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Re: Défi du 14/03/2014
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Ben Arielle ? Pas contente de bénéficier de tous les privilèges du sexe fort ?
Ma baguette magique te délivre du poids de millénaires d'esclavage et toi, tu veux retrouver tes escarpins ?
En tous cas, c'est un très bon texte qui m'a amusé. Je ne crois pas que j'aimerais me retrouver dans la peau d'une nana.....
Même bien roulée.
Bises de Bacchus

Posté le : 16/03/2014 17:34
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Re: Défi du 14/03/2014
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Brrrr, un rêve effrayant au possible, Arielle ! Tu n'as pas un peu exagéré la taille du .... ?

Il est vrai malheureusement qu'on est différemment traitées que nos chers compatriotes mâles.

Merci pour cette participation originale et qui ne manque pas d'humour,

Couscous

Posté le : 16/03/2014 14:55
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Re: Défi du 14/03/2014
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En voilà un joli rêve !

Ben où qu'il est le chien ? Dans la poubelle ? Pauvre bête !

Merci pour ta participation Kjtiti

Couscous

Posté le : 16/03/2014 14:52
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Re: Défi du 14/03/2014
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Une journée particulière

7 heures, le réveil sonne. Il est trop tôt ! Pourquoi cette machine me harcèle-t-elle dès le matin ? Debout !
Je m’assieds au bord de mon lit, et quelque chose a changé, mes cuisses sont énormes, velues, mes pieds sont énormes aussi. Je regarde mes mains, elles sont recouvertes de longs poils noirs.
Je me lève d’un bond. Quelque chose me gêne entre les jambes. C’est gros, raide et très sensible.
Je suis devenue un homme !!! Comment est-ce possible ? On ne peut pas changer de sexe pendant la nuit !
Je mets ma robe de chambre et je vais me regarder dans la glace. Je vois un homme grand, assez baraqué, vêtu d’un peignoir rose qui lui donne un air complètement ridicule. Je ressemble à mon père et à mon fils, je dis « je » puisque de toute évidence il s’agit bien de mon reflet. Je me pince, je dois rêver, il m’arrive parfois de faire des cauchemars très réalistes qui me laissent une impression bizarre au réveil.
- Aïe !
De toute évidence je suis bien un homme, je suis devenue aussi douillette en tout cas. Une bonne douche va me remettre les idées en place. Pourtant, en sortant de la salle de bain je suis toujours dans le même état.
Je dois remplacer un professeur dans une école ce matin, je dois absolument y aller j’ai besoin d’argent et je veux qu’on me propose d’autres emplois après celui-là. Comment m’habiller ? Il faut que je me dépêche en plus ! Mes jeans sont trop courts et trop serrés, mes pull sont minis, je suis mal ! Mes chaussures sont trop petites et les bottes à talon ne me semblent pas appropriées.
Vite réfléchissons ! La garde-robe de mon fils, voilà la solution. Il va me tuer quand il va savoir que je lui ai emprunté ses affaires. Remarquez quand il va voir que sa mère s’est transformée en homme ça va lui faire drôle aussi.
J’ai l’air d’un vieux habillé en « djeune ». J’ai mis un « slim » et un sweat-shirt pré usé, bleu délavé. Tant pis, je dois faire cours à des ados, ça va peut-être leur plaire.
Je suis complètement affamée, le petit bout de pain que je mange d’habitude ne va pas me suffire ce matin, il me faut « du lourd ». J’avale une demi-baguette et je sors.
Je saute dans ma voiture rouge décorée de fleurs, un véhicule de « tarlouze » comme diraient certains de mes anciens collègues. Tant pis, il va falloir que j’assume pas mal de « différences » aujourd’hui, et peut-être dans l’avenir. Mais n’y pensons pas. Une chose à la fois. Dans ce genre de situation il ne faut pas réfléchir à toutes les conséquences autrement on s’affole et on reste paralysé et inactif. Ma voiture me paraît minuscule, mes jambes se cognent au volant. Même si je recule le siège à fond. J’ai l’impression d’être recroquevillée dans une voiture de Lilliputien.

- Bonjour Monsieur Ferry, nous attendions une Madame Ferry, il y a une erreur sur nos papiers. Bienvenue dans notre établissement. Je vous montre votre classe. Vous remplacez Madame Jasper pour la journée. Une bien jolie femme. Elle a un enfant malade. C’est la troisième fois depuis Septembre, ses gamins attrapent tout ce qui traîne. Ah ces femmes on ne peut pas compter sur elles ! Me dit-il en riant.
Pour une fois, on ne me dit pas que je suis charmante, et la main de mon interlocuteur ne s’attarde pas dans la mienne d’une façon gluante quand il me salue.
- Son mari ne s’arrête pas pour les garder ?
Je ne devrais pas dire ça, mais je ne peux pas m’en empêcher. Le proviseur semble surpris :
- Son mari travaille aussi chez nous, mais il enseigne à des terminales, il ne peut pas supprimer ses cours.
Je me mords la langue pour ne pas répliquer qu’il n’y a qu’à laisser mourir ces pauvres gosses, comme ça aucune leçon ne sera annulée, mais j’ai besoin de ce job.
Je rentre dans la classe :
- Bonjour.
Ma voix est forte et porte jusqu’au fond de la salle. Le brouhaha cesse immédiatement. J’écris mon nom sur le tableau et commence à faire l’appel.
Les élèves me regardent avec respect, je vois presque de la crainte dans leurs yeux.
D’habitude, on me fixe d’un air goguenard, et on me dit que la prof habituelle est plus sympa, plus jolie, qu’elle explique mieux. Là, rien de tout cela, ils me respectent d’emblée, je n’ai pas de gros efforts à faire, pas de stratégie à mettre en place.
Les heures d’enseignement se passent à merveille.
Après le travail je pars me promener en bord de mer. Quel bonheur de pouvoir aller partout, même sur ce petit chemin entouré par de hautes herbes. Je me sens en sécurité, je n’ai pas peur qu’un pervers m’attende au détour d’un bosquet. Je croise des types à la mine patibulaire, mais ils ne me regardent même pas. J’aurais bien envie de me cacher et d’attendre qu’ils importunent une femme seule. Je me ferais un plaisir de leur mettre mon poing sur la figure, quelle délectation ce serait. Je serais même peut-être capable de tuer. Le gars paierait pour tous les malades que j’ai pu rencontrer dans ma vie de femme.
Un grand gaillard me fait un sourire, c’est un homo en train de draguer. Bon, il ne risque pas de me violer c’est toujours ça.
Cela fait une heure que je marche, et je n’ai entendu aucun sifflement, aucune remarque du style :
- T’es bonne, tu sais ?
Je me sens respectée et prise au sérieux.

A 17 heures j’ai rendez-vous chez le garagiste, c’est pour la révision habituelle. J’ai remarqué une odeur bizarre dans l’habitacle depuis que le mécanicien a changé le radiateur.
- C’est une odeur de liquide de refroidissement, il y a peut-être une fuite quelque part.

- OK, on va vérifier tout ça, je suis désolé, on va voir s’il y a un problème.
L’attitude du garagiste m’épate ! Quelques temps avant, le même genre de mésaventure m’était arrivée avec une autre voiture :
- C’est une odeur de liquide de refroidissement, il y a peut-être une fuite quelque part.

- Impossible on a tout vérifié. Ça ne sent rien le liquide de refroidissement !

Il me prenait pour une idiote, l’odeur de ce fluide ressemble à de l’œuf pourri.


- Le tableau de bord ne s’allume plus, il n’y a plus aucun voyant, quelque chose a dû être mal rebranché.

- On a passé deux heures dessus, il fallait démonter le tableau de bord pour accéder au radiateur, on ne va pas recommencer. De toute façon elle roule, vous n’avez pas besoin de regarder les voyants.

Il me parlait comme à une demeurée, il avait l’air supérieur de celui qui sait et ne peut pas expliquer à un individu qui n’a pas les capacités de compréhension minimales.

- Ça n’est pas normal, il faut que vous les rebranchiez, c’est dangereux. Je ne sais pas si je roule en plein phares ou en feux de croisement. Et cette odeur ! C’est insupportable.

- C’est pas vous qu’avez pété plutôt ? Faut la changer votre voiture elle est pourrie !

J’avais été sciée par sa vulgarité. Comment osait-il me parler sur ce ton ? Ce même homme rigolard et mal élevé, jouait aujourd’hui, les pros consciencieux, j’avais envie de l’écraser comme une punaise.
Une jeune fille en mini-jupe passe sur le trottoir pendant que je suis perdue dans mes réflexions. Un sifflement suraigu me ramène au présent.
- Alors on prend l’air ma poule ?
Cet homme rougeaud de 60 ans siffle une gamine de 13 ans et ose lui manquer de respect devant moi, il me fait même un clin d’œil !

- C’est des « pousse-au-crime » à cet âge-là.
Je vais la massacrer cette immonde crapule.

- C’est ma fille. Vous la prenez pour une pute ?

Tout dans mon attitude est menaçant, le cafard qui se tient devant moi se liquéfie. Il bafouille :

- Je ne savais pas, excusez-moi. Elle est bien jolie en tout cas, félicitations.

La petite n’est pas ma fille mais elle pourrait l’être.

- Vous voudriez que les hommes s’adressent à votre fille comme vous venez de le faire ?


- Je, je n’ai pas de fille.

Il n’est plus rouge, il est violet.

- Je reviens chercher ma voiture demain en fin d’après-midi.

Je tourne les talons sans attendre sa réponse, il est au bord de la crise cardiaque et ne peut plus parler de toute façon.

Cette journée s’est bien passée mais j’ai envie de redevenir une femme. J’ai envie de retrouver ma taille normale, mes robes et mes escarpins. Les jeans serrés sont très inconfortables quand on est un homme. J’en ai marre d’avoir faim tout le temps.
Quelle angoisse de se réveiller ainsi transformée, est-ce que c’est déjà arrivé à d’autres, est-ce que c’est une mutation génétique ?
Je m’aperçois qu’on ne respecte pas les femmes, je le savais déjà, mais les gens semblent habitués à cet état de fait. Je suis fatiguée d’avoir à batailler contre des débiles mentaux pour me faire une place. Tout le monde semble se résigner, même les femmes.

La journée se termine. Je vais me coucher, que va-t-il se passer demain ? Aurais-je retrouvé le sexe de ma naissance ?
Mystère…

Bonne nuit !
FB arielleffe

Posté le : 16/03/2014 13:24
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Re: Les expressions
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« Compter pour du beurre »


Ne pas être pris en considération, être méprisé.
N'avoir aucune importance.


Bizarrement, le beurre est souvent associé à une image d'abondance ou de richesse : "faire son beurre" pour "faire beaucoup d'argent" ou encore "mettre du beurre dans les épinards".

Pourtant, il existait autrefois une locution adjective "de beurre" qui caractérisait quelque chose sans valeur et qui est probablement à l'origine de cette expression.
De même, Larousse au XIXe siècle précise que "vendre du beurre" c'était "être ignoré, délaissé dans une société". D'ailleurs, à cette époque, les jeunes filles qui "vendaient du beurre" dans les bals étaient celles qui n'y dansaient pas, faute de cavalier.

Donc s'il arrive parfois qu'on utilise le côté gras donc "riche" du beurre au moins en calories, c'est probablement sa mollesse ou sa fusibilité qui en justifie la vision péjorative.


Beurre

Le beurre fut longtemps considéré comme la graisse du pauvre : c’est un produit facile à produire localement, au contraire de l’huile, qui ne se récolte qu’une fois l’an et qu’il faut faire venir du Sud.

Les grecs le connaissaient déjà sous le nom de bouturon (de bous, la vache et turos, fromage ou préparation lactée), mot dont dérivent la plupart de termes qui servent à le désigner dans les langues occidentales, du butyrum latin au butter anglais, en passant par le burro italien, le Butter allemand et le beurre français*. Pourtant, durant toute la période Antique et au Moyen-Age, le beurre n’est guère apprécié par le monde greco-romain. Méprisé par Jules César comme produit tout juste bon à graisser ses sandales, il garde longtemps une image de produit essentillement médical, destiné à lutter contre les infections de la peau, les brûlures et les maladies occulaires, ou cosmétique, pour adoucir la peau ou faire briller les cheveux. Cette connotation négative se retrouve dans une expression comme «compter pour du beurre» (compter pour rien).

Ce sont les peuples barbares qui nous le transmettront comme produit à vocation culinaire. Mais nos langues ne garderont aucune trace de la racine des langues celtiques – breton amann, gallois ymenyn, gaélique de l’ile de Man eeym, irlandais im –, de celle des langues germaniques nordiques - danois smør, suédois smör , ou de celle des langues slaves - russe maslo, serbo-croate maslac.

A partir du XVe siècle, le beurre devient un produit de luxe, notamment dans les régions du Nord et de l’Ouest de l’Europe. De là, il acquiert une connotation positive, que l’on retrouve dans nombre d’expressions populaires : avoir du beurre, être riche, faire son beurre, faire fortune, mettre du beurre dans ses épinards améliorer sa situation. L’idée du beurre comme produit de luxe se retrouve aussi dans des expressions comme promettre plus de beurre que de pain, promettre plus qu'on ne peut donner ou vouloir le beurre et l’argent du beurre

D’autres expressions s’avérent plus neutres, et se fondent simplement sur la nature du beurre : entrer comme dans du beurre, entrer très facilement, avoir des mains de beurre molles, fondre comme beurre au soleil.

Quoiqu’il en soit, dans notre langue, le beurre... compte rarement pour du beurre!





Posté le : 16/03/2014 11:15
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Page 9/3/2014 Mirabeau, C.Mayer,Labisse,Molotov, Chevtchenko,A.Barbauld, VM.Sackeville-West, Masoch
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Texte à l'affiche :

" ELLES "de  Loriane " 





Le  9  Mars  1776  naît  Marie-Françoise Constance  MAYER
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Le  9  Mars  1890  naît   Viatcheslav  Mickhaïlovitch  MOLOTOV

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Le  9  Mars  1825  meurt  Anna-Laetitia   
BARBAULD
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Le 9 Mars 1895 meurt L.R.VON SACHER-MASOCH
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Aujourd'hui Dimanche 9  Mars 2014
 
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 Nouveau  vos rendez-vous hebdomaires :

*Bacchus sa tribune : quand sa lyre délire

*Emma "dos à dos" sa chronique d'jeuns
*Iktomi "chef-d'oeuvre, pas chef-d'oeuvre ?
*Les bons mots de la semaine par Grenouille

*La pensée de la semaine de Grenouille :


 " l'homme qui déplace une montagne commence par déplacer les petites pierres . "
 
                                            

                                           Confucius

 

Le 9 Mars 1749 naît Gabriel Riqueti Comte MIRABEAU
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Le  9  Mars 1905  naît   Félix  
LABISSE

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Le  9 mars 1814  naît  Taras  CHEVTCHENKO
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Le  9  Mars  1825  naît  Victoria.M.
SACKVILLE-WEST
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*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner 

            ---*ATELIER CONCOURS
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        *Cliquez ici pour rejoindre Couscous 
                   dans son nouveau défi 

         Lucinda vous pose deux questions :
         *Pourquoi le mensonge ?
         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
   

      
     




Posté le : 16/03/2014 00:30
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Nicolas de Staël
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Le 16 mars 1955 à Antibes, à 41 ans meurt Nicolas de Staël

baron Nicolaï baron Vladimirovitch Staël von Holstein
,

en russe Николай Владимирович Шталь фон Гольштейн, naît le 5 janvier 1914 à Saint-Pétersbourg, mort le 16 mars 1955 à Antibes, peintre dessinateur, lithographe, graveur, collage, écriture français originaire de Russie, issu d'une branche cadette de la famille de Staël-Holstein, il étudie à l'académie royale des beaux-arts de Bruxelles, académie Fernand Léger, Paris
Ses Œuvres les plus réputées sont : Hommage à Piranese, Les Footballeurs Le Parc des Princes, L'Orchestre, Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet,

La carrière de Nicolas de Staël s'étale sur quinze ans — de 1940 à 1955 —, à travers plus d'un millier d'œuvres, influencées par Cézanne, Matisse, van Gogh, Braque, Soutine et les fauves, mais aussi par les maîtres néerlandais Rembrandt, Vermeer et Hercules Seghers.
Sa peinture est en constante évolution. Des couleurs sombres de ses débuts, Porte sans porte, 1946 ou Ressentiment, 1947, elle aboutit à l'exaltation de la couleur comme dans le Grand Nu orange en 1953. Ses toiles se caractérisent par d'épaisses couches de peinture superposées et un important jeu de matières, passant des empâtements au couteau, Compositions, 1945-1949 à une peinture plus fluide, Agrigente, 1954, Chemin de fer au bord de la mer, soleil couchant, 1955.
Refusant les étiquettes et les courants, tout comme Georges Braque qu'il admire, il travaille avec acharnement, détruisant autant d’œuvres qu'il en réalise.
Dans sa frénésie de peindre il côtoie sans cesse l'abîme, trouvant des accords que nul autre avant lui n'avait osé tenter. Peinture tendue, nerveuse, toujours sur le fil du rasoir, à l'image des dernières toiles de Vincent van Gogh qu'il rejoint dans le suicide.
Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant par la fenêtre de son atelier d'Antibes. Il est enterré dans le cimetière de Montrouge.

L'artiste

Nicolas de Staël est considéré comme l'un des maîtres de l'art abstrait en France après la Seconde Guerre mondiale. Ses origines russes et sa mort précoce ont entretenu autour de lui la légende de l'artiste maudit. En réalité, sa peinture, d'apparence abstraite mais toujours fondée sur la perception du monde réel – peinture en quête d'harmonie colorée et de sensualité de la pâte –, a connu le succès dès le vivant de l'artiste et a marqué durablement ce qu'on appelle alors l'École de Paris.
À partir de 1949, il reçoit l'appui de Bernard Dorival, conservateur en chef du Musée national d'art moderne de Paris. La consécration a lieu, en 1950, avec un article de Georges Duthuit dans la revue Cahiers d'art. Sa réputation s'étend jusqu'aux États-Unis, notamment grâce au marchand de tableaux Theodore Shempp, ainsi qu'à l'exposition « Young Painters from US and France en 1950 à la galerie Sidney Janis. Sa rencontre avec le poète René Char, en 1951, infléchit radicalement son travail en lui faisant redécouvrir le Midi. En 1953, le succès retentissant d'une exposition personnelle à la galerie Knoedler à New York est suivi par un contrat avec le grand marchand Paul Rosenberg. À la fin de cette même année, Staël acquiert en Provence un petit château situé à Ménerbes, Le Castellet, puis, à la fin de 1954, s'installe à Antibes. Malgré une production intense, le doute que ressent l'artiste vis-à-vis de lui-même est toujours plus violent. Il met fin à ses jours le 16 mars 1955.

Une abstraction singulière

À Nice, où il a trouvé refuge pendant la guerre, Nicolas de Staël fréquente la communauté artistique constituée notamment de Sonia Delaunay, Sophie Tauber, Jean Arp et Alberto Magnelli. L'abstraction à laquelle il s'initie est donc celle qui s'est développée dans l'entre-deux-guerres, une abstraction souvent géométrique et selon laquelle l'œuvre se construit hors de toute référence au monde réel. Très marquée, au départ, par le travail aux formes aiguës de Magnelli, la peinture de Staël évolue rapidement, notamment au contact d'André Lanskoy, autre exilé russe qu'il fréquente à Paris à partir de 1944. Les figures se complexifient, deviennent plus denses et la pâte plus épaisse.
À une période où le gouvernement de Vichy soumet toute création artistique à son contrôle, la conquête de l'abstraction est aussi celle de la liberté. Un autre groupe de jeunes artistes, dans lequel se retrouvent Jean Bazaine, Alfred Manessier, Gustave Singier et Jean Le Moal, poursuit le même combat. Staël, à leur différence, ne fait pas appel à la grille de tradition cubiste pour structurer ses compositions, mais la met d'emblée à mal : dès 1946, ses peintures, comme Casse-Lumière sont composées à l'aide de bâtonnets qui s'accumulent, se repoussent, se coupent entre eux tel un échafaudage effondré. Staël refuse cependant que son travail soit catalogué comme abstrait. Il est plus juste, selon la terminologie de l'époque, de parler de non-figuration, c'est-à-dire d'une peinture qui n'utilise pas de figures identifiables mais se nourrit en permanence du monde extérieur.
À ce titre, il est intéressant de suivre l'évolution formelle du travail de Staël, jusqu'à la réintroduction progressive d'éléments du réel. Aux bâtonnets réalisés à la brosse dans la première période, succède, dès 1949, une série d'œuvres où les grilles chaotiques laissent place à des aplats plus larges en forme d'éclats et aux couleurs chatoyantes, tels des vitraux ainsi dans une toile comme Rue Gauguet, 1949, Museum of Fine Arts, Boston. Dès 1950, les éclats deviennent de larges pavés, avec notamment la très grande Composition : la peinture, plus statique, appliquée à la truelle, se fait alors mur, pavement, composition très architecturée.
Très tenue, en quête de stabilité et d'harmonie, même dans les compositions d'apparence chaotique, l'abstraction de Nicolas de Staël diffère de la liberté gestuelle comme de l'affranchissement du cadre qu'on rencontre au même moment aux États-Unis.
Le travail de la matière
S'il est une caractéristique essentielle du travail de Nicolas de Staël, du moins jusqu'en 1953, c'est la puissance de la matière picturale. Dans les années 1950, la forte matérialité des œuvres est un trait récurrent chez nombre d'artistes : Karel Appel, Jean Dubuffet, Jean Fautrier, Antonì Tàpies en sont les exemples les plus frappants, même si leurs travaux ne répondent pas aux mêmes préoccupations que ceux de Staël. Celui-ci a longuement fréquenté l'atelier de Georges Braque qui, à l'époque, réalise des natures mortes dans lesquelles du sable mélangé à l'huile en accroît la qualité charnelle de l'œuvre.
L'épaisseur de la pâte, souvent à la limite de ce qu'un châssis peut supporter, s'explique chez Staël par sa façon de travailler. Les strates de peinture sont le résultat d'un combat, réalisé au prix de retours incessants sur l'œuvre, de triturations, de grattages, d'empâtements qui visent à atteindre le point ultime d'équilibre et la plénitude spatiale de l'œuvre.
C'est en effet par ce travail de maçonnerie, au sein duquel les couleurs et les formes doivent trouver leur juste place, que se construit l'espace. Celui-ci fait l'objet d'une véritable inquiétude de la part de l'artiste dont la correspondance aborde souvent le sujet. Il recherche en effet un espace qui combine la planéité du tableau au sentiment d'ouverture et d'expansion provoqué par la densité de la matière, les accords chromatiques et l'agencement des figures. Plusieurs œuvres sont souvent entreprises simultanément : elles mûrissent lentement, soumises à un travail de correction incessant, le peintre allant même jusqu'à revenir sur des toiles déjà acquises par les collectionneurs.
À partir de 1953-1954, la pâte se fluidifie. Le phénomène s'accentue en 1955, dans les derniers mois de travail, lorsque le peintre en vient à étaler la peinture à l'aide de coton et de gaze. Cette évolution a été sensible lorsque le peintre à commencé à s'emparer de plus en plus distinctement du monde extérieur.

Figures et lumière

Le retour à la figuration – qu'il avait pratiquée au tout début de sa carrière – se manifeste d'abord discrètement par l'introduction de la ligne d'horizon dans Les Toits de 1952, Musée national d'art moderne – Centre Georges-Pompidou, Paris, dans lesquels les larges pavés de naguère se rapprochent des tesselles de mosaïque. La même année, Staël réalise sur le motif, vers Mantes et Chevreuse, de petits paysages sur carton qui se caractérisent par un horizon bas et des aplats de couleurs mouillées et subtiles qui ne sont pas sans évoquer la peinture impressionniste quand celle-ci saisit l'atmosphère propre au nord.
Les paysages conduisent aux natures mortes, les pavés et les aplats aux pommes et aux bouteilles, selon une évolution où la forme abstraite se voit de plus en plus indexée sur un élément du réel. Le Parc des Princes, large de sept mètres carrés, est le point d'orgue de ce cheminement qui conduit l'abstraction à s'animer de silhouettes vivantes. Le spectacle, et notamment le spectacle musical, par exemple à travers le jazz, Rameau, mais aussi le Domaine musical, devient une source d'inspiration féconde pour Staël qui, dans de vastes toiles, cherche à en recréer le mouvement, les masses et les accords.
La redécouverte du Midi, en 1951-1952, est aussi celle de la fulgurance de la lumière dont le peintre perçoit la puissance de destruction des formes. C'est alors que la peinture de Staël devient clairement figurative – notamment avec les paysages d'Agrigente nés d'un voyage en Sicile en 1953 –, comme s'il s'agissait de résister au risque de l'anéantissement. C'est avec et contre la lumière que le peintre, désormais, mène son combat. Sa palette délaisse alors les tons sourds pour des accords plus vifs.
Sa rencontre en 1953 avec Jeanne Mathieu, qui devient son modèle, accentue chez lui ce désir de prendre possession du monde visible. Paradoxalement, sa peinture devient de plus en plus fine, comme si, à mesure que le peintre retraçait le contour des choses, les dernières œuvres sont des vues de l'atelier et des marines, celles-ci gagnaient en fragilité.
Une telle évolution, extrêmement singulière à cette époque, est alors mal perçue par le public. Lorsque Nicolas de Staël met fin à ses jours en mars 1955, ce sont avant tout les compositions abstraites des années 1949-1950 qui connaissent, parmi les artistes, une immédiate postérité.

Sa vie

Issu d’un milieu militaire, son grand-père, Carl Gustav, dirige la deuxième division de cavalerie du tsar et termine sa carrière comme général de corps d’armée en 1861.
Son père, Vladimir Ivanovitch de Staël von Holstein, sert dans les rangs des cosaques et des Uhlans de la garde impériale. Il devient général major, vice-commandant de la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg en 1908, jusqu'en 1917, c'est un homme pieux et austère. Sa mère, Ludmilla von Lubov Berednikova, est plus jeune que son mari de vingt-deux ans. Elle est issue d'un milieu très fortuné où l'on s'intéresse à l'art. Par sa mère, elle est apparentée à la famille du compositeur Alexandre Glazounov.
Selon le calendrier julien, Nicolas de Staël naît le 23 décembre 1913 à Saint-Pétersbourg, qui vient alors d'être rebaptisée Petrograd, Петроград.
À la suite de la révolution de 1917, la famille est contrainte à l’exil en Pologne en 1919. Les parents de Nicolas de Staël y meurent. Orphelin, il est confié par sa marraine en 1922 à une famille de Bruxelles, les Fricero, avec ses deux sœurs, Marina et Olga. Les Fricero sont une famille d'origine sarde qui a hérité de la nationalité russe au xixe siècle lorsque le père d'Emmanuel Fricero était attaché naval à l'ambassade de Russie à Londres. Sa femme Charlotte est présidente de la Croix-Rouge. Ils ont déjà recueilli le descendant d'une grande famille russe, Alexandre Bereznikov.

