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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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EXEM, cette histoire m'a emporté et je pouvais plus décrocher mes yeux de l'écran, ce jusqu'à la fin.
D'ailleurs, je n'ai pas vu venir le coup.
Bravo !

Posté le : 06/07/2014 13:00
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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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Un ami de Clothilde ce Monsieur Dupoix. Très bon texte EXEM, on découvre petit à petit la personnalité du héros, et on se doute de ce qui va se passer. On pense à la fable "le loup et l'agneau". J'aime bien ta description très sobre du crime.

Voilà ma contribution :

Un être singulier


J’ai rencontré Angélique il y a deux mois. C’est magique, elle est belle, gentille, intelligente, je ne pensais pas qu’une personne comme elle s’intéresserait à moi. Je ne suis pas très beau, je me trouve même très laid. Ma première femme me disait :

- Il y a pire que toi !

Quand à ma mère, elle se contente de soupirer en me regardant d’un air désolé qui signifie :

- Je n’ai pas pu faire mieux.

J’évite de me regarder dans les miroirs, et quand je suis obligé de le faire, dans les magasins par exemple, je ne me vois pas. J’écoute les commentaires du vendeur :

- Ce pantalon vous va très bien, il faudrait une chemise un peu cintrée pour compléter le style citadin.
Je me retrouve en général avec une quantité de vêtements incroyable. J’achète des ensembles complets, cravates et chaussettes comprises.


Angélique semble vraiment amoureuse de moi, je sais qu’avec elle, ma vie va changer, tout va être mieux.
Mais un jour elle m’annonce qu’elle veut un enfant. Un enfant de moi ! Comment est-ce possible ? Un enfant qui me ressemblerait, c’est hors de question, il faudrait qu’il soit comme elle, ou complètement différent de nous deux.

Petit à petit, je m’habitue à cette idée de devenir père. Mes collègues me félicitent.
Finalement, je suis content, mon frère a déjà deux enfants, je vais être comme lui, je vais devenir normal, enfin. Tout le monde fonde une famille, a un fils, une fille… Un fils ? C’est hors de question ! Il faut que ce soit une fille, je ne saurais pas m’occuper d’un garçon. Une fille, ce sera plus facile, elle ne sera pas comme moi. Il faut que notre famille soit différente de celle désastreuse de mes parents et leurs deux rejetons.

La grossesse n’est pas simple, il faut qu’Angélique reste allongée tout le temps. Ca ne pouvait pas bien se passer, c’était impossible. Je travaille et je travaille encore, il faut que je subvienne aux besoins de ma famille. MA famille. Je ne vais pas y arriver, je n’ai pas envie de toutes ces responsabilités. J’ai assez à faire avec moi. Je commence à en vouloir à Angélique. Nous étions si bien tous les deux. Je sens bien qu’elle n’est plus disponible, elle ne pense qu’au futur bébé, je ne compte plus. Que va-t-il se passer quand il va être là ?

Mes parents se sont séparés quand j’étais très jeune. Ils ont eu des enfants trop tôt. Mon père fuyait la maison, il avait des aventures. Ma mère l’a quitté, elle est partie avec son meilleur ami. Ce type m’a gâché ma jeunesse. Ce détraqué qui aimait trop les petits garçons, m’a détruit, j’avais onze ans. Personne ne m’a cru quand j’ai raconté ce que je vivais, et surtout pas mon père qui n’a rien fait pour m’aider.

Les années passent. Je fais semblant. J’ai deux enfants, une fille et …un garçon, il va avoir onze ans.
Il faut que je m’échappe de cette famille qui m’étouffe. J’ai peur de leur faire du mal. Je ne suis pas à la hauteur, je n’ai jamais été à la hauteur. Depuis quelques temps, je prépare mon départ, je mets de l’argent de côté, j’ai rencontré une jeune femme, elle a deux petits enfants. Je peux tout recommencer, je ne serai pas leur père, ce sera plus facile.

J’aspire à une vie normale, mais c’est impossible. Après une année de vie commune, ma jeune amie, m’a fui. J’ai regretté d’avoir quitté Angélique, je lui ai fait savoir par un intermédiaire, je n’ai pas eu le courage de l’affronter, je savais qu’elle m’en voulait énormément. Elle a demandé le divorce. J’ai papillonné pendant quelques temps, mais impossible de me fixer, les femmes semblent ne pas vouloir de moi.

Depuis quelques temps j’ai trouvé la solution. J’ai acheté un lieu où je peux exercer mon travail. Il y a des bureaux, un photocopieur, des ordinateurs, mais si on y regarde de plus près, je l’ai aménagé comme un appartement. Il y a un canapé-lit, une cuisine et une douche. C’est là, mon vrai foyer. Je me suis remarié, je loue une maison avec ma nouvelle femme qui est adorable. Sa mère s’occupe beaucoup d’elle, je ne me sens pas coupable quand je m’absente. Elle a deux grands enfants dont le père s’occupe beaucoup. Je ne suis pas seul, j’ai quelqu’un à qui raconter mes problèmes, en société je peux dire :

- Mon épouse et moi.

Je suis « normal ». Pourtant, je ne peux pas faire partie d’une famille, il faut que je sois seul et indépendant, responsable de moi et éventuellement de mes employés. J’embauche de préférence des stagiaires, c’est plus simple. Je vis au singulier, le pluriel n’est décidément pas pour moi.

Posté le : 06/07/2014 12:15
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P. du 29/6/14, F.Dard, PKlee, StExupéry, A.S.Mutter, L.Aubrac, A.Campra, Annex Tahiti,B.Lapointe
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Le  29  Juin  1952  meurt  Boby  LAPOINTE
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*Bacchus sa tribune : quand sa lyre délire

*Emma "dos à dos" sa chronique d'jeuns
*Iktomi "chef-d'oeuvre, pas chef-d'oeuvre ?
*Les bons mots de la semaine par Grenouille

*La pensée de la semaine de Grenouille :





 " Ce n'est pas l'intelligence qui fait la valeur d'un homme mais la façon dont il l'emploie "   Gilles Legardinier




Le  29  Juin  194O  meurt  Paul  KLEE
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Le   29   juin  1900  naît   Antoine  de 
St EXUPERY

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Le 29  Juin 1744  meurt  André CAMPRA
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Le 29 Juin 1880 La France signe l'annexion
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*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner 

            ---*ATELIER CONCOURS
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         Lucinda vous pose deux questions :
         *Pourquoi le mensonge ?
         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
   

      
     




Posté le : 06/07/2014 11:53
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Re: défi du 5 juillet 2014
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C'est toujours un plaisir de lire nos poètes de l'Orée parce qu'ils voient le monde différemment et là, Kjtiti, tu l'as encore montré.
Comme j'ai croisé beaucoup de politiques pendant mes études et que j'en côtoie encore, je ne peux qu'adhérer au fond de ce poème et me dire que déjà Rousseau l'avait prédit dans son 'Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes'.
Bravo mon cher Kjtiti et vive la poésie !

Posté le : 06/07/2014 11:05
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Re: défi du 5 juillet 2014
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C'est une bien belle histoire que celle de Gabriel, l'homme volant, à travers le regard des autres jusqu'au mercantilisme sur son don.
Bravo Couscous !

Posté le : 06/07/2014 11:00
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Henry II d'Angleterre
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Le 6 juillet 1189 au château de Chinon, à 56 ans meurt Henri II roi

d'Angleterre


et seigneur d'Irlande du 25 Octobre 1154 au 6 juillet 1189,
En tandem avec Henri le Jeune -1170 1183-, il est Couronné le 19 décembre 1154 dans l'Abbaye de Westminster, son prédécesseur est Étienne, son Successeur est Richard Ier Duc des Normands du 7 septembre 1151 au 6 juillet 1189 son Prédécesseur est Geoffroy Plantagenêt, son Successeur Richard Ier, Henri II est né le 5 mars 1133 dans la ville du Mans France, il est comte d'Anjou, du Maine et de Touraine, duc de Normandie, et roi d'Angleterre 1154-1189. Il est le premier roi de la dynastie des Plantagenêts et de leur empire.Son père est Geoffroy V d'Anjou, sa Mère est Mathilde l'Emperesse, sa Conjointe Aliénor d'Aquitaine, avec qui il a 8 enfants dont 7 vivants : Guillaume d'Angleterre, Henri le Jeune, Mathilde d'Angleterre, Richard Ier, Geoffroy d'Angleterre, Aliénor d'Angleterre, Jeanne d'Angleterre, et le roi Jean.


D'une force peu commune, perpétuellement en mouvement et très cultivé, Henri II passa sa vie à rétablir les droits acquis du temps de son grand-père maternel Henri Ier d'Angleterre et à maintenir son héritage territorial.
Petit-fils d'Henri Ier, désigné par son grand-père pour lui succéder dès le moment de sa naissance, écarté en fait du trône par Étienne, neveu du roi défunt, Henri II doit tout à l'énergie de sa mère, Mathilde, et de son père, Geoffroi V Plantagenêt. Il est couronné en 1154 et, dès ce moment, il est le maître non seulement de l'Angleterre, mais aussi de la Normandie ; en outre, grâce à un mariage opportun avec Aliénor d'Aquitaine, il contrôle tout le sud-ouest de la France. L'Anjou, le Maine et la Touraine compléteront son Channel State. Il aura quelque peine à maintenir son autorité sur un aussi vaste ensemble et devra affronter des révoltes féodales en Angleterre, les intrigues des rois de France Louis VII et Philippe Auguste et, à la fin de sa vie, le soulèvement de ses propres fils, Henri, Richard et Geoffroi. Pourtant, conquérant de l'Irlande en 1171-1172, ayant rêvé en vain d'établir son autorité sur l'Écosse, il est l'un des créateurs et des réalisateurs du rêve anglais qui consistait à réunir les îles Britanniques sous un seul sceptre.

Sa vie

Il naît au Mans, dans le comté du Maine, le 5 mars 1133. Son père est Geoffroy V d'Anjou dit le Bel ou Plantagenêt, et sa mère est Mathilde dite l'Emperesse, fille du roi Henri Ier d'Angleterre et son héritière désignée. Une guerre civile éclate en Angleterre entre Mathilde et son cousin, Étienne de Blois, comte de Boulogne, qui s'empare du trône d'Angleterre à la mort du roi Henri Ier d'Angleterre en 1135, alors qu’il avait juré fidélité à Mathilde.
L’éducation d’Henri est confiée à Pierre de Saintes, ou à Guillaume de Conches, alors que ses parents sont en guerre. En 1142, à neuf ans, il part chez Robert de Gloucester, son oncle, a priori pour s’approprier les traditions de son futur pays, et développer des relations avec les soutiens de sa mère Mathilde. Il y apprend le latin, est formé aux armes, et à sa future fonction de roi. De 1144 à 1146, il est de retour en Normandie sur demande de son père Geoffroy. Au début de l’année 1147, Henri revient en Angleterre à la tête d’une armée de faible envergure pour soutenir sa mère, mais cette tentative se révèle un échec, et il fait retraite en Normandie. Toutefois, il commence à s’affirmer en tant que futur roi, en négociant l’élection de l’évêque de Hereford.
Au printemps 1149, Henri part à nouveau pour l’Angleterre, pour se rapprocher de David, roi d’Écosse. À Devizes le 13 avril, il rate les sièges de Cricklade et de Burton, puis se bat contre les partisans du roi Étienne à Carlisle. David le fait chevalier, et Henri lui jure de jamais lui contester la suzeraineté sur le Northumberland, le Cumberland, le Westmorland et le Lancashire, des comtés du nord de l’Angleterre. Le fait d’être chevalier confère à Henri sa majorité, et il peut désormais prétendre de lui-même au trône d’Angleterre. Étienne répond en faisant de même pour son fils Eustache.
En 1150, de retour en Normandie, il est probablement investi par son père du duché de Normandie, acte renouvelé en automne. Au même moment, il adresse un ultimatum à Étienne, et lui revendique toutes les terres usurpées. Henri possède dès lors un fief, et doit donc rendre hommage au roi de France, Louis VII. Mais cet acte officiel traîne, et dans le contexte de l’affaire de Montreuil-Bellay, Henri prête finalement serment en août 1151.

La succession à Geoffroy

Geoffroy meurt le 7 septembre 1151. Toutefois, il pressentait un déchirement entre ses fils, et surtout les fortes ambitions de son fils aîné, Henri. Il exige alors de ce dernier qu’il prête serment de céder à son frère Geoffroy Anjou et Maine dès que l’Angleterre sera conquise en attendant, Geoffroy reçoit les châteaux de Chinon, Loudun et Mirebeau. Pour le contraindre à accepter, les nobles et les évêques ont pour ordre de ne pas lui élever de sépulture tant qu’Henri n’aura pas prêté ce serment. Henri accepte, à contre-cœur, convaincu par le clergé et les fidèles de son défunt père, et aussi par dignité, l’état de conservation du corps de son père se dégradant rapidement. Puis Henri part à Angers, et y devient comte d'Anjou et du Maine.

Le 21 mars 1152, Louis VII et Aliénor d’Aquitaine divorcent, après le constat de nullité du mariage au concile de Beaugency. Henri, comme d’autres prétendants dont son propre frère Geoffroy la demande en mariage. Henri est alors l’un des hommes les plus puissants de l’Occident. Le mariage a lieu à Poitiers, le 18 mai 1152, alors qu’elle a trente ans, et lui dix-neuf. C’est le début d’une guerre entre Henri et Louis VII, sous prétexte que le roi de France veut garder l’Aquitaine, alors qu’Henri en est devenu le duc au moment de son mariage. Louis VII est soutenu par Geoffroy, frère d’Henri, et Robert, comte de Dreux. La guerre prend fin à la fin de l’année 1152, après qu’Henri et Geoffroy se sont réconciliés, et que Louis VII a proposé la paix.

Quelques jours après son mariage, il fait escale au sanctuaire de Rocamadour. Séduit par la beauté du lieu, il fera construire une chapelle portant le nom de Notre-Dame de Rocamadour lorsqu'il rentrera sur ses terres. Cette chapelle est aujourd'hui située dans le port de Camaret-sur-Mer, en Bretagne.

La conquête de l'Angleterre

Au début de l’année 1153, la conquête de l’Angleterre devient l’objectif principal d’Henri. Le roi Étienne connaît une situation politique précaire : sa succession s’annonce difficile, car ses fils sont des incapables ; lui-même se fait vieillissant ; la lassitude de la guerre gagne du terrain après près de vingt ans de combats et l’autorité royale s’amoindrit, au point que certains barons sont devenus quasiment indépendants vis-à-vis du roi.
Henri arrive en Angleterre le 6 janvier 1153 avec son armée. Il prend Malmesbury, puis part pour Wallingford, assiégé par les troupes d’Étienne. Ce dernier accourt avec une armée, mais ni lui, ni Henri n’osent s’engager dans une bataille incertaine. Étienne rentre sur Londres, ce qui laisse le champ libre à Henri pour délivrer Wallingford, et assiéger le château de Crowmarsh. À nouveau, Étienne le rejoint, mais évite la bataille, d’autant plus que ses conseillers, son frère, Henri, évêque de Winchester, et Thibaut du Bec, archevêque de Canterbury veulent traiter avec Henri. Une trêve est alors conclue, sous condition que le château de Crowmarsh soit détruit. Eustache, fils aîné d’Étienne, se révolte alors contre Thibaut du Bec et écume ses terres, mais meurt de maladie à peine quelques jours plus tard. Or le second fils d’Étienne, Guillaume, ne peut succéder à son père, ayant trop peu de capacités et étant bâtard. À terme, Henri est maintenant assuré de devenir roi d’Angleterre.
La trêve terminée, Henri repart au combat et conquiert Stamford, Nottingham, Reading, Bornwell et Warwick, et entre en négociations avec le comte de Leicester, qui possède plus de trente places-fortes. En réponse, Louis VII attaque la Normandie, trop faiblement, et en manque de soutiens, Étienne finit par signer la paix le 6 novembre 1153, à Wallingford. Henri devient l’héritier d’Étienne, et dirige le royaume, à titre de justicier. L’assemblée des barons à Winchester ratifie le traité. Henri rentre dans Londres, accompagné d’Étienne, sous les acclamations de la foule, en décembre.

À la tête de l'Empire Plantagenet

Le début du règne

Dès le traité de Winchester, Henri cherche à asseoir son autorité sur tous les territoires qu’il contrôle. Si personne ne conteste sa souveraineté sur la Normandie, le Maine et l’Anjou, il n’est toutefois duc d’Aquitaine que par le titre, pas dans les faits. En Angleterre, Henri doit s’associer à Étienne, encore roi, et il ne peut rien tenter contre la Maison de Blois. De plus, il doit ménager ses alliés pendant la conquête du trône, qu’ils soient barons anglais ou membres de l’Église. Il doit aussi faire face à David Ier d'Écosse, à qui il a juré de ne pas revendiquer le nord de l’Angleterre, et à Louis VII, qui veut toujours s’approprier le duché d’Aquitaine, et qui va chercher à diminuer la puissance de son vassal.
Henri cherche à réunir toute la société anglaise autour de lui. Il commence par expulser les flamands, pour profiter de la mésentente passée. Puis il proclame une amnistie pour tous les délits qui ont eu lieu pendant la guerre civile. Plusieurs villes obtiennent des avantages : Wallingford, Lincoln et Wilton. L’acte le plus important du début du règne est la destruction des châteaux, pour empêcher l’organisation de révoltes et autres banditismes. Selon Raoul de Diceto, il y en avait 11.

Étienne mène à bien cette lourde tâche. Cela permet à Henri de repartir pour la Normandie en mars 1154. De mars à novembre 1154, Henri parcourt l’Aquitaine, le Vexin et d’autres régions pour mater les révoltes naissantes. Il signe au mois d’août un nécessaire traité avec Louis VII de France, pour apaiser le climat diplomatique. Louis VII lui abandonne les forteresses de Vernon et de Neuf-Marché, et Henri lui verse 2000 marcs d’argent en échange.
Le 25 octobre 1154, Étienne meurt.
La question de la succession ne provoque pas les débordements escomptés, et Henri, revenu en Angleterre en décembre, est acclamé comme roi légitime.
Le dimanche 19 décembre, il devient roi à l'abbaye de Westminster. À cette occasion, Henri II proclame une charte, qui est défavorable aux barons anglais, en faisant un trait sur les actes passés du règne d’Étienne. Cette charte est toutefois acceptée, car l’archevêque Thibaut, très influent, promeut la soumission au souverain. De plus, beaucoup de barons ralliés à Henri pendant la guerre possèdent des fiefs en Normandie, dont Henri II est le maître incontesté. Si Henri II ne devenait pas roi d’Angleterre, ils risqueraient de perdre ces terres.

Plusieurs personnes vont entourer Henri II dès son couronnement. Thomas Becket est nommé chancelier, sur conseil de Thibaut du Bec. Richard de Lucy, chevalier médiocre mais loyal, et Robert de Leicester, exercent la fonction de justicier d’Angleterre.
Le 29 décembre, entouré de ses vassaux, Henri II déclare vouloir poursuivre la destruction des châteaux et l’expulsion des flamands.
Il rattache aussi au domaine royal des villes et châteaux, et déchoit les comtes qui ont reçu leurs titres d’Étienne. Enfin, Hugues Bigot, comte de Norfolk, est nommé sénéchal. À la suite de ces actes, seuls trois rébellions surviennent : Guillaume d’Aumale, Roger de Hereford et Hugues (II) de Mortemer, qui se soumettent tour à tour, soit diplomatiquement, soit par la force.
Le 29 septembre 1155, au cours d’une réunion à Winchester, il dit vouloir conquérir l’Irlande. Mais l’état financier du royaume n’est guère reluisant, et un impôt est levé pour l’année 1155-1156.
En définitive, le début du règne est réussi, car les barons anglais ont accepté l’autorité d’Henri II, et le climat est redevenu apaisé sur le continent. Cela est dû en partie à ses déplacements incessants, dans tous ses territoires, qui perdureront tout au long de son règne.

Réorganiser l'empire Plantagenêt

Cependant, son frère Geoffroy entend bien récupérer le comté d’Anjou selon la promesse faite par Henri à son père, maintenant qu’il est roi d’Angleterre. Henri II n’a aucune raison d’accepter, car ce faisant, la Normandie serait séparée de l’Aquitaine. De plus, le pape l’a libéré de ce serment. Louis VII réunit lors de pourparlers Henri II et Geoffroy du 3 au 9 février 115628. Le roi de France se range du côté d’Henri II, dès que celui-ci lui propose un hommage pour l’ensemble des domaines continentaux, mais rien du tout dans le cas contraire. Geoffroy refuse cette décision et rentre en guerre contre son frère, guerre vite perdue en juillet 1156.

C’est à ce moment que les barons d’Aquitaine rendent hommage à Henri II29, soit un an après que Louis VII a abandonné le titre de duc d’Aquitaine. Désormais, Henri II n’est plus contesté, et Louis VII se satisfait de l’hommage rendu.
Le voyage en Angleterre, au printemps 1157, commence par le règlement des questions en suspens : le roi d’Écosse est sommé de donner à Henri II des châteaux du Northumberland, contre le comté de Huntingdon, Guillaume de Mortain livre Pevensey, Norwich et autres forteresses, et Hugues Bigot doit faire de même. Malcolm IV d'Écosse rend hommage à Henri II à Chester, peu de temps après, pour tous les territoires anglais, mais pas pour le titre de roi d’Écosse. Au mois de juin 1157, il lance un assaut contre le peuple gallois, assaut bien plus victorieux qu’en 1155, car mieux préparé. Ainsi, au bout de trois ans, aucun baron anglais ne lui résiste, son frère Geoffroy ne revendique plus rien, et son influence s’étend sur l’Écosse, les Galles, et la Bretagne.

En effet, en 1156, Nantes s’est révoltée contre le comte Hoël33, et Geoffroy est appelé par les Bretons et non pas Conan IV de Bretagne pour devenir comte de Nantes33. À sa mort, le 26 juillet 115835, Henri II repasse en France et fait d’une pierre deux coups. Il scelle avec Louis VII un projet de mariage entre son fils Henri et Marguerite, fille du roi de France, avec le Vexin comme dot35. Puis Louis VII lui donne son accord, en tant que sénéchal de France, pour régler la question dynastique en Bretagne35 : Conan de Bretagne cède devant Henri II, et livre Nantes et le pays de la Mée35. Louis VII n’avait pas vraiment le choix, étant séparé géographiquement de la Bretagne36. Peu après, Henri II s’empare de la forteresse de Thouars36. Henri II maîtrise ainsi les communications entre le nord-ouest et le sud-ouest de la France.

En 1157, Richard, futur Cœur de Lion, voit le jour.
En 1158, Geoffroi, fils d’Henri II, voit aussi le jour.
En décembre 1158, Louis VII parvient à un accord entre Henri II et la maison de Blois. Thibaut de Blois rend Amboise et Fréteval, et Rotrou IV du Perche restitue Moulins-la-Marche et Bonsmoulins, contre le château de Bellême. Les frontières stabilisées, Henri se tourne dès lors vers un projet d’envergure : la conquête du comté de Toulouse, qui ouvre la voie du Languedoc et de la mer Méditerranée, et revendiqué de longue date par les précédents ducs d’Aquitaine.

Henri II prépare alors la guerre : il lève un écuage élevé, il négocie la neutralité du roi de France mais n’y parvient pas, car Constance, sa sœur, est mariée a Raymond V de Toulouse, comte de Toulouse, il rencontre Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone et prince d'Aragon pour s’allier ensemble.

Le 22 mars 1159, tous les osts disponibles sont appelés à Poitiers, ainsi que de nombreux mercenaires. Malgré les premiers succès, à partir de la fin du mois de juin, Henri II se retrouve bloqué devant Toulouse, à négocier avec Louis VII. Il doit finalement se retirer, à cause de problèmes d’approvisionnements, et d’une épidémie qui se déclare dans son armée. En partant, il annexe une partie du Quercy et Cahors. À ce moment, Louis VII entre en Normandie, mais le jeu des alliances fait intervenir Thibaut de Blois contre le roi de France. À la fin du mois de septembre 1159, Henri II est remonté au nord, solidifie Étrépagny, et part détruire la forteresse de Gerberoy. Puis il reçoit l’hommage du comte d’Évreux41, qui lui donne les châteaux de Rochefort , Montfort et Épernon.

Toutefois, la situation financière d’Henri II devenant compliquée, et la situation militaire de Louis VII étant affaiblie, une trêve est conclue en décembre 1159 jusqu’au 22 mai 1160. Au final, cette guerre est un échec cuisant pour Henri II42. La paix est signée en avril 1160, à la Pentecôte, avec retour avant la situation en 1159. Pour retrouver un peu plus de calme, Henri le Jeune rend hommage à Louis VII.

Toutefois, Louis VII se remarie à Adèle de Champagne, pour avoir un fils héritier, ce qui pousse Henri II à célébrer le mariage de son fils Henri avec Marguerite, le 2 novembre 1160. Dans son droit, le roi d’Angleterre réclame la dot, le Vexin. Une nouvelle guerre se déclenche, jusqu’en juin 1161, où la paix est signée : Henri II peut conserver ce nouveau territoire.

En 1162, le nouvel archevêque de Cantorbéry est Thomas Becket.
En 1164, Henri II se brouille avec Thomas Becket. C’est aussi l’année des Constitutions de Clarendon, et du concile de Northampton.
En 1166, le futur Jean sans Terre voit le jour. Les campagnes de Strongbow se déroulent en Irlande.
En 1167, Raimond V de Toulouse rend hommage à Henri II37. Mathilde, la mère d’Henri II, meurt.
En 1170, Henri le Jeune devient roi.
Le 29 décembre 1170, Thomas Becket est assassiné.
En 1172, au synode de Cashel, Henri II force l'Irlande à se soumettre à l'autorité de l'Église catholique romaine et met fin aux pratiques d'un christianisme celtique.
En 1183, Henri le Jeune meurt.
En 1187, Philippe Auguste et Henri II combattent.
En 1188, Henri II assiège Dreux.
En 1189, Henri II d’Angleterre meurt à Chinon.

Bilan du règne

Deux affaires vont considérablement ternir son règne :

Le conflit avec son ancien chancelier Thomas Becket. Ce dernier s'oppose à l'abolition de privilèges ecclésiastiques, notamment judiciaires, et à l'emprise plus importante du roi sur l'Église d'Angleterre. L'assassinat de l'archevêque, dans sa cathédrale de Cantorbéry, en 1170, par des chevaliers pensant ainsi faire plaisir au roi, entame grandement l'autorité royale. En expiation de cet assassinat, Henri II demandera à son sénéchal d'Anjou, Étienne de Marsay, de faire édifier un hôtel-Dieu à Angers qui deviendra l'ancien hôpital Saint-Jean ;
Le partage de son considérable territoire entre ses fils. Impatients d'hériter, ses fils se révoltent contre lui avec l'aide de leur mère, du roi de France, du roi d'Écosse Guillaume le Lion et des comtes de Blois, de Boulogne et de Flandre. Il emprisonne Guillaume le Lion après sa défaite en 1174 à la bataille de Alnwick. Son épouse est également soumise à une longue captivité.
Son prestige devient considérable en Europe. Le nouveau roi de France, Philippe Auguste, est en revanche bien décidé à combattre Henri II dont l'immense territoire menace le royaume capétien. Le roi de France obtient dans son combat l'appui des deux fils de Henri II, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre. Par le traité d'Azay-le-Rideau du 4 juillet 1189, Henri II doit reconnaître son fils Richard comme seul héritier. Il meurt seul quelques jours plus tard dans son château de Chinon. Il est inhumé à l'abbaye de Fontevraud.

