Benjamín Palencia, avec qui il participa, en 1925, à l'Exposition de la Société d'Artistes Ibériques21 dans le Parc du Retiro, et qu'il accompagne dans l'expérience connue comme la première Escuela de Vallecas.
Quand il commença à écrire, ses principaux modèles furent Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez et Rubén Darío. Ces deux premiers ainsi que Eugenio d'Ors et Pedro Henríquez Ureña eurent dès le début et tout le long de sa carrière des mots d'encouragements : Eugenio d'Ors lui écrivaient régulièrement et pour chacune de ses publications pour le féliciter, Antonio Machado lui rendait visite dans sa chambre de la Résidence pour écouter ses poésies, et Juan Ramón fut un appui moral de tous les instants. Par ailleurs, Pedro Henríquez Ureña, qui apprenait certains des poèmes de Moreno Villa par cœur, lui offrit la possibilité de publier sa poésie au Costa Rica et il en ressortit la publication de Florilegio. Ureña écrivit d'ailleurs le prologue de ce livre, qui incluait également un article dithyrambique qu'Eugenio d'Ors avait publié dans la revue España en janvier 1915.

Son œuvre poétique

Il traversa ainsi plusieurs générations : celle de 98, celle de 27 et celle de 36. Lui-même déclara dans son autobiographie Vida en Claro que l'instinct lui disait clairement qu'il devenait plus obscur, entre deux génération lumineuses : celle des poètes de 98 et celle des Federico García Lorca, Rafael Alberti, Pedro Salinas, Luis Cernuda, etc.
Ses contemporains, loin de l'exclure de chacune de ces générations, l'intégraient d'un mode qu'ils pensaient légitimes en l'invitant à des hommages des générations antérieures, ou en l'incluant dans les revues et les anthologies.
Il se caractérisa pour son style sobre et intellectuel. Ses premiers recueils de poésie, Garba 1913, El Pasajero 1914, Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración 1916 et Evoluciones 1918, marqués par ses inquiétudes idéologiques et une tendance au symbolisme, annonçaient d'une certaine manière Lorca pour son emploi du néo-popularisme andalousiste.
Garba voyait prédominer comme thèmes l'influence du criticisme ambiant et de ses hommes : ceux de la génération 98 ; les problèmes espagnols et hispaniques, le lyrisme philosophique, hérité des lyriques allemands, des Machados, Unamuno, Darío et des inquiétudes amoureuses et philosophiques. Manuel Machado dit qu'il y avait déjà dans ce premier livre le José Moreno Villa de demain. Avec El Pasajero, la contemplation du passé signale la continuité de la pensée de Moreno Villa dans les thèmes historiques. Juan Ramón Jiménez met en avant le dynamisme de José Moreno Villa et de sa poésie dans un poème qu'il lui dédie, tandis que Moreno Villa définit lui-même sa poésie comme barroque, pleine de mouvement et de violence, montée sur des métaphores.
Moreno Villa qualifia de jouet au ressort cassé, une allégorie naïve et faible son livre suivant, Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración, qu'il écrivit en réponse au critiques reçues pour son livre précédant. Trois ans plus tard, il reprend avec Evoluciones ses thèmes des circonstances extérieures, de l'Histoire de l'art et des voyages archéologiques, il y inclut une intimité non subjective, destinée à l'objet, en pensant à cet incessant passage de l'homme, cette chaîne d'êtres qui viennent et vont pour ne plus jamais revenir, parfois si complets, si bienfaisants, si brillants Garba.
En 1924 José Moreno Villa publia Colección.
L'auteur voulut rassembler ce qu'il avait publié lors des trois dernières années dans les journaux et autres revues, afin de montrer ses différentes approches artistiques, faisant ainsi de ce livre une forme de transition entre ce qu'il avait déjà fait et la nouvelle voie qu'il commençait à prendre. Il recherche dans ce livre la paix et la pondération, l'isolement et l'élévation, la foi, la maturité ; mais c'est celle de la sérénité qui prédomine, tout en laissant des pistes montrant que l'auteur n'est nullement serein. Il faut en effet connaître le contexte historique dans lequel il écrit ces vers, à savoir qu'il s'agit de ses années les plus turbulentes et erratiques à la Résidence.
Le livre suscita beaucoup d'intérêt à sa sortie pour son approche d'une poétique depuis la perspective d'un peintre, tout en gardant le langage populaire de ses racines :
...
Déjame tu caña verde.
Toma mi vara de granado.
¿ No ves que el cielo está rojo
y amarillo el prado
que las naranjas saben a rosas
y las rosas a cuerpo humano
¡ Déjame tu caña verde !
¡ Toma mi vara de granado !
...
— José Moreno villa, Colección

« ...
Laisse-moi ta canne verte
Prends mon bâton de grenadier
Ne vois-tu pas que le ciel est rouge
et jaune est le pré ;
que les oranges ont un goût de roses
et les roses du corps humain
Laisse-moi ta canne verte !
Prends mon bâton de grenadier !
... »
— Colección

Il cherchait également à exprimer que la liberté absolue est également la solitude absolue en usant d'un processus très fréquent dans sa poésie, l'antithèse :
...
Es ser para sí, para nadie.
Es vivir para librarse de sí mismo
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

«...
C'est vivre pour soi, pour personne.
C'est vivre pour se libérer de soi-même.
... »
— Salón sin muros

Pour beaucoup le chef-d’œuvre de José Moreno Villa fut Jacinta la pelirroja en 1929, qu'il publia d'abord dans le 11e supplément de la revue Litoral de Malaga, accompagnant les poèmes de dessins, fait unique jusque là. C'est un livre audacieux et lucide, marqué par la plénitude avant-gardiste et anti-romantique.
Il y fit se marier les techniques de la poésie et de la peinture avec la musique syncopée du jazz pour se remettre de manière humoristique d'une déception amoureuse avec une jeune juive new-yorkaise.
Il poussa plus loin le surréalisme qu'il n'usait qu'avec parcimonie dans ses œuvres antérieures ; comme le dit Vittorio Bodini, important poète, traducteur et spécialiste de la littérature espagnole, peut-être que l'espace de ses poésies est le net et le splendide des premiers livres d'Alberti, mais elles sont bien à lui, ces choses qu'il y place, en accord avec un critère plus figuratif que de chant, et en les organisant sémantiquement en un jeu de relations toujours variées entre l'abstrait et le concret ; ces choses, ces concepts, ces coutumes qui proviennent des zones les plus extravagantes de la prose et du quotidien, avec une prédilection pour les néologismes et les termes qui indiquent de nouveaux mythes et coutumes du siècles: taxi, dollars, John Gilbert, films, usines, Ford, aimant, apache, photogénie, jazz, sport, garage rejettent toute systématisation logique ou mélodique pour se planter selon la pure nécessité de composition qui donne à l'ensemble une dure unité documentaire et cubiste.
Il s'agissait en tous cas d'un travail d'une intimité profonde et légitime, où Moreno Villa voulut rentrer dans le monde mystérieux qu'il avait partagé avec Jacinta, son amour frustré à New York, quelque année auparavant. Moreno Villa s'inscrit ensuite à la fièvre surréaliste et à l'écriture automatique — il l'évoqua ainsi: Je les ai écrits en me laissant emmener para la fugue des idées, sans contrôle, fasciné par le côté arbitraire et explosif, par la douceur et l'irresponsabilité. — avec Carambas 1931, puis s'adonne à la méditation existentielle de Salón sin muros en 1936, où le poète exprime avec la plus grande clarté ses préoccupations intimes : la métaphore du salon pour représenter son intimité est particulière en ceci qu'il s'agit d'un lieu intime familial — a contrario d'une chambre, par exemple. Qu'il n'ait pas de mur indique qu'il ne connaît pas lui-même ses limites. Le personnage poétique de Salón sin muros va jusqu'à ne pas se sentir », ou au moins à constater les
...
rastros de un ser cuya existencia no alcanzo
de un ser ingrávido, invisible,
soplo de sombra en la noche cerrada
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

«...
traits d'un être dont il n'atteint pas l'existence
d'un être aérien
souffle d'une ombre dans la nuit fermée
... »
— Salón sin muros

Il cherchait également à exprimer que la liberté absolue est également la solitude absolue en usant d'un processus très fréquent dans sa poésie, l'antithèse :
...
Es ser para sí, para nadie.
Es vivir para librarse de sí mismo
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

...
C'est vivre pour soi, pour personne.
C'est vivre pour se libérer de soi-même.
...
— Salón sin muros

