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Posté le : 03/05/2014 22:51
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Partage du nouveau monde Bulle papale Inter caeterae en 1493
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Le 4 mai 1493 le pape Alexandre VI émet la bulle pontificale "Inter Caetera".

Qui partage le nouveau monde


Cette bulle donnait à l'Espagne toutes les terres à l'ouest et au sud d'un méridien à 100 lieues, soit 418 km à l'ouest ou au sud de toutes les îles des Açores et du Cap-Vert, soit à 36°8'W. Déjà dans la bulle Aeterni regis le pape avait donné au Portugal tous les territoires de l'Afrique. Le Traité de Tordesillas entre l'Espagne et le Portugal en 1494 changea un peu la ligne de démarcation, à 39°53'W.

Alexandre VI, Rodrigo Borgia pape de 1492 à 1503.


Le 11 août 1492, on vit accéder à la suprême dignité, écrit L. Pastor, dans son Histoire des papes, un homme que l'Église ancienne n'aurait pas admis au dernier rang du clergé à cause de sa vie dévergondée.
Le conclave venait d'élire le cardinal Rodrigo Borgia qui prenait le nom d'Alexandre VI. Ce sexagénaire, il était né en 1431, à Játiva, en Espagne avait une solide réputation : la prêtrise qu'il avait reçue en 1468 n'avait pas tempéré le cardinal libre de chasteté que le népotisme de Callixte III avait créé en 1456 — l'année de la réhabilitation de Jeanne d'Arc — et nommé vice-chancelier de l'Église en 1457. D'influence en influence, aussi bien sous Pie II que sous Paul II, Sixte IV ou Innocent VIII, il avait fait fructifier la fortune des Borgia.
C'est toute une bande au trône de saint Pierre : pas moins de six enfants il y en aurait eu sept, si Pier Luigi, le premier duc de Gandie, n'était mort l'année qui précéda le sacre.
Il tenait ces enfants de sa liaison avec Vanozza Catanei, à laquelle succéda Giulia Farnese. César et Lucrèce étaient âgés alors respectivement de seize et douze ans. César devint archevêque de Valence le jour même du couronnement et fut créé cardinal l'année suivante. Lucrèce, mariée à un Sforza en 1493 suivant une saine politique d'alliances matrimoniales, inaugurait le sacrifice de famille — elle ne sera tranquille qu'à partir de son troisième mariage. Car les choses n'étaient pas simples dans la Péninsule du XVe siècle, et Alexandre VI n'était pas le seul de sa trempe : Ludovic le More, duc de Milan, Ferdinand de Naples, non plus que son fils Alphonse II, n'avaient rien à lui envier. L'idée d'en appeler à l'étranger, comme l'avait déjà tenté Innocent VIII, faisait son chemin dans bien des têtes soucieuses de réforme et d'équilibre politique. D'autant plus que Charles VIII ne demandait qu'à faire valoir ses droits à la couronne de Naples et que ni Pierre de Médicis ni Venise ne semblaient alors désireux de sortir de la neutralité. En septembre 1494, Charles VIII entrait en Italie. Savonarole s'écriait :
"Le glaive est venu ! les prophéties s'accomplissent ; c'est le Seigneur qui mène ces armées."
Florence chassait Médicis et pavoisait en l'honneur des Français.
Le 31 décembre, c'était le tour de Rome, mais Alexandre échappait à la déposition pour simonie — par la grâce d'un pacte à la Renaissance —Il restait au pape à confier cette gloire à son peintre, le Pinturicchio d'autres artistes eurent ses faveurs : Bramante, San Gallo, et à se souvenir des auteurs de certaines perfidies qui lui avaient été faites : des Orsini à Savonarole. Il tirait d'ailleurs, avec Venise, le meilleur héritage de la situation italienne et pouvait poursuivre d'autres rêves que ceux d'un Sixte IV.
Dogmatiquement sobre, son pontificat ne devait guère troubler les théologiens. Quant à son arbitrage entre Espagnols et Portugais concernant les territoires du Nouveau Monde, il n'y avait eu là rien que de très catholique...

Conséquences

Cette bulle marque le début de la colonisation
Colonisation espagnole en Amérique et des missions catholiques dans le Nouveau Monde. Un des effets imprévus de la bulle et du Traité de Tordesillas a été de donner pratiquement tout l'océan Pacifique et la côte ouest de l'Amérique à l'Espagne, qui invoqua ces actes, par exemple, pour réclamer la Colombie-Britannique et l'Alaska en 1819 lors du traité d'Adams-Onís.

Premier partage du nouveau monde

Les États chrétiens d'Europe ne contestaient pas encore le pouvoir temporel de la papauté qui restait pour peu d'années l'arbitre universel. Celle-ci, qui se tenait parfaitement informée de l'avancée des découvreurs, cautionna le partage des conquêtes entre les deux nations ibériques. Une première bulle papale de 1455, qui donnait entière juridiction aux Portugais sur les découvertes au-delà du cap Bojador, fut récusée par la Castille. Jusqu'en 1480, ce ne furent que disputes entre les deux royaumes et incursions des marins andalous en Afrique. En 1480, le traité d'Alcaçovas-Toledo, en confirmant la possession des Canaries par la Castille ainsi que celle des autres îles et de la côte africaine au sud du cap Bojador par le Portugal, mit officiellement fin au conflit. Mais rien n'avait été fixé pour les terres de l'ouest de l'Atlantique. En 1481, Jean II de Portugal accédait au trône, succédant au roi Alphonse V qui, depuis quelques années déjà, lui avait confié l'administration coloniale et la direction des expéditions maritimes. Face aux Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, qui par leur mariage, en 1469, avaient réalisé l'unité de l'Espagne, Jean II devait se révéler un grand homme politique et le digne continuateur d'Henri le Navigateur.
Le retour de Colomb, en mars 1493, montra l'urgence du problème et des négociations difficiles s'ouvrirent. Il était clair désormais que la majeure partie de l'or du monde gisait au sud de l'équateur. On ne pouvait donc plus envisager de diviser la terre par son 27e parallèle nord, comme l'avait rêvé un temps la Portugal. Malgré des promesses implicites faites par le Souverain pontife au Portugal dans une bulle précédente, la bulle Inter Cetera de mai 1493 avantageait ouvertement la Castille. Ferdinand d'Aragon avait su s'attirer les bonnes grâces du pape Alexandre VI Borgia, aragonais d'origine. Le pape proposa donc, dans un premier temps, de partager le monde selon une ligne nord-sud passant d'un pôle à l'autre et située à 100 lieues à l'ouest et au sud des îles du Cap-Vert et des Açores.
Cette ligne se situait dans un espace large de 1 200 kilomètres, distance qui sépare la plus orientale des îles du Cap-Vert et la plus occidentale des Açores. À l'ouest de cette ligne, toutes les îles et terres non possédées préalablement par un prince chrétien, découvertes ou à découvrir, seraient la propriété de la couronne de Castille.
Il semble que l'idée d'une telle ligne de partage vint de Colomb lui-même, toujours idéaliste, qui prétendait qu'au-delà de cent lieues, le climat de l'Atlantique changeait, la température s'adoucissait et la mer se remplissait d'algues, autant de signes prouvant que l'on pénétrait dans un autre domaine. Cette bulle trop partiale ne reflétait pas le réel rapport de forces entre les deux puissances. Le roi Jean II de Portugal ne pouvait accepter de voir son empire menacé par les ambitions espagnoles. Le point essentiel pour lui était de sauvegarder la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance, mais il ne négligeait pas l'éventualité d'une voie occidentale qui s'appuierait sur des terres dont, nous allons le voir, il avait déjà quelque idée.

Deuxième partage

Le pape Alexandre VI a tracé la première frontière liée à la découverte du Nouveau-Monde


Au lendemain de la conquête du royaume musulman de Grenade, événement qui achève la Reconquista de la Péninsule, par les Rois catholiques, Ferdinand et Isabelle, ceux-ci accordent à Christophe Colomb des lettres patentes afin de découvrir et de soumettre des Iles et un Continent dans l'Océan, dont il est sera Amiral, Vice-Roi et gouverneur. Quittant Palos le 3 août 1492, Christophe Colomb atteint le 12 octobre une première île du Nouveau Monde, peuplée par les Lucayes Bahamas, puis Cuba et Haîti. Il revient en Espagne le 15 mars 1493.
Le pape Alexandre VI Rodrigo Borgia soumet les terres découvertes à l'obligation d'évangélisation des populations indigènes et, afin d'éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal, il délimite par sa bulle 2 Inter caetera du 4 mai 1493 la zone accordée à l'Espagne : celle-ci possèdera les terres à l'ouest d'une ligne tracée à cent lieues à l'ouest des Açores et des îles du Cap Vert, qui appartiennent au Portugal. Les deux pays vont cependant conclure le 7 juin 1494, à Tordesillas, un traité qui reporte cette ligne, en faveur du Portugal, à 370 lieues des îles du Cap-Vert, de pôle à pôle.
L'arrivée de Colomb à ce qui était supposé être l'Asie, dans les mers occidentales, en 1492, créa une instabilité dans les rapports entre le Portugal et l'Espagne qui s'étaient disputés durant de nombreuses années pour des positions et des possessions coloniales le long de la côte africaine.
Le roi de Portugal prétendait que la découverte de Colomb se trouvait dans les limites établies par les bulles papales de 1445, 1456, 1479.
Le roi et la reine d'Espagne le niaient et souhaitaient une nouvelle bulle sur le sujet. Le pape Alexandre VI né à Valence n'oublie pas qu'il est espagnol et ami du roi d'Espagne répondit par trois bulles datées des 3 et 4 mai 1493 qui étaient très favorables à l'Espagne.
Le 4 mai 1493, Alexandre VI émet une bulle en vertu de sa puissance apostolique et de l’autorité que Dieu lui confère par saint Pierre. Cette bulle concède aux souverains d’Espagne toutes les îles et terres fermes découvertes ou qui le seront, au-delà d’une ligne qui va d’un pôle à l’autre, distante d’au moins cent lieues des Açores.
Christophe Colomb découvre l’île de San Salvador en octobre 1492. Se croit-il aux Indes? Il se garde bien de le dire pour ne pas refroidir l’ardeur de ses commanditaires, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, qui sont en quête d’épices et de peuples à évangéliser.
Le pape Alexandre VI est lui aussi originaire d’Aragon. Aussi, au retour de Colomb en mars 1493, décide-t-il de prévenir toute rivalité guerrière entre l’Espagne et le Portugal, les deux nations par excellence dans le domaine de la navigation.
Le Portugal proteste et, le 7 juin 1494, on repousse la ligne de 270 autres lieues plus à l’Ouest. Le pape Jules II confirme l’entente.
Cette bulle garantit à l'Espagne les couronnes de Castille et d'Aragon tous les territoires à l'ouest et au sud d'une ligne de pôle à pôle à 100 lieues à l'ouest de toutes les îles des Açores ou du Cap-Vert.
Toutefois, la ligne de démarcation ne saurait être un simple méridien car aucun territoire ne peut être au sud d'un méridien. Il pourrait s'agir de deux segments de méridiens, l'un s'étendant vers le nord à partir d'un point situé à l'ouest des Açores et l'autre s'étendant vers le sud à partir d'un point situé au sud des îles du Cap-Vert, ces deux points étant reliés par un segment nord-nord-ouest—sud-sud-est. Il pourrait aussi s'agir d'une ligne partant du sud-ouest des îles pour s'étendre nord-nord-est—sud sud-est. Cette ligne en rumb relierait les deux pôles en traçant une spirale.
Nom donné à trois bulles du XVe s.
Les Espagnols sont les premiers à s’installer au Nouveau Monde. Après la découverte des Antilles par Christophe Colomb, l’Espagne et le Portugal se partagent l’Amérique grâce au Traité de Tordesillas, en 1494.
Dans ce traité, il est convenu que le Portugal se limiterait à coloniser les terres jusqu’à 2 000 km à l’ouest des îles du Cap-Vert, laissant à l’Espagne le vaste ensemble des terres américaines. Personne ne sait à l'époque que l'Amérique du Sud forme saillie à l'est de cette ligne, permettant plus tard au Portugal de revendiquer le Brésil.

Nouveau traité Troisième partage Traité de Tordesillas

Cet échec des aspirations du Portugal mena en 1494 à la conclusion du Traité de Tordesillas entre l'Espagne et le Portugal. Le nouveau traité déplaçait la ligne vers l'ouest, pour la fixer à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert, et donnait, cette fois, explicitement au Portugal tout nouveau territoire découvert à l'est de cette ligne. Au début, la ligne de Tordesillas n'encerclait pas le globe. L'Espagne et le Portugal ne pouvaient pas dépasser vers l'ouest ou l'est de l'autre côté du globe et continuaient à posséder les pays qu'ils avaient été les premiers à découvrir.
Le traité de Tordesillas /tɔʁdɛsijas/ est un traité international établi le 7 juin 1494 pour établir le partage du Nouveau Monde, considéré comme terra nullius, entre les deux puissances coloniales émergentes, l'Espagne et le Portugal, avec pour ligne de partage un méridien nord-sud localisé à 370 lieues, 1 770 km à l'ouest des îles du Cap-Vert — méridien qui se situerait aujourd'hui à 46° 37' ouest.
Il a été rédigé à Tordesillas en Castille. La version espagnole du traité est ratifiée à Arévalo par le roi Ferdinand II d'Aragon et la reine Isabelle Ire de Castille le 2 juillet 1494. La version portugaise est ratifiée à Setúbal par le roi Jean II de Portugal le 5 septembre 1494.
D'après ce traité, le royaume de Castille, ainsi que les îles Canaries, sont acquis à la couronne espagnole, tandis que Madère, Porto Santo, les Açores et les îles du Cap-Vert, ainsi que le droit de conquête du royaume du Maroc royaume de Fez ou Fès et le droit de navigation au sud du parallèle des Canaries, sont acquis au royaume du Portugal.
Le Brésil, découvert par Pedro Alvares Cabral après la conclusion du traité, tombe de fait sous souveraineté portugaise.
Jean II de Portugal manœuvra donc habilement pour amener le pape à de meilleurs sentiments et l'or que ses navires rapportaient de la Mina lui fut en la matière d'une utilité certaine. Le traité de Tordesillas, signé en juin 1494, rectifia les clauses de la bulle au grand profit du Portugal, puisque la nouvelle ligne de partage fut éloignée à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert. Jusqu'au 46° de longitude ouest, le Portugal gagnait 1 350 kilomètres d'océan. Les Espagnols, qui attendaient d'un jour à l'autre le retour du deuxième voyage de Colomb, obtinrent seulement un moratoire de vingt jours : si une nouvelle découverte espagnole survenait d'ici là, dans un espace proche de la ligne de partage, celle-ci passerait à 250 lieues au lieu de 370. Colomb revint bredouille. Les Portugais n'avaient pas pris un grand risque en concédant aux Espagnols ce délai de vingt jours. L'avenir devait révéler que ce traité leur attribuait à la fois le Brésil et les îles aux épices, en plus des territoires de l'Inde, de l'Asie du Sud-Est et de la Chine prévus par le traité. L'Espagne, de son côté, était maîtresse des deux Amériques – hormis le Brésil – et de l'océan Pacifique.
Hasard ou préméditation machiavélique de la part de Jean Il, surnommé le prince parfait ? Il n'est pas exclu que les Portugais aient été mieux informés qu'ils ne le laissaient paraître et leur politique du secret remporta là son meilleur succès. Il semble bien, en effet, que des navires lusitaniens avaient atteint secrètement la côte sud-américaine avant la découverte officielle du Brésil par Pedro Alvares Cabral en 1500. Il est moins probable, en revanche, que la position des îles aux épices, dans l'océan Indien, ait été suffisamment précise, dans l'esprit des négociateurs portugais, pour qu'ils aient eu conscience de tous les avantages d'une ligne de partage à 370 lieues. Elle faisait pourtant tomber dans leur escarcelle les Moluques, généreux cadeau du destin.

Les originaux du Traité de Tordesillas sont conservés dans les archives de Torre do Tombo Lisbonne et les Archives générales des Indes, Séville

Ce traité vise à résoudre les conflits nés de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb. En 1481, la bulle pontificale Æterni regis garantit au Portugal toutes les terres au sud des îles Canaries. En mai 1493, le pape Alexandre VI, décrète par la bulle Inter cætera que les nouvelles terres découvertes situées à l'ouest d'un méridien à 100 lieues des îles du Cap-Vert reviennent à l'Espagne, celles à l'est revenant au Portugal ; la bulle exclut toute terre connue déjà sous le contrôle d'un État chrétien. Cette répartition mécontente le roi Jean II de Portugal, qui entame des négociations avec les rois catholiques, arguant que ce méridien scinde le globe et restreint les prétentions espagnoles en Asie, ce afin de le déplacer vers l'ouest. Il obtient ainsi la propriété sur les terres découvertes jusqu'à 370 lieues à l'ouest du Cap-Vert. Ce traité contrarie la bulle d'Alexandre VI, d'origine espagnole, mais est approuvé par le pape Jules II dans une nouvelle bulle en 1506.
Les nouvelles terres sont encore peu connues et les mesures approximatives ; l'Amérique est donc théoriquement dans sa totalité aux Espagnols. Cependant, lorsque Pedro Alvares Cabral découvre le Brésil, en 1500, sa partie orientale est attribuée au Portugal. L'Espagne n'ayant pas les moyens de garantir ce découpage, elle ne peut empêcher l'expansion portugaise au Brésil.
Les autres puissances maritimes européennes, France, Angleterre, Pays-Bas… se voient refuser tout droit sur ces nouvelles terres. Elles ne peuvent dans un premier temps que recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde avant que, avec l'apparition du protestantisme, elles ne rejettent l'autorité pontificale. Pour sa part, François Ier demande à voir la clause du testament d'Adam qui l'exclut de ce partage .

Aucun autre État ne reconnaît le traité de Tordesillas, mais la suprématie navale incontestable de l'Espagne et du Portugal leur permit de le faire respecter pendant un siècle. Les Espagnols se contentent d'abord d'occuper les Antilles, où ils pensent trouver de l'or ; mais, devant l'échec de leur recherche, ayant appris par les indigènes qu'il y aurait de grandes sources de métal précieux sur le continent américain, ils entreprennent sa conquête quelque quinze ans après la mort de Christophe Colomb.
Alors que l'Empire portugais ne fonde que des stations maritimes, l'Empire espagnol se caractérise par la mise au pouvoir sur les terres conquises de dirigeants de leur pays. Un nouveau peuple métissé se forme, les créoles, qui installe durablement l'influence espagnole en Amérique. À l'opposé, les Portugais se contentent de fréquenter les ports exotiques pour envoyer des marchandises à Lisbonne. Ils y passent juste le temps nécessaire pour s'enrichir puis retournent dans leur pays. La capitale portugaise devient un grand entrepôt d'épices où toute l'Europe vient se fournir.
La puissance portugaise dure environ 75 ans. Dès la fin du XVIe siècle, les Hollandais enlèvent à Lisbonne la plus précieuse de ses colonies, les îles de la Sonde. Les rois d'Espagne, eux, organisent leurs nouvelles conquêtes de manière à les soumettre à la métropole. Les différentes colonies sont gouvernées par de hauts fonctionnaires envoyés d’Espagne, vice-rois, capitaines ou généraux. Comme les Portugais, les Espagnols se réservent le monopole des ventes de produits exotiques en Europe.
Le traité de Tordesillas devint réellement caduc lorsque les autres puissances, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni disposeront d'une flotte navale suffisante pour braver l'interdit hispano-portugais. Outre la reprise de certaines colonies espagnoles, les autres puissances continueront la colonisation en occupant des terres plus au Nord, comme les États-Unis et le Canada, peu ou pas colonisés par les Espagnols.

Autres traités, nouvelles bulles

Mais les rois d’Angleterre et de France ne reconnaissent pas la juridiction suprême des papes. En 1534, François 1er donne d’ailleurs une commission à Jacques Cartier qui s’aventure jusqu’à l’intérieur du golfe Saint-Laurent. De son côté, Henri VII charge Jean Cabot d’explorer l’actuelle île du Cap-Breton.
En apprenant que le Portugal et l’Espagne se partageaient tranquillement le globe, François 1er se serait écrié:
"Je voudrais bien voir l’article du testament de notre père Adam qui leur accorde ce privilège exclusif!"
En réaction à la découverte par le Portugal des Moluques en 1512, l'Espagne mit en avant l'idée en 1518 que le pape Alexandre avait divisé le monde en deux moitiés. Le traité de Saragosse 1529, définit la ligne des antipodes placée à 17 degrés à l'est des Moluques.
En 1533, le roi de France François Ier demanda au pape Clément VII de changer la bulle en faveur de la France. Le pape précisa donc que la bulle n'affecte que les territoires occupés par l'Espagne ou le Portugal, toutes les terres nouvelles non occupées pouvant être réclamées par d'autres monarques chrétiens
La bulle ne précise pas que les territoires situés à l'est de la ligne reviennent au Portugal, qui n'avait atteint le sud de l'Afrique qu'en 1488 et n'atteindra les Indes qu'en 1498. Ces terres étaient à découvrir au-delà de celles de la côte occidentale de l'Afrique jusqu'à la Guinée, qui avait été donnée aux Portugais en 1481 par la bulle de Aeterni regis, ratifiant le traité d'Alcaçovas.
En outre, dans la bulle Dudum siquidem, datée du 25 septembre 1493 et intitulée Extension de la concession apostolique et donation des Indes, le pape garantissait à l'Espagne ces pays qui, à un moment ou à un autre, avaient appartenu à l'Inde.
Avec le tour du monde de Magellan, un nouveau différend naît au moment de localiser la partie orientale de ce méridien qui fait le tour du globe. L'une des terres en débat entre les deux signataires est l'archipel des Moluques, importante zone d'approvisionnement en épices. Après de nouvelles tractations, le traité de Saragosse, signé le 22 avril 1529, établit la suite du méridien à 297,5 lieues à l'ouest de cet archipel, au profit du Portugal, l'Espagne se voyant attribuer une compensation financière

La découverte du Brésil et le bois de braise

L'armada de Cabral n'était pas destinée à l'Amérique. Elle apportait des renforts aux Indes orientales, en empruntant l'itinéraire inauguré par Vasco de Gama. Un crochet trop large pour venir prendre l'alizé portant, selon la manœuvre de la volte, lui valut de longer sur plusieurs centaines de kilomètres la côte brésilienne. Ainsi naquit le Brésil portugais, bien que les historiens se demandent si Amerigo Vespucci ou Vicente Yanez Pinzon n'en étaient pas les premiers découvreurs. Sans parler des aventuriers ou des marchands égarés, notamment français, qui avaient pu s'y rendre, mais sans mandat de leur gouvernement.

Le Brésil apparaît en majesté sur une magnifique planche de l'Atlas Miller. Les Portugais en contrôlent totalement l'accès, comme le montrent leurs armoiries et leurs caravelles qui ont envahi la page. Ils n'ont pas encore entrepris la colonisation à proprement parler ; elle viendra plus tard, avec l'élevage du bétail et la culture de la canne à sucre. Pour le moment, ils se contentent d'exploiter les forêts côtières, à la recherche du bois de brésil, le pâo brasil qui donna son nom au pays, déjà nommé, ici, Terra brasilis. Dès le Moyen Âge, ce bois aux multiples variétés, que l'on importait à grands frais des Indes orientales, était très recherché pour la teinture des tissus auxquels il donnait une couleur allant du rouge de braise au rose intense.
Dans le courant du XVIe siècle, les Français firent concurrence aux Portugais pour le commerce du bois de braise et le voyageur Jean de Léry a conservé l'image de navires naufragés lors du voyage de retour, laissant sur la mer une énorme tache rouge comme du sang. Les enluminures de cette carte nous montrent des Indiens nus employés à l'abattage et au transport des troncs. Leur travail consistait à brûler le pied des arbres pour les abattre, à les dépouiller de leur écorce et à les débiter en grumes de un ou deux mètres transportées jusqu'à la rivière la plus proche par laquelle elles étaient alors acheminées jusqu'à un port d'embarquement ; la riche toponymie de la côte Prouve que celle-ci avait été soigneusement explorée. Cette carte offre également une des premières représentations des parures de plumes des Indiens.
L'Atlas Miller 1519 utilise des armoiries des États pour signifier la propriété des territoires, mais il ne figure aucunement les lignes de partage du monde. Et pour cause. Comme nous le verrons, les moyens de mesure de la longitude étaient encore si peu perfectionnés qu'aucun cartographe n'était alors en mesure de tracer ces lignes de façon exacte. Cette difficulté devint vite un problème crucial pour les royaumes ibériques qui se disputaient violemment la propriété de l'archipel des riches Moluques, les « îles du clou », dont on ne savait si elles étaient en zone portugaise ou en zone espagnole.
Le voyage de Magellan permit de démontrer, à tort, qu'elles se trouvaient dans l'hémisphère espagnol. Avec ses pilotes, il les situa à 2° 30' à l'est du méridien de partage, alors qu'elles étaient en réalité à 4° à l'ouest. La conférence de Badajoz, réunie en 1524 pour trancher la question, vit s'affronter des thèses opposées et quelque peu fantaisistes. Les Espagnols allèrent jusqu'à attribuer aux Moluques la longitude de 26° est, voire de 32° est, chiffre défendu par les Castillans pendant tout le XVIe siècle. Pour leur défense, les Portugais produisaient des cartographes experts qui défendaient la thèse occidentaliste mais certains d'entre eux, tels les Reinel, en passant au service de l'Espagne, firent aussi passer les Moluques de l'autre côté du méridien de partage.
Pour en finir, bien que dans son droit, mais incapable de prouver que les Moluques se trouvaient à l'ouest de la ligne, le Portugal les racheta à l'Espagne pour la somme de 350 000 ducats par le traité de Saragosse d'avril 1529. Le magnifique planisphère de Domingo Teixeira, qui figure précisément les lignes de partage, nous montre une querelle réglée, mais qui a laissé des souvenirs. Le cartographe insiste lourdement sur la position des îles contestées qu'il situe par deux fois à l'ouest du méridien fatidique : une première fois dans la marge de gauche et une deuxième fois à leur place dans l'Insulinde.

Traduction de La Bulle

Traduction de la bulle publiée par Alphonse Gourd, Les chartes coloniales et les constitutions des États-Unis, Paris, Imprimerie nationale, 1885, p. 199. Texte latin in Frédéric Schoell, Histoire abrégée des traités de paix entre les puissances de l'Europe depuis la paix de Westphalie de Christophe Guillaume Koch, Bruxelles, 1837, tome premier. L'original ne comporte aucune division ; la division en paragraphes de la traduction ne correspond pas à la division du texte latin signalé.


I. Alexandre, Évêque, Serviteur des Serviteurs de Dieu, à son Très Cher Fils dans le Christ, Ferdinand, et à sa Très Chère fille dans le Christ, Isabelle, Illustres Roi et Reine de Castille, de Léon, d'Aragon, de Sicile et de Grenade, Salut et Bénédiction Apostolique.

II. Parmi les oeuvres agréables à la Majesté Divine et chères à notre coeur, il n'en est pas de meilleures, à coup sûr, que l'exaltation toute particulière en notre temps, la propagation et le développement, en tous lieux, de la Foi Catholique et de la Religion Chrétienne, le salut des âmes, la soumission des nations barbares et leur conversion à la foi elle-même. Appelé par la faveur de la clémence Divine, malgré l'insuffisance de nos mérites, à cette Chaire Sacrée de Pierre, nous vous connaissons Rois et Princes vraiment Catholiques. Nous n'ignorons pas, et vos hauts faits, si connus du monde presque tout entier, démontrent que vous l'avez toujours été. Nous savons que, loin de vous borner à désirer l'accomplissement des oeuvres précitées, excellentes entre toutes, vous voulez bien, n'épargnant ni les labeurs, ni les dépenses, ni les périls, même au prix de votre propre sang, mettre tous vos soins, tout votre zèle, toute votre ardeur, à le poursuivre, et y avez appliqué, depuis longtemps, votre esprit tout entier et tous vos efforts. Nous en avons pour preuve certaine ce renversement de la tyrannie des Sarrasins accompli par vous, de nos jours, dans le royaume de Grenade, à la si grande gloire du nom de Dieu. Nous sommes donc justement conduit à vous accorder, et devons même, de notre propre mouvement et de grand coeur, vous octroyer les moyens de continuer, avec un zèle chaque jour plus ardent, pour l'honneur de Dieu lui-même et pour l'accroissement de l'Empire Chrétien, une entreprise si sainte et si louable, que le Dieu immortel a inspirée.

III. Nous savons à merveille que vous vous proposez, depuis longtemps, de chercher et de trouver des Iles et des Continents, éloignés et inconnus, dont personne encore n'a fait la découverte ; que Vous voulez en ramener les habitants et indigènes à honorer notre Rédempteur et à professer la foi Catholique ; et que, fort occupés, jusqu'à ce jour, à assiéger et recouvrer le Royaume de Grenade, vous n'avez pu conduire à bonne fin ce saint et louable projet.

