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Re: Les expressions
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« La boîte de Pandore »


La source des ennuis
L'origine de malheurs, de catastrophes.

Les truands parlent de la boîte des pandores, autrement dit du "panier à salade", les pandores désignant les gendarmes.

Mais la 'véritable' boîte de Pandore nous vient de la Mythologie gréco-romaine.
Les deux frères Prométhée et Epiméthée, qui étaient des Titans, furent chargés par Zeus de créer les hommes, ce qu'ils firent. Mais Prométhée, ému par la nudité de ses créatures qui, du coup, vola le feu aux dieux et apprit aux hommes à s'en servir et s'installa parmi eux.
Zeus, en colère, jura de se venger de Prométhée. Il demanda alors à Héphaistos de créer une femme identique à une déesse et qui deviendra donc la première femme, munie de tous les attributs, c'est-à-dire beauté et habileté, ce à quoi Hermès ajouta (comme toujours !!! ) aussi d'autres traits de caractère comme la ruse, la fourberie, la paresse, la méchanceté, la sottise, la parole enjôleuse et trompeuse, auxquelles il ajouta, pour faire bon poids, une curiosité sans bornes .

Pandore fut alors envoyée chez les deux Titans, munie d'un beau récipient, jarre ou boîte, selon les versions offert par Zeus à destination de son futur époux et renfermant un paquet de maux parmi lesquelles on trouvait la vieillesse, la maladie, le chagrin, la folie, le vice ou la famine, tous inconnus des humains. Ce récipient contenait également un petit bonus d'une autre catégorie, l'espérance.

Malgré les nombreuses réticences de Prométhée, Epiméthée se laissa subjuguer et épousa aussi sec Pandore qui, bien entendu, avait eu l'interdiction absolue d'ouvrir le récipient.
Mais à cause de son insatiable curiosité, elle profita un jour de l'absence d'Epiméthée pour ouvrir la boîte dont tous les maux s'échappèrent et se répandirent sur l'humanité.
Au fond de la boîte, il ne restait plus que l'espérance qui finit aussi par sortir, et heureusement, car sans elle l'Homme aurait eu bien du mal à supporter tout le reste.

Il existe quelques petites variantes de cette histoire comme toujours très misogyne, mais on peut faire un parallèle certain avec Eve, la croqueuse de pommes, à cause de laquelle l'Homme a été chassé du Paradis et a dû apprendre à subir tout ce qui, dans notre histoire, s'est échappé de la boîte de Pandore. Les hommes ont depuis toujours fait preuve de haine envers les femmes et leur font porter tous les maux de la terre.

Selon le TLFI , les 'pandores' d'introduction de l'origine viennent d'une chanson de 1857 par Gustave Nadaud dans laquelle un gendarme est affublé du nom de Pandore parce qu'en hollandais de l'époque, 'pandoer' désignait... un gendarme.

Posté le : 09/11/2014 09:05
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Un américain venu derider des petits belges ? Je pencherais plutôt pour l'inverse.

Comme j'aurais voulu voir les mimiques de Rigolus pendant sa blague. Le gars de Charleroi n'avait aucune chance. En plus, je parie qu'il s'est endormi pendant la séance.

C'est totalement délirant et j'adore cela !

Va falloir un jour que tu viennes visiter Mouscron !

Merci mon Donald. Faut que j'envoie ton texte au bourgmestre afin de mettre sur pied cette entreprise qui embauchera à tour de bras et plus de chômage ici !

Bises

Couscous

Posté le : 09/11/2014 07:27
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Si on me demande, je suis parti au village des Hurlus.
Il est temps ici que je dise ce que j'ai voulu dire depuis lontemps. Donaldo est de par sa personnalité toujours souriante et ses textes optimistes et spirituels le Soleil de Lorée.

Posté le : 09/11/2014 02:05
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Imre Kertész
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Le 9 novembre 1929 naît à Budapest Imre Kertész

écrivain hongrois marié avec Magda Kertész, survivant des camps de concentration et lauréat du prix Nobel de littérature en 2002.
À travers une langue riche de métaphores, Kertész raconte, en évitant les effets pathétiques, les crimes atroces commis dans les camps de concentration. Au fil des pages, il soulève toutes les questions que le lecteur n'ose jamais poser, en conservant une distance vis-à-vis de son évocation. Le point de vue d'un adolescent, sans recul, étonné, soulève un problème essentiel à la fin du livre : peut-on survivre uniquement par une adaptation progressive ? Kertész considère qu'écrire un roman sur les camps qui n'irrite pas le lecteur le tromperait sur le sens de la réalité d'Auschwitz. Il s'agit bel et bien pour lui de faire comprendre, par le trouble que suscite le récit, cette monstruosité humaine.


En Bref

Déporté à 15 ans en camp de concentration Auschwitz, Buchenwald, Imre Kertész est un survivant de l'Holocauste. Devenu journaliste au lendemain de la guerre, puis traducteur d'auteurs et de penseurs allemands tels que Nietzsche et Freud, il se heurte au pouvoir en place dans son pays et n'y sera reconnu qu'après la chute du communisme en Europe de l'Est. Venu au roman pour témoigner de son mal Être sans destin, 1975, suivi du Refus et de Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, il dénoncera plus généralement l'oppression inhérente à toute forme de totalitarisme Un autre : chronique d'une métamorphose, 1997. Prix Nobel de littérature 2002.
Si Imre Kertész s'est vu décerner le prix Nobel de littérature en 2002, son œuvre n'a commencé à être reconnue que dans les années 1990, via notamment les traductions qui en ont été faites en Allemagne. Paradoxale, dérangeante, elle dresse, pour reprendre la formule de l'Académie suédoise, l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'Histoire .
L'œuvre d'Imre Kertész est profondément marquée par son expérience des camps et par l'analyse de l'effet dévastateur des systèmes totalitaires sur l’homme. Dans son roman Être sans destin, l'auteur présente son héros, un adolescent juif de quinze ans, à l'esprit encore naïf, qui a été arrêté puis déporté dans un camp de concentration nazi. Là, il considère les événements qui s'y déroulent comme quelque chose de naturel compte tenu des circonstances : au lieu de la révolte, cette barbarie ne semble susciter en lui qu'indifférence celle-là même que Kertész retrouvera dans L'Étranger de Camus. L'impuissance des victimes se reflète clairement dans le cynisme méprisant des coupables.

Sa vie

Né dans une famille juive modeste, d'un père marchand de bois et d'une mère petite employée, Imre Kertész est déporté à Auschwitz en 1944, à l'âge de 15 ans, puis transféré à Buchenwald. Cette expérience douloureuse nourrit toute son œuvre, intimement liée à l'exorcisation de ce traumatisme. L'édification d'une patrie littéraire constitue le refuge d'un être qui constate l'absurdité du monde car on lui a un jour refusé le statut d'être humain. Ses ouvrages ouvrent une réflexion sur les conséquences dévastatrices du totalitarisme et la solitude de l'individu, condamné à la soumission et la souffrance silencieuse.
Revenu à Budapest en Hongrie, en 1945, il se retrouve seul, tous les membres de sa famille ayant disparu. En 1948, il commence à travailler comme journaliste. Mais le journal dans lequel il travaille devient l'organe officiel du Parti communiste en 1951, et Kertész est licencié. Il travaille alors quelque temps dans une usine, puis au service de presse du Ministère de l'Industrie.

Congédié à nouveau en 1953, il se consacre dès lors à l'écriture et à la traduction. La découverte de L'Étranger d'Albert Camus lui révèle, à 25 ans, sa vocation. La philosophie de l'absurde devient un modèle fondateur pour son œuvre. À partir de la fin des années 1950 et tout au long des années 1960, il écrit des comédies musicales pour gagner sa vie. Il traduit de nombreux auteurs de langue allemande comme Friedrich Nietzsche, Hugo von Hofmannsthal, Arthur Schnitzler, Sigmund Freud, Joseph Roth, Ludwig Wittgenstein et Elias Canetti qui ont une influence sur sa création littéraire. Dans les années 1960, il commence à écrire Être sans destin, récit d'inspiration autobiographique qu'il conçoit comme un « roman de formation à l'envers.
Ce roman sobre, distancié et parfois ironique sur la vie d'un jeune déporté hongrois, constitue le premier opus d'une trilogie sur la survie en camp de concentration. Il évoque notamment le point de vue de la victime dans l'histoire et son conditionnement occasionnel, voire banal, à l'entreprise de déshumanisation menée par l'Allemagne nazie. Cette acceptation passive et ordinaire de l'univers concentrationnaire peut être distinguée du témoignage de Primo Levi dans Si c'est un homme. L'ouvrage ne peut paraître qu'en 1975, pour un accueil assez modeste.
C'est seulement après sa réédition, en 1985, qu'il connaît le succès.
Tenu à l'écart par le régime communiste, Kertész ne commence à être reconnu comme un grand écrivain qu'à la fin des années 1980. Il obtient en 2002 le prix Nobel de littérature, pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire.
Aujourd'hui, il réside essentiellement à Berlin. En 2003, il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin et reçoit en 2004 la croix de grand officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne, Großen Bundesverdienstkreuz mit Stern. En 2011, il publie Sauvegarde, autoportrait d'un homme à l'hiver de sa vie, affrontant la maladie de Parkinson et le cancer de son épouse. Kertész y circonscrit réflexions littéraires et notes, souvenirs et anecdotes sur son parcours, notamment sa fuite vers l'Allemagne et l'antisémitisme dont il a à nouveau fait l'objet en Hongrie après son retour des camps.

Style

La vision littéraire de Kertész se rapproche de Franz Kafka et de l'esthétique propre à la Mitteleuropa. Il est également lié à Camus et Samuel Beckett tant pour ses recherches narratives et formelles que pour le thème de l'absurde et du désespoir qui hantent son œuvre. Son expression fonctionne en périodes distinctes et joue du ressassement et de l'ironie mordante, parfois cruelle, mêlés à plusieurs références d'ordre historique, politique, philosophique et artistique. L'auteur se veut un styliste du verbe et combine témoignage autobiographique, délires, ambiguïté, considérations universelles et dimension analytique du langage, héritée de la tradition littéraire austro-allemande dont il est familier. Précise, riche en métaphores et suggestive, son écriture est marquée par le goût des parenthèses juxtaposées avec un aspect très plastique de la phrase au galbe raffiné.

Dans les deux autres romans de la trilogie, Le Refus, 1988 trad. franç. 2001 et Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, 1990, l'auteur approfondit l'expérience d'un juif hongrois qui n'a survécu aux camps que pour tomber dans un autre totalitarisme, celui de la dictature communiste. C'est là que Kertész comprend rétrospectivement les horreurs du nazisme et se sent obligé d'analyser le mépris pour l'être humain, tout en se voulant le prophète de nouvelles conditions de vie libres et décentes.
Dans Le Refus, qui évoque notamment la violente dénégation que provoque en Hongrie, dans les milieux littéraires, la parution d'Être sans destin, tout tourne autour de la figure rhétorique de la répétition, considérée comme une expérimentation réflexive. Un écrivain âgé, qui passe toute sa vie dans un logis minuscule et veut publier un texte sur les camps d'extermination, se heurte à un refus : le monde ne veut ni de lui, ni de son concept de la vérité. C'est la raison pour laquelle cet écrivain inventera une autre histoire, celle d'un journaliste qu'il jettera dans ce labyrinthe cruel qu'est la Hongrie stalinienne de l'après-guerre.

La langue comme recours

La langue de Kertész est très concise, et c'est d'abord par elle que tout est remis en question. Significativement, le premier mot de Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas est NON. Le narrateur y déploie un soliloque presque obsessionnel sur les souffrances, l'oubli, l'existence sur laquelle on ne saurait revenir. Une fois cependant, il essaie de quitter son petit logement et de se marier. Mais, trop marqué par les expériences de sa jeunesse, il refusera de donner un enfant à sa femme. Le NON initial traverse ainsi tout le roman, du début à la fin. Dépourvu de véritable récit, cette œuvre pourrait se réduire à être ce chant funèbre qui donne son titre au livre. Mais la virtuosité de Kertész libère le texte de son hermétisme sans espoir de réconciliation, permettant au narrateur d'évoquer l'importance des instincts et des contre-instincts qui orientent la vie.
Recourant à des images qui expriment sans cesse le doute, Kertész s'avère un grand maître de la langue. Celle-ci, certainement marquée par ses traductions de Wittgenstein, tend au discours philosophique. À la fois témoignage sur sa personnalité et véhicule de jugements universels, elle se veut une sorte de quintessence de la survie, avec tout ce que celle-ci peut avoir d'ambivalent. Dans un entretien il explique ainsi, à propos de son expérience des camps : À chaque fois que ce système, fondé sur la destruction de l'individu, marquait une pause, je ressentais du „bonheur„. Et j'en ressentais également lorsque je faisais cette expérience très intense de me sentir plus proche de la mort que de le vie.
Parmi les autres récits d'Imre Kertész, mentionnons Le Chercheur de traces 1997, trad. franç. 2003, Le Drapeau anglais 1991, trad. franç. 2005 et Liquidation 2003, trad. franç. 2004. Dans ses essais et son journal, tenu entre 1991 et 1995 Un autre. Chronique d'une métamorphose, 1997 ; trad. franç. 1999, suivi de Sauvegarde. Journal 2001-2003 2011, trad.franç. 2012, on relève les traces d'une tradition d'Europe centrale proche de celle qu'exprime la conception kafkaïenne du monde, ainsi que le principe selon lequel seule la langue, dans ce qu'elle possède d'indicible, permet à l'individu de survivre et au lecteur, peut-être, d'ouvrir les yeux. Enfin, dans Dossier K 2006, trad. franç. 2008, un livre de dialogues, l'écrivain revient sur l'essentiel de sa vie et de son œuvre.

Œuvres

Imre Kertész,
Sorstalanság 1975, Être sans destin, Arles, Actes Sud, 1998 voir critique.
A nyomkereső 1977, Le chercheur de traces, Arles, Actes Sud, 2003.
Detektívtörténet 1977, Roman policier, Arles, Actes Sud, 2006.
A kudarc 1988, Le Refus, Arles, Actes Sud, 2001.
Kaddis a meg nem született gyermekért 1990, Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, Arles, Actes Sud, 1995.
Az angol lobogó 1991, Le Drapeau anglais, Arles, Actes Sud, 2005.
Gályanapló, 1992, Journal de galère, Arles, Actes Sud, 2010.
Jegyzőkönyv, 1993, Procès verbal" dans "Le Drapeau anglais, Arles, Actes Sud 2010.
A holocaust mint kultúra 1993, L'Holocauste comme culture dans : L'Holocauste comme culture. Discours et essais, Arles, Actes Sud, 2009.
Valaki más: a változás krónikája 1997, Un autre, chronique d'une métamorphose, Arles, Actes Sud, 1999.
A gondolatnyi csend, amíg a kivégzőosztag újratölt, 1998.
A száműzött nyelv, 2001, L'Holocauste comme culture. Discours et essais, Arles, Actes Sud, 2009.
Felszámolás, 2003, Liquidation, Arles, Actes Sud, 2004.
A K. dosszié 2006, Dossier K, Arles, Actes Sud, 2008.
Mentés másként 2011, Sauvegarde. Journal 2001-2003, Arles, Actes Sud, 2012.

Citations

Les citations sont extraites de l'édition Babel et traduite en français du livre Le Refus.

" Il est également incroyable que la vue des fours crématoires... éveille en lui "l’impression d'une farce de potache" "

" Oui, si la mort est une absurdité, comment la vie pourrait-elle avoir un sens? Si la mort a un sens, à quoi bon vivre? Où ai-je perdu ma salutaire impersonnalité? Pourquoi ai-je écrit un roman et surtout, oui, surtout, y ai-je placé toute ma confiance? "

" Mon roman n'est rien d'autre qu'une réponse au monde, le seul type de réponse que, visiblement, je sois capable d'apporter. À qui aurais-je pu adresser ma réponse puisque, comme on le sait, Dieu est mort? Au néant, à mes frères humains inconnus au monde. Ce n'est pas devenu une prière, mais un roman. "

" Je ne vais pas me faire enfermer rien que pour devenir une attraction éphémère. "

" Celui qui vit sous le charme du destin, se libère du temps. "

" Puisque pour un écrivain il n'y a pas de couronne plus précieuse que l'aveuglement de son époque à son égard, et l'aveuglement accompagné du mutisme est une pierre précieuse de plus. "

" On prenait possession de ma conscience, elle était cernée de toutes parts : on m'éduquait. "


[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/86/Imre_Kert%C3%A9sz_(1929-)_Hungarian_writer_II._by_Csaba_Segesv%C3%A1ri.JPG[/img]

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Posté le : 09/11/2014 01:43

Edité par Loriane sur 09-11-2014 16:16:47
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Emile Gaboriau 1
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Le 9 novembre 1832 à Saujon Charente naît Emile Gaboriau

mort, à 40 ans le 28 septembre 1873 à Paris, écrivain français, considéré comme le père du roman policier. Son personnage, l'enquêteur Lecoq, a influencé Conan Doyle pour la création de Sherlock Holmes. Il a lui-même été très influencé par Edgar Allan Poe. ses Œuvres principales
sont L'Affaire Lerouge en 1866, Le Crime d'Orcival en 1866, La Corde au cou en 1873

Gaboriau exerça divers métiers : clerc d'avoué, hussard en Afrique, chef d'écurie. Il s'engagea dans la cavalerie pour sept ans, mais résilia son contrat rapidement pour gagner Paris, où il rédigea des chroniques pour gagner sa vie. Il devint le secrétaire de Paul Féval, qui lui fit découvrir le journalisme.

Son premier roman, L'Affaire Lerouge, d'abord publié sans succès sous forme de feuilleton en 1863, devint très populaire en 1866. L'auteur y met en scène le Père Tabaret, dit Tirauclair, et introduit l'agent de la sécurité Lecoq, qui deviendra un commissaire célèbre et le personnage principal des romans suivants. Inspiré par le chef de la sûreté François Vidocq, déjà à l'origine du Vautrin de Balzac, il est le modèle du détective ingénieux qui, n'hésitant pas à se travestir, résout des énigmes par ses capacités déductives hors normes.
Ce dernier personnage devait inspirer Conan Doyle et Maurice Leblanc. Mais, à la différence de Sherlock Holmes, les enquêtes de Lecoq reposent sur des investigations plus réalistes, plus proches des progrès de la police scientifique de l'époque. Les romans policiers de Gaboriau font pénétrer l'intrigue dans les milieux sociaux, qu'ils décrivent d'une manière qu'on peut qualifier de naturaliste.
En cela, l'influence de Gaboriau sur le roman policier français reste très importante. Ses analyses psychologiques très fines, Le Crime d'Orcival ont inspiré jusqu'à Georges Simenon.
Après le succès de L'Affaire Lerouge, Gaboriau travailla comme feuilletoniste au Petit Journal. En 1872, il écrivit avec Jules-Émile-Baptiste Holstein une pièce de théâtre tirée de L'Affaire Lerouge.

Gaboriau mourut en 1873.

Romans

Son roman Monsieur Lecoq 1869 a été adapté au cinéma sous le même titre par Maurice Tourneur en 1914 et à la télévision dans une série télévisée portant également le même titre et diffusée par la Société Radio-Canada pendant la saison 1964-1965.

Frontispice de L'Affaire Lerouge, l'un des Archétypes du roman policier. Paru en 1866, le roman en était en 1870 à sa 9e édition
L'Ancien Figaro : études satiriques tirées du journal Le Figaro, préface et commentaires d'Émile Gaboriau, Paris, Dentu, 1861
Les Cotillons célèbres, Paris, Dentu, 1861
Le Treizième Hussards, Paris, Dentu, 1861
Mariages d'aventure comprenant Monsieur J.-D. de Saint-Roch ambassadeur matrimonial et Promesses de mariage, Paris, Dentu, 1862
Les Gens de Bureau, Paris, Dentu, 1862
Les Comédiennes adorées, Paris, Dentu, 1863
L'Affaire Lerouge, Paris, Dentu, 1866
D’abord publié en feuilleton en 1863 dans le journal Le Pays, où il passa inaperçu, il est repris en 1866 par le journal Le Soleil et remporte un immense succès.
Le Crime d'Orcival, Paris, Dentu, 1866
Paru, comme les romans suivants, dans Le Petit Journal.
Le Dossier no 113, Paris, Dentu, 1867
Les Esclaves de Paris, Paris, Dentu, 1868 en 2 Vol. Tome 1 "Le Chantage", Tome 2 "Le secret des Champdoce", Editeur L. Boulanger en 1 volume circa 1885
Monsieur Lecoq, Paris, Dentu, 1869 en 2 Vol. Tome 1 "L'Enquête", Tome 2 "L'honneur du nom", Editeur L. Boulanger en 1 volume circa 1885
La Vie infernale, Paris, Dentu, 1870 en 2 Vol. Tome 1: "Pascal et Marguerite", Tome 2: "Lia d'Argelès" ; réédition, France, Éditions Pascal Galodé, 2014.
La Dégringolade, Paris, Dentu, 1871 en 2 Vol. Tome 1 "Un mystère d'iniquité", Tome 2 "Les Maillefert" , Editeur L. Boulanger en 1 volume circa 1885.
La Clique dorée, Paris, Dentu, 1871
La Corde au cou, Paris, Dentu, 1873
L'Argent des autres, Paris, Dentu, 1873 en 2 Vol. Tome 1 "Les Hommes de Paille", Tome 2 "La Pêche en Eau Trouble"
Le Petit Vieux des Batignolles nouvelle posthume publiée en un volume avec les cinq autres nouvelles suivantes, Paris, Dentu 1876 :
Une disparition
Maudite maison
Casta vixit
La Soutane de Nessus
Bonheur passe richesse
Le Capitaine Coutanceau,Paris, Dentu, 1878, publication posthume
Les Amours d'une empoisonneuse, Paris, Dentu 1881, publication posthume

Le roman policier


L'expression roman policier a toujours constitué une dénomination réductrice, et les multiples tentatives faites pour le définir ou le codifier n'ont jamais été satisfaisantes – Edgar Allan Poe dans Genèse d'un poème , S. S. Van Dine, en 1928, dans un article de l'American Magazine. Dès sa naissance, ce genre littéraire est vite devenu insaisissable parce que multiforme et indéfinissable globalement. Sa nouvelle appellation argotique, le polar, qui s’impose à la fin des années 1960, qualifie d’abord les films policiers, puis, un peu plus tard, les romans. Polar viendrait du terme grec polis, qui désigne à la fois la cité, les institutions et la ville précisent Audrey Bonnemaison et Daniel Fondanèche dans leur essai, Le Polar, idées reçues 2009. Pour autant, l’utilisation de ce terme n’a pas davantage permis d’élaborer une définition de ce genre littéraire. Le polar, en effet, constitue un espace de créativité sans limite et il peut se décliner de diverses façons. Détection, suspense, étude de mœurs, noir, aventures, chronique sociale, politique-fiction, thriller, autant de types de récits différents qui, tous, peu ou prou se rattachent au tronc originel. Parfois, et de plus en plus souvent, le polar peut emprunter à plusieurs de ces sous-genres. Il lui arrive même aujourd'hui de s'acoquiner avec la science-fiction ou de flirter avec le roman historique. En fait, le polar n'a presque plus de frontières, car, au fil de sa chronologie, il s'est toujours trouvé des romanciers pour faire exploser les archétypes et explorer de nouvelles pistes. Un de leurs soucis premiers encore aujourd'hui dominant a été de dire le monde tel qu'il est et tel qu'il devient. En tentant de cerner le Mal, qu'il s'agisse du crime ou des pouvoirs visibles ou occultes qui manipulent la planète, le polar s'efforce de raconter l'homme, avec ses doutes, ses peurs, ses obsessions, ses angoisses et ses frustrations.
Durant les dernières décennies, le genre s'est encore davantage universalisé. Il a gagné un lectorat plus large et phagocyté d'autres genres littéraires. Il a donné naissance à de nouvelles œuvres fortes et encore plus diversifiées, en particulier en Amérique latine et dans les pays du nord de l'Europe. Il a aussi permis l'émergence d'un grand nombre de nouvelles romancières, et il n'y a rien d'étonnant si certaines d'entre elles ont choisi cette forme littéraire comme support revendicatif à leurs combats pour l'émancipation féminine.

Aux origines du roman policier

Le roman policier est peut-être né avec l'Œdipe roi de Sophocle. Œdipe mène l'enquête sur un crime ancien, l'assassinat du roi de Thèbes. Il découvrira le coupable : lui-même... l'enquêteur était le meurtrier. Plus traditionnellement, on fait remonter les débuts du genre au Zadig 1748 de Voltaire. Le héros y reconstitue, à partir de traces dans le sable, le signalement de la chienne de la reine. On invoque aussi une origine chinoise, à laquelle fait référence le juge Ti du sinologue hollandais Robert Van Gulik. Mais comme l’a relevé le critique britannique George Bates : Comment peut-on écrire du policier avant l’existence de la police ? En réalité, le roman policier date de la révolution industrielle, de l'accroissement de la population ouvrière dans les villes et de l'effroi qui en naquit. Le glissement de la classe laborieuse à la classe dangereuse, analysé en 1840 par Frégier, provoqua une peur dans la bourgeoisie, que traduisent bien Les Mystères de Paris 1842-1843 d'Eugène Sue et la fascination exercée par le poète-assassin Lacenaire. Face au péril : la police. Après la chute de l'Empire et celle de son tout-puissant ministre Fouché, cent pamphlets avaient dénoncé l'institution. Mais le combat était politique. Les Mémoires de Vidocq, en 1828, puis de nombreux ouvrages, dont les Mémoires tirés des archives de la police de Paris par Peuchet qui en fut le conservateur ils inspirèrent à Alexandre Dumas l'histoire du comte de Monte-Cristo, attirèrent l'attention sur la lutte contre le crime. La police, garante de l'ordre politique, devint aussi le rempart de la propriété. Le Corentin de Balzac, le Javert de Victor Hugo, le Salvator de Dumas sont autant de facettes d'un mythe nouveau : le policier. On notera que ces trois personnages sont inspirés des récits de Vidocq et de son parcours.
Un policier qui triomphe plus par l'intelligence que par la force. En reconstituant les restes de la jument à laquelle était attelée la charrette portant le baril de poudre qui avait explosé au passage de la voiture du Premier consul, Dubois, préfet de police de l'an VIII, remonta jusqu'aux auteurs de l'attentat, fondant de la sorte la police scientifique. C'est l'Américain Edgar Allan Poe 1809-1849 qui comprit le premier la leçon. Dans Double Assassinat dans la rue Morgue The Murders in the Rue Morgue publié en avril 1841 et que traduira Baudelaire, son héros, le chevalier Auguste C. Dupin, dandy parisien noctambule et aristocrate désargenté, apporte, par la seule force de son raisonnement, la solution de l' énigme, un crime commis de façon atroce dans un lieu clos. La Lettre volée The Purloined Letter, 1841 et Le Mystère de Marie Roget The Mystery of Marie Roget, novembre 1842 suivront. Ces trois histoires policières ont un point commun : elles se déroulent à Paris en hommage à François Vidocq, l'ancien bagnard devenu préfet de police. Au départ, elles proposent un mystère inexplicable ; à la fin, toutes les impossibilités ayant été écartées par le raisonnement, reste la solution juste. Si Edgar Poe est considéré comme l’auteur du premier texte policier dans le monde, le développement d’Internet a facilité la transmission de textes plus anciens et divers critiques contestent le choix de Poe comme premier auteur de polar. Quelques-uns estiment que cette place revient à Thomas de Quincey. Ce Britannique signa, à partir de 1827, une œuvre en quatre parties, De l’assassinat considéré comme un des Beaux Arts, qu’il acheva en 1854. Mademoiselle de Scudéry, un récit criminel publié en 1818 par E.T.A. Hoffmann, se déroule en 1860 dans un Paris où les crimes d’un tueur en série affolent la population. Ce court roman devrait, selon les critiques français, être considéré comme le premier du genre.

Le détective

Dans les histoires de Poe, le personnage essentiel est le détective. L'assassin importe peu et la victime encore moins. Le véritable héritier de Poe s'appelle Émile Gaboriau 1832-1873.
Secrétaire du romancier Paul Féval, Gaboriau se lie avec un ancien inspecteur de la sûreté, Tirabot, lequel lui inspire L'Affaire Lerouge 1866. Considéré comme le premier roman policier dans le monde, ce texte a pour protagoniste le père Tabaret, un inspecteur de la sûreté surnommé Tire-au-clair. Il enquête sur la mort de la veuve Célestine Lerouge, découverte égorgée dans sa maison, Porte d'Italie, secondé par un policier débutant du nom de Lecoq, sonorité qui fait songer à Vidocq. Personnage central des enquêtes suivantes Le Crime d'Orcival, 1866 ; Le Dossier 113, 1867 ; Monsieur Lecoq, 1868 ; et La Corde au cou, 1873, Lecoq est le premier policier à pratiquer des déductions logiques à partir de l'examen d'indices ou d'analyses scientifiques comme l'étude d'empreintes ou de moulages. Mais la même ambiguïté est de mise à propos de l’attribution à L’Affaire Lerouge de premier roman policier au monde. En effet, L’Assassinat du Pont-Rouge, publié à partir de 1855 dans La Revue de Paris, de Charles Barbara a souvent été comparé à Crime et châtiment de Dostoïevski, mais la reconnaissance n’a guère été plus loin.

