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Re: Défi du 29/08/2015 : imposture professionnelle
Plume d'Or
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Sacré couscous, toujours aussi imaginative. Tu habilles bien les Belges au passage, dis donc !
La chute est très cynique, une fois de plus, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Je sens que ce défi va voir fleurir des vocations.
Bravo !
Donald

Posté le : 31/08/2015 19:29
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Re: Les expressions
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« Rester (être) le bec dans l'eau »


Etre déçu après avoir espéré quelque chose.
Ne pas obtenir ce qu'on attendait.


Cette expression est une évolution de celle qui, au XVIe siècle, était "tenir le bec dans l'eau à quelqu'un" et qui signifiait "le faire attendre, lui faire miroiter certaines choses, l'amuser (et même l'abuser) par de belles paroles".

Le bec, c'est la bouche, bien sûr.
Bien que ce soit incertain, l'eau c'est peut-être la salive de quelqu'un à qui on aurait mis l'eau à la bouche par de belles promesses finalement non tenues.

Compléments
A la même époque, "ne point tenir à quelqu'un le bec en l'eau", c'était l'empêcher de s'enivrer.

Ailleurs
Allemagne (Bavière) de Im Ungewissen schweben Flotter dans l'incertitude
Angleterre en To be left in the lurch "Etre laissé" (en très mauvaise posture) au l'ourche (jeu français du 16ème siècle). Demeurer lourche quoi !
Angleterre en To be left high and dry (Navire) échoué. (Personne) laisser en rade.
Espagne es Quedarse en la estacada Rester dans la palissade
Espagne es Quedarse con un palmo de narices Rester avec un nez long comme la paume de la main
Espagne es Quedarse compuesta y sin novio Rester parée et sans fiancé
Italie it Rimanere a bocca asciutta, con le pive nel sacco Rester bouche sèche, avec les cornemuses dans le sac
Belgique (Wallonie) wa Esse l' bèche ès l'aiwe Être le bec dans l'eau

Posté le : 31/08/2015 09:27
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Re: Défi du 29/08/2015 : imposture professionnelle
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Ah ! Ah!


C'est tout à fait délirant ! Et plus c'est improbable, plus on y croit !

Michel Michel ? c'est vrai que les parents ne devaient pas trop l'aimer pour l'affubler d'un nom si peu créatif...

Dis, j'avais pensé au frère jumeau pour ma propre intrigue, il va falloir que je cogite à autre chose !

Merci pour cette participation désopilante et déjantée !

Posté le : 30/08/2015 15:25
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Re: Défi du 29/08/2015 : imposture professionnelle
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Remplacement

Trois hommes en costume et cravate arpentent péniblement un chemin de montagne en plein cœur de la Suisse. Arrivés devant une cabane en bois, ils frappent à la porte. Un homme à la longue barbe leur ouvre. En haletant, l’un d’eux demande :

– Monsieur… Michel ?
– Oui.
– Votre patrie… a besoin de vous !
– Laquelle ? Je suis belgo-suisse maintenant.
– La Belgique.
– Je ne comprends pas…
– Pouvons-nous entrer ?... Je vais vous expliquer.

Les trois invités s’installent sur des chaises de fortune et une boisson lactée leur est proposée.

– Buvez. C’est du lait de mes chèvres, cent pour cent bio. Vous m’en direz des nouvelles.
– Non, merci. Votre frère jumeau a fait une mauvaise chute et est actuellement dans le coma. Il devait signer un important traité de paix en République Démocratique du Congo, notre ancienne colonie. Si cela ne se fait pas dans les jours qui suivent, les conflits intestins reprendront. Nous n’avons pas ébruité l’accident. Le vice-premier s’occupe des affaires courantes en Belgique mais le Président du Congo ne fait confiance qu’à Monsieur Michel.
– Qu’est-il arrivé à mon frère ? Une vache l’a agressé pendant une manifestation d’agriculteurs ?
– Non, c’est un accident privé.
– Racontez-moi.
– En fait, lui et sa femme fatasment sur Spiderman. Ils adorent reproduire des scènes dans leur intimité. La chambre dans leur appartement à Uccle est d’ailleurs capitonnée pour ne pas déranger les voisins. Bref, il a voulu refaire le coup du baiser à l’envers, mais il s’était mal arrimé et il est tombé. Sa femme était attachée à la chaise car elle simulait un kidnapping. Il lui était inutile de crier car personne n’aurait entendu. Heureusement, à coups de reins, elle est parvenue jusqu’au téléphone et a appelé les secours avec son nez.
– Je savais que ma belle-sœur avait un bon coup de rein mais j’ignorais cette passion de mon frère. Comment m’avez-vous retrouvé ?
– Grâce à une lettre que vous lui avez adressée en vue d’obtenir des fonds pour votre association.
– Oui, je lui demandais de financer mon projet de sauvegarde des marmottes. Il m’a répondu qu’il avait d’autres marmottes à fouetter. J’ai toujours détesté son humour.
– Pourquoi les marmottes sont-elles menacées ?
– À cause de l’huile que l’on fabrique avec la graisse présente sous leur peau. Ce produit est connu pour avoir le même effet que le Viagra. Et vu le coût misérable d’un flacon en rapport avec les petites pilules bleues, ces pauvres bêtes sont traquées et exterminées sans que personne ne s’en préoccupe.
– Je vois… Acceptez-vous de nous aider ?
– Je n’ai personne pour s’occuper de mes chèvres.
– Vous n’avez pas de femme ? C’est très pratique vous savez…
– Non. Les femmes suisses préfèrent les horlogers élevés au fromage et au chocolat. Elles ne sont pas trop attirées par les chevriers belges qui cuisent leurs frites dans le saindoux et les mangent à la sauce bicky avec une bonne gueuze Lambic.
– Un autre personne pourrait les surveiller quelques jours ?
– Mon voisin, Monsieur Seguin, devrait accepter.
– Dites-lui juste de se méfier des loups. Et vous saurez retrouver vos moutons… enfin vos chèvres parmi les siennes ?
– Bien sûr, regardez ces photos au mur : vous avez Sophie, Marcelle, Isabelle…
– Nous n’avons pas le temps pour les mondanités. Veuillez régler le problème et nous suivre je vous prie.

Une fois ses chèvres confiées au voisin, Monsieur Michel suit les trois acolytes. Il est amené en hélicoptère dans un lieu secret afin d’être relooké.

– Il faut que vous ressembliez comme deux gouttes d’eau à votre frère. On doit vous tailler la barbe, elle est trop longue.
– Non, je refuse. Je participe chaque année à un concours.
– En échange, vous recevrez des fonds pour vos marmottes.
– Vous ne pouvez pas dire que je me suis juste laissé pousser la barbe ?
– Quinze centimètres en deux jours, cela paraîtra suspect, non ?
– Bon, d’accord. Mais sachez que je ne porte que des vêtements en lin.

Arménie, le couturier officiel du Royaume est appelé en urgence. Il prend les mesures du chevrier et s’en va passer commande d’un costume complet auprès d’un tailleur chinois de Molenbeek-Saint-Jean. En fin de journée, l’homme est devenu le sosie parfait de son frère, Charles Michel, premier ministre belge.

– C’est fou ! J’ai toujours tenté d’être différent de mon frangin. Et finalement, on a presque le même métier. Je mène des chèvres et lui des moutons. Je tente de sauver des marmottes de la cruauté humaine et lui ce sont des hommes qu’il veut sauver de la violence de leurs congénères. Notre père l’a toujours préféré. Moi, on m’a prénommé Michel. Je ne sais pas si c’est pour me pourrir la vie dès la naissance. J’ai toujours été raillé. S’appeler Michel Michel ne fait pas très sérieux…

Michel est briffé sur la situation au Congo, sur le protocole à respecter, les personnalités qu’il va côtoyer et les accords qui vont être signés. Le problème qui se pose est que le premier ministre, le vrai, parle couramment le dialecte local, le Swahili. Comme il est impossible d’apprendre une langue en si peu de temps, un traducteur est embauché. Le faux premier est équipé d’un micro et d’une oreillette pour pouvoir converser. Tout se passe comme prévu, le traité de paix est signé par les belligérants. Lorsque Monsieur Michel sort du bâtiment officiel, un tireur embusqué appuie sur la détente. Il est touché à la tête et s’effondre. Des cris s’élèvent de la foule. Les gardes du corps se précipitent sur le corps inerte.

Michel Michel est enterré en secret. Une plaque est gravée et posée au-dessus de sa tombe : « Ci gît un homme mort pour la Paix ». Ses chèvres n’ont jamais revu leur maître. Une grande campagne de distribution gratuite de Viagra en Suisse a permis de sauver des marmottes. Comment a-t-on pu expliquer que le Premier ministre a survécu à une balle en pleine tête avec seulement un traumatisme crânien ? Ça… c’est une histoire belge !

Posté le : 30/08/2015 14:35
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Nos chants du passé
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Mignonne allons voir si la rose

http://eduscol.education.fr/chansonsq ... llons-voir-si-la-rose#nav



Monsieur Turenne

'La musique est attribué à Lully qui aurait composé cette marche pour le régiment de Turenne (de 1633 à 1675), cet air sera repris pas le compositeur Bizet pour l'Arlésienne (mais avant ce sera la "marche des rois" avec des paroles du 18e siècle).


Posté le : 30/08/2015 10:11
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Re: Les expressions
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« Mener une vie de bâton de chaise »


Avoir une vie désordonnée, agitée, une vie de plaisirs et de débauche.


S'il est vrai que les chaises en bois sont en partie un assemblage de 'bâtons', pourquoi auraient-ils une vie trépidante à l'origine de l'expression ?

En réalité, il faut remonter dans le temps, à l'époque des chaises à porteurs comportant deux grands bâtons latéraux servant à porter la chaise et son contenu humain.

Après, les avis divergent sur l'origine de l'expression.

Elle pouvait venir du fait que les bâtons étaient constamment manipulés, soulevés, posés, tirés pour dégager la porte de la chaise, remis en place...
Ces bâtons avaient une existence très peu reposante, ce qui explique l'expression dans laquelle l'idée d' "activité excessive" a peu à peu fait place à l'idée de "vie désordonnée".

Mais elle pouvait aussi venir de la vie que menaient les porteurs, toujours en déplacement puis à attendre le retour du propriétaire de la chaise, de préférence dans les lieux de débauche (tripots, bordels...) dans lesquels ils transportaient leurs bâtons avec eux pour ne pas se les faire voler, la vie des bâtons étant alors assimilée à celle des porteurs.

Ailleurs

Allemagne (Bavière) de Ein Lotterleben führen Mener une vie de débauche
Argentine es Una vida de pizpireta. Mener une vie de pizpireta
Espagne es llevar una vida alocada mener une vie de fou

Posté le : 30/08/2015 08:45
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François Cheng
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Le 30 Août 1929 naît François Cheng nom d'auteur

Chéng Bàoyī en chinois : 程抱一,transcription phonétique pinyin, à Jinan dans la province de Shandong écrivain, poète et calligraphe chinois naturalisé français en 1971. Écrivain essayiste, poète, calligraphe, romancier, universitaire, traducteur, académicien français, naturalisé en 1971 d'origine chinoise Nanchang 1929. Il a reçu le prix Femina en 1998, Grand prix de la francophonie de l'Académie française en 2001, membre de l'Académie française au fauteuil 34. Il quitte la Chine pour la France en 1948, fréquente l'EHESS et se lie avec R. Barthes, J. Lacan et J. Kristeva. Il s'impose comme spécialiste d'esthétique chinoise à travers plusieurs essais, dont Vide et plein : le langage pictural chinois 1979, Shitao, la saveur du monde 1998, prix André-Malraux, D'où jaillit le chant 2000, Cinq méditations sur la beauté 2006. Poète De l'arbre et du rocher, 1989 ; Saisons à vie, 1993 ; Double Chant, 1998, prix Roger-Caillois, traducteur et calligraphe, il publie son premier roman en 1998, le Dit de Tianyi prix Femina, à caractère autobiographique ; suivra L'éternité n'est pas de trop 2002, histoire d'une passion flamboyante à la fin de la dynastie Ming, qui prolonge une quête spirituelle engagée à travers une double culture chinoise et occidentale. Il est le premier écrivain d'origine asiatique à entrer à l'Académie française 2002.

En bref

Nom originel chinois : Cheng Chi-Hsien 程纪贤. Issu d'une famille de lettrés, après des études à l'Université de Nankin, François Cheng arrive à Paris avec ses parents en 1948 lorsque son père obtient un poste à l'Unesco. Alors que sa famille émigre aux États-Unis en 1949 en raison de la guerre civile chinoise, il décide de s'installer définitivement en France, motivé par sa passion pour la culture française. Il se consacre à l'étude de la langue et de la littérature française en vivant dans le dénuement et la solitude1 avant de faire dans les années 1960 des études universitaires, en préparant un diplôme de l'École pratique des hautes études EPHE. Il se lance aussi dans des traductions en chinois de poèmes français puis celles de poèmes chinois en français.
Tout d'abord, il publie de la poésie en chinois à Taïwan et à Hong Kong. Ce n'est que tardivement en 1977 qu'il écrit en français, sur la pensée, la peinture et l'esthétique chinoises et aussi des ouvrages poétiques. Jugeant avoir acquis assez d'expérience, il peut ensuite se lancer dans l'écriture de romans. Il publie également un album de ses propres calligraphies.
Depuis 2008, il est membre du comité d'honneur de la Fondation Chirac, créée pour agir en faveur de la paix dans le monde. Il est également membre d'honneur de l'Observatoire du patrimoine religieux OPR, une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine cultuel français.
Son prénom français fait référence à saint François d'Assise.
Il est le père de la sinologue Anne Cheng.