Formation

Les Fricero l'inscrivent au collège Cardinal Mercier de Braine-l'Alleud en septembre 1931. Nicolas se passionne pour la littérature française et les tragédies grecques. Mais en même temps il s'intéresse à la peinture, il découvre dans les musées et les galeries Rubens et les peintres belges contemporains James Ensor, Permeke. Sa vocation de peintre inquiète les Fricero qui lui font faire des études d'ingénieur. Mais dès ses études terminées, Nicolas commence sa formation de peintre.
Après avoir visité les Pays-Bas en juin, et découvert la peinture flamande, il entre en octobre 1933 aux Beaux-arts de Bruxelles où il suit les cours de dessin antique avec Henri van Haelen. Il se lie d'amitié avec Madeleine Haupert qui a fréquenté les Beaux arts de Paris et qui lui fait découvrir la peinture abstraite. Il s'inscrit aussi à l'Académie des beaux-arts de Saint-Gilles où il suit les cours d'architecture de Charles Malcause. Dans cette même académie, il suit dès 1934-35 les cours de décoration en compagnie de Georges de Vlamynck qu'il assiste par la suite pour la réalisation de peintures murales du pavillon de l'agriculture de l'Exposition universelle de Bruxelles de 1935.
Il voyage ensuite dans toute l'Europe. Dans le midi de la France et à Paris où il découvre Paul Cézanne, Pierre Matisse, Chaïm Soutine, Georges Braque, puis il va jusqu'en Espagne où il est séduit par le beauté des paysages. Le voyage en Espagne, qu'il parcourt en bicyclette avec son ami Benoît Gibsoul, est un voyage d'étude au cours duquel il prend force notes et croquis. À partir de Madrid, c'est avec Emmanuel d'Hooghvorst qu'il poursuit sa route jusqu'en Andalousie. Il envoie une abondante correspondance à Geo de Vlamynck, produit quelques aquarelles qu'il vend à Barcelone, et aux Fricero il exprime son indignation devant la misère du peuple espagnol. Il exposera d'autres aquarelles d'Espagne à la galerie Dietrich avec Alain Haustrate et Rostislas Loukine.

Le Maroc, l'Italie, Paris

À Marrakech, en 1937, Nicolas de Staël rencontre Jeannine Guillou, dont il fera le portrait en 1941 et 1942. Jeannine Guillou est elle-même peintre, plus âgée de cinq ans que Nicolas. Elle s'appelle de son véritable nom Jeannine Teslar ; Bretonne d'origine, d'une famille de Concarneau, elle est mariée depuis six ans à un Polonais, Olek Teslar, qu'elle a rencontré aux Arts décoratifs de Nice et dont elle a un fils, Antek Antoine. Les Teslar habitent le sud marocain dans une sorte de phalanstère où ils offrent des médicaments à la population. L'administration leur a fait signer des documents déchargeant la France de toute responsabilité en cas de malheur. Sorte de hippies avant la lettre , les Teslar se séparent élégamment lorsque Jeannine part avec Nicolas.
Jeannine qui a étudié aux Arts décoratifs de Nice est déjà un peintre affirmé. À Fès, en 1935, un critique d'art a couvert d'éloges son travail et son talent viril et nerveux . Nicolas, lui, cherche encore son style.
Staël est fasciné par l'Italie. En 1938, il entreprend avec Jeannine un voyage qui les conduit de Naples à Frascati, Pompéi, Paestum, Sorrente, Capri. À ses amis Fricero, il écrit :
Après avoir essayé de peindre un an dans ce merveilleux Maroc, et n'en étant pas sorti couvert de lauriers, je puis approcher, voir, copier Titien, Le Greco, les beaux Primitifs, le dernier des Giovanni Bellini, Andrea Mantegna, Antonello de Messine, tous, et si parfois ces toiles ne sont pas aussi près de mon cœur que les vieux Flamands, les Hollandais, Vermeer, Rembrandt, j'y apprends toujours énormément et n'espère qu'une seule chose, c'est de pouvoir les étudier aussi longtemps que possible.
Cette année-là, les relations avec les Fricero se détériorent. La famille d'accueil s'inquiète pour la carrière de Nicolas qui rompt tout lien avec la Belgique et décide de s'installer à Paris avec Jeannine. Il loge d'abord dans un hôtel au 147 ter rue d'Alésia, puis au 124 rue du Cherche-Midi. Il suit pendant une courte période les cours de l'académie Fernand Léger et il essaie d'obtenir un permis de séjour tout en copiant les œuvres du Louvre. Il fait la connaissance de l'historien d'art suisse Pierre Courthion qui aura un rôle important par la suite.
Pendant cette année, Nicolas peint énormément et détruit beaucoup de ses œuvres. Il ne reste de cette période qu'une vue des quais de la Seine.
Pour gagner un peu d'argent, il retourne en Belgique, à Liège, où il travaille sur les fresques du pavillon d'exposition de la France pour l'Exposition internationale de la technique de l'eau.
En septembre 1939, le peintre s'engage dans la Légion étrangère. Mais pendant les deux mois qui précèdent son incorporation, il rencontre la galeriste Jeanne Bucher qui trouve pour lui et pour Jeannine des logements provisoires dans les ateliers d'artistes inoccupés. Jeannine est déjà tombée gravement malade pendant l'été à Concarneau. C'est à partir de cette époque, et jusqu'en 1942, que Nicolas a peint le plus grand nombre de portraits de sa compagne dans le style figuratif : Portrait de Jeannine, dont Arno Mansar dit que c'est à la fois un Picasso de la période bleue et aussi un souvenir des allongements du Greco, qu'il a admiré en Espagne.
Plus tard, Staël dira : Quand j'étais jeune, j'ai peint le portrait de Jeannine. Un portrait, un vrai portrait, c'est quand même le sommet de l'art.

L'évolution du peintre, Le nouvel atelier

Le 19 janvier 1940, il est mobilisé et il rejoint le dépôt des régiments étrangers où il est affecté au service des cartes d'État-major à Sidi Bel Abbès, en Algérie. Il est ensuite envoyé le 29 février au 1er régiment étranger de cavalerie 1er REC à Sousse, en Tunisie. Là il travaille au service géographique de l’armée en mettant à jour les cartes d’état-major du protectorat. Il est démobilisé le 19 septembre 19404.

Nicolas de Staël rejoint Jeannine qui vit alors à Nice. Là il rencontre Alberto Magnelli, Maria Elena Vieira da Silva, Jean Arp, Christine Boumeester, Sonia Delaunay et Robert Delaunay. Les artistes se retrouvent à la librairie Matarasso, avec Jacques Prévert et Francis Carco. C'est surtout grâce à son ami, le peintre Félix Aublet, qu'il sera introduit dans ces cercles artistiques et qu'il va orienter sa peinture vers un style plus abstrait. Il reste de cette période quelques traces de ses essais mélangeant cubisme et fauvisme avec le tableau Paysage du Broc, Maison du Broc 1941, huile sur toile de 55×46 cm, collection particulière.
Aublet lui vient encore en aide lorsque le jeune peintre ne peut gagner sa vie avec sa peinture, lui fournissant de petits travaux de décoration.
De son côté, Jeannine s'est remise à la peinture. Le marchand de tableau Mockers, de la rue Masséna à Nice, lui a fait signer un contrat d'exclusivité. Ce qui permet au couple de vivre alors que les restrictions alimentaires commencent à peser terriblement. L'arrière-pays niçois, assez peu agricole, a le plus grand mal à nourrir sa population.. Jeannine a aussi retrouvé son fils, Antek, qu'elle avait confié à un pensionnat. Antek se débrouille au marché noir. Nicolas troque des bibelots contre de la nourriture. Ces difficultés n'arrêtent pourtant pas Jeannine qui donne naissance le 22 février 1942 à leur fille Anne. Staël est fasciné par l'enfant qu'il décrit comme un petit colosse aux yeux clairs. Il voudrait épouser sa compagne mais les complications juridiques du divorce avec Olek Teslar, injoignable, le découragent.
La naissance de sa fille induit chez Staël une nouvelle réflexion sur la peinture. Abandonnant le paysage, il se tourne vers le portrait, avec Jeannine pour principal modèle
Les trois années passées à Nice peuvent être considérées comme le premier « atelier » du peintre. Staël commence à appeler ses tableaux compositions, il dessine et peint fiévreusement et continue de détruire autant qu'il crée. Mais il commence à rencontrer ses premiers amateurs : Boris Wulfert lui achète une Nature morte à la pipe 1940-1941, une huile sur papier de 63,5 × 79,5 cm, et Jan Heyligers, son premier tableau abstrait peint à partir d'un coquillage. Dès 1942, il peint ses premières toiles abstraites. Sur fond uni, gris, s'animent des ellipses, des formes de lasso, des grilles. Le dessin est posé sur la peinture. Staël compartimente sa peinture, certaines formes sont des lames, indépendantes du fond, dans un jeu de géométrie. Selon Anne de Staël, on ne sait pas si la composition est dans son aplat, ou bien dans le trait qui limite, ou bien si composer revient à exprimer une chose unique.
Nicolas et Jeannine sont très proches de Suzie et Alberto Magnelli installés dans une ancienne magnanerie à Plan de Grasse. Magnelli va être un grand soutien pour Le Prince.

Retour à Paris, les premiers soutiens, le deuil

En 1943, sous l'occupation nazie, il retourne à Paris avec Jeannine. Les années de guerre sont très difficiles.
Jeanne Bucher achète des dessins à Nicolas et elle prête un logement au couple dans un hôtel particulier momentanément inhabité, celui de Pierre Chareau alors en Amérique. Pendant cette période, le peintre dessine beaucoup de grands formats.
Magnelli présente à Staël un ami de Piet Mondrian : César Domela, qui insiste auprès de Jeanne Bucher pour que Nicolas de Staël participe à l'exposition qui réunit lui-même, et Vassily Kandinsky. L'exposition a lieu le 15 février 1944, mais personne n'achète les tableaux du "Prince". Des personnalités comme Pablo Picasso, Georges Braque, André Lanskoy, Jean Bazaine, sont présents lors du vernissage. Mais la critique, sans doute influencée par le préjugé selon lequel l'art abstrait est un art dégénéré, fait preuve d'indifférence, voire de mépris.
Ce qui n'empêche pas Jeanne Bucher d'organiser, avec Noëlle Laucoutour et Maurice Panier, une deuxième exposition à la galerie l’Esquisse où sont réunis Kandinsky, Magnelli, Domela et Staël, avec pour titre Peintures abstraites. Compositions de matières. Mais pendant l'exposition, la galerie reçoit la visite de la Gestapo qui soupçonne Panier d'être un résistant. Malgré cela, la galerie l’Esquisse organise le 12 mai de la même année une exposition personnelle Staël. Quelques dessins y sont vendus. Georges Braque manifeste sa sincère admiration pour le jeune peintre. Staël va devenir un proche du maître avec lequel il noue des liens d'amitié très étroits.
Aux yeux des amateurs, le style de Staël est reconnu comme une expression nouvelle, une syntaxe du dessin dénouée en compositions serrées en même temps qu'éclatées. C'est surtout au début de l'année 1945 que ces amateurs se manifesteront lors d'une autre exposition chez Jeanne Bucher du 5 au 28 avril 1945. Parmi eux, l'industriel Jean Bauret.
Mais le peintre se débat dans de terribles difficultés financières, malgré l'aide de Félix Aublet. La situation familiale est désastreuse : Il n'y avait pas de repas. Un sac de farine nous donnait des crêpes à l'eau. La queue longuement tirée avec des tickets d'alimentation ramenait un peu de lait, un peu de beurre.
Jeannine est en mauvaise santé et elle le cache aussi bien à sa fille Anne, qu'à son mari dont elle soutient l'élan dans le travail. Nicolas voyait grandir ses tableaux sans soupçonner que l'état de Jeannine s'amenuisait. Elle était moralement très forte et physiquement fragile. Dans la conscience des tensions de la création, les tensions de la vie ont lâché.… Jeannine mourut sur le quai d'un immense tableau : Composition bleue. Jeannine meurt le 27 février 1946.
Quelques mois plus tard, le critique d'art Charles Estienne amateur de surréalisme fait une critique élogieuse de la peinture de Staël : Un extraordinaire "épos" rythme ici les caravanes des formes et les fulgurantes zébrures verticales jaillies souvent des hasards de la matière.
À la fin de l'année, Staël, qui ne vit que grâce à l'aide d'amis, cherche un marchand pour défendre son œuvre. Il croit l'avoir trouvé en la personne de Jean Dubourg qui lui achète un tableau : Casse-lumière. Mais c'est finalement la galerie Louis Carré qui signe un contrat avec le peintre le 9 octobre 1946.
Quelques mois après la mort de Jeannine, Nicolas épouse Françoise Chapouton 1925-2012 que le couple avait engagée à l'âge de dix-neuf ans pour s'occuper des deux enfants, Anne et Antek. Staël aura encore deux enfants, Laurence et Jérôme, de sa nouvelle femme. Et par la suite, un troisième, Gustave.
Les années 1945-1950 couvrent une période sombre de la peinture de Staël, où l'abstraction est mise à nu. En particulier dans Composition en noir 1946, huile sur toile (200 × 150,5 cm, Kunsthaus de Zurich. Et plus encore dans Orage.Ce que montrent en un sens les toiles des années quarante, c'est qu'il faut naître plusieurs fois pour gagner un tableau. Qu'il faut multiplier les angles vifs, les zones mortes, les obstacles invisibles.

Les étapes de création De l'abstraction à l'involution 1943-1945

Malgré ses difficultés matérielles, Staël refuse de participer à la première exposition du Salon des réalités nouvelles fondé par Sonia Delaunay, Jean Dewasne, Jean Arp et Fredo Sidès parce que la progression de sa peinture le conduit à s'écarter de l'abstraction la plus stricte38. Ce sera un sujet d'étonnement pour le jeune amateur Claude Mauriac qui déclare dans son journal :
Il semble surprenant que ni Staël, ni Lanskoy - novateurs peu contestés de l'art abstrait- ne soient exposés au salon des réalités nouvelles. À moins qu'ayant l'un et l'autre dépassé les formules périmées dont usent encore la plupart des participants de ce salon, leur place eût été inexplicable dans ce qu'il faut bien appeler déjà une rétrospective (…) mais cela me fait plaisir d'apprendre que Nicolas de Staël se trouve maintenant dans le peloton de tête.
Staël a horreur de s'aligner sur un courant quelconque, tout comme Braque auquel il rend visite régulièrement, ce qui l'amène à s'éloigner de Domela et Dewasne. De 1945 à 1949, la peinture de Staël se présente comme un faisceau, un lacis de formes impulsives dont les éléments formateurs, nés d'une décision rapide, loin de se perdre instantanément en elle, font valoir leur énergie propre.
Une énergie ramassée qu'il puisait sur l'instant selon Anne de Staël qui décrit ainsi l'attitude de son père après la mort de Jeannine, et après son mariage avec Françoise Chapouton : Ils se marient en mai 1946 sans attendre qu'une couleur sèche pour en poser une autre. Il posa à côté d'une douleur profonde le ton de la joie la plus haute. Et on peut dire que de la contradiction de pareils sentiments, il puisait une énergie ramassée sur l'instant, qui permettait d'avancer en vue d'un aiguisement acéré.
André Chastel, au sujet de la peinture de Staël parle d'involution. Selon Daniel Dobbels, ce terme est d'une grande force. En quelques années, Staël donne un corps à sa peinture, d'une ampleur sans égale et pour ainsi dire, sans précédent. Involution est un terme mathématique qui définit les tableaux de l'immédiat après-guerre : La Vie dure octobre 1946, De la danse, fin 1916-début 1947, Ressentiment et Tierce noir, comme une évolution en sens inverse. Staël s'écarte de l'abstraction pour former des figures identifiables : deux traits donnent à l'intervention du peintre une signification élevée.
Les Staël déménagent dès le mois de janvier 1947 pour s'installer 7 rue Gauguet, non loin du parc Montsouris. Non loin aussi de l'atelier de Georges Braque. L'atelier est vaste, haut de plafond, il rappelle les ateliers des maîtres d'autrefois. Sa luminosité contribue à éclaircir la palette du peintre dont Pierre Lecuire dit dans le Journal des années Staël : Très étonnant personnage, ce Staël, d'une culture rare chez un peintre, sans préjugé de modernisme et pourtant, un des plus naturellement avancé. Dès 1949 Pierre Lecuire va travailler à un livre, Voir Nicolas de Staël, dont le peintre annote les feuillets et précise sa pensée, livre-poème qui paraîtra en 1953 avec deux gravures sur cuivre de Staël.
Dans cet immeuble, Staël va rencontrer un marchand de tableaux américain : Theodore Schempp qui fait circuler son œuvre aux États-Unis, au grand soulagement du peintre qui n'apprécie guère les méthodes de la galerie Louis Carré, qu'il abandonnera pour la galerie Jacques Dubourg au 126 boulevard Haussmann.

L'année suivante, grâce au père Laval, le peintre est exposé dans le couvent des dominicains du Saulchoir, à Étiolles, en compagnie de Braque, Henry Laurens et Lanskoy. Jacques Laval est un dominicain passionné de peinture. Il avait déjà tenté en 1944 d'exposer des toiles abstraites de Staël, mais il avait été obligé de les décrocher sur ordre de ses supérieurs scandalisés. Cette fois l'exposition est acceptée et le père Laval achète un tableau de Staël pour le réfectoire du couvent Saint-Jacques, rue de la Glacière, à Paris.
Staël commence à vendre ses œuvres et la critique voit en lui le peintre représentatif d'un renouveau artistique. Léon Degand l'invite à montrer ses œuvres à l'exposition inaugurale du Museu de Arte Moderna de São Paulo. Mais Staël est très pointilleux sur la façon dont on interprète sa peinture. Il écrit à Degand :
… les tendances non figuratives n'existent pas, tu le sais bien et je me demande bien comment on peut y trouver de la peinture ….
En ce mois d'avril 1948, Nicolas de Staël est naturalisé français, et le 13 du même mois naît son fils Jérôme. Anne de Staël voit un lien étroit entre les naissances et la peinture de son père.La vie sous la coiffe de sa peinture donnait dans l'éphémère un sentiment de très longue durée … La vie était faite de la naissance de sa fille Laurence, le 6 avril 1947, de son fils Jérôme, le 13 avril 1948. La joie de Staël au moment d'une naissance était une note très haut placée d'émotion … C'était le rappel de la naissance, rappel du moment où la lumière vous est versée … Vivre était une couleur et l'énergie devait en exalter la flamme.
Entre 1947 et 1949, la palette du peintre s'éclaircit. Déjà avec Ressentiment, enchevêtrement de structures encore sombres, on voit apparaître des gris et des bleus dans un empâtement de matière qui s'allège peu à peu, avec le noir qui s'efface graduellement comme on le voit l'année suivante dans des œuvres comme Hommage à Piranese 1948, tableau dans les tons pastellisés de gris argenté, puis dans une large toile paysagée, Calme, 1949, collection Carroll Janis, New York. Staël se livre à une recherche acharnée sur la couleur, qui aboutit en 1949 à un nouveau système plastique avec Jour de fête où l'enduit se fait toujours plus dense et gras et la couleur plus délicate.

L'équilibre par la couleur 1949-1951

L'artiste commence plusieurs toiles à la fois mais son travail mûrit plus lentement. Il est animé d'une volonté de perfection dont Pierre Lecuire dit que c'est une formidable volonté de faire toujours plus fort, plus aigu, plus raffiné, avec au bout l'idée du chef-d'œuvre suprême.
Staël abandonne les compositions en bâtonnets et leur surcharge pour des formes plus vastes, plus aérées, avec de larges plages de couleur. Le peintre accumule les couches de pâte jusqu'à parvenir à l'équilibre désiré. Si de nombreux tableaux portent encore le titre Compositions, beaucoup ressemblent à des paysages comme l'huile sur toile intitulée Composition en gris et bleu de 1949,115x195 cm, collection particulière, dont Arno Mansar dit que c'est là une halte indispensable entre l’expressionnisme des empâtements de la matière de naguère et le prochain éclatement des champs de couleur.
1949 est une année importante pour Staël qui participe à plusieurs expositions collectives au Musée des beaux-arts de Lyon, à Paris, à São Paulo. À Toronto il expose pour la première fois Casse-lumière, et tandis que Schempp travaille à le faire connaître aux États-Unis, le peintre cherche à entrer en contact avec Christian Zervos qui dirige la revue Cahiers d'art. L'historien Georges Duthuit sert d'intermédiaire et devient l'ami du peintre. Staël continue à voir régulièrement Braque à Paris et à Varengeville-sur-Mer, mais bientôt ses visites seront plus espacées car le jeune peintre a besoin de retrouver les couleurs du Midi. Braque restera néanmoins un de ses principaux inspirateurs et une référence importante.
Staël utilise toutes les techniques, tous les matériaux : gouache, encre de chine, huile, toile, papier. Et il refuse toujours d'être classé dans une catégorie quelconque. Lorsqu'en mars 1950, le Musée national d'art moderne de Paris lui achète Composition, les pinceaux, il exige d'être accroché en haut de l'escalier pour être écarté du groupe des abstraits et il remercie le directeur du musée avec un jeu de mots répété dans toutes les biographies : Merci de m’avoir écarté du gang de l’abstraction avant, écrit-il à Bernard Dorival, conservateur au Musée national d’art moderne de Paris. Il faisait ainsi allusion aux faits divers sanglants du gang des Tractions Avant.

New York, ville où Staël devient un peintre internationalement reconnu.

Dès 1950, Staël est déjà un peintre qui compte, on parle de lui dans la revue new yorkaise Art and theatre. En France, Christian Zervos lui consacre un très grand article où il compare l'artiste aux grandes figures de l'histoire de l'art. L'exposition personnelle qui lui est consacrée chez Dubourg du 1er au 15 juin obtient un succès d'estime et le fait connaître des personnalités du monde des arts. En octobre, lorsque Jean Leymarie tente d'acheter la toile Rue Gauguet pour le musée de Grenoble, il se trouve face à la Tate Gallery qui la lui dispute. Le tableau sera finalement acquis par le musée des beaux-arts de Boston.
Staël devient un artiste d'autant plus important que ses tableaux commencent à entrer dans les collections américaines. Le critique Thomas B. Hess écrit dans la revue Art News : Staël jouit d'une réputation un peu underground en Amérique, où il vend une quantité étonnante de peintures, mais il reste relativement peu connu. Le travail de promotion de Schempp commence pourtant à porter ses fruits. L'atelier de l'artiste se vide de ses peintures. En 1951, Staël entre au Museum of Modern Art de New York avec une toile de la période sombre.
Une exposition de ses dessins chez Dubourg, en mai 1951, révèle aussi une autre facette du talent de l'artiste que René Char admire, et avec lequel il entame un nouveau projet : un livre de poèmes illustré de gravures. Le livre intitulé Poèmes, illustré de gravures sur bois, obtient un succès relatif lors de l'exposition à la galerie Dubourg le 12 décembre, mais cela n'entame pas l'enthousiasme du peintre qui poursuit un travail commencé à l'automne : des petits formats. Ces tableaux sont essentiellement des natures mortes, des pommes : Trois pommes en gris, Une pomme 24 X35 cm et une série de trois toiles de Petites bouteilles, cette dizaine de toiles témoigne de la nouvelle maturité du peintre qui, après avoir étudié un livre sur van Gogh s'écrie : Moi aussi, je ferai des fleurs ! Des Fleurs aux couleurs éclatantes qui jaillissent sur un grand format 140 × 97 cm dès l'année suivante, après avoir vu une exposition où figurent les Roses blanches de van Gogh au musée de l'Orangerie.

