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Re: Les bons mots de Grenouille
Plume d'Or
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Tu veux dire que certaines citations sont de toi EXEM ?

A propos de ta dernière citations, plus précisément : " Vous êtes de la merde dans un bas de soie "

28 janvier 1809:
Plutôt que de châtier les gens dont il avait à se plaindre, Napoléon préfèrait leur faire des sorties violentes qui les laissaient pantelants mais impunis. Le plus terrible et le plus célèbre de ces lavages de têtes eut lieu le 28 janvier 1809 aux Tuileries et la victime en fut Talleyrand. Voici quelques injures que lui lança Napoléon:
"Voleur! Vous êtes un voleur! Vous êtes un lâche, un homme sans foi: vous ne croyez pas en Dieu... Vous avez trompé, trahi tout le monde... Pourquoi ne vous ai-je pas fait pendre aux grilles du Carrousel? Mais il en est bien temps encore... Ah! Tenez, vous êtes de la merde dans un bas de soie!"
Enfin, exaspéré par l'impassibilité absolue de Talleyrand, il lui lança: "Vous ne m'aviez pas dit que le duc de San Carlos était l'amant de votre femme!"
Nullement démonté, Talleyrand répondit respectueusement: "En effet, Sire, je n'avais pas pensé que ce rapport pût intéresser la gloire de Votre Majesté et la mienne."
Déconcerté et outré, Napoléon sortit en claquant la porte. Avant de sortie à son tour, Talleyrand jeta négligemment aux témoins de cette scène inouïe: "Quel dommage, Messieurs, qu'un si grand homme soit si mal élevé!"

Bises et bon WE

Grenouille

Posté le : 26/04/2014 10:53
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Re: Les expressions
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« Avoir la cote »


Être très estimé.


Si tous les coureurs du Tour de France ont la côte devant eux lorsqu'il se trouvent en bas de la montée de l'Alpe d'Huez, les traînards n'ont pas la cote une fois arrivé en haut.

Le mot 'cote' est une des nombreuses preuves qu'en français, un simple circonflexe peut changer complètement le sens d'un mot.
En effet, il n'est point ici question de la course de côtes, mais de la 'cote' au sens d'appréciation, de note, de valeur, comme on le trouve dans la "cote d'alerte", la "cote mobilière" ou la cote d'une action en bourse, par exemple.

Ici, c'est le sens d'appréciation qui est retenu, quelqu'un qui a la cote étant quelqu'un de très apprécié car, bien que l'expression ne contienne aucun adjectif, la 'cote' est implicitement élévée.

Une ancienne forme de l'expression était "être à la cote".

'cote' s'écrivait auparavant 'quote' et vient du latin médiéval 'quota', mot toujours utilisé de nos jours, mais via un emprunt à l'anglais 'quota' pour 'quote-part' de même origine.

Posté le : 26/04/2014 10:34
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Samuel Finley Breese Morse
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Le 27 avril 1791 à Charlestown dans le Massachusetts

aux états-unis naît Samuel Finley Breese Morse
,

connu sous le nom de Samuel Morse, peintre et sculpteur américain, il développe d'un télégraphe électrique et de l'alphabet qui portent son nom. Il meurt le 2 avril 1872, à 80 ans, à New York.

Après des études à la Phillips Academy d'Andover Massachusetts, Samuel Finley Breese Morse poursuit son cursus à l'université de Yale. Peintre et sculpteur sa curiosité est éveillée par des conférences sur l'électricité, phénomène alors largement incompris. tandis qu'il se plaît à peindre des portraits miniatures. Diplômé de Yale en 1810, Morse travaille ensuite chez un éditeur, à Boston. Mais la peinture demeure son principal centre d'intérêt et, en 1811, ses parents l'aident à aller étudier cet art en Angleterre. Il accepte alors les canons artistiques anglais de l'époque, notamment ceux de la peinture historique qui représente des scènes romantiques, tirées de légendes et d'événements historiques, mettant au premier plan des personnages éclatants prenant la pose.
Sur le bateau de retour vers l'amérique, il imagine un télégraphe électrique après avoir entendu une conversation sur l'électroaimant tout juste inventé par André-Marie Ampère. Sans connaître les travaux que mènent alors les Britanniques William Cooke et Charles Wheatstone, Morse met au point son premier prototype fonctionnel en 1835. Il continue cependant à consacrer la majeure partie de son temps à la peinture, enseignant l'art à l'université de New York, et à la politique. Ce n'est qu'en 1837 qu'il porte toute son attention vers son invention, lorsque le mécanicien Alfred Vail, tout juste diplômé de l'université de New York, lui montre une description détaillée d'un autre modèle de télégraphe élaboré en 1831. Parallèlement, un ami propose à Morse de lui fournir le matériel et la main-d'œuvre nécessaires pour construire ses appareils dans l'usine sidérurgique de sa famille. Morse prend les deux hommes comme associés pour construire un appareil commercialisable. En 1838, il met au point un nouveau système de transcription de l'information, à base de points et de traits : le fameux code morse. Alors qu'il tente en vain d'amener le Congrès à financer la construction d'une ligne télégraphique, il prend l'un de ses membres comme associé supplémentaire. Morse ne parvient pas non plus à faire construire une ligne télégraphique en Europe. Il finit cependant par obtenir, sans la coopération de ses associés, le soutien financier du Congrès pour installer la première ligne de télégraphe aux États-Unis, de Baltimore à Washington, sur laquelle il envoie son premier message en mai 1844.
À la suite de plaintes de ses associés et d'autres inventeurs, Morse doit défendre ses droits de paternité pendant plusieurs années. La Cour suprême confirme en 1854 le brevet déposé par Morse. Ce dernier s'enrichit et devient célèbre à mesure qu'apparaissent des lignes télégraphiques transatlantiques. Si le télégraphe révolutionne les télécommunications du vivant de Morse, sa célébrité sera éclipsée après sa mort par l'invention de nouveaux appareils de communication (téléphone, radio, télévision). En revanche, sa réputation d'artiste grandira, le public redécouvrant la puissance et la sensibilité de ses portraits de grands personnages tel La Fayette.

Sa vie

Samuel finley Breese Morse est le fils du géographe Jedidiah Morse.
1811 Après des études à l'université Yale Connecticut où il obtient son diplôme en 1811, il travaille chez un éditeur à Boston tout en se consacrant à la peinture.
En 1811 ses parents lui offrent un Voyage à Londres pour y suivre des études artistiques auprès de Benjamin Franklin .
En 1813 il obtient un Médaille d'or de sculpture de la Société des arts Adelphi.
De retour aux États-Unis en 1815, Morse se rend compte que les Américains n'aiment pas ses toiles historiques. Il se lance alors à contrecœur dans le portrait pour gagner sa vie et devient peintre itinérant dans divers États, Nouvelle-Angleterre, New York, Caroline du Sud. Une fois installé à New York, il exécute, après 1825, quelques-uns des plus beaux portraits alors réalisés par un artiste américain. Maîtrisant parfaitement sa technique, il traduit, d'un trait sûr, le caractère de ses sujets avec une touche de romantisme héritée de l'Angleterre.
Au début de sa carrière, Morse côtoie des intellectuels, des personnalités fortunées, de fervents religieux et des conservateurs.
Il noue facilement des liens d'amitié, notamment avec le héros français de la révolution américaine, le marquis de La Fayette, et le romancier américain James Fenimore Cooper. Il fonde à New-york en 1826 une société des beaux-arts destinée à faire connaître les peintres américains, la National Academy of Design, qu'il préside jusqu'en 1845, soit pendant 16 ans
Samuel Morse part en 1829 pour un voyage en Europe dont trois ans en France et en Italie pour y étudier les beaux-arts.
C'est sur le Sully, navire qui le ramène aux États-Unis, en 1832, qu'il conçoit l'idée d'un télégraphe électrique après une conversation sur l'utilisation de l'électro-aimant et les travaux d'Ampère avec le géologue Charles Thomas Jackson.
Dans l'année 1835, alors qu'il est professeur de peinture et de sculpture à l'université de New York, il réalise la première maquette du télégraphe avec des moyens insuffisants.
1837 Avec l'aide de deux partenaires, Leonard Gale, un professeur de science à l'université de New York et Alfred Lewis Vail, plutôt porté sur la réalisation pratique, il cherche à concrétiser son idée. En fait c'est Vail qui trouve la solution du code composé de points et de barres. À l'origine Morse avait imaginé des codes composés uniquement de chiffres et un dictionnaire pour interpréter les messages reçus. Vail avait pressenti que les messages devaient être verbaux et donc composés de lettres et de signes. C’est en visitant une imprimerie typographique que Vail comprit que certaines lettres étaient plus utilisées que d'autres et que le code devait privilégier les lettres les plus fréquentes.
1838 Développement du code qui le rendit célèbre bien que ce soit strictement l'œuvre de Vail. Il tente sans succès d'intéresser le Congrès américain à son invention et se tourne vers l'Europe, où il échoue également.
Il dépose de le brevet pour son télégraphe en 1840 -la machine est simple et efficace.
Deux ans plus tard, en 1842, c'est la construction d'une ligne télégraphique sous-marine reliant l'île de Manhattan à Brooklyn et au Nouveau-Jersey, en association avec Samuel Colt.
Après des démarches opiniâtres, il réussit en 1843 à obtenir du Congrès une aide de 30 000 $ pour établir une ligne télégraphique entre Baltimore dans le Maryland et Washington.
Le 24 mai 1844 un premier message est transmis de la Cour suprême du Capitole vers le dépôt de chemin de fer de Baltimore.
1846 Développement du télégraphe de Morse par des sociétés privées.
Après plusieurs procès contre des rivaux, en 1854la Cour suprême américaine tranche en sa faveur et valide ses brevets.

Il meurt à 80 ans, le 2 avril 1872 mort à New York.

Télégraphe de Morse 1837

Manipulateur morse

L'œuvre
Samuel Morse n'a pas inventé le télégraphe : 50 ans auparavant en 1793, le télégraphe optique de Chappe permettait la transmission de dépêches à des centaines de lieues. Il n'a pas non plus inventé le télégraphe électrique : Soemmerring, Steinheil, Gauss et Weber en Allemagne, Ampère en France, Schilling à Saint-Pétersbourg, Richtie et Alexander en Écosse, Wheatstone en Angleterre, avaient déjà trouvé des solutions pour transmettre des messages à l'aide de l'électricité.
Le génie de Morse a été de concevoir une machine simple, pratique, efficace, bon marché, rustique et surtout de réussir à convaincre, non sans mal ses contemporains de réaliser une expérience suffisamment spectaculaire pour frapper les imaginations la liaison Washington-Baltimore, 40 miles soit 60 km.

On peut noter que le code dit Morse était à l'origine différent de celui qui est utilisé maintenant. C'est l'Allemand Friedrich Gerke qui simplifia ce code, dont une version modifiée sera adopté par l'UIT en 1865. Malgré l'adoption de ce standard international, deux codes restèrent en usage : le code américain, code originel qui a continué à être utilisé aux États-Unis et le code international, aussi appelé continental parce qu'utilisé principalement en Europe.

Si la machine fut détrônée par la suite par les télégraphes automatiques, téléscripteurs, etc. le code est toujours d'actualité chez les militaires quoique les transmissions numériques aient tendance à le supplanter et les radioamateurs qui profitent de sa très grande résistance aux bruits parasites dans leur trafic radio en télégraphie. Cette résistance aux bruits parasites est due à la faible bande passante des signaux morse et donc au meilleur rapport signal/bruit qui permet de passer des messages dans les pires conditions.
Morse était issu d'un milieu calviniste et avait écrit un tract en 1835 intitulé Foreign Conspiracy Against the Liberties of the United States sur un prétendu complot papal pour catholiciser les États-Unis.

Morse, inventeur du multiplexage spatial ?

Morse pensa quelque temps à faire transiter par le même fil au même moment plusieurs communications télégraphiques distinctes, chaque couple émetteurs/récepteur utilisant des vibreurs d’une fréquence propre, et des filtres permettant de les séparer à l’arrivée. Il s'agit peut-être de la première idée de multiplexage spatial. Il ne lui donna en fin de compte pas de suite.

L'Alphabet Morse


L’alphabet morse ou code morse, est un code permettant de transmettre un texte à l’aide de séries d’impulsions courtes et longues, qu’elles soient produites par des signes, une lumière ou un geste.

Ce code est souvent attribué à Samuel Morse, cependant plusieurs personnes démentent ce fait, et tendent à attribuer la paternité du langage à son assistant, Alfred Vail.
Inventé en 1832 pour la télégraphie, ce codage de caractères assigne à chaque lettre, chiffre et signe de ponctuation une combinaison unique de signaux intermittents. Le code morse est considéré comme le précurseur des communications numériques.
Aujourd’hui, le morse est principalement utilisé par les militaires comme moyen de transmission, souvent chiffrée, ainsi que dans le civil pour certaines émissions à caractère automatique : radiobalises en aviation, indicatif d’appel des stations maritimes, des émetteurs internationaux, horloges atomiques…, ou bien encore pour la signalisation maritime par certains transpondeurs radar et feux, dits à lettre morse par exemple, la lettre A transmise par un tel feu sous la forme .- signifie eaux saines. Le morse est également pratiqué par des amateurs comme de nombreux radioamateurs, scouts (morse sonore et lumineux, plongeurs ou alpinistes, morse lumineux ainsi que comme sonnerie par défaut de réception de message pour les gsm de marque Nokia : "SMS SMS" en morse.

Utilisation du morse

Le code peut être transporté via un signal radio permanent que l’on allume et éteint, onde continue, ou "continuous wave en anglais", généralement abrégé en CW, une impulsion électrique à travers un câble télégraphique, très rare de nos jours, un signal mécanique ou visuel, flash lumineux. L’idée qui préside à l’élaboration du code morse est de coder les caractères fréquents avec peu de signaux, et de coder en revanche sur des séquences plus longues les caractères qui reviennent plus rarement. Par exemple, le e, lettre très fréquente, est codé par un simple point, le plus bref de tous les signes.
Les 25 autres lettres sont toutes codées sur quatre signaux au maximum, les chiffres sur cinq signaux. Les séquences plus longues correspondent à des symboles les plus rares : signes de ponctuation, symboles et caractères spéciaux.
Parallèlement au code morse, des abréviations commerciales plus élaborées ont été créées codant des phrases complètes en un seul mot, groupe de 5 lettres.
Les opérateurs de télégraphie conversaient alors en utilisant des mots tels que BYOXO, "Are you trying to crawl out of it?", LIOUY "Why do you not answer my question?" et AYYLU "Not clearly coded, repeat more clearly.".
L’intention de ces codes était d’optimiser le coût des transmissions sur les câbles. Les radioamateurs utilisent toujours certains codes appelés Code Q et Code Z.
Ils sont utilisés par les opérateurs afin de s’échanger des informations récurrentes, portant par exemple sur la qualité de la liaison, les changements de fréquences et les télégrammes.

Service maritime

Les premières liaisons radiotélégraphiques sans fil utilisant le code morse datent du début du xxe siècle. En 1903, la conférence de Berlin attribue la longueur d’onde de 600 mètres, 500 kHz au trafic en radiotélégraphie morse en mer et officialise en 1906 le signal SOS comme appel de détresse.
Jusqu’en 19875, plusieurs conférences mondiales des radiocommunications définissent les bandes à utiliser pour les communications en télégraphie morse. Depuis le 1er février 1999, dans le cadre du SMDSM 1999, les services maritimes côtiers et mobiles de France et de nombreux autres pays ont abandonné la veille radiotélégraphique obligatoire et cessé les émissions en morse, notamment sur la fréquence de 500 kHz, maritime et aéronautique et sur la fréquence de 8 364 kHz, affectées au trafic de détresse ou d’appel en radiotélégraphie, depuis les années 1970, un système de satellites de télécommunication ayant pris le relais. À partir de ce moment, le trafic maritime radiotélégraphique et radiotéléphonique utilisant les ondes hertziennes commence à décliner lentement. Cependant, il existe encore à ce jour en 2010 des fréquences internationales affectées par l’UIT à la diffusion de l’heure, de la météo marine ou aux communications maritimes en radiotélégraphie, parmi d’autres, 4 182 kHz à 4 186,5 kHz, ou 4 187 kHz à 4 202 kHz pouvant aussi être utilisé par l’Aviation civile.
La bande des 600 mètres notamment reste utilisée par une vingtaine de pays dans le monde, parmi lesquels : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Azerbaïdjan, le Cameroun, la Chine, la République du Congo, Djibouti, l’Érythrée, les États-Unis, l’Indonésie, l’Italie, l’Irlande, Oman, la Roumanie, la Fédération de Russie, les Samoa américaines et les Seychelles.
À quelques exceptions près, la plupart des stations maritimes encore en activité n’émettent plus en morse que leur indicatif d’appel et éventuellement leur fréquence d’émission. Aujourd’hui, certaines fréquences destinées au trafic en CW de la marine marchande ont encore une affectation, même si elles ne sont plus utilisées que par quelques pays et très rarement.
Depuis le début du XXe siècle et l’invention de la lampe Aldis, les bateaux peuvent également communiquer en morse lumineux.
Alors que la capacité à émettre de tels signaux reste exigée pour devenir officier de la marine marchande dans de nombreux pays, dont la France, cette pratique a tendance à devenir rare et ne se retrouve plus que dans la marine de guerre et chez certains plaisanciers.

Service aéronautique

Les premières liaisons radiotélégraphiques aéronautiques remontent au début du XXe siècle et ont cessé avant les années 1970, à une époque où les ballons dirigeables et les avions communiquaient en radiotélégraphie dans la bande aéronautique des 900 mètres, 333,33 kHz, en vol au-dessus des mers et des océans dans la bande marine des 600 mètres, 500 kHz, sur la longueur d’onde de radiogoniométrie de 450 mètres, 666,66 kH et jusqu’en 1930 pour un échange de correspondances transcontinental radiotélégraphique au-dessus des océans dans la bande des 1 800 mètres, 166,66 kHz.
En vol une antenne pendante longue de 120 mètres à 450 mètres était déroulée pour établir les communications radiotélégraphiques sur ces longueurs d’ondes.
À l’extrémité de l’antenne pendante un plomb de lestage porte l’indicatif radio de l’aéronef.
Une autre antenne tendue le long de la coque de l’aéronef était pour établir, à courte distance les communications radiotélégraphiques en vol et au sol sur la longueur d’onde de 900 mètres, 333,33 kHz et dès 1930 pour établir les communications radios NVIS.
Les fréquences utilisées autrefois par l’aviation pour les communications, notamment celles voisines de 300 kHz sont aujourd’hui attribuées aux radiobalises de type NDB qui émettent des signaux radiotélégraphiques automatisés, indicatif composé de deux à trois lettres, transmis en morse à intervalles réguliers.
L’aviation utilise également la sous-bande VHF pour d’autres types de radiobalises, systèmes VOR et ILS qui transmettent également leurs indicatifs, de 3 à 4 lettres en morse. Pour ce qui est des communications radiotéléphoniques, elles s’effectuent de nos jours sur les bandes VHF pour le trafic local, et HF pour le trafic transcontinental ou transocéanique.

Usage militaire

Dans certaines circonstances, la radiotélégraphie présente des avantages par rapport à la radiotéléphonie : par exemple, en cas de fort parasitage, il est plus aisé de reconnaître les signaux codés en morse que ceux, beaucoup plus complexes, transmis par la voix.
Également, la radiotélégraphie s’avère être un moyen de communication plus discret que la radiotéléphonie qui demande de prononcer les mots hautement et clairement. Pour ces raisons, la plupart des armées dans le monde forment des officiers radio maîtrisant la télégraphie et disposent de fréquences réservées par l’UIT.
Il arrive également que les navires de guerre, s’ils sont suffisamment proches, utilisent le morse lumineux pour communiquer à l’aide d’une lampe à signaux. C’est par exemple le cas lorsqu’ils sont contraints d’observer une période de silence radio.

Utilisation par les radioamateurs

Les radioamateurs utilisent assez fréquemment le code morse pour les communications de loisir en radiotélégraphie et jouissent à cet effet de fréquences allouées par l’UIT.
Jusque dans les années 1990, pour obtenir la licence de radioamateur aux États-Unis, de la FCC, il fallait être capable d’envoyer 5 mots encodés en morse par minute.
La licence avec le plus de droits exigeait 20 mots par minute. L’épreuve actuelle de lecture au son à l’examen, Jusque dans les années 2011 en France, uniquement pour la 1re classe de radioamateurisme requiert une vitesse minimum de 12 mots par minute. Les opérateurs radio militaires et radioamateurs entraînés peuvent comprendre et enregistrer jusqu’à 40 mots par minute.
Le Règlement des radiocommunications RR se compose de règles liées au service de radio amateur. Il est révisé tous les trois ans à la Conférence mondiale des radiocommunications CMR. La révision de l’article 25 du Règlement des radiocommunications à la Conférence de 2003, en particulier, a supprimé l’exigence de connaissance du code Morse à l’utilisation des fréquences inférieures à 29,7 MHz. Cela affecte la plupart des pays, mais certains, dont la Russie continuent en 2008 à l’exiger.

Autre

On connaît plusieurs cas avérés d’utilisation par les espions du code morse. On soupçonne d’ailleurs ces derniers d’effectuer régulièrement des communications chiffrées utilisant le morse.
Le code morse permet de transmettre un texte à distance à l’aide d’un signal lumineux. Il est à ce titre un passe-temps présent notamment chez les scouts et éclaireurs. Pour les mêmes raisons, le code a été adopté par certains sportifs que les activités amènent à être isolés : alpinistes ou plongeurs par exemple. Le morse peut entre autres servir à signaler une situation de détresse.
Il existe un exemple célèbre d'utilisation du code morse faite par un prisonnier de guerre, Jeremiah Denton, lors d'une l'interview télévisée de propagande réalisée par ses ravisseurs nord-vietnamiens en 1966. Tout en parlant, il énonça le mot TORTURE par une série de clignements des yeux.

Code morse international

Deux types de code morse ont été utilisés, chacun avec ses particularités quant à la représentation des symboles de l’anglais écrit. Le code morse américain13 a été utilisé dans le système télégraphique à l’origine de la première télécommunication à longue distance.
Le code morse international est le code le plus communément utilisé de nos jours.

C’est en 1838 que Friedrich Clemens Gerke créé un alphabet morse très proche de celui que nous connaissons actuellement. Il s'agit d'une modification du code morse originel, plus tard appelé code morse américain. Gerke simplifie le code en n'utilisant plus que de 2 longueurs standards, le point et le tiret. Auparavant, certains espaces étaient plus long que le point à l'intérieur même d'un caractère, ou le tiret pouvait être plus long, comme pour la lettre L.

Deux types d’impulsions sont utilisés. Les impulsions courtes notées "." , point qui correspondent à une impulsion électrique de 1/4 de temps et les longues notées "-" , trait à une impulsion de 3/4 de temps, les impulsions étant elles-mêmes séparées par 1/4 de temps, l’unité de temps élémentaire étant alors voisine de la seconde pour la manipulation et l’interprétation humaine.
Alors que se développent de plus en plus de variantes du code Morse dans le monde, l'ITU adopte en 1865, comme code morse international, l'alphabet morse de Gerke avec quelques modifications.
Il sera rapidement utilisé en Europe, continentale ?. Les compagnies de, radio télégraphie américaines continueront à utiliser le code originel, qui sera alors appelé code morse américain.
Le code morse international est toujours utilisé aujourd’hui, certaines parties du spectre radio sont toujours réservées aux seules transmissions en morse. Utilisant un simple signal radio non modulé, il demande moins d’équipement pour envoyer et recevoir que d’autres formes de communications radio.
Il peut être utilisé avec un bruit de fond important, un signal faible et demande très peu de bande passante.

Représentation et cadence

On utilise deux symboles positifs, appelés point et trait ou " ti " et " taah ", et deux durées d’espacement, la coupure élémentaire entre signaux et l’espace séparatrice des mots.
La durée totale d’émission d’un trait, y compris la coupure élémentaire entre signaux détermine la vitesse à laquelle le message est envoyé, elle est utilisée en tant que cadence de référence. Un message simple serait écrit où "▄" représente ti et "▄▄▄" représente taah :

▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄ ▄ ▄

C O D E / M O R S E /
Voici la cadence du même message = signifie signal actif , "·" signifie signal inactif , chacun ayant pour durée un " ti " :

===·=·===·=···===·===·===···===·=·=···=·······===·===···===·===·===···=·===·=···=·=·=···=
^ ^ ^ ^ ^
| ti ta | espace entre les mots 7 points
| espace entre les lettres 3 points
|
espace entre les symboles

Conventions de cadence :

Le rythme élémentaire est donné par la durée du point, le ti. Il se note par un point ..
Un taah est conventionnellement 3 fois plus long qu’un ti . Il se note par un trait horizontal – .
L’espacement entre les ti et taah dans une lettre a la longueur d’un ti . Il se note par le passage d’un symbole à l’autre.
L’espacement entre les lettres d’un mot a pour longueur un taah 3 ti. Il se note par un espace.
L’espacement entre les mots est d’au moins 5 ti 7 recommandés, comme ici. Il se note par une barre oblique / .
Les personnes familières du morse écriraient donc CODE MORSE ainsi : -.-. --- -.. . / -- --- .-. ... . et le prononceraient taahtitaahti taahtaahtaah taahtiti ti, taahtaah taahtaahtaah titaahti tititi ti.

Il existe d'autre forme de représentation, la représentation compressé, par exemple, qui associe au "ti" un point en bas, et au "taah" un point en haut ou encore le morse en dent de scie.

Génération des messages

Manipulateur de type pioche 1904.Manipulateur morse iambique.

Les opérateurs composent des messages en morse à l’aide de manipulateurs.
Les modules les plus simples pioches ne comportent qu’une seule touche : un signal est envoyé lorsque cette dernière est enfoncée. L’opérateur doit donc calibrer lui-même la durée des points et des traits, ce qui donne à chaque émission un caractère personnel, mais demande trois ou quatre mouvements de doigt par signe.
Les modèles plus évolués dit iambiques comportent deux palets, dont l’un génère les traits, et l’autre génère les points, l’appui simultané déclenchant l’alternance point-trait. Avec un tel manipulateur, un seul mouvement de doigt suffit par caractère, et c’est un circuit logique, en général incorporé à l’émetteur, qui génère intervalles, traits et points de durées appropriées.
La vitesse de manipulation s’exprime en mots par minute, et varie d’une dizaine de mots par minute pour un débutant ou une identification d’émetteur compréhensible par tous, à 60 mots par minute ou plus pour un manipulateur expert. Le record est détenu par Ted McElroy qui aurait atteint le score de 75.6 mots par minute au championnat mondial de 1939.

Il existe également des générateurs informatiques automatiques, qui sont généralement couplés avec des décodeurs automatiques.

Tables d’encodage

Voici quelques tables récapitulant l’alphabet morse et quelques signes communément utilisés.

Lettres

Lettres Mnémoniques Code international Lettre Mnémoniques Code international
A (a) A, ET .- ▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche] N (n) N, TE -. ▄▄▄ ▄ ? Écouter [Fiche]
B (b) B, DE, NI, TS -... ▄▄▄ ▄ ▄ ▄ ? Écouter [Fiche] O (o) O, MT, TM --- ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
C (c) C, KE, NN, TR -.-. ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ? Écouter [Fiche] P (p) P, WE, AN, EG .--. ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ? Écouter [Fiche]
D (d) D, NE, TI -.. ▄▄▄ ▄ ▄ ? Écouter [Fiche] Q (q) Q, DT, MA, TK --.- ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
E (e) E . ▄ ? Écouter [Fiche] R (r) R, AE, EN .-. ▄ ▄▄▄ ▄ ? Écouter [Fiche]
F (f) F, UE, IN, ER ..-. ▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ? Écouter [Fiche] S (s) S, EI, IE ... ▄ ▄ ▄ ? Écouter [Fiche]
G (g) G, ME, TN --. ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ? Écouter [Fiche] T (t) T - ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
H (h) H, SE, II, ES .... ▄ ▄ ▄ ▄ ? Écouter [Fiche] U (u) U, EA, IT ..- ▄ ▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
I (i) I, EE .. ▄ ▄ ? Écouter [Fiche] V (v) V, ST, IA, EU ...- ▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
J (j) J, WT, AM, EO .--- ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche] W (w) W, AT, EM .-- ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
K (k) K, NT, TA -.- ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche] X (x) X, DT, NA, TU -..- ▄▄▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
L (l) L, RE, AI, ED .-.. ▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ? Écouter [Fiche] Y (y) Y, KT, NM, TW -.-- ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche]
M (m) M, TT -- ▄▄▄ ▄▄▄ ? Écouter [Fiche] Z (z) Z, GE, MI, TD --.. ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ? Écouter [Fiche]

Chiffres

Chiffre Code international Chiffre Code international
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Signes de ponctuation et symboles

Signe Mnémoniques Code international
. Point AAA, RK .-.-.- ▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄
, Virgule MIM, GW --..-- ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄
? Point d’interrogation IMI, UD ..--.. ▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄
' Apostrophe WG .----. ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄
! Point d’exclamation KW
ou parfois MN en Amérique du Nord -.-.--
---. ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄
▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄
/ Barre oblique (slash) NR, XE -..-. ▄▄▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄
( Parenthèse ouvrante NG, KN -.--. ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄
) Parenthèse fermante NQ, KK -.--.- ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄
& Esperluette (« et commercial », ampersand) AS .-... ▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄
: Deux-points OS ---... ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄
; Point-virgule NNN, KR -.-.-. ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄
= Signe égal NU -...- ▄▄▄ ▄ ▄ ▄ ▄▄▄
+ Signe plus AR .-.-. ▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄
- Signe moins ou trait d’union DU -....- ▄▄▄ ▄ ▄ ▄ ▄ ▄▄▄
_ Tiret bas underscore UK ..--.- ▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄
" Guillemet droit indifférencié RR .-..-. ▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄
$ Symbole dollar ou peso SX ...-..- ▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄ ▄▄▄
@ Arrobase @ a été ajouté en 2004. Il combine le A et le C en un seul caractère.

