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Page5.10.14 L.Lumière,Juarroz,M Montespan,Diderot, Clavel, Philippe Hardy,Offenbach, D'éon
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Texte à l'affiche


:
" Matin brûlants, matin chantants" de Istenozot





Le  5  Octobre  1713  naît  Denis  DIDEROT
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Le  5  Octobre  1925  naît  Roberto  
Juarroz

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Le  5  Octobre  1285  meurt  
PHILIPPE III LE HARDI
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Le 5  Octobre  1728  naît  Le Chevalier  
D'EON

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Aujourd'hui Dimanche 5 Octobre  2014
 
LIRE , ECRIRE, DECOUVRIR

PAGES D'ACCUEIL PRECEDENTES Dans la BIBLIOTHEQUE 
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 Nouveau  vos rendez-vous hebdomaires :

*Bacchus sa tribune : quand sa lyre délire

*Emma "dos à dos" sa chronique d'jeuns
*Iktomi "chef-d'oeuvre, pas chef-d'oeuvre ?
*Les bons mots de la semaine par Grenouille

*La pensée de la semaine de Grenouille


 "  Quand on écrit, faut-il tout écrire ? Quand on peint faut-il tout peindre ? De grâce, laissez quelque chose à suppléer par mon imagination   "

                                                                             Denis  Diderot




Le  5  Octobre  2010  meurt  Bernard CLAVEL
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Le 5  Octobre  1864  naît   Jean    
LUMIERE

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Le 5 Octobre 1640 naît Mme de MONTESPAN
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Le 5 Octobre 1880 meurt  Jacques 
OFFENBACH
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*Emma vous propose :

Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner 

            ---*ATELIER CONCOURS
*--

        *Cliquez ici pour rejoindre Couscous 
                   dans son nouveau défi 

         Lucinda vous pose deux questions :
         *Pourquoi le mensonge ?
         *pourquoi avons-nous besoin des autres ?                                               
                                                            
 
      
     




Posté le : 12/10/2014 13:18
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Re: Défi du 11/10/2014
Plume d'Or
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Ma chère Delphine,

Je ne t'en veux pas de ta petite blague à Mouscron, où habillé en Hurlu, j'ai dansé toute la nuit au son du bombardon et dans une pluie de froufrous, avec des garnements qui me parlaient d'allumoirs.
Comme quoi, je suis un gars facile à vivre.

Tu es déjà papillon et je vois mal quiconque t'attraper avec un filet et te mettre dans une boite.

J'écris plus vite que mon ombre ?
Non, en fait, je suis super inspiré en ce moment, c'est la saison haute du côté de mon cerveau et en plus les deux derniers défis ont provoqué mes neurones.

Bises

Donald.

Posté le : 12/10/2014 09:58
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Re: Défi du 11/10/2014
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Mon cher Kjtiti,

C'était un plaisir, au vu du thème d'Arielle, de rendre hommage aux femmes. Je l'ai fait en me lâchant complètement (ou presque) et du coup j'en ai mis aussi à d'autres sujets qui m'énervent tels que le militant de gauche devenu gros beauf cadre supérieur dans une boite publique, les années soixante au temps du Général et les proviseurs de lycée quelque soit leur époque ils resteront des cons.

Moi, en 1968 j'avais deux ans et ma mère lançait des pavés dans les rues de Paris au grand dam de son médecin de mari.
Je suis conscient qu'à l'époque où Jim Morrison chantait 'Break on through' la société était bien ancrée dans le conformisme, en particulier en France.
Je le dis tout net, au cas où on me prenne pour un nostalgique des sixties: j'aurais détesté vivre dans les années soixante, à entendre Johnny et Sylvie à la radio, à subir une télévision d'état, à écouter un vieux général ringard nous expliquer la France éternelle, à écouter de la musique noire américaine en douce tout en sachant que les mecs qui l'avaient écrite n'avaient pas les mêmes droits que leurs voisins blancs, à trembler à chaque fois que Brejnev ou Johnson se crépaient le chignon, j'en passe et des bien pires.

Ce n'était pas mieux avant.
On a quand même encore de la marge, surtout en ce qui concerne l'égalité des chances, dans notre beau pays.

Mais, reconnaissons le, Jim Morrison, quel putain de style il avait dans son pantalon de cuir ! Et sa musique, c'était du lourd, du révolutionnaire. Même si je ne voudrais pas vivre cette époque, admettons que l'Oeil dans le Ciel m'y renvoie, alors je me démerderais pour finir au lit avec Candice Bergen en écoutant "Light my fire" en boucle.

Merci ami Tourangeau,

J'attends avec impatience ta version et oui, je patienterai un peu la prochaine fois pour envoyer la mienne.

Posté le : 12/10/2014 09:52
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Re: Défi du 11/10/2014
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Chapeau bas Donald. J'en ai appris des choses sur la politique de l'époque. Tu as eu du pif de choisir cette période dela libération de la femme. Elle a su se mettre les trois enfants dans la poche. Je garde cette astuce au cas où mon cher et tendre voudrait me renvoyer dans ces années de soumission féminine.
La chenille qui se mue en papillon. Elle risque d'aller butiner ailleurs si le François n'évolue pas.

Je ne sais pas comment je vais rivaliser.

Tu es l'homme qui écrit plus vite que son ombre.

Merci pour ce bon moment.

Bises

Couscous

Posté le : 12/10/2014 06:52
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Re: Défi du 04/10/2014
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J'en tremble d'avance, Arielle !
Je n'ai pas mis de 'h' à Clotilde parce qu'elle est assez dangereuse comme ça; inutile de lui donner des armes.
Si tu viens me voir, mets ton costume de walkyrie, c'est celui que je préfère (parce que la tenue de motard, c'est pas très tendance à Paris), surtout avec ton casque viking.

Je t'ai vu en sari sur une photo et ça te va très bien, Delphine. Pour la belgitude du texte, j'ai revue ta garde-robe et je l'ai adaptée à ce que j'ai observé lors de mon dernier passage dans le plat pays. C'est aussi ça la petite touche personnelle que j'aime bien apporter.
La réponse à la question sur la couleur du hurlu: vert, évidemment !

Bon, je vais rendre le costume au loueur et j'attends avec impatience la réponse d'Arielle, la blonde au GPS (initialement j'avais écrit sculpturale blonde mais je ne voulais pas affoler le fan club d'Effe en Normandie) qui réussit à faire parler normand les appareils électroniques.

A bientôt pour de nouvelles aventures sur les ondes wallonnes de nos rêves francophones.

Donald.

Posté le : 11/10/2014 19:02
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Luciano Pavarotti
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Le 12 octobre 1935, à Modène Italie naît Luciano Pavarotti

artiste lyrique, mort dans la même ville le 6 septembre 2007, à 71 ans, ténor italien d'opéra de 1961 à 2006
il a collaboré avec Joan Sutherland, Plácido Domingo, José Carreras, Herbert von Karajan, Mirella Freni, Richard Bonynge, Georg Solti...
Souvent cité comme le plus grand et le plus populaire chanteur d'opéra depuis Enrico Caruso, il a chanté les plus grands airs du bel canto, notamment, Verdi et Puccini, et a également collaboré avec des artistes venus de divers univers musicaux, comme Ian Gillan, Eros Ramazzotti, Mariah Carey, Jon Bon Jovi, Eric Clapton, Queen, Florent Pagny, U2, Sting, Elton John, Céline Dion, Michael Jackson, Barry White, James Brown, Zucchero, Dolores O'Riordan, ou encore les Spice Girls.
Le plus célèbre ténor de la seconde moitié du XXe siècle, l'Italien Luciano Pavarotti, est, selon le critique Rodolfo Celletti Il Canto, 1989, le parfait exemple d'un timbre hors du commun, argentin, solaire, doux et éclatant à la fois ; et aussi d'une voix dotée d'une émission dont la spontanéité est exceptionnelle. ... Pavarotti, comme Gigli, est l'image du ténor „di grazia“ tel qu'on le concevait à la naissance de l'opéra préromantique : hardi, fier, éblouissant, si nécessaire, mais toujours porté par la douceur du timbre et du phrasé vers une expression délicate et élégiaque.


En bref

En plus de quarante ans de carrière, il a contribué à populariser la musique classique5 au cours de nombreux concerts télévisés, particulièrement lors des séries de représentations des Trois Ténors avec Plácido Domingo et José Carreras. Le nombre total de ses albums vendus est estimé à environ cent millions.
Pavarotti a également usé de sa popularité pour le succès d'actions de charité, à l'occasion de concerts à l'issue desquels sont récoltés des fonds, aide aux réfugiés et à la Croix-Rouge.
Fils de Fernando Pavarotti, un boulanger chanteur, et d'Adele Venturi, employée d'une fabrique de cigares, Luciano Pavarotti a une sœur, Gabriella. Il laisse quatre enfants : de sa première femme, Adua Veroni, il a trois filles, nées en 1962, 1964 et 1976 ; de sa deuxième épouse Nicoletta Mantovani, première assistante et secrétaire qu'il épouse fin 2002, une fille naît, le 14 janvier 2003, Alice.
Ces dernières années, le chanteur avait dû compter avec une santé devenue plus fragile.
Déjà opéré d'une tumeur en juillet 2006, hospitalisé à nouveau le 9 août 2007, il décède dans la nuit du 5 au 6 septembre d'un cancer du pancréas dans sa villa de Modène où il a voulu revenir.
Ses obsèques sont célébrées le 8 septembre en la cathédrale de Modène en présence de 800 personnes proches de la famille et de nombreux officiels, dont le président du conseil Romano Prodi, le vice-président Francesco Rutelli, les ministres Ricardo Franco Levi, Arturo Parisi, Giulio Santagata et Serafino Zucchelli, le maire de Modène George Pighi et le président de la région Émilie-Romagne, Vasco Errani, l’ambassadeur des États-Unis Ronald Déshabilles, l’ambassadeur de Monaco Philippe Blanchi, l'ancien secrétaire-général de l'ONU Kofi Annan, le directeur-général du FAO Jacques Diouf, le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, et des chanteurs au nombre de ses amis, Bono et The Edge du groupe U2, Caterina Caselli, Jovanotti, Luciano Ligabue, Gianni Morandi et Zucchero, le ténor Andrea Bocelli, la soprano Mirella Freni, auxquels il faut ajouter le réalisateur Franco Zeffirelli, la danseuse Carla Fracci et le directeur du Metropolitan Opera de New York Joe Volpe.
Plusieurs personnalités dont le prince Albert II de Monaco et la soprano Montserrat Caballé, ont envoyé des couronnes de fleurs déposées dans la cathédrale. La cérémonie a été présidée par l'archevêque Benito Cocchi, qui a notamment lu un message du pape. La soprano bulgare Raina Kabaivanska, visiblement émue, a interprété l'Ave Maria. À la fin de l'office, Andrea Bocelli a entonné l'Ave Verum Corpus.

Sa vie

De Modène à New York
Luciano Pavarotti naît le 12 octobre 1935 à Modène Émilie, ville qui voit naître la même année la soprano Mirella Freni, au côté de laquelle il triomphera souvent leurs mères travaillent dans la même entreprise. Son père, Fernando, boulanger, est doté d'une voix d'une belle qualité, qui aurait pu lui permettre de faire une carrière de chanteur ; il se contentera d'être un amateur particulièrement doué. C'est grâce à lui que son fils a la révélation des beautés de la musique : C'est son amour du chant qui a éveillé mon intérêt lorsque j'étais enfant, n'hésitera pas à confier son illustre rejeton De vive voix, 1996. Mais, dans sa jeunesse, Luciano ne pense pas à devenir un artiste et souhaite se diriger vers l'enseignement. Il n'exercera pas longtemps le métier d'instituteur, car il finit par découvrir sa voix, qu'il travaille notamment avec le ténor Arrigo Pola, qui l'influencera durablement. D'autres gens découvrent qu'ils ont une belle voix, ils étudient ensuite la musique et ensuite ils s'intéressent au chant. Pour moi, cet intérêt pour la musique et pour le chant est venu en premier. C'est plus tard que j'ai découvert ma voix.
Le 29 avril 1961, à vingt-cinq ans, il fait ses débuts sur scène, au Teatro municipale de Reggio nell'Emilia, dans Rodolfo de La Bohème de Puccini, un personnage qu'il fera sien et qui deviendra l'un de ses favoris. Il aimait à le dire, Rodolfo, fut son premier amour, le symbole de sa rencontre avec le monde merveilleux de l'opéra . La même année voit d'autres prises de rôle : le Duc de Mantoue de Rigoletto à Carpi, Alfredo dans La Traviata à Belgrade, ses deux premières incarnations verdiennes. La beauté et la luminosité de son timbre, la facilité de son émission le font très vite remarquer et, dès 1963, sa réputation commence à s'établir hors des frontières italiennes : il apparaît au Covent Garden de Londres et à l'Opéra de Vienne. Deux ans plus tard, c'est la Scala de Milan qui l'applaudit. Son répertoire s'est accru de deux ouvrages de Donizetti – Lucia di Lammermoor Edgardo, à Amsterdam, et L'Élixir d'amour Nemorino, lors d'une tournée en Australie en compagnie de Joan Sutherland –, auxquels s'ajoute en 1966 La Fille du régiment Tonio, et sa redoutable suite de contre-ut, au Covent Garden. En 1968, il triomphe dans Rodolfo au Metropolitan Opera de New York, une scène à laquelle il restera fidèle pendant plus de vingt-cinq ans. Paris, qui l'avait applaudi en concert à la salle Pleyel en 1965, attendra 1974 pour lui ouvrir les portes du Palais-Garnier.

Un vrai ténor populaire

Pavarotti est désormais célèbre et les plus grandes scènes s'enorgueillissent de l'accueillir. Ses talents de comédien sont limités, mais la splendeur de sa voix balaie toutes les réticences. Dès le début, les comparaisons vont bon train, et le nom de Caruso revient fréquemment sous la plume des critiques.
À ses qualités purement vocales et à sa musicalité innée car, il ne s'en cache pas, il ne sait pas lire la musique, il joint une prudence méritoire, ne force jamais ses moyens, et se borne la plupart du temps au répertoire italien. Dans des récitals, il se risque à un air du Faust de Gounod, à l' air de la fleur de la Carmen de Bizet, mais, s'il a longtemps promis un Werther de Massenet, il ne s'aventurera jamais dans l'opéra français. Parmi ses regrets, deux rôles : celui de Don Alvaro dans La Force du destin de Verdi, et le rôle-titre de Lohengrin de Wagner – sans doute eût-il été un Chevalier au cygne lumineux. Ses incursions dans Mozart Idamante d'Idomeneo en 1964 à Glyndebourne puis, bien plus tard, en 1982, le rôle-titre du même opéra, dans la production de Jean-Pierre Ponnelle au Metropolitan Opera et à Salzbourg, son goût pour le bel canto Arturo des Puritains de Bellini, Fernando dans la version italienne de La Favorite de Donizetti, son amour de Verdi Rodolfo de Luisa Miller, Riccardo du Bal masqué, Manrico du Trouvère et de Puccini ne l'empêchent pas d'attendre et de n'aborder que progressivement des emplois plus lourds, comme Cavaradossi de Tosca 1976, Calaf de Turandot 1977 et Radamès d'Aïda 1981. Ce n'est qu'en 1991, à cinquante-six ans, qu'il ose Otello, et pour quelques concerts seulement, à Chicago et à New York, sous la baguette de Georg Solti ; il en souligne les côtés les plus lyriques et, avec les moyens qui lui sont propres, finit par livrer une incarnation émouvante et personnelle. En 2004, il fait ses adieux à la scène, au Metropolitan, en Cavaradossi.
Ténor adulé, Pavarotti a réussi à franchir le cercle des mélomanes : populaire, il l'est, et il en profite, ce que certains ne manquent pas de lui reprocher. S'il connaît un échec retentissant au cinéma avec Yes, Giorgio, de Franklin J. Schaffner 1982, il cède à l'attrait de la publicité, notamment pour une célèbre marque de café italien ! Avec ses amis vedettes du rock, de la pop et de la chanson Liza Minelli, Elton John, Sting, George Michael, Florent Pagny, Céline Dion..., il met sa notoriété au service de causes humanitaires, et organise les fameuses soirées Pavarotti and Friends » qui attirent des dizaines de milliers de spectateurs en même temps qu'elles exaspèrent les puristes. Sans oublier les concerts des Trois Ténors avec Plácido Domingo et José Carreras, et les disques qui s'ensuivent, une affaire qui s'avère particulièrement lucrative pour les trois compères, qui encaissent des cachets et des royalties astronomiques. Ceux qui lui reprochent le plus ces activités oublient cependant une chose : au début des années 1990, lorsqu'il les a commencées, il avait déjà derrière lui trente ans de carrière, et n'avait plus rien à prouver.
Luciano Pavarotti avait deux violons d'Ingres : la peinture, son jardin secret, et les chevaux. Faut-il y ajouter la mise en scène ? Il s'y était essayé en 1988, à Venise, avec La Favorite. Il avait récidivé à Fano, en 2004, avec son opéra fétiche, La Bohème. Depuis 2006, on le savait gravement malade ; il s'est éteint le 6 septembre 2007 dans sa chère ville de Modène, laissant dans l'affliction la foule de ses admirateurs. Une voix comme la sienne, c'est vrai, ne se rencontre qu'une ou deux fois par siècle. Mais ce soleil continue de briller : les disques de Pavarotti demeurent pour perpétuer son souvenir.

Quelques détails sur sa vie

Bien que beaucoup de personnes attribuent la réussite de Pavarotti à sa bonne étoile, on peut aussi remarquer que sa vie fut souvent jalonnée d'obstacles. Dès l'âge de douze ans, Luciano Pavarotti a frôlé la mort : il avait attrapé le tétanos et était dans le coma. Lorsqu'il raconte cette anecdote, il dit que lorsqu'il a repris conscience, il a entendu des gens discuter autour de son lit. Ils disaient qu'il avait déjà reçu les derniers sacrements à trois reprises, que le prêtre reviendrait le lendemain, mais que, selon les médecins, il ne passerait pas la nuit.
Il y a eu ensuite tous ses problèmes de poids qui le complexaient fréquemment. Il est depuis l'âge de trente ans victime de surpoids, ce qui l'oblige à faire constamment des régimes à base d'eaux minérales et de fruits. Ces conditions lui posent souvent des problèmes. Ainsi, il a dû à plusieurs reprises subir des opérations aux genoux et au dos.
Luciano Pavarotti était réputé pour être un très bon cuisinier et lorsqu'on lui parle de nourriture, il dit qu'il doit tout cela à son enfance et notamment à sa mère. Aussi, pour l'anecdote, lorsque Luciano Pavarotti se rendait dans des hôtels, il demandait à remballer la nourriture qu'il n'avait pas consommée. Quand on le lui rappelait, il qualifiait cette réaction d'habitude de pauvres.
La superstition est aussi une croyance qui occupait une partie de la vie de Luciano Pavarotti ; ainsi, lorsqu'il voyait un chat noir traverser la rue, il essayait de se persuader qu'il était blanc. Ses proches ont souvent confié aux médias que, lorsque Pavarotti arrivait sur scène, il avait un clou tordu en poche qu'il avait préalablement déniché sur la scène ou auprès des machinistes.
Le maître des contre-ut n'aurait jamais su déchiffrer de partitions de musique, bien qu'il arrivât à suivre les orchestres. Il se justifiait en disant que, sans les partitions, il ne faisait qu'écouter les autres prestations souvent par Enrico Caruso dont il a toujours admiré la voix exceptionnelle et pouvait ainsi avoir une plus grande liberté d'interprétation sur scène et vocalement.
Il avait une autre passion : les chevaux et l'équitation. Cavalier jusqu'à ce qu'il se juge trop gros, il a créé une école équestre privée, le Club Europa. De plus, il organisa un important concours de saut d'obstacles international de haut niveau, le Pavarotti international CSIO San Marino, qui s'est tenu pendant plus de dix ans 1991 à 2001 dans sa propriété de Modène.
Enfin, un élément incontournable : son écharpe. Il s'agit certainement de l'outil de travail auquel il tenait le plus car, pour lui, cette écharpe faisait partie de sa vie depuis le début de sa carrière. Elle accompagnait donc le maestro à toutes les représentations.
Carlos Kleiber, chef d'orchestre, a dit de lui : Quand Luciano Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde.
Certains amateurs de Counter-Strike voudront probablement savoir que l'œuvre diffusée par la radio à l'étage dans la carte cs_italy est extraite d'un opéra de Giuseppe Verdi, Rigoletto, acte I, scène II : È il Sol Dell'Anima, ici chantée par Luciano Pavarotti.
Il est connu aussi par son soutien et amour inconditionnel de l'équipe de football turinoise de la Juventus.
En 2000, il a tenu son propre rôle dans le film Y a-t-il un flic pour sauver l'humanité ?