Sa vie

Poète, romancier et calligraphe, François Cheng est né en Chine, à Nanchang, le 30 août 1929. Issu d'une famille d'universitaires et de lettrés, le jeune homme, qui connaît la fin de la guerre et la guerre civile en Chine, entre à l'université de Nankin, avant de gagner la France en 1949. Il finit par s'y installer. Étudiant à la Sorbonne, il est un lecteur assidu à la bibliothèque Sainte-Geneviève où il fait sienne la littérature occidentale classique.
Étudiant à l'École pratique des hautes études, il enseigne à son tour dans les années 1960 au Centre de linguistique chinoise – le futur Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale –, frayant avec Roland Barthes, Julia Kristeva, A. J. Greimas, au côté desquels l'assistant s'initie à la sémiologie. Le dialogue avec Jacques Lacan aura aussi son importance. C'est dans le sillage de cette réflexion qu'il va rédiger L'Écriture poétique chinoise, suivi d'une anthologie des poèmes des Tang 1977, et Vide et plein 1979, un essai sur le langage propre à la peinture chinoise.
Le lien entre la calligraphie et l'écriture poétique est naturel ; il conduit à un art dont les traits expriment à la fois les formes des choses et les pulsions du rêve ; ils ne sont pas de simples contours ; par leurs pleins et leurs déliés, par le blanc qu'ils cernent, par l'espace qu'ils suggèrent, ils impliquent déjà volume jamais figé et lumière toujours changeante. Calligraphe, Et le souffle devient signe, 2001, François Cheng est persuadé de raviver le souffle qui anime l'Univers, celui-là même qui inspire sa main en sismographe de l'âme.
Naturalisé français en 1971, François Cheng enseigne à partir de 1974 comme maître de conférences puis comme professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales. Ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, de monographies consacrées à l'art chinois Chu Ta : le génie du trait, 1986 ; Shitao : la saveur du monde, 1998), de recueils de poésies, de romans.
Dans la préface de À l'orient de tout 2005, qui rassemble les recueils Double chant, Cantos toscans, Le Long d'un amour, Qui dira notre nuit, Le Livre du vide médian, André Velter estime que François Cheng aura mis vingt ans pour devenir le poète qu'il entendait être, composant en français à partir des années 1980. Un pari prometteur, consistant à élargir considérablement le rayon de pensée et d'action d'un vocabulaire le plus souvent jaloux de ses limites en lui adjoignant l'immense espace physique, mental et spirituel de la Chine.
Passeur entre l'Orient et l'Occident, il est à l'écoute de la vision organique et unitaire de l'univers vivant que propose la pensée taoïste. Un univers où tout se relie et se tient à partir de l'idée de souffle, unité de base et qui relie entre elles toutes les entités vivantes. On sait que le fonctionnement du souffle est ternaire : le yin, le yang et le vide médian. Ce dernier est le trois taoïste qui, né du deux et drainant la meilleure part du deux, permet à celui-ci de se dépasser et de s'engager dans la voie de la transformation entretien avec Lire, décembre 2001.
La métaphore décrit le principe même de création du romancier tel qu'il s'exprime dans Quand reviennent les âmes errantes 2012, un drame épique évoquant une passion à trois – une femme, un musicien et un guerrier – dans la seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère, quand la Chine se divisait en de multiples royaumes rivaux. Le roman devient ainsi le lieu d'un singulier échange où toute la vie se rassemble dans les douleurs et les joies jusqu'à l'au-delà de la mort, dans un réveil des âmes retrouvées grâce à la résonance universelle. L'Histoire est la toile de fond des drames intimes que raconte François Cheng.
La vie humaine ne vaut rien, les hommes sont mobilisés par centaines de milliers pour la construction des palais et plusieurs millions sont déportés pour bâtir la Grande Muraille. La brutalité du monde et sa violence sont déjà présentes dans ses premiers romans, Le Dit de Tianyi 1998 et L'éternité n'est pas de trop 2002.
Pour lui, l'amour entre les êtres – sentimental, sensuel et spirituel – est fondateur.
Quand je trace le mot „harmonie“, je rentre dans l'harmonie, écrit François Cheng dans Et le souffle devient signe. Calligraphe-poète, il a fait de son art un mode de vie ascétique et fusionnel avec la nature : Mais l'oiseau point d'empreinte/ Ne laisse. Son empreinte est/ Son vol même. Nulle trace/ Autre que l'instant-lieu/ joie du pur avènement :/Lieu deux ailes qui s'ouvrent, /Instant un cœur qui bat Cantos toscans
François Cheng a été élu à l'Académie française le 13 juin 2002. Véronique Hotte

Honneurs et distinctions

En 2000, il reçoit le prix Roger-Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double Chant. En 2001, François Cheng reçoit le grand prix de la francophonie de l'Académie française. Le 13 juin 2002, il devient membre de l'Académie française; premier Asiatique élu, il est le vingtième récipiendaire du fauteuil. Il est membre du Haut Conseil de la Francophonie.
Il a été promu Officier de la Légion d'honneur le 1er janvier 2009.

Œuvres

Analyse formelle de l'œuvre poétique d'un auteur des Tang : Zhang Ruoxu 1970
Le Pousse-pousse, de Lao She traduction, 1973
L'Écriture poétique chinoise, Éditions du Seuil, 1977 et 1996
Vide et plein : le langage pictural chinois, Éditions du Seuil, 1979
L'Espace du rêve : mille ans de peinture chinoise, Phébus, 1980
Sept poètes français 1983
Henri Michaux, sa vie, son œuvre, 1984
Chu Ta : le génie du trait, Phébus, 1986
Some Reflections on Chinese Poetic Language and its Relation to Chinese Cosmology dans The Vitality of the Lyric Voice, 1986
The Reciprocity of Subject and Object in Chinese Poetic Language dans Poetics East and West, 1988
De l'arbre et du rocher, poèmes, Fata Morgana, 1989
Souffle-Esprit, Éditions du Seuil, 1989 et 2006
Entre source et nuage, Voix de poètes dans la Chine d'hier et d'aujourd'hui, Albin Michel, 1990 et 2002
Saisons à vie, poèmes, Encre marine, 1993
Trente-six poèmes d'amour, poèmes, Unes, 1997
Quand les pierres font signe, 1997 avec Fabienne Verdier
Le Dit de Tianyi, Albin Michel, 1998 prix Femina
Double chant, Encre Marine, 1998 prix Roger-Caillois
Shitao : la saveur du monde, Phébus, 1998 prix André-Malraux
Cantos toscans, Unes, 1999
D'où jaillit le chant, Phébus, 2000
Poésie chinoise, poèmes, Albin Michel, 2000
Et le souffle devient signe, Iconoclaste, 2001
Qui dira notre nuit, poèmes, Arfuyen, 2001
L'éternité n'est pas de trop, Albin Michel, 2002
Le Dialogue, Une passion pour la langue française, Desclée de Brouwer, 2002
Le Long d'un amour, poèmes, Arfuyen, 2003
Le Livre du vide médian, poèmes, Albin Michel, 2004 - édition revue et augmentée, 2009
Que nos instants soient d'accueil, avec Francis Herth, Les Amis du Livre contemporain, 2005
À l'orient de tout, poèmes, Gallimard, 2005
Cinq méditations sur la beauté, Albin Michel, 2006
Pèlerinage au Louvre, Flammarion et Musée du Louvre éditions, 2008
L'Un vers l'autre, Éditions Albin Michel, 2008
Œil ouvert et cœur battant, Desclée de Brouwer, 2011
Quand reviennent les âmes errantes, Albin Michel, 2012
Cinq méditations sur la mort. Autrement dit sur la vie, Albin Michel, 2013
Assise. Une rencontre inattendue, Albin Michel, 2014
Entretiens avec Françoise Siri, suivis de douze poèmes inédits, Albin Michel, 2015
La vraie gloire est ici, poèmes, Gallimard, à paraître en octobre 2015

Bibliographie

Madeleine Bertaud, François Cheng. Un cheminement vers la vie ouverte, Éditions Hermann, 2009; et 2de édition, révisée et complétée, Hermann, 2011.
Yinde Zhang, François Cheng ou dire la Chine en français, Revue de littérature comparée, 2/2007, n° 322, p. 141-152.


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Posté le : 29/08/2015 23:34

Edité par Loriane sur 30-08-2015 17:56:35
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Théophile Gautier
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Le 30 août 1811 naît Théophile Gautier

à Tarbes, mort à 61 ans à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, poète, romancier, peintre et critique d'art français.
Né à Tarbes, Théophile Gautier est cependant parisien depuis sa plus jeune enfance. Il fait la connaissance du futur Nerval au Collège Charlemagne et s'intéresse très jeune à la poésie. En 1829 il rencontre Victor Hugo qu'il reconnaît pour son maître et participe activement au mouvement romantique comme lors de la fameuse bataille d'Hernani, le 25 février 1830. Il évoquera avec humour cette période en 1833 dans Les Jeunes-France.
Il publie en 1831-1832 ses premières poésies qui passent inaperçues mais il se distingue de ses amis romantiques par ses préoccupations formalistes fustigeant les visions moralistes ou utilitaires de la littérature dans la célèbre préface à son roman épistolaire Mademoiselle de Maupin 1835. Il écrit aussi ses premières nouvelles comme La Cafetière 1831, dans une veine fantastique qu'il approfondira dans d'autres œuvres Le Roman de la momie, 1858.
En 1836, à la demande de Balzac, il donne des nouvelles et des critiques d'art au journal La Chronique de Paris. Il collabore ensuite intensément à d'autres journaux, en particulier La Presse d'Émile de Girardin : certains de ces textes seront regroupés plus tard en volumes Les Grotesques, Souvenirs littéraires…. Il publie aussi des poèmes La Comédie de la Mort, 1838 et s'essaie au théâtre Une larme du diable, 1839. En mai 1845, il accomplit un grand voyage au-delà des Pyrénées dont il rapporte un carnet d'impressions Voyage en Espagne et de nouveaux poèmes España, 1845. D'autres voyages en Algérie, en Italie, en Grèce, en Égypte, nourriront aussi diverses publications.
En 1852, paraît Émaux et Camées, recueil de vers qu'il enrichit jusqu'en 1872 et qui fait de son auteur un chef d'école : Baudelaire dédie Les Fleurs du mal au poète impeccable et Théodore de Banville salue le défenseur de l'art pour l'art, précurseur des Parnassiens à la recherche du beau contre les épanchements lyriques des romantiques et valorisant le travail de la forme Sculpte, lime, cisèle écrit Gautier dans son poème L’Art, dernière pièce de Émaux et Camées, édition de 1872.

Il continue à publier des articles ou des poèmes mais aussi une biographie d'Honoré de Balzac ou des œuvres de fiction comme son roman de cape et d'épée Le Capitaine Fracasse 1863. Il est nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde et fréquente les salons littéraires du Second Empire mais aussi le milieu de l'art, s’intéressant aux musiciens il écrit sur Berlioz, Gounod, Wagner… et élabore le livret du ballet Giselle comme aux peintres Eugène Delacroix, Édouard Manet, Gustave Doré, Théodore Chassériau.
Il meurt en 1872 laissant l'image d'un témoin de la vie littéraire et artistique de son temps dont les conceptions artistiques ont compté et dont l'œuvre diverse est toujours reconnue.

