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Re: Les plus beaux sites abandonnés du monde abandonnés
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J'y allais avec mes enfants lorsqu'ils étaient petits à Dadipark car c'est à 10 minutes de chez moi. Ce n'était plus entretenu.
J'ai glissé sur ce toboggan pendant mon enfance.

Que de souvenirs.

Il y a eu un grave accident et il a fermé ses portes.

Triste abandon...

Merci Loriane

Posté le : 09/08/2014 22:16
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P. 2.8.2014. Cartier-Bresson,Colette,Ackermann,FD'Eaubonne,Soljenitsine,Schwartzkopf,Bienvenue,Dolet
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Texte à l'affiche :

" Le pierrot de l'écriture " de Marco



Le 3 Aout 2008 meurt CARTIER-BRESSON
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Le  3  Aout 1890  meurt  Louise-Victorine
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Le  3  Juillet  2005  meurt  Françoise 
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Le  3  Aout  2006  meurt  Elisabeth
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Aujourd'hui Dimanche 3 Aout 2014
 
LIRE , ECRIRE, DECOUVRIR

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 Nouveau  vos rendez-vous hebdomaires :

*Bacchus sa tribune : quand sa lyre délire

*Emma "dos à dos" sa chronique d'jeuns
*Iktomi "chef-d'oeuvre, pas chef-d'oeuvre ?
*Les bons mots de la semaine par Grenouille

*La pensée de la semaine de Grenouille


 " Le pessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté.  "

                                                                             Alain




Le  3  Aout  1954  meurt  COLETTE
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Le  3   Aout  2008  meurt  Alexandre  
SOLJENITSINE

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Le  3  Aout  1954  naît   Etienne  DOLET
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Le  3  Aout  1936 meurt  Fulgence
BIENVENUE
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*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner 

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                   dans son nouveau défi 

         Lucinda vous pose deux questions :
         *Pourquoi le mensonge ?
         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
   

      
     




Posté le : 09/08/2014 22:06
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Karl Schmidt-Rottluff
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Le 10 août 1976, à 91 ans, meurt Karl Schmidt-Rottluff,

à Berlin en Allemagne de l'Ouest, peintre, graphiste, plasticien, illustrateur et graveur expressionniste allemand, membre du groupe Die Brücke, il reçoit une formation à l'école technique supérieure de Dresde, il appartient au mouvement artistique "Die Brücke" il a pour mécènes Rosa Schapire, il est influencé par Picasso, Vincent Van Gogh, Edvard Munch, il reçoit en récompense le prix Lovis Corinth, ses oeuvres les plus réputées sont Bildnis, Rosa et Schapire. il est né le 1er décembre 1884, à Rottluff Royaume de Saxe dans l'empire allemand.

En bref

Le peintre allemand Schmidt-Rottluff est l'un des représentants de l'expressionnisme allemand au début du siècle. Karl Schmidt qui adjoignit plus tard à son nom celui de Rottluff, faubourg de Chemnitz où il avait vu le jour vint à Dresde en 1905 pour étudier l'architecture. Il y retrouve Heckel et se lie avec Ludwig Kirchner et Fritz Bleyl. Les quatre jeunes gens forment la même année la communauté à laquelle ils donnent le nom de Die Brücke Le Pont, dont Schmidt-Rottluff restera membre jusqu'à sa dissolution en 1913.
En 1911, il s'installe à Berlin, qu'il a peu quitté, si l'on excepte trois années sous l'uniforme 1915-1918 et un certain nombre de voyages, surtout vers 1930. Rangé par le IIIe Reich au nombre des artistes dégénérés, il voit ses œuvres exclues des collections publiques et est soumis, sous contrôle policier, à l'interdiction de peindre en 1941. En 1947, il a été nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Berlin. Les œuvres de Schmidt-Rottluff qui ont échappé aux destructions du IIIe Reich et de la guerre son appartement brûla pendant le bombardement de Berlin se trouvent surtout dans des collections allemandes, en particulier la collection Buchheim (à Bernried, en Bavière. Contrairement à nombre de ses contemporains, Schmidt-Rottluff a très peu écrit sur son art et peu parlé de lui. Son œuvre peint se limite presque exclusivement à des paysages. Comme beaucoup de jeunes artistes de sa génération, il a d'abord adopté la manière mais non la vision des impressionnistes, avant d'être touché par l'exemple des fauves. Si l'on excepte Nolde — le Nolde des aquarelles —, il est de tous les artistes de la Brücke le plus coloriste ; il est le seul parmi eux à posséder le sens des compositions décoratives et monumentales, ce qui l'entraîne parfois aux limites de l'abstraction. Après son retour à Berlin, en 1947, il continue à peindre, essentiellement des paysages. Dernier survivant du mouvement, il fonde à Berlin, en 1967, un musée consacré à Die Brücke. Schmidt-Rottluff a également pratiqué la gravure sur bois dont il tire des effets qui relèvent de la stylisation géométrique ou qui soulignent l'aspect brut ou inachevé du matériau, la lithographie, l'aquarelle, et enfin la sculpture où l'influence de l'art nègre est très sensible.

Sa vie

Karl Schmidt naît, dans une famille modeste, à Rottluff, qui est maintenant un quartier de Chemnitz Saxe, le 1er décembre 1884.
Il est le fils du meunier Friedrich August Schmidt3. Au lycée de Chemnitz, Karl Schmidt fait la connaissance, en 1901, d'Erich Heckel né le 31 juillet 1883. Tous deux participent au cercle littéraire Vulkan. À partir de 1905, Karl Schmidt se fait appeler Schmidt-Rottluff.
Comme Franz Marc, il étudie la théologie, selon la volonté de son père.
En 1905 et 1906, il suit des cours d'architecture à l'École technique supérieure de Dresde, ainsi qu'Erich Heckel, qui lui fait rencontrer Ernst Ludwig Kirchner 1880-1938 et Fritz Bleyl. Fritz Schumacher est son professeur de dessin.

Die Brücke

Le 7 juin 1905, Karl Schmitt-Rottluff fonde, à Dresde, avec Ernst Ludwig Kirchner, Fritz Bleyl et Erich Heckel, un groupe d'artistes, qu'il baptise Die Brücke Le pont, indiquant ainsi l'intention des jeunes participants de bâtir un pont entre les éléments révolutionnaires de l'époque. Le nom vient d'une phrase de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathustra. Le groupe, issu du Jugendstil, est influencé par Hermann Obrist. Il s'installe dans une ancienne boucherie.
Karl Schmidt-Rottluff interrompt alors ses études d'architecture, au bout d'un semestre, et décide de se consacrer aux arts visuels. En novembre 1905, la première exposition de Die Brücke, a lieu, dans une galerie de Leipzig. En 1906, Karl Schidt-Rottluff fait la connaissance d'Emil Nolde et l'invite à rejoindre le groupe. Hermann Max Pechstein adhère également à Die Brücke, en 1906.
C'est aussi l'année où est publié le premier recueil de gravures de Die Brücke1. Rosa Schapire, historienne d'art de Hambourg, participe au groupe, en tant que membre passif, à partir de 1907. Karl Schmitt-Rottluff peint son portrait, en 1911 et 1919, et décore son appartement de Hambourg, créant, pour son salon, des meubles, des textiles, des boîtes et des murs colorés. Il conçoit également des vêtements et des bijoux pour elle. Treize de ces derniers sont exposés dans les collections d'art de Chemnitz. Gustav Schiefler, juriste à Hambourg, commence à collectionner les œuvres graphiques de Karl Schmidt-Rottluff. Le peintre Max Pechstein, le seul à avoir fait des études académiques de peinture, est exclu du groupe à cause de sa participation au mouvement Sécession berlinoise. Grâce à Otto Mueller , qui rejoint le groupe en 1910, Die Brücke s'installe à Berlin, à l'automne 1911.
Kirchner arrive en octobre, suivi de Heckel et Karl Schmidt-Rottluff, en décembre. C'est dans la capitale allemande que Lyonel Feininger fait découvrir le cubisme à Karl Schmidt-Rottluff. Van Dongen sert d'intermédiaire entre le groupe et les fauvistes parisiens. Le 27 mai 1913, Die Brücke se dissout et certains de ses membres se tournent vers le cubisme ou le futurisme. Karl Schmitt-Rottluff, solitaire par nature, n'a pas vraiment été un participant actif aux activités de l'association. Entre 1907 et 1912, souvent accompagné de Heckel, il séjourne, l'été, à Dangast, au nord d'Oldenburg, où il peint de nombreux tableaux.

L'expressionisme

Karl Schmitt-Rottluff participe, en 1910, aux expositions de la Nouvelle Sécession, à Berlin. Il découvre la sculpture de l'Afrique. En 1911, il effectue un voyage en Norvège, au cours duquel il peint un certain nombre de paysages. Il fréquente également le groupe Der Blaue Reiter, participant à la seconde exposition de ce dernier, en 1912, à Munich. Cette même année, il expose également avec le Sonderbund, à Cologne, aux côtés de Heckel et Kirchner, avec lesquels il se rend,à la fin de l'été, sur l'île de Fehmarn, dans la mer Baltique. En 1912, il voyage à Paris, en Italie et en Dalmatie. Il rejoint la Nouvelle Sécession en 1914, ce qui lui permet d'organiser ses premières expositions particulières.
La première a lieu à la galerie Fritz Gürlitt15. Karl Schmidt-Rottluff répond à une enquête menée par le périodique Kunst und Künstler, sur la définition d'un nouveau programme pour l'art.
À cette époque, il est influencé par Picasso et le cubisme, ainsi que par l'art africain. C'est aussi la période où il peint ses premiers portraits et réalise également des sculptures. Il expose à Hambourg et Iéna.
Durant la Première Guerre mondiale, il s'engage comme soldat dans un bataillon du génie, en Lithuanie et en Russie, de mai 1915 à 1918. Il est affecté à l'État-major. En 1916, il participe activement à la fondation, à Berlin, du Groupe de novembre allemand : November Gruppe. Traumatisé par la brutalité des combats et incapable de peindre, il pratique alors la gravure sur bois, créant notamment un cycle de huit œuvres religieuses sur des thèmes du Nouveau Testament, en 1917 et 1918, inspiré par les horreurs de la guerre et où les plages noires prédominent.
Après la guerre, il épouse la photographe Emmy Frisch, en 1918. Entre 1918 et 1921, il est membre du Conseil ouvrier pour l'art et participe au journal Action. L'architecte Walter Gropius l'invite, en 1919, à donner des cours à l'institut du Bauhaus. Il enseigne également à l'Académie de Berlin. En collaboration avec Rosa Schapire et Wilhelm Niemeyer, il fonde la publication expressionniste Die rote Erde La terre rouge et, en 1920 et 1921, le journal d'art Kündung. En 1932, il s'installe à Rumbke, sur le Lebasee, en Poméranie.
Cette période est marquée par l'influence de Vincent van Gogh, d'Edvard Munch et de l'art primitif. La vie paysanne devient un de ses sujets de prédilection.
L'artiste voyage au Tessin 1928 et 1929, dans les monts du Taunus, en Italie 1923, à Paris 1924 et à Rome, où il passe l'année 1930 à l'Académie allemande de la villa Massimo. En 1931, il est nommé membre de l'Académie des arts de Prusse.
Lors des Jeux olympiques de 1936, la galerie Ferdinand Möller Ferdinand Möller Galerie expose 70 de ses aquarelles. La même année, Karl Schmidt-Rottluff expose à la Galerie Westermann Westermann Gallery, à New York. En février et mars 1937, 40 aquarelles sont exposées à Berlin, à la galerie Karl Buchholz.

Art dégénéré

En 1938, 608 œuvres d'art de Karl Schmidt-Rottluff sont qualifiées d'art dégénéré Entartete Kunst, par les nazis, et retirées des musées allemands. 25 d'entre elles sont présentées dans l'exposition Entartete Kunst. Celle-ci, conçue par Goebbels, stigmatise la presque totalité de l'art moderne. Karl Schmidt-Rottluff y figure, aux côtés de Kirchner, Matisse, Picasso, Van Gogh et Chagall. Plusieurs de ses œuvres sont détruites par le feu, lors de l'autodafé de peintures du 20 mars 1939, dans la cour de la caserne centrale des pompiers de Berlin. Pendant le même temps, comme Ernst Barlach et Emil Nolde, il présente une partie de son travail à l'Exposition d'artisanat, qui se tient sous le patronage du Front allemand du travail. Rosa Schapire se réfugie en Angleterre, en 1939, emportant avec elle plusieurs de ses œuvres.
En 1941, Karl Schmidt-Rottluff est interdit d'exercice de la peinture et exclu de la Chambre de la Culture du Reich allemand : Reichskammer der bildenden Künste. La lettre de renvoi est rédigée par Adolf Ziegler, le dirigeant de cette institution. Cette mise à l'écart est, en fait, la fin d'un long processus, commencé en 1933 par son exclusion de l'Académie des arts de Prusse, lors de l'avènement du nazisme, et poursuivi, en 1936, par une interdiction d'exposition. À partir de 1941, le peintre est surveillé par la police nazie. Il quitte alors Berlin pour se retirer à Rottluff. Cette même année, les bombardements de Berlin détruisent son appartement et son atelier, ainsi qu'une partie importante de son œuvre. D'autres peintures, stockées en Silésie, sont détruites en 1945.

Après la Seconde Guerre mondiale

Après la Seconde Guerre mondiale 1939-1945, Karl Schmitt-Rottluff revient à Berlin, en 1946, et préside la Ligue culturelle pour le renouveau démocratique.
Il recommence à peindre. En 1947, il est nommé professeur à l'université des Beaux-Arts, à Berlin-Charlottenburg, où il enseigne jusqu'en 1954. Il se rend à Ascona, en 19493. Il participe à l'exposition document, à Kassel, en 1955. En 1964, il abandonne la peinture sur toile pour l'aquarelle. Lors de son quatre-vingtième anniversaire, en 1964, il propose de créer, à Berlin, un musée consacré à Die Brücke. Après trois ans de travaux, le musée ouvre, à Berlin-Zehlendorf, le 15 septembre 1967, avec plusieurs œuvres, données par Karl Schmitt-Rottluff et Erich Heckel, encore en vie à ce moment-là.
En 1974, à l'occasion du 90e anniversaire de sa naissance, Karl Schmitt-Rottluff est nommé membre honoraire de l'Académie des Beaux-Arts de Stuttgart, sur la proposition de son recteur, Wolfgang Kermer. Il est membre de l'Association des artistes allemands, allemand : Deutscher Künstlerbund. Dernier survivant de Die Brücke,

il meurt, à l'âge de 91 ans, le 10 août 1976, à Berlin, après une longue maladie, quelques mois après la mort d'Emmy Schmidt-Rottluff, en 1975.
Il est enterré dans le cimetière forestier de Dahlem, à Berlin-Dahlem. Le premier directeur du musée de Die Brücke prononce son éloge funèbre. Sa tombe est une des tombes d'honneur de Berlin.

Les séjours au bord de la mer Baltique

Le tableau Seehofallee in Sierksdorf, de Karl Schmidt-Rottluff, sur le panneau d'information de l'avenue Schmidt-Rottluff, à Sierksdorf.
Tout au long de sa vie, Karl Schmidt-Rottluff effectue des séjours au bord de la mer Baltique. Il y peint des paysages de couleurs vives et aux dessins simples, ainsi que des natures mortes. Les séjours sont :
1906 : île d'Alsen danois : Als, au Danemark, en compagnie de Nolde15.
1913 : Nida, sur l'isthme de Courlande Prusse orientale.
1914 et 1919 : Hohwacht, dans la baie de Lübeck, sur la côte du Holstein.
1920 à 1931 : Jarosławiec, en Poméranie.
1932 à 1943 : Rumbke, sur le Lebasee polonais : Lebsko.
1951 à 1970 : Sierksdorf, dans la baie de Lübeck.

Style

À ses débuts, Karl Schmidt-Rottluff est nettement influencé par l'impressionnisme, ainsi que par les œuvres d'art qu'il a pu voir au musée ethnographique de Dresde4. Il prend souvent comme sujets des paysages de l'Allemagne du nord et de Scandinavie, notamment des paysages hivernaux. À partir de 1923, sous l'influence de la lithographie, les formes géométriques prennent une place plus importante dans son œuvre, avec des contours courbes ou arrondis, fortement stylisés. Sa peinture présente des effets dynamiques, avec une pâte épaisse. Son style est agressif, avec des couleurs pures explosives, sous l'influence des fauves. La composition se simplifie et devient plus monumentale. L'absence de perspective fait de certains de ses tableaux des œuvres presque abstraites.
Les peintures créées après la Seconde Guerre mondiale restent encore fortement expressionnistes, mais les couleurs sont plus atténuées. Karl Schmidt-Rottluff se tourne, par la suite, vers l'aquarelle.

L'artiste pratique aussi la gravure sur bois, la lithographie et la gravure. Il est considéré comme un classique des modernes.

Expositions Permanentes

Allemagne

Brücke Museum, Berlin-Zehlendorf - environ 300 œuvres, peintures, aquarelles, dessins, cartes postales, environ 200 gravures sur bois25, eaux-fortes, lithographies, sculptures et œuvres d'arts appliqués.
Musées d'État de Berlin, Berlin.
Collection Buchheim, Bernried, Bavière.
Collections d'art de Chemnitz - près de 300 œuvres.
Musée de la Sarre - 70 peintures et aquarelles.
Musée Städel, Francfort.
Musée Von der Heydt, Wuppertal.

Canada

Galerie d'art de Winnipeg, Winnipeg, Manitoba.
Galerie d'art du Grand Victoria Victoria, Colombie britannique, Canada.
Galerie d'art du MacKenzie, Saskatchewan, Canada.

États-Unis

Musée des beaux-arts, Boston.
Institut d'art de Chicago, Chicago.
Musée d'art de Cleveland, Cleveland, Ohio.
Institut des arts de Detroit, Detroit, Michigan - trois Å“uvres.
Musée d'art d'Indianapolis, Indianapolis, Indiana.
Musée d'art du comté de Los Angeles, Los Angeles, Californie.
Musée d'art de Milwaukee, Milwaukee, Wisconsin.
Musée de Brooklyn, New York.
Musée d'art métropolitain, New York.
Musée d'art moderne, New York - trente œuvres.
Musée Neue Galerie pour l'art allemand et autrichien, New York.
Musée d'art Allen, Oberlin College, Ohio.
Musée d'art d'Oklahoma City, Oklahoma City, Oklahoma.
Musée Norton Simon, Pasadena, Californie.
Musée d'art de Portland, Portland, Maine.
Musée d'art de Caroline du nord, Raleigh, Caroline du nord.
Musée d'art de Saint Louis, Saint Louis, Missouri.
Musée d'art de San Diego, San Diego, Californie.
Musée d'État d'art de Ball, Indiana.
Musée d'art Block à l'université du nord-ouest, Illinois.
Musées d'art de l'université Harvard, Massachusetts.
Musée d'art Palmer, université d'État de Pennsylvanie.
Collection d'art de l'université de Syracuse.

Royaume-Uni


Galerie Tate, Londres, Royaume-Uni.
Musée Victoria et Albert, Londres, Royaume-Uni.

Autres pays

Galerie d'art de Nouvelle Galles du sud, Sydney, Australie.
Albertina, Vienne, Autriche.
Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid, Espagne.

Temporaire

1905 novembre - exposition de Die Brücke, Leipzig.
1910 mai - exposition de Die Brücke, Berlin.
1910 - expositions de la Nouvelle Sécession, Berlin.
1911 - galerie Commeter, Hambourg, Allemagne.
1912 - seconde exposition de Der Blaue Reiter, Munich.
1912 - exposition du Sonderbund, Cologne.
1914 - galerie Fritz Gürlitt.
1914 - musée Folkwang.
1936 - galerie Ferdinand Möller, 70 aquarelles.
1936 - galerie Westermann, New York.
1937 février - mars- galerie Karl Buchholz, Berlin, 40 aquarelles.
1937 juillet - Entartete Kunst, Munich - 25 peintures, 24 dessins et deux aquarelles.
1938 - exposition d'artisanat.
1951 - galerie d'art de Mannheim.
1951 - Galerie nationale allemand : Staatsgalerie Stuttgart, Stuttgart.
1953 - exposition organisée par la société Kestnergesellschaft, à Hanovre.
1953 - Leicester Royaume-Uni.
1954 - expositions à Kiel, Nuremberg et Hambourg.
1955 - document, Kassel.
1961 - Les sources du XXe siècle, Paris.
1964 - rétrospective, Essen.
1969 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle der 60er Jahre, Brücke-Museum, Berlin.
1972 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle von 1909-1970, Brücke-Museum, Berlin.
1973 - Karl Schmidt-Rottluff - Gemälde des Spätwerks, Brücke-Museum, Berlin.
1974 - Karl Schmidt-Rottluff - Das graphische Werk, Brücke-Museum, Berlin.
1977 - Karl Schmidt-Rottluff - Das nachgelassene Werk, Brücke-Museum, Berlin.
1984 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
1984 - Karl Schmidt-Rottluff - Gemälde. Zum 100. Geburtstag, Brücke-Museum, Berlin.
1985 - 1986 - Karl Schmidt-Rottluff - Der Holzstock als Kunstwerk, Brücke-Museum, Berlin.
1992 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
1993 - Karl Schmidt-Rottluff - Der Maler, Brücke-Museum, Berlin.
1995 - Gemälde der Sammlung - Die Schmidt-Rottluff - Bildnisse, Brücke-Museum, Berlin.
1996 - Karl Schmidt-Rottluff - Tuschpinselzeichnungen, Brücke-Museum, Berlin.
1996 - galerie moderne Rupertinum, Salzbourg.
1999 - Karl Schmidt-Rottluff - Gemälde, Aquarelle, Zeichnungen, Brücke-Museum, Berlin.
2001 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
2001 - Karl Schmidt-Rottluff - Druckgraphik, Brücke-Museum, Berlin.
2002 - Karl Schmidt-Rottluff: Selections from the Robert Gore Rifkind Center for German Expressionist Studies, Musée d'art du comté de Los Angeles Californie.
2003 - Karl Schmidt-Rottluff, galerie Maulberger, Munich, Allemagne.
2004 - Karl Schmidt-Rottluff – Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
2005 - Karl Schmidt-Rottluff - Explosion der Farbe, Brücke-Museum, Berlin.
2007 (1er juin - 26 août) - Expressive! The Artists of Die Brücke: The Collection of Hermann Gerlinger, Albertina, Vienne.
2008 (26 août - 26 octobre) - Impassioned Images: German Expressionist Prints, Centre d'art Frances Lehman Loeb.
2008 - Ekstase, Rhythmus, Stille - Pastelle von Karl Schmidt-Rottluff, Brücke-Museum, Berlin.
2008 (6 décembre au 1er mars 2009) - Expressionismus – Auftakt zur Moderne in der Natur, Kunsthalle Jesuitenkirche, Aschaffenburg6.
2010 (6 novembre - 23 janvier 2011) - Karl Schmidt-Rottluff: Landschaften und Stillleben, Musée de la Sarre, Sarrebruck.
2011 (23 janvier - 15 mai) - Karl Schmidt-Rottluff: Unbekannte Blätter aus einer Privatsammlung, aquarelles tardives, maison Ernst-Barlach, Hambourg.
2011 (11 février - 17 juillet) - Karl Schmidt-Rottluff. Ostseebilder, 35 peintures, 60 aquarelles et cent lithographies29 des rivages de la Baltique, de l'île danoise d'Alsen, de Nida, sur l'isthme de Courlande, de Hohwacht et Sierksdorf, en baie de Lübeck, de Jarosławiec et Rumbke, sur le Lebasee, en Poméranie, Brücke Museum, Berlin.
2011 - Aquarelle von Erich Heckel und Karl Schmidt-Rottluff, Brücke-Museum, Berlin.
2011 - Sommergäste. Von Arp bis Werefkin - Die Klassische Moderne in Mecklenburg und Pommern, Musée d'État, Schwerin, Allemagne.
2012 8 juillet - 7 octobre - Karl Schmidt-Rottluff - Die Holzstöcke, musée Buchheim, trente gravures sur bois du Brücke-Museum de Berlin25.
2012 18 - 21 octobre- Foire internationale d'art contemporain, Paris, 2 tableaux.

Distinctions

Plaque commémorative, au 14 Niedstraße, à Berlin-Friedenau.
Karl Schmidt-Rottluff reçoit, en 1930, le Prix Villa Massimo. En 1946, il est nommé citoyen d'honneur de la ville de Chemnitz. En 1952, il reçoit le Prix d'Art de la Ville de Berlin et, en 1955, le prix Cornelius de Düsseldorf. En 1956, il est décoré de la plus haute distinction allemande, l'ordre Pour le Mérite pour la science et l'art.

Il reçoit le grand prix d'art du land de Rhénanie du nord-Westphalie en 1958 et le prix d'art de la ville de Munich en 19613. En 1970, il est nommé citoyen d'honneur de Berlin. En 1974, le premier prix Lovis Corinth lui est attribué. La même année, il est membre honoraire de l'Académie américaine des arts et des lettres.

Deux rues portent son nom, l'avenue Schmidt-Rottluff qui est le sujet de la peinture Seehofallee in Sierksdorf, à Sierksdorf, et la Karl-Schmidt-Rottluff-Weg, à Berlin-Zehlendorf (entre la Berliner Straße et la Schützallee. À Chemnitz, une école secondaire porte son nom.

Å’uvres

Parmi les œuvres de Karl Schmidt-Rottluff, les paysages occupent une place prépondérante. Cependant, on trouve des portraits, notamment de l'historienne d'art Rosa Schapire, avec laquelle il se lie d'amitié, et de Lyonel Feininger, un représentant de l'expressionnisme. Karl Schmidt-Rottluff peint aussi des nus. C'est un graveur prolifique, avec 446 gravures sur bois, 121 lithographies, 70 gravures, 96 intailles et 78 estampes commerciales non numérotées recensées dans le catalogue raisonné, établi par Rosa Schapire. Pratiquement toutes ses gravures sont exécutées entre 1905 à 1927, date à laquelle il abandonne tout travail graphique. De 1906 à 1912, il réalise ses propres impressions, en tirages limités. Après cette période, il embauche des professionnels et fait des éditions de 25 à 30 exemplaires. On notera, en particulier, les gravures sur bois produites durant l'année 1914.