Personnalité

L'enfance d'Henri II se déroule dans une atmosphère de guerre civile en raison de la lutte de ses parents pour récupérer leur héritage usurpé par Étienne de Blois. D'une force physique considérable, ses colères sont redoutables, et il adore la chasse. Très impulsif, il ne se soumet à aucun emploi du temps. Il s'habille simplement, souvent en chasseur avec un faucon au poignet. Étonnamment, Henri II est un homme très cultivé. Il parle plusieurs langues, aime se retirer pour lire, prend plaisir à des discussions intellectuelles. Il n'en reste pas moins très abordable.

Héritage

Henri II perfectionne l’administration de son royaume. Il s’entoure de conseillers flamands, normands, poitevins, anglais.
Son pouvoir est renforcé par l’onction de l’Église. Au sommet de l’État, se distinguent la Cour Curia Regis, composée des grands vassaux laïques et ecclésiastiques, et les grands offices aux fonctions précises Chancellerie, Échiquier et Trésorerie. La Chancellerie a la responsabilité de la rédaction de tous les diplômes royaux Act. L’Échiquier, devant lequel les shérifs viennent déposer leurs comptes, se scinde sous Henri II en un Bas-Echiquier, ou Trésorerie, chargé de l’administration courante, et un Haut-Echiquier, faisant office de chambre des Comptes.
Enfin, le Banc du Roi, bientôt secondé de la Cour des Plaids Communs, rend la justice au nom du souverain. À sa tête, le Grand Justicier remplace le roi pendant ses absences. Un droit anglais, unique et centralisé, s’affirme sur les coutumes locales common law.

Descendance Avec Aliénor d'Aquitaine

Le 18 mai 1152 à Poitiers, il épouse Aliénor d'Aquitaine qui lui donne huit enfants :
Guillaume Plantagenêt 17 août 1153 – décembre 115648 ;
Henri dit Henri le jeune roi 1155-1183, épouse Marguerite de France, fille du roi de France Louis VII ;
Mathilde 1156-1189, épouse Henri le Lion † 1195, duc de Saxe et de Bavière en 1168 ;
Richard 1157- 1199, qui succède à son père sous le nom de Richard Ier, et surnommé Cœur de Lion. En 1191, il épouse Bérengère 1163 – 1230, fille du roi de Navarre Sanche VI ;
Geoffroy 1158-1186, duc de Bretagne. En 1181, il épouse Constance de Richemont † 1201;
Aliénor 1161-1214. En 1177, elle épouse Alphonse VIII de Castille 1155 – 1214 ;
Jeanne 1165-1199, épouse Guillaume II roi de Sicile, puis Raymond VI comte de Toulouse. Veuve une seconde fois, elle devient abbesse à Fontevraud ;
Jean dit Jean sans Terre 1166-1216, roi d'Angleterre 1199-1216. En 1189, il épouse Isabelle † 1217, fille du duc de Gloucester, divorce en 1200, puis épouse Isabelle 1188-1246, fille du comte d'Angoulême, en 1200.

Enfants illégitimes

Henri eut aussi des enfants illégitimes. Il eut une liaison notoire avec Rosemonde Clifford, la belle Rosemonde, qui débuta probablement vers 1165, durant une de ses campagnes galloises, et continua jusqu'à la mort de celle-ci en 1176. Henri ne la reconnut pas comme maîtresse avant 1174, c'est-à-dire au moment où il emprisonna sa femme. C'est à cette époque qu'il négocia pour faire annuler son mariage afin d'épouser Adèle, fille de Louis VII, qui était déjà promise à son fils Richard. Adèle aurait donné naissance à un fils illégitime d'Henri[réf. nécessaire]49, au contraire de Rosemonde

Il eut aussi quelques enfants illégitimes de diverses maîtresses, et sa femme éleva plusieurs de ces enfants dans la nurserie royale, en compagnie de ses propres enfants. Certains restèrent dans la proximité de la famille royale à l'âge adulte. Parmi eux :

Geoffroy 1151-1212, évêque de Lincoln 1173-1181, chancelier d'Angleterre 1181-1189, puis archevêque d'York 1189-1212, probablement fils d'Ikenai50 ;
Guillaume de Longue-Épée 1176-1226, 3e comte de Salisbury en droit de sa femme. Fils d'Ida  ;
Morgan après 1180 – après 1213, élu évêque de Durham en 1213, mais le pape Innocent III refusa de le consacrer à cause de son illégitimité. Fils de Nesta.
Mathilde † après 1198, nonne puis abbesse de abbaye de Barking en 1175.

Ascendance d'Henri II d'Angleterre

Henri II au cinéma

Becket, film britannique de Peter Glenville d'après la pièce d'Anouilh, 1964, avec Peter O'Toole dans le rôle d'Henri II.
Le Lion en hiver The Lion in Winter, film britannique d'Anthony Harvey, 1968, où Peter O'Toole reprend le rôle d'Henri II.
Le Lion en hiver The Lion in Winter, téléfilm américain remake du précédent d'Andreï Kontchalovski, 2003, où Patrick Stewart a le rôle d'Henri II.
Les Piliers de la terre
Henri II Plantagenêt

Les plantagenet



Plantagenêt, Surnom du comte d'Anjou Geoffroi V, employé pour désigner la lignée royale issue de ce personnage et de son épouse, Mathilde d'Angleterre, petite-fille de Guillaume le Conquérant.
Les origines angevines

Enjeuger ou Ingelger, châtelain en Touraine, est le premier ancêtre connu de cette dynastie créatrice de la puissance angevine. Son fils Foulques Ier le Roux, vicomte d'Angers vers 898-929, devient en effet le premier comte d'Anjou 929-941 ou 942. Maintenue par son fils et son petit-fils, Foulques II le Bon 941 ou 942-vers 960 et Geoffroi Ier Grisegonelle vers 960-987, la principauté angevine est définitivement façonnée par le fils et le petit-fils de ce dernier prince, Foulques III Nerra 987-1040 et Geoffroi II Martel Ier 1040-1060, qui brisent les ambitions de leurs puissants voisins comte de Bretagne, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Blois et qui annexent la Touraine et le Maine. La descendance d'Enjeuger, qui est assurée par le mariage d'Ermengeard, sœur de Geoffroi II Martel Ier, avec le comte de Gâtinais Geoffroi IV Ferreul, ne jugule qu'avec difficulté l'anarchie féodale sous les règnes successifs des deux fils de ce couple : Geoffroi III le Barbu1060-1068 et surtout le voluptueux Foulques IV le Réchin 1068-1109, qui doit se résigner à l'enlèvement de son épouse, la jeune et belle Bertrade de Montfort, par le roi de France Philippe Ier. Mais, après la disparition de Foulques IV en 1109, la dynastie angevine retrouve autorité et puissance sous le règne de son fils Foulques V le Jeune 1109-1131, qui laisse son comté à son fils Geoffroi V le Bel avant de partir pour la Terre sainte, où il devient roi de Jérusalem 1131-1143.

Du comté au royaume

Poursuivant avec énergie la pacification de l'Anjou aux dépens d'un baronnage anarchique dont il détruit les plus puissantes forteresses, Geoffroi V le Bel 1131-1151 apparaît comme le véritable fondateur de la dynastie des Plantagenêts, que l'on devrait appeler en fait Plantegenêts selon Charles Petit-Dutaillis. Il est, en effet, le premier prince angevin à porter ce sobriquet, car, grand chasseur, il aime parcourir les landes fleuries de genêts et porte peut-être même sur son casque une branche de genêts fleuris. En outre, il est aussi le premier Angevin auquel un mariage avantageux ait permis d'aspirer à la couronne d'Angleterre. Ayant épousé l'empress, l'impératrice Mathilde, veuve de l'empereur Henri V et unique héritière du roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc, dont le fils a péri dans le naufrage de la Blanche Nef 1120, il tente de faire valoir les droits de son épouse à la couronne d'Édouard le Confesseur. Il échoue en raison de la préférence accordée par le baronnage anglo-saxon au faible Étienne de Blois 1135-1154. Mais, tandis que son épouse essaie de faire reconnaître sa souveraineté outre-Manche 1139-1147, il conquiert en 1144 le duché de Normandie, dont il investit son fils Henri dès 1150. Comte d'Anjou en 1151, reconnu en outre duc d'Aquitaine par son mariage avec l'épouse divorcée de Louis VII, Aliénor d'Aquitaine, en 1152, Henri réussit enfin à devenir, en décembre 1154, roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II à la mort d'Étienne de Blois.
Ayant tenté de faire couronner roi de son vivant son fils Eustache selon une pratique courante en France mais non en Angleterre, Étienne de Blois a, en effet, suscité un violent mécontentement dans son pays, mécontentement dont a profité Henri Plantagenêt pour mener outre-Manche, en 1153, une campagne victorieuse. Et, à son issue, Eustache étant mort, le roi d'Angleterre a dû reconnaître le prince angevin comme son héritier légitime par le traité de Westminster fin 1153.
Une famille divisée

Henri II Plantagenêt

Henri II, second fondateur de la dynastie des Plantagenêts, est non seulement le bénéficiaire d'un heureux concours de circonstances qui le rend maître d'un immense empire, mais aussi un homme d'État remarquable, qui sait gérer avec autorité et talent ses possessions. En un an, il pacifie l'Angleterre ; en Normandie, il accomplit une œuvre analogue ; avec plus de difficulté, mais avec autant d'énergie, il tente d'imposer son autorité dans les pays de la Loire, en faisant appel notamment à son fidèle Maurice de Craon pour défendre l'Anjou et le Maine contre les barons révoltés en 1173-1174 ; enfin, il s'efforce de maintenir dans l'obéissance ses turbulents vassaux aquitains en confiant à des lieutenants sûrs la garde des châteaux forts dont il quadrille le pays.
Mais, en fait, une telle remise en ordre se heurte à une double opposition : celle de l'Église d'Angleterre, qui refuse de renoncer à l'indépendance acquise notamment sur le plan judiciaire sous le règne des prédécesseurs d'Henri II et qui trouve un éminent porte-parole en la personne de l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket ; celle, encore plus grave, des membres de la famille royale, dont l'instigatrice est l'épouse même du souverain, la reine Aliénor d'Aquitaine, qui lui a donné quatre fils : Henri le Jeune dit Court-Mantel, à qui le roi confie la Normandie ; le futur Richard Ier Cœur de Lion, qu'il investit des prérogatives ducales en Aquitaine en 1168 ; Geoffroi, à qui il fait épouser Constance, fille du duc de Bretagne Conan IV, afin de gouverner par son intermédiaire la Bretagne ; Jean sans Terre, enfin, né trop tardivement pour être investi de charges importantes avant la mort de son père.
Les jeunes princes, qui n'acceptent pas de n'être que les instruments de la politique paternelle, ne cessent de se révolter contre Henri II. Avec l'aide de leur mère, Aliénor d'Aquitaine, restée en droit la souveraine de l'Aquitaine, Henri le Jeune et Richard animent la puissante coalition féodale qui ébranle l'Empire angevin en 1173-1174 de part et d'autre de la Manche. En fait, à cette exception près, les soulèvements auxquels le roi doit faire face n'affectent pratiquement que ses terres françaises : Henri le Jeune, en 1183, Geoffroi de Bretagne, en 1186, et Richard, en 1188, sont, en effet, pratiquement assurés d'obtenir dans ces contrées l'appui des souverains capétiens, qui ont déjà accueilli sur leurs terres Thomas Becket en rébellion contre son roi. Appui naturel d'ailleurs, car, vassal du roi de France en tant que comte d'Anjou, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, etc., le Plantagenêt dispose au sud de la Manche de possessions territoriales et de moyens financiers et militaires bien supérieurs à ceux de son suzerain. Les Capétiens Louis VII et Philippe II Auguste, qui ne possèdent qu'un étroit domaine aux faibles ressources, et qui redoutent que les forces de leur puissant vassal ne mettent un terme définitif à l'indépendance de leur royaume, ne peuvent qu'accorder leur appui intéressé à tous ceux dont l'action affaiblit les forces d'Henri II. Ce dernier meurt en 1189 en apprenant la trahison de son fils préféré et dernier-né, Jean sans Terre. Ouvert en fait entre les deux dynasties dès l'avènement d'Henri II au trône d'Angleterre en 1154, le conflit se prolonge jusqu'en 1258-1259, terme de la première guerre franco-anglaise de Cent Ans.

Crises familiales et politiques

Respectueux des règles régissant le système féodal, désireux, en outre, d'ôter aux Capétiens tout prétexte juridique d'agression, les Plantagenêts renouvellent périodiquement l'hommage qu'ils doivent à leur suzerain pour la Normandie et pour l'Aquitaine. Henri II, Henri le Jeune, Richard Cœur de Lion ne s'y dérobent pas, et Philippe Auguste n'hésite pas, par ailleurs, pour affaiblir le souverain régnant en Angleterre, à accepter contre ce dernier l'hommage de Richard en 1188, les hommages de Jean en 1189 et en 1193, celui d'Aliénor en 1199 et celui d'Arthur Ier de Bretagne en juillet 1202.

Jean sans Terre

Mais, pour éviter d'aliéner, au moins partiellement, l'exercice de leur souveraineté en Angleterre en remplissant les obligations du contrat féodal qui les lie pour leurs terres d'outre-mer aux rois de France, les Plantagenêts refusent, en fait, d'en respecter les clauses. Ainsi fournissent-ils involontairement mais nécessairement aux Capétiens le prétexte juridique qui permettra à l'un d'eux de procéder à la commise de leurs fiefs lorsque les circonstances s'avéreront favorables. En fait, ce temps est venu avec l'avènement, en 1199, de Jean sans Terre, roi cyclothymique, irresponsable et cruel, qui est deshérité le 28 avril 1202 par les barons composant la cour de France, moins parce qu'il a épousé la jeune Isabelle d'Angoulême le 30 août 1200 au détriment d'Hugues IX de Lusignan que parce que « lui et ses ancêtres avaient négligé de faire tous les services dus pour ces terres […] ».
La réduction finale de l'immense domaine continental des Plantagenêts à la seule fraction de l'Aquitaine située au sud du Poitou marque l'effondrement de la politique impériale de la dynastie ; mais cet effondrement n'est pas ressenti pour autant comme une catastrophe par les sujets anglais des Plantagenêts, qui reprochent à la politique impériale de coûter trop cher et de détourner vers la France l'attention de leurs souverains, alors que la commise de 1202 présente par contre l'avantage de rompre tout lien féodal entre ces derniers et les Capétiens.
Pourtant, la décision de 1202 provoque indirectement une série de crises politiques aggravées par la médiocrité de Jean sans Terre et par celle de son fils Henri III. Le premier de ces princes multiplie en effet les crimes et les erreurs : assassinat, le 3 avril 1203, de son neveu Arthur Ier de Bretagne, coupable d'avoir prêté hommage à Philippe Auguste pour la Bretagne, l'Anjou, le Maine, la Touraine et le Poitou ; exactions fiscales du chancelier et grand justicier William (ou Guillaume) Longchamp, aggravées de 1191 à 1205 par le grand justicier Hubert Gautier, archevêque de Canterbury ; conflit avec l'Église pour avoir voulu imposer à ce siège son protégé John de Gray contre la volonté du chapitre de la cathédrale, qui élit Stephen (ou Étienne) Langton le 20 décembre 1206 à Rome en présence du pape Innocent III (celui-ci met l'interdit sur le royaume de Jean en mars 1208 et ne lève cette mesure qu'en contraignant ce dernier à lui céder en fief son royaume d'Angleterre, qu'il ne lui restitue que contre la prestation humiliante de l'hommage lige) ; conflit avec la France marqué par la défaite personnelle de Jean sans Terre à La Roche-aux-Moines le 2 juillet 1214 et par celle de ses alliés à Bouvines le 27 juillet suivant ; levée d'un écuage impopulaire de 3 marcs par chevalier au retour de cette campagne désastreuse.
Se révoltant alors contre leur roi, déconsidéré par ces échecs répétés, barons et chevaliers lui imposent le 15 juin 1215 l'acceptation de la pétition des barons et de la Grande Charte. Ainsi est ruinée l'œuvre de restauration monarchique des premiers Plantagenêts et est ouverte une période de tension de cinq siècles entre la Couronne et les défenseurs des principes contenus en germe dans ces textes, qui contraignent en particulier la première à soumettre ses actes au contrôle d'une commission de barons.
Vaincue à l'extérieur, humiliée à l'intérieur du royaume d'Angleterre, la dynastie des Plantagenêts semble devoir même s'effacer au profit de celle des Capétiens lorsque Louis de France futur Louis VIII traverse la Manche en 1216 à l'appel des barons anglais, qui constatent que leur roi, en accord avec la papauté, se refuse à appliquer les réformes de 1215. Époux de Blanche de Castille, petite-fille d'Henri II, en vertu du traité du Goulet du 22 mai 1200, le prince royal semble avoir alors toutes les chances de réussir dans son entreprise, quand un hasard sauve la dynastie angevine : la mort par indigestion de Jean sans Terre le 19 octobre 1216.
Les barons, ralliés aussitôt à la cause de l'enfant-roi, Henri III 1216-1272, qui n'a que neuf ans à son avènement, renoncent à l'appel aux Capétiens. Pourtant, leur revirement eût été vain sans l'intervention des officiers mis en place par les Plantagenêts. Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke, puis le justicier Hubert Du Bourg assurent l'exercice du pouvoir jusqu'en 1232, date à partir de laquelle les institutions gouvernementales et administratives se développent sous l'impulsion des fonctionnaires royaux, qui gèrent le pays au nom du roi, mais sans sa participation.
Vivant isolé de ses sujets anglais dans une cour dominée d'abord par des Poitevins, puis par des Savoyards et des Provençaux après son mariage en 1236 avec Aliénor de Provence, belle-sœur de Louis IX et de Charles Ier d'Anjou, trop docile envers Rome, Henri III compromet à son tour l'avenir de sa dynastie en Angleterre par la pratique d'une politique continentale à la fois coûteuse (mprunts aux marchands italiens, aux bourgeois de Bordeaux et humiliante. Incapable de reconquérir les terres perdues par son père vaine expédition de 1230, défaites de Taillebourg et de Saintes en 1242, il commet en effet l'erreur, par le traité de Paris conclu le 28 mai 1258 et signé le 4 décembre 1259, de redevenir l'homme lige du roi de France. Cette décision porte le germe de la seconde guerre de Cent Ans à l'heure même où l'on prétend mettre fin à la première. Elle sera fatale à la dynastie.
Pourtant, dans l'immédiat, ce sont les ambitions et les obligations internationales de la dynastie qui remettent en cause son avenir en Angleterre : candidature, puis élection fort coûteuses à l'Empire du frère d'Henri III, Richard de Cornouailles le 13 janvier 1257 ; candidature au trône de Sicile, à l'instigation du pape Alexandre IV, du prince Edmond d'Angleterre, fils d'Henri III, le souverain pontife exigeant même dans ce dessein, et sous peine d'excommunication, le versement de 40 000 marcs d'argent et l'organisation d'une expédition anglaise en Sicile contre Manfred. Une telle politique exigeant la levée d'une aide importante, barons et chevaliers, réunis en Parlement, subordonnent alors leur consentement à l'acceptation par le roi de réformes visant à placer la monarchie sous la tutelle d'une oligarchie baronnale formant le Conseil des vingt-quatre finances ou le Conseil de la Couronne 15 membres, au sein desquels le rôle essentiel revient à un seigneur d'origine française, le propre beau-frère du roi, Simon de Montfort, comte de Leicester. Condamnées par la mise d'Amiens, prononcée en janvier 1264 par le roi de France Louis IX, choisi comme arbitre par les deux parties, les provisions d'Oxford de 1258 déclenchent une guerre civile marquée par l'humiliante défaite d'Henri III à Lewes, où il est fait prisonnier le 14 mai 1264, puis par celle de son adversaire Simon de Montfort, vaincu et tué à Evesham le 4 août 1265 après avoir momentanément imposé sa dictature au royaume.

Renouveau et chute d'une dynastie 1272-1399

Comprenant que la couronne en Parlement est plus forte que la couronne, isolée André J. Bourde, les Plantagenêts de la fin du XIIIe et du début du xive s. acceptent d'abord cette mutation institutionnelle, qui accorde dans l'État une place de plus en plus importante au Parlement, dont la division en deux Chambres lords et communes s'esquisse au XIVe s.
La forte personnalité d'Édouard Ier 1272-1307, l'annexion définitive, en 1283, du pays de Galles à l'Angleterre sous la souveraineté nominale du prince héritier à partir de 1301, l'annexion temporaire de l'Écosse, dont ce monarque se fait proclamer roi après sa victoire sur Jean de Baliol en 1296, tous ces faits contribuent à rehausser le prestige de la dynastie et permettent à cette dernière de surmonter les crises dues à la faiblesse du roi Édouard II 1307-1327, trop dépendant de ses favoris Pierre Gabaston ou Gaveston, assassiné en 1312 ; Hugh le Despenser le Jeune, mis à mort en 1326. Déconsidéré et affaibli par la défaite de Bannockburn, qui consacre la restauration d'un royaume d'Écosse indépendant en 1314, le souverain meurt finalement assassiné en 1327, après avoir été contraint d'abdiquer par sa femme, la reine Isabelle de France, et par l'amant de cette dernière, Roger Mortimer de Wigmore, qui anime l'opposition baronnale.
Frappée de discrédit par le crime de 1327, par la signature de traités désastreux avec l'Écosse et avec les Français en Guyenne, l'opposition ne peut empêcher le jeune Édouard III de reprendre par la force le pouvoir. Le nouveau souverain exile sa mère, fait condamner à mort Roger Mortimer de Wigmore le 29 novembre 1330 et joue finalement le sort de sa dynastie au niveau international.

Cassel

Il reconnaît, en effet, qu'en acceptant de redevenir vassal de Louis IX en 1258-1259 Henri III a finalement aliéné de nouveau la souveraineté des Plantagenêts au profit de celle des Capétiens, constate qu'il ne peut plus, de ce fait, agir en maître en Guyenne, où trois guerres ont déjà opposé Français et Anglais depuis 1293, et s'aperçoit qu'il lui est juridiquement impossible de porter les armes contre ses adversaires écossais, parce que ces derniers sont les alliés de son suzerain. Aussi décide-t-il de trancher définitivement le débat. Dans ce dessein, il revendique solennellement la couronne de France le 7 octobre 1337 en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel et neveu par sa mère des trois derniers Capétiens. Mais, en agissant ainsi, il renie l'hommage lige prêté solennellement à Philippe VI de Valois à Amiens le 6 juin 1329 et confirmé par la lettre fort explicite qu'il a adressée à ce souverain le 30 mars 1331.
La seconde guerre de Cent Ans semble d'abord devoir aboutir à la restauration de l'empire des Plantagenêts, lorsque la paix de Brétigny-Calais des 8 mai et 24 octobre 1360 abandonne, mais cette fois en toute souveraineté, Calais, Guînes, le Ponthieu et surtout toute l'Aquitaine à Édouard III, qui renonce en échange à ses prétentions à la couronne de France. En fait, l'inexécution du traité entraîne la caducité de cette clause de renonciation. Édouard III, qui se proclame de nouveau roi de France le 3 juin 1369, remet en jeu le prestige acquis par sa dynastie à la suite des victoires remportées à Crécy et à Poitiers respectivement par lui-même en 1346 et par son fils aîné, le Prince Noir Édouard 1330-1376, en 1356. C'est l'échec. Vaincues par du Guesclin, ses forces perdent en effet le contrôle du royaume de France à l'heure même où son autorité en Angleterre s'affaiblit pour de nombreuses raisons : constitution de véritables apanages au profit de ses divers fils, dont Jean de Gand 1340-1399, devenu duc palatin de Lancastre ; formation de partis hostiles animés par ce même Jean de Gand et par le Prince Noir, qui se disputent l'exercice du pouvoir ; mort prématurée du Prince Noir en 1376, etc. Tous ces faits achèvent de miner de l'intérieur l'autorité monarchique, que le trop jeune Richard II 1377-1399 ne peut restaurer dans un royaume affaibli par la révolte des paysans en 1381 ainsi que par les prétentions des barons, dirigés par Thomas, duc de Gloucester, à limiter la prérogative de son royal neveu. Le souverain, impuissant à empêcher ses adversaires d'éliminer ses partisans avec l'appui du Parlement sans merci, Merciless Parliament, tente une dernière fois de restaurer l'autorité monarchique. Se constituant une retenue personnelle d'hommes de guerre sûrs, renouvelant en 1396 pour vingt-cinq ans les trêves de Leulinghen de 1388, obtenant par ce biais la main d'Isabelle de France, fille de Charles VI, il a enfin les mains libres pour éliminer ses adversaires. D'abord réussie, la tentative échoue lorsqu'il veut rattacher à la Couronne le duché de Lancastre à la mort de Jean de Gand en 1399. Le débarquement en Angleterre du fils de ce dernier prince, Henri de Lancastre, provoque le retour précipité de Richard II, alors en Irlande. Vaincu et fait prisonnier par Henri, aussitôt reconnu roi d'Angleterre par le Parlement, le dernier des rois français en Angleterre meurt en 1400, assassiné sur l'ordre de son cousin germain et successeur, Henri IV 1399-1413. Mais, si la dynastie des Plantagenêts disparaît au terme de cette longue série de crises marquée par l'affaiblissement irrégulier mais constant du pouvoir monarchique, par contre elle se survit à travers ses branches collatérales qui occupent le trône d'Édouard le Confesseur au xve s. : les Lancastres et les Yorks.

L'accession des branches collatérales

La déposition de Richard et son remplacement par son cousin, Henri de Lancastre (Henri IV, 1399-1413), marquèrent l'accession au trône de la première branche collatérale, qui triompha en France avec Henri V 1413-1422, avant de sombrer, avec Henri VI 1422-1461, dans la guerre civile consécutive à l'incurie du roi, aux échecs sur le continent et à l'ambition d'une autre branche de la famille, la maison d'York (→ guerre des Deux-Roses). Henri VI fut déposé par Édouard d'York (Édouard IV, 1461-1483), dont le règne s'avéra bénéfique pour l'Angleterre. Mais la maison d'York se déchira elle-même : le jeune Édouard V 1483, fils d'Édouard IV, fut victime des ambitions de son oncle, Richard de Gloucester, dont l'accession au trône Richard III, 1483-1485 raviva l'opposition, dirigée par Henri Tudor, descendant des Lancastre par sa mère. La bataille de Bosworth, où fut vaincu le dernier des Plantagenêts 1485, inaugura le règne du premier Tudor.