La figuration-abstraction 1952-1955 Les années explosives : 1952-1953

Ce sont les années où Staël a effectué le plus grand renouvellement continu selon l'expression de Dobbels. L'année 1952 est riche en création, elle voit naître plus de 240 tableaux de l'artiste, grands et petits formats dont Mantes-la-Jolie, actuellement conservé au Musée des beaux-arts de Dijon. Staël passe de la nature morte aux paysages de l'Île-de-France, aux scènes de football et aux paysages du Midi de la France. Pourtant cette année foisonnante commence par une déception avec une exposition à Londres à la Matthiesen Gallery. Cette ville enthousiasmait l'artiste en 1950. Mais à son retour, en 1952, il dit à sa fille Anne : Londres, c'est les égouts de Paris en plein ciel avec la majeure partie des maisons construites en poussière marine, pierres à coquillages, noires près de la terre et blanches là où le vent de la mer les lave suffisamment. En février-mars, 26 tableaux sont présentés. Le vernissage est mondain mais n'a aucun succès. La critique ne comprend pas Staël à l'exception du critique d'art John Russell qui voit dans le peintre un novateur irremplaçable et de Dennis Sutton qui écrit dans la préface du catalogue : Staël a établi sa foi dans une œuvre intangible, nourrie par la lumière … Ce sont des peintures qui élèvent l'esprit.
Staël est un peu ébranlé, il se lance dans des paysages sur carton de petits formats dans les tons gris bleu et vert Mantes, Chevreuse, Fontenay-aux-Roses qu'il distribue à ses amis, notamment à René Char. Il fait don des Toits, tableau d'abord intitulé Le ciel de Dieppe au Musée d'art moderne de Paris. Londres l'a fait douter.
Mais bientôt un évènement va faire exploser son enthousiasme. Le 26 mars 1952 a lieu au Parc des Princes le match de football France-Suède auquel Staël assiste avec sa femme. Le peintre ressort du Parc transformé, habité par les couleurs qu'il veut immédiatement porter sur la toile. Il y passe la nuit, commençant une série de petites ébauches qui vont devenir Les Footballeurs, sujet qu'il traite avec de très vives couleurs dans plus d'une dizaine de tableaux qui vont du petit au grand format, des huiles sur toile ou huiles sur carton dont un exemplaire se trouve à la Fondation Gianadda, un plus grand nombre au Musée des beaux-arts de Dijon, un exemplaire au Musée d'art contemporain de Los Angeles et beaucoup dans des collections privées. Staël se livre tout entier à sa passion des couleurs et du mouvement. Le clou de ce travail, sur lequel il passe la nuit entière pour les ébauches des footballeurs, apparaît au bout d'une semaine : Le Parc des Princes, une toile tendue sur châssis de 200 × 350 cm, 7 m2. Il utilise des spatules très larges pour étaler la peinture et un morceau de tôle de 50 cm qui lui sert à maçonner les couleurs.
Lorsqu'il expose son Parc des Princes au Salon de mai de la même année, le tableau est ressenti comme une insulte tant par ses confrères que par la critique. Le Parc apparaît comme un manifeste du figuratif qui a contre lui tous les partisans de l'abstraction. Comme Jean Arp ou Jean Hélion, Staël est déclaré coupable d'avoir abandonné ses recherches abstraites, il est traité de contrevenant politique selon l'expression d'André Lhote.
À tout ce bouillonnement autour de deux mots, Staël répond dans un questionnaire que Julien Alvard, Léon Degand, et Roger van Gindertael ont donné à plusieurs peintres : Je n'oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d'un espace.
André Breton déclare que le novateur authentique, à qui marchands et critiques défendent aujourd'hui, pour des raisons de vogue, toute autre voie que celle du non-figuratif n'a pas grande chance de s'imposer. Ce en quoi il se trompe. Le galeriste new yorkais Paul Rosenberg, très attiré par cette toile, va imposer Staël aux États-Unis dès l'année suivante et lui proposer un contrat d'exclusivité après avoir vu l'exposition du 10 au 28 mars 1953 à New York chez Knoedler, où Staël a connu un succès retentissant. Paul Rosenberg est un galeriste de référence auxquels les amateurs font confiance. Il vend les grands maîtres : Théodore Géricault, Henri Matisse, Eugène Delacroix, Georges Braque. Nicolas de Staël est heureux de se retrouver en si bonne compagnie.
Mais la vie à New York lui paraît difficile. Le 13 mars, il revient à Paris, au moment où paraît le livre de Pierre Lecuire, Voir Nicolas de Staël, avec une lithographie en couverture et deux gravures de Staël.
Quelques mois plus tard, Staël trouve une nouvelle source d'inspiration dans la musique. Alors qu'il est invité le 5 mai à un concert chez Suzanne Tézenas, à la fois héritière et mondaine, le peintre découvre les "couleurs des sons" : après avoir entendu Pierre Boulez, Olivier Messiaen, Isaac Albéniz, il s'intéresse à la musique contemporaine et au jazz. En particulier à Sidney Bechet auquel il rend hommage avec deux toiles : Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet dont une version se trouve au Centre Pompidou, à Paris, l'autre version, intitulée Les Musiciens, Street Musicians, à la Phillips Collection de Washington. De cette période d'inspiration musicale naîtront également L'Orchestre. Il envisage même un ballet avec René Char : L'Abominable des neiges, ainsi qu'une toile inspirée par la reprise à l'Opéra de Paris de l'opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau Les Indes galantes que le peintre intitulera aussi Les Indes galantes.
Mais il lui manque toujours les couleurs du Midi. Il loue pendant un mois une magnanerie près d'Avignon, à Lagnes, où les couleurs de sa palette vont devenir éclatantes. Puis il met toute sa famille dans sa camionnette et il l'emmène en Italie puis en Sicile où il admire la Toscane, Agrigente, sujet de ses plus célèbres toiles.
Peu après, Staël achète une maison dans le Luberon, à Ménerbes, le Castelet. Il y peint entre autres plusieurs toiles intitulées Ménerbes dont une version d'un format de 60 × 81 cm se trouve au musée Fabre de Montpellier. Il continue à fournir inlassablement Rosenberg qui explique dans un journal américain qu'il considère Staël comme une des valeurs les plus sûres de son époque, le marchand d'art prépare une exposition : Recent Paintings by Nicolas de Staël qui aura lieu dans sa galerie en 1954.
L'exposition du 8 février 1954 chez Paul Rosenberg va se révéler un très grand succès commercial.

Les couleurs du Midi : 1954 - 1955

Exilé aux États-Unis depuis la Guerre, Rosenberg, qui avait une galerie au 26 rue La Boétie à Paris, et une succursale à Londres, a déjà vendu les plus grands peintres dans les années trente : Picasso, Braque, Léger, Matisse. Plus qu'un marchand, c'est un "seigneur" qui dit par provocation : Pour moi, un tableau est beau quand il se vend.Et précisément, il vend énormément de Staël. La majorité des œuvres de la période 1953-1955 ont été vendues à New York, principalement par Rosenberg, ainsi que par Schempp, comme on peut le vérifier dans le catalogue raisonné établi par Françoise de Staël et la liste des œuvres actuellement visibles dans les musées américains.
Pour l'exposition du 8 février 1954, le peintre lui fournit tous les tableaux qu'il a peints à Ménerbes, en souvenir de son voyage en Sicile, en Italie. Il propose toutes les couleurs du Midi, des fleurs, des natures mortes, des paysages. À Lagnes, Staël a travaillé avec une telle énergie et a produit tant de toiles que Rosenberg est obligé de le freiner en lui expliquant que les clients risquent d'être effrayés par une trop grande rapidité de production. Agacé, Staël répond qu'il fait ce qu'il veut, et que peindre est pour lui une nécessité, exposition ou pas. Il demande même que le marchand lui renvoie une Nature morte aux bouteilles 1952 que Rosenberg trouve trop lourder, et dont une version de 64 7 × 81 cm se trouve au musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam.
À New York, les tableaux de Staël reçoivent un accueil favorable de la part des collectionneurs américains qui achètent très rapidement, certains d'entre eux en feront don à des musées, ce qui explique l'énorme proportion de tableaux de Staël actuellement visibles aux États-Unis. Lors du vernissage, il y a, dans l'assemblée, un jeune diplomate français qui est bouleversé par cette peinture. C'est Romain Gary. Il écrit à Staël, rue Gauguet : Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectateur.
Le 3 avril, Françoise donne naissance à un fils, Gustave, dont le peintre dit que c'est son portrait en miniature, un objet très vivant.

Au mois de juin, chez Jacques Dubourg, une nouvelle exposition de Staël montre une douzaine de peintures parmi lesquels Marseille, vue de Marseille, huile sur toile de 64 7 × 81 cm actuellement visible au Los Angeles County Museum of Art, L'Étang de Berre, La Route d'Uzès, tableaux qui font sensation. Mais certains critiques s'en prennent au nouveau style du peintre. Notamment Léon Degand qui écrit que ces belles couleurs et ce brio s'avèrent insuffisants au bout de cinq minutes, pour qui cherche un peu plus que des qualités purement extérieures.Staël a aussi des défenseurs qui soulignent le talent du peintre dans le concret et dans la couleur, notamment Alain Berne-Jouffroy dans La Nouvelle Revue française.
À Paris, pendant l'été, Staël peint une série de natures mortes, de paysages et de bouquets de fleurs : La Seine, achetée par Joseph H. Hirshhorn qui en a fait don à Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington. Le peintre fait plusieurs séjours dans la Manche ou près de la mer du Nord d'où il ramène le sujet de toiles aux tonalités douces : Cap Gris-Nez, Cap Blanc-Nez. Les toiles de cette période ont rapidement trouvé acquéreur et elles sont pour la plupart dans des collections privées.
Mais Nicolas de Staël a changé. Littéralement envoûté par Suzanne Tézenas, dont le salon parisien rivalise avec ceux de Louise de Vilmorin ou de Florence Gould, il est pris d'une passion fiévreuse pour celle qui est la mécène de Pierre Boulez après avoir été l'amie très chère de Pierre Drieu La Rochelle.
En 1954, Staël s'entiche d'une autre femme : Jeanne Mathieu. Pour être près de celle qu'il aime, et qui réside près de Nice, le peintre loue un appartement à Antibes où il vit seul, sans sa famille et où il installe son atelier.Pour la première fois de sa vie, Staël aime plus qu'il n'est aimé. Sa passion pour Jeanne le submerge.C'est elle qu'il campe de mémoire dans : Jeanne nu debout, 1953, tableau postdaté et intitulé en 1954 Nu Jeanne, une silhouette vaporeuse, émergeant d'une brume de couleurs tendres. C'est également Jeanne Mathieu qui a servi de modèle au Nu couché, tableau qui a été vendu en décembre 2011 pour la somme de 7.03 millions d'euros.
Travaillant de nouveau comme un fou, il n'utilise plus la même technique. Maintenant, au lieu de peindre en pâtes épaisses, il dilue les couleurs. Les marines deviennent son thème privilégié. Le fils de Paul Rosenberg lui écrit : Il y a des gens pour regretter vos empâtements, trouvant la matière lisse du dernier lot moins frappante.Le peintre use maintenant de matériaux différents, il abandonne le couteau et les spatules pour du coton ou des tampons de gaze avec lesquels il étale la couleur. Les grands formats l'intimident désormais, mais il continue à en réaliser.
Un voyage en Espagne et la visite des salles Vélasquez au musée du Prado lui font un temps oublier Jeanne. Mais bien vite, il retourne à Antibes car la passion le dévore. À l'automne, il se sépare définitivement de Françoise. À la fin de l'année, il se retrouve seul et abattu. Mais il a plusieurs projets d'expositions dont une au musée Grimaldi, et la frénésie le reprend. Il travaille sur plusieurs toiles à la fois : dans le dernier mois de sa vie, il réalise plus de 350 peintures. Mais il a besoin d'avis. Il en demande d'abord à Douglas Cooper, un collectionneur d'art, qui se montre très sceptique sur le style décoratif de ces dernières œuvres. D'après John Richardson, Cooper était d'une humeur grincheuse. Cooper est insensible aux Mouettes. Fin janvier, Staël écrit à Cooper pour expliquer son évolution et défendre son point de vue, mais il est très atteint par la réserve de Cooper bien qu'il fasse mine de la rejeter. Il rejette également les remarques de Pierre Lecuire, mais les critiques le blessent. Mais, bien que très inquiet sur la qualité de son travail, il continue d'expédier des toiles à New York et à Paris.

Il écrit à Suzanne Tézenas : Je suis inquiet pour la différence de lumière, lumière d'Antibes à Paris. Il se pourrait que les tableaux n'aient pas à Paris la résonance qu'ils ont dans mon atelier d'Antibes. C'est une angoisse. Le 5 mars, il se rend à Paris où il retrouve finalement l'inspiration. Il assiste à deux concerts au Théâtre Marigny, il suit une conférence de Pierre Boulez, il rencontre des amis avec lesquels il forme des projets et, de retour à Antibes, il peint ses impressions musicales. Sur un châssis de 6 mètres de haut il entreprend Le Concert et il trouve chez des amis violonistes des matériaux pour exécuter des esquisses. La peinture provoque chez lui une extrême tension. Le malaise de Nicolas est d'autant plus grand que Jeanne Mathieu se montre très distante, et ne vient pas à leur dernier rendez-vous.
Le 16 mars, Staël se jette par la fenêtre de son atelier, après avoir tenté la veille d'ingurgiter des barbituriques.
Selon Jean-Louis Prat, commissaire de l'exposition Nicolas de Staël en 1995 à la Fondation Gianadda : Entre une abstraction qui n'a pour elle que le nom et une figuration qui n'illustre qu'imparfaitement le réel, Nicolas de Staël a exploré jusqu'à l'épuisement le vrai domaine de la peinture dans son essence et son esprit.
C'est aux États-Unis que les amateurs de Staël ont été les plus nombreux. Dans l'année qui a suivi sa mort, les tableaux du peintre n'ont été exposés que dans des musées américains. Les œuvres de Staël sont revenues en Europe l'année suivante.

Expositions personnelles en 1955-1956
Museum of Fine Arts, Houston, Texas
Kalamazoo Institute of Arts, Kalamazoo, Michigan
DeCordova Museum and Sculpture Park, Lincoln, Massachusetts
The Phillips Collection, Washington
Fort Worth Art Center, Fort Worth, Texas
Rockefeller Center, New York
Cornell University, Ithaca
Memorial Art Gallery of the university of Rochester, Rochester New York catalogue préfacé par Theodore Schempp
La dernière rétrospective de l'œuvre de Nicolas de Staël a eu lieu à la Fondation Gianadda de Martigny, en Suisse, du 18 juin au 21 novembre 2010 : Nicolas de Staël, 1945-1955.

Le lien Braque-Staël

En 1944, Braque assiste à l' exposition qui regroupe les peintures de Vassily Kandinsky, César Domela et Nicolas de Staël à la galerie Jeanne Bucher. Il fait part à Staël de son admiration et lui prodigue des encouragements.L'amitié et, si l'on peut dire, la liaison avec Braque, qui travaillait sur les Ateliers, date de ces années-là 1944-1947. C'est une indication qu'on ne peut négliger, encore que les échanges aient pu être plus réciproques qu'on ne l'a dit.Si Staël est influencé par l'impeccable et suave harmonie de Braque qui se retrouve dans les toiles du jeune peintre réalisées à la veille de sa mort telle l'envol des Mouettes qui est aussi un hommage au Champ de blé aux corbeaux de Vincent van Gogh, à son tour Braque rend hommage à van Gogh vers 1957 avec Oiseaux dans les blés, dans un style qui se rapproche de celui de Saël.
C'est en sortant de la visite chez le collectionneur et historien d'art Douglas Cooper, en 1953 , que Staël manifeste son enthousiasme pour la peinture de Georges Braque. La collection comprend des œuvres de Picasso, Léger , Juan Gris, et de Braque. Staël déclare : Là où l'histoire devient passionnante c'est au moment où l'on saisit les Braque dans la lumière où ils ont été peints... Ces Braque-là font une grande peinture comme Ucello fait grande peinture... et ils acquièrent un mystère, une simplicité, une force sans précédent avec tout la parenté de Camille Corot à Paul Cézanne si naturellement libre ...
Parmi les dernières œuvres de Staël, outre les titres qui font référence à Braque sans que la toile ait un quelconque rapport comme Le Pain, collection privée, Paris, Le peintre réalise des natures mortes Nature morte au broc, Nature morte à la salade, Nature morte à l'artichaut, Nature morte aux fruits qui marquent une sorte de compagnonnage avec Braque.
Mais on ne peut exclure que la multiplication des Marines et des paysages du nord réalisées par Staël au cours de ces années 1954-1955 Cap Gris nez, Cap Blanc nez n'aient induit chez Braque un intérêt renouvelé pour ce type de sujet qu'il a traité lui même : 1955-1956, La Plaine. Les deux artistes seront représentés aux États-Unis par le même marchand : Paul Rosenberg grâce à Ted Schempp qui s'est fait le colporteur de Nicolas de Staël. Ted Schempp le fait plus ou moins parrainer par Braque à partir d'une simple photo prise par Mariette Lachaud à Varengeville où Nicolas passe l'été. La photo présente Nicolas, Georges avec son éternelle casquette, et sa femme Marcelle Braque. Lorsque Nicolas de Staël enfin reconnu et acheté massivement aux États-Unis se rtrouve très riche, Georges Braque et Marcelle lui font du bien en le traitant comme si de rien n'était, avec leur simplicité coutumière. Faites attention, le prévient Marcelle, vous avez résisté à la pauvreté, soyez assez fort pour résister à la richesse.

Sélection d'œuvres

Liste des œuvres de Nicolas de Staël.
Portrait de Jeannine, 1941- 1942, 81×60 cm, collection particulière
La Vie dure, 1946, 142×161 cm Centre Pompidou.
De la danse, 1946, huile sur toile, 195,4 × 114,5 cm, musée national d'Art moderne, Paris
Peinture 1947 huile sur toile 195,6 × 97 5 cm, Museum of Modern Art.
Hommage à Piranese, 1948, huile sur toile, 100×73 cm, Henie Onstad Art Center, Oslo
Composition les pinceaux, 1949, huile sur toile 162 5 × 114 cm, musée national d'Art moderne, Paris.
Jour de fête, 1949, huile sur toile 100×73 cm, Galerie Jeanne Bucher
Composition en gris et bleu, ou gris vert et bleu, 1950, huile sur toile Huile sur toile 115×195 cm, collection particulière.
Mantes-la-Jolie, 1951, musée des beaux-arts de Dijon
Série Les Footballeurs, 1952, musée des beaux-arts de Dijon.
La Ville blanche140, 1951, musée des beaux-arts de Dijon
Les Toits, 1952, huile sur isorel, 200×150 cm, musée national d'Art moderne, Paris
Fleurs, 1952, huile sur toile, 140×97 cm, collection Daniel Varenne, Genève
Le Lavandou, 1952, 195×97 cm Centre Pompidou, don de Jacques Dubourg 1959.
Le Parc de Sceaux, 1952, huile sur toile, 161,9 × 1 113,9 cm, The Phillips Collection, Washington.
Figures au bord de la mer, 1952, huile sur toile, 161,5 × 128,5 cm, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf
Le Parc des Princes, 1952, huile sur toile, 200×350 cm, collection particulière.
L'Orchestre, 1953, huile sur toile, 200×350 cm Centre Pompidou pour les photos voir Ameline et al p. 152-153
Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet, 1953, huile sur toile, 162×114 cm, musée national d'Art moderne, Paris
Agrigente, 1953, huile sur toile, 73×100 cm, Kunsthaus, Zürich Vereinigung Zürcher Kunstfreunde.
Agrigente, 1953, huile sur toile, 89×130 cm, Musée d'art contemporain de Los Angeles.
Portrait d'Anne, 1953, 89×130 cm musée Unterlinden, Colmar
La Tour Eiffel, 1954, musée d'art moderne de Troyes
Agrigente, 1954, huile sur toile 60×81 cm collection particulière.
Coin d'atelier à Antibes 1954, huile sur toile, 140×89 cm, Kunstmuseum Berne Suisse.
Sicile, 1954, huile sur toile, 114×146 cm, musée de Grenoble
La Cathédrale, 1955, huile sur toile, 195×130 cm, musée des beaux-arts de Lyon
Le Concert (Le Grand Concert), 1955, musée Picasso, Antibes
Nature morte au poêlon, 1955, collection particulière
Coin d'atelier fond bleu, 1955, huile sur toile, 195×114 cm, collection particulière.
Atelier à Antibes, 1955, huile sur toile, 195×114 cm, collection particulière.
Chemin de fer au bord de la mer, soleil couchant, huile sur toile, 73×100 cm, galerie Daniel Malingue
Le Fort carré d'Antibes, 1955, 195×114 cm Musée Picasso d'Antibes
Nature morte au chandelier sur fond bleu, 1955, huile sur toile, 89×130 cm, musée Picasso, Antibes, donation Françoise de Staël
Entre les tableaux, les collages et les dessins, ce sont au total plus de mille pièces, compositions abstraites, nus, natures mortes qui sont dans les musées et dans les collections particulières.

Cote

Nature morte au poêlon, 1955, huile sur toile, 65×81 cm, adjugée 625 232 euros en octobre 2007.
Nu couché, 1954, 97 × 146 cm, adjugée 7,03 millions d'euros en décembre 2011 à Paris.

Liens
http://youtu.be/xSyW8u642M8 Les couteaux de la lumière
http://youtu.be/JfXwj3AQylQ Nicolas de staël
http://youtu.be/c2es6lTizRo Un portrait de Nicolas de staël
http://youtu.be/Ss13rVh3jUE Peintres de Nicolas de Staël


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Posté le : 16/03/2014 00:21
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Josef Mengele
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Le 16 mars 1911 à Günzburg en Bavière, Allemagne naît Josef Mengele l' "ange de la mort"

médecin nazi allemand et un criminel de guerre, il meurt à 67 ans le 7 février 1979 à Bertioga au Brésil.
Il a été actif notamment au camp de concentration d'Auschwitz, participant à la sélection des déportés voués à un gazage immédiat et s'est livré sur de nombreux prisonniers à des expériences pseudo-scientifiques constituant des crimes de guerre.
Après la guerre, il ne fut jamais capturé et vécut 35 ans en Amérique latine sous divers pseudonymes, dont celui de Wolfgang Gerhard sous lequel il fut inhumé en 1979 au Brésil. Il est connu sous le surnom d'ange de la mort.


Sa vie

Josef Mengele naît à Günzburg, cité médiévale située au bord du Danube. Il est le deuxième enfant et l'aîné des trois fils de Karl Mengele, 1881-1959 et de sa femme Walburga, née Hupfauer, † 1946, de riches industriels bavarois. Ses frères se nomment Karl, 1912-1949 et Alois, 1914-1974. En janvier 1930, il quitte sa ville natale pour rejoindre Munich. C’est dans cette ville qu’il va adopter l’idéologie nationale socialiste. En mars 1931, il entre dans la Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten, Ligue des Soldats du Front, Casque d’Acier, qui le rapprocha du NSDAP. En octobre 1933, il s’enrôle dans la Sturmabteilung.
Il part ensuite pour Francfort-sur-le-Main, où il étudie la médecine. En 1935, il soutient sa thèse sur L’Examen morphologique de la partie antérieure de la mâchoire inférieure dans quatre groupes raciaux, qui comme son nom l'indique, se base sur des théories raciales. L’année suivante, il passe avec succès l’Examen d’État, et commence à pratiquer à Leipzig. Il obtient son doctorat en 1938. La même année, il devient également membre du NSDAP, no 5.574.974; il entre ensuite dans la SS no 317.885 et enfin, il épouse Irène Schönbein le 28 juillet. Peu de temps après, il est nommé à l'Institut de Biologie Héréditaire et d'Hygiène Raciale de Francfort, où il travaille comme assistant d'Otmar von Verschuer, selon lequel le meilleur moyen de repérer les influences héréditaires était d'étudier les jumeaux.
Du 24 octobre 1938 au 21 janvier 1939, il effectue son service militaire au sein de la Kompanie des Gebirgsjägerregiments 137, puis s’engagea comme membre de la Waffen-SS, en 1940. Il sert comme médecin militaire sur le front de l'est dans la 5e Panzerdivision SS Wiking. Fin 1942, il est blessé au front à la jambe. Il est promu au grade de SS Hauptsturmführer ; et est décoré de la croix de fer, puis il est transféré, en mai 1943, au Bureau Central SS de l'Administration et de l'Économie, qui supervise les camps de concentration nazis, puis, le 24 mai, il est affecté au camp de concentration d'Auschwitz.

Auschwitz

Mengele est notamment chargé, comme d'autres médecins SS du camp, de la sélection des déportés qui arrivent au camp : ceux qui peuvent travailler sont temporairement gardés en vie ; les autres, dont les femmes, les enfants et les vieillards, sont immédiatement dirigés vers les chambres à gaz et exterminés. Toujours vêtu d'un uniforme bien coupé et de bottes parfaitement cirées, il fait souvent impression sur les détenus par sa politesse et son élégance. Lorsqu'il rencontre une résistance, il abandonne sa pose élégante pour fouetter de sa cravache ceux qui refusent d'être séparés de leur famille ; lorsqu'une mère attaque un SS qui veut la séparer de sa fille, il l'abat d'un coup de revolver, puis assassine également la fille avant d'envoyer la totalité des déportés du convoi vers les chambres à gaz.
Faisant partie des médecins du camp, Mengele visite régulièrement les salles de l'hôpital de celui-ci, avec le manteau blanc immaculé qu'il portait par-dessus son uniforme SS, fleurant l'eau de Cologne et sifflant des airs de Wagner : au cours de ces inspections, il désigne, en levant ou en baissant le pouce, les malades voués aux chambres à gaz, parfois simplement sur des bases purement esthétiques, une vilaine cicatrice ou une éruption cutanée équivalant à une condamnation à mort. Lors d'une de ses visites, il fait tracer une ligne horizontale sur un des murs du bloc des enfants et fait gazer ceux dont la taille est inférieure à la limite qu'il a fixée. Dans certains cas, il procède lui-même et immédiatement à une injection mortelle de phénol, en prenant un plaisir évident à son travail.
Mengele utilise également sa nomination à Auschwitz comme une occasion de reprendre sa carrière de chercheur scientifique, entamée à l'université de Francfort mais interrompue par la Seconde Guerre mondiale ; l'un de ses projets porte sur l'étude du noma, maladie qui provoque de graves mutilations faciales et dont il pense qu'elle a un caractère héréditaire, particulièrement fréquent chez les Tziganes. Dans la ligne de son mentor, Otmar von Verschuer, il met également en place des programmes de recherche pseudo-scientifiques, portant sur les jumeaux, mais aussi sur les nains, les bossus, les homosexuels… Dans ce cadre, il se considère comme un scientifique normal et tient un séminaire de recherche régulier avec ses assistants, auxquels il intègre des déportés ayant une formation médicale.
Pour ses recherches sur le noma, Mengele traite un grand nombre d'enfants souffrant de cette maladie, en leur administrant des vitamines et des sulfamides ; mais dès que les progrès sont suffisants pour attester de l'efficacité du traitement, il interrompt celui-ci et laisse les enfants rechuter.
Même quand il n'est pas de service, Mengele inspecte les nouveaux arrivants à la recherche de jumeaux ou supposés tels : il les préserve de l'extermination immédiate, les installe dans des baraques séparées du reste du camp, en conservant leurs effets personnels et, lorsqu'ils sont très jeunes, sauve leur mère de la chambre à gaz pour s'occuper d'eux. Si Mengele ne permet pas que les jumeaux soient battus ou maltraités, il les traite comme des rats de laboratoire, en leur injectant divers produits chimiques ou en leur en appliquant sur la peau, afin de mettre au jour d'éventuelles différences de réaction ; si des jumeaux tombent malades et que le diagnostic est incertain, il leur fait une injection mortelle pour les autopsier afin de déterminer les causes exactes de la maladie.

