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Re: Défi d'écriture du 05/04/2014
Plume d'Or
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Arielle,
Je me doutais bien d'une fourberie de ce genre.
Ce n'est pas ma photo; j'ai mis un gars plus beau que moi, un top model australien de chez les ornithorynques.
Bon, ça passe pour cette fois ci. Je ne t'enverrai pas Igor.
Palmement,
Donald.

Posté le : 06/04/2014 20:43
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Re: Défi d'écriture du 05/04/2014
Plume d'Or
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Joli conte ma chère couscous,
Finalement la fée Pacdubien était une maline.
A bientôt,
Donald

Posté le : 06/04/2014 20:39
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Re: Défi d'écriture du 05/04/2014
Modérateur
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Qu’as-tu « fée » ?

Il était une fois un couple très amoureux, je dirais même fou d’amour. On peut dire qu’ils s’étaient vraiment bien trouvés car Julia et Arpian avaient un point commun qui les unissait comme les deux doigts d’une même main : l’avarice extrême. Ils aimaient se lancer des défis, à celui qui serait « cap ou pas cap » de faire des choses folles pour économiser le plus ou dépenser le moins, selon l’angle de vue. Ainsi, ils n’avaient pas peur de sortir d’un restaurant sans payer l’addition, de se planquer le soir à l’affut de la sortie des poubelles d’un supermarché en vue de récupérer les choses comestibles, d’enfiler trois pulls au lieu d’allumer le chauffage alors qu’il fait moins vingt dehors. C’est d’ailleurs une de ces soirs que, lovés l’un dans l’autre, ils conçurent un enfant, qui naquit neuf mois plus tard, malgré tous les efforts de sa maman de le garder plus longtemps au chaud.

Vous aurez sans doute remarqué que j’ai commencé mon récit par « il était une fois ». Il me faut donc introduire un personnage de conte et celui-ci prit la forme d’une fée. En effet, celle-ci se présenta au-dessus du berceau du nouveau-né prénommé Iona, sous le regard inquiet de ses parents. La fée Pacdubien, à la chevelure rousse et hirsute, toucha délicatement le front de la petite fille endormie avec le bout de sa baguette magique avant de disparaître, sans prononcer une parole. Julia et Arpian se regardèrent et se demandèrent s’ils n’avaient pas rêvé cette apparition totalement rocambolesque en ce début de vingt-et-unième siècle.

Vers l’âge de six mois, Iona commença à toucher à tout et à vouloir attraper les objets à sa portée. C’est alors que son don se révéla. Tout ce qu’elle touchait se voyait réduit de moitié. Ainsi, tous ses jouets, acquis après âpres négociations dans des marchés aux puces, devinrent tous des miniatures. Ses parents devaient prévoir des achats de vêtements très grands pour qu’ils soient ajustés dès leur portée. Heureusement, un objet touché ne rétrécissait qu’une fois. Le pire fut le jour où Julia laissa sa carte bancaire sur la table de la cuisine. Une minute d’inattention et Iona s’en empara, réduisant de moitié les économies familiales, pour le plus grand malheur de ses parents.

Le couple dut s’accoutumer au drôle de don de sa fille qu’il adorait par-dessus tout. Lors de son entrée à l’école gardienne, il fallut prévenir l’institutrice. D’abord très perplexe devant cette révélation, elle comprit rapidement qu’il ne s’agissait pas d’une blague. Il y eut quelques réclamations de la part d’autres parents qui voyaient revenir leur enfant avec un mini cartable ou un pantalon devenu short, et Iona fut mise à l’écart. Mais les autres enfants étaient intrigués par son étrange pouvoir. Elle passait pour une magicienne. Au fil des ans, Iona parvint à contrôler son don. Au lycée, on venait même la voir pour rendre les copions encore plus discrets. Digne fille de ses parents, elle monnayait ses services.

Très bonne élève, Iona poursuivit des études de médecine et choisit comme spécialité l’oncologie. Elle était capable de réduire les tumeurs avant de les extraire, causant ainsi moins de dégâts, mais aussi de calmer la douleur de ses patients. Il lui arrivait de donner un coup de main à ses collègues chirurgiens esthétiques pour des réductions mammaires, ce qui lui permettait d’arrondir ses fins de mois.

Un jour, en participant à un colloque sur la thérapie génique, son chemin croisa celui de Didier. Lorsqu’ils se serrèrent la main, ils ressentirent un véritable choc électrique. Il leur fallut attendre quelques secondes avant de pouvoir rouvrir les doigts et sortir de l’étreinte de l’autre. Gêné, Didier prit la parole :

« Désolé ! C’était bizarre comme sensation. Je n’ai jamais eu cela avec personne. C’est sûrement mon don qui fait des siennes.
- Ou le mien … »

Là, ils se révélèrent chacun leur secret mutuel. Didier avait hérité celui de pouvoir doubler les choses. Ils supposèrent que c’était la même fée qui s’était penchée sur leurs berceaux respectifs. Contrairement à Iona, Didier venait d’une famille très modeste avec peu de moyens. Les quelques jouets qu’ils parvenaient à lui offrir devenaient géants et ont vite empli sa petite chambre d’enfant. Plus tard, lorsqu’il parvint à contrôler son pouvoir, il doubla chaque mois le maigre salaire paternel et c’est ainsi qu’il put faire des études de généticien. L’analyse de l’ADN et de toute molécule est plus aisée lorsqu’elle atteint une meilleure taille.

Voilà ! Ce qui devait arriver arriva. Ils étaient complémentaires et choisirent de ne plus se quitter. Chacun pouvait réparer l’erreur de l’autre en rendant à un objet modifié par inadvertance sa taille originelle. Une sorte d’alchimie, une compréhension naturelle de l’autre et un statut d’être à part les unissaient.

Un an plus tard, ils célébrèrent leur mariage et un enfant naquit rapidement. Ils se demandèrent alors de quel don le petit Vivien avait hérité. La génétique garde tout de même ses secrets, même pour un généticien renommé comme son père. L’enfant grandissait et ses parents s’extasiaient de sa normalité, lui assurant alors une vie classique mais simple. Toutefois, ils n’avaient pas remarqué l’ombre qui avait quitté précipitamment la chambre du bébé peu après sa naissance. Et de la même manière, ils ne virent pas tout de suite l’ours en peluche à côté de Vivien prendre doucement vie sous ses petits doigts.

Posté le : 06/04/2014 19:23
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Re: Défi d'écriture du 05/04/2014
Plume d'Or
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Désolée Donald, j'ai eu l'idée en voyant ton avatar. J'espère que ce n'est pas ta véritable photo, si c'est le cas, tu finiras peut-être président !

Posté le : 06/04/2014 19:09
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Re: Défi d'écriture du 05/04/2014
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Arielle,

Des pieds palmés ! Ah bien bravo !
Au moins, il n'a pas eu à partir au service militaire.

Belle histoire, très positive et belle écriture.
Tu as un vrai don (ta marraine la fée a été sympa avec toi) de conteuse.

A bientôt,

Donald.


Posté le : 06/04/2014 16:09
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Isaac Asimov
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Le 6 avril 1992 à New York aux États-Unis meurt à 72 ans,

Isaac Asimov, Исаак Юдович Озимов


né vers le 2 janvier 1920 à Petrovitchi en Russie, écrivain américain, naturalisé en 1928, surtout connu pour ses œuvres de science-fiction et ses livres de vulgarisation scientifique, il appartient au mouvement " The Futurians", Mensa
dans le GenreScience-fiction, vulgarisation scientifique, il est distingué du Prix Nebula, Prix Hugo, Prix Locus, Prix E. E. Smith Memorial, Prix Damon Knight Memorial Grand Master, ses Œuvres principales sont, Les Robots et Le Cycle de Fondation
Sa carrière se partage entre la biochimie, la vulgarisation scientifique et la science-fiction. Commencée en 1940, sa série des Robots comporte des recueils de nouvelles d'intérêt inégal qui font toutefois échapper le thème à l'exotisme de la ferraille clinquante. Son chef-d'œuvre reste la trilogie Fondation 1942, Fondation et Empire 1944, Seconde Fondation 1949, à laquelle il ajoutera suites et préludes dans les années 1980 ; dans le même univers sont également situés Tyrann et les Courants de l'espace 1952. Fortement marqué par les thèses de Toynbee sur l'histoire, Asimov laisse transparaître une doctrine politique qui impute à la science toutes les possibilités de progrès et implique une volonté naïve et inquiétante de programmation sociale absolue qui rappelle les utopies classiques les Dieux eux-mêmes, 1972 ; la Fin de l'éternité, 1975. Cette foi dans le progrès se réduit à une tentative d'abolir l'angoisse de l'imprévisible et de l'inconnu en façonnant l'univers à l'image de l'homme du XXe s. les Cavernes d'acier, 1954 ; Face aux feux du soleil, 1957.


Enfant surdoué, lecteur passionné, il n'a de cesse d'apprendre, de découvrir et d'enseigner, ce qui le conduit à une double carrière d'enseignant en biochimie et d'écrivain.
Docteur ès sciences, passionné d'histoire, il n'a pas seulement écrit plusieurs centaines d'ouvrages de vulgarisation sur des sujets très divers, et près de cinq cents romans et nouvelles ; il a créé une histoire du futur galactique, au travers de laquelle il aborde, de façon métaphorique, les grands bouleversements du XXe siècle, influençant durablement les auteurs qui lui sont contemporains ainsi que ceux des générations suivantes.
Docteur ès sciences, passionné d'histoire, il n'a pas seulement écrit plusieurs centaines d'ouvrages de vulgarisation sur des sujets très divers, et près de cinq cents romans et nouvelles ; il a créé une histoire du futur galactique, au travers de laquelle il aborde, de façon métaphorique, les grands bouleversements du XXe siècle, influençant durablement les auteurs qui lui sont contemporains ainsi que ceux des générations suivantes.
Il laisse une œuvre monumentale
Dès onze ans, Isaac Asimov écrit. Ses premières nouvelles de science-fiction sont publiées en 1939. Dans la science-fiction des années 1930, le robot était dangereux, se retournant contre son créateur, à l'instar du Golem. Asimov rompt avec cette idée, imaginant un support physiologique, le cerveau positronique et un conditionnement psychologique les trois lois de la robotique qui s'énoncent ainsi :
Première loi : un robot ne peut ni porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. Deuxième loi : un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi. Troisième loi : un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.
Asimov met en scène, dans des nouvelles drôles et tendres, des robots piégés par leur conditionnement et les ordres contradictoires qu'ils reçoivent. Dans The Caves of Steel 1954 ; Les Cavernes d'acier, 1970, les robots deviennent des êtres véritablement attachants. Les Terriens du futur vivent sous terre, dans d'immenses cités surpeuplées, contrairement aux habitants des riches Mondes extérieurs qui s'entourent d'une multitude de robots. Le détective Elijah Baley doit mener une enquête en compagnie de l'androïde Daneel R. Olivaw.
Au fil des romans suivants, les relations entre les deux personnages s'approfondissent et le robot R. Giskard, télépathe, fait son apparition. S'apercevant que les humains sont définitivement condamnés à régresser et que le seul moyen, pour eux, de survivre, réside dans l'émigration et la colonisation de nouvelles planètes, R. Giskard transmet son don de télépathie à R. Daneel et énonce la loi zéro de la robotique : Un robot ne peut ni nuire à l'humanité ni, restant passif, permettre que l'humanité souffre d'un mal. Les trois autres lois seront alors soumises à la loi zéro. R. Giskard peut donc provoquer l'irradiation irréversible de la Terre qui sera à l'origine d'une expansion coloniale à l'échelle galactique. Après cela, il ne peut que mourir, à cause du conflit de loyauté auquel a été soumis son cerveau positronique. Mais il a légué l'humanité à Daneel qui veillera sur elle dans les millénaires à venir.
La trilogie de Fondation a valu à son auteur, en 1966, le prix Hugo de la meilleure série de tous les temps. Dans un futur très lointain, l'Empire galactique s'effondre. Hari Seldon a inventé la psychohistoire qui permet de calculer les probabilités de différents avenirs. Il a prévu l'effondrement de l'Empire. Surtout, il a imaginé comment réduire la période d'anarchie qui s'ensuivrait. Les premiers textes relatent la vie d'exilés volontaires sur la planète Terminus, des décennies plus tard, vie rythmée par les apparitions d'hologrammes de Seldon aux moments clés de leur histoire. Dans les ouvrages suivants, un élément bouleverse les prédictions : le Mulet, un mutant aux capacités télépathiques, conquiert peu à peu la Galaxie. Mais la Seconde Fondation veille, éminence grise dont le but est de guider le déroulement des prévisions de la psychohistoire.
Isaac Asimov écrit ensuite des romans dans lesquels on voit Hari Seldon, jeune scientifique, jeter les bases de la psychohistoire avec l'aide de Daneel Olivaw, qui passe pour un humain. Ces prologues font le lien avec le cycle de Trantor qui comporte quelques textes situés à l'époque de l'Empire galactique. L'Encyclopaedia Galactica citée en exergue des chapitres commente l'action vue du futur où elle est devenue l'histoire officielle.
Isaac Asimov écrit jusqu'à la fin de sa vie des nouvelles, parfois très courtes, et des romans de science-fiction, abordant le voyage temporel, les univers parallèles et bien d'autres thèmes. Il rédige aussi des ouvrages de vulgarisation scientifique et des essais portant sur des sujets aussi divers que Shakespeare ou la Bible que, juif athée et rationaliste, il a lue tardivement. Il publie également des romans policiers à énigmes – il avoue un faible pour les histoires cérébrales– et des romans pour la jeunesse, sous le nom de Paul French, ou bien en collaboration avec sa seconde épouse Janet. Il dirige Asimov's Science Fiction Magazine, ainsi qu'un grand nombre d'anthologies.
Dès les années 1980, nombre d'auteurs écrivent des histoires inspirées du thème des robots positroniques ou de Fondation. Plusieurs nouvelles d'Asimov sont reprises en romans par Robert Silverberg. Mais son influence sur la science-fiction va plus loin ; au-delà des personnages et des décors, il a ouvert la voie à une littérature à la fois délassante et intelligente, chargée de sens et pourtant d'une logique et d'une limpidité sans égal.