L'influence de Gaboriau sera considérable. Son meilleur disciple reste Fortuné du Boisgobey 1821-1891, auteur de La Vieillesse de M. Lecoq 1877. Mais il faudrait citer aussi le Maximilien Heller 1871 d'Henry Cauvain 1847-1899 et la plupart des œuvres d'Eugène Chavette 1827-1902, comme La Chambre du crime 1875, Le Roi des limiers 1879, La Bande de la belle Alliette 1882, ou de Pierre Zaccone 1817-1895, notamment signataire de Maman Rocambole 1881 et du Crime de la rue Monge 1890.
Arthur Conan Doyle 1859-1930va pourtant surpasser ses rivaux en créant le plus célèbre des détectives, Sherlock Holmes. Pourquoi le locataire du 221 B Baker Street l'emporte-t-il sur ses prédécesseurs ? Parce qu'il est fils du positivisme qui domine la seconde moitié du XIXe siècle. C'est alors l'apothéose de l'esprit scientiste. On retrouve chez Holmes ce goût pour la compilation et la classification des données qui en fait le fils d'Auguste Comte, de Stuart Mill et de Darwin. Gaboriau a également inspiré le Néo-Zélandais Fergus Hume qui écrit, en 1886, à Melbourne, Le Mystère d’un hansom cab. Malgré ses qualités, l’ouvrage n’obtient pas le succès attendu et Hume en cède les droits à des investisseurs britanniques. L’ouvrage, publié à Londres en 1887, se vend à 340 000 exemplaires, davantage encore aux États-Unis. Il est le premier best-seller du genre.
Sherlock Holmes apparaît pour la première fois dans Une étude en rouge, en 1887. À la demande du public, les nouvelles et les romans publiés dans le Strand Magazine doivent à nouveau mettre en scène Holmes. Mais Doyle, lassé d'un personnage aussi encombrant sa préférence allait au roman historique, essaie de le faire mourir dans Le Dernier Problème The Memoirs of Sherlock Holmes. Devant le flot des protestations, il doit se résigner à le ressusciter. Au total, le cycle comprend, entre 1887 et 1927, quatre romans et cinquante-six nouvelles. Grâce à Conan Doyle, la vogue du roman policier va vite s'étendre et, dans le domaine de la littérature populaire, Holmes trouve un équivalent dans le personnage de Nick Carter. Cet enquêteur new-yorkais créé par John Coryell, dans le New York Weekly du 18 septembre 1886, soit un peu avant l'apparition du grand maître britannique, connaîtra plus de deux mille aventures dans les Dime Novels, ces fascicules populaires américains vendus dix cents. L'écrivain belge Jean Ray 1887-1964 poursuit la tradition à partir de 1932 avec Harry Dickson, surnommé le Sherlock Holmes américain bien qu'il vive à Londres. À un niveau supérieur figure le docteur John Thorndyke, enquêteur au savoir encyclopédique, créé par le Britannique Austin Freeman 1862-1943 dans L'Empreinte rouge The Red Thumb Mark, 1907, le premier d'un cycle de dix volumes. Plus haut encore, c'est le père Brown, détective du bon Dieu, imaginé en 1910 par le romancier et philosophe londonien Gilbert Keith Chesterton 1874-1936 et héros de cinquante et une nouvelles rassemblées dans cinq recueils dont La Clairvoyance du père Brown The Innocence of Father Brown, 1911 et La Sagesse du père Brown The Wisdom of Father Brown, 1914. Ce qui caractérise Brown, petit prêtre au visage rond et plat, c'est sa pratique du sacrement de la confession le Hitchcock de La Loi du silence I Confess est déjà là. Elle lui assure une excellente connaissance des ruses criminelles. Ces choses s'apprennent. Ce qui ne peut se faire à moins d'être prêtre. Les gens viennent et se racontent.
À retenir également : Le Vieil homme dans le coin, un des premiers détectives en chambre, créé en 1901 dans The Royal Magazine, par la baronne Emmuska Orczy – son héros, installé dans un salon de thé londonien, résout les énigmes que vient lui soumettre la jeune journaliste Polly Burton – ; le savant Van Dusen surnommé la Machine à penser », créé en 1905 Le Problème de la cellule 13 par l'Américain Jacques Futrelle qui disparaît lors du naufrage du Titanic ; le détective privé londonien Martin Hewitt, créé en 1894 et présent dans dix-neuf nouvelles d'Arthur Morrison ; Eugène Valmont, premier d’une lignée de détectives francophones vivant en Angleterre. Précurseur du personnage d’Hercule Poirot, cet homme plein de sang-froid et d’humour apparaît en 1906 sous la plume de l’Écossais Robert Barr, qui avait publié en 1892 une des premières parodies de Sherlock Holmes Adventures of Sherlaw Kombs. On peut aussi citer Ernest Bramah, créateur en 1914 du détective Max Carrados, devenu aveugle à la suite d’un accident de cheval. Aussi efficace que ses confrères, il est assisté par son domestique, Parkinson, et par le privé Louis Carlyle. Enfin et surtout, on retient Rouletabille, le personnage le plus célèbre de Gaston Leroux 1868-1927 qui apparaît en 1907 dans Le Mystère de la chambre jaune. Issu d'un milieu aisé, chroniqueur judiciaire et grand reporter, Leroux entend concurrencer sur leur terrain Poe et Doyle en reprenant un problème de chambre close. Mais, cette fois, il ne ménage aucune ouverture qui puisse permettre à un singe ou à un serpent de s'introduire dans la place. Il situe la solution dans une autre perspective, celle du temps. Les cris entendus n'accompagnent pas mais suivent l'agression. Le détective qui résout l'énigme est un pigiste au journal L'Époque, Rouletabille, qui, comme Dupin ou Holmes, fait appel au bon bout de la raison .
Conan Doyle avait produit avec Holmes un personnage dont la postérité ne devait pas s'éteindre. Le Philo Vance de Van Dine La Mystérieuse Affaire Benson, 1923 ; L'Assassinat du canari, 1927 ; les trois justiciers d'Edgar Wallace ; Hercule Poirot, le policier belge d'Agatha Christie ; Lord Peter Wimsey, de Dorothy Sayers ; l'inspecteur French, de Freeman Wills Crofts ; Ellery Queen pseudonyme de deux cousins, Lee et Dannay, qui apparaît en 1929 avec Le Mystère du chapeau de soie, et dont les aventures constituent un véritable cycle ; l'avocat Perry Mason, cher à Erle Stanley Gardner ; l'homme aux orchidées, Nero Wolfe, de Rex Stout : autant de descendants de Sherlock Holmes qui luttent victorieusement contre le crime.
Il arrive que le détective soit une femme miss Marple, chez Agatha Christie, un Chinois le célèbre Charlie Chan, imaginé par Earl derr Biggers, connu surtout pour ses fausses citations de Confucius, du type : Un homme sans ennemi est comme un chien sans puces ou un Japonais M. Moto, chez John Marquand ; le capitaine Bulldog Drummond de Sapper ; l'avocat Prosper Lepicq dans les romans pleins d'humour de Pierre Véry ; et le journaliste Doum lancé dans d'étranges enquêtes par Jean-Louis Bouquet ; sans négliger frère Boileau, création de Jacques Ouvard pseudonyme du prêtre Roger Guichardan ; le juge Allou de Noël Vindry ; et le commissaire Gilles, de Jacques Decrest. Le plus illustre demeure, bien sûr, le commissaire Maigret, policier de la P.J., le pas pesant, la pipe à la bouche, nourri de sandwiches et de bière, tel que l'a imaginé Simenon, et qui fait ses débuts dans Pietr le Letton, en 1931, un an après la mort de Conan Doyle. Point de raisonnement, de déduction savante chez Maigret, mais un effort pour comprendre la crise, le plus souvent psychologique, qui a conduit au drame.
De la défense de la société on est passé à la compréhension du criminel, mais le policier est toujours là, tout à la fois énergique et humain. Ses aventures conservent, même chez Simenon, une facture classique. Au départ, une énigme : la solution apportée sera logique mais inattendue pour le lecteur. Une règle reste assez suivie : le lecteur et le policier doivent avoir des chances égales de trouver la clé du mystère.
Des collections se créent : Le Masque, en 1927, qui accueille Agatha Christie, Steeman, Sax Rohmer, Valentin Williams, Léon Groc..., et l'Empreinte, en 1929, avec John Dickson Carr, qui ne dédaigne pas le fantastique, Crofts, Biggers, Ellery Queen...

Le criminel

En 1892, la France est touchée par une vague d'attentats anarchistes. Un an plus tard, Vaillant jette une bombe dans la salle des séances de la Chambre des députés. Des noms deviennent familiers au public : Ravachol, Bonnot et sa sinistre bande... Une nouvelle peur saisit les possédants. Dans Le Matin daté du 7 décembre 1909, Léon Sazie 1862-1939 crée Zigomar, l'un des premiers rois du crime de papier. Revêtu d'une cagoule rouge, il dirige en zozotant le gang des Z, za la vie, za la mort avec lequel il affronte l'inspecteur Paulin Broquet. Parfaite incarnation du mal, il précède le célèbre Fantômas 1911 que l'on présente ainsi :
Allongeant son ombre immense/
Sur le monde et sur Paris,
Quel est ce spectre aux yeux gris
Qui surgit dans le silence ?
Fantômas, serait-ce toi ?
Qui te dresses sur les toits ?
Qui est Fantômas ? Rien et tout, Personne mais cependant quelqu'un, Enfin, que fait-il ce quelqu'un ? Il fait peur.
Ainsi est présenté par ses auteurs, Pierre Souvestre 1874-1914 et Marcel Allain 1885-1969, celui qui se définit comme le maître de tout. Fantômas est le génie du mal. Et lorsqu'il disparaît en mer, dans La Fin de Fantômas en 1913, la France pousse un soupir de soulagement. Pas pour longtemps... Car, outre Sazie qui narre les exploits criminels de Zigomar jusqu'en 1924, Arthur Bernède 1871-1937 imagine Belphégor, le fantôme du Louvre, et Gaston Leroux crée Chéri-Bibi, le féroce bagnard marqué par le destin, Fatalitas ! , dit-il en toute occasion, descendant indirect du Rocambole de Ponson du Terrail.
Mais on découvre vite que, par son caractère individualiste, l'anarchiste ne met guère en péril la société. Du coup, il paraît même sympathique et l'intérêt des auteurs de roman policier va souvent se déplacer du justicier vers le criminel. Beau-frère de Conan Doyle, E. W. Hornung 1866-1921 ouvre la voie en lançant dans le Cassell's Magazine de juin 1898, l'anti-Holmes, le gentleman-cambrioleur A. J. Raffles, qui aura pour disciples le Loup solitaire de Louis J. Vance 1879-1933, Simon Templar dit le Saint, de Leslie Charteris 1907-1993, le Baron, un aventurier créé en 1937 par John Creasey 1908-1973.
Inspiré par l'anarchiste Marius Jacob qui ne tuait pas mais volait les riches pour le plus grand profit des organisations libertaires, voici que paraît en 1905, dans Je sais tout, le personnage d'Arsène Lupin, qui deviendra bientôt aussi populaire que d'Artagnan. L'éditeur Lafitte réussit à convaincre Maurice Leblanc 1864-1941 de donner une suite aux aventures de ce sympathique cambrioleur que frac et monocle transforment en homme du monde accompli sur les couvertures des fascicules dessinées par Léo Fontan. Le personnage de Lupin défie la société mais sans les démonstrations sanglantes de Fantômas ou le côté mal élevé des Pieds Nickelés. Il aura en conséquence de nombreux imitateurs : Edgar Pipe d'Arnould Galopin ; Samson Clairval de Francis Didelot ; le Pouce, l'Index et le Majeur de Jean Le Hallier ; et quelques décennies plus tard, en 1957, Terence Lane surnommé L'Ombre, d'Alain Page.
Ce n'est plus le chasseur mais le gibier qui va compter dans un type de roman criminel où l'énigme s'efface devant la traque et les efforts de l'assassin pour s'échapper. À cet égard, Francis Iles alias Anthony Berkeley Cox ouvre la voie avec Préméditation 1931, histoire d'un médecin assassin, et Complicité 1932 ou l'assassin vu par sa victime. Le procédé débouche sur le suspense où vont exceller des auteurs aussi différents que William Irish Lady Fantôme, 1942 ; La Sirène du Mississippi, 1947 ; J'ai épousé une ombre, 1948, Boileau et Narcejac, Celle qui n'était plus, 1952 ou Patricia Highsmith, L'Inconnu du Nord-Express, 1950.

Ni bons ni méchants

Le roman policier semblait figé dans un manichéisme fort simple entre bons policiers et méchants bandits lorsque Dashiell Hammett 1894-1961 puis, quelques années, plus tard Raymond Chandler 1894-1960 font éclater le genre en créant ce qu'on baptisera plus tard le roman noir ou encore hard-boiled. Après La Moisson rouge 1929 et Sang maudit 1929, deux enquêtes menées par le Continental Op dans un climat d'extrême violence, Le Faucon maltais 1930 a pour protagoniste le détective privé Sam Spade, un sauvage qui ne renonce pour rien au monde à appeler un chat un chat, selon la formule d'Ellery Queen. Ce roman confirme une rupture non seulement avec le style anglo-saxon classique remplacé ici par une écriture béhavioriste, mais aussi avec les règles morales du genre. Ancien détective privé à l'agence Pinkerton, Hammett se montre sans illusion sur l'individu, même s'il fut lié avec les milieux de la gauche américaine.
Chandler ira plus loin encore avec le personnage de Philip Marlowe Le Grand Sommeil, 1939. Le privé désabusé et cynique qui évolue aux confins de la légalité est, chez Chandler, un homme d'honneur qui mène son enquête dans un univers de policiers corrompus et de requins de la finance. Outre Le Grand Sommeil, le cycle Marlowe comprend Adieu ma jolie 1940, La Grande Fenêtre 1942, La Dame du lac 1943, Fais pas ta rosière 1949, The Long Good-Bye 1953 ; dont Sur un air de navaja constitue la première traduction amputée de cent pages, Charade pour écroulés Play Back, 1958 et Marlowe emménage 1989, ouvrage achevé par Robert B. Parker et dans lequel le détective se marie.
Dans divers écrits théoriques et dans ses lettres, Chandler s'est élevé contre le policier classique réservé « aux vieilles dames des deux sexes ou sans sexe du tout. Son monde est celui où personne ne peut marcher tranquillement le long d'une rue noire, parce que la loi et l'ordre sont des choses dont on parle mais qu'on ne met pas en pratique.
Le succès de Chandler et de Hammett a occulté l'œuvre de l'un des meilleurs connaisseurs de la pègre américaine : William Riley Burnett 1899-1982, auteur du Petit César 1929, récit de l'ascension et de la chute de César Bandello, caïd d'un gang italien de Chicago, puis de Quand la ville dort 1949, récit minutieux d'un hold-up et de ses conséquences. Il écrit scénarios et romans jusqu'à son dernier souffle et signe, à l'âge de quatre-vingt-deux ans, son trente-cinquième et ultime ouvrage, l'excellent Good-Bye Chicago 1981. Cette école littéraire, au style sec, dépouillé, brutal, est plus ou moins appréciée en raison du réalisme qui imprègne ses œuvres. Chandler le redit : Les personnages, le cadre et l'atmosphère doivent être réalistes. Il doit s'agir de gens réels dans un monde réel... Et il ajoute : La solution du mystère doit échapper à un lecteur raisonnablement intelligent. L'énigme passe donc au second plan.
Finalement le roman noir va s'imposer avec quelques romanciers incontournables : James Cain Le facteur sonne toujours deux fois, 1934 ; Assurance sur la mort, 1936, Horace Mac Coy Un linceul n'a pas de poches, 1937, Johathan Latimer Quadrille à la morgue, 1936 ; Kenneth Millar débute sous son nom avant d’adopter le pseudonyme de Ross Macdonald et de créer une série vingt romans et quelques nouvelles consacrée au détective Lew Archer qui réside en Californie, à Santa Teresa. Celui-ci, incarné deux à fois au cinéma par le comédien Paul Newman, est, selon son créateur, un héros démocrate reflétant une image de l’Américain moyen, un personnage proche des films de Franck Capra. Il convient de noter aussi que Ross Macdonald est le premier à évoquer les crimes écologiques à propos de l’incendie d’une forêt L’Homme clandestin, 1971 et des dégâts provoqués par une nappe de mazout La Belle Endormie, 1973. Considérés comme de grands écrivains, ils donnent des lettres de noblesse au roman hard-boiled, mais il faut aussi des intermédiaires ceux-là sont britanniques sachant toucher un public populaire comme James Hadley Chase 1906-1985 avec Pas d'orchidées pour miss Blandish 1939 et avant lui Peter Cheyney 1896-1951, qui imagine l'agent du F.B.I. Lemmy Caution dans Cet homme est dangereux 1936. Ces deux faux Américains – Chase et Cheyney – vont devenir les best-sellers en France de la Série noire, collection fondée en 1945 par Marcel Duhamel, qui accueillera Jim Thompson, Ross MacDonald, David Goodis, Donald Westlake, Chester Himes, Ed McBain, Bill Pronzini...
N'oublions pas Mickey Spillane, dont la brutalité, le goût pour le sexe et la violence font sensation dans J'aurai ta peau 1949, où il impose le détective privé new-yorkais Mike Hammer, adepte de la vengeance et de la loi du talion, qui exécute les mauvais garçons en ajoutant ça économisera les frais de procès. Il suffit de comparer les romans de Spillane avec les affaires classées de Roy Vickers pour mesurer l'évolution que connaît alors le roman policier.

L'école française

Après la Seconde Guerre mondiale, le roman noir américain va influencer beaucoup de romanciers français et, plus tard, les générations des années 1970-1980. Mais les vrais pères du néo-polar sont sans aucun doute Léo Malet 1909-1996 et Frédéric Dard 1921-2000. Ancien surréaliste, Malet, en 1941, avait commencé à écrire, sous pseudonymes américains, des récits censés se dérouler aux États-Unis. Il innove deux ans plus tard avec 120, rue de la Gare 1943 et transpose l'univers du privé américain en France. Ce dernier prend l'apparence de Nestor Burma, un détective pittoresque et humain, qui va mener une foule d'enquêtes. À partir de 1954, Malet l'utilise dans une série ambitieuse, Les Nouveaux Mystères de Paris 1954-1958, dont chaque épisode se déroule dans un arrondissement de Paris. Si la saga ne fut jamais achevée (quinze arrondissements sur vingt furent visités, elle reste un étonnant témoignage sur le Paris des années 1950. Frédéric Dard commence en 1940 par publier des ouvrages sans rapport avec le genre policier, avant de signer, à partir de 1945, des romans noirs, durs et violents, en usant de divers pseudonymes. Mais c'est sous le nom de San Antonio qu'il va connaître le succès, grâce à sa série truculente consacrée au commissaire homonyme (Réglez-lui son compte, 1949 et à son acolyte, l'infâme Bérurier. S'ils ont marqué le genre, ces deux incontournables ne doivent pas occulter l'importance de l'œuvre de Jean Meckert 1910-1995 qui débute en 1942 à la N.R.F. avec Les Coups. À partir de 1950, sous le pseudonyme de John puis Jean Amila, il publie une série d'excellents romans noirs Ya pas de Bon Dieu ! ; La Lune d'Omaha ; Le Boucher des Hurlus... parfaite synthèse entre roman populiste français et roman noir américain. Si les préoccupations sociales d'Amila sont évidentes dans chacun de ses livres, il reste pour l'époque une exception. Aux quartiers populaires, la mode préfère l'exotisme de Pigalle et de ses gangsters parisiens. Albert Simonin 1905-1980, surnommé le Chateaubriand de la pègre, devient célèbre en recevant le prix des Deux Magots pour son chef-d'œuvre Touchez pas au grisbi 1953. Il récidive avec la trilogie du Hotu 1968, passionnante chronique sociale du milieu parisien des années 1920. Si cet autodidacte manie un argot coloré qui rend son style rare et inimitable, la plupart de ses épigones sont aujourd'hui oubliés, exception faite d'Auguste Le Breton Du rififi chez les hommes, 1953 ou de José Giovanni Le Deuxième Souffle, 1958.
Boileau et Narcejac théorisent sur le suspense, roman de la victime. Lorsqu'ils passent à la pratique, c'est le succès avec Celle qui n'était plus 1952 et D'entre les morts 1954, adaptés au cinéma par Henri-Georges Clouzot Les Diaboliques, 1955 et Alfred Hitchcock Vertigo, 1958. Ils explorent aussi la voie du pastiche Le Second Visage d'Arsène Lupin, 1975, comme Viard et Zacharias qui réécrivent Hamlet L'Embrumé, 1966. Une dizaine d'années plus tard, l'érudit René Réouven René Sussan imaginera de nouvelles enquêtes de Sherlock Holmes L'Assassin du boulevard, 1985. Cette verve parodique, lancée par Pierre Henri Cami avec Les Aventures de Loufock Holmes 1926, connaît de nombreux adeptes comme Jypé Carraud avec son détective Stanislas Perceneige Le Squelette cuit, 1950. Clarence Weff Alexandre Valletti dans Cent Briques et des tuiles 1964 imagine un gang qui dévalise un magasin en jetant la recette dans la hotte du père Noël. Jean-Pierre Ferrière fait enquêter deux vieilles filles, les sœurs Bodin, dans Cadavres en solde 1957. Fred Kassak Pierre Humblot passe du noir absolu (On n'enterre pas le dimanche, 1958 à la farce inspirée, avec Bonne Vie et meurtres 1969. Jusqu'à Georgius, le célèbre chanteur de café-concert, qui sous le pseudonyme de Jo Barnais propose une visite des grands lieux du music-hall parisien, devenus le théâtre d'une série de crimes Mort aux ténors, 1956. Dans ce domaine, la palme revient sans doute à Charles Exbrayat 1906-1989, sorte de touche-à-tout du polar, avec ses séries humoristiques consacrées à Romeo Tarchinini, commissaire à Vérone Chewing-gum et spaghettis, et à son amazone écossaise, la célèbre Imogène McCarthery Ne vous fâchez pas Imogène, 1959. Prolifique, Exbrayat excelle dans le polar chronique du terroir Le Clan Morembert, où s'illustrent Claude Courchay, Le Chemin de repentance, 1984 et Pierre Magnan, avec son commissaire Laviolette Le Sang des Atrides, 1978, et Pierre Pelot dont les personnages désemparés hantent la forêt vosgienne Le méchant qui danse, 1985 ; Natural Killer, 1985. Exbrayat sait aussi bâtir d'excellents suspens Vous souvenez-vous de Paco ?, 1958, un genre prisé par Jean-François Coatmeur, auteur de solides récits presque toujours ancrés dans la réalité sociale bretonne Nocturne pour mourir, 1959 ; Les Sirènes de minuit, 1976. Dans la même veine, Noël Calef publie en 1956 deux chefs-d'œuvre, Échec au porteur et Ascenseur pour l'échafaud, Michel Cousin, La Puce à l'oreille 1963, et Sébastien Japrisot, Piège pour Cendrillon 1962. Georges-Jean Arnaud et Michel Lebrun 1930-1996 ne se rattachent à aucun courant, sinon celui de la littérature populaire. Arnaud est prolifique. Avant l'émergence du roman noir social français, son œuvre adopte une tonalité contestataire. Il met souvent en scène de simples citoyens en butte à la violence et aux manipulations des divers pouvoirs qui mènent le monde. Michel Lebrun Le Géant, 1979, qui a abordé tous les styles, a été surnommé le pape du polar. Autodidacte érudit et théoricien, il a consacré beaucoup de son temps à réhabiliter le genre policier, souvent considéré comme mineur et méprisable.

Le roman noir français

Dès 1966, Francis Ryck Yves Delville, 1920-2007 apporte un ton inédit en créant dans ses ouvrages de type espionnage un personnage nouveau, marginal et contestataire, en proie au doute et à l'utopie Opération millibar. Cinq ans plus tard, Jean-Patrick Manchette 1942-1995 publie L'Affaire N'Gustro inspiré par l'enlèvement à Paris du leader de l'opposition marocaine Mehdi Ben Barka et surtout Nada 1972, une réflexion sur le terrorisme gauchiste. Puis avec Morgue pleine 1973 et Que d'os 1976, il met en scène un privé à la française, Eugène Tarpon, qui jette sur notre société un regard désabusé. Théoricien et esthète intransigeant, styliste exigeant il met au-dessus de tout la qualité de l'écriture, Manchette, en renouvelant la tradition béhavioriste américaine, donne un souffle novateur au genre tout entier. Son opus ultime, La Princesse de sang 1996, resté inachevé, est publié après sa mort, complété par son fils Doug Headline, qui signe aussi le scénario d’une bande dessinée homonyme avec le dessinateur Max Cabannes. Durant la même période, A.D.G. 1947-2004 décrit avec verve le Berry profond, La Nuit des grands chiens malades, 1972 et Jean Vautrin, le mal de vivre des banlieues-dortoirs durant une période électorale À bulletins rouges, 1973, la tyrannie d’un despote mexicain Le Roi des ordures, 1997 et la vengeance d’un affairiste, révolté d’avoir servi de bouc émissaire L’homme qui assassinait sa vie, 2001. Emmanuel Errer met en scène d'anciens mercenaires manipulés Descente en torche, 1974. Alain Demouzon explore la vie dans les lotissements modernes Bungalow, 1981, et Joseph Bialot 1923-2012 raconte un racket dans le quartier parisien de la confection Le Salon du prêt-à-saigner, 1978. Pierre Siniac 1928-2002, qui débute en 1960, publie quelques ouvrages subversifs comme Les Morfalous 1968, charge virulente contre l'armée, avant de créer Luj Inferman et La Cloducque, deux traîne-savates qui manifestent à l'égard de la société une amère lucidité.
Ce bouillonnement ne masque cependant pas une grave crise du lectorat qui se prolonge jusqu'au début des années 1980. Après un calme passager, de nouvelles collections Engrenage, Sanguine, Red Label accueillent de jeunes auteurs. Le souci de ces derniers est d'écrire des polars qui prennent en compte la réalité quotidienne française. Si ce procédé systématique a pu rimer avec médiocrité, le temps faisant son œuvre a retenu les meilleurs. L'un des premiers à se singulariser est Didier Daeninckx né en 1949, qui fait resurgir des épisodes occultés de l'histoire. Son Meurtres pour mémoire 1984 évoque le massacre d'Algériens à Paris durant la manifestation du 17 octobre 1961. Thierry Jonquet, adepte du fait-divers, tisse des récits de noires vengeances. Son cauchemardesque Mygale 1984 est inspiré d'une émission sur les transsexuels. Pour peindre des personnages souvent décalés, Michel Quint choisit le Nord Hôtel des deux roses, 1986 et Marc Villard le quartier de Barbès Rebelles de la nuit, 1987. Patrick Raynal éclaire les zones d'ombre de Nice Fenêtre sur femmes, 1988 ; Né de fils inconnu, 1995 et Jean-Paul Demure les turpitudes d'Aix-en-Provence Aix abrupto, 1987. Hervé Jaouen nous fait visiter les arcanes d'une banque bretonne en butte à des syndicalistes Le Crime du syndicat, 1984, alors que Jean-François Vilar se promène dans Paris, attentif à chaque trace et aux trahisons du temps qui passe Bastille tango, 1986. Gérard Delteil débute avec un thriller politique Solidarmoche, 1984. Jean-Bernard Pouy, dans un récit plein de fantaisie, évoque Rimbaud et Jeanne d'Arc Nous avons brûlé une sainte, 1984. Hugues Pagan, commissaire de son état, met en scène des policiers désabusés La Mort dans une voiture solitaire, 1982. Daniel Pennac inverse les stéréotypes en dotant son héros d'une famille nombreuse et d'un métier insolite, bouc émissaire professionnel la tétralogie Malaussène, 1985-1995.
Ce renouveau va se traduire par la création, en 1986, de la collection Rivages/Noir, dirigée par François Guérif. Celui-ci manifeste une exigence exemplaire en privilégiant les traductions intégrales et non plus tronquées, en valorisant les auteurs, la diversité d'inspiration et les qualités stylistiques. Le respect de ces principes et l'engouement du public pour cette collection conduisent à une modification du paysage éditorial, incitant d'autres collections, comme Le Masque ou La Série noire, à se renouveler. Cela fait bien l'affaire d'une nouvelle vague de romanciers parmi lesquels : Tonino Benacquista La Commedia des ratés, 1991, Jean-Hugues Oppel Ambernave, 1995, Daniel Picouly Les Larmes du chef, 1994, Pascal Dessaint, La vie n'est pas une punition, Jean-Jacques Reboux Le Massacre des innocents, Olivier Thiébaut L'Enfant de cœur, Michel Chevron Fille de sang et surtout Jean-Claude Izzo dont la trilogie consacrée à Fabien Montale, plébiscitée par le public, est une passionnante chronique de la ville de Marseille Total Kheops, 1995 ; Chourmo, 1996 ; Solea, 1998.
Le même phénomène est perceptible chez les auteurs féminins. Entre 1992 et 1997, plus d'une quarantaine d'entre elles publient au moins un roman. Les plus connues, souvent primées, choisissent le roman noir comme Stéphanie Benson Les Compagnons du loup, Nadine Monfils Une petite douceur meurtrière, Maud Tabachnik Le Festin de l'araignée, Sylvie Granotier Dodo, Pascale Fonteneau Otto, Dominique Manotti Sombre sentier, Claude Amoz Bois brûlé, Dominique Sylvain Vox, Chantal Pelletier, Le Chant du bouc, Laurence Biberfeld Le Chien de Solférino. Si Virginie Brac flirte avec le fantastique Cœur caillou pour évoquer certaines laideurs de ce monde, d'autres excellent dans le thriller comme Andrea Japp Le Sacrifice du papillon et Brigitte Aubert La Mort des bois, ou dans le polar historique comme Anne de Leseleuc, Claude Izner, Viviane Moore, Arlette Lebigre, Béatrice Nicodème, les sœurs Tran-Nhut ou Dominique Muller, à l'instar de quelques spécialistes masculins comme Jean Contrucci et ses mystères de Marseille, Marc Pailler, Jean-François Parot, Frédéric Fajardie et ses héros aux foulards rouges, Armand Cabasson et son épopée napoléonienne, Hervé Le Corre et la Commune de Paris L'Homme aux lèvres de saphir, 2004, thématique qui inspire à Vautrin Le Cri du peuple 1999, une fresque historique adaptée par Jacques Tardi en bandes dessinées, ou encore Patrick Boman avec son truculent Peabody, inspecteur de police quand l'Inde était encore colonie britannique. Un peu en marge de ces genres déterminés, Fred Vargas Debout les morts, 1995 ; Pars vite et reviens tard, 2001 apparaît comme un phénomène littéraire étonnant. Traduite dans plus de trente-cinq pays, récompensée par de nombreux prix non seulement en France, mais aussi en Allemagne et au Royaume-Uni, Vargas a bâti livre après livre un univers singulier au sein duquel son protagoniste, le commissaire Adamsberg, sorte de personnage lunaire, ne ressemble à aucun autre enquêteur. Le point de départ de chaque récit est insolite, voire déconcertant, tandis que l'écriture, où les aphorismes le disputent aux digressions et aux métaphores, est singulièrement jubilatoire.
Parmi les auteurs masculins, Paul Halter reste fidèle à l'énigme classique et aux problèmes de chambres closes La Lettre qui tue, tandis que Serge Brussolo se spécialise dans le thriller angoissant (Les Enfants du crépuscule. Et comme rien n'est jamais figé, certains lorgnent vers d'autres horizons, plus futuristes. Maurice Dantec cherche à savoir ce que sera le Mal au XXIe siècle Les Racines du mal, 1995, tandis que Paul Borelli raconte une enquête policière en 2021 dans un Marseille en pleine déglingue L'Ombre du chat. Sans doute faut-il voir là une piste nouvelle marquant l'influence de Philip K. Dick chez certains de nos écrivains. Mais force est de constater que cette voie amorcée depuis plus de dix ans n'a jamais été explorée depuis lors. Toutefois, plusieurs auteurs de science-fiction, et non des moindres, sont venus épisodiquement au polar. Yal Ayerdhal Transparences, 2004, Pierre Bordage Porteurs d’âmes, 2007, Roland Wagner avec sa série « Les Futurs Mystères de Paris 1998-2006.
En octobre 1995, Jean-Bernard Pouy et les éditions Baleine créent l'événement en imaginant le Poulpe. Ce personnage insolite est un jeune libertaire qui enquête sur des faits-divers. Chacune de ses aventures est confiée à un auteur différent, chevronné ou débutant. La série obtient à ses débuts un vrai succès public, mais l'absence de sélection dans les titres proposés provoque une désaffection des lecteurs. Si bien que, au bout de huit ans 1995-2003, la collection s'arrête avec 157 titres à son catalogue. Elle reprendra l’année suivante, puis, de façon décisive, en 2009 sous la houlette de Stefanie Delestré.
Le succès public du livre de Jean-Christophe Grangé, Les Rivières pourpres 1998, a contribué à l'émergence de jeunes auteurs de thrillers à la française. Parmi ces jeunes pousses dont les ventes ne laissent de surprendre, on peut citer : Maxime Chattam, Franck Thilliez, Éric Hossan, D.O.A, Philip Le Roy, Mikael Ollivier, Thierry Vieille, Caryl Férey dont le roman Zulu, qui témoigne sur les réalités sociales en Afrique du Sud, a été adapté au cinéma en 2013 avec Forest Whitaker et Orlando Bloom dans les rôles principaux.
Durant les dernières décennies, thriller et roman historique ont gagné d’autres adeptes : Jean-Luc Bizien et sa série avec l’aliéniste Simon Bloomberg pour protagoniste La Chambre mortuaire ; Fabrice Bourland rendant hommage à Edgard Poe La Dernière Enquête du chevalier Dupin ; Alexis Aubenque visitant une petite ville américaine en proie à une série de crimes Canyon Creek ; Jérôme Bucy mêlant écologie, piratage informatique et chauves-souris pour élucider des meurtres commis à Berlin-Est durant la guerre froide La Colonie des ténèbres ; Michel Bussi racontant l’affrontement entre deux familles qui se disputent un bébé de trois mois, unique rescapé d’un crash d’avion (Un avion sans elle. Mentionnons également Éric Cherrière mettant en scène une enfant torturée par un tueur, Mademoiselle Chance ; Sire Cédric innovant dans la veine fantastique lors des enquêtes d’Eva Svärta, policière albinos Le Premier Sang ; Nadine Monfils contant, humour belge en plus, les tribulations de mémé Cornemuse ; ou encore Gilles Bornais, Karin Giebel, Bernard Minier, ce dernier, déjà primé à diverses reprises, est traduit dans plusieurs pays d’Europe ainsi qu’aux Etats-Unis.
Toutefois, les tenants du roman noir restent appréciés d’un large public, pour les thèmes abordés mais également pour leurs qualités stylistiques. En première ligne, Marcus Malte Garden of love, Marin Ledun Les Visages écrasés, Jérémie Guez, Balancé dans les cordes, Olivier Truc, Le Dernier Lapon, Sylvain Forge, Le Vallon des Parques et Jean-Paul Jody La Position du missionnaire incarnent la continuité du genre avec d’autres auteurs, comme Romain Slocombe, Xavier-Marie Bonnot, Patrick Bard, André Fortin, Maurice Gouiran, Éric Halphen, Jacques-Olivier Bosco, Hugo Buan, Jean-Marie Dumarquez, Benoît Séverac, Paul Colize Belgique ou Gérard Streiff. Là encore, les femmes ne sont pas en reste : Ingrid Astier, Françoise Guérin, Elsa Marpeau, Elena Piacentini, Anne Rambach, Elisa Vix, Sophie Loubière, Anne Secret. Avec ces auteurs et des dizaines d’autres non cités, la source n’est pas prête de se tarir, d’autant que l’arrivée du numérique rend bien plus facile l’édition de textes.

