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Je voulais tant te dire...alors je me suis tû. °°°°





Je voulais tant te dire mais...tu ne me crois pas.
J'étais fat,j'étais fou,j'étais dans mes déboires,
Insensé,revenchard,plein d'idées illusoires...
Et puis,tu es venue.J'ai marché dans tes pas.

Maitrisant mes querelles.J'abdiquais,vainement.
Je n'ai jamais osé te parler,simplement.
Et je compliquais tout.déboussolé,absent.
Tu me crus faux...ailleurs.Il me fallait du temps.

Si je t'ai fait du mal,ce fut "inconsciemment";
Réciteur de mes peines,même que tendre amant...
Cela importait peu...nos rêves étaient présents.
Moi je luttais pour vaincre tous mes mauvais penchants.

J'aurais voulu te dire...mais tu doutais de moi.
Alors,j'accumulais mes fautes,et mes émois.
Maintenant que j'y songe,quand je mets tout à plat,
Je m'aperçois...trop tard,que je tenais à toi.

Je voulais tant te dire...alors,je me suis tû.
et tous ces souvenirs m'éclatent…en pleine gueule;
De ces endroits,ma belle,où tu restais la seule
A "oxygéner" l'homme qui ne respirait plus.

J'avais tant à t'écrire...tout est répertorié:
Les plaines, les jardins,les prés...toi,dans ces fleurs...
Et la petite plage,ou nous fumes bonheur;
La mer me faisait sage ...puis,la vague est passée.

Je ne fus point patient,toujours préoccupé.
Toi,tellement honnête,tu me crus infidèle.
J'eus la plume facile...je ruais,si rebelle...
Tout ce que tu m'offris me passait à côté.

Aujourd'hui,je suis las,et j'analyse enfin.
Je n'ai plus rien à dire.Bafouillant mon destin,
Qui n'est plus que passé.J'ai raté TON chemin.
Sois heureuse,mon ame...Je ne suis plus que vain.....

A quoi sert mon chagrin puisque l'AUTRE t'adore ?
Dechire cette lettre...Je bois...et c est l'aurore....

Posté le : 22/07/2014 04:38

Edité par Loriane sur 25-07-2014 22:26:33
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Surnaturel mais réel et vérifié Soeur Yvonne de Malestroit
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Soeur Yvonne-Aimée de Malestroit Religieuse et médium

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Prévisions stupéfiantes, Stigmates, don d'ubiquité, ou bilocation, xénoglossie .. même Rome en perd son latin .

Les stigmates d'Yvonne-Aimée de Malestroit

Yvonne-Aimée de Malestroit a été l'objet d'une multitude de phénomène extraordinaire. De nombreux témoins dignes de fois l'ont vu se faire sauvagement attaqué par le démon et a également souffert de ce que l'on appelle les stigmates du Christ.
Fait encore plus impressionnant, Yvonne a pu être vu à deux endroits différents au même moment et à plusieurs reprises des fleurs sont mystérieusement apparues autour d'elle.
Yvonne Beauvais était une religieuse française, également appelé Yvonne-Aimée de Malestroit ou bien encore encore Yvonne-Aimée de Jésus est née le 16 juillet 1901 à Cossé-en-Champagne et est décédée le 3 février 1951.
Six années après sa mort, son corps était toujours intacte dans son cercueil.
Le 1er juin 1960, la congrégation romaine du Saint Office met fin à son procès de béatification avec une interdiction formelle de publier le moindre ouvrage sur sa vie Cela fût partiellement levée en 1989.
Quelques années plus tard la congrégation romaine du Saint-Office a décidé de stopper son procès de canonisation suite à de nombreuses controverses sur les divers caractères miraculeux étant survenus durant sa vie.
Notamment divers cas de bilocation le fait de se trouver à deux endroits différents au même moment, stigmatisation, prémonitions et xénoglossie réussir à parler de nombreuses langues sans les avoir apprises.
En 1981, le père René Laurentin a réussi à obtenir la réouverture du dossier qui avait été clos par le Saint-Office.
Depuis cette date, de nombreux livres et ouvrages ont pu être réalisés concernant le cas d'Yvonne-Aimée de Malestroit.
Les stigmates d'Yvonne-Aimée de Malestroit

Peut-on prédire l'avenir ? Non, disent Bergson, et les théologiens classiques : sauf intervention mystérieuse du Dieu transcendant. En général on ne parle des prophéties qu'après leur réalisation, et le texte peut y avoir été conformé après coup. Ainsi, la plupart des exégètes pensent-ils prudent de ne dater les textes des prophéties bibliques qu'après réalisation. - Connaissez-vous des cas où la prédiction ait été écrite avec certitude antérieurement à la réalisation ? a demandé l'abbé Laurentin aux Bollandistes. - Nous n'en connaissons pas, a répondu le doyen. Les prédictions d'Yvonne-Aimée constituent donc un cas unique : une première. 1. Ses prédictions ont été écrites avant l'événement, par obéissance : La critique historique, la graphologie et les expertises en écriture le prouvent absolument. 2. Il s'agit souvent d'événements imprévisibles : en 1922, Yvonne-Aîmée a vu des hommes en vert envahir la France, tandis que des " cylindres " tombaient sur les villes. L'armée allemande n'avait pas encore adopté l'uniforme vert. Les prédictions précisent la date de la Deuxième Guerre mondiale : 1939. Yvonne a prévu ses 5 décorations de guerre, dont la Légion d'Honneur, que de Gaulle tint à lui remettre personnellement, et le " grand général " qui vint " la saluer " lui aussi, à l'occasion de la sixième. Elle a prédit à ses amis et à ses ennemis (des inconnus), la date de plusieurs morts, etc. 3. Elle l'a prédit sans rien y comprendre. Elle était humiliée d'écrire par obéissance de telles folies. Et cela éclaire la nature même des prophéties, y compris bibliques. 4. Ces prédictions ne sont pas une performance de diseuse de bonne aventure. Elles ont un rôle fonctionnel pour sa vie, pour sa mission, pour la France et pour le monde. La guerre mondiale a été " abrégée " lui dit Jésus et conduite à un dénouement heureux, grâce à l'offrande qu'elle avait faite de sa vie. Ce dossier invite à prendre au sérieux les charismes extraordinaires d'Yvonne-Aimée, que certains avaient déclaré surfaits, illusoires, voire hystériques. Mais surtout, ces prédictions ne sont que le surcroît d'un amour extraordinaire et d'une union hors série avec le Christ. Yvonne-Aimée m'a fait comprendre, disait Mgr Picaud (qui fut désigné, pour être son censeur et son directeur de conscience) jusqu'où Dieu peut aller, dans sa familiarité, pour qui vraiment se donne à Lui. C'est l'ultime leçon de cet incroyable, rigoureux... et passionnant dossier.


SŒUR YVONNE-AIMÉE DE MALESTROIT

Chers Ami(e)s,
Nous voici comme promis avec la Sœur Yvonne-Aimée de Malestroit. Quel personnage !...
Voici pour commencer quelques ouvrages « sur» elle avec, en particulier, la somme en 5 volumes de l'abbé René Laurentin. Le reste suivra dès que possible, et je vous notifierai lorsque la biblio sera complète.
Celles et ceux que l'astrologie intéresse peuvent cliquer ICI.
Belles découvertes à chacune et chacun de vous !
---------------
La sainte enfance 1901 - 1922
Après un silence contraint d'un quart de siècle pendant lequel il avait été interdit d'écrire sur Yvonne Beauvais, le cardinal Seper, préfet de la Congrégation de la foi, a invité l'abbé René Laurentin à reprendre l'étude de ce dossier hors du commun. La vie brève qu'il a publiée en 1985 : Un amour extraordinaire - Yvonne-Aimée de Malestroit, a été plébiscitée à plus de 30000 exemplaires.
Fondatrice et première supérieure générale des Augustines Hospitalières, Mère Yvonne-Aimée fut reconnue héroïne nationale par le général de Gaulle. Il tint à la décorer personnellement. Sa conduite généreuse et risquée pendant la guerre n'était qu'une manifestation de sa charité sans bornes.
Après huit monographies exploratoires sur ses charismes, une étude d'ensemble s'imposait. Cette biographie en plusieurs volumes s'achèvera par un bilan des charismes ordinaires et extraordinaires et, surtout, de la sainteté qui les inspire.Voici d'abord l'enfance d'Yvonne Beauvais. Jamais les premiers pas d'une destinée ne furent plus significatifs et plus décisifs. À neuf ans, elle écrit de son sang un pacte de don total au Christ, que suit et vérifie à la lettre une ascension irrésistible et sans défaillances, mais à travers une nuit spirituelle semée de rares étoiles.
La sainteté des enfants est le plus caché des chefs-d’œuvre de Dieu. C'est une chance rare d'y pénétrer, grâce à une documentation unique en son genre. Yvonne a beaucoup à nous apprendre en notre siècle où la crise de l'éducation proprement chrétienne fait dire à Daniel Ange : Ce sont les saints du siècle prochain qu'on assassine. »
Cette vie est un aboutissement, écho limpide de cette enfance.
Après trois nouvelles années de silence, l'abbé Laurentin la publie sous sa seule responsabilité, solution jugée préférable, en dialogue avec les autorités qui n'ont pas à préjuger du résultat. Selon la méthode qui a fait le succès de ses autres biographies, le père Laurentin cherche, non à discuter ou à démontrer, mais à montrer. Cette vie limpide parle d'elle-même.

La sainte enfance

L'essor mystique et l'impossible vocation 17 mars 1922 - 17 mars 1927 -
Yvonne Beauvais a 20 ans. Son enfance (tome 1) avait été une longue nuit spirituelle. Et soudain, en juin 1922, Dieu se dévoile et son essor mystique commence. Elle reçoit une mission paradoxale pour renouveler un couvent fervent mais piégé par des rivalités internes. Elle est favorisée de charismes multiples et exceptionnels, donc discutés. Quelques années plus tard, ils feront de la première fondatrice d'une Fédération de monastères selon un modèle adopté par Pie XII, une héroïne nationale, décorée par de Gaulle.
Cette période, qui va du 17 mars 1922 au 17 mars 1927, est la plus dramatique et la plus mouvementée de sa vie. Elle est aussi la mieux connue, car les témoins, étonnés, notaient au jour le jour, et elle-même reçut de ses directeurs, soucieux d'y voir clair, l'ordre de tout noter. C'est l'histoire extrême d'un amour vertigineux traversé d'épreuves mystiques inouïes, allant jusqu'aux sévices démoniaques, physiques et moraux. Satan avait-il discerné en elle un adversaire redoutable ? Dieu ne ménage pas plus ses amis qu'Il ne s'est ménagé et n'a ménagé Sa mère. Vivant le pire sans regret, elle rayonnait la joie, et poursuivait une suractivité créative extraordinairement variée, malgré une santé désastreuse.
En 1960, le Cardinal Ottaviani arrêta définitivement la cause de béatification d'Yvonne-Aimée, pour des raisons de prudence (peu après celle de la polonaise Sœur Faustine). Après 25 années de silence, le Cardinal Seper invita l'abbé Laurentin à discerner cette vie. Le Cardinal Ratzinger, leur successeur, confirma l'autorisation de continuer l'étude, sous sa seule responsabilité pour ne pas engager l'Église. Le travail est poursuivi par une équipe interdisciplinaire. Après les monographies sur les Prédictions, Stigmates, Bilocations, Charisme pour les pauvres et la Direction spirituelle, le tome 2 de la biographie paraît, avec le soutien d'un éminent comité de patronage.

L'essor mystique et l'impossible vocation

Premiers pas dans la vie religieuse 18 mars 1927 - 7 mai 1932, De la mort manquée à la survie improbable -
Premiers pas dans la vie religieuse
La grande épreuve et les gloires 1932 - 1946,
L'irrésistible ascension -
Quatrième de couverture
Ce livre évoque l'irrésistible promotion de Mère Yvonne-Aimée durant la période cruciale de sa vie. Ses charismes reconnus et son rayonnement la font nommer, avec dispense d'âge, maîtresse des novices, puis Supérieure locale et enfin générale de la Fédération des Augustines hospitalières qu'elle a fondée.
La guerre de 40 est, pour elle, l'heure de toutes les épreuves. Elle fait des prodiges pour accueillir le flot des réfugiés et des blessés. Le 5 juillet 1941, elle reçoit, devant témoins, la plus haute grâce mystique, accompagnée de signes remarquables. Dans son couvent, occupé par les Allemands, elle accueille le Général en chef de la Résistance de l'Ouest et les blessés, maquisards et parachutistes, avec un sang-froid qui les sauve.
Elle rencontre en même temps ses pires épreuves, prédites depuis 20 ans : En février 1943, à Paris, la Gestapo l'arrête et la torture ; quelques mois après, en mars-juin 1943, un prêtre ami interprète ses réussites comme fruit d'un pacte avec Satan, et prépare un procès pour la déposer.
En 1944, les menaces allemandes s'aggravent. Malestroit est miné, promis au sort d'Oradour, mais le départ précipité des occupants permet d'éviter le drame. Avec la Libération, elle surmonte tous les obstacles et accueille, dans la simplicité, la gloire civile et la reconnaissance religieuse. Le 22 juillet 1945, le Général de Gaulle vient à Vannes la décorer personnellement de la Légion d'Honneur. Il reste en relation avec elle jusqu'à sa mort.
Mais elle relativise : « Résistance, connais pas, conclut-elle. Nous avons pratiqué la charité ».
Pie XII reconnaît et généralise le modèle collégial de Fédération promu par elle, en avance sur le Concile, alors qu'il était refusé depuis longtemps. Le pape reçoit Mère Yvonne-Aimée à Rome en 1946. Quelques intimes sont alors témoins d'une transfiguration qui atteste que le ciel est à l'unisson.
Ce livre est concret et passionnant. Ce qu'il évoque paraissait aux auteurs eux-mêmes invraisemblable, mais la rigueur et l'authenticité des témoignages convergents qui étayent ce livre le rendent incontestable.
La grande épreuve et les gloires
Gloire et nuit jusqu'au grand départ (juillet 1946 - 3 février 1951, Supérieure Générale » - Présentation de l'éditeur
Les quatre premiers volumes de cette biographie ont évoqué, avec toutes les exigences de l'Histoire moderne, mais de manière vivante et toute en « suspense », la vie mystique et dramatique, cloîtrée mais aussi faite de multiples voyages, de Mère Yvonne-Aimée. Ce cinquième tome évoque les ultimes gloires et les profondeurs cachées des dernières années terrestres d'une des plus grandes mystiques du XXe siècle.
Les charismes extraordinaires des périodes précédentes sont devenus rares, c'est maintenant l'histoire d'une grande malade ; debout, bien qu'à bout de forces, elle lance efficacement la Fédération qu'elle a fondée. Elle se rend d'abord à Rome pour tout mettre au point. Pie XII a discerné, puis adopté, ce modèle novateur qu'elle a créé envers et contre tout, modèle qui avait été longtemps bloqué à Rome. Elle fait ainsi revivre les origines antiques d'un Ordre qui remonte à saint Augustin, et devance le retour aux sources de Vatican II, car c'est le modèle collégial et communautaire de la grande Tradition de l'Église. Le Pape l'en remercie en audience privée. Elle mena cette œuvre sans secrétaire, dans des locaux modestes, retrouvant la chambre n° 3, lieu de ses premières grâces mystiques.
Au cours de ses cinq dernières années, elle visite les 30 communautés de l'Ordre : elle ira huit fois en Angleterre et, là, les charismes reparaîtront.
Le 3 février 1951, au soir d'une journée bien remplie, alors qu'elle se prépare à partir pour l'Afrique du sud, billet en poche, et qu'elle a fermé ses dernières valises, c'est le départ tant souhaité vers Dieu, départ qui était différé depuis sa mort manquée du 2 décembre 1927.

Posté le : 21/07/2014 18:58
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Re: Les expressions
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« Cousu de fil blanc »


Très grossier et visible pour un procédé.
Extrêmement prévisible pour une histoire.


