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Itzhak Perlman
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Le 31 août 1945 à Tel Aviv naît Itzhak Perlman

violoniste et professeur de musique israélien. Il est considéré comme l'un des plus grands violonistes du XXe siècle et du XXIe siècle. Formé à la Juillard school par Ivan Galamian, il donne des concerts régulièrement aux États-Unis depuis 1963 au St Louis symphony et au New-York philharnonic. Il a été reçu pour distinctions honorifique le National Medal of Arts décerné par le président des États-Unis Bill Clinton

En Bref

Frappé dès l'âge de quatre ans par la poliomyélite, qui le prive de l'usage de ses jambes, l'Israélo-Américain Itzhak Perlman ne semblait pas promis à une grande carrière musicale. Celle-ci sera cependant, grâce à un style qui mêle avec bonheur la tradition violonistique russe et le goût français, l'une des plus brillantes qui soient, tant à la scène qu'au disque.

Un an après avoir perdu l'usage de ses jambes à la suite d'une attaque de poliomyélite, il commence, à cinq ans, l'étude du violon, et donne à dix ses premiers concerts avec l'orchestre de la radio israélienne. En 1958, grâce à un concours lancé par le producteur Ed Sullivan, il passe à la télévision américaine et gagne une bourse pour continuer ses études à la Juilliard School de New York, avec I. Galamian et D. Delay. Il débute au Carnegie Hall en 1963 avec le premier concerto de Wieniawski et remporte l'année suivante le concours Leventritt, ce qui le fait inviter par les grandes formations américaines, le Philharmonique de New York en tête. Après une rentrée triomphale en Israël, il fait ses débuts européens à Londres, en 1968, avec le London Symphonic Orchestra, et rencontre, lors des concerts d'été de musique de chambre du Queen Elizabeth Hall, D. Barenboïm, J. Du Pré, P. Zukerman et V. Ashkenazy, avec qui il noue des liens musicaux et humains privilégiés.
Une autre amitié, celle d'André Previn, lui ouvre les horizons du jazz : ils enregistrent ensemble plusieurs disques, dont un hommage à S. Joplin. Sur son stradivarius de 1714, Perlman interprète et enregistre les œuvres préférées de ses maîtres, Kreisler, Milstein et, surtout, Heifetz, avec qui il partage un goût immodéré pour les pièces de virtuosité et les concertos fin de siècle, ceux de Korngold et de Conus en particulier. Dans le même esprit, il enregistre en 1982 deux concertos écrits pour lui par R. Starr et E. Kim, des pièces d'un lyrisme sans prétention. Refusant un enseignement officiel et routinier, il dirige volontiers des classes dans les académies d'été américaines, à Aspen, par exemple. Comme Heifetz, Perlman détient le pouvoir de transfigurer le moindre morceau de musique en chef-d'œuvre, grâce à un phrasé d'une grande pureté et à une sonorité rayonnante.

Sa vie

Perlman a contracté la poliomyélite à l'âge de quatre ans, ce qui l'a condamné à marcher avec des béquilles et l'oblige à jouer du violon uniquement en position assise.
Il étudia d'abord à l'Académie de Musique Choulamit de Jaffa avant de partir pour les États-Unis pour étudier à la Juilliard School avec Ivan Galamian. Il fit assez vite ses débuts au Carnegie Hall en 1963.
Par la suite, Perlman voyage beaucoup. Il effectue de nombreux enregistrements, et à partir des années 1970 commence à apparaitre dans des émissions de télévision telles que The Tonight Show et 1, rue Sésame, et joue aussi à maintes occasions à la Maison-Blanche. Entre les années 1980 et le début des années 1990, ses apparitions le mardi et jeudi soir avec l'Orchestre philharmonique de Los Angeles et le récital du mercredi soir "Virtuoso Series" furent de grands moments de la saison d'été du Hollywood Bowl.
En 1987, il s'associe à l'Orchestre philharmonique d'Israël pour ses concerts à Varsovie et Budapest, ainsi que dans d'autres pays de l'Est. Il le rejoint à nouveau en 1990 pour jouer en Chine et en Inde.
Il effectue une solide carrière dans l'enseignement, et donne des cours privés et magistraux de violon et de musique de chambre à travers le monde. Il est actuellement le titulaire de la Dorothy Richard Starling Chair of Violin Studies à la Juilliard School, poste qu'occupait auparavant son professeur, Dorothy DeLay.
Perlman a également joué comme soliste pour de nombreuses musiques de films Fantasia 2000, en particulier des partitions de John Williams, comme celle de La Liste de Schindler, qui a reçu l'Oscar de la meilleure musique de film, et plus récemment en compagnie du violoncelliste Yo-Yo Ma celle de Mémoires d’une geisha. Il joue son propre rôle dans Tout le monde dit I love you de Woody Allen.
Perlman a joué avec de nombreux autres musiciens célèbres. Parmi eux: Yo-Yo Ma, Jessye Norman, et Iouri Temirkanov, à l'occasion du 150e anniversaire de Tchaikovsky; mais aussi Frederica von Stade, Rudolf Firkušný, John Williams, et Daniel Barenboïm.
En plus de jouer et d'enregistrer de la musique classique - l'activité pour laquelle il est devenu célèbre -, Perlman pratique également le jazz et le klezmer. Récemment, il a abordé la direction d'orchestre, au poste de chef invité principal de l'Orchestre symphonique de Détroit.

Vaincre l'adversité

Itzhak Perlman naît à Tel-Aviv, en Palestine, le 31 août 1945. Malgré son handicap, il travaille le violon à l'Académie de musique de sa ville natale avec Rivka Goldgart, qui lui transmet la manière de l'école de Saint-Pétersbourg. Il se produit très vite à la radio israélienne. Isaac Stern est à ce point séduit par les dons de cet enfant de dix ans qu'il l'encourage à poursuivre ses études aux États-Unis. L'adolescent apparaît à la télévision américaine, dans le célèbre Ed Sullivan Show 1958. Il entre à la Juilliard School of Music de New York, où il se perfectionne avec Dorothy DeLay – disciple de Louis Persinger – et le légendaire Ivan Alexander Galamian, lui-même disciple de Lucien Capet, et qui comptera aussi parmi ses élèves Pinchas Zukerman, Kyung-Wha Chung, Sergiu Luca, Jaime Laredo, Michael Rabin...

Les débuts d'Itzhak Perlman ne sont pas pour autant des plus faciles, et il est souvent contraint de jouer pour des raisons alimentaires – à l'instar des grands violonistes du début du XXe siècle – devant les auditoires distraits des hôtels et restaurants. En 1963 cependant, il triomphe au Carnegie Hall de New York ; l'année suivante, il remporte le premier prix au Leventritt Memorial Award et enregistre son premier disque, sous la baguette d'Alfred Wallenstein Concerto pour violon de Tchaïkovski. Le célèbre impresario américain Sol Hurok prend en main sa carrière internationale, qui se développe alors rapidement sans qu'il ait besoin de participer à d'autres compétitions. Les tournées se multiplient, le mènent dans les pays de l'Est européen et poussent jusqu'en Inde et en Chine. Les shows télévisés américains – comme The Tonight Show de la N.B.C. – et la série éducative Sesame Street font appel à celui qui est désormais régulièrement invité par la Maison-Blanche. Il lui arrive de s'adonner au jazz avec Oscar Peterson ou Jim Hall et à la musique klezmer, de tradition juive.

Chambriste convaincu, Itzhak Perlman s'associe avec d'illustres partenaires : les violonistes Isaac Stern et Pinchas Zukerman, les pianistes Jorge Bolet, Martha Argerich, Bruno Canino, Vladimir Ashkenazy et Daniel Barenboim, les violoncellistes Lynn Harrell et Yo-Yo Ma, le guitariste John Williams... Il s'impose dans le grand répertoire concertant avec les chefs les plus réputés : Lawrence Foster, James Levine, Guennadi Rojdestvenski, Zubin Mehta, Seiji Ozawa, Jean Martinon, Carlo Maria Giulini, Bernard Haitink, Erich Leinsdorf, Eugene Ormandy... À partir de 1975, il enseigne au Brooklyn College de la City University of New York.

Une personnalité éclectique

Disposant d'une voix de basse bien timbrée, Perlman va jusqu'à participer à l'enregistrement de Tosca de Puccini que réalise en 1980 James Levine à la tête du Philharmonia Orchestra rôle du Geôlier, aux côtés de Plácido Domingo et de Renata Scotto, et il se fait conteur dans Pierre et le loup de Prokofiev. En 1996, il apparaît, jouant son propre rôle, dans le film de Woody Allen Every One Says I Love You Tout le monde dit I Love You. Il est le soliste de la partition – oscar de la meilleure musique de film – que compose John Williams pour le film de Steven Spielberg Schindler's List, La Liste de Schindler, 1993 et il peut être entendu, en compagnie de Yo-Yo Ma, dans Memoirs of a Geisha de Rob Marshall, Les Mémoires d'une Geisha, 2005, dont la musique a également été composée par John Williams. De très nombreux Grammy Awards ont consacré sa réputation. À partir de 1999, il donne des cours à la Juilliard School. Attiré par la direction d'orchestre, il est, de 2001 à 2005, premier chef invité de l'Orchestre symphonique de Detroit et, de 2002 à 2004, conseiller musical de l'Orchestre symphonique de Saint Louis. Itzhak Perlman a créé les concertos pour violon et orchestre d'Earl Kim 1979 et de Robert Starer 1981. Il a joué sur quelques instruments précieux, parmi lesquels un Guarneri del Gesù de 1743 – le Sauret–, un Bergonzi ayant appartenu à Fritz Kreisler, ainsi que plusieurs Stradivarius : le « Sinsheimer » (ou « General Kyd ») de 1714, l'« Espagnol » de 1723 et le Soil de 1714, son instrument préféré, que lui a transmis Yehudi Menuhin.
Itzhak Perlman est un idéal virtuose dont la suprême élégance réside dans la dissimulation de toute trace d'effort et de tension derrière une libre respiration musicale et un phrasé d'une naturelle aisance. Une sonorité charmeuse, une expression pudique qui jamais ne force la voix et un jeu d'une sobriété rare en font l'un des plus parfaits stylistes de sa génération. Sa gigantesque discographie dépasse le volume, déjà considérable, atteint par celles de Jascha Heifetz, Yehudi Menuhin et David Oïstrakh. Elle fait la part belle à ces miniatures, transcriptions et pièces de genre, qu'il distille avec un chic digne de Kreisler lui-même. Son répertoire s'étend de Bach aux œuvres qui ont marqué le début du XXe siècle. Il montre une prédilection certaine pour le néo-romantisme finissant, les concertos pour violon de Julius Conus, Karl Goldmark, Erich Wolfgang Korngold, Christian Sinding, Henri Vieuxtemps qu'affectionnait tant Jascha Heifetz, l'idole de toute une génération. Il a gravé le concerto pour violon de Tchaïkovski avec Alfred Wallenstein, Erich Leinsdorf, Eugene Ormandy et Zubin Mehta. Cet art rayonnant qui équilibre spontanéité et maîtrise trouve son accomplissement dans les concertos pour violon de Beethoven et de Brahms, enregistrés sous la direction de Carlo Maria Giulini, avec le Philharmonia Orchestra, 1980, et l'Orchestre symphonique de Chicago, 1976, respectivement ; collection Great Recordings of the Century de E.M.I., et qui comptent parmi les plus durables références. De Beethoven toujours, il a donné une intégrale des sonates pour violon et piano, avec Vladimir Ashkenazy, 1973-1975 ainsi qu'une autre des trios pour piano, violon et violoncelle, avec Vladimir Ashkenazy et Lynn Harrell qui tutoient les sommets de l'histoire du disque.
Perlman a reçu de nombreuses distinctions, telle que le Kennedy Center Honors en 2003.

Sa version des Vingt-quatre Caprices pour violon de Paganini figure parmi ses enregistrements les plus connus.
Perlman joue sur le fameux Soil, un Stradivarius de 1714 que lui a cédé Yehudi Menuhin, considéré comme le plus fin des Stradivarius et le meilleur de tous les violons au monde.
Le 20 janvier 2009, il joue en compagnie de Gabriela Montero,Yo-Yo Ma et Anthony McGill lors de l'investiture de Barack Obama. Il s'agissait de l'œuvre Air and Simple Gifts, composée par John Williams pour cette occasion.

Collaborations Discographie

Pour le label Deutsche Grammophon
1983 : Saint-Saëns : Concerto pour violon n° 3 ; Wieniawski : Concerto pour violon n° 2 - Orchestre de Paris, Daniel Barenboim.
1985 : Mozart : Sinfonia concertante K.364 et Concertone K.190- Orchestre philharmonique d'Israël, Zubin Mehta (chef d'orchestre)2.
1987 : Pablo de Sarasate “Carmen” Fantaisie, Chausson " Poème", Saint-Saëns "Havanaise","Introduction et rondo capriccioso", Ravel "Tzigane" - avec New York Philharmonic,Zubin Mehta
2000 : "The Mozart Collection" 4 CD : Les sonates pour violon et piano, Daniel Barenboimpiano
2002 : Tchaikovsky, Chostakovitch : les concertos pour violon avec l'Orchestre philharmonique d'Israël, Ilya Gringolts
2006 : Beethoven sonates N°9 et N° 5 Vladimir Ashkenazy piano
2007 : Elgar concerto pour violon, Chausson Poème avec l'Orchestre symphonique de Chicago et New York Philharmonic, Daniel Barenboim, Zubin Mehta
2007 : Sonate de Franck pour violon et piano, trio de Brahms pour violon, cor et piano

Pour le label MCA

1993 "Schindler’s List" BO du film "La liste de Schindler"

Pour le label EMI

1981 Beethoven: Concerto pour violon en ré majeur - Philharmonia Orchestra - Carlo Maria Giulini
1988 Bach : Sonates et Partitas pour violon seul
1994 "Itzhak Perlman Bits & Pieces"2
1995 "The American Album" Bernstein, Barber, Foss - avec l'Orchestre symphonique de Boston, Seiji Ozawa
1996 "Klezmer 2"- "Live in the Fiddler’s House"
1996 "Itzhak Perlman- A la carte"2
1998 "Itzhak Perlman's Greatest Hits"- Elgar, Debussy, Pablo de Sarasate, Kreisler
1999 Brahms Concerto pour violon avec l'Orchestre symphonique de Chicago, Carlo Maria Giulini
1999 Beethoven - "Kreutzer" Sonate, Franck - Sonate
1999 "Concertos From My Childhood" avec Juilliard Orchestra, Lawrence Foster Les concertos de Oscar Rieding, Accolay, Luciano Berio, Viotti
2000 Paganini : 24 Caprices
2000 "Itzhak Perlman’s Greatest Hits", Vol. 2, Samuel Sanders piano
2003 "The French Album"
2003 "The Kreisler Album" piano- Samuel Sanders
2003 "Tradition" Orchestre philharmonique d'Israël, Dov Seltzer
2003 Antonín Dvořák : Concerto pour violon, Romance, Sonatina, 4 pièces romantiques, Orchestre philharmonique de Londres, Daniel Barenboim, piano- Samuel Sanders
2003 "Encores" Perelman-Sanders
2003 Paganini- Concerto pour violon No. 1, Pablo de Sarasate : "Carmen Fantaise " avec Royal Philharmonic Orchestra et Abbey Road Ensemble, Lawrence Foster
2003 Prokofiev : Concertos pour violon ; Sonate pour 2 Violons avec BBC Symphony Orchestra, Gennadi Rozhdestvensky, Pinchas Zukerman (Violon)
2003 Brahms : Concerto pour violon; Sonatensatz; Les danses hongroises avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, Daniel Barenboim, Vladimir Ashkenazy Piano
2003 Shostakovich : Concerto pour violon No. 1, 3 duos, Glazounov : Concerto pour violon avec l'Orchestre philharmonique d'Israël, Zubin Mehta, Samuel Sanders piano
2003 Tchaikovsky et Mendelssohn : concertos pour violon avec l'Orchestre de Philadelphie, Orchestre symphonique de Londres Eugene Ormandy, André Previn
2003 Mozart : Concerto pour violon No. 3; Symphonie No. 41, “Jupiter” avec l'Orchestre philharmonique de Berlin
2003 "Virtuoso Violin" - Manuel de Falla, Pablo de Sarasate avec Royal Philharmonic Orchestra, Orchestre symphonique de Pittsburgh André Previn, Samuel Sanders Piano
2003 Bach : Les concertos pour violon avec English Chamber Orchestra, Daniel Barenboi
2003 "The American Album" Samuel Barber, Leonard Bernstein avec l'Orchestre symphonique de Boston, Seiji Ozawa
2004 Beethoven Piano Trios Vol. 1 Vladimir Ashkenazy piano, Lynn Harrell violoncelle.
2004 Beethoven Piano Trios Vol. 2 Vladimir Ashkenazy piano, Lynn Harrell violoncelle.
2005 Beethoven/ Brahms concertos pour violon DVD
2005 Bach les concertos pour violon réédition
2006 "Encores" Kreisler, De Falla, Tartini
2009 Vivaldi "Les 4 saisons" avec l'Orchestre philharmonique de Londres et l'Orchestre philharmonique d'Israël.

Pour le label Sony

1997 "Cinema Serenade"3
2002 "Classic Perlman: Rhapsody"
2010 Mendelssohn Piano trios op.49 et op. 66 Yo-Yo Ma violoncelle, Emanuel Ax piano

Pour le label Telarc

1998 "Marita and Her Heart’s Desire: A Musical Fairy Tale"

Récompenses et Distinctions

Grammy Award for Best Chamber Music Performance :

Sonates pour violon et piano de Beethoven : Itzhak Perlman & Vladimir Ashkenazy 1979
Musique pour deux violons (Moszkowski : Suite pour deux violons / Chostakovich : Duets / Prokofiev: Sonate pour deux violons : Itzhak Perlman & Pinchas Zukerman 1981
Trio pour piano en la mineur, op. 50 de Tchaïkovsky: Vladimir Ashkenazy, Lynn Harrell & Itzhak Perlman 1982
L'intégrale des trios avec piano de Beethoven: Vladimir Ashkenazy, Lynn Harrell & Itzhak Perlman 1988
Les trois sonates pour violon de Brahms: Daniel Barenboïm & Itzhak Perlman (1991) Side by side avec le pianiste Oscar Peterson telarc

Liens

http://youtu.be/wEmbFSiJzEQ?list=RDwEmbFSiJzEQ 50
http://youtu.be/wEmbFSiJzEQ S

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Posté le : 31/08/2014 00:13

Edité par Loriane sur 31-08-2014 15:37:54
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Georges Braque
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Le 31 août 1963, à 81 ans, à paris meurt Georges Braque,

né à Argenteuil Seine-et-Oise, actuellement Val-d'Oise il naît le 13 mai 1882, peintre, sculpteur et graveur français.il pratique le dessin, la céramique, l'eau-forte, et l'écriture, il reçoit une Formation au Cours du soir de l'École supérieure d'art du Havre, il appartient au mouvement artistique Fauvisme, cubisme, ses Œuvres les plus réputées sont , Maisons à l'Estaque, Le Grand Nu, Route près de l'Estaque, il combattant de la Grande Guerre ou il reçoit la Croix de Guerre, il aura des Obsèques nationales. Il obtient le prix de la Fondation Carnegie en 1937, le Grand prix de la Biennale de Venise en 1948. Il est fait Commandeur de la Légion d'honneur en 1951, le Prix Antonio Feltrinelli de l'Accademia di San Luca, Rome en 1959.

En bref

D'abord engagé dans le sillage des fauves, influencé par Henri Matisse, André Derain et Othon Friesz, il aboutit, à l'été 1906 aux paysages de l'Estaque avec des maisons en forme de cubes que Matisse qualifie de cubistes, particulièrement typées dans le tableau Maisons à l'Estaque. Cette simplification est censée être à l'origine du cubisme qui reste controversée selon Olivier Cena.
"Quand je commence, il me semble que mon tableau est de l'autre côté, seulement couvert de poussière blanche, la toile. Il me suffit d'épousseter. J'ai une petite brosse à dégager le bleu, une autre, le vert ou le jaune : mes pinceaux. Lorsque tout est nettoyé, le tableau est fini.
Ce propos du peintre recueilli par Jean Paulhan suffirait à définir la peinture de Braque comme une matériologie, faite d'une stratification de couches qui préexistent à l'œuvre et que l'artiste révèle."
La peinture de Braque est en effet une peinture lentement élaborée, dans laquelle la matière travaillée, mêlée, acquiert cet aspect profond et dense qui fait qu'il y a Peinture. Braque opposait la peinture tactile, celle qui est proche du spectateur, qui agit vers lui, à la peinture visuelle qui s'éloigne vers un infini illusionniste. Sans doute à cause de cette relation à la matière, à cause aussi de la nature placide, paysanne et consciencieuse de l'homme, de ses propos moralistes, du caractère méditatif de sa peinture et de son souci des thèmes simples, la critique n'a-t-elle pas toujours su discerner le rôle primordial de Braque dans la révolution cubiste ni l'originalité et la force de son œuvre de maturité !
La femme qui m'a le plus aimé, aurait dit Picasso en parlant de Braque. Cette formule galvaudée depuis ne doit pas être comprise comme une boutade un peu dérisoire. Elle est au contraire l'image qui restitue le plus exactement ce qui fut une aventure exemplaire, une expérience commune, celle du cubisme, initiée par deux artistes, coauteurs de la plus importante révolution plastique du XXe siècle, de laquelle aussi sont issues toutes les autres. De formation et de tempérament opposés, Braque et Picasso ont mené un dialogue sans égal dans l'histoire de l'art. C'est par ces deux expériences dialectiquement conjuguées de 1908 à 1914 que passe la connaissance de leur œuvre respectif.
C'est en étudiant méthodiquement dès 1906 les lignes de contour de Paul Cézanne, que Braque a abouti progressivement à des compositions qui utilisent de légères interruptions dans les lignes, comme dans Nature morte aux pichets. Puis avec une série de nus comme le Nu debout, et Le Grand Nu, il s'oriente, après 1908 vers une rupture avec la vision classique, à l'éclatement des volumes, une période communément appelée cubiste qui dure de 1911 jusqu'en 1914. Il utilise alors des formes géométriques principalement pour des natures mortes, introduit les lettres au pochoir dans ses tableaux, invente des papiers collés. En véritable penseur du cubisme, il élabore des lois de la perspective et de la couleur. Il invente aussi les sculptures en papier en 1912, toutes disparues, dont il ne subsiste qu'une photographie d'un contre-relief de 1914.
Mobilisé pour la Grande Guerre où il est grièvement blessé, le peintre abandonne les formes géométriques pour des natures mortes où les objets sont dans des plans recomposés. Pendant la période suivante qui va jusqu'aux années 1930, il produit des paysages, des figures humaines, et malgré la diversité des sujets, son œuvre est d'une remarquable cohérence. Braque à la fois précurseur et dépositaire de la tradition classique est le peintre français par excellence. Le Cahier de Georges Braque, 1917-1947 publié en 1948 résume sa position.
La Seconde Guerre mondiale lui a inspiré ses œuvres les plus graves : Le Chaudron et La Table de cuisine. La paix revenue et la fin de sa maladie lui ont inspiré les œuvres plus approfondies tels les Ateliers qu'il élabore souvent pendant plusieurs années, poursuivant six ébauches à la fois ainsi qu'en témoigne Jean Paulhan. Ses tableaux les plus connus sont aussi les plus poétiques : la série des oiseaux dont deux exemplaires ornent le plafond de la salle Henri II du musée du Louvre depuis 1953. Il a aussi créé des sculptures, des vitraux, des dessins de bijoux, mais à partir de 1959, atteint d'un cancer, il ralentit son rythme de travail. Son dernier grand tableau est La Sarcleuse.
Deux ans avant sa mort, en 1961, une rétrospective de ses œuvres intitulée L'Atelier de Braque a lieu au musée du Louvre, Braque devient ainsi le premier peintre à être exposé dans ce lieu de son vivant.
Homme discret, peu porté sur les relations publiques, Braque était un intellectuel féru de musique et de poésie, ami notamment d'Erik Satie, de René Char, de Alberto Giacometti. Il s' est éteint le 31 août 1963 à Paris. Des obsèques nationales ont été organisées en son honneur, au cours desquelles André Malraux a prononcé un discours.

Sa vie

Georges Braque grandit au sein d’une famille d’artisans. Il est le fils d'Augustine Johannet et de Charles Braque, entrepreneur de peintures en bâtiment à Argenteuil, également peintre du dimanche qui peint très souvent des paysages inspirés des impressionnistes. En 1890, la famille s'installe au Havre et en 1893, le garçon entre au lycée. Mais il n'a aucun goût pour l'étude, il est fasciné par la vie du port. Il s'inscrit tout de même dans la classe de Courchet à l’École supérieure d'art du Havre, dirigée par Charles Lhullier de 1897 à 1899 et il prend en même temps des leçons de flûte avec Gaston Dufy, le frère de Raoul Dufy.
En 1899, il quitte le lycée sans se présenter au baccalauréat et il entre comme apprenti chez son père, puis chez Roney, un de leurs amis qui est peintre décorateur. L'année suivante, il vient à Paris, pour continuer son apprentissage chez un peintre-décorateur, Laberthe. En même temps, il suit le cours municipal des Batignolles dans la classe de Eugène Quignolot. Il habite Montmartre, rue des Trois-Frères. En 1901, il fait son service militaire au 129e régiment d'infanterie du Havre. À son retour, avec le consentement de ses parents, il décide de se consacrer entièrement à la peinture. Il revient à Paris en 1902, s'installe à Montmartre rue Lepic en octobre, et entre à l'Académie Humbert, boulevard de Rochechouart. C'est là qu'il rencontre Marie Laurencin et Francis Picabia.
Marie devient sa confidente, son accompagnatrice à Montmartre, ils se dessinent mutuellement, sortent en ville, partagent leurs plaisanteries, leurs secrets et leurs jours de flemme. Mais Marie est une aguicheuse, pas facile à séduire. Le timide Braque n'a avec elle qu'une liaison chaste3. Il faudra toute la technique amoureuse de Paulette Philippenote 1 pour dégourdir le grand timide autour duquel tournent pourtant un grand nombre de femmes. Henri-Pierre Roché les rencontre ensemble au Bal des Quat'z'Arts alors que Braque est déguisé en romain. Cette vie de luxe et de volupté renforce le jeune homme dans sa décision de rompre les amarres. Il détruit toute sa production de l'été 1904 qu'il a passé à Honfleur, abandonne Humbert et prend contact avec Léon Bonnat en mai 1905 à l'école des Beaux-Arts de Paris où il rencontre Othon Friesz et Raoul Dufy. Cette même année, il étudie les impressionnistes au musée du Luxembourg dont la collection est essentiellement composée du legs de Gustave Caillebotte, il va aussi dans les galeries de Durand-Ruel et de Vollard. Il s'est installé dans un atelier qu'il loue rue d'Orsel, face au théâtre Montmartre où il assiste aux nombreux mélodrames d'époque6 et il se rallie au fauvisme. Sa décision est sans doute due à son amitié pour Othon Friesz, havrais comme lui, les deux jeunes artistes vont partir ensemble à Anvers en 1906 et l'année suivante dans le midi de la France.
Par la suite, Georges Braque introduit Marie Laurencin au Bateau-Lavoir et il l'encourage avec Matisse à poursuivre une carrière de peintre. Il croit en son talent.