L'évolution du genre aux États-Unis

La vague du récit hard-boiled domine encore durant les années 1950 avec une foule d'histoires de détective privé. Mais après guerre, face à la progression importante de la délinquance et de la criminalité, la police apparaît pour la majorité des citoyens comme la seule protection efficace dans la jungle urbaine. Cet état d'esprit favorise la naissance du police procedural procédure policière récit qui décrit de façon minutieuse et réaliste le travail quotidien d'une équipe d'enquêteurs professionnels. Parmi les spécialistes de ce genre, on trouve Lawrence Treat V comme victime, 1947, Hillary Waugh On recherche, 1952, William McGivern Coup de torchon, 1953, et surtout Ed McBain Du balai, 1956 qui publiera plus d'une cinquantaine de récits avec ses inspecteurs du 87, un commissariat new-yorkais. À partir de 1970, le détective privé refait surface. Comme dans les années 1920-1930, certains romanciers vont l'utiliser pour ausculter une société en proie au doute, traumatisée par le drame vietnamien et le gangstérisme politique. Parmi les plus convaincants : Bill Pronzini The Nameless, Roger Simon Moses Wine, Arthur Lyons Jacob Asch, Michael Collins Dan Fortune, Lawrence Block Matt Scudder, Robert Parker Spenser, Loren Estleman Amos Walker, et surtout James Crumley Milodragovitch. Les policiers dépeints par Joseph Wambaugh Patrouilles de nuit préfigurent ceux que James Ellroy mettra en scène quinze ans plus tard. Vers la même époque, Mary Higgins Clark renouvelle le suspense psychologique La Nuit du renard, suivie de quelques femmes de talent : Judith Kelman, Patricia MacDonald, Darian North, Jeannine Kadow et l’ancien médecin Tess Gerritsen L’Embaumeur.
Les années 1980-1990 sont marquées par l'émergence de romans d'une extrême violence. Thomas Harris Le Silence des agneaux, 1988, John Sandford La Proie de l'ombre, 1990, Patricia Cornwell Une mort sans nom, 1995 s'illustrent notamment sur le thème du tueur en série, qui devient un personnage récurrent de la fiction policière. Mais la révélation reste James Ellroy qui, après quelques ouvrages atypiques, laisse éclater son originalité stylistique et compose des reconstitutions historiques au souffle puissant, comme sa tétralogie sur le Los Angeles des années 1950 Le Dahlia noir, 1987 ou sa démythification des États-Unis des années 1958 à 1972 dans une trilogie historique où la politique est intimement liée au monde du crime. Le premier volume abonde en révélations surprenantes sur le clan Kennedy American Tabloid, 1955, tandis que le second American Death Trip, 2001, qui débute par l'assassinat du président, se poursuit au Vietnam où les boys s'enlisent dans une guerre inutile. Mais ce romancier d'exception ne doit pas cacher une foule de nouveaux venus qui se distinguent aussi par leur écriture et les thèmes qui les inspirent. Nick Tosches met en scène la lutte apocalyptique entre les triades asiatiques et la mafia Trinités, 1994 Elmore Leonard use de l'humour pour explorer le crime en Floride Punch Creole, 1992. Thomas Kelly rend compte sous l’ère Reagan de la collusion entre les mondes de l’entreprise, de la politique et du crime organisé Le Ventre de New York, 1997. Carl Hiaasen dénonce la destruction des côtes par les promoteurs Miami Park, 1991. Il invente le polar écologique, et Barry Gifford le road novel, Sailor et Lula, 1990, tandis que James Lee Burke traque le mal dans les bayous de Louisiane Prisonniers du ciel, 1992 et Joseph Kanon n’en fini pas de conter les méfaits de la chasse aux sorcières L’Ultime Trahison, 1998 ; L’Ami allemand, 2001.
Au cours des deux dernières décennies, d'autres romanciers à l'univers singulier, souvent empreint d'humour et de dérision, se sont révélés à un lectorat français toujours plus important au fil des années. Parmi les plus talentueux, citons Michael Connelly, Harry Crews, Kent Harrington, Daniel Woodrell, Robert Crais, George Pelecanos, Dennis Lehane Mystic River, James Grady Les Six Jours du condor, sans oublier Richard Price Ville noire, ville blanche que ses pairs classent en tête des dialoguistes de talent. Les révélations américaines récentes ont pour nom : Thomas H. Cook, dont le thème de prédilection reste les secrets de famille Au lieu-dit noir étang ; Don Winslow qui démasque les trafiquants de drogue La Griffe du chien ; Craig MacDonald dont le séduisant détective Hector Lassiter rencontre enfin Ernest Hemingway, son idole La phrase qui tue ; Craig Johnson, auteur d’une série consacré au shérif Walt Longmire, très marqué, brisé même par la vie Little Bird, 2009 ; et surtout la jeune Megan Abbott, docteur en littérature et dont les premiers romans ont été primés Red Room Lounge et Adieu Gloria.
Chez les vétérans figurait Robert Ludlum, conteur hors pair et spécialiste du thriller apocalyptique. Sa disparition en 2001 n'a pas empêché ses éditeurs de proposer régulièrement un nouvel ouvrage signé de lui et achevé, voir totalement écrit par un autre auteur. Le thriller se décline en diverses catégories qui constituent autant de sous-genres : techno-thriller Tom Clancy, médical Robin Cook, Michael Palmer, judiciaire John Grisham, John Lescroart, Philip Margolin, Lisa Scotteline, Scott Turow..., financier Stephen Frey, Gini Hartzman. Restent pas mal d'inclassables, comme Jerome Charyn et son commissaire juif new-yorkais atteint du ver solitaire Marilyn la dingue, 1976, Donald Goines, ancien dealer qui écrivit en prison d'âpres récits sur les drogués, Marc Behm qui met en scène une envoyée du diable en quête d'âmes perdues Crabe, et Donald Westlake 1933-2008, dont la loufoquerie dissimule une vision pessimiste des États-Unis. Chaque année voit ainsi naître de nouveaux talents qui traduisent la vigueur d'un genre qui peut aussi englober le récit de terreur, avec Dean Koontz Les Larmes du dragon, le suspense avec Harlan Coben Ne le dis à personne, ou encore et surtout Stephen King, best-seller absolu Jessie et 22-11-63.
Mais le phénomène le plus sensible reste l'émergence d'une nouvelle vague de romancières qui ont investi le roman noir. Dorothy Uhnak, la première, avait tracé la voie dès 1968 avec sa policière Christie Opara La Main à l'appât. Une dizaine d'années plus tard, cette exception devient la règle. Sue Grafton publie une série avec Kinsey Millhone, une privée de choc A comme alibi, tout comme Karen Kijewsky Quitter Kat, Linda Barnes Coyotte, Sara Paretsky et bien d'autres. Nevada Barr raconte la vie quotidienne d'Anna Pigeon, comme elle femme ranger, et Sandra Scoppettone se fait le chantre de l'homosexualité féminine Je te quitterai toujours. De manière plus classique, mais tout aussi insidieuse, Martha Grimes Le Mystère de Tarn House et Elizabeth George Un goût de cendres choisissent le cadre de l'Angleterre contemporaine pour tisser de sombres drames.

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Posté le : 09/11/2014 01:41
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Emile Gaboriau 2
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Le roman policier britannique

L'origine du genre au Royaume-Uni reste en débat ; les uns citent Les Aventures de Caleb Williams 1794 de William Godwin, d'autres les Penny Dreadful sortes de Dime Novel à l'anglaise. Plus plausibles, les récits d'aventure de Wilkie Collins, petits chefs-d'œuvre de suspense La Dames en blanc, 1860 ; La Pierre de Lune, 1868 dans lequel apparaît le sergent Cuff, un policier de Scotland Yard, marquent les premiers pas du roman policier britannique. N'oublions pas l’œuvre imposante de Mary Elizabeth Braddon, auteur de plus de quatre-vingts romans et de deux cents nouvelles. Pionnière du récit criminel à la mode victorienne, elle est la première femme à avoir choisi un détective comme protagoniste, un certain Peters, sourd et muet, expert en déduction La Trace du serpent, 1860. On considère Le Secret de Lady Audley 1862 comme un de ses meilleurs titres. Parmi les curiosités de cette époque, retenons Le Grand Mystère du Bow 1892, excellente histoire de chambre close imaginée par Israel Zangwill, qui décrit les réalités sociales d'un quartier populaire de Londres. Une autre zone de cette ville, Saint John's Wood, est le point de départ de La Mémorable et Tragique Aventure de Mr Irwin Moyneux de J. Storer Clouston. Publié en France en 1911, ce chef-d’œuvre d’humour noir fut adapté en 1937 par Jacques Prévert pour Marcel Carné sous le titre Drôle de drame. Clôturons avec Voie sans issue, également titré L'Abîme, un excellent récit à quatre mains de Wilkie Collins et Charles Dickens. Ce dernier s'est
aussi distingué dans ce genre naissant avec Oliver Twist 1838 et son clan de criminels commandé par l'ignoble Fagin, Barnabé Rudge 1840 qui tourne autour de deux meurtres. Mentionnons également Bleak House 1853 avec l'inspecteur Buckett de Scotland Yard et Le Mystère d'Edwin Drood 1870, son dernier livre resté inachevé. Depuis de nombreuses années, on ne compte plus le nombre d'écrivains qui ont imaginé une fin possible pour ce roman.
Marqué à ses débuts par la detective fiction chère à l'école anglaise classique, le genre a évolué. La succession d'Agatha Christie, de Patricia Wenthworth et de Dorothy Sayers a été assurée par Phyllis Dorothy James, Péché originel, 1994. Son héros, Adam Dalgliesh, est un classique inspecteur de Scotland Yard, de surcroît poète. Sa modernité tient à la densité des personnages et au réalisme avec lequel elle met en scène la vie et ses passions destructrices. Ruth Rendell obéit elle aussi à des procèdures policières classiques sa série consacrée à l'inspecteur Reginald Wexford, mais elle reste imbattable dans le suspense psychologique L'Analphabète, 1977, à l'instar d'une Patricia Highsmith aux États-Unis. Ces deux championnes du best-seller ne sont pas seules à explorer les atmosphères vénéneuses de la campagne ou de la ville. L'école britannique est riche de Margaret Yorke, Frances Fyfield, Liza Cody, Sarah Dunant, June Thompson... Val McDermid Arrêts de jeu se démarque de ses consœurs avec son héroïne Kate Brannigan, détective privée à Manchester, et vire franchement au roman noir avec La Dernière Tentation 2002 et Quatre Garçons dans la nuit 2003, tout comme Lynda la Plante Coup de froid, Martina Cole, Une femme dangereuse et Minette Walters, qui utilise les ingrédients du roman d'énigme pour mieux le pervertir, en étudiant les relations des familles dépositaires de terribles secrets. Parmi les révélations féminines, Mo Hayder se fait remarquer dès son premier roman, Birdman 1999, dans lequel l'inspecteur Jack Caffery est confronté à un tueur en série qui enferme un oiseau vivant dans la cage thoracique de ses victimes. Son troisième opus, Tokyo 2004, tourne autour des massacres commis en 1937 par les Japonais dans la ville chinoise de Nankin.
Les romanciers britanniques sont plusieurs à avoir créé des séries de romans de procédure policière police procedural : Colin Dexter l'inspecteur Morse, Reginald Hill le superintendant Dalziel, Mark Billingham avec son inspecteur londonien Tom Thorpe, trapu, opiniâtre et fan de musique country une dizaine d’enquêtes entre Dernier Battement de cil, 2001 et 2013. Concluons cette liste avec un des plus passionnants, John Harvey l'inspecteur Resnick, qui a choisi comme cadre Nottingham, une ville en plein désarroi car elle serait le reflet de la situation de crise et de violence qui sévit dans le pays. Michael Dibdin 1947-2007 préfère des intrigues subtiles que résout en Italie son policier favori Aurelio Zen. D'autres auteurs sont apparus ces dernières années : Peter James aux scénarios tirés au cordeau ; Andrew Taylor, auteur de Requiem pour un ange, une trilogie unique car l'histoire est racontée en remontant le temps ; Stephen Booth, lui aussi auteur d'une trilogie de Peak District Black Dog, 2001 ; Peak Park, 2002 ; L'Aigle sanglant, 2004, où on découvre Ben Cooper, un policier attachant ; ou encore Jacqueline Winspear qui vit aux États-Unis dont l'héroïne, une femme de chambre à l'époque des suffragettes, devient détective. Les révélations britanniques de ces dernières années restent toutefois Tom Rob Smith et Roger Jon Ellory. Le premier a signé deux romans : Enfant 44 et Kolyma 2009 qui se déroulent durant les années 1950, dans une Union soviétique que la mort de Staline plonge dans le chaos. Son troisième roman, Agent 6 2011, explore les mêmes thèmes une dizaine d’années plus tard. Le second a séduit les lecteurs français avec une trilogie consacrée à la mafia, à la C.I.A. et à la police new-yorkaise, il publie Mauvaise Étoile 2011, un roman noir poignant situé au Texas en 1964. Une curiosité : J. K. Rowling, créatrice de la série Harry Potter achevée en 2007, a publié Une place à prendre 2012, ou comment une élection municipale fait basculer un village paisible dans la violence. Son deuxième polar, The Cuckoo's calling 2013, est paru sous le pseudonyme de Robert Galbraith.
En Écosse, Ian Rankin fait évoluer son inspecteur John Rebus dans la ville d'Edimbourg, tandis que Jack Laidlaw, créé par William McIlvaney, arpente les rues de Glasgow. Parmi les romanciers écossais, Philip Kerr fait ses gammes avec La Trilogie berlinoise 1989-1991, qui se déroule de l'avènement du nazisme à l'après-guerre. Devant le succès de ces récits historiques, Kerr a poursuivi quelques années après la saga de son détective Bernie Gunther, La Mort entre autres, 2006 ; Une douce flamme, 2008 ; Hôtel Adlon, 2009 ; Vert de gris, 2010 ; Prague fatale, 2011. On lui doit également une enquête menée à Saint-Pétersbourg sur un trafic d'éléments radioactifs Chambres froides, 1994 et trois récits de science-fiction policière : Une enquête philosophique 1993, où officie un tueur de tueurs en série ; La Tour d'Abraham 1995, où un ordinateur géant, destiné à régir la vie des gens en permanence, se dédouble et agresse les humains ; Le Sang des hommes 1998 imagine qu'en 2060 on peut déposer son sang à la banque s'il n'est pas contaminé. Il remplace l'étalon-or. Avec Les Chiffres de l'alchimiste 2002, Kerr est revenu au roman historique et met en scène Isaac Newton. L'école écossaise compte aussi Christopher Brookmyre qui débute avec Un matin de chien 1996, un roman noir dans lequel le journaliste Jack Parlabane se livre à une implacable autopsie de la réforme du système de santé imposée par le parti conservateur. Les politiciens sont aussi la cible de Iain Banks dans Un homme de glace 1993, tandis que John McLaren, dans Taxis noirs 1999, met en scène yuppies et dirigeants arrogants et machistes qui, pour accroître leur pouvoir et leurs revenus financiers, ne respectent aucune règle morale. Peter May, désormais installé en France, dans le Lot, déroule une partie de ses intrigues en Chine. Campbell Armstong 1944-2013 raconte les enquêtes de Lou Perlman, policier juif de Glasgow toujours en délicatesse avec sa hiérarchie. De son côté, Denise Mina, ex-enseignante en droit pénal à l’université de Glasgow, a publié une dizaine de romans, des nouvelles, des pièces pour le théâtre, d’autres pour la radio. Ses deux héroïnes sont la journaliste Patricia Paddy Mehan Le Champ du sang, 2005 ; La Mauvaise Heure, 2006 et l’inspectrice, puis commissaire Alex Morrow Le Silence de minuit, 2009 ; La Fin de la saison des guêpes, 2011.
En Irlande, Colin Bateman Divorce, Jack ! confronte le journaliste Starkey à des membres de l'I.R.A. qui ont sombré dans le banditisme. On retrouve par la suite Starkey dans les milieux de la boxe new-yorkaise L'Autruche de Manhattan. Daniel Easterman a choisi le thriller pour dénoncer les divers terrorismes qui ensanglantent le Moyen-Orient Le Jugement final et menacent la paix du monde Le Septième Sanctuaire. Actrice à ses débuts, elle incarna Vicky, l'héroïne de la série Doctor Who, 1964-1965, dramaturge, Maureen O'Brien crée une série avec l'inspecteur John Bright, petit homme chafouin qui, lors de sa première apparition Les fleurs sont faciles à tuer, 1987, enquête sur l'assassinat d'une star de la télévision. Déjà remarqué pour son roman Le Trépasseur, Eoin McNamee raconte les coulisses de l'accident qui, le 31 août 1997, coûta la vie à la princesse Diana 00 :23, pont de l'Alma, 2007.
Toutefois, les deux révélations irlandaises de ce début du XXIe siècle ont pour noms Ken Bruen et Sam Millar. Il semble évident que leur passé et les épreuves subies ont inspiré une partie de leurs œuvres respectives. En 1979, Ken Bruen, interpellé par erreur lors d'une rixe dans un bar de Rio, passera quatre mois dans une geôle brésilienne où il sera torturé. Son œuvre se compose de deux séries: la première, qui rend hommage à Ed McBain, est consacrée à "R&B" Roberts et Brant, tous deux policiers dans un quartier difficile de Londres; la seconde se déroule en majeure partie à Galway, ville natale de l'auteur, et met en scène Jack Taylor, un ancien flic devenu privé, personnage complexe, habité par un fort sentiment d'autodestruction Delirium tremens, 2001 ; Le Martyr des Magdalènes, 2003 ; Toxic blues, 2005.
Né à Belfast en 1958, Sam Millar rejoint l'I.R.A. à l'âge de quatorze ans. Emprisonné deux ans plus tard à Long Kesh, il y passe huit ans durant lesquels il subit brutalités et tortures. Réfugié aux États-Unis, il dévalise avec un complice un dépôt de la Brink's avec des armes en plastique et un véhicule défaillant. Leur butin dépasse 7 millions de dollars. Après avoir tenté de le donner à un prêtre qui secourt les pauvres, Millar est arrêté et de nouveau emprisonné. À sa libération, écrire s'assimile pour lui à une rédemption. Lauréat de plusieurs prix, il a publié une dizaine de titres dont Redemption Factory 2005, Poussière tu seras 2006 et On the Brinks 2009.
Originaire de Dublin, John Connolly connaît le succès avec son premier roman Tout ce qui meurt 1999, premier volet de la saga de Charlie Parker, un policier new-yorkais qui retrouve sa femme et sa fille assassinées. Il démissionne pour traquer le tueur, un psychopathe surnommé le voyageur. Parmi d'autres ouvrages de qualité, citons : Comment tuer un homme 2011, dans lequel Cari Gébler raconte comment en 1854 la famine a décimé l'Irlande ; Déjanté, premier polar de Hugo Hamilton prix Fémina 2004 avec Sang impur ; El Sid 2006 de Chris Haslam, comédie burlesque où un vétéran des Brigades intemationales repart en Espagne à la recherche d'un trésor de guerre ; Les Fantômes de Belfast de Stuart Neuville dont le protagoniste Gerry Fegan noie dans l'alcool son mal de vivre lorsque la paix est enfin revenue à Belfast, il est hanté par les victimes des attentats qu'il a commis ; Les Disparus de Dublin de Benjamin Black, pseudonyme avec lequel l'écrivain John Banville, fait une entrée remarquée dans le polar, est basé sur une enquête qui met en cause l'Église ; enfin, le journaliste Gene Kerrigan, dans À la petite semaine 2005, donne une image inattendue de l'Irlande d'aujourd'hui.
Moins doté que l'Écosse, le pays de Galles compte cependant deux romanciers talentueux. Le plus ancien, Bill James signe une série consacrée à un groupe de policiers tiraillés entre leur vie privée et les exigences de leur métier. Avec le recueil Cinq Pubs, deux bars et une boîte de nuit 1997, John Williams entame une trilogie noire consacrée à Cardiff, sa ville natale. À noter que l’écrivain Roald Dahl, natif du Pays de Galles, est l’auteur de nouvelles qui ont été adaptées par Alfred Hitchcock pour le petit écran, la plus célèbre restant Le Coup de gigot 1953.
En Angleterre aussi, le roman noir fait sa percée. Avec Ted Lewis 1940-1982 d'abord, un habitué de Soho et des bas-fonds dont les romans fournissent un panorama réaliste de la pègre londonienne des années 1960 Jack Carter, 1990. Robin Cook 1931-1994, qui a mené une vie d'aventurier avant de se fixer dans un village de l'Aveyron, prend le relais. Sa série, avec son enquêteur anonyme, d'une noirceur peu commune, est une réussite exemplaire dans l'exploration de la conscience des psychopathes, J'étais Dora Suarez, 1990. Son premier opus, Crème anglaise 1962, mettait en scène des mimiles de la haute société fraternisant avec la pègre de la capitale. Cette description du milieu londonien est vivace chez Anthony Frewin, London Blues, 1997, l'ancien assistant de Stanley Kubrick et plus encore dans la remarquable trilogie de Jake Arnott publiée de 1999 à 2003. Depuis la disparition de Lewis et de Cook, d'autres talents se sont manifestés : Nicholas Blincoe Acid Queen, Simon Kernick Mort mode d'emploi, Jonathan Triggell Jeux d'enfants, Charlie Williams Les Allongés, Colin Cotterill Le Déjeuner du coroner. Là encore, révélation de deux auteurs majeurs : le premier, Graham Hurley Les Anges brisés de Somerstown, 2002, créateur de l'inspecteur Joe Faraday de la police de Portsmouth dont les enquêtes captivantes sont pleines d'humanité. Le second, David Peace, qui vit et enseigne au Japon. Il est l'auteur de la tétralogie Red Riding Quartet, un grand cycle consacré à son Yorshire natal dont les quatre volumes ont pour titres : 1974, 1977, 1980, 1983. En nourrissant son récit de faits-divers réels, le romancier dresse un portrait décapant de l'Angleterre sur une décennie, avec une référence à la série de crimes commis par l'éventreur du Yorkshire, affaire qui bouleversa son enfance.

Ethnographie et histoire

Arthur Upfield, fasciné par le bush australien et la culture aborigène, a inventé l'inspecteur métis Napoléon Bonaparte La Branche coupée et suscité un émule, l'Américain Tony Hillerman, qui nous fait découvrir dans ses romans la civilisation des Indiens Navajo(Le Voleur de temps.
Le roman policier historique est sans doute né avec Robert Van Gulik, créateur au début des années 1960 d'une série consacrée au juge Ti, un magistrat qui vivait en Chine vers 650. L'Anglaise Ellis Peters a pris le relais avec Cadfael, un moine bénédictin, enquêteur en 1140. Depuis lors, le genre a fait florès. Anton Gill met en scène un scribe égyptien à l'époque de Toutankhamon, Candace Robb un archer du XIIIe siècle, Peter Lovesey fait renaître Édouard VII, etc. Quelques Françaises explorent le passé avec talent. Anne de Leseleuc raconte l'apogée de Rome avec son avocat gaulois Marcus Aper, Viviane Moore, le Moyen Âge par l'entremise de son chevalier breton Galeran de Lesneven, et Elena Arseneva, d'origine russe, l'époque du règne du prince Vladimir avec Artem, un boyard enquêteur à Kiev.
Le roman historique s'est développé avec plus ou moins de bonheur dans toute l'Europe, notamment au Royaume-Uni où un spécialiste comme Paul C. Doherty, créateur d'une série avec Hugh Corbett, espion d'Édouard II, utilise au moins cinq pseudonymes, Anna Apostolou, Ann Dukthas, Michael Clynes, C. L. Grace, Paul Harding, avec lesquels il crée autant de séries situées à des époques différentes. Citons encore Ian Morson, Kate Sedley, Margaret Frazer, Stephanie Barron, Bernard Bastable et surtout Edward Marston et la prolifique Anne Perry. À noter que, de 2004 à 2011, le romancier français Frédéric Lenormand a repris le personnage du juge Ti dans dix-huit aventures fort réussies. Puis avec La baronne meurt à cinq heures 2011, il a entamé une nouvelle série fort divertissante intitulée Voltaire mène l’enquête. Ce premier volume a reçu le prix Historia, prix Arsène Lupin et prix du zinc de Montmorillon. Désormais, le philosophe français traque chaque année un assassin : Meurtre dans le boudoir 2012, Le diable s’habille en Voltaire 2013 et Crimes et condiments 2014.
En Russie, Boris Akounine crée une série consacrée à un policier moscovite du XIXe siècle, Eraste Petrovitch Fandorine. On notera que le nom de cet enquêteur renvoie à celui du journaliste Fandor, personnage essentiel du cycle Fantômas. Le thriller historique a ses adeptes et plusieurs romanciers de qualité ont donné au genre ses lettres de noblesse. Citons l'Allemand Gisbert Haefs, poète, musicien, traducteur des chansons de Brassens dans son pays, qui met en scène Hannibal dans plusieurs ouvrages malheureusement inédits en France ; l'historien italien Valerio Massimo Manfredi, lui, s'intéresse à l'empire romain La Dernière Légion, consacre une trilogie à Alexandre le Grand puis revient à notre siècle avec un thriller où le personnage de William Blake, archéologue comme lui, met au jour le sarcophage de Moïse alors qu'un nouveau conflit israélo-arabe vient d'éclater Le Pharaon oublié. Sa consœur Danila Comastri Montanari Cave Canem explore l'Antiquité avec son sénateur romain Publius Aurélius Statius treize enquêtes de 1993 à 2007, tandis que Giulio Leoni envoie Dante enquêter sur un maître mosaïste retrouvé mort dans une église. Umberto Eco met en scène le conflit opposant des moines franciscains à l'autorité papale dans une intrigue où un mystérieux manuscrit est l'objet de toutes les convoitises Le Nom de la rose, 1980, tandis que Valerio Evangelisti signe une série consacrée à l'inquisiteur Nicolas Eymerich, inspiré par le célèbre Torquemada, avant de raconter la saga de Nostradamus Le Roman de Nostradamus.
L'Espagnol Ignacio Garcia Valino explore la Grèce antique des premiers philosophes Les Deux Morts de Socrate et Alfonso Mateo-Sagasta, deux fois récipiendaire du prix Espartaco, lance son héros, Isidoro Montemeyer, dans une enquête littéraire pour découvrir l'identité véritable du romancier qui publia une seconde partie du Don Quichotte, mettant en péril la suite que devait livrer Cervantès. Partout, l'originalité stylistique et la recherche d'un sujet inédit sont à l'ordre du jour.

Planète polar Päys Nordiques

Depuis la fin des années 1960, le roman policier à contenu social s'est développé dans de nombreux pays. En Suède, dès 1965, le couple formé par Maj Sjöwall et Per Wahlöö se livrait à une violente critique du « paradis suédois » avec une série de dix enquêtes menées par l'inspecteur Martin Beck et ses hommes. Ce changement radical au cœur d'une littérature policière jusque-là assez classique a généré, non seulement en Suède mais dans pratiquement tous les pays nordiques, plusieurs générations d'écrivains qui s'expriment de façon critique sur la société. Dans un registre proche du couple Sjöwall-Wahlöö qui l'a inspiré, on trouve Mankell Meurtriers sans visage dont la série qui a pour héros l'inspecteur Kurt Wallander obtient un grand succès en France, ce qui incite les éditeurs à accorder une place importante aux auteurs suédois. Parmi ceux qui sont traduits, Kjell-Olof Bornemark 1924-2006 débute avec un récit d'espionnage atypique La Roulette suédoise, 1982, puis il met en scène un laissé-pour-compte que son exclusion de la société va conduire à un geste fatal Coupable sans faute, 1989. Staffan Westerlund entame avec L'Institut de recherches 198 une série consacrée à Inga-Lisa, une avocate spécialisée dans la défense de l'environnement. Le criminologue G. W. Persson, conseiller auprès du ministre de la Justice, donne une trilogie sur le crime et le châtiment en Suède 1978-1982 avec comme protagoniste le policier Lars Martin Johansson, qui n'hésite pas à dévoiler les manipulations politico-financières et les corruptions de fonctionnaires. On retrouve Johansson vingt ans plus tard dans La Nuit du 28 février 2002 qui évoque l'assassinat jamais élucidé du Premier ministre Olof Palme en 1986. Ni ce dernier ni aucun des autres acteurs de ce drame n'est nommé. Mais, usant du roman à clé, l'auteur démontre comment l'incurie combinée du gouvernement, de la police et des services secrets a rendu possible ce meurtre et impossible sa résolution. Parmi les récents romanciers suédois, citons Ake Edwardson, créateur d'une série avec le commissaire Erik Winter de Göteborg, Liza Marklund qui, après avoir été grand reporter à la télévision, met en scène la journaliste Annika Bengtzon qui mène des enquêtes dangereuses, Studio Sex, tandis que sa consœur Karin Alvtegen (petite nièce d'Astrid Lindgren, la créatrice de Fifi Brindacier s'est fait connaître avec un thriller psychologique fort réussi Recherchée. La juriste Asa Larsson donne un beau portrait d'une avocate, Rebecka Martinsson, confrontée à une secte messianique lorsqu'elle retourne dans le village lapon de son enfance Horreur boréale. Issue du courant appartenant au roman prolétarien, Aino Trosell s'est orientée à partir de 1999 vers le roman policier tout en continuant à jeter un regard critique sur la société suédoise, comme le démontre Si le cœur bat encore 1998. Il s'agit du premier volet d'une trilogie, dont la protagoniste, Siv Bahlin, est aide-soignante dans une maison de retraite. Mais la trilogie qui a fait le plus parler d'elle a pour titre Millenium et pour auteur Stieg Larsson 1954-2004, mort prématurément peu après avoir achevé son manuscrit. Ces trois récits ont pour personnages centraux le journaliste Mikael Blomkvist et la sauvage Lisbeth Salander, placée sous tutelle, confrontés à de dangereux personnages. Une saga haletante et un succès public indéniable. Une autre série signée Camilla Läckberg a séduit le lectrorat français. Débutant avec La Princesse des glaces 2002, elle met en scène Erica Falck, une biographe de trente-cinq ans qui habite Fjällbacka, un petit port de pêche suédois et possède une grande expérience du crime. Compagne de l’inspecteur Patrik Hedström, elle l’épouse dans le quatrième volet de ses aventures, L’Oiseau de mauvais augure, 2006.