Carrière Années 1960-1970

Sa carrière à l'opéra débute concrètement le 29 avril 1961 avec le rôle de Rodolfo dans La Bohème, en Émilie-Romagne. Dès ce triomphe, Luciano Pavarotti commence à se faire un nom dans toute l'Europe. Les choses évoluent très vite lorsque, un certain soir de 1963, on lui propose de remplacer au pied levé le ténor Giuseppe Di Stefano : le public du Royal Opera House à Covent Garden à Londres est sous le choc. Luciano Pavarotti a relevé le défi de main de maître. La Scala de Milan lui ouvre ses portes en 1965 grâce au chef d'orchestre Herbert von Karajan à qui il dit tout devoir.
Il fait ses débuts aux États-Unis en février 1965 avec le Great Miami Opera aux côtés de Joan Sutherland. Peu de temps après, le 28 avril, il fait ses débuts à la Scala de Milan dans La Bohème, mais aussi dans Rigoletto un opéra où il campe le duc de Mantoue, grand séducteur de femmes, rôle qu'il reprendra à de nombreuses reprises durant sa carrière. Après une tournée élargie jusqu'en Australie, il retourne à la Scala où il ajoute Tebaldo à son répertoire, le 26 mars 1966, avec Giacomo Aragall en Roméo. Son premier Tonio prend place au Covent Garden, le 2 juin 1966. Le 20 novembre 1969, il triomphe dans I Lombardi alla prima crociata à Rome : c'est aussi son premier opéra enregistré et mis en vente par la suite ; il comprend aussi des airs de Donizetti et de Verdi. Il chante aussi cette année la I Puritani de Vincenzo Bellini avec Mirella Freni Elvira et Riccardo Muti, dont il reste un enregistrement live on officiel. Sa notoriété éclate aux États-Unis le 17 février 1972, avec La Fille du régiment, au Metropolitan Opera de New York. Le maestro parvient à enchaîner avec une facilité déconcertante les neuf contre-ut de l'air Ah ! mes amis, quel jour de fête !. Cette interprétation lui valut dix-sept rappels, ce qui est exceptionnel dans le monde lyrique. Dès lors, ce succès au Metropolitan Opera est une référence dans la carrière de Luciano Pavarotti et l'opéra est de nombreuses fois retransmis par la télévision. Ainsi sa diffusion, en mars 1977, dans Live from the Met telecat crée la plus grande audience jamais obtenue pour un opéra télévisé. Pavarotti gagne, parallèlement à ce succès, de nombreux Grammy Awards9 et disques d'or.

Années 1980-1990

Au début des années 1980, il crée The Pavarotti International Voice Competition pour les jeunes chanteurs, et, à l'issue de chaque concours, il donne un récital où il chante avec les gagnants. Ainsi, en 1982, il chante sur des extraits de La Bohème et Un ballo in Maschera. Pour célébrer ses vingt-cinq ans de carrière, il invite les gagnants des concours en Italie pour un récital où il interprète des airs tirés de La Bohème, à Modène et à Gênes et ensuite, en Chine ; il termine cette tournée au Palais de l'Assemblée du Peuple à Pékin devant 10 000 personnes et reçoit un standing ovation pour les neuf contre-ut effectués avec aisance. Le troisième concours, en 1989, s'effectue sur des airs de l'Elisir d'Amore et Un ballo in maschera. Le vainqueur du cinquième concours accompagne Pavarotti dans un récital à Philadelphie en 1997. En 1982 il tourna le film Yes, Giorgio.
Pour Luciano Pavarotti, l'année 1990 représente un tournant de sa reconnaissance internationale ; cela débute lors de la coupe du monde de football en 1990 en Italie, l'air Nessun dorma de l'opéra Turandot de Puccini devient l'air officiel du championnat mondial. Tout au long des années 1990, Pavarotti se produit dans de nombreux concerts en plein air; ainsi, le concert de Hyde Park à Londres attire une audience record de 150 000 spectateurs. En juin 1993, plus de 500 000 spectateurs et plus d'un million de téléspectateurs assistent au spectacle du maestro en direct de Central Park à New York.
Cependant, l'ascension de Luciano Pavarotti vers la célébrité n'est pas sans difficultés. Il gagne très vite dans le monde de l'opéra le sobriquet de roi des annulations : en effet, du fait de sa santé relativement fragile, Luciano Pavarotti est amené a décommander certains opéras. Cela provoque des problèmes avec certaines maisons d'opéra, comme le Lyric Opéra of Chicago avec lequel il entretient de très mauvaises relations.
À partir de 1982, il est considéré comme le plus grand ténor de l'histoire de l'opéra derrière Enrico Caruso, autre ténor Italien.

Années 2000

En 2002, Pavarotti se sépare de celui qui a été son manager pendant 36 ans, Herbert Breslin. La séparation, virulente, est suivie, en 2004, de la publication d'un livre de Breslin intitulé Le Roi et Moi, vu par plusieurs comme une œuvre en grande partie critiquable. Son habileté à lire la musique et à apprendre les rôles, sa conduite personnelle sont remises en question. Le 12 septembre 2005, dans une interview en 2005 avec Jeremy Paxman sur la BBC, Luciano Pavarotti rejette l'idée selon laquelle il ne pourrait pas déchiffrer a musique, bien qu'il reconnaisse qu'il a parfois des difficultés à suivre les orchestres lorsqu'il interprète des rôles.
Il reçoit le Kennedy Center Honors en 2001 et détient actuellement deux records Guinness : un pour avoir reçu le plus de rappels soit 165 et le deuxième, pour les meilleures ventes mondiales d'albums classiques Concert des trois ténors, record partagé avec Placido Domingo et José Carreras.
Pavarotti commence sa tournée d'adieu en 2004, à l'âge de 69 ans, en chantant, pour la dernière fois à travers le monde, les airs les plus connus et précieux de l'opéra. À cette occasion, il chante une dernière fois à Paris au Palais omnisports de Paris-Bercy. Pavarotti donne sa dernière série de représentations lyriques au Metropolitan Opera avec trois soirées les 6, 10 et 13 mars 2004. Les moyens sont affaiblis mais le chanteur est toujours capable de belles nuances et il reçoit douze minutes d'ovation 14 dans le rôle du peintre Mario Cavaradossi Tosca de Puccini. Le 1er décembre 2004, il choisit les quarante villes dans lesquelles il effectuera sa tournée d'adieu, produite par Harvey Goldsmith. La tournée sera interrompue en raison des problèmes de santé du ténor et ne reprendra jamais.
Le 10 février 2006, Pavarotti interprète Nessun Dorma à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de 2006 à Turin en Italie ; c'est sa dernière apparition publique sur une scène. Il est alors très affaibli suite à des problèmes de santé et à son âge 70 ans. Rappelons qu'il meurt l'année suivante en septembre 2007 d'un des cancers les plus foudroyants : le cancer du pancréas. Il doit ainsi abaisser l'œuvre d'un demi-ton. Par conséquent sa dernière interprétation fut très émouvante et il reçut la plus importante ovation de la nuit, par un public venu du monde entier.

Collaborations Les Trois Ténors

C'est le 7 juillet 1990 que Pavarotti rejoint les ténors espagnols Plácido Domingo et José Carreras pour former les Trois Ténors. Ainsi, pour fêter la Coupe du Monde de football qui se déroule en Italie, les trois ténors interprètent, devant les anciens Thermes de Caracalla à Rome, les airs d'opéra les plus connus du répertoire, sous la direction du chef d'orchestre Zubin Mehta.
En 1994, les trois ténors se réunissent à nouveau, toujours pour la Coupe du Monde de football, cette fois à Los Angeles, devant plus d'un million de spectateurs et téléspectateurs, toujours sous la baguette du chef d'orchestre Zubin Mehta.
Et puis en 1998, année où la Coupe du Monde de football s'est déroulée en France, les trois ténors choisissent la tour Eiffel pour concert, dans un décor signé par le producteur Tibor Rudas, sous la direction du pianiste et chef d'orchestre James Levine. Ils sont en direct devant un public cent fois plus important que celui de Rome, soit deux milliards de téléspectateurs répartis dans le monde entier.

Pavarotti and Friends

Ses activités ne s'arrêtent pas aux concerts des trois ténors. Luciano Pavarotti voue une grande partie de son temps aux concerts de charité et aux actions humanitaires. Ainsi, de 1992 à 2002, on peut compter jusqu'à sept concerts à portée humanitaire appelés Pavarotti and Friends, en direct de la Piazza Grande de sa ville natale, Modène.
Ces derniers concerts n'ont pas qu'une portée caritative, ils permettent aussi à Pavarotti de s'exprimer dans un autre domaine que le sien : la variété ; il a chanté avec les artistes les plus reconnus, Mariah Carey, Jon Bon Jovi, Brian May, Eric Clapton, Bono, Elton John, Lou Reed, Céline Dion, Joe Cocker, Sting, James Brown, Spice Girls, Barry White pour ne citer qu'eux : en tout, plus de cent chanteurs, de tous horizons, jazz, gospel, rap, variété, et bien sûr, opéra. Par le biais de ces concerts, Pavarotti a permis à des millions de personnes d'entendre pour la première fois quelques-uns des plus grands airs d'opéra. On lui reconnaît ainsi le mérite d'avoir, un des premiers, réussi à vulgariser l'opéra auprès du grand public.
Ces concerts sont aussi pour Pavarotti une invitation au monde extérieur à venir dans sa ville natale, transformée, selon son expression, en Hollywood italien.

Pavarotti et Sepultura

Le groupe de heavy metal Allemand JBO a fait une reprise du morceau Roots, Bloody Roots de Sepultura, le faisant commencer par un chant de ténor, puis le faisant évoluer, à la manière d'un duo, vers un final hard rock. Ce morceau est souvent attribué, à tort, à Pavarotti and Friends.

Bibliographie

Luciano Pavarotti: Les Images d'une vie, Richard Martet et Yannick Coupannec photographies, Paris, Verlhac
Herbert Breslin, Anne Midgette trad. Claire Gaston, Le roi et moi, Paris, City Editions, coll. Citadelle
Luciano Pavarotti, William Wright, De vive voix, Plon,‎ 1996, 302 p.

DVD

Aïda - Luciano Pavarotti, Ghena Dimitrova, Nicolai Ghiaurov - Chœur et orchestre de la Scala de Milan, Lorin Maazel - 1986 - Arthaus Music. Diapason d'or.

Décorations

Monaco : Commandeur de l'ordre du Mérite culturel de Monaco 2003
France : Officier de l’ordre national de la Légion d'honneur
Italie : Chevalier grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne 1988

Lien

http://youtu.be/jwhP4vZAh18 The greatest hits


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Posté le : 11/10/2014 18:41
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Arthur Nikisch
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Le 12 octobre 1855 à Lébény-Szentmiklós-Autriche-Hongrie naît

Arthur Nikisch


est un chef d'orchestre, violoniste et pédagogue hongrois, Chef d'orchestre, violoniste, dans l'Orchestre symphonique de Boston, puis Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, et Orchestre philharmonique de Berlin, conservatoire de Leipzig, il a pour maîtres Felix Otto Dessoff, Johann von Herbeck, Josef Hellmesberger II, il meurt à 66 ans, à Leipzig le 23 janvier 1922.


Parmi les grands chefs d'orchestre qui ont assuré la transition entre le XIXe et le XXe siècle, Arthur Nikisch est l'un des rares dont il soit encore possible d'apprécier les qualités car, à la veille de la Première Guerre mondiale, il a signé quelques enregistrements qui nous révèlent un musicien passionné, instinctif et méticuleux. La beauté du son était l'élément primordial de ses interprétations et il l'obtenait de façon irrationnelle, ne sachant souvent pas lui-même comment il y parvenait. Sa gestique est restée célèbre et elle devait certainement évoquer quelque chose de concret pour les instrumentistes qui jouaient sous sa baguette

Vienne où il travaille le violon avec Hellmesberger, la composition avec Dessoff et le piano avec Schenner. Dès 1873, il fait partie de l'orchestre de la Cour où il joue sous les plus prestigieuses baguettes ; il participe également au concert inaugural du festival de Bayreuth en jouant la Neuvième Symphonie de Beethoven sous la direction de Wagner. En 1878, il débute comme chef des chœurs au théâtre de Leipzig où il nommé chef permanent un an plus tard. Il se montre le champion de toutes les musiques nouvelles, impose Wagner et Liszt, crée en 1884 la Septième Symphonie de Bruckner et donne leur chance à des compositeurs comme Goldmark, Götz, Goldschmidt ou Rubinstein en faisant jouer certains de leurs opéras que la postérité n'a pourtant pas retenus. Il dirige aussi les premières œuvres d'un tout jeune compositeur, Mahler, et laisse s'exprimer librement tous les courants nationalistes dont la musique de l'Europe centrale se fait l'écho. En 1889, il est appelé à la tête de l'orchestre symphonique de Boston et y reste jusqu'en 1893. De retour en Europe, il dirige pendant deux ans l'Opéra de Budapest puis, en 1895, il est nommé simultanément à la tête de l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig et de la Philharmonie de Berlin où il succède à Bülow. Deux ans plus tard, il prend également la direction des concerts philharmoniques de Hambourg. Par la suite, il sera nommé directeur des études au conservatoire de Leipzig et chef d'orchestre au Stadttheater de cette même ville 1905-1906. Il s'éteindra le 22 janvier 1922 à Leipzig.
La carrière de Nikisch a servi de modèle à nombre de ses successeurs. Si la formation de chef lyrique était une base traditionnelle en Allemagne à cette époque et l'est encore aujourd'hui, les chefs d'orchestre respectaient un attachement quasi exclusif à l'orchestre ou au théâtre qui les employait. En menant une carrière de chef invité parallèlement aux nombreuses fonctions permanentes qu'il a occupées, Nikisch a ouvert la voie aux carrières itinérantes qui n'ont fait que se développer, la rapidité des déplacements aidant.

Sa vie

Il fait ses études musicales au conservatoire de Vienne où il apprend le violon, le piano et la composition avec comme professeurs Felix Otto Dessoff, Johann von Herbeck et Josef Hellmesberger II.

Dès l'année 1872 à Bayreuth, il participe comme violoniste à l'exécution historique, pour la pose de la première pierre du Festspielhaus de la Symphonie n° 9 de Beethoven sous la direction de Richard Wagner dont il sera un des héritiers spirituels de par sa vision expressionniste de la direction d'orchestre. Entre 1874 et 1877, il est premier violon à l'Opéra de Vienne.
Il joue sous la direction de compositeurs illustres, alors souvent chefs d'orchestre, tels que Johannes Brahms, Franz Liszt, Richard Wagner ou Giuseppe Verdi.

En 1877, il est nommé chef des chœurs à l'opéra de Leipzig. Un an plus tard, il est assistant à la direction de l'orchestre, puis premier chef de 1882 à 1889. En 1884, il donne en création la Symphonie n° 7 de Bruckner.
Entre 1889 et 1893, il dirige l'Orchestre symphonique de Boston. De retour en Europe, il prend en charge la direction musicale de l'opéra de Budapest jusqu'en 1895.

Berlin.

En 1895, il est appelé à conduire la destinée de deux des plus grands orchestres allemands : l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et l'Orchestre philharmonique de Berlin comme successeur de Hans von Bülow, fonctions qu'il conservera pendant plus d'un quart de siècle, jusqu'à sa mort en 1922.
Son successeur à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin sera Wilhelm Furtwängler à qui il lègue un orchestre de très haute qualité artistique.
Il se consacre également à la pédagogie, directeur des études au conservatoire de Leipzig de 1902 à 1907.

Le chef itinérant

À l'aune des chefs d'aujourd'hui, il parcourt le monde avec de nombreux orchestres en Europe d'abord, principalement en Angleterre. En 1912, il dirige la tournée de l'Orchestre symphonique de Londres aux États-Unis, une première pour un orchestre européen, témoignage de son engagement pour une diffusion plus internationale de la musique.

Son art

Chef élégant au charisme inégalé, il est un peu abusivement considéré comme l'archétype du chef d'orchestre moderne : pourtant sa fine analyse des œuvres, le respect de l'esprit, démentent l'image de poseur que certains de ses contemporains lui ont collée.
Sa prodigieuse technique de la direction d'orchestre, avec une battue très simple, lui permettait d'obtenir de tous ses orchestres une sonorité pleine, chaleureuse, chantante jusqu'aux tréfonds de la partition.
Arthur Nikisch fut admiré par de nombreux chefs d'orchestre et son art eut un impact immense sur celui de Wilhelm Furtwängler. Ce dernier fut présenté à Nikisch en 1912 et eut toujours une admiration sans borne pour son aîné.
À la mort de Nikisch, c'est Wilhelm Furtwängler qui le remplaça, entre autres, au prestigieux Orchestre philharmonique de Berlin. Furtwängler se considéra toujours comme le fils spirituel de Nikisch. Madame Elisabeth Furtwängler, la femme du chef d'orchestre, raconta :
Furtwängler affirmait qu'il n'avait appris que d'Arthur Nikisch. Bien sûr, l'immense personnalité de Hans Pfitzner, son maître à Strasbourg, avait beaucoup compté, mais sur un autre plan. À ses yeux, parmi les chefs d'orchestres, nul autre qu'Arthur Nikisch n'était digne de considération.
"... De lui j'ai appris le son, la façon d'obtenir le son ".

Discographie

Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 5, op.67 1913, premier enregistrement mondial de l'œuvre et premier enregistrement d'une symphonie dans son intégralité, avec l'Orchestre philharmonique de Berlin. Dans le domaine public, disponible chez de nombreux éditeurs.
Ludwig van Beethoven, ouverture d'Egmont London Symphony Orchestra, 1914
Wolfgang Amadeus Mozart, ouverture des Noces de Figaro London Symphony Orchestra, 1914
Carl Maria von Weber, ouverture du Freischütz et d'Oberon London Symphony Orchestra, 1914
Franz Liszt, Rhapsodie hongroise n°1 London Symphony Orchestra, 1914, et Berliner Philharmoniker, 1920
Hector Berlioz, Le Carnaval romain Berliner Philharmoniker, 1920
v · d · m
Arthur Nikisch
Précédé par Suivi par
Wilhelm Gericke
Directeur musical, Orchestre symphonique de Boston
1889–1893
Emil Paur
Carl Reinecke
Chef principal, Orchestre du Gewandhaus de Leipzig
1895–1922
Wilhelm Furtwängler
Richard Strauss
Directeur musical, Orchestre philharmonique de Berlin
1895–1922
Wilhelm Furtwängler
Edward Elgar
Chef principal, Orchestre symphonique de Londres
1912–1914
Thomas Beecham
Portail de la musique classique Portail de la Hongrie

Liens

http://youtu.be/Gn7Wk5w25oM Direction de la 5ème de Beethoven (très vieil enregistrement)
http://youtu.be/8vV7q0k91gc Direction du Mariage de figaro (très vieil enregistrement )


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Posté le : 11/10/2014 16:57
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Edith Stein
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Le 12 octobre 1891 à Breslau, dans l'Empire allemand naît Edith Stein,

en religion sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, déportée le 2 août 1942, internée au camp d'Auschwitz, dans le territoire polonais occupé par l'Allemagne nazie où elle fut mise à mort, à 50 ans, le 9 août 1942, philosophe et théologienne allemande d'origine juive devenue religieuse carmélite.
Elle est béatifiée le 1er mai 1987 à Cologne, Allemagne par Jean-Paul II, puis canonisée par le même pape Jean-Paul II, au Vatican le 11 octobre 1998, elle est Vénérée par l'Église catholique romaine, et l'Ordre du Carmel elle est Fêtée le 9 aoûtco, elle est désignée comme la sainte patronne de l’Europe; Journée Mondiale de la Jeunesse; juifs converti, Philosophe crucifiée, cosainte patronne de l'Europe par le pape Jean-Paul II le 1er octobre 1999, à l'ouverture du synode des évêques sur l'Europe, en même temps que Brigitte de Suède et Catherine de Sienne.