IV. Mais voici que, après avoir, avec la permission de Dieu, recouvré le dit Royaume, vous avez voulu accomplir votre dessein, et à notre cher fils, Christophe Colomb, homme des plus dignes, des plus recommandables, très propre à une si grande affaire, lui fournissant les navires et les équipages nécessaires, vous avez donné la mission laborieuse, dangereuse et coûteuse entre toutes, de rechercher soigneusement des Continents et des îles, éloignés et inconnus, dans une mer, où jusqu'à ce jour nul n'avait encore navigué. Ces hommes ont, Dieu aidant, mis un zèle extrême à parcourir le Grand Océan, et ils y ont trouvé certaines îles, très éloignées, et même des Continents que nul autre n'avait découverts jusque-là. De très nombreuses nations habitent ces pays, vivant en paix, et habituées, dit-on, à marcher nues et à ne pas se nourrir de chair. Autant que vos envoyés susdits le peuvent conjecturer, ces mêmes nations, qui habitent les îles et les continents précités, croient qu'un seul Dieu Créateur est aux cieux ; elles paraissent assez propres à embrasser la Foi Catholique et à se former aux bonnes moeurs ; et l'on espère que, si elles étaient instruites, le culte du Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, serait facilement établi dans ces continents et ces îles. Ledit Christophe a déjà fait édifier et construire, sur l'une des principales des îles susdites, une tour assez forte dans laquelle il a laissé certains Chrétiens de sa suite, qui la garderont et chercheront d'autres îles et continents éloignés et inconnus. Dans ces mêmes îles et ces continents déjà découverts on trouve l'or, les parfums, et le plus grand nombre d'objets précieux de diverses espèces et qualités.

V. Pour vous, à l'exemple de vos ancêtres, les Rois d'illustre mémoire, toutes choses bien considérées, et surtout comme il convient à des Rois et Princes Catholiques, en vue de l'exaltation et du développement de la foi Catholique, vous vous êtes proposé, avec le secours de la clémence divine, de soumettre et de convertir à la foi Catholique ces continents et ces îles précités, leurs habitants et indigènes. Nous louons très vivement, dans le Seigneur, votre saint et louable projet ; nous désirons qu'il soit conduit à bonne fin, et que le culte même de Notre Sauveur soit établi dans ces pays. Et ainsi, puisque vous-mêmes, de votre propre mouvement, voulez, par amour pour la foi orthodoxe, commencer et poursuivre jusqu'au bout cette entreprise, nous vous pressons très vivement, dans Notre Seigneur, et, tout ensemble, par la réception du saint Baptême, qui vous lie aux ordres apostoliques, et par les entrailles de la miséricorde de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous vous sollicitons avec instances de croire que vous devez engager les peuples, qui habitent ces îles et ces continents, à embrasser la religion chrétienne, de vouloir les y porter, de ne vous laisser jamais détourner par les périls ni les labeurs, d'espérer et de penser fermement que le Dieu Tout-Puissant bénira vos efforts.

VI. Afin que la largesse de la grâce apostolique vous fasse entreprendre, avec plus d'indépendance et d'audace, la charge d'une si grande affaire, nous, de notre propre mouvement, non sur votre demande et votre instance, ni sur celles que d'autres nous auraient adressées à cet égard pour vous, mais de notre pure libéralité, de notre science certaine, et de la plénitude de la puissance apostolique, nous vous donnons, de toutes les îles et de tous les continents trouvés et à trouver, découverts et à découvrir, à l'ouest et au midi d'une ligne faite et conduite du pôle arctique, ou nord, au pôle antarctique, ou sud, et distante, à l'ouest et au midi, de cent lieues de toute île de celles qui sont vulgairement nommées les Açores et les îles du Cap-Vert, que ces îles et ces continents trouvés et à trouver soient situés vers l'Inde, ou qu'ils le soient vers tout autre pays, toutes les îles et tous les continents trouvés et à trouver, découverts et à découvrir, à l'ouest et au midi de la dite ligne, qui n'auront pas été effectivement possédés par quelque autre Roi ou Prince Chrétien jusqu'au dernier jour passé de la nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, où commence la présente année, mille quatre cent quatre-vingt-treize, dans laquelle vos envoyés et capitaines ont découvert quelques-unes des dites îles.

VII. En vertu de l'autorité du Dieu Tout-Puissant que nous avons reçue par le bienheureux Pierre, et de celle qui est attachée aux fonctions de Vicaire de Jésus-Christ que nous exerçons sur la terre, nous donnons, concédons, transférons à perpétuité, aux termes des présentes, ces îles et ces continents, avec toutes leurs dominations, cités, places fortes, lieux et campagnes, droits et juridictions, à vous et à vos héritiers et successeurs, les Rois de Castille et de Léon ; et nous vous en faisons, constituons et. estimons maîtres, vous et vos susdits héritiers et successeurs, avec pleine, libre et entière puissance, autorité et juridiction. Mais c'est notre volonté que notre présente donation, concession et assignation, ne puisse ni être censée avoir été mise en question ou détruite, ni détruire les droits des Princes Chrétiens qui auraient effectivement possédé les dites îles et les dits continents jusqu'au jour précité de la nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ.

VIII. Nous vous enjoignons encore, en vertu de la sainte obéissance que, suivant votre promesse dont votre très grande dévotion et votre royale magnanimité garantissent, nous n'en doutons pas, l'accomplissement, vous choisissiez, avec tout le zèle convenable, et envoyiez aux îles et aux continents précités des hommes honnêtes, craignant Dieu, instruits, habiles et propres à enseigner aux habitants et indigènes la foi Catholique, et à les former aux bonnes moeurs.

IX. A toute personne, quelque dignité qu'elle ait, fût-elle même d'état, de rang, d'ordre, ou de condition Impériale et Royale, sous peine d'excommunication majeure qu'elle encourra par le seul fait de sa désobéissance, nous interdisons rigoureusement de tenter, sans votre permission spéciale ou celle de vos héritiers et successeurs susdits, pour faire le trafic ou pour toute autre cause, l'accès des îles et des continents, trouvés ou à trouver, découverts ou à découvrir, au midi et à l'ouest d'une ligne faite et conduite du pôle arctique au pôle antarctique, et distante de cent lieues, à l'ouest et au midi, comme il a été dit, de toute île de celles qui sont vulgairement nommées les Açores et les îles du Cap-Vert, ces îles et ces continents, trouvés et à trouver, fussent-ils situés vers l'Inde ou le fussent-ils vers tout autre pays.
X. Ainsi sera-t-il, nonobstant toutes constitutions et ordonnances, apostoliques et autres.

XI. Nous mettons notre confiance dans celui de qui procèdent les empires, les dominations et tous les biens, assuré que, le Seigneur dirigeant vos actes, si vous poursuivez votre saint et louable projet, vos travaux et vos efforts seront, en peu de temps, pour le bonheur et la gloire de tout le peuple Chrétien, couronnés du plus heureux succès.

XII. Comme il serait difficile que les présentes lettres fussent portées dans tous les lieux où leur production pourrait être utile, nous voulons, et, pour ce motif et à raison de cette conviction, nous décidons que toute copie, portant la signature d'un notaire public compétent et le sceau de quelque personne revêtue d'une dignité ecclésiastique ou celui d'une cour ecclésiastique, ait, en justice, et ailleurs, et partout, la créance qui s'attacherait aux présentes, si celles-ci étaient produites ou montrées.

XIII. Qu'il ne soit donc permis à aucun des hommes de briser ou de méconnaître, par une audace téméraire, cet acte qui renferme notre recommandation, exhortation, requête, donation, concession, assignation, désignation, délégation, décision, ordre, défense et volonté. Si quelqu'un ose le faire, il encourra, qu'il en soit averti, l'indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux Apôtres de Dieu, Pierre et Paul.

XIV. Donné à Rome, à Saint-Pierre, l'année après l'incarnation de Notre Seigneur, mil quatre cent quatre-vingt-treize, le quatrième jour avant les Nones de Mai, la première année de notre pontificat.

Liens
http://youtu.be/3Uq86DKxxUM Partage du nouveau monde 1 (Espagnol)
http://youtu.be/lg5qhloMnUE Partage du nouveau monde 2 (espagnol)
http://youtu.be/KWDRvSIfd7Y Partage du nouveau monde 3 (espagnol)

http://youtu.be/wxDJI2sqjUE Partage du monde 1494 traité de Tordesillas (espagnol)


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Posté le : 03/05/2014 20:29
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Premières publications des prophéties de Nostradamus 1ère partie
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Le 4 mai 1555 eut lieu la première publication des Prophéties

de Nostradamus


Le 4 mai 1555, l’imprimeur Macé Bonhomme publie à Lyon la toute première édition de 353 quatrains de ses Prophéties qui lui apporteront une renommée jamais démentie depuis. Elle lui vaudront la même année d’être convié à la cour par la reine Catherine de Médicis.

Michel de Nostredame, dit Nostradamus, naît à Saint-Rémy-de-Provence en 1503. Il obtient un baccalauréat ès arts à Avignon, puis entame des études de médecine sur Montpellier. Nul ne sait avec certitude s’il y obtient finalement son doctorat. Cela ne l’empêche pas de pratiquer, à grand renfort d’onguents et de pommades de sa fabrication, au cours de ses pérégrinations incessantes en France et en Italie.
"Nostradamus" n’est pas une simple latinisation de Nostredame, qui aurait donné Domina Nostra ou Nostradomina. Ce serait plutôt un jeu de mots heureux sur Nous donnons damus soit les choses qui sont nôtres, nostra soit "les panacées : nostrum ".
Le nom complet de son "Traité des Fardements et des Confitures" est " Excellent & moult utile Opuscule à touts necessaire, qui desirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties : La premiere traicte de diverses façons de Fardemens et Senteurs pour illustrer et embellir la face.
La seconde nous monstre la façon et manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, & vin cuict, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maistre Michel de Nostredame docteur en Medicine de la ville de Salon de Craux en Provence, et de nouveau mis en lumiere
Il publie son premier "almanach", fait de prédictions astrologiques pour l’année, en 1550 et utilisera désormais le surnom de Nostradamus
Il fera en tout quatre séjours sur Lyon:
en 1547, en tant que médecin faisant usage de "fardements et confitures" pour lutter contre la peste;
en 1555, peu de temps après l’édition des Prophéties;
en 1557, pour superviser l’impression de la deuxième version, beaucoup plus longue (642 quatrains). Devant le succès rencontré, elles seront ré-éditées à peine trois mois plus tard;
en 1560.

Sa vie

Michel de Nostredame, dit Nostradamus, serait né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence et meurt le 2 juillet 1566 à Salon-de-Provence, était un apothicaire Astrologue, médecin, herboriste français.
Selon bien des sources, il aurait également été médecin, bien que son expulsion de la faculté de médecine de Montpellier témoigne qu’il n'était pas possible d’être les deux à la fois.
Pratiquant l'astrologie comme tous ses confrères à l'époque de la Renaissance, il est surtout connu pour ses prédictions sur la marche du monde.

Michel de Nostredame est né de Jaume de Nostredame et de Reynière ou Renée de Saint-Rémy le 14 décembre 1503. Jaume était l'aîné des six certains disent dix-huit enfants du couple Pierre de Nostredame et Blanche de Sainte-Marie.
Le nom des Nostredame vient de son grand-père juif, Guy de Gassonet, fils d'Arnauton de Velorges, qui choisit le nom de Pierre de Nostredame lors de sa conversion au catholicisme, probablement vers 1455. Selon les archives d'Avignon, et selon les archives de Carpentras qui parlent souvent de juifs des autres régions, il est suggéré que l'origine du nom Nostredame fut imposée8 par le cardinal-archevêque d'Arles, Pierre de Foix.
Le grand-père de Nostredame, Pierre de Nostredame, était si convaincu de sa foi qu'il a répudié sa femme d'alors, Benastruge Gassonet qui ne voulait pas quitter le judaïsme. La dissolution du mariage fut prononcée en vertu du privilège paulin à Orange le 14 juin 1463, ce qui lui a permis finalement d'épouser Blanche, fille de Pierre de Sainte-Marie, médecin, savant hébraïsant et hélleniste.

Son enfance

C'est son bisaïeul maternel, Jean de Saint-Rémy, ancien médecin et trésorier de Saint-Rémy, qui lui aurait transmis en 1506 les rudiments des mathématiques et des lettres. Mais ceci est douteux, vu que la trace notariée dans les archives dep. des Bouches du Rhône B. 2.607 de ce vieux personnage disparaît en 1504.

Quelques prophéties

Certaines des prophéties de Nostradamus sont devenues particulièrement célèbres et alimentent sa légende. Les interprétations sont facilitées par le style sibyllin de l’auteur, renforcé par son mélange du français, du latin, du grec et du provençal.

Centurie I, Quatrain 35
Décès accidentel de Henri II: le roi Henri II meurt le 30 juin 1559 dans d’atroces souffrances après avoir eu l’œil transpercé par la lance du comte de Montgomery au cours d’une joute. Selon les partisans du devin, les deux adversaires portaient un lion comme insigne et le casque royal était en or. A noter que personne ne fit le rapprochement entre le quatrain et le décès royal du vivant de Nostradamus, pas même lui…


Centurie II, Quatrain 51
Le grand incendie de Londres en septembre 1666: le roi anglais Charles 1er a été exécuté 17 ans plus tôt. Un incendie ravage Londres l’année aux trois 6. La cathédrale Saint Paul s’effondra sur des personnes de plusieurs confessions qui s’y étaient réfugiées.

Centurie IX, Quatrain 20
Arrestation de Louis XVI à Varennes: En 1791, le roi s’enfuit de Paris. Déguisé en confesseur, il préfère contourner Reims (Reines) et emprunte une route secondaire via Varennes, où il sera finalement reconnu et arrêté le 21 juin. Il finira guillotiné.

Centurie II, Quatrain 91
Bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945: L’Aquilon, vent du nord, était souvent utilisé par Nostradamus pour désigner la Russie, dont la pointe orientale tend vers le Japon. Les survivants de l’explosion mourront entre autres de l’incapacité à s’alimenter.

Centurie II, Quatrain 97
Attentat contre Jean-Paul II: Mohamed Ali Agça tente d’assassiner le pape Jean-Paul II à Rome où il n’y a pourtant qu’un seul fleuve… le 13 mai 1981, trois jours seulement après l’élection de François Mitterand dont le symbole est la rose.

Anecdotes

"Nostradamus" n’est pas une simple latinisation de Nostredame, qui aurait donné Domina Nostra ou Nostradomina. Ce serait plutôt un jeu de mots heureux sur Nous donnons damus soit les choses qui sont nôtres, nostra soit "les panacées : nostrum ".
Le nom complet de son "Traité des Fardements et des Confitures" est " Excellent & moult utile Opuscule à touts necessaire, qui desirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties : La premiere traicte de diverses façons de Fardemens et Senteurs pour illustrer et embellir la face.
La seconde nous monstre la façon et manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, & vin cuict, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maistre Michel de Nostredame docteur en Medicine de la ville de Salon de Craux en Provence, et de nouveau mis en lumiere


Ses années d'études


Nostredame part très jeune à Avignon pour y obtenir son diplôme de bachelier ès arts. On le disait doué d'une mémoire presque divine, d'un caractère enjoué, plaisant, peut-être un peu moqueur laetus, facetus estque mordax. Ses camarades l'auraient appelé le jeune astrologue, parce qu'il leur signalait et leur expliquait les phénomènes célestes, mystérieux alors pour beaucoup : les étoiles filantes, les météores, les astres, les brouillards, etc. Il dut apprendre aussi la grammaire, la rhétorique et la philosophie. Mais il doit quitter l'université après un an seulement, et donc sans diplôme, à cause de l'arrivée de la peste fin 1520.
Neuf ans plus tard en 1529, ayant cependant pratiqué comme apothicaire, profession non diplômée, il s'inscrit à la faculté de Montpellier pour essayer d'y gagner son doctorat en médecine. Il se fait connaître grâce aux remèdes qu'il a mis au point en tant qu'apothicaire. Mais il est bientôt expulsé pour avoir exercé ce métier manuel interdit par les statuts de la faculté. Son inscription de 1529 et sa radiation sont les seules traces de son passage à Montpellier, et on ne connaît pas de document attestant qu'il ait été docteur d'une autre université. Mais, sans être affirmatifs, la plupart des érudits du vingtième siècle pensent qu'il n'est pas impossible que l'expulsion de Nostredame ait été temporaire et qu'il soit devenu quand même diplômé de l'université de Montpellier, comme le prétendaient aussi, en ajoutant des détails supplémentaires peu croyables, certains commentateurs très tardifs comme Guynaud et Astruc, bien qu'il lui ait manqué le premier diplôme nécessaire pour accéder au doctorat, car les noms de plusieurs des diplômés connus de cette université sont absents, eux aussi, de ses registres — à moins que ceux-ci n'en aient pas été de vrais diplômés non plus, le phénomène du faux docteur étant très connu à l'époque.

Mariages et professions

Vers 1533, il s'établit à Agen, où il pratique la médecine de soins à domicile. Il s'y lie d'amitié avec Jules César Scaliger. Cet Italien, installé à Toulouse, érudit de la Renaissance, est un personnage incomparable, sinon à un Plutarque selon Nostradamus ; il écrit sur tout. Impertinent, il s'attaque à tout le monde, s'intéresse à la botanique et fabrique des pommades et des onguents. Mais le jeune imposteur inquiète les autorités religieuses par ses idées un peu trop progressistes pour l'époque.
La durée précise de son séjour à Agen est inconnue ; peut-être trois ans, peut-être cinq ans. Les points de repère manquent et l'on ne peut offrir que des dates élastiques. Vers 1534 Nostredame s'y choisit une femme dont on ne sait même pas le nom, qui lui aurait donné deux enfants : un garçon et une fille.
L'épouse et les deux enfants moururent, très rapidement semble-t-il, à l'occasion de quelque épidémie, la peste vraisemblablement.
D'après certains commentateurs catholiques des Prophéties — Barrere, l'abbé Torne-Chavigny notamment — Nostredame aurait dit en 1534 à un frère qui coulait une statue de Notre-Dame dans un moule d'étain qu'en faisant de pareilles images il ne faisait que des diableries.
D'aucuns pensent que ses relations avec un certain Philibert Sarrazin, mécréant de l'époque, de la région d'Agen, avaient rendu Nostredame plutôt suspect à la Sainte Inquisition. Celle-ci l'aurait même invité à se présenter devant son tribunal de Toulouse pour y être jugé du crime d'hérésie ; mais il se garda bien de répondre à cette citation.
Après la mort de sa première femme, Nostredame se serait remis à voyager. On l'aurait trouvé à Bordeaux, vers l'an 1539. Les commentateurs tardifs Moura et Louvet se le représentent en la compagnie de savants renommés de l'époque et du cru : l'apothicaire Léonard Baudon, Johannes Tarraga, Carolus Seninus et Jean Treilles, avocat.
Nostredame accomplit de 1540 à 1545 un tour de France qui l'amène à rencontrer de nombreuses personnalités, savants et médecins.
La légende signale le passage du futur prophète à Bar-le-Duc. Nostredame y aurait soigné, d'après Étienne Jaubert, plusieurs personnes et notamment une célèbre ? Mademoiselle Terry qui l'aurait souvent enten exhorter les catholiques à tenir ferme contre les Luthériens et à ne permettre qu'ils entrassent dans la ville.
Une tradition très douteuse affirme qu'il a séjourné un temps à l'abbaye d'Orval, qui dépendait de l'Ordre de Cîteaux, située alors au diocèse de Trêves, à deux lieues de l'actuelle sous-préfecture de Montmédy, un séjour que Pagliani, après plusieurs autres, date de 1543.
On ne sait s'il faut y ajouter foi, même si, avec Torne-Chavigny et Napolêon lui-même, beaucoup de gens lui attribuent les fameuses prophéties d'Orval, Prévisions d'un solitaire, ainsi que celles d'un certain Olivarius. On les aurait 'trouvées' à l'abbaye d'Orval en 1792, date approximative de leur style même. La première, de style tardif, elle aussi serait datée de 1542, antérieure donc de treize ans, comme on le verra plus loin, à la préface des premières Centuries. Mais il semble plus probable que toutes les deux aient été composées au XIXe siècle à la gloire de Napoléon.
Ici se termine le cycle de pérégrinations de Nostredame qui l'a mené en somme, après être rayé de Montpellier, du Sud-Ouest au Nord-Est de la France. Nostredame atteint la quarantaine 1543 et commence une seconde phase de déplacements qui va le rapprocher de la Provence et le pousser vers l'Italie, terre bénie de tous ceux qui connurent à son époque l'ivresse de la Renaissance.
Les premières étapes de ce périple sont probablement Vienne, puis Valence des Allobroges, dont parle Nostradamus dans son Traité des fardemens et confitures à propos des célébrités qu'il s'honora d'y avoir rencontrées : "A Vienne, je vis d'aucuns personnages dignes d'une supprême collaudation ; dont l'un estoit Hieronymus, homme digne de louange, et Franciscus Marins, jeune homme d'une expectative de bonne foy. Devers nous, ne avons que Francisons Valeriola pour sa singulière humanité, pour son sçavoir prompt et mémoire ténacissime... Je ne sçays si le soleil, à trente lieues à la ronde, voit ung homme plus plein de sçavoir que luy. "

En 1544, Nostredame aurait eu l'occasion d'étudier la peste à Marseille sous la direction, a-t-il dit, d'un autre Hippocrate, le médecin Louis Serres. Puis, il est appelé par ceux d'Aix en corps de communauté pour venir dans leur ville traiter les malades de la contagion dont elle est affligée. C'était en l'année mil cinq cent quarante six.

On le voit certainement à Lyon en 1547 où il s'oppose au médecin lyonnais Philibert Sarrazin, à Vienne, Valence, Marseille, Aix-en-Provence et, enfin, à Arles, où il finit par s'établir. Là, il met au point un médicament à base de plantes, capable, selon lui, de prévenir la peste.
En 1546, il l'expérimente à Aix lors d'une terrible épidémie : son remède semble efficace comme prophylactique, mais il écrira lui-même plus tard que les seignées, les medicaments cordiaux, catartiques, ne autres n'avoyent non plus d'efficace que rien.Traité des fardemens et confitures, Lyon, 1555, p. 52 Malgré ce succès douteux, Nostredame est appelé sur les lieux où des épidémies sont signalées. À la même époque, il commence à publier des almanachs qui mêlent des prévisions météorologiques, des conseils médicaux et des recettes de beauté par les plantes. Il étudie également les astres.
Le ­11 novembre 1547, il épouse en secondes noces Anne Ponsard, une jeune veuve de Salon-de-Provence, alors appelé Salon-de-Craux. Le couple occupe la maison qui abrite aujourd'hui le Musée Nostradamus. Il aura six enfants, trois filles et trois garçons ; l'aîné, César, deviendra consul de Salon, historien, biographe de son père, peintre et poète.
Nostredame prend le temps de voyager en Italie, de 1547 à 1549. C'est d'ailleurs en 1549 qu'il rencontre à Milan un spécialiste en alchimie végétale, qui lui fait découvrir les vertus des confitures qui guérissent. Il expérimente des traitements à base de ces confitures végétales et, de retour en France, il publie en 1552 son Traité des confitures et fardements.
En 1550, il rédige son premier almanach populaire – une collection de prédictions dites astrologiques pour l’année, incorporant un calendrier et d’autres informations en style énigmatique et polyglotte qui devait se montrer assez difficile pour les éditeurs, à en juger par les nombreuses coquilles, où certains voient le signe que l'auteur était dyslexique. Dès cette date, Michel de Nostredame signe ses écrits du nom de "Nostradamus". Ce nom n'est pas l'exacte transcription latine de 'Nostredame', qui serait plutôt Domina nostra ou Nostra domina. En latin correct, ‘Nostradamus’ pourrait signifier : Nous donnons, damus les choses qui sont nôtres, nostra ou Nous donnons, damus les panacées nostrum, mis au pluriel, mais il est également permis d'y voir un travestissement macaronique, et très heureux de Nostredame.
En 1555, installé à Salon-de-Provence, il publie des prédictions perpétuelles, et donc en théorie, selon l'usage de l'époque, cycliques dans un ouvrage de plus grande envergure et presque sans dates ciblées, publié par l’imprimeur lyonnais Macé Matthieu Bonhomme. Ce sont les Prophéties, l'ouvrage qui fait l'essentiel de sa gloire auprès de la postérité.

Protection royale

Sa renommée est telle que la reine Catherine de Médicis l'appelle à la cour en 155528. Le motif de l'intérêt de la reine était peut-être que, dans son dernier Almanach, Nostradamus avait mis le roi en garde contre des dangers qu'il disait ne pas oser indiquer par écrit. En cette même année 1555, donc, Nostradamus, inquiet des intentions de la cour il craint d'avoir la tête coupée, se rend à Paris, où il reçoit du couple royal des gratifications qu'en public il qualifiera d'amples mais dont il se plaint en privé qu'elles ne couvrent pas ses frais de voyage. Des nouvelles alarmantes sur l'intérêt que la justice parisienne porte à la source de sa prescience l'incitent à quitter Paris précipitamment. Il se persuade qu'on veut sa mort.
Dans les années qui suivent, il est la cible de plusieurs pamphlets imprimés. Les attaques fusèrent de partout : de France et d'Angleterre, des milieux protestants et catholiques, des laïcs et des clercs, des poètes et des prosateurs, des adversaires de l'astrologie et des astrologues de métier, des étrangers mais aussi de ses proches. L'ordonnance d'Orléans du 31 janvier 1561, dont le rédacteur ou un des rédacteurs fut le chancelier Michel de l'Hospital, hostile à Nostradamus prévoit des peines contre les auteurs d'almanachs publiés sans l'autorisation de l'archevêque ou de l'évêque. Peut-être une infraction à cette ordonnance est-elle à l'origine d'un incident qui n'a pas été tiré tout à fait au clair. Le jeune roi Charles IX écrit le 23 novembre 1561 au comte de Tende, gouverneur de Provence, apparemment pour lui donner l'ordre d'emprisonner Nostradamus, car le comte de Tende répond au roi le 18 décembre :
" Au regard de Nostradamus, je l'ay faict saisir et est avecques moi, luy ayant deffendu de faire plus almanacz et pronostications, ce qu'il m'a promis. Il vous plaira me mander ce qu'il vous plaist que j'en fasse."
Le comte a donc fait arrêter Nostradamus et l'a amené avec lui dans le château de Marignane. Les deux hommes étaient amis et la prison tenait plutôt de la mise en résidence. On ignore ce que le roi répondit au comte de Tende, mais tout indique que l'incident resta sans suites.
Nostradamus rentra pleinement en grâce auprès de la famille royale, puisqu'en 1564, à l'occasion du grand tour de France, Charles IX, accompagné de Catherine de Médicis et de Henri de Navarre, le futur Henri IV, lui rendit visite. À cette occasion, la reine le nomma médecin et conseiller du roi.

Maladies et mort

Certains, prenant à la lettre ce que Nostradamus, dans la préface de la première édition de ses Prophéties, dit de sa " comitiale agitation hiraclienne", pensent qu'il souffrait d'épilepsie. Selon d'autres, c'est seulement par image que Nostradamus désignait ainsi un état de transe qui accompagnait ce qu'il croyait être sa révélation prophétique. En revanche, il est vraisemblable voir Leroy qu'il fut atteint de la goutte et d'insuffisance cardiaque. Dans le dernier quatrain des Présages, qui parurent en 1568, soit deux ans après sa mort, on peut lire :

CXLI. Nouembre.
Du retour d'Ambassade. dô de Roy. mis au lieu
Plus n'en fera: sera allé a DIEV:
Parans plus proches, amis, freres du sang,
Trouué tout mort prés du lict & du banc.

Certains y ont vu la preuve qu'il connaissait les circonstances de sa mort. On dit qu'on le retrouva mort, près de son lit et d'un banc de bois, le 2 juillet 1566, au retour d'un voyage où il avait représenté sa ville auprès du roi, donc une ambassade et y avait reçu le titre de médecin ordinaire du roi. Ce qui est attesté, c'est qu'il représenta Salon-de-Crau en ambassade à Arles auprès du roi en 1564, qu'il fut par la suite richement doté par le roi. Il fut retrouvé mort le 2 juillet 1566 au matin, et non en novembre, ce qui laisse cependant entier le doute quant à la prophétie, puisque celle-ci ne sera publiée que deux ans après sa mort, et en forme apparemment rétro-éditée. Il mourut à Salon-de-Provence d'un œdème dit cardio-pulmonaire. On connaît son testament et le devenir exact de sa dépouille : son tombeau fut édifié dans l’église des Cordeliers puis profané en 1793 par des sans-culottes, ses ossements étant pillés et dispersés. Un marseillais, d’après la tradition locale, se serait emparé du crâne et aurait bu dedans. Finalement le maire David fit transférérer les reliques qu'il avait pu sauver dans la collégiale Saint-Laurent, à Salon-de-Provence.

Les diverses publications

Les éditions des Prophéties dans la seconde moitié du XVIe siècle s'étagent sur trois périodes : celle des premières éditions 1555-1563, objet du présent article, la période Benoist Rigaud c. 1568-1585, qui est aussi la période de diffusion des éditions "complètes" du texte, et la période ligueuse c. 1588-1600, celle des éditions tronquées et atrophiées parues après les assassinats de Henry de Guise et de Henry III, et de la réaction des éditions Rigaud, de Benoist en fin de carrière puis de ses héritiers.
Depuis l'ouvrage célèbre du péruvien Daniel Ruzo, paru à Barcelone en 1975 et traduit à Monaco en 1982, la compréhension chronologique des premières éditions des Prophéties n'a guère évolué. Michel Chomarat et Robert Benazra, dans leurs catalogues respectifs 1989 et 1990, reproduisent certaines suppositions de Ruzo, que je considère désormais comme caduques. Pierre Brind'Amour évince cette épineuse question dans la bibliographie de son ouvrage de 1993, et passe cavalièrement de l'édition Bonhomme de 1555 à une édition rouennaise imprimée par Pierre Chevillot vers 1611 et reproduite à Nice en 1981, p.476. Le présent article a pour double objectif de rassembler la plupart des références relatives à ces éditions, au demeurant les seules parues du vivant de Nostradamus, et d'ouvrir de nouvelles voies de recherche, suite notamment à un recensement sur un nombre encore trop limité de catalogues de collections privées, effectué l'an passé. Je suis persuadé que le dépouillement systématique d'un autre millier de catalogues permettrait de confirmer certaines hypothèses et d'améliorer les investigations engagées.
Des onze ou douze éditions présentées dans cette liste et dont l'existence peut être supposée, seules deux d'entre elles sont actuellement disponibles, la première et la troisième, chacune en deux exemplaires. Trois d'entre elles sont totalement inconnues des bibliographes et des nostradamologues : l'édition parisienne de 1557, celle de 1558, et l'édition londonienne de 1563.
Des analyses séparées seront consacrées à la pagination, aux vignettes et marques typographiques, au contenu et aux variations orthographiques des rares éditions accessibles.