Aux Pays-Bas,

Janwillem Van de Wetering 1931-2008 recrée l'atmosphère d'un commissariat d'Amsterdam proche de celui d'Ed McBain, au moins à ses débuts. Car ces policiers bataves, adeptes de la pensée orientale, sont les plus zen du genre. Maître de la comédie policière, Elvin Post revendique l’influence des frères Coen, Jour de paie ; Faux et usage de faux ; Losers nés. À noter aussi en Belgique flamande, l’émergence de Pieter Aspe, désormais célèbre grâce au commissaire Van In et à son assistant, l’inspecteur Versavel, qui arpentent les rues de Bruges Le Message du pendu, 2002.

En Finlande,

une passionnante série de Matti Yrjänä Joensuu 1948-2011 nous plonge au cœur de la délinquance. L'action se déroule à Helsinki, avec l'inspecteur Timo Harjunpää Harjunpää et le fils du policier. De son côté, Leena Lehtolainen publie les enquêtes de Maria Kallio Mon Premier Meurtre, une femme policier très populaire chez les lecteurs finlandais. Le romancier américain James Thompson, qui habite ce pays depuis de nombreuses années, est l’auteur d’une série consacrée à Kari Vaara, inspecteur de la criminelle d’Helsinki qui débute avec La Nuit glaciale du Kaamos 2009. Dans l’épisode suivant, Meurtre en hiver polaire 2011, Vaara enquête sur un ancien héros soupçonné de crimes de guerre.

Chez les Danois,

Leif Davidsen La Femme de Bratislava s'est rendu célèbre par ses plongées dans l'histoire qu'il ausculte à la manière d'un Didier Daeninckx. En 2007, Jussi Adler-Olsen crée la sensation avec Miséricorde, première enquête du département V, composé d’un policier sur la touche, Carl Mørck, et de son assistant, Hafez el Assad, d’origine syrienne. Couronnée de plusieurs prix internationaux, cette première enquête a été suivie par Profanation (2008), Délivrance(2009), et Dossier 64 (2010). L’auteur a prévu une série de onze volumes. Frère et sœur, Søren et Løtte Hammer écrivent à quatre mains les enquêtes d’une brigade de policiers de Copenhague dirigée par l’inspecteur en chef Konrad Simonsen. Cette série débute avec Morte la bête 2010 puis Le Prix à payer (2010). Le troisième volet, Le Cercle des cœurs solitaires 2011, s’attarde sur la jeunesse de Simonsen et ses débuts dans la police, une plongée dans le passé marquée par les illusions perdues d’une génération. Enfin, le Finlandais Antti Tuomainen signe un best-seller dès son premier livre, La Dernière Pluie (2010), où un homme recherche sa femme journaliste, disparue alors qu’elle enquêtait sur un serial killer.
On doit lire également Flemming Jarlskov Coupe au carré, Peter Hoeg Smilla et l'amour de la neige et Dan Turell, dont le détective privé lorgne du côté de Hammett (Mortel Lundi, alors que celui du Norvégien Gunnar Staalesen Le Loup dans la bergerie fait plutôt penser au Philip Marlowe de Chandler. En parallèle à cette passionnante série, Staalesen a écrit la saga de sa ville natale Le Roman de Bergen, six volumes, tandis que Jo Nesbo est en tête des ventes avec L'Étoile du diable, ce signe qu'un tueur en série laisse auprès de ses victimes il leur coupe un doigt. Parmi les autres auteurs norvégiens, citons Ann Holt La Déesse aveugle, Karin Fossum Celui qui a peur du loup, Morten Harry Olsen Tiré au sort, Fredrik Skagen Black-Out, Kim Smage Sub Rosa et Pernille Rygg L'Effet papillon. Dernière révélation, Mikkel Birkegaard, auteur du best-seller La Librairie des ombres 2007, où les livres ont pouvoir de vie et de mort.

En Islande

La surprise vient d'Islande. Ce pays de 350 000 habitants compte maintenant de nombreux auteurs traduits à l'étranger : Olafur Haukur Simonarson Le Cadavre dans la voiture rouge, Arni Thorarinsson Le Temps de la sorcière, Olafur Johan Olafsson Absolution et le plus populaire à ce jour, Arnadur Indridason. Les enquêtes de son commissaire Erlandur dans La Cité des jarres, puis dans La Femme en vert et dans La Voix lui ont valu un succès international. D’autres auteurs depuis se sont manifestés : Steiner Bragi Installation, Stefan Mani Noir karma, Yrsa Sigurdardottir Ultimes rituels, Jon Hallur Stefansson L’Incendiaire, Kjell Westö Les Sept Livres de Helsingfors.

Allemagne et Autriche

L'école allemande est florissante avec Horst Bozetsky, Hansjorg Martin 1920-1990, Jürgen Alberts, Frank Goyke, Pieke Bierman, Jacob Arjouni 1964-2013 ou Bernhard Schlink. Affaires criminelles, racisme, déviances, scandales : leurs romans passent au crible l'histoire de l'Allemagne réunifiée. Citons encore Ingrid Noll et ses sombres intrigues familiales Confession d'une pharmacienne et Christian V. Ditfurth dont le protagoniste, un historien de Hambourg, le Pr Stachekmann, est confronté à la Stasi, quatorze ans après la chute du Mur de Berlin et la disparition de la R.D.A. Frappé d'aveuglement. Un thème qu'on retrouve dans Welcome OSSI de Wolfgang Brenner. D’autres voix se manifestent, comme celles d’Andrea Maria Schenkel, qui explore le passé La Ferme du crime, de Jan Costin Wagner, à qui la Finlande sert de décor Lumière dans une maison obscure, ou de Volker Kutscher, créateur du commissaire berlinois Gerson Rath, qui enquête dans un studio de cinéma suite à la mort de deux actrices La Mort muette. En Autriche, le plus brillant romancier est sans conteste Wolf Haas, créateur du détective privé Simon Brenner, bourru, totalement dépourvu de méthode et de flair. Ses enquêtes sont jubilatoires, en particulier Silentium, où il est confronté à des pratiques pédophiles dans un établissement scolaire dirigé par des religieux. Parmi les nouveaux venus, Heinrich Steinfeld Le Onzième Pion mêle pour le plus grand plaisir du lecteur ironie, aphorismes et la digression existentielle ; Richard Birkefeld et Goran Heichmeister explorent à quatre mains l’Allemagne des années 1930 ; Sebastian Fitzek est surnommé le numéro un du suspens. Mais il ne faut pas oublier aussi des romancières de talent comme dans les autres pays d’Europe : Nele Neuhaus, Alex Berg Zone de non droit, Tina Uebel La Vérité sur Frankie.

Italie

Après les années noires où la littérature policière avait été interdite par Mussolini, Giorgio Scerbanenco 1911-1969 fait figure de pionnier. Considéré comme le père du roman noir italien, il met en scène Duca Lamberti, radié du conseil de l'ordre des médecins pour euthanasie, et n'a pas son pareil pour décrire le banditisme organisé et les affaires louches à Milan Vénus privée, 1966. À la même époque, on peut également citer le duo formé par Carlo Fruttero et Franco Lucentini La Femme du dimanche, 1972, et Leonardo Sciascia, grand pourfendeur de la Mafia dont le roman Le Contexte 1971 a inspiré le film Cadavres exquis 1975 de Francesco Rosi. Un des vieux amis de Sciascia, tard venu à l'écriture, Andrea Camilleri, a su séduire le public européen avec son commissaire Montalbano qui évolue en Sicile, région natale de son créateur. Aujourd'hui, l'Italie compte des dizaines d'auteurs. Parmi les plus talentueux, citons Pino Cacucce, san Isidro football club, Carlo Lucarelli Guernica, Augusto De Angelis L'Hôtel des trois roses, Laura Grimaldi Le Soupçon, Santo Piazzese Le Souffle de l'avalanche, Andrea Pinketts Le Sens de la formule, Franco Mimmi Notre Agent en Judée, Margherita Oggero La Collègue tatouée, Renato Olivieri L'Affaire Kodra, Marcello Fois Plutôt mourir, Sandrone Dazieri Le Blues de Sandrone, Giorgio Todde, L'État des âmes, Piergiorgio di Cara Île noire, Bruno Arpaia Dernière Frontière, Nicoletta Vallorani La Fiancée de Zorro, Nino Filasto La Fiancée égyptienne, et le sénateur Giancarlo Carofiglio, Témoin involontaire... Trois chefs-d'œuvre : Macaroni 1997 de Loriano Macchiavelli et Francesco Guccini, évoque l'immigration italienne en France et imbrique de façon parfaite énigme, suspense et constat social. L'Immense Obscurité de la mort 2004 de Massimo Carlotto, où un prisonnier qui a tué lors d'un braquage une femme et son fils, formule quinze ans plus tard un recours en grâce. Il sollicite le pardon du mari et père des victimes : en résulte un tragique face à face, à l'épilogue déroutant. Romanzo criminale 2002, de Giancarlo de Cataldo, juge à la cour d'assises de Rome, est la chronique magistrale du monde du crime à Rome de 1978 à 1992. Enfin signalons deux auteurs singuliers : Gilda Piersanti auteur de plusieurs polars romains Vert palatino habite Paris depuis trente ans. Cesare Battisti, ancien membre d'un groupe armé exilé en France, en fuite pour échapper à l'extradition depuis 2004, a signé une dizaine de romans noirs dans lesquels il dénonce la lutte armée qui se retourne toujours contre ses auteurs. En 2012, il a obtenu l’asile politique au Brésil.

Espagne et Andorre

Peu avant la fin de la dictature franquiste, Jaume Fuster 1945-1998 publie Petit à petit l'oiseau fait son nid 1972, un roman noir qui illustre la liaison entre la bourgeoisie barcelonaise et la pègre des bas-fonds. Manuel Vazquez Montalbán 1939-2003, le Chandler catalan, prend le relais pour relancer le genre avec Pepe Carvalho, son détective épicurien. Francisco Gonzalez Ledesma, après avoir publié plus de 500 pulps sous le pseudonyme de Silver Kane, passe au roman. Certains s'apparentent à une chronique des années de la dictature Los Napoleones, d'autres appartiennent à la série consacrée à Ricardo Méndez, un commissaire de Barcelone, nostalgique et plein de compassion pour les faibles La Dame de Cachemire. Si Juan Madrid Cadeau de la maison et Andreu Martin Prothèse s'impliquent à leurs débuts dans des récits âpres et violents, Arturo Pérez-Reverte préfère choisir une voie plus intellectuelle et ludique Le Tableau du maître flamand.
Barcelone abrite de nombreux écrivains. Outre Fuster, Vazquez Montalbán, Gonzales Ledesma et Andreu Martín, dont les exploits du jeune détective Flanagan sont traduits dans toute l'Europe, on peut citer l'Argentin Raúl Argemí Les morts perdent toujours leurs chaussures qui traite de sujets politiques avec une folie baroque et un humour grinçant ; Eduardo Mendoza, ancien interprète à l'O.N.U., et son univers souvent burlesque Le Labyrinthe aux olives ; les féministes Alicia Gimenez Bartlett avec son désopilant tandem de policiers Petra Delicado et Fermín Garzon Le Jour des chiens et Maria Antonia Oliver Antipodes, créatrice d'Apolonia Guiu, détective privée barcelonaise ; Xavier Moret qui met en scène un écrivain raté Qui tient l'oseille tient le manche. Parmi les nouveaux venus, l’Argentin de Madrid, Carlos Salem, truffe ses romans d’humour et de situations burlesques comme l’histoire de ce tueur à gage dont le contrat se trouve dans un camp de nudistes, Nager sans se mouiller.
Signalons également l'œuvre importante de Mariano Sanchez Soler, Oasis pour l'O.A.S., auteur de plusieurs romans noirs qui ont pour protagonistes les inspecteurs Pulido et Galeote, ainsi que d'essais divers sur le fascisme, la corruption et la famille Franco. Il a aussi fait connaître sa ville natale d'Alicante en y organisant plusieurs manifestations littéraires autour du roman noir.
Le Pays basque compte au moins trois auteurs de qualité : Juan Bas Scorpions pressés, 2002 ; Vade retro Dimitri, 2012 ; Willy Uribe qui s’est fait connaître en France en 2012 avec Le Prix de mon père 2007, meilleur premier roman noir à la Semana de Gijon ; José Javier Abasolo Nul n'est innocent. La violence qui parfois s'exprime dans cette province a inspiré à Juan Antonio de Blas, L'Arbre de Guernica, dans lequel son humour acide et son goût pour la dérision n'épargnent personne. Citons encore Juan Marsé Boulevard du Guinardo, Lorenzo Silva (La Femme suspendue, Suso de Toro Land Rover. La fin des années 2000 a vu l'émergence de nouveaux romanciers de qualité : Ignacio del Valle primé pour son roman Empereurs des ténèbres 2006, qui se déroule en hiver 1943, durant la Seconde Guerre mondiale, au cœur de la division Azul envoyée par Franco pour aider l'armée allemande durant le siège de Leningrad ; Victor del Arbol, primé pour La Tristesse du Samouraï, une fresque d'une grande sensibilité qui raconte L'Espagne de décembre 1941 jusqu'à la tentative de coup d'état de 1981 ; le poète barcelonais Carlos Zanon qui a réussi avec son premier roman Soudain trop tard, 2009 ; enfin, Jerónimo Trístante est l'auteur d'une série historique située à Madrid, en 1877, avec le détective Victor Ros. On note le nombre accru de romancières, une évolution positive en peu d'années, parmi lesquelles : Cristina Fallait, première femme à remporter le prix Hammett pour son roman Deux Petites Filles 2011 où une journaliste visite les bas-fonds de Barcelone pour tenter de retrouver une petite fille kidnappée ; journaliste, Noemi G. Sabugal a signé L'Assassinat de Socrate 2010. Mentionnons également Rosa Ribas, Matilde Asensi, auteur de thrillers historiques, et enfin Su sana Vallejo, qui signe La Clé du secret, et Dolores Redondo pour Le Gardien invisible, premier volume de la trilogie dite de Baztán, une rivière où on retrouve des femmes assassinées.
À noter que l'académicien Antonio Muñoz Molina qui n'a pas hésité à écrire Pleine Lune, un roman de genre parfaitement réussi.
Même la principauté d'Andorre est touchée par l'épidémie du noir, avec Albert Salvado Le Rapt, le mort et le marseillais et Albert Villaro Chasse à l'ombre.

L'Europe et au-delà

Le développement de la littérature policière est un mouvement inéluctable qui touche chaque pays car son lectorat est de plus en plus vaste. Mais les ouvrages disponibles en France ne reflètent qu'imparfaitement cette évolution, dans la mesure où la majeure partie des traductions provient de pays anglo-saxons. Signalons toutefois que le roman policier et/ou noir a atteint l'Albanie avec Virion Graçi Le Paradis des fous, Fatos Kongoli Tirana Blues et le vétéran Ismaël Kadaré, auteur de Qui a ramené Doruntine ? et Le Dossier H. On trouve également des œuvres intéressantes en Bulgarie avec Emilia Dvorianova Passion, ou la Mort d'Alissa, en Grèce avec Sèrgios Gàkas La Piste de Salonique et Petros Markaris Le Che s'est suicidé, au Portugal avec José Cardoso Pires Ballade de la plage aux chiens, Miguel Miranda, primé pour Quand les vautours approchent, et l'excellent Francisco José Viegas, Un ciel trop bleu. La Russie se signale avec la prolifique Alexandra Marinina, Ne gênez pas le bourreau, l’humoriste Andreï Kourkov avec Le Pingouin 1996 et Le Caméléon 2000, deux romans métaphoriques qui dénoncent corruption et magouilles. Paulina Dachkova Les Pas légers de la folie, Julian Semionov Petrovka 38, Arkadi et Gueorgui Vaïner L'Évangile du bourreau, Andreï Rubanov Ciel orange, 2008 et Natalia Alexandrova Emmuré vivant, 2007. La révélation russe s'appelle Julia Latynina, journaliste économique, très critique sur le régime, elle a notamment publié entre 2005 et 2009 la trilogie du Caucase Caucase circus ; Gangrène ; La gloire n'est plus de ce temps, très sombre et caustique.
De la Turquie, on connaît quatre romanciers : deux femmes, Esmahan Aykol Meurtre à l'hôtel du Bosphore et Mine Kirikkanat, La Malédiction de Constantin ; et deux hommes, Mehmet Murat Somer On a tué Bisou!, et Celil Oker, créateur d'un détective privé turc dont les six enquêtes restent inédites en France. Née en Iran, Naïra Nahapetian a quitté son pays natal après la révolution islamique. Aujourd'hui journaliste économique, elle a publié deux romans où son héros, Narek Djamshidj, décrypte pour les lecteurs ce que signifie vivre en Iran.
Signe des temps, en avril 2008, la Série noire a publié Les Fantômes de Breslau, du Polonais Marek Krajewski. Quatre autres titres La Peste à Breslau ; Fin de monde à Breslau ; La Mort à Breslau ; Forteresse Breslau complètent une série consacrée à Eberhart Mock, sergent-chef de la brigade des mœurs. L'action se situe au début de 1920 pour les trois premiers épisodes, à une époque où la ville était sous occupation allemande. Un autre romancier polonais, Zygmunt Miloszewski, est apparu. Dans Les Impliqués 2007, son deuxième roman, lors d'une séance de thérapie collective à Varsovie, un participant est retrouvé assassiné. L'enquête marquera le moment où s'affronteront la Varsovie contemporaine et les crimes du passé.
On note également l'apparition de romans policiers issus de pays comme l'Arabie saoudite, avec Raja Alem. Née à la Mecque en 1970, elle a reçu le prix international du roman arabe pour Le Collier de la colombe. En Égypte, Ahmed Khaled Towfik, médecin et universitaire, signe Utopia, qui donne une vision cauchemardesque de son pays. En Israël, Matt Rees, journaliste à Jérusalem, initie les enquêtes d’Omar Youssef, détective à son corps défendant, tandis que Igal Shamir conte les exploits de Gal Knobel, violoniste et espion israélien Via Vaticana ; Le Violon d'Hitler, et qu’un agent secret est le protagoniste du deuxième roman de Yishaï Sarid, Le Poète de Gaza.

Amérique du Sud

En Amérique latine aussi, le roman noir se porte bien, au Mexique notamment avec Paco Ignacio Taibo II À quatre mains, Juan Hernández Luna Naufrage, Sergio González Rodríguez Des os dans le désert, Eduardo Monteverde Alvaro dans ses brumes, Joaquín Guerrero-Casasola, lauréat du prix 2007 de L'H Confidencial bibliothèque policière de Barcelone avec Ley Garrote, histoire d'un privé mexicain à la recherche d'une fille de bonne famille kidnappée. N'oublions pas Guillermo Arriaga, scénariste de plusieurs films remarquables Amours chiennes ; 21 grammes ; Trois Enterrements et auteur entre autres de L'Escadron guillotine 1994 et Le Bison de la nuit 2000.
Le roman noir a également suscité des œuvres passionnantes à Cuba avec Daniel Chavarria Un thé en Amazonie, Justo Vasco 1943-2006 ; L'Œil aux aguets Lorenzo Lunar La Boue et la mort, Amir Valle Jineteras, José Latour Nos Amis de La Havane et surtout Leonardo Padura Fuentes Les Brumes du passé, au Brésil avec Rubem Fonseca Du grand art, Aguinaldo Silva L'Homme qui acheta Rio et Patricia Melo O Matador, au Chili avec Luis Sepúlveda Un nom de torero, Ramon Díaz Eterovic La mort se lève tôt et Roberto Ampuero Le Rêveur de l'Atacama, en Colombie avec Santiago Gamboa Les Captifs du lys blanc et plus encore en Argentine où, après Osvaldo Soriano Je ne vous dis pas adieu, sont apparus Rolo Diez Le Pas du tigre, Enrique Medina Les Chiens de la nuit, Juan Sasturain Manuel des perdants, Sergio Sinay Le Tango du mal aimé, Mempo Giardinelli Les morts sont seuls, Juan Jose Saer L'Enquête. Outre sa diversité, la caractéristique de cette mouvance est d'avoir renouvelé le genre en lui faisant subir un traitement original dans chaque pays. Pour faire toucher du doigt les réalités sociales sud-américaines, tous ces merveilleux conteurs usent de la critique avec humour et dérision. Chacun a son style et pratique des constructions savantes. Certains se livrent au métissage et empruntent à d'autres types de récits aventure, espionnage, politique-fiction, etc.. Bref, partout imagination et fantaisie règnent en maître. Ce courant n'a pas fini de surprendre le lecteur.

Liens
http://youtu.be/HoaqKlQd2s8 La pêche en eau trouble

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Posté le : 09/11/2014 01:39

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Yvan Tourgueniev
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Le 9 novembre, 28 octobre 1818 à Orel naît Ivan Sergueïevitch Tourgueniev

en russe : Иван Сергеевич Тургенев écrivain, romancier, nouvelliste et dramaturge russe, mort le 3 septembre,à 64 ans 1883 à Bougival. Son nom était autrefois orthographié Tourguénieff ou Tourguéneff. Ses Œuvres principales sont "Un mois à la campagne" en 1850,
"Premier Amour " en 1860,Pères et Fils en 1862
Sa famille est aisée, et sa mère très autoritaire. Il vit de 1838 à 1841 à Berlin avant de retourner à Saint-Pétersbourg puis de partir pour Londres et de s'installer à Paris.
Fiodor Dostoïevski, qui le cite en épigraphe à sa nouvelle Les Nuits blanches, le caricaturera sous le nom de Karmazinov dans Les Démons.
Son roman le plus célèbre est Pères et Fils, qui met notamment en scène des nihilistes — dénomination qu'il popularise — et auxquels il oppose le héros positif.
Il se lia d’amitié avec de nombreux écrivains, comme Gustave Flaubert, Émile Zola, Victor Hugo, Guy de Maupassant, Alphonse Daudet, George Sand, Edmond de Goncourt, Prosper Mérimée, Alexandre Dumas ou Jules Verne, ainsi qu’avec des musiciens et compositeurs.


En Bref

Après avoir connu un immense succès européen, Tourguéniev souffre au XXe siècle d'une éclipse due au rayonnement de Dostoïevski, son cadet de trois ans, de Tolstoï, de Tchékhov. Ses romans agitent des questions idéologiques dépassées, ses descriptions ont pu paraître fades, ses personnages manquer de vigueur. Pourtant, de nouveaux signes d'intérêt se manifestent de divers côtés. La publication de plusieurs volumes de lettres, en totalité ou en partie inédites, jette des lueurs curieuses sur la sensibilité et les convictions de Tourguéniev. Sa vie comme son œuvre révèlent de profondes contradictions qu'il n'a pas tenté de résoudre directement, mais dont il a nourri, à des niveaux de conscience variables, la substance de sa création littéraire. Profondément artiste, au sens où l'était son ami Flaubert, il a su opérer la transmutation du banal, tantôt par l'accentuation caricaturale des traits ou des propos, tantôt par la grâce d'une poésie qui enveloppe d'un léger brouillard les êtres, les paysages et les sentiments.
Il fut longtemps l'écrivain russe le plus connu en France, et c'est lui qui a introduit auprès du public français le roman russe. Ce parfait Européen était russe dans l'âme : mais, rejeté par la droite et la gauche, il s'est retrouvé isolé dans son pays. Tandis qu'il était encensé en France, la gloire montante de Tolstoï, de Dostoïevski et de Tchekhov éclipsait la sienne, au point qu'il tomba dans l'oubli, ravalé au rang d'écrivain léger et superficiel. Pourtant, s'il n'est pas un penseur, Tourgueniev est un réel artiste, à la langue classique, qui a su peindre la nature, la campagne, les femmes russes, et a porté la nouvelle à un degré de perfection.
Ivan Serguéïévitch Tourguéniev 1818-1883 n'est qu'un jeune poète apprécié des connaisseurs lorsque paraît, en 1847, dans un numéro historique de la revue Le Contemporain – historique car c'est le premier qui paraît depuis la mort de son fondateur, Pouchkine, en 1837 –, un récit en prose Le Putois et Kalinytch, avec pour sous-titre Mémoires d'un chasseur, ajouté par l'un des rédacteurs de la revue. Le succès est immédiat et considérable. Il encourage Tourguéniev à écrire d'autres récits de la même veine, publiés pour la plupart dans Le Contemporain dix-sept récits en 1847-1848, quatre en 1850-1851 quatre autres récits de beaucoup postérieurs, dans les années 1870, donc après l'abolition du servage en 1861 s'ajoutant pour constituer l'édition définitive en 1874. À ce cycle de nouvelles il faut ajouter de multiples brouillons et esquisses, abandonnés pour des raisons d'ordre littéraire le souci de garder une unité de ton ou par prudence vis-à-vis de la censure.
On s'explique facilement l'accueil du grand public. Le réveil de la conscience nationale depuis un demi-siècle, l'évolution de la littérature, c'est l'époque du réalisme philanthropique, la faveur que connaissent alors en Europe les thèmes de la campagne et des paysans, enfin la terrible question du servage, dont l'abolition est pour Tourguéniev une cause sacrée, tout cela contribuait à faire des Mémoires d'un chasseur une œuvre propre à toucher la sensibilité et à provoquer les réflexions.
Mais ce succès est d'abord un effet de l'art. Propriétaire terrien et chasseur, bon connaisseur de la question du servage, Tourguéniev prend de la distance vis-à-vis de son objet : littéralement la plupart des récits ont été écrits lors de séjours en Occident mais aussi en tant qu'artiste : pour mieux lutter contre l'ennemi qu'est le servage, dit-il, en fait surtout pour trouver un ton nouveau, et recréer poétiquement une réalité complexe.
Lorsqu'il rentre en Russie en 1850, couronné des lauriers de son premier livre, Récits d'un chasseur, Tourgueniev reçoit un accueil enthousiaste : il est séduisant, riche et célèbre. Les cercles cultivés et libéraux de Saint-Pétersbourg s'arrachent le jeune auteur et cherchent à lui faire oublier la grande passion qui l'a retenu à Paris, Pauline Viardot. Les femmes lui adressent des icônes ; même le tsar a lu avec un intérêt mélangé d'inquiétude son recueil de nouvelles. Les Récits d'un chasseur bouleversent la Russie en lui révélant d'elle un visage nouveau : les aristocrates découvrent soudain entre deux bals que les moujiks peuvent aimer, rire ou raisonner comme eux, qu'ils souffrent de la brutalité des intendants et de l'ignorance des barines !
Le destin semble avoir comblé Tourgueniev. Pourtant, son histoire est celle d'un homme sans foyer, sans patrie, sans croyance. À mi-chemin entre deux mondes, il va décevoir l'un et l'autre : trop libéral pour les conservateurs, trop réactionnaire pour les futurs bolcheviks, trop russe pour les Français, trop français pour les Russes… On le prend pour un réformateur, c'est en réalité un sceptique qui refuse de s'engager et se comporte en éternel spectateur. On le prend pour un passionné, c'est un indécis qui préfère la sereine amitié aux orages de l'amour.
Au bord du nid d'un autre

Sa vie

Ivan Tourgueniev naît à Orel, à 350 km au sud de Moscou en 1818, de Serge Tourguéneff et Varvara Petrovna Loutovinova, ainsi qu'il apparaît par son acte de décès. Il est issu, côté paternel d’une haute noblesse de vieille souche d'origine tartare et côté maternel de moyenne noblesse, très riche, d'origine lithuanienne. Parmi ses ancêtres, on compte Pierre Tourgueniev, exécuté par le faux Dimitri en 1604 car il avait refusé de le reconnaître comme tsar, et Jacob Tourgueniev, attaché à la cour de Pierre le Grand. Les trois enfants - Nikolaï 1816-1879, Ivan et Sergueï 1821-1837- vivent dans la propriété de leur mère, Spasskoïe-Loutovinovo, à dix kilomètres au nord de Mtsensk. C’est là qu’Ivan s'initie à la chasse, échappant provisoirement à la tyrannie de sa mère. La nature joue d’ailleurs un grand rôle dans ses romans. Il est confié à des précepteurs russes et étrangers dont il reçoit une excellente éducation. Il apprend le français, l’allemand, l’anglais, le grec et le latin. Avec un serf, il commence à écrire ses premiers poèmes. Très tôt, il se rend compte de l’injustice des hommes des classes supérieures envers les serfs, injustice contre laquelle il se révoltera et se battra toute sa vie.

En 1827, il s’installe à Moscou. Pendant deux ans, il se prépare à entrer à l’université. En 1833, il s’inscrit à la faculté des Lettres à l’université de Moscou. En 1834, il fréquente la faculté de philosophie à Saint-Pétersbourg et rencontre Nicolas Gogol, qui est professeur d’histoire l'année suivante. Il termine ses études en 1836 et assiste en 1851 à la lecture par Gogol de son Revizor.
En 1837, après la mort d'Alexandre Pouchkine, il édite la correspondance de ce dernier et traduit plusieurs de ses poèmes avec Mérimée. L’année suivante, son fameux poème Le soir est publié dans une revue progressiste. Il part alors pour Berlin afin d'y poursuivre ses études et de voyager en Europe. Il revient en 1841 passer l’été chez sa mère. Il a une liaison avec une lingère, de laquelle naîtra sa fille Pélagie. Il devient fonctionnaire en 1843 et rencontre le critique Vissarion Belinski. Tourgueniev, admiratif, lui dédiera Pères et Fils.
Dès l'hiver 1843, Tourgueniev s’intéresse au théâtre italien auquel il s'abonne à Saint-Pétersbourg. Il y rencontre la célèbre mezzo-soprano Pauline Viardot avec laquelle il entretiendra une liaison jusqu’à sa mort. Cette période marque aussi le début de ses idées progressistes et le début de la censure de ses œuvres, notamment de ses pièces de théâtre, qui ne seront souvent jouées en Russie qu'après 1861.