Du fauvisme au cubisme

À l'été 1905, de nouveau à Honfleur, puis au Havre en compagnie du sculpteur Manolo, du critique d'art Maurice Raynal, poussé par Raoul Dufy et Othon Friesz à utiliser des couleurs pures, Braque expose au Salon d'automne de 1905 aux côtés de Matisse, Derain, et de ses amis havrais qualifiés de fauves. Pendant près de deux ans Braque s'engage dans le système fauve en fonction de sa propre lecture des œuvres de Cézanne. L'exemple le plus caractéristique du fauvisme de Braque se trouve dans La Petite Baie de La Ciotat, 1907, huile sur toile 60,3 × 72,7 cm, Musée national d'art moderne que le peintre juge suffisamment importante pour la racheter en 1959.
À partir de 1907, Georges Braque séjourne dans le midi de la France en compagnie de Othon Friesz, et après avoir longuement médité sur l'usage de la ligne et des couleurs de Paul Cézanne, il produit un grand nombre de toiles relatives aux paysages de l'Estaque, presque toutes en plusieurs versions : Le Viaduc de l'Estaque 1907, Le Viaduc de l'Estaque 1908, Route de l'Estaque 1908 Terrasse à l'Estaque 1908, La Baie de l'Estaque 1908, Les Toits d'usine à l'Estaque 1908, Chemin à L'Estaque 1908, Paysage à l'Estaque 1908. Maisons à l'Estaque a été reproduit dans 34 publications et présenté dans 22 expositions1908 à 1981.
Le tableau ayant été refusé au Salon d'automne de 1908, le marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler, très choqué par cette réaction, propose à Georges Braque de lui ouvrir sa galerie pour présenter cette œuvre ainsi que l'ensemble des œuvres récentes du peintre. Kahnweiler vient d'ouvrir une petite galerie au no 28 de la rue Vignon à Paris, il confie la préface du catalogue à Guillaume Apollinaire qui se lance dans un dithyrambe : « Voici Georges Braque. Il mène une vie admirable. Il s'efforce avec passion vers la beauté et il l'atteint, on dirait, sans effort ….
Cette même année, Braque visite l'atelier de Pablo Picasso, il y découvre deux toiles : Les Demoiselles d'Avignon, ainsi que Trois femmes qui n'est pas encore achevé. Les rythmes constructifs de ces toiles sont repris de Cézanne, mais plus découpés et déformés. Ils provoquent d'abord l'étonnement de Braque qui a pourtant entamé la même démarche avec ses Nus. Mais ce ne sont pas de ces toiles qu'il va tirer son inspiration pour Le Grand nu commencé en 1907 et achevé en 1908.
Ce n'est rien enlever de leur force subversive aux Demoiselles d'Avignon ou au Grand nu à la draperie, ce n'est en rien sous-estimer la rupture qu'ils marquent dans l'histoire de la peinture que d'écrire qu'ils n'ont pas radicalement reconverti la recherche de Georges Braque.
L'audace de Picasso l'a tout de même étonné, et dans un premier temps, Braque se serait montré réticent, mais ici, le conditionnel s'impose18. Il existe au moins trois versions de la réaction de Braque rapportées soit par Kahnweiler, qui n'était pas là, soit par André Salmon, qui n'était pas là non plus, soit par Fernande Olivier, dont les déclarations sont sujettes à caution puisqu'elle a menacé Picasso de faire des révélations gênantes pour lui, dans ses Souvenirs intimes sur cette période-là. Grâce à l'intercession de Madame Braque, et le versement par Picasso d'un million de francs, Fernande a renoncé à son chantage19. En fait, Braque était déjà sur une autre voie, il avait commencé des variations sur les paysages de l'Estaque. Mais l'importance de ses œuvres mettra longtemps à se révéler : les plus importantes ont été gardées dans des collections privées pendant la plus grande partie du XXe siècle, ce qui n'a pas contribué à défendre la cause de Braque dans les débats sur l'antériorité.
Lorsqu'il réfléchit, après les avoir vus, ces tableaux confirment les orientations de la recherche qu'il a déjà menée avec Viaduc à l'Estaque ou Le Grand nu. C'est à partir de là que va commencer la cordée Braque-Picasso, avec deux artistes sans cesse en recherche et en confrontation. Savoir lire dans le motif, voilà ce que Braque apprend à Picasso dès leur première rencontre. Selon Pierre Daix : Ce que la rencontre entre Picasso et Braque fait surgir, c'est que le motif n'est plus la peinture. C'est la composition, par ses rythmes contrastés, qui révèle ce qu'il y avait de structural - à condition qu'on sache le lire - dans le motif.
En 1907, Braque avait déjà commencé sa propre révolution avec Nu debout que l'on confond parfois avec le Grand nu.Nu debout est peu connu, peu souvent exposé, il appartient à une collection privée. C'est une encre sur papier de petit format : 31 × 20 cm dans lequel le peintre a déjà expérimenté une construction du corps en formes géométriques qu'il a ensuite développée en plusieurs eaux-Fortes où le corps de femme nue, debout, a plusieurs positions bras le long du corps, dans le dos, tête droite, penchée. Dans Le Grand nu et Nu debout, ainsi que dans d'autres représentations du corps de femme : La Femme, 1907, dessin donné par Braque au critique d'art américain Gelett Burgess pour illustrer son article The Wild men in Paris le corps semble avoir été décomposé puis recomposé en trois points de vue. Une photographie de Braque et le dessin La Femme paraissent en page deux de l'article de Burgess dans The Architectural record de mai 1910.
Les formes sont modelées selon une structure et un rythme qui sont les deux notions fondamentales du cubisme. Son inspiration est instinctive et sa voie picturale suit les traces de Paul Cézanne. Braque s'imprègne aussi des figures des masques nègres dont il possède plusieurs exemplaires. « Les masques nègres m'ont ouvert de nouveaux horizons. Ils m'ont permis d'entrer en contact avec l'instinctif. À cette époque, la découverte de l'art nègre est revendiquée par une foule d'artistes parmi lesquels Maurice de Vlaminck, André Derain. Braque ne revendique aucune antériorité. Il a simplement acheté en 1904, à un marin, des masques Tsogo et il a continué à compléter sa collection avec des masques Fang
Le Grand nu a été la propriété de Louis Aragon puis de la collectionneuse Marie Cuttoli avant de rejoindre la collection d'Alex Maguy. En 2002, l'œuvre est entrée dans les collections publiques par Dation en paiement des droits de succession, elle est aujourd'hui conservée au Musée national d'art moderne.

La période cubiste

Il existe plusieurs versions sur l'origine du mot cubiste et sur les « pères » du mouvement. Beaucoup de critiques d'art désignent en particulier Braque et Picasso comme les fondateurs du cubisme. D'autres y associent Fernand Léger et Juan Gris, tout en créditant Louis Vauxcelles critique d'art au journal Gil Blas de l'invention du mot, lorsqu'il qualifie les Maisons à l'Estaque de Braque de petits cubes. Ce tableau est alors considéré comme l'acte de naissance du cubisme. D'autres encore apportent une version différente. Selon Bernard Zurcher, c'est Henri Matisse qui a qualifié de cubistes les Maisons de l'Estaque tout en refusant ces sites et schémas géométriques au Salon d'automne de 1908.
Cette simplification terrible qui a porté le cubisme sur les fonts baptismaux est responsable en grande partie d'un véritable mouvement dont ni Braque ni Picasso ne voulaient assumer la responsabilité. Un mouvement dont les théoriciens Albert Gleizes et Jean Metzinger ne dépasseront guère les bizarreries cubiques stigmatisées par Vauxcelles.
En réalité, ces cubes ne représentent pour Braque et Picasso qu'une réponse provisoire au problème posé par la construction d'un espace pictural qui doit s'écarter de notion de perspective établie depuis la Renaissance. La cordée Braque Picasso est un atelier de recherches des deux artistes, avec des œuvres menées simultanément par des hommes passionnés auxquels se joignent Derain, Dufy. C'est une aventure exaltante qui a jeté les bases de l'art moderne.
Pourtant, par la suite, le peintre espagnol a revendiqué pour lui-même, devant Kahnweiler, les inventions de papier collés qu'il dit avoir faites à Céret et finalement il s'est attribué l'invention du cubisme, accusant Braque de l'avoir imité pendant leur période cubiste ce qui a créé un énorme malentendu sur l'importance de l'œuvre de Braque. Selon Olivier Cena : Quarante ans plus tard, Picasso ne veut rien laisser à Braque, ni le cubisme analytique, ni le cubisme synthétique… .
Les erreurs d'interprétation ont été ensuite alimentées par diverses personnalités, notamment Gertrude Stein, dont Eugène Jolas réfute les affirmations en citant Matisse : Dans mon souvenir, c'est Braque qui a fait la première peinture cubiste. Il avait rapporté du Sud, un paysage méditerranéen … C'est vraiment la première peinture qui constitue l'origine du Cubisme et nous la considérions comme quelque chose de radicalement nouveau ....
William Rubin considère, lui, que le cubisme de Braque est antérieur aux Maisons à l'Estaque. Il désigne la Nature morte aux pichets avec pipe33, dont on ignore la localisation et les dimensions34, comme la première œuvre cubiste du peintre. qui a choisi des objets dont l'enveloppe est courbe, la composition étant réglée en diagonale et centrée par la rencontre de deux axes obliques.

Le cubisme analytique

À partir de 1909, de ses séjours à La Roche-Guyon et à Carrières-sur-Seine, Braque ramène plusieurs paysages qui sont des déclinaisons cubistes d'inspiration cézannienne : Le Château de La Roche-Guyon 73 × 60 cm Lille Métropole, Le Vieux château de la Roche-Guyon 65 × 54 cm, musée des beaux-arts Pouchkine, Moscou, Paysage des carrières Saint-Denis 41 33cm musée national d'art moderne, Paris.
Braque entre ensuite dans la période du cubisme analytique . Les paysages qui prédominaient dans l'œuvre du peintre vont peu à peu céder la place aux natures mortes. Ces paysages n'étaient que la phase préparatoire à une période plus féconde qui voit naître en particulier Broc et violon, 1909-1910, huile sur toile, 117 × 75 cm Kunstmuseum Bâle, Violon et palette 92 × 43 cm et Piano et Mandore 92 × 43 cm, Musée Solomon R. Guggenheim38. Le peintre ne cherche plus à copier la nature. Par une succession d'articulations dynamiques, en multipliant les points de vue, sa peinture s'enrichit de combinaisons imprévues, avec une multiplication des facettes. Les formes sont alors géométrisées et simplifiées.
Si l'on considère que la bataille du cubisme s'est jouée en définitive sur le thème de la nature morte, Braque y était le mieux préparé ou plutôt il a été à même, en consolidant chacune des étapes de son évolution, d'aller plus sûrement à ce signe qui suffit tel que l'a nommé Matisse.
En 1911, le peintre rencontre Marcelle Lapré qui deviendra sa femme en 1926. Et il part à Céret où il reste avec Picasso toute l'année.

Les inventions de Braque

À partir de là, Braque invente un nouveau vocabulaire, introduisant des lettres au pochoir dans ses tableaux, des caractères d'imprimerie : Le Portugais 117 × 81 cm, Kunstmuseum Bâle, Nature morte aux banderilles 65,4 × 54,9 cm Metropolitan Museum of Art. Dans un entretien avec la critique d'art Dora Vallier, il explique ... c'était des formes où il n'y avait rien à déformer parce que, étant des aplats, les lettres étaient hors l'espace et leur présence dans le tableau, par conséquent, permettait de distinguer les objets qui étaient dans l'espace, de ceux qui étaient hors de l'espace, Braque se lance aussi dans des inscriptions tracées à main levée, disposées en parallèle pour rappeler les caractères d'affiche. Dans Le Portugais, on déchiffre le mot BAL en haut à droite, un mot qui revient l'année suivante dans Nature morte au violon BAL, Kunsmuseum de Bâle.
À Céret, il n'abandonne pas les paysages. Il réalise Les Toits de Céret 82 × 59 cmcollection privée et la Fenêtre de Céret, toiles stylisées selon la méthode du cubisme analytique, et sans aucun rapport avec les paysages des années précédentes
L'année suivante à Sorgues, il rejoint Picasso et il loue la villa de Bel-Air. Les papiers collés de Braque font alors leur apparition : Compotier et verre, 50 × 65 ccollection privée. C'est une très grande découverte qui sera reproduite par de nombreux peintres : Juan Gris, Henri Laurens, Fernand Léger, Albert Gleizes. Les papiers sont des compositions, à ne pas confondre avec les collages que Braque réalise plus tard.
C'est également à Sorgues que Braque peaufine sa technique des sculptures en papier, inventée à Céret en 1911, selon l'article de Christian Zervos paru dans les Cahiers d'art. On trouve trace de ces sculptures dans un courrier envoyé à Kahnweiler au mois d'août 1912 où l'artiste dit profiter de son séjour à la campagne pour y faire ce que l'on ne peut faire à Paris, entre autres choses des sculptures en papier qui lui donnent beaucoup de satisfaction. Malheureusement il ne subsiste rien de ces constructions éphémères excepté une photographie d'un contre-reliefnote 6 de 1914 découverte dans les archives Laurens auquel les sculptures papier de 1912 ne ressemblaient sans doute pas. Selon Bernard Zurcher, elle se rapprocheraient plutôt des natures mortes de la même année 1912 qui suivaient le principe d'inversion du relief propre au masque Wobé.

Ceux qui vont de l'avant tournent le dos aux suiveurs. C'est tout ce que les suiveurs méritent

Les papiers collés de Braque, pour Jean Paulhan, qui a passé la moitié de sa vie à essayer d'expliquer la nature de l'œuvre de Braque sont des Machines à voir . D'après lui, le cubisme consiste à substituer l'espace brut à l'espace concerté des classiques. Cette substitution se fait par le biais d'un engin analogue à la machine à perspective de Filippo Brunelleschi, et à la vitre quadrillée de Albrecht Dürer. La vitre quadrillée de Dürer, encore appelée mise au carreau, est un moyen pour le dessinateur d'agrandir ou diminuer un dessin sans que la perspective intervienne. Braque utilise souvent cette mise au carreau. On en trouve un exemple dans la photo d'atelier où il travaille à L'Oiseau et son nid en 1955, prise par Mariette Lachaud. Dans la partie supérieure du tableau, les traces de la mise au carreau sont encore visibles, détachées du sujet principal.
Braque reste à Sorgue jusqu'en novembre 1912, tandis que Picasso, retourne à Paris où il commence à exécuter ses propres papiers collés. Il écrit à Braque : Mon cher ami Braque je emploie tes derniers procédés paperistiques et pusiereux. Je suis en train de imaginer une guitare et je emploie un peu le pusière contre notre orrible toile. Je suis bien content que tu sois heureux dans ta villa de Bel Air, et que tu sois content de ton travail. Moi, comme tu vois, je commence à travailler un peu. Cependant Braque avance dans sa recherche de papier collé, dérivant sur des papiers ayant l'aspect du faux-bois, il imite aussi le marbre. Les inversions de relief se multiplient et des signes optiques apparaissent vers la fin de l'année 1913, jouant sur la répétition d'une figure géométrique ou d'un motif décoratif. Braque ajoute des signes objectifs nouveaux l'année suivante : cordes de guitare, de violon, cartes à jouer, morceau de journal transformé en carte à jouer. Vers la fin de la période papier, apparaît le carton ondulé. Le peintre introduit dans sa composition la notion de relief qui connaîtra un vif succès à partir de 1917, tant dans ses collages que dans ceux de son meilleur ami, le sculpteur Henri Laurens. Parmi les œuvres importantes de la période des papiers collés 1913-1914, se trouvent Le Petit éclaireur, 92 × 63 cm fusain, papier journal, papier faux-bois et papier noir collé sur toile, Musée de Lille métropole, Nature morte sur table Gillette, 48 × 62 cm où est reproduite l'enveloppe d'une lame de rasoir Gillette, Centre Pompidou Paris, Violon et pipe LE QUOTIDIEN 74 × 100 cm, fusain, papier faux bois, galon de papier peint, papier noir, papier journal collés sur papier, contrecollé sur carton, Centre Pompidou, Paris.
Cette période est aussi celle des instruments de musique. Violon 72 × 31 cm, fusain, papier collé uni, faux bois, mural et journal sur papier, Cleveland Museum of Art, Violon, 35 × 37 cm, huile, fusain, crayon et papier collé sur toile, Philadelphia Museum of Art, Violon et journal FÊTE, 90 60cm, Philadelphia museum.
Braque n'en finit pas d'inventer. Dès 1912, installé avec Marcelle Lapré au 5 impasse Guelma, il mêle à sa peinture de la sciure de bois et du sable pour donner du relief aux toiles. En 1913, il déménage son atelier rue Caulaincourt tandis que ses œuvres sont présentées à New York à l'Armory Show. Cependant, cette année-là, les relations entre les deux peintres se dégradent, ils n'éprouvent plus le besoin de se retrouver60. L'écart s'est creusé, la cordée se délite. Deux expositions particulières présentent Braque en Allemagne au printemps 1914, à Berlin, galerie Feldmann, puis à Dresde, galerie Emile Richter61. Au moment de l'assassinat du duc d'Autriche, Braque passe l'été à Sorgues62 avec sa femme. Il est mobilisé et prend le train avec Derain le 2 août 1914 à Avignon où les accompagne le compagnon de cordée qui va multiplier les mots d'auteur rapportés de diverses manières selon les biographes.

La guerre de 1914 et ses conséquence

La mobilisation de Braque sur le front en 1914 interrompt brutalement la carrière du peintre. Il est affecté au 224e régiment d'Infanterie comme sergent et envoyé dans la Somme à Maricourt41 secteur où le régiment de Braque devenu lieutenant Braque restera trois mois avant d'être déplacé en Artois, au nord d'Arras, pour préparer une offensive à grande échelle contre les villages qui protègent la crête de Vimy.
Grièvement blessé le 11 mai 1915 à Neuville-Saint-Vaast, Braque est laissé pour mort sur le champ de bataille. Il est relevé par les brancardiers, qui ont trébuché sur son corps le lendemain, dans ce charnier où 17 000 hommes ont été broyés. Trépané, le peintre ne reprend connaissance qu'après deux jours de coma. Il ne se remet pas avant 1917. Deux fois cité, il reçoit la Croix de guerre. Après un banquet organisé pour fêter sa guérison à Paris, il part en convalescence à Sorgues.
Avec le poète Pierre Reverdy, Georges Braque écrit ses Pensées et Réflexions sur la peinture qui sont publiées dans la revue Nord-Sud. Il est alors proche de Juan Gris qui lui communique son goût pour les textures recherchées et les plans réduits à des formes géométriques. C'est avec Gris qu'il recommence à peindre en peintre aveugle-né - cet aveugle renaissant selon le mot de Jean Paulhan, avec notamment Guitare et verre 60,1 × 91,5 cm, Musée Kröller-Müller Otterlo. En cette période, Braque n'était pas loin de penser que Picasso était en train de trahir le cubisme et leur jeunesse. Mais le peintre discret reprend ses recherches. Il se fait vérificateur. Il peaufine ses trouvailles, et met au point un nouveau vocabulaire de sa peinture. Ce sera le cubisme synthétique » dont les premières créations commencées en 1913 avec Compotier et cartes 81 × 60 cm, huile rehaussée au crayon et au fusain sur toile, Centre Pompidou, Paris, reprennent en 1917 avec La Joueuse de mandoline , 92 × 65 cm, huile sur toile, Musée de Lille Métropole, La Musicienne, huile sur toile, 221,4 112.8cm, Kunstmuseum Bâle.
Vers 1919, alors que le cubisme triomphe, alors que Gleizes, Metzinger, Maurice Raynal lui découvrent des raisons, des lois, des limites, Georges Braque déclare : Il y a longtemps que j'avais foutu le camp. Ce n'est pas moi qui ferais du Braque sur mesure.
Quelques années plus tard, dans son livre Braque le patron, Jean Paulhan fait le parallèle entre l'art des cubistes et l'art du camouflage de guerre. Le camouflage de guerre a été l'œuvre des cubistes : si l'on veut, c'était aussi leur revanche. Les tableaux à qui l'opinion publique eût obstinément reproché de ne ressembler à rien se trouvaient être au moment du danger, les seuls qui pussent ressembler à tout … Ils se reconnaissaient dans les natures mortes de Braque, et l'aviateur qui doutait de la forêt des Ardennes ou de la Beauce n'hésitait plus devant un canon retouché par Braque. Paulhan rappelle aussi que le peintre officiel chargé du camouflage des canons en 1915, Lucien-Victor Guirand de Scevola, disait, au chapitre Souvenirs de camouflage, qu'il avait employé pour déformer totalement d'aspect de l'objet, les moyens que les cubistes utilisaient, ce qui lui avait permis par la suite, d'engager dans sa section quelques peintres aptes, par leur vision très spéciale, à dénaturer n'importe quelle forme.
Mais désormais, les nouvelles toiles de Braque offrent une palette plus vive et sensuelle, comme dans la Femme à la mandoline, 1922-1923, huile sur carton 41 × 33 cm Centre Pompidou, Paris. Au début des années 1920, le peintre varie encore sa production à la demande de Serge de Diaghilev, en composant les décors et costumes pour les Ballets russes. Entre 1922 et 1926, il fait les décors et costumes de Les Fâcheux adaptation de la comédie-ballet de Molière, de Salade, de Zéphire et Flore et aussi les décors des Sylphides ballet de Michel Fokine. Diaghilev trouve que le peintre a un caractère peu commode et que par ailleurs, il n'a pas le sens des affaires, ce qui est exact selon Jean Paulhan.
Le rideau du ballet Salade a été légué au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1955 par le comte Étienne de Beaumont. Enfermé depuis cette date dans les réserves du Palais de Tokyo, il vient d'en être sorti et sera restauré

L'entre deux-guerres, le cubisme synthétique et les natures mortes

Gris est alors le seul peintre cubiste dont Braque reconnaissait la valeur en dehors de Picasso. il disait des autres : Ils ont cubisté les tableaux, ils ont publié des livres sur le cubisme, et tout cela naturellement m'éloignait de plus en plus d'eux. Le seul qui ait poussé les recherches cubistes avec conscience à mon sens, c'est Gris.
À cette époque, ce sont les sculpteurs Jacques Lipchitz et Henri Laurens qui ont joué un rôle plus considérable que les peintres dans l'évolution de Braque. Le peintre développe des aplats de couleurs. Braque ne déforme plus, il forme, c'est ce qu'il confirme dans son cahier. Ainsi se produit la métamorphose qui se caractérise par l'utilisation du fond noir dont il dit à Daniel-Henry Kahnweiler, réfugié en Suisse, que le noir... c'est une couleur dont l'impressionnisme nous a privés si longtemps et qui est si belle... .
"Tout compte fait, je préfère ceux qui m'exploitent à ceux qui me suivent. Ceux-là ont quelque chose à m'apprendre"

L'exposition de ses œuvres récentes, en mars 1919, chez Léonce Rosenberg à la Galerie de L'Effort Moderne reçoit un accueil enthousiaste. À cette occasion une première monographie de Braque est publiée par Roger Bissière qui y souligne l'aspect méticuleux du travail du peintre : Braque a entrevu peut-être le premier entre les modernes la poésie qui se dégage du beau métier, d'une œuvre faite avec amour et patience. C'est la deuxième exposition personnelle du peintre qui renouvelle son contrat avec Léonce Rosenberg en mai 1920, année où il réalise sa première sculpture :La Femme debout en six exemplaires. Cette période qui va jusqu'au début des années 1930 est aussi celle des Canéphores : Canéphores, 1922, 180,5 × 73,5 cm, huile sur toile, Centre Pompidou Paris, mais aussi des nus, des figures féminines, Trois Baigneuses, huile sur bois, 18 × 75 cm collection privée.
Mais en 1921, les choses se gâtent entre Rosenberg et Braque. La liquidation du stock de Kahnweiler, confisqué pendant la guerre, a lieu à l'hôtel Drouot. L'expert est précisément Léonce Rosenberg qui a réussi à se faire nommer là, et qui profite de sa position dominante pour sous-évaluer des œuvres qu'il rachètera à bas prix. Le premier jour de la vente à Drouot, Braque s'emploie à le boxer en même temps que le pauvre Amédée Ozenfant qui tentait de s'interposer. L'affaire se termine au commissariat de police, et les belligérants sont finalement relâchés. Léonce Rosenberg revend les tableaux qu'il a achetés avec un énorme bénéfice. Son frère Paul en fait autant. Un des grands perdants dans tout cela est l'État français qui a laissé filer des œuvres comme L'Homme à la guitare 1913-1914en 1921 pour 2 820 francs, tableau qu'il rachètera pour le musée national d'art moderne soixante ans plus tard neuf millions de francs.
Kunsthalle de Bâle où a lieu en 1933 la première rétrospective des œuvres de Braque
Le style et les recherches du peintre évoluent 1919 et 1939. De son passé cubiste, il conserve la simultanéité des points de vue, le développement des objets sur le même plan, et l'inversion de l'espace. Il utilise toujours le noir en fond pour suggérer la profondeur, et il opère une partition des objets et des plans qui les éloignent de tout réalisme. En cela Guitare et nature morte sur la cheminée , 1925, huile et sable sur toile, 130,5 × 74,6 cm, Metropolitan Museum of Art88 et Fruits sur une nappe et compotier, huile sur toile, 130,5 × 75 cm, Centre Pompidou89, sont caractéristiques de cette évolution. Les objets semblent des accessoires à la composition, tout son effort porte sur la couleur, ainsi que le remarque Georges Charensol lors de l'exposition Braque chez Paul Rosenberg, en 1926, où se trouvait Fruits sur une nappe et compotier. Braque pousse l'usage du contraste encore beaucoup plus loin dans Nature morte à la clarinette, huile sur toile, 1927, 55,9 × 75 cm, The Phillips Collection avec des formes qualifiées de naturalistes par Christian Zervos.
Rue Georges-Braque anciennement rue du Douanier où le peintre avait son atelier à partir de 1925
Depuis 1925, Braque est installé à Montparnasse, rue du Douanier, dans une maison-atelier construite sur les plans d'Auguste Perret68. Il a épousé en 1926, Marcelle Lapré, avec laquelle il vit depuis 1912. Il a pour voisins Louis Latapie et Roger Bissière dans cette rue qui porte aujourd'hui son nom : rue Georges-Braque
Les formes naturalistes et abstraites prennent une nouvelle ampleur avec les variations sur Le Guéridon à partir de 1928, année où le couple Braque achète une maison à Varengeville en Haute-Normandie. Sur les falaises du Pays de Caux l'architecte américain Paul Nelson construit une maison et un atelier pour le peintre. Avec Le Guéridon, 1928, huile sur toile, 197 × 73 cm, Museum of Modern Art, New York et Le Grand guéridon, huile sur toile 147 × 114 cm, que le peintre continue à travailler jusqu'en 1936-1939, Braque opère un long mûrissement des formes. Il retravaille même en 1945 le Guéridon rouge 180 × 73 cm, commencé en 1939 en réduisant le motif ornemental. Le thème du guéridon revient souvent dans l'œuvre de 1911 à 1952. Il assure la continuité d'un développement dont les Ateliers réalisent le plein épanouissement.
Les années 1930 voient apparaître les nappes : Nappe rose 1933 et la Nappe Jaune 1935 114,3 × 144,8 cm, collection privée, qui reçoit en 1937 le premier prix de la Fondation Carnegie de Pittsburgh. Le peintre expérimente aussi les plâtres gravés Heraklès , 1931, 187 × 105,8 cm, Fondation Maeght, les eaux fortes Théogonie d'Hésiode, 1932, ensemble de huit eaux fortes 53 × 38 cm Musées de Belfort98 commandées par Ambroise Vollard pour illustrer le livre homonyme et qui ne sera jamais publié car Vollard meurt en 1939.
La première rétrospective de Braque à la Kunsthalle de Bâle en 1933 en Suisse, marque le début de la reconnaissance internationale du peintre elle sera suivie en 1934 par Braque récent paintings à la Valentine gallery de New York, ouverte en 1937 par le galeriste allemand Curt Valentinn. Selon Frank Elgar : C'est pendant les années 1930 que Braque peint ses natures mortes les plus concentrées et les plus savoureuses. Ses falaises, ses barques échouées, ses figures double face ... témoignent de sa période la plus heureuse. Mais le péril le guettait à partir de 1940.

Pendant la deuxième guerre mondiale

De 1939 à 1940, le couple Braque est à Varengeville pendant la drôle de guerre avec Joan Miró qui a loué une maison près de celle des Braque en août 1939 et qui restera en France jusqu'en 1940. Les deux peintres entretiennent une relation d'amitié et de confiance, ... sans que le voisinage d'alors et l'amitié de toujours n'ait pas fait dévier d'un millimètre le chemin de l'un et de l'autre. Braque a simplement invité son ami catalan à utiliser le procédé du papier à report, une technique d'impression pour la lithographie. À Varengeville, à la même date, se trouvent aussi Georges Duthuit, Alexander Calder103, ainsi que le poète Raymond Queneau et l'architecte Paul Nelson.
Pendant cette période, Braque se consacre quasi exclusivement à la sculpture, il réalise notamment Hymen, Hesperis et Le Petit Cheval. Les sculptures humaines sont des têtes toujours de profil comme dans les reliefs de l'ancienne Égypte. Ce style est issu des tableaux comme Le Duo, huile sur toile, 129.8 x 160 cm qui offre deux profils de femmes assises sur leur chaise. En 1939-1940, Braque est l'objet d'une grande rétrospective à Chicago à The Arts Club of Chicago, également à Washington, The Phillips Collection à San Francisco San Francisco Museum of Modern Art. Il a aussi une exposition personnelle à New York en 1941, puis à Baltimore, puis de nouveau à New York chez Paul Rosenberg en avril 1942. En 1943, la galerie de France lui consacre une exposition Douze peintures de Georges Braque tandis que le Salon d'automne à Paris présente 26 peintures et 9 sculptures. Jean Bazaine lui consacre un article dans Comœdia. Jean Paulhan publie Braque le patron la même année.
Entre 1940 et 1945, les Braque ont résidé d'abord dans le Limousin, puis se sont réfugiés dans les Pyrénées, puis ils sont revenus à Paris. Ils ne retournent à Varengeville qu'en 1945, En 1941, un grand nombre des peintures de Braque, déposées à Libourne sont confisquées par les autorités allemandes.
Braque ne participe pas au voyage à Berlin organisé en 1941 par Arno Breker et Otto Abetz dont André Derain, Othon Friesz, Maurice de Vlaminck, Kees van Dongen, André Dunoyer de Segonzac font partie. Mais il ne souhaite pas désavouer son ami Derain et le commentaire de lui rapporté par Fernand Mourlot : Heureusement, ma peinture ne plaît pas, je n'ai pas été invité ; sans quoi, à cause des libérations de prisonniers promises, j'y serais peut-être allé. reste selon Alex Dantchev et Fernand Mourlot, une forme d'exonération de toute accusation de collaboration envers l'ami Derain. Certes, le lien avec Derain est rompu, tout comme celui avec les autres artistes qui ont fait le même voyage. Mais Braque prendra par la suite ses distances vis-à-vis de l'épuration.