Résumé des résultats et conjectures de cette recherche :
A. Les Prophéties sont originellement parues à Lyon en trois fois (1555, 1557, 1558).
B. Elles ont été rééditées à Paris en 1556, en 1557, et probablement en 1558.
C. Elles ont été réimprimées sous un autre titre et avec quelques modifications à Avignon en 1559-1560.
D. Une contrefaçon parisienne, parue en 1561, atteste de l'existence des trois premières éditions.
E. Une traduction anglaise de la contrefaçon parisienne est parue à Londres en 1563.
F. Il est improbable qu'une édition complète des Prophéties soit parue du vivant de Nostradamus. Benoist Rigaud fait imprimer en 1568 la première édition complète, en deux volets de 642 et 300 quatrains, rassemblant en un seul volume le texte des éditions de 1557 et 1558 (cf. CN 38).

Les premières éditions sont toutes parues sous le titre invariable : Les prophéties de Monsieur Michel de Nostradamus, avec M. pour "Maistre". Les marques typographiques bandeaux, fleurons, lettres ornées de l'édition de 1555, qui comprend 353 quatrains, ont été étudiées dans mon texte paru le 1er janvier 2005 cf. "Authenticité de la première édition des Prophéties de Nostradamus, Ramkat, puis CN 26.

L'épître à César Nostradamus est datée du 1er mars 1555, le privilège accordé pour deux ans est daté du 30 avril 1555, l'achevé d'imprimer du 4 mai 1555.

On connaît actuellement trois exemplaires de ce petit octavo très soigné. Le premier a été localisé par Robert Benazra, en juillet 1983, à la bibliothèque municipale d'Albi 9,4 × 13,65 cm. Il avait appartenu au contre-amiral, explorateur et bibliophile Henry Paschal de Rochegude, né le 18 décembre 1741 à Albi vers 4 heures du matin. L'auteur de deux ouvrages sur la langue et sur la poésie occitane Toulouse, 1819 a légué son hôtel et ses collections à sa ville natale à son décès survenu le 16 mars 1834. Le fonds Rochegude (environ 12.000 imprimés, 100 manuscrits, et un certain nombre d'ouvrages qui auraient été détruits : cf. la "Revue du Département du Tarn", 1885 ne rejoindra les collections de la bibliothèque municipale qu'en 1884, à la mort de l'usufruitière du collectionneur, sa nièce la comtesse de Saint-Juéry. La bibliothèque Rochegude a été récemment rebaptisée médiathèque Pierre Amalric, sans doute par reconnaissance envers son plus généreux donateur...

Le second exemplaire a été localisé en septembre 1982 à l'Österreichische Nationalbibliothek de Wien par Benazra. Quelques différences typographiques et orthographiques le distingue de l'exemplaire d'Albi. Benazra en a relevé environ 80 dans sa réédition en fac-similé de 1984, Michel Nostradamus, "Les prophéties" Lyon 1555, Lyon, Les Amis de Michel Nostradamus. On suppose d'après l'analyse de ces différences que l'exemplaire de Vienne pourrait être un retirage corrigé de l'édition précédente.

Bareste mentionne un troisième exemplaire, celui de Henri Dujardin (pseudonyme de l'abbé James du diocèse de Verdun, auteur de plusieurs ouvrages dans les années 1840, et probable auteur-faussaire de la fameuse prophétie dite du solitaire de l'abbaye d'Orval), et reproduit la quasi intégralité du privilège (pp.253-254) dont le bas de page est déchiré. C'est ce même exemplaire (9,7 × 14,6 cm) qui a été racheté par l'abbé Hector Rigaux (1841-1930) le 15 octobre 1889, mis en vente à l'hôtel Drouot le 17 juin 1931, et adjugé au libraire et folkloriste Émile Nourry (1870-1934) alias Pierre Saintyves, auteur de L'astrologie populaire (1937). L'exemplaire des Prophéties est passé au successeur de Nourry, le libraire parisien Jules Thiébaud, avant de figurer dans la collection de la librairie Thomas-Scheler. [Michel Scognamillo m'a informé le 15 avril 2010 de la redécouverte de cet exemplaire Rigaux, ainsi que d'autres éditions rarissimes d'opuscules nostradamiens en possession de la librairie parisisienne Thomas-Scheler et présentés au Grand Palais à la XXVe Biennale des Antiquaires en septembre 2010.]

Ce troisième exemplaire a été décrit et photographié par Ruzo d'après les collections de Jules Thiébaud, en possession de sa veuve dans les années 50. Il est identique à l'exemplaire James/Rigaux selon Ruzo, à l'exception de la déchirure mentionnée par Bareste. Le catalogue Rigaux reproduit en fac-similé les pages de titre et de privilège, ainsi que la dernière page de son exemplaire, ce qui m'a permis de supposer d'après ces images que l'exemplaire Rigaux, désormais James/Rigaux/Nourry/Thiébaud/Scheler était similaire à celui de Vienne, en dépit de la retouche manuelle qui a été faite au titre. En effet, sur la dernière page de l'exemplaire de Vienne, la marque de foliotation k ij se trouve juste au-dessus du fleuron, presque alignée à sa droite, tandis que sur l'exemplaire d'Albi, le fleuron est imprimé plus bas. Et j'ai pu vérifier que l'exemplaire Thiébaud, dont un fac-similé a été vendu 110 $ à la vente Ruzo en avril 2007, est identique à l'exemplaire de Vienne. Par conséquent, parmi les trois exemplaires connus, l'exemplaire d'Albi est unique et les deux autres identiques.

Les deux textes de 1555 présentent une centaine de différences dans les quatrains, qui sont pour l'essentiel des corrections apportées à un premier tirage dont l'exemplaire est conservé à Albi, comme l'a montré Robert Benazra en 1984 lors de son édition en fac-similé de cet exemplaire. En revanche, le texte de la préface est identique et strictement superposable dans les deux éditions, hormis quelques différences d'encrage, comme il en résulte d'une comparaison attentive. On s'assurera, d'après les quelques extraits significatifs qui suivent, que les alignements, les espacements et les quelques légères déficiences d'impression, à commencer par la double interversion des lettres dans la ligne "vis l'aage naturel & humain" ont été conservés. Les planches de la préface n'ont pas été retouchées. Non seulement, ces textes sortent du même atelier, mais le retirage conservé à Vienne n'est probablement postérieur au premier tirage que de quelques jours à peine ou au pire de quelques semaines. Le retirage serait donc paru dès juin 1555.

Les Prophéties Édition de 1568.

Comme dit précédemment, la première édition des Prophéties est publiée le 4 mai 1555 par l’imprimeur lyonnais Macé, Matthieu Bonhomme. Plusieurs éditions sont considérées comme piratées ou antidatées, mais on admet en général que l'édition augmentée qui porte la date de septembre 1557 fut réellement publiée du vivant de Nostradamus. L'existence d'une édition de 1558 est moins sûre, aucun exemplaire n'ayant survécu. Le livre est partagé en Centuries, une centurie étant, théoriquement, un ensemble de cent quatrains.
La septième centurie resta toujours incomplète. La première édition, pleine de références savantes, contient 353 quatrains prophétiques, la dernière, publiée deux ans après la mort de Nostradamus, 942 – soit 58 quatrains de moins que les 1000 qu'il avait annoncés, parachevant la milliade. Les Propheties ont donné lieu à la publication de près de dix mille ouvrages. Parmi les exégètes les plus célèbres, on peut mentionner Anatole Le Pelletier, Vlaicu Ionesco, Jean-Charles de Fontbrune et son père, Serge Hutin et Erika Cheetham, qui croient à la prescience de Nostradamus, et Eugene F. Parker, Edgar Leoni, Louis Schlosser et surtout Pierre Brind'Amour, qui n'y croient pas. D'autres comme Robert Benazra, Michel Chomarat et Daniel Ruzo, se sont appliqués à recenser les éditions de ses œuvres et les ouvrages qui le concernent.
Une première cause de divergence entre interprètes est qu'en raison des méthodes de composition des imprimeurs du XVIe siècle, les éditions et même les exemplaires particuliers de ces éditions diffèrent tous ou presque, et ne garantissent aucune conformité parfaite avec le texte manuscrit original, perdu depuis lors. Pour ajouter à la difficulté, des quatrains, comme par exemple 10,72, qui indique une date précise font l'objet de désaccords entre les exégètes, notamment quant au sens des mots.
La seconde cause de divergences entre les interprètes tient à Nostradamus lui-même.
Son style obscur et son vocabulaire, mélange de français moyen, de latin, de grec, très peu ; voir par exemple le quatrain IV, 32 et de provençal, donnent aux exégètes une grande liberté d'interprétation. Nostradamus, peut-être pour ajouter du mystère à ses quatrains, a employé toutes sortes de figures littéraires.
Mais la raison principale de ce style nébuleux serait, si on l'en croit, le désir d'assurer la pérennité de l'œuvre. Nostradamus assure cependant qu'un jour le monde verra que la plupart des quatrains se sont accomplis, ce qui laisse entendre qu'ils seront compris clairement par l'humanité.
En attendant, tout évènement cadrant, a posteriori, avec l'une des multiples interprétations possibles d'un quatrain est présenté comme l'interprétation juste - plusieurs interprétations d'une même prophétie cohabitant parfois chez le même exégète. Un bon nombre des interprètes, surtout les sensationnalistes et les amateurs qui croient à la prescience de Nostradamus semblent persuadés qu'il a surtout parlé de leur époque.

Les méthodes divinatoires de Nostradamus

Nostradamus affirmait volontiers avoir appliqué toute une série de procédés divinatoires, parmi lesquels la « fureur poëtique, ou le subtil esprit du feu de l'oracle de Delphes ; l' eau de l'oracle de Didymes ; l'astrologie judiciaire, l'art de juger de l'avenir d'après le mouvement des planètes, mais Nostradamus se disait astrophile plutôt qu'astrologue; les sacrées Écritures, ou les sacrées lettres, bien qu'il n'ait probablement pas possédé une Bible telle quelle, interdite à l'époque aux laïques : il en aurait utilisé des extraits trouvés dans Eusèbe, Savonarole, Roussat et le Mirabilis Liber ; la calculation Astronomique, ou la supputation des âges, selon de prétendus cycles datant d'Ibn Ezra et de bien avant, Nostradamus prétend arrêter ses prédictions à l'an 3797 ; et le songe prophétique ou l'incubation rituelle.
Il est cependant douteux qu'il ait vraiment utilisé ces procédés, car il semble se contredire là-dessus, par exemple en rattachant une même prophétie à plusieurs procédés, et il est plus probable que sa méthode principale était la projection dans le futur de prophéties préexistantes et de récits historiques, méthode dont il ne dit presque rien, mais dont l'existence est rendue quasi certaine par un nombre considérable de rapprochements faits depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours.

Le plus célèbre des quatrains réputés prophétiques

Le plus célèbre des quatrains réputés prophétiques de Nostradamus, avec, peut-être le quatrain de Varennes IX, 20 est le trente-cinquième de la première centurie, Centurie I, quatrain 35

Le lyon ieune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or les yeux luy creuera,
Deux classes vne, puis mourir, mort cruelle.

Selon les adeptes d'une lecture prophétique, ce quatrain annoncerait la mort d'Henri II.
En juin 1559, le roi Henri II affronta le comte de Montgomery, lors d'un tournoi de chevalerie. Ils auraient porté, selon ces adeptes tous deux un lion comme insigne. Henri II reçut la lance de son adversaire dans son casque selon certains, en or et aurait eu l'œil transpercé. Il mourut dix jours plus tard.
Voici ce qu'en dit l'historien québécois Pierre Brind'Amour, qui, pour sa part, pense que Nostradamus interprète un prodige céleste tel que celui qu'on aperçut en Suisse en 1547, montrant un combat entre deux lions :
"Ce quatrain, le plus célèbre des Centuries, fait les délices des amateurs d'occultisme, qui veulent y voir l'annonce du tournoi qui opposa Henri II et le sieur Gabriel de Lorge, comte de Montgomery, le 1er juillet 1559. On sait qu'Henri II, blessé à l'œil par son adversaire, mourut de sa blessure le 10 juillet suivant. Les sceptiques, dont je suis, s'émerveillent de la coïncidence ; les adeptes y voient la preuve de ce qu'ils ont toujours su, à savoir que Nostradamus avait un don de clairvoyance. Pourtant personne à l'époque ne fit le rapprochement.Nostradamus astrophile, p. 267; Les premières Centuries ou Propheties, p. 99-101."
Le professeur de linguistique Bernard Chevignard note lui aussi, que ni Blaise de Monluc, ni François de Vieilleville, ni Claude de l'Aubespine, ni Brantôme ne mentionnent une quelconque prophétie de l'oracle de Salon à ce propos, la mort d'Henri II, mais font état de leurs propres rêves prémonitoires ou d'une prédiction de l'astrologue napolitain Luca Gaurico.
Brantôme a bien fait allusion à l'incident, mais ne parle que d'un 'devin' qui n'était pas nécessairement Nostradamus.
B. Chevignard relève de plus que, dans ses Présages en prose, à la fin de ce qui concerne le mois de juin 1559, Henri II fut blessé en juin et mourut en juillet, Nostradamus, après avoir écrit " Quelque grand Prince, Seigneur et dominateur souverain mourir, autres defaillir, et autres grandement pericliter, ce qui fait s'écrier à son dévoué exégète Chavigny : Icy infailliblement est presagée la mort du Roy Henry II, avait ajouté immédiatement après : La France grandement augmenter, triompher, magnifier, et beaucoup plus le sien Monarque, d'où ce second commentaire de Chavigny : Ceci est dit pour deguiser le fait.
Chavigny, d'ailleurs, n'a pas interprété le quatrain I,35 comme annonçant la mort d'Henri II, non plus que Nostradamus lui-même, qui privilégiait le quatrain III, 55, après l'avoir rétro-édité, d'ailleurs !. Cette interprétation n'est pas attestée avant 1614.

Quelques quatrains qui semblent avoir été copiés

Dans l'Épître à Henri Second qui précède les trois dernières Centuries de ses Prophéties, Nostradamus semble dire que ses dons de voyant lui révélaient parfois non l'avenir mais le passé : "supputant presque autant des aventures du temps à venir, comme des âges passés ".
Son admiratif interprète Chavigny intitula d'ailleurs Le Janus françois un livre où il expliquait certains quatrains par des évènements antérieurs à leur publication.
Dans des lettres publiées en 1724 par le Mercure de France, un anonyme relevait lui aussi des prophéties de Nostradamus qui semblaient tournées vers le passé et, à la différence de Chavigny, il en concluait que Nostradamus se moquait de son lecteur.
L'existence de quatrains du passé a reçu plusieurs confirmations, surtout grâce aux travaux de Pierre Brind'Amour, qui datent des dernières années du XXe siècle. On a ainsi découvert des emprunts très nets à l'astrologue Richard Roussat, à l'érudit florentin Petrus Crinitus et à des auteurs antiques comme Tite-Live, Julius Obsequens, etc.

Voici quelques exemples.

Centurie 1, quatrains 1 et 2 :
Estant assis de nuit secret estude,
Seul repousé sur la selle d'ærain,
Flambe exigue sortant de solitude
Fait proferer qui n'est à croire vain.

La verge en main mise au milieu de Branches,
De l'onde il moulle et le limbe et le pied.
Vn peur conjecture : Vapeur & voix fremissent par les manches,
Splendeur diuine. Le diuin prés s'assied.

Petrus Crinitus, De honesta Disciplina, réédité à Lyon en 1543, livre 20, rapporte, d'après Jamblique, traduit en latin par Marsile Ficin, comment les Sibylles pratiquaient la divination à Branches, in Branchis. En quelques lignes, il est question d'un souffle ou feu ténu, tenuem spiritum et ignem ; d'une pythie assise sur un siège d'airain " super aeneam sellam, d'une autre qui tient "une verge dans sa main virgam manu gestat, baigne dans l'eau ses pieds et la bordure de ses vêtements pedes limbumque undis proluit ou encore aspire la vapeur, vaporem et est emplie de splendeur divine, divino splendore.

Centurie 1, quatrain 42 :
Le dix Kalendes d'Apuril de faict Gotique conjecture : Gnostique
Resuscité encor par gens malins
Le feu estainct, assemblée diabolique
Cherchant les or du d'Amant & Pselyn.

Dans le même livre de Petrus Crinitus, l. 7, ch. 4, il est question de Gnostiques Gnostici qui, cherchant à profiter des enseignements de Psellus et d'Origène Adamantius (Psellus, Origenes Adamantius), s'assemblent convenire le dix des Calendes d'avril X. Cal. Apri. et, toutes lumières éteintes luminibus extinctis, commettent des abominations.

Noté par P. Brind'Amour
Centurie 2, quatrain 41 :

La grand'estoile par sept iours bruslera,
Nuée fera deux soleils apparoir :
Le gros mastin toute nuit hurlera
Quand grand pontife changera de terroir.

Julius Obsequens, dans son Livre des Prodiges, réédité en 1552 par Conrad Lycosthenes, raconte qu'après l'assassinat de Jules César, une étoile brûla pendant sept jours. Trois soleils brillèrent .... Des hurlements de chiens furent entendus de nuit devant la maison du grand pontife .... Noté par Brind'Amour

Centurie 5, quatrains 6 et 75 :

Au roy l'Augur sur le chef la main mettre,
Viendra prier pour la paix Italique :
A la main gauche viendra changer le sceptre
De Roy viendra Empereur pacifique.

Montera haut sur le bien plus à dextre,
Demourra assis sur la pierre quarrée :
Vers le midy posé à la senestre,
Baston tortu en main, bouche serrée.

Tite-Live raconte ainsi l'inauguration du roi Numa Pompilius :

Alors, sous la conduite de l'augure ..., Numa se rendit à la citadelle et s'assit sur une pierre face au midi. L'augure prit place à sa gauche, la tête voilée et tenant de la main droite un bâton recourbé et sans nœud appelé lituus. De là, embrassant du regard la ville et la campagne, il ... marqua dans le ciel les régions par une ligne tracée de l'est à l'ouest et spécifia que les régions de droite étaient celles du midi, les régions de gauche celles du nord .... Puis, faisant passer le lituus dans sa main gauche, et plaçant la droite sur la tête de Numa, il demanda un signe de la part des dieux.
Immédiatement après, Tite-Live dit que Numa fut un roi pacifique qui éleva le temple de Janus pour symboliser la paix, et il loue l'empereur régnant, Auguste, d'être lui aussi pacifique.

Noté par G. Dumézil
Centurie 6, quatrain 100 :

Legis cantio contra ineptos criticos

Quos legent hosce versus, maturè censunto :
Profanum vulgus, & inscium ne attrestato :
Omnesque Astrologi, Blenni, Barbari procul sunto :
Qui aliter facit, is ritè, sacer esto.

Traduction :

Que ceux qui lisent ces vers y réfléchissent longuement !
Que le vulgaire profane et ignorant ne s'en approche !
Que tous les astrologues les sots, les barbares s'en écartent !
Qui passe outre, qu'il soit maudit selon le rite !

Petrus Crinitus, à la fin de son De honesta disciplina, déjà cité, avait mis cette strophe latine : Legis cautio contra ineptos criticos

Quoi legent hosce libros, maturè censunto :
Profanum uolgus & inscium, ne attrectato :
Omnesque legulei, blenni, barbari procul sunto :
Qui aliter faxit, is ritè sacer esto.

Noté par Brind'Amour
Centurie 7, quatrain 41 :

Les os des pieds et des mains enserrés,
Par bruit maison longtemps inhabitée ;
Seront par songes concavant déterrés,
Maison salubre et sans bruit habitée.

Pline le Jeune, Lettres, VII, 27 :
" Il y avait à Athènes une maison vaste et spacieuse, mais décriée et funeste. Dans le silence de la nuit, on entendait un bruit de fer ... et un froissement de chaînes .... Bientôt apparaissait le spectre : ... ses pieds étaient chargés d'entraves et ses mains de fers qu'il secouait. ... Aussi, dans la solitude et l'abandon auquel elle était condamnée, cette maison resta livrée tout entière à son hôte mystérieux. ... Le philosophe Athénodore loue la maison et y veille la nuit. Le spectre survient et l'invite à le suivre dans la cour, où il disparaît. Athénodore marque le lieu. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur conseille de fouiller en cet endroit. On y trouva des ossements enlacés dans des chaînes. ... On les rassembla, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. trad. De Sacy et Pierrot

Noté par E. Gruber
Centurie 9, quatrain 20 :

De nuit viendra par la forest de Reines
Deux pars vaultorte Herne la pierre blanche,
Le moine noir en gris dedans Varennes
Esleu cap. cause tempeste feu, sang tranche.

Dans La Guide des chemins de France, éditée chez Charles Estienne en 1553, les pages 137 à 140 concernent les confins du Maine et de la Bretagne, à raison de quelques brèves lignes par page.
On y trouve les mentions suivantes :
p. 137 : Vaultorte, Heruee probablement coquille pour l'actuelle Ernée, un ruisseau faisant le depart cfr. les deux pars de Nostradamus de la comté du Maine et de la duché de Bretaigne ;

Noté par Chantal Liaroutzos
Certaines découvertes dans ce sens ont été présentées directement sur Internet, sans publication antérieure en livre ou en revue. C'est ainsi que L. de Luca68 a découvert que la strophe latine mise par Nostradamus dans le prologue de sa Paraphrase de Galien est tirée des Inscriptiones sacrosanctae vetustatis, ouvrage de Petrus Apianus et Bartholomeus Amantius, édité à Ingolstadt en 1534. (Cet emprunt avait échappé à P. Brind'Amour, édition des Premières Centuries, Droz, 1996, p. 277.)
De même, P. Guinard69 a découvert qu'Ulrich von Hutten est cité très souvent dans les Présages de Nostradamus et qu'il a fourni de la matière à un au moins des quatrains des Prophéties :
Bis petit obscurum et condit se Luna tenebris
Ipse quoque obducta pallet ferrugine frater.
Deux fois la Lune cherche l'obscurité et se cache dans les ténèbres,
Et son frère lui-même pâlit, couvert d'une couleur ferrugineuse
Ulric von Hutten, Poemata, éd. Böcking, p. 253, reproduit sur le site de l'université de Mannheim
Lune obscurcie aux profondes tenebres,
Son frere pasle de couleur ferrugine
Nostradamus, Prophéties, I, 84.

Peter Lemesurier et Gary Somai ont également fait des rapprochements intéressants.

Fausses prophéties

Les Sixains, qui furent publiés pour la première fois au XVIIe siècle, sont considérés comme faux même par les partisans de la prescience de Nostradamus, car ils ne sont pas dans son style et son vocabulaire et sont beaucoup plus explicites que les quatrains centuriques. Par exemple, le sixain 52 :

La grand'Cité qui n'a pain à demy
Encor un coup la sainct Barthelemy
Engravera au profond de son ame :
Nisme, Rochelle, Geneve et Montpellier,
Castres Lyon, Mars entrant au Bélier,
S'entrebatteront : le tout pour une Dame

évoquerait le Massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572. La grand'Cité serait Paris. Nisme, Rochelle, Geneve & Montpellier sont les quatre principales villes protestantes. une Dame indiquerait Catherine de Médicis.

Juste après les attentats du 11 septembre 2001, le texte suivant a beaucoup circulé sur Internet :

In the City of God there will be a great thunder,
Two brothers torn apart by Chaos,
while the fortress endures,
the great leader will succumb,
The third big war will begin when the big city is burning

traduction :

Dans la cité de Dieu il y aura un grand tonnerre
Deux frères seront séparés par le chaos
Pendant que la forteresse endure
Le grand meneur succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande cité brûlera

Ce texte n'est pas de Nostradamus, ce n'est même pas un quatrain. Il fut écrit en 1997 et publié sur une page web par Neil Marshall, étudiant canadien de Brock University, qui voulait montrer qu'on pouvait fabriquer à la manière de Nostradamus des prophéties assez ambiguës pour supporter de nombreuses interprétations. Ce qui concerne la troisième grande guerre n'est pas de Neil Marshall et fut ajouté après les attentats du 11 septembre.

Il existe aussi la traduction française d'un mélange de canulars, volontairement troublant, répandu en anglais après les attentats du 11 septembre 2001, et qui, il est bien évident, manquent de la rime et la scansion métrique qui caractérisent le vers commun qu'utilisait Nostradamus :

Dans l'année du nouveau siècle et neuf mois,
Du ciel viendra un grand roi de terreur...
Le ciel brûlera à quarante-cinq degrés.Ï Le feu approche la grande nouvelle ville...

Dans la ville d'York, il y aura un grand effondrement,
Deux frères jumeaux déchirés par le chaos
Tandis que la forteresse tombe le grand chef succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande ville brûlera.

Les Prophéties

Et les hommes qui viendront après moi reconnaîtront le caractère véridique de ce que je dis, parce qu'ils auront vu que les différents événements prédits par moi se seront réalisés infailliblement.
Ils sauront aussi ceux qui restent à accomplir, puisque je les ai indiqués avec clarté.
Alors les intelligences comprendront sous le ciel : mais seulement quand approchera le temps où l'ignorance se dissipera, le sens de mes prédictions sera chaque fois plus clair.

Nostradamus,1555

Le 30 novembre 1979, DPA a publié l'information intitulée "Nostradamus avait Prophétisé la Crise de Téhéran". La nouvelle nous informe de la commotion terrible qu'a provoquée un documentaire du célèbre directeur Paul Drane au sein du public australien. La présentation du documentaire, qui traite de la vie du prophète du XVIe siècle, Michel de Nostradamus, et qui inclut la prophétie de l'invasion arabe en Europe, a coïncidé avec la prise de l'ambassade des États-Unis par des étudiants iraniens, ce sujet a, en même temps provoqué en Australie l'achat de tous les livres de Nostradamus en un seul un jour, et semblait promettre la réalisation d'une prophétie vieille de 425 ans.

Déjà en 1939, peu après que l'Allemagne ait envahi l'Europe, Goebbels, Ministre de la propagande d’Hitler, avait fait reproduire un document falsifié, provenant de Nostradamus, pour le diffuser en Europe. Les services secrets anglais ont dépensé 80.000 £ pour la contre-propagande.

Dans le prologue de la première édition des Centuries, le même auteur assure que l'avenir et la fin de l'humanité sont contenus dans ses prophéties.

Dans ses vers énigmatiques, des personnalités et des évènements importants apparaissent, y compris les deux guerres mondiales, la destruction de New York, de Paris, de Rome, de Londres et une troisième guerre mondiale ... atomique.

Les prophéties de Nostradamus Adaptation pour la télévision

Michel de Nostre-Dame, illustre médecin français né en 1503, est considéré comme le plus grand voyant de l'histoire. Les premières de ses principales prophéties, connues comme étant Les Centuries, ont été éditées en 1555. À la même époque, ses prophéties ont commencé à s'accomplir avec exactitude, à tel point que, pour cette raison, il fut nommé médecin et conseiller du roi.

La première manifestation publique de son don prophétique est advenue dans un village perdu dans la campagne d'Ancône, en Italie, quand il s'agenouilla, en toute humilité, devant un pauvre moine franciscain appelé Félix Peretti. Interrogé par d'autres moines sur son attitude étrange, il répondit : "ne dois-je donc pas m'agenouiller face à sa Sainteté ?". 19 ans après la mort de Nostradamus, le monde connaîtra le pauvre moine sous le nom de "Pape Sixte V".

De nombreux auteurs tombent d'accord sur le fait que la prophétie qui fit accéder Nostradamus à la renommée, à la même époque, a été la suivante :

Le jeune lion vaincra le vieux. Le champ de bataille, par un duel singulier. Les yeux jailliront dans une cage d'or, des forces au combat, l'une restera, l'autre mourra d'une mort cruelle.

Quatre ans après la publication de cette prophétie, Henri II le lion, roi de France, mourait dans des douleurs terribles, à cause d'un éclat de la lance du jeune lion, le comte de Montgomery, qui traversa le casque d'or de sa majesté, en lui perforant un œil, lors d'un tournoi amical. On raconte que le roi maudit le prophète sur son lit de mort, après avoir alors compris la portée de sa prophétie.

On a beaucoup critiqué le langage obscur et énigmatique que Nostradamus utilise; cependant, dans la Lettre à Henri II, le voyant assure qu'il l'a fait délibérément "Les temps exigent que de tels évènements occultes ne soient prophétisés que sous forme très énigmatique... S'il le voulait, il pourrait bien fixer la date pour chaque quatrain."

Malgré l'obscurité de ses quatrains, selon différentes études, 95 % de ses prophéties ont été pleinement vérifiées.