Il demeurera l'un de ses meilleurs livres
.
Son Å“uvre picturale

En 1924, Moreno Villa s'inscrivit aux cours de dessin de Julio Moisés, auxquels assistaient d'autres jeunes peintres comme Salvador Dalí ou Maruja Mallo. Il abandonna cependant assez rapidement pour commencer à peindre et à expérimenter librement. Il se rappellera cette époque picturale ainsi : Mon sens de la couleur se complémentait avec celui de Juan Gris ou avec celui de Georges Braque.
Les couleurs sépia et vert profond de certains tableaux m'enthousiasmaient, jouaient avec les blancs et les ocres. Je trouvais que manier les couleurs ainsi, de la façons cubiste, offrait un plaisir plus frais et pur que les manier de la manière traditionnelle.
J'arrivais, dans mon fanatisme, à ne pas être capable de contempler un seul tableau du Musée du Prado.
Moreno Villa commençait à intégrer le monde pictural espagnol du moment et il fut inclut dans la Première Exposition des Artistes Ibériques qui eut lieu en mai 1925 dans les Palais du parc Retiro à Madrid. Cette exposition, un moment clé dans l'histoire de l'art moderne espagnol — cette exposition, appelée Salón de Artistas Ibéricos, réunit des peintres qui voulaient rompre avec l'académisme en vigueur et qui constitueraient l'avant-garde espagnole : José Luis Gutiérrez Solana, Alberto Sánchez Pérez, Salvador Dalí, Francisco Bores, Joaquín Peinado, Maruja Mallo, José Caballero, etc. —, révéla le peintre Moreno Villa à la profession en Espagne, notamment grâce à un article de la Revista de Occidente, qui fit état de cette exposition et présenta Moreno Villa comme l'un de ses grands participants.
Il y présenta trois peintures à l'huile et plusieurs dessins.
C'est à cette époque-là qu'il commença sa série de dessins appelée dibujos alámbricos, traduisible par dessins en fil de fer. Avec cette recherche de la ligne, José Moreno Villa montre déjà un esprit libre dans la création où le jeu intellectuel se traduit en arabesques à l'accent lyrique marqué.
D'ailleurs, dans son œuvre cubiste, il s'éloigne aussi des cubistes traditionnels en changeant certains codes esthétiques : son tableau Composición cubista est le parfait exemple de la volonté de Moreno Villa de donner plus d'importance au chromatisme et à la pâte picturale afin de créer une emphase esthétique qui remet en question la priorité constructive du cubisme.
L'année 1927 fut particulièrement productive dans la création plastique de Moreno Villa. Il repartit à Paris, où il rendit visite à Robert Delaunay, et pour raffermir sa relation avec les jeunes peintres espagnols établis là-bas.
Sa peinture en fut clairement influencée par Francisco Bores, Joaquín Peinado et Hernando Viñes, de qui il était particulièrement proche. Les Bodegones et les compositions réalisées cette année par Moreno Villa étaient en harmonie complète avec la nouvelle mouvance picturale — particulièrement le cubisme — qui commençait alors à surgir de la deuxième École de Paris ; les peintres qui résidaient en Espagne le considérèrent même comme l'un des plus légitimes représentants de cette tendance.
Pourtant peu de temps après, il abandonna le cubisme pour s'immerger un peu plus dans une figuration lyrique, libre et ouverte, et l'œuvre qui caractérise le mieux cette tendance est la série de gravures qu'il fit sur le Polifemo de Luis de Góngora, qui apparurent pour la première fois à l'occasion d'une exposition à Madrid, dans un lieu quelque peu insolite, puisqu'il s'agissait du salon automobile Chrysler; ou bien celles, plus lyriques et poétiques encore, comme les gravures représentant une femme et la nature.
À propos des gravures de José Moreno Villa, seulement cinq sont connues : Le Musée Reina Sofía en possède deux, Radioagicionado, Interior, les deux sont de 1927; la Bibliothèque Nationale en possède un autre, et la Résidence d'étudiants, les deux autres — ils ne sont pas datés, mais il semble probable qu'ils soient de 1927 également.
Cette peinture poétique pourrait être connectée avec certaines œuvres de Picasso de Dinard et Boisgeloup, d'Alberto Sánchez, Maruja Mallo et Benjamín Palencia. Puis il alla approfondir l'aspect surréaliste de son travail, où il s'intéressa, comme dans sa poésie, à l'automatisme, à l'onirisme, donna plus d'importance et d'essence au geste immédiat comme acte directeur et spontané.
Il réalisa une synthèse très personnelle et hybride, en fusionnant les éléments figuratifs et abstraits et en ayant recours aux techniques innovantes de son temps, tels que le dripping ou les effets de transparence. Les correspondances entre sa poésie et sa peinture semblent évidentes, comme entre son poème Cuadro cubista de Jacinta la pelirroja et ses Bodegones.
En décembre 1928, il célèbre sa deuxième exposition individuelle dans les salles de l'Athénée de Madrid, institution qui deviendrait, à partir de cette année, la salle d'expositions la plus engagée avec les nouveaux courants de l'avant-garde picturale espagnole. José Moreno Villa y dévoila son monde par le biais d'une vingtaine d'huiles sur toile et de six sur papier. D'infinies et variées tendances et essais le composaient, et ne manquait pas de surprendre le public.
Il s'affirma de cette manière dans sa nouvelle figuration ancrée dans un univers poétique, qu'il décripta plusieurs années plus tard : Un art lyrique ne peut être fait que par un peintre poète.
En 1929 il participa à l'Exposition régionale d'Art de Grenade, au Salón Permanente de Arte41 où il reçut, conjointement à son ami Joaquín Peinado, lui aussi de Malaga, le prix de peinture pour son Bodegón de las uvas.
Il y exposa toute une série de tableaux qui reflétaient son parcours pictural : en plus de ses bodegones, grâce auxquels il s'inscrivait dans la ligne des peintres espagnols installés à Paris, il y avait notamment Cisnes, qui permettait déjà de s'apercevoir de la direction que prenaient ses expérimentations d'alors, au travers de ces transparences et autres superpositions.
Dans les années trente, il s'essaya au style de son ami Salvador Dalí en reprenant certains concepts comme l'équilibre et le temps dans des œuvres comme Con la piedra a cuestas ou Viéndolo pasar.
José Moreno Villa fut également l'unique artiste à avoir exploité le grafumo, dessin sur papier fumé, entre 1931 et 1937. L'idée lui vint dans le laboratoire de physiologie de Juan Negrín, où plusieurs membres de la Résidence d'étudiants se réunissaient. Le blanc très net qui ressortait des papiers fumés utilisés pour réaliser des cardiographies attira son attention et il voulut expérimenter avec ce matériel. Le processus de préparation était particulièrement compliqué, ce qui explique le peu de grafumos réalisés.
Il en produisit deux groupes : ceux qu'il fit à Madrid, sur lesquels il imprima de la couleur — comme Pareja en la playa en 1931 et Mujeres y cabeza de toro en la playa en 1932 — ; et ceux qu'il fit à Mexico — comme Catarsis —, en noir et blanc.
Il continua ensuite à travailler principalement à l'huile — comme Curitas y piedrasou Pájaros —, en s'attachant toujours à conserver cette volonté de rapprocher le modernisme aux arts plastiques espagnols. Il eut tantôt un rôle d'avant-gardiste, tantôt un rôle de relayeur des styles picturaux les plus importants de son temps.

Activités extra-artistiques

José Moreno Villa travailla au Centre d'études historiques de 1912 à 1916, où il se spécialisa dans l'archéologie, l'architecture et l'Histoire de l'art sous la direction de Manuel Gómez-Moreno et Elías Tormo.
Il mettait un point d'honneur à ne pas mélanger la littérature et l'Histoire, mais il sut tirer profit de ses investigations historiques en appliquant leur nature évocatrice à sa littérature. Il s'enrichit de son expérience au Centre en étant aux côtés des gens de la philologie, de l'histoire du droit, de l'arabe, des mathématiques, de Ramón Menéndez Pidal, José María Hinojosa, Alfonso Reyes, Luis Bello, Miguel Asín Palacios, Julio Rey Pastor, etc. Mais ces années furent précaires pour Moreno Villa, et il abandonna ce travail pour intégrer la nouvelle Résidence d'étudiants grâce à Jiménez Fraud.
Entre 1916 et 1921 il travailla pour la maison d'édition Calleja ; il publia de nombreux articles et ouvrages sur l'Histoire de l'Art, dont un qui fut très remarqué : VelázquezB 11 en 1920.
À la suite de cela il intégra le corps des Archivistes mais fut destiné à Gijón pendant un an, comme bibliothécaire et archiviste pour Jovellanos et Ceán Bermúdez ; il avait beaucoup de temps libre et s'adonnait au tennis, consultait l'Encyclopédie française, se promenait avec le peintre Piñole, et entreprit de traduire, sous la recommandation d'Ortega y Gasset, un livre capital de Heinrich Wölfflin, Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, le problème de l'évolution du style dans l'art moderne qu'il termina en 1924.
Au travers de sa profession comme historien spécialisé dans l'art et comme responsable des archives, il fut directeur des archives du Palais, c'est-à-dire ce qui deviendrait la Real biblioteca, la bibliothèque royale, de 1931 à 1936, il contribua à l'investigation du patrimoine artistique espagnol et à la divulgation de l'architecture moderne qui commençait à se réaliser en Espagne à partir des années 1920.
À partir de 1927 et pendant une dizaine d'années, il occupait ainsi ses journées : quatre heures consacrées à ses activités d'archiviste fonctionnaire, puis le reste de son temps il le divisait en heures de peinture, d'écriture, il organisait les numéros de la revue Arquitectura il faisait visiter le Musée du Prado aux étudiants de la Résidence d'étudiants, voyait ses amis et lisait.
Il fut le premier critique et analyste d'architecture depuis sa section hebdomadaire dans le journal El Sol en 1935, où il fit un diagnostic passionné de la difficile et douloureuse situation espagnole de l'époque. Ses articles hebdomadaires se convertirent en collaborations quotidiennes et eurent une grande influence et répercussion au point d'être censurés, d'abord partiellement, puis complètement.
Dix ans plus tard fut publiée au Mexique la compilation de ces articles dans le livre Pobretería y locura en 1945 ; Juan Pérez de Ayala considéra ce livre comme l'un des meilleurs portraits de la décomposition de l'Espagne de 1935 et Azorín lui dit, à l'époque où il écrivait ses articles : Vous êtes arrivé au summum : la simplicité.
Ce livre fut publié dans un contexte de forte activité politique, à laquelle prenait part Moreno Villa en se positionnant clairement et publiquement à faveur des socialistes et de la république ; ce livre fut censuré de deux articles.
José Moreno Villa publia beaucoup de textes dans la revue España, bien qu'il ne sentît pas ses textes à leur place au milieu de textes philosophiques, politiques, sociologiques ou encore scientifiques, et peu dans la revue Revista de Occidente, où il partageait le travail d'écriture avec Ortega y Gasset, Manuel García Morente, Vela, Sacristán, Blas Cabrera et Gustavo Pittaluga, notamment.
Là où il collabora de façon très régulière et diversifiée fut à El Sol.
En effet, il publia de nombreuses études sur l'Histoire de l'Art, sur l'art d'avant-garde, puis plus tard sur l'art colonial mexicain15 ; et fut l'auteur d'articles intitulés Estudios superficiales études superficielles, entre 1926 et 1931, où il proposait des réflexions sur de nombreux problèmes de la modernité en relation avec l'urbanisme, les nouvelles constructions, les changements dans les mœurs ou sur la nouvelles peinture et ses protagonistes.
Il y écrivit ses premiers articles sur des Temas de Arte des sujets d'art, à propos des peintres baroques José de Ribera, Diego Vélasquez, Francisco de Zurbarán et Bartolomé Esteban Murillo ou modernes comme l'art noir et les peintres français Henri Rousseau, Paul Cézanne et Georges Seurat. Parmi ses articles de presse, se distinguait Una lección de museo.
Tras la morfología de Rubens Une leçon de musée. À propos de la morphologie de Rubens, publié dans Revista de Occidente.
Il accomplit par ailleurs un grand travail pour la revue officielle de l'École technique supérieure d'architecture de Madrid et comme organisateur de la première visite en Espagne de Le Corbusier.
Sachant parler allemand, il traduisit, en plus des Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, le problème de l'évolution du style dans l'art moderne de nombreux textes sur l'architecture provenant d'Allemagne et d'Autriche, contribuant ainsi de manière décisive à l'historiographie de l'art.