En bref

Philosophe d'origine juive, Edith Stein fit ses premières études universitaires à Breslau, sa ville natale. En 1911, elle rejoint Husserl et son école à Göttingen ; en 1915, elle s'engage comme aide-infirmière dans un hôpital militaire ; en 1916, elle présente sa thèse de doctorat sur l'Einfühlung ou empathie, et accepte la charge d'assistante privée de Husserl. Dès 1918, ayant renoncé à continuer à travailler avec ce dernier, elle cherche à se faire habiliter dans une université allemande, sans succès.
Entre-temps — et cela est déjà sensible dans sa thèse —, Edith Stein ressent un intérêt croissant pour la religion ; d'abord, sous l'influence de Max Scheler, comme un système de valeurs qui mérite attention, puis, à l'occasion de la mort d'Adolf Reinach en 1917 comme une source de courage, d'espérance et de paix dans le malheur. Cette inclination ainsi que d'autres événements plus personnels la conduisent à se convertir au christianisme et à demander le baptême dans l'Église catholique. La lecture de la Vie de Thérèse d'Ávila semble avoir joué un rôle décisif dans cette démarche.
Renonçant provisoirement à postuler son entrée au Carmel, elle enseigne de 1922 à 1932 dans un lycée de dominicains à Spire. Elle prend contact avec la philosophie de Thomas d'Aquin, entreprend, sur l'invitation du père Erich Przywara, S. J., de traduire les Quaestiones disputatae de veritate, entretient ou poursuit une active correspondance, en particulier avec Roman Ingarden, et se fait connaître comme conférencière, notamment sur des questions touchant le rôle et la vocation spécifiques de la femme. En 1932, elle est appelée à enseigner à l'Institut de pédagogie de Münster, mais, un an plus tard, se voit interdite d'enseignement en qualité de juive.
Plus rien ne la retient d'entrer au Carmel, avec résidence d'abord à Cologne, puis en 1938, par mesure de sécurité, à Echt en Hollande. C'est de là qu'en 1942, à la suite de la protestation des évêques de Hollande contre les persécutions des juifs, elle sera déportée à Auschwitz et gazée. Elle est béatifiée le 1er mai 1987.
Née dans une famille juive, elle passe par une phase d'athéisme. Étudiante en philosophie, elle est la première femme à présenter une thèse dans cette discipline en Allemagne, puis continue sa carrière en tant que collaboratrice du philosophe allemand Edmund Husserl, le fondateur de la phénoménologie.
Une longue évolution intellectuelle et spirituelle la conduit au catholicisme auquel elle se convertit en 1921. Elle enseigne alors et donne des conférences en Allemagne, développant une théologie de la femme, ainsi qu'une analyse de la philosophie de Thomas d'Aquin et de la phénoménologie.
Interdite d'enseignement par le régime national-socialiste, elle décide d'entrer au Carmel, où elle devient religieuse sous le nom de Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Arrêtée par la SS, elle est déportée et meurt pour son peuple à Auschwitz.

Sa vie

Son père, Siegfried Stein, 1844-1893 est commerçant en bois dans une scierie. Il épouse le 2 août 1871 Augusta Stein 1849-1936, et s'installe à Gleiwitz Haute-Silésie, où naissent leurs six premiers enfants : Paul 1872-1943, mort au camp de concentration de Theresienstadt, Selma 1873-1874, Else 1876-1954, Hedwig 1877-1880, Arno 1879-1948, Ernst 1880-1882.
En 1882, la famille s'installe à Lublinitz, où Siegfried fonde sa première entreprise avec l'aide de sa belle-famille. C'est une période difficile pendant laquelle l'aide familiale lui permet de ne pas sombrer dans la misère. C'est là que viennent au monde les derniers enfants du couple Stein : Elfriede, 1881-1942, morte en camp de concentration, Rosa 1883-1942 morte avec Édith à Auschwitz, Richard 1884, mort-né, Erna 1890-1978.

Édith Stein naît le 12 octobre 1891 à Breslau, jour de Kippour4, ce qui la rend particulièrement chère à sa mère, juive pratiquante5. Son père, Siegfried Stein, meurt d'une insolation quand Édith n'a pas encore trois ansA 1. Sa mère, femme très religieuse, doit alors subvenir aux besoins de sa famille et diriger l'entreprise familiale. Cette lourde tâche demande beaucoup de rigueur et de travail, discipline qu'Augusta Stein essaie de transmettre à ses enfants, ainsi que sa foi juive. Édith Stein raconte d'ailleurs que comme elle est la dernière de sa famille, c’est à elle qu'il revient, d'après la tradition juive libérale, de poser les questions liturgiques lors des fêtes juives, questions qui donnent lieu à des explications plus complètes par le célébrant.

Edith Stein entame sa scolarité à l'école Victoria en 1896, année où, pour la première fois en Prusse, les filles sont autorisées à passer le baccalauréat. Elle se retrouve très vite dans la classe supérieure. Une camarade de classe dit d'elle : Sa précocité n'avait rien de surprenant, elle y était poussée par ses aînés, mais l'irrésistible orgueil qu'elle développa et dont la tension pouvait aboutir à des larmes et à la colère quand elle n'obtenait pas ce qu'elle souhaitait ou n'était pas la première, la meilleure, était moins positif... c'était une excellente élève. À partir de 13 ans, elle commence pour Kippour à jeûner jusqu'au soir, suivant la tradition juive. Elle conserve cette pratique même lorsqu'elle quitte sa famille et ne prie plus.

À partir de 1904, les filles sont admises au lycée. Toutefois, arrivée à l'adolescence, Edith Stein refuse de rentrer au lycée et demande à arrêter ses études en 1906 à l'âge de 15 ans. Elle part dix mois à Hambourg aider sa sœur Else qui vient d'avoir un enfant. C'est à cette époque qu’Edith Stein cesse de prier : En pleine conscience et dans un choix libre, je cessai de prier.
En septembre 1907, elle revient à Breslau. Elle retrouve un grand appétit de savoir et, alors qu'elle a quitté le collège volontairement, se remet avec brio aux études. Elle rattrape rapidement son retard et intègre le lycée en septembre 1908. Pendant cette période, Édith lit et étudie beaucoup. Elle affirme plus tard que ces lectures littéraires de l'époque me nourrirent pour ma vie entière. C'est pendant cette période qu'elle commence aussi à découvrir la philosophie et notamment la lecture de Friedrich von Schiller, disciple d'Emmanuel Kant.
Edith Stein prend alors un engagement politique, en devenant membre de la section locale de L'Association prussienne pour le vote des femmes. Elle soutient, avec sa sœur Erna et ses amies, l'aile la plus radicale du mouvement féministe autour d'Anita Augspurg, d'Hélène Stöcker et de Linda Gustava HeymannA . L'aile est radicale dans le sens où elle réclame une égalité totale entre hommes et femmes.
Édith Stein obtient son baccalauréat avec succès en 1911 et décide de poursuivre des études universitaires en philosophie.

La philosophe Université à Breslau

Edith Stein est persuadée que nous sommes sur terre pour être au service de l'humanité ... Pour s'y employer du mieux possible, il faut faire ce à quoi l'on incline. Elle entame alors de brillantes études à l'université de Breslau, aidée par l'argent (plusieurs milliers de marks légué par sa grand-mère Johanna Stein. Elle décide d'étudier de nombreuses matières : les langues indo-européennes, l'allemand ancien, l'histoire du drame allemand, l'histoire de la Prusse et de Frédéric le Grand, l'histoire de la constitution anglaise, la philosophie de la nature, l'introduction à la psychologie, l'initiation au grec enfin. Édith Stein étudie particulièrement l'histoire, se considérant comme passionnée aux événements politiques du présent considérés comme l'histoire en devenir. Elle tire de cette période de sa vie les nombreux exemples historiques qu'elle utilise par la suite dans ses conférences. Elle étudie aussi la psychologie auprès de William Stern, et la philosophie dispensée par Richard Hönigswald. C'est au cours de ces études de psychologie qu'elle se déclare athée. Son ami d'études, Georg Moskiewicz, qui étudie la psychologie avec elle, lui parle en 1912 de l'orientation philosophique nouvelle que présente la phénoménologie d'Edmund Husserl. Elle décide alors de l'étudier et se trouve séduite par le procédé de réduction phénoménologique. C'est cette découverte qui la pousse à aller à Göttingen.
Elle participe aussi à deux associations : la première est l'association Humboldt d'éducation populaire, qui donne gratuitement des cours de soutien scolaire à des ouvriers et des employés. Elle y donne des cours d'orthographe. La seconde est une association de femmes, visant à l'égalité des sexes et organisant des petits débats. Elle fait la connaissance à Breslau de Kaethe Scholz, une enseignante qui anime des cours de philosophie auprès de femmes. Son exemple inspire Édith Stein dans la fondation de son Académie en 1920.

Études à Göttingen

Edith Stein poursuit ses études à Göttingen, où elle suit, à partir de 1913, les cours du philosophe Leonard Nelson, l'historien Max Lehmann élève de l'historien Leopold van Ranke, dont Édith Stein se dit la petite fille spirituelle. Grâce à son ami Georg Moskiewicz Édith Stein est acceptée dans la Société de philosophie de Göttingen, qui rassemble les principaux membres de la phénoménologie naissante : Edmund Husserl, Adolf Reinach, et Max Scheler principalement. De ces rencontres, elle garde une correspondance personnelle et approfondie avec Roman Ingarden, Hans Lipps, Alexander Koyré, parmi les plus importants. Elle fera par la suite connaissance avec Dietrich von Hildebrandt, et surtout Hedwig Conrad-Martius, Théodor Conrad, qui deviendront des amis très proches.
Edith Stein décide alors de préparer son examen d'État, première étape avant la thèse. Elle suit les conférences de Max Scheler, qui organise ses allocutions à partir de son nouvel essai intitulé Le formalisme en éthique et l'éthique matérielle des valeurs 1913-1916, et à la lecture duquel Édith Stein trouve de nombreuses inspirations pour ses travaux sur l'empathie. Malgré de grosses difficultés, elle poursuit ses études avec l'aide de Reinach. L'examen est prévu pour novembre 1914.

Première Guerre mondiale

Lors de la Première Guerre mondiale, Edith Stein décide de retourner à Breslau. Dans l'immédiat, elle veut servir et aider de son mieux. Elle fréquente un cours d'infirmière. Pour elle, ce sont des temps difficiles.
Elle écrit : "Quand la guerre sera finie, si je vis encore, je pourrai à nouveau penser à mes occupations personnelles." Elle retourne à Göttingen pour passer son examen d'État, passe les épreuves et, début janvier, obtient le diplôme avec la mention très bien.
Suite à son examen, elle postule à nouveau à la Croix Rouge, et est envoyée à l'hôpital militaire de Mährish-Weisskirchen, en Autriche. Elle soigne les malades du service des maladies infectieuses, travaille en salle opératoire, voit mourir des hommes dans la fleur de l'âge, issus de toute l'Europe de l'Est. Cette expérience la marque profondément. C'est une sorte d'expérience pratique d'empathie: comment communiquer avec des hommes dont on connaît peu la langue?
Elle obtient la médaille de la bravoure pour son dévouement. Epuisée, elle est invitée à rentrer chez elle et n'est plus rappelée.

Thèse de philosophie

Par la suite, elle décide de se consacrer sérieusement à sa thèse. Elle fait désormais partie du cercle intime de ses maîtres. Son ami Reinach se convertit au protestantisme au cours de la guerre. Il est baptisé le 9 avril 1916. Édith Stein côtoie de plus en plus de chrétiens dans le cercle de philosophes.
Elle poursuit sa thèse tout en étant professeur remplaçant à Breslau. Elle décide de suivre Edmund Husserl à Fribourg-en-Brisgau, où elle est l'une des premières femmes à obtenir sa thèse summa cum laude en 1917 avec le soutien de Edmund Husserl. Celle-ci est intitulée : "Sur le problème de l'empathie", qu'elle définit comme " une expérience sui generis, l’expérience de l'état de conscience d'autrui en général …L'expérience qu'un moi en général a d'un autre moi semblable à celui-ci".
Elle fréquente beaucoup un étudiant polonais, Roman Ingarden, dont elle devient amoureuse. Son travail enthousiasme Husserl qui a l’impression qu'elle anticipe sur une partie de ses Idées.

Collaboration avec Husserl

Elle devient ensuite l'assistante d'Edmund Husserl en lui proposant ses services après avoir passé sa thèse, en 1916F 2. Elle apprend la sténographie afin de pouvoir lire les notes d'HusserlF 2. Elle donne des cours d'initiation à la pensée du philosophe. Elle synthétise les tomes 2 et 3 des Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures.

Sa recherche philosophique porte essentiellement sur la personne humaine, les relations interpersonnelles, les communautés d’appartenance, État, peuple, groupe ethnique, religieux, etc.. Elle insiste sur le sens des valeurs, la liberté, le refus du totalitarisme.
Au cours de ces années de recherche elle tente de synthétiser avec ses propres notes l'ensemble de la pensée d'Husserl. Elle remanie cet ouvrage tout au long de sa vie. Il est publié en 1991 sous le titre Introduction à la philosophie.
Edmund Husserl écrit au sujet d'Edith Stein : « Mais le grand style qui préside à l'élaboration de ces apports, le caractère scientifique approfondi et la finesse qu'elle a montrés là, méritent au plus haut point d'être reconnus. Cependant Husserl refuse de soumettre Edith Stein à l'habilitation, ce qui lui permettrait d'être titulaire d'une chaire. Son opposition semble fondée sur sa crainte de voir échouer ce processus, dans la mesure où encore aucune femme n'est titulaire de chaire de philosophie en Allemagne. De plus, comme beaucoup des nombreux professeurs juifs, Husserl est lui-même en position difficile.
Edith Stein est très touchée par la mort au front de son ami Reinach. Elle hérite de ses notes philosophiques, où Reinach essaie de comprendre sa propre évolution religieuse. C'est elle qui met en ordre et fait connaître ses notes.
Elle rédige aussi à partir des notes d'Husserl l'ouvrage Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, ouvrage qui est édité par Martin Heidegger en 1928. Martin Heidegger, membre du parti Nazi dès 1933, ne mentionnera pas correctement la contribution d'Edith Stein.

Conversion et engagements Engagement politique et féminisme

Édith Stein s'intéresse beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle milite ainsi pour le droit de vote des femmes, qui est obtenu en 1919 en Allemagne. Elle entre dans l'organisation Association prussienne pour le droit des femmes au vote. En janvier 1919, elle s’engage au DDP, le Parti démocrate allemand, un parti de centre-gauche qui abrite des féministes ainsi que des personnalités juives. Alors que dans sa jeunesse elle se dit sensible à l'idéal prussien, elle devient de plus en plus critique devant le militarisme de la Prusse et l'antisémitisme ambiant. Elle écrit en 1919 : " De toute façon, nous les Juifs ne pouvons attendre aucune sympathie plus à droite". Elle dénonce à son ami polonais Roman Ingarden « l'effroyable antisémitisme qui règne ici ". Progressivement, la grande idéaliste est déçue par la réalité de la politique. Plus tard, elle écrit : "Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives ".
Elle continue d'être européenne, de refuser le triomphalisme prussien à propos de Sedan et écrit devant le carnage de la Première Guerre mondiale : " Deux choses seulement me maintiennent la curiosité en éveil : la curiosité de voir ce qui va sortir de l'Europe, et l'espoir d'apporter ma contribution en philosophie ". Dans ses lettres des années 1930, elle parle des auteurs polonais, du français Romain Rolland qu'elle apprécie, et refuse de voir la communauté humaine se déchirer à cause de nationalismes exacerbés. C'est sans doute l'origine commune de son féminisme comme de son pacifisme. Elle dit ainsi qu'elle a " de chaudes discussions " au sein de ce parti.
Edith Stein est la première femme devenue docteur en philosophie en Allemagne et la première à avoir demandé officiellement que les femmes soient admises à présenter une habilitation au professorat. Au cours des années 1918 à 1919, elle publie L'Individu et la communauté, sous le titre Contributions à un fondement philosophique de la psychologie et des sciences humaines, se détachant de la pensée d'Husserl, et évoquant la religion. Face aux discriminations sur son habilitation, elle écrit au Ministre de la Culture allemand, qui lui donne raison, affirmant la possibilité pour une femme d'être professeur d'université. Cependant, malgré toutes ses démarches elle est refusée à Kiel, Hambourg, et Göttingen. Face à cette opposition elle fonde une académie privée, et accueille trente auditeurs chez elle, dont le futur sociologue Norbert Elias. Elle poursuit sa réflexion en publiant Étude sur l'État, où elle décrit les différentes notions d'individu, de communauté, de masse et d'État. Elle s'oppose donc à l'idéologie du national socialisme allemand, ainsi qu'aux idéologies marxistes.
Elle observe vers la fin de sa vie le chemin parcouru concernant les droits obtenus par les femmes et le changement de mentalités et rédige un nouvel ouvrage : Formation de femme et profession de femme où elle explique que les jeunes filles passent aujourd'hui le baccalauréat et s'inscrivent à l'université en ignorant le plus souvent ce qu'il a fallu de réunions, résolutions, pétitions adressées au Reichstag ou aux Staatsregierungen pour que s'ouvrent aux femmes, en 1901, les portes de l'université allemande .

Rencontre du Christ

La conversion d'Edith Stein est précédée d'une longue recherche intellectuelle et spirituelle qui s'étend des années 1916 à 1921. La première étape de sa conversion a été une expérience marquante lors de la visite d'une cathédrale à Francfort-sur-le-Main où elle rencontre une femme venant du marché qui entre, fait une courte prière, comme une visite, puis s'en va. Stein explique :" C’était pour moi quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les synagogues et les temples que je connaissais, quand on s’y rendait c’était pour l’office. Ici, au beau milieu des affaires du quotidien, quelqu’un pénétrait dans une église comme pour un échange confidentiel. Cela, je n’ai jamais pu l’oublier".
Elle est aussi profondément marquée par la mort de son ami Reinach, mais c'est l'attitude de sa femme, qui est, selon l'affirmation d'Edith Stein, l'élément le plus marquant. Pauline Reinach croit dans la vie éternelle, et trouve une consolation et un courage renforcé dans sa foi en Jésus. À travers cette expérience, elle découvre l'existence d'un amour surnaturel18. Elle affirme plus tard que la cause décisive de sa conversion au christianisme fut la manière dont son amie accomplit par la force du mystère de la Croix le sacrifice qui lui était imposé par la mort de son mari.
Dans le cercle des phénoménologues, les conversions au christianisme se multiplient, ses amies Anne et Pauline Reinach, F. Hamburger et H. Conrad notamment. Mais c’est en août 1921 qu’Edith Stein opte définitivement pour la foi catholique. Lors d'une visite à ses amis Conrad-Martius, Edith Stein lit, ou relit, un livre que lui ont offert les Reinach : la Vie de sainte Thérèse de Jésus, par elle-même. Cet épisode est l’aboutissement de sa longue quête de la vérité. Elle affirmera plus tard, dans un écrit objectif, que l'on peut avoir conscience de la vérité, sans l'accepter, en refusant de se placer sur son terrain . Dès ce moment elle veut être carmélite. Annoncer sa conversion à sa mère est très difficile. Elle affirme en effet : " Quant à ma mère, ma conversion est la plus lourde peine que je puisse lui porter". Elle demande le baptême au sein de l'Église catholique le 1er janvier 1922 et elle prend les noms de baptême : Edith, Theresia, même nom que Sainte Thérèse d'Avila, Hedwig (nom de sa marraine Hedwig Conrad-Martius. Elle fait sa première communion le lendemain et est confirmée le 2 février par l'évêque de Spire.