Sa vie


Issu d’une famille juive, fils de Judah Asimov, Isaac naquit à Petrovitchi — près de Smolensk, en Russie — à une date inconnue, entre le 4 octobre 1919 et le 2 janvier 1920, c’est à cette date-ci qu'il célébrait son anniversaire, adulte. Pour des raisons mal définies et sur invitation de Joseph Berman, demi-frère de la mère d’Asimov, il émigra aux États-Unis au début de l'année 1923, à l'âge de trois ans, en compagnie de ses parents et de sa sœur cadette, Rachel.

À la maison, à Brooklyn, les parents ne parlaient russe que quand ses grandes oreilles ne devaient pas entendre : il n'apprit donc jamais la langue.
Asimov se définit comme un enfant prodige. Ses parents, qui, en Russie, étaient loin d'être illettrés, ne lisaient pas l'anglais ; il demanda l'aide d'enfants du voisinage et savait déjà lire à son entrée à l'école en septembre 1925. Il fut naturalisé Américain en 1928. Il passa sa jeunesse à travailler dans le magasin familial, où il eut l’occasion de lire les magazines de science-fiction que ses parents vendaient. Vers l’âge de onze ans, il commença à écrire ses premières nouvelles, il aurait déclaré avoir commencé à écrire pour enfin pouvoir conserver des livres sans que son père libraire ne les vende.
Ses études furent assez brillantes pour lui permettre, grâce à une bourse, d’entrer à l’université Columbia. Il passa d’abord une licence en sciences en 1939 avant d’obtenir une maîtrise en chimie en 1941 et, finalement, un doctorat en biochimie en 1948, puis il obtint un poste de chargé de cours à l’université de Boston. Entre-temps, il participa à la Seconde Guerre mondiale. Au cours de sa brève carrière militaire, il fut nommé caporal.
Parallèlement, il commença à écrire de la science-fiction et vit sa première nouvelle, Marooned Off Vesta Au large de Vesta, publiée en 1939. John Campbell, alors rédacteur en chef de la revue Astounding Stories, n’aura de cesse d’encourager Asimov à écrire. Dès lors, il fut régulièrement publié, et quinze nouvelles virent le jour jusqu’en 1941.

Mariage

Il se maria avec Gertrude Blugerman le 26 juillet 1942. De ce premier mariage, il eut deux enfants, David en 1951 et Robyn Joan en 1955.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Asimov était déjà considéré comme un auteur de science-fiction majeur. Son licenciement, en 1958, lui fit prendre un tournant dans sa carrière et il se consacra pleinement à l’écriture. Prolifique, il travailla sans relâche car — il le disait lui-même — c’est là qu’il prenait du plaisir.
Après la séparation d'avec sa femme en 1970 puis son divorce en 1973, il se maria avec Janet Opal Jeppson en 1973.
La suite de la vie d’Asimov est celle d’un auteur à succès, presque entièrement consacrée au travail d’écriture et aux conférences. Il fut un ami proche de Gene Roddenberry, le créateur de Star Trek.
Isaac Asimov voyageait rarement en dehors de New York, principalement parce qu'il n'aimait pas ça, mais aussi par manque de temps, étant absorbé par ses travaux d'écriture.
Il mourut le 6 avril 1992 du SIDA, la cause du décès ayant été une insuffisance cardiaque et rénale consécutive à l’infection par le VIH. Asimov avait été infecté lors d’une transfusion sanguine pour un pontage aorto-coronarien en 1983. Cette information n’a été révélée qu’en 2002, dans une version de l’autobiographie d'Asimov revue par Janet Asimov, sa veuve. Selon elle, Asimov avait souhaité rendre sa maladie publique, mais en aurait été dissuadé par ses médecins et par la crainte des préjugés dont sa famille aurait pu souffrir. Après son décès, la famille garda le silence notamment au vu des controverses autour de la maladie d’Arthur Ashe, et ce n’est qu’après le décès des médecins d’Asimov que Janet et la fille d’Asimov, Robyn, décidèrent de révéler la vérité.
Asimov laisse derrière lui des centaines de livres — dont 116 anthologies qu’il a organisées et préfacées —, regroupant de la science-fiction, des ouvrages de vulgarisation scientifique, des romans policiers, des romans pour la jeunesse et même des titres plus étonnants comme La Bible expliquée par Asimov ou Le Guide de Shakespeare d’Asimov.
Le dernier livre qu’il a écrit est une autobiographie plus thématique que chronologique : Moi, Asimov, I. Asimov, Éditions Denoël, coll. Présences, 1996, ensuite reprise dans la collection Présence du futur du même éditeur. Le dernier chapitre a été écrit par sa seconde épouse, Janet Jeppson, après le décès d'Isaac .
Membre de l’association Mensa, il en a été un moment le vice-président, le président en étant alors un autre passionné du futur, l'architecte Richard Buckminster Fuller. Isaac Asimov a plus tard quitté l’association.

Il meurt à New York le 6 avril 1992.


Le personnage

On peut décrire Asimov comme quelqu'un ayant un ego très développé, mêlé d'un profond humanisme et d'un grand sens de l'humour ainsi qu'une culture très large, rendant l'expression de son ego plus amusante qu'énervante.
Bien que de tradition familiale juive — écrivant par jeu un poème sur lui-même, il fait rimer Asimov avec mazeltov —, il se démarque comme athée et se positionne également comme rationaliste. Voir en particulier sa nouvelle Reason dans le cycle des robots. La psychohistoire qui sert de fil conducteur à la série Fondation s'inspire d'ailleurs clairement de trois sources :
la cybernétique ;
la psychanalyse ;
le marxisme par sa ressemblance avec la conception matérialiste de l'Histoire, méthode d'analyse de Karl Marx.
Le tout est mâtiné de la loi des grands nombres telle qu'on la concevait avant que Benoît Mandelbrot ne mette en évidence les formes fractales, même si le personnage du Mulet réintroduit opportunément un facteur humain important voir effet papillon. Asimov est un individu aux connaissances variées et approfondies. On peut le considérer comme un polymathe.

Son œuvre de fiction Univers de Fondation.

Isaac Asimov, en dehors d'une inventivité débordante, se caractérise par la simplicité de son écriture. Pour lui, comme pour la plupart des auteurs anglo-saxons, les styles tourmentés ne font que rebuter le lecteur. C'est donc l'histoire, et elle seule, qui est mise en avant. Il fonde ses livres sur des dialogues entre protagonistes. C’est avec la nouvelle Quand les ténèbres viendront Nightfall, 1941, écrite à 21 ans, que la carrière littéraire d’Asimov a véritablement débuté. Jusqu'alors il n'avait connu que des publications occasionnelles dans les magazines auxquels il proposait ses histoires. John Campbell fut si enthousiasmé par Quand les ténèbres viendront qu’il envoya à son auteur un chèque plus important que prévu : 150 dollars au lieu de 120. On payait à l’époque un cent par mot, et la nouvelle en compte 12 000… Quand les ténèbres viendront est très vite devenu un classique du genre.
Asimov a ensuite écrit de nombreuses autres nouvelles, policières Mortelle est la nuit, humoristiques À Port Mars sans Hilda, L'amour, vous connaissez ? et évidemment de science-fiction, notamment sur les robots L'Homme bicentenaire. Il y met à l'épreuve l'esprit hypothético-déductif du lecteur et y montre la fantaisie dont il est capable par exemple, dans Le Plaisantin. Dans l'une d'elles, Menteur !, Asimov invente un nouveau mot qui allait passer dans le langage courant : la robotique. Certaines, telles Profession ou La Dernière Question, ont une portée philosophique indéniable et d'autres, telles Le Petit Garçon très laid, sont très émouvantes.
Asimov a principalement traité deux grands thèmes : les robots et la psychohistoire.

Les robots

L'œuvre d'Asimov sur les robots regroupe de très nombreuses nouvelles et plusieurs romans :
Recueils de nouvelles :
Les Robots, 1967, Robot, 1950, trad. Pierre Billon
Un défilé de robots, 1967 The Rest of the Robots, 1964, trad. Pierre Billon
Nous les robots, 1982 The Complete robot, 1982
Le Robot qui rêvait, 1988 Robot Dreams, 1986, trad. France-Marie Watkins

Romans :

Les Cavernes d'acier, 1956 en The Caves of Steel, 1953, trad. Jacques Brécard
Face aux feux du soleil, 1961 enThe Naked Sun, 1956, trad. André-Yves Richard
Les Robots de l'aube, 1984 en Robots of Dawn, 1983, trad. France-Marie Watkins
Les Robots et l'Empire, 1986 en Robots and Empire, 1985, trad. Jean-Paul Martin
L'ensemble forme une seule grande histoire, le cycle des Robots, qui s'étale sur plusieurs millénaires.
Toutes les nouvelles de robotique publiées par l'auteur ont été regroupées dans deux grands recueils nommés Le Grand Livre des robots. Le premier tome – Prélude à Trantor – regroupe toutes les nouvelles de robotique – Nous les robots ainsi que Les Cavernes d'acier et Face aux feux du soleil. Le second tome – La Gloire de Trantor – regroupe Les Robots de l'aube, Les Robots et l'Empire, Les Courants de l'espace, Poussière d'étoiles et enfin Cailloux dans le ciel.
Il renouvelle complètement ce thème en inventant des robots positroniques gouvernés par trois lois protégeant les êtres humains et, a priori, parfaites et inviolables. Le jeu d'Asimov consiste à imaginer des situations révélant des failles de ces lois exemple : un robot peut-il, restant passif, laisser un humain fumer une cigarette ? et des bizarreries de comportement de robots qui semblent les enfreindre, puis à faire découvrir au lecteur comment cela est possible, à la manière d'une enquête policière.

Les trois lois sont :

Première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. ;
Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. ;
Troisième Loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.
Deux robots exceptionnels, R. Daneel Olivaw et R. Giskard Reventlov, en viennent à ajouter une Loi Zéro, qui stipule qu'un robot ne peut porter atteinte à l'humanité dans son ensemble, même pour protéger un être humain : Un robot ne peut ni nuire à l'humanité ni, restant passif, permettre que l'humanité souffre d'un mal. Cette loi est apparue dans Les Robots et l'empire chapitre LXIII.
Asimov laissa l'un de ses amis, Lester del Rey, écrire lui aussi une histoire utilisant les trois lois de la robotique : Une Morale pour Sam.
Cette histoire constitue une moquerie gentille sur la viabilité réelle des trois lois.
Le thème des robots, tel que traité par Asimov, constitue aussi un plaidoyer antiraciste discret, mais sûr : les robots, de plus en plus perfectionnés et dotés d'aspects de plus en plus humains, deviennent méprisés, voire haïs, par bien des êtres humains — d'autant que les trois lois les mettent à l'abri de défauts qu'on pourrait leur reprocher. L'Homme bicentenaire évoque cette question.
En novembre 2009, l'Isaac Asimov estate a annoncé la prochaine publication d'une trilogie de romans avec Susan Calvin et écrite par l'auteur de fantasy Mickey Zucker Reichert. Cette trilogie est nommée I, Robot et le premier roman a été publié en novembre 2011 sous le titre To Protect puis a été traduit en français sous le titre Protéger et publié en avril 2013 par les éditions Robert Laffont dans la collection Ailleurs et Demain. Le second roman, To Obey, a été publié en septembre 2013 puis traduit en français sous le titre Obéir et sera publié en avril 2014.

La psychohistoire et le Cycle de Fondation

Dans le Cycle de Fondation qui a reçu, en 1966, le prix Hugo de la meilleure série de science-fiction de tous les temps, Asimov imagine le futur de l'humanité. Il commence avec l'effondrement d'un empire galactique qui se décompose. Un savant, Hari Seldon, invente une nouvelle science, la psychohistoire, fondée sur la loi des grands nombres et le calcul des probabilités qui permet de prévoir l'avenir, ou, plus exactement, de calculer les probabilités de différents avenirs.
Le scénario est d'autant plus aisément assimilé par le lecteur qu'il lui rappelle des repères connus : l'émiettement du pouvoir des empires romain et ottoman, d'une part, en ce qui concerne l'empire de Trantor, l'ascension de personnalités charismatiques comme Alexandre le Grand, Jules César ou Napoléon Bonaparte, d'autre part, en ce qui concerne le personnage du Mulet, qui manipule à ses propres fins les émotions de son entourage.
Le roman Fondation – le premier paru – forme le cœur du cycle et peut être lu isolément. En y ajoutant Fondation et Empire et Seconde Fondation, on obtient la trilogie de Fondation, qui constitue elle aussi une histoire à part entière. Cela correspond à l'ordre d'écriture des romans. D'autres romans, comme Prélude à Fondation et L'Aube de Fondation – chronologiquement situés avant – ou Fondation foudroyée et Terre et Fondation – chronologiquement situés après –, se sont par la suite greffés à la trilogie, pour constituer le Cycle de Fondation.