Braque et Picasso

Braque progresse désormais dans ce que l'on nomme le précubisme ou cubisme cézannien durant toute l'année 1909. À propos de Port en Normandie The Art Institute, Chicago, Vauxcelles parle cette fois de bizarreries cubiques . Dans cette toile comme dans les différentes versions du Château de la Roche-Guyon Moderna Museet, Stockholm, Braque prend conscience de ce que l'espace entre les objets, les intervalles ont autant de valeur picturale, de force plastique, que les formes elles-mêmes. Aussi densifie-t-il les vides, pour unifier formes et fonds, en liant, comme il le dit, l'espace à son contenu .
Avec Picasso, qu'il fréquente de plus en plus, il constate qu'à travers leurs deux recherches parallèles se définit un même projet ; ils décident alors de mettre en commun leurs expériences.
En 1910, Braque s'installe rue Caulain-court et passe l'été à l'Estaque. Ses liens avec Picasso se resserrent. En 1911, ils séjournent tous les deux à Céret Le Portugais, Kunstmuseum, Bâle, l'Homme au violon coll. E. G. Bührle, Zurich. En 1912, ils passent l'été à Sorgues ; Braque y prolonge, par l'invention du papier collé (Composition et verre, coll. part. et tout aussi radicalement, le collage découvert en avril par Picasso Nature morte à la chaise cannée. Il apporte ainsi au cubisme la dimension qui lui manquait, celle de la couleur. Si le papier collé entérine l'abandon du ton local et marque la première dissociation de la forme et de la couleur, il a surtout pour effet de renouer avec la couleur. Ainsi, tandis que Picasso s'intéresse à l'espace et à la forme, Braque réaffirme ses préoccupations de coloriste.
De cette communauté, il faut retenir ce que la contribution de Braque a d'essentiel. Le premier, il introduit la lettre d'imprimerie dans la peinture, d'abord en trompe l'œil Le Pyrogène, 1910, coll. part., puis, par l'intervention concrète du pochoir, Le Portugais. Le premier, encore, il a recours au peigne à peindre le faux bois et à la technique du faux marbre dans la peinture, comme il ajoutera du sable, de la sciure ou de la limaille de fer à la matière picturale Compotier, bouteille et verre, 1912, coll. part.. Ces inventions sont considérables en ce qu'elles désacralisent le faire de l'artiste et renversent fondamentalement le rapport à la réalité comme modèle, en mettant un terme au primat du rendu illusionniste.
Braque, comme Picasso, s'isole alors d'une école cubiste naissante. Il participe en Allemagne aux expositions de la Sonderbund et du Blaue Reiter en 1912, à l'Armory Show en 1913.
Le papier collé marque aussi la première réaction aux dangers d'une analyse excessive, conduisant à un hermétisme proche de l'abstraction. En 1913 et en 1914, Braque rétablit synthétiquement le volume par une restructuration des éléments de l'analyse en une composition cette fois concentrée et quasi volumétrique Homme à la guitare, 1914, coll. part., Paris.
C'est à Sorgues, où il travaille non loin de Picasso, que la guerre le surprend et le contraint à interrompre cette reconstruction de l'objet. Deux expositions cette même année lui avaient cependant permis de se faire connaître en Allemagne, à Dresde et à Berlin.

Natures mortes et séries


Blessé en 1915 sur le front d'Artois, Braque est trépané ; il reste à hôpital jusqu'en 1916. Le dialogue avec Picasso, alors en Italie, est interrompu ; son marchand Kahnweiler a quitté la France. Braque, après une longue convalescence à Sorgues, reprend difficilement la peinture ; il est alors influencé par Gris et Laurens avec qui débute une profonde amitié. La Grande Musicienne Kunstmuseum, Bâle marque la fin du cubisme synthétique. Braque commence en 1918 la rédaction de ses propos que publie Reverdy dans les Cahiers du Sud. Mais 1918 marque surtout le retour au thème des natures mortes au guéridon. Désormais, Braque aère ses compositions et les situe davantage dans un espace ouvert et en profondeur. Le cubisme perd de sa structure au profit d'une écriture plus picturale. Dans Café-Bar, 1919 Kunstmuseum, Bâle, l'espace acquiert aussi une complexité nouvelle, les tons se superposent et jouent entre eux, formes et couleurs se correspondent de nouveau.
La série les Guéridons de 1918-1919 marque une amplification du thème et son développement dans un espace en profondeur où s'inscrit une composition à dominante verticale. Ici, le dessin n'intervient plus comme support de l'analyse intellectuelle, mais comme structure d'un ensemble. Un nouveau processus pictural s'élabore peu à peu dans lequel la peinture, qui ne sert plus à souligner la puissance expressive des objets, acquiert une autonomie plastique propre ; elle tend à ce que Braque appelle le fait pictural.
Outre les compositions au guéridon apparaissent deux nouveaux thèmes caractéristiques de cette période : les cheminées et les canéphores. La tactilité de ces toiles ne tient plus à l'impression d'une proximité quasi manuelle des objets mais à la matérialité d'une peinture faite de pâte épaisse aux tons sévères, gris, verts, bruns, soutenus par une préparation mate, noire ou grise.
Les cinq Cheminées, peintes entre 1920 et 1927, sont de vastes projets monumentaux dans lesquels les formes ont gardé la puissance dynamique du cubisme. Construites verticalement, parfois en perspective désaxée, elles révèlent un espace tridimensionnel comportant deux zones : partie haute et partie basse, plus ou moins dense La Cheminée, coll. Florence Marx, Schoenborn. Le faux marbre est rendu ici par grandes touches directes, vigoureuses, qui concernent aussi bien les objets eux-mêmes que l'espace qui les baigne.
L'autre série de toiles de cette époque – les figures allégoriques dites Canéphores (1922-1926), influencées par les Baigneuses de Renoir – sont significatives de la brève approche naturaliste de Braque. Le dessin y a perdu la sécheresse linéaire du cubisme au profit d'une arabesque ample, inscrite sur la couleur plutôt qu'à son contour. Cette ligne plus spontanée donne davantage de contrastes aux formes du corps dont elles soulignent la volupté. Elle marque surtout l'élimination définitive de la rigidité mentale du cubisme et le parti pris d'un espace d'une complexité accrue, et de sa représentation strictement picturale, Art Museum, Dial. Coll., Worcester ; coll. Claude Laurens, Paris.
En 1928, Braque entreprend une nouvelle série de Guéridons dans laquelle il renoue avec l'espace environnant, faisant jouer les structures du meuble avec celles des lambris d'angle de la pièce (Grand Guéridon, 1929, The Philipps coll., Washington). Cette identification de l'espace est assortie d'un allégement de la matière picturale. Les couleurs sont diluées ; elles jouent avec la texture du sable ou de la sciure avec lesquels elles se mélangent, rappelant ainsi la fresque.
Ces quatre Grands Guéridons concluent cette période où triomphe la couleur claire, mais qui consacrent la maturité de Braque. C'est le moment où, pendant l'été, il abandonne le Midi pour Varengeville en 1929. Mais c'est surtout le début d'une série d'expositions : Berlin en 1930, chez Flechtheim, New York en 1931, Bâle en 1933, première grande rétrospective, Londres en 1934, Bruxelles en 1936. En 1937, il reçoit le prix Carnegie après Matisse et Picasso.

Les Ateliers

La peinture de Braque va connaître désormais et jusqu'à la fin de sa vie une évolution stylistique homogène. Seuls les thèmes changent pour atteindre une dimension d'une rare ambition. Dès 1938 s'amorce la série des Ateliers, interrompue par la guerre.
Braque demeure à Paris jusqu'à la Libération. L'austérité ramène provisoirement ses préoccupations au quotidien. Il entreprend des natures mortes avec verre, couteau, quignon de pain, poissons, peint plusieurs Broc sur une table de toilette, des vanités où tête de mort et palette cohabitent. C'est le retour aux thèmes ancestraux, aux racines profondes de l'homme envisagées dans une méditation quasi religieuse, qui suscite alors une peinture dépouillée de ses carnations mais lentement et économiquement construite. Cette période de l'art de Braque est marquée par les événements et ce sont de telles œuvres qui ont sans doute contribué à donner du peintre l'image superficielle d'un homme tourné vers le passé. C'est en 1943, enfin, qu'il débute une série de sculptures. Après la Libération, Braque regagne son atelier de Varengeville et entreprend immédiatement de grandes toiles. Le Salon et les trois versions du Billard, 1944-1952 Musée national d'art moderne, Paris, coll. Jacques Gelman, Mexico. En 1948, Braque reçoit le grand prix international de la Biennale de Venise.
La maladie n'interrompt cependant pas la série des huit Ateliers, ensemble de grandes toiles exécutées entre 1949 et 1956, qui marquent l'aboutissement extrême des possibilités de cette « poétique picturale » que Braque s'était employé à mettre en œuvre. De ces ateliers, balayés d'ombres et de lumière alternées, il nous montre les objets familiers, les divers espaces captés par les miroirs successifs de la toile, ainsi que la présence du modèle, lui aussi répété, confronté avec le peintre lui-même. Braque rejoint ici le grand propos de Courbet, de Corot, de Matisse et de Picasso.
Dans l'Atelier III, 1949, coll. Dr P. Hanssi, Vaduz, la présence de l'oiseau, qui survole la composition, annonce la place unique que celui-ci prendra comme signe et symbole au plafond de la salle Étrusque du Louvre, exécuté en 1952-1953.
Durant les dix dernières années de sa vie, la santé de Braque alla déclinant, son travail de peintre se limita à de petites toiles. Mais l'artiste entreprit alors une grande œuvre de lithographie. Après sa mort, le 31 août 1963, sa veuve fit don aux musées nationaux français d'un important ensemble de tableaux et de sculptures.
Braque exécuta aussi des vitraux, chapelle Saint-Dominique, Varengeville ; chapelle Saint-Bernard, fondation Maeght ; il réalisa plusieurs décors de ballet pour Diaghilev, Les Fâcheux, 1923, Salade, 1924 ; Zéphir et Flore, 1925. Enfin, son œuvre de peintre illustrateur est importante : Les Ardoises du toit de P. Reverdy, 1918 ; Le Piège de Méduse de Satie, 1921 ; La Théogonie d'Hésiode, 1932 ; Lettera amorosa de René Char, 1963.

"La liberté n'est pas accessible à tout le monde. Pour beaucoup, elle se place entre la défense et la permission "

De même, il se tient très à l'écart du régime de Vichy pendant toute la guerre. Pourtant, les avances de l'occupant ne manquent pas, ses tableaux déchaînent l'enthousiasme de Pierre Drieu la Rochelle lors de l'exposition de vingt de ses toiles au Salon d'automne 1943. Les officiers allemands qui visitent son atelier, le jugeant trop froid, proposent de lui livrer du charbon, ce que Braque refuse avec finesse. Il refuse également de créer un emblème pour le gouvernement de Vichy, alors que Gertrude Stein s'est proposée pour traduire les discours de Pétain. Braque a le défaut inverse : il ne se laisse pas acheter. Sa position est claire : pas de compromis, pas de compromission. Ce qui ne l'empêche pas de recevoir Ernst Jünger dans son atelier le 4 octobre 1943. Écrivain et poète en uniforme d'occupant cette année-là, Jünger, qui recevra le prix Goethe en 1982 et qui entre dans la Pleiade en 2008, apprécie les peintures dégénérées de Edvard Munch, de James Ensor, du Douanier Rousseau, de Picasso auquel il a rendu visite cette même année et aussi de Braque dont il a vu les peintures au Salon d'automne 1943, et qu'il trouve réconfortantes, parce qu'elles représentent l'instant où nous sortons du nihilisme. Leur force, tant dans les formes que dans les tons représentent pour lui le moment où se rassemblent en nous la matière de la création nouvelle.
Cloîtré dans son atelier pendant toute la durée de la guerre, Braque se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. La guerre est pour Georges Braque synonyme d'austérité et d'accablement. À ce moment-là, Il n'y a guère de place pour l'émulation dans la vie de Braque : ni concours, ni discussion, ni travail en commun. C'est dans le secret qu'il entreprend.Une femme assise devant un jeu de carte, vue de profil, titrée La Patience, huile sur toile, 146 × 114 cm illustre son état d'esprit.
Pendant cette période, Braque poursuit son sujet fétiche : les instruments de musique qui n'ont cessé d'apparaître dans ses tableaux depuis 1908, parce que : l'instrument de musique, en tant qu'objet, a cette particularité qu'on peut l'animer en le touchant, voilà pourquoi j'ai toujours été attiré par les instruments de musique. 1942 est une année particulièrement féconde pour le peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, qu'il terminera plus tard comme L'Homme à la guitare 1942, 1942-1961, 130 × 97 cm, huile sur toile, collection particulière
Il réalise encore quelques dessins de femme dont les attitudes rappellent sa période fauve Femme à la toilette 1942, mais très vite la nature morte reprend le pas : Deux poissons dans un plat avec une cruche, 1949-1941 huile sur papier marouflé sur toile, collection particulière, inaugure une série de poissons sur fond noir Les Poissons noirs, 1942, huile sur toile 33 × 55 cm, Centre Pompidou Paris plusieurs Vanités, Le Poêle 1942, Le Cabinet de toilette, 1942, The Phillips Collection. Tous ces intérieurs rappellent que l'artiste s'est cloîtré chez lui notamment Grand intérieur à la palette, 1942, × 195,6 cm, Menil Collection, Houston. Ses toiles les plus significatives ont pour sujets des objets de la vie quotidienne, objets dérisoire, utiles à la survie, ou à la nourriture rationnée : Table de cuisine, huile sur toile, 163 × 78 cm, collection privée.
Il produit quelques silhouettes masculines sur fond sombre avant de commencer la série des Billards qu'il poursuit jusqu'en 1949. Un des plus beaux, Le Billard 1947 1947-1949, 145 × 195 cm se trouve au Musée d'art contemporain de Caracas, Venezuela. Il a été exposé au Grand Palais Paris lors de la rétrospective Georges Braque 2013, avec la mention des années où il a été achevé : 1947-1948

L'Après-guerre

Braque se tient à l'écart de l'épurationnote 15 et rejoint Varengeville. Il n'adhère pas non plus au Parti communiste français malgré les démarches répétées de Picasso et de Simone Signoret. Il se tient aussi à l'écart de Picasso dont il apprécie de moins en moins l'attitude et que Maïa Plissetskaïa qualifiera plus tard de hooligan. Il décline l'invitation à séjourner à La Californie de Cannes, choisissant plutôt d'habiter chez son nouveau marchand parisien Aimé Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Il n'empêche que chacun des deux peintres essaie d'avoir des nouvelles de l'autre. Notamment lorsque Braque subit une opération pour un double ulcère à l'estomac, en 1945, Picasso vient le voir chaque jour, et il continue à chercher son approbation malgré son attitude distante. À partir de 1951, une sorte de réconciliation va s'amorcer. Françoise Gilot rend visite très souvent à Braque, même après sa séparation, elle lui présente son fils Claude Picasso, alors adolescent, qui ressemble tant à son père que Braque fond en larmes : le garçon est le portrait vivant de son compagnon de cordée de l'époque. La véritable nature du lien entre les deux peintres reste difficile à cerner. Selon Braque, ce n'était pas une coopération artistique mais une union dans l'indépendance.
Après une convalescence de deux ans, Braque reprend sa vigueur, et il expose au Stedelijk Museum d'Amsterdam, puis à Bruxelles au Palais des beaux-arts. En 1947, il est à la Tate Gallery de Londres. La même année, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et publie la première édition des Cahiers G. Braque. En 1948, à la Biennale de Venise, où il a présenté la série des Billards, il reçoit le Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en particulier au MoMA de New York, qui parachève la reconnaissance internationale de son œuvre. Paul Rosenberg lui consacre encore une nouvelle exposition dans sa galerie de New York en 1948.
" Quand quelqu'un se fait des idées, c'est qu'il s'éloigne de la vérité. S'il n'en a qu'une, c'est l'idée fixe. On l'enferme"
À partir de 1949, le peintre commence sa série des Ateliers, une suite de huit toiles sur le même thème, en état d'inachèvement perpétue. Ces toiles éternellement retouchées sont un véritable casse-tête pour la rédaction des catalogues, notamment pour le critique d'art anglais John Richardson qui a bien du mal à les dater dans son article The ateliers of Braque. Car Braque modifie sans cesse le contenu et la numérotation des toiles de cette série. Si on compare la photographie que Robert Doisneau a faite à Varengeville de l'Atelier VII 1952-1956, on s'aperçoit qu'il a été modifié, que le peintre de déplacé les objets et qu'il est devenu Atelier IX132. Le dernier état de ce tableau est présenté au Grand palais en 2013, huile sur toile 146 × 146 cm Centre Georges Pompidou.
L'oiseau dont la présence apporte une dimension nouvelle à six des huit Ateliers a fait son apparition dans Atelier IV huile sur toile, 1949 130 × 195 cm collection particulière, toutes ailes déployées il occupe un tiers de l'espace. Un des plus souvent reproduits est Atelier I, huile sur toile, 1949, 92 × 73 cm, collection particulière. Il présente un tableau dans le tableau et une grand cruche blanche en trou de serrure. Atelier VIII, est le plus frontal et plus haut en couleurs de la série, 132,1 × 196,9 cm, Fundación Masaveu, Oviedo.
L'ordre de datation des Ateliers finalement conservé pour la dernière rétrospective 2013 est celui établi par Nicole Worms de Romilly dans son Catalogue raisonné de l'œuvre de Braque, éditions Maeght, en sept volumes parus de 1959 à 1982. Les Ateliers sont présents dès janvier 1949 à la rétrospective organisée au Museum of Modern Art de New York et au Cleveland Museum of Art exposition dont Jean Cassou a rédigé le catalogue.
En 1955, le peintre et critique anglais Patrick Heron envoie à Braque, son livre The Changing Forms of Art qui décrit en particulier les Ateliers et les Billards, comme des jeux de surfaces planes desquelles naissent l'espace, combinées de lignes droites, diagonales, partiellement enfouies, jouant de la géométrie cubiste. Braque lui répond :Je me suis fait traduire quelques passages de votre livre sur la peinture que j'ai lu avec intérêt. Vous ouvrez les yeux à ceux que la critique ordinaire égare.
Paulhan note que Braque est un des très rares peintres à n'avoir pas fait son autoportrait, et il s'étonne que l'on en sache si peu sur l'homme qui a reçu à l'unanimité la légion d'honneur en tant qu'officier puis commandeur en 1951. Il accepte la gloire avec calme ... C'est maigre, je le vois bien, toutes ces anecdotes. Oui, mais c'est aussi qu'en Braque, l'homme anecdotique est assez mince. L'homme est ailleurs.
Braque était bel homme, il a été photographié par Robert Doisneau à Varengeville, dans diverses situations : à la campagne, dans son atelier aussi. Le peintre a également été portraituré par Man Ray qui l'a photographié souvent de 1922 à 1925, et dessiné par son ami Giacomett ainsi que par Henri Laurens alors qu'il avait encore la tête bandée en 1915. Il a également inspiré les photographes Mariette Lachaud, dont une exposition de quarante photographies s'est tenue à Varengeville en août 2013, et Denise Colomb, Brassaï. Braque était aussi un athlète, féru de sport et de boxe anglaise. En 1912, il appréciait sa réputation de boxeur et en 1997, le critique d'art anglais John Russell dans The New York Times rappelle sa maîtrise de la boxe anglaise
Mais le peintre était plus préoccupé par sa peinture que par son image. Je serais embarrassé de décider si Braque est l'artiste le plus inventif ou le plus divers de notre temps. Mais si le grand peintre est celui qui donne de la peinture l'idée la plus aiguë à la fois et la plus nourricière, alors, c'est Braque sans hésiter que je prends pour patron.

Les dernières années

Georges Salles, directeur des musées de France, passe commande en 1952 à Georges Braque d'une décoration pour le plafond de la salle Henry II du musée du Louvre qui date de 1938 et qui va être rénové. Le sujet choisi par le peintre : Les Oiseaux convient bien à la salle et même ceux qui étaient réticents pour mélanger art moderne et art ancien sont finalement séduits. En 1953, la décoration du plafond est inaugurée. L'artiste a réussi à transposer sur le plan monumental un thème intimiste qui lui était cher. Il a résolu le problème posé par le vaste support en utilisant de larges aplats de couleur qui donnent à l'ensemble force et simplicité. Dépité de n'avoir pas été choisi pour ce projet, Picasso prétend que Braque a copié ses colombes.
Braque produit beaucoup, mais de sa retraite de Varengeville-sur-mer, il sort très peu. Il a renoncé à la Provence. Ce sont les jeunes peintres qui viennent lui rendre visite, notamment Jean Bazaine. Mais surtout Nicolas de Staël qu'il encourage avec vigueur et dont le suicide en 1955 va beaucoup l'affecter. Nicolas de Staël avait pour Braque une admiration telle qu'il avait écrit au critique d'art et collectionneur américain David Cooper : Je vous serai toujours infiniment reconnaissant d'avoir su créer ce climat où la rhétorique de Braque reçoit la lumière d'autant mieux qu'il en refusa le grand lat, où ses tableaux en un instant d'éclair font tout naturellement le chemin de Sophocle au ton confidentiel de Baudelaire, sans insiter, et en gardant la grande voix. C'est unique. Outre cette amitié qui les lient, Staël et Braque ont quelque chose en commun dans leur démarche de peintre à cette époque là. Duncan Phillips, qui s'est entiché de Braque possède aussi dans The Phillips Collection, beaucoup d'œuvres de Staël. Le retour inattendu au paysage à tendance figurative, que Braque a opéré entre les Ateliers et les Oiseaux, est d'une certaine manière redevable à l'échange avec Staël. Ces paysages des dernières années 1957-1963 qui fascinent son ami le plus proche Alberto Giacometti, sont en majorité de petits formats de forme allongée : Marine, 1956, 26 × 65 cm, collection privée, Le Champ de colza 1956, 30 × 65 cm avec une référence évidente à Vincent van Gogh qu'il admirait. Staël a également créé des tableaux en référence à van Gogh : l'envol des Mouettes est aussi un hommage au Champ de blé aux corbeaux de Vincent van Gogh, auquel à son tour Braque rend hommage vers 1957 avec Oiseaux dans les blés, huile sur toile, 24 × 41 cm160, dans un style qui se rapproche de celui de Saël. Paysage, 1959, 21 × 73 cm, mais avec aussi de plus grands formats comme La Charrue, 1960, 84 × 195 cm et La Sarcleuse 1961 à laquelle le peintre travaillait chaque été depuis 1930 est la dernière toile de Braque. Elle est aujourd'hui au Musée d'Art Moderne de Paris au Centre Pompidou. Elle était encore posée sur le chevalet de son atelier à Varengeville le 31 août 1963 à sa mort. La campagne qu'elle présente est celle du pays de Caux entre le Havre et Dieppe, qui est austère et se termine en falaises abruptes sur la mer. La toile paraît comme un écho à la dernière toile de Vincent van Gogh, Champ de blé aux corbeaux 1890. La sérénité échappait à van Gogh, désespérément. Braque s'est efforcé de l'atteindre et il y est parvenu en effet.

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Posté le : 31/08/2014 00:08
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Flamant rose en vol.Vol d'oiseau À tire d'aile.

À partir de 1953, Braque multiplie les références à l'envol, aux oiseaux. On en trouve dans L'Atelier IX 1952-1956, avec de grandes ailes qui viennent çà et là perturber l'espace. Pendant ces années-là, les oiseaux envahissent son œuvre. Mais il faut attendre Atelier VIII 1952-1955 pour que l'oiseau en vol ait gagné sa blancheur. L'Oiseau et son nid 1955-1956, 130,5 × 173,5 cm, Centre Pompidou, Paris, est découpé abstraitement sur fond brun. Il marque une étape importante dans l'œuvre de Braque en cela qu'il annonce l'oiseau profilé de À tire d'aile, 1956-1961, 114 × 170,5 cm, Centre Pompidou, Paris, l'apothéose du travail du peintre sur les oiseaux. L'artiste est allé observer une réserve d'oiseaux en Camargue, il a admiré le vol des flamants roses : ... j'ai vu passer de grands oiseaux. De cette vision, j'ai tiré des formes aériennes. Les oiseaux m'ont inspiré .... Le concept même, après le choc de l'inspiration, les a fait se lever dans mon esprit, ce concept doit s'effacer pour me rapprocher de ce qui me préoccupe : la construction du fait pictural. Le peintre stylise, puis travaille les formes en aplats en les simplifiant à l'extrême. Les Oiseaux noirs, 1956-1957 ou 1960 selon les sources 129 × 181 cm, collection Adrien Maeght, sont représentatifs du concept oiseau abouti, ainsi que À tire d'aile 1956-1961, 129 × 181 cm, Centre Pompidou Paris. Dans le tableau Les Oiseaux, 1960, 134 × 167,5 cm le concept est réduit à des signes, presque abstraits, jouant avec la lumière. Braque tient beaucoup à ses oiseaux, il a conservé jusqu'à sa mort L'Oiseau et son nid, huile et sable sur toile, 130,5 × 173,5 cm, Centre Georges Pompidou. L'Oiseau et son nid, qu'il a gardé jusqu'à sa mort, on ne saurait trouver de meilleur autoportrait de Braque.
L'œuvre de Braque, dans les années cinquante et soixante, fait l'objet de nombreuses expositions tant en France qu'à l'étranger à Tokyo au Musée national en 1952, à la Kunsthalle de Berne et à la Kunsthaus de Zurich en 1953. Mais tandis qu'on organise au Festival international d'Édimbourg en 1956 une gigantesque exposition de ses œuvres, puis à la Tate Gallery de Londres, il reste dans son atelier à Paris et il ne le quitte que pour aller à Varengeville. Il se contente d'envoyer ses toiles de plus en plus ailées. L'exposition d'Édimbourg est pourtant répartie dans vingt trois salles, elle comporte quatre vingt neuf toiles qui ont attiré un très vaste public. Braque est fait Docteur honoris causa de l'Université d'Oxford. L'année suivante ce sont ses sculptures qui s'envolent pour le musée de Cincinnati, puis plus tard à Rome, où on l'expose fin 1958 - début 1959, il reçoit le Prix Antonio Feltrinelli décerné par l'l'Académie des beaux-arts. De 1959 à 1963, Braque travaille aussi à des livres d'artiste : avec Pierre Reverdy La Liberté des mers, avec Frank Elgar La Résurrection de l'oiseau 1959, avec Apollinaire Si je mourais là-bas, avec Saint-John Perse L'Ordre des oiseaux 1962, avec René Char Lettera Amorosa 1963.
Braque est un des peintres marquants dans l'histoire de la peinture. Il a influencé de nouvelles générations d'artistes. Après l'exposition de 1946 à la Tate Gallery de Londres, jugée mal montée par Patrick Heron, Des artistes en manque ont commencé, dans toute l'Angleterre, et à l'insu de critiques arrogants, à peindre des natures mortes au hareng. Parmi les peintres sous l'influence de Braque, Alex Danchev cite Ben Nicholson, John Piper ou Bryan Winter, et les américains William Congdon et Ellsworth Kelly. Françoise Gilot était entourée des œuvres de Braque, et à la Juilliard School de New York on donnait un cours d'histoire de l'art intitulé Bach to Braque and beyond de Bach à Braque et au-delà.
Georges Braque a également créé des vitraux : sept pour la chapelle Saint-Dominique et le vitrail représentant un arbre de Jessé à l'église paroissiale Saint-Valéry de Varengeville-sur-Mer en 1954, ainsi que la sculpture de la porte du tabernacle de l'église d'Assy en 1948. La dernière exposition de son vivant en France a lieu au Musée des arts décoratifs de Paris et présente ses bijoux du 22 mars au 14 mai 1963. Ils sont reproduits sur de nombreux sites. Cette même année à Munich, une grande rétrospective présente l'ensemble de son œuvre du 12 juin au 6 octobre.
Il meurt le 31 août 1963 à Paris. Alberto Giacometti, qui est venu dessiner son portrait funéraire , écrit :
Ce soir tout l'œuvre de Braque redevient pour moi actuel ... De tout cet œuvre, je regarde avec le plus d'intérêt, de curiosité et d'émotion les petits paysages, les natures mortes, les modestes bouquets des dernières années, des toutes dernières années.

Des funérailles nationales ont lieu pour l'artiste le 3 septembre. André Malraux prononce son éloge funèbre devant la Colonnade du Louvre.
Georges Braque est enterré le lendemain au cimetière marin de Varengeville-sur-Mer.