Peintures

1905 - Aepfel.
1905 - Nudo accovacciato.
1906 - Al mare costa scoscesa.
1906 - Gartenstraße.
1906 - Gärtenerei - huile sur carton, Brücke-Museum, Berlin.
1906 - The Little House.
1907 - Das Blaue Haus.
1907 - Jour de vent.
1907 - Paisaje de otoño en Oldenburg - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1908 - Mittag im Dangaster Moor - huile sur toile.
1909 - Paysage de Dangast - aquarelle.
1909 - Strandkörbe - Brücke Museum, Berlin.
1909 - Strand mit Körben.
1909 - Vareberhafen - Musée d'art d'Oklahoma City, Oklahoma City, Oklahoma.
1910 - Allée.
1910 - Autoportrait au monocle.
1910 - Barrage.
1910 - Deichdurchbruch - Brücke-Museum, Berlin.
1910 - Dorfweg - huile.
1910 - Einfahrt.
1910 - Gutshof in Dangast - huile.
1910 - Haus unter Bäumen.
1910 - Paysage de Dangast.
1910 - Roter Turm im Park - Musée Städel, Francfort, Allemagne.
1911 - À la gare - Galerie autrichienne, Vienne.
1911 - Atelierpause.
1911 - Bildnis Rosa Schapire - Brücke-Museum, Berlin40.
1911 - Dangaster Allee - huile sur toile
1911 - La lectrice.
1911 - Landschaft.
1911 - Landschaft mit Feldern.
1911 - Lofthus - musée de Hambourg.
1911 - Portrait Dr Paul Rauert - collection privée.
1911 - Norwegische Landschaft Skrygedal- musée Buchheim.
1911 - Roter Giebel.
1911 - Vorfruehling.
1912 - Après le bain5.
1912 - Donna pensierosa.
1912 - Fille à la Toilette.
1912 - Häuser bei Nacht - Musée d'art moderne, New York.
1912 - Petriturm in Hamburg - collection privée.
1912 - Pharisäer - Musée d'art moderne, New York.
1912 - Rising Moon - Musée d'art de Saint Louis, Saint Louis, Missouri.
1912 - Still Life with Yellow Tulips - Albertina, Vienne, Autriche.
1912 - Trois Nus.
1912 - Villa mit Turm - Kunsthalle Mannheim, Mannheim.
1912 - Zwei Badende - huile sur toile.
1912 - Zwei Frauen - huile sur toile, Galerie Tate, Londres
1913 - Akte in den Dünen, Brücke-Museum, Berlin.
1913 - Baigneurs - Musée d'art du comté de Los Angeles.
1913 - Boats at the beach - huile sur toile.
1913 - Fischerboote - Musée d'État d'art Ball, Indiana35.
1913 - Quatre Baigneuses sur la plage.
1913 - Quatre nageurs sur la plage.
1913 - Rote Düne - huile sur toile collection Hermann Gerlinger.
1913 - Soleil dans les pins - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1913 - Stilleben mit Gefäßen.
1913 - Village on the Sea - Musée d'art de Saint Louis, Saint Louis, Missouri.
1914 - Freundinnen - toile.
1914 - Mädchenkopf - Galerie d'art de Nouvelle Galles du sud, Sydney, Australie.
1914 - Zwei Frauen - Musée Von der Heydt, Wuppertal.
1915 - Frau mit Tasche - galerie Tate, Londres.
1918 - La silla.
1919 - Bildnis Rosa Schapire - galerie Tate, Londres.
1919 - Christus.
1919 - Drei Frauen am Meer - musée Buchheim.
1919 - Muchacha peinándose.
1919 - Nuit sur la mer.
1919 - Portrait d'Emy.
1919 - Selbstbildnis mit Cigarre - musée de Wiesbaden.
1919 - Wasserträgerin - huile.
1920 - Aufgehender Mond.
1920 - Barbe-verte.
1920 - Conversations de la mort5.
1920 - Luna azul.
1920 - Mädchen - Collections d'art, Chemnitz.
1920 - 1922 - Mond und Meer.
1921 - Heuernte.
1921 - Wäscherinnen - huile.
1922 - Leuchtturm mit Mondsichel - aquarelle.
1922 - Patroklusturm.
1923 - Blumenstilleben.
1923 - Mujer en azul.
1923 - Promenade - Brücke-Museum, Berlin.
1924 - Lune sur le village - aquarelle, Düsseldorf.
1925 - Abend am Meer.
1925 - Double Portrait of S.and L. I - toile, 65,5 cm5.
1925 - Double Portrait II.
1925 - Schwertlilien.
1925 - Waldlandschaft.
1926 - Herbst am Vietzker See - aquarelle et encre sur papier.
1926 - Nach dem Bade - Brücke-Museum, Berlin.
1927 - 1929 - Gebirgslandschaft.
1929 - Zomerochtend.
1930 - Nächtlicher Mittelmeerhafen, Musée de Wiesbaden.
1930 - Villa Hadriana.
1931 - Pommersche Moorlandschaft - Musée de la Sarre, Sarrebruck.
1934 - Angler auf der Brücke - Brücke-Museum, Berlin.
1934 - Seerosen.
1935 - Abend im Zimmer - musée de Wiesbaden.
1936 - Reflejo de nubes - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1937 - Blumenstilleben.
1937 - Dünental mit totem Baum.
1937 - Fischerbucht.
1944 - Selbstbildnis.
1947 - Wanderdüne am Haff Brücke-Museum, Berlin.
1948 - Bodegón.
1949 - Stilleben mit Holzplastik.
1950 - Gelbe Lupine - aquarelle et encre sur papier.
1950 - Lampionblumen im Glaskrug - aquarelle et encre sur papier.
1950 - Mujer leyendo - Brücke-Museum, Berlin.
1950 - Weg in Ascona.
1953 - Conchas de mar - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1954 - Afrikanisches.
1954 - Stilleben im Freien - aquarelle sur papier.
1955 - Anlegestelle am Strom - Brücke-Museum, Berlin.
1955 - Dünenkap - aquarelle.
1956 - Mond über der Küste - huile sur isorel, Brücke-Museum, Berlin5.
1956 - Seehofallee in Sierksdorf - huile sur masonite, Collections municipales d'art, Chemnitz50.
1956 - Stillleben mit Pflaumen.
1957 - Die Groβe Wolke - Brücke-Museum, Berlin.
1959 - Embarcadère sur la rivière - Musée d'État du Schleswig-Holstein, Schleswig.
1959 - Weiden an der Landstrasse.
1960 - Blumen.
1961 - Blumenstilleben
1961 - Lübecker Bucht - Brücke-Museum, Berlin48.
1962 - Stillleben mit Bananen - aquarelle et encre.
1963 - Mond Im August46.
1964 - Die Sierksdorfer Bucht - huile sur craie, Musée maritime international, Hambourg52.
1968 - Mit dem Hirschgeweih - aquarelle et encre sur papier, 50 × 69 cm49.
1969 - Jardin d'Hiver.
Apfelbäume.
Ascona.
Bateaux à flot.
Bateaux de pêche.
Blooming Trees.
Campesina regresando de la taberna.
Corner of a Park.
Couleurs hivernales8.
Deux paysans8.
Devozione alla stelle.
Die Neuen Hauser.
Fünf Tulpen - aquarelle et encre sur papier.
Garden in Winter - aquarelle.
Handwerker.
Heckel seated.
Kakteen - 39 cm.
Köpfe I - Musée d'art de Milwaukee, Milwaukee, Wisconsin.
Landscape with Lighthouse.
Landschaft im Herbst.
Landschaft mit Sitzender Figur.
Liegender weiblicher Akt.
Lofthus Landscape.
Lune dans une chambre.
Madchen aus Kowno.
Mädchen vor dem Spiege.
Maedchenakt.
Marschlandschaft mit rotem Windrad.
Mujer aseándose.
Nature morte.
Norwegische Küstenlandschaft.
Ohne Titel - Collection Frieder Burda.
Oostseebucht.
Parco.
Parkweg - Musée d'art Allen, Oberlin College, Ohio.
Passant sur la plage.
Prato im Maggiatal - huile sur toile.
Printemps.
Regenbogen über Dorfhäusern.
Roemisches Stilleben.
Self-Portrait.
Sonnenblumen auf grauem Grund.
Taunusfrühling.
The White Cloud.
Tulpen am Fenster.
Two Girls in a Garden.
Untitled three figures in a sailboat - Musée d'art Block à l'université du nord-ouest, Illinois.
Waldwege im Spessart.
Wanderdüne.
Warmer Fruehling - im Taunusgebirge.
Wasserlilien.
Weisses Haus.

Sculpture

1917 - Principal - sculpture sur bois.

Gravures

Karl Schmidt-Rottluff a non seulement laissé une œuvre picturale importante, mais il est aussi l'un des graveurs les plus importants de l'expressionnisme.

Magdalena M. Moeller
1905 - Bäume im Winter - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1905 - Femme au chapeau - gravure sur bois.
1906 - Liegender Akt - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1906 - Selbstporträt.
1907 - Dresden - Elbhafen - lithographie.
1909 - Paar.
1910 - Deux Femmes - gravure sur bois, musée de Kiel.
1911 - Abendunterhaltung - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1911 - Haus hinter Bäumen - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1911 - Heads I19.
1911 - Norwegische Landschaft - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1913 - Autoretrato - xylogravure.
1913 - Haus mit Pappeln.
1913 - In the Studio.
1913 - Nehrungslandschaft - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1913 - 1924 - Die Bucht - gravure sur bois coloriée, Brücke-Museum, Berlin.
1914 - Femme au collier - gravure sur bois, Galerie d'État, Stuttgart.
1914 - Jünglingskopf.
1914 - Kniende.
1914 - Le soleil - gravure sur bois.
1914 - Melancolía - gravure sur bois.
1914 - Selbstbildnis - gravure sur bois.
1914 - Table des Illustrations pour Zehn Holzschnitte, 1914 - ventes aux enchères Artcurial | Briest - Poulain - F. Tajan, à Paris, 22 juin 1999, no 4260.
1915 - Katzen - publiée en 1919, Musée d'art moderne, New York.
1915 - Kopf - Schapire no 174, Davis-Riffkind no 2552, gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Die Aktion, en 1915.
1915 - Kopf - Schapire no 189, Davis-Riffkind no 2550, gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Genius, en 1919.
1915 - Weiblicher Kopf.
1915 - Zwei Akt - Schapire no 173 - gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Die Aktion, en 1916, 250 × 187 mm, valeur : 2 520 €61,63.
1915 - Fraukopf - Schapire no 191, Davis-Riffkind no 2551, gravure sur bois, tirage à 600 exemplaires, sur papier vélin, publiée dans Deutsche Graphiker der Gegenwart.
1916 - Frauenkopf - gravure sur bois.
1916 - Kopf eines Mannes - Van Gelder Zonenvélin.
1916 - Landschaft mit Sonne.
1917 - Dünen und Mole - gravure sur bois coloriée.
1917 - Kuhweide.
1917 - Madchen mit Zopfen - Schapire no W200, Davis-Riffkind no 2554, gravure sur bois, tirage à 110 exemplaires, sur papier vélin, publiée dans Das Kunstblatt, en 1918, 216 × 150 mm, valeur : 3 690 €.
1917 - Mann und Frau in Mondschein - Schapire no 198, gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Die Aktion, en 1917, 275 × 112 mm, valeur.
1917 - Menschenpaar - Schapire no 199, gravure sur bois, tirage à 110 exemplaires, sur papier vélin
1918 - Christ - gravure sur bois.
1918 - Christ and Judas - Musée d'art Palmer, Université d'État de Pennsylvanie.
1918 - Christ et la femme adultère - gravure sur bois.
1918 - Emmaus - gravure sur bois.
1918 - Gang nach Emmaus - gravure sur bois.
1918 - Gekreuzigter - vente aux enchères Nagel, Stuttgart, 27 juin 2012, no 1013, vendu 3 000.
1918 - 9 Holzschnitte Titelblatt zur Holzschnittmappe- Reed no 123, Davis-Riffkind no 2562, gravure sur bois, tirage à 75 exemplaires
1918 - Kiss of Love - gravure sur bois.
1918 - Kopf - Schapire no 208, Wietek no 121, gravure sur bois, tirage à 75 exemplaires, signés et numérotés, sur papier à marges larges
1918 - Kopf - Schapire no 224, Davis-Riffkind no 2563:6, gravure sur bois, tirage à cent exemplaires, sur papier à la cuve, publiée dans Die Aktion, 127 × 88 m.
1918 - Maria - gravure sur bois8.
1918 - Petri Fischzug - gravure sur bois, tirage à 75 exemplaires, imprimée par Karl Schmidt-Rottluff et W. Drugulin (Leipzig), publiée par Kurt Wolff Verlag (Munich), 53,3 × 70,5 cm, Musée d'art moderne.
1919 - Kleine Prophetin - Schapire no W253, Davis-Riffkind
1919 - Moses.
1919 - Selbstbildnis.
1920 - Ostseeküste.
1921 - Lesender Mann - Schapire no W274, Davis-Riffkind no 2571, gravure sur bois, publiée dans Genius, en 1921, 181 × 132 mm, valeur : 2 530 €.
1922 - Die Lebensgeschichte - xylogravure sur papier fait main.
1922 - 1926 - Ville dans la montagne.
1923 - Anlandende Fischer - estimation : 3 800 à 4 800 €, vente aux enchères Ahrenshoop, Ostseebad-ahrenshoop, 4 août 2012.
1923 - Der Angler - Wietek no 150, Rathenau no 4, gravure sur bois, tirage à 3 000 exemplaires, par la galerie Nierendor
1923 - Holzschnitte - Schapire no S.13, Davis-Riffkind no 2576, Rathenau no 71, gravure sur bois, tirage à 400 exemplaires, dont 330 pour l'édition normale.
1923 - Karl Schmidt-rottluff's Graphisches Werk Bis 1923 - vente aux enchères Bonhams, Londres, 11 juillet 2012, no 5060.
1924 - Drei Männer im Gespräch, im Hintergrund Holzfäller - gravure sur bois51.
1924 - Paysan martelant sa faux - eau-forte.
Alte mit Spaten.
Bei den Netzen - Musée d'art moderne, New York.
Bildnis Valentiner 119.
Boote auf See - Musée d'art moderne, New York.
Christus unter den Frauen - valeur : 2 500 €1.
Drei am Tisch.
Dune and Pier - gravure sur bois.
Gespräch vom Tod - valeur : 1 400 €1.
Girl and cat.
Häuser und Mond - gravure sur bois.
Heads - Milwaukee.
Lago Maggiore - valeur : 1 800 €1.
Mädchen.
Mutter - gravure sur bois, Musée d'art moderne, New York.
Nordische Landschaft - valeur : 3 000 €1.
Portrait of Otto Mueller.
Russian Landscape with Sun - Musée d'art moderne, New York.
Saint Francis - Musée d'art moderne, New York.
Selbstbildnis I.
Straße durch Gebirgstal mit Ochsenwagen - valeur : 3 000 €1.
The Three Magi - Musée d'art moderne, New York.
Valentin I - gravure sur bois8.
Zwei Männer am Tisch - Musée d'art moderne, New York.

Dessins


1908 - Altdresdner Häuser.
1910 - 1915 Stehender Weiblicher Akt.
Blumenstilleben - encre et pastel sur papier vergé.
Blumenstilleben - encre et pastel sur papier veré
Landschaft Mit Weg - vente aux enchères Hampel, Munich, 20 septembre 2012.
Liegender Akt.
Pavillons im Großen Garten Dresden - valeur : 4 000 €.
Still Life With Bottle And Flowers - vente aux enchères galerie Koller, 22 juin 2012, .
Summer Chrysanthemums - Musée d'art Allen, Oberlin College, Ohio.
Vase mit Blütenzweig - valeur : 6 000 €.
Weg ins Dorf - encre et pastel sur papier vergé.

Tapisserie

1910 - 1911 - Wall-hanging - tapisserie murale, coton brun rehaussé d'applications en vert, noir, beige, bleu et blanc différents tissus, support en coton rouge, 198 × 142 cm, créée pour Wilhelm Niemeyer, l'un des organisateurs des Expositions du Sonderbund, vente aux enchères De Vuyst, à Lokeren, 12 mai 2012, no 19360.

Arts décoratifs

Pendentif en acajou.
Bourse Karl Schmidt-Rottluff

La bourse Karl Schmidt-Rottluff est créée par le peintre en 1975. Elle est financée par la Fondation Karl Schmidt-Rottluff, à qui l'artiste a fait don de sa fortune personnelle :
Avec la conviction que le succès de mon travail de création soit conservé et incorporé dans le flux de la création artistique.

Tous les deux ans, un jury d'artistes attribue jusqu'à cinq bourses d'étude de 37 000 €, pour une durée d'un an, renouvelable une fois, à des artistes des arts visuels (peintres, sculpteurs, dessinateurs, artistes de performance.

Philatélie

Gutshof in Dangast.
Sonnenblumen auf grauem Grund.
Le tableau Sonnenblumen auf grauem Grund Tournesols sur fond gris, de Karl Schmidt-Rottluff, est représenté sur un timbre commémoratif de 60 pfennigs, émis en 1984 par la poste fédérale à Berlin-ouest. En 1995, la poste fédérale émet un timbre commémoratif de 300 pfennigs, représentant le tableau Gutshof in Dangast Michel, no 1776.

Liens

http://youtu.be/VnQFyxG79F0 Diaporama musique
http://youtu.be/-hBrVXGwWX0 Diaporama musique
http://youtu.be/kxWNlROJzuM Diaporama musique
http://youtu.be/49IslwLRfUM Museum
http://youtu.be/n3LE2RMsek4 Diaporama
http://youtu.be/vvRb_WeiBig Aquarelles et pastels
http://youtu.be/qtkaZRRkEwI Die Brücke


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Posté le : 09/08/2014 19:45
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Journée du 10 Aout 1792
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Hors Ligne
Le 10 août 1792 : La chute de la monarchie en France

Journée révolutionnaire qui vit la chute de la royauté.

constitution de la commune insurrectionnelle à Paris.
prise des Tuileries.
massacre des gardes suisses à Paris
suspension de Louis XVI.


La résistance du roi aux décrets de l'Assemblée législative, le refus de celle-ci, malgré la pression des sections, de proclamer la déchéance, l'arrivée à Paris des fédérés de Brest et de Marseille, la publication du manifeste de Brunswick, duc de Brunswick laissaient prévoir l'événement.
Le matin du 10 août, le peuple des faubourgs et les fédérés attaquent les Tuileries. Une Commune insurrectionnelle, émanant des sections révolutionnaires de Paris, s'est, dans la nuit, installée à l'Hôtel de Ville et dirige le mouvement.
Le château est gardé par environ 900 suisses, 200 gendarmes et 2 000 gardes nationaux, dont le chef, Mandat, convoqué à l'Hôtel de Ville, sera tué par les émeutiers.
Dès l'aube, l'assaut commence. Les suisses résistent. Le roi s'est réfugié avec sa famille au milieu des députés. Apprenant que le château est forcé, il donne l'ordre aux défenseurs de cesser le feu. Les suisses sont massacrés et les Tuileries mises à sac.
Devant le succès des insurgés, l'Assemblée décrète la suspension du roi et désigne un Conseil exécutif provisoire pour gouverner jusqu'à l'élection d'une Convention nationale.
Elle livre à la Commune la famille royale, qui sera incarcérée au Temple.
Le 10 août 1792 est une journée révolutionnaire méconnue. C’est pourtant la journée qui consacre en point d’orgue la chute de 1000 ans de monarchie en France et qui bouleverse totalement la politique et lègue un héritage encore présent de nos jours.
Sans le 10 août la soldatesque effrénée et sans humanité aurait remplacé le régime fraternel des gardes nationales. Les longues robes des suppôts de la chicane auraient remplacé les écharpes tricolores… Les gibets auraient été plantés à la place des arbres de la Liberté autour desquels auraient dansé les assassins de la Cour criant Vive le Roi !

Le Roi seul face à des partis divisés

Depuis sa fuite du 20 juin 1791, Louis XVI a perdu tous ses soutiens et se lance dans une politique guerrière qui, pense-t-il, lui permettra de retrouver son trône une fois la Révolution écrasée par les armées étrangères.
Les derniers aristocrates, partisans de la monarchie absolue, ont quitté la France et se réunissent pour partie à Coblentz d’où ils préparent leur retour avec l’aide des cours étrangères. Toutefois, Louis XVI sait très bien que cette noblesse traditionnelle ne désire que prendre le pouvoir par la force en conservant un Roi fantoche voir le forcer à abdiquer au profit du jeune et influençable dauphin.
Les monarchistes constitutionnels, les Feuillants, quant à eux, veulent en terminer avec la Révolution de peur qu’elles ne les dévorent. Ils ne désirent conserver que le symbole que représente Louis XVI, pivot de leur régime constitutionnel.
Ils sont autant embarrassés de l’usage excessif que le Roi fait de son veto qui lui permet de s’opposer à toutes les lois qu’il désire. Car, si le Roi craint les Emigrés, il se défie particulièrement des Feuillants qui l’ont petit à petit privés de ses pouvoirs depuis 1789. Divisés sur l’opportunité de la guerre et malgré la politique d’obstruction de Louis XVI, ils s’en rapprochent tout de même pour échapper aux éventuelles représailles des Emigrés. Lafayette quant à lui, rêve d’un retour sur le devant de la scène politique dont il est exclu.
Grandement encouragée par le Roi, l’Assemblée législative déclare la guerre au Roi de Bohème et de Hongrie le 20 avril 1792. Les Girondins par la voix de Brissot et de Roland, aile gauche de l’Assemblée législative, se lancent aveuglément dans la guerre. Défendant une politique économique libérale ils attendent des retombées conséquentes de l’exploitation des terres et des ports de l’Europe du Nord. Certains de la victoire des troupes révolutionnaires, ils y voient un moyen de forcer le Roi à accepter la Révolution ou à tomber le masque. Ils réussissent par l’intimidation à imposer au Roi un ministère Girondin, persuadés que le souverain n’osera pas prendre une décision aussi grave que de renvoyer ses ministres s’ils ne lui accordent leur contreseing nécessaire à l’application du veto.
Le 17 mai 1792, le ministère girondin prend connaissance des intrigues des Feuillants et de Lafayette qui communiquent avec l’Empereur et promettent explicitement de marcher sur Paris et faire fermer le club des Jacobins. Ils savent également que le général refuse de mener ses armées à la guerre. Lafayette et les Feuillants par ces actions invitent le Roi à la Résistance. Les Girondins préfèrent cacher ces manœuvres et négocient avec Lafayette.
Dans ces conditions, le Roi se voit en arbitre des partis. Malgré la confiance de Brissot, le Roi renvoie le ministère girondin le 12 juin. Les Feuillants applaudissent ; l’un d’eux, Adrien Duport n’hésite pas à conseiller au Roi la Dictature après dissolution de l’Assemblée.
Mais le Roi ne compte pas pour autant leur donner le pouvoir.

La patrie en danger

Les Girondins se lancent dans une campagne véhémente contre le Roi. Grâce à la mobilisation et l’influence du maire Pétion et du chef de la garde nationale Santerre, ils organisent le 20 juin une manifestation aux Tuileries. Ouvriers et artisans des faubourgs s’y rendent en masse et réclament avec violence au Roi lui-même la suspension de son veto. Injurié, menacé, le Roi refuse et repousse la manœuvre par sa placidité.
Dans le même temps, le 29, il refuse la main tendue de Lafayette qui se propose, sous prétexte d’une revue de la garde nationale de procéder à rien moins qu’un coup d’état. Par la suite, il s’était présenté devant l’Assemblée et avait demandé la dissolution des Jacobins et des mesures contre les anarchistes, la réaction royaliste face aux manifestations du 20 était si forte qu’il y fut acclamé. En fait, Louis XVI joue une carte imprudente, il n’attend qu’une chose : l’arrivée des troupes étrangères à Paris malgré les propositions répétées des Feuillants. Il continue donc sa politique d’obstruction et ses intrigues, communiquant avec les cours étrangères.
Ayant raté son Dix-Huit Brumaire, Lafayette quitte Paris pour rejoindre son armée. Son effigie est brûlée au Palais-Royal.
Face au péril, les Jacobins s’unissent, Brissot et Robespierre réclament un châtiment contre Lafayette, et, à l’Assemblée, les Girondins contournent un nouveau veto royal en appelant les Fédérés de tous les départements pour célébrer le 14 juillet à Paris.
Déjà 500 Marseillais se mettent en route pour la capitale.
Face à l’avancée des troupes nombreuses vers les frontières, le 11 juillet l’Assemblée proclame alors La Patrie en danger : les corps administratifs et les municipalités siègent en permanence, de nouveaux bataillons de volontaires sont levés et déjà 15 000 parisiens s’enrôlent. Ces mesures d’exception visent à mettre une pression populaire et militaire sur le Roi dont plus personne n’est dupe de son double jeu… C’est dans une ambiance glacée que le couple royal assiste le 14 à la fête de la Fédération devant des milliers de Fédérés. En effet, le ministère feuillant, divisé, a préféré démissionner.
On y brûle les armes des familles émigrées. Plus personne ne crie Vive le Roi, mais de nombreux spectateurs avaient écrit à la craie sur leur chapeau Vive Pétion.
C’est alors que les Girondins vont entrer secrètement en contact avec la cour espérant pouvoi récupérer le ministère désormais disponible. Dés lors, ils vont tenter d’étouffer les factions régicides qui veulent installer la République. Une volte face inacceptable pour le peuple qui se sent trahie alors que l’ennemi menace et lance un ultimatum très maladroit.

L’insurrection

Le 25 juillet est publié le manifeste dit de Brunswick. En réalité il s’agit d’un texte rédigé par un émigré, le marquis de Limon et prôné par Fersen. Ce pamphlet promet de réduire Paris en cendre si le Roi était mis en danger. C’est un coup de tonnerre ; en effet, même si les intrigues du roi faisaient de moins en moins de doute c’est un aveu de trahison sans équivoque. Cela va déclencher une vive réaction populaire en dehors de l’action des partis.
Les sections parisiennes grondent et envoient à l’unanimité moins une à savoir 47 sections Pétion à l’Assemblée pour demander solennellement la déchéance du roi. Les Girondins tentent en vain d’étouffer le vent de révolte qui se fait de plus en plus insistant. La section des Quinze-Vingt, celle du Faubourg Saint-Antoine, une des plus révolutionnaire menace de faire sonner le tocsin le 10 août si la déchéance du roi n’est pas prononcée. Le roi quant à lui fait appeler les gardes suisses de Rueil et de Courbevoie pour se défendre.
Les Fédérés de tous les départements, constitués d’hommes du peuple se rassemblent en comités pour coordonner leur mouvement. Ils ont été encouragés à rester à Paris après le 14 juillet pour faire pression sur le roi. Leur comité se réunit régulièrement chez le menuisier Duplay, rue Saint-Honoré, où loge Robespierre qui est très actif auprès d’eux pour leur trouver des logements chez les patriotes et ainsi les lier au peuple qui se révolte. Les sections et les Fédérés s’apprêtent de concert à marcher sur les Tuileries.

Les Tuileries

Au XVIe siècle, le palais du Louvre n'était encore qu'un corps de bâtiments marqués par leur fonction militaire à la limite ouest de la capitale. Dans son prolongement, la régente Catherine de Médicis, veuve du roi Henri II, fit construire en 1564 un palais de style Renaissance italienne. Ce palais était orienté perpendiculairement à la Seine. La présence à ses alentours de tuileries artisanales lui conférèrent son nom pour la postérité.
Les travaux furent confiés à Philibert Delorme. Les aménagements ultérieurs furent poursuivis par Jean Bullant, Androuet du Cerceau, Louis le Vau et Pierre Fontaine. Côté cour, à l'est, se trouvait l'esplanade du Carrousel aujourd'hui rattachée au Louvre, et de l'autre côté, le jardin des Tuileries, avec la salle du Jeu de Paume, où chacun avait accès.
Les rois Henri III, Henri IV, Louis XIII y séjournèrent souvent. Le massacre de la Saint Barthélemy y fut sans doute ourdi en août 1572. Anne d'Autriche y fut «honorée» par le roi Louis XIII en 1637 après 22 ans de mariage sans descendance ni guère d'affection. Neuf mois plus tard naquit le futur Louis XIV.
Le palais des Tuileries ayant été sérieusement endommagé lors de l'émeute du 10 août 1792, il reviendra au Premier Consul Napoléon Bonaparte de le réhabiliter en 1800 pour y installer sa cour et restaurer les anciens usages. Ses successeurs s'y établirent aussi et la vie de cour du Second Empire y fut particulièrement brillante. Mais sous la Commune, un incendie se déclara dans des circonstances mal élucidées et le palais fut finalement rasé sous la IIIe République.
Cette insurrection populaire s’est faite indépendamment des partis même si, ceux qu’on appellera bientôt les Montagnards, les soutiennent, les incitent à s’organiser : Robespierre, Marat qui édite un nouvel appel aux Fédérés les exhortant à l’action. Aucune figure politique future ou présente n’a réellement participé directement à l’insurrection. On cite souvent la figure de Danton comme l’homme du 10 août mais il n’est rentré à Paris de sa maison d’Arcis-sur-Aube que le soir du 9 août.
L’Assemblée est impuissante le 8 août elle avait absous Lafayette, le 9 elle n’ose pas aborder la pétition des 47 sections sur la déchéance du roi et se sépare sans débat à 19 heures. Dans les sections les mots d’ordre insurrectionnels sont distribués et à 23 heures le tocsin sonne…
Dans la nuit, Santerre soulève le faubourg Saint-Antoine et Alexandre le faubourg Saint-Marceau et les Fédérés marseillais sont en ébullition. Les sections envoient à l’Hôtel de Ville des commissaires révolutionnaires qui déposent la municipalité légale et fondent la Commune insurrectionnelle, ils s’assurent de la passivité de Pétion et exécutent le marquis de Mandat, commandant de la garde nationale qui depuis peu est composée de citoyens inactifs, qui ne payent pas le cens suffisant pour voter.
Les Sans-culottes de toutes les sections se rendent aux Tuileries, ils arborent pour la première fois le drapeau rouge, il y est inscrit : Loi martiale du Peuple souverain contre la rébellion du pouvoir exécutif. C’est une revanche du 17 juillet 1791, lors de cette journée Lafayette et Bailly avait fait tirer sur le peuple désarmé qui réclamait la République.
Lors de cette fusillade qui fit 50 morts, la garde nationale avait arboré le drapeau rouge de la loi martiale.
Immédiatement, la garde nationale et les canonniers se rangent du côté des insurgés, il ne reste que les gardes suisses et quelques aristocrates pour défendre le roi. Malgré des tentatives de fraternisation avec les suisses, les royalistes zélés forcent le feu. Les insurgés sont furieux de cette ultime trahison et avec l’aide des Fédérés brestois et marseillais ils brisent la résistance des défenseurs du palais qui finit par tomber. Les insurgés comptent 1000 tués et blessés.