En bref

Dans une conférence d'avril 1914, André Gide lança une de ces formules qui se substituent commodément à l'analyse critique : « Oui, Théophile Gautier occupe une place considérable ; c'est seulement dommage qu'il l'occupe mal. Les lettres françaises ont imposé une sorte de quarantaine à ce maître contesté que les lettres étrangères, en revanche, apprécient, comme en témoignent Henry James, Ezra Pound, T. S. Eliot, Amy Lowel, les akhméistes russes... En France, si l'on excepte les anthologies scolaires et les éditions de récits de voyages et de romans – de préférence ceux que Dumas aurait pu écrire –, Gautier a connu la disgrâce d'être un poète proscrit sans être un poète maudit. Il n'en demeure pas moins un merveilleux professeur d'écriture
Théophile Gautier est né à Tarbes, mort à Neuilly ; parmi ses lieux de séjour, Paris l'emporte quantitativement ; il a cependant beaucoup voyagé à travers l'Europe, en Orient, en Afrique. Il fut publié par Le Figaro, Le Parnasse contemporain de l'éditeur A. Lemerre, et fonda en 1836, avec Lassaily, Ariel, journal du monde élégant.
Il fréquenta quelques théâtres dont l'Opéra où il fit jouer des fantaisies, danser des ballets. On lui connaît quelques amours, un fils, des filles. Mais on ne le trouve vraiment que dans son œuvre, dans ses poèmes, et plus particulièrement dans ses « Salons », sa critique d'art et ses relations de voyages.
Les circonstances de la vie ne furent pas cependant étrangères à cette prose et à ces vers. Il n'est pas indifférent que le pays où est né Gautier, où il a vécu peu de temps, où il est retourné longtemps après, en 1859, soit un paysage fort et âpre, situé sur la route de l'Espagne. Le chaud génie du Midi respire là, plus plastique que musical, avec une pointe gasconne qui percera dans Le Capitaine Fracasse 1863.
Il n'est pas indifférent non plus que sa vocation initiale et sa première profession aient été la peinture. Ce sont des sensations de peintre qu'il conserva de ses voyages. Il pratiqua, sans s'y efforcer, par la seule pente de sa nature, cette transposition d'art dont d'autres firent un système d'esthètes. De là l'importance de ses Salons qui préparent les Maîtres d'autrefois. Mais Gautier en est resté à 1830, tout en se moquant de ses compagnons de bohème. Ce qui interdit de confondre le bohème et le bourgeois, c'est l'hypocrisie décente de celui-ci et le provocant « immoralisme » de celui-là. Distance apparemment infranchissable. La préface de Mademoiselle de Maupin 1835 affirme les droits de l'artiste à la vie débordante, à la volupté, à l'impudeur. La correction de la forme est la vertu, ce qui est beau physiquement est bien, tout ce qui est laid est mal.
Son époque se scandalise de la morale qu'elle pratique incessamment. L'immoralité ne lui déplaît pas, mais elle abhorre l'« immoralisme. Elle s'enfonce dans la matière, mais elle adore qu'on lui parle du sentiment. À des imprudents comme Gautier, elle refuse tout : la fortune et l'Académie. Elle les réduit aux travaux forcés du journalisme. Il en gémit. Le gagne-pain de ce gagne-petit épuise en lui la veine du poète. Il se console par le seul opium efficace : l'écriture.

Sa vie

Né à Tarbes le 30 août 1811, Théophile Gautier gardera longtemps le souvenir des silhouettes des montagnes bleues. Il a trois ans lorsque sa famille s'installe à Paris. Malgré son jeune âge, il éprouve de la nostalgie et s'habitue mal à son nouvel environnement. Étonnamment précoce, il n'a que cinq ans quand il commence à lire. Ses premières grandes passions sont Robinson Crusoé ou Paul et Virginie, qui lui font une vive impression ; il rêve alors de devenir marin, avant de se passionner pour le théâtre, notamment pour la peinture des décors.
En 1820, à l'âge de neuf ans, il fait un bref séjour comme demi-pensionnaire au lycée Louis-le-Grand. Ses parents doivent l'en retirer au bout d'un trimestre parce qu'il y dépérit. Plus heureux comme externe au collège Charlemagne, Gautier y rencontre le jeune Gérard Labrunie le futur Nerval. À cette époque, il commence à manifester un goût particulier pour les poètes latins tardifs dont la langue étrange le fascine.
Il est en première lorsqu'il commence à fréquenter l'atelier du peintre Louis-Édouard Rioult 1790-1855, rue Saint-Antoine, et découvre à cette occasion qu'il souffre de myopie.

La grande boutique… romantique

Le 27 juin 1829, Gautier rencontre celui qui allait devenir son maître en littérature, Victor Hugo, auquel le présentent Gérard et Petrus Borel. Cet évènement précipite sa carrière d'écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la fameuse bataille d'Hernani, vêtu d'un gilet rouge qui marquera durablement les esprits. Le soir même, cet hernaniste acharné quitte l'atelier de Rioult.
Tout en menant toutes les grandes campagnes romantiques, il écrit un premier recueil de vers, dont son père finance la publication chez Mary. L'œuvre sort en 1830 et passe totalement inaperçue. Ces premières poésies montrent pourtant un jeune poète fort habile, ayant déjà acquis la manière de ses illustres prédécesseurs. Gautier y fait cependant preuve d'une originalité réelle par un sens inné de la forme et une expression nette et précise
Hugo en condottiere du mouvement romantique avec Théophile Gautier, cheveux longs, moustachu et chapeauté, en croupe.
Il continue à fréquenter Victor Hugo et ses proches. C'est dans ce cénacle qu'il fait la connaissance de Célestin Nanteuil, qui trois ans plus tard, lorsque Gautier réimprime ses premiers vers dans un nouveau recueil, Albertus, l'illustre d'une eau-forte ultra-excentrique. Il rencontre également l'éditeur romantique Eugène Renduel, qui vient de publier les Soirées de Walter Scott, de Paul Lacroix. À sa demande il écrit en 1833 Les Jeunes-France, qui rendent compte avec truculence de la vie des artistes qui forment le Cénacle. Dans cet ouvrage baroque, Gautier se fait le témoin lucide et ironique de ces Précieuses Ridicules du Romantisme. Deux ans plus tard, il publie également chez Renduel Mademoiselle de Maupin 1835, qui fait un véritable scandale.
Quittant le domicile familial, place des Vosges, Théophile Gautier s'installe impasse du Doyenné, à côté de l'emplacement de l'actuelle place du Carrousel, dans un hôtel particulier en ruine, où il côtoie Camille Rogier, Arsène Houssaye, et Nerval. Il partage un appartement avec Eugène Piot.

Les débuts de critique et nouvelliste

Honoré de Balzac, qui apprécie ces jeunes talents, envoie Jules Sandeau leur proposer de contribuer au journal La Chronique de Paris en 1836. Balzac, qui daignait me trouver du talent et le dire, m'envoya chercher par Jules Sandeau. Gautier y publie des nouvelles comme La Morte amoureuse et La Chaîne d'or et des critiques d'art. Il sera fort impressionné par le maître et plus tard, il contribuera à sa légende avec des portraits biographiques d'Honoré de Balzac.
Il travaille également pour le magazine de Charles Malo, La France littéraire, et pour le quotidien d'Émile de Girardin, La Presse. Dans ce journal, Gautier se charge d'abord de la critique d'art. On évalue à plus de deux mille le nombre des feuilletons et articles qu'il aurait rédigés pour ce journal. Un nombre restreint de ces articles est recueilli en volumes : Les Grotesques, L'Histoire des peintres, l’Art moderne, Les Beaux-Arts en Europe, l’Histoire de l'art dramatique depuis vingt-cinq ans, Trésors d'art de la Russie, Portraits contemporains, Histoire du romantisme, Souvenirs littéraires, etc. Tous ces articles sont allègrement écrits dans une langue nette, souple, impeccable et brillante. Gautier invente à sa manière une écriture de critique d'art qui ne vise pas seulement au jugement, à l'analyse, mais aussi à recréer la justesse du sentiment esthétique. Il cherche à rendre, au moyen de mots, la sensation visuelle, musicale produite par la perception directe de l'œuvre d'art. Cette tâche de chroniqueur l'occupe toute sa vie. J'ai travaillé à La Presse, au Figaro, à La Caricature, au Musée des Familles, à la Revue de Paris, à la Revue des Deux Mondes, partout où l'on écrivait alors. Souvent pesante, cette besogne quotidienne ne l'empêche pas de faire du sport de la boxe et du canotage et de continuer à créer des œuvres poétiques et dramatiques. Ainsi en 1838 paraît La Comédie de la Mort, un recueil de poèmes assez différent des précédents où, sous l'influence de Shakespeare, Goethe et Dante, Gautier sculpte avec vigueur le spectre de la Mort. En 1839, Gautier cède à la tentation du théâtre qu'il admire depuis toujours et écrit Une larme du diable puis Le Tricorne Enchanté et Pierrot Posthume. Ce sont des fantaisies, des pastorales féeriques, un théâtre lyrique, impossible et imaginaire qu'il fait vivre encore dans les livrets de plusieurs ballets, dont le plus célèbre est celui de Giselle, dansé à l'Opéra le 28 juin 1841, avec un succès prodigieux.

L'écriture artiste

Un professeur d'écriture, c'est là ce qu'il devient au milieu de sa vie et jusqu'à sa mort, celui qui écrira ce récit habilement transcrit de Scarron dans la manière du Roman comique : Le Capitaine Fracasse, et composera ces pièces d'anthologie et de joaillerie en accord avec la génération de Théodore de Banville : Émaux et Camées 1852. Aux années où Victor Hugo se met à l'octosyllabe et aux Chansons des rues et des bois, où les étagères s'encombrent de bibelots et de chinoiseries, Théophile Gautier invente pour son propre compte ce que les Goncourt appelleront l'écriture artiste.
Elle est une forme, et non la moins précieuse, de la préciosité : celle qui donne au détail une importance insolite, qui le regarde, l'analyse à travers une lentille grossissante, détache chaque objet de son ensemble, l'individualise. Un jardin, pour Gautier, n'est pas ce fouillis ombreux ou verdoyant, pullulant de proliférante sève, qu'un impressionniste recréerait par points de couleur ou taches de lumière : chaque plante se découpe à part, porte son nom, se distingue par sa dentelure ou ses nervures. Nul vague, même dans le désordre de ces chambres de sorcières où cet amateur de fantastique – plutôt que de mystère – nous fait pénétrer.
Ce soin minutieux exige un enrichissement, un renouvellement de la langue. Gautier a été, comme Charles Nodier, de ceux qui ont infusé un sang jeune et dru à l'expression française. Il le doit, pour une part, à l'atelier de l'artiste, au vocabulaire technique de la critique d'art.
Préciosité aussi, ces allégories recherchées, issues des métaphores continuées, et qui tendent, sans y atteindre, au symbole. Si l'art, comme le pensait ce poète, est un masque, le roman comme le poème est double : masque et visage. « J'ai gardé mon idée secrète », dit-il ; mais l'idée est présente. Et non pas toujours si secrète, mais souvent explicite et même trop dans la conclusion ou l'épilogue. Les « vieux de la vieille » représentent, et ce qu'ils représentent nous est dit dans le détail ; Iñes de la Sierra n'est pas seulement une danseuse espagnole, elle est l'Espagne ; dans ce délire de fandango, ce miniaturiste est allé jusqu'à voir une cicatrice, mais elle prend un sens ou il lui prête un sens. Un bas-relief cesse d'être une sculpture, un choc de cavaliers devient bataille de pensées et de désirs ; la Symphonie en blanc majeur se change en état d'âme.
Par là se brise, parfois, l'orthodoxie de l'art pour l'art. Elle est alibi, protection ou simplement prétexte. Le ciseleur s'avoue à lui-même que sa main tremble un peu. L'ensevelissement dans l'art pur est aussi illusoire que l'évasion vers la poésie pure. Chez ce coloriste, tout un arrière-plan sombre est refusé, ou ne se révèle qu'à la faveur des macabres visions de l'école espagnole. L'Espagne du sang, de la volupté et de la mort emplit les vers de España (1845). Par elle s'introduisent dans cette apparente joie de vivre les sujets sombres et violents de Ribera, ou les tons verts, les blafardes pâleurs de Valdes Leal. Et le clair-obscur qui n'était pas sur sa propre palette. Et ce réalisme de l'horreur qui semble se souvenir de Villon et annoncer Baudelaire.

Gautier et Baudelaire

Baudelaire a inscrit le nom de Gautier à la première page des Fleurs du mal. Se reconnaissait-il en lui ? Et quelle fut la mesure ou quelles furent les limites de sa sincérité ? L'article qu'il lui consacra suggère cette mesure et dessine ces limites. Mais on trouve un goût baudelairien à tel poème de Gautier intitulé « Débauche ». Il y a dans la Symphonie en blanc majeur de ces variations sur le thème des correspondances que le XVIIIe siècle avait transmis au romantisme et que le romantisme transmettra au symbolisme. Dans un poème intitulé Cariatides, il y a ce même type de transpositions d'art – autre effet de correspondances – que dans Les Phares . Surtout, ces autres correspondances, celles qui vont au-delà des sens et des techniques, qui entrent dans les intimes rapports du monde extérieur et du monde intérieur, Baudelaire les a senties, assurément, par lui-même ; mais Gautier avait trouvé des mots où résonne le même dialogue de l'homme et de l'âme :
Devers Paris, un soir, dans la campagne,
J'allais suivant l'ornière du chemin,
Seul avec moi, n'ayant d'autre compagne
Que ma douleur qui me donnait la main.
Allégorie encore, personnification de l'invisible en figures de peinture décorative ; pourtant un halo enveloppe cette poétique menacée par la rhétorique. L'hallucinatoire et l'onirique créent une perspective en faux jour. Comme dans Le Bateau ivre d'Arthur Rimbaud qui, lui aussi, vient pour une part de Gautier.
Ces résonances, qui se prolongent dans l'époque fin de siècle, assurent à ce poète, qui certains jours aspirait au néant, une postérité qui, parfois, le méconnaîtra. Pierre Moreau.