Les bijoux de Braque

En 1961, de plus en plus souffrant, et incapable de travailler longtemps à ses peintures, Braque accepte de reprendre des dessins afin qu'ils servent de modèles pour la réalisation de bijoux, en particulier de camées en onyx montés en bagues. Il en a offert une à sa femme représentant le profil d'Hécate reproduction de Hécate en broche, gouache et reproduction de Hécate en broche, et il en a porté une lui-même en chevalière pendant la dernière année de sa vie : La Métamorphose d'Eos, oiseau blanc représentant l'aurore.
À partir de 1961, le peintre, fatigué et malade, avec le teint cireux du cancer a ralenti son rythme. Ce qui ne l'empêche de travailler encore à de grands tableaux comme La Sarcleuse. Emporté par un infarctus cérébral il peindra jusqu'à son dernier souffle, retouchant sans cesse La Sarcleuse et réalisant des petits formats moins contraignants, des gouaches qui vont devenir des bijoux. En septembre 1961, Braque a commencé à travailler sur une représentation en volume de sa Tête grecque qu'il a présentée au lapidaire Heger de Lowenfeld pour une mise en volume.
Ce sont les 110 gouaches de Braque, réalisées de 1961 à 1963, qui ont servi de base aux bijoux exécutés de 1962 à 1963. Ils ont été exposés au Musée des arts décoratifs de Paris du 22 mars au 14 mai 1963. Certaines pièces sont visibles sur le site du Musée des arts décoratifs de Paris ou sur celui site du Musée Georges Braque de Saint-Dié-des-Vosges, ainsi que sur le site de Montpellier art181 consacré aux bijoux d'artistes Bijoux d'artistes, les expositions, peintres et bijoux. Les thèmes récurrents des gouaches de l'artiste sont les oiseaux en vol, et les figures humaines ou animalières de la mythologie grecque.
L'intégralité des bijoux acheté par l'État se trouve au Musée des arts décoratifs , création : Georges Braque dessinateur ; France Heger de Löwenfeld réalisation ; France, 1962 vers.Alcyone, collier, 1962, or serti de diamants, 29 × 14,5 × 26 cmvoir Alcyons sur le site des arts décoratifs. Il est bien précisé que c'est en 1961 que le peintre a commencé les dessins dont la réalisation a eu lieu à partir de 1962 ou bien au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou : 1963, Hera, orfèvrerie, or et saphirs sur clip de platine, 3 x 4,3 x 8 cm. Acquisition de l'État, 1969. Attribution au Musée national d'art moderne, 1969. Numéro d'inventaire : AM 1249 OA Centre Pompidou consultable sur le site du centre Pompidou virtuel et 1962, Métamorphose d'Eos, camée d'onyx sur bague d'or 2,2 x 1,8 cm Diamètre : 1,9 cm inscriptions : S.R. : G.Braque. Donation Mme Georges Braque, 1965, Numéro d'inventaire : AM 1208 OA Centre Pompidou.
Après la mort de Braque, Heger de Lowenfeld a reproduit diverses œuvres du peintre sous forme de gouaches servant de maquette à de nouveaux bijoux jusqu'en 1996, année où le lapidaire a été victime d'une deuxième hémiplégie. Pour lever toute confusion, les gouaches de Lowenfeld sont signées de sa main, et non de Georges Braque ainsi qu'on peut le voir sur les sites de ventes aux enchères où les œuvres sont présentées à titre d'Hommage aux bijoux de Braque comme Asteria, ou Eudora dont la lithographie a été exécutée d'après Georges Braque, et signée par le lapidaire. De même pour Circé sur le site Invaluable. Lorsque les travaux sont de la main du peintre, ils sont présentés comme tels : Pelias et Nélée, tapisserie signée de Georges Braque.
On en retrouve des exemplaires dans les ventes au enchères des maisons spécialisées : Millon et associés, la maison Tajan de Monte-Carlo, l'hôtel des ventes de Cannes, l'hôtel Drouot . Et sur le site du bijoutier lyonnais Cas Bernard.Le 25 novembre 2009 à l'Hôtel Drouot une vente aux enchères de sculptures et bijoux de Braque voir la vente 2009 a eu lieu au profit de la Croix-Rouge française.
Lors de la vente Tajan de Monte-Carlo du 5 août 2003, aux numéros 127 à 131 de la page 42 du catalogue, la vente comprenait les bijoux Hécate, broche bleue sur fond or, Hébé broche figurant des poissons, Mérope collier et Zétès et Calaïs, pendentif figurant des colombes Mélissa, bague figurant une colombe pavée de diamants, Thalia, broche figurant deux oiseaux en or lisse et en or ciselé. Une photo de la princesse Grace Kelly portant un modèle similaire à la broche Thalia est présentée sur le catalogue. Cette broche est mentionnée sur le catalogue de l'hôtel Drouot lors de la vente du 19 novembre 2006. Elle a été réalisée pour la princesse Grace d'après une gouache de Georges Braque intitulée Les Trois Grâces, signée de l'artiste en 1962.
Fernand Mourlot précise que les dernières lithographies de Braque date de 1963. Il a réalisée la toute dernière pour l'affiche de l'exposition Les Bijoux de Braque au musée des arts décoratifs de Paris. Avant cela, il mettait une dernière main en 1962 à Lettera amorosa de René Char, parution 1963

Postérité

Automobiles

Georges Braque aimait les belles automobiles. Alex Danchev mentionne la Rolls-Royce que lui avait offert le fils de Aimé Maeght, Adrien Maeght. Adrien possédait un musée de l'automobile aujourd'hui fermé. La veuve du peintre lui avait légué la Simca-Facel sport de Georges, qui se trouve maintenant, objet de collection, en Corse voir le peintre au volant de sa voiture. À Varengeville, Braque a laissé le souvenir de la Bentley grise qu'il possédait, avec chauffeur, la Bentley grise et la Simca sport rouge repeinte en gris. La Bentley grise devient vert bouteille dans l'article du New York Times du 17 juin 1982, qui déplore déjà le peu de place laissé un artiste qui a changé le cours de l'histoire de l'art The New York Times 1982

Philatélie

Un timbre postal de 50 centimes polychrome représentant le tableau Le Messager, a été émis le 10 novembre 1961 avec une oblitération Premier jour à Paris. Il porte le n° YT 1319201.
Un timbre postal polychrome d'une valeur faciale de 0,56 € représente le tableau Pélias et Nélée de Georges Braque. Le timbre a été émis à 1,7 million d'exemplaires le 21 septembre 2009 avec une oblitération Premier jour à Paris le 19 septembre 2009 ; il a été retiré de la vente le 26 novembre 2010. Le timbre est inséré dans un carnet de cinq appartenant à la série de la Croix-Rouge française sur le thème des 150 ans de la bataille de Solférino. Il porte le no 4388 et a été réalisé en offset.
Cote
Atelier VIII, vendu chez Christie's à New York le 11 mai 2005 pour 7 000 000 $
La Terrasse, vendu le 16 juin 2006 à la galerie Kornfeld à Berne pour 3 904 000 euros
Hermès Sculpture no 5/8, vendu chez Millon & Associés à Paris Drouot Richelieu le 19 novembre 2006 pour 553 481 eurosprix indiqué sur le catalogue Drouot.
Cristallerie
La série des Métamorphoses de Georges Braque a servi de base à des réalisations de la Cristallerie Daum dans les années 2000. Une exposition a eu lieu à l'Hôtel de ville de Nancy du 13 juin au 19 octobre 2007. Une autre exposition a réuni à Carmaux les pièces exécutées à partir des œuvres de Georges Braque et de Salvador Dalí de mai à octobre 2010. En 2007, le magazine Connaissance des arts édite un hors-série consacré à la collection Georges Braque de la cristallerie Daum Daum la collection Georges Braque

Odonymie

la rue Georges-Braque à Paris porte son nom

Mode

Les Métamorphoses ont inspiré la Haute couture, en particulier Les Oiseaux. En 1988, Yves Saint Laurent a présenté sa collection Braque avec des robes ailées dont on peut voir un exemplaire sur une photographie de Jean-Marie Périer où le couturier apparaît avec Carla Bruni portant une robe blanche à ailes d'oiseaux. Carla Bruni était l'un des deux mannequins qui ont présenté la collection Braque. L'autre était le premier mannequin noire : Katoucha Niane

Œuvres

Liste des œuvres de Georges Braque. Période Post-impressionniste

Beaucoup de tableaux de la période Post-impressionniste ont été détruits par l'artiste lui-même après l'été 1904 passé près de Pont-Aven à l'exception du portrait Fillette bretonne. Le plus ancien exposé à ce jour est Le Parc Monceau, 1900, le Parc Monceau sur le site du Musée Georges Braque de Saint-Dié-des-Vosges.

Période post-impressionniste. Période Fauve 1905-1907

L'artiste a été entraîné dans le système fauve par son admiration pour le chef des fauves de l'époque, Henri Matisse, qui ne la lui rendait guère, mais surtout par son amitié pour Othon Friesz, André Derain, Raoul Dufy qui le poussent à l'action. Finalement, il expose pour la première fois sept tableaux fauves au Salon des indépendants de 1906, qui n'ont aucun succès et qu'il détruit. Très productif, Braque entame une période florissante : ses œuvres ont été achetées par beaucoup de musées par la suite. Ce sont en majorité des paysages comme Mât dans le port d'Anvers, 1906, huile sur toile, 46,5 × 38,4 cm, centre Georges-Pompidou, Bateau à quai, Le Havre, 1905, 54 × 65 cm Museum of Modern Art New York, voir le tableau exposé en 2009 au Musée des beaux-arts de Bordeaux, Paysage à l’Estaque, 1906 60,3 × 72,7 cm Art Institute of Chicago voir le paysage à l'Estaque. Et aussi des nus : Femme nue assise, 1907, huile sur toile, 55 5 × 46 5 cm Musée national d'art moderne, Paris. descriptif Femme nue assise, et Nu assis, 1907, huile sur toile 61 × 50 cm, collection Samir Traboulsi

Période fauve. Cubisme analytique 1907 à 1912

La période cubiste de Braque commence principalement avec des paysages, comme Le Viaduc à l'Estaque 1907 ou Route près de l'Estaque, et surtout Maisons à l'Estaque déclaré tableau cubiste par Matisse, puis Louis Vauxcelles, alors que le peintre considère Les Instruments de musique comme son premier tableau vraiment cubiste. Les débats sur le cubisme restent encore embrouillés, notamment parce que l'extrême discrétion de Braque a permis à son compagnon de cordée de monopoliser tous les rôles. Chacun est cependant resté le public en avant-première de l'autre pendant toute la cordée Braque-Picasso de 1911 à 1912 pendant période du cubisme analytique et celle du cubisme synthétique.
Les rapports entre les deux peintres se sont un peu gâtés au moment où Braque a réalisé ses premiers papiers collés à Sorgues : Compotier et verre, 1912, ' huile et sable sur toile, 50 × 65 cm collection privée premier papier collé sous cet intitulé, suivi d'un grand nombre d'autres papiers collés qui aboutissent graduellement au cubisme synthétique.

Cubisme analytique 1907 à 1912. Cubisme synthétique 1912 à 1917-1918

Le découpage exact entre la période analytique et la période synthétique varie selon les biographes. Certain incluent dans cette période les papiers collés à partir de Compotier et verre, 1912, qui conduisent à la période de Braque le vérificateur où se trouvent également Compotier et cartes 1913, suivi de la prolifique série des Machines à voir : Le Petit éclaireur , 1913. Dans cette période, où Braque met méticuleusement sa peinture au point, se trouvent des huiles sur toile : Violon et clarinette 1913 , Nature morte à la pipe 1914, L'Homme à la guitare 1914, 1914 .
Le catalogue de l'exposition Georges Braque 2013 au Grand Palais réserve un chapitre à part pour les papiers collés de 1912 à 1914, du Compotier et verre 1912 à La Bouteille de rhum, 1914. Puis revient sur les techniques mixtes sur toile avec Compotier et cartes 1913, ou Cartes et dé 1914. Les papiers collés pourraient être considérés comme un intermède cubiste entre analytique et synthétique.
Dans les principales œuvres de cette période il y a Violon et pipe LE QUOTIDIEN, 1913-1914, ou La Guitare : Statue d’épouvante, 1913, mais surtout des natures mortes lorsque Braque retrouvera la vue après une longue période de cécité due à sa blessure de guerre : La Joueuse de mandoline, 1917, 92 65cm, Musée de Lille métropole, La Musicienne, 221,3 × 113 cm,1917-1918, Kunstmuseum Bâle

Cubisme synthétique 1912 à 1917-1918. 1919 à 1932

Tout en gardant la rigueur du cubisme, Braque s'écarte de l'abstraction avec des natures mortes dont les motifs sont posés en aplats, et dont les couleurs deviennent de plus en plus vives au fil du temps. La juxtaposition des différents plans comme dans Compotier avec grappe de raisin et verre, 1919, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris220 est faite avec des pâtes épaisses et des lignes rigidifiées, qui donnent cette impression de mesure qui est la caractéristique de Braque220. Plus les années passent, plus son retour à la couleur s'affirme de Guitare et nature morte sur la cheminée, huile sur toile, 1921, 130,5 × 74,3 cm Metropolitan Museum of Art Guitare et nature morte sur la cheminée ou Guitare et verre 1921, huile sur toile, 43, × 73 cm, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris221, pour éclater dans des formats de plus en plus grands tels : Guitare et bouteille de marc sur une table, 1930, huile sur toile, 130,5 × 75 cm, Cleveland Museum of Art Guitare et bouteille de marc. Ses thèmes favoris sont alors les fruits, les fleurs, les objets. Il semble tourner le dos au cubisme. Avec des natures mortes comme : Le Grand guéridon également intitulé : La Table ronde, 1928-1929, huile et sable sur toile, 147 × 114 cm, The Phillips Collection222 le grand Guéridon The Round table qui paraissent, pour les uns, une régression, ou bien une somptueux avancée pour les autres, le peintre pratique son art de manière voluptueuse, livrant pendant cette période ses œuvres les plus sensuelles.

1919 à 1932. 1932 à 1944

The Phillips Collection où se trouvent de nombreuses œuvres de Braque, notamment la Nature morte à la clarinette
La dialectique des formes à la fois naturalistes et abstraites telles que les définissait Christian Zervos, prend une ampleur nouvelle avec des variations sur le thème du Guéridon commencé en 1928 : Le Guéridon 1928, huile sur toile, 197 × 73 cm, Museum of Modern Art, New York dont Braque produit une série de 1936 à 1939 comprenant Le Grand guéridon, intitulé également La Table ronde, huile sur toile, The Phillips Collection, qui est la toile la plus imposante de la série selon Bernard Zurcher, Le Guéridon SFMOMA, San Francisco Museum of Modern Art, Le Guéridon rouge Paris, commencé en 1939, révisé jusqu'en 1952, Centre Pompidou. Pendant cette période, l'artiste accumule notes, esquisses, dessins, qui donnent l'apparence trompeuse d'ébauches pour de futurs tableaux, alors qu'ils sont davantage une recherche de la part d'un peintre dans l'incertitude. L'artiste tâtonne, il cherche le fond des choses et bien que chaque page sur papier quadrillé soit d'un grand intérêt pour la compréhension de son cheminement, ils n'ont jamais été publiés. Aux angoisses de la guerre s'ajoutent l'inquiétude d'être sans nouvelles de sa maison de Varengeville et des toiles qui y sont déposées. Mais après des œuvres austères comme les Poissons ou Le Poêle she Stove 1942-1943, Yale University Art Gallery, Grand intérieur à la palette, 1942, 143 × 195,6 cm, Menil Collection, Houston. C'est aussi pendant cette période qu'il aborde la sculpture : Hymen, Hespéris, Le Petit cheval, et les plâtres gravés ainsi que la céramique, avant d'arriver à la série des Billards considérée comme un des thèmes majeurs de l'artiste
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1932 à 1944. 1944 à 1963
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Braque était à Varengeville lorsque les troupes allemandes ont passé la Ligne Maginot. D'abord réfugié dans le Limousin chez les Lachaud, puis dans les Pyrénées, le couple est revenu à Paris où il a passé la totalité de la guerre dans l'atelier construit par Auguste Perret, rue du Douanier. En 1940, le peintre a peu produit. C'est seulement à partir de 1941 qu'il a créé deux séries imposantes, des toiles austères sur les thèmes de la cuisine et de la salle de bain :La Table de cuisine avec grill, Le Poêle, La Toilette aux carreaux verts, l'immense Grand intérieur à la palette. Mais cette austérité ne durera pas. Dès 1946, avec Tournesols, Braque laisse éclater la couleur. Les dernières années du peintre, qui vont de la la presque-fin de guerre jusqu'au soir de sa mort sont les plus brillantes de sa carrière, selon John Golding . De nombreux critiques d'art anglais ont fait une ovation à sa série des Billards, puis la série des Ateliers, et aussi des paysages réalisés aux formats étirés et étroits exposés à la Royal Academy de Londres en 1997 Braque, The late works. L'exposition a été ensuite présentée à la Menil Collection qui a édité le catalogue. En France, on a peu parlé de l'évènement comme en témoigne le bref article de l'Express. Les dernières années du peintre sont aussi celles de la poésie, des lithographies illustrant des livres précieux comme L'Ordre des Oiseaux de Saint-John Perse. Le thème majeur de ces dernières années est certainement celui des oiseaux dont les très grands Oiseaux noirs marquent l'apothéose. Malgré sa simplicité, apparente, et son audace, la série des oiseaux, défie toute description, tout essai d'analyse. Braque disait :
Définir quelque chose, c'est substituer la définition à la chose. Il n'y a qu'un chose qui vaille vraiment la peine en art, c'est ce que l'on ne peut pas expliquer - Braque, le Cahier de Braque - cité par John Golding.

Les Bijoux de Braque 1961-1963

Hécate, camées en onyx montés en bagues. Georges Braque en a offert une à sa femme reproduction de Hécate en broche
La Métamorphose d'Eos oiseau blanc représentant l'aurore. Le peintre a porté une chevalière avec ce motif pendant la dernière année de sa vie.
Alcyone, collier, 1962, or serti de diamants, 29 × 14,5 × 26 cm Alcyone au Musée des arts décoratifs
Icarios, clip, oiseau de diamant sur fond de jaspe serti d'or 4,5 × 4 cm Icarios au Musée des arts décoratifs
La liste des bijoux étant très longue, une partie se trouve sur l'article détaillé Liste des œuvres de Georges Braque, une autre partie sur la page de discussion de l'article Georges Braque : Liste des bijoux de Braque, sous réserve de vérification.

Sculptures, tapisseries, plâtre gravés

La dernière œuvre des Métamorphoses, est une gouache exécutée par le peintre en 1963, 38 × 33 cm, en hommage et en signe d'amitié envers Pablo Picasso intitulée Les Oiseaux bleu hommage à Picasso. Cette œuvre a été exploitée après la mort du peintre. Exécutée en tapisserie 195 × 255 cm, réalisée à la main en 6 exemplaires par la manufacture Robert Four, elle a été vendue aux enchères par la maison Millon qui mentionne bien d'après Georges Braque. Cette même gouache a été exécutée en sculpture en bronze à patine médaillée bleue nuancée de noir tirée à 8 exemplaires, 58 × 255 cm, et vendue aux enchères à l'hôtel des ventes de Cannes ainsi que chez Millon, Paris.

Principales expositions

Depuis quarante ans, Georges Braque n'avait pas eu de rétrospective en France jusqu'à celle 2013-2014 au Grand Palais. C'est une très grande exposition qui compte environ références comprenant dessins sculptures et photographies. La totalité de l'œuvre est difficile à réunir en un seul lieu, d'autant plus que le Grand Palais consacre encore du 4 décembre 2013 au 6 février 2014 une rétrospective des bijoux Cartier.
Des expositions complémentaires rendent hommage à d'autres travaux de Braque, pendant cette même période 2013-2014. Les bijoux issus des gouaches créées par l'artiste de 1961 à 1963 ont été exposées au musée Georges-Braque de Saint-Dié-des-Vosges du 29 juin au 15 septembre 2013, les estampes et gravures de l'artiste sont actuellement exposées au Centre d'art La Malmaison de Cannes du 4 décembre 2013 au 26 janvier 2014, le château-Musée de Dieppe consacre une exposition aux estampes de Braque du 25 novembre 2013 au 5 janvier 2014.
C'est à partir de la double exposition Braque, the late years, 1997, Londres et Houston, que l'historien d'art anglais John Golding a établi un catalogue raisonné des œuvres de Braque. Ses travaux n'ont pas été repris dans les catalogues raisonnés édités par Maeght qui s'arrêtent en 1957, à la grande indignation d'Alex Danchev.
En 2008, une rétrospective de 80 œuvres de Braque a eu lieu à Vienne, à la Bank Austria Kunstforum, centre d'art situé dans un ancien bâtiment de la Bank Austria qui en est le mécène principal

2014
Georges Braque (1882-1963), Menil Collection et Musée des beaux-arts de Houston Houston, Texas du 16 février au 11 mai 2014.
2013
Georges Braque (1882-1963), Grand Palais, Galeries nationales, Paris, 18 septembre 2013 - 6 janvier 2014.
Georges Braque et les natures mortes cubistes, 1928-1945 du 8 juin au I° septembre 2013, The Phillips Collection, Washington
Georges Braque, l'artisan, Musée George Braque de Saint-Dié, Saint-Dié-des-Vosges, 29 juin au 15 septembre 2013
2012
Exposition dans le musée d'art de la cité interdite Pékin Chine, du 9 septembre au 12 octobre 2012
galerie de l'Université des Arts de Nankin galerie de l'Université des Arts de Nankin Nankin Nankindu 20 novembre au 20 décembre 2012 242
2008-2009
Georges Braque, Vienne, du 14 novembre 2008 au 1er mars 2009, Centre d'art de la Banque Austria, musée d'art moderne installé dans un ancien bâtiment de la banque
2007
Les Métamorphoses de Braque, Mairie de Saint-Nom-La-Bretèche, du 13 janvier au 4 février 2007.
Daum, la collection Georges Braque, œuvres de cristalleries exécutées d'après les Métamorphoses de l'artiste. Le magazine Connaissance des arts publie un hors-série consacré à cette exposition le 3 septembre 2007 : Daum, la collection Georges Braque
2006.
Georges Braque et le paysage de L'Estaque à Varengeville 1906-1963, musée Cantini de Marseille,
Braque-Laurens, un dialogue, Musée des beaux-arts de Lyon, 2006
Braque, la poétique de l'objet, Centre des rencontres économiques et culturelles de Dinan, 2006.
Les Métamorphoses de Braque au Château de Vascœuil (août-septembre 2006), l'exposition présente bijoux, tapisseries, sculptures, et pièces de haute couture de Yves Saint-Laurent exposition de Vascœuil, les trois expositions 2006 sont présentées dans le quotidien L'Humanité : L'Humanité.
1999
Georges Braque, l'espace, Musée d'Art moderne André Malraux, Le Havre, 1999,
1997
Georges Braque, late works, Menil Collection, Houston, Texas
Georges Braque, late works, Royal Academy Londres, À cette occasion, la presse anglo saxonne, ne tarit pas d'éloge sur l'élégance de Braque sur sa méticulosité et son art de la lenteur243.
1994
Georges Braque : rétrospective, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, 5 juillet - 15 octobre 1994.
1992
Georges Braque, Fondation Gianadda, Martigny, Suisse, 13 juin au 8 novembre 1992,
1988
Georges Braque Solomon R. Guggenheim museum, New York, 1988
1983
Georges Braque, the late paintings, Fine Arts Museums of San Francisco,
Georges Braque, the late paintings, Walker Art Center, Minneapolis, 14 avril au 14 juin 1983
Georges Braque, the late paintings, California Palace of the Legion of Honor, 1er janvier-15 mars,
Georges Braque, the late paintings, Museum of fine arts Houston
1982
Georges Braque, the late paintings, The Phillips Collection, Washington 9 octobre-12 décembre 1982,
Georges Braque, les papiers collés, Grande galerie - Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris, 17 juin 1982 - 27 septembre 1982 Braque
1974
Georges Braque, Orangerie des Tuileries, 16 octobre 1973 - 14 janvier 1974.
1972
Georges Braque, the great years, Art Institute of Chicago, Chicago, 1972
1963
Les Bijoux de Braque, Musée des Arts décoratifs, Palais du Louvre, mars - mai 1963.
1962
Hommage to Georges Braque The Contemporary art center, Cincinnati,
Hommage to Georges Braque The Walker Art Center, Minneapolis
1958
Georges Braque, œuvres récentes Galerie Aimé Maeght, 1958
1956
Georges Braque, sculptures et lithographies, Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, décembre 1956
1949
Georges Braque, les ateliers, Cleveland Museum of Art, 1949
1946
Georges Braque Tate Gallery, Londres (1946-1947)


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LIens

http://youtu.be/yGnFDnnvT98 Diaporama musical
http://youtu.be/AvhKj5jnCaw Diaporama musical
http://youtu.be/zozOnxVRLes Le musée Braque
http://youtu.be/HaLi6HRCKoI l'exposition G. Braque
http://youtu.be/FcwBVNdw6VQ?list=PL9L ... I74vSEsyXACRqKxrjT8FG-r3W 17 Vidéos


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[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/e/e6/Georges_Braque,_1909-10,_La_guitare_(Mandora,_La_Mandore),_oil_on_canvas,_71.1_x_55.9_cm,_Tate_Modern,_London.jpg[/img]

[img width=600]http://www.grandpalais.fr/sites/default/files/styles/rmngp_manifestation_full/public/field_manifestation_thumbnail_v/braque.jpg?itok=WeddDBKJ[/img]

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[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/b/b9/Georges_Braque,_1913,_Nature_morte_(Fruit_Dish,_Ace_of_Clubs),_oil,_gouache_and_charcoal_on_canvas,_81_x_60_cm_(31.8_x_23.6_in),_Mus%C3%A9e_National_d'Art_Moderne,_Centre_Georges_Pompidou,_Paris.jpg[/img]

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Posté le : 31/08/2014 00:06
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Charles Baudelaire début 1
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Le 31 août 1867 à 46 ans, à Paris meurt.Charles-Pierre Baudelaire

poète français inclassable, né à Paris le 9 avril 1821. Il représente un mouvement de modernité poétique, Parnasse, Symbolisme, Romantisme, il écrit de la poésie, Poésie, des poème en prose, des essais, des critiques d'art. Dante d'une époque déchue selon le mot de Barbey d'Aurevilly, nourri de romantisme, tourné vers le classicisme, à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la modernité, il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil certes bref au regard de l'œuvre de son contemporain Victor Hugo, Baudelaire s'ouvrit à son éditeur de sa crainte que son volume ne ressemblât trop à une plaquette…, mais qu'il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal.

ses Œuvres principales sont Les Fleurs du mal en 1857, Les Paradis artificiels en 1860, Le Spleen de Paris, publication posthume 1846-1859
Au cœur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Baudelaire détache la poésie de la morale, la proclame tout entière destinée au Beau et non à la Vérité. Comme le suggère le titre de son recueil, il a tenté de tisser des liens entre le mal et la beauté, le bonheur fugitif et l'idéal inaccessible. À une passante, la violence et la volupté Une martyre, mais aussi entre le poète et son lecteur, Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère et même entre les artistes à travers les âges Les Phares. Outre des poèmes graves Semper Eadem ou scandaleux Delphine et Hippolyte, il a exprimé la mélancolie, Mœsta et errabunda, l'horreur, Une charogne et l'envie d'ailleurs L'Invitation au voyage à travers l'exotisme.

[size=SIZE]En Bref[/size]

Paul Valéry, dans une conférence de 1924 dont le texte, Situation de Baudelaire, fut publié dans le recueil Variété 1924-1944, a fait du poète des Fleurs du mal le pionnier de la modernité ; pour lui Rimbaud, Verlaine et Mallarmé constituent la triade majeure.
Telle que Baudelaire l'a conçue, la modernité doit beaucoup à son expérience de la peinture. Dès 1846, traitant de l'héroïsme de la vie moderne, il y voyait l'alliance de quelque chose d'éternel et de quelque chose de transitoire, d' absolu et de particulier. Une telle beauté, d'un type nouveau, pouvait faire échec à la décadence qu'il appréhendait. Approfondissant la notion, il insistait, dans le Salon de 1859, sur le gouvernement de l'Imagination. Quatre ans plus tard, Constantin Guys 1802-1892, en représentant des scènes parisiennes, lui apparaissait comme le peintre de la vie moderne. C'est dire que plusieurs composantes s'associent dans cette modernité, entre rêve et réalité.
Baudelaire prolonge le romantisme en le renouvelant. Il méprise le réalisme, ce canard que Champfleury a lancé, mais la beauté ne va pas pour lui sans un grain de réalité. Quant au symbolisme, il ne l'a pas fondé, contrairement à ce qu'on lit trop souvent dans les manuels littéraires. Rares même sont les textes, comme Correspondances , où des images préparent une théorie qu'il n'a jamais élaborée et qui d'ailleurs restera diffuse en France à la fin du siècle.
Au point de départ, il convient plutôt de placer une situation, dans l'acception sartrienne du terme. Et tel est le sens, en effet, de l'essai décisif que Jean-Paul Sartre a consacré à Baudelaire en 1947, mettant l'accent sur le choix de lui-même que le poète a fait. Tous ses efforts ont concouru à s'emparer de soi-même, dans son éternelle „différence“, à réaliser son Altérité, en s'identifiant au Monde tout entier.
Cela ne signifie pas que la création verbale doive être négligée, et Sartre, moins indifférent à la poésie qu'on ne l'a dit, le savait fort bien. Il attire aussi l'attention sur les signes, sur les symboles dans l'œuvre d'un poète qui a dit fortement que tout, pour moi, devient allégorie, Le Cygne, l'un des Tableaux parisiens , dans l'édition autorisée des Fleurs du mal, en 1861. Rimbaud, qui a reconnu en Baudelaire le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu, se disait pourtant déçu en 1871 par une forme qu'il jugeait encore mesquine. Pourtant celui qui n'est ni un second romantique, ni un parnassien bien qu'il ait collaboré au Parnasse contemporain avec les Nouvelles Fleurs du mal en 1866, ni un symboliste avant la lettre a été un modèle tant pour ses admirateurs français qu'on pense à Pierre Jean Jouve, à Yves Bonnefoy que pour ses admirateurs étrangers qui l'ont souvent traduit et qui ont grâce à lui trouvé les voies d'une nouvelle poésie dans leur pays Swinburne en Angleterre, Stefan George en Allemagne, Biély en Russie, ou les fondateurs de la poésie moderne au Japon à l'ère Meiji.

Sa vie

Charles Baudelaire naît le 9 avril 1821 au 13 rue Hautefeuille à Paris. Sa mère, Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans. Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 à La Neuville-au-Pont6, en Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n'a que six ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de peinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n'aura jamais le total usufruit. Il avait épousé en premières noces, le 7 mai 1797, Jeanne Justine Rosalie Janin, avec laquelle il avait eu un fils, Claude Alphonse Baudelaire, demi-frère de Charles.
Un an plus tard, sa mère se remarie avec le chef de bataillon Jacques Aupick. Le futur poète ne sera plus jamais en contact avec sa mère. Peu fait pour comprendre la vive sensibilité de l'enfant, l'officier Aupick - devenu plus tard ambassadeur - incarne à ses yeux les entraves à tout ce qu'il aime : sa mère, la poésie, le rêve et, plus généralement, la vie sans contingences. S'il va haïr le général Aupick, c'est sans doute que celui-ci s'opposera à sa vocation. C'est surtout parce que son beau-père lui prenait une partie de l'affection de sa mère. ... Une seule personne a réellement compté dans la vie de Charles Baudelaire : sa mère
En 1831, le lieutenant-colonel Aupick ayant reçu une affectation à Lyon, le jeune Baudelaire est inscrit à la pension Delorme et suit les cours de sixième au Collège royal de Lyon. En cinquième, il devient interne. En janvier 1836, la famille revient à Paris, où Aupick sera promu colonel en avril. Alors âgé de quatorze ans, Charles est inscrit comme pensionnaire au Collège Louis-le-Grand, mais il doit redoubler sa troisième. En seconde, il obtient le deuxième prix de vers latins au concours général.
Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en avril 1839 pour une vétille, Baudelaire mène une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père. Il passe son Baccalauréat au lycée Saint-Louis en fin d'année et est reçu in extremis. Jugeant la vie de l'adolescent scandaleuse, son beau-père décide de l'envoyer en voyage vers les Indes, périple qui prend fin prématurément, en 1841, aux îles Mascareignes (Maurice et La Réunion.