Le massacre des gardes Suisses

Lors de la Journée du 10 août 1792, les gardes Suisses, défendirent avec bravoure le Roi et le palais des Tuileries. La presque totalité fut massacrée par la foule, après avoir, sur ordre de Louis XVI de France, cessé le feu et déposé les armes. Certains gardes suisses qui furent tués lors de la prise des Tuileries, furent inhumés à la chapelle expiatoire à Paris aujourd'hui square Louis-XVI
Les Gardes suisses sont des unités militaires de mercenaires suisses, qui étaient employées, sous forme de contrats de louage, par des souverains pour leur protection ainsi que pour la garde de leurs résidences. On les trouve auprès de nombreuses cours européennes à partir du XVe siècle jusqu'au XIXe siècle, par exemple en France, en Autriche, en Savoie, ou encore à Naples.
Il faut distinguer les gardes suisses des régiments réguliers de Suisse, mercenaires également, qui combattaient pour les différentes puissances européennes et n'étaient pas généralement appelés gardes suisses.
En outre, le terme garde suisse fait aujourd'hui très souvent uniquement référence à la seule garde suisse encore existante, la Garde suisse pontificale.
Le recrutement de ces troupes d'élite proches du pouvoir, était particulièrement sélectif. Les unités de la garde avaient le pas sur les régiments suisses ordinaires. Officiers et soldats jouissaient de privilèges et leur solde était relativement élevée
La Maison du Roi comprenait un corps de soldats suisses appelés gardes suisses ou Cent-Suisses.
L'uniforme de gala a varié au cours des siècles. Actuellement, il est de couleur rouge, jaune et bleu, le bleu et le jaune sont les couleurs de la famille Della Rovere à laquelle appartenait Jules II, le rouge a été ajouté par son successeur Léon X, un Médicis, n'a pas été dessiné par Michel-Ange pendant la Renaissance comme le veut la légende, mais est l'œuvre de Jules Repond, 1853 - 1933, commandant de la Garde de 1910 à 1921, qui s'inspira en 1914 des fresques de Raphaël.
Les uniformes sont créés sur mesure et bénis par le pape pour chaque garde. Quand l'un d'eux finit son service, son uniforme doit être détruit au hachoir afin d'éviter toute utilisation frauduleuse ou abusive. Seuls les hallebardiers, les vice-caporaux et les caporaux portent cet uniforme très voyant, les sous-officiers supérieurs sergents et sergent-major portent un pantalon cramoisi et un pourpoint noir, tandis que l'uniforme des officiers est entièrement cramoisi.
L'uniforme se porte avec un béret de type alpin ou avec un casque léger à deux pointes aux bords relevés : le morion, ornés de plumes de faisan ou de héron et frappé du chêne, emblème de la famille Della Rovere. Le morion des hallebardiers et des sous-officiers est surmonté d'une plume rouge, tandis que celle ornant les casques du sergent-major et du colonel sont blanches, les autres officiers en portent une de couleur violet foncé.
L'uniforme complet, qui n'est requis que pour les grandes occasions, comme la prestation de serment, constitue un puzzle de 154 pièces.

François Ier, successeur de Louis XII, combat dans le Milanais pour le reprendre. Le duc de Milan paie les gardes et les soldats suisses pour se défendre. Les Français et les Suisses se rencontrent à Marignan en 1515, les Suisses sont vaincus après avoir bravement résisté à l'attaque des chevaliers français. François Ier reconquiert donc le Milanais.
Le 29 novembre 1516, à la suite de sa victoire, François Ier signe la paix perpétuelle avec les cantons suisses : il n'y aura plus de guerre entre la France et les cantons suisses et par le traité de Genève le 7 novembre 1515, seuls le roi de France et le pape pourront avoir des mercenaires suisses. Toujours effectif aujourd'hui pour le Vatican, cet accord a été appliqué jusqu'en 1792 pour la France. Guillaume Froelich fut colonel général des Gardes suisses du roi de France après sa victoire à la bataille de Cérisoles en avril 1544.
En 1573, Charles IX de France institua les gardes suisses. En 1616, Louis XIII de France organisa les gardes suisses en régiments.
Dans la maison militaire du Roi, les gardes français avaient la prééminence sur les gardes suisses dont le statut était inférieur. Ils portaient un uniforme rouge rehaussé de bleu. Ils percevaient une solde double.
Le jeune officier d'artillerie Bonaparte est à ce moment-là au Carrousel, chez son condisciple Bourrienne. Ayant déjà assisté à l'émeute du 20 juin, il en avait tiré cet avertissement : Les misérables ! On devrait mitrailler les premiers cinq cents, le reste prendrait vite la fuite . Ce 10 août, il voit passer un groupe d'hommes hideux, portant une tête au bout d'une pique. Son mépris de la foule n'en deviendra que plus grand.

A l’arrivée des manifestants le roi et sa famille avait fui le palais et s’était rendu à l’Assemblée pour s’y réfugier.
Embarrassés et impuissants, ils déclarent vouloir protéger les autorités constituées avant de décréter la suspension du roi sous la pression des insurgés victorieux. Ils votèrent la convocation d’une Convention tant réclamée par Robespierre et décriée par Brissot.
La garde du roi fut confiée à la Commune insurrectionnelle qui l’enferma au Temple.

Ainsi tombait le trône après 1000 ans de monarchie ininterrompue. Mais avec le trône tombait ses derniers défenseurs, la noblesse minoritaire qui s’était promis de conduire et de dompter cette Révolution. Mais le parti Girondin lui-même qui voulait empêcher cette insurrection en négociant au dernier moment avec la Cour était affaibli. Les citoyens passifs, les prolétaires et leur porte-parole : les Montagnards tenaient leur revanche du 17 juillet, ils sont les grands vainqueurs de cette journée. Le 10 août est une Révolution en lui-même : c’est l’avènement de la démocratie.

Commune de Paris 1792

Dans la nuit du 9 au 10 août, la section des Quinze-Vingts prit l'arrêté suivant : Attendu qu'il s'agit de sauver la patrie et la chose publique, la section nomme trois commissaires pour se rendre à la maison commune et, conjointement avec ceux qui seront nommés par les autres sections, aviser au moyen de se concerter sur les mesures à prendre dans les circonstances actuelles.

Municipalité insurrectionnelle qui siégea à l'Hôtel de Ville de Paris du 10 août au 2 décembre 1792, poussa au renversement de la royauté et à diverses mesures révolutionnaires, avant de s'incliner devant la Convention, nouvellement élue. La Commune de 1792 illustre le rôle de Paris dans les moments les plus dramatiques de la Révolution.
À l'écart de la municipalité légale, une violente agitation antiroyaliste s'organise dans les assemblées de section en juillet 1792. Le 25 juillet, l'Assemblée législative autorise la permanence des sections. À l'initiative de la section de Mauconseil, le 3 août, une délégation de quarante-sept sections vint se présenter à la barre de l'Assemblée, demandant la déchéance du roi. Conduite par le maire Pétion, cette délégation comprenait déjà tout le personnel de la future Commune insurrectionnelle.
L'Assemblée s'efforça de briser le mouvement sectionnaire en cassant un arrêté de la section Mauconseil, mais l'effervescence, sous la menace du danger extérieur, jointe à la crainte d'une trahison du roi, était trop forte. L'occasion de l'insurrection fut fournie par la municipalité légale qui avait invité chaque section à envoyer trois délégués à la maison commune pour délibérer de la défense de Paris et de la formation d'un camp retranché sous ses murailles.
Les sections résolurent d'attribuer à leurs délégués des fonctions beaucoup plus amples.

Les délégations se rendent à l'Hôtel de Ville dans la nuit et, à sept heures du matin, le 10 août, vingt-huit sections sont représentées. Sous la présidence de Huguenin, la Commune insurrectionnelle terrorise la Commune légale qui siège dans la salle voisine. Le commandant de la Garde nationale est arrêté, les pouvoirs délégués par la Commune légale sont repris, le Conseil général de la Commune est suspendu ; le maire, le procureur de la Commune et les seize administrateurs devront continuer seuls leurs tâches administratives. Ainsi, la Commune insurrectionnelle s'adjoignait la tête de la Commune légale.
Dehors, c'est l'émeute et l'assaut contre le Louvre.

Ce n'est qu'à midi qu'une délégation de la Commune insurrectionnelle se présente à l'Assemblée législative, conduite par Huguenin. L'insurrection l'a emporté, et l'Assemblée doit s'incliner et reconnaître la légitimité de la nouvelle Commune.
Un des premiers arrêtés de la Commune est de porter à six le nombre des délégués de chaque section : elle compte dès lors deux cent quatre-vingt-huit membres. Robespierre, Chaumette, Billaud-Varenne, Momoro, Hébert sont parmi les plus influents.
La Commune représentant les éléments les plus avancés du mouvement révolutionnaire parisien est très tôt en lutte contre l'Assemblée où dominent les Girondins qui doivent compter eux-mêmes avec la masse des députés feuillants. Finalement, les 30 et 31 août, l'Assemblée casse la Commune et ordonne de nouvelles élections.
La Commune s'efforce de faire rapporter l'arrêté, en nommant Pétion à sa présidence, puis, excitée par Robespierre et Manuel, décide de résister, au besoin par la force. Danton parvient à éviter l'insurrection qui menace, en faisant ajourner les élections.

La Commune a pris, depuis le 10 août, un certain nombre de mesures révolutionnaires : elle substitue le mot de citoyen à celui de monsieur, date ses arrêtés de l'an I de l'Égalité, fait rayer le roi de la liste des fonctionnaires publics, fait abattre les statues de Louis XVI et de Henri IV, briser les bustes de Necker, de La Fayette et de Bailly, arrête les journalistes royalistes et distribue leurs presses aux patriotes ; elle fait décider le 17 août la création d'un tribunal criminel extraordinaire pour juger les crimes de contre-révolution ; elle prend des mesures énergiques pour organiser la mise de Paris en état de défense de Paris et fournit la plupart des commissaires que Danton enverra dans les départements pour assurer la cohésion des mesures de défense nationale. Elle procède au désarmement des suspects, à des perquisitions et à des arrestations.
Elle ne fait rien pour organiser ni même pour favoriser le sursaut populaire qui aboutira aux massacres de Septembre ; mais, pas plus qu'aucun des autres pouvoirs publics, elle ne songe à s'y opposer ou ne se sent assez forte pour le faire ; son Comité de surveillance, où siège notamment Marat tente seulement des efforts, partiellement vains, pour soustraire à l'égorgement les prisonniers de droit commun, puis tente de justifier après coup les exécutions populaires dans une circulaire adressée aux départements.
Quelques jours plus tard, quand la menace de l'invasion immédiate semble conjurée, l'embarras des chefs révolutionnaires est à la mesure de l'horreur que suscitent les massacres de Septembre ; mais comment les désavouer sans remettre en cause toute l'œuvre révolutionnaire et défensive accomplie depuis le 20 septembre 1792, il faut bien songer à renouveler légalement la Commune.
Les élections eurent lieu le 30 novembre et le 1er décembre. Sur les cent vingt-deux élus, quatre-vingt-dix-huit seulement avaient fait partie de la Commune insurrectionnelle, mais, parmi eux, étaient Hébert et Chaumette.
Le 2 décembre, quand la nouvelle Assemblée arriva à l'Hôtel de Ville, la Commune insurrectionnelle, qui siégeait encore, la hua et ne se dispersa qu'après un discours de Santerre.

Fin de règne

L'Assemblée législative, enhardie par le succès de l'émeute, prononce la suspension du roi.
Elle convoque par ailleurs une Convention nationale en vue de prendre toutes mesures pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l'égalité. En vue des élections des députés de la Convention, elle abolit les distinctions entre citoyens actifs et citoyens passifs.
Elle instaure pour la première fois le suffrage universel masculin.

Liens

http://youtu.be/9PdRj5kV67c La chute de la monarchie 2000 ans
http://youtu.be/qzsq7x8ei-g Les gardes Suisses
http://youtu.be/E_ao3B1RiPM Texte pour les gardes Suisses
http://youtu.be/Jo08Ia_kh2w La Carmagnole datant du 10 Août 1792
http://youtu.be/heJ4TcmEUS8 La chute de la monarchie


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Posté le : 09/08/2014 19:29
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Joseph Bialot
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Le 10 août 1923, à Varsovie, naît Joseph Bialobroda, écrivain français

de romans policier et survivant de la Shoah. Il reçoit le Grand prix de littérature policière 1979
Prix Mystère de la Critique 1990, ses Œuvres principales sont : Le Salon du prêt-à-saigner, Babel-ville, C'est en hiver que les jours rallongent, À la vie ! Il meurt, à 89 ans, à Paris le 25 novembre 2012.



Écrivain abordant des genres aussi divers que le polar ou le roman historique, Joseph Bialot fut aussi un témoin de la Shoah. Sa vie fut une succession d'épreuves qu'il s'efforça de surmonter grâce à une énergie de tous les instants, une énorme capacité de travail et un humour permanent qui empruntait autant à la tradition yiddish qu'à l'almanach Vermot.

Joseph Bialot, de son vrai nom Bialobroda, est né à Varsovie le 10 août 1923 dans une famille juive. Juif polonais d'origine, sa famille s’installe en France en 1930 dans le quartier de Belleville.
Avec sa mère et sa sœur, il quitte la Pologne en juillet 1930 pour retrouver son père à Paris. Le 1er octobre, il intègre l'école communale, 77 boulevard de Belleville. Mais le petit Polack va vite la considérer comme un lieu d'injustice. Ne parlant pas encore le français, il se retrouve dernier de la classe et à ce titre collé en retenue. Il prendra sa revanche un jour de 1937 lorsqu'il sera reçu premier de l'arrondissement au concours d'entrée au cours complémentaire.
En 1940, il est victime de l'exode et se réfugie à Bordeaux, à Pau, puis dans la région lyonnaise où il est tour à tour paysan, apprenti ébéniste, puis étudiant à l'Institut commercial de Grenoble et employé à Roanne. Il deviendra résistant, mais piégé par un contrôle d'identité, il sera arrêté à Grenoble le 25 juillet 1944, déporté depuis la gare de Bobigny vers Auschwitz par le Convoi No. 78 en date 11 août 1944, puis libéré par l’Armée rouge en janvier 1945.
IL est tour à tour paysan, apprenti ébéniste, puis étudiant à l'Institut commercial de Grenoble et employé à Roanne. Il deviendra résistant, mais piégé par un contrôle d'identité, il sera arrêté à Grenoble le 25 juillet 1944, déporté depuis la gare de Bobigny vers Auschwitz par le Convoi No. 78 en date 11 août 1944, puis libéré par l’Armée rouge en janvier 1945.
c'est l'exode. Joseph Bialot se retrouve à Bordeaux, Pau puis Grenoble, où il est arrêté par la Milice en juin 1944, alors qu'il milite dans un mouvement de résistance. Il est incarcéré à la prison Saint-Paul, à Lyon, avant d'être déporté, le 11 août 1944, à Birkenau puis à Auschwitz, dans le dernier convoi en partance de France pour l'Allemagne. Libéré le 27 janvier 1945 par l'Armée rouge, il rejoint Paris et sa famille en mai.
Après avoir travaillé dans l'entreprise de prêt-à-porter de son père, il fréquente l'université de Vincennes en 1969, afin d'obtenir une licence de psychologie.

En 1969, il passe une licence de psychologie à l’Université de Paris VIII Vincennes. Son premier roman, il l’écrit à l’âge de 55 ans. Le Salon du prêt-à-saigner obtient le grand prix de littérature policière en 1979.
Ses récits respirent le vécu, ses personnages sont des êtres simples. Piéton de Paris, Joseph Bialot fait de la ville l'héroïne de ses romans avec le quartier du Sentier Le Salon du prêt-à-saigner ou Belleville Babel-ville. S’il est connu pour son humour noir et aussi dévastateur que la violence de certains de ses personnages, Bialot dépeint avec beaucoup de tendresse et d’émotion les petites gens dans leur vie quotidienne.

En 1978, il publie son premier roman, Le Salon du prêt-à-saigner qui reçoit le grand prix de littérature policière.
Son protagoniste, Josip, réfugié yougoslave trompé par son amie, rackette les ateliers de couture du quartier du Sentier, à Paris. Description réaliste et complexité des personnages d'un milieu jusqu'ici absent du polar sont les qualités qu'on retrouvera dans toute l'œuvre forte de trente-six ouvrages qui sont souvent aussi des peintures des quartiers de Paris : Belleville, bien sûr Babel-ville, 1979, mais aussi le marché aux puces de Saint-Ouen, Rue du chat crevé, 1983, ou le faubourg Saint-Martin, Le Manteau de Saint-Martin, 1985.
Après avoir attendu plus de cinquante ans pour le faire - Il m’a fallu plus de vingt-cinq ans et une psychanalyse pour réussir à sortir du camp, dit-il lui-même -, Joseph Bialot publie en 2002 le témoignage de sa déportation C'est en hiver que les jours rallongent, devenant ainsi l'un de ceux qui ont le mieux su rendre compte du traumatisme laissé par l'expérience concentrationnaire. Qui donc a écrit que les rescapés des camps hitlériens étaient des revenants, dans le sens du mot "spectres" ? Deux des livres qu'il a publiés, La station Saint-Martin est fermée au public et C'est en hiver que les jours rallongent, sont des textes écrits en hommage à ceux qui n'ont pas su "re-vivre", une fois revenus des camps de la mort.
Il se consacre également à deux sagas historiques Le Vent du Sud et surtout Le Semeur d'étincelles, vaste fresque sur les luttes ouvrières depuis la Commune jusqu'au début des années 1950.
En 1999, il inaugure une série policière ayant pour héros récurrent Jean-Loup Fresnel, surnommé Loup, un ancien policier qui porte un masque après avoir été défiguré au chalumeau par un tueur et dont les récits sont narrés par le capitaine Valentin Welsch, chef d'une brigade parisienne à laquelle l'homme masqué prête main-forte.

En 2005, il choisit de parler de son enfance dans Belleville Blues. Retour au roman historique quand paraît, en 2009, son ouvrage 186 marches vers les nuages qui évoque des événements peu connus de la Seconde Guerre mondiale, comme la mort de milliers de déportés des camps de Neuengamme et du Stuthof embarqués de force par les SS sur des navires qui seront coulés par la Royal Air Force. Il rappelle aussi les crimes de guerre nazis commis contre des prisonniers de guerre à Mauthausen, captifs assassinés sur les 186 marches de la carrière de granit du camp. Son personnage central, Bert Waldeck, fait partie des antinazis qui par leur attitude ont sauvegardé un peu d'humain dans l'Allemagne des années 1933-1945.
Son dernier roman historique À la vie ! est une saga se déroulant de 1871 à 1948, retraçant l'histoire d'une famille d'imprimeurs de Belleville, les Mongeon, au travers des grands événements de la fin du xixe - début du xxe siècle, des assauts versaillais contre la commune de Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en passant par les tranchées de la Première Guerre mondiale, la Révolution russe, les Années folles, la montée du nazisme et la Guerre d'Espagne.

En 2012, Joseph Bialot publia Le Puits de Moïse est achevé qui traite de Philippe le Bel s'attaquant au fabuleux trésor des Templiers. Passionné par l'Histoire, il savait la faire revivre en empruntant aux petites histoires personnelles de ses personnages, comme on le voit aussi avec le diptyque Le Vent du sud 1988 et 1990.
Une autre de ses réussites est une saga passionnante, À la vie 2010, qui se déroule de 1871 à 1948, de la Commune de Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à travers l'histoire d'une famille d'imprimeurs de Belleville dont les destins croiseront ceux de familles d'artistes et de marchands d'art.
Si la plus grande partie de ses romans relève du polar, Joseph Bialot a aussi témoigné sur l'ignominie nazie avec C'est en hiver que les jours rallongent 2002, récit de son calvaire vécu à Auschwitz, que François Maspero a comparé à Si c'est un homme de Primo Levi.

Cet incontournable témoignage a été réédité avec une quarantaine de pages supplémentaires sous le titre Votre fumée montera vers le ciel 2011.
Quant à Belleville Blues 2005, il s'agit d'un étonnant récit d'une centaine de pages à travers lesquelles le romancier raconte son enfance.
Tout au long de son œuvre protéiforme, s'il se montre impitoyable avec les bourreaux, Joseph Bialot exprime toujours une tendresse infinie pour les personnages humbles, souvent écrasés ou humiliés.

Å’uvre

Romans policiers Série Loup

Nursery Rhyme, Seuil, Points no 640, 1999
Ô mort, vieux capitaine, Seuil, Points no 707, 2000
Le Sténopé, Seuil, Points no 756, 2000
Numéro 10, Seuil, Points no 883, 2001

Autres romans policiers

Le Salon du prêt-à-saigner, Gallimard, Super noire no 110, 1977 ;
L'annonce faite à Matcho, en collaboration avec Claude Courchay,
Matcho et les fourmis blanches, en collaboration avec Claude Courchay,
Sigmund Fred ne répond plus, Denoël, coll. Sueurs froides no 10, 1982.
Rue du Chat Crevé, Gallimard, Série noire no 1903, 1983.
Le Manteau de Saint-Martin, Gallimard, Série noire no 1994, 1985.
Un violon pour Mozart, Gallimard, Série noire no 2184, 1989.
La Nuit du souvenir, Gallimard, Série noire no 2215, 1990.
Le Royal Bougnat, Gallimard, Série noire no 2239, 1990.
Les Bagages d'Icare, Gallimard, Série noire no 2259, 1991.
La Main courante, Fleuve noir, coll. Crime no 47, 1994.
Vous prendrez bien une bière, Gallimard, Série noire no 2443, 1996.
Route Story, Gallimard, Gallimard, Série noire no 2503, 1998.
La Chronique de Montauk Point, Seuil, 2004.
Java des bouseux, Suite noire no 10 aux Éditions La Branche, 2006.
La Ménagerie, Rivages/Noir no 635, 2007.
Le jour où Albert Einstein s'est échappé, éditions Métailié, 2008.
L'Héritage de Guillemette Gâtinel, Rivages/Noir no 821, 2011.
Le puits de Moïse est achevé, Rivages/Noir no 888, 2012.

Romans historiques

Série Le Vent du Sud

Élisabeth ou le Vent du Sud, Belfond, 1988.
Judith, Belfond, 1990.

Série Le Semeur d'étincelles

Le Semeur d'étincelles, Seuil, 1996.
La Gare sans nom, Seuil, 1998.

Autres romans historiques

186 marches vers les nuages, éditions Métailié, 2009
À la vie !, éditions La Manufacture de Livres, 2010.

Textes hommages

C'est en hiver que les jours rallongent, Seuil, 2002.
La station Saint-Martin est fermée au public, Fayard, 2006.
Votre fumée montera vers le ciel (nouvelle édition de C'est en hiver que les jours rallongent

Recueil de nouvelles

8,20 g de cholestérol, éditions Fayard, 2006.

Mémoires

Belleville Blues, éditions Autrement, 2005.



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Posté le : 09/08/2014 19:07
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James Wilson-Morrice
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Le 10 août 1865 à Montréal, Canada, naît James Wilson Morrice,

peintre fauviste, canadien, influencé par Henri Matisse, il eut pour maître Henri Harpignies mort à Tunis Tunisie le 23 janvier 1924 à 58 ans, à Tunis.

Passant la majorité de sa carrière à l'étranger, surtout à Paris France, Morrice est considéré par certains comme le premier peintre canadien à se rattacher à une tradition vivante en peinture au Canada. En effet, ses voyages le mettront en contact avec des peintres tels que James Abbott McNeill Whistler et Henri Matisse, chef de file du fauvisme, qui influenceront son travail. Ayant apporté l'influence de la peinture moderne européenne au Canada, son travail aura un impact sur celui de plus jeunes artistes comme Clarence Gagnon, John Lyman et même chez Paul-Émile Borduas. La rue James-Morrice dans les quartiers de Nouveau-Bordeaux et de Ahuntsic-Cartierville à Montréal est nommée en sa mémoire.

En bref

L'art de James Wilson Morrice, peintre canadien, appartient aux deux siècles qu'il a traversés. Profondément marqué par l'impressionnisme, dont il adopte au début de sa carrière certains principes, il est peu sensible à l'œuvre de Cézanne et au cubisme, mais il subit l'influence des fauves et de Matisse, dont il adapte les idées à sa propre personnalité. Comme beaucoup d'artistes de l'Amérique du Nord, qui jugeaient indispensable de faire carrière en Europe, Morrice arrive à Paris en 1890 et y restera jusqu'à sa mort, malgré de fréquents séjours dans son pays d'origine. Grand admirateur de Whistler, lié au peintre anglais Sickert, il fait l'apprentissage de la peinture dans l'atelier de Harpignies et s'oriente vers le paysage. Travaillant sur le motif, il est le chroniqueur mélancolique de son temps et atteint à une manière intimiste et colorée qui le situe à mi-chemin de Vuillard et de Marquet et lui permet d'évoquer un spectacle de rue ou un paysage en quelques notations simples et justes, L'Omnibus à chevaux, 1900-1905, Galerie nationale du Canada, Ottawa, Quai des Grands-Augustins, 1908, musée des Beaux-Arts, Montréal. Très lié aux milieux littéraires, il sera le poète alcoolique et fin-de-siècle d'un roman de son ami Somerset Maugham, Servitude humaine Of Human Bondage, 1915.
Vers la fin de sa vie, au cours de ses nombreux voyages, en Afrique du Nord où il suit Matisse, et aux Antilles, il découvre une lumière nouvelle qui l'aide à prendre conscience des possibilités rythmiques d'une composition simplifiée à l'extrême qui réduit l'espace pictural à une succession de plans, ainsi que des moyens d'expression offerts par l'utilisation de la couleur pure, Village de la Jamaïque, 1920-1921, musée des Beaux-Arts Montréal, Paysage à Trinidad, 1921, Art Gallery of Ontario. Et bien qu'il n'ait été ni un novateur ni un théoricien, c'est dans la mesure où il a libéré l'expression picturale d'un certain académisme, et dans l'emploi audacieux qu'il fait de la couleur, que Morrice occupe une place importante dans l'évolution de la peinture canadienne, ouvrant ainsi la voie de l'art moderne à la génération d'artistes qui l'ont suivi.

Sa vie

James Wilson Morrice grandit dans une famille bourgeoise dont l’intérêt pour l’art le mit en contact avec la peinture. Morrice commence sa pratique artistique par l’aquarelle, loisir auquel il s’adonne lors de ses vacances au Maine États-Unis en 1882.
À la même époque, il effectue des études dans la faculté des arts de l’Université de Toronto suivi par des études en droit au Osgoode Hall de Toronto. Désintéressé par le droit, mais passionné pour la peinture, il participe à l'exposition de la Royal Canadian Academy en 1888 et au Spring Exhibition Salon du Printemps de la Montreal Art Association ancêtre du Musée des beaux-arts de Montréal. Son talent étant remarqué par l’homme d’affaires et collectionneur William Van Horne, son père se laissera convaincre de l’envoyer étudier à Paris.
Il y fréquente pendant une courte période l’Académie Julian, mais, incompatible au milieu académique, il poursuit son éducation avec le peintre de l’École de Barbizon Henri Harpignies.