Conférences

Après son baptême elle veut entrer dans l'Ordre du Carmel, mais son père spirituel, le vicaire général de Spire, le lui déconseille et lui demande d'enseigner l'allemand et l'histoire au lycée et à l'école normale féminine du couvent des dominicaines de la Madeleine de Spire, ce qu'elle fait de 1922 à 1933. C'est un grand centre de formation des enseignantes catholiques, religieuses et laïques, de l'Allemagne du Sud. Edith Stein se plonge ainsi dans la pédagogie tout en essayant de vivre ses journées comme les religieuses, priant régulièrement et cherchant à être religieuse selon le cœur. Elle décide de traduire en allemand, pendant ses temps libres, les œuvres de John Henry Newman, anglican converti au catholicisme. Elle poursuit sa traduction pour une maison d'édition intéressée par le travail de Newman.
Elle poursuit son travail de traduction encouragé par son père spirituel P. Erich Przywara, en traduisant pour la première fois les écrits de saint Thomas d'Aquin du latin en langue allemande notamment les Quaestiones disputatae de veritate. L'Église catholique ayant, en 1879, choisi, dans l'encyclique Æterni Patris, la philosophie de saint Thomas d'Aquin comme doctrine officielle de sa théologie, Édith Stein tente donc l'idée d'une discussion entre la philosophie catholique traditionnelle et la philosophie moderne . Ce travail durera plus de huit ans, et conduira aux écrits : Les Questions de saint Thomas d'Aquin sur la Vérité, La Phénoménologie de Husserl et la philosophie de saint Thomas d'Aquin, Essai d'étude comparée, Puissance et acte, et Être fini et être éternel. Le père Erich Przywara l'encourage à confronter saint Thomas d’Aquin et la philosophie moderne. Elle écrira plus tard à propos de ces études Il m'est apparu à la lecture de Saint Thomas qu'il était possible de mettre la connaissance au service de Dieu et c'est alors, mais alors seulement, que j'ai pu me résoudre à reprendre sérieusement mes travaux. Il m'a semblé en effet que plus une personne est attirée par Dieu, plus elle doit sortir d'elle-même pour aller vers le monde en y portant l'amour divin.
Dès 1926 on la sollicite pour faire des conférences. C'est l'amorce d'une carrière de conférencière qui la conduira à faire plus de trente conférences à travers l'Allemagne. L'archiabbé Raphaël Walzer de l'abbaye de Beuron, son père spirituel à partir de 1928, et le P. Erich Przywara l’encouragent à répondre positivement à ces invitations. Elle commence alors à donner des conférences, faisant de longs voyages en Allemagne et dans d'autres pays. Nombre de ses enseignements portent sur la place de la femme dans la société et dans l'Église, sur la formation des jeunes et sur l'anthropologie. Elle prend résolument position contre le nazisme et rappelle la dignité de tout être humain.
Au cours de ces conférences, elle affirme que l'éducation ne peut pas tout obtenir par la force, mais doit aussi passer par le respect de chaque individu et la grâce. Elle met donc en garde contre la surveillance des étudiants, et montre le rôle exemplaire du professeur dans l'éducation, plus que les moyens coercitifs. Son père spirituel lui conseille de continuer son œuvre, du fait de son statut de laïc dans la société, fait rare à l'époque. Elle prend ainsi parti pour le dialogue entre catholiques et protestants au sein de l'éducation. Édith Stein obtient une notoriété importante au cours d'une conférence en 1930 sur L'éthique des métiers féminins. Seule femme à prendre la parole au cours du Congrès, elle parle des métiers féminins et refuse la misogynie de l'époque en affirmant qu'aucune femme n'est seulement femme, chacune présente des traits individuels et des dispositions propres, tout comme l'homme, par l'aptitude à exercer telle ou telle profession dans un domaine artistique, scientifique ou technique. Les comptes-rendus de cette conférence sont repris dans de nombreux journaux de l'époque. Au cours d'une de ces conférences elle discute avec Gertrud von Le Fort, amie poétesse. Dans la Position, Gertrud von le Fort affirmera même, mais c'est de mémoire quarante ans plus tard qu'elle a été en contact avec Edith Stein dès 1925-26 par le biais du P. Przywara. De cette rencontre naît l'inspiration de l'œuvre La Dernière à l'Échafaud, dont Georges Bernanos s'inspire pour écrire les Dialogues des Carmélites. En 1932 elle continue ses conférences demandant une éducation précoce de la sexualité.
Edith Stein continue parallèlement ses études de philosophie et est encouragée par Martin Heidegger et Honecker dans ses recherches dans le dialogue entre la philosophie thomiste et la philosophie phénoménologique. En 1931, elle termine son activité à Spire. Elle tente de nouveau d'obtenir l'habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg, ce qu'elle n'obtient pas. Elle trouve un poste à l'Institut des sciences pédagogiques de Münster, institut géré par l’enseignement catholique, qui sera fermé par le pouvoir nazi quelques années plus tard. Elle participe en septembre 1932 à une conférence à Juvisy en France, organisée par la société Thomiste, où elle intervient principalement sur la phénoménologie. Elle continue à dialoguer avec ses amis philosophes, dont Hans Lipps qui la demande en mariage en 1932, demande qu'elle refuse, ayant trouvé un autre chemin.
Edith Stein prend progressivement son autonomie vis-à-vis d'Husserl. Ainsi, elle se trouve en désaccord avec lui sur le rôle de la théologie et de la philosophie. Elle considère que la philosophie a pour objectif d’ approfondir les nécessités et les possibilités de l’être, par sa fonction de connaissance. La philosophie d'Husserl lui semble une impasse dans la mesure où elle ne permet pas d’accéder aux questions de l'éthique et de la philosophie de la religion, ne laissant pas de place pour Dieu. La théologie et la philosophie ne doivent pas se faire concurrence, mais au contraire se compléter et s’enrichir réciproquement. La théologie peut en effet, selon elle, servir d'hypothèse permettant d'accéder au logos. Elle critique aussi le fait que la philosophie d’Husserl omette des siècles de recherche chrétienne de la vérité en ne considérant que les philosophes récents. Cette critique se poursuit avec l'analyse de l'œuvre de Martin Heidegger. Elle conteste sa méconnaissance de la philosophie médiévale dans son analyse. Elle lui reproche de reculer devant l'infini sans quoi rien de fini ni le fini comme tel n'est saisissable.
Très vite après la prise du pouvoir par les nazis, les lois allemandes interdisent aux femmes l'enseignement dans les universités ainsi qu'aux Juifs. Cependant, même lorsqu’elle est interdite d'enseignement en 1933, l’Association des enseignantes catholiques continue à lui verser une bourse. Édith Stein est activement opposée au nazisme dont elle perçoit très tôt le danger. Interdite d'enseignements du fait de l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, elle décide alors d'écrire au pape Pie XI pour demander une prise de position claire de l'Église contre ce qu'elle nomme l’idolâtrie de la race . Celle-ci n'aura pas lieu du fait de la mort de Pie XI, décès qui arrête la rédaction de l'encyclique condamnant l'antisémitisme, Humani generis unitas commencée en mai 1938. Certains pensent que la lettre d'Édith Stein peut avoir eu une influence dans l'origine de cette encyclique. La condamnation du nazisme par l'Église catholique a lieu dans l'encyclique Mit brennender Sorge 1937. Alors qu'elle ne peut plus s’exprimer publiquement du fait des lois antisémites, elle redemande alors à l’archiabbé Walzer de Beuron de pouvoir entrer au Carmel.
Elle décide, suite à une conversation avec un religieux, d'écrire un livre sur l'Humanité juive afin de rassembler ses souvenirs et écrit sous le titre Vie d'une famille juive, où elle décrit l'histoire de sa famille en tentant ainsi de détruire les préjugés antisémites et en décrivant l'humanité juive. Ce récit autobiographique s'arrête en 1916, peu de temps avant sa conversion. En la fête de sainte Thérèse d’Avila, le 15 octobre 1933, elle réalise enfin son rêve : elle entre au monastère.

Vie religieuse Le choix du Carmel

Le choix du Carmel peut trouver plusieurs explications. La première raison est la lecture des mystiques du Carmel, dans la mouvance des phénoménologues à partir de 1917. En témoigne une conversation qui a lieu vers 1918: dans une période de doute et de difficultés, Philomène Steiger 1896-1985, une amie catholique, lui a parlé de la quête du prophète Élie, le définissant comme le véritable fondateur du Carmel, cherchant dans la solitude l'union à Dieu. À cette époque, Edith Stein connaissait déjà les écrits du Carmel. La deuxième raison, la plus importante, est son admiration pour Thérèse d'Avila et pour son œuvre qui l'ont conduite au Christ. Après la lecture de sa biographie, elle avait fait le choix de devenir catholique et d'entrer un jour au Carmel afin de renoncer à toutes les choses terrestres et vivre exclusivement dans la pensée du divin.Mais, comme elle le dit elle-même, elle découvre que la vocation carmélitaine, loin d'être une fuite du "terrestre" est au contraire une manière concrète d'incarner un "grand amour".

Entrée au Carmel de Cologne L'Être fini et l'Être éternel.

En 1933, privée désormais comme juive du droit de s’exprimer publiquement, elle demande à entrer au Carmel, malgré ses 41 ans. Elle est donc admise au Carmel de Cologne. Elle prend l’habit le 15 avril 1934 et reçoit le nom de Thérèse-Bénédicte de la Croix. Ses supérieures l’encouragent bientôt à reprendre ses travaux philosophiques. À Pâques le 21 avril 1935, Édith Stein fait ses vœux temporaires. Elle a l'autorisation de poursuivre ses études sur Puissance et Acte, projet d'étude philosophique qu'elle poursuit jusqu'en 1939. Ses travaux conduisent Édith Stein à remanier de manière complète ce projet, qu'elle renomme L’Être fini et l’Être éternel. Cet écrit peut ainsi être considéré comme son œuvre majeure. Elle y établit le chemin de la recherche de Dieu, qui passe par une recherche de la connaissance de soi. L'ensemble de ses travaux ne pourra cependant être publié, en raison des lois anti-juives du Troisième Reich. Elle renouvelle ses vœux temporaires le 14 septembre 1936. Au cours de cette cérémonie, elle affirmera Quand mon tour est arrivé, de renouveler mes vœux, j'ai senti que ma mère était près de moi, j'ai expérimenté clairement qu'elle était proche de moi. Elle apprendra quelques jours plus tard que sa mère mourait au même moment. Ce fut pour Edith Stein une profonde consolation.
Le 21 avril 1938, elle prononce ses vœux définitifs en tant que carmélite. Devant le danger que présentent les lois nazies, Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix a l'autorisation de partir au carmel d’Echt, en Hollande, le 31 décembre 1938. Sa sœur Rosa, qui s’est convertie elle aussi au catholicisme, l'y rejoint plus tard après un séjour en Belgique .

Carmel d’Echt La Science de la Croix.

Édith Stein arrive au Carmel d'Echt, aux Pays-Bas, mais elle est inscrite auprès des services de l'immigration néerlandais en tant que juive. Elle est de plus en plus inquiète devant le sort de ses amis et sa famille juive. Elle continue ses travaux mais demande à sa supérieure de s'offrir en sacrifice au Sacré-Cœur de Jésus pour la paix véritable. Le 9 juin 1939, elle rédige son testament, dans lequel elle implore le Seigneur de prendre sa vie pour la paix dans le monde, et le salut des juifs. L'annexion de la Hollande par l'Allemagne nazie conduit à une situation de plus en plus difficile pour Édith Stein, soumise à un statut particulier du fait de son origine juive. Néanmoins sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix continue d'écrire, conformément aux souhaits de ses supérieurs. Elle est ainsi déchargée de ses travaux manuels par sa supérieure au début 1941. À l'occasion du quatre-centième anniversaire de la naissance de saint Jean de la Croix, sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix entreprend l'étude de sa théologie mystique.
Stein avait préparé la rédaction de ce gros ouvrage par un court essai sur la théologie symbolique du Pseudo-Denys l'Aréopagite, une des sources de la pensée de saint Jean de la Croix. Elle cherche à comprendre, avec le recul, comment certains arrivent à mieux découvrir Dieu à travers la création, la Bible et leurs expériences de vie, alors que pour d’autres, ces mêmes éléments restent totalement opaques. Elle intitule son œuvre sur Jean de la Croix Scientia Crucis La Science de la Croix. Elle y fait une synthèse de la pensée du carme espagnol avec sa propre étude sur la personne humaine, la liberté et l’intériorité. Contrairement à ce qui fut dit, les dernières études graphologiques et littéraires montrent que l’œuvre est achevée au moment de l’arrestation d’Édith Stein. C’est une sorte de synthèse de son cheminement intellectuel et spirituel. À travers l’expérience de saint Jean de la Croix, elle cherche à trouver les lois générales du chemin que peut faire toute intériorité humaine pour parvenir au royaume de la liberté : comment atteindre en soi le point central où chacun peut se décider en pleine liberté. Cependant Édith Stein cherche à quitter la Hollande afin de partir vers un Carmel en Suisse et vivre sa foi sans la menace des nazis. Ses démarches restent sans succès car elle est privée du droit d'émigrer. Elle écrit en juin 1942 : Depuis des mois, je porte sur mon cœur un petit papier avec la parole du Christ: Lorsqu'ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre.

Décès durant la Shoah

Face à l'augmentation de l'antisémitisme en Hollande, les évêques néerlandais décident, contre l'avis du pouvoir en place, de condamner les actes antisémites par la lecture lors de l'homélie d'une lettre pastorale dans les églises le 26 juillet 1942. Suite à cette lettre, un décret du 30 juillet 1942 conduit à l'arrestation des Juifs de religion catholique.
Elle est arrêtée le 2 août 1942 par les S.S. avec sa sœur Rosa et tous les Juifs ayant reçu le baptême catholique. Ses dernières paroles sont, d'après un témoin, pour sa sœur Viens, nous partons pour notre peuple.
Elle est déportée avec sa sœur dans les camps d'Amerfort, puis celui de Westerbork. Elle y retrouve deux de ses amies et filles spirituelles, deux jeunes filles juives devenues catholiques : Ruth Kantorowicz et Alice Reis. Au camp de Westerbork, elle croise une autre grande mystique juive du xxe siècle, Etty Hillesum, qui vient d’être embauchée par le Conseil juif du camp pour aider à l’enregistrement. Cette dernière consigne dans son Journal la présence d’une carmélite avec une étoile jaune et de tout un groupe de religieux et religieuses se réunissant pour la prière dans le sinistre décor des baraques. À l’aube du 7 août, un convoi de 987 Juifs part en direction d’Auschwitz. Toutes les personnes du convoi sont gazées au camp d'extermination d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, le 9 août 1942.

Postérité Reconnaissance posthume Canonisation

Édith Stein est béatifiée par Jean-Paul II, le 1er mai 1987, à Cologne, pour l’héroïsme de sa vie et sa mort en martyre, assassinée ex odio fidei en haine de sa foi catholique. Avec sa béatification dans la cathédrale de Cologne l’Église honore, comme le dit le pape Jean-Paul II, une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une Juive. Cette homélie de Jean-Paul II montre l'importance reconnue du peuple juif et de la tradition hébraïque dans la vie d'Edith Stein. Elle est par la suite canonisée par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1998 et proclamée co-patronne de l’Europe le 1er octobre 1999.
Le 11 octobre 2006, le pape Benoît XVI bénit une grande statue de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix placée dans la partie extérieure de l’abside de la basilique Saint-Pierre du Vatican dans une niche entre les patrons de l’Europe46. Benoît XVI cite par ailleurs en exemple Édith Stein dans son discours lors de sa visite à Auschwitz le 28 mai 2006 affirmant : de là apparaît devant nous le visage d'Édith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix : juive et allemande, disparue, avec sa sœur, dans l'horreur de la nuit du camp de concentration allemand-nazi ; comme chrétienne et juive, elle accepta de mourir avec son peuple et pour son peuple ... mais aujourd'hui, nous les reconnaissons en revanche avec gratitude comme les témoins de la vérité et du bien, qui, même au sein de notre peuple, n'avaient pas disparu. Remercions ces personnes, car elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal, et elles apparaissent à présent devant nous comme des lumières dans une nuit de ténèbres.
Deux motifs ont été avancés pour expliquer la béatification d'Edith Stein : le premier est celui de la reconnaissance de sa vie vertueuse, le second est celui du martyre. Avec la canonisation d’Édith Stein, en 1998 une polémique est née, certains reprochant au pape Jean-Paul II d'avoir voulu récupérer la Shoah, à travers sa canonisation. Ainsi des personnalités juives critiquèrent le pape lui demandant d’annuler la canonisation, voyant en celle-ci une tentative pour réaliser la christianisation de la Shoah. Cette polémique semble en partie due à une mauvaise interprétation du discours du pape Jean-Paul II qui affirma :" En célébrant désormais la mémoire de la nouvelle sainte, nous ne pourrons pas, année après année, ne pas rappeler aussi la Shoah, ce plan féroce d’élimination d’un peuple qui coûta la vie à des millions de frères et sœurs juifs." Certains ont cru y voir l’institution d’une journée commémorant la Shoah, or il s’avère que cette journée n’a jamais été instituée et que les propos ont sans doute été sur-interprétés.
Fête La fête d'Edith Stein est fixée au 9 août. Sa fête a rang de mémoire dans l'Ordre du Carmel, sauf en Europe, où en tant que co-patronne, sa mémoire, pour toute l'Eglise, a rang de fête53,54.

Autres reconnaissances

En 2008, Édith Stein entre au Walhalla, mémorial des personnalités marquantes de la civilisation allemande. La chaîne télévisée publique allemande ZDF consacra une émission entière sur Édith Stein dans le cadre d'Unsere Besten, consacrant les plus grands Allemands de tous les temps. Un film est sorti en 1995 : La Septième demeure, dans lequel Maia Morgenstern joue le rôle d'Édith Stein.
En 2014, la paroisse de Bayeux fait l'acquisition d'une nouvelle cloche, nommée Thérèse-Bénédicte, en hommage à Edith Stein.