Si les amateurs de viande connaissent bien le faux-filet, les couturières qui ont le droit d'aimer aussi la viande savent parfaitement ce que veut dire faufiler, utiliser un fil d'une couleur qui tranche avec le tissu et le coudre avec de longs points pour maintenir le tissu en place avant la couture définitive.
La plupart du temps, ce fil est blanc sauf sur du tissu blanc ! et on peut donc dire qu'on a affaire avec quelque chose qui est cousu de fil blanc.
Mais si nous allons bien rester dans la couture, là n'est pas la véritable origine de l'expression.

Elle vient simplement du fait que toute couturière qui se respecte sait parfaitement que, pour qu'une couture soit la plus discrète possible, il faut qu'elle soit faite avec un fil exactement de la même couleur que le tissu ; sinon, elle se voit comme le nez au milieu de la figure, ce qui n'est généralement pas l'effet voulu sauf sur certains types de vêtements comme les jeans, par exemple.

La métaphore est donc facile à comprendre. Le fil blanc rejoint ici les "grosses ficelles" qui, par rapport aux procédés, ont la même signification.

Cette expression est attestée depuis la fin du XVIe siècle.

Posté le : 21/07/2014 14:08
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Les études, la vie, la famille...
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Bonjour tout le monde.

Alors voilà, j'avais déjà fait un sujet dans la rubrique "débat" pour demander pourquoi les jeunes étaient contraint de faire un choix d'étude directement à 17/18 ans. Eh bien je reviens à la charge ici pour vous dire que... Je crois avoir fait une belle bourde dans mon choix d'étude pour la rentrée à venir...

Voilà, je vais entrer en licence en lettres renforcées (similaire à une classe préparatoire) avec en plus, la possibilité de faire une licence d'anglais en même temps. Mais ça ne m'intéresse pas. La littérature c'est bien, mais étudier des livres vieux comme le monde, ça va 5 minutes. La philosophie m'ennuie au plus au point (surtout lorsqu'il s'agit de politique) et puis l'histoire, eh bien on en fait depuis le CP donc c'est peut-être bon là ?

Le souci, c'est que rien ne m'intéresse vraiment. Moi ce que j'aime dans la vie c'est faire du sport, lire des livres que j'aurai sélectionné et écrire des histoires... Sauf que des études qui réunissent tout ça, eh bien ça n'existe pas.

J'ai fais de nombreuses recherches durant toute mon année de Terminale afin de trouver LA formation qui déclencherait un déclic en moi... En vain. Les langues, je suis douée mais ça ne m'intéresse pas d'en faire mon métier, la littérature c'est bien, sauf quand on étudie des livres qui datent de Mathusalem toute l'année. Le droit, même pas en rêve. La psychologie... Bof pourquoi pas.

Maintenant c'est trop tard pour choisir autre chose, et me voilà embarquée dans le tourbillon des études forcées. Je ne peux pas me permettre de "ne rien faire" sauf que ça me fait mal d'aller étudier un truc qui m'ennuie et en plus faire payer l'inscription à mes parents alors qu'on sait tous que ça ne m'intéresse pas.

Le problème c'est que, je ne sais pas ce que je veux faire, mais ce qui est sûr, c'est que je sais très bien ce que je ne veux PAS faire. Malheureusement, la liste est longue du côté de ce que je ne veux pas...

Je suis allée consulter des conseillères d'orientations, mais la phrase qui est ressortie le plus souvent c'est "Fais ce que tu aimes faire".... Bof bof comme conseil.

Posté le : 20/07/2014 17:52
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Re: On va danser !!!
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Danser encore

Pierre s’approche de moi, arborant le sourire ravageur qui m’a fait chavirer toute entière il y a douze ans. J’hésite à déposer ma main dans la sienne, en signe de réponse à son invitation à le rejoindre sur la piste de danse. Dans ma tête, tout se bouscule : souvenirs heureux de soirées endiablées à enchaîner twists, rock and roll, salsa, valses, et autres tangos et ceux plus douloureux de l’accident. Cela devait être écrit quelque part que ce camion devait percuter notre véhicule sur la route des vacances vers le soleil italien afin de fuir la grisaille du ciel belge.

Le pire fut le réveil et la découverte de la mutilation qu’avait subie mon corps, m’éloignant de la normalité et me rendant différente. On pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres et on maudit le sort qui s’est acharné. J’ai prié pour que ce ne soit qu’un mauvais rêve. Des mois de souffrance autant physique que psychologique. Pierre aurait pu s’enfuir avec une autre femme, qui n’aurait pas constamment besoin de ses bras pour effectuer les tâches du quotidien et qui n’attirerait pas l’attention des autres dès qu’elle se trouve hors du cadre familial. Combien de regards de pitié, d’indifférence et même de dégoût ai-je dû affronter !

Il y a bien eu des tentatives pour remplacer ce que j’avais perdu, grâce à la technologie. Mais rien d’adapté pour quelqu’un comme moi ! Il fallait que je m’y résolve. Un jour, un chirurgien me proposa de faire partie d’une grande première mondiale. Quelques semaines plus tard, une opération de trente heures et une longue convalescence, j’ai dû peu à peu apprivoiser cette nouvelle partie de moi.

Ce soir, je pense être prête et Pierre le sait. C’est pour cela qu’il m’a invitée ici et qu’il me tend la main pour le rejoindre sur la piste qui nous a vus tant de fois évoluer avec grâce. Je me lève et nous nous dirigeons tous deux vers les autres danseurs déjà en mouvement sur une valse de Chopin. Je me laisse pénétrer par les notes du maître, mes jambes se mettent doucement en mouvement. Les bras de Pierre me rassurent. Je sais qu’il sera là au moindre faux pas. Je prends peu à peu confiance, mon cerveau et mon corps à nouveau en harmonie, l’euphorie me prend. Lorsque je suis seule, il m’arrive d’observer mes jambes. Les muscles sont fermes, les pieds sont effilés et souples. Je les caresse avec le secret espoir qu’elles me révèlent leur secret. Maintenant, je le sais, je le sens, mes membres greffés retrouvent finalement une sensation de leur vie d’avant : l’amour de la danse.

Posté le : 20/07/2014 17:11
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Pétraque 3 anecdotes et les sonnets
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Pétraque anectodes et Les sonnets


Il est incontestable que la plupart des lecteurs, soit en France, soit même en Italie, ne connaissent de Pétrarque que les poésies consacrées, soit du vivant de Laure, soit après sa mort, à l'amour qu'elle lui avait inspiré, et cependant il est bien certain aussi que Pétrarque fut en outre un des hommes les plus érudits de son temps, ainsi que le prouvent les nombreux écrits qu'il a laissés en langue latine, les seuls qui, suivant lui, devaient lui assurer les regards et l'admiration de la postérité. J'ajoute qu'il fut chargé de missions politiques fort importantes et fit preuve dans plusieurs circonstances du plus pur et du plus fervent patriotisme, comme je me propose de le démontrer dans l'article qui va suivre.

Francesco Pétrarque naquit le 13 juillet 1304 à Arezzo, où s'étaient réfugiés ses parents, Petracco et Eletta Canigiani, exilés de Florence par suite des factions et des guerres civiles qui désolaient cette ville. Il était l'aîné de quatre enfants dont le troisième, Gérard, se livra d'abord au libertinage et plus tard se consacra à la vie religieuse. Francesco Pétrarque était jeune encore lorsque son père se décida à chercher meilleure fortune à la cour pontificale, laquelle alors résidait à Avignon. Dans cette ville ainsi que dans la cité voisine, Carpentras, comme il le raconte lui-même, il fit des progrès rapides dans la grammaire, la dialectique, la rhétorique. Il alla ensuite étudier les lois à Montpellier, puis à Bologne. Le dégoût que lui inspirait la langue barbare des jurisconsultes s'accrut encore quand il eut le loisir de lire les chefs-d'oeuvre de la Grèce et de Rome; aussi, sans négliger la science du droit, considérée alors comme très importante, il se sentait de plus en plus attiré vers les lettres, sa véritable vocation.

Une nuit, son père, l'ayant surpris au milieu de ses livres préférés, en fit un véritable autodafé; puis, touché du profond désespoir que son fils en manifesta, il retira des flammes un Virgile et un Cicéron, à la condition que le droit serait et demeurerait à jamais sa principale occupation.

Devenu libre par la mort de son père, il renonça au droit, pour lequel il avait toujours une grande répugnance, et retourna à Avignon à l'âge de 22 ans.

Ce séjour lui étant devenu doublement triste par la mort de sa mère, dont il a fait l'éloge dans une poésie latine, et par la malversation des exécuteurs du testament paternel, il espéra réparer sa mauvaise fortune en s'engageant dans la milice ecclésiastique, et il s'y distingua autant par sa science que par la pureté de ses mœurs. S'il ne parvint jamais à un grade plus élevé que celui de Chanoine, il faut l'attribuer à sa répulsion pour toutes sortes d'emplois et de dignités,

Après la mort de ses parents, il fut recueilli dans la famille des Colonna, qui le traitèrent avec la plus grande bienveillance et, dès ce moment, il put sf livrer librement aux rêves irrésistibles de sa brillante imagination.

Il avait reçu de la nature un esprit juste et pénétrant, une logique claire et précise, une heureuse mémoire, une grande délicatesse de sentiments et une grande affabilité.

Il souffrait de voir son frère Gérard s'abandonner au plaisir et désirait ardemment le faire changer dé vie. Il s'attristait aussi des malheurs du temps en voyant que le séjour de la papauté était livré à tous les désordres et à tous les genres de séductions: « O ! fabrique de tromperies, » s'écrie-t-il dans ses églogues, O ! prison de colère, enfer d'envie, où vas-tu avec tés adultères, avec tes immenses richesses mal acquises? Nid de trahisons où se couve tout le mal qui se répand dans le monde ; esclave dis vins et des victuailles, chez toi la luxure est arrivée à son comble, tu vis de telle sorte qu'il est à désirer que Dieu n'en tire pas vengeance. »

Ce fut dans l'année 1327, dans l'église Sainte-Claire, pendant les jours consacrés à la passion du Rédempteur, qu'il vit une belle et noble dame. La voir et s’en éprendre fut l'effet d'un seul moment. Son nom était Laure, sa patrie Avignon, le nom de sa famille Noves, et celui de son mari Hugues de Sade ; elle avait 20 ans et était mariée depuis deux ans. Elle exerça sur Pétrarque une grande influence pendant les 18 années qui s'écoulèrent entre le jour où il la rencontra et celui où la mort vint les séparer.

Les vers par lesquels il la pleura témoignent de son désir de la suivre au ciel et contiennent la promesse de lui rester à jamais fidèle ; les sentiments qu'ils expriment sont encore plus ardents et plus tendres que ceux qu'il lui avait consacrés pendant sa vie. Nous reviendrons du reste sur cet amour, qui a donné lieu à bien des interprétations, quand nous passerons en revue les œuvres complètes de Pétrarque.

Pour se distraire de sa passion, il projeta d'abord un voyage en Asie, qui n'eut pas lieu ; il se rendit en France, visita Paris, puis le Brabant et les provinces rhénanes. En retournant à Avignon, il fit un court séjour à Rome. Plus tard, il s'embarqua de nouveau, visita l'Espagne et alla jusqu'en Angleterre. En 1337, pour se procurer une paix qui le fuyait toujours, il alla s'établir à Vaucluse dans une petite habitation qu'il a rendue à jamais célèbre, et qu'il a décrite lui-même en ces termes : « Ce n'est pas un palais, mais une retraite égayée par un hêtre, un pin, l'herbe verte et la vue d'une belle montagne.» Là il cultiva avec délices les muses latines; il écrivit dans cette langue trois livres d'épîtres, douze églogues et un grand poème dont il sera question plus tard.

Pétrarque acquit bientôt par ses œuvres une telle célébrité, que le chancelier de l'Université de Paris et le Sénat romain lui offrirent la couronne poétique. Avant de prendre une décision, il se rendit à la cour de Robert, roi de Naples, qui comptait parmi les plus beaux esprits de son temps; il y reçut le meilleur accueil; mais, préférant à toute autre l'invitation de Rome, il se dirigea vers cette ville et le jour de Pâques de l'année 1341, le couronnement solennel eut lieu au milieu d'un grand concours de peuple et de la joie générale.

Les seigneurs de Correggio, qui demeuraient alors à Parme, l'appelèrent auprès d'eux; il n'y resta qu'une année, pendant laquelle il fut nommé archidiacre du chapitre de la ville. Le titre de citoyen romain lui ayant été conféré, il se crut obligé de retourner à Rome et accepta la mission d'aller complimenter le pape Clément VI, nouvellement élu, en compagnie de Nicolas Rienzi qui, après lui avoir fait espérer l'affranchissement de Rome, devait finir par lui causer une si cruelle déception.

Nous croyons devoir donner ici quelques extraits d'une lettre très volumineuse adressée à Rienzi par Pétrarque, car elle prouve qu'il y avait chez ce dernier non seulement le génie d'un grand poète, mais aussi le cœur et la haute raison d'un grand citoyen.

« Je ne sais, citoyen magnanime, si je dois d'abord me réjouir de tes glorieuses entreprises ou de l'affranchissement des peuples, de tes mérites ou du triomphe de la liberté. De quelles paroles me servirai-je pour exprimer une joie aussi inattendue et, dans mon enthousiasme, par quels vœux traduirai-je les émotions que j'éprouve?

Au milieu de vous est la liberté si douce et si désirable, qu'on n'apprécie jamais mieux que lorsqu'on l'a perdue. Maintenant vous jouissez allègrement, sobrement et tranquillement de ce bien connu par l'expérience de tant d'années, et vous rendez grâces à Dieu auquel vous êtes redevables de ce bienfait, à Dieu qui n'a pas encore oublié la très sainte cité à Lui consacrée et qui n'a pas voulu voir plus longtemps dans la servitude celle qu'Il avait faite reine du monde !

Pourtant vous, hommes forts et successeurs des forts, si avec la liberté les pensées viriles vous sont revenues, il faut que chacun soit prêt, avant de l'abandonner, à faire le sacrifice de sa vie, sans quoi elle serait une honte. Ayez toujours devant les yeux votre servitude passée, et alors vous serez plus que jamais convaincus que rien n'est plus précieux que la liberté. Il n'est pas un seul parmi vous qui ne préférât donner la dernière goutte de sang romain plutôt que de vivre esclave. Le poisson échappé à l'hameçon redoute tout ce qui nage sur les ondes ; la brebis délivrée de la gueule du loup a horreur de voir, même de loin, les chiens gris; l'oiseau dégagé de la glu ne se fie pas aux arbrisseaux les plus sûrs. Vous, croyez-moi, vous êtes attirés par l'appât des illusions et des fausses espérances, menacés par la glu, d'un fléau auquel vous êtes habitués et entourés par des bandes de loups faméliques. Regardez autour de vous avec vigilance et ayez bien soin que toutes vos pensées et toutes vos actions soient consacrées à la liberté, qu'elle seule soit l'objet de toutes vos préoccupations; tout ce qu'on peut faire d'étranger à ce but est une perte de temps irréparable et un appât insidieux. L'amour immérité que vous avez peut-être conçu par une longue habitude et l'attachement indigne à vos tyrans doivent être déracinés de votre mémoire et de votre cœur. Le serf respecte pour un temps un maître orgueilleux, et l'oiseau captif fait fête à celui qui le possède, mais le serf, dès qu'il le peut, rompt ses chaînes, et l'oiseau, dès qu'il trouve une issue, s'envole rapidement. Vous avez servi, ô citoyens illustres, ceux auxquels toutes les nations étaient assujetties, ceux qui tenaient les rois eux-mêmes sous leurs pieds.

Ce qui m'indigne le plus, ce n'est pas leur manque d'humanité, mais la folie à laquelle ils sont promptement arrivés de vouloir être considérés non comme des hommes, mais comme des maîtres. Oh crime ! Dans la ville où le divin législateur de toutes les nations défendit à qui que ce fût de se donner le nom de maître, aujourd'hui des larrons et des mendiants se croient gravement offensés si on ne leur donne pas ce titre.

Certainement, ils n'étaient pas romains ceux qui, jaloux d'un vain titre de noblesse, de quelque lieu qu'ils vinssent, quel que fût le vent contraire qui les poussât, quel que fût le peuple barbare dont ils sortirent, nous furent envoyés. Bien que depuis ils aient foulé de leurs pieds superbes les cendres de nos illustres aïeux, on peut leur appliquer ce que dit le satirique:

« Celui qui vint un jour tout chargé de poussière

Dans Rome rencontra la fin de ses malheurs.»