SOS

Une erreur fréquente est de considérer le code de détresse international comme la succession des lettres « S O S » et de l’envoyer en tant que tel (=·=·=···===·===·===···=·=·=). La bonne façon de l’envoyer est en enchaînant les 9 éléments comme s’ils formaient une seule lettre (=·=·=·===·===·===·=·=·=).

En Chine, un autre système était utilisé, le code télégraphique chinois.

Références culturelles

La lettre V a été identifiée à la très célèbre cellule rythmique du premier mouvement Allegro con brio de la Symphonie n°5 en ut mineur de Beethoven. En voici la représentation notée établissant un lien avec celle en alphabet Morse :

Elle laisse entendre ti ti ti ta ...-. C’est ce premier mouvement de la symphonie qui servait usuellement d'indicatif aux émissions de la BBC adressées aux pays occupés par l'Allemagne, V signifiant victoire. En outre, pour cette raison, la symphonie fut diffusée sur Radio Londres en juin 1944 pour annoncer aux réseaux de Résistance le débarquement allié en Normandie.
Le refrain de la chanson Communication du chanteur et musicien de jazz Slim Gaillard est construit selon la répétition du préfixe général demandant l'attention, CQ. (Celui-ci précédait le D pour composer le signal radio de détresse CQD utilisé entre 1904 et 1906, avant l'adoption définitive du code SOS à la conférence internationale de Berlin, le 3 novembre 1906.
La musique Radioactivity 1975 du groupe de musique électronique allemand Kraftwerk fait intervenir le code Morse dans sa ligne mélodique.
Le musicien britannique Mike Oldfield a souvent caché des codes dans ses compositions. Ainsi, considérant un manque de soutien de la part de Virgin pour sa création musicale, il insère un message codé en Morse à destination de son PDG, Richard Branson dans son album Amarok paru en 1990. Le message apparaît vers la 48e minute et est le suivant : F.U.C.K. O.F.F. R.B. R.B. pour Richard Branson.
En 1987, le générique du journal Le Six’ de la chaîne M6 fait entendre M6 en morse --/-.....
La chanson Waves, issue de l'album Music Hole de Camille 2008, utilise le code Morse en tant que phrase rythmique répétée en ostinato. Celle-ci est scandée par un chœur de femmes l'oralisant selon la prononciation anglaise des deux symboles : dot point et dash trait. Cette phrase est la suivante et a pour signification :
Code Lettre
dot dot dot S
dot dot dot dot H
dash dash dash O
dot dash dash W
dash dash M
dot E
dash T
dot dot dot dot H
dot E
dot dash dash W
dot dash A
dot dot dot dash V
dot E
dot dot dot S
Une des sonneries proposées dans certains téléphones Nokia appelée Special est en fait le mot S M S en morse (.../--/...)21. Une autre sonnerie appelée Ascending est la phrase Connecting people, le slogan de Nokia.
Les sculptures de la bande de roulement des pneus de l'astromobile Curiosity contiennent le code Morse J, P et L22 du nom de son constructeur JPL (Jet Propulsion Laboratory. Le but des chercheurs de la NASA est d'utiliser les marques laissées par les roues sur la surface de Mars pour en observer par comparaison entre les distances calculées et celles réellement parcourues d'éventuels dysfonctionnements.

Liens
http://youtu.be/h2IAh3uIGcc Samuel Morse peinture
http://youtu.be/wGs57VQHt7M (Anglais)
http://youtu.be/oo0hSZ9R_Xk Morse en Anglais


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Posté le : 26/04/2014 10:31
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Claudine-Alexandrine Guerin de Tencin 1
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Hors Ligne
Le 27 avril 1682 à Grenoble, naît Claudine-Alexandrine-

Sophie Guérin de Tencin,


baronne de Saint-Martin de l’isle de Ré, femme de lettres et salonnière française. Elle est la mère de d'Alembert, elle meurt le 4 décembre 1749 à Paris,

Religieuse malgré elle, elle s'enfuit à Paris. La vie monastique avait peu d'attraits pour elle; cinq ans après sa profession, elle sollicita et obtint de passer comme chanoinesse au chapitre de Neuville, près de Lyon. C'était un grand pas de fait vers la liberté. Elle ne s'y arrêta point.
Des ambitions politiques la poussèrent à devenir la maîtresse du Régent, de Dubois et d'autres hauts personnages. Elle rassembla dans son salon les plus grands noms des lettres et des arts, parmi lesquels Fontenelle, Montesquieu, Prévost et Marivaux. Elle publia des romans sensibles, les Mémoires du comte de Comminges en 1735 et les Malheurs de l'amour en 1747, le Siège de Calais en 1739 et Anecdotes de la cour et du règne d'Édouard II roi d'Angleterre en 1776. D'une de ses liaisons elle eut un fils qu'elle ne reconnut pas, et qui fut d'Alembert.
Après vingt-deux années passées de force au couvent, elle s'installe à Paris en 1711 et est introduite dans les milieux du pouvoir par ses liens avec le cardinal Dubois. Six ans plus tard, elle ouvrira l'un des salons les plus réputés de l'époque appelé le bureau d'esprit. D'abord essentiellement consacré à la politique et à la finance avec les spéculateurs de la banque de Law, ce salon devient à partir de 1733 un centre littéraire. Les plus grands écrivains de l’époque le fréquentent, en particulier Fontenelle, Marivaux, l’abbé Prévost, Charles Pinot Duclos et plus tard Marmontel, Helvétius, Marie-Thérèse Geoffrin et Montesquieu.
Madame de Tencin a publié aussi avec succès quelques romans dont les Mémoires du comte de Comminge en 1735, Le Siège de Calais, nouvelle historique en 1739 et Les Malheurs de l’amour en 1747.

Une Amazone dans un monde d’hommes

"On voit bien, à la façon dont Il nous a traitées, que Dieu est un homme."
La vie publique de Claudine-Alexandrine Guérin de Tencin, baronne de Saint-Martin de l’Isle de Ré, est bien connue par les cinq biographies importantes qui lui ont été consacrées.
Alexandrine est née à Grenoble dans une famille de petite robe : son père, Antoine Guérin 1641-1705, seigneur de Tencin, sera tour à tour conseiller au Parlement du Dauphiné puis premier président au Sénat de Chambéry lors de l’occupation de la Savoie par la France. Sa mère est Louise de Buffévent.
Cadette de cinq enfants, Alexandrine est selon la coutume placée très tôt, à l’âge de huit ans, au proche monastère royal de Montfleury, une de ces riches abbayes où la règle de Saint-Dominique était assouplie. Elle répugne cependant à la vie monacale et ce n’est que contrainte et forcée qu’elle se résout à prononcer ses vœux le 25 novembre 1698. Pour dès le lendemain, cependant, avec l’aide de son directeur spirituel, dont Charles Pinot Duclos prétendra qu’il fut l’instrument aveugle qu’elle employa pour ses desseins, protester en bonne et due forme devant notaire, protestation qu’elle renouvellera de nombreuses fois au cours des années suivantes afin qu’elle ne soit point caduque.
Véridique ou non, l’accusation de Duclos, augure bien du courage et du caractère volontaire dont Mme de Tencin fera très tôt preuve pour s’opposer par tous les moyens tant à la tutelle parentale qu’aux coutumes du temps.

Sa ténacité portera ses fruits. Néanmoins, sœur Augustine devra attendre la mort de son père en 1705 et vaincre les résistances, l’hypocrisie de sa mère pour quitter Montfleury en 1708 et, après une cure à Aix pour redresser sa santé défaillante, trouver refuge l’année suivante... au couvent de Sainte-Claire à Annonay, où réside une de ses tantes, Mme de Simiane ! Quitter un couvent pour un autre couvent peut paraître étrange ; ce le fut pour ses contemporains. De mauvaises langues affirmèrent qu’elle trouva là un refuge idéal pour accoucher de jumeaux conçus à Aix dont le père aurait été Arthur Dillon, lieutenant-général du maréchal de Médavy. Cependant il est certain que ce soit là pure calomnie, car l’enquête de l’Officialité, qui devait fulminer le bref papal qu’elle obtint finalement le 2 décembre 1711, conclut à son innocence et la releva de ses vœux le 5 novembre 1712, jugeant qu’on lui avait effectivement fait violence lors de sa prise de voile. Ce jugement fut imprimé dès 1730. Ses ennemis cependant continuèrent à l’appeler la Chanoinesse de Tencin.
Alexandrine n’attendit pas son retour à la vie laïque pour dès la fin 1711, accompagnée de son chaperon Mme de Vivarais, se rendre à Paris. Elle s’établira quelque temps au couvent de Saint-Chaumont, puis, en raison de son état de santé, au couvent des dominicaines de la Croix. Ses vœux annulés, elle finit par s’installer chez sa sœur la comtesse Marie-Angélique de Ferriol d’Argental qui hébergeait déjà la célèbre Mlle Aïssé. Là, pendant les années qui suivirent, elle sut conquérir les hôtes du salon de sa sœur par la vivacité de son esprit, l’humour de ses réparties et par une faculté d’adaptation surprenante compte tenu de son peu d’expérience du monde.
Elle sut rattraper le temps perdu également... En avril 1717, enceinte de deux mois, elle signa avec les religieuses de la Conception un bail à vie pour un appartement de la rue Saint-Honoré, sis au-dessus du couvent de la Conception, vis-à-vis le Sot Dôme du couvent de l’Assomption, aujourd’hui l’Église polonaise. Elle y emménagea le 24 juin. Puis, en août, elle passa convention pour le reste de la maison contre le paiement d’un supplément. Elle put ainsi, après son accouchement, ouvrir son propre salon qui jusqu’en 1733 se consacrera essentiellement à la politique.
Dès cet instant, sa devise semble être de défier l’homme sur son propre terrain, ne serait-ce peut-être que pour se venger de ces vingt-deux années passées de force au couvent.

Devenue, au dire de Saint-Simon, la maîtresse publique du principal ministre, l'abbé puis cardinal Dubois, elle commença, avec le soutien de ce dernier, par aider à la carrière ecclésiastique et politique de son frère Pierre-Paul, 1679-1758, homme manquant de caractère et pour qui elle fit office, pour ainsi dire, de conscience virile. Puis, pour récompenser son illustre amant de ses largesses, elle n’hésita pas à devenir, comme l’écrit Pierre-Maurice Masson, un précieux agent d’information, et, le cas échéant, un truchement dans les affaires anglaises, en se servant de ses amis qui avaient accès aux hautes sphères du pouvoir.

À ces dons de politique, il convient d’ajouter également ceux de l’affairiste.

L’argent a occupé une place primordiale dans la vie de Mme de Tencin. Tous les moyens lui furent bons pour accroître sa fortune. Ainsi, son rang ne la prévint pas d’ouvrir le 28 novembre 1719 un comptoir d’agio à la rue Quincampoix et de créer une société en commandite, équivalent ancien d’une société d’investissement à capital variable, vouée explicitement à la spéculation sur les actions. Pour ce faire, il fallait des fonds : sur un capital de trois millions et demi de livres, elle apporta la somme de 691 379 livres tournois, soit sa légitime qu’elle avait déjà triplée en la plaçant à fonds perdu sur l’extraordinaire des guerres, suivies des participations du Président Hénault, de plusieurs membres de sa famille et de quelques amis dont le chevalier Louis Camus des Touches dit Destouches-Canon.
La Financière Tencin-Hénault ne vécut que trois mois : bénéficiant des précieux conseils du financier Law et surtout de Dubois, son amant, elle réussit à tripler une nouvelle fois sa fortune en vendant ses parts à temps pour partager les bénéfices du système de Law avec quelques-uns de ses associés.
Elle alla même jusqu’à s’acoquiner avec des financiers véreux, comme le prouvent à l’évidence ses lettres d’affaires.
Cette âpreté au gain trouve cependant quelque excuse. Ainsi que l’écrit P.-M. Masson :
"ce qui met quelque noblesse, ou du moins quelque désintéressement dans tous ces tripots, c’est que Madame de Tencin ne fait la chasse à l’or que pour la faire plus sûrement au pouvoir, et ne les conquiert tous deux que pour ce frère médiocre, en qui elle a placé toutes ses ambitieuses espérances".
Régner donc, mais régner par procuration à cause de l’injustice de l’époque qui cantonnait la femme dans un rôle d’animal domestique, telle fut la volonté selon le mot de Diderot, de la belle et scélérate chanoinesse Tencin . Et pour ce faire, elle se fit bigote, elle qui l’était naturellement si peu.
Il n’est lieu d’entrer ici dans les ténébreux détails du concile d’Embrun en 1727 qui opposa le frère tant aimé d’Alexandrine au vieil évêque janséniste de Senez, Jean Soanen. Il nous suffira de savoir que pour l’occasion, Madame de Tencin transforma son salon en centre d’agitation ultramontaine : tout ce qui était sous sa main fut employé à la défense de son frère et de Rome. Ainsi en est-il par exemple d’un Fontenelle ou d’un Houdar de la Motte, pour ne citer qu’eux, qui durent composer la plupart des discours de l’évêque Pierre-Paul Guérin de Tencin. Elle-même mit également la main à la pâte, et ce fut là sans doute sa première activité littéraire, en envoyant toutes les semaines au gazetier de Hollande le bulletin tendancieux des travaux du Concile qui condamna finalement Soanen.
Cet excès de zèle ne lui profita pourtant pas : le cardinal de Fleury, lassé de la faire surveiller jour et nuit, résolut le 1er juin 1730, pour le bien de l’État, de l’exiler le plus loin possible de la capitale.
Après quatre mois de retraite à Ablon où sa sœur possédait une maison de campagne, permission lui fut accordée de revenir à Paris, en raison de sa santé défaillante.

Ayant retenu la leçon, pendant les dix années qui suivirent, son activité, quoique toujours aussi débordante, se fit plus discrète15. Désormais, elle réserve le meilleur de son temps à son salon qui devient un centre exquis de littérature et de conversations fines. Les plus grands écrivains de l’époque, qu’elle recueillit du salon de la marquise de Lambert en 1733, s’y pressèrent. On y vit, entre autres, Fontenelle, l’ami de toujours, Marivaux, qui lui doit son siège à l’Académie en 1742 et le renflouage incessant de ses finances, l’abbé Prévost, Duclos et plus tard Marmontel, Helvétius, Marie-Thérèse Geoffrin et Montesquieu, son petit Romain, qu’elle aidera à la première publication sérieuse De l'esprit des lois en 1748, après la première édition estropiée de Genève en 1748.
Des écrivains – sauf Voltaire, le géomètre ainsi qu’elle le surnomme dans ses lettres, qu’elle croisa à la Bastille et qu’elle n’aimait guère –, mais également les plus grands savants de l’époque, des diplomates, des financiers, des ecclésiastiques et des magistrats de toute nationalité qui portèrent le renom de son salon bien au-delà de la France. Un jour, le mardi, cependant était réservé uniquement à la littérature. Dans une atmosphère de grande familiarité, ses amis écrivains, qu’elle appelait ses bêtes, venaient présenter leurs derniers écrits ou assister à la lecture d’œuvres de jeunes débutants, à qui Alexandrine manquait rarement de donner quelques judicieux conseils. Souvent également ils se livraient aux plaisirs de la conversation et s’adonnaient à leur sujet préféré, la métaphysique du sentiment. D’après Delandine, ce seraient même eux qui auraient remis à la mode ces questions de casuistique sentimentale qui, par leur abstraction même, permettent les opinions les plus subtiles et les plus paradoxales. Nul n’excellait d’ailleurs plus à ce genre d’esprit que la maîtresse de maison qui goûtait tout particulièrement maximes et tours sentencieux. Elle en a, du reste, parsemé ses romans qui, de ce fait, ainsi que l’écrit Jean Sareil, donnent souvent l’impression d’être le prolongement romancé des conversations qui se tenaient dans son salon, et dont voici quelques-uns tirés des Malheurs de l’amour en guise d’illustration : Lorsque l’on n’examine point ses sentiments, on ne se donne pas le tourment de les combattre ; Le cœur fournit toutes les erreurs dont nous avons besoin ; On ne se dit jamais bien nettement qu’on n’est pas aimé ; La vérité est presque de niveau avec l’innocence …

Car c’est en effet à cette époque qu'Alexandrine publia anonymement, avec un succès immédiat, ses deux premiers romans : faut-il y voir une reconversion ? Rien n’est moins sûr, car si depuis 1730 elle a mis une sourdine à ses intrigues religieuses, politiques et affairistes, elle est loin de les avoir abandonnées. En effet, depuis son retour d’exil, son grand projet est de faire de son frère un cardinal. Mais, pour cela, il faut l’accord du roi Louis XV, pour qui, ainsi qu’elle l’écrit dans sa correspondance, tout ce qui se passe dans son royaume paraît ne pas le regarder, sauf peut-être les intrigues d’Alexandrine qui lui donne, ce sont ses mots, la peau de poule . Peu lui chaut. Si elle ne peut l’atteindre directement, ce sera indirectement. Et pour cela, elle n’hésitera pas à jouer les entremetteuses. Elle procurera des maîtresses au roi qui se devront de réciter les livrets hagiographiques du frère tant aimé. Cette stratégie portera ses fruits, notamment grâce à l’aide de la duchesse de Châteauroux. Pierre Guérin de Tencin devient cardinal-archevêque de Lyon en 1740 et ministre d’état deux ans plus tard. Mme de Tencin se trouve alors au faîte de sa puissance et parvient peu à peu à faire oublier ce que ses débuts eurent de scandaleux en conquérant des amitiés célèbres et édifiantes, telle celle du pape Benoît XIV.
Après la mort de Fleury en 1743 et de la duchesse de Châteauroux en 1744, Claudine perd toute influence à la cour. Jean Sareil nous apprend que son nom disparaît alors à peu près complètement de l’actualité politique et qu’en dehors des cercles littéraires, elle n’est presque plus mentionnée . Aussi, c’est une femme désillusionnée et déçue, elle n’a pu réussir à faire son frère premier ministre à la mort de Fleury qui retourne à sa ménagerie, ainsi qu’elle nommait son salon, non sans abandonner toute velléité de pouvoir, comme le montre à l’envi le fait qu’elle n’hésita pas ces années-là, à grands coups de procès, à acculer à la ruine deux orphelins pour s’adjuger la baronnie de l’île de Ré. Pourtant son énergie tarit peu à peu. Sa santé se dégrade : devenue impotente et obèse, elle ne sort pratiquement plus de son nouvel appartement de la rue Vivienne. En 1746, une maladie du foie manque de l’emporter. Ses yeux la font souffrir et elle se voit obligée de dicter ses écrits. C’est dans ce contexte de désillusion et de maladie qu’elle écrit son dernier roman : Les Malheurs de l’amour, publié en 1747. Cette œuvre magistrale met en scène une narratrice vieillie, Pauline, retirée à l’abbaye Saint-Antoine, qui après avoir perdu l’être aimé se décide à prendre la plume pour échapper à la réalité extérieure. N’y a-t-il pas un peu d’Alexandrine dans ce personnage ? Une Alexandrine déçue peut-être d’avoir toujours sacrifié en vain ses sentiments sur l’autel du pouvoir et qui se retrouve seule, abandonnée, si ce n’est du dernier quartier des fidèles, Marivaux, Fontenelle, son docteur et héritier Jean Astruc, qui continuaient à la visiter ? Il est bien difficile de le dire avec certitude. Mais si l’on considère le personnage de Pauline et que l’on se souvient de l’Épître Dédicatoire enflammée du roman, adressée à un homme, est-il vraiment impossible d’imaginer une Mme de Tencin timide et sensible qui, marquée dans sa jeunesse par l’autorité d’un père, l’hypocrisie d’une mère et la légèreté des hommes se vengea en se muant en une femme de raison que rien n’atteint ? Et de regretter, bien des années plus tard, en écrivant des mémoires fictifs, de n’avoir choisi la voie du cœur sur laquelle elle lance son héroïne ? Si tel est le cas, il conviendrait alors de voir en Les Malheurs de l’amour non seulement un roman-mémoires sentimental optimiste, mais également en contre-jour celui de l’échec d’une vie, la sienne. Ce qui est assuré cependant, c'est qu'elle mit le reste de ses forces les derniers mois de sa vie dans un ultime combat contre la censure, afin que De l'esprit des Lois de son ami Montesquieu pût enfin être édité.
"Puisse-t-elle être au ciel, elle parlait avec tant d’avantage de Notre modeste personne" écrivait le pape Benoît XIV à la mort de Mme de Tencin survenue le jeudi 4 décembre 1749 vers les cinq heures dans son second appartement de la rue Vivienne. La vindicte populaire, quant à elle, lui réserva d’autres éloges :

Crimes et vices ont pris fin
Par le décès de la Tencin.
Hélas ! me dis-je, pauvre hère,
Ne nous reste-t-il pas son frère ?
Elle fut inhumée en l'église Saint-Eustache à Paris.

Un cœur au service de la raison

Au goût immodéré de Mme de Tencin pour le pouvoir, il convient également d’associer, au contraire de ses héroïnes, celui prononcé pour la galanterie. En effet, si elle sut à la fin de sa vie se forger une image de respectabilité, en se faisant passer pour une Mère de l’Église, il n’en demeure pas moins que jusqu’à un âge fort avancé, elle ne cessa de défrayer la chronique scandaleuse de l’époque par ses aventures galantes dans la grande société parisienne. Intrigante le mot revient et chez le maréchal de Villars et chez Mme de Genlis accoutumée à faire tous les usages possibles de son corps et de son esprit pour parvenir à ses fins, opinion que partage également Saint-Simon, elle devint très tôt la cible des nouvellistes qui lui prêtèrent de nombreux amants. Le critique Pierre-Maurice Masson prétend même que « ses amants, qui ne sont pas toujours des amants successifs, s’étalent si nombreux et si publics qu’ils ne peuvent même plus s’appeler des amants, et que le vieux nom gaulois, dont les chansonniers d’alors ne font pas faute de la qualifier, paraît à peine un peu vif. Amants vraiment ? Ou amis ? Il est parfois très difficile de trancher.
La rumeur très tôt l'a associée intimement aux plus hautes sphères du pouvoir. Dès 1714, elle devient la maîtresse en titre de l'abbé Dubois qui n'a pas encore prononcé ses vœux et qui aidera à la carrière de Pierre-Paul de Tencin. Ce premier amant pourrait même lui avoir dicté les suivants. Le Régent par exemple, qu’elle lassa à force de plaider la cause du Prétendant et qui la renvoya, selon Duclos, d’un mot très dur, il se plaignit qu’ il n’aimait pas les p… qui parlent d’affaires entre deux draps. On peut y ajouter encore un lieutenant de police, le comte d’Argenson, sous la protection duquel elle put agioter en toute tranquillité lorsqu’il devint garde des Sceaux, son fils qui reprit la charge et la maîtresse !, le comte de Hoym et le duc de Richelieu, son meilleur atout à la cour.

La liste fournie par les chroniqueurs de l’époque s'étend encore à des politiques. On y trouve des noms célèbres, Lord Bolingbroke, Matthew Prior, grâce à qui elle pénètre les dessous de la politique étrangère, ou ce Charles-Joseph de La Fresnaye (dont le nom ressemble étrangement au détestable petit maître des Malheurs de l’amour !, Banquier expéditionnaire en cour de Rome, avocat puis conseiller au Grand Conseil, qui fut utile au frère et à la sœur dans des placements d’argent. Elle dut d’ailleurs se résoudre à abandonner ce dernier amant qu’elle adorait véritablement : accoutumé au jeu et à l’agiotage, il n’arrivait plus à rembourser les divers prêts qu’Alexandrine lui avait accordés et, de surcroît, se permettait de la calomnier un peu partout. Pour une fois d’ailleurs, elle manqua de prudence : La Fresnaye, ayant perdu l’esprit et toute sa fortune, eut la fâcheuse idée de venir se suicider dans l’arrière salon de notre bonne Alexandrine qui n’y put mais 6 avril 1726 ; tout en ayant pris soin au préalable, dans un testament, de la rendre responsable de sa mort. Cette aventure valut à Madame de Tencin le Châtelet, puis la Bastille où on ne la ménagea point : elle fut confrontée nuitamment avec le cadavre exhumé et à demi putréfié de La Fresnaye et, un malheur n’arrivant jamais seul, dut souffrir encore les railleries de son illustre voisin de cellule, Voltaire, l’infâme géomètre. Elle ne sortit de cet enfer que trois mois plus tard, acquittée et… légalement enrichie des dépouilles de sa victime !
On le voit pour Madame de Tencin, il semble qu’aimer, ce soit aimer utilement, et que le verbe s’attacher n’ait comme unique objet, que le mot pouvoir. La plupart de ses amitiés, toutes ses galanteries, semblent se succéder pour ainsi dire, dans le silence de son cœur et même des sens : avoir un ami, c’est pour elle prendre un parti ; se donner un amant, c’est travailler à un dessein. Chez elle, tout est volonté ; chaque désir tend impérieusement à sa réalisation, et les mouvements de l’esprit s’achèvent en effort et en lutte, nous prévient P.-M. Masson.
Elle-même, dans sa correspondance, n’hésite pas à avouer un certain arrivisme, témoin cet extrait d’une lettre du 1er août 1743 adressée au duc de Richelieu :
"Une femme adroite sait mêler le plaisir avec les intérêts généraux, et parvient, sans ennuyer son amant, à lui faire faire ce qu’elle veut."

Il ne faudrait conclure trop rapidement à une femme sans cœur. En effet, on ne connaît d’elle que ses liaisons publiques qui sont avant tout des affaires.
Rien de transpire jamais, dans sa correspondance, de sa vie privée. A-t-elle connu le véritable amour, à l’instar de la plupart des héroïnes de ses romans ? Les dédicaces de plusieurs de ses romans tendraient à le prouver. Toutefois, on peut y voir également ruse d’auteur voulant à tout prix protéger son anonymat, ainsi qu’il seyait aux femmes de qualité de l’époque, en détournant les soupçons du public. Du reste, il ne serait guère aisé de donner quelque nom à l’heureux élu : Jean Astruc, son médecin et amant depuis 1723, qui hérita en sous-main de plusieurs centaines de milliers de livres ? Sir Luke Schaub, qu’elle appelait mon mari ? Le duc de Richelieu ? :
"Je vous aime et vous aimerai tant que je vivrai plus que vous n’avez été aimé d’aucune de vos maîtresses et plus que vous ne le serez de personne."
Ou pourquoi pas le beau Destouches-Canon, lieutenant-général de l’artillerie, dont la famille empêcha le mariage avec Alexandrine. De leurs amours illégitimes naquit un fils – le futur d'Alembert ! –, qu’elle abandonna le lendemain – de gré ou de force, on ne sait –, le 17 novembre 1717, sur les marches de l’église Saint-Jean-le-Rond à Paris. Ce fut Destouches qui se chargera seul de l’entretien et de l’éducation de cet enfant placé finalement chez une nourrice, la bonne dame Rousseau. Alexandrine n’ira le voir – et rapidement encore – qu’une seule fois en 1724…

Une œuvre encensée et une femme du monde décriée

S’il se trouve fort peu de gens au XVIIIe siècle pour critiquer les ouvrages ou le salon de Mme de Tencin, il est frappant de constater à quel point ses intrigues sentimentales, affairistes, religieuses ou politiques ont par contre soulevé l’indignation générale de l’époque : Saint-Simon, ainsi que la plupart des mémorialistes, ne manque jamais de la fustiger dans ses Mémoires ou ses Annotations au journal du marquis de Dangeau, de même que les chansonniers qui s’en donnent à cœur joie pour latrainer dans la boue au moindre éclat ; sans parler des attaques qui fusent de ses proches, telles celles de la fameuse Mlle Aïssé, dont le nom n’est pas sans évoquer celui de Mlle d’Essei, l’une des héroïnes des Malheurs de l’amour, qui dans sa correspondance ne se prive pas de l’égratigner à plusieurs reprises. Plus tard, après sa mort, vers la fin du siècle, sa réputation fut encore plus ternie. Comme l’écrit Jean Decottignies, elle fut englobée dans la réprobation systématique qu’encourait la société dont elle avait fait partie. Désormais, la légende de Mme de Tencin n’appartient plus à la cabale, mais à l’histoire, – s’il est permis d’appliquer ce mot aux entreprises de Soulavie et de ses pareils. C’était l’époque de la découvertes des Mémoires secrets, de la révélation des correspondances clandestines. Toute la corruption d’une époque s’incarna en Mme de Tencin. Cette deuxième vague laissa son souvenir définitivement terni .

