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Re: Les expressions
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« Prendre des vessies pour des lanternes »


Se faire des illusions grossières sur des choses ou des gens.
Se tromper lourdement dans ses appréciations.


Cette expression est très ancienne, mais il existe au moins deux écoles quant à son origine.

La première part de ces vessies de porc comme de boeuf qui étaient autrefois gonflées et séchées pour servir de récipient, mais qui, profitant de la transparence de leur paroi, étaient parfois utilisées en lanternes de secours, une fois une bougie allumée placée dedans.
Du coup, il était facile de faire croire au nigaud de passage qu'une telle vessie pendue au plafond était une lanterne, en raison de leur similitude de forme.

La seconde juxtapose le mot lanterne qui, autrefois, signifiait des absurdités, des balivernes, et vessie, qui dans l'expression vendre vessie voulait dire 'vendre du vent', en raison de l'air qui gonfle la dite vessie, enveloppe de très peu de valeur.

Ailleurs

Allemagne / Autriche de Sich ein X für ein U vormachen lassen Se laisser convaincre qu'un X est la même chose d'un U
Angleterre en Not know one's arse from one's elbow Ne pas distinguer son cul et son coude
Angleterre / États-Unis en To think the moon is made of green cheese Penser que la lune est faite de fromage vert
Espagne es Columpiarse Se balancer
Argentine es Vender/ comprar/ confundir/ gato por liebre! Vendre/ acheter/ confondre/ chat pour lievre.
Espagne es Confundir las churras con las merinas Confondre les jarres avec les mérinos (deux sortes de brebis)
Espagne es Confundir el tocino con la velocidad Confondre le lard avec la vitesse (Se tromper dans ses appréciations)
Italie it Prendere un abbaglio. Prendre un coup de lumière.
Italie it Prendere lucciole per lanterne Prendre des lucioles pour des lanternes
Italie it Prendere lucciole per lanterne Prendre lucioles pour lanternes
Pays-Bas nl De plank faliekant misslaan Frapper la planche carrément à côté
Pays-Bas nl Bij het verkeerde eind hebben Tenir la planche au faux bout

.

Posté le : 15/08/2015 09:17
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Défi du 15 août 2015
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Bonjour les amis !

Cette semaine, je vous propose de vous triturer les neurones sur une expression que j'utilise assez souvent "Faute de grives, on mange des merles." Je la trouve très philosophique et allant à l'encontre de notre société de consommation galopante.

A vos plumes....

Bises


Couscous

Posté le : 15/08/2015 08:17
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Albert Cohen
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Le 16 août 1895 naît Albert Cohen

à Corfou, mort à 86 ans à Genève en Suisse, le 17 octobre 1981, poète, écrivain et dramaturge suisse romand dont l'œuvre est fortement influencée par ses racines juives. C'était aussi un activiste politique dont l'engagement en faveur du sionisme a été profond, activiste politique
Il reçoit pour distinction le grand prix du roman de l'Académie française, il écrit de nombreux romans. Ses Œuvres principales sont Solal roman de 1930, Le Livre de ma mère, récit autobiographique de 1954, Belle du Seigneur, roman de 1968, Les Valeureux roman de 1969 Ô vous, frères humains roman de 1972.

En bref

Au début de l'année 1933, dans les semaines qui précèdent l'élection d'Adolf Hitler et la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, les journaux allemands font de Solal, roman d'Albert Cohen, qui vient d'être traduit, un éloge démesuré : la Vossische Zeitung du 12 mars compare l'écrivain à Shakespeare et trouve dans le livre des scènes dignes de Richard III. Dès sa parution chez Gallimard en 1930, ce premier volume du cycle romanesque qui devait aboutir en 1968 à la publication de Belle du Seigneur bénéficia d'une critique exceptionnelle. Dans l'histoire de Solal, ce jeune homme venu d'Orient, qui salue dès son arrivée à Genève la statue de Rousseau et à qui grâce aux femmes tout semble réussir, le lecteur voit un émule de Rastignac, un nouveau Julien Sorel. Mais Solal est juif et le mal du siècle donne au livre une autre dimension. Avec les traductions, le succès du roman devient universel : Une œuvre stupéfiante, écrit le New York Herald Tribune ; pour le New York Times, Cohen, c'est Joyce, Caldwell, Rabelais réunis, avec en plus la magie des Mille et Une Nuits. Les critiques anglaise, autrichienne, italienne ou helvétique s'expriment sur le même ton. L'audience d'Albert Cohen dans le monde, à ce moment-là, est plus grande qu'elle ne le sera jamais. Ce n'est que peu de temps avant sa mort, après une longue éclipse, qu'on finira par lui rendre justice dans les pays de langue française : il n'en reste pas moins que la cassure qui marque son existence est essentielle à la compréhension de l'écrivain. Dans l'approche de l'œuvre, la tragédie du siècle – Seconde Guerre mondiale, génocide du peuple juif – est un phénomène capital.
Plusieurs livres de ce Juif ottoman, naturalisé suisse, haut fonctionnaire international à la SDN, puis à l'ONU, raillent l'univers clos des fonctionnaires internationaux, leur carriérisme et leur jalousie les Valeureux, 1969. Mais les valeureux, ce sont aussi ces Juifs qui, comme les personnages de Cohen, la famille Solal, les cinq compatriotes de Solal, ou Mangeclous, combattent avec courage et humour les injustices sociales et bravent la fatalité. À l'instar des personnages, récurrents, l'essentiel de cette œuvre, solidement ancrée dans le réel, s'organise autour de quelques sujets développés d'un livre à l'autre – amour d'un sacré qui se perd, fascination de la mort, Éros solaire volontiers destructeur – que l'écriture, par définition interminable, soutenue par une verve comique et une franche truculence, met constamment en échec. Fin observateur des cultures et des systèmes de valeurs, Cohen essaie de réconcilier l'Orient et l'Occident. De Solal 1930 à Ô vous, frères humains 1972, son œuvre affiche une unité indéniable. Il est également connu pour ses récits autobiographiques d'une grande justesse de ton Livre de ma mère, 1954 ; Carnets, 1978.
Belle du Seigneur 1968 a consacré la gloire de Cohen. Effusion lyrique et critique sociale ajoutent, dans cette histoire d'amour absolu, une nouvelle touche au portrait de Solal, héros protéiforme et favori de l'auteur qui dévoile, au sein du roman, les antagonismes opposant Orient et Occident, non seulement géographiquement, mais par rapport aux valeurs qui régissent les sociétés, une tradition qui a ses racines dans la morale et parfois dans le sacerdoce. Les considérations purement théologiques passent cependant au second rang, comme le montre une langue débridée, burlesque à souhait, sans signes de ponctuation, parodiant la litanie, souvent jubilatoire, mais où l'exultation sait éviter, dans son ironie contrôlée, l'écueil de l'exaltation ou du pathétique.

Sa vie

Né dans l'île grecque de Corfou en 1895, Francis Albert Cohen a un père d'origine juive romaniote et une mère juive de langue italienne. Son grand-père préside la communauté juive locale.
Issus d'une famille de fabricants de savon, les parents d'Albert décident d'émigrer à Marseille après un pogrom, alors qu'Albert n'a que 5 ans. Ils y fondent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera cette période dans Le Livre de ma mère. Albert Cohen commence son éducation dans un établissement privé catholique. C'est le 16 août 1905 qu'il se fait traiter de youpin dans la rue par un camelot de la Canebière, événement qu'il racontera dans Ô vous, frères humains. Le jeune garçon court à la gare Saint-Charles. Il s'enferme dans les toilettes, faute de pouvoir s'enfuir. Sur le mur, il écrit : Vive les Français !. En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d'amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913, il obtient son baccalauréat avec la mention assez bien.
En 1914, Albert Cohen quitte Marseille pour Genève. Il s'inscrit à la faculté de droit de la ville en octobre. Dès lors, il s'engage en faveur du sionisme mais n'ira jamais en Israël. Il obtient sa licence en 1917 et s'inscrit à la faculté des lettres où il restera jusqu'en 1919. Cette année-là, il obtient la nationalité suisse il était ottoman. Il tente sans succès de devenir avocat à Alexandrie. Il épouse cette même année, Élisabeth Brocher. En 1921, naissance de sa fille Myriam. En 1924, sa femme meurt d'un cancer. En 1925, Albert prend la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il trouvera dans cette expérience l'inspiration qui lui permettra de construire l'univers d'Adrien Deume et de Solal des Solal pour Belle du Seigneur. En 1931, il se marie en secondes noces avec Marianne Goss dont il divorcera.
En 1941, il propose de regrouper les personnalités politiques et intellectuelles européennes réfugiées à Londres dans un comité interallié des amis du sionisme qui aidera la cause d'un État juif, une fois la paix revenue. En effet, les dirigeants sionistes choisissent de porter tous les efforts sur le sauvetage des Juifs d'Europe quitte à sacrifier l'avenir politique. La stratégie de propagande de longue haleine de Cohen n'est donc plus d'actualité. De plus, avec l'entrée en guerre des États-Unis, l'Agence juive comprend que l'avenir du sionisme dépendra plus de l'Amérique que de l'Europe. Cohen est alors chargé par l'Agence juive pour la Palestine d'établir des contacts avec les gouvernements en exil. Il s'irrite vite de la méfiance de ses supérieurs de l'Agence juive. Il démissionne en janvier 1944 très déçu par la cause sioniste.
Le 10 janvier 1943, la mère de Cohen décède à Marseille. Cette même année il rencontre sa future troisième épouse, Bella Berkowich, En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés dont font partie entre autres la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Il est chargé de l'élaboration de l'accord international du 15 octobre 1946 portant sur le statut et la protection des réfugiés. En 1947, Cohen rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations unies. En 1957, il refuse d'occuper le poste d'ambassadeur d'Israël, pour poursuivre son activité littéraire.
Dans les années 1970, Albert Cohen souffre de dépression nerveuse et manque de mourir d'anorexie en 1978. Cette mort qu'il attend à chaque instant depuis toujours, ne veut pas de lui. Il change alors radicalement de vie à plus de 80 ans… et va employer ses dernières années à faire ce que son grand ami Marcel Pagnol avait fait toute sa vie : la promotion de son œuvre. Sortant de l'ascèse, il publie ses Carnets 1978 et répond aux demandes d'interviews. Une interview télévisée exclusive de Bernard Pivot, réalisée depuis son domicile genevois situé 7, avenue Krieg, pour Apostrophes le propulse sur le devant de la scène littéraire. Un numéro du Magazine littéraire lui est enfin consacré.
Il publie son dernier texte dans Le Nouvel Observateur en mai 1981 en forme de dernière glorification de l'amour de sa femme pour sa personne.
Albert Cohen décède à 86 ans, le 17 octobre 1981 très tôt après la publication de son texte, des complications d'une pneumonie. Il est enterré au cimetière israélite de Veyrier, près de Genève. Bella Cohen est décédée le 1er décembre 2002, à 83 ans.

"Je ne suis pas un écrivain "

Dès son entrée au royaume des lettres, Albert Cohen a été promis à la gloire, cette gloire qu'il sera contraint de refuser. Il finira par nier avec obstination son titre d'écrivain. Un entretien qu'il accorde au Magazine littéraire en 1979 débute ainsi : « Je dois le dire tout de suite : je ne suis pas un écrivain. » Cette attitude explique le long silence qui fut le sien. Célèbre en 1930, Albert Cohen n'aura plus qu'un petit nombre d'admirateurs dans les années cinquante ; il faudra, en 1954, la publication du Livre de ma mère, et en 1968, de Belle du Seigneur (qui lui vaudra le grand prix du Roman de l'Académie française), pour qu'on entende à nouveau parler de lui. Le 23 décembre 1977, Bernard Pivot dans son émission Apostrophes révèle à des millions de téléspectateurs qu'Albert Cohen est l'un des grands écrivains de notre temps. Les dernières années de sa vie, le romancier, qui vit tranquille dans son appartement de Genève, reçoit les honneurs de la consécration ; lui, l'oublié de la plupart des anthologies, entre enfin dans le dictionnaire ! Cette reconnaissance n'est qu'une consolidation : rien ne pouvait réduire les effets de la cassure. Dans Belle du Seigneur, Albert Cohen arrête le récit aux années trente ; le reste de son œuvre ne consacre que quelques phrases au temps du mépris et de l'abomination. Dire le malheur a été au-dessus de ses forces, il n'en a été que le prophète. « Non, Seigneur Ézéchiel, ils ne sont pas méchants, les Allemands, ils sont des fils, ils aiment leur Maman, ils chantent des jolies chansons. Seulement, ils ne comprennent pas que les Juifs ont mal quand on leur fait mal... » fait-il dire à Jérémie dans Ézéchiel, pièce jouée à la Comédie-Française en 1933. En 1938, Albert Cohen cesse de se vouloir écrivain et ce n'est pas là un échec ordinaire : il vient de publier Mangeclous, un chef-d'œuvre du roman comique. Éclat de rire gigantesque, ce roman est la suite de Solal, et constitue un nouveau pas dans la dérision.
Déjà, en 1922, la seconde nouvelle publiée par Albert Cohen à la N.R.F. s'intitulait La Mort de Charlot et le jeune écrivain y donnait la parole à un film muet. C'est que le cinéma des Chaplin et des Buster Keaton est un signe de notre temps et l'écriture de Cohen emprunte ce signe à l'image. Le rire, arme de vérité, fait du burlesque flamboyant de Mangeclous un chant en l'honneur de la dignité bafouée. « Albert Cohen nous montre l'authentique visage de l'homme », proclamait le critique allemand de la Vossische Zeitung : qu'il s'agisse des jeux de la passion amoureuse ou du gouvernement des hommes, toujours l'écrivain en appelle aux forces de vie. Mais en même temps ce sage, incarnant l'esprit de civilisation, nous met en garde : c'est la faillite de l'Occident que l'œuvre éclaire.