De 1847 à 1850, Tourgueniev vit en France et publie beaucoup, dont le recueil Mémoires d’un chasseur et la pièce Un mois à la campagne. En 1850, il vit près de Paris dans le château de Courtavenel, propriété des Viardot, où réside Charles Gounod, l'auteur de l'opéra Faust. Il fréquente George Sand. La même année, Nicolas Ier exige le retour des Russes expatriés. Tourgueniev quitte la France et se voit retenu en Russie pendant la guerre de Crimée. Il récupère sa fille et l’envoie chez Pauline Viardot, en France. Celle-ci l’élève comme sa propre enfant.
La même année, deux courants de pensée s’affrontent : les slavophiles, qui refusent toute influence extérieure et sont très attachés aux coutumes russes, et les occidentalistes, qui sont favorables à une modernisation à l'occidentale.
En 1852, les Mémoires d'un chasseur sont publiées. Cette œuvre échappe à la censure malgré son caractère subversif, car elle relate la vie des paysans russes. Par la suite, Tourgueniev écope d'un mois de prison mais continue d’écrire ce qu'il pense du servage. Il est alors assigné à résidence. En 1853, Pauline Viardot revient faire une tournée de scène en Russie. Tourgueniev prend alors un faux passeport, part pour Moscou afin de la voir et lui remettre des manuscrits à publier en France. À la fin de l’année 1855, il reçoit le jeune Léon Tolstoï, alors officier, auquel il explique qu’il devrait écrire et non se battre. Il l’encourage dans ce sens.
En 1857, il est de retour à Paris où il rencontre Prosper Mérimée, écrit les préfaces de Pères et Fils et de Fumée et traduit plusieurs récits. Il fait la connaissance d'Alexandre Dumas et part pour Londres. Il lance le Fonds littéraire à la fin des années 1850. En 1860, il écrit Premier amour. Tourgueniev partage ses terres avec ses paysans et devient membre de l’académie des sciences. Le 9 février 1861, le servage est aboli. Tourgueniev publie Pères et Fils, ce qui peut symboliser le passage de l’ancienne à la nouvelle Russie. Il traduit en russe La Légende de saint Julien d’Hospitalier et collectera de l’argent pour faire ériger un monument à la mémoire de l'auteur.
Dans les années 1860, il publie beaucoup en France mais relativement peu en Russie. Les slavophiles gagnent leur combat contre les occidentalistes, ce qui l'incite à composer des récits dont l'action se situe en Europe ou qui usent des procédés propre au style fantastique.
Il rencontre Flaubert pour la première fois, le 28 février 1863, d'après le journal des Goncourt, et lui écrit dès le lendemain pour lui annoncer l'envoi de ses livres. Une amitié commence, dont la première trace apparaît dans la correspondance de Flaubert à la date du 2 avril 1863, après lecture desdits romans. Elle ne cessera qu'à la mort de Flaubert, le 8 mai 1880.
Dans les années 1870, il vit à Paris chez les Viardot. Il rencontre Zola, dont il publie les romans en Russie, Alphonse Daudet qu'il aide pour ses publications, Edmond de Goncourt seul, son frère Jules étant mort en cette année 1870, Jules Verne qu'il conseille pour l'élaboration de son roman Michel Strogoff publié par leur éditeur commun Pierre-Jules Hetzel. Il y rencontre aussi Flaubert, George Sand, les compositeurs Camille Saint-Saëns et Théodore Dubois, ainsi que les filles de la maison 1871-72, alors chanteuses, dont l'une, Claudie, entretint plus tard une captivante correspondance avec l'écrivain russe4. En 1875, Tourgueniev est élu vice-président au Congrès International de Littérature, aux côtés de Victor Hugo qu'il rencontre pour la première fois. À la fin des années 1870, Tourgueniev se fait construire une datcha à Bougival sur le même terrain que la propriété des Viardot, dans les environs de Paris. Il obtient en 1879 le titre de doctor à Oxford et l'on commence à jouer ses pièces en Europe. Il tombe gravement malade au début des années 1880, est opéré à Paris et retourne à Bougival en convalescence. Là, il dicte à Pauline Un incendie en mer et prophétise les événements de Russie.

Il meurt le 3 septembre 1883 en son domicile au n°16, rue de Mesmes à Bougival, et sera inhumé le 9 octobre 1883 à Saint-Pétersbourg, au cimetière Volkovo aux pieds de Belinski, selon son vœu.

L'oeuvre

Le plus enraciné des écrivains cosmopolites

À ne considérer que l'œuvre littéraire d'Ivan Serguéïévitch Tourguéniev, on est amené à voir en lui un écrivain typiquement russe : personnages, paysages, problèmes, tout y porte la marque nationale. Si l'on envisage d'autre part la formation intellectuelle de Tourguéniev, où la philosophie allemande occupe la place d'honneur, son attachement passionné qui dura quarante ans pour Pauline Viardot et sa famille, ses amitiés françaises ou allemandes et ses convictions occidentalistes, on verra en lui le plus européen des écrivains russes de son siècle. Les deux points de vue sont simultanément exacts : il naquit d'ailleurs à Orel et mourut à Bougival. Tourguéniev offre à de nombreux exemplaires la peinture d'un type social caractéristique de son temps, et dont il était lui-même un représentant achevé, celui du gentilhomme russe de moyenne condition, partageant son existence entre son domaine campagnard et Moscou, plutôt que Saint-Pétersbourg ou les capitales occidentales. Sa mère, la despotique Varvara Petrovna, faisait peser ses caprices sur ses deux fils et, à plus forte raison, sur les milliers de paysans qui peuplaient ses terres de Spasskoïé, dans la province d'Orel. Tourguéniev, plus pudique que Saltykov-Chtchédrine, s'est gardé de placer sa mère au centre d'un de ses ouvrages, mais plusieurs types de barynia dans son œuvre font allusion à ses travers d'esprit ou à ses méthodes de gouvernement, Moumou, 1851, Pounine et Babourine, 1874. La condition paysanne est évoquée par Tourguéniev d'après les expériences répétées que lui fournissaient ses séjours à Spasskoïé, d'abord en qualité de fils de la barynia, puis de maître du domaine, de chasseur, de voisin. Cette source d'inspiration anime toute la première partie de son œuvre, au centre de laquelle se détachent les Récits d'un chasseur Zapiski okhotnika, 1847-1852. Ces esquisses délicates qui évitaient toute déclamation et se bornaient en apparence à offrir des peintures anodines de la vie rustique dans un coin de Grande Russie, tendaient en réalité à montrer l'homme sous le moujik, ce qui suffisait à illustrer l'injustice criante de sa condition. Tourguéniev se défendit à bon droit contre les déductions politiques qu'on prétendait tirer de son ouvrage : la peinture de la réalité comportait sa propre vertu dénonciatrice.
Cette réalité provinciale russe, Tourguéniev l'a évoquée aussi dans ses comédies de 1851-1852, où l'on peut voir les esquisses du théâtre tchékhovien, et dans plusieurs romans : le plus caractéristique à cet égard est Le Nid de gentilshommes,Dvorianskoe gnezdo, 1858, que l'on pourrait prendre pour un roman slavophile, tant la raillerie vis-à-vis des fausses valeurs occidentales et l'éloge des traditions authentiquement russes y sont accentués. L' occidentalisme de Tourguéniev, comme celui de Herzen, n'exclut jamais une idéalisation sentimentale de la Russie et une mise en garde contre les engouements à l'égard de l'Europe.

Hommes de trop, héros et nihilistes

Ces gentilshommes de la province, désœuvrés, sans véritable culture ni vocation, Tourguéniev les montre victimes de leur indifférence à la réalité russe et de leur incapacité à se consacrer à une tâche productive : l'Hamlet du district de Chtchigry Gamlet ščigrovskogo ujezda, 1849 présente le premier homme inutile de son œuvre et sera suivi par le Journal d'un homme de trop, Dnevnik lišnego čeloveka, 1850 où le narrateur, Tchoulkatourine, se compare à l'écureuil enfermé dans une roue, puis par Une correspondance Perepiska, 1855, autre exemple frappant de la même aboulie, du même ennui accablant.
Des œuvres plus importantes traitent encore de la même question : comment sortir de soi-même, se rendre utile, contribuer au bonheur d'autrui ? Roudine Rudin, 1855 aborde pour la première fois le thème de l'action politique en montrant comment une nature douée pour exercer une influence entraînante et dynamique peut échouer par méconnaissance de soi-même et de son propre pays : Roudine n'est qu'un phraseur frotté de philosophie allemande, que Tourguéniev envoie rejoindre les hommes de trop , avant de le faire mourir sur une barricade parisienne en juin 1848. Portrait de l'écrivain autant que de Bakounine, son ami des années quarante disparu au fond de la Sibérie, le héros du premier roman de Tourguéniev pose, à la fin du règne de Nicolas Ier, en termes psychologiques et non idéologiques, le problème de l'engagement personnel.
Il en propose une solution de type romantique dans À la veille (Nakanune, 1858), où le jeune Insarov, un étudiant bulgare, quitte Moscou avec sa femme Hélène pour aller affranchir son pays par les armes ; la jeune femme s'accomplit par l'évasion d'un milieu familial insipide, par l'amour sans calcul et le sacrifice total, tandis qu'Insarov met en accord sa pensée, ses sentiments et sa conduite, en antithèse absolue avec Roudine.
Avec beaucoup plus de profondeur et de maîtrise artistique, Tourguéniev traite à nouveau ce problème qui lui tenait tant à cœur dans un véritable roman, d'architecture complexe, Pères et enfants Otcy i deti, 1862. Cette fois, il exprime son affection attendrie pour le passé patriarcal russe les parents de Bazarov, et une raillerie légère tempère à peine une sympathie profonde à l'égard des idées, du mode de vie et de la bonne volonté sociale des frères Kirsanov, les représentants des pères, face à Bazarov et à son jeune ami Arcade Kirsanov. Ce dernier, d'abord subjugué par la personnalité de Bazarov, se marie et gère raisonnablement son domaine en petit hobereau libéral, comme l'appelle Bazarov. Seul celui-ci incarne les aspirations de la nouvelle génération nihiliste, ainsi appelée d'un mot apparu dès 1829, mais dont Tourguéniev consacra l'usage. Du point de vue social, Bazarov est un raznotchiniets, un homme d'extraction modeste, résolu à servir le peuple. Son nihilisme signifie le refus des principes en vigueur dans la noblesse, la critique de toute forme d'autorité et l'adhésion à un empirisme positiviste : il étudie la médecine et dissèque des grenouilles. Ses façons sont rudes, parfois ridicules. Aussi Tourguéniev dut-il se défendre d'avoir voulu offenser la jeune génération, et les attaques lui vinrent de gauche comme de droite.
Cela ne l'empêcha pas de peindre d'autres figures de révolutionnaires : sans en faire d'aussi sombres figures que Dostoïevski dans Les Possédés, Tourguéniev les traite sans ménagements. Dans Fumée Dym, 1867 le révolutionnaire Goubarev, qualifié de slavophile, est ridiculisé et, avec lui, le populisme et son idéalisation puérile du moujik. Il est vrai que Tourguéniev montre encore plus de sévérité envers les généraux et les riches propriétaires, et retrouve même les accents de Tchaadaïev pour accuser la Russie tout entière de stérilité et d'impuissance créatrice.
Le dernier roman de Tourguéniev, Terres vierges Nov', 1877, présente avec plus de sympathie, sinon de compréhension, le grand élan qui anima la marche au peuple de milliers de jeunes gens ; mais son héros Nejdanov est réduit au suicide en raison de l'échec de ces tentatives et du déclin de sa foi révolutionnaire. Tourguéniev considère que l'avenir appartient non à ces romantiques du réalisme, hommes de trop à leur façon, mais à des hommes pratiques, à des techniciens avisés comme Solomine.

Le platonisme de Tourgueniev

Nourri dans sa jeunesse d'idéalisme hégélien, Tourguéniev a vécu l'avènement du positivisme et le passage du romantisme schillérien aux actions terroristes, dont l'assassinat d'Alexandre II 1881 marqua le point culminant. Libéral des années quarante, il resta hostile à la violence, et son idéalisme continua d'inspirer la plupart de ses personnages positifs , notamment les figures féminines.
Amoureux décevant de Tatiana, la sœur de Bakounine, amant fugitif d'une lingère de Spasskoïé qui lui donna une fille hors mariage, soupirant éternel auprès d'une Pauline Viardot plus attendrie sans doute que réellement éprise, enfin vieil homme attiré par le charme de l'actrice Savina ou la grâce mutine de Claudie Viardot, la seconde fille de Pauline et de Louis Viardot, Tourguéniev a vainement cherché toute sa vie le grand amour partagé. Et son œuvre abonde en exemples de faillites sentimentales provoquées par l'insuffisance, la dérobade, la fuite jusque dans la mort de l'un des partenaires, l'homme en général. Véra des Deux Amis, Maria Alexandrovna dans Une Correspondance, Natalie dans Roudine, Liza dans Le Nid de seigneurs, Mme Odintsova dans Pères et enfants, enfin et surtout la Marianne de Terres vierges se trouvent, de façon diverse, engagées dans des situations qui laissent apparaître l'inaptitude essentielle de celui qu'elles aiment à répondre à leur sentiment.
On ne dispose pas encore de l'étude nécessaire permettant d'approfondir le sens qu'il conviendrait de donner à cette particularité de l'œuvre de Tourguéniev. L'analyse poussée du rôle joué par sa mère dans la maturation affective de l'écrivain, les nouveautés apportées par les compléments à sa correspondance, l'examen, déjà amorcé par la thèse de H. Granjard, d'une relation probable entre vicissitudes sentimentales et variations idéologiques devraient contribuer à ranimer l'intérêt de l'époque actuelle pour la figure un peu pâlie du bon Moscove.

L'art comme refuge

Dans une lettre à Pauline de février 1855, Tourguéniev exprimait son amour en citant en entier un poème de Pouchkine, L'Adieu. Lui-même entama sa carrière littéraire par de nombreux poèmes, qu'il détruisit ultérieurement pour la plupart. Cette veine lyrique s'exprime en prose à partir des Récits d'un chasseur et ne cesse de se manifester çà et là, à travers les visions fantastiques d'Apparitions Prizraki, 1863, la méditation désespérée d'Assez Dovoljno, 1864, l'espérance surnaturelle du Chant de l'amour triomphant, Pesnj toržestvujuščej liubvi, 1881, significativement dédié à Flaubert, enfin les Poèmes en prose, Stikhotvorenija v proze, 1882, bilan désenchanté de toutes les illusions humaines, qui ne laisse subsister que la beauté, éternisée par l'œuvre d'art, et les virtualités de la précieuse langue russe. Testament d'un artiste du verbe, auteur de tableaux délicats, tel ce Pré Biéjine Bežin lug des Récits d'un chasseur, à la fois d'une simplicité raffinée et d'une exquise qualité poétique, comme l'avait noté E.-M. de Vogüé.
De tels passages, où, pour un moment, l'homme semble en accord avec la nature qui l'entoure, où tout paraît précieux parce que tout est éphémère, apparaissent même dans des romans voués à première lecture à des débats d'un autre ordre, le finale mélancolique du Nid de seigneurs, le jardin de Mme Odintsov dans Pères et enfants, l'épisode de Fimouchka et Fomouchka dans Terres vierges, etc., et inclinent le lecteur à voir en Tourguéniev un contemplatif ou un moraliste plutôt qu'un écrivain engagé au service d'une cause ou d'une idéologie. Tourguéniev, comme Gogol son maître ou Maupassant son disciple, a cherché à dépasser le réel sensible en laissant une place croissante au mystère, aux signes du destin et à l'angoisse devant la mort, Apparitions, 1863 ; Le Chien, 1866 ; La Montre, Le Rêve, 1876 ; Clara Militch, 1883 ; tout cela empêche de définir son art par une esthétique élémentaire comme celui de tant d'écrivains de son époque.
Slavophile et occidental, russe et européen, libéral et conservateur, romantique et réaliste, Tourguéniev est un témoin attachant et lucide du processus qui a amené la Russie patriarcale aux nécessaires et douloureux bouleversements du XXe siècle

Nouvelles agraires

Le premier récit, Le Putois et Kalinytch, illustre bien l'art de Tourguéniev. Il oppose deux portraits de paysans : le Putois, esprit positif, pratique, rationaliste est le père respecté d'une nombreuse famille ; il gère adroitement ses affaires, s'est affranchi de son maître, se montre curieux de récits sur la vie occidentale, qu'il juge en toute indépendance ; l'autre, Kalinytch, est plus intuitif, proche de la nature et des bêtes, un peu sorcier, idéaliste et tirant le diable par la queue. Mais, des deux moujiks amis, l'un n'est pas moins russe que l'autre.
Rien de moins systématique que les descriptions de Tourguéniev. Derrière chaque détail transparaît la variété des situations, selon le statut juridique, le terroir, la personnalité du maître, que le serf subit autrement que le paysan attaché à la terre ou celui qui paie redevance. Le tableau est sombre. Que de destins brisés ! Telle cette femme de chambre dévouée, renvoyée au village parce qu'elle a eu l'ingratitude d'avoir un amoureux Iermolaï et la Meunière. Maîtres oisifs aux lubies extravagantes Le Bureau, régisseurs fripons et exploiteurs, garde-chasse contraint de persécuter ses semblables Le Loup-garou : aucun n'échappe aux méfaits du servage. Parmi les intendants, les petits propriétaires, se dévoile aussi un long cortège de douleurs secrètes.
De ce tableau, pourtant, se dégage une impression de vie et d'harmonie. Grâce, d'abord, à la présence de la nature, dont Tourguéniev a aussitôt été consacré le grand peintre. On a admiré – et copié – la subtile souplesse de sa prose, la richesse discrète des images, sa science du rythme et des sonorités. De cet univers poétique le peuple participe : en s'intégrant dans un paysage dont il sait sentir et exprimer la magie enchanteresse Le Pré, par la création artistique Les Chanteurs, par sa beauté spirituelle, comme en témoigne la touchante sainteté de cette paralytique, naguère superbe jeune fille, qui est l'héroïne du dernier récit Reliques vivantes, 1874 : Elle chantait sans que l'expression inerte de son visage changeât, les yeux fixes même. Mais qu'elle résonnait de touchante façon cette pauvre voix qui s'efforçait, vacillante comme un filet de fumée, d'épancher toute son âme...

Hymne au peuple russe

Le personnage du narrateur s'insère naturellement dans une narration qui multiplie les angles d'approche : portraits, dialogues, confessions, etc. La liberté du chasseur-promeneur devient procédé artistique : proximité avec le lecteur cultivé, mais aussi distanciation, dilettantisme de l'artiste toujours ouvert à l'imprévu d'une rencontre ou d'une sensation, ambivalence du gentleman-farmer proche des paysans mais séparé aussi d'eux par un mur invisible. Enquête ethnographique, mythe d'une société agraire, retour au monde de l'enfance, hymne au peuple russe, présence/absence d'une unité brisée, toutes ces composantes se fondent dans une œuvre d'art qui, avec un sens pouchkinien de la mesure, vibre d'une profonde compassion.
Tourguéniev, un temps exilé sous prétexte d'un article nécrologique sur Gogol jugé trop dithyrambique, resta persuadé que la véritable raison de sa punition étaient les Mémoires d'un chasseur. Mais un premier recueil fut publié dès 1852 . Les récits, encore plus frappants une fois rassemblés en livre, eurent un grand retentissement dans l'opinion. Alexandre, le futur tsar libérateur, en fut vivement impressionné et l'écrivain Saltykov-Chtchédrine, bon connaisseur, en admira la force dénonciatrice.
Occidentaliste, l'auteur avait su trouver des accents pour une idéalisation discrète du peuple qui était proche de la sensibilité slavophile. Par son talent et la largeur de ses vues, il dépassait de très loin ses prédécesseurs et contemporains russes, tels Dahl et Grigorovitch. En Occident, où les romans villageois d'Auerbach et de George Sand avaient leur public fervent, il trouva une audience enthousiaste, et fut consacré comme l'un des classiques de la littérature européenne.

Œuvre Nouvelles

Statue de Tourgueniev à Saint-Pétersbourg, place du Manège

Ivan Tourguéniev à la chasse 1879, tableau de Dmitriev-Orenbourgski, collection privée
André Kolossov 1844
Les Trois Portraits 1846
Un bretteur 1847
Le Juif 1847
Petouchkov 1847
Mémoires d'un chasseur 1847, recueil de nouvelles. Édition définitive, et augmentée, en 1874.
I. Le Putois et Kalinytch 1847
II. Iermolaï et la Meunière 1847
III. L'Eau de framboise 1848
IV. Le Médecin de campagne 1848
V. Mon voisin Radilov 1847
VI. L'Odnodvorets Ovsianikov 1847
VII. Lgov 1847
VIII. Le Pré Béjine 1851
IX. Cassien de la belle Métcha 1851
X. Le Régisseur 1847
XI. Le Bureau 1847
XII. Le Loup-garou 1848
XIII. Deux gentilshommes campagnards 1852
XIV. Lébédiane 1848
XV. Tatiana Borissovna et son neveu (1848
XVI. La Mort 1848
XVII. Les Chanteurs 1850
XVIII. Pierre Pétrovitch Karataïev 1847
XIX. Le Rendez-vous 1850
XX. Le Hamlet du district de Chtchigry 1849
XXI. Tchertopkhanov et Nédopiouskine 1849
XXII. La Fin de Tchertopkhanov 1872
XXIII. Relique vivante 1874
XXIV. On vient 1874
Conclusion. La Forêt et la steppe 1849
Moumou 1852, nouvelle écrite alors que l'auteur est en détention dans une maison d'arrêt de Saint-Pétersbourg.
Les Eaux tranquilles 1854, parfois intitulée Un coin tranquille, ou encore L'antchar. Version définitive en 1856.
Deux amis (854
L'Auberge de grand chemin 1855
Une correspondance 1856
Jacques Passinkov 1856
Faust 1856
Excursion dans les grands-bois 1856
Assia ou Asya 1858
Premier Amour 1860, nouvelle en partie autobiographique.
Apparitions 1864, le premier récit fantastique de l'auteur.
Assez ! 1865
Le Chien 1866, nouvelle fantastique.
L'Infortunée 1869
Étrange Histoire 1870
Un roi Lear des steppes 1870
Pounine et Babourine 1874
La Montre 1875
Un rêve 1877, nouvelle fantastique
Le Chant de l'amour triomphant 1881, récit fantastique situé à Ferrare au XVIe siècle.
Clara Militch 1883, aussi connu sous le titre Après la mort. Récit d'un amour post-mortem.
La Caille 1883
L'Exécution de Troppmann (1870), 1ère traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887.

Romans

Roudine 1856
Nid de gentilhomme 1859
À la veille 1860
Pères et Fils 1862 Le chef-d'œuvre romanesque de l'auteur.
Fumée 1867
Eaux printanières 1871
Terres vierges 1877

Théâtre

L'Imprudence 1843
Sans argent 1846
Le fil rompt où il est mince 1848
Le Pain d'autrui 1848
Le Célibataire 1849
Un mois à la campagne, la pièce la plus célèbre de l'auteur, écrite en 1850, mais qui n'a été créée qu'en 1879.
La Provinciale
Le Déjeuner chez le maréchal
Conversation sur la grand-route
Un soir à Sorrente

Liens

http://youtu.be/XRidGOZYlWw Premier amour Tourgueniev
http://youtu.be/a2XgLJng12Y Un mois à la campagne
http://youtu.be/LJ1u9wldkcQ Le chant des fresnes


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La chute du mur de Berlin 1
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Le 9 Novembre 1989 tombe "le mur de la honte "

Le mur de Berlin qui divise l'Allemagne en deux, produit de la guerre froide et symbole du partage du monde en deux blocs depuis sa construction en août 1961, le Mur de Berlin cesse d'être une frontière étanche entre les parties Est et Ouest de la ville au soir du 9 novembre 1989. La chute du Mur intervient au terme de gigantesques manifestations populaires, durant lesquelles des millions de citoyens est-allemands ont protesté contre l'immobilisme du régime communiste et réclamé le droit de passer librement à l'Ouest. Célébrées dans la liesse, les retrouvailles entre Berlinois de l'Est et de l'Ouest procèdent du vent de démocratisation que Mikhaïl Gorbatchev fait souffler sur le bloc de l'Est depuis 1985, et notamment de l'invitation à de profondes réformes lancée le 7 octobre 1989 à l'occasion du quarantième anniversaire de naissance de la R.D.A..

Au-delà de la portée symbolique de l'événement, la destruction du Mur ouvre la voie à la réunification de l'Allemagne et, à terme, à l'effondrement du bloc communiste : après la signature en mai 1990 d'un premier traité prévoyant une union économique et monétaire entre la R.F.A. et la R.D.A., la réunion des deux Allemagnes est officialisée le 3 octobre de la même année. Débarrassée du mur de la honte, la ville de Berlin redevient la capitale de l'Allemagne unie.
L'URSS ne s'y opposa pas, acceptant ainsi la perte du contrôle qu'elle exerçait sur cette partie de l'Europe. Initiés par la Pologne victoire de Solidarité aux élections de juin, poursuivis par la Hongrie, qui ouvrit le rideau de fer en mai, par la RDA, démantèlement du mur de Berlin en novembre et par la Tchécoslovaquie, les mouvements de contestation des régimes en place et de lutte pour l'instauration de la démocratie furent dans l'ensemble pacifiques. Des évolutions plus confuses conduisirent au renversement des gouvernements communistes de Bulgarie et de Roumanie.
Le mur de Berlin en allemand Berliner Mauer, mur de la honte pour les Allemands de l'ouest et mur de protection antifasciste d'après la propagande est-allemande, est érigé en plein Berlin à partir de la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande RDA, qui tente ainsi de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne RFA. Le mur, composante de la frontière intérieure allemande, sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans, et constitue le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le Rideau de fer. Plus qu'un simple mur, il s'agit d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut avec chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. Un nombre indéterminé de personnes sont victimes des tentatives de franchissement du mur. Cependant, il apparait que les gardes-frontière est-allemands et les soldats soviétiques n'hésitent pas à tirer sur les fugitifs.

"J’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en ait deux ", aurait écrit, au temps de la guerre froide, l’écrivain François Mauriac, si proche du général de Gaulle qu’il en exprimait souvent officieusement la pensée.
Vestige du mur de Berlin, 2004
L'affaiblissement de l'Union soviétique, la perestroïka conduite par Mikhaïl Gorbatchev, et la détermination des Allemands de l'Est qui organisent de grandes manifestations, provoquent le 9 novembre 1989 la chute du mur de la honte, suscitant l'admiration incrédule du Monde libre et ouvrant la voie à la réunification allemande. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant dans l'organisation urbaine de la capitale allemande des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd'hui. Le mur de Berlin, symbole du clivage idéologique et politique de la guerre froide, a inspiré de nombreux livres et films. Aujourd'hui, plusieurs musées lui sont consacrés.

Histoire

Après sa capitulation le 8 mai 1945, l'Allemagne est divisée en trois, puis quatre zones d'occupation sous administrations soviétique, américaine, britannique et française, conformément à l'accord conclu à la conférence de Yalta. Berlin, la capitale du Troisième Reich, d'abord totalement occupée par l'Armée rouge doit également être partagée en quatre secteurs répartis entre les alliés. Les Soviétiques laissent alors aux Occidentaux les districts ouest de la ville qui se retrouvent ainsi totalement enclavés dans leur zone d'occupation, le secteur resté sous contrôle soviétique représentant à lui seul 409 km2, soit 45,6 % de la superficie de la ville. La position et l'importance de Berlin en font un enjeu majeur de la guerre froide qui s'engage dès la fin des hostilités.

Événements en Allemagne

La coopération entre les quatre puissances occupantes de l'Allemagne prend fin en 1948 lorsque l’Union soviétique suspend sa participation au Conseil de contrôle allié et du commandement Interallié le 19 mars 1948. Les Soviétiques s'emploient dès lors à gêner les communications des Occidentaux avec Berlin-Ouest, sans doute pour les forcer à abandonner l'ancienne capitale du Reich. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, Staline instaure le blocus de Berlin. Tous les transits terrestres et fluviaux entre Berlin-Ouest et l'Allemagne de l'Ouest sont coupés. Cet événement constitue la première crise majeure entre l'Union soviétique et les Occidentaux. Grâce à un gigantesque pont aérien organisé sous l'égide des États-Unis, Berlin-Ouest survit au blocus.
L'année 1949 voit la création de la République fédérale d'Allemagne RFA dans la trizone constituée par les zones française, britannique et américaine, suivie de près par celle de la République démocratique allemande RDA dans la zone sous occupation soviétique. La création de deux États consolide la division politique de Berlin. On commence alors des deux côtés à sécuriser et à fermer la frontière entre les deux États. Des douaniers et des soldats détachés à la surveillance frontalière patrouillent entre la RDA et la RFA ; de solides clôtures seront plus tard érigées du côté RDA.
Légalement, Berlin garde le statut de ville démilitarisée, absence de soldats allemands partagée en quatre secteurs, et indépendante des deux États que sont la RFA et RDA. En réalité, la portée pratique de cette indépendance est très limitée. En effet, le statut de Berlin-Ouest s'apparente à celui d'un Land, avec des représentants sans droit de vote au Bundestag, tandis que Berlin-Est devient, en violation de son statut, capitale de la RDA. La ville reste cependant le seul endroit où les Allemands de l'Est comme de l'Ouest peuvent transiter.
Le 27 novembre 1958, l'URSS tente un nouveau coup de force lors de l'ultimatum de Khrouchtchev proposant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une ville libre démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent.

Causes de la construction du mur de Berlin

Depuis sa création en 1949, la RDA subit un flot d'émigration croissant vers la RFA, particulièrement à Berlin. La frontière urbaine est difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales déjà très surveillées. Entre 2,6 et 3,6 millions d'Allemands fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste. Émigrer ne pose pas de difficulté majeure car, jusqu’en août 1961, il suffit de prendre le métro ou le chemin de fer berlinois pour passer d'Est en Ouest, ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : voter avec ses pieds. Pendant les deux premières semaines d'août 1961, riches en rumeurs, plus de 47 000 citoyens est-allemands passent en Allemagne de l'Ouest via Berlin. De plus, Berlin-Ouest joue aussi le rôle de porte vers l'Ouest pour de nombreux Tchèques et Polonais. Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur et menace l'existence même de la RDA.
En outre, environ 50 000 Berlinois sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable. Le 4 août 1961, un décret oblige les travailleurs frontaliers à s'enregistrer comme tels et à payer leurs loyers en Deutsche Mark monnaie de la RFA. Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille intensivement aux points d'accès à Berlin-Ouest ceux qu'elle désigne comme contrebandiers ou déserteurs de la République.
Comme tous les pays communistes, la RDA s'est vu imposer une économie planifiée par Moscou. Le plan septennal 1959-1965 est un échec dès le début. La production industrielle augmente moins vite que prévu. En effet, les investissements sont insuffisants. La collectivisation des terres agricoles entraîne une baisse de la production et une pénurie alimentaire. Les salaires augmentent plus vite que prévu à cause d'un manque de main-d'œuvre provoqué en grande partie par les fuites à l'Ouest. Un important trafic de devises et de marchandises, néfaste à l'économie est-allemande, passe par Berlin. La RDA se trouve en 1961 au bord de l’effondrement économique et social.
L'auteur William Blum avance comme cause de la construction du Mur outre la captation de la main d'œuvre qualifiée de la RDA par l'Ouest, mais encore le terrorisme occidental qui aurait alors sévi en RDA.