Les laudateurs de la belle et scélérate de Tencin, selon le mot de l’époque, ne sont pas nombreux. On y recense un Piron qui la loue systématiquement, un mystérieux témoin anonyme qui, sous le nom du Solitaire des Pyrénées, nous décrit en 1786 dans le Journal de Paris les charmes de son salon, et surtout Marivaux. Ce dernier, dans la Vie de Marianne, donne en effet un portrait avantageux de Mme de Tencin, ou plutôt de Mme Dorsin, puisque tel est le nom sous lequel il a choisi de lui rendre hommage :
"Il me reste à parler du meilleur cœur du monde, en même temps du plus singulier …. J’ignore si jamais son esprit a été cause qu’on ait moins estimé son cœur qu’on ne le devait, mais … j’ai bien été aise de vous disposer à voir sans prévention un portrait de la meilleure personne du monde … qui avait un esprit supérieur, ce qui faisait d’abord un peu contre elle.
Un tel portrait est exceptionnel chez les écrivains de l’époque qui, connaissant la dame et ses frasques, préféraient être discrets à son sujet, choisissant de passer sous silence ses turpitudes – c’est le cas d’un Fontenelle, d’un Montesquieu ou d’une Madame du Deffand – ; soit, à l’instar d’un Marmontel, d’adopter une attitude de stricte neutralité par rapport à des rumeurs qu’ils ne pouvaient ignorer.
On le voit, la réputation de Mme de Tencin n’était donc pas des meilleures tout au long du siècle et nous ne pouvons que souscrire aux jugements plutôt négatifs de ses contemporains. Pourtant, sans vouloir faire œuvre de réhabilitation, il convient de remarquer que la personne valait certainement mieux que sa réputation. En effet, étant une femme en vue, au cœur de toutes sortes d’intrigues et, pour reprendre le mot de Marivaux, à l’esprit supérieur, elle fut tout naturellement en butte à la jalousie et à la diffamation. De surcroît, ces calomnies, et c’est sans doute ce qui lui a causé le plus de tort, elle ne les a jamais réfutées, car, à l’instar du marquis de La Valette des Malheurs de l’amour, elle semble ne jamais avoir fait cas de sa réputation qu’autant qu’elle était appuyée du témoignage qu’elle se rendait à elle-même. Elle faisait ce qu’elle croyait devoir faire, et laissait juger le public.
À ce mépris pour sa réputation s’ajoute encore un activisme forcené qui n’a pu qu’irriter la bonne société de l’époque. On connaît le statut juridique de la femme de l’Ancien Régime : il équivaut à celui de serve. Son rôle social consistait, de par son sexe, à obéir. Ce point de vue était d’ailleurs partagé par la plupart des participants – tant masculins que féminins ! – au débat pour déterminer qui devait gouverner dans la société. Alexandrine n’a pu que souffrir de ce préjudice social, elle qui ne s’épanouissait que dans l’action et qui n’avait rien de la femme passive que l’on rencontre encore dans nombre de romans de la première moitié du siècle. En fait, elle était très peu femme. Son esprit, ainsi que l’écrit Marivaux dans les Étrennes aux Dames, possédait toute la force de celui de l’homme. L’aspect mâle de son caractère, également souligné par Delandine, était même si prédominant que la bonne baronne dut être rappelée à l’ordre par le cardinal de Fleury :
"Vous me permettrez de vous dire qu’il s’en faut beaucoup que vous meniez une vie retirée et que vous ne vous mêliez de rien. Il ne suffit pas d’avoir de l’esprit et d’être de bonne compagnie; et la prudence demande qu’on se mêle – et surtout une personne de votre sexe – que des choses qui sont de sa sphère. Le roi est informé avec certitude que vous ne vous renfermez pas toujours dans ces bornes… lettre du 15 juin 1730 "
Ces bornes, elle eut bien de la peine à les respecter, tant elle méprisait son sexe. La femme, pour elle, n’est qu’un moyen pour contrôler les hommes. Et un moyen peu sûr encore, car la tête d’une femme est une étrange girouette quand il s’agit d’agir, gâtant tout par ses bavardages et son inintelligence du réel. À ses yeux, il est évident que les hommes dépassent de loin les femmes, et elle ne se prive pas de l’affirmer, avec une orthographe bien à elle, dans une de ses lettres autographe :
"Il auroit été mille fois plus galan de me convincre que j’avois tort quand je soutenois contre vous le comte de Hoym que les hommes l’emportoit sur les dames, mesme pour le stille. lettre manuscrite du 9 mai 1718 "

Femme forte que rien n’abat, femme au-dessus de bien des hommes, elle n’a pu que choquer par sa pugnacité devant les brimades sociales, son mépris pour la vertu traditionnelle, son extrémisme dans les passions et la toute puissance de sa raison que rien, pas même le cœur, n’arrêtait. À tel point que nombre de lecteurs se sont demandé comment une femme du caractère de Mme de Tencin avait pu concevoir des romans emplis de sensibilité où s’expriment des âmes tendres et délicates, des romans si pauvres de vice et de couleur. Pierre-Maurice Masson prétend même qu’on chercherait en vain la femme cynique et hardie que fut Mme de Tencin. Mais est-ce là bien lire ses romans ? Font-ils vraiment l’apologie de la vertu en consacrant des héroïnes douces et soumises ? Valorisent-ils vraiment la toute puissance du cœur sur la raison ? Rien n’est moins certain. En fait, nombre d’événements importants de la vie d’Alexandrine s’y trouvent transposés et certains traits audacieux de son caractère, certaines de ses valeurs subversives s’y trouvent également développés. L’examen de l’univers moral de ses romans, une fois le vernis classique enlevé, le prouve à l’envi : la distance entre l’œuvre et l’auteur n’est qu’apparente, confirmant ainsi la tradition orale de l’époque. Mme de Tencin y est tout entière, non pas incarnée dans tel ou tel personnage féminin, mais disséminée en chacun d’eux et ce n’est pas la moindre de nos surprises que de la voir apparaître soudain au détour de quelque page…

La fortune littéraire des œuvres

Après le coup de semonce de Fleury en 1730, Mme de Tencin jugea préférable de se consacrer désormais – quoique non exclusivement – à la tâche de présidente de sa ménagerie » dont la réputation allait devenir européenne. C’est là, qu’entourée des plus grands écrivains de l’époque, elle rédigea ses premières œuvres. Reconversion ? Désir de faire oublier des scandales qu’elle eût préférés moins notoires, de rendre hommage à l’homme qu’elle aimait ? Ou, ainsi que le pense P.-M. Masson, pour faire à sa manière œuvre d’art, pour purifier, en quelque sorte, son passé et reconquérir une certaine estime par le sérieux et la distinction de sa plume ? Il n’est guère aisé de trancher, Mme de Tencin ne s’étant jamais expliquée sur les raisons qui la poussèrent à prendre la plume. Toutefois, comme elle n’a jamais cessé d’intriguer ni reconnu publiquement aucun de ses ouvrages, il est préférable de penser avec Delandine qu’ en voyant les savants les plus goûtés dans la capitale, qu’en appréciant leurs ouvrages, elle eut envie d’en faire elle-même … et que la littérature fut pour elle un moyen de se délasser de ses orages, comme un voyageur à qui le désir d’être heureux, a fait braver les flots, les écueils et les tempêtes, profite d’un moment de calme pour écrire ses observations, et confier à ses amis éloignés, et ses espérances et ses dangers.
Quelles que fussent ses motivations réelles, elle publia anonymement chez Néaulme Paris en 1735, sans privilège, un court roman-mémoires de 184 pages in-12 : Mémoires du comte de Comminge. Le succès fut immédiat, comme le prouve le fait qu’il fut réédité l’année même. Et pour une fois, la critique et le public apprécièrent de concert : ils furent unanimes à apprécier les qualités littéraires de l’ouvrage. L’abbé Prévost, dans le Pour et contre, y loue la vivacité, l'élégance et la pureté du style, assurant que la nouvelle se fait lire de tout le monde avec goût, et le critique d’origine suisse La Harpe, dans son Lycée ou cours de littérature ancienne et moderne en 1799, ira même jusqu’à la considérer comme le pendant de la Princesse de Clèves. Le roman eut même une vogue européenne : très rapidement on en fit des traductions anglaise en 1746, puis italienne en 1754 et espagnole en 1828. Il inspira même une héroïde à Dorat et une nouvelle à Mme de Gomez. Pour Delandine, Madame de Tencin devrait servir de modèle. Et elle le fut, puisque sa nouvelle connut vers la fin du siècle cette forme populaire de la gloire que donnent les imitations et les contrefaçons. On l’adapta également au théâtre : Baculard d’Arnaud par exemple s’en inspira pour son drame Les Amans malheureux en 1764. Avec plus de cinquante rééditions jusqu’à la Première Guerre Mondiale, l’ouvrage est resté très présent sur la scène du livre. Après un purgatoire d’une cinquantaine d’années, il fut redécouvert dans les années soixante et depuis constamment réédité.
Quatre ans plus tard, en 1739, parut sans nom d’auteur à Paris et toujours sans privilège, le second ouvrage de Mme de Tencin : Le Siège de Calais, nouvelle historique, roman en deux volumes composé sous la forme d’un récit à tiroirs. Il souleva également un enthousiasme universel et tout comme le précédent se verra comparé au chef-d’œuvre de Mme de La Fayette. Comparaison pour le moins étrange en fait, car si le style est magnifique, la retenue des personnages l’est moins, le roman débutant là où finissent tous les autres… :
"Il étoit si tard quand le comte de Canaple arriva au château de Monsieur de Granson, et celui qui lui ouvrit la porte étoit si endormi, qu’à peine put-il obtenir qu’il lui donnât de la lumière. Il monta tout de suite dans son appartement dont il avoit toujours une clef; la lumière qu’il portoit s’éteignit dans le temps qu’il en ouvrit la porte; il se déshabilla, et se coucha le plus promptement qu’il put. Mais qu’elle fut sa surprise, quand il s’aperçut qu’il n’étoit pas seul, et qu’il comprit, par la délicatesse d’un pied qui vint s’appuyer sur lui, qu’il étoit couché avec une femme ! Il étoit jeune et sensible : cette aventure, où il ne comprenoit rien, lui donnoit déjà beaucoup d’émotion, quand cette femme, qui dormoit toujours, s’approcha de façon à lui faire juger très avantageusement de son corps. De pareils moments ne sont pas ceux de la réflexion. Le comte de Canaple n’en fit aucune, et profita du bonheur qui venoit s’offrir à lui."
On le voit, ces deux ouvrages ont été jugés dignes d’être placés au nombre des chefs-d’œuvre de la littérature féminine du temps et leur succès alla même croissant jusque vers le milieu du XIXe siècle, avec une réédition tous les deux ans entre 1810 et 1840. Ils furent, par ailleurs, encore souvent réédités entre 1860 et 1890 et leur gloire ne s’éteindra finalement qu’à l’aube du XXe siècle. C’est dire si le XIXe siècle les goûta encore énormément. Le critique Villemain, dans son Tableau de la littérature française au XVIIIe siècle en 1838 écrira même que Mme de Tencin est l’auteur de quelques romans pleins de charme parmi lesquels les Mémoires du comte de Comminge, représente certainement le plus beau titre littéraire des femmes dans le XVIIIe siècle. Opinion partagée encore quelque cent ans plus tard par le critique Marcel Raymond.
C’est grâce à ces deux romans que le nom de Mme de Tencin survivra littérairement jusqu’à la fin du XIXe siècle. Elle est encore pourtant l’auteure de deux autres ouvrages : les Malheurs de l’amour en 1747, véritable perle de la littérature du XVIIIe, et d’un roman inachevé, de facture plus surannée, les Anecdotes de la cour et du règne d’Édouard II, roi d’Angleterre.
Les Anecdotes furent publiées après sa mort en 1776, chez le libraire Pissot à Paris, avec approbation et privilège du roi. Alexandrine n’est l’auteure que des deux premières parties, les suivantes sont l’œuvre de Anne-Louise Élie de Beaumont qui, vingt-cinq ans après la mort de Mme de Tencin, décida de finir l’ouvrage que celle-ci avait laissé inachevé. De toute évidence, Madame de Tencin jouissait donc encore dans ces années-là d’une grande réputation. Comment expliquer, sinon, qu’un écrivain aussi célèbre qu’Élie de Beaumont, l’auteure des fameuses Lettres du marquis de Rozelle en 1764, encensées de toute la critique, et femme du plus célèbre encore avocat des Calas, décidât de terminer le roman d’une autre au lieu de donner à nouveau au public une œuvre de son cru. Malgré tout son savoir-faire, l’ouvrage passa néanmoins presque inaperçu. Pierre-Maurice Masson nous indique qu’il n’a été réédité que huit fois jusqu’au début du XXe siècle, et toujours dans les œuvres complètes de Mme de Tencin, alors qu’on recense par exemple plus d’une quarantaine de rééditions des Mémoires du comte de Comminge. La critique est, quant à elle, généralement muette à son sujet. C’est probablement que la structure baroque de l’œuvre, faite d’histoires enchâssées et de rebondissements improbables, ne plaisait plus à l’époque et il y a fort à parier, ainsi que le pense Joël Pittet, que c’est là une œuvre de jeunesse que Mme de Tencin a tôt abandonnée.
Il reste à signaler, avant de revenir à l’examen des Malheurs de l’amour réédités au début du siècle, Desjonquères, 2001, qu’on lui attribue encore trois autres ouvrages. Elle aurait ainsi écrit vers 1720 une Chronique scandaleuse du genre humain, histoire ordurière et manuscrite des actions crapuleuses des libertins connus par l’histoire de toute l’antiquité et composée à l’usage de Dubois et du Régent écrit P.-M. Masson pour qui l’ouvrage serait assez du genre de la dame. Cette chronique n’a jamais été retrouvée. D’après Jules Gay, elle fut très probablement détruite par nos cafards molinistes ou jansénistes, méthodistes ou révolutionnaires. On lui attribuait également Chrysal ou les aventures d’une guinée en 1767 qui est en fait de l’Anglais Charles Johnstone. Reste enfin l’épineux problème que soulève l’Histoire d’une religieuse écrite par elle-même. En effet, en mai 1786 paraît à Paris, dans la Bibliothèque universelle des romans, cette courte nouvelle de vingt-quatre pages in-16, qu’une note des éditeurs attribue à Mme de Tencin : ce serait là le fruit des premiers amusements de la jeunesse de notre auteur, qu’elle aurait remis entre les mains de son ami l’abbé Trublet. Convient-il d’accorder quelque crédit à cette note ? La critique du XXe siècle – celle des deux siècles précédents ainsi que les répertoires bibliographiques du XIXe siècle passant complètement sous silence cette nouvelle qui n’eut jamais de réédition – reste partagée : Pierre-Maurice Masson, Georges May, Henri Coulet et Pierre Fauchery pensent qu’elle en est l’auteure, sans pourtant en fournir la preuve absolue, tandis que Jean Sareil, Jean Decottignies, Martina Bollmann, auteure d’une thèse remarquable sur les romans de Mme de Tencin, et Joël Pittet sont d’avis contraire. Une thématique différente, l’absence de tout dialogue, des différences importantes dans le traitement psychologique et dans le vocabulaire de cette œuvre semblent aller pourtant dans le sens de la non attribution. Un autre fait vient encore corroborer cette prise de position : l’abbé Trublet était mort depuis seize ans, quand parut cette histoire. Pourquoi alors avoir attendu si longtemps avant de la publier ? Selon le critique Franco Piva, elle serait en fait de Jean-François de Bastide.
S’il convient donc très certainement de considérer l’Histoire d’une religieuse comme un pastiche adroit, cette nouvelle n’en reste pas moins intéressante à plus d’un titre : elle souligne en premier lieu l’engouement pour Mme de Tencin vers la période révolutionnaire, engouement que confirment en 1786 les deux premières éditions de ses œuvres complètes ainsi que la publication de ses pseudo-mémoires secrets en 1792. Qui plus est, elle fournit de précieux renseignements sur la fortune littéraire des Malheurs de l’amour en montrant que ce roman, qui a largement inspiré Jean-François de Bastide, répondait encore au goût de la fin du XVIIIe siècle.
Avant que d’examiner plus avant ce dernier roman, petit chef-d’œuvre d’écriture classique qui exprime pourtant au mieux les idées novatrices et subversives de Mme de Tencin, il convient encore de dire un mot des problèmes d’attribution.

Une attribution quelque temps contestée

La fortune littéraire de Mme de Tencin ne coïncide pas avec celle de ses œuvres. En effet, si la critique de nos jours attribue unanimement à la divine baronne la maternité des quatre ouvrages précités, son œuvre lui fut longtemps disputée.
À l’instar la plupart des femmes de lettres de son époque, Alexandrine publia ses ouvrages sous le couvert de l’anonymat, jugeant qu’il ne seyait à une dame de qualité – on se souvient à cet effet que la marquise de Lambert se crut déshonorée lorsqu’elle vit imprimer les Avis d’une mère à sa fille – de condescendre à l’écriture. À moins que ce ne fût pour éviter de fournir elle-même des armes à ses ennemis, de peur qu’ils n’y trouvassent des aventures qui pouvaient paraître avoir été inspirées des siennes. Quoi qu’il en soit, par préjugé nobiliaire ou par peur du public, elle ne recueillit pas de son vivant le bénéfice de son succès.
Pas tout à fait, il est vrai, cependant, car ces sortes de secrets ne se gardent guère. C’est ainsi que le nom de Mme de Tencin ne tarda pas à circuler sous le manteau, comme le prouve une lettre de l’abbé Raynal en 1749 à un correspondant étranger, dans laquelle il signale qu’il convient d’attribuer à Alexandrine trois ouvrages pleins d’agrément, de délicatesse et de sentiments dont il donne les titres. Ses bêtes les familiers de son salon étaient d’ailleurs certainement dans la confidence et, bien qu’ils gardassent, pour la plupart, le silence, un poème de Piron, en termes à peine voilés, laisse entendre la véritable identité du plus accompli des trois romans. Il s’agit de Danchet aux Champs-Élysées qui décrit un cercle de neuf Muses, rencontré au séjour des Bienheureux, dont Alexandrine doit un jour occuper le siège présidentiel :

Car vous seule y devez prétendre,
Vous seule y monterez un jour,
Vous dont le pinceau noble et tendre
A peint les malheurs de l’Amour.

À part ces quelques indications éparses, dans les trente années qui suivirent la première publication de Mme de Tencin en 1735, on ne trouve aucun témoignage imprimé où le nom de l’auteur soit explicitement donné. Aussi la rumeur se plut à attribuer ces trois romans à d’autres écrivains, et principalement à ses propres neveux : d’Argental et Pont-de-Veyle, nouveaux Segrais d’une nouvelle Lafayette. Mais n’est-ce pas encore là en fin de compte la meilleure manière de les attribuer à Alexandrine ? Il est en effet pour le moins curieux que ces pères putatifs fussent choisis dans sa propre famille ; et de là à imaginer qu’elle ait elle-même attisé, sinon répandu, cette rumeur pour qu’on ne séparât pas tout à fait ces ouvrages de son lignage, il n’y a qu’un pas que l’on peut aisément franchir. Elle tient en tout cas d’Argental en piètre estime et, si l’on pourrait admettre qu’elle prit quelque collaborateur, elle l’eût certainement choisi moins sot :
"Vous ne connaissez pas d’Argental écrit-elle en 1743 au duc de Richelieu ; c’est une âme de chiffe, qui est incapable de prendre part aux choses qui ont quelque sérieux. Il n’est capable de rien que de nigauderies et de faiblesse. "
Quant à Pont-de-Veyle, ses comédies comme le Complaisant en 1733 ou le Fat puni en 1738 ressemblent trop peu aux romans sensibles et subversifs de Mme de Tencin pour qu’on puisse retrouver entre ceux-ci et celles-là quelque affinité littéraire.
Trois théories s’affrontent donc dans le public jusqu’en 1767 : il y a les gens instruits qui savent ce qu’il en est, ceux qui penchent pour une collaboration entre la tante et les neveux, et ceux qui n’accordent, comme Voltaire qui la détestait, la paternité des œuvres qu’aux seuls neveux. Ainsi ce dernier, dans un billet non daté tout à fait partial à Mme Denis, n’écrit-il pas :
"Carissima, sono in villeggiatura a Versailles …. Corre qui un romanzo il cui titolo, è Le Infelicita dell amore. La piu gran sciagura che in amore si possa risentire, e senza dubbio il vivere senza voi mia cara. Questo romanzo composto dal Signor de Pondeveile è non percio meglio. Mi pare una insipida e fastidiosa freddura. O que [sic] gran distanza da un uomo gentil, cortese e leggiadro, fino ad un uomo di spirito e d’ingegno ! ".
Le parti des instruits finira par l’emporter, car en 1767 apparaît le premier texte auquel on peut accorder tout crédit, qui divulgue enfin la véritable identité de l’auteur des trois romans. En effet, l’abbé de Guasco dans une note de son édition des Lettres familières du Président de Montesquieu nous apprend que son frère, le comte de Octavien de Guasco, demanda en 1742 à Montesquieu si Mme de Tencin était bien l’auteure des ouvrages que certains lui attribuaient. Ce dernier lui répondit qu’il avait promis à son amie de ne point révéler le secret. Ce ne sera que le jour de la mort d’Alexandrine qu’il avouera enfin la vérité au vieil abbé :
" À présent vous pouvez mander à Monsieur votre frère, que Mme de Tencin est bien l’auteur … des ouvrages qui ont été crus jusqu’ici de M. de Pont-de-Veyle, son neveu. Je crois qu’il n’y a que M. de Fontenelle et moi qui sachions ce secret."
Son opinion fait école, car dès cette date, le nom d’Alexandrine figure régulièrement dans les histoires littéraires et les dictionnaires de l’époque. Ainsi, vers 1780, la majorité du public et de la critique – à l’exception notable de l'abbé de Laporte dans son Histoire littéraire des femmes françoises en 1769 ! – pense qu’elle en est l’unique auteur. En tout cas on en est suffisamment convaincu pour, lors de la première édition de ses œuvres complètes en 1786, faire apparaître pour la première fois son nom sur la page de titre. Depuis l’ouvrage remarquable de Pierre-Maurice Masson 1909, revu et corrigé en 1910, consacré à la vie et aux romans d’Alexandrine, plus personne ne songe sérieusement à lui enlever ce modeste lot de gloire qui lui revient.

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Posté le : 26/04/2014 10:28
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Les Malheurs de l’amour