Le dire d'un autre poète s'est aussi vérifié:

« Point de roi parmi nous

Mais nous voulons servir seulement la patrie. »

La fortune, bonne ou mauvaise, doit avoir une fin : un défenseur inespéré s'est présenté et même on en célèbre trois qui ont paru à diverses époques: le premier Brutus chassa Tarquin le superbe; le second Brutus fut le meurtrier de Jules César; le troisième, Nicolas Rienzi, qui, de notre temps, punit les oppresseurs par l'exil et par la mort, fut semblable en cela aux deux premiers et digne d'une double louange, réunissant en lui la gloire que les deux autres s'étaient acquise.

Faites disparaître, je vous prie, toute trace de discorde entre vous; que l'incendie, allumé parmi vous par le souffle des tyrans, s'éteigne sagement dans les conseils de votre libérateur. Luttez avec le tribun à qui, de lui ou de vous, remplira le mieux ses devoirs civiques : lui en commandant honnêtement, vous en obéissant promptement.

Si l'amour, le lien le plus puissant qui puisse unir les esprits, ne suffit pas, unissez-vous dans l'intérêt commun. Si vous suivez les exemples que vos pères vous ont laissés, vous ne tournerez les armes que contre les ennemis de la République, et, en leur infligeant l'exil, la pauvreté et les supplices, vous réjouirez dans leurs tombés les mânes de vos aïeux.

...Mais je commence à avoir honte de vous entretenir si longuement, surtout en ce temps où il faut plutôt des actes que des paroles. Je dois vous déclarer qu'ému par la renommée de faits aussi remarquables, je me suis souvent attristé de ma condition qui m'empêche d'aller prendre ma part d'une si grande joie.

Peut-être arrivera bientôt le jour où je pourrai m'adresser à vous dans un stylé différent si toutefois, comme je l'espère et comme je vous y exhorte, vous ne manquez pas de persévérance après un si glorieux commencement. Le front orné de la couronne d'Apollon, je m'élèverai sur l'Hélicon solitaire à la fontaine Castalie et, après avoir rappelé de l'exil les Muses, avec une voix plus puissante je chanterai quelque chose qui s'entendra de plus loin.

« Adieu, Rienzi, homme valeureux, adieu à vous tous, excellents citoyens, adieu, très glorieuse cité des sept collines.»

A la suite de cette ambassade, le Pape nomma Pétrarque prieur de Saint-Nicolas de Migliarino dans le diocèse de Pise. Après la mort du roi Robert, Clément VI le chargea d'une mission à la cour de Naples pour y traiter d'affaires importantes. La reine Jeanne, qui gouvernait alors, était entourée de perfides conseillers; aussi Pétrarque ne reconnut-il plus la ville qu'il avait visitée deux ans auparavant et qui était en proie à toutes sortes de vices et d'abus. Il ne tarda pas à retourner dans sa chère retraite de Vaucluse, impatient de jouir du repos loin des intrigues des cours et des luttes de l'ambition.

Dans le courant de l'année 1348, une peste terrible désola l'Europe et compta parmi ses victimes celle qui avait inspiré à Pétrarque ses plus beaux chants et son plus constant amour et de laquelle il dit :

Morte bella parea nel suo bel viso

Il était à Parme lorsqu'il reçut la fatale nouvelle que devait rendre plus triste encore la mort de son protecteur, le cardinal Colonna. Pour se soustraire à sa douleur, il se rendit successivement à Carpi, à Mantoue, à Vérone, à Padoue, partout accueilli avec honneur par les seigneurs de ces divers lieux. Les habitants de Carrare, pour se l'attacher d'une manière permanente, le nommèrent chanoine de leur cathédrale.

Lorsque les Florentins songèrent enfin à se montrer plus cléments envers les exilés, ils accordèrent à Boccace et à Pétrarque la restitution de leurs biens ; ils offrirent même à ce dernier un poste honorable dans leur gymnase public nouvellement fondé, mais il préféra se rendre à Padoue, où il trouva dans Francesco Carrara un Mécène encore plus bienveillant. Il alla ensuite à Venise, où il se lia d'amitié avec le célèbre doge Andrea Dandolo, auquel il donna le salutaire, mais inutile conseil de se réconcilier avec les Génois et d'unir leurs forces pour le salut de l'Italie.

En 1351, il retourna à Vaucluse et partagea son temps entre cette solitude et la cité d'Avignon. En 1352, Clément VI mourut; son successeur Innocent VI, n'ayant pas craint de soupçonner Pétrarque de magie, celui-ci quitta Avignon et se rendit à Milan auprès de l'archevêque Giovanni Visconti, qui l'accueillit très gracieusement et l'envoya comme ambassadeur à Venise pour tâcher de rétablir la paix, mais il échoua dans cette entreprise.

L'arrivée de l'empereur Charles IV à Mantoue lui fit concevoir de grandes espérances pour le bonheur de l'Italie, mais ces espérances furent bientôt déçues par la lâcheté de ce prince qui abandonna la province. C'est à cette occasion que Pétrarque écrivit une lettre remarquable dans laquelle il déplore la situation de l'Italie et le manque total de patriotisme dans ce beau pays.

En 1360, il fut envoyé à Paris par Galeazzo Visconti, pour féliciter le roi Jean de sa délivrance d'une longue captivité en Angleterre. Malgré la bienveillance de ce monarque, il ne fit qu'un court séjour à Paris et retourna à Milan, dont il fut bientôt chassé par la peste et la guerre civile qui désolaient cette ville.

Il éprouva une grande joie lorsque le pape Grégoire XI se décida à transférer le siège pontifical à Rome; il refusa cependant les offres de ce pontife, préférant aux honneurs ses études littéraires et les douceurs de la solitude.

Il passa les quatre dernières années de sa vie dans une petite maison qu'il s'était fait construire sur les collines enganéennes. Dans cette retraite, il consacra plus que jamais sa Muse à décrire les beautés de la nature. Il entretenait une correspondance avec ses amis absents et surtout avec Boccace. Ce dernier s'étant excusé de ne pas lui avoir encore remboursé une somme qu'il lui devait, Pétrarque lui répondit qu'il ne lui devait autre chose que beaucoup d'amitié, et il ajoutait ailleurs: «Ah! si je pouvais t'enrichir, mais pour deux amis qui n'ont qu'un seul cœur, une seule maison est bien suffisante. »

Comme il le dit lui-même, Pétrarque n'aimait à converser qu'avec ses amis ou des hommes suffisamment éclairés, il trouvait que rien n'est plus ennuyeux que de causer avec des gens dont l'esprit n'est pas aussi cultivé que le vôtre. Du reste, sa voix était faible et il s'exprimait assez difficilement, ce qu'il attribuait au peu d'efforts qu'il avait faits pour se rendre éloquent. Bien qu'il eût acquis quelque fortune à la fin de sa vie, sa sobriété fut toujours la même; il s'abstenait de vin et vivait presque entièrement de légumes. Son principal luxe consistait à augmenter le nombre de ses serviteurs et de ses copistes. Pétrarque laissa plusieurs enfants naturels qui attristèrent sa vie. Son fils Jean ne répondit nullement à ses soins, et sa fille, mariée à Franceschino di Brossano, perdit un enfant aussi adoré de son aïeul qu'il l'était de sa mère.

Dans les derniers temps de sa vie, il dormait à côté d'une lampe allumée et se relevait au milieu de la nuit; il écrivait jusqu'au lever du soleil, et se comparait à un voyageur fatigué et pressé de profiter des dernières forces qui lui restent pour arriver au but de son Voyage. Parfois il tombait dans une léthargie d'où il ne sortait qu'au bout de 30 heures, sans avoir éprouvé, disait-il, ni souffrance, ni terreur.

La mort le surprit le 18 juillet 1374 dans sa villa d'Acqua près de Padoue, où il vivait depuis quatre ans. Il fut trouvé mort dans sa bibliothèque, la tête appuyée sur un livre ouvert; il avait 70 ans.

Par son testament, il légua à un de ses amis son luth, afin qu'il pût chanter les louanges du Très-Haut; à un serviteur, une somme d'argent, à la condition qu'il ne jouerait plus comme il en avait l'habitude; à son copiste, un vase d'argent, en lui prescrivant d'y boire de l'eau plutôt que du vin, et à Boccace une pelisse d'hiver pour ses études nocturnes.

Son corps fut déposé dans un sépulcre de marbre rouge élevé devant l'église de la ville avec cette inscription :

Frigida Francesci lapis hic tegit ossa Petrarcae,

Suscipe Virgo parens animam: Sate Virgine parce

Fessaque, jam terris, coeli requiescat in arce.

De ses oeuvres et principalement de ses poésies amoureuses

Comme nous l'avons dit plus haut, Pétrarque fut un des hommes les plus érudits de son temps ; il coopéra grandement à la renaissance des belles-lettres en Europe par la recherche qu'il fit des auteurs grecs et latins dispersés à l'époque de l'invasion des barbares. Ses premiers ouvrages, et ceux auxquels il attacha d'abord une réelle importance, furent écrits en latin, la seule langue qui fût alors en usage parmi les savants et les jurisconsultes de cette époque.

On a de lui dans cette langue douze églogues et trois livres d'épîtres en vers (dont le principal intérêt est de nous faire connaître les opinions et les personnages contemporains), les traités de Remediis utriusque fortunae, De contemptu Mundi, De vera sapienta, De sui ipsius et aliorum ignorantia. Il composa en outre un grand poème, l'Africa, ayant pour sujet la seconde guerre punique, lequel, comme il le dit lui-même en réponse à une lettre où Boccace l'avait placé au troisième rang, devait lui assurer la première place parmi tous les poètes, et qu'il laissait inachevé parce que son époque n'était pas digne d'en apprécier la sublimité. Il avait communiqué une partie de son travail, qu'il ne se lassait pas de polir et de repolir, au roi Robert qui lui fit don d'un manteau de pourpre pour lui servir à son couronnement poétique. Pétrarque, pour lui témoigner sa reconnaissance, non seulement lui promit de lui dédier son œuvre, mais lui prodigua de telles adulations qu'on ne tarda pas à lui reprocher d'avoir fait litière de sa dignité et de son indépendance pour se réduire au rôle de courtisan. Il en conçut, disent ses biographes, un tel chagrin qu'il livra au feu son poème commencé. Dans sa vieillesse, il avoua à son ami Boccace qu'il se reprochait de ne s'être pas adonné entièrement à la langue vulgaire, ce qui lui aurait valu les suffrages non seulement de ses contemporains, mais ceux de la postérité; l'avenir devait bientôt justifier ses regrets, car ses poésies écrites en italien, qu'il considérait comme de simples jeux d'esprit, sont seules lues et admirées aujourd'hui par ses compatriotes eux-mêmes. Elles se divisent en trois parties : la première embrasse celles écrites in vita di Laura, la seconde dopo la morte di lei et la troisième, les poésies mêlées, parmi lesquelles il y en a plusieurs ayant trait à la politique.

Les commentateurs ont jugé diversement l'amour qui inspira les chants du poète, et plusieurs ont vu avec étonnement Laure, mariée depuis deux ans au chevalier Ugo de Sade, encourager les élans passionnés que lui prodiguait son poète favori, qui ne cessa cependant d'exalter sa pureté; mais on répond avec raison qu'à cette époque le lien qui unissait indissolublement une femme à son mari ne mettait point d'obstacle à l'amour qu'elle pouvait éprouver pour un autre, et elle était en cela approuvée par la cour d'amour, qui admettait fort bien qu'une femme, tout en restant fidèle à son mari, reçût les hommages d'un amant.

Pétrarque, du reste, a pris soin de dissiper tous les doutes à cet égard. « Dans mon amour », dit-il, «rien ne fut honteux, rien ne fut obscène, rien ne fut coupable, si ce n'est sa véhémence. C'étaient des mortelles que Taedia et Livia. Il n'en était point ainsi de celle que j'aimais, laquelle dépouillée de tout sentiment terrestre, brûlait de désirs célestes. Sur son visage brille un rayon divin, ses mœurs sont le miroir de la plus parfaite honnêteté ; sa voix, le mouvement de ses yeux et sa démarche sont d'une créature immortelle. Tout ce que je suis, c'est à elle que je le dois, et je ne serais pas parvenu à obtenir le nom et le peu de gloire que je possède si, par sa très noble affection, elle n'avait pas alimenté et fait germer la petite semence de bien que la nature avait déposée dans mon sein. Je n'ai jamais rien rencontré de répréhensible soit dans ses actes, soit dans ses paroles, et les hommes les plus médisants furent contraints de l'admirer et de la révérer. Qu'y a-t-il donc d'étonnant si une femme d'une aussi belle réputation m'enflamma du désir de m'élever à la plus grande renommée, et me rendit moins dures les fatigues que je dus subir pour y atteindre? et, lors même qu'elle me précéderait dans la tombe, je vivrai toujours amoureux de sa vertu, qui ne saurait s'éteindre avec elle. » De Contemptu Mundi,

Néanmoins si, durant la vie de Laure, Pétrarque l'aima de toute la puissance de son âme et prouva dans ses Trionfi, publiés après sa mort, qu'il lui demeura toujours fidèle, il est certain qu'il chercha des consolations dans les bras d'une autre femme puisque, comme on a pu le voir dans la première partie de ce travail, il laissa deux enfants, une fille qui réjouit sa vieillesse et lui ferma les yeux, et un fils dont il n'eut pas lieu de s'enorgueillir.

Les Trionfi, série de visions allégoriques sur la force de l'amour, sur la chasteté, sur la mort, sur le génie, sur la renommée, sur le temps et sur l'éternité, ont été composés en imitation de Dante. Si l'on n'y trouve pas toute l'énergie et la sublimité de l'Alighieri, ces vers se distinguent par la grâce, la noblesse et la clarté. Il est impossible de lire sans émotion la pièce qui commence ainsi:

La notte chi segui l'orribil caso

Elle est pleine de sentiment et elle résume tout ce qu'avait précédemment écrit le poète.

On admire, dans ses sonnets et dans ses canzoni, peut-être supérieurs, les figures gracieuses et la variété dans l'expression d'un sentiment qui est toujours le même. Il est seulement à regretter qu'on y rencontre des concetti et des pensées plus ingénieuses que vraies. Dans les derniers temps de sa vie, Pétrarque écrivit un très grand nombre de lettres qu'il recueillit lui-même sous le titre : Epistolae seniles, espérant bien, en conversant avec ses amis, se faire entendre d'un bout à l'autre de l'univers. Ces lettres, pleines de citations, ont perdu aujourd'hui beaucoup de leur intérêt, et malheureusement, si l'on y trouve de l'érudition, de l'éloquence et de l'abnégation chrétienne, on y rencontre aussi le pathos, la pédanterie et une complaisance puérile pour soi-même.

On regrette que dans les siècles suivants les poètes, imitant la grâce de Pétrarque de préférence à l'énergie de Dante, aient énervé la littérature en abusant des métaphores, des jeux de mots et des subtilités.

Nous croyons devoir emprunter à Ugo Foscolo, auquel nous consacrons plus loin une partie de notre travail, plusieurs extraits du parallèle qu'il a publié sur ces deux grands poètes :

« Au siècle de Léon X, une érudition extravagante se répandit partout et poussa les raffinements de la critique si loin, qu'on préféra la grâce et l'élégance aux hardiesses du génie. Pétrarque, considéré alors comme supérieur à Dante, fut pris comme modèle et cela dura jusqu'au XVIIIe siècle.

Ces deux fondateurs de la littérature italienne furent doués d'un génie bien différent; ne tendant pas au même but, ils formèrent deux écoles, ils créèrent deux langues et exercèrent jusqu'à nos jours une influence diversement fructueuse.

Dante met à profit tous les dialectes de l'Italie pour composer une langue nouvelle qui lui permette non seulement d'exprimer les idées les plus sublimes, mais aussi de retracer les scènes les plus communes de la nature, les plus étranges conceptions de sa fantaisie et les problèmes les plus abstraits de la philosophie et de la religion, tandis que Pétrarque ne songe qu'à choisir les idées les plus gracieuses, les expressions les plus élégantes et les plus mélodieuses.