Exil

José Moreno Villa n'a jamais vraiment su se consacrer de façon stable à une activité ou à un métier. C'est dans la continuité de cette forme d'éternel intérimaire et son engagement pour la République qu'il fut amené à s'exiler, d'abord aux États-Unis, puis au Mexique, où il passera un certain temps, à partir de 1937.
Au Mexique — lieu où me menèrent les vagues à un moment inespéré — il fut l'un des premiers membres d'El Colegio de México es, d'abord appelé Casa de España.
Il intégra là-bas un groupe d'intellectuels qu'il fréquentait déjà à Montparnasse : Federico Cantú es, Alfonso Reyes, Luis Cardoza y Aragón, Renato Leduc es.
Cette étape eut une importance capitale dans sa vie et dans son œuvre, car comme lui-même l'admit, son style s'est mexicanisé.
Sur ce pays il écrit Cornucopia de México en 1940, dans lequel il déclara être capable de conserver un style de peinture mexicain, même en étant dans des lieux très éloignés, tels que la Norvège : Pour évoquer rapidement une grande série de signes mexicains, c'est-à-dire d'éléments plastiques comme des maisons, des chemins, des villages, des profils et visages, des fêtes traditionnelles, des chansons, des vêtements, ainsi que le langage, les idiotismes, la phonétique et toute la grammaire.
Il échangea, hors de l'Espagne, son jeu avant-gardiste pour la nostalgie dans une poésie ré-humanisée qui s'exprimait dans les formes classiques ou néo-popularistes et dans la retenue verbale.
Ces poèmes de l'exil révélèrent aussi la découverte de cette nouvelle réalité depuis la perspective d'un poète qui approfondit la mémoire mais observe également le présent avec la mesure et la dignité du banni :
...
Sentémonos aquí bajo la noche,
frente al volcán, en este pedacito
de tierra que se mueve en el espacio.
...
— José Moreno villa, Cornucopia de México

« ...
Asseyons-nous ici sous la nuit,
face au volcan, sur ce petit morceau
de terre qui se meut dans l'espace
... »
— Cornucopia de México

Legs, mort et reconnaissance

José Moreno Villa commença sa réflexion sur son moi profond comme il l'appelait lui-même avec Salon sin muros, Son œuvre poétique, en 1936, puis il publia trois ans plus tard dans la revue mexicaine Taller le texte intitulé Topografía de la casa paterna : Visión supersticiosa, Topographie de la maison paternelle, Vision superstitieuse, titre qui devint par la suite celui du premier chapitre de son autobiographie Vida en claro, et qui marquera le ton et le développement du livre.
C'est en 1944 qu'il fut publié avec une édition mexicaine a été conjointe entre le Colegio de México, es et le Fondo de Cultura Económica, avant d'être rééditée en 1976 en Espagne avec l'aide du Mexique par le même fond, puis finalement en 2006 par le biais de la maison d'édition espagnole Visor Libros, seule.
Il y explique son legs en ces mots : Ce que j'ai fait bénéficiera les autres : quelque livre, qui, même les plus mal écrits, serviront à ne pas répéter mes fautes ; et une part d'articles, de peintures, de dessins, de leçons et de conférences.
En 1949, il publia le livre La música que llevaba, dans lequel il réunit, alors en exil au Mexique, une anthologie personnelle de son œuvre entre 1913 et 1947. En plus d'offrir une large introduction sur sa trajectoire vitale et artistique, dans cette double condition de poète et peintre, elle permet de mieux suivre - grâce surtout à la nouvelle édition de 1998, où les textes sont ordonnés chronologiquement et où quatorze poèmes écrits entre 1947 et 1955 ont été ajoutés - l'évolution naturelle de sa poésie depuis ses premiers livres dans lesquels le poète cherchait une voix personnelle entre une génération de 98 définie par certains comme épigonale et l'influence du cubisme, jusqu'aux poèmes de l'exil, de la ré-humanisation et de la nostalgie.
José Moreno Villa mourut en 1955, au Mexique. Il laissa derrière lui l'œuvre d'un poète non professionnel qui avait rejeté, les objets de luxe, les perles, les rubis, les aurores roses, et le seul mérite pour lequel il souhaitait être reconnu, était celui d'avoir été le premier à avoir adopté, dans la poésie espagnole, les mots, et particulièrement les adverbes, prosaïques.
En général, il est considéré comme un « poète de transition », étant donné qu'il peut être considéré d'une certaine manière comme un précurseur de la génération de 27. Mais le principal de son œuvre appartient clairement à la poétique du groupe. Le musée de Malaga conserve quarante-neuf des œuvres de José Moreno Villa, qui ont été réalisées suivant des techniques et des styles différents.
Juan Ramón Jiménez fit deux portraits ironiques de lui, dans Españoles de tres mundo en 1960 : Je ne sais pas ce qu'il a cet ami, qui, chaque fois qu'il vient, nous va bien ou encore il est fait de bois choisi, nu, naturel par moments, ou rarement étouffée ici et là-bas avec sobriété et rigueur.
En 1989, La Résidence d'Étudiants de Madrid installa la bibliothèque de José Molina Villa entre ses murs.
Il est reconnu Hijo de la Provincia de Málaga, traduisible par enfant chéri de la région de Málaga le 15 juin 1998.
L'écrivain Antonio Muñoz Molina l'inclut dans son roman La noche de los tiempos en 2010, en créant un personnage basé sur lui, et étant l'un des amis du protagoniste principal, Ignacio Abel. Il revendiqua ainsi sa figure de précurseur des idées qu'il ne sut ou ne put rentabiliser et que d'autres s'approprièrent.
En 2012, la Journée nationale du livre de Málaga fut dédiée à José Moreno Villa, comme Auteur de l'année 2012 ; ainsi fut préparée une exposition dans le Centro Andaluz de las Letras es, qui en plus édita 100,000 exemplaire d'une anthologie du poète réalisée par Rafael de Cózar.
À cette occasion, Julio Neira, le directeur général du Libros, Archivos y Bibliotecas du Conseil régional voulut ainsi célébrer celui qui fut le plus important intellectuel du xxe siècle, selon lui
À l'occasion de sa mort, Manuel Altolaguirre écrivit le poème José Moreno Villa, en hommage a son ami :
...
poeta desterrado nunca fuiste
porque la luz y el fuego
traspasaron los cielos
...
Pero al verte y no verte,
José Moreno Villa
siento el mundo pequeño
y quisiera pensar que lo tuviste
desde niño al alcance de tu mano.
— Manuel Altolaguirre, José Moreno Villa

«...
poète exilé jamais tu ne fus
parce que la lumière et le feu
traversèrent les cieux
...
Mais de te voir et de ne pas te voir
José Moreno Villa
je sens que le monde est petit
et j'aimerais penser que tu l'as eu
dès l'enfance à portée de la main.
— José Moreno Villa

Octavio Paz y alla lui aussi de son hommage, à sa manière, en faisant le portrait de la vivacité de Moreno Villa qu'il dépeignit comme un oiseau :
Visages de Moreno Villa, jamais sculptés ni dessinés, toujours mobiles, changeants, sautant de la surprise à la lassitude : vivacité, lyrisme, mélancolie, élégance sans l'hombre d'un dommage. Jamais lourd ni insistant. Moreno Villa, oiseau. Mais, quel type d'oiseau? … Un oiseau fantastique. Un oiseau rare. Et pourtant, familier de notre ciel et notre terre. … Oiseau solitaire, bien que ne rejetant pas ses relations avec ses semblables.
…Geste d'un oiseau dans son arbre, de poète dans son nuage … Et d'ailes. Il ne savait ni ne pouvait marcher au milieu de la foule : des ailes pour voler.
De la liste des prodiges desquels nous nous rappelons, celui de l'oiseau qui parle et de l'arbre qui chante, il ne faut pas oublier celui du poète qui peint dira de .lui Xavier Villaurrutia.

Å’uvre

Poésie

Garba 1913
El pasajero, prologue de José Ortega y Gasset 1914
Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración 1916
Bestiario 1917
Evoluciones. Cuentos, Caprichos, Bestiario, Epitafios y Obras paralelas 1918
Florilegio 1920
Patrañas 1921
Colección. Poesía 1924
Jacinta la Pelirroja. Poema en poemas y dibujos 1929
Carambas 1931
Puentes que no acaban 1933
Salón sin muros 1936
Puerta severa 1941
La noche del Verbo 1942
La música que llevaba. Antología poética 1913-1947, Editorial Losada 1949
Voz en vuelo a su cuna Avance de ese libro inédito. Posthume 1961
Voz en vuelo a su cuna prologue de León Felipe, épilogue de Juan Rejano es. Posthume 1961