Morrice et le voyage

Le voyage offre aussi à Morrice un aspect pédagogique. En effet, il part avec de jeunes peintres effectuer croquis et études en province et plus tard à Venise.
Un voyage sera particulièrement important pour Morrice, soit celui des hivers 1912 et 1913 à Tanger avec Henri Matisse, qui aura une importante influence sur son style.
Bref, parcourant différents pays et revenant sporadiquement au Québec, pour lui, les frontières n’existent pas. Toute sa vie il parcourt le monde, et ses œuvres en font autant.
La manière de travailler de Morrice reflète bien cet état de perpétuel mouvement, en effet, il possède un studio à Paris, mais son travail se fait en partie à l’extérieur où il effectue esquisses et pochades qu’il transposera ensuite sur toile dans son atelier. Ces pochades semblent très importantes pour Morrice puisqu'au Salon d'automne de Paris de 1905 il n’aurait exposé que des études.

Carrière et implication sociale

En plus d’exposer au Salon d’Automne de Paris, au cours de sa vie, Morrice participe à plus de 140 expositions dans sept pays6. En 1901, James McNeill Whistler placera Morrice aux côtés de Degas, Fantin-Latour, Harpignies et Monet lors de l’exposition de la Société Internationale des Sculpteurs, Peintres et Graveurs de Londres7.
En 1904, il obtient une reconnaissance officielle du gouvernement français lors de l’achat de l’œuvre le Quai des Grands-Augustins pour la collection d’art moderne étranger présentée dans la Galerie nationale du Jeu de Paume. De plus, au cours de sa vie, ses œuvres sont achetées par plusieurs lieux d’importance, notons le Pennsylvania Museum, la ville de Lyon, The Museum of Modern Western Art de Russie, le Musée du Luxembourg et la Tate Gallery de Londres, où il sera le premier Canadien à exposer. Après sa mort, une exposition rétrospective lui sera accordée à Paris, un honneur rarement réservé à un étranger.
Malgré le peu d’intérêt des acheteurs et du public canadien, qui n'a d'intérêt que pour la peinture de paysage et de genre hollandais du XIXe siècle, il participe aux expositions de l’Art Association et du Canadian Art Club. ’est sûrement la fortune personnelle de Morrice qui lui a permis de participer à tant d’expositions, au Canada ou à l’étranger.
James Wilson Morrice participe aussi à la culture des cafés parisiens, comme le Chat Blanc ou le Café Versailles.
Morrice sera membre d'un grand nombre de sociétés artistiques importantes de Paris, vice-président de La Société Nationale des Beaux Arts, Société Nouvelle, vice-président du Salon d’Automne et membre de l’International Society of Painters de Londres et du Canada, le Royal Canadian Academy et le Canadian Art Club. En plus de la peinture, Morrice cultive un intérêt pour la musique, la littérature et la poésie. En contact avec le milieu littéraire, il aurait inspiré des personnages des œuvres littéraires des auteurs Arnold Bennett et William Somerset Maugham.

Production artistique Le portrait

La production de Morrice comprend quelques portraits qui représentent rarement des personnes précises et ne se révèlent pas comme des études de caractère. En effet, l’humain y est plutôt traité comme un motif, ou simple sujet de composition. Cette caractéristique se retrouve aussi dans les portraits du peintre américain James McNeill Whistler, un artiste qui aura une grande influence sur Morrice et pour qui les personnages et autres objets que représente une surface peinte ne sont qu’un prétexte pour des arrangements harmoniques de tons. On note aussi chez les deux peintres l’influence de la peinture chinoise par la simplicité de composition, les larges tons rapprochés et les dégradés subtils . Bref, l’aspect plastique y est plus important que le sujet représenté.

Le paysage

Les paysages représentent 80 % de sa production. On note des affinités dans leur traitement avec ceux du peintre européen Paul Cézanne, en effet, on sent chez Morrice la même simplification des formes, la même élimination des contingences, notamment des personnages, ainsi qu’une certaine similitude de composition avec les nombreuses Montagnes Sainte-Victoire. Comme chez ses contemporains canadiens ayant étudié à Paris et pratiquant le paysage, c’est-à-dire Maurice Cullen et Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, ont sent l’influence impressionniste dans leurs paysages locaux, qui s’exprime chez Morrice par l’usage de la touche divisée.

Les thèmes traités

Ne se confinant pas à un genre, Morrice ne se confinera pas non plus à un lieu ou un thème16. En effet, comme les artistes du groupe des Sept ou Tom Thomson, il illustre l’hiver canadien, mais ne s’y limite pas. Il traite aussi bien du paysage urbain québécois que celui de Tanger ou encore celui de Paris. Dans ses scènes de genre, majoritairement insérées dans un espace rural ou urbain, on retrouve des thèmes traités par d’autres artistes, entre autres, celui du cirque qu’avaient déjà exploité Degas et Henri de Toulouse-Lautrec.
C'est en contact avec les avant-gardes européennes, qui traitent de la figure humaine nue pour elle-même, que Morrice produira du nu qui, dans la peinture canadienne d'avant le XIXe siècle, n’était utilisé que lors des études préparatoires à la réalisation d’un tableau et qui sera ensuite habillé. Ainsi, c’est suite au contact avec des peintres comme Morrice que des artistes comme Louis Muhlstock, Alfred Pellan et Jori Smith purent traiter le nu féminin soit comme thème principal de leur œuvre, soit comme élément secondaire de la composition. Bref, ils permirent, grâce à leur représentation de nu empreint des mouvements d’avant-garde européens, qu’un nu puisse être un nu en tant que tel.

L'influence de Matisse

Suite à leur voyage à Tanger l'influence de Matisse se dénote par la palette plus vive et l’espace plus décomposé dans le travail de Morrice. Par contre, contrairement à Matisse qui abandonne la perspective en faveur de la planéité et de l’autosuffisance de la toile par rapport aux couleurs, Morrice affiche une certaine planéité, mais ne refuse pas entièrement la perspective.

Liens

http://youtu.be/jiI_NIHX6aQ Sa vie
http://youtu.be/9CXtCj_O1-w Morrice avec Lyman et Matisse
http://youtu.be/zZCqa2hzw9E Vente de toile

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Posté le : 09/08/2014 18:47

Edité par Loriane sur 11-08-2014 14:51:33
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Re: Défi du 9/8 de EXEM
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Quel triste défi Exem, je vais cependant essayer d'y répondre dans mon texte dont voici venir la première partie :

Partie I : L'enfance


La rame s’élance dans un fracas métallique, les roues crissent dans un tonnerre urbain et le wagon perfore la brume matinale, propulsé sur les rails acérés de la ligne bleue. Assourdissant, le train fini par se perdre, les rails se délitent et il s’enfonce dans l’ouate nuageuse, disparait dans le blanc nébuleux, hors du temps et de l’espace…
Recroquevillée au fond d’un maigre siège, son carnet et ses genoux tremblotent au gré des cahots tandis que son crayon esquisse quelques croquis charbonnés au bout d’une triste mine ; son visage est pourtant serein et un mince sourire se dessine au coin de ses lèvres de fusain. La peinture bleutée de ses mèches dégoulinent sur son front, une rivière sur sa tignasse blonde qui finit par plonger dans les ronds enfumés de mascara et les perles d’émeraudes au creux de ses iris encore enfantins. Au bout de son crayon les traits se désagrègent et se charbonnent et le visage se gomme de ses traits saillants, se claque et se décalque sur le papier froissé.
Une main aérienne dégage ses cheveux de son visage puis fouille au fond de son jean troué un paquet Chesterfield en lettres rouges, cigarette à caler derrière son oreille. Elle essaye d’arrêter mais deux ans et des centaines de paquets plus tard, la clope est déjà devenue sa gazoline sur la route des douceâtres chimères. Le paquet est vide et elle frotte le haut de sa tête contre la vitre gelée ; ses mains étreignent ses mitaines ; son cou se crispe violemment ; qui la réconfortera en cette triste matinée ? Le froid l’étreint…
Un air de jazz traverse ses écouteurs et tandis que ses doigts filent sur le papier, trace la figure élancée d’un jeune homme au premier rang, ses pensées divergent vers son avenir, vers ses peurs et ses craintes futures et « Qui suis-je » hante vite ses rêveries et ses cauchemars. Les espoirs s’amassent dans sa tête puis se dispersent au gré des inquiétudes et des doutes, balayés par la puissance de son esprit à détruire les mirages emplis d’espérance.

Posté le : 09/08/2014 18:47
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Le soleil n'est qu'une étoile du matin.
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Découverte de Madagascar 1
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Le 10 août 1500 Diogo Dias fut probablement le premier

Européen à apercevoir Madagascar qu'il appela l'île São Lourenço


ce navigateur et découvreur portugais probablement né avant 1450 est mort après 1500.
Après cela, il retourna au Portugal en contournant le Mozambique, sur la côte est de l'Afrique. Au large de Cap-Vert, il tomba par hasard sur les quatre bateaux de la précédente expédition indienne de Pedro Alvares Cabral, qui était comme lui sur le reto
ur.

On ne sait que peu de choses le concernant, les sources historiques n'étant que peu explicites à son sujet. Ainsi, on ne sait toujours pas si le Diogo Dias mentionné comme étant le traducteur d'une lettre de 1465 envoyée par la chancellerie allemande à un certain Alfons V. est le même que l'explorateur.
En outre, dans les différents écrits qui le concernent, ce dernier peut être appelé Diego, Pedro ou Pêro et son nom s'orthographier Diaz.
Ce qui est certain, c'est que Diogo Dias partit en août 1487 en tant que capitaine d'un vaisseau d'approvisionnement avec son frère Bartolomeu Dias vers le cap de Bonne-Espérance. Le pilote de ce vaisseau était João de Santiago, qui avait précédemment accompagné Diogo Cão dans son voyage au fleuve Congo.
En tant que chroniqueur et écrivain sur le vaisseau de Vasco de Gama, Diogo Dias participa à la découverte du chemin maritime du Portugal à l'Inde. Étant responsable des récents comptoirs de commerce portugais à Calcutta, il fut fait prisonnier par les autorités locales mais parvint à s'enfuir.
Il participa ensuite à l'expédition de Pedro Alvares Cabral vers l'Inde et faisait partie de l'équipe qui accosta en avril 1500 au Brésil actuel. En raison d'une forte tempête, son vaisseau fut séparé de la flotte de Pedro Alvarez Cabral en mai 1500 au niveau du cap de Bonne Espérance.
Son bateau explora donc les eaux de l'océan Indien à l'entrée de la Mer Rouge.
Plus tard, il a peut-être été le premier Européen à découvrir autour de juillet 1500 les îles de la Réunion et Maurice, toutes deux à l'est de Madagascar.
Jusqu'à leur départ en 1575, les Portugais utilisèrent ces deux îles comme stations de ravitaillement en eau et en provisions pour leurs bateaux en route pour Goa en Inde et Malacca dans l'actuelle Malaisie.

La date exacte et le lieu de sa mort restent inconnue.

Madagascar


L'île de Madagascar s'étend à l'est de l'Afrique dont elle est séparée par les 400 kilomètres du canal du Mozambique. Quatrième île du monde par sa superficie, 590 000 km2, elle mesure 1 580 kilomètres du nord au sud et 570 kilomètres d'est en ouest dans sa partie la plus large.
Pays tropical dans son ensemble, l'île présente des reliefs complexes composés des Hautes Terres centrales, d'une côte orientale étroite et, à l'ouest, de grandes plaines déboisées et d'une côte dominée par le sable et les mangroves.
Le peuplement de l'île fut intimement lié aux réseaux d'échanges qui se sont mis en place au début de l'ère chrétienne, animés par les Austronésiens et les Africains, qui ont formé des groupes de populations variés, diversement répartis sur le territoire.

Couleur du drapeau de Madagascar 1958 : Le blanc du guindant et le rouge du chef sont les couleurs mêmes des bannières des tout premiers occupants de l'île, Africains et Indonésiens du Ier millénaire avant notre ère; c'est beaucoup plus tard et pour représenter les habitants de la côte que le vert a été rajouté à la base.

Fortement marquée par son insularité, au niveau géographique et culturel, Madagascar a connu des mouvements de population dans l'océan Indien qui ont permis l'élaboration de cultures malgaches, à la fois produit des échanges commerciaux et résultat de processus internes. Des formations politiques de type monarchique ont vu le jour au XVIIIe siècle dans l'Ouest et également sur les Hautes Terres où Andrianampoinimerina, 1740 env.-1810 mit en place, pour un siècle, la royauté merina. Celle-ci s'ouvrit au monde occidental et au christianisme, mais céda à la conquête coloniale. De l’indépendance à 2009, trois républiques ont vu le jour.
À la première, qui se caractérisa par une stabilité politique relative, succéda un régime socialiste dit révolutionnaire, instaurant la République démocratique de Madagascar, régime coercitif aux impacts négatifs sur les plans économique et social. L'année 1991 marqua le retour à un régime pluraliste modéré dans le cadre de la Troisième République, aux résultats très mitigés.
À partir de 2009, l'île s’enlise dans des crises politiques à répétition, aux conséquences socio-économiques une nouvelle fois désastreuses. À l’issue d’un processus de sortie de crise orchestré pas la communauté internationale, Madagascar entre officiellement en Quatrième République avec la tenue d’une nouvelle élection présidentielle à la fin de 2013.
L’enjeu est désormais d’assurer une stabilité politique qui contribuera à la reconstruction économique du pays, car Madagascar reste un des États les plus pauvres du monde.

Les aspects généraux

En plus de sa dissymétrie est-ouest et des contrastes topographiques entre Hautes Terres centrales et zones basses périphériques, Madagascar se révèle être avant tout un pays au relief très accidenté.

Diversité des formes du relief

Bien que consacrée par l'usage, l'expression de hauts plateaux est incorrecte ; en effet, hormis quelques secteurs particuliers comme les tampoketsa au nord-ouest d'Antananarivo, anc. Tananarive, les Hautes Terres centrales constituent un ensemble morcelé et très complexe, juxtaposant les formes de relief les plus variées. Charles Robequain écrit à juste titre que les routes s'y déroulent à travers un dédale de hautes plaines d'alluvions, de collines monotones empâtées de latérite, massifs compacts, grands dômes isolés, crêtes aiguës et dentelées, relief en pains de sucre, buttes au sommet tabulaire...
Il est utile de préciser en outre que plaines et vallées alluviales se terminent généralement en aval par des seuils rocheux que les rivières dévalent de manière impétueuse, comme l'Ikopa à Farahantsana en aval des plaines d'Antananarivo ; que parmi les collines s'opposent reliefs granitiques, aux versants encombrés de rochers, et tanety formées dans les gneiss altérés sur de grandes épaisseurs, et fréquemment éventrées de lavaka profonds ravinements.
À une échelle plus grande, les massifs présentent une égale diversité entre reliefs granitiques, Andringitra, quartzitiques, Itremo ou volcaniques, Ankaratra, sans compter la variété des cônes, coulées ou cratères qu'offrent les régions volcaniques de l'Itasy ou d'Antsirabe-Betafo.

En direction de l'est, les Hautes Terres se terminent par un escarpement dont l'Angavo, à la latitude d'Antananarivo, ne constitue qu'un des éléments les plus beaux avec le site grandiose de la Mandraka. Mais, ailleurs, cet escarpement se révèle discontinu, généralement suivi d'une série de chaînons liés à des failles : de telle sorte que le voyageur venant de la côte est a plus l'impression de traverser une zone montagneuse que de franchir un simple abrupt. Seul le secteur Alaotra-Mangoro constitue un palier intermédiaire dans cet ensemble très accidenté.

Les régions orientales, en arrière d'une côte rectiligne, présentent également une remarquable diversité. Pas de grande plaine côtière : contrairement à l'impression que donnent les cartes à grande échelle, les rivages de l'océan Indien sont généralement suivis, immédiatement en arrière d'un cordon littoral, de lagunes ou de marais périodiquement inondés, puis par un système confus de basses collines, passant rapidement vers l'intérieur à des collines plus élevées encore, puis à de véritables chaînes montagneuses.
Au nord de Mananara, et surtout autour de la presqu'île de Masoala, ces montagnes parviennent même jusqu'à la mer. Ailleurs, de petites plaines littorales peuvent exister, construites par les alluvions des fleuves, mais séparées par des reliefs de basses collines sableuses : c'est à travers ces formations que les hommes ont creusé les pangalanes pour relier entre elles les lagunes utilisées par les pirogues des paysans betsimisaraka ou, de Mahanoro à Taomasina, anc. Tamatave, par de petits chalands métalliques.
Par opposition aux Hautes Terres et à cet ensemble oriental, l'ouest de Madagascar est un pays de plaines et de plateaux appartenant à deux grands bassins sédimentaires.
En arrière de Mahajanga anc. Majunga, le Boina présente le relief le plus adouci.
Séparé des Hautes Terres par une grande dépression périphérique de Maevatanana à Boriziny, anc. Port-Bergé, cet ensemble n'est compartimenté que par de petits escarpements qui, de loin en loin, correspondent à des cuestas liées aux formations géologiques les plus résistantes. Tel est le cas des calcaires qui, par ailleurs, sont responsables de l'existence de vastes plateaux karstiques comme l'Ankara au nord d'Ambilobe et le Kelifely au sud-ouest de Mahajanga.
Centré sur Morondava, le Menabe offre une topographie plus différenciée. Les cuestas, dont les revers correspondent toujours à des plateaux, se terminent vers l'est par des escarpements plus vigoureux : tel est le cas du Bemaraha calcaire dominant la dépression du Betsiriry de part et d'autre de Miandrivazo.
En outre, l'accès aux Hautes Terres n'est possible qu'après avoir franchi un nouvel abrupt qui prend toute son ampleur avec le Bongolava à l'est du Betsiriry. Conséquence de ce relief, les fleuves, à l'exemple du Manambolo ou de la Tsiribihina, traversent les plateaux en gorges avant de parvenir au canal de Mozambique.
En outre, le littoral du Menabe est une côte à deltas, alors que, plus au nord, le Boina présente de grandes baies dont celle de Bombetoka, devant Mahajanga, n'est qu'un exemple parmi bien d'autres.
Plus que dans la topographie, l'originalité du Sud malgache réside dans les particularités climatiques. Le Sud-Ouest se distingue toutefois de l'ensemble occidental sédimentaire par la disparition des reliefs de cuestas au sud de l'Onilahy.
Quant au Sud-Est, en partie cristallin ou volcanique, il est nettement séparé des Hautes Terres par l'escarpement du rebord Manambien qui domine de près de 1 000 mètres les surfaces généralement ondulées de l'Androy. Sud-Ouest et Sud-Est s'opposent en outre par un littoral où dominent, dans le premier cas, les côtes basses, tandis que dans le second les côtes rocheuses s'élèvent souvent à une cinquantaine de mètres et plus, en particulier dans le secteur du cap Sainte-Marie où les falaises atteignant 150 mètres constituent des sites d'une sauvage grandeur face à l'immensité de l'océan.
Enfin, l'extrême Nord, au-delà du seuil de Mandritsara ou de l'Androna, constitue l'ensemble le plus contrasté de Madagascar. Autour du massif complexe du Tsaratanana, avec le point culminant de l'île, 2 876 mètres, se juxtaposent des massifs cristallins comme le Marojezy, réserve naturelle, des bassins alluviaux comme l'Ankaibe ou cuvette d'Andapa, des plateaux calcaires comme celui de l'Ankara aux grottes remarquables, de hautes vallées alluviales comme dans l'Ankaizina, des reliefs volcaniques comme la montagne d'Ambre au sud d'Antsiranana, anc. Diégo-Suarez ou dans la partie occidentale de Nosy Be, anc. Nossi-Bé, des deltas enfin comme celui du Sambirano ou de la Mahavavy du Nord.
L'île de Nosy Komba, au nord de Madagascar, moins connue et plus sauvage que sa voisine Nosy Bé, est un ancien volcan intégralement couvert de forêts. Le principal village, Ampangorina, s'étend le long d'une immense plage.
À ces multiples aspects du relief continental s'ajoute la variété des fonds sous-marins, caractérisés par l'extension remarquable des récifs coralliens.
Madagascar est en effet baignée de mers chaudes ; et ce fait, lié à la position géographique de l'île située de part et d'autre du tropique, explique bien des particularités climatiques.

Les différences climatiques

Si Madagascar est caractérisée, sur l'ensemble de son territoire, par des climats tropicaux à saisons nettement tranchées, il convient de rappeler que ceux-ci présentent de nombreuses nuances régionales : leur seul point commun étant, contrairement aux climats tempérés, d'offrir au cours de l'année des différences de températures relativement faibles en comparaison des contrastes saisonniers de la répartition des pluies.
Les températures s'expliquent avant tout par la latitude. Seul le Nord, plus proche de l'équateur, connaît deux maximums par an, au début et à la fin de la saison des pluies. Partout ailleurs, le régime thermique est à deux temps : les maximums s'étendant d'octobre à avril, avec des moyennes souvent supérieures à 25 0C, les minimums allant de juin à septembre. Mais, hormis les régions d'altitude, ces minimums sont peu marqués : les températures moyennes restent supérieures à 20 0C et l'amplitude annuelle est toujours faible, moins de 5,5 0C à Taomasina entre les mois de janvier et de juillet.
L'allongement de l'île sur plus de 1 500 kilomètres n'est pas suffisant pour provoquer des différences notables entre le Nord et le Sud : entre Antsiranana et Taolagnaro, anc. Fort-Dauphin, la moyenne ne s'abaisse que de 4 0C.
L'altitude, par contre, fait baisser les températures moyennes du mois de juillet à 13,3 0C pour Antananarivo et à 12,4 0C pour Antsirabe.
En été, les maximums sont également moins élevés. De plus, les amplitudes annuelles sont plus marquées, l'amplitude diurne pouvant par ailleurs être assez forte : en octobre, Antananarivo peut déjà enregistrer des maximums diurnes proches de 23 0C et connaître des chutes de températures supérieures à 10 0C minimum diurne 12,2 0C.
De même, la continentalité peut jouer un rôle non négligeable. Les régions les plus chaudes de Madagascar se trouvent dans les zones de faible altitude situées à l'abri des influences maritimes : ainsi Maevatanana a une température moyenne de 27,4 0C avec des maximums supérieurs à 39 0C tandis qu'à Mahajanga les mêmes données sont respectivement de 26,9 0C et de 37,5 0C. Encore faut-il préciser que le canal de Mozambique étant, du fait de sa faible profondeur, une mer chaude à caractère continental, la côte occidentale de Madagascar est, à latitude égale, plus chaude que la côte est.
Enfin, il convient de rappeler que la pluviosité ne manque pas d'avoir une influence sur les températures : il peut faire plus chaud à Antananarivo par une belle journée ensoleillée qu'à Taomasina à l'heure d'une grosse averse, lorsque le ciel est couvert et que souffle le vent du large.
Selon les régions, la saison chaude et pluvieuse peut durer entre quatre et dix mois. La zone orientale est la plus humide : à telle enseigne que, pendant le mois d'octobre qui correspond à la période la moins arrosée de l'année, Taomasina connaît encore en moyenne quinze jours de pluie, et Maroantsetra reçoit pratiquement autant de précipitations que Toliara, anc. Tuléar au mois de février, plus de 60 mm.

Ces caractères sont dus à plusieurs facteurs.

Si, durant la saison chaude, Madagascar se trouve sous la menace de cyclones successifs, pendant toute l'année, les régions orientales sont frappées de plein fouet par l'alizé du sud-est. Cet air, issu de l'anticyclone du sud-ouest de l'océan Indien, est fortement chargé d'humidité en toutes saisons et apporte des pluies, surtout sur la côte orientale et les reliefs de l'intérieur.
En été, il apparaît en outre très instable et présente une forte tendance à des mouvements ascendants : les pluies sont alors très importantes sur le versant est ainsi que sur les Hautes Terres ; par contre, l'alizé perd progressivement son humidité en descendant au-dessus des régions occidentales.
Toutefois, vers le nord-ouest, la rencontre avec l'air tropical assimilé à la mousson provoque la formation d'un front dit front intertropical responsable de précipitations parfois considérables. De même, au contact des masses d'air formant la dépression permanente du canal de Mozambique, l'alizé provoque des pluies sur l'ouest de l'île, principalement entre décembre et mars.
Ainsi, sans entrer davantage dans le détail des mouvements des masses d'air, s'expliquent à la fois la persistance des pluies pendant presque toute l'année sur le versant oriental, leur concentration saisonnière sur le versant occidental, leur rareté et leur irrégularité sur l'extrême Sud.

Les paysages végétaux

Les différences régionales sont suffisantes pour faire de Madagascar un ensemble où se juxtaposent des paysages végétaux très dissemblables. Le versant oriental correspond au domaine de la forêt dense à feuilles persistantes. Le versant occidental, au contraire, correspond au domaine de la forêt claire à feuilles caduques. Le Sud-Ouest, enfin, est caractérisé par une brousse adaptée à la sécheresse.
De multiples arguments concourent à prouver que Madagascar a été autrefois largement recouverte de forêts. En réalité, à l'heure actuelle, les forêts primitives ont disparu sur de très grandes surfaces. S'il reste d'importants massifs forestiers sur les versants orientaux, ceux-ci ont néanmoins perdu beaucoup de place au profit de formations secondaires de type savoka constituées par des associations de petits arbres ou arbustes qui vivent à l'état naturel en bordure des ruisseaux et à la lumière.
Tel est le cas des savoka à bambou, ou encore des savoka à ravinala – communément appelé arbre du voyageur – dont les graines se conservent très longtemps. Toutefois, les défrichements et les feux répétés conduisent au remplacement de ces savanes par des formations de graminées, qui occupent de grandes surfaces, en particulier sur les collines de la côte sud-est.
Sur les Hautes Terres du centre, la déforestation a été plus poussée encore. S'il reste quelques témoins de la forêt primaire en montagne, comme dans l'Ankaratra, les massifs forestiers actuels sont le résultat d'une politique suivie du service des Eaux et Forêts en faveur du reboisement. Outre les pins, les Hautes Terres centrales présentent ainsi des bois d'eucalyptus et des formations subspontanées de mimosas.
Mais on n'y trouve pas de savoka : la forêt primitive, plus fragile que dans l'est, paraît avoir été remplacée directement par une lande à bruyères géantes, dont la région de Mantasoa offre un exemple ou plus généralement par une steppe où dominent les graminées les plus rustiques adaptées au régime des feux : le bozaka.
Seule analogie entre les deux zones, les marais, généralement colonisés par des peuplements serrés de cypéracées, parmi lesquelles le zozoro : Cyperus madagascariensi.
Les immensités de l'Ouest ne présentent, elles aussi, que les restes d'une forêt claire à feuilles caduques autrefois beaucoup plus étendue. Les formations dégradées ont de ce fait une importance relative, et cela malgré l'importance des peuplements de roseaux, bararata dans les secteurs de marais, et de palétuviers, mangrove sur les vasières des estuaires ou du littoral.
Les formations secondaires sont ici des savanes, associant un tapis de graminées à un semis d'arbres plus ou moins espacés : parmi ceux-ci, un palmier, le satrana, domine dans le bassin de Mahajanga, pour laisser la place au baobab dans la région de Morondava, et plus au sud, près de Morombe, à des épineux qui annoncent déjà les paysages situés au-delà du Capricorne.
Paradoxalement, cette végétation des régions les plus défavorisées au point de vue de l'humidité est la mieux conservée. Dans tout le Sud, la rareté et l'irrégularité des pluies limitent les défrichements en vue d'une extension des cultures. La prédominance des plantes grasses, dont beaucoup d'endémiques, comme l'extraordinaire fantsiholitra et surtout l'absence de tapis de graminées ne favorisent pas la pénétration des feux de brousse : de sorte que la forêt claire de l'Ouest a beaucoup plus souffert de l'action directe ou indirecte de populations pourtant moins denses que celles de l'Androy ou du pays Mahafaly.