De retour à Paris, Charles s'éprend de Jeanne Duval, une jeune mulâtresse avec laquelle il connaîtra les charmes et les amertumes de la passion. Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire et mène dès 1842 une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d'art et journaliste, il défend Delacroix comme représentant du romantisme en peinture, mais aussi Balzac lorsque l'auteur de La Comédie humaine est attaqué et caricaturé pour sa passion des chiffres ou sa perversité présumée. En 1843, il découvre les paradis artificiels dans le grenier de l'appartement familial de son ami Louis Ménard, où il goûte à la confiture verte. Même s'il contracte une colique à cette occasion, cette expérience semble décupler sa créativité il dessine son autoportrait en pied, très démesuré. Il renouvellera cette expérience occasionnellement, et sous contrôle médical, en participant aux réunions du "club des Haschischins". En revanche, sa pratique de l'opium est plus longue : il fait d'abord, dès 1847, un usage thérapeutique du laudanum, prescrit pour combattre des maux de tête et des douleurs intestinales consécutives à une syphilis, probablement contractée vers 1840 durant sa relation avec la prostituée Sarah la Louchette. Comme De Quincey avant lui, l’accoutumance lui fait augmenter progressivement les doses. Croyant y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements et les tortures.

En 1848, il participe aux barricades. La Révolution de février instituant la liberté de la presse, Baudelaire fonde l'éphémère gazette Le Salut Public d'obédience résolument républicaine, qui ne va pas au-delà du deuxième numéro. Le 15 juillet 1848 paraît, dans La Liberté de penser, un texte d'Edgar Allan Poe traduit par Baudelaire : Révélation magnétique.
À partir de cette période, Baudelaire n'aura de cesse de proclamer son admiration pour l'écrivain américain, dont il deviendra le traducteur attitré. La connaissance des œuvres de Poe et de Joseph de Maistre atténue définitivement sa fièvre révolutionnaire. Plus tard, il partagera la haine de Gustave Flaubert et de Victor Hugo pour Napoléon III, mais sans s'engager outre mesure d'un point de vue littéraire, L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre / Ne fera pas lever mon front de mon pupitre - Paysage dans Tableaux parisiens du recueil Les Fleurs du mal.

Baudelaire se voit reprocher son style d'écriture et le choix de ses sujets. Il n'est compris que par certains de ses pairs tels Armand Baschet, Édouard Thierry, Champfleury, Jules Barbey d’Aurevilly, Frédéric Dulamon ou André Thomas… Cet engouement confidentiel contraste avec l'accueil hostile que lui réserve la presse. Dès la parution des Fleurs du Mal en 1857, Gustave Bourdin réagit avec virulence dans les colonnes du Figaro du 5 juillet 1857 : Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus ; - c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y côtoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect…. Cette appréciation totalement négative deviendra le jugement dominant de l'époque.

Moins de deux mois après leur parution, Les Fleurs du mal sont poursuivies pour offense à la morale religieuse et outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. Seul ce dernier chef d'inculpation sera retenu. Baudelaire est condamné à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante par suite d'une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeur Auguste Poulet-Malassis s'acquitte, pour sa part, d'une amende de cent francs et doit retrancher six poèmes dont le procureur général Ernest Pinard a demandé l'interdiction Les Bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées Delphine et Hippolyte ; Les métamorphoses du Vampire. Malgré la relative clémence des jurés eu égard au réquisitoire plus sévère qui vise onze poèmes, ce jugement touche profondément Baudelaire. Contraint et forcé, il fera publier une nouvelle édition en 1861, enrichie de trente-deux poèmes. En 1862, Baudelaire est candidat au fauteuil d'Eugène Scribe à l'Académie Française. Il est parrainé par Sainte-Beuve et Vigny. Mais le 6 février 1862, il n'obtient aucune voix et se désiste. Par la suite, il renoncera à se présenter au fauteuil d'Henri Lacordaire20. En 1866, il réussit à faire publier à Bruxelles c'est-à-dire hors de la juridiction française, sous le titre Les Épaves, les six pièces condamnées accompagnées de seize nouveaux poèmes.

Le 24 avril 1864, très endetté, il part pour la Belgique afin d'y entreprendre une tournée de conférences. Hélas, ses talents de critique d'art éclairé ne font plus venir grand monde… Il se fixe à Bruxelles où il rend plusieurs visites à Victor Hugo, exilé politique volontaire. Il prépare un pamphlet contre son éphémère pays d'accueil qui représente, à ses yeux, une caricature de la France bourgeoise. Le féroce Pauvre Belgique! restera inachevé. Souhaitant la mort d'un royaume que, lucide et prémonitoire, il juge artificiel, il en résume l'épitaphe en un mot : Enfin !.
C'est en Belgique que Baudelaire rencontre Félicien Rops, qui illustre Les Fleurs du mal en 1866. Lors d'une visite à l'église Saint-Loup de Namur, Baudelaire perd connaissance. Cet effondrement est suivi de troubles cérébraux, en particulier d'aphasie. À partir de mars 1866, il souffre d'hémiplégie. Il meurt à Paris, de la syphilis, le 31 août 1867. Il n'a pu réaliser son souhait d'une édition définitive des Fleurs du Mal, travail de toute une vie. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse 6e division, dans la même tombe que sa mère et son beau-père détesté, le général Aupick.
Le Spleen de Paris autrement appelé Petits poèmes en prose est édité à titre posthume en 1869, dans une nouvelle édition remaniée par Charles Asselineau et Théodore de Banville. À sa mort, son héritage littéraire est mis aux enchères. L'éditeur Michel Lévy l'acquiert pour 1 750 francs. Une troisième édition des Fleurs du Mal, accompagnée des onze pièces intercalaires, a disparu avec lui.

Révision de la condamnation de 1857

C'est par la loi du 25 septembre 194622 que fut créée une procédure de révision des condamnations pour outrage aux bonnes mœurs commis par la voie du livre, exerçable par le Garde des Sceaux à la demande de la Société des gens de lettres. Celle-ci décida aussitôt, à l'unanimité moins une voix, de demander une révision pour Les Fleurs du Mal, accordée le 31 mai 1949 par la Chambre criminelle de la Cour de cassation.
Dans ses attendus, la Cour énonce que : les poèmes faisant l’objet de la prévention ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive, les libertés permises à l’artiste ; que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits à l’époque de la première publication des Fleurs du Mal et apparaître aux premiers juges comme offensant les bonnes mœurs, une telle appréciation ne s’attachant qu’à l’interprétation réaliste de ces poèmes et négligeant leur sens symbolique, s’est révélée de caractère arbitraire ; qu’elle n’a été ratifiée ni par l’opinion publique, ni par le jugement des lettrés.

Domiciles du poète

Baudelaire habita principalement à Paris où, constamment endetté et pressé de fuir ses créanciers, il occupa une quarantaine de domiciles :

13, rue Hautefeuille, où il naît le 9 avril 1821. La maison fut détruite lors du percement du boulevard Saint-Germain, mais on peut encore voir le no 15 ;
50, rue Saint-André-des-Arts, à partir de la mort de son père 1827 ;
11, rue du Débarcadère située à l’époque à Neuilly-sur-Seine 1827-1828 ;
17, rue du Bac, à partir du second mariage de sa mère 1828, et jusqu’à la promotion de son mari le colonel Aupick 1832 ;
Lyon 1832-1836. Baudelaire est logé d’abord à la pension Delorme, puis à l’internat du collège Royal ; Pendant cette période, il réside également au 4-6, rue d'Auvergne. Une plaque marquée d'un C et d'un B au balcon du deuxième étage y a été apposée.
32, rue de l'Université, de retour à Paris 1836 ;
123, rue Saint-Jacques, à l'internat du lycée Louis-le-Grand mars 1836-avril 1839 ;
rue Culture-Sainte-Catherine, dans le Marais, domicile de ses parents après son renvoi du collège printemps 1839. Baudelaire reprend ses cours comme externe au Lycée Saint-Louis ;
22, rue du Vieux-Colombier, chez son répétiteur M. Lassègue, jusqu'à passage du baccalauréat août 1839 ;
rue de l’Estrapade, pension L'Évêque et Bailly ;
rue du Pot-de-Fer-St.-Sulpice, chez Mlle Théot ;
73, rue de Lille ;
50, rue de Sévigné ;
Bordeaux, Île Maurice et Île Bourbon actuelle Île de la Réunion, lors de son voyage dans les mers du Sud 9 juin 1841 - début février 1842 ;
10 devenu 22 quai de Béthune, sur l’île Saint-Louis29, au rez-de-chaussée à gauche de la porte d’entrée, avec fenêtre sur rue mai-décembre 1842. Il y reçoit les visites de sa nouvelle maîtresse Jeanne Duval, qu’il avait rencontrée au théâtre du Panthéon sis au cloître Saint-Benoît bâtiment détruit depuis, à la place de l'actuelle Sorbonne ;
rue Vaneau, au rez-de-chaussée premier semestre de 1843 ;
15, quai d’Anjou, sur l'île Saint-Louis juin à septembre 1843 ;
17 quai d’Anjou, à l'hôtel Pimodan originellement hôtel de Lauzun, puis redevenu tel plus tard, sur l'île Saint-Louis. Baudelaire occupe trois pièces au dernier étage sous les combles, côté cour octobre 1843 - 1846. Lors de son aménagement, il loge Jeanne Duval et la mère de Jeanne au 6, rue de la Femme-sans-Tête devenue rue Le Regrattier, également sur l’île Saint-Louis ;
une succession d’hôtels et de chambres garnies, souvent très brièvement, à partir de 1846. Au cours de 1846-1847, il réside successivement à l’hôtel Corneille rue Corneille ; au 33, rue Coquenard (devenue rue Lamartine ; à l’hôtel de Dunkerque 32, rue Lafitte ; au 68 ou 36 ?, rue de Babylone ; à l’hôtel Folkestone rue Lafitte ; 24 rue de Provence ; 7 rue de Tournon ; et encore dans de petits garnis « borgnes et introuvables »31 ;
18, avenue de la République (devenue avenue de Neuilly à Neuilly-sur-Seine août 1848 ;
Dijon bref séjour;
95, avenue de la République devenue avenue de Neuilly à Neuilly-sur-Seine mai 1850 - juillet 1851 ;
25, rue des Marais-du-Temple devenue rue Yves-Toudic ;
11, boulevard de Bonne-Nouvelle mai - juillet 1852;
60, rue Pigalle, dans un hôtel situé non loin de Mme Sabatier, qui habitait au 4 ou 16, rue Frochot octobre 1852 - mai 1854. La mère de Baudelaire et son mari, le général Aupick, habitent à cette époque au 91, rue du Cherche-Midi ;
61, rue Sainte-Anne, à l'hôtel d’York actuellement hôtel Baudelaire Opéra février 1854 ;
57, rue de Seine, à l'hôtel du Maroc mai 1854 - février 1855 ;
« balloté d’hôtel en hôtel en mars 1855, où il déménage à six reprises. Au début de juin, il loge dans des gîtes de rencontre ;
13, rue Neuve-des-Bons-Enfants, à l'hôtel de Normandie juin 1855 ;
27, rue de Seine juillet - août 1855 ;
18, rue d’Angoulême-du-Temple devenue rue Jean-Pierre-Timbaud janvier - juin 1856. C’est là qu’il emménage de nouveau avec Jeanne Duval, mais les choses ne s’arrangent pas disputes parfois violentes et il la quitte ;
19, quai Voltaire, à l'hôtel Voltaire, actuellement hôtel du quai Voltaire, juin 1856 - novembre 1858. Baudelaire y achève les Fleurs du Mal. L’hôtel se trouve à deux pas de l’imprimerie du Moniteur universel, qui va publier en feuilleton un roman de Poe dans la traduction de Baudelaire - ce dernier dort souvent à l’imprimerie après avoir travaillé toute la journée ;
Allers-retours entre le domicile de sa mère à Honfleur, et le domicile de Jeanne à Paris, 22, rue Beautreillis ; avec quelques séjours à Alençon pour rendre visite à son éditeur Poulet-Malassis novembre 1858 - juin 1859 ;
22, rue d’Amsterdam, à l'hôtel de Dieppe cet hôtel existe toujours 1859-1864. Mme Sabatier habite non loin à partir de 1860, au 10 rue de la Faisanderie. À cette époque, Baudelaire loge Jeanne Duval à Neuilly-sur-Seine, au 4 rue Louis-Philippe, où il cohabite avec elle brièvement de décembre 1860 à janvier 1861 ;
28, rue de la Montagne à Bruxelles, lors d'un séjour en Belgique 1864-1866. Baudelaire loge principalement à l’hôtel du Grand Miroir, Lors de ses rares retours à Paris, il loge à l’hôtel du Chemin de fer du Nord, place du Nord. Jeanne Duval habite à cette époque au 17, rue Sauffroy, dans le quartier des Batignolles. C’est en Belgique que Baudelaire est atteint d’une congestion cérébrale et rapatrié vivant, mais aphasique ;
1, rue du Dôme, dans le quartier de Chaillot, à la clinique du docteur Duval. Baudelaire y entre en juillet 1866 et y meurt le 31 août 1867.

Baudelaire fréquentait beaucoup les cafés. Selon un ami de jeunesse, il composait dans les cafés et dans la rue. Dans sa jeunesse, il retrouvait ses amis Chez Duval, un marchand de vin installé place de l’Odéon. Il affectionnait aussi La Rotonde, un café du quartier Latin. Il prenait souvent ses repas à la Tour d’Argent sur le quai de la Tournelle, un restaurant qui existe toujours sous le même nom mais dont l’intérieur n’a plus rien en commun avec son apparence à l’époque de Baudelaire. Plus tard, ce sera le café Momus de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, le Mabille, le Prado, la Chaumière et la Closerie des Lilas.

La bride sur le cou

Si Jean-Paul Sartre commence son essai en rappelant une « maxime consolante, il n'a pas eu la vie qu'il méritait, Yves Bonnefoy a pu considérer l'existence de Baudelaire comme une « vie exemplaire . Une telle opinion tranche sur le jugement qui a été porté sur lui par ses proches et par certains de ses contemporains qui lui ont reproché : soit son perpétuel endettement, soit sa vie dissipée, soit ses liaisons avec des filles ou avec Jeanne Duval, fréquentée depuis 1842, la seule femme que j'ai aimée, écrira-t-il en 1845, et vers laquelle il ne cessera de revenir. Pour celui qui a cherché en Baudelaire non seulement la vérité de parole, le sens de la mort mais encore la vérité de vie, le poète des Fleurs du mal, s'étant trouvé séparé, par l'incompréhension de son temps, des occasions vulgaires, des fins médiocres, a été finalement, selon Bonnefoy, réduit au meilleur – au plus obscur de lui-même, sculpté en forme d'esprit. Contraint d'être essentiel au profit bientôt de chacun.
Il n'est pas interdit de chercher l'origine de ce mal dans le roman familial, au sens freudien de l'expression. Charles avait six ans quand son père mourut, plus que sexagénaire. Moins de deux ans après, Mme Baudelaire, née Caroline Dufäys, se remariait avec le lieutenant-colonel Aupick, qui devait finir ses jours en 1857 couvert d'honneurs, puisqu'il avait été élevé au grade de général et qu'il était devenu sénateur. Ce reproche est toujours latent, quelquefois exprimé dans les lettres de Baudelaire à sa mère : Quand on a un fils tel que moi, on ne se remarie pas, lui écrit-il. Quant à son attitude à l'égard du beau-père, elle est changeante et complexe : aux élans d'affection dans les premières lettres succède une agressivité qui ira croissant jusqu'à ce paroxysme, la révolution de 1848. Baudelaire y a été peu mêlé, mais il ne peut s'empêcher d'exprimer sa révolte personnelle et sa rancune exigeante : Il faut fusiller le général Aupick !
L'un des griefs les plus vifs contre lui était le voyage forcé de 1841. Sous l'inspiration d'Aupick, alors commandant de l'École d'application d'état-major, et d'Alphonse, le demi-frère de Charles, fils d'un premier mariage de François Baudelaire, le conseil de famille avait en effet décidé d'éloigner de Paris le jeune homme. Il avait dû s'embarquer à Bordeaux sur le Paquebot-des-Mers-du-Sud, en partance pour Calcutta. Baudelaire n'était pas allé plus loin que l'île Maurice et l'île Bourbon la Réunion et il était revenu seul, en prétendant avoir désormais la sagesse en poche. C'était sans doute trop dire. Du moins tout n'était-il pas négatif : il avait respiré dans l'océan Indien le parfum exotique qui embaume l'un de ses premiers poèmes ; il en consacre deux autres, l'un À une Malabaraise, un autre À une dame créole, Mme Autard de Bragard, chez qui il avait été reçu. Il l'invite, il est vrai, à quitter le pays parfumé que le soleil caresse » pour aller sur les bords de la Seine et de la Loire. Elle y vint, en effet, mais mourut pendant le voyage de retour, en 1857, au cours de cette année décisive pour Baudelaire, puisqu'à deux disparitions, la dame créole, le général Aupick s'ajoute la première publication des Fleurs du mal, confiée aux éditeurs Poulet-Malassis et De Broise, suivie du procès et de la condamnation de l'ouvrage pour délit d'offense à la morale publique, entraînant le retranchement de six poèmes du recueil. L'année 1857 est aussi celle de la mise en vente des Nouvelles Histoires extraordinaires d'Edgar Poe. La première série, Histoires extraordinaires, avait paru l'année précédente.

L'autre grief, qui se retourne tout aussi bien contre l'ex-Mme Baudelaire, est la tutelle à laquelle il est soumis. En septembre 1844, sa famille, inquiète de le voir dissiper l'héritage paternel, l'a doté d'un conseil judiciaire en la personne de maître Ancelle, notaire à Neuilly. C'est pour lui une humiliation affreuse contre laquelle il ne cessera de protester et dont il souffrira toute sa vie. Il a même tenté de se suicider, en juin 1845. Rien n'est plus révélateur de sa détresse que les lettres qu'il écrit à sa mère en 1853, où il annonce s'être séparé de Jeanne, mais demande de l'argent pour elle. Il prétend que le manque de nourriture et l'abus d'eau-de-vie lui ont gâté l'estomac et ruiné la santé, le contraignant à absorber du laudanum pour apaiser ses souffrances. Chez lui, rue Pigalle, il souffre du froid, et, se sentant espionné, il cherche refuge dans des hôtels borgnes. L'état de marasme dans lequel il se trouve est tel qu'il n'a pas la force de décacheter les lettres qu'il reçoit, et que l'écriture même de celle qui l'a fait naître lui cause la même terreur que l'écriture de ses ennemis.
Cette même année 1853, il cherche le soutien de Mme Sabatier, la Présidente, l' Ange plein de bonheur, de joie et de lumières à qui il adresse entre autres le poème intitulé « Réversibilité ». Fut-elle aussi angélique ? Il y a lieu d'en douter. Mais comme la dame créole avait donné une manière de coup d'envoi aux futures Fleurs du mal, Apollonie Sabatier inspire les poèmes d'un cycle lumineux qui contraste, dans le recueil, avec les évocations de la femme à la peau d'ambre, la femme impure avec laquelle il a engagé un impitoyable Duellum .
Il est à la fois excessif et réducteur de mettre un visage précis derrière chacune des figures féminines évoquées dans la poésie de Baudelaire. Aux côtés de Jeanne Duval et de Mme Sabatier, il faut faire place à Marie Daubrun, l'actrice aux yeux verts qui lui préféra Théodore de Banville, à la belle Juive, à Sisina, à Françoise, la Franciscae meae laudes pour laquelle il écrit un poème en latin, à Berthe, à l'énigmatique J.G.F. à laquelle est dédié un poème des Fleurs du mal, L'Héautontimorouménos, et Les Paradis artificiels. Opium et Haschisch, en 1860. Cette dernière se cache-t-elle sous le sobriquet de Jeanne Gentille Femme, comme l'a astucieusement suggéré Jean Pommier ? Est-elle une autre ? Peu importe. Une identification trop rigoureuse tuerait la poésie.
Car si la biographie est nécessaire, le report de la vie sur l'œuvre reste insuffisant et parfois trompeur. L'autre danger est de faire subir à Baudelaire ce qu'Antonin Artaud stigmatisait, à propos de Gérard de Nerval, dans sa lettre à Georges Le Breton du 7 mars 1946. Sous prétexte d'éclairer les vers d'un grand poète du point de vue de la sémantique, de l'histoire, de l'archéologie ou de la mythologie, le commentateur ne ferait qu'en enténébrer la vie, que manquer la nécessité vivante de sa création. Or c'est le processus même de cette création qu'il faut tenter de reconstituer

Regards sur l'œuvre Horreur et extase Spleen baudelairien.
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Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie.Mon cœur mis à nu.
Toutes les grandes œuvres romantiques témoignent de ce passage de l'horreur à l'extase et de l'extase à l'horreur. Ces impressions naissent chez Baudelaire du sentiment profond de la malédiction qui pèse sur la créature depuis la chute originelle. En ce sens, les Fleurs du Mal appartiennent au Génie du christianisme.
L'œuvre entière offre un aspect étrange et puissant, conception neuve dans sa riche et sombre diversité, marquée du sceau énergique d'une longue méditation.... Les Fleurs du mal appartiennent au Génie du Christianisme..

Analysant ce qu'il appelait le vague des passions dans la préface de 1805 à cet ouvrage, Chateaubriand écrivait : Le chrétien se regarde toujours comme un voyageur qui passe ici-bas dans une vallée de larmes, et qui ne se repose qu'au tombeau. Pour Baudelaire, il ne s'agit ni de littérature, ni de notions plus ou moins abstraites, mais du spectacle vivant de sa triste misère . Comme la nature, l'homme est souillé par le péché originel et, à l'instar de René ou de Werther Goethe, Baudelaire n'éprouve le plus souvent que le dégoût pour la multitude vile Recueillement. Ce qui le frappe surtout, c'est l'égoïsme et la méchanceté des créatures humaines, leur paralysie spirituelle, et l'absence en elles du sens du beau comme du bien. Le poème en prose La Corde, s'inspirant d'un fait vrai, raconte comment une mère, indifférente à l'égard de son enfant qui vient de se pendre, s'empare de la corde fatale pour en faire un fructueux commerce.

Baudelaire devait en souffrir plus que tout autre35 : L'Albatros dénonce le plaisir que prend le vulgaire à faire le mal, et, singulièrement, à torturer le poète.
Dans L'Art romantique, Baudelaire remarque : C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté et que la douleur rythmée et cadencée remplisse l'esprit d'une joie calme. Des poèmes, comme Le Mauvais Moine, L'Ennemi, Le Guignon montrent cette aspiration à transformer la douleur en beauté. Peu avant Baudelaire, Vigny et Musset avaient également chanté la douleur.
Comment Baudelaire aurait-il pu croire à la perfectibilité des civilisations ? Il n'a éprouvé que mépris pour le socialisme d'une part, le réalisme et le naturalisme d'autre part38. Avec une exception pour le réaliste Honoré de Balzac, chez qui il voyait bien davantage qu'un naturaliste, Si Balzac a fait de ce genre roturier [le roman de mœurs une chose admirable, toujours curieuse et souvent sublime, c'est parce qu'il y a jeté tout son être. J'ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d'être visionnaire, et visionnaire passionné.
Les sarcasmes à l'égard des théories socialistes, après 1848, réalistes ou naturalistes se multiplient dans son œuvre. Comme Poe dont il traduit les écrits, il considère le Progrès, la grande idée moderne, comme une extase de gobe-mouches. Pour en finir avec ce qu'il appelle les hérésies modernes, Baudelaire dénonce encore l'hérésie de l'enseignement : La poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'elle-même. … Je dis que si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique ; et il n'est pas imprudent de parier que son œuvre sera mauvaise.
Le poète ne s'en révolte pas moins contre la condition humaine. Il dit son admiration pour les grandes créations sataniques du romantisme comme Melmoth roman noir - gothique - de Charles Robert Maturin. Négation de la misère humaine, la poésiene peut être pour lui que révolte. Dans les Petits poèmes en prose, celle-ci prend une forme plus moderne et se fait même humour noir.

Genèse et évolution des Fleurs du mal

À la date de 1853 ont déjà éclos quelques-unes des fleurs du mal, en tout cas des poèmes, parfois précoces, qui seront insérés dans le recueil de 1857. À une dame créole, sans doute le poème le plus ancien, a paru dès le 25 mai 1845 dans le journal L'Artiste ; il deviendra la pièce LIV des Fleurs du mal dans la première édition. Don Juan aux enfers paraît le 8 septembre 1846 dans le même journal, sous le titre L'Impénitent. Il deviendra la pièce XV dans chacune des éditions des Fleurs du mal. Au total, le recueil de 1857 ne contient que 57 pièces nouvelles sur les cent qui le constituent. Il est composé de cinq sections Spleen et idéal, Fleurs du mal », Révolte, Le Vin et La Mort.
Plusieurs titres, correspondant à divers états du projet, ont précédé le titre définitif, qui fut suggéré, dit-on, par Hippolyte Babou : Les Lesbiennes, dont il reste au moins trois morceaux, Les Limbes, onze sonnets, en 1851, dans Le Messager de l'Assemblée, qui rappellent le début de l'Inferno de Dante. Il est plus important d'assister à ce véritable acte de naissance que constitue la publication le 1er juin 1855, dans la Revue des Deux Mondes à laquelle Alfred de Musset avait tant donné, de dix-huit poèmes déjà regroupés sous le titre Les Fleurs du mal. Par la suite, Baudelaire persiste et signe : pour la première édition de 1857, pour l'édition autorisée de 1861 126 poèmes, pour les Nouvelles Fleurs du mal, seize poèmes publiés en 1866 dans Le Parnasse contemporain, pour la troisième édition à laquelle la maladie et la mort l'empêcheront de donner sa forme définitive, ce sera l'édition posthume publiée chez Michel Lévy, qui contient 151 poèmes. Ces Fleurs du mal sont des fleurs maladives, selon l'interprétation qu'il suggère lui-même dans la dédicace à Théophile Gautier. Mais plus encore elles naissent du gouffre, de l'enfer, de ce qui peut être le plus hideux et le plus repoussant. D'où la section intitulée seulement Fleurs du mal, placée en abyme dès l'édition de 1857, puis repoussée en quatrième position en 1861, tandis qu'une nouvelle section Tableaux parisiens vient succéder à Spleen et idéal. Elle amplifie la modernité du recueil en mettant l'accent sur l'imaginaire de la ville.
Baudelaire n'a cessé d'ajouter, et en particulier les pièces admirables qu'il a conçues à Honfleur en 1859, lors de brefs et rares séjours dans la maison qu'y avait fait aménager feu le général Aupick, la Maison-Joujou : La Chevelure, en particulier, et Le Voyage, le poème le plus long, celui par lequel s'achèvera l'édition autorisée de 1861, ouvrant sur la mort et sur l'inconnu dont elle réserve peut-être la découverte. Il n'a cessé non plus de retrancher : non seulement les pièces condamnées par la censure impériale et appelées à devenir Les Épaves, dans une plaquette composite publiée à Bruxelles en 1866, mais les poèmes qu'il a choisis lui-même d'éliminer au fur et à mesure, en raison de sa très grande exigence d'artiste. Il lui arrive même d'avoir peur de ce qui naît de sa plume, comme si c'était monstrueux. Comme la mère, dans Bénédiction, est épouvantée à la naissance de son enfant, cette dérision,ce monstre rabougri, cet arbre misérable qui a poussé en elle comme un arbre maudit, il recule devant ce qui sort de son imagination et de sa plume. Rien n'est plus révélateur, rien n'est plus étonnant à cet égard que la lettre qu'il adresse à sa mère le 9 juillet 1857, où il lui annonce la publication de ses poésies, Les Fleurs du mal, et où il présente le livre comme « revêtu d'une beauté sinistre et froide. Il l'a conçu, écrit-il, avec fureur et patience. Mais quand, chez l'imprimeur, il l'a vu dans son premier état, il a pris peur : épouvanté moi-même de l'horreur que j'allais inspirer, raconte-t-il, j'en ai retranché un tiers aux épreuves.