Fuite, disparition et décès

En janvier 1945, peu avant la libération de Cracovie par l'Armée rouge, Mengele quitte le camp et rejoint sa Bavière natale. Sa famille l'y accueille en soldat qui a fait son devoir. Peu sont ceux qui lui réclament des détails sur ses années de services et pendant près de cinq ans, il vit confortablement.
Cependant, les témoins aux procès des criminels de guerre commencent à citer son nom. Ses anciens collègues, son chauffeur SS, révèlent des détails toujours plus accablants. Les Américains, qui contrôlent la zone de Günsburg et qui jusque-là avaient ignoré le personnage, commencent à s'y intéresser. Mengele estime qu'il est temps de disparaître. Au début de l'année 1951, Mengele franchit clandestinement le col de Reschen et gagne Merano. De multiples détours le conduisent en Espagne d'où il s'embarque pour l'Amérique latine. Il arrive à Buenos Aires en 1952 où il ouvre quelques mois plus tard un cabinet médical dans un quartier résidentiel. Mengele n'a pas de permis de travail mais ce n'est pas un problème : il a d'excellentes relations avec la police du président Juan Perón et compte de nombreux amis dans l'influente colonie nazie.
En 1954, sûr de sa retraite, il expédie une demande de divorce à Fribourg-en-Brisgau, son dernier lieu de résidence avec sa femme, erreur qui permettra à Simon Wiesenthal de retrouver sa trace en 1959. Insouciant, Mengele fréquente allègrement les cercles mondains de Buenos Aires et épouse en seconde noces la femme de son frère Karl, mort pendant la guerre. Mais le 16 septembre 1955, le régime de Peron s'effondre. Leur protecteur disparu, la plupart des nazis réfugiés en Argentine émigrent alors au Paraguay voisin. Mengele en fait partie mais la situation se stabilisant en Argentine, il revient s'y installer. Aucune poursuite n'étant entreprise contre lui dix ans après la capitulation nazie, il prend la direction de la succursale argentine de l'entreprise familiale sous sa véritable identité.
Au début de l'année 1959, le père de Mengele meurt. Mengele n'hésite pas à rentrer à Günsburg pour assister aux obsèques. Personne ne songe alors à le dénoncer. Mais depuis quelques mois a commencé en Allemagne le grand procès d'Auschwitz et bientôt son nom est cité parmi les principaux accusés. Le 5 juillet 1959, le procureur de Fribourg-en-Brisgau lance un mandat d'arrêt contre lui. Une demande d'extradition est formulée mais les Argentins prétendent ne pas connaître son adresse. Simon Wiesenthal prend alors l'affaire en main et demande à un de ses informateurs à Buenos Aires de découvrir l'adresse exacte de Mengele, ce qui est fait le 30 décembre 1959. Deux demandes d'extraditions se heurteront à un refus poli : le passé de Mengele est jugé comme relevant du délit politique, ce qui sur un continent où les coups d'État se succèdent, ne constitue pas un motif légitime pour une extradition.
Mengele a de toute manière pris les devants. Alerté dès le début des procédures engagées contre lui, il s'est rendu au Paraguay dont il a acquis la nationalité le 27 novembre 1959. Le témoignage de deux de ses amis, le baron Alexandre von Eckstein et l'homme d'affaire Werner Jung, lui ont permis de prouver qu'il réside dans le pays depuis plus de cinq ans, condition préalable à l'obtention de la nationalité. Muni de ce sauf-conduit rassurant, Mengele rentre à Buenos Aires et attend la suite des événements. Mais la passivité des Argentins pousse les agents israéliens, qui ont récemment retrouvé et enlevé Adolf Eichmann, à agir. Ils resserrent la surveillance autour de sa villa et se préparent à l'enlever aussi. Mais Mengele leur échappe.
Il est brièvement aperçu à San Carlos de Bariloche, station de villégiature à proximité de la frontière chilienne, avant de disparaître de nouveau. Entre-temps, l'Argentine s'est décidée à lancer un mandat d'arrêt contre lui, et la piste de Mengele se perd dans la forêt brésilienne. Pendant plus d'un an, il restera introuvable. En avril 1961, un informateur, ancien membre des SS dont il s'est vite désolidarisé, alerte Wiesenthal : Mengele a été repéré en Égypte où il se prépare à gagner la Crète ou une des îles voisines. Les services israéliens s'activent mais Mengele parvient à nouveau à s'échapper.
Convaincu que l'Amérique latine est le seul endroit où il sera en sécurité, Mengele est de retour au Paraguay en 1962. Sa femme et son fils sont restés en Europe, où ce dernier poursuit ses études. Simon Wiesenthal les localise sans peine mais l'enquête révèle que Mengele n'est pas sur place, même de façon épisodique. Mengele est en effet à Asuncion, la capitale du Paraguay, véritable refuge pour anciens nazis. En juillet 1962, le Paraguay reçoit à son tour une demande d'extradition. Craignant que sa nouvelle nationalité ne le protège pas suffisamment, Mengele se retire dans une province reculée près de la frontière.
La veille de Noël 1963, Rolf Mengele, né en 1944, le fils du Dr Mengele, prévient ses camarades qu'il doit se rendre en Italie pour rencontrer un proche parent qui vit depuis de nombreuses années en Amérique du Sud. Lorsque Simon Wiesenthal, prévenu trop tard, arrive à l'hôtel milanais où le jeune homme est descendu, il apprend que la note a été réglée par le Dr Gregor Gregory, une des nombreuses identités dont use Mengele.
En août 1966, à Hohenau, petite station de villégiature prisée des Paraguayens, six hommes font irruption dans l'hôtel Tirol à la recherche du Dr Fritz Fischer. Lorsqu'ils arrivent dans la chambre de celui-ci, elle est vide, l'homme s'est échappé par les toits et ses poursuivants israéliens ont encore raté leur cible.
Mengele finit sa vie dans un deux-pièces cuisine de la banlieue de São Paulo, complètement reclus, sans aucune relation sociale de peur d'être reconnu, vivant chichement des subsides envoyés par sa famille ou d'anciens nazis.
Malgré tous les efforts internationaux pour le trouver, Mengele ne fut jamais pris et après 34 ans de fuite, il meurt noyé au Brésil en 1979, foudroyé par une attaque cardiaque durant une baignade à Bertioga.
Sa tombe fut localisée en 1985 par un effort combiné des autorités américaines, allemandes et sud-américaines. Après exhumation, il fut identifié en 1992 par des tests génétiques sur ses os, mâchoire réalisés par les légistes de l'UNICAMP, Université d'État de Campinas ; l’anthropologue Clyde Snow a confirmé l'identité de Mengele.

Postérité

Selon les services israéliens, Mengele ne constitue pas le pire des criminels nazis. D'autres médecins, tels Carl Clauberg ou Horst Schumann, lui sont bien supérieurs en ce domaine. De la même manière, son rang dans la SS était modeste et ses recherches n'ont jamais attiré l'attention d'Himmler, le chef suprême de la SS peu réticent à ce genre d'expériences. Cependant il a des centaines de victimes à son actif ; rien que pour ses expériences sur les jumeaux, il fait 111 victimes.
D'avoir échappé si longtemps aux polices les plus expérimentées a certes contribué à faire de Mengele un personnage médiatique, mais il restera avant tout dans les mémoires et dans l'histoire du xxe siècle, au même titre que le Japonais Shirō Ishii qui dirigeait l'Unité 731 en Chine occupée comme l'un des pires symboles de la médecine dévoyée et criminelle à l'œuvre sous le Troisième Reich.

Littérature, théâtre, musique et cinéma

Josef Mengele devient à partir des années 1970 un personnage littéraire et cinématographique :
Marathon Man (1975), roman de William Goldman porté au cinéma sous le même titre par John Schlesinger dans un film de 1976, avec Laurence Olivier dans le rôle de « l'ange blanc » inspiré de Mengele l'ange de la mort,
Médecins de la honte (1975), livre de Betty et Robert-Paul Truck. La vérité sur les cobayes humains d'Auschwitz. Rare édition française du témoignage accablant recueilli auprès du Dr Léon Landau, interné pendant trois ans à Auschwitz.
Ces garçons qui venaient du Brésil (The Boys from Brazil, 1976), roman de Ira Levin porté au cinéma sous le même titre par Franklin J. Schaffner dans un film de 1978, avec Gregory Peck dans le rôle de Mengele,
La Traque (The Climate of Hell), roman de Herbert Lieberman publié en 1978 qui raconte la traque en Amérique latine du docteur Gregor Grigori, un des pseudonymes de Mengele,
Sursis pour l'orchestre (1980) (TV), joué par Max Wright
La Liste de Schindler, roman de l'Australien Thomas Keneally publié en 1982 porté au cinéma en (1993) sous le même titre par Steven Spielberg, joué par Daniel Del Ponte,
Angel of Death (1986), un morceau du groupe de thrash metal américain Slayer qui raconte les expériences de Mengele.
L'Ange de la mort (Commando Mengele) d'Andrea Bianchi, film d'aventure franco-espagnol à petit budget datant de 1987, avec Howard Vernon dans le peu probable rôle d'un Joseph Mengele vieillissant à la tête d'une organisation néonazie.
Rien que la vérité (Nichts als die Wahrheit), roman de Johannes Betz et Beate Veldtrup porté au cinéma sous le même titre par Roland Suso Richter dans un film de 1999, avec Götz George dans le rôle de Mengele,
I Have No Mouth And I Must Scream, jeu vidéo d'aventure adapté d'une nouvelle d'Harlan Ellison où l'un des protagonistes, Nimdok, est l'assistant de Josef Mengele. Ce dernier est joué par Samuel Fenn.
The Grey Zone (2001), joué par Henry Stram
Le Vicaire, pièce de théâtre de l'auteur allemand Rolf Hochhuth, portée au cinéma par Costa-Gavras dans le film Amen en 2002, avec Ulrich Mühe dans le rôle du docteur inspiré de Mengele.
Out of the Ashes (2003) (TV), joué par Jonathan Cake
Unborn ou L'Entité au Québec (The Unborn), est un film américain réalisé par David S. Goyer, sorti en 2009, joué par Braden Moran
Waking the Dead, joué par Carsten Hayes
Kessler, joué par Oscar Quitak
Nazis at the Center of the Earth, Mengele étant joué par Christopher. K. Johnson
Le Médecin de famille (Wakolda), film et roman de Lucia Puenzo, Mengele est interprété par Àlex Brendemühl (2013)
Josef Mengele apparaît dans les romans Les Bienveillantes de Jonathan Littell en 2006, Une douce flamme (A Quiet Flame) de Philip Kerr en 2008 (2010 pour la traduction française) et Oméga Mineur du Belge Paul Verhaeghen, publié en néerlandais en 2004 sous le titre Omega Minor puis traduit par ses soins vers l'américain (2010 pour la traduction française de Christophe Claro). Josef Mengele est aussi le personnage principal du roman Wakolda écrit par l'argentine Lucia Puenzo en 2013.

Le vrai visage du Docteur Josef Mengele et le Programme Monarch..
Attention renseignements non vérifiés à la fiabilité douteuse mais ??

L'un des génies du mal les plus cruels des temps modernes fut le Docteur Josef Mengele. Il utilisa plus de 3.000 jumeaux pour ses recherches, pour les seules années 1943-1944. La plupart de ces jumeaux périrent. Ces jumeaux étaient sélectionnés parmi les foules envoyées dans les camps de concentration allemands. A la fin de la guerre, Mengele avait appris beaucoup de choses sur la manière de torturer des enfants, pour que ces derniers soient liés à lui d'une manière absolue.
Aujourd'hui encore, beaucoup de survivants de ces horribles expériences restent persuadés que Mengele aimait beaucoup les enfants. Ils continuent à l'aimer comme s'il était leur père. Mengele avait également réussi à créer des jumeaux artificiels par la programmation mentale. Quand il se rendait dans des bases militaires, il apportait toujours son violon avec lui. Il cachait dans sonviolon ses codes secrets pour la programmation par les couleurs.
D'autres hommes ont travaillé avec le Docteur Mengele, et sont par la suite devenus des programmeurs à part entière. Le Docteur Cameron, du Canada, devint ainsi un programmeur spécialisé dans la création d'esclaves mentaux, dans le cadre du Programme Monarch. Il était aussi
connu sous le nom de "Doctor White". Un autre programmeur, qui n'était pas un sataniste de pure lignée, était Heinrich Mueller, connu sous le nom de Doctor Blue.
Ce dernier vivait dans le nordouest des Etats-Unis, et avait deux fils, Theodore (Teddy Bear) et Michael (Robin Hood). Deux des programmeurs les plus cruels de la côte Ouest sont Jerry Lee Lewis et Michael Aquino. Ces deux hommes sont des tueurs au sang froid, et valent bien Mengele quant à leur habileté à torturer. Michael Aquino, qui appartenait aux services de renseignements américains, était en mesure de transmettre ses compétences diaboliques de programmeur mental à des dizaines d'officiers de
l'armée. Sa femme travaille avec lui, et s'appelle Lilith Sinclair. Michael Aquino a voyagé dans tous les Etats-Unis pour exercer sa fonction de programmeur.
C'est Michael Aquino qui a utilisé Cathy O'Brien comme star et victime à la fois, dans sa vidéo destinée à former des officiers aux méthodes de programmation mentale pour créer des esclaves mentaux. Les principaux programmeurs sont donc connus sous les noms des Docteurs Green, Black, White et Blue. Ces quatre programmeurs ont ensuite formé des milliers de programmeurs à temps partiel. Les meilleurs programmeurs sont ceux qui sont capables de pénétrer dans la pensée et l'intellect de
leurs victimes, un peu à l'image de l'inspecteur Colombo, joué par Peter Falk. Ce derniers fait d'ailleurs partie, dans sa vie privée, du monde des programmeurs. Il faut savoir qu'une victime du programme de contrôle mental Monarch peut avoir un certain nombre de programmeurs, mais que
cet esclave mental sera formé pour n'obéir qu'à la voix d'un nombre limité de maîtres ou d'utilisateurs. Si quelqu'un veut utiliser un esclave mental qui n'est pas programmé pour reconnaître sa voix, cela peut déclencher chez l'esclave un programme de suicide. Mais un robot humain peut aussi avoir en lui certaines parties de sa personnalité programmées pour empêcher d'autres parties de sa personnalité de le conduire au suicide. Mais l'esclave mental doit être clairement programmé pour se tenir à l'écart d'utilisateurs non identifiés, sous peine de devoir se suicider.
Nous sommes actuellement parvenus à une époque où nous sommes à la deuxième ou troisième génération d'esclaves mentaux robotisés, qui sont eux-mêmes devenus des programmeurs. Ce sont des robots humains programmés qui font actuellement la plus grande part du travail de programmation mentale. Cela signifie que la plupart des programmeurs souffrent eux-mêmes d'une personnalité fractionnée. Certains de ces programmeurs sont des militaires de carrière, qui considèrent toute "discipline" ou "méthode de formation" comme bonne, si elle permet d'obtenir des soldats qui obéissent sans discussion. Ces militaires ont perdu toute notion de limite morale à faire
respecter par les programmes de "formation". Cela explique pourquoi le système de production d'esclaves mentaux tourne actuellement à plein régime, pour produire toujours plus d'esclaves mentaux. Ceci est très inquiétant. Ceux qui parviennent à s'échapper, avec beaucoup de peine, de ce système de programmation mentale, sont en tout petit nombre, par rapport au grand nombre d'esclaves mentaux qui sont constamment créés. Depuis 1947, plus de deux millions d'Américains ont subi les méthodes de programmation mentale utilisant la torture. En 1970, la CIA dut admettre publiquement qu'elle utilisait des méthodes de programmation mentale. Pourtant, le grand public
continue à ignorer largement ce qui se passe dans ce domaine.
Le Docteur Green, ou Josef Mengele. C'est le plus important de tous les programmeurs. C'est sans doute lui qui peut être considéré comme le père de la méthode de programmation Monarch. C'était le "médecin" des camps de concentration nazis. Il fut le programmeur principal de milliers d'esclaves mentaux aux Etats-Unis.

Le Docteur Mengele était d'assez haute taille. Il avait les cheveux châtain foncé, des yeux d'un brunvert, et était fort élégant. Son caractère était semblable à celui du Dr Jekyll et M. Hyde. Il désarmait les gens par son amabilité. Il était apparemment doux, tranquille et intelligent, tout en cachant un côté profondément sadique et brutal. Il était né dans une riche famille de satanistes depuis des générations. Il devint l'un des satanistes les plus puissants dans le monde. Il était expert en
démonologie et en Cabale. Il était au moins Grand Maître des Illuminati. Mais nous ignorons jusqu'à quelle hauteur de la hiérarchie satanique il a pu accéder.
Etant membre des Illuminati, son corps ne devait porter aucune cicatrice visible. Josef Mengele ne se fit donc pas imprimer le tatouage nazi quand il rejoint les rangs des SS. Mengele devint le médecin du camp de la mort d'Auschwitz. A cette place, il occupait une position clef. Il put ainsi utiliser d'innombrables cobayes humains pour ses expériences. L'un de ses sujets de recherche principaux était de déterminer avec précision le degré de torture que divers êtres humains
pouvaient supporter. Il établit des statistiques et des tableaux précis, qui permirent aux Illuminati de connaître exactement le degré de torture à appliquer à leurs esclaves mentaux formés par le programme Monarch.
Mengele grandit à Grunzberg dans une famille connue pour son goût du secret. Sa mère était très dure. Il fit ses études à Francfort-sur-le-Main, haut lieu du satanisme allemand. Il fit son internat à Leipzig, ville connue pour héberger de nombreux chercheurs dans le domaine de l'étude du comportement humain et des méthodes modernes d'apprentissage. Plus tard, il fit partie des SA, puis des SS. A la fin de la guerre, l'armée américaine prit soin de Mengele. Les satanistes américains firent secrètement entrer Mengele aux Etats-Unis. Il fut aussi reçu dans divers pays
d'Amérique latine, pour faire croire qu'il s'y était réfugié. Mais, en réalité, Mengele passa une bonne partie de son temps à voyager dans le monde entier, pour visiter en particulier des établissements comme l'Institut Tavistock ou la base navale de China Lake, où l'on transformait des enfants innocents en esclaves mentaux.
Mengele vécut effectivement au Brésil, en Argentine et au Paraguay, mais la CIA et d'autres groupes travaillant pour les Illuminati en profitèrent pour lancer beaucoup de fausses informations à ce sujet. Tout au long de sa vie, Mengele continua à aimer la musique et la danse. Il devint un manipulateur de marionnettes humaines, et il utilisait la musique pour les programmer. Il aimait le violon et le piano. Il utilisa beaucoup la musique dans ses méthodes de programmation mentale.
Certains de ses élèves ont aussi utilisé la musique dans la programmation mentale. C'est cette
tendance à employer la musique dans la programmation mentale qui a permis à la musique "western" et "country" américaine de se développer. Ces musiques peuvent être considérées comme un sous-produit de la programmation mentale Monarch. L'industrie de la musique country n'est qu'un moyen de couvrir un important trafic de drogue, effectué par des esclaves mentaux.
L'influence de Mengele s'est aussi exercée au niveau des recherches sur les jumeaux. Mengele était fasciné par les jumeaux. Il a fait des expériences sur des milliers de jumeaux, sont la plupart périrent sous les tortures employées au cours de ces expériences. Les expériences scientifiques nécessitent souvent un groupe faisant l'objet des expériences, et un groupe de contrôle. La recherche était donc facile avec des jumeaux. C'est pourquoi Mengele en utilisait beaucoup. Aidé d'autres chercheurs Allemands et Italiens, il fit aussi des recherches sur les liens affectifs traumatiques qui pouvaient lier une victime à son bourreau, au point que ces victimes servaient leur maître avec une loyauté absolue. Dans les camps de concentration, il arrivait que Mengele sauve de la mort un certain nombre de condamnés, qui lui restèrent fidèles, malgré le fait que ces personnes savaient que Mengele torturait à mort des milliers d'autres personnes.

Les esclaves mentaux Monarch sont programmés pour croire qu'ils ont un jumeau quelque part. De nombreux esclaves mentaux ont même été programmés pour croire qu'ils appartiennent à un groupe de quadruplés.
Dans les camps de concentration, Mengele était connu sous les noms "d'Ange de la Mort", "Père", "Papa", ou "Beau Josef". Les esclaves mentaux qui ont été programmés par lui le connaissent sous les noms de "Docteur Green", "Papa", David", ou "Fairchild". Certains esclaves mentaux se rappellent encore le bruit de ses bottes brillantes, quand il arpentait la pièce où il les programmait. Mengele aimait réduire ses victimes à l'état de véritables animaux. Pourtant, ces victimes étaient formées pour ne jamais pleurer.
Mengele était très connu pour sa méthode de programmation "Marguerite". Il effeuillait une marguerite en disant : "je t'aime", "je ne t'aime pas"… Si le dernier pétale tombait sur un "je ne t'aime pas", il mettait à mort le petit enfant, en présence des autres enfants qu'il était en train de programmer.
Mengele se trouvait à Dallas lors de l'assassinat du Président Kennedy. Ce dernier fut assassiné par des esclaves mentaux Monarch. Il existe un témoignage formellement établi devant la justice, où un témoin associe Josef Mengele à l'assassinat de Kennedy, en affirmant avoir vu Mengele dans le bâtiment où l'un des coups de feu avait été tiré. Ce témoin, Luis Angel Castillo, n'était que l'un des esclaves mentaux envoyés par les Illuminati pour assassiner Kennedy le 23 novembre 1963.
Madame Krebs, une Allemande résidant en Allemagne, travailla avec Mengele, en compagnie d'un grand nombre d'autres programmeurs, pour préparer l'assassinat de Kennedy.
En 1956, Josef Mengele demanda, et obtint de l'Argentine, un permis de séjour officiel sous son propre nom, ce qui prouve l'audace des Illuminati. Cette même année, il voyagea même dans divers pays d'Europe sous sa véritable identité.

La médecine nazie et ses victimes

Lorsque l'on entame la lecture du stimulant ouvrage d'Ernst Klee La Médecine nazie et ses victimes (traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Solin-Actes sud, 1999), on peut penser que l'objectif de l'auteur est de décrire l'implication des médecins allemands dans l'entreprise criminelle nazie. En effet, même si Ernst Klee n'anticipe pas cet objectif au début de l'ouvrage, tout conduit à y penser. L'auteur décrit minutieusement la place des médecins dans les « sélections », c'est-à-dire dans le choix des victimes pour les chambres à gaz, ainsi que dans leur utilisation comme animaux de laboratoire pour la recherche avant leur mise à mort. Le texte se structure en forme de microbiographies grâce auxquelles l'auteur dénoue le fil des événements, reconstruisant par cette succession de parcours individuels la collaboration globale des médecins avec le régime nazi. Ces microbiographies dépassent largement le cadre des années de guerre car Ernst Klee s'est occupé minutieusement de suivre la trace de ces assassins dans les décennies qui ont suivi. C'est ainsi que l'on découvre avec stupeur que, pour la plupart, ils ont mené à terme de brillantes carrières, qu'ils n'ont pas été punis pour leurs atrocités et que, de surcroît, ils ont profité des résultats des recherches meurtrières menées dans les camps.

Cependant, au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture de l'ouvrage, on s'aperçoit que les objectifs de Klee sont bien plus ambitieux et problématiques. Il faut atteindre le dernier chapitre consacré à Joseph Mengele (« Mengele. Un généticien à Auschwitz ») pour découvrir l'hypothèse de l'auteur, dont la force est si grande qu'elle est capable de requalifier tout l'ouvrage dès son début et notamment l'ensemble de ses choix méthodologiques et thématiques. En effet, le projet de Klee n'est autre que de montrer l'autonomie de la raison médico-scientifique à l'égard de la politique nazie ; comme si la première s'était servie de la deuxième pour atteindre des buts propres.

Selon Klee, avant tout, les chercheurs auraient voulu « savoir », et cette volonté farouche de savoir se serait appuyée sur la politique nazie par le seul fait que celle-ci lui aurait donné la plus grande liberté pour se développer. Il y aurait, de ce fait, une sorte de mal radical dans cette raison scientifique, mal autonome du nazisme lui-même. « Mengele n'est pas à Auschwitz par plaisir de tuer, écrit Klee, mais parce qu'il est généticien. » Et il conclut l'ouvrage par cette phrase : « Auschwitz a été un enfer pour les détenus. Et un paradis pour la recherche, qui a pu utiliser sans frein le matériau humain. » La leçon étant, en quelque sorte, qu'il faut craindre la science au moins tout autant que l'on craint le nazisme. C'est dans cette veine que Klee note, toujours dans les derniers paragraphes de l'ouvrage, que la Deutsche Forschungsgemeinschaft, l'organe central d'auto-administration de la recherche, se plaint, en 1966, « des obstacles mis à la recherche, notamment dans le domaine de la technologie génétique et de la recherche sur les embryons ». Et l'auteur indique ensuite que « à Auschwitz, ce rêve est devenu réalité : l'emprise absolue sur les êtres humains vivants et à naître ; une orgie de recherche consommatrice ».

C'est donc cette hypothèse qui explique la construction de l'ouvrage. La succession des microbiographies vise autant à montrer l'absence de punition de ces criminels que la continuité de la raison scientifique qu'ils incarnent aussi bien avant, pendant, qu'après le régime nazi. C'est donc moins des médecins nazis dont il est question que des médecins tout court. L'hypothèse explique aussi les choix thématiques opérés par l'auteur. En effet, Klee concentre ses analyses sur l'activité des médecins dans les camps de concentration et notamment sur les atrocités innommables qu'ils ont commises à l'égard des détenus. Ce choix lui a fait perdre de vue le facteur déterminant dans l'activité des médecins nazis, à savoir son inscription dans un projet qui était d'abord politique. En effet, Klee n'a pas tenu compte dans son travail, comme l'ont si bien fait Raoul Hilberg dans La Destruction des juifs d'Europe ou encore Eugen Kogon, Hermann Langbein et Adalbert Ruckerl dans Les Chambres à gaz, secret d'État, des conditions politico-juridiques par lesquelles les détenus ont pu être objet de ces traitements et de ces expériences. Avant de tuer à la chaîne, avant d'expérimenter et de détruire physiquement, le régime nazi avait anéanti ses victimes juridiquement, leur enlevant tout droit, les transformant en chair à brûler, en pure vie animale. C'est sur cette « vie nue » – la formule est de Giorgio Agamben (Homo Sacer, 1997) – dépourvue au préalable de tout droit, que les médecins nazis sont intervenus, de même que tous les autres individus qui se sont ralliés à cette entreprise de destruction. Leur crime est donc d'avoir été nazis et d'avoir soutenu cette entreprise et non d'avoir été médecins. De ce fait, le procès que Klee ouvre dans ce livre à la raison scientifique risque de faire perdre de vue la plus importante des leçons que l'histoire peut donner au temps présent.

Auschwitz

Auschwitz, également appelé Auschwitz-Birkenau, fut le plus grand des camps de concentration et d'extermination construits par l'Allemagne nazie. Situé près de la ville industrielle d'Oswiecim, dans le sud de la Pologne, Auschwitz était à la fois un camp de concentration, un camp d'extermination et un camp de travail forcé. Parce qu'il fut le camp d'extermination nazi où le plus de victimes sont mortes, Auschwitz est devenu le symbole de la « solution finale », et comme un synonyme de la Shoah.