L'histoire du futur selon Asimov

Après avoir écrit ses deux grands cycles, l'éditeur d'Asimov lui a demandé pour son public de les relier pour construire une « histoire du futur » cohérente. Il a alors écrit des ouvrages intermédiaires pour faire le lien entre les deux cycles. L'ensemble final incluant les nouvelles est composé de dix-sept ouvrages que l'on peut subdiviser en cinq parties, ou cycles qui peuvent se lire séparément les uns des autres et qui sont ici classés par ordre chronologique. À cela on peut ajouter La Fin de l'éternité, roman à part, qui prend cependant sa place dans l'ensemble comme point de départ vers l'empire galactique. On pourrait également ajouter Némésis juste après ce prélude, puisque l'histoire, qui se déroule dans le futur, est mentionnée dans le cycle de Fondation.
La Fin de l'éternité, Denoël, Présence du futur no 105, 1967 en The End of Eternity, 1955
Les nouvelles sur les robots :
Les Robots, OPTA, Club du livre d'anticipation no 7, 1967 en I, Robot, 1950
Un défilé de robots, OPTA, Club du livre d'anticipation no 7, 1967 The Rest of the Robots, 1964
Le Robot qui rêvait, J'ai lu no 2388, 1988 en Robot Dreams, 1986
Nous les robots en The Complete robot, 1982

Le cycle d'Elijah Baley :
Les Cavernes d'acier, Hachette/Gallimard, Le Rayon fantastique no 41, 1956 en The Caves of Steel, 1953
Face aux feux du soleil, OPTA, Club du livre d'anticipation no 23, 1970 en The Naked Sun, 1956
Les Robots de l'aube, J'ai lu no 6792, 1984 en Robots of Dawn, 1983
Les Robots et l'Empire, J'ai lu no 5895, 1986 en Robots and Empire, 1985
Le cycle de l'Empire :
Les Courants de l'espace, OPTA, Galaxie-bis, 1967 en The Currents of Space,
Tyrann, J'ai lu no 484, 1973 en The Stars Like Dust, 1951
Cailloux dans le ciel, Hachette/Gallimard, Le Rayon fantastique no 16, 1953

Le cycle de Fondation :

Prélude à Fondation, Presses de la Cité, Univers sans limites, 1989 Prelude to Foundation, 1958
L'Aube de Fondation, Presses de la Cité, Univers sans limites, 1993 Forward the Foundation, 1992
Fondation, Hachette/Gallimard, Le Rayon fantastique no 44, 1957 Foundation, 1951
Fondation et Empire, OPTA, Club du livre d'anticipation no 1, 1965 Foundation and Empire, 1952
Seconde Fondation, OPTA, Club du livre d'anticipation no 1, 1965 Second Foundation, 1958
Fondation foudroyée, Denoël, Présence du futur no 357, 1983 Foundation's Edge, 1982
Terre et Fondation, Denoël, Présence du futur no 438, 1987 Foundation and Earth, 1986

Cycle de David Starr

Le cycle de David Starr a été écrit sous le pseudonyme de Paul French.
David Starr est chargé par le Comité Scientifique Terrestre d'enquêter sur les planètes du système Solaire, récemment colonisées, pour y résoudre des énigmes. Dès le premier tome, il est aidé par un petit homme natif de Mars, John Bigman Jones, et par une étrange rencontre avec des entités martiennes, qui se cachent des humains. Les autres tomes le voient explorer les lieux les plus emblématiques du système Solaire : les Astéroïdes, Vénus, Mercure, les lunes de Jupiter qui, par son gigantisme, empêche toute colonisation, les anneaux de Saturne.
Le Chasseur d'étoiles, Lefrancq, 1993
ou Les Poisons de Mars, Bibliothèque Verte, 1977
Les Écumeurs de l'espace, Lefrancq, 1993 Lucky Starr and the Pirates of the Asteroids, 1953
ou Les Pirates des Astéroïdes, Bibliothèque Verte, 1977
La Cité sous la mer, Lefrancq, 1993 Lucky Starr and the Oceans of Venus, 1954
ou Les Océans de Venus, Bibliothèque Verte, 1978
Le Projet Lumière, Lefrancq, 1993 Lucky Starr and the Big Sun of Mercury, 1956
ou La Fournaise de Mercure, Bibliothèque Verte, 1979
Les Lunes de Jupiter, Lefrancq, 1993 Lucky Starr and the Moons of Jupiter, 1957
Les Anneaux de Saturne (en), Lefrancq, 1993 Lucky Starr and the Rings of Saturn, 1957

Recueils de nouvelles de science-fiction

Les Robots, OPTA, Club du livre d'anticipation no 7, 1967
La Voie martienne, J'ai lu no 870, 1978 The Martian Way and Other Stories, 1955
Espace vital, Le Masque Science Fiction no 40, 1976 Earth Is Room Enough, 1957
L'avenir commence demain, Presses Pocket Science-fiction no 5034, 1978 Nine Tomorrows, 1959
Un défilé de robots, OPTA, Club du livre d'anticipation no 7, 1967
Asimov's Mysteries, 1968
Histoires mystérieuses 1, Présence du futur no 113, 1969
Histoires mystérieuses 2, Présence du futur no 114, 1969
Nightfall and Other Stories, 1969
Quand les ténèbres viendront, Présence du futur no 123, 1970
L'amour, vous connaissez ?, Présence du futur no 125, 1970
Jusqu'à la quatrième génération, Présence du futur no 301, 1979 The Early Asimov, 1972
Dangereuse Callisto, Présence du futur no 182, 1974
Noël sur Ganymède, Présence du futur no 187, 1974
Chrono-minets, Présence du futur no 191, 1975
La Mère des mondes, Présence du futur no 199, 1975
Buy Jupiter and Other Stories, 1975
Flûte, flûte et flûtes !, Présence du futur no 232, 1977 (ISBN 2207247368 et 2070314448)
Cher Jupiter, Présence du futur no 233, 1977 (ISBN 2207249182)
L'Homme bicentenaire, Présence du futur no 255, 1978 ((en) The Bicentennial Man and Other Stories, 1976) (ISBN 2207250253 et 2207302555)
Limericks ((en) Limericks d'Isaac Asimov & John Ciardi, 1978)
Nous les robots (The Complete Robot, 1982)
(en) The Winds of Change and Other Stories, 1983
Au prix du papyrus, Présence du futur no 395, 1985
Les Vents du changement, Présence du futur no 403, 1985
Le Robot qui rêvait, J'ai lu no 2388, 1988 Robot Dreams, 1986
Azazel, Presses Pocket Science-fiction no 5508, 1990 Azazel, 1988
(en) Robot Visions, 1990
La seule nouvelle inédite de ce recueil, La Vision d'un robot (Robot Visions) est disponible en France dans le recueil Robots temporels d'Issac Asimov (de William F. Wu (en) chez J'ai lu no 3473 1993
Mais le docteur est d'or, Presses Pocket Science-fiction no 5621, 1996
Légende, Presses Pocket Science-fiction no 5627, 1996 Magic, 1996
La Pierre parlante et autres nouvelles, 2002

Recueils de nouvelles policières et autres nouvelles policières.

Le Cycle des veufs noirs The Black Widowers constitue une sorte de reprise du Club du mardi d’Agatha Christie. Il s'agit d'un groupe se réunissant périodiquement autour d'un bon dîner. Ni forcément veuf, ni forcément célibataire, chacun des six membres, à tour de rôle, doit venir accompagné d'un invité. Une anecdote racontée par ce dernier sert généralement de point de départ à la nouvelle.
Le Club des veufs noirs, 10/18 no 1980, 1989 en Tales of the Black Widowers, 1974
Retour au club des veufs noirs, 10/18 no 2015, 1989 en More Tales of the Black Widowers, 1976
Casse-tête au club des veufs noirs, 10/18 no 2146, 1990 en Casebook of the Black Widowers, 1980
À table avec les veufs noirs, 10/18 no 2061, 1989 en Banquets of the Black Widowers, 1984
Puzzles au club des veufs noirs, 10/18 no 2183, 1991 en Puzzles of the Black Widowers, 1990
(en) The Return of the Black Widowers, 2003
Plusieurs nouvelles du cycle sont d'abord parues dans Mystère magazine. Les cinq premiers recueils ont été réédités en un tome chez Omnibus 2010.
Isaac Asimov a également publié quelques nouvelles policières n'appartenant pas au Cycle des veuf noirs. Certaines font partie du recueil Histoires mystérieuses, d'autres ont été réunies dans le recueil The Union Club Mysteries paru en 1985 et jamais traduit en français.
Cyanure à volonté, Fayard, Le Saint détective magazine no 28, 1957 Death of a Honey-Blond, 1956
Publiée également sous le titre What's in a Name? et collectée dans Histoires mystérieuses sous le titre Le Patronyme accusateur
Poussière de mort, OPTA, Fiction no 64, 1959 The Dust of Death, 1957
Publiée également dans Histoires mystérieuses sous le titre La Poussière qui tue

Autres romans

La Fin de l'éternité en The End of Eternity, 1955
Une bouffée de mort The Death Dealers, 1958
Le Voyage fantastique Fantastic Voyage, 1966
d'après le film du même nom
Les Dieux eux-mêmes The Gods Themselves, 1972
Prix Nebula 1972, prix Hugo 1973 et prix Locus 1973
Destination cerveau Fantastic Voyage II: Destination Brain, 1987
Némésis Nemesis, 1989
Le Retour des ténèbres Nightfall, 1990
Coécrit avec Robert Silverberg.
L'Enfant du temps en The Ugly Little Boy, 1992
Coécrit avec Robert Silverberg.
Tout sauf un homme en The Positronic Man, 1993
d'une nouvelle originale d'Asimov L'Homme bicentenaire, transformée par Robert Silverberg en roman, lui-même adapté au cinéma en 1999.

Vulgarisation et influence

Isaac Asimov a écrit plusieurs dizaines d'ouvrages de vulgarisation, sur des sujets aussi variés que les trous noirs, la Bible ou Shakespeare.
Voici quelques livres de vulgarisation portant notamment sur l'astronomie :
Civilisations extraterrestres
Fusées, satellites et sondes spatiales
La Colonisation des planètes et des étoiles
La Course à l'espace : de la rivalité à la coopération
La Pollution de l'espace
Les Astronomes d'autrefois
Les comètes ont-elles tué les dinosaures ?
Les Objets volants non identifiés
Mercure, la planète rapide
Neptune, la plus petite des géantes
Notre voie lactée et les autres galaxies
Science-fiction et faits de science
Saturne et sa parure d’anneaux
Uranus, la planète couchée
Y a-t-il de la vie sur les autres planètes ?
La comète de Halley
La Terre, notre base de départ
Trous noir
X comme inconnu
The Roving Mind10 La pensée vagabonde
Volume 1/2 : 37 essais édités sous le titre Les moissons de l'intelligence, éd Chimérique, coll.« collection zététique
Volume 2/2 : 25 essais non traduit en français
L'univers de la science
Ce sont en particulier ses œuvres qui ont poussé Paul Krugman écipiendaire du prix Nobel d'économie 2008 à devenir un économiste, l'économie étant à son sens ce qui existe de plus proche de la psychohistoire

Récompenses obtenues

1963 : Prix Hugo spécial pour ses contributions à la science-fiction
1966 : Prix Hugo de la meilleure série de tous les temps pour le cycle de Fondation
1967 : Prix Skylark du meilleur écrivain
1972 : Prix Nebula du meilleur roman pour Les Dieux eux-mêmes
1973 : Prix Hugo du meilleur roman pour Les Dieux eux-mêmes
1973 : Prix Locus du meilleur roman pour Les Dieux eux-mêmes
1975 : Prix Locus de la meilleure anthologie pour Before the Golden Age
1976 : Prix Nebula de la meilleure nouvelle longue pour L'Homme bicentenaire
1977 : Prix Hugo de la meilleure nouvelle longue pour L'Homme bicentenaire
1977 : Prix Locus de la meilleure nouvelle longue pour L'Homme bicentenaire
1981 : Prix Locus, catégorie non fiction/article scientifique In joy still felt: The autobiography of Isaac Asimov, 1954-1978
1983 : Prix Hugo du meilleur roman pour Fondation foudroyée
1983 : Prix Locus du meilleur roman pour Fondation foudroyée
1985 : Prix Cosmos 2000 pour Les Robots de l'aube
1986 : Prix Nebula spécial de Grand Maître Life achievement
1987 : Prix Locus de la meilleure nouvelle courte pour Le Robot qui rêvait
1987 : Prix Asimov des lecteurs de la meilleure nouvelle pour Le Robot qui rêvait
1992 : Prix Hugo de la meilleure nouvelle longue pour Un sujet en or
1993 : Prix Asimov des lecteurs de la meilleure nouvelle Cleon the emperor
1995 : Prix Hugo, catégorie non fiction/article scientifique pour Moi, Asimov
1995 : Prix Locus, catégorie non fiction/article scientifique pour Moi, Asimov

Films réalisés d'après l'œuvre d'Isaac Asimov

La Mort des trois soleils 1988, de Paul Mayersberg, tiré de la nouvelle Nightfall.
L'Homme bicentenaire 1999, de Chris Columbus. Ce film se veut fidèle à la nouvelle éponyme d'Asimov.
I, Robot 2004, d'Alex Proyas, avec Will Smith. Le scénario du film n'a pas grand rapport avec le recueil éponyme qui regroupe le Livre des robots et Les Robots, hormis qu'on y retrouve le Pr Lanning et le Dr Calvin, chers à l'auteur, ainsi que le principe et l'énoncé des Trois lois de la Robotique. La fin du film reprend le thème de la nouvelle du Robot qui rêvait. Voulant s'inspirer des romans d'Asimov sur les robots, le film a cependant lancé une polémique sur le respect de l'esprit d'écriture d'Asimov.
Sueños de Robot court métrage Rêves de Robots, réalisation Christian Toro et Carlos Ramos 2007.

Hommages

Sur la planète Mars, le cratère Asimov, ainsi baptisé officiellement en mai 2009, se situe dans le quadrangle Noachis, non loin du cratère Roddenberry, du nom de Gene Roddenberry, un de ses proches amis et célèbre créateur de Star Trek.
Honda a dévoilé en 2000 un robot humanoïde ASIMO, Advanced Step in Innovative MObility, ce nom constitue pour un grand nombre de lecteurs d'Isaac Asimov un clin d'œil bien qu'involontaire à l'écrivain du Livre des Robots, dans lequel il met en scène des robots humanoïdes.
Une méthode statistique utilisée en physique des particules utilise des ensembles de données d'Asimov Asimov dataset en anglais, qui sont censés être un échantillon représentatif de toutes les données. Ce nom a été inspiré par la nouvelle Franchise dans laquelle un seul électeur est choisi pour représenter l'ensemble des électeurs.
Le héros de la série de jeux vidéo Dead Space, Isaac Clarke, est nommé ainsi en référence à Isaac Asimov et Arthur C. Clarke.

Lien
http://youtu.be/tN8uaDh_laY Les incroyables prévisions d'Asimov

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Posté le : 06/04/2014 15:42
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Re: Défi d'écriture du 05/04/2014
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Superbe histoire d'un pied de nez à la vie et à la vilaine fée qui l'affuble d'appendices disgracieux.

Il faut en retenir la morale que "Si la vie ne t'offre que des fruits secs, fais-en des compotes et des confitures."