Les voyages

Constantinople

Le 5 mai 1840, il part en compagnie d'Eugène Piot pour l'Espagne, qu'il connaît à travers les Contes d'Espagne et d'Italie d'Alfred de Musset et les Orientales de Victor Hugo. Son Voyage en Espagne, sorte de carnets d'impressions vigoureux, est marqué par la fraîcheur du regard, l'étonnement de la vision et le souci toujours exacerbé de la justesse du dire. Ces visions donnent lieu à de nouveaux vers, España, qui paraissent dans le recueil des Poésies complètes en 1845. Ce premier voyage en amène bien vite d'autres. En 1845 c'est l'Algérie, en 1850 l'Italie, en 1852 la Grèce et la Turquie, en 1858 la Russie et en 1869 l'Égypte envoyé par le Journal Officiel pour l'inauguration du canal de Suez. Chacun de ces voyages donne lieu à des publications : Italia, Constantinople, mais surtout ils nourrissent ses œuvres littéraires, romans, nouvelles ou poésies.

Très intéressé par la photographie, il devient membre en 1851 de la Société héliographique.

La maturité

À côté de son travail de critique, qu'il poursuit au Moniteur universel, Gautier garde toujours une prédilection pour la poésie : elle demeure, comme en témoignent ses amis comme Émile Bergerat ou Maxime du Camp par exemple, sa passion, sa distraction, son exercice quotidien. Ainsi, le 17 juillet 1852, alors que Gautier est à Constantinople, paraît chez E. Didier la première version de Émaux et Camées, recueil qui jusqu'en 1872 s'enrichit de poésies nouvelles.
En 1857, Gautier s'installe avec sa compagne, Ernesta Grisi sœur de la danseuse Carlotta Grisi dont il sera l'amant, ses filles, Judith Gautier, qui épousera Catulle Mendès et Estelle qui épousera Émile Bergerat, ainsi que ses deux vieilles sœurs, au n° 32 rue de Longchamp à Neuilly-sur-Seine, dans une petite maison où il se plaît à recevoir ses amis : Baudelaire qu'il rencontre régulièrement il n'ira pourtant pas à son enterrement, Dumas fils, Ernest Feydeau, Gustave Flaubert, Puvis de Chavannes ou encore Gustave Doré.
De sa liaison avec Eugénie Fort, une très belle femme, plus jeune que lui et d'origine espagnole, il avait eu un fils, Théophile Gautier fils, né le 29 novembre 1836, qui suppléera son père plusieurs fois au Moniteur universel.
Lors des salons littéraires de la princesse Mathilde, dont il est nommé bibliothécaire, Gautier rencontre également des écrivains comme Taine, Sainte-Beuve, Prosper Mérimée, les Goncourt ; des peintres comme Paul Baudry, Gustave Boulanger, Jean-Léon Gérôme, Frédérique O'Connell qui fait son portrait en 18579 ; des sculpteurs comme Carpeaux ; des savants comme Claude Bernard, Pasteur ou Berthelot. À cette époque Gautier fait figure de chef d'école. Baudelaire se déclare son disciple il lui dédie Les Fleurs du mal, le qualifiant de « poète impeccable, Théodore de Banville lui dédie ses vers. En 1844 Théophile Gautier fonde le club des Hashischins avec Jacques-Joseph Moreau, club voué à l'étude du cannabis. Ce club sera fréquenté par de nombreux artistes de l'époque, dont Charles Baudelaire.

Président de la Société nationale des Beaux-Arts

Élu en 1862 président de la Société nationale des Beaux-Arts, il est entouré d'un comité composé des peintres les plus prestigieux : Eugène Delacroix, Pierre Puvis de Chavannes, Édouard Manet, Albert-Ernest Carrier-Belleuse et Gustave Doré. Cette élection à un poste en vue provoque l'envie d'une partie des littérateurs moins connus et il échoue à trois reprises lorsqu'il se présente à l'Académie française, en 1866, 1868 et 1869.
Profondément ému par les événements militaires de 1870, Gautier revient à Paris, où il finit ses jours, rongé par la maladie, mais conscient du devoir d'enseignement et d'exemple dont il est investi auprès des jeunes générations. Le 23 octobre 1872 dans la nuit, son cœur cesse de battre. Hugo, Mallarmé ou encore Banville lui rendent un dernier toast funèbre. Il est enterré au cimetière de Montmartre à Paris.

Citations

Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. Préface de Mademoiselle de Maupin
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde pour épancher ses vers, divines larmes d’or ! Le Pin des Landes, España
N’est-ce pas une chose singulière que la nuit, dans laquelle notre globe baigne pendant tant d’heures, ait été si rarement reproduite ? Elle a pourtant ses beautés, ses effets pittoresques, ses magies et ses séductions. Souvenirs de théâtre
En 1851, Armand Baschet écrivit à Théophile Gautier pour lui demander de se définir. Gautier lui renvoya une biographie où il confessait :
Je n'avais encore rien fait pour le théâtre, et, pour qu'on ne m'accusât pas d'abuser des effets de style, je débutai par un ballet : Giselle, où Carlotta parut pour la première fois. Ce ballet, chose bizarre, a eu un succès immense ; il s'est joué et se joue encore dans toutes les parties du monde. Pour un poète, ce succès chorégraphique ne laisse pas que d'être humiliant…

Œuvre

Romans Gautier a écrit huit romans, tous publiés de son vivant :

Mademoiselle de Maupin. Double amour 1835
L'Eldorado, devenu, très vite, Fortunio 1837-1838
Militona 1847
Les Roués innocents 1847
Les Deux étoiles 1848, devenu Partie carrée 1851, et, enfin, La Belle Jenny 1865
Jean et Jeannette 1850
Le Roman de la momie 1858
Le Capitaine Fracasse 1863
En outre, Th. Gautier est l'un des quatre auteurs du roman par lettres La Croix de Berny 1845.

Contes et nouvelles

Gautier a écrit une trentaine de contes et nouvelles, pour la plupart de nature fantastique.
Les nouvelles suivantes sont parues dans Les Jeunes-France en 1833 :
Sous la table
Onuphrius ou les Vexations fantastiques d'un admirateur d'Hoffmann
Daniel Jovard
Celle-ci et celle-là
Élias Wildmanstadius
Le Bol de punch

Les nouvelles suivantes sont parues dans Une Larme du diable en 1839 :
La Chaîne d'or ou L'Amant partagé
Omphale. Histoire rococo
Le Petit Chien de la marquise
Le Nid de rossignols
La Morte amoureuse
Une nuit de Cléopâtre

Les nouvelles suivantes sont parues pour la première fois dans le recueil Nouvelles en 1845 :
La Toison d'or
Le Roi Candaule

Les nouvelles suivantes sont parues pour la première fois dans La Peau de tigre en 1852 :
La Mille et Deuxième Nuit
Le Pavillon sur l'eau
Deux acteurs pour un rôle
L'Oreiller d'une jeune fille
Le Berger
Le Pied de momie
Angela, autre titre pour La Cafetière
La Maison de mon oncle, autre titre pour L'Âme de la maison
L'Enfant aux souliers de pain
La Pipe d'opium
Arria Marcella

Deux nouvelles isolées :
Avatar 1857
Jettatura 1857

Les nouvelles suivantes sont parues dans le recueil Romans et contes de 1863 :
Le Chevalier double
Le Club des hachichins

Les nouvelles suivantes sont parues pour la première fois dans une seconde édition de La Peau de tigre en 1866 :
Une visite nocturne
La Fausse conversion
Feuillets de l'album d'un jeune rapin

Une nouvelle isolée :
Spirite 1866
Une dernière nouvelle est parue à titre posthume en 1881 :
Mademoiselle Dafné

Biographies de compositeurs

1849-1852, Mozart 1864, Spontini 1854, Méhul 1851, Meyerbeer 1854, Halévy 1852, Auber 1850 et 1851, Adolphe Adam 1849, 1850 et 1853, Rossini 1852, Donizetti 1854, Berlioz 1839-1854-1869 et 1870, Félicien David 1848 et 1851, Gounod 1854, Ambroise Thomas 1850 et 1853, François Bazin 1849, Victor Massé 1853, Niedermeyer 1844 et 1853, Chopin 1849 et Richard Wagner 1857 et 1869.

Principales œuvres diverses

Voyage en Espagne récit de voyage, 1843
De la mode, 1858
Honoré de Balzac biographie, 1859
Les Vosges, 1860
Dessins de Victor Hugo, 1863
Rapport sur les progrès de la poésie, 1868
Ménagerie intime, 1869
La Nature chez elle, 1870
Tableaux de siège, 1871
Souvenirs de théâtre, d'art et de critique, Eugène Fasquelle. Texte sur Gallica, 1903
La Musique, coll. Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelle ; recueil d'articles publiés à l'occasion de représentations d'œuvres de Weber 1866, Beethoven, 1911

Poésie

Poème de Théophile Gautier figurant sur un vase de 1889 d'Émile Gallé, musée de l'École de Nancy
Poésies 1830, son premier livre, refondu dans le volume Albertus ou L'Ame et le péché 1833.
La Comédie de la mort 1838.
Espagna, qui paraît dans le volume des Poésies complètes de 1845.
Émaux et camées 1852, qui reparaît, à chaque fois augmenté, en 1853, 1858, 1863 et, enfin, en 1872 dans une édition définitive.
Les poésies complètes de Gautier, hormis Émaux et camées, sont parues en 1875-1876. Les poésies de circonstance et les poésies légères ont paru à part dans le volume Poésies de Théophile Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres 1873

Poésies tome 1 sur Gallica Poésies tome 2 sur Gallica

Ballet et théâtre

Théophile Gautier est l'auteur de 5 ballets du répertoire romantique, dont le premier chronologiquement, demeure l'un des plus joués au monde : Giselle ou Les Wilis. Par contre, son théâtre est une partie mineure de son œuvre.
Une larme du diable, mystère 1839.
Giselle, ou Les Wilis, ballet 1841 sur une musique d'Adolphe-Charles ADAM
Un voyage en Espagne, vaudeville 1843.
La Péri, ballet 1845 sur une musique de Johann Friedrich Burgmüller ;
Le Tricorne enchanté 1845.
La Juive de Constantine 1846, avec Noël Parfait ;
Regardez mais ne touchez pas 1847.
Le Selam 1850 symphonie-oratorio sur une musique d'Ernest REYER.
Paquerette, ballet 1851 sur une musique de François BENOIST.
Gemma, ballet 1854 sur une musique du Comte GABRIELLI ; livret
Sacountala, ballet 1858 sur une musique d'Ernest REYER.
La Femme de Diomède 1860.
Deux recueils sont parus en 1855 Théâtre de poche et 1872 Théâtre. Mystères, comédies et ballets, mais ils ne sont pas complets. Un théâtre complet de Gautier a été édité il y a peu, certaines pièces ayant donc attendu un siècle et demi avant d'être rééditées.

Récits de voyages

Tras los montes, devenu Le Voyage en Espagne 1843.
Zigzags 1845, devenu, augmenté, Caprices et zigzags 1852.
Italia 1852, plus ou moins inachevé.
Constantinople 1853.
Quand on voyage 1865, recueil d'articles.
Loin de Paris, Paris, Michel Lévy frères,‎ 1865, 372 p. — Réunit : En Afrique ; En Espagne ; En Grèce ; Ce qu’on peut voir en six jours.
Impressions de Voyage en Suisse 1865.
Voyage en Russie 1867.
L'Orient 1877, posthume.
Les Vacances du lundi 1884, recueil d'articles, posthume.

Critique d'art, critique littéraire

Les Grotesques 1843.
Salon de 1847.
Les Beaux-Arts en Europe 1855.
L'Art moderne 1856.
Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans 1858.
Honoré de Balzac 1858.
Abécédaire du salon de 1861.
Rapport sur le progrès des Lettres 1868.
Histoire du Romantisme, sa dernière œuvre, inachevée 1874.
Portraits contemporains 1874, posthume.
Portraits et souvenirs littéraires 1875, posthume.
Le Musée du Louvre, préface de Marie-Hélène Girard, coéd. Musée du Louvre et Citadelles Mazenod, Paris, 2011, posthume.
Gautier a, en outre, préfacé de nombreuses œuvres littéraires, parmi lesquelles Le Rêve et la vie de Nerval en 1855 et la troisième édition des Fleurs du mal 1868 de Baudelaire. Mention de deuxième édition 1869 sur la couverture et la page de titre, mais c'est bien de 1868 qu'il faut dater cette édition.

Curiosa érotique
Lettre à la Présidente 1850, publié en 1890

Théophile Gautier en musique

D’après Andrew G. Gann, près de trois cents compositeurs ont mis en musique des œuvres de Gautier, et beaucoup de poèmes furent conçus pour être mis en musique.
Les Nuits d'été est un cycle de six mélodies d’Hector Berlioz sur des poèmes tirés de Comédie de la mort. Parmi les autres compositeurs, on peut citer d’abord Bizet, Debussy, Duparc, d'Indy, Massenet, de Falla, Fauré Les Matelots ; Seule! ; Tristesse, Chausson La dernière feuille ; Les Papillons ; La Caravane, Lalo L'Esclave, Hahn Infidélité et Seule !, Gounod, et Offenbach Barcarolle.
Parmi les compositeurs moins connus aujourd’hui mais pour lesquels on peut trouver des enregistrements ou pas, Adolphe Adam Giselle, ballet de 1841, Johann Friedrich Burgmüller La Péri, ballet de 1844, Xavier Boisselot, François Bazin, Hippolyte Monpou, Félicien David Dans un baiser, l'onde, Sultan Mahmoud, et Gazhel, Pauline Viardot Primavera ; Sérénade ; Lamento, Ernest Reyer Le Sélam, symphonie-oratorio, Théodore Labarre, Victor Massé. On pourra encore citer Allyre Bureau et Napoléon Henri Reber. Eugène Emile Diaz de la Pena Le roi Candaule.