Après huit ans de silence littéraire, Mme de Tencin, devenue impotente et ne quittant plus guère son appartement, se décida à sortir quelque peu de sa réserve pour publier anonymement son troisième roman : Les Malheurs de l’amour en 1747. L’édition originale de ce roman-mémoires sentimental consiste en deux volumes in-12 de 247 et 319 pages où l’histoire enchâssée d’Eugénie – la confidente de l’héroïne Pauline – occupe les 180 pages du deuxième volume. Elle fut publiée sans privilège à Paris, même si la page de garde mentionne Amsterdam. Sous le titre apparaît une épigraphe, Insano nemo in amore sapit attribuée à Properce qui a toujours été reproduite dans les éditions suivantes. Il s’agit du vers 18, tronqué, de l’élégie XIV du deuxième livre des Élégies de Properce : Scilicet insano nemo in amore videt. Cette élégie se distingue des autres, car elle est consacrée au bonheur. Elle est suivie, à la deuxième page, d’une Épitre dédicatoire à M*** qui n’a pas toujours été reproduite dans les éditions suivantes :
" Je n’écris que pour vous. Je ne desire des succès que pour vous en faire hommage. Vous êtes l’Univers pour moi. "
Une épître dédicatoire toute similaire se trouvait déjà au début du Siège de Calais, sans qu’on n’ait jamais pu en découvrir le destinataire, si tant est qu’il existât jamais :
" C’est à vous que j’offre cet ouvrage ; à vous à qui je dois le bonheur d’aimer. J’ai le plaisir de vous rendre un hommage public, qui cependant ne sera connu que de vous."
En dessous de l’épigraphe se trouve une vignette, sans nom d’auteur, qui pourrait illustrer le vers de Properce, à savoir la suprématie en amour du cœur sur la raison. Elle représente la scène suivante : un Amour l’amour raisonnable ?, le pied appuyé sur un coffre, près d’une colonne, tient dans ses mains un parchemin qu’il tend à une jeune femme. Cette dernière semble troublée en le lisant, car elle porte une de ses mains à son visage. Derrière elle, dissimulé par un rideau, se tient un autre Amour l’amour-passion ? qui écoute attentivement ou peut-être même dirige leur conversation. Cette vignette n’a jamais été reproduite, après 1749, dans les rééditions du roman.
Le roman connut un grand succès lors de sa parution, tant est qu’il fut réédité plusieurs fois l’année même. Il fut en vogue quelque temps à Versailles. Daniel Mornet, dans son article Les Enseignements des bibliothèques privées, 1750-1780, nous apprend même qu’il fit partie jusqu’en 1760, avec les Lettres d'une Péruvienne ou les Confessions du comte de ***, des neuf romans les plus lus en France ! Cet engouement ne se cantonna pas à la France uniquement. Dès les années 1750 il fut traduit en anglais et inspira plusieurs auteurs britanniques comme Miss Frances Chamberlaine Sheridan dans ses Memoirs of Miss Sidney Bidulph, extracted from her own Journal ,1761; traduit en français par l’abbé Prévost en 1762 dont une partie de l’intrigue semble directement inspirée des Malheurs de l’amour. Jean-Rodolphe Sinner de Ballaigues l’adaptera en 1775 pour le théâtre, en conservant certaines répliques du roman. Pendant la période révolutionnaire, il connaît même une nouvelle vogue, étant très souvent réédité, et pas toujours sous son titre d’origine, mais sous celui de Louise de Valrose ou Mémoires d’une Autrichienne, traduits de l’allemand sur la troisième édition, 1789. Enfin, la troisième période de gloire des Malheurs de l’amour se situe pendant les trente premières années du XIXe siècle où l’on recense en moyenne une réédition tous les cinq ans : les post-classiques en apprécièrent le style naturel et de bon goût et la génération romantique, la mélancolie et la passion dominatrice qui caractérisent, par ailleurs, tous les romans de Mme de Tencin. Dès les années 1880, le roman sombre peu à peu dans l’oubli et ce n’est qu’à l’aube de ce siècle qu’il a été redécouvert, Desjonquères, 2001.
Ce n’est pas tant à l’intrigue assez commune, que notre roman dut ses premiers succès, mais bien à la discipline classique à laquelle s’astreignit Mme de Tencin. La critique de l’époque fut une nouvelle fois unanime à admirer les qualités littéraires de l’ouvrage, à savoir la vivacité, l’élégance et la pureté de son style et, pour le public, ce roman et les autres, passaient tout d’une voix pour des livres fort bien écrits Abbé Prévost, Le Pour et contre, 1739. Quant aux lectrices, sous le vernis classique, elles durent apprécier tout particulièrement certains épisodes très subversifs pour l’époque ainsi que les revendications féminines qui s’en dégageaient.
Le genre utilisé est le roman-mémoires qui est la forme canonique de la fiction en France entre 1728 et 1750. Issu des pseudo-mémoires du dernier quart du XVIIe siècle, il s’en distingue par le fait que le je-narrateur ne vise plus désormais à donner sa version particulière de faits historiques, mais bien à s’interroger sur lui-même, et plus particulièrement sur sa vie sentimentale qui va primer sur sa carrière politique. C’est de plus un des premiers romans bâti autour des souvenirs d’une bourgeoise. Ce changement de perspective qui vise avant tout à la découverte de l’être et finalement du bonheur est tout à fait évident dans les Malheurs de l’amour où l’analyse psychologique occupe le devant de la scène. C’est le moi qui est le centre du récit, et non plus les aventures singulières empruntées au roman baroque. La narration y est ainsi assez homogène. Mme de Tencin s’est efforcée de maîtriser le principal problème lié à la narration autodiégétique, celui de la retranscription d’événements, de discours auxquels le je n’a pas assisté, en ayant recours par deux fois au récit écrit d’un autre personnage. Ainsi, Pauline, la narratrice et rédactrice, de sa retraite à l’abbaye Saint-Antoine à Paris, rapporte à la première personne vers 1680, les malheurs qui lui sont survenus quarante ans auparavant. Tout passe par son point de vue, ce qui ne l’empêche nullement de déléguer parfois sa voix à d’autres personnages : elle cède ainsi la parole pendant une trentaine de pages à sa rivale Hypolite Tome II 151-181, en supprimant tout marqueur discursif, ou au marquis de La Valette II70-87, autrefois amant de son amie, la religieuse Eugénie. Ces deux récits, s’ils blessent un peu la vraisemblance, sont justifiés par une certaine esthétique du pathétique qui gouverne le roman, car la confession d’une mourante ou les plaintes d’un amant éconduit sont autrement émouvantes au style direct.
Si Mme de Tencin a donc été confrontée au même vertige qu’éprouvèrent tant d’écrivains de l’époque, à savoir les problèmes engendrés par le rapport fiction-réalité, elle n’en a pas fait sa préoccupation première. Le réel ne l’intéresse que dans la mesure où il est vécu par l’homme. Si son roman, à l’instar de beaucoup d’autres, se charge de réalités sociales, c’est uniquement parce qu’elles permettent de s’interroger indéfiniment sur les chances qu’elles offrent à l’accomplissement de soi ainsi que sur les antinomies de la vertu et du bonheur. Ainsi, si Les Malheurs de l’amour se veut, par son titre et sa forme empruntée au roman-mémoires d’une part, un juste équilibre entre l’imagination et l’observation de l’autre, pour obtenir du lecteur l’adhésion lucide et critique à un faux plus vrai que le vrai, ce roman permet néanmoins à l’irréalisme d’éclater en irruptions incontrôlées à la faveur d’un cliché romanesque la tentative d’enlèvement de l’héroïne, l’apparition d’un couple de jumeaux, des quiproquos qui s’ensuivent… ou même, et c’est extraordinaire, d’auto-parodies qui constituent une sorte de mise en abyme du roman; que l’on considère seulement la réplique suivante d’Eugénie à Pauline :
"Voulez-vous faire l’héroïne de roman, et vous enfermer dans un cloître, parce qu’on ne vous donne pas l’amant que vous voulez ?"
ou cette autre :
" Le cœur me dit que le Président est destiné pour mettre fin à votre roman. "
L’engouement de la narratrice pour l’auto-analyse n’est pas sans influence sur le traitement de l’espace. Il implique non seulement un resserrement spatial maximal, mais également l’observation du seul champ qui intéresse véritablement : le Moi amoureux. Ainsi, le roman, à l’instar de la plupart des romans-mémoires de l’époque, donne peu à voir : la nature extérieure, qu’elle soit campagnarde, urbaine ou exotique, tend à ne plus être qu’un simple décor. Cependant, si Mme de Tencin ne recherche pas le pittoresque, elle ne bannit point de son roman toute couleur locale. Elle est même une sorte de précurseur du décor noir qui fera florès plus tard dans le siècle, pour autant qu’il ajoute au côté pathétique d’une scène qui suit entre les deux amants. Ainsi par exemple la description suivante, qui survient peu avant la visite de Pauline au Châtelet :
"Je parvins, bien cachée dans mes coëffes, jusqu’à une chambre ou plutôt un cachot qui ne recevoit qu’une foible lumière d’une petite fenêtre très haute et grillée avec des barreaux de fer qui achevoient d’intercepter le jour. Barbasan étoit couché dans un mauvais lit, et avoit la tête tournée du côté du mur …, une chaise de paille .. composoit tous les meubles de cette affreuse demeure. "
À cette description qui semble fondée sur le souvenir de son propre séjour à la Bastille, ajoutons cette autre résultant de la sensibilité exacerbée de l’héroïne, qui lui fait porter un regard nouveau sur le monde environnant :
" J’allois porter cette nouvelle douleur la mort possible de son amant, peut-être la plus accablante de toutes, dans un bois de haute futaye qui faisoit ma promenade ordinaire. La solitude et le silence qui y régnoient, y répandoient une certaine horreur conforme à l’étât de mon âme : je m’accoutumai insensiblement à y passer les journées presque entières : mes gens m’avoient vainement représenté qu’il étoit rempli de sangliers ; qu’il pourroit m’y arriver quelque accident "
Les personnages évoluent donc dans un univers étrange, presque abstrait, se resserrant peu à peu vers les mêmes lieux clos : chambres mortuaires, sombres châteaux retirés à la campagne, abbayes isolées, champs de bataille, couvents ou forêts inquiétantes, décor qui annonce déjà les mélodrames du siècle suivant. Pour Chantal Thomas, cette représentation du monde se révèle être en définitive une métaphore amoureuse qui traduit à la perfection le conflit latent existant entre les deux amants. Car il faut bien parler de conflit, leur rencontre étant à l’origine d’une lutte à mort à la fois contre ses propres défauts, contre soi-même -tous mes sentimens sont contraints, je n’ose ni me permettre de haïr, ni me permettre d’aimer confie Mlle d’Essei- et contre le partenaire amoureux. La souffrance même, calculée dans ses effets sur l’autre, devient une arme :
" Le comte de Blanchefort est mon mari ; la raison, et peut-être encore plus le dépit dont j’étois animée contre vous, m’ont déterminée à lui donner ma main. "
C’est donc bien cette lutte, nécessaire au triomphe de l’amour véritable, qu’évoquent les différents lieux oppressants du roman et qui lui confèrent ce ton soutenu d’abstraction; le métaphorique y primant toujours sur le littéral. Et c’est sur cette lutte, ou plutôt sur cette série de cas sentimentaux extrêmes, reliés par une intrigue commune, que Mme de Tencin a porté tous ses efforts. Elle les résout non en moraliste, comme pourrait le faire un romancier à thèse, mais préfère les décrire et les analyser avec justesse et précision pour y trouver des nuances nouvelles, inaperçues jusque-là. Si l’accent est mis sur la personnalité psychologique des personnages, elle n’est pas traitée dans sa globalité, mais bien par rapport aux épreuves engendrées par l’expérience amoureuse.
Une morale du cœur et de l’instinct
"Si vous détruisez l’amour, Éros, le monde retombera dans le chaos."
Du roman sentimental alors en vogue dans le deuxième quart du XVIIIe siècle, Mme de Tencin emprunte les principaux traits : un récit à tiroir, des intrigues plus vraisemblables que romanesques, chargées des réalités sociales permettant au lecteur de s’interroger sur les possibilités qu’elles offrent à l’accomplissement de soi, un cadre moderne, parfois même bourgeois, la prédominance des états affectifs du cœur et la finesse de la psychologie qui prend le devant de la scène, puisque désormais la vérité ne se trouve plus dans les faits racontés, mais bien dans l’ordre des réalités morales. Ses quatre romans s’en distinguent cependant par toute une série de subversions touchant tant aux structures romanesques qu’aux conventions sociales de l’époque.
Ces subversions visent principalement à émanciper la femme de la tutelle sociale et parentale et surtout de cette « Vertu » castratrice qui la prévient d’être véritablement. Et c’est bien là que se situe l’originalité de ses écrits, car là où la plupart des romanciers du temps se contentent de dénoncer les hypocrisies du rationalisme moral ambiant, en peignant les épreuves de la vertu ou les malheurs de l’amour, Mme de Tencin, précédant Sade de quelque quarante ans, rejette catégoriquement cette dernière au profit de l’instinct qui devient le guide suprême. Elle prône ainsi une philosophie du cœur qui a tôt fait de déboucher sur une morale du sentiment, sans le céder au didactisme toutefois ! C’est le royaume de la morale implicite, suggérée par le fort contraste entre une existence malheureuse vouée à la raison opinion publique et à la vertu refoulement du cœur dans une histoire enchâssée et l’existence de l’héroïne principale tournée tout entière vers le cœur, qui seul permet d’accéder au bonheur véritable : l’accomplissement de l’être dans l’acceptation de l’amour.
L’être humain, pour citer Paul van Tieghem, ne vit donc pour faire son salut, ni pour agir, ni pour connaître ou créer ; son idéal n’est ni d’être saint, ni l’homme d’action, ni le savant ou l’inventeur. Il vit pour sentir, pour aimer.La morale naturelle que Mme de Tencin nous propose est en ce sens assez proche de celle des auteurs sensibles de la deuxième moitié du siècle qui réagissent contre le culte de la raison gouvernant la volonté, idéal de l’âge classique, en privilégiant le sentiment et en revendiquant les droits de la passion. Celle-ci n’est plus considérée comme une faiblesse, un égarement ou un malheur, mais comme un privilège des âmes sensibles. Elle devient un titre suffisant à justifier une conduite opposée à celle que dictaient les usages et les lois.
Morale similaire, mais non identique, car pour la plupart des romanciers lorsque la passion se heurte à la vieille morale, à celle de toutes les sociétés depuis la Bible, c’est la passion qui renonce ou qui lutte pour renoncer : la Nouvelle Héloïse qui fut au XVIIIe siècle comme la bible du sentiment -on allait jusqu’à la louer pour quelques sous- en est le meilleur témoin. Elle serait plus proche de la morale romantique où aimer avec fureur, avec désespoir devient le comble de la félicité, malgré les lois divines et humaines, lorsque l’amour est le don total de soi et l’ardeur du sacrifice.
Les romans de Mme de Tencin des œuvres préromantiques ? Certes, à l’instar de bon nombre de romans du XVIIIe. Il n’est donc pas nécessaire d’insister sur ce point, mais plutôt sur la philosophie de vie qu’ils mettent en scène, philosophie assez étrangère à la mentalité du temps pour qui la notion de pari, en matière de bonheur, n’entrait que très rarement en ligne de compte. Car c’est bien à un pari, un peu comme Pascal à propos de l’existence de Dieu, que Mme de Tencin nous invite, lorsqu’au travers d’histoires d’amour, elle s’efforce de nous faire comprendre que pour être heureux, il faut prendre le risque d’aimer, qu’il faut oser aimer, et ce en dépit des obstacles qui ne manqueront pas de survenir.
D’aucuns pourraient rétorquer qu’un tel pari sur l’amour ne réussit pas aux héroïnes, puisqu’à la fin de leurs aventures elles perdent l’objet aimé. Il convient de dire tout d’abord que si elles ont connu le bonheur en société, c’est uniquement durant leur liaison amoureuse et que si l’on assiste à un échec du sentiment, les héroïnes doivent non seulement s’en prendre à la société qui ne veut pas entendre parler des lois du cœur, mais surtout – c’est là un point original – à elles-mêmes et à leur amour-propre ainsi qu’à la légèreté de l’amant. Car il ne suffit pas d’oser aimer, encore convient-il de défendre son amour contre tout ce qui vient attenter à sa pureté. Pour Mme de Tencin l’amour ne vise donc qu’à la pleine réalisation de l’être, il n’est nullement responsable des malheurs qui surgissent : elle envisage la vie de manière positive et du rationalisme moral du temps, elle retient au moins l’optimisme, laissant de côté l’utopie. Elle insiste sur la difficulté d’aimer dans un siècle où le sentiment reste suspect. Cependant, si elle ne se prive pas ainsi de mettre en scène les nombreux obstacles qui visent à séparer définitivement les amants, il convient de noter toutefois qu’elle propose également des substituts à l’impossibilité de l’amour in praesentia ou physique, telles que la lettre ou, à un niveau supérieur, l’écriture.
En effet, les problèmes du couple romanesque ne se séparent point de ceux de la communication : éloignés la plupart du temps l’un de l’autre, les amants ne peuvent combler la distance qui les sépare qu’à l’aide d’une correspondance épistolaire. Les romans mentionnent ainsi de nombreuses lettres ou billets qui bien souvent, en plus de rapporter les mots de l’être aimé, semblent se substituer, de façon métonymique, à sa présence physique :
"La joie succéda à tant de douleurs, quand j’appris à sept heures du matin, par un billet, que tout avoit réussi, et que Barbasan étoit en sûreté. Je baisois ce cher billet …." Les Malheurs de l’amour
Si la lettre est donc essentiellement communicative et dramatique, elle reste cependant avant tout le signe et le substitut d’une passion qui ne peut s’assouvir. En ce sens, elle ne fait que transposer dans l’histoire cet espace d’écriture et d’évasion qu’offre lui-même le roman à l’amour, ce sentiment qui n’avait lieu à l’époque, si ce n’est la clandestinité, pour s’épanouir. L’acte d’écriture, voire l’acte de narration, justifiés explicitement dans les romans, procède donc d’un refus d’être, ou du moins d’être sans l’être aimé. Il trahit un désir du nous de l’unité qui ne peut ête résolu que dans l’écriture ou, paradoxalement, dans l’absence, car l’on sait depuis Proust que cette dernière, pour qui aime, est la plus certaine, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ….
Ainsi, en rédigeant des mémoires, le héros ou l’héroïne atteint finalement au bonheur. Il peut désormais, même si l’être aimé est perdu, se consacrer tout entier au seul domaine qui interpelle véritablement l’être sensible : l’amour; car être sensible ce n’est pas tant se borner à ressentir, c’est avant tout prendre conscience que l’on ressent.
L’image d’une femme – ou d’un homme – qui se réalise dans l’amour ou, par procuration, dans l’écriture ne manque pas d’étonner de la part d’un écrivain dont la vie fut caractérisée essentiellement par la tutelle de la raison sur le cœur. Du moins, c’est là le portrait que se sont plu à dresser la totalité de ses biographes. Mais ont-ils vraiment vu juste, eux qui se sont efforcés de recréer la personne intime à partir du personnage public ? Laissons le mot de conclusion à Stendhal qui la proposait comme modèle à sa sœur Pauline et qui avait deviné son grand secret Lettre à Pauline Beyle, 8 mars 1805:
" Plais à tous ceux qui ne te plaisent pas et qui t’entourent ; c’est le moyen de sortir de ton trou. Mme de Tencin était bien plus loin des sociétés aimables que toi, et elle y parvint. Comment ? En se faisant adorer de tout le monde, depuis le savetier qui chaussait Montfleury jusqu’au lieutenant général qui commandait la province. "

Madame de Tencin épistolière

De l’abondante correspondance de Mme de Tencin, il ne reste que peu de choses accessibles en édition. Huitante lettres dans une vieille compilation lacunaire de Soulavie, écrites entre novembre 1742 et juillet 1744, deux petits recueils de Stuart Johnston et de Joël Pittet, de nombreuses lettres inédites citées ici et là, notamment chez P.-M. Masson, Jean Sareil ou M. Bollmann. Des originaux également, qui apparaissent de temps en temps dans les ventes aux enchères. Aucun critique n’a jugé bon pourtant à l’heure actuelle de consacrer une étude sérieuse à la totalité de sa correspondance retrouvée, soit cent cinquante lettres environ. Il serait souhaitable que cela se fît, tant Mme de Tencin y apparaît tout entière : vive, malicieuse, caustique, méchante parfois, elle traite de ses affaires avec une verve que l’on n'eût jamais soupçonnée et analyse la société de son temps avec une acuité quasi-prophétique. Voici par exemple son avis sur le ministre Maurepas dans une lettre au duc de Richelieu du 1er août 1743 :
"C’est un homme faux, jaloux de tout, qui, n’ayant que de très petits moyens pour être en place, veut miner tout ce qui est autour de lui, pour n’avoir pas de rivaux à craindre. Il voudrait que ses collègues fussent encore plus ineptes que lui, pour paraître quelque chose. C’est un poltron, qui croit qu’il va toujours tout tuer, et qui s’enfuit en voyant l’ombre d’un homme qui veut résister. Il ne fait peur qu’à de petits enfants. De même Maurepas ne sera un grand homme qu’avec des nains, et croit qu’un bon mot ou qu’une épigramme ridicule vaut mieux qu’un plan de guerre ou de pacification. Dieu veuille qu’il ne reste plus longtemps en place pour nos intérêts et ceux de la France."
Pour Alexandrine, avec de tels serviteurs, " à moins que Dieu n’y mette visiblement la main, il est physiquement impossible que l’État ne culbute " Lettre au duc d’Orléans du 2 juin 1743. Les ministres ont le ton plus haut actuellement que les ministres de Louis XIV, et ils gouvernent despotiquement .... Tandis que les affaires actuelles occuperaient quarante-huit heures -si les journées en avaient autant-, les meilleures têtes du royaume passent leur temps à l’Opéra idem ! Mais le grand coupable, c’est le roi, comme elle ne se prive pas de le démontrer dans différentes lettres des 22 juin, 24 juillet, 1er août et 30 septembre 1743 au duc de Richelieu :
" C’est un étrange homme que ce monarque .... Rien dans ce monde ne ressemble au Roi : ce qui se passe dans son royaume paraît ne pas le regarder ; il n’est affecté de rien ; dans le conseil, il est d’une indifférence absolue : il souscrit à tout ce qui lui est présenté. En vérité, il y a de quoi se désespérer d’avoir affaire à un tel homme ; on voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais .... Il est comme un écolier qui a besoin de son précepteur, il n’a pas la force de décider .... On prétend qu’il évite même d’être instruit de ce qui se passe, et qu’il dit qu’il vaut mieux encore ne savoir rien. C’est un beau sang-froid; je n’en aurai jamais autant .... Il met les choses les plus importantes pour ainsi dire à croix ou à pile dans son conseil, où il va pour la forme, comme il fait tout le reste, et qu’il en sort soulagé d’un fardeau qu’il est las de porter. ... Voilà pourquoi les Maurepas, les d’Argenson, sont plus maîtres que lui. Je ne le puis comparer dans son conseil qu’à M. votre fils, qui se dépêche de faire son thème pour en être plus tôt quitte. Encore une fois je sens malgré moi un profond mépris pour celui qui laisse tout aller selon la volonté de chacun."
Et de terminer par une de ses maximes grivoises dont elle a le secret et qui n’est pas à l’avantage du roi :
" Tout sert en ménage, quand on a en soi de quoi mettre les outils en œuvre."
On le voit les lettres de Mme de Tencin offrent donc le spectacle, qui n’est ni sans rareté ni sans beauté d’une volonté féminine pure, servie par un esprit lucide et très libre, tendue sans défaillance vers la défense de ses intérêts certes, mais également vers ceux de la France, qu’elle aimait plus que tout.

La Ménagerie

Quelques grands noms des Lettres, des Arts et des Sciences fréquentèrent durablement ou occasionnellement le salon de Madame de Tencin et formèrent sa Ménagerie. Voici quelques-unes de ses Bêtes : l’abbé Prévost, Marivaux, l’abbé de Saint-Pierre, l’académicien de Mairan, Louis La Vergne, comte de Tressan, le docteur et amant Jean Astruc, le poète janséniste Louis Racine, Jean-Baptiste de Mirabaud, l’abbé Le Blanc, son neveu d’Argental, Mme Dupin qu'elle appelait ma chère friponne, Duclos, l’académicien de Boze, Émilie du Châtelet, Houdar de la Motte, Mme Geoffrin, Réaumur, Montesquieu qu’elle appelait le petit romain, Helvétius, les écrivains Piron et Marmontel, la marquise de Belvo, Mme de La Popelinière, Bernard-Joseph Saurin, Sir Luke Schaub qu’elle surnommait le Petit ou mon mari, l’abbé Trublet, Charles-Henry comte de Hoym qu’elle surnommait le Grand ou le Dégoûté, Fontenelle, Françoise de Graffigny, l’abbé de Mably, son neveu Pont-de-Veyle, le médecin suisse Théodore Tronchin, Chesterfield, Bolingbroke ou le peintre François Boucher dont elle possédait un tableau Le Foyer enchanté. On peut à cette liste rajouter Collé et Gallet qui formaient à cette epoque avec Piron un trio inséparable de trois joyeux compagnons fondateurs du celebre "Caveau" comme nous le rapellent Rigoley de Juvigny dans les mémoires de Piron et J. Bouché dans " Gallet et le Caveau" à travers une anecdote qui a eu lieu chez Mme de Tencin et qui se termine dans les rues de Paris après cette soirée bien colorée. Ils avaient en commun avec Mme de Tencin la même opinion sur Voltaire qui craignait de se trouver face à Piron. Gallet ayant de son côté fait le pamphlet "Voltaire Ane, jadis poète "

Adaptation scénique

Au XIXe siècle, l'histoire de sa vie servit de canevas pour une pièce de théâtre :

Fournier et de Mirecourt, Mme de Tencin, drame en quatre actes, J.-A. Lelong, Bruxelles, 1846.




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Posté le : 26/04/2014 10:26
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Fernando de Magellan
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Le 27 avril 1521 sur l'île de Mactan aux Philippines,

à 41 ans, meurt Fernand de Magellan, Fernão de Magalhães


en portugais, Fernando de Magallanes en castillan, navigateur et explorateur portugais de l'époque des Grandes découvertes, Il est connu pour être à l'origine de la première circumnavigation de l'histoire – achevée en septembre 1522 sous les ordres de Juan Sebastián Elcano après trois ans de voyage – en ayant navigué vers l'ouest pour rejoindre les Moluques, découvrant sur son chemin le détroit qui porte son nom. plusieurs localités, telles Sabrosa, dans la province de Trás-os-Montes, et Porto, revendiquent de l'avoir vu naître. La capitale lusitanienne semblant être la plus vraisemblable.
Fernand de Magellan en bref : il appartient à l'une des branches de la vieille lignée des Magalhães, famille noble du Nord du Portugal dont l'origine remonte à la fin du XIIIe siècle. Les historiens peinent à le situer dans l'arbre généalogique et ignorent tout de sa jeunesse : quelques traces suspectes semblent indiquer que ses parents, Rui de Magalhães, alcaide-mór gouverneur d'Aveiro, et Alda de Mesquita, appartiennent à la petite noblesse. Dès son plus jeune âge, son père obtient peut-être qu'il soit page à la cour de la reine Éléonore de Viseu où il apprend probablement la navigation et l'astronomie, enseignées notamment par Martin Behaim.
La première mention historiquement sûre, une pièce d'archive, le désigne comme supplétif, sobresaliente et pensionné, moradores de la Maison du Roi sur la flotte de Francisco de Almeida, nommé vice-roi des Indes orientales portugaises. C'est à bord de cette armada de vingt navires qu'il quitte Lisbonne le 25 mars 1505.
Il découvre les Indes, combat de concert avec Francisco Serrão qu'il sauve à deux reprises et se livre quelques mois au commerce du poivre, avant de participer à la prise de Malacca à l'été 1511 sous le commandement d'Afonso de Albuquerque. Son ami Francisco Serrão atteint l'île de Ternate dans les Moluques où il s'établit après avoir gagné les faveurs du roi local. Magellan recevra des nouvelles de son ami Francisco Serrão par courrier, avant de quitter Malacca le 11 janvier 1513 pour rejoindre le Portugal. Contraint de rester à Lisbonne, il étudie les cartes et planisphères de la bibliothèque royale et les bureaux de la Casa da India, y découvre notamment une carte de Martin Behaim, tracée à Nuremberg en 1492, qui signale un passage au Sud du Brésil et un globe de Johann Schöner réalisé en 1515, qui indique également ce passage vers 40 degrés de latitude sud. Il rencontre le cosmographe Rui Faleiro avec qui il partage la conviction de pouvoir rejoindre les Moluques en contournant l'Amérique par l'Ouest et qui deviendra son associé

sa vie

Ses parents, Rui de Magalhães et Alda de Mesquita, appartiennent à la petite noblesse. Dès son plus jeune âge, Magellan devient page de la reine Leonor de Lancaster.
Au début de l'année 1505, il s'engage dans la flotte du premier vice-roi de l'Inde, Francisco de Almeida. Le roi Manuel Ier envoie en effet ce dernier briser le monopole maritime des musulmans en Afrique et en Inde. L'expédition quitte Lisbonne le 25 mars. Magellan est semble-t-il blessé lors d'un affrontement à Cananor, sur la côte de Malabar Inde, Il est possible qu'il ait été de nouveau impliqué, dans des affrontements avec les Arabes de l'océan Indien, au début de 1509 : il aurait été encore blessé. Il participe en tout cas à la conquête de la route des épices par les Portugais : il est à Malacca le 11 septembre 1509 et échappe au guet-apens préparé par le sultan de la place. De cette expédition, il ramène un esclave, qui sera son plus fidèle compagnon, Henrique, et une amitié solide, celle de Francisco Serrão, auquel il a sauvé la vie. Si le chroniqueur Gaspar Correia raconte que, pendant le début de son service, Magellan acquiert de nombreuses connaissances en navigation, on sait peu de choses de ses premières années en Orient, avant qu'il apparaisse dans l'équipage de Nuno Vaz Pereira en novembre 1506. Ce dernier débarque à Sofala sur la côte.
En 1508, Magellan retourne en Inde. Les 2 et 3 février 1509, il prend part à la bataille de Diu, qui donne aux Portugais la suprématie sur la majeure partie de l'océan Indien. Arrivé à Cochin dans la flotte de Diogo Lopes de Sequeira, il embarque pour Malacca en tant que soldat. Envoyé prévenir le capitaine du navire de l'imminence d'une attaque malaise, Magellan sauve courageusement la vie d'un explorateur portugais, Francisco Serrão, pendant les combats qui suivent. Ce dernier atteint ensuite les Moluques et envoie à Magellan de précieuses informations sur ces îles. Lors d'un conseil tenu à Cochin le 10 octobre sur la marche à suivre pour reprendre Goa, Magellan s'oppose à l'idée d'embarquer sur de grands navires en cette saison, mais le nouveau vice-roi, Afonso de Albuquerque, ne l'écoute pas et s'empare de la ville le 24 novembre. Le nom de Magellan ne figure pas parmi les combattants. Aucune preuve tangible n'indique qu'il obtient à cette époque le titre de capitaine.

Les victoires portugaises au large de la côte orientale de l'Afrique et de la côte occidentale de l'Inde ont brisé le monopole des musulmans sur l'océan Indien. L'expédition d'Almeida a pratiquement atteint son objectif : arracher aux Arabes les points névralgiques des routes maritimes. Il ne lui reste plus qu'à prendre Malacca. À la fin du mois de juin 1511, Almeida envoie donc une flotte, commandée par Albuquerque. La ville tombe six semaines plus tard. Cet événement, auquel Magellan prend part, couronne la victoire portugaise en Orient. Malacca voit transiter la richesse de l'Orient vers les ports de l'Occident. Maîtrisant le détroit du même nom, les Portugais détiennent la clé des mers et des ports de Malaisie. Il ne leur reste plus qu'à explorer les îles aux épices, et notamment les Moluques. Au début du mois de décembre 1511, ils entament donc un voyage de reconnaissance et, après avoir atteint l'île de Banda, rentrent chargés d'épices en 1512. La présence de Magellan lors de ce voyage n'est pas attestée. Il est néanmoins certain que Magellan réalisera par la suite un voyage aux Moluques, qu'il commandera lui-même depuis l'Espagne.

Allégeance à l'Espagne

Magellan se rend alors en Espagne, et arrive à Séville le 20 octobre 1517. Il est rejoint par le cosmographe portugais Ruy Faleiro. Ensemble, ils se rendent à la cour de Valladolid. Renonçant à leur nationalité, les deux hommes offrent leurs services au roi Charles Ier (le futur Charles Quint). Magalhães prend alors un nom espagnol : Fernando de Magallanes.
En vertu de la bulle pontificale Inter caetera en 1493, puis du traité de Tordesillas (1494), tous les nouveaux territoires découverts ou venant à être découverts à l'est de la ligne de démarcation définie sont attribués au Portugal, tandis que ceux se trouvant à l'ouest de la ligne reviennent à l'Espagne. Magellan et Faleiro proposent de prouver, en naviguant vers l'ouest, que les îles aux épices se trouvent à l'ouest de la ligne de démarcation, c'est-à-dire en territoire espagnol, et non portugais. Le 22 mars 1518, le roi approuve leur projet et les nomme conjointement capitaines généraux d'une expédition censée trouver une route entièrement espagnole menant aux Moluques. Le gouvernement de toutes les terres découvertes leur reviendra ainsi qu'à leurs héritiers, et ils recevront un vingtième des bénéfices nets de l'expédition. Tous deux sont par ailleurs décorés de l'ordre de Santiago. Magellan est convaincu qu'il va mener ses navires de l'Atlantique jusqu'à la mer du Sud en découvrant un détroit permettant de traverser la Tierra Firme (le continent sud-américain). Il n'est pas le premier à avoir cette idée. D'autres avant lui ont cherché un passage permettant aux navires faisant continuellement route vers l'ouest d'atteindre l'Orient, évitant ainsi le cap de Bonne-Espérance, aux mains des Portugais. L'approbation royale ordonne à Magellan et à Faleiro de trouver « le » détroit. La Casa de Contratación, organisme fondé à Séville et qui contrôle les rapports commerciaux et financiers de l'Espagne avec les Indes orientales, est chargée d'armer cinq navires pour l'expédition, tandis que des agents portugais tentent en vain de faire échouer le projet. Le vaisseau amiral de Magellan, la Trinidad, est accompagné du San Antonio, de la Concepción, de la Victoria et du Santiago. Une crise de démence empêche Faleiro de monter à bord.