L'empire des Plantagenêts

L'Angleterre et ses dépendances continentales, XIIe-XIIIe siècles
Ayant pour noyau originel l'Anjou, la Touraine et le Maine, augmenté de la Normandie par Geoffroi V le Bel en 1144, puis de l'Aquitaine et de l'Angleterre par Henri II respectivement en 1152 et en 1154, l'empire des Plantagenêts forme un immense État composite qui s'étend, au milieu du XIIe s., de la frontière de l'Écosse à celle des Pyrénées. Son prince songe d'ailleurs à en accroître l'extension territoriale. En premier lieu, il tente, en effet, d'affirmer sinon sa souveraineté, tout au moins sa suprématie féodale sur l'ensemble des îles Britanniques : Irlande, dont il contraint de nombreux chefs à lui prêter hommage en 1171-1172 ; Écosse, dont le roi Guillaume le Lion 1165-1214 doit, par traité, se reconnaître son vassal pour l'Écosse et pour toutes ses autres terres après le soulèvement de 1173-1174, auquel il eut l'imprudence de participer ; pays de Galles, où, malgré trois campagnes, il ne peut imposer qu'une suzeraineté nominale aux deux rois indigènes et dont l'annexion définitive aux biens des Plantagenêts n'est réalisée qu'en 1283 par Édouard Ier.
Hors des îles Britanniques Henri II réussit, en outre, à incorporer à son empire la Bretagne. Se prévalant, en effet, du titre de sénéchal de France, il contraint en 1166 le duc de Bretagne, Conan IV, à lui céder sa principauté, puis à donner en mariage sa fille Constance à son propre fils Geoffroi, qui devient ainsi duc nominal d'une Bretagne que le roi son père administre en fait directement. En outre, en accordant en fief des rentes en argent au comte de Flandre et en le liant à lui par un pacte de service militaire, en tentant, mais cette fois en vain, d'imposer sa suzeraineté au comte de Toulouse en 1159, il semble vouloir étendre la sphère d'influence de son empire à une nouvelle partie du royaume de France, dont il tient déjà la moitié occidentale sous son autorité directe.
Très vaste, cet Empire angevin souffre de son hétérogénéité territoriale et plus encore de sa diversité institutionnelle, puisque seules la Normandie et l'Angleterre sont dotées d'administrations régies par des principes communs et selon des méthodes très voisines. Deux éléments seulement permettent aux Plantagenêts d'assurer une relative cohésion à leur empire dans la seconde moitié du xiie s. : les administrateurs, interchangeables d'un pays à l'autre, tel l'Anglais Robert de Turneham, qui devient sénéchal d'Anjou sous le règne de Richard Cœur de Lion ; l'armée, formée de mercenaires brabançons et gallois régulièrement soldés, et avec l'aide de laquelle Richard maintient son autorité en Limousin et en Auvergne.
Mais, très vite, les préférences personnelles des souverains de même que les contraintes politiques amènent les Plantagenêts à privilégier leurs possessions continentales. Berceau de la dynastie et de la majeure partie des grandes familles baronnales anglaises, fournissant au commerce anglais de nombreux produits indispensables à l'économie anglo-saxonne, vins du Val de Loire, du Poitou, puis, à partir du XIIIe s., de Guyenne, blés, étoffes, les terres d'outre-mer constituent dans la seconde moitié du XIIe s. l'élément essentiel de l'empire des Plantagenêts. Rois français en Angleterre, Henri II et Richard Cœur de Lion passent l'essentiel de leur temps sur le continent, le premier ne séjournant que treize ans en Angleterre pendant un règne de trente-quatre ans, le second ne faisant que quelques rapides visites outre-Manche.
L'insubordination foncière des chefs des grandes seigneuries, l'éternelle menace capétienne contribuent d'ailleurs à fixer les Plantagenêts au sud de la Manche, jusqu'au moment où la commise de leurs terres tenues en fief du roi de France le 28 avril 1202 sonne le glas de cet empire auquel les Capétiens enlèvent tour à tour la Normandie 1202-1204, l'Anjou, le Maine et la Touraine 1203-1205, le Poitou 1224. Ayant perdu toute continuité territoriale dès 1202, l'Empire angevin n'est plus. Pourtant, ce n'est qu'en mai 1258 que les Plantagenêts consentent à reconnaître les faits accomplis par le traité de Paris, aux termes duquel Henri III accepte de prêter hommage lige aux Capétiens pour la Guyenne.
Dernier et lointain témoin de leur ancien empire, ne maintenant que difficilement des contacts avec l'Angleterre grâce aux flottes du vin, la Guyenne reste pourtant le point d'appui privilégié des Plantagenêts pour mener leurs opérations de la guerre de Cent Ans, encore que leur but ait été sans doute moins la reconquête de leur domaine continental que la suppression du lien féodal qui les unit aux Capétiens et qui limite de ce fait leur souveraineté en tant que rois d'Angleterre.

Liens
http://youtu.be/-ZHen6A_rrw King Henry II
http://youtu.be/yXbIn4GJ2hc Les Plantagenêt
http://youtu.be/z-eMm8UB96Q Mille ans de mésentente entre la France et l'Angleterre
http://youtu.be/7Vfuo0RPPjs Henry II et Samuel Beckett
http://youtu.be/Md6z5x4nCF0 Dynasty Plantagenêt


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Posté le : 05/07/2014 23:54

Edité par Loriane sur 06-07-2014 13:28:32
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William Faulkner
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Le 6 juillet 1962 à 64 ans meurt à Byhalia dans le Mississippi William

Faulkner
,

William Cuthbert Falkner de son nom de naissance romancier, scénariste américain, appartenant au Mouvement Littérature moderniste Courant de conscience, né le 25 septembre 1897 à New Albany dans l'État du Mississippi. Il écrit de nombreux romans, nouvelles, scénario et poésie, il reçoit le prix Prix Pulitzer, Prix Nobel de littérature, National Book Award. Ses Œuvres principales sont : Le Bruit et la Fureur en 1929, Tandis que j'agonise en 1930, Sanctuaire en 1931, Lumière d'août en 1932, Absalon, Absalon! en 1936, souvent considéré comme l'un des plus grand chef-d'oeuvre de la littérature universelle.
Il est essentiellement connu pour ses romans et ses nouvelles, mais il a aussi publié des poèmes et a travaillé occasionnellement comme scénariste pour le cinéma. Publié à partir des années 1920, il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1949, alors qu'il est encore relativement peu connu.
Faulkner, qui a situé la plupart de ses récits dans son état natal du Mississippi, est l'un des écrivains du Sud les plus marquants, aux côtés de Mark Twain, Robert Penn Warren, Flannery O'Connor, Truman Capote et Tennessee Williams. Mais au-delà de cette appartenance à la culture sudiste, il est considéré comme un des plus grands écrivains américains de tous les temps et un écrivain majeur du XXe siècle, qui a exercé une grande influence sur les générations suivantes de par son apport novateur.
La vie et l'œuvre de Faulkner semblent vouées au recueillement, à l'ensevelissement dans un passé sudiste minutieusement reconstitué. En fait, Faulkner est moins un réaliste qu'un créateur épique. Les personnages se retrouvent d'un roman à l'autre, membres d'un même univers, unis par les liens du sang, de la haine et de l'imagination de l'auteur. Faulkner est le fondateur d'un territoire américain, le Yoknapatawpha, comté imaginaire de l'État du Mississippi, pays plat et fertile, dont le nom assemble deux mots indiens et signifie le pays où l'eau coule lentement à travers les terres plates. Au centre, la ville de Jefferson, avec la place et le palais de justice au milieu. Plus loin, la banlieue, où se forge la fortune des Snopes, où se ruine l'aristocratie de planteurs. Champs, maisons, routes poussiéreuses du Sud, tout est agencé avec une telle minutie qu'on a adressé des cartes du Yoknapatawpha, des annuaires et des arbres généalogiques de ces 15 611 personnages, dont 6 298 Blancs et 9 313 Noirs.
L'œuvre de Faulkner, qu'on associe généralement, quoiqu'elle n'y soit pas réductible, à son comté mythique du Yoknapatawpha, est peut-être de tous les monuments littéraires du XXe siècle l'un des plus forts et des plus originaux – tant par le nombre quelque vingt-cinq romans et sept à huit douzaines de nouvelles que par le sceau d'une vision profondément personnelle de l'expérience humaine.
De Sartoris aux Larrons, l'œuvre constitue une immense chronique des comportements humains dans leurs avatars les plus divers, les plus extrêmes et les plus violents : tantôt tragiques Le Bruit et la fureur, Lumière d'août, Absalon ! Absalon !, Parabole, tantôt comiques Tandis que j'agonise, et surtout Le Hameau, le meilleur livre d'humour américain depuis Mark Twain. Mais cette diversité, qui situe l'œuvre du côté des grands créateurs de mondes romanesques (Balzac, Dickens, Hardy, ne doit pas faire illusion : Faulkner est aussi un étonnant poète au langage intense, d'un livre à l'autre immédiatement reconnaissable, signe indiscutable d'une ambition : Tout dire en une phrase.En ce sens, il est proche de Flaubert, de Joyce, de Proust.
Dans l'œuvre achevée, il y a donc la qualité d'un discours perpétuel sur le moi, sur le monde, sur leurs conflits – et sur le discours du moi et du monde : cette œuvre immédiate est aussi réflexive. Si le discours est verbal, c'est qu'il ne peut être gestuel : chez Faulkner, le verbe est porté à sa plus haute puissance dans un effort tendant à faire sursignifier le langage. L'impression est d'une écriture totale, à la fois enivrante et engouffrante, où toute notion du réel le Sud s'abolit au profit d'une fiction onirique le Sud faulknérien aussi contraignante qu'un grand mythe.
Mais l'œuvre-action de Faulkner est constituée d'œuvres indépendantes, construites de façon autonome malgré les nombreux passages et les personnages qui y circulent, telle Temple Drake de Sanctuaire à Requiem pour une nonne. On aurait tort de songer à un vaste édifice érigé pierre à pierre et à dessein. Il s'agit plutôt d'une série de plongées verticales, plus ou moins profondes, vers les racines de toute expérience. Or, chaque plongée prend sa forme propre et celle-ci signifie autant que le discours. Inlassable expérimentateur, Faulkner n'a jamais démissionné de son métier d'artiste : c'est le principal témoignage que l'œuvre porte au-delà des contenus particuliers des romans.
Et c'est dans la somme de ses quelque douze cents personnages, de son prodigieux bestiaire et de son étonnante nature que s'établit la responsabilité de Faulkner, laquelle renvoie en dernière analyse à son écriture. Celle-ci, véritable création, laisse loin derrière elle le réalisme ainsi que la morale et la psychologie traditionnelles, pour ouvrir la voie à cet art à la fois moderne et ancien qu'on peut dire anthropologique.

sa vie

Fils de Murry Cuthbert Falkner et Maud Butlet, il est issu d'une famille d'hommes d'affaire et de loi, d'anciens riches déchus et désargentés à New Albany dans le comté de Union Mississippi. La famille Falkner, originaire de Caroline, émigre d'abord au Tennessee, où l'arrière-grand-père du romancier devient une personnalité haute en couleur, Colonel, banquier, homme de loi, entrepreneur de chemin de fer, deux fois accusé de meurtre et finalement assassiné sur la grand-place d'Oxford, c'était aussi un journaliste et un romancier, auteur d'un best-seller américain, The White Rose of Memphis. Ce fabuleux ancêtre hante l'œuvre de Faulkner, dont les parents, après avoir vendu le chemin de fer familial, mènent une vie plus modeste dans la quincaillerie. Établi à Oxford Mississippi, William Falkner est un élève distrait, volontiers mystificateur. Profondément influencé par la vie des États du sud américain, le Mississippi marque son sens de l'humour, du tragique par le clivage social entre race Noire et race Blanche de l'époque, sa capacité à forger des personnages typiques du sud. Il prend le nom de Faulkner pour, dit-il, se singulariser, principalement vis-à-vis de son père qu'il n'aimait guère ; ce fut aussi pour lui une façon de s'affirmer comme écrivain. Il s'engage dans l'aviation canadienne durant la Première Guerre mondiale, mais l'armistice de 1918 est signé avant qu'il n'ait pu faire son premier vol, ce qui ne l'empêche pas à son retour d'affecter un boitillement dû à une blessure qu'il aurait reçue au combat. Expliquant entre autres qu'il avait une plaque de fer à la suite de ses batailles ; il continuera longtemps à mentir à ses proches sur ses exploits. Affabulateur, alcoolique, Faulkner est vendeur en librairie, puis postier, mais passe l'essentiel de son temps à écrire et lire. Parmi ses auteurs favoris, on trouve Melville et Honoré de Balzac. Les biographes font d'ailleurs un rapprochement entre la Yoknapatawpha saga de l'auteur américain et la Comédie humaine dont on a retrouvé une traduction complète dans sa bibliothèque de Rowan Oak, maison qu'il achète en 1930 à Oxford Mississippi 4et où il s'installe peu après son mariage avec Estelle Oldham Franklin 1897-1972, qu'il connaît depuis 1907. Le couple donne naissance à une fille, Jill, mais le mariage avec Estelle est un désastre : les époux sont alcooliques. Estelle fait une cure par la suite. Dans les années 1940 et 1950, William Faulkner multiplie les liaisons avec des jeunes femmes.

Si dans sa jeunesse, il n'écrit que des poèmes, c'est par ses nouvelles et romans qu'il devient célèbre. En 1925, il publie son premier roman : Monnaie de singe. Faulkner visite ensuite l'Europe, s'arrêtant en Italie du Nord, et à Paris, où il entreprend l'écriture de Moustiques, son deuxième roman. Il commence une tournée des champs de bataille français Rouen, Amiens, Compiègne, Dieppe et se rend à Londres, qu'il n'apprécie pas. Il rentre à Oxford, où il rédige Étendards dans la poussière 1927 dont il est très fier. C'est dans ce roman que ses personnages évoluent pour la première fois dans le comté de Yoknapatawpha, cadre de la plupart de ses romans futurs. Alors qu'il n'arrive toujours pas à vivre de sa plume, il continue d'alterner petits travaux et écriture, publiant quatre de ses romans majeurs le Bruit et la Fureur, Tandis que j'agonise, Sanctuaire, Lumière d'août en seulement quatre ans 1929-1932. Sanctuaire "l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier" selon la formule célèbre de Malraux fait scandale, mais apporte à l'auteur argent et notoriété. Son premier recueil Treize Histoires 1931 réunit ses nouvelles les plus connues, parmi lesquelles Une rose pour Emily. C'est également l'époque où il rencontre l'écrivain de romans noirs Dashiell Hammet, grand buveur comme lui : les deux hommes deviennent amis. Plus tard dans sa carrière 1932-1937, Faulkner commence une longue série d'allers-retours entre Oxford et Hollywood où il devient scénariste. Le cinéma ne l'intéresse pas particulièrement, mais l'argent qu'il lui procure le fait persévérer ; surtout il se lie d'amitié avec Howard Hawks : les deux hommes ont en commun un goût prononcé pour l'alcool, l'aviation et la chasse. Lors de son premier séjour à Hollywood, Faulkner travaille successivement pour la MGM, puis pour la Twentieth Century Fox. À cette époque, il a une liaison avec la secrétaire de Howard Hawks, Meta Carpenter qui sera le grand amour plus tard trahi de sa vie. Son travail de scénariste ne l'empêche pas de publier romans et nouvelles et non des moindres puisque l'année 1936 voit notamment la publication d'Absalon, Absalon ! et l'année 1940 celle du roman Le Hameau premier tome de ce qui deviendra, avec La Ville 1954 et Le Domaine 1959 : La Trilogie des Snopes.

Lorsque les États-Unis rentrent dans la Seconde Guerre mondiale, Faulkner s'engage dans la défense passive. Toujours pour l'argent, il retourne alors à Hollywood écrivant entre autres pour Howard Hawks et en collaboration avec Francis Scott Fitzgerald le scénario du film Le Grand Sommeil, tiré du livre de Raymond Chandler, ainsi que celui du film Le Port de l'angoisse, tiré du livre d'Ernest Hemingway En avoir ou pas. Le Port de l'angoisse, en anglais To Have and Have Not, est la première rencontre à l'écran du couple Humphrey Bogart-Lauren Bacall, et contient des répliques restées célèbres : You know how to whistle don't ya? Just put your lips together and blow Lauren Bacall et Have you ever been bitten by a dead bee? Walter Brennan.

Il collabore au film de Jean Renoir L'Homme du sud et écrit un scénario fleuve pour un film retraçant la carrière du Général de Gaulle, mais qui ne se fera jamais.

En 1946, de retour à Oxford, il rencontre une de ses jeunes admiratrices, Joan Williams qu'il prend sous son aile. En 1948 paraît L'Intrus, roman dans lequel un fermier noir est accusé à tort d'avoir tué un Blanc. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1949 cinq ans avant Hemingway. Il boit peu de temps avant de partir chercher la récompense à Stockholm où il donne un discours, déclarant refuser d'accepter la fin de l'Hommme.... L'Homme ne fera pas que subir, il prévaudra ....
Faulkner donne la somme reçue afin d'établir un fonds de soutien aux nouveaux romanciers, qui devint le PEN/Faulkner Award for Fiction. Passant par Paris à son retour, une interview de lui est publiée par le journal Le Monde où il a cette formule quand il est interrogé sur le problème noir dans le sud de l'Amérique : Dans trois cents ans, ils seront à notre niveau, et la guerre des races sera terminée, pas avant
En 1953, il retrouve Howard Hawks pour travailler au scénario de ce qui deviendra La Terre des pharaons.
Il devient écrivain-résident à l'Université de Virginie, de 1957 à 1958. Il y passe l'essentiel de son temps, se consacrant à ses passions pour l'équitation qui lui vaudra de nombreuses chutes et l'écriture, ne sortant que peu. Il refuse même une invitation à diner à la Maison blanche parce qu'un dîner ne vaut pas 200 kilomètres.
Son alcoolisme est source de nombreuses hospitalisations.

Faulkner meurt dans la nuit du 5 au 6 juillet 1962, après une dernière chute de cheval survenue quelques jours plus tôt.

Il a reçu le prix Pulitzer de la Fiction pour Parabole A Fable, puis le National Book Award à titre posthume pour l'ensemble de son œuvre.

L'œuvre

William Faulkner écrivit des romans relevant du drame psychologique, dans un grand souci des émotions, et faits d'une prose tortueuse et subtile et d'une prosodie très travaillée. Comme la plupart des auteurs prolifiques, il souffrit de la jalousie et du mépris des autres, et fut considéré comme le rival stylistique d'Ernest Hemingway ses longues phrases s'opposant au style incisif et minimaliste de Hemingway. Il est aussi vu de nos jours comme un représentant majeur du modernisme littéraire américain des années 1930, suivant la tradition expérimentale d'auteurs européens tels que James Joyce, Virginia Woolf, et Marcel Proust, connus pour leur usage de la narration multiple, du point de vue multiple, de la focalisation interne, et des ellipses narratives. Faulkner élabora quant à lui ce qu'il convient d'appeler le courant de conscience, style donnant une apparence erratique et spontanée, et pourtant très travaillé.

Plus encore on peut lire son œuvre comme une longue interrogation sur les raisons du naufrage sudiste ; la population du Sud se survivait après l'événement que constitue la défaite lors de la guerre de Sécession ; Faulkner lui-même insistait sur le poids de celle-ci et disait être né en 1898, mais mort en 1865. Cette insistance à tourner autour de cette matrice de ses romans se retrouve dans Absalon ! Absalon ! qui refuse un Sud victime du Nord et de ses Carpet Baggers, mais insiste - et c'est la fonction de tous les anormaux de ses romans, à commencer par celui du Bruit et de la fureur - sur la pourriture intérieure et antérieure du Sud avant même l'événement de la défaite. Il peut se lire alors comme un anti-Margaret Mitchell ; Autant en emporte le vent est d'ailleurs publié la même année qu'Absalon, Absalon ! et en est le complet contrepoids à succès qui plus est car ce roman flattait l'héroïsme du Sud là où Faulkner l'enterrait. Il y a donc chez Faulkner une haine de soi autant qu'une proclamation d'amour pour le Sud qui conclut le roman ; celle-ci reste étrange car son auteur Mitchell meurt - sans raison apparente - l'année suivante. La longue narration, quasi psychanalytique, qui ouvre le texte n'est là que pour dire l'immense colère et la frustration de ce Sud qui se sent bafoué - comme l'héroïne - à la fois abusée et reniée et qui rumine sa colère dans sa pudeur outragée alors qu'elle porte autant les causes de la défaite en elle que les événements extérieurs. Le héros Sutpen n'apparaît alors que comme un ferment antérieur, un signe du pourrissement du Sud, car son irruption est celle de toutes les corruptions, celle du sang et de l'argent ; la reconnaissance qui fait suite à celle-ci, bien qu'elle fût tardive et le fait d'hommes à l'esprit trop ouvert, montre que le Sud, même s'il se voulait encore aristocratique, acceptait déjà ce qu'il reniera plus tard la place de l'argent : ce que décrira plus tard la trilogie des Snopes, Le Hameau, La Ville, Le Domaine et dont il prétendra que c'est une valeur venue du Nord à laquelle il serait resté étranger sans cela. La quête éperdue du fils caché et noir plus précisément octavon dans le langage épris de précision de l'époque - mais cela fait quand même de lui un Noir pour les Blancs – n'est que le signe que Sutpen, qui cherche une respectabilité faite de préjugés, érigés d'abord contre lui, tente lui même d'effacer sa propre vie pour obtenir cette reconnaissance et tente de construire un mythe sudiste de pureté. La participation de ses deux fils qui s'entretueront à la fin du conflit à la guerre sonne comme une adhésion à un système de valeurs aristocratiques et racistes que le fils caché - en réalité l'aîné - veut pousser son père à renier - en reconnaissant sa faute antérieure il a eu un enfant avec une métis et l'a reconnu un temps en lui demandant en mariage sa fille et donc sa propre sœur ; c'est pour cela - taire l'inceste possible ou la mixité du sang - que le fils cadet celui qui pense être le seul et légitime enfant tue son frère. Difficile après cela de proclamer que Faulkner aime ou n'aime pas le Sud, il est du Sud et, à ce titre, porte sa défaite comme il porte le fardeau d'avoir été mobilisé en 1918 sans avoir pu combattre.

Sa littérature peut tenir en cette idée qu'il développe à propos de son personnage quasi éponyme - le colonel Sartoris qui "s'était fixé un idéal assez grand pour ne jamais le perdre de vue, on pourrait ajouter même en lui tournant le dos. Ce personnage meurt d'une façon loufoque, abattu pour être allé récupérer une boite d'anchois qu'il ne voulait pas laisser aux mains des Nordistes. Il y a de la grandeur et de la dérision dans l'œuvre de Faulkner, comme une sorte de grand écart entre une vie - et une mort - rêvées et une destinée qu'il n'arrivait pas à accomplir ; pas plus et pas moins que le Sud. La haine rancie - puisqu'elle est celle d'une morte, et le loufoque - son cercueil manque de descendre un rapide et son jeune fils la prend pour un poisson - se retrouvent d'ailleurs dans Tandis que j'agonise ; ils sont comme le cœur de l'œuvre, laquelle semble toujours plus complexe au fur et à mesure qu'on l'analyse ; la comparaison avec la psychanalyse n'est donc pas fortuite : des événements mineurs acquièrent une résonance quasi mythologique et semblent autant de traumatismes fondateurs ; ceux du Sud se confondant d'ailleurs avec les traumatismes intimes dans un chassé-croisé permanent et vertigineux. Une telle œuvre explique à elle seule pourquoi Faulkner passe pour être le père de la littérature contemporaine ; c'est pourquoi tant de grands et de petits maitres se réclament de lui et disent ne pouvoir écrire qu'à l'ombre de ses romans.

Mais le plus abordable et le plus représentatif de son style est L'Intrus ; une histoire digne d'un western de John Ford. Une enquête policière, menée par des gamins avant tout, une dame âgée, et des adultes dont le fameux oncle Gavin Stevens que l'on retrouvera dans d'autres romans. Une histoire grave et truculente dans laquelle il s'agit de sauver la vie d'un Noir, ce qui n'est alors pas très bien vu dans le Sud. On sent Faulkner à son aise dans ce type d'histoire, sombre et pleine d'humour.

Faulkner est aussi un prolifique auteur de nouvelles. Quelques-unes, notamment L'Arbre aux souhaits, sont des textes de littérature d'enfance et de jeunesse. Mais le gros de la production se consacre au genre policier. Auteur apprécié pour ses histoires policières, il publie en 1949 cinq nouvelles noires sous le titre Le Gambit du cavalier dont le héros commun, Gavin Stevens, est le procureur d'une petite ville du Mississippi dans le comté de Yoknapatawpha. Plusieurs de ses autres nouvelles et romans se déroulent dans ce comté, avatar littéraire du comté de Lafayette où se situe Oxford. Yoknapatawpha prend ensuite une telle place dans l'œuvre de Faulkner que ce lieu imaginaire est devenu une des créations monumentales de l'histoire de la littérature.

William Faulkner est entré dans la Bibliothèque de la Pléiade Paris, Gallimard en 1977 : quatre tomes ont été consacrés à son œuvre romanesque, dans des traductions révisées et avec un important apparat critique, l'ensemble ayant été placé sous la direction successive de Michel Gresset, André Bleikasten, François Pitavy et Jacques Pothier, et un Album Faulkner de la Pléiade a été édité en 1995 sous la direction de Michel Mohrt ; un cinquième tome est attendu, ainsi qu'un sixième qui devrait réunir toutes ses nouvelles. La collection Quarto, du même éditeur, a publié la trilogie des Snopes en 2007.