Les hommes et leur répartition

Les modalités de la mise en place des populations de l'île font encore l'objet de recherches minutieuses. Aux migrations malayo-polynésiennes qui ont pu s'effectuer au cours des siècles entourant le début de l'ère chrétienne se sont ajoutés des apports africains à travers l'étroit canal de Mozambique, arabes dont les Antaimoro du Sud-Est reçurent l'écriture et européens.
Mais, pendant une longue période, les groupes d'immigrants transplantés dans un monde vaste et divers ont fini par acquérir des originalités qui les font se distinguer les uns des autres ; ainsi se seraient formés les différents groupes ethniques, longtemps improprement appelés autrefois races ou tribus.
La population, en accroissement rapide, demeure néanmoins très inégalement répartie, l'axe des Hautes Terres et la côte est rassemblant les plus fortes densités tandis que l'Ouest, où les densités inférieures à 5 habitants au kilomètre carré sont fréquentes, reste vide en dehors de quelques secteurs privilégiés.
Ces contrastes dans la géographie humaine, alliés à la diversité du milieu naturel, contribuent à faire de Madagascar un pays juxtaposant des régions très dissemblables, mais économiquement complémentaires.

Les réalités régionales

Madagascar comptait, en 2011, 20,7 millions d'habitants qui, au-delà des dialectes régionaux, se comprennent dans une langue commune, le malgache, langue officielle avec le français et, depuis avril 2007, l'anglais. Ce trait culturel, ainsi que l'importance du culte des ancêtres dans la vie quotidienne, la prégnance des paysages rizicoles, ou encore la place prédominante de l'élevage bovin, sont autant d'éléments caractéristiques de l'unité de l'île. Parler de la diversité des régions malgaches ne signifie donc pas une absence d'unité dans la géographie de la Grande Île ; au contraire, cela permet de décliner la richesse territoriale de ce creuset afro-asiatique.
Le découpage régional de Madagascar en quatre unités principales repose sur la conjonction des facteurs écologiques, des formes d'occupation de l'espace et des modes de peuplement. Toutefois, les réalités nationales évoluent et infléchissent ces configurations territoriales.

Des unités régionales distinctes

La disposition méridienne de l'île, sa situation par rapport aux alizés et aux flux de mousson dans le sud-ouest de l'océan Indien, ainsi que la structure du relief participent à la différenciation de quatre régions que les hommes marquent également de leur empreinte.

Les Hautes Terres

L'altitude caractérise cette région, dont l'occupation par les hommes relève, avant tout, de facteurs historiques et politiques.
À plus de 1 000 mètres d'altitude en moyenne, le pays Imerina, dans les Hautes Terres centrales, 25 p. 100 de la population, gravitant autour d'Antananarivo, et le pays betsileo, 12 p. 100 de la population, autour de Fianarantsoa, sont des noyaux démographiques. L'utilisation rizicole des vallées assure la trame paysagère, alors que le riz se cultive dans des conditions écologiques difficiles : la température moyenne annuelle atteint à peine 18 0C, avec des moyennes mensuelles inférieures à 14 0C en mai-juillet et des possibilités de gel. Avec Antananarivo comme ville principale, cette région centrale des Hautes Terres présente des disparités liées à l'accessibilité inégale de ses territoires. On peut distinguer deux sous-régions, aux dynamismes différents.
La première est organisée autour de l'axe goudronné de la route nationale 7 qui, se terminant à Toliara, relie les trois plus grandes villes des Hautes Terres : Antananarivo, la communauté urbaine de l'agglomération totaliserait 2 millions d'hab. en 2011, Antsirabe, 180 500 hab. en 2005 et Fianarantsoa, 162 300 hab.. L'alternance colline-fond de vallée devient singulière vers le sud : le paysage est plus ouvert dans le Vakinankaratra, la région centrée sur Antsirabe, caractérisé par de grands reliefs volcaniques dont la qualité des sols est valorisée par des cultures très diversifiées, cultures fourragères, fruitières, maraîchères, mais aussi céréales et tubercules. Le relief devient plus accidenté, plus montagneux dans le pays betsileo, ce qui permet la culture rizicole en terrasses, typique de cette zone. Le dynamisme de cette sous-région relève, pour une part, d'une occupation et d'une organisation territoriale précoce, essor du royaume merina au début du XVIe siècle. Il s'appuie, d'autre part, sur l'importance de la route nationale 7 comme axe de circulation des biens, des hommes, des flux entre les grandes villes qui concentrent les rares industries et représentent autant de débouchés des produits. La sous-région bénéficie ainsi des retombées de l'écotourisme alors que ce n'est pas la partie de Madagascar la plus riche sur le plan de la biodiversité : les aires protégées de Ranomafana et de l'Isalo sont les parcs nationaux parmi les plus fréquentés de l'île. Au nord d'Antananarivo, l'occupation du sol et les aménagements du milieu sont moins développés.
Ce sont les marges du royaume merina, qui fut à son apogée au XIXe siècle, et ces traits annoncent le passage vers la seconde sous-région des Hautes Terres, caractérisée par une accessibilité réduite à l'axe de circulation central.
La seconde sous-région, en bordure orientale, correspond au secteur limitrophe du grand escarpement dénommé falaise qui domine, vers l'est, les territoires betsimisaraka et tanala, et court du nord de l'Imerina au sud du pays betsileo.
Il correspond à un corridor forestier qui fait l'objet, depuis les préoccupations environnementales des années 1990, de projets de conservation intégrée de la nature. À la situation excentrée de cette zone se combine une topographie plus élevée, en position de ligne de partage des eaux, et plus accidentée, qui ne facilite pas les communications. Vers le nord-ouest, les hauts plateaux à plus de 1 400 mètres d'altitude forment une zone d'accès difficile pouvant être isolée en période de pluie. Vers le sud et vers l'ouest, contigu à cet ensemble, le Moyen-Ouest est un espace d'extension du peuplement, Tsiroanomandidy, premier marché à bestiaux de l'île et d'expansion agricole à partir des régions centrales. Toutefois, l'insécurité, vols de bœufs et banditisme, et la desserte insuffisante constituent des problèmes récurrents limitant le développement de la région. Enfin, au nord de ces Hautes Terres centrales, le pays tsimihety est une autre région dépassant en moyenne 1 000 mètres d'altitude. Ethnie majoritaire dans le nord de l'île, 9 p. 100 de la population malgache, les Tsimihety connaissent un fort dynamisme démographique, avec une expansion marquée sur les riches terrains alluviaux baiboho des dépressions périphériques situées à l'ouest des Hautes Terres.

L'Ouest

Cultures de décrue et projets de développement orientés sur l'agriculture, l'élevage, l'industrie urbaine et, plus récemment, les ressources du sous-sol, caractérisent l'Ouest. Cette région rassemble des espaces très variés, des axes dynamiques côtoyant des zones de faible activité. Son organisation territoriale souligne l'importance à la fois des infrastructures et de l'organisation sociale.
En venant des Hautes Terres, l'ouverture du paysage sur de vastes espaces aux horizons découverts marque l'entrée dans la région de l'Ouest. La fertilité des sols liée aux dépôts fluviatiles des Hautes Terres explique la richesse des cultures des baiboho, arachide, coton, pois du Cap, riz, tabac, etc., et la spécificité de pratiques culturales locales, comme le dokodoko (repiquage du riz en plusieurs temps. Par rapport aux plaines alluviales de l'intérieur, les deltas côtiers sont valorisés par des sociétés d'aménagement, pour des productions visant le marché national ou international, riz, coton, pois du Cap. Ces espaces correspondent à des pôles de dynamisme, attirant de longue date des populations en majorité originaires des campagnes à fortes densités : les Hautes Terres betsileo, mais aussi le sud-est Manakara, Faranfagana. Depuis les années 1990, le développement de l'aquaculture crevettes insuffle un nouvel élan à la côte mais uniquement autour des lieux de production, Nosi Bé, baie de Mahajamba, delta de la Tsiribihina.... À l'intérieur comme sur la côte, les secteurs dynamiques se raccordent aux villes, dont les deux principales se trouvent au débouché de fleuves, Mahajanga ou Majunga, 200 000 hab. en 2005 à l'embouchure de la Betsiboka, et Morondava, 38 400 hab. sur le fleuve éponyme. Celles-ci sont les relais d'un cabotage particulièrement actif sur le littoral ouest et, pour Mahajanga, une bonne liaison avec l'intérieur, ce qui assure une forte complémentarité de leur économie avec les Hautes Terres. En dehors de ces axes d'activités, les espaces de l'ouest apparaissent peu actifs, avec des densités humaines faibles. Ils sont le domaine de l'élevage et se relèvent difficilement de la crise à la fois économique, politique, et sociale des années 1980, qui s'est accompagnée d'une plus grande insécurité dans les campagnes. Du fait de cette dernière, de vastes contrées échappent à l'organisation spatiale en réseaux fondée sur la parenté et l'alliance matrimoniale, caractéristique de la société sakalava, l'ethnie identifiée à ces territoires d'éleveurs et d'agropasteurs. Entre pêche traditionnelle à la pirogue et bassins modernes d'aquaculture, entre abattis-brûlis des forêts et aménagements hydro-agricoles, l'Ouest voit aussi se préciser les perspectives d'exploitation pétrolière sur les sites de Bemolanga, de Tsimiroro, au sud de Mahajanga et en offshore. La hausse constante du prix du pétrole sur le marché mondial depuis 2000 permet d'envisager la phase exploratoire. L'entreprise Madagascar Oil commence en 2012-2013 l'exploitation du site de Tsimiroro, huile lourde. L'Ouest continue donc d'être une région où les ressources naturelles suscite des espoirs.

L'Est

Originale par sa façade orientée aux vents de l'alizé, riche de cultures dont elle ne maîtrise pourtant pas les débouchés, cacao, café, vanille, litchi, girofle, banane, la région de l'Est souffre de l'absence d'un pôle régional rayonnant à la fois à l'intérieur des terres et sur le littoral.
La façade orientale se caractérise par l'absence d'une saison sèche, d'où l'existence d'une couverture forestière dense et humide dont la physionomie change suivant l'altitude. Certes, vers le nord, la prégnance de la pluie est moins forte car les alizés prennent une trajectoire parallèle à la côte, mais l'unité écologique reste indiscutable.
Cette caractéristique s'impose aux côtés de la culture sur brûlis, le tavy, fustigée par les pouvoirs publics et les O.N.G., mais enracinée dans le savoir-faire paysan, et qui est à l'origine d'une évolution paysagère vers les formations secondaires de savoka constituées de ravenalas ou arbre-du-voyageur et de bambous. Les cultures commerciales sont fragilisées à la fois par la vieillesse des plants, en particulier pour les caféiers, par les aléas climatiques, notamment les cyclones, et par la concurrence d'autres pays, vanille et girofliers d'Indonésie, litchis d'Afrique du Sud et de La Réunion.
La localisation préférentielle de ces cultures, la vanille dans le nord-est, le girofle dans le centre-est, le café dans le sud-est, et la riziculture, qui reste une activité de tous les foyers, différencie les paysages de la région. Le sud-est, axé sur Mananjary-Manakara-Farafangana, se distingue par ses techniques de maîtrise rizicole, par des densités de population élevées supérieures à 50 hab./km2 et par des pratiques culturales intensives.
Le littoral oriental, balayé par la houle sauf en de très rares endroits où des récifs font barrière, ne présente pas de véritable réseau portuaire. Toamasina, 206 390 hab. en 2005, le premier port de l'île, et Manakara, 38 300 hab., port secondaire, apparaissent plus liés aux villes intérieures telles qu'Antananarivo et Fianarantsoa grâce aux liaisons routières et ferroviaires, qu'à la côte où le cabotage est bien moins important que sur le littoral occidental. Vers le sud, dans la région de Taolagnaro, la construction du port d'Ehoala, la plus grande structure en eau profonde jamais construite dans l'océan Indien, a commencé en juin 2007, dans le cadre d'un grand projet d'exploitation de l'ilménite, minerai, utilisé dans les aciéries, les industries papetières et plastiques, les peintures pour l'exportation. Vers l'intérieur des terres, il n'y a pas de grandes villes. Moramanga, sur l'axe Toamasina-Antananarivo, aurait pu jouer un rôle de carrefour polarisateur, mais cet ancien nœud ferroviaire subit le recul de la desserte des régions par les chemins de fer depuis les années 1990.
L'Est apparaît comme une région de l'entre-deux, entre son littoral d'où partent les exportations et où se trouve le premier port de l'île, et son intérieur sans réseau urbain capable d'organiser et de développer la région. L'Est demeure une région à fortes potentialités, qui demandent toutefois à être confirmées.
L'écotourisme du parc national de Maroantsetra est significatif : il est l'un des parcs nationaux les moins fréquentés de l'île, alors qu'il possède la plus grande biodiversité.

Le Sud

Marqué par un climat semi-désertique, le Sud présente un paysage où la riziculture n'occupe pas une place centrale.
Sur le littoral, les terroirs s'installent sur les formations sableuses et sont fermés de haies d'agaves ou de cactus, on y cultive le sorgho, le manioc, des légumineuses. Vers l'intérieur, les cultures utilisent les baiboho des bordures des grands fleuves, avec un déplacement des parcelles d'année en année pour éviter les derniers recouvrements sableux. Hormis ces niches, la présence agricole reste très lâche, liée à l'élevage extensif d'ovins et de bovins. Elle se combine avec une grande mobilité des deux principales ethnies du Sud, les Antandroy et les Mahafaly, hors de la région, exploitants agricoles dans le Nord, commerce du riz dans l'Ouest et des bovins sur les Hautes Terres.
Les migrations, anciennes, liées à des recrutements de main-d'œuvre pendant la colonisation, et particulièrement importantes lors des phases de disette, se font dans les deux sens et n'impliquent pas de rupture avec les régions de départ. Cette relation avec l'extérieur se traduit différemment vers le nord, avec l'extension des surfaces pour la culture du maïs liée aux débouchés national et international, La Réunion, et avec le développement d'un tourisme, surtout des étrangers, sur la côte.
Excentrée et délaissée, malgré des opérations de développement, programme Relance du Sud, de 1994 à 1998, la région, longtemps considérée comme le cimetière des projets, semble connaître d'autres perspectives. La forte volonté affichée par la présidence de Marc Ravalomanana, 2002-2009 de développer le Sud s'inscrit dans le cadre du développement régional, mise en place, en 1991, du Commissariat général pour le développement intégré du Sud et se traduit par des réalisations concrètes : réhabilitation de l'infrastructure urbaine de Toliara, 114 400 habitants, goudronnage de la route Antananarivo-Toliara, amélioration de l'espace portuaire tuléarien et implantation de centres de formation sur les ressources halieutiques. D'autres actions sont menées avec un partenariat international, programme Alimentation en eau du Sud en 1990-1993, programme Objectif Sud - Sécurité alimentaire et développement économique pour le Grand Sud en 2002-2008.
Articulée autour des quatre unités interdépendantes au niveau de leurs conditions écologiques, de leurs organisations sociales et de leurs logiques économiques, la division régionale de Madagascar n'est pas figée pour autant. Ce découpage régional évolue en fonction des reconfigurations régionales et nationales, disparition des six provinces au profit des vingt-deux régions en avril 2007 et des dynamiques de la mondialisation.

Des articulations régionales qui évoluent

Madagascar figure parmi les derniers grands pays ruraux de la planète avec, en 2009, plus de 70 p. 100 de sa population qui n'est pas citadine. Cela ne signifie cependant pas que campagnes et villes sont coupées les unes des autres. Bien au contraire, leurs relations sont telles que les possibilités d'accès à la ville sont devenues un critère de poids pour expliquer les dynamiques régionales.
Dans ce contexte, les axes routiers jouent un rôle primordial. Très bien desservie, localisation sur l'axe de la route nationale 7, relation directe avec le port de Toamasina par la route nationale 2, Antananarivo attire les investissements internationaux, grâce à la collaboration du gouvernement Ratsiraka, de 1975 à 1993, avec la Banque mondiale et le F.M.I., pour engager le pays sur une voie libérale, après une longue phase d'économie socialiste. Ainsi, la grande majorité des nouvelles zones franches s'installent dans l'agglomération tananarivienne. Un schéma centre-périphérie s'affirme autour du pôle de croissance d'Antananarivo, l'accessibilité du marché de la capitale déterminant très fortement les dynamismes économiques. À la suite de la crise multiforme des années 1980 et de l'incurie de l'État, l'excentricité des marges des Hautes Terres rend encore difficile leur accès et leur contrôle, permettant alors le développement de productions illégales, extraction minière sans autorisation, production locale de rhum interdit. Les liaisons malaisées ont ainsi paradoxalement contribué au dynamisme des périphéries.
L'autre évolution majeure touche la région occidentale de l'île, avec la croissance d'activités économiques destinées à l'exportation, comme l'aquaculture, production de crevettes. Les processus d'éco-certification ont pour objectif d'améliorer l'élevage et l'impact sur l'environnement de l'activité, destruction de mangrove, forte exposition aux maladies notamment. Par ailleurs, les perspectives d'exploitation des hydrocarbures singularisent la région de l'Ouest. La coopération norvégienne est acquise, et des compagnies américaines, européennes, asiatiques sont présentes. À cela s'ajoute l'ouverture des routes Tsiroanomandidy-Maintirano et Antananarivo-Antsiranana, à la pointe nord de l'île.
Enfin, sur la côte orientale, des changements importants sont attendus avec le projet d'exploitation de l'ilménite du sud-est, qui permettrait le désenclavement et le développement économique de cette région isolée.
Ainsi, des reconfigurations entre toutes les régions de l'île sont à l'œuvre, renforcement du contraste centre-périphérie, recomposition à partir de nouveaux pôles de dynamisme, littoral ouest, axe de la route nationale 7, infrastructures liées aux ressources du sous-sol, et elles effacent l'opposition construite entre les hauts-plateaux et la côte. Madagascar ne tourne le dos ni à la mer, ni à ses terres intérieures. Cette évolution relève à la fois de facteurs régionaux et nationaux avec les politiques publiques menées, zones franches, décentralisation, lutte contre la pauvreté, enjeu environnemental, et de la participation des acteurs locaux, société civile ou O.N.G.. Elle est également de plus en plus liée à la mondialisation, notamment à travers le réseau de la francophonie, la Commission de l'océan Indien entrée en vigueur en 1984, comprenant les Seychelles, Madagascar, les Comores, l'île Maurice et la France, ou encore l'adhésion, en août 2005, de Madagascar à la Communauté de développement de l'Afrique australe, Southern African Development Community, S.A.D.C.. De cette imbrication des facteurs dépend l'exploitation des ressources, porteuses d'espoirs : le nickel et les pierres précieuses, rubis, saphir dans le bassin d'Ilakaka, dans le sud-ouest qui, avec un contrôle plus strict de l'État, devraient accroître les revenus du pays. Il reste que les politiques à l'œuvre répercutent, sur le sol national, le handicap de la localisation excentrée de l'île par rapport aux grands centres de la mondialisation.

Civilisation traditionnelle

Si l'appartenance de Madagascar à l'Afrique est évidente du point de vue géographique, la nature et l'ancienneté des vestiges archéologiques découverts dans l'île et sur le continent diffèrent. Ni les squelettes d'hommes fossiles, ni les outils en pierre taillée de ce que l'on considère comme le berceau de l'humanité ne se retrouvent sur la terre malgache. L' archéologie, à Madagascar, a été conçue de telle sorte qu'elle puisse s'adapter à des périodes récentes ; elle doit tenir compte des données des autres sources, en particulier celles des traditions orales, quand elles existent. Elle présente un intérêt majeur pour l'histoire d'un pays où les documents écrits se font rares avant le XIXe siècle.
Elle possède un domaine privilégié, celui de la vie quotidienne des sociétés du passé. Les vestiges de structures, les restes de nourriture et les débris d'objets, généralement modestes, permettent de faire connaître l'habitat, les activités de subsistance, les techniques, ainsi que les échanges et les migrations.
L'étude systématique et approfondie des preuves concrètes apportées par la fouille et l'analyse en laboratoire contribue à faire avancer les recherches sur les origines des Malgaches. Il s'agit de vérifier les hypothèses multiples et séculaires sur ce sujet. Aussi, on peut envisager que le verdict de cette entreprise de longue haleine démontrera la spécificité d'un peuple et d'une civilisation qui se détachent et de l'Afrique et de l'Asie, ou qui seraient un produit typiquement malgache, résultant de deux provenances lointaines. Les apports de l'archéologie ont remis en cause plusieurs acquis de l'historiographie : entre autres, la question de la datation et le degré d'évolution des premiers habitants de l'île. Ils ont en revanche confirmé bon nombre de connaissances et expliqué le sens de certains dictons ou expressions.

L'ancien habitat malgache

Les types de villages
Les installations humaines à Madagascar varient suivant les régions et les époques. On distingue un habitat simple et un habitat fortifié. La situation politique a joué un rôle déterminant dans le choix des lieux d'implantation, qui s'est opéré en fonction du relief et des points d'eau. La répartition et la datation des sites laissent apparaître un décalage net entre le peuplement de la périphérie (zones côtières et basses), qui commence entre le Ve et le Xe siècle, et l'occupation tardive des hautes terres centrales, vers le XIVe ou le XVe siècle.
Les campements de pêcheurs marins de Sarodrano Ve s. et de Talaky XIe s., situés sur des plages de sable ou dans des dunes mobiles du sud-est et du sud-ouest, ont laissé peu de structures. Les échelles du commerce musulman, qui fonctionnaient du XIVe au XVIIIe siècle, longent les côtes du nord de l'île. Elles sont signalées par des architectures ruinées en pierre, de style arabe, à Antsoheribory, à Mahilaka et à Vohémar. Les sites d'habitat simple se rencontrent fréquemment à l'intérieur, le long des rivières du sud par exemple : c'est le cas d'Andranosoa XIe s. au bord de la Manambovo, dans l'Androy. Dans les zones sans cours d'eau, comme en pays mahafale, ils se localisent près des sihanaka ou mares. Toutefois, le repérage des lieux d'occupation humaine s'avère une tâche particulièrement ardue, faute de limites visibles. Les manda ou enceintes de pierres sèches, datant du XVe au XVIIIe siècle, se retrouvent aussi bien en Imerina que dans l'Ibara du Sud.
Les villages à fossés qui occupent la plupart des sommets des hautes terres, Imerina, Betsileo, pays sihanaka et bezanozano existent en petit nombre dans l'Anosy, à l'extrême sud-est. Ils ont été, en grande partie, repérés sur les photographies aériennes et décrits par A. Mille. Ce dernier a observé une évolution des hadivory, villages entourés de fossés. Les plus anciens sites fortifiés, datant du XIVe au XVIe siècle, sont peu étendus et entourés d'un fossé simple, étroit et peu profond. Les hadivory des XVIIe et XVIIIe siècles, qui correspondent à une période d'insécurité et d'accroissement démographique, connaissent à la fois une extension et un renforcement des défenses. Les petits fossés circulaires traduisent un éclatement des grandes familles et une progression de la sécurité qui résulte de l'unification politique du XIXe siècle. Ce phénomène s'accompagne d'une descente de l'habitat vers les bas-fonds rizicoles. Les grottes habitées ou utilisées comme lieux d'inhumation sont relativement rares à Madagascar. Elles portent les noms locaux de zohy et de lakato. On citera les exemples de l'Isandra et du Manambolo, étudiés respectivement par P. Vérin et C. Chippaux.

Les formes de maisons

Les anciennes habitations malgaches étaient construites presque exclusivement en matériaux végétaux ; elles étaient de plan quadrangulaire, et n'avaient qu'une seule pièce. Cette unité apparente cache des variantes régionales, imposées par la différence des matériaux disponibles et des climats, d'un point à l'autre de l'île.
Sur le versant oriental, humide toute l'année, on trouve des trano falafa, maisons légères montées sur pilotis. Les hautes terres, où il fait frais pendant une partie de l'année, surtout sur les collines, exigent pour les demeures qui sont exposées au vent des alizés des murs épais en bois massif. De plus, afin d'être préservés de l'humidité en saison des pluies, les murs reposent sur des soubassements de pierre. Ce type de construction a été mis au jour dans les fouilles de Fanongoavana, XIVe s.et de Lohavohitra XVIe s.. La terre battue ou ampetany n'a remplacé le bois, en Imerina et dans le Betsileo, qu'au XIXe siècle, par suite de la disparition de la forêt qui couvrait autrefois l'ensemble de l'île. Les quelques lambeaux de forêt qui subsistent dans les zones les plus humides témoignent de ce passé sylvestre. Les maisons de taille réduite de l'Ibara, de l'Androy et du Mahafale, confectionnées avec les espèces de bois plus léger que l'on trouve dans le sud, sont dépourvues de soubassements. Les murs reposent directement sur le sol de cette région semi-aride. L'archéologue parvient donc difficilement à localiser les trous de piliers dans le sable. On peut supposer que les pêcheurs des côtes du sud s'abritaient dans des tentes légères en végétaux, qui n'ont malheureusement pas laissé de traces. En revanche, les édifices religieux et certaines habitations des comptoirs musulmans du nord ont été intégralement construits en pierre à partir du XIVe siècle.

L'organisation de l'espace

Le site de Fanongoavana, qui a fait l'objet d'une fouille exhaustive, a donné un exemple de la répartition des activités, à l'intérieur d'un ancien habitat malgache. Édifié sur une colline, il est entouré d'un petit fossé simple, dont une interruption crée un accès au village. L'entrée porte le nom de vavahady littéralement bouche du fossé. Les maisons rectangulaires, rassemblées au nord-ouest de la plate-forme sommitale, à l'abri du vent soufflant du sud-est, sont alignées, orientées du nord au sud. Cette disposition justifie l'expression trano atsimo sy avaratra, littéralement maisons du nord au sud qui désigne deux habitations voisines. Elle évite qu'une maison n'en cache une autre et n'empêche les rayons du soleil d'y pénétrer l'après-midi, car les ouvertures sont toutes tournées vers l'ouest. On parle de miakandrefam-baravarana ceux qui ont les portes et fenêtres à l'ouest, lors de la présentation de condoléances, pour évoquer le sort commun des hommes.
La demeure principale, probablement celle du chef, est située au nord, sur une petite élévation.
Elle se distingue des autres par une architecture soignée : des dalles de granit, taillées très régulièrement et dont certaines servent d'éléments de soutènement, en composent le soubassement. Ce sont d'ailleurs les seules marques, avec le seuil de la porte et les pierres de foyer, ou toko, qui restent de l'habitation, les murs et le toit faits de matériaux périssables ayant disparu. De simples alignements de pierres sèches constituent les soubassements des autres maisons en bois. Une pierre ronde qui servait de seuil révèle l'emplacement de la porte au sud-ouest. La superficie des maisons varie entre 20 et 30 mètres carrés. Chacune d'entre elles comporte un foyer aménagé à l'intérieur et délimité par des pierres plates plantées dans le sol, formant une structure carrée. Le foyer, lieu de cuisson des repas, source de lumière et de chauffage, est aussi un lieu de rencontre au moment des repas pour les membres de la famille.
Le respect des règles traditionnelles de construction dépend de la configuration de chaque site. L'organisation de l'espace subit parfois des modifications inévitables. En outre, la prédominance du nord, comme orientation privilégiée, ne peut pas être généralisée ; le sud est plus souvent retenu dans certaines régions méridionales.

Les activités de subsistance La riziculture inondée

Ce type de culture serait, d'après la tradition, une innovation introduite tardivement par les princes néo-indonésiens, vers le XVIe ou le XVIIe siècle. Selon les premières observations archéobotaniques, effectuées par W. Wetterstrom, sur les grains agglutinés de riz brûlé issus des fouilles de Fanongoavana, la riziculture inondée se pratiquait dès le XIVe siècle. La présence de graines d'ivraie, ou voantsimparifary, de la famille des graminées Echinochloa, dans le paddy est l'indice d'une récolte par touffe, consistant à couper ensemble les tiges de riz et les mauvaises herbes qui poussent dans les rizières inondées. Ce mélange ne risque pas de se produire dans le cas de culture sèche où la collecte se fait par tige, ce qui évite le ramassage des plantes sauvages.
Dans les échantillons prélevés à Fanongoavana et à Lohavohitra sont apparues plusieurs variétés, et peut-être même plusieurs espèces de riz. On distingue clairement le riz rond et le riz long. Le premier serait peut-être à l'origine du riz rouge, une espèce très répandue à Madagascar. Cuit avec beaucoup d'eau, il donne un jus velouté et légèrement sucré : c'est le mode de préparation du vary sosoa du bon riz . Le riz long pourrait, en revanche, être assimilé à du riz blanc, dit riz de luxe, qui ne colle pas et qui convient à la cuisson courante, avec une quantité d'eau modérée. La préparation du ranovola littéralement eau dorée, à partir d'un fond de riz cuit qu'on fait légèrement brûler dans la marmite pour en faire un bouillon, est attestée par des traces sur des fragments de poteries.