Merci pour ta participation et ta fidélité à nos défis.

bises

Couscous

Posté le : 06/04/2014 15:01
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Gaspard-Félix Tournachon dit Nadar
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Le 6 avril 1820 à Paris naît Gaspard-Félix Tournachon qui prendra

le pseudonyme de Nadar,


caricaturiste, aéronaute et photographe français, il meurt à Paris, à 89 ans le 21 mars 1910;
Il publie à partir de 1850 une série de portraits photographiques d'artistes contemporains, parmi lesquels Franz Liszt, Richard Wagner, Charles Baudelaire, Michel Bakounine, Victor Hugo, Jules Verne, Hector Berlioz, Gioachino Rossini, Daniel François Esprit Auber, Sarah Bernhardt, Jacques Offenbach, George Sand, Gérard de Nerval, Théodore de Banville, Jules Favre, Guy de Maupassant, Édouard Manet, Gustave Doré, Gustave Courbet, Jean-Baptiste Corot, Loïe Fuller, Zadoc Kahn, Charles Le Roux, Hector de Sastres, les frères Élisée Reclus et Élie Reclus.
Le pseudonyme Nadar a également été utilisé par son frère Adrien Tournachon sous les formes Nadar jeune et Nadar jne, provoquant parfois la confusion. Il sera ensuite réutilisé par son fils Paul, avec la permission de son père.

Nadar est un pur produit du XIXe siècle : à la fois révolutionnaire et bourgeois, artiste et entrepreneur, féru de progrès de science et de modernité, il s'est entouré des plus grandes signatures de la littérature et des arts de son temps. Personnage doué, rusé, passionné et dilettante, son ami Baudelaire écrit de lui : Nadar, c'est la plus étonnante expression de vitalité. S'il est connu aujourd'hui essentiellement pour son activité de photographe, Nadar ne consacre pourtant, au cours de sa longue carrière qui le mène du feuilleton de presse à l'aérostation, qu'une fraction de son temps à ce médium. Mais, pour l'histoire de la photographie, Nadar reste comme celui qui fut l'un des premiers à élever la pratique du portrait au-delà de l'industrie standardisée. Sa carrière de photographe a largement tiré parti du réseau qu'il se forgea dans sa jeunesse et sur lequel il s'appuya pour faire sa renommé
Grand, les cheveux roux, les yeux effarés, fantasque à la jeunesse vagabonde, il se définit lui-même comme un vrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu'à appeler les choses par leur nom, et les gens aussi.
Portraitiste perspicace, il publie, à partir de 1854, le Panthéon de Nadar, galerie des célébrités de son temps. L'un des premiers, il a utilisé la lumière artificielle étonnantes photographies des catacombes, 1861. Passionné par l'aérostation, il avait réalisé, dès 1858, les premières photographies aériennes prises en ballon. Grâce à lui s'ouvrit, en 1874, la première exposition des impressionnistes, pour laquelle il prêta son atelier.Son fils Paul Tournachon, dit Paul Nadar Paris 1856-Paris 1939 prit la direction de la maison Nadar en 1886 après avoir travaillé plusieurs années avec son père ; il réalisa de nombreux portraits de personnalités de la Belle Époque, principalement d'artistes lyriques et dramatiques.
Photographe, il utilise la lumière artificielle pour modeler le visage des célébrités dont il publie les portraits dans son Panthéon-Nadar. Il réalise les premières photos aériennes en ballon en 1858. Fondateur en 1849 de la Revue comique, auteur de nouvelles et de souvenirs Quand j'étais étudiant, 1857 ; le Monde où l'on patauge, 1883, il organise dans son atelier la première exposition impressionniste 1874.

Sa vie

Ses parents étaient d'origine lyonnaise. Gaspard-Félix Tournachon est né à Paris dans une famille d'imprimeurs. Son père, Victor Tournachon, imprimeur et libraire s'était installé dans la capitale. Le jeune Gaspard-Félix fréquente différents internats de la région parisienne, alors que son père connaît des revers de fortune. Il étudie alors au lycée Condorcet.Attiré par la littérature et peu motivé par les études, il intègre très vite la bohème étudiante du quartier Latin. Profitant de l'explosion de la petite presse dans les années 1830, il commence à écrire des comptes rendus sur le théâtre dans plusieurs journaux. Il donne également dans le feuilleton de presse, genre nouveau inventé pour fidéliser un lectorat sollicité par une offre aussi pléthorique qu'instable. Par ses feuilletons, dans lesquels il tourne la société bourgeoise en dérision, il fait un lien entre la presse et la littérature à laquelle il aspire et adopte le mode de vie de la jeunesse romantique : errances, discussions esthétiques et politiques, changements fréquents de domiciles, duels...
Allant jusqu'à travailler pour plus d'une douzaines de titres simultanément, Félix écrit trois romans, rencontre ceux qui seront ses meilleurs amis – Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Gérard de Nerval –, fréquente la Société des buveurs d'eau réunie autour d'Henri Murger et entre à la Société des gens de lettres. C'est également à cette époque, au début des années 1840, que Félix Tournachon se fait appeler Félix de la Tour Nadard, puis rapidement, Nadar, pseudonyme sous lequel il signe ses articles et les caricatures qu'il publie à partir de 1846. L'année suivante paraît dans Le Journal du dimanche sa Galerie des gens de lettres composée d'une cinquantaine de portraits charges de personnalités du monde littéraire. Chaque portrait, affublé d'un commentaire, montre la connaissance fine que possède Nadar du monde de la littérature et de la presse de l'époque. En 1854, il renouvelle la formule avec le célèbre Panthéon Nadar, un cortège caricatural de quelque trois cents écrivains proposés à la postérité, et connaîtra de nombreuses rééditions.
Diplômé de l'École des mines de Saint-Étienne en 1837, Gaspard-Félix commence des études de médecine à Lyon ; cependant sans soutien financier, à la mort de son père, il se voit obligé d'y renoncer pour gagner le pain quotidien de sa famille, dont il a désormais la charge et qui comprend sa mère et son jeune frère, Adrien Tournachon, plus jeune de cinq ans.
Il travaille dans différentes rédactions de journaux lyonnais, avant de revenir s'installer à Paris, où il effectue divers travaux dans de « petites feuilles ». Brûlant les étapes, il fonde, en collaboration avec Polydore Millaud, un journal judiciaire, intitulé L'Audience et fréquente le milieu de la jeunesse artistique, popularisé par le roman de Murger : Scènes de la vie de Bohème. Il commence à y côtoyer des personnages comme Gérard de Nerval, Charles Baudelaire et Théodore de Banville. Ses amis artistes, le surnomment Tournadar à cause de son habitude de rajouter à la fin de chaque mot de ses phrases la terminaison dar, d'une manière tout à fait fantaisiste, puis une abréviation transforme ce tic en pseudonyme Nadar.
La vie est très dure et il subsiste en utilisant divers expédients ; il écrit des romans, dessine des caricatures. Grâce à l'aide financière d'un ami, il se lance, à dix-neuf ans, dans l'aventure de la création d'une revue prestigieuse, Le Livre d'or, dont il devient le rédacteur en chef. Grâce à ses relations, il s'assure la collaboration de personnalités dont, Balzac, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Gavarni et Daumier. L'aventure est obligée de s'arrêter au neuvième numéro, malgré un succès d'estime.

Le caricaturiste

Après cet échec, Gaspard-Félix reprend du service dans les gazettes comme caricaturiste. C'est lors d'un stage de dessin au journal satirique Le Corsaire-Satan qu'il découvre le crayon lithographique et abandonne la plume. À la veille de la révolution de 1848, il obtient la consécration avec son premier dessin-charge publié dans le journal Le Charivari.
Le 30 mars 1848, il s'engage avec son frère dans la légion polonaise, pour porter secours à la Pologne. Son passeport est au nom de Nadarsky. Il est fait prisonnier et mis au labeur dans une mine, puis il refuse le rapatriement gratuit et revient à pied. Deux mois plus tard, il sera de retour à Paris, coiffé d'une chapka de couleur groseille, après un long voyage lors duquel il fut arrêté en Saxe par des représentants du gouvernement prussien.
Rapidement après son retour, il est contacté par le gouvernement provisoire pour quelques services. Il est engagé comme agent secret par l'éditeur Jules Hetzel, alors chef du cabinet du ministre des Affaires étrangères. Sa soif d'aventures inassouvie, malgré son expérience polonaise, il part se renseigner sur les mouvements des troupes russes à la frontière prussienne.
De retour à Paris, il reprend ses activités de caricaturiste auprès de petits journaux, tandis que sa renommée s'établit peu à peu. À partir de 1851, il s'attèle à un grand projet de Musée des gloires contemporaines, pour lequel, avec l'aide de plusieurs collaborateurs, il rencontre les grands hommes du moment afin de les dessiner. L'ensemble de ce travail concerne plus de trois cents grands hommes de l'époque sur un total de plus de 1 000 vignettes et constitue un panthéon qui lui apportera la notoriété, sous le nom de Panthéon Nadar en quatre feuillets.

Illustrations "Les Binettes contemporaines"

Les rêveries d'un étameur
Les petites affiches du tintamarre…, par Joseph Citrouillard, revues par Commerson, pour faire concurrence à celles d'Eugène de Mirecourt, portraits par Nadar, 10 vol., 1854-1855.
Illustrations par Nadar pour ''Les Binettes contemporaines'' de Commerson 1854-1855

Le photographe

Sa nouvelle aisance lui permet d'emménager au dernier étage d'un immeuble de la rue Saint-Lazare, où il peut disposer d'un atelier bénéficiant de la lumière naturelle. C'est dans ce studio que seront réalisés ses chefs-d'œuvre, continuant l'œuvre des portraits, entreprise avec la caricature, désormais continuée avec une nouvelle technique : la photographie.
À partir de cette époque, la technique du portrait est maîtrisée et les travaux sont de qualité. Les prix évoluent à la baisse. De nombreux studios ouvrent et les personnalités — les élites du monde des arts, des lettres, mais aussi de la politique, du théâtre et même de l'Église — peut-être attirés par leur côté narcissique, n'hésitent pas à « se faire tirer le portrait ». Ce sont ces œuvres que l'on retrouve chez les papetiers sous forme d'estampes et de photographies.
En 1854, il se marie avec Ernestine, jeune femme issue d'une riche famille protestante. Malgré le mariage, il continue d'offrir l'hospitalité à ses nombreux amis, comme à l'époque de la bohème.
Nadar souhaite que l'appareil de photographie puisse désormais être emporté à l'extérieur et en voyage, aussi facilement que le chevalet du peintre, il va commencer aussi à expérimenter la photographie embarquée dans un ballon, il fut donc, dès 1858 le pionnier de la photographie aérienne, avec ses vues du Petit Bicêtre. Daumier représenta Nadar opérant avec difficulté lors d'une ascension aérienne, avec cette légende prémonitoire : Nadar, élevant la photographie à la hauteur de l'Art le 25 mai 1862.
En 1860, manquant de place, Nadar déménage de la rue Saint-Lazare au boulevard des Capucines. Il fait installer au fronton de son immeuble une immense enseigne, dessinée par Antoine Lumière et éclairée au gaz.

En 1879, le chimiste et photographe gantois Désiré van Monckhoven conseille à Nadar de passer à la photographie au charbon car les tirages argentiques connaissent de nombreux problèmes de jaunissement et de disparition des demi-teintes.

Le flash au magnésium

Il expérimente l'éclairage à la poudre de magnésium, plus facile à brûler qu’en bloc. Complexe à mettre en œuvre, ce procédé, qui consiste à brûler de la poudre de magnésium, s’avère très dangereux car le magnésium est inflammable et dégage beaucoup de fumée. De plus, le déclenchement du flash se faisant manuellement, il arrivait qu'il ne se produise pas au bon moment trop tôt ou trop tard. Nadar tente ensuite une nouvelle expérience qu'il décrit dans son livre "Quand j‘étais photographe" :
Je tentai de tamiser ma lumière en plaçant une glace dépolie entre l'objectif et le modèle, ce qui ne pouvait m'amener à grand chose ; puis plus pratiquement je disposai des réflecteurs en coutil blanc, et enfin un double jeu de grands miroirs répercutant par intermittences le foyer lumineux sur les parties ombrées. J'arrivai ainsi à ramener mon temps de pose à la moyenne diurne et finalement je pus obtenir des clichés à rapidité égale et de valeur tout à fait équivalente à celle des clichés exécutés quotidiennement dans mon atelier.
Il effectue une démonstration pour le journal La Presse scientifique et dépose le brevet de photographie à la lumière artificielle en février 1861. Nadar est conscient de la portée de son invention. Désormais, il est possible de révéler au public le monde souterrain. Il le prouve en s'attaquant à un nouveau chantier : la photographie des sous-sols de Paris, c'est-à-dire les catacombes et les égouts.
En avril 1874, la première exposition des peintres impressionnistes se produit dans son studio. On lui en a souvent attribué l'organisation ; en fait, il s'agissait de son ancien studio qu'il louait. Il est aussi possible, mais non prouvé, qu'il ait demandé à son locataire d'abriter les impressionnistes, mais il ne fut pas en tout cas l'organisateur de l'exposition.
Après la destruction de son atelier rouge, sa femme finance et gère, avec 20 personnes, l'aristocratique, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Nadar a fustigé les canons de représentation et, écœuré par l'évolution de la production raille ses concurrents, qui se contentent d'un format à peu près unique, singulièrement pratique pour l'espace de nos logements bourgeois. Sans s'occuper autrement de la disposition des lignes selon le point de vue le plus favorable au modèle, ni de l'expression de son visage, non plus que de la façon dont la lumière éclaire tout cela. On installait le client à une place invariable, et l'on obtenait de lui un unique cliché, terne et gris à la va-comme-je-te-pousse.