Le style faulknérien

Comme l'enquête d'un policier, le romancier remonte le temps, marchant à rebours vers le passé, en quête de la faute qui sera réparée par un outrage plus grand. Ainsi, le drame de chacun se fond dans le drame collectif du Sud, la psychanalyse dans l'histoire, et le présent, qui est le temps du microcosme, dans le passé, qui est le temps du macrocosme.
À ce point, le réalisme faulknérien, comme chez Bruegel ou Bosch, n'est plus que la surface d'une œuvre de visionnaire. Ce réalisme se fond dans une vision plus vaste, qui, par-delà le temps et l'espace, révèle des mystères plus profonds. Cette vision transforme en mythe une réalité : le Sud, ce Mezzogiorno des États-Unis, avec sa pauvreté et son racisme, devient un symbole de la chute originelle. Comme l'Écosse pour Walter Scott ou l'Irlande pour Joyce, il nourrit le mythe faulknérien. Il devient le décor d'une représentation de la Passion, un lieu claudélien ou shakespearien, où l'auto sacramental se déroule implacablement sous les feux d'un soleil figé au zénith. Car tout est figé dans le Sud faulknérien depuis la guerre de Sécession. Frappé de malédiction par la spoliation, puis par l'esclavage, enfin par la défaite de 1865, le Sud devient, chez Faulkner, le symbole de la condition humaine après la chute et avant la rédemption. C'est la patrie des damnés, dont Sartre écrit : L'homme de Dostoïevski, ce grand animal divin et sans dieu, perdu dès sa naissance et acharné à se perdre.
En ce sens, Faulkner est un écrivain romantique. Ce monde de malédictions, de meurtres, de viols, de castrations, d'incestes est celui du roman gothique, dans la tradition poesque de la rhétorique et l'agonie. Dans ces mystères du Sud, il ne faut pas chercher trop d'intentions philosophiques, mais une tradition romantique, que Faulkner avoue : je n'ai aucune instruction. Mon grand-père avait une bibliothèque moyenne. C'est là que j'ai reçu la plus grande part de ma première éducation. Et son goût allait aux choses franchement romantiques comme les romans de Walter Scott et de Dumas.
Ce romantisme est sensible dans le sentiment ambigu de l'écrivain pour le Sud. Faulkner est à la fois fasciné et horrifié par la décadence du Sud, ses tares, ses monstres, cette malédiction, dont les Noirs sont le symbole. Car en marge de la famille blanche vit la famille noire, qui en est comme l'ombre. Faulkner ne pose pas le problème noir en termes politiques, moraux ou sociaux. Noirs et Blancs sont enchaînés dans une malédiction réciproque, dont ils sont à la fois instruments et victimes. Vous ne comprenez pas, écrit-il. Ce pays tout entier, le Sud, est maudit, et nous tous qui en sommes issus, Blancs et Noirs, gisons sous sa malédiction. » Cri romantique de damné, qui, n'ayant que sa malédiction pour identité, l'assume, comme le Christmas de Lumière d'août. Les personnages de Faulkner, comme ceux de Dostoïevski, sont des damnés. Ils n'ont pas de vie, mais un destin. Ils ne relèvent pas de la psychologie ou de la morale, mais de l'épopée. Ce trouble sentiment d'amour-haine pour le Sud s'exprime dans le cri de Quentin, quand on lui demande : « Pourquoi haïssez-vous le Sud ? et qu'il hurle : Je ne le hais pas. Je ne le hais pas. Non. Non. Non, je ne le hais pas. Peut-être l'obscurité de l'écriture et des structures romanesques de Faulkner tient-elle moins aux règles du roman gothique qu'à une volonté de ne pas avouer des sentiments dissimulés sous l'opacité de la rhétorique.
Le vrai destin des personnages de Faulkner, c'est cette rhétorique de l'opacité, qui n'éclaire pas, mais aveugle des héros œdipiens. Le style de Faulkner, avec ses longueurs, ses métaphores, ses phrases contournées, est une sorte de lave où tous s'engluent. La phrase faulknérienne engloutit la création, la fige. Cette rhétorique pétrifiante ne décrit ni ne raconte, mais mêle le passé et le présent dans ce temps de la vision simultanée, qui est le temps faulknérien par excellence et qu'il faudrait appeler le perpétuel. Comme Quentin brise sa montre, Faulkner renonce au temps des horloges et rejoint cet anarchisme chronologique dont Proust, Joyce et Virginia Woolf ont fait la révolution du roman moderne. Pris dans le perpétuel, chacun est défini non par sa liberté d'être et de faire, mais par son avoir fait et avoir été. Un seul trait, le soupçon de métissage chez Christmas, le souvenir du grand-père Hightower, le culte des martyrs Burden, suffit à déterminer les trois principaux personnages de Lumière d'août.
Ce passé, qui obsède le présent et lui chuchote son destin, est très proche de celui de l'Ancien Testament. La répétition des noms propres de génération en génération, comme dans les généalogies bibliques, exprime une filiation de la culpabilité. Dans ce monde pas encore racheté, tous sont des intrus, et tous cherchent l'outrage qui les tuera, le sacrifice rituel qui leur donnera un sens en les anéantissant, en les rendant au temps éternel. En ce sens, l'œuvre de Faulkner apparaît comme une sorte de théologie romanesque. L'auteur lui-même se donne le spectacle liturgique de sa création et l'englobe de son œil divin : Vous vous retournez, écrit Faulkner, et, abaissant vos regards, vous embrassez tout le Yoknapatawpha, qui s'étend à vos pieds aux derniers feux du jour. Et vous demeurez là, maître solitaire, dominant la somme entière de votre vie qui se déroule sous ce vol incessant d'éphémères étincelles. Comme le Seigneur au-dessus de Bethléem, vous planez en cet instant au-dessus de votre berceau, des hommes et des femmes qui vous ont fait ce que vous êtes, de ces archives, de ces chroniques de votre terre natale offertes à votre examen en mille cercles concentriques pareils à ceux qui rident l'eau vive sous laquelle votre passé dort d'un sommeil sans rêves ; vous trônez alors, inaccessible et serein au-dessus de ce microcosme des passions, des espoirs et des malheurs de l'homme, ambitions, terreurs, appétits, courage, abnégation, pitié, honneur, orgueil et péchés, tout cela lié pêle-mêle en un faisceau précaire, retenu par la trame et par la chaîne du frêle réseau de fer de sa rapacité, mais tout cela voué aussi à la réalisation de ses rêves.À la dernière page de son dernier livre, le Domaine, le dernier personnage s'engloutit à son tour dans les cercles infiniment concentriques de cette création, tous mélangés, pêle-mêle, les beaux, les splendides, les orgueilleux, les braves, jusqu'au faîte même parmi les fantômes et les rêves étincelants, bornes militaires de la longue histoire des hommes : Hélène et les évêques, les rois et les anges apatrides, les séraphins méprisants et damnés.
À la fois comédie humaine et cosmogonie, l'œuvre de ce solitaire est l'un des plus étonnants mélanges de réalisme et d'imaginaire de la littérature.

Les cheminements de la création

Qui fut Faulkner ? À cette question, qui hante l'esprit de ses lecteurs depuis que Sartre la posa, en février 1938, il faut, même après la publication de l'énorme biographie de l'écrivain par J. Blotner, substituer la seule interrogation pour le moment pertinente et utile : qu'a fait Faulkner ?
La vérité de Faulkner est dans ses manuscrits. La proposition peut paraître facile, mais elle ne l'est pas, car, en s'y ralliant, on admet ipso facto que la critique de son œuvre, pourtant devenue pléthorique plusieurs centaines de livres et plusieurs milliers d'articles, ne fait encore que balbutier. Qu'on pense au temps qu'il a fallu, depuis sa redécouverte en 1921, pour qu'on commence à connaître Melville.
Les cheminements de la création de Faulkner, dans laquelle il a engagé toute sa liberté, sont ceux d'une conquête dont les finalités successives se révélèrent à lui seulement peu à peu, en mouvement, et qui tire sa motivation initiale d'une frustration telle que l'activité littéraire apparaît, plus clairement chez lui que chez tout autre, comme une fabuleuse compensation.
William Faulkner est né à l'imaginaire vers 1919, dans la douloureuse lenteur d'une révélation bouleversante pour un jeune homme nourri d'idéalisme, l'échec sur tous les plans où il avait rêvé un accomplissement : l'action, l'amour, la gloire. Pendant les dix années qui suivirent, il ne fit guère autre chose qu'essayer, comme des costumes, des modes d'existence et de littérature. Il se changea en Faulkner le nom signifie fauconnier : à plusieurs reprises, dans son œuvre, il utilise l'oiseau de proie comme image du moi idéal. Il se regarda prendre des poses et se figer lui-même dans des écrits partiellement inédits qui sont vraiment des écrits de jeunesse, on pourrait presque dire de puberté littéraire. On peut y ranger à peu près toute sa poésie, ses deux premiers romans, Monnaie de singe Soldiers' Pay, 1926 et Moustiques
Mais Faulkner, un temps nommé le vicomte Vaurien, se mit à utiliser l'imaginaire pour penser le rêve enfui de son prestige. C'est ainsi qu'il retrouva une figure qui fut une clé des songes : celle de l'arrière-grand-père, le prestigieux Colonel. Mais, pas plus qu'imaginaire n'est littérature, fascination n'est religion. On ne saurait parler de culte. Il n'en est pas moins certain que le bouleversement du temps dans le roman, une des causes de la célébrité de Faulkner, a son origine dans le fait que présent et passé cohabitèrent dans un seul vécu d'autant plus organique qu'il était soumis à la tyrannie de l'imaginaire.
Cependant, Faulkner, vers 1926, entrait en littérature. Il lut beaucoup. Il observa, à Oxford, les gens qu'il allait faire siens. Et puis, à la question : Qu'est-il arrivé à Faulkner entre Moustiques et Le Bruit et la fureur ? son mentor, Phil Stone, fit la meilleure réponse : Il écrivait tout le temps. » Sartoris, ou plutôt Étendards dans la poussière Faulkner paya un ami cinquante dollars pour réduire ce livre d'un cinquième environ, aux dimensions exigées par l'éditeur, c'est Faulkner découvrant tout le parti à tirer d'un parallélisme entre les lendemains de la guerre de Sécession et ceux de la Première Guerre mondiale. Les premiers avaient marqué la fin de l'innocence du Sud ; les seconds consacrent objectivement la fin de l'innocence américaine. Le titre original de l'œuvre n'implique donc pas seulement un passé collectif, mais une conscience individuelle qui ne se voit pas d'avenir. En outre, il y a déjà dans ce livre la polarité d'un monde peuplé de Sartoris et de Snopes ou : vivre avec ou sans code de l'honneur. L'œuvre intégrale surprend par la richesse des promesses qu'elle recèle. C'est la matrice des romans à venir.
Sartoris paraît en janvier 1929. La même année, celle du krach de Wall Street, c'est aussi, pour Faulkner, Le Bruit et la fureur (octobre), son mariage avec une amie d'enfance divorcée et mère de deux enfants, et, bientôt, l'acquisition de Rowan Oak, la belle demeure sudiste bâtie sur un terrain acheté aux Indiens en 1836, et qu'il faudra beaucoup de séjours à Hollywood pour restaurer. Avec Le Bruit et la fureur, Faulkner ferme la porte au monde extérieur pour oser enfin la brusque plongée en lui-même, dans l'espace et le temps de sa conscience. L'intériorité du roman en fait la puissance et la difficulté, véritable descente dans l'enfer du moi où se conjuguent pour la première fois, dans la longue plainte de Quentin, les interdits et les désirs inavoués, les désillusions et les refus. C'est une œuvre d'une sincérité poignante, la confession d'un idéaliste meurtri qui dramatise en un suicide son impossible projet. Mais Faulkner, puisqu'il choisit alors de surmonter, après l'errance, le désespoir, a tout appris de ces années fécondes.
D'abord, il a réglé son compte à la tentation esthétique, laquelle, sans attaquer son « innocence », perpétuait et la fuite et l'impasse ; et, en l'exorcisant par la création, il a aboli l'hiatus intolérable où résonnait le discours imaginaire du moi réel sur un moi idéal exalté. Il a fait, aussi, l'expérience du plaisir de l'écrivain majeur : après Le Bruit et la fureur, il peut tout faire. Ulysse, qui est aussi un règlement de comptes, mais démesuré, a dû jouer le même rôle pour Joyce. Faulkner, en 1929, sait l'essentiel : Le Bruit et la fureur l'a initié à la signification des structures et à la responsabilité qu'y prend l'auteur. Ainsi la partie où Dilsey, héroïne et non narratrice, évolue comme de tout temps, n'est pas par hasard la dernière cependant, le fameux commentaire sur les Noirs, They Endured..., ne fut écrit que quinze ans plus tard, cinq ans avant l'attribution du prix Nobel en 1949.

Le projet faulknérien

L'œuvre de Faulkner, ni saga du Sud, ni poème réitéré de la chute et de l'irrémédiable on avait trop coutume, en France notamment, de voir tout l'œuvre de Faulkner comme celui d'un poète maudit, est avant tout la représentation d'un prodigieux effort, qu'elle dit dramatiquement, par l'action de ses héros, mais qu'elle exprime aussi, structurellement, par ses formes toujours renouvelées. C'est d'ailleurs en cela qu'elle diffère radicalement de celle de Hemingway, qui tend à cacher l'effort.
Faulkner s'est constitué une éthique qui fut d'abord professionnelle dont sa vie est la preuve et son œuvre la figure. Cette éthique est l'âme, non de ce que Sartre a appelé sa métaphysique, et Butor sa théologie, mais de ce qu'il faudrait appeler bien plutôt, en pensant que Faulkner s'est porté aux autres en s'arrachant au solipsisme romantique, son anthropologie. Celle-ci, née du désir de recenser les attitudes immémoriales de l'homme en son imaginaire comté du Yoknapatawpha, aboutit à la vision d'une sorte de chronique des comportements, qui est précisément celle que revendiqua Faulkner comme un droit acquis à l'âge d'homme de sa création. En détachant l'œuvre de l'homme, on doit enfin pouvoir parler de l'amoralisme impersonnel de Faulkner le romancier.

Cela exclut l'assimilation du point de vue moral des personnages avec celui de l'auteur – en tant qu'homme. Gavin Stevens qui, d'ailleurs, évolue n'est pas plus Faulkner vieux que Quentin Compson n'est, à lui seul, Faulkner jeune, et que les Noirs ne sont le Faulkner de toujours. Il n'y a pas de Faulkner « essentiel » – notamment le chrétien de la faute, du châtiment et de la rédemption par la souffrance, qui succéderait à l'existentialiste et au désespéré – sauf pour ceux qui, en arrêtant son œuvre à l'une de ses phases, choisissent un Faulkner qui « est » contre un Faulkner qui est devenu, ou pour ceux qui voient dans ses références judéo-chrétiennes un recours en conscience et non une symbolique parmi d'autres. Le Hameau est construit sur un système d'échos ironiques renvoyant à la pastorale ancienne ; Descends, Moïse, malgré son titre, n'a besoin d'aucun support pour exister superbement.
L'œuvre, au contraire, donne une succession qui représente un changement constant. Du double tableau d'Étendards, on passe aux trois points de vue successifs du Bruit et la fureur, auxquels s'ajoute enfin celui de l'auteur dans la quatrième section, puis aux quinze narrateurs de Tandis que j'agonise ; avec Lumière d'août, Faulkner trouve la structure en spirale qu'il fait triompher dans Absalon ! Absalon ! où elle est conjuguée avec une multiplicité des points de vue finalement fondus en un seul, impersonnel. Dans Les Palmiers sauvages, deux sujets, deux formes de récit, un seul thème : l'aventure de l'innocence masculine dans l'océan de l'expérience. Avec Les Invaincus 1938, qui marque le début de la seconde phase, beaucoup plus « distanciée, de sa création, Faulkner tentait la composition d'une œuvre originale à partir de nouvelles, méthode qui trouve la perfection dans Le Hameau 1940, puis dans Descends, Moïse. Toute la dernière période est placée sous l'exergue : La vie est le mouvement, la stase est la mort, qu'incarne l'inoubliable Ratliff et qui tire sa force d'avoir été vécu comme une expérience à l'époque des tentations. Dès lors, et notamment dans Parabole, Faulkner élabore un théâtre chanté de l'expérience où l'on perçoit les poignants rappels de l'innocence perdue. Même dans Requiem pour une nonne œuvre qui prépare Parabole plus qu'elle ne suit Sanctuaire, la partie dramatique et tragique est équilibrée par des sections narratives et épiques. Depuis le choix de Wilbourne dans sa prison, les héros de Faulkner survivent. On passe progressivement d'une technique qui ne connaît que la série de points de vue individuels à une autre, celle de l'âge mûr, qui fait primer le point de vue d'une conscience élargie, celle de la communauté.

Sujets et thèmes de Faulkner

On s'aperçoit que l'œuvre de Faullner, au fond, s'inspire de quatre sujets : la guerre surtout les deux siennes, c'est-à-dire celles qu'il n'a pas pu faire, celles de Sartoris ; le Sud géographie, histoire, légende, mythe ; les Noirs données immédiates de la conscience pour tout sudiste, comme le dit William Styron, mais surtout, pour Faulkner, supports privilégiés d'un jeu de valeurs et, dans le mélange des sangs, d'un certain héroïsme tragique ; et, peut-être, la civilisation américaine qu'il a vue naître et triompher du fond de sa retraite, en pays vaincu, donc en pays d'expérience.
Ce ne sont pas là ses thèmes ; manifestement, ceux-ci croissent aux intersections de trois ou quatre ensembles rares sont les œuvres pures de toute intersection : sauf Pylône, peut-être, et, souvent, les nouvelles. À l'intersection des thèmes du Sud et des Noirs, par exemple, naît la trilogie sur la question des races Lumière d'août ; Absalon ! Absalon ! ; Descends, Moïse que l'Intrus prolonge : le seul corpus littéraire qu'un Américain blanc ou noir ait consacré au problème. À l'intersection de la guerre et du Sud naît d'abord Sartoris, puis nombre de nouvelles et enfin, différemment, cette étrange fleur à Faulkner exotique et dont personne sinon peut-être le Suisse Heinrich Straumann n'a encore saisi la portée, Parabole. À l'intersection du Sud et de l'American way of life naît une autre fleur, du mal, celle-là, Sanctuaire dont la première version a immédiatement suivi Le Bruit et la fureur, mais aussi la monumentale trilogie des Snopes. A-t-on assez remarqué qu'il est des œuvres où n'interviennent point les Noirs, et d'autres sans sexualité ? Mais il n'en est pas sans nature : la Terre, peuplée ou non des femmes qui en sont comme l'émanation, est la grande constante des romans de Faulkner, dont l'exil dans son propre arrière-pays fut bien un enracinement, et dont la vision du monde et de l'homme reste celle d'un terrien.
Le plus important, dans la lecture de Faulkner, est d'admettre que tout lui a été prétexte à décollage et à fabulation romanesque : le Sud autant que les Noirs, l'histoire du Christ autant que la vision puritaine de l'éternel féminin. On le voit incorporer son discours imaginaire dans un fait divers Sanctuaire, dans des sujets policiers Le Gambit du cavalier, dans l'aura que fait la légende à un pionnier, Absalon ! Absalon !, ou même, audacieusement, dans l'histoire du Christ Parabole. Ou bien il invente sa propre matière, laquelle, jointe au discours sur le moi et le monde, l'innocence et l'expérience, produit ses plus beaux mythes : la pastorale du Hameau, l'opéra Descends, Moïse, la grande fresque des Snopes.
Cependant, Faulkner, en symboliste formé à l'école anglo-saxonne et par la Bible, rend signifiants les supports de son discours ; l'amour et la guerre signifient toute expérience ; les Noirs, toute endurance : ils incarnent, tirée de l'injustice, la valeur enclose dans la dignité arrachée au quotidien, si bien qu'ils deviennent les paradigmes héroïques de l'éthique de l'effort ; le Sud, le Sud même, est seulement la terre privilégiée parmi toutes les terres humaines, sur laquelle Faulkner, de ses quelque douze cents personnages, a construit son anthropologie romanesque, à laquelle Les Larrons disent un très privé mais foisonnant adieu.

L'œuvre parabole

"Mon ambition, écrit-il en 1949 à Cowley, est d'être aboli, de disparaître de l'histoire en tant qu'individu ; de la laisser intacte, sans restes sinon les livres imprimés ; il y a trente ans, j'aurais dû être assez clairvoyant pour ne pas les signer, comme le firent certains élisabéthains. Mon but, et tous mes efforts y concourent, est que la somme et l'histoire de ma vie figurent dans la même phrase qui sera tout à la fois mon acte de décès et mon épitaphe : il a fait des livres et il est mort."
Cette farouche volonté de disparaître au seul profit de l'œuvre dépasse le cadre d'une résistance, au demeurant têtue, à tout viol de la vie privée. Elle s'inscrit au terme d'une véritable recréation de soi, qui fut le moyen de la création romanesque et, peut-être, la raison de vivre.
Mais se recréer, c'est aussi créer un univers. La langue de Faulkner, pense Jean-Jacques Mayoux, est la clé d'un monde. Pour Faulkner, l'écriture est un acte total, une tentative irrationnelle en ce qu'elle vise ni plus ni moins à exister, au même titre qu'un organisme. La phrase qu'on relise la première d'Absalon, aussi vivante et autonome qu'une substance, tire sa dynamique de l'inaltérable détermination de n'être jamais, jamais tout à fait satisfait de ce qu'on écrit – c'est-à-dire de l'effort.
Et de fait : les trois sommets de l'œuvre, qui est elle-même la parabole de ce qu'elle annonce, Le Bruit et la fureur 1929, Absalon ! Absalon ! (1936), et Descends, Moïse 1942 se présentent, en manuscrits, sous une forme extraordinairement travaillée, plusieurs fois réagencés dans leur structure et remaniés dans l'écriture. C'est ce Faulkner-là qu'on commence à peine à connaître. C'est celui qui, fort de son œuvre et s'adressant à ses successeurs et non à l'humanité entière, en porte-parole mandaté de l'humanisme occidental, a pu se permettre, à Stockholm, de dire : Je refuse d'accepter la fin de l'homme.Parce que, pour lui, tout rempart contre l'oubli témoigne pour l'homme, il n'est pas de plus haute mission pour l'écrivain que de faire de l'œuvre littéraire la mémoire de l'humanité.

Publications

La liste des romans ne donne que la première publication en français.

Romans

Soldiers Pay (1926)
Publié en français sous le titre Monnaie de singe, traduit par Maxime Gaucher, Grenoble, B. Arthaud, 1948
Mosquitoes (1927)
Publié en français sous le titre Moustiques, Paris, Éditions de Minuit, « Collection étrangère », 1948
Sartoris (1929)
Publié en français sous le titre Sartoris, traduit par René-Noël Raimbault et Henri Delgove, Paris, Gallimard,Du monde entier
The Sound and the Fury (1929)
Publié en français sous le titre Le Bruit et la Fureur, traduit par Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, 1938
As I Lay Dying (1930)
Publié en français sous le titre Tandis que j'agonise, traduit par Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, 1934
Sanctuary (1931)
Publié en français sous le titre Sanctuaire, traduit par René-Noël Raimbault et Henri Delgove, Paris, Gallimard, 1933
Light in August (1932)
Publié en français sous le titre Lumière d'août, traduit par Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, 1935
Pylon (1935)
Publié en français sous le titre Pylône, traduit par René-Noël Raimbault et G. Louis-Rousselet, Paris, Gallimard, 1946
Absalom, Absalom! (1936)
Publié en français sous le titre Absalon, Absalon !, traduit par René-Noël Raimbault et Charles P. Vorce, Paris, Gallimard,Du monde entier, 1953
The Unvanquished (1938)
Publié en français sous le titre L'Invaincu, traduit par René-Noël Raimbault et Charles P. Vorce, Paris, Gallimard, 1949
The Hamlet (1940)
Publié en français sous le titre Le Hameau, traduit par René Hilleret, Paris, Gallimard, 1959
Intruder in the Dust (1948)
Publié en français sous le titre L'Intrus, traduit par René-Noël Raimbault, Gallimard, « Du monde entier », 1952
Requiem for a Nun (1951)
Publié en français sous le titre Requiem pour une nonne10, traduit par Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1957
A Fable (1954)
Publié en français sous le titre Parabole, traduit par René-Noël Raimbault, Gallimard, « Du monde entier », 1958
The Town (1957)
Publié en français sous le titre La Ville, traduit par J. et L. Bréant, Gallimard, « Du monde entier », 1962
The Mansion (1959)
Publié en français sous le titre Le Domaine, traduit par René Hilleret, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1962
The Reivers (1962)
Publié en français sous le titre Les Larrons, traduit par Maurice-Edgar Coindreau et Raymond Girard, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1964
Flags in the Dust (1973), version longue du roman Sartoris

Recueils de nouvelles

These Thirteen (1931)
Publié en français sous le titre Treize histoires, traduit par René-Noël Raimbault et Charles P. Vorce, avec la collaboration de Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, Du monde entier, 1939
Doctor Martino and Other Stories 1934
Publié en français sous le titre Le Docteur Martino et autres histoires, traduit par René-Noël Raimbault et Charles P. Vorce, Paris, Gallimard, « Du monde entier, 1948
The Wild Palms 1939, deux longues nouvelles
Publié en français sous le titre Les Palmiers sauvages – Si je t'oublie, Jérusalem, traduit par Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, « Du monde entier, 1952
Go Down, Moses 1942
Publié en français sous le titre Descends, Moïse, traduit par René-Noël Raimbault, Gallimard, Du monde entier, 1955
Knight's Gambit (1949)
Publié en français sous le titre Le Gambit du cavalier, traduit par André Du Bouchet, Gallimard, Du monde entier, 1951
Collected Stories of William Faulkner 1950
Publié en français sous le titre Histoires diverses, traduit par René-Noël Raimbault et Céline Zins, Gallimard, « Du monde entier », 1967
New Orleans Sketches 1958
Publié en français sous le titre Croquis de La Nouvelle-Orléans, traduit par Michel Gresset, Gallimard, « Du monde entier », 1988
Uncollected Stories of William Faulkner (1979)
Publié en français sous le titre Idylle au désert et autres nouvelles, traduit par Maurice Edgar Coindreau, Didier Coupaye, Michel Gresset, François Pitavy, Paris, Gallimard, Du monde entier, 1985

Nouvelles

Landing in Luck (1919)
The Hill (1922)
New Orleans (1925)
Mirrors of Chartres Street (1925)
Damon and Pythias Unlimited (1925)
Jealousy (1925)
Cheest (1925)
Out of Nazareth (1925)
The Kingdom of God (1925) Titre français : Le Royaume des cieux
The Rosary (1925)
The Cobbler (1925)
Chance (1925)
Sunset (1925) [Titre français : Coucher de soleil ]
The Kid Learns (1925)
The Liar (1925)
Home (1925)
Episode (1925)
Country Mice (1925)
Yo Ho and Two Bottles of Rum (1925)
Music - Sweeter than the Angels Sing (1928)
A Rose for Emily (1930) [Titre français : Une rose pour Emily ]
Honor (1930) [Titre français : Honneur ]
Thrift (1930)
Red Leaves (1930) [Titre français : Feuilles rouges ]
Ad Astra (1931) [Titre français : Ad astra ]
Dry September (1931) [Titre français : Septembre ardent ]
That Evening Sun (1931) [Titre français : Soleil couchant ]
Hair (1931) [Titre français : Chevelure ]
Spotted Horses (1931)
The Hound (1931) [Titre français : Le Chien ]
Fox Hunt (1931) [Titre français : Chasse au renard ]
Carcassonne (1931) [Titre français : Carcassonne ]
Divorce in Naples (1931) [Titre français : Divorce à Naples ]
Victory (1931) [Titre français : Victoire ]
All the Dead Pilots (1931) [Titre français : Tous les pilotes morts ]
Crevasse (1931) [Titre français : Crevasse ]
Mistral (1931) [Titre français : Mistral ]
A Justice (1931) [Titre français : Un juste ]
Dr. Martino (1931) [Titre français : Le Docteur Martino ]
Idyll in the Desert (1931) [Titre français : Idylle au désert ]
Miss Zilphia Gant (1932) [Titre français : Miss Zilphia Gant ]
Death Drag (1932) [Titre français : La Course à la mort ]
Centaur in Brass (1932) [Titre français : Centaure de bronze ]
Once Aboard the Lugger (I) (1032)
Lizards in Jamshyd's Courtyard (1932)
Turn About (1932) [Titre français : Chacun son tour ]
Smoke (1932) [Titre français : Fumée ]
Mountain Victory (1932) [Titre français : Victoire dans la montagne ]
There Was a Queen (1933) [Titre français : Il était une reine ]
Artist at Home (1933) [Titre français : Maison d'artiste ]
Beyond (1933) [Titre français : Au-delà ]
Elly (1934) [Titre français : Elly ]
Pennsylvania Station (1934) [Titre français : La Gare de Pennsylvanie ]
Wash (1934) [Titre français : Wash ]
A Bear Hunt (1934) [Titre français : Chasse à l'ours ]
The Leg (1934) [Titre français : La Jambe ]
Black Music (1934) Titre français : Musique noire
Mule in the Yard (1934) Titre français : Mulet dans la cour
Ambuscade (1934)
Retreat (1934)
Lo! (1934)
Raid (1934)
Skirmish at Sartoris (1935)
Golden Land (1935) [Titre français : Pays de cocagne ]
That Will Be Fine (1935) [Titre français : C'est ça qui serait chic ! ]
Uncle Willy (1935) [Titre français : Oncle Willy ]
Lion (1935)
The Brooch (1936) [Titre français : La Broche ]
Two Dollar Wife (1936)
Fool About a Horse (1936)
The Unvanquished (1936)
Vendee (1936)
Monk (1937) [Titre français : Monk ]
Barn Burning (1939) [Titre français : L'Incendiaire ]
Hand Upon the Waters (1939) [Titre français : Une main sur les eaux ]
A Point of Law (1940)
The Old People (1940) [Titre français : Gens de jadis ]
Pantaloon in Black (1940)
Gold Is Not Always (1940)
Tomorrow (1940)
Go Down, Moses (1941) [Titre français : Descends, Moïse ]
The Tall Men (1941) [Titre français : Les Montagnards ]
Two Soldiers (1942) [Titre français : Deux soldats ]
Delta Autumn (1942) [Titre français : Automne dans le delta ]
The Bear (1942) [Titre français : L'Ours ]
Afternoon of a Cow (1943) [Titre français : L'Après-midi d'une vache ]
Shingles for the Lord (1943) [Titre français : Bardeaux pour le Bon Dieu ]
My Grandmother Millard and General Bedford Forrest and the Battle of Harrykin Creek (1943) [Titre français : Ma grand-mère Millard... ]
Shall Not Perish (1943) [Titre français : Morts au champ d'honneur ]
Appendix, Compson, 1699-1945 (1946)
An Error in Chemistry (1946) [Titre français : Une erreur de chimie ]
A Courtship (1948) [Titre français : Prétendants ]
Knight's Gambit (1949) [Titre français : Le Gambit du cavalier ]
A Name for the City (1950)
Notes on a Horsethief (1951)
Mississippi (1954)
Sepulture South: Gaslight (1954)
Race at Morning (1955) [Titre français : Chasse matinale ]
Big Woods (1955) [Titre français : Les Grands Bois ]
By the People (1955)
Hell Creek Crossing (1962)
Mr. Acarius (1965) [Titre français : Mr. Acarius ]
The Wishing Tree (1967) [Titre français : L'Arbre aux souhaits ]
Al Jackson (1971)
And Now What's To Do (1973)
Nympholepsy (1973)
The Priest (1976) [Titre français : Le Prêtre ]
Mayday (1977) [Titre français : Mayday ]
Frankie and Johnny (1978) [Titre français : Frankie et Johnny ]
Don Giovanni (1979)
Peter (1979)
A Portrait of Elmer (1979) [Titre français : Portrait d'Elmer ]
Adolescence (1979)
Snow (1979) [Titre français : Neige ]
Moonlight (1979)
With Caution and Dispatch (1979) Titre français : L'Esprit d'économie
Hog Pawn (1979)
A Dangerous Man (1979)
A Return (1979)
The Big Shot (1979) Titre français : Le Caïd
Once Aboard the Lugger (II) (1979)
Dull Tale (1979)
Evangeline (1979) [Titre français : Évangeline
Love (1988)
Christmas Tree (1995) Titre français : L'Arbre de Noël
Rose of Lebanon (1995)
Lucas Beauchamp (1999)

Poésies

Vision in Spring (1921)
The Marble Faun (1924)
Publié en français sous le titre Le Faune de marbre, suivi de Le Rameau vert, traduit par Alain Suied, Gallimard, « Poésie » no 259, 1992
This Earth, a Poem (1932)
A Green Bough (1965)
Publié en français sous le titre Le Rameau vert, précédé de Le Faune de marbre, traduit par René-Noël Raimbault et Alain Suied, Gallimard, « Poésie no 259, 1992
Mississippi Poems (1979)
Helen, a Courtship and Mississippi Poems (1981)
Publié en français sous le titre Hélène : Ma cour, suivi de Poèmes du Mississippi, traduit par Michèle Plâa et Philippe Blanchon, La Nerthe, 2014

Essais, discours et lettres

Faulkner à l'Université, Paris, Gallimard, 1964.
Essais, discours et lettres ouvertes, Paris, Gallimard, 1969.
Lettres choisies, Paris, Gallimard, 1981.
Croquis de La Nouvelle-Orléans, suivi de Mayday, Paris, Gallimard, 1988.