Héritage Théologie d’Edith Stein Vision de la Femme

Édith Stein a très tôt été marquée par sa condition féminine. Première femme Docteur en philosophie d’Allemagne, elle s’est engagée personnellement afin de défendre la possibilité pour les femmes d’aller à l’université et d’y enseigner, malgré les nombreuses réticences du début du XXe siècle.
Sa conversion va l’engager sur une autre voie. Elle pense alors que les revendications féministes ne suffisent pas: il faut développer une théologie catholique de la femme, ce qu'elle fait à travers de nombreuses conférences dans toute l’Allemagne. Cette théologie spécifique à la condition féminine, qui était quasiment inexistante dans l’enseignement catholique, sera développée par Jean-Paul II, qui semble avoir été influencé par l’analyse d’Édith Stein, dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem.
Certaines de ses conférences ont été regroupées en français dans un premier recueil La Femme et sa destinée, suivi en français de La femme. Ces livres abordent de nombreux thèmes comme l’éducation de la femme, sa vocation, son statut particulier. À partir d’une analyse philosophique Edith Stein affirme l’unité de l’humanité, puis une différenciation des genres qui la conduit à affirmer que la femme a trois buts fondamentaux : l’épanouissement de son humanité, de sa féminité et de son individualité. En se fondant sur le récit de la Genèse et de l’Évangile, démarche reprise par Jean-Paul II dans son magistère, elle prend la Vierge Marie pour modèle, et affirme son rôle essentiel dans l’éducation. Cependant, elle nie l’opposition de l’époque affirmant que les femmes doivent se cantonner à la seule sphère familiale et affirme que la vocation de la femme peut avoir une vie professionnelle : Le but qui consiste à développer les capacités professionnelles, but auquel il est bon d’aspirer dans l’intérêt du sain développement de la personnalité individuelle, correspond également aux exigences sociales qui réclament l’intégration des forces féminines dans la vie du peuple et de l’État . Cette affirmation est d’autant plus forte qu’elle considère comme une perversion de la vocation féminine la vie des jeunes filles de bonnes familles et des femmes oisives des classes possédantes .
Elle affirme, en s’appuyant sur saint Thomas d’Aquin, qu’il existe des professions naturelles de la femme, s'appuyant sur des prédispositions féminines. Prédispositions qui n’empêchent pas une singularité et des dispositions singulières, comme chez les hommes. Elle affirme plus loin qu’un authentique métier féminin, c'est un métier qui permet à l’âme féminine de s’épanouir pleinement. La femme doit donc se réaliser dans sa profession en recherchant ce qui est le plus dans sa vocation. Elle doit veiller à conserver une éthique féminine dans sa profession, en prenant la Vierge Marie comme modèle de la Femme et dans sa destinée.
Cette réalisation doit aussi comprendre une mission spirituelle de la femme, qui se réalise par la vie en Dieu, la prière et les sacrements. Dans cette logique elle critique le manque d’instruction donnée aux femmes, et le manque d’enseignement du catéchisme auprès des femmes, l’éducation se focalisant trop sur la piété. Elle affirme ainsi que la foi n’est pas une affaire d’imagination, ni un sentiment de piété mais une préhension intellectuelle. Elle mettra en garde les institutions religieuses, qui, dans l’éducation religieuse, utilisaient trop souvent des moyens coercitifs afin de développer la piété. La foi ne pouvant s’obtenir qu’en vertu de la Grâce, elle affirme la nécessité non pas des contrôles mais de l’exemple dans l’éducation des filles.

Vision du judaïsme

La vision du judaïsme d’Édith Stein évolue tout au long de sa vie. Née dans une famille juive, elle abandonne sa foi juive, pour devenir athée, ou en tout cas non pratiquante et agnostique, dès l’adolescence. Cet athéisme est remis en question par sa rencontre du Christ. Cette conversion conduit Édith Stein à un approfondissement de sa foi et à se ré-approprier progressivement ses racines juives et à exprimer sa foi chrétienne d’une manière originale.
Édith Stein ne renie pas son origine juive, mais l’assume, en se considérant toujours comme appartenant au peuple juif. Elle considère ainsi que Jésus de Nazareth est un juif pratiquant, comme ses disciples des premiers temps. Il en va de même de l’Église, le groupe actuel de ses disciples. L’Église doit donc rester pleinement consciente de cet enracinement et doit être solidaire du peuple juif persécuté. Ainsi c’est cette réflexion et cette filiation qui conduisent Édith Stein à écrire au Pape Pie XI contre l’antisémitisme, et à agir contre l’antisémitisme tout au long de sa vie. Elle revendique par ailleurs son héritage juif, par exemple en 1932. Lors d'un séjour à Paris, elle parle des nôtres ou de nous lorsqu'elle parle de ses amis philosophes juifs, ce qu'elle fera continument tout au long de sa vie.
Dans son œuvre présentée comme autobiographique Vie d’une famille juive, Édith Stein veut, selon l’avant-propos, produire une réfutation de l’antisémitisme nazi à travers la présentation de la vie de sa famille et de ses amis juifs, dont elle est totalement solidaire, cherchant à faire disparaître les préjugés antisémites. Cet héritage est vécu par Édith Stein de façon plus personnelle ; elle écrit ainsi en 1932 : J'avais entendu parler de mesures sévères prises à l'encontre des Juifs, mais à ce moment-là l'idée se fit jour en moi, soudainement, que Dieu venait à nouveau de poser lourdement sa main sur mon peuple et que le destin de ce peuple était aussi le mien. Elle écrit La Prière de l'Église, où elle réaffirme le lien profond, vital, entre le catholicisme et les juifs, affirmant que le Christ priait à la manière d'un Juif pieux, fidèle à la Loi. Elle affirme dans la même logique qu'il existe une richesse passée et présente de la liturgie juive. Richesse qui préfigure la richesse de la liturgie catholique. En cela, l'œuvre d’Édith Stein est prophétique, elle annonce les avancées du Concile Vatican II et de l'amitié judéo-chrétienne qui suivra.
Enfin sa mort, qu’elle veut vivre comme un holocauste pour son peuple, montre son attachement profond à ce lien entre christianisme et judaïsme60. Elle ne renie pas sa foi catholique, mais s’identifie au Christ, qui meurt pour ses disciples. Édith Stein fait donc de même, en partant aux camps en tant que juive. Le pape Jean-Paul II dans l'homélie de sa béatification affirmera qu'il n'y a pas de contradiction pour Édith Stein dans sa foi : Pour Édith Stein, le baptême chrétien n'était pas une façon de rompre avec son héritage juif. Tout au contraire elle déclara : J'avais abandonné la pratique de la religion juive dès l'âge de quatorze ans. Mon retour à Dieu me permit de me sentir à nouveau juive. Elle a toujours été consciente du fait qu'elle était liée au Christ non seulement par la spiritualité, mais aussi par le sang.... Dans les camps d'extermination, elle mourut en fille d'Israël pour la gloire du Très Saint Nom et, à la fois, en tant que sœur Térésa Benedicta de la Croix, c'est-à-dire, bénie par la Croix.

Théologie de la Croix

Edith Stein a développé une spiritualité particulière centrée autour de la Passion du Christ. Dès le début de sa conversion, elle est frappée par le mystère de la souffrance à travers la mort de son ami Adolf Reinach. Elle découvre comment sa jeune veuve assume l'épreuve dans l'espérance chrétienne. Édith Stein a été touchée par l'expérience de la foi vécue dans l'épreuve.
Une fois au Carmel, elle prendra le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, montrant par là-même l'importance pour elle de la théologie de la Croix. La rédaction de La Science de la Croix, sur la spiritualité de Jean de la Croix, permettra à Édith Stein de développer une théologie de la Croix. La Croix est, selon Édith Stein, cette vérité ... enfouie dans l'âme à la manière d'un grain de blé qui pousse ses racines et croît. Elle marque l'âme d'une empreinte spéciale qui la détermine dans sa conduite, à tel point que cette âme rayonne au dehors et se fait connaître par tout son comportement. Pour Édith Stein la science de la Croix consiste en l'imitation du Christ, homme des douleurs. La souffrance décrite par Jean de la Croix dans la Nuit obscure est une participation à la Passion du Christ et à la souffrance la plus profonde, celle de l'abandon de Dieu. Jean de la Croix affirme que pour entrer dans la richesse de la sagesse de Dieu, il faut entrer par la porte : cette porte est la croix et elle est étroite.
Pour Édith Stein, la science de la Croix est la possibilité de s'unir à Dieu : l'âme ne peut ainsi s'unir que si elle a été purifiée auparavant par un brasier de souffrances intérieures et extérieures et d'après les plans de la Sagesse Divine. Nul ne peut en cette vie obtenir une connaissance, même limitée, des mystères, sans avoir beaucoup souffert. Ces souffrances sont considérées par Édith Stein comme le feu de l'expiation. Jésus en venant sur la terre a pris le fardeau des péchés de l'homme. Les souffrances du Christ tout au long de sa vie et accentuées au Jardin des Oliviers sont le signe de la douleur qu'il éprouve dans ce délaissement de Dieu. La mort du Christ, sommet de souffrance, marque aussi la fin de ses souffrances et la possibilité d'union de l'Amour éternel, Union de la Trinité.
Pour Édith Stein, après la nuit obscure qui est purification du cœur, nous accédons à l'Union divine. Édith Stein affirme ainsi qu' on ne peut acquérir une scientia crucis que si l'on commence à souffrir vraiment du poids de la croix. Dès le premier instant, j'en ai eu la conviction intime et j'ai dit du fond du cœur : Ave Crux, spes unica. Il ne faut pas pour autant avoir une vision doloriste de ce que dit Édith Stein : le but est bien la joie d'un amour vécu en plénitude. Tout doit mener à l'amour : Il est à peine besoin de parler de l'amour : tout l'enseignement de saint Jean de la Croix est un enseignement de l'amour, une manière d'indiquer comment l'âme peut parvenir à être transformée en Dieu, qui est l'Amour. Du reste, saint Jean de la Croix n'utilise pas l'expression "science de la croix" mais « science d'amour. Un des plus beaux poèmes d’Édith Stein porte sur la joie de l'Esprit Saint :

Es-tu le doux cantique de l'amour
et du respect sacré qui retentit sans fin
autour du trône de la Trinité sainte,
symphonie où résonne
la note pure donnée par chaque créature ?
le son harmonieux
l'accord unanime des membres et de la Tête,
dans lequel chacun au comble de la joie
découvre le sens mystérieux de son être
et le laisse jaillir en cri de jubilation,
rendu libre
en participant à ton propre jaillissement :
Saint-Esprit, jubilation éternelle. Malgré la nuit

Cette science de la croix conduira Édith Stein à vouloir s'offrir et souffrir en s'unissant au Christ. Dès 1930, elle écrira : Je ressens combien est faible l'influence directe, cela aiguise en moi le sentiment de l'urgence de l’holocaust personnel. La rédaction de son testament confirmera la volonté d’Édith Stein de vivre jusqu'au bout cette science de la Croix, affirmant accepter déjà maintenant avec joie la mort que Dieu a prévue pour moi dans une parfaite soumission à Sa très Sainte Volonté. Je demande au Seigneur d'accepter ma vie et ma mort pour son honneur et Sa gloire.

Philosophie d'Edith Stein Empathie

L'empathie, ou Einfühlung, est un terme emprunté par Husserl à Théodor Lipps, désignant l’expérience intersubjective. Elle adopte un point de vue différent du philosophe Theodor Lipp. La thèse d'Édith Stein analyse l'empathie comme le don d'intuition et de rigueur qui permet de saisir ce que vit l'autre en lui-même. L'empathie peut permettre à la personne humaine, considérée comme un univers en soi, de s'enrichir et d'apprendre à se connaître au contact des autres. Ainsi, même si nous ne les vivons pas personnellement par expérience, nous pouvons, par l'empathie, découvrir des choses sur nous-mêmes.
Édith Stein affirme que par l'empathie, je peux vivre des valeurs et découvrir des strates correspondantes de ma personne, qui n'ont pas encore eu l'occasion d'être dévoilées par ce que j'ai vécu de manière originaire. Celui qui n'a jamais vu le danger de près peut, en réalisant la situation d'un autre par empathie, découvrir qu'il est lui-même lâche ou courageux. En revanche, ce qui contredit ma propre structure d'expériences, je ne peux pas le remplir mais je peux me le représenter de manière vide, abstraite. De cette analyse, Édith Stein affirme que seul celui qui vit lui-même comme personne, comme unité de sens, peut comprendre d'autres personnes.
C'est l'ouverture aux autres qui permet ainsi de mieux connaître la réalité. Celle-ci ne peut donc pas se fonder uniquement sur le moi pour atteindre la connaissance mais a besoin d'accepter les choses extérieures comme elles sont, ouvrant ainsi la porte à une plus grande connaissance des choses, sinon nous nous emmurons dans la prison de nos particularismes

La production philosophique d'Edith Stein est étroitement liée aux étapes de sa vie. Parmi ses travaux proprement phénoménologiques, rappelons sa thèse sur l'Einfühlung 1917, c'est-à-dire l'expérience d'autrui ; il faut citer également les Beiträge zur philosophischen Begründung der Geisteswissenschaften 1922, qui épousent, dans une perspective proche de celle de Dilthey, le projet husserlien de donner ses assises définitives à tout l'édifice de la science. Témoignant également de la permanence des préoccupations psychologiques d'Edith Stein, ces Beiträge précèdent une Untersuchung über den Staat 1925 où l'on ressent, entre autres influences, celle de Reinach et de sa théorie de l'essence du droit. À quoi s'ajoute un travail harassant sur les brouillons de Husserl, sans lequel Heidegger n'eût pu mettre au net le texte sur le Inneres Zeitbewusstsein 1928.
Devenue catholique, Edith Stein s'initie à la philosophie chrétienne et à la méthode scolastique, et tente une confrontation entre Husserl et Thomas d'Aquin 1929. Elle s'attaque par ailleurs à un travail sur Akt und Potenz qui sera ultérieurement développé dans une ontologie chrétienne, Endliches und Ewiges Sein. Elle tente d'y réarticuler, à travers une révision théocentrique du monde, les apports de la phénoménologie.
Aspirant à la vie religieuse dans un ordre de tradition contemplative et mystique, Edith Stein oriente alors sa réflexion vers ce qui, dans l'analyse de la conscience et de la vie intérieure réinventée par Husserl, permet un rapprochement avec la tradition spirituelle chrétienne. De cette attention naissent de beaux textes sur la personne qui, d'une part, font référence au Château de l'âme de Thérèse d'Ávila et qui, d'autre part, en ce qui concerne les communautés de destin ou d'institution, font progresser des thèmes qu'elle avait déjà abordés. C'est dans cette perspective qu'il faut lire la Kreuzeswissenschaft, un commentaire de Jean de la Croix qu'elle laisse inachevé lors de son arrestation, et qui éclaire son nom de religion : Teresa Benedicta a Cruce.
Plus proche de Reinach et de Ingarden que de Heidegger et de l'école de Fribourg, Edith Stein conçoit la phénoménologie à la fois comme une enquête sur l'essence et comme une analyse de ce qui se révèle de cette essence tantôt dans une inspection de l'esprit, tantôt à partir des objectivations culturelles dans lesquelles l'homme se donne à voir. On peut parler à ce propos d'une anthropologie essentialiste.

Liens

http://youtu.be/hJHr5fsWFzs Ste Edith Tillier
http://youtu.be/O2kpeXgax2w Emission de KTO
http://youtu.be/HAL0OvToRpk film sur sa vie


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Posté le : 11/10/2014 16:39
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Ralph Vaughan Williams
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Le 12 octobre 1872 à Down Ampney en GB, naît Ralph Vaughan Williams

mort le 26 août 1958 à Londres, compositeur britannique qui s’est exprimé aussi bien dans la symphonie que dans la musique de chambre, l’opéra, la musique chorale et la musique de film. Très influencé par la musique folklorique, il publie en 1906 le célèbre English Hymnal qui regroupe, outre des compositions personnelles, un grand nombre d’arrangements de ces chansons traditionnelles dont il fait des airs à part entière. Il est formé au Trinity College, Royal College of Music, où il a pour maîtres Charles Villiers Stanford, Hubert Parry, Sir William Parratt, Max Bruch, il est le petit neveu de Charles Darwin, ses Œuvres principales sont les Symphonie n° 1 A Sea Symphony 1910 ; Symphonie nº 2 A London Symphony, 1913, Symphonie n° 3 A Pastoral Symphony , 1921 ; Symphonie n° 4 en mi mineur, 1931 ; Symphonie n° 5 en ré majeur, 1938-1943 ; Symphonie n° 6 en mi mineur, 1946-1947 ; Symphonie n° 7 Sinfonia Antartica, 1949-1952 ; Symphonie n° 8 en ré mineur, 1953-1955 ; Symphonie nº 9 en mi mineur 1956-1957. Symphonie nº 10 en fa majeur 1957-1958. Manuscrit, premier et dernier mouvements seulement. Il meurt à 85 ans, mort 26 août 1958 à Londres.

En Bref

Ralph Vaughan Williams passe son enfance et une grande partie de sa vie dans le Surrey où se trouve la propriété de sa famille maternelle, qui s'y replie dès 1875 à la mort de son père. C'est ensuite pour l'adolescent et le jeune homme la voie royale d'une éducation privilégiée, d'abord reçue à Charterhouse School Londres, puis à Trinity College Cambridge, parallèlement à une formation musicale de haut niveau dispensée par le Royal College of Music, notamment sous la direction de Charles Villiers Stanford et de Hubert Parry. Élève de Max Bruch à Berlin 1897, il devient en 1901 docteur en musique de Cambridge et va chercher en 1908 à Paris les conseils éclairés de Maurice Ravel, dont il tirera le meilleur bénéfice du point de vue de l'exigence de l'écriture et de la concision du style. Au-delà de quelques essais de jeunesse, ce n'est en fait que vers la trentaine avancée qu'il s'engagera sur la voie d'une activité créatrice qu'il n'abandonnera, d'ailleurs, qu'à l'article de la mort. Sa carrière sera consacrée tout entière à la musique comme organiste, musicologue, conférencier, éditeur, chef d'orchestre, pédagogue, et surtout, bien sûr, compositeur.

Sa vie

Ralph Vaughan Williams est né en 1872 dans un village situé dans le comté du Gloucestershire dans lequel son père, pasteur fortuné du Gloucestershire, descendant des Wedgwood par sa mère, le révérend Arthur Vaughan Williams, Vaughan n’étant pas un deuxième prénom, mais la seconde partie d’un nom de famille composé détaché, Vaughan Williams, officie comme vicaire. À la suite de la mort de son père en 1875, il est élevé par sa mère, Margaret Susan 1843-1937, l’arrière-petite-fille de l’industriel Josiah Wedgwood, dans la maison familiale de la dynastie Wedgwood. Il est à noter qu’il est également le petit-neveu de Charles Darwin. Bien qu’ayant grandi parmi la classe moyenne supérieure cultivée, Ralph Vaughan Williams a milité toute sa vie en faveur d’un idéal démocratique et égalitaire, a l'encontre la société établie.

Alors qu’il poursuit ses études, il apprend le piano " dont je n’ai jamais su jouer, et le violon qui était mon instrument salvateur" dit-il. Après Charterhouse School, il fréquente le Royal College of Music où enseigne Charles Villiers Stanford. Il poursuit des études d’histoire et de musique au Trinity College à Cambridge où il se lie d’amitié notamment avec les futurs philosophes G. E. Moore et Bertrand Russell ; il finit par revenir au Royal College of Music où il étudie sous la houlette d’Hubert Parry, dont il devient un proche, et de Sir William Parratt qui lui enseigne ainsi qu'à Leopold Stokowski. Ce dernier, devenu chef d’orchestre, jouera six des symphonies de son ancien camarade pour le public américain. Il conduira notamment l'Orchestre philharmonique de New York en 1949 pour le premier enregistrement de sa Symphonie n° 6 avec, et dirigera en 1958 la première représentation de sa Neuvième symphonie sur le sol des États-Unis, dans le célèbre Carnegie Hall.
Parmi ses nombreuses amitiés nées durant ses années au Royal College of Music, c’est celle avec son camarade de classe Gustav Holst qui a été la plus décisive en rapport à son œuvre de compositeur ; s'étant rencontrés en 1895, les deux jeunes hommes ne tardent pas à confier à la critique de l’un l’autre leurs compositions de jeunesse. C’est ainsi que Vaughan Williams donne peu à peu forme à ses premières œuvres dont la première publiée, la chanson Linden Lea, n’est publiée que dans les années trente. Durant ces premières années, il travaille à la fois à ses propres compositions, au développement de sa technique orchestrale et à la publication œuvres musicales variées, en particulier des œuvres d’Henry Purcell ou l’English Hymnal pour la composition duquel il voyage dans de nombreux pays dont il recueille les chants populaires.
Il se marie en 1897 et, cette même année, il visite l'Allemagne où il suit l'enseignement de Max Bruch avant que de passer son doctorat en musique à Cambridge en 1901. Pendant un séjour en France en 1909, il rencontre Maurice Ravel, ce qui contribue fortement à faire gagner en maturité son style orchestral. En parallèle, Vaughan Williams découvre la musique traditionnelle anglaise, condamnée à disparaître rapidement en raison du déclin de la tradition orale au profit de la conservation écrite. Cette rencontre n’a cessé d’influencer son œuvre musicale dans laquelle il a incorporé des éléments de ces mélodies et de ces chansons du folklore dont il demeure fasciné autant par la beauté qu’à cause du mystère qu’entoure l’anonymat de ces traditions nées et perpétuées dans la multitude du commun des gens. Ses efforts pour faire reconnaître cet héritage ont largement contribué à la réappréciation de la culture musicale folklorique anglaise, notamment en tant que président de l'English Folk Dance and Song Society qui a depuis baptisé sa bibliothèque à son nom en hommage.