Le site d'Auschwitz a probablement été choisi pour jouer un rôle central dans la mise en œuvre de la « solution finale » parce qu'il était situé à un embranchement ferroviaire où passaient quarante-quatre voies de chemin de fer, qui servirent à transporter jusqu'au lieu de leur mort des Juifs venus de toute l'Europe. Heinrich Himmler, le commandant du corps paramilitaire nazi des SS, donna l'ordre d'établir le premier camp, un camp de concentration, le 27 avril 1940, et le premier convoi de prisonniers politiques polonais arriva le 14 juin. Ce petit camp, Auschwitz I, resta toujours réservé à la détention des prisonniers politiques, principalement polonais et allemands. En octobre 1941 commencèrent les travaux de construction d'Auschwitz II, appelé aussi Birkenau, situé à l'extérieur du village voisin de Brzezinka. C'est là que les SS développèrent ensuite un immense camp de concentration et un ensemble de bâtiments destinés à l'extermination des prisonniers. Ils comprenaient trois cents baraquements de prisonniers, quatre grandes constructions désignées comme Badeanstalten (terme allemand désignant des bains publics), dans lesquelles en fait les prisonniers mouraient asphyxiés par le gaz, des Leichenkeller (« morgues ») où les corps étaient entreposés, et des Einäscherungsöfen (« fours crématoires »). Un autre camp (Buna-Monowitz), près du village de Dwory, plus tard appelé Auschwitz III, devint en mai 1942 un camp de travaux forcés ; il fournissait de la main-d'œuvre à une usine de fabrication de produits chimiques et de caoutchouc synthétique qu'IG Farben y avait implantée. En outre, un ensemble de quarante-cinq camps périphériques de plus petite taille, dans la plupart desquels étaient détenus des prisonniers qui effectuaient des travaux forcés, fut subordonné à Auschwitz. Pendant presque toute la période qui s'étend de 1940 à 1945, le SS-Hauptsturmführer (« Capitaine ») Rudolf Franz Höss fut à la tête des camps centraux d'Auschwitz.

Le camp de la mort et le camp de travaux forcés fonctionnaient en étroite relation. Les prisonniers qui arrivaient au camp de la mort étaient soumis à un tri, selon la méthode dite de la Selektion. Les jeunes gens et les personnes valides étaient envoyés au camp de travail forcé. Les jeunes enfants et leur mère ainsi que les personnes âgées et les infirmes étaient directement envoyés aux chambres à gaz. En outre, des milliers de prisonniers furent sélectionnés par le médecin du camp, Josef Mengele, pour servir à des expériences médicales. Les médecins d'Auschwitz testèrent des méthodes de stérilisation sur les prisonniers en les soumettant à des irradiations massives, à des injections utérines ou à d'autres traitements barbares. Les expérimentations, comme le meurtre de jumeaux sur lesquels on pratiquait des autopsies, devaient apporter des connaissances censées permettre l'expansion rapide de la « race aryenne ».

Soumis à des conditions de vie très difficiles – notamment sur le plan de l'hébergement et de l'hygiène –, nourris au minimum et travaillant jusqu'à l'épuisement, certains prisonniers devenaient improductifs ; ils étaient alors reconduits à Birkenau pour y être asphyxiés dans les chambres à gaz. Les entreprises allemandes investirent des sommes très élevées dans les usines de travail forcé adjacentes à Auschwitz. En 1942, IG Farben consacra à elle seule plus de 700 millions de Reichsmarks pour ses installations à Auschwitz III.

Entre le 15 mai et le 9 juillet 1944, quelque 438 000 Juifs hongrois furent transportés par 147 trains à Birkenau, saturant les capacités d'extermination du camp. Parce que les crématoriums étaient surpeuplés, les corps étaient brûlés sur des bûchers qu'on alimentait en partie avec la graisse des victimes elles-mêmes. Juste avant la déportation des Juifs hongrois, deux prisonniers s'évadèrent en emportant les plans du camp. Ils rencontrèrent des chefs de la résistance en Slovaquie et élaborèrent un compte rendu en fournissant en outre des cartes. Ce document parvint aux services secrets occidentaux pendant l'été de 1944, et il y eut des voix pour demander que le camp soit bombardé. Bien que le complexe industriel adjacent à Auschwitz ait été bombardé, le camp de la mort et le crématorium ne furent pas visés – un sujet de controverse plus de soixante ans après. (cf. Pourquoi les Alliés n'ont pas bombardé Auschwitz ? [Horowitz]).

En raison de l'avancée des armées soviétiques en 1944 et au début de 1945, Auschwitz fut progressivement abandonné. Le 18 janvier 1945, on fit marcher quelque 60 000 prisonniers jusqu'à Wodzislaw, où ils furent embarqués dans des trains de marchandises (beaucoup voyagèrent dans des wagons découverts) et conduits en direction de l'ouest, pour des camps de concentration éloignés du front. Pendant ce voyage, un prisonnier sur quatre mourut de faim, de froid, d'épuisement ou de désespoir. Beaucoup furent exécutés sur la route lors de cet épisode qui est aujourd'hui connu sous le nom de la « Marche de la mort ». Malades, mourants de faim, 7 650 prisonniers demeurés sur place furent trouvés par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945

Il y eut entre 1,1 et 1,5 million de morts à Auschwitz ; 90 p. 100 d'entre eux étaient juifs. Parmi les morts se trouvaient aussi quelque 19 000 Roms (Tsiganes) que les nazis détinrent dans le camp jusqu'au 31 juillet 1944, date à laquelle ils furent finalement livrés aux chambres à gaz – ce fut, avec les Juifs, le seul groupe de déportés à être gazés en étant rassemblés par famille. Par son importance numérique, les Polonais constituent le deuxième groupe de victimes d'Auschwitz : 83 000 individus de cette nationalité y furent tués ou y moururent.

Bien que les Allemands aient détruit des zones des camps avant de les abandonner en 1945, une large partie d'Auschwitz I et d'Auschwitz II (Birkenau) est demeurée intacte et a été ensuite transformée en musée et en mémorial. L'existence de ce site est menacée par la croissance de l'activité industrielle à Oswiecim. En 1996, le gouvernement polonais s'est cependant engagé avec d'autres organisations dans un effort de grande envergure pour assurer la conservation du site. Auschwitz a été classé par l'U.N.E.S.C.O. au Patrimoine mondial de l'humanité en 1979.


Wiesenthal Simon1908-2005

Simon Wiesenthal est né le 31 décembre 1908, dans une famille de marchands juifs, à Buczacz, une petite ville de Galicie alors austro-hongroise et qui deviendra polonaise après la guerre. En 1932, il obtient un diplôme d'architecte et ouvre un cabinet à Lvov, aujourd'hui Lviv, en Ukraine. La Pologne est dépecée en 1939, Lvov tombe aux mains des Soviétiques, qui ferment son cabinet.

Après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, Simon Wiesenthal est arrêté, le 6 juillet 1941. Pendant presque quatre ans, il sera envoyé dans différents camps : Belzec, Solingen, Plaszow, Gross-Rosen et Buchenwald en Allemagne, et à Mauthausen en Autriche. Il échappe plusieurs fois à la mort. Lorsque Mauthausen est libéré le 5 mai 1945 par les Américains, Simon Wiesenthal, qui a survécu à douze camps nazis, n'est plus qu'un squelette. Vingt jours plus tard, il s'adresse au commandant du camp pour lui proposer ses services dans la recherche de criminels nazis. Il a déjà une liste à présenter aux Américains, quatre-vingt-onze noms de tortionnaires qu'il s'est juré de ne pas oublier : Chaque survivant était un témoin et avait le devoir de témoigner, dira-t-il plus tard, Justice n'est pas vengeance.

En 1947, le gouvernement du Land de Haute-Autriche met à sa disposition un bureau, à Linz. Il y fonde le Centre historique de documentation juive, prend contact avec des survivants de la Shoah et se met à collecter des photos, des archives et des pièces compromettantes. Il recueille aussi les témoignages des rescapés. Il essaye d'abord de retrouver les nazis qui se sont cachés en Amérique du Sud avec l'aide de l'organisation secrète Odessa, chargée depuis la fin de la guerre de la protection des anciens S.S. Il assiste au procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946). À cette époque, Wiesenthal a des informateurs dans les milieux d'anciens nazis et l'un d'entre eux obtient confirmation de renseignements sur la localisation d'Adolf Eichmann – le planificateur de la solution finale. Retrouvé en Argentine, Eichmann est enlevé par les services secrets israéliens en 1960, jugé et exécuté le 31 mai 1962, en Israël. Simon Wiesenthal transfère le centre de documentation (fermé en 1954) à Vienne et continue de traquer d'autres responsables nazis : Gustav Wagner, adjoint au commandant de Treblinka en 1944 ; Eduard Roschmann, ancien commandant adjoint du ghetto de Riga ; Hermine Braunsteiner qui attendait les détenues, fouet à la main, à leur arrivée à Maïdanek ; le docteur Aribert Heim qui réalisa les pires expériences sur les détenus du camp de Mauthausen ; Odio Globocnik, le commandant S.S. des camps de Sobibor et Belzec... Au final, Simon Wiesenthal aide à traduire en justice plus de mille cent criminels de guerre. Il permet notamment d'arrêter Karl Silberbauer, l'officier de la Gestapo devenu policier en Autriche qui avait arrêté Anne Frank aux Pays-Bas et il débusque, en 1967, le commandant du camp de Treblinka, Franz Stangl, retrouvé à São Paulo, qui sera extradé et jugé à Düsseldorf où il mourra en prison.

Ses plus grandes déceptions ont été de n'avoir pas réussi à faire arrêter l'Autrichien Aloïs Brunner, qui fut le principal collaborateur d'Adolf Eichmann, le chef de la Gestapo Heinrich Müller et le « médecin » bourreau d'Auschwitz, le criminel Josef Mengele qui mourut au Brésil sans être inquiété. Il y eut néanmoins une ombre dans sa carrière, lorsqu'il refusa de poursuivre Kurt Waldheim, l'ancien secrétaire général de l'O.N.U., ex-président autrichien. Le Congrès juif mondial avait découvert le passé nazi de celui-ci et sa participation en tant que lieutenant de la Wehrmacht à des déportations de Juifs, notamment dans les Balkans. Simon Wiesenthal aurait eu ces informations et aurait choisi de ne pas les rendre publiques. Accusations dont il se défendra, affirmant qu'il n'avait pas de preuves de l'engagement direct de Waldheim dans ces crimes.

Malade depuis plusieurs années, Simon Wiesenthal est décédé le 20 septembre 2005 à Vienne (Autriche), à l'âge de quatre-vingt-seize ans. Il est inhumé à Herzliya en Israël. Son œuvre continue avec le Centre Simon-Wiesenthal et ses diverses représentations dans le monde. Cette organisation, fondée en 1977 à Los Angeles, se consacre à conserver la mémoire de la Shoah.

Liens
http://youtu.be/9XW42bYQYcM La vie de Josef Mengele
http://youtu.be/pGhJcVmJZfs La traque des nazis


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Posté le : 16/03/2014 00:12

Edité par Loriane sur 16-03-2014 10:19:30
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Tibère 2 suite
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Politique interne

Tibère ne se distingue pas pour ses tendances à la rénovation. Au cours de son règne, il fait preuve d'un strict respect de la tradition augustéenne, essayant d'appliquer toutes les instructions d'Auguste. Son but est de préserver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout en consolidant le nouvel ordre et en évitant qu'il ne prenne les caractéristiques d'un dominat. Pour mettre en œuvre son plan, il utilise des collaborateurs et de nombreux conseillers personnels qui sont des officiels qui l'ont suivi au cours des longues et nombreuses campagnes militaires qui ont duré près de quarante ans. Il convient d'ajouter que l'administration de l'État durant les premières années de son règne est reconnue, par tous, comme excellente par son bon sens et sa modération. Tacite apprécie les capacités du nouveau princeps au moins jusqu'à la mort de son fils Drusus qui a lieu en 23.
La même chose s'applique pour les relations entre Tibère et la nobilitas sénatoriale qui sont cependant différentes de celles qui s'étaient instaurées avec Auguste. Le nouvel empereur semble différent de son beau-père par ses mérites et son ascendant, celui-ci ayant mis fin aux guerres civiles, apporté la paix à l'Empire et obtenu par conséquent une grande autorité. Tibère doit baser le rapport entre le princeps et la noblesse sénatoriale sur un moderatio qui augmente la puissance des deux, superposant l'ordre hiérarchique traditionnel80. Il établit une nette distinction entre les honneurs destinés aux empereurs vivants et le culte de ceux morts et divinisés. Malgré ces mesures qui contribuent à maintenir en vie la fiction républicaine, il ne manque pas de membres de la classe sénatoriale pour s'opposer fermement à son œuvre. Mais Tibère au cours des premières années, suivant le modèle d'Auguste, cherche sincèrement à obtenir la coopération avec le Sénat, assistant souvent à ses réunions, en respectant la liberté de discussion, en le consultant également sur des questions qu'il est en mesure de résoudre par lui-même et en accroissant les fonctions administratives du Sénat. Celui-ci fait valoir que le princeps doit servir le Sénat bonum et salutarme principem senatui servire debere.

Les magistratures conservent leur dignité et le Sénat, que Tibère consulte souvent avant de prendre des décisions dans tous les domaines, est favorisé par la plupart des mesures : Même s'il est d'usage que l'empereur signale certains candidats à la magistrature, les élections continuent d'avoir lieu, au moins formellement, par l'assemblée des comices centuriates. Tibère décide de mettre un terme à la coutume, et les sénateurs ont le privilège de l'élection des juges. De la même manière, Tibère décide d'allouer aux sénateurs la tâche de juger les sénateurs eux-mêmes, ou les chevaliers de haut rang qui se sont rendus coupables de crimes graves comme le meurtre ou la trahison ; les Sénateurs sont également chargés de juger sans l'intervention de l'empereur le travail des gouverneurs de province ; enfin, est confiée au Sénat la juridiction dans le domaine religieux et social dans toute l'Italie.
Au cours de la période de son séjour à Capri, Tibère, pour empêcher que le Sénat prenne des mesures qui ne lui conviennent pas, en particulier en ce qui concerne les nombreux procès de lèse-majesté menés par Séjan, décide que toute décision adoptée par le Sénat doit être appliquée uniquement dix jours plus tard, de sorte qu'il peut contrôler, en dépit de la distance, le travail des sénateurs.
Le prince consulte souvent le Sénat par des senatus consulta, parfois sur des questions hors de sa compétence, comme par exemple les questions de caractère religieux, Tibère ayant une aversion particulière pour les cultes orientaux. En 19 les cultes chaldéen et juif sont rendus illégaux et ceux qui les professent sont obligés de s'enrôler ou d'être expulsés d'Italie. Il ordonne de brûler tous les parements et les objets sacrés utilisés pour les cultes en question, et, par l'enrôlement, il peut envoyer les jeunes juifs dans les régions les plus reculées et les plus insalubres afin d'infliger un coup sévère à la propagation du culte.
Tibère réforme, au moins en partie, l'organisation augustéenne contre le célibat, mettant l'accent sur la lex Papia Poppae : sans abolir les dispositions de son beau-père, il nomme une commission qui s'occupe de réformer l'organisation et de rendre moins sévère les peines en commençant par les célibataires ou ceux qui, bien que mariés, n'ont pas d'enfants. Des mesures sont adoptées pour freiner le luxe et garantir la moralité des coutumes.
Parmi les mesures les plus importantes, on trouve l'adoption de la lex de Maiestate qui prévoit que soient poursuivis et passibles de condamnation tous ceux qui offensent la majesté du peuple romain. Sur la base d'une loi aussi vague, sont considérés coupables ceux qui sont responsables d'une défaite militaire, d'une sédition ou qui ont mal géré l'administration. La loi, qui entre en vigueur après avoir été abrogée, devient un outil entre les mains de l'empereur, du Sénat, et en particulier du préfet Séjan afin de criminaliser les opposants politiques. Tibère, cependant, s'oppose à plusieurs reprises à ces jugements politiques, incitant les juges à agir en toute honnêteté.

Administration financière et provinciale

Tibère est excellent en gestion financière, il laisse à sa mort un surplus considérable dans les coffres de l'État. Pour ne citer que quelques exemples, les biens du roi Archélaos de Cappadoce deviennent une propriété impériale ainsi que plusieurs mines gauloises de son épouse Julia, une mine d'argent des Ruthéniens, une mine d'or d'un certain Sestus Marius confisquée en Hispanie en 33, et d'autres encore. Il confie l'administration des biens de l'État à des fonctionnaires particulièrement compétents, dont la charge ne prend fin qu'avec l'âge.
Il est toujours prêt et généreux pour intervenir en toutes circonstances lors de difficultés internes comme lorsque la plèbe urbaine souffre au cours de famine ou comme lorsqu'en 36 il instaure une aide, à la suite d'un incendie sur l'Aventin, de cent millions de sesterces. En 33, après avoir pris certaines mesures contre l'usure, il réussit à atténuer une grave crise agraire et financière causée par une réduction de la circulation monétaire, instituant, avec sa propre fortune, un fond pour financer les prêts de plus de cent millions de sesterces. Les débiteurs peuvent emprunter pendant trois ans sans intérêts en apportant en garantie des terrains d'une valeur double du prêt demandé. Dès que possible, il tente de rationaliser les dépenses publiques en matière de spectacles, en réduisant les salaires des acteurs et en diminuant le nombre de paires de gladiateurs participant aux jeux. Il réduit de 1 % à 0,5 % l'impopulaire taxe sur les ventes, et il laisse, à sa mort, 2 700 millions de sesterces dans les caisses du trésor. Aux gouverneurs provinciaux qui lui demandent d'imposer de nouvelles taxes, il s'oppose fermement, répondant que le travail du bon berger est de tondre les moutons, non de les écorcher.
Il sait choisir, en outre, des administrateurs compétents et il soigne en particulier le gouvernement des provinces. Les gouverneurs qui obtiennent de bons résultats et qui se sont distingués pour leur honnêteté et leur compétence reçoivent, en récompense, la prorogation de leur mandat. Tacite voit, en cet usage, la volonté de l'indécis Tibère de reporter sur les gouverneurs la préoccupation de la gestion des provinces et d'éviter que des personnes puissent profiter de bénéfices issus de leur charge de haut magistrat. La collecte des impôts dans les provinces est confiée aux chevaliers, qui s'organisent en sociétés d'adjudication. Tibère évite l'imposition de nouvelles taxes aux provinces et écarte ainsi le risque de révoltes. Il fait également construire des routes en Afrique, en Hispanie, surtout dans le nord-ouest, en Dalmatie et en Mésie jusqu'aux portes de Fer, le long du Danube, et d'autres sont réparées comme dans la Gaule narbonnaise.

Politique extérieure et politique militaire Les conquêtes romaines vert sous le règne d'Auguste-30 - 14.

Tibère reste fidèle au consilium coercendi intra terminos imperii d'Auguste conseil de ne plus reculer les bornes de l'Empire , c'est-à-dire la décision de maintenir les frontières de l'Empire inchangées. Il essaie de protéger les territoires internes et d'en assurer la tranquillité et il œuvre uniquement pour des changements nécessaires à la sécurité. Il réussit à éviter des guerres ou des expéditions militaires inutiles avec les répercussions sur les dépenses publique qu'on imagine et en plaçant une plus grande confiance dans la diplomatie. Il éloigne les rois et les gouverneurs qui se révèlent inaptes à leur fonction et il cherche à assurer une plus grande efficacité du système administratif. Les seules modifications territoriales concernent l'Orient lorsqu'à la mort des rois clients, la Cappadoce, la Cilicie et la Commagène sont incorporées dans les frontières de l'Empire. Toutes les révoltes qui s'ensuivent, au cours de son long principat qui dure 23 ans, sont étouffées dans le sang par ses généraux, comme celle de Tacfarinas et des Musulames de 17 à 24, en Gaule par Julius Florus et Julius Sacrovir en 21 ou encore en Thrace avec le roi client des Odryses autour du 21.
Pendant le règne de Tibère, les forces militaires sont déployées avec la disposition suivante : la protection de l'Italie est confiée à deux flottes, celle de Ravenne et du cap Misène, et Rome est défendue par neuf cohortes prétoriennes que Séjan a réunies dans un camp à la périphérie de la ville et trois cohortes urbaines. Le nord-ouest de l'Italie est gardé par une flotte au large des côtes de la Gaule composée de navires qu'Auguste avait capturés à Actium. Le reste des forces est stationné dans les provinces dans le but de garantir les frontières et de réprimer d'éventuelles révoltes internes : huit légions sont déployées dans la région du Rhin pour se protéger des invasions germaniques et des révoltes gauloises, trois légions sont en Hispanie, et deux dans les provinces d'Égypte et d'Afrique où Rome peut aussi compter sur l'aide du royaume de Maurétanie. En Orient, quatre légions sont réparties entre la Syrie et l'Euphrate. En Europe orientale, enfin, deux légions sont stationnées en Pannonie, deux en Mésie pour protéger les frontière du Danube, et deux en Dalmatie. De petites flottes de trirèmes, des bataillons de cavalerie et des troupes auxiliaires recrutées parmi les habitants des provinces, sont répartis sur tout le territoire afin qu'ils puissent intervenir là où le besoin s'en fait sentir.

En Germanie

En ce qui concerne la politique extérieure le long des frontières septentrionales, Tibère suit une démarche de maintien et de consolidation d'un mur contre les Germains le long du Rhin en mettant fin, quelques années après son accession au trône, aux opérations militaires improductives et dangereuses que Germanicus a entreprises dans les années 14-16. Tacite, qui admire Germanicus et a peu de sympathie pour Tibère, impute la décision du princeps à sa jalousie à l'encontre des succès obtenus par son neveu. Tibère lui reconnaît le mérite d'avoir rétabli le prestige de l'Empire romain auprès des Germains, il considère au contraire et à juste titre, qu'une nouvelle tentative d'établir la frontière sur l'Elbe conduirait à un éloignement de la politique d'Auguste que Tibère considère comme un praeceptum ainsi qu'à une augmentation significative des dépenses militaires et à l'obligation d'engager une campagne en Bohême contre Marobod, roi des Marcomans. Tibère ne le juge ni nécessaire ni utile. Les dissensions internes au sein des tribus germaniques donnent lieu à une guerre entre Chattes et Chérusques puis à une autre entre Arminius et Marobod jusqu'à ce que ce dernier soit exilé en 19, alors que le premier est assassiné en 21. Scullard estime, en effet, que cette décision est motivée et de plus judicieuse.
En 14, alors que la révolte des légions en Pannonie est en cours, les hommes stationnés à la frontière germanique se rebellent, provoquant des actes de violence et des massacres. Germanicus, qui est alors à la tête de l'armée en Germanie et qui bénéficie de beaucoup de prestige, se charge de calmer la situation, affrontant personnellement les soldats séditieux. Ceux-ci demandent, comme leurs camarades de Pannonie, la réduction de la durée du service militaire et l'augmentation de la solde. Germanicus décide de leur accorder le congé après vingt ans de service et d'y inclure tous les soldats de réserve qui ont combattu pendant seize ans, les exemptant de toutes obligations sauf pour repousser les attaques ennemies. Il double, dans le même temps, l'héritage auquel ils ont droit, selon le testament d'Auguste. Les légions, qui ont appris depuis peu le décès d'Auguste, assurent de leur soutien le général s'il souhaitait prendre le pouvoir par la force, mais il refuse, faisant preuve de respect envers son père adoptif Tibère et d'une grande fermeté. La révolte, qui touche un grand nombre des légions stationnées en Germanie, est difficile à réprimer et se termine par le massacre de nombreux légionnaires rebelles. Les mesures prises par Germanicus pour satisfaire aux exigences des légions sont officialisées plus tard par Tibère qui attribue les mêmes indemnités aux légionnaires de Pannonie.

La campagne de Germanicus en 14.

Germanicus, après avoir repris la situation en main, décide d'organiser une expédition contre les peuples germaniques qui ont appris la nouvelle de la mort d'Auguste et la rébellion des légions. Ils pourraient décider de lancer une nouvelle attaque contre l'Empire. Germanicus confie une partie des légions au lieutenant Aulus Caecina Severus puis il attaque les tribus des Bructères, des Tubantes et des Usipètes qu'il bat nettement, accompagnant ses victoires de nombreux massacres. Il attaque les Marses obtenant neuf victoires et pacifiant ainsi la région à l'ouest du Rhin. De cette façon, il est en mesure de préparer pour 15 une expédition à l'est du grand fleuve par laquelle il aurait vengé Varus et freiné toute volonté expansionniste des Germains.
En 15, Germanicus traverse le Rhin avec le lieutenant Aulus Caecina Severus qui vainc de nouveau les Marses tandis que le général obtient une large victoire sur les Chattes. Le prince des Chérusques, Arminius, qui avait battu Varus à Teutobourg, incite tous les peuples germaniques à la révolte en leur demandant de combattre les envahisseurs romains. Il se forme même un petit parti pro-romain conduit par le beau-père d'Arminius, Ségeste, qui offre son aide à Germanicus. Celui-ci se rend vers Teutobourg où il retrouve un des aigles légionnaires perdu au cours de la bataille, six ans plus tôt. Il rend les honneurs funèbres aux morts dont les dépouilles sont restées sans sépulture.
Germanicus décide de poursuivre Arminius afin de l'affronter au cours d'une bataille, le prince germanique attaque les escadrons de cavalerie que Germanicus envoie en avant-garde, sûr de pouvoir surprendre l'ennemi. L'armée entière des légionnaires est alors obligée d'intervenir pour éviter une nouvelle défaite désastreuse. Germanicus décide de retourner à l'ouest du Rhin avec ses hommes. Alors qu'il se trouve sur le chemin du retour près du pontes longi, Aulus Caecina Severus est attaqué et battu par Arminius ce qui l'oblige à se retirer dans son campement. Les Germains, convaincus de pouvoir vaincre les légions, attaquent le camp mais ils sont sévèrement battus à leur tour et Aulus Caecina Severus peut conduire ses légions saines et sauves à l'ouest du Rhin.

Bien qu'ayant remporté une importante victoire, Germanicus est conscient que les Germains sont encore capables de se réorganiser et il décide, en 16, d'engager une nouvelle campagne dont l'objectif est d'anéantir définitivement la population entre le Rhin et l'Elbe. Pour rejoindre sans problème les territoires ennemis, il fait préparer une flotte qui doit conduire les légions jusqu'à l'embouchure de fleuve Amisia. En peu de temps, il réunit plus d'un millier de bateaux, légers et rapides, capables de transporter de nombreux hommes, mais aussi équipés de machines de guerre pour la défense. Les Romains débarquent à peine en Germanie que les tribus du lieu, réunies sous le commandement d'Arminius, se préparent à faire face aux envahisseurs et se réunissent pour combattre près du fleuve Weser, bataille d'Idistaviso. Les hommes de Germanicus, bien mieux préparés que leurs ennemis, affrontent les Germains et remportent une écrasante victoire. Arminius et les siens se retirent près du val angrivarien puis subissent une nouvelle défaite contre les légionnaires romains. Les personnes qui habitent entre le Rhin et l'Elbe sont ainsi éliminées. Germanicus reconduit ses troupes en Gaule, mais, sur le chemin du retour, la flotte romaine est dispersée par une tempête et elle subit de nombreuses pertes. L'incident donne l'espoir aux Germains d'inverser le sort de la guerre, mais les lieutenants de Germanicus prennent le dessus sur leurs ennemis.
Bien que Rome ne soit pas en mesure d'étendre sa zone d'influence, la limite fixée par le Rhin la protège d'une éventuelle révolte germanique et un événement majeur met fin aux rébellions : en 19, après avoir battu le roi pro-romain des Marcomans, Marobod, Arminius meurt, trahi et tué par ses compagnons qui ambitionnent le pouvoir.