Scénarios publiés en français

De Gaulle : scénario, Paris, Gallimard, 1989.
Stallion Road, suivi de L'Avocat de province et autres histoires pour l'écran, Paris, Gallimard, 1994.

Filmographie

1932 : Une femme survint (Flesh) de John Ford (non-crédité)
1933 : Après nous le déluge (Today We Live) d'Howard Hawks (dialogue)
1933 : La Déchéance de miss Drake (The Story of Temple Drake) (d'après son roman Sanctuary)
1936 : Les Chemins de la gloire (The Road to Glory) d'Howard Hawks
1937 : Le Dernier négrier (Slave Ship) de Tay Garnett
1938 : Quatre hommes et une prière (Four Men and a Prayer) de John Ford (non-crédité)
1938 : Patrouille en mer (Submarine Patrol)
1939 : Gunga Din de George Stevens (non-crédité)
1939 : Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk) de John Ford (non-crédité)
1943 : Air Force d'Howard Hawks (non-crédité)
1943 : Intrigues en Orient (Background to Danger) de Raoul Walsh (non-crédité)
1943 : Northern Pursuit (non-crédité)
1944 : Le Port de l'angoisse (To Have and Have Not) d'Howard Hawks (scénario)
1945 : God Is My Co-Pilot (non-crédité)
1945 : L'Homme du sud (The Southerner) de Jean Renoir (non-crédité)
1945 : Le Roman de Mildred Pierce (Mildred Pierce) de Michael Curtiz (non-crédité)
1946 : Le Grand sommeil (The Big Sleep) d'Howard Hawks (scénario)
1947 : Deep Valley (non-crédité)
1948 : Les Aventures de Don Juan (Adventures of Don Juan) de Vincent Sherman (non-crédité)
1949 : L'Intrus (Intruder in the Dust) (d'après son roman éponyme)
1955 : La Terre des pharaons (Land of the Pharaohs) d'Howard Hawks
1958 : La Ronde de l'aube (The Tarnished Angels) de Douglas Sirk (d'après son roman Pylône)
1958 : Les Feux de l'été (The Long, Hot Summer) de Martin Ritt (d'après son roman The Hamlet)
1959 : Le Bruit et la fureur (The Sound and the Fury) de Martin Ritt (d'après son roman éponyme)
1961 : Sanctuaire (Sanctuary) de Tony Richardson (d'après son roman éponyme)
1969 : Reivers (The Reivers) de Mark Rydell (d'après son roman éponyme)
1972 : Tomorrow de Joseph Anthony (histoire)
1982 : Rose for Emily, court métrage de Lyndon Chubbuck (d'après la nouvelle éponyme)
1985 : Two Soldiers, court métrage de Christopher Lapalm (d'après la nouvelle éponyme)
2003 : Two Soldiers, court métrage de Aaron Schneider (d'après la nouvelle éponyme)
2009 : Red Leaves de James Franco (nouvelle)
2013 : As I Lay Dying de James Franco (d'après le roman éponyme)
En tournage
2014 : The Sound and the Fury de James Franco (d'après le roman éponyme)

Liens

http://youtu.be/0tSKvDQlMT4 Faulkner Prix Nobel de la littérature 1949
http://www.ina.fr/video/I10105499/chr ... lliam-faulkner-video.html Max-Pol Fouchet parle de Faulkner
http://www.ina.fr/video/CPC95004018/a ... es-romanesques-video.html I jour I livre, album Faulkner
http://www.ina.fr/video/CPF86631409/fumees-video.html Fumée Nouvelle de Faulkner
http://www.ina.fr/video/VDD09016268/estampes-japonaises-video.html Estampes japonaise par W. Faulkner


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Posté le : 05/07/2014 23:28

Edité par Loriane sur 06-07-2014 14:01:19
Edité par Loriane sur 06-07-2014 14:01:44
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Frida Kahlo
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Le 6 juillet 1907 à Coyoacán au Mexique naît Magdalena Frida

Carmen Kahlo Calderón ou Frida Kahlo
,


artiste peintre autodidacte mexicaine, surréalisme / réalisme, ses Œuvres les plus réputées sont : "La Colonne brisée", "Mes grands-parents", "mes parents et moi", elle meurt à 47 ans, le 13 juillet 1954 dans sa ville de naissance.
En 1922, elle falsifie sa date de naissance en 7 juillet 1910, année du début de la révolution mexicaine


Depuis sa mort précoce, en 1954, la vie et l'œuvre de Frida Kahlo, qu'on a longtemps présentée dans l'ombre et le sillage de son mari Diego Rivera, font l'objet de révisions constantes qui soulignent avec de plus en plus de force l'originalité et la créativité de cette artiste. De son vivant, elle avait déjà attiré l'attention de personnalités aussi diverses que Picasso, Kandinsky, André Breton, ou encore Trotski, qu'elle accueille en 1937 lorsqu'il se réfugie au Mexique et à qui elle a dédié un de ses autoportraits. André Breton évoquait à son sujet un ruban attaché autour d'une bombe, tout en voyant en elle une artiste fascinante et une femme complexe et compliquée, hantée par des fantasmes ennemis . Par la suite, et avec le recul des années, Carlos Fuentes, Jean-Marie Le Clézio et d'autres reviendront sur le génie créatif de Frida Kahlo, dont Octavio Paz a qualifié la peinture de poésie explosive.
Ma peinture porte en elle le message de la douleur , explique l'artiste. Victime d'un très grave accident de la circulation en 1925, Frida Kahlo subit une interminable série d'opérations qui iront jusqu'à l'amputation d'une jambe et qui finiront par la terrasser à l'âge de quarante-sept ans. D'où la présence, dans ses tableaux et dessins, du sang et d'organes représentés à la manière des planches anatomiques. Dans ce qui est peut-être son tableau le plus célèbre, Les Deux Frida 1939, Musée d'Art moderne, Mexico, qu'elle présente à l'Exposition internationale du surréalisme qui se tient à Mexico en 1940, les cœurs des deux personnages apparaissent à nu, sur les robes dont les corps sont parés. La Colonne brisée 1944, Fondation Dolores Olmedo, Mexico la montre dans un paysage désertique, les larmes aux yeux, le corps perforé de clous, comme saint Sébastien par les flèches, et entrouvert pour laisser apparaître une colonne dorique fragmentée qui lui tient lieu de colonne vertébrale. Autre conséquence de cet accident tragique : plusieurs fausses couches qu'elle a évoquées dans des dessins et un étrange tableau de 1932, Hôpital Henry Ford ou le lit volant Fondation Dolores Olmedo, Mexico, où elle gît sur un lit maculé de sang. De son corps semblent s'envoler, au mépris de toute perspective et de tout sens des proportions, l'enfant qu'elle vient de perdre, un escargot image de la lenteur que la fausse couche a mise à se manifester, un corset orthopédique, un appareil chirurgical, une étrange et monstrueuse fleur mauve et les os d'un bassin humain. Avec ce tableau, son œuvre franchit une étape décisive dans l'intensité expressive de sa peinture : Jamais une femme n'avait mis sur la toile autant d'angoisse poétique que Frida, commentera Rivera.
L'intérêt porté à Frida Kahlo a atteint un point culminant avec la célébration, en 2007, du centenaire de sa naissance. À cette occasion, une imposante exposition au Palacio de Bellas Artes de Mexico a permis de regrouper une grande partie de ses tableaux, aquarelles, dessins et lithographies, ainsi que des documents concernant sa formation et son engagement politique, sans oublier les portraits qu'ont fait d'elle certains des plus grands photographes du XXe siècle. On y a vu, également, des objets, des dessins et des documents découverts en 2004, lorsqu'on a ouvert, dans la Maison bleue, qui lui venait de sa famille et qu'elle avait fait réaménager de son vivant, deux pièces qui avaient été scellées sur ordre de Diego Rivera après la mort de celle qu'il avait épousée en 1929.

Sa vie

La mère de Frida Kahlo, Matilde Calderón y González 1876-1932, est née à Mexico. Elle est la troisième fille d’Isabel González y González, issue d'une famille de généraux espagnols, et du photographe Antonio Calderón, d’origine amérindienne et venant de Morelia.
Son père, Carl Wilhelm Kahlo 1871-1941, né à Pforzheim dans le Grand-duché de Bade en Allemagne, n'était pas, comme le voudrait une légende répandue, juif d'origine germano-austro-hongroise, mais un allemand de confession luthérienne, fils du bijoutier et orfèvre Jakob Kahlo et de Henriette Kaufmann, issu de la bourgeoisie badoise4. Arrivé au Mexique en 1891 à l'âge de 19 ans, on l'appellera Guillermo qui est la traduction de Wilhelm en castillan.
Frida Kahlo peint en 1936 Mes grands-parents, mes parents et moi où elle raconte l’histoire de ses origines, tel un arbre généalogique. Elle a symbolisé ses grands-parents maternels mexicains par la terre, et ses grands-parents paternels allemands au moyen de l’océan. Elle est la petite fille du jardin de la Maison bleue où elle est née et décédée. Au-dessus, ses parents dans la pose de leur photo de mariage.

La maison bleue

Magdalena Frida Carmen naît dans la Maison bleue, la Casa azul, actuel musée Frida Kahlo, au milieu d’un quartier où habite la petite bourgeoisie, Coyoacán, au sud de Mexico. C’est la troisième des quatre filles de Matilde et Guillermo Kahlo.
À l'âge de six ans, Frida est victime d'une poliomyélite. La conséquence est que sa jambe droite s’atrophie et son pied ne grandit plus. Il n'atteindra jamais la taille qu'il devrait avoir. C'est ce qui lui vaudra le surnom de Frida la coja Frida la boiteuse par ses camarades de classe. Il a été supposé qu'elle souffrait de spina bifida, une malformation congénitale de la colonne vertébrale, qui pourrait également avoir affecté le développement de la jambe.
En 1922, alors âgée de 16 ans, elle quitte le cours supérieur du Colegio Alemán à Mexico et intègre la Escuela Nacional Preparatoria, considérée comme le meilleur établissement scolaire du Mexique. Frida Kahlo est l'une des trente-cinq premières filles admises sur un total de 2 000 élèves. Elle s'intéresse beaucoup aux sciences naturelles et souhaite alors devenir médecin. Malgré l’intérêt qu’elle porte aux beaux-arts, qu'elle doit à son père, excellent photographe et accessoirement peintre d'aquarelles, elle n’envisage pas de se lancer dans une carrière artistique.

Le 17 septembre 1925, Frida prend le bus pour rentrer chez elle après ses cours. Soudain, l’autobus sort de la route et percute un tramway. Plusieurs personnes trouvent la mort lors de l’accident. Frida, elle, est grièvement blessée. Son abdomen et sa cavité pelvienne sont transpercés par une barre de métal : ce traumatisme est responsable d'un syndrome d'Asherman, et sera la cause des fausses couches de Frida Kahlo. Il explique également le thème de nombre de ses œuvres6. Sa jambe droite subit un grand nombre de fractures, onze au total. Son pied droit est également cassé. Le bassin, les côtes et la colonne vertébrale sont eux aussi brisés. L'épaule n'est que démise. Elle reste alitée pendant trois mois, dont un mois à l’hôpital. Mais environ un an après l’accident, elle doit retourner à l’hôpital, car on remarque qu’une de ses vertèbres lombaires est fracturée. Frida sera contrainte de porter durant neuf longs mois des corsets en plâtre. C’est alors qu’elle commence à peindre. Pour l'aider, ses proches placent un baldaquin au-dessus de son lit avec un miroir pour ciel. Elle peut ainsi se servir de son reflet comme modèle, ce qui est probablement l'élément déclencheur de la longue série d'autoportraits qu'elle réalisera. En effet sur 143 tableaux, 55 sont des autoportraits. Elle doit subir de nombreuses interventions chirurgicales qui l'obligent à rester couchée sur un lit d'hôpital.

Vie et carrière artistique

En 1928, son amie la photographe Tina Modotti l'incite à s’inscrire au Parti communiste mexicain. Elle s’intéresse particulièrement à l’émancipation des femmes dans la société mexicaine qui est encore très machiste.Elle décide dès son jeune âge qu'elle ne veut pas suivre le même parcours que la plupart des femmes mexicaines. Elle a un désir de voyages, d'études. Elle veut la liberté et le plaisir. Cette même année, Frida rencontre pour la première fois Diego Rivera 1886-1957 dans l'auditorium de son école celui-ci y faisait une peinture murale.

Elle admire beaucoup ce peintre et lui demande son avis au sujet de ses propres tableaux, le fond de sa pensée. Le muraliste est impressionné par les réalisations de la jeune Mexicaine :

Les toiles révélaient une extraordinaire force d’expression, une description précise des caractères et un réel sérieux. Elles possédaient une sincérité plastique fondamentale et une personnalité artistique propre. Elles véhiculaient une sensualité vitale encore enrichie par une faculté d’observation impitoyable, quoique sensible.
Pour moi, il était manifeste que cette jeune fille était une véritable artiste.
Frida Kahlo épouse Diego Rivera, de 21 ans son aîné, le 21 août 1929. Ils s’installent à Mexico dans un atelier, mais Diego ne tarde pas à la tromper. Elle-même s'engage dans de nombreuses relations extra-conjugales ; bisexuelle, elle séduit de nombreux hommes et femmes. Bien que compliquée, leur relation est véritablement passionnée.

En novembre 1930, ils emménagent à San Francisco car Rivera a été chargé de réaliser des peintures murales pour le San Francisco Stock Exchange et pour la California School of Fine Art, l’actuel San Francisco Art Institute. Frida y fait la connaissance d’artistes, de commanditaires et de mécènes, dont Albert Bender. Celui-ci est parvenu à obtenir une autorisation d’entrée aux États-Unis pour Diego Rivera.

En remerciement, Frida réalise en 1931 le portrait double Frida Kahlo y Diego Rivera inspiré de leur photo de mariage.
En 1930, elle subit sa première fausse couche. Après l’accident, on lui avait pourtant dit qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfant à cause de son bassin, fracturé à trois endroits, qui empêcherait une position normale pour l’enfant et un accouchement sans problème. Lors de leur séjour à Détroit, elle est de nouveau enceinte. Au début de cette deuxième grossesse, Frida voit un médecin au Henry Ford Hospital qui lui conseille de garder l'enfant au lieu d'interrompre sa grossesse.
Elle pourrait accoucher par césarienne. Malgré les prévisions du docteur, elle fait une autre fausse couche le 4 juillet 1932. Elle reflète ses sentiments, son impression de solitude et d’abandon après la perte de l’enfant dans le tableau Henry Ford Hospital ou Le Lit volant, dans lequel elle peint un fœtus masculin surdimensionné en position embryonnaire, l’enfant perdu lors de la fausse couche, le petit Diego qu’elle avait tant espéré porter jusqu’à terme.

Après ce pénible épisode, Frida Kahlo peint des tableaux qui traduisent sa lassitude et son dégoût des États-Unis et des Américains alors que son mari, lui, reste fasciné par ce pays et ne veut pas le quitter. Elle exprime son point de vue sur le pays des gringos dans Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les États-Unis et dans Ma robe est suspendue là-bas. Malgré son admiration pour le progrès industriel des États-Unis, la nationaliste mexicaine se sent mal à l’aise de l'autre côté du Río Bravo. Entre-temps, la mère de Frida meurt en 1932.

Dans les années 1930, après l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, Frida écrit son nom Frieda, de Frieden, la paix en allemand.

L'affirmation de sa mexicanité

Entre 1930 et 1933, Frida Kahlo fait de longs séjours aux États-Unis où Diego Rivera doit exécuter des fresques à San Francisco, Détroit et New York. Par la suite, elle y retourne plusieurs fois pour se faire soigner ou pour participer à des expositions. Elle y peint beaucoup, notamment le fameux Autoportrait sur la frontière du Mexique et des États-Unis 1932, collection privée, où elle figure, dans une robe rose virginale, une cigarette et le drapeau mexicain à la main, au confluent de deux civilisations : d'un côté le Mexique, ses ruines et ses icônes préhispaniques, ses fleurs et ses fruits, de l'autre les États-Unis, leurs cheminées d'usine siglées FORD, leurs gratte-ciel et leur technologie.
Avec Voilà ma robe suspendue ou New York 1933, collection privée, Frida Kahlo retrouve l'esprit frondeur des artistes du mouvement d'avant-garde stridentiste qu'elle fréquentait dans les classes préparatoires à l'université, sans partager leur enthousiasme pour le monde industriel moderne. Des photographies collées en bas du tableau montrent en effet des files interminables de chômeurs et des soldats partant au combat.
Son portrait de l'horticulteur californien Luther Burbank 1931, Fondation Dolores Olmedo, Mexico, mélange de réalisme et de fantastique, d'imagination et d'humour, est un hymne à la régénération de la vie par la mort, suivant en cela une tradition très mexicaine.
Outre son engagement politique, Frida trouve en effet dans ces voyages l'occasion de réaffirmer sa mexicanité, très présente dans une technique picturale inspirée par les ex-votos, par le traitement d'une actualité souvent violente et sanglante comme chez le graveur José Guadalupe Posada, par les portraits réalisés au XIXe siècle par Hermenegildo Bustos. Finalement, elle a su imposer son iconographie et son imaginaire personnels, que le contact avec les surréalistes lui a certainement permis d'approfondir et de renforcer.
Cet imaginaire s'annonce déjà dans un tableau de 1938, Ce que l'eau m'a donné Isidore Ducasse Fine Arts, New York, où transparaît également l'admiration que porte Frida à l'œuvre de Jérôme Bosch et de Bruegel.

En décembre 1933, Diego Rivera consent à rentrer au Mexique. Ils s’installent dans une maison à San Ángel, construite par un ami architecte et peintre, Juan O’Gorman. Des difficultés de santé obligent Frida à retourner à l’hôpital où elle doit subir un nouveau curetage.

En 1935, elle ne réalise que deux tableaux dont Quelques petites piqûres, qui évoque un meurtre par jalousie perpétré sur une femme. Frida Kahlo découvre que son mari a une liaison avec sa sœur, Cristina.
Profondément blessée, elle quitte le foyer pour un appartement au centre de Mexico. Pendant cette période, elle a plusieurs relations extraconjugales, notamment avec des femmes.
Au milieu de 1935, elle part avec deux amies pour New York. Elle ne revient au Mexique qu'après la fin de la liaison entre sa sœur et son mari, à la fin de l'année.
Le 9 janvier 1937, le président Lázaro Cárdenas del Río accorde, conformément à ses pouvoirs constitutionnels, l'asile politique à Léon Trotski. Lui et sa femme sont accueillis par Frida et Diego, à la Casa azul la Maison bleue. Une brève liaison que l'on dit passionnée se développe entre Trotski et Frida. À la fin de cette aventure, l'artiste lui offre affectueusement pour son anniversaire, le 7 novembre 1937, Autoportrait dédié à Léon Trotski ou Entre les rideaux où elle se montre sous son meilleur jour avec une dédicace :
Pour Léon Trotski, je dédicace cette peinture avec tout mon amour…

En septembre 1938, André Breton est envoyé à Mexico par le ministère des Affaires étrangères pour y prononcer une série de conférences sur l'état de la poésie et de la peinture en Europe. Avec sa femme Jacqueline Lamba, il est accueilli à Mexico par le couple Kahlo-Rivera. Frida Kahlo se défend d'être surréaliste :
On me prenait pour une surréaliste. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais peint de rêves.
Ce que j’ai représenté était ma réalité.
Breton, subjugué par Frida, écrit : l'art de Frida Kahlo de Rivera est un ruban autour d'une bombe, tandis qu'une véritable et profonde amitié se noue entre Frida et Jacqueline :
" Le bateau et le quai et le départ qui peu à peu te rendaient minuscule à mes yeux, prisonniers de ce hublot rond, que tu regardais pour me garder dans ton cœur. Tout cela est intact. Après, sont venus les jours vierges de toi. Aujourd'hui, j'aimerais que mon soleil te touche. Je te dis que ta petite fille est ma petite fille, les personnages marionnettes rangés dans leur grande chambre vitrée sont à nous deux…"
Au début du mois d’octobre 1938, Frida Kahlo présente ses œuvres dans la galerie de Julien Levy à New York. La moitié des vingt-cinq œuvres présentées y sont vendues. Pendant son séjour, elle a une liaison avec le photographe Nickolas Muray.

En 1939, Frida se rend à Paris à la grande exposition sur le Mexique organisée par le gouvernement Lázaro Cárdenas à la galerie Renou et Pierre Colle. Elle loge chez André Breton et rencontre les peintres Yves Tanguy, Picasso et Vassili Kandinsky.

"Elle n'aime pas Paris, qu'elle trouve sale, et la nourriture ne lui convient pas ; elle attrape une colibacillose. L'exposition lui déplaît : son avis est qu'elle est envahie par cette bande de fils de putes lunatiques que sont les surréalistes, elle trouve superflue toute cette saloperie" exposée autour du Mexique. Par-dessus le marché, l'associé de Pierre Colle refuse d'exposer les œuvres de Frida dans sa galerie, choqué par la crudité des tableaux.

Dans une lettre à Nickolas Murray, elle fait part de son profond dégoût pour les intellectuels parisiens :

" Ils ont tellement de foutus intellectuels pourris que je ne peux plus les supporter. Ils sont vraiment trop pour moi.
J'aimerais mieux m'asseoir par terre dans le marché de Toluca pour vendre des tortillas que d'avoir quoi que ce soit à voir avec ces connards artistiques de Paris… Je n'ai jamais vu Diego ni toi perdre leur temps à ces bavardages stupides et ces discussions intellectuelles.
C'est pour ça que vous êtes de vrais hommes et non des artistes minables — Bon sang ! ça valait la peine de venir jusqu'ici juste pour comprendre pourquoi l'Europe est en train de pourrir, pourquoi tous ces incapables sont la cause de tous les Hitler et les Mussolini. "


En décembre 1938, Frida et Diego divorcent.

Elle ressent de grandes douleurs dans la colonne vertébrale et contracte une mycose aiguë à la main droite. En septembre 1940, elle se rend à San Francisco pour être soignée par le docteur Eloesser. Pour le remercier de ses soins, elle peint pour lui Autoportrait dédié au Dr Eloesser. Le tableau porte en dédicace :
"J’ai peint mon portrait en 1940 pour le Dr. Eloesser, mon médecin et meilleur ami. Avec toute mon affection, Frida Kahlo."
Diego Rivera est également à San Francisco à la même époque, et propose à Frida de l’épouser de nouveau. Elle accepte, et le second mariage a lieu à San Francisco le 8 décembre 1940, jour de l’anniversaire de Diego. Ils s’installent dans la Casa azul à Coyoacán après la mort du père de Frida.
En 1945, elle peint Moïse ou le cœur de la création collection privée, après la lecture du livre de Freud L'Homme Moïse et la religion monothéiste, 1939, une façon pour elle de montrer l'angoisse devant la vie et devant la mort. Dans son journal où alternent textes et dessins, on retrouve cette dichotomie, assortie de cris de souffrance face à un corps qui la torture et d'intermittences d'espoir et de désespoir dans son amour pour Diego Rivera, dont elle divorcera en 1939, avant de se remarier avec lui en 1940.
Ce Journal, conclut Carlos Fuentes dans sa Préface du Journal de Frida Kahlo, est la tentative la plus extraordinaire de Frida de lier la souffrance de son corps à la gloire, à l'humour, à la fécondité et à l'extériorité du monde.

En 1942, l’artiste commence son journal où elle commente son enfance, sa jeunesse et sa vie. La même année, elle est élue membre du Seminario de Cultura Mexicana, organisation créée par le ministre des Affaires culturelles et composée de vingt-cinq artistes et intellectuels. Elle a pour mission d'encourager la diffusion de la culture mexicaine en organisant des expositions, des conférences et la publication d'ouvrages.

En 1943, Frida dirige une classe de peinture à l’académie des Beaux-Arts. Mais sa mauvaise santé l'oblige à enseigner chez elle. Des douleurs permanentes dans le pied droit et dans le dos l’empêchent de marcher correctement. Elle doit porter un corset de fer que l’on retrouve dans La Colonne brisée. En juin 1946, elle subit une opération de la colonne vertébrale qui lui laisse deux immenses cicatrices dans le bas du dos.

À la fin des années 1940, l’état de santé de Frida Kahlo s'aggrave et, en 1950, elle doit rentrer à l’hôpital ABC de Mexico. Elle y reste neuf mois. Sa nouvelle opération de la colonne vertébrale se complique d'une inflammation qui l'oblige à une troisième opération. Ce n'est qu'au bout de la sixième intervention sur un total de sept qu’elle peut se remettre à peindre, tout en restant couchée. Au printemps 1953, la photographe Lola Álvarez Bravo organise la première exposition monographique de Frida Kahlo au Mexique. Son médecin lui interdisant de se lever, c'est sur son lit d'hôpital qu'elle est transportée jusqu'à la galerie pour participer au vernissage.