Combats

La guerre déclarée, Albert Cohen se tait et mène son combat, à Londres, nouvelle étape d'une carrière diplomatique commencée au B.I.T. d'Albert Thomas et qu'il avait quittée pour se consacrer totalement à l'écriture. La réussite littéraire, pourtant, le jeune prodige découvert par Jacques Rivière la désirait intensément. Dès leur première rencontre, à Genève, Jacques Rivière lui avait proposé un contrat pour des romans. À vingt ans, Cohen dirige La Revue juive à laquelle collaborent Albert Einstein et Sigmund Freud ; en 1926, à propos de Visions – texte qui ne sera jamais publié – Max Jacob déclare son admiration et clame le génie de l'écrivain genevois ; dès la publication de Solal, Gaston Gallimard verse une rente au romancier. Le comité de lecture de la Comédie-Française découvre une pièce de théâtre envoyée à l'insu de son auteur et la monte en 1933. Il y a des bousculades et des cris aux représentations d'Ézéchiel : l'auteur est juif, mais la critique parle de ses accents shakespeariens. Malgré cette fulgurante ascension, Albert Cohen laissera le devant de la scène à son meilleur ami, son compagnon du lycée de Marseille, Marcel Pagnol. Sa fuite ne sera pas exactement celle de Rimbaud : renonçant à l'écriture, il ne cherchera son désert que dans les ruines des bombardements. On est tenté de l'identifier à Solal, le plus fameux de ses personnages, mais une telle assimilation serait téméraire : aux dernières pages du premier roman, Solal, nous dit l'auteur, est « celui qui regarde le soleil en face ». Est-il encore Solal, le Cohen de Londres, ce neveu bien-aimé des Valeureux, qui fait carrière et devient ministre ? Le roman naît de l'enchantement de l'antique Méditerranée, berceau de l'humanisme : comment être Solal quand les Valeureux, dans l'Europe agonisante, sont l'objet de la pire des persécutions ? Finie la dérision joyeuse : dans les brumes de Londres, Albert Cohen mène la résistance d'Israël. Personnage important, il représente Chaïm Weizmann et le sionisme. Il va rencontrer de Gaulle, dont il sera plus tard l'un des auteurs de chevet (les hommes politiques aiment à lire Cohen et François Mitterrand fera beaucoup pour la reconnaissance de son mérite). Dès 1945, il dirige la division de protection juridique et politique à l'O.N.U. et ce cahier blanc dont il est l'auteur, travail de juriste qui permet aux apatrides d'avoir enfin un vrai passeport, il va le considérer comme une des œuvres marquantes de sa vie. Solal n'est plus Solal et pourtant, par la grâce d'une femme, Bella, cette troisième épouse rencontrée en Angleterre et qui sera la compagne de sa vie, Albert Cohen va finir par le ressusciter. Le retour à l'écriture est l'œuvre de Bella. Désormais, tous ses livres, il va les écrire pour elle : Belle du Seigneur, chef-d'œuvre du roman français contemporain, féroce dénonciation de la passion, a été écrit dans la quiétude du bonheur conjugal par un diplomate en retraite de soixante-dix ans.
Entre Mangeclous et Belle du Seigneur, entre le deuxième et le troisième roman, s'étale une marge de trente années. Dans cette marge, un seul livre, le premier de trois ouvrages de confession, à la fois mise à nu et testament. Puisque Bella n'a pas connu sa mère, Albert Cohen écrit pour elle Le Livre de ma mère. De l'écrivain qu'il a été, de son succès, le diplomate garde, sans doute, une nostalgie. Quand Paul-Henri Spaak, son ami, lui conseille de renoncer à l'ambassade d'Israël à Paris (« Il y a beaucoup d'ambassadeurs dans le monde, il n'y a qu'un écrivain du nom d'Albert Cohen ! »), il est ébranlé.

La passion de l'Occident

Mais la déchirure est profonde et ce livre qu'il écrit pour sa femme révèle le drame. La mère d'Albert Cohen est morte à Marseille, pendant l'Occupation. Elle a succombé à la peur et au chagrin. Plusieurs membres de sa famille n'allaient pas revenir des camps de concentration. La judéité habite l'écrivain quand il parle de sa mère. Mais, tout en citant Moïse et la loi qui bannit le meurtre et la haine, il se veut aussi Homère, le conteur. Albert Cohen est juif de Grèce (il est né à Corfou le 16 août 1895). La première étape de son odyssée fut son voyage en France : il a cinq ans et déjà sa famille fuit un pogrom. Il fait ses classes à Marseille ; enfant solitaire, il ne vit que pour sa mère et pour ses livres. Si, pour une mère mythique, il compose ses plus beaux chants, c'est que l'amour de l'humble personne le guide et qu'elle éclaire son origine. Par elle, toutes les énigmes – et même la séduction de Solal – trouvent leur explication. Le petit Albert parlait patois vénitien avec sa mère : de Casanova, Solal hérite certains défauts que le romancier prendra soin de fustiger.
En 1972, Albert Cohen donne un prolongement à ce récit intime avec : Ô vous, frères humains. Au livre de la mère répond le livre de l'enfant. En 1905, Albert a dix ans : c'est l'histoire fameuse du camelot, la blessure fondamentale. Il se fait injurier, humilier par un de ces distraits qui confondent les juifs avec les chiens. La France vit au rythme de l'affaire Dreyfus, et l'antisémitisme fait des ravages. L'enfant apprend le racisme... Approchant les quatre-vingts ans, le vieil homme se souvient de l'enfant qu'il était, soixante-dix ans plus tôt. Parce qu'il a publié Le Livre de ma mère et travaillé déjà à l'histoire du camelot, Albert Cohen ose renouer avec l'imagination romanesque : ce sera Belle du Seigneur, où il se montre fidèle à ses fantasmes de jeunesse.
Avec ce monument de 845 pages, reviennent encore une fois les mêmes personnages que dans Solal et Mangeclous, la même société, cette Genève qu'il a habitée si longtemps et dont il a fait sa ville. Albert Cohen est aussi écrivain genevois, le plus grand sans doute depuis Jean-Jacques Rousseau. Il n'avait pas vingt ans lorsqu'il y débarqua, venant de Marseille. Il y épousa sa première femme, emportée très jeune par la maladie. Les filles de la cité de Calvin, tentation de la jeunesse, ont une beauté cruelle sous la plume du romancier. Ses livres étant miroir de sa vie, Albert Cohen a écrit toute sa vie le même livre, un livre unique, qui lui appartient totalement. Nous contant la passion amoureuse, il semble accepter un des grands thèmes de la littérature. Le voici dans le jardin des Stendhal, des Tolstoï, des Flaubert et des Proust. Ariane est une Mme Bovary, le beau Solal, un cousin de Vronsky, Genève et les salons de la S.D.N. sont un monde proustien qui semble à la mesure des ambitions stendhaliennes du héros. Mais par la singularité de son enracinement, Cohen se nourrit de plusieurs traditions. Son génie n'est pas seulement ce don d'écriture, cette maîtrise de la langue, héritée de la fréquentation des poètes latins et de l'admiration des écrivains français de son adolescence ; dans sa fresque, le romancier règle, une fois de plus, son compte à l'Occident : l'esprit de conquête a été la véritable vocation de la chevalerie, qu'il a entraînée dans les croisades de l'Orient, puis sur les vaisseaux des conquistadores. Ils ont fini par vouloir dompter la planète entière et leur aventure s'est terminée au milieu de ce siècle dans les plaines de Russie et de Pologne. L'amour-passion est lui aussi un legs de la chevalerie, c'est l'autre face de l'esprit de conquête. Le même orgueil conduit à la bestialité et au trépas. Le lien qui unit Solal et Ariane est lien de mort : les amants vont au suicide.
Empruntés à la comédie bourgeoise, les personnages du dernier roman d'Albert Cohen ont le destin des amants de Vérone ; comme Roméo et Juliette, Belle du Seigneur est une tragédie. Le poème de Tristan et Yseult renaît dans les beautés de l'écriture pour se dissoudre presque aussitôt dans le rire vainqueur de la caricature. Toutefois, les personnages du livre gardent une profonde humanité et l'écrivain conserve de la sympathie pour les victimes de son ironie. Le mari, le pauvre Adrien Deume, l'idiot d'une famille ridicule, s'il incarne la dérision de l'ambition, amuse plus qu'il ne rebute. Ariane agace, mais toujours le lecteur est séduit par son plaisir d'être ; la créature trouve son pardon dans les charmes que lui prête son créateur. On croit que le romancier s'identifie à Solal, mais, s'il a ressenti jamais la faiblesse de cette tentation, c'est pour mieux le morigéner, dénoncer sa superbe, l'inviter à son tribunal. Le verdict est impitoyable : il met hors la loi l'amour profane. L'indulgence ne concerne que les Valeureux. Avec Mangeclous, Saltiel et autres bons clowns, l'idée de l'homme est sauvegardée par le triomphe des humbles, que magnifie le comique. La place des Valeureux était plus importante encore dans la première version du roman : on en retrouve les pages soustraites – avec la tribu, ses philosophes et leur carnaval – dans Les Valeureux, livre publié en 1969.
Ultime éclairage donné à l'ensemble de son œuvre, renforçant sa conscience de l'homme, Albert Cohen publie en 1979 ses Carnets, impossible dialogue avec Dieu, suite de réflexions et d'aveux, confession écrite au jour le jour pendant de longs mois... Il meurt dans son appartement de Genève, le 17 octobre 1981. Gérard Valbert

Son œuvre

En 1921 il publie Paroles juives, un recueil de poèmes. Il publie ensuite un roman, Solal 1930, premier volume d'un cycle que Cohen a pensé un temps intituler La geste des juifs, ou Solal et les Solal. Le roman, préfigurant en quelque sorte Belle du seigneur, raconte la jeunesse du jeune grec sur l'ile de Céphalonie, ainsi que ses premières amours. Le livre bénéficie en France d'une critique exceptionnelle. Il est traduit dans de nombreuses langues et le succès du roman devient universel : Une œuvre stupéfiante, écrit le New York Herald Tribune ; pour le New York Times, Cohen, c'est James Joyce, Erskine Caldwell, Rabelais réunis, avec en plus la magie des Mille et Une Nuits. Les critiques anglaise, autrichienne, italienne ou helvétique s'expriment sur le même ton.
Vient ensuite Mangeclous en 1938. Aux analyses sentimentales s'ajoutent l'observation amusée de la gent S.D.N.. Après seize ans de silence, Cohen publie Le Livre de ma mère en 1954, poignant portrait d'un être à la fois quotidien et parfaitement bon qu'il évoquera une nouvelle fois dans ses Carnets 1978.

Belle du Seigneur

1968 est l'année de consécration pour Albert Cohen qui publie son œuvre majeure: Belle du seigneur. L'œuvre reçoit le Grand Prix de l'Académie Française. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1970. Belle du Seigneur, considéré par certains dont Joseph Kessel comme un roman central de la littérature française, est un hymne éternel à la femme, objet de fascination et de désespoir pour l'auteur. La leçon de séduction de Solal, donnée à Ariane au Chapitre XXXV, détruit plus vite et brutalement encore que Les Liaisons dangereuses l'espoir d'un amour qui ne serait pas basé sur une stratégie guerrière. Le livre est un succès public.

Œuvres

Sont parus en volume du vivant de Cohen les ouvrages suivants :
Paroles juives poèmes, Kundig, 1921.
Solal roman, Gallimard, 1930.
Mangeclous roman, Gallimard, 1938.
Le Livre de ma mère récit autobiographique, Gallimard, 1954.
Ézéchiel théâtre, Gallimard, 1956 première version datant de 1930.
Belle du Seigneur roman, Grand prix du roman de l'Académie française, Gallimard, 1968.
Les Valeureux roman, Gallimard, 1969.
Ô vous, frères humains récit autobiographique), Gallimard, 1972.
Carnets 1978 récit autobiographique, Gallimard, 1979.
Et de manière posthume, les recueils suivants :

Écrits d'Angleterre textes rédigés par Cohen en Angleterre entre 1940 et 1949 ; préface de Daniel Jacoby, Les Belles Lettres, 2002.
Mort de Charlot textes rédigés en revue par Cohen dans les années 1920 ; préface de Daniel Jacoby, Les Belles Lettres, 2003.
Salut à la Russie textes rédigés par Cohen en 1942 dans la revue française de Londres La France libre ; préface de Daniel Jacoby, Le Préau des collines, 2004.
Le Roi mystère : entretiens avec Françoise Estèbe et Jean Couturier entretiens réalisés en 1976 pour France Culture, Le Préau des collines, 2009.



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Posté le : 14/08/2015 21:46

Edité par Loriane sur 15-08-2015 19:15:44
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Gaspard de Clermont-Tonnerre
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Le 16 août 1688 naît Gaspard de Clermont-Tonnerre

à Dijon en Côte-d'Or, il meurt, à 92 ans le 16 mars 1781, en l'Hôtel Matignon, à Paris, noble, descendant de l'une des plus grandes familles du royaume -remontant au XIe siècle, un militaire français du XVIIIe siècle, marquis de Cruzy et de Vauvillers dit de Clermont-Tonnerre, puis duc de Clermont-Tonnerre, il est le premier duc de Clermont-Tonnerre et pair de France, seigneur de Mangevel, comte d'Epinac, seigneur de Maugevel, de Champlâtreux, de Saintry, de Mazeline, de Mangevelle, de Pont du Bois, de Selles, premier baron, connétable et grand-maître héréditaire de Dauphiné, maréchal de France, puis doyen des maréchaux de France. Il fait allégeance au royaume de France. Il s'illustre par ses faits d'armes à la bataille de Fontenoy, distingué de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1717, Ordre du Saint-Esprit en 1724

Sa vie

Gaspard de Clermont-Tonnerre fait une carrière militaire brillante dans les armées de Louis XV. Cornette et capitaine de cavalerie en 1703. Il participe aux batailles de Höchstädt en 1704, d'Oudenarde en 1708 et de Malplaquet en 1709. Il devient maître de camp d'un régiment de cavalerie qui porte son nom en 1709. Commissaire-général de la cavalerie légère, puis brigadier des Armées du Roi, le 1er janvier 1716. En 1717, il est fait chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, puis commandeur en 1720. Le 3 juin 1724, dans la chapelle du château de Versailles, il est reçu dans l'Ordre du Saint-Esprit, dans la troisième promotion du règne de Louis XV.
Il est fait maréchal de camp en 1733 et gouverneur de Mont-Dauphin à la frontière du Dauphiné, le 29 mai 1734. Il commande toutes les forces de cavalerie pendant les campagnes de 1733 et 1734 en Allemagne, dans le cadre de la Guerre de Succession de Pologne, en l'absence du comte d'Évreux. Il est fait lieutenant-général des armées du roi lors de la promotion du 1er août 1734.
Au mois de janvier 1739, il est nommé gouverneur de la ville et de la citadelle de Belfort (alors en Alsace), poste laissé vacant par la mort du maréchal du Bourg. Il démissionne du gouvernement de Mont-Dauphin.
Il s'illustre en 1745 à la bataille de Fontenoy aux côtés de Maurice de Saxe contre les anglo-hollandais. Il intervient d'une façon décisive à la tête de la cavalerie, en dirigeant une attaque fulgurante qui disloque le carré ennemi et permet de remporter une victoire qui fut longtemps indécise.
Après la bataille de Lauffeld, le 17 septembre 1747, Gaspard de Clermont-Tonnerre est nommé maréchal de France. La même année, il renonce à charge de maître de camp-général de la cavalerie et il est fait lieutenant-général de la province du Dauphiné. Il entre au Parlement de Grenoble en 1765.
Le 11 juin 1775, lors du sacre de Louis XVI en la cathédrale de Reims, Gaspard de Clermont-Tonnerre, alors âgé de 87 ans, en sa qualité de doyen des maréchaux du royaume, a l'honneur - comme il est d'usage - de tenir pendant la cérémonie, « Joyeuse », l'épée de Charlemagne. Louis XVI, à cette occasion, élève le maréchal à la dignité de duc et de pair de France.

Le duc Gaspard de Clermont-Tonnerre meurt le 16 mars 1781 à 93 ans, âge respectable pour l'époque


De 1715 à 1723, il fait construire sur ses terres, aux confins de la Champagne, la Lorraine et la Franche-Comté, dans le nord de l'actuel département de la Haute-Saône, le château de Vauvillers, surmonté d'une toiture de tuiles vernissées de plusieurs couleurs, comme aux Hospices de Beaune.
Il aime venir s'y reposer entre deux campagnes. Avec l'âge, ses séjours à Vauvillers s'allongent de plus en plus. Il en profite pour gérer directement les affaires de la seigneurie, régler les contentieux, assainir l'économie du fief, ce qui permet de rouvrir des forges. Le 28 mars 1768, il accepte le projet pour la construction d'une église pour le village, qu'il souhaite beaucoup plus spacieuse. Elle est achevée en 1773, et ne subit que peu de modifications depuis lors.