Magellan qui, en 1517, a épousé Beatriz Barbosa, fille d'un personnage important de Séville, fait ses adieux à son épouse et à son fils Rodrigo. Ses navires appareillent de Sanlúcar de Barrameda le 20 septembre 1519, avec à leur bord près de 270 hommes d'origines diverses. La flotte atteint Tenerife le 26 septembre, et part pour le Brésil le 3 octobre. Encalminée au large de la côte guinéenne, elle rencontre des orages avant de franchir la ligne de démarcation : le 29 novembre elle se trouve 80 milles nautiques au sud-ouest du cap Saint-Augustin. Contournant la péninsule de Cabo Frio, Magellan entre dans la baie de Rio de Janeiro le 13 décembre, puis continue vers le sud en direction de l'estuaire du río de La Plata, tentant en vain d'y trouver le détroit. Le 31 mars 1520, il atteint le port de San Julián, à la latitude 49020' S, où il décide d'hiverner. Les capitaines espagnols en profitent pour déclencher une grave mutinerie contre le capitaine portugais le jour de Pâques, à minuit. Magellan mate férocement l'insurrection. Impitoyable, il exécute l'un des capitaines et en abandonne un autre à son sort sur le rivage, lorsque la flotte quitte San Julián le 24 août 1520.

La route des épices

Au XVe siècle, contrairement aux idées reçues, le fait que la Terre soit ronde était une idée connue depuis l'Antiquité. Au IIIe siècle av. J.-C., Ératosthène en avait mesuré la circonférence avec un degré d'exactitude remarquable. Même si les écrits des Grecs, notamment ceux d’Aristote, perdirent leur autorité, cette idée perdura pendant tout le Moyen Âge. Le Traité de la Sphère de Joannes de Sacrobosco, écrit à Paris en 1224, fut largement divulgué dans tous les cercles savants sans que l'Église y trouvât à redire. Le premier globe connu, c'est-à-dire le plus ancien conservé, est celui réalisé à Nuremberg par Martin Behaim en 1492.

À cette époque également, l'Europe avait développé un goût pour les épices exotiques, ce qui a favorisé, outre l'intérêt de géographes, celui d'explorateurs et de commerçants. Magellan était convaincu que les Moluques se trouvaient dans la moitié du globe qui revenait à la couronne d'Espagne depuis le Traité de Tordesillas qui partageait le monde entre Castillans et Portugais depuis 1494. Il pensait qu'il pourrait rejoindre par l'ouest les îles aux Épices qu'il avait déjà approchées lors de son séjour à Malacca en 1511-1512. Avant même qu'il n'entreprît son voyage aux îles Moluques d'où provenait en exclusivité le girofle, Magellan avait reçu des lettres d’un de ses amis personnels, le Portugais Francisco Serrão, qui s’y trouvait depuis 1512.
C'est ce projet de rejoindre par l'ouest les îles des Épices, soutenu finalement par la Couronne espagnole, qui conduisit la flotte qu'il commandait à effectuer le tour du monde, ce qui n'était en rien le projet initial. L'événement eut un retentissement considérable en Europe. Après un peu plus d'un quart de siècle, le projet de Christophe Colomb était enfin réalisé et comme le souligne Pierre Chaunu Jamais le monde n'a été aussi grand qu'au lendemain du périple de Magellan .
Si le voyage donne lieu à différents récits, commentaires et témoignages au xvie siècle, les premiers travaux importants concernant la personne de Magellan ne datent que du XIXe siècle avec la publication en 1864 au Chili d'une biographie du navigateur par Barros Arana. Ses travaux mènent des auteurs européens à écrire eux aussi sur le sujet à la fin du XIXe siècle jusqu'aux synthèses très importantes de José Toribio Medina en 1920 et celle du vicomte de Lagoa en 1938. Tous les documents d'archives disponibles sont alors connus et publiés.
Les origines et les détails de nombreuses années de la vie de Magellan avant son départ sont très incertains. En revanche, l'ensemble du voyage est très bien connu grâce à plusieurs documents d'époque dont en premier lieu le Journal du voyage de Magellan, relation complète du périple d'Antonio Pigafetta, un des survivants du périple : il ne reste du manuscrit original perdu que quatre copies trois en français et une en italien, la plus complète étant le manuscrit de Yale.
Il existe également un certain nombre de lettres et de dépositions, ainsi que des récits et témoignages plus fragmentaires mais précieux comme le journal de bord de Francisco Albo, la relation de Ginés de Mafra ou encore le carnet de bord du pilote génois. Tous ces documents ont permis aux historiens de retracer l'intégralité du parcours de la flotte au cours de sa longue navigation et d'identifier les différents lieux visités.
Les chroniqueurs du temps ont rendu compte de l'exploit : côté espagnol, Maximilianus Transylvanus dès janvier 1523 mais aussi Pierre Martyr d'Anghiera en 1530, et le chroniqueur royal Antonio de Herrera y Tordesillas en 1601 – plus tardif, mais beaucoup plus fiable que ses prédécesseurs Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés et Francisco López de Gómara ; côté portugais, Fernão Lopes de Castanheda en 1552, Damião de Góis en 1557 et João de Barros en 1563

À l'été 1513, Magellan est envoyé au Maroc au sein d'une puissante armée qui doit s’emparer d’Azemmour. Durant les combats, il aurait été blessé à la jointure d’un genou, le laissant légèrement boiteux sa vie durant. Après être parti sans permission, il est accusé de commerce illégal avec les Maures.
Ces accusations sont vite abandonnées, mais Magellan est alors un soldat qui ne jouit pas de la meilleure réputation auprès de l'administration de Manuel I, laquelle refuse d'augmenter sa pension de seulement 100 réaux.
Le projet mûri par Magellan d'atteindre les îles des épices par l'ouest ne pouvait intéresser le roi de Portugal, qui captait déjà par l'intermédiaire de commerçants malais le trafic du girofle des Moluques et de la noix de muscade de Banda. Mécontent de ne pas voir ses mérites reconnus au Portugal, Magellan décide d'aller offrir ses services au roi d'Espagne, le futur Charles Quint, qui à ce moment n'a que 18 ans. L'enjeu était moins la découverte des îles, déjà connues et colonisées par des Portugais24, que l'établissement d'une cartographie exacte permettant de délimiter les domaines réservés à l'Espagne et au Portugal, définis par le traité de Tordesillas, cartographie que Magellan accommoda à sa manière, en faveur du roi d'Espagne. Privilège de la noblesse, il se dénaturalise officiellement, change de nom et devient espagnol, Fernão de Magalhães en Fernando de Magallanes en octobre 1517.

Le grand voyage autour du monde

Des préparatifs au départ de la flotte 1517-1519

En octobre 1517 à Séville, Magellan se place sous la protection d'un Portugais passé au service de l'Espagne, Diogo Barbosa, occupant l'importante fonction d'alcalde de l'arsenal de Séville. En décembre 1517, il épouse Beatriz Barbosa, fille de Diogo Barbosa et dont il a deux enfants, Rodrigo mort en bas âge et Carlos, mort à la naissance.
Magellan se met en contact avec Juan de Aranda, facteur de la Casa de Contratación.
Puis, à la suite de l'arrivée de son associé, Rui Faleiro, et grâce au soutien d'Aranda, ils présentent leur projet au monarque espagnol, Charles Ier, futur Charles Quint, qui vient tout juste d'arriver en Espagne.
La proposition de Magellan, qui bénéficie également de l'appui du puissant Juan Rodríguez de Fonseca, lui paraît particulièrement intéressante, puisqu'elle permettrait d'ouvrir la route des épices sans dégrader les relations avec le voisin portugais, une action qui ne manquerait pas d'apporter richesse et honneurs à la monarchie. Depuis la Junta de Toro en 1505, la Couronne s'était fixé pour objectif de découvrir la route occidentale qui mènerait les Espagnols jusqu'en Asie.
L'idée était donc dans l'air du temps. Juan Díaz de Solís, Portugais passé au service de l'Espagne, venait de tenter de découvrir cette voie en explorant le Río de la Plata en 1515-1516, y perdant la vie.

Le 22 mars 1518, Charles Ier nomme Magellan et Faleiro capitaines pour que ces derniers partent à la recherche des îles aux Épices et, en juillet, il les élève au grade de commandeur de l'Ordre de Santiago. Le roi leur octroie :
le monopole sur la route découverte pour une durée de dix ans ;
leur nomination comme gouverneurs des terres et des îles qu'ils rencontreraient, avec 5 % des gains nets qui en découleraient ;
un vingtième des gains du voyage ;
le droit de prélever mille ducats sur les prochains voyages, payant seulement 5 % sur les surplus ;
la concession d'une île à chacun, mises à part les six plus riches, desquelles ils ne recevraient qu'un quinzième.
L'expédition est essentiellement financée par la Couronne et pourvue de cinq caraques, navires caractérisés par leur coque arrondie et leurs deux hauts châteaux avant et arrière réarmées et équipées en vivres pour deux ans de voyage.
De multiples problèmes surgissent dans la préparation de ce voyage :
insuffisances pécuniaires,
manigances du roi de Portugal qui cherche à les faire arrêter,
méfiance des Castillans envers Magellan et les autres Portugais engagés,
sans oublier le caractère difficile de Faleiro. Finalement, grâce à la ténacité de Magellan, l'expédition voit le jour.
Par l'entremise de l'évêque Juan Rodríguez de Fonseca, ils obtiennent l’implication du marchand flamand Cristóbal de Haro, qui fournit une partie des fonds et des marchandises à troquer.

La flotte lève l’ancre de Séville le 10 août 1519, mais doit attendre le 20 septembre pour hisser les voiles et quitter Sanlúcar de Barrameda, avec 237 hommes répartis sur cinq navires : la Trinidad, nef amirale commandée par Magellan ; le San Antonio commandé par Juan de Cartagena ; la Concepción commandée par Gaspar de Quesada, le Santiago commandé par Juan Serrano et la Victoria commandée par Luis de Mendoza. Les équipages sont formés d'hommes provenant de plusieurs nations. Paul Teyssier écrit : … outre les Espagnols, il y avait parmi eux des Portugais, des Italiens, des Grecs et même des Français. De sorte qu'on peut parler, en un sens, d'un personnel européen.

Liste des navires au départ de l’expédition :

Navire Tonnage Équipage Remarques
Trinidad 110 62 Navire commandé par Magellan, il finit arraisonné par les Portugais aux Moluques, avec vingt marins ayant survécu à une dramatique tentative de traversée du Pacifique.
San Antonio 120 55 Déserte l’expédition dans le détroit de Magellan et regagne Séville le 6 mai 1521.
Concepción 90 44 Navire abandonné et brûlé devant l’île de Bohol, près de Cebu, en raison du manque d’hommes d’équipage.
Santiago 75 31 Naufragé le 3 mai 1520 dans les parages du río Santa Cruz.
Victoria 85 45 Seul navire à réaliser la circumnavigation. À l’arrivée, ils ne sont plus que dix-huit Européens et trois Moluquois. Mais douze Européens et un Moluquois laissés au Cap-Vert rejoignent Séville peu après.
Total 237

Le long de l'Amérique du sud, la mutinerie de San Julián

L'un des membres de l'expédition, l'Italien Antonio Pigafetta tient un journal du voyage. C'est grâce à lui que nous sont parvenus non seulement le récit complet du voyage, puisqu'il a fait partie des 18 survivants revenus le 6 septembre 1522, mais aussi les informations sur les mutins. En effet, des cinq capitaines de l'expédition, il semblerait qu'au moins trois ne partagent pas les vues de Magellan, au point que certains veulent s'en débarrasser.
Après un bref séjour aux îles Canaries, quatre mois passent et la flottille arrive près des côtes du Brésil en décembre.
Elle bat pavillon espagnol et le Brésil est une colonie portugaise. Après une brève escale pour se ravitailler à la Ponta de Baleia, près de l'archipel des Abrolhos, Magellan décide d'ancrer le 13 décembre 1519 dans la baie de Santa Lucia, aujourd’hui connue sous le nom de Rio de Janeiro, qu’un de ses pilotes João Lopes Carvalho connaît bien pour y avoir séjourné sept ans auparavant. Celui-ci y retrouve Juanillo, 7 ans, le fils qu'il avait eu d’une Indienne, qu'il va embarquer sur la Concepción.
Fin décembre, après une escale de quatorze jours, la flotte prend ensuite la direction du sud pour essayer de contourner l'Amérique du Sud.
L'été austral se termine et plus Magellan navigue vers le sud, plus il fait froid. Il décide d’hiverner en Patagonie, Argentine.
Le 31 mars 1520, la flotte trouve donc refuge dans un estuaire abrité qu'ils nomment Port de San Julián35. C'est ici qu'éclate la mutinerie de Pâques dont Magellan va se sortir mais avec de lourdes conséquences. Des équipages se soulèvent le 1er avril sous la conduite de Juan de Cartegena, Luis de Mendoza et Gaspar de Quesada qui s'inquiètent du tour que prend le voyage, doutent de l'existence de ce passage vers l'ouest et surtout de leurs chances de survie dans ces régions froides et désertes…
Magellan et les marins qui lui sont restés fidèles parviennent habilement à se défaire des mutins. Mendoza est tué par surprise par le prévôt alguazil Gonzalo Gómez de Espinosa, Quesada est exécuté, Cartegena et le prêtre Pedro Sánchez de la Reina sont abandonnés sur le rivage avec une épée et un peu de pain. La peine à laquelle sont condamnés quarante autres mutins, dont Juan Sebastián Elcano, est finalement amnistiée.
Certains, dont le cosmographe Andrés de San Martín, subissent tout de même le pénible supplice de l'estrapade. La clémence de Magellan ne doit pas surprendre. Il avait besoin de tous pour poursuivre son voyage comme l'écrit Stefan Zweig : "comment poursuivre le voyage, si, en vertu de la loi, il fait exécuter un cinquième de ses équipages ? Dans ces régions inhospitalières, à des milliers de lieues de l'Espagne, il ne peut pas se priver d'une centaine de bras."

Naufrage du Santiago

désertion du San Antonio et découverte du détroit de Magellan en 1520

Durant l'été austral, Magellan décide d'envoyer un de ses navires en reconnaissance pour trouver le fameux passage qui l'amènerait à l'ouest de l'Amérique, vers l'océan Pacifique. Malheureusement le Santiago s'échoue en mai. Trois mois plus tard, Magellan décide de repartir vers le sud avec les quatre navires restants.
Le 21 octobre, Magellan aperçoit un cap qui marque l'entrée du détroit et qu'il baptise cap Virgenes, le cap des Vierges en espagnol. Il en commence l'exploration et reconnaît un passage vers l'ouest. Dans le dédale de fjords, cerné de falaises menaçantes, aux eaux sinistres, qu'il met plus d'un mois à traverser ; les récits indiquent que pendant la traversée du détroit, les marins aperçoivent de nombreuses fumées à l'intérieur des terres. La Tierra del Humo en français : Terre des Fumées qui apparaît sur les cartes postérieures au voyage, devient plus tard la Tierra del Fuego, Terre de Feu. Le détroit, nommé d’abord "chenal de Tous-les-Saints" , prend rapidement le nom de " détroit de Magellan " en l’honneur du navigateur.
Au milieu du détroit, Estêvão Gomes, pilote du San Antonio, se rebelle avec ses hommes et met aux fers le capitaine Àlvaro de Mesquita, cousin de Magellan.
Il rebrousse chemin, déserte et repart vers Séville avec son chargement de vivres et de marchandises à troquer. Après avoir traversé l’Atlantique, le navire parvient à Séville le 6 mai 1521 avec 55 hommes à son bord.

Découverte du détroit

Magellan envoie le Santiago en reconnaissance dans l'embouchure du fleuve Santa Cruz, mais le navire y fait naufrage. Après avoir atteint lui-même l'embouchure, Magellan repart vers le sud, doublant le cap des Vierges le 21 octobre. Près de la latitude 52050' S, il pénètre dans le passage qui se révèle être le détroit tant recherché, auquel il donnera son nom. Le San Antonio ayant déserté, seuls trois vaisseaux débouchent de l'autre côté du passage. Apprenant que l'océan est en vue, l'amiral s'effondre et pleure de joie.
Le 28 novembre, la Trinidad, la Concepción et la Victoria entrent dans la mer du Sud, qui sera plus tard nommée océan Pacifique en raison de leur traversée très calme. Accablé par la soif, frappé par le scorbut, se nourrissant de vieux biscuits, puis réduit à manger le cuir recouvrant l'extrémité des vergues, l'équipage, porté dans un premier temps par le courant de Humboldt, au large du Pérou, et encouragé tout au long du voyage par la détermination inébranlable de Magellan, traverse le Pacifique. Jusqu'au 18 décembre, il longe la côte chilienne. Magellan se dirige ensuite vers le nord-ouest. Il n'aperçoit la terre que le 24 janvier 1521, probablement l'île Pukapuka dans l'archipel des Tuamotu. Franchissant la ligne des équinoxes vers la longitude 1580 O le 13 février, les voyageurs débarquent le 6 mars sur l'île de Guam dans les Mariannes, où ils trouvent de la nourriture fraîche pour la première fois depuis 99 jours. Une requête, envoyée par Magellan au roi Charles Quint avant de quitter l'Espagne, suggère qu'il connaissait, probablement en partie grâce aux lettres de Serrão la position approximative des Moluques. Il navigue désormais vers les Philippines, au lieu de se diriger vers les îles aux épices, sans doute afin de se ravitailler rapidement et de s'assurer un point d'attache avant de se rendre aux Moluques.

Appareillant à nouveau le 9 mars, Magellan met le cap à l'ouest-sud-ouest, vers les îles qui seront par la suite baptisées Philippines. À Limasawa, il noue sa première alliance dans le Pacifique au nom de l'Espagne et, à Cebú, il obtient la conversion au christianisme des chefs de l'île. Le 27 avril 1521, Magellan tombe cependant dans une embuscade organisée par des indigènes sur la plage de l'île de Mactan, Philippines et est tué.

Les épices des Moluques et le retour vers l'Espagne 1521-1522

Il ne reste que 113 hommes désormais placés sous le commandement de Juan Sebastián Elcano. Ce nombre était alors insuffisant pour assurer la manœuvre de trois vaisseaux. Le 2 mai 1521, la Concepción est brûlée devant l’île de Bohol. La Victoria et la Trinidad prennent le large début mai, font escale à Palawan pour s’approvisionner en riz, puis gagnent à la mi-juillet la ville de Brunei, dans le Nord de l’île de Bornéo, pour une escale riche en péripéties.
Enfin, le 29 juillet, ils lèvent l’ancre et se dirigent vers les îles aux Épices qu’ils atteignent un peu plus de quatre mois plus tard.
Les navires arrivent à Tidore, aux îles Moluques, le 8 novembre 1521. Ces îles sont déjà connues des Portugais depuis une quinzaine d'années, Francisco Serrão, mort quelques mois avant l’arrivée des navires, y étant présent depuis 1512. Les équipages chargent d'épices les deux navires restants.
Alors que la Victoria s'apprête à sortir du port, une importante voie d'eau est découverte dans la Trinidad. Elle est contrainte de rester pour faire des réparations, et repartira quatre mois plus tard.
Avec 50 hommes à son bord et commandé par João Lopes de Carvalho, le navire est finalement arraisonné par les Portugais qui ne trouveront à bord que vingt marins très affaiblis par leur vaine tentative de rejoindre vers l'est l'Isthme de Panamá.
La Victoria, 60 hommes, dont 13 Moluquois, sous le commandement d’Elcano, quitte l'île de Tidore le 21 décembre 1521 et réussit à traverser l'océan Indien et à passer le cap de Bonne-Espérance pour rejoindre l'Espagne. Seuls dix-huit membres d'équipage atteignent Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522.
Douze hommes restés prisonniers des Portugais au Cap-Vert ne reviennent que quelques semaines plus tard. La Victoria est le premier bateau qui effectue la circumnavigation complète du globe. La vente des épices rapportées à fond de cale rembourse l'essentiel des frais engagés au départ, mais est insuffisante pour couvrir les arriérés de solde dus aux survivants et aux veuves. En fait, le bilan financier est très négatif et les expéditions suivantes García Jofré de Loayza en 1526 et Álvaro de Saavedra en 1527 sont des désastres. En 1529, par le traité de Saragosse, l'Espagne renonce définitivement à ses prétentions sur les Moluques, chèrement vendues pour 350 000 ducats. Le bénéfice politique est quasi nul jusqu'à l'ouverture de la ligne Manille-Acapulco en 1565 et l’occupation des Philippines, revendiquées par l'Espagne au nom de la première découverte. Comme l'écrit Pierre Chaunu : le retour d'El Cano par la voie portugaise de la Carreira da India a une valeur scientifique, non pas économique.
Il est prouvé qu'on ne peut contrebattre valablement par le passage du sud-ouest la navigation indo-portugaise du cap de Bonne-Espérance.Il faut attendre 58 ans la deuxième circumnavigation, réalisée par Francis Drake. Le détroit de Magellan comme voie de passage vers le Pacifique est quant à lui abandonné pendant plusieurs siècles, et seul le percement du canal de Panama apporte une solution satisfaisante au difficilement praticable passage du sud-ouest par le cap Horn
Les premiers circumnavigateurs

Traversée du Pacifique et mort de Magellan 1520-1521

À l'époque de Magellan, la circonférence de la Terre n'est pas encore connue avec précision, malgré le travail d'Ératosthène qui l'avait calculée près de dix-huit siècles auparavant. Mais Magellan ne sous-estime pas la dimension du Pacifique, comme une opinion courante le prétend. Son mémoire géographique, qu’il laisse au roi avant de partir, ainsi qu’une carte dressée par Jorge et Pedro Reinel en 1519 à Séville en font foi.
La surprise du navigateur est de trouver un océan vide qu'il baptise Pacifique à cause du temps calme qu'il rencontre pendant sa traversée de la Terre de Feu jusqu'aux îles Mariannes, puis aux futures Philippines, traversée de trois mois et vingt jours. Par malchance, il n'approche aucune des nombreuses îles qui parsèment l’océan, à l'exception de deux atolls déserts, baptisés Islas Infortunadas où il ne peut accoster.
L'eau n'est plus potable, les rations vont s'amenuisant, le biscuit même vient à manquer, l'équipage doit survivre en mangeant des rats puis des chats, en buvant de la soupe de copeaux de bois trempés dans de l'eau de mer, à faire cuire les carrés de cuir décousus du coin des voiles. Antonio Pigafetta écrit : nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant, pour l'ordure de l'urine que les rats avaient faite dessus et mangé le bon, et buvions une eau jaune infecte.. Le scorbut et le béribéri minent l'équipage, mais sans l'anéantir. Une étude récente montre qu’il n'y a eu que neuf morts lors de cette traversée de trois mois et demi et que cela est sans doute dû au céleri sauvage abondamment récolté dans le détroit. Le 6 mars 1521, ils parviennent en vue de Guam aux Mariannes où ils peuvent se ravitailler partiellement après avoir été pillés par les indigènes venant à leur rencontre à bord de pirogues, l'archipel ayant été baptisé, d'après Antonio Pigafetta, Las Islas de los Ladrones : les îles des Voleurs. Ils font voile ensuite pour les Philippines, et débarquent le 17 mars sur l’île d'Homonhon.
Ils trouvent des paysages idylliques, les épices, les oiseaux multicolores, des indigènes qui semblent pacifiques. Une première escale a lieu sur l’île de Limasawa , où est dite la première messe, une seconde sur celle de Cebu où le roi Humabon se convertit au christianisme avec son peuple.
Lapu-Lapu, roi du minuscule îlot de Mactan, en face de Cebu, refuse de se soumettre aux envahisseurs. Magellan mène une expédition contre lui en estimant que soixante hommes en armure dotés d’arquebuses peuvent vaincre des indigènes nus trente fois plus nombreux. Lors de cette bataille de Mactan, Magellan tombe sous les coups, avec six de ses compagnons : blessé par une flèche empoisonnée, il meurt le 27 avril 1521. La chronique d'Antonio Pigafetta apporte des précisions essentielles sur cet épisode : les guerriers de Lapu-Lapu s'étaient confectionnés des boucliers en bois extrêmement dur, résistant aux arquebuses, tout en s'armant de flèches empoisonnées dont le venin avait un effet quasi-immédiat.
Quatre jours plus tard, après la défaite à Mactan, le 1er mai, Humabon tend une embuscade aux nouveaux arrivants lors d'un dîner au cours duquel il dit vouloir remettre aux officiers de la flotte les joyaux et présents qu'il avait promis d'envoyer au roi d'Espagne selon l'expression de Pigafetta, il s'agissait simplement pour le roi de Cebu de revenir en grâce auprès des seigneurs voisins qui souhaitaient se débarrasser des Européens.
Selon Pierre Martyr d'Anghiera, l'origine de cette agression est tout simplement à chercher dans le viol des femmes. Ceux qui sont restés à bord des navires à l'ancre s'enfuient. Toujours selon le témoignage d'Antonio Pigafetta, Enrique, le domestique de Magellan, originaire des îles dont il parle la langue, se rallie à Humabon. En effet, le testament de Magellan stipule que son fidèle serviteur doit être affranchi. Or le gendre de Magellan, Duarte Barbosa, rejette cette disposition testamentaire et exige d'Enrique qu'il reste à bord.
Cette contrainte injuste et illégale révolte l'intéressé qui rejoint Humabon. Ce dernier, informé des faiblesses des Européens restés sans chef après la mort de Magellan, estime le moment opportun pour se débarrasser d'eux.

Liste des 18 Occidentaux

à avoir fait les premiers le tour du monde :

Juan Sebastián Elcano, capitaine ;
Francisco Albo, pilote ;
Miguel de Rodas, contremaître ;
Juan de Acurio, contremaître ;
Hans, canonnier ;
Hernando de Bustamante, barbier ;
Martin de Judicibus, prévôt ;
Diego Gallego, marin ;
Nicolás de Nauplie, marin ;
Miguel Sánchez de Rodas, marin ;
Francisco Rodrigues, marin ;
Juan Rodríguez de Huelva, marin ;
Antonio Hernández, marin ;
Juan de Arratia, mousse ;
Juan de Santander, mousse ;
Vasco Gomes Gallego, mousse ;
Juan de Cubileta, page ;
Antonio Pigafetta, supplétif.

Les douze hommes retenus prisonniers

au Cap-Vert, qui reviennent quelques semaines plus tard à Séville, via Lisbonne :

Martín Méndez, secrétaire de la flotte ;
Pedro de Tolosa, dépensier ;
Richard de Normandie, charpentier ;
Roldán de Argote, canonnier ;
Maître Pedro, supplétif ;
Juan Martín, supplétif ;
Simón de Burgos, prévôt ;
Felipe Rodas, marin ;
Gómez Hernández, marin ;
Bocacio Alonso, marin ;
Pedro de Chindurza, marin ;
Vasquito, mousse.

Les cinq survivants de la Trinidad,

qui eux aussi ont accompli le tour du monde, mais en ne revenant en Europe qu’en 1525-1526 :

Gonzalo Gómez de Espinosa, prévôt de la flotte alguazil ;
Leone Pancaldo, pilote ;
Juan Rodríguez el Sordo, marin ;
Ginés de Mafra, marin ;
Hans Vargue, canonnier.
Cependant, nombreux sont les historiens qui font remarquer qu'en toute rigueur, le premier homme à avoir bouclé le tour du monde est l'esclave de Magellan, Enrique, dès 1521. En effet cet esclave est originaire de la région où est mort Magellan, car il en parlait très bien la langue. C'est grâce au dialogue très facile de Enrique avec les "locaux", les sujets du roi Humabon, que Magellan comprend, peu de temps avant sa mort, qu'Enrique a bouclé le tour du monde.

Repères chronologiques

10 août 1519 Départ de Séville
13 décembre 1519 Arrivée dans la baie de Santa Lucia (Brésil)
12 janvier 1520 Début d'exploration du Rio de la Plata (Argentine)
31 mars 1520 Arrivée à Puerto San Julián (Patagonie, Argentine)
1er avril 1520 Mutinerie de San Julián
3 mai 1520 Naufrage du Santiago
21 octobre 1520 Découverte du cap Virgenes, entrée du détroit
vers le 8 novembre 1520 Désertion du San Antonio qui rentre à Séville
28 novembre 1520 Entrée de la flotte dans l'océan Pacifique
6 mars 1521 Arrivée aux Mariannes
7 avril 1521 Arrivée à Cebu
27 avril 1521 Mort de Magellan et de six autres hommes lors du combat contre les indigènes de Mactan
2 mai 1521 Destruction volontaire de la Concepcion
8 novembre 1521 Arrivée aux Moluques sur l'île de Tidore
21 décembre 1521 Départ de la Victoria chargée de girofle pour l'Espagne
19 mai 1522 La Victoria passe le cap de Bonne-Espérance
6 septembre 1522 La Victoria accoste à Sanlucar de Barrameda
Postérité
Le récit De Moluccis Insulis de Maximilianus Transylvanus est publié en 1523. C'est à partir de ce texte que l'Europe a pu en tout premier lieu satisfaire sa curiosité concernant le premier tour du monde réalisé par un navire espagnol. Relation du voyage de Magellan, le récit beaucoup plus complet d'Antonio Pigafetta, connaît un certain succès à sa publication en 1526 mais les exploits de Magellan sont oubliés dès la fin du XVIe siècle.
C'est la biographie de Stefan Zweig en 1938 qui remet Magellan au devant de la scène et suscite d'autres biographies d'auteurs nationalistes portugais alors que jusque là les Lusitaniens voyaient en lui un traître. Le peuple portugais s'est désormais réapprorié ce personnage, contrairement aux Espagnols.
Les Nuages de Magellan sont nommés en son honneur au début du XIXe siècle, de même que la sonde spatiale Magellan dans les années 1980 ou le Manchot de Magellan pour rappeler que l'explorateur avait aperçu cet oiseau en 1520 au cours de son voyage au sud du continent sud-américain.
Créées en 1999, les éditions Magellan & Cie ont vocation à donner la parole aux écrivains-voyageurs de toutes les époques.
Trois cratères, deux situés sur la Lune Magelhaens et son cratère satellite Magelhaens A et un autre sur Mars Magelhaens, ont été nommés d'après Magellan et orthographiés Magelhaens.
De nombreux colloques, publications et cérémonies sont prévues pour la commémoration du 5e centenaire de la 1re circumnavigation de la Terre, tel le Sanlúcar de Barrameda 2019-2022.