Art poétique

Rejetant le réalisme et le positivisme contemporains, Baudelaire sublime la sensibilité et cherche à atteindre la vérité essentielle, la vérité humaine de l'Univers, ce qui le rapproche du platonisme. Il écrit ainsi, en introduction à trois de ses poèmes dans le Salon de 1846 : La première affaire d'un artiste est de substituer l'homme à la nature et de protester contre elle. Cette protestation ne se fait pas de parti pris, froidement, comme un code ou une rhétorique, elle est emportée et naïve, comme le vice, comme la passion, comme l'appétit. » Et il ajoute, dans le Salon de 1859 :
" L'artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu'il voit et ce qu'il sent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature".
Baudelaire énonce ainsi les principes de la sensibilité moderne :
" Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau."
C'est pourquoi l'imagination est pour lui la reine des facultés. En fait, elle substitue une traduction légendaire de la vie extérieure ; à l'action, le rêve.
Cette conception de la poésie annonce celle de presque tous les poètes qui vont suivre. Cependant, Baudelaire n'a pas vécu son œuvre. Pour lui, vie et poésie restent dans une certaine mesure séparées ce qu'il exprime en disant: La poésie est ce qu'il y a de plus réel, ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde. Là où Baudelaire et Stéphane Mallarmé ne pensent qu'à créer une œuvre d'art, les surréalistes voudront, après Arthur Rimbaud, réaliser une œuvre de vie et essaieront de conjuguer action et écriture. Malgré cette divergence d'avec ses successeurs, Baudelaire fut l'objet de vibrants hommages, tel celui que lui rendit le jeune Rimbaud, pour qui il représente un modèle :
" Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. Il suffit de comparer ces propos :
" … qui n'a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs perçoivent des sensations plus retentissantes, où le ciel d'un azur plus transparent s'enfonce dans un abîme plus infini, où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent, et où les parfums racontent des mondes d'idées ?
Eh bien, la peinture de Delacroix me paraît la traduction de ces beaux jours de l'esprit. Elle est revêtue d'intensité et sa splendeur est privilégiée. Comme la nature perçue par des nerfs ultra-sensibles, elle révèle le surnaturalisme
à ce passage du Premier Manifeste du surréalisme :
"réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être, et c'est assez pour lever un peu le terrible interdit ; assez aussi pour que je m'abandonne à elle sans crainte de me tromper"

Ainsi, le surnaturalisme porte en germe certains aspects de l'œuvre de Lautréamont, de Rimbaud et du surréalisme même.
C'est à propos de la peinture d'Eugène Delacroix et de l'œuvre de Théophile Gautier que Baudelaire a usé de cette formule célèbre qui caractérise si justement son art : " Manier savamment une langue, c'est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. C'est alors que la couleur parle, comme une voix profonde et vibrante, que les monuments se dressent et font saillie sur l'espace profond ; que les animaux et les plantes, représentants du laid et du mal, articulent leur grimace non équivoque, que le parfum provoque la pensée et le souvenir correspondants ; que la passion murmure ou rugit son langage éternellement semblable".
Baudelaire utilise régulièrement la synesthésie pour créer une fusion des sens, notamment dans le poème Correspondances.
Avant lui, seul Gérard de Nerval avait pratiqué une poésie qui ne fût pas littérature. Libérée du joug de la raison, la poésie peut désormais exprimer la sensation.
" En faisant de Baudelaire le chef de file d'une poésie de la sensation, Barrès le montre s'épuisant à "chercher de sensations en sensations des frissons, des frissons nouveaux"
Lors de l'inauguration du monument Baudelaire au cimetière du Montparnasse, Armand Dayot, inspecteur des Beaux-Arts, rappellera cette recherche de la sensation :
"Ce fait même d'avoir découvert un frisson nouveau, frisson qui va jusqu'à l'extrême limite de la sensibilité, presque au délire de l'Infini, dont il sut emprisonner les manifestations les plus fugitives, fait de Baudelaire un des explorateurs les plus audacieux, mais aussi des plus triomphants de la sensation humaine"
Déjà, dans ses meilleurs poèmes, Baudelaire, tout comme Mallarmé et Maurice Maeterlinck après lui, ne conserve du vers classique que la musique. Par les césures irrégulières, les rejets et les enjambements, il élude le caractère trop mécanique de l'alexandrin et pose les prémices du vers impair de Verlaine et des dissonances de Laforgue, voire du vers libre. Baudelaire jette ainsi les bases du symbolisme.
Inspiré par la lecture de Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand, qui avait introduit en France le poème en prose, Baudelaire compose les Petits poèmes en prose et explique, dans sa préface :
"Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? ".

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Posté le : 30/08/2014 23:51
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Charles Baudelaire suite 2
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L'expérience du miroir

L'horreur pourtant peut être sympathique, comme le suggère le titre paradoxal d'un poème probablement composé à Honfleur, publié le 15 octobre 1860 dans L'Artiste et appelé à devenir la pièce LXXXII de la première section, la plus longue, Spleen et Idéal, allongée encore dans l'édition de 1861. La peur de soi ne va pas sans fascination. Après deux quatrains en forme de question et de réponse, les deux tercets font place à une expérience qui dans la vie intérieure et dans la poésie de Baudelaire occupe une place considérable, l'expérience du miroir :

Cieux déchirés comme des grèves,
En vous se mire mon orgueil ;
Vos vastes nuages en deuilSont les corbillards de mes rêves,
Et vos lueurs sont le reflet
De l'Enfer où mon cœur se plaît.
Si l'image des miroirs jumeaux est discrètement lumineuse dans La Mort des amants, le miroir où se contemple l'individu seul est autrement inquiétant. Celui qui se punit lui-même, L'Héautontimorouménos , s'y découvre en proie à l'ironie vorace, donc à l'autodérision : il la découvre dans sa voix, dans son sang, et il finit par se considérer dans le sinistre miroir / Où la mégère se regarde. C'est dire qu'il s'identifie à Mégère, l'une des Érinyes grecques, l'une des Furies latines, figure effrayante de la vengeance. Lui-même se poursuit, se torture ; il est à la fois le bourreau et la victime du châtiment infernal dans l'enfer de ce miroir, qui est aussi l'enfer de l'œuvre vengeresse.
Le motif parvient à son expression la plus complète dans le poème suivant, L'Irrémédiable, qui réunit divers emblèmes illustrant la conscience. Elle a pénétré en l'homme depuis la chute d'Adam et Ève. Elle est rendue plus insidieuse et plus pénétrante par la présence ironique, lucide et cruelle, qu'elle constitue. Ce n'est d'ailleurs pas tant la conscience du mal que la conscience dans le Mal, et le poème s'achève sur cette expression :

Tête-à-tête sombre et limpide
Qu'un cœur devenu son miroir !
Puits de Vérité, clair et noir,
Où tremble une étoile livide,Un phare ironique, infernal,
Flambeau des grâces sataniques,
Soulagement et gloire uniques,
– La conscience dans le Mal.
La versification, apparemment légère, ne fait que mieux ressortir le caractère aigu de la souffrance. Le tête-à-tête, la confidence que deux êtres se font l'un à l'autre, se transforme en l'épreuve de la conscience solitaire. L'apparente valorisation de cette conscience, considérée comme un puits de vérité, ne va pas sans retour vers l'image fondamentale du gouffre intérieur, révélatrice de ce que Benjamin Fondane 1898-1944 a appelé à propos de Baudelaire l'expérience du gouffre. Cette vérité elle-même, la vérité de soi, est sans indulgence ; le jugement sur soi est porté sans pardon.
Certains mots fondateurs de l'ensemble du recueil Les Fleurs du mal sont ici comme des pivots : ils tournent du positif au négatif, de l'apparence du Bien à l'horreur du Mal. Au fond du puits de vérité, à la fois clair et noir, une étoile apparaît sans briller, elle est une étoile livide, sans vie, comme si elle était elle-même condamnée. Au lieu des phares dont les lumières brillent dans l'un des premiers poèmes – huit artistes, de Rubens à Delacroix –, seul un phare ironique, infernal, éclaire ici d'une lumière empruntée, douteuse, sans grâce ni pitié, l'enfer intérieur de celui qui a été damné par lui-même. Et ce phare, précisément, n'est autre que la conscience dans le Mal.
Tout pourtant n'est pas si sombre, et il aurait été excessif que Verlaine place Baudelaire parmi sa série de six médaillons sur Les Poètes maudits 1888, dont lui-même, sous l'anagramme de Pauvre Lélian, constitue le dernier. Le dandysme baudelairien apporte la note d'une grâce particulière, même s'il comporte son danger propre et s'il peut se retourner : c'est bien une manière de vivre et dormir devant un miroir, Mon Cœur mis à nu. L'ironie baudelairienne elle-même n'est pas toujours vorace : l'un des petits poèmes en prose, Le Miroir, en apporte la preuve, avec la revendication d'un homme qui, au nom des immortels principes de 1789, revendique le droit de se regarder dans le miroir.

L'épuisement de la parole

Scrupuleux à l'extrême, Baudelaire avançait très lentement dans la préparation de ses publications, qu'elles fussent personnelles ou alimentaires. Menant plusieurs ouvrages de front, il devait abandonner bien des projets : un drame, ou plutôt un livret d'opéra comme La Fin de Don Juan, un roman même, que ne compense pas tout à fait sa brillante nouvelle, La Fanfarlo, publiée dès 1847 quand il n'était encore que Charles Defayis, le nom de sa mère corrigé ou déformé.
Il en résulte un sentiment d'impuissance créatrice qui augmente sa rage contre les autres et contre soi-même. Ses lettres à divers correspondants, les notes intimes regroupées après sa mort sous des titres auxquels il avait songé – Hygiène, Fusées, Mon Cœur mis à nu –, disent et redisent ses velléités, ses abandons et ses souffrances. Il se plaint en 1861 de sa volonté perdue, gâchée. En février 1865, il est obligé de constater : Rien, jamais rien. En décembre de la même année, il s'étonne : Je ne suis plus maître de mon temps. Sa peur devient celle du silence, de l'aphasie dans laquelle, par un cours tragique de sa destinée, il va sombrer en effet.
Lui qui depuis 1842 a si peu voyagé, il décide en 1864 de se rendre en Belgique. Ce pays passe pour un pays de liberté pour les écrivains exilés, attaqués ou condamnés. C'est là qu'a été publié en 1862 le roman de Victor Hugo, Les Misérables, que Baudelaire ne prise guère d'ailleurs. C'est là que vont paraître Les Épaves en 1866. C'est là que Rimbaud, sept ans plus tard, publiera Une saison en enfer. Quand, le 24 avril 1864, Baudelaire gagne Bruxelles, il compte récupérer beaucoup d'argent, et il en a besoin plus que jamais. Il lui faut envisager de faire une tournée de conférences. Il espère aussi y trouver un éditeur pour la publication de ses œuvres complètes. Mais il n'y rencontre qu'une très grande avarice, dont il se plaint dans une lettre à sa mère du 6 mai 1864. Il cherche à se venger en entreprenant d'écrire une manière de pamphlet, un ouvrage inachevé de sinistre dérision, pour lequel il envisage les titres de Pauvre Belgique ou La Belgique déshabillée.
En janvier 1860, une crise cérébrale fugace avait pour la première fois donné l'alerte. Le rhumatisme à la tête ne le quitte plus en Belgique. Lors d'un second voyage, en mars 1866, il est pris à Namur d'un étourdissement qui le laisse à demi paralysé et à peu près aphasique. Le regard d'une fixité navrante frappera tous ceux qui viendront lui rendre visite dans la clinique du docteur Dumas, après son rapatriement à Paris. L'un de ces témoins, Jules Troubat, se rappelle un dîner chez le photographe Nadar, où l'on avait traîné Baudelaire, en janvier 1867. Il en est resté à ces trois mots : Non, cré nom, nom, se rappelle-t-il. Et pourtant la mémoire fonctionne encore : Baudelaire a encore la présence d'esprit de montrer du doigt les poésies de Sainte-Beuve, les œuvres d'Edgar Poe en anglais, un petit livre sur Goya et, dans le jardin de la clinique du docteur Duval, une plante exotique qui lui rappelle sans doute son voyage dans les îles des mers du Sud. Au nom de Manet et à celui de Wagner, il a souri d'allégresse.
Mais l'évolution du mal est irréversible. S'y ajoute une plaie gangréneuse, terriblement douloureuse. Dans ses derniers moments, on a l'impression qu'il ne peut dormir que les yeux ouverts. Il meurt le 31 août 1867 à 11 heures du matin, déjà en état de décomposition physique et si faible qu'il ne luttait plus.

La poétique baudelairienne

Ses refus
L'attitude de Baudelaire peut être négative, polémique même. Ainsi il poursuit de son ironie les prétentions de l'esprit positif et positiviste à envahir le domaine poétique. Il lutte contre ce qu'il appelle l'hérésie de l'enseignement, dont il dénonce les formes les plus insupportables.
Il repousse tout d'abord la volonté d'unir l'art et la science. Dans la Préface des Poèmes antiques, en 1852, Leconte de Lisle avait proclamé que « l'art et la science, longtemps séparés par suite des efforts divergents de l'intelligence, doivent tendre à s'unir étroitement, si ce n'est à se confondre. Baudelaire s'insurge contre une telle tentative, en particulier dans l'article sur Théophile Gautier paru le 13 mars 1859 dans le journal L'Artiste sous le titre L'Art romantique, et repris dans les Notes nouvelles sur Edgar Poe. Pour lui, la poésie ne peut pas, sous peine de mort et de déchéance, s'assimiler à la science .... Elle n'a pas la vérité pour objet, elle n'a qu'elle-même. La vérité n'a rien à faire avec les chansons ; tout ce qui fait le charme, la grâce, l'irrésistible d'une chanson enlèverait à la vérité son autorité et son pouvoir. Froide, calme, impassible, l'humeur démonstrative repousse les diamants et les fleurs de la Muse ; elle est donc absolument l'inverse d'une humeur poétique. Il y a une manière d'incompatibilité d'humeur entre la poésie et la science.
Baudelaire s'acharne encore davantage contre la théorie bourgeoise de la moralité et de l'utilité sociale de l'art. Dans son article sur « Les Drames et les romans honnêtes, en 1851, il s'écrie : il est douloureux de noter que nous trouvons des erreurs semblables dans deux écoles opposées : l'école bourgeoise et l'école socialiste. Moralisons ! Moralisons ! s'écrient toutes les deux avec une fièvre de missionnaires. Naturellement l'une prêche la morale bourgeoise et l'autre la morale socialiste. Dès lors l'art n'est plus qu'une question de propagande.
En cela le prologue des Confessions d'un mangeur d'opium anglais 1822 le gêne. Il le juge artificiel. Thomas de Quincey 1785-1859 n'a cherché en l'écrivant qu'à attirer la sympathie sur lui-même.
Il ne faut donc pas exagérer la position morale de Baudelaire dans le prologue Au lecteur des Fleurs du mal. Sans doute tel péché peut-il se trouver condamné dans tel ou tel poème du recueil ; mais, à d'autres moments, le poète en fera tout aussi bien l'apologie. La femme aimée, quel que soit son nom, est à la fois la créature aux sens insatiables et l'enchanteresse aux bijoux. Baudelaire a la certitude que lorsque le vice est séduisant, il faut le peindre séduisant, mais quand il traîne avec lui des maladies et des douleurs morales singulières, il faut tout autant les décrire. Il se donne pour mission de montrer toutes les plaies, à commencer par les siennes. Nul préjugé moral : l'art ne choque pas la morale.

La question de l'Art pour l'Art

Théophile Gautier 1811-1872 est sans doute épargné par les attaques ou les remarques acerbes de Baudelaire, qui lui rend au contraire hommage dans la dédicace des Fleurs du mal, toujours maintenue en tête du recueil. Pourtant les rapports qu'il entretient avec l'école de l'Art pour l'Art sont complexes.
Sans doute pour lui la poésie n'a-t-elle « d'autre but qu'elle-même, comme il le souligne dans les Notes nouvelles sur Edgar Poe. Mais il est plus nuancé dans sa lettre à Ancelle du 18 février 1861 au sujet de la nouvelle édition des Fleurs du mal. Il lui confie, ou plutôt il lui rappelle que, dans ce livre atroce, il a mis tout son cœur, toute sa tendresse, toute sa religion travestie, toute sa haine. Dire le contraire, ajoute-t-il, ce serait mentir comme un arracheur de dents .
Si, un temps, il a opposé l'art pur à l'art philosophique, il refuse tout aussi bien le formalisme et la plastique. Certes, il lui est arrivé, dans sa jeunesse surtout, de sacrifier au culte de la Beauté, de la concevoir comme un rêve de pierre. Mais la renommée du sonnet qui la célèbre ainsi ne doit pas faire illusion. Baudelaire refuse la poésie purement sculpturale et le néo-paganisme comme il écarte en peinture l'ingrisme et la réduction à l'épure de la ligne. Il glorifie au contraire le colorisme symbolique.
La folie de l'art est égale à l'abus de l'esprit : cette formule décisive se trouve dans l'article de 1852 contre l'École païenne. La poésie, refusant les impuretés, mais refusant aussi de se réduire à une pure technique, atteint, au-delà de l'enseignement et au-delà de la forme, la spiritualité magique. Elle est la quête perpétuelle, tantôt comblée, tantôt angoissée et frustrée, d'un paradis de l'âme, en face duquel les paradis artificiels ne sont qu'une approximation bâtarde. Le secret douloureux dont parle le poème La Vie antérieure est le désir de parvenir à l'état suprême d'élévation qui permet de planer sur la vie et de comprendre sans effort « le langage des fleurs et des choses muettes, Élévation.
Le passage du réel au magique s'opère à la faveur de l'insolite. Et c'est pourquoi le beau est toujours bizarre, Exposition universelle, 1855. Grâce à la reine des facultés, l'imagination, le poète, en état d'excitation extatique, peut percevoir, en dehors des méthodes philosophiques, les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances verticales entre l'univers des formes sensibles et un univers transcendant. Les objets placés sous les yeux humains ne sont que des représentations, des symboles d'une réalité idéale, et la Nature, revêtue de spiritualité, devient un temple aux vivants piliers, Correspondances.
Obtenus naturellement ou acquis artificiellement, ces états d'enthousiasme restent néanmoins passagers. L'analogie, en définitive, est celle qui existe entre l'homme et le monde. Qu'est-ce que l'art pur suivant la conception moderne ?, demande Baudelaire dans l'article L'Art philosophique : C'est créer une magie suggestive contenant à la fois l'objet et le sujet, le monde extérieur à l'artiste et l'artiste lui-même.Telle est peut-être la définition la plus juste de la poétique baudelairienne : le poème, synthèse allégorique des mythes et d'images quotidiennes, est comme une germination intérieure issue de l'échange continu des spectacles et des sentiments, germination verbale et rythmique aussi dans le contrepoint incessant du concret et du symbolique.

Pour une poétique universelle

Pour Baudelaire, la poésie verbale n'est qu'une des expressions techniques possibles de la poésie universelle qu'il recherche à l'horizon de sa quête esthétique. Lui qui a été si sensible à la peinture et même à la musique ne conçoit pas la poésie comme différant dans son essence des autres arts. La révélation des correspondances horizontales, confortée par l'expérience des paradis artificiels, fonde une poétique de l'analogie universelle : Les parfums, les couleurs et les sons se répondent Correspondances. Il existe de subtiles affinités entre la peinture et la musique. Dans le compte rendu de l'Exposition universelle de 1855, il note de l'œuvre d'Eugène Delacroix ces admirables accords de sa couleur qui font souvent rêver d'harmonie et de mélodie, et l'impression qu'on emporte de ses tableaux est quasi musicale. Dans le poème Les Phares, ces arrangements éveillent les fanfares étranges qui passent, comme un soupir étouffé de Weber.
La conséquence de cette révélation est double. D'une part, la poésie aura pour charge de traduire les correspondances entre les sensations, soit qu'elle les explique, soit qu'elle en use, en inventant des alliances de mots hardies : les parfums verts de Correspondances, les cheveux bleus de La Chevelure sont des illustrations exemplaires d'une telle poétique du transfert, fondée sur le sens des synesthésies. De même que : je buvais ton souffle, dans Le Balcon, ou ta salive qui mord, dans Le Poison.
La poésie doit elle-même entrer en correspondance avec les autres arts. Ainsi se justifie la tentative baudelairienne de traduire en mots la poésie colorée de Rubens, de Delacroix, ou celle, musicale, de Wagner. La pièce la plus significative à cet égard est Les Phares, qui déroule une série de huit médaillons en forme de quatrains : chacun est consacré à un artiste, jusqu'aux trois derniers qui donnent sa conception de l'Art. Baudelaire ne se soucie pas ici de décrire des toiles où figureraient les éléments visuels qu'il égrène le lac de sang pour Delacroix, le triste hôpital pour Rembrandt. Il procède bien plutôt par métaphores suggestives. Ainsi l'image du miroir, associée à Léonard de Vinci, évoque sa lumière, polie comme un reflet sur la toile.
La plastique est rejetée, mais les arts plastiques sont conviés, en particulier dans Les Fleurs du mal où sont transposées des œuvres précises : le poème Bohémiens en voyage est écrit d'après une estampe de Jacques Callot ; Don Juan aux enfers, d'après une lithographie de Guérin ; Duellum, d'après le caprice 62 de Goya ; Une gravure fantastique, d'après une eau-forte de John Hamilton Mortimer ; Le Masque, d'après une statue allégorique d'Ernest Christophe dans le goût de la Renaissance ; Danse macabre, d'après une autre statue du même sculpteur.

Le roman esquivé

On a pu s'étonner que Baudelaire, admirateur d'Edgar Poe, mais aussi de Hoffmann et de Balzac, ait peu produit en matière de littérature narrative. Pourtant, il a médité sur les problèmes du roman, distinguant par exemple entre les romanciers forts et les romanciers curieux quand il a présenté sa traduction de La Révélation magnétique de Poe aux lecteurs de La Liberté de penser le 15 juillet 1848. On pourrait tirer de ce texte et d'autres les éléments d'une poétique baudelairienne du roman.
Mais que reste-t-il des projets inaboutis qu'il a eus ? Le Jeune Enchanteur 1846, longtemps tenu pour une œuvre originale, n'est que la traduction d'un texte anglais découvert dans un keepsake et probablement dû au révérend Croly. Seule La Fanfarlo échappe à ce qui ne serait qu'une absence du roman dans l'œuvre de Baudelaire. Publiée en 1847 dans le Bulletin de la Société des gens de lettres, cette nouvelle est encore signée Charles Defayis. Samuel Cramer, le protagoniste, est immédiatement présenté comme l'homme de belles œuvres ratées, victime du dieu de l'impuissance. Baudelaire, qui s'est dépeint sous ces traits, connaît les affres d'une telle impuissance en matière de récit et de roman.
On a conservé de lui des listes de titres et canevas de romans et de nouvelles. L'un de ces projets, Le Marquis invisible, est considéré par lui-même comme très important. La Ciguë islandaise revient avec insistance. Il envisage un roman sur les Derniers Hommes, où l'on retrouverait en eux et autour d'eux les mêmes vices qu'autrefois. L'Automate semble dans le sillage de Poe. Et on voit reparaître ou apparaître la Sisina des Fleurs du mal, ce qui prouve qu'il n'y a pas de rupture absolue entre l'œuvre poétique de Baudelaire et ses projets romanesques. D'une manière générale, il veut trouver des aventures horribles, étranges, à travers les capitales.
Claude Pichois a fait observer que, pour un certain nombre de sujets, Baudelaire semble avoir hésité entre le genre du poème en prose et celui de la nouvelle ou du récit. On peut faire observer que, dans l'autre sens, les petits poèmes en prose de Spleen de Paris pourraient être les résidus d'une entreprise romanesque au moins latente.
Pour le comprendre, il convient de se reporter à la dédicace à Arsène Houssaye pour Le Spleen de Paris et, plus encore, au canevas de cette dédicace. Elle commence là où finit le Tristram Shandy (1760-1767) de Laurence Sterne, que Baudelaire connaissait : Sans queue ni tête. Tout queue et tête. Ces notations liminaires livrées à l'état brut renvoient vraisemblablement à l'équivoque obscène et grossière sur laquelle Sterne avait choisi d'achever son roman. Elles renversent le goût qu'eut Baudelaire pour ce romancier à beaucoup d'égards déconcertant. Samuel Cramer a plaisir à jouer avec lui dans La Fanfarlo. Lui aussi, d'une autre manière, dans l'un de ses petits poèmes en prose, Les Bons Chiens, où il s'adresse à Sterne, celui du Voyage sentimental en 1768 et celui de Tristram Shandy. Il le salue à la fois comme sentimental farceur et comme farceur incomparable. Ailleurs, il lui emprunte l'histoire de cet âne auquel fut offert un macaron et qui s'en délecta.
Michel Butor a eu raison de mettre l'accent sur la dédicace à Arsène Houssaye, en tête du recueil Le Spleen de Paris, où Baudelaire indique qu'il ne suspend pas la volonté rétive de son lecteur au fil interminable d'une intrigue superflue. Cela signifie bien, comme l'écrit l'auteur des Essais sur le roman en 1969, que ces petits poèmes en prose contiennent un roman, mais que Baudelaire a retranché tout ce qui n'était pas immédiatement poétique. À s'en tenir à la poésie pure, si elle est concevable, on risque de négliger l'aspect narratif de ces cinquante morceaux, de mettre l'accent sur les premiers en négligeant ceux qui, plus tardifs, tournent à l'anecdote, au conte, ou même à la confidence autobiographique.
Le plus frappant à cet égard est précisément le dernier, Les Bons Chiens, celui que Baudelaire a placé sous le signe de Sterne en s'adressant directement à lui comme Tristram Shandy le faisait dans le célèbre roman, qui correspond aussi à une expérience des limites du genre romanesque. Ce texte, lié au premier séjour en Belgique, a paru pour la première fois dans L'Indépendance belge le 21 juin 1865. Il est dédié à un artiste bruxellois, Joseph Stevens, qui s'était fait une spécialité de la peinture animalière et qui avait représenté en particulier des chiens. Baudelaire évoque leur relation, relate le don que le peintre lui avait fait un jour de son gilet, tout en poursuivant sa rêverie. Que le poète endosse le gilet du peintre, comme il y insiste dans les dernières lignes, cet échange pourrait être intégré à un roman de l'artiste. Mais c'est le signe aussi de la proximité entre création poétique, critique artistique et confession personnelle, toutes tentations qui s'exercent concurremment et harmonieusement sur Baudelaire. De même, dans un autre de ces petits poèmes en prose qui, à beaucoup d'égards, s'apparentent à des Fantasie stücke ou des Nachtstücke, trois autres tentations, Éros, Plutus et la Gloire montent dans la nuit, tel L'Homme au sable en 1817 de Hoffmann, l'escalier mystérieux par où l'enfer donne assaut à la faiblesse de l'homme qui dort, du poète qui finalement les repousse.
Si l'on revient au poème placé en tête du recueil Le Spleen de Paris, L'Étranger qui aime les nuages, les merveilleux nuages, on comprend aisément que c'est une manière d'autoportrait. La découverte à Honfleur des peintures d'Eugène Boudin (1824-1898), le roi des ciels comme l'appelait Corot, décrites dans le Salon de 1859, tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, permet déjà de réunir en Baudelaire et le narrateur, et le poète et le critique d'art. Ne sommes-nous pas d'ailleurs au seuil d'un roman du poète, d'un récit tour à tour dramatique l'étude du beau qui est un duel dans Le Confiteor de l'artiste), exaspéré (Un plaisant , Le Chien et le flacon, hanté La Chambre double, allégorique Chacun sa chimère, vengeur (Le Mauvais Vitrier , Assommons les pauvres), confidentiel (la confession d'un solitaire dans À une heure du matin, dans Les Foules ou dans Les Fenêtres), tendu par un vœu puissant Any Where out of the World). Même l'ironie mordante n'y fait pas défaut qui, digressions et brisures en moins, n'est pas sans rappeler encore la manière de Sterne : Mademoiselle Bistouri pourrait avoir sa place auprès du docteur Slop ou de la sage-femme de Shandy Hall, et les chimères elles-mêmes ne sont pas sans analogie avec les dadas (hobby-horses) du père de Tristram.

Baudelaire fut-il aussi stoïque que le bouffon Fancioulle dans Une mort héroïque ? Il y écrit que l'ivresse de l'art est plus apte que toute autre à voiler les terreurs du gouffre ; ... le génie peut jouer la comédie au bord de la tombe avec une joie qui l'empêche de voir la tombe, perdu, comme il est dans un paradis excluant toute idée de tombe et de destruction. Les notes sombres abondent pourtant dans une œuvre qui ne se réduit pas à un cimetière éclairé par la lune, mais où la menace semble la condition de l'émerveillement. Peut-être cette autre alliance est-elle celle qui fait la force et le prix de son œuvre.

Liens
http://youtu.be/qbAlqvHE0Ao Le procés des fleurs du mal
http://youtu.be/Y8M3L-RHE_o Chant d'automne
http://youtu.be/VvIIoNmTidM La vie antérieure par Léo ferré
http://youtu.be/TwkTPJoWbyQ sa vie
http://youtu.be/k50-xrloE2U La modernité dans la poésie de Baudelaire
http://youtu.be/CQBbzO3DHtc Spleen et idéal
http://youtu.be/rYPUs1S9YPc Les fleurs du mal le procès


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Posté le : 30/08/2014 23:49
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Caligula
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Le 31 août 12 à Antium naît Caligula, en latin : caïus* Caesar*Augustus*

Germanicus,

troisième empereur romain, régnant de 37 à 41, succédant à Tibère. Il meurt, à 28 ans, assassiné par plusieurs membres de la garde prétorienne le 24 Janvier 41, à Rome. Après un début de règne prometteur, où il est en grande faveur auprès du peuple romain, il devient peu à peu un empereur autocratique, délaissant et assassinant ceux qui avaient soutenu son ascension, tout en nourrissant une grande haine pour le Sénat. Il est inhumé dans le mausolée d' auguste, il est le fils de Germanicus et Agrippine l'aînée, il épouse Junia Claudilla de 33 à 34, Livia Orestilla de 37 ou 38,
Lollia Paulina en 38 puis Cæsonia Milonia jusqu'à sa mort.


En bref

Empereur romain de 37 à 41 après J.-C,Caius Julius Caesar Germanicus, arrière-petit-fils d'Auguste, et fils de Germanicus et d'Agrippine l'Ancienne, sa jeunesse et la séduction de sa personne, ainsi que la mémoire de son père, lui valurent une immédiate popularité lorsqu'il succéda à Tibère. On attribue à une maladie grave qui le frappa en octobre 37 le brusque changement de son caractère. Le monde romain, soumis à cet empereur psychopathe, entra dès lors dans une ère d'extravagances qui suscita de violentes réactions. Le règne de Caligula fut riche en complots ; le dernier, fomenté par les tribuns des cohortes prétoriennes, lui fut fatal. Il connaît très jeune la vie des camps avec son père Germanicus ; il y reçoit le surnom de Caligula ou petit brodequin. Protégé par Tibère, il est considéré comme son héritier après la conjuration de Séjan. À la mort de l'empereur, en 37, il est acclamé par les troupes de Misène, et sa désignation est confirmée par le Sénat et par le peuple. Peu préparé à sa nouvelle tâche, mal entouré, trop jeune pour être sûr de lui-même mais profondément imbu des prérogatives de sa fonction, il mène une politique peu cohérente qui mécontente rapidement une grande partie des milieux dirigeants. (C'est, du reste, leur opinion défavorable qu'a transmise l'historiographie romaine.) Très hostile au Sénat, il cherche par des mesures démagogiques à trouver des compensations dans la plèbe de Rome ; porté aux innovations venues d'Orient, il choque par son attitude religieuse (il apparaît costumé en Jupiter ou en Hercule et veut qu'on le compare à Neptune). Sa politique extérieure reste pacifique et prudente malgré l'annexion de la Maurétanie. Répandant la terreur par des procès de lèse-majesté, il doit déjouer de nombreux complots ; il ne peut éviter celui que fomentent des tribuns des cohortes prétoriennes, qui l'assassinent le 24 janvier 41. Caligula disparaît sans avoir assuré sa succession.