Famille et descendance

Le 10 avril 1714, il épouse à Paris Antoinette Potier de Novion 1685-27 août 1754, avec laquelle il a quatre enfants :
Jules Charles Henri, 6 avril 1720 - † 26 juillet 1794, duc de Clermont-Tonnerre.
Madeleine-Louise Jeanne 19 mars 1722 - † 27 juillet 1769 épouse de François-Louis-Antoine de Bourbon Busset 1722-1793, ancêtres de la Vénérable Anne de Guigné 1911-1922.
François Joseph 12 janvier 1727 - † 30 avril 1809, marquis de Clermont-Tonnerre.
Jean-Louis Aynard de Clermont-Tonnerre 30 août 1724-† 26 février 1801, chapelain de Saint-Siméon de Saulx-le-Duc, puis le 13 avril 1743 abbé commendataire de Luxeuil. Licencié en théologie il est vicaire général du diocèse de Dijon. Le 3 juin 1771 il est nommé abbé de Saint-Pierre de Melun.
Devenu veuf, il se remarie le 29 juillet 1756 avec Marguerite Pauline de Prondre † 29 juillet 1756, veuve du marquis de La Rochefoucauld

Famille originaire du Dauphiné, remontant au XIe s.
Anne Antoine Jules de Clermont-Tonnerre Paris 1748-Toulouse 1830, évêque de Châlons-sur-Marne 1782, député aux États généraux de 1789, refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Archevêque de Toulouse 1820, il fut créé cardinal en 1822.
Stanislas Marie Adélaïde, comte de Clermont-Tonnerre Hamonville, Meurthe-et-Moselle, 1757-Paris 1792, officier, fut élu premier député de la noblesse de Paris aux États généraux de 1789, siégea avec les monarchiens, préconisa le bicaméralisme et le droit de veto absolu puis complota en faveur du roi. Il fut tué le 10-Août par des émeutiers.
Gaspard, duc de Clermont-Tonnerre Paris 1779-Glisolles 1865, général français, pair de France, aide de camp de Joseph Bonaparte 1808, maréchal de camp sous la Restauration, fut ministre de la Marine 1821 et ministre de la Guerre de 1823 à 1827.

Les Clermont-Tonnerre


La branche des ducs de Clermont-Tonnerre, commence au XVI° siècle. Leurs auteurs sont Roger de Clermont-Tonnerre (1600 - 1676) et Gabrielle de Pernes. Cette branche est la seconde qui subsiste aujourd'hui.
Ils ont été :
- Premier baron, connétable et grand-maître héréditaire du Dauphiné
- Seigneurs de Ravières, de Maugevel, de Champlâtreux, de Saintry, de la Mazeline, de Demangevelle, de Pont-du-Bois, de Selles, du Tillot, d'Hamonville, de Gaudreville, de Glisolles.
- Baron de Villon, de Monestoy, de Ravières.
- Comte d'Epinac.
- Marquis de Cruzy en 1620, de Vauvillers.
- Duc de Clermont-Tonnerre.
- Prince Romain.

Tableau généalogique des ducs de Clermont-Tonnerre
Parmis ses membres on peut retenir ceux-ci :
XVII°

- Roger de Clermont-Tonnerre 1600-1676, marquis de Cruzy, baron de Villon, seigneur de Ravières fut en, 1644, maréchal de bataille au combat de Stamfort, puis aide de camp des armées du Roi en 1646. Il participe à la bataille de Lens le 12 août 1647. Entre 1649 et 1650 il commande un régiment de son nom, puis commande une division à l'armée des Flandres en 1651. Il était lieutenant-général du Roi en Bourgogne et baille d'Auxerre. Il avait épousé, en 1641, Gabrielle de Pernes.
- François de Clermont-Tonnerre 1642-1670, fut chevalier de l'Ordre de Malte.
- Roger de Clermont-Tonnerre ?-1687, fut écuyer ordinaire du Roi.
- Louis-Claude de Clermont-Tonnerre ?-10 juillet 1690, fut chevalier de l'Ordre de Malte et capitaine des galéres de ce même Ordre. Il fut tué lors d'un combat naval contre les Anglais.
- Sébastien de Clermont-Tonnerre, fut chevalier de l'Ordre de Malte.
- Antoine de Clermont-Tonnerre 1646-24 août 1678 était licencié en théologie et évêque de Fréjus en 1676.
- Gaspard, 1ier duc de Clermont-Tonnerre 19 août 1688-16 mars 1781, marquis de Crusy, de Vauvillers, comte d'Epinac, etc. fut le 8 janvier 1703 cornette au régiment de cavalerie du Châtelet puis participe à la bataille d'Hochstaed, à l'attaque de Luxembourg, à la prise de l'île du Marquisat et à la bataille d'Oudernade. Le 30 avril 1709 il est nommé mestre de camp d'un régiment de son nom, puis se trouve, le 11 septembre 1711 à la bataille de Malplaquet. En 1712 il combat à Denain et à la prise de Douai, du Quesnoy et de Bouchain. En avril 1713 il est à la bataille de Spire, Worms, Kaiserlautern et Landau. Le 1 janvier 1716 il est nommé brigadier des armées du Roi, puis commissaire général de cavalerie, puis en 1720 commandeur de l'Ordre de Saint-Louis. Le 2 février 1724 il est chevalier du Saint-Esprit. Le 22 décembre 1731 il est maréchal de camp des armées du Roi, et le 1 juin 1734 gouverneur du Mont-Dauphin. Le 1 août 1734 il est nommé lieutenant général. Le 26 janvier 1739 il est gouverneur de Belfort. En 1741 il participe à la campagne de Bohême et délivra le château de Frauenberg. Le 5 septembre 1744 il est de l'attaque de Saffelsheim. En 1745 il participe à la bataille de Fontenoy ou il commandait l'aile gauche de l'armée. En 1746 il combat à Tournai et à Bruxelles. Le 17 septembre 1747 il est nommé maréchal de France. Le 15 juillet 1764 il est nommé lieutenant général du Roi en Dauphiné. Il tient le rôle de connétable de France lors du sacre de Louis XVI. Il mourut en l'hôtel de Matignon et avait épousé le 10 avril 1714, Antoinette Potier de Novion qui mourut le 29 août 1754. Il épousa en seconde noce Marguerite-Pauline de Pondre.

- Charles-Henri de Clermont-Tonnerre ?-1704 fut capitaine de cavalerie.

XVIII°

- Charles-Henri-Jules, 2nd duc de Clermont-Tonnerre (6 avril 1720- 26 juillet 1794) marquis de Cruzy, comte d'Epinac, 17° patron de l'Hôtel de Beaune, en qualité de déscendant de Nicolas Rolin. Le 10 mars 1732 il est cornette puis mestre de camp du commissaire-général de cavalerie. Le 16 février 1734 il est capitaine. Le 21 février 1740 il est mestre de camp au régiment de Clermont. Il participe à la bataille de Dettingen en 1743, puis se trouve sous les ordres du maréchal de Coigny, pui du maréchal de Saxe. le 18 juillet 1744 il prend part à la bataille de Wissenbourg et d'Alstatt. Le 28 mai 1745 il est à la bataille de Fontenoy et y commande une division. le 20 mars 1747 il est nommé brigadier des armées du Roi et chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. En 1748 il participe à la bataille de Lawfeld ou il commande la brigade du régiment de cavalerie du Roi et est présent à Berg op Zoom et à Maestrich. Il combat à Hastenbeck en 1757, puis est nommé maréchal de camp le 1 mai 1758. Il servira ensuite en Normandie, sous les ordres du duc d'Harcourt ou il commandera Valognes. Lieutenant général des armées du Roi le 25 juillet 1765 il sera nommé lieutenant du Roi en Dauphiné à la suite de son père. Il fera enregistrer les édits de décembre 1768 et seconda la réforme de Maupeou, et présida à la supression de l'ancien parlement de Grenoble, et à la création du nouveau. Il échangea une correspondance avec Jean-Jacques Rousseau et fut nommé Pair de France le 13 mars 1782 et chevalier du Saint-Esprit le 30 mai 1784. Lors de la journée des Tuiles, le 7 juin 1788, aprés avoir fait fermer à clef le parlement et contraint le parlement à enregistrer militairement des édits qui diminuaient le pouvoir de ce dernier, il dut s'enfuir de son hôtel assiégé. Lors de la révolution il est condamné à mort et fut décapité le 26 juillet 1794 en même temps que la princesse de Monaco, la princesse de Chimay, la maréchal d'Armentières, Monseigneur de Saint-Simon, l'évêque d'Agde et tant d'autres ... Il avait épousé, le 5 juin 1741, Marie-Anne-Julie le Tonnelier de Breteuil dite Mademoiselle de Breteuil.

- Jean-Louis-Aynard de Clermont-Tonnerre 30 août 1724-26 février 1801 fut chapelain de Saint-Siméon de Saulx-le-Duc, puis le 13 avril 1743 abbé commandataire de Luxeuil. Licencié en théologie il fut vicaire général du diocèse de l'évêque de Dijon. le 3 juin 1771 il est abbé de Saint-Pierre de Melun. Il ne réussit jamais à avoir un archevêché.

- Joseph-François de Clermont-Tonnerre 12 janvier 1727-30 avril 1809 fut cornette au régiment mestre de camp général de cavalerie le 12 juillet 1740 puis capitaine le 9 mars 1742. Il prit part à la prise de Prague, à la bataille de Dettingen en 1743 et au siège de Fribourg en 1744. Il fut aide-major général des logis de la cavalerie. Il prit part au bataille de Raucoux, de Lawfeld et de Berg-op-Zoom. Il fut mestre de camp le 1 février 1748. Le 10 février 1759 il est lieutenant-colonel puis mestre de camp, puis le 20 février 1761 brigadier des armées du Roi. Il prit part à la campagne d'Allemagne, à la bataille de Hastenbeck et fut blessé à Minden. Le 25 juillet 1762 il est nommé maréchal de camp. Il entretenait d'étroites relations avec le roi Stanislas Leczinski. Lors de la révolution il fut défendu par les paysans de sa région, en Franche-Comté. Il avait épousé, le 15 janvier 1757, Félicité de Lentilhac de Gimel, dame d'Hamonville, puis en seconde noce, Antoinette Guilloteau de Montussan.

- Gaspard, marquis de Clermont-Tonnerre (28 juillet 1747-18 octobre 1793), comte d'Epinac fut lieutenant réformé au régiment de Clermont le 3 octobre 1753. Le 28 avril 1765 il est capitaine-commandant au régiment du Roi-cavalerie jusqu'en 1779. Le 18 juin 1768 il est nommé gouverneur de Belfort. En 1771, le 16 août, il est nommé mestre de camp. Il était lieutenant-général du Roi en Dauphiné, et à la veille de la Révolution son hôtel fut envahi par la foule. Il fut sauvé par le sergent Bernadotte, futur maréchal de France et roi du Suède. En 1790 il émigre et est nommé maréchal de camp des armées du Roi en service étranger. Il revient en France en 1792, mais fut fussilé à Lyon le 18 octobre 1793 à Lyon. Sur le chemin qui l'emenait vers son destin, blessé et alors que la foule le pressait il dit : ''Si je me traîne plutôt que je ne marche, ne croyez pas, mes amis que ce soit de peur, vous m'avez vu à l'oeuvre et ce n'est pas la première fois que je vais au feu. D'ailleurs sachez qu'un Clermont-Tonnerre ne craint pas la foudre.'' Il avait épousé, le 28 juin 1767, Louise-Adélaïde de Durfort-Civrac.

- Jules de Clermont-Tonnerre (31 décembre 1748-20 février 1830), duc de Clermont-Tonnerre, à titre individuel, fut abbé de Saint-Pierre de Melun, puis évêque de Châlon sur Marne. En 1789 il est député du clergé aux Etat généraux. Il jura fidélité à la Constitution civique, mais fit parti des onze prélats qui protestérent contre l'acceptation faite par Louis XVI, de cette même Constitution. En 1791 il retourne dans son diocèse ou il refusa le serment constitutionnel. Sons siège de Châlon ayant été surpimé il parti en exil. Le 4 juin 1814 il est nommé Pair de France et en 1817 Louis XVIII lui redonne son évêché. Le 1 juillet 1820 il est archevêque de Toulouse. Le 2 décembre 1822 il est nommé cardinal par le Pape Pie VII, son parent. Cette nomination lui conféra le titre d'abbé commendataire de Saint-Sébastion hors les murs de Rome. Il serra nommé chevalier du Saint-Esprit le 12 mai 1825. Le 4 novembre 1826 il est ministre d'Etat. Il fut un des grands défenseur des droits de l'Eglise.

- Paulin, vicomte puis 3ième duc de Clermont-Tonnerre (23 août 1750-13 juillet 1841 prince romain, marquis d'Epinac, fut nommé mestre de camp en second du régiment d'infanterie Royal-Champagne le 13 avril 1780. Il fut chevalier de l'Ordre du Mont-Carmel et Saint-Lazare. En 1791 il commandait le régiment Royal-Guyenne. Le 1 janvier 1792 il dut s'enfuir et se réfugia à Hertenrode. le 23 juin 1814 il est nommé lieutenant-général des armées du Roi. En 1823 il est fait Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis et prince romain en 1825. Il avait épousé le 29 janvier 1779, Anne-Marie-Louise Bernard de Boulainvilliers.

- Anne-Louis de Clermont-Tonnerre 12 mars 1756-? fut chevalier de l'Ordre de Malte.

- Aynard, 4ème duc de Clermont-Tonnerre 9 août 1769-



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Posté le : 14/08/2015 21:45

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Vincenzo Manfredini
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Le 16 août 1799 meurt Vincenzo Manfredini,

à 61 ans, à Saint Pétersbourg, né le 22 octobre 1737 à Pistoia près de Florence, compositeur, et claveciniste italien du XVIIIe siècle, et enseigna par ailleurs le clavecin et le chant, théoricien de la musique de style Musique baroque, opéra, ses activités annexessont théoricien de la musique, claveciniste en Italie et Russie. Ses Œuvres principales sont Requiem à l’Impératrice Élisabeth, Semiramide opéra, Concerto pour clavecin, 6 Sonates pour clavecin, Regole armoniche traité sur la musique, Difesa della musica moderna idem

En bref

Fils du violoniste et compositeur Francesco Manfredini 1684 ; † 1762 et de Rosa degli Antonii, c’est auprès de son père que Vincenzo acquiert les fondements de la musique. Puis il suit l’enseignement de Giacomo Antonio Perti 1661 ; † 1756 à Bologne qui fut aussi le maître de son père et de Gian Andrea Fioroni 1716 ; † 1778 à Milan.
Lors de son séjour à Saint-Pétersbourg Vincenzo épouse la chanteuse Maria Monari. Un de leurs fils, Giovanni Manfredini vers 1769 ; † ? a laissé une brève biographie manuscrite sur son père3. Une de leurs filles, Elisabetta Manfredini vers 1786 ; † ? eut également une carrière musicale.