Bande dessinée

Magellan, jusqu'au bout du monde, Bande dessinée de Christian Clot, Thomas Verguet et Bastien Orenge, collection Explora, Glénat, 2012
Série radiophonique
Magellan, le premier tour du monde, feuilleton radiophonique en français, en 15 épisodes de 20 minutes, créé par Dominique Blumenstihl et Edoardo Flaccomio, d'après la chronique d'Antonio Pigafetta, les notes de Francisco Albo, pilote de la Victoria et des lettres de Fernand de Magellan, réalisé et mis en musique par Olivier Verger66. Première diffusion hebdomadaire à partir du 14 juillet 2010, sur les ondes de Radio Exterior de España.
Bibliographie
Jean-Michel Barrault, Magellan. La terre était ronde, Gallimard, 1997.
Laurence Bergreen, Par-delà le bord du monde, Grasset, 2005.
Xavier de Castro préf. Carmen Bernand & Xavier de Castro, Le voyage de Magellan 1519-1522. La relation d'Antonio Pigafetta & autres témoignages, Paris, Chandeigne, coll. Magellane,‎ 2007, 1088 p. présentation en ligne
Stefan Zweig, Magellan, Paris, Grasset, coll. Les cahiers rouges ,‎ 2010
Articles connexes
Juan Sebastián Elcano, à l'origine maître d'équipage de la Concepcion, il finit capitaine de la Victoria, seul navire à effectuer le tour de monde.
Antonio Pigafetta, le chroniqueur du voyage.
Henrique de Malacca, l'esclave et interprète de Magellan.

Tour du monde repères chronologiques

22 mars 1518 Charles Quint donne son accord à Magellan pour constituer une flotte destinée à faire le tour du monde.
20 septembre 1519 Cinq navires avec 275 hommes d'équipage, dont 45 étrangers, quittent Sanlúcar.
11 janvier 1520 Arrivée au sud du Rio de la Plata, 490 de latitude sud, où une escadre portugaise les recherche en vain. Hivernation de la flotte. Magellan réprime férocement une mutinerie de ses subordonnés.
Fin octobre 1520 Arrivée à la hauteur du détroit auquel Magellan donnera son nom.
28 novembre 1520 Arrivée dans le Pacifique.
Novembre 1520-mars 1521 La flotte traverse le Pacifique d'une traite et arrive sur l'île de Guam îles Mariannes. L'équipage est décimé par le scorbut.
16 mars 1521 Arrivée aux Philippines.
27 avril 1521 Magellan meurt dans une embuscade sur l'île de Mactan pour avoir voulu se mêler de politique indigène locale.
Mai-juin 1521 Dissensions nombreuses dans l'équipage. Les Portugais massacrent les survivants du Trinidad, le navire de Magellan.
9 juillet 1521 Après une escale dans les Moluques, le Basque Elcano prend le commandement de la Victoria ; il arrivera aux îles du cap Vert après avoir évité toutes les escadres portugaises.
4 septembre 1522 Après un périple de 86 000 kilomètres effectué en 1 080 jours, Elcano atteint Séville.

Liens

http://youtu.be/EfyVOhJOCMo Sur les traces de Magellan
http://youtu.be/0SVJKXCLooE La route de Magellan
http://youtu.be/I_LyY8UPIM4 voyage Magellan 'reconstitution (anglais)1
http://youtu.be/n7ElVJbaeMc 2
http://youtu.be/gXDpCja5KeY 3
http://youtu.be/fsuUBIHA6kM 4
http://youtu.be/0IGTSsHAgIk Magellan aux Philippines


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Posté le : 26/04/2014 10:23
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Jean Bart corsaire du roi
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Hors Ligne
Le 27 avril 1702 à Dunkerque meurt à 51 ans, Jean Bart, en flamand Jan Bart

ou Jan Baert, né le 21 octobre 1650 à Dunkerque, dans les provinces unies de Flandres, corsaire célèbre pour ses exploits au service de la France durant les guerres de Louis XIV. Il fait allégeance à la marine royale Française, il est chef d'escadre de 1666 à 1697, il participe à la guerre de Hollande et au combat contre la ligue de Augsbourg, ses faits d'armes sont en 1667 un raid sur la medway, une évasion de Plymouth en 1689, la prise d'un convoi de blé au large de texel, une bataille du Dogger bank, il est fait chavalier de l'ordre de St Louis. En hommageà sa bravoure, 27 Navires portent son nom, une statue le représentant est érigée à Dubkerque, ainsi qu'une stèle dans l'église St eloi, il existe une porte "Jean Bart" dans l'Arsenal de Brest. Il fut aussi commandant de la marine de Dunkerque.

Corsaire et chef d'escadre dunkerquois. Issu d'une famille de marins, Jean Bart sert d'abord dans la flotte des Provinces-Unies sous les ordres de l'amiral De Ruyter. Quand éclate la guerre franco-hollandaise, il rentre à Dunkerque, s'embarque sur un navire corsaire et est rapidement promu au commandement d'un bâtiment. Il lutta contre les Barbaresques, les Espagnols, les Hollandais et les Anglais. Louis XIV lui accorda en récompense de ses succès des lettres de noblesse.
Il fut promu chef d'escadre en 1697.À la fin de la guerre en 1678, il est un des plus célèbres "capres", "corsaires" de sa ville natale, avec quatre-vingt-une prises à son actif. La guerre de la Ligue d'Augsbourg porte sa réputation à son zénith. Fait prisonnier en 1689 avec son lieutenant Claude de Forbin, tous deux s'évadent de Plymouth à bord d'une barque et rejoignent la côte française à force de rames. Capitaine de vaisseau, il se voit confier par le roi une escadre légère avec laquelle il multiplie les croisières en mer du Nord contre le commerce anglais et hollandais, à qui il fait subir des dommages considérables.
Et c'est en vain que les escadres ennemies font le blocus de Dunkerque et bombardent la ville à deux reprises dans l'espoir déçu de lui interdire la haute mer, ainsi qu'aux autres corsaires. En 1694, alors que la France souffre de la disette, il protège les arrivages de blé russe, notamment le 29 juin, quand il reprend aux Hollandais, qui venaient de s'en emparer, un énorme convoi qu'il amène à bon port, exploit pour lequel il est anobli.
Promu chef d'escadre en 1697, il est commandant de la marine de Dunkerque, quand il meurt à la veille d'entrer en campagne dans la guerre de la Succession d'Espagne. Le succès de Jean Bart résulte de la conjonction de trois éléments : d'une part, ses qualités personnelles d'homme de mer, audace et sens tactique croisières foudroyantes sur de légères frégates, rapides et bonnes manœuvrières, combat au plus près, terminé à l'abordage; d'autre part, le milieu dunkerquois avec sa nombreuse population de marins qui lui fournit officiers et équipages d'un courage héroïque ; et enfin la politique navale du secrétaire d'État, Louis de Ponchartrain, qui encourage systématiquement la guerre de course.
Il commence à naviguer à quinze ans sous les ordres de Ruyter et participe en 1667 à la campagne de la Tamise. Pendant la guerre de Hollande, il est corsaire pour le compte de la France et accumule les prises, plus de cinquante entre 1674 et 1678. Admis dans la Marine royale avec le grade de lieutenant de vaisseau en janvier 1679, il croise en Méditerranée contre les Barbaresques et est promu capitaine de frégate en août 1686. En 1689, il est chargé, en compagnie de Forbin de conduire un convoi de Dunkerque à Brest, il est fait prisonnier par les Anglais, s'évade et revient à Saint-Malo en traversant la Manche à la rame.
Promu capitaine de vaisseau en juin 1689, il met au point une tactique de guerre fondée sur l'utilisation de divisions de frégates rapides et maniables, sorte de préfiguration des meutes de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale. En 1690, il commande L'Alcyon à la bataille du cap Béveziers, puis il escorte les convois en mer du Nord après avoir brisé le blocus imposé à Dunkerque. En 1692, il détruit une flottille de 80 navires de pêche hollandais.
Son exploit, sans doute le plus célèbre, qui lui vaut des lettres de noblesse, est la reprise sur les Hollandais devant le Texel d'un énorme convoi de cent-dix navires chargés de blé que la France avait acheté à la Norvège. En juin 1696, il livre sur le Dogger Bank un violent combat à une escadre hollandaise, détruisant plus de 80 navires, et rentre à Dunkerque en déjouant la surveillance anglaise. Promu chef d'escadre en avril 1697, il conduit le prince de Conti en Pologne, puis commande la marine à Dunkerque où il meurt le 27 avril 1702.

Sa vie

Jean Bart naît dans une famille de marins, de militaires et de corsaires dunkerquois. Il est le second des huit enfants de Jean-Cornil Bart v. 1619-1668 qui combat pour le compte des Provinces-Unies et meurt au combat contre les Anglais et de Catherine Bart 1625-1682, née Jansen Rodrigues, femme d'origine espagnole. Sa langue maternelle est le flamand.
Avant lui, son aïeul, Cornil Weus, vice-amiral combat les Hollandais au début de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Son arrière-grand-père, Michel Jacobsen 1560-1632 se distingue au service de la couronne d'Espagne, en ramenant l'Invincible Armada après sa tentative ratée d'invasion de l'Angleterre en 1588. Il est nommé vice-amiral par Philippe IV d'Espagne. En 1622, son grand-oncle, Jan Jacobsen, lui aussi au service de l'Espagne, se fait sauter avec son navire, le Saint-Vincent, plutôt que de se rendre.
Son fils, Gaspard Bart, oncle de Jean Bart, est mousse à bord du Saint-Vincent, il survit au sabordage du navire, mais il mourra plus tard au combat. Michel Bart, un autre fils de Gaspart Bart, corsaire, meurt au combat contre les Hollandais. Ses aïeuls sont capitaines de navire corsaire mais son père Jean-Cornil n'est que second. La légende d'un Jean Bart fils de pêcheur, sans éducation et grossier est contredite par les faits : il est issu d'une famille d'excellents officiers ayant servi la marine espagnole et dunkerquoise.
Après lui, la tradition familiale se perpétue puisque ses frères Cornil, Gaspard, et Jacques Bart, seront tous les trois corsaires. Son fils, François-Cornil Bart servira lui dans la Marine royale et sera nommé vice-amiral du Ponant par Louis XIV.
Enfin, Le 27 mars 1759, à bord de la Danaé, son neveu Pierre-Jean Bart et son fils Benjamin, mourront au service de la France en tentant de forcer un blocus anglais près des côtes de la Manche afin de ravitailler la ville de Québec alors sur le point d'être assiégée.

Débuts dans la flotte des Provinces-Unies

Jean Bart naît le 21 octobre 1650, et est baptisé le lendemain 22 octobre. Pendant ses premières années, sa ville natale, Dunkerque est l'objet de plusieurs affrontements entre les grandes puissances européennes de l'époque. Le 16 septembre 1652, Dunkerque passe entre les mains de l'Espagne.
L'armée de Turenne reprend la ville après la bataille des Dunes le 23 juin 1658. Le soir même, Louis XIV remet la ville aux Anglais, alors alliés à la France. Peu après la ville redevient française, Louis XIV l'ayant rachetée à Charles II d'Angleterre. Il y fait son entrée le 2 décembre 1662.
Attaque hollandaise sur Madway, juin 1667, par Pieter Cornelisz van Soest, peint v. 1667
En 1662, Jean Bart a onze ans et huit mois lorsqu'il s'engage comme mousse sur un navire de contrebande. Le capitaine de ce navire, Jérôme Valbué, pilote hauturier des bâtiments du roi, est un homme assez instruit, y compris en astronomie, et c'est en sa compagnie que le jeune Jean Bart effectue ses premières sorties en mer.
En 1666, la France s'allie avec les Provinces-Unies contre l'Angleterre. Le père de Jean Bart trouve la mort au service des Hollandais dans l'attaque d'un vaisseau anglais. Lui-même est d'abord embarqué comme lieutenant sur le Cochon Gras, chargé de surveiller les Anglais.
Durant l'été, il s'engage comme matelot sur le Sept Provinces, navire hollandais, sous les ordres de l'amiral Michiel de Ruyter.
En juin 1667, la flotte hollandaise remonte la Tamise et la Medway et assiège Londres, puis les Anglais et les Hollandais signent le Traité de Breda. De Ruyter confie à Jean Bart le commandement d'un brigantin : Le Canard Doré.

Corsaire au service du roi de France, pendant la guerre de Hollande

Lorsque Louis XIV entre en guerre contre la Hollande Guerre de Hollande en 1672, Jean Bart servait alors en qualité de second lieutenant sur un bâtiment flessinguois. Il regagne la France en compagnie de son ami Charles Keyser. En 1673, il embarque comme second à bord de l'Alexandre sous les ordres du câpre Willem Dorne, pour pratiquer la guerre de course. L'année suivante, il commande Le Roi David, galiote armée de deux canons.
Le 2 avril 1674, il s'empare de sa première prise : un dogre hollandais. Le 17 février, l'Angleterre signe la paix avec les Provinces-Unies déjà alliés de l'Espagne. Le 6 avril, Bart s'empare d'une pinasse anglaise, le 16 mai d'un dogre. Cette année-là, huit autres prises complètent le tableau.
En avril 1676, il embarque sur La Royale, armée de huit canons, avec laquelle il s'empare de quatre bateaux de pêche. Puis à bord du Grand Louis il capture vingt-huit vaisseaux. En septembre, la France déclare la guerre à la Ligue hanséatique. À Hambourg La Royale est saisie.
Le corsaire peut toutefois regagner Dunkerque.
Le 3 février 1675, à l'âge de vingt-cinq ans, il épouse Nicole Goutier ou Gontier 1659-1682, fille d'un riche aubergiste, elle lui apporte une dot respectable de 10 000 livres, âgée de seize ans, à qui il offre, en guise de cadeau de mariage, L'Espérance, un frégate légère de 10 canons, dont il s'était emparé aux dépens des Provinces-Unies. L'année même de son mariage, il capture vingt bâtiments.
En 1676, il rencontre une flotte de busses, escortée par une frégate légère de 12 canons. Il l'attaque et se rend maître de trois des busses et de la frégate. Quatre jours plus tard, il capture dix autres busses et une frégate de 12 canons. Chargé, par des armateurs particuliers, de commander une frégate de 24 canons et de 150 hommes d'équipage, il découvre, en compagnie de quatre autres corsaires dunkerquois, une flotte marchande convoyée de trois frégates, la rejoint à hauteur d'Ostende et la bat, après un combat de trois heures.
Le 7 septembre 1676, il enlève seul une frégate hollandaise de 36 canons qui escortait un grand nombre de busses. Pour l'année 1676, le nombre de prises effectuées par Jean Bart s'élève à dix-sept. Il commence à attirer l'attention du ministre de la Marine Colbert et du roi lui-même qui lui envoie une chaîne en or en guise de récompense.
À bord de La Palme, frégate de vingt-quatre canons, Jean Bart prend la mer à la tête d'une flottille de six navires en 1677, flottille qui s'empare d'une vingtaine de vaisseaux. À bord du Dauphin, frégate de quatorze canons, Jean Bart arraisonne un quatre-mâts hollandais. Au large de l'île de Texel, en juin 1678, la petite escadre de quatre navires commandée par Jean Bart, s'attaque au Schiedam, une frégate de 24 canons de la flotte hollandaise.
Jean est gravement blessé aux mains et au visage par l'explosion d'une grenade, un boulet de canon emporte des lambeaux de chair de ses jambes. Le Schiedam est néanmoins remorqué jusqu'à Dunkerque. À bord du Mars, corsaire de vingt-six canons, il arraisonne encore quelques navires, lorsque le 10 août, France et Hollande signent le Traité de Nimègue, mettant ainsi fin à la guerre de Hollande.

La paix avec l'Angleterre et la Hollande

La paix signée, Jean Bart rejoint la Marine royale sur la recommandation du célèbre Vauban et, le 8 janvier 1679, Louis XIV le nomme lieutenant de vaisseau. La France, l'Angleterre et les Provinces-Unies sont en paix. Jean Bart est un temps désœuvré. En 1681, trois frégates quittent Dunkerque pour chasser les pirates barbaresques qui hantent le bassin méditerranéen. Jean Bart commande La Vipère, frégate de douze canons.
Il capture quelques bateaux pirates, mais bientôt ceux-ci signent une trêve avec la France. La mère de Jean Bart meurt, suivie quelques mois plus tard par sa fille, et en fin d'année sa femme Nicole, alors âgée de vingt-trois ans.
En 1683, la France est en guerre contre l'Espagne. Jean Bart capture un vaisseau espagnol chargé de transporter 350 hommes de troupe et le ramène à Brest. La même année, il embarque avec le marquis d'Amblimont, sur Le Modéré, et contribue à la prise de deux vaisseaux espagnols dans le voisinage de Cadix.
Cependant, la marine espagnole étant bien plus faible que la marine française, Charles II d'Espagne signe vite une trêve. Le 14 août 1686, il est nommé capitaine de frégate de la marine royale, et commande La Serpente, frégate de vingt-quatre canons.

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

En 1688, la France alliée au Danemark et à l'Empire ottoman, entre en guerre contre la ligue d'Augsbourg qui réunit l'Angleterre, l'Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Savoie et la Suède.

Escorteur en Manche et captivité en Angleterre

En 1689, Jean Bart quitte Dunkerque en compagnie de Claude de Forbin pour escorter des convois, le premier avec une petite frégate La Raillause de 24 canons, le second avec une plus petite encore baptisée Les Jeux. Au cours d'un premier combat, ils se rendent maîtres - après un sanglant abordage - d'un corsaire hollandais venu en reconnaissance, et le conduisent à Brest avec les bâtiments qu'il escortait.
Mais une seconde affaire, quoique non moins brillante, ne leur réussit pas aussi bien. Ils convoyaient vingt bâtiments, quand, au large de l'île de Wight, ils sont pris en chasse par deux vaisseaux anglais, de 50 canons chacun. Refusant la capture des navires marchands qu'ils escortaient, les deux officiers décident d'engager le combat, mais ne pouvant lutter contre la supériorité des forces anglaises, ils sont battus, fais prisonniers et envoyés à Plymouth. Ils réussissent à s'évader et gagnent Erquy après trois jours de rame.
" Malgré les blessures nombreuses qu'ils avaient reçues et malgré leur captivité, les deux braves marins n'étaient point perdus pour la France. Ils usèrent bientôt d'adresse, gagnèrent tout d'abord un matelot d'Ostende qui leur procura une lime, à l'aide de laquelle ils scièrent peu à peu les barreaux de fer de leur fenêtre; ils réussirent à cacher leur opération jusqu'à ce que leurs blessures commençassent à se guérir. Ayant ensuite mis dans leurs intérêts deux mousses qu'on leur avait donnés pour leur service, ils s'emparèrent par leur intermédiaire d'un canot norvégien dont le batelier était ivre-mort, descendirent une nuit par la fenêtre de la prison au moyen de leurs draps, et s'embarquèrent sur le petit canot avec autant d'assurance que si c'eût été un vaisseau amiral. Jean Bart maniait l'aviron aidé seulement des deux mousses ; Forbin ne le pouvait à cause de ses blessures encore saignantes. Ils traversèrent ainsi la rade de Plymouth, au milieu de vingt bâtiments qui criaient de tous côtés : Où va la chaloupe? et auxquels Jean Bart, qui avait l'avantage sur Forbin de savoir l'anglais, répondait fishermen, c'est-à-dire: pêcheurs! Enfin, après avoir fait sur leur chétive embarcation soixante-quatre lieues dans la Manche, en moins de quarante-huit heures, ils prirent terre avec une inexprimable joie, à un village situé à six lieues de Saint-Malo, où ils apprirent que le bruit de leur mort était généralement répandu. "

Retour en France, promotion et remariage

Quinze jours après son évasion, le 20 juin 1689, Jean Bart est nommé capitaine des vaisseaux du roi, en récompense de son dévouement à sauver la flotte marchande. Le 13 octobre de la même année, après sept années de veuvage, et alors qu'il est âgé de trente-neuf ans, il épouse Jacqueline Tugghe, en secondes noces. À la tête de trois frégates légères, il s'empare, sur les côtes de Hollande, d'une galiote transportant des troupes pour le prince d'Orange, et de trois autres bâtiments qu'il rançonne de 3 800 florins.

Combats en Manche et blocus de Dunkerque

L'année suivante, il reçoit le commandement de la frégate L'Alcyon au sein de la flotte conduite par Tourville, vice-amiral de la flotte du Levant, destinée à agir contre les forces navales combinées d'Angleterre et de Hollande. Il prend part à la bataille du cap Béveziers, remportée par Tourville, le 10 juillet 1690, ainsi qu'à la fameuse campagne du Large effectuée par l'illustre amiral, entre juin et août 1691.
Mais cette année-là, Jean Bart se distingue surtout par son extraordinaire sortie de Dunkerque avec une escadre placée sous ses ordres. Deux ans auparavant, Jean Bart avait soumis au département de la marine un projet d'expédition pour ruiner le commerce des Hollandais en mer du Nord, lorsque le ministre Pontchartrain lui donne l'autorisation et les moyens de l'exécuter. À cette occasion, Forbin, est à nouveau placé sous ses ordres.
De 1690 à 1693, Jean Bart détruit plus de 150 busses harenguières hollandaises pour affamer leur pays, ce qui lui vaut des Hollandais le titre de maxima pirata.
Apprenant qu'un armement se préparait à Dunkerque, une flotte de trente-cinq à quarante vaisseaux anglais vient bloquer la rade de Dunkerque. Après quinze jours passés dans la rade avec sept frégates et un brûlot, sans que les Anglais et les Hollandais jugent utile de l'attaquer;
Jean Bart parvient à prendre le large, de nuit, avec sept frégates et un brûlot. Dès le lendemain, il s'empare de quatre bâtiments chargés de marchandises pour la Russie et de deux navires d'escorte anglais. Mettant ses prises à l'abri d'un port de Norvège, alors en paix avec la France, Jean Bart reprend la mer pour s'emparer d'une flotte de pêcheurs hollandais et du navire de guerre qui l'accompagnait. Dans la foulée, il fait encore une razzia sur les côtes d'Écosse, où il pille un château et incendie quatre villages.

Voyage à la Cour et prise du convoi de Smyrne

En France, chacun a entendu parler des exploits du corsaire, aussi Louis XIV invite-t-il Jean Bart à la cour de Versailles, en 1692, afin d'honorer ses victoires maritimes. Plus habitué à combattre sur mer qu'à l'étiquette, Jean Bart s'attire les moqueries d'une partie des aristocrates présents, mais aussi sûrement une part de jalousie.En 1693, il commande le vaisseau Le Glorieux, de 62 canons, sous les ordres du maréchal de Tourville.
Après le brillant combat de Lagos et la capture du convoi de Smyrne, il quitte la flotte et rencontre près de Faro six bâtiments hollandais, de 24 à 50 canons, tous richement chargés, les contraint à s'échouer, et les brûle.
De retour à Toulon, il reçoit l'ordre de passer à Dunkerque pour y prendre le commandement d'une escadre de six frégates, ayant pour mission de ramener de Vlecker une flotte chargée de blé pour le compte du roi. Il mène cette mission avec succès et, peu de temps après, il enlève, près des bancs de Flandre, trois frégates anglaises, dont les deux premières servaient d'escorte à un transport de munitions de guerre pour le roi Guillaume III.

Sauvetage du convoi de blé norvégien

En 1694, le blocus de la Ligue d'Augsbourg fait monter le prix du grain, les négociants spéculent, la France est affamée.
Louis XIV achète alors cent dix navires de blé norvégien.
Le lendemain de son départ de Dunkerque, Jean Bart rencontre cette flotte de navires marchands entre le Texel et la Meuse, mais constate immédiatement qu'elle a été capturée par huit vaisseaux de guerre hollandais, dont l'un portait pavillon contre-amiral.
Malgré l'inégalité des forces en présence il ne dispose que de sept bâtiments de rang inférieur à ceux des ennemis, Jean Bart entreprend de la récupérer. Après un combat acharné, au cours duquel l'amiral hollandais Hidde Sjoerds de Vries est grièvement blessé et capturé, il parvient à reprendre la flotte et la ramène en France.
"Il mit en panne à deux portées de canon des vaisseaux de guerre ennemis, et c'est là qu'il assembla en conseil les capitaines qui étaient sous ses ordres ….
Tous les capitaines français convinrent avec lui qu'il fallait brusquer l'affaire, sans donner le temps aux ennemis de se reconnaître.
Jean Bart les renvoya aussitôt, en leur recommandant d'aborder chacun un vaisseau. Mais comme, outre la supériorité en nombre de canons, l'escadre hollandaise avait pour elle un vaisseau de plus que l'escadre de France, Jean Bart commanda la Flûte et le Portefaix, avec le lieutenant de La Bruyère, et un équipage de cent vingt hommes, pour donner de l'occupation à ce vaisseau. Jean Bart arriva sur les Hollandais, pendant que deux vaisseaux de guerre danois et suédois, qui avaient servi de première escorte au convoi et n'avaient pas même essayé de le défendre, restaient spectateurs de l'action. Les chefs des deux escadres se cherchaient et avaient l'un et l'autre dessein de s'aborder; aussi se furent-ils bientôt joints. Le Fortuné et la Princesse Émilie, l'un portant le capitaine Jean Bart, l'autre le contre-amiral Hyde de Frise, ne formaient plus pour ainsi dire qu'un seul et même pont, d'abord divisé en deux camps, puis théâtre d'une effroyable mêlée, où la place resta en moins d'une demi-heure à Jean Bart et aux Français. Le contre-amiral hollandais était atteint de six blessures, dont trois mortelles; son second était étendu roide sur le pont, et ses deux lieutenants étaient aussi percés de plusieurs coups. Non content de cette première et glorieuse prise, le Fortuné, menant toujours la tête de l'escadre de France, aborda un autre vaisseau ennemi, et s'en rendit également maître. Pendant ce temps les autres vaisseaux français couraient de même à l'abordage.
Le Magicien enleva un vaisseau hollandais de cinquante canons; l'Adroit, au moment où il allait contraindre un autre bâtiment à se rendre, se vit attaqué par un vaisseau de cinquante-quatre canons auquel il n'aurait peut-être pas pu résister si le Fortuné n'était pas venu à son aide. Ce qui restait de l'escadre ennemie avait déjà disparu. Jean Bart s'assura aussitôt du convoi, amarina ses prises et rentra glorieusement dans les ports de France.
La nouvelle de cette capture fait chuter les prix le boisseau de blé passe de 30 livres à 3 livres et met fin à toutes spéculations. Ainsi Jean Bart … sauva la France en lui donnant du pain Cantate à Jean Bart. Pour cet exploit, le 19 avril, Jean Bart reçoit des mains de Louis XIV, la croix de chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, institué l'année précédente. Une médaille est frappée en souvenir du combat du 29 juillet 1694, et Jean Bart est anobli. Dans les lettres de noblesse qu'il lui envoie, en date du 4 août 1694, Louis XIV autorise Jean Bart à arborer une fleur de lys d'or dans ses armes, et, plein de gratitude, il écrit :
" De tous les officiers qui ont mérité l'honneur d'être anoblis, il n'en trouve pas qui s'en soit rendu plus digne que son cher et bien-aimé Jean Bart. "
Pour cet anoblissement, le généalogiste de la Cour lui fabrique une fausse ascendance, le faisant notamment descendre des chevaliers teutoniques. Dès lors, mythes et légendes parsèment l'historiographie de Jean Bart au cours du XVIIIe et XIXe siècles, Henri Malo et Alexandre François Lesmaries démystifiant en partie ce héros national au début du XXe siècle.