Lien
http://youtu.be/8PxG9HbcKGA Despues de todo ... poème en espagnol



Attacher un fichier:



jpg  images (1).jpg (5.63 KB)
3_52fff5f61f79c.jpg 262X192 px

jpg  images (2).jpg (6.62 KB)
3_52fff603ab34b.jpg 284X178 px

jpg  images (10).jpg (9.66 KB)
3_52fff626eb407.jpg 267X189 px

jpg  images (12).jpg (4.39 KB)
3_52fff63988e4a.jpg 116X149 px

jpg  images (14).jpg (6.20 KB)
3_52fff6493fb7a.jpg 157X240 px

jpg  images (16).jpg (8.99 KB)
3_52fff659a8fdb.jpg 194X259 px

jpg  images (18).jpg (4.52 KB)
3_52fff66ab4c15.jpg 240X200 px

jpg  images (17).jpg (8.63 KB)
3_52fff679175df.jpg 264X191 px

jpg  images (13).jpg (7.98 KB)
3_52fff6935551e.jpg 187X269 px

jpg  images (15).jpg (11.19 KB)
3_52fff69ed22ee.jpg 250X202 px

jpg  images (11).jpg (7.78 KB)
3_52fff6b109880.jpg 248X203 px

jpg  images (9).jpg (5.48 KB)
3_52fff6beb4085.jpg 266X181 px

jpg  images (8).jpg (7.09 KB)
3_52fff6cde27c2.jpg 200X247 px

jpg  images (7).jpg (6.31 KB)
3_52fff6d8540c4.jpg 238X212 px

jpg  images (6).jpg (5.34 KB)
3_52fff703290e1.jpg 247X204 px

jpg  images (4).jpg (6.79 KB)
3_52fff712d5a0c.jpg 200X156 px

jpg  images (3).jpg (8.74 KB)
3_52fff71f815b1.jpg 274X184 px

jpg  images.jpg (8.30 KB)
3_52fff72ed8d1c.jpg 244X206 px

jpg  téléchargement (8).jpg (8.52 KB)
3_52fff73cf0944.jpg 244X206 px

jpg  téléchargement (7).jpg (5.49 KB)
3_52fff746b002f.jpg 224X174 px

jpg  téléchargement (6).jpg (6.36 KB)
3_52fff7527e124.jpg 174X224 px

jpg  téléchargement (5).jpg (7.47 KB)
3_52fff75e8d8e9.jpg 225X225 px

jpg  téléchargement (4).jpg (6.53 KB)
3_52fff769e83ec.jpg 224X200 px

jpg  téléchargement (2).jpg (9.14 KB)
3_52fff777ee303.jpg 246X205 px

Posté le : 14/02/2014 19:51

Edité par Loriane sur 16-02-2014 00:14:40
Edité par Loriane sur 16-02-2014 00:25:54
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


José Moreno Villa
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57788
Hors Ligne
Le 16 février 1887 à Malaga, Espagne naît José Moreno Villa,

archiviste, bibliothécaire, poète, écrivain, journaliste, critique d'art, critique littéraire, historien de l'art, documentaliste, dessinateur et peintre espagnol du muvement Génération de 27, Surréalisme, Cubisme. Il fut une personnalité importante et engagée de l'Institution libre d'enseignement et de la Résidence d'étudiants de Madrid, où il fut l'un des précurseurs, exerçant de pont avec la Génération de 27 et qu'il fréquenta pendant vingt ans 1917-1937. Lors de la seconde République espagnole, il fut directeur de la bibliothèque royale.
Quand la guerre civile espagnole éclata, il s'exila d'abord aux États-Unis, puis au Mexique, où il continua puis termina sa carrière, et où il mourut.

Son œuvre multiple de poète, narrateur, essayiste révèle une gamme thématique variée ainsi qu'une grande capacité pour l'investigation.
Son œuvre, cependant, ne commença à être étudiée avec un réel intérêt qu'à partir de 1977 ; pour cela de nombreux critiques et historiens regrettent que son œuvre fut ignorée et soulignent la nécessité de l'examiner.
José Moreno Villa eut un rôle prépondérant dans l'histoire de l'art en Espagne, car il permit à son pays de rapprocher la modernité aux arts plastiques.
Sa peinture allait de pair avec sa poésie — le terme peinture poétique est très souvent employé pour définir son style — et il se chargea d'être l'instigateur des styles d'avant-garde tout en adoptant et diffusant les styles picturaux les plus représentatifs de son temps, comme celui des Espagnols installés à Paris ou le cubisme.

sa vie

Débuts, influences et premiers engagements

José Moreno Villa naquit dans une famille malageña exerçant le métier du commerce de vignobles. Il passait ses étés dans une propriété que possédait sa famille à Churriana. Il n'oublia jamais les bons moments qu'il y vécut : un beau jour je perds les pédales et vous vous rendez compte que je suis de nouveau à Churriana. Si je me perds, cherchez-moi là-bas.
Il eut son premier contact avec la poésie au travers des livres que lui offraient ses parents : au lyrisme que sa mère lui transmettait avec la poésie de Gustavo Adolfo Bécquer et qui prit possession de sa sensibilité enfantine, son père lui opposait la poésie rhétorique de Gaspar Núñez de Arce.
Son père l'envoya étudier la chimie à l'Université de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne de 1904-1908 afin de moderniser la production viticole familiale.
Il fut d'abord logé dans une famille de Bâle, qui accueillait également d'autres étudiants. L'éloignement des siens, de sa terre et ses difficultés à s'intégrer alors qu'il n'avait que 17 ans, lui firent se sentir seul, abandonné dans la forêt, et pénétrer dans un monde confus et sylvestre; il refléta d'ailleurs ce sentiment dans son premier poème important, La selva fervorosa, dédié à Ramón Pérez de Ayala et qui sera inclus dans son deuxième livre, El pasajero.
Ce livre contient par ailleurs un prologue-essai sur la métaphore écrit par José Ortega y Gasset, de qui il fut très proche une fois installé à Madrid, et depuis que ce dernier reçut des mains de Alberto Jiménez Fraud, lui aussi ami intime de Moreno Villa, le premier poème que celui-ci voulait publier dans Los lunes del Imparcial ; poème que José Ortega y Gasset apporta lui-même au journal, et qui fut, selon Moreno le premier déclic dans sa carrière.
Son séjour en Allemagne fut important pour le développement de la sensibilité poétique de Moreno Villa, car c'est là-bas qu'il se rendit compte qu'il ne pourrait satisfaire les espoirs et les investissements que son père avait placés en sa carrière de chimiste et qu'il commença à écrire.
Il lut beaucoup de poésie allemande dont l'influence se fit sentir dans ses écrits, en particulier Goethe, Heine, Schiller, Uhland, Stefan Zweig, Rilke, Hofmannsthal qu'il traduisit plus tard, ainsi que la poésie d'autres auteurs étrangers comme Baudelaire, Verlaine, Poe, Novalis, le théâtre de Hauptmann, et les romans de Tolstoï, Stendhal et Flaubert, ainsi que Don Quichotte et Nouvelles exemplaires pour la première fois.
À son retour dans sa ville natale, il fonda, avec la collaboration de Miguel de Unamuno et d'Alberto Jiménez Fraud, la revue Gibralfaro, unique animateur du panorama culturel de la ville pendant longtemps et jusqu'à l'arrivée de Litoral, éditée par Manuel Altolaguirre.
Quand il arriva à Madrid, en 1910, il étudia l'histoire de l'art à l'Université centrale de Madrid et se spécialisa pour l'archéologie.
Un an plus tard, il commença à travailler au Centre d'études historiques, créé un an plus tôt, en étudiant, cataloguant et reproduisant des miniatures mozarabes, et wisigothes. Il fit de nombreuses excursions avec Manuel Gómez-Moreno de qui il était l'élève aux côtés de Ricardo de Orueta, lors desquelles il dessinait des chapiteaux ou des taquets, faisait des photographies et prenait de nombreuses notes.
Après quelques années de grandes difficultés financières et personnelles de 1912 à 1916, son ami Jiménez Fraud vint à lui et lui proposa d'intégrer la Résidence d'étudiants de Madrid dont il était le directeur, pour sa droiture morale, son goût du travail, et pour l'aide précieuse qu'il apporterait à cette institution qui venait de naître.
José Moreno Villa fut ainsi l'un des précurseurs de la Résidence, exerçant de pont avec la Génération de 27 et en y résidant du début, en 1917, à la fin, 1937. Il y enseigna l'architecture dans le cadre des Écoles Techniques ; il fit intervenir dans ses cours des figures de l'architecture telles que Walter Gropius, Erich Mendelsohn, Le Corbusier ou encore Sir Edwin Lutyens.
En plus d'y enseigner l'architecture, il participait activement à l’œuvre résidentielle en amenant les étudiants au musée du Prado, à faire des excursions avec eux et en collaborant avec la revue historique de la Résidence, Revista Residencia, pour ainsi faire partie de ceux qu'il appelait lui-même les 500, et se lia d'amitié avec Alberto Sánchez Pérez et Benjamín Palencia, avec qui il participa, en 1925, à l'Exposition de la Société d'Artistes Ibériques21 dans le Parc du Retiro, et qu'il accompagne dans l'expérience connue comme la première Escuela de Vallecas.
Quand il commença à écrire, ses principaux modèles furent Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez et Rubén Darío. Ces deux premiers ainsi que Eugenio d'Ors et Pedro Henríquez Ureña eurent dès le début et tout le long de sa carrière des mots d'encouragements : Eugenio d'Ors lui écrivaient régulièrement et pour chacune de ses publications pour le féliciter, Antonio Machado lui rendait visite dans sa chambre de la Résidence pour écouter ses poésies, et Juan Ramón fut un appui moral de tous les instants. Par ailleurs, Pedro Henríquez Ureña, qui apprenait certains des poèmes de Moreno Villa par cœur, lui offrit la possibilité de publier sa poésie au Costa Rica et il en ressortit la publication de Florilegio. Ureña écrivit d'ailleurs le prologue de ce livre, qui incluait également un article dithyrambique qu'Eugenio d'Ors avait publié dans la revue España en janvier 1915.