L'aérostation

Nadar élevant la Photographie à la hauteur de l'Art., lithographie d'Honoré Daumier parue dans Le Boulevard, le 25 mai 1863.
Très curieux des nouveautés techniques de son temps, il se lança avec passion dans le monde des ballons.
Grâce aux frères Louis et Jules Godard, aéronautiers aguerris, il réalise la première photographie aérienne de Paris en 1858, d'un vol captif à 80 mètres au-dessus du Petit-Bicêtre actuel Petit-Clamart. Il est obligé d'alléger au maximum et ne peut embarquer sa guillotine horizontale. Leur coopération durera jusqu'en 1863 grave brouille lors de la construction du ballon Le Géant.
Les aventures de Nadar inspireront Jules Verne pour Cinq semaines en ballon écrit en 1862. Un des héros de De la Terre à la Lune et Autour de la Lune — romans parus en 1865 et 1869 — s'appelle d'ailleurs Michel Ardan, anagramme de Nadar.
Voici comme Jules Verne le décrit :
"C'est un homme de 42 ans, grand, mais un peu voûté déjà, comme ces cariatides qui portent des balcons sur leurs épaules. Sa tête forte, véritable hure de lion, secouait par instants une chevelure ardente, qui lui faisait une véritable crinière. Une face courte, large aux tempes, agrémentée d'une moustache hérissée comme les barbes d'un chat et de petits bouquets un peu égarés, un regard myope, complémentaient cette physionomie éminemment féline."
— extrait de De la Terre à la Lune
En 1863, il fonde la Société d’encouragement de la navigation aérienne au moyen du plus lourd que l’air. Il fait construire un immense ballon, Le Géant, haut de 40 mètres et contenant 6 000 m³ de gaz. Le 4 octobre, le premier vol du Géant a lieu à Paris avec 13 personnes à bord. Le ballon perd rapidement de la hauteur et atterrit à Meaux, à moins de 100 kilomètres de Paris. Nadar recommence l'expérience le 18 octobre avec son épouse. Dans les environs de Hanovre, le ballon atterrit durement et est entraîné sur 16 kilomètres. Ils sont grièvement blessés. Elle restera hémiplégique. D'autres tentatives auront lieu mais sans le succès public escompté, or les passagers devaient lui permettre la rentabilité de l'affaire. Nadar doit donc arrêter l'aventure du Géant par manque d'argent.
Il fonde en 1867 avec d'autres passionnés comme lui, la revue L'aéronaute.
En 1870-1871, lors du siège de Paris par les Allemands, il constitue de son propre chef la Compagnie d’Aérostiers avec Camille Legrand dit Dartois et Jules Duruof dont le but est la construction de ballons militaires pour les mettre à la disposition du gouvernement. Ils établissent un campement sur la place Saint-Pierre, au pied de la butte Montmartre, où naît la poste aérienne du siège. Les ballons permettaient de surveiller l’ennemi, d’établir des relevés cartographiques et également d’acheminer du courrier. Nadar baptise ses ballons : le George-Sand, l’Armand-Barbès et le Louis-Blanc.
C'est à bord de l’Armand-Barbès que Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur, quitte Paris le 7 octobre 1870 pour se rendre à Tours afin d'y organiser la résistance à l’ennemi. Au total, 66 ballons seront construits entre le 23 septembre 1870 et le 28 janvier 1871 qui transporteront 11 tonnes de courrier, soit 2,5 millions de lettres. Cinq des ballons seront capturés par l'ennemi. Cette première fabrication en série d'aéronefs, marque la naissance officielle de l'industrie aéronautique. Deux usines avaient été installées dans les gares de chemin de fer réquisitionnées : les frères Godard à la gare de Lyon et Dartois et Yon à la gare du Nord.

Au début des années 1850, Nadar, opposant farouche au régime de Napoléon III, est alors essentiellement caricaturiste. Encore célibataire, il s'installe au 113, rue Saint-Lazare avec sa mère. En 1854, il envoie son frère Adrien, peintre raté, prendre des leçons de photographie dans l'atelier de Gustave Le Gray. Depuis quelques années, cet ancien élève de l'École des beaux-arts dispense des cours de photographie à la haute société parisienne désireuse de s'adonner à ce nouveau passe-temps de luxe. Pour Adrien, il finance également un atelier de portrait photographique boulevard des Capucines. Nadar s'équipe également et aménage un studio dans ses appartements de la rue Saint-Lazare. À peine marié à Ernestine-Constance Lefèvre, il va très vite collaborer avec Adrien afin de sauver l'atelier de ce dernier d'un naufrage certain. Pour le compte du studio, Félix fait venir nombre de ses amis du monde des lettres et des arts parisiens : viennent se faire photographier Baudelaire, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Gustave Doré, ou encore Gérard de Nerval, quelques jours avant son suicide.
L'atelier remis à flot, Adrien, qui se fait alors appeler Nadar jeune, demande à Félix de se retirer. Une querelle éclate entre les deux frères qui ne se résoudra qu'en 1860, à la mort de leur mère. Désireux de récupérer pour son seul usage son nom d'artiste, Félix intente un procès à Adrien et ouvre en 1855 rue Saint-Lazare, la Seule maison Nadar pas de succursale. Fort de l'exploitation des ressources glorieuses du carnet d'adresses de son directeur, l'atelier devient l'un des plus prisés et l'un des plus chers de la seconde moitié des années 1850. Nadar développe un talent certain pour le portrait, qui tranche avec les méthodes utilisées jusque-là. Afin de mettre le sujet à l'aise, il entre en discussion avec lui et, tirant profit de la technique quasi instantanée du collodion sur verre, le prend pour ainsi dire par surprise. Cela permet au portrait de garder un naturel, une spontanéité inédite. Pour Nadar, c'est l'unique moyen permettant d'aller au-delà des apparences et d'atteindre le portrait psychologique.
Désireux de faire reconnaître son statut d'auteur, il se bat non seulement pour récupérer son nom, mais également pour défendre la notion de style en photographie, présupposant une pratique artistique du médium. En plus de ses activités de journaliste, Nadar devient synonyme de portrait photographique et gagne de nombreuses médailles en France comme à l'étranger. En 1858, Adrien, qui a définitivement perdu son procès contre Félix, voit son atelier installé depuis 1855 boulevard des Italiens faire faillite. Pour Félix, à l'inverse, l'atelier de la rue Saint-Lazare devient trop petit. En 1860, il reprend l'ancien studio de Gustave Le Gray, 35 boulevard des Capucines, au fronton duquel s'étale éclairée au gaz la célèbre signature Nadar dessinée par Auguste Lumière. Le photographe, qui est alors au sommet de sa gloire, regarde cependant déjà ailleurs...
À la chute du régime de Napoléon III, il installe révolutionnairement sa société dans le quartier de Montmartre sur la place Saint-Pierre même. Avec deux engins, le Neptune et le Strasbourg, il sera chargé d'étudier les déplacements de l'ennemi.

Les dernières années

Après l'épisode de la Commune, Nadar se retrouve complètement ruiné et recommence une activité dans la photographie, mais pour réaliser avant tout des travaux qui lui assurent sa subsistance.
En 1886, il accompagne son fils Paul Tournachon qui doit réaliser une interview du chimiste Eugène Chevreul, et en profite pour prendre des photos. Ce double travail, paru le 5 septembre dans le Journal illustré peut certainement être considéré comme le premier reportage photographique réalisé en même temps que l'entretien journalistique dont il assure l'illustration.
En 1887, il s'installe au manoir de l'Ermitage de la Forêt de Sénart où il accueille ses amis dans le besoin, jusqu'en 1894. Il est alors ruiné et malade, mais errant et paisible. Cette même année, à l'âge de 77 ans, Nadar décide de tenter de nouveau sa chance. Il laisse à son fils la gestion de ses affaires à Paris, et fonde à Marseille un atelier photographique. Nadar, doyen des photographes français devient dans la région de Marseille une véritable gloire et se lie d'amitié avec l'écrivain Frédéric Mistral.
En 1900, il triomphe, à l'Exposition Universelle de Paris, avec une rétrospective de son œuvre, organisée par son fils.
En 1904, Nadar revient à Paris. Il y décède le 21 mars 1910 à quelques jours de ses 90 ans.

Nadar, père et fils

Les relations entre le Félix Nadar et son fils, Paul, ont été compliquées. Marchant sur les traces de son père, Paul se lance dans la photographie à son tour, ce qui est l'occasion d'une collaboration étroite entre les deux hommes, qui ont notamment partagé leur atelier et réalisé ensemble une série de photographies du chimiste Eugène Chevreul en 1886. Toutefois, décalage de générations oblige, des divergences artistiques apparaissent entre le père et le fils. Tandis que Félix Nadar privilégiait les poses solennelles et graves, son fils avait une conception plus fantaisiste de la photographie. Paul utilise parfois des trucages et s'intéresse davantage aux gens du spectacle
Son fils, Paul, réutilisa le pseudonyme avec la permission de son père.

Vers d'autres horizons

Au seuil des années 1860, le marché de la photographie est en pleine mutation. Les tenants d'une photographie de qualité, onéreuse et de grand format se voient subitement détrônés par de nouveaux entrepreneurs comme Eugène Disdéri qui, avec le portrait-carte, divise le prix de revient d'une photographie par six, voire par dix. Le studio de Nadar est une grosse entreprise qui s'éloigne de l'artisanat de la rue Saint-Lazare pour pouvoir tenir tête à la concurrence. Et si Félix délaisse quelque peu le studio, il n'en abandonne pas pour autant la photographie. En 1861, il dépose ainsi un brevet de photographie à la lumière électrique et, en 1862, il réalise des clichés dans les catacombes qui sont exposés à Londres la même année. Mais la photographie le mène vers une nouvelle passion qui va mobiliser toute son énergie pendant près de quinze ans : dès 1858, Nadar a déposé un brevet de photographie aérostatique et réalisé un essai raté de photo aérienne à bord d'un ballon statique. Il renouvelle l'opération dix ans plus tard, cette fois-ci avec plus de succès. Entre-temps, il fonde en 1863 la Société d'encouragement pour la locomotion aérienne et se lance dans la construction du Géant, ballon gigantesque, destiné à porter quatre-vingts passagers dans une nacelle à deux étages. À sa deuxième ascension, le 18 octobre, le ballon s'écrase à Hanovre et sera revendu en 1867. Mais Nadar continue encore à voler pendant quelques années.

L'atelier de photographie se voit transféré rue d'Anjou. Nadar, atteint par des ennuis de santé et croulant sous les dettes, se retire petit à petit. En 1874, il prête les locaux qu'il a conservés boulevard des Capucines à un groupe de jeunes artistes encore inconnus qui se nomment Monet, Pissarro, Sisley, Renoir ou Degas pour une exposition de leurs toiles : ce sera le premier Salon des impressionnistes. À partir de 1887, c'est Paul, le fils unique, qui gère l'atelier. Félix, après avoir cédé légalement l'atelier à Paul en 1895, s'installe à Marseille, où il ouvre un nouveau studio de 1897 à 1899. Il rentre à Paris en 1900, où il peut assister à la rétrospective qui lui est consacrée à l'Exposition universelle, et poursuit l'édition de ses Mémoires. Il publie Quand j'étais photographe, reflet de ses activités multiples et variées des années 1850-1860 dans lequel la photographie n'est là que pour circonscrire une période de sa vie. En 1909, Ernestine décède et Nadar se lance dans la rédaction de son Charles Baudelaire intime, en hommage à son ami disparu. Quelques mois après que Blériot eut traversé la Manche en monoplane, Nadar disparaît à son tour, le 20 mars 1910.

Œuvres

Photographie

André Barre, Nadar. 50 photographies de ses illustres contemporains, éd. Julliard, 1994 (ISBN 2-260-01124-1)
André Barret, Nadar, éd. André Barret, 155 pages

Livres

La Robe de Déjanire, 3 tomes, première édition publiée sous son nom Félix Tournachon, Recoules, Libraire-Commissionnaire, 1845 ; Michel Lévy, 1862 ; E. Dentu, 1882, disponible sur Gallica.
Quand j'étais photographe, Éditions du Seuil, 1994.
À terre et en l'air. Mémoires du Géant, avec une introduction de M. Babinet, de l'Institut, E. Dentu 2e édition, 1865 disponible sur Gallica
L'Hôtellerie des Coquecigrues, E. Dentu,
Le Miroir aux alouettes, Michel Lévy frères, 1859.
Quand j'étais étudiant, E. Dentu. Édition Michel Lévy, 1861 disponible sur Gallica
Le Droit au vol, J. Hetzel, 1865.
La Grande Symphonie héroïque des punaises, 1877.
Sous l'incendie, Édition Charpentier 1882, ouvrage dédié à Elisée Reclus.
Le monde où on patauge, 1883.
Photographies, tome 1 ; Dessins et Écrits, tome 2 ; Éditeur Arthur Hubschmid, 1979

Correspondance

Nadar, Correspondance, 1820-1851. Tome 1 (établie et annotée par André Rouillé). Éditions Jacqueline Chambon, 1998.

Autres

La Bibliothèque historique de la ville de Paris ainsi que le Musée Carnavalet se partagent un fonds Nadar consacré à l'aérostation, acheté par la Ville de Paris et composé d'environ 2500 manuscrits.


Filmographie

Nadar photographe, film réalisé par Stan Neumann, le Musée d'Orsay, la SEPT-ARTE, les Films d'ici, Réunion des Musées Nationaux, 1994, 26' (VHS)

Liens
http://youtu.be/o_PSKmp6yxs Nadar photographe portraitiste
http://youtu.be/ipBtrerk2ho Photographies
http://youtu.be/PST5TvRww1E portraits de Nadar
http://youtu.be/znzIHLYCfy4 La norme et le caprice de Nadar

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Posté le : 06/04/2014 14:49
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Re: Les expressions
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« C'est bonnet blanc et blanc bonnet »

Se dit de choses présentées comme différentes mais en réalité très similaires


Êtes vous capable de faire la différence entre une assiette blanche et une blanche assiette ou bien un poteau rose et un rose poteau ? En dehors de l'aspect syntaxique, le placement du qualificatif par rapport au substantif, c'est peu probable. Les deux versions désignent bien ici la même chose, même si elles sont énoncées ou présentées de manière différente].

Par la similitude des deux formes, cette expression, qui existe depuis le XVIIe siècle sous la forme bonnet blanc, blanc bonnet, se moque de ceux qui, en utilisant deux appellations réellement distinctes, prétendent désigner deux choses différentes alors qu'il s'agit en réalité de choses plus ou moins identiques.