Défense de Saint-Malo 1695 et bataille du Dogger Bank

En 1695, la flotte anglaise se présente au large des côtes de France et bombarde plusieurs places, et en particulier Saint-Malo, d'où chaque jour des corsaires partaient au combat. Jean Bart, avec sous ses ordres son fils François-Cornil Bart, est chargé de la défense du fort Bonne-Espérance, et parvient par ses tirs d'artillerie à faire partir la flotte anglaise. En récompense de ses nouveaux services il reçoit une pension de 2 000 livres et son fils est promu lieutenant de vaisseau à 18 ans seulement.
Début juin 1696, Jean Bart sort de Dunkerque à bord du Maure, une frégate de 54 canons, avec sept bâtiments, malgré quatorze vaisseaux ennemis qui voulaient lui fermer le passage. Le 17 juin 1696, sur les sept heures du soir, il découvre au Dogger Bank, à environ seize lieues au nord du Texel, une flotte de cent-douze navires marchands venant de la Baltique et escortée par six vaisseaux de guerre hollandais. Toute la nuit l'escadre française attend, et le lendemain, à la pointe du jour, elle n'est plus qu'à deux lieues sous le vent de la flotte ennemie. Jean Bart donne le signal d'ordre de bataille, et dirige ses forces sur le principal bâtiment hollandais, le Raadhuis-van-Haarlem, 44 canons. Après un violent combat, les bâtiments hollandais sont capturés lorsqu'il est averti qu'une escadre de treize bâtiments anglais commandés par l'amiral Benbow est en mer et se dirige sur lui. N'étant pas en mesure de soutenir un combat si inégal, il brûle les quatre vaisseaux capturés et renvoie les Hollandais prisonniers dans leur pays sur les deux vaisseaux restants.
Poursuivi par une véritable meute, l'escadre de Jean Bart et ses prises trouvent refuge au Danemark début juillet puis regagnent Dunkerque avec 25 navires marchands et 1200 prisonniers, le 28 septembre, en ayant réussi à échapper aux vaisseaux britanniques de Benbow et néerlandais de l'amiral Wanzel. Après cette nouvelle campagne, Jean Bart rentre en France, en passant à nouveau à travers trente-trois vaisseaux anglais et hollandais qui voulaient lui barrer la route.
En récompense de sa conduite au Dogger Bank, il est promu, le 1er avril 1697, au grade de chef d'escadre de la province de Flandre.
Il est alors âgé de 46 ans.

Escorte du prince de Conti en Pologne 1697 et mort

Peu après, Jean Bart est chargé de conduire à Dantzig le prince de Conti, soutenu par le parti français pour être le prochain roi de Pologne. Apprenant son départ, les flottes alliés envoient dix-neuf vaisseaux de guerre croiser au nord de Dunkerque.
Côté français, dix vaisseaux sont armés pour l'expédition de Jean Bart ; mais, ce dernier préfère effectuer le voyage accompagné seulement de six frégates. Il est accompagné lors de ce voyage par le Chevalier de Saint-Pol, commandant du Jersey, et le futur cardinal de Polignac alors ambassadeur de France en Pologne.
Il quitte Dunkerque dans la nuit du 6 au 7 septembre, et déjoue les croisières ennemies, il arrive, sept jours après, au détroit du Sund, salue de quinze coups de canon la famille régnante de Danemark, avec laquelle la France était en paix, en passant devant le château de Cronenbourg, et mouille à Copenhague le 15 septembre. Le 26 du même mois, il entre en rade de Dantzick. Mais le prince de Conti apprenant que Frédéric-Auguste de Saxe, son concurrent, avait été couronné roi, il ne juge pas devoir pousser plus loin ses prétentions et décide de rentrer en France. La paix de Ryswick est signée en 1697 et cette expédition est la dernière du célèbre marin dunkerquois.

En 1702, la guerre de Succession d'Espagne étant sur le point d'éclater, Jean Bart est chargé d'armer une escadre à Dunkerque, mais atteint d'une pleurésie, il meurt chez lui le 27 avril 1702, à l'âge de 51 ans. Son corps est inhumé dans l'église Saint-Éloi de Dunkerque.

Durant l'entre-deux-guerres, en 1928, suite à des fouilles réalisées dans l'église, le docteur Louis Lemaire retrouve les ossements de Jean Bart, ce qui permet d'estimer sa taille, 1.90 m. Les autorités locales décident de changer le cercueil du corsaire. Cependant avant de l'enterrer à nouveau, les restes du marin furent exposés dans un cercueil de verre pendant 8 jours dans l'église.

Jugement par ses contemporains et ses biographes

Le biographe et historien de marine du XIXe siècle, Léon Guérin, le décrit de la façon suivante :
" Jean Bart avait la taille au-dessus de la médiocre, le corps bien fait, robuste et capable de résister à toutes les fatigues de la mer. Il avait les traits du visage bien formés, les yeux bleus, le teint beau, les cheveux blonds, la physionomie heureuse et tout à fait avenante. Il avait beaucoup de bon sens, l'esprit net et solide, une valeur ferme et toujours égale. Il était sobre, vigilant et intrépide; aussi prompt à prendre son parti, que de sang-froid à donner ses ordres dans le combat, où on le vit toujours avec cette présence d'esprit si rare et si nécessaire en de semblables occasions. Il savait parfaitement son métier, et il le fit avec tant de désintéressement, d'approbation et de gloire, qu'il ne dut sa fortune et son élévation qu'à sa capacité et à sa valeur. "
Dans son Dictionnaire des marins français, Étienne Taillemite dit de lui :
"Plus qu'un corsaire au sens strict du mot, Jean Bart, qui fit l'essentiel de sa carrière dans la Marine royale, fut surtout le modèle des chefs audacieux au coup d’œil infaillible et à l'habilité manœuvrière jamais en défaut."

Famille


Ascendance de Jean Bart
Mariages et descendance

Le 3 février 1676, Jean Bart épouse Nicole Goutier ou Gontier 1659 - 1682, âgée de seize ans. De ce mariage naîtront :

François Cornil 1677-1755
Anne-Nicole 15 mai 1680 - ?
Jeanne-Nicole 21 juillet 1681 -?
enfant mort-né 16 juin 1682
Le 13 octobre 1689, il épouse en secondes noces Jacqueline Tugghe, fille d'Ignace Tugghe, grand échevin de Dunkerque.
De ce mariage naîtront encore 9 enfants, dont 8 morts très rapidement :

Jeanne-Marie 8 juillet 1690 - 29 janvier 1757 qui épouse François De Ligny 1681 - 1746 le 31 janvier 1718 à Dunkerque.
Magdeleine Françoise 6 juin 1691 - 26 septembre 1691
Jean-Louis 18 mai 1693 - 18 mai 1696
Paul 26 juin 1694 - 27 juin 1694
Nicaise-Françoise 26 mai 1695 - 10 août 1696
Magdeleine-Marie 15 octobre 1697 - ?
Antoine 12 octobre 1698 - 2 décembre 1698
Marie-Françoise 18 janvier 1701 - ?
Marie 14 janvier 1702 - 18 janvier 1702

Hommages Un héros dunkerquois

Afin d'honorer la mémoire de Jean Bart, la ville de Dunkerque inaugura, le 7 septembre 1845, une statue à son effigie, œuvre du sculpteur David d'Angers, érigée sur l'ancienne place Royale, rebaptisée place Jean Bart. Trônant au centre de la ville, Jean Bart reste encore vivant dans les cœurs des gens. Chaque année au moment du carnaval, les Dunkerquois chantent à genou devant sa statue la cantate à Jean Bart
" … Et la cité qui te donna la vie, érigera ta statue en autel… "

Aujourd'hui, il existe dans la nef du musée David d'Angers situé dans l'abbaye Toussaint à Angers, une réplique exacte de cette statue.

Navires du nom de Jean-Bart

Plus de 27 bâtiments, en moins de deux siècles, ont porté le nom de Jean Bart, notamment :

le Jean Bart, vaisseau de 74 canons construit à Lorient en 1788
Un vaisseau de 74 canons construit à Lorient en 1811, désarmé en 1833.
Un vaisseau transformé sur cale construit en 1849, lancé en 1852. En 1864, il est école d'application. Rebaptisé Donawerth en 1868, il est condamné le 18 janvier 1869 et démoli à Brest en 1870.
Un vaisseau de 4 100 tonnes, construit à Lorient en 1827 baptisé Jean Bart en 1868 (ex-Donawerth). Il est condamné en 1880.
Un croiseur de première classe de 4 800 tonnes construit à Rochefort en 1886. Ce bâtiment en acier, a été armé en 1892. En 1897, il est reclassé croiseur de deuxième catégorie et affecté à la Division navale d'Extrême-Orient jusqu'en 1902. De retour à Lorient, il reste désarmé jusqu'en 1906. L'année suivante, il est envoyé aux Antilles. Ce bâtiment s'échoue en 1907 sur la côte d'Afrique à proximité du cap Blanc.
Jean Bart, un cuirassé de 23 500 tonnes, construit à Brest en 1910. Premier dreadnought français, il conduit, en juillet 1914, le président de la République lors d'une visite officielle en Russie. Le 21 décembre 1914, un sous-marin ennemi le torpille dans le canal d'Otrante. Il parvient cependant à rallier Malte où il est réparé. Après la guerre, il est rebaptisé Océan. Il coule le 15 mars 1944 à la suite d'essais effectués par les Allemands. Renfloué après la Seconde Guerre mondiale, il sera démoli en 1947. 23 500 tonnes, 29 000 CV, 21 nœuds, 12 canons de 30 cm, 22 de 14 cm.
Jean Bart, bâtiment de ligne de 35 000 tonnes en construction depuis 1936 lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale. En juin 1940, pour éviter sa capture par les Allemands, il fuit Saint-Nazaire où il était encore en construction et parvient à rallier Casablanca. Dans ce port il est attaqué, en novembre 1942, par des bâtiments et avions américains qui l'endommagent et provoquent son échouage. En 1950, il rallie l'Escadre de la Méditerranée. Il participera aux opérations de débarquement en Égypte. Mis en réserve en 1957, il est condamné en 1970.
Jean Bart, frégate antiaérienne. Mise sur cale à Lorient le 12 mars 1986, elle est mise à flot le 19 mars 1988. Armée pour essais le 21 octobre 1989, la frégate Jean Bart est admise au service actif le 21 septembre 1991. Bâtiment doté de nombreux matériels prototypes, la frégate antiaérienne Jean Bart a un jumeau, Le Cassard.

Aéronefs

Deux ballons montés ont porté ce nom lors du siège de Paris.

Culture

Jean Bart est l'un des personnages du Cycle baroque de Neal Stephenson, une fresque qui retrace l'histoire secrète de la science au XVIIe siècle.
Jean Bart est un pirate dans le manga et l'anime One Piece.
Jean Bart est un nom fréquemment utilisé pour les groupes de scouts marins
La pâtisserie Aux Doigts de Jean-Bart a créé en 1957 un biscuit aux amandes et crème café enrobé de chocolat au lait appelé le Doigt de Jean-Bart

Héraldique

Les armes de Jean Bart d'après les lettres d'anoblissement par Louis XIV :
D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules.
Armoiries d'alliance du Corsaire Jean Bart et de son épouse Marie Jacqueline Tugghe, sur leur dalle funéraire dans l'église Saint Eloi de Dunkerque :
D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules et d'azur à un chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles de même, et en pointe d'un soleil.


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Posté le : 26/04/2014 10:22
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Vladimir Fédorovski
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Le 27 avril 1950 à Moscou naît Vladimir Fédorovski en russe :

Владимир Федоровский


écrivain et ancien diplomate russe, docteur en histoire né le 27 avril 1950 à Moscou, d'origine ukrainienne, et aujourd'hui français.

Vladimir Fédorovski est né à Moscou en 1950. Son père, ukrainien, est un héros de l'Armée rouge. S'il nourrit un rêve d'adolescent, être écrivain et vivre à Paris, il suit raisonnablement les cours de l'institut d'état des relations internationales de Moscou et apprend français, anglais et arabe. Cela lui permet de devenir l'interprète de Léonid Brejnev, alors maitre du Kremlin. Une partie de son rêve se réalise lorsqu'en 1970, il devient conseiller culturel de l'ambassade soviétique à Paris, y côtoie l'intelligentsia et y passe un doctorat d'état en histoire de la diplomatie française. Après un intermède moscovite pendant lequel il se lie avec un conseiller de Gorbatchev, il retourne à Paris en 1985 pour assurer la promotion de la glasnost en France.

Il trouve cependant que les réformes ne vont pas assez vite, démissionne de la diplomatie en 1990 et crée l'année suivante l'un des premiers partis démocratiques russes. Il s'installe définitivement à Paris en 1995, obtient la nationalité française et commence une carrière d'écrivain. Son premier roman, Les deux soeurs, paraît en 1997, bientôt suivi par une trilogie sur l'histoire de la Russie, Le roman de Saint Pétersbourg, Le roman du Kremlin pour lequel il a eu accès à des archives inédites et Le roman de la Russie insolite. Il prend la direction de cette collection Le roman de et l'enrichit lui-même d'une dizaine de titres, du Roman de Tolstoï au Roman de la perestroika. Son écriture qui allie rigueur historique et art narratif accompli, a été récompensée par de nombreux prix.

Vladimir Fédorovski a d'abord été élève à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGIMO). Ayant acquis une parfaite connaissance des langues anglaise, française et arabe, il a commencé par travailler comme attaché à l'ambassade soviétique de Mauritanie, avant d'être nommé dans les années 1970 interprète au Kremlin, assistant Léonid Brejnev dans ses rencontres avec les dirigeants des pays arabes. En 1977, il est nommé à l'ambassade soviétique à Paris et en 1985, passe un doctorat d'État en histoire sur le rôle des cabinets dans l'histoire de la diplomatie française.

De retour à Moscou, il travaille au ministère des affaires étrangères comme chef de cabinet du vice-ministre Vladimir Petrovski qui écrit les discours de Léonid Brejnev et du ministre Gromyko, et fait la connaissance d'Alexandr Iakovlev, émince de Gorbatchev et futur inspirateur de la perestroïka ; Fédorovski sera ensuite nommé conseiller diplomatique pendant la période de la glasnost. Partisan de Gorbatchev, il est porte-parole du Mouvement des réformes démocratiques pendant le putsch de Moscou d'août 1991, s'opposant à la ligne dure du Parti communiste.
Devenu écrivain, il enseigne à HEC depuis 1992, a été fait officier des Arts et des Lettres et a obtenu la nationalité française en 1995. Membre de la Société des auteurs de Normandie, il est également conseiller historique au Mémorial de Caen pour la période de la guerre froide, et a été distingué de plusieurs prix littéraires dont le prix d'histoire André Castelot en 2006. Il a publié son premier roman en 1997, Les Deux sœurs Lattès, puis une série romanesque de l'histoire russe en trois volumes Le Roman de Saint-Petersbourg, Le Roman de Moscou, et Le Roman de la Russie insolite de 2003 à 2004 ; il dirige par ailleurs la collection Le Roman des lieux magiques des Éditions du Rocher et est Président d'honneur de la Fédération Française des Salons du livre.

Sa vie

Vladimir Fédorovski est le fils d'un héros de la Seconde Guerre mondiale et d'une mère spécialiste de la planification. À 14 ans, son rêve était de devenir écrivain et d'écrire ses livres à la terrasse des Deux Magots à Paris. Il a d'abord été élève à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou MGIMO. Doué pour l'apprentissage des langues, il acquiert une parfaite connaissance des langues anglaise, française et arabe.
Il est l'écrivain d'origine russe le plus édité en France.

Diplomate de la pérestroïka

En 1972, il commence par travailler comme attaché à l'ambassade de l'URSS en Mauritanie, puis il sert d'interprète au Kremlin, assistant Léonid Brejnev dans ses rencontres avec les dirigeants des pays arabes4. En 1977, il est nommé attaché culturel à Paris, fréquentant Dalí, Chagall, Aragon, leurs égéries. En 1985, il passe un doctorat d'État en histoire sur le rôle des cabinets dans l'histoire de la diplomatie française.
De retour à Moscou, il travaille au MAE comme chef de cabinet du vice-ministre Vladimir Petrovski qui écrit les discours de Léonid Brejnev et du ministre Gromyko. Il se lie d'amitié avec Alexandre Iakovlev, éminence de Gorbatchev, et considéré comme l'inspirateur de la perestroïka en 1983. Fédorovski sera ensuite nommé conseiller diplomatique pendant la période de la glasnost pour laquelle il assure, de 1985 à 1990, la promotion de la perestroïka en France avec comme objectif de faire naître une nouvelle Russie, ouverte aux échanges et à la technologie et arrimée à l'Europe. Lassé par l'incohérence de Gorbatchev il quitte la carrière diplomatique en 1990 pour participer à la création d'un des premiers partis démocratiques russes : le Mouvement des réformes démocratiques. S'opposant à la ligne dure du Parti communiste de l'Union soviétique et du KGB, il est porte-parole du mouvement des réformes démocratiques pendant la résistance au putsch de Moscou d'août 1991.

Alexandre Iakovlev, idéologue de la perestroïka, le présentait ainsi dans le Figaro du 26 avril 1996 : Il fut un des premiers à rompre avec les habitudes de la caste diplomatique pour s'engager dans la démarche de la perestroïka. Depuis 1985 on se souvient de son visage à la télévision associé au vent de changement. Quand Gorbatchev fit marche en arrière, Fédorovski n'hésita pas à quitter la carrière. Je l'ai vu à l'œuvre, lorsqu’il fut porte-parole du mouvement des réformes démocratiques dans les jours fatidiques de la résistance au putsch communiste de Moscou en août 1991.

Écrivain français

En 1991 Il a publié L'Histoire sécrète d'un coup d'état, puis son roman Les Deux sœurs Lattès, suivi d'une série romanesque sur l'histoire russe en trois volumes, Le Roman de Saint-Pétersbourg, Le Roman du Kremlin, et Le Roman de la Russie insolite de 2003 à 2004. Fédorovski a pu écrire Le Roman du Kremlin après avoir eu accès aux archives inédites du Kremlin. À l'occasion du centenaire de la mort de Tolstoï, il publie Le roman de Tolstoï.
Il dirige par ailleurs la collection Le Roman des lieux magiques, une grande réussite éditoriale : une centaine d'ouvrages publiés. Il est aussi président d'honneur de la Fédération française des Salons du livre.
Il fait récemment paraître Le Roman des tsars s'appuyant sur les recherches ADN et des archives inédites puis Le Roman de la perestroïka révélant les secrets de cette grande rupture de l'Histoire. Il y consacra une grande série de chroniques sur France Info. Écrits en français, ses ouvrages sont devenus des succès internationaux et sont traduits dans vingt-huit pays.

Vladimir Fédorovski est souvent consulté par la presse française pour ses connaissances concernant la politique et l'histoire russe, ses ouvrages historiques s'adressant essentiellement à un grand public.

Prix et récompenses

Devenu écrivain à succès, il a été fait officier des Arts et des Lettres et a obtenu la nationalité française en 1995. Membre de la Société des auteurs de Normandie, il a été élu à l'Académie de Caen, au siège du président Senghor pour sa contribution à la francophonie et a été distingué de plusieurs prix littéraires dont le prix d'histoire André Castelot, le prix Louis-Pauwels, le prix de l'Europe, etc.
En mars 2012 il reçut le Grand prix du roman historique-Palatine pour le Roman de Raspoutine la biographie de Vladimir Fedorovski par Isabelle Saint Bris op.cit., Le Monde du 3 septembre 2003 et l'annuaire de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Caen 2013.

Autres fonctions

Président d'honneur de l'Union des auteurs et créateurs de France

Ouvrage

Histoire de la diplomatie française, Académie diplomatique, 1985
Histoire secrète d'un coup d'État, avec Ulysse Gosset, Lattès, 1991
Les Égéries russes, avec Gonzague Saint Bris, Lattès, 1994
Les Égéries romantiques, Lattès, 1995
Le Département du diable, Plon, 1996
Les Deux sœurs ou l'art d'aimer, Lattès, 1997, 2004
prix des Romancières
Le Triangle russe, Plon, 1999
Les Tsarines, les femmes qui ont fait la Russie, éditions du Rocher 2000
De Raspoutine à Poutine, les hommes de l'ombre, Perrin, 2001
prix d'Étretat
Le Retour de la Russie, avec Michel Gurfinkiel, Odile Jacob, 2001
L'Histoire secrète des ballets russes, Éditions du Rocher, 2002
prix des écrivains francophones
La Guerre froide, Mémorial de Caen, 2002
Les Tsarines, Éditions du Rocher, 2002
La Fin de l'URSS, Mémorial de Caen, 2002
Le Roman de Saint-Pétersbourg, Éditions du Rocher, 2003
prix de l'Europe
Le Roman du Kremlin, Éditions du Rocher-Mémorial de Caen, 2004
prix Louis Pauwels, prix du meilleur document de l'année
Diaghilev et Monaco, Éditions du Rocher, 2004
Le Roman de la Russie insolite : du Transsibérien à la Volga, Éditions du Rocher 2004wikt:
Paris - Saint-Pétersbourg : la grande histoire d'amour, Presses de la Renaissance, 2005
Le Roman de l'Orient Express, Éditions du Rocher, 2006, prix André Castelot
Le Fantôme de Staline, Éditions du Rocher, 2007
Les Amours de La Grande Catherine, Éditions Alphée. Jean-Paul Bertrand, 2008
Le Roman de l'âme slave, Éditions du Rocher, 2009
Napoléon et Alexandre, Éditions Alphée, 2009
Les romans de la Russie éternelle, Éditions du Rocher, 2009
Le Roman de Tolstoï, Éditions du Rocher, 2010
Le Roman de l'espionnage, Éditions du Rocher, 2011
Le Roman de Raspoutine, Éditions du Rocher, 2011
le Grand prix du roman historique-Palatine
Le Roman du siècle rouge avec Alexandre Adler, Éditions du Rocher, 2012
L'islamisme va-t-il gagner : le roman du siècle vert avec Alexandre Adler éditions du Rocher, 2012
La magie de Saint-Pétersbourg, Éditions du Rocher, 2012
Le Roman des Tsars, Éditions du Rocher, 2013
Le Roman de la perestroïka, Éditions du Rocher, 2013
Le Roman des espionnes, Éditions du Rocher, janvier 2014

Bibliographie

Daniel Vernet, Vladimir Fédorovski, De Moscou à Paris , Le Monde, le 3 septembre 2003
Isabelle Saint-Bris, Vladimir Fédorovski : secrets et confidences, Le Rocher, 2008
Vladimir Fédorovski, La chute du Mur n'était pas inévitable, Le Spectacle du Monde, un entretien recueilli par Gérard Olivier, pages 34–37, novembre 2009

Liens

http://youtu.be/5PmC8v9lhFc Interview au salon du livre
http://youtu.be/TNaklaE-N7s les mystères de St Pétersbourg
http://youtu.be/9-H6IDqDGqQ Le roman de la pérestroÏka
http://youtu.be/XWseNDq2dec Interview
http://youtu.be/vo5fXcn9kBc Interview
http://youtu.be/J6WX-uLHcYw Le grand ratage Ukraine/Russie
http://youtu.be/mZeAxTuzh7c Raspoutin


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Posté le : 26/04/2014 10:19
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Alexandre Scriabine
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Le 27 Avril- 14 Avril du calendrier Julien- 1915 meurt à 43 ans,

à Moscou Alexandre Nikolaïevitch Scriabine


ou Skriabine en russe : Александр Николаевич Скрябин pianiste et compositeur russe né à Moscou le 25 décembre 1871 du calendrier julien/6 janvier 1872, il reçoit sa formation au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, il collabore avec Serge Diaghilev, ses maîtres sont Zverev, Vassili Safonov, et Anton Arenski

Alexandre Nikolaïevitch Scriabine, est certainement l'une des figures les plus originales de la musique russe du XXe siècle. À ses débuts, il appartient avec Sergueï Mikhaïlovitch Liapounov, Vladimir Ivanovitch Rebikov et Serge Rachmaninov au cénacle moscovite, de tendance cosmopolite, ayant subi l'influence de Chopin, de Liszt, de Wagner et, dans une moindre mesure, de Debussy. Mais, depuis la création de Prométhée ou Le Poème du feu en 1911 à Moscou, Scriabine est considéré en Russie comme le chef de file incontestable du courant moderniste, prenant en charge en même temps que Schönberg, mais pour des raisons différentes, la réorganisation de l'univers sonore
Personnalité singulière par le symbolisme flamboyant de son langage musical et atypique par le refus de toute référence au folklore national, il n'en demeure pas moins un compositeur marquant de la musique russe de la fin XIXe siècle. Longtemps incompris des critiques et du public, ce mystique de l'extase influencé par la théosophie laisse une œuvre profondément originale d'où se détachent son imposant corpus de dix sonates pour piano, son Poème de l'extase pour grand orchestre, son Prométhée ou le Poème du feu et de nombreux préludes et études au style virtuose et coloré.
Dès son âge le plus tendre, Scriabine manifesta des dons exceptionnels en improvisant des fantaisies au piano ou en imaginant de petites pièces de théâtre. De 1882 à 1888, il fut un élève modèle de l'École militaire de Moscou, tout en préparant sous la direction de G. Conyous, de N. Zvérev et de S. Tanéiev son entrée au conservatoire de Moscou en 1888 où il continua ses études chez Vassili Safonov, Sergueï Tanéiev et Anton Stepanovitch Arenski, en même temps que Serge Rachmaninov. En 1892, muni d'une petite médaille de piano mais sans avoir obtenu la moindre récompense en composition, il quitta le conservatoire pour partager désormais son existence entre son activité de compositeur et sa carrière de virtuose itinérant. Ses premières tournées, pendant lesquelles il n'exécutait que sa propre musique, l'amenèrent en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et finalement à Paris où il devint en 1896 membre de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (S.A.C.E.M.). En 1898, il fut nommé professeur de piano au conservatoire de Moscou, poste qu'il conserva jusqu'en 1902.

Sa vie

Fils de Nikolaï Scriabine, diplomate, expert en langues orientales, et de Lioubov Petrovna Scriabine, pianiste talentueuse, Alexandre Scriabine est très vite livré à lui-même : sa mère meurt de tuberculose, un an après sa naissance,et son père part pour la Turquie. Il est alors recueilli et élevé par sa grand-mère Elizaveta Ivanovna 1823-1916, et surtout par sa tante Lioubov Alexandrovna 1852-1941, qui lui apprend les bases du piano. Il est présenté en 1881 à Anton Rubinstein, grand pianiste et compositeur de l’époque, qui lui prédit un grand avenir pour l’anecdote, Scriabine reproduira les mêmes encouragements à l’égard du pianiste Vladimir Horowitz, en ces mots adressés à sa mère : "Votre fils sera toujours un bon pianiste, mais cela ne suffit pas. Il doit aussi être un homme cultivé ".

Au début des années 1880, il entre au corps des Cadets de l’École militaire de Moscou grâce à son oncle. Il bénéficie alors d’un régime de faveur, puisqu’il peut faire plusieurs heures de piano par jour, et s’exempter des exercices physiques. 1883 est l’année de ses premiers vrais cours de piano, avec Nikolaï Zverev . En 1888, le jeune homme entre au Conservatoire de Moscou comme élève de Vassili Safonov en piano et d'Anton Arenski en composition. C'est là qu'il rencontre un autre élève, Rachmaninov, qui deviendra à la fois un ami et un rival. Il sera influencé par Chopin, à qui il voue un culte tout particulier, la légende veut que le jeune Scriabine eût l'habitude de dormir en ayant préalablement placé sous son oreiller quelques partitions de son maître. 1892 marque la fin de ses études au Conservatoire, sanctionnées par une médaille d’or en piano, et la publication de ses premières œuvres. Il n'achève pas son cursus en composition car il accepte mal l’esthétique de son professeur, Arenski, et s’y oppose.

Scriabine décide tout d'abord de devenir pianiste. Il commence sa carrière en 1892 et voyage dans toute l'Europe. Cependant, un jour qu'il joue les Réminiscences de Don Juan de Liszt, il se blesse à la main droite. Scriabine avait des mains relativement petites, et certains écarts imposés l'obligeaient à forcer sur l'extension de sa main. Il commence à douter de sa carrière de virtuose après que des médecins lui ont dit que les dégâts sont irréparables. Sa maladie lui permet d’éviter le service militaire. Cette période de handicap est pour lui une période de doute intense qui lui fait choisir la voie de la composition. Une fois ses capacités pianistiques retrouvées, les spécialistes de l'époque s'étaient trompés, il décide de reprendre une carrière de pianiste, mais il n'interprètera que ses propres compositions. Il débute en Russie, et obtient son plus grand succès à Paris le 16 mars 1896, salle Érard. Lors de son séjour dans la capitale française, il s’inscrit par ailleurs à la SACEM. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance du richissime homme d'affaires Mikhaïl Morozov et de sa femme Margarita Morozova qui le lance dans son salon musical de Moscou et devient son mécène.

Margarita Morozova.