Le Capitaine Fracasse

Film d'aventures d'Alberto Cavalcanti, d'après le roman de Théophile Gauthier, avec Pierre Blanchar, Lien Deyers, Charles Boyer.
Pays : France
Date de sortie : 1929
Son : noir et blanc
Durée : 2 900 m environ 1 h 47
Résumé

Un jeune baron ruiné accompagne une troupe de comédiens en tournée, et les sauve de mille dangers grâce à sa vaillance à l'épée. Nommé gouverneur, il ramènera dans son château la jolie comédienne qu'il aime.
Autres versions réalisées par :

Abel Gance, avec Fernand Gravey, Jean Weber, Assia Noris, Jean Fleur, Mary Lou.
Pays : France
Date de sortie : 1943
Durée : 1 h 48
Pierre Gaspard-Huit, avec Jean Marais, Geneviève Grad, Gérard Barray, Louis de Funès.
Pays : France
Date de sortie : 1961
Son : couleurs
Durée : 1 h 45


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Posté le : 29/08/2015 22:22
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le téléphone rouge
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Hors Ligne
Le 30 août 1963 est établi le téléphone rouge

ligne de communication directe établie entre les États-Unis et l’Union soviétique après que la crise des missiles a mené le monde au bord de la guerre mondiale en 1962.
Cette dénomination est un raccourci lexical repris et popularisé par les médias, la ligne étant au départ une ligne de téléscripteur, sa supposée couleur rouge symbolisant simplement le fait qu’il s’agissait d’une ligne d’urgence. Ce téléphone rouge reliant la Maison-Blanche au Kremlin a permis, par la suite, de désamorcer des situations conflictuelles mettant aux prises les deux blocs qu'étaient l'ex-URSS Devenue en 1992 la Fédération de Russie et les États-Unis d'Amérique.
Le 5 novembre 2007, la Chine et les États-Unis ont décidé l’installation annoncée d’un téléphone rouge, à l’occasion de la visite en Chine du secrétaire à la Défense Robert Gates.

En bref

Le téléphone rouge est entré en service le 30 août 1963 entre la Maison-Blanche et le Kremlin. Ce mode de communication directe entre les États-Unis et l'U.R.S.S. doit permettre d'éviter les risques d'une guerre nucléaire déclenchée accidentellement. En effet, un an après la crise de Cuba, qui avait failli provoquer une guerre de ce type dû aux missiles soviétiques installés à Cuba, la peur d'un accident de ce genre est encore présente.
L'acceptation du téléphone rouge par l'U.R.S.S. le 5 avril 1963, a fait preuve de satisfaction par le département d'État, qui a tout de même dit qu'il aimerait établir un télétype, les messages écrits réduisant les confusions de traduction
La ligne directe entre les Etats-Unis et la Russie a été mise en place le 30 août 1963 après la crise des missiles de Cuba. Mais la téléphone rouge n'était ni rouge, ni même un téléphone.
Les relations entre Washington et Moscou ne sont pas au beau fixe: les deux puissances s'affrontent sur la position à adopter face à la crise en Syrie. Hasard du calendrier, il y a 50 ans jour pour jour, le téléphone rouge était mis en service.
Le téléphone rouge, kézako? Une ligne de communication directe entre le Pentagone et le Kremlin, mise en service après l'épisode de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962, paroxysme de la Guerre froide: les Etats-Unis et la Russie se sont opposés après que Moscou a pointé des missiles vers l'Oncle Sam depuis l'île de Cuba. Le téléphone rouge représente donc, symboliquement, l'espoir qu'une telle crise diplomatique ne se reproduise plus.
Le 30 août 1963, Khrouchtchev et Kennedy se sont-ils parlé de vive voix avec des combinés rouges? Non. Bien loin des communications d'aujourd'hui, le téléphone rouge était en fait une ligne télégraphique, plus proche du fax que du téléphone. Le comble, c'est qu'il n'était même pas rouge, comme nous le laisse croire le Docteur Folamour de Stanley Kubrick: cette couleur lui a été donnée car il devait répondre à des situations d'urgence. D'ailleurs, aux Etats-Unis, on l'appelle plutôt "hot line", ligne chaude.
Alors, que se sont dit Washington et Moscou? Pour commencer ces toutes nouvelles relations, le premier message envoyé par les Américains a été: "Le rapide renard brun a sauté par dessus le chien parresseux". En anglais, cette phrase permet d'utiliser tous les caractères de l'alphabet latin. A l'image du téléphone rouge, utile et propice à l'imaginaire.

Sécurité des communications

On pense que la ligne était chiffrée grâce au principe du masque jetable, avec des clés transportées par valise diplomatique. La clé était changée à chaque communication et détruite lorsque celle-ci était terminée. Ces informations n’ont jamais été confirmées mais l’utilisation du masque jetable est très probable pour plusieurs raisons.
C’est le seul chiffrement qui est théoriquement inviolable, si plusieurs conditions sont respectées et les valises diplomatiques étaient une solution pratique pour un échange sécurisé des clés aléatoires. De plus, le principe de masque jetable était souvent utilisé par l’URSS et ses agents. Le masque jetable, système très simple et connu depuis 1917, évitait d’avoir à divulguer le fonctionnement d’un algorithme secret de chiffrement à une tierce partie. Les États ont toujours jalousement gardé secrets les rouages de leurs algorithmes même si cette pratique est potentiellement risquée, principe de Kerckhoffs.

Réalisation de la liaison Première génération

La première génération ne transmettait pas la voix, car on estimait que les communications verbales spontanées pouvaient mener à de mauvaises interprétations. Il s'agissait d'une ligne télégraphique duplex. La ligne suivait le trajet Washington - Londres - Copenhague - Stockholm - Helsinki - Moscou. Au départ, la liaison Washington - Londres transitait par le câble TAT‑1, le premier câble téléphonique transatlantique. Il existait une liaison radio secondaire, Washington - Tanger - Moscou.
Les chefs d'État formulaient leurs messages dans leur propre langue ; les messages étaient traduits par le destinataire.

Seconde génération

En 1971, les deux camps décidèrent d'améliorer le système, car de nouvelles technologies étaient désormais disponibles. Un téléphone fut installé, et la première ligne télégraphique fut complétée par deux liaisons radio par satellite, l'une composée de deux satellites américains Intelsat, et l'autre de deux satellites soviétiques Molniya II. La mise à niveau du système dura de 1971 à 1978, et à l'occasion la liaison radio Washington - Tanger - Moscou fut éliminée.

Troisième génération.

La dernière modernisation eut lieu en 1986. L’Union soviétique utilisa des satellites géostationnaires du type Gorizont de la flotte Statsionar pour remplacer les satellites Molniya II. Des fonctionnalités de fax à haute vitesse furent ajoutées. Ceci permet aux chefs d'États des deux pays d'échanger rapidement des documents et d'autres informations en plus des messages textuels et des communications téléphoniques.

Liaison New Delhi - Islamabad

L'Inde et le Pakistan ont repris en 2004 le principe du téléphone rouge et cela en vue d'éviter un conflit. Ces deux pays, dotés chacun de la puissance nucléaire, sont en état de tension sur le Cachemire depuis les années 19401.

Dans la culture populaire

Un téléphone rouge sans cadran exposé dans le Jimmy Carter Library and Museum. Ce téléphone est en fait un accessoire, représentant à tort la ligne directe entre Washington et Moscou.

L'histoire

50 ans après, l'histoire du téléphone rouge qui n'était ni téléphone, ni rouge

Le 30 août 1963, Washington envoie son premier message crypté à Moscou, via le téléphone rouge. Cinquante ans plus tard, retour sur l'histoire de ce téléphone célèbre... qui n'en était pas un.

29 AOÛT 2013
Par Bénédicte Weiss

S'il s'agissait d'un conte, l'histoire du téléphone rouge pourrait commencer ainsi : "il était une fois deux superpuissances, américaine et soviétique, qui ne s'entendaient pas. Arrivées au bord d'un conflit nucléaire, elles décidèrent de se parler, pour éviter la fin du monde." En fait, pour le professeur émérite à la Sorbonne André Kaspi, "le téléphone rouge servait de lien entre Washington et Moscou pour prévenir les crises et éviter qu'elles ne deviennent des conflits." Ce à quoi ajoute l'historien Pierre Melandri, professeur émérite à Sciences-Po : "il s'agissait d'assurer des communications à la fois sûres, précises et rapides entre les deux grands, surtout dans le contexte de l'après-crise des missiles de Cuba."

Symbole nucléaire

Voici donc le décor de l'histoire. La Guerre froide entre les Etats-Unis et l'Union soviétique poussée à son paroxysme. En octobre 1962, les Américains détectent la présence de missiles soviétiques sur l'île de Cuba, située 160 Km au sud de la Floride. Les flottes des deux puissances se mettent en place, un bras de fer s'engage. Des deux côtés du monde, les dirigeants craignent un conflit nucléaire. "Ce qui a beaucoup marqué les responsables de cette époque, commente André Kaspi, c'est que la crise de Cuba aurait très bien pu dégénérer en une guerre mondiale, qui aurait été une guerre atomique, et qui aurait abouti en fin de compte à la destruction de la planète. Donc on a frôlé le pire."
Tout doucement, pour prévenir le retour à une telle situation, l'idée de mettre en place un canal de discussion entre les deux grands fait surface. Andreï Kozovoï, maître de conférences à l'université de Lille et auteur de plusieurs ouvrages sur la Guerre froide, relate : "L'initiative est américaine. Il faut souligner qu'une proposition en ce sens est faite dès avril 1962, six mois avant la crise. Mais c'est la crise de Cuba qui pousse les Soviétiques à accepter la proposition américaine, qui fait d'abord partie d'un "package" sur le désarmement (voir encadré ci-contre)." Pour Pierre Melandri, la position du président Kennedy à l'issue de la crise lui donne l'avantage : "Une fois que la crise des missiles de Cuba lui a donné l'impression d'être en position de force, d'avoir remporté la victoire dans la crise, ce qui est toutefois disputé sur le plan des réalités, il est prêt à faire des ouvertures à Moscou."
Andreï Kozovoï rappelle que cette création "téléphonique" ne revêt pas que des aspects diplomatiques. La stratégie militaire est elle aussi touchée : "Du côté américain, il y a alors l'émergence de la doctrine MAD, comprendre "destruction mutuelle assurée", selon laquelle pour prévenir un conflit nucléaire, il faut mener des discussions bilatérales. D'une certaine manière, la création d'une ligne anti-crise répond aussi à une demande de l'opinion publique américaine. Elle a vécu intensément la crise, à la différence du public soviétique, qui n'en connaît que la version officielle, mensongère et partielle, diffusée par la propagande."

Téléphone sans fil

Pourtant, Nikita Khrouchtchev et John Fitzgerald Kennedy ne s'appellent pas tous les soirs, assis au coin du feu une couverture à carreaux sur les genoux. Non, le "téléphone rouge" n'a pas de combiné, ni de cadran à chiffres. "C'était un télétype, c'est-à-dire quelque chose qui ressemble à une sorte de télégraphe !" décrit André Kaspi. Pour Andreï Kozovoï, "le cinéma a popularisé l'image d'un téléphone rouge entre la maison blanche et le Kremlin, par exemple dans le film "Docteur Folamour" de Stanley Kubrick." En lieu et place du téléphone imaginaire, on trouve "seulement" l'ancêtre du fax. Pour couronner le tout, le récepteur américain du Molink - abréviation pour Moscow link - est installé au Pentagone. En face, le récepteur soviétique est tenu au secret. Le dirigeant de l'URSS n'a pas la main dessus. "Les messages n'arrivaient sur le bureau des dirigeants qu'une fois reçus, décodés, et traduits", précise le chercheur à Lille.
Pour arriver à Moscou en partant de Washington, les bulletins rédigés par les responsables américains voyagent. Ils suivent le TAT-1 (lien en anglais), un câble transatlantique installé en 1956. Londres, Copenhague, Stockholm et Helsinki sont sur leur route.
Le système a deux avantages : la vitesse et la clarté. "A notre période d'Internet on a du mal à le comprendre, mais pendant la crise, il faut souvent une douzaine d'heures pour qu'un message arrive de Moscou à la Maison Blanche, note Pierre Melandri. Il n'y a pas de ligne de téléphone directe entre l'ambassade de l'Union soviétique à Washington et Moscou. Les échanges se font entre l'ambassade et Moscou par des télégrammes codés envoyés par la Western Union. Alors on envoie des petits coursiers à bicyclette déposer les messages, ensuite transmis à Moscou. Bref, alors que les choses peuvent prendre un tour terriblement urgent, les communications sont d'une lenteur tout à fait inquiétante."
Alors que techniquement, une ligne téléphonique pourrait être mise en place et serait encore plus rapide et directe qu'un télégramme, cette hypothèse n'est pas retenue. "Par peur de malentendus", rapporte Andreï Kozovoï. Ecrits en toutes lettres et à la rédaction posée, ils permettent d'éviter les compréhensions hasardeuses et les quiproquos.
Par la suite, le système sera amélioré à deux reprises, explique le chercheur : "en 1971, des liaisons satellite et radio sont ajoutées, et en 1986, il est complété par un fax permettant la transmission de documents iconographiques et de schémas."