Son œuvre poétique

Il traversa ainsi plusieurs générations : celle de 98, celle de 27 et celle de 36. Lui-même déclara dans son autobiographie Vida en Claro que l'instinct lui disait clairement qu'il devenait plus obscur, entre deux génération lumineuses : celle des poètes de 98 et celle des Federico García Lorca, Rafael Alberti, Pedro Salinas, Luis Cernuda, etc.
Ses contemporains, loin de l'exclure de chacune de ces générations, l'intégraient d'un mode qu'ils pensaient légitimes en l'invitant à des hommages des générations antérieures, ou en l'incluant dans les revues et les anthologies.
Il se caractérisa pour son style sobre et intellectuel. Ses premiers recueils de poésie, Garba 1913, El Pasajero 1914, Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración 1916 et Evoluciones 1918, marqués par ses inquiétudes idéologiques et une tendance au symbolisme, annonçaient d'une certaine manière Lorca pour son emploi du néo-popularisme andalousiste.
Garba voyait prédominer comme thèmes l'influence du criticisme ambiant et de ses hommes : ceux de la génération 98 ; les problèmes espagnols et hispaniques, le lyrisme philosophique, hérité des lyriques allemands, des Machados, Unamuno, Darío et des inquiétudes amoureuses et philosophiques. Manuel Machado dit qu'il y avait déjà dans ce premier livre le José Moreno Villa de demain. Avec El Pasajero, la contemplation du passé signale la continuité de la pensée de Moreno Villa dans les thèmes historiques. Juan Ramón Jiménez met en avant le dynamisme de José Moreno Villa et de sa poésie dans un poème qu'il lui dédie, tandis que Moreno Villa définit lui-même sa poésie comme barroque, pleine de mouvement et de violence, montée sur des métaphores.
Moreno Villa qualifia de jouet au ressort cassé, une allégorie naïve et faible son livre suivant, Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración, qu'il écrivit en réponse au critiques reçues pour son livre précédant. Trois ans plus tard, il reprend avec Evoluciones ses thèmes des circonstances extérieures, de l'Histoire de l'art et des voyages archéologiques, il y inclut une intimité non subjective, destinée à l'objet, en pensant à cet incessant passage de l'homme, cette chaîne d'êtres qui viennent et vont pour ne plus jamais revenir, parfois si complets, si bienfaisants, si brillants Garba.
En 1924 José Moreno Villa publia Colección.
L'auteur voulut rassembler ce qu'il avait publié lors des trois dernières années dans les journaux et autres revues, afin de montrer ses différentes approches artistiques, faisant ainsi de ce livre une forme de transition entre ce qu'il avait déjà fait et la nouvelle voie qu'il commençait à prendre. Il recherche dans ce livre la paix et la pondération, l'isolement et l'élévation, la foi, la maturité ; mais c'est celle de la sérénité qui prédomine, tout en laissant des pistes montrant que l'auteur n'est nullement serein. Il faut en effet connaître le contexte historique dans lequel il écrit ces vers, à savoir qu'il s'agit de ses années les plus turbulentes et erratiques à la Résidence.
Le livre suscita beaucoup d'intérêt à sa sortie pour son approche d'une poétique depuis la perspective d'un peintre, tout en gardant le langage populaire de ses racines :
...
Déjame tu caña verde.
Toma mi vara de granado.
¿ No ves que el cielo está rojo
y amarillo el prado
que las naranjas saben a rosas
y las rosas a cuerpo humano
¡ Déjame tu caña verde !
¡ Toma mi vara de granado !
...
— José Moreno villa, Colección

« ...
Laisse-moi ta canne verte
Prends mon bâton de grenadier
Ne vois-tu pas que le ciel est rouge
et jaune est le pré ;
que les oranges ont un goût de roses
et les roses du corps humain
Laisse-moi ta canne verte !
Prends mon bâton de grenadier !
... »
— Colección

Il cherchait également à exprimer que la liberté absolue est également la solitude absolue en usant d'un processus très fréquent dans sa poésie, l'antithèse :
...
Es ser para sí, para nadie.
Es vivir para librarse de sí mismo
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

«...
C'est vivre pour soi, pour personne.
C'est vivre pour se libérer de soi-même.
... »
— Salón sin muros

Pour beaucoup le chef-d’œuvre de José Moreno Villa fut Jacinta la pelirroja en 1929, qu'il publia d'abord dans le 11e supplément de la revue Litoral de Malaga, accompagnant les poèmes de dessins, fait unique jusque là. C'est un livre audacieux et lucide, marqué par la plénitude avant-gardiste et anti-romantique.
Il y fit se marier les techniques de la poésie et de la peinture avec la musique syncopée du jazz pour se remettre de manière humoristique d'une déception amoureuse avec une jeune juive new-yorkaise.
Il poussa plus loin le surréalisme qu'il n'usait qu'avec parcimonie dans ses œuvres antérieures ; comme le dit Vittorio Bodini, important poète, traducteur et spécialiste de la littérature espagnole, peut-être que l'espace de ses poésies est le net et le splendide des premiers livres d'Alberti, mais elles sont bien à lui, ces choses qu'il y place, en accord avec un critère plus figuratif que de chant, et en les organisant sémantiquement en un jeu de relations toujours variées entre l'abstrait et le concret ; ces choses, ces concepts, ces coutumes qui proviennent des zones les plus extravagantes de la prose et du quotidien, avec une prédilection pour les néologismes et les termes qui indiquent de nouveaux mythes et coutumes du siècles: taxi, dollars, John Gilbert, films, usines, Ford, aimant, apache, photogénie, jazz, sport, garage rejettent toute systématisation logique ou mélodique pour se planter selon la pure nécessité de composition qui donne à l'ensemble une dure unité documentaire et cubiste.
Il s'agissait en tous cas d'un travail d'une intimité profonde et légitime, où Moreno Villa voulut rentrer dans le monde mystérieux qu'il avait partagé avec Jacinta, son amour frustré à New York, quelque année auparavant. Moreno Villa s'inscrit ensuite à la fièvre surréaliste et à l'écriture automatique — il l'évoqua ainsi: Je les ai écrits en me laissant emmener para la fugue des idées, sans contrôle, fasciné par le côté arbitraire et explosif, par la douceur et l'irresponsabilité. — avec Carambas 1931, puis s'adonne à la méditation existentielle de Salón sin muros en 1936, où le poète exprime avec la plus grande clarté ses préoccupations intimes : la métaphore du salon pour représenter son intimité est particulière en ceci qu'il s'agit d'un lieu intime familial — a contrario d'une chambre, par exemple. Qu'il n'ait pas de mur indique qu'il ne connaît pas lui-même ses limites. Le personnage poétique de Salón sin muros va jusqu'à ne pas se sentir », ou au moins à constater les
...
rastros de un ser cuya existencia no alcanzo
de un ser ingrávido, invisible,
soplo de sombra en la noche cerrada
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

«...
traits d'un être dont il n'atteint pas l'existence
d'un être aérien
souffle d'une ombre dans la nuit fermée
... »
— Salón sin muros

Il cherchait également à exprimer que la liberté absolue est également la solitude absolue en usant d'un processus très fréquent dans sa poésie, l'antithèse :
...
Es ser para sí, para nadie.
Es vivir para librarse de sí mismo
...
— José Moreno villa, Salón sin muros

...
C'est vivre pour soi, pour personne.
C'est vivre pour se libérer de soi-même.
...
— Salón sin muros

Il demeurera l'un de ses meilleurs livres
.
Son Å“uvre picturale

En 1924, Moreno Villa s'inscrivit aux cours de dessin de Julio Moisés, auxquels assistaient d'autres jeunes peintres comme Salvador Dalí ou Maruja Mallo. Il abandonna cependant assez rapidement pour commencer à peindre et à expérimenter librement. Il se rappellera cette époque picturale ainsi : Mon sens de la couleur se complémentait avec celui de Juan Gris ou avec celui de Georges Braque.
Les couleurs sépia et vert profond de certains tableaux m'enthousiasmaient, jouaient avec les blancs et les ocres. Je trouvais que manier les couleurs ainsi, de la façons cubiste, offrait un plaisir plus frais et pur que les manier de la manière traditionnelle.
J'arrivais, dans mon fanatisme, à ne pas être capable de contempler un seul tableau du Musée du Prado.
Moreno Villa commençait à intégrer le monde pictural espagnol du moment et il fut inclut dans la Première Exposition des Artistes Ibériques qui eut lieu en mai 1925 dans les Palais du parc Retiro à Madrid. Cette exposition, un moment clé dans l'histoire de l'art moderne espagnol — cette exposition, appelée Salón de Artistas Ibéricos, réunit des peintres qui voulaient rompre avec l'académisme en vigueur et qui constitueraient l'avant-garde espagnole : José Luis Gutiérrez Solana, Alberto Sánchez Pérez, Salvador Dalí, Francisco Bores, Joaquín Peinado, Maruja Mallo, José Caballero, etc. —, révéla le peintre Moreno Villa à la profession en Espagne, notamment grâce à un article de la Revista de Occidente, qui fit état de cette exposition et présenta Moreno Villa comme l'un de ses grands participants.
Il y présenta trois peintures à l'huile et plusieurs dessins.
C'est à cette époque-là qu'il commença sa série de dessins appelée dibujos alámbricos, traduisible par dessins en fil de fer. Avec cette recherche de la ligne, José Moreno Villa montre déjà un esprit libre dans la création où le jeu intellectuel se traduit en arabesques à l'accent lyrique marqué.
D'ailleurs, dans son œuvre cubiste, il s'éloigne aussi des cubistes traditionnels en changeant certains codes esthétiques : son tableau Composición cubista est le parfait exemple de la volonté de Moreno Villa de donner plus d'importance au chromatisme et à la pâte picturale afin de créer une emphase esthétique qui remet en question la priorité constructive du cubisme.
L'année 1927 fut particulièrement productive dans la création plastique de Moreno Villa. Il repartit à Paris, où il rendit visite à Robert Delaunay, et pour raffermir sa relation avec les jeunes peintres espagnols établis là-bas.
Sa peinture en fut clairement influencée par Francisco Bores, Joaquín Peinado et Hernando Viñes, de qui il était particulièrement proche. Les Bodegones et les compositions réalisées cette année par Moreno Villa étaient en harmonie complète avec la nouvelle mouvance picturale — particulièrement le cubisme — qui commençait alors à surgir de la deuxième École de Paris ; les peintres qui résidaient en Espagne le considérèrent même comme l'un des plus légitimes représentants de cette tendance.
Pourtant peu de temps après, il abandonna le cubisme pour s'immerger un peu plus dans une figuration lyrique, libre et ouverte, et l'œuvre qui caractérise le mieux cette tendance est la série de gravures qu'il fit sur le Polifemo de Luis de Góngora, qui apparurent pour la première fois à l'occasion d'une exposition à Madrid, dans un lieu quelque peu insolite, puisqu'il s'agissait du salon automobile Chrysler; ou bien celles, plus lyriques et poétiques encore, comme les gravures représentant une femme et la nature.
À propos des gravures de José Moreno Villa, seulement cinq sont connues : Le Musée Reina Sofía en possède deux, Radioagicionado, Interior, les deux sont de 1927; la Bibliothèque Nationale en possède un autre, et la Résidence d'étudiants, les deux autres — ils ne sont pas datés, mais il semble probable qu'ils soient de 1927 également.
Cette peinture poétique pourrait être connectée avec certaines œuvres de Picasso de Dinard et Boisgeloup, d'Alberto Sánchez, Maruja Mallo et Benjamín Palencia. Puis il alla approfondir l'aspect surréaliste de son travail, où il s'intéressa, comme dans sa poésie, à l'automatisme, à l'onirisme, donna plus d'importance et d'essence au geste immédiat comme acte directeur et spontané.
Il réalisa une synthèse très personnelle et hybride, en fusionnant les éléments figuratifs et abstraits et en ayant recours aux techniques innovantes de son temps, tels que le dripping ou les effets de transparence. Les correspondances entre sa poésie et sa peinture semblent évidentes, comme entre son poème Cuadro cubista de Jacinta la pelirroja et ses Bodegones.
En décembre 1928, il célèbre sa deuxième exposition individuelle dans les salles de l'Athénée de Madrid, institution qui deviendrait, à partir de cette année, la salle d'expositions la plus engagée avec les nouveaux courants de l'avant-garde picturale espagnole. José Moreno Villa y dévoila son monde par le biais d'une vingtaine d'huiles sur toile et de six sur papier. D'infinies et variées tendances et essais le composaient, et ne manquait pas de surprendre le public.
Il s'affirma de cette manière dans sa nouvelle figuration ancrée dans un univers poétique, qu'il décripta plusieurs années plus tard : Un art lyrique ne peut être fait que par un peintre poète.
En 1929 il participa à l'Exposition régionale d'Art de Grenade, au Salón Permanente de Arte41 où il reçut, conjointement à son ami Joaquín Peinado, lui aussi de Malaga, le prix de peinture pour son Bodegón de las uvas.
Il y exposa toute une série de tableaux qui reflétaient son parcours pictural : en plus de ses bodegones, grâce auxquels il s'inscrivait dans la ligne des peintres espagnols installés à Paris, il y avait notamment Cisnes, qui permettait déjà de s'apercevoir de la direction que prenaient ses expérimentations d'alors, au travers de ces transparences et autres superpositions.
Dans les années trente, il s'essaya au style de son ami Salvador Dalí en reprenant certains concepts comme l'équilibre et le temps dans des œuvres comme Con la piedra a cuestas ou Viéndolo pasar.
José Moreno Villa fut également l'unique artiste à avoir exploité le grafumo, dessin sur papier fumé, entre 1931 et 1937. L'idée lui vint dans le laboratoire de physiologie de Juan Negrín, où plusieurs membres de la Résidence d'étudiants se réunissaient. Le blanc très net qui ressortait des papiers fumés utilisés pour réaliser des cardiographies attira son attention et il voulut expérimenter avec ce matériel. Le processus de préparation était particulièrement compliqué, ce qui explique le peu de grafumos réalisés.
Il en produisit deux groupes : ceux qu'il fit à Madrid, sur lesquels il imprima de la couleur — comme Pareja en la playa en 1931 et Mujeres y cabeza de toro en la playa en 1932 — ; et ceux qu'il fit à Mexico — comme Catarsis —, en noir et blanc.
Il continua ensuite à travailler principalement à l'huile — comme Curitas y piedrasou Pájaros —, en s'attachant toujours à conserver cette volonté de rapprocher le modernisme aux arts plastiques espagnols. Il eut tantôt un rôle d'avant-gardiste, tantôt un rôle de relayeur des styles picturaux les plus importants de son temps.