Une fin difficile

En août 1953, on lui ampute la jambe droite jusqu’au genou à cause d'une gangrène. Cette opération apaise ses souffrances, mais la plonge dans une profonde dépression :

"On m’a amputé la jambe il y a six mois qui me paraissent une torture séculaire et quelques fois, j’ai presque perdu la tête. J’ai toujours envie de me suicider. Seul Diego m’en empêche, car je m’imagine que je pourrais lui manquer. Il me l’a dit, et je le crois. Mais jamais de toute ma vie je n’ai souffert davantage. J’attendrai encore un peu… "

Journal, février 1954

Affaiblie par une grave pneumonie, Frida Kahlo meurt dans la nuit du 13 juillet 1954, sept jours après son quarante-septième anniversaire, officiellement d'une embolie pulmonaire. Cependant, selon Hayden Herrera, les derniers mots de son journal J'espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir — Frida et son dernier dessin suggèrent qu'elle se serait suicidée ; il affirme d'ailleurs qu'une minorité de ses amis a cru que sa mort était due à une overdose de médicaments qui n'était peut-être pas accidentelle. Toutefois, en travers de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit : Viva la Vida Vive la Vie .

Elle est incinérée le 14 juillet, comme elle le désirait : elle avait expliqué qu'elle ne souhaitait pas être enterrée couchée, ayant trop souffert dans cette position au cours de ses nombreux séjours à l'hôpital. Ses cendres reposent dans la Casa azul à Coyoacán, sur son lit, dans une urne qui a la forme de son visage.

Hommages

Le nouveau billet de 500 pesos mexicains en circulation depuis le 30 août 2010 est à son effigie et à celle de Diego Rivera.
Le groupe de rock cuivré La jambe de Frida opta pour ce nom en son hommage. Leur premier album, sorti en 2013, s'appelle Magdalena.

Œuvres

Son œuvre comporte environ 250 tableaux, très souvent de petits formats, un certain nombre ayant été peints alors qu'elle était alitée. Elle a peint beaucoup d'autoportraits, témoignant souvent de sa souffrance physique et morale Hôpital Henry-Ford, 1932, Sans espoir, 1945, seule ou en compagnie d'animaux Autoportrait au collier d'épines et colibri 1940, Moi et mes perroquets 1941, parfois des portraits de famille. Ses toiles sont empreintes de culture mexicaine : tenue traditionnelle, bijoux locaux, portraits d'indigènes.

Date Titre
1925 Nature morte roses
1926 Autoportrait dans une robe violette
1927 Si Adelita… ou les chapeaux pointus
Portrait d'Adriana
Adelita, Pancho Villa et Frida
Portrait d'Alicia Galant
Portrait de Miquel N. Lira
1928 Portrait de Christina, ma sœur
Portrait d'Alejandro Gómez Arias
1929 Autoportrait – Le temps s'envole
Portrait de Virginia petite fille
Deux femmes
Le bus
Portrait de Lupe Marín
Portrait de Isolda Pinedo Kahlo
1930 Autoportrait
Portrait d'une femme en blanc
1931 Portrait d'Eva Frederick
Frieda et Diego Rivera
Display Window in a Street in Detroit
Portrait du Dr. Leo Eloesser
Portrait de Luther Burbank
Portrait de Mademoiselle Jean Wight
1932 Autoportrait à la frontière du Mexique et des États-Unis
L'Hôpital Henry Ford, huile sur métal, 30 × 38 cm
My Birth
1933 Ma robe s'accroche là
Autoportrait avec collier
1934 Autoportrait aux cheveux bouclés
1935 Quelques petites piqûres
1936 Mes grands-parents, mes parents et moi
1937 Portrait de Diego Rivera
Moi et ma poupée
Mémoire
Dimas décédé
Autoportrait dédié à Léon Trotsky
Fulang-Chang et moi
Mon infirmière et moi
1938 Autoportrait avec le chien Itzcuintli
Autoportrait avec deux oiseaux, huile sur aluminium, 59 × 37 cm
Autoportrait avec un singe
Autoportrait - L'armature
Ce que l'eau me donne, 38 × 30 cm
Fille au masque de mort
Les Fruits de la Terre
Ils ont demandé des avions mais ont obtenu des ailes de paille
Pitahayas
Quand je t'ai, la Vie, combien je t'aime
Quatre habitants de Mexico
Souvenir d'une blessure ouverte
Le Suicide de Dorothy Hale
1939 Deux nus dans la foret La Terre même
Les deux Fridas
1940 Autoportrait au collier d'épines et colibri
Autoportrait au singe
Autoportrait dédicacé au Docteur Eloesser
Le tableau blessé
Retablo
Le rève le lit
Autoportrait aux cheveux rasés
Autoportrait dédicacé à Sigmund Firestone
Date Titre
1941 Moi et mon perroquet
Autoportrait avec tresse
Autoportrait avec Bonito
Panier de fleurs
1942 Nature morte rond
Autoportrait avec singe et perroquet
1943 Racines
Penser à la mort
La jeune mariée effrayée d'avoir la vie devant-elle
Autoportrait avec des singes
Diego dans mes pensées
Portrait de Natasha Gelman
Fleur de la vie
1944 La Colonne brisée, huile sur masonite30
Diego et Frida 1929-1944
Portrait d'Alicia et Eduardo Safa
Portait de Doña Rosita Morillo
Portrait de l'ingénieur Eduardo Morillo Safa
Portrait de Lupita Morillo Safa
Portrait de Mariana Morillo Safa
Portrait de Marte R. Gómez
1945 Autoportrait avec singe
Moses
Sans espoir
Le masque
Autoportrait avec un petit singe
1946 L'arbre de l'espoir, rester fort
Paysage
Le cerf blessé
1947 Autoportrait aux cheveux lâchés
Le soleil et la vie
1948 Autoportrait
1949 Diego et moi
L'Étreinte de l'univers, de la terre, du Mexique, de Diego, de moi et de Señor Xolotl, huile sur toile31
1950 Portrait de la famille de Frida
1951 Nature morte avec perroquet et drapeau
Portrait de mon père
Nature morte avec perroquet et fruit
Noix de coco pleurantes
Noix de coco
Autoportrait avec le portrait du Docteur Farill
1952 Nature morte dédicacée à Samuel Fastlicht
Nature vivante
1953 Fruit de la vie
1954 Autoportrait avec Staline
Viva la Vida, pastèques
Fours de brique
Nature morte avec drapeau
Le marxisme redonnera la santé à la malade
Autoportrait avec un portrait de Diego sur le sein et de Maria entre les sourcils
Exploitation de l'image de Frida Kahlo
Symbole nationaliste
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Frida est devenue, de son vivant, un symbole du Mexique à l’étranger, car son originalité artistique, basée sur des éléments spécifiques et clairement identifiables de la culture mexicaine, correspondait à l'affirmation de l'identité mexicaine par le nationalisme qui s'est développé après la révolution de 1910

Postérité

La fille, la petite-fille et l'arrière-petite-fille de Cristina Kahlo, la sœur de Frida Kahlo, ont fondé en 2007 la compagnie Frida Kahlo Corporation qui gère les droits d'auteur hérités de Frida Kahlo et la promotion de l'image de l'artiste. Cette entreprise délivre des licences d'exploitation commerciale de la marque déposée Frida Kahlo au tarif de 2 à 5 pour cent du prix de vente.

Liens

http://youtu.be/4UFkAA1J70Q
http://youtu.be/b5c7Sp9iy4A Frida Kahlo une femme en rebellion (anglais)
http://youtu.be/G8IPH0i7fqU La maison bleue
http://youtu.be/GJK3XPax2Fg L'époque et la vie de Frida Kahlo
http://youtu.be/T9VyFBjEuIQ Musique frida Kahlo I
http://youtu.be/fZEi9pUfhlI musique de Frida Kahlo II
http://youtu.be/k2HW2IPerks Frida Kahlo 1
http://youtu.be/tHkB7VrIAEI 2
http://youtu.be/OfHA12n8EF0 3
http://youtu.be/AskMxAokuAo 4


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Posté le : 05/07/2014 23:26

Edité par Loriane sur 06-07-2014 14:24:48
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Guy de Maupassant 1
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Hors Ligne
Le 6 juillet 1893 à Paris, à 42 ans meurt Henry-René-Albert-Guy de

Maupassant


écrivain réaliste français mais aussi auteur de nouvelles et romans, naturaliste et fantastique, ses Œuvres principales sont ses romans : Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1888, Près de 300 contes et nouvelles, dont : Boule de suif en 1880, Le Horla en 1887, Le Rosier de madame Husson en 1887, La Parure en 1884, il est né le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques en Seine-Inférieure, il prendra aussi pour nom de plume : Joseph Prunier, Guy de Valmont, Chaudrons-du-diable, Maufrigneuse

Maître consacré de l'art de la nouvelle, Maupassant jouit d'une singulière fortune littéraire : s'il est considéré à l'étranger comme le conteur français par excellence, et, en même temps, comme le fondateur d'une école internationale – de Joseph Conrad à Isaac Babel, de nombreux écrivains se réclament de son exemple –, la France, pendant longtemps, ne l'a pas assez apprécié pour se reconnaître en lui, et lui découvre seulement depuis les années 1970 des qualités autres que celles d'un naturaliste écrivant à l'ombre de Flaubert et de Zola.
Écrivain fécond, disciple de Flaubert, Guy de Maupassant est l'auteur de contes, de nouvelles et de romans. Observateur privilégié de la paysannerie normande, de ses malices et de sa dureté, l’écrivain élargit son domaine à la société moderne tout entière, vue à travers la vie médiocre de la petite bourgeoisie des villes, mais aussi le vice qui triomphe dans les classes élevées. Le déclin de sa santé mentale, avant même l’âge de trente ans, le porte à s’intéresser aux thèmes de l'angoisse et de la folie.
Passant du réalisme au fantastique, Maupassant refuse les doctrines littéraires. Comptant parmi les écrivains majeurs du xixe siècle, il se rattache à une tradition classique de mesure et d’équilibre et s'exprime dans un style limpide, sobre et moderne.
Observations fines, pensées peu profondes, style clair et amène, composition bien équilibrée, telles sont les caractéristiques qu'une tradition séculaire attribue à son œuvre. Mais cette écriture, dont l'aisance voisine avec la facilité, est mue par un sentiment tragique qui n'est plus le mal du siècle, et cette production trop abondante pour que le reproche de la prolixité puisse lui être épargné témoigne, par son importance quantitative même, d'un changement historique : celui qui a écrit en une douzaine d'années plus de trois cents nouvelles où, malgré la richesse de l'invention romanesque, les personnages, victimes d'un même destin, semblent être interchangeables, signe la fin du grand courant individualiste du XIXe siècle. Avec Maupassant, c'est la série, désolante et tyrannique, qui apparaît dans la littérature française.
Il veut que le nom, légué par un père méprisé, devienne un autre, le sien, celui d'un écrivain célèbre ; il veut de l'argent, pour sortir de la pauvreté, puis pour le dépenser en plaisirs luxueux ; il veut gagner la faveur de toutes les femmes pour ne pas se marier ; il veut créer pour ne pas procréer. Il s'acharnera donc à écrire : en une douzaine d'années, quinze recueils de nouvelles, six romans, trois volumes de récits de voyage, deux pièces de théâtre et des centaines de chroniques. Tout cela au milieu d'une vie mondaine souvent tapageuse, au cours de voyages fréquents. Peut-être cette activité fiévreuse a-t-elle aussi pour cause le pressentiment d'une fin précoce : en janvier 1892, la puissante machine à vivre et à produire s'arrête, et, au terme d'une agonie de seize mois dans la maison de santé du Dr Blanche à Auteuil, Maupassant meurt de paralysie générale.

Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, Guy de Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, et surtout par ses nouvelles parfois intitulées contes comme Boule de suif en 1880, les Contes de la bécasse 1883 ou Le Horla 1887. Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s’en dégage le plus souvent, mais aussi par la maîtrise stylistique. La carrière littéraire de Maupassant se limite à une décennie — de 1880 à 1890 — avant qu’il ne sombre peu à peu dans la folie et ne meure peu avant ses quarante-trois ans. Reconnu de son vivant, il conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres.


Sa vie

Son père est un agent de change anobli d’origine lorraine ; sa mère, très cultivée et amie d'enfance de Flaubert – qui sera pour le jeune Guy comme un maître et deviendra son ami –, est issue de la bourgeoisie normande.
Le père de Maupassant, hobereau galant préférant la vie parisienne au paisible manoir normand, se sépare de sa femme en 1859. Resté à Étretat avec sa mère, le jeune Guy joue avec les petits paysans : son premier contact avec la nature est heureux et il ne l'oubliera jamais.
La famille Maupassant, venue de Lorraine, s’est installée en Seine-Inférieure, aujourd'hui Seine-Maritime au milieu du XIXe siècle. Le père de Guy, Gustave de Maupassant né Maupassant. Il a obtenu par décision du tribunal civil de Rouen, le 9 juillet 1846 le droit à la particule, homme volage, a épousé en 1846 Laure Le Poittevin, une demoiselle de la bonne bourgeoisie. Avec son frère Alfred, elle est l’amie de Gustave Flaubert, le fils d’un chirurgien de Rouen, qui devait exercer une certaine influence sur la vie de son fils. Elle fut une femme d’une culture littéraire peu commune, aimant beaucoup les classiques, particulièrement Shakespeare.
En 1854, la famille s’installe au château Blanc de Grainville-Ymauville, près du Havre. En 1856 naît Hervé, le frère cadet de Guy. En 1859, Gustave de Maupassant trouve un emploi à la banque Stolz à Paris, Guy est scolarisé au lycée impérial Napoléon lycée Henri-IV. Séparée de son mari volage en décembre 1860, Laure s'installe avec ses deux fils à Étretat elle survivra à ses deux fils, comme leur père.
Guy passe le reste de son enfance dans la maison Les Verguies, une grande bâtisse du XVIIIe siècle à Étretat - que Laure sur les conseils de son frère, Alfred Le Poittevin, a acquise avant son mariage - où, entre mer et campagne, il grandit dans l’amour de la nature et des sports en plein air ; il va pêcher avec les pêcheurs de la côte et parle patois avec les paysans. Il est profondément attaché à sa mère.

À treize ans, il est pensionnaire de l'Institution ecclésiastique d'Yvetot, selon le souhait de sa mère. C’est en ces lieux qu’il commence à versifier. De sa première éducation catholique, il conservera une hostilité marquée envers la religion ; il finira par se faire renvoyer. Il est alors inscrit au lycée de Rouen, où il se montre bon élève, s’adonnant à la poésie et participant beaucoup aux pièces de théâtre. À cette époque, il côtoie Louis Bouilhet et surtout Gustave Flaubert, dont il devient le disciple.
En 1868 en vacances à Étretat, il sauve de la noyade le poète anglais décadent Charles Algernon Swinburne qui l'invite à dîner en remerciement pour son courage. Il voit à cette occasion une main coupée il en tirera la nouvelle La Main d'écorché. Bachelier des lettres en 1869, il part étudier le droit à Paris sur le conseil de sa mère et de Flaubert. La guerre qui s'annonce va contrarier ces plans.
En 1870, il s’enrôle comme volontaire lors de la guerre franco-prussienne. Affecté d’abord dans les services d’intendance puis dans l’artillerie, il participe à la retraite des armées normandes devant l’avancée allemande.
Après la guerre, il paie un remplaçant pour achever à sa place son service militaire5 et quitte la Normandie pour s'installer durablement à Paris.

À Paris, Guy de Maupassant passe dix années comme commis d’abord au ministère de la Marine puis au ministère de l’Instruction publique où il est transféré en 1878 grâce à Flaubert ; il y restera jusqu'en 1882. Le soir, il travaille d'arrache-pied à ses travaux littéraires. En février 1875, il publie son premier conte, La Main écorchée, sous le pseudonyme de Joseph Prunier, dans L'Almanach lorrain de Pont-à-Mousson et Le Bulletin Français publie le 10 mars 1876, sous la signature de Guy de Valmont son conte En canot. En octobre 1876, à Catulle Mendès qui l'approche pour devenir franc-maçon, Maupassant répond :
" ... Je veux n'être jamais lié à aucun parti politique, quel qu'il soit, à aucune religion, à aucune secte, à aucune école ; ne jamais entrer dans aucune association professant certaines doctrines, ne m'incliner devant aucun dogme, devant aucune prime et aucun principe, et cela uniquement pour conserver le droit d'en dire du mal.. "
Fin janvier 1877, le romancier russe Tourgueniev le rencontre et le trouve tout décati. Le diagnostic tombe : syphilis.
Cette maladie — il en mourra — ne cessera d'empoisonner l'existence du jeune homme, même s'il s'en gausse alors :

" J'ai la vérole ! enfin la vraie, pas la misérable chaude-pisse, pas l'ecclésiastique christalline, pas les bourgeoises crêtes de coq, les légumineux choux-fleurs, non, non, la grande vérole, celle dont est mort François Ier. Et j'en suis fier, malheur, et je méprise par-dessus tout les bourgeois. Alléluia, j'ai la vérole, par conséquent, je n'ai plus peur de l'attraper ! ... "

Pendant huit ans, de 1872 à 1880, sa distraction fut le canotage sur la Seine, toujours en galante compagnie, le dimanche, et pendant les vacances. Il va à Bezons, Argenteuil, Sartrouville, Chatou, Bougival et le plus souvent se rend à l’auberge Poulin à Bezons, à la Maison Fournaise à Chatou et à La Grenouillère, un radeau-établissement de bains située face à Croissy-sur-Seine. En compagnie de ses amis, Tomahawk, Henri Brainne, Petit Bleu, Léon Fontaine, Hadji, Albert de Joinville, et La Tôque, Robert Pinchon, Maupassant forme une joyeuse confrérie, et emmène en promenade des filles dociles sur la yole achetée en commun et baptisée Feuille de rose. Lui se fait appeler « Maistre Joseph Prunier, canoteur ès eaux de Bezons et lieux circonvoisins »13. Une autre activité physique de Maupassant est la chasse : il ne manquera que rarement l'ouvertur, dosant la poudre de ses cartouches et sélectionnant ses chiens d'arrêt.
L'activité cynégétique de l'auteur est surtout présente dans l'imaginaire des contes, et les métaphores relatives au beau sexe tenant le rôle de gibier abondent.

Flaubert le prend sous sa protection et devient pour lui une sorte de mentor littéraire, guidant ses débuts dans le journalisme et la littérature. Le 31 mai 1877, dans l'atelier du peintre Becker, dans le VIe arrondissement, en présence de Flaubert, de Valtesse de La Bigne, de Suzanne Lagier - la princesse Mathilde voulait venir à tout prix, masquée... L'ermite de Croisset l'en dissuada - et d'Edmond de Goncourt, Maupassant et ses amis organisent une seconde représentation de la pièce À la feuille de rose, maison turque. Au mois d'août de la même année, le jeune Maupassant suit une cure à Loèche dans le Valais suisse : Flaubert à cette occasion rapporte à Tourgueniev :
" Aucune nouvelle des amis, sauf le jeune Guy. Il m'a écrit récemment qu'en trois jours il avait tiré dix-neuf coups ! C'est beau ! Mais j'ai peur qu'il ne finisse par s'en aller en sperme..."
Flaubert cependant ne craint pas de le rappeler à l'ordre, comme en témoigne cette lettre du 15 août 1878 :
" Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que cela. J'arrive à vous soupçonner d'être légèrement caleux. Trop de putains ! trop de canotage ! trop d'exercice ! oui, monsieur ! Le civilisé n'a pas tant besoin de locomotion que prétendent les médecins. Vous êtes né pour faire des vers, faites-en ! "Tout le reste est vain" à commencer par vos plaisirs et votre santé ; foutez-vous cela dans la boule". Chez Flaubert, outre Tourgueniev, il rencontre Émile Zola, ainsi que de nombreux écrivains appartenant aux écoles naturalistes et réalistes.
Il écrit beaucoup de vers et de courtes pièces. Il commence aussi à fournir des articles à plusieurs journaux importants comme Le Figaro, Gil Blas, Le Gaulois et L'Écho de Paris, puis consacre ses loisirs à l’écriture de romans et de nouvelles. Toujours encouragé par Flaubert, le vieil ami de sa famille, il publie en 1879 son premier livre, un fascicule d’une centaine de pages, Histoire du vieux temps. Celui-ci est représenté le 19 février 1879 chez Ballande, au Troisième Théâtre Français, sous la forme d'une comédie en un acte et en vers ; c'est un honnête succès20.

S'étant lié avec Zola, il participe en 1880 au recueil collectif des écrivains naturalistes Les Soirées de Médan avec sa première nouvelle, Boule de suif, qui remporte d'emblée un grand succès et que Flaubert qualifie de chef d'œuvre qui restera. Maupassant a décrit dans sa nouvelle l'Auberge du cygne à Tôtes, il y a également séjourné comme Flaubert qui y écrivit en partie Madame Bovary. La même année, la disparition subite de Flaubert, le 8 mai 1880, laisse le nouvel écrivain seul face à son destin C'est à l'auberge Poulin de Bezons que Guy de Maupassant apprend par un télégramme, la mort de son maître
À cette occasion, il écrit un peu plus tard :
"Ces coups-là nous meurtrissent l'esprit et y laissent une souffrance continue qui demeure en toutes nos pensées. Je sens en ce moment d'une façon aiguë l'inutilité de vivre, la stérilité de tout effort, la hideuse monotonie des évènements et des choses et cet isolement moral dans lequel nous vivons tous, mais dont je souffrais moins quand je pouvais causer avec lui".

Maupassant à la fin de sa vie.

La décennie de 1880 à 1890 est la période la plus féconde de la vie de Maupassant : il publie six romans, plus de trois cents nouvelles et quelques récits de voyage. Rendu célèbre par sa première nouvelle, il travaille méthodiquement, et produit annuellement deux et parfois quatre volumes. Le sens des affaires joint à son talent lui apporte la richesse.

En mai 1881, il publie son premier volume de nouvelles sous le titre de La Maison Tellier, qui atteint en deux ans sa douzième édition. Le 6 juillet 1881 il quitte Paris pour l'Afrique du Nord comme envoyé spécial du journal Le Gaulois, il a tout juste le temps d'écrire à sa maîtresse Gisèle d'Estoc :
"Je suis parti pour le Sahara !!! ... Ne m'en veuillez point ma belle amie de cette prompte résolution. Vous savez que je suis un vagabond et un désordonné. Dites-moi où adresser mes lettres et envoyez les vôtres à Alger poste restante. Tous mes baisers partout...".
Il revient à Paris vers la mi-septembre après un bref séjour en Corse. Engagé par contrat vis-à-vis du Gaulois, Maupassant se choisit un pseudonyme : Maufrigneuse, sous lequel il se permettra ses articles les plus polémiques. 1883, Maupassant termine son premier roman, qui lui aura coûté depuis 1877 six années : c'est Une vie, dont vingt-cinq mille exemplaires sont vendus en moins d’un an - l'ouvrage, vu sa tonalité, sera un premier temps censuré dans les gares, cependant l'interdiction sera vite levée Léon Tolstoï en personne, dira à propos de ce roman :
"C'est le plus grand chef-d'œuvre de la littérature française, après Les Misérables"
Avec les droits d’auteur de La Maison Tellier, Maupassant se fait construire sa maison, La Guillette, ou maison de Guy, à Étretat La maison est envahie chaque été par Maupassant et ses amis.
Le 27 février 1883 naît son premier enfant, Lucien, un garçon qu'il ne reconnaît pas, fils de Joséphine Litzelmann couturière modiste. Une fille naît l'année suivante, puis un troisième en 1887, non reconnus. En novembre 1883, sur les recommandations de son tailleur et afin de se libérer des obligations matérielles, Guy de Maupassant embauche à son service un valet, le belge François Tassart.
En 1884, il vit une liaison avec la comtesse Immanuela Potocka, une mondaine riche, belle et spirituelle.Cette comtesse italienne et polonaise était la fondatrice du diner des Macchabées ou morts d'amour pour elle. Le parfumeur Guerlain créa pour elle, le parfum Shaw's Caprice. En octobre de la même année, il achève l'écriture de Bel-Ami à la Guillette.
Dans ses romans, Guy de Maupassant concentre toutes ses observations dispersées dans ses nouvelles.
Son second roman, Bel-Ami, paru en 1885, connaît trente-sept tirages en quatre mois. Et si l'on ajoute à la littérature son sens bien normand des affaires, Maupassant dira en riant :
Bel-Ami c'est moi !. Ayant réglé les détails de la parution de Bel-Ami en feuilleton, Maupassant quitte Paris pour l'Italie, le 4 avril 1885 en compagnie de quelques amis : Paul Bourget, Henri Amic et les peintres Henri Gervex et Louis Legrand, tous ayant le point commun d'être Macchabées chez la comtesse Potocka.
À Rome dès le 23 mai, le Taureau normand presse son hôte, le comte Primoli, de le conduire dans une maison close à proximité du Palais Farnèse via di Tor di Nona. Des ouvrages marquants par le style, la description, la conception et la pénétration s’échappent de sa plume féconde. Cependant, à quoi songe t-il, ce 2 juillet 1885, longeant avec nostalgie, les berges de la Seine à Chatou, cinq ans après la mort de Flaubert... À l'auberge Fournaise, reconnu, on lui offre un copieux déjeuner, et rassasié, l'écrivain inscrit sur un mur, sous une gueule de chien peinte : Ami, prend garde à l'eau qui noie,/ Sois prudent, reste sur le bord,/ Fuis le vin qui donne l'ivresse;/ On souffre trop le lendemain./ Prend surtout garde à la caresse/ Des filles qu'on trouve en chemin.... Trois ans plus tard, Maupassant écrit ce que, d'aucuns considèrent comme le plus abouti de ses romans, Pierre et Jean, en 1887-1888.
Son aversion naturelle pour la société ainsi que sa santé fragile le portent vers la retraite, la solitude et la méditation.
Il voyage longuement en Algérie, en Italie, en Angleterre, en Bretagne, en Sicile, en Auvergne, et chaque voyage est pour lui synonyme de volumes nouveaux et de reportages pour la presse.
Il fait une croisière sur son yacht privé, nommé Bel-Ami, d’après son roman de 1885. Cette croisière, où il passe par Cannes, Agay et Saint-Tropez lui inspire Sur l'eau. Il y aura un Bel-Ami II. De ses voyages, il garde une préférence pour la Corse ; il place même le paysan corse au-dessus du paysan normand, car hospitalier.
Quoi qu'il en soit, cette vie fiévreuse, ce besoin d'espaces, et souvent pour oublier la maladie qui l'accapare, ne l’empêchent pas de nouer des amitiés parmi les célébrités littéraires de son temps : Alexandre Dumas fils lui voue une affection paternelle. Guy tombe également sous le charme de l’historien-philosophe Taine rencontré à Aix-les-Bains.

S'il reste ami avec Zola et Tourguéniev, en revanche l’amitié de Maupassant avec les Goncourt dure peu : sa franchise et son regard acéré sur la comédie humaine s’accommodent mal de l’ambiance de commérage, de scandale, de duplicité et de critique envieuse que les deux frères ont créée autour d’eux sous l’apparence d’un salon littéraire à la manière du XVIIIe siècle… La brouille avec les Goncourt commence à propos d'une souscription pour un monument à la gloire de Flaubert.