En Orient.

En Orient, la situation politique, après une période de calme relatif suite aux accords entre Auguste et les souverains parthes, se transforme en confrontation en raison de troubles internes, Phraatès IV et ses enfants meurent à Rome alors qu'Auguste règne encore. Les Parthes demandent donc que Vononès, fils de Phraatès, envoyé précédemment comme otage, puisse revenir en Orient afin de monter sur le trône comme le dernier membre encore en vie de la dynastie arsacide. Le nouveau roi, étranger aux traditions locales, se montre désagréable aux Parthes et il est vaincu et chassé par Artaban III, et se réfugie en Arménie. Là, les rois imposés par Rome sur le trône étant morts, Vononès est donc choisi comme nouveau souverain mais Artaban fait pression sur Rome pour que Tibère destitue le nouveau roi arménien. L'empereur, pour éviter d'avoir à entreprendre une nouvelle guerre contre les Parthes fait arrêter Vononès par le gouverneur romain de la Syrie.
La mort du roi de la Cappadoce, Archélaos, qui est venu à Rome rendre hommage à Tibère, celle de Antiochos III, roi de Commagène, et de Philopator, roi de Cilicie, viennent perturber la situation en Orient. Les trois États, qui sont des vassaux de Rome, sont dans un fort contexte d'instabilité politique que les désaccords entre les partis pro-romain et les défenseurs de l'autonomie accroissent.
La difficulté de la situation en Orient rend nécessaire une intervention romaine. Tibère, en 18, envoie son fils adoptif, Germanicus, qui est nommé consul et qui se voit octroyer l'imperium proconsolaris maius sur toutes les provinces orientales. Dans le même temps, l'empereur nomme un nouveau gouverneur de la province de Syrie, Gnaeus Calpurnius Piso, qui fut consul avec Tibère en 7 av. J.-C. Le royaume d'Arménie est resté sans souverain après la destitution de Vononès, aussi, après son arrivée en Orient, Germanicus confère la charge de roi, avec le consentement des Parthes, à Zénon fils du souverain du Pont Polémon Ier. Il est couronné à Artachat. Germanicus impose que Commagène relève de la compétence d'un préteur, tout en conservant son autonomie formelle, que la Cappadoce soit transformée en province et que la Cilicie soit incluse dans la province de Syrie.
Il reçoit un ambassadeur du roi parthe Artaban qui est prêt à confirmer et à renouveler l'amitié et l'alliance des deux empires. En signe d'hommage à la puissance romaine, Artaban décide de rendre visite à Germanicus sur les rives de l'Euphrate, et demande, en échange, que Vononès soit chassé de la Syrie où il se situe depuis son arrestation, étant soupçonné de fomenter la discorde. Germanicus accepte de renouveler les liens d'amitié avec les Parthes, et consent à l'expulsion de Vononès qui a lié amitié avec le gouverneur Piso. L'ex-roi de l'Arménie est donc confiné dans la ville de Pompeiopoli en Cilicie où il décède peu de temps après, tué par des cavaliers romains alors qu'il essaie de s'échapper. En 19 Germanicus meurt après avoir évité, par des mesures adaptées, une famine qui se développe depuis l'Égypte avec des conséquences catastrophiques.
La réorganisation mise en place par Germanicus en Orient garantit la paix jusqu'en 34 : cette année-là, le roi Artaban de Parthie, est convaincu que Tibère, désormais âgé, ne s'opposera pas, depuis Capri, à la mise en place de son fils Arsace sur le trône d'Arménie après la mort d'Artaxias. Tibère décide d'envoyer Tiridate, descendant de la dynastie arsacide tenu en otage à Rome, disputer le trône parthe d'Artaban et il soutient l'installation de Mithridate, frère du roi d'Ibérie, sur le trône d'Arménie. Mithridate, avec l'aide de son frère Pharsman, réussit à s'emparer du trône d'Arménie : les serviteurs d'Arsace, corrompus, tuent leur maître, les Ibères envahissent le royaume et battent, s'alliant aux populations locales, l'armée des Parthes dirigée par Orode, fils d'Artaban.
Artaban, craignant une intervention massive des Romains, refuse d'envoyer plus de troupes contre Mithridate et abandonne ses revendications sur le royaume d'Arménie. Dans le même temps, la haine que Rome fomente auprès des Parthes envers le roi Artaban le contraint à quitter le trône et à se retirer tandis que le trône passe à l'arsacide Tiridate. Après un règne d'un an de Tiridate, Artaban rassemble une grande armée et marche contre l'arsacide qui se réfugie à Rome, où il est contraint de se retirer, et Tibère doit accepter que la Parthie soit gouvernée par un roi hostile aux Romains.

En Afrique

En 17, le numide Tacfarinas, qui a servi dans les troupes auxiliaires de l'armée romaine, rassemble autour lui une troupe nombreuse, puis plus tard, il devient le meneur de la population berbère qui vit dans les zones désertiques à proximité du Sahara occidental. Il organise une armée pour faire des raids et tenter de détruire la domination romaine et attire à ses côtés les Maurétaniens dirigés par Mazippa. Le proconsul d'Afrique Marcus Furius Camillus, s'empresse de marcher contre Tacfarinas et ses alliés, de crainte que les rebelles refusent d'engager la bataille, et il les bat nettement, obtenant les insignes du triomphe.
L'année suivante, Tacfarinas reprend les hostilités, débutant une série d'attaques et de raids contre les villages et accumulant un gros butin. Il encercle une cohorte d'armée romaine qu'il réussit à battre. Le nouveau proconsul, Lucius Apronius qui a succédé à Camillus, envoie le corps des vétérans contre Tacfarinas qui est battu. Le Numide entreprend alors une tactique de guérilla contre les Romains, mais après quelques succès, il est de nouveau battu et repoussé dans le désert.
Après quelques années de paix, en 22, Tacfarinas envoie des ambassadeurs à Rome auprès de Tibère afin de lui demander pour lui et ses hommes la possibilité de résider en permanence sur les territoires romains. Le Numide menace de déclencher une nouvelle guerre si Tibère n'accède pas à sa requête. L'empereur considère la menace de Tacfarinas comme une insulte à la puissance de Rome, et ordonne de mener une nouvelle offensive contre les rebelles numides. Le commandant de l'armée romaine, le nouveau proconsul Quintus Junius Blaesus, décide d'adopter une stratégie similaire à celle adoptée par Tacfarinas en 18 : il divise son armée en trois colonnes, avec lesquelles il peut à maintes reprises attaquer l'ennemi et le contraindre à se retirer. Le succès semble être définitif, de sorte que Tibère consent à proclamer Blaesus imperator.
La guerre contre Tacfarinas prend seulement fin en 24. Malgré toutes les défaites subies, le rebelle numide continue à résister et décide de mener une offensive contre les Romains. Il assiège une petite ville, mais il est immédiatement attaqué par l'armée romaine et forcé à la retraite. De nombreux chefs rebelles sont capturés et tués. Les bataillons de cavalerie et les cohortes légères, renforcés aussi par les hommes envoyés par le roi Ptolémée de Maurétanie, se lancent à la poursuite des fugitifs. Ces alliés des Romains décident d'entrer en guerre contre Tacfarinas car ce dernier a attaqué leur royaume. Rejoints, les rebelles numides engagent une nouvelle bataille mais ils sont durement défaits. Tacfarinas, certain de la défaite finale, se jette sur les rangs ennemis et meurt sous les coups, ce qui met fin à la révolte;.

En Gaule

En 21, les habitants de la Gaule, écrasés par les taxes, se rebellent, dirigés par Julius Florus et Julius Sacrovir. Les deux organisateurs de la révolte, un membre de la tribu des Trévires, l'autre de celle des Éduens, ont la citoyenneté romaine que leurs ancêtres ont reçue pour les services rendus à l'État et ils connaissent le système politique et militaire romains. Afin de mettre tous les atouts de leurs côtés, ils essayent d'étendre la révolte à toutes les tribus gauloises, entreprenant de nombreux voyages et gagnant à leur cause, la Gaule belgique.
Tibère tente d'éviter une intervention directe de Rome, mais, quand les Gaulois enrôlés dans les troupes auxiliaires font défection, les légions romaines marchent contre Florus et le battent près des Ardennes. Le chef des Trévires, voyant que son armée n'a pas d'autre possibilité que la fuite, se suicide, pour les siens qui sont restés sans chef, c'est la fin de la rébellion.
Julius Sacrovir prend le commandement général de la rébellion et rassemble autour de lui toutes les tribus encore prêtes à se battre contre Rome. Près d'Autun, il est attaqué par l'armée romaine et malgré sa valeur, il est battu. Pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis, il décide de se suicider ainsi que ses plus fidèles collaborateurs.
Après la mort de ceux capables d'organiser la révolte, celle-ci se termine sans la moindre réduction d'impôts.

En Illyrie et dans les Balkans L'Empire romain en 14, au début du règne de Tibère.

En 14, les légions ont à peine pris leurs quartiers dans la région de l'Illyrie qu'elles apprennent la mort d'Auguste. Une révolte éclate fomentée par les légionnaires Percennius et Vibulenus. Ils espèrent enclencher une nouvelle guerre civile à partir de laquelle ils tireront d'importants revenus et, en même temps, ils veulent améliorer les conditions dans lesquelles vivent les militaires, demandant une réduction des années de service militaire, et que leur salaire quotidien soit porté à un denier. Tibère, récemment arrivé au pouvoir, refuse d'intervenir personnellement et envoie auprès des légions son fils Drusus avec quelques citoyens romains et deux cohortes prétoriennes avec Séjan, fils du préfet du prétoire Lucius Seius Strabo. Drusus met fin à la révolte en éliminant les chefs Percennius et Vibulenus et par une répression à l'encontre des rebelles. Les légionnaires ne bénéficient de concessions qu'après celles accordées par Germanicus aux légions de Germanie.
Sur le secteur de l'Illyrie, Tibère obtient, en 15, que les provinces sénatoriales de l'Achaïe et de Macédoine soient réunies à la province impériale de Mésie, prorogeant le mandat du gouverneur Caius Poppeus Sabinus, qui reste en fonction 21 ans, de 15 à 36 et de ses successeurs.
Même en Thrace, la situation de quiétude de l'époque d'Auguste se termine après la mort du roi Rhémétalcès, allié de Rome. Le royaume est divisé en deux parties, qui sont réparties entre le fils et le frère du roi défunt, Cotys VIII et Rhescuporis III. Cotys reçoit la région proche de la côte et des colonies grecques. Rhescuporis, celle sauvage et inculte de l'intérieur, exposée à des attaques hostiles des peuples voisins. Rhescuporis décide de s'accaparer les terres de son neveu, et mène à son encontre une série d'actions violentes. En 19, Tibère, dans une tentative d'empêcher une nouvelle guerre qui aurait probablement nécessité l'intervention des troupes romaines, envoie des émissaires aux deux rois thraces afin de favoriser l'ouverture de négociations de paix. Rhescuporis ne renonce pas à son ambition, il fait emprisonner Cotys et prend possession de son royaume puis demande que Rome reconnaisse sa souveraineté sur toute la Thrace. Tibère invite Rhescuporis à rejoindre Rome pour justifier l'arrestation de Cotys. Le roi thrace refuse et tue son neveu. Tibère envoie alors chez Rhescuporis le gouverneur de la Mésie Lucius Pomponius Flaccus qui, vieil ami du roi trace, le convainc d'aller à Rome. Rhescuporis est jugé et condamné à une peine de confinement pour le meurtre de Cotys, et il meurt un peu plus tard alors qu'il se trouve à Alexandrie. Le royaume de Thrace est divisé entre Rhémétalcès II, fils de Rhescuporis qui s'est ouvertement opposé aux plans de son père, et les très jeunes enfants de Cotys, Cotys IX puis Rhémétalcès III, au nom desquels le propréteur Titus Trebellenus Rufus est nommé régenta.

Tibère dans l'historiographie

La tradition historiographique ancienne, représentée principalement par Suétone et Tacite, oublie souvent les entreprises militaires que Tibère a réalisées sous Auguste et les mesures politiques prises au cours de la première période de son principat pour ne prendre en compte, particulièrement, que les critiques et les calomnies que les ennemis ont déversées sur Tibère, ce qui a donné une description assez négative. Tibère, d'autre part, ne fit rien pour repousser les critiques et la suspicion, sans doute sans fondement, en raison de sa personnalité renfermée, mélancolique et suspicieuse. Il réussit à empêcher, par sa gestion ferme, ordonnée et respectueuse des règles établies par Auguste, que l'œuvre de ce dernier ait un caractère provisoire et soit perdue. Il parvient, en effet, au cours de son règne à assurer la continuité du système de principat, et à éviter que la situation dégénère en guerre civile, en modifiant la manière de gouverner Rome et ses provinces, comme cela s'était produit lors des guerres civiles entre Caius Marius et Sylla, Jules César et Pompée ou Marc Antoine et Octave.

citations dans l'historiographie antique

Et de sa main sanglante entassant des ruines,
Quiconque de l'exil passe au suprême rang,
Ne fonde son pouvoir que dans des flots de sang.
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère,
Suétone fournit également un portrait du physique de Tibère, qui est similaire à celui de Tacite, mais plus ample et plus détailléa 219 :
« Tibère était gros, robuste et d'une taille au-dessus de l'ordinaire. Large des épaules et de la poitrine, il avait, de la tête aux pieds, tous les membres bien proportionnés. Sa main gauche était plus agile et plus forte que la droite. Les articulations en étaient si solides, qu'il perçait du doigt une pomme récemment cueillie, et que d'une chiquenaude il blessait à la tête un enfant et même un adulte. Il avait le teint blanc, les cheveux un peu longs derrière la tête et tombant sur le cou ; ce qui était chez lui un usage de famille. Sa figure était belle, mais souvent parsemée de boutons. Ses yeux étaient très grands, et, chose étonnante, il voyait dans la nuit et dans les ténèbres, mais seulement lorsqu'ils s'ouvraient après le sommeil et pour peu de temps ; ensuite sa vue s'obscurcissait. Il marchait, le cou raide et penché, la mine sévère, habituellement silencieux. [...] Tibère jouit d'une santé inaltérable pendant presque tout le temps de son règne, quoique, depuis l'âge de trente ans, il la gouvernât à son gré, sans recourir aux remèdes ni aux avis d'aucun médecin. »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 68 (Trad. Désiré Nisard - 1855)
Alors que Dion Cassius fournit de Tibère un descriptif négatif, d'autres auteurs, parmi lesquels Velleius Paterculus, Flavius Josèphe, Pline le Jeune, Valère Maxime, Sénèque, Strabon et Tertullien en donnent une image positive et ils ne font pas allusion à la scélératesse dont l'empereur aurait fait preuve lors de sa présence à Capri.

Dans l'évangile et dans la tradition religieuse

Dans le Nouveau Testament, Tibère n'est mentionné qu'une seule fois dans un chapitre de l'évangile selon Luc qui affirme que Jean le Baptiste a commencé sa prédication publique dans la quinzième année du règne de Tibère. Les évangiles se réfèrent à Caesar ou à l'empereur, sans autre précision pour indiquer l'empereur romain régnant. Les relations entre Tibère et la religion chrétienne ont fait l'objet d'une enquête historiographique : certaines hypothèses, soutenues par Tertullien, évoquent un prétendu message de Ponce Pilate à Tibère concernant la crucifixion de Jésus. L'empereur aurait discuté de la question au Sénat et proposé la promulgation d'une loi interdisant la persécution des disciples de Jésus96. On ne sait rien de l'attitude de l'empereur envers des chrétiens, aucune mesure officielle ne fut prise mais il est certain que les disciples de Jésus n'ont jamais été persécutés sous le règne de Tibère96.
Tibère, qui est tolérant envers tous les cultes à l'exception de ceux chaldéens et juifs, n'a jamais eu confiance dans la religion alors qu'il se consacre à l'astrologie et aux prévisions du futur96. À ce propos Suétone écrita 219 :
« Il s'occupait d'autant moins des dieux et de la religion, qu'il s'était appliqué à l'astrologie et qu'il croyait au fatalisme. [...] »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 69 (Trad. Désiré Nisard - 1855)
Liens
http://www.ina.fr/audio/PHD99223682/l ... nouveaux-dieux-audio.html Les 12 César


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Posté le : 16/03/2014 00:02

Edité par Loriane sur 16-03-2014 11:23:35
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Tibère
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Le 16 mars 37 ap. J.-C, à Misène meurt Tibère en latin :

Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augustus,


il est inhumé dans le mausolée d'Auguste né à Rome le 16 novembre 42 av. J.-C. deuxième empereur romain de 14 à 37. son père est Tiberius Claudius Nero, sa mère Livia Drusilla, son première épouse est Vipsania AgrippinaIl appartient à la dynastie Julio-Claudienne, sa seconde épouse est julia L'aîné, il a un fils drusus II de vipsania, une fille et il adopte Germanicus.
C'est un descendant de la gens Claudia et il porte à la naissance le nom de Tiberius Claudius Nero. Durant sa jeunesse, Tibère se distingue par son talent militaire en conduisant avec succès de nombreuses campagnes militaires le long de la frontière septentrionale de l'Empire et en Illyrie, souvent aux côtés de son frère Drusus I, qui meurt en Germanie. Après une période d'exil volontaire dans l'île de Rhodes, il retourne à Rome en 4 ap. J.-C. où il est adopté par Auguste et devient le dernier des successeurs potentiels de l'empereur, se nommant dorénavant Tiberius Iulius Caesar. Il mène alors d'autres expéditions en Illyrie et en Germanie afin de remédier aux conséquences de la bataille de Teutobourg.
À la mort de son père adoptif, le 19 août 14, il obtient le nom de Tiberius Iulius Caesar Augustus et il peut lui succéder officiellement dans la fonction de princeps senatus car il est depuis 12 associé au gouvernement de l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, les deux pouvoirs majeurs des empereurs du Principat. Il met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et politiques, met un terme à la politique d'expansion militaire, se limitant à sécuriser les frontières grâce à l'action de son neveu Germanicus. Après la mort de ce dernier et de celle de son fils Drusus II, Tibère favorise la montée du préfet du prétoire Séjan. Il s'éloigne de Rome et se retire sur l'île de Capri. Lorsque le préfet essaie de prendre possession du pouvoir, Tibère le fait destituer et assassiner. L'empereur ne retourne plus dans la capitale où il est haï jusqu'à sa mort en 37. Caligula, fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, lui succède.
Tibère a été durement critiqué par les historiens antiques tels que Tacite et Suétone, mais sa personnalité a été réévaluée par les historiens modernes comme étant celle d'un politicien habile et prudent.

Avant l'accession à l’Empire, Origines de la famille et jeunesse 42 - 26 av. J.-C.

Sa naissance et son enfance mouvementée

Tibère naît à Rome,a 1,1 le 16 novembre 42 av. J.-C de l'homonyme Tiberius Claudius Nero, césarien et préteur la même année, et de Livie, de près de trente ans plus jeune que son mari. Aussi bien par la branche paternelle que maternelle, il appartient à la gens Claudia, une vieille famille patricienne arrivée à Rome lors des premières années de la période républicaine et qui se distingue au cours des siècles par l'obtention de nombreux honneurs et de hautes magistratures. Depuis l'origine, la gens Claudia se divise en de nombreuses branches familiales, parmi lesquelles celle qui prend le cognomen Nero, qui, en langue sabine, signifie "fort et valeureux" à laquelle appartient Tibère. Il peut donc se dire membre d'une lignée qui a donné naissance à des personnages d'un rang très élevé, comme Appius Claudius Sabinus ou Appius Claudius Caecus, qui comptent parmi les défenseurs de la suprématie des patriciens lors de la Guerre des ordres

Son père est parmi les plus fervents partisans de Jules César, et après sa mort, il se range aux côtés de Marc Antoine, lieutenant de César en Gaule et pendant la guerre civile, et entre en conflit avec Octave, héritier désigné de Jules César. Après la constitution du second triumvirat entre Octave, Antoine et Lépide, et suite aux proscriptions, les désaccords entre les partisans d'Octave et ceux de Marc Antoine aboutissent à un conflit ouvert et le père de Tibère continue à soutenir l'ancien lieutenant de César. Avec la guerre de Pérouse suscitée par le consul Lucius Antonius Pietas et Fulvie, épouse de Marc Antoine, le père de Tibère rejoint les partisans de Marc Antoine, fomentant des troubles qui se dessinent dans de nombreuses régions de l'Italie. Après la victoire d'Octave qui réussit à vaincre Fulvie à Pérouse et à rétablir son contrôle sur l'ensemble de la péninsule italienne, le père de Tibère est obligé de fuir avec sa femme et son fils. La famille se réfugie à Naples puis en Sicile, qui est contrôlée par Sextus Pompée. De là, la famille rejoint l'Achaïe où se rassemblent les troupes de Marc Antoine qui ont quitté l'Italie. Le petit Tibère, obligé de prendre part à l'évasion et à subir les incertitudes du voyage, vit une enfance douloureuse et mouvementée jusqu'à l'accord de Brindisi qui rétablit une paix précaire et permet aux partisans de Marc Antoine en fuite de revenir à Rome, son père Tiberius Claudius Nero semblant au départ y avoir arrêté toute action politique.

Mariage de sa mère Livie avec Octave

En 39 av. J.-C., Octave décide de divorcer de sa femme Scribonia de qui il a une fille, Julia, pour épouser la mère du petit Tibère, Livie, dont il est sincèrement amoureux. Le mariage présente aussi un intérêt politique : Octave espère se rapprocher du camp de Marc Antoine alors que le père de Tibère a l'intention, en accordant sa femme à Octave, d'éloigner le rival Sextus Pompée, qui est l'oncle de Scriboni. Le triumvirat demande pour le mariage l'autorisation du collège des pontifes étant donné que Livie a déjà un enfant et qu'elle en attend un second. Les prêtres accordent le mariage, en demandant, comme unique clause, que soit confirmée la paternité de l'enfant à naître. Le 17 janvier 38 av. J.-C., Octave se marie avec Livie, qui après trois mois donne naissance à un fils qui reçoit le nom de Nero Claudius Drusus. La question de la paternité, en effet, est restée incertaine : certains affirment que Drusus est né d'une relation adultère entre Livie et Octave, tandis que d'autres ont salué le fait que le bébé soit conçu en seulement quatre vingt dix jours soit le temps écoulé entre le mariage et la naissance. Il est ensuite admis que la paternité de Drusus incombe au père de Tibère car Livie et Octave ne se sont pas encore rencontrés lorsque l'enfant est conçu.
Alors que Drusus est élevé par sa mère dans la maison d'Octave, Tibère reste auprès de son père jusqu'à l'âge de neuf ans. En 33 av. J.-C., celui-ci meurt et c'est le jeune enfant qui prononce l'éloge funèbre, laudatio funebris sur les rostres du Forum Romain. Tibère se retrouve dans la maison d'Octave avec sa mère et son frère alors même que les tensions entre Octave et Marc Antoine provoquent un nouveau conflit qui prend fin en 31 av. J.-C. avec la bataille navale décisive d'Actium. En 29 av. J.-C., lors de la cérémonie du triomphe d'Octave pour la victoire finale sur Marc Antoine et Cléopâtre VII à Actium, Tibère précède le char du vainqueur, conduisant le cheval intérieur gauche, tandis que Marcus Claudius Marcellus, le neveu d'Octave, monte celui à l'extérieur droit, et se trouvant ainsi à la place d'honneura 5 Auguste, qui pense d'ores et déjà à la succession, favorise son neveu Marcellus. Tibère dirige les jeux urbains et participe, à la tête de l'équipe des "enfants les plus grands", aux Ludus Troiae qui ont lieu dans le cirque.
À l'âge de quinze ans, il revêt la toge virile, et il est donc initié à la vie civile : il se distingue comme défenseur et accusateur dans de nombreux procès, et il se consacre, en même temps, à l'apprentissage de l'art militaire, montrant des aptitudes particulières pour l'équitation. Il entreprend avec beaucoup d'intérêt des études d'art oratoire latin, de rhétorique grecque et de droit ; il fréquente des cercles culturels liés à Auguste où on parle aussi bien grec que latin. Il fait la connaissance de Mécène qui finance des artistes comme Horace, Virgile et Properce. La même passion l'anime pour la composition de textes poétiques, à l'imitation du poète grec Euphorion de Chalcis sur des sujets mythologiques, dans un style tortueux et archaïque, avec une grande utilisation de mots rares et désuets.

Tibère dans la dynastie des Julio-Claudiens

Arbre généalogique des Julio-Claudiens C. Julius Caesar II Marcie Sylla Dict III Aurelia Cotta C. Julius Caesar III S. Julius Caesar III Cos I Julia Caesaris Caius Marius Cos VII Cornelia Sylla Julia Caesaris Julia Caesaris M. Atius Balbus Caius Marius Cos I Cinna Cos IV Calpurnia Pompeia Sulla Cornelia Cinna JULES CÉSAR Dict. vie G. Octavius Atia Balba Caesonia L. Antonius Pietas Julia Caesaris Cos I P. Clodius Pulcher Pompée Trv VII • Cos III Julia Caesaris C. Claudius Marcellus Cos I Octavie la Jeune Marc Antoine Trv XII • Cos II Fulvie Scribonia AUGUSTE Emp XLI Livie Ti. Claudius Nero Clodia Pulchra 1re ép. d'Auguste M. Claudius Marcellus M. Vipsanius Agrippa Cos III Julie l'Aînée TIBÈRE Emp XXIII Vipsania Agrippina Drusus I Cos I Antonia la Jeune Antonia l'Aînée Drusus II Cos I Julia Livilla Tiberius Gemellus Agrippa Postumus Julia Vipsania Lucius Caesar Caius Caesar Cos I Agrippine l'Aînée Germanicus Cos II CLAUDE Emp XIV Messaline Cæsonia Milonia CALIGULA Emp IV Julia Drusilla Drusus III Cos II Nero Caesar Julia Livilla Agrippine la Jeune Gn. Domitius Ahenobarbus Cos I Julia Drusilla NÉRON Emp XIV Claudia Octavia Britannicus

Carrière militaire 25 - 7 av. J.-C.