Sa vie

Vincent Manfredini est le Fils de Francis Onofrio, violoniste et compositeur, et l'Antonii Rose, est né à Pistoia , le 22 Octobre 1737.
Le frère aîné, Joseph, né en Pistoia en date non précisée, était soprano et compositeur, actif en tant que chanteur de l'opéra seria en 1748-1758 dans les théâtres de Modène , Venise , Florence , Ferrara , Padoue , Vérone , Londres . Plus tard, il était avec M. à Moscou et Saint-Pétersbourg qui a connu professeur de chant. Retour en Italie , il a joué en 1770 dans Armida M. à Bologne, où il a retiré plus tard. Il a écrit des airs avec istromenti Londres 1752.
M., un professeur de clavecin et compositeur lui-même, occupe une place prépondérante dans le débat théorique de la musique internationale de l'époque; deuxième WS Newman était également actif en tant que violoniste.
Après ses études musicales avec son père, M. déménagé à Bologne pour améliorer sous la direction de GA Perti; plus tard, il est allé à Milan , où il a terminé sa carrière avec l'enseignement GA Fioroni.
En 1758, il a atteint Moscou, avec son frère Joseph et la compagnie de tournée de P. Locatelli . Peu de temps après il a déménagé à la cour de Saint-Pétersbourg comme maître de chapelle du tsar Pierre III et plus tard l'impératrice Catherine II, et où il est resté jusqu'en 1769. tête du théâtre italien nommé, pendant ce long séjour M. composé de nombreux opéras sérieux, ballets chanter de la musique sacrée et le succès. Les héros de la paix de cantates écrites - à l'occasion de la paix avec la Prusse et de succès réalisés à Saint-Pétersbourg en 1762 - est l'un des rares morceaux de caractère laudatif de M, qui a été commandé en 1765 pour écrire une autre occasion inauguration de l'Académie russe des sciences. Il était encore moins productive dans l'instrument de terrain, sonates pour clavecin et concertos, symphonies, quatuors à cordes, un domaine auquel il se consacre de façon sporadique et avec des degrés variables de succès.
Avec l'arrivée en 1765 à Saint-Pétersbourg par B. Galuppi et le nouveau langage musical qu'il introduit, particulièrement apprécié par le tribunal, l'M. a été relégué à un rôle secondaire. Il était peut-être pour cette raison que, avec un départ à la retraite somptueux de la cour de Russie, il est retourné à Bologne en 1769, où il a pu rencontrer à plusieurs reprises - avec son frère - WA Mozart et son père Leopold dans leurs deux séjours Bolognese (Reisenotizen entre 24 et 29 Mars 1770 et des lettres de Bologne le 27 Mars et 4 g. en 1770, dans Briefe und Aufzeichnungen. A cette époque, M. se consacre à des activités culturelles, apparemment l'abandon de la composition musicale.
En 1775, il a publié à Venise son traité Règles harmoniques, ou Sieno Préceptes pour apprendre les principes de la musique, retravaillé et élargi plus tard avec certaines sections importantes consacrées au style observé et le contrepoint Venise 1797. Entre 1785 et 1789 était un correspondant et rédacteur en chef du Journal encyclopédique périodique de l'Italie, pour lequel il a écrit un certain nombre d'articles de historique et esthétique musicale. Il a été publié en 1788 à Bologne la défense de la musique moderne, sans doute écrit M le plus important et l'un des ouvrages théoriques les plus importants de l'époque, même au milieu d'une exégétique débat passionnant et d'interprétation.
Après l'accession au trône, en 1796, de Paul Ier , un ancien élève de M., il a de nouveau appelé, en 1798, en Russie , où il reprend la position d'un temps avec une augmentation significative de salaire et de retraite 3000 roubles.

M. décédé à Saint-Pétersbourg le 16 AOut 1799, après 11 mois de maladie.

Laissant sa fille Elizabeth, futur chanteur apprécié, a eu son épouse Maria Monari ou Munari, aussi un chanteur, avec qui il a eu son fils John né vers 1769, auteur de quelques VM biographiques ms. A Archives de l'Académie philharmonique de Bologne: introuvable, mais transcrit en Iozzelli - Tolve , qui est une source précieuse dans la reconstruction de la vie de Manfredini.
Alors qu'au premier abord ses compositions - sauf pour la collecte des six sonates pour clavecin dédié à Catherine II et durement critiqués dans Wöchentliche Nachrichten JA Hiller Octobre 21, 1766 - ont rencontré un certain succès, l'arrivée massive d'' opéra italien en Russie, il est grave, il est drôle, éclipsé sa production, afin de le forcer à composer des danses et interludes écrite "mit besonderer Stärke" J. von Stählin, II, p. 35 pour des œuvres de Galuppi et D'autres auteurs de la péninsule.
Le retour en Italie de M. donc coïncidé avec une crise personnelle et professionnelle. Après deux tentatives dans le monde de l'opéra (Armide, 1770 et Artaxerxès, 1772, peut-être déçu par les résultats peu flatteurs ces scores, il se consacre à nouveau à la production instrumentale, donnant les impressions une collection de symphonies et de la musique sacrée aujourd'hui transposé que partiellement. Tout à fait différent de sa réception comme un théoricien de la musique. Règles harmoniques, écrites à divulguer leur méthode de chanter beaucoup plus moderne et progressiste que celle de son collègue et concurrent Go Mancini, méritaient l'attention de nombreux fans et en même temps soulevé les préoccupations de nombreuses critiques, y compris S. Arteaga, auteur de Les Révolutions de théâtre musical Bologne 1783. Cela a conduit à une controverse entre les deux théoriciens qui ont abouti, après plusieurs échanges de vues, dans la défense de la musique moderne.
La position de M. en faveur de l'avancement de la musique, mais non sans une certaine critique de la société contemporaine, est certainement novatrice par rapport à la période critique, imprégnée d'un certain conservatisme. Ce faisant, l'M. concentre sur la capacité du répertoire contemporain pour exprimer une meilleure cohérence entre le texte et la musique. Une telle opinion, naturellement, doit être considérée comme contraire aux revendications de Arteaga, qui ont vu dans le répertoire de son temps tous les signes de la désintégration de la société et de l'art. Particulièrement important et original dans ce contexte, l'intérêt manifesté par M. vers la musique instrumentale (Défense, pp. 39 sq., Dans une période où ce répertoire, la théorie de la musique italienne semblait orienté à nier toute autonomie et la dignité esthétique.
M. a également écrit harmoniques règles, ou Sieno Préceptes motivée pour apprendre les principes de la musique, la posture de la main et l'accompagnement de b ACE au-dessus des instruments à clavier Venise 1775; 2e éd, Ibid.. 1797.
Jouées: Semiramide reconnu livret de Métastase P. , Saint-Pétersbourg 1760; La musique triomphante . L. Lazzaroni pastorale; ibid Les Jeux Olympiques Métastase, Moscou 1762, Charlemagne Lazzaroni; Saint-Pétersbourg en 1763; . nouvelle version, ibid, 1764; Les malades faux interlude; Carlo Goldoni ; ibid. 1763; L'élève interlude; Goldoni; ibid. 1763; Armida G. Durandi, Bologne 1770; Artaxerxès P. Metastasio , Venise 1772. Aussi 6 airs et un duo pour soprano, 2 violons, alto, violoncelle et deux cors de chasse, Nuremberg , vers 1762; 2 airs dans Recueil lyrique d'airs Choisis, Paris 1772; plusieurs airs d'opéra, de remplacement et de concert, et plusieurs canons pour trois voix.
Sing: La paix des héros L. Lazzaroni, Saint-Pétersbourg 1762; Le conseil des muses sérénade; Locatelli, Moscou 1763; Les rivaux Lazzaroni, Saint-Pétersbourg 1765, cantate pour l'inauguration de l'Académie des sciences ibid. 1765.
Ballets: Amour et Psyché Moscou 1762, Les Amants du naufrage réchappés Saint-Pétersbourg 1766; Le sculpteur de Carthage ibid 1766.; Le recompensée Constance (Moscou 1767.
La musique sacrée: Esther oratoire, Venise 1792, Requiem pour l'impératrice Elizabeth II, Moscou 1762 La messe de funérailles pour 4 voix et des instruments; Laudate Dominum pour soprano, chœur et orchestre.
La musique instrumentale pour la liste voir dans les détails The New Grove Dict..: 6 symphonies Venise 1776; un concerto pour clavecin La Haye-Amsterdam à propos de 1769; Rist ., Londres vers 1786; éd. par A. Toni , Milan 1957; 6 String Quartets Florence à propos de 1781; 6 trios pour deux violons et basse SL ou d.; 6 Sonates pour clavecin Saint-Pétersbourg en 1765; éd. Par AM Pernafelli, Milan 1975; 14 préludes pour clavecin publiés en harmoniques règles. Scalabrini, Paolo.

Le compositeur

À fin 1757 début 1758 Vincenzo Manfredini accompagne son frère aîné Giuseppe à Saint-Pétersbourg avec la troupe de Giovanni Battista Locatelli. Là il devient maître de chapelle de Pyotr Fyodorovitch. Il compose alors son premier opéra, La Semiramide riconosciuta la Sémiramide reconnue, sur un livret de Metastasio. La représentation a lieu dans la résidence impériale d’été d’Oranienbaum Ораниенбаум, à l’extérieur de Saint-Pétersbourg.
Le 5 janvier 1762 du calendrier grégorien l’Impératrice Elisabeth Елизавета Петровна meurt et Pyotr devient tsar sous le nom de Pierre III Fyodorovitch Пётр III Фëдорович). Aussitôt Pierre nomme Vincenzo maître de chapelle de la troupe de l’opéra italien de la cour. La première œuvre qu’il compose dans cette nouvelle fonction est son Requiem à l’Impératrice Elisabeth. Peu après, le 3 juin 1762, il écrit la pastorale héroïque La pace degli eroi la paix des héros, pour la célébration du Traité de paix russo-prussien signé le 5 mai, une initiative politique majeure du nouveau tsar. Or, ce traité et d’autres initiatives du Tsar lui valent l’hostilité de l’armée et Pierre disparaît mystérieusement à la suite d’un coup d'État, le 9 juillet de la même année.
C’est son épouse Catherine II de Russie 1729 ; † 1796 Екатерина II qui lui succède. Catherine se sépare rapidement de la plupart des proches de Pierre, mais, dans un premier temps, confirme Vincenzo dans ses fonctions, et celui-ci compose des opéras L'Olimpiade sur un livret de Pietro Metastasio, La finta ammalata sur un livret de Carlo Goldoni, Carlo Magno, et quelques pièces occasionnelles dont le ballet Amour et psyché.
Avec l’arrivée de Baldassare Galuppi, en 1765, Vincenzo Manfredini est relégué à la composition de ballets servant à agrémenter les opéras de son rival Les amants réchappés du naufrage, Le sculpteur de Carthage, La constance récompensée. Il assume en outre la charge de maître de musique et de clavecin de l’héritier au trône Pavel Petrovich, le futur empereur Paul Ier de Russie Павел I Петрович.
En 1769, Vincenzo Manfredini retourne à Bologne, étant au bénéfice d’une pension du trône de Russie. Il compose une Armida sur le fameux livret de Giacomo Duranti ou Durandi, dont la première représentation a lieu en mai 1770 dans le Nuovo Pubblico Teatro le théâtre communal de Bologne4. Le même opéra est représenté à Vérone en 1771. Puis Manfredini compose son Artaserse, dramma per musica, dont la première a lieu pendant le Carnaval de Venise de janvier 1772 au Teatro San Benedetto. Après ces deux tentatives de s’affirmer avec la musique d’opéra, Manfredini se consacre principalement à l’enseignement et à la publication d’écrits sur la théorie de la musique, tout en produisant encore quelques symphonies commentées dans les Efemefidi letterarie di Roma, 1776 et des quatuors à cordes 1781 ?.
Lorsque son ancien élève Pavel accède au trône, il invite Vincenzo à revenir. Il arrive en septembre 1798, mais meurt l'année suivante sans avoir assumé de charges particulières.

Le théoricien de la musique

C’est principalement pour ses ouvrages théoriques que Vincenzo Manfredini est connu aujourd’hui, sachant que la plupart de ses musiques sont perdues.
Le premier ouvrage théorique de Manfredini, les Regole armoniche, o sieno Precetti ragionati 1re édition, 1775, comporte deux parties : l’une relative aux éléments de la composition, et l’autre relative à l’accompagnement par le clavier, et porte principalement sur les drames musicaux dramma per musica un synonyme pour l’opéra. Cet ouvrage qui fit autorité en son temps fut traduit en russe par le compositeur et directeur d’orchestre Stepan Degtyaryov Степан Аникиевич Дегтярев 1766-1813 et publié en 1805 à Saint-Pétersbourg, sous le titre « Правила гармонические и мелодические для обучения всей музыке Санкт-Петербург, 1805 ou en abrégé Гармонические правила. L'œuvre fut dédiée au tsarévitch Paul Petrovich et bénéficia du mécénat de ce dernier.
Les pensées de Manfredini quant à la méthode correcte d’enseignement du chant suscitèrent une critique vigoureuse d’un autre théoricien de la musique de l’époque, Giovanni Battista Mancini 1714 à Ascoli Piceno ; † 1800 à Vienne. Dès lors, dans une seconde édition, de 1797, beaucoup plus volumineuse, Manfredini ajoute plusieurs sections relatives au chant et au contrepoint.
Dès 1785, Manfredini devient associé et rédacteur de la revue Giornale enciclopedico, ce jusqu’à la suspension de la production du Giornale en 1789. En avril 1785 il y publie une revue du premier volume d’un ouvrage de Esteban de Arteaga 1747-1799, Le rivoluzioni del teatro musicale Bologna, 1783. La réponse virulente de de Arteaga ne se laisse pas attendre, ce qui incite Manfredi à publier un ouvrage plus circonstancié, la Difesa della musica moderna Bologna, 1788, rédigé sur deux colonnes, l’une reproduisant les commentaires de de Arteaga et l’autre indiquant ses propres réponses. Cette querelle entre les anciens et les modernes doit être analyse à la lumière des changements sociaux-culturels intervenus à cette époque, qui a vu la place et le rôle de la musique et des musiciens évoluer considérablement. Le titre de l’ouvrage de Manfredini démontre qu’il avait pleine conscience de quel parti il défendait. Manfredini a démontré par ses écrits son intérêt pour le modernisme.

Œuvres

Manfredini composa de nombreux opéras, des ballets, des cantates, de la musique sacrée (inclus un requiem), des symphonies, des concertos, des quatuors à cordes et autres œuvres de musique de chambre musica da camera.

Ses principales œuvres sont les suivantes :

Opéras composés pour la cour impériale de Russie

Semiramide riconosciuta Узнанная Семирамида dramma per musica, livret : Pietro Metastasio, 1760, à Oranienbaum.
La musica trionfante, pastorale, livret : L. Lazzaroni, 1761, à Saint-Pétersbourg.
L'Olimpiade Олимпиада, livret : Pietro Metastasio, 24 novembre 1762, à Moscou ; dont 6 arias RISM M 344, et 2 arias in Recueil lyrique d’airs choisis Paris, 1772.
La pupilla, 1763, à Saint-Pétersbourg.
La finta ammalata, Intermezzi, livret : Carlo Goldoni, 1763, à Saint-Pétersbourg.
Carlo Magno Карл Великий, livret : L. Lazzaroni, 24 novembre 1763, à Saint-Pétersbourg ; version révisée : 1764, à Saint-Pétersbourg.

Autres opéras

Armida, livret : Jacopo Duranti ou Giacomo ; ou Durandi, 1762, Moscou ; 1770, Bologne, Nuovo Pubblico Teatro.
(Sur le poème Gerusalemme liberata Jérusalem libérée de Le Tasse.
Artaserse, livret : Pietro Metastasio, 1772, Venise, Teatro San BenedettoF-Pn; P-La.

Musiques sacrées

Requiem, 1762, Saint-Pétersbourg.
Esther, oratorio, 1792, Venise.
Messa funebre a 4vv I-Ps.
Laudate Dominum per soprano, coro, orchestra e basso continuo.

Autres œuvres lyriques

La pace degli eroi, cantate, livret : Lazzaroni, juin 1762, Saint-Pétersbourg.
Il consiglio delle muse, Sérénade, livret : Giovanni Battista Locatelli, 1763, Moscou, incertain.
Le rivali, cantate, livret : Lazzaroni, 1765, Saint-Pétersbourg.
Duos, CZ-BER.
Canons, I-Nc.
Arias.