Le chantre de Vaucluse s'adonne principalement à la Muse érotique, laquelle a pour but de peindre la plus douce des passions humaines; le vers de Dante, construit avec plus d'art et de hardiesse, atteint les plus grands effets de l'harmonie imitative.

Les images de Pétrarque semblent produites par un pinceau plus délicat; elles charment l'œil plus par le coloris que par la forme. Pétrarque souvent couvre la réalité d'un tel luxe d'ornements, que ses images se noient dans un océan de lumière éblouissante, tandis que le poète doit en général se contenter de moyens très simples pour arriver à de grands effets.

Dante donne de la vie à tout ce qu'il touche ; il mêle les réalités de la nature avec l'idéal au point qu'il crée des illusions que rien ne peut dissiper; telle est la description qu'il fait de Béatrice dans le paradis.

Dante et Pétrarque adoptèrent chacun un style en rapport avec leur génie, d'où résultèrent deux genres de poésie qui produisirent des effets bien différents : Pétrarque, en regardant toutes choses à travers le voile d'une passion dominante, tend à énerver les caractères et à détourner de la vie active. Dante, comme tous les poètes primitifs, est l'historien de son temps, le prophète de la patrie et le peintre de l'humanité. Il met en mouvement toutes les facultés de l'âme et nous communique sa propre énergie en traçant d'une main ferme les scènes les plus émouvantes et les plus terribles. Dans quelque lieu qu'il nous entraîne, soit dans l'enfer, soit dans le purgatoire, soit dans le paradis, il donne à chaque chose et à chaque personnage la couleur et le caractère qui leur sont propres.»


Choix de sonnets de Pétrarque traduits

Que de fois, tout en pleurs, fuyant le genre humain,
Et me fuyant moi-même en mon charmant asile,
J'inonde ma poitrine et l'herbe du chemin !
Que de fois mes soupirs troublent l'air immobile!
Que de fois, seul, en proie à mes rêves d'amour,
Au fond d'un bois épais et d'une grotte obscure,
Je cherche autour de moi cette femme si pure
Que me ravit la tombe où j'aspire à mon tour!
Tantôt elle s'élance en nymphe vaporeuse
Sur les flots argentés de la Sorgue écumeuse,
Et s'assied près de moi sur ses bords enchanteurs;
Tantôt, d'un pied léger, son image chérie
Agite doucement les fleurs de la prairie,
Et semble à mon aspect prendre part à mes pleurs.
20
Lorsque du sein de l'air, si plein de mon amour,
Je vois du haut des monts ce plateau solitaire
Où naquit l'ange aimé qui, prenant sans retour
Mon cœur prêt à verser ses parfums sur la terre,
Est parti pour le ciel et, gagnant les hauteurs,
M'a sitôt devancé par des routes lointaines
Que mes yeux, fatigués de leurs recherches vaines,
Ne voient plus un seul lieu qu'ils n'aient baigné de pleurs ;
Il n'est pas un rocher au flanc de nos collines,
Une branche, une feuille au bord des eaux voisines,
Une fleur, un brin d'herbe en ce vallon charmant,
Il n'est pas une goutte au lit de ces fontaines,
De louves en ces bois tellement inhumaines
Qui n'aient vu les effets de mon cruel tourment !

M'élevant en esprit dans ces lieux inconnus
Où vit celle qu'en vain ici-bas je rappelle,
Parmi les bienheureux du cercle de Vénus
Je la vis apparaître et plus tendre et plus belle.
Elle me prit la main: « Si j'en crois mon espoir, »
Dit-elle, « tu vivras parmi ces âmes pures ;
C'est par moi que ton cœur reçut tant de blessures,
C'est moi qui vis la mort descendre avant le soir.
Mon bonheur désormais échappe au sens des hommes,
C'est toi seul que j'attends; loin du monde où nous sommes
J'ai laissé ces trésors qui ravissaient tes yeux. »
Mais sa main s'entrouvrit, je cessai de l'entendre...
Hélas! aux doux accents de sa voix chaste et tendre
Mon âme était si près de se fixer aux cieux !

Zéphir en nos climats ramène les beaux jours
Et son aimable cour de fleurs et de verdure;
Philomèle et Progné redisent leurs amours
Et le printemps sourit à toute la nature ;
Le ciel reprend ses feux et les prés leur fraîcheur.
Jupiter enivré voit sa fille et l'admire,
Et l'amour, triomphant de tout ce qui respire,
Remplit la terre, l'onde et les airs de bonheur;
Mais pour moi, je succombe à cette ardeur profonde
Que laisse désormais sans objet en ce monde
Celle qui dans le ciel tient les clefs de mon cœur;
Le doux chant des oiseaux, l'éclat des fleurs nouvelles
Et les charmes naissants des vierges les plus belles
N'offrent plus à mes yeux que déserts et qu'horreur.

La mort vient de ravir au monde son flambeau,
A l'amour son regard, ses feux et sa puissance,
A la beauté son charme, aux grâces leur réseau,
A mon cœur déchiré sa dernière espérance;
L'urbanité n'est plus et la pudeur a fui.
Oh ! pourquoi pleurer seul quand tous devraient se plaindre?
Le foyer des vertus par toi vient de s'éteindre,
O Mort! en peut-il naître un second aujourd'hui?
L'air, la terre et les eaux devraient verser des larmes,
Et vous aussi, mortels qui, privés de ses charmes,
Semblez un pré sans fleurs, un anneau sans rubis.
Le monde où je l'aimais ignora mon idole.
Mais nous la connaissions, moi, que rien ne console,
Et le ciel ravisseur qui lui doit tout son prix !

De longs cheveux brillant à rendre l'or jaloux,
Le regard le plus pur, le plus charmant visage
Qui jamais aient fait mettre un mortel à genoux,
Un sourire ineffable, un gracieux langage,
Une main, de beaux bras noblement arrondis
A faire implorer grâce au cœur le plus rebelle,
Un pied fait par l'amour, une femme si belle,
En un mot, qu'il n'est rien de tel au paradis,
Me faisaient d'heureux jours; mais Dieu l'a rappelée,
Empressé de la voir parmi sa cour ailée,
Et moi, je reste seul, les yeux morts au bonheur.
Pourtant une espérance ici-bas m'est laissée :
Peut-être l'ange heureux, qui lit dans ma pensée,
De nous voir réunis obtiendra la faveur.

Sans doute en ce moment tu pleures tes beaux jours,
Joli petit oiseau qui vas à l'aventure,
Car l'hiver et la nuit, attristant la nature,
Ont chassé la lumière et le temps des amours.
Ah ! si tu connaissais le mal qui me dévore
Ainsi que tu connais tes cruelles douleurs,
Tu viendrais sur mon cœur, que rien n'apaise encore,
Et nous souffririons moins en confondant nos pleurs.
Mais c'est trop demander : celle qui t'est ravie
Peut-être maintenant n'a pas quitté la vie,
Et moi, j'implore en vain et le ciel et la mort.
Cependant la saison et cette heure avancée,
Et mes doux souvenirs et ma peine passée,
Tout m'invite à donner une larme à ton sort.

A la fontaine de Vaucluse Canzone

Eau claire, fraîche et bienfaisante
Où la dame, unique à mes yeux,
Baignait ses membres gracieux;
Gentil rameau sur qui sa main charmante,
Je tressaille à ce souvenir,
Se plaisait à se soutenir;
Gazon fleuri sur lequel s'étendirent
Sa jupe et son beau sein ; air pur où sans retour
Ses yeux adorables ouvrirent
L'accès de mon cœur à l'amour;
Soyez tous attentifs à ma plainte dernière.
Si tel doit être mon destin
Et si le ciel exauce ma prière
C'est en ces lieux, qu'à mes pleurs mettant fin
L'amour fermera ma paupière.
Si quelque honneur doit recouvrir encor
Parmi vous mon corps périssable,
Et si mon âme doit prendre l'essor
Vers sa demeure véritable,
Avec un tel espoir la mort
Dans ce pas incertain me sera moins pénible,
Car mon esprit lassé n'a pas de meilleur port
Et ma chair et mes os de fosse plus paisible.
Peut-être reverrai-je encore en ce séjour,
Comme autrefois dans un bienheureux jour,
Cette beauté cruelle et pourtant si charmante,
Elle tourne vers moi joyeuse et séduisante
Ses yeux en me cherchant; elle voit se creuser
La terre et, n'écoutant que l'amour qui l'inspire,
Elle semble oublier le ciel et s'accuser,
Tant son cœur tristement soupire,
Et de son voile elle étanche ses pleurs.
Des beaux rameaux incessamment des fleurs
Pleuvaient sur son beau corps; assise et bienheureuse
On la voyait pourtant jouir modestement
De sa gloire et déjà cette pluie amoureuse
La recouvrait complètement;
Telle fleur se posait au bord du vêtement,
Telle autre sur ses tresses blondes,
Comme des perles sur de l'or;
Telle atteignait la terre et telle autre les ondes;
Et, plus audacieuse encor,
Telle autre, tournoyant lentement, semblait dire :
De l'amour c'est ici l'empire.
Combien de fois effrayé je me dis :
« Elle naquit sans doute au paradis. »
Son port divin, sa voix, ses traits et son sourire
M'avaient troublé l'esprit, tout m'était devenu
Incertain et confus, et j'en vins à me dire :
Comment suis-je en ces lieux, quand y suis-je venu ?
Me croyant dans le ciel; aussi dans mon délire
Sur ces gazons je me plais désormais
Et c'est là seulement que je trouve la paix.

Liens
http://youtu.be/PahEi9ybE0Y Après la mort de Laure (poème)
http://youtu.be/g_5X0BmbJEU Liszt Sonnet de Pétrarque


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Posté le : 20/07/2014 14:20

Edité par Loriane sur 21-07-2014 22:54:09
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" Un être au singulier  " de Arielleffe





Le 13 Juillet  1930  1ère coupe du monde de FOOBALL
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Le  13  Juillet  100  A. JC
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Le  13  Juillet  1380  meurt   Bertrand  DU GUESCLIN
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Le  13  Juillet  1997   meur
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*Les bons mots de la semaine par Grenouille

*La pensée de la semaine de Grenouille


 " Quand les jours sont semblables les uns aux autres, c'est que les gens ont cessé de s'apercevoir des bonnes choses qui se présentent dans leur vie "

                                                                                                                                       Paulo Coelho.




Le 13 Juillet 1967 sur le tour meurt TOM SIMPSON
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Le  13   juillet   1870  La guerre commence par la dépèche d'
EMS

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Le  13  Juillet  1927  naît  Simone VEIL
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Le 13 Juillet 1793 est  assassiné  Jean-Paul  
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*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
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         Lucinda vous pose deux questions :
         *Pourquoi le mensonge ?
         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
   

      
     




Posté le : 20/07/2014 11:11
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Re: Les expressions
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« Voir quelque chose par le petit bout de la lorgnette »


Ne voir des choses qu'une petite partie, qu'un aspect accessoire dont on exagère l'importance, au point de négliger l'ensemble.
Avoir des vues étriquées, un esprit étroit.


Notre lorgnette, ici, n'est pas cette ancienne paire de lunettes tenue à la main par sa poignée (, mais cet instrument optique, généralement rétractable, qui permet de voir de plus près et avec plus de détail des choses éloignées ; une demi-paire de jumelles, en quelque sorte.

Cette expression date du milieu du XIXe siècle.
Si son sens est clair pour la plupart des gens, elle semble pourtant souvent absurde à certains car ils croient que "voir par le petit bout", veut dire tenir la lorgnette à l'envers, avec le gros bout devant l'oeil, la vue étant 'transmise' vers sa cible par le petit bout.
Mais que nenni ! C'est bien du bon usage de la lorgnette qu'il s'agit !

En effet, si vous utilisez normalement cet instrument, avec l'oeil sur le petit bout, vous regardez bien alors "par le petit bout", pour viser un objet relativement proche de vous, vous n'en verrez qu'une toute petite partie, démesurément grossie.
L'objet étant vu à travers la lorgnette, vous n'en voyez que des détails et sa vue d'ensemble vous échappe.
La métaphore de notre expression devient donc limpide.

Posté le : 20/07/2014 10:36
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René Bazin
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Le 20 juillet 1932 à Paris meurt René Bazin,

né à Angers le 26 décembre 1853 écrivain français, à la fois juriste et professeur de droit, romancier, journaliste, historien, essayiste et auteur de récits de voyages. René Bazin est le grand oncle de Hervé Bazin écrivain connu


Après une licence de droit à Paris, René Bazin suit les cours de la Faculté catholique d’Angers et obtient un doctorat en droit 1877.
En 1882, il tient la chaire de droit criminel.
En 1876, il se marie avec mademoiselle Aline Bricard ; le couple aura deux fils, dont le romancier et traducteur Louis-René Bazin, et six filles. Toute sa vie, il est porté par les valeurs que représentent la Monarchie et que l'Église continue à défendre.
En 1915, il est élu président de la Corporation des Publicistes Chrétiens, qui se fait appeler aussi Syndicat des journalistes français, et en 1917, il fonde le Bureau Catholique de la Presse.

En bref

Après avoir suivi des études à Paris et à Angers, René François Nicolas Marie Bazin devient professeur de droit à l'Université catholique d'Angers. Tout au long de sa vie, il a su rester proche des gens de sa campagne et des activités rurales. Ses œuvres de jeunesse décrivent la vie paysanne sous un jour extrêmement idéaliste. Ses voyages en Espagne et en Italie, commencés en 1893, lui ouvrent de nouveaux horizons, et il acquiert un sens de l'universalité des thèmes paysans qui donne davantage de force à ses romans plus tardifs. La Terre qui meurt en 1899 traite ainsi de façon poignante du thème de l'abandon de la terre et de l'émigration, à travers une famille dont les jeunes fuient l'un après l'autre la misère de leur Vendée natale pour tenter leur chance à la ville ou même en Amérique. Les Oberlé en 1901 aborde l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en peignant les conflits de loyauté qui divisent la famille Oberlé. Le livre est un succès, et vaut à René Bazin d'être élu à l'Académie française en 1903. Donatienne en 1903 raconte les pérégrinations d'un jeune couple de Bretons. Pour subvenir aux besoins de sa famille, la jeune maman, Donatienne, va travailler à la ville, et sera happée par la débauche de la vie urbaine. Après avoir perdu sa ferme, le mari en est réduit à la vie misérable d'un travailleur itinérant, qui va de ferme en ferme en traînant ses enfants derrière lui. Des années plus tard, une Donatienne souillée retrouve sa famille et reprend comme si de rien n'était son rôle d'épouse de fermier. Le Blé qui lève en 1907 décrit la corruption de bûcherons sous l'influence du syndicalisme.
René Bazin dépeint ainsi dans ses romans la vie rurale de la France profonde et exprime dans une langue simple mais élégante son amour de la nature et des valeurs authentiques, comme le travail, surtout celui de la terre. Même si son œuvre est aujourd'hui tombée en désuétude, il demeure au nombre des grands auteurs traditionalistes de son époque, dans la mouvance spirituelle des auteurs catholiques, dont font notamment partie Maurice Barrès, Georges Bernanos ou François Mauriac.

Sa vie, son œuvre

" Si loin que je remonte dans mes souvenirs, je me trouve écrivant des vers, soit au collège, soit, plus tard, entre deux cours de droit, sur un banc du jardin du Luxembourg. Je tenais aussi un journal de mes impressions et de ce qu'on croit être des pensées quand on est jeune."

René Bazin devient rédacteur en second au journal L'Étoile et commence à rédiger Stéphanette son premier roman, qui est publié, en 1883, en feuilleton, par L'Union, journal local. Ce roman, ainsi que le suivant, Ma tante Giron, 1885 paraît, en un seul volume, en 1884, à la maison d'édition Retaux-Bray, à Paris.
À partir de 1885, le succès de son roman Ma tante Giron lui ouvre les portes du milieu littéraire parisien. Il rencontre Léon Lavedan, directeur du Correspondant et père d’Henri Lavedan, ainsi que Georges Patinot, directeur du Journal des débats, qui accepte de publier, en feuilleton, le roman Une tache d'encre.
Dès 1885, des lectures publiques de ses romans ont lieu à la conférence Saint-Louis, cercle d'étudiants de la faculté catholique d'Angers.