Activités extra-artistiques

José Moreno Villa travailla au Centre d'études historiques de 1912 à 1916, où il se spécialisa dans l'archéologie, l'architecture et l'Histoire de l'art sous la direction de Manuel Gómez-Moreno et Elías Tormo.
Il mettait un point d'honneur à ne pas mélanger la littérature et l'Histoire, mais il sut tirer profit de ses investigations historiques en appliquant leur nature évocatrice à sa littérature. Il s'enrichit de son expérience au Centre en étant aux côtés des gens de la philologie, de l'histoire du droit, de l'arabe, des mathématiques, de Ramón Menéndez Pidal, José María Hinojosa, Alfonso Reyes, Luis Bello, Miguel Asín Palacios, Julio Rey Pastor, etc. Mais ces années furent précaires pour Moreno Villa, et il abandonna ce travail pour intégrer la nouvelle Résidence d'étudiants grâce à Jiménez Fraud.
Entre 1916 et 1921 il travailla pour la maison d'édition Calleja ; il publia de nombreux articles et ouvrages sur l'Histoire de l'Art, dont un qui fut très remarqué : Velázquez en 1920.
À la suite de cela il intégra le corps des Archivistes mais fut destiné à Gijón pendant un an, comme bibliothécaire et archiviste pour Jovellanos et Ceán Bermúdez ; il avait beaucoup de temps libre et s'adonnait au tennis, consultait l'Encyclopédie française, se promenait avec le peintre Piñole, et entreprit de traduire, sous la recommandation d'Ortega y Gasset, un livre capital de Heinrich Wölfflin, Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, le problème de l'évolution du style dans l'art moderne qu'il termina en 1924.
Au travers de sa profession comme historien spécialisé dans l'art et comme responsable des archives, il fut directeur des archives du Palais, c'est-à-dire ce qui deviendrait la Real biblioteca, la bibliothèque royale, de 1931 à 1936, il contribua à l'investigation du patrimoine artistique espagnol et à la divulgation de l'architecture moderne qui commençait à se réaliser en Espagne à partir des années 1920.
À partir de 1927 et pendant une dizaine d'années, il occupait ainsi ses journées : quatre heures consacrées à ses activités d'archiviste fonctionnaire, puis le reste de son temps il le divisait en heures de peinture, d'écriture, il organisait les numéros de la revue Arquitectura il faisait visiter le Musée du Prado aux étudiants de la Résidence d'étudiants, voyait ses amis et lisait.
Il fut le premier critique et analyste d'architecture depuis sa section hebdomadaire dans le journal El Sol en 1935, où il fit un diagnostic passionné de la difficile et douloureuse situation espagnole de l'époque. Ses articles hebdomadaires se convertirent en collaborations quotidiennes et eurent une grande influence et répercussion au point d'être censurés, d'abord partiellement, puis complètement.
Dix ans plus tard fut publiée au Mexique la compilation de ces articles dans le livre Pobretería y locura en 1945 ; Juan Pérez de Ayala considéra ce livre comme l'un des meilleurs portraits de la décomposition de l'Espagne de 1935 et Azorín lui dit, à l'époque où il écrivait ses articles : Vous êtes arrivé au summum : la simplicité.
Ce livre fut publié dans un contexte de forte activité politique, à laquelle prenait part Moreno Villa en se positionnant clairement et publiquement à faveur des socialistes et de la république ; ce livre fut censuré de deux articles.
José Moreno Villa publia beaucoup de textes dans la revue España, bien qu'il ne sentît pas ses textes à leur place au milieu de textes philosophiques, politiques, sociologiques ou encore scientifiques, et peu dans la revue Revista de Occidente, où il partageait le travail d'écriture avec Ortega y Gasset, Manuel García Morente, Vela, Sacristán, Blas Cabrera et Gustavo Pittaluga, notamment.
Là où il collabora de façon très régulière et diversifiée fut à El Sol.
En effet, il publia de nombreuses études sur l'Histoire de l'Art, sur l'art d'avant-garde, puis plus tard sur l'art colonial mexicain15 ; et fut l'auteur d'articles intitulés Estudios superficiales études superficielles, entre 1926 et 1931, où il proposait des réflexions sur de nombreux problèmes de la modernité en relation avec l'urbanisme, les nouvelles constructions, les changements dans les mœurs ou sur la nouvelles peinture et ses protagonistes.
Il y écrivit ses premiers articles sur des Temas de Arte des sujets d'art, à propos des peintres baroques José de Ribera, Diego Vélasquez, Francisco de Zurbarán et Bartolomé Esteban Murillo ou modernes comme l'art noir et les peintres français Henri Rousseau, Paul Cézanne et Georges Seurat. Parmi ses articles de presse, se distinguait Una lección de museo.
Tras la morfología de Rubens Une leçon de musée. À propos de la morphologie de Rubens, publié dans Revista de Occidente.
Il accomplit par ailleurs un grand travail pour la revue officielle de l'École technique supérieure d'architecture de Madrid et comme organisateur de la première visite en Espagne de Le Corbusier.
Sachant parler allemand, il traduisit, en plus des Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, le problème de l'évolution du style dans l'art moderne de nombreux textes sur l'architecture provenant d'Allemagne et d'Autriche, contribuant ainsi de manière décisive à l'historiographie de l'art.

Exil

José Moreno Villa n'a jamais vraiment su se consacrer de façon stable à une activité ou à un métier. C'est dans la continuité de cette forme d'éternel intérimaire et son engagement pour la République qu'il fut amené à s'exiler, d'abord aux États-Unis, puis au Mexique, où il passera un certain temps, à partir de 1937.
Au Mexique — lieu où me menèrent les vagues à un moment inespéré — il fut l'un des premiers membres d'El Colegio de México es, d'abord appelé Casa de España.
Il intégra là-bas un groupe d'intellectuels qu'il fréquentait déjà à Montparnasse : Federico Cantú es, Alfonso Reyes, Luis Cardoza y Aragón, Renato Leduc es.
Cette étape eut une importance capitale dans sa vie et dans son œuvre, car comme lui-même l'admit, son style s'est mexicanisé.
Sur ce pays il écrit Cornucopia de México en 1940, dans lequel il déclara être capable de conserver un style de peinture mexicain, même en étant dans des lieux très éloignés, tels que la Norvège : Pour évoquer rapidement une grande série de signes mexicains, c'est-à-dire d'éléments plastiques comme des maisons, des chemins, des villages, des profils et visages, des fêtes traditionnelles, des chansons, des vêtements, ainsi que le langage, les idiotismes, la phonétique et toute la grammaire.
Il échangea, hors de l'Espagne, son jeu avant-gardiste pour la nostalgie dans une poésie ré-humanisée qui s'exprimait dans les formes classiques ou néo-popularistes et dans la retenue verbale.
Ces poèmes de l'exil révélèrent aussi la découverte de cette nouvelle réalité depuis la perspective d'un poète qui approfondit la mémoire mais observe également le présent avec la mesure et la dignité du banni :
...
Sentémonos aquí bajo la noche,
frente al volcán, en este pedacito
de tierra que se mueve en el espacio.
...
— José Moreno villa, Cornucopia de México