Ballets

Amour et psyché Амур и Психея, octobre 1762, Moscou
Les amants réchappés du naufrage, 1766, Saint-Pétersbourg.
Le sculpteur de Carthage, 1766, Saint-Pétersbourg.
La constance récompensée, 1767, Moscou.
Pygmalion, 1762, Saint-Pétersbourg балеты "Пигмалион", 1762, Петербург ; incertain.

Œuvres instrumentales

Concerto pour clavecin, a Haye & Amsterdam RISM M 350, Londres RISM M 348, M 349.
Rééd. A, Toni, Milan, 1957.
6 Sonates pour clavecin, 1765 RISM M 352.
(Rééd. A. M. Pernafelli, 1975.
6 Symphonies, Venise, 1776 RISM M 345, M 346.
14 Préludes pour clavecin contenus dans les Regole armoniche, cf. infra.
6 Quartetti per 2 violini, viola, violoncello, RISM M 351.
Fuga per clavicembalo, D-B.

Traités sur la musique

Regole armoniche Гармонические правила, aussi connu sous Tractus Regole armoniche :
Première édition : Regole armoniche o siene precetti ragionati per apprendere i principj della musica, il portamento della mano, e l'accompagnamento del basso sopra gli strumenti da tasto, come l'organo, il cembalo ec. ; Dedicate a Sua Altezza Imperiale Paul Petrovicz ..., Appresso G. Zerletti Venise, 1775, 78 pp.
2ème édition : Regole armoniche o sieno, Precetti ragionati per apprender la musica. 2. ed., corr. ed accresciuta, Adolfo Cesare Venise, 1797, 207 pp.
Fac simile : Vincenzo Manfredini, Regole armoniche. A facsim. of the 1775 Venice Ed. Broude New York Series Monuments of music and music literature , 1966, pp.
Traduction russe : Stepan Degtyaryov Степан Аникиевич Дегтярев, "Правила гармонические и мелодические для обучения всей музыке", Санкт-Петербург, 1805.
Giornale enciclopedico d’Italie, Naples / Bologne, divers articles, 1785-1789.
Difesa della musica moderna В защиту современной музыки :
Vincenzo Manfredini [et Esteban de Arteaga], Difesa della musica moderna e de' suoi celebri esecutori, Stamperia di Carlo Trenti, Bologne, 1788, in-8. 207 pp.
Fac simile : Vincenzo Manfredini, Esteban de Arteaga, Difesa della musica moderna e de' suoi celebri esecutori, Ed. Forni Bologna serie Bibliotheca musica Bononiensis, n. 73), 1972, 207 pp.
Traduction anglaise : Vincenzo Manfredini, Esteban de Arteaga, A critical translation from the Italian of Vincenzo Manfredini's Difesa della musica moderna/In defense of modern music 1788, Patricia Howard transl., E. Mellen Press Lewiston, N.Y, 2002, 166 pp.

Saint-Pétersbourg en 1765; éd. Par AM Pernafelli, Milan 1975; 14 préludes pour clavecin publiés en harmoniques règles. Scalabrini, Paolo.


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Posté le : 14/08/2015 21:39

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Re: Les bons mots de Grenouille
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ANECDOTES SUR PARIS :
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Midi pétante :
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À partir de 1786 retentissait dans les jardins du Palais Royal un « canon solaire », créé par un horloger qui possédait une boutique dans les galeries du Palais. Servant à indiquer midi aux flâneurs, ce­ canon­ en­ bronze installé ­sur ­la­ ligne­ méridienne de­ Paris fonctionnait­ grâce à une­ loupe­ qui provoquait ­la ­mise­ à ­feu­ de ­la mèche les­ jours­ de ­soleil. ­
Un canon qui était considéré comme ­le­ meilleur­ de­ Paris pour y régler ­sa ­montre, à « midi pétante
».


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Le Chandail :
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Quand les Halles étaient encore le « ventre de Paris », les maraichers bretons vendaient leurs légumes emmitouflés dans des gros pulls tricotés par leurs femmes. Des vêtements si populaires qu’on donna à ce tricot le nom de « Chandail », abréviation de « marchand d’ail ». Ce ne sont pas des salades…

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Policiers poulets :
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Durant la commune de Paris (1871), les bâtiments de la police parisienne brûlent. Jules Ferry, alors Maire de Paris, met à disposition de la préfecture la caserne de la Cité, sur l’île de la Cité, pour en faire son siège. Une caserne construite sur l’emplacement de l’ancien marché aux volailles de la capitale…

Rapidement, le sobriquet de « poulets » sera donné aux policiers.


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La « rue » la plus courte de Paris :
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La rue des Degrés, dans le 2eme arrondissement, est la rue la plus courte de Paris (5,75 m de long sur 3,30 m de large). Une rue composée uniquement de 14 marches d’escaliers, qui relie la rue de Cléry à la rue Beauregard, près des Grands Boulevards. Mais une rue quand même.

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Quand le 16e arrondissement refusa d’être le 13e :
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Avant l’annexion des « Faubourgs » de Paris en 1860 , la capitale ne comptait que 12 arrondissements. Un dicton populaire disait alors pour les couples vivant en concubinage qu’ils s’étaient « mariés à la mairie du 13e arrondissement ».

Lors de l’agrandissement de Paris, la nouvelle numérotation donna aux quartiers bourgeois de Passy et Auteuil le 13e arrondissement. Un infâme numéro que refusèrent ces riches – et influents – habitants. Le 13e arrondissement sera donc donné à une zone historiquement pauvre, aux alentours de Saint-Marcel
.




Les momies de la Bastille :
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La place de la Bastille a une histoire hors nomes entre la prison, le projet de l’Eléphant avorté de Napoléon, la colonne de Juillet…

Mais l’histoire la plus surréaliste est celle de ses momies !

Sous la Colonne de Juillet ont été entreposés les 504 corps (dont les noms sont gravés sur la colonne) des victimes des 3 glorieuses de Juillet 1830.

Puis, on fit le même honneur avec les 203 victimes de l’insurrection de 1848…à quelques détails près !

Dans la hâte, au moment de l’exhumation des dépouilles des révolutionnaires, on leur adjoignit par erreur, des momies égyptiennes rapportées 50 ans plus tôt par les savants qui avaient suivi Bonaparte lors de la campagne d’Egypte.

Ces momies se dégradaient dans une salle de la Bibliothèque Nationale, et avaient été enfouies dans le jardin attenant, à l’endroit même où après les révoltes de juillet 1830, les corps des émeutiers furent ensevelis. C’est ainsi que mêlées aux Révolutionnaires, des momies de plus de 3000 ans reposent sous la Bastille !



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Richelieu et son mausolée:
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En 1622, le Cardinal de Richelieu devient proviseur du collège de la Sorbonne et il prévoit dès le début d’intégrer son futur mausolée à la chapelle, celle-ci faisant l’objet d’une grande attention. Mais, c’est seulement en 1635 que Richelieu vient poser la première pierre de la chapelle. Elle ne sera achevée que l’année de la mort du cardinal, en 1642, dont les funérailles se déroulent dans un décor de travaux.
Lors de la révolution le bâtiment est saccagé : le souvenir de la politique fiscale de Richelieu est si fort que la population parisienne se rue à la Sorbonne pour se venger de ce symbole de ce que l’absolutisme connut de pire. Le tombeau du cardinal est attaqué, le nez en est brisé et son corps, sorti de la crypte est démembré. Seule sa tête sera préservée en deux parties mais un commerçant parisien appelé Cheval, épicier de la rue de la Harpe,l’emporte chez lui, comme souvenir de l’événement…
S’est-il plus tard repenti de son geste ? Toutefois est-il que, la Terreur finie, et craignant probablement des représailles Cheval offrit avec insistance la relique à un abbé qui l’emmena en Bretagne où elle y sera conservée pendant 70 ans !
C’est seulement en 1866 que la tête de Richelieu fit son retour à la Sorbonne. Des obsèques officielles eurent lieu et la tête fut replacée sous une chape de béton, afin de ne plus être profanée : le cardinal peut reposer en paix…


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La prédiction de Cathrine de Médicis :
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Catherine de Médicis adorait l’astrologie. Preuve en est la colonne astrologique dite de Médicis située dans le quartier des Halles et accolée à la Bourse de commerce.
Malgré les multiples transformations architecturales du quartier et menacée de destruction à maintes reprises, cette colonne a été épargnée et fait revenir aux curieux la mémoire de Cosimo Ruggieri

Au premier plan, la colonne...
C’était l’astrologue de Catherine de Médicis, pour qui la colonne aurait servi de point d’observation du ciel.
Avec ses prédictions, il eut une influence importante auprès de la Reine et sans doute dans les évènements des guerres de religions (Saint Barthélémy…)
Toutefois, sa prédiction la plus célèbre fut celle au sujet de la mort de Catherine de Médicis !
Une quinzaine d’années auparavant, vers 1571, il lui aurait prédit qu’elle mourrait « près de Saint-Germain ». Catherine de Médicis, très superstitieuse, s’éloigna alors de tous les endroits rappelant de près ou de loin « Saint-Germain », pensant ainsi échapper à la funeste prédiction. Ainsi, par exemple, elle fit interrompre la construction du Palais des Tuileries dépendant de la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois et s’installa précipitamment en 1572 dans ce qui allait devenir l’Hôtel de la Reine.
Mais on n’ échappe pas à son destin : sur son lit de mort, lorsqu’elle demanda son nom au confesseur appelé auprès d’elle pour lui porter l’extrême-onction, celui-ci répondit : « Julien … de Saint-Germain »
Une anecdote racontée dans la balade Curiocités du quartier de Châtelet-Les Halles…



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LES BAINS DERIVATIFS :
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On ne ricane pas ... et on garde l’esprit ouvert ….


On entend quelque fois parler de bains dérivatifs, mais les bains dérivatifs, késako ?

La température corporelle moyenne des Occidentaux est passée en une cinquantaine d’année de 36,6 °C à 37,2 °Ce qui témoigne d’un état inflammatoire chronique.

Le bain dérivatif est une technique naturelle qui - disent ses défenseurs - améliore le fonctionnement du corps en évacuant les pollutions alimentaires et environnementales. Ces bains considérés comme une pratique d’hygiène générale, apporteraient davantage de vitalité, serait favorable à l’immunité et à la résorption de surcharges diverses tout en régulant la température du corps.

Connus depuis des milliers d’années en Chine, les bains dérivatifs ont été décrits pour la première fois en Occident par Louis Kuhne, à la fin du XIXe siècle, sous le nom de « bains de siège à friction »
Ils sont différents des bains de siège classiques .

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L’habitude de ne pas porter de sous-vêtements sous le kilt, le pagne ou le drapé, favoriserait un bon drainage des toxines du corps.
Au cours d’une marche sans sous-vêtement (comme la pratiquaient nos ancêtres préhistoriques), les côtés des aines, légèrement humidifiés de sueur, se frottent l’un contre l’autre et ceci aurait pour effet de créer par l’évaporation, une zone de fraîcheur locale, donc, de diminuer la température corporelle corps et de stimuler la motilité des fascias. Ces fascias seraient chargés notamment de drainer les déchets métaboliques vers les voies d’excrétion par de fins canaux les parcourant.
Cette baisse très légère de la température corporelle, limiterait l’inflammation, donc l’oxydation et, par conséquent, le vieillissement.

En résumé, il faudrait vivre sans culotte ou se rafraichir l’entre deux jambes, dans les plis de l’aine, de chaque coté du sexe, en massant délicatement cette partie du corps, jusqu’au périnée, avec de l’eau toujours fraiche. Il existe des poches de gel conçues spécialement pour cette méthode. Le reste du corps doit être au chaud, c’est la différence de température qui agit favorablement.

La méthode est identique pour hommes et femmes.

Cette hypothèse n’a pour le moment pas été vérifiée scientifiquement.


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LES SCULPTURES EN PAPIER DE LI HONGBO :
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Li Hongbo est un sculpteur chinois résident à Pékin. Cela ne suffisant pas pour définir la qualité de son art, il faut préciser que Li sculpte du papier. Pour être plus précis des milles feuilles de papier. L'idée lui est venue en sculptant une forme dans... un livre. En fait une fois déplié, ses sculptures deviennent protéiformes et fantastiques. Inspiré par des traditions de pliages et dépliages chinois, Li Hongbo a ainsi créé un univers surprenant dont les formes ne sont jamais les mêmes...

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ON REVISE LES CLASSIQUES :
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[b]Charles GUÉRIN (1873-1907)
Ma fenêtre était large ouverte sur la nuit



Ma fenêtre était large ouverte sur la nuit.
La maison reposant autour de moi sans bruit,
J'écrivais, douloureux poète d'élégies,
A la clarté dansante et douce des bougies.
Un souffle d'air chargé des parfums du jardin
Me ravit en entrant la lumière soudain,
Et je me trouvai seul dans l'ombre avec mon rêve.
Ma montre palpitait, précipitée et brève,
A travers les profonds battements de mon coeur.
J'écoutais l'innombrable et pensive rumeur
Qui monte du sommeil nocturne de la ville.

Les ténèbres nous font l'oreille plus subtile,
L'âme s'enivre mieux, parmi l'obscurité,
Du suave secret des belles nuits d'été.
Je respirais l'odeur de l'herbe et de la terre.
Après de longs instants de calme solitaire
Où les vents familiers eux-mêmes semblaient morts,
Je sentais frissonner le silence au-dehors ;
Et, tout à coup, pareil au flot qui se propage,
Un grand soupir passait de feuillage en feuillage.

Pour l'homme intérieur il n'est pas sous le ciel
De forme qui ne cache un sens spirituel.
Aujourd'hui je reviens sur ces heures passées
A caresser ainsi dans l'ombre mes pensées,
Et, peut-être anxieux de mon propre destin,
Je me laisse conduire à voir dans votre fin,
Ô flambeaux dont le vent du soir cueillait la flamme,

Charles Guerin[
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Charles-Augustin Sainte-Beuve(1804-1869)


À Madame Victor Hugo.



Oh ! que la vie est longue
Oh ! que la vie est longue aux longs jours de l'été,
Et que le temps y pèse à mon cœur attristé !
Lorsque midi surtout a versé sa lumière,
Que ce n'est que chaleur et soleil et poussière ;
Quand il n'est plus matin et que j'attends le soir,
Vers trois heures, souvent, j'aime à vous aller voir ;
Et là vous trouvant seule, ô mère et chaste épouse !
Et vos enfants au loin épars sur la pelouse,
Et votre époux absent et sorti pour rêver,
J'entre pourtant ; et Vous, belle et sans vous lever,
Me dites de m'asseoir ; nous causons ; je commence
À vous ouvrir mon cœur, ma nuit, mon vide immense,
Ma jeunesse déjà dévorée à moitié,
Et vous me répondez par des mots d'amitié ;
Puis revenant à vous, Vous si noble et si pure,
Vous que, dès le berceau, l'amoureuse nature
Dans ses secrets desseins avait formée exprès
Plus fraîche que la vigne au bord d'un antre frais,
Douce comme un parfum et comme une harmonie ;
Fleur qui deviez fleurir sous les pas du génie ;
Nous parlons de vous-même, et du bonheur humain,
Comme une ombre, d'en haut, couvrant votre chemin,
De vos enfants bénis que la joie environne,
De l'époux votre orgueil, votre illustre couronne ;
Et quand vous avez bien de vos félicités
Épuisé le récit, alors vous ajoutez
Triste, et tournant au ciel votre noire prunelle :
« Hélas ! non, il n'est point ici-bas de mortelle
Qui se puisse avouer plus heureuse que moi ;
Mais à certains moments, et sans savoir pourquoi,
Il me prend des accès de soupirs et de larmes ;
Et plus autour de moi la vie épand ses charmes,
Et plus le monde est beau, plus le feuillage vert,
Plus le ciel bleu, l'air pur, le pré de fleurs couvert,
Plus mon époux aimant comme au premier bel âge,
Plus mes enfants joyeux et courant sous l'ombrage,
Plus la brise légère et n'osant soupirer,
Plus aussi je me sens ce besoin de pleurer. »

C'est que même au-delà des bonheurs qu'on envie
Il reste à désirer dans la plus belle vie ;
C'est qu'ailleurs et plus loin notre but est marqué ;
Qu'à le chercher plus bas on l'a toujours manqué ;
C'est qu'ombrage, verdure et fleurs, tout cela tombe,
Renaît, meurt pour renaître enfin sur une tombe ;
C'est qu'après bien des jours, bien des ans révolus,
Ce ciel restera bleu quand nous ne serons plus ;
Que ces enfants, objets de si chères tendresses,
En vivant oublieront vos pleurs et vos caresses ;
Que toute joie est sombre à qui veut la sonder,
Et qu'aux plus clairs endroits, et pour trop regarder
Le lac d'argent, paisible, au cours insaisissable,
On découvre sous l'eau de la boue et du sable.