La construction du Mur, le 20 novembre 1961

Le 13 août 1961, la construction du mur de Berlin commence. Des photos prises par des témoins montrent des hommes des groupes de combat de la classe ouvrière , Kampfgruppen der Arbeiterklasse, organisation paramilitaire est–allemande, sur le côté ouest de la Porte de Brandebourg qui se tiennent exactement sur la ligne de démarcation. Le programme de construction du Mur est un secret d'État du gouvernement est-allemand. Il commence dans la nuit du 12 au 13 août 1961 avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest.
Son édification est effectuée par des maçons, sous la protection et la surveillance de policiers et de soldats – en contradiction avec les assurances du président du Conseil d'État de la RDA, Walter Ulbricht, qui déclarait le 15 juin 1961 lors d'une conférence de presse internationale à Berlin-Est en réponse à une journaliste ouest-allemande : "Si je comprends bien votre question, il y a des gens en Allemagne de l'Ouest qui souhaitent que nous mobilisions les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c'est cela ?"
"Je n'ai pas connaissance d'un tel projet ; car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur ! "
Ulbricht est ainsi le premier à employer le mot Mur, deux mois avant qu'il ne soit érigé.
Si les Alliés sont au courant d'un plan de mesures drastiques visant au verrouillage de Berlin-Ouest, ils se montrent cependant surpris par son calendrier et son ampleur. Comme leurs droits d'accès à Berlin-Ouest sont respectés, ils décident de ne pas intervenir militairement. Le BND, Services secrets de la RFA avait lui aussi reçu début juillet des informations semblables. Après la rencontre entre Ulbricht et Nikita Khrouchtchev lors du sommet des pays membres du Pacte de Varsovie, 3-5 août 1961, le BND note dans son rapport hebdomadaire du 9 août : Les informations disponibles montrent que le régime de Pankow s'efforce d'obtenir l'accord de Moscou pour l'entrée en vigueur de mesures rigoureuses de blocage ; en particulier le bouclage de la frontière de Berlin, avec interruption du trafic de métros et de tramways entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. ... Il reste à voir si Ulbricht est capable de faire accepter de telles exigences par Moscou, et jusqu'où.
La déclaration publique du sommet du Pacte de Varsovie propose de contrecarrer à la frontière avec Berlin-Ouest les agissements nuisibles aux pays du camp socialiste et d'assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace.
Le 11 août 1961, la Chambre du peuple Volkskammer, le parlement de la RDA, approuve la concertation avec Moscou et donne les pleins pouvoirs au conseil des ministres pour en assurer la réalisation. Ce dernier adopte le 12 août un décret dénonçant la politique d'agression impérialiste des Occidentaux à son encontre. Un contrôle très strict des frontières séparant Berlin-Ouest et Berlin-Est est instauré. Il décide de l'emploi des forces armées pour occuper la frontière avec Berlin-Ouest et y ériger un barrage.
Le samedi 12 août 1961, le BND reçoit l'information qu'une conférence a eu lieu à Berlin-Est au centre de décision du Parti communiste est-allemand SED en présence de hauts responsables du parti. On a pu y apprendre que … la situation d'émigration croissante de fugitifs rend nécessaire le bouclage du secteur d'occupation soviétique et de Berlin-Ouest dans les jours prochains — sans plus de précisions — et non dans deux semaines comme il était prévu initialement.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux parties de la ville sont interrompus. En septembre 1961, des métros et des S-Bahn, réseau ferré de banlieue de Berlin-Ouest continueront à circuler sous Berlin-Est sans cependant s'y arrêter, les stations desservant le secteur oriental, qu'on appellera désormais les « stations fantômes ayant été fermées.
Erich Honecker, en tant que secrétaire du comité central du SED pour les questions de sécurité, assure la responsabilité politique de la planification et de la réalisation de la construction du Mur pour le parti, qu’il présente comme un mur de protection antifasciste. Les pays membres du pacte de Varsovie publient, le même jour, une déclaration pour soutenir le bouclage de la frontière entre les deux Berlin. Jusqu'en septembre 1961, la frontière reste franchissable et parmi les seules forces de surveillance, 85 hommes passent à l'Ouest — imités en cela par 400 civils, dont 216 réussissent. Les images du jeune douanier Conrad Schumann enjambant les barbelés, ainsi que de fugitifs descendant par une corde en draps de lit ou sautant par les fenêtres des immeubles situées à la frontière marquent les esprits.
La construction du Mur autour des trois secteurs de l'Ouest consiste tout d'abord en un rideau de fils de fer barbelés. Les pavés des axes de circulation entre les deux moitiés de la ville sont retournés afin d’interrompre immédiatement le trafic. Dans les semaines suivantes, il est complété par un mur de béton et de briques, puis muni de divers dispositifs de sécurité. Ce mur sépare physiquement la cité et entoure complètement la partie ouest de Berlin qui devient une enclave au milieu des pays de l'Est.

Les réactions à l'Ouest

Le chancelier fédéral Adenauer appelle le jour même la population de l'Ouest au calme et à la raison, évoquant sans plus de précisions les réactions qu'il s'apprête à prendre avec les Alliés. Il attend deux semaines après la construction du Mur avant de se rendre à Berlin-Ouest. Seul le maire de Berlin-Ouest Willy Brandt émet une protestation énergique – mais impuissante – contre l'emmurement de Berlin et sa coupure définitive en deux. Sa déclaration est sans ambiguïté : Sous le regard de la communauté mondiale des peuples, Berlin accuse les séparateurs de la ville, qui oppressent Berlin-Est et menacent Berlin-Ouest, de crime contre le droit international et contre l’humanité .... Le 16 août 1961, une manifestation de 300 000 personnes entoure Willy Brandt pour protester devant le Rathaus Schöneberg, siège du gouvernement de Berlin-Ouest.
Les Länder de la RFA fondent la même année à Salzgitter un centre de documentation judiciaire sur les violations des droits de l'homme perpétrées par la RDA, pour marquer symboliquement leur opposition à ce régime.
La réaction des Alliés tarde : il faut attendre vingt heures avant que les colonnes militaires ne se présentent à la frontière. Le 15 août 1961, les commandants des secteurs occidentaux de Berlin adressent à leur homologue soviétique une note de protestation contre l'édification du Mur. Des rumeurs incessantes circulent, selon lesquelles Moscou aurait assuré les Alliés de ne pas empiéter sur leurs droits à Berlin-Ouest. Le blocus de Berlin a effectivement montré aux yeux des Alliés que le statut de la ville était constamment menacé. La construction du Mur représente ainsi une confirmation matérielle du statu quo : l'Union soviétique abandonne son exigence d'un Berlin-Ouest libre déserté par les troupes alliées, tel qu'il avait encore été formulé en 1958 dans l'ultimatum de Khrouchtchev.
Les réactions internationales sont ambiguës. Dès le 13 août, Dean Rusk, secrétaire d'État américain, condamne la restriction de la liberté de déplacement des Berlinois. Les Alliés considèrent que l'URSS est à l'initiative de la construction du Mur entre sa zone d'occupation et celle des alliés comme l'indiquent les notes de protestation envoyées au gouvernement soviétique par les ambassadeurs américain et français. Cependant, Kennedy qualifie la construction du Mur de solution peu élégante, mais mille fois préférable à la guerre. Le Premier ministre britannique MacMillan n'y voit rien d'illégal. En effet, la mesure touche d'abord les Allemands de l'Est et ne remet pas en question l'équilibre géopolitique de l'Allemagne. Après une lettre que Willy Brandt lui a fait parvenir le 16 août, Kennedy affiche un soutien symbolique à la ville libre de Berlin-Ouest en y envoyant une unité supplémentaire de 1 500 soldats et fait reprendre du service au général Lucius D. Clay. Le 19 août 1961, Clay et le vice-président américain Lyndon B. Johnson se rendent à Berlin.
Le 27 octobre, on en vient à une confrontation visible et directe entre troupes américaines et soviétiques à Checkpoint Charlie. Des gardes-frontières de RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique. Cette exigence est contraire au droit de libre circulation, dont bénéficient tous les membres des forces d’occupation. Pendant trois jours, dix chars américains et dix chars soviétiques se postent de part et d'autre à proximité immédiate de Checkpoint Charlie. Les blindés se retirent finalement, aucune des deux parties ne voulant enclencher une escalade qui risquerait de se terminer en guerre nucléaire. La libre circulation par le poste-frontière Checkpoint Charlie est rétablie. Paradoxalement, cette situation explosive, aussi bien à Berlin que dans le reste de l'Europe, va déboucher sur la plus longue période de paix qu'ait connue l'Europe occidentale.

Un pays, deux État

Les ressortissants de Berlin-Ouest ne pouvaient déjà plus entrer librement en RDA depuis le 1er juin 1952. L'encerclement est rendu plus efficace par la diminution des points de passage : 69 points de passage sur les 81 existants sont fermés dès le 13 août. La porte de Brandebourg est fermée le 14 août et quatre autres le 23 août. Fin 1961, il ne reste plus que 7 points de passages entre l'Est et l'Ouest de Berlin. La Potsdamer Platz est coupée en deux. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du No man’s land entre les Murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest. Les conséquences économiques et sociales sont immédiates : 63 000 Berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, et 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est2.
Le mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la guerre froide et de la séparation du monde en deux camps. Le 26 juin 1963, John Kennedy prononce à Berlin un discours historique. Il déclare Ich bin ein Berliner : je suis un Berlinois, marquant la solidarité du Monde libre pour les Berlinois. De plus, la construction du Mur donne une image très négative du bloc de l'Est et prouve de manière symbolique son échec économique face au bloc occidental. Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale. Le Mur sape l'image du monde communiste.
Le 17 décembre 1963, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé. Il permet à 1,2 million de Berlinois de rendre visite à leurs parents dans la partie orientale de la ville mais seulement du 19 décembre 1963 au 5 janvier 1964. D'autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 196615. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix. À partir du début des années 1970, la politique suivie par Willy Brandt et Erich Honecker de rapprochement entre la RDA et la RFA Ostpolitik rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. La RDA simplifie les autorisations de voyage hors de la RDA, en particulier pour les improductifs comme les retraités, et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières. Comme prix d'une plus grande liberté de circulation, la RDA exige la reconnaissance de son statut d'État souverain ainsi que l'extradition de ses citoyens ayant fui vers la RFA. Ces exigences se heurtent à la loi fondamentale de la RFA qui les rejette donc catégoriquement. Pour beaucoup d’Allemands, l’édification du Mur est, de fait, un déchirement et une humiliation qui accentuent les ressentiments de la partition. Une conséquence inattendue de la construction du Mur est de faire renaître dans le cœur des Allemands l’idée de la réunification.
Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. Berlin-Est, capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'Alexanderplatz et de la Marx-Engels-Platz. Le centre Mitte de Berlin qui se trouve du côté Est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'île des musées, en particulier l'important musée de Pergame. Poursuivant le développement d'une économie socialiste, le régime inaugure en 1967, dans la zone industrielle d'Oberschöneweide, le premier combinat industriel de la RDA, le Kombinat VEB Kabelwerke Oberspree KWO dans la câblerie. En 1970, débute la construction d'immeubles de 11 à 25 étages dans la Leipzigerstrasse qui défigurent l'espace urbain. La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un mur de protection antifasciste protégeant la RDA contre l'émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest. En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.
Berlin-Ouest devient vite la vitrine de l’Occident. La réforme monétaire met fin à la pénurie et la reconstruction est bien plus rapide qu’à l’Est. Potsdamer Platz reste un lieu de souvenir. Une plate-forme panoramique permet de regarder par-dessus le Mur. Elle attire les visiteurs au cours des années 1970 et 1980. La partition fragilise cependant l'économie du secteur ouest. En effet, les industriels doivent exporter leur production en dehors de la RDA. De plus, pour éviter l'espionnage industriel, les industries de pointe s'implantent rarement à Berlin-Ouest. La partie ouest se singularise à partir de 1967 par son mouvement étudiant, point de mire de l'opinion publique. En effet, la ville est traditionnellement une ville universitaire. La vie culturelle y est très développée.
Le 12 juin 1987, à l'occasion des festivités commémorant les 750 ans de la ville, le président américain Ronald Reagan prononce devant la porte de Brandebourg un discours resté dans les mémoires sous le nom de Tear down this wall!. Il s'agit d'un défi lancé à Gorbatchev, lequel est apostrophé à plusieurs reprises dans le discours.

La chute du Mur

En 1989, la situation géopolitique change. Les Soviétiques annoncent leur retrait d'Afghanistan sans victoire. Au printemps, la Hongrie ouvre son rideau de fer. En août, Tadeusz Mazowiecki, membre de Solidarność, devient Premier ministre de Pologne. Certains observateurs pensent qu'une contagion de liberté va gagner aussi les Allemands. À la fin de l'été, les Allemands de l'Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en Hongrie, où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA via la Hongrie et l'Autriche. À Prague, à Varsovie, des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est font le siège de l'ambassade de RFA. En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à Leipzig, accueillent les prières pour la paix. Elles sont le germe des manifestations du lundi à partir de septembre. 20 000 manifestants défilent dans les rues de Leipzig le 3 octobre 1989. Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est à exclure. Malgré une tentative de reprise en main par des rénovateurs du Parti communiste, les manifestations continuent : un million de manifestants à Berlin-Est le 4 novembre, des centaines de milliers dans les autres grandes villes de la RDA.
Cinq jours plus tard, une conférence de presse est tenue par Günter Schabowski, secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, membre du bureau politique du SED, retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. À 18h57, vers la fin de la conférence, Schabowski lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages, dont il s'avère plus tard qu'elle n'était pas encore définitivement approuvée, ou, selon d'autres sources, ne devait être communiquée à la presse qu'à partir de 4h le lendemain matin, le temps d'informer les organismes concernés :
Présents sur le podium à côté de Schabowski : les membres du comité central du SED : Helga Labs, Gerhard Beil et Manfred Banaschak.
Schabowski lit un projet de décision du conseil des ministres qu'on a placé devant lui :
-"Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste frontière avec la RFA."
-"Quand ceci entre-t-il en vigueur ? " demande alors un journaliste
-" Hum ..;Autant que je sache — immédiatement." répond Schabowski hésitant et feuilletant dans ses notes
Immédiatement la pressse s"empare de la nouvelle et l'a diffuse en masse, un flot d'informations tombent dans tous les médias, les annonces des radios et télévisions de la RFA et de Berlin-Ouest, intitulées : Le Mur est ouvert !, résonnent partout et dans les minutes qui suvent dans l'heure qui suit, plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État responsables du contrôle des visas n'avaient été informés. Sans ordre concret ni consigne mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße est ouvert peu après 23 h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent en direct à la télévision à cette nuit du 9 novembre et se mettent en chemin. C'est ainsi que le mur tombe dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, démantelé par les Berlinois; après plus de 28 années d'existence. Cet événement a été appelé dans l'histoire de l'Allemagne die Wende le tournant.
Cependant le véritable rush a lieu le lendemain matin, beaucoup s'étant couchés trop tôt cette nuit-là pour assister à l'ouverture de la frontière. Ce jour-là, d'immenses colonnes de ressortissants est-allemands et de voitures se dirigent vers Berlin-Ouest. Les citoyens de la RDA sont accueillis à bras ouverts par la population de Berlin-Ouest. Un concert de klaxons résonne dans Berlin et des inconnus tombent dans les bras les uns des autres. Dans l'euphorie de cette nuit, de nombreux Ouest-Berlinois escaladent le Mur et se massent près de la porte de Brandebourg accessible à tous, alors qu'on ne pouvait l'atteindre auparavant. Une impressionnante marée humaine sonne ainsi le glas de la guerre froide. En apprenant la nouvelle de l'ouverture du Mur, le Bundestag interrompt sa séance à Bonn et les députés entonnent spontanément l'hymne national.
Présent à Berlin, le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch, qui avait dû s'exiler à l'Ouest pour ses prises de position en URSS, vient encourager les démolisseurs, en allemand Mauerspechte, en français "piverts du mur" en jouant du violoncelle au pied du Mur le 11 novembre. Cet événement, largement médiatisé, deviendra célèbre et sera l'un des symboles de la chute du bloc de l'Est.
Le 9 novembre a été évoqué pour devenir la fête nationale de l'Allemagne, d'autant qu'elle célèbre également la proclamation de la République en 1918, dans le cadre de la Révolution allemande de novembre 1918. Toutefois, c'est aussi la date anniversaire du putsch de la Brasserie mené par Adolf Hitler le 9 novembre 1923, ainsi que celle de la nuit de Cristal, le pogrom antijuif commis par les nazis le 9 novembre 1938. Le 3 octobre, jour de la réunification des deux Allemagne lui a donc été préféré.

Chronologie des jours précédant la chute du mur

7 octobre : le gouvernement est-allemand célèbre le 40e anniversaire de la RDA sur fond de manifestations. À Berlin-Est, les manifestants lancent un appel à l'hôte d'honneur de la commémoration, le dirigeant de l'Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev : Gorbi, Gorbi, hilf uns Gorbi, Gorbi, aide-nous. À Potsdam et à Karl-Marx-Stadt (aujourd'hui Chemnitz, les forces de l'ordre interviennent avec violence contre les manifestations.
16 octobre : la télévision est-allemande évoque pour la première fois les manifestations.
18 octobre : le chef d'État est-allemand, Erich Honecker démissionne pour raison de santé. Egon Krenz lui succède et prononce pour la première fois le terme de Wende, changement.
21 octobre : les manifestations touchent l'ensemble du pays. La police intervient avec une rare violence.
24 octobre : le parlement confirme la position d'Egon Krenz comme chef de l'État. Aussitôt des manifestants expriment partout leur opposition à Krenz et aux anciens partis politiques, le CDU chrétien-démocrate, le DBD des paysans, le DPD libéral, qui règnent aux côtés du SED.
27 octobre : les 2 000 prisonniers condamnés pour avoir tenté de quitter le pays sont relâchés.
29 octobre : la police présente ses excuses pour son intervention brutale. La télévision de la RDA promet de diffuser désormais des informations correctes.
31 octobre : Margot Honecker, l'épouse de l'ancien chef d'État, démissionne de son poste de ministre de l'Enseignement.
4 novembre : par heure, 300 personnes fuient la RDA via la Hongrie et la Tchécoslovaquie. En RDA, un million de personnes descendent dans la rue, dont la moitié à Berlin-Est.
6 novembre : célébration du 72e anniversaire de la Révolution d'Octobre. Des artistes appellent la population à manifester en masse.
8 novembre : la direction du Parti socialiste unifié d'Allemagne SED démissionne collectivement. Neues Forum, une coalition des mouvements de résistance, est reconnu comme nouveau parti politique.
9 novembre : Günter Schabowski, membre du Politburo du SED, réputé réformateur, annonce lors d'une conférence de presse que tous les citoyens de la RDA peuvent quitter le pays. Nombre de Berlinois suivent cette déclaration à la télévision et se ruent aussitôt vers les postes frontières. Dépassés, les gardes-frontières pratiquent des ouvertures dans le mur de Berlin.
Réactions à la chute du mur de Berlin
Le partage de l'Europe en deux blocs était devenu un fait établi. Aussi, l'ouverture du Mur et la chute des régimes communistes d'Europe centrale qui s'ensuivit ont stupéfié le monde occidental. Peu de spécialistes avaient compris les mouvements de fond qui laminaient les régimes communistes. Seuls, certains observateurs pensaient qu'une contagion de la liberté, après les changements en Pologne et en Hongrie, allait gagner aussi les Allemands.
Le délitement du régime est-allemand est tel que, très vite pour le chancelier Helmut Kohl, la seule solution qui s'impose, c'est la réunification, c'est-à-dire l'absorption de la RDA par la RFA. Dès le 28 novembre, il présente un plan en dix points pour réunifier les deux Allemagne. Soucieux de stopper le flot migratoire de la RDA vers la RFA, de ne pas laisser le temps aux vainqueurs de 1945 de demander des conditions trop strictes, il veut mener l'affaire le plus vite possible. La paix qui n'avait jamais été signée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’est le 12 septembre 1990 à Moscou. Le traité de Moscou rend à l'Allemagne sa pleine souveraineté. La chute du mur de Berlin a donc abouti, presque un an plus tard, à la réunification des deux Allemagne RFA et RDA le 3 octobre 1990. Le 3 octobre est aujourd'hui la fête nationale allemande Tag der Deutschen Einheit, jour de l'unité allemande.
Les télévisions du monde entier relaient l'événement extraordinaire qu'est l'ouverture du Mur. Elles le décrivent comme un symbole de paix, de retour à la liberté et de communion du peuple allemand. Les diplomates eux évaluent les conséquences de la chute du Mur. La diplomatie française fait une erreur de jugement importante. Les diplomates et responsables politiques français pensent que l'URSS ne laissera pas la RDA s'unir à la RFA. Ainsi, François Mitterrand effectuant une visite officielle en RDA, du 20 au 22 décembre 1989, déclara même au cours d'un dîner officiel : République démocratique d'Allemagne et France, nous avons encore beaucoup à faire ensemble. Les dirigeants ouest-allemands sont surpris et déçus de l'attitude de la France. La réaction américaine est totalement différente. L'ambassadeur américain à Bonn, Vernon Walters, comprend immédiatement que la chute du Mur ne peut avoir pour seule conséquence que la réunification. Il parvient à convaincre George Bush que l'intérêt des États-Unis est d'accompagner le mouvement pour obtenir des conditions qui leur conviennent plutôt que de s'opposer à la réunification allemande. Helmut Kohl a mené une politique de rapprochement avec l'URSS de Gorbatchev depuis 1988. Le premier secrétaire du parti communiste soviétique prône un rapprochement entre les deux Allemagne mais il ne songe pas à une réunification. Aussi, l'ouverture du mur de Berlin provoque-t-elle son mécontentement. Moyennant quelques concessions à l’URSS et un crédit de cinq milliards de marks, Helmut Kohl arrive à ses fins.
La seconde conséquence de l'ouverture du Mur est la désagrégation de l’empire soviétique. À Prague, la Révolution de Velours, 17-18 novembre 1989 met fin au communisme. Au même moment, en Bulgarie, le stalinien Todor Jivkov doit accepter son remplacement par un communiste plus ouvert, Petar Mladenov. En Roumanie, Nicolae Ceaușescu est éliminé plus violemment lors de la révolution de 1989. En Union soviétique, les États baltes proclament leur indépendance en mars et mai 1990, provoquant ainsi les premières brèches qui allaient remettre en cause l'unité et l'existence même du plus vaste état du monde qu'était alors l'URSS, lequel disparut à son tour 18 mois plus tard le 26 décembre 1991. La destruction du Mur signifie la fin d'une Europe coupée en deux.

Conséquences à plus long terme

À la suite de la chute du mur de Berlin, plusieurs pays anciennement communistes d'Europe de l'Est ont adhéré à l'Union européenne : Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Lituanie, Lettonie et Estonie en 2004, Roumanie et Bulgarie en 2007

Structure du Mur de Berlin.

Le Mur, long de 155 kilomètres, dont 43,1 km sur sa longueur intraberlinoise venait en complément des 1 393 kilomètres de la longue frontière RFA-RDA et, dans une moindre mesure, des frontières Ouest des pays du Pacte de Varsovie, le tout donnant un visage palpable au fameux rideau de fer.
Le tracé du mur ne correspondait d'ailleurs pas toujours à celui de la frontière politique entre les deux secteurs, et en de nombreux endroits, les autorités est-allemandes durent abandonner du terrain afin d'effectuer un replis stratégique vers des zones plus faciles à surveiller. Il coupait 193 rues principales et adjacentes.
Comme le reste de la frontière des deux Allemagne, le mur de Berlin était pourvu d'un système très complet de fils de fer barbelés, de fossés, de pièges à tank, de chemins de ronde et de miradors. Au début des années 1980, la frontière ne mobilisait pas moins de mille chiens de garde. Le système se perfectionnait d'année en année. En particulier, les maisons du secteur Est proches du Mur, la limite entre les deux Berlin passait parfois au pied des façades des immeubles situés en secteur oriental, étaient progressivement vidées de leurs habitants puis murées. Ce processus dura jusqu'au 28 janvier 1985, avec la démolition de l'Église de la Réconciliation dans le
Bernauer Straße. Une trouée claire comme le jour divise alors un Berlin autrefois dense et sombre.
Dans leur état final, qui ne vit le jour à bien des endroits qu'à la fin des années 1980, les installations frontalières consistaient en :
un mur de béton d'arrière-plan haut de deux ou trois mètres ;
une alarme à détection de contact au sol ;
une barrière de contact en tôle métallique, plus haute qu'un homme, tendue de fil de fer barbelé et de fils de détection par contact.
jusqu'à l'ouverture de la frontière en 1989, il y avait en outre sur certaines parties des pistes pour chiens redoutables bergers et similaires, libres de courir attachés à un filin, des fossés de défense contre les véhicules, et des défenses antichar chevaux de frise en rails soudés en croix, qui coûtèrent à l'Allemagne des milliards de marks pour leur démolition
un chemin de ronde éclairé de nuit pour l'accès aux postes de garde et la circulation des colonnes militaires ;
des miradors en tout 302 en 1989, équipés de projecteurs de recherche, en vue des postes frontières le jour, et avec un renfort de soldats la nuit ;
des pistes de contrôle KS ou pistes de la mort, toujours hersées de frais, pour détecter les traces, et qui ne devaient pas être piétinées sans motif par les soldats ;
des barrières de tôle supplémentaires en partie dépassant la hauteur d'un homme et à travers lesquelles on ne pouvait voir qu'en oblique ;
le mur ou la paroi frontière proprement dite, vers Berlin-Ouest, en parpaings en partie en béton roulé, censé ne pas donner de prise pour l'escalade, de 3,60 mètres de haut ;
par devant, encore quelques mètres du territoire sous l'autorité de la RDA.
La largeur totale de ces installations dépendait de la densité des maisons près de la frontière et allait environ de 30 à 500 mètres sur la Potsdamer Platz. On ne construisit pas de champs de mines ni d'installations de tir automatique au voisinage du Mur contrairement à la frontière allemande intérieure mais ce point ne fut pas connu en général en RDA.
Le détail de ces installations – désignées en interne par les troupes frontalières comme zone d'action – était placé sous secret militaire et donc mal connu des citoyens de la RDA. Les soldats détachés à la frontière devaient garder le silence. Comme nul ne savait exactement quel espion de la Stasi pouvait faire un rapport sur un bavardage inconséquent, tous s'astreignaient fermement au silence. Quiconque s'intéressait de trop près aux installations frontalières risquait pour le moins d'être arrêté et mené au poste de police pour contrôle d'identité. Cela pouvait déboucher sur une condamnation à la prison pour planification de tentative d'évasion. La zone à proximité immédiate de la frontière avec Berlin-Est était interdite sauf sur autorisation spéciale.

Les frontières aquatiques

La frontière extérieure de la ville de Berlin-Ouest croisait à de nombreux endroits des voies navigables. Le tracé de la frontière avait été matérialisé par le Sénat de Berlin-Ouest gouvernement berlinois par des lignes de bouées blanches portant l'inscription Sektorengrenze, limite de secteur. Les bateaux de tourisme ou de sport naviguant dans Berlin-Ouest devaient respecter les limites du secteur ainsi marquées par les bouées. Du côté RDA, des bateaux des troupes frontalières patrouillaient à l'occasion.
Les fortifications frontalières de la RDA se trouvaient toujours sur leurs rives, ce qui imposait des détours parfois importants, et qui emmurait les rivages de plusieurs lacs de la Havel. Cette aberration était telle qu'en certains endroits du cours de la Spree, seules les rives étaient inaccessibles : ce fut le cas, des 150 mètres situés en aval du Marschallbrücke, non loin du palais du Reichstag. Le plus grand détour se trouvait sur le lac Jungfern, où le Mur se trouvait jusqu'à deux kilomètres du tracé réel de la frontière. En plusieurs endroits, la bande frontalière passait à travers d'anciennes pièces d'eau et les rendait inutilisables pour les habitants, comme sur la rive ouest du lac de Groß-Glienicke et sur la rive Sud du lac Griebnitz.
Sur les cours d'eau de la frontière intérieure, celle-ci passait partout le long de la rive ouest ou est de sorte qu'aucun marquage de son tracé ne se trouvait dans l'eau. Le véritable Mur y était toujours sur la rive est. Cependant, les cours d'eau appartenant à Berlin-Est étaient toujours surveillés.
Sur les canaux et rivières affluents, la situation devenait parfois inextricable. Bien des nageurs et des bateaux de Berlin-Ouest se sont trouvés par mégarde ou légèreté en territoire est-berlinois et ont essuyé des tirs qui ont fait plusieurs morts.
En quelques endroits sur la Spree, il y avait des barrières immergées contre les nageurs. Pour les fugitifs, il n'était pas évident de savoir quand ils atteignaient Berlin-Ouest et ils couraient encore le risque d'être abattus après avoir dépassé les limites du Mur.

Formation et équipement des gardes-frontières

Les soldats à la frontière est-allemande avaient l'ordre de tirer, c'est-à-dire l'obligation d'empêcher les tentatives d'évasion par tous les moyens, même au risque de la mort du fugitif. Ramenés à la longueur de la frontière, on peut même dire qu'il y eut beaucoup plus de morts à Berlin qu'en moyenne sur le reste du Mur. Lors des grands jours fériés ou de visites d'État, l'ordre de tirer était parfois suspendu, pour éviter les répercussions négatives dans la presse de l'Ouest. Des découvertes récentes ont mis en lumière la responsabilité de l'État est-allemand dans les exécutions de fugitifs. En octobre 1973, un ordre est adressé aux agents de la Stasi infiltrés dans les unités de gardes-frontières. Ceux-ci doivent empêcher que des soldats ne passent à l'Ouest. L'ordre est très clair : N'hésitez pas à faire usage de votre arme, même si la violation de la frontière concerne des femmes et des enfants, ce qui est une stratégie souvent utilisée par les traîtres.
Selon les indications du Ministère de la Sécurité d'État, les troupes de gardes-frontières de Berlin comprenaient, 11 500 soldats et 500 civils, au printemps 1989.
Outre les unités affectées au commandement du GK-centre, au siège de Berlin-Karlshorst, environ 1 000 agents, la sécurité frontalière était assurée par sept régiments de gardes-frontières GR, à Treptow, Pankow, Rummelsburg, Hennigsdorf, Groß-Glienicke, Potsdam-Babelsberg et Kleinmachnow, ainsi que deux régiments frontaliers de formation à Wilhelmshagen et à Oranienburg.
Chaque régiment comprenait cinq compagnies commandées directement avec le support d'un groupe de génie, de transmissions, du train, une batterie de mortiers et une d'artillerie, un groupe de reconnaissance et un de lance-flammes ainsi qu'une meute de chiens de garde et, en cas de besoin, une compagnie de bateaux et des compagnies de sécurité pour les points de passage.
Au total, à la frontière centre, il y avait 567 véhicules blindés de tir, 48 mortiers, 48 canons antichars, 114 lance-flammes. En outre, il y avait 156 chars ou appareils lourds du génie et 2 295 véhicules à moteur motos, voitures et camions. Dans la dotation figuraient également 992 chiens.
Dans un jour calendaire normal, environ 2 300 agents étaient engagés dans la zone d'action et l'espace voisin.
La sécurité renforcée découlait de circonstances particulières comme des sommets politiques ou une météo difficile brouillard, neige. Dans certains cas, l'effectif engagé était encore augmenté de 200 à 300 agents supplémentaires.

Points de passage Poste frontière de Berlin.