En 1887, récit de ses pérégrinations thermales en Auvergne, parait Mont-Oriol, roman sur le monde des affaires et les médecins, dans lequel Guy de Maupassant déploie ce qui était une science neuve à l'époque : la psychologie. De même est abordé un antisémitisme de salon, à travers le personnage de William Andermatt dans une œuvre teintée de pessismisme. En février 1887, Maupassant signe avec d'autres artistes la pétition publiée dans Le Temps contre l’érection … de l’inutile et monstrueuse Tour Eiffel.
Puis sollicité, il finance la construction d'un aéronef qui doit se nommer Le Horla. Le départ a lieu le 8 juillet 1887 à l'usine à gaz de La Villette jusqu'en Belgique à l'embouchure de l'Escaut à Heist - puis il voyage en Algérie et en Tunisie. En janvier 1888 Maupassant s'arrête à Marseille et achète le côtre de course Le Zingara, puis il rejoint Cannes à son bord. Bien qu'il soit loin de Paris, Edmond de Goncourt ressasse à son sujet.
La même année, son frère Hervé est interné une première fois; il retombe malade en fin d'année. L'écrivain jette alors ses dernières forces dans l'écriture.
En mars 1888, il entame la rédaction de Fort comme la mort qui sera publié en 1889. Le titre de l'œuvre est tiré du Cantique des cantiques : L’amour est fort comme la mort, et la jalousie est dure comme le sépulcre. Le soir du 6 mars 1889 Maupassant dine chez la princesse Mathilde. Il y croise le docteur Blanche ainsi qu'Edmond de Goncourt, leurs rapports restent distants. En août 1889, Hervé de Maupassant est de nouveau interné à l'asile de Lyon-Bron. Le 18 août 1889 à Étretat, cherchant à conjurer le sort, Guy donne une fête : Hermine Lecomte du Nouÿ et Blanche Roosevelt figurent parmi les invités qui se font tirer les cartes par une mauresque, puis après une pièce de théâtre, la fête s'achève par une bataille de lances à incendie.
Les derniers lampions s'éteignent. Le 20 août, l'écrivain et son valet se mettent en route. Le lendemain, Guy visite Hervé. Celui-ci meurt le 13 novembre 1889 à l'âge de trente-trois ans.
Durant les dernières années de Maupassant, se développent en lui un amour exagéré pour la solitude, un instinct de conservation maladif, une crainte constante de la mort, et une certaine paranoïa, dus à une probable prédisposition familiale, sa mère étant dépressive et son frère mort fou, mais surtout à la syphilis, contractée pendant ses jeunes années.
Maupassant se porte de plus en plus mal, son état physique et mental ne cesse de se dégrader, et ses nombreuses consultations et cures à Plombières-les-Bains, Aix-les-Bains ou Gérardmer n'y changent rien. En mai 1889, Guy de Maupassant commence ce qui restera comme son dernier roman publié : Notre cœur ; racontant les amours contrariés de Michèle de Burne et André Mariolle, cette peinture de mœurs mondaines sans dénouement est d'abord publiée dans la Revue des Deux-Mondes en mai et juin 1890, puis en volume ce même mois de juin chez Ollendorff et reçoit un accueil favorable. À la mi-juillet Maupassant se rend à Plombières-les-Bains sur les conseils de ses médecins, puis le 29 juillet fait une courte croisière à bord de Bel-Ami II.
Un mois plus tard en août 1890, Guy de Maupassant commence L'Âme étrangère, qu'il ne finira jamais. Le 23 novembre 1890 il se rend à Rouen pour l'inauguration du monument Flaubert, aux côtés d'Émile Zola, José-Maria de Heredia et Edmond de Goncourt ; le soir Goncourt note dans son Journal :
"... Je suis frappé, ce matin, de la mauvaise mine de Maupassant, du décharnement de sa figure, de son teint briqueté, du caractère marqué, ainsi qu'on dit au théâtre, qu'a pris sa personne, et même de la fixité maladive de son regard. Il ne semble pas destiné à faire de vieux os ". En 1891, il commence un roman, L'Angélus, qu'il n'achève pas non plus. Le 31 décembre, il envoie une lettre d'adieu au docteur Cazalis, ce sont ses dernières lignes :
"... Je suis absolument perdu. Je suis même à l'agonie. J'ai un ramollissement du cerveau venu des lavages que j'ai faits avec de l'eau salée dans mes fosses nasales. Il s'est produit dans le cerveau une fermentation de sel et toutes les nuits mon cerveau me coule par le nez et la bouche en une pâte gluante.
C'est la mort imminente et je suis fou ! Ma tête bat la campagne. Adieu ami vous ne me reverrez pas !...."

Dans la nuit du 1er janvier au 2 janvier 1892, il fait une tentative de suicide au pistolet son domestique, François Tassart, avait enlevé les vraies balles.
Il casse alors une vitre et tente de s’ouvrir la gorge. On l'interne à Paris le 8 janvier dans la clinique du docteur Émile Blanche, où il meurt de paralysie générale un mois avant son quarante-troisième anniversaire, après dix-huit mois d’inconscience presque totale, le 6 juillet 1893, à onze heures quarante-cinq du matin. Sur l’acte de décès figure la mention né à Sotteville, près d’Yvetot, ce qui ouvre la polémique sur son lieu de naissance.

Le 8 juillet 1893 les obsèques ont lieu à l'église Saint-Pierre-de-Chaillot à Paris. Il est enterré au cimetière du Sud à Paris 26e division. Émile Zola prononce l'oraison funèbre :

" ... Je ne veux pas dire que sa gloire avait besoin de cette fin tragique, d'un retentissement profond dans les intelligences, mais son souvenir, depuis qu'il a souffert de cette passion affreuse de la douleur et de la mort, a pris en nous je ne sais quelle majesté souverainement triste qui le hausse à la légende des martyrs de la pensée. En dehors de sa gloire d'écrivain, il restera comme un des hommes qui ont été les plus heureux et les plus malheureux de la terre, celui où nous sentons le mieux notre humanité espérer et se briser, le frère adoré, gâté, puis disparu au milieu des larmes... "

Quelques jours après l'enterrement, Émile Zola propose à la Société des gens de lettres d'élever un monument à sa mémoire. Le monument fut inauguré le 25 octobre 1897 au parc Monceau, Zola prononçant une courte allocution.

En 1891, Guy de Maupassant avait confié à José Maria de Heredia :
"Je suis entré dans la littérature comme un météore, j’en sortirai comme un coup de foudre."

Analyse de l'œuvre

Principes esthétiques

Maupassant a défini ses conceptions de l’art narratif en particulier dans la Préface de Pierre et Jean intitulée Le Roman en 1887-1888.

Pour lui, le romancier qui doit tout mettre en œuvre pour produire l’effet qu’il poursuit c’est-à-dire l’émotion de la simple réalité, et pour dégager l’enseignement artistique qu’il en veut tirer, c’est-à-dire la révélation de ce qu’est véritablement l’homme contemporain devant ses yeux, pour lui en effet les grands artistes sont ceux qui imposent à l’humanité leurs illusions particulières.

Rejetant le roman romantique et sa « vision déformée, surhumaine, poétique » comme le roman symboliste marqué par les excès du psychologisme et de l’écriture artiste, Maupassant adhère à l’idéal d’un roman objectif à la recherche du réalisme, mais conscient des limites de ce dernier. Pour lui, le réalisme est une vision personnelle du monde qu’il le romancier cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre et pour ce faire le romancier effectue, à partir de sa personnalité, un choix dans le réel.
C’est toujours nous que nous montrons , déclare-t-il comme il affirme que le roman est une composition artistique, un groupement adroit de petits faits constants d’où se dégagera le sens définitif de l’œuvre. Maupassant rejette donc également le naturalisme avec sa lourde documentation et avec son ambition démonstratrice d’un réalisme total à la Zola, mais il pratique un réalisme sans exclusive morale vis-à-vis de la réalité sordide comme lors de la mort de Forestier dans Bel-Ami ou la chienne en gésine au chapitre X dans Une vie.

Maupassant recherche la sobriété des faits et gestes plutôt que l’explication psychologique, car la psychologie doit être cachée dans le livre comme elle est cachée en réalité sous les faits dans l’existence . Cette sobriété s’applique aussi aux descriptions, rompant ainsi fortement avec l’écriture balzacienne. Ce goût pour la densité conduit d’ailleurs Maupassant à privilégier l’art de la nouvelle : il en écrit plus de trois cents et seulement cinq romans, en une décennie il est vrai.
Enfin Maupassant rendant hommage à Flaubert reprend la formule de Buffon selon laquelle le talent est une longue patience et revendique une langue claire, logique et nerveuse , opposée à l’écriture artiste des années 1880-1890 qu’illustrent par exemple les frères Goncourt.

Ils sont liés à la vie quotidienne de son époque et aux différentes expériences de la vie de l’auteur, et bien sûr se combinent les uns aux autres :
La Normandie, région natale de Maupassant, tient une place importante dans son œuvre avec ses paysages campagne, mer ou villes comme Rouen dans Une vie ou Le Havre dans Pierre et Jean et ses habitants, qu’ils soient paysans Aux champs – Toine…, hobereaux ou petits bourgeois Pierre et Jean. Elle ne constitue cependant pas un cadre spatial unique puisque Paris sert de toile de fond au grand roman Bel-Ami qui en montre différents quartiers socialement définis, en particulier pour les milieux mondains et affairistes qu’on retrouve ailleurs dans Fort comme la mort ou Mont Oriol. Le milieu des petits employés de bureau parisiens et des classes populaires est lui plutôt présent dans des nouvelles comme L’Héritage ou La Parure pour les premiers, Une partie de campagne ou Deux amis pour les secondes.
La guerre de 1870 et l’occupation allemande constitue un autre thème important, Maupassant se souvenant des événements vécus dix ou quinze ans plus tôt : Boule de suif, Mademoiselle Fifi, Deux amis, Le Père Milon, La Folle, etc.
Sur le plan humain, Maupassant s’attache particulièrement aux femmes, souvent victimes Jeanne dans Une vie, Histoire d'une fille de ferme, La Petite Roque, Miss Harriet, etc. avec une place notable faite à la figure de la prostituée (Boule de suif, Mademoiselle Fifi, La Maison Tellier, etc.. Le thème de la famille et de l’enfant lui est également cher avec souvent la question de la paternité (Pierre et Jean, Boitelle, Aux champs, L’Enfant , En famille, etc..
Son pessimisme : Dans Le Désespoir philosophique, Maupassant va plus loin encore que Flaubert qui, lui, gardait la foi dans son art. Disciple de Schopenhauer, le plus grand saccageur de rêves qui ait passé sur terre, il s'en prend à tout ce qui peut inspirer quelque confiance dans la vie. Il nie la Providence, considère Dieu comme « ignorant de ce qu'il fait , attaque la religion comme une duperie ; l'homme est une bête à peine supérieure aux autres ; le progrès n'est qu'une chimère. Le spectacle de la bêtise, loin de l'amuser, finira par lui faire horreur. Même l'amitié lui semblera une odieuse tromperie, puisque les hommes sont impénétrables les uns aux autres et voués à la solitude.
Parmi les autres axes majeurs de l’œuvre de Maupassant se trouvent la folie, la dépression et la paranoïa Le Horla, Lui ?, La Chevelure , Mademoiselle Hermet qui commence par ces mots révélateurs Les fous m’attirent et aussi la mort et la destruction Une vie, Bel-Ami , La Petite Roque, Fort comme la mort. L’orientation pessimiste de ces thèmes où l’amour heureux a peu de place trouve cependant parfois un contrepoint dans le thème de l’eau, que ce soit la mer Une vie , Pierre et Jean, les rivières Sur l’eau, Mouche, Une partie de Campagne ou les marais Amour.

La course à la production

Il veut que le nom, légué par un père méprisé, devienne un autre, le sien, celui d'un écrivain célèbre ; il veut de l'argent, pour sortir de la pauvreté, puis pour le dépenser en plaisirs luxueux ; il veut gagner la faveur de toutes les femmes pour ne pas se marier ; il veut créer pour ne pas procréer. Il s'acharnera donc à écrire : en une douzaine d'années, quinze recueils de nouvelles, six romans, trois volumes de récits de voyage, deux pièces de théâtre et des centaines de chroniques. Tout cela au milieu d'une vie mondaine souvent tapageuse, au cours de voyages fréquents. Peut-être cette activité fiévreuse a-t-elle aussi pour cause le pressentiment d'une fin précoce : en janvier 1892, la puissante machine à vivre et à produire s'arrête, et, au terme d'une agonie de seize mois dans la maison de santé du Dr Blanche à Auteuil, Maupassant meurt de paralysie générale.

L'œuvre est marquée par les conditions de sa genèse. Elle se compose, pour sa plus grande partie, de morceaux de courte haleine qui, se ressemblant tous, forment une suite où il est difficile de percevoir une évolution. L'expression ne change guère et, malgré la richesse des matériaux anecdotiques, ce sont les mêmes thèmes qui reviennent toujours : l'impossibilité de la communication entre les hommes, l'amour malheureux d'êtres épris d'idéal et d'autres, prisonniers de leurs sens ; la désagrégation de la famille, la guerre, la folie, la mort et la critique impitoyable d'une humanité égoïste, bornée et hypocrite.
Les milieux sont aussi presque toujours les mêmes : la campagne normande, habitée par des paysans et des hobereaux, et Paris où se côtoient, sans se connaître, de petits fonctionnaires, de grandes dames et des prostituées. Les personnages ne diffèrent que selon leur appartenance à une catégorie – riches, pauvres, nobles, bourgeois, paysans, mères de famille asexuées, femmes faciles, maris trompés, amants parasites... – et leurs tragédies banales ne suffisent pas pour les individualiser. Les récits s'accumulent ainsi en une série qui peut se prolonger à l'infini : la preuve en est le manque d'unité des recueils dont chacun contient la production des mois qui viennent de s'écouler.
Au cours des dernières années, surviennent, toutefois, de légers changements.
Le mépris s'efface devant une compréhension mélancolique, la critique sociale perd de son importance pour laisser plus de place aux drames intérieurs de personnages situés, de préférence, dans les milieux mondains, et, conséquence probable de ces modifications, le roman tend à évincer la nouvelle. Le premier roman de Maupassant, Une vie 1883, biographie d'une femme mal mariée, est conçu encore sous l'influence immédiate de l'auteur de Madame Bovary. Dans Bel-Ami 1885 1887, Pierre et Jean 1888, Fort comme la mort 1889, Notre Cœur 1890, ce sont des cœurs ravagés que le romancier étudie avec une minutie qui semble vouloir rivaliser avec le psychologisme de Bourget.
Ces déplacements d'accent ou d'intérêt ne sont, cependant, que des changements de manière. Le fond reste le même parce que, dans chacune de ses œuvres, Maupassant montre une des innombrables et peu différentes facettes d'un univers déterminé par une puissance unique qui – argent, amour ou nature – met fin à chaque histoire avec la même cruauté absolue et marque ainsi chacun du sceau d'un même désespoir. S'acharner à produire, c'est donc aussi vouloir accumuler des preuves contre un ennemi surhumain et gigantesque.

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Posté le : 05/07/2014 23:24
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Les contes du désespoir

Comme toute sa génération, marquée par l'expérience de la guerre et désenchantée par le spectacle d'une époque où le pouvoir financier se stabilise, Maupassant ne peut échapper au pessimisme. C'est ce sentiment qui le pousse, à ses débuts, vers les naturalistes – Boule de suif paraît dans Les Soirées de Médan –, mais, hostile à toute tendance, il voudra rester fidèle à l' esthétique d'observation de Flaubert, et s'obligera, au nom de cette fidélité, à ne militer en faveur d'aucun espoir.
Il est convaincu que l'espoir est un piège. C'est la thèse qu'il s'obstine à répéter dans ses récits fondés, pour la plupart, sur le même schéma : on espère se libérer, sortir d'un espace clos ou d'une situation étouffante, si ce n'est pour toujours, au moins pour un dimanche, puis, lorsqu'on croit respirer enfin, l'étau se resserre brutalement, et, si l'on n'en meurt pas, on sera ligoté par un engagement, étranglé de dettes, noyé dans le chagrin. D'un récit à l'autre, l'histoire varie : dans La Maison Tellier, des prostituées passent une journée à la campagne où elles sont traitées en grandes dames, mais le soir elles doivent retourner dans la maison close ; dans La Parure, la femme d'un petit fonctionnaire brille un soir au bal du ministère, elle y perd un collier de diamants emprunté pour cette occasion, et, pour le racheter, elle devra passer le reste de sa vie confinée dans la pauvreté... Mais c'est partout le même piège, symbolisé, si sa présence n'est pas explicitée dans l'anecdote, par des objets – eaux noires, tourbillons, trappes, trous, cordages, filets, colliers, bouts de ficelle, liens, lianes – qui renvoient à une clôture perfide. Les acteurs de cette farce sinistre sont nécessairement interchangeables parce qu'ils sont tous issus de la même espèce, d'une humanité qu'une fatalité universelle a condamnée à l'asphyxie ou à la strangulation.

Omniprésente dans l'œuvre de Maupassant, cette fatalité, qui supprime le statut d'individu, reste indéfinie : elle est incompréhensible comme le pouvoir de l'argent, et elle est impénétrable comme la puissance des pulsions qui agissent par des voies inconscientes. Car le pessimisme de Guy de Maupassant ne résulte pas seulement de l'observation d'une société où l'homme, ayant perdu toute prise sur une réalité économique qui n'est plus à sa mesure, doit se contenter de la satisfaction d'appétits momentanés ou d'une cupidité sordide. Si le désespoir dépasse ici le mal du siècle, c'est qu'il fait résonner aussi les angoisses d'une personnalité prépsychotique la prédisposition à la psychose et la syphilis semblent s'entraider chez Maupassant pour le conduire à la paralysie générale. D'où ce fantasme du piège terrifiant, qui accuse une fixation à une période précoce de l'édification de la personnalité, où prédomine l'attachement à une figure maternelle archaïque – Maupassant l'appellera la femme sans tête – dont la matrice toute-puissante ne laisse sortir ses créatures que pour les reprendre dans sa clôture meurtrière. Personne n'échappe, parce que nous sommes tous enfants de cette mère-nature, tous, comme elle, sans identité, et tous, par elle, voués au même destin. C'est elle qui commande, de concert avec le grand capital, également sans visage, la production en série.
Irrationnelle par définition, cette fatalité sera, cependant, rationalisée par un écrivain qui se veut réaliste. Elle apparaît comme inhérente à un réel inconnaissable pour nos sens entrouverts et cadenassés – chez Maupassant, les idées de Schopenhauer renforcent les doutes empiristes –, et, sur le plan idéologique, comme la conséquence des incertitudes relativistes, de la pluralité des systèmes de valeurs, caractéristiques d'une société en voie de désagrégation. Elle devient de la sorte la source d'une pensée agnostique, et ouvre le domaine intellectuel au désespoir qui, envahissant le récit à tous ses niveaux, en déterminera aussi les cadres formels.

L'art de la nouvelle comme remède au désespoir et la série comme substitut de synthèse

La grande thèse de l'œuvre de Maupassant – l'espoir est un piège – se double d'une thèse intellectuelle – la logique est un piège – dont la démonstration exigera des récits comparables à des traités de désespoir raisonné. Au centre de chacun se trouve une contradiction – entre intention et résultat Le Rosier de Madame Husson, Yvette, morale idéale et morale courante, L'Héritage, Les Bijoux, volonté et instincts, La Petite Roque, Le Horla, etc. –, autrement dit une structure logique qui, tout en accusant la fragilité des rapports de cause à effet, garantit, par sa symétrie, la solidité de la composition. Le genre que cette structure appelle est la nouvelle, non seulement parce que la logique y joue un rôle important, mais aussi parce que ce sont des rapports à deux termes – dont la contradiction – qui la fondent en tant que genre défini par son unité. Afin que l'effondrement de la logique apparaisse comme inévitable, la contradiction doit être poussée à l'absurde, d'où l'importance, dans la nouvelle de Maupassant, de la pointe, de l'effet de surprise provoqué par la confrontation de deux vérités qui s'annulent.
Argument majeur du pessimisme intellectuel, cette absurdité, cependant, se révèle être un remède contre le désespoir. Elle s'accompagne souvent d'un humour sceptique : Il faut se hâter de rire des choses pour n'être pas forcé d'en pleurer; et, surtout, comme elle est liée à un cas d'espèce, elle permet de réintroduire l'élément individuel dans un système de catégories générales, et de ressusciter ainsi l'individu, ne serait-ce que pour la durée d'une nouvelle. Celle-ci, genre d'élection du doute, a, elle aussi, paradoxalement un effet rassurant : la rigueur de sa composition devient un moyen de maîtriser les désordres monstrueux causés par la fatalité aveugle qui gouverne l'univers de Maupassant et son unité, fondée sur la conscience des limites, s'oppose à la démesure de cette fatalité omniprésente.
Produire des nouvelles en série infinie équivaut donc à triompher, pour un instant, répété, du mal intérieur et du malheur universel. Éphémères victoires qui resteront cependant inscrites dans l'histoire littéraire : Maupassant a créé, par la production en série, un substitut de synthèse dans lequel se reconnaissent les époques qui ne peuvent se donner qu'une unité artificielle, celle de fragments juxtaposés, celle de phénomènes accumulés.
Registres dominants

Mademoiselle Fifi 1882

Le registre réaliste est constant avec le choix des détails de la vie quotidienne, le comportement des personnages et les effets de langue pittoresque, mais le registre fantastique marque fortement certaines œuvres lorsque l’irréel est présenté comme un réel possible en exploitant souvent le thème de la folie La Chevelure, La Tombe, Le Horla….
Parallèlement le registre dramatique l’emporte souvent avec la présence de la menace la folie dans Le Horla, les angoisses devant la mort de Bel-Ami…ou de la disparition le viol et l’assassinat de la petite Roque, la séparation dans Boitelle, morts accumulées dans Une vie, suicide de Miss Harriet…. Ce regard pessimiste et angoissé sur les hommes et sur la vie, comme une vision souvent noire des rapports sociaux et personnels, permet même de parler de registre tragique dans certains cas comme La Folle ou Le Père Amable.
Néanmoins le registre comique n’est pas absent même s’il est souvent grinçant. Il concerne aussi bien le comique de mots de gestes que de caractères avec les caricatures paysannes La ficelle, La Bête à Maît’ Belhomme ou le personnage du mari trompé et ignorant sa situation dans Pierre et Jean, et en atteignant aussi au comique de mœurs à propos du monde des employés L’Héritage ou des arrivistes bourgeois comme dans Bel-Ami où se confondent par exemple jeux amoureux et trafics financiers.
L’association de ces différents registres donne une coloration repérable à l’œuvre de Maupassant qu’accroît encore un style propre marqué par la densité que reflète la place prépondérante des nouvelles dans la production de l’auteur.

Procédés stylistiques et narratifs

Pierre et Jean

L’art de Maupassant est fait d’équilibre entre le récit des péripéties, les descriptions limitées et fonctionnelles, et le jeu entre discours direct / discours indirect / discours indirect libre. Il est aussi marqué par l’utilisation de phrases plutôt courtes avec une ponctuation expressive et de paragraphes eux aussi plutôt courts, voire très courts, qui donnent une mise en page aérée. La langue, quant à elle, est soutenue dans le récit et dynamique dans le discours direct, recherchant même le pittoresque en transcrivant les paroles des personnages populaires. Illustration – extrait au dialogue abrégé de Pierre et Jean :

« Alors il s’étendit tout habillé sur son lit et rêvassa jusqu’au jour.
Vers neuf heures il sortit pour s’assurer si l’exécution de son projet était possible. Puis, après quelques démarches et quelques visites, il se rendit à la maison de ses parents. Sa mère l’attendait enfermée dans sa chambre. …
La voix de la bonne sortit des profondeurs du sous-sol :
— V’la, M’sieu, qué qui faut ?
— Où est Madame ?
— Madame est en haut avec M’sieu Jean ! ...
— Tiens, te voilà, toi ! Tu t’embêtes déjà dans ton logis.
— Non, père, mais j’avais à causer avec maman ce matin.
Jean s’avança, la main ouverte, et quand il sentit se refermer sur ses doigts l’étreinte paternelle du vieillard, une émotion bizarre et imprévue le crispa, l’émotion des séparations et des adieux sans espoir de retour.

En ce qui concerne l’organisation du récit, Maupassant utilise le plus souvent une narration linéaire avec éventuellement quelques retours en arrière explicatifs limités dans Bel-Ami par exemple.

Si les romans sont classiquement à la troisième personne avec un point de vue omniscient dominant, les nouvelles présentent une grande diversité narrative qui joue avec les différentes focalisations et les différents narrateurs. On peut repérer en effet des récits à la troisième personne destinés directement au lecteur (Une partie de campagne, Aux champs, Deux amis, Mademoiselle Fifi, Boule de suif) et des récits à la première personne dans lesquels le narrateur, témoin, acteur principal ou secondaire, raconte un souvenir présenté comme personnel Un réveillon – Mon oncle Sosthène, Qui sait ?. Il peut aussi s’adresser à un auditoire collectif ou individualisé et raconter un événement de sa vie Conte de Noël, Apparition , La Main, ce qui justifie l’appellation de conte parfois utilisée par Maupassant, comme pour les récits à la première personne enchâssés dans un récit plus vaste où un personnage raconte au narrateur principal souvent quasi implicite ou en prenant la parole devant un auditoire, une histoire qui lui a été racontée précédemment La Rempailleuse ou à laquelle il a pris part la Main, La Petite Roque ; ce récit se présentant parfois sous l’aspect d’un manuscrit La Chevelure ou d’une lettre Lui ?.

Ainsi la richesse des thèmes abordés, la vision personnelle du monde qui s’en dégage et la maîtrise de l’art d’écrire placent Guy de Maupassant aux premiers rangs des prosateurs du XIXe siècle ; il demeure en particulier le plus marquant des auteurs de nouvelles de la littérature française.

Œuvre

Maupassant a publié certains textes sous pseudonymes :

Joseph Prunier, pour son premier conte, La Main d’écorché en 1875 ;
Guy de Valmont pour Gustave Flaubert en 1876. Il utilisa ce pseudonyme jusqu’en 1878 ;
Chaudrons-du-diable, qu'il utilisa pour signer en 1880 la chronique Étretat dans la revue Gil Blas du 20 août 1880.
Maufrigneuse, qu’il utilisa de 1881 à 1885 pour signer ses chroniques ou nouvelles dans Gil Blas, étant sous contrat avec la revue Le Gaulois. Le choix de ce pseudonyme vient du personnage de Diane de Maufrigneuse, dans La Comédie humaine de Balzac.
Romans
Une vie 1883
Bel-Ami 1885
Pierre et Jean 1887
Mont-Oriol 1887
Fort comme la mort 1889
Notre cœur 1890
Nouvelles et contes
Maupassant a écrit chaque semaine pendant presque dix ans dans les journaux Le Gaulois et Gil Blas ; on peut donc estimer le nombre de chroniques, nouvelles ou contes à près de mille

Liste des nouvelles de Guy de Maupassant.

Recueils de nouvelles
La Maison Tellier 1881
Mademoiselle Fifi 1882
Contes de la bécasse 1883
Clair de lune 1883
Miss Harriet 1884
Les Sœurs Rondoli 1884
Yvette 1884
Contes du jour et de la nuit 1885
Toine 1885
Monsieur Parent 1886
La Petite Roque 1886
Le Horla 1887
Le Rosier de Mme Husson 1888
La Main gauche 1889
L'Inutile Beauté 1890

Posthumes

Le Père Milon 1899
Le Colporteur 1900
Les éditions Lucien Souny ont édité en 2008 un recueil de nouvelles, Coquineries, dans lequel se trouvent quelques textes inédits provenant des collections d'une université américaine, de Claude Seignolle et d'un amateur anonyme.