Mais comme au lac profond et sur son limon noir
Le ciel se réfléchit, vaste et charmant à voir,
Et, déroulant d'en haut la splendeur de ses voiles,
Pour décorer l'abîme, y sème les étoiles,
Tel dans ce fond obscur de notre humble destin
Se révèle l'espoir de l'éternel matin ;
Et quand sous l'œil de Dieu l'on s'est mis de bonne heure,
Quand on s'est fait une âme où la vertu demeure ;
Quand, morts entre nos bras, les parents révérés
Tous bas nous ont bénis avec des mots sacrés ;
Quand nos enfants, nourris d'une douceur austère,
Continueront le bien après nous sur la terre ;
Quand un chaste devoir a réglé tous nos pas,
Alors on peut encore être heureux ici-bas ;
Aux instants de tristesse on peut, d'un œil plus ferme,
Envisager la vie et ses biens et leur terme,
Et ce grave penser, qui ramène au Seigneur,
Soutient l'âme et console au milieu du bonheur.

Mai 1829.

Charles-Augustin Sainte-Beuve.


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Louis Aragon (1897-1982)

Les yeux d’Elsa



Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche

Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa.

Louis Aragon.


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JEAN -LOUIS - AUGUSTE COMMERSON :
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J.L.A. Commerson est un écrivain, journaliste et dramaturge français, né le 2 germinal an XI (23 mars 1803) à Paris où il est mort le 24 juillet 1879.

Spécialiste du calembour et du canard journalistique - fausse nouvelle lancée dans la presse pour tromper le public - Commerson est l'auteur de nombreux ouvrages humoristiques, dont Pensées d'un emballeur pour faire suite aux « Maximes » de François de La Rochefoucauld (1851), Un million de bouffonneries (1854), Le Petit Tintamarre (1857), La Petite Encyclopédie bouffonne (1860) et Un million de chiquenaudes et menus propos tirés de la Gazette de Merluchon (1880).
Il est aussi auteur de vaudevilles, seul ou en collaboration, et fondateur du périodique Le Tam-tam.
Il signait la plupart de ses œuvres de son seul patronyme mais a utilisé ponctuellement les pseudonymes de Joseph-Prudhomme et Joseph Citrouillard.




SES CITATIONS :
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Selon Jacques Rouvière, la phrase « Il faudrait construire les villes à la campagne, l'air y est plus sain », généralement attribuée à Alphonse Allais, se trouve dans les Pensées d'un emballeur de Commerson. En fait, il semble qu'on trouve déjà cette plaisanterie en 1848 dans Le Pamphlet provisoire illustré.

- “ La philosophie a cela d’utile qu’elle sert à nous consoler de son inutilité.”


- “ La supériorité des blancs sur les rouges est incontestable. Je n'en veux que les haricots pour exemple.”


- “ Quand je mange des glaces, cela me fait réfléchir.”


- “ Il vaut mieux être perdu de vue que de réputation.”


- “ Aujourd’hui, tout le monde pose. L’homme propose, la femme dispose, l’industrie expose, le commerce dépose, les sciences composent, et les grands hommes reposent.”


- “ Le mariage n'est souvent qu'un échange de grognements réciproques durant le jour et de ronflements pendant la nuit. C'est de l'ennui à deux.”


- “ O Marie ! Qui avez conçu sans pécher, faites-moi la grâce de pécher sans concevoir.”


- “ L'amour sans argent ressemble à une botte vernie sans semelle.”


- “ Voulez-vous être très connu ? Faites des dettes ; voulez-vous être inconnu ? Faites des vers.”


- " Si les moines sont gras, c'est qu'ils sont toujours à l'office."


- " Aimant beaucoup la retraite, j'en veux beaucoup à ceux qui la battent.


- " Quand je passe près d'un corbillard, j'ai toujours peur que les chevaux ne prennent le mors aux dents."


- " Quand ma mère m'a allaité, elle avait un dessein caché."


- " Un peu de jalousie est un grain de sel qui donne du goût à un amour fade."


- " Je n'aime pas plus l'avarice du cœur que la varice des jambes."


- " Quand je me raccommode avec mes ennemis, cela tient souvent qu'à un fil."



- " Le mariage est une société avec son gérant responsable, et dont la femme est l'actionnaire."


- " L'ouvrier est le saindoux qui graisse la roue de la fortune."


- " Les premiers saints que les enfants adorent sont ceux de leur mère."


- " En toute sauce il faut considérer la faim."


- "La vie est une barque dont l'homme est le rameur."


- " Un ivrogne préférera toujours le spiritueux au spirituel."


- " Par politesse il y a des gens qu'on reconduit à la porte pour être sûr qu'ils s'en vont."


- " Quand on abuse du liquide, on ne reste pas longtemps solide."


- "Les enfants apprennent facilement a prononcer papa. Du reste il n'y a que le premier pa qui coûte."


- " Il faut rire avant d'être heureux, de peur de mourir avant d'avoir ri."


- " Si mes parents m'avaient consulté avant de me mettre au monde, j'aurais posé mes conditions."


- " Quand il s'agit de payer, un musicien est rarement en mesure."


- " La lune est une vagabonde, elle ne fait que changer de quartier."


- " Le bélier est le mâle de la brebis, la femme est le mal de l'homme."


- " Quand on n'a point d'odorat on ne peut sentir personne."


- " Je suis convaincu qu'il y aurait moins de maris trompés si le mariage était aboli."




LA PHOTO :
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Posté le : 14/08/2015 19:28

Edité par Grenouille sur 15-08-2015 08:30:37
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Jules Laforgue
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Le 16 août 1860 naît Jules Laforgue

à Montevideo en Uruguay mort à 27 ans dans le 7e arrondissement de Paris le 20 août 1887 écrivain, poète français. Connu pour être un des inventeurs du vers libre, il mêle, en une vision pessimiste du monde, mélancolie, humour et familiarité du style parlé. Ses Œuvres principales sont Les Complaintes, L'Imitation de Notre-Dame la Lune, Des Fleurs de bonne volonté, Derniers vers, Spleen.
Lecteur de l'impératrice Augusta à Berlin 1881-1886, il revint à Paris pour mourir de la tuberculose. Il n'avait fait paraître que deux recueils les Complaintes, 1885 ; l'Imitation de Notre-Dame de la Lune, 1886, mais ses amis publièrent les contes en prose des Moralités légendaires (887 et le recueil des Derniers Vers 1890. Il allie le dandysme à l'obsession de la mort, en un style précieux et impressionniste ; il fut un des créateurs du vers libre.

En bref

Devenu légendaire, Jules Laforgue naît à Montevideo. À six ans, il entre au lycée de Tarbes, à quatorze ans au lycée Fontanes aujourd'hui Condorcet, à Paris. Il échoue au baccalauréat, et, tandis que sa famille rejoint Tarbes, se livre à d'humbles travaux de copie pour Charles Ephrussi, directeur de la Gazette des beaux-arts. Il se lie d'amitié avec Charles Cros, Maurice Rollinat et Paul Bourget. Il collabore à quelques petites revues et correspond avec Gustave Kahn.
En décembre 1881, Laforgue obtient un poste de lecteur auprès de l'impératrice Augusta, grand-mère du futur Guillaume II. Il séjourne donc à Berlin, accompagnant l'impératrice à Bade, à Coblence et à Elseneur. C'est dans cette dernière ville, selon toute vraisemblance, qu'il conçut son Hamlet, ce conte des Moralités légendaires qui sera son autoportrait. Atteint par la tuberculose, il quitte Berlin en septembre 1886. Peu auparavant, il a rencontré une jeune Anglaise, Leah Lee, qu'il épouse le 31 décembre 1886. Le couple s'installe à Paris. Mais déjà le poète, miné par la maladie, doit limiter son travail à quelques collaborations, entre autres à La Vogue de Gustave Kahn et à la Revue indépendante d' Édouard Dujardin. Laforgue meurt à Paris l'année suivante, dans le dénuement le plus complet ; Leah Lee, qui avait contracté son mal, ne lui survécut que quelques mois.
Quatre vers extraits des Locutions des Pierrots dans L'Imitation de Notre-Dame la Lune peuvent s'entendre comme une simple fantaisie mineure à l'accent personnel ou comme le reflet de l'inquiétude moderne :
Ah ! oui, devenir légendaire,
Au seuil des siècles charlatans !
Mais où sont les Lunes d'antan ?
Et que Dieu n'est-il à refaire !
Tout Laforgue est dans cette double démarche et dans ce double écho. Son génie est d'avoir, dans le temps étroit qui lui fut imparti, mené à bien la tâche étrange de composer une œuvre sous laquelle n'apparaît d'abord que le masque, mais de l'avoir composée avec assez d'âme pour qu'apparaisse un visage posthume que l'on découvre peu à peu.
Sa brève existence pourrait être placée sous le signe du déracinement : quittant son Montevideo natal, il passe à Tarbes une adolescence sombre et solitaire, puis gagne Paris pour cultiver la pauvreté en même temps que des rêves de gloire littéraire. Là, il devient secrétaire d'un riche collectionneur, Charles Éphrussi, et, en 1881, il sera lecteur de l'impératrice Augusta. Commence alors l'exil allemand, triste et doré, qui le mène de villégiature en villégiature et approfondit un ennui Je m'ennuie, natal ! que ne parviennent à dissiper ni son amitié pour le pianiste Théodore Isaye, ni les soirées au concert, ni les visites des musées il acquit un goût sûr en peinture. Il quitte Berlin avec une jeune Anglaise, qu'il épouse à Londres, avant de revenir goûter, malgré l'aide de ses amis, à la misère parisienne. Il meurt quelques mois après son retour, phtisique, suivi de peu dans la tombe par sa femme.
Cette vie errante impose sa marque à une œuvre désinvolte, aérienne, grinçante, qui s'est voulue résolument moderne. Laforgue fréquente tout d'abord les Hydropathes, se lie d'amitié avec Gustave Kahn, qui l'aidera pour ses publications, voue une admiration fervente au jeune Paul Bourget ; on trouvera donc trace en lui d'un certain goût du grotesque, de réflexions sur la prosodie et d'un culte du nouveau mal du siècle. En six ans, son parcours est immense et exemplaire des nouvelles tendances de l'époque : des nombreuses influences qu'il subit, la première, celle de Baudelaire, lui fait définir un spleen acéré qui constitue une note fondamentale de sa poésie ; à Verlaine il empruntera quelque goût pour l'impair et, surtout, un travail assidu sur la métrique ; grâce aux Poètes maudits, il découvre Rimbaud et pressent immédiatement son importance. Mais c'est Mallarmé qu'il admire le plus et on le verra cultiver l'ellipse et raffiner sa syntaxe. Ces veines sont étayées par un substrat philosophique qui ira en s'atténuant : une crise religieuse aboutit à la tentation du néant et à un bouddhisme affirmé ; à l'hégélianisme s'ajoute la découverte de l'inconscient (par la Philosophie de l'inconscient de Hartmann, qui accentue le pessimisme nourri de la lecture de Schopenhauer et motive sa conception de l'art qui est tout, du droit divin de l'Inconscience . Si le syncrétisme de toutes ces tendances n'a pas eu vraiment le temps de s'opérer et si des lambeaux de théorie entachent la limpidité des premiers écrits le Sanglot de la terre, composé en 1880, l'ironie, la pirouette, le sourire cynique, bref, tout un art de la distance ou de la pose – suprême sincérité ? – empêchent l'œuvre de venir grossir le lot des poésies à thèse ou des plagiats.
L'emphase outrée des interrogations métaphysiques, l'humour qui bafoue la passion et défait le discours amoureux ou le corps féminin, tout concourt à la désacralisation des mythes ; et en particulier la parodie qui s'attaque pêle-mêle aux textes célèbres, aux rites ou aux personnages illustres surtout dans la prose. Laforgue travaille aussi à souligner la dérision de tout symbole, et il est bien plus décadent en ce sens que symboliste.

Sa vie

Né d'une famille qui avait émigré en Uruguay comme nombre de Pyrénéens espérant y faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. Son père y avait ouvert un modeste établissement éducatif libre, dispensant des cours de français, de latin et grec ; après son mariage avec la fille d'un commerçant français, il se fit embaucher comme caissier à la banque Duplessis et où il finit par être pris comme associé.
À l’âge de six ans, Jules vient en France avec sa mère, ses grands-parents et ses cinq frères et sœurs, s'établir dans la ville de Tarbes d’où est originaire le père. Jules et son frère aîné Émile y sont confiés à des cousins. Entre 1868 et 1875, il est pensionnaire au lycée Théophile Gautier de Tarbes et s'y révèle un assez bon élève, mais sans excellence. Il a pour répétiteur Théophile Delcassé avec qui il restera en relation.
En octobre 1876, il rejoint à Paris sa famille, revenue entre-temps d’Uruguay en mai 1875, et s'installe au 66 rue des Moines. Sa mère meurt en couches en avril 1877 alors qu’il a 17 ans. Son père, souffrant, retourne à Tarbes tandis que Laforgue reste à Paris poursuivre ses études au lycée Fontanes maintenant appelé lycée Condorcet. Le père et ses onze enfants déménagent rive gauche au 5 rue Berthollet, Émile étant inscrit à l’École des beaux-arts. Laforgue trouve en sa sœur Marie, troisième de la fratrie, une vraie confidente.
Il échoue au baccalauréat de philosophie il aurait essayé à trois reprises, en partie à cause de sa timidité, incapable d'assurer l'oral. Il se tourne alors vers la littérature et la lecture des poètes et des philosophes en passant cinq heures par jour dans les bibliothèques et ne se nourrissant que très peu.