Élevage et consommation de viande

Les traditions orales merina font remonter la domestication et la consommation du zébu au règne de Ralambo, au XVIIe siècle. La présence de ce bétail est pourtant attestée dans la plupart des sites archéologiques malgaches, dont une partie est antérieure au Xe siècle. En Imerina, bos indicus est bien représenté à Fanongoavana et à Ambohipanompo, qui datent du XIVe siècle. Certains villages de grande étendue auraient même joué le rôle de centre d'élevage, si l'on en juge par la capacité d'accueil des enclos destinés à cet usage. C'est le cas d'Analamanitra XVIe s.. L'élevage du zébu était probablement connu à travers l'île dès le début du peuplement. Les moutons et les chèvres sont moins répandus que les bœufs.
Les ossements recueillis dans les fouilles portent d'ordinaire des traces de débitage. Il s'agit généralement de cassures nettes des os canons, par exemple, qui sont le résultat de la fragmentation de l'animal pour la boucherie. On observe aussi des entailles superficielles provenant du découpage de la viande. La faible usure des dents de boviné et de capridé signale la jeunesse des bêtes lors de l'abattage. L'importante quantité des os récoltés dans les dépotoirs permet d'affirmer que les anciens Malgaches étaient de gros consommateurs de viande. On mangeait toutes les parties du corps de l'animal. Suivant une pratique traditionnelle, encore en vigueur aujourd'hui, les os spongieux étaient mâchés pour en tirer la moelle. On peut noter une baisse de la consommation de viande, si l'on compare la nourriture carnée d'autrefois et le régime alimentaire pratiqué aujourd'hui dans les campagnes, régime essentiellement à base de tubercules, d'herbes et de riz.
Les foyers domestiques existent dans tous les anciens villages, témoignant des activités culinaires. Ils sont parfois bien structurés, ils peuvent se présenter aussi sous forme d'épanchements de cendres et de charbon de bois. Après l'examen des os, on est en mesure d'avancer que la cuisson à l'eau, que l'on considérait comme un mode de cuisine soigné, aurait été préférée à la grillade.

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Posté le : 09/08/2014 18:33
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Découverte de Madagascar 2
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La chasse et la pêche

D'après les restes alimentaires conservés, on a constaté que la chasse était marginale, alors qu'une vision simpliste accordait une grande place aux activités de prédation, dans la première période de l'histoire de Madagascar. On pourrait, certes, mettre la rareté des os des petits gibiers sur le compte de la putréfaction dans les sols anthropiques souvent acides. Ils n'ont pourtant laissé aucune trace. La chasse demeure donc une activité secondaire à côté de l'élevage, qui fournissait l'essentiel de la viande consommée. Andranosoa XIe s. est le seul site qui renfermait une quantité abondante de menu gibier, notamment des variétés d'insectivores appartenant à la famille des Centétidés, telles que les trandraka Centetes ecaudatus, espèce de grande taille, les sokina Ericulus telfairoi et les ambiko Hemicentetes semispinosus. On parle souvent, dans les traditions, de la chasse aux potamochères qui a donné une expression courante haza lambo qui font des ravages dans les champs cultivés. Leur viande était consommée, comme le prouvent les découvertes de Rafolo qui a pu isoler des défenses et des canines de potamochère, en procédant à l'étude archéozoologique des ossements animaux d'Analamanitra et d'Erimoho.
Les habitants des sites côtiers se nourrissaient de poissons et de fruits de mer. Ils se livraient à la pêche sur la côte, ou bien ils partaient en boutre ou en pirogue pour la pêche en haute mer, comme le font encore les Vezo pêcheurs de la côte sud-ouest. C'était, sans aucun doute, l'activité principale des occupants de Sarodrano et de Talaky, villages dans lesquels on a trouvé non seulement des amas d'arêtes de poisson, de coquillages, d'huîtres, de moules, de crustacés, mais aussi des instruments de pêche, harpons et hameçons en fer, pesons de filet. Les populations de l'intérieur de l'île pratiquaient la pêche de gros poissons d'eau douce. C'est le cas des habitants de Vohitrandriana XVIIe s. et d'Andranosoa qui trouvaient probablement leurs ressources, respectivement, du lac volcanique de l'Alaotra et de la rivière Manambovo. L'espèce identifiée dans le premier site porte le nom local de besisika ou Megalops cyprinoides.

Les techniques traditionnellesLa métallurgie du fer

Il n'y a pas d'industrie lithique à Madagascar, car les premiers migrants ont débarqué dans l'île à une époque où l'on connaissait déjà le travail du fer. Les deux objets en pierre d'apparence néolithique qui ont été découverts dans le centre et le sud-ouest du pays, respectivement par Maurice Bloch et Marimari Kellum-Ottino, et qui ont été assimilés à des herminettes polies, n'ont qu'une signification très limitée car ils sont isolés de leurs contextes. Aucun gisement préhistorique n'a été mis au jour jusqu'à présent.
Bien que certaines traditions veulent attribuer une origine récente à la métallurgie du fer, on dispose de plus en plus de preuves archéologiques de l'ancienneté de cette technique dans l'île. On a longtemps admis que le roi Andriamanelo en fut l'inventeur au XVIe siècle ; il serait aussi d'ailleurs le fondateur du royaume hova nom donné aux habitants du Centre. Grâce à son fer volant sagaie en fer, il aurait vaincu les populations vazimba qui ne possédaient que des sagaies en roseau à pointe d'argile. Des instruments en fer proviennent de la fouille de sites antérieurs au Xe siècle sur les côtes et antérieurs au XVe siècle sur les hautes terres. On a également mis au jour des ateliers de métallurgie. L'abondance d'amas de scories de fer témoigne d'une activité métallurgique intense, pratiquée probablement très tôt dans le sud de l'île. Cependant ces vestiges, aussi nombreux soient-ils, apportent peu de renseignements. Le fer était fabriqué suivant des procédés ingénieux, à partir de minerai à l'état pulvérulent appelé localement vovo-by, et de roches ferrugineuses ou magnétites vatovy, que l'on trouve fréquemment sur les hautes terres et dans le sud. La transformation se faisait dans un petit fourneau de terre, alimenté par du charbon de bois.
La métallurgie du fer, comme la riziculture inondée ou l'élevage du zébu, loin d'être une innovation tardive du XVIe ou du XVIIe siècle, est apparue dans l'île en même temps que les premiers habitants, ainsi que le démontrent les preuves archéologiques.

La poterie

La quasi-totalité des sites archéologiques malgaches recèle de la poterie. Certains sites du sud ne renferment que de rarissimes objets en terre cuite, sous forme de tessons. Les calebasses ou vatavo auraient, dans la plupart des cas, remplacé les récipients en céramique. La qualité de l'ancienne poterie malgache varie en fonction de ses usages. Les matières premières utilisées étaient minutieusement sélectionnées. Les potiers se procuraient soit les argiles claires des alluvions, soit les kaolinites résultant de l'altération directe du granit. Ces deux variétés permettent d'obtenir une poterie de meilleure qualité par rapport aux argiles altéritiques ordinaires. Le graphite était aussi largement employé dans les régions centrales où il existe en abondance. Mélangé à l'argile, il améliore la qualité de la pâte-céramique, et donne des poteries plus résistantes et moins poreuses.
Les poteries ont toutes été façonnées à la main. Et, cependant, les pièces de vaisselle sont généralement d'une finesse et d'une régularité remarquables. L'argile a dû subir un traitement préalable de lavage, pour éliminer les grosses inclusions minérales, les grains de quartz par exemple. Toutes les céramiques ont été cuites sans four. On en connaissait pourtant la technique, puisque les métallurgistes l'employaient. Mais la cuisson en plein air, à une température de 600 à 800 0C, devait sembler suffisante pour obtenir des ustensiles de bonne qualité.
Une vaisselle graphitée en forme de coupe, connue sous le nom de loviamanga et répandue sur l'ensemble des hautes terres, a fait l'objet d'une cuisson spéciale : à température modérée de l'ordre de 500 0C avec réduction d'air, surtout pendant le refroidissement, cela afin de préserver le graphite, carbone qui risque de disparaître en brûlant sous l'effet de l'oxygène. On plaçait le loviamanga dans un trou aménagé et adapté à sa taille, puis on entretenait le feu jusqu'à la température voulue, avant de boucher l'ouverture. Les loviamanga, ou assiettes graphitées à pied étaient conçus pour faciliter la prise des repas selon les coutumes : on mangeait en effet par terre, sur une natte. Cette vaisselle, parfois de grande taille, peut contenir une quantité de nourriture suffisante pour deux ou trois personnes, regroupées autour d'elle. Cela se pratique encore couramment dans les milieux ruraux ou traditionnels malgaches. Le graphite, grâce à ses propriétés antiadhérentes, facilite le nettoyage de la vaisselle.
Parmi les récipients à usage domestique, on trouve aussi différentes formes de cruches pour transporter l'eau les siny et les sajoa, de grandes jarres pour conserver l'eau à la maison, les sinibe, et des marmites vilanitany, tantôt à fond plat, tantôt à fond arrondi. D'autres objets en terre cuite étaient destinés à des rites religieux, c'est le cas des brûle-parfum en forme de coupe ou fanemboa. Ces poteries possèdent des qualités qui méritent d'être évoquées, d'autant plus qu'elles sont en voie de disparition, la technique actuelle étant en nette régression. Les cruches malgaches antérieures au XVIIIe siècle présentent une légèreté et une solidité étonnantes. Cela est dû à la minceur des parois, qui ne dépassent guère 3 à 4 millimètres d'épaisseur, d'une part, à l'homogénéité et à la bonne cuisson de la pâte argileuse, d'autre part. Les sinibe, quant à eux, sont volontairement dotés d'une paroi poreuse, permettant à l'eau de s'y infiltrer et de rafraîchir par évaporation le contenu du récipient, principe comparable à celui des gargoulettes. Les vilanitany, enfin, ont fait preuve d'une grande résistance, au cours de leurs usages répétés sur le feu : on y faisait habituellement griller certains aliments comme le riz.
Les céramiques malgaches portent des décors exclusivement géométriques. Les motifs d'impressions triangulaires, réalisés au moyen d'une tige de zozoro, une plante aquatique de la famille des Cypéracées, sont les plus répandus. Les incisions de lignes parallèles qui s'apparentent à des décors obtenus à l'aide d'un peigne se rencontrent assez fréquemment, tandis que les décors en relief sont plutôt rares.
Les fouilles de Fanongoavana ont mis au jour deux ateliers de potiers qui contenaient des restes de matières premières, argile et graphite, des foyers et des ratés de cuisson. Tout portait à croire que la vaisselle et les ustensiles en terre cuite que les habitants du site avaient utilisés puis abandonnés étaient fabriqués sur place. En tout cas, des céramiques étaient certainement produites localement. Or les analyses chimiques qu'on a effectuées sur une soixantaine d'échantillons de poteries récoltés à Fanongoavana ont révélé la variété de provenance des argiles employées. Certains groupes de céramiques, de par leur composition, présentent des caractères étrangers au site et à ses environs, d'où on aurait normalement extrait les matières premières. Cette variation des constituants chimiques suggère l'existence d'une structure d'échanges avec d'autres villages, voire d'autres régions. Ou bien ce seraient les populations venues s'installer sur ce site qui auraient amené ces objets de leur ancien lieu d'implantation. Ce qui permettrait de retracer des itinéraires de migration dans le peuplement des régions centrales de Madagascar.
Malgré des contacts suivis entre les habitants des mêmes régions, et probablement entre ceux de différentes régions, dont témoigne la circulation des techniques, cela est frappant dans la ressemblance des formes de poteries et des motifs de décoration, on constate, sur les hautes terres centrales, un développement, en vase clos, d'une civilisation fortement imprégnée des ressources locales et présentant des caractères originaux. Les habitants de nombreux villages fabriquaient eux-même les outils en fer et les ustensiles en poterie dont ils avaient besoin. Ils possédaient leurs propres ateliers et adaptaient leur savoir-faire aux matières premières existantes. Des études ethnoarchéologiques ont permis, par ailleurs, de dégager une continuité culturelle malgache qui s'étend sur plusieurs siècles, voire sur un millénaire. L'archéologue est bien souvent surpris par les survivances actuelles de pratiques et de techniques anciennes qu'il a rencontrées dans ses fouilles. L'extraction du granit par choc thermique, que l'on continue à utiliser de nos jours, existait déjà il y a six cents ans.

Les échanges avec l'extérieur L'influence arabo-musulmane

L'île de Madagascar n'est pas aussi isolée qu'on l'a pensé. Elle était régulièrement fréquentée, après l'installation des premiers navigateurs qui ont peuplé l'île, ne serait-ce que pour des raisons commerciales. L'influence étrangère s'est surtout fait sentir sur les côtes et, en particulier, dans le nord. L'arrière-pays, surtout le centre, est resté à l'écart de ces contacts.
Des groupes islamisés, tels que les Antalaotse et les Rasikajy, ont installé, à partir du XIVe siècle, des comptoirs de commerce. Ceux-ci ont favorisé l'importation de vaisselle en céramique islamique , pour reprendre les termes de Pierre Vérin, de récipients en sgraffiato et en faux céladon, imitation musulmane de céramique chinoise. La présence de ces objets suppose des relations avec les pays du golfe Persique. Ces peuples islamisés ont introduit dans l'île une architecture en pierre de style arabe, dont témoignent les mosquées et les habitations en ruines de Mahilaka et Antsoheribory. La fabrication des marmites tripodes taillées dans du chloritoschiste date de la même époque.

Les échanges avec l'Extrême-Orient

Les marchandises chinoises ont eu une plus large diffusion dans l'île. Elles sont présentes dans beaucoup de régions. Il s'agit de vaisselle de luxe : bols, assiettes et plats en céladon, de couleur vert pâle. Des échantillons proviennent du site d'Antsoheribory et de la nécropole de Vohémar. La fouille des tombes rasikajy de Vohémar a aussi fourni des soucoupes, des théières et des pots, ainsi que de la porcelaine chinoise bleu et blanc datant du XVe siècle. Le céladon a aussi atteint de nombreux sites de l'Androy, dans l'extrême sud.
Si la Chine parvenait à acheminer ses produits céramiques jusqu'à Madagascar, à l'autre bout de l'océan Indien, l'Asie méridionale, en l'occurrence le sous-continent indien, ne devait pas être à l'écart de ces transactions sur de longues distances. Parmi les objets de parure trouvés dans les tombes de Vohémar, des perles en cornaline rouge proviennent de l'Inde.

Les contacts avec le monde européen

De nombreux objets découverts dans les sites du nord de Madagascar ont été importés d'Europe. Citons, par exemple, une faïence portant des motifs à fleurs, découverte à Vohémar, et différentes céramiques de luxe. Une série de perles en cornaline, en quartz, en verre et en corail a été fabriquée aux Pays-Bas, vers le XVIIe siècle, comme le démontrent les investigations de Suzanne Raharijaona concernant les provenances des perles de Vohémar. Des bijoux en métaux précieux, bracelets en argent et bagues en or, ainsi que des sabres en fer seraient également venus d'Europe.
Si l'on considère les origines, parfois très lointaines Europe, Extrême-Orient, de certains objets archéologiques, l'isolement de Madagascar dans le passé est un concept qu'il convient de nuancer. La navigation à travers l'océan Indien est très ancienne, si l'on considère la fréquentation des côtes de l'Asie méridionale, du golfe Persique et de l'Afrique de l'Est par des populations du Sud-Est asiatique. Les routes maritimes, partant de l'Extrême-Orient vers le sud-ouest de l'océan Indien, devaient certainement aboutir dans la région de l'Afrique orientale et de Madagascar.

Histoire

Si le problème des origines n'est pas complètement éclairci, la connaissance de l'histoire moderne – celle du royaume malgache et de la colonisation française – s'est considérablement enrichie depuis les années 1960 par un renouvellement des sources et de la méthode historique : dépouillement d'archives publiques et privées ; étude critique de la tradition orale et des manuscrits, ainsi que du vocabulaire en usage dans l'administration coloniale, par exemple l'emploi du mot hova comme synonyme de merina ! ; éclairages nouveaux et souvent décisifs apportés à l'histoire événementielle, politique et militaire, par l'analyse des faits économiques et sociaux ; remise à plat de certains événements ou situations considérés auparavant comme bien établis.
Du coup, l'image un peu figée et trop, terre française de la Grande Île donnée par les manuels d'histoire classiques, c'est-à-dire jusqu'aux alentours des années 1960, fait place à un portrait plus complexe et plus tourmenté. Cette analyse est sans aucun doute plus proche de la vérité historique, qu'il s'agisse des rapports de rivalité-domination entre les Merina et les autres ethnies, ou des relations collaboration-conflit entre les Malgaches et le colonisateur français.
À cet égard, la rébellion de 1947 illustre et clôt à la fois une période historique pour Madagascar.

Le problème des origines

La question de l'origine du peuplement de Madagascar a donné lieu pendant longtemps à des débats passionnés parce qu'elle renvoyait directement à la question de la légitimité du pouvoir du premier occupant. Vu sous cet angle, le problème est aujourd'hui dépassé, mais l'intérêt scientifique de la question demeure. À la différence d'autres îles du sud-ouest de l'océan Indien les Mascareignes dont on connaît l'origine et la date du premier peuplement, Madagascar retient toujours son mystère : quand apparurent et qui furent les premiers habitants – ou premiers arrivants envahisseurs ? – que l'on appelle, faute de nom plus précis, les Proto-Malgaches ? La réponse n'est pas simple.
Il est vrai que la Grande Île, excentrée par rapport au reste du monde, lointaine et unique en son genre, a jusqu'à l'époque contemporaine suscité les affabulations, légendes et mythes : mythe littéraire d'une Lémurie paradisiaque ; mythe des Vazimba, un mot qui selon le discours renvoie tantôt au monde des esprits tantôt à ces Proto-Malgaches mal identifiés, alors que ce mot « mythique » pourrait bien n'être que le résultat d'une distorsion progressive de vocabulaire ; mythe encore, et toujours répandu aujourd'hui, que celui des Mikea qui seraient une race particulière de Pygmées, voire de nains vivant totalement repliés, et à la limite permanente de la survie, dans la forêt d'épineux, notamment dans le Sud-Ouest, en pays masikoro ; cette population avec laquelle il est en effet très difficile d'entrer en contact reste mal connue, quelques centaines de familles ?. Mais il s'agit pour l'essentiel de Malgaches dont les parents ont fui la civilisation à l'époque coloniale pour éviter l'impôt et d'autres contraintes et qui, faisant souche, ont fini par s'acculturer ? à leur façon au point d'ignorer complètement le monde extérieur alors qu'à vol d'oiseau ils sont à quelques encablures de la modernité. Mythe encore que celui de l'Eldorado, de la Normandie australe, répandu au début de la colonisation.
S'il n'est déjà pas facile d'appréhender toutes les données du peuplement contemporain – à commencer par le nombre exact de la population –, on conçoit la difficulté en ce qui concerne les origines. Toutefois, les apports récents de l'archéologie (à supposer que les datations au carbone 14 soient fiables eu égard à la durée de la période envisagée) ainsi que de l'anthropologie, de l'ethnographie et de la socio-linguistique (en particulier les travaux de Paul Ottino) permettent de mieux cerner aujourd'hui les origines du peuplement de Madagascar. Encore qu'il y ait place à l'imagination et, bien sûr, à d'autres découvertes.

Traits indonésiens, apports africains

La diversité anthropologique des Malgaches est évidente. Certains types évoquent l'Indonésie, d'autres l'Afrique ; les types mixtes sont les plus fréquents, conséquence de métissages multiples, anciens ou plus récents, entre originaires d'Asie et d'Afrique, eux-mêmes nuancés par d'autres apports asiatiques et européens. Une diversité qui éclate sur un fond incontestable d'unité et qui fait toute l'originalité de la personne et de la personnalité malgaches. Le poète Jacques Rabemananjara la résume ainsi, Présence de Madagascar, 1957 : Visiteurs malais, asiatiques, africains, européens y ont déposé ensemble ou tour à tour leurs marques et leurs types. De leur brassage séculaire s'est formé un peuple intermédiaire guère facile à déterminer et pourtant typiquement reconnaissable : le Malgache contemporain.Pour le président Tsiranana, les Malgaches étaient les seuls véritables Afro-Asiatiques. Plus sommairement, la distinction traditionnelle entre Merina et Côtiers renvoie aux origines lointaines : Indonésie, ou plutôt Austronésie selon la formule à la mode pour les premiers et Afrique pour les autres. Il faudra nuancer.
La langue, elle, est d'origine indonésienne, on disait naguère malayo-polynésienne. Cela confère à Madagascar un fond d'unité linguistique très réel malgré les variations dialectales et les apports de vocabulaire africain bantou et de termes arabes qui ont progressivement enrichi cette langue dont la transcription écrite ne sera effectuée qu'au XIXe siècle.
La technologie et les coutumes anciennes, malgré des apports africains, semblent apparentées surtout au monde austronésien : culture, vitale et célébrée, du riz qui a engendré une véritable civilisation du riz, et usage généralisé de l'angady, bêche à long manche, au lieu de la houe africaine ; maisons quadrangulaires à toit pointu et, à l'est, cases sur pilotis ; fourreau de fibres pour le vêtement ; sagaie, sans arc; système de parentés partiellement indifférenciées et hiérarchies sociales ; culte des ancêtres, tombeaux et, sur les plateaux, cérémonie du famahadina ou retournement des morts, etc. En revanche, la toge lamba paraît être d'origine africaine ainsi que – si l'on se réfère au vocabulaire – certains animaux domestiques et certaines pratiques d'élevage, en particulier celui du zébu omby, quasi-objet de culte dans le Sud et l'Est où le troupeau est signe de prestige plus que source de profit. D'un point de vue économique, ce système d'élevage contemplatif a souvent été critiqué. Les instruments de musique et les types de danse témoignent de ces apports divers et entremêlés. L'art de la divination, en particulier par des grains, sikidy, est d'origine arabe ainsi que les divisions du temps dans un calendrier fondé sur l'astrologie.
Quels que soient les progrès effectués dans la connaissance des origines, l'étude précise de nombreux traits ethnographiques reste à faire. Sur bien des points, on s'en tient à des approximations. Mais la thèse d'une origine africaine des Malgaches avancée au XIXe siècle par le grand malgachisant Gabriel Ferrand est depuis longtemps abandonnée. Son contemporain et rival Alfred Grandidier imaginait au contraire le peuplement par des Indonésiens mêlés de Mélanésiens, les apports africains ne lui paraissant que très secondaires et tardifs, et dus surtout à la traite des esclaves. Des hypothèses plus ou moins voisines ont été développées par d'autres auteurs non français, tels Birkeli et R. Kent, Early Kingdoms of Madagascar.

Les Proto-Malgaches : l'arrivée des navigateurs de haute mer

À moins d'imaginer l'existence et la survivance d'aborigènes africains au moment de la cassure qui sépara Madagascar du continent, la Grande Île, déserte et donc terra nullius, n'a pu être au départ peuplée que par des immigrants venus, c'est une évidence, de la mer. Mais des immigrants capables d'affronter avec succès les dangers de la haute mer. Les Africains n'étant pas considérés comme des marins de ce type et l'hypothèse de la venue de Mélanésiens étant aujourd'hui généralement écartée, ce sont des Indonésiens Austronésiens qui auraient donc été les premiers arrivants. On a avancé l'idée de navigateurs en pirogues à balancier venus par le sud de l'Asie et de la côte d'Afrique où un premier mélange se serait produit avant d'aborder Madagascar. On a également supposé une arrivée plus tardive d'Indonésiens disposant de plus grands bateaux et qui auraient d'abord lancé des expéditions de pillage, voire de colonisation, sur la côte africaine avant de toucher la Grande Île. La référence aux indications données par les chroniqueurs arabes du Moyen Âge n'est pas décisive, puisque les île Waq-Waq dont ils parlent peuvent désigner selon les spécialistes aussi bien Madagascar que le Mozambique... ou le Japon.
À quelle date alors fixer ces premiers débarquements ? On a supposé fort logiquement, en l'absence de toute trace d'hindouisme dans la culture traditionnelle malgache, qu'ils étaient antérieurs à l'hindouisation de l'Indonésie, c'est-à-dire au IIIe siècle après Jésus-Christ. Mais seules les îles de Bali, Java et Sumatra ont subi l'impact de l'hindouisme. Si donc les Proto-Malgaches sont originaires des îles non hindouisées de l'Indonésie ainsi qu'on l'a prétendu – îles Célèbes, Sulawesi, Bornéo Kalimantan, îles de la Sonde –, leur départ de l'Austronésie pourrait être beaucoup plus récent, soit aux alentours du Xe siècle de notre ère. On avance aujourd'hui que ces premières circumnavigations indonésiennes, liées déjà au commerce des épices, auraient pu commencer dès le VIIIe ou le IXe siècle, de toute façon plusieurs siècles avant les débuts de la colonisation européenne.
L'invasion primitive a été suivie d'autres arrivées et de nombreux voyages de navigateurs venus de l'Orient, comme l'attestent certains chroniqueurs arabes, notamment Edrissi XIIe s.. Il est vraisemblable que ces voyages ont amené les Merina, prononcer Merne qui, à partir de la côte est ou sud-est de l'île, gagneront progressivement les Hautes Terres où ils se fixeront.
D'autres groupes immigrés d'origine indonésienne ou africaine qui étaient, eux, islamisés ont aussi abordé la côte est. Ce sont les Rasikajy, les Zafy-Raminia et les Antemoro, prononcer Antémour. Les Rasikajy, établis dans le Nord-Est autour d'Iharana Vohémar, ont laissé des tombeaux et de curieuses marmites à trois pieds, taillées dans une pierre tendre. Plus au sud, les Zafy-Raminia ont donné naissance à deux tribus actuelles, les Antambahoaka autour de Mananjary et les Antanosy vers Fort-Dauphin. Arrivés un peu plus tard, les Antemoro s'installèrent sur la rivière Matitana. Tous ces groupes plus ou moins islamisés, dont les descendants donnent aujourd'hui une certaine spécificité culturelle et politique à la région sud-est de Madagascar, possédaient ou possèdent encore des manuscrits anciens, les Sorabe, écrits en langue malgache mais utilisant les caractères arabes et relatant des traditions, des légendes et des formules magiques. Pour le reste, ni par les coutumes ni par la langue, ces arabisés, d'ailleurs peu nombreux par rapport à l'ensemble des ethnies, ne se différencient notablement des autres Malgaches.
Proto-Malgaches anciens ou arrivés plus récemment ont d'abord habité la côte, vivant de pêche et de tubercules, ignames, taro. Certains, par suite de croissance démographique, de querelles familiales ou d'habitudes nomades, se déplacèrent vers l'intérieur. La culture sur brûlis, le tavy, semblable au ladang indonésien et le renouvellement par le feu des pâturages pour les bovidés amenèrent la disparition quasi complète de la forêt primaire des plateaux, plus sèche et moins vigoureuse que celle de la côte est. La rizière inondée, technique amenée de l'Indonésie ou de l'Inde du Sud, occupa peu à peu les fonds de vallée, puis les marais et les flancs des montagnes.
C'est ainsi du moins que l'on peut se représenter, faute de documents, le peuplement de l'île. Il fut longtemps très lacunaire : un archipel de petits groupes humains dispersés entre d'immenses régions vides. Des fouilles archéologiques récentes apportent une meilleure connaissance de la culture matérielle de ces Proto-Malgaches et de leur genre de vie, consommation de bovidés, usage du fer et petite métallurgie, poterie graphitée, etc..