En 1897, il se marie avec Vera Ivanovna Issakovitch, brillante pianiste du conservatoire moscovite, dont il a une fille l’année suivante. En 1898, Scriabine pose également sa candidature au Conservatoire de Moscou, où il obtient le poste de professeur de piano. Les années qui suivent voient se succéder les naissances : en 1898, Rimma, en 1900 Elena1, en 1901 Maria, et en 1902, Lev. Pendant ces quelques années, il visite l’Exposition Universelle de Paris de 1900, est nommé inspecteur de la musique à Sainte-Catherine de Moscou, devient membre de la Société de philosophie moscovite, et se plonge dans la lecture des philosophes antiques. En 1902, fatigué des jalousies au sein du Conservatoire de Moscou, il démissionne. Il fait la connaissance d'une élève du conservatoire, Tatiana Fiodorovna Schloezer Tatiana de Schloezer, et dès lors sa situation familiale se dégrade. Il obtient une rente de la part de Margarita Morozova pour partir vivre aux environs de Genève en 1904, afin de poursuivre ses travaux philosophiques et musicaux.

À partir de 1904, le compositeur tient un journal personnel où sont notées ses réflexions musicales et philosophiques. Scriabine continue une vie conjugale artificielle avec sa femme, tandis que Tatiana Schloezer et Margarita Morozova devenue veuve le rejoignent en Suisse pour bénéficier de ses leçons. Sa vie personnelle est mouvementée : il quitte sa femme, et perd sa petite fille Rimma en 1905, puis il part quelques semaines plus tard en Italie avec Tatiana Schloezer qui devient enceinte de sa fille Ariane. Cependant, Vera Issakovitch refuse le divorce. Scriabine s’installe en couple sur la Riviera italienne, puis ne tenant plus compte de sa femme, il se marie avec Tatiana Schloezer.

Il se lie avec Gueorgui Plekhanov, 1865-1918, fervent partisan des idées marxistes. En 1907, il s’installe à Paris avec Tatiana et signe un contrat de nombreux concerts avec Diaghilev, le fondateur des Ballets russes. Puis il s’installe à Bruxelles 45 rue de la Réforme, et réfléchit abondamment sur la synesthésie, résultat notamment de ses rencontres avec divers artistes et philosophes. En 1908, c'est l'année de la naissance de son fils Julian Scriabine. En 1909, il retourne en Russie, et continue à composer, tout en imaginant des projets grandioses alliant couleur et musique. Il s’inspire des écrits du Père Louis-Bertrand Castel 1688-1757, inventeur d’un clavecin qui associe couleurs et sons. Il continue ses tournées, notamment en Allemagne et en Angleterre, où ses pièces sont de plus en plus reconnues.

L’année 1911 voit la naissance de sa fille Marina. En 1914, il revient à Moscou, et continue à travailler sur ses projets grandioses. Son père décède la même année, et il ne tarde pas à le suivre dans la tombe : Scriabine donne son dernier concert en avril et décède le même mois. Les circonstances de son décès n’ont pas été éclaircies, certains la relient à une piqûre de mouche charbonneuse qui aurait entraîné une infection sanguine, d’autres considèrent que le grand compositeur est mort d’une pleurésie.

Comme de nombreux autres artistes russes puis soviétiques, Scriabine repose au cimetière de Novodiévitchi, à Moscou.

Couleurs synésthésiques perçues par Scriabine

Par la combinaison des sons, des couleurs, clavier à lumières pour Prométhée ou le poème du feu, à la recherche d'une liberté spirituelle et de l’extase, sa musique évolue de façon toujours plus nette vers les aspects mystiques de la vie, de la mort, de la réincarnation.
Les circonstances historiques et le changement d'esthétique tant en Russie après la Révolution de 1917 que dans l'Europe de l'après guerre expliquent en grande partie le fait que le compositeur ait été oublié ou violemment critiqué après sa mort. La jeune musique soviétique sera d'inspiration futuriste et constructiviste tant que Lounacharski lui laissera les mains libres, avant la dictature du réalisme socialiste imposée par Staline et Jdanov. L'esthétique mystique de Scriabine était évidemment à l'opposé de ces tendances. Le seul compositeur soviétique que l'on puisse situer dans la lignée scriabienne est Nikolaï Roslavets, persécuté en URSS et dont beaucoup d'œuvres ont été détruites. En Occident, tant le néoclassicisme au sens le plus large que l'atonalité libre puis le dodécaphonisme sériel se fondent musicalement et intellectuellement sur des principes extrêmement éloignés de ceux de Scriabine. Il est probablement significatif de constater qu'un compositeur comme Olivier Messiaen, dont la probité et l'intégrité morale étaient légendaires, dont le langage modal est si proche de celui de Scriabine, et si enclin à commenter son œuvre et à rendre des hommages appuyés à ses prédécesseurs de Mozart à Dukas, n'ait jamais cité le nom de Scriabine dans ses écrits publics.

L’œuvre de Scriabine

Les œuvres op. 1 à 29, composées pendant cette première période de sa vie, peuvent être considérées comme un fervent hommage au génie de Chopin. Le romantisme et l'affectivité de Scriabine s'y expriment à travers une harmonie tonale, mais souvent chromatisée, et une architecture formelle simple, inspirée des modèles épuisés de la musique de salon toujours en vogue en Russie à l'aube du XXe siècle. Les compositions les plus importantes de cette phase sont sans doute les Études, op. 8, les trois premières Sonates op. 6, 19 et 23, les Préludes, op. 11, 15 et 16, son Concerto pour piano, ses deux symphonies op. 26 et op. 29, marquées plutôt par l'influence wagnérienne, ainsi qu'une série de mazurkas, impromptus et nocturnes. Ces œuvres furent éditées par le mécène Mitrofan Bélaiev qui avait fondé sa propre maison d'édition pour faire connaître la musique russe de son temps. Vers 1900, Scriabine avait adhéré à la Société de philosophie de Moscou, dirigée par Serguei Troubetzkoi, et il se plongera désormais dans l'étude d'ouvrages philosophiques.

Une créativité intense

L'année 1903 avait été très fertile en créations. Scriabine avait écrit environ trente-cinq pièces pour le piano, dont la magnifique Quatrième Sonate, op. 40, le Poème tragique, le Poème satanique, les Études, op. 42, et surtout une grande partie de la Troisième Symphonie, le Poème divin tout imprégné de fichtéisme. Dans cette œuvre grandiose, il s'efforce d'atteindre une sorte de dimension cosmique en dépassant le plan des émotions personnelles. En 1904, Scriabine quitta la Russie pour séjourner plusieurs années à l'étranger, d'abord à Vézenaz en Suisse, puis à Paris (en 1905), à Bogliasco en Italie (1905-1906), aux États-Unis (1906). Après avoir pris part en 1907 aux Concerts russes, organisés à Paris par Diaghilev, il s'installa à Lausanne et à Beatenberg en 1907 pour y terminer le Poème de l'Extase et y écrire sa magnifique Cinquième Sonate, op. 53.

La création du Poème divin à Paris, le 20 mai 1905, au théâtre du Châtelet par les Concerts Colonne fut très mal accueillie. Malgré cela, Gabriel Pierné, alors chargé du journal L'Illustration, publia le 1er juillet 1905 le Poème languide, op. 52, que Scriabine avait spécialement écrit pour les lecteurs français. Pendant longtemps, ce devait être la dernière publication d'une œuvre de Scriabine, car après la mort de Bélaiev il s'était brouillé avec les nouveaux administrateurs de la maison d'édition et, pendant quatre ans, il ne trouva personne qui acceptât de l'éditer. De ce fait, il vécut pendant plusieurs années dans des conditions matérielles très difficiles, notamment à Bogliasco où il avait loué une petite maison pour y composer le Poème de l'Extase, intitulé d'abord Poème orgiaque.

Dans une lettre à Tatiana de Schloezer, il relate la genèse du Poème de l'Extase :

Je suis emporté par une énorme vague de créativité. J'en perds le souffle, mais, oh, quelle joie ! Je crée comme un Dieu. J'examine le plan de ma nouvelle composition pour la millième fois. Chaque fois, il me semble que le canevas est dessiné, que j'ai exprimé l'Univers en termes de libre créativité et que je puis finalement devenir le Dieu joyeux qui crée librement. Puis, le lendemain amène de nouveaux doutes, de nouvelles questions ...
En raison de son éloignement de sa patrie, Scriabine n'avait pas participé directement aux graves événements survenus en Russie en 1905. Sa musique est le miroir de notre révolution. Mais c'est un mystique incorrigible !, disait alors de lui le philosophe marxiste et ami de Lénine Gheorghi Valentinovitch Plekhanov, que Scriabine avait rencontré à Bogliasco. Sur les instances de Plekhanov, il donna le 30 juin 1906 à Genève un récital au bénéfice des réfugiés politiques de la révolution. Son adhésion aux idées marxistes ne fut cependant que passagère, et ses convictions élitaires le guidèrent bientôt vers d'autres sphères comme les milieux théosophiques de Bruxelles, qu'il fréquenta dès son installation dans la capitale belge, en septembre 1908.

Une conception mystique de la musique

Entre 1904 et 1906, Scriabine tint un journal dans lequel il nota ses idées et ses réflexions philosophiques. La réalité lui apparaissait alors comme un complexe de sensations et le monde extérieur comme le résultat de l'activité créatrice. On sait qu'il avait lu la Clef de la théosophie et la Doctrine secrète de Hélène Petrovna Blavatzky, mais rien ne prouve qu'il ait jamais adhéré à la Société théosophique, même s'il fréquentait à Bruxelles plusieurs théosophes comme le linguiste Émile Sigogne et le peintre symboliste Jean Delville, auteur d'un livre, La Mission de l'art, et de la page de titre d'inspiration théosophique de Prométhée, Le Poème du feu, ébauché en 1909 à Bruxelles. Scriabine n'avait pas assisté à l'échec de la première exécution de son Poème de l'Extase à New York, le 11 décembre 1908. Conscient de la valeur de son œuvre, il avait accepté le fiasco avec une complète indifférence, car tous ses efforts étaient alors consacrés à la réorganisation complète de son univers sonore, afin de le rendre conforme aux buts fantastiques poursuivis sans relâche : la création d'une œuvre d'art total, magique, qui conduirait ses participants à l'extase collective et produirait le miracle de leur transformation spirituelle. Sous l'apparence statique des grands accords synthétiques de Prométhée, déroulés tantôt horizontalement, tantôt échafaudés en grands blocs monolithiques, se devine une dimension spirituelle qui commande à chaque instant au travail d'écriture. De même, la présence d'un clavier à couleurs dont les chromatismes accompagnent le vertige des sons selon des correspondances secrètes crée un climat sonore où l'on pressent des tourbillons sidéraux qui transcendent le temps. La pensée qui commande à l'élaboration d'une telle œuvre repose essentiellement sur la vision grandiose d'un monde en vibration constante, régi par la sympathie mutuelle des choses, d'un univers donc où tout est lié, où tout est vibration. Ainsi Scriabine entend-il agir comme par magie sur tout ce qui existe au moyen d'une œuvre parfaite, faisant appel à toutes les perceptions sensorielles : par la musique et la parole à l'ouïe, par les couleurs à la vision, par l'emploi d'un orgue à parfums à l'odorat et, au toucher, par les caresses de l'assistance. Certes, Prométhée n'est que le tout premier jalon d'une longue quête dont l'aboutissement ultime devait être la grandiose liturgie sacrée du Mystère, son Opus magnus dans le sens alchimique. L'ouvrage ne fut jamais écrit et seuls subsistent le texte poétique et cinquante-trois pages d'esquisses musicales de l'Acte préalable, devant servir précisément de rituel préparatoire au Mystère.

Un nouveau monde sonore

En 1910, Scriabine avait regagné sa patrie. Il ne la quittera plus que pour de brèves tournées à l'étranger. On peut dire que l'apogée du rayonnement de Scriabine coïncide avec les quatre dernières années de sa vie, après la création de Prométhée en 1911. C'est maintenant que Scriabine est vraiment lui-même et que son œuvre est écrite sur des bases qui ne doivent plus rien à personne. On note alors dans sa musique une tendance vers la dématérialisation du son et des sonorités de cloches, des fusées de triples croches et des gerbes de trilles y abondent. La Septième Sonate, composée en 1912, est, par sa joie tranquille, déjà proche du Mystère. Constamment, il cherche l'équivalent de ses idées sur le plan sonore. Derrière les schémas formels simples de ses sonates se cache tout un monde souterrain secret de proportions numériques, de sections dorées et de séries fibonaciennes, assez analogue à la géométrie invisible des peintres de la Renaissance qui avaient quadrillé leurs tableaux selon de telles proportions harmoniques, avant d'y étaler leurs couleurs. À l'époque de la composition des trois dernières sonates dans une datcha de Kalouga, en 1913, Scriabine déclarait précisément à son ami et biographe, le compositeur Léonide Sabaneev, que la forme, les thèmes, les harmonies de la Huitième Sonate étaient des ponts jetés entre l'harmonie et la géométrie, le visible et l'invisible. Que l'interprétation des dernières œuvres pose donc des problèmes autres que la virtuosité pure n'est guère surprenant. Chaque œuvre étant une sorte de rituel magique miniature, des points de repère psychologiques tels que mystérieux, lugubre, divin, comme en un rêve, etc., suggèrent à l'interprète l'ambiance sonore qu'il devra évoquer. Le pianiste devient ainsi un mage qui nous invite à la méditation, à l'écoute attentive de quelque chose de plus que la musique, indéfinissable en son essence mais où l'on pressent de secrètes mutations internes. C'est par le philosophe-musicien Inayat Khan, venu du nord de l'Inde pour donner quelques concerts à Moscou en 1914, que Scriabine fait connaissance avec les danses des derviches tourneurs, provoquant l'extase collective dans certaines conditions. C'est en Inde, en effet, qu'il veut faire bâtir un temple, consacré uniquement à l'exécution de son Mystère, sorte de Bayreuth hindou. L'exécution de Prométhée à Londres en avril 1914 lui donnera enfin l'occasion d'approcher les milieux théosophiques londoniens dont il espère l'aide pour la réalisation de ses projets – projets que la mort soudaine anéantira bientôt. Piqué par une mouche charbonneuse à la lèvre supérieure, il mourut de septicémie, après d'atroces souffrances, le jour de Pâques, 27 avr. 1915, en murmurant : Qui est là ? Il n'avait que quarante-trois ans. On l'enterra au cimetière de Novodévitchy.

Les Oeuvres

Œuvres principales Liste des œuvres d'Alexandre Scriabine.
Œuvre orchestrale : Scriabine a composé trois symphonies, dont la plus célèbre est la Troisième, sous-titrée Poème divin .
Son œuvre pour orchestre compte également des poèmes symphoniques :
le Poème de l'extase pour grand orchestre 1904–1907,
Prométhée ou le Poème du feu 1908–1910, pour grand orchestre avec orgue,
chœurs, piano, et clavier à lumières
et sa dernière œuvre et projet le plus ambitieux resté inachevé, Le Mystère commencé en 1903.
Un concerto, le Concerto pour piano et orchestre en fa dièse mineur, op. 20 1896–1897.

Œuvres pour Piano :

l'essentiel de l’œuvre de Scriabine consiste en pièces pour piano seul.
On y trouve notamment 12 sonates pour piano, dont 2 ont été éditées à titre posthume :
les plus célèbres sont la seconde, la cinquième et la neuvième.
Scriabine a également écrit de nombreux Préludes,
14 poèmes ,
26 études,
9 impromptus,
21 mazurkas,
3 valses et
3 nocturnes.
L'une des dernières œuvres de Scriabine, le poème Vers la flamme op. 72, est un des joyaux de la musique russe pour piano du début du XXème siècle et reprend toute l'esthétique et la technique pianistique de Scriabine.
De même, l’Étude Pathétique op. 8 no 12 est l'une de ses pièces pour piano les plus connues et les plus jouées ; son style rappelle l'étude Révolutionnaire de Chopin.
À ces deux pièces s'ajoutent un lot de compositions pour piano assez impressionnant, qui fut notamment enregistré par de grands pianistes du xxe siècle comme Vladimir Horowitz ou Vladimir Sofronitsky, notamment

Influence d'autres compositeurs

" Il se pourrait bien qu'il soit fou ",
notait Rimski-Korsakov, après avoir entendu au piano Scriabine jouer des passages du Poème de l'extase. Il est vrai que la personnalité de Scriabine est complexe, pleine de contradictions même ; sa remise en question du système tonal, sa volonté d'organiser ou de réorganiser la musique s'entourent de considérations philosophico-mystiques et d'un sentiment romantique exalté confinant à la morbidité et l'emphase qui explique le jugement de décadence qui a été jeté sur sa musique à partir de 1925-1930. La musique est pour lui une force théurgique d'une puissance incommensurable appelée à transformer l'homme et le cosmos tout entier Marina Scriabine.
Il rejoint, là, la conception de l'art de symbolistes tel Ivanov, un compagnon des dernières années, ou, sans le savoir, la pensée du poète romantique allemand Novalis. La musique est donc pour lui un moyen de libération et cette idée a pu nourrir les points de vue marxistes auxquels il adhère passagèrement lors de son séjour en Suisse, fondant son socialisme sur la pitié et l'amour de l'homme. Il refuse néanmoins toute concession au grand nombre et tout emprunt au folklore ; en cela, son art reste essentiellement aristocratique.
Il est un novateur et son originalité s'exerce d'abord dans le domaine harmonique, bien que les autres aspects de son langage en soient difficilement dissociables. En effet, parti de l'influence de Chopin : les 24 Préludes et, en général, toute son œuvre jusqu'en 1903, il découvre à travers Wagner l'hyperchromatisme. En outre, Wagner l'oriente vers des œuvres orchestrales de style néoromantique : la 1re et la 2e Symphonie. La libération de la tonalité n'intervient qu'à l'issue de cette étape intermédiaire et prend la forme de l'accord mystique do, fa dièse, si bémol, mi, la, ré, pour Prométhée, c'est-à-dire d'un accord de 6 sons, formé de quartes justes et altérées et fondé sur la résonance harmonique. Par ce biais, Scriabine évite le piège de l'attraction tonale. Il lui accorde, en outre, une valeur mystique dans la mesure où il le comprend comme un principe unificateur et un moyen de refléter l'harmonie des mondes. Dans ses dernières sonates, toute armure disparaît même à la clef : la mobilité de l'œuvre devient une dimension de l'atonalité. Mais, dépassant Wagner, à qui il reproche d'avoir maintenu l'autonomie du texte et de la musique, Scriabine tente la fusion des arts et des sens, car le mystère ne peut être qu'un acte total. Dans cette optique, il utilise pour Prométhée 1910 des projections colorées établies sur la base d'une table de correspondances du spectre des hauteurs sonores et du spectre des couleurs, do = rouge, sol = orange, ré = jaune brillant, la = vert, mi = blanc bleuâtre, etc..
Il s'agit en somme d'un clavier lumineux dont il imputa l'échec, lors de la création de Prométhée, au mauvais fonctionnement de la machine de l'Anglais Remington. Ses recherches devaient trouver leur aboutissement dans le Mystère que la mort ne lui permit pas d'achever. Selon son ami Oscar von Riesemann, il envisageait de faire circuler l'air de la nature elle-même dans l'acte à la fois artistique et liturgique du Mystère : le bruissement des feuilles, le scintillement des étoiles, les couleurs du lever et du coucher de soleil devaient y trouver place avec la participation active du public. Stockhausen ne dit pas, ne fait pas autre chose depuis Sternklang, Cage non plus.
Cette rupture avec le monde occidental annonce les nouvelles relations Orient-Occident dans la musique à partir des années 60, une fois dépassé le stade des emprunts conscients, Messiaen. En effet, outre les recherches de timbres, célesta, cloches, clochettes, tam-tam dans le Poème de l'extase 1905-1907, gong dans Prométhée, Scriabine, à partir de 1905, après avoir découvert Nietzsche et Schopenhauer, se tourne vers la philosophie hindoue, parallèlement au théosophisme : alors commencent l'ascension vers le soleil et l'accession par l'extase à la fusion avec le cosmos, dont les œuvres de 1903 à 1915 sont les préliminaires. La fougue, la violence, si caractéristiques de son style, l'amènent d'autre part à faire éclater le cadre formel de la sonate, soit qu'il rejette le schéma de la forme sonate pour le monothématisme, 4e Sonate, 1904, 2e partie, soit qu'il se tourne, dernières Sonates, 3e Symphonie, Poème de l'extase, Prométhée vers une construction continue en un mouvement qui, seule, par l'absence de cloisonnement, peut rendre compte de l'élan de sa pensée. Alors qu'à sa mort en 1915 Scriabine était considéré comme le chef de file des modernistes et qu'un public sans cesse grandissant s'enthousiasmait pour ses œuvres, alors même qu'il exerçait une influence certaine sur Miakovski, Medtner, Szymanovski, Krioukov ou Feinberg, il est aujourd'hui toujours aussi méconnu ou mal compris parce qu'il y a eu, trop longtemps, polarisation sur son discours souvent obscur ou primaire. Néanmoins, au-delà de ce débordement, ce romantique total B. de Schloezer ne clôt pas seulement une époque, il mérite toute notre attention si nous nous penchons sur les sources de la musique du XXe siècle.

Vers le dodécaphonisme Accord synthétique de Prométhée

L'évolution du langage harmonique de Scriabine est remarquable. Entre ses premières études, composées sous l'influence de Chopin, et les esquisses du Mystère, la transition est parfaitement assumée du romantisme finissant à la musique du XXe siècle la plus avancée.
C'est en préparant la composition de Prométhée que Scriabine s'engage sur la voie du dodécaphonisme non sériel. Au lieu de partir d'une série de notes, allant, in fine, jusqu'aux douze tons de la gamme chromatique, les méditations du musicien lui font considérer un accord mystique, ou synthétique :
Cet accord de six tons est exclusivement composé de quartes, en intégrant les tritons do-fa dièse, puis si bémol-mi bécarre.
Il est présenté dès la première mesure du poème symphonique, sous une forme renversée. À la fin de l'œuvre, les trompettes énoncent ces six notes en triolets de noires, vers un embrasement de tout l'orchestre, sans résolution vers un accord parfait.
Cet accord est composé des harmoniques naturels de la fondamentale do, réarrangés en quartes. La gamme ainsi constituée do majeur avec fa et si est de ce fait dénommée gamme acoustique. Kerkel op. cit. démontre que Prométhée dérive d'un traitement de la gamme acoustique tout aussi rigoureux sinon davantage que le langage harmonique traditionnel dérive de la constitution de la gamme majeure ou mineure et des notes communes à ces diverses transpositions pour réaliser les modulations sur des degrés plus ou moins lointains. Le langage de Prométhée est fait de modulations plus ou moins lointaines de la gamme acoustique et des accords qui en dérivent.
Debussy utilisait assez souvent la gamme acoustique, exemple très connu ; le thème aux cors du premier mouvement de La Mer : gamme acoustique sur Réb - autre bel exemple dans le prélude Ondine sur Ré. Ravel utilisera l'accord acoustique très régulièrement sous sa forme naturelle, en tierces, d'où le nom de onzième naturelle accord de onzième sur la fondamentale avec neuvième mineure et onzième augmentée et ce à partir des Miroirs. Quant à Bartok, d'innombrables exemples montrent qu'il en fait son système diatonique par opposition au système chromatique l'exemple le plus typique est l'opposition entre les deux petits scherzos, l'un chromatique et l'autre diatonique, qui forment les 2e et 4e mouvements de son 4e Quatuor voir les analyses du musicologue hongrois Lendvai.

En prolongeant cet accord — c'est-à-dire, en ajoutant le sol aigu, puis do dièse, et ainsi de suite comme dans une série mathématique — et en opérant des renversements des accords obtenus de sept, huit et dix sons, Scriabine obtient des accords de douze sons sans répétition pour son projet ultime, le Mystère…

Une phase intermédiaire fort utilisée par Scriabine est l'échelle octophonique dite « de Bertha » faisant alterner demi-tons et tons (ex. en do ; do, ré , mi , mi, fa , sol, la, si , do (voir M. Kerkel). C'est une échelle à transpositions limitées (trois transpositions possibles), largement utilisée par Messiaen sous le nom de « second mode à transpositions limitées » (O. Messiaen, Technique de mon langage musical). On remarquera qu'elle intègre les quatre premiers sons de l'« accord mystique » mais non les deux sons supérieurs. la comparaison de la gamme acoustique et de l'échelle de Bertha montre que la seule différence est la dissociation du ré de la première en un ré et un mi .

Il convient de réaliser que la pensée de Scriabine est plus modale que sérielle. Les deux systèmes peuvent parfaitement coexister, ainsi que le système modal et tonal Messiaen par exemple est assez souvent tonal. On peut donc se demander s’il y a eu commutation consciente d’un style tonal mais modal vers un style dans lequel la modalité devient le fait premier par rapport à la tonalité. Il est relativement facile de répondre grâce aux dix sonates publiées. La 4e Sonate, op. 30 propose un fa majeur sans bavures. La plus tardive 5e Sonate, op. 53 commence avec cinq dièses à la clef, termine avec trois bémols après bien des sections intermédiaires. Donner un sens à la musique en fonction des polarités sous-tendues par ces accidents est un exercice périlleux, le compositeur semblant mettre un malin plaisir à contredire ces armures. Seuls quelques passages à l’intérieur de la sonate peuvent s’y raccrocher sans trop de mal. Pour autant, le langage modal n’est pas encore structuré. Nous avons là en fait une expérimentation réussie d’éloignement extrême, difficilement analysable, des centres tonaux, souvent avec des accords nouveaux pris comme agrégats en soi. Scriabine ne se sent pas de larguer les amarres. Cette œuvre est splendide par l’art avec lequel le compositeur traduit son hésitation technique, stylistique et philosophique sous-jacente. Rien de tel dans la lumineuse 6e Sonate, op. 62. Plus d’armure à la clé. Le langage modal est bien en place et devient le seul outil pertinent d'analyse à petite et grande échelle. Les choses vont se complexifier, mais la direction technique et stylistique est définitivement engagée sur une voie précise.

Enregistrements

En 1910, Scriabine a enregistré sur piano mécanique neuf de ses pièces pour le compte de la société Welte-Mignon.

En voici trois exemples :
Prélude Op. 11, n° 1
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Prélude Op. 11, n° 2
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Mazurka Op. 40, n° 2
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Curiosités

Julian Scriabine, son fils, s'avèrera posséder les mêmes dons musicaux que son père, en témoignent quatre préludes composés à un très jeune âge. Cependant, Julian mourra, noyé dans le Dniepr, quatre ans après son père, à l'âge de 11 ans.
Sa fille Elena épousa le pianiste Vladimir Sofronitsky


Liens

http://youtu.be/dnn9Na185Y4 Sonate N°3
http://youtu.be/0ctxJ227LgM poème de l'extase
http://youtu.be/sa7s2wpmjI0 Concerto 3ème mouvement
http://youtu.be/tbAtttGsMXI Symphonie Maestoso
http://youtu.be/b3hXACyw1mc Sonate N° 5



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[img width=600]http://www.anaclase.com/sites/default/files/CD%20scriabine%20pr%C3%A9ludes%20zzt%20anaclase.jpg?1372180737[/img]

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Voici le défi d'écriture proposé par notre Kjtiti :

Un nouveau ministère vient d’être créé par le président du monde: Le ministère du bonheur.
Vous rencontrez, de manière fortuite, ce nouveau ministre du bonheur, qui vous demande votre opinion sur les axes à développer.

Faites nous part de cette rencontre, de vos doléances, de vos vœux formulés auprès de celui-ci, sans oubliez la flatterie, pour arriver à vos fins …… !!!.Ces élites adorent la flagornerie

Faites fi des convenances, vous avez la totale liberté de paroles vis-à-vis de du détenteur de ce nouveau maroquin !!!



Désireux du bonheur de notre planète, j’attaque sans plus tarder ce dernier défi, en espérant, que ce nouveau ministère sera,(qui sait ???) enclin à prendre en compte nos attentes…… !!!!



Ah, quel bonheur mon bon ministre,
Depuis le temps que j’espérais
Un dirigeant qui enregistre
Les doléances suggérées

D’autant plus, que ce poste impose
Pour ce tout nouveau ministère
Un homme brillant et qui ose
Sans craindre d’être impopulaire

Votre parcours dans les instances
Est de ceux que le monde loue :
Efficacité, pertinence
Décisions toujours de gout

Pour le bonheur de la planète
Je vous propose mon seigneur
Ces quelques simples mesurettes
Qui, je sais, auront votre accord

Ainsi pour les ORéens bardes
N’étant plus de prime jeunesse
Supprimons les douleurs vachardes
Qui les détériorent sans cesse

Que les poètes du godet
Puissent enfin, grâce à internet
Trinquer avec un muscadet
Et ce malgré les kilomètres

Que les amoureux de la rime
Continuent de parler d’Amour
Nonobstant les forfaits et crimes
Commis en son nom chaque jour

Enfin, mesure salutaire
Pour servir la littérature
Serait désormais de faire taire
KJtiti, qui nous sature

Posté le : 26/04/2014 06:43

Edité par Bacchus sur 29-04-2014 17:16:56
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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