Le quatrain qui se rapporte à la Révolution Française, relatif au roi Louis XVI, ressemble plus au récit historique d'un témoin oculaire qu'à une prophétie faite avec 200 ans d'anticipation :

Ils entreront dans les Tuileries où cinq cents le couronneront d'une mitre. Il sera trahi par quelqu'un doté d'un titre de noblesse du nom de Narbone, et par un autre dénommé Saulce, qui aura de l'huile en barils.

Le 20 juillet 1792, dans le palais des Tuileries, 500 marseillais obligent le roi Louis XVI à mettre, comme moquerie au roi déchu, un bonnet phrygien (mitre), symbole révolutionnaire. Le Comte de Narbone-Lara, ex-ministre de la guerre, avait démissionné, après n'avoir pu contrôler l'armée, pour trahir le roi. L'autre traître, dénommé Saulce, arrêta Louis XVI quand celui-ci essayait de fuir pour rejoindre des troupes loyales. Curieusement, comme l'indique Nostradamus, Saulce était vendeur d'huile, de graisse et de savon.

En ce qui concerne les personnages, nous mentionnerons uniquement deux exemples, cependant Nostradamus anticipe l'existence de presque tous les rois de France; Cromwell et Charles I; la mort de divers Papes, Napoléon Bonaparte, Hitler, De Gaulle, Mussolini, y compris selon de nombreux auteurs, le meurtre de John F. Kennedy et d'autres personnages contemporains. Analysons quelques vers isolés relatifs à Napoléon :

Un empereur naîtra près de l'Italie. De simple soldat, il deviendra Empereur. Il instaurera le contrôle absolu sur l'Église. Il se maintiendra quatorze ans au commandement.

Napoléon est né en Corse, en face du Golfe de Gênes, en Italie. Du grade de sous-lieutenant d'artillerie, il accéda à la fonction d'Empereur. Il contrôla l'Église; il suffira de rappeler qu'en 1809 il donna l'ordre au Pape d'annuler son mariage avec Joséphine.

"La Tête Rasée", comme le nomme Nostradamus, probablement parce qu'il n'a jamais utilisé la longue perruque traditionnelle des rois français, a régné du 9 novembre 1799 au 6 avril 1814; exactement 14 ans.

Le médecin voyant a aussi prophétisé ses principales campagnes, sa déroute en Russie et son exil à l'île de l'Elbe.

Une autre prophétie également surprenante est celle qui annonce la cause de la 2ème guerre mondiale : Adolphe Hitler. Analysons le quatrain dans lequel il donne le propre nom du führer :

La Liberté ne sera pas recouvrée. Un homme audacieux, sombre, orgueilleux et vil, l'occupera. Quand le pont sera achevé, La République de Venise sera attaquée par Hister.

Le mot Hister, conformément aux lois de l'anagramme (nom propre avec des lettres réadaptées, très populaire à l'époque de Nostradamus), est Hitler en vérité, avec une lettre changée. Hister est aussi un nom très ancien du Danube, et c'est en dernier recours, une référence à l'hystérie, célèbre caractéristique de l'homme obscur et audacieux qui allait s'emparer du pouvoir allemand. Ce triple propos du mot Hister s'explique facilement, puisque le 21 février 1941, le "New York Herald Tribune" publiait : Depuis Sofia en Bulgarie, nous sommes informés de la construction du Pont Nazi sur le Danube.

Un mois après que le pont ait été terminé, les forces d’Hitler s'infiltraient en Italie.

Nostradamus prophétise des inventions importantes et des découvertes. Pour ce voyant, le sous-marin est un poisson de fer d'où sortent des personnes pour faire la guerre, et il parle même d'une flotte de sous-marins.

Il devance Jules Verne en ce qui concerne l'avion :

Les gens voyageront en sécurité à travers le ciel, la terre, la mer et les vagues.

Et dans un autre quatrain :

Ils seront en guerre en contrôlant les nuages.

L'échec de la Société des Nations, née en 1919, Hitler, l'attaque de la Pologne, l'occupation de la France, la chute de Mussolini, de l'Allemagne et du Japon sont seulement quelques uns des événements de la deuxième guerre mondiale décrits dans Les Centuries. À la fin de celles-ci, Nostradamus cite dans un langage dramatique l'un des événements les plus tragiques de notre histoire : les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, qui a laissé un solde approximatif de 100.000 morts, parmi lesquels, rien qu'à Hiroshima, 20.000 des 71.000 disparus étaient des enfants :

Dans le Soleil Naissant un grand feu sera vu. Dans le cercle de l'explosion régnera la mort et des cris seront entendus. Cette mort sera par la guerre, par le feu et par la faim.

La chute du Chah Rezah Pahlavi, nouvelle de grande actualité qui continue à faire les titres de la presse mondiale, est annoncée dans le quatrain suivant, que nous séparons en deux :

La pluie, la faim et la guerre ne cesseront pas en Perse.

Trop de foi trahira le monarque.

La Perse est l'actuel Iran, et il est de notoriété publique que la révolution qui a destitué le Chah a été une révolution conduite et exécutée par des leaders religieux, célèbres par leur excès de foi.

Ces actions commenceront en France et finiront là. Un signe secret qu’on ne doit pas interpréter à la légère.

Le début du troisième vers, qui se rapporte aux actions révolutionnaires qui ont commencé en France, peut sembler obscur si on ne prend pas en compte que le conducteur et idéologue de la révolution Iranienne, l'Ayatollah Khomeini, se trouvait en exil à Paris, et que c'est depuis la France qu'il a lancé ses écrits, ses consignes et ses instructions pour la révolte qui provoqua la chute du Chah. Le reste du quatrain n'est pas encore arrivé, et nous attendons donc que les actions s'achèvent en France, et que la lumière soit faite sur le signe secret, qu’on ne doit pas interpréter à la légère, selon le voyant.

Nostradamus a prophétisé l'avenir de l'humanité actuelle, et nous présentons ci-après les dites prédictions telles que les valident les plus célèbres spécialistes du sujet.En synthétisant, la plupart des auteurs étudiés se retrouvent dans le fait que Nostradamus prédit une guerre terrible d'une durée de 27 ans, dans laquelle deux grandes puissances lutteront.

En ce qui concerne l'invasion arabe en Europe, nous lisons :

En Arabie naîtra un roi puissant de la loi de Mahomet, qui dominera l'Europe et l'Italie. Par la discorde, la négligence française S’ouvrira un passage à Mahomet (aux arabes.

L'une des plus importantes données que fournit le voyant est la description des armes capables de détruire une ville entière.

Si nous analysons avec attention, l'effet de la description correspond à l'explosion d'une bombe atomique :

Un feu vivant sera enfermé, la mort cachée, dans des ballons effroyablement horribles. De nuit la ville navale sera réduite en poussière. La ville en flammes, l'ennemi indulgent.

Dans un autre quatrain on lit :

Chah Rezah Pahlavi

“La pluie, la faim et la guerre ne cesseront pas en Perse. Trop de foi trahira le monarque.”

Ayatollah Khomeini

«Ces actions commenceront en France et finiront là. Un signe secret qu’on ne doit pas interpréter à la légère.»

“Par la chaleur du soleil, montée de la mer. Les poissons du Négroponte à moitié cuits. Les pluies, gélatineuses, rendront les terres stériles. .”

Nostradamus fournit une donnée qui nous permet de nous faire une idée à propos de la troisième guerre mondiale : le voyant affirme que quand une comète ou un éclair à longue queue sera visible dans le ciel, la guerre sera à son apogée.

Les conséquences épouvantables d'un combat nucléaire, accompagnées des désastres naturels occasionnés par le rapprochement d'une planète gigantesque dont nous parlerons plus loin, provoqueront, selon le prophète, la destruction des plus grandes villes du monde.

Entre autres, Nostradamus cite :

Rome :

“Elle sera envahie et finira dans un gigantesque raz de marée : Oh, vaste Rome, ta ruine s'approche. Ton malheur est proche. Tu seras captive plus de quatre fois. Je pleure pour l'Italie. Elle sera détruite par un tremblement de terre et par des bombes : Le feu du centre de la terre... la fera trembler. Pendant que deux puissances font la guerre pour longtemps. Le ciel brûlera à 45 degrés. Le feu s'approche... la grande flamme sautera à l'instant. ”

Paris:

“Par le fer, le feu, la peste, le canon, les gens mourront... la grande ville se retrouvera très désolée, et il ne subsistera pas un seul de ses habitants... Il y aura un tremblement de terre, de l'eau, une accumulation malheureuse, il n'y aura pas d'endroit où se réfugier, la vague arrivera au milieu de la péninsule. ”

Le quatrain relatif à l'Angleterre pourrait être interprété comme un grand raz de marée qui devrait l'engloutir avant le début de la guerre.

“La Grande-Bretagne, y compris l'Angleterre, sera envahie par les eaux à une hauteur très importante ... L'Île de Saint-Georges à moitié submergée... La paix somnolente, se réveillera la guerre. ”

Les effets calamiteux de la guerre causeront des pestes et des famines :

“La grande famine que je sens s'approcher circulera souvent et ensuite sera universelle. Elle sera si importante et forte, qu’elle parviendra à arracher la forêt de sa racine, et le nourrisson du sein. ”

Les désastres naturels qui accompagneront la troisième guerre mondiale seront les conséquences, selon le prestigieux investigateur contemporain Samael Aun Weor, fondateur de l'Association Gnostique d'Études d'Anthropologie et de Sciences Internationales, du rapprochement d'une planète gigantesque 6 fois plus grande que Jupiter appelée Hercolobus. Le Dr. Samael Aun Weor cite Nostradamus :

“Un astre longtemps enfoui dans les ténèbres profondes. De la couleur du fer oxydé. Il viendra obscurcir la lune, Qu'il blessera d'une plaie sanglante. ”

Nostradamus pour la date d'arrivée de la planète :

“En 1999, sept mois, viendra du ciel un grand roi de l'horreur... Quand sera l'éclipse de soleil le monstre sera vu en plein jour. Il sera interprété d'une manière erronée Malheureusement personne n'aura prévu. La grande étoile durant sept jours brûlera, les nuages feront croire qu'il y a deux soleils. ”

Dans un autre quatrain est annoncé un rapprochement plus important de la planète :

“ Le soleil occulté, éclipsé par Mercure, sera seulement un élément secondaire dans le ciel. ”

Nostradamus nous donne une clé astronomique : il n'existe que 12 éclipses de soleil occasionnées par la planète Mercure en un siècle ; l'une d'elles aura lieu le 24 novembre 1999, propos qui coïncide clairement avec ses prophéties.

Le rapprochement de la planète produira de graves perturbations : des tremblements de terre, des raz de marées et le basculement de l'axe de la terre, à propos duquel Nostradamus n'hésite pas à annoncer un Grand Incendie Universel :

... et d'abondantes pierres incandescentes tomberont du ciel. Et un vif feu dévorant, tel qu'il ne restera rien qui ne soit pas consumé.

Un tel incendie est par ailleurs prophétisé par la majorité des écritures sacrées du monde :

Dans le chapitre 2, verset 3-10, Saint Pierre dit :

“ Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit ; sur lequel les cieux passeront avec un grand fracas, et les éléments incandescents s'écrouleront, et la terre et toutes les œuvres qui existent en elles brûleront. ”

Et dans le Chilam Balam, le livre maya :

“ Le Soleil se retournera, la face de la Lune se retournera, du sang coulera des arbres et des pierres; le ciel et la terre brûleront. ”

Et les sibylles romaines :

“ Le feu consumera toute la race humaine, toutes les villes, les rivières et la mer ; il embrasera tout et il réduira le monde en une poussière noirâtre. "Un feu vivant sera enfermé, la mort cachée à l'intérieur de ballons épouvantablement horribles ... " ”

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Posté le : 03/05/2014 20:20

Edité par Loriane sur 04-05-2014 14:13:45
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Premières publications des prophéties de Nostradamus -suite-
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Interview du Dr Samael Aun Weor

Dans une interview spéciale pour la télévision, le Dr. Samael Aun Weor, autorité mondiale, a dit au sujet de Nostradamus et de ses prophéties :

-... Il se trouve que Michel de Nostradamus a été un grand médecin-astronome, du Moyen Âge. Il a été éduqué dans la sagesse des égyptiens. On dit qu'il passait des nuits entières à regarder fixement et sans ciller l'eau contenue dans une louche en cuivre. Certains affirment que dans cette eau translucide, il a pu voir avec une entière clarté méridienne les événements à venir. Ainsi donc, Michel de Nostre-Dame a été un grand voyant, cela personne ne peut le nier. Jusqu'à ce jour, toutes les prophéties que Michel de Nostradamus a faites se sont mathématiquement accomplies.

- Que pouvez-vous nous dire au sujet de la troisième guerre mondiale ?

- Michel de Nostradamus a prophétisé la première, la deuxième et aussi la troisième. De grands sages du passé avaient déjà pronostiqué trois guerres mondiales pour le siècle présent. La pire va être celle qui vient, la troisième, ce sera un véritable holocauste atomique, épouvantable. Les grandes villes du monde disparaîtront avec les explosions nucléaires. Le plus grave de tout est la contamination radioactive. Avec la troisième guerre mondiale l'atmosphère sera contaminée de manière épouvantable. La radioactivité infestera complètement l'air, les eaux, et en général tout ce qui existe. Par exemple, les pluies que nous aurons seront radioactives. Les récoltes seront perdues. Et elles seront tout simplement perdues parce que personne ne pourra les utiliser, c'est tout. Avoir à manger des aliments contaminés par la radioactivité est très grave. Cela arrivera ainsi.

Il n'y a aucun doute que cette troisième guerre mondiale soit à nos portes. D'autre part, dans les temps actuels, il existe la faim et la désolation, une misère épouvantable, une crise des valeurs, etc. Tout cela nous conduit peu à peu, vers la troisième guerre mondiale.

Aparté en guise d'épilogue

Il est devenu de bon ton depuis quelques années de fabriquer ce que j'appellerai de la contre-interprétation passéiste et rétrograde ou au contraire de l'analyse activiste et projective des quatrains de Nostradamus, soit pour tenter de montrer que les quatrains versifient des chroniques historiques que personne n'a pu retrouver, soit pour tenter de montrer que le texte des quatrains reflète des événements postérieurs et identifiables qui n'ont pu être prédits en raison des limites de l'esprit humain, et donc que les Prophéties seraient antidatées. Ainsi semblent s'affronter deux clans de sceptiques, qui à partir de leur assentiment commun aux idoles de la mentalité moderne, parviennent à des conclusions diamètralement opposées, tout en mettant en branle des méthodes de travail et des techniques d'interprétation tout aussi aléatoires que celles de leurs prédécesseurs "illuminés" qu'ils fustigent. Il n'est pas plus de connaissance historique, pas plus de rigueur méthodologique, chez ces anti- que chez les pro- d'autrefois et d'aujourd'hui. On observe même chez ces nouveaux sceptiques, comme on parle de "nouveaux philosophes", une plus fâcheuse tendance à biseauter le texte à l'aune de leurs traficotages. (Sur cette question, cf. "Le quatrain 23 de la centurie VI et la critique des méthodes dites rationalistes ", CN 64). Le plus souvent, ils se contentent de se polariser sur un vocable ou sur une expression, et interprètent un petit bout de vers, quitte à laisser le reste du quatrain dans l'ombre, ou au besoin à invoquer des fautes typographiques pour les morceaux non étudiés. En outre l'histoire du typographe qui fabrique le texte sous la dictée d'un lecteur, rapportée par Brind'Amour en 1993 (p.14), reste sujette à caution, et l'on peut penser que les divers imprimeurs des Prophéties restèrent très vigilants pour la fabrication d'un texte de cette nature.

Dans le camp des iconoclastes -- et Shakespeare comme Rabelais auront aussi mérité les leurs --, le refus d'accorder à Nostradamus la paternité des quatrains des Prophéties en imaginant l'existence de clans organisés de faussaires, au besoin aux intérêts divergents, s'accompagne d'une systématique falsification des dates et des textes, et d'une surdité maladive aux témoignages les plus évidents. Le procédé le plus utilisé, en dépit des preuves matérielles, consiste à marteler le dogme selon lequel les premières éditions auraient été imprimées sur le modèle d'éditions beaucoup plus tardives. Un autre "truc" consiste à faire croire que des plagiaires des années 1570-80 dont on connaît par ailleurs les textes insipides et poussifs, auraient pu changer de style et de mentalité, pour rédiger des quatrains à la place de l'astrophile. Ces procédés s'apparentent aux mouvements et modèles révisionistes de mystification, de falsification, et de réécriture de l'histoire, très en vogue aujourd'hui, et notamment pour des sujets où la séduction iconoclaste s'accorde aisément avec une aversion atavique mêlée à une grande part d'ignorance. C'est le cas pour les études nostradamiennes, comme pour celles relatives à l'astrologie et à l'histoire de l'astrologie, matières trop longtemps délaissées par les recherches académiques (cf. Guinard, TH. D., 1993, et "Astrologie : Le Manifeste 3/4", CURA.

Les témoignages et attestations externes de l'existence des Prophéties sont beaucoup plus nombreux que ne l'imaginent les apprentis exterminateurs -- qui, comme tous les iconoclastes, espèrent remplacer "les esprits" par la puérilité de leur esprit. Le corpus des textes littéraires, latins, français, allemands, italiens, anglais, etc, restés manuscrits, ou publiés entre 1555 et 1575, ou même quelques années après, pourrait réserver encore de nombreuses surprises. Les almanachs de Nostradamus, mais aussi ses Prophéties, malgré leur diffusion moins importante, ont été beaucoup plus diffusés et médiatisés qu'on ne l'a cru et dit, et je fournirai prochainement quelques témoignages que n'a pu retrouver Brind'Amour, lequel travaillait essentiellement au dépouillement d'éditions modernes accessibles dans les rayons de bibliothèques ou centres de recherche de type universitaire.

En outre, ces sceptiques et zététiques n'ont pas encore compris que Nostradamus a volontairement "tronqué" son texte septième centurie incomplète, quelques vers inachevés, bribes des centuries dites 11 et 12 rapportées par Chavigny, etc, afin précisément de piéger les analyses des gobe-mouches, aussi nombreux dans ces milieux que chez leurs adversaires. Il y a quelques années, sur un forum canadien de gogo-sceptiques, les adversaires de mon argumentation en faveur de nouvelles perspectives pour l'astrologie,

Les premières éditions des Prophéties 1555-1563

Les quelques retouches du retirage pourraient provenir de corrections hâtivement consignées sur un exemplaire que Bonhomme aurait apporté à Nostradamus. Les deux hommes se seraient rencontrés vers le 10 juin 1555 à Salon ou à Avignon : en effet Macé et son frère Barthélemy, "habitants d'Avignon", s'y rencontrent le 8 juin 1555 pour l'achat d'une propriété, Archives de Vaucluse, fonds Pons 1233 f. 327 ; Baudrier 10, p.196. Et l'imprimeur lyonnais aura entrepris son retirage dès son retour à Lyon, car les délais de publication sur papier étaient beaucoup plus rapides au XVIe siècle qu'ils ne le sont aujourd'hui !

A-t-il existé une édition Plantin, imprimée en 1555 à Anvers ? Leon Voet signale des différences de prix importantes lors de la vente d'almanachs de Nostradamus par Christophe Plantin, imprimeur du Traité des Fardements et des Confitures en 1557 : un "Almanach de Nostradamus avec les présages" vendu 3 stuivers le 1er janvier 1556, 12 lots semblables vendus 1 florin 10 stuivers = 30 stuivers une semaine plus tard, et encore 5 lots vendus 12 ½ stuivers le 5 août, et 3 lots vendus 7 ½ stuivers le 12 août de la même année, soit en moyenne 2 ½ stuivers le lot, Archives Plantin 38, fol.2, Musée Plantin-Moretus, Anvers. En revanche, plus d'une année après, le 27 septembre 1557, Plantin vend à un libraire de Tournai 12 almanachs de Nostradamus, probablement des exemplaires de l'Almanach pour 1558, qui serait déjà sorti, et non de l'Almanach pour 1557) à raison de ½ stuiver l'exemplaire (Archives Plantin 38, fol.26, Musée Plantin-Moretus, Anvers. Voet conclut de la différence de prix, du simple au quintuple, que les livraisons de 1556 pourraient contenir les Prophéties désignées par le terme ambigü de "présages". Toutefois le faible nombre de lots vendus, comparativement à la vente et distribution de centaines d'exemplaires de l'Almanach pour l'an 1558 courant 1558, cf. Voet, 1, p.45, semble exclure que Plantin ait lui-même imprimé cette édition ; il en aurait plutôt été le distributeur. Il s'agirait alors soit de l'édition "Denyse" édition 2 qui aurait alors été imprimée au tout début de l'année 1556, ou même fin 1555, soit encore et plus vraisemblablement, du second tirage de l'édition Bonhomme.

A-t-il existé une édition latine des Prophéties ? L'ancien catalogue papier de la Mazarine à Paris indique au nom de Nostradamus l'existence de "Prophéties en latin. Lyon. Macé Bonhomme. 1555. Absent depuis juin 1887." Le libraire lyonnais donnait aisément des doubles impressions, latine et française des textes de ses auteurs : Barthélemy Aneau en 1552, Guillaume Rondelet en 1554 et 1558, Pierre Coustau en 1555, etc. Il n'est donc pas invraisemblable qu'une édition latine des Prophéties soit parue en 1555 : Chavigny y aura peut-être repris et corrigé dans son Janus les quatrains latins provenant de cette édition, et le recenseur de la Mazarine aura traduit l'intitulé au frontispice et restitué le prénom usuel de l'imprimeur lyonnais: "Vaticinationes Michaeli Nostradami, Lugduni, Apud Matthiam Bonhomme". Mais tout ceci restera à l'état de conjecture invérifiable, faute d'indice supplémentaire.

A-t-il existé une édition "sixte denyse. Cette édition introuvable repose sur le seul témoignage de La Croix du Maine 1552-1592 : "Les quadrains ou propheties dudit Nostradamus, ont esté imprimez à Lyon l'an 1556 par Sixte Denyse & encores à Paris & autres lieux, à diverses annees." . La Croix ne donne pas de titre spécifique. Ruzo suppose qu'elle serait la première à contenir sept centuries. Cette supposition -- que j'ai moi-même défendue jusqu'à présent -- et qui a été reprise par les principaux bibliographes, me semble désormais improbable. Le privilège accordé à Macé Bonhomme pour deux ans, même s'il n'a pas été respecté par tel ou tel imprimeur, l'a vraisemblablement été par ceux-là même qui l'ont sollicité, à savoir l'éditeur et l'auteur. Rappelons que le privilège était un avantage accordé aux auteurs, imprimeurs et libraires, qui les protégeait juridiquement contre les productions pirates et les contrefaçons. Autrement dit, il n'a pas pu exister d'édition à sept centuries en 1556, parce que Nostradamus n'a probablement pas confié à l'impression le premier livre "complet" de ses Prophéties en sept centuries avant la fin de la période du privilège.

L'éditeur supposé, "Sixte Denyse", est inconnu de Baudrier comme de tous les bibliographes. La Croix du Maine, à l'exception de cette édition, et Du Verdier, dans leurs bibliothèques respectives, ne le mentionnent nulle part. Je ne crois pas que cette édition, si elle a existé, ait été imprimée à Lyon, mais peut-être à Anvers cf. supra, à Poitiers, qui était un assez grand centre d'impression, familier au manceau François Grudé de La Croix du Maine, ou plus vraisemblablement à Paris.

En effet le patronyme Denys ou Denyse n'était pas étranger dans les milieux de l'édition parisienne. Philippe Renouard recense Toussaint Denys et Hiérosme Denis, libraires actifs vers 1520-1530 1898, p.95, Augustin Lottin cite encore trois Jean Denys actifs dans la première moitié du XVIIe siècle, et Du Verdier mentionne un ouvrage malheureusement non daté, imprimé à Paris par un certain Jean S. Denys, les Chants Royaux spirituels, Rondeaux & autres petits traictez du poète Guillaume Cretin, décédé en 1525 1585, p.476.

Ce "Sixte Denyse" ou sixième Denyse pourrait être l'imprimeur et libraire parisien Estienne Denyse ou Denise, précisément actif en l'année 1556 : dans le recensement des libraires parisiens établi par Lottin, figurent parmi une dizaine de noms : "Olivier De Harsy, Libraire & Imprimeur", "Guillaume Thibault, Libraire" et "Etienne Denyse, Libraire suivant la Cour" Lottin, 1789, p.35, qui s'appuie sur La Caille.

On ne connaît que quelques ouvrages édités par Estienne Denyse, presque tous en 1556, et dont il ne subsiste que très peu d'exemplaires : La forme et maniere de la Poinctuation, et accents de la langue Françoise, ouvrage imprimé par Guillaume Thibaut 1556, Londres BL, le Recueil des faictz et gestes memorables du tres Chrestien roy de France Henry second de ce nom 1556, Bâle BU, La genealogie du grand turc, et la dignité des offices, & ordre de sa court 1556, Oxford UL, Le promptuaire des conciles de l'Eglise Catholique de Jean Lemaire de Belges, un ouvrage non daté Oxford UL, de Nicolas de Mossan, la Briefve narration de la grande cruaulte & parricide de soltan Solyman grand empereur des Turcs contre soltan Mustapha son filz aisné traduit du latin par F.I.P. de P. ; 1556, Harvard University Library, et La harangue de la déesse Astrée 1556, Paris BnF du poète et traducteur d'Ovide François Habert ouvrage imprimé par Guillaume Thibout et déjà signalé par Grudé.

L'éditeur et libraire au service de la cour, après le séjour parisien de Nostradamus en juillet-août 1555, pourrait avoir été commandité par Catherine de Médicis qui souhaitait son édition des Prophéties ! Par conséquent il s'agirait d'une édition plus ou moins confidentielle, et il n'est pas étonnant en ce cas qu'on n'en retrouve aucun exemplaire. Cette conjecture confirmerait mon hypothèse initiale, à savoir que cette édition de 1556 reproduit la précédente et ne contient que les 353 premiers quatrains.

S'il faut accorder crédit au témoignage de La Croix du Maine, admettre une inversion entre les villes de Paris et Lyon, et par conséquent lire : "Les quadrains ou propheties dudit Nostradamus, ont esté imprimez à Paris l'an 1556 par Sixte Denyse & encores à Lyon & autres lieux, à diverses annees", le pluriel aux "autres lieux" suppose la parution des Prophéties avant l'année 1584 dans au moins deux autres villes : Avignon est attestée, reste une ville hypothétique qui pourrait être Poitiers.

L'existence de cette édition est attestée par des allusions de Laurent Videl 1558, lequel avait entre les mains un exemplaire semblable à celui appelé aujourd'hui "exemplaire de Budapest", et par l'édition Regnault de 1561 qui la travestit.

On connaît trois exemplaires de cet ouvrage, correspondant à une double édition, l'une à 642 quatrains avec un achevé d'imprimer daté du 6 septembre 1557 exemplaire d'Utrecht, l'autre à 639 quatrains sans le quatrain latin à la fin de la centurie VI et à 40 quatrains à la suivante avec un achevé d'imprimer daté du 3 novembre (exemplaires de Budapest et de Moscou. Le frontispice de l'exemplaire de Budapest est identique à ceux de l'exemplaire désormais manquant de Munich Klinckowstroem, 1913, p.362 et de celui de Moscou.

La lettre-dédicace à César précède les deux lots de quatrains, c'est-à-dire les 353 de l'édition Bonhomme et les 286 ou 289 nouveaux quatrains de cette édition, réunis en un seul livre, avec une numérotation continuConcernant la mention du sous-titre annonçant énigmatiquement l'addition de 300 nouveaux quatrains, cf. mon texte : "Les pièces de l'héritage", et cf. infra.