Un départ difficile

Après ces études avortées, il mène à Paris une vie relativement difficile.
Il collabore en 1879 à sept livraisons de La Guêpe, revue éditée à Toulouse par les anciens lycéens de Tarbes, et y produit critiques et dessins légendés au ton moins comique qu'ironique, ainsi qu'au premier numéro de l'éphémère revue L'Enfer.
Fin 1880, il publie ses trois premiers textes dans la revue la Vie moderne dirigée par Émile Bergerat qui lui en donne vingt francs.
Portrait posthume de Jules Laforgue par Félix Vallotton paru dans Le Livre des masques de Remy de Gourmont 1898
Sur la recommandation de son ami Gustave Kahn et par l’intermédiaire de Paul Bourget, alors auteur à peine connu, il devient secrétaire du critique et collectionneur d’art Charles Ephrussi, qui dirige la Gazette des beaux-arts et possède une collection de tableaux impressionnistes. Jules Laforgue acquiert ainsi un goût sûr pour la peinture. Il gagne 150 francs par mois et travaille sur une étude portant sur Albrecht Dürer que compte signer Ephrussi.
Il avait rencontré Gustave Kahn au tout début de l'année 1880 dans une réunion littéraire régulière de la rive gauche, le Club des Hydropathes où se croisaient Alphonse Allais, Charles Cros, Émile Goudeau, et nombre de poètes que l’on appellera plus tard les symbolistes. Kahn rapporte que Jules rencontra Stéphane Mallarmé et qu'ils s'apprécièrent.
Il vivait à cette époque dans une chambre meublée située rue Monsieur-le-Prince.
Gustave Kahn, encore : Il avait un aspect un peu clergyman et correct un peu trop pour le milieu. ... Je l'avais un peu remarqué à cause de sa tenue, et aussi pour cette particularité qu'il semblait ne pas venir là pour autre chose que pour écouter des vers ; ses tranquilles yeux gris s’éclairaient et ses joues se rosaient quand les poèmes offraient le plus petit intérêt... Il m'apprit qu'il voulait se consacrer à l'histoire de l'art et il méditait aussi un drame sur Savonarole.

Le masque

Laforgue apparut d'abord comme un clown, et il faut dire qu'il a tout fait pour cela. Mieux que n'importe qui, il fut ce Pierrot lunaire dont parlait Albert Giraud. Dans une époque sevrée des vérités de l'âme et dangereusement ballottée entre les excès romantiques et les sécheresses du naturalisme, il fut de ceux qui cherchèrent désespérément une issue poétique au drame humain. La pudeur – une pudeur toute naturelle – lui fit endosser cet habit d'Arlequin qui lui seyait à merveille. On n'y vit d'abord que l'affectation. Déjà, en 1896, dans le Livre des masques, Remy de Gourmont écrivait : Il avait trop froid au cœur ; il s'en est allé et parlait de sa glaciale affectation de naïveté. Il est vrai qu'il lui rendait un peu justice à la fin, en déclarant : Si son œuvre interrompue n'est qu'une préface, elle est de celles qui contrebalancent une œuvre.
Les masques ont la vie dure. Jean Cocteau l'a su et l'a dit, qui fut longtemps considéré comme un fantaisiste et qui doit tant à Laforgue. D'Alfred Jarry à Jacques Prévert, la liste est longue des poètes qui, avec plus ou moins de pureté, ont voulu se masquer pour faire entendre, à un monde résolument tourné vers la prose, des vérités qui, étant celles de l'agneau, ne pouvaient être que murmurées. Aussi Laforgue passe-t-il, pendant longtemps, pour un simple amuseur, tant il est vrai qu'il mit d'humour, un humour personnel et grinçant, à ne pas dévoiler son âme :
Et du plus loin qu'on se souvienne
Comme on fut piètre et sans génie.
Quand Ariel prend le masque de Caliban, le monde se reconnaît assez en lui pour ne plus chercher Ariel sous le masque.

Le visage

Dans Les Complaintes comme dans Les Moralités légendaires, dans les vers comme en prose, Laforgue n'écrivit pas un mot qu'il ne l'eût d'abord payé de toute son âme. Il fut ainsi, mais à visage couvert, plus innocent que Verlaine et que Rimbaud, et on ne peut le comparer qu'à William Blake. Il fallait être un vrai poète, et un poète très proche de son âme, pour reconnaître l'homme sous le masque. T. S. Eliot ne s'y est pas trompé, qui disait que Laforgue était plus proche de l'école de John Donne que n'importe lequel des poètes modernes anglais. Émile Verhaeren, qui fut lui-même plus proche de l'enfance qu'on ne l'a dit, portait sur Laforgue ce jugement extrêmement sûr : ... un enfant, doux, primitif et simple, bon supérieurement et clair. L'esprit et la blague ne sont chez lui que des masques. Ainsi apprit-on peu à peu à dégager Laforgue du personnage qu'il s'était composé.
Débarrassé du matériel de l'époque, ce Pierrot lunaire apparaît comme le frère de tous ceux qui, avec une angoisse vraie, cherchent vers la métaphysique une issue au destin de l'homme. L'actualité des thèmes de ce métaphysicien sentimental, son humour si particulier, sa sensibilité si neuve, son inquiétude déguisée en rêve, tout cela le rend non seulement proche mais nécessaire. On peut trouver une réponse aux problèmes d'aujourd'hui sans passer par Laforgue, mais on ne peut raisonnablement cerner l'inquiétude moderne sans l'avoir d'abord éprouvée en lui. Ainsi se vérifie la vieille loi selon laquelle les poètes, exclus de la cité, ouvrent la voie aux bâtisseurs et aux citoyens. Je n'aurai pas été là-bas, dans les étoiles, dit Laforgue avec le regret d'un enfant. N'est-ce pas là qu'il nous attend ? Gérard Prévot

L’Allemagne

Juste au moment de la mort de son père à l'enterrement duquel il ne put assister, il part le 18 novembre 1881 pour Berlin, où il vient d'être nommé lecteur de l'impératrice allemande Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach, âgée de 71 ans et grand-mère du futur kaiser Guillaume II. C'est par le biais d'Amédée Pigeon, précédent lecteur d'Augusta, que Jules trouva ce poste : Amédée en parla à Paul Bourget et le lien fut fait.
Avant de partir, il abandonne sa part d'héritage au profit de sa fratrie. Il s'arrête dans un premier temps à Coblence au château de Stolzenfels et, de là, on le conduit à Berlin, au Prinzessinen-Palais, situé sur Unter den Linden. On lui donne un appartement situé au rez-de-chaussée et comprenant trois pièces.
Son travail consiste à lire à l’impératrice, deux heures par jour, les meilleures pages des romans français et des articles de journaux comme ceux de La Revue des deux Mondes. L'usage de parler le français à la cour remonte au XVIIIe siècle.
Il s’agit d’un emploi rémunérateur, payé tous les trois mois, pour un total de 9 000 francs annuel, qui lui laisse du temps libre et qui lui permet de voyager à travers l’Europe. Augusta partait en villégiature de mai à novembre : Jules devait l'accompagner. Mais surtout, une fois cette corvée impériale effectuée, il se consacre à la lecture et achète de nombreux livres. Le soir, il va au cirque ou dans des cafés9. Laforgue ne put effectuer un seul voyage à Paris durant cette période, bien qu'il disposât d'une période de quinze jours de congés par an.
Ses premiers contacts avec des Français vivants à Berlin sont rares : il croise le futur correspondant musical du Temps, Th. Lindenlaub, grâce auquel il va se lier d'amitié avec le critique Teodor de Wyzewa et le jeune pianiste belge Théo Ysaÿe. Malgré cela, il éprouve le poids de l'exil, de l'ennui et de la mélancolie, comme il l'exprime dans sa correspondance avec son ami le mathématicien Charles Henry 1859-1926.
Il rédige au cours de ces cinq années une série de textes sur la ville de Berlin et la cour impériale, dont quelques-uns seront envoyés à la Gazette des beaux-arts. En mars 1885, il publie quelques-unes de ses complaintes dans la revue Lutèce qui seront publiées ensuite par Léon Vanier aux frais de Laforgue et dédiées à Paul Bourget. Vanier, éditeur de Paul Verlaine, publiera également L’Imitation de Notre-Dame la Lune, toujours à compte d'auteur.
En 1886, il quitte son poste de lecteur. En janvier de cette année-là, à Berlin, il rencontre une jeune Anglaise, Leah Lee, qui lui donne des cours d'anglais. Elle devient sa maîtresse puis il l'épouse le 31 décembre, à Londres. Il rentre alors à Paris. Son état de santé se dégrade rapidement : atteint de phtisie, il meurt en août 1887 à son domicile du 8, rue de Commaille ; il venait d'avoir 27 ans ; sa femme, atteinte du même mal, succombera l’année suivante.
Il avait collaboré à des revues telles que la Revue indépendante, le Décadent, la Vogue, le Symboliste, la Vie moderne, l'Illustration. Il était proche d'écrivains et de critiques comme Édouard Dujardin et Félix Fénéon.
Il jouait avec les mots et en créait fréquemment. Il dessinait. Il était un passionné de musique. Il refusait toute règle de forme pour l’écriture de ses vers. Les écrits de Jules Laforgue sont empreints d’un fort mal de vivre – son spleen –, par le sentiment de malheur et la recherche vaine de l’évasion, et témoignent au fond d'une grande lucidité.
J’aurai passé ma vie le long des quais
À faillir m’embarquer
Dans de biens funestes histoires
Tout cela pour l’amour
De mon cœur fou de la gloire d’amour
— Poème sans titre extrait du 10e texte du recueil posthume Derniers vers.
Œuvres
Poésie
Les Complaintes 1885
L’Imitation de Notre-Dame la Lune 1886
Le Concile féerique 1886
Publications posthumes
Des Fleurs de bonne volonté 1890
Derniers Vers de Laforgue11 1890
Le Sanglot de la terre 1901
Premiers poèmes 1903
Anthologie poétique de Jules Laforgue 1952
Traduction
Feuilles d’herbe Leaves of grass, de Walt Whitman
Contes en prose
Les Moralités légendaires 1887
Varia
Une vengeance à Berlin14, nouvelle, L'Illustration, 7 mai 1887
Jean Vien, Berlin, la cour et la ville, préfacé par G. Jean-Aubry, 1922
Stéphane Vassiliew, nouvelle, 1946

Éditions illustrées

Les Complaintes, avec 25 eaux-fortes de Gabriel Dauchot, Société normande des amis du livre, 1957.



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Posté le : 14/08/2015 19:22

Edité par Loriane sur 15-08-2015 18:58:07
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Re: Les expressions
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« Ne faire semblant de rien »


Faire comme si de rien n'était, ne manifester volontairement aucune réaction.


Cette expression date de la fin du XIIe siècle.
Elle s'oppose simplement à 'faire semblant de' qui signifie "simuler une attitude (pour donner le change)" ou "se donner l'apparence de".

En ancien français, on disait "montrer semblant" pour "simuler".
Bizarrement au premier abord, "montrer bel semblant", voulait dire "faire bon accueil" ; mais si on prend "sembler" pour "paraître", alors on comprend que "bel semblant" puisse signifier quelque chose comme "bon accueil" l'hôte faisant tout pour paraître sympathique.


Ailleurs
Tunisie ar Ikarkar fiha Il la traine
Tunisie ar Aamel rouhou mouch houni Il fait comme s'il n'était pas là
Allemagne (Bavière) de So tun, als ob man nichts wüsste Faire comme on ne sait rien
Angleterre en Not turn a hair Ne pas tourner un cheveux (= Ne montrer aucune émotion)
Espagne es No inmutarse Ne pas broncher
Espagne es Hacer como si tal cosa Faire comme si une telle chose
Espagne es Hacerse el sueco Se comporter comme un Suédois
Espagne es Hacerse el longui Faire le distrait
France (Nord) fr Faire senne d' rin Faire semblant de rien
Italie it Far finta di niente Faire semblant de rien
Pays-Bas nl Doen alsof z'n neus bloedt Faire comme s'il saigne du nez
Pologne pl Udawac Greka Faire le Grec

Posté le : 14/08/2015 08:57
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Re: Défi du 08-08-2015
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Des femmes qu'on n'oublie pas


J’étais en pleine étude des dernières photographies salaces prises par Bob le Spongieux, mon spécialiste des maris cocus et des femmes infidèles, quand Irina me sonna, comme diraient nos amis Belges. « Votre rendez-vous de seize heures est arrivé » s’afficha en lettres capitales sur l’entête du message électronique délivré par la magie du Dieu Google. Fidèle à ses habitudes, Irina avait même joint, dans le corps de l’email, une synthèse sur ma cliente et la raison officielle de sa venue. Il s’agissait d’une richissime entrepreneure américaine, très connue sous le nom de Barbara Gould, devenue une icone des produits de beauté et autres cosmétiques. Son problème était bête comme chou : elle avait perdu son égérie, rien que ça.

Salima, mon hôtesse d’accueil, fit entrer Barbara Gould dans mon bureau. Je pris en charge la procédure protocolaire réservée aux puissants de ce monde puis démarrai la séance de questions et réponses, devant une bonne coupe de champagne rosé.
— Qu’est-ce qui vous amène chez le meilleur investigateur privé d’Europe et de Navarre ?

En temps normal, devant autant de culot, mon interlocutrice se serait offusquée de ce manque flagrant d’humilité. Je n’y pouvais rien, mon naturel extraverti me poussait à forcer la chansonnette, surtout en face de belles quadragénaires habillées en tailleur à dix mille euros. Barbara Gould méritait le détour, une sorte de mélange entre Inès de la Fressange et Monica Belluci, « la classe et la sculpture » aurait dit ma grand-mère pour définir la beauté assise sous mes yeux. Bizarrement, Barbara Gould ne sembla pas incommodée outre-mesure par ma formule effrontée. Elle me sourit de mille dents puis répondit du tac au tac.
— Mon mannequin vedette a disparu, comme ça, sans prévenir.
— A-t-elle un motif, du genre de la jalousie entre femmes, d’un amant commun, du classique bouton sur le nez voire du petit frère drogué revenu de parmi les morts ?
— Je vais vous mettre directement dans la confidence : Jessica Stone, tel est son nom, est également ma maîtresse, n’aime pas la gent masculine, ne partage pas ses amours, règle ses problèmes de peau avec nos produits et demeure la fille unique de parents décédés depuis des années.

D’ordinaire, devant des réponses au premier degré, preuve d’un manque flagrant d’abstraction de la part de la personne qui les formulait, je jouais le comique de répétition, histoire de pousser le bouchon à ses limites et surtout de m’amuser un peu. Curieusement, je sentis un bout d’empathie émerger de mon cœur à l’épaisse cuirasse et commander à mon cerveau une attitude charitable.
— En effet, tout ceci est bien mystérieux. Je suppose que vous êtes venue avec des photos de la disparue, ainsi que son curriculum-vitae détaillé.
— Cela va de soi. Je vous ai fait imprimer deux exemplaires de son press-book.
— Il me faudra aussi les clés de son logement, l’immatriculation de sa voiture et son numéro de sécurité sociale.
— Vous l’aurez ! Humphrey, mon secrétaire particulier, vous enverra toutes les informations nécessaires à votre enquête. Ses coordonnées téléphoniques sont annexées au dossier. Il est au courant de ma démarche.
— Parfait ! Je prends l’affaire, avec effet immédiat.

J’adorais conclure de la sorte. En général, Irina avait négocié les prix avant la prise de rendez-vous, sur la base de la tête du client, de son statut social et de sa notoriété, modulo les emmerdements propres à la situation à traiter. Je n’avais plus qu’à me lever, à faire admirer mon beau costume italien et mon mètre quatre-vingt-dix, à illuminer la pièce de mon sourire à deux cents carats et le tour était joué. Barbara Gould ne dérogea pas à la règle. Elle me serra la main d’une poigne ferme et décidée, me retourna la politesse en éclairant mon bureau de son superbe dentier en émail puis tordit de la fesse jusqu’à la réception où Salima prit le relais.