Son œuvre, aussi vaste que diverse, est animée de bout en bout par une imagination constamment en éveil, une extraordinaire faculté de renouvellement et un puissant souffle créateur. Un double courant d'inspiration la caractérise : d'une part, une référence passionnée au folksong assumé comme source d'expression de l'âme nationale, d'autre part, trait curieux chez cet agnostique, la prise en compte d'un patrimoine spirituel qui va jusqu'à revêtir parfois des accents mystiques ou visionnaires.

La première veine, appuyée sur une recherche ethnomusicologique qu'il poursuit pendant toute sa vie et nourrie d'un corpus de chansons de tradition orale recueilli sur les lèvres des habitants des campagnes les plus reculées d'Angleterre, est aussi bien représentée dans sa production par les transcriptions les plus simples que par les traitements les plus élaborés. Parmi les partitions de création où elle affleure, il faut citer au moins On Wenlock Edge 1909, les Five Variants on Dives and Lazarus 1939, et les Folksongs of the Four Seasons 1950 dans le domaine purement vocal et instrumental, tandis que sur la scène elle est aussi largement exploitée dans le ballad-opera Hugh the Drover 1914, l'opéra Sir John in Love 1929, le ballet Job 1930 et l'opéra Thomas the Rhymer qui, écrit en 1958, l'année même de la mort du compositeur, n'eut pas le temps d'être orchestré. Il faut ajouter à ces quelques titres toutes les partitions — innombrables — où, à l'instar de Bartók en Europe centrale, Vaughan Williams, ayant parfaitement assimilé les sources traditionnelles de la musique de son pays, en fait le fondement d'un langage modal qui, débarrassé de toute citation directe, devient l'expression achevée d'un véritable folklore imaginaire.

Quant à l'autre source majeure d'inspiration du musicien, celle qui donne à son œuvre une dimension spirituelle de niveau exceptionnel, elle féconde des pages aussi diverses que les Five Mystical Songs 1911 sur des poèmes de George Herbert, la Messe en sol mineur 1923, l'oratorio Sancta Civitas 1926, les Three Choral Hymns 1930, le Magnificat 1932, le dramatique et personnel Dona nobis pacem 1936 sur des poèmes de Whitman, la cantate de Noël Hodie 1954, à quoi il convient d'ajouter, parmi bien d'autres œuvres, la moralité tirée du Pilgrim's Progress de Bunyan, qui, sous le même titre, fut créée en 1951 au Covent Garden.
Inspiration folklorique et inspiration religieuse se rencontrent dans maintes pages, de moindre dimension sinon de moindre mérite, qu'on ne peut qu'évoquer au passage. Mais, parmi les partitions majeures caractéristiques de cette confluence, il convient de garder en mémoire le ballet Job, déjà cité, et, au nombre des œuvres purement orchestrales, certaine Symphonie en ré mineur — la cinquième d'une production de neuf dont chacune mériterait une mention particulière —, qui, écrite en 1943 en pleine tourmente de la Seconde Guerre mondiale, rayonne, en son langage modal, d'une spirituelle et visionnaire paix de l'âme.
S’il ne cesse de s’intéresser à la musique traditionnelle dont il côtoie les grands noms dont le révérend George B. Chambers, sa carrière musicale s’enrichit à partir de 1905 de l’expérience de chef d’orchestre qu’il fait lors du tout jeune Leith Hill Music Festival qu’il dirige jusqu’en 1953, date à laquelle il cède la main à William Cole. Quatre ans plus tard, il compose la musique d’accompagnement utilisée pour la représentation des Guêpes d’Aristophane par les étudiants de Cambridge lors de la triennale Cambridge Greek Play. En 1910, il connaît ses premiers succès auprès du grand public en conduisant les premières du Tallis Fantasia dans la Cathédrale de Gloucester, mais plus encore grâce à sa Symphonie chorale n° 1 A Sea Symphony. En 1914, sa Symphonie nº 2 A London Symphony, conduite par Geoffrey Tove, qui par la suite va l’aider à reconstruire la partition, perdue pendant la guerre, est un succès encore plus marqué.

D'une guerre à l'autre

Vaughan Williams est âgé de quarante-et-un ans quand débute la Grande Guerre ; bien qu’il ait la possibilité d’échapper à tout service militaire ou de servir comme gradé, il choisit de s’enrôler comme simple soldat dans le Royal Army Medical Corps. Éreinté par son rôle de brancardier en France et à Salonique, il est finalement élevé au grade de sous-lieutenant dans la Royal Garrison Artillery le 24 décembre 1917. Une anecdote rapporte qu’à une occasion, bien que trop malade pour ne serait-ce que rester debout, il a continué à diriger sa batterie d’artillerie allongé à même le sol. Son exposition prolongée aux tirs nourris a probablement été à l’origine de sa progressive perte d’audition qui explique sa surdité tardive. En 1918, il est nommé Director of Music First Army, ce qui l’aide beaucoup à reprendre contact avec le monde de la musique.

Au sortir de la guerre, il adopte un temps un style musical aux accents mystiques dans sa Symphonie n° 3 A Pastoral Symphony, symphonie qui doit notamment à son vécu d’ambulancier volontaire pendant la guerre ; il compose également Flos campi, une œuvre pour alto accompagné d’un petit orchestre et d’un chœur sans parole. À partir de 1924, il entame une nouvelle phase musicale, caractérisée avant tout par des accords dissonants et un rôle important de la polyrythmie. Les œuvres clef de cette période restent le Toccata marziale, le ballet Old King Cole, le Piano Concerto, l’oratorio Sanctus Civitas son œuvre pour chœur préférée et le ballet Job : A Masque for Dancing, qui n’est pas directement inspiré de la Bible mais de Illustrations of the Book of Job de William Blake. Il compose également un Te Deum en sol pour la consécration de Cosmo Gordon Lang comme archevêque de Canterbury. Cette phase créative culmine avec sa Symphonie n°4 en fa mineur, joué pour la première fois en 1935 par le BBC Symphony Orchestra.
Cette symphonie marque une très nette rupture avec les compositions orchestrales et « pastorales » avec lesquelles son œuvre est souvent identifiée ; en effet, sa dimension dramatique soutenue par une tension permanente et de nombreuses dissonances ne cessent de surprendre ceux qui l’écoutent depuis sa toute première interprétation. Lui-même conscient de son originalité, Ralph Vaughan Williams en dira : "Je ne sais pas si je l’apprécie, mais elle est telle que je l’ai voulue ". Deux ans plus tard, le compositeur réalise un enregistrement mémorable de son œuvre avec le même orchestre pour HMV, resté son seul enregistrement à caractère commercial. À la même époque, il prodigue son enseignement en Amérique et en Angleterre tout en dirigeant The Bach Choir ; il est également président de la City of Bath Bach Choir de 1946 à 1959. Il est décoré de l’Ordre du Mérite en 1935 lors des cérémonies de l’anniversaire du roi, ayant décliné antérieurement le titre de chevalier.

Il conserve également une activité de direction d'orchestre et il dirige à de nombreuses reprises les Passions de Jean-Sébastien Bach. Il meurt en 1958, universellement reconnu. Ses funérailles ont lieu à l'abbaye de Westminster où ses cendres reposent près de celles d'Henry Purcell.

Principales œuvres

Symphonies
Symphonie n° 1 A Sea Symphony , 1910
Symphonie nº 2 A London Symphony , 1913
Symphonie n° 3 A Pastoral Symphony, 1921
Symphonie n° 4 en fa mineur, 1931
Symphonie n° 5 en ré majeur, 1938-1943
Symphonie n° 6 en mi mineur, 1946-1947
Symphonie n° 7 Sinfonia Antartica, 1949-1952
Symphonie n° 8 en ré mineur, 1953-1955
Symphonie nº 9 en mi mineur, 1956-1957

Pièces symphoniques

Suite pour alto, chœurs et orchestre Flos campi 1925
Fantasia on a Theme of Thomas Tallis 1910, rev. 1913 and 1919
Fantaisie sur Greensleeves, 1934
Cycle de 9 mélodies pour baryton et orchestre symphonique Songs of Travel, arrangements de la version originale pour baryton et piano
Musiques chorales et religieuses
Hodie, cantate de Noël
Fantasia on Christmas Carols, 1912
Opéras
The Pillgrim's Progress, 1952
Riders to the Sea, 1936
The Poisoned Kiss
Musiques de scène
Ballet
Old King Cole 1923
On Christmas Night 1926
Job: A Masque for Dancing 1930
The Running Set 1933
The Bridal Day 1938–39
The Wasps 1909
Musique concertante et concertos
The Lark Ascending pour violon et orchestre, 1914 ; l'œuvre, dédiée à la violoniste Marie Hall, s'inspire d'un poème de George Meredith, dont les vers suivants ouvrent la partition :

Texte originel

He rises and begins to round,
He drops the silver chain of sound,
Of many links without a break,
In chirrup, whistle, slur and shake.

For singing till his heaven fills,
‘Tis love of earth that he instils,
And ever winging up and up,
Our valley is his golden cup
And he the wine which overflows
to lift us with him as he goes.

Till lost on his aerial rings
In light, and then the fancy sings.

Première traduction

Elle s’élève et se met à tourner,
Déroule des sons la chaîne argentée
En nombreux anneaux sans les détacher :
Claquements, sifflets, liaisons et tremblés.

C’est pour distiller l’amour de la terre
Qu’elle chante au point de remplir les airs.
À chaque coup d’aile elle monte encor,
Et de la vallée fait sa coupe d’or ;
Elle en est le vin qui déborde au sol
Pour nous emporter avec son envol.

Quand elle se perd en notes légères,
La fantaisie chante en pleine lumière.

Seconde traduction

Elle s'élève et se met à tourner,
Elle laisse tomber la chaîne argentée du son,
sans séparer ses nombreux anneaux,
Avec force pépiements, sifflements, liaisons et tremblements.

Car en chantant jusqu'à ce que son ciel soit repu,
C'est l'amour de la terre qu'elle insuffle,
et à chaque coup d'aile,
Notre vallée devient sa coupe dorée
Et elle est le vin qui déborde
Pour nous élever avec elle lors de son prochain envol.

Jusqu'à ce que, perdue sur ses anneaux aériens,
Dans la lumière, puis l'imagination chante.

Concerto pour piano en ut
Concerto grosso
Concerto en fa mineur pour tuba basse et orchestre, créé par Philip Catelinet le 13 juin 1954 et dédié à l'orchestre symphonique de Londres à l'occasion de son jubilé ;
Concerto pour hautbois et cordes
Piano et orgue
Musique de chambre

Musiques de films

1947 : Les Amours de Joanna Godden The Loves of Joanna Godden, de Charles Frend

Discographie

Les symphonies de Ralph Vaughan Williams ont été intégralement enregistrées par Sir Adrian Boult, et entre 1987 et 1990 par Bryden Thomson dirigeant le London Symphony Orchestra.

Le cycle de mélodies pour baryton et orchestre Songs of Travel ont été enregistrées dans leur intégralité par Sir Thomas Allen accompagné par l'Orchestre symphonique de Birmingham dirigé par Sir Simon Rattle. L'enregistrement date de 1983.

Liens

http://youtu.be/0U6sWqfrnTs Fantasia on a Theme by Thomas Tallis
http://youtu.be/ZR2JlDnT2l8 The Lark Ascending
http://youtu.be/RQoP9iLwoos Five Variants of "Dives and Lazarus"


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Posté le : 11/10/2014 15:22
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Anatole France
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Le 12 octobre 1924 à 80 ans, à St Cyr sur Loire, meurt Anatole France

de son nom françois, Anatole Thibault, écrivain français, considéré comme l’un des plus grands de l'époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires, il reçoit le prix nobel de littérature en 1921 pour l'ensemble de son oeuvre., il est né le 16 avril 1844 à Paris. Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle.

En bref

Adaptées pour la télévision, entrées dans la collection de la Pléiade, les œuvres d'Anatole Thibault, dit France, attirent de nouveau l'attention. Elles permettent de revivre un grand morceau de l'histoire française, tout en posant des questions devenues très pressantes pour nous. On aima leur humour et leur élégance, dont on retrouve actuellement les mérites.
Anatole France, le dilettante, ne méconnaissons pas l'importance, dans la formation de France, des sceptiques grecs, des libertins ou de Voltaire. Mais c'est surtout à l'école des penseurs modernes qu'il se forme, pour proclamer l'exigence du libre exercice de la raison, la nécessité de séparer le spirituel du temporel, et l'intérêt qu'il faut porter à une science qui replace l'homme dans la nature : au plus haut degré certes de l'échelle actuelle des êtres, mais voué à la lutte pour la vie, et enfermé dans les limites de ses sens. Pessimisme fondamental, opposé aux doctrines de Rousseau et de ses disciples ; dans notre pensée imparfaite réside pourtant notre dignité. Telle est la doctrine que France met au point dans les articles grâce auxquels il gagne sa vie jusqu'à trente ans passés, et qui importe plus que son opposition passagère au second Empire. Pas plus que celui de Renan, on n'évalue justement le « dilettantisme de France si l'on n'aperçoit les fermes convictions sur lesquelles il repose, sous des dehors d'autant plus ondoyants que France est non pas un philosophe, mais un artiste. Un poète tout d'abord : le succès du prosateur a fait oublier que, jusqu'à trente-deux ans, l'écrivain a fait partie de l'école parnassienne, dans la mouvance de Louis Ménard. Il marque une préférence, destinée à un long avenir, pour les époques ambiguës, où paganisme et christianisme s'interpénètrent. Devenu un jeune maître après des débuts difficiles, il exclut du Parnasse contemporain Verlaine et Mallarmé. Déplaisant épisode dont se souviendra Valéry, mais auquel il convient de rendre ses proportions : France allait se réconcilier avec Mallarmé, et devenir, dans les années 1880, l'un des artisans de la fortune littéraire de Verlaine...
De 1877 à 1888 environ, France est tenté par une installation conformiste dans la société et dans la littérature. Il devient sous-bibliothécaire au Sénat, se marie, fait son chemin dans les salons. Le Crime de Sylvestre Bonnard le pose comme un ennemi des naturalistes ; Le Livre de mon ami est bien accueilli. En 1887, l'écrivain devient titulaire de la chronique de La Vie littéraire, dans Le Temps. C'est le sommet de sa déjà longue carrière de critique. Opposé à tout dogmatisme, il convie son lecteur à des promenades nonchalantes d'allure, mais plus balisées qu'il ne semble. Ce journal de bord, qui n'a pas été entièrement repris en volumes, exprime un art de vivre voluptueux et inquiet. France est prompt aux interrogations : qu'est-ce que l'histoire ? où va le monde moderne, si angoissé ? le Moi peut-il trouver une unité ? Il s'interroge lui-même, et il évolue : il se rapproche des symbolistes ; il écrit dès 1892 l'éloge de Zola, qu'il avait tant attaqué. Enfin, très attentif à son temps, il s'alarme de la crise d'âme que traverse la France. Son apaisement n'a donc été que passager.

Sa vie

Il est issu d’une famille modeste originaire du Maine-et-Loire: son père, François Noël Thibault, dit Noël France, né le 4 nivôse an XIV 25 décembre 1805 à Luigné, dans le canton de Thouarcé, a quitté son village en 1825 pour entrer dans l'armée.
Sous-officier légitimiste, il démissionne au lendemain de la Révolution de 1830. Il se marie le 29 février 1840 avec Antoinette Gallas à la mairie du 4e arrondissement de Paris. La même année, il devient propriétaire d'une librairie sise 6, rue de l'Oratoire du Louvre.
Il tient ensuite une librairie quai Malaquais au no 19, d’abord nommée Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française, fréquentée par de nombreux écrivains et érudits, comme les frères Goncourt ; il s'installera en 1853 quai Voltaire no 9 .
François Anatole naît quai Malaquais en 1844. Élevé dans la bibliothèque paternelle, Anatole en garda le goût des livres et de l’érudition, ainsi qu’une connaissance intime de la période révolutionnaire, arrière-plan de plusieurs de ses romans et nouvelles, dont Les dieux ont soif qui est considéré comme son chef-d’œuvre. De 1844 à 1853, il habita l'hôtel particulier du 15 quai Malaquais.
De 1853 à 1862, France fait ses études à l’institution Sainte-Marie et au collège Stanislas. Il souffre d’être pauvre dans un milieu riche mais il est remarqué pour ses compositions, dont La Légende de sainte Radegonde qui sera éditée par la librairie France et publiée en revue. Il obtient son baccalauréat le 5 novembre 1864.
À partir du début des années 1860, il travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père, qu'il juge très négativement
Sa carrière littéraire commence par la poésie ; amoureux de l’actrice Élise Devoyod, il lui dédie quelques poèmes, mais elle le repoussera en 1866.Les relations de France avec les femmes furent toujours difficiles. Ainsi avait-il, dans les années 1860, nourri un amour vain pour Elisa Rauline, puis pour Élise Devoyod

Il est disciple de Leconte de Lisle, avec qui il travaillera quelque temps comme bibliothécaire au Sénat.

En janvier 1867, il écrivit une apologie de la liberté cachée sous un éloge du Lyon Amoureux de Ponsard. Il fait partie du groupe du Parnasse à partir de 1867. En 1875, il intégra le comité chargé de préparer le troisième recueil du Parnasse contemporain.
La même année, il devient commis-surveillant à la Bibliothèque du Sénat, poste qu'il conserve jusqu'à sa démission, le 1er février 1890.

À la différence de la plupart de nos écrivains, Anatole France n'a pas reçu la culture comme un dû. Son père, paysan illettré jusqu'à vingt ans, devint un grand spécialiste de la Révolution française ; mais sa culture demeura lacunaire. Situation très particulière que celle du jeune Anatole : il grandit dans la librairie France, le nom fut pris par son père, au milieu des documents rares ; mais il connaît une vie étroite et gênée, et bientôt l'amertume d'être méprisé par ses riches camarades du collège Stanislas. Sa scolarité, traversée de quelques réussites, est en général médiocre. Mais il acquiert grâce à la librairie une culture très personnelle sur la Révolution, sur l'occultisme et sur la latinité tardive, dont il est aisé de saisir l'importance pour son œuvre. Les livres ont pour ce solitaire une présence charnelle autant qu'intellectuelle. La bibliothèque est un lieu d'élection de ses romans, qui nous présentent souvent des personnages d'érudits, Bonnard, Coignard, Bergeret. Mais ces personnages, sans cesse poussés par l'amour ou par la politique, nous montrent bien aussi que France mesure les limites d'un monde uniquement livresque. Les humiliations ressenties dans son enfance sont pour beaucoup dans cette attitude, ainsi que les déboires amoureux du jeune homme. Il fut repoussé par la comédienne Élise Devoyod, par une jeune fille qui entra au couvent, par d'autres encore. Voilà de quoi revenir sur quelques jugements bien hâtifs concernant l'écrivain. Auteur d'autobiographies charmantes ? Mais si, dans Le Livre de mon ami ou La Vie en fleur, nous lisons des témoignages authentiques sur l'amour que France portait à sa mère ou à Paris, les blessures sont cachées systématiquement, et l'enfance n'est si délicieuse que parce qu'elle est fabriquée. À l'inverse, Les Désirs de Jean Servien nous en présente une version noircie, qui force sur l'amertume. France, homme léger, changeant ? Mais le personnage de la comédienne aimée vers 1860 traverse son œuvre. En 1904 il prend encore, sur elle, dans Histoire comique, une revanche imaginaire ! L'anticléricalisme constant de France plonge lui aussi ses racines dans sa vie personnelle, alors qu'il se justifie philosophiquement par une étude de Renan, Taine et Darwin.
En 1876, il publie Les Noces corinthiennes chez Lemerre, éditeur pour lequel il rédige de nombreuses préfaces à des classiques Molière par exemple ainsi que pour Charavay ; certaines de ces préfaces seront réunies dans Le Génie Latin.