A toutes fins utiles

En somme, ce téléphone qui n'en est pas un, permet aux dirigeants soviétique et américain de se tenir au courant de leurs faits et gestes et d'éviter toute nouvelle crise. Selon André Kaspi, "le but de ce téléphone, au fond, c'est d'ouvrir la voie à la coexistence pacifique entre deux superpuissances, et d'établir d'une manière plus sure ce que l'on appelé l'équilibre de la terreur." Le chercheur poursuit : "Ce qui est important, c'est que dans la crise de Cuba de 1962, ça n'est pas par puissances interposées, ou par Etats interposés, que l'Union soviétique et les Etats-Unis s'opposent. C'est directement : la flotte soviétique est à quelques centaines de kilomètres des côtes de Cuba. En face d'elle, il y a la marine américaine. Donc le moindre faux pas de l'une ou de l'autre peut dégénérer. Tandis que dans les guerres successives il y a un troisième, un quatrième ou un cinquième partenaire. C'est tout à fait différent. C'est pour cela que ce téléphone rouge a moins d'importance à mesure que les années passent, sans compter bien sûr les transformations technologiques."
Mais quatre ans après sa mise en place, le téléphone est décroché. Nous sommes en pleine Guerre des six jours, entre Israël et pays arabes. Le premier est soutenu par les Etats-Unis, les seconds par l'URSS. Pour Andreï Kozovoï, la communication entre les deux grands "a peut-être permis d'éviter que les deux superpuissances n'utilisent leurs forces pour soutenir leurs alliés. Mais d'un autre côté, la ligne n'a pas empêché une guerre bien chaude d'avoir lieu, au Vietnam, et une grave crise de se produire en septembre 1983, lorsque les soviétiques abattent par erreur un avion de ligne coréen avec 269 passagers a bord. L'OTAN procède à un exercice de manœuvre perçu par le secrétaire général de l'époque, Iouri Andropov, comme le prélude d'une attaque américaine."
Le téléphone est encore utilisé lors du conflit indo-pakistanais de 1971, de la guerre du Kippour de 1973, ou de la crise polonaise sous la présidence de Ronald Reagan. Mais "la ligne n'a plus été utilisée en "mode crise" depuis 1982", souligne Andreï Kozovoï.

Symboles

Aux Etats-Unis et en Union soviétique, on parle généralement de hotline, ou "ligne chaude", à propos du téléphone rouge. Si elle permet de parer aux situations urgentes, elle ne fait pas reculer les a priori de part et d'autre de l'Atlantique. "Aucun téléphone ne peut abattre les stéréotypes négatifs, commente Andreï Kozovoï. Les objectifs idéologiques des uns et des autres dans la Guerre froide font qu'il existe trop d'arrière-pensées pour que le contact soit sincère : les Américains et les Soviétiques cherchent d'abord et avant tout à diffuser leur modèle. Peut-être que l'image du téléphone rouge, fortement symbolique, a joué un rôle positif en entretenant l'idée d'un dialogue au sommet. Mais elle a aussi maintenu l'idée d'un condominium americano-soviétique par une entente sur le dos des populations et aux dépens d'autres nations. Elle a perpétué l'image d'une division du monde en deux camps. En réalité, les deux puissances avaient des canaux bien plus confidentiels à leur disposition que celui du téléphone rouge. A en croire des témoins de l'époque, il était très loin d'être un modèle de rapidité et d'efficacité côté soviétique, reflétant les obsessions bureaucratiques du régime."
Reste que pour André Kaspi, "cette mesure prise en 1963 est symbolique, elle manifeste en somme le désir des uns et des autres de ne pas se retrouver dans la situation extrêmement dangereuse d'octobre 1962."

Le renard et le chien

Le premier message du "téléphone rouge" a été envoyé le 30 août 1963. Sa signification, étrange, avait en fait un sens purement technique. Il s'agissait d'utiliser toute la chaîne de caractères latins, de l'émetteur américain.

Deux hérissons faisant l'amour

"Au moment de la crise de Cuba, relate André Kaspi, professeur émérite à la Sorbonne. Il y avait, dans le bureau de ceux qui conseillaient le président Kennedy, une affiche. Elle représentait deux hérissons… en train de faire l'amour. La légende était : "comment les hérissons font-ils l'amour ?" Et la réponse : "avec prudence". Ce qui voulait dire que, si l'on compare les deux superpuissances aux hérissons, elles peuvent s'aimer ou en tout cas s'accepter l'une l'autre, à condition bien sûr que tout soit réuni pour éviter que cela dégénère en conflit."

Qu'est-ce que la crise de Cuba ?

Andreï Kozovoï, maître de conférence à l'université de Lille, explique : "du 14 au 28 octobre 1962, le monde s'est retrouvé au bord d'une guerre thermonucléaire, au cours de la crise de Cuba. Le premier secrétaire soviétique, Nikita Khrouchtchev, avait décidé d'installer dans le plus grand secret des missiles sur l'île pour être capable de menacer les Etats-Unis d'une frappe nucléaire et globalement, pour soutenir les mouvements révolutionnaires d'obédience communiste dans la périphérie des Etats-Unis. Il faut dire qu'à l'époque, on imaginait, des deux côtés, et surtout côté soviétique, qu'une guerre nucléaire pouvait être gagnée. Le président Kennedy avait été mis au courant de l'opération et avait décidé d'organiser un blocus de l'île. À plusieurs reprises, les deux dirigeants avaient échangé des messages. Pour les Américains, le temps de recevoir et traduire correctement les messages soviétiques était jugé démesurément long, par rapport à la gravité de la crise. La terreur engendrée par la crise de Cuba a fait prendre conscience les dirigeants du fait qu'un tel conflit serait fatal aux deux pays, et qu'il n'y aurait pas de vainqueur. Cela pousse les USA et l'URSS, en octobre 1963, à signer le traité sur l'interdiction partielle des essais nucléaires, dont le mémorandum sur la mise en place d'une ligne "directe" entre Moscou et Washington, pour les situations d'urgence, signé en juin, apparaît a l'origine comme un corollaire."

Le 27 octobre, jour le plus long

"Ce jour-là, on a vraiment frôlé la guerre nucléaire, raconte Pierre Melandri, historien et professeur émérite à Sciences-Po. Un avion américain a été abattu par un missile anti-aérien soviétique tiré de Cuba, et un sous-marin soviétique a failli tirer une torpille atomique contre un navire américain qui l'a forcé à faire surface dans la mer des Caraïbes. Le soir, lorsqu'il est rentré chez lui, le secrétaire à la Défense des Etats-Unis, Robert McNamara, a dit qu'il n'était pas sûr d'être en vie encore le lendemain ! Le 28 au matin, lors s'une réunion du présidium suprême en URSS, Nikita Khrouchtchev a dit que l'on était au bord de la guerre atomique, qu'il était confronté à la perspective éventuelle d'une destruction de l'humanité. Et il a ajouté : pour sauver le monde nous devons reculer."

Stocks d'armes nucléaires entre 1945 et 2005

Et aujourd'hui ?
Depuis la fin de la guerre froide, Washington et Moscou continuent de communiquer. "Un système par fibre optique est devenu opérationnel le 1er janvier 2008", annonce Pierre Melandri. "En 2012, on a discuté de la possibilité d'ajouter la cyber criminalité à la liste des sujets de conversation pouvant être abordés sur cette ligne, ajoute Andreï Kozovoï. On ignore cependant le détail des discussions récentes."
D'autres "téléphones rouges" ont par ailleurs été installés. "En 1969, une ligne directe fut installée entre Moscou et Pékin dans le contexte de la grave crise entre les deux pays. Après la Chine, L'Inde et le Pakistan en ont ouverte une en 2004. En 2008, une ligne fut ouverte entre les Etats-Unis et la Chine. Mais encore une fois, la charge symbolique est au moins aussi importante que la fonction réelle de communication", décrit le maître de conférence. Une dénomination qu'André Kaspi relativise : "il y a quand même un dialogue qui existe entre Pékin et Washington, le danger n'est pas le même. Pour le moment, on peut pas dire que Chinois et Américains s'affrontent face à face dans une sorte de duel qui pourrait se terminer par une guerre nucléaire ! La Chine a beau détenir des armements nucléaires, elle n'a pas la même puissance de feu que pouvait avoir l'Union soviétique en 1963."

Film sur le téléphone rouge

Gathering of Eagles
Drame de Delbert Mann, avec Rock Hudson, Mary Peach, Rod Taylor.
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1962
Son : couleurs
Durée : 1 h 55
Résumé

Un colonel est nommé à la tête d'une base du Strategic Air Command qui assure la défense nucléaire aérienne des États-Unis. Il multiplie les exercices d'alerte et se rend impopulaire. Mais il finira par gagner l'estime de ses hommes.



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Posté le : 29/08/2015 22:05
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Anna Politkovskaïa
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Le 30 août 1958 Naît Anna Stepanovna Politkovskaïa

en russe : Анна Степановна Политковская, née Mazepa Мазепа, à Nex-York, assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, à 48 ans, journaliste russe et militante des droits de l'homme connue pour son opposition à la politique du président Vladimir Poutine, sa couverture du conflit tchétchène et ses critiques virulentes envers les autorités actuelles de la république caucasienne. Le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, supervise l'enquête sur ce meurtre, confiée au service des affaires particulièrement graves du Parquet général de Russie. Les enquêteurs privilégient l'hypothèse selon laquelle sa mort est liée à ses activités professionnelles. Le 9 octobre 2007 le procureur général Tchaïka a déclaré que l'affaire Politkovskaïa a été élucidée. Auparavant, il a annoncé l'arrestation de dix suspects dont les noms n'ont pas été divulgués. Le Parquet déclara cependant être en train de rechercher le commanditaire du meurtre. Le 14 décembre 2012, l'ancien lieutenant-colonel Dmitri Pavlioutchenkov a été condamné à 11 ans de camp à régime sévère par un tribunal de Moscou pour avoir organisé l'assassinat d'Anna Politkovskaïa.