Irina rentra dans mon espace privé cinq minutes après le départ de la cliente. Elle me soumit à la question, avec méthode et rigueur, puis passa à la phase intuitive, celle où mes petites cellules grises pouvaient enfin jouer au yoyo au lieu de réciter leurs gammes cérébrales.
— Qu’en pensez-vous, Don ?
— La belle s’est fait la malle parce qu’elle en avait marre de jouer les potiches.
— Et l’amour dans tout ça ?
— Je vous aime Irina, de manière certes platonique car vous refusez de consommer notre belle relation dans un grand lit de fleurs, mais pour autant je ne vous étouffe pas. Barbara Gould se précipite chez la crème des détectives privés de la place parisienne, à peine trois jours après le départ impromptu de Jessica Stone.
— Elle s’inquiète, voilà une explication plausible.
— Vous feriez ça si je disparaissais soudainement ?
— Non. Je vous laisserais le bénéfice du doute, en supposant que vous avez certainement perdu la raison dans les bras langoureux d’une vahiné d’exportation, au fond d’une fumerie d’opium.
— Exactement ! Jamais vous ne seriez assez folle pour vous lancer dans des élucubrations sur mon enlèvement par les extra-terrestres, ma disparition dans le Triangle des Bermudes ou tout événement difficilement explicable par une analyse rationnelle.

Irina accepta mon argumentaire. Ancienne de la maison K.G.B, mon assistante préférée connaissait ses limites érigées en montagnes himalayennes. Dans son esprit fortement cartésien, la logique régnait en maîtresse, laissant peu de place à l’incongru et au superficiel. Dans quatre-vingt-dix-neuf pour cent des situations, son cerveau surpuissant s’avérait capable de résoudre des affaires sur la seule base de son raisonnement et de statistiques armées de probabilités. Dans le cas présent, Irina en était arrivée à une conclusion identique mais préférait quand même confirmer son hypothèse par l’intuition débridée de son chef adoré. Les histoires d’amour entre grandes filles pleines aux as ne faisaient pas partie du catalogue des possibilités majeures tel qu’affiché en quatre par trois dans les salles de classes soviétiques.

Désormais, les dés étaient jetés. Jessica Stone avait intérêt à bien se cacher dans son terrier car le célèbre duo formé par Don le ténébreux et Irina la guerrière se lançait à sa recherche, avec des moyens élevés et une expérience éprouvée. Ma Russe aux longues jambes fit appel à ses relations pour tracer les mouvements de Jessica Stone, de ses retraits en carte bancaire à son téléphone portable en passant par d’autres biais nettement moins avouables. Pour ma part, je procédai à la classique enquête de voisinage, un exercice incontournable dans la police nationale et fort utile pour les investigations privées. Barbara Gould et Jessica Stone habitaient toutes les deux au sein du seizième arrondissement de Paris, en plein milieu de l’avenue Henri-Martin, dans des appartements séparés mais situés au même étage d’une résidence pour nantis. Leur relation donnait lieu à des interprétations diverses et variées, selon l’âge des voisins, leurs croyances religieuses et leurs convictions politiques. Tantôt sorcières de Salem, elles passaient du statut de honte locale à celui de curiosité ethnologique voire de fantasme sexuel. Ma fouille des quartiers de Jessica Stone m’apporta des précisions très utiles sur l’état d’esprit du mannequin avant sa disparition.

Il était enfin possible de débriefer avec Irina, de confronter nos résultats afin d’en tirer la substantifique moelle, un faisceau d’indices suffisamment costaud pour supporter une théorie même hasardeuse.
— Qu’avez-vous obtenue, Irina ? Faites-moi grâce des détails scientifiques, j’ai déjà mal au crâne.
— Jessica Stone a retiré un maximum d’argent liquide en un temps record, atteignant ainsi le plafond autorisé par sa carte bancaire. Elle a opéré ces retraits dans le seizième arrondissement, à moins d’un kilomètre de son domicile. Depuis, elle n’a plus utilisé ce moyen de paiement.
— Classique. Elle sait que Barbara Gould est du genre pot de colle, capable de lui accrocher un pitbull aux pattes.
— Jessica Stone n’a pas utilisé son téléphone portable. Jamais. Elle l’a juste balancé dans une poubelle de sa rue. Il m’a fallu de la patience et de la chance pour le retrouver.
— A-t-il parlé ?
— Oui, ce malgré la destruction de la carte SIM et de la batterie. Visiblement, Jessica Stone ne savait pas qu’un smartphone gardait des informations cachées dans sa mémoire morte.
— Peut-on passer l’explication technique et l’histoire de la téléphonie mobile de Cro-Magnon à nos jours ?

Irina apprécia assez peu mon humour teinté d’impatience. Elle me fusilla du regard puis répondit à ma question.
— En gros, ces derniers temps, elle a appelé l’Évêché de Paris.
— Quel service ?
— Celui des dons.
— J’en étais sûr ! Est-ce tout ?
— Oui.
— Quelle est votre conclusion, Irina ? Ne tournez pas autour du pot !
— Si j’étais vous, Don, je dirais que Jessica Stone est rentrée dans les ordres ou s’est enfermée dans un couvent. L’argent a du permettre son entrée dans un établissement peu connu et très discret.

Je pris Irina dans mes bras, non pour lui faire sa fête mais réellement par fierté. Ma Moscovite d’assistante, une ancienne espionne rompue aux interrogatoires serrés, à la collecte d’informations croisées mille fois avec des statistiques, au calcul probabiliste, avait inhibé son esprit trop cartésien et s’était aventurée sur la voie de l’approche intuitive.
— Que vous arrive-t-il, Don ? Une montée de sève ? Vous devriez savoir que mon cœur appartient à mon papa, répliqua la Russe en me repoussant gentiment mais avec fermeté.
— Je suis fier de vous, belle enfant. Vous avez court-circuité vos neurones psychorigides, abandonné l’analyse différentielle et les cosinus au profit de vos tripes. Vous êtes devenue humaine ! Le docteur Frankenstein du K.G.B, votre créateur, n’en reviendrait pas lui-même. C’était tellement improbable que je ne m’y attendais pas moi-même et pourtant Dieu sait à quel point je suis imaginatif.
— Merci de me traiter de robot, Don. Je devrais vous castrer sur le champ mais j’ai pitié de vos nombreuses conquêtes. En échange, je ne vous demande qu’une chose : m’affranchir de vos conclusions.

J’avais noyé le poisson par une sortie rhétorique, alimentée par mon légendaire sens de la formule, un don pratique pour emballer les serveuses de bars branchés mais malheureusement sans effet sur les Mata-Hari soviétiques du genre d’Irina.
— Je suis arrivé à la même conclusion, Irina. Certes, mes méandres intellectuels ont été torturés mais le résultat reste identique : Jessica Stone a décidé de quitter son univers de paillettes et de crèmes antirides pour une existence basée sur la spiritualité et l’abandon des valeurs matérielles. Son appartement en témoigne.
— Il ne reste qu’à trouver où elle s’est réfugiée.
— Je l’ai déjà retrouvée, Irina.

Irina ne témoigna aucune surprise, comme si c’était naturel d’accomplir un tel exploit aussi rapidement. « Allons voir ce qu’il en est » me répondit-elle en guise de récompense, alors que j’attendais un geste d’affection, une preuve d’amour, une caresse sur la truffe, enfin un peu de réconfort dans ce monde de brutes. Tout à coup, je compris pourquoi Jessica Stone avait choisi de s’isoler, de quitter les feux de la rampe.

Quelques heures plus tard, nous étions dans le bureau de la Mère Supérieure, une femme peu commode prénommée Marie-Béatrice. Mon sens de l’observation me fit remarquer qu’elle avait dû être très belle dans un passé lointain. Sœur Marie-Béatrice tangentait le mètre quatre-vingts, se donnait des airs d’Ingrid Bergman dans «La Maison du docteur Edwardes » et économisait la fonction sourire dans une volonté évidente de service minimum garanti.
— Je vous reçois parce que l’Archevêque est une de vos relations, sachez-le, siffla la religieuse.
— Merci ma sœur, j’apprécie votre profonde sollicitude, répliquai-je.
— Sœur Marie-Joséphine, anciennement connue sous le nom de Jessica Stone, a donné son accord pour une entrevue avec vous deux, et ce malgré ma totale opposition.
— Pourquoi une telle défiance à notre encontre ?
— Je connais le monde de la beauté, des cosmétiques et des affaires. Plus que ça, je connais les femmes comme Barbara Gould.
— Des femmes qu’on n’oublie pas, ironisai-je en parodiant le slogan de la marque.
— C’est justement ce que veut Sœur Marie-Joséphine : oublier Jessica Stone, conclut sèchement Sœur Marie-Béatrice avant de se lever.

La Mère Supérieure nous conduisit dans une petite salle de lecture, réservée à l’étude. Elle nous invita à nous assoir et attendre l’arrivée de Sœur Marie-Joséphine, puis elle quitta la pièce sans un bruit, comme si elle glissait sur le plancher. Irina inspecta l’endroit du regard, sans abandonner sa chaise, tandis que je me lançai dans un décompte aléatoire de mes doigts au cas où l’un d’eux vint à manquer. Le temps coula religieusement. Dieu ne daigna pas venir jouer des claquettes ou émettre des hologrammes, Jésus ne tomba pas de sa croix miniature, aucune gargouille ne se décrocha des murs extérieurs pour enchaîner des loopings dans les cieux. Ma déception commença à grimper en flèche.

Heureusement, Saint Tiburce, patron des détectives privés à la langue bien pendue et à l’esprit tordu, décida de jouer sa meilleure carte. Jessica Stone apparut en pleine lumière, telle Kim Novak dans le magnifique « Sueurs froides » d’Alfred Hitchcock. Elle ne ressemblait plus au mannequin vedette de Barbara Gould. Sa blondeur éclatante, ses yeux lumineux, sa bouche parfaite, son sourire de star hollywoodienne, ses courbes fantastiques, avaient laissé place à un ensemble sobre, une version édulcorée de la beauté féminine. Même Greta Garbo se serait effacée devant une telle rivale.

Irina faillit intervenir pour me refermer la bouche et m’empêcher de baver sur la table. Sœur Marie-Joséphine posa son divin séant sur la chaise en face de moi et m’interrogea du regard.
— Pardonnez mon collègue, expliqua Irina. Il a besoin de récupérer après un coup de soleil.
— Je suppose que c’est de l’humour policier, répliqua Jessica Stone.
— En version soviétique, précisai-je. Irina voulait simplement vous dire à quel point je suis impressionné par votre beauté. Vos photographies n’arrivent pas à la cheville de la réalité.
— Parce que vous avez vue Jessica Stone, une femme malheureuse et cantonnée au rôle de produit d’appel pour tête de gondole, au lieu de Sœur Marie-Joséphine.
— Je ne vois pas d’énorme différence, objecta Irina. Vous avez seulement gommé le décorum, remplacé le maquillage par une façade de sobriété.
— Vous ne pouvez pas comprendre, mademoiselle. Pour la majorité des gens, les mannequins sont des femmes sans cervelle, des créatures obnubilées par leur image. Je n’ai pas l’intention de vous en dissuader, de vous livrer un long plaidoyer en faveur de mon ancien métier. Restez dans vos préjugés, si tel est votre credo !
— On se calme, mesdames, chuchotai-je. Nous ne sommes pas ici pour déclencher une guerre nucléaire entre le modèle féminin bolchévique prôné par toutes les Irina du globe et sa version capitaliste déclinée en quatre par trois sur les écrans de Time Square.

Irina rengaina sa Kalachnikov. Jessica Stone adoucit son regard. Je pouvais désormais engager une vraie conversation avec Sœur Marie-Joséphine, afin de comprendre les raisons de sa nouvelle vie.
— Vous savez pourquoi nous sommes venus vous voir, Sœur Marie-Joséphine ?
— Barbara Gould veut me récupérer, me remettre dans ma cage dorée où je pourrais pépier à volonté devant les objectifs et des millions d’yeux assoiffés d’or et d’artifices.
— En gros, c’est ça.
— Croyez-le ou pas, cette existence futile est terminée pour moi.
— Des mots, siffla Irina. Si vous saviez combien de fois nous avons entendu cet argument, venant de femmes infidèles, de bourgeoises qui s’ennuyaient de leur vie plaquée toc. Au final, elles reviennent toujours à la niche.
— Que proposez-vous, comme alternative ? Je ne crois pas en la révolution, répliqua Sœur Marie-Joséphine.
— Sortez des sentiers battus, utilisez votre beauté pour promouvoir la femme et non des produits cosmétiques destinées à l’enfermer dans un rôle d’animal social. Nous sommes les égales des hommes.
— C’est pour ça, je suppose, que vous êtes ici, avec un homme pour vous superviser, remarqua Sœur Marie-Joséphine. Vous êtes belle pourtant, visiblement instruite et qualifiée pour votre métier. Qu’avez-vous fait de votre potentiel ? Photographier les amours adultères, confirmer à des mâles frustrés que leur propriété était piétinée par d’autres mâles plus entreprenants, enlever à des épouses malheureuses les rares instants colorés de leur quotidien monochrome. Vous raisonnez comme un homme !

Irina déclara forfait, découpée en tranches par l’argumentation sévère de Sœur Marie-Joséphine. Les certitudes de ma Moscovite préférée vacillaient sans conteste. Des années de bourrage de crâne, de propagande communiste, étaient en train de laisser place à une vision alternative. Soldat de la fière Union Soviétique, beauté élevée dans le respect du Bolchoï et des poèmes de Pouchkine, Irina commençait à percevoir son identité réelle, celle d’une jeune femme au vingt-et-unième siècle.

Sœur Marie-Joséphine me regarda à mon tour, le regard doux et assuré. Je décidai de décontracter l’ambiance.
— Dieu : 1, URSS : 0.
— Vous voyez-vous en tant qu’arbitre ?
— Je ne suis qu’un visiteur, ma sœur. D’ailleurs, j’en ai assez vu. Je dois vous quitter, ramener ma collègue Irina en soins intensifs, tenter de sauver son cerveau soviétique de l’infection bourgeoise, bref sauver un reste de dinosaure de sa mue programmée.
— Et Barbara Gould ?
— Ce qui vous est interdit m’est autorisé. Une petite entorse à la vérité, un concerto pour pipeau et orchestre, une fable déguisée en investigation, la liste des possibilités est assez longue pour trouver la parade à son acharnement. A la fin, si vous restez invisible, elle vous oubliera et se dégotera un nouveau jouet, une belle poupée flambante neuve à exposer au monde.
— C’est tout ? Aussi simplement ?
— Voyez-le comme un miracle, Sœur Marie-Joséphine.
— Dieu vous garde, vous et votre collègue, conclut la religieuse.

Jessica Stone s’effaça définitivement des tablettes. Barbara Gould se consola dans les bras d’une autre égérie, une sulfureuse blonde prénommée Sandy, la glorifia à coups de spots publicitaires, l’adouba reine des femmes qu’on n’oubliait pas, et ne parla plus jamais de son ancienne amoureuse.

Irina me demanda un congé sans soldes, à durée illimitée. Je ne la revis pas pendant de nombreux mois. La légende raconte qu’elle était partie dans un établissement religieux, au plus profond des montagnes de l’Oural, à contempler les étoiles et réciter des cantiques.

Posté le : 13/08/2015 20:05
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Re: Défi du 08-08-2015
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Cher Donald,

Tu manies à merveille le genre SF et l'utiliser dans le cadre de ce défi est un vrai pari. Ah Calgon ! Depuis le temps qu'ils nous bassinent (ou nous lessivent le cerveau) avec le slogan, il doit bien y avoir un peu de vrai. QUi sait... on verra peut-être un petit IVO promouvoir le produit dans 100 ans. Demain est un autre jour....

Cher Istenozot,

ON sent la passion pour le terroir et les vins qui y sont attachés. Quelle belle promotion !

Cher Dumont,
L'idée de pouvoir changer son cerveau ou son coeur parfois trop lourd de souvenirs et de blessures est très belle.


Merci à tous ! Vous êtes formidables !

Bises


Couscous

Posté le : 13/08/2015 17:44
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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