Son enfance

Caius Augustus Germanicus, Caligula petite sandale en latin, fils du très populaire Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, naît la veille des calendes de septembre en l'an 12, sous le consulat de son père et de C. Fontenius Capito. Il est le petit neveu et aussi le fils adoptif de l'empereur Tibère, lui-même beau-fils et fils adoptif de l'empereur Auguste. Caligula est aussi l'arrière-petit-fils en ligne directe d'Auguste par sa grand-mère Julie; Par sa seconde grande-mère Antonia, il est un descendant de Marc-Antoine. Il a cinq frères et sœurs : Nero Iulius Caesar, Drusus III, Drusilla, Agrippine la jeune et Julia Livilla.

Selon Suétone, ce n'est que vers l'âge de deux ans qu'il fut envoyé en Germanie rejoindre sa famille. Enfant, il accompagna sa mère qui suivait souvent son père dans les camps militaires et ses bottines adaptées à ses petits pieds lui ont valu le surnom de Caligula, diminutif de caliga, qu'il finit par détester. Il fit partie du voyage vers la Syrie, qui vit la mort de son père. À son retour, il fut d'abord confié à sa mère, Agrippine l'Aînée, puis, après la relégation de celle-ci à sa bisaïeule Livie. En 29, à la mort de cette dernière, il prononça son éloge funèbre et fut recueilli par sa grand-mère Antonia, avant de rejoindre finalement Tibère5.

La succession de Tibère

Tibère avait assigné sa succession conjointement à son propre fils Gemellus et à Caligula, qui se fit seul reconnaître par le Sénat en l'an 37. Le nouvel empereur adopta d'abord Gemellus, avant de le faire exécuter en 37 ou 38 pour un obscur complot.

" Lui succéda Caius, fils de Germanicus et d'Agrippine, que l'on nommait aussi Germanicus et Caligula. Tibère avait en fait laissé le pouvoir suprême à son petit-fils Gemellus ; mais Caius fit parvenir au Sénat les dispositions testamentaires par l'intermédiaire de Macron, les rendit caduques grâce à l'intervention des consuls et grâce à d'autres qu'il avait placés là à cet effet, invoquant la folie du testateur qui remettait les rênes à un enfant qui n'avait même pas encore le droit d'entrer dans la salle du Conseil. C'est ainsi que promptement, à cette époque, Caius lui enleva le pouvoir ; et plus tard, bien que l'ayant adopté, il le fit assassiner. "

Pendant six mois, les Romains purent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur faisait oublier la sinistre fin du règne de Tibère. Pour ses premières actions, le Sénat lui décerne un bouclier honorifique en or, que, tous les ans, les collèges des pontifes devaient porter au Capitole, suivis du sénat et de la jeune noblesse qui chantait des hymnes à sa louange. Son règne bascule par la suite dans la démesure. Ce changement a longtemps été mis sur le compte d'une grave maladie à l'automne 37 mais une analyse minutieuse montre qu'elle n'entraîne aucun changement politique significatif.

Son règne

Dès lors il s'achemina comme son grand-oncle vers le despotisme, s'adonnant, selon certaines sources, à la débauche, on lui prête entre autres une longue liaison incestueuse avec sa sœur Drusilla, qui pourrait trouver sa source dans la volonté d'imiter les mariages consanguins égyptiens et la tentation du despotisme oriental.
Le prince descendait d'Antoine, et l'on connaît la fascination qu'exerçait sur ce dernier la monarchie à l'orientale. Certains assurent qu'il était en fait déjà atteint psychologiquement avant son avènement, mais que, le pouvoir aidant, il devint vite un empereur tyrannique et mégalomane, se prenant pour Jupiter. Cependant, de nombreux historiens et écrivains modernes s'interrogent sur la folie réelle du jeune empereur. L'étude des sources anciennes remet en question la théorie de l'empereur fou. Son court règne concorde avec la première tentative de divinisation d'un prince vivant, sur le modèle des monarchies hellénistiques.

Il ridiculisa le Sénat et l'institution des consuls, notamment en prostituant les épouses des sénateurs, fit assassiner ou bannir la plupart de ses proches, et on l'accuse encore de s'être amusé à faire pratiquer d'horribles tortures en plus de meurtres arbitraires. La principale source sur son règne, Suétone, est cependant très partisane, les méthodes de Caligula ne différant guère de celles de la plupart des Princeps. Il se concilia cependant le peuple notamment avec les jeux du cirque.
C'est sous son règne qu'eurent lieu les émeutes anti-juives d'Alexandrie 38-40, un épisode relaté par Philon d'Alexandrie dans Légation à Caius.

La chute

Une dernière conjuration eut enfin raison du princeps : en l'an 41, après trois ans dix mois et huit jours de règne selon Suétone, il fut assassiné dans sa 28e année par les soldats de sa garde, sans que l'on sache qui était le commanditaire. Selon toute vraisemblance, il s'agissait d'un meurtre domestique plus que politique. Le Sénat, probablement après des accords plus ou moins discutables, accorda le principat à son oncle Claude. Celui-ci épousa plus tard une autre sœur de Caligula, Agrippine la Jeune, la mère du futur Néron, le dernier des Julio-Claudiens.

Arbre généalogique des Julio-Claudiens

Plutôt que de le considérer comme un fou, un grand nombre de spécialistes et d'historiens modernes voient en lui les symptomes d'une maladie bien connue et assez bien diagnostiquée de nos jours : la Schizophrénie.

Sur Caligula Caligula devant l'Histoire

Juste après Tibère, Caligula, toujours de la même famille impériale, les Julio-Claudiens, est un autre exemple extrême de l'étonnant système politique romain. La succession familiale l'avait placé sur le trône, les institutions ne pouvaient l'en déloger et les conjurations ne purent jamais l'abattre : séduit par l'Orient, il comptait régner à Rome comme un prince oriental qui, à l'exemple d'un Dieu vivant, dispose de ses sujets comme des objets et n'a de compte à rendre à personne.

Portrait

"Caligula avait la taille haute, le teint livide, le corps mal proportionné, le cou et les jambes tout à fait grêles, les yeux enfoncés et les tempes creuses, le front large et torve, les cheveux rares, le sommet de la tête chauve, le reste du corps velu ; aussi, lorsqu'il passait, était-ce un crime capital de regarder au loin et de haut ou simplement de prononcer le mot chèvre, pour quelque raison que ce fût.
Quant à son visage, naturellement affreux et repoussant, il s’efforçait de le rendre plus horrible encore, en étudiant devant son miroir tous les jeux de physionomie capables d’inspirer la terreur et l’effroi. "
— Suétone, Vie des douze Césars, Caligula 50

Cette description physique émise par Suétone au sujet de l'empereur Caligula est extrêmement riche et sombre : le polygraphe, dans son œuvre, le décrit pareil à une chèvre, monstrueux, afin d'accentuer l'horreur de ses actions commises durant son règne.
Cette description ne peut évidemment pas être prise au premier degré, elle est une caricature évidente. On connaît le portrait de Caligula grâce à des bustes de marbre ou grâce aux portraits monétaires.
Pour beaucoup, à l'instar de Néron mais bien avant lui, Caligula restera dans l'histoire comme l'archétype de l'empereur fou, à travers le portrait peu flatteur qu'en ont fait ses biographes, en particulier l'historien Suétone.
Pourtant si on la détaille, cette folie, réelle ou feinte, s'apparente plus à une longue suite d'impertinences et de provocations :

Son obsession de la décollation :

" Si seulement le peuple romain n’avait qu’un seul cou ! " ;
Chaque fois qu’il embrassait le cou de son épouse ou d’une conquête passagère, il ajoutait de façon cynique :
" une si jolie nuque sera tranchée dès que j’en donnerai l’ordre !";
Lors d'un festin, il se mit à rire aux éclats et répondit aux deux consuls placés près de lui qui lui en demandaient avec ménagement la raison :
" Quand je pense que sur un seul geste de moi vous pouvez être égorgés tous les deux à l’instant !"

Une folie nommé Incitatus.

À son cheval favori Incitatus, outre une écurie de marbre et une mangeoire en ivoire, il fit donner une troupe d’esclaves et du mobilier. On dit même qu’il projetait de le faire consul, mais qu'il voulut faire, vraiment, de son cheval favori un consul n'est certainement qu'une légende.
"La veille des jeux du cirque, indique Suétone, pour que son cheval Incitatus ne fût pas troublé dans son repos, il avait coutume de faire imposer le silence au voisinage par des soldats ".
Ce serait la veille de cette nomination supposée que sa garde prétorienne l'aurait assassiné.

Ses phrases restées célèbres

" Oderint, dum metuant :Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ! "
Il s'agit là en fait d'une reprise par Caligula d'une phrase célèbre de son prédécesseur l'empereur Tibère Oderint, dum probent ,
"Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils m'approuvent "
la version de Caligula, avec metuant, est empruntée à la tragédie Atrée de Lucius Accius ; Tibère en avait quelque peu atténué la violence. Cette phrase est également sa devise ;
"Le pouvoir donne ses chances à l'impossible." La phrase d'origine complète étant : "J'aime le pouvoir car il donne ses chances à l'impossible."
"Si le peuple ne pouvait avoir qu'une seule tête. "

Noms et titres Noms successifs
12, né CAIUS•IULIUS•CAESAR•GERMANICUS
37, accède à la pourpre : CAIUS•CAESAR•AUGUSTUS•GERMANICUS

Titres et magistratures

En 34, il reçoit les titres de Pontifex maximus et de Pater patriae
Consul en 37 et 38
Détient la puissance tribunicienne à partir de 40 renouvelée annuellement le 28 mars
Acclamé Imperator lors de son avènement en 37

Titulature à sa mort
Quand il fut assassiné en 41, Caligula avait la titulature suivante :

CAIVS•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIA•POTESTATE IIII, CONSVL•IIII, PATER•PATRIAE
Caius César Auguste Germanicus, pontife suprême, investi de la puissance tribunicienne pour la 4e fois, consul pour la 4e fois, père de la Patrie.

Œuvres artistiques inspirées de sa vie

Albert Camus a écrit une pièce de théâtre, Caligula où l'on assiste à la réalisation d'un homme contre un monde qui ne lui offre aucun espoir. La mort de Drusilla, son amante et sa sœur, amène Caligula à la conscience de cette vérité - les hommes meurent et ne sont pas heureux, et le jeune homme sensible qu'il était devient un monstre d'une insatiable cruauté. Camus aborde notamment dans cette œuvre le thème des limites de la liberté absolue, celle que confère le pouvoir le plus absolu qui soit. Caligula s'est proclamé dieu. Il n'y a aucune entrave à l'exercice de sa liberté, et il l'exerce pleinement, sans aucune mesure. Mais cette liberté entre en contradiction avec son être, avec sa vie même. Et cette contradiction, selon la promesse de Caligula, devra être résolue.
Hubert Monteilhet a écrit un roman historique, Neropolis. Roman des temps néroniens, dont la première partie se déroule sous Caligula et dans lequel l'un des protagonistes a à souffrir du regard que l'Empereur a posé sur lui.
La journaliste Cristina Rodriguez et l'historiographe Domenico Carro ont publié il y a peu un roman historique, Le César aux pieds nus, retraçant la fin du règne de Tibère et la jeunesse de Caligula. Cet énorme ouvrage, preuves archéologiques et historiques à l'appui, montre Caligula sous un jour nouveau.
Nicolas Le Riche, danseur étoile à l'Opéra de Paris, a créé en 2005 un ballet en cinq actes inspiré de la vie de Caligula.
En 1979, sort Caligula, un film de Tinto Brass avec Malcolm McDowell dans le rôle titre. Ce film fut produit par Bob Guccione, éditeur et propriétaire de Penthouse, aussi contient-il des scènes à caractère pornographique. On y retrouve également des acteurs « classiques » britanniques comme Peter O'Toole, John Gielgud ou Helen Mirren.

Liens

http://youtu.be/yIvEiNKsMnA Caligula
http://youtu.be/NTWhsWIrq28 Caligula l'empereur fou
http://youtu.be/GJfODxolsno Caligula le fou en Anglais
http://youtu.be/V44EaFZuPoQ Caligula le roman


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[img width=600]http://www.independent.co.uk/migration_catalog/article5160487.ece/alternates/w620/Caligula%20(1979)%20.jpeg[/img]

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Posté le : 30/08/2014 23:14
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Opération Himmler
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Hors Ligne
Le 31 août 1939 est lancée l'opération Himmler, du nom du haut dignitaire

du IIIe Reich
.

Elle consiste en un plan élaboré par l'Allemagne nazie pour pouvoir déclarer la guerre à la Pologne. Des prisonniers, déguisés en militaires polonais, passent en Pologne et annoncent à la radio un appel au soulèvement contre Hitler. Cette provocation inventée et planifiée permet à l'Allemagne de déclencher l'invasion de la Pologne provoquant l'entrée en guerre de la France et du Royaume-Uni.
L’incident de Gleiwitz, le 31 août 1939, a servi de prétexte pour déclencher la guerre contre la Pologne le 1er septembre 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit en réalité d'une opération, l'opération Himmler, montée de toutes pièces par les nazis.

Après l'annexion de la Tchécoslovaquie, grisé par les derniers succès de sa politique d'agression, Hitler déclara, le 23 mai 1939 : « Il n'est pas question d'épargner la Pologne.
Il souhaitait annexer la ville libre de Dantzig, anciennement allemande mais séparée de l'Allemagne lors du traité de Versailles pour offrir à la Pologne un accès, appelé le Corridor de Dantzig, à la Baltique.
L'autre volonté du chancelier était, bien entendu, la conquête de son espace vital, le Lebensraum1.
Face à cette agression imminente, la Pologne n’était pas en bonne posture. En effet, de 1926 à 1936, le pays se trouvait sous l'autorité du maréchal Pilsudski, qui, se sentant suffisamment protégé par l'Allemagne, avait, juste avant sa mort, signé un pacte de non-agression avec celle-ci.
Les militaires lui ayant succédé refusèrent alors tout accord avec un pays démocratique et participèrent au démantèlement de la Tchécoslovaquie en s'appropriant le district de Teschen.
En outre, le ministre des Affaires étrangères Józef Beck éprouvait une certaine sympathie pour le nazisme.

Mise en route de l'opération

Himmler, homme de confiance d'Hitler, fut convoqué le 23 juin 1939 à la réunion du conseil de défense du Reich pour arrêter les modalités de l'opération. Himmler conçut lui-même le plan de l'opération qu'il nomma opération Himmler.
L'opération consistait à organiser une fausse agression polonaise contre l'Allemagne, fournissant à Hitler un prétexte pour riposter en envahissant la Pologne. Cette fausse agression consistait en l'attaque de l'émetteur radio par des soldats en uniforme polonais, lesquels diffuseraient un appel aux populations de Silésie à se soulever contre l'Allemagne.
Himmler confia la réalisation du plan à Heydrich. Heydrich appela l'un de ses bras droits, Alfred Naujocks, rencontré à Kiel après son entrée dans les SS. Naujocks, à son tour, choisit six hommes du SD. Himmler exigea de l'Abwehr qu'elle lui fournisse de véritables papiers et uniformes militaires polonais. Wilhelm Canaris, chef de l'Abwehr, tenta d’empêcher l'opération, mais Wilhelm Keitel, chef de l'OKW, dont dépendaient les services de Canaris, se rangea avec Himmler3.
Heinrich Müller, chef de la Gestapo, fournit les derniers éléments du plan : douze criminels issus de camps de concentration, déguisés en Polonais, destinés à être laissés pour morts sur les lieux de «'attaque. Heydrich leur donna le nom de code « conserves » ; il leur avait été promis qu'en échange de cet acte patriotique, ils seraient libérés des camps.

L'attaque de l’émetteur radio

Les six membres du SD et les douze prisonniers déguisés en Polonais arrivèrent à Gliwice et diffusèrent un message appelant la minorité polonaise de Silésie à prendre les armes pour renverser le chancelier allemand Adolf Hitler. Les douze prisonniers furent ensuite abattus et l'on convoqua plusieurs journalistes pour témoigner de l'attaque polonaise. Ce prétexte, repris par la propagande nazie comme casus belli, permit à Hitler d'attaquer la Pologne dès le jour suivant, entraînant dans la foulée la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni. Le conflit devenait mondial5.
L'opération qui s'ensuivit porte le nom de campagne de Pologne.

Les excès du traité de Versailles et l'expansion hitlérienne

À l'issue de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles de 1919 a été considéré par l’Allemagne comme un diktat, qui la condamne à reconnaître sa responsabilité unilatérale dans le déclenchement de la guerre, à payer au titre de « réparations » pour les dommages causés aux personnes et aux biens (une somme qui implique des versements échelonnés jusqu'en 1988, à subir des amputations de territoires à l'est et une limitation de sa souveraineté à l'ouest (démilitarisation de la Rhénanie.
Mais on ne peut imputer aux seuls excès du traité la responsabilité de cette nouvelle guerre. Sans doute, l'épuisement économique et démographique des vainqueurs de 1918, leurs divisions (et notamment la crainte de l'Angleterre de voir la France trop puissante), l'éclatement de l'Europe danubienne en de nouveaux États aux frontières contestables et contestées, l'impuissance d'une Société des Nations (SDN) imposée mais aussitôt refusée par les États-Unis, la crise économique mondiale de 1929, enfin, constitueront autant de facteurs accentuant la fragilité du nouvel équilibre international.

La responsabilité de l'Allemagne nazie

Il n'empêche que c'est d'abord à l'Allemagne d'Adolf Hitler qu'appartient la responsabilité fondamentale de ce conflit.
Soulevé par la mystique du national-socialisme, Hitler est installé en 1933 au pouvoir par le président Hindenburg dans un pays rongé par le chômage et les conséquences économiques et sociales d'une inflation catastrophique. Son objectif est d'effacer le diktat de Versailles et d'assurer à l'Allemagne l'« espace vital » nécessaire à son expansion démographique : le réarmement va donc lui servir à la fois à préparer les conditions d'un changement politique et à remédier à la crise.
Quelques années plus tard commencera la folle aventure de ses coups de force, auxquels la faiblesse et les illusions de l'Angleterre et de la France ne répondront que par autant de renoncements. En particulier, leur absence de riposte à la réoccupation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht – en violation du traité de Versailles –, le 7 mars 1936 retirait aux démocraties occidentales tout moyen de coercition à l'égard de l'Allemagne nazie.

Le rapprochement de Mussolini vers l'Allemagne nazie

En Italie, Mussolini a pris le pouvoir dès 1922, dans un pays qui s'estime lésé par les traités de 1919 et de 1920 : les accords avec l'Autriche-Hongrie et la Yougoslavie ne répondent pas aux promesses faites par les Alliés le 26 avril 1915 (traité de Londres), lorsqu'ils avaient détaché l'Italie de la Triplice. Pourtant, lors de la conférence de Stresa (avril 1935), Mussolini conclut avec la Grande-Bretagne et la France une entente qui stipule que les trois pays s'opposeront à toute modification des traités. Mais, contré par la Grande-Bretagne et la France lors de l'affaire éthiopienne (→ campagnes d'Éthiopie, octobre 1935), Mussolini se rapproche de Hitler et dénonce les accords de Stresa.

L'expansionnisme nippon

Au même moment s'affirmaient en Extrême-Orient les visées expansionnistes de l'empire japonais. Ayant imposé son protectorat à la Mandchourie, occupé la province chinoise de Jehol et quitté la SDN (1933), le Japon entre en 1937 en guerre avec la Chine ; il occupe rapidement Shanghai, Nankin et les principaux ports du Sud-Est (1939), refoulant à Chongqing Tchang Kaï-chek.
L'extension de l'influence nippone dans le Pacifique ne provoque aucune réaction des États-Unis, alors entièrement absorbés par le redressement de leur économie et qui n'interviendront pratiquemen pas dans la crise internationale d'où sortira la Seconde Guerre mondiale.
Pour en savoir plus, voir l'article guerres sino-japonaises.

Le déclenchement de la guerre par la violation des accords de Munich par Hitler

Mais c'est dans la vieille Europe que les exigences démesurées du dictateur allemand, encouragé par la démission des démocraties occidentales, allumeront le conflit.
Après s'être habilement assuré à l'automne de 1936 du soutien politique du Japon par la signature du pacte Antikomintern, dirigé contre l'URSS, et de l'alliance de l'Italie fasciste par la constitution de l'Axe Berlin-Rome, Hitler annexe l'Autriche en mars 1938, Anschluss. La guerre est évitée de justesse par les accords de Munich, septembre, qui, en acceptant l'incorporation au Reich du territoire des Sudètes, amorcent le démembrement de la Tchécoslovaquie.
Dès mars 1939, ces accords sont violés par Hitler, dont les troupes entrent à Prague, tandis que Mussolini, un mois plus tard, annexe l'Albanie, puis signe avec Hitler le 22 mai 1939 le pacte d'Acier, traité de Berlin, qui enchaîne inconditionnellement l'Italie à l'Allemagne.
Cette fois, Paris et Londres décident enfin de résister. Aussi, quand Berlin somme brusquement Varsovie, le 25 mars 1939, de soumettre à un aménagement le statut de Dantzig et du corridor, Gdańsk, Londres prépare-t-il avec diligence un traité d'alliance avec la Pologne, et Paris confirme le sien. Les deux capitales étendent leurs garanties à la Roumanie et à la Grèce le 13 avril. Un accord semblable est conclu entre la Grande-Bretagne, la France et la Turquie, le 19 octobre, après la cession à Ankara du sandjak d'Alexandrette, aujourd'hui Iskenderun, détaché de la Syrie alors sous protectorat français.

Le pacte germano-soviétique

À l'approche de l'été de 1939, la seule inconnue qui demeure dans les données initiales d'un conflit désormais inéluctable est l'attitude de l'URSS. Sans doute la France et l'Angleterre espèrent-elles encore que l'inconnue de Moscou empêchera Berlin de se lancer dans une guerre générale.
Le 11 août, une mission militaire franco-britannique est dépêchée en URSS pour tenter d'obtenir l'appui de l'Armée rouge contre les nouveaux appétits de l'Allemagne nazie. Aussi est-ce avec stupeur que Paris et Londres apprennent la signature dans la nuit du 23 au 24 août 1939 d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS, dont la négociation avait été tenue rigoureusement secrète, pacte germano-soviétique.
Les grandes purges qui, de 1936 à 1938, avaient bouleversé le monde soviétique, décimé les cadres de l'État et du parti et décapité l'Armée rouge de son haut commandement avaient sans doute mis l'URSS hors d'état d'intervenir en Europe. En changeant son ministre des Affaires étrangères Molotov remplace Litvinov, Staline prenait le parti d'éloigner la guerre de son pays au prix d'une aide politique, économique et militaire à l'Allemagne, mais aussi en échange de substantiels profits : l'annexion de la Pologne orientale, des pays Baltes et de la Bessarabie était prévue par une annexe secrète au pacte du 23 août.

L'invasion de la Pologne

Ayant chassé le spectre de toute menace à l'est, Hitler a désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août 1939, il lance à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l'aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchit sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne peut ignorer qu'il va se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne.
Aussi, après l'échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne bientôt suivie par les dominions et la France déclarent-elles le 3 septembre 1939 la guerre à l'Allemagne.
Arguant de sa faiblesse militaire, l'Italie demeure provisoirement non belligérante, tandis que les États-Unis proclament leur neutralité armée, confirmée le 3 octobre par la déclaration de neutralité des républiques latino-américaines.

Première partie : les victoires de l'Axe, 1939-1942

Les succès allemands sept. 1939 - juin 1940

L'invasion de la Pologne par la Wehrmacht armée de terre commence le 1er septembre 1939 à 5 heures, sans mobilisation préalable et sans déclaration de guerre ; un groupe de SS Schutzstaffel, brigade de protection, déguisés en soldats polonais, a justifié l'invasion par un simulacre de raid polonais en territoire allemand. Les Allemands possèdent l'arme de la guerre éclair : la Panzerdivision, unité autonome disposant d'environ 300 chars, de troupes d'assaut motorisées, d'une artillerie tractée ; ravitaillée par air, agissant en étroite liaison avec l'aviation, elle allie mobilité et puissance.

L'écrasement de la Pologne

Avant même que la mobilisation française fût achevée et le corps expéditionnaire britannique débarqué, les troupes polonaises – dans lesquelles la cavalerie jouait encore un grand rôle – étaient bousculées, puis anéanties et faites prisonnières. Cinq armées allemandes, dont quatre divisions blindées, convergent vers Varsovie par Bromberg, Łódz et la haute Vistule. Tandis que l'aviation du Reich incendie des villes sans défense, dont la capitale polonaise, une cinquième colonne joue un rôle actif en Posnanie au profit des envahisseurs.

Dès le 9 septembre s'engage la bataille pour Varsovie, la Wehrmacht attaquant l'armée polonaise, qu'elle a tournée, de l'est vers l'ouest. Le 17 septembre, en application du pacte germano-soviétique, l'Armée rouge envahit la Pologne orientale.

Varsovie, assiégée, bombardée, résiste quelques jours ; le 27 septembre, privée d'eau, elle se rend. Le 28 septembre a lieu le cinquième partage de la Pologne, cette fois entre l'Allemagne et l'U.R.S.S. Le gouvernement et quelques milliers de soldats polonais ont réussi à passer en Roumanie, d'où la plupart gagneront le Proche-Orient. Hitler annexe au Reich Dantzig et la Posnanie. Autour de Varsovie, il crée un gouvernement général, où sévit le racisme nazi (national-socialiste) et s'instaure la terreur. Le martyr de la Pologne a commencé.

Élimination de la Pologne, 1er septembre-5 octobre 1939

Presque aussi timoré que ses homologues alliés, l'état-major allemand s'est vu imposer par Hitler l'audacieuse doctrine de la guerre éclair menée par le couple char-avion, expérimentée de 1936 à 1939 lors de la guerre civile d'Espagne et des invasions de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie.
La Pologne disposait aux ordres du maréchal Rydz-Śmigłi d'une vingtaine de divisions et de 10 brigades de cavalerie soutenues par 447 avions et 280 chars anciens.
La Wehrmacht attaque concentriquement, à partir de la Prusse-Orientale, de la Silésie et de la Slovaquie avec 63 divisions, dont 7 Panzer, soit environ 2 000 blindés et près de 2 000 avions.
Surprise en cours de mobilisation, mal déployée, l'armée polonaise, bousculée et rapidement tronçonnée, résiste jusqu'au 27 septembre. Dix jours avant, elle a reçu le coup de grâce : alors que Varsovie venait d'être investie, les forces soviétiques, conformément aux accords du 23 août, franchissaient la frontière orientale polonaise et marchaient à la rencontre de la Wehrmacht.
Conquise en vingt-six jours, la Pologne est, le 28 septembre à Moscou, l'objet d'un quatrième partage. Il fixe la ligne du Bug comme frontière germano-soviétique, en échange de quoi l'URSS obtient de s'installer dans les États baltes, y compris en Lituanie.
Quant à l'Allemagne, elle annexe Memel, Dantzig et son corridor, Gdańsk, la Posnanie et la Silésie polonaise. Les régions de Varsovie et de Cracovie, où est concentrée la population, forment un Gouvernement général placé sous administration allemande : le terme même de Pologne a disparu.
Pour en savoir plus, voir l'article campagnes de Pologne.

"Drôle de guerre à l'ouest"

Sur le front français, les opérations sont très limitées durant l'hiver 1939-1940. Sur mer, elles sont marquées par le torpillage du cuirassé anglais Royal Oak dans la rade de Scapa Flow 14 octobre et le sabordage du cuirassé allemand Graf von Spee devant Montevideo 17 décembre ; la Kriegsmarine marine de guerre ne dispose alors que de 22 sous-marins de haute mer, et la guerre sous-marine n'en est qu'à ses débuts.
Les gouvernements alliés se sont organisés pour la guerre. À Londres, Churchill prend la tête de l'amirauté, et Eden devient ministre des dominions ; à Paris, Daladier, déjà président du Conseil et ministre de la Défense nationale, s'approprie les Affaires étrangères et dissout les organisations communistes qui, à l'image de Moscou, condamnent la guerre. Il obtient les pleins pouvoirs du Parlement, tandis que le général Gamelin est reconnu généralissime du front occidental.
La stratégie demeure défensive à l'abri de la ligne Maginot et se cantonne dans un blocus dont les Alliés attendent la décision ou au moins le temps nécessaire pour réduire le retard de leurs armements.
Les forces allemandes sont supérieures à celles des Alliés dans tous les domaines, sauf la Marine : 127 divisions terrestres contre un peu plus d'une centaine ; 5 200 avions contre 1 200 pour la France et 1 700 pour la Royal Air Force ; 3 croiseurs et 3 cuirassés contre 3 croiseurs et 10 cuirassés britanniques, et une vingtaine de croiseurs lourds et 3 cuirassés à la France. Le nombre des sous-marins allemands n'est pas supérieur à celui des Français : 120 contre 130.
Une offre de paix de Hitler 6 octobre est repoussée, comme la médiation du roi Léopold III de Belgique, et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Au printemps de 1940, un voyage d'information en Europe du secrétaire d'État adjoint américain Sumner Welles, révèle l'impossibilité d'un compromis.

La drôle de guerre

À l'ouest, l'armée française a lancé une timide offensive dans la forêt de la Warndt, et conquis quelques centaines de kilomètres carrés. Mais les quatre divisions britanniques n'ont pris position en France que le 3 octobre. Certes, la France et le Royaume-Uni ont rejeté, le 6 octobre, les propositions de paix de Hitler qui reconnaissaient le fait accompli en Pologne. Le 16 octobre 1939, une contre-offensive allemande ramène les troupes françaises à leur point de départ, et même un peu au-delà, car Forbach est évacué.