Klinckowstroem qui a étudié l'exemplaire de Munich format = 6,1 × 9,3 cms, et Ruzo qui a fait une copie photographique de l'exemplaire de Moscou, en donnent une description qui les assimilent à l'exemplaire de Budapest.
L'exemplaire d'Utrecht ne figure pas dans les bibliographies Chomarat et Benazra de 1989-1990 : on sait, hélas, ce que ce forum de discussion est devenu aujourd'hui ... par le néerlandais Wouter Weyland. L'exemplaire avait été vendu par un libraire à la bibliothèque d'Utrecht au début des années 80. Il est étonnant de constater que l'exemplaire de Budapest ait fait l'objet d'un intérêt renouvelé et de plusieurs reproductions Chomarat 1993 non fiable et retouchée, Morisse 2004, Université de Tours 2006 : cf. "Lire les Prophéties de Nostradamus sur Internet", CN 22, alors que celui d'Utrecht, beaucoup plus soigné et d'une bien meilleure facture, reste encore ignoré ou boudé, probablement par ignorance. A noter que dans l'exemplaire de Budapest, la page 26 est numérotée 16 par erreur, alors qu'elle est renumérotée 26 dans l'édition Morisse apparemment retouchée.
Les diverses hypothèses avancées concernant la datation de ces éditions me semblent caduques : celle de Ruzo 1975 pour qui ces éditions reproduiraient les éditions "Sixte Denyse" de 1556 cf. supra, celle de Brind'Amour qui estime que l'édition de 1557 "est probablement une édition piratée, vue sic la grossièreté de la gravure au frontispice, l'absence de permission d'imprimer et les nombreuses fautes typographiques : elle paraît néanmoins contemporaine de la date annoncée" 1996, p.544, celle de Morisse qui date au contraire, et en partie pour les mêmes raisons, l'exemplaire de Budapest de la fin de l'année 1556.
Antoine du Rosne a travaillé pour Nostradamus dès 1553 et peut-être avant cf. la "Pronostication pour l'an 1554", CN 08. Il n'est pas étonnant de le retrouver en 1557 éditeur des Prophéties, mais aussi de la Paraphrase de C. Galen sus l'exortation de Menodote, aux estudes des bonnes Artz, mesmement Medicine, une traduction de Nostradamus parue la même année, avec la même vignette que l'exemplaire d'Utrecht, et sans privilège.
Concernant l'absence des privilèges et permis d'imprimer, il semble qu'Antoine de Rosne ait été négligent sur ce point. Il est possible également, et concernant l'édition des Prophéties, qu'il n'ait pas jugé bon d'insérer de mention parce que l'édition de 1557 était conçue comme une édition partagée avec un ou plusieurs éditeurs parisiens par exemple dès 1557.
L'exemplaire d'Utrecht a été signalé par Chomarat en 2000 dans l'introduction à l'édition en fac-similé de son exemplaire Benoist Rigaud des Prophéties p.12, et semble-t-il pour la première fois dans un texte paru dans le Bulletin municipal officiel de la ville de Lyon du 12 janvier 1997 : "Les Prophéties de Nostradamus à la bibliothèque municipale de Lyon à travers l'exposition "Prophéties pour temps de crise" 4-22 mars 1997".
Abordons maintenant l'argumentation de Gérard Morisse, éditeur de la Revue Française d'Histoire du Livre : l'exemplaire de Budapest aurait été publié fin 1556, et celui d'Utrecht, plus soigné, en septembre 1557. Morisse avance les trois observations suivantes :

1. Le contenu des éditions : Comment, chez le même éditeur, une édition à 642 quatrains avec un achevé d'imprimer du 6 septembre 1557 pourrait-elle précéder une édition, plus incomplète, ne contenant que 639 quatrains, avec un achevé d'imprimer a priori plus tardif, mais qui ne précise pas l'année d'impression ?

2. La matérialité des éditions : L'exemplaire d'Utrecht est beaucoup plus soigné, et son matériel typographique lettrines, bandeaux, fleurons est plus fourni : il semble postérieur à l'exemplaire de Budapest, plus rudimentaire.

3. Le témoignage de Laurent Videl : Certains passages de sa Declaration des abus ignorances et seditions de Michel Nostradamus, parue en Avignon en 1558, semblent se référer explicitement à l'exemplaire de Budapest, répétant notamment l'une des fautes typographiques d'une sentence de la préface à César : "nous inspirant par baccante fureur, ne par l'imphatique sic monument, mais par astronomiques assertions" 1557, exemplaire de Budapest, mais dans l'édition Bonhomme de 1555, dans l'édition Du Rosne de 1557 exemplaire d'Utrecht, et dans toutes les éditions ultérieures : "nous inspirant non par bacchante fureur, ne par lymphatique [ou limphatique mouvement, mais par astronomiques assertions". En effet Videl s'empare de l'occasion pour se gausser de l'alcoolisme "avoué" du salonais : il "nous veut inventer une nouvelle astrologie forgée en sa furye bacchanale, & non limphatique, comme il dit sur umbre de prophetie." f. D4r. Videl ne reprend que l'inversion de la négation ce qui n'est ni suffisant ni significatif, surtout s'il a estimé que la "furye bacchanale" conviendrait assez bien à l'auteur des Prophéties, mais non la faute typographique "monument" pour "mouvement" qu'il aurait signalée dans ses persiflages s'il avait suivi l'édition datée de novembre 1557 !
Ce dernier argument ne tient pas car la préface de l'ouvrage de Videl -- prétendument traduit du latin! -- est datée du 20 novembre 1557 et la conclusion du 21 novembre 1557 : rien n'aurait empêché Videl d'avoir rédigé son texte à l'emporte-pièce en quelques jours après la sortie de la seconde édition Du Rosne le 3 novembre 1557.
L'argumentation de Morisse, concernant la matérialité du texte, n'est pas plus convaincante, et Brind'Amour qui ne connaissait pas l'exemplaire de la bibliothèque universitaire d'Utrecht, pense que l'exemplaire bâclé de Budapest pourrait être au contraire une contrefaçon plus tardive. A l'appui de cette hypothèse, on notera les très rares marques d'imprimerie de cet exemplaire : une vignette "inversée" et redessinée qu'on ne retrouve nulle part ailleurs, une lettre sommairement ornée, et un fleuron à la fin de la première centurie. De mêmes observations peuvent ainsi conduire à des conclusions opposées.
Reste l'argument concernant le nombre de quatrains et les dates d'impression :
"Achevé d'imprimer le 6 du moys de Septembre. 1557." exemplaire d'Utrecht à 642 quatrains
"Achevé d'imprimer le troisiesme de Novembre." exemplaire de Budapest à 639 quatrains

D'abord on comprend mal, dans l'hypothèse Morisse, pourquoi une édition portant la date de 1557 au frontispice, aurait été imprimée une année avant, et j'ai signalé en septembre 2002 : "que les dates d'achevé d'imprimer des deux tirages de cette série, probablement contemporains, à savoir les 3 novembre et 6 septembre 1557, sont espacées de 58 jours, exactement égaux aux 58 quatrains prétendument "manquants" à la septième centurie." cf. "Les Nombres du Testament comme fils d'Ariane au Corpus nostradamique", Les Nombres du Testament. Suite à cette constatation, et dans la logique du codage de l'organisation des quatrains, on aurait affaire à une édition double, faisant volontairement paraître le supplément de 3 quatrains avant l'édition qui ne le contient pas afin de marquer leur liaison, et laissant, en raison de cet agencement, la date d'achevé d'imprimer de la seconde édition sans indication d'année.
Notons encore que la mention "Adjoustées de nouveau par ledict Autheur", reprise au titre du premier livre des éditions Benoist Rigaud de 1568 et désignant une augmentation du nombre de quatrains dans les éditions du Rosne, a été supprimée lors de l'impression de la seconde, pour laquelle elle n'avait plus de raison d'être, d'autant plus qu'elle se caractérise, par rapport à la précédente, par une soustraction de trois quatrains !
En résumé, l'édition Antoine du Rosne a été conçue comme une double édition avec un décalage de 58 jours aux dates d'impression. L'exemplaire d'Utrecht reprend l'orthographe "Chés" Antoine du Rosne, le fleuron, et la vignette de la Paraphrase de Galien, une traduction de Nostradamus parue la même année chez le même éditeur. Mais la vignette sans lune ni "étoiles" au frontispice de l'exemplaire de Budapest, l'orthographe "chez" Antoine du Rosne au lieu de "chés", et les innombrables négligences typo- et orthographiques feraient penser à une contrefaçon plus tardive, reproduisant une édition originale qui en aurait les caractéristiques. Cependant ce point, qui donnerait raison à Brind'Amour, n'est pas assuré cf. mon étude prochaine sur les marques typographiques des éditions Antoine du Rosne.

Les Propheties de M. Michel Nostradamus

Dont il en y a trois cents qui n'ont encore jamais esté imprimées
Paris, Olivier de Harsy, 1557, in-16
Cette édition inconnue des bibliographes est mentionnée dans cinq catalogues de vente, sans indication d'éditeur dans le premier, avec les références les plus précises dans celui le troisième.
Olivier de Harsy, imprimeur-libraire exerçant à Paris à partir de 1555 et décédé le 30 août 1584 Lottin, 2e partie, p.40, avait déjà imprimé l'Excellent & moult utile Opuscule de Nostradamus en 1556. La même année, il édite aussi Les Prodiges merveilleux advenuz et veuz en Allemaigne Paris BnF: V-50090 du florentin Gabriel Simeoni, ami commun et correspondant de Catherine de Médicis et de Nostradamus cf. le Recueil des épîtres latines. L'éditeur parisien aura-t-il été conseillé à Nostradamus par son ami Simeoni ? On leur connaissait déjà des éditeurs lyonnais en commun : Antoine Volant et Jean Brotot.
Parmi les ouvrages publiés par Olivier de Harsy, figure, en 1556, Les remonstrances faictes par l'Empereur, à tous les estatz de son Empire, estant au siege Imperial, en sa ville de Brucelles London BL: 699.a.19.8. qui semble avoir été réimprimé sous un autre titre en 1558 : Discours de l'Empereur aux états de l'Empire, et avec comme nom d'imprimeur Olivier le Hardy (Paris Arsenal: 8-H-12877 . L'étude matérielle de ces exemplaires, que je n'ai pas consultés, permettrait peut-être de se faire une idée sur la divergence des noms de Hardy / de Harsy, et d'y voir plus clair sur ces différentes impressions.


Les Propheties de M. Michel Nostradamus

Centuries VIII. IX. X. Qui n'ont encore jamais esté imprimées
Lyon, Antoine du Rosne
L'existence de cette édition introuvable est attestée par le témoignage de Claude Haton cf. "Les Mémoires de Claude Haton : un témoignage exceptionnel sur Nostradamus", CN 11). Pour Klinckowstroem (p.363) et Ruzo, la preuve de son existence réside dans la dédicace à Henry, datée du 27 juin 1558. D'autant plus qu'avec cette lettre-dédicace, les Prophéties de Nostradamus semblent s'achever sur un fiasco, puisqu'au final "l'invictissime" Henry II, à qui elle est apparemment destinée, mourra l'année suivante d'un coup de lance inopiné. Ce trait n'a pas échappé aux auteurs de la contrefaçon parisienne de l'Almanach pour l'an 1563 Paris, Barbe Regnault frauduleusement dédié à Françoys de Lorraine, duc de Guise, laquelle reprend certaines formules de l'épître de 1558 cf. "Un faux almanach pour l'an 1563", CURA. L'opuscule satirique Regnault a probablement été publié dans les jours ou les semaines qui ont suivi le décès de François de Guise survenu le 18 février 1563.

Une référence à cette édition figure, par la mention "à Lyon en l'an 1558", au titre de plusieurs éditions ultérieures, Rouen Cailloué, Viret & Besongne, 1649, Leyde Leffen, 1650, Amsterdam (Winkeermans, 1667, Amsterdam Jansson & Weyerstraet, 1668, et de leurs copies parisiennes de 1668 et 1669 Jean Ribou et Pierre Promé.
Daniel Ruzo et d'autres ont suggéré le nom de Benoist Rigaud comme éditeur de ce troisième volet des Prophéties, celui-là même qui imprimera les éditions complètes du texte à partir de 1568. Je doute fortement que Nostradamus ait été en relation avec Rigaud à cette date. J'ai des raisons de penser que c'est encore Antoine du Rosne (ou son frère Ambroise qui fut l'éditeur de cette édition, et que Rigaud n'a fait que récupérer les droits d'impression en 1568.
En outre Rigaud sous-traitait chez divers imprimeurs l'impression d'une grande partie de sa production : par exemple entre 1561 et 1566, une majorité de ses publications étaient imprimées par A. du Rosne, comme le note Baudrier vol.3, 1897, pp.211-244. Il est regrettable que ce grand bibliographe n'ait pu achever son oeuvre colossale avant son décès, et que certains éditeurs et imprimeurs lyonnais soient ainsi passés à la trappe, et en particulier Antoine Volant, les Brotot, Jean puis Pierre, et les Du Rosne, Antoine et Ambroise.
L'édition lyonnaise de 1558 devait comprendre l'épître à Henry II suivie des centuries VIII, IX et X. Klinckowstroem mentionne le témoignage "inutilisable" de Tony Kellen d'Essen en 1904, selon lequel l'édition de 1558 contiendrait les centuries 8 à 10 (Klinckowstroem, 1913, p.363. A-t-il existé une édition complète des Prophéties, imprimée en 1558 ? C'est possible, d'autant plus que les recherches bibliographiques sur les ouvrages anciens tendent à montrer que les éditions sont toujours beaucoup plus nombreuses que ce qu'il en subsiste quelques siècles après cf. par exemple les nombreux ouvrages perdus des "bibliothèques" de La Croix et Du Verdier, mais les indices en faveur de l'existence de cette édition restent très fragiles.
Alfred Cartier est le seul à mentionner un exemplaire d'une édition intitulée "Les Prophéties en dix centuries" Lyon, Jean de Tournes, 1558, petit in-8, qui se serait trouvé à la BM de Lyon. Cependant, il ne semble pas que le bibliographe, décédé en 1921, ait consulté ce volume à Lyon, car il n'indique aucune marque de séparation dans le titre, contrairement à la plupart de ses ouvrages catalogués. Il est possible qu'il ait recopié une fiche de catalogue, peut-être erronée, et qu'il ait considéré que l'ouvrage mentionné n'était pas digne de l'attention bibliographique accordée à d'autres, comme par exemples ces satires parues à Genève sous le titre de "Merveilles advenir en cestuy an vingt et sis" 1526 : "Les Merveilles advenir sont une satire, parfois fort vive, contre les charlatans qui se vantaient de connaître l'avenir et contre les fabricants de prédictions, dont Nostradamus est resté le plus célèbre représentant." (Arrêts du conseil de Genève sur le fait de l'imprimerie et de la librairie de 1541 à 1550, Genève, Georg & C°, 1893, p.188. D'autre part, l'intitulé mentionné est d'autant plus suspect qu'il s'apparente à celui d'une édition, introuvable mais beaucoup plus tardive, signalée par Anatole Claudin, Jacques Brunet (4, c.105) et Henri Baudrier (3, p.258). En outre, les caractéristiques matérielles et typographiques des deux volets des éditions Benoist Rigaud de 1568, avec leur double pagination, témoigneraient du regroupement de deux éditions indépendantes, celle de 1557, et celle de 1558 contenant les trois dernières centuries.

Les Propheties de M. Michel Nostradamus

Centuries VIII. IX. X. Qui n'ont encore jamais esté imprimées
Paris, 1558 ou 1559 ?
Personne n'a soupçonné l'existence de cette édition, mais en conséquence de la découverte des éditions parisiennes de 1556 et de 1557, son existence doit être envisagée, d'autant plus qu'à partir de 1557, Nostradamus fait paraître ses almanachs et pronostications aussi bien à Lyon qu'à Paris.
Les grandes et merveilleuses Predictions de M. Michel Nostradamus
Divisées en quatre Centuries. Esquelles se voit representé une partie de ce qui se passe en ce temps, tant en France, Espaigne, Angleterre, que autres parties du monde
Avignon, Pierre Roux, "1555" 1559
Cette édition n'est attestée que par une mention à la dernière page de l'édition d'Anvers Les grandes et merveilleuses predictions, François de Sainct-Jaure, 1590 : "Fin des Professies de Nostradamus reimprimées de nouveau sur l'ancienne impression imprimée premierement en Avignon par Pierre Roux Imprimeur du Legat en l'an mil cinq cens cinquante cinq." f.M3v. Le titre et le sous-titre hypothétiques sont donnés par Ruzo qui pense que cette édition aurait été reproduite par celle de Raphaël du Petit Val Rouen, 1588, laquelle s'achève sur le quatrain 53 de la IVe Centurie selon le seul exemplaire connu, celui de sa bibliothèque, aujourd'hui dispersée.
Cependant l'édition rouennaise ne mentionne pas celle d'Avignon, et l'édition anversoise, qui contient sept centuries, et non quatre, peut difficilement reproduire une édition à sept centuries parue en 1555. Par conséquent, si cette édition Saint-Jaure reproduit bien une édition d'Avignon, ce serait celle datée de 1556 comme le feront d'autres éditions plus tardives et il s'agit simplement d'une erreur typographique 1555 pour 1556 ou voulue, l'éditeur sachant que les Prophéties de Nostradamus ont commencé à paraître en 1555.
Ruzo qui avait en main l'unique exemplaire de l'édition Petit-Val, a semble-t-il pu effectuer les recoupements utiles, et le titre complet, le nombre de centuries, et les variantes de la préface à César semblent attester de l'existence de cette édition Pierre Roux de "1555", contrairement à ce qu'affirme Brind'Amour, qui ne veut tenir compte que de ce qui subsiste matériellement dans les collections publiques.
Elle reproduirait l'édition Bonhomme de 1555 avec quelques variantes dans le texte et dans la préface, datée du 22 juin 1555 au lieu du 1er mars et indiquant le terme des "perpetuelles vaticinations" pour 3767, au lieu de 3797, variantes attestées dans les éditions Raphaël du Petit Val de 1588 et François de Sainct-Jaure de 1590.
On a avancé que le frère de Macé Bonhomme, Barthélemy, d'abord libraire puis imprimeur à Avignon entre 1552 jusqu'à sa mort en 1557, aurait imprimé les éditions dites d'Avignon. Et d'après un acte conservé aux Archives du Vaucluse, Macé Bonhomme et son frère, sont précisément à Avignon le 8 juin 1555 pour l'acquisition d'une maison cf. Baudrier, vol. 10, 1913, p.196. Cependant cette hypothèse me semble peu probable, en raison des titres et sous-titres reconstitués de ces éditions, des variantes supposées dans la préface à César, d'après des éditions ultérieures, et de la mention explicite de l'édition anversoise.
Pierre Pansier a dressé l'historique de la vente de l'atelier Bonhomme d'après des actes notariés dont il fournit la copie : Barthélemy Bonhomme vend peu avant son décès, le 4 mars 1557, son imprimerie à Jean Tremblay, Denys Bourgeois et Pierre Roux. A l'automne 1558, les parts sont rachetées par Mathieu Vincent qui se retrouve en cessation de paiement six mois plus tard et dans l'obligation de revendre l'ensemble de son imprimerie aux enchères. "Pierre Roux la racheta par l'intermédiaire d'un homme de paille et la paya le tiers de ce qu'elle avait coûté à Mathieu Vincent." Pansier 2, p.105 ; Actes notariés 137-141 et 144 in Pansier 3, pp.160-169. Avant cette acquisition abusive et malhonnête et même avant le 19 avril 1558, Pierre Roux et Jean Tramblay avaient collaboré à l'impression de la Declaration des abus ignorances et seditions de Michel Nostradamus de Laurent Videl, ouvrage commandité par un certain Guilhaume Radamant, marchand avignonnais Archives du Vaucluse, Acte notarial fonds Pradon, 108, f. 260 ; in Pansier 3, pp.159-160.
Deux observations autorisent à penser que Pierre Roux n'a pas pu imprimer cette édition "1555" ni la suivante dite "1556" à ces dates. La première est qu'il n'a probablement pas existé d'édition à sept centuries avant 1557 cf. supra, alors que l'édition François de Sainct-Jaure, qui prétend reproduire une de ces éditions Roux, contient sept centuries. La seconde a trait au recensement bibliographique de la production Roux : on ne connaît aucun ouvrage imprimé par Pierre Roux avant 1557 parce qu'il ne possédait pas de presses avant son achat d'un tiers de l'imprimerie Bonhomme en mars 1557.
Ajoutons encore la mention suspecte "divisées en quatre Centuries" qui n'apparaît pas dans l'édition lyonnaise originale et qui sous-entend qu'il pourrait y avoir d'autres centuries à paraître. Or comment l'imprimeur avignonnais l'aurait-il su en 1555 ?
Enfin, on situera entre 1559 et 1561, les années probables d'impression des éditions d'Avignon "1555", "1556" et "1558" par Pierre Roux : en effet celui-ci n'aurait pas imprimé d'autre ouvrage, pendant cette période, alors qu'il en imprimera six en 1562, ainsi que le suggère le tableau suivant, d'après le relevé de Pansier.
1557 1558 1559 1560 1561 1562 1563 1564 1565 1566 1567
2 2 1 0 0 6 3 5 4 4 5
Au frontispice du premier texte imprimé par Pierre Roux, Les statuts et costumes de Provence 1557, in-8, 11 + 80 ff., figure le griffon volant de Sébastien Gryphius, que l'imprimeur avignonnais, originaire de Lyon, aurait trouvé dans le matériel d'imprimerie acheté à Barthélemy Bonhomme Pellechet, 1887, p.85 ; Pansier 2, 1922, p.145. Jean-Paul Barbier signale une contrefaçon non mentionnée par Pansier 1922, de la "Response aux injures & calomnies" de Ronsard, datée de 1563 au titre et imprimée par Pierre Roux in Bibliographie des discours politiques de Ronsard, Genève, Droz, 1984, pp.143-144. Dans un article de 1977 publié dans la Gutenberg Jahrbuch, Pierre Aquilon a montré que, non content de tremper dans des affaires suspectes, Pierre Roux s'était spécialisé à la fin des années 60, et plus précisément entre 1567 et 1571, dans la production de contrefaçons grossières (qui portent les marques typographiques communes de son imprimerie, empruntant les noms des imprimeurs parisiens Robert Estienne et Jean Dallier, et du toulousain Jacques Colomiès BM Nîmes, fds Liotard 61496. Cette production de faux actes officiels et lettres patentes au service de la contre-réforme et de la propagande ultra-catholique, ne fait que renforcer le soupçon sur le caractère controuvé de ses éditions des Prophéties, très loin donc de pouvoir figurer, contrairement à l'opinion formulée par Ruzo, comme une version différente du texte produite à l'instigation de Nostradamus.


Les grandes et merveilleuses Predictions de M. Michel Nostradamus

Dont il en y à sic trois cens qui n'ont encores jamais esté imprimées. Esquelles se voit representé une partie de ce qui se passe en ce temps, tant en France, Espaigne, Angleterre, que autres parties du monde
Avignon, Pierre Roux, "1556" 1559 ?
Édition antidatée comme la précédente. Le titre et le sous-titre hypothétiques sont donnés par Ruzo qui estime qu'elle aurait servi de modèle à celle de Raphaël du Petit Val Rouen, 1589 en sept centuries, d'après son exemplaire unique. Je restitue cependant l'accentuation fautive dans l'expression "il en y à" en raison de sa présence dans l'édition Valentin de 1611, qui s'en inspire peut-être directement : cf. CN 84.
Klinckowstroem remarque qu'à cette date de 1556, l'imprimeur de cette édition serait plus vraisemblablement Barthélemy Bonhomme, le frère cadet de Macé ou Mathieu, qui imprime divers ouvrages en Avignon entre 1553 et 1557. Cette hypothèse se heurte à la mention de l'éditeur Pierre Roux de l'édition Sainct-Jaure de 1590 et de l'édition rouennaise Pierre Valentin 1611 au titre, qui indique in fine : "Fin des Centuries et merveilleuses prédictions de Maistre Michel Nostradamus, de nouveau imprimees sur l'ancienne impression, premierement imprimee en Avignon, par Pierre le Roux Imprimeur du Légat." Ruzo, d'après son exemplaire unique. Et la mention "en Avignon en l'an 1556" est spécifiée au titre de plusieurs éditions ultérieures : Rouen Cailloué, Viret & Besongne, 1649, Leyde Leffen, 1650, Amsterdam Winkeermans, 1667 et Amsterdam Jansson & Weyerstraet, 1668.
Selon Ruzo, cette édition serait reproduite par l'édition de Raphaël du Petit Val, laquelle s'achèverait sur le quatrain 39 de la VIIe Centurie Ruzo, p.44, mais dont les derniers feuillets sont hélas manquants dans le seul exemplaire connu, celui de sa bibliothèque, désormais dispersée. Cet aboutissement au quatrain 39 pourrait justifier la mention au sous-titre de l'édition Regnault, "trente neuf articles à la derniere Centurie" cf. infra, mais rien ne permet de le vérifier.

Les grandes et merveilleuses Predictions de M. Michel Nostradamus
Centuries VIII IX X. Esquelles se voit representé une partie de ce qui se passe en ce temps, tant en France, Espaigne, Angleterre, que autres parties du monde
Avignon, Pierre Roux, "1558" 1560 ?
Il est logique de supposer l'existence de cette troisième édition d'Avignon (sous-titres hypothétiques), antidatée et tout aussi introuvable que les précédentes, en raison de la mention spécifiée au titre de l'édition Reycends et Guibert, libraires à Turin en 1720 : "suivant les premieres Editions imprimées en Avignon en l'année 1558". Ruzo a supposé que certaines variations significatives dans les quatrains et dans la lettre-préface à Henry II pourraient provenir de cette édition perdue, comme la date du 14 mars 1547 dans la préface à Henry II (au lieu du 14 mars 1557) pour le début des Prophéties, qui est aussi l'année de l'installation de Nostradamus à Salon.
Les trois éditions d'Avignon auront été imprimées dans une enclave administrée par des légats pontificaux et échappant à la législation éditoriale appliquée sur le reste du territoire, par un éditeur peu scrupuleux mais qui aura su profiter de l'engouement pour le nom de Nostradamus, d'abord pour imprimer en 1558 un pamphlet dont il a reçu commande, ensuite pour lancer sur le marché à partir de 1559, sans doute encore avec des moyens modestes, ses propres éditions à la présentation accrocheuse, profitant peut-être d'une certaine difficulté à se les procurer alors.

Autres éditions des Propheties de M. Michel Nostradamus

Dont il y en a trois cents qui n'ont encores esté imprimées
Reveues & additionnées par l'Auteur pour l'An Mil cinq cens soixante & un, de trente huict articles à la derniere Centurie
Paris, Barbe Regnault, demourant en la rue sainct Iaques, à l'enseigne de l'Elephant. Jouxte la coppie imprimee, l'an 1557
"1560" in fine 1561
Cette édition, introuvable depuis 1750, serait parue entre janvier et mars 1561. Les deux dates (au titre et in fine) indiquent peut-être un décalage du calendrier, à une époque où l'on commençait ici et là, par exemple dans les almanachs de Nostradamus, à compter le début de l'année au premier janvier. Elle aurait été reproduite par les éditions parisiennes ligueuses de 1588 et 1589 (Ménier, Roffet, Roger), qui en reprennent le titre et les sous-titres.
Elle comprenait 571 quatrains, parmi lesquels des vers ont été systématiquement intervertis, et auxquels ont été rajoutés 12 quatrains de l'Almanach pour l'an 1561 et un supplément apocryphe de 6 autres quatrains, soit un total de 589 quatrains.
Il s'agit d'une contrefaçon parodique à laquelle je consacrerai une prochaine étude à lier aux "almanachs de Nostradamus" imprimés par le même éditeur les années suivantes et aux pamphlets écrits contre Nostradamus dans les années 1556-62.

L'édition Regnault, dont l'existence est attestée par la vente Gersaint, est particulièrement intéressante puisqu'elle confirme, malgré et grâce à elle, l'existence des trois éditions lyonnaises, et notamment de la double édition de 1557. En effet, contrairement aux éditions du Rosne, une marque de séparation est introduite après le quatrain IV 53 (qui souligne le nombre initial de quatrains de la première édition de 1555. La mention au titre de 39 articles prétendument additionnés à la dernière centurie confirme le nombre total des 639 quatrains de l'édition du Rosne de 1557 faciebat daté du 3 novembre ou encore de ses 39 quatrains à la septième centurie en remplaçant le quatrain latin absent et en renumérotant les quatrains dans leur succession, et le total de 589 quatrains, valant 289 = le nombre des nouveaux quatrains de la première édition du Rosne de 1557 ; faciebat daté du 6 septembre + 300 = le nombre de quatrains de l'édition de 1558, correspond au nombre de nouveaux quatrains de ces éditions.
Il en résulte que les responsables de la contrefaçon, en cherchant à brouiller les pistes par une répartition facétieuse des éléments du texte, connaissaient l'existence soit des premières éditions lyonnaises l'édition Bonhomme de 1555, la double-édition du Rosne de 1557, et l'édition de 1558, soit de leurs répliques parisiennes. On ne voit pas autrement à quoi pourraient correspondre ces 39 quatrains mentionnés au titre et qui n'apparaissent pas dans le texte ; et il est évident que les responsables de l'édition Regnault auront voulu parodier la mention inexacte et énigmatique, mais précisément intentionnelle, des éditions de 1557.
Une intéressante mention figurant dans la réédition ligueuse de la veuve de Nicolas Roffet, Jeanne Le Roy, confirme ce dispositif. En effet, s'il ne subsiste aucun frontispice intact de l'édition Roffet de 1588 -- la partie droite de la page de titre de l'exemplaire de la bibliothèque du British Museum de Londres ayant été arrachée --, le descriptif de l'exemplaire de la BM de Toulouse rue du Périgord, manquant en 1989-1990 selon les catalogues Chomarat et Benazra, avait été soigneusement consigné vers 1983-1985 pour le catalogage et l'informatisation. Ainsi faut-il lire entre crochets les indications manquantes au frontispice londonien :
Pour la veufve Nicolas Roffet sur le Pont
Sainct Michel à la Rose blanche
Jouxte la coppie imprimee, l'an 1557
Ce détail a une importance fondamentale : on n'appose pas la mention "jouxte la copie" pour une édition parue presque trente ans auparavant, et l'édition de 1588 ne prétend pas le faire, mais seulement déclarer une mention déjà présente dans l'édition qu'elle reproduit, celle de 1561. Les bibliographes de 1989-1990 ont eu tort d'interpoler des données que Ruzo avait pris la précaution de présenter avec des interrogations : "Jouxte la coppie imprimee, l'an 1561 ?" (Ruzo, p.356). Cette indication ne peut être l'invention d'une édition tardive parue une trentaine d'années après l'originale : elle reproduit une mention parue avec l'édition Regnault de 1561, laquelle aura pris pour cible principale les éditions lyonnaises ou parisiennes de 1557.