Si Tibère doit beaucoup de son ascension politique à sa mère Livie, troisième épouse d'Auguste, ses capacités de commandement et de stratégie ne peuvent cependant pas être mises en doute : il est resté invaincu au cours de toutes ses longues et fréquentes campagnes, au point de devenir, au fil des années, l'un des meilleurs lieutenants de son beau-père.

Dans la péninsule ibérique et à Rome 25 - 21 av. J.-C.

L'Auguste de Prima Porta, statue d'Auguste en tenue militaire de parade. Il est possible que Tibère soit représenté sur le relief de l'armure.
En raison de l'absence de réelles écoles qui permettent d'acquérir une expérience militaire, Auguste décide d'envoyer Tibère, âgé de seize ans, en Hispanie en 25 av. J.-C., et Marcellus en qualité de tribuns militaires. Les deux jeunes gens, qu'Auguste envisage comme possibles successeurs, participent aux phases initiales de la guerre cantabre qui a commencé l'année précédente avec Auguste et qui se termine en 19 av. J.-C. sous le général Marcus Vipsanius Agrippa.
Deux ans plus tard, en 23 av. J.-C., à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans, Tibère est nommé questeur de l'annoneN 5, en avance de cinq ans sur le traditionnel cursus honorum. Il s'agit d'une tâche particulièrement délicate puisqu'il est nécessaire d'assurer l'approvisionnement en blé de la ville de Rome, qui compte alors plus d'un million d'habitants, dont deux cent mille d'entre eux ne peuvent survivre que grâce à la distribution gratuite de blé par l'État. La ville passe par une période de famine en raison d'une crue du Tibre qui détruit de nombreuses cultures dans les campagnes du Latium, empêchant même les navires de rejoindre Rome avec l'approvisionnement nécessaire. Tibère fait face à la situation avec vigueur : il achète, à ses propres frais, le blé dont les spéculateurs disposent dans leurs magasins et le distribue gratuitement. Il est salué comme un bienfaiteur de Rome. Il est ensuite chargé de contrôler les ergastules, ces lieux souterrains pour les voyageurs et ceux qui cherchent refuge pour échapper au service militaire et qui servent aussi de cachots pour les esclaves. Il s'agit, cette fois-ci, d'une tâche peu prestigieuse mais tout aussi délicate, parce que les patrons des lieux se sont rendus odieux auprès de toute la population créant ainsi une situation de tension.

En Orient 20 - 16 av. J.-C.

Au cours de l'hiver 21-20 av. J.-C., Auguste ordonne à Tibère, âgé de vingt ans, de commander une armée de légionnaires, recrutée en Macédoine et en Illyrie, et de se rendre en Orient, en Arménie. En effet, cette région est d'une importance vitale pour l'équilibre politique de l'ensemble de la zone orientale, jouant un rôle d'état tampon entre l'Empire romain à l'ouest et celui des Parthes à l'est, et les deux veulent en faire un état vassal afin d'assurer la protection des frontières contre leur ennemi respectif. Après la défaite de Marc Antoine et l'effondrement du système qu'il a imposé en Orient, l'Arménie est retournée sous l'influence des Parthes, ce qui a favorisé l'accession au trône d'Artaxias II. Auguste ordonne donc à Tibère de chasser Artaxias dont les Arméniens pro-romains demandent la destitution et d'imposer sur le trône son plus jeune frère, pro-romain, Tigrane. Les Parthes, effrayés par l'avancée des légions romaines acceptent un compromis et un accord de paix est signé par Auguste arrivé en Orient depuis Samos. Ils restituent les insignes et les prisonniers qu'ils ont en leur possession après la défaite de Crassus lors de la bataille de Carrhes en 53 av. J.-C. De la même manière, la situation en Arménie est résolue avant l'arrivée de Tibère et de son armée par le traité de paix entre Auguste et le souverain parthe Phraatès IV : le parti pro-romain peut ainsi prendre le dessus et des agents envoyés par Auguste éliminent Artaxias. À son arrivée, Tibère ne peut donc que couronner Tigrane qui prend le nom de Tigrane III au cours d'une cérémonie paisible et solennelle sous la surveillance des légions romaines. À son retour à Rome, le jeune général est célébré par de nombreuses fêtes et la construction de monuments en son honneur tandis que Ovide, Horace et Properce écrivent des vers pour célébrer l'entreprise. Le plus grand mérite de la victoire revient cependant à Auguste en tant que commandant en chef de l'armée : il est proclamé imperator pour la neuvième fois et il peut annoncer au Sénat que l'Arménie devient un vassal sans en décréter l'annexion. Il écrit dans ses Res Gestae Divi Augusti, son testament politique :
Alors que je pouvais faire de la Grande Arménie une province, une fois le roi Artaxias mort, j'ai préféré, à l'exemple de nos ancêtres, confier ce royaume à Tigrane, fils du roi Artavasde et petit-fils du roi Tigrane, par l'intermédiaire de Tibère qui était alors mon beau-fils.
— Auguste, Res Gestae Divi Augusti
En 19 av. J.-C., Tibère est promu au rang de ex-préteur ou ornamenta praetoria et il peut donc siéger au Sénat parmi les ex-praetores.

En Gaule, Rhétie et Vindélicie 16 - 14 av. J.-C.

Bien qu'Auguste, après la campagne en Orient, ait officiellement déclaré au Sénat qu'il abandonne la politique d'expansion sachant qu'une extension territoriale serait excessive pour l'Empire romain, il décide de réaliser de nouvelles campagnes pour sécuriser les frontières. En 16 av. J.-C., Tibère, récemment nommé préteur, accompagne Auguste en Gaule où ils passent les trois années suivantes, jusqu'en 13 av. J.-C., afin de l'aider dans l'organisation et la direction des provinces gauloises. Le Princeps senatus se fait aussi accompagner par son beau-fils lors de la campagne punitive au-delà du Rhin contre les tribus des Sicambres et de leurs alliés les Tenctères et les Usipètes, qui, au cours de l'hiver de 17-16 av. J.-C., ont causé la défaite du proconsul Marcus Lollius et la destruction partielle de la Legio V Alaudae et la perte des insignes.
En 15 av. J.-C., Tibère, avec son frère Drusus, mène une campagne contre la population rhète, répartie entre la Norique et la Gaule, contre les Vendéliques. Drusus a déjà précédemment chassé des territoires italiques les Rhètes mais Auguste décide d'envoyer Tibère afin de résoudre définitivement le problème. Les deux hommes attaquent sur deux fronts par une opération d'encerclement de l'ennemi sans leur laisser d'échappatoire. Ils conçoivent l'opération en tenaille qu'ils mettent en œuvre grâce aussi à l'aide de leurs lieutenants : Tibère se déplace depuis l'Helvétie tandis que son jeune frère vient d'Aquilée et de Tridentum, parcourant la vallée de l'Adige et de l'Isarco, à leur jonction est construit le Pons Drusi, Pont de Drusus à proximité de l'actuelle Bolzano pour remonter enfin par l'Inn. Tibère, qui avance depuis l'ouest, bat les Vendéliques autour de Bâle et du lac de Constance. C'est en ce lieu que les deux armées se rejoignent et se préparent à envahir la Bavière. L'action conjointe conduite par les deux frères permet d'avancer jusqu'à la source du Danube où ils remportent la victoire définitive sur les Vendéliques17. Ces succès permettent à Auguste d'assujettir les peuples de l'arc alpin jusqu'au Danube, et lui vaut, de nouveau, d'être acclamé imperator tandis que Drusus, le préféré d'Auguste, reçoit plus tard un triomphe pour cette victoire et d'autres. Sur la montagne près de Monaco, à proximité de La Turbie, le trophée d’Auguste est érigé pour commémorer la pacification d’une extrémité à l’autre des Alpes et se rappeler les noms de toutes les tribus soumises.

De l'Illyrie à la Macédoine et à la Thrace 13 - 9 av. J.-C.

En 13 av. J.-C., en gagnant la réputation d'un très bon commandant, Tibère est nommé consul et il est envoyé par Auguste en Illyrie : le valeureux Agrippa, qui a longuement combattu les populations rebelles de la Pannonie, meurt à peine rentré en Italie. La nouvelle de la mort du général provoque une nouvelle onde de rébellion chez les populations soumises par Agrippa, en particulier les Dalmates et les Breuces. Auguste confie à son beau-fils la tâche de les pacifier. Tibère, prenant le commandement de l'armée en 12 av. J.-C., met en déroute les forces ennemies grâce à sa stratégie et à la ruse dont il fait preuve. Il soumet les Breuces avec l'aide de la tribu des Scordisques soumise peu de temps plus tôt par le proconsul Marcus Vinicius. Il prive ses ennemis de leurs armes et il vend comme esclave la majorité des jeunes après les avoir déportés. Il obtient une victoire totale en moins de quatre ans notamment avec l'aide de grands généraux comme Marcus Vinicius, gouverneur de la Macédoine et Lucius Calpurnius Piso. Il met en place une politique de répression très dure contre les vaincus. En même temps, sur le front oriental, le gouverneur de la Galatie et Pamphylie, Lucius Calpurnius Piso, est contraint d'intervenir en Thrace car la population, et en particulier les Besses, menacent le souverain thrace, Rhémétalcès Ier, allié de Rome.
En 11 av. J.-C., Tibère est engagé contre les Dalmates qui se sont rebellés à nouveau, et assez vite contre la Pannonie qui a profité de son absence pour conspirer à nouveau. Le jeune général est donc fortement impliqué dans la lutte simultanée contre plusieurs peuples ennemis, et il est obligé, à plusieurs reprises, de se déplacer d'un front à l'autre. En 10 av. J.-C., les Daces poussent au-delà du Danube et font des raids dans les territoires de Pannonie et de Dalmatie. Ces derniers, harcelés par les peuples soumis à Rome, se rebellent à nouveau. Tibère, qui s'est rendu en Gaule avec Auguste au début de l'année, est donc contraint de retourner sur le front illyrien, pour les affronter et les vaincre à nouveau. À la fin de l'année, il peut finalement revenir à Rome avec son frère Drusus et Auguste.
La longue campagne se conclut, la Dalmatie est désormais intégrée de façon permanente dans l'État romain et elle subit le processus de romanisation. Elle est confiée, comme province impériale, au contrôle direct d'Auguste : une armée y est stationnée en permanence, prête à repousser toutes attaques le long des frontières et à réprimer d'éventuelles nouvelles révoltes. Auguste évite dans un premier temps d'officialiser la salutatio imperatoria dont les légionnaires ont acclamé Tibère nommé imperator par ses troupes et il se refuse à rendre les honneurs à son beau-fils ainsi qu'à autoriser la cérémonie du triomphe contre l'avis du Sénat. Tibère est autorisé à parcourir la Via Sacra sur un char décoré de l'insigne du triomphe et à célébrer une ovation exceptionnelle pénétrer à Rome en char, honneur qui n'avait encore été accordé à personne : il s'agit d'un nouvel usage qui, bien que de moindre importance que la célébration de la victoire par un triomphe, constitue néanmoins un grand honneur.

Campagne de Drusus en Germanie de 12 à 9 av. J.-C.

En 9 av. J.-C., Tibère se consacre entièrement à la réorganisation de la nouvelle province de l'Illyrie. Alors qu'il quitte Rome où il a célébré sa campagne victorieuse pour se rendre sur les frontières orientales, Tibère est informé que son frère Drusus, qui se trouve sur les rives de l'Elbe pour lutter contre les Germains, est tombé de son cheval, se fracturant le fémur. L'incident semble banal et est donc négligé. Les conditions de Drusus se dégradent fortement en septembre et Tibère le rejoint à Mogontiacum afin de le réconforter, après avoir parcouru en un seul jour, plus de deux cents miles. Drusus, à la nouvelle de l'arrivée de son frère, ordonne que les légions le reçoivent dignement, et il meurt un peu plus tard dans ses bras. À pied, Tibère conduit le cortège funèbre qui ramène la dépouille de Drusus à Rome. Arrivé à Rome, il prononce l'éloge funèbre laudatio funebris pour son frère défunt sur le Forum Romain alors qu'Auguste prononce le sien dans le cirque Flaminius ; le corps de Drusus est ensuite incinéré sur le champ de Mars et placé dans le mausolée d'Auguste.

En Germanie 8 - 7 av. J.-C.

Au cours des années 8-7 av. J.-C., Tibère se rend de nouveau en Germanie, envoyé par Auguste, pour continuer le travail commencé par son frère Drusus, après sa mort prématurée, et combattre les populations locales. Il traverse donc le Rhin, et les tribus barbares, à l'exception des Sicambres, font, par peur, des propositions de paix qui reçoivent un net refus de la part du général, car il est inutile de conclure une paix sans l'adhésion des dangereux Sicambres ; quand ceux-ci envoient des hommes, Tibère les fait massacrer ou déporter. Pour les résultats obtenus en Germanie, Tibère et Auguste obtiennent encore l'acclamation d’imperator et Tibère est nommé consul en 7 av. J.-C. Il peut donc terminer les travaux de consolidation du pouvoir romain dans la région par la construction de plusieurs ouvrages, y compris les camps romains de Oberaden it et Haltern am See, élargissant l'influence romaine jusqu'au fleuve Weser.

Éloignement de la vie politique 6 av. J.-C. - 4 ap. J.-C.

Poursuivant des intérêts politiques familiaux, Tibère est poussé par Auguste en 12 av. J.-C. à divorcer de sa première femme, Vipsania Agrippina, fille de Marcus Vipsanius Agrippa, qu'il a épousée en 16 av. J.-C. et de qui il a eu un fils, Julius Caesar Drusus. L'année suivante, il épouse Julia, la fille d'Auguste, et donc sa demi-sœur, veuve du même Agrippa. Tibère est sincèrement amoureux de sa première femme Vipsania et il ne s'en éloigne qu'avec beaucoup de regrets. L'union avec Julia connaît d'abord de l'amour et de l'harmonie, puis elle se dégrade rapidement après la mort de leur fils, né à Aquilée. L'attitude de Julia, entourée de nombreux amants, contraste avec le caractère de Tibère, particulièrement réservé.
En 6 av. J.-C., Auguste décide de conférer à Tibère la puissance tribunitienne pour 5 ans : sa personne devient ainsi sacrée et inviolable et cela lui donne le droit de veto. De cette façon, Auguste semble vouloir amener à lui son beau-fils, et il peut de plus mettre un frein à l'exubérance de ses jeunes petits-fils, Caius et Lucius César, les fils d'Agrippa, qu'il a adoptés et qui semblent être les favoris pour la succession.
Malgré cet honneur, Tibère décide de se retirer de la vie politique et de quitter la ville de Rome pour s'en aller dans un exil volontaire sur l'île de Rhodes qui le fascine depuis la période où il y avait séjourné, de retour d'Arménie. Certains affirment, comme Grant, qu'il est indigné et consterné par la situation, d'autres estiment qu'il sent le manque de considération d'Auguste à son égard pour l'avoir utilisé comme tuteur de ses deux petits-fils, Caius et Lucius César, les héritiers désignés, en plus d'un malaise grandissant et du dégoût envers sa nouvelle femme.
Il s'agit d'un choix étrange et soudain que Tibère prend au moment même où il reçoit de nombreux succès alors qu'il est au milieu de sa jeunesse et en pleine santé. Auguste et Livie tentent en vain de le retenir et le princeps évoque cette question au Sénat. Tibère, en réponse, décide de cesser de manger et jeûne pendant quatre jours, jusqu'à ce qu'on l'autorise à quitter la ville pour aller là où il veut. Les historiens anciens ne donnent pas une interprétation unique de cet événement, en effet, assez étrange. Suétone résume toutes les raisons qui ont conduit Tibère à quitter Rome :
... soit par dégoût de sa femme qu'il n'osait ni accuser ni répudier, et que pourtant il ne pouvait plus souffrir, soit pour éviter une assiduité fastidieuse, et non seulement affermir son autorité par l'absence, mais l'accroître même, dans le cas où la république aurait besoin de lui. Quelques-uns pensent que, les enfants d'Auguste étant adultes, Tibère leur abandonna de son plein gré le second rang qu'il avait longtemps occupé, à l'exemple d'Agrippa, qui, lorsque Marcellus eut été appelé aux charges publiques, s'était retiré à Mytilène, pour que sa présence ne lui donnât point l'air d'un concurrent ou d'un censeur. Tibère lui-même avoua, mais plus tard, ce dernier motif. ...
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère
Dion Cassius ajoute à ses thèses, qu'il énumère toutes aussi, que Caius et Lucius se crurent méprisés ; Tibère craignit leur colère ou encore qu'Auguste l'exile pour complots contre les jeunes princes qui sont ses héritiers, voire que Tibère était mécontent de ne pas avoir été nommé César.

Pendant toute la durée de son séjour à Rhodes près de huit ans, Tibère tient une position sobre, évitant de se trouver au centre de l'attention et de prendre part aux événements politiques de l'île sauf dans un seul cas. En fait il n'a jamais utilisé son pouvoir issu de la puissance tribunitienne dont il est investi. Cependant, quand en 1 av. J.-C. il cesse d'en bénéficier, il décide de demander la permission de revoir ses parents : il estime que, quand bien même il participerait à la politique, il n'aurait plus pu, en aucune manière, mettre en danger la primauté de Caius et Lucius César. Il reçoit un refus et décide alors de faire appel à sa mère qui ne peut rien obtenir d'autre que Tibère soit nommé légat d'Auguste à Rhodes, et donc que sa disgrâce soit en partie cachée. Il se résigne donc à continuer à vivre comme un simple citoyen, inquiet et méfiant, évitant tous ceux qui viennent lui rendre visite sur l'île. En 2 av. J.-C., sa femme Julia est condamnée à l'exil sur l'île de Ventotene anciennement Pandataria, et son mariage avec elle est annulé par Auguste : Tibère, heureux de cette nouvelle, cherche à se montrer magnanime envers Julia, dans une tentative de retrouver l'estime d'Auguste.

En 1 av. J.-C., il décide de rendre visite à Caius César, qui vient d'arriver à Samos, après qu'Auguste lui a attribué l’imperium proconsulaire et l'a chargé d'effectuer une mission en Orient où est mort Tigrane III. La question arménienne est rouverte. Tibère l'honore en mettant de côté toutes les rivalités et en s'humiliant, mais Caius, poussé par son ami Marcus Lollius, ferme adversaire de Tibère, le traite avec détachement. Ce n'est qu'en 1 ap. J.-C., soit sept ans après son départ, que Tibère est autorisé à rentrer à Rome, grâce à l'intercession de sa mère Livie, mettant fin à ce qui a été un exil volontaire : en fait, Caius César, qui n'est plus sous la coupe de Lollius, accusé d'extorsion et traîtrise et qui s'est suicidé pour éviter une condamnation, consent à son retour et Auguste, qui a confié la question à son petit-fils, le rappelle en lui faisant jurer qu'il ne se serait intéressé en aucune manière au gouvernement de l'État.
À Rome, pendant ce temps, les jeunes nobiles qui soutiennent les deux Césars, ont développé un fort sentiment de haine à l'égard de Tibère, et ils continuent à le voir comme un obstacle à l'ascension de Caius César. Le même Marcus Lollius, avant le désaccord avec Caius César, s'offre d'aller à Rhodes pour tuer Tibère et bien d'autres nourrissent le même projet. À son retour à Rome, donc, Tibère doit agir avec beaucoup de prudence, sans jamais renoncer à la résolution de retrouver le prestige et l'influence qu'il a perdus au cours de son exil à Rhodes.
Juste au moment où leur popularité atteint le niveau le plus élevé, Lucius et Caius César meurent respectivement en 2 et 4, non sans que Livie soit soupçonnée : le premier tombe mystérieusement malade, tandis que le second est tué par trahison en Arménie alors qu'il négocie avec ses ennemis une proposition de paix. Tibère qui, à son retour, a quitté son ancienne maison pour s'installer dans les jardins de Mécène, connus aujourd'hui sous le nom de Auditorium Mecenate, peut-être décorés avec des peintures de jardin par Tibère et a évité de participer à la vie publique, est adopté par Auguste, qui n'a pas d'autres héritiers. Le princeps, toutefois, l'oblige à adopter à son tour son neveu Germanicus, fils de son frère Drusus, bien que Tibère ait déjà un fils conçu avec sa première femme, Vipsania, nommé Julius Caesar Drusus et plus jeune d'un an seulement. L'adoption de Tibère, qui prend le nom de Tiberius Julius Caesar, est célébrée le 26 juin 4 avec une grande fête, et Auguste ordonne la distribution à ses troupes de plus d'un million de sesterces.. Le retour de Tibère au pouvoir suprême donne, non seulement au principat une stabilité, une continuité et une harmonie interne mais aussi une nouvelle impulsion à la politique d'Auguste en matière de conquête et de gloire à l'extérieur des frontières impériales31.
Nouveaux succès militaires
En Germanie
Les campagnes de Lucius Domitius Ahenobarbus 3 à 1 av. J.-C. et de Tibère 4 à 6 en Germanie.
Immédiatement après son adoption, Tibère est de nouveau investi de l’imperium proconsulaire et de la puissance tribunitienne quinquennale ou décennale et il est envoyé par Auguste en Germanie parce que les précédents généraux Lucius Domitius Ahenobarbus, légat de 3 à 1 av. J.-C. et Marcus Vinicius de 1 à 3 ap. J.-C. n'ont pas été en mesure d'étendre la zone d'influence conquise antérieurement par Drusus entre 12 à 9 av. J.-C.. Tibère veut aussi retrouver la faveur des troupes après une décennie d'absence.
Après un voyage triomphal au cours duquel il est à plusieurs reprises célébré par les légions qu'il a déjà commandées précédemment, Tibère arrive en Germanie, où, au cours de deux campagnes menées entre 4 et 5, il occupe de manière permanente, par de nouvelles actions militaires, toutes les terres de la zone septentrionale et centrale comprises entre le Rhin et l'Elbe. En 4, il soumet les Cananefates, les Chattuares et les Bructères, et place sous domination romaine les Chérusques qui s'en étaient soustraits. Avec le légat Caius Sentius Saturninus, il décide d'avancer encore plus dans les territoires germaniques et passe au-delà de la Weser, et en 5, il organise une opération de grande envergure qui implique l'utilisation de forces terrestres et de la flotte de la mer du Nord. Assisté des Cimbres, des Chauques et des Sénons, qui ont été forcés de déposer les armes et de se rendre à la puissance de Rome, Tibère peut étreindre dans un étau meurtrier les redoutables Lombards.
Le dernier acte nécessaire est celui d'occuper la partie méridionale de la Germanie et la Bohême des Marcomans de Marobod afin de compléter le projet d'annexion et de faire du Rhin à l'Elbe, la nouvelle frontière. Tibère conçoit un plan d'attaque impliquant l'utilisation de plusieurs légions lorsqu'une révolte éclate en Dalmatie et en Pannonie ce qui arrête l'avancée de Tibère et de son légat Caius Sentius Saturninus en Moravie. La campagne, conçue comme une manœuvre à tenaille est une opération stratégique majeure dans laquelle les armées de Germanie 2-3 légions, de Rhétie 2 légions et d'Illyrie 4-5 légions doivent se réunir en un point convenu et lancer l'attaque concertée. Le déclenchement de la révolte en Pannonie et en Dalmatie, empêche les légions de l'Illyrie de rejoindre celles de Germanie et il y a le risque que Marobod s'allie aux rebelles pour marcher sur Rome : Tibère, qui est à quelques jours de marche de l'ennemi, conclut hâtivement un traité de paix avec le chef marcoman et se dirige au plus vite en Illyriea.

En Illyrie La campagne de Tibère en Illyrie en 6.

Après quinze années de paix relative, en 6, l'ensemble du secteur dalmate et pannone reprend les armes contre le pouvoir de Rome : la raison est l'incompétence des magistrats envoyés par Rome pour gérer la province qui ont mis en place de lourdes taxes. L'insurrection commence dans la région sud-orientale de l'Illyrie avec les Daesitiates commandés par un certain Baton, dit de Dalmatie, qui est rejoint par la tribu pannone des Breuces sous le commandement d'un certain Pinnes et d'un second Baton, dit de Pannonie.
En raison de la crainte d'autres révoltes dans tout l'Empire, le recrutement de soldats devient problématique, de nouvelles taxes sont mises en place pour répondre à l'urgence. Les forces mises en œuvre par les Romains sont aussi importantes que lors de la deuxième guerre punique : dix légions et plus de quatre-vingts unités auxiliaires, ce qui équivaut à environ cent à cent vingt mille hommes.
Tibère envoie ses lieutenants en avant-garde afin de débarrasser la route des ennemis au cas où ils auraient décidé de marcher contre l'Italie : Marcus Valerius Messalla Messallinus réussit à vaincre une armée de 20 000 hommes et se barricade à Sisak pendant que Aulus Caecina Severus défend la ville de Sirmium afin d'éviter sa prise et il repousse Baton de Pannonie sur la Drave. Tibère arrive sur le théâtre des opérations vers la fin de l'année lorsqu'une grande partie du territoire, à l'exception des places-fortes, est aux mains des rebelles, et la Thrace entre aussi en guerre aux côtés des Romains.
Comme à Rome on est inquiet par le fait que Tibère tarde à régler le conflit, en 7, Auguste lui envoie Germanicus en qualité de questeur; le général, pendant ce temps, pense à réunir les armées romaines engagées dans la région le long de la rivière Save, afin de disposer de plus de dix légions. De Sirmium, Aulus Caecina Severus et Marcus Plautius Silvanus conduisent l'armée vers Sisak, éliminant les forces combinées des rebelles dans une bataille près des marais Volcées. Après avoir rejoint les forces armées, Tibère inflige des défaites successives à ses ennemis, rétablissant l'hégémonie romaine sur la vallée de la Save et consolidant les conquêtes obtenues grâce à la construction de plusieurs forts. En prévision de l'hiver, il sépare les légions, il en conserve cinq avec lui à Sisak et envoie les autres protéger les frontières.
En 8, Tibère reprend les manœuvres militaires et bat en août une nouvelle armée pannone. À la suite de la défaite, Baton de Pannonie trahit Pinnes en le donnant aux Romains mais il est par la suite capturé et exécuté par ordre de Baton de Dalmatie qui prend également le commandement des forces de la Pannonie. Un peu plus tard, Marcus Plautius Silvanus réussit à vaincre les Breuces de Pannonie qui étaient parmi les premiers à se rebeller. Débute alors l'invasion romaine en Dalmatie, Tibère dispose ses troupes pour être en mesure de lancer l'attaque finale de l'année suivante.
En 9, Tibère reprend les hostilités en divisant l'armée en trois colonnes et en mettant Germanicus à la tête de l'une d'entre elles. Alors que ses lieutenants mettent fin aux derniers foyers de rébellion, il part en Dalmatie à la recherche du chef de la rébellion Baton le Dalmate, se joignant à la colonne du nouveau légat Marcus Aemilius Lepidus. Il le rejoint dans la ville d'Andretium où les rebelles se rendent, mettant fin après quatre ans, au conflit.
Par cette victoire, Tibère est encore une fois acclamé imperator et il obtient le triomphe qu'il célèbre seulement un peu plus tard, alors qu'à Germanicus sont accordés les honneurs du triomphe ornamenta triumphalia.