Les étrangers : marchands, négriers et pirates

Venus de l'Afrique voisine puis de l'Europe, ces nouveaux arrivants apparaissent effectivement comme des étrangers (race, langue, coutumes, objectifs) par rapport aux immigrants de première souche, les Proto-Malgaches (ou Vazimba ?). Des brassages vont s'opérer, mais aussi des échanges et des affrontements.

De la côte est d'Afrique et des Comores viennent, peut-être dès le XIIe siècle, les Antalaotra (« gens de la mer »), commerçants islamisés parlant un dialecte swahili, bantou mélangé d'arabe. Ils créent sur la côte nord-ouest des établissements dont il reste quelques ruines imposantes de style arabe. Grâce aux boutres – navires massifs à mât incliné et voile latine –, ils naviguent entre la Grande Île, les Comores et le Mozambique, effectuant longtemps l'essentiel des échanges, y compris, à l'occasion, la traite entre les Malgaches devenus sédentaires et le monde extérieur.

Dès le XVIe siècle, les tentatives de colonisation européenne, infructueuses jusqu'au XIXe siècle, ouvrent une nouvelle page dans l'histoire malgache. Ces tentatives de conquête et d'implantation se limitent à la côte, l'intérieur de la Grande Île demeurant largement inconnu des Européens jusqu'au début du XIXe siècle.
Les Portugais, qui baptiseront île Saint-Laurent l'île découverte par eux en premier au début du XVIe siècle, ne laisseront guère de trace. Ils s'efforcent vainement de ravir le monopole commercial des Antalaotra tandis que leurs missionnaires échouent dans leur entreprise d'évangélisation sur les côtes ouest et sud-est. Ils renoncent à toute installation durable dès le début du XVIIe siècle. On leur doit toutefois une description assez précise des comptoirs établis par eux dans la partie nord-ouest de Madagascar. Les Hollandais, vers la fin du XVIe siècle, envisagent de créer dans la vaste baie d'Antongil, sur la côte est, une escale sur la route de l'île Maurice et de l'Indonésie. Ils y renoncent finalement, chassés probablement par l'insalubrité du site. Mais leur passage laisse au moins une trace culturelle intéressante, la rédaction par Frederik de Houtman du premier dictionnaire malgache-malais. Les Anglais tentent eux aussi, au XVIIe siècle, d'installer des colonies sur la côte sud-ouest, la plus sèche et la plus salubre ; mais ils échouent ou sont massacrés.
Ce sont en définitive les établissements français qui se révèlent les plus durables au XVIIe siècle après une tentative avortée d'installation dans la baie de Saint-Augustin, côte sud-ouest en 1602. Durant trente ans 1642-1672, l'occupation effective de Sainte-Luce et de Fort-Dauphin dans l'extrême sud malgache autorisera le roi Louis XIV à proclamer la souveraineté française sur l'île entière appelée à cette date île Dauphine. Souveraineté toute théorique, certes, mais dont la revendication doit être replacée dans le contexte de la compétition coloniale franco-britannique dans l'océan Indien.
Le comptoir commercial français de Fort-Dauphin a été fondé en 1643 par Jacques Pronis, commis de la Compagnie des Indes orientales, sur ordre de Richelieu, en tant que point de ravitaillement et de rafraîchissement sur la route des Indes.
Parmi les successeurs de Pronis, Étienne de Flacourt restera le plus prestigieux des gouverneurs de l'établissement français de Fort-Dauphin. On lui doit le premier essai de description globale du pays Histoire de la Grande Isle de Madagascar. Des crises intestines surgissent, d'autant qu'en 1664 la Compagnie des Indes décide de porter son effort commercial sur l'Inde et de créer un point de peuplement à l'île Bourbon, la Réunion, négligeant du coup le comptoir. L'entente avec la population Antanosy connaît des vicissitudes ainsi qu'en témoigne le massacre de colons français le jour de Noël 1672. Bien accueillis au départ par les Antanosy, les colons français s'en étaient fait progressivement des adversaires en raison de leur comportement esclavagiste. Les derniers colons français quittent Fort-Dauphin en 1674 pour la Réunion, non sans emmener dans leurs bagages quelques esclaves malgaches.
Abandonnée pratiquement par le colonisateur, l'île devient au XVIIIe siècle un repaire de flibustiers et de pirates anglais et français qui s'affrontent sur la route des Indes. Les baies de Diégo-Suarez et d'Antongil ainsi que l'île Sainte-Marie – qui est cédée à la France en 1754 à la suite des amours célèbres de la reine Bety et du caporal gascon La Bigorne – sont les principaux centres de trafic.
L'éphémère république internationale de Libertalia installée par le Français Misson et l'Anglais Thomas Tew, dans la baie de Diégo-Suarez, fut sans doute une belle utopie de ces pirates. Elle prit fin en 1730.
Cependant, les îles Mascareignes, Bourbon et Maurice, devenues à cette époque des colonies françaises, se peuplant progressivement en s'enrichissant par la culture du café puis par celle de la canne à sucre, vont chercher sur la côte est malgache du riz, des bœufs et des esclaves. Une activité commerciale tous azimuts et au plus offrant se développe par tous les moyens ; les comptoirs de Tamatave et de Foulpointe prennent une importance accrue. La France tente même de se rétablir sur cette côte est, une première fois, 1768-1771 à Fort-Dauphin avec le comte de Modave, une seconde fois, 1774-1786 dans la baie d'Antongil avec le comte de Benyowski, un aventurier extravagant – magyar d'origine, philosophe, négrier à l'occasion comme Modave, qui se proclamera même empereur de Madagascar – et qui laissera son nom à une rue de Tananarive jusqu'en 1973. Ces tentatives échouent rapidement. En cette fin de XVIIIe siècle, où va s'amorcer véritablement le royaume de Madagascar, les Européens présents dans l'île, quelque 4 000 Français seraient venus à Madagascar au XVIIe siècle selon H. Deschamps sont principalement des commerçants que l'on appelle plutôt à l'époque des traitants. Le Français Nicolas Mayeur est l'un des tout premiers à avoir circulé sur le plateau central et à l'intérieur de l'île. L'Europe commence véritablement à découvrir Madagascar.

Au temps des multiples royaumes

L'histoire des différents groupes ethniques malgaches installés dans l'île reste mal connue dans ses détails. On estime que ces groupes, sédentarisés, ont, à la suite de nombreuses migrations intérieures, occupé définitivement leur territoire géographique actuel dès la fin du XVe siècle. À cette date, la carte géopolitique de Madagascar serait pour l'essentiel établie. Ces groupes ethniques, improprement mais couramment appelés tribus, forment des sociétés politiques qui sont tantôt une juxtaposition de clans souvent rivaux, tantôt des royaumes parfois unis mais souvent divisés. Cette diversité contribue, par les luttes et résistances, à forger ce fond d'unité qui apparaîtra à la fin du XVIIIe siècle.

Des rois guerriers

L' organisation monarchique n'a pas été répandue de façon uniforme, et il est certain que le morcellement géographique et les variations du relief vastes plaines et semi-déserts, falaises et vallées, collines ont eu leur influence sur la formation des systèmes politiques de ces communautés. Certains peuples, comme les Tsimihety, n'ont pas connu d'organisation monarchique. Chez d'autres, en particulier dans le sud de l'île, on observe plutôt une mosaïque de chefferies et de petites principautés, les mpanjaka souverains
Les royaumes Antanosy du Sud-Est ont sans doute donné naissance aux dynasties des peuples Bara, Antandroy, Mahafaly et Sakalava. Si la royauté a disparu chez les Antandroy, chez les Sakalava, au contraire, le petit royaume né au début du XVIIe siècle près de la basse vallée du fleuve Mangoky s'est étendu, sous le roi Andriandahifotsy, aux plaines de l'ouest Menabe, puis au nord-ouest (Boina). À leur apogée XVIIIe s., les deux royaumes sakalava du Menabe et du Boina contrôlent un tiers de la Grande Île. Le port de Majunga Mahajanga, fondé en 1745 et peuplé de commerçants antalaotra, assurait les relations avec l'extérieur. Les Sakalava razziaient les populations du plateau. Un de leurs chefs fonda, sur la côte sud-est, le royaume Antaisaka inséré entre des royaumes d'origine islamique.
De l'un de ceux-ci, le royaume Antemoro, étaient partis des nobles, les Zafy-Rambo, qui avaient fondé des royaumes dans la forêt du pays des Tanala, puis, franchissant la falaise orientale, avaient instauré les premières principautés en pays Betsileo. Il en résultera au XVIe siècle quatre petits royaumes, mais qui seront minés par les guerres intestines.
Sur la côte orientale, les Zana-Malata, mulâtres, descendants des pirates, fondèrent au début du XVIIIe siècle, sous l'impulsion de l'un d'entre eux, Ratsimilaho, la confédération des Betsimisaraka les nombreux inséparables. Le royaume par la suite se fractionna. Des raids de pillage associant Betsimisaraka et Sakalava partaient régulièrement, sur de simples pirogues, vers les îles Comores et la côte orientale d'Afrique. D'autres groupes, quittant la plaine, pénétrèrent sur la partie nord du plateau pour donner naissance au peuple libre des Tsimihety, ceux qui ne se coupent pas les cheveux.
Au centre des Hautes Terres, autour de la vallée marécageuse de la rivière Ikopa, les Merina ont établi leurs villages fortifiés après avoir chassé ou soumis les Vazimba. Cette ethnie, issue probablement des plus récentes vagues d'immigration austronésienne, s'était donné dès le XVIe siècle, avec Ralambo, 1575-1610, un début d'organisation politique structurée. L'organisation se renforce avec les successeurs de Ralambo ; l'un deux, Andrianjaka, fondera Analamanga qui deviendra, ultérieurement, la capitale Tananarive, Antananarivo, la ville des mille .
Au XVIIe siècle, le pays – qui a pris le nom d'Imerina, pays qu'on voit de loin sous le jour et ses habitants celui de Merina – se développe sur tous les plans, économique, démographique et politique. La maîtrise de l'hydraulique agricole, drainage et la discipline collective permettent de transformer en rizières irriguées la plaine autrefois marécageuse de la Betsimitatatra, environs de Tananarive. Avec deux récoltes de riz par an, les paysans peuvent dégager un surplus qui induit le développement artisanal, puis urbain. C'est une véritable révolution économique qui est en cours dans cette société de type féodal.
Mais au XVIIIe siècle le pays, en pleine croissance, est sérieusement affaibli par les divisions entre clans issus de l'ancêtre Ralambo et par les partages successoraux. Il est alors divisé en quatre royaumes combattants que des voisins belliqueux cherchent à razzier. Repliés chacun sur leurs collines les seigneurs rivaux s'affrontent avec les moyens de l'époque et sur un espace territorial somme toute réduit. C'est là pourtant que se joue le destin politique de Madagascar.
À la fin du siècle, le roi Andrianampoinimerina,le seigneur au cœur de l'Imerina rétablit l'unité politique merina : après de longues guerres, il réussit, lui qui avait usurpé l'un des royaumes, à s'emparer des trois autres. Il transfère sa capitale d'Ambohimanga, restée colline sacrée, à Antananarivo située sur une colline distante de trente kilomètres. Le règne d'Andrianampoinimerina 1787-1810 ouvre l'ère moderne de Madagascar. Par son autorité, son intelligence et un incontestable génie d'organisation, ce nouveau souverain malgache, qui a seul droit au hasina, caractère sacré reconnu par l'offrande symbolique d'une piastre dans les grandes circonstances, crée une cohésion sans faille en utilisant habilement les institutions traditionnelles, le discours ou kabary, l'assemblée de village ou fokonolona pour asseoir et renforcer son pouvoir. Il poursuit une politique de développement économique, stimulant les vertus du travail et des corvées collectives, encourageant les grands travaux agricoles et les marchés tsena. Il fait habilement accepter sa suzeraineté en tissant un réseau d'alliances matrimoniales avec les princesses d'autres royaumes ; stratégie qui lui permet d'étendre ses possessions vers les voisins de l'est et les royaumes du Betsileo, et d'entretenir de bonnes relations avec les royaumes côtiers. La formule célèbre et peut-être apocryphe qu'on lui prête –la mer est la limite de ma rizière – suggère tout un programme de conquête en vue de l'unification politique de l'île.
Si Andrianampoinimerina n'est pas à l'origine d'un véritable sentiment national malgache comme on l'a écrit parfois abusivement, son règne n'en constitue pas moins une période charnière dans l'histoire de Madagascar. Très méfiant à l'égard des étrangers au point d'interdire l'accès de sa capitale aux marchands, il toléra le commerce européen pour se procurer des armes à feu en échange d'esclaves. Un type de commerce, poudre, fusils et alcool de traite qui, tout au long de cette période des multiples royaumes, a souvent été un élément déterminant dans la conquête du pouvoir. Mais, surtout, le règne d'Andrianampoinimerina apparaît comme la première tentative sérieuse, et en partie réussie, d'institutionnalisation du pouvoir à l'échelle d'une société politique complexe, mais qui prend l'allure d'une nation.

Une civilisation originale

À la fin du XVIIIe siècle, la civilisation malgache connaît son plein épanouissement. Les ressources alimentaires sont, avant tout, le riz, mais aussi le manioc et la patate apportés vraisemblablement par les Portugais, ainsi que la banane, le taro et les pois de terre. Le bœuf (zébu) est élevé comme capital et comme animal de sacrifice. La pêche dans les rivières et les rizières le poisson tilapia tout comme l'élevage de la volaille constituent un complément d'appoint apprécié.
La maison rectangulaire à toit pointu est en bois, plus rarement en argile. On dira, plus tard, qu'à Madagascar le bois est réservé à la maison des vivants et la pierre au tombeau des ancêtres. S'agissant de vêtement, il se compose sur les plateaux d'un pagne et d'une toge (lamba) qui, lorsqu'ils sont lourds et colorés de rouge lambamena, sont réservés aux chefs et aux défunts. Sur la côte chaude et humide, un fourreau de nattes suffit. Le fer est extrait du sol et travaillé ; les ustensiles sont faits de poteries, tant sur les plateaux que sur la côte, ou de cucurbitacées sur la côte.
Le culte des ancêtres donne lieu à des sacrifices d'animaux, bœufs, coqs, à des offrandes, alcools et cérémonie du tromba, qui varient d'une ethnie à l'autre mais appartiennent à un fond culturel commun : la conviction que les ancêtres, quelles que soient les pratiques funéraires des diverses communautés, surveillent, protègent et punissent en cas de désobéissance aux coutumes.
On invoque le Créateur Zanahary, mais ce sont les ancêtres qui jouent un rôle dans la vie quotidienne. Le devin indique les sorts par la géomancie. Un grand nombre d'interdits fady rythment la vie du Malgache qui sait que toute transgression retombera sur lui concepts du tsiny et du tody. Ainsi se construit, sur un fond d'unité très réelle en dépit des variations régionales, une société typiquement malgache, stable et très hiérarchisée, où chacun se sent à sa place par croyance éprouvée et aussi par un certain sens de la fatalité. Cette culture ancestrale malgache restera très vivante malgré les bouleversements ultérieurs de la période coloniale et postcoloniale. Comme l'écrit l'un des meilleurs analystes malgaches contemporains de cette société, le jésuite Rémy Ralibera : Le courant profond de cette culture malgache ancestrale continue à nous mener plus inconsciemment que consciemment.
La littérature orale est d'une grande richesse : contes et histoires d'animaux, proverbes innombrables à portée didactique, poésie amoureuse subtile, dont les hain-teny seront une forme moderne très élaborée, art du discours, kabary, de l'allusion, de la métaphore... et de l'humour. À l'exception de l'épopée, la littérature orale malgache s'exprime brillamment dans tous les genres. Sans oublier la musique et les danses traditionnelles qui jouent un rôle important dans les cérémonies. Sur les hauts plateaux, les troupes quasi professionnelles de chanteurs-conteurs-acteurs-danseurs, appelés mpilalao, font partie du meilleur folklore malgache.
Cette civilisation malgache, qui a intégré les apports asiatiques et africains, apparaît alors dans toute son originalité. Elle saura assimiler à sa façon les apports européens. La malgachitude ou malgachéité ? contemporaine est le résultat de tous ces brassages ethniques et culturels qui font la richesse, et à l'occasion les contradictions internes, de la personnalité malgache.
Les clans, héritiers d'un même ancêtre
La cellule originelle de la société politique malgache est le foko, communauté clanique. Souvent représenté comme une petite démocratie où les problèmes sont débattus dans l'assemblée comprenant tous les hommes du clan jusqu'à obtention du consensus, le foko est en fait une structure hiérarchisée. Un conseil des anciens chefs de famille commande au village. Le foko est, à cette époque, d'abord et avant tout une communauté humaine unie par un même ancêtre. Les liens de famille s'établissent en ligne paternelle ou maternelle. Sur ce point, il semble bien qu'il y ait eu beaucoup de diversité, le matriarcat ayant probablement dominé dans certains clans. Le système contemporain du fokonolona, autrefois spécifique à l'Imerina mais aujourd'hui généralisé et construit à partir d'une base territoriale le Fokontany, est l'héritier u foko originel.
À partir de la fin du XVe siècle, les foko qui ont réussi à s'imposer par leur supériorité militaire ou par leur prestige religieux contrôlent des communautés plus larges qu'on appellera, plus tard, tribus. Et quelques-uns de ces groupes forment, dans certaines régions de l'île, des royaumes. Tout royaume malgache de l'époque est donc un groupement de clans hiérarchisés. Le roi, souvent choisi par les chefs de clans roturiers, est pris dans le clan royal, parmi les fils ou les frères du roi défunt. Les cérémonies d'intronisation lui confèrent le hasina, un droit sacré ; il est dieu visible et son pouvoir, théoriquement absolu, est limité par les coutumes des ancêtres ainsi que par les avis des chefs de clans. On parle de lui en utilisant, parfois, un vocabulaire spécial. Le roi habite une grande case de bois lapa dans une citadelle rova ; il dispose de gardes et d'esclaves, lève et perçoit des impôts, peut exiger la corvée et s'adresse à son peuple par des discours kabary qui annoncent ses intentions et confortent sa légitimité. Ses parents peuvent recevoir des fiefs. Le roi dispose aussi de messagers, sorte d'ambassadeurs dotés de grands pouvoirs. Dans cette société typiquement féodale composée – sous un vocabulaire particulier – de rois, de seigneurs et de vassaux, la guerre est fréquente, occasion à la fois de sport et de pillage.
Les villages sont fortifiés et, en Imerina, toujours installés en haut des collines à des fins stratégiques évidentes. La sagaie, le javelot, le bouclier constituent les armes habituelles ; à partir du XVIIIe siècle s'y ajoutent les fusils d'importation. Ce qui va modifier les rapports de force dans le jeu des affrontements traditionnels.
Dans les royaumes, les clans sont hiérarchisés. Ainsi à l'époque de Andrianampoinimerina la stratification sociale chez les Merina est bien établie : les nobles andriana, les roturiers libres, hova et les esclaves, andevo ou mainty, noirs, esclaves domestiques de naissance ou esclaves de guerre. Cette hiérarchisation comporte des catégories, voire des sous-catégories internes, bien perçues par les intéressés, qui s'accompagnent notamment d'interdits matrimoniaux. Sous des noms différents, cette hiérarchisation, abusivement qualifiée de système de castes alors qu'elle n'a pas de véritable point commun avec le système des castes de l'Inde se retrouve avec des nuances ou des variantes dans la plupart des autres ethnies malgaches. Cela étant, la hiérarchisation sociale, très forte, n'entraînait pas nécessairement une différence très grande de condition matérielle. Il reste que l'exercice du pouvoir, fanjakana était, de par la coutume, l'apanage de la classe ? noble, andriana en Imerina. Pour certains analystes contemporains, la notion de andrianité caractériserait un phénomène sociétal et politique,au moins en Imerina naturellement élitiste qui serait l'aboutissement d'une tradition pluri-millénaire : un pouvoir qui serait resté d'essence essentiellement religieuse et d'un droit à l'exercice [du pouvoir] qui tient de la qualité personnelle de l'individu plus que d'un prétendu droit du sang, J. P. Domenichini, 1987. Une analyse qui, à défaut d'être parfaitement démontrée, a le mérite de remettre à l'ordre du jour l'histoire des stratifications sociales et politiques à Madagascar, en dehors de tout présupposé idéologique.

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Posté le : 09/08/2014 18:31
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Le royaume de Madagascar : la monarchie merina

Avec la mort en 1810 du roi-fondateur Andrianampoinimerina s'ouvre le règne de son fils Radama Ier. Intelligent, avide de nouveautés et ambitieux, le jeune monarque – qui a pris Napoléon Ier pour modèle – apparaît avec le recul du temps comme le créateur véritable de l'État malgache moderne.
Une politique d'ouverture et d'expansion
Le règne, bref mais important, de Radama Ier 1810-1828 est un tournant décisif dans l'histoire de Madagascar. L'hégémonie merina s'affirme en même temps que la société s'ouvre au monde occidental. Le titre de roi de Madagascar est décerné à Radama par les diplomates étrangers, à commencer par le gouverneur anglais de l'île Maurice, sir Robert Farquhar, qui appuie la monarchie merina afin d'écarter définitivement la présence française sur la côte est et d'éviter toute autre tentative de pénétration. Le traité de Paris de 1814, qui a redistribué les cartes au profit de l'Angleterre, victorieuse de la compétition coloniale franco-britannique dans l'océan Indien, est une référence non négligeable pour Radama Ier qui a des ambitions de conquête, d'unification et de modernisation.
En 1817, il conclut avec l'Angleterre un traité par lequel il renonce à la traite des esclaves en contrepartie d'une assistance financière, technique et militaire : livraison d'armes et mise sur pied d'une armée de métier formée par des instructeurs anglais. Cette supériorité technique permet à Radama Ier d'entreprendre, entre 1817 et 1826, des opérations de conquête, de pacification et/ou d'alliances. Il s'ouvre la route de Tamatave dès 1817 et obtient la soumission des mpanjaka de la côte orientale, éliminant ainsi les derniers postes français – à l'exception de l'île Sainte-Marie. Ses officiers occupent ensuite les petits royaumes du Sud et du Sud-Est, et aussi bien l'extrême nord de l'île que l'extrême sud, notamment Fort-Dauphin qui n'est plus tenu que par... cinq Français. Ailleurs, des garnisons merina contrôlent les chefs locaux maintenus en fonction. Mais, malgré plusieurs expéditions 1822-1824 qui déciment ses troupes, Radama Ier ne parvient pas à soumettre définitivement les peuples du Menabe et du Boina. Une partie des Sakalava et des ethnies du Sud demeurent donc indépendantes.
Cette volonté d'hégémonie et d'expansion territoriale, encouragée certes par l'Angleterre, était aussi celle de la monarchie merina, soucieuse de désenclaver le royaume par un accès aux deux façades maritimes côte est et côte ouest afin d'échapper ainsi à l'asphyxie... et aux razzias des peuples voisins, et intéressée par le développement des relations commerciales avec l'extérieur. À la mort de Radama Ier, les limites extrêmes de la monarchie merina, avec son système de quasi-protectorats, sont pratiquement atteintes et vont se maintenir ainsi jusqu'à la fin du royaume. L'unification politique de l'île a fait un grand pas et l'on peut effectivement parler, désormais, d'un royaume malgache même si la domination merina n'est pas territorialement complète ni politiquement toujours bien acceptée. La brutalité des expéditions de conquête ou de pacification a déjà compromis l'assimilation des populations non merina. Une manière de colonisation ? qui laissera des traces et des préjugés dans les mentalités.
L'aspect novateur du règne de Radama Ier est l'ouverture à la civilisation occidentale, ouverture qui elle aussi laissera des traces profondes dans la formation sociale malgache. Soucieux de modernisation, Radama fit venir des ouvriers européens. Esprit curieux mais prudent, il n'accepta une coopération des Européens que dans des domaines qu'il délimita lui-même : création des toutes premières manufactures à Antananarivo, fixation par écrit de la langue malgache, lui-même ayant choisi, dit-on, les consonnes anglaises et les voyelles françaises pour la transcription phonétique du malgache.
C'est sous le règne de Radama Ier que débarquent à Madagascar, en 1820, les premiers missionnaires protestants britanniques de la London Missionary Society dont l'impact se révélera considérable. Dans l'immédiat, ces pasteurs se bornent, si l'on peut dire, à exposer leur mode de vie chrétien sans chercher à faire du prosélytisme et des conversions. Missionnaires-artisans, particulièrement attachés à la rédaction d'un vocabulaire et d'une grammaire de la langue malgache, ils furent en somme les premiers coopérants techniques au sens contemporain de l'expression.