Les Propheties de M. Michel Nostradamus
Dont il y en a trois cents qui n'ont encores esté imprimées.
Reveues & additionnées par l'Auteur pour l'An Mil cinq cens soixante & un, de trente huict articles à la derniere Centurie
Paris, veufve N. Buffet, pres le College de Reims.
CAT Librairie Thomas-Scheler
Addenda 22/09/2010 : Cette édition est inconnue des biographes et nostradamistes. Un exemplaire a été retrouvé et mis en vente par la librairie Thomas-Scheler à l'occasion de la XXVe Biennale des Antiquaires qui s'est tenue à Paris du 15 au 22 septembre 2010. Relié avec d'autres ouvrages 1585, 1599, 1555, cet unicum est un peu court de marges cf. le quatrain manuscrit amputé d'un vers après II-64A, et l'article "LES" manquant au début du titre. Pour l'étude de cette édition, sa datation, son contenu, cf. CN 129.

The Prophecies of Nostradamus ?
London,

A partir de 1554, le copyright des ouvrages anglais et en particulier londoniens était enregistré par une corporation des libraires et imprimeurs, la Stationers' Company de Londres. Edward Arber a établi une transcription des registres et publié son premier volume en 1875. Sont notamment signalés dans ces registres, la liste chronologique, par ordre d'enregistrement, des ouvrages imprimés à Londres, avec les taxes imposées aux éditeurs pour bénéficier du copyright, et parfois les amendes concernant les éditions non autorisées. Ainsi sont recensés un certain nombre d'almanachs et de pronostications de Nostradamus, publiés entre 1559 et 1568.
Pour l'année d'enregistrement 1562-1563, Arber copie une liste de libraires taxés, exceptionnellement -- il n'en est pas d'autre exemple dans l'ensemble des registres détaillés entre 1554 et 1571--, non pour l'impression, mais pour la détention et l'autorisation de vendre un ouvrage de Nostradamus.

William Powell l'est à hauteur de 2 shillings 6 pence, soit 30 pence, pour l'impression et la vente d'un ouvrage de Nostradamus : "Recevyd of William Powell for his fyne for pryntinge and sellynge of NOSTRADAMUS" p.216. Cette mention s'accompagne d'une liste impressionnante de libraires et distributeurs imposés pour le même ouvrage pp.216-217 : William Jones, Thomas Cadman, John Haryson, Garrad Dewes, William Loble, Rycharde Harvye, Thomas Hackett, William Pekerynge et Thomas Marshe sont imposés 3 shillings 4 pence (soit davantage que l'imprimeur !, Peter Frynshe, William Marten, Jerome Glover, John Hynde, William Greffeth, William Sheparde, Thomas Skerow, Edmonde Hally, John Alde, et Raufe Newbery sont imposés de 4 pence jusqu'à 2 shillings, sans doute en fonction du nombre d'exemplaires détenus.
De plus, des querelles entre libraires et des échanges de propos grossiers ont entraîné la perception de nouvelles taxes Hackett, Cadman et Hynde, et même l'imprimeur Powell, pour avoir traité son concurrent d'escroc : "Recevyd of Thomas Hackett for his fyne for he mysused hym selfe in un Curtiss langyshe unto William Pekerynge ...)Recevyd of Thomas Cadman for his fyne for gyvinge of John Hynde unsemely wordes ... Recevyd of John Hynde for his fyne for gyvyng of Thomas Cadman unsemely wordes ... William Powell, 2 s. 6 d., for his fyne for that he Called Thomas Cadman knave" pp.217-218.
Arber s'interroge sur l'événement exceptionnel qui a conduit à la taxation de vingt membres de la compagnie pour la simple vente d'un ouvrage : "why no less than twenty members of the Company were fined merely for selling Powell's edition of one of MICHAEL NOSTRADAMUS' works" p.216.

Un tel succès ne peut concerner un simple almanach, d'autant plus que John Wallye figure un peu avant sur la liste pour l'impression de l'almanach et de la pronostication de Nostradamus pour l'année 1563 p.201, ni même le Traité des Fardements et des Confitures, dont une contrefaçon était déjà parue en 1559. Cet ouvrage de Nostradamus ne peut être que la première traduction anglaise des Prophéties, parue donc plus d'un siècle avant celle de Theophilus de Garencieres 1672. On ignore son contenu, mais il est probable que cette traduction s'appuyait sur une édition parisienne, peut-être celle de Barbe Regnault dont les contrefaçons étaient diffusées outre-Manche. L'édition Powell pourrait donc ne contenir qu'environ 600 quatrains.
Michel Chomarat a introduit une extrême confusion dans sa bibliographie en confondant l'édition Powell avec celle de la contrefaçon de l'Almanach for the yere 1562 -- l'occasion rêvée pour quelque adepte de la mystification d'embrayer sur ses bourdes ! En réalité la permission pour l'impression de l'Almanach et de la pronostication pour l'an 1562 a été attribuée à Thomas Hackett Arber 1, 1875, p.177, et l'édition frauduleuse de Henry Sutton est signalée par Arber à la page 184 cf. CORPUS NOSTRADAMUS 18.
Pour l'année suivante, la permission d'imprimer l'almanach et la pronostication a été octroyée à John Wallye Arber 1, 1875, p.201. Le texte signalé par Arber aux pages 216-218 de son inventaire relève d'un tout autre enjeu, et on se demande bien pourquoi une vingtaine de libraires et imprimeurs se seraient mis subitement et en cette unique occasion à distribuer frauduleusement un simple almanach ! Il est fort probable que cette traduction perdue des Prophéties aura été retirée assez rapidement des circuits de distribution.
Le collectionneur et révolutionnaire Wilfrid Michael Voynich était en possession au début du XXe siècle d'un "Nostradamus" daté de 1563, mis en vente pour 21 shillings : "Mr. Voynich, of Shaftesbury Avenue, continues his short catalogues, full of rarities, as usual. Among many of interest we note ... Nostradamus, 1563, 1l. 1s." Notes & Queries, 10.2, 1905, p.340. S'agit-il de notre édition des Prophecies, ou de l'almanach connu pour 1563, suivi de la pronostication pour la même année ?

Aparté en guise d'épilogue

Il est devenu de bon ton depuis quelques années de fabriquer ce que j'appellerai de la contre-interprétation passéiste et rétrograde ou au contraire de l'analyse activiste et projective des quatrains de Nostradamus, soit pour tenter de montrer que les quatrains versifient des chroniques historiques que personne n'a pu retrouver, soit pour tenter de montrer que le texte des quatrains reflète des événements postérieurs et identifiables qui n'ont pu être prédits en raison des limites de l'esprit humain, et donc que les Prophéties seraient antidatées. Ainsi semblent s'affronter deux clans de sceptiques, qui à partir de leur assentiment commun aux idoles de la mentalité moderne, parviennent à des conclusions diamètralement opposées, tout en mettant en branle des méthodes de travail et des techniques d'interprétation tout aussi aléatoires que celles de leurs prédécesseurs "illuminés" qu'ils fustigent. Il n'est pas plus de connaissance historique, pas plus de rigueur méthodologique, chez ces anti- que chez les pro- d'autrefois et d'aujourd'hui. On observe même chez ces nouveaux sceptiques, comme on parle de "nouveaux philosophes", une plus fâcheuse tendance à biseauter le texte à l'aune de leurs traficotages. (Sur cette question, cf. "Le quatrain 23 de la centurie VI et la critique des méthodes dites rationalistes ", CN 64). Le plus souvent, ils se contentent de se polariser sur un vocable ou sur une expression, et interprètent un petit bout de vers, quitte à laisser le reste du quatrain dans l'ombre, ou au besoin à invoquer des fautes typographiques pour les morceaux non étudiés. En outre l'histoire du typographe qui fabrique le texte sous la dictée d'un lecteur, rapportée par Brind'Amour en 1993 (p.14), reste sujette à caution, et l'on peut penser que les divers imprimeurs des Prophéties restèrent très vigilants pour la fabrication d'un texte de cette nature.

Dans le camp des iconoclastes -- et Shakespeare comme Rabelais auront aussi mérité les leurs --, le refus d'accorder à Nostradamus la paternité des quatrains des Prophéties en imaginant l'existence de clans organisés de faussaires, au besoin aux intérêts divergents, s'accompagne d'une systématique falsification des dates et des textes, et d'une surdité maladive aux témoignages les plus évidents. Le procédé le plus utilisé, en dépit des preuves matérielles, consiste à marteler le dogme selon lequel les premières éditions auraient été imprimées sur le modèle d'éditions beaucoup plus tardives. Un autre "truc" consiste à faire croire que des plagiaires des années 1570-80 dont on connaît par ailleurs les textes insipides et poussifs, auraient pu changer de style et de mentalité, pour rédiger des quatrains à la place de l'astrophile. Ces procédés s'apparentent aux mouvements et modèles révisionistes de mystification, de falsification, et de réécriture de l'histoire, très en vogue aujourd'hui, et notamment pour des sujets où la séduction iconoclaste s'accorde aisément avec une aversion atavique mêlée à une grande part d'ignorance. C'est le cas pour les études nostradamiennes, comme pour celles relatives à l'astrologie et à l'histoire de l'astrologie, matières trop longtemps délaissées par les recherches académiques (cf. Guinard, TH. D., 1993, et "Astrologie : Le Manifeste 3/4", CURA).

Les témoignages et attestations externes de l'existence des Prophéties sont beaucoup plus nombreux que ne l'imaginent les apprentis exterminateurs -- qui, comme tous les iconoclastes, espèrent remplacer "les esprits" par la puérilité de leur esprit. Le corpus des textes littéraires, latins, français, allemands, italiens, anglais, etc, restés manuscrits, ou publiés entre 1555 et 1575, ou même quelques années après, pourrait réserver encore de nombreuses surprises. Les almanachs de Nostradamus, mais aussi ses Prophéties, malgré leur diffusion moins importante, ont été beaucoup plus diffusés et médiatisés qu'on ne l'a cru et dit, et je fournirai prochainement quelques témoignages que n'a pu retrouver Brind'Amour, lequel travaillait essentiellement au dépouillement d'éditions modernes accessibles dans les rayons de bibliothèques ou centres de recherche de type universitaire.

En outre, ces sceptiques et zététiques n'ont pas encore compris que Nostradamus a volontairement "tronqué" son texte (septième centurie incomplète, quelques vers inachevés, bribes des centuries dites 11 et 12 rapportées par Chavigny, etc), afin précisément de piéger les analyses des gobe-mouches, aussi nombreux dans ces milieux que chez leurs adversaires. [Il y a quelques années, sur un forum canadien de gogo-sceptiques, les adversaires de mon argumentation en faveur de nouvelles perspectives pour l'astrologie, faute de répondant, avaient fini par se persuader que ma thèse, soutenue en 1993 à la Sorbonne,

C'est une architectonique partielle, dangereusement ouverte à toutes les dénégations hasardeuses, que le prophète salonais a décidé de construire, précisément en rempart contre ses détracteurs, et en prévention contre toute tentative de contrefaçon ultérieure. Car si l'on se met à fabriquer des quatrains, il n'y a aucune raison d'imaginer des centuries incomplètes, dont l'organisation serait précisément en contradiction avec les mentions apposées au texte : "dont il en y à trois cents qui n'ont encores jamais esté imprimées" (en 1557) alors qu'on ne compte que 286 ou 289 quatrains, et : "trois Centuries du restant de mes Propheties, parachevant la miliade" préface à Henry II du 27 juin 1558) alors qu'il manque encore une vingtaine de quatrains, même en incluant ceux parus à cette date dans les almanachs.

Ce scénario me semble être l'éclaircissement majeur à l'aporie sur laquelle se sont échinés nombre de commentateurs : Nostradamus a initialement conçu sa fameuse septième centurie "inachevée" et "incomplète" en dépit des mentions qui semblent l'infirmer, afin de contrecarrer et démasquer toute velléité frauduleuse, et il a probablement imaginé que des zélateurs piégés s'autoriseront à la compléter ultérieurement par un appendice (les 58 sizains du supplément dit de Sève). Mais précisément, ce supplément apocryphe est la meilleure preuve de l'organisation initiale ! Et la probabilité est quasi nulle pour que de supposés faussaires imaginent une telle organisation (dont j'ai analysé les premières données dans de précédents articles : cf. "Les pièces de l'héritage : Un dispositif de codage du nombre de quatrains prophétiques" Les Pièces, puis Atlantis, 414, 2003), et surtout pour qu'ils puissent en reproduire les articulations d'une édition à l'autre.

Liens
http://youtu.be/yYFUi1o7Pcc L'ombre d'un doute les propĥéties de Nostradamus
http://youtu.be/fBU6CFhuuag Nostradamus " Le livre perdu "
http://youtu.be/a6CiRqF1SVU Nostradamus Top secret 1
http://youtu.be/a6CiRqF1SVU Prophéties film de 1981



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Posté le : 03/05/2014 20:17
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Incendie du bazar de la Charité 4 Mai 1897
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Le 4 Mai 1897, un incendie dramatique au bazar de la Charité "

Le Bazar de la Charité est une vente de bienfaisance mise sur pied en 1885 par Henri Blount et présidée par le baron de Mackau. Le principe en était de vendre des objets – lingerie et colifichets divers –, au profit des plus démunis.
Organisé rue Jean-Goujon à Paris, le Bazar est le théâtre, le 4 mai 1897, d'un dramatique incendie, causé par la combustion des vapeurs de l'éther utilisé pour une projection de cinématographe, encore une nouveauté à l'époque.

Le 4 mai 1897 une vente de bienfaisance se tient à Paris, bien connue des notables parisiens de l’époque sous le nom de Bazar de la Charité. A deux pas des Champs-Elysées, dans un vaste hangar en bois de plus de 1000 m², une foule allègre papillonne parmi les échoppes pittoresques d’un Vieux-Paris reconstitué. Un décor tout en poutrelles de bois, toiles peintes et bois blanc où se pressent les longues et riches robes de satin et velours et où se bousculent les élégantes cannes à pommeau des honnêtes hommes. Bordant la chaussée, une succession d’enseignes médiévales, d’auberges et de façades en trompe-l’œil accueille les comptoirs de dames de la haute aristocratie venues vendre bijoux, bibelots et breloques. Il est trois heures de l’après-midi quand le nonce apostolique fait un tour rapide et béni les lieux. A cette heure, parmi les 1200 visiteurs, nombreux sont ceux qui attendent fébrilement l’attraction principale de cette fête : l’attrayant cinématographe des frères Lumières. Une salle de projection a même été aménagée pour l’occasion. Partout on salue l’originalité de l’installation. On applaudit. Pour cinquante centimes versés aux nécessiteux, le gotha parisien assiste à la projection de La sortie des usines Lumière à Lyon, de L’arrivée du train en gare de La Ciotat et de L’arroseur arrosé.
Mais vers quatre heures vingt, la lanterne à lumière oxyéthérique du projectionniste prend feu. Aussitôt, la cabine du cinématographe s’embrase et la panique gagne immédiatement l’ensemble des spectateurs. L’incendie se propage à une vitesse inouïe parmi les tentures destinées à faire le noir dans la salle.
La catastrophe coûte la vie à plus de cent vingt personnes, la plupart étant des femmes charitables issues de la haute société parisienne. On retrouvera parmi les victimes, entre autres, Sophie-Charlotte, duchesse d'Alençon sœur de l'impératrice Sissi, la peintre et céramiste Camille Moreau-Nélaton et Madame de Valence et ses deux filles.
La catastrophe, qui a marqué bien des esprits de l'époque, a suscité de nombreuses réactions, dont certaines mettant en question l'avenir du cinéma – jugé responsable –, considéré alors non comme un art, mais comme un simple divertissement de foire.

Organisation et installation de l'évènement

Le Bazar de la Charité est, à l'origine, un consortium de plusieurs œuvres de bienfaisance, qui louent un local ou un espace d'exposition en commun, afin de réduire leurs dépenses et de permettre de grouper acheteurs et invités. Installé, de 1885 à 1887, rue du Faubourg-Saint-Honoré, en 1889 place Vendôme et, en 1888 et de 1890 à 1896, rue La Boétie, il est transféré en 1897, année du drame, au no 15 et 17 de la rue Jean-Goujon dans le 8e arrondissement, sur un terrain mis gracieusement à disposition par le banquier Michel Heine.
Ce terrain était alors occupé par un hangar en bois de quatre-vingts mètres de long sur treize de large, loué le 20 mars 1897 par le baron de Mackau au curé Delamair
Le 6 avril 1897, le baron de Mackau réunit les responsables du Bazar de la Charité : la duchesse d'Alençon, sa belle-fille, la duchesse de Vendôme – Henriette de Belgique, nièce du roi Léopold II et du roi Charles Ier de Roumanie –, la duchesse d'Uzès, la marquise de Saint-Chamans, la comtesse Greffuhle, la générale Février, la marquise de Sassenay, et leur annonce que le Bazar sera décoré pour représenter une rue de Paris au Moyen Âge avec ses éventaires, ses échoppes aux enseignes pittoresques, ses étages en trompe-l'œil, ses murs tapissés de lierre et de feuillage.
En prime, le Bazar proposera, sous un appentis, un spectacle de cinématographe où l'on pourra, pour cinquante centimes, voir les images animées des frères Lumière projetées par un appareil de 35 mm Normandin et Joly : La Sortie de l'usine Lumière à Lyon, L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat et L'Arroseur arrosé. Le bâtiment est organisé de la façon suivante : une porte à double battant ouvre sur une vaste allée, bordée de vingt-deux comptoirs en bois, d’une longueur de 80 mètres ; à gauche de l’entrée, une loggia accueille les bureaux, à droite se trouve le salon des dames.

Les comptoirs portent des noms évocateurs : À la tour de Nesle, À la truie qui file, Au lion d’or, Au chat botté. Face à l’entrée se trouve un buffet, assorti d’une cuisine et d’une cave. L’arrière du hangar donne sur une cour intérieure, bordée par l’« Hôtel du Palais » ; adossé à la façade arrière du hangar se trouve un local abritant le cinématographe.
Monsieur Normandin, l'entrepreneur chargé des représentations cinématographiques, n'est cependant pas très satisfait de ce local et s'en ouvre au baron de Mackau :
"Je n'ai pas assez de place pour loger mes appareils, les tubes d'oxygène et les bidons d'éther de la lampe Molteni. Il faut aussi séparer le mécanicien du public. Les reflets de la lampe risquent de gêner les spectateurs."
"Nous ferons une cloison en toile goudronnée autour de votre appareil. Un rideau cachera la lampe. Et mes bouteilles et mes bidons ? Vous n'aurez qu'à les laisser sur le terrain vague, derrière votre local."

Catastrophe

Les ventes sont organisées pour avoir lieu les 3, 4, 5 et 6 mai 1897.
La première journée, le lundi 3 mai, sera honorée par la présence de Mlle de Flores, fille de l'ambassadeur d'Espagne.
La vente du 4 mai sera, quant à elle, honorée de la présence de Sophie-Charlotte, duchesse d'Alençon. Belle-sœur de l'empereur d'Autriche, François-Joseph Ier et plus jeune sœur de la célèbre Sissi et de l'ex-reine des Deux-Siciles, ayant épousé un petit-fils du roi des Français, Louis-Philippe Ier, la princesse, qui vient de fêter ses cinquante ans, est apparentée à tout le gotha européen.
Les comptoirs sont tenus par des dames appartenant à la plus haute aristocratie française.
Le Bazar est béni par le nonce apostolique Mgr Eugenio Clari dès 15 heures : celui-ci vient, fait un tour rapide, et s'en va sans que la foule qui se presse là s'en rende bien compte.
Vers 16 heures, la duchesse d'Alençon, qui préside le stand des noviciats dominicains situé à une extrémité de la galerie, murmure à l'une de ses voisines, Mme Belin : "J'étouffe…" Mme Belin répond : " Si un incendie éclatait, ce serait terrible ! "

Le drame

Vers 16 h 30 survient l'accident fatal : la lampe de projection du cinématographe a épuisé sa réserve d'éther et il faut à nouveau la remplir.
Monsieur Bellac, le projectionniste, demande à son assistant Grégoire Bagrachow d'allumer une allumette, mais l’appareil est mal isolé, et les vapeurs d'éther s’enflamment.
Quelques instants après, alors que les organisateurs – parmi lesquels figurent le duc d'Alençon – ont été informés de l'accident et commencent déjà à faire évacuer, dans le calme, les centaines de personnes présentes dans le hangar, un rideau prend feu, enflamme les boiseries, puis se propage au velum goudronné qui sert de plafond au Bazar. Un témoin dira :
"Comme une véritable traînée de poudre dans un rugissement affolant, le feu embrasait le décor, courait le long des boiseries, dévorant sur son passage ce fouillis gracieux et fragile de tentures, de rubans et de dentelles."
Au grondement de l'incendie répondent les cris de panique des 1 200 invités qui tentent de s'enfuir en perdant leur sang-froid. Certaines personnes tombent et ne peuvent se relever, piétinées par la foule tâchant désespérément d'échapper aux flammes.
La duchesse d'Alençon dira à la jeune comtesse Mathilde d'Andlau :
" Partez vite. Ne vous occupez pas de moi. Je partirai la dernière. "
À l'extérieur, les pompiers arrivent sur les lieux cependant que des grappes humaines surgissent du bazar, transformé en brasier. Quelques-uns des visiteurs tentent de se sauver par la cour intérieure : ils seront sauvés grâce à l’intervention des cuisiniers de l’hôtel du Palais, MM. Gomery et Édouard Vaudier, qui descellèrent trois barreaux des fenêtres des cuisines pour les aider à s’extirper de la fournaise.
L'hôtel du Palais était la possession de la famille Roche-Sautier8.
Un quart d’heure à peine après le début de l’incendie, tout est consumé : le hangar n’offre plus l’aspect que d’un amoncellement de poutres de bois calcinées, mêlées de cadavres atrocement mutilés et carbonisés.
"On vit un spectacle inoubliable dans cet immense cadre de feu formé par l'ensemble du bazar, où tout brûle à la fois, boutiques, cloisons, planchers et façades, des hommes, des femmes, des enfants se tordent, poussant des hurlements de damnés, essayant en vain de trouver une issue, puis flambent à leur tour et retombent au monceau toujours grossissant de cadavres calcinés. "

Mort de la duchesse d'Alençon

La duchesse d’Alençon figure parmi les victimes. Demeurée au comptoir du Noviciat en compagnie de quelques fidèles, elle tente un moment de s'enfuir par la porte principale, croyant y retrouver son époux, puis elle rebrousse chemin.
Une religieuse vient s'effondrer à ses pieds :
"Ô Madame, quelle mort !"
; elle lui répond :
"Oui, mais dans quelques minutes, pensez que nous verrons Dieu !", qui seront ses dernières paroles.
Elle mourra en compagnie de la comtesse de Beauchamp, qu'elle prendra dans ses bras pour lui masquer la mort qui l'attend.
Nul ne sait si elle mourut asphyxiée ou brûlée vive, mais les contractions de son corps montrent qu'elle avait dû souffrir atrocement. Son corps, méconnaissable, sera finalement authentifié par son dentiste qui, seul, pourra reconnaître ses dents immaculées et son bridge en or.
Après cette identification ainsi que ceux de nombreuses autres victimes, par l’examen de sa mâchoire, les spécialistes de l’odontologie légale retiennent-ils la date du 4 mai 1897 comme celle de la naissance de cette spécialité.

Après une messe funèbre célébrée le 14 mai en l'église Saint-Philippe-du-Roule, elle sera inhumée dans la chapelle funèbre des Orléans, à Dreux.

Les victimes : presque toutes des femmes

Le nombre de victimes directes de l'incendie varie suivant les sources :
Le site officiel de l'association Mémorial du Bazar de la Charité donne 126 victimes et une liste nominative de 124 victimes 118 femmes et 6 hommes,
Dans La Terrible Catastrophe du 4 mai 1897.
Liste complète des victimes, des blessées et des blessés, des sauveteurs et des bienfaiteurs, ouvrage publié en juillet 1897, sont cités les noms de 132 victimes soit 123 femmes et 9 hommes, auxquelles il faut ajouter 3 corps non identifiés.
Dans son édition du 14 mai 1897, Le Petit Journal publie les statistiques officielles des victimes, service de la statistique municipale, liste arrêtée au 8 mai au soir, 106 morts pendant l'incendie et identifiés, 10 morts des suites de l'incendie, 5 morts pendant l'incendie et non identifiés au 8 mai, soit un total de 121 personnes 110 femmes, 6 hommes, 5 non identifiés13.
Parmi les morts, on compte une très large majorité de femmes, quasiment toutes de souche aristocratique, un enfant, un groom de douze ans et une petite poignée d'hommes quatre en tout : trois vieillards, et un médecin volontaire, la galanterie faisant souvent place à une brutalité sauvage comme dans la majorité de catastrophes maritimes.
Parmi les institutions victimes de cette tragédie se trouvait, au comptoir no 17, l’Œuvre des saints-anges dont la présidente, la baronne douairière de Saint Didier, et plusieurs autres membres périrent dans l’incendie. L’Œuvre des saints-anges survécut à ce drame et compte aujourd’hui parmi les rares institutions présentes lors de l'incendie du Bazar de la Charité encore en activité.
Une autre institution présente, de la famille de Saint-Vincent, n'a pas été épargnée : treize Dames de la Charité et trois Filles de la Charité ont péri dans les flammes.

Polémique

Comme toute catastrophe, l’incendie du Bazar de la Charité est suivi par son lot de polémiques et par ses vaines tentatives pour désigner un coupable. D’abord, on incrimine le cinématographe lui-même, jugé trop dangereux, au point que cette catastrophe manque de peu de faire avorter ce 7ème art naissant. Les projections sont officiellement interdites mais subsistent quelque temps dans des baraques foraines. Il faudra construire des salles réglementées et sécurisées pour rassurer et reconquérir un public devenu hostile.

Puis le scandale dans le scandale éclate : la disproportion entre le nombre de femmes et le nombre d’hommes parmi les victimes. Très vite le comportement des hommes pendant la catastrophe est pointé du doigt : lâcheté, brutalité, veulerie. C’est une journaliste libertaire, Séverine, qui pose la dérangeante question : « Qu’ont fait les hommes ? ». Si quelques sauveteurs se distinguèrent par leur courage parmi la gent masculine, force est de constater que sur une liste nominative de 124 victimes, 118 sont des femmes. Le journal Le Matin raconte que les hommes ont majoritairement pris la fuite et se sont avérés « au-dessous de tout ». De nombreux témoignages de rescapés révèlent rapidement que les messieurs n’hésitèrent pas à frapper les femmes du pommeau de leur canne ou de leur poing pour gagner plus vite la sortie. Les femmes, gênées dans leurs déplacements par la longueur d’étoffe de leurs robes furent allègrement piétinées et frappées. Leurs précieuses toilettes, en effet, entravaient l’évacuation rapide des galants hommes. L’opinion publique relayée par la presse raille les « sires de Fiche-ton-Camp » et les « marquis d’Escampette ». Le clivage entre hommes et femmes n’est pas le seul sujet de débat. A l’occasion de la réception des sauveteurs à l’Hôtel de ville, M. Dubois, président du Conseil général de la Seine, avance la théorie suivante : l’héroïsme n’est pas lié au rang social mais à l’exercice d’une activité professionnelle, tandis que l’oisiveté conduit à la lâcheté. En réalité, le drame du Bazar de la Charité est probablement le produit d’un mouvement de foule et de panique collective aggravé par l’absence de réglementation sur la sécurité et une mauvaise configuration des lieux.