En bref

Anna Stepanovna Politkovskaïa est née à New York, le 30 août 1958. Son père était diplomate auprès de l'O.N.U. Celle qui allait devenir l'une des journalistes indépendantes russes les plus respectées, critique inlassable de la politique russe menée en Tchétchénie, a été assassinée par balles, devant son domicile à Moscou, le 7 octobre 2006. Détentrice de la double nationalité, américaine et russe, elle aurait pu aisément choisir une autre vie. Mais c'est en Russie qu'elle a exercé son métier de journaliste et son activité de défenseur des droits de l'homme.
En 1980, diplômée de la faculté de journalisme de l'université de Moscou, elle commence sa carrière en collaborant aux journaux Izvestia et Transport aérien ainsi qu'au collectif Eskart et au magazine Megapolis express. Bénéficiant de la liberté de parole apportée par la perestroïka, elle peut enquêter sur des phénomènes de société jusque-là passés sous silence, comme les vétérans de la guerre d'Afghanistan, les orphelinats, la toxicomanie, etc. De 1994 à 1999, elle est responsable de la rubrique faits divers pour l'hebdomadaire Obschaïa Gazeta. Mais c'est sa contribution au journal Novaïa Gazeta, à partir de juin 1999, et notamment sa couverture de la deuxième guerre de Tchétchénie, déclenchée en août, qui lui apportera la notoriété.
Anna Politkovskaïa se consacre avec ardeur au conflit tchétchène, s'efforçant de rendre compte de la guerre et de ses conséquences pour la population. Dans ses nombreux articles, elle décrit les souffrances des Russes et des Tchétchènes vivant dans cette république du Caucase, les horreurs de la guerre et l'impact délétère qu'elle a sur l'ensemble de la société russe. Elle se rend en Tchétchénie à plus de quarante reprises, mais aussi dans les républiques voisines Daghestan, Ingouchie, Ossétie du Nord que la guerre ébranle et où les réfugiés affluent. Elle réalise de nombreuses interviews, d'anonymes, mais aussi de personnalités engagées dans le conflit comme Akhmed Kadyrov président pro-russe de la Tchétchénie, tué en mai 2004 à Grozny lors d'un attentat ou Aslan Maskhadov élu président de la République tchétchène en 1997, tué lors d'une opération russe le 8 mars 2005. Elle dénonce les opérations de nettoyage, les disparitions, le commerce des morts qu'endure la population de Tchétchénie. Ses articles s'appuient sur des exemples concrets, précis et documentés, et sur un véritable travail d'enquête. Ils mettent en cause des individus précis, questionnent les autorités avec opiniâtreté. La publication, en 2001, d'un article consacré à l'assassinat d'un jeune Tchétchène, Zemlikhan Mourdalov, arrêté par les troupes spéciales russes et dont la famille était sans nouvelles aboutira, en 2005, à la condamnation d'un policier, Sergueï Lapine, à onze années de prison pour faits de torture. L'engagement d'Anna Politkovskaïa excède largement son devoir de journaliste et l'amène à s'impliquer en faveur de la défense des droits de l'homme et aux côtés des victimes oubliées de la guerre.
En 2001, lors d'un reportage sur les camps de détention en Tchétchénie, dans le district de Vedeno, elle est détenue quelques jours par les forces russes. Menacée de mort et de viol, elle est finalement expulsée du territoire tchétchène. Après la parution de l'article qui devait mener à l'arrestation de Sergueï Lapine, Anna Politkovskaïa reçoit des courriers électroniques assez menaçants pour que la journaliste bénéficie d'une protection. Sa popularité est croissante. En octobre 2002, lors de la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka, elle tente une médiation entre les forces de l'ordre et le commando tchétchène. Malheureusement, cette proposition n'obtient pas le soutien du Kremlin. En septembre 2004, lors de la prise d'otages, au village de Beslan, en Ingouchie, la journaliste décide de se rendre sur les lieux. Après avoir bu un thé dans l'avion, elle est prise de malaise et doit être hospitalisée à Rostov-sur-le-Don. Elle présente les symptômes d'une intoxication alimentaire aiguë et mettra de longs mois à se remettre de ce qui est, elle en est convaincue, une tentative d'empoisonnement.
Anna Politkovskaïa a consigné ses réflexions sur la politique russe, dont elle dénonçait l'arbitraire croissant, dans des livres, non publiés en Russie pour la plupart. Quatre d'entre eux ont été traduits en français : Voyage en enfer, journal de Tchétchénie 2000, Tchétchénie, le déshonneur russe 2003, La Russie selon Poutine 2004 et Douloureuse Russie, journal d'une femme en colère 2006. Elle a été récompensée pour l'ensemble de son activité par de nombreux prix et a notamment reçu la Plume d'or de Russie en 2000, le prix du Pen Club en 2002, le prix du journaliste et de la démocratie de l'O.S.C.E. en 2003, le prix Olof Palme en 2004. Juste avant sa mort, Anna Politkovskaïa travaillait sur un article consacré à la torture en Tchétchénie. Celui-ci a été publié sous sa forme inachevée dans l'édition du 9 octobre de Novaïa Gazeta. La nouvelle de sa mort a entraîné une vague de déclarations et de protestations au sein de la communauté internationale. Le 10 octobre, ses obsèques ont attiré une foule impressionnante où se pressaient de nombreux représentants de l'élite libérale du pays, ainsi que des journalistes, représentants étrangers et anonymes. Il n'y avait, en revanche, aucun émissaire officiel du Kremlin. Elsa Vidal

Sa vie

Née à New York, elle est fille de diplomates. Son père, Stepan Mazepa, travaillait à la mission de la RSS d'Ukraine auprès de l'ONU. Après des études de journalisme à Moscou qu'elle termine en 1980, elle commence sa carrière au journal Izvestia. Depuis juin 1999, elle écrivait des articles pour le journal en ligne Novaïa Gazeta.
En 2001, elle s'était réfugiée plusieurs mois en Autriche après avoir reçu des menaces par courriers électroniques. Les messages affirmaient qu'un officier de police, qu'elle avait accusé de commettre des atrocités contre des civils, avait l'intention de se venger. Sergueï Lapine avait été interpelé en 2002 à propos de ces accusations, mais les charges contre lui avaient été abandonnées l'année suivante. Celles-ci furent reprises en 2005 et Sergueï Lapine fut condamné à une peine de onze années d'emprisonnement.
Anna Politkovskaïa fut détenue plusieurs jours en février 2001 par les forces russes en Tchétchénie dans la région de Chatoï sud de la Tchétchénie pour avoir enfreint les règlements en vigueur pour les journalistes, alors qu'elle effectuait une enquête sur un centre de détention de l'armée. Elle dit avoir été menacée de viol et de mort, et qu’on s’en prendrait à ses enfants, fait remarquer la Fondation internationale des femmes œuvrant dans les médias International Women's Media Foundation, IWMF. Elle avait reçu en 2002 le prix Courage en journalisme de l’IWMF.
Elle s'est engagée dans de nombreuses affaires, notamment en défendant les victimes de la guerre en Tchétchénie. Elle a participé aux négociations lors de la prise d'otages du théâtre de la rue Melnikov en 2002 à Moscou. Lors de la prise d'otages de l'école de Beslan en 2004, Anna Politkovskaïa a été empoisonnée, probablement en buvant un thé, dans l'avion qui l'amenait à Rostov-sur-le-Don, sur la route de Beslan pour participer aux négociations avec les preneurs d'otages. Elle est tombée gravement malade et n'a donc pas participé à ces négociations. La nature du poison n'a jamais été déterminée, les analyses de sang ayant été détruites par mégarde. La journaliste considère avoir été victime des services spéciaux, qui voulaient à tout prix l'empêcher de se rendre à Beslan.
Son dernier ouvrage Douloureuse Russie, est paru en septembre 2006 aux éditions Buchet-Chastel. Dans ce livre, véritable réquisitoire contre la politique de Vladimir Poutine en Russie aujourd'hui, la journaliste prédit que si une révolution éclate en Russie, elle ne sera ni orange, ni de velours, mais rouge comme le sang.
Elle a été plusieurs fois primée pour ses enquêtes, notamment en 2002 par le Pen Club International, et en 2003 au Danemark, où elle a reçu le prix du journalisme et de la démocratie, décerné par l'OSCE. En 2004, Anna Politkovskaïa avait reçu le prix Olof Palme pour les droits de l'Homme4 et en Espagne le Prix International de Journalisme Manuel Vázquez Montalbán. Elle avait partagé ce prix avec ses compatriotes Lyudmila Alekseyeva et Sergey Kovalyov. Le prix Olof Palme, doté de 50 000 dollars, avait récompensé par le passé Amnesty International.
Anna Politkovskaïa restera synonyme des années Poutine et des guerres de Tchétchénie. Elle aura sans relâche dénoncé les dérives du pouvoir russe. Elle était connue pour sa couverture critique des campagnes du pouvoir russe en Tchétchénie. Ironie du sort - Polikovskaïa a été assassinée le 7 octobre, le jour de l'anniversaire de Vladimir Poutine né le 7 octobre 1952.

Assassinat

Anna Politkovskaïa a été assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l'anniversaire du chef de l'État Vladimir Poutine. Son corps a été découvert dans la cage d'escalier, devant l'ascenseur de son immeuble, dans le centre de Moscou, rue Lesnaïa, a expliqué à l'Associated Press l'officier de permanence au commissariat central de la capitale russe. Un pistolet et quatre balles ont été retrouvés à ses côtés. Ces informations ont été relevées par Interfax, Associated Press, Reuters, puis AFP.
Anna Politkovskaïa, mère de deux enfants, une fille, Vera, et un garçon, Ilia, avait dénoncé à plusieurs reprises les violations des droits de l'Homme dont se rendaient coupables les forces fédérales en Tchétchénie, ainsi que la milice de Ramzan Kadyrov. Elle dénonçait également la dégradation des libertés publiques et la corruption dans l’ensemble de la Russie.
Selon l'agence de presse Interfax, c'est une voisine qui a découvert son corps dans l'ascenseur de son immeuble samedi 7 octobre à 17 h 10. Les policiers ont retrouvé dans l'ascenseur un pistolet Makarov 9 mm et quatre douilles, ajoute l'agence.
À la date de sa mort, Anna Politkovskaïa est la 21e journaliste assassinée en Russie depuis l'élection de Vladimir Poutine en 2000.
Anna Politkovskaïa repose désormais au cimetière Troïekourovskoïe de Moscou.

Réactions à son assassinat

Reporters sans frontières : Nous sommes abasourdis par cette nouvelle tragique, qui est annoncée le jour même de l'inauguration à Bayeux, par l'organisation, du Mémorial des reporters, bâti pour rendre hommage aux journalistes tués dans le monde depuis 1944. Les meurtres de nos confrères ... doivent faire réaliser à la communauté internationale à quel point il est urgent d'agir pour assurer la protection des reporters.
Il est temps aujourd'hui de passer des mots aux actes pour que les incidents macabres que nous avons connus aujourd'hui ne puissent plus se reproduire. C'était l'une des rares journalistes indépendantes en Russie et elle s'était fait un nom. Elle voyageait souvent en Tchétchénie et avait publié un livre, a déclaré à Paris Jean-François Julliard, de Reporters sans frontières RSF.
À chaque fois que la question se posait de savoir s'il y avait un journaliste honnête en Russie, le premier nom qui venait à l'esprit était pratiquement toujours celui de Politkovskaïa, selon Oleg Panfilov, directeur du Centre pour le journalisme dans des situations extrêmes, qui lui rendait hommage, lui aussi basé à Moscou. Selon lui, elle avait reçu des menaces à plusieurs reprises et des inconnus avaient tenté il y a plusieurs mois de pénétrer dans la voiture que sa fille Vera conduisait.
Vitali Tretiakov, rédacteur en chef du journal Novost : Il est évident que la première version qui vienne à l'esprit est celle d'un meurtre lié à ses activités professionnelles.
Tatiana Lokchina, directrice de l'ONG Demos et auteur de nombreux rapports sur les violations des droits de l'Homme en Tchétchénie: Elle a écrit tant de choses la mettant en danger, elle était devenue si célèbre ces dernières années, qu'il semblait qu'elle était intouchable. Elle ne disait pas se sentir menacée. Pour la Tchétchénie, c'est une grande tragédie, c'était une des dernières journalistes à couvrir la guerre, à rapporter avec constance les violations des droits de l'Homme. Elle critiquait beaucoup Kadyrov, elle était l'une des rares à se le permettre.
La Fédération internationale des droits de l'homme FIDH, rappelle que la journaliste avait été victime de représailles dans le cadre de son travail au cours de ces dernières années. Les autorités russes, doivent se conformer aux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l'Homme, afin de garantir en toutes circonstances les libertés d'expression et de la presse.
Aujourd'hui, nous ne savons pas qui l'a tuée, écrit l'équipe de Novaïa Gazeta sur son site Web, en avançant tout de même deux scénarios. C'était soit une vengeance de Ramzan Kadyrov l'homme fort et Premier ministre à Grozny, soutenu par le Kremlin, dont elle a beaucoup parlé et écrit, ou de ceux qui voulaient que le soupçon tombe sur lui, écrit le bi-hebdomadaire. L'hebdomadaire en ligne a par ailleurs déclaré qu'il publierait certaines de ses notes et de ses photographies.
Ce qui vient immédiatement à l'esprit, est qu'Anna avait beaucoup d'ennemis, notait Joel Simon, directeur exécutif du Comité pour la protection des journalistes CPJ. Anna était une héroïne pour beaucoup d'entre nous, et elle nous manquera, a-t-il ajouté. Aucun de ces meurtres n'a fait l'objet d'une enquête correcte, ajoute Simon. Nous savons que cela crée un environnement dans lequel ceux qui auraient voulu mener à bien ce meurtre pourraient avoir l'impression qu'il n'y aurait guère de conséquences. Selon le CPJ, Anna Politkovskaïa est au moins la 13e journaliste victime d'un assassinat de ce type depuis l'arrivée au pouvoir du Président Vladimir Poutine.
Buchet-Chastel, éditeur d'Anna Politkovskaïa : Elle dérangeait beaucoup de monde en Russie, surtout dans les hautes sphères, elle ne voulait pas d'une Russie bâtie sur le sang et le mensonge.
Mikhaïl Gorbatchev, ancien Président d'Union soviétique, a qualifié l'assassinat d'Anna Politkovskaïa de coup contre toute la presse démocratique et indépendante.
Amnesty International a exprimé sa colère après le meurtre à Moscou d'Anna Politkovskaïa, visée en raison de son travail de journaliste.
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté, le 25 janvier 2007 à Strasbourg, Résolution 1535 2007 sur les menaces contre la vie et la liberté d’expression des journalistes.
Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Écho de Moscou, a déclaré à l'agence Associated Press qu'Anna Politkovskaïa était un reporter infiniment honnête... Chacun des faits qu'elle relatait était le fruit d'une enquête. C'était aussi une médiatrice et une militante des droits de l'Homme. On avait confiance en elle. Elle était unique.
Le 7 décembre 2006, l'Institut international de la presse IPI, organisation principale de défense de la liberté de la presse selon l'UNESCO déclarait Anna Politkovskaïa 51e Héros de la liberté de la presse mondiale.
Anna Politkovskaïa a donné son nom à la promotion 2007 de l'Institut d'études politiques de Strasbourg.