Alors bien sûr, on pourra se demander pourquoi c'est le bonnet, blanc de surcroît, qui a été retenu dans cette expression, sachant que le nombre de candidats pouvant potentiellement le remplacer est gigantesque. Hélas, il semble que les commentateurs de l'époque se sont abstenus de s'étendre sur la chose. Nous sommes donc privés de diserts sur ce sujet essentiel.
Et pourtant, à cette lointaine époque où l'on pouvait souvent reconnaître le métier d'un bonhomme au type de bonnet qu'il portait, on peut imaginer qu'il n'était pas forcément simple de différencier deux professions toutes deux porteuses d'un bonnet blanc ou d'un blanc bonnet, et que ce soit ce qui a influencé la naissance de l'expression.

Afin de ne pas casser cette brillante démonstration, on passera opportunément sous silence le fait que l'inversion qualificatif / substantif permet aussi de désigner des choses réellement différentes : une fille petite et une petite fille, un sacré texte et un texte sacré, un type sale et un sale type ..., par exemple.

Posté le : 06/04/2014 13:59
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Igor Stravinski
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Le 6 avril 1971, à 88 meurt à Nex-York Igor Fiodorovitch Stravinsky en russe :

Игорь Фёдорович Стравинский,


né 17 juin 1882 à Oranienbaum en Russie, compositeur et chef d'orchestre russe naturalisé français, en 1934, puis américain, en 1945 de musique moderne, il avait pour maître Nikolaï Rimski-Korsakov fils de Fiodor Stravinsky il est considéré comme l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle.
L'œuvre de Stravinsky, qui s'étend sur près de soixante-dix années, se caractérise par sa grande diversité de styles. Le compositeur accéda à la célébrité par la création de trois ballets dont il composa la musique pour les Ballets russes de Diaghilev : L'Oiseau de feu 1910, Petrouchka 1911 et son œuvre maîtresse Le Sacre du printemps 1913 qui eurent un impact considérable sur la façon d'aborder le rythme en musique classique. Dans les années 1920, sa production musicale prit un virage néoclassique et renoua avec des formes traditionnelles concerto grosso, fugue et symphonie. Dans les années 1950, enfin, Igor Stravinsky explora les possibilités de la musique sérielle.

Il est difficile de découvrir un musicien qui eut, de son vivant, une gloire égale à celle de Stravinski. Il fut certainement le compositeur le plus célèbre de la première moitié du XXe siècle ; et dire qu'il fut célèbre signifie que sa réputation s'est étendue bien au-delà des milieux musicaux, ou des milieux dits éclairés, pour se répandre dans le grand public et chez les profanes. Lors de ses obsèques, à Venise, une foule énorme, venue du monde entier, se pressait pour lui rendre un hommage tel qu'aucun créateur, sans doute, n'en a jamais eu. On peut rechercher les raisons d'un destin aussi exceptionnel. Quel qu'eût été le succès prodigieux qui suivit le scandale non moins prodigieux du Sacre du Printemps dont la création eut lieu en 1913, à Paris, et même si, pour presque tous, Stravinski est essentiellement l'auteur du Sacre, il n'est pas possible de faire graviter une vie entière autour d'une seule œuvre, aussi étincelante soit-elle. Sans doute pourrait-on suggérer que Stravinski fut, de tous les compositeurs, celui qui eut, sur son art, les idées les moins traditionnelles, en ce sens qu'il est celui qui, tandis qu'il plaçait à un niveau très élevé la technique de son métier, eut à cœur de s'éloigner le plus radicalement possible des préjugés romantiques sur l'expression et l'inspiration. À ce titre, il fut aussi théoricien, et certaines de ses phrases lapidaires, telles qu'on les trouve dans ses divers écrits, peuvent suffire à changer notre conception du monde sonore. En outre, davantage compositeur de ballets et d'opéras que de musique pure malgré d'étonnantes réussites comme l'Octuor, pour instruments à vent, ou les Mouvements, pour piano et orchestre, il reste étroitement lié à un mouvement culturel et intellectuel dans lequel on trouve aussi bien des décorateurs et des peintres que des philosophes et des écrivains. En fait, il gardera sa vie durant une prédilection pour l'atmosphère un peu enfiévrée d'une création presque collective comme celle qu'il avait découverte avec les Ballets russes, voire pour une certaine agitation mondaine et même pour la vénération que le monde lui accorde. Mais ce serait trop vite conclure que de ne voir en Stravinski un musicien illustre que par ce qui, paradoxalement, reste un peu extérieur à son art, par ce qu'il appelle lui-même les franges de la musique. S'il refuse les préjugés romantiques, il accorde la plus grande importance à la perfection de la technique musicale, et la maîtrise a, chez lui, le même sens que celui qu'on lui accordait autrefois, lorsqu'un artisan passait, grâce à son chef-d'œuvre, du rang de compagnon à celui de maître. Stravinski a donc toujours voulu être capable d'appliquer cette maîtrise qui lui est personnelle à toutes sortes de formes de la musique, transformant apparemment son style et pouvant, à ce titre, passer pour un musicien protéiforme. En réalité, sa personnalité pourrait être comparée à celle de Picasso, avec qui, d'ailleurs, il lui est arrivé de collaborer. Chez de tels artistes, une feinte variété, voire une apparente versatilité dissimulent une remarquable continuité. Alors qu'elles sont très dissemblables les unes des autres, les œuvres de Stravinski sont toujours reconnaissables, portent l'empreinte d'un tempérament inimitable. Tellement inimitable, d'ailleurs, que Stravinski n'eut aucun épigone dont le nom mérite d'être retenu. C'est ainsi que, considéré longtemps comme le chef de file d'un mouvement esthétique opposé au romantisme, il ne fut jamais un chef d'école. Stravinski est mort sans descendance musicale, ou presque.
Que Stravinski soit un musicien profondément russe, voilà qui ne peut être mis en doute. Et pourtant, il existe chez lui une tendance inavouée à l'universalisme qui transparaît dans certaines de ses œuvres, notamment celles de la période dite néo-classique et quelques-unes de la dernière partie de sa vie. Parallèlement, ses multiples pérégrinations et ses nationalités successives il fut tour à tour porteur des passeports russe, français, puis américain ne peuvent s'expliquer seulement par les circonstances fortuites et par les dures nécessités provoquées par deux guerres. Dans des circonstances semblables, on voit, par exemple, Prokofiev revenir s'installer dans sa Russie natale ; mais Stravinski veut être le citoyen du monde où sa musique est appréciée, et il donne donc l'impression de se déplacer en même temps que ses maxima de célébrité. Cette carrière itinérante commence avec les Ballets russes et à cause d'eux. C'est en effet Diaghilev qui, après avoir entendu le Scherzo fantastique et Feu d'artifice, et après avoir d'abord commandé à Stravinski une orchestration de Chopin Les Sylphides, lui demande la partition de L'Oiseau de feu et le fait venir à Paris en 1910. Dès lors, et jusqu'à ce qu'il se fixe aux États-Unis, en 1939, l'histoire des déplacements du musicien fournirait, à elle seule, matière à tout un chapitre.

Sa vie

Igor Stravinsky est né le 17 juin 1882 à Oranienbaum en Russie, où ses parents se trouvaient en vacances, mais il passa toute son enfance au 66 Krioukov Kanal, à Saint-Pétersbourg, où la famille résidait. Son père, Feodor Stravinski était une basse chantant au théâtre Mariinsky, Opéra impérial de Saint-Pétersbourg.
Igor était le troisième de quatre enfants. Son père, Feodor Ignatievitch. Remarquablement cultivé, il possédait une bibliothèque de près de vingt mille volumes consacrés essentiellement à la littérature russe et aux recherches sur les chants et les légendes populaires. C'est là que le compositeur devait puiser un grand nombre d'idées, notamment le sujet de Renard histoire burlesque chantée et jouée, 1916-1917 et les poésies populaires utilisées dans Les Noces scènes chorégraphiques russes, 1917-1923. À travers le cosmopolitisme de Stravinski, ou plutôt à la racine de ce cosmopolitisme, on retrouve un souci constant de retour aux sources, un désir de ne jamais se séparer totalement de sa terre natale. Mais, en tant que père, celui de Stravinski paraît s'être montré assez distant et sévère vis-à-vis de ses enfants. Par les Chroniques de ma vie, nous savons aussi que Stravinski semble en avoir été blessé, et il avoue n'avoir ressenti de réelle tendresse que pour sa nourrice, la niania, son frère cadet, tué au cours de la Première Guerre mondiale et un oncle qui était un personnage pittoresque aux idées libérales. Cela peut expliquer l'instabilité, le détachement, le souci de ne pas se laisser attacher en un lieu fixe qui paraît caractériser le mode d'existence du musicien. Il n'est pas sans intérêt, par ailleurs, de constater que la musique de Stravinski est demeurée l'une de celles qui sont le plus abondamment jouées dans le monde entier.
La vie familiale était difficile. Ses parents étaient sévères et les rapports qu'il avait avec ses deux frères aînés étaient également froids. Il ne me montrait de tendresse que lorsque j'étais malade, écrit-il à propos de son père dans Souvenirs et commentaires.
Malgré le fait que son père soit un chanteur de renom, le jeune Stravinsky n'a que très peu de contacts avec la musique classique dans sa jeunesse. En 1890, à huit ans, La Belle au bois dormant de Tchaïkovski et plus tard Une vie pour le tsar de Glinka restent ses deux seules expériences de concert importantes de son enfance. Igor commence des leçons de piano à l'âge de neuf ans et ne semble du reste pas montrer de dispositions particulières pour la musique. Ce que le jeune enfant aimait le plus faire au piano, c'était improviser, malgré les nombreux reproches qu'on lui faisait. Ce travail continu d'improvisations n'était pas absolument stérile, car il contribuait d'une part à une meilleure connaissance du piano, et d'autre part faisait germer des idées musicales, écrit-il dans ses Chroniques de ma vie. À son premier professeur succédera Mme Khachperova, élève d'Anton Rubinstein, qui fait travailler à Stravinsky le répertoire classique et romantique d'une manière très autoritaire, allant même jusqu'à interdire totalement l'usage de la pédale.
Ses premiers essais de composition n'étant pas suffisamment satisfaisants, son père l'inscrit à la faculté de droit de Saint-Pétersbourg en 1901. Durant la même période, il prend des leçons d'harmonie et de contrepoint. Quoique l'étude de l'harmonie ne lui donne aucune satisfaction, il s'exerce beaucoup au contrepoint pour son propre compte. Cependant, le décès de son père le 21 novembre 1902 lui enlève un poids considérable. Même s'il reste inscrit pendant quatre ans à l'université, il n'assiste au plus qu'à une cinquantaine de cours. Il passe maintenant ses soirées au théâtre Mariinski et aux concerts symphoniques de la Société impériale et fait d'autres essais de composition, dont le chant Nuages d'orage et un Scherzo pour piano.

Le point tournant de l'éducation musicale de Stravinsky est sa rencontre avec Nikolaï Rimski-Korsakov pendant l'été 1902. Je lui exposai mon désir de devenir compositeur et lui demandai son avis, raconte-t-il. Le célèbre compositeur, lui déconseillant le Conservatoire, lui dit qu'il serait prêt à lui enseigner une fois qu'il aurait acquis les notions élémentaires d'harmonie et de contrepoint. C'est l'été suivant que Rimski-Korsakov commence à lui donner des leçons, après avoir entendu sa Sonate pour piano en fa dièse mineur. Ces enseignements, qui continuèrent jusqu'à sa mort, se sont principalement centrés sur l'art de l'orchestration et des formes classiques.
Il me donnait à orchestrer des pages de la partition de piano d'un nouvel opéra qu'il venait d'achever. Quand j'avais orchestré un fragment, il me montrait son instrumentation personnelle du même morceau. Je devais confronter les deux et c'est encore moi qui devais lui expliquer pourquoi lui l'avait orchestré autrement. Dans le cas où je n'y arrivais pas, c'est lui qui me l'expliquait.
Igor Stravinsky épouse en 1906 sa cousine Catherine Gavrilovna Nossenko qui lui donnera quatre enfants : Fiodor dit Théodore en 1907, Lioudmilla en 1908, Sviatoslav dit Soulima en 1910 et Milena dite Milène en 1914.
La première œuvre composée par Stravinsky lors de son apprentissage avec Rimski-Korsakov est la Symphonie en mi bémol, en 1907. Suivront le Scherzo fantastique et Feu d'artifice, celui-ci interrompu à l'annonce de la mort de son maître le 21 juin 1908. Stravinsky compose alors un Chant funèbre à sa mémoire, œuvre perdue durant la Révolution russe. La création du Feu d'artifice, le 6 février 1909, est décisive pour la carrière du compositeur, car Serge de Diaghilev est présent.
Les premiers grands succès
Au moment où Diaghilev découvre Stravinsky, il est déjà très populaire à Paris, non pas avec des ballets, mais plutôt avec des concerts de musique russe et des opéras, dont la création française de Boris Godounov. Au début de 1909, il s'attaque au ballet. Pour Les Sylphides, Diaghilev demande à plusieurs compositeurs d'orchestrer des pièces de Chopin. Impressionné par le Feu d'artifice qu'il vient de voir, il demande à Stravinsky d'orchestrer le Nocturne en la bémol majeur et la Valse brillante en mi bémol majeur destinés pour son futur spectacle.