De nouveau en Germanie 9 - 11. La Germanie romaine de 7 à 9 défaite de Varus à Teutobourg.

En 9, après que Tibère eut défait avec succès les rebelles dalmates, l'armée romaine stationnée en Germanie et dirigée par Varus, est attaquée et battue dans une embuscade tendue par une armée dirigée par le germain Arminius alors qu'il traverse la forêt de Teutobourg. Trois légions, composées des hommes les plus expérimentés sont totalement anéanties, et les conquêtes romaines au-delà du Rhin sont perdues car elles restent privées d'une armée de garnison pour les garder. Auguste craint également que, après une telle défaite, les Gaulois et les Germains, s'alliant, marchent contre l'Italie. La décision du souverain marcoman Marobod est importante, et il reste fidèle aux pactes passés avec Tibère en 6 et refuse l'alliance avec Arminius.
Tibère, après avoir pacifié l'Illyrie, rentre à Rome où il décide de reporter la célébration du triomphe de manière à respecter le deuil imposé par la défaite de Varus. Le peuple aurait voulu qu'il prenne un surnom, comme le Pannonique Pannonicus, l'Invincible Invictus ou le Pieux Pius, qui permettrait de se souvenir de ses grandes entreprises. Auguste, pour sa part, rejette la demande en répondant que, un jour, il prendrait lui aussi le titre d'Auguste, puis il l'envoie sur le Rhin afin d'éviter que l'ennemi germanique attaque la Gaule romaine et que les provinces, à peine pacifiées, puissent se révolter de nouveau à la recherche de leur indépendance.
Arrivé en Germanie, Tibère peut mesurer la gravité de la défaite de Varus et ses conséquences qui empêchent d'envisager une nouvelle reconquête des terres qui vont jusqu'à l'Elbe. Il adopte, par conséquent, une conduite particulièrement prudente prenant toutes les décisions avec le conseil de guerre et évitant de faire appel, pour la transmission des messages, à des hommes du cru comme interprètes. De la même façon il choisit avec soin les endroits où installer les camps afin d'éviter tout risque d'être victime d'une nouvelle embuscade. Il met en place, pour les légionnaires, une discipline de fer, punissant de manière très sévère tous ceux qui transgressent les ordres. Par cette stratégie, il obtient un grand nombre de victoires et maintient la frontière le long du Rhin en s'assurant de la fidélité à Rome des peuples germaniques, parmi lesquels les Bataves, les Frisons et les Chauques qui habitent ces lieux.

Succession 12 - 14

La succession est l'une des plus grandes préoccupations de la vie d'Auguste. Il est souvent atteint de maladies qui font craindre, à maintes reprises, une mort prématurée. Le princeps épouse en 42 av. J.-C. Clodia Pulchra, belle-fille de Marc Antoine qu'il répudie l'année suivante pour épouser Scribonia et peu après Livie.
Pendant quelques années, Auguste espère avoir comme héritier son gendre Marcus Claudius Marcellus, le fils de sa sœur Octavie, qui s'est marié avec sa fille Julia en 25 av. J.-C. Marcellus est adopté mais il meurt jeune, deux ans plus tard. Auguste contraint alors Agrippa à épouser la jeune Julia, choisissant comme successeur son ami de confiance à qui il attribue l’imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne. Agrippa décède avant Auguste en 12 av. J.-C., alors que se mettent en valeur pour leurs entreprises les frères Drusus, favori d'Auguste, et Tibère. Après la mort prématurée de Drusus, le princeps donne sa fille Julia en mariage à Tibère, mais adopte les enfants d'Agrippa, Caius et Lucius Caesar : ceux-ci meurent jeunes non sans suspecter une implication de Livie. Auguste, par conséquent, ne peut qu'adopter Tibère, parce que le seul autre descendant direct masculin encore en vie, le fils d'Agrippa, Agrippa Postumus, paraît brutal et dépourvu de toutes qualités, et il est pour cela envoyé dans l'île de Pianosa.

Selon Suétone, Auguste, bien que plein d'affection envers son beau-fils, critique souvent certains aspects, mais il choisit de l'adopter pour plusieurs raisons :
"... que les seules instances de Livie lui firent adopter Tibère ; ou que son ambition même l'y détermina, afin qu'un jour un tel successeur le fît d'autant plus regretter. ...ou plutôt qu'ayant mis dans la balance les vices et les qualités de Tibère, il trouva que celles-ci l'emportaient. ... dans l'intérêt de la république ; ... un général très habile, et comme l'unique appui du peuple romain. ... le plus vaillant et le plus illustre des généraux. ..."
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère
Tibère, après avoir effectué les opérations en Germanie, célèbre à Rome le triomphe, pour la campagne en Dalmatie et en Pannonie d'octobre 1237, au cours duquel il se prosterne publiquement devant Auguste, et il obtient en 13 le renouvellement de la puissance tribunitienne et de l’imperium proconsulare maius, titres qui le désignent comme successeur. Il est élevé au rang effectif de corégent avec Auguste : il peut administrer les provinces, commander les armées et exercer pleinement le pouvoir exécutif, bien que dès l'époque de son adoption, Tibère ait commencé à prendre une part active dans le gouvernement de l'État, aidant son beau-père pour la promulgation de lois et pour l'administration.
En 14, Auguste, désormais proche de la mort, appelle auprès de lui Tibère sur l'île de Capri : l'héritier, qui n'y a jamais été, reste profondément fasciné. C'est là qu'est décidé que Tibère se rendra de nouveau en Illyrie pour se consacrer à la réorganisation administrative de la province. Les hommes repartent ensemble à Rome, mais Auguste, saisi par une soudaine maladie, est contraint de s'arrêter dans sa villa de Nola, l'Octavianum, tandis que Tibère poursuit jusqu'à Rome et part pour l'Illyrie, comme cela est convenu. Alors qu'il s'approche de la province, Tibère est rappelé en urgence parce que son beau-père, qui ne s'est plus déplacé de Nola, est désormais mourant. Selon Suétone, l'héritier rejoint Auguste et les deux ont un dernier entretien avant la mort du prince. Selon d'autres versions, au contraire, Tibère arrive à Nola quand Auguste est déjà mort. Dion Cassius ajoute que Livie provoque la mort de son mari par empoisonnement, si bien que Tibère arrive à Nola quand Auguste est déjà mort. Tacite mentionne un rumeur selon laquelle c'est Livie qui aurait tué Auguste parce qu'il s'était récemment rapproché de son neveu Agrippa Postumus, craignant que la succession de Tibère puisse être remise en question. Ces faits ne sont pas corroborés par les autres historiens et Auguste semble être décédé de causes naturelles.
Tibère annonce la mort d'Auguste alors qu'arrive la nouvelle du mystérieux assassinat d'Agrippa Postumus par le centurion chargé de sa garde. Tacite signale que le meurtre est ordonné par Tibère ou Livie ; Suétone raconte qu'on ne sait pas si l'ordre est donné par Auguste sur son lit de mort, ou par d'autres, et que Tibère soutient qu'il est étranger à ce crime, premier acte de gouvernement de Tibère ou dernière volonté d'Auguste, difficile à dire.. Craignant d'éventuels attentats sur sa personne, Tibère se fait escorter par des militaires, et il convoque le Sénat pour le 17 septembre afin de discuter des funérailles d'Auguste et de la lecture de son testament. Auguste laisse comme héritiers de son patrimoine Tibère et Livie qui prend le nom d'Augusta, mais il fait également de nombreux dons au peuple de Rome et aux légionnaires présents dans les armées. Les sénateurs décident de réaliser des funérailles solennelles au princeps défunt, le corps est incinéré au champ de Mars, et ils commencent à prier Tibère d'assumer le rôle et le titre de son père, et donc de gouverner l'Empire romain. Tibère d'abord refuse, selon Tacite et Suétone, voulant être supplié par les sénateurs afin que le gouvernement de l'État ne semble pas prendre une forme autocratique mais que le système républicain reste, au moins formellement, intact. À la fin, Tibère accepte l'offre du Sénat, avant d'en irriter les mêmes esprits, probablement s'étant rendu compte qu'il y a l'absolue nécessité d'une autorité centrale : le corps l'Empire a besoin d'une tête Tibère, d'après les propos de Gaius Asinius Gallus selon Tacite : la République, formant un seul corps, devait être régie par une seule âme. L'argument avancé par les auteurs pro-Tibère est plus probable : ils indiquent que les hésitations de Tibère pour prendre la direction de l'État sont dictées par une réelle modestie, plutôt que par une stratégie préméditée, peut-être suggérée par l'empereur Auguste.

Empereur romain

Après la séance du Sénat du 17 septembre 14, Tibère devient le successeur d'Auguste à la tête de l'État romain, regroupant la puissance tribunitienne, l’imperium proconsulare maius et d'autres pouvoirs dont bénéficiaient Auguste, et prenant le titre de princeps. Tibère reste empereur pendant plus de vingt ans, jusqu'à sa mort en 37. Son premier acte est de ratifier la divinisation de son père adoptif, Auguste, Divus Augustus, comme cela fut fait précédemment pour Jules César, en confirmant aussi le legs aux soldats.
Dès le début de son principat, Tibère se trouve devoir vivre avec l'important prestige que Germanicus, le fils de son frère Drusus qu'il a adopté sur l'ordre d'Auguste, acquiert auprès de tout le peuple de Rome. Ce prestige provient des campagnes sur le front septentrional que Germanicus a menées à leurs termes ce qui lui a valu l'estime de ses collaborateurs et des légionnaires, réussissant à récupérer deux des trois aigles légionnaires perdues lors de la bataille de Teutobourg. Sa popularité est telle qu'il aurait pu prendre le pouvoir en chassant son père adoptif dont l'accession au principat s'est accompagnée de la mort de tous les autres parents qu'Auguste a indiqués comme héritiers. Le ressentiment conduit Tibère à donner à son fils adoptif une mission particulière en Orient de manière à l'éloigner de Rome. Le Sénat décide de donner au jeune homme l’imperium proconsulare maius sur toutes les provinces orientales. Tibère, cependant, n'a aucune confiance en Germanicus, qui en Orient, se serait trouvé sans aucun contrôle et exposé à l'influence de son entreprenante femme Agrippine l'Aînée. Il décide donc de placer à ses côtés un homme de confiance : le choix de Tibère se porte sur Gnaeus Calpurnius Piso qui est un homme dur et inflexible et qui a été consul avec Tibère en 7 av. J.-C. Germanicus part en 18 pour l'Orient avec Piso qui est nommé gouverneur de la province de la Syrie. La succession n'est donc pas résolue, la rivalité entre son fils cadet Julius Caesar Drusus et le fils aîné — juridiquement l'héritier — adopté Germanicus étant latente.

Germanicus, revient en Syrie en 19, après avoir résidé en Égypte au cours de l'hiver. Il entre en conflit ouvert avec Piso, qui a annulé toutes les mesures que Germanicus a prises ; Piso, en réponse, décide de quitter la province pour retourner à Rome. Peu de temps après le départ de Piso, Germanicus tombe malade et meurt après de longues souffrances, à Antioche, le 10 octobre. Avant de mourir, Germanicus exprime sa conviction d'avoir été empoisonné par Piso et adresse une dernière prière à Agrippine afin qu'elle venge sa mort. Après les funérailles, Agrippine rentre à Rome avec les cendres de son mari où la peine de tout le peuple est grande. Tibère, pour éviter d'exprimer publiquement ses sentiments, n'assiste même pas à la cérémonie au cours de laquelle les cendres de Germanicus sont placées dans le mausolée d'Auguste. En fait, Germanicus pourrait être décédé de mort naturelle, mais sa popularité croissante accentue l'événement, qui est également amplifié par l'historien Tacite.
Dès le début, une suspicion s'installe alimentée par les paroles prononcées par Germanicus mourant qui accuse Piso d'avoir provoqué sa mort en l'empoisonnant. Ainsi, la rumeur d'une participation de Tibère se propage, presque comme l'instigateur de l'assassinat de Germanicus, ayant choisi personnellement d'envoyer Piso en Syrie. Lorsque Piso est jugé, accusé d'avoir commis, également, de nombreux délits, l'empereur tient un discours très modéré dans lequel il évite de prendre position pour ou contre la condamnation du gouverneur. Piso ne peut pas être poursuivi pour un empoisonnement qui apparaît même pour les accusateurs impossible à prouver, et le gouverneur, certain d'être condamné pour d'autres délits qu'il a commis, décide de se suicider avant que soit prononcé un verdict..
La popularité de Tibère sort amoindrie de cet épisode car Germanicus était très aimé. Tacite écrit de lui dix ans après sa mort :
...Germanicus avait l'esprit populaire et les manières affables du jeune César qui contrastaient merveilleusement avec l'air et le langage de Tibère, si hautain et si mystérieux ...
Les deux personnages ont des manières de faire très différentes : Tibère se distingue par sa froideur, sa réserve et son pragmatisme, tandis que Germanicus se fait remarquer par sa popularité, sa simplicité et sa fascination. Ronald Syme soutient qu'il est vraisemblable que Tibère choisit Piso comme son confident, lui conférant un secreta mandata ordres confidentiels pour éviter que le jeune âge de l'héritier au trône puisse conduire Germanicus à une inutile et coûteuse guerre contre les Parthes. La situation, cependant, échappe à Piso, probablement en raison des frictions entre les épouses du légat impérial et du titulaire de l’imperium proconsulaire, de sorte que l'inimitié entre les deux dégénère en conflit ouvert. La mort de Germanicus ne fait que donner un aspect négatif au personnage du princeps dans l'historiographie.

Mort de son successeur Julius Caesar Drusus 19 - 23

La mort de Germanicus ouvre la voie de la succession à l'unique fils naturel de Tibère, Julius Caesar Drusus, qui a, jusque-là, accepté un rôle mineur par rapport à son cousin Germanicus. Il a seulement un an de moins que le défunt et il est aussi intelligent, comme cela apparaît clairement dans la façon dont il fait face à la révolte en Pannonie.
Pendant ce temps, Séjan, nommé préfet du prétoire aux côtés de son père en 16, réussit rapidement à gagner la confiance de Tibère. Aux côtés de Drusus, favori pour la succession, s'ajoute le personnage de Séjan qui acquiert une grande influence sur l'œuvre de Tibère : le préfet du prétoire, qui fait preuve d'une réserve en tous points similaire à celle de l'empereur, est en fait animé d'un fort désir de pouvoir et il aspire à devenir le successeur de Tibère. Séjan voit également croître énormément son pouvoir lorsque les neuf cohortes prétoriennes sont regroupées dans la ville de Rome, près de la Porte Viminale. Entre Séjan et Drusus s'installe une situation de rivalité50, et le préfet commence à réfléchir à la possibilité d'assassiner Drusus et les autres successeurs possibles de Tibère. Il séduit la femme de Drusus, Livilla, et a avec elle une relation. Peu après, en 23, Drusus meurt empoisonné, et le public suspecte, sans aucun fondement, que Tibère aurait pu ordonner le meurtre de Drusus, mais il semble plus probable que Livilla soit seule impliquée.
Huit ans plus tard, Tibère apprend que son fils a été assassiné par sa belle-fille Livilla et son conseiller dans lequel il plaçait toute sa confiance, Séjan51,52.

Départ pour Capri et ascension de Séjan 23 - 31

Tibère se trouve une fois de plus, à l'âge de 64 ans, sans héritier, parce que les jumeaux de Drusus, nés en 19, sont trop jeunes, et que l'un d'entre eux est décédé peu après son père. Il choisit de proposer comme successeur les jeunes fils de Germanicus qui ont été adoptés par Drusus et qu'il place sous la protection des sénateurs. Séjan a, alors, de plus en plus de pouvoir, de sorte qu'il espère devenir empereur après la mort de Tibère. Il commence une série de persécutions envers les enfants et la femme de Germanicus, Agrippine, puis contre les amis de Germanicus et beaucoup d'entre eux sont contraints à l'exil ou choisissent le suicide pour éviter une condamnation.
Tibère, attristé par la mort de son fils et excédé par l'hostilité de la population de Rome, décide de se retirer d'abord en Campanie en 26, puis à Capri l'année suivante, sur les conseils de Séjan, pour ne plus jamais revenir à Rome. Il a déjà soixante-sept ans et il est probable que l'envie de s'éloigner de Rome le tente déjà depuis un certain temps. Il semble qu'après avoir vu son fils mourir, il ait parlé de sa démission. Il ne peut plus supporter de voir des gens autour de lui qui lui rappellent Drusus, sans oublier la proximité de Livie qui lui est devenue insupportable. Une maladie qui le défigure augmente sa susceptibilité mais son retrait est une très grave erreur, bien qu'il continue à gérer les problèmes de l'Empire depuis Capri.
Le préfet du prétoire, pendant ce temps, profitant de la pleine confiance de l'empereur54 prend le contrôle de toutes les activités politiques, devenant le représentant incontesté de la puissance impériale. Il réussit également à convaincre le princeps de concentrer l'ensemble des neuf cohortes prétoriennes, auparavant réparties entre Rome et les autres villes italiques, dans Rome dans la caserne de la Garde prétorienne à sa disposition, alors que Tibère a quitté Rome.

Tibère, cependant, se tient informé de la vie politique de Rome, et il reçoit régulièrement des notes qui l'informent des discussions menées au Sénat. Il peut, grâce à la création d'un véritable service postal, exprimer son point de vue, et il est également en mesure de donner des ordres à ses émissaires à Rome. L'éloignement de Tibère de Rome conduit à une progressive diminution du rôle du Sénat au profit de l'empereur et de Séjan.
Le préfet du prétoire commence à persécuter ses opposants, les accusant de lèse-majesté afin de les éliminer de la scène politique. Cette situation conduit à la création d'un climat de suspicion généralisée qui, à son tour, provoque de nouvelles rumeurs sur la participation de l'empereur aux nombreux procès politiques intentés par Séjan et ses collaborateurs. En 29, lorsque Livie qui, avec son caractère autoritaire, a toujours influencé le gouvernement, meurt à l'âge de 86 ans, son fils refuse de retourner à Rome pour les funérailles et interdit sa divinisation. Séjan peut procéder, sans être dérangé, à une série d'actions contre Agrippine et son fils aîné Nero Iulius Caesar qui est accusé notamment de tentatives de subversion, ce qui lui vaut d'être condamné au confinement sur l'île de Ponza où il meurt de faim en 3. Agrippine, accusée d'adultère, est expulsée sur l'île Pandataria où elle meurt en 3.
Le projet de Séjan a précisément pour objectif de s'assurer de la succession de l'empereur. Après avoir éliminé les descendants directs de Tibère, le préfet est désormais le seul candidat à la succession, et il tente en vain de devenir parent de l'empereur par son mariage avec la veuve de Drusus, Livilla. Il commence à viser l'attribution de la puissance tribunitienne qui aurait officiellement permis sa nomination suivante en tant qu'empereur, le rendant ainsi sacré et inviolable, et il obtient, en 31, le consulat avec Tibère. Dans le même temps, la veuve de Nero Claudius Drusus, Antonia Minor, se fait la porte-parole des sentiments d'une grande partie de la classe sénatoriale et dénonce dans une lettre à Tibère toutes les intrigues et les actes de sang dont Séjan, qui est en train d'ordonner une conspiration contre l'empereur, est responsable. Tibère, alerté, décide de destituer le puissant préfet et il organise une habile manœuvre avec l'aide du préfet de Rome Macron.

Afin de ne pas éveiller les soupçons, l'empereur nomme Séjan pontife, promettant de lui donner au plus tôt la puissance tribunitienne. En même temps, Tibère quitte la charge de consul ce qui oblige Séjan à y renoncer aussi. Le 17 octobre 31 enfin, Tibère, nomme secrètement préfet du prétoire et chef des cohortes urbaines le préfet de Rome, Macron. Il l'envoie à Rome avec l'ordre de se mettre d'accord avec Lacon, préfet des vigiles et avec le nouveau consul désigné Publius Memmius Regulus, afin de convoquer le lendemain le Sénat dans le temple d'Apollon, sur le mont Palatin. Ainsi, Tibère obtient l'appui des cohortes urbaines et des vigiles contre une éventuelle réaction des prétoriens en faveur de Séjan.
Quand Séjan arrive au Sénat, il est informé par Macron de l'arrivée d'une lettre de Tibère annonçant l'attribution de la puissance tribunitienne. Ainsi, pendant que Séjan, jubilant, prend place parmi les sénateurs, Macron, resté en dehors du temple, éloigne les prétoriens de garde, les remplaçant par les vigiles de Lacon. Puis, confiant la lettre de Tibère au consul pour qu'il la lise devant le Sénat, il rejoint la caserne de la Garde prétorienne pour annoncer sa nomination comme préfet du prétoire. Dans cette lettre, délibérément très longue et très vague, Tibère évoque différents sujets, tantôt louant Séjan, tantôt le critiquant, et à la fin seulement, l'empereur accuse le préfet de trahison, ordonnant sa destitution et son arrestation. Séjan, consterné par la tournure inattendue, est immédiatement emmené, enchaîné par les vigiles et peu après sommairement jugé par le Sénat qui s'est réuni au temple de la Concorde : il est condamné à mort et à la damnatio memoriae.
La sentence est exécutée la nuit même dans la prison du Tullianum par strangulation, et le corps du préfet est laissé à la population qui le traîne dans les rues de la ville. À la suite des mesures prises par Séjan à l'encontre d'Agrippine et de la famille de Germanicus, le peuple a développé une forte aversion envers le préfet. Le Sénat déclare le 18 octobre fête publique et ordonne l'érection d'une statue à la Libye
Quelques jours plus tard, les trois jeunes fils du préfet sont sauvagement étranglés dans la prison du Tullianum65. Son ex-femme, Apicata, se suicide après avoir envoyé une lettre à Tibère révélant les fautes de Séjan et de Livilla à l'occasion de la mort de Drusus. Livilla est jugée, et pour éviter une condamnation certaine, elle se laisse mourir de faim. Après la mort de Séjan et de sa famille, une série de procès à l'encontre des amis et collaborateurs du défunt préfet provoque leur condamnation à mort ou les contraint au suicide.

Dernières années : un nouvel exil 31 - 37

Tibère passe la dernière partie de son règne sur l'île de Capri, entouré par des hommes de savoir, des avocats, des écrivains et même des astrologues. Il fait construire douze maisons pour ensuite vivre dans celle qu'il préfère, la Villa Jovis. Tacite et Suétone racontent qu'à Capri, Tibère laisse libre cours à ses vices, s'abandonnant à ses désirs effrénés mais il semble plus probable que Tibère ait maintenu sa coutumière réserve, évitant les excès comme il l'a toujours fait et sans négliger ses devoirs envers l'État et continuant à travailler dans son intérêt.
Après la chute de Séjan, la question de la succession ressurgit, et en 33, Drusus Iulius Caesar, le plus grand des enfants de Germanicus resté en vie, meurt de faim après avoir été condamné au confinement en 30 suite à une accusation d'avoir conspiré contre Tibère. Quand Tibère, en 35, dépose son testament, il ne peut choisir que parmi trois successeurs possibles, il inclut son petit-fils Tiberius Gemellus, fils de Julius Caesar Drusus, et son petit-neveu Caligula, fils de Germanicus. Reste donc exclu du testament, le frère de Germanicus, Claude, qui est considéré comme inadapté au rôle de princeps en raison de sa faiblesse physique et de doutes sur sa santé mentale. Le favori à la succession semble être immédiatement le jeune Caius, mieux connu sous le nom de Caligula, parce que Tiberius Gemellus, également soupçonné d'être le fils de Séjan, en raison de ses relations adultères avec l'épouse de Drusus, Livilla, a dix ans de moins : deux raisons suffisantes pour ne pas lui laisser le principat. Le préfet du prétoire Macron fait preuve de sympathie à l'égard de Caius, gagnant par tous les moyens sa confiance.

En 37, Tibère quitte Capri, comme il l'a fait précédemment, peut-être avec l'idée de revenir enfin à Rome pour passer ses derniers jours. Effrayé par les réactions que la population pourrait avoir, il s'arrête à seulement sept mille de Rome et décide de repartir vers la Campanie. Il est saisi d'une maladie et transporté dans la villa de Lucullus à Misène. Après une première amélioration, il tombe le 16 mars dans un état de délire et on le croit mort. Alors que beaucoup se préparent déjà à célébrer la prise de pouvoir de Caligula, Tibère récupère une fois de plus. Si les contemporains Sénèque l'Ancien, cité par Suétone, Philon d'Alexandrie affirment qu'il est mort de maladie, un certain nombre de versions différentes existent : selon Tacite, il serait mort étouffé sur ordre de Macron, selon Dion Cassius, Caligula aurait accompli le geste. Suétone le décrit couché, appelant ses serviteurs sans recevoir de réponse, se relevant et tombant mort hors de son lit ; Suétone évoque des rumeurs d'empoisonnement lent par Caligula, de privation de nourriture, ou d’étouffement avec un coussin. En tout état de cause, du fait de la réclusion dans laquelle vivait Tibère à l'époque, il demeure impossible de se prononcer sur les causes de son décès, même si la mort naturelle, à soixante-dix-sept ans, est une hypothèse plus que plausible. Si Antonio Spinosa adhère à la thèse de l’étouffement, les historiens modernes, G. P. Baker, Gregorio Maranon, E. Kornermann, Paul Petit rejettent la théorie de l’assassinat. G. P. Baker a émis une hypothèse qui expliquerait la rumeur d’étouffement : Macron ou une autre personne, trouvant Tibère par terre au pied de son lit, aurait tiré sur lui une couverture, dans un geste de protection ou de décence.
Le peuple romain réagit avec une grande joie à la nouvelle de la mort de Tibère, fêtant sa disparition. Beaucoup de monuments qui célèbrent les entreprises de l'empereur sont détruits ainsi que de nombreuses statues qui le représentent. Certains essaient de faire pratiquer la crémation du corps à Misène mais sa dépouille est transportée à Rome où il est incinéré sur le Champ de Mars et inhumé, au milieu d'insultes, dans le mausolée d'Auguste le 4 avril, gardé par les prétoriens. Alors que l'empereur défunt reçoit de modestes funérailles, le 29 mars, Caligula est acclamé princeps par le Sénat.

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Posté le : 15/03/2014 23:52
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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