« ...
Asseyons-nous ici sous la nuit,
face au volcan, sur ce petit morceau
de terre qui se meut dans l'espace
... »
— Cornucopia de México

Legs, mort et reconnaissance

José Moreno Villa commença sa réflexion sur son moi profond comme il l'appelait lui-même avec Salon sin muros, Son œuvre poétique, en 1936, puis il publia trois ans plus tard dans la revue mexicaine Taller le texte intitulé Topografía de la casa paterna : Visión supersticiosa, Topographie de la maison paternelle, Vision superstitieuse, titre qui devint par la suite celui du premier chapitre de son autobiographie Vida en claro, et qui marquera le ton et le développement du livre.
C'est en 1944 qu'il fut publié avec une édition mexicaine a été conjointe entre le Colegio de México, es et le Fondo de Cultura Económica, avant d'être rééditée en 1976 en Espagne avec l'aide du Mexique par le même fond, puis finalement en 2006 par le biais de la maison d'édition espagnole Visor Libros, seule.
Il y explique son legs en ces mots : Ce que j'ai fait bénéficiera les autres : quelque livre, qui, même les plus mal écrits, serviront à ne pas répéter mes fautes ; et une part d'articles, de peintures, de dessins, de leçons et de conférences.
En 1949, il publia le livre La música que llevaba, dans lequel il réunit, alors en exil au Mexique, une anthologie personnelle de son œuvre entre 1913 et 1947. En plus d'offrir une large introduction sur sa trajectoire vitale et artistique, dans cette double condition de poète et peintre, elle permet de mieux suivre - grâce surtout à la nouvelle édition de 1998, où les textes sont ordonnés chronologiquement et où quatorze poèmes écrits entre 1947 et 1955 ont été ajoutés - l'évolution naturelle de sa poésie depuis ses premiers livres dans lesquels le poète cherchait une voix personnelle entre une génération de 98 définie par certains comme épigonale et l'influence du cubisme, jusqu'aux poèmes de l'exil, de la ré-humanisation et de la nostalgie.
José Moreno Villa mourut en 1955, au Mexique. Il laissa derrière lui l'œuvre d'un poète non professionnel qui avait rejeté, les objets de luxe, les perles, les rubis, les aurores roses, et le seul mérite pour lequel il souhaitait être reconnu, était celui d'avoir été le premier à avoir adopté, dans la poésie espagnole, les mots, et particulièrement les adverbes, prosaïques.
En général, il est considéré comme un « poète de transition », étant donné qu'il peut être considéré d'une certaine manière comme un précurseur de la génération de 27. Mais le principal de son œuvre appartient clairement à la poétique du groupe. Le musée de Malaga conserve quarante-neuf des œuvres de José Moreno Villa, qui ont été réalisées suivant des techniques et des styles différents.
Juan Ramón Jiménez fit deux portraits ironiques de lui, dans Españoles de tres mundo en 1960 : Je ne sais pas ce qu'il a cet ami, qui, chaque fois qu'il vient, nous va bien ou encore il est fait de bois choisi, nu, naturel par moments, ou rarement étouffée ici et là-bas avec sobriété et rigueur.
En 1989, La Résidence d'Étudiants de Madrid installa la bibliothèque de José Molina Villa entre ses murs.
Il est reconnu Hijo de la Provincia de Málaga, traduisible par enfant chéri de la région de Málaga le 15 juin 1998.
L'écrivain Antonio Muñoz Molina l'inclut dans son roman La noche de los tiempos en 2010, en créant un personnage basé sur lui, et étant l'un des amis du protagoniste principal, Ignacio Abel. Il revendiqua ainsi sa figure de précurseur des idées qu'il ne sut ou ne put rentabiliser et que d'autres s'approprièrent.
En 2012, la Journée nationale du livre de Málaga fut dédiée à José Moreno Villa, comme Auteur de l'année 2012 ; ainsi fut préparée une exposition dans le Centro Andaluz de las Letras es, qui en plus édita 100,000 exemplaire d'une anthologie du poète réalisée par Rafael de Cózar.
À cette occasion, Julio Neira, le directeur général du Libros, Archivos y Bibliotecas du Conseil régional voulut ainsi célébrer celui qui fut le plus important intellectuel du xxe siècle, selon lui
À l'occasion de sa mort, Manuel Altolaguirre écrivit le poème José Moreno Villa, en hommage a son ami :
...
poeta desterrado nunca fuiste
porque la luz y el fuego
traspasaron los cielos
...
Pero al verte y no verte,
José Moreno Villa
siento el mundo pequeño
y quisiera pensar que lo tuviste
desde niño al alcance de tu mano.
— Manuel Altolaguirre, José Moreno Villa

«...
poète exilé jamais tu ne fus
parce que la lumière et le feu
traversèrent les cieux
...
Mais de te voir et de ne pas te voir
José Moreno Villa
je sens que le monde est petit
et j'aimerais penser que tu l'as eu
dès l'enfance à portée de la main.
— José Moreno Villa

Octavio Paz y alla lui aussi de son hommage, à sa manière, en faisant le portrait de la vivacité de Moreno Villa qu'il dépeignit comme un oiseau :
Visages de Moreno Villa, jamais sculptés ni dessinés, toujours mobiles, changeants, sautant de la surprise à la lassitude : vivacité, lyrisme, mélancolie, élégance sans l'hombre d'un dommage. Jamais lourd ni insistant. Moreno Villa, oiseau. Mais, quel type d'oiseau? … Un oiseau fantastique. Un oiseau rare. Et pourtant, familier de notre ciel et notre terre. … Oiseau solitaire, bien que ne rejetant pas ses relations avec ses semblables.
…Geste d'un oiseau dans son arbre, de poète dans son nuage … Et d'ailes. Il ne savait ni ne pouvait marcher au milieu de la foule : des ailes pour voler.
De la liste des prodiges desquels nous nous rappelons, celui de l'oiseau qui parle et de l'arbre qui chante, il ne faut pas oublier celui du poète qui peint dira de .lui Xavier Villaurrutia.

Å’uvre

Poésie

Garba 1913
El pasajero, prologue de José Ortega y Gasset 1914
Luchas de Pena y Alegría y su transfiguración 1916
Bestiario 1917
Evoluciones. Cuentos, Caprichos, Bestiario, Epitafios y Obras paralelas 1918
Florilegio 1920
Patrañas 1921
Colección. Poesía 1924
Jacinta la Pelirroja. Poema en poemas y dibujos 1929
Carambas 1931
Puentes que no acaban 1933
Salón sin muros 1936
Puerta severa 1941
La noche del Verbo 1942
La música que llevaba. Antología poética 1913-1947, Editorial Losada 1949
Voz en vuelo a su cuna Avance de ese libro inédito. Posthume 1961
Voz en vuelo a su cuna prologue de León Felipe, épilogue de Juan Rejano es. Posthume 1961

Lien
http://youtu.be/8PxG9HbcKGA Despues de todo ... poème en espagnol


Attacher un fichier:



jpg  téléchargement (2).jpg (9.14 KB)
3_52ffecc68a8df.jpg 246X205 px

jpg  images (1).jpg (5.63 KB)
3_52ffecd490bd5.jpg 262X192 px

jpg  images (2).jpg (6.62 KB)
3_52ffeceaaad9b.jpg 284X178 px

jpg  images (10).jpg (9.66 KB)
3_52ffecfdbdaaa.jpg 267X189 px

jpg  images (12).jpg (4.39 KB)
3_52ffed0e76eac.jpg 116X149 px

jpg  images (14).jpg (6.20 KB)
3_52ffed1aab4a3.jpg 157X240 px

jpg  images (16).jpg (8.99 KB)
3_52ffed2e05c3d.jpg 194X259 px

jpg  images (18).jpg (4.52 KB)
3_52ffed3fe2813.jpg 240X200 px

jpg  images (17).jpg (8.63 KB)
3_52ffed4a85da1.jpg 264X191 px

jpg  images (13).jpg (7.98 KB)
3_52ffed64b2b63.jpg 187X269 px

jpg  images (11).jpg (7.78 KB)
3_52ffed725b663.jpg 248X203 px

jpg  images (9).jpg (5.48 KB)
3_52ffed83ebb91.jpg 266X181 px

jpg  images (8).jpg (7.09 KB)
3_52ffed903c494.jpg 200X247 px

jpg  images (7).jpg (6.31 KB)
3_52ffed9e6cb5e.jpg 238X212 px

jpg  images (6).jpg (5.34 KB)
3_52ffeda994dd4.jpg 247X204 px

jpg  images (4).jpg (6.79 KB)
3_52ffedb424ebb.jpg 200X156 px

jpg  images (3).jpg (8.74 KB)
3_52ffedbe7ea86.jpg 274X184 px

jpg  images.jpg (8.30 KB)
3_52ffedcbf080f.jpg 244X206 px

jpg  téléchargement (8).jpg (8.52 KB)
3_52ffedd80ec6e.jpg 244X206 px

jpg  téléchargement (7).jpg (5.49 KB)
3_52ffede37eb56.jpg 224X174 px

jpg  téléchargement (4).jpg (6.53 KB)
3_52ffedf2bad54.jpg 224X200 px

jpg  téléchargement (6).jpg (6.36 KB)
3_52ffee026eb8b.jpg 174X224 px

jpg  téléchargement (5).jpg (7.47 KB)
3_52ffee0fd45f1.jpg 225X225 px

Posté le : 14/02/2014 19:50

Edité par Loriane sur 15-02-2014 23:45:40
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi d'écriture du 10/02/2014
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35628
Hors Ligne
Trop fort !

Je n'aurais jamais cru qu'il existait autant d'expressions avec le mot "chien".
Tu nous as appris des choses et j'ai aimé le défi de tous les caser dans un même texte. Demain, je t'envoie mes belgicismes ...

Merci Arielle.