En novembre 1887, il rencontre Ludovic Halévy, membre de l’Académie française, qui l’oriente vers Calmann-Lévy, éditeur célèbre dont la diffusion permet à René Bazin d'élargir son public. Calmann rachète les droits du roman Ma tante Giron, puis publie en mai 1888, en un seul volume, Une tache d'encre, roman qui, grâce à l'influence de Ludovic Halévy, est couronné par l'Académie française.
Plusieurs fois lauréat de l’Académie française, il publie des livres de voyages et collabore à La Revue des Deux Mondes ainsi qu’à divers autres journaux.
Après 1870, il est l'un des écrivains de la Revanche avec Les Oberlé et Le Guide de l'Empereur. Il est élu membre de l'Académie française en 1903, après le succès des Oberlé 1901. Il est aussi membre de l'Académie de Stanislas.
En 1909 un séjour à Hostel sur la commune de Belmont-Luthézieu, chez le beau-père de Paul Claudel, lui inspire le roman Le mariage de Mademoiselle Gimel se déroulant à Linod sur la commune voisine de Vieu.
Le roman est librement adapté de faits réels.
En 1919, après la guerre, dans Les Nouveaux Oberlé, il écrit un tableau, tout en nuances, de la découverte de la France par un jeune Alsacien qui a choisi de combattre dans l'armée française.
À l'exception notable des deux Oberlé, les romans de René Bazin ont le plus souvent pour cadre le milieu rural et paysan de l'ouest de la France qu'il évoque avec une grande richesse de vocabulaire.
Il y décrit, le plus souvent, la lutte du catholicisme et des valeurs traditionnelles contre la ville, le progrès, l'athéisme, la contagion révolutionnaire, s'inscrivant ainsi dans la mouvance agrarienne, dont une des dérives a été, 50 ans plus tard, le régime de Vichy.
Aujourd'hui certains aspects de l'écologie ne sont pas loin de la vision de René Bazin. Avec Paul Bourget, Henry Bordeaux et Maurice Barrès, il fait partie des 4 B, auteurs de référence des milieux traditionalistes de l'époque.
Ainsi La Terre qui meurt, publié en 18984, évoque le drame d'un domaine agricole doublement abandonné : d'une part, par le grand propriétaire qui va à Paris, et qui, ruiné, doit vendre jusqu'à ses meubles, et d'autre part par les fils du métayer chargé de l'exploitation agricole.
L'un émigre en Amérique, l'autre devient cheminot. Cependant, la terre finalement ne meurt pas, puisque le valet Jean Nesmy, accepté comme gendre par le métayer après quelques réticences, reprend finalement l'exploitation.
Ce livre a connu un très grand succès et en 1936 a été un des tout premiers à être filmé en couleurs.
René Bazin rédigea la plupart de ses livres dans sa propriété des Rangeardières, près d'Angers, sur la commune de Saint-Barthélemy-d'Anjou où il fut élu au conseil municipal en 1904.

Œuvres

Stéphanette 1884
Ma tante Giron 1885
Une tache d’encre 1888
Les Noellet 1890
Le guide de l'Empereur 1890
À l’aventure : croquis italiens 1891
Contes en vers 1891
La Sarcelle bleue 1892
La Légende de sainte Béga 1892
Madame Corentine 1893
Sicile : cro1893
Les Italiens d'Aujourd'hui 1894
Humble Amour 1894
Terre d’Espagne 1895
En province 1896
Contes de bonne Perrette 1897
De toute son âme 1897
Histoire de vingt-quatre sonnettes 1898
La Terre qui meurt 1898
Les Personnages de roman 1899
Croquis de France et de l'Orient 1899
Le Guide de l'Empereur : histoire de pauvres gens 1901
Les Oberlé 1901
L'Enseigne de vaisseau Paul Henry, défenseur de la mission de Pékin 1902
Donatienne 1903
Récits de la plaine et de la montagne 1904
Le Duc de Nemours 1905
L'Isolée 1905
Questions littéraires et sociales 1906
Le Blé qui lève 1907
Mémoires d'une vieille fille 1908
Le Mariage de Mademoiselle Gimel, dactylographe 1909
La Barrière 1910
Douce France 1911
Davidée Birot 1912
Nord-Sud, Amérique, Angleterre, Corse, Spitzberg, notes de voyage 1913
Gingolph l'abandonné 1914
Pages religieuses, temps de paix, temps de guerre 1915
Aujourd'hui et demain, pensées du temps de la guerre 1916
La Campagne française et la guerre 1917
Notes d'un amateur de couleur 1917
La Closerie de Champdolent 1917
Les Nouveaux Oberlé 1919
Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara 1921
Il était quatre petits enfants : histoire d'une famille française 1922
Contes et Paysages en province 1923
Le Conte du triolet 1924
Baltus le Lorrain 1926
Paysages et pays d'Anjou 1926
Fils de l'Église 1927
Les Trois Peines d'un rossignol 1927
Pie X 1928
Le Roi des archers 1929
Magnificat 1931
Champdolent 1931
La Faneuse endormie et autres nouvelles 1949

Adaptations

La Terre qui meurt fut adapté une première fois au cinéma muet par Jean Choux en 19266, puis au parlant par Jean Vallée dix ans plus tard.


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Posté le : 19/07/2014 23:45

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François Pétraque 1 début
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Le 20 juillet 1304 à Arezzo Italie naît Francesco Petrarca, en français

François Pétrarque


érudit, poète et humaniste italien. Avec Dante Alighieri et Boccace, il compte parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne, il meurt à Arquà le 19 juillet 1374
Plus que Dante avec Béatrice, Pétrarque est passé à la postérité pour la perfection de sa poésie qui met en vers son amour pour Laure. Pour beaucoup, l'ensemble de sa gloire, l'essentiel de sa renommée, la portée de son influence, tant stylistique que linguistique, tiennent uniquement à un volume, son immortel Canzoniere dans lequel il rénova la manière des écrivains du dolce stil novo.
C'est dans cette œuvre majeure qu'il se présente comme une sorte de Janus regardant à la fois vers le passé et l'avenir, l'antiquité et la chrétienté, la frivolité et le recueillement, le lyrisme et l'érudition, l'intérieur et l'extérieur.
Il est également l'homme qui, durant ses nombreux voyages, a retrouvé les Correspondances de Cicéron jusqu'alors perdues. Ces dernières sont à l'origine de la volonté de Pétrarque de publier ses propres lettres.

En bref

Premier des grands humanistes de la Renaissance, il est passé à la postérité pour la perfection de sa poésie en langue vulgaire (le toscan) devenue au cours des siècles, en alternative au réalisme de Dante, le modèle de tous les classicismes occidentaux.
Père de la poésie moderne et de la culture humaniste, auteur en langue vulgaire de cet immortel Canzoniere, Rerum vulgarium fragmenta, qui a suscité des foules d'imitateurs en Italie et dans toute l'Europe et qui a marqué la poésie amoureuse en Occident jusqu'au romantisme et au-delà, et d'une œuvre en latin, impressionnante par sa masse et qui, de son temps, lui valut la couronne de laurier et la gloire, Pétrarque se présente comme une sorte de Janus regardant à la fois vers le passé et vers l'avenir, l'Antiquité et la chrétienté, la frivolité et le recueillement, le lyrisme et l'érudition, la turbulence et le repos, l'intérieur et l'extérieur.
Avide des biens et des plaisirs de ce monde, follement ambitieux, actif, entouré d'une légion d'amis, de disciples, d'adulateurs, flatté et sollicité par les puissants – princes, papes et rois –, tenté et très souvent séduit par la politique – il accepta d'innombrables missions –, il est aussi ce méditatif épris de la solitude dans laquelle il s'est enfermé pendant longtemps et qu'il a élevée au rang d'un mythe. Voyageur infatigable, curieux des mœurs et des choses, amant intrépide de la nature et en même temps érudit, archéologue, philologue, lecteur subtil et passionné des auteurs latins, promoteur de l'étude du grec, même lorsqu'il est tourné vers les Anciens, il est plongé dans l'actualité : conformément à son double rôle de précurseur et de médiateur, il cherche moins, dans les œuvres du passé qu'il admire, des modèles à copier qu'un moyen, en renouant avec les traditions, en retournant aux origines, d'aller de l'avant, de créer ce monde moderne où la morale et la philosophie de l'Antiquité et la foi chrétienne se fondraient, réconciliées.

Sa vie

Le lundi 22 juillet de l’an 1304, au lever de l’aurore, dans un faubourg d’Arezzo appelé l’Horto, je naquis, en exil, de parents honnêtes, Florentins de naissance et d’une fortune qui touchait à la pauvreté.
(Pétrarque, Epistola ad Posteros, Épître à la Postérité)
Fils du notaire ser Pietro, Petrarco di Ser Parenzo, il passa son enfance dans le village de Incisa in Val d'Arno, proche de Florence car son père avait été banni de la cité florentine par les Guelfes noirs en 1302 en raison de ses liens politiques avec Dante. Le notaire et sa famille rejoignirent ensuite Pise puis Marseille et le Comtat Venaissin.

Études à Carpentras

Les exilés arrivèrent à Avignon en 1312 puis François s’installa à Carpentras où il fit ses humanités sous la férule de l’excellent maître toscan Convenole de la Prata. La tradition veut que celui-ci ait reçu de son élève un livre de Cicéron contenant, entre autres, le De Gloria aujourd’hui perdu. Toujours gêné pécuniairement, le maître avait engagé ce livre et, malgré les offres de Pétrarque pour le lui racheter, il refusa toujours par fierté. À sa mort, le poète gémit d’avoir perdu à la fois son livre et son maître. Ce fut pourtant de lui que le jeune homme acquit le goût des belles lettres. Dans une lettre à son ami d’enfance, Guido Settimo, archevêque de Gênes, qui étudia avec lui chez le maître toscan, il rappelle :
" Je séjournais quatre ans à Carpentras, petite ville voisine d’Avignon, du côté du levant, et dans cette ville j’appris un peu de grammaire, de dialectique et de rhétorique, autant que l’on peut en apprendre à cet âge et qu’on peut en enseigner à l’école."
Pour payer ses études, son père donnait chaque année au recteur du collège quatorze éminées de blé et le futur poète devait apporter son vase à vin et son gobelet pour boire au cours des repas.
À Carpentras, le jeune Pétrarque vécut un moment important. Il assista, le 1er mai 1314, à l’arrivée du Sacré Collège venu élire un nouveau pape. Les vingt-trois cardinaux – dont quinze cisalpins et huit transalpins – entrèrent en conclave puis durent se disperser face à l’attaque armée des Gascons de la famille de Clément V, le pape défunt.

Universités

Cloître de la faculté de droit de Montpellier
François, qui avait terminé ses études, quitta Carpentras pour suivre des cours de droit à l'Université. C'est lui-même qui nous indique son cursus :
"Je me rendis à Montpellier, où je consacrai quatre années à l'étude des lois ; puis à Bologne, où pendant trois ans, j'entendis expliquer tout le corps du droit civil."
Il y arriva à Montpellier au cours de l'automne 1316 et y apprécia son séjour estudiantin si l'on en croit cette confidence épistolaire :
"Là-bas aussi, quelle tranquillité avions-nous, quelle paix, quelle abondance, quelle affluence d'étudiants, quels maîtres ! "
En 1318 ou en 1319, Pétrarque perdit - en tant qu'adolescent - sa propre mère, Eletta, qui était alors âgée de 38 ans.
Détail véridique ou inventé, c'est cette disparition qui lui fit écrire ses premiers vers, une élégie de trente-huit hexamètres latins en hommage à cette mère morte à trente-huit ans.
Pourtant, ce fut dans cette cité universitaire qu'à peine un ou deux ans plus tard, se déroula un autre drame. En 1320, son père brûla ses livres. Lui et son cadet Gérard partirent alors continuer leurs études à Bologne, le plus grand centre européen d'études juridiques.
Ils étaient accompagnés de Guido Settimo, rencontrèrent les trois fils de l'influente et puissante famille Colonna, Agapito, Giordano et Giacomo et se lièrent avec ce dernier. Ce fut là, dès l'automne 1320, que le jeune homme prit conscience de la naissance d'une nouvelle forme de poésie écrite, non plus en latin, mais en langue vulgaire, le plus souvent le toscan.
La famille Colonna aura une importance considérable pour Pétrarque; il entrera en 1325 au service de celle -ci à travers Giacomo et son père, Stefano le Vieux, et jusqu'en 1347. Il vouera à la figure parentale de Stefano une affection et une admiration considérable, ayant trouvé en devenant orphelin des deux parents - le père de Pétrarque mourut en avril 1326 - un père modèle qui lui permettra de faire face aux aléas de la vie. Dans les Correspondances, il témoignera de reconnaissance pour ce lien néo-parenta.
Les deux frères ne revinrent à Avignon qu’à la mort de leur père, abandonnant leurs études de droit. François, âgé de 22 ans, attiré par la Cour pontificale, s’y installa en avril 1326. L'héritage paternel, bien écorné, permit aux deux frères de mener pendant quelques mois une vie insouciante et mondaine.

Séjour et imprécations contre Avignon

"Là, je commençai à être connu et mon amitié fut recherchée par de grands personnages. Pourquoi ? J'avoue maintenant que je l'ignore et que cela m'étonne ; il est vrai qu'alors cela ne m'étonnait pas car, selon la coutume de la jeunesse, je me croyais très digne de tous les honneurs."
François, flanqué de son ami Giacomo Colonna, s'est effectivement fait remarquer par son élégance, sa prestance et son éloquence avant de se faire admirer par ses talents poétiques. En effet, le jeune homme, qui avait définitivement abandonné le droit, s'adonna dès lors à une activité littéraire.
"Le talent qu'il va démontrer dans ces exercices poétiques et le raffinement de sa personne lui permettent d'acquérir rapidement, dans cette société courtoise, une réputation prometteuse".
Mais, pour continuer à satisfaire autant leurs besoins que leurs ambitions, les deux frères durent s'assurer des revenus réguliers. C'est sans nul doute ce qui les amena à recevoir les ordres mineurs, seule possibilité de percevoir des revenus ecclésiastiques.
En 1330, François rejoignit son ami Giacomo, évêque de Lombez où il retrouva son frère Gherardo, devenu chanoine, ainsi que deux autres de ses amis, Lello et Luigi di Campina. Son séjour estival dans la cité a été idyllique :
"Ce fut un été quasi divin grâce à la franche allégresse du maître de céans et de ses compagnons."
De retour dans la cité papale, il entra au service du cardinal Giovanni Colonna. Mais il ne se plaisait point à Avignon, la cité des papes lui semblant être une nouvelle Babylone. Il déversait sur elle les pires calomnies et médisances. La cité papale avait droit à ce type d'invective :
" Ô Avignon, est-ce ainsi que tu vénères Rome, ta souveraine ? Malheur à toi si cette infortunée commence à se réveiller ! ".
Pour lui, Avignon était l’enfer des vivants, l’égout de la terre, la plus puante des villes, la patrie des larves et des lémures, la ville la plus ennuyeuse du monde ou bien le triste foyer de tous les vices, de toutes les calamités et de toutes les misères ». Il ajouta même que La Cour d’Avignon était un gouffre dévorant que rien ne peut combler. Enfin, il eut cette formule qui fit florès Avignon, sentine de tous les vices .
Attaques contre les cardinaux français d'Avignon
Mais plus que sa haine d'Avignon, c'est celle contre les cardinaux du Sacré et Antique Collège qui éclate dans ses lettres. Les affublant du nom de boucs, il leur réservait ses traits les plus acérés.
Il cloua au pilori un de ceux-ci qui pesait de tout son poids sur les malheureuses chèvres et ne dédaignait aucun accouplement, dénonça son alter ego qui troublait tous les enclos et ne laissait aucune chèvre dormir tranquillement pendant la nuit somnifère, fustigea un autre qui n'épargnait pas les tendres chevreaux .
Dans son Invective contre le cardinal Jean de Caraman , il s'attaquait en particulier à un petit vieillard capable de féconder tous les animaux. Il avait la lascivité d'un bouc ou s'il y a quelque chose de plus lascif et de plus puant qu'un bouc. Pour que ses contemporains l'identifient avec précision, Pétrarque indiqua qu'il avait dépassé sa soixante-dixième année, qu'il ne lui restait plus que sept dents, qu'il avait la tête blanche et chauve et qu'il était si bègue qu'on ne pouvait le comprendre.
Puis il narra à son sujet un épisode tragicomique. Le barbon dut, alors qu'il était dans le plus simple appareil, coiffer son chapeau de cardinal pour convaincre une jeune prostituée effarouchée qu'il était membre du Sacré Collège.
Et le poète de conclure :
"Ainsi ce vétéran de Cupidon, consacré à Bacchus et à Vénus, triompha de ses amours, non en armes, mais en robe et en chapeau. Applaudissez, la farce est jouée."