Liste des victimes

D'après La terrible Catastrophe du 4 mai 1897. Liste complète des victimes, des blessées et des blessés, des sauveteurs et des bienfaiteurs qui donne de plus 5 victimes indirectes :

Hélène Barassé (1874-1897)
Sophie-Charlotte en Bavière, duchesse d'Alençon (1847-1897)
Hélène Bernard-Dutreil (1878-1897)
Antonie de Bésiade d'Avaray, comtesse Audéric de Moustier (1825-1897)
Claire Beucher de Saint-Ange, générale Eugène Chevals (1829-1897)
Laure Beucher de Saint-Ange (1827-1897)
Élise Blonska (1835-1897)
Louise Boissié, Madame Eugène Chalmel (1835-1897)
Edmée Braun, Madame Étienne Moreau-Nélaton (1864-1897)
Clémence Capitaine, marquise d'Isle (1847-1897)
Cécile Carrière, Madame Edmond Cuvillier (1847-1897)
Pauline Carrière, Madame Frédéric Dillaye (1855-1897)
Jeanne Carteron (1862-1897)
Camille Chabot (1874-1897)
Madeleine de Clercq (1887-1897)
Marie de Commeau (1838-1897)
Dona Adélaïda Corradi y Anduga, Madame Florez (1847-1897)
Marguerite de Cossart d'Espiès (1847-1897)
Caroline Cosseron de Villenoisy (1828-1897)
Laure de Crussol d'Uzès, comtesse d'Hunolstein (1838-1897)
Ester Cuvillier (1892-1897)
Louise Dagneau, Madame Alphonse Gosse (1846-1897)
Amélie Daireaux, Madame Hugues de Carbonnel (1853-1897)
Claire Dalloyau, Madame Auguste Bouvyer (1838-1897)
Flore Damiens dit Fortin, Madame Paul Hauducœur (1845-1897)
Alfred David (1892-1897)
Lucie Dehondt, sœur Vincent des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul (1871-1897)
Hélène Delaune (1876-1897)
Suzanne Dephieu, Madame Alexandre Rabèry (1849-1897)
Berthe Deschamps, Madame Alfred Gohin (1862-1897)
Valérie Demazières, Madame Léopold Germain (1841-1897)
Thérèse Donon, baronne Maurice de Saint Didier (1857-1897)
Joseph Donon (1883-1897)
Marie du Quesne, vicomtesse de Bonneval (1857-1897)
Germaine Feulard (1887-1897)
Docteur Henri Feulard (1858-1897)
Alphonsine Fortin, Madame Eugène Vimont (1829-1897)
Jeanne Frémyn, Madame Léon Le Normand (1858-1897)
Annette Gabiot, Madame Firmin Goupil (1851-1897)
Eulalie Gariel, Madame Ferdinand Jauffred (1847-1897)

Église Saint-Philippe-du-Roule, Paris. Plaque commémorative de Marie Hoskier, Madame Eugène Roland-Gosselin, morte dans l'incendie du Bazar de la Charité.
Julie Garivet, sœur Marie-Madeleine des Sœurs aveugles de Saint Paul (1853-1897)
Louise Gérondeau (1870-1897)
Marie Gillet, Madame Louis Borne (1863-1897)
Anna Ginoux Defermon, sœur Marie des filles de la Charité de Saint Vincent de Paul (1863-1897)
Marie Glandaz, Madame Gustave Laneyrie (1854-1897)
Angèle Gosse (1877-1897)
Zoë Gosse (1878-1897)
Agnès de Gosselin, Comtesse Mimmerel (1874-1897)
Élisabeth Grenn de Saint-Marsault, baronne Caruel de Saint-Martin (1836-1897)
Marguerite Gros, Madame Gaston de Clermont (1850-1897)
Blanche Grossier, Madame Achille Chouippe (1852-1897)
Hélène Guérard, Madame Fernand Duclos de Varanval (1873-1897)
Marie Guérin, Madame Benjamin Delaune (1853-1897)
Elizabeth de Guillebon (1873-1897)
Léonie Guillemain (1868-1897)
Amélie Guyard-Delalain, Madame Alfred Carteron (1829-1897)
Hélène de Haber, comtesse de Horn (1831-1897)
Jenny Hartmann, Madame Nicolas Schlumberger (1828-1897)
Marie Louise Hatte de Chevilly (1876-1897)
Yvonne Hatte de Chevilly (1879-1897)
Madeleine Hauducœur (1870-1897)
Henriette d'Hinnisdael (1874-1897)
Marie Hoskier, Madame Eugène Roland-Gosselin (1858-1897)
Emma Hubert, Madame Eugène Legrand (1833-1897)
Hélène d'Isle (1875-1897)

Église Sainte-Rosalie, Paris. Plaque commémorative de Jeanne de Kergolay, vicomtesse de Poilloüe de Saint-Périer et de Mademoiselle Antoinette de Mandat-Grancey, mortes dans l'incendie du Bazar de la Charité.
Alice Jacqmin (1880-1897)
Emma Jaume, Générale Warnet (1830-1897)
Cécile Jullian, Madame François Buchillet (1845-1897)
Jeanne de Kergolay, vicomtesse de Saint-Périer (1849-1897)
Angélique de la Briffe, Madame Eugène Huzar (1833-1897)
Isabelle de Lassus, Madame Joseph de Carayon-Latour (1834-1897)
Mathilde Leclerc de Juigné, vicomtesse de Damas (1828-1897)
Lina Lefèvre-Finucane (1873-1897)
Laure Lejeune, Madame Abel Brasier de Thuy (1828-1897)
Marie Le Royer de la Tournerie, Vicomtesse de Malézieu (1869-1897)
Suzanne Le Sourd, Madame Pierre Cordoën (1869-1897)
Alix Loubaresse, Madame Adolphe Rivière (1848-1897)
Louise Lourmand (1868-1897)
Isabelle Maison, Madame Albert Lefèvre de Vatimesnil (1845-1897)
Antoinette de Mandat-Grancey (1876-1897)
Marie de Marbot, Madame Victor de Valence (1848-1897)
Eugénie Marlé, Madame Louis Chapuis (1853-1897)
Albert Masure (1832-1897)
Christiane Meilhac (1882-1897)
Laura Meinell, Vicomtesse d'Avenel (1855-1897)
Mathilde Michel, Madame Jules Pierre (1866-1897)
Claire Moisson (1855-1897)
Ernestine Moreau (1862-1897)
Général Gustave-Joseph Munier (1827-1897)
Camille Moreau-Nélaton, Madame Adolphe Moreau (1840-1897), artiste peintre et céramiste
Suzanne Nitot (1855-1897)
Jeanne Odart de Rilly d'Oysonville, comtesse Haward de la Blotterie (1850-1897)
Lydie Panon Desbassayns de Richemont, Madame Léon de Gosselin (1841-1897)
Louise Pedra, baronne de Saint-Didier (1816-1897)
Amélie Pellerin de Lastelle, Comtesse Sérrurier (1839-1897)
Marguerite Peretti, Madame Léon Valentin (1856-1897)
Pénélope Pétrocochino, Madame Vlasto (1836-1897)
Marie-Louise Picqué (1863-1897)
Hélène de Poggenpohl, Madame Jacques Haussmann (1854-1897)
Victor Potdevin (1825-1897)
Berthe Rabéry, Madame Louis Gentil (1873-1897)
Aline Ramboug, Madame Anatole Le Brun de Sesseval (1826-1897)
Marguerite Rémond, sœur Sainte Claire des sœurs aveugles de Saint Paul (1835-1897)
Louise de Rivière, comtesse Joseph-Louis de Luppé (1844-1897)
Docteur Ernest Rochet (1830-1897)
Marie Roubaud de Cournand, fille de Marie Roubaud de Cournand, Madame Maurice Lafitte de Canson (1844-1897)
Adèle Sabatier, sœur Joseph des filles de la Charité de saint Vincent de Paul (1830-1897)
Joséphine Saintin, Madame Charles Monti (1851-1897)
Antoinette Senez, Madame Auguste du Verdier de Suze (1842-1897)
Marie-Thérèse Simon (1874-1897)
Émilie Stiebel, Madame Louis Kann (1849-1897)
Louise Terre (1849-1897)
Virginie Thomazeau, sœur Electa des Filles de la Croix Saint André (1826-1897)
Lucy Touttain, Madame Émile Nitot (1863-1897)
Valèrie Tuquet de La Boisserie, vicomtesse de Beauchamp (1867-1897)
Antoinette de Valence de Minardière (1877-1897)
Marguerite de Valence de Minardière (1880-1897)
Sabine de Vallin (1838-1897)
Élodie Van Biervelet (1877-1897)
Valérie Verhasselt (1876-1897)
Julia de Villiers de La Noue, marquise de Bouthillier Chavigny (1844-1897)
Justine Waller, comtesse Jules Couret de Villeneuve (1857-1897)
Mathilde de Weisweiller, Madame Théodore Porgès (1854-1897)
Élise Weyer, Madame Émile Hoskier (1836-1897)
Germaine d'Yrenne de Lalanne, comtesse d'Isoard Vauvenargues (1867-1897)
Victimes indirectes :

le général Léon de Poillouë de Saint-Mars, une des têtes de turc favorites d'Alphonse Allais, meurt d'une crise cardiaque en apprenant la mort d'une proche dans l'incendie ;
le duc d'Aumale est terrassé par une crise cardiaque le 7 mai, après avoir rédigé une vingtaine de lettres de condoléances aux familles des victimes de la noblesse.

Réactions et hommage de la presse et des contemporains

La presse populaire exalte les sauveteurs et ironise sur les chevaliers de la Pétoche, les marquis de l'Escampette. À cette récupération politique s'ajoute la vision de la journaliste féministe Séverine qui titre un article Qu'ont fait les hommes ? en une de L'Écho de Paris du 14 mai 189717 et écrit dans Le Journal à propos de la fuite des hommes présents lors de la catastrophe.
Mais ces points de vue partisans sont toutefois contredits par l'analyse : l'incendie s'est propagé très rapidement du fait de l'absence totale de règles de sécurité, de la nature des matériaux des décors reconstituant une rue médiévale, bois blanc, papier-mâché, toile goudronnée, rideaux et, surtout, un velum goudronné, suspendu au-dessus du décor et qui, en flammes, est tombé sur la foule et de la mode féminine d'alors : les longues robes ont pris feu facilement et ont empêché une fuite rapide des femmes.

Cet incendie est à l'origine des réglementations sur la sécurité, l'évacuation et les matériaux de construction des lieux publics.

Interrogations de nature théologique

Dans son Journal, Léon Bloy, sur un ton qui dénote franchement par rapport aux différents hommages rendus aux victimes, écrit :

"Tant que le Nonce du Pape n'avait pas donné sa bénédiction aux belles toilettes, les délicates et voluptueuses carcasses que couvraient ces belles toilettes ne pouvaient pas prendre la forme noire et horribles de leurs âmes. Jusqu'à ce moment, il n'y avait aucun danger. Mais la bénédiction, la Bénédiction, indiciblement sacrilège de celui qui représentait le Vicaire de Jésus-Christ et par conséquent Jésus-Christ lui-même, a été où elle va toujours, c'est-à-dire au FEU, qui est l'habitacle rugissant et vagabond de l'Esprit-Saint. Alors, immédiatement, le Feu a été déchaîné, et tout est rentré dans l'ordre. … »
— Ctation de Léon Bloy, " Mon journal" 1892-1917

Dans ses mémoires d'enfance intitulées Comment j'ai vu 1900, la comtesse de Pange, qui avait onze ans lors de la tragédie, écrit :
" J'entendis âprement discuter le sermon que fit le père Ollivier à la cérémonie funèbre à Notre-Dame. Profitant de la présence des ministres et des ambassadeurs, il présenta le désastre comme un nécessaire holocauste offert au ciel en réparation des crimes du gouvernement. … Les journaux d'opposition soutenaient cette thèse avec violence, mais je me souviens que mon père blâmait le père Ollivier, disant que c'était maladroit de critiquer le gouvernement alors que les ministres anticléricaux faisaient un geste méritoire en assistant officiellement à une cérémonie religieuse. "
— Pauline de Broglie, "Comment j'ai vu 1900"

Chapelle Notre-Dame-de-Consolation

Peu de temps après l'incendie, le terrain de la rue Jean-Goujon sera racheté à Michel Heine par le baron de Mackau.
Une souscription est lancée, à l'initiative du cardinal Richard, archevêque de Paris, pour acheter le terrain où avait eu lieu l'incendie, afin d’y construire une chapelle commémorative. Celle-ci sera édifiée par l’architecte Albert Guilbert.
La première pierre est posée en mai 1898, et la Chapelle Notre-Dame-de-Consolation est inaugurée en mai 1900 sous l’égide du cardinal Richard.
Cette chapelle d'expiation appartient à l'association Mémorial du Bazar de la Charité, composée de descendants des victimes de l'incendie du 4 mai 1897, et fait l’objet d’un classement au titre de monument historique depuis le 19 février 1982.

Monument au cimetière du Père-Lachaise

Elle est dédiée aux victimes dont cent vingt-six noms sont inscrits sur six plaques de marbre noir en lettres d'or dans la chapelle, et accueille la communauté catholique de langue italienne de Paris de 1953 à fin 2012. Le bail de location est alors renouvelé avec le "prieuré Saint-Denis", communément appelé chapelle Sainte-Germaine de Wagram de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
L'arrêté préfectoral en date du 28 février 1899 octroie une concession gratuite aux victimes de l'incendie du 4 mai 1897.
La Ville de Paris fait élever un monument "Aux victimes non reconnues de l’incendie du Bazar de la Charité - 4 mai 1897 "au cimetière du Père-Lachaise dans la 92e division. Le monument est entretenu par la ville de Paris.

Impact sur le cinéma

Une fois les résultats de l'enquête connus, beaucoup considèrent la carrière du cinéma comme terminée. Sous la pression de la haute société, les projections sont d'ailleurs interdites un temps avant que l'intérêt de l'invention et son développement à l'étranger ne passent outre le ressentiment des victimes endeuillées.

Les frères Lumière mirent également au point un système de lampe électrique qui supprima le risque d'incendie.


Récit du drame de FRÉDÉRIC LEWINO ET GWENDOLINE DOS SANTOS

En fin d'après-midi, ce 4 mai 1897, une odeur de corps grillés se répand dans le 8e arrondissement de Paris. Curieux : aucun barbecue n'est prévu ce jour-là, simplement une réunion de bienfaisance au Bazar de la charité, au 17 de la rue Jean-Goujon. La fumée noire qui se répand dans le quartier provient bien du hangar en bois de 1 000 mètres carrés abritant la vente. Celui-ci s'est brutalement enflammé, piégeant toutes les dames de la haute dont les longues robes se transforment en torches. Hurlements de terreur ! Sauve-qui-peut général ! Agonies terribles ! Qui sème la charité récolte l'incinération. Et Dieu dans tout ça ? Comme d'habitude, il se tait...
Pourtant, cette journée avait merveilleusement bien débuté. Dès le matin, la foule de précipite dans le Bazar où les architectes ont reconstitué une rue de Paris au Moyen Âge, avec ses éventaires, ses échoppes aux enseignes farfelues, ses étages en trompe-l'oeil et ses murs tapissés de feuillages et de lierres. Les enseignes rappellent les temps anciens : "À la truie qui file", "Au lion d'or", "Au chat botté"... Au total, vingt-deux stands proposent lingerie, colifichets et objets en tout genre collectés pour la grande vente. Tous les bénéfices doivent être reversés aux pauvres, aux invalides, aux orphelins... En début d'après-midi, le hangar se remplit à vue d'oeil, près de 1 200 personnes sont déjà là. Surtout des femmes qui adorent, une fois par an, donner un peu de leur fric pour soigner leur réputation. Rien de nouveau sous le soleil. On reconnait Son Altesse royale la duchesse d'Alençon, épouse du petit-fils de Louis-Philippe Ier, soeur cadette de Sissi l'impératrice. Mais aussi la duchesse de Vendôme, la duchesse d'Uzès, la marquise de Saint-Chamans, la comtesse Greffulhe, la générale Février, la marquise de Sassenay, .. Bref, tout le gratin, la jet-set française.

L'allumette fatale

Pour ravir les aristos, le baron de Mackau, président de l'organisation caritative, a cru bon d'accueillir le tout nouveau cinématographe des frères Lumière. Chouette ! La salle de projection est installée dans une sorte d'appentis en bois, adossé au hangar, où, pour cinquante petits centimes, on peut assister à la projection de La sortie des usines Lumière à Lyon, de L'arrivée du train en gare de La Ciotat et de L'arroseur arrosé. Seulement voilà, l'entrepreneur Normandin, chargé des représentations cinématographiques, fait la gueule. Depuis deux jours il se plaint du réduit mis à sa disposition pour abriter l'invention du siècle, alors qu'un espace immense est consacré à la vente de ces fichus chiffons de bonnes femmes. À peine a-t-il assez de place pour loger ses appareils, ses bidons d'éther, ses tubes à oxygène, ses boîtes, ses bouteilles... tous très inflammables. Il s'est même demandé à un moment si le projectionniste et son assistant n'allaient pas finir sur les genoux des spectateurs.

Peu après 16 heures, la duchesse d'Alençon confie à une de ses voisines, Mme Belin : "J'étouffe..." Celle-ci lui répond : "Si un incendie éclatait, ce serait terrible !" Elle brûle sans le savoir : moins d'une demi-heure plus tard, dans la cabine du cinématographe, la lampe du projecteur qui brûle de l'éther est à sec. M. Bellac, le projectionniste, entreprend de faire délicatement le plein quand son assistant, Grégoire Bagrachow - un ancien bonze tibétain - ne trouve rien de mieux à faire que de craquer une allumette. Erreur fatale. Les vapeurs d'éther s'embrasent instantanément. Les deux acolytes tentent péniblement de contenir les flammes. Autant demander aux eaux de la mer Rouge de reculer.

Effondrement

Le duc d'Alençon, qui accompagne son épouse, est discrètement alerté de l'incendie. Aussitôt, il commence à faire évacuer des centaines de personnes par l'entrée principale. Soudain, un rideau du hangar prend feu. En quelques secondes les flammes se propagent à tout ce décor fait de bois blanc, de carton et de velum goudronné, agrémenté de tapisseries, de tentures, de dentelles, de rubans... Que de belles textures pour ravir les flammes !

Le calme cède à la terreur. Les femmes se prennent les pieds dans leurs longues robes, celles qui tombent finissent piétinées par la horde de fuyards hurlants qui se précipitent vers la sortie. Le hangar se transforme en brasier. Certains invités, voyant la sortie totalement bouchée, rebroussent chemin pour essayer de s'enfuir par la cour intérieure. C'est le cas de la duchesse d'Alençon, qui a voulu rester pour aider quelques personnes à sortir. Mais la cour se révèle un mortel cul-de-sac, car elle donne sur les cuisines de l'hôtel du Palais, dont toutes les fenêtres sont dotées de barreaux. Les cuisiniers parviennent à en desceller quelques-uns, permettant ainsi à une poignée de personnes de s'échapper. À l'intérieur du hangar, le faux plafond en velum goudronné s'effondre enflammé sur la foule. Un plombier nommé Piquet et un vidangeur nommé Dhuy, passant par là, se précipitent courageusement dans le Bazar de la charité pour secourir de nombreuses femmes et des enfants. "Deux bras se tendaient vers moi. Je les saisis, mais il ne me resta dans les mains qu'un peu de peau brûlée et un doigt", racontera Piquet au Petit Journal. Ceux ou celles qui sont restés piégés à l'intérieur se transforment en torches vivantes et se tortillent avant de tomber au sol, carbonisés au milieu des décombres calcinés. Quinze minutes après le début de l'incendie, l'édifice s'effondre déjà.

Peines de prison avec sursis

À l'extérieur, les pompiers s'efforcent d'éviter que l'incendie ne se propage aux bâtiments voisins. Dans la foule épouvantée, le duc d'Alençon cherche sa femme. En vain. Elle n'a pas réussi à s'enfuir. Son corps méconnaissable sera authentifié ultérieurement grâce à sa sublime denture et à un bridge en or. Ce jour-là, faire la charité coûte la vie à 126 personnes et des brûlures graves à plus de 250 autres. Les victimes sont essentiellement des femmes. Alors qu'au moins deux cents beaux mâles se pavanaient dans le Bazar, les victimes masculines se comptent sur les doigts d'une seule main ! Et encore, il s'agit de trois vieillards, d'un portier de 12 ans et d'un médecin. Les autres n'ont pas hésité à piétiner ces dames pour s'en sortir vivants ! Les lâches ! Les journaux à grand tirage s'emparent du drame, glorifiant les deux ou trois véritables héros et ironisant sur tous les autres, les "chevaliers de la Pétoche" ou les "marquis de l'Escampette". C'est comme si Brad Pitt s'était tranquillement barré sur la pointe des pieds en laissant cramer son Angelina Jolie dans le Bunker du Festival de Cannes en proie aux flammes. Impensable.

Une fois " tout le gratin décédé", on cherche le coupable. Les conspirationnistes débordent comme toujours d'imagination. Pour certains, c'est un attentat perpétré par un pays étranger ! Pour d'autres, c'est forcément la faute d'un juif ! Le pauvre Michel Heine, qui a gracieusement mis à disposition son terrain pour accueillir le Bazar de la charité, est montré du doigt. La calomnie est de très courte durée. Les causes de l'incendie sont formellement établies après l'interrogatoire des employés des frères Lumière, qui avouent leur maladresse. En août suivant, ils écoperont tous deux de peines de prison, mais avec sursis, car ils ont eu une attitude très courageuse pour sauver des vies pendant l'incendie. C'était quand même la moindre des choses.

Liens
http://youtu.be/RxArD3ZU6zM Gisant de la duchesse d'Alençon


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Posté le : 03/05/2014 19:26
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Jacques Lanzmann
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Hors Ligne
Le 4 mai 1927 à Bois-Colombes naît Jacques Lanzmann,

écrivain, scénariste et parolier français, décédé le 21 juin 2006, à 79 ans au 6e arrondissement de Paris

Ecrivain, journaliste et parolier français à succès, Jacques Lanzmann, a révolutionné l’écriture de chansons dans les années 60 en y apportant un ton, une humeur, un esprit à la fois décapant, moderne et léger.
Mais avant même que d'écrire, Jacques Lanzmann a commencé très jeune à exercer de nombreux métiers - valet de ferme, soudeur, mineur au Chili – Il entre en littérature en 1954 avec La glace est rompue , publié grâce à l'appui de Simone de Beauvoir qu'il avait rencontrée dans le sillage de son frère, Claude Lanzmann, réalisateur du film Shoa ... Trente-neuf autres suivront, dont Le Rat d'Amérique 1956, Cuir de Russie 1957, Les Passagers du Sidi-Brahim 1958, Un tyran sur le sable 1959, Viva Castro 1959, Qui vive ! 1965, Le Têtard 1976, Les Transsibériennes 1978, Rue des Mamours 1981. Son dernier récit, Une vie de famille, est paru en janvier 2006 chez Plon
Jacques Lanzmann est aussi le créateur avec Daniel Filipacchi du magazine Lui de 1963 à 1969. Maniant la plume comme aucun autre, il collabore également pour le cinéma et signe les scénarios des films de Philippe Labro 'Sans mobile apparent', 'Le Hasard et la violence', 'L'Alpagueur'.
Grand amateur de voyages, il est chroniqueur pour la chaîne de télévision Voyage dès 1997.
Touche-à-tout, il signe les textes de plus de 150 chansons. Mais c'est surtout sa collaboration avec le chanteur Jacques Dutronc au milieu des années 1960 qui l'a rendu célèbre, avec les titres à succès : Et moi, et moi, et moi, Les Cactus, Les Play-boys ou Il est cinq heures, Paris s'éveille.
il décède le 21 juin 2006.

Sa vie

Né le 4 mai 1927 à Bois-Colombes dans les Hauts-de-Seine d'un père décorateur et d'une mère antiquaire, fils d'immigrés juifs d'Europe de l'Est, décorateurs et antiquaires.
il est placé, à 12 ans, comme valet de ferme, puis, en 1943, rejoint son père dans le maquis auvergnat. De ces années datent ses premières grandes marches, "lors des coups de main contre les Allemands ou les miliciens", ainsi que son inlassable besoin de bouger et de courir le monde.
Pendant l'Occupation, son père le confia à des propriétaires comme valet de ferme, en Auvergne. En 1943, il entra avec son frère Claude Lanzmann dans la Résistance. Arrêté à Aix-en-Provence, il fut tout près d'être fusillé mais s'évada. Il tirera de ces années des romans tels Qui Vive ! 1965 ou Le Jacquiot 1986.

L'écrivain

Après la guerre, il abandonne la carrière de peintre à laquelle il se destinait pour bourlinguer. Il aime les grands espaces, "les immensités qui sentent le soufre, le danger". Sa devise : "Si tu veux te trouver, commence par te perdre." En 1985, il est le premier Occidental à réaliser la liaison Lhassa Tibet-Katmandou et, deux ans plus tard, il réussit la traversée du désert de Taklimakan, en Chine. A cette passion, il consacrera plusieurs livres, dont Fou de la marche Robert Laffont, 1985 ou Marches et rêves J.-C. Lattès, 1988.

Conteur boulimique Jacques Lanzmann est aussi le frère cadet de Claude Lanzmann, l'auteur de Shoah - il avait commencé à écrire à 27 ans avec La Glace est rompue, 1954, réédité chez Robert Laffont en 1977 et avait connu son premier succès avec Le Rat d'Amérique 1955, repris en Folio n°327 et Pocket n°2264, adapté au cinéma par Jean-Gabriel Albicoco, où il raconte les més aventures largement autobiographiques d'un jeune Français en Amérique latine. Suivent, dans les années 1960, Un tyran sur le sable Julliard, 1959, Qui vive Denoël, 1965 et de nombreux autres ouvrages qui ne l'empêchent pas d'être également journaliste à L'Express, puis rédacteur en chef de Lui, animateur à ce qui s'appelait encore Europe nº1, etc.
Il fut aussi producteur et scénariste, notamment des films de Philippe Labro.
Marié à Françoise Detay, sinologue et admiratrice de Mao Tsé Toung, il fut membre du Parti communiste, jusqu'à son exclusion en 1957.
Il fut également engagé aux côtés du FLN, collaborant alors à France Observateur.
Il fut très attaché à la région Auvergne, et en particulier au Mont-Mouchet Haute-Loire.
Il se maria 4 fois et eut en tout 7 enfants. Il était le frère de Claude Lanzmann, auteur du film Shoah. Sa fille, Chine Lanzmann, a été animatrice et productrice de l'émission Cyber-Culture, diffusée sur Canal+ au milieu des années 1990.

Il est décédé le 21 juin 2006 à Paris, ville à laquelle il avait rendu hommage dans la chanson Il est cinq heures, Paris s'éveille.

Ses obsèques, organisées à l'avance par lui-même, se sont déroulées le 26 juin à Paris, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise. Ses cendres se trouvent dans le petit cimetière de Fatouville-Grestain dans l'Eure.

La littérature

Après avoir pratiqué de nombreux métiers, comme soudeur, peintre en bâtiment, artiste peintre 1948-1955 ou mineur au Chili 1952-1953, auteur de nombreux best-sellers et des textes des chansons les plus connues de Jacques Dutronc.
On n'en finirait plus d'énumérer ses vies : conteur, peintre, aventurier, mineur au Chili, globe-trotteur, journaliste, auteur de chansons, scénariste, romancier..., Jacques Lanzmann s'est toujours refusé à suivre les chemins tout tracés, promenant à travers le monde son inépuisable appétit de vivre. Il entre en littérature en 1954 avec La glace est rompue. C'est Simone de Beauvoir qui le remarque la première.
À partir de cette année-là, sa carrière littéraire est marquée par son activité de critique aux Lettres françaises, par la création avec Jean-Claude Lattès d’Éditions spéciales et la création et la direction littéraire de la société Jacques Lanzmann et Seghers éditeurs. Il fut même journaliste à L'Express de 1960 à 1962 et participa à la création du magazine Lui. Il est l'auteur de L'âge d'amour, roman paru en 1979 sous le pseudonyme de Michael sanders.

À la fin de sa vie, bien que s'affirmant libre penseur et athée, il pose la question de l'histoire juive avec le diptyque La tribu perdue, comportant deux ouvrages : N'oublie jamais qui nous sommes 1999 et Imagine la terre promise 2000, mettant en scène les Manassés, des Juifs légendaires, qui ont traversé trois mille ans d'Histoire en gardant intacts leur foi en Dieu et leur espoir en Israël.
Son avant-dernier roman : Rue des Rosiers 2002, entraîne le lecteur dans une histoire chargée d’événements tragiques et riche en révélations sur les perceptions de la Shoah.

Le monde musical

Il est auteur de plus de 150 chansons, dont de nombreux titres pour Jacques Dutronc et quelques-uns pour France Gall, Régine, Jean Guidoni, Zizi Jeanmaire, Enrico Macias, Mireille Darc, Dani, Sacha Distel, Pascal Danel, Pascal Obispo, Bernard Menez.

Insolence et dérision

C'est à cette époque, en 1965, qu'il rencontre Jacques Dutronc, attaché à la maison de disques Vogue, qui écrit en dilettante quelques titres pour des chanteurs yé-yé. Lanzmann va trouver des mots en accord avec la personnalité de Dutronc. Leur premier titre est Et moi, et moi, et moi 1966. Le texte mordant, la musique influencée du rock anglo-saxon tranchent avec les gentilles chansons de la variété : "Sept cents millions de petits Chinois/Et moi, et moi, et moi/Huit cents millions de crève-la-faim/(...) J'y pense et puis j'oublie/C'est la vie c'est la vie."
Les deux compères enchaînent les succès, qui mêlent insolence et dérision. Mini mini mini, On nous cache tout on nous dit rien, Les Playboys, Les Cactus, L'Idole, La Publicité, J'aime les filles, notamment, peuvent être aussi bien compris comme des critiques sociales que comme des pochades avec jeux de mots et paroles à double sens.
En mars 1968 sort Il est 5 heures, Paris s'éveille, coécrite avec son épouse Anne Ségalen. Le pied de nez et l'ironie sont devenus poésie. Le titre sera détourné quelques semaines plus tard par les manifestants de mai. Sans délaisser l'ironie, L'Opportuniste, L'Aventurier, Le Responsable, L'Hôtesse de l'air..., le duo Lanzmann/Dutronc mettra plus de tendresse dans ses collaborations : Amour toujours, La Seine, ou Le Petit Jardin, superbe chanson de 1972.
Tenté par le cinéma, Jacques Dutronc délaisse un peu la chanson, et la relation artistique avec Lanzmann s'effiloche à partir de 1974. En 1980, ce dernier ne signe que deux titres du dernier bon album de Dutronc, Guerre et pets dont le nostalgique La Vie dans ton rétroviseur. Les compères se retrouveront en 2003, mais la magie n'est plus là.
Entre-temps, Jacques Lanzmann aura fait des passages dans l'édition - éditions Spéciales, Denoël, Ramsay -, produit des films, écrit des scénarios, sans jamais cesser de publier - en tout une cinquantaine de livres, parmi lesquels Hôtel Sahara J.-C. Lattès, 1990, un dialogue sur le sacré avec Jean Guitton, Celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas J.-C. Lattès/Desclée de Brouwer, 1994, Le Voleur de hasard J.-C. Lattès, 1992, qui est un peu le roman de sa vie, Imagine la Terre promise Plon, 2000 ou, récemment, en collaboration avec sa dernière épouse Anne Segalen, Florence, La Vie comme à Marrakech Le Rocher, 2004.
En 1980, il signe deux chansons de l'album Guerre et pets. En 2003, Lanzmann et Dutronc se retrouvent une dernière fois pour l'album Madame l'existence.