Stravinsky et Nijinski en 1911

Au cours de l'été, alors que Diaghilev part pour Paris où il rencontre un succès extraordinaire avec sa première saison des Ballets russes, Stravinsky se retire à Oustiloug en Ukraine, pour composer le premier acte de son opéra Le Rossignol. Cependant, il devra interrompre sa composition puisque Diaghilev lui commande un premier ballet. Pour sa nouvelle saison, il désirait présenter une œuvre inédite, inspirée de la légende de l'oiseau de feu. Anatoli Liadov devait à l'origine en écrire la musique, mais étant un compositeur trop lent, il décida de se tourner vers Stravinsky, qui était alors âgé de vingt-sept ans. L'immense succès de L'Oiseau de feu, créé le 25 juin 1910, fait du compositeur une vedette instantanément.
Après L'Oiseau de feu, les deux prochains ballets que Stravinsky composera pour la troupe de Diaghilev marqueront un changement de direction dans son approche musicale. Alors que L'Oiseau de feu est encore bien ancrée dans la tradition post-romantique héritée, entre autres, de Rimski-Korsakov, Petrouchka, créé le 13 juin 1911, marquera une rupture importante. Stravinsky y abandonne toute l'harmonie chaleureuse et magique de L'Oiseau de feu, caractérisée entre autres par l'utilisation abondante du chromatisme. Il utilise maintenant la polytonalité et la juxtaposition de séquences rythmiques.
Les deux années suivantes, Stravinsky compose très peu de pièces : deux cycles de chants et une brève cantate mystique, Le Roi des étoiles. Cependant, il compose ce qui va devenir probablement son œuvre la plus célèbre et qui lui assurera définitivement une place parmi les compositeurs les plus marquants du xxe siècle. Il s'agit du Sacre du printemps. Sa création, une des plus scandaleuses de l'histoire de la musique, eut lieu le 29 mai 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, sur une chorégraphie de Vaslav Nijinski et sous la direction musicale de Pierre Monteux. Le compositeur décrit ainsi la représentation dans ses Chroniques de ma vie : J'ai quitté la salle dès les premières mesures du prélude, qui tout de suite soulevèrent des rires et des moqueries. J'en fus révolté. Ces manifestations, d'abord isolées, devinrent bientôt générales et, provoquant d'autre part des contre-manifestations, se transformèrent très vite en un vacarme épouvantable. Dans le Sacre, Stravinsky approfondit les éléments déjà expérimentés avec ses deux premiers ballets, soit le rythme et l'harmonie. L'un est constitué d'un dynamisme sans précédent, alors que l'autre repose en partie sur l'utilisation d'agrégats sonores.

L'après Sacre

Quelques jours après la première représentation du Sacre du printemps, Stravinsky attrape une forte fièvre typhoïde qui l'oblige à passer six semaines dans une maison de santé à Neuilly. À sa sortie, il compose les trois petites chansons dites Souvenirs de mon enfance, mais déjà, il décide de se remettre à son opéra Le Rossignol, dont la composition avait été interrompue au premier acte lorsqu'il reçut la commande de L'Oiseau de feu, en 1909. Cependant, son style ayant beaucoup changé depuis, Stravinsky fera du premier acte de 1909 une sorte de prologue, justifiant ainsi les différences musicales entre celui-ci et le reste de l'opéra. Le poème symphonique Le Chant du rossignol, qu'il en tire en 1917, est considéré par plusieurs comme étant un adieu définitif au Sacre.
Les années suivantes voient Stravinsky aborder des formations plus restreintes, alors que les activités de Diaghilev et des Ballets russes sont interrompues par la guerre. Lors de son dernier voyage en Russie, un mois seulement avant le début de la Première Guerre mondiale, le compositeur rapporte deux recueils de chants populaires russes, qui serviront de base à la plupart de ses œuvres jusqu'à Pulcinella, en 1920. Ce n'est qu'en 1962 que Stravinsky remettra les pieds dans son pays natal, cette fois en tant que citoyen américain.

Entre 1914 et 1917, Stravinsky compose Les Noces, relatant un mariage paysan russe. Cependant, n'arrivant pas à se décider quant à l'instrumentation de l'œuvre, il ne l'achèvera que six ans plus tard, pour voix, quatre pianos et percussions. C'est entre 1915 et 1916 que le compositeur termine Renard pour quatre voix et dix-sept musiciens, d'après le conte populaire russe du renard et du coq.
En 1917, au lendemain de la Révolution de Février, Stravinsky passe quelque temps à Rome, en compagnie de Diaghilev, Massine, Bakst, Cocteau, Ansermet et, surtout, Picasso, avec qui il développe une grande amitié et qui fera de lui trois portraits célèbres un en 1917 et deux en 1920. À son retour de Rome, Stravinsky est bouleversé d'apprendre que sa gouvernante allemande, qui l'avait élevé dès sa naissance et à laquelle il était profondément attaché et qu'il aimait comme une seconde mère, est décédée. Quelques mois plus tard, il s'agit de son frère Goury qui meurt sur le front roumain. Stravinsky se trouve à ce moment dans une situation matérielle très précaire, arrivant difficilement à nourrir sa femme et ses quatre enfants. Il imagine donc, en collaboration avec l'écrivain Charles-Ferdinand Ramuz et le chef d'orchestre Ernest Ansermet, un spectacle de poche ambulant. Ce sera L'Histoire du soldat, spectacle pour trois récitants et sept musiciens, terminé en 1918. L'œuvre qui suivra marquera un tournant très important dans la carrière du compositeur, car il s'agit de sa première composition de sa période dite néoclassique.
Pendant la période de la guerre, Stravinsky habitait principalement en Suisse avec un voyage en Italie et un autre en Espagne, ensuite dit-il comme après la paix, la vie active dans toute l'Europe, et surtout en France, avait repris de la façon la plus intense, ... je résolus de transporter mes pénates en France où alors battait le pouls de l'activité mondiale.

Avec Pulcinella 1920, d'après Pergolèse, débute la période dite « néoclassique » de Stravinsky, voie d'ailleurs explorée, juste avant lui, par des compositeurs comme Georges Enesco avec sa Suite d'orchestre op. 20 ou Maurice Ravel avec son Tombeau de Couperin : elle dure jusqu'à la composition de l'opéra The Rake's Progress, en 1951. Il emprunte alors aux musiques de : Machaut, Bach, Weber, Rossini, Tchaïkovski et d'autres, mais avec un humour, un métier et une originalité n'ayant rien de ceux d'un épigone.
Du printemps 1921 à l'automne 1924, Stravinsky vit à Biarritz sur la côte basque. Ses amis Ravel, Alexandre Benois, Arthur Rubinstein, mais surtout Coco Chanel et une riche Chilienne qui deviendra son mécène, Mme Errazuriz, l'avaient encouragé dans ce choix. Sont alors achevés : .
les Symphonies d'instruments à vent 1920,
l'opéra bouffe Mavra 1922,
l'Octuor pour instruments à vent 1922-1923,
le Concerto pour piano avec instruments à vent, contrebasse et timbales, créé à l'opéra de Paris en 1924 avec l'auteur au piano sous la direction de Serge Koussevitsky.
À la fin 1924, la famille déménage à Nice. Cette période voit naître deux nouvelles œuvres de grande ampleur et aux sujets sévères :
l'opéra-oratorio Œdipus Rex 1928, suivi du ballet Apollon musagète 1928,
et la Symphonie de psaumes 1929-1930.
Cependant avec le Capriccio pour piano 1929, l'écriture se fait plus sereine et aérée, voire facétieuse, sans abandonner une certaine rigueur formelle. Sont alors créés;
le Concerto en ré pour violon 1931, écrit pour le violoniste américain Samuel Dushkin,
le ballet-théâtral Perséphone 1934, d'après la pièce Perséphone d'André Gide mis en scène Jacques Copeau et chorégraphie de Kurt Joos,
le ballet Jeu de cartes 1936,
le Concerto per due pianoforti soli 1935 et le Dumbarton Oaks Concerto 1938, en mi bémol pour orchestre de chambre.
En 1940, Stravinsky se réfugie aux États-Unis.

L'ultime période créatrice

On peut mesurer la valeur pédagogique de Rimski-Korsakov en se référant à son traité d'orchestration et imaginer que le génie orchestral de Stravinski est dû, en grande partie, à l'influence et à la compétence de son maître. Mais cette explication est insuffisante, car Rimski-Korsakov eut bien d'autres élèves, et aucun de ces derniers n'est parvenu à la maîtrise de Stravinski. Il semble, en revanche, que les tempéraments du maître et de l'élève se soient merveilleusement accordés et complétés. Ce que l'on peut dire de l'enseignement de Rimski-Korsakov est qu'il était froidement technique et d'une rigueur tout objective ; cette froideur et cette rigueur étaient exactement ce qui plaisait au jeune Stravinski, qui considérait déjà, comme il le fit toute sa vie, que la moindre des intentions d'un compositeur devait être non pas le résultat d'une inspiration nébuleuse, mais le fruit d'un artisanat méthodique et consciencieux et que, de plus, ces intentions devaient toujours être complètement et exactement traduites par la partition et la partition seule. Ce que je demande à un chef d'orchestre, devait-il dire, ce n'est pas de m'interpréter mais seulement d'exécuter mon œuvre. Si l'on peut passer sous silence une certaine Symphonie en mi bémol majeur écrite sous le contrôle de Rimski-Korsakov 1905-1907, on constate que le génie orchestral de Stravinski éclate dans deux œuvres composées en 1908 : le Scherzo fantastique et Feu d'artifice. On y trouve tout ce qui, plus tard, fera l'essentiel de la personnalité de l'auteur : un goût très vif de la couleur, du timbre, des combinaisons instrumentales insolites pour l'époque, un penchant aussi pour la démesure, pour le pittoresque et, même, une tendance à la vulgarité. Mais, en ce qui concerne cette vulgarité de Stravinski, il faut dire qu'elle est complètement ennoblie par la volonté avec laquelle il l'affirme, avec laquelle il en joue, comme pour la dépasser, l'arracher à la banalité qui la rendrait insupportable. Il évite toujours ce que tout artiste devrait redouter le plus : le juste milieu de la médiocrité, et surtout de la médiocrité distinguée. Certaines pages de Petrouchka sont particulièrement significatives à cet égard. Et pourtant, combien opposé à ce genre d'outrance calculée apparaît le raffinement de Rossignol, l'opéra dont, dès cette époque, Stravinski traçait déjà les esquisses. Ces extrêmes montrent que le compositeur, en toutes circonstances, va jusqu'au bout de ses intentions, avec une froide lucidité, avec, presque, une férocité calculée. D'où vient alors que, à partir de 1925 environ, la palette du magicien s'éteigne, s'affadisse et que l'on puisse entendre des œuvres aussi ternes, aussi grises que l'Apollon Musagète 1928 ou le Dumbarton Oaks Concerto 1938 ? Quelles sont les raisons d'un tel appauvrissement, dont il est en tout cas certain qu'il fut volontaire et, lui aussi, lucidement calculé ? La plupart des commentateurs et exégètes du musicien, principalement ceux qui lui vouent une admiration inconditionnelle, y voient une ascèse, une sublimation, une élévation vers l'abstraction. Mais alors, Stravinski aurait abandonné ce progrès vers la fin de sa vie, avec des œuvres comme Threni 1958, Mouvements, pour piano et orchestre 1959, ou Gesualdo monomentum 1960. Il semble que l'évolution du compositeur ne puisse pas si facilement s'expliquer par la seule volonté d'ascétisme qu'il a parfois manifestée et que les causes doivent, en l'occurrence, être aussi multiples que les effets.

Le propriétaire de toutes choses

Il semble aussi que Pulcinella 1920 soit une étape importante dans l'évolution esthétique de Stravinski. Certes, avant de se référer à Pergolèse, il avait pratiqué des emprunts, surtout de mélodies populaires russes, mais aussi d'une chanson française Elle avait une jambe de bois dans Petrouchka. Mais peut-être est-ce avec Pulcinella qu'il découvre que toute musique, même celle de Pergolèse, devient, lorsqu'il la reprend, une œuvre nouvelle, profondément originale. Dès lors, Stravinski agit comme s'il se sentait propriétaire de toute musique existante, à quelque style qu'elle appartienne, et comme, chaque fois, il la transforme pour en faire du Stravinski, sans que soit supprimée pour autant la source originale, apparaît cette variété des styles qui a si souvent étonné aussi bien ses admirateurs que ses détracteurs. C'est ainsi que Tchaïkovski lui fournit Le Baiser de la fée 1928 ; Rossini, Jeu de cartes 1936; Glinka et César Cui, Mavra son œuvre préférée, 1921 ; Grieg, les Norwegian Moods Impressions norvégiennes, 1942 ; Haydn, la Symphonie en ut majeur 1938-1940 ; Guillaume de Machault, la Messe, pour chœur mixte et double quintette à vent 1944-1948 ; J.-S. Bach, le Dumbarton Oaks Concerto 1938 ; etc. Et chaque fois, si l'on reconnaît assez facilement le modèle, et d'autant plus facilement qu'il arrive que Stravinski l'indique lui-même, on est cependant en face d'une œuvre telle que n'importe quel auditeur, même inexpérimenté, y reconnaît infailliblement l'auteur du Sacre. Il y introduit toujours une touche personnelle, une combinaison instrumentale que seule une imagination comme la sienne a pu concevoir. Ces combinaisons instrumentales, il aime d'ailleurs à les renouveler à l'infini, à trouver des solutions inédites, à refuser souvent la disposition de l'orchestre telle qu'elle lui est léguée par la tradition. À cet égard, il est l'un des plus grands précurseurs de certaines recherches de la seconde moitié du XXe siècle. L'une des solutions les plus originales découvertes par lui est sans doute celle de Noces, ballet écrit pour solistes chanteurs, chœurs, quatre pianos et percussions. Même lorsque, se référant volontairement à des formes traditionnelles comme il le fait dans son opéra The Rake's Progress écrit sur le livret de Wystan H. Auden et Chester Kallman, d'après des gravures de Hogarth, créé à La Fenice de Venise en 1951, il tourne le dos à la conception du drame musical tel qu'on l'imaginait après Wagner et Alban Berg et pratique le découpage en scènes et tableaux, il n'oublie pas de se réserver une part d'insolite en poussant l'audace jusqu'à ne pas orchestrer une scène entière et à la faire accompagner par le seul piano.

Une perpétuelle faculté de rajeunissement

Peut-être cette malléabilité du style dont fait preuve Stravinski est-elle le signe d'une insatiable curiosité, donc d'une jeunesse jamais perdue ? Il devait en faire la démonstration à la fin de sa vie. En 1912, il avait assisté, à Berlin, à l'audition du Pierrot lunaire de Schönberg. Rien ne pouvait être plus opposé à l'expressionnisme du Viennois que l'objectivisme de Stravinski, qui déclara que l'esthétisme de cette œuvre lui déplaisait profondément. Mais la technique de Schönberg l'avait impressionné, et c'est en pensant à la facture instrumentale du Pierrot lunaire qu'il avait écrit, en 1913, ses Trois Poésies de la lyrique japonaise. Dans son esprit, la technique sérielle dodécaphonique de Schönberg était liée à l'expressionnisme postromantique, et c'est pourquoi il la repoussait. En 1952, il lui fut pourtant donné de découvrir Webern, en qui il vit un musicien suprêmement important. Dès lors, il devait stupéfier le monde et décevoir provisoirement quelques-uns de ses admirateurs maladroits en annonçant qu'il se ralliait à la technique sérielle. Si le Septuor 1953 paraît encore souffrir d'une certaine rigidité maladroite, les Mouvements pour piano et orchestre 1959 s'avèrent une étonnante réussite, sans omettre, en 1957, Agon, ballet pour douze danseurs. Les dernières années de Stravinski sont marquées par cette prodigieuse faculté de rajeunissement. Restant toujours lui-même et toujours divers, il est un exemple d'inépuisable imagination.