Rencontre avec Laure

Pourtant, en 1327, en dépit de la mort de sa mère Eletta Cangiani, la cité pontificale d’Avignon lui sembla parée de tous les charmes un certain 6 avril. Ce jour-là, pour la première fois, le poète rencontra Laure. Sur son manuscrit de Virgile, il nota :
"Laure, célèbre par sa vertu et longuement chantée par mes poèmes, apparut à mes regards pour la première fois au temps de ma jeunesse en fleurs, l’an du Seigneur 1327, le 6 avril, à l’église de Sainte-Claire d’Avignon, dans la matinée."
Laure de Sade, épouse du marquis Hugo de Sade, venait d'avoir dix-sept ans et Pétrarque eut un coup de foudre. Un événement banal qui allait pourtant, par la grâce du génie d’un poète, entrer dans l’histoire de la littérature mondiale. Il allait, en effet, la chanter et la célébrer comme jamais aucun poète ne l’avait fait depuis le temps des troubadours.
Fidèle aux règles de l'Amour Courtois, le poète a peu donné de renseignements sur Laure. Il précisa seulement que sa démarche n'avait rien de mortel, que sa bien-aimée avait la forme d'un ange et que ses paroles avaient un autre son que la voix humaine .
Il en conclut : Moi qui avais au cœur l'étincelle amoureuse, quoi d'étonnant si je m'enflammais tout à coup.
Depuis quelques années, une nouvelle campagne négationniste a été développée par certains pétrarquistes. Pour eux, il faut que Laure n'ait point existé charnellement et qu'elle soit réduite, si l'on en croit leurs subtiles analyses, à un simple mythe poétique. Le plus acharné est Nicholas Mann qui nie en bloc et l'existence même de Laure et la véracité, nous le verrons plus loin, de l'ascension du Ventoux par le poète. Une dernière et récente hypothèse suggère que le personnage de Laure ait été celui d'une chanteuse rencontrée en Vénétie vers la moitié du XIVe siècle.
Ces hypothèses d'école sont battues en brèche par une lettre du poète à Giacomo Colonna, parue dans ses Epistolæ metricæ, I, 6, et qui a été écrite à Vaucluse, vers l'été ou l'automne 1338 Il est dans mon passé une femme à l'âme remarquable, connue des siens par sa vertu et sa lignée ancienne et dont l'éclat fut souligné et le nom colporté au loin par mes vers. Sa séduction naturelle dépourvue d'artifices et le charme de sa rare beauté lui avaient jadis livré mon âme. Dix années durant j'avais supporté le poids harassant de ses chaînes sur ma nuque, trouvant indigne qu'un joug féminin ait pu m'imposer si longtemps une telle contrainte.

Le 6 avril 1327 en l'église de Sainte-Claire à Avignon, Pétrarque aperçoit Laure, la femme qui inspirera sa poésie, mais non son œuvre entière, encore moins sa vie comme l'ont voulu les romantiques. Tout un courant de pensée marqué par le positivisme s'est obstiné à donner un nom et un visage à la dame du Canzoniere. On a tour à tour évoqué Laure de Noves, épouse de Hugues de Sade, Laure de Sabran, Laure de Chiabau, Laure Colonna... Cette recherche maniaque a, par réaction, produit la tendance contraire, déjà fort répandue chez les pétrarquistes de la Renaissance qui ne voulaient voir en elle qu'un pur symbole ou senhal, pour parler le langage de la poésie provençale, une personnification de la Beauté, de l'Intelligence et de la Vérité. Or, ni les images très précises qui tissent la matière lyrique, ni les transfigurations et les règles imposées par la tradition littéraire – sans compter les déclarations explicites de l'auteur lui-même, Familiares, II, IX – ne permettent de réduire Laure à un symbole ou à une allégorie. Toutefois, il semble vain de rechercher l'identité d'un être que Pétrarque, si bavard par ailleurs sur tant de détails de sa vie, tait avec une remarquable obstination, comme si son état civil et sa condition importaient peu : Laure ne vit que dans ses rimes et par ses rimes, elle est création du poète, même s'il n'est pas permis de douter qu'à l'origine de ce motif poétique il y eut une créature de chair et de sang que Pétrarque a vraiment connue et aimée. En outre, il convient de remarquer que sa divine inspiratrice ne paraît pour ainsi dire pas en dehors du Canzoniere où du reste transparaissent d'autres amours et qu'elle n'occupe qu'une place fort modeste dans une œuvre immense, caractérisée en réalité par des intérêts moraux, religieux, culturels, littéraires, historiques, civiques et politiques, lesquels, comme le prouvent amplement les documents et les textes que nous possédons, ont dominé et orienté sa vie.
Entre Terre et Ciel

Invité en 1330 par son ami de Bologne, Giacomo Colonna, alors évêque de Lombez, Pétrarque passe dans la petite ville gasconne un été quasi divin grâce à la franche allégresse du maître de céans et de ses compagnons. Il entre ensuite chez le frère de Giacomo, le cardinal Giovanni Colonna, au service duquel il restera jusqu'en 1347, non comme sous l'autorité d'un maître, mais plutôt comme sous la protection d'un père ou mieux d'un très tendre frère. Ce sont des années fécondes jalonnées par des voyages studieux et des périodes d'austère retraite, où alternent les rêves de gloire et les travaux humbles et acharnés de la création littéraire. En 1333, en homme de science avide de connaître gens et choses, il parcourt la France, le Brabant, la Rhénanie. Un an plus tard, le poète accompagna le dauphin Humbert II lors de son pèlerinage à la Sainte-Baume. En cette année 1337, à Avignon, naquit Giovanni, son fils naturel; l'événement suscita un scandale. Dans la chapelle napolitaine de Sancta Maria dell’Incoronata de Naples, lieu de culte voulu par la souveraine et édifié entre 1360 et 1373, les fresques des voûtes représentent les sept Sacrements et le Triomphe de l’Église. Dans le Mariage, les spécialistes ont pu identifier les portraits de Robert d’Anjou et de la reine Jeanne, et on suppose que dans le Baptême on a représenté Pétrarque et Laure.
À Paris, c'est la révélation des Confessions de saint Augustin, lues pour la première fois avec passion. À Liège, il sent le Pro Archia de Cicéron comme le grand manifeste de l'essence de la poésie. Sa vocation lui apparaît alors déjà clairement : avec la mise en chantier de ses deux plus vastes et plus significatives œuvres en latin, le De viris illustribus 1338-1353 et Africa 1338-1342, s'affirme son rôle de médiateur entre la culture classique et le message chrétien, se précise sa figure de précurseur et de héros de l'humanisme occidental. Au début de 1337, il réalise un de ses rêves les plus chers ; il se rend à Rome pour la première fois et admire, confondu par tant de choses grandes et belles, les vestiges de l'Antiquité et les saintes reliques.

Son cadet le rejoignit dans le Comtat Venaissin en 1336. Là, le 26 avril, François et Gérard firent l’ascension du mont Ventoux. Le poète décrivit sa randonnée de Malaucène jusqu’au sommet à François Denis de Borgo San Sepolcro. Certains auteurs ont mis en doute la date de cette montée. Pour étayer leur thèse, les adversaires de la réalité de la montée du Ventoux, en 1336, ont été obligés de déplacer la date de l'ascension après 1350, période où effectivement, pendant un demi-siècle, les accidents climatiques se succédèrent. Cet artifice leur permet d'expliquer que, dans de telles conditions, ce périple était impossible à réaliser au printemps 135313 et parle donc d’une recherche uniquement mystique.
Personne aujourd'hui ne nie que la lettre relatant la montée du Ventoux n'est pas la relation primitive que Pétrarque fit à son confesseur. Si elle a été réécrite par le poète pour mieux passer à la postérité, cela ne peut servir d'argument pour expliquer que cette ascension n'eut pas lieu.
C'est bien pourtant la voie dans laquelle s'est lancé Nicholas Mann, un professeur d'histoire de la tradition antique au Warburg Institute de l'Université de Londres. Indiquant que la lettre ne prit sa forme définitive qu'en 1353, il glose :
"Dix-sept ans plus tard, l'excursion d'une journée était devenue un programme pour la vie. Même, si au bout du compte, Pétrarque n'escalada jamais le mont Ventoux, la chaleur du récit qu'il en tira est autant littéraire que morale : la difficulté d'adopter le chemin le plus escarpé qui mène au bien ".
Des arguments bien différents en faveur de la réalité de cette montée ont été apportés dès 1937, année où Pierre Julian a fait paraître une traduction du texte latin de François Pétrarque sur L'ascension du Mont Ventoux suivie d'un essai de reconstitution de l'itinéraire du poète par Pierre de Champeville. En dépit du peu d'indications géographiques données, il en existe une essentielle. Le poète signale s'être reposé au pied de la Filiole.
Cette dénomination désigne toujours un ensemble toponymique qui comprend un piton dominant la combe la plus haute et la plus importante du Ventoux qui part du Col des Tempêtes et descend jusqu'au Jas de la Couinche. Cette combe est aujourd'hui dite Combe Fiole. Sa désignation a été, à l'évidence, faite par le berger qui guidait les deux frères. Elle est largement suffisante, à moins de traiter le poète de menteur, pour prouver qu'il a atteint dans son ascension au moins ce point précis situé à quelques centaines de mètres du sommet.
Dans son essai de reconstitution de l'itinéraire des frères Pétrarque, l'alpiniste Pierre de Champeville suppose qu'après Les Ramayettes, à la différence de la route qui emprunte à partir de là le flanc nord, ils ont parcouru la face méridionale moins boisée et plus accessible de l'ubac.

Le projet humaniste

Mais Avignon, objet de tant d'amour et de haine, permit surtout à Pétrarque de mener à bien un grand dessein qui occupa toute sa vie, « retrouver le très riche enseignement des auteurs classiques dans toutes les disciplines et, à partir de cette somme de connaissances le plus souvent dispersées et oubliées, de relancer et de poursuivre la recherche que ces auteurs avaient engagée.
Il a eu non seulement la volonté mais aussi l'opportunité et les moyens de mettre en œuvre cette révolution culturelle.
Sa notoriété de poète et d'homme de lettres désormais reconnue, ses contacts avec la Curie qui lui ouvre ses portes, le soutien efficace de la famille Colonna, lui permirent de rencontrer tous les érudits, lettrés et savants qui se rendaient dans la cité papale. À titre d'exemple, sous le pontificat de Benoît XII, Pétrarque apprit les rudiments de la langue grecque grâce à un grec calabrais, le basilien Barlaam, évêque de Saint-Sauveur, venu à Avignon avec le Vénitien Étienne Pandolo en tant qu'ambassadeurs du basileus Andronic III Paléologue afin de tenter de mettre un terme au schisme entre les Églises orthodoxe et catholique. La condition était que les armées «franques » vinssent soutenir l’empire byzantin contre la poussée turque, les arguties réciproques firent capoter cette ambassade. L’évêque Barlaam, de retour à Constantinople, en butte aux persécutions quiétistes, préféra revenir en Avignon où il se lia d’amitié avec Pétrarque.
Il créa, au cours de ces rencontres, un réseau culturel qui couvrait l'Europe et se prolongeait même en Orient. Pétrarque demanda à ses relations et amis qui partageaient le même idéal humaniste que lui de l'aider à retrouver dans leur pays, leur provinces, les textes latins des anciens que pouvaient posséder les bibliothèques des abbayes, des particuliers ou des villes.
Ses voyages lui permirent de retrouver quelques textes majeurs tombés dans l'oubli. C'est à Liège qu'il découvrit le Pro Archia de Cicéron et à Vérone, Ad Atticum, Ad Quintum et Ad Brutum du même. Un séjour à Paris lui permit de retrouver les poèmes élégiaques de Properce. En 1350, la révélation de Quintilien marqua, aux dires du poète, son renoncement définitif aux plaisirs des sens.
Dans un souci constant de restituer le texte le plus authentique, il soumit ces manuscrits à un minutieux travail philologique et leur apporta des corrections par rapprochements avec d'autres manuscrits.
C'est ainsi qu'il recomposa la première et la quatrième décade de l'Histoire Romaine de Tite-Live à partir de fragments et qu'il restaura certains textes de Virgile.
Ces manuscrits, qu'il accumula dans sa propre bibliothèque, en sortirent par la suite sous forme de copies et devinrent ainsi accessibles au plus grand nombreN 32. Un de ses biographes, Pier Giorgio Ricci, a expliqué à propos de la quête humaniste de Pétrarque :
L'aspiration à un monde idéal, soustrait à l'insuffisance de la réalité concrète, se trouve à la base de l'humanisme pétrarquiste : étudier l'antiquité par haine du présent et rechercher une perfection spirituelle que Pétrarque n'aperçoit ni en lui ni autour de lui.
Abordant la question d'une possible dichotomie entre humanisme et christianisme, il affirme :
Il n'existe aucun conflit entre son humanisme et son christianisme. La vrai foi manqua aux Anciens, c'est vrai, mais lorsqu'on parle vertu, le vieux et le nouveau monde ne sont pas en lutte.
L'admiration de Pétrarque envers les auteurs classiques n'est pas simplement la marque de son humanisme mais révèle une prise de conscience nationale, un nationalisme romain qui, à l'instar de Dante, juge les autres cultures barbares toujours imprégnées de scolastique, ce qui entraîne en retour un réveil du nationalisme français17.