Il a adapté en français l'opéra rock Hair. Ce travail, refusé par Serge Gainsbourg, a été une de ses principales sources de revenus.
En 1970, il écrit quelques chansons de l'album "Vie" de Johnny Hallyday.
En 2006, il participe à l'album d'Elodie Frégé, gagnante de Star Academy 2003.

Liens
http://youtu.be/b2C8CyysZPo "Le boiteux " de Jacques Lanzmann
http://youtu.be/Z8O_XEggIMs C'était un petit jardin Jacques Dutronc
http://youtu.be/OKw6Wvg-nok Paris s'éveille



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Posté le : 03/05/2014 19:19
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Stéfano-Maria Légnani
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Le 4 mai 1713 à Milan meurt Stefano Maria Legnani dit le Legnanino

peintre baroque italien naît à Milan le 16 Avril 1661

Sa vie

Fils d’Ambrogio, un modeste peintre élève de Giuseppe Nuvolone et originaire de Saronno qui avait décoré l’église de San Francesco, Stefano fut nommé aussi le Legnanino le petit Legnani pour le distinguer de son père.

En 1663 la famille part à Saronno, et retourne à Milan en 1672, fixant sa résidence dans le quartier de la paroisse Santa Maria Beltrade.
Stefano, ayant appris les premiers enseignements du père, en 1683 va à Bologne, élève de Carlo Cignani, et en 1686 il est à Rome, où il collabore avec Carlo Maratta, en exécutant le retable de La Sainte Famille dans l’église de San Francesco a Ripa.
Retourné à Milan vers le 1687, il travaille dans les églises San Marco et San Francesco et il peint à fresque l’arc triomphal de l’église Sant'Angelo et, dans la chapelle Sainte-Savina de la Basilique de Sant’Ambrogio, la Prédication de saint Sébastien

De ce temps, il obtint plusieurs commissions en décorant en 1691 le sanctuaire de la Beata Vergine dei Miracoli à Saronno, puis l’église des Santi Cosma e Damiano à Uboldo, la basilique de San Gaudenzio à Novara et la XVIe chapelle du Sacro Monte à Orta.
Il y représente les Scènes de la vie de saint François, le Saint François conduit en ciel par les anges et le Miracle de l’hémorroïsse. Dans le Sacro Monte près Varèse il peignit à fresque un Ecce Homo et, à l’huile, le retable du Congé de Christ.
Depuis un séjour à Turin en juin 1694, où il travaille à la décoration monochrome du plafond de la chapelle de la Pia Congregazione dei Banchieri e dei Mercanti, représentant le Paradis avec saints et sibylles, en octobre il se marie avec Caterina Sampietro.

En 1696 il décore la cathédrale de Monza avec les fresques de la Gloire de saint Jean-Baptiste – dont les ébauches sont conservées en sacristie.
En décembre il est inscrit à l’Accademia di San Luca, et il devient directeur de l'Académie du dessin.

En 1699 Legnani travaille encore à Turin aux décorations des palais Provana et Carignano, où il décore une douzaine de salles et une galerie avec de sujets mythologiques et allégoriques et à Lodi il peint à fresque le chœur de l’église de l'Incoronata avec les Histoires d'Ester, considérées comme son chef-d’œuvre.
Pendant une brève période en 1710 à Gênes il décore l’église de San Filippo avec un Saint Filippo en gloire avec la Vierge et l’Enfant et anges, La Prédication de saint Filippo et le Saint Filippo administrant les Sacrements, il retourne à Milan, où il meurt le 4 mai 1713, selon les registres de la paroisse de Santo Stefano in Borgogna.

Autres œuvres

Marie-Madeleine, 109 cm × 90 cm, Museo Civico, Crema,
Marie-Madeleine, 85 cm × 63 cm, collection privée, Milan,
Saint en prière, 100 cm × 136 cm, collection privée, Milan
Saint Pierre libéré de l’ange, 108 cm × 84 cm, collection privée, Milan
Apparition de la Vierge à saint Filippo Neri, huile sur tableau de 46 cm × 42 cm, Museo Civico, Savone
Saint Jérôme traduisant les Saintes Écritures,


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Posté le : 03/05/2014 19:12
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Joseph Joubert
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Le 4 mai 1824 à Paris, à 69 ans meurt Joseph Joubert ,

né à Montignac Périgord le 7 mai 1754 moraliste et essayiste Genre aphorisme français né à Montignac Périgord le 7 mai 1754
Inspiré par la philosophie des Lumières, il fut un proche de Chateaubriand qui publia, en 1838, sous le titre Pensées, une partie des notes que son ami tenait, en moraliste et en critique, sur ses expériences et ses lectures. Ces Carnets, qui ne parurent intégralement qu'en 1938, constituent l'essentiel de l'œuvre d'une âme qui a rencontré par hasard un corps et qui s'en tire comme elle peut. Grand lecteur de Platon, écrivain épris d'excellence, Joubert fait du fragment l'instrument délicat d'une poétique où le romantisme saura puiser tant des leçons de style que des questions fondamentales sur les fonctions et le devenir de la littérature.
À partir de l'âge de 14 ans, il suivit les cours du collège religieux de l'Esquile de Toulouse, où il enseigna lui-même par la suite, jusqu'en 1776.


Sa vie

Né à Montignac, fils d'un chirurgien de l'armée, Joseph Joubert fait ses études à Toulouse et songe à endosser l'habit ecclésiastique.
Il vient à Paris en 1778, fréquente les philosophes, travaille avec Diderot. Il se lie d'amitié avec Fontanes, qui le prendra comme conseiller quand il sera grand maître de l'Université, le nommant inspecteur général 1809.
Ami de Chateaubriand, il rencontra D'Alembert et devint le secrétaire de Diderot. Il vécut entre Paris, auprès de ses amis, et sa maison de Villeneuve-sur-Yonne en voisin du comte et de la comtesse de Sérilly dont il dira qu'elle a eu "le plus beau des courages, le courage d'être heureuse"

Pendant la révolution, il recueillit la jeune comtesse de Beaumont dont la famille avait été victime de la Terreur et qui survivait cachée par une famille de paysans les Paquereau. Il lui voua toute sa vie une amitié amoureuse.
Après la chute de Robespierre, la comtesse retourna à Paris où elle devint le grand amour de Châteaubriand.
Délaissée par l'écrivain et usée par les épreuves, elle s'éteignit à Rome en 1803 à l'âge de 35 ans. En apprenant sa mort, Joseph Joubert écrivit :
"Châteaubriand la regrette sûrement autant que moi mais elle lui manquera moins longtemps".

Il apporta son soutien à sa voisine Anne-Louise de Sérilly dont le mari avait péri sur l'échafaud. S'étant remariée avec son cousin François de Pange, elle s'était retrouvée veuve une seconde fois quelques mois plus tard.
Mère de quatre enfants, elle accepta de convoler une troisième fois avec un ami, le vieux marquis Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac ce qui suscita les critiques de son entourage et notamment de Germaine de Staël.

"Que puis-je vous dire Madame ? lui écrivit Joubert, Monsieur de Pange avait un grand mérite; Monsieur de Montesquiou a de plus une grande réputation.
Je veux que vous soyez heureuse; je crois que vous n'avez pu l'être et je crois que vous le serez... J'aimais celui que vous aimiez : je l'aimais à cause de lui et surtout à cause de vous ; il vit toujours dans les pensées.
Je respecterai sa mémoire, je garderai son souvenir. Je serai fidèle au passé mais j'honore votre avenir..."

De 1776 à sa mort, il remplit ses Carnets de milliers de notes, allant de la méditation religieuse à la critique littéraire.
Son ami Chateaubriand en publie en 1838 un premier choix, sous le titre de Recueil des pensées de M. Joubert ; mais il faut attendre 1938 pour qu'André Beaunier en propose l'édition complète.
Joubert a horreur du plein, qui exclut l'homme.
Même les matières les plus dures doivent faire place au vide :" Le marbre, le plomb peuvent devenir nuage." De tous les éléments, il privilégie l'eau et la lumière, plus l'esprit , sans lequel tout serait plein et rien ne serait pénétrable ; il n'y aurait ni mouvement, ni circulation, ni vie.
Il loue dans l'imagination sa faculté de mêler le spirituel et le sensible :
" Il faut mêler la terre et le ciel."
Pas de "têtes pleines, où rien d'extérieur ne peut entrer !" ; pas de tour sentencieux, car de toutes les formes du discours, c'est la plus solide.

Le style de Joubert charme par sa limpidité — sa poésie, a rappelé Georges Poulet. Joubert est, certes, concis, mais il est soucieux de polir, plutôt que de ciseler ; spatieux aussi, jamais lassé de l'immensité qu'il découvre, qu'il rêve de ramasser en gouttes de lumière : les trois étendues, le temps, l'espace et le silence.
Le style continu n'est naturel qu'à l'homme qui écrit pour les autres. Tout est jet et coupure dans l'âme."
Joubert serait moraliste en cela : sereinement indifférent à son destin public, il consent au naturel de l'âme ; il ne veut pas forcer son caractère :
" Je suis, je l'avouerai, comme une harpe éolienne, qui rend quelques beaux sons, mais n'exécute aucun air."
Ces sons, ajoute-t-il, ne sont pas liés, mais sont ravissants.
Ainsi Joseph Joubert tend à une sorte de paix angélique, sagesse plus accessible que la vérité :
" La vérité consiste à imaginer les choses comme Dieu les voit et la modération à être ému comme les anges."
De son vivant, Joubert ne publia jamais rien, mais il écrivit de nombreuses lettres, ainsi que des notes et des journaux où il reportait ses réflexions sur la nature de l'homme, sur la littérature, et sur d'autres sujets, dans un style poignant, volontiers aphoristique.

À sa mort, sa veuve confia ses notes à Chateaubriand, qui en fit publier un choix sous le titre Recueil des pensées de M. Joubert en 1838.
Des éditions plus complètes allaient suivre, ainsi que celles de la correspondance. La tombe de Joseph Joubert se trouve au cimetière de Montmartre.

Sa bibliothèque se trouve désormais dans des archives privées où se trouve une petite partie des archives du prince François-Xavier de Saxe.

Société des Amis de Joseph Joubert

En 1985, dans le cadre du LVIe Congrès de l'Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, à l'initiative des Amis du Vieux Villeneuve, a eu lieu à Villeneuve-sur-Yonne le premier colloque consacré à Joseph Joubert, sa vie, ses amitiés, sa pensée ainsi que ses influences sur le travaux d'autres intellectuels, au terme duquel fut proposée par Rémy Tessonneau et accepté par les participants la fondation des Amis de Joseph Joubert.
Le but de cette association est de faciliter la publication authentique et intégrale des écrits de Joubert, et de conduire une recherche progressive, concertée et solidaire, afin d'en exprimer toutes les significations. Depuis lors, la Société des Amis de Joseph Joubert a déjà organisé 4 colloques, dont le dernier s'est tenu les 2 et 3 octobre 2010.

Citations

L'art est de cacher l'art.
Enseigner, c'est apprendre deux fois.
Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil.
Il n'y a plus aujourd'hui d'inimitiés irréconciliables, parce qu'il n'y a plus de sentiments désintéressés : c'est un bien né d'un mal.
Tous les hommes viennent de peu, et il s'en faut de peu pour qu'ils ne viennent de rien.
L'ambition est impitoyable : tout mérite qui ne la sert pas est méprisable à ses yeux.
Il faut ne choisir pour épouse que la femme qu'on choisirait pour ami, si elle était un homme.
Ce n'est pas l'abondance, mais l'excellence qui fait la richesse
Les enfants ont plus besoin de modèles que de critiques.
Le but de la discussion ne doit pas être la victoire, mais l'amélioration.
Il y a des sciences bonnes dont l'existence est nécessaire et dont la culture est inutile. Telles sont les mathématiques.
La raison peut nous avertir de ce qu'il faut éviter, le cœur seul nous dit ce qu'il faut faire.
Le plus beau des courages, celui d'être heureux.
Il est indigne des grandes âmes de faire part des tourments qu'elles éprouvent.
Quiconque s'agenouille devant Dieu se façonne à se prosterner devant un roi.
On ne sait ce qu’on voulait dire que lorsqu’on l’a dit.
Il faut quand on agit, se conformer aux règles, et quand on juge, avoir égard aux exceptions
Tout s'apprend, même la vertu.
Ces insupportables parleurs qui vous entretiennent toujours de ce qu'ils savent et ne vous entretiennent jamais de ce qu'ils pensent.
Le soir de la vie apporte avec soi sa lampe.
Les révolutions sont des temps où le pauvre n'est pas sûr de sa probité, le riche de sa fortune, et l'innocent de sa vie

Liens
http://youtu.be/O79crb2IZ0o Joseph Joubert Un jour un livre
.


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Posté le : 03/05/2014 19:08
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Re: Défi du 03-05-2014
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Eh bien, mon cher Alexis, tu as fait dans la sobriété et l'humilité telle que le catholicisme l'enseigne dans les vieux livres et ta vision du pape est celle qu'ont la majorité des laïcs dont je fais partie.
J'ai beaucoup aimé ce texte très social et accroché au réel.
Bravo !

"Je t'absous de tes pêchés mon fils, dit le prélat; tu peux aller vendre tes poireaux."

Donald

Posté le : 03/05/2014 19:05
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Henri Bosco
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Le 4 mai 1976 à Nice, à 87 ans meurt Fernand Marius Bosco, dit Henri Bosco

Avignon romancier français, né le 16 novembre 1888 à Avignon, Il reçoit le grand prix national des lettres, le prix Berthou décerné par l'académie française, le prix renaudot, le grand prix du roman de l'académie française, le prix des ambassadeurs, le prix de l'académie de la méditerranée et le prix de l'acamédie du Vaucluse, ses Œuvres principales sont L'Âne Culotte en 1937, L'Enfant et la Rivière en 1945, Le Mas Théotime en 1945, Malicroix en 1948, Le Renard dans l'île en 1956

Romancier français, Henri Bosco trouvera tous les thèmes de son œuvre dans sa Provence natale. Cependant, il vient tardivement à la littérature, après avoir longtemps enseigné au Maroc où il se fixe définitivement. Il y dirige une revue, Aguedal, qui réunit quelques poètes locaux. Son premier roman, Pierre Lampedouze, paraît en 1924 ; il exprime toute la vigueur du Midi. La nature y est présente comme une puissance occulte et vaguement inquiétante. L'Âne Culotte en 1937 mêle avec bonheur ce mystère, ou ce sens de la légende, à une poésie simple, presque enfantine. On voudrait évoquer à son propos la tradition du conte populaire. Mais la dimension du secret devient parfois pesante, quand il confine à la superstition ou au mysticisme. Bosco retrouve si bien l'âme paysanne dans ses multiples croyances que la simplicité de son évocation de la nature vient à s'y perdre. Le Mas Théotime en 1945 place dans un décor rustique une intrigue sentimentale que le mystère même de la nature suffit à rendre oppressante. Aussi est-il difficile d'admettre avec l'écrivain que cette existence paysanne puisse mener à la sagesse, celle-là même qui fait défaut à notre civilisation du savoir. Bosco écrit encore de nombreux romans rustiques : Malicroix en 1948, Antonin en 1952, Sabinus en 1957, Mon Compagnon de songes en 1967, Tante Martine en 1970, Le Récif en 1972. S'y déploie un sentiment poétique qui fait sans aucun doute leur plus grand charme. En 1950, il réunit des poèmes sur les paysages marocains, Des sables à la mer : le dépouillement de l'expression, l'abandon de la psychologie campagnarde rendent un son beaucoup plus sincère et plus grave.
Henri Bosco a aussi écrit des romans pour enfants L'Enfant et la rivière, 1953 ; Le Renard dans l'île, 1956 ; Le Chien Barboche, 1957, des livres de souvenirs, Un oubli moins profond, en 1961 et une biographie de saint Jean Bosco.
Agrégé d'italien, Henri Bosco enseigna d'abord à Avignon. Après avoir fait campagne dans l'armée d'Orient, il exerça les fonctions de chargé de conférence à Naples de 1920 à 1930. Il poursuivit sa carrière à Rabat, où il dirigea la revue Aguedal. À partir de 1955, il vécut tantôt à Nice, tantôt à Lourmarin. Bosco publia son premier récit, Pierre Lampédouze, en 1924. Mais sa seconde manière, empreinte d'un climat pastoral, religieux et tragique , commença avec le Sanglier. Alors se succédèrent une vingtaine de romans. Bosco est aussi l'auteur de souvenirs d'enfance et de récits pour la jeunesse. Son œuvre est animée par trois forces : son sang italo-provençal, qui le rend apte à percevoir les ondes émanant du sol, les courants qui passent entre la matière et l'âme ; son pays natal, la Provence, dont les fleuves et la montagne, le Lubéron, abritent des secrets créateurs de songes ; son expérience du monde, modelée par une culture gréco-latine. Sensible à l'ivresse dionysiaque qui émane de la Terre comme à la présence du sacré, Bosco est le créateur d'un univers romanesque envoûtant.

Un solide bagage classique

Henri Bosco est issu d'une famille italienne, ligure et piémontaise, dont les origines les mieux identifiées se trouvent près de Gènes.
Sa famille paternelle est apparentée à don Jean Bosco, le fondateur des salésiens à Turin.
Il est né au no 3 de la rue Carreterie, entre la place Pignotte et la place des Carmes, à Avignon, en novembre 1888. À la fin du XIXe siècle, il s'agissait du quartier d'Italiens, qui y avaient leur paroisse. Sa maison natale est aujourd'hui identifiée par une plaque de marbre. Son père, Louis Bosco 1847-1927, était originaire de Marseille où il repose, bien que décédé à Lourmarin.
Il était tailleur de pierre, luthier et chanteur d'opéra, souvent en déplacements. Sa mère, Louise Falena 1859-1942, née à Nice, est inhumée à Rabat où son fils était en poste à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Il est le cinquième enfant, les quatre premiers étant décédés prématurément.
Il a trois ans quand sa famille quitte le centre ville pour habiter une demeure plus vaste et proche de la Durance, le mas du Gage, à l'extrémité du quartier de Monclar, au quartier de Baigne-Pieds. Sa mère lui enseigne d'abord elle-même la lecture et l'écriture.
Il entre en classe à l'âge de dix ans, rue Bouquerie, à l'école des Ortolans. Marc Maynègre indique que lors des absences dues aux engagements de son père, le jeune Henri était accueilli par Julie Jouve, sa marraine, originaire de Bédoin, devenue concierge du Conservatoire d'Avignon, ou par la tante Clarisse dont Bosco fera la tante Martine de ses romans.

Il fait ses humanités grecques et latines dans la cité papale. Il est pensionnaire au lycée d'Avignon. Parallèlement, il poursuit pendant huit ans des études de musique harmonie et composition musicale au Conservatoire d'Avignon, tout en suivant des cours de violon auprès de M. Maillet, l'organiste de l'église Saint-Agricol, en face de la librairie Roumanille, célèbre félibre et ami de Frédéric Mistral. Henri Bosco y fera référence plus tard dans Antonin. Bosco obtient, en 1909, sa licence de lettres et son diplôme d'études supérieures à l'université de Grenoble. Henri Bosco obtient son diplôme après avoir présenté un mémoire sur la papauté avignonaise un festin papal donné au Palais, puis il prépare et réussit son agrégation d'italien à l'Institut de Florence.

Mobilisé en Orient

Devenu musicien de talent, il occupe ses loisirs à jouer et même écrire de la musique. Lors de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé au 4e régiment de zouaves à Salonique. Devenu sergent-interprète à l'État-major de l'Armée d'Orient sa nouvelle fonction ne lui fait pas quitter les rives méditerranéennes. Il fait campagne aux Dardanelles, en Macédoine, en Serbie, en Albanie, en Hongrie et en Grèce.
Profitant de son affectation militaire, le jeune universitaire recopie et décrypte nombre d'inscriptions antiques. Il se lie d'amitié avec Robert Laurent-Vibert, un industriel lyonnais érudit, avec qui, les hostilités finies, il participe au sauvetage et à la restauration du château de Lourmarin, dans le Sud du Luberon.

Le séjour napolitain

La paix revenue, il est détaché à l'Institut français de Naples où il passe dix ans à donner des cours publics. Il y fait la connaissance de son collègue Jean Grenier, ainsi que de Max Jacob de passage sur la côte almafitaine.
Il y écrit, en 1924, son premier livre, Pierre Lampedouze, dans lequel il décrit sa ville natale :
"Toute la ville est argentée de métal pur. C'est le dimanche des Rameaux.
Saint-Agricol clame sa joie.
Saint-Didier tinte à tous vents. Saint-Pierre a des battants qui font tourner les cloches.
Les Carmes chantent en patois un vieux cantique de Maillane, toutes les chapelles s'appellent dans les rues lointaines où fleurissaient, jadis, les confréries, et les confréries et les couvents qui sont perdus sous les remparts, font danser leurs petites cloches, et le grand bronze du bourdon de Notre-Dame des Doms dont dépendent quatre paroisses, du sommet de sa métropole, jette sa gloire et sa clarté à travers toute la Provence".
Son deuxième livre, Irénée, est inspiré d'un premier et grand amour pour la belle triestine Silvia Fondra sans que s'estompe le souvenir de sa Provence natale.
Au cours de son séjour à Naples, il se passionne pour les recherches en cours sur Pompéi et la fameuse Villa des Mystères, avec un intérêt tout particulier pour l'orphisme.
Il se marie le 16 juillet 1930 à Ollioules dans le Var, avec la gersoise Marie Madeleine Rhodes. Ils n'auront pas d'enfant.
En 1930-31, il écrit le premier roman de la trilogie de Hyacinthe, L'Ane culotte.

Son œuvre littéraire

En 1931, il rejoint le Maroc où il restera jusqu'en 1955. Il habite ensuite à la Maison Rose, à Cimiez, sur les hauteurs de Nice.
En mai 1931, il écrit Le Sanglier, faisant la démonstration que le roman d'aventures n'a pas forcément besoin d'exotisme, ni d'escouades policières, pour organiser une chasse à l'homme.
Il va passer une longue partie de sa vie comme professeur au lycée Gouraud de Rabat et président de l'Alliance française. À la fin de la guerre, en 1945, il obtient le Prix Renaudot pour le Mas Théotime.
En 1953, sa carrière de romancier est couronnée par le Grand prix national des Lettres puis en 1968, Henri Bosco se voit décerner le Grand prix du roman de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.
Cette récompense prestigieuse avait été précédée, deux ans auparavant, par un hommage rendu à Avignon. Le samedi 22 octobre 1966, le romancier, devant un parterre de cinq cents personnes, fut accueilli dans la Salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville. Il se vit honorer du Prix de l'Académie de Vaucluse, récompense décernée pour la première fois par le Conseil général. Ce prix lui fut décerné pour sa remarquable œuvre romanesque et ses livres de souvenirs.

Le romancier du Luberon

Arrivé à l'âge de la retraite de l'Éducation Nationale, il partage sa vie entre Nice et Lourmarin, où il séjourne souvent dans son bastidon, célébrant le Luberon, terre de paysans et de vignerons qu'il affectionne, mais surtout de mystère qu'il va chanter avec des accents homériques.

Au temps des amandiers en fleurs, Lourmarin, la seconde patrie d'Henri Bosco
" Tu es la patrie des saisons. En aucun lieu au monde elles n'offrent figures suivantes. Tu les prends au passage et tu en fais selon les jours, soit la douceur de la neige, soit la fureur des tempêtes d'automne, soit vergers d'amandiers en fleurs, soit le blé, soit la vigne sanglante ".
Humaniste, Bosco aime cette montagne magique : les hommes simples depuis la nuit des temps y ont vécu et souffert, au sein d'une nature généreuse.
" Je les connais tous, les sites humains d'où sont partis les hommes, l'abri du charbonnier, la cuve à vin creusée dans la paroi du roc, le poste à feu oublié du chasseur et, quelque part en un lieu hanté de moi seul, perdu dans la broussaille, cette aire immense avec des talus et quatre grands fossés mangés par l'herbe. Un vieux peuple, rude et sensé, au cours d'une migration énergique, avait sans doute établi là, jadis, son camp à l'ombre de la Terre."

Ses dernières volontés

Le chantre du Luberon désira reposer dans le cimetière de Lourmarin. Il fit part de ses dernières volontés dans un texte publié par ses amis d'Alpes de Lumières :
" Enfin on chantera tes bêtes : renards, martres, fouines, blaireaux, nocturnes et le sanglier qui est peut-être ton dernier dieu, Mais silence, tu me comprends...."
Pour moi, si quelque jour, je dois tomber loin de ta puissance, je veux qu'on ramène mes cendres à Lourmarin, au nord du fleuve, là où vécut mon père et où, trop peu de temps, j'ai connu les conseils de l'Amitié.
Et que l'on creuse alors sur ta paroi, en plein calcaire, là-haut loin des maisons habitées par les hommes, entre le chêne noir et le laurier funèbre, un trou, ô Luberon, au fond de ton quartier le plus sauvage. J'y dormirai.
Et puisse-t-on graver, si toutefois alors quelqu'un prend souci de mon ombre, sur le roc de ma tombe, malgré ma mort, ce sanglier.

Il meurt en 1976 à 89 ans.

Ses romans pour adultes ou pour enfants constituent une évocation sensible de la vie provençale où une imagination libre et succulente participe au pouvoir envoûtant de son écriture.
De nos jours, la trilogie L'Âne Culotte - Hyacinthe - Jardin d'Hyacinthe ainsi que Malicroix, le Mas Théotime, L'Enfant et la Rivière, L'Habitant de Sivergues,
Le rameau de la nuit, Le récif, entre autres, sont réédités en de nombreuses langues et constituent des succès de librairie.
Son épouse est décédée en 1985.

L'œuvre d'Henri Bosco a fait l'objet de nombreuses études depuis les quatre premières thèses de doctorat soutenues du vivant de l'auteur : Jean Cleo Godin, Une poétique du mystère, Montréal, 1968, Lionel Poitras, La participation au monde, Fribourg, 1971, Gérard Valin, Henri Bosco et Novalis, deux poètes mystiques, Paris-Nanterre, 1973, Jean Pierre Cauvin, La poétique du sacré, 1976.
L'association de l'Amitié Henri Bosco a été créée avec la participation de l'auteur à Nice en 1973. Ludo van Bogaert, Madeleine Bosco, Jean Onimus ont animé les premières années d'activité.
Le professeur Claude Girault, germaniste de l'université de Caen, a pris le relais en donnant une impulsion décisive aux colloques internationaux et aux Cahiers Henri Bosco ; ces deniers comportent un grand nombre de ses travaux très inspirés du romantisme allemand et issus des archives laissés à l'université de Nice sous le contrôle de la bibliothécaire Monique Barrea.
Claude Girault, ami de l'auteur est devenu à son décès le légataire de son journal, le diaire.

Henri Bosco était commandeur de la Légion d'Honneur.

Œuvres

Pierre Lampédouze, 1925
Eglogues de la mer, 1928
Irénée, 1928
Le Quartier de sagesse, 1929
Le Sanglier, 1932
Le Trestoulas et L'Habitant de Sivergues, 1935
L'Âne Culotte, 1937 ; édition de 1950 avec des illustrations de Nicolas Eekman
Hyacinthe, 1940
L'Apocalypse de Saint Jean, 1942
Bucoliques de Provence, 1944
Le Jardin d'Hyacinthe, 1945
Le Mas Théotime, 1945
L'Enfant et la Rivière, 1945
Monsieur Carre-Benoît à la campagne, 1947
Sylvius, 1948
Malicroix, 1948
Le Roseau et la Source, 1949
Un rameau de la nuit, 1950
Alger, cette ville fabuleuse, 1950
Des sables à la mer. Pages marocaines, 1950
Sites et Mirages, 1951.
Antonin, 1952
L'Antiquaire, 1954
La Clef des champs, 1956
Le Renard dans l'île, 1956
Les Balesta, 1956
Sabinus, 1957
Barboche, 1957
Bargabot, 1958
Bras-de-fer, 1959
Saint Jean Bosco, 1959
Un oubli moins profond, 1961
Le Chemin de Monclar, 1962
L'Épervier, 1963
Le Jardin des Trinitaires, 1966
Mon compagnon de songes, 1967
Le Récif, 1971
Tante Martine, 1972
Une ombre, 1978
Des nuages, 1980

Filmographie

1967 : L'Âne Culotte, série télévisée en 26 épisodes de 13 minutes, créé par Edgar de Bresson, Daniel Goldenberg et Jacques Rispal diffusé à partir du 27 novembre 1967 sur la première chaîne de l'ORTF.
1974 : Malicroix, téléfilm de François Gir réalisation et adaptation. Interprètes : Jean-Luc Moreau, Robert Dalban, Jacques Seiler, Thérèse Liotard
1975, Le Renard dans l'île, TF1, de Leila Senati, adaptateur : Denys de La Patellière, interprètes : Suzanne Flon, Jean Marie Bon, Lucien Barjon, Hervé Levy, Marc Geiger, Pierre Humbert
1981 : L'Enfant et la Rivière, téléfilm de Maurice Château.
1995 : Le Mas Théotime, téléfilm écrit et réalisé par Philomène Esposito pour FR3.
2000 : Henri Bosco, collection Un siècle d'écrivains, dirigée par Bernard Rapp, portrait réalisé par Jean-François Jung 50', diffusion France 3 le 28 décembre 2000.

Liens
http://youtu.be/72FhooWpi7g Lourmarin où séjourné Henri Bosco
http://youtu.be/lq1kax03yTI des ânes culottés


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Posté le : 03/05/2014 19:01
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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