Du repli nationaliste au retour à l'ouverture sur l'Europe

À Radama Ier, qui meurt prématurément en 1828, succède son épouse, Ranavalona Ire, portée au pouvoir par l'oligarchie dominante, les chefs de clans andriana et surtout hova qui avaient soutenu autrefois Andrianampoinimerina. Ranavalona Ire inaugure la série des reines qui constitue l'un des traits caractéristiques du XIXe siècle à Madagascar.
Son long règne 1828-1861 offre deux images contradictoires. Ainsi que l'écrit un historien contemporain Guy Jacob, Ranavalona Ire apparaît comme une Caligula femelle pour les traitants et les missionnaires qu'elle expulsa et pour la poignée de Malgaches convertis au christianisme qu'elle persécuta , tandis qu'à la fin du XIXe siècle elle incarne, aux yeux des nationalistes, la fierté malgache face aux vazaha étrangers. Le portrait de cette reine, cruelle et xénophobe selon l'historiographie occidentale, mais proche du peuple malgache dont elle respecta les cultes ancestraux, est aujourd'hui beaucoup plus nuancé. Méfiante à l'égard des étrangers, elle s'opposa autant qu'elle en eut la possibilité aux tentatives d'invasion. Deux coups de main sur Tananarive des flottes française et anglaise échouèrent. Réduisant en esclavage le capitaine d'un navire de commerce français, Ranavalona Ire aurait déclaré : Puisqu'on vend les Noirs, on peut bien vendre aussi les Blancs.
L'hostilité témoignée aux étrangers par la reine est sans doute moins l'expression d'un paganisme agressif et d'un sentiment xénophobe primaire que la conséquence d'un nationalisme merina – et plus largement malgache – qui se renforcera au cours de ces trente-trois années de règne. Ranavalona Ire veut avant tout préserver les structures de la société malgache liées au culte des ancêtres. D'où sa méfiance naturelle à l'égard des étrangers – Européens de diverses nationalités – qui, marchands ou missionnaires, peuvent ou veulent perturber l'ordre social issu de la tradition. Si les missionnaires sont effectivement chassés du royaume, c'est parce qu'ils procèdent à des conversions et ne s'en tiennent pas à leur fonction, très appréciée, d'instruction. Il est vrai que la fin du règne de Ranavalona Ire sera particulièrement violente, avec les premiers martyrs malgaches chrétiens et les multiples victimes accusées, à tort ou à raison, de complot ou de sorcellerie. Mais Ranavalona sait retenir dans le royaume quelques rares étrangers qui lui paraissent œuvrer au bénéfice du pays et du régime. Le principal est le célèbre Jean Laborde mort en 1878, un Gascon qui, par son génie inventif et grâce à la main-d'œuvre des corvéables, produit à peu près tout ce que la reine souhaite, des étoffes aux canons. Les installations fours, fonderie de Mantasoa emploient jusqu'à dix mille ouvriers.
À la mort de Ranavalona Ire, en 1861, succède pour une très courte période son fils Radama II. Esprit libéral et très francophile, utopiste, il pratique une politique d'ouverture totale. Les Européens reviennent : les missionnaires, protestants anglais et catholiques français, entrent dans une compétition – évangélique et politique – qui laissera des traces durables dans le système politique malgache. Radama II disparaît en 1863, assassiné dans des intrigues de palais. Sa veuve Rasoherina lui succède, mais la réalité du pouvoir passe rapidement au Premier ministre Rainilaiarivony, un Hova qui sera l'homme fort de la monarchie merina jusqu'à la fin du siècle et qui renforcera sa légitimité en ayant la prudence politique d'épouser successivement les trois reines du royaume malgache : Rasoherina 1863-1868, Ranavalona II (1868-1883) et Ranavalona III 1883-1897. Mais ce Premier ministre, d'origine roturière, doit déjouer les intrigues de l'oligarchie noble qui l'accepte mal et il est bientôt confronté aux pressions extérieures, notamment française, consécutives à l'expansion coloniale et à la rivalité des impérialismes anglais et français dans cette partie du monde.
La conversion au protestantisme, en 1869, de la reine Ranavalona II et de son mari, Premier ministre, est un événement à longue portée. Il est à la fois d'ordre culturel – le christianisme devenant la religion à la mode dans la société aristocratique merina l'Église du Palais au grand dam des traditionalistes fidèles à l'esprit de Ranavalona Ire qui s'étaient déjà opposés à Radama II– et d'ordre politique : l'Angleterre, par l'intermédiaire notamment de ses évangélistes, soutient le gouvernement du Premier ministre en lui imposant outre ses cotonnades ! un modèle politique modernisé qui n'était peut-être pas le mieux adapté à la situation.
Entre 1860 et 1885, le royaume de Madagascar connaît en effet une marche accélérée vers la modernisation, occidentalisation. L'ouverture économique donne libre jeu à l'esprit d'entreprise et aux affaires. La monarchie s'associe à des étrangers dans certaines activités, telles que les sucreries. Le Français Jean-François Lambert – que Ranavalona Ire avait expulsé – revient sous Radama II et laissera son nom à un projet d'envergure la charte Lambert visant à établir une compagnie à charte et un traité de commerce franco-malgache conforme aux principes du pacte colonial. Les missionnaires protestants, puis catholiques, développent écoles et hôpitaux, construisent l'Écossais Cameron fait édifier entre 1868 et 1873 le palais de la reine sur le rova de Antananarivo, conseillent et s'efforcent d'adoucir la condition des esclaves.
La modernisation se reflète dans l'adoption d'une législation partiellement écrite et de nouvelles structures administratives. Des codes sont promulgués, le plus célèbre (toujours en vigueur sur certains points étant celui dit des 305 articles publié en 1881, et qui sera le dernier pour le royaume de Madagascar. Tout en laissant subsister les coutumes ancestrales, on adoucit le système pénal traditionnel en amendant le type et l'échelle des peines abolition, par exemple, de la sanglante ordalie du tanguin ou épreuve du poison ; on procède aussi à d'importantes innovations : suppression de la polygamie, institution de l'état civil, du divorce. Des réformes qui s'appliquent essentiellement en Imerina et, partiellement, au Betsileo.
Le Premier ministre Rainilaiarivony restructure progressivement son gouvernement sur le modèle occidental : création de ministères huit en 1881 et d'agents locaux déconcentrés les antily ; réorganisation des tribunaux et essai de rénovation des fokonolona. Mais ce renforcement voulu du pouvoir central coexiste avec le maintien, par la force des choses, de structures de type féodal dans les lointaines provinces qui sont des provinces stratégiques : des officiers-marchands, c'est-à-dire non payés, encadrent des garnisons de soldats-colons. Les gouverneurs nommés dans ces provinces sont souvent des prédicants formés à l'Église protestante du Palais devenue source de légitimité du pouvoir, mais ils sont rarement compétents.
Le royaume de Madagascar, en cette fin de XIXe siècle, se délite sous l'effet conjugué de la domination économique étrangère, de la bureaucratie parasitaire, du manque de ressources budgétaires. Du coup, la corvée, à laquelle sont en droit soumis tous les roturiers du royaume, s'alourdit et se pervertit au profit d'intérêts particuliers ; elle est de plus en plus mal supportée.
En quelques décennies, la monarchie merina est donc passée du Moyen Âge, la modeste case en bois du roi Andrianampoinimerina à Ambohimanga à l'ère victorienne la cour du palais des Reines à Antananarivo. Mais les intrigues permanentes et les coteries au sein de l'oligarchie qui détient le pouvoir, tout comme les difficultés d'administration et de contrôle d'un royaume qui s'étend à cette date sur plus des deux tiers de l'île, ont affaibli sérieusement le système politique.
C'est un État miné de l'intérieur qui va affronter une première agression française, prélude à la véritable conquête coloniale.

La conquête de Madagascar par la France 1883-1896

La conquête par la France s'effectue en deux temps, d'abord dans le cadre d'un protectorat, puis par l'annexion pure et simple ; soit plus d'une décennie de débats diplomatiques et politiques, et d'actions militaires.
En décembre 1885, la monarchie merina conclut un premier traité de protectorat avec la France qui, depuis mai 1883, pratiquait la politique de la canonnière, occupant les ports de Majunga et de Tamatave. Poussé par les notables de la Réunion relayés par les députés créoles, l'ancienne île Bourbon, qui a changé de nom sous la Révolution de 1789, traverse une crise économique profonde et par certains milieux catholiques, le gouvernement français s'est lancé dans cette aventure coloniale en invoquant d'incertains droits historiques. La monarchie merina a plié mais n'est pas vaincue. L'échec politique serait plutôt français. Le traité donne à la France un droit d'occupation à Diégo-Suarez et prévoit l'installation d'un résident français à Tananarive, le premier sera Le Myre de Vilers mais qui n'aura guère de moyens effectifs d'action. Après bien des équivoques et des contestations, querelle des exequatur à propos des consuls étrangers, problèmes de la succession aux traités conclus antérieurement par l'État malgache avec l'Angleterre et les États-Unis, l'Angleterre reconnaît en 1890 ce prétendu protectorat français, le mot ne figure pas expressément dans le texte du traité.
L'aggravation du malaise économique et social dans le royaume va fournir le prétexte à une seconde et décisive intervention militaire française. Le Premier ministre merina ruse et négocie pied à pied avec le résident français, mais il ne peut éviter les conséquences de l'indemnité de guerre imposée par le traité de 1885 – dix millions de francs –, somme colossale pour un modeste royaume déjà épuisé par l'effort de guerre. Pour faire face, c'est-à-dire rembourser un emprunt contracté auprès du Comptoir d'escompte de Paris, le gouvernement malgache doit étendre encore la corvée, offrir d'immenses concessions à des colons ou aventuriers français, ouvrir aux Malgaches l'exploitation jusqu'ici interdite des mines d'or. Le pouvoir monarchique se décompose, les exactions se multiplient, le désordre s'installe. Les fahavalo bandits, hors-la-loi sèment la terreur jusqu'au cœur de l'Imerina, menaçant la sécurité des Européens.
En refusant, en octobre 1894, de céder à un ultimatum que le résident français a été chargé de lui présenter, Rainilaiarivony consacre la rupture avec la France. À Paris, la Chambre des députés vote les crédits nécessaires pour une expédition militaire qui, cette fois, doit marcher sur Tananarive. Les troupes débarquent à Majunga le 15 janvier 1895. Il faudra huit mois avant que des éléments avancés parviennent enfin à Tananarive, juste avant la saison des pluies. Pour les soldats français, près de 20 000, dont beaucoup de jeunes recrues, c'est une sorte d'odyssée à rebours sur cette route à tracer !de 600 kilomètres qui s'élève progressivement du niveau de la mer à presque 1 500 mètres d'altitude en traversant sur les premiers 200 kilomètres, le long du fleuve Betsiboka, une région humide et malsaine. Les généraux malgaches hazo et tazo la forêt et la fièvre sont les principaux responsables de l'hécatombe : on estime que 40 p. 100 du corps expéditionnaire a disparu sur cette piste aujourd'hui encore ponctuée de modestes et émouvants monuments commémoratifs et de tombes – qui font désormais partie du patrimoine national malgache. Une page importante de l'histoire moderne de Madagascar s'est en effet inscrite dans cette expédition de 1895.
Une expédition dont la mémoire collective tant en France qu'à Madagascar n'a peut-être pas gardé un souvenir aussi vif et idéalisé que pour d'autres batailles coloniales. Les travaux des historiens contemporains malgaches et français, études publiées dans la revue Omaly sy Anio ; travaux de Guy Jacob sur la période de 1880 à 1894 : Aux origines d'une conquête coloniale ont le grand mérite, à travers l'exploration systématique des archives, de donner une analyse beaucoup plus exacte de cette période d'affrontement franco-ho va. Du côté français, la préparation de l'expédition s'est déroulée dans l'enthousiasme populaire entretenu par une propagande anti-merina systématique, laissant croire que la République partait pour reconquérir une terre française depuis Louis XIV et pour libérer les populations côtières de la tyrannie merina, G. Jacob. Mais la conduite de l'expédition sous les ordres du général Duchesne, qui a tout de même laissé son nom, ainsi que le général Voiron et l'amiral Pierre, à des rues ou à des quartiers de Tananarive s'est révélée lamentable. Ni l'équipement vestimentaire, ni l'armement des soldats, portant fusil, pelle ou pioche et un sac de 35 kg, ni le mode initialement prévu de locomotion – les fameuses voitures Lefebvre, lourdes charrettes en aluminium tirées par des mulets et dont aucune, semble-t-il il y en eut 5 000 !, ne parvint à Tananarive – n'étaient adaptés au relief et au climat du pays. Il est vrai qu'à l'époque, il y a à peine un siècle ! Madagascar était, pour les états-majors de l'armée française, un pays du bout du monde. Du côté malgache, toutes proportions gardées, l'effet de distance est le même. Les garnisons merina, installées dans de solides forteresses, celle d'Andriba en particulier, se sentent plus ou moins en pays étranger, sakalava. L'isolement, la démoralisation et le paludisme expliquent leur faible combativité devant l'envahisseur français. Il semble bien que les troupes merina aient, sauf exception, systématiquement décroché et déserté, signe de la déliquescence du royaume. Mais, si l'armée royale donnait l'impression de renoncer au combat, d'autres résistances se préparaient ou étaient déjà en action.
Une colonne française, dite légère, atteint finalement la capitale Tananarive le 30 septembre 1895. Aux premiers coups de canon, la reine Ranavalona III fait hisser le drapeau blanc. Elle accepte, cette fois, un second et véritable traité de protectorat, 1er oct. 1895. Le vieux Premier ministre Rainilaiarivony est exilé et la reine provisoirement maintenue. L'année suivante, la prise de possession est consacrée non sans vifs débats au Parlement français, puis sanctionnée par le vote de la loi d'annexion du 6 août 1896 : Madagascar devient une colonie française.

De la domination coloniale à l'indépendance retrouvée 1896-1960

Sous trois statuts juridiques différents, colonie, territoire d'outre-mer, État autonome, Madagascar aura connu la dépendance coloniale directe durant un peu plus d'un demi-siècle. C'est une période très brève si on la compare avec la situation d'autres anciennes possessions françaises, mais riche en transformations et en contestations.
La période Gallieni
Pendant neuf ans 1896-1905, le général Gallieni, secondé un temps par le colonel Lyautey, imprime sa marque à la colonisation. Il se comporte en véritable proconsul de la République française, attachant définitivement son nom à l'histoire moderne de Madagascar. Jusqu'en 1972, sa statue équestre, retirée alors discrètement par les autorités françaises ornait le square Gallieni au centre de la capitale malgache.
Gallieni, général républicain, a été envoyé avec des troupes de renfort pour une reprise énergique de la situation politique et militaire. Arrivé le 16 septembre 1896, il fait abolir par divers arrêtés la monarchie, la féodalité, l'esclavage, l'arrêté du 26 septembre 1896 a été signé par son prédécesseur, le résident Laroche, et exiler 27 févr. 1897 la reine Ranavalona III, d'abord à la Réunion puis à Alger. Entre-temps, il a fait fusiller deux ministres du gouvernement Rainilaiarivony, membres de l'aristocratie, afin de mater l'oligarchie merina.
Premier gouverneur en titre de la colonie malgache, on dit aussi à l'époque madécasse et investi des pouvoirs civils et militaires, Gallieni pacifie et organise. La pacification consiste à rétablir l'ordre dans l'ancien royaume merina et à soumettre définitivement les peuples indépendants du Sud et de l'Ouest qui résistent farouchement de façon dispersée. Dans ces régions, la domination française est pratiquement acquise en 1899 ; mais des soulèvements éclateront encore en 1904-1905, puis en 1915-1917. Pendant ce temps, en Imerina, Gallieni a dû faire face au mouvement de résistance nationaliste des Menalambo (les Toges rouges), véritables partisans qui se réclament du pouvoir royal et qui profitent de la désagrégation des institutions pour s'attaquer à l'occupant étranger ainsi qu'aux Merina jugés complices. Les insurgés, refoulés dans la forêt, se rendent en juin 1897. La résistance des Menalambo – tout comme les soulèvements sporadiques de 1895 sur la côte est dirigés contre les Merina et, à travers eux, contre la présence française – témoigne d'une authentique prise de conscience nationale, même si le colonisateur français n'y voit que du banditisme, fahavalo ou, comme on dirait aujourd'hui, du terrorisme. Il reste que cette pacification, énergique, aura contribué à sa façon à l'unification de la Grande Île. Soumises désormais aux ordres d'un pouvoir étranger, les ethnies malgaches sont, quelle que soit leur diversité, ou même leur animosité, poussées à se retrouver.
Parallèlement, Gallieni organise le pays en appliquant, affirme-t-il, une « politique des races ». En réalité, il va s'appuyer surtout sur des lettrés merina pour des raisons compréhensibles d'efficacité administrative. Il crée des cadres indigènes, entreprend un nouveau découpage administratif de l'île, organise un remarquable système d'assistance médicale gratuite avec un corps de médecins et de sages-femmes malgaches. Il instaure, à coté des écoles des missions chrétiennes, une école officielle laïque par laquelle seront formés des instituteurs malgaches. L'enseignement du français devient obligatoire, l'Académie malgache est créée en 1902, dans l'esprit mission civilisatrice de la IIIe République.
Les premiers grands travaux, chemin de fer Tamatave-Tananarive, routes charretières sont entrepris sous l'impulsion de Gallieni qui entend mener une politique de développement économique dans le cadre de l'assimilation douanière qui favorise l'introduction des produits français, mais pas nécessairement le consommateur malgache.... Pour encourager la production agricole aux fins d'exportation, Gallieni reprend de façon plus méthodique le système de l'ancienne corvée qu'il remplace partiellement par une fiscalité directe accablante la capitation, destinée à obliger les Malgaches à produire plus par eux-mêmes ou à se placer au service des colons qui paieront l'impôt à leur place. Gallieni est convaincu de l'effet moralisateur de l'impôt. Et le code de l'indigénat, qui donne des attributions judiciaires aux administrateurs, est un excellent adjuvant.
Lorsque Gallieni – esprit républicain, laïque et par-dessus tout militaire – quitte son poste de commandement, les grands axes de la politique coloniale française à Madagascar sont tracés.

La mise en valeur de la colonie 1907-1946

Les gouverneurs généraux successeurs de Gallieni il y en aura dix-huit entre 1905-1946, dont certains joueront un rôle important ont eu surtout en vue la mise en valeur de la Grande Île et son développement économique. Ce qui supposait d'abord une structuration administrative efficace. On hésitera entre le système des petites provinces, une vingtaine, puis celui d'un véritable régionalisme (création de six à huit régions dans les années 1930 et, finalement, le système de la grande province en 1946 il y en aura six qui sont les provinces actuelles, subdivisée en circonscriptions administratives hiérarchisées (postes ou sous-préfectures, arrondissements et cantons dans lesquelles s'exerce la réalité du pouvoir administratif colonial relayé, aux échelons inférieurs, par les cadres indigènes.
Le développement des voies de communication, problème majeur dans cette île au relief tourmenté, s'accélère : chemins de fer, Tananarive-Tamatave achevé en 1913, embranchements d'Antsirabe et de Alaotra en 1923, Fianarantsoa-Manakara en 1935 ; routes dont le réseau passe de 2 000 à 15 000 kilomètres entre 1925 et 1935 ; aviation liaison avec la métropole et lignes intérieures développées à partir de 1936 ; ports fluviaux et maritimes aménagés, ceux de Tamatave et de Diégo-Suarez recevant des équipements modernes. Cette politique de grands travaux caractérise surtout la période de l'entre-deux-guerres qui voit aussi le développement de l'urbanisation et de la démographie : la capitale Tananarive passe de 65 000 habitants en 1914 à 140 000 en 1940 ; la population malgache, bien que faible, double presque en un demi-siècle 2,5 millions en 1900 et 4 millions en 1940 selon les statistiques les plus fiables ; des migrations intérieures spontanées, notamment vers le moyen Ouest sakalava, appelé aussi le Far West, peuplent modestement des régions jusqu'ici vides.
L'administration encourage les cultures d'exportation. Aux produits de cueillette – caoutchouc, raphia – et aux produits agricoles traditionnels – riz et manioc – sans oublier les bovidés Madagascar ravitaille la France en viande frigorifiée et viande de conserve durant la guerre de 1914-1918 vont s'ajouter, surtout après 1920, les cultures dites riches, celles qui contribuent à l'apport de devises. Ainsi le café, développé notamment sur la côte est, fournira plus de 40 p. 100 du total des exportations. Les autres postes principaux sont la vanille, également sur la côte est ; le girofle à Sainte-Marie ; le tabac Maryland, introduit avec succès en 1920 dans l'Ouest malgache ; le sisal dans le Sud ; le pois du Cap et la canne à sucre.
Prospecté sans grand succès au début du siècle, l'or laisse la place au graphite, au mica et à d'autres minéraux et gemmes qualifiés de semi-précieux. Après la chute enregistrée durant la crise économique mondiale des années 1930, les exportations, aidées par un système de primes, retrouvent un volume important. En 1938, la France en absorbe 77 p. 100 et fournit 74 p. 100 des importations.
Mais ce développement économique global, incontestable, s'inscrit dans le cadre d'une mise en valeur coloniale, conformément aux doctrines impérialistes de l'époque. L'indigène, perçu par l'administration coloniale comme étant naturellement indolent et paresseux, est incité au travail par des procédures contraignantes, notamment fiscales et pénales. Celle du travail forcé, le S.M.O.T.I.G. (service de main-d'œuvre pour les travaux d'intérêt général), appliqué dans tout l'empire colonial français jusqu'en 1946, n'étant qu'un exemple parmi d'autres.
Il est vrai que, parallèlement, l'administration s'efforce d'encourager la petite exploitation agricole indigène et un système de véritable salariat. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, cette formule, destinée à favoriser les cultures d'exportation, est mise en échec par l'écart grandissant entre l'augmentation continue des prix et le quasi-plafonnement des salaires. Le paysan malgache qui n'en retire pas de profit en vient à se méfier et du travail salarié et des cultures d'exportation. Attitude de repli sur soi, en quasi-autarcie, que l'on retrouvera plus tard encore. Par ailleurs, les très vastes domaines concédés par le pouvoir colonial – la coutume et la législation de la monarchie merina qui accordaient l'usufruit à ceux qui cultivent ayant été écartées – à de grandes compagnies ne sont pas nécessairement source d'investissements productifs, les bénéfices immédiats de l'import-export et du commerce de traite, appuyé sur le système du collectage effectué par les petits commerçants de brousse chinois, indiens ou créoles étant plus attirants. Ces grandes sociétés coloniales, Marseillaise, Lyonnaise, Rochefortaise, Emyrne, entre autres ont, certes, contribué au développement de Madagascar en créant et en gérant des réseaux d'activités agricoles, industrielles et commerciales multiples : rizières du lac Alaotra, sucreries du Nord malgache et de Nosy Bé, exploitations forestières, plantations de coton, commerce de bovidés, etc. Mais la retombée des profits est modeste pour le producteur malgache ainsi que pour le petit colon européen ou réunionnais qui se trouve marginalisé. Les travaux contemporains d'histoire économique démontrent et démontent les mécanismes du processus. Le succès spectaculaire de quelques exportations à cette époque ne saurait masquer la réalité du problème.
D'où les clivages enregistrés dans la société coloniale malgache par-delà le statut d'indigénat : problème des rapports entre colons, petits ou grands et administration coloniale ; clivage surtout entre population malgache et pouvoir colonial, qui se situe à la fois sur le plan du statut social et du statut juridique.

La revendication nationaliste malgache

La révolte des Menalambo, révolte primaire si l'on peut dire, avait été – à côté d'autres manifestations sporadiques de résistance au pouvoir merina ou français xénophobie ou nationalisme populaire ?ortait un autre témoignage de la résistance à la domination étrangère, sans que l'on puisse distinguer entre ce qui relevait des rivalités ethniques traditionnelles ou de l'opposition entre païens, fidèles aux cultes des idoles, et convertis malgaches au christianisme. Tout cela relève aujourd'hui de l'histoire.
Une fois la colonisation française politiquement affirmée, la question nationale malgache se présente en termes nouveaux, en particulier dans la communauté merina autrefois dominante. Pour les notables merina, écartés du pouvoir par l'occupant français et parfois ruinés par l'abolition de l'esclavage en 1896, la stratégie du moment est simple : soit collaborer (officiellement) avec l'autorité coloniale pour se (re)placer socialement et économiquement juste au-dessous des Vazaha (Européens et surtout Français ; soit entrer dans une opposition politique plus ou moins discrète mais effective contre ces mêmes Vazaha.
L'affaire de la V.V.S. (Vy, Vato, Sakelika, fer-pierre-ramification) affole littéralement l'administration française entre 1913-1915. Cette société secrète, qui s'est développée dans le milieu intellectuel merina protestant (médecins, pasteurs, instituteurs), est liée au mouvement de renouveau culturel qui s'efforce de faire la synthèse entre la culture malgache et la modernisation dans le contexte colonial de l'époque. L'un des inspirateurs écoutés, le pasteur Ravelojaona, montre l'exemple du Japon qui s'est ouvert aux influences occidentales sans perdre son identité. L'inspiration nationaliste (on évoque la patrie malgache de la V.V.S. incite le colonisateur à y voir un complot. Les sanctions sont sévères. Les quarante et un condamnés, dont trente-quatre aux travaux forcés, seront finalement amnistiés en 1921.
Après la Première Guerre mondiale, la revendication nationaliste s'affirme ouvertement en même temps que commence à se manifester une presse autochtone et que s'implantent, non sans tracasseries administratives, les premiers groupements politiques et syndicaux. La revendication principale est celle de l'assimilation effective, officiellement prônée par la France mais en fait refusée malgré les textes en vigueur (à peine 8 000 Malgaches ont la citoyenneté française en 1938). Il se crée une Ligue pour l'accession des indigènes à la citoyenneté française, voire pour le statut de Madagascar-département français. C'est, avant tout, la revendication de l'égalité des droits pour les Malgaches. L'instituteur betsileo Jean Ralaimongo (1884-1943), engagé volontaire en 1914-1918, devenu défenseur des paysans malgaches du nord de l'île, soutenu par la bourgeoisie commerçante tananarivienne et aussi par certains colons français, est alors la figure de proue du mouvement national malgache. Son journal L'Opinion, fondé en 1927, dénonce les abus de la colonisation. Le point culminant de la contestation est la grande manifestation du 19 mai 1929 à Tananarive, qui se déroule aux cris de Madagascar aux Malgaches. Le refus de l'assimilation, toujours promise et toujours repoussée, a naturellement conduit au rejet de la domination coloniale. L'idée de l'indépendance commence à gagner les esprits, et plus encore après l'expérience du Front populaire (1936-1938) qui aura apporté à Madagascar comme dans d'autres colonies de grandes et brèves illusions. Cette expérience aura contribué cependant à augmenter les espaces de liberté expression, presse et à légaliser le syndicalisme ainsi que les partis politiques autochtones (naissance du Parti communiste malgache) promis à d'autres développements après la guerre de 1939-1945.

Le nationalisme d'après-guerre et l'insurrection de 1947

La fin de la Seconde Guerre mondiale amorce une nouvelle liberté politique pour les Malgaches. Les réformes concernant les colonies leur permettent d'avoir une représentativité, au moins symbolique, au niveau national. La conférence de Brazzaville qui a lieu du 30 janvier au 8 février 1944, destinée, en partie, à affirmer la souveraineté de la France sur son empire colonial, marque une étape importante. En mars 1945 est créé un Conseil représentatif comportant autant de Français que de Malgaches. À l'automne suivant, Madagascar envoie quatre députés à l'Assemblée constituante dont deux élus par les Malgaches, Joseph Ravoahangy et Joseph Raseta, nationalistes fervents.
La Charte de l'O.N.U., signée le 26 juin 1945, fixe comme objectif de développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes. Cette ambiance de liberté permet aux Malgaches de s'engager dans des activités politiques. En février 1946, le Mouvement démocratique de la rénovation malgache M.D.R.M., indépendantiste, est créé. Il est souvent considéré, sur les côtes, comme le parti des Merina. En juin, la création du Parti des déshérités de Madagascar P.A.D.E.S.M., encouragée par le gouvernement colonial et soutenue par la presse dite loyaliste, prônant la collaboration et la fidélité à la France, rassemble les populations côtières et des mainty, descendants d'anciens esclaves merina. Les nationalistes y décèlent une manœuvre de l'administration pour diviser les Malgaches et affaiblir la conscience nationale. En juin 1946, la nouvelle Constitution consacre la naissance de l'Union française dans le cadre de la IVe République. À Madagascar, un ensemble de lois et de décrets instaure un régime plus démocratique. Ainsi, le décret du 25 octobre 1946 prévoit la création de cinq assemblées provinciales et d'une assemblée représentative au niveau national à Tananarive, actuelle Antananarivo. Celles-ci n'ont qu'un rôle consultatif et des pouvoirs restreints, mais beaucoup de colonisés y voient l'amorce d'un changement. En novembre 1946, les députés malgaches sont réélus et un nouveau siège est adjoint pour la côte est. Ainsi, Jacques Rabemananjara, jeune poète, rejoint Ravoahangy et Raseta. Sous l'étiquette M.D.R.M., ils remportent des succès politiques face au P.A.D.E.S.M. L'espoir croît dans les milieux nationalistes et l'on assiste à la naissance d'une activité politique agitée, exprimée essentiellement par l'intermédiaire des deux partis politiques. Cette dualité est à l'image de l'opposition traditionnelle entre les côtiers et la population des Hautes Terres, regroupée sous la dénomination de Merina. Une opposition qui sera sans cesse utilisée par l'autorité coloniale, mais aussi par les acteurs de la vie politique.
Dans un climat de trouble, ponctué de grèves et de manifestations, l'Assemblée représentative doit se réunir le 30 mars 1947. Or, dans la nuit du 29 au 30 mars, une insurrection violente se déclenche contre le pouvoir colonial, en divers points de l'île, et s'étend durant plusieurs mois, essentiellement sur la côte est. En décembre 1947, l'insurrection est complètement matée, de nombreux villageois sont toujours réfugiés dans les forêts d'une zone allant de Farafangana au nord de Tamatave actuelle Toamasina. Les émeutes et la répression provoquent la mort d'environ 89 000 personnes selon les sources officielles de l'époque, chiffre aujourd'hui contesté par de nombreux historiens qui parlent de 30 000 à 40 000 victimes. L'opinion française incrimine les parlementaires malgaches. Plusieurs procès sont menés devant des tribunaux militaires, dont celui des leaders du M.D.R.M., accusés d'être les responsables du déclenchement de la rébellion, qui se déroule du 22 juillet au 4 octobre 1948 à Tananarive. Le parti est dissous et six condamnations à mort sont prononcées, dont celles de Ravoahangy et de Raseta. Ils seront graciés puis amnistiés en 1954.
En 1948, le P.A.D.E.S.M. sort victorieux des élections provinciales partielles et conforte les notables côtiers dans leurs prérogatives. L'administration coloniale, qui s'est beaucoup appuyée sur les compétences des Merina, forme une élite côtière afin de contrecarrer le poids politique des Hautes Terres. Les élections législatives du 17 juin 1951, puis les élections provinciales et sénatoriales de mars 1952, marquent la défaite des nationalistes.

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Posté le : 09/08/2014 18:26
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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