Les séjours du poète à la fontaine de Vaucluse

Le site enchanteur de la Fontaine de Vaucluse
Pétrarque, parce qu’il n’aimait point Avignon ou parce que Laure ne l’aimait pas, se réfugia sur les berges de la Sorgue à la fontaine de Vaucluse à partir de 1338. Décidé de mettre un terme à ses obligations mondaines et à mener une vie consacrée à la solitude, la poésie et la réflexion, il y fit installer sa bibliothèque18. C'est ce qu'il explique dans son Épître à la Postérité : Je rencontrai une vallée très étroite mais solitaire et agréable, nommé Vaucluse, à quelques milles d'Avignon, où la reine de toutes les fontaines, la Sorgue, prend sa source. Séduit par l'agrément du lieu, j'y transportai mes livres et ma personne.
Il va y séjourner épisodiquement mais régulièrement jusqu'en 1353 faisant de ce lieu le centre de sa vie émotive et intellectuelle. Philippe de Cabassolle, l’évêque de Cavaillon, qui y possédait son château épiscopal, devint dès lors son ami le plus cher. Ses amours ne l’empêchèrent point d’avoir le sens de la formule puisqu’il déplora ce bien petit évêché pour un si grand homme.
Il resta en tout quinze années à Vaucluse. Le poète dit lui-même : Ici j’ai fait ma Rome, mon Athènes, ma patrie. Dans l'une de ses lettres à l'évêque de Cavaillon, Pétrarque explique les raisons de son amour pour la Vallis Clausa : Exilé d'Italie par les fureurs civiles, je suis venu ici, moitié libre, moitié contraint. Que d'autres aiment les richesses, moi j'aspire à une vie tranquille, il me suffit d'être poète. Que la fortune me conserve, si elle peut, mon petit champ, mon humble toit et mes livres chéris ; qu'elle garde le reste. Les muses, revenues de l'exil, habitent avec moi dans cet asile chéri.
Dans ses Familiarum rerum, il nota : Aucun endroit ne convient mieux à mes études. Enfant, j'ai visité Vaucluse, jeune homme j'y revins et cette vallée charmante me réchauffa le cœur dans son sein exposé au soleil ; homme fait, j'ai passé doucement à Vaucluse mes meilleures années et les instants les plus heureux de ma vie. Vieillard, c'est à Vaucluse que je veux mourir dans vos bras.
La Sorgue, reine de toutes les fontaines
Au cours d’un premier séjour de deux ans, il rédigea De Viris Illustribus et le monumental poème latin Africa dont les neuf livres inachevés ont pour héros Scipion l’Africain. Son second séjour, d'un an, eut lieu en 1342, après la naissance de Tullia Francesca, sa fille naturelle. Jules Courtet, le premier historiographe du Vaucluse, se permit de commenter Pétrarque n’aima que Laure. C’est possible, sauf la distraction .
En 1346, il retourna à nouveau à Vaucluse. Il y écrivit De Vita Solitaria et Psalmi Penitentiales où il implorait la rédemption. Un an plus tard, il se rendit à Montrieux rencontrer son frère Gherardo. De retour de la Chartreuse, il composa De Ocio Religiosorum.
L’année 1351 marqua le commencement des trois séjours consécutifs du poète à Vaucluse. Au cours de ces trois années, où il fustigeait les mœurs de la Cour pontificale d’Avignon, il composa ses traités Secretum meum et De otio religioso.
La somme de travail qu'il accumula est impressionnante, car c'est dans le Vaucluse que prirent corps toutes ses œuvres poétiques et littéraires, le poète le reconnaît lui-même : En résumé, presque tous les opuscules qui sont sortis de ma plume et le nombre est si grand qu'ils m'occupent et me fatiguent encore jusqu'à cet âge ont été faits, commencés et conçus ici.
Ce qui est certain, c’est que François, rêvant et travaillant sur les rives de la Sorgue, cultivait autant ses amours platoniques pour Laure que sa réputation (bien établie de poète. La solitude de la Vallis closa lui servit à faire revenir la mémoire en arrière et à vagabonder par l'esprit à travers tous les siècles et tous les lieux. En dépit de sa gloire, il revenait toujours à son séjour de prédilection. Il y organisait sa vie et écrivit à Francesco Nelli, prieur de l'église des Saints-Apôtres à Florence : J'ai acquis là deux jardins qui conviennent on ne peut mieux à mes goûts et à mon plan de vie. J'appelle ordinairement l'un de ces jardins mon Hélicon transalpin, garni d'ombrages, il n'est propre qu'à l'étude et il est consacré à notre Apollon. L'autre jardin, plus voisin de la maison et plus cultivé, est cher à Bacchus.
Pétrarque, comblé d’honneurs, cultivait donc conjointement sa muse et ses vignes. Comme il le nota lui-même la fontaine de la Sorgue aurait été un lieu parfait de résidence si l'Italie avait été plus proche et Avignon plus lointaine. C'est de plus à sa plume qu'est dû le plus ancien croquis de la Fontaine. Il dessina en marge de son Histoire Naturelle de Pline la Sorgue jaillissante du rocher sommé d'une chapelle avec en premier plan un échassier. Il légenda transalpina solitudo mea jocundissimo

Vaucluse : solitude et fécondité

De retour en Provence, cherchant à fuir la vie agitée et corrompue d'Avignon toute bruissante des souvenirs de ses années les plus frivoles, il élit domicile à quelques lieues vers l'est, dans la solitude de Vaucluse, aux sources de la Sorgue, lieu qui restera longtemps son refuge sacré, son Hélicon. C'est dans cette retraite qu'en 1340 lui parvient, à la fois de Paris et de Rome, l'invitation à recevoir la couronne de poète qu'il avait sollicitée, certes par ambition, mais aussi pour célébrer finalement, après mille ans d'injurieux oubli, le retour au culte des études littéraires et de la poésie. C'est pourquoi, du reste, il accorde sans hésiter la préférence au Capitole sur la Sorbonne et c'est là que, le 8 avril 1341, après un examen solennel à Naples où il est reconnu digne de ce suprême honneur par ce roi ami des lettres qu'était Robert d'Anjou, il reçoit des mains du sénateur romain, Orso dell'Anguillara, la couronne de laurier qu'il va déposer en un geste symbolique sur la tombe de saint Pierre.

Ce que l'on a appelé la crise de Pétrarque suit de peu cet événement : après une nouvelle période de mondanités et de plaisirs en Avignon en 1343 naît sa fille naturelle Francesca, il s'engage avec fermeté vers une voie plus recueillie et plus ascétique. Il paraît excessif de parler de conversion ou de crise, alors que tant de vers, parmi les plus anciens, portent la trace de ses angoisses morales et religieuses. Le tourment intérieur qui s'aggrava au cours des années – peut-être en partie à la suite de la décision de son frère, compagnon joyeux de ses anciennes débauches, de se retirer à la chartreuse de Montrieux en Provence – se réduit au fond à une lutte entre une foi religieuse sincère et l'impossibilité d'y adapter sa conduite, en refusant les séductions et les honneurs terrestres : situation qu'il analyse lui-même avec une impitoyable lucidité dans le Secretum meum, Mon Secret, 1342-1343 : Plus d'une fois j'ai songé à secouer le joug ancien, mais il est fiché dans mes os... je mourrai au milieu de mes péchés, si le secours ne me vient pas du Ciel. Plus que de crise, il serait donc juste de parler d'une évolution au sens moral et culturel du terme ; cette évolution l'amène à considérer comme coupable son amour pour Laure, fût-il chaste et uniquement tendu vers la conquête du Bien, parce qu'il l'incite à aimer le Créateur à travers sa créature et non l'inverse, et que par là il témoigne de son attachement à la Terre. Cette même évolution le conduit à dépasser les limites d'une admiration trop exclusive pour l'Antiquité et à prêter l'oreille à de nouveaux et plus convaincants accents. Dans le De vita solitaria 1346-1371, l'antinomie entre culture classique et culture chrétienne paraît presque entièrement résolue ; la solitude, ce grand mythe littéraire que Pétrarque a légué au monde humaniste et moderne, est pour lui le point de rencontre de l'otium litterarum des Anciens et de l'ascétisme chrétien, théorie qu'il développe dans le De otio religioso Le Repos des religieux, 1347, où héros et maîtres à penser de l'Antiquité coudoient les prophètes, les saints et les Pères de l'Église. Ainsi le projet initial de De viris s'élargit-il, empruntant sa matière aussi bien à l'histoire sainte qu'à la profane.

Ces années voient se produire des événements qui ont joué un rôle primordial dans la vie et l'œuvre de Pétrarque : son enthousiasme désintéressé pour les rêves et les tentatives de Cola de Rienzo 1313 ou 1314-1354 pour instaurer un gouvernement populaire à Rome, attitude qui l'éloigne progressivement de la cure d'Avignon et l'amène en 1347 à rompre définitivement avec le cardinal Giovanni Colonna, la terrible peste de 1348 où périssent tant d'amis et Laure elle-même, la rencontre avec Boccace, la révélation de Quintilien en 1350, date que Pétrarque indique comme celle où il a renoncé pour toujours aux plaisirs des sens

Entre ces pôles décisifs, la vie de Pétrarque se déroule, alternant les missions diplomatiques innombrables avec les haltes méditatives et créatrices. L'automne 1343 le trouve à Rome et à Naples, envoyé par les Colonna en ambassade auprès de la reine Jeanne ; en décembre 1345, il est chez Azzo da Correggio, à Parme, où il complète le Rerum memorandarum libri, Des choses mémorables, 1343-1345, puis à Bologne et à Vérone, où – découverte capitale – il exhume les lettres de Cicéron Ad Atticum, Ad Quintum, Ad Brutum qui lui donnent l'idée de ses propres recueils de lettres ; à la fin de 1345, il retourne en Avignon, mais, presque immédiatement, il se réfugie dans son Vaucluse bien-aimé pour deux années d'intense ferveur spirituelle et d'activité littéraire Bucolicum carmen, 1346-1364 ; De vita solitaria, De otio religioso. En novembre 1347, il repart de l'Italie, sans doute en mission pour le compte de Cola, que la révolution de mai a porté à la tête de l'État romain, mais la chute du tribun le contraint à bifurquer vers Vérone et Parme où – à part quelques déplacements – il reste une année avant de s'installer à Padoue, où le prince Giacomo Novello da Carrara lui avait obtenu un fort avantageux canonicat ; dans cette ville, peuplée d'amis et de fidèles, il espérait mettre un terme aux vagabondages et aux voyages, mais le seigneur de Padoue est assassiné et le désir prend Pétrarque « de revoir les collines et les eaux et les bois et le fameux pont de la Sorgue... et de mettre la dernière main à certaines petites œuvres, de manière à achever là-bas, avec l'aide de Dieu, l'ouvrage commencé avec la même aide, Familiares, XI, XII. Rien, ni la visite de Boccace à Padoue, ni les entretiens intimes et graves avec son illustre contemporain, qui au nom de la Signoria vient lui offrir une chaire à l'université nouvellement créée de Florence, rien ne le retient. Il part en mai 1351 pour Vaucluse. À Vaucluse je fus enfant, et lorsque j'y suis retourné adolescent, l'amène vallée, par sa position riante m'a apporté réconfort. Homme, j'ai passé doucement à Vaucluse mes meilleures années, tissant de fils candides la trame de ma vie. À Vaucluse, je désire finir mes jours et il me plaît mourir, Familiares, XI, IV. En dépit de fréquentes apparitions en Avignon surtout pour intervenir en faveur d'amis, dont Cola, cette quatrième retraite est particulièrement féconde : il refond et remanie le Canzoniere, commence avec les Familiarum rerum libri env. 1349-1366 à donner vie à son projet de former un corpus de ses lettres, poursuit régulièrement la rédaction des Epistolae metricae 1348-1363, entame avec vigueur sa polémique contre les médecins, ennemis acharnés des Humanae Litterae, reprend et corrige nombre de ses précédents ouvrages. La visite à son frère, leurs saintes méditations dans la paix de la chartreuse semblent couronner idéalement, en 1353, cette période de profond recueillement.

La période italienne

La mort de ses amis les plus chers, " nous étions une foule, nous voici presque seuls ", Familiares, VIII, VII, l'hostilité du pape Innocent VI qui avait succédé en décembre 1352 au bienveillant Clément VI, les conflits de plus en plus âpres qui l'opposent à la curie d'Avignon à cause de Cola, de Rome et de sa polémique contre les médecins décident Pétrarque à quitter à jamais la Provence pour rentrer dans sa patrie ; en mai, du haut du Mont-Genèvre, il salue l'Italie avec une éloquence émue : " Salut terre très sainte, terre chérie de Dieu, terre douce aux bons, aux superbes redoutable ! "Epistolae metricae, III, XXIV.

Les lauriers d'Apollon

Sa notoriété était telle qu’en 1340, son maître et confesseur, le moine augustin François Denis de Borgo San Sepolchro, lui proposa de recevoir la couronne de lauriers à la Sorbonne où il professait. Les docteurs de Paris lui offraient cette distinction pour remercier celui qui permettait la renaissance des lettres, la redécouverte des textes anciens oubliés et ouvrait la voie aux humanistes.
Le Sénat romain lui fit la même proposition. Pétrarque eut donc le choix entre Paris et Rome. S’il opta pour la Ville Éternelle, ce fut avant tout pour être honoré par Robert d’Anjou, roi de Naples et comte de Provence. Car, expliqua-t-il, Le roi de Sicile est le seul que j’accepterai volontiers parmi les mortels comme juge de mes talents .
Au cours de l’année 1341, Pétrarque quitta momentanément sa retraite de Vaucluse et sa chère fontaine pour se rendre en Italie. Le Vauclusien fut d’abord accueilli, en mars, par le roi Robert à Naples qui allait juger s’il était digne d’être couronné des lauriers d’Apollon comme prince des poètes.
Durant trois jours, Pétrarque se soumit publiquement à son jugement. Le premier jour, il discourut longuement sur l’utilité de la poésie ; le second, le roi l’interrogea sur des sujets allant de la métaphysique aux phénomènes naturels, de la vie des grands hommes à ses voyages à Paris ; le troisième, après lecture de quelques extraits de l'Africa, le souverain le déclara digne des lauriers et proclama Nous l’engageons dans notre maison pour qu’il soit possesseur et jouisse des honneurs et privilèges que possèdent les autres familiers, après avoir prononcé le serment d’usage. Ce que Pétrarque fit avec joie. Et le poète vauclusien proclama haut et fort :
"Heureuse Naples, à qui il est échu, par un singulier don de la Fortune, de posséder l’ornement unique de notre siècle ! Heureuse Naples, et digne d’envie, siège très auguste des Lettres ; toi qui parus déjà douce à Virgile, combien dois-tu le sembler davantage maintenant que réside en tes murs un juge si sage des études et des talents . "
Robert d’Anjou lui ayant proposé de le couronner à Naples, le poète insista pour l’être à Rome. Il partit donc en compagnie de Giovanni Barrili, chambellan royal et fin lettré, après avoir reçu des mains du roi l’anneau et le manteau pourpre aux fleurs de lys. Le 8 avril 1341, jour de Pâques, au cours d’une cérémonie qui se déroula au Capitole dans une pompe et une solennité extraordinaires, Pétrarque se vit remettre, par le sénateur Orso dell’Anguillara, la Couronne de laurier d’Apollon.
Dès lors, il fut porté aux nues par tout ce que l’Occident comptait de lettrés.
Mais ces lauriers si désirés déçurent rapidement le poète vauclusien. Cette couronne n’a servi qu’à me faire connaître et me faire persécuter écrivit-il à l’un de ses amis. Il confia à un autre Le laurier ne m’a porté aucune lumière, mais m’a attiré beaucoup d’envie. François Pétrarque adorait égratigner mais ne supportait pas de l’être.
Il quitta Rome et ses lauriers à l'invitation d'Azzo di Correggio, seigneur de Parme qui lui offrit l'hospitalité pour un an. Là, il découvrit et chérit sa seconde solitude à Selvapina.

Pétrarque et l’idéalisation de Rome

Rome, où le poète avait été couronné, devint dès lors pour lui une obsession. Vénérant et idolâtrant cette ville plus que toute autre, il écrivit à son propos :
Rome, la capitale du monde, la reine de toutes les villes, le siège de l'empire, le rocher de la foi catholique, la source de tout exemple mémorable.
Cette glorieuse cité ruinée, capitale d’un empire, devait retrouver tout son lustre. Pétrarque, partisan des gouvernements populaires, vit d’un bon œil la politique qu’y menait Nicola Gabrino, dit Cola di Rienzo. Mais, pour que Rome redevienne Rome, il fallait surtout que la papauté délaissât les berges du Rhône pour retourner sur celles du Tibre.
En 1342, travaillé par une profonde crise spirituelle due à sa lecture des textes de Saint Augustin, il quitta Vaucluse pour revenir à Avignon. Là, il demanda à Clément VI de retourner à Rome qui bouillonnait de révolte sous la férule du jeune et brillant de Cola di Rienzo. Ce fut une fin de non-recevoir.
Un an plus tard, il arriva à Avignon à la tête d’une ambassade italienne. Le tribun et le poète ne purent que sympathiser. Ne venait-il pas demander au Souverain Pontife de quitter Avignon pour Rome ? Lors de sa réponse, le pape ne daigna pas aborder ce sujet mais accorda aux Romains un jubilé pour l’année 1350. Déçu, le poète retourna à sa chère maison de Vallis Closa ruminer contre Clément quelques acerbes clémentines.
Le pape le sortit rapidement de sa réserve et le chargea d’une ambassade à Naples au cours de ce mois de septembre 1343. Arrivé sur place, il constata que le Royaume était comme un navire que ses pilotes conduisaient au naufrage, un édifice ruiné soutenu par le seul évêque de Cavaillon. Pétrarque dénonça à Clément VI la camarilla qui entourait Jeanne et mit particulièrement en cause un certain fra Roberto qu’il accusa d’être responsable de la décrépitude de la Cour napolitaine.
Un an plus tard, le poète vauclusien, retourné à ses chères études, commença la rédaction des quatre livres de Rerum Memorandorum. Il reprit foi dans le devenir de Rome quand, en 1347, Rienzo se fit élire Tribun. Pétrarque rompit alors avec le cardinal Giovanni Colonna et partit rejoindre la Ville Éternelle pour le soutenir.
La déception fut à la hauteur de l’espoir. Chassé de Rome le 15 décembre 1347 aux cris de Mort au tyran, Rienzo fut contraint de se réfugier chez les franciscains spirituels puis à Prague auprès de l'empereur Charles IV de Luxembourg. Celui-ci le fit incarcérer puis l'envoya à Avignon, où il fut emmuré pendant un an au Palais des Papes dans la Tour du Trouillas.
Pétrarque commença à se poser des questions sur celui en qui il voyait l'homme providentiel capable de faire renaître la splendeur de la Rome antique. Il écrivit à son ami Francesco Nelli :
Nicolas Rienzi est venu dernièrement à la Curie, pour mieux dire, il n'est pas venu, il y a été amené prisonnier. Jadis tribun redouté de la ville de Rome, il est maintenant le plus malheureux de tous les hommes. Et pour comble d'infortune, je ne sais s'il n'est pas aussi peu digne de pitié qu'il est malheureux, lui qui, ayant pu mourir avec tant de gloire au Capitole, a à supporter à sa grande honte et à celle de la République romaine d'être enfermé dans la prison d'un Bohème puis dans celle d'un Limousin.
Un an plus tard, il envoya une lettre à Rienzo dans laquelle il put lire : Vous me ferez dire ce que Cicéron disait à Brutus : Je rougis de vous .
Incarcéré à Avignon, Rienzo est resté prisonnier jusqu’au 3 août 1353. Rappelé à Rome par le cardinal Gil Álvarez Carrillo de Albornoz, il n'échappa pas à son destin et mourut lors d'une nouvelle émeute du peuple romain.