Il y avait 25 postes de passage à travers le Mur : treize par la route, quatre par voie ferrée et huit par voie d'eau, ce qui représentait 60 % du total des passages entre RDA, et RFA ou Berlin-Ouest. Les points de passage étaient fortement équipés du côté RDA. Ceux qui désiraient passer devaient s'attendre à des contrôles très stricts, multiples et successifs de la part des douaniers et des services d'émigration et d'immigration ; cependant les formalités se déroulaient de façon ostensiblement correcte. Les véhicules étaient fouillés de manière particulièrement minutieuse ouverture du coffre, du capot moteur, examen des sièges, passage au-dessus de miroir pour examen du châssis. Les formalités ne permettaient qu'un trafic très réduit.
Le transit par moyens de transports terrestres entre l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest à travers le territoire de la RDA était également soumis à des restrictions draconiennes :
Le transit ferroviaire imposait aux trains venant de l’Ouest et circulant sur trois axes pré-définis de ne pas s’arrêter en territoire est-allemand.
Le transit routier se faisait par trois autoroutes de transit, sur lesquelles les conducteurs occidentaux ne pouvaient s’arrêter que sur des aires de repos ou des stations-services Intertank réparties sur ces axes et qui leur étaient spécialement réservées, l’auto-stop étant également formellement interdit. Celles-ci étaient équipés de magasins d’États Intershop qui offraient des produits occidentaux payables en Deutsche Mark, ces endroits étaient donc théoriquement interdits aux Allemands de l’Est.
Les rapports entre citoyens de la RDA et les voyageurs occidentaux en transit furent prohibés. Il était donc fortement déconseillé de laisser traîner dans les lieux publics toutes sortes de publication, livres, brochures, revues, magazines, cassettes audio ou vidéo, etc., ainsi que d’offrir le moindre cadeau à un citoyen est-allemand ou de recevoir quoi que ce soit de leur part.
De plus, il était formellement interdit aux voyageurs en transit de photographier les ponts, les gares, les voies ferrées, les zones industrielles et infrastructures militaires ou paramilitaires situés sur le territoires de la RDA.
Malgré toutes ces précautions, il s'avéra par la suite qu'il existait cependant des passages secrets sous le Mur, utilisés à l'occasion, souterrains creusés aussi bien par les services secrets de RDA que par des passeurs.
Du côté Ouest, on franchissait des postes de police et de douane mais les simples personnes n'étaient en général pas contrôlées. Ce n'est que pour les passages en transit que les voyageurs étaient contrôlés de façon statistique demande de la destination, et à l'occasion, contrôlés plus étroitement, notamment s'il y avait quelque soupçon d'un motif de poursuites recherche restreinte.
Le trafic de marchandises vers l'étranger était soumis au contrôle douanier, tandis que vers la RFA, on ne faisait que des enquêtes statistiques. Les policiers ouest-allemands et des patrouilles alliées faisaient des rapports sur les activités suspectes, afin d'éviter au mieux une infiltration d'espions de l'Est.
Les forces d'occupation alliées avaient installé pour les officiels des points de contrôle au Checkpoint Bravo Dreilinden et au Checkpoint Charlie Friedrichstrasse mais ceci n'avait aucune influence sur le trafic des voyageurs et des visiteurs.
Lors de l'unification monétaire de l'Allemagne, le 1er juillet 1990, tous les postes frontières furent abandonnés : seules quelques installations restèrent érigées en guise de mémorial.

Victimes et tireurs Un nombre de victimes incertain

Le nombre exact des victimes du Mur fait l'objet de controverses : il est en effet difficile à évaluer car les nouvelles victimes étaient passées sous silence en RDA. D'après des recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs Collectif du 13 août, 1 135 personnes y ont laissé la vie. La Staatsanwaltschaft, bureau du Procureur général de Berlin en a dénombré 270 où on a pu démontrer un acte de violence de la RDA. Le Zentrale Ermittlungsgruppe für Regierungs- und Vereinigungskriminalität, Groupe de recherches central sur la criminalité du gouvernement et de la réunification ne recense que 421 morts susceptibles d'être imputées aux forces armées de la RDA. D'autres sources indiquent 125 morts à Berlin.
Dans le Mauer Park, ensemble commémoratif, un panneau recense 136 morts : 98 fugitifs, 8 autres Allemands de l'Est, 22 Allemands de l'Ouest et 8 soldats. 42 sont des enfants ou adolescents.
Les premières balles mortelles sont tirées par la police de la route le 24 août 1961 sur Günter Litfin 24 ans près de la gare de Friedrichstraße, onze jours après la fermeture de la frontière, au cours d'une tentative d'évasion. Le 17 août 1962, Peter Fechter 18 ans perd tout son sang sur la piste de la mort. En 1966, deux enfants de 10 et 13 ans sont abattus par au total quarante balles.
Chris Gueffroy est la dernière victime du Mur le 5 février 1989.
Des estimations parlent de 75 000 hommes et femmes condamnés jusqu'à deux ans de prison en tant que déserteurs de la république. La peine dépassait en général cinq ans si le fugitif dégradait les installations frontalières, était armé, soldat ou détenteur de secrets.
Parmi les victimes du Mur figurent aussi quelques soldats. Le cas le plus connu est sans doute celui du soldat Reinhold Huhn, abattu par un passeur.

Le procès des soldats-tireurs

Une série de procès a duré jusqu'au printemps 2004 pour savoir qui portait la responsabilité juridique d'avoir donné l'ordre de tirer sur les fugitifs. Parmi les accusés figuraient entre autres le président du Conseil d'État Erich Honecker, son successeur Egon Krenz, les membres du Conseil national de défense Erich Mielke, Willi Stoph, Heinz Keßler, Fritz Streletz et Hans Albrecht, le chef du SED pour le district de Suhl et quelques généraux comme Klaus-Dieter Baumgarten, général de corps d'armée commandant les troupes frontalières de 1979 à 1990. Ce procès a suscité une vive controverse en Allemagne, bon nombre d'accusés faisant valoir que leurs actes, à l'époque, ne constituaient pas des crimes au regard du droit est-allemand. Ils accusent les tribunaux actuels de pratiquer la justice des vainqueurs.
Les tireurs exécutants étaient recrutés en grande partie dans la NVA Armée nationale populaire ou dans les troupes frontalières. Parmi les accusés, 35 furent acquittés, 44 condamnés avec sursis et mise à l'épreuve et 11 à une peine ferme : entre autres Albrecht, Streletz, Keßler et Baumgarten, de quatre ans et demi à six ans et demi de prison. Le dernier dirigeant communiste de la RDA, Egon Krenz, a été condamné en 1997 à une peine de six ans et demi de prison pour la mort de quatre personnes le long du mur de Berlin dans les années 1980. En août 2004, le tribunal de Berlin condamne deux ex-membres du Politbüro avec sursis et mise à l'épreuve. Le dernier procès des tireurs du Mur se termine par une condamnation le 9 novembre 2004, quinze ans jour pour jour après la chute du mur de Berlin.

Le Mur aujourd'hui

En souvenir des victimes du mur de Berlin, divers mémoriaux de types très différents ont été construits. Outre les petites croix ou autres signes, avant tout érigées en mémoire de fugitifs abattus, souvent d'initiative privée, et que l'on trouve en divers endroits de l'ex-frontière, un ensemble de lieux de souvenir plus importants a été créé.
Il y a toujours eu des controverses sur le style des monuments, comme à la fin des années 1990 à propos du mémorial de la Bernauerstraße. Pour l'instant, le paroxysme des débats publics a été atteint à propos du monument de la Liberté, construit à proximité du Checkpoint Charlie, puis démoli. Le sénat de Berlin, pour contrer le reproche qui lui était fait de ne pas avoir de politique précise, proposa une politique au printemps 2005.
Le tracé historique du mur de Berlin est marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989. Il existe un parcours historique du Mur de 29 étapes avec des illustrations et des explications en quatre langues sur les événements qui s’y sont déroulés.

Le musée du Mur au Checkpoint Charlie

Le musée du Mur au Checkpoint Charlie est ouvert depuis 1963 juste en face de la frontière par l'historien Rainer Hildebrandt. Il est exploité par le Collectif du 13 août. C'est l'un des musées de Berlin les plus visités. Il montre le système de sécurité du Mur et relate les tentatives de fuite réussies, avec leurs moyens tels que montgolfières, autos, téléphériques, ULM bricolé, coffre de voiture, valise et même un mini sous-marin. Le musée du Mur de Checkpoint Charlie est un musée privé, il n'est soumis à aucun contrôle officiel, il s'agit donc de faire attention aux informations qu'on y trouve. Checkpoint Charlie est devenu, lui, un lieu folklorique. Le célèbre panneau qui y figurait - You are leaving the American sector, vous quittez le secteur américain est représenté sur d’innombrables cartes postales.

Gedenkstätte Berliner Mauer.

Depuis la fin des années 1990, il y a dans la Bernauer Straße, à la limite des anciens districts de Wedding et du Centre, un ensemble mémorial du mur de Berlin, qui a entre autres permis de contrer le refus du projet de conservation du mur dans la Bernauerstraße. Il comprend le mémorial du mur de Berlin, le centre de documentation, la chapelle de la Réconciliation, divers mémoriaux commémoratifs de l'ancien cimetière de la Sophienkirchengemeinde, la fenêtre de souvenir, ainsi que des fenêtres archéologiques.
Le Mémorial issu d'un concours fédéral d'architecture a été inauguré, après de longues et vigoureuses discussions, le 13 août 1998. Il présente un fragment de 64 mètres de mur et de No Man's Land, délimités à leurs extrémités par deux immenses parois en acier, hautes de 6 mètres et implantées à angle droit. Leurs côtés extérieurs sont rouillés et créent l'association avec le rideau de fer. Leurs faces intérieures, qui forment un angle droit avec le mur, sont en acier inoxydable poli, ce qui en fait d'immenses miroirs, dans lesquels le mur se projette à l'infini.

Le centre de documentation fut ouvert le 9 novembre 1999. Il a été complété en 2003 par une tour d'observation qui permet de bien voir une portion du dispositif frontalier, conservé dans son intégralité, avec le mur d'arrière-plan, le No Man's Land, le chemin de ronde, les pylônes d'éclairage, la clôture de signalisation, puis le mur extérieur… Outre une exposition, ouverte depuis 2001 sous le titre Berlin, 13 août 1961, on peut y trouver diverses possibilités d'information sur l'histoire du Mur. La chapelle de la Réconciliation a été conçue par les architectes berlinois Peter Sassenroth et Rudolf Reitermann et inaugurée le 9 novembre 2000. Elle a été construite sur les fondations du chœur de l'église de la Réconciliation, située sur la piste de la mort et démolie en 1985. Cette église bâtie en 1894, devint inaccessible dès la séparation de Berlin, car elle se trouvait dans le No Man's Land. En 1985, le gouvernement est-allemand décida la destruction de l'édifice, puis, en 1995, après la chute du mur, l'emplacement fut rendu à la paroisse avec l'obligation d'y bâtir un nouveau lieu de culte. C'est ainsi que ce lieu de culte a connu la résurrection de son nom et d'une partie de son architecture: en effet, la paroi intérieure de la nouvelle chapelle en glaise pilonnée intègre des pierres concassées de l'ancienne église. Le noyau ovale de l'édifice est enveloppé d'une façade translucide en lamelles de bois.
La Fenêtre de Souvenir, achevée en 2010, est un élément central de ce secteur commémoratif pour les victimes du Mur de Berlin.
Les fenêtres archéologiques sur Bergstrasse, une rue qui a été en grande partie préservée au-dessous de la zone frontière, montrent les couches plus vieilles des fortifications de frontière qui ont été retranchées dans la rue et les détails du système de fortification de frontière.
Enfin, le Mille historique du mur de Berlin est une exposition permanente en quatre langues, consistant en 21 panneaux d'information. Ceux-ci sont répartis le long du tracé de la frontière intérieure et présentent des photographies et des textes se référant à des événements, comme des fuites qui se sont produits à l'endroit même où sont placés les panneaux.

Destruction et restes du Mur Liste des segments du mur de Berlin.

Il ne reste plus grand-chose du Mur aujourd'hui. Les chasseurs de souvenirs désignés dans le langage populaire par Mauerspecht soit nouveau bâtiment dans son fort de Langley. Entre la fin 1989 et le début de l'année 1990, le Mur est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit. La RDA s'efforce ensuite de démonter le plus vite et le plus complètement possible les installations. À partir du 13 juin 1990, 300 gardes-frontières de l'Est et 600 sapeurs de l'Ouest, 175 camions, 65 grues, 55 pelleteuses et 13 bulldozers y ont été affectés. Le Mur a disparu du centre-ville en novembre 1990, le reste en novembre 1991. Au total, il a été physiquement détruit à peu près partout, à l'exception de six sections, conservées en souvenir.

Le reste le plus connu du Mur, l'East Side Gallery, est situé le long de la Spree, entre la gare de l'Est et le pont de l'Oberbaum qui enjambe la Spree. Il mesure 1,3 km. Il a été peint par 118 artistes du monde entier, tel Thierry Noir ou Dmitrij Vrubel et comporte 106 peintures murales. Classé monument historique, il tombe aujourd'hui en ruine. De ce fait, la ville de Berlin a alloué une subvention pour permettre sa reconstruction à l'identique. Les artistes ont accepté de repeindre leur œuvre sur un nouveau Mur.
Un des fragments du mur réel le mieux conservé se trouve le long de la Niederkirchnerstraße, dans le district centre, à proximité de la chambre des députés de Berlin. Il a aussi été classé monument historique en 1990.
Un autre fragment du mur réel de type 75 se trouve le long de la Bernauer Straße. Ce fragement de 212 mètres de mur d'origine, qui séparent la Ackerstraße de la Bergstraße, a été classé au patrimoine historique depuis le 2 octobre 1990. Malheureusement, ce fragment de mur a été creusé et excavé jusqu'à la charpente en acier, par les chasseurs de souvenirs. La Bernauer Straße étant le seul endroit à Berlin où une portion du dispositif frontalier a été conservée dans son intégralité, une partie du mur, longue de 64 mètres, a été assainie et restaurée, afin de retrouver son état originel afin de témoigner le renforcement interminable de ce dispositif, poursuivi autrefois par la RDA. Au sud du mémorial, dans l'enclos du cimetière, un tronçon assez important de mur en plaques de béton, qui faisait partie du périmètre de sécurité aux abords de la zone frontalière, a également été conservé. Ce dernier figure, lui aussi, au patrimoine historique depuis 2001.
Marquage commémoratif du tracé du Mur le long du pont Lohmühlenbrücke
Cinq des 302 miradors subsistent :
l'un est transformé en musée de l'art interdit à Treptow, près de l'allée Pouchkine, dans une partie de la piste transformée en parc ;
dans la Kielerstraße dans le district Centre. Le mirador est classé, mais a été entouré sur trois côtés de constructions récentes ;
sur la Stresemannstraße, près de la "Potsdamer Platz" dans le même district. Ce mirador, bien plus élancé que les autres, a été déplacé pour permettre des constructions et n'est donc plus à sa place originelle ;
au sud de Nieder-Neuendorf, hameau de Hennigsdorf, dans l'exposition permanente sur les installations militaires de la frontière RFA-RDA ;
à Hohen-Neuendorf. Ce mirador se trouve dans une partie nouvellement boisée du tracé de la piste. Il est utilisé avec le bois qui l'entoure par la Jeunesse forestière allemande .

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Posté le : 09/11/2014 01:04
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La chute du mur de Berlin 2
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Organisation de l'espace urbain berlinois après la chute du Mur

La chute du Mur a changé considérablement le trafic de l'agglomération. On circule sans problème d'est en ouest sur des réseaux métropolitain, ferroviaire et de bus totalement modernisés au cours des années 19902. La bande frontière se reconnaît encore bien aujourd'hui par les grands espaces vides, comme sur des parties de la Bernauer Straße ou le long de la Vieille Jakobstraße. La large trouée entre les deux ex-Murs s'appelle actuellement la piste des Murs . Dans ce centre ville précédemment densément construit, cette piste a pour sa plus grande partie été convertie en espaces d'utilité publique. Il comporte également des parcs et des lieux commémoratifs du Mur. C'est aussi dans l'ancien no man's land que la nouvelle gare centrale a été inaugurée le vendredi 26 mai 2006. La Potsdamer Platz, cœur du Berlin chic et bourgeois d'avant-guerre et devenue un vaste terrain en friche, au cœur du no man's land, symbolise le désir de retrouver l'unité de la ville. Sa reconstruction est en passe d'être achevée. Les immeubles construits par Renzo Piano, Richard Rogers et Helmut Jahn frappent par leur élégance et offrent un remarquable échantillonnage non neutre d'architecture contemporaine. La semaine, les salariés des bureaux et les ouvriers des chantiers y côtoient les touristes. Le week-end, la Potsdamer Platz est déjà l'un des lieux les plus fréquentés de Berlin.
Pourtant, le Mur, c'est-à-dire le clivage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est, est toujours là. À l'Ouest, les autorités ont tenu à préserver des marques du passé de la ville comme la ruine de l'église commémorative de l'empereur Guillaume Kaiser Wilhelm, surnommée dent creuse par les Berlinois. Le Reichstag, incendié en 1933 et devenu une ruine en 1945, n'a pas été reconstruit entièrement à l'identique. La coupole en verre conçue par Norman Foster symbolise la démocratie allemande qui se veut résolument transparente. À l'Est, la RDA n'a laissé subsister aucun trait du nazisme. Aujourd'hui, ce passé est rappelé dans le quartier juif où la synagogue a été reconstruite.
Sur le plan architectural, les deux parties de la ville sont également très différentes. Berlin-Ouest comporte de vastes espaces de campagne car son enclavement passé dans la RDA a été un puissant frein à son expansion démographique et économique. En revanche, la RDA, dont Berlin était la capitale, a voulu faire de la ville une vitrine du socialisme avec l'Alexanderplatz et par la construction de banlieues grandiosement répétitives. La statuaire socialiste est toujours présente de ci, de là à Berlin-Est avec Marx, Lénine, la faucille et le marteau. Le palais de la république des années 1970, construit à la place de l'ancien palais impérial détruit en 1950 sur l'ordre de Walter Ulbricht, voulait rappeler la victoire du régime communiste. Il est toutefois à son tour aujourd'hui détruit.
La partition de la ville avait fait perdre à Berlin sa place de grande métropole industrielle. Depuis la chute du Mur, le développement économique de Berlin reste modeste et inférieur aux espoirs. L'île des musées, anciennement à Berlin-Est, est devenue un haut lieu touristique mais les commerces ne se sont pas développés autour. Il n'y a même pas de kiosques à journaux. En revanche, un marché périodique vous propose essentiellement tous les restes de la période socialiste insignes militaires, sculptures miniatures de Lénine.
Le mur de Berlin laisse donc dans l'histoire architecturale, économique, comportementale, démographique des traces certaines malgré les milliards d'euros dépensés pour relever Berlin depuis 1989 et bien que la ville exerce de nouveau la fonction de capitale de l'Allemagne.

Survol en hélicoptère


Au printemps 1990, un hélicoptère de type MI-8 survole pour la première fois à 50 mètres d'altitude tout le côté Est du Mur depuis Potsdam jusqu'au point de passage de la Bornholmer Straße. Un caméraman filme le début de la destruction du mur de Berlin avec notamment l'abattage des miradors.

20e anniversaire de la chute du Mur

Les dominos peints par des artistes du monde entier renversés lors du 20e anniversaire de la chute du Mur.
Un millier de dominos géants et colorés ont été installés sur le tracé du mur et renversés le 9 novembre 2009 par Lech Walesa pour célébrer le 20e anniversaire de sa chute.
Le Prix Grand Témoin, prix littéraire de La France Mutualiste, a été remis le 5 novembre 2009 sur le thème du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Ce prix a pour thème principal le devoir de mémoire . Les récipiendaires :
Frederick Taylor pour Le Mur de Berlin 1961 – 1989, aux éditions JC Lattes ;
Jean-Marc Gonin et Olivier Guez pour La Chute du Mur, aux éditions Fayard.

Dans la culture Au cinéma

Allemagne Terminus Est Deutschland Terminus Ost sorti en 1965 et réalisé par le Belge Frans Buyens est un documentaire de cinéma-vérité à propos de la construction du mur de Berlin.
Les Années du mur sorti en 1995 et réalisé par Margarethe von Trotta raconte l'histoire d'un couple séparé en 1961 lors de sa fuite vers Berlin-Ouest. Le 9 novembre 1989, vingt-sept ans après leur séparation, ils se croisent au milieu de Berlinois en liesse.
Le Tunnel sorti en 2001 et réalisé par Roland Suso Richter raconte l'histoire d'un champion est-allemand qui passe à l'ouest alors que le mur de Berlin est en construction et tente d'y faire venir sa sœur. Le film est inspiré de la vie d'Hasso Herschel qui creuse avec ses amis une galerie de 145 mètres de long pendant près de 6 mois dans le secteur français de Berlin. Cela permet à 28 personnes de fuir Berlin-Est.
Good Bye, Lenin! sorti en septembre 2003 et réalisé par Wolfgang Becker, évoque la chute du Mur et les changements importants qui se sont produits dans les jours et les semaines qui ont suivi : une forme de liesse mais aussi une importante perte de repères pour ceux de la RDA les Ossis.
La Vie des autres Das Leben der anderen sorti en janvier 2007 et réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck raconte comment les dirigeants de la RDA utilisent dans les années 1980, la Stasi pour leurs fins personnelles.
Le Perroquet rouge Der Rote Kakadu sorti en février 2006 et réalisé par Dominik Graf, raconte l'histoire de jeunes Allemands de l'Est qui rêvent de liberté. Ceux-ci se retrouvent dans un bar, 'Le perroquet rouge', où ils écoutent du rock venant des États-Unis. Ils sont bien sûr contrôlés de nombreuses fois par la Stasi. Le film se déroule en 1961, avant et le jour de la construction du mur.
Les Ailes du désir de Wim Wenders 1987. Des anges vivent au-dessus de Berlin et peuvent entendre tout ce que disent le commun des mortels même les plus intimes pensées. Le Mur apparaît à plusieurs reprises pendant le film et devient un personnage à part entière…

Dans la littérature

L'Armoire de Pierre Bourgeade Gallimard, 1977
Cet instant-là de Douglas Kennedy Belfond, 2011
L'Écluse prix Renaudot 1964 est un roman de Jean-Pierre Faye, publié en 1964, dont le personnage principal est précisément le mur de Berlin.
Le Miroir aux espions est un roman d'espionnage de John le Carré, publié en 1965. L'histoire concerne un service de renseignement britannique pendant la guerre froide, mentionné comme le Service et sa tentative pour infiltrer un agent en République démocratique allemande.
Le Sauteur de mur de Peter Schneider 1982 raconte l'histoire d'un écrivain berlinois de l’Ouest. Celui-ci va et vient de part et d’autre du Mur au début des années 1980.
Berlin sous la Baltique d'Hugo Hamilton 1990 est un livre plein de surprises et de trouvailles qui se déroule dans le Berlin des années 1980, au moment où le Mur se fissure.
Villa Vortex de Maurice G. Dantec 2003 est un roman à mi-chemin entre les journaux et le polar classique avec comme cadre chronologique la chute du mur de Berlin et celle des Twin Towers de New York septembre 2001.
L'Homme de la frontière de Martine-Marie Muller est un roman se déroulant autour du mur de Berlin.
Les Chiens noirs de Ian McEwan 2007 raconte l'histoire d'un jeune homme sur les traces de l'engagement politique communiste de ses beaux-parents. Le livre se termine au pied du mur de Berlin au moment de sa chute60.
Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites de Marc Levy 2008. Lors de la chute du Mur, Berlin est le lieu de rencontre entre le personnage principal et un Allemand de l'Est.
Cet instant-là de Douglas Kennedy 2011

Dans la musique

Pink Floyd, groupe de rock psychédélique, sortit en 1979 un album nommé The Wall décrivant un mur psychologique. L'album a fait l'objet d'un concert de Roger Waters, l'ex-bassiste du groupe, en 1990 en plein milieu de l'ancien no man's land. La presse souligna le contexte historique, ce qui avait été évidemment voulu pour le marketing, le disque n'évoquant jamais vraiment Berlin. Plus tard, le groupe enregistra une chanson évoquant directement le mur de Berlin, A Great Day for Freedom, en 1994.
Le jour de la chute du mur de Berlin, Mstislav Rostropovitch improvisa un concert de violoncelle sur une chaise, devant le mur. Cette prestation a été immortalisée par de nombreuses télévisions internationales. Il fut suivi par Roger Waters et sa reprise de The Wall avec de nombreux artistes dont Cyndi Lauper, Scorpions, Bryan Adams.
L'album Les Aventures de Simon et Gunther... 1977, de Daniel Balavoine, met en scène deux frères allemands, l'un vivant à Berlin-Ouest, l'autre à Berlin-Est, leur séparation forcée au moment de la construction du Mur, et leur tentative de se retrouver.
L'Autre côté, paroles et musique de Yves Duteil.
Le concept album de Lou Reed Berlin utilise le mur de Berlin comme métaphore des relations du couple au centre de l'album.
Berlin ce jour-là, paroles et musique de Salvatore Adamo.
Wind of change, la célèbre chanson du groupe allemand Scorpions est connue comme un des symboles de la réunification de l'Allemagne et de la fin du rideau de fer. Le groupe a reçu de nombreux honneurs et distinctions pour cette chanson : les membres ont été reçus au Kremlin à Moscou par Gorbatchev en personne, en 1991, lors d'une cérémonie au cours de laquelle ils ont remis une plaque sur laquelle étaient inscrites les paroles de la chanson à ce dernier. Ils ont aussi été invités en 1999 à jouer la chanson lors de la cérémonie qui a eu lieu pour célébrer les dix ans de la chute du Mur.le soir du 9 novembre de Jean Pax Mefret
Le groupe français Concrete Knives a écrit une chanson sur la chute du mur appelée "Bornholmer". Elle est la chanson d'ouverture de leur premier album.
Au théâtre
Berlin, 9 novembre, de Pierre Bourgeade, pré-mise en scène de Kai Woly Wolters, Rheinische Landestheater, Neuss, 1999. Publication : Paris, L'Avant-scène théâtre, 2002, 62 p. (Collection des Quatre-vents.
Berlin, de l'autre côté du mur, de Sandrine Gauvin. Publication : France, éditions Ex Aequo, 2010,

Liens
http://youtu.be/Awsn9sNKUxs Rostropovitch joue au pied du mur
http://youtu.be/_romprNFd70 le mur détruit par les allemands
http://youtu.be/vMblPdY6nQs Documentaire
http://youtu.be/Ds6_laEmKNI La chute du mur
http://youtu.be/_WPWegAuL0A Guerre propagande


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Posté le : 09/11/2014 01:02
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La nuit de Cristal
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La nuit du 9 au 10 novembre 1938 est nommée "La Nuit de Cristal"

en allemand Reichskristallnacht est le pogrom contre les Juifs du Troisième Reich dans la nuit et dans la journée qui suivit. Présenté par les responsables nazis comme une réaction spontanée de la population à la suite de l'assassinat d'un secrétaire de l'ambassade allemande à Paris, par un jeune Juif polonais d'origine allemande, Herschel Grynszpan, le pogrom fut en réalité ordonné par le chancelier du Reich, Adolf Hitler, organisé par Joseph Goebbels, et commis par des membres de la Sturmabteilung SA, de la Schutzstaffel SS et de la Jeunesse hitlérienne, soutenus par le Sicherheitsdienst SD, la Gestapo et d'autres forces de police.

En bref

Nuit de Cristal . Nom donné aux violences antisémites qui, à l'instigation du parti nazi, embrasèrent, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la plupart des villes d'Allemagne et d'Autriche.
L'assassinat, le 7 novembre à Paris, du conseiller d'ambassade Ernst vom Rath par Herschel Grynszpan, un jeune Juif de 17 ans, fournit aux SA, aux SS et à la Gestapo un prétexte pour déchaîner une violence antisémite planifiée depuis longtemps par Himmler et Heydrich.
La Nuit de cristal se solda par la mort de 91 juifs, la destruction de 7 500 magasins et l'incendie de plus de 250 synagogues. Ce pogrom fut aussi le signal de la première vague d'arrestations de quelque 35 000 Juifs qui furent aussitôt déportés vers les camps de concentration alors existants : Dachau, Oranienburg-Sachsenhausen et Buchenwald.
En Autriche, où la Nuit de cristal fut particulièrement violente, 6 500 Juifs furent arrêtés par la Gestapo ; 3 000 d'entre eux furent déportés à Dachau. Outre une amende d'un milliard de marks qui fut imposée aux Juifs pour payer les dégâts, de cette nuit de violences appelée de cristal par allusion aux débris de verre des vitrines saccagées, le régime nazi mit aussitôt en œuvre un vaste plan de spoliation des Juifs allemands : dès le 12 novembre, une circulaire ordonna la fermeture de tous les commerces de détail tenus par des Juifs et la radiation de tous les artisans juifs des registres professionnels. Cette aryanisation fut complétée le 3 décembre par un décret étendant ces interdictions à toutes les entreprises industrielles et aux biens immobiliers juifs.
À la suite de ce déchaînement de violences, l'émigration juive s'intensifia vers la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Palestine. En 1940, le gouvernement de l'État français livra H. Grynszpan aux nazis.
Le nom étrangement poétique de Kristallnacht, qui signifie nuit de cristal ou nuit du verre brisé, symbolise la brisure définitive de l'existence des Juifs en Allemagne. Après la Nuit de cristal, le régime nazi rendit impossible aux Juifs de continuer à vivre dans ce pays.
Le coût des seuls carreaux brisés s'éleva à des millions de Reichsmarks. Le Reich confisqua toutes les indemnités accordées aux Juifs par les compagnies d'assurances Ceux-ci durent déblayer eux-mêmes les décombres des synagogues en ruine. Le gouvernement nazi condamna la communauté juive à une amende collective de 1 milliard de Reichsmarks environ 400 millions de dollars en 1938. Après en avoir fixé le montant, Hermann Göring remarqua : Ces porcs ne commettront plus d'autres meurtres. Soit dit en passant... je n'aimerais pas être un Juif en Allemagne.
Le gouvernement nazi exclut les Juifs des écoles le 15 novembre et autorisa les responsables politiques locaux à décréter des couvre-feux fin novembre. En décembre 1938, l'accès des Juifs à la plupart des lieux publics était interdit en Allemagne.
Pendant longtemps on a cru que H. Grynszpan avait assasssiné vom Rath pour venger les persécutions dont ses parents avaient été victimes en Allemagne. La lecture des archives a révélé que l'assassin et sa victime s'étaient en fait rencontrés dans des cercles homosexuels parisiens et tout porte à croire qu'ils eurent une liaison ensemble. H. Grynszpan séjournant à Paris dans la clandestinité avait demandé à vom Rath de lui délivrer un visa d'entrée et de sortie pour regagner l'Allemagne. Le secrétaire d'ambassade refusa. C'est sans doute cette fin de non recevoir qui motiva le geste de Grynszpan.
Lorsque les nazis commencèrent à comprendre la nature des relations qui avaient très certainement uni ces deux hommes, ils furent bien embarrassés : l'homosexualité n'était-elle pas un crime aux yeux du IIIe Reich ? Pour éviter le scandale, ils tentèrent, sans succès, d'obtenir de l'ambassadeur Welczeck un témoignage par lequel il aurait démontré que c'était lui et non son secrétaire que Grynszpan avait cherché à tuer. Finalement, le procès n'eut jamais lieu. Grynszpan fut sans doute déporté au camp d'Oranienburg-Sachsenhausen.

L'histoire

Sur tout le territoire du Reich, près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits, 7 500 commerces et entreprises exploités par des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs furent assassinés, des centaines d'autres se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures et près de 30 000 furent déportés en camp de concentration : au total, le pogrom et les déportations qui le suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes. Point culminant de la vague antisémite qui submergea l'Allemagne dès l'arrivée des nazis au pouvoir en janvier 1933, la nuit de Cristal fut l'une des prémices de la Shoah.
En provoquant cette première grande manifestation de violence antisémite, les nazis voulurent accélérer l'émigration des Juifs, jugée trop lente, en dépit de la politique de persécution et d'exclusion mise en œuvre depuis février 1933. L'objectif fut atteint : le nombre de candidats à l'émigration crût considérablement, mais au-delà de l'indignation que l'évènement suscita dans le monde, les frontières des autres pays restèrent fermées.
Marquant une rupture avec la politique nazie de 1933 à 1937, ainsi qu'une étape dans la violence et la persécution antisémites, cet évènement fut également révélateur de l'indifférence des nations au sort des Juifs d'Allemagne et d'Autriche, et de l'incapacité des États démocratiques à contrecarrer les coups de force menés par l'Allemagne de Hitler.