Réactions officielles

Sean McCormack, porte-parole du Département d'État des États-Unis : Les États-Unis sont choqués et profondément attristés par la nouvelle du meurtre brutal de la journaliste russe indépendante, Anna Politkovskaïa, une journaliste d'investigation, infatigable et hautement respectée, ayant travaillé sous la pression constante de menaces de mort. Les États-Unis demandent de toute urgence au gouvernement russe de mener une enquête immédiate et exhaustive afin de retrouver, poursuivre et juger tous les responsables de ce meurtre haineux. Déclaration, 7 octobre 2006
Alou Alkhanov, le Président tchétchène : Bien que notre approche sur les événements en Tchétchénie fût complètement différente, Anna Politkovskaïa n'était pas indifférente au sort du peuple tchétchène. Mes collègues et moi regrettons sincèrement ce qui est arrivé et transmettons nos condoléances à sa famille et ses amis. Une enquête doit être ouverte et tous ceux qui sont derrière doivent être punis. On ne doit pas tuer les journalistes.
Thomas Hammarberg, Commissaire européen aux droits de l'homme : Ce meurtre est le signal d'une crise majeure concernant la liberté d'expression et la sécurité des journalistes en Russie. Les autorités russes ne sont jamais parvenues à enquêter sur des tentatives de meurtre visant Anna Politkovskaïa et des menaces d'attenter à sa vie, regrette le commissaire. Maintenant, elles n'ont plus d'excuses pour enquêter en profondeur sur les circonstances de sa mort et de punir ceux qui ont commis ce crime déplorable. Se déclarant triste et en colère, il salue en Anna Politkovskaïa un des plus importants défenseurs des droits de l'homme dans la Russie d'aujourd'hui. Si tout le monde ne partageait pas ses analyses, personne ne remettait en cause son professionnalisme, son courage et son engagement personnel pour faire la vérité sur des questions politiques controversées. Sa mort est une grande perte pour la Russie et pour la cause des droits de l'homme. Communiqué du 8 octobre 2006.
Terry Davis, secrétaire général du Conseil de l'Europe : Je suis très inquiet quant aux circonstances dans lesquelles cette journaliste d'un courage et d'une détermination exceptionnels a perdu la vie. Ses reportages ont permis à la population russe, mais aussi au monde entier d'avoir un regard indépendant sur le sort des gens ordinaires piégés dans le conflit en Tchétchénie et nous perdons une voix forte, de celles qui sont nécessaires dans toute démocratie authentique. Terry Davis considère comme étant essentiel que les circonstances de son décès soient rapidement éclaircies et de façon convaincante, Communiqué, 8 octobre 2006.
En France, le ministre des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a fait part de sa vive émotion et de sa profonde tristesse. La brutalité même de ce crime horrible bouleverse tous ceux qui sont attachés à la liberté de la presse, souligne le ministre dans un communiqué. Nous souhaitons que les autorités russes mettent en œuvre au plus vite tous les moyens nécessaires pour faire la lumière sur cet assassinat et identifier les coupables, a ajouté le ministre des Affaires étrangères pour qui ce crime ne peut rester impuni. Lors du lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Dominique de Villepin a fait part de sa très profonde émotion, en rendant hommage à une femme remarquable, une grande journaliste. Le combat qu'elle menait pour cette liberté d'informer était un combat essentiel, a-t-il souligné.
Lundi 9 octobre 2006, le président de la République française, Jacques Chirac, se disant profondément ému et choqué par l'assassinat de Madame Anna Politkovskaïa, a demandé à l'ambassadeur de France en Russie, M. Jean Cadet, de remettre le lendemain en son nom un message de condoléances et de solidarité à ses enfants. Il souhaite que toute la lumière soit faite sur ce crime odieux qui porte gravement atteinte à la liberté de la presse. Mais l'ambassadeur ne s'est pas déplacé pour les obsèques, se contentant de s'y faire représenter Le Figaro du 11 octobre 2006
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Réactions du Kremlin

Vladimir Poutine n'a réagi que le 10 octobre à l'occasion d'un voyage officiel en Allemagne, il a déclaré « quel que soit l'auteur du crime et ses motivations, nous devons déclarer que c'est un crime horrible et cruel. Bien sûr, il ne doit pas rester impuni. Par ailleurs, il a estimé que cet assassinat était plus préjudiciable aux autorités établies à Moscou et en Tchétchénie que ses publications, car leur influence sur l'opinion russe était selon lui insignifiante.
En visite à Helsinki le 24 novembre 2006, Vladimir Poutine a appelé à conjuguer les efforts dans la lutte contre les meurtres commandités, au lieu de les politiser.
Sergueï Iastrjembski, représentant spécial du président russe, a qualifié de coïncidence inquiétante les décès d'opposants au régime russe en place avec la tenue de forums internationaux où le président de la Fédération de Russie participe.
Un nombre manifestement excessif de coïncidences de morts retentissantes de personnes qui, de leur vivant, se sont positionnées en opposants au pouvoir russe en place, avec les manifestations internationales auxquelles participe le président de la Fédération de Russie est pour le moins inquiétant, a notamment déclaré le représentant spécial du président russe pour les relations avec l'Union européenne, intervenant vendredi devant les journalistes à Helsinki à l'issue du Sommet Russie-UE.
Sergueï Iastrjembski, conseiller du président Vladimir Poutine, a dit ne pas être partisan de ce qu'il appelle la théorie des complots. Quoi qu'il en soit, on a bien l'impression d'être en présence d'une campagne bien orchestrée ou même de tout un plan de dénigrement continu de la Russie et de sa direction, a-t-il ajouté.

La suite après sa mort Procédure judiciaire

L'enquête sur l'assassinat de la journaliste a été close en juin 2008 par la mise en examen de quatre suspects, dont trois originaires de Tchétchénie et un officier du FSB. Seuls les exécutants ont été identifiés, aucun commanditaire n'a été retrouvé ni inculpé. Le principal exécutant de l'assassinat, identifié, demeure en fuite. Puis le 19 février 2009, un tribunal militaire de Moscou a acquitté les suspects, les frères Djabraïl et Ibraguim Makhmoudov et Sergueï Khadjikourbanov.
En 2010, la Cour suprême russe a renvoyé l'affaire au parquet et l'enquête a été rouverte avec les mêmes suspects, les frères Roustam, Ibraguim et Djabraïl Makhmoudov.
Le 14 décembre 2012, l'ancien lieutenant-colonel Dmitri Pavlioutchenkov a été condamné à 11 ans de camp à régime sévère par un tribunal de Moscou pour avoir organisé l'assassinat d'Anna Politkovskaïa. Il a reconnu l'avoir prise en filature, et remis l'arme au tueur. Auparavant, Lom-Ali Gaïtoukaïev a été condamné pour avoir recruté Dmitri Pavlioutchenkov pour organiser l'assassinat. Le commanditaire de l'assassinat reste lui, inconnu.

Dernier article d'Anna Politkovskaïa

Le journal russe d'opposition Novaïa Gazeta a publié jeudi 12 octobre 2006 une ébauche du dernier article de la journaliste Anna Politkovskaïa, où elle accusait les forces tchétchènes de recourir à la torture contre des civils ou des rebelles.
Le bi-hebdomadaire a publié à partir des notes laissées par la journaliste une pleine page sur la politique antiterroriste de torture dans le Caucase du Nord.
L'article, intitulé " Nous te nommons terroriste", n'est pas complet, puisque Anna Politkovskaïa n'a jamais pu le finir, et reprend essentiellement la lettre d'un prisonnier tchétchène qui affirme que des hommes des forces de l'ordre lui ont soutiré des aveux de terrorisme après l'avoir longuement torturé.
Le journal publie également quatre photos, floues, tirées d'une vidéo montrant un homme qui a été, selon Novaïa Gazeta, arrêté par des policiers tchétchènes puis tué.
Après sa mort, son journal Novaïa Gazeta avait écrit qu'il s'agissait d'une vengeance de Ramzan Kadyrov, sur lequel elle a beaucoup écrit et parlé, ou bien d'une vengeance de la part de ceux qui veulent que les soupçons se portent sur le Premier ministre tchétchène Ramzan Kadyrov.
Ce dernier a déclaré mercredi 11 octobre 2006 qu'il n'avait pas commandité le meurtre de la journaliste, affirmant qu'elle ne le dérangeait pas.
Le président russe Vladimir Poutine a également exclu toute implication du Premier ministre tchétchène dans l'assassinat.
Les balles ont arrêté la journaliste Anna Politkovskaïa, mais personne n'a pu arrêter ce sur quoi elle travaillait, a lancé le militant des Droits de l'homme Chamil Tangiev. Les organisations de défense des droits de l'homme n'arrêteront pas tant que la vérité sur les violations des droits dans notre république n'aura pas été rendue publique.
samedi 21 octobre 2006 - La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice a profité d'une visite à Moscou consacrée au dossier nord-coréen pour mettre l'accent sur les atteintes aux libertés en Russie en rencontrant la famille et les collègues de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa.
Selon un haut responsable du Département d'État, Mme Rice considérait cette initiative comme une possibilité d'une part de présenter ses condoléances et d'autre part de soutenir ce qu'il reste de presse libre en Russie. Il a nié cependant que cette entrevue symbolique soit un affront infligé au président russe. C'était juste la bonne chose à faire, a-t-il dit.

Née à New York de parents diplomates soviétiques, Anna Politkovskaïa possédait également la nationalité américaine.

En annonçant dans la matinée son intention de voir les journalistes de Novaïa Gazeta, la secrétaire d'État américaine avait déclaré que le sort des journalistes en Russie est un sujet majeur d'inquiétude pour les États-Unis. Après le meurtre de Mme Politkovskaïa, elle avait averti la Russie que la communauté internationale suivait avec attention le déroulement de l'enquête, soulignant qu'Anna Politkovskaïa était l'incarnation de ce que doit être la presse libre en Russie.
Mme Politkovskaïa qui avait publié plusieurs articles à ce sujet entre 2002 et 2005 dans Novaïa Gazeta estimait que les officiers pouvaient être impliqués dans le meurtre de plusieurs dizaines de civils tchétchènes, ajoute le journal russe Kommersant.
Près de trois cents médias russes ont publié jeudi 26 octobre 2006 une édition spéciale consacrée à l'assassinat de leur collègue Anna Politkovskaïa, critique acerbe du Kremlin et réputée pour ses enquêtes sur les exactions en Tchétchénie.
« Nous avons été agréablement surpris que près de 300 médias russes, principalement de la presse régionale, aient mis leur logo sur notre édition spéciale, même si leurs rédacteurs comprenaient que cela ne serait pas bien vu par le pouvoir, a déclaré à l'AFP le secrétaire de l'Union russe des journalistes Pavel Goutiontov, citant en exemple le quotidien russe Izvestia, proche du Kremlin.
Tirée à 100 000 exemplaires et distribuée gratuitement dans toute la Russie, cette édition spéciale financée par l'Union des journalistes évoque sur 16 pages les enquêtes les plus retentissantes de Mme Politkovskaïa et son dernier texte non-publié sur la liberté de la presse peut-être destiné à une tribune en Occident qu'elle avait écrit avant d'être tuée.
Cette édition est un test sur la liberté d'expression, estime M. Goutiontov, notant cependant que les quotidiens les plus lus en Russie, Komsomolskaïa Pravda et Moskovski Komsomolets, ainsi que le journal d'opposition Kommersant n'ont pas participé à cette action.

Bibliographie

Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat

Ouvrages d'Anna Politkovskaïa publiés en français

Les références indiquées sont celles des éditions en français.
Voyage en enfer : Journal de Tchétchénie, trad. Galia Ackerman et Pierre Lorrain, Robert Laffont, mai 2000, 209 p.
Tchétchénie, le déshonneur russe, trad. Galia Ackerman, préf. André Glucksmann, Buchet-Chastel, 2003, 185 p.
rééd. Gallimard, coll. Folio Documents no 24, 2005, 315 p
La Russie selon Poutine, trad. Valérie Dariot, Buchet-Chastel, 2005, 271 p.
rééd. Gallimard, coll. Folio Documents no 33, 2006, 374 p.
Douloureuse Russie : Journal d'une femme en colère, trad. Natalia Rutkevich, sous la dir. de Galia Ackerman, Buchet-Chastel, septembre 2006, 420 p
rééd. Gallimard, coll. Folio Documents no 44, 2008, 561 p.
Qu'ai-je fait ?, trad. Ada et Galia Ackerman, Buchet-Chastel, 2008, 238 p

Ouvrage sur Anna Politkovskaïa

Galia Ackerman, Nicolas Bokov, Elena Bonner, et al. trad. de l'anglais par Sylvie Filkenstein et du russe par Galia Ackerman, Hommage à Anna Politkovskaïa, Buchet-Chastel,‎ 2007, 244 p.
Igort trad. de l'italien par Laurent Lombard, Les Cahiers russes, Futuropolis avec le soutien d'Amnesty International,‎ 2012, 176 p.

Filmographie

Une femme à abattre, téléfilm, 2008, 90 min., réal. Olivier Langlois, prod. Arte France, France 2, Raspail Production
Lettre à Anna
Anna Politkovskaïa Une vie pour la liberté, documentaire, 2011, 86 min., réal. Marina Goldovskaïa


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Posté le : 29/08/2015 21:43
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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