Commence alors ce qu'on a appelé la drôle de guerre, c'est-à-dire un intermède de huit mois, marqué par des opérations de faible portée militaire ou diplomatique. Les hostilités se limitent à des expéditions sur la mer contre les corsaires allemands, à des escarmouches de patrouilles, à une garde symbolique sur le Rhin. Cette inaction mine le moral des soldats mobilisés.
Tout en exécutant scrupuleusement les obligations du pacte qui la lie au Reich, l'U.R.S.S. s'efforce d'obtenir des contre-parties aussi avantageuses que possible. Pour retrouver les anciennes frontières de la Russie, autant que pour créer un glacis entre elle et son inquiétant partenaire, l'U.R.S.S. occupe l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ; mais, la Finlande ayant refusé de lui céder des bases navales, terrestres et aériennes, l'Armée rouge envahit le territoire finlandais le 30 novembre. À la surprise générale, la campagne d'hiver ne permettant pas de vastes opérations et les troupes soviétiques n'étant engagées que par petits groupes, l'armée finlandaise résiste jusqu'au mois de mars 1940. La faiblesse militaire de l'U.R.S.S. paraît ainsi démontrée ; les gouvernements français et britannique envisagent une double attaque visant l'Allemagne à travers l'U.R.S.S. : un corps expéditionnaire qui irait au secours de la Finlande et un raid vers le pétrole du Caucase par l'aviation française stationnée en Syrie sous le commandement du général Weygand. En définitive, l'opération se limite à l'exclusion définitive de l'U.R.S.S. de la Société des Nations le 14 décembre 1939. Accusé de mollesse dans la conduite de la guerre, Daladier a cédé la présidence du conseil des ministres à Paul Reynaud, le 21 mars. Mais l'opinion française demeure divisée, intoxiquée par la propagande de Joseph Goebbels, ministre allemand de l'Information.

Contre l'Allemagne elle-même, le haut commandement franco-britannique se borne à supputer les intentions de la Wehrmacht en échafaudant des plans répondant à diverses hypothèses. Il apparaît clairement qu'il faudrait devancer les Allemands en Belgique, mais le gouvernement belge accepte seulement une entrée des troupes alliées en Belgique après une attaque allemande. Tirant partiellement les leçons de la déroute polonaise, l'état-major décide la création de quatre divisions blindées, dont la constitution, l'armement et l'entraînement s'effectuent lentement et difficilement ; elles ne comprennent que 170 chars en moyenne chacune, les autres blindés – dont le nombre total est sensiblement égal à celui des blindés allemands – demeurant éparpillés entre les unités.

Le blocus naval ne donne guère de résultat, l'Allemagne recevant de l'U.R.S.S. les matières premières dont elle a besoin. Cependant, la guerre sous-marine a commencé à l'initiative allemande : c'est un « contre-blocus » qui risque de gêner beaucoup l'armement et le ravitaillement du Royaume-Uni par les convois venus des dominions ou des États-Unis.

L'Italie s'étant placée en état de non-belligérance, l'état-major français ne peut pas porter la guerre dans la plaine du Pô, comme le général Gamelin l'avait un moment envisagé. L'armée allemande se renforce sans cesse, le nombre des Panzerdivisionen passant de 5 à 12. La supériorité aérienne de l'Allemagne est écrasante ; les chasseurs britanniques valent certes les chasseurs allemands, mais ils sont inférieurs en nombre ; les bombardiers alliés font cruellement défaut.

Campagne de Finlande, 30 novembre 1939-12 mars 1940

Au même moment, les états-majors alliés envisagent, pour parfaire le blocus, des actions aériennes périphériques sur les pétroles roumains comme sur les mines de fer scandinaves. Ces projets prennent corps au moment où l'URSS attaque la Finlande (30 novembre), ce qui lui vaut d'être exclue de la Société des Nations (SDN).
La résistance de l'armée finnoise étonne le monde jusqu'en février 1940, date où les Soviétiques finissent par forcer la ligne Mannerheim, qui barre l'isthme de Carélie. Par le traité de Moscou du 12 mars 1940, l'URSS annexe la Carélie finlandaise et s'empare de la presqu'île de Hanko (Hangö en suédois).

Liens

http://www.youtube.com/watch?v=cq3iemuqEUs
http://www.ina.fr/video/CPF86600828 Opération himmler Ina
http://youtu.be/cq3iemuqEUs Opération Himmler
http://youtu.be/7GbyIu7wEog Himmler Portrait d'un tueur
http://youtu.be/bxfeqtVIe9k Commémoration de l'opération Himmler
http://youtu.be/MZy4iKJ7Nn8 L'invasion de la Pologne
http://youtu.be/hBzrT3KyEn8 La drôle de guerre 2000 ans d'histoire 1/2
http://youtu.be/G9W_bLka5b0 La drôle de guerre 2000 ans d'histoire 2/2


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Posté le : 30/08/2014 22:19
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Vladimir Jankélévitch
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Le 31 août 1903, à Bourges naît Vladimir Jankélévitch

philosophe et musicologue, moraliste et métaphysicien français. Il est inluencé par François de sales, henri bergson, Georg Simmel, Léon Chestov, Schelling, et Plotin, il a lui-même influencé Lucien Jerphagnon, Élisabeth de Fontenay, Clément Rosset, André Comte-Sponville, Joëlle Hansel, Cynthia Fleury. Ses Œuvres principales sont Le traité des vertus, Le-je-ne-sais-quoi et le presque-rien, Le paradoxe de la morale, La mort. Il meurt à paris à 81 ans, le 6 Juin 1985

En bref

"La philosophie est comme la musique, qui existe si peu, dont on se passe si facilement : sans elle il manquerait quelque chose, bien qu'on ne puisse dire quoi. ... On peut, après tout, vivre sans le je-ne-sais-quoi, comme on peut vivre sans philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien."
Professeur aux universités de Lille et de Toulouse, puis, en 1952, à la Sorbonne, il a consacré une part très importante de ses travaux à la musique. Cernant les aspects les plus fugitifs, les plus impondérables de l'art de Fauré, de Debussy et de Ravel, il a introduit dans l'analyse musicale un élément neuf et des principes féconds. Son écriture, suggestive et souple, nourrie de références, sa pensée libre, ondoyante, d'une rare finesse, ses intuitions de poète, sont chez lui les composantes de son art de la critique.
Philosophe français Bourges 1903-Paris 1985.
Sa réflexion s'est portée sur l'analyse existentielle la Mauvaise Conscience, 1933 ; Traité des vertus, 1949 ; la Mort, 1966 ; le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, 3 volumes, 1981. Il s'est aussi intéressé à la musique Ravel, 1939.

Sa vie

Vladimir Jankélévitch est né dans une famille d'intellectuels russes qui avait fuit les pogroms antisémites dans leur pays. Son père médecin, Samuel, fut l'un des premiers traducteurs de Sigmund Freud en France ; il traduisit également des œuvres de Hegel et Schelling et publia des articles dans les revues de philosophie.
Vladimir Jankélévitch entre en 1922 à l'École normale supérieure où il étudie la philosophie ; il y a pour maître Léon Brunschvicg 1869-1944. En 1923, il rencontre Henri Bergson avec qui il entretient une correspondance.
Reçu premier à l’agrégation en 1926, Jankélévitch part pour l'Institut français de Prague l'année suivante. Il y enseigne jusqu'en 1932 et rédige une thèse sur Schelling. De retour en France, il enseigne au lycée Malherbe de Caen, puis au lycée du Parc de Lyon avant d'intégrer l'université de Toulouse en 1936, puis celle de Lille en 1938.
Dès le mois de janvier 1940, il entre dans la clandestinité à Toulouse où il passera les années de guerre, sous plusieurs identités dont celle d’André Dumez. Il est révoqué le 18 juillet 1940 comme n’ayant pas la nationalité française à titre originaire
Il s'engage dans la Résistance et dit : Les nazis ne sont des hommes que par hasard. Sa sœur Ida épousa le poète Jean Cassou. Durant l'Occupation, Vladimir Jankélévitch réussit à faire venir toute sa famille à Toulouse, où Jean Cassou devient commissaire de la République en juin 1944. Il reçut l'aide du recteur de l'Institut catholique de Toulouse, Mgr Bruno de Solages, ainsi que des francs-maçons, notamment la famille de Henri Caillavet. Il dit, contre Sartre, que là était le vrai moment de s'engager, et qu'alors, faire de la morale, ce n'était pas écrire un Cahier pour une morale ou rédiger un Traité des vertus comme il le fera plus tard, mais de distribuer des tracts en pleine rue au péril de sa vie. Pour lui, la morale consiste à s'engager, non à effectuer une tournée de conférences au cours desquelles on s'engage à s'engager.
Il retrouve en octobre 1947 son poste de professeur à la Faculté de Lille. De 1951 à 1979, il est titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne. Il est fait docteur honoris causa de l'Université libre de Bruxelles en 1965. À la Sorbonne, en mai 1968, il épouse corps et âme l'insurrection étudiante.
En 1972, il présente dans Italiques, L'irréversible et la nostalgie et raconte comment Stravinsky l'incita a lire l'œuvre de Ramuz
En 1979, lors des États Généraux de la philosophie qui se sont tenus à la Sorbonne, il a puissamment contribué, avec Jacques Derrida, à sauver l'enseignement de la philosophie en Terminale en France. Sa seconde épouse, née Lucienne Lanusse le 28 décembre 1911, est décédée le 13 novembre 2007 à Paris.

Sa pensée

Professeur à la Sorbonne pendant près de trente ans, Vladimir Jankélévitch a marqué de nombreuses générations d’étudiants par ses cours de morale et de métaphysique mais aussi par sa personnalité.
Parmi ses ouvrages, on note Le Traité des vertus, Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien, ou La Mort. Il a également porté un regard neuf sur la musique des XIXe et XXe siècles. Dans L'imprescriptible, composé de deux textes Dans l'honneur et la dignité, 1948, et Pardonner ?, 1971, Vladimir Jankélévitch reprend un article qu'il avait fait paraître en 1956 dans la Revue Administrative. Cet ouvrage a contribué à définir la notion d'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, au moment où les crimes des nazis allaient être couverts par la prescription.
Philosophe engagé, il fut de tous les combats de son siècle Résistance, mémoire de l’indicible ; engagement pour la défense de la philosophie lors des États généraux de la philosophie en 19796. Il a été surnommé le marcheur infatigable de la gauche à cause de sa participation à de très nombreuses manifestations, joignant philosophie et histoire vécue. La pensée morale de Vladimir Jankélévitch ramène à une vie vécue selon l’ordre du cœur puisque ce dernier, et lui seul, constitue la vraie structure d’acte de sa philosophie. Son combat était de faire reconnaître la prééminence absolue de la morale sur toute autre instance.

Penseur original dont l'œuvre fort variée prend en considération la plénitude de l'existence humaine et sa temporalité, Vladimir Jankélévitch était d'origine russe. Son père, Samuel Jankélévitch, qui était médecin, traduisit de nombreux ouvrages russes et allemands ; il fut notamment l'un des premiers traducteurs en français de Sigmund Freud. Entré à l'École normale supérieure en 1922 et reçu en 1926 au concours de l'agrégation de philosophie, Vladimir enseigna à l'Institut français de Prague, puis dans les lycées de Caen et de Lyon. En 1933, il obtint le doctorat avec une thèse principale intitulée L'Odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling et une thèse secondaire où il abordait déjà un phénomène moral : La Mauvaise Conscience. Mobilisé en 1939, alors qu'il était maître de conférences à l'université de Toulouse, il fut, l'année suivante, révoqué de ses fonctions d'enseignant par les lois antisémites du gouvernement de Vichy et s'engagea aussitôt dans la Résistance. À la Libération, il fut chargé d'établir les programmes musicaux à la radio de Toulouse-Pyrénées, puis nommé maître de conférences à l'université de Lille. C'est alors, en 1949, qu'il publia son important Traité des vertus. De 1951 à 1978, il fut titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne.

L'originalité et l'influence de Vladimir Jankélévitch s'imposèrent non seulement dans cette discipline qu'il avait pour fonction d'enseigner, mais aussi dans les domaines de la métaphysique, de la musique et de la musicologie, pianiste lui-même, il admirait surtout Liszt et Debussy, de l'engagement du maître et du penseur dans les grands débats contemporains le mal, la mort, l'euthanasie, l'acte moral, les attitudes de la conscience, l'option politique, la fidélité à la mémoire des victimes du nazisme, la difficulté de pardonner aux bourreaux et à leurs complices, la défense de la classe de philosophie dans l'enseignement secondaire, etc.. Philosophe de la vie, philosophe dans la vie, il se prescrivait, en effet, à lui-même d'adopter toujours conjointement la perspective du regard, de l'écoute et de l'analyse, où il faisait preuve d'un art très subtil et celle de l'action, de l'engagement dans le mouvement du réel. Dans cette branche du savoir alors assez délaissée qu'était la philosophie morale, non seulement il a renouvelé avec originalité l'étude des grandes catégories éthiques telles que la vertu, la bonne et la mauvaise conscience, l'amour, l'attitude devant le monde, la volonté, la temporalité et l'instant, le mystère même de l'existence morale, ce qui est fait reste à faire, mais il a aussi rouvert à une réflexion rigoureuse des champs jusque-là réputés de peu de poids épistémologique : le presque-rien, le je-ne-sais-quoi, l'ironie, l'ennui, l'impur, l'aventure, tous thèmes à la fois banals et intempestifs qu'il touchait avec une justesse attentive à l'infinitésimal.

Parmi les nombreux ouvrages de V. Jankélévitch, on retiendra surtout, outre son Traité des vertus : Henri Bergson 1936, L'Alternative 1938, L'Ironie, ou la Bonne Conscience 1950, La Mauvaise Conscience 1951, Debussy et le mystère 1950, Philosophie première. Introduction à une philosophie du presque 1954, L'Austérité de la vie morale 1956, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien 1957, Le Pur et l'Impur 1960, La Musique et l'Ineffable 1961, La Mort 1966, Le Pardon 1967, Quelque part dans l'inachevé (en collab. avec Béatrice Berlowitz, 1978, Liszt et la rhapsodie. Essai sur la virtuosité 1979, Le Paradoxe de la morale 1981, Le Sérieux et l'intention 1984, Les Vertus et l'Amour 1986, L'Imprescriptible 1986, La Musique et les heures 1988.

Son œuvre est centrée autour de trois axes de réflexion :
La métaphysique du je ne sais quoi et du presque rien

Vladimir Jankélévitch est, à la suite de Bergson, le philosophe du devenir, qu'il veut surprendre sur le fait, en train de devenir, en flagrant délit, en équilibre sur la fine pointe de l'instant8! Qu'il parle de la mort, de la liberté, de l'intention, de l'intuition, de l'acte, et finalement de l'amour, il tente d'encercler l'instant au plus près et des deux côtés avant, dans le pas encore, et après, dans le jamais plus, qui ne sont pas symétriques, tout en rappelant sans cesse que c'est impossible.
Il a d'ailleurs été désigné par Bergson, avec Jean Guitton, comme l'héritier de sa pensée.

Dans la continuité de l'intervalle qui conduit à cet instant, tout est possible et l'être s'arrondit sur ce capital en espérance, sur cette potentialité : il est bien question de liberté, d'intuition, de création, d'amour, mais de loin et à la troisième personne, surtout dans le cas de la mort. Après, dans l'autosatisfaction du fait accompli, l'être se reforme autour de son égoïté, de ses souvenirs teintés de complaisance et de nostalgie : de mort, de liberté, d'amour, il n'est déjà plus question. Mais il reste de cet instant brèvissime, de ce presque rien où l'être s'est amenuisé jusqu'à n'être presque plus rien pour aimer, un je ne sais quoi qui traine dans l'atmosphère, comme un charme, et rien ne sera plus comme avant.
Il est le chantre de la transcendance quotidienne, le philosophe mystique, puisqu'il dit emprunter cette expression je-ne-sais-quoi à saint Jean de la Croix lui-même qu'il cite d'ailleurs abondamment sans en partager la foi, ce saut dans l'inconnu. Le seul saut qu'il a expérimenté est celui de l'instant quel qu'il soit, celui de l'amour ou, par exemple, celui de la tentation : il décrit, comme seul peut le faire quiconque l'a expérimenté, le pécheur encore en équilibre, entraîné vers l'avant et retenu vers l'arrière, en train de basculer.

Sa conception de la liberté n'est pas statique, figée dans un état de conscience mais dynamique et progression constante vers un au-delà de conscience toujours à conquérir: la liberté c'est de rester fidèle à la prise de conscience elle-même, laquelle n'est pas un exposant, ni un cryptogramme, mais un dynamisme et une mobilité.

La morale de l'intention bienfaisante

"Ce qui est vrai du mystère de la mort... n'est pas moins vrai du mystère de l'amour... L'expérience morale enfin suppose à la fois la notion universelle et rationnelle d'une loi inhérente à la dignité de l'humain en général et, au vif du for intime, une expérience privilégiée, urgente, hyperbolique qui nous pousse toujours au-delà de notre devoir... Aussi la morale, dès qu'elle cesse une pure déduction cognitive et synonymique des devoirs, ne se distingue-t-elle plus de la métaphysique."
— Vladimir Jankélévitch, Philosophie première
Un des paradoxes de la morale tient en ceci : le devoir moral est infini et certain, je sais que je dois faire, et ceci absolument, mais, pour devenir effectif, il doit passer par des moyens limités et hypothétiques et ambigus, je ne sais pas quoi ni comment faire : Entre la finitude d'un pouvoir limité par la mort et l'infinité du devoir moral ou de l'amour, la contradiction paradoxale s'aiguise jusqu'au paroxysme de l'absurde et de l'intenable. Le paradoxe de la morale. Une autre façon d'approcher ce paradoxe est de rapprocher la morale de l'amour qui en est le moteur secret : tout le problème de l'agent moral comme de l'amant est de faire tenir le maximum d'amour dans le minimum d'être, Le paradoxe de la Morale.

Un autre paradoxe de la Morale tient au fait que l'intention doit se traduire en acte, c'est-à-dire prendre les moyens bien limités de sa fin infinie, et, pire, se déposer en actes posés : cette traduction est forcément une trahison, car elle doit accepter les médiations, les compromis et les compromissions… si elle est vraiment sérieuse. Elle doit finalement accepter que ses œuvres se détachent et, parfois, s'éloignent d'elle. On touche ici à un point essentiel de la pensée de Jankélévitch qui est une paradoxologie de l'organe-obstacle, concept emprunté à Bergson : il ne suffit pas de dire la volonté morale est reléguée dans une zone intermédiaire : la volonté peut ce qu'elle peut malgré l'obstacle et par là même grâce à lui.

L'esthétique de l'ineffable

Passionné par la musique, notamment le répertoire du piano et musicologue, sa réflexion est autant philosophique qu'esthétique. Il a écrit une douzaine d'ouvrages sur la musique et les compositeurs qu'il admire, Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Claude Debussy, Franz Liszt etc. C'est l'une des originalités de son œuvre qui se distingue également par les thèmes abordés. Influencé par Bergson, bien qu'il n'ait pas été son élève mais à qui il a consacré son premier ouvrage, Jankélévitch a aussi développé une réflexion sur l'existence de la conscience dans le temps. On peut trouver une introduction à sa pensée dans le livre d'entretiens Quelque part dans l'inachevé Éditions Gallimard où Béatrice Berlowitz dialogue avec le philosophe sur l'ensemble de ses thèmes. Pendant cinquante-sept ans, Vladimir Jankélévitch a écrit à Louis Beauduc, ancien coturne de l'École normale supérieure ; ces échanges rassemblés sous le titre Une vie en toutes lettres Éditions Liana Levi témoignent de l’itinéraire philosophique et personnel du philosophe.

Procédant par variations autour de quelques thèmes dominants - le temps et la mort, la pureté et l'équivoque, la musique et l'ineffable - la philosophie de Jankélévitch s'efforce de retraduire, dans l'ordre du discours, la précarité de l'existence. C'est tout d'abord l'essence très fragile de la moralité qui retient l'attention du philosophe : la fugace intention morale n'est qu'un Je-ne-sais-quoi, constamment menacé de déchéance, c'est-à-dire de chute dans l'impureté. Seul l'amour en effet, inestimable dans sa générosité infinie, confère une valeur à tout ce qui est. Apaisante et voluptueuse, la musique témoigne elle aussi de ce presque-rien - présence éloquente, innocence purifiante - qui est pourtant quelque chose d'essentiel. Expression de la plénitude exaltante de l'être en même temps qu'évocation de l' irrévocable, la musique constitue l'image exemplaire de la temporalité, c'est-à-dire de l'humaine condition. Car la vie, parenthèse de rêverie dans la rhapsodie universelle, n'est peut-être qu'une mélodie éphémère découpée dans l'infini de la mort. Ce qui ne renvoie pourtant pas à son insignifiance ou à sa vanité : car le fait d'avoir vécu cette vie éphémère reste un fait éternel que ni la mort ni le désespoir ne peuvent annihiler.

Anecdotes

Il tenait à ce que l'on prononçât la première syllabe de son nom comme jean et non yan, par souci d'ancrer son patronyme dans la culture française.
Sur la façade du 1 quai aux Fleurs Paris, IVe arrondissement, face aux jardins de la Cathédrale Notre-Dame est apposée une plaque rappelant que le philosophe et sa famille vécurent à cette adresse à partir de 1938 jusqu'en 1985. Sur cette plaque est inscrite la citation suivante : Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été ; désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir vécu est son viatique pour l'éternité, Vladimir Jankélévitch, L’Irréversible et la nostalgie.
En 2003 une plaque a été apposée sur sa maison natale, 16 boulevard Gambetta, à Bourges Cher, dévoilée par Serge Lepeltier, sénateur-maire de Bourges, et Alain Vernet, psychologue, qui suivit ses cours à La Sorbonne.

Événements

En mai-juin 2003, à l'occasion du centenaire de sa naissance, se sont tenues des rencontres au Centre de Cerisy-la-Salle France, Basse-Normandie; le programme est détaillé sur le site internet du Centre. Sous le titre V. Jankélévitch, l'empreinte du passeur a paru en avril 2007 aux éditions Le Manuscrit un ouvrage présentant la plupart des interventions entendues lors de ces rencontres, manuscrit.com.
Pour le 20e anniversaire de sa mort, les 16 et 17 décembre 2005, s'est déroulé à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, un colloque international, introduit et modéré par Françoise Schwab, dont voici les intervenants :
Esthétique - Emmanuelle Delrieu, Marianne Massin, Bernard Sève, Jean-Pierre Bartoli
Métaphysique - Pierre-Michel Klein, Frédéric Worms, Gilles Ernst, Enrica Lisciani-Petrini
Morale - Luc-Thomas Somme, Hélène Politis, Élisabeth de Fontenay, Jurgen Brankel, Arnold Davidson
Politique - Peter Kemp, Alain Le Guyader, Michèle Le Doeuff,
Conclusion par Lucien Jerphagnon puis projection du film de Anne Imbert Questions d’oreille, Vladimir Jankélévitch, un philosophe et la musique.
Coordination du colloque : Jean-Marc Rouvière.
Les actes ont paru en novembre 2010, avec des rééditions d'articles de Jankélévitch, sous le titre Présence de Vladimir Jankélévitch. Le charme et l'occasion Ed. Beauchesne.

En septembre 2008, la Fondation des Treilles France, Var a organisé avec les associations Chestov et Jankélévitch une semaine de colloque sur les œuvres de ces deux philosophes. Les participants furent : Jurgen Brankel, Emmanuelle Delrieu, Ramona Fautiade, organisateur, Toby Garfitt, Benjamin Guérin, George Lindsey Pattison, Alexandra Macintosh, Jacques Message, Nicolas Monseu, Isabelle de Montmollin, Alexis Philonenko, Jean-François Rey, Olivier Salazar-Ferrer, Françoise Schwab organisateur, Andrius Valevicius, Anna Yampolskaia.
Ce séminaire a été consacré à l’étude parallèle des œuvres de Léon Chestov 1866-1938 et de Vladimir Jankélévitch, deux penseurs d’origine russe dont les thématiques se croisent et se rencontrent parfois, suscitant de passionnants rapprochements qui engagent la question de l’irréversibilité du temps, les notions de l’instant, de l’amour, du rapport à l’autre, de l’indicible et de l’ineffable, le problème de l’affectivité et du savoir, les limites du rationnel. Les deux sociétés Vladimir Jankélévitch et Léon Chestov ont réussi à rassembler à la fois des chercheurs prestigieux et des jeunes chercheurs dont le dialogue fut porteur de nouvelles approches comparées. Cette rencontre occasionna aussi des échanges à travers diverses cultures et traditions philosophiques, France, Belgique, Suisse, Allemagne, Russie, Royaume-Uni, Canada. Les organisateurs ont salué entre autres la présence exceptionnelle des descendants de la famille de Léon Chestov, ce qui permit de faire une synthèse éditoriale des œuvres. En mars 2011, les Éditions universitaires européennes ont publié sur la base de ce colloque, Léon Chestov - Vladimir Jankélévitch, du tragique à l'ineffable.

Les 10, 11, 12 juillet 2012, s'est tenu à Toulouse le colloque Métaphysique, morale et temps. Bergson, Jankélévitch, Levinas, Université de Toulouse 2.
En avril 2014, sur France-Culture, Les Nouveaux chemins de la connaissance animés par Adèle Van Reeth consacrent au philosophe une série de quatre émissions.

Œuvres

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Philosophie Musicologie Publications posthumes

Liens
http://youtu.be/h7ZmfaEQfKI La mort ou l'expérience de l'impensable
http://youtu.be/pqalNp1sG90 Un amour de morale
http://youtu.be/8qerxhYH39A A quoi servent les philosophes chez Pivot


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Posté le : 30/08/2014 21:44
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Re: Défi du 30/08/2014
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Martine

Assise à mon bureau, je consulte mon agenda. Un rendez-vous a été fixé à neuf heures avec une certaine Martine Delahaye. Je prends sa fiche de renseignement qui a été complétée lors de sa présentation à une de nos permanences afin de solliciter une médiation de dettes : une dame de soixante ans, veuve depuis peu et qui a accumulé quelques retards dans ses factures et son crédit. Bref, un profil relativement classique. Face aux accidents de la vie, les budgets se fragilisent et ceux qui étaient sur le fil du rasoir basculent dans l’endettement.

Un coup de téléphone m’annonce que la dame est arrivée en salle d’attente. J’emporte mes feuilles, un stylo et ma fidèle calculatrice puis pars à la rencontre de mon rendez-vous. Elle me suit jusqu’au bureau d’entretien où nous nous installons face-à-face. Son visage m’est étrangement familier. Elle est brune, les cheveux attachés en queue de cheval, de grands yeux noisette, un sourire amical et des joues rebondies. Comme je la dévisage silencieusement, elle m’interpelle :

« Mon visage ne vous est pas inconnu ?
– En effet. Mais je ne parviens pas à déterminer d’où je vous connais.
– Je suis Martine, La Martine !
– Lamartine ? Je ne vois pas le lien avec le poète…
– Non, l’héroïne de bandes dessinées.
– Le personnage crée par Gilbert Delahaye ?
– Oui, c’était mon père. Il s’est inspiré de mon enfance pour écrire ses albums.
– C’est fou ! J’ai lu tous ses livres. Vous êtes une vraie célébrité.
– Oui, tout allait bien tant que j’étais petite. À l’adolescence, je suis devenue une sorte de hippy, ce qui ne correspondait plus du tout à l’image de la petite fille bourgeoise parfaite. Mon père a donc pris un autre modèle, la fille de nos voisins qui était plus jeune. Nous avons alors perdu notre complicité. Nous ne nous comprenions plus. Pourquoi laissait-il son personnage figé dans une réalité édulcorée, utopique alors que la société changeait ?
– Et qu’êtes-vous devenue ?
– J’ai fait des études de marketing et j’ai naturellement été engagée par les éditions Casterman pour m’occuper de la promotion des livres de mon père et des autres. Mais à son décès, c’est le fils de l’illustrateur qui a pris le relai et j’ai été écartée de leurs projets. Mais je touche encore des droits d’auteur.
– J’ai une petite question personnelle. Dans l’histoire, le petit Simon était amoureux de vous. Existait-il ?
– Bien sûr et nous nous sommes mariés. Nous avions partagé tant de choses pendant l’enfance, qu’une grande complicité nous unissait. Plus tard, mon père s’est inspiré de notre petite fille pour quelques unes de ses histoires. Nous avons eu une vie de couple sans histoire jusqu’à sa disparition il y a quelques mois. C’est lui qui gérait nos comptes et je me sens perdue face aux factures qui s’accumulent.
– Bon, voyons cela ensemble. »

Nous commençons par analyser son budget. Ce dernier fait état d’un poste « loisirs » assez élevé. Lorsque je fais la remarque Madame Delahaye, elle me répond :

« Oui, j’avoue avoir toujours conservé le même train de vie que dans ma jeunesse. Vous vous souvenez de Martine prend l’avion, Martine monte à cheval, Martine en voyage, Martine à la montagne, Martine en bateau, Martine fait de la voile ? Et bien, rien n’a changé ! Je pratique encore toutes ces activités.
– Mais avec votre seul revenu, vous ne pouvez plus tout assumer. Il va falloir faire des choix. »

Après une longue discussion, nous mettons en place des solutions pour que le crédit de la décapotable, les dernières factures de téléphone et les impôts puissent être payés par mensualités.

Quelques mois plus tard, je reçois un colis. Il contient un album dédicacé de la main de Martine ainsi qu’un ticket pour visiter une exposition consacrée à l’œuvre de Gilbert Delahaye. Je remets le livre à ma petite de dix ans, qui l’ajoute à sa collection et nous programmons le jour de notre visite à l’exposition. Voilà des cadeaux d’une valeur inestimable, souvenirs d’une rencontre pour le moins inattendue.



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Posté le : 30/08/2014 20:58
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*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
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         Lucinda vous pose deux questions :
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         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
   

      
     




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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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