Anatole France se marie en 1877 avec Valérie Guérin de Sauville, petite-fille du Jean-Urbain Guérin, un miniaturiste de Louis XVI, voir famille Mesnil dont il aura une fille, Suzanne, née en 1881 et qui mourra en 1918; il la confie souvent dans son enfance à Mme de Martel, qui écrivait sous le nom de Gyp, restée proche à la fois de lui-même et de Mme France.

En 1888, il engage une liaison avec Madame Arman de Caillavet, qui tient un célèbre salon littéraire de la Troisième République ; cette liaison durera jusqu’à la mort de celle-ci en 1910, peu après une tentative de suicide à cause d'une autre liaison de France avec une actrice connue pendant un voyage en Amérique du Sud. Madame de Caillavet lui inspire Thaïs, 1890 et Le Lys rouge 1894. Après une ultime dispute avec sa femme, qui ne supporte pas cette liaison, France quitte le domicile conjugal de la rue Chalgrin un matin de juin 1892 et envoie une lettre de séparation à sa femme6. Le divorce sera prononcé à ses torts et dépens le 2 août 1893.

France s’est orienté tardivement vers le roman et connaît son premier succès public à 37 ans, en 1881, avec Le Crime de Sylvestre Bonnard, couronné par l’Académie française, œuvre remarquée pour son style optimiste et parfois féerique qui tranche avec le naturalisme qui règne alors.
Il devient en 1887 critique littéraire du prestigieux Temps.
Elu dès le premier tour avec 21 voix sur 34 présents, à l’Académie française le 23 janvier 1896, au fauteuil 38, où il succède à Ferdinand de Lesseps, il y est reçu le 24 décembre 1896.
Devenu un écrivain reconnu, influent et riche, France s’engage en faveur de nombreuses causes. Il tient plusieurs discours dénonçant le génocide arménien et soutient Archag Tchobanian, rejoint Émile Zola, avec qui il s’est réconcilié au début des années 1890, lors de l'affaire Dreyfus.
La maison d'Anatole France, 5 Villa Said, Paris. 1894-1924.
Après avoir refusé de se prononcer sur la culpabilité de Dreyfus, ce qui le classe parmi les révisionnistes dans un entretien accordé à L'Aurore le 23 novembre 1897, il est l'un des deux premiers avec Zola à signer, au lendemain de la publication de J'accuse, en janvier 1898, quasiment seul à l’Académie française, la première pétition dite des intellectuels demandant la révision du procès. Il dépose le 19 février 1898 comme témoin de moralité lors du procès Zola, il prononcera un discours lors des obsèques de l'écrivain, le 5 octobre 1902, quitte L'Écho de Paris, anti-révisionniste, en février 1899 et rejoint le 5 juillet suivant Le Figaro, conservateur et catholique, mais dreyfusard.
Il est le modèle de Bergotte dans l'œuvre de Proust, À la recherche du temps perdu.
En juillet 1898, il rend sa Légion d'honneur après que l'on a retiré celle d'Émile Zola et, de février 1900 à 1916, refuse de siéger sous la Coupole. Il participe à la fondation de la Ligue des droits de l'homme, dont il rejoint le Comité central en décembre 1904, après la démission de Joseph Reinach, scandalisé par l'affaire des fiches. Son engagement dreyfusard se retrouve dans les quatre tomes de son Histoire contemporaine, 1897 - 1901, chronique des mesquineries et des ridicules d’une préfecture de province au temps de l’Affaire. C’est dans cette œuvre qu’il forge les termes xénophobe et trublion.
Devenu un proche de Jean Jaurès, il préside le 27 novembre 1904 une manifestation du Parti socialiste français au Trocadéro et prononce un discours. France s’engage pour la séparation de l’Église et de l’État, pour les droits syndicaux, contre les bagnes militaires.
En 1906, lors d'un meeting il proteste fortement contre la "barbarie coloniale".
En 1909, il part pour l'Amérique du Sud faire une tournée de conférences sur Rabelais. S'éloignant de Léontine Arman de Caillavet, il a une liaison avec la comédienne Jeanne Brindeau, en tournée elle aussi avec des acteurs français. Rabelais est remplacé, au cours du voyage qui le mène à Lisbonne, Recife, Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires, par des conférences sur ses propres œuvres et sur la littérature contemporaine.
De retour à Paris, le lien avec Léontine, qui avait beaucoup souffert de cet éloignement, se reforme tant bien que mal, mais celle-ci meurt en janvier 1910, sans lui avoir réellement pardonné.
Au début de la Première Guerre mondiale, il écrit des textes guerriers et patriotes, qu’il regrettera par la suite : il dénonce la folie guerrière voulue par le système capitaliste dans le contexte de l'Union sacrée en déclarant "on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels", mais milite en faveur d’une paix d’amitié entre Français et Allemands, ce qui suscitera l’indignation et l’hostilité, et lui vaudra des lettres d’insultes et des menaces de mort. Il prend position en 1919 contre le Traité de Versailles, signant la protestation du groupe Clarté intitulée Contre la paix injuste, et publiée dans L'Humanité, 22 juillet 1919.
Ami de Jaurès et de Pressensé, il collabore dès sa création à L'Humanité, en publiant Sur la pierre blanche dans les premiers numéros. Proche de la SFIO, il est plus tard critique envers le PCF. S’il écrit un Salut aux Soviets, dans L'Humanité de novembre 1922, il proteste contre les premiers procès faits aux socialistes révolutionnaires en envoyant un télégramme dès le 17 mars.
À partir de décembre 1922, il est exclu de toute collaboration aux journaux communistes. France, tout en adhérant aux idées socialistes, s’est ainsi tenu à l’écart des partis politiques, ce dont témoignent ses romans pessimistes sur la nature humaine, tels que L’Île des pingouins et surtout Les dieux ont soif, publié en 1912 qui, à cause de sa critique du climat de Terreur des idéaux utopistes, fut mal reçu par la gauche.
En 1920 il se marie à Saint-Cyr-sur-Loire, où il s'était installé en 1914, avec sa compagne Emma Laprévotte 1871-1930; " Je n'ai jamais trouvé d'endroit qui convint mieux au climat de mon coeur".
Il est lauréat en 1921 du prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre, et le reçoit à Stockholm le 10 décembre.
Anatole France en 1919 par le sculpteur Antoine Bourdelle au musée d'Orsay de Paris.
En 1922, l’ensemble de ses œuvres opera omnia fait l’objet d’une condamnation papale, décret de la Congrégation du Saint-Office du 31 mai 1922.
Pour son 80e anniversaire, au lendemain de la victoire du Cartel des gauches, il assiste à une manifestation publique donnée en son honneur le 24 mai 1924 au palais du Trocadéro.
Il meurt le soir du dimanche 12 octobre à La Béchellerie, commune de Saint-Cyr-sur-Loire, à 23 h 26; à l'annonce de sa mort, le Président de la Chambre des députés Paul Painlevé déclare : " Le niveau de l'intelligence humaine a baissé cette nuit-là."
Selon certains, André Bourin, 1992 France aurait souhaité être inhumé dans le petit cimetière de Saint-Cyr-sur-Loire, selon d'autres, Michel Corday, 1928, le sachant souvent inondé l'hiver, il préféra rejoindre la sépulture de ses parents au cimetière de Neuilly-sur-Seine.
Son corps, embaumé le 14 octobre, fut transféré à Paris pour des obsèques quasi-nationales et exposé Villa Saïd, où le président de la République, Gaston Doumergue vient lui rendre hommage dans la matinée du 17, suivi par le président du Conseil, Édouard Herriot.
En contradiction avec ses dispositions testamentaires, des obsèques nationales ont lieu à Paris le 18 octobre, et il est inhumé au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine auprès de ses parents.
Sa tombe, abandonnée et en piteux état, fut sauvée en 2000 par l'historien Frédéric de Berthier de Grandry, résidant alors à Neuilly-sur-Seine; cette procédure de sauvegarde sauva également la chapelle funéraire de Pierre Puvis de Chavannes, le peintre du Panthéon de Paris.
Sépulture A. France au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine. Division 1 alignement 320, tombe 8.
Le 19 novembre 1925, l'Académie française élit au siège de France, après quatre tours de scrutin, Paul Valéry, qui, reçu dix-neuf mois plus tard, ne prononce pas une fois, contrairement à l'usage, le nom de son prédécesseur dans l'éloge qu'il doit prononcer et le qualifie de "lecteur infini", et donc lecteur se perdant dans ses lectures...

Collectionneur d'art et bibliophile

"... Les sculptures antiques le ravissaient. Bien des fragments précieux ornent les murailles de la Béchellerie ... Son cabinet de travail de la villa Said était tout éclairé par un marbre, un torse de femme, acheté avec le comte Primoli en Italie dans un antre où l'on fabriquait de faux Botticelli ... Il avait collectionné des anges et des saints en bois sculpté, qu'il nommait plaisamment "ses bondieuseries" ... Mais il était très sévère sur l'authenticité du moindre objet .... Il connaissait tous les émois, toutes les alertes, de la chasse aux occasions. Je l'ai vu battre pas à pas le marché à la ferraille, sur les quais de Tours, soutenu par l'espoir de dénicher le gibier rare... les livres anciens le passionnaient tout particulièrement. Il sortait même de sa modestie ordinaire et il étalait complaisamment les signes originaux de ses livres rares. Il abondait toujours en anecdotes sur les amateurs "toujours, à dessein, vêtus comme des mendigots" et sur les antiquaires. Ce goût des rares et vieilles choses, il l'appliquait à l'aménagement de son logis ... son occupation préférée. Il surveillait de très près la pose des meubles et des tableaux, traquait la moindre hérésie ... accrochait lui-même des gravures, de menus médaillons.
Selon son ami et biographe Michel Corday, craignant les conséquences du climat humide de cette maison tourangelle ou celui de la région pour ses meubles et objets d'art, il fit transporter les plus précieux dans sa maison parisienne, dont hérita sa veuve. Aucun meuble, livre ou objet ayant appartenu à un écrivain quasiment vénéré de son vivant n'a subsisté dans sa dernière maison du fait que son petit-fils Lucien Psichari, employé subalterne de la maison Calmann-Lévy - éditeur de son grand'père - qui en hérita, dispersa ensuite peu à peu son contenu dont l'importante bibliothèque aménagée dans l'ancienne orangerie, par des envois ponctuels et discrets à l'hôtel des ventes de Vendôme; quant au corps de bibliothèque il tomba en morceaux dans les mains du menuisier local venu pour le récupérer... témoignage oral de Mme Michèle D., Saint-Cyr-sur-Loire, 23 septembre 2014.
"J'avais, comme tous les bibliophiles, un "Enfer" composé de volumes illustrés de gravures scabreuses. Eh bien, il ne m'en reste pas un seul. On m'a tout pris".à Michel Corday
Plusieurs ouvrages de France, dont un exemplaire d'épreuves de l'Anneau d'améthyste 1899 comportant de nombreuses corrections, avec un envoi à Lucien Guitry, et d'autres offerts au comédien ou à son fils Sacha, figurèrent dans la vente aux enchères publiques de la bibliothèque de celui-ci à Paris le 25 mars 1976 ; arch pers..
D'autres titres de l'écrivain figurèrent dans les catalogues 63, 65 et 75 du libraire Pierre Bérès arch. pers.; certains exemplaires d'éditions originales de Voltaire, que France collectionnait, et portant le cachet de cette propriété tourangelle, ont été présentés en vente publique par Sotheby's à Monaco les 13 et 14 avril 1986.
La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un fonds Anatole France composé de manuscrits de ses œuvres, de correspondances ainsi que de tous les livres de sa bibliothèque personnelle; ce fonds a été enrichi par dons et par acquisitions au cours du XXe siècle.

Son œuvre Thèmes et style

Les principaux thèmes de son œuvre en prose émergent du recueil Balthasar et du roman plusieurs fois remanié Le Crime de Sylvestre Bonnard. Marie-Claire Bancquart signale entre autres le personnage de l’érudit sensible, ridicule ou aimable, qui a sa vie derrière lui, la bibliothèque qui possède une présence charnelle, l’action et la justice. Ces thèmes sont particulièrement exposés dans des discours ou des conversations par des personnages tels que Sylvestre Bonnard, Jérôme Coignard et M. Bergeret. Le style de France, souvent qualifié de classique, se caractérise par une ironie amusée, parfois douce et aimable, parfois noire et cruelle, qui exprime son scepticisme foncier à l’égard de la nature humaine, de ses aspirations et de la connaissance, en particulier l’histoire.
L’œuvre de France tranche tant avec les courants littéraires de son temps, naturalisme qu’avec la politique française en matière d’éducation après la guerre franco-allemande de 1870. Contre l’éducation exclusivement scientifique prônée par Jean Macé ou Louis Figuier, il valorise la force réelle de l’imagination :
"Fermez-moi ce livre, mademoiselle Jeanne, laissez là, s’il vous plaît, " l’Oiseau bleu, couleur du temps que vous trouvez si aimable et qui vous fait pleurer, et étudiez vite l’éthérisation. Il serait beau qu’à sept ans vous n’eussiez pas encore une opinion faite sur la puissance anesthésique du protoxyde d’azote ! " M. Louis Figuier a découvert que les fées sont des êtres imaginaires. C’est pourquoi il ne peut souffrir qu’on parle d’elles aux enfants. Il leur parle du guano, qui n’a rien d’imaginaire. — Eh bien, docteur, les fées existent précisément parce qu’elles sont imaginaires. Elles existent dans les imaginations naïves et fraîches, naturellement ouvertes à la poésie toujours jeune des traditions populaires.
Il refuse le réalisme de Zola, qu’il juge brutal, et, à l’esprit scientifique en littérature, il oppose des écrivains comme Dickens et Sand, car, pour lui :
" L’artiste qui ne voit les choses qu’en laid n’a pas su les voir dans leurs rapports, avec leurs harmonies ...".
Toutefois, son attitude à l'égard de Zola évolue au début des années 1890 avec La Bête humaine, L'Argent et La Débâcle, auxquels il consacre des articles élogieux.
Ses œuvres comportent donc de nombreux éléments féériques et souvent proches du fantastique.
C’est dans le même esprit qu’il aborde l’histoire, se défiant des prétentions scientistes, non pour réduire cette discipline à une fable, mais pour souligner les incertitudes qui lui sont inhérentes. L’histoire est un thème qui revient souvent dans ses œuvres. Le style qu’il utilise pour en parler est caractéristique de l’ironie et de l’humour franciens :
"Si je confesse aujourd’hui mon erreur, si j’avoue l’enthousiasme inconcevable que m’inspira une conception tout à fait démesurée, je le fais dans l’intérêt des jeunes gens, qui apprendront, sur mon exemple, à vaincre l’imagination. Elle est notre plus cruelle ennemie. Tout savant qui n’a pas réussi à l’étouffer en lui est à jamais perdu pour l’érudition. Je frémis encore à la pensée des abîmes dans lesquels mon esprit aventureux allait me précipiter. J’étais à deux doigts de ce qu’on appelle l’histoire. Quelle chute ! J’allais tomber dans l’art. Car l’histoire n’est qu’un art, ou tout au plus une fausse science. Qui ne sait aujourd’hui que les historiens ont précédé les archéologues, comme les astrologues ont précédé les astronomes, comme les alchimistes ont précédé les chimistes, comme les singes ont précédé les hommes ? Dieu merci ! j’en fus quitte pour la peur."
France utilise plusieurs types d’ironie : il peut s’agir de faire parler naïvement des personnages en sorte que le lecteur en saisisse le ridicule ou bien d'exprimer avec loquacité l’antithèse de ce que l’auteur pense, en faisant sentir l’ineptie des propos tenus. Le premier genre d’humour est le plus léger et imprègne tout particulièrement L’Île des Pingouins, qualifiée de "chronique bouffonne de la France » par Marie-Claire Bancquart.
La seconde sorte d’humour se manifeste surtout par une ironie noire qu’illustre par exemple le conte 'Crainquebille', histoire d’une injustice sociale ; France fait ainsi dire à un personnage qui analyse le verdict inique prononcé par un juge :
"Ce dont il faut louer le président Bourriche, lui dit-il, c’est d’avoir su se défendre des vaines curiosités de l’esprit et se garder de cet orgueil intellectuel qui veut tout connaître. En opposant l’une à l’autre les dépositions contradictoires de l’agent Matra et du docteur David Matthieu, le juge serait entré dans une voie où l’on ne rencontre que le doute et l’incertitude. La méthode qui consiste à examiner les faits selon les règles de la critique est inconciliable avec la bonne administration de la justice. Si le magistrat avait l’imprudence de suivre cette méthode, ses jugements dépendraient de sa sagacité personnelle, qui le plus souvent est petite, et de l’infirmité humaine, qui est constante. Quelle en serait l’autorité ? On ne peut nier que la méthode historique est tout à fait impropre à lui procurer les certitudes dont il a besoin."

L'anticonformiste

Cet apaisement fait place à des mises en cause d'autant plus violentes que les premiers temps de la liaison commencée en 1888 avec Mme de Caillavet sont ceux d'un épanouissement charnel, et des affres de la jalousie. Le Lys rouge en donne une transposition qui a pu paraître trop mondaine ; France y parle, en 1893, d'un amour qui a déjà perdu sa première force. C'est ailleurs qu'on en peut trouver de puissants témoignages. La correspondance des amants masochistes permet de juger combien les personnages de Thaïs et de Jahel doivent à Mme de Caillavet, mais aussi combien toute la vision du monde exposée dans Thaïs et La Rôtisserie de la reine Pédauque est tributaire d'Éros, sans cesse uni à Thanatos. Vision païenne : les forces du désir sont les seules bonnes ; mais elles sont en butte aux hasards absurdes de cette terre, et à la mort. Des simples comme Thaïs ou Jacques Tournebroche peuvent trouver le bonheur, mais jamais les raffinés, les lucides comme Nicias ou Jérôme Coignard. L'aisance de l'écrivain, l'allure pittoresque de La Rôtisserie, qui transpose au XVIIIe siècle l'occultisme à la mode, ne doivent pas tromper. Il y a là, comme dans Le Jardin d'Épicure, un malaise existentiel.
L'anticonformisme de ces livres est visible. La querelle née autour du Disciple de Bourget, en 1889, contribue à précipiter France, contre Brunetière, dans le camp des adeptes du libre examen, et d'une science conçue comme relative, mais irremplaçable pour notre esprit. Depuis longtemps, France médite sur les faux témoignages de l'histoire pris en compte par notre crédulité. Jeanne d'Arc, dont l'inspiration est discutée par lui, apparaît dès 1876 dans ses écrits. On connaît le beau conte de L'Étui de nacre 1892 où Ponce Pilate est présenté comme un haut fonctionnaire, probe et malheureux, qui a tout oublié de Jésus. Impostures de l'histoire, impostures de l'actualité : le scandale de Panamá révèle en 1893 qu'on a demandé un faux témoignage à la femme d'un suspect. France n'avait jamais jusqu'alors laissé affleurer la politique dans son œuvre publiée. Maintenant, porté par sa vieille obsession, il se lance dans la lutte : Les Opinions de M. Jérôme Coignard sur les affaires de ce temps mettent en cause, de proche en proche, à travers une transposition transparente, toutes les institutions contemporaines. France ne croit pas à l'efficacité d'une éventuelle révolution, mais il est désormais âprement réformiste. Il y paraît même dans son discours de réception à l'Académie française, en 1896. France académicien : le très actif salon de Mme de Caillavet a servi ses ambitions littéraires. On y rencontre le jeune Marcel Proust, qui doit beaucoup à France pour la formation de sa pensée, et qui va lui aussi être dreyfusard.