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Grâce à l'intervention de l'archevêque Giovanni Visconti, il s'installe à Milan, où, à part quelques rares parenthèses, il reste huit ans 1353-1361, bien que ses amis, surtout florentins, ne lui ménagent pas les reproches pour être devenu, lui naguère le défenseur de la liberté et de la solitude, le thuriféraire des tyrans ennemis de sa patrie, installé dans une ville bruyante, collaborateur actif d'une ambitieuse politique de conquête. Pourtant cette époque milanaise est une des plus heureuses et des plus fécondes de sa vie. Il termine la première véritable édition de ses Rime, se consacre aux Familiares, achève de composer le De remediis utriusque fortunae 1354-1360, travaille aux Triomphes Trionfi, 1351-1374, compose l'Invectiva 1355 contre le cardinal Jean de Caraman et l'Itinerarium syriacum, revoit et ordonne ses écrits précédents. C'est au cours de cette période d'intense activité littéraire qu'il accueille dans sa maison Boccace et, comme pour symboliser leur parfaite entente spirituelle, il plante dans son jardin des lauriers fatidiques. Cette entente se maintiendra et se renouvellera jusqu'à sa mort par un constant échange de correspondance, de nouvelles, de livres, d'amis et surtout par d'autres rencontres toujours stimulantes et riches. Cette amitié exaltante, la plus féconde des lettres italiennes, prend la forme d'une action commune pour le renouvellement, à la fois chrétien et classique, de la culture italienne, voire européenne. En 1361, fuyant la peste qui ravageait la plaine du Pô, il se réfugie à Venise, " ville auguste, seul réceptacle à notre époque de liberté, de paix et de justice, dernier refuge des bons, port unique où peuvent trouver abri les vaisseaux de ceux qui aspirent à la tranquillité" Seniles, IV, III. La Signoria fait don d'une maison sur la Riva degli Schiavoni à l'homme " dont la renommée est telle dans le monde entier qu'aussi loin qu'on remonte dans le temps il n'y eut jamais, parmi les chrétiens, poète qui puisse lui être comparé", et Pétrarque promet de léguer à sa mort tous ses livres à la République de Venise. Sa fille Francesca, son mari et leur petite fille Eletta viennent le rejoindre et leur bonheur réjouit ce père affectueux, en 1361, son fils Giovanni, natus ad laborem ac dolorem meum ", était mort de la peste. Il prend une part active à la vie et à la politique de la cité, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre son œuvre littéraire dans la sérénité.

Mais l'affront qu'il subit, sans que la ville de Venise s'en émeuve de la part de quatre jeunes disciples d'Averroès qui, tout en reconnaissant qu'il est bon homme, voire excellent, le taxent d'illettré, tout à fait ignare parce qu'il croit plus au Christ et à l'Église qu'aux doctrines attribuées à Aristote, le détermine, après avoir répondu à ses détracteurs par le De sui ipsius et multorum ignorantia 1371, à changer une fois de plus de résidence et à se fixer à Padoue où il demeure jusqu'à sa mort, faisant la navette entre son domicile padouan et la maison qu'il avait acquise à Arquà, son dernier refuge.
Après le départ de sa fille pour Pavie, sa solitude spirituelle s'accentue, en dépit de l'amitié et de la dévotion dont il est entouré. On le pressent encore pour des missions politiques : en avril 1368, il va, en compagnie du seigneur et de l'évêque de Padoue, à la rencontre de l'empereur Charles IV qui, allié de la ligue contre les Visconti, descend en Italie ; puis il se rend à Pavie et à Milan à l'occasion des noces de Lionel, puîné du roi d'Angleterre, et passe, objet de vénération, entre les armées ennemies.
En 1370, heureux de voir enfin réalisé son grand rêve du retour de la papauté à Rome, il s'achemine vers la Ville éternelle sur l'invitation d'Urbain V, mais une syncope lui interdit de poursuivre sa route. En 1372, il accompagne pourtant le fils du seigneur de Padoue Francesco Novello, battu par Venise, pour aller implorer son pardon à la Sérénissime ; à cette occasion, il prononce un discours.
Toutefois, il ne cesse de travailler, remaniant encore et toujours ses œuvres anciennes dont l'édition définitive de ses poésies, mais entreprenant également des ouvrages nouveaux : De gestis Caesaris, l'Invectiva contra eum qui maledixit 1373, contre Jean Hesdin, les dernières parties des Triomphes ; enfin il traduit en latin la centième nouvelle du chef-d'œuvre de son ami Boccace, celle de Griselda. Quand la mort le surprend, il travaillait seul dans le bureau de sa résidence d'Arquà : on le découvre le lendemain matin, le front incliné, d'après une pieuse légende, sur un manuscrit de son Virgile bien-aimé.

La mort de Laure et le Canzoniere

Laure, le 6 avril 1348, vingt et un ans jour pour jour après sa rencontre avec Pétrarque, Laure, le parangon de toutes les vertus, trépassa, sans doute atteinte de la Peste Noire. Pétrarque était alors en ambassade auprès du roi Louis de Hongrie. Ce fut son ami Louis Sanctus de Beeringen qui, le 27 avril, lui envoya un courrier d’Avignon pour l’informer. Pétrarque reçut la missive le 19 mai. Outre la mort de l’aimée, elle l’informait qu’Avignon était vidé de ses habitants les plus notables, réfugiés dans les campagnes avoisinantes et que sept mille demeures étaient fermées.
De plus, le 3 juillet, son ami et protecteur, le cardinal Giovanni Colonna, décédait à son tour du mal contagieux. C'est à lui qu'en 1338, il avait confessé son amour pour Laure, cette dame de rang élevé, dont l'image le poursuivait dans ses pérégrinations et dans sa solitude de Vaucluse. Effondré, le poète ne put qu’écrire La postérité pourra-t-elle croire à tant de malheurs ?. Mais, son naturel reprenant le dessus, il composa un sonnet où il explique que la mort paraissait belle sur son beau visage. Celui-ci reste un des sommets de la poésie de Pétrarque, l'une des images les plus parfaites du concept idéal incarné par Laure.
Il ne lui restait plus qu’à compiler ses différents sonnets pour composer le Canzoniere dit encore Rime Sparse ou Rerum Vulgarum Fragmenta. Dans sa première partie, In Vita di Madonna Laura, le poète apparaît tourmenté par sa passion amoureuse, l'humaniste épris de vie et de gloire se heurte au chrétien cherchant à renier toutes ses faiblesses. Dans la seconde, In Morte di Madonna Laura, les tourments du poète se sont apaisés et Laure, transfigurée par la mort, devient plus tendre et plus accessible pour un François dont l'amertume a laissé place à la mélancolie.
Des poèmes qui allaient faire pendant des siècles le tour de l’Europe entière. Grâce à eux, Laure et Pétrarque entrèrent dans l'imaginaire amoureux au même titre que Tristan et Iseut ou Roméo et Juliette. L’impossible amour de Messer Francesco pour Madonna Laura avait, de toute éternité, trouvé son cadre sur les rives de la Sorgue. Il avait suffi de la magie d’une rencontre pour que le génie d’un des plus grands poètes puisse le magnifier. Car si Vaucluse est le lieu où germèrent les Épitres, c'est aussi et surtout la vallée dans laquelle l'amant de Laure vagabonda de pensée en pensée, de monts en monts.

Le départ pour l'Italie...

Si les rapports de Pétrarque avec Clément VI avaient été quelquefois tendus, une estime réciproque unissait les deux hommes. Mais sentant venir la fin de ce pontife, le 16 novembre 1352, le poète voulut quitter définitivement sa retraite de Vaucluse. Surpris par une pluie torrentielle, il dut s'arrêter à Cavaillon. Là, il apprit que les routes vers l'Italie étaient bloquées soit par la neige, soit par des soldats débandés. Il préféra faire demi-tour.
Ses relations avec le nouveau pape Innocent VI furent peu amènes. Il faut dire que le poète avait pris en grippe non seulement la Curie mais aussi les physiciens de la Cour pontificale dont l'illustre Guy de Chaulhac et que son soutien affiché à Rienzo et ses partisans, contre lesquels luttait le cardinal Albornoz en Italie, lui avait valu l'hostilité du nouveau Souverain Pontife.
Il préféra quitter Vaucluse et le Comtat Venaissin pour aller se faire oublier en Italie. Avant son départ, il s’arrêta à la Chartreuse de Montrieux pour y rencontrer son frère Gérard. Pétrarque passa la frontière au Montgenèvre en mai 1353. La vue de son pays d'origine du sommet du col souleva son émotion littéraire et il versifia :
"Salut terre très sainte, terre chérie de Dieu, terre douce aux bons, aux superbes redoutable."
Il avait quitté le village de Vaucluse au bon moment. En effet, le jour de Noël de cette même année, une bande de pillards pénétra dans la Vallis Clausa et la maison du poète fut brûlée.

... et l’impossible retour à Florence

En route à Padoue, Pétrarque se vit remettre une lettre du Sénat de Florence par l’intermédiaire de son ami Boccace. Elle lui proposait de venir enseigner à l’Université florentine qui venait d'ouvrir et de rentrer en possession des biens paternels. Dans leur missive, les sénateurs florentins le couvraient de louanges :
Illustre rejeton de notre patrie, il y a longtemps que votre renommée a frappé nos oreilles et remué nos âmes. Le succès de vos études et cet art admirable dans lequel vous excellez vous ont valu le laurier qui ceint votre front et vous rendent digne de servir de modèle et d’encouragement à la postérité. Vous trouverez dans les cœurs de vos compatriotes tous les sentiments de respect et d’affection auxquels vous avez tant de droit. Mais, afin qu’il n’y ait rien dans votre patrie qui désormais puisse encore vous blesser, nous vous accordons, de notre propre libéralité et par un mouvement de tendresse paternelle, les champs jadis ravis à vos ancêtres, qui viennent d’être rachetés des domaines publics. Le don est faible en lui-même, sans doute, et peu proportionné à ceux que vous méritez, mais vous l’apprécierez davantage si vous avez égard à nos lois, à nos usages, et si vous vous rappelez tous ceux qui n’ont pu obtenir une semblable faveur. Vous pouvez donc, à l’avenir, habiter dans cette ville qui est votre patrie. Nous nous flattons que vous n’irez pas chercher ailleurs les applaudissements que le monde vous donne et la tranquillité que vous aimez. Vous ne rencontrerez pas parmi nous des César et des Mécène. Ces titres nous sont inconnus. Mais vous rencontrerez des compatriotes zélés pour votre gloire, empressés à publier vos louanges et à étendre votre renommée, sensibles à l’honneur d’avoir pour concitoyen celui qui n’a pas d’égal dans le monde. Nous avons résolu, après mûre délibération, de relever notre ville en y faisant fleurir les sciences et les arts ; c’est par là que Rome, notre mère, acquit l’empire de toute l’Italie. Or il n’y a que vous qui puissiez remplir nos vœux. Votre patrie vous conjure, par tout ce qu’il y a de plus saint, par tous les droits qu’elle a sur vous, de lui consacrer votre temps, de présider à ses études et de concourir à lui donner ainsi un éclat qu’enviera le reste de l’Italie. Les magistrats, le peuple et les grands vous appellent ; vos dieux pénates et votre champ recouvré vous attendent. S’il y a dans notre style quelque chose qui vous blesse, ce doit être un motif de plus pour vous porter à vous rendre à nos vœux : vos leçons nous seront nécessaires. Vous faites la gloire de votre patrie, et c’est à ce titre que vous lui êtes si cher ; c’est à ce titre qu’elle vous chérira davantage si vous cédez à ses instances.

Pétrarque répondit négativement :

"J’ai assez vécu, mes chers compatriotes, suivant l’axiome du sage, qu’il faut mourir quand on n’a plus rien à désirer… Hommes illustres et généreux, si j’avais été auprès de vous, aurais-je pu solliciter rien de plus que ce que vous m’avez accordé en mon absence, et lorsque je ne le sollicitais pas ! Comblé de vos faveurs, j’oserais m’approprier la réponse que fit Auguste au Sénat, en versant des larmes : Arrivé au comble de mes vœux, que puis-je demander aux dieux si ce n’est que votre bonne volonté dure autant que ma vie ! Jean Boccace, interprète de votre volonté et porteur de vos ordres, vous dira combien je désire vous obéir et quels sont mes projets pour mon retour. Je les lui ai confiés. En vous remettant cette lettre, il vous fera connaître mes sentiments ; je vous prie de croire à ses paroles comme si je vous parlais moi-même. Fasse le ciel que votre république soit toujours florissante".
Et il ne retourna jamais à Florence.

L’ambassadeur des Visconti

À l'invitation de l'archevêque Giovanni Visconti, il se fixa à Milan d'abord dans une petite maison près de Saint-Ambroise puis au monastère de Saint-Simplicien-hors-les-murs. Au cours des neuf années de son séjour lombard, il exerça à nouveau sa verve contre Guy de Chaulhac en publiant Invective contre un médecin.
En 1356, Barnabò et Galeazzo Visconti, potentats de Milan qui venaient de succéder à leur oncle Giovanni, le chargèrent de se rendre à Prague auprès de l’empereur Charles IV de Luxembourg. Sa présence en Lombardie n’empêcha point Innocent VI d’utiliser ses talents d’ambassadeur auprès du doge Giovanni Dolfin en 1357.
Le 13 janvier 1361, à Villeneuve-lès-Avignon, arriva l’ambassadeur de Galeazzo Visconti en l’Hôtel du Dauphin. C’était François Pétrarque. Après un discours d’une rare éloquence, il remit au roi de France, de la part du Milanais, la bague sertie d’un diamant perdu par Jean II à Maupertuis. Puis il offrit au Dauphin Charles une autre bague montée d’un rubis. Ravi, le roi voulut retenir le poète à sa Cour mais Pétrarque préféra rejoindre Milan.
À son retour, son fils Giovanni venait de mourir de la peste. Fuyant l'épidémie qui ravageait la plaine du Pô, il quitta les Visconti et se réfugia à Padoue à l'invitation de Francesco da Carrara. Il se rendit ensuite à Venise, en 1362, où il fut accueilli par le doge Lorenzo Celsi. Dithyrambique, le poète proclama :
"Ville auguste, seul réceptacle à notre époque de liberté, de paix et de justice, dernier refuge des bons, port unique où peuvent trouver abri les vaisseaux de ceux qui aspirent à la tranquillité"
Il allait y rester cinq ans et fut rejoint par sa fille et son gendre. Le couple venait d'avoir une petite fille, Eletta. Au cours de ce séjour, il termina De Remediis et Familiari ainsi que son recueil Senili. Pour répondre aux attaques de jeunes vénitiens averroïstes, il composa De sui ipsius et multorum ignorantia, dégoûté d'avoir été traité d'ignorant par ce groupe.

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Posté le : 19/07/2014 18:59
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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