La période française

Une nouvelle période s'ouvre pour Stravinski, qui quitte la Russie en 1914 – il n'y reviendra qu'une seule fois, en 1962 – et qui cesse, dès lors, de cultiver systématiquement son esprit slave. Résidant en Suisse vaudoise durant la Première Guerre mondiale, le compositeur écrit notamment les Berceuses du chat 1915, les Noces, cantate pour chœur 1915-1916, créée tardivement en 1923, et l'Histoire du soldat 1918, sur un texte en français de Ramuz, qui marque sa rupture définitive avec l'école orchestrale russe. Il s'intéresse aussi au jazz, dont il transcrit les rythmes dans Ragtime 1918, pour onze instruments. En 1920, il s'installe en France.
Avec Pulcinella 1920, ballet composé sur des thèmes de Pergolèse, Stravinski manifeste son adhésion au style dit néoclassique et mêle dans ses créations de multiples influences – celle de Bach dans l'Octuor pour instruments à vent 1923, la Sonate 1924, le Concerto pour piano et le Concerto Dumbarton Oaks pour orchestre de chambre 1938, ou celles de Händel et de Verdi dans l'opéra-oratorio Œdipus Rex 1927 –, mais avec un métier et une singularité qui n'ont rien de ceux d'un épigone. Aux Symphonies pour instruments à vent à la mémoire de Claude Debussy 1920 succèdent la Symphonie de psaumes 1930, la Symphonie en ut en 1940 et la Symphonie en trois mouvements 1945. Au néoclassicisme se rattachent encore l'opéra-bouffe Mavra 1922, les ballets Apollon Musagète 1928, Jeu de cartes 1936 et Orphée 1947, le mélodrame Perséphone 1934 et la Messe 1948, qui utilise certains modes propres à Guillaume de Machaut.

La période américaine Le postulat de Stravinski

Après le décès, en 1939, de sa femme Iekaterina, Stravinski part vivre à Los Angeles avec sa seconde épouse, Vera de Bosset, et acquiert la nationalité américaine 1945. C'est là que, découvrant les Viennois Schoenberg, Berg et Webern – celui dont il se sent le plus proche –, il adopte les principes de la musique sérielle. Un opéra, The Rake's Progress 1951, de même que le Septuor 1953, les Trois Chants de Shakespeare et In memoriam Dylan Thomas 1954 marquent cette période de renouvellement, qui culmine avec le ballet Agon 1957.
Dépouillé, voire austère, le style de Stravinski fait de plus en plus place à l'inspiration religieuse, dont témoignent le Canticum sacrum 1956 et Threni 1958, créés en la basilique Saint-Marc de Venise, mais aussi Abraham et Isaac 1963 et les Requiem Canticles 1966. Les Variations Aldous Huxley in memoriam pour orchestre 1963 font partie de ces pièces ultimes, conçues comme autant d'hommages à des artistes admirés.
Après avoir eu des obsèques solennelles à Venise, Stravinski y est inhumé, non loin de la tombe de Serge de Diaghilev. Outre les Chroniques de ma vie 1935 et la Poétique musicale 1939-1940, il a laissé le souvenir de nombreux entretiens, réunis en volumes en 1960 avec son disciple, le chef d'orchestre américain Robert Craft né en 1923.
En 1939, Stravinski se trouvait aux États-Unis où il devait faire une série de cours aux étudiants de l'université de Harvard. La Seconde Guerre mondiale arrivant, il devait, hormis quelques voyages en Europe et notamment en U.R.S.S., où il fut reçu en héros, se fixer sur le Nouveau Continent. Ces cours à l'université de Harvard furent publiés sous le titre de Poétique musicale. Cet ouvrage est très éclairant quant à ses idées musicales et esthétiques ; il nous irrite aussi parfois. L'auteur d'ailleurs aidé, pour la rédaction française, par Roland-Manuel qui lui a, par surcroît, insufflé quelques-unes des idées les plus originales y défend des thèses justes avec une outrance qui, quelquefois, incite à les combattre. Cette outrance est manifeste dans l'exposé qui y est fait d'une colossale haine contre Wagner. Or, même mort, Wagner est un ennemi dangereux, car il a lui aussi marqué l'histoire de la musique, et il est vain de le combattre si l'on se refuse à le surpasser. Mais cet acharnement antiwagnérien s'explique fort bien si l'on tient compte des principes qui animent Stravinski. Il pousse à l'extrême ce qu'il a appelé lui-même son objectivisme musical, défend le métier de musicien et pourfend la plupart des préjugés romantiques. On lui donnerait difficilement tort. Mais le fond de son argumentation se trouve, en réalité, dans les Chroniques de ma vie 1935. Il est bon de citer intégralement le passage, car il fut souvent déformé : Je considère la musique, par son essence, impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de la nature, etc. L'expression n'a jamais été la propriété immanente de la musique. La raison d'être de celle-ci n'a jamais été conditionnée par celle-là. Si, comme c'est presque toujours le cas, la musique paraît exprimer quelque chose, ce n'est qu'une illusion et non pas une réalité. C'est simplement un élément additionnel que, par une convention tacite et invétérée, nous lui avons prêté, imposé, comme une étiquette, un protocole, bref, une tenue, et que, par accoutumance ou inconscience, nous sommes arrivés à confondre avec son essence.
On pourrait, évidemment, discuter longtemps sur une telle prise de position. Ce qui doit retenir ici est seulement le fait qu'elle éclaire à la fois le personnage et la musique de Stravinski.
On peut s'étonner que, malgré sa puissante personnalité, l'auteur du Sacre du Printemps n'ait été, en réalité, suivi par aucune école. Il y a, encore là, une contradiction. Cet amoureux de l'artisanat et de la technique musicale n'a jamais pratiqué l'enseignement et, s'il fit parfois œuvre de philosophe de la musique (et aux idées combien fracassantes, il ne fit jamais œuvre de théoricien. De plus, ses idées esthétiques et la mise en pratique qu'il en fit paraissent maintenant, hormis ce qui concerne quelques-uns de ses chefs-d'œuvre, comme fortement attachées à l'époque et à la société qui les a vues naître, et l'on sait que, aussitôt après la Seconde Guerre mondiale, ce sont précisément les idées et les théories de Schönberg qui devaient déferler sur le monde musical... et sur Stravinski lui-même. Son œuvre reste donc unique, exemplaire ; et, malgré son prodigieux succès, malgré la gloire et la vénération dont il fut l'objet de son vivant, il apparaît comme l'auteur vertigineux d'une œuvre immense, dominée par Le Sacre du Printemps, mais refermée sur elle-même.

Il est possible de distinguer deux phases dans la période américaine de Stravinsky, la première depuis la Symphonie en ut 1940 jusqu'à l'opéra The Rake's Progress 1951. La seconde débute autour de 1950 et se poursuit jusqu'à Threni 1958.
Vers 1950, face à l'impact grandissant des trois Viennois Schönberg, Berg, et surtout Webern et dans une moindre mesure de Varèse — qui lui travaille plus avec les sons qu'avec les concepts et l'héritage du passé —, Stravinsky peut apparaître comme le porte-parole de la « réaction » musicale. Il effectue alors sa volte-face apparemment la plus spectaculaire en adoptant un sérialisme très personnel, plus dans la lignée de Webern que de Schönberg. En témoignent après de timides essais dans la Cantate de 1952 sur des textes médiévaux anglais, le Septuor — en particulier la gigue, clin d'œil au Schönberg de la Suite pour piano opus 25 1953 —, les Trois chants de Shakespeare 1953, In memoriam Dylan Thomas 1954 puis, surtout, le Canticum Sacrum , qu'il fit entendre le 13 septembre 1956 en première audition à la basilique Saint-Marc de Venise devant le patriarche de Venise, Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, qui, devenu pape quelques années plus tard sous le nom de Jean XXIII, l'invita à la redonner à la Chapelle Sixtine et l'anoblit par la même occasion. Le ballet Agon en 1957 clôtura cette période.
Son style se fait dépouillé, d'une grande austérité, et l'inspiration religieuse occupe une place importante Stravinsky qui était orthodoxe était fanatiquement croyant, dixit Nadia Boulanger, avec Threni 1958, œuvre maîtresse, Abraham et Isaac 1963 dédiée à la nation d'Israël et chanté en hébreu, le lugubre Introïtus 1965 ou encore les ultimes Requiem canticles 1966 qui semblent un résumé de toute son œuvre. Citons encore Mouvements pour piano et orchestre 1959 très webernien d'allure et les méconnues Variations Aldous Huxley In Memoriam pour orchestre 1963 où le vieux lion tient la dragée haute à toute la jeune génération : plusieurs passages font penser au Karlheinz Stockhausen des Gruppen.

Après plusieurs jours à l'hôpital, il passe l'été 1970 à Évian-les-Bains où il reçoit sa famille, ce sera son dernier séjour en Europe puisqu'il meurt d’un œdème pulmonaire le 6 avril 1971 à New York après avoir présenté The Rake's Progress. Selon ses dernières volontés, il est enterré quelques jours plus tard à Venise, dans le cimetière de l'île de San Michele.

Son œuvre

Une œuvre d'une profonde unité
Pour Stravinsky, la musique est destinée à « instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps .... La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit.
On a l'habitude de diviser l'évolution de Stravinsky en trois périodes : russe, néoclassique et sérielle. Mais, en ses débuts, il recrée plus qu'il n'emprunte le matériau folklorique, et les éléments de son langage ne sont pas de provenance russe, mais marquent l'aboutissement de certaines traditions occidentales. Son néoclassicisme est quant à lui non pas un pastiche, mais le point de départ d'une recherche, celle de l'objectivité stylistique dans le cadre de l'universalité de la forme et de l'esprit, ce qui explique la persistance de son intérêt pour les sujets hors temps, quasi rituels. Ses œuvres sérielles, enfin, poussent à ses plus extrêmes conséquences le souci de rigueur au détriment de l'élément subjectif et prennent appui sur le seul phénomène musical collectif du XXe siècle. Son parcours pourrait apparaître ainsi non plus comme une succession d'adhésions et de désengagements, qui conduisent alors nécessairement à douter de son authenticité profonde, mais comme témoignant d'une réelle Innovation

Héritage Littérature

Stravinsky a écrit deux livres, fréquemment réédités. Le premier, Chroniques de ma vie, est une autobiographie racontant sa vie jusqu'en 1935. Elle a par la suite été rééditée en 1962 et régulièrement depuis. Le second ouvrage, Poétique musicale, rédigé en 1945, est un essai sur la musique. Il reprend les textes des conférences prononcées à Harvard en 1939-1940, profession de foi en faveur de la musique pure.
Robert Craft, son ami et son collaborateur pour les trente dernières années de sa vie, a également rédigé de nombreux volumes avec ou sur le compositeur. Mentionnons ici ceux rédigés en collaboration avec lui : Conversations with Igor Stravinsky, Souvenirs et Commentaires, Expositions and Developments, Dialogues and a Diary, Themes and Episodes et Retrospectives and a conclusion.
L'ouvrage Souvenirs sur Igor Stravinsky, écrit en 1929 par Charles Ferdinand Ramuz, constitue un témoignage de l'amitié entre les deux artistes14.
Son fils aîné, Théodore Strawinsky, a écrit un ouvrage sur le musicien Le message d'Igor Strawinsky, publié en 1948 et réédité en 1980. Il a aussi rédigé un livre de souvenirs sur ses parents Catherine et Igor Strawinsky, album de famille, en 1973.

Discographie

Stravinsky fut amené à partir des années 1910 à diriger ses compositions. C'est le 2 avril 1914 qu'il dirige un orchestre pour la première fois. Lors d'une répétition de sa Symphonie en mi bémol, dirigée en concert par Ernest Ansermet, le chef invite le compositeur à prendre la baguette lui-même. Ce n'est toutefois que l'année suivante qu'il aura l'occasion de diriger devant un public, lors d'un gala au bénéfice de la Croix-Rouge, donné par Diaghilev à Genève. Le compositeur dirige alors L'Oiseau de feu.
Même s'il avait, avant la Seconde Guerre mondiale, fait quelques enregistrements de sa musique pour les firmes RCA et Columbia, Stravinsky a enregistré presque l'intégralité de ses œuvres au cours des années cinquante et soixante sous l'impulsion du producteur Goddard Lieberson pour Columbia Records, maintenant devenue Sony Classical. Par l'enregistrement, le compositeur voyait une bonne manière de préserver sa pensée musicale.
Robert Craft, ami et collaborateur de Stravinsky des années 1950 à sa mort, a fait de nombreux enregistrements devant mener à une intégrale pour Naxos.

Cinéma

Coco Chanel et Igor Stravinsky, réalisé par Jan Kounen, décrit la relation amoureuse du compositeur avec Coco Chanel. Le film a fait la clôture du Festival de Cannes 2009. Il s'ouvre en 1913 avec la création houleuse du Sacre du printemps à Paris.

Citations de Stravinski

" Plus l'art est contrôlé, limité, travaillé, plus il est libre. "
.
La musique est destinée à instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps …. La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit. "

Liens

http://youtu.be/lWotpIy0uTg Le sacre du printemps
http://youtu.be/RZkIAVGlfWk L'oiseau de feu
http://youtu.be/__C9aVdTYdU orpheus
http://youtu.be/bd_1uwD4v-I Apollon
http://youtu.be/mDVlsm8MY-U l'histoire du soldat

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Posté le : 06/04/2014 13:38
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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