France est le seul académicien qui se soit violemment déclaré en faveur de Dreyfus. On voit bien que ce n'est pas là l'effet d'une conversion soudaine. Quand, ayant entrepris des nouvelles sur la France du ralliement, nommées Histoire contemporaine, l'écrivain a connaissance de cette énorme affaire de faux, il prend parti avec courage et générosité, mais tout en suivant la pente de ses anciennes méditations. M. Bergeret devient son porte-parole dans le roman désormais paru semaine après semaine, en feuilletons d'actualité. Ce qui est vrai, c'est que l'Affaire précipite France dans une action devant laquelle il hésitait encore. Devenu l'ami de Jaurès, il milite à ses côtés, appelle à combattre pour l'avènement du socialisme, tout en exprimant pleinement son anticléricalisme contre une Église en majorité antidreyfusarde. Ces deux positions paraissent conciliables pendant la période du combisme, durant laquelle France fut l'écrivain officiel de la séparation de l'Église et de l'État.
Mais, bientôt, les anciens compagnons de lutte de l'Affaire s'opposent. France, tout en demeurant le militant d'une cause qu'il estime juste, va exprimer dans ses livres doutes et amertumes. Sur la pierre blanche 1905 admet la possibilité d'une société socialiste, du reste toujours soumise aux fatalités de la nature. L'Île des pingouins 1908 présente au contraire une vision désabusée, chaotique, de l'histoire, et l'hypothèse que notre civilisation parvenue à son absurde apogée se détruira elle-même. Les années qui précèdent la guerre voient évoluer l'esprit public d'une manière contraire aux vœux de France. Il traverse en outre une grave crise personnelle après son voyage en Argentine et la mort en 1910 de Mme de Caillavet désespérée par son infidélité. C'est alors qu'il publie le très beau roman Les dieux ont soif 1912, qui, à travers une reconstitution de la vie parisienne sous la Terreur, montre qu'à vouloir gouverner les hommes par des idées on en vient à une monstrueuse oppression de la parole non fondée. La Révolte des anges, 1913, qui transpose l'actualité en opéra bouffe, proclame qu'il n'y a pas de vrai changement sans une bien hypothétique conversion intérieure, une révolution morale. Romans d'un art de vivre menacé, peut-être même miné... Cette période est celle du déchirement.
La guerre éclate. Ayant déclaré qu'il espérait, après la victoire française, une réconciliation des peuples, France reçoit de telles menaces qu'il écrit une palinodie, puis se tait. Ses lettres montrent son désarroi. Après la guerre, il se reprend à espérer un changement de société ; s'il se refuse à prendre parti entre socialistes et communistes, il se tourne avec faveur vers la jeune révolution russe, jusqu'au premier des grands procès politiques, en 1923. Il s'élève contre lui : toujours, donc, l'exigence d'un examen personnel, qui lui vaut bien des attaques ! Il n'en est pas moins considéré par beaucoup, en cet après-guerre, comme le plus grand des écrivains français. Réputation consacrée en 1921 par le prix Nobel. Des obsèques officielles lui sont faites en 1924, le Cartel des gauches étant au pouvoir. Mais cette célébrité porte ombrage à plus d'un. D'autre part, il apparaît à juste titre comme un porteur éminent des valeurs de l'humanisme, qu'on veut croire dépassées. Cela explique et le pamphlet des surréalistes, et la désaffection de beaucoup d'intellectuels.
Les raisons contingentes de cette désaffection se sont éloignées, et nous avons connu trop de situations d'urgence pour que la méditation constante de France sur la nature et les périls du pouvoir ne nous semble pas singulièrement actuelle. Il a pratiqué sans cesse le scepticisme au sens philosophique, c'est-à-dire l'examen lucide de toutes les faces d'un problème. Cette attitude n'exclut pas les prises de parti ; elle les relativise, et les remet toujours en question. Elle n'est pas une attitude de facilité. On aimera chez France un écrivain très ouvert à son temps, sur le qui-vive, dans des limites qu'il refusa de transgresser : celles de l'humaine raison. On aimera encore, certains aimeront surtout, l'artiste très raffiné, le créateur de personnages qui resteront, et d'un mot : Trublion ..., l'écrivain au style pur et au rythme personnel. Ce sont des qualités qui attirèrent vers son œuvre Jules Renard, Huxley, Queneau et Supervielle.

Analyse de ses œuvres majeures

Le Crime de Sylvestre Bonnard

"Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, est un historien et un philologue, doté d’une érudition non dénuée d’ironie : « Savoir n’est rien – dit-il un jour – imaginer est tout."
Il vit au milieu des livres, la cité des livres, mais se lance à la recherche, en Sicile et à Paris, du précieux manuscrit de La Légende dorée qu’il finit un jour par obtenir. Le hasard lui fait rencontrer la petite fille d’une femme qu’il a jadis aimée et, pour protéger l’enfant d’un tuteur abusif, il l’enlève. La jeune fille épousera par la suite un élève de M. Bonnard. Ce roman, qui fut jugé spirituel, généreux et tendre, fit connaître Anatole France.

Balthasar

Balthasar est le premier recueil de nouvelles publié par Anatole France.

Thaïs

Ce roman est considéré comme une étape importante dans l’art d’Anatole France.

Histoire contemporaine

À partir de 1895, France commença à écrire des chroniques pour L'Écho de Paris, sous le titre de Nouvelles ecclésiastiques. Ces textes formeront le début de Histoire contemporaine.
Autour d’un enseignant à l’université de Tourcoing, une tétralogie satirique de la société française sous la Troisième république, du boulangisme au début du xxe siècle.

L’Île des Pingouins

Il s’agit d’une histoire parodique de la France constituée de nombreuses allusions à l’histoire contemporaine.
Maël, un saint homme, aborde une île des mers hyperboréennes où l’a poussé une tempête. Trompé par sa mauvaise vue, Maël baptise des pingouins qu’il a pris pour des hommes. Dieu, après avoir consulté les docteurs de l’Église pour résoudre le problème théologique de savoir si les Pingouins baptisés sont de ce fait des créatures de Dieu, décide de transformer les pingouins en hommes. France décrit alors leur histoire, les origines, les temps anciens, le Moyen Âge, la Renaissance, les temps modernes et les temps futurs. Reflet de l’histoire de la France, l’histoire des Pingouins n’est qu’une suite de misères, de crimes et de folies. Cela est vrai de la nation pingouine comme de toutes les nations. L’affaire des quatre-vingt mille bottes de foin est ainsi une parodie de l’affaire Dreyfus. L’Histoire future décrit le monde contemporain et sa fuite en avant, un monde où le goût s’était perdu des jolies formes et des toilettes brillantes, où règne une laideur immense et régulière… La condition humaine alterne alors entre constructions démesurées, destructions et régressions : On ne trouvait jamais les maisons assez hautes... Quinze millions d’hommes travaillaient dans la ville géante... C’est l’histoire sans fin, cycle infernal qui, pour France, rend improbable l’idée d’une société future meilleure.

Les dieux ont soif

Les dieux ont soif est un roman paru en 1912, décrivant les années de la Terreur à Paris, France, entre l’an I et l'an II. Sur fond d’époque révolutionnaire, France, qui pensait d’abord écrire un livre sur l’inquisition, développe ses opinions sur la cruauté de la nature humaine et sur la dégénérescence des idéaux de lendemains meilleurs.
Le personnage principal, Évariste Gamelin, un révolutionnaire fanatique, et les autres personnages sont tous entraînés par la mécanique tragique d’un pouvoir absolu altéré de sang, et France les peint avec leurs soucis et leurs plaisirs quotidiens, avec parfois un sens du détail sordide qui révèle la perversité des instincts humains. Les acteurs et responsables de la Terreur, dirigeant le pays avec des idées abstraites, veulent faire le bonheur des hommes malgré eux. Évariste Gamelin, peintre raté, devient un juré du Tribunal révolutionnaire, condamnant à mort avec indifférence. Il sera victime lui aussi de cette logique terroriste. À côté de ce jeu du pouvoir et de la mort, la vie et la nature poursuivent leur cycle, incarné par la maîtresse de Gamelin, Élodie.
C’est un grand analyste d’illusions. Il en pénètre et en sonde les plus secrets replis comme s’il s’agissait de réalités faites de substances éternelles. Et c’est en quoi consiste son humanité : elle est l’expression de sa profonde et inaltérable compassion. Joseph Conrad

La Révolte des anges

"La révolte des anges" adopte un mode fantastique pour aborder un certain nombre de thèmes chers à Anatole France : la critique de l'Église catholique, de l'armée, et la complicité de ces deux institutions. L'ironie est souvent mordante et toujours efficace. L'histoire est simple : des anges rebellés contre Dieu descendent sur terre, à Paris précisément, pour préparer un coup d'État si l'on peut dire qui rétablira sur le trône du ciel celui que l'on nomme parfois le diable, mais qui est l'ange de lumière, le symbole de la connaissance libératrice... Les tribulations des anges dans le Paris de la IIIe République sont l'occasion d'une critique sociale féroce. Finalement, Lucifer renoncera à détrôner Dieu, car ainsi Lucifer deviendrait Dieu, et perdrait son influence sur la pensée libérée...

Jérôme Coignard

C'est le personnage central des roman la Reine Pédauque et des Opinions de Jérôme Coignard.

Influence et postérité

Anatole France fut considéré comme une autorité morale et littéraire de premier ordre. Il fut reconnu et apprécié par des écrivains et des personnalités comme Marcel Proust on pense qu'il fut l'un des modèles ayant inspiré Proust pour créer le personnage de l'écrivain Bergotte dans À la recherche du temps perdu, Marcel Schwob et Léon Blum. On le retrouve a contrario dans Sous le soleil de Satan, croqué à charge par Georges Bernanos dans le personnage de l'académicien Antoine Saint-Marin. Il était lu et exerçait une influence sur les écrivains qui refusaient le naturalisme, comme l’écrivain japonais Jun'ichirō Tanizaki, il fut la référence pour Roger Peyrefitte.
Ses œuvres furent publiées aux éditions Calmann-Lévy de 1925 à 1935. Anatole France fut également, de son vivant et quelque temps après sa mort, l'objet de nombreuses études.
Mais après sa mort, il fut la cible d'un pamphlet des surréalistes, Un cadavre, auquel participèrent Drieu La Rochelle et Aragon, auteur d'un texte intitulé : Avez vous déjà giflé un mort ? dans lequel il écrivait : Je tiens tout admirateur d'Anatole France pour un être dégradé. Pour lui, Anatole France était un exécrable histrion de l’esprit, représentant de l’ignominie française. André Gide le jugea un écrivain sans inquiétude qu'on épuise du premier coup.
La réputation de France devint ainsi celle d’un écrivain officiel au style classique et superficiel, auteur raisonnable et conciliant, complaisant et satisfait, voire niais, toutes qualités médiocres qu’incarnerait principalement M. Bergeret. Mais nombre de spécialistes de l’œuvre de France considèrent que ces jugements sont excessifs et injustes, ou qu’ils sont même le fruit de l’ignorance, car ils en négligent les éléments magiques, déraisonnables, bouffons, noirs ou païens. Pour eux, l’œuvre de France a souffert et souffre encore d’une image fallacieuse.
Reflétant cet oubli relatif et cette méconnaissance, les études franciennes sont aujourd’hui rares et ses œuvres, hormis parfois les plus connues, sont peu éditées.

Œuvres

Catalogue des œuvres d’Anatole France
Les œuvres d'Anatole France ont fait l'objet d'éditions d'ensemble :
Œuvres Complètes, Calmann-Lévy, 1925-1935
Marie-Claire Bancquart éd., Anatole France Œuvres, Gallimard, coll. La Pléiade , 1984-1994

Poésies

Les Poèmes dorés, 1873
Les Noces corinthiennes, 1876. Drame antique en vers

Romans et nouvelles

Jocaste et le Chat maigre, 1879
Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, 1881. Prix Montyon de l’Académie française
Les Désirs de Jean Servien, 1882
Abeille, conte, 1883
Balthasar, 1889
Thaïs, 1890, PG. Cet ouvrage a fourni l’argument au ballet Thaïs de Jules Massenet.
L'Étui de nacre, 1892, recueil de contes
La Rôtisserie de la reine Pédauque, 1892
Les Opinions de Jérôme Coignard, 1893
Le Lys rouge, 1894
Le Jardin d’Épicure, 1894 2e édition revue et corrigée par l'auteur : 1922 PG;
Le Puits de Sainte Claire, 1895
Histoire contemporaine en quatre parties :
1. L'Orme du mail, 1897
2. Le Mannequin d'osier, 1897
3. L'Anneau d'améthyste, 1899
4. Monsieur Bergeret à Paris, 1901 PG
Clio, 1899 réédition sous le titre Sous l'invocation de Clio, 1921
L'Affaire Crainquebille, 1901
Le Procurateur de Judée, 1902
Histoire comique, 1903
Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables, 1904
Sur la pierre blanche, 190533, PG
L’Île des Pingouins, 1908, PG
Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908
Les Sept Femmes de Barbe bleue et autres contes merveilleux, 1909
Les dieux ont soif , 1912
La Révolte des anges, 1914

Souvenirs

Le Livre de mon ami, 1885
Pierre Nozière, 1899
Le Petit Pierre, 1918
La Vie en fleur, 1922

Théâtre

Au petit bonheur, 1898. Pièce en un acte
Crainquebille, 1903
La Comédie de celui qui épousa une femme muette, 1908. Pièce en deux actes
Le Mannequin d'osier, 1897. Comédie adaptée du roman homonyme première représentation le 22 mars 1904

Histoire

Vie de Jeanne d'Arc, 1908

Critique littéraire

Alfred de Vigny, 1868
Le Château de Vaux-le-Vicomte, 1888. Préface de Jean Cordey. Rééditions : Calmann- Lévy, 1933 ; Presses du Village, 1987 ; archives pers. ;
Le Génie latin, 1913. Recueil de préfaces
La Vie littéraire, Paris, Calmann-Lévy, 1933. La préface de la "quatrième série" est datée de mai 1892.

Critique sociale

Crainquebille par Steinlen.
Opinions sociales, 1902
Le Parti noir, 1904
Vers les temps meilleurs, 1906. Recueil de discours et lettres en 3 tomes ; 3 portraits par Auguste Leroux
Sur la voie glorieuse, 1915
Trente ans de vie sociale en 4 tomes :
I. 1897-1904, 1949, commentaires de Claude Aveline
II. 1905-1908, 1953, commentaires de Claude Aveline
III. 1909-1914, 1964, commentaires de Claude Aveline et Henriette Psichari
IV. 1915-1924, 1973, commentaires de Claude Aveline et Henriette Psichari ; seconde édition.
Préface du livre de : Dr Oyon, Précis de l'affaire Dreyfus, Paris, Pages libres, 1903

Adaptations Théâtre

Crainquebille

Musique

Thaïs de Jules Massenet

Filmographie

Des adaptations au cinéma35 d'œuvres d'Anatole France ont été réalisées dès son vivant.
Il apparaît aussi dans un documentaire de Sacha Guitry, Ceux de chez nous 1915.

Films

1914 : Thais de Constance Crawley et Arthur Maude
1920 : Le Lys Rouge de Charles Maudru,
1922 : Crainquebille de Jacques Feyder, avec Françoise Rosay
1926 : Les dieux ont soif de Pierre Marodon
Téléfilms
1981 : Histoire contemporaine de Michel Boisrond, avec Claude Piéplu dans le rôle de Monsieur Bergeret,série de 4 téléfilms

Hommages


De nombreuses voies publiques, transports publics, établissements d'enseignement portent le nom d'Anatole France, parmi lesquels une station du métro de Rennes.
En 1937, la Poste française émet un timbre-poste à son effigie.$
Une statue de lui assis devant une petite colonnade orne le parc de la préfecture d'Indre-et- Loire.
Dans le cadre des 31èmes Journées Européennes du Patrimoine, la municipalité de Saint-Cyr-sur-Loire, l'association "Saint-Cyr; hommes et patrimoine" et le Conseil Général d'Indre-et-Loire ont organisé ces manifestations :
- le 19 septembre 2014, installation du buste de France en 1919 par Antoine Bourdelle le bronze du musée d'Orsay reproduit sur cette page, exemplaire en pierreinauguré en 1955 puis restauré, dans le parc du manoir de la Tour, espace à vocation littéraire qui honore les hommes de lettres illustres ayant séjourné dans la commune;
- le 20 septembre 2014, évocation musicale de sa vie et de son oeuvre avec musiques de Paul-Henri Busser et de Massénet dans le parc de La Perraudière mairie;
- du 20 au 28 septembre 2014, présentation dans la mairie de l'exposition "Anatole France, sa vie son oeuvre et ses dix ans à Saint-Cyr-sur-Loire" le magazine municipal Saint-Cyr présente... de septembre-décembre 2014, Anatole France "Pourquoi m'avez-vous oublié ?".

Citations

Monument aux morts de Mazaugues avec la phrase de Marx citée par Anatole France.
La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle. Les Matinées de la Villa Saïd, 1921 ;
"Ah ! c'est que les mots sont des images, c'est qu'un dictionnaire c'est l'univers par ordre alphabétique. À bien prendre les choses, le dictionnaire est le livre par excellence". La Vie littéraire;
"Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l'automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d'octobre, alors qu'il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c'est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues. Ce que je vois alors dans ce jardin c'est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s'en va au collège en sautillant comme un moineau..." Le Livre de mon ami, chapitre X : Les humanités ;
"Le lecteur n'aime pas à être surpris. Il ne cherche jamais dans l'histoire que les sottises qu'il sait déjà. Si vous essayez de l'instruire, vous ne ferez que l'humilier et le fâcher. Ne tentez pas l'éclairer, il criera que vous insultez à ses croyances ... Un historien original est l'objet de la défiance, du mépris et du dégoût universel". L'Île des pingouins, préface ;
"De tous les vices qui peuvent perdre un homme d'État, la vertu est le plus funeste : elle pousse au crime" La Révolte des anges, chapitre XXI ;
"La guerre et le romantisme, fléaux effroyables ! Et quelle pitié de voir ces gens-ci nourrir un amour enfantin et furieux pour les fusils et les tambours ! " La Révolte des Anges, chapitre XXII ;
"Je ne connais ni juifs ni chrétiens. Je ne connais que des hommes, et je ne fais de distinction entre eux que de ceux qui sont justes et de ceux qui sont injustes. Qu'ils soient juifs ou chrétiens, il est difficile aux riches d'être équitables. Mais quand les lois seront justes, les hommes seront justes." Monsieur Bergeret à Paris, chapitre VII ;
"L'union des travailleurs fera la paix dans le monde, cette citation, faussement attribuée à France c'est une traduction de Marx, se trouve notamment sur le Monument aux morts pacifiste de Mazaugues dans le Var ;"
"On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels." Lettre ouverte à Marcel Cachin, L'Humanité, 18 juillet 1922 ; cité par Michel Corday das sa biographie 1928;
"Ma faiblesse m'est chère. Je tiens à mon imperfection comme à ma raison d'être". Le Jardin d'Épicure, 1894 ;
" Monsieur Dubois demanda à Madame Nozière quel était le jour le plus funeste de l'histoire. Madame Nozière ne le savait pas. C'est, lui dit Monsieur Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l'art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque." La Vie en Fleur, 1922;
"Bénissons les livres, si la vie peut couler au milieu d'eux en une longue et douce enfance !" La Vie littéraire, tome 1, préface ;
"Mais parce que mes passions ne sont point de celles qui éclatent, dévastent et tuent, le vulgaire ne les voit pas." Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l'Institut, 1881.
"C’était le seul homme de valeur à avoir accédé, durant la guerre, à un poste de haute responsabilité; mais on ne l’a pas écouté. Il a sincèrement voulu la paix et c’est la raison pour laquelle on n’eut pour lui que du mépris. On est ainsi passé à coté d’une splendide occasion". lettre de 1917 à propos de Charles 1er de Habsbourg.

Liens

http://youtu.be/r-ecpqBwn9 Anatole France par Guitry
http://youtu.be/FiOl6Ibt8cw 1 livre 1 jour; Anatole France dans la pléïade
Anatole France : Histoire contemporaine Histoire contemporaine .


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Posté le : 11/10/2014 14:48

Edité par Loriane sur 12-10-2014 14:35:13
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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