Théâtre

Jean Béraud, Les Grands Boulevards : Le Théâtre des Variétés années 1880-
Histoire du vieux temps 1879
Une répétition 1880
Musotte 1891
La Paix du ménage 1893
À la feuille de rose, maison turque, comédie représentée en 1875

Poèmes

Des vers 1880
Des vers et autres poèmes, Publication Univ Rouen Havre,‎ 2001, 474 p.
Récits de voyage
Au soleil 1884
Sur l’eau 1888
La Vie errante 1890
Fragments de voyages, Arvensa éditions,‎ 2014, 900 p.

Éditions


Œuvres complètes, éd. Ollendorff, 1898-1904 ;
Œuvres complètes, 29 vol., éd. Conard de 1907-1910 ;
Œuvres complètes, 15 vol., Librairie de France, 1934-1938 ;
Contes et nouvelles, 2 vol., textes présentés, corrigés, classés et augmentés de pages inédites par Albert-Marie Schmidt, avec la collaboration de Gérard Delaisement, Albin-Michel, 1964-1967 ;
Maupassant, contes et nouvelles, 2 vol., texte établi et annoté par Louis Forestier, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 1974 et 1979.
Maupassant, romans, 1 vol., texte établi et annoté par Louis Forestier, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 1987.
Chroniques, Paris, UGE, 10/18, 1980 ; rééd. 1993, 3 vol. ;
Choses et Autres, Paris, Le Livre de Poche, Garnier-Flammarion, 1993 ;
Chroniques, éd. Henri Mitterand, Paris, La Pochothèque, 2008 ;
Guy de Maupassant, Théâtre, texte présenté, établi et annoté par Noëlle Benhamou, Paris, Éditions du Sandre, janvier 2012, 506 p. ;
Mes voyages en Algérie, éd. Lumières libres, Aït Saâda Kabylie, 2012
recueil des textes de Maupassant publiés dans Le Gaulois.

Adaptations

Maupassant est l’un des romanciers français les plus adaptés dans le monde, aussi bien au cinéma qu’à la télévision.

Depuis The Son’s Return, réalisé en 1909 par D. W. Griffith avec Mary Pickford, jusqu’à la série de huit téléfilms intitulée Chez Maupassant et diffusée sur France 2 en 2007, on compte ainsi plus de 130 adaptations des œuvres de l’écrivain pour le petit comme pour le grand écran.
On peut notamment citer :

À la feuille de rose, maison turque adapté pour la télévision par Michel Boisrond 1986 ;
Aux champs adapté pour la télévision par Hervé Baslé pour la série L’Ami Maupassant 1986 ;
Bel-Ami, adapté par Augusto Genina (1919), Albert Lewin (1947), Louis Daquin (1957), Helmut Käutner 1968, John Davies 1971
Berthe adapté pour la télévision par Claude Santelli pour la série L’Ami Maupassant (1986) ;
Boule de suif (parfois assimilé à Mademoiselle Fifi), adapté par Henry King (1928), Mikaël Rohm (1934), Kenji Mizoguchi (1935), Willy Forst (1938), John Ford (sous le titre Stage Coach en 1939), Norman Foster (sous le titre La Fuga en 1944), Robert Wise (sous le titre Mademoiselle Fifi en 1944), Christian-Jaque (1945) et Shiling Zhu (1951) ;
Ce cochon de Morin adapté par Viktor Tourjansky (1924), Georges Lacombe (1932) et Jean Boyer (sous le titre La Terreur des Dames en 1956) ;
Le Horla adapté par Jean-Daniel Pollet (1969]66
L’Enfant adapté pour la télévision par Claude Santelli pour la série L’Ami Maupassant (1986) ;
La Femme de Paul et Le Signe adaptés par Jean-Luc Godard (sous le titre Masculin-Féminin en 1966 ;
Hautot père et fils adapté pour la télévision par Jacques Tréfouel pour la série L’Ami Maupassant (1986) et pour l’anthologie Chez Maupassant (2007) ;
L’Héritage adapté pour la télévision par Alain Dhenault pour la série L’Ami Maupassant(1986) et par Laurent Heynemann pour l’anthologie Chez Maupassant (2007);
Madame Baptiste adapté par Claude Santelli (1974) ;
La Maison Tellier, Le Masque, Le Modèle adaptés par Max Ophüls (sous le titre Le Plaisir en 1952) ;
Mont Oriol adapté par Claudio Fino (1958) et Serge Moati (1980) ;
L’Ordonnance adapté par Viktor Tourjansky (en 1921 et 1933) ;
La Parure adapté par D. W. Griffith (1909), Denison Clift (1921), Claudine Cerf et Jacqueline Margueritte (1993) et Claude Chabrol pour l’anthologie Chez Maupassant (2007) ;
Le Parapluie adapté par Claudine Cerf et Jacqueline Margueritte (1989) ;
Le Père Amable adapté pour la télévision par Claude Santelli (1975) et Olivier Schatzky pour l’anthologie Chez Maupassant (2007) ;
La Petite Roque adapté pour la télévision par Claude Santelli pour la série L’Ami Maupassant (1986) ;
Pierre et Jean adapté par Donatien (1924), André Cayatte (1943), Luis Buñuel (sous le titre Una Mujer sin amor en 1952) et pour la télévision Michel Favart (1973) et Daniel Janneau (2004) ;
Le Port adapté par Arcady Boytler (sous le titre La Mujer del Puerto en 1934 et Claude Santelli 1974 ;
Qui sait ? adapté par Claudine Cerf et Jacqueline Margueritte 1987 ;
Le Rosier de Madame Husson adapté par Bernard-Deschamp 1933, Jean Boyer 1950 et pour l’anthologie Chez Maupassant 2008 ;
Le Signe (adapté sous le titre Une femme coquette en 1955 ;
Toine adapté par René Gaveau 1932, Edmond Séchan 1980 et Jacques Santamaria pour l’anthologie Chez Maupassant 2007 ;
Une partie de campagne adapté par Jean Renoir 1936 ;
Une vie adapté par Alexandre Astruc 1958 et pour la télévision par Élisabeth Rappeneau 2005 ;
Yvette adapté par Alberto Cavalcanti 1928, Wolgang Liebenner 1968 et pour la télévision par Jean-Pierre Marchand 1971.
Note : Pour plus de renseignements

Il existe aussi des adaptations en bandes dessinées telles que :
The Diamond Pendant, adaptation de la nouvelle La Parure par Graham Ingels publiée dans le premier numéro d'Impact, édité par EC Comics en mars 1955.

Bel-ami, livre de Guy de Maupassant

Publié chez Havard en 1885 après avoir paru quelques mois plus tôt en feuilleton dans la revue Gil Blas, Bel-Ami est le deuxième des six romans de Guy de Maupassant 1850-1893. Le premier, Une vie 1883, était le récit d'un lente et inexorable déchéance ; Bel-Ami est celui d'une réussite fulgurante. Mais quelle réussite ! Celle d'un aventurier affamé d'argent, corrompu à l'image de la société qu'il sert et dont il se sert. Si le livre fut un succès public, la presse l'accueillit plutôt froidement – il est vrai que la cible principale en était précisément le milieu journalistique –, reprochant sa noirceur excessive à ce roman peuplé de crapules et hanté par la mort.

Naissance d'un arriviste

Georges Duroy, jeune provincial d'origine modeste, ancien sous-officier des hussards monté à Paris pour y chercher fortune, erre sur les grands boulevards, avec trois francs quarante en poche. Il rencontre Charles Forestier, un ancien camarade de régiment, rédacteur à La Vie française, le journal du banquier Walter. Présenté à celui-ci, Duroy reçoit la commande de plusieurs articles, que lui rédige Madeleine Forestier, la femme de son ami. Grâce à la protection du couple, et à son pouvoir de séduction sur les femmes, le jeune homme fait rapidement carrière. Entretenu un temps par Mme de Marelle, sa maîtresse, conseillé par Madeleine, qu'il tente en vain de séduire, introduit par Mme Walter, que flattent ses avances, Bel-Ami, ainsi que l'a surnommé Laurine, la fille de Mme de Marelle, ne tarde pas à gravir les échelons au journal, où il obtient la place de chef des échos.
À la mort de Forestier, Duroy, devenu le baron Du Roy de Cantel, épouse Madeleine, avec qui il conclut un pacte d'alliance, ce qui ne l'empêche pas de lui extorquer la moitié d'un héritage. Grâce aux indiscrétions de Mme Walter, il gagne une somme considérable à la Bourse. Mais c'est la fortune de son patron qu'il vise désormais. Après avoir contraint Madeleine au divorce, il séduit Suzanne, la plus jeune fille du banquier, qu'il enlève, et finit par obtenir de force le consentement de son père. Le mariage triomphal, qui clôt le roman, laisse présager une brillante carrière politique.
Linéaire, le récit n'en révèle pas moins une structure signifiante forte. Dans une première partie, Duroy fait son apprentissage, et découvre la sordide réalité de la haute société parisienne. La seconde période s'ouvre après la mort de Forestier : au constat passif et aux entreprises désordonnées, succèdent l'ambition active et la stratégie réfléchie. Quelles qu'aient pu être les dispositions naturelles du héros, c'est donc bien la prise de conscience de la corruption des milieux journalistiques, politiques et financiers qui a transformé le petit provincial ignorant, mais séduisant et opportuniste, en un arriviste forcené, machiavélique et sans scrupules.

La mort seule est certaine

Les thèmes traités dans Bel-Ami ne sont pas nouveaux. Le monde de la presse, par exemple, avait déjà été épinglé par Balzac Illusions perdues, 1837-1843 ; Splendeurs et misères des courtisanes, 1838-1847, Flaubert L'Éducation sentimentale, 1869 ou encore Zola La Curée, 1872 ; Nana, 1880. Et, dans Le Père Goriot 1835 Vautrin conseillait à Rastignac de réussir par les femmes : Une jeune femme ne refuse pas sa bourse à celui qui lui prend le cœur. Mais précisément, Georges Duroy n'est pas Rastignac. Le héros de Balzac, encore empreint de romantisme, conservait jusqu'au bout un reste de pureté, et son fameux défi final lancé à la société parisienne pouvait s'entendre comme l'annonce d'une vengeance sinon morale du moins légitime. Rien de cela chez Duroy, qui se voue corps et âme, et sans arrière-pensée, à une ambition personnelle illimitée. Quoique assez éloigné du Zola de Germinal, paru la même année, et par le style – froid et précis, sans souffle ni pathos –, et par le milieu évoqué les hautes sphères , Maupassant s'inscrit bien ici dans le courant naturaliste : il s'agit de démonter les rouages de la mécanique sociale, de montrer l'envers du décor, sans craindre de se salir les mains.
L'ambition du roman ne se limite pas cependant à cette observation clinique. S'y ajoute une dimension à la fois métaphysique et morale. Car si la marche triomphale de Bel-Ami nous paraît tellement sinistre, c'est que, comme dans un tableau de vanité du XVIIe siècle, la mort ne cesse de rôder, au cœur même du plaisir et de la réussite. Le thème du double, récurrent dans l'œuvre de Maupassant Le Horla, 1887, illustre entre autres cette obsession : à la disparition de son ami Forestier, Duroy prend littéralement sa place, auprès de sa femme, dans sa maison et jusque dans ses vêtements. Hallucinations morbides, reflets troublants dans les miroirs, visions spectrales..., le personnage ne cesse de repousser les signes annonciateurs de sa propre fin. Là est sans doute le sens profond du roman, tel qu'il est délivré par le vieux poète Norbert de Varenne : "Il arrive un jour, voyez-vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c'est fini de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu'on regarde c'est la mort qu'on aperçoit. "

Contes de la Bécasse, livre de Guy de Maupassant

Les Contes de la bécasse 1883 sont le troisième recueil de nouvelles de Guy de Maupassant 1850-1893, succédant à La Maison Tellier 1881 et Mademoiselle Fifi 1882. Alors âgé de trente-trois ans, Maupassant est un auteur célébré, dont les nouvelles paraissent régulièrement dans les journaux. À l'exception de deux contes Saint Antoine et L'Aventure de Walter Schnaffs, écrits et ajoutés in extremis afin de grossir le volume), les quinze autres ont tous déjà paru, du 19 avril 1882 au 11 avril 1883, dans des quotidiens, Le Gaulois et le Gil Blas. Un contrat est signé avec les éditeurs Rouveyre et Blond en 1883 – la même année où l'éditeur Havard met sous presse le roman Une vie, paru lui aussi déjà en feuilleton dans le Gil Blas. Pour Maupassant, il s'agit tout d'abord d'une opération commerciale. C'est d'ailleurs lui-même qui dresse la liste des personnes auxquelles il faut envoyer les Contes de la bécasse – chaque conte étant dédicacé à une personnalité différente l'écrivain Joris-Karl Huysmans, le critique Paul Bourget.... Est-ce à cause du titre lui-même, qui, contrairement aux précédents volumes, ne reprend pas directement celui d'une nouvelle ? Est-ce le prière d'insérer qu'il écrit de sa main, précisant notamment :
"Ce qui distingue particulièrement ce dernier ouvrage de l'auteur de La Maison Tellier et d'Une vie, c'est la gaieté, l'ironie amusante "? Toujours est-il que l'accueil de la critique n'est guère enthousiaste deux articles dans Le Gaulois et dans Le Siècle, puis un autre, mitigé, de Jules Lemaître dans La Revue bleue, en novembre 1884. Le public, lui, ne s'y trompe pas, qui fait un vrai succès au livre : on compte sept réimpressions dès la première année. En 1887, Rouveyre et Blond ayant fait faillite, Havard réédite les Contes de la bécasse. Le titre lui déplaisant, il voulut le changer. Maupassant s'y opposa :
"C'est une supercherie peu digne qui sent la réclame de mauvais aloi."

Traquer les mesquineries et les ridicules

A priori, l'œuvre peut sembler n'être qu'un assemblage sans cohérence de textes. De chasse, il est peu question. On songe pourtant aux Mémoires d'un chasseur de Tourguéniev que Maupassant connaissait et admirait. Surtout, le récit liminaire met en scène un vieux chasseur auquel ses amis viennent raconter différentes histoires. La Normandie – pays de Caux et pays d'Auge – en constituera le cadre essentiel. Ainsi, d'un récit à l'autre, une ligne se dessine. Celle des peurs et des obsessions de Maupassant – angoisses de la mort et de la folie, de la sexualité et d'un monde âpre, dur, difficile aux humbles, à ceux qui méritent compassion ou pitié même lorsqu'ils se révèlent insupportables ou ridicules. C'est vrai pour ce pauvre « cochon de Morin » dont l'existence sera brisée parce qu'il a cru, stupidement, au sourire d'une jeune fille moins innocente qu'elle ne le paraît. En le menaçant d'un procès, elle le perdra aux yeux de tous, lui retirant toute considération et dignité au point que le pauvre homme en décédera bientôt : Je retournai chez Morin. Je le trouvai dans son lit, malade d'émotion et de chagrin. Sa femme, une grande gaillarde osseuse et barbue, le maltraitant sans repos. Elle m'introduisit dans la chambre en me criant par la figure : „Vous venez voir ce cochon de Morin ? Tenez, le voilà, le coco !“ C'est vrai pour le maître de ballet suranné d'un Menuet que l'on ne danse plus depuis que les rois ne sont plus. C'est vrai, encore, de la brave fille des Sabots, vendue comme servante par des parents avides d'argent qui, lorsqu'elle est enceinte de son maître, n'ont en tête que les profits attendus d'un mariage obligé.

Une écriture de la cruauté

Sans doute la trivialité et la paillardise sont-elles de mise avec Farce normande. Mais le rire est souvent tragique. Il est celui de la grimace, celui – comme le note Louis Forestier, du Hugo dans L'Homme qui rit. Le regard est aigu, sans complaisance. D'une cruauté – qui signifie plus douleur que méchanceté – dérivant parfois vers la folie comme en témoignent les images terribles de Pierrot un chien qui jappe jeté dans son puits ou de La Peur– un vieil homme hanté par le spectre du braconnier qu'il a tué jadis. Des images, encore, nées de l'horreur de la guerre et du traumatisme de l'invasion prussienne en 1870, comme le suggèrent La Folle, abandonnée en pleine forêt par la soldatesque ennemie où elle se laisse dévorer par les loups, ou l'Antoine halluciné de Saint Antoine contraint de tuer deux fois un soldat allemand, cadavre resurgi du fumier...

De là à dire que les critiques du temps n'aient pas su lire les Contes de la bécasse, il y a un pas que l'on ne peut que franchir. C'est que Maupassant, digne héritier de Flaubert, cultive un style direct, âpre, parfois vulgaire, mais toujours d'une précision extrême, recherchant inlassablement le mot, l'adjectif justes un travail d'écriture qu'ignorera la critique, en l'accusant d'effets et de grivoiserie. À un tournant de son œuvre, Maupassant prend une voie qui le conduira, miné par la maladie et la drogue, jusqu'au Horla, puis à la mort, à quarante-trois ans tout juste. Dès lors, ce qui peut n'apparaître que recueil d'anecdotes se révèle beaucoup plus : un regard sur le monde et la vie qui inscrit Maupassant, comme le rappelle Hubert Juin, dans le cercle des poètes maudits.

Pierre et Jean, livre de Guy de Maupassant

Pierre et Jean, quatrième roman de Guy de Maupassant 1850-1893, a été publié en trois fois dans la Nouvelle Revue, entre le 1er décembre 1887 et le 1er janvier 1888, avant de paraître en volume chez Ollendorf, qui venait d'éditer Le Horla. Trop souvent occulté par le célèbre texte théorique intitulé Le Roman qui le précède sans en constituer à proprement parler la Préface, ce bref récit – longue nouvelle ou petit roman , comme le qualifiait lui-même l'auteur – constitue cependant, sur le plan formel comme dans le traitement de thèmes obsédants et la vision du monde qu'il suppose, l'une des œuvres les plus fortes de Maupassant.

Enquête sur un secret de famille

Monsieur Roland, ancien bijoutier parisien passionné de navigation, s'est retiré au Havre avec sa femme et ses deux fils : Pierre, l'aîné, jeune diplômé de médecine, et Jean, son cadet de cinq ans, qui vient de terminer son droit. Au cours d'une partie de pêche familiale en compagnie d'une jeune veuve, Mme Rosémilly, les deux frères, pour plaire à la jeune femme, se livrent à une frénétique compétition à la rame qui révèle, sous une apparence d'union et d'affection, la rivalité qui les oppose. Le soir même, ils apprennent que Maréchal, un ancien ami de la famille, vient de mourir à Paris et qu'il lègue toute sa fortune à Jean. Pierre sent alors s'insinuer en lui un irrépressible sentiment de jalousie, auquel vient bientôt se superposer un terrible soupçon – Jean serait en réalité le fils de Maréchal –, éveillé par les insinuations du pharmacien Marowsko, à qui il vient d'apprendre la nouvelle ça ne fera pas bon effet, et d'une servante de brasserie ça n'est pas étonnant qu'il te ressemble si peu. À partir de ce moment, le doute va faire son chemin dans l'esprit du jeune docteur, jusqu'à devenir une intolérable certitude. Au fur et à mesure de son enquête, au cours de laquelle la remontée des souvenirs enfouis et l'interprétation des signes le confortent peu à peu dans ses suppositions, Pierre commence à harceler sa mère, tout en laissant de plus en plus libre cours à sa jalousie envers son frère – devenue en quelque sorte légitime à ses yeux. Car Jean semble devoir obtenir tout ce que lui convoite : fortune, femme il va épouser Mme Rosémilly, appartement... Pierre finit par lui révéler le secret de sa naissance : Je dis ce que tout le monde chuchote, ce que tout le monde colporte, que tu es le fils de l'homme qui t'a laissé sa fortune. Eh bien, un garçon propre n'accepte pas l'argent qui déshonore sa mère. Interrogée, celle-ci avoue la vérité à Jean, qui lui pardonne. Tous deux décident d'écarter Pierre, le fils légitime. Celui-ci s'engage comme médecin naval et s'embarque sur la Lorraine.

Pour un réalisme mythique

Comme souvent chez Maupassant, le récit obéit, on le voit, à la stricte linéarité d'un enchaînement tragique implacable. Implacable aussi pour le lecteur, qui peut croire jusqu'au bout ou presque au délire jaloux de Pierre, et que vient surprendre et désespérer, en un sens, l'absence de rebondissement : comme le paranoïaque finalement toujours victime de la persécution qu'il fantasme, le jeune médecin qui ne manque pas d'étudier en clinicien l'évolution de sa propre pathologie, alternant, à propos de son cas, entre clairvoyance et aveuglement, mû par sa jalousie maladive, en vient à imaginer une trahison... qui se révélera avoir bien eu lieu. Rien n'échappe ainsi au pessimisme radical de Maupassant : car la folie de l'enquêteur n'exclut pas la réalité du crime, et réciproquement. Quant à la morale de l'histoire, elle s'accomplit avec l'éviction du fils légitime au profit du bâtard, comme une ultime démystification de la famille bourgeoise.

Trahison et adultère, fils illégitime, transmission du bien, rivalité entre frères, hantise du double, quête de l'identité... Bien qu'ancré dans la réalité sociale de son temps, Pierre et Jean aborde des thèmes archétypaux qui renvoient aux mythes et aux tragédies antiques ou bibliques on songe, entre autres, à l'enquête d'Œdipe, à la vengeance d'Oreste, à la rivalité d'Abel et de Caïn.... Et il le fait sur le double mode d'un récit à la fois subjectif – le point de vue adopté étant, presque d'un bout à l'autre du roman, celui de Pierre, dont nous suivons les pensées – et objectif – la psychologie classique laissant ici la place à une auto-analyse quasi scientifique d'une lucidité effrayante. Au total, si, comme dans nombre de récits fondateurs, la révélation du secret de famille est bien l'objet de cette quête morbide et masochiste, la vérité ne se laisse jamais vraiment circonscrire. Elle reste toujours indiscernable du fantasme, enveloppante et insaisissable comme une brume – le dernier mot du livre.

Ajouté à la demande de l'éditeur qui jugeait le volume un peu trop maigre, le texte intitulé Le Roman qui précède Pierre et Jean s'inscrit dans le mouvement des critiques du naturalisme entreprises par Flaubert, en réaction aux théories radicales de Zola. Maupassant y réclame un réalisme visionnaire, illusionniste, les Réalistes devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes. Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner une vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. Quant au plaidoyer pour une réconciliation du roman d'analyse et du roman objectif, il trouve sa réalisation dans le récit qui suit, où Maupassant, on l'a vu, conjugue les deux approches.

Boule de suif

Parue en 1880, l’œuvre Boule de Suif est l’une des œuvres de Guy de Maupassant qui contribua le plus à sa célébrité. Adaptée de nombreuses fois au théâtre, à la télévision et au cinéma, cette œuvre de l’écrivain français a inspiré de nombreuses autres œuvres littéraires.

Contexte de l’œuvre

Bien qu’elle ne soit pas la première œuvre de Guy de Maupassant, elle est toutefois celle qui l’a imposé comme un maître de la Littérature Française. Marqué par la guerre, Guy de Maupassant relate dans son œuvre qu’il rédigea en 1879, l’histoire de plusieurs compagnons fuyant la ville de Rouen envahie par les prussiens dont le personnage central, est une prostituée surnommée Boule de Suif à cause de son embonpoint naissant. Dans cette petite société, cette intimité forcée, l’auteur révèle au grand jour la petitesse de ceux qui sont grands dans la société, l’hypocrisie de la bourgeoisie et du clergé. Plusieurs thèmes sont abordés dans cette œuvre, la guerre, trame de fond principale, la liberté ainsi que la nourriture. Salué et ovationné par de nombreux autres écrivains, l’œuvre Boule de Suif est un véritable modèle de récit court, un chef d’œuvre magnifiquement écrit, construit, à la fois, cocasse et triste.
L’œuvre relate l’aventure de 10 personnes qui lors de leur fuite de Rouen occupée par l’envahisseur Prusse se retrouvent dans une diligence en direction de Dieppe. Cela se déroule durant la guerre franco-prussienne de 1870 à 1871, en plein froid hivernal, alors que les troupes françaises se replient et que les prussiens envahissent la ville de Rouen en Normandie. Pour les 10 voyageurs, deux couples de bourgeois, le couple Breville et le couple Carre-Lamadon, un démocrate, Cornudet, un couple de commerçants, le couple Loiseau, deux religieuses et une prostituée, une femme galante qui indigne autant qu’elle éveille curiosité et méfiance, Elisabeth Rousset surnommée Boule de Suif.

Tout au long de la route qui mène à Dieppe, le voyage est difficile, la neige ralentit la diligence, le froid est incisif et la famine prend de court les voyageurs qui peuvent bénéficier de la générosité et de la prévoyance de Boule de Suif. En effet, celle-ci partage ses provisions avec les 9 autres passagers, provisions qu’elle est la seule à avoir pensé à emporter avec elle pour le voyage et qui font oublier à ses compagnons de voyage, du moins temporairement, leurs préjugés vis-à-vis d’elle.

Durant leur périple, les voyageurs font une halte dans une auberge à Tôtes et se rendent compte que celle-ci est occupée par l’ennemi prussien. Leur officier supérieur remarque Boule de Suif, lui fait des avances et lui demande de le rejoindre avant le souper. La jeune femme qui est certes une prostituée est également une Bonapartiste loyale et refuse de coucher avec l’ennemi, avec le soutien de ses compagnons de voyage. Devant son refus, l’officier prussien empêche leur diligence de repartir de l’auberge et exerce un chantage sur eux, s’ils veulent repartir, Boule de Suif doit coucher avec lui, mais la jeune femme continue de refuser.
Au début, révoltés par le comportement de l’officier prussien, les voyageurs réalisent, au fur et à mesure que les jours passent et que l’ennui s’installe, qu’ils sont prisonniers dans l’auberge et que l’officier prussien ne les laissera s’en aller qu’à condition que Boule de Suif se donne à lui. Chacun des passagers commence alors à user d’arguments, à faire pression sur la jeune femme pour l’inciter à accepter les avances de l’officier, en somme, à se sacrifier pour leur salut à tous. Boule de Suif accepte ainsi de se sacrifier et passe la nuit avec l’officier prussien.
Au petit matin, ils peuvent enfin repartir, mais cette fois-ci, Boule de Suif n’a pas le temps de se faire des provisions pour le voyage contrairement à ses compagnons de voyage qui ont eu tout le temps de se faire préparer des petits plats. C’est ainsi qu’à l’heure du repas aucun des autres voyageurs avec lesquels elle avait eu à partager ses provisions et pour lesquels elle s’est sacrifiée, ne partage son repas avec elle. Tout ce qu’elle reçoit de cette petite société bien pensante, c’est dédain et mépris. Tous l’ignorent et lui tournent le dos alors qu’elle s’effondre en larmes.

Liens
http://youtu.be/legvfqgkHwA Aux champs
http://youtu.be/pg4GnABUfkc En Famille
http://youtu.be/PXL_6bzH3UI La parure
http://youtu.be/2zCbeFvVbNw Partie de Campagne
http://youtu.be/WX2bEBy5Rzg Le petit fût
http://youtu.be/GN2wEuhi2Rs Le Horla
http://youtu.be/ZzCL6mg0R10 Bel Ami Part 1
http://youtu.be/LNSQ3D67mKQ Bel Ami Part 2
http://youtu.be/wlMK_b5RRm8 Bel Ami Part 3
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http://youtu.be/GMlc5MeG3x4 Bel ami Part 5
http://youtu.be/sDck_FHR2qI Bel Ami part 6
http://youtu.be/OJtU8bxNzmw Bel Ami Part 7
http://youtu.be/IWmTCg4CAYo Bel ami


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Posté le : 05/07/2014 23:22

Edité par Loriane sur 06-07-2014 12:27:00
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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