Couscous

Posté le : 14/02/2014 19:12
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Johannès Stöffler
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57788
Hors Ligne
Le 16 Février 1531 à Blaubeuren Johannes stöffler meurt de la peste,

mathématicien, physicien cartographe et astronome Allemand il naît le 10 décembre 1452, à Justingen près de Blaubeuren sur Alb Souabe. Il est connu sous le nom latin de Stofflerinus.

Sa vie

Professeur de mathématiques à l'Université de Tübingen, il a écrit plusieurs travaux qui ont largement circulé en Europe du seizième siècle.

L'astrolabe

Il apporte une collaboration notable à la navigation en réadaptant, en perfectionnant l'astrolabe dans "Elucidatio fabricae ususque astrolabii", astrolable qui sera régulièrement revu et perfectionné.
Voir : "Traité de la composition et fabrique de l'astrolabe et de son usage, avec les preceptes des mesures géométriques, le tout traduit du latin de Jean Stofler ... avec quelques annotations sur l'usage de l'astrolabe et mesures géométriques faites par Jean Pierre de Mesmes "
L'astrolabe est un instrument suffisamment précis pour que la précession des équinoxes y soit manifeste : de ce fait les astrolabes du xve siècle ne sont plus utilisables de nos jours. Sur la gravure, la pointe le plus en haut à droite, qui clôt le cercle externe, et marque la position de Antarès, est sensiblement dans l'alignement de la graduation 28° du Scorpion, 238°.
Cette étoile est actuellement Y2000 à 247°, soit 7° du Sagittaire. La précession des équinoxes étant de 1° pour 72 ans, la différence de 10° correspond à un âge de l'ordre de 700 ans, l'original est donné pour 1208, la différence vient probablement de ce que la gravure a introduit de petits écarts supplémentaires.
Dans l'astrolabe du xvie siècle ci-contre, la position d'Antarès est donnée à 0,5° du Sagittaire, soit un décalage de 6,5° et un âge apparent de l'ordre de 470 ans. L'astrolabe étant daté de 1569, l'écart de 40 ans, soit un demi-degré paraît simplement dû aux erreurs de réalisation et de lecture
Ils incluent également les Éphémérides en 1482, dans lequel il a prévu des éclipses et des événements astrologiques jusqu'à 1518 et l'analyse " Elucidatio æ Ususque Astrolabii", publié à Oppenheim en 1513, dans lequel il a décrit une conception d'astrolabe largement cité par des auteurs postérieurs.
Il a inventé un modèle spécial de quadran qui est devenu connu sous le nom de " quadran de stöffleur ".
Ayant reçu sa formation initiale à l'école de monastère Blaubeuren, il s'est fait inscrire à l'Université nouvellement fondée d'Ingolstadt le 21 avril 1472, où il a été par conséquent promu Baccalaureus en septembre 1473 et le Maître en janvier 1476.
Après la fin de ses études il a obtenu la paroisse de Justingen où il, en plus de ses obligations cléricales, s'est intéressé par l'astronomie, l'astrologie et la fabrication d'instruments astronomiques, des horloges et des globes célestes.
Il a conduit une correspondance vive avec des humanistes principaux - par exemple, Johannes Reuchlin, pour qui il a fait un Equatorium et a écrit des horoscopes.
En 1499 il prédit qu'un déluge couvrirait le monde le 20 février 1524.
En 1507, à l'instigation de Duke Ulrich I il est élu à la présidence nouvellement établie de mathématiques et l'astronomie à l'Université de Tübingen, où il a excellé dans l'enseignement riche et des activités de publication et où il a finalement été élu recteur dans 1522.
Ses écrits " Elucidatio fabricae ususque astrolabis", publiés en plusieurs éditions, serviront pour longtemps, aux astronomes et experts comme un travail de référence.

l'horloge astronomique de Tübingen,

Stöffleur a commencé la construction de l'horloge astronomique en 1510.
En 1531, les archives brûlent. Des recoupements confirment avec certitude sa participation à sa construction.
L’emplacement actuel de l’oriel au premier étage reçoit cette horloge jusqu'en 1848.
Elle est ensuite déplacée au dessus du troisième étage et fait désormais partie intégrante de la toiture après construction d’un pignon.
La lecture des différentes complications est rendue difficile par son éloignement.
Cette horloge a deux cadrans horaires: un dans la rue à gauche du bâtiment et le grand sur la place.
Ce qui saute aux yeux, c’est que lors de la rénovation des cadrans, cela n’a pas été fait de façon conventionnelle.
Le cadran principal, pour 4h ou 16h, affiche, IIII, et l’autre cadran sur le coté, IV.
Le cadran supérieur renferme les signes du zodiaque, le cadran original de 1511 avec les signes du zodiaque se trouve aujourd’hui au musée municipal
Un cercle avec 90 cases noires, probablement un calendrier circulaire avec l’ancienne méthode de calcul du cycle des saisons, basé sur 360 jours.
Les anciens calendriers définissaient 4 saisons, elles-mêmes définis par des solstices ou équinoxes.
A chaque saison il s'est effectué 3 cycles de lunes. A chaque cycle de lune, il y a environ 30 alternances de jours et de nuits.
Chaque début ou fin de saison correspond à des phénomènes observables: solstice ou équinoxe, 21 juin, 21 décembre, 20 mars, 23 septembre.
En mettant en relation le cercle des 4 saisons, les cycles de lunes, le nombre de jours et de nuits, on obtient un cycle de lune.
Ainsi, le nombre de jours dans chaque saison comptait environ 90 jours, d’où probablement ce cadran actuel qui a été recopié comme l’ancien.
Il existe un autre cercle de 32 cases noires, parfois à distances inégales.
Les épactes annuelles sont l'excès de l'année solaire sur l’année lunaire, peut être est-ce l’explication ! Cela se passe sur un cycle de 19 ans. Les mois peuvent avoir 32 jours, mais à quoi cela servirait il aujourd'hui si ce n'est pour pour un mathématicien

Munissez-vous d’une boite d’aspirine et allez voir ce site…
En 1979, on a installé une horloge maître synchrone avec une horloge à quartz et un carillon, qui joue le "Kopenhagener Rathausschlag" seulement à 9h, 12h, 16h et 18h en raison des protestations des riverains.
C'est grâce à deux amateurs d'horloge d'Ulm et de Tübingen que l’horloge a repris vie et fonctionne sans défaillance.

Fin de vie

Philipp Melanchthon et Sebastian Münster se classent parmi ses étudiants les plus célèbres. Quand une épidémie de peste provoque la division et le déplacemen de son université à la campagne environnante en 1530.

Il a été enterré dans le choeur de l'universitaire

Ses écrits

1493: Un globe céleste pour l'Évêque de Konstanz. Ce globe, comme le maintien de plante de pied et l'objet le plus important de son atelier, est exposé au Landesmuseum Württemberg dans le Vieux Château à Stuttgart.
1496: Une horloge astronomique pour la Cathédrale de Konstanz.
1498: Un globe céleste pour l'Évêque de Vers.
1499: Un Almanach (Almanach la nova plurimis Annis venturis inserentia) publié en collaboration avec l'astronome Jakob Pflaum d'Ulm, qui a été désigné comme une suite de l'éphéméride de Regiomontanus. Il avait une grande circulation, a subi 13 éditions jusqu'à 1551 et a exercé un effet fort sur l'astronomie de Renaissance.
1512: Un livre sur la construction et l'utilisation de l'astrolabe (Elucidatio fabricae ususque astrolabii), publié dans 16 éditions jusqu'à 1620 et, en 2007, pour le premier.


Attacher un fichier:



jpg  téléchargement.jpg (6.73 KB)
3_52fff96645a2a.jpg 203X249 px

jpg  images (3).jpg (5.72 KB)
3_52fff9777b5f7.jpg 198X254 px

jpg  images (2).jpg (8.98 KB)
3_52fff98539c7f.jpg 176X176 px

jpg  images (1).jpg (7.01 KB)
3_52fff98fedd50.jpg 223X226 px

jpg  téléchargement (1).jpg (12.21 KB)
3_52fff9a147dd4.jpg 176X256 px

jpg  220px-Astrolabe_dsc03864.jpg (16.37 KB)
3_52fff9bf33be3.jpg 220X257 px

jpg  images.jpg (11.56 KB)
3_52fff9cbd76a5.jpg 259X194 px

jpg  astrolabe.JPG1292683129.jpg (156.35 KB)
3_52fff9d910883.jpg 964X973 px

jpg  As-Tubingen4.JPG (101.54 KB)
3_52fff9e6eb9b8.jpg 406X489 px

jpg  As-Tubingen2.JPG (60.75 KB)
3_52fff9f1804ed.jpg 400X533 px

jpg  312197791.jpg (210.28 KB)
3_52fffa0c4ead7.jpg 800X600 px

jpg  ges.jpg (16.83 KB)
3_52fffa17c5340.jpg 227X222 px

jpg  images (10).jpg (14.36 KB)
3_52fffa281b92d.jpg 225X225 px

jpg  images (9).jpg (10.22 KB)
3_52fffa34f37df.jpg 205X246 px

jpg  images (7).jpg (17.28 KB)
3_52fffa422e8f8.jpg 224X225 px

jpg  images (6).jpg (10.49 KB)
3_52fffa4f70581.jpg 226X223 px

jpg  images (5).jpg (16.77 KB)
3_52fffa5adde08.jpg 275X183 px

jpg  images (4).jpg (7.91 KB)
3_52fffa667d7d0.jpg 259X195 px

jpg  books.jpg (9.09 KB)
3_52fffa74807f5.jpg 128X176 px

jpg  téléchargement (3).jpg (7.34 KB)
3_52fffa8150be8.jpg 200X200 px

jpg  téléchargement (2).jpg (6.92 KB)
3_52fffa8eac678.jpg 276X183 px

jpg  As-Tubingen6.JPG (40.90 KB)
3_52fffaa6416cc.jpg 400X358 px

jpg  As-Tubingen3.JPG (74.17 KB)
3_52fffab83502c.jpg 313X532 px

jpg  43253_1.jpg (78.73 KB)
3_52fffac92a122.jpg 300X287 px

Posté le : 14/02/2014 18:47

Edité par Loriane sur 16-02-2014 00:39:59
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 627 628 629 (630) 631 632 633 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
65 Personne(s) en ligne (37 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 65

Plus ...