Les mesures antisémites

Un SA à côté d'une affiche proclamant : "Allemands ! Défendez-vous ! N'achetez pas chez les Juifs !", 1933.
Le programme du NSDAP, rédigé le 24 février 1920, prévoit que « seul peut être citoyen un frère de race Volksgenosse. ... Aucun Juif ne peut donc être frère de race et dans Mein Kampf, Adolf Hitler proclame à de nombreuses reprises son désir de voir l'Allemagne libérée des Juifs, Judenfrei. Les Juifs sont victimes d'une politique antisémite dès l'arrivée des nazis au pouvoir en janvier 1933. Cette discrimination se traduit notamment par le boycott des commerces juifs, voulu par Hitler, organisé par Julius Streicher et mis en œuvre par la SA, le 1er avril 1933, dans une opération au succès limité et largement condamnée à l'étranger. Au cours du même mois, les Juifs sont exclus de la fonction publique, à quelques rares exceptions près, par le décret sur la restauration du fonctionnariat du 7 avril 1933 et ses règlements d'application.
L'ostracisme envers les Juifs est officialisé le 15 septembre 1935 lors de l'adoption des Lois de Nuremberg, principalement la Loi pour la protection du sang et de l'honneur allemands, Blutschutsgesetz et la Loi sur la citoyenneté du Reich, Reichsbürgergesetz. Ces lois et les décrets qui leur font suite établissent la détermination du caractère juif, demi-juif ou quart de juif Mischling, en fonction de l'ascendance, interdisent les relations sexuelles et le mariage entre citoyens de sang allemand ou apparentés et juifs, privent les Juifs de la citoyenneté allemande, ainsi que de la plupart de leurs droits politiques, dont le droit de vote, et les excluent de certaines professions libérales et de l'enseignement.
La campagne anti-juive se durcit en 1937, notamment via l'organisation de l'exposition Der ewige Jude Le Juif éternel, mais surtout au cours de l'année suivante6. Début 1938, les passeports des Juifs allemands sont confisqués. Le 26 avril, les Juifs reçoivent l'ordre de faire enregistrer tous les biens qu'ils possèdent, ce qui facilite leur aryanisation. Le 17 août, les prénoms portés par les Juifs sont réglementés et trois décrets additionnels aux Lois de Nuremberg définissent la notion d'entreprise juive et interdisent aux Juifs l'exercice de la profession médicale. Tout est fait pour pousser les Juifs à émigrer, quel qu'en soit le prix.

Un prétexte : l'assassinat de vom Rath

Herschel Grynszpan après son arrestation à Paris
"Avec l'aide de Dieu .... Je ne pouvais agir autrement. Mon cœur saigne quand je pense à notre tragédie .... Je dois exprimer ma révolte de telle sorte que le monde entier l'entende, et je compte le faire. Je vous supplie de me pardonner. "

Le 7 novembre 1938, un jeune Juif polonais d'origine allemande réfugié à Paris, Herschel Grynszpan, âgé de dix-sept ans dont la famille résidant à Hanovre a été expulsée, le 27 octobre, d'Allemagne vers la Pologne, achète un pistolet puis se rend à l'ambassade d'Allemagne à Paris, où il demande à voir un responsable. Envoyé au bureau du premier secrétaire Ernst vom Rath, Grynszpan tire sur celui-ci et le blesse gravement.
Il ne s'agit pas du premier événement du genre. Le 4 février 1936, un étudiant talmudiste yougoslave, David Frankfurter, avait assassiné, à Davos, le responsable du parti nazi en Suisse, Wilhelm Gustloff, sans susciter de réaction des autorités ou de la population allemandes, les circonstances, et notamment la proximité des jeux olympiques de Berlin, exigeant de serrer la bride aux fanatiques du parti en Allemagne.
L'attentat contre le diplomate vom Rath ne fait l'objet d'aucune déclaration publique des responsables nazis, même si une campagne antisémite dans la presse orchestrée par Joseph Goebbels dès le 8 novembre 1938 encourage les premiers pogroms menés par des responsables locaux du parti naziN 4, notamment en Hesse-Cassel10, à Munich11 ou à Hanovre.
Dans son journal, le 9 novembre, Joseph Goebbels relatant la journée du 8, n'écrit rien sur l'attentat de Paris, alors qu'il a passé la fin de soirée avec Hitler au café Heck ; lors de son discours du 8 novembre commémorant le Putsch de la brasserie de 1923, Adolf Hitler est lui aussi muet sur le sujet. Pour Saul Friedländer, de toute évidence, les deux dirigeants nazis avaient décidé de passer à l'action, mais jugé sans doute préférable d'attendre le décès d'Ernst vom Rath, grièvement blessé ; ce silence insolite était la plus sûre indication de l'existence de plans visant à accréditer une explosion spontanée de la colère du peuple.
Vom Rath, au chevet duquel Hitler avait envoyé son médecin personnel, le docteur Karl Brandt, décède le 9 novembre 1938 à 17 heures 30, et Hitler en est informé entre 19 et 21 heures, alors qu'il participe à Munich, au dîner traditionnel des compagnons de combat, la vieille garde du parti.

L'organisation des violences : la fiction de la réaction spontanée

"Je présente les faits au Führer. Il décide : laisser les manifestations se poursuivre. Retirer la police. Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. C'est justice. Je donne aussitôt les consignes correspondantes à la police et au Parti. Puis je fais un bref discours en conséquence devant les dirigeants du Parti. Tempêtes d'applaudissements. Tout le monde se précipite immédiatement sur les téléphones. Maintenant, c'est le peuple qui va agir.
— Joseph Goebbels, Munich, 10 novembre 1938
Le 9 novembre 1938 au soir, à Munich à l'occasion du Tag der Bewegung Jour du Mouvement, Adolf Hitler, après un long entretien à voix basse avec Joseph Goebbels au cours duquel le Führer semble particulièrement agité, quitte la réunion sans prononcer son discours traditionnel et sans faire la moindre allusion au décès de vom Rath. Vers 22 heures, Joseph Goebbels, dans un discours bref mais incendiaire, annonce aux participants la mort d'Ernst vom Rath et leur apprend que des émeutes anti-juives ont éclaté en Hesse-Cassel et en Saxe-Anhalt, en ajoutant que le Führer avait décidé que rien ne devait être fait pour décourager le mouvement au cas où celui-ci s'étendrait à l'ensemble du Reich. Le parti devait organiser et exécuter l'affaire sans paraître ouvertement y être engagé.
La colère populaire spontanée mise en avant par les responsables nazis fait en réalité l'objet de quatre vagues d'ordres successives : à partir de 22 heures, les chefs régionaux de la SA donnent, par téléphone, instruction à leurs subordonnés de lancer incendies, destructions et violences à grande échelle ; peu avant minuit, Heinrich Müller, chef de la Gestapo enjoint aux forces de police de ne pas s'opposer aux actions contre les Juifs, d'empêcher les pillages et tout autre débordement particulier et de préparer l'arrestation de vingt à trente mille Juifs, de préférence fortunés ; à une heure vingt du matin, les instructions de Müller sont complétées et précisées par un télex de Reinhard Heydrich à la police et au SD. Heydrich demande de prévenir les actions qui peuvent mettre en danger des personnes ou des biens allemands, notamment lors de l'incendie des synagogues, d'autoriser la destruction des appartements et commerces appartenant à des Juifs, mais pas leur pillage, de ne pas s'attaquer aux étrangers et de trouver le personnel nécessaire pour arrêter autant de Juifs, surtout fortunés, que peuvent en accueillir les prisons. À 2 h 56 du matin, c'est au tour de Rudolf Hess de donner ses consignes.
Pour Rita Thalmann et Feinermann, la succession des ordres, et surtout, la précision des instructions données par Müller, notamment l'ordre d'arrêter de 20 000 à 30 000 Juifs, témoignent de l'existence d'un plan préétabli, antérieur à l'assassinat de vom Rath. Cette analyse est partagée par Gerald Schwab, selon lequel le télex envoyé par Muller, dans lequel il n'est fait aucune allusion à la mort de vom Rath, avait été rédigé au préalable en attendant une opportunité appropriée ; Schwab souligne également que les camps de concentration se préparaient, depuis plusieurs mois, à faire face à un afflux massif et soudain de détenus. Le caractère fallacieux de l'affirmation selon laquelle les violences auraient été spontanées est en outre étayé par un rapport du tribunal suprême du parti rédigé début 1939 : les instructions orales du Ministre de l'Intérieur ont apparemment été comprises par tous les responsables présents comme signifiant que le parti ne devait pas apparaître, à l'extérieur, comme l'initiateur des manifestations, mais qu'il était, en réalité, chargé de les organiser et de les exécuter.
Commentant les événements et témoignant de la difficulté d'imposer la version d'un pogrom spontané, un Blockleiter de Hüttenbach en Moyenne-Franconie, dont le temple juif a été incendié par les responsables locaux du parti nazi et de la SA écrit dans un rapport à sa hiérarchie le 7 février 1939 : on ne doit pas écrire que le feu a été mis à la synagogue par les membres du parti ..., mais par la population. C'est juste. Mais en ma qualité de chroniqueur, je me dois de relater la vérité. Il est facile d'enlever cette page et d'en rédiger une nouvelle. Je vous en prie, mon chef, comment dois-je établir cette entrée et comment faut-il la formuler ? .
Le 10 novembre 1938, Goebbels consulte Hitler par téléphone aux premières heures de la matinée et le rencontre ensuite lors du déjeuner, alors que les violences se poursuivent. Avec l'aval du Führer, Goebbels donne l'ordre d'arrêter le pogrom. Cette instruction est diffusée par la presse berlinoise à 17 heures, par les stations de radio à 20 heures et dans l'ensemble de la presse le lendemain. Elle est suivie par des messages de Heydrich aux forces de police dont les patrouilles « qui avaient disparu comme par enchantement, ressurgissent à tous les coins de rue.

Le pogrom : violences antisémites dans l'ensemble du Reich

Je vais pour rentrer à mon hôtel, lorsque je vois le ciel virer au rouge sang. La synagogue brûle. ... Nous ne faisons éteindre les incendies que si c'est nécessaire pour les bâtiments allemands du voisinage. Sinon, laisser brûler. ...
Des vitres volent en éclats. Bravo, bravo! Dans toutes les grandes villes, les synagogues brûlent.
La synagogue de la Herzog Rudolf Strasse à Munich après son incendie.
Dès la fin du discours de Goebbels, des membres de la Stosstrupp Adolf Hitler se déchaînent dans les rues de Munich et détruisent la synagogue de la Herzog-Rudolf-Strasse, leur violence allant jusqu'à susciter l'inquiétude du Gauleiter Adolf Wagner. Goebbels donne également des ordres pour qu'ils démolissent la synagogue de la Fasanenstrasse.
Le pogrom s'étend rapidement sur tout le territoire du Reich, des grandes villes aux bourgades : les Gauleiters entrèrent en action vers 22 h 30. La SA suivit à 23 heures, la police peu avant minuit, les SS, à 1 h 20 du matin.
À Innsbruck, dans le Gau du Tyrol-Vorarlberg, où ne vivent que quelques centaines de Juifs, un commando de membres de la SS, habillés en civil, assassine plusieurs Juifs influents. Des diplomates témoignent de la violence des saccages opérés à Cologne et à Leipzig ; des scènes semblables se produisent dans la petite ville de Wittlich, en Moselle, où un SA monte sur le toit de la synagogue en agitant les rouleaux de la Torah et en s'écriant Torchez-vous le cul avec, Juifs !. À Marbourg, à Tübingen, des membres du parti nazi et de la SA, souvent ivres à la suite de la célébration de l'anniversaire du putsch de la brasserie, incendient les synagogues sous le regard de pompiers, dont l'action se borne à éviter que les incendies ne se communiquent aux édifices voisins. À Esslingen, des Chemises brunes saccagent un orphelinat dans la cour duquel ils font un bûcher avec les livres, les objets religieux et tout ce qui est combustible, en menaçant les enfants en pleurs de les jeter dans le brasier s'ils ne partent pas immédiatement ; à Potsdam, c'est un internat qui est envahi et dont les enfants sont chassés en pleine nuit. À Leipzig, le cimetière juif est saccagé : le lieu de culte et la maison du gardien sont incendiés, les pierres tombales renversées et des sépultures profanées. Dans la petite ville de Treuchtlingen, la violence atteint des sommets : des membres de la SA, encouragés par certains habitants, mettent le feu à la synagogue, brisent les vitrines des magasins juifs et en pillent le contenu, saccagent les habitations occupées par des Juifs, détruisant mobilier, vaisselle et sanitaires et obligeant les femmes, réfugiées dans la cave, à détruire bouteilles de vin et conserves. C'est à Vienne, où s'étaient déjà produites des émeutes anti-juives lors de l'Anschluss, que l pogrom prend ses formes les plus violentes et les plus meurtrières, avec 42 synagogues incendiées, 27 personnes juives tuées et 88 grièvement blessées.
Les violences sont systématiquement assorties de l'humiliation des victimes. À Sarrebruck, on oblige les Juifs à danser, à s'agenouiller et à chanter des chants religieux devant la synagogue, avant de les asperger à la lance à incendie ; à Essen, on met le feu à leur barbe ; à Meppen, on les force à baiser le sol devant le quartier général de la SA, pendant qu'ils sont frappés à coup de pied. À Fürth, des Juifs sont conduits au théâtre : les uns parqués dans la salle obscure, les autres montés sur la scène violemment éclairée pour y être battus. À Baden-Baden, les Juifs sont rassemblés dans la synagogue où ils doivent rentrer en piétinant un manteau de prières : une fois à l'intérieur de l'édifice, on leur fait entonner le Horst Wessel Lied, puis lire un passage de Mein Kampf à la table de l'officiant.
À côté des centaines de synagogues et lieux de culte incendiés, plusieurs milliers de commerces, de boutiques et d'appartements juifs sont détruits, saccagés ou pillés, et presque tous les cimetières juifs sont profanés ; des femmes, des enfants et des vieillards sont battus et victimes de brutalités bestiales ; les suicides sont nombreux et plus de 20 000 Juifs sont déportés dans les camps de concentration, où ils sont victimes de sadisme et de tortures indescriptibles de la part des gardiens. Un nombre indéterminé de viols et une centaine d'assassinats sont également perpétrés.
Les exactions ne sont pas commises que par des membres de la SA ou de la SS, mais aussi par des citoyens ordinaires, par d'autres secteurs de la population, surtout – mais pas seulement – des jeunes que cinq ans de national-socialisme à l'école et aux Jeunesses hitlériennes n'avaient pas laissés indemnes : à Düsseldorf, des médecins de l'hôpital et plusieurs juges prennent part à l'incendie de la synagogue ; à Gaukönigshoven, en Basse-Franconie, des paysans respectés profanent le sanctuaire de la Torah et pillent les maisons des Juifs ; dans la matinée du 10 novembre, écoliers et adolescents accablent de leurs sarcasmes, de leurs quolibets et de leurs injures les Juifs raflés par la police et souvent houspillés par des meutes hurlantes qui leur lancent des pierres. Si une partie de la population participe au pogrom, des Allemands témoignent toutefois leur sympathie aux victimes, et dans certains cas, leur prodiguent aide matérielle et réconfort.

Bilan : une communauté traumatisée

On trouve une grille d'entrée avec l'inscription en allemand ARBEIT MACHT FREI signifiant en français LE TRAVAIL REND LIBRE au camp de concentration de Dachau.
Dans un rapport du 11 novembre 1938, Reinhard Heydrich fait état de 36 morts et d'autant de blessés graves pour l'ensemble du Reich. Pour Saul Friedländer, le bilan se révéla bien plus lourd ; dans toute l'Allemagne y compris l'Autriche annexée, outre les 267 synagogues détruites et les 7 500 entreprises et commerces saccagés, 91 juifs périrent et des centaines se suicidèrent ou moururent par la suite des sévices infligés dans les camps. Sur ce dernier point, Raul Hilberg estime à plus de 25 000 le nombre des hommes envoyés dans les camps de concentration nazis, comme Dachau 10 911 dont environ 4 600 en provenance de Vienne, Buchenwald 9 845 personnes et Sachsenhausen au moins 6 000. Pour F. Kersaudy, plus de 100 Juifs sont tués et 20 000 déportés en camps de concentration, tandis que 7 500 boutiques sont détruites et 12 000 pillées, 101 synagogues sont incendiées, 76 démolies et 267 endommagées. Daniel Goldhagen parle d à peu près 100 juifs assassinés, et de 30 000 autres déportés en camps.
Au total — et selon les estimations les plus modérées retenues dans les documents de la Wiener Library — le pogrom coûta la vie de 2 000 à 2 500 hommes, femmes et enfants et laissa des séquelles indélébiles chez tous ceux qui en vécurent l'horreur.

Réactions : de l'indignation à l'indifférence À l'étranger

Des Juifs étrangers ont été victimes du pogrom, en dépit des directives ordonnant de les épargner : les protestations diplomatiques affluent et sont transmises, sans commentaire, à la chancellerie du Reich où elles sont enfouies dans les dossiers.
La presse internationale condamne les événements : plus de mille éditoriaux paraissent à ce sujet dans la presse américaine, particulièrement véhémente, et le président Roosevelt rappelle l'ambassadeur des États-Unis en consultation. Si l'indignation est générale, elle ne se traduit pas par un élargissement de la politique d'accueil des Juifs du Reich : en 1938, les États-Unis n'atteignent pas leur quota d'immigration juive en provenance d'Allemagne et d'Autriche et n'accordent que 27 000 visas sur les 140 000 demandés ; l'année suivante la Grande-Bretagne ferme, de fait, les portes de la Palestine à l'immigration juive sans proposer d'autre refuge. Les réactions sont également indignées dans la presse danoise ou française et le gouvernement fasciste italien s'étonne que la recrudescence des persécutions antisémites en Allemagne n'entraîna pas l'abandon du projet d'accord franco-allemand. Il était clair que les émeutes avaient tout d'abord fait perdre à l'Allemagne une grande part des sympathies dont elle bénéficiait dans le monde.
À la suite des protestations internationales, les entreprises contrôlées par des Juifs étrangers au Reich sont dispensées, le 1er décembre 1938, de la prestation expiatoire et peuvent poursuivre leurs activités après le 31 décembre. Le boycott des exportations allemandes se généralise, notamment en France, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada, en Yougoslavie ou aux Pays-Bas.

En Allemagne

Le pogrom suscite immédiatement de sérieuses tensions parmi les principaux dirigeants nazis. Si aucun de ceux-ci ne s'oppose à des mesures ou des violences anti-juives, les conséquences de la nuit de Cristal sur l'image de l'Allemagne à l'étranger, ses éventuelles répercussions économiques négatives et le fait qu'elle ait été déclenchée par Goebbels sans concertation, entraîne de vives réactions d'Heinrich Himmler, de Hermann Göring ou de Walther Funk.
À de rares exceptions individuelles près, ni les Églises protestante et catholique, ni les milieux universitaires, ni les généraux, ni ucun représentant de la bonne Allemagne n'émettent aucune protestation à la suite du pogrom66. Si, d'après les rapports du SD, la population réprouve largement la violence et les dommages causés par le pogrom, c'est essentiellement en raison de la destruction inutile de biens qui lèse tous les Allemands et l'État ; l'annonce de l'amende de 1 milliard de marks infligé aux Juifs rassérène les esprits. La direction du parti social-démocrate allemand en exil, la SOPADE, observe également que la grande majorité du peuple allemand a vivement condamné les violences, et ce pour des raisons diverses comme le souligne Ian Kershaw Si la vague d'indignation populaire contre les Juifs qu'escomptait Goebbels ne s'est pas matérialisée, selon la thèse controversée de Daniel Goldhagen, face à des critiques limitées, il y avait l'enthousiasme des Allemands pour l'entreprise éliminationniste, que la Nuit de Cristal n'entamait pas, et l'immense satisfaction avec laquelle tant d'Allemands avaient accueilli l'événement.
"D'un point de vue global, le régime a ... pu considérer comme un succès l'attitude généralement passive dans laquelle se sont enfermés la plupart des Allemands pendant les débordements. Une action violente contre les Juifs allemands, telle qu'on n'en avait plus connue depuis les pogroms du Moyen Âge, avait pu être déclenchée sans soulever de protestation publique. Sur le plan de la propagande, cela revenait à une approbation. La radicalisation des persécutions avait réussi à franchir une nouvelle étape" analyse l'historien allemand Peter Longerich.

Suites et conséquences : la radicalisation de l'antisémitisme

"J'aurais préféré que vous tuiez deux cents Juifs plutôt que de détruire de telles valeurs."
— Hermann Göring, Berlin, 12 novembre 1938
La nuit de Cristal est suivie d'une radicalisation des mesures antisémites du régime nazi. Les suites du pogrom sont examinées dès le 12 novembre 1938, lors d'une réunion de haut niveau, présidée par Hermann Göring, à la demande explicite et insistante de Hitler : parmi la centaine de participants, on note la présence de Joseph Goebbels, du chef du RSHA Reinhard Heydrich, des ministres de l'Économie Walther Funk, des Finances Lutz Schwerin von Krosigk et de la Justice Franz Gürtner, de représentants de la Reichsbank et des dirigeants du parti nazi en Autriche et dans le territoire des Sudètes. Les premières discussions portent sur l'indemnisation des dégâts, les seules vitrines détruites étant assurées pour 6 millions de dollars. Après de longs échanges, notamment entre Göring, Reinhard Heydrich et le représentant des assureurs allemands, il est décidé que les indemnités versées par les assureurs aux bénéficiaires seront confisquées par l'État et il est imposé aux juifs allemands une amende de réparation d'un milliard de ReichsmarkN 11 et de les obliger de remettre en état, à leurs propres frais, les commerces, bureaux et logements saccagés.
Lors de cette même réunion, Göring décrète la cessation, à partir du 1er janvier 1939, de toutes les activités commerciales menées par des Juifs, qui doivent vendre leurs commerces et entreprises, titres, bijoux et œuvres d'art, ce qui constitue une phase essentielle de l'aryanisation des biens juifs. Alors que Goebbels évoque tour à tour l'interdiction, pour les Juifs, de l'accès aux distractions publiques, aux forêts ou aux parcs, l'éviction des enfants juifs des écoles allemandes, Heydrich plaide vigoureusement pour une accélération de l'émigration, prenant pour modèle les résultats obtenus à Vienne par Adolf Eichmann : pour accélérer cette émigration, il préconise le port d'un insigne spécial par toutes les personnes considérées comme juives aux termes des Lois de Nuremberg, Göring étant, pour sa part, partisan de la création de ghettos. Si ces deux mesures ne sont pas retenues, le pogrom a atteint son but et l'émigration juive s'accélère : 80 000 Juifs fuient le Reich, dans les circonstances les plus traumatisantes, entre la fin de 1938 et le début de la guerre.
Dans la foulée, les discriminations antisémites se multiplient et se durcissent : le 15 novembre 1938, tous les enfants juifs encore présents dans les écoles allemandes en sont chassés ; le 19, les Juifs sont privés d'aide sociale ; le 28, le ministre de l'intérieur informe les présidents des länder qu'ils peuvent exclure les Juifs de certains espaces publics et le lendemain, il interdit aux Juifs de posséder des pigeons voyageurs. Durant les mois de décembre 1938 et janvier 1939, les mesures destinées à exclure les Juifs de la vie publique, professionnelle et culturelle sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus dures.
Si les autorités nazies s'acharnent sur les victimes des pogroms, elles font preuves d'une mansuétude toute particulière à l'égard des auteurs des pires exactions. Les incendies, les destructions et les brutalités sont conformes aux instructions données successivement par les responsables de la SA, Heinrich Müller et Heydrich, mais tel n'est pas le cas des pillages, des meurtres et des viols. Le pogrom terminé, les tueurs ne sont que rarement poursuivis ou condamnés à des peines particulièrement légères ; dans une lettre secrète au procureur de Hambourg, le ministère de la Justice précise, le 19 novembre, que l'assassinat de Juifs et les dommages corporels graves … ne devaient être sanctionnés que s'ils avaient été dictés par des raisons personnelles. En revanche, les coupables de viol sont expulsés du parti et traduits devant les tribunaux civils, le tribunal interne du parti nazi estimant ce crime contraire aux lois de Nuremberg qui interdisent depuis 1935 toute relation sexuelle entre Juifs et Gentils plus grave que le meurtre. Dans son rapport du 13 février 1939 adressé à Goebbels, l'Obergruppenführer Walter Buch, qui enquête sur les excès commis pendant la nuit de Cristal, relève 16 faits, dont 3 à caractère sexuel et 13 meurtres ; il recommande que les poursuites soient abandonnées à l'exception de deux cas de viol, les assassins ayant agi sur l'ordre de leurs supérieurs ou en pensant que leurs crimes étaient conformes aux instructions.

Commémorations en Allemagne : du silence à la célébration

La commémoration de la nuit de Cristal reste confidentielle pendant de nombreuses années. Au cours des années quarante et cinquante, les mentions dans la presse sont rares : la première d'entre elles est effectuée dans le Tagesspiel, quotidien de Berlin-Ouest, le 9 novembre 1945, ce journal ne revenant sur l'événement qu'en 1948. À l'Est, le journal officiel Neues Deutschland, publie sur le sujet en 1947 et 1948, puis après plusieurs années de silence, en 1956 ; en 1958, le vingtième anniversaire du pogrom n'est pas mentionné. Il faut attendre le quarantième anniversaire de l'événement, en 1978, pour que celui-ci soit commémoré par la société tout entière.
Le 70e anniversaire de la nuit de Cristal, le 9 novembre 2008 à la synagogue de la Rykestrasse, est l'occasion pour la chancelière allemande Angela Merkel de lancer un appel afin que l’héritage du passé serve de leçon pour l’avenir. La chancelière dénonce l’indifférence à l‘égard du racisme et de l’antisémitisme . Pour elle, c’est un premier pas qui peut remettre en cause des valeurs incontournables. Trop peu d’Allemands ont eu à l’époque le courage de protester contre la barbarie nazie .... Cette leçon à tirer du passé vaut aujourd’hui pour l’Europe, mais aussi pour d’autres régions, notamment pour les pays arabes.
Une commémoration importante s'est aussi tenue à Bruxelles le 9 et le 10 novembre 2008.

Kristallnacht ou Reichspogromnacht ? : querelle étymologique

Si tous les auteurs s'accordent sur le fait que l'expression nuit de Cristal Kristallnacht fait référence aux débris de verre encombrant les trottoirs devant les vitrines des magasins juifs saccagés, et qu'elle apparaît à Berlin, le consensus ne dépasse pas cette généralité. Pour Kershaw, ce terme provient du parler populaire, pour Karl A. Schleunes, il s'agit d'une dénomination inventée par de beaux esprits berlinois. Selon Arno J. Mayer, l'appellation a été créée par la propagande nazie afin de concentrer l'attention du public sur les dommages matériels, en occultant les pillages et les violences physiques. Elle est utilisée par un responsable nazi du Gau de Hanovre lors d'un discours prononcé le 24 juin 1939, avec une connotation humoristique .
Nuit de Cristal ! Cela brille et pétille comme lors d’une fête. Il est grand temps que ce terme, offensant par sa minimisation, disparaisse à tout le moins des ouvrages historiques
— Avraham Barkai, 1988.
Dans un ouvrage paru en 2001, le politologue allemand Harald Schmid souligne la multiplicité des termes utilisés pour désigner les violences antisémites des 9 et 10 novembre 1938 et l'interprétation controversée donnée au vocable nuit de Cristal. Remis en cause dès le 10e anniversaire de l'événement, il est remplacé, en 1978, par le terme politiquement correct de Reichspogromnacht, qui s'impose durablement à partir des célébrations du cinquantième anniversaire en 1988. Ce débat sur la terminologie est essentiellement circonscrit en Allemagne et en Autriche et peut susciter un profond étonnement dans le monde universitaire anglophone. La diversité du vocabulaire selon les aires linguistiques est illustrée lors du 70e anniversaire : alors qu'en Allemagne, la chancelière Angela Merkel n'utilise que le terme Pogromnacht92, à Bruxelles, le président du CCOJB emploie le terme Kristallnacht

Bibliographie

Hans-Jürgen Döscher, Reichskristallnacht. Die Novemberpogrome 1938, Econ Tb., 2000
Peter M. Daily (dir.), Building history : the Shoah in art, memory and myth, New-York, P. Lang,‎ 2001
Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, Flammarion Lettres, coll. Au fil de l'histoire,‎ 2009, 1046 p.
Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1933-1939, Les années de persécution, Paris, Seuil,‎ 2008
(de) Helmut Genschel, Die Verdrängung der Juden aus der Wirtschaft im Dritten Reich, Göttinger Bausteine zur Geschichtswissenschaft Band 38,
Joseph Goebbels, Journal. 1933-1939, Paris, Tallandier,‎ 2007
* D. J. Goldhagen, Les bourreaux volontaires de Hitler, trad. par P. Martin, 1997, Seuil, Paris.
(de) Angela Hermann, Hitler und sein Stoßtrupp in der "Reichskristallnacht". Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte,
Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, t. 1, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire »,‎ 2006
Ian Kershaw, Hitler, 1889-1936, Paris, Flammarion,‎ 2001
Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion,‎ 2001
Kurt Pätzold, La nuit de cristal : les responsables, les victimes et la majorité silencieuse, in François Bédarida, La politique nazie d'extermination
(de) Kurt Pätzold, Irene Runge, Kristallnacht. Zum Pogrom 1938, Pahl-Rugenstein, Cologne, 1988
William L. Shirer, Le IIIe Reich, Paris, Stock,‎ 1967
Gerald Schwab, The day the Holocaust began : the odyssey of Herschel Grynszpan, New-York, Praeger,‎ 1990
Rita Thalmann, Emmanuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, Paris, Robert Laffont,‎ 1972
(de) Jörg Wollenberg (Hrsg.), Niemand war dabei und keiner hat's gewusst. Die deutsche Öffentlichkeit und die Judenverfolgung 1933-1945, Piper, Munich,
(de) Herbert Schultheis, Die Reichskristallnacht in Deutschland nach Augenzeugenberichten, Rötter Druck und Verlag GmbH, Bad Neustadt a. d. Saale

Nouvelle synagogue de Berlin
Histoire des Juifs en Allemagne
Synagogues détruites pendant la nuit de Cristal : plus de 600 synagogues ou oratoires juifs furent détruits lors de la nuit de Cristal aussi bien dans des grandes villes que dans de petits bourgs. Certaines synagogues étaient reconnues comme des monuments historiques. Ce lien renvoie à l'historique de certaines de ces synagogues.
La Synagogue de Cassel est pillée et les objets de culte brûlés le 7 novembre 1938 2 jours avant la nuit de Cristal, et le conseil municipal de la ville décide de la démolir par vote du 11 novembre 1938, pour des raisons de "difficultés de stationnement".

Liens

http://youtu.be/SJVi-ncBexI Devoir de mémoire
http://youtu.be/cdMFkEKb-ds La nuit de Cristal
http://youtu.be/iwkcoJiR1O0 Vision française de la nuit de cristal
http://youtu.be/fRZqToj9dGY Documentaire rétrospective


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Posté le : 09/11/2014 00:25

Edité par Loriane sur 09-11